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Full text of "Notices, mémoires et documents"

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NOTICES 

MÉMOIRES ET DOCUMENTS 

PUBLIÉS PAR LA. SOCIÉTÉ 

D'AGRICULTURE, D'ARCHÉOLOGIE ET D'HISTOIRE IATURELLE 

DU DÉPARTEMENT DE LA MANCHE 

VINGT-QUATRIÈME VOLUME 



La Société ri est pas engagée par les opinions 
des auteurs dont elle publie les Mémoires. 



NOTICES 

MÉMOIRES ET DOCUMENTS 

PUBLIÉS PAR LA SOCIÉTÉ 

d'Agriculture, d'Archéologie el d'Histoire Naturelle 

DU DÉPARTEMENT DE LA MANCHE 



VINGT-QUATRIEME VOLUME 




SAINT-LO 
IMPRIMERIE JACQUELINE, RUE DES IMAGES, 23 



MDCCCCVI 




CATALOGUE 

DU MUSÉE DE SAINT-LO 

(Suite) 



Céramique 



f. Jardinière, faïence de Marseille, signée X. 
Cet objet a été donné au Musée par Mme Duhamel, née Gif- 
far.l, en même temps que les numéros qui vont suivre. 

2. «faite, faïence de Delft polychrome. 

3. Deux Assiettes carrées, faïence de Strasbourg. 

4. Plat de porcelaine de Chine polychrome. 
Cette pièce a été réparée. 

5. Gourde en porcelaine dure, décors rose, style Louis XV, 
marquée L. M. et C ie . 

B. Plat, faïence de Moustiers, jaune d'ocre, marque : X. 

T. Tasse, porcelaine dure, signée : M. J M. en creux, décorée 
d'une guirlande de roses et de fleurs. 

S» «latte, vieux Chine. 

©. Coupe, porcelaine dure avec sa soucoupe. Décor Empire 
sur fond céladon. Manufacture impériale de Sèvres. 

\ O. Deux Plats, porcelaine de Louisbourg, marquée d'un 
double C, surmonté d'une couronne fermée. 

11* Soupière, faïence de Marseille. Pièce réparée. 

\ 2» Petite Théière, porcelaine de Meissen. Marques : Bv. 
es. Mv. 1706. Marque de Marcolini (V. Jacquemart). 



— 6 — 

13. Petite Jardinière, faïence Strasbourg, marquée : G. 

14. Soupière faïence, décor Marseille, guirlande et sujets, 
marquée A. Clérissy à Saint- Jean du-Dezerl 4097, [à Marseille. 
Au môme numéro,, la môme sans couverture. 

15. Assiette» marly à jour, imitant une natte. 

16. Plat, faïence. Le marly est découpé et orné de reliefs, 
genre Strasbourg, filets verts et jaunes. 

17. Plat, vieux Chine. 

18. Assiette, vieux Chine. 

19. Trois Tasses, porcelaine Chine, décor à fond bleu. 

20. Encrier, faïence de Rouen. 

21. Id. Faience de Marseille. 

22. Trois Tasses, vieux Chine, décor bleu à fleurs. 

23. Plat, Chine de la Compagnie des Indes. 

24. Grand Plat, faïence blanche décorée de reliefs, fa- 
brication de Creil et Montereau. 

25. Saucière, Chine, Compagnie des Indes. 

26. Jardinière, faïence de Marseille. 

27. Soupière, faïence de Strasbourg, décorée de fleurs et de 
fruits. 

28. Jardinière, faïence de Strasbourg. Pièce endommagée. 

29. Moutardier, faïence de Marseille. 

36 Huilier, faïence de Rouen, décor à la corne. 
Les burettes manquent. 

31. Deux Soucoupes, vieux Chine, monture française en 
bronze et moderne. 

32. Huilier, faïence de Rouen polychrome. 
Les burettes manquent. 

33. Huilier, porcelaine dure décorée. 

34. Sucrier, Chine de la Compagnie des Indes. 
35 et 36. Deux Assiettes, faïence de Strasbourg. 

37. Jardinière, porcelaine de Saxe. 

38. Jardinière, faïence de Strasbourg. 

39. Saucière, porcelaine Chine de la compagnie des Indes. 



— 7 — 

40. Quatre Assiettes à fruits, montées sur pied, marly à 
jour, faïence moderne, fabrique de Luné ville? 

41. Onze Assiettes, faïence de Creil et Montereau, décors 
populaires. 

42. Soupière, faïence Strasbourg. 

43 Huilier, faïence de Rouen polychrome avec ses deux bu- 
rettes. 

44. Cafetière» porcelaine de Chine de la Compagnie des 
Indes. 

45. Rafraichissolr, faïence Strasbourg. 
46» Cabinet en faïence, imitation de Marseille. 
47* Sébile oblongue, faïence de Strasbourg. 

48. Rafraf ehissolr, faïence de Strasbourg. 

49. Pot, faïence de Nevers. 

50. Huilier, faïence de Rouen. 

51. Grand Plat, porcelaine de Meissen. 

52* Soupière, faïence Marseille, décor à reliefs polychrome. 
Marque S. 

53. Buire, faïence de Marseille. 

54. Plat long, faïence de Strasbourg. 

55. Jatte, faïence de Nevers. 

56. Groupe, biscuit décoré. 

57. Jatte, porcelaine dure. 

58. Jardinière, faïence de Marseille. 

59. Ecuelle, porcelaine de Chine de la Compagnie des Indes. 

60. Assiette, porcelaine de Chine de la Compagnie des Indes. 

61. Théière, porcelaine dure. Marque N. 

62. Plat, faïence de Strasbourg. 

63. Pot couvert, porcelaine de Chine de la Compagnie des 
Indea (objet détérioré). 

64. Deux Sujets en porcelaine dure. Incroyable el Merveil- 
leux. Marqués. 

65. Groupe, porcelaine de Meissen. Décor polychrome. 



— 8 — 

66. Petite Jatte» porcelaine Chine, monture française mo- 
derne en bronze. . 

67. Deux Tasses, porcelaine do Chine de la Compagnie des 
Indes. 

68. Cinq Potiches couvertes, porcelaine de Chine. 

69. Statuette : Le Berger, porcelaine de Meissen, avant la 
direction de Marcolini. 

70. Deux Soucoupes, porcelaine de Chine de la Compagnie 
des Indes. 

7 1 . Groupe, La Bonne Aventure, porcelaine de Saxe moderne. 

72. Deux Soucoupes, porcelaine de Chine de la Compagnie 
des Indes. 

73* Groupe, Bergère, porcelaine de Meissen, ayant la direc- 
tion de Marcolini. Pièce avariée. 

74. Cornet à, fleurs, Majolique de Minton. 

75. Soucoupe, porcelaine dure décorée, fabrication fran- 
çaise. 

76* Bonbonnière, porcelaine de Meissen, avant la direction 
de Marcolini. 

77. Groupe, Enfants et oiseaux, faïence de Lorraine. 

78. Groupe, porcelaine d'Allemagne. xvm e siècle. 

79. Petite Jatte, porcelaine dure. xix° siècle. 

80. Petite Assiette, imitation de Palissy. 

81. Groupe, Enfant et bélier, imitation de Palissy. 

82. Groupe en biscuit, Petites figures» Marques S. E. V. 

83. Groupe, porcelaine de Meissen, réparé. 

84. Deux Jattes, porcelaine de Chine. 

85. Plat octogone, faïence de Rouen, décor à lambrequin, 
bleu. 

86. Plat oblong faïence de Strasbourg. 

87. Plat, faïence de Rouen à la corne. 

88. Pièce en faïence de Nevers. 

89. Assiette en faïence de Quimper. 

90. Plat oblong, faïence de Nevers, décors € patriotiques ». 



— 9 — 

91* Assiette, faïence de Strasbourg. 

92. Assiettes carrées, faïence de Hochât - sur- le -Mein. 
Marquée. 

93» Cuvette, faïence de Ne vers polychrome. 

94. Cuvette, faïence de Nevers polychrome. 

95. Jatte, vieux Chine. 

96. Plat octogone, faïence de Rouen polychrome. 

97. Deux Groupes, faïence de Nevers (vaches couchées). 

98. Cache-Pot, porcelaine dure de Paris, marquée d'un pa- 
rapluie bleu. 

99. Assiette, faïence de Strasbourg, (cassée). 

100. Assiette, faïence de Delft polychrome. 

101. Assiette, faïence de Nevers polychrome. 

102. Ecuelle, faïence de Delft polychrome. 

f 03. Deux Assiettes carrées, faïence de Strasbourg. 

104. Soupière, faïence de Strasbourg. 

105. Cinq Assiettes, faïence de Delft polychrome. 

106. Assiette, porcelaine de Chine. 

107. Assiette, faïence de Moustiers, décor au violet de man- 
ganèse. 

108. Assiette, faïence de Nevers polychrome. 

Les armoiries portent : D'azur au lion (émail non désigné), 
tenant entre ses pattes une flèche Couronne de comte. 

109. Assiette, faïence de Strasbourg, décor rose. 

110. Assiette, faïence de Rouen, décor au papillon. 

111. Assiette, faïence de Strasbourg, décor rouge. 
112 Assiette, faïence de Strasbourg. 

113. Deux Assiettes, faïences de Nevers, dé:or avec attri- 
buts guerriers. (Faïences patriotiques). 

114. Assiette, faïence de Nevers. 

115. Assiette, porcelaine de Chine delà Compagnie des 
Indes. 

1 10 Assiette, faïence de Moustiers. 



— 10 — 

117. Assiette, faïence de Delft, décor chinois. 
118- Plat ovale, faïence de Rouen polychrome. 
110. Assiette, faïence de Delft, décor bleu. 

120. Assiette, faïence. 

121. Assiette, porcelaine du Japon. 

122. Plat, faïence, décor rayonnant noir et rouge. 

123. Deux Vases, porcelaine dure, décor étrusque, figures 
blanches sur fond rouge, une anse cassée. Marque : J. L. H , dans 
un losange. 

124» Grand Plat, faïence de Nevers, décor imitation de 
Rouen. 

1 25* Deux Gourdes africaines, terre rose sous engobe décorée. 
Don de M. Ygouf, notaire à Pont -Hébert. 

126. TJiéierc, porcelaine de Chine de la Compagnie des 
Indes. 

Cette pièce ainsi que les suivantes, provient du legs de Mme 
Duhamel. 

127. Groupe. Seigneur et Musiciennes, porcelaine de Saxe, 
marque de Marcolini à Meissen. 

128. Déjeuner en porcelaine dure, manufacture du Comte 
d'Artois, marque bleue sous couverte : G. J. D. entrelacés. 

120. Eeuelle, faïence de Rouen polychrome. 

130. Jatte, vieux Chine. 

131. Soupière, porcelaine de Chine de la Compagnie des 
Indes. 

132. Eeuelle, porcelaine de Chine de la Compagnie des Indes. 

133. Eeuelle & 2 anses, faïence de Marseille polychrome. 
13-1. Tasse, porcelaine du Japon. 

135. Sucrier, faïence de Niderwilier (?). 

136. Soupière, faïence de Moustiers polychrome. 

137. Jatte, porcelaine de Chine. 

138. Cuvette, faïence de Rouen, décor à lambrequin. 
130. Gourde, faïence de Delft. 

140. Gourde, faïence de Nevers, décor à lambrequin. 



— 11 — 

141. Deux Tasses, porcelaine de Chine, décor à fon 1 rouge. 

142. Plat, faïence de Rouen, décor au bouquet. 

143. Vase de jardin, faïence de Rouen, décor bleu, ornement 
et paysage. 

1 44. Potiche, faïence de Daîft de grande dimension ; pièce 
avariée. 

145. Vase de jardin, faïence de Rouen, décor rayonnant. 

146. Pot a surprise ou Pot trompeur en faïence de 
Rouen. Provenance inconnue. 

147. Vase en grès cérame, fabrication de Vindefontaine 
(Manche). 

Don de M. Onfroy. 

148. Porte bouquets faïence de Delft, décor bleu. 
Don de Mme Duhamel. 

Gaétan Guillot. 



UNE SPÉCULATION AGRICOLE 

AU XVIII* SIÈCLE 



La Lande de Lessay et le C le de BriqueOille 



Au nord de Coutances, à 3 kilomètres en moyenne de la 
côte ouest de la Manche, au sortir du Bocage, s'ouvre une 
vaste plaine à peu près inculte et que les tentatives des riverains 
n'ont pu, jusqu'à ce jour, utiliser pour l'agriculture. 

Le voyageur qui la traverse sur une longueur de 4 kilomètres 
environ, quand il sort de Montsurvent et se dirige vers La 
Haye-du -Puits, rencontre à sa droite, une église neuve, et à sa 
gauche, quelques maigres bois de pins et des clôtures 
récemment élevées. Puis la bruyère réapparaît, drue et mono- 
tone, jusqu'aux abords immédiats de la bourgade qui s'est 
élevée à l'ombre de la magnifique église et du monastère fondés 
par les Bénédictins, au xn c siècle. 

Vers 1745, au moment où se produisirent les faits que nous 
allons exposer, dans cette étendue de 50 kilomètres carrés, on 
ne voyait ni un arbre, ni une maison. Seule, un3 petite chapelle, 
nommée Notre-Dame-de-la-Lande, desservie par les moines 
de Lessay, se dressait non loin de la sortie de ce désert. Les 
gens du pays s'arrangeaient pour ne le traverser que de jour. 
Une terreur superstitieuse semblait le protéger contre toute in- 
cursion. 



— 13 — 

Les habitudes de certains bordiers de la lande justifiaient la 
terreur dont elle était l'objet. Les habitants des rares ^ masures 
bâties à Torée de cette vaste plaine, méritaient leur réputation 
de coupeurs de bourses. On racontait dans le pays des aventures 
tragiques, arrivées aux gens attardés, et des procès criminels, 
en plein xix* siècle, ont prouvé que tout n'était pas chimérique 
dans le mauvais renom dont ces solitudes étaient l'objet. 

Cette terreur revêtait une forme superstitieuse. Le romancier 
Barbey d'Aurevilly, dans l'Ensorcelée, a exprimé en termes 
saisissants l'opinion qui régnait dans tout le canton. Cette 
opinion était d'ailleurs assez générale pour qu'un historien du 
pays bas-normand doive en tenir compte. 

Bien qu'elle fut pour eux un objet de crainte, la lande de 
Lessay n'était pas et n'est pas encore de nos jours inutile à 
ceux des riverains qui menaient une existence régulière, qui 
ne faisaient pas métier de détrousser les voyageurs à la nuit 
tombée, ou qui ne s'étaient pas condamnés à une vie de 
sauvages, comme les bergers, semi- voleurs, semi-sorciers, 
qu'a dépeints l'écrivain romantique. Les propriétaires dont les 
fonds bordaient la lande y envoyaient leurs moutons à la 
pâture sans prendre d'autres précautions que de leur passer 
des entraves aux pattes. Aux environs des villages, des 
troupeaux d'oies circulaient, et partout où elles avaient séjourné, 
la bruyère disparaissait. A la place poussait une herbe rase, 
dont les moutons étaient friands. Quelquefois, on y envoyait 
des vaches ne donnant plus de lait, ou des bœufs après la saison 
du labourage. Enfin, dans les parties où la bruyère poussait 
assez fournie et assez haute, on enlevait les touffes avec leurs 
racines, et naturellement une partie du sol. Les mottes ainsi 
obtenues étaient mises en tas et servaient de combustible 
pendant l'hiver. D'autres s'en servaient comme de litière pour 
garnir le sol des é tables. 

Cette opération s'appelait : « Lever la blêtre ». On devine ce 
que pouvait produire ce dessolement périodique de toute une 
contrée. Les Turcs n'ont pas trouvé une manière plus efficace 



— 14 — 

pour stériliser un pays. Mais les riverains, qui fumaient leur 
terre avec le produit d'un sol qui ne leur appartenait pas, 
trouvaient profitable à leurs intérêts une telle manière de 
procéder. Ils s'opposèrent avec uns énergie indomptable, 
pendant de longues années, aux tentatives qui furent faites 
pour donner à la culture un terrain d'une aussi vaste étendue. 

Mais, au milieu du xvm c siècle, un état d'esprit nouveau 
vint troubler la quiétude de ces braves gens. On vit tout-à-coup 
les philosophes s'engouer d'un amour immodéré pour la 
Nature, source infaillible et inépuisable de tous biens. Les 
économistes proclamèrent que la terre était productive de 
richesses. Turgot disait qu'elle donnait quelque chose en 
pur don au delà du travail humain. Dupont de Nemours allait 
môme jusqu'à poser en principe que « la terre et les eaux sont 
les uniques sources de richesses. ...» (cité par G. Schelie. 
Dupont de Nemours et V Ecole physiocratique, in-8°, Paris 
1888.) 

Puisque la terre était la source de tant de biens, le bonheur de 
l'humanité était en raison directe de l'étendue livrée à la 
culture. Par conséquent, le défrichement de toutes les parcelles 
incultes s'imposait au nom de la philanthropie, comme de 
l'intérêt bien entendu. 

Le courant se produisit aussi à la Cour. Les surintendants 
des finances, Laverdy, l'abbé Terray, Turgot, se montrèrent 
favorables à ces opérations, dans lesquelles plusieurs virent en 
outre, un moyen de se procurer les ressources nécessaires pour 
combler le déficit croissant de jour en jour. Toutes ces causes, 
jointes à la pénurie d'argent dont souffrait la noblesse d'épée, 
contribuèrent à pousser un gentilhomme normand, Claude 
Marie, comte de Bricquevilie, à entreprendre le défriche- 
ment du désert qui fait l'objet de notre étude. 



— 15 — 



II 



Le 7 mars 1763, M. de Briqueville, alors en son château 
de Bretteville, près Cherbourg, reçut par ministère d'huissier, 
communication d'un arrêt du Conseil d'Etat du Roi, et d'une 
ordonnance exécutoire signée par François- Jean Orceau, che- 
valier, baron de Fontette, intendant de la généralité de Caen. 
L'arrêt avait été rendu le 11 juin 1761, sur la requête du 
sieur Girardin de Vauvré, ancien maître des requêtes; il ordon- 
nait qu'arpentage serait fait des « terres vaines et vagues, 
marais et laisses delà mer, désignés dans la requeste », les 
seigneurs, communautés et riverains dûment appelés par 
affiches, aux frais du suppléant. Les terrains concédés étaient 
ainsi désignés : « scavoir des terres vaines et vagues, adja- 
centes à la forêt de Brix, sur lesquelles il n'y a aucun bois en 
venant de Cherbourg à Valognes, entre Tourlaville, tirant sur 
le niidy.... et des marais et laisses de la mer, et autres terrains 
qui se trouveront appartenir au Roy le long et aux environs 
de la mer, sur la partie occidentale, depuis Grand ville jusqu'à 
Jobourg, lesquels terrains ont été reconnus pour la plupart 
très propices à être cultivés et mis en valeur... » 

Le suppliant demandait au Roi de lui assurer une pro- 
priété incommutable et certaine et s'engageait « à faire dans 
douze ans le défrichement desdits terrains » ; il promettait de 
payer « à commencer de la troisième année seulement, un 
cens annuel et perpétuel de deux sols par arpent » ; il pro- 
posait d'amener sur ces terrains des « étrangers catholiques 
et de païs amis » auxquels on accorderait des lettres de natu- 
ralisation. 

Les droits concédés au sieur Girardin de Vauvré furent 
cédés par acte passé devant M omet, notaire au Châtelet de 
Paris, en date du 18 décembre 1761, au sieur Claude-Louis 
Pigalle de Marvilly et associés, avec lesquels il choisit pour 
son représentant le sieur Didier Mammès Bingeon, l'un 



— 16 — 

d'eux. M. de Fontette, désigna pour Parpentage le sieur 
Boisard « ingénieur géographe » et ordonna que" toutes ses 
opérations fussent annoncées par voie d'affiches et par le 
ministère d'un huissier, à tous les riverains, propriétaires, 
seigneurs, propriétaires et communautés (1). 

Nous ne chercherons pas à suivre le sieur Bingeon dans la 
prise de possession, ni même le sieur Boisard dans ses opéra- 
tions d'arpentage. Nous nous demanderons seulement quelle 
influence put avoir une telle notification sur l'esprit du gentil- 
homme qui la reçut. 

Il n'avait sans doute pas, pour être mécontent de la mesure 
qui venait d'être prise en faveur du sieur Girardin de Vauvré, 
ou ses ayants cause, les mêmes motifs que les paysans qui 
envoyaient leurs moutons pâturer dans les landes, ou en 
tiraient un combustible précieux dans un pays peu boisé. 
Comme ses amis, le comte de Briqueville, n'avait pas jusque 
là songé à mettre en valeur ces terrains, jusqu'alors réfrac- 
taires à toute culture ; mais il n'aimait pas qu'un étranger vînt 
mettre en train, dans son voisinage, une entreprise qu'il 
n'osait pas tenter lui-même. 

Des considérations de famille l'engageaient en ce moment, 
à chercher les occasions d'augmenter ses revenus. L'établis- 
sement des fils, les charges imposées par une succession col- 
latérale avaient grevé la fortune des Briqueville et, peu avant 
d'avoir reçu l'assignation dont nous venons de parler, le chef 
de famille s'était vu dans la nécessité de recourir à des em- 
prunts successifs dont nous trouvons la trace dans les dossiers 
déposés aux archives de la Manche, sous la rubrique : Famille 
de Briqueville. Tout récemment, il venait de conclure une 
sorte d'emprunt de liquidation, sous forme de capital reçu en 
échange d'une constitution de rente viagère. Pour servir les 
intérêts de cette rente, il fallait de gros revenus. C'est alors 
qu'il conçut l'idée de se livrer à la spéculation alors à la mode, 
celle d'une entreprise de défrichements agricoles. 

(1) Archives départementales, Manche, H. 5778. 



— 17 - 

Depuis longtemps déjà, son attention s'était portée sur ces 
questions. Au régiment d'Escars auquel il appartenait, c'était 
avec le colonel lui-même, alors jeune et entreprenant, qu'il en 
avait raisonné, et le comte d'Escars avait même consenti à lui 
servir de bailleur de fonds. Bien que postérieure en date à 
l'assignation Girardin de Vauvré, une lettre qu'il reçut du 
jeune colonel démontre que des pourparlers avaient été enga- 
gés entre eux sur la manière de se procurer les fonds néces- 
saires à ces entreprises. Nous na citerons pas cette lettre in- 
extenso. Elle contient des chiffres qui n'appartiennent pas au 
sujet de cette étude. Elle énumère les principaux endroits où 
l'on peut se procurer de gros capitaux, le taux auquel on peut 
les obtenir. « Le canton de Zurich prête à 3 %. Le Roy a 
fixé les intérêts à 4 % avec une retenue du dixième »... « Il 
est certain qu'en Holande, l'argent esta deux et demy, et dans 
toute la Flandre autrichienne et française, il est à trois... S'il 
étoit nécessaire quepour la somme je fasse le voyage de Zurik, 
il n'y auroit rien d'impossible ; je pourrois le faire à la fin de 
Tannée... Je demande d'être prévenu dans le commencement 
de septembre au plus tard, et je ne veux la somme qu'on me 
présentera qu'au premier janvier. » 

Le comte d'Escars voulait emprunter 250.000 It ; il offrait 
une hypothèque pour 1.250.000 lt de biens fonciers, dont 
32G.000 sur mille arpents de terre antérieurement défrichés (1). 

En s'adressant à ce correspondant pour obtenir des rensei- 
gnements, le comte de Briqueville avait, on le voit, rencontré 
un homme très au fait de ces sortes de choses ; mais il avait 
oublié un détail, c'était précisément de comparer ses propres 
disponibilités financières à celles que pouvait offrir le jeune 
colonel. Le vice initial de toute l'entreprise apparaît dans cet 
oubli, qui en fait une chimère. S'embarquer dans une affaire 
de cette importance, sans argent, dans le but de payer des 

(i) Archives de la Manche, E. L. 295, lettre datée de Tours, 
16 juillet au matin » 766, et signée d'Escars de Perusse. à Mon- 
toiron, par Châleilerault. 



- 18 — 

dettes, quelque honorable que pût être le niotif pour lequel 
elles avaient été contractées, ne pouvait amener comme résul- 
tat définitif que l'aggravation d'embarras financiers dont 
seule une économie rigoureuse pouvait faire sortir. 



III 



Examinons à présent comment il se fait que les amateurs 
d'entreprises de ce genre se trouvèrent tout à coup, au milieu 
du xvm° siècle, en présence d'une quantité considérable de 
terrains incultes, que leur offrait h pouvoir royal. 

Le régime de droit auquel était soumis le domaine du Roi 
était si différent de celui que nous voyons en vigueur depuis 
le Code Napoléon que nous croyons nécessaires quelques 
explications. 

« Le domaine royal », dit Chopin, cité par Merlin dans son 
Répertoire, v° Domaine, est celui qui, de toute ancienneté, 
est uni et annexé aux fleurons du diadème royal, pour la 
dépense de table ou suite de la Cour royale, et qui est hono- 
rable pour la conservation du royaume, titre, honneurs et 
dignités de la Majesté royale. * L'administration la plus fruc- 
tueuse possible des biens appartenant au Roi, ne cessa pas, 
durant toute la monarchie, de préoccuper les ministres succes- 
sifs. Le domaine se composait d'immeubles d'une grande 
étendue, d'un. revenu aussi important que variable suivant les 
années, et de droits incorporels de différentes natures : péages, 
droits seigneuriaux, droits de marché, redevances diverses. 
Le tout servait de gage à des emprunts dans les moments de 
crise, lors d'une guerre civile ou étrangère, dans une année 
de disette, après une calamité nationale. Certains administra- 
teurs, au lieu d'hypothéquer le bien, préféraient l'aliéner. 
Mais, aussitôt le calme revenu, les légistes s'efforçaient de 
réparer ce qu'ils considéraient comme un mal, et de faire 



- 19 - 

annuler les ventes consenties. Cette lutte entre la nécessité et 
l'intérêt dynastique et national durait depuis des siècles lorsque 
parut Tédit du 13 avril 1520, par lequel le roi François I* r 
révoquait toutes les aliénations de biens domaniaux et déclarait 
le domaine inaliénable et imprescriptible. Cent ans même 
d'interruption dans la possession par le Roi ne pouvaient 
effacer le caractère de domanialilé. Il va sans dire que, 
lorsqu'il y avait eu paiement d'un prix par l'acquéreur, ce 
prix était remboursé par l'Etat, qui devait, en plus, les 
impenses ayant profité à l'immeuble. 

A peine ce texte était-il promulgué, que son auteur, pour 
subvenir aux frais de sesbâlisses, de ses campagnes en Italie, 
pour payer sa rançon, échangea contre argent comptant cer- 
tains biens déclarés domaniaux. 

L'édit du 18 août 1555 réédita les dispositions de celui de 
1529 ; mais excepta du droit à la rétrocession en faveur du 
Roi les aliénations consenties moyennant un prix payé comp- 
tant « pour subvenir aux frais de guerre ». Il fallait que les 
deniers fussent entrés dans les coffres du Roi « réellement et 
de fait, et sans déguisement ». Il fallait de plus que les alié- 
nations fussent faites « conformément aux commissions et 
pouvoirs expédiés pour y procéder. » (Loco cit., p. G7J. 

L'ordonnance de Moulins compléta les dispositions de redit 
précédent. Elle considérait l'aliénation comme définitive, et, 
moyennant certaines formalités, la propriété conférée comme 
incommutable, à la condition qu'elle eût été transmise en cas 
de nécessités de guerre. Elle permettait en outre de constituer 
sur une partie de ces biens, l'apanage des puînés de la maison 
de France, avec stipulation de retour à la couronne en cas de 
décès sans descendants mâles. 

Ces dispositions sont restées, jusqu'à la Révolution, la loi 
du domaine royal. 

La grosse difficulté était de savoir comment gérer ces biens 
incessibles. 11 fut interdit de les donner en loyer ou à bail si ce 
n'est après certaines formalités. Après de nombreux tâtonne- 



— 20 — 

ments, Colbert finit par affermer toul le domaine à une seule 
Société, moyennant redevance (10 juin 16GG), mais en juin 
de Tannée suivante les prescriptions de redit de Moulins 
furent renouvelées dans toute leur rigueur. Des désordres 
graves avaient motivé cette mesure. Sur la fin du règne de 
Louis XIV, les maiheurs de la guerre amenèrent le pouvoir 
à se départir de sa rigueur. De nouvelles aliénations furent 
prononcées en 1695, 1702, 1708 et 1712. 

Les arrêts du Conseil des 1 er mai 1718, 10 janvier et 
15 mars J 719, eurent pour but de prononcer des réunions, 
c'est-à-dire d'annuler, moyennant le remboursement conve- 
nable, des aliénations consenties antérieurement. Comme 
l'argent manquait pour opérer le remboursement en espèces, 
ces mesures n'eurent pour résultat que l'émission de billets 
de l'Etat, ou des receveurs des finances. 

Le 14 juillet 1722, après la chute do Law, un arrêt du 
Conseil ordonna que « par les intendans, et conformément à 
l'édit du mois d'août 1702, il serait procédé à la vente et 
adjudication des domaines et droits réunis par le décès des 
engagistes (1) qui les avaient acquis à titre viager, en éxecution 
de la déclaration de mars 1718; ainsi que le domaine et droits 
dont la vente et revente avait été ordonnée par différents 
arrêts du Conseil : que tous ces domaines seraient aliénés â 
titre d'engagement et à faculté de rachat perpétuel ou à vie ; 
que le prix de la finance ne pourrait être au-dessous du denier 
24 (4 0/0) pour ceux qui seraient engagés à faculté de rachat 
perpétuel, et au denier 16 (6 1/4 0/0) pour ceux qui seraient 
engagés à vie, le tout sur le pied du revenu actuel ; qu'il 
serait fait trois publications de huitaine en huitaine par devant 
les intendans, après lesquelles les domaines et droits seraient 
par eux adjugés, sauf une quatrième publication au château 
du Louvre par devant les commissaires du Conseil, qui en 

(1) L'engagiste était le fermier du bien domanial dont il per- 
cevait les fruits, sauf paiement d'une rente au Trésor; son contrat 
était à temps. 



— 21 — 

passeraient ensuite le contrat d'aliénation. » (Loc. cit. v° Do- 
maine, p. 75). 

Ces formalités n'empêchèrent pas certaines adjudications 
fictives qui laissaient sans preneur effectif l'objet adjugé, 
tout en rendant plus difficile l'opération pour les preneurs 
sérieux, mais timides. Le cas se rencontrait rarement si Ton 
avait affaire à un bien domanial présentant un revenu 
certain. Mais on h constata fréquemment pour les terres 
incultes. Des acquéreurs étaient séduits par le bon marché 
apparent de grandes étendues de terrain. Puis à la réflexion, 
et lorsqu'il s'agissait de faire des frais pour la mise en cul- 
ture, le preneur disparaissait et s'abstenait de réaliser l'adju- 
dication prononcée à son profit, en faisant remplir les dernières 
formalités. Etait-ce à cause de cela que l'édit de 1708 avait 
placé dans le petit domaine moins protégé que le grand par la 
législation, les lerres vaines et vagues, les communes, les 
landes, les pâlis et les bruyères? Pour ce genre de biens, 
ainsi que pour certains édifices sujets à des réparations coû- 
teuses, l'inféodation à litre irrévocable était permise dans les 
conditions de la procédure ordinaire. 

Si l'on en croit un ouvrage de la dernière moitié du xviir 3 
siècle, les Mémoires de Vabbè Terrai, par Coquereau (Lon- 
dres 1776, in-12) le contrôleur général, dont l'unique préoccu- 
pation était de se procurer de l'argent, avait cru trouver la 
formule définitive de l'administration des biens domaniaux : 
« Jusque là, quand Sa Majesté vouloit rentrer dans quelque 
domaine aliéné, l'usage éloit que les fermiers généraux s'en 
emparassent et en perçussent les droits. Par le dernier bail (1) 
on leur retirait cette partie, et l'on avait établi une sous-ferme 
pour chaque généralité, qui devait durer 30 ans, à partir du 
1 er janvier 1775. Les intéressés doivent payer d'avance au 
Roi une année, et, au bout du temps de leur bail, remettre 



(l) Celui qui avait été fait conformément à l'invention de l'abbé 
Terray. 



— 22 — 

entre les mains de Sa Majesté ces divers domaines quittes et 
libres de toutes charges envers les engagistes. 

Ou eu apprit mieux les conventions par un arrêt du Conseil 
du 30 octobre qui concernoit les domaines et droits domaniaux 
appartenant à Sa Majesté dans la province de Normandie, 
dans toute l'étendue des généralités de Rouen, Caen et Alen- 
çon, ave3 la jouissance de toutes les terres vaines et vagues, 
fonds etdnils négligés et autorisation de entrer dans tous les 
domaines aliénés, dans lesquels Sa Majesté auroit elle-même 
le droit de rentrer (1). 

Cet arr^t du Conseil dont on ne connaissoit point 
d'exemple (2) contenoit des dispositions curieuses qui méritent 
d'être rapportées en détail et donnent la clef du riche Pérou 
que s'ouvroit pour l'avenir le contrôleur général. 

Le prix du bail était de 81.000 livres par an. Outre et par 
dessus cette rétribution annuelle, l'adjudicataire devoit comp- 
ter annueliemont du dixième de ce qu'il retireroit des terres 
vaines et vagues défrichées ou desséchées. » 

J«a même rétribution s'appliquait aux inféodations ou aux 
aliénations moyennant rente qui auraient pu être consenties. 
Si l'adjudicataire faisait triompher des revendications de biens 
occupas, il devait le quart du produit de ceux-ci. S'il s'agissaif 
d'objets aliénés, il devait payer « la finance », c'est-à-dire, le 
prix payé par les engagistes ou détenteurs jouissant en vertu 
d'un titre régulier. Dans ce cas, la moitié des revenu? était 
assurée au Roi. Enfin, il devait acquitter toutes les charges 
dont était grevé le domaine, y compris la pension à faire aux 
ecclésiastiques. A la fin du bail, le bien était rendu en bon état. 

Ces dispositions avaient pour but de rendre plus fructueuse 
la jouissance des revenus du domaine royal ; mais les principes 



(1) On le voit, l'adjudicataire éventuel était substitué au Roi 
dans lous ses droits, même dans celui de revendiquer, moyen- 
nant la juste indemnité, tous les biens domaniaux détenus par 
des particuliers. 

i"2) Nous laissons à l'auteur la responsabilité de cette assertion. 



— 23 — 

n'avaient pas varié. Le domaine restait, en droit, inaliénable, 
sauf le petit domaine, qui représentait la moindre valeur. En 
fait, il était engagé, c'est-à-dire cédé à bail à un adjudicataire, 
individu ou société qui, moyennant redevance, jouissait de 
tous les droits du Roi, dans des conditions analogues à celles 
qui concernaient les fermiers généraux chargés de percevoir 
l'impôt et de le verser au Trésor, moyennant la retenue d'un 
tant pour cent pour leurs frais et soins. 



IV 



La lande de Lessay faisait partie du domaine de Saint- 
Sauveur-Lendelin, et à ce titre, elle était engagée au duc de 
Penthièvre, fils du comte de Toulouse, lui-même fils légitimé 
de Louis XIV. Le duc de Penthièvre était le beau-père du duc 
d'Orléans. 

M. Renault, dans sa Retue monumentale et historique de 
V arrondissement de Coutances, a publié la série des engagistes 
qui ont possédé successivement le domaine royal de Saint- 
Sauveur-Lendelin. Nous résumons ici son exposé. Le premier 
détenteur fut Jean sans Terre, puis viennent Blanche de 
Cas tille, mère du roi Saint- Louis ; la reine Jehannc, veuve de 
Philippe Le Long (1326) ; le duc Philippe d'Orléans, frère du 
roi Jean (1347). Dumoulin signale l'érection de cette seigneurie 
en comté par Charles VI, au profit de Louis d'Orléans, à titre 
de supplément d'apanage. En 1465, le comté était aux mains 
de Charles d'Orléans, puis il vint au frère de Louis XI, le duc 
de Normandie. 

En 1469 et 1470, Marie, duchesse d'Orléans, de Milan et 
de Valois, fit faire, au nom de son fils, devenu plus tard roi de 
France, sous le nom de Louis XII, une « réformation » du 
domaine de Saint-Sauveur-Lendelin. Le registre sur lequel 
sont consignés les résultats de cette opération, est déposé aux 
archives de la Manche. 



— 24 — 

Après la réunion à la couronne, nous ne voyons plus, comme 
possesseurs du domaine royal de Saint-Sauvcur-Lendelin, que 
des engagistes à titre onéreux. Parmi eux, Ton compte 
Bassompierre, qui paya son droit 9.000 lt. (Mém* de la 
Société des A ntiquaires de Normandie, tom xvnr, p. 6.) Puis 
nous apercevons le duc de Wurtemberg (1) qui céda son droit 
à la reine Marie de Médicis, le 20 mai 1613 (Archives de la 
Manche, A, 2992 et 199). 

En 1657, nous trouvons le nom de Roger du Plessis, duc 
de Liancourt, puis, de 1664 à 1668, de François de la 
Rochefoucauld, prince de Marsillac. Le revenu total de tout le 
comté était alors de 18.600 lt., soit environ, au pouvoiractuel 
de l'argent, 111.600 fr. de notre monnaie. 

Enfin, un arrêt du Conseil, du 18 septembre 1667, déclara 
engagiste, moyennant une somme de 450.000 lt. (environ 
2.700.000 de notre monnaie). Louis- Alexandre de Bourbon,, 
comte de Toulouse, fils légitimé du roi Louis XIV et de 
madame de Montespan. Son fils, Louis-Jean-Marie, duc de 
Penthièvre, hérita des droits de son père. Ceux-ci formèrent 
une partie de la dot de la duchesse d'Orléans (2). 

Dans ce domaine, dont le revenu présentait au milieu du 
du xvni siècle, une somme considérable, la lande de Lessay 
figurait pour une part sans conséquence. Aussi, nous verrons 
plus tard que le détenteur s'en défit volontiers à la première 
demande présentée par une personne qui lui Otait agréable. Le 

(!) Cf. Les Finances de la reine Marie de Médicis , par Louis 
Batiffol. (Revue des Deux Mondes, 1906, l tr mai, p 183.) Henri III 
et Henri IV avaient emprunté au duc de Wurtemberg, une 
somme de 801.849 écus et lui avaient donné en remboursement, 
à titre d'engagiste, la jouissance entre autres du domaine de 
Saint-Sauveur Lcndelin. Marie de Médicis acheta tout le lot du 
duc de Wurtemberg qui comprenait t les domaines, châteaux, 
terres et seigneurie d'Alençon, Valognes, Sl-Sauveur-le -Vicomte 
et Néhou, moyennant 000.000 1t.. Conclue en 1012, l'affaire ne 
put être liquidée qu'en 10 18, moyennant le paiement de 720 (00 lt. 
paiement qui fut fait par deux banquiers Sainctot et Lumagne, 
après l'acquittement d'intérêts usuraires. 

(2) Archives de la Manche, A. 2H7 et 199. 



— 25 — 

duc de Penthièvre s'empressa, en effet, d'appuyer la demande 
d'inféorlation dont nous aurons bientôt à parler (1). 



En 1749, la lande de Lessay fut l'objet d'une procédure à 
fin de « vente et revente » conformément à la législation alors 
en vigueur. Il est vraisemblable que le besoin d'argent avait 
pousse les ministres à faire flèche de tout bois et à forcer la 
valeur en revenu de tous les biens susceptibles d'adjudications 
successives. Nous savons déjà avec quels soins les rédacteurs 
des édits avaient assura la priorité de la possession des biens 
assujettis au régime de la doraauialité. Tout ce qui était sus- 
ceptible de rapporter un revenu supérieur au revenu alors 
perçu fut remis sur le marché. La lande de Lessay pouvait être 
considérée comme appartenant au petit domaine. Elle put 
donc, avec quelque apparence de légalité, être distraite de l'en- 
semble dont le duc de Penthièvre était engagiste. Après une 
séance d'enchères assez chaudes devant l'intendant de la gé- 
néralité de Caen, elle fut adjugée, moyennant une rente de 
240 livres tournois, à un sieur Lemasson, bourgeois de Caen, 
sauf, bien entendu, en conséquence des lois sur la matière, 
l'adjudication définitive qui devait être faite au château des 
Tuileries. Notons en passant que cette procédure garantissait 
au Roi vendeur de l'immeuble le concours de tous les amateurs 
possibles. Les habitants des environs pouvaient porter leurs 
enchères devant l'intendant de la généralité. L'adjudication 
définitive à Paris était destinée aux grands capitalistes. Deux 
bas-Normands se disputèrent à Caen le lot offert aux acqué- 
reurs. L'un d'eux habitait les abords delà lande. Il était officier 
garde-côtes, et habitait la paroisse de Muneville-le-Bingard. 
L'adjudication définitive, qui eut lieu le 29 janvier 1750, 

(i) Archives nationales, C. G52. Extraits des Registres du 
Conseil d'Etat. 



— 26 — 

attribua la possession de la lande de Lessay à un sieur Mori- 
ceau (1) si nous en croyons la déclaration que nous mettons 
sous les yeux du lecteur : 

« 1760, 4 mars. 

Aujourd'huy quatre mars mil sept cent soixante, dix heures 
du matin, est comparu au greffe de la commission établie pour 
la vente et revente des domaines de Sa Majesté; 

Michel René Morioeau, avocat aux Conseils, lequel a déclaré 
que l'adjudication définitive qui luy a été faille, lô vingt neuf 
janvier mil sept cent cinquante, par Messieurs les Commis- 
saires du Conseil à ce députés, à titre d'engagement des landes 
de Lessay, près Coutances, généralité de Caen, moyennant 
deux mille vingt-quatre livres de rente par chacun an, payable 
au domaine de Sa Majesté, et le sol pour livre du principal de 
ladite rente sur le pied du denier trente, est pour et au profit 
de Messire Jean L'Evesque de la Comlelerie, chevalier, sei- 
gneur d'Ouville et autres lieux, gentilhomme ordinaire du Roy, 
demeurant à Paris, place Royale, paroisse de Saint-Paul, au 
nom duquel il requiert qu'il luy en soit passé contract par 
Messieurs les Commissaires du Conseil à ce députés et a signé. 

Signé : Moriceau .» 

Pourquoi cette adjudication définitive en 1750 ne fut elle 
suivie pendant 10 ans d'aucun commencement d'exécution, 
bien qu'elle présentât pour le Trésor royal un avantage incon- 
testable, et que la rente du sol eut décuplé pendant l'intervalle 
des deux cérémonies ? Le fait est bien certain puisque Mori- 
ceau n'avait agi que comme intermédiaire et que le nom du 
propriétaire réel, M. L'Evesque de la Comteterie, n'est révélé 
que dans la déclaration qui vient d'être transcrite. 

On se demande si toutes ces adjudications étaient loyales et 
sincères, et si elles ne servaient pas de prétexte à des spécula- 
tions d'agiotage. La différence même entre les deux prix cVad- 

"■— ^- {\) Archives Nationales, 165-2. 



— 27 — 

judication met en méfiance contre le sérieux de ces opérations 
administratives. 

Non seulement Moriceau est suspect à cet égard, mais 
L'Ensque de la Comteierie lui-même ne semble pas avoir agi 
en propriétaire bien désireux de réaliser soa contrat. Il ne le 
fit pas lever; mais se fit payer son désistement à beaux deniers 
comptant. 

Si nous en croyons un exposé des moyens de procédure par 
lesquels le comte de Briquevilie parvint à entrer en possession 
de la lande de Lessay, exposé qui se trouve aux archives de la 
Manche (1), le bénéficiaire de l'adjudication passée en 1750 
renonça à tous ses droits, moyennant le paiement comptant de 
3.400 livres tournois et la stipulation en sa faveur d'une rente 
viagère de 900 livres tournois sur sa tête, celle de sa femme et 
celle de son fils. 

Ce chiffre de 3.400 livres tournois n'est même pas conforme 
à la réalité des faits, si nous en croyons un acte passé devant 
les notaires du Châtelet, le 19 novembre 1763 (2), portant 
constitution d'une rente viagère de 900 livres tournois en fa- 
veur de Jean L'Evesque de la Comteterie, de Suzanne Bonne 
de Grand, sa femme, et de Raould Jean L'Evesque de la Com- 
teterie. L'acte constate que M. de Briquevilie avait versé une 
somme de 15.000 livres tournois. Mais il nous paraît difficile, 
étant donné l'état des affaires du débiteur de la rente, qu'il eût 
pu verser à celte époque une somme de 15.000 livres tournois, 
fort importante au milieu du xvm c siècle. 

L'acte est signé par un intermédiaire commissaire des 
guerres, un sieur Guignard de la Garde, dont un grand nombre 
de lettres se trouvent aux archives de la Manche. 

Il était à cette époque, et le fut plusieurs r.nnées, le manda- 
taire et le conseiller du comte de Briquevilie qui semble 
avoir eu en lui, en son intelligence, une confiance à peu près 



(1) H., 5778. 

(-2) Archives de la Manche, H. 5771). 



— 28 — 

illimitée. Cette confiance ne paraît guère justifiée, au moins à 
nos yeux, car l'événement démontra que ce personnage était 
un aventurier. Voilà donc, sur quatre figurants dans cette 
partie de l'histoire, trois qui semblent suspects d'agissements 
louches. Le pauvre gentilhomme qui se jetait dans une spécu- 
lation hasardeuse, s'y trouvait, dès les premiers pas, à la 
merci d'aigrefins. 

Si nous ne sommes pas trompés par une simple similitude 
de noms, ce Guignard de la Garde, qui fut le mauvais génie 
du comte de Briqueville, appartenait peut-être à l'entourage 
de l'abbé Terray. Celui-ci avait pour maîtresse attitrée une 
baronne de la Garde, qui tenait sa maison et participait aux 
bénéfices de ses malversations. Sans doute, en 1763, le futur 
ministre de Louis XV n'était pas encore contrôleur général, 
mais c'était déjà un personnage influent, que son rapport au 
Parlement dans l'affaire de l'expulsion des Jésuitesavait misen 
relief, et qui avait déjà la main dans beaucoup d'entreprises 
financières. On peut supposer que le mari de la maîtresse du 
magistrat intrigant et actif, était précisément ce commissaire 
des guerres qui, besogneux et avide, se tenait à l'affût de toutes 
les besognes où son intermédiaire pouvait lui procurer un 
salaire ou un gain interlopes. Nous n'avons, du reste, pu iden- 
tifier la baronne de la Garde, la confidente de l'abbé Terray. 

D'autre part nous voyons, dans les Mémoires de l'abbé 
Terray, déjà cités, le nom d'un certain Darigrand, avocat, qui 
joua un rôle dans un procès auquel le contrôleur général est 
mêlé. Or, dans les lettres de Guignard de la Garde, nous 
lisons que, serré de près par ses créanciers, il donna son 
adresse chez un sieur « Darigrand, avocat, rue Gillecœur » 
(sic). (A. I)»« Manche H. 5779). 

Quoiqu'il en soit, la lecture de l'arrêt du Conseil du 2 
novembre 17G3, par lequel le Roi déclara inféoder la lande de 
Lessay au comte de Briqueville, démontre l'inutilité d;i 
paiement fait à M. de la Comteterie; l'arrêt du Conseil, en 
effet, déclare annulée l'adjudication prononcée en faveur de ce 



— 29 — 

dernier par l'intermédiaire de M. Monceau. Les motifs de 
cette annulation sont précisément l'exagération du chiffre de 
la rente promise par l'adjudicataire, chiffre disproportionné 
avec la valeur de l'immeuble et. la considération de ce fait, 
que le sieur de la Comteterie n'avait jamais vu l'objet de la 
concession sollicitée par lui (1). 

Dès son entrée dans celte affaire, il paraît dpnc démontré 
que le comte de Briqueville faisait une démarche préjudi- 
ciable à ses intérêts, et se laissait duper par des aigrefins. 



VI 



Il fallut une procédure aussi coûteuse que compliquée, pour 
que, une fois écartées les prétentions de M. L'Evesque de la 
Comteterie, le comte de Briqueville pût être mis en possession 
certaine et incommutable du lot qui lui était attribué dans les 
domaines mis en vente. 

Les actes déposés aux archives nationales ou aux archives 
de la Manche, nous livrent uue physionomie exacte de l'affaire 
considérée au point de vue de l'administration gouvernemen- 
tale. Le plus intéressant de ces documens est l'arrêt du 
Conseil du 2 novembre 1763, qui prononce l'inféodation des 
landes de Lessay, en faveur du comte de Briqueville. Voici le 
résumé de cette pièce. 

Les adjudications de 1749 et 1750 avaient été l'objet d'oppo- 
sitions formées par divers intéressés. Le marquis de Brécey, 
baron de Pirou, à ce titre propriétaire d'une partie de la lande, 
réclamait ce qu'il prétendait lui être dû. Son opposition fut 
déclarée recevable par l'arrêt du Conseil, et la fraction récla- 
mée distraite de l'ensemble à attribuer au bénéficiaire de 
l'acte du 2 novembre 17G3. 

L'arrêt du Conseil statuait ensuite sur l'opposition formée 

(l) Archives Nationales c. 652. Extrait des registres du Conseil 
d'Etat. 



— 30 - 

par le duc de Penthièvre. La requête qu'il présenta s'appuyait 
d'abord sur un motif de droit : le requérant jouissait de la 
lande de Lessay, eu même temps que du reste du domaine, 
en vertu du contrat du 10 avril 1600. comme fils et héritier 
du comte de Toulouse. En fait, l'engagiste faisait Remarquer 
que l'adjudication prononcée en faveur de M. L'Evesque de la 
Comtcterie, pa? l'intermédiaire de M. Moriceau, était pure- 
ment fictive, puis qu'elle n'avait été suivie d'aucune prise de 
possession pendant plus de dix ans. D'ailleurs, l'élévation du 
prix de la rente acceptée par l'adjudicataire prétendu démon- 
trait que celui-ci n'avait jamais vu l'objet dont il s'était soi- 
disant rendu acquéreur. 

La requête tendait à deux fins : l'une visait le droit pour 
l'engagiste de toucher les arrérages de la rente stipulée, l'autre 
avait pour but de faire reconnaître par le Conseil que le seul 
moyen de tirer un profit annuel d'un bien jusqu'alors impro- 
ductif, était de l'aliéner à titre incommutable, en termes mo- 
dernes, de le désaffecter, en effaçant le caractère de domanialité 
qui empêchait toute tentative sérieuse de culture. La perspec- 
tive de se voir un jour, au gré du pouvoir royal, privé de la 
jouissance d'un immeuble sur lequel on aurait fait des impenses 
même remboursables, arrêtait toutes les bonnes volontés. 

Cette partie de la requête et la conséquence qui en fut tirée 
s'explique par ce fait que le comte de Briqueville avait servie 
comme capitaine dans le régiment de Penthièvre. Il avait 
profité de sa situation pour se mettre dans les bonnes grâces 
de son îolonel, dont l'histoire a enregistré la générosité. Pour 
obtenir la concession désirée, il avait, parmi d'autres raisons, 
fait valoir son intention d'établir un haras dans les terrains à 
défricher. 

Un haras ne ressemblait pas à l'établissement qui porte de 
nos jours ce nom. C'était alors un terrain très vaste, dépourvu 
de clôture, sur lequel erraient à l'état presque sauvage, des 
poulains et des poulinières. Des étalons choisis étaient l'objet 
d'une stabulation méthodique alternant avec des périodes de 



- 31 — 

pâture. C'est une organisation de ce genre qu'avait établie 
M. de La Lande a 3 lieues de Rouen, au milieu de ses bois. 
On s'imaginait que les « chevaux élevés dans les bois sont 
plus agiles, plus dispos, plus adroits, et môme plus vigoureux 
que ceux qu'on a élevés dans de gras pâturages, où ils 
deviennent aussi pesans que des bœufs (1). » 

Lorsque le comte de Briqueville souleva cette question d'un 
haras à créer dans le Cotentin, il trouva immédiatement un 
écho dans la pensée de ce prince philanthrope qu'était le 
beau-père du duc d'Orléans. Les hommes d'affaires du prince 
virent dans l'entreprise projetée, un moyen certain de tirer un 
revenu d'uns terre jusqu'alors improductive. Tout concordait 
par conséquent pour assurer au projet du gentilhomme 
normand une approbation unanime. L'arrêt du Conseil accorda 
par conséquent la concession moyennant 300 lt. de rente à 
payer à l'engagiste du domaine de Saint- San veur-Lendelin, 
plus le sol par livre (le vingtième) sur le principal de cette 
rente au denier 30. Celte dernière somme verlissait au profit 
du Trésor. 

L'arrêt du Conseil était daté du 2 novembre 1763. Dix jours 
après — il m s'agissait plus, cette fois dV.cquôreurs fictifs — 
intervint l'acte suivant : 

P l G52, et Arch. département, de la Manch?. Lessay-Landes, 
1703. H. 5778. 

Les Commissaires généraux du Conseil, députés par Sa 
Majesté, par arrêts de son Conseil d'Etat des 14 juillet 1746, 
13 may 1724 et autres intervenus depuis, pour procéder aux 
ventes, reventes et aliénations des domaines, justices et droits 
domaniaux appartenans et réunis à Sa Majesté, circons- 
tances et dépendances ; 



(<) Réflexions sur Ie3 haras, par le chevalier de la Péri^niôrc, 
47i : 4. — Arch. Nat., G. 43î>\ Cité par M. Joseph de Robillard 
de Beaurepaire, dans ses Aoles et documents sur rancienne 
administration des haras. Annuaire Normand, 1861-1862, Ch. III. 



;— 32 — 

A tous ceux qui ces présentes Lettres verront, salut, 
scavoir faisons que par arrêt du Conseil du 2 novembre 1763, 
le Roy a ordonné qu'il seroit par nous passé eontract d'inféo- 
dation au proffit du sieur Claude-Marie de Briqueville, che- 
valier de Tordre royal et militaire de Saint- Louis, capitaine au 
régiment de Penthièvre-cavalerie, des landes de i'Essay, près 
Coutances, en ce qui appai tient à Sa Majesté, pour en jouir 
par luy, ses hoirs, successeurs et ayant cause, à titre de pro- 
priété incommutable, à la charge de payer à la recette du 
domaine de Saint-Sauveur-Lendelin, à compter du jour 
du Contract, une renie annuelle et perpétuelle de trois 
cents livres, emportant droits seigneuriaux avec mutations 
suivant la coutume des lieux, de laquelle redevance les arré- 
rages seront payés au Duc de Penthièvre, tant qu'il sera 
engagiste du domaine de Saint-Sauveur-Lendelin, et de payer 
en outre le sol pour livre du principal de la dite rente sur le 
pied du denier trente ; vu la quittance du sieur de Montbagin. 
préposé à la recette du sol pour livre de la somme de quatre 
cents livres du dix du présent mois et tout considéré ; 

Nous commissaires généraux susdits eu veitu du pouvoir 
à nous donné par Sa Majesté, avons inféodé et inféodons 
au sieur Claude-Marie de Bricqueville, la Lande de I'Essay, 
près Coutances, en ce qui en appartient à Sa Majesté, pour en 
jouir par luy, ses hoirs, successeurs et ayant cause, à titre de 
propriété maomrnutable, à la charge de payer à la recette du 
Domaine de Saint-Sauveur-Lendelin, à com pter de ce jourd'huy 
une rente annuelle et perpétuelle de trois cents livres, empor- 
tant droits seigneuriaux aux mutations, suivant la coutume 
des lieux, de laquelle redevance les arrérages seront payés au 
Duc de Penthièvre tant qu'il sera engagiste du domaine de 
Saint-Sauveur-Lendelin, et sera ledit sieur de Briqueville 
mis en possession de ladite lande de Lessay par les officiers 
de Sa Majesté et tous autres qu'il appartiendra, auxquels 
nous ordonnons de l'en faire jouir, promettons pour et au nom 
de Sa Majesté l'entretenement du contenu au présent contrat 



— 33 — 

aux charges y portées, à l'effet de quoy nous l'avons signé en 
notre assemblée ordinaire, au château de Fontainebleau, 
cejourd'huy douze novembre mil sept cent soixante treize. 

Signé : Trudaine, d'Ormesson, Chauvelin, de 
Beaumont, Trudaine, Boullongne, 
Bertin de Courteille. » 

Nous étudierons plus tard quel sort était réservé à cette 
tentative de mise en valeur de la lande inculte qu'était alors 
et qu'est restée dans son ensemble la lande de Lessay. 

Gaétan G uillot. 



-<"Nd/OH»e»*'D^c-v- 



L'INSTRUCTION PUBLIQUE 

AVANT 1789 

DANS LES DEUX ANCIENS DIOCÈSES DE 
COUTANCES ET D'AVRANCHES 

Deuxième Partie 
(Suite) 



INSTRUCTION SECONDAIRE 

CHAPITRE IV 

ZÈLE DU CLERGÉ DE COUTANCES ET D'AVRANCHES POUR 
L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE, AVANT 1789 

Rien ne ferait mieux ressortir ce zèle que le grand nombre 
d'ecclésiastiques des diocèses de Coutances et d'Avranchcs, 
voués à renseignement dans les collèges de Paris et de la 
province. Si Ton ajoute à celte liste celle des ecclésiastiques 
bienfaiteurs de ces établissements, on doit en conclure que 
nos diocèses ne le cédaient en rien à aucun autre pour le goût 
de l'étude et pour l'empressement h multiplier les foyers du 
savoir humain. 

I. — Ecclésiastiques professeurs dans les collèges de 
Paris et de la Province, avant 1789. 

On a dit que l'histoire littéraire de la Normandie devint 
parfois l'histoire littéraire delà France entière. S'il y a quelque 
exagération dans cet éloge, au moins il est juste de s'associer 
à celui que le savant angevin Ménage faisait de cette contrée, 



— 35 — 

quand il l'appelait « la célèbre nourrice des poètes, Neuètria 
doctorum celeberrima catum. » 

Or, la Basse-Normandie pourrait, à juste titre, revendiquer 
pour elle seule une large part de cette gloire, et les professeurs 
ecclésiastiques que nous allons énumérer ne contribuèrent 
pas médiocrement à cette gloire. Humanistes, poètes, traduc- 
teurs, hellénistes, hébraïsants, orientalistes, théologiens, 
canonistes, mathématiciens, naturalistes et presque tous 
auteurs, ils ont contribué au bon renom de leur pays : 

Neustria, frugiferae Cereri gratissima (elluSj 
Feeta viris, cui stant cenium cum mœnibus urbes 
Phœbi eadem studiis levique addicta Mineroœ. 

La Neustrie est la terre classique où abondent avec le blé, 
les grands hommes et les places fortes, sans compter son 
goût décidé pour fa poésie et l'éloquence (1). 

Le collège d'Harcourt eut tour à tour, avec le titre de prin- 
cipal ou de professeur, Guillaume Duchesne, Pierre Padet, 
Jean Dossier, Jacques de l'Œuvre, François ou Gilles Roussel 
et son neveu G. Lemelorel, Louvel et Jean-François Viel. 

Guillaume Duchesne, né à Saint-Sever, au diocèse de 
Coutances, fut nommé proviseur du collège d'Harcourt, Tan 
1522. 11 mourut en 1527. 

Pierre Padet était un autre ecclésiastique coutançais. Né à 
Pierre ville, vers 1582, il vint à l'âge de quinze ans étudier la 
rhétorique, à Paris, au collège des Grassjns, et la philosophie 
au collège du Plessis, sous Urbain Garnier. 11 ne prit que les 
litres de maître ès-arts et de licencié en théologie. Georges 
Turgot, proviseur du collège d'Harcourt,lui donna la chaire de 
philosophie dans ce collège. Après avoir occupé pendant 30 ans 
cette chaire, autour de laquelle il avait pu compter presque tous 
les ans trois cents auditeurs, il fut nommé proviseur (2) du 

(1) Commire, d'Amboize. 

(2) Le collège d'Harcourt avait à la fois un proviseur et un 
principal. Ce ne fût qu'en 1703 qu'un nouveau règlement confondit 
les deux fonctions en une seule, celle de principal. 



— 36 — 

collège. Il mourut à Paris le 9 février 1665. Toute l'Université 
le pleura comme un père, et Guy Patin, annonçant sa mort 
dans une lettre, écrivait : « Hier, mourut un des plus grands 
hommes qui ait été dans l'Université de Paris, M. Padet, 
Verus Atlas Academiœ. On lui doit plusieurs ouvrages. » 

Jean Dossier fut régent de rhétorique au collège d'Harcourt. 
Il fut nommé recteur de l'Université, le 16 décembre 1617, 
après Jean Ruault. Il lutta contre les Jésuites, pour empêcher 
le rétablissement du collège de Clermont ; mais les Jésuites 
triomphèrent, par la protection du Roi, des oppositions de 
l'Université (1). 

Un autre Coutançais, Duchevreuil, né à Carquebut, vers 
1595, devait se faire un nom dans l'Université de Paris. Il 
prit le degré de maître ès-art dans le collège d'Harcourt en 
1616. Bachelier en théologie, il revint dans son pays, où il 
fut pourvu de la cure de Gatz (Cadensis curia) ; mais il la 
résigna peu à près en faveur de son frère aîné, et revint à 
Paris. Ancien élève, au collège d'Harcourt, de Pierre Padet, 
il allait l'avoir pour ami. Duchevreuil devint successivement 
professeur de philosophie et principal du collège d'Harcourt. 
Il professa depuis l'année 1619 jusqu'en 1641. Il devait exer- 
cer pendant 28 années les fonctions de principal dans ce 
même collège. Nommé recteur de l'Université en 1622, il fut 
élu procureur fiscal et syndic de la corporation en 1623. 
L'éminent professeur touchait au terme de sa carrière, quand 
l'archevêque de Lyon, Alphonse de Richelieu,, le désigna pour 
occuper au collège de France, la chaire de philosophie laissée 
vacante par la mort de Jean Perreau. 

L'Université de Paris lui eut l'obligation d'avoir mis le 
premier la main à son Livre bleu. C'est une compilation de 
seize mémoires qui ont pour titre : « Partie des pièces et actes 
qui concernent Pestât présent et ancien de l'Université de 
Paris. » Duchevreuil mourut dans sa chaire, comme le soldat 

(i) Jourdain, Hist. de V Université de Paris, pp. 00, 9! , 92, 93, 97. 



— 37 — 

sur la brèche, le 30 décembre 1649. Il n'avait que 55 
ans (1). Duchevreuil a laissé de nombreux ouvrages. 

Jacques de PŒuvre était de Valognes, où il vint au monde 
en 1621. t On lit, dit Moréri, dans la relation manuscrite d'un 
voyage de M. de Combault de Pontchâteau, qu'il avait vu 
l'abbé de l'Œuvre en 166'», en passant par Provins, où le 
savant était principal du Collège. » Depuis il devint profes- 
seur d'éloquence et principal du collège des Lombards, à 
Paris, puis professeur et principal du collège d'Harcourt. 
C'est en cette qualité qu'il prononça, en 1670, un éloquent 
panégyrique latin de Pierre Padet, son compatriote et son ami. 
Ce discours fut fort goûté et contribua même à la réputation 
du collège d'Harcourt, dont Pierre Padet avait été proviseur. 
Ce discours fut imprimé in-quarto, avec le portrait de Padet. 
De TGEuvre publia, en 1679, une édition de Plaute, ad usum 
Delphini, sous le nom d'Operarius (2). A beaucoup d'esprit 
et d'étude, il joignait un grand désintéressement. On a sou- 
vent confondu Operarius, l'éditeur de Plaute, avec Dou- 
trier. Mais cette méprise n'a rien d'injurieux à la mémoire 
de de l'Œuvre, puisque Douvrier est un littérateur d'esprit ; 
de savoir et de goût, d'une diction pure et fleurie, quand il 
écrit en latin. Personne n'a mieux réussi dans les inscrip- 
tions funèbres et les devises. C'est à lui qu'on doit la fameuse 
devise de Louis XIV : * Nec pluribus impar. » 

Jean Le François, né à Sainte-Marie-Laumont,, archidia- 
coné du Val-de-Vire, dans l'ancien diocèse de Coutances, 
était bachelier en Sorbonne. Il fut d'abord professeur de rhé- 
torique au collège d'Harcourt, puis recteur de l'Université de 
Paris. Proviseur du collège d'Harcourt en 1680, il était aussi 
chanoine de Saint-Germain-l'Auxerrois. Il mourut le 2 avril 



(1) Annuaire de la Manche, 1829 p. 279 ; 1853 p. 96 ; Pluquet, 
Curiosités littéraires, p. 8. 

(2) Goujet, Môm. pour servir à l'histoire du Collège royal de 
France. 



- 38 - 

1701, laissant un poème épique en l'honneur de Louis, le 
grand pacificateur (1). 

G. Lemelorel, né à Mesnil-Besnoît dans l'archidiaconé du 
Val-de-Vire, diocèse de Coutances, fut professeur de philo- 
sophie au collège d'Harcourt. Lemelorel était prêtre. Il profes- 
sait encore en 1707 et garda sa chaire près de quarante ans. 
Il fut des premiers à abandonner la philosophie d'Aristote 
pour celle de Descartes, et quelques difficultés lui furent sus- 
citées à cette occasion, car nous le voyons le 28 octobre 1691, 
au collège du cardinal Le Moigne, signer la condamnation de 
onze propositions déférées à l'archevêque de Paris et au Roi 
comme entachées de nouveauté. Un formulaire lui fut imposé, 
à lui ainsi qu'à un autre régent de philosophie, il eut à le 
signer en octobre 1704. Mais, en dépit de ces protestations, 
G. Lemelorel et une partie de ses confrères étaient partisans 
de la philosophie cartésienne. Son successeur dans la chaire 
de philosophie au collège d'Harcourt fut un de ses compa- 
triotes, Pierre Lemonnier, natif de Saint-Sever. Ce profes- 
seur laïque eut la gloire assez rare de voir ses deux fils faire 
partie comme lui de l'Académie des Sciences (2). 

En môme temps que G. Lemelorel, nous trouvons professeur 
de philosophie au collège d'Harcourt, Gilles Roussel, né à Cou- 
tances. 11 était fils de Pierre, sieur des Groudières. Il professa 
la philosophie plus de 35 ans en ce collège. Il professait dès 1 675. 

Roussel, né à Coutances, et neveu de Gilles, fils de Nico- 
las, sieur de la Héronière, fut aussi professeur de philosophie 
•au collège d'Harcour* (3). 

Gilles Dancel, né à Tourlaville, fut professeur d'éloquence 
au collège d'Harcourt. Il composa un poème dédié à M. de 
Lamoignon. Cette pièce porte la date du 7 juillet 1756 (4). 



(1) Morin Lavallée, Essais de Bibliog. viroise,?. 143. 

(2) Ibid. p. 79, 143. 
(8) Ibid. p. 443. 

-• (4) Floquet, Bibliogr. du départ, de la Manche, Caen, 1873, 
p. 83. 



— 39 — 

Louvel, né à Granville, était chef des boursiers du collège 
d'Harcourt en 1743. Il devint professeur de rhétorique en cette 
maison le 8 novembre 1769. Coadjuteur du proviseur en 1758, 
il succéda au titulaire, l'abbé Asselin, de Vire, en 1762. 
Adversaire déterminé du concours d'agrégation, il l'attaqua 
dans un mémoire qui résumait avec vivacité les griefs de ses 
partisans. Le gouvernement, pour réprimer cette opposition, 
supprima le mémoire du proviseur, en même temps qu'un 
libelle en sens opposé qui ne pouvait servir qu'à prolonger la 
controverse. M. Louvel mourut au mois de décembre 1779. Il 
avait cessé d'être proviseur du collège d'Harcourt en 1775. On 
lui doit plusieurs mémoires sur la question de l'agrégation, 
dont il était un adversaire implacable (1). 

Jean-François Viel, né à C^asville, était prêtre. Il professa 
quelque temps les humanités au collège d'Harcourt, puis il 
revint dans son diocèse où il fut nommé professeur de rhéto- 
rique au collège de Coutances, un peu avant 1753 (2). 

Le collège de Montaigu eut un principal du diocèse d'Avran- 
ches en la personne de Noël Beda. Né dans le diocèse et aux 
environs d' Avranches vers 1475, Noël Beda devint docteur de 
la Faculté de Théologie, le 18 avril 1507, et principal du col- 
lège de Montaigu. Il fut un des docteurs qui eurent le plus de 
crédit de son temps dans la Faculté de Théologie, dont il fut 
nommé syndic. Noël Beda se rendit célèbre par sa polémique 
avec Erasme qu'il dénonça à la Faculté comme hérétique, dans 
la discussion qui eut lieu à la Sorbonne au sujet du divorce 
de Henri VIII, roi d'Angleterre. La conclusion favorable au 
divorce allait passer à la pluralité des voix. Il l'empêcha en se 
prononçant contre elle avec emportement. Il alla jusqu'à 
reprocher à François I er les ménagements qu'il gardait à 
l'égard des hérétiques. Pour les expressions injurieuses dont 
il s'était servi, il fut condamné à faire amende honorable 

(!) Jourdain, Hist. de V Université de Paris, p. 4U, 425, 426, 
466, 467, 468. 
{2) Annuaire de la Manche, 1849, p. 557. 



— 40 — 

devant le parvis de Notre-Dame de Paris. Deux fois, il fut 
condamné au bannissement pour les emportements de son 
zèle. Il se signala également par ses persécutions contre Robert 
Etienne. 

Il faut ^apporter à Tannée 1522 environ ses Dialogues 
contre l'Apologie de Jacques Merlin, grand pénitencier de 
Paris, en faveur d'Origène. Les Dialogues reçurent l'appro- 
bation de la Faculté de Théologie qui supprima l'Apo- 
logie. 

En 1536, le Parlement envoya le docteur incorrigible à 
l'abbaye du Mont Saint-Michel, où il mourut le 8 janvier 
1537. Il n'avait joui que bien peu de temps dans sa retraite de 
ses relations amicales avec l'évèque d'Avranches, le savant 
Robert Cenau. 

Nicolas Le Barrier, né à Laulae, était professeur au collège 
de Montaigu quand éclata la Révolution. 

Un autre établissement de Paris, la maison de Navarre, eut 
des professeurs de nos diocèses, qui furent successivement 
Launoy et Foucher. 

Jean de Launoy, illustre docteur de Sorbonne, naquit lo 
21 décembre 1603, au Val-de-Sie, près de Bricquebec et non 
à Valognes, comme on l'a dit souvent. Son père s'appelait 
Jean de Launoy et sa mère Michelle Jean. Après avoir fait 
ses études à Cou tances, sous la direction de son oncle, Guil- 
laume de Launoy, promoteur de l'officialité, il se rendit à 
Paris, où il devint très habile dans la philosophie et la théolo- 
gie. Il fut reçu docteur en 1634 et eut l'avantage d'entrer dans 
la maison de Navarre. La même année, ayant été ordonné 
prêtre, il partit pour FItalie, dans le dessein d'y étudier à fond 
l'antiquité ecclésiastique. On prétend que c'est dans ses con- 
versations avec le cardinal Bentivoglio qu'il conçut le plan de 
son Traité de la puissance royale sur les empêchements du 
mariage. Launoy était un prêtre extrêmement laborieux. 

11 composa plus de soixante-dix volumes de théologie, de 
discipline, de critique et d'histoire. L'abbé Granet les a re- 



— 41 — 

cueillis en 5 volumes in-folio, Genève 1731, 32 et 33(1). 

Michel Foucher vint un siècle après Jean de Launoy. 11 
naquit à Saint-Lo. Docteur en théologie, il était de la société 
et de la maison de Navarre. Il fut principal du collège de 
Navarre, conseiller en la Chambre souveraine du Clergé, 
censeur royal et vicaire général de Paris. Il mourut à Paris, 
le 28 juillet 1784 ou 1787. Il a laissé un grand nombre de re- 
lations de voyages fort bien écrites. Il fit de grands biens au 
collège de Navarre (2). 

Plusieurs ecclésiastiques des diosèses de Coutances et 
d'Avranches furent assez distingués pour être nommés profes- 
seurs au Collège royal de France. 

L'un d'eux fut Guillaume Postel, cet homme dont la vie 
devait être si agitée. Il était né au village de la Dolerie, à 
Barentoa, le 25 mars 1510. A 13 ans, il était maître d'école au 
village de Say, près de Pontoise. Reçu à titre de domestique 
au collège de Sainte-Barbe, il y étudia l'hébreu et le grec à des 
heures dérobées, ce qui commença sa réputation. Il apprit 
aussi l'espagnol. En peu de temps, il acquit une science uni- 
verselle. 

Devenu précepteur d'un neveu de Jean Raquiez, abbé 
d'Arras, il refusa plusieurs bénéfices à la nomination de ce 
personnage. Il se fit recevoir bachelier en médecine à l'Univer- 
sité de Paris. Dès sa jeunesse, il devint professeur royal de la 
môme Université. Il y fit admirer la vivacité de son esprit et 
retendue de son savoir, la douceur de son éloquence et surtout 
les prodiges de sa mémoire. On eût dit qu'il avait reçu le don 
des langues, car tout ce qu'il y avait de plus subtil dans les 
langues hébraïque, chaldaïque et syriaque, en un mot 
dans les langues orientales et occidentales lui était aussi fami- 
lier que la langue maternelle. Il parlait toutes les langues, et un 
jour il eut la témérité de parier, devant Charles IX, qu'il pour- 



(1 Revue historique île Y Amateur mar>chois, 2 e année, p. 32. 
(2) Lange, Ephémêrides normandes. 



— 42 — 

rait parcourir le inonde sans interprète. A cette aptitude sin- 
gulière, il joignait beaucoup d'esprit naturel, une grande 
habileté et le don de rendre agréables ses conversations. Il fut 
les délices de François I er . Postel reçut aussi de la reine de 
Navarre, sœur du monarque, mille témoignages de bienveil- 
lances. C'est à cette faveur royale qu'il dut sa nomination de 
professeur de mathématiques et de langues orientales au 
Collège de France. 

G. Postel donna dans les rêveries de la béate Jeanne, qu'il 
vit à Venise et dont il fut le directeur spirituel. 

En 1554, il était à Rome, où il se présenta à Ignace de 
Loyola, qui, sur sa réputation, l'admit au noviciat de son 
ordre. Mais ne pouvant désabuser son nouveau disciple de 
ses rêveries, il le renvoya. 

Après maintes pérégrinations en Italie et en Suisse, il fut 
rappelé en France par la Cour, qui le rétablit dans sa chaire. 
Il enseignait encore en 1578. L'intendant Maldonat s'étonnait 
qu'il put y avoir un tel homme dans le monde et déclarait que 
sa bouche proférait autant d'oracles que de paroles. Fran- 
çois I er et Catherine de Navarre regardaient Postel comme la 
merveille du monde. 

Mais si son immense savoir méritait des applaudissements, 
ses sentiments bizarres lui attirèrent des censures méritées. Il 
s'est certainement trompé sur plusieurs points théologiques. 

Postel fut surnommé l'abîme du savoir. Jamais on n'a tant 
vanté dans aucun homme de lettres, l'universalité des connais- 
sances. Il mourut à Paris, le 6 septembre 1581 . 

11 composa un grand nombre d'ouvrages. Les Espagnols 
furent plus expressifs que les Français dans les témoignages 
de leur admiration pour Postel. Ils lui élevèrent des statues 
dans plusieurs de leurs Universités. 

Louis Leroy, natif du diocèse de Coutances, fut nommé 
professeur de grec au Collège royal, en remplacement de Lam- 
bin, en 1572. Louis Leroy eut trop de vanité. Mais l'excès 
de ce défaut ne doit pas faire oublier qu'il a beauooup contri- 



— 43 — 

bué à donner à la prose française de l'élégance et de l'harmonie. 
Il a composé vingt-huit ouvrages (1). 

Un autre prêtre du diocèse de Coutancos, Jean Ruault, ori- 
ginaire de Périers, régenta à Rouen et dans plusieurs collèges 
de Paris, avant de devenir recteur de l'Université. Il occu- 
pait ce poste pour la seconde fois en 1G16. Ruault s'était appli- 
que de bonne heure à l'étude des langues grecque et latine et 
s'y rendit fort habile, ainsi que dans l'histoire, la géographie et 
les antiquités. 

Il devint professeur d'éloquence latine au Collège royal de 
France. On a de lui un Recueil de poésies latines, Paris 1610, 
et plusieurs autres ouvrages d'histoire et des discours (2). 
Ruault avait été principal du collège du Phssis. 

Un compatriote de Ruault, né à La Haye-du- Puits, Louis 
Noël, était prêtre et professeur de philosophie au Collège 
royal de France. Il avait succédé, dans la chaire de philosophie, 
à Pierre Padet. Il prononça sa harangue d'installation le 28 
février 1663. En 1666, il prononça, en latin, le panégyrique de 
Louis XIV, qui fut imprimé la même année. Il eut encore 
à prononcer plusieurs autres discours d'apparat. Le célèbre 
professeur mourut le 2 octobre 1693. 

Claude Le Cappelain, né à Cherbourg, fut élu doyen de 
Sorbonne, le 22 février 1647. Il devint titulaire de la chaire 
d'Hébreu au Collège royal de France. 11 remplit ce poste depuis 
1674 jusqu'à l'époque de sa mort, arrivée en 1702. 

Claude Le Cappelaiu savait, dit dom Liron, le Grec et 
l'Hébreu, le Syriaque et le Chaldéen, l'Arabe et le Persan. 
Il fit contre Valérien de Flavigny un ouvrage qui a pour 
titre : Mare rabbinicum infidum, seu quœstio rabbinico- 
talmudica, etc. (3). 

Plusieurs ecclésiastiques des diocèses de Coutances et 



(1) Nicéron, Mémoires, CXXIX. — Teissier. Eloges, T. II. 
(*) Lerosey, Histoire religieuse et civile de Périers, p. 315. 
(3) D. Liron. Singularités historiques et littéraires, T. III, 
pp. 808, 569. 



— 44 — 

d'Avranches, enseignèrent dans quelques autres collèges de 
Paris, qui ne sont pas autrement désignés, tel Jean-Hyacinthe 
Pépin, né à Saint-Pierre -Eglise, le l or janvier 1754; Pierre- 
Romain Clouet, né à Coutances, le 7 août 1748, qui devint, 
après la Révolution, professeur interprète bibliothécaire à 
Técole des Miues ; tel Jean Truffert, né à Bricquebec, en 1746 
et professeur de belles lettres à l'Université de Paris, avant 
1789. Sous l'Empire, il devait avoir une chaire de littérature 
au lycée Charlemagne ; tel Jean Engerran, prêtre, helléniste 
distingué qui mourut à la fin du xvin e siècle. 

Jean-Baptiste Dugardin-Dumesnil, né à Saint-Cyr, le 18 août 
1720, devint chanoine de Notre-Dame de Paris. Il fut profes- 
seur de rhétorique à l'Université de Paris et principal du col- 
lège Louis-le-Grand, depuis le 31 mai 1749. Il établit, dans 
ce collège, le meilleur ordre et la plus louable émulation. 
C'est là qu'il composa son Dictionnaire des synonymes latins, 
ouvrage excellent, qui a eu plusieurs éditions et qui valut à son 
auteur les remercîments publics de l'Université. 

Né en 1727, l'abbé Cerisier des Hauts-Champs, était un 
mathématicien et un helléniste de premier ordre. Il fut long- 
temps professeur au célèbre collège des Grassins, à Paris. 
Plus tard, il devint l'un des fondateurs de l'Ecole centrale 
d'Avranches et l'un de ses meilleurs professeurs (1). 

L'Université de Caen eut aussi parmi ses chefs et ses 
professeurs des ecclésiastiques de Coutances et d'Avranches. 

Guillaume de la Mare, né au Désert, d'une ancienne famille, 
en 1450, devint recteur de l'Université de Caen. Il mourut le 
11 juillet 1525. 11 était docteur in utroque jure et chanoine 
de Coutances. 

A la môme époque, un enfant de Villedieu, Guillaume Le 
Moine, prêtait serment en 1514, devant la Faculté des Arts de 
Caen. Il est inscrit dans les registres de cette Université parmi 
les régents-résidents de la Faculté des Arts, en 1515. Nous 

(!) Grcnle, 0. Havard, Villedieu Ics-Poêlcs, clc.,T. II, p. 1)86. 



— 45 — 

avons vu comment il quitta Caen, pour aller enseigner au 
collège d'Avranches (1). L'œuvre la plus connue de Guillaume 
Le Moine, est son Dictionnaire Latin-Français. lia, déplus, 
composé quarante livres contre les Sophistes. 

Le titre de recteur de l'Université de Caen devait être porté 
au siècle suivant par Michel de Saint-Martin, né à Saint-Lo, 
le 1 er mars 1614. Il était écuyer et seigneur de la Mare du 
Désert. Docteur en Théologie et protonotaire apostolique, il 
devint recteur de l'Université de Caen, en 1652. Il est demeuré 
célèbre dans les annales de cette Université, par les colossales 
mystifications dont sa trop grande crédulité le rendit le jouet. 
Il a laissé de nombreux ouvrages. 

Jacques Le Maître, sieur de Savigny, naquit dans le Cotentin 
en 1550; il était chanoine d'Avranches et principal du collège 
Du Bols, à Caen. Il fit bâtir, à ses frais, la chapelle de ce 
collège et contribua à rétablissement du Palinod de Caen. Il 
mourut en 1631. 

Gilles Girard, né à Cametours en 1702, professa les huma- 
nités en l'Université de Caen. Il eut la réputation de l'un des 
meilleurs poètes de son temps, surtout dans l'ode alcaïque. 
Plusieurs de ses nombreuses pièces lyriques furent couronnées 
au Palinod de Caen. Il mourut curé d'Herman ville, en 17G2 (2). 

Christophe Gadbled, né en 1734, à Saint-Martin-le-Bouillant, 
près Villedieu, fut professeur de philosophie, de mathémati- 
ques et d'hydrographie à l'Université de Caen. Il compta parmi 
ses élèves l'illustre Laplace. Il mourut à Caen, chanoine 
de la collégiale du Saint-Sépulcre, le '11 octobre 1782. On a, 
de ce savant professeur, plusieurs ouvrages (3). 

Jérome-Jean Costin, né à Saint Nicolas-de-Coutances, le 
20 avril 1759, était bénédictin et docteur es lois. Il professa 
les belles lettres, la philosophie, les mathématiques et le droit 



(1) Grente. 0. Havard, Villedieules -Poêles, t. I, p. U9. 

(2) Daniel, Notice sur le Collège de Coutances } p. 09. 

(3) Annuaire de la Manche, 1829, p. 307. 



— 46 — 

canon, ainsi que Péloquence sacrée. Malheureusement, il 
devait oublier ses vœux, à la Révolution. 

Dom Etienne Mauger, bénédictin de la congrégation de 
Saint-Maur, appartenait à l'abbaye de Saint-Etienne de Caen, 
où il se distingua par sa haute capacité dans renseignement. 
Il fut professeur de physique à l'Université de Caen. 

Prêtre et moine mondain, Mauger n'eut pas de peine à 
prêter le serment schismatique. Il n'en périt pas moins sur 
Téchafaud. 

Pierre Pottier, né à Agon, le 5 juin 1750, devint prêtre et 
professeur à l'Université de Caen. Il fut un des deux profes- 
seurs assermentés de cette Université. Il est connu par quelques 
ouvrages. 

Nous voyons au xvn° siècle Jacques Enouf, de Saint-Lo, 
ancien professeur au collège de celte ville, devenir principal 
du collège de Lisieux (1). 

Au siècle suivant, Jean-François Lecoquière, né à Saint- 
Vaast en 1742, professa la philosophie au collège de Lisieux. 
Il y publia pour l'utilité de ses élèves un Compendium 
philosophicum divisé en trois parties : Logica, Moralis, Me- 
taphysica. Il quitta le collège de Lisieux en 1773, où il alla 
professer la philosophie et les mathématiques à Valognes. 

Jean-François Viel, de Crasville, après avoir professé les 
humanités au collège d'Harcourt, à Paris, devint principal du 
collège de Bayeux, après Charles-François Buffard, qui mou- 
rut le 16 décembre 1753. Il fut nommé principal, dans l'assem- 
blée des députés du chapitre de Bayeux et des officiers muni- 
cipaux, le siège épiscopal étant vacant. Viel mourut en juin 
1779. Il avait composé quelques petites pièces de vers latins (2). 

J.-M.-L. Borel, né aux environs de Carentan, était prêtre. 
Il fut professeur de philosophie au collège de Bayeux. H alla 
ensuite se fixer à Paris, où il devint précepteur dans la maison 
de Bouille. Il voyagea avec son élève en Italie et publia la 

(1) Annuaire de la Manche, 1832, p. 246. 
(-2) id. 1849, p. 557. 



- 47 — 

relation de son voyage. Cet ouvrage fut censuré par l'évèque 
de Baveux. 

François-Gilles-Pierre-Barnabé Manet, né à Pontorson, le 
15 janvier 1764, fut nommé professeur au collège épiscopal 
de Dinan et refusa de prêter le serment à la nouvelle constitu- 
tion civile du clergé. On a de lui divers ouvrages historiques. 



II. — Bienfaits du clergé de Coutances et d'Avranches 
en faveur des collèges. 

Parmi les ecclésiastiques, les uns se dévouèrent personnel- 
lement à l'instruction de la jeunesse, les autres y consacrèrent 
leur fortune. 

Nous avons dit ce que firent les prêtres de Coutances et 
d'Avranches pour la fondation des collèges de ces deux dio- 
cèses. Leur zèle pour la diffusion de la science ne se contint 
pas dans les limites de leur pays. 

Le collège d'IIarcourt, à Paris, est dû à la générosité des 
Coutançais. C'est Raoul d'IIarcourt, fils de Jean et frère de 
Robert d'Harcourt, évùque de Coutances, qui fonda cet utile 
établissement. L'archidiacre du Cotentin, Raoul d'Harcourt, 
n'est célèbre dans les annales littéraires de l'Eglise de France 
que par cette œuvre à laquelle il a attaché son nom. En 1280, il 
acheta, à Paris, quelques maisons pour loger des écoliers 
indigents. Plus tard, il leur donna des maîtres qu'il établit 
dans les maisons voisines achetées de ses propres fonds; 
enfin, l'an 1300, il acheva d'y constituer un collège avec une 
dotation suffisante. Le fondateur du collège d'IIarcourt mourut 
en 1209, instituant l'évèque de Coutances son légataire uni- 
versel (1). 

L'évêque de Coutances, Robert d'IIarcourt, qui n'avait 
peut-être pas été étranger à l'entreprise de son frère, Tardii- 

(I) P. Simplicien, Géaéa'ogie de la Maison cTIIarcourt, T. V, 
p. 424. 



— 48 — 

diacre, eut à cœur de la continuer. En 1314, il assura la fonda- 
tion du collège d'Harcourt. Grâce à sa munificence, ce collège 
qui devait devenir l'un des plus florissants de la capitale, 
comptait dès 1311, vingt-huit boursiers, dont seize artistes, et 
les douze boursiers de théologie furent répartis entre les dio- 
cèses de Coutances, de Rouen, d'Evreux et de Bayeux (1). 

Un autre enfant du diocèse de Coutances, Jean Boucard, 
de Saint-Lo, devenu évoque d'Avranches et confesseur de 
Louis XI, était un ancien professeur de théologie; il était 
réaliste ; il profita de son influence à la Cour pour faire 
interdire par Lettres royaux, datés de Senlis en 1473, l'ensei- 
gnement de la philosophie nominaliste. Il se fit donner la 
mission de réformer P Université, et tel lut sans doute le sens 
de sa réforme. 

Mais Pévêque d'Avranches rendit un tout autre service à la 
science. Il avait fait ajouter aux revenus de son évôché ceux 
des abbayes du Bec et de Cormery ; mais il faut avouer qu'il 
usa de ces revenus de manière à mériter la reconnaissance de 
la postérité, car il fonda douze bourses au collège d'Harcourt, 
tant à la disposition du chapitre d'Avranches qu'à celle, de 
Péglise Notre-Dame de Saint-Lo et de sa famille. 

La fondation de Jean Boucard fut confirmée, après sa mort, 
par un arrêt du Parlement, du 9 juillet 1488 ; mais ces douze 
bourses furent réduites à six, dès Pannée 1536, à cause de la 
diminution des revenus, et à trois bourses d'artistes seulement 
par un autre arrêt du 27 juin 1703. Le Parlement régla, en 
faisant cette dernière réduction, que l'un des boursiers serait 
nommé par le chapitre d'Avranches, l'autre par les trésoriers 
de Péglise de Saint-Lo et le troisième par les héritiers du 
fondateur, ou, à leur défaut, par le chapitre d'Avranches et les 
trésoriers de Notre-Dame de Saint-Lo, tour à tour (2). 

A l'exemple de Pévêque d'Avranches, Geoffroy Herbert, 

(1) Lerosey, Histoire religieuse et civile de Péricrs, p. 49. 

(2) Artaud, Dictionnaire de la ville de Paris et de ses environs. 
Collège d'Harcourt. 



— 49 — 

évèque de Coutances, se montra généreux à l'égard du collège 
d'Harcourt. Il y fonda quatorze nouvelles bourses et augmenta 
celles de théologie ; il lui donna par testament son fief du 
Bosc-des-Préaux (1). 

Un autre savant ecclésiastique du diocèse de Coutances, 
allait continuer ces traditions de générosité à regard du collège 
d'Harcourt. 

Jean Michel, né à Savigny, vers 1495, devint prêtre, docteur 
en théologie et chanoine de Coutances. Il était curé de 
Muneville-le-Bingard. 

Après avoir signalé sa munificence envers le collège de 
Coutances, il n'oublia pas le collège d'Harcourt. Il y fonda, en 
1550, trois bourses, à condition qu'elles seraient après lui, à la 
nomination de l'aîné de la famille. Par son arrêt du 27 juin 
1703, le parlement de Paris réduisit cette fondation à une 
seule bourse. Le titulaire devait être nommé par les héritiers 
du fondateur, sans pouvoir néanmoins concourir à l'élection 
du proviseur (2). 

Par actes des années 1633, 1636, 1639, 1649, 1643 et 1650, 
Jean Rouxel, prêtre du diocèse de Coutances, donna au collège 
d'Harcourt la somme de 900 livres, pour plusieurs obits et 
pour la fondation d'un boursier de sa famille, ou du moins 
de son pays, qui aurait 140 livres par an. Ce boursier, aux 
termes de la fondation, devait, après avoir fait ses études en 
grammaire et en arts, entrer parmi les boursiers de théologie. 
Le parlement de Paris, qui, par un arrêt du 27 juin 1703, 
avait fait réduction des anciennes bourses de cette maison, 
laissa celle de Jean Rouxel dans son intégrité. Il fut réglé en 
même temps que le collège pourrait, s'il le voulait, rendre aux 
héritiers des fondateurs le montant de la fondation (3). 
On cite à l'honneur de Pierre Padet, proviseur du collège 



(1) Lecanu, Histoire du diocèse de Coutances, etc., p. 412. 

(2) Artaud, Dictionnaire historique de la ville de Paris et de ses 
environs, Collège d'Harcourt. 

(3) Ibid. T. IL, p. 378. 

4 



- 50 — 

d'Harcourt, un Irait qui peint sa bonté d'âme et sa générosité. 
Durant les troubles de la Fronde, il resta à son poste et engagea 
ses écoliers à continuer leurs exercices ; il recueillit même les 
étudiants des autres collèges qui étaient licenciés. Cettegénéro- 
sité lui coûta 30.000 livres, mais il ne crut pas acheter trop cher, 
à ce prix, la liberté de continuer des études qui importaient 
tant au bien et à l'éducation d'une nombreuse jeunesse. 

Un autre professeur du Collège royal de France, Louis Noël, 
successeur de Pierre Padet dans la chaire de philosophie, ne 
voulut pas terminer sa carrière sans faire preuve du zèle 
qu'il avait pour l'éducation de la jeunesse. Deux ans avant sa 
mort, en 1691, il fonda au collège d'Harcourt, un petit boursier 
et un obit. Il avait donné à cet effet la somme de 4.500 livres, 
et quand plus tard, par son arrêt du 27 juin 1703, le parlement 
de Paris vint à faire une réduction des anciennes bourses, il 
maintint celle de Louis Noël, dans son intégrité. Liberté était 
cependant laissée au collège d'Harcourt, s'il le préférait, de 
rendre aux héritiers du fondateur ce qu'il avait reçu pour la 
fondation (1). 

L'Université de Caen rencontra aussi des bienfaiteurs dans 
le clergé de Coutances et d'Avranches. Nous avons déjà dit 
que le chanoine d'Avranches, Jacques de Savigny, fit bâtir à 
ses frais la chapelle du collège Du Bois, à Caen, dont il était 
principal. 

Michel de Saint-Martin, qui fut recteur de cette Université, 
fit édifier, à ses frais, l'école de théologie et fonda une chaire 
de théologie dans le collège des Jésuites de Caen. 

On sait que le collège du Mont à Caen avait été fondé par 
Robert Jolivet, abbé du Mont Saint-Michel. C'est dans ses 
bâtiments que les Jésuites établirent leur collège au commen- 
cement du xvn c siècle. A suivre 

A. Lerosey, Chanoine honoraire. 

(1) Arlaul, Dictionnaire his'orique de la ville de Paris, T. II, 
p. 378. 



La Recherche de Jean Le Venart 

LIEUTENANT DE L'ÉLECTION DE COUTANCES 

AU SIÈGE DE SAINT-LO 

COMMISSAIRE DU ROI EN 1523 

(Publiée d'après an manuscrit de la Bibliothèque de Rouen) 

(deuxième partie) (1) 



VIII. — Blondel (2) 



C'est la généalogie dont est yssu et descendu noble homme 
Jean Blondel, seigneur de Sainct-Fromond, laquelle il baille à 
messieurs les esleus de Coustances au siège de Sainct-Lo, en 
ensuivant le bon plaisir du Roy. 

Premièrement, diet que deffunct noble homme Pierre 
Blondel, en son vivant sieur dud. lieu de Sainct-Fromond, 
estoit son bisaïeul, duquel Pierre sortit en loyal mariage Jean 
Blondel, escuier, de son vivant seigneur de lad. sieurie de 
Sainct-Fromond, ayeul dud. présent sieur, et d'icelluy Jean 
ayant descendu et fut procréé en loyal mariage Jean Blondel, 
en son vivant escuier, sieur de lad. terre et sieurie. Et 
dud. second Jean Blondel est descendu et yssu en loyal 
mariage led. Jean Blondel, présent bailleur et jouissant à 

(1) Voir la première partie au tome 23 des Mémoires de la 
Société d'Archéologie au déparlement de la Manche. 1905* 
pp. 66 à 89. 

(2) Armoiries : De gueules, au sautoir d'argent chargé de cinq 
hermines de sable. 

Réformes : Montfaut, Roissy, Paris, d'Aligre, Ghamillart. 



r.O 

— Ofi — 

cause de la succession de ses d. prédécesseurs de lad. terre et 
sieurie de Sainct-Fromond. 

Lesquelz Blondel et leurs prédécesseurs ont tousiours vescu 
noblement sans déroger aucunement à Testât de noblesse pas- 
sez sous deux cens ans et autre plus long temps immémorable 
servy les rois de France, comme les autres nobles du pais, 
tant aux guerres de Bourgongne, Picardie, Bretagne, Angle- 
terre, que ailleurs où. lesd. Roys ont eu affaire avecques les 
autres nobles du païs et ducbé de Normandie, comme de 
toutes ces choses il atteind tous les nobles, de quelque estât 
qu'ilz soient et offret vériffier sy mestier est. 

Et pour montrer les choses dessus d véritables, montre par 
lettres passées devant Jacques Robelot, tabellion au Ilommet, 
le quin/ m ~ jour de may, Tan mil trois cens quatre vingt dix 
sept, comme led. Pierre Blondel eust acquis le fief, terre 
et sieurie de Sainct-Fromond, de M ,c Jean Bioville, es- 
cuier et Allez, sa femme; par lesquelles lettres est notamment 
mis et institué led. Pierre Blondel, escuier, selon que lesd. 
lettres le portent et contiennent. Lesquelles ont esté rendues 
aud. sieur de Sainct-Fromond. Signé : Jean Blondel. Un 
paraphe. 

Ceste présente déclaration faicte le dix buil mc jour d'aoust 
1524. 



IX. — De Caumont (1). 

Pour suivre le voulloir du Roy, nostre Souverain Seigneur, 
noble homme Jean» de Caumont, sieur du Tremblay, filz et 
héritier de deffunct Jean de Caumont, en son vivant sieur dud. 
lieu, produit et montre son estât de progéniture et remontre 
ce qui suit : 

(1) Armoiries : E car telë d'argent; chargé aux 1 er et 4 e quartiers , 
de 3 merlettcs de sable; aux 2° cl 3 e , d *une quinte feuille de gueules, 
Réformes : Roissy, d'Aligre et Chamillart. 



— 53 — 

Dit qu'il est filz légitime dud. M rc Jean de Caumont, escuier, 
en son vivant sieur du Tremblay, advocat en la cour de par- 
lement à Rouen et de Damoiselle Anne Roc, son espouse. 

Dit aussy que led. M re Jean de Caumont, cy devant nommé, 
son père, estoit filz de deffunct Jacques de Caumont, en son 
vivant, escuier, et de damoiselle Luce Le Chevallier; icelluy 
Jacques, filz de deffunct Jean de Caumont, en son vivant sei- 
gneur du fief, terre et sieurie de Gourfalleur, fief plain et 
entier de haubert, et de noble damoiselle Jeanne de Saffray ; 
icelluy Jean, sorti de noble personne Régnier de'Caumont et 
de noble damoiselle Gillette Le Grand; et led. Régnier sorty 
de noble homme Philippe de Caumont, en son vivant sieur dud. 
lieu du Tremblay et de Sainct-Martin de Caumont. 

Lesquels dessusd. ont tenu et vesquy noblement par cy 
devant comme ces choses sont vrayes, notoires et que sy 
doubte en est faict, led. Jean de Caumont à présent l'entend 
vériffier à suffire, soy aidant à ceste fin, et avecques icelluy 
privilège de noblesse, dict et remontre led. à présent sieur de 
Caumont que sesd. prédécesseurs et luy par leur succession, 
étoient et sont et doibvent pour Tad venir estre maintenus avec- 
ques leurs privilèges de noblesse, du privilège de la monnoye 
du service (sic) de France, et pour ces choses vériffier et four- 
nir, montre ce qui en suict : 

S'aide led. Jean de Caumont d'une lettre, en dabte de l'an 
mil quatre cens cinquante neuf, contenant les choses dessusd. 
vériffiez en jugement contradictoire entre le procureur du Roy 
et led. Jean de Caumont, sieur de Gourfalleur. 

Item, s'aide d'un Mémorial donné es plez de la baronnie de 
Sainct-Lo, signé Chesnel, en juillet mil quatre cens cinquante 
trois, comme led. Jean de Caumont bailla l'adveu et dénom- 
brement de lad. terre de Gourfalleur. 

Item, s'aide d'un extraict de registre collationné à l'original 
par les tabellions de Sainct-Lo, en dabte du vingt six mc jour 
de novembre mil III1 C LXXVIII, contenant comme dud. Jean 
descendyrent Jean et Jacques de Caumont, frères. 



- 54 — 

Item, s'aide d'un extraict de registre dabté du vingt un mc 
jour de septembre* mil cinq cens neuf, contenant comme dud. 
Jacques, second filz, descendit led. M fc Jean de Caumont, filz 
dud. Jean à présent. 

Item, d'une lettre du quatorz mc jour d'octobre mil cinq cens 
vingt deux, contenant comme dud. M 10 Jean est descendu led. 
Jean à présent. 

Item, dict et remontre que il et ses prédécesseurs ont tou- 
siours continuellement servy le Roy en ses monnoyes comme 
dessus, et à ceste cause il et ses semblables sont quittes et 
exempts des tailles et autres subjections par les privilèges à 
eux donnez et octroyez par les roys de France que Dieu 
absolve, et confirmez par le Roy, nostre Sire, à présent ré- 
gnant, ainsy qu'il apparoist par ses lettres patentes. 

Produict aujourd'huy dix huic* m6 jour de juillet mil cinq 
cens vingt-trois, devant Jean Le Venart, lieutenant de mes- 
sieurs les esleus de Coutances, à Sainct-Lo. 

Signé : Jean de Caumont. Paraphe. 

Apprès que, lesd. lettres ont été veues et rendues aud. de 
Caumont, 



X. — D'Auxais (1). 

Ensuict par déclaration la généalogie et la génération dont 
est sorty et descendu noble homme Christofle Dauxais, sei- 
gneur du Mesnil-Véneron et du Chouquey, laquelle généa- 
logie led. Dauxais entend avoir pris pied et entrer en privilège 
de noblesse dès l'érection et institution de la terre, seigneurie 
et paroisse d'Auxais, dont led. sieur du Mesnil-Véneron vien- 
droit d'antiquité au filz puisné sorty d'icelle maison et sieurie 
Dauxais, et dont il porte et ont tousiours porté ses prédéces- 
seurs dempuis portèrent les nom et armes. Icelle maison, nom 



(l) Armoiries : Dj sable à trois besants d'argent, 2 eM, 
Réformes : Montfaut, Roissy, Paris, d'Aligre et Chainillart. 



— 55 — 

et sieurie Dauxais qui sont trois besans d'argent et un champ 
de sable. 

Laquelle terre et sieurie Dauxais est à présent possédée par 
noble et discrette personne M rc Robert Dauxais, prestre, curé 
de Grantviile et noble homme Jean Dauxais, seigneur dud. 
lieu d'Auxais, de Méautis, du Bosc, .... Gallebicore, 
Grosparmy et Sainct-Aubin-de-Cosgne. Laquelle terre Dauxais 
est tenue de grande apparence d'ancienneté par les bastiments 
et abondance de bois de haute f ustaie, de valieur et revenu de 
mille livres tournois ou viron, de laquelle tous les prédéces- 
seurs desd. sieurs Dauxais et du MesniNVéneron ont tousiours 
jouy et possédé continuellement par tel et sy long temps, qu'il 
n'est mémoire d'homme au contraire qu'elle aict esté en autre 
nom que celuy desd. Dauxais, fors du temps que le roy 
Anglois usurpoit le pays de Normandie, qu'elle fut donnée 
par le roy Anglois à son plaisir, nonobstant que lesd. Dauxais 
avoient habandonné leurs terres et possessions pour tenir le 
party de France à servir les feuz Roys, en contretant leurs 
ennemis tant en leurs victoires que empeschement èz-affaires 
en toutes leurs guerres, sans avoir jamais avoir voullu tenir le 
party anglois. 

Et davantage a esté et est de temps immémorial le patron- 
nage et droict de présenter de l'église dud. lieu Dauxais, au 
nom et ligne desd. Dauxais, qui démontre bien que d'ancien- 
neté ilz estoint fondateurs d'icelle église et sieurs dud. lieu, dès 
l'érection d'icelle église, sieurie et paroisse; etyonticeux 
Dauxais de temps immémorial vesquy noblement, jouy et 
possédé les droicts et privilèges de noblesse sans y avoir esté 
empeschés par aucune personne de quelque estât qu'elle soit 
ne aucunement dérogé à Testât d'icelle. 

Et soit regardé les rolles des nouveaux acquetz par cy 
devant levez sur les nouveaux anoblis, sera trouvé que lesd. 
Dauxais n'en sont du nombre, mais des anciens nobles et 
noblement tenans du pays et du-hé de Normandie, dont la 
génération s'ensuict : 



— 56 — 

Primo : — Dict ledict Dauxais qu'il y eutaud. lieu Dauxais 
un sieur nommé Guillaume Dauxais, escuier, sieur du lieu, 
dont sortit trois fils, c'est assavoir Pierre, Jean et Guillaume, 
ausquelz trois filz succéda la succession dud. Guillaume 
Dauxais, lorsqu'il vivoit, sieur dudit lieu Dauxais, de la 
Roguelle, en la viconté de Vallongues, et de Grouchy, en 
Saussey, lesquelz Pierre, Jean et Guillaume Dauxais firent 
en Tan mil II e MI** et deux, le jour de Sainct-Thoraas, 
apostre, partages de la succession de leur père, par devant 
Raoul Gosseaulme, garde du scel et des registres des confes- 
sions et obligations de la viconlé de Carentan, par lesquelz 
partages led. Pierre Dauxais, aisné, eut la sieurie de la 
Roguelle, led. Jean, la sieurie Dauxais et led. Guillaume, dont 
est descendu le sieur du Mesnil-Véneron, eust de son partage 
le fief de Grouchy. De Guillaume, marié à la fille du sieur de 
Breully sortit Philippe Dauxais, escuier; duquel Philippe 
Dauxais, marié à la fille du sieur de Sainct-Gilles, en Costentin, 
sortit Guillaume Dauxais, escuier; duquel Guillaume Dauxais, 
marié à la fille de ... Percy, sieur de Perrigny et de la Hogue, 
sortit Robert Dauxais, escuier ; duquel Robert Dauxais, marié 
à demoiselle Jeanne Du Ifamel, dame de Damigny et du lieu 
du Ghouquey, sortit Jean Dauxais, escuier ; duquel Jean 
Dauxais et de la fille du sieur Dauxais, où il estoit retourné 
à son estât soy marié, est sorty led. Christofle Dauxais, à 
présent sieur du Mesnil-Véneron. 

Item, led. Dauxais pour montrer que le contenu en la 
desclaration cy desvus escripte est véritable, entend exhiber 
plusieurs lettres anciennes, s'y double en est faict, dont 
aucunes sont cy après desclarez : 

Primo : une lettre passée devant Jean Boullenc, atoumé (1) 
de Robert Dusacoin, garde du scel de la viconté de Carentan, 
en dabte Tan mil trois cens dix huict, le lundy de devant la 
Sainct-André, apostre, contenant comme Jean Dauxais, 

(1) Atoumé, terme vieilli, synonyme de suppléant et de rem- 
plaçant. — Atlomey, en anglais, veut dire procureur. 



— 57 — 

escuier, sieur dud. lieu Dauxais, fils de deffunct Guillaume 
Dauxais, en son vivant escuier, sieur Dauxais, vendy à 
Guillaume Dauxais, escuier, son frère, une pièce de terre, 
nommée le Courtil-de-Mollebesq , avecques te droict de 
patronnage et droiet de présenter à l'église dud. lieu Dauxais. 
Ce Jean, vendeur, est le fils dud. Guillaume, père des trois 
filz mentionnez en lad. déclaration, qui vend aud. Guillaume, 
son frère puisné. 

Item, s'aide d'une autre lettre passée par devant Louis Let, 
tabellion à Coustances, le second jour de febvrier mil 
III e IIII", contenant comme Philippe Dauxais, escuier, et 
Jean Dauxais, escuier, frères, appointèrent du discord qu'ilz 
avoient touchant led. patronnage Dauxais, qui demeura aud. 
Philippe, lequel Philippe estoit filz dud. Guillaume, second, 
déclaré en la présente déclaration. 

Item, s'aide d'une autre lettre, en forme de collation du 
bénéfice dud. lieu Dauxais, donné et conféré à M re Thomas 
Dauxais, prestre, "par les vicaires de l'evcsque de Coustances, 
à la présentation de Philippe Dauxais, escuier, patron dud. 
lieu, qui est led. Philippe, dessus nommé, en dabte les unz mc 
jour de febvrier mil III e IIII" douze. Signé : Ja. Basire et 
scellé de deux sceaux. 

Item, autre lettre passée par devant Jean Lecormier, tabel- 
lion à Sainct-Sauveur-Lendelin, l'an mil III e IIII" quatorze, 
le jour Sainct-George, contenant que Jean Thirel, bailla en 
fieffé à Philippe Dauxais, escuier, une pièce de terre, mention- 
née auxd. lettres. 

Kerrij s'aide d'une autre collation du bénéfice Dauxais, 
donnée par Geoffroy, évesque de Coustances, à M 1 ' Pierre 
Dauxais, prestre, oncle de Christofle Dauxais, encore vivant, 
à la présentation de deffunct Jean Dauxais, en son vivant 
escuier, sieur dud. lieu du Mcsnil-Véneron, père dud. 
Christofle, en dabte du sept mo jour de septembre mil 
1111 e IIII xt et deux. Signé : De Fourmentières et scellée do 
deux sceaux. 



- 58 - 

Item, s'dde d'un registre des plaids de lad. sieurie du Mes- 
nil-Véneron, commençant au vingt mc jour de décembre mil 
IIII C cinquante quatre et finissant le saiz mo jour de may mil 
II1I G IIII XX , pour montrer que les prédécesseurs dud. Dauxais, 
c'est assavoir led. Robert et led. Jean, père dud. Chrisiofle, 
retournèrent à la possession de leurs terres, après la réductioa 
du pays de Normandie reconquis sur les Anglois. 

Led. sieur du Mesnil-Véneron a protesté montrer et exhiber 
plusieurs autres lettres et chartes anciennes en temps et lieu 
sy mestier est, dont il se passa pour le présent, pour éviter 
prolixité, en soy aidant des chartes produites par lesd. sieurs 
de la Roguelle et Dauxais, ses aisnez. 

Produict par led. sieur du Mesnil-Véneron, au voulioir du 
Roy, aujourd'huy vingt cinq" 10 jour de juillet mil cinq cens 
vingt trois. 

Lesd. lettres rendues auxd. Dauxais. Signé : Dauxais, un 
paraphe. 



XI. — Basire (1). 

Ensuivit par déclaration Testât et généalogie de noble homme 
Pierre Basirc, sieur de Maubec, de Silly et du Mesnil-Véne- 
ron, en suivant le voulioir du Roy, nostre sire et sa justice; 
lesquelles terres et sieuries sont venues, descendues et issues 
par successions au nom et ligne dud. Basire, lequel a tou- 
siours, luy et ses prédécesseurs vesquy noblement et en tenant 
Testât de noblesse, faict tant par luy que ses prédécesseurs 
au ban et arrière ban du Roy, le service d'un archier pour le 
servir en ses guerres allencontre de ses adversaires, tant aux 
pais de Bourgongne, Picardie, Bretagne que ailleurs ou les 

(1) Armoiries : D'azur, au pied de griffon d'or, en pal, accom- 
pagné à dexire et à senestre de deux feuilles de chêne du m 'ne 
mêlai.— Anoblis en U"3. Renvoyés par Montfaut. Admis par 
Roissy. Renvoyés en 1624, 1030 et 1065, puis maintenus par 
arrêt du conseil du 20 mai 1009. 



— 59 — 

feuz Roys, que Dieu absolve, ez guerres contre les ennemys 
de France, ainsy que des choses dessus, led. Basire offre faire 
deue vériffication par les nobles et noblement tenans du païs 
de Normandie. 

Dict led. Pierre Basire qu'il est descendu de Denis Basire, 
deffunct, en son vivant escuier et jouissant desd. sieuries, 
lequel Denis estait filz et descendu de Michel Basire, escuier, 
et led. Michel estait filz et descendu de Guillaume Bazire, 
escuier ; lesquelz et autres leurs prédécesseurs dud. Basire, 
ont vesquy noblement et tous tenants de noblesse, sans avoir 
jamais païé ne contribué aux tailles et subzides du Roy, nostre 
Sire, en aucune manière ; et davantage ont les prédécesseurs 
dud. Bazire tenu le party de France durant le temps que les 
Anglois, anciens ennemis de France, tenoient et usurpoient le 
païs et duché de Normandie, et leurs terres données par le roy 
Anglois à son plaisir à un Anglois de la conté de Galles, et les 
prédécesseurs dud. Pierre Bazire despouillés et dessaisis 
durant lad. occupation par ce moyen de leurs terres et posses- 
sions sans en avoir aucunement jouissance jusques en Tan de 
la réduction que led. Bazire et ses prédécesseurs retournèrent 
à la possession de leurs dictes terres et sieuries, ainsy que 
led. Basire l'offre vérifier comme devant est dict, en soy 
aidant de son inventaire de tènements, registres, Chartres et 
autres escriptures mentionnées en icelles, faictes et advenues 
dempuis lad. réduction. Et de ses lettres et chartes possédées 
led. Basire n'en peult faire justification obstant que lesd. 
Anglois, à l'instant de leur descente, mirent à feu et bruslèrent 
la maison et manoir dud. lieu de Maubec, là où estoient toutes 
les lettres et chartes anciennes des dignitez et droictures des 
prédécesseurs dud. Basire, en tout encontre et haines qu3 
lesd. Anglois avaient conçus contre lesd. prédécesseurs dud. 
Basire, tenant le party de France et menans la guerre nuict et 
jour ausd. Anglois, ainsy qu'il sera fourny sy doubte en est 
faict ; laquelle haine mortelle se clarifie pareeque lesd. Anglois 
occirent et tuèrent l'un des prédécesseurs dud. Baziro 



— 60 — 

durant lad. occupation, dont ilz portèrent la teste sur la porte 
de Carentan, et départirent les autres membres en plusieurs 
lieux pour vengeance de la gros:e guerre et dommage qu'il 
avoit faict aux Anglois durant lad. occupation, ainsy que led. 
Basire l'offre vériffier comme dict est. 



INVENTAIRE DES LETTRES ET INSCRIPTIONS 

de noble homme Pierre Bnsire, aagé de soixant3 quinze ans, 
sieur de Maubec, de Silly et du Mesnil-Véneron, en suivant le 
voulloir du Roi, nostre Sire, et de sa justice, touchant le faict et 
dignité de sa noblesse et privillège d'iceile. 

Primo, les registres et papiers des pledz des sieuries de 
Silly, Maubec et Mesnil-Véneron, appartenant k noble homme 
Pierre Basire, sieur desd, lieux, aagé de soixante et quinze 
ans. 

Ensuit la teneur comme Jacques Merienne confesse et 
advoue tenir par foy et hommage de noble homme Pierre 
Basire, ledictfief de Silly, appartenant aud. Basire, en dabte 
de mil IIII C IIII» dix huict. 

Item, ahlre adveu faict aud. Pierre Basire, sieur dud. fief, 
par Raoul Bacelet, en dabte de mil IIII C 1II1 M dix sept. 

Item, un autre adveu faict aud. Pierre Basire, écuier, sieur 
dud. fief, fait par Gire Mounnier, en dabte de mil I JII C soixante 
dix huict. 

Item, autre adveu faict aud. sieur, par Pierre Laurent, en 
dacte de mil 1111 e IIII** saize. 

Item, autre adveu faict aud. Pierre Basire, escuier, sieur dud. 
fief, par Marin Merienne, en dabte de mil 1111 e IIII X * XVII. 

Et se aide et produit led. Bazire d'ung arrest donné à la 
cour des généraux à Rouen, dabté du quatorz mc jour de juing 
mil cinq cens et dix, contenant comme led. Pierre Bazire, 
escuier, qui avoit esté assis et enroulé en la taille pour dt'ro- 
geance, à cause du faict de marchandise par les parroissiens de 
Montmartin-en-Grengne, fut trouvé et déclaré personue noble, 



— 61 — 

et le procureur général du Roy et lesd. paroissiens évincez de 
leur entreprise. 

Item, une lettre passée devant Jean Hébert et Guillaume 
Dagoubert, tabellions au Hommet, comme Guillaume Rouet, 
de la parroisse de Montmarjin, qui confessa avoir vendu affin 
d'héritage à Pierre Basire, escuier, et à ses hoirs, une pièce 
de terre, assize aud. lieu de Montmartin, nommée le Clos 
Carbonnel, jouxte Ollivier Rouet, d'un costez et des autres 
bouts Adrien Basire, père dud. achepteur. En date de 
mil III1 C quatre vingtz. 

Item, autre adveu faict aud. Pierre Basire, escuier, sieur du 
fieu du Mesnii-Véneron, par Guillaume Le Fevre, en date de 
mil IIIJ C IIII" saize. 

Kern, autre adveu, par Laurent Le Fevre, en date 
mil 1III C IIH« saize. 

Item } autre adveu, par Collin Boullanguer, en dabte 
mil IIII C IIII XX quinze. 

Item, autre adveu faict aud. Pierre Basire, escuier, sieur 
du fief de Silly, par Jacques Merienne, en dabte mil 
1111 e I1II" dix huict. 

Item, autre adveu faict aud. sieur dud. fief, par Jacques 
Merienne, en dabte mil 1111 e III1 XX dix huict. 

Voullant led. sieu? de Maubec fournir et vériffler deuement 
du contenu cy dessus. 

Produict par icelluy, sieur de Maubec à nos d. sieurs les 
esleuz ou leurs lieutenans du diocèse de Coustances, aujour- 
d'hui saiz mc jour de juillet l'an mil cinq cens vingt trois Signé : 
P. Basire. Un paraphe. 

Led. sieur de Maubec s'arresta k Parrest de la Cour, donné 
à son proflit par toute vérifïication, lequel arrest luy est de- 
meuré, pour en fournir quand mestier sera. 



62 



XII. — De Thèrf. (1). 

Ensuict par déclaration, la généalogie de la génération de 
noble homme Jean de Thère, sieur du lieu, et baron de Tour- 
nebu, par laquelle généalogie led. sieur et baron entend avoir 
pris pied et extraict de privillège de noblesse dès l'occasion et 
justification de la terre et sieurie de Thère, qui est un fief de 
haubert entier et dont led. sieur et baron porte le nom et 
armes, auquel lieu dessus dict il y a grande apparence de 
grande ancienneté de noblesse par bastiments et masures, de 
chasteau et fort à fossez, avccques grand commoditez et di- 
gnitez et libériez, à icelluy iief et sieurie appartenants. Du 
nombre desquelles il est patron fondateur et présentateur èz deux 
bénéfices dignetalz. De laquelle terre dessus dite icelluy baron 
et ses prédécesseurs ont tousiours continuellement esté posses- 
seurs et jouissans sans interruption et portans le nom d'icelle 
sieurie, par tel et si longtemps qu'il n'est mémoire d'homme 
au contraire signautement ? par les desrains (derniers) tenans 
et possédans d'icelle seigneurie, dont lad. peult avoir notice et 
mémoire, dont la desclaration ensuict. 

Premièrement : De Robert de Thère, chevallier, sieur du 
lieu, desjà régnant en Tan mil deux cens cinquante huict, sortit 
et descendit Richard de Thère ; pareillement chevallier et sieur 
dud. lieu, régnant en Tan mil deux cens quatre vingts et cinq ; 
duquel Richard sortit et descendit Robert de Thère, escuier, 
régnant en Tan mil deux cens IIII X * et quatorze; duquel 
Robert sortit et descendit Robin de Thère, escuier ; duquel 
Robin sortit Jean de Thère ; duquel Jean et de la fille et héri- 
tière du sieur et baron de Tournebu sortit Marin de Thère ; 
duquel Marin de Thère sortit led. sieur, à présent de Thère et 
baron de Tournebu. 

Armoiries : D'argent, fretté d'azur; au franc quartier de 
gueules. 
Réformes : Montfaut, Roissy, Paris, d'Aligre et Chamillart. 



- 63 — 

Laquelle généalogie et génération est véritable et se peult 
aisément vériffier par l'université des pièces qui ensuivent : 

Premièrement : une charte en latin, dabtée de Tan 
mil II cens cinquante et huict, du mois d'aoust, deuement 
scellée d'ancien sceau, contenant comme Robert Sapart vend 
à Robert de Thère, chevalier, neuf boesseaux de forment et 
autres rentes mentionnez en lad. charte. 

Item, une autre charte en latin, dabtée de l'an mil 
II e IIIl™ et ung, comme Richard de Thère, fîlz dud. Robert, 
donna et dotta le monastère de la Perrigne de plusieurs dons 
et aumosnes contenuz en lad. charte Duquel Richard sortit 
Robert. 

Item, une autre lettre passée devant Guillaume Migrangue, 
tabellion en la viconté de Carentan, dabtée en Tan mil deux 
cens quatre vingts et quatorze, contenant comme Raoul Le 
Clerc, vendit à Robert de Thère, escuier, douze boisseaux de 
fourment et trois bouessaux d'avoyne de rente. 

Item, autre lettre passée devant Jean Hais, tabellion au 
Hommet, en dabte Tan mil trois cens quatre vingtz et dix neuf, 
contenant comme Robert de Thère, escuier, sieur dud. lieu 
de Thère, bailla en fief et par hommage à Acarye Le Bour- 
guignon, escuûu*, l'un des moullins de lad. sieurie de Thère, 
nommé le moullin du Perret. 

Item, autre lettre donnée aux pieds du Hommet, tenus par 
le viconte de Carentan, ou son lieutenant, le vingt sept mo jour 
de novembre l'an mil 1111 e et quatre, contenant comme 
damoiselle Jeanne de Sigly, veufve de feu Robert de Thère, 
escuier, bailla en jugement à Robert de Thère, escuier, son 
filz soubjugé, mené par Collin Le Duc, trois lotz et parties à 
douaire, ensemble de la tierce partie desd. lotz approuvant en 
justice. 

Led. seigneur et baron proteste montrer et exhiber plusieurs 
autres lettres et chartes en temps et lieu se mestier est, dont il 
se passe pour le présent pour éviter à prolixité. 

Produict par led. sieur et baron de Thère au greffe des 



— 64 - 

esleus du diocèse de Coustances pour le siège de Sainct-Lo, 
aujourd'huy vingt cinq jour de juillet Tan mil cinq cens vingt 
trois. Signé : J. de Thère, un paraphe. 
Lesquelles lettres luy ont esté rendues. 



XIII. — DuCampgrin(I). 

Ensuict la généalogie dont est yssu et descendu M rc Ollivier 
Du Campgrin, prestre, curé de Noron, et noble homme Nicolas 
Du Campgrin, sieur dud. lieu du Campgrin, frères, vivant 
noblement comme les autres nobles du pays. 

Premièrement, montrent et font apparoir par une lettre ou 
charte comme Guillaume Du Campgrin, sieur dud. lieu de 
Campgrin, ratiffia le don qu'avait faict un nommé Richard 
Jean, à l'église et monastère de Saincte-Marie-du-Désert, qui 
est une acre de terre et trois perques (perches), recours à icelle 
charte. Et en signe d'approbation la signa et scella de son sceau 
d'armes, Tan mil deux cens trente quatre. 

Item, montrent et font apparoir comme Guillaume Du 
Campgrin, sieur du fief, terre et sieurie du Campgrin, loua, 
approuva et ratiffia le don qu'avait faict jàpieça, son oncle de 
Barbeville, de deux acres de terre, scituez et assis en la 
paroisse du Désert, en fief, terre et sieurie du Campgrin, aux 
religieux et monastère de Sainct-Georges-de-Bouhon, avecques 
autres dons compris dedans icelle chartre. Recours à icelle, 
faicte et passée soubz son signe et sceau, Tan mil deux cens 
trente sept. 

Item, montrent par une autre lettre ou vidisse comme 
Amaury Du Campgrin, sieur dud. lieu, succéda après le 
décedz desd. Du Campgrin dessus d. du fief, terre et sieurie 
du Campgrin, ainsy qu'il appert par lettres passées à Periers, 
devant Thomas de Clamorgan, viconte de Coustances, et 
comme Jean du Mesnil-Urry en fut meneur d'icelluy sieur Du 

(1) Armoiries: Les fleurs de lysyfiguraient. Recherche: Roissy. 



— 65 — 

Campgrin, en dabte mil III e et douze. Recours à icelluy. 
Duquel Amaury Du Campgrin est issu Ollivier Du Camp- 

grin, sieur dud. lieu de Campgrin, lequel jouit dud. fief de 

Campgrin sa vie durant. 
Duquel Ollivier Du Campgrin et de damoiselle Jeanne 

de Gourfallour, est issu Philippe Du Campgrin, sieur dud. 

lieu de Campgrin, lequel jouit et posséda sa vie durant dud. 

fief, ainsy qu'il est porté eu une teneur, dabtée du troiz mc jour 

de mars mil 1111 e soixante, signée : De Lamare. 
Et aprez icelluy M rc Denys jouyt et posséda ycelluy fief du 

Campgrin. 
Yves Du Campgrin, siaurdud. lieu, fut frèredud. M rC Denys, 

ainsy qu'il est porté par une teneur, en dabte Fan mil 1111 e 

soixante et traize, signée : De Lamare. 
Duquel Yves Du Campgrin, et de damoiselle Jeanue Du 

Tremblay, est yssu Anthoine Du Campgrin, sieur dud. lieu, 

lequel en a jouy et possédé sa vie durant ainsy qu'il est porté 

par une lettre dabtée le vingt sept" 10 jour de juing mil cinq 

cens huict, signée : Hébert. 
Duquel Anthoine Du Campgrin, sieur dud. lieu, et de 

damoiselle Jeanne Muldrac, sont yssus lesd. M ro Ollivier Du 

Campgrin, prestre, curé de Noron, et d'icelluy Ollivier, est 

venu led. fief à Nicolas Du Campgrin, son frère, lequel est à 

présent sieur dud. fieu, terre et sieurie, et de degrez en degrez 

par succession. 

Lequel fief du Campgrin est tenu du baron du Hommet, en 
la partie de Montenay, et est relevé par ung demy-fief de 
haubert à simple piège, cour et usage, ainsy qu'il appert par 
deux teneurs comme Yves et Anthoine, diclz Du Campgrin, 
sieurs dudit lieu, ont baillé par escript à noble et puissant sieur 
Pierre de Cerisay, sieur et baron de lad. baronnie du Hommet, 
Tune en dabte du dix huict rae jour de may mil 1111 e IIII** et 
huict, signée : De Lamare, l'autre en dapte du vingt huict m ° 
jour de juillet l'an mil cinq cens et six, signée : G. Le Duc, 
recours à icelles, et lesquelz Du Campgrin ont tousiours jouy 



— 6G - 

et possédé dud. fief, terre et sieurie du Campgrin, tenans et 
vivans noblement comme les autres nobles du païs, aussy 
fréquentant les guerres, et ont tousiours esté au service du 
Roy, nostre Sire, tant et de sy long temps qu'il n'est mémoire 
du contraire, offrans prouver deument et pertinemment aveeques 
les tiltres et chartes dessus d. qu'ilz et leurs prédécesseurs ont 
tousiours vescu noblement comme les autres nobles du païs, 
jouy et usé du privillège de noblesse eulx et leurs prédéces- 
seurs, suivy et fréquenté les guerres continuellement et ordi- 
nairement au service des Roys, et content (comptent) de 
présent ledict Nicolas, archier de la garde du corps de très 
hault et très illustre seigneur Monsieur le Duc d'Alençon ; 
disant qu'il appert bien de leur grande ancienneté veu qu'ils 
portent la fleur de lys on leurs armes, qui remontent en toutes 
apparences en la charte première devant dicte et qu'ilz portent 
le nom de leur terre et sieurie du Campgrin. 

Produict le vingt septiesme jour de juillet l'an mil cinq cens 
vingt trois. 

Signature : un paraphe. 

Les titres de Du Campgrin lui ont été rendus. 



XIV. — Le Roy (1). 

En ensuivant le mandement de messieurs les esleus du 
diocèse de Coustances ou leur lieutenant, Guillaume Le Roy, 
escuier, seigneur de Daye, dic't que Guillebert Le Roy, son 
grand ayeul, en son vivant escuier, demeurant en la parroisse 
de Lorey, vivant noblement, suivant et fréquentant les guerres 
comme les autres nobles dupais, lequel* fust pourveu et 
conjoinct par mariage îivcc damoisclle Ptrronnelle de 
Campront, fille de Jean de Campront, en son vivant escuier 
et seigneur de Lorey. 

(1) Le Roy de Dais. Blason : 1/ argent à trois merlettes de sable, 
2 e/ 1 . Réformes : Francs Fiefs, 1471, Roissy, Paris, d'Aligre et 
Chamillart. 



- 67 - 

Duquel mariage qui fust faict il y a deux cens ans ou plus, 
y essy Jean Le Roy, escuier, par semblable vivant noblement 
comme les autres nobles, suivant les guerres; lequel Jean 
Le Roy eust en mariage la fille du seigneur de Fontenay, dont 
entre autres enflants yssy Raoul Le Roy et Michel Le Roy, 
escuiers. 

Lequel Raoul Le Roy eust à mariage damoiselle Martine, 
fille de Regnault Guesnel, escuier, seigneur de la Haulle, 
duquel Raoul Le Roy et damoiselle y essy Jean Le Roy, ayeul 
dud. Guillaume Le Roy. 

Lequel Jean Le Roy eust à mariage damoiselle Simonne, 
fille de Guillaume Du Bruyeul, escuier, seigneur du lieu, 
duquel Jean y essy entre autres enffams Jean et Guillaume, 
dicts Le Roy, escuiers, et Pierre Le Roy, escuier, père dud. h 
présent seigneur de Daye, lesquelz ont tout le temps de leur 
vie vescu noblement suivant et fréquentant les guerres toute- 
fois que mestier et besoing en estoit, seigneurs des fieux, terres 
et sieuries de Saussey, sis en la paroisse de Briqusville, du 
fieu du Castel, sis en la paroisse de Lorey (1)> que es paroisses 
d'Anthoville et Campront, du fieu de la Juhelière, et du fieu ; 
terre etsieurie de Sainct-Sauveur. 

Lequel Guillaume Le Roy, frère dud. Pierre, eut à mariage 
damoiselle Marguerite Du Mesnil-Urry, fille de Michel Du 
Mesnil-Urry, escuier, sieur du lieu. 

Et led. Pierre Le Roy eut espouzé damoiselle Suzanne 
Scirre, fille de Guillaume Scirre, en son vivant seigneur 
Dorgieul et Du Bois. 

Desquelz Pierre et Suzanne Scirre, est yssy led. Guillaume 
Le Roy, à présent seigneur de Daye. 

Et Raoul Le Roy, aussy frère dud. Pierre eust espouzé 
damoiselle Cardine Richier, fille et seule héritière de deffunct 
Jean Richier, en son vivant escuier et seigneur de Bellouze, 
par la succession duquel led. fieu, terre et sieurie de Bellouze 

(1) Peut-être Le Lorey, au canton de Saint-Sauveur-Lendelin. 



— G8 — 

eschut à lad. daruoiselle, et par sa succession à Jean Le Roy, 
escuier, fils desd. Raoul et daraoiselle, et cousin fréreux dud. 
seigneur de Daye, comme toutes lesd. choses dessus dictes 
sont suffisamment vérifiées et prouvées par un arrest faict et 
donné en la cour de nos sieurs les généraux, le vingt-sept 
jour de mars, Tan mil IIII C IIII" et quatorze, entre lesd. Jean 
et Guillaume ditz Le Roy et leurs frères, d'une part, et le 
procureur général du Roy, et les paroissiens, raanans et habi- 
tants dud. lieu de Lorey, d'autre part, pour ce que iceux pro- 
cureur et paroissiens voulloient dire que lesd. Le Roy estoient 
contributifs; surquoy après long procédure et que lesd. Le Roy 
ont deuement vériflié et fourny de leur généalogie et noblesse, 
a été desc'aré lesd. Le Roy et leurs prédécesseurs eslre nez et 
extraictz de noble lignée, qu'ilz a voient tousiours vescu et 
vi voient noblement, usé et usoieiit du privilège de noblesse, 
comme les autres du pays. 

Et néanmoins led. arrest led. seigneur de Daye veult, pro- 
met et enseigne deuement, sy mestier est de la généalogie 
dessusd. ainsy et par les tonnes que dict est, et que sesd. pré- 
décesseurs ont tousiours suivy et fréquenté les guerres, et que 
led. Guillaume Le Roy, toutefois que mestier est, va au ban 
du Roy, comme les autres nobles du pays. 

Produict par led. Le Roy, aujourd'huy saiz mc jour de juillet, 
Tan mil cinq cens vingt trois. Signé: G. Le Roy. Un paraphe. 

Lesd. lettres ont été rendues aud. Le Rov. 



XV. — De Paufouru (1). 

Ravend de Parfouru baille par escript sa généalogie à raison 
de quoy il est personne noble, et dict ce qui ensuit : 

En l'an mil III 1 ' 1111™ unze estoit vivant Jean de Parfouru, 
escuier, comme il appert par lettre passée le vingt-deux me de 

il) Armoiries : D'azur à la haute fleur de lys d'or. 
téformes : Monlfaut, Ilois^y, Paris, d'Aligre et Chamillart. 



— G9 — 

febvrier, en la présence de nobles et puissants sieurs messire 
Guillaume Payadt (PayneP, chevalier, et de M rc Bertrand 
Payadt (Payncl), aussy chevalier, contenant comme led. de 
Parfouru donna dix livres tournois de rente en don de mariage 
à damoiselle Isabel Valherbe, en mariage faisant d'icelle et de 
Jean de Berguiny, que led. de Parfouru avait à prendre à 
cause de la damoiselle sa mère, sur Jean des Loges, es- 
cuier. 

Dud. Jean de Parfouru descendy Guillaume de Parfouru, 
escuier, sieur du lieu, et pour le montrer s'aide d'une lettre 
passée devant tabellions Tan mil 1III C trente sept, deuement 
signée et autenticquée faisant mcniion comme en mariage fai- 
sant dud. Guillaume de Parfouru, escuier, sieur dud. lieu et 
damoiselle Jeanne des Isles, sa femme, il avait esté promis et 
accordé vingt livres tournois de rente. 

Dud. Guillaume de Parfouru descendy Collin, Jean et Guil- 
laume dictz de Partouru, ses enflants, auquel Guillaume 
Nepveu, à cause de sa mère, fille de Jean de Pierrefitte, 
escuier, sieur du lieu, vint et descendy par succession directe, 
à cause de la mère dud. Guillaume, le fief, terre et sieurie de 
Pierrefitte. Et pour le montrer, s'aide led. sieur d'une charte 
contenant que le quat mo jour de mars mil 1111 e cinquante neuf, 
led. Guillaume de Parfouru, escuier, nepveu et attendant la 
succession dud. Jean de Pierrefitte, escuier, sieur dud. lieu, 
fist hommage à Guillaume de Betrulle, escuier, séneschal de 
Sainct-Lo, deu à l'évesque de Coustances, à raison de sa 
baronnie de Sainct-Lo, pour lad. terre et sieurie de Pierrefitte, 
lequel fief est un membre de fief à cour, et usage et gage piège, 
tenu par un quart de fief de chevalier, comme il appert par le 
dénombrement qui baillé en avoit esté en procédure par led. 
sieur, c'est assavoir en l'an mil 1111 e quarante-neuf en la juri- 
diction de lad. baronnie. Et led. Collin eust pour son partage 
le fief de Lespine. Et led. Guillaume eust le fief du Mesnil- 
Segard, comme il appert par deux lettres passées devant 
tabellions, l'une du douz mo jour de décembre mil quatre cens 



— 70 

quarante-trois, et l'autre du jeudy quat me jour de mars 
mil 1III C quarante et cinq. 

Dud. Guillaume de Parfouru descendy Pierre de Parfouru, 
escuier, son filz. Et pour le montrer s'ayde d'une lettre passée 
devant tabellion, contenant comme le quinz mc de décembre 
mil IIII C soixante-six, Guillaume Brenot vendit aud. Pierre 
de Parfouru, escuier, filz dud. Guillaume, sieur du lieu de 
Pierrefitte, plusieurs espèces de rentes. 

Et dud. Pierre est descendu îed. Ravend, à présent sieur ; 
disant que les autres anciennes chartes dud. de Parfouru, 
demeurent devers lesd. Colin et Jean, qui estaient aisnez en la 
succession dud." Guillaume, desquelz est à présent héritier 
Amaury de Parfouru, sieur d'Athié et du lieu du Mesnil- 
Segard, lequel demeure au bailliage de Caen. Desquelles 
chartes produictes par led. Amaury, led. sieur de Pierrefitte 
s'aide et finallement demeura aud. Guillaume les chartes dud. 
fief de Pierrefitte à luy succédez à cause de sa mère. Aussy 
dict que plusieurs de ces chartes ont esté perdues par fortune 
de feu, à raison d'une maison à luy appartenant scise en la 
paroisse Saincte-Croix de Saint- Lo, où led. sieur estoit demeu- 
rant, il y a environ huict ans, laquelle fut bruslée et plusieurs 
des biens estans en icelle. 

Dict aussy que durant les guerres où lesd. de Parfouru, 
prédécesseurs dud. sieur, ont de tous temps subsécutiveraent 
esté au service du Roy, syqueilz en eut esté veuz et con- 
quérez à villes et vaillans en guerre, tellement que pour rému- 
nération de ce les feuz Roys octroyèrent ausd. de Parfouru 
pour leurs armories la fleur de lys d'or de France, assise en 
champ d'azur, laquelle ilz ont tousiours dempuis portée de tel 
et long temps qu'il n'est mémoire du contraire, et porte à 
présent led. sieur. 

Produict par led sieur de Pierrefitte, aujourd'hui' dix-huict mo 
jour de juillet mil cinq cens vingt trois. Signé : De Parfouru. 
Un paraphe. 



— 71 — . 

Lesd. lettres rendues aud. sieur, à submission d'eu faire 
apparoir. 



XVI. — DU COULDRAY (1). 

Guillaume Du Couldray, escuier, sieur du fieu, terre et 
sieurie de la Méalphe, assise à Hébécrévon, tenue noblement à 
simple gage-piège, cour et usage. 

Dict et soutient vers tous ceulx qui contre luy se voudroient 
faire partie, qu'il est noble, nay et extraict de noblesse, 
ancienne lignée, filz de deffunct Pierre Du Couldray, en son 
vivant escuier, et de damoyselle Marguerite de Baupteville ; 
icelluy Pierre Du Couldray, en son vivant sieur dud.lieu de 
la Méalphe, filz de deffunct Jean Du Couldray et de damoiselle 
Marie de Landelles, en son vivant dame dud. lieu de la 
Méalphe ; icelluy Jean, filz de deffunct Pierre Du Couldray, 
en son vivant escuier, bisayeul dud. Guillaume Du Couldray. 

Voullant led. Guillaume Du Couldray vériffier de sa généa- 
logie et choses dessus d. à suffisances. Et ne s'aide de lettres 
tant paice qu'il est noble d'ancienneté et de temps immémorial, 
que niesmes ses lettres^ chartes et enseignements ont esté 
consommez et perdues par fortune de feu puis soixante ans 
desrains (derniers) passez en la paroisse de Gourfallour 
(Gourfaleur), où le père dud. Guillaume s'en estoit fuy pour 
la peste, lors estant en son manoir. 

Produict par led. Guillaume Du Couldray devant Jean Le 
Venart, lieutenant à Sainct-Lo de MM. les Esleuz de Cous- 
lances. Le onz me jour de juillet Tan mil cinq cens vingt trois. 
Signé: Du Couldray. Un paraphe. 



(I) On ne trouve aucune indication sur ces Du Coudray. Mais 
il y avait dans l'élection de Carentan une famille de Coudran, 
qui fut admise parMonlfaut et par Paris. Serait-ce la même? 



- 72 — 



XVII. — Le Chevallier (1). 

Devant vous les esleuz de Coustances ou vostre lieutenant à 
Sainct-Lo, comme saisis du Roy, nostre Sire, quant à ce qui 
suict : 

Noble homme Guillaume Le Chevallier, sieur de Lignerolles, 
tenu à gage-piège, cour et usage, en ensuivant le commande- 
ment par vous faictaux nobles et gentilzhommes du païs de 
bailler leur généalogie, par laquelle ilz disent estre nobles et 
personnes privilégiées comme cxtraictz de noble lignée, de ce 
qui ensuict. 

Et primo, que en l'an trois cens cinquante estoit vivant 
Jean Le Chevallier, en son vivant escuier, sieur dud. lieu de 
Lignerolles, l'un des prédécesseurs dud. à présent sieur. 

Dud. Jean descendy Guillaume Le Chevallier, son filz, en 
son vivant sieur dud. fieu et terre. 

Dud. Guillaume descendy Jean Le Chevallier, en son 
vivant sieur dud. fief, terre et sieurie. 

Dud. Jean descendit Michel Le Chevallier, en son vivant 
escuier, sieur des mesmes fiefs, et grand père dud. à présent 
sieur. 

Dud. Michel est descendu le desclarant. 

Dict avccques ce led. sieur, que ses prédécesseurs et luy 
subsecontinuement de tout temps et d'ancienneté ont été 
nobles, vivans noblement, au service du Roy, vaillans en 
guerre, ainsy que lcd. à présent sieur offre vériffier et promet, 
sy mestier est, tant par chartes que autrement, lesquelles 
chartes il ne peult à présent bonnement produire, obstant que 
dempuis naguères sa femme, tous ses enffantz et serviteurs 
sont décédez de peste au lieu où sont sesd. lettres et chartes, 

(I) Armoiries : De Gueules à un chevalier d'argent, arme 
d'épee d'argent, monté sur un cheval de sable, sellé, bridé, 
caparaçonné cl ferré d'argent, combattant un sauvage d'or, à la 
massue de même, sur une terrasse de sinople, à la pointe. 

Réformes : Roissy, d'Aligre, Chamitlart. 



— 73 — 

pour Iesquelz incontinent il n'a pu ne voulu aller en sad. 
maison, ainsy que pareillement il offre vériffier sy mestier est. 
Proiuict par led. Le Chevallier, soubz son signe manuel, 
aujourd'huy dix huict me jour de juillet mil cinq cens vingt 
trois, devant Jean Le Venart, lieutenant des esleuz de 
Sainct-Lo. Signé : Le Chevallier. Un paraphe. 



XVIII. — Fourmy (1). 

Ensuict les noms et surnoms de la généalogie et parentage 
dont est yssu et descendu Louis Fourmy, escuier : 

Et premièrement. De Jean Fourmy, escuier, sieur de 
Huberteur, et damoiselle Cardine de la Haye, sa femme, fille 
et héritière de Gieuffroy de la Haye, desquelz descendy 
Thomas Fourmy, escuier. 

Duquel Thomas Fourmy, escuier, sieur de Huberteur et de 
damoiselle Guillemette de Breteville, yssit et descendy Pierre 
Fourmy, escuier, sieur de Heberteur (sic). 

Et duquel Pierre Fourmy et de damoiselle Cardine du 
Mesnil-Urry, son espouze, yssy et descendyrent plusieurs 
enffans. C'est assavoir Estienne et Pierre dictz Fourmy et 
plusieurs autres enffans. 

Duquel Estienne Fourmy est descendu Louis Fourmy, 
déclarant, selon et ainsy qu'il est plus amplement contenu en 
une astreinte faictepar led. Pierre Fourmy, frère dud. sieur, 
à Coustances, devant le bailly de Costentin, ou son lieutenant, 
et par devant messieurs les Esleuz aud. lieu ou leur lieutenant, 
le deux mc jour de décembre mil IIII C IIII XI et cinq, en laquelle 
est contenu que Tan mil IIII C soixante et quatre, le jour de la 
feste Sainct-Mor, entre Henry de Breteville et Pierre de 
Brete ville, son oncle, par devant Thomas Pinchon, bailly de 
Caen, partages furent faictz de leurs héritages de la succession 

(I) Fourmy ne se trouve nulle part ailleurs. Roissy a signalé 
Nicolas Fouraine. Quid ? 



— 74 — 

de M rc Henry de Breteville, filz de M re Jean de Bretcville, 
jadis chevalier, par lesquelz demeura aud. Pierre de Breteville 
led. fieu et seigneurie de Huberteur. 

Mesmement comme Jean Fourmy, escuier, et damoiselle' 
Chardine de la Haye, sa femme, fille et héritière de Gieffroy 
de la Haye, avaient fieffé plusieurs pièces de terre à lad. 
damoiselle, appartenant aux rentes contenues aux lettres sur 
cefaictes. Avecques ce, comme Richard de Breteville-sur- 
Bordel, fieffa à Thomas Fourmy, escuier, et damoiselle 
Guillemetle de Breteville, un tellement par dix solz tournois 
de rente, selon les lettres faictes et passées le quat me jour de 
juing l'an mil III e IIII XX et unze. 

Et avecques est contenu en lad. astrainte comme Michel du 
Mesnil-Urry, sieur du lieu, donna à damoiselle Chardine du 
Mesnil-Urry, sa sœur, en mariage faisant d'elle et Pierre 
Fourmy, escuier, sieur de Huberteur, la rente contenue ez 
lettres sur ce faictes. 

Et mesme est contenu en lad. lettre comme icelluy Pierre 
Fourmy avoit faict plusieurs informations par lesquelles il 
estoit noble et avoit noblement vivant suivy les guerres 
avecques et comme les autres nobles du pays, selon que de 
tout est plus à plein faict mention en lad. astrainte et duquel 
Pierre Fourmy, led. Louis est nepveu, lequel atouicurs vescu 
noblement sans desroger à noblesse selon et ainsy que chacun 
le scait, et comme son père le faisoit, ayant suivy les guerres 
avesques et comme les autres nobles du pays. Et si doubte en 
est faicte, en plus outre il en veult faire une probation. 

Produict vers le procureur du Roy, à Sainct-Lo, devant 
Jean Le Venart, lieutenant de messieurs les esleus du diocèze 
de Coustances, aujourdhuy dix huict me jour de juillet l'an mil 
cinq cens vingt trois. Signé : L. Fourmy. Un paraphe. 

Lesd. lettres ont esté rendues aud. Fourmy. 



— 75 — 

XIX. — De Bauldre (1). 

Baille par escript sa généalogie pour enseigner de ses pri- 
vilèges de noblesse, noble homme Jean de Bauldre, sieur du 
lieu de Bauldre et déclare ce qui suict : 

Et primo : Dict que Tan de grâce mil deux cens soixante et 
dix huict estoit vivant noblement M rc Guillaume de Bauldre, 
chevalier, sieur du fieu, terre et sieurie dud. lieu de Bauldre, 
6ef noble, noblement tenu à cour et usage. Et pour ce, pro- 
duict une charte faicte par led. chevalier, sieur de Bauldre, 
contenant comme il accorda à Nicolas Du Noyer, Barthélémy 
Du Noyer et Ollivier Du Noyer, certaines terres dont ils 
estoient tenans par les rentes et subjections contenues en lad. 
charte, dabtée du mois d'apvril, Tan de grâce mil deux cens 
soixante dix huict. 

Item, produict un arrest donné en Peschiquier tenu à Rouen, 
Tan mil deux cens IIII XX et unze, contenant comme Robert 
de Chantepie, lors fust escondy (sic) (2), d'estre séneschal 
dud. M re Guillaume De Bauldre, chevalier, sieur de Bauldre. 

Item, produict la coppie d'une charte faicte par led. cheva- 
lier, sieur de Bauldre, à Jean Du Bois, son homme aisné, du 
fief du Meserays, en dabtedu mois d'apvril, Tan mil deux cens 
MI» et douze. 

Dict que dud. M re Guillaume de Bauldre, chevalier, des- 
cendy Gieoffroy de Bauldre, en son vivant escuier et sieur 
dud. lieu de Bauldre, et pour connoistre produict une lettre 
faicte par devant Jean La Chouque, clerc atourné quant à ce 
le lundyaprez No51, Tan mil III e trente sept, contenant comme 
Pierre Hue, de Saincte-Croix de Sainct-Lo, vendit aud. 
Gieffroy de Bauldre, eTcuier, sieur de Bauldre, à Jean, son 

(l) Armoiries : D'argent au croissant de gueules, accompagné de 
six Ttierlettes de même, posées 3, 2 c/ 1, 
Recherches : Monlfaut, Roissy, Paris, d'Aligre, Chamillart. 
(â) Sans doute éconduil, mis en disgrâce, révoqué. 



— 76 — 

filz, cinq boesseaux de fourment de rente à la mesure dud. 
Bauldre. 

Item, autres lettres annexées données du viconte de Caren- 
tan, Tan mil I1II C douze. 

Item, coppie d'autres lettres faisant connoistre comme Gief- 
froy de Bauldre, escuier, sieur de Bauldre, avoit donné à Phi- 
lippe, sa fille, vingt solz de rente, dabtées du mardy aprez la 
Sainct-Clément mil IIP XLVII. 

Dictquedud. Gieiïroy de Bauldre descendy ledit Jean de 
Bauldre, en son vivant escuier, et sieur dud. lieu de Bauldre, 
et pour ce montrer, s'ayde desd. lettres dessus desclarées dab- 
tées du lundy d'apprez Noël Tan mil trois cens trente-sept. 

Item, autres lettres contenant comme Rogier Burguedey, 
vend y aud. Jean de Bauldre^ escuier, sieur dud. lieu de 
Bauldre, et en accroissant les rentes de son franc fief, ung 
bouessel de fourment de rente, à la mesure du Meseray dud. 
fief de Bauldre, passé devant Colin Gournay, tabellion à 
Sainct-Lo, le jour de la Piphayne (Epiphanie), Tan mil trois 
cens cinquante deux. 

Dict que dud. Jean de Bauldre descendy aultre Jean de 
Bauldre, en son vivant escuier, et sieur dud lieu de Bauldre. 
Et pour ce montrer produict une lettre scellée du sceel de 
Révérend Père en Dieu Sevestre, par la permission divine 
évesque de Coustances, le dernier jour de janvier Tan mil 
trois cens soixante unze, contenant comme led. Jean do 
Bauldre, escuier, sieur de Bauldre, fiiz et hoir de feu Jean de 
Bauldre, fist hommage aud. sieur Evesque dud. lieu de 
Bauldre. 

Item, autres lettres données de Guillaume Paynel, sieur de 
Ilambye, l'un des deux capitaines pour le Roy, nostre Sire, 
du pais de Normandie, le dix mc jour de juing l'an mil III e IIII XX 
et ung, à Carentan, contenant que led. Jean de Bauldre es- 
tait en sa compagnie pour servir le Roy, nostre Sire, suffi- 
samment monté et arm}. 

Item, une lettre donnéedeHue de Mauny, chevalier, cham- 



— 77 — 

bellan du Roy, et sieur de Thorigny, contenant que led. Jean 
de Bauldre, escuier, estoit en sa compagnie suffisamment 
monté et armé pour servir le Roy, nostre d. seigneur, jouxte 
qu'il est déclaré par icelles lettres, données à Lisle, le douz mo 
jour d'octobre Tan mil III e IIIl xx et six. 

Item, la coppie du dénombrement baillé par led. Jean 
de Bauldre, escuier, sieur de Bauldre, à Révérend Père en 
Dieu, Pévcsque de Coustances, sieur et baron de Sainct-Lo, 
dud fief et sieurie, en dabte du lundy vingt-six mc jour de dé- 
cembre, Tan mil trois cens quatre vingtz et dix 

Item, autres lettres annexées à icelle coppie, du dernier jour 
de décembre susdict. 

Item, une autre lettre donnée aux assises de Coustances, 
tenues par Ravend Pinchon, bailly de Costentin, Tan mil trois 
cens soixante et un, le mardy avant la Sainct-Jean-Baptiste, 
contenant comme par enquesle du Roy, nostre Sire, d'une part, 
et Jean de Bauldre. sieur de Bauldre, d'autre, la forfaicture de 
Robert de Vain, dict Saoulet, mentionnée ezd. lettres fust 
adjugée aud. sieur de Bauldre. 

Item, autres lettres, en forme de vidisse, données devant 
Jean Escourteux, tabellion à Sainct-Lo, le vingt quatr me jour 
de novembre mil IIII C et XIIII, d'une lettre patente donnée 
du Roy, nostre Sire, contenant comme le Roy, nostre Sou- 
verain Seigneur, ordonna que led. de Bauldre, sieur de Baul- 
dre, et Richard, son filz, &arderoient le chasteau de Bonfossé, 
appartenant à Jean de Marte, évesque de Coustances (1), et 
partant escusez de ban. Recours aud. lettres données à Sainct- 
Quantin, le quinz mc jour de juing, l'an de grâce mil IIJI C et 
quatorze. 

Item, autres lettres données aux assises de Coustances, en 
l'an mil III e IIII XX et cinq, le dict huict m0 jour de septembre. 
Il fust adjugé aud. Jean de Bauldre, par raison de lad. sieurie 
de Bauldre, la forfaicture diî Collin Lez, dict Herbert. 

(!) Nous n« voyons aucun évoque de Coutanccs de ce nom dans 
la liste donnée par V Annuaire de la Manche, de 18-49, p. 1342. 



— 78 - 

Item, autres lettres faictes devant Benoist Le Villoux, ta- 
bellion à Sainct-Lo, le pénuitiesrne jour de décembre, Tan mil 
III e IIII XX et cinq, contenant comme led Jean de Bauldre, 
escuier, sieur de Bauldre, fieffa à Thomas Picot, de Sainct- 
Georges-de-Montcocq, les héritages qui venus estoientaud. 
sieur, de la forfaicture dud Collin Lez, dict Herbert, assiz en 
lad. paroisse, eu fieu de Meseray, dud. fieu de Bauldre, par 
certaine rente, montrante auxd. lettres. 

Dict que dud. Jean de Bauldre, escuier, sieur de Bauldre, 
descendy Jacques de Bauldre, en son vivant escuier et pour ce 
montrer, produict une lettre faicte par devant Thomin Mars, 
tabellion à Sainct-Lo, le vingt huict mo jour de décembre, Tan 
mil HII C soixante un, contenant comme Jean de Bauîdre, 
escuier, sieur de Bauldre, bailla certaines rentes pour le douaire 
de damoiselle Louise Beusse, veufve de feu Jacques de Baul- 
dre, filz dud. sieur de Bauldre, en attendant son plain douaire 
aprez le trespas dud. Jean de Bauldre. 

Dict que dud. Jacques de Bauldre, escuier, et damoiselle, 
descendy Eustace de Bauldre, en son vivant escuier et sieur 
dud. lieu de Bauldre, aprez le trespas dud. Jean de Bauldre, 
son (aïeul, sans doute). Et pour ce montrer, produict une 
lettre donnée soubz le sceau ds Gieffroy (1), par la permission 
divine, évesque de Goustances, contenant comme led. Eustace 
de Bauldre, escuier, fist hommage dud. fief de Bauldre, aud. 
évesque de Coutances, baron de Sainct-Lo, dabtée du douz rao 
jour de décembre mil 1111 e IIII" et six. 

Item, autre lettre faicte devant Guillaume et Pierre dietz 
Cauvelande, tabellions à Sainct-Lo, le tiers jour de décembre, 
Tan mil 1111 e soixante el dix-sept, contenant comme led. Eus- 
tace de Bauldre, escuier, sieur de lad. terre et sieurie de 
Bauldre, fieffa certains héritages à luy venuz et escheuz, à 
raison de droit seigneurial, par extinction de ligne, par la 
mort de Mariette, fille de delïunct Guillaume de Barry, bas- 
Ci) Geoffroy Herbert fut évoque de Coutances, de U78à 4510. 



— 79 — 

tard, par certaines renies. Serment et hommage mentionnez 
aud. lettres. 

Dud. Eustace de Bauldre, escuier, descendy led. Jean de 
Bauldrc, escuier, sieur dud. lieu de Bauldre, lequel montre et 
produict une lettre donnée de feu de bonne mémoire Gieoffroy, 
en son vivant éve?que de Coustances, contenant comme led. 
Jean de Bauldre, fist hommage aud. sieur Evesque, baron de 
Sainct-Lo, de sad. terre et sieurie de Bauldre, le vingt sept mG 
jour d'avril l'an mil cinq cens et cinq. 

Item, produict autres lettres données de Révérend Père en 
Dieu, Adrian Gouffier, pour lors évesque de Coustances, dab- 
tées du sept me jour de mars, Tan mil cinq cens et dix, conte- 
nant comme led. Jean de Bauldre, escuier, fist hommage aud. 
Sieur Evesque, de sa d. terre et sieurie de Bauldre. 

Item, produict la coppie d'un dénombrement par luy baillé 
au procureur dud. évesque de Coustances, de sa d. terre et 
sieurie de Bauldre, dabtée du vingt mc huict mc jour de janvier 
Tan mil cinq cens et douze. 

Item, une lettre annexée à. icelle coppie, en dabte du vingt 
huict œC jour de janvier aud.'an mil cinq cens douze. 

Et pour lesd. lettres, chartes et généalogie cy-dessus des- 
clarez et autres qu'il proteste produire sy mestier est, aussy 
qu'il veult fournir de ses dictz prédécesseurs et luy sub- 
cesssivement avoir de tous temps ny qu'il n'est mémoire 
d'homme au contraire, vescu noblement au service et ban du 
Roy, nostre Sire. Dict qu'il est personne noble, extraictde très 
noble lignée. 

Produict par led. Jean de Bauldre, escuier, sieur dud. lieu, 
aujourd'huy dix huict me jour de juillet, Tan mil cinq cens 
vingt trois, à Sainct-Lo, devant nous, Jean Le Venart, lieu- 
tenant desd. Esleuz, commissaire sus dict. Signé De 
Bauldre. Un paraphe. 

Lesd. lettres rendues aud. de Bauldre. 



80 — 



XX. — Du HoMMKEL (1). 

C'est la généalogie de noble homme Guillaume Du Hom- 
méel, sieur de Mesnil-Durant, laquelle il bailla et produict, 
ainsy qu'il suict : 

Dict que Philippe Du Homméel, en son vivant escuier, son 
bisaieul, lorsqu'il vivoit, esloit sieur de la terre et sieurie du 
Mesnil-Durant. 

Dud. Philippe, y ssit Guillaume Du Hommeel, en son vivant 
escuier, et par succession dud. Philippe, son père, sieur de 
lad. terre et sieurie, duquel Guillaume yssit Lucas Du 
Hommeel, escuier, en son vivant et par succession à luy 
descendue de son d. père, sieur dud. lieu du Mesnil-Durant 
duquel Lucas est yssu. 

Led. Guillaume Du Hommeel, escuier, à présent sieur de 
lad. sieurie du Mesnil-Durant, et par succession à lui venue 
dud. Lucas, son père, aussy sieur des fiefs, terres et sieuries 
du Bois et des Pezerilz, en laquelle sieurie du Mesnil-Durant, 
a esté par cy devant et possédée par les d. Du Hommeel, de 
succession en succession, passez sous quatre cens ans et de 
sy long temps qu'il n'est mémoire au contraire. 

Et pour vériffier les choses dessusd. et encore de plus grande 
ancienneté, montre une lettre passée en l'an mil trois cens 
soixante et deux par entre Philippe Du Hommeel, prédéces- 
seur de Jean Du Hommeel, et icelluy Jean, père dud. 
Philippe, contenant le droict et garde de la sieurie du Mesnil- 
Durant, parce que led. du Mesnil-Durant estoit soubz aage, il 
bailla le droict d'icJle garde, pour ceste fois, à monsieur 
Guiffroy du Mesnil-Durant, par vingt cinq francs d'or et retint 
à soy le droict de patronnage, ainsi que lad. lettre le porte et 
contient. 

Item, faict apparoir autre lettre passée devant Benoist Le 

(i) Armoiries : D'argent au sautoir d'azur. 



— 81 — 

Villoux, Fan mil III e IIII" trois, contenant que accord fut 
faict entre Philippe Du Hommeel, escuier, lors sieur du 
Mesnil-Durant, et... dud. à présent sieur Jean Osber et Robert 
Hue, touchant aucuns tenemens qu'ilz en ont de lad. sieurie. 

Item, montre une autre lettre passée aud. an mil III e soixante 
et trois, entre Philippe Du Hommeel, escuier, sieur du Mesnil- 
Durant, et Maury de la Luserne, chevalier, touchant la rédif- 
fication du moullin appartenant ausd. sieurs, à cause de leurs 
sieuries. 

Item, montre autres lettres passées devant Jean Ribelot, 
tabellion à Sainct-Lo, le dix sept me jour de juing mil III e 
1III 11 saize, contenant que partages furent faicts entre Philippe 
Du Hommeel, escuier, d'une part et Jean Du Hommeel, 
escuier, aine, des sieuries, rentes et revenuz qui leur estoient 
escheuz, par le décedz de Jean Du Hommeel, escuier, leur 
père, et que estoit lors leur procureur M 1 " Philippe Du 
Hommeel, curé de Saucey, leur oncle ; jouxte que lad. lettre 
le porte et contient. 

Item, montre une teneur baillée aud. Philippe Du Hommeel, 
escuier, par damoiselle Catherine delà Luserne, lors dame en 
partie dud. lieu du Mesnil-Durant, contenant que lad. 
damoiselle recongnoit tenir en parage et sexte (sixième) degré, 
ce qu'elle tenoit de lad. sieurie du Mesnil-Durant ; led. acte du 
vingt trois"* jour d'octobre mil 1111 e et six, qui est et montre 
l'ancienne généalogie qui lors, et dès ce temps là, estoit des 
prédécesseurs dud. présent sieur du Mesnil-Durant, à laquelle 
teneur est annexé un acte contenant que icelluy fust baillé 
aux piez de lad. sieurie, appartenant aud. Philippe Du 
Hommeel, tenu par Guillaume Leber, seneschal d'icelle, les 
jour et an dessus dietz. 

Item, faict apparoir d'une teneur baillée par led. Philippe 
Du Hommeel, escuier, sieur dudit lieu du Mesnil-Durant, à 
M r0 Jean de Villiers, chevalier, baron du Hommet, le dix 
neuf mc jour de décembre Tan mil 1111 e et huict, par laquelle 
appert que led. du Mesnil-Durant tenoit icelle sieurie dud. 

6 



— 82 — 

baron, par deux fiefs de haubert, et que d'icelle sont tenuz 
plusieurs fiefs mentionnez en lad. teneur. 

Item, montre autres lettres du vingt huict mê de septembre 
mil 1III C et dix, comme lesd. Philippe et Jean Du Hommeel, 
frères, furent exemptez par le Roy, nostre souverain et naturel 
Seigneur, du service du ban et arrière ban pour ce qu'ilz 
avoient servy toute leur vie, et qu'ilz estoient vieux et anciens. 

Item, montre autres lettres du quatorz me jour de novembre, 
Tan mil IIII G et onze, devant le bailly de Costentin, par les- 
quelles appert que pour cause de ce que Philippe Du Hommeel, 
aagé de plus de soixante ans estoit malladif et ne pouvoit aller 
au service du Roy, monté et armé comme il a accoustumé, 
fut pris au lieu de luy pour faire le service en son acquict, 
Guillaume de Saint-Nicolas, escuier, qui se submist faire led. 
service. 

Item, montre autres lettres du bailly de Costentin, du six mo 
jour de may mil IIII n quatorze, par lesquelles appert que pour 
cause de ce M rc Jean de Villiers, lorsqu'il vivait chevalier et 
baron du Hommet, estoit allé de vie à descez et sa succession 
venue à ses cnffantz soubz aage, et par ce subieetz en la garde 
du Roy, qu'il fust baillé par led. bailly, soubz le Roy, nostre 
Sire, par la délibération de son procureur et advocat aud. 
bailliage, aud. Philippe Du Hommeel et Jean Du Mesnil- 
Durant, escuiers, la garde dud. lieu du Hommet, selon que 
lesd. lettres le portent et contiennent. 

Item, montre lettres du lieutenant générai du bailly de 
Costentin, du traiz me jour de décembre Tan mil 1111 e dix huict, 
par lesquelles appert que led. Philippe Du Hommeel, èscuier, 
sieur dud. lieu du Mcsnil-Durant, estait mis en la protection 
et garde du Roy, nostre Sire. 

Montre autre lettre du vingt me jour du mois de novembre 
mil 1111 e vingt six, de Raoul Tssson, chevalier, sieur du 
Grippon, commissaire et capitaine général du Roy, sur le 
faict de la guerre, en la duché de Normandie, contenant que en 
tenant la montre par luy du ban et arrière ban des nobles du 



- 83 — 

pays en la ville de Sainct-Lo, led. jour, M rcs Robert Muldrac, 
chevalier, sieur de Fortescu, Jean, sieur Destelles et Philippe 
Du Hommeel, sieur du Mesnil-Durant, se présentèrent en 
estât deuement montez et armez. 

Item, montre une autre teneur baillée par Guillaume du 
Hommeel, filz dud. Philippe, et comme Jean, sire et baron du 
Hommet, escuier, est à présent tenant led. fief, terre et sieu- 
rie du Mesnil-Durant et autres fiefz, terres et sieuries, tenues 
d'icelle sieurie du Mesnil-Durant, dont est tenant Jean Lecanu, 
seneschal de lad. baronnie, le vingt sept" 10 jour de mars mil 
quatre cens cinquante deux ; avecques ce montre et faict appa- 
roir d'un acte desd. jour et an annexé à lad. teneur, devant 
led. seneschal, contenant que lad. teneur fust baillée aud. 
baron. 

Item, montre une autre lettre du derrain jour de janvier 
mil III I e soixante deux, contenant que Louis Du Mesnil-Guil- 
laume, sieur dud. lieu du Mesnil-Guillaume, bailla par escript 
aud. Guillaume Du Hommeel, escuier, sieur du Mesnil- 
Durant, qu'il tenoit par foy et hommage dud. fief du Mesnil- 
Durant, lesd. fiefz, terre et sieurie du Mesnil-Guillaume, 
jouxte que lad, teneur baillée devant Richard Suiron, escuier, 
en plus d'icelle sieurie du Mesnil-Durant, le porte et contient. 

Montre autre teneur baillée par Guiffroy Dubois, escuier, 
sieur en partie dud. lieu du Mesnil-Durant, aud. Guillaume 
Du Hommeel, sieur dud. Mesnil-Durant, par laquelle led. 
Dubois confessoit tenir par foy et hommage dud. Du Hommet, 
un fief noble à simple gage piège, selon que lad. teneur le 
porte et contient, baillée devant Guillaume de la Marre, senes- 
chal de lad. sieurie du Mesnil-Durant, le dix neuf m0 jour de 
septembre mil 1111 e LXXIIII, avecques un acte annexé à lad. 
teneur tenue par led. seneschal lesd. jour et an. 

Montre autre lettre de noble et puissant sieur Gyon Des- 
touteville, sieur de Moyon, du dixneuf me jour de novembre mil 
1111 e Ml» deux, par laquelle appert que led. sieur de Moyon 
donne congé à Lucas du Hommeel, filz Guillaume et père dud. 



~ 84 — 

à présent sieur, de se en aller de la ville d'Avranches, ou il 
estoit pour garder icelle, pour ce que très haulte princesse 
madame de Jocangies (sic), avoit retenu led. Lucas Du Hom- 
meel, sieur du Mesnii-Durant, en service de sa maison. 

Item, montre par autres lettres de Jean Le Fèvre, recepveur 
de lad. paroisse du Hommet, du sixies me jour de mars mil 
1111 e IIII XX trois, par lesquelles il confesse avoir reçu de Lucas 
Du Hommeel, la somme de trente livres tournois pour le 
relief deub à lad. baronnie, à raison de la mort d'icelluy 
Guillaume Du Hommeel, devant dict, père d'icelluy Lucas. 

Item, montre autres lettres, en forme de teneur, contenant 
que Guiffroy Du Boys, escuier, sieur en partie du Mesnil-Du- 
rant, confessa tenir dud. Lucas Du Hommeel, sieur du Mesnil- 
Durant, ung membre de fief noble, à simple gage-piège, par 
ung quart de fief de haubert, selon que lad. teneur baillée aux 
pieds de lad. sieurie tenus par Bauldre Cotelle, seneschal 
d'ieelle, le vingt huict mP jour d'avril mil 1111 e IIII XX et trois, le 
contient. 

Montre par autre lettre dud. seneschal dutraiz mc d'avril aud. 
an mil 1111 e I1II XX trois, que led. Dubois, sieur de Lespincy- 
Tesson, iist hommage aud. Lucas Du Hommeel, escuier, sieur 
dud. lieu du Mesnii-Durant, tel qu'il luy estait tenu faire, à 
raison du quart de fief devant dict. 

Montre par autres lettres de très haulte Princesse Anne de 
France, du huicl me jour de mars mil 1111 e I1II XX , par lesquelles 
appert que icelle Dame retint en son service et pannetier ordi- 
naire led. Lucas Du Hommeel, escuier, sieur du Mesnii- 
Durant, jouxte que lesd. lettres le portent et contiennent. 

Item, montre lettres de noble et puissant sieur Jean Edes, 
sieur de Beaumanoir et baron de la baronnie du Hommet, à 
cause delà dame son espouse, comme led. Lucas Du Hom- 
meel, escuier, luy fist l'hommage qu'il luy estoit tenu faire à 
raiso:i de là sieurie du Mesnii-Durant. 

Item, montre par autres lettres de Madame la Duchesse do 
. Bourbon et d'Auvergne, en dabte le huict m0 jour d'aoust, mil 



- 85 — 

HII C JIII XX et dix, par lesquelles appert que lad. Dame retint 
en son service et pannetier ordinaire led. Guillaume DuIIom- 
meel, à présent sieur de lad. sieurie. 

Item, montre par acte des pieds de la paroisse du Homoiet, 
par Jean Levesque, seneschal d'icelle, le dix neuf me jour de 
may, l'an mil IIII C IIII XX et quinze, par lesquelles est appris 
que led. Lucas, escuier, sieur d'icelle sieurie du Mesnil- 
Durant, requist délivrance de lad. sieurie et en obéit foy et 
hommage et bailla icelle par escript, jouxte que led. acte le 
porte et contient. Laquelle délivrance luy f ust accordée. 

Item, s'aide d'autres lettres de noble et puissant Georges 
Tournemine, baron de lad. baronnie, du vingt quatr n,c jour de 
febvrier mil quatre cens 1 1 1 1 xx seize, par lesquelles est appris 
que led. Guillaume Du Hommeel, à présent sieur de lad. sieu- 
rie du Mesnil-Durant, fist la foy et hommage aud. sieur baron 
tel qu'il luy estait tenu faire de sad. terre et sieurie de Mesnil- 
Durant. 

Item, montre par autres lettres de Pierre Le Roy, recep- 
veur de lad. baronnie du quinz mc jour de juing mil I1II C IIII XX 
et dix huit, par lesquelles appert qu'il reçeut dud. à présent 
s P du Mesnil-Durant, le relief par luy deub à raison du trespas 
de Louis Du Hommeel, son père. 

Item, montre par autre lettre de l'an mil cinq cens dix neuf, 
le vingt deux mc jour de mars, contenant comme led. à présent 
sieur du Mesnil-Durant, a cédé et délaissé le droict de garde 
noble qui luy appartenait et luy estait écheu par la mort de 
Nicolas de Boys-Juigan, escuier, du fief, terre et sieurie du 
Rondbisson, appartenant en partie aux enffantz soubz aage 
dud. de Boys-Juigan. 

Iterrij montre une teneur à luy baillée par Guiffroy de 
Manneville, escuier, du fief, terre et sieurie du Mesnil-Guil- 
laumc, tenu de lad. sieurie du Mesnil-Durant aux pieds de la 
sieurie du Mesnil-Durant, le douz mc jour de novembre mil 
cinq cens ving un. 
Item, montre autres lettres du 2 e jour de novembre mil cinq 



— 86 — 

cens et trois, de Louis, sieur de Hurtebye, en son vivant 
eschanson du Roy, nostre Sire, et capitaine de Pontdouve, 
contenant que icelluy capitaine constitua et establit son lieute- 
nant à la garde du chasteau dud. lieu du Pontdouve, led. 
Guillaume Du Hommeel, escuier, à présent sieur dud. lieu du 
Mesnil-Durant, filz de Lucas. 

Item, led. sieur du Mesnil-Durant, en temps et lieu, et 
quand le cas s'offrira, veult, promet, montrer et enseigner avec- 
ques la teneur desd. lettres sy assez n'est suffisamment prouvé 
le contenu cydessus escript en sa généalogie, que ses prédé- 
cesseurs ont tousiours, par cy-devant, jouy et usé du droict et 
privilège de noblesse, comme de vraye extraction, et à ce droict, 
tousiours esté quictes et exempts de toutes tailles, aides, cous- 
tumes, louages, passages, et autres choses quelconques, dont 
les nobles du pays et duché de Normandie ont accoustumé 
estre quittes et exempts et de temps immémoriabîe tousiours 
jouy et usé dud. privilège de noblesse, et esté au service des 
Roys, de son ban et arrière ban, en armée pour le service, 
ainsy que les autres nobles, allencontre de ses ennemys, et 
davantage sy mestier est produire et montrer autres lettres et 
chartes. 

Produict par led. sieur Du Mesnil-Durant, ce dix huict me 
jour de juillet, Tan mil cinq cens vingt trois. Les titres pro- 
duits ont esté remis. 

Signé : Guillaume Du Hommeel. (A suivre.) 

Hippolyle Sauvage. 



Nécrologie 



M. l'abbé LEMONNÏER 

ANCIEN SUPÉRIEUR DU COLLÈGE DIOCÉSAIN 

SUPÉRIEUR DE LA COMMUNAUTÉ DU BOX-SAUVEUR 
DE SAINT-LO 

La Société d'Agriculture et d'Archéologie de la Manche a- 
fait, cette année, une perte sensible dans la personne de 
M. l'Abbé Auguste Lemonnier. 

M. Lemonnier, né à Neuville-au-Plain, résidait depuis de 
si longues années à Saint-Lo, qu'il se considérait volontiers 
comme un Saint-Lois d'origine. Nul n'a été plus intimement 
mêlé à la vie de notre ville dans le dernier demi siècle. Il 
n'ignorait aucun coin du vieux Saint-Lo ; et l'on était sûr de 
l'intéresser, lorsqu'on déroulait devant lui quelques faits iné- 
dits d'histoire locale empruntés à nos anciennes chroniques. 

M. l'abbé Lemonnier n'était point cependant un érudit de 
vocation. Après qu'il eut terminé ses études théologiques, 
Tévêque du Diocèse le nomma professeur d'une classe de 
grammaire au collège de Valognes. Il y resta peu de temps. 
L'Oratoire, nouvellement reconstitué, avait séduit le jeune 
prêtre. Il entra dans cette congrégation, et ses supérieurs le 
désignèrent, en môme temps que le futur Cardinal Perraud, 
pour prendre rang parmi les maîtres du collège de Saint-Lo. 
Pendant les cinquante années que dura son séjour dans 
l'établissement, M. Lemonnier fut trop occupé de littérature 
classique, de discipline générale et d'administration, pour 
réserver dans sa vie une place môme minime à la lecture et à 
l'interprétation des archives. Son tempérament, né pour 
l'action, ne se serait guère prêté au détail et à l'exactitude que 



nécessite un récit d'histoire. Il lui semblait que des conclusions 
certaines n'avaient pas besoin d'être étayées sur des référen- 
ces multipliées au bas des pages. Aussi bien, les professeurs 
ne sont pas tant faits pour l'érudition môme, se plaisait-il à 
répéter, que pour préparer les jeunes gens, qui en auraient le 
goût, à devenir des érudits. 

Les archivistes, certes, n'ont pas manqué parmi les élèves 
sortis du collège. Ils ont exploré les chartes de nos départe- 
ments de l'Ouest et du Midi, depuis Tarbes jusqu'à Quimper, 
Rennes et Laval. 

Il ne nous convient pas de redire ici les qualités maîtresses 
du prêtre, du professeur et du supérieur que fut M. Lemon- 
nier. Ses élèves ou ses collègues ne manqueraient pas de 
nous accuser d'être incomplet. Ils rapporteraient à l'envi des 
traits de caractère et des anecdotes qu'ils nous reprocheraient 
d'omettre. Plus tard, quand un siècle ou deux auront passé, 
quelque archéologue écrivant pour une thèse de doctorat l'his- 
toire du collège diocésain de Saint-Lo, — comme on a fait celle 
du collège ôratorien de Troyes, — s'étudiera, peut-être, & 
rendre dans tout son relief la physionomie de cet homme 
de grande taille, haut en couleur, d'un jugement sûr et d'un 
esprit cultivé. Le moment n'en est pas venu. 

M. l'abbé Lemonnier avait rêvé d'achever sa vie dans le 
collège où il avait tant travaillé. Les lois d'un siècle, où l'on 
ne parle que de liberté, ne le lui permirent pas. 

Vers le temps de Pâques 1903, M. le commissaire de police 
l'informa, en qualité de chef d'établissement, que les Orato- 
riens auraient à quitter le collège le 31 juillet de cette même 
année. M. Lemonnier reçut la signification avec la bonne 
grâce qui le caractérisait. Mais il en fut plus ému qu'il ne 
le voulait paraître; et s'il cacha ses larmes, ses amis savent 
qu'il en versa d'amères. 

La communauté du Bon-Sauveur lui offrit un asile. 
Mgr Guérard, évèque de Coutances, le choisit comme supé- 
rieur de la Congrégation. Cette charge lui laissa des loisirs ; et 



— 89 — 

les journées auraient paru longues au prêtre, qui était resté 
jeune sou? ses cheveux blancs, s'il n'avait point tenté de conso- 
ler sa peine en écrivant les mémoires oratoriens de son collège. 
M. Lemonnier recueillit de ses mains pieuses tous les sou- 
venirs du passé. Il releva les notes d'un style si sobre et d'un 
trait si net dans lesquelles le supérieur de l'Oratoire, le 
R. P. Pététot, consignait, lors de ses passages ou de ses visites 
à Saint-Lo, ses impressions et ses remarques. Il fixa les 
détails du séjour du P. Gratry au collège, au cours d'une 
vacance. 

IL vécut, en un mot, avec tous les vieux maîtres de jadis 
qu'il avait connus, l'Académicien Perraud, le fabuliste et 
moraliste des Valades, le saint Père Mariote et l'ami du 
cœur, le vicaire général, M. Durel. 

Si la mort ne l'avait pas enlevé trop tôt par une attaque 
subite dans sa 76 e année, M. Lemonnier aurait pu lire à l'une 
de nos séances des extraits de ses souvenirs, et ajouter ainsi 
au Recueil de notre Société plusieurs chapitres intéressants 
sur l'histoire du collège de Saint-Lo, au xix° siècle. 

M. Lemonnier n'a compté dans la Société d'Archéologie, 
comme dans la Ville, que des amis. Son visage ouvert gagnait 
dès l'abord ceux qui l'approchaient ; et les amitiés lui demeu- 
raient fidèles. Ses obsèques ont montré, au commencement 
de mai 1906, quelle grande place cet homme de bien, ce prôtra 
deux fois méritant par la vertu et par l'intelligence, tenait 
dans le cœur de ses compatriotes et de ses contemporains. La 
Société d'Archéologie de la Manche estime qu'elle s'honore 
elle-même en lui rendant à l'occasion de sa mort un suprême 
et respectueux hommage. 

A. Savary. 



— 90 — 



JKJtt. LENNIER et le duc DE PLAISANCE 

Notre Société a éprouvé une perte sensible en la personne 
de l'un de ses plus anciens membres correspondants, M. Gustave 
Lennier, chevalier de la Légion d'honneur, conservateur du 
Muséum d'Histoire Naturelle du Havre. Bien que la mort de 
cet homme éminent remonte au mois de novembre 1905, la 
composition de notre précédent volume était trop avancée pour 
nous permettre d'insérer, lorsqu'elle nous parvint, la triste 
nouvelle. Fils d'un savant qui fut, lui aussi, notre collègue, 
M. Gustave Lennier, né au Havre en 1835, consacra à la 
science toute son existence. A peine âgé de vingt ans, il 
entreprenait déjà de longues explorations au Sénégal, et ses 
travaux ultérieurs lui acquirent la grande notoriété; son 
opinion faisait foi dans toutes les questions géologiques et 
paléontologiques. Il était, de plus, un vulgarisateur et un 
conférencier hors pair ; tous ceux qui ont eu le bonheur de 
l'entendre n'oublieront jamais le charme de sa parole et ses 
explications lumineuses. De ses nombreux ouvrages, V Es- 
tuaire de la Seine peut être considéré comme le chef-d'œuvre. 
Ce livre magnifique est, au dire de M. Leroy, Membre de la 
Société normande d'Études Historiques, « un vade mecum 
indispensable et un guide précieux pour l'étude des terrains 
du littoral marin. Il restera comme le monument impérissable 
élevé à la mémoire de celui qui fut le fondateur de la Société 
géologique de Normandie ». 

A tant de titres si glorieux, M. Lennier en acquit un autre 
au péril de sa vie ; il fut, en 1870, lieutenant aux francs- 
tireurs Hâvrais ; toute son existence pourrait donc se résumer 
ainsi : Il honora sa patrie et la défendit. 

Il nous honora nous-mêmes, et pour être tardif, l'hommage 
de notre Société n'en est pas moins profond. 



— 91 — 



Si nous avons bien involontairement tardé à évoquer le 
souvenir de M. Lennier, nous ne voulons pas, par contre, 
attendre à l'an prochain pour rendre un suprême hommage à la 
mémoire de M. Louis de Maillé, duc de Plaisance, député 
de Maine-et-Loire, enlevé à l'affection des siens, au mois de 
février 1907. 

C'était en qualité de descendant du prince Le Brun, une 
de nos gloires locales les plus pures, et en souvenir de plusieurs 
de ses parents, bienfaiteurs du Musée de Saint-Lo, que M. le 
duc de Plaisance avait bien voulu consentir à faire partie, 
pour un temps malheureusement trop court, de notre Société. 
Puissent sa famille et ses nombreux amis trouver quelque 
consolation dans l'unanimité des regrets provoqués par sa 
mort prématurée. 

Le Bureau. 



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LISTE DES MEMBRES 



DE LA 



SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE, D'ARCHÉOLOGIE 

ET D'HISTOIRE NATURELLE 
du Département do 1a Manche 

au 31 décembre 1906 



PRÉSIDENTS D'HONNEUR 

MM. le Préfet de la Manche, $£. 
le Maire de Saint Lo, Q. 
Lepingard. 

MEMBRES D'HONNEUR 

S. A. S. Mgr le prince de Monaco, comte de Torigni, baron 
de Saint Lo, etc., G. C. $£, Correspondant de PInstitut. 

M. Léopold Delisle, G. 0. $£ Membre de PInsiitut, Admi- 
nistrateur général honoraire de la Bibliothèque Nationale, 
8, rue des Petits-Champs, Paris, II e . 

ADMINISTRATION 

Président : M. du Boscq de Beaumont. 

Vice Présidents : MM. l'abbé Blanchet, Chanoine hono- 
raire, Curé de Sainte-Croix de 
Saint-Lo. 
le docteur Bernard, 0. $*, Con- 
seiller général, 

Secrétaire général : M. Gambillon. 
Secrétaire adjoint : M. le docteur Le Clerc. 
Trésorier : M. Levoy. 
Conservateur : M. G. Guillot. 
Conservateurs adjoints : MM. A. Dieu. 

L. Delisle, avocat. 
Bibliothécaire-Archiviste : M. le docteur Louis Alibert. 
Classificateur de la section d'Agriculture : M. Marie. 
Classificateur de la section d'Archéologie : M. P. Derbois. 
Classificateur de la section oV Histoire Naturelle : M. Sébire. 



— 94 — 

MEMBRES TITULAIRES 

MM. 

Adigard (Pierre), Avocat, Député de l'Orne, 50, rue de Gre- 
nelle, Paris, VIK 

Alibert (le docteur Louis), Saint-Lo. 

Barbaroux, Imprimeur, Propriétaire et Directeur du Messa- 
ger de la Manche, Saint-Lo. 

Béranger (le vicomte de), à Trelly, par Quetlreville. 

Bernard (le docteur), O. $£, Conseiller général et Conseiller 
municipal de Saint-Lo. 

Biard (J.), Notaire, Saint-Lo. 

Bigot (Adalbert), Propriétaire, Cerisy-la-Forèt (Manche). 

Blanchet (l'abbé), Chanoine honoraire, Curé de Sainte-Croix 
de Saint-Lo. 

Boscq de Beaumont (du) Le Mesnil-Vitey, Airel (Manche), 
et 15, rue Greuze, Paris, XVI e . 

Bosq (J.), Banquier, Premier adjoint et Président du Tribunal 
de Commerce de Saint-Lo. 

Bourde de la Rogerie (Henri), Archiviste-Paléographe, 
Conservateur des Archives départementales, Hôtel de la 
Préfecture, Quimper (Finistère). 

Céron, Receveur de l'Enregistrement et des Domaines, 
Saint-Lo. 

Chardon (H.), O. $*, Maître des Requêtes au Conseil d'Etat, 
81, boulevard Saint-Michel, Paris, V e . 

Commines de Marsilly (de), 80, avenue Kléber, Paris, XVI e . 

Damecour, Notaire, Saint-Lo. 

Decauville (Emile), 47, rue de Courcelles, Paris, VIII e , et 
Abbaye de la Lucerne, par La Haye-Pesnel (Manche). 

Defontaine (H.), 55, rue de Babylone, Paris, VII e . 

Delaunay (P.), ancien Notaire, Saint-Lo. 

Delisle (Léopold), Avocat, Saint-Lo. 

Derbois (P.), ancien Professeur, Saint-Lo. 

Desplanques (A.), Maire d' Airel (Manche). 

Dieu (A.), Avocat, Conseiller municipal de Saint-Lo. 

Enault (Emile), Directeur du Journal de la Manche, 
Saint-Lo. 



— 95 — 

Fabre (H.), O. $£, Commissaire général du Canada, 10, rue 
de Rome, Paris, VIII e . 

Feuillet (Richard), ^, Chef de bataillon au 45 e régiment 
d'infanterie, 24, rue de Flore, Le Mans (Sarthe). 

Friteau (Henri), Propriétaire, Saint-Lo. 

Gambillon (E.), Chef de Division de la Préfecture de la 
Manche, en retraite, Saint-Lo. 

GorRCY (le comte Xavier de), 25, rue de Grenelle, Paris, 
VII e , et château de la Boulaye, Cerisy-la- Forêt (Manche). 

Grente (l'abbé), Directeur du Collège de Saint-Lo. 

Guilbert (Prosper), Sous-Chef de Bureau à ia Direction gé- 
nérale de l'Enregistrement, 25, rue de Grenelle, Paris, VII e . 

Guillot (G.), 5, rue Crevaux, Paris, XVI e . 

Hérissé (Georges d'), ^, Inspecteur honoraire de la Banque 
de France, 66, rue de Miromesnil, Paris, VIII e . 

Hommet (le baron Th. du), 22, rue Brochant, Paris, XVII e . 

Jacqueline (P.), Conseiller municipal de Saint-Lo. 

Jehanne, Maire de Saint-Gilles, par Saint-Lo. 

JouANNfc (L.), Avoué, Saint-Lo. 

Kergorlay (le comte Jean de), château de Thère, par 
Pont-Hébert (Manche). 

Labbey (A.), Négociant, 5, place de la Bourse, Paris, II*, et 
château de Mesnil ville, par Saint-Clair (Manche). 

Le Bas, Avocat, Saint-Lo. 

Lecarpentier (Charles) , Sous - Inspecteur de l'Enregis- 
trement, Saint Lo. 

Le Clerc (le docteur R.), Conseiller municipal, Saint-Lo. 

Leclerc (A.), Notaire honoraire, Saint-Lo. 

Le Comte d'Olonde(E.), Propriétaire, Saint-Lo et Fervaches, 
par Tessy-sur-Vire (Manche). 

Lefèvre, Docteur en pharmacie, Pharmacien, Saint-Lo. 

Le Forestier d'Osseville, (le comte), Conseiller général, 
château de Thère, par Pont-Hébert (Manche). 

Lefranc (le docteur), La Meauffe, par Saint-Clair. 

Le Gout-Gkrard (Fernand), Artiste peintre, 93, rue Ampère, 
Paris XVIK 

Le Menuet, Conseiller municipal de Paris, 67., rue de 
Rivoli, Paris, 1"\ 



— 96 — 

Lf.merrk (Alphonse), O. $fe, Libraire - Editeur, passage 
Choiseul, II e . 

Le Monnier de Gouville (Alain), $*, Capitaine de cavalerie 
en retraite, château de la Pallière, Agneaux, par Saint -Lo. 

Lepingard (E.), Avocat, Chef de division de la Préfecture de 
la Manche, en retraite, Saint-Lo. 

Lerosey (l'abbé), Chanoine honoraire d'Angers, Curé de 
Saint-Hilaire, Loudun (Vienne). 

Le Tual, Imprimeur, Conseiller municipal de Saint-Lo. 

Leturc (le docteur), Conseiller d'Arrondissement et Conseiller 
municipal de Saint-Lo. 

Levoy, Percepteur, Saint-Lo. 

Lhomond (le docteur), Saint-Lo. 

Magniaux, Avoué, Saint-Lo. 

Mallet, Avocat, second Adjoint, Saint-Lo. 

Marie, Maire d'Agneaux, par Saint-Lo. 

Mathan (le comte Jean de), Conseiller d'arrondissement, 

château de Semilly, par Saint-Lo. 
Montgermont (le vicomte de), Bacilly (Manche). 
Pannier-Lachaussék, Avocat, Saint-Lo. 

Péroche, ^, Directeur honoraire des Contributions indirectes, 

7, rue de la Bassée, Lille. 
Poirier (le docteur Paul;, O. $fe, Professeur de la Faculté de 

Médecine de Paris, Membre de l'Académie de Médecine, 

5, quai Malaquais, Paris, VI e . 
Porel, (Paul Parfouru), $*, Directeur du Vaudeville, 63, 

avenue des Champs-Elysées, Paris, VIII . 

Pottier, Avoué honoraire, Saint-Lo. 

Poulain, Juge de Paix d'Octeville, en résidence à Cherbourg, 
rue des Ormes. 

Quenault de la Groudière (Bernard), château du Dézert, 
par Saint-Jean-de-Daye (Manche). 

Rauline (Marcel), Conseiller général et Député de la Manche, 
48, avenue Marceau, Paris, VIII e , et manoir de Champeaux, 
Saint-Lo. 

Robert, ^, Ingénieur en chef, Saint-Lo. 

Roland df. Cadehol, Rédacteur en chef de l'Indépendant, 
28 et 30, place au Bois, Cambrai ,Nord). 

Sauvage (Hippolyte), ancien Magistrat, Lauréat de l'Ins- 
titut, 53, boulevard Bineau, Neuilly-sur-Seine. 



— 97 — 

Savary (l'abbé), Chanoine honoraire, Supérieur du Collège 
de Saint-Lo. 

Sébire, Propriétaire, Saint-Lo. 

Tabard, Conseiller municipal, Saint-Lo. 

Thomas (le docteur), Conseiller général et Conseiller muni- 
cipal de Saint-Lo. 

Thouroude (A.), Greffier en Chef du Tribunal de Première 
Instance, Saint-Lo. 

Thouroum (E.), &, Chef d'escadron d'artillerie territoriale, 
95, rue de Prony, Paris, XVII e . 

Th avers (Emile), Archiviste- Paléographe, ancien Conseiller 
de Préfecture, 38, rue des Chanoines, Caen. 

Tréfeu (Etienne), 0. ^, Directeur de la Marine Marchande 
au ministère de la Marine, 67, rue de Passy, Paris, XVI e . 

Vialatte, Directeur d'Assurances, Saint-Lo. 

Vibert (A .), Pharmacien, Saint-Fromond, par Airel (Manche). 

Ygouf (le docteur), Conseiller municipal de Saint-Lo. 



MEMBRES CORRESPONDANTS (1) 

Adam (l'abbé J.-L.), Aumônier des Augustines de Valognes. 

Bouis (Capitaine Raymond), $£, Escoville, par Hérouvillette 
(Calvados). 

Clérkt de Langavant (Capitaine J.), ^, Ker-Lezenn, 
Saint-Malo. 

Créances, Principal honoraire, 38, chemin de la Corniche, 
Marseille. 

1 Courson (A. de), ancien Sous- Préfet, château des Planches - 
sous-Amblie, par Creully (Calvados), et 26, rue de l'Oran- 
gerie, Versailles. % 

Dalimikk (Henri), Professeur de Première au Collège 
d'Avranches, 7, rue du Séminaire, Avranches. 

Jambois (Charles), Conseiller à la Cour d'Appel de Paris, 13, 
rue Littré, Paris, VI e . 

Lapparent (Albert de), ^, Membre de l'Institut, 3, rue de 
Tilsitt, Paris, VIII e . 

(4) Les Membres Correspondants dont le nom est précédé 
d'une astérisque, sont abonnés aux publications de la Société. 



— 98 — 

Lecornu (Léon), $£, Ingénieur en Chef des Mines, 3, rue 
Gay-Lussac, Paris, V e . 

• Legoux (Mgr), Protonotaire apostolique, Chanoine honoraire 

de Coutances, 3, rue Le Châtelier, Paris, XVII e . 

• Leguillochet (Pabbé), Curé de Gerville, par La Haye du- 

Puits (Manche). 

Lemarquand, Juge de Paix, Président de la Société Archéo- 
logique de Valognes. 

Le Mo\ne (Eugène), Président du Tribunal civil de Ploërmel 
(Morbihan). 

• Morel (Pabbé L.), Aumônier des Sœurs de Saint-André, 133, 

rue du Cherche-Midi, Paris, XV e . 

• Pillet (J.), Principal du Collège de Cambrai (Nord). 
Vacandard( Pabbé E.), Aumônier du Lycée de Rouen. 

SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES 

FRANCE 

Aisne. — Société Historique et Archéologique de Château- 
Thierry. 

Alpes-Maritimes. — Société des Lettres, Sciences et Arts 
des Alpes-Maritimes. 

Basses-Pyrénées. — Société des Sciences, Lettres et Arts, à 
Pau. 

Calvados. — Académie de Caen. 
Association Normande, J2, rue des Croisiers, Caen. 
Société des Beaux- Arts de Caen. 
Société des Antiquaires de Normandie. 
Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Baveux. 

Doubs. — Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de 

Besançon. 
Eure. — Société d'Etudes prohistoriques des Andelys. 

Gard. — Académie de Nîmes. 
Société d'Etudes des Sciences Naturelles de Nîmes. 

Gironde. — Société des Sciences Physiques et Naturelles de 
Bordeaux. 

Haute-Garonne. — Société d'Archéologie du midi de la 
France, à Toulouse. 
Société d'Histoire Naturelle de Toulouse. 



- 99 — 

Hérault. — Société d'Archéologie, Scientifique et Littéraire, 
de Béziers. 

Ilh-et- Vilaine. — Société Archéologique (Tllle-et- Vilaine, à 
Rennes. 
Société Historique et Archéologique de l'Arrondissement de 
Saint-Malo. 

Loire-Inférieure — Société Académique du département de 

la Loire-Inférieure. 
Société Archéologique de Nantes. 
Société des Sciences Naturelles de l'ouest de la France, à 

Nantes. 

Maine-et-Loire. — Société d'Agriculture, Sciences et Arts 
d'Angers. 

Manche. — Société d'Archéologie d'Avranches et de Mortain. 
Société Académique de Cherbourg. 
Société des Sciences Naturelles de Cherbourg. 
Société Académique du Cotentin, à Coutances. 
Société Archéologique, Artistique, Littéraire et Scientifique 
de l'Arrondissement de Valognes. 

Pyrénées-Orientales. — Société Agricole, Scientifique et Lit- 
téraire des Pyrénées-Orientales. 

Rhône. — Société Littéraire, Historique et Archéologique de 
Lyon. 

Saone-et-Loire. — Société Eduenne des Lettres, Sciences et 
Arts, à Autun. 

Société d'Histoire Naturelle d' Autun. 

Société d'Histoire et d'Archéologie de Chalon-sur-Saône. 

Société des Arts, Sciences, Belles-Lettres et Agriculture 
de Saône-et-Loire. 

Société des Sciences Naturelles de Saône-et-Loire (Chalon- 
sur-Saône). 

Société d'Histoire Naturelle de Mâcon. 

Sarthe. — Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la 
Sarthe. 

Semé. — * Omis », Bulletin du Comité Omithologique et 
International, Paris, Masson, 20, boulevard Saint- 
Germain. 

* La Pomme », Société Littéraire et Artistique, 54, avenue 
de Breteuil, Paris. 

« Romania », Recueil trimestriel consacré à l'étude des 
Langues et des Littératures Romanes, Emile Bouillon, 
67, rue de Richelieu, Paris. 



— 100 — 

Société Française des Fouilles Archéologiques, Ernest 
Leroux, 28, rue Bonaparte, Paris. 

Seine-Inférieure. — Académie des Sciences, Belles-Lettres 
et Arts de Rouen. 
Société Géologique de Normandie, au Havre. 
Société Hâvraise d'études diverses. 

Somme. — Société des Antiquaires de Picardie, à, Amiens. 
Société des Sciences, des Lettres et des Arts d'Amiens. 

Tarn-et-Garonne. — Société Archéologique de Tarn-et- 
Garonne. 

Var — Société Académique du Var, à Toulon. 

Yonne. — Société des Sciences Historiques et Naturelles de 
l'Yonne (Auxerre). 



ETRANGER 

Alsace-Lorraine. — Société d'Histoire Naturelle de Metz, 25, 
rue de l'Evêché. 

Belgique. — Revue Mabillon (Au Directeur, Dom Besse), 
a Chèvelogne, par Leignon, province de Namur. 

Etats-Unis d'Amérique. — The Smithsonian Institution. — 
Minnesota Academy and Natural Sciences. Bureau 
d'Ethnologie (au Directeur), à Washington. 

Jersey. — Société Jersiaise pour l'étude de l'histoire et de la 
langue du pays. 

Uruguay. — Musée national de Montevideo. 



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— 101 — 



MEMBRES TITULAIRES 



Reçus à la séance du 9 février 1907. 

MM. 

Gauthier, Chef de section à la Compagnie des Chemins de 
fer de l'Ouest, Saint-Lo. 

Jacqueline (Paul), Imprimeur, Saint-Lo. 



TABLE DES MATIÈRES 



Catalogue du Musée de Saint-Lo (suite), 
M. Gaétan Guillot 5 

foe Spéculation agricole au XVIII e siècle, M. Gaétan 
Guillot 12 

L Instruction publique dans les diocèses de Coutances 
*t tfAoranches avant 1789 (suite), M. l'abbé 
Lerosey 34 

L<* f Recherche de Jean Le Venart, lieutenant de 
l'élection de Coutances au siège de Saint-Lo, 
commissaire du Roi en 1523 (suite), M. H. Sauvage. 51 

Nécrologie. — M. l'abbé Lemonnier, M. l'abbé 
A. Savary 87 

W. Lennier et le duc de Plaisance 90 

Lùte des Membres de la Société et des Sociétés 
correspondantes 93 



MM. 

i Guillot. — Catalogue du Musée de Saint-Lo 
(suite). 

Gaétan Guillot. — Une Spéculation agricole au X VIII e 
siècle. 

L'abbé A. Lerosey. — L y Instruction publique dans les 
diocèses de Coutances et d'Avran- 
ches avant 1789 (suite). 

H. Sauvage, — La Recherche de Jean Le Venart 9 

lieutenant de l'élection de Cou- 
tances au siège de Saint-Lo, com- 
missaire du Roi en 1523 (suite). 

iA. Savary. — Nécrologie. — M. V abbé Lemonnier. 

— MM. Lennier et le duc de Plai- 
sance. 

— Liste des Membres de la Société et 
des Socidtés correspondantes. 



I 



NOTICES 

MÉMOIRES ET DOCUMENTS 

PUBLIÉS PAR LA SOCIÉTÉ 

D'ACRICBLTORE, D'ARCHÉOLOGIE ET D'HISTOIRE IATORELLE 

DU DÉPARTEMENT DE LA MANCHE 



VINGT-CINQUIEME VOLUME 



La Société n'est pas engagée par les opinions 
des auteurs dont elle publie les Mémoires. 



NOTICES 

MÉMOIRES ET DOCUMENTS 

PUBLIÉS PAR LA SOCIÉTÉ 

dAgriealtire, d'Archéologie et d'Histoire Naturelle 

DU DÉPARTEMENT DE LA MANCHE 



VINGT-CINQUIÈME VOLUME 




SAINT-LO 

IMPRIMERIE JACQUELINE, RUE DES IMAGES, 23 



UDCCCCVH 



ÉLOGE FUNÈBRE 
de Luc Duchemm de la Haulle 

Lieutenant-général du Bailli du Cotentin 

et Documents relatifs à l'Histoire Religieuse de Saint-Lo 



i 

Les archives du château de la Vaucelle contiennent une 
pièce en forme de placard, imprimée sur le seul recto. Autant 
qu'on peut en juger par la forme du caractère et le style de 
la lettre initiale décorée d'un ornement gravé sur bois, ce 
factura a été publié à la fin du xvii 6 siècle, peu après la mort 
du personnage dont l'auteur de l'éloge a eu la prétention de 
conserver la mémoire. 

Luc, ou Lucas Duchemin, écuyer, seigneur de la Haulle, 
de Semilly, du Féron, du Mesnil-Guillaume, du Mesnil- 
Durand, de Bahaye, seigneur et patron d'Hébécrévon (1), 
lieutenant-général civil et criminel, et lieutenant particulier 
civil et criminel au bailliage de Saint-Lo, fut choisi, en 1631, 
comme commissaire de la noblesse bas-normande employée 
dans les armées du Roi en Allemagne. En récompense de ses 
services, il reçut le titre de Conseiller d'État en 1653. L'année 
1631, il avait été député par les Etats de Normandie pour les 
Etats Généraux convoqués à Tours. Il devait ces différents 

(1) Vid. Généalogie de la famille Duchemin, par Toustain de 
Billy. B. nat. ms. fr. 4900. — Ghamillart : Recherche de la 
noblesse et le Journal de Luc Duchemin. seigneur de la Haulle, 
par l'abbé V. Bourrienne (Gaen, Jouan, 1899, in-8° de 116 p.). 



— 6 - 

titres ou honneurs à une connaissance approfondie du droit, 
et à son habitude des affaires, à Pénergie de son caractère et 
à son talent de parole. 

Sa famille, qui descendait, par Jeanne Le Fournier,d'un frère 
de Jeanne d'Arc, était d'ancienne noblesse avant cette alliance. 

Elle comptait parmi ses membres plusieurs magistrats qui 
jouèrent un rôle important à Saint-Lo fous le règne des rois 
Henri II, François II, Charles IX, Henri III et Henri IV. Le 
titre de lieutenant général du Roi au bailliage du Cotentin avait 
été conféré à Lucas II Duchemin (9 juin 1570) et plusieurs 
de ses descendants directs furent investis de la même fonction. 

Ce Lucas II, le premier homme considérable de la lignée, 
appartenait, ainsi que le maréchal de Matignon, au parti 
royaliste et catholique. Son attitude politique le rendit égale- 
ment odieux aux protestants et aux ligueurs, lorsque ceux-ci 
se réunirent pour empêcher Henri IV de faire valoir ses droits 
de succession au trône de France. Lucas II avait été fait pri- 
sonnier par les Huguenots pendant le siège de Saint-Lo en 
1574. A leur tour, les ligueurs, commandés par le seigneur de 
Longaunay-Dampierre, vinrentun beau jour assiéger le manoir 
de la Haulle. Ils attachèrent un pétard à la porte, entrèrent 
de vive force et s'emparèrent des habitants. Le prisonnier fut 
obligé de payer 300 lt. peur sa rançon. Deux ans après, il fut 
encore appréhendé à Pont-Hébert et emmené à Fougères. Sa 
liberté, cette fois, lui coûta 4.000 lt. L'agresseur fut pris à son 
tour au châtean de Neuilly et paya cher ses méfaits {1). 

Le plus illustre de la race fut sans contredit Luc ou 
Lucas III, dont il est question dans le factum que nous avons 
sous les yeux. L'exagération du panégyrique serait de nature 
à mettre le lecteur en garde contre des allégations exprimées 
en termes si prétentieux. Les autres documents contemporains 
viennent confirmer les faits autour desquels le pédant auteur 
de cette littérature a groupé ses élucubrations. 

(1) Histoire du Cotentin et de ses villes, par Tous tain de Billy 
(Saint-Lo, Elie fils, 1804,- in-8 J ; et Journal de Luc Duchemin. 



— 7 — 

Luc Duchemin jouissait, comme magistrat, de l'estime de 
ses concitoyens. Ceux-ci le chargeaient fréquemment de solu- 
tionner leurs querelles particulières. Dans le Journal de Luc 
Duchemin de la Haulle 9 publié par M. l'abbé Bourrienne, 
que nous avons déjà cité, nous lisons qu'il avait servi d'ar- 
bitre entre le marquis de Canisy, gendre du maréchal de 
Matignon, et plusieurs seigneurs des environs. A cette occa- 
sion, Duchemin rapporte qu'il fit et noua avec M. de la Cour 
du Buisson, choisi par la partie adverse, « une parfaite 
amitié ». Dans un autre endroit, il nous fait cette déclaration : 
« J'accorde une querelle ced. jour 1645 entre les sieurs de la 
Dangie et du Chesne, gentilshommes . près de Saint-Lo, et 
empesché qu'ils ne recourussent au combat » (loc. cit. p. 86). 

Lorsqu'il reçut les lettres qui lui conféraient les trois 
• charges et offices de Con or du Roy et Lieutenant général 
civil, de Lieutenant criminel et de Lieutenant particulier civil 
et criminel du bailliage de Saint-Lo », il dut, suivant l'usage, 
subir un examen devant « Messieurs les maistres des requestes 
de l'hostel », il répondit de telle façon qu'on le prit pour « un 
grand jurisconsulte ». 

« Après mon examen qui dura près de deux heures, ils me 
firent sortir de la chambre et puis me firent rentrer, et M. de 
Montécot me dist les discours suivants, en la présence de 
quantité de gens qui entrèrent dans la chambre : M. Duche- 
min, je suis chargé de vous dire de la part de la compaignie 
que vous méritez mieux que l'employ que vous prenez, que 
vous ne devriez pas vous arrêter dans les provinces, ains vous 
occuper à Paris, vostre suffisance et présence d'esprit a telle- 
ment satisfaict et contenté tous les esprits, que nous vous en 
devons ce témoignage et lequel nous mettrions par écrit dans 
votre acte de réception si l'éloge que nous vous en rendrions 
ne portoit quelque péril en nos intérests particuliers à cause 
de la nouveauté de nos offices qui nous a faict craindre 
quelque augmentation des nostres dans nostre compaignie... > 

Ce naïf récit, empreint d'un caractère indiscutable de sincé" 



— 8 — 

rite, renseigne sur la capacité et l'instruction du Lieutenant 
général, et montre à quel point cet homme savait imposer son 
autorité. 

Parmi les documents qui montrent l'estime dont il était 
entouré par ses contemporains, on peut citer l'épitaphe rédi- 
gée en son honneur par son beau-frère l'abbé de Saint- 
Martin, et qu'a citée intégralement M. l'abbé Bourrienne (op. 
cit., p. 21). Rappelons aussi les vers composés à la même 
intention par Moisant de Brieux, Antoine Halley et Guillaume 
Ybert (ibid). 

Les troubles de la Fronde mirent en conflit le loyalisme de 
Luc Duchemin et son dévouement aux grands seigneurs à la 
clientèle desquels il appartenait. 

La famille de Luc Duchemin était depuis longtemps liée 
avec celle des Matignon. Eléonore d'Orléans-Longue ville, fille 
de François d'Orléans-Longueville, avait épousé Charles de 
Matignon, fils du maréchal de France Jacques II de Matignon. 
Le fils issu de cette alliance, très honorable pour les Matignon, 
François, qui succéda à son père en juin 1648, était donc le 
t neveu à la mode de Bretagne, cousin germain du duc de 
Longueville, de la même Eléonore d'Orléans et mari d'Anne- 
Geneviève de Bourbon, sœur du grand Condé, la célèbre 
héroïne de la Fronde (1). 

Quanta Luc Duchemin, il appartenait à la clientèle de la 
famille d'Orléans-Longueville. Issue du comte de Dunois t 
bâtard du duc Louis d'Orléans, cette race possédait de grands 
domaines en Normandie, entre autres la baronnie de Varen- 

(1) Le tableau suivant montrera cette parenté : 

LÉoitOR d'Orléans-Longueville 

i i 

Frères : Henri François 



Cousins germains : Henri II, Eléonore, 

Beau-frère du épouse Charles de Matignon 
grand Condé en 1618 



Neveu à la mode de Bretagne : François de Mationon 



_ 9 — 

guebec et des terres dans le Cotentin. Toustain de Billy dit 
même que Luc Duchemin était t serviteur particulier de la 
maison de Longueville ». La cause, croyons-nous, de ces 
relations, était l'administration de ces domaines bas-normands. 
D'après l'éloge funèbre il était Inspecteur de la perception des 
rentes seigneuriales du duc de Longueville. (Longavillœi 
censuscurator). 

En janvier 1649, le duc de Longueville, prenant parti pour 
le Parlement, souleva la Normandie, dans laquelle était assis 
son duché, et se mit en insurrection armée contre la Cour. La 
clientèle ordinaire des Matignon, dans la famille duquel le 
titre et les fonctions de Lieutenant général du Roy pour la 
Basse-Normandie étaient en quelque sorte héréditaires et dont 
l'influence sur la noblesse du pays était incontestable, se divisa 
en deux factions. 

Les uns suivirent Longueville dans sa révolte. Les autres, 
tels que le marquis de Bellefonds, Kadot, seigneur de Sébe- 
ville, M. de la Daupbinerie, se réunirent au comte d'Harcourt 
et soutinrent le parti du Roi. 

Pendant la campagne qui suivit, les troupes de Matignon 
vinrent assiéger Valognes qui dut capituler (1). 

Il est assez malaisé de préciser dans le détail quelle fut l'at- 
titude de Luc Duchemin en présence de ce problème de loya- 
lisme, le plus difficile qu'il eût jamais rencontré. Nous 
mettons sous les yeux des lecteurs les documents sur lesquels 
il pourra asseoir son opinion. 

Duchemin raconte lui-même, dans son Journal, l'embarras 
extrême dans lequel il se trouva. 

« Cedit jour, Monsieur et Madame de Matignon m'ont prié 
d'aller à Torigny pour délibérer sur la sortie du Roy, de la 
Reyne, de Messeigneurs les Princes d'Orléans et de Condé 

(i) Masseville, Histoire sommaire de Normandie, T. VI, p. 460 
el Bib. Nat lc Ms. fr. 11930. Histoire de la maison Cadot de Sébe- 
ville, ambassadeur à Vienne. Contra. Legrelle. La Normandie 
tous la Monarchie absolue. (Rouen. Lcstringant. 1903, in-8° de 
*00 p.,) p. 108. 



— 10 — 

hors de la ville de Paris, la nuict du cinq au sixiesme de janvier 
1649, deux à trois heures après minuict dud. sixième, et j'ay 
demeuré presque deux mois à Torigny, pendant lequel Mon- 
sieur de Matignon pressé de la Reyne, de Messeigneurs les 
Princes et Cardinal Mazarin d'un parti et de Monseigneur 
le Duc de Longueville un des chefs du parti de Messieurs les 
Parlements et villes de Paris et de Rouen, esloit irrésolu et 
regardoit le parti qu'il avoit à prendre, et enfin s'est engagé 
contre son inclination au parti de Mons r de Longueville, mais 
violenté et forcé par les prières dud. seigneur de Longueville 
son cousin germain (t), qu'il craignoit de mettre en mauvais 
estât de son entreprise, s'il eust pris le parti de la Reyne 
régente que j'estois d'advis, comme je seré tousjours, qu'il 
embrassât, quelque événement qu'il puisse arriver, parce que 
Tauthorité du Roy résidant en la personne de la Reyne en 
qualité de régente doit estre tousjours suivie de nos obéis- 
sances et services, et que tous les autres partis, quelque 
couleur et apparence de justice qu'ils aient, ne peuvent estre 
soumis d'autre véritable nom que de rébellion. Il est vray 
aussy que Mons r de Matignon ne s'y engagea qu'à l'extré- 
mité des affaires de M r de Longueville, et à vraydire contre 
son gré et les larmes aux yeux » (2). 

«Ce gentilhomme étoit ser.iteur particulier de la maison 
de Longueville, et conséquemment de celle de Matignon ; mais 
comme il Tétoit encore plus du Roi par sa naissance et par sa 
charge, il jugea qu'il étoit important d'empêcher l'union 

(1) Nous avons vu ci-<lessus que c'est « cousin issu de ger- 
mains » qu'il aurait fallu écrire. C'est Eléonore, femme de 
Charles do Matignon, qui était cousine germaine du duc Henri IL 
de Longueville, le révolté. 

fi) Journal de Luc Ducliemin, pp. fOet 9L Convaincu qre son 
suzerain faisait faussa route, Luc Duchemin, si nous en croyons 
Touslain do Billy, rhercln à empêcher l'aventure de produire «les 
résultats trop graves. Il semble avoir réussi, >ans rompre ouver- 
tement avec le duc de Longueville et le comte de Torigny, à 
marquer sa volonté de rester neutre dans une conjoncture aussi 
douteuse, la seule où un Matignon ait pris les armes contre son 
souverain légitime. 



— 11 — 

des troupes de ce Prince et de ce Seigneur Pour donc 

amuser M. de Matignon, et lui donner un os à ronger, il lui 
proposa le siège de Valognes, qui, ayant été suivi de la paix, 
empêcha mille partialités qui naissoient de toutes parts dans 
les familles mêmes » (1).. 

Etant donnée la nature des relations qui unissaient les uns 
aux autres les différents degrés de la hiérarchie sociale, il 
était à peu près matériellement impossible à Luc Duchemin 
de tenir une attitude opposée à celle du chef civil et militaire 
le plus influent du pays. Ce qu'avaient pu fair?, en s'appuyant 
sur le marquis de Bellefonds, les Sébeville et les la Dauphi- 
nerie dont les châteaux étaient k 12 lieues de Torigny, 
Duchemin, que trois lieues à peine séparaient de la résidence 
des Matignon, se sentait dans l'impossibilité de le tenter. 

Cette délibération qui dure deux mois, pendant lesquels on 
doit croire que le gentilhomme Saint Lois lutta pour les prin- 
cipes du loyalisme ; cette décision prise les larmes aux yeux ; 
l'obscurité môme des termes dans lesquels le narrateur raconte 
l'incident, le silence absolu des textes sur une participation 
active quelconque de l'ami des Matignon dans l'affaire de 
Valognes ; tout fait supposer qu'il resta chez lui pendant toute 
la campagne, après avoir cherché à faire agir dans le viîTe 
l'armée levée par le comte de Torigny. 

Quelle qu'ait été au juste son attitude, elle plut aux habitants 
de Saint-Lo, dit Toustain de Billy ; elle ne déplut pas au 
cardinal Mazarin, qui écrivit à Luc Duchemin pour le 
remercier, et le nomma ensuite conseiller d'Etat. 

Dès le mois de septembre de cette tragique année 1649, 
Duchemin était rentré en grâce auprès du roi de France. Il 
recevait et complimentait Charles II d'Angleterre, et son frère 
le duc d'York, qui allaient à Jersey pour tenter une descente 
en Angleterre. 

(1) Toustain de Bilïy, Mémoires sur l'histoire du Cotent in et de 
tes villes. Villes de Saint-Lo et de Carenlan. Saint-Lo, Elie fils, 
1851, p. 141. 



— 12 - ■ 

Au mois de Janvier suivant, il aidait le cardinal Mazarin à 
* servir le Roi en la conjoncture de la détention de Messei- 
gneurs les princes de Condé et de Longueville. » (loc. cit., 
p. 92). 

L'homme politique influent, le magistrat intègre et respecté 
était aussi un littérateur et ce n'est pas sans raison que son 
panégyriste M. du Mesnil-Gonfray, invitait les Muses à 
pleurer sa mort. 

Il cultivait la poésie latine, et M. Bourrienne nous a conservé 
des distiques dans lesquels sont vantées la fertilité du pays, 
sa richesse en fleurs et en fruits. 

« Nulla est in toto Pomona beatior orbe, 

Nec tam grata diù Flora refundit opes. » 

Et plus loin : 

« Hic triuin nitidas fluviorum (1) aspexeris undas. 

Seu laetas valles prata, vireta, nemus. 

Nil oculis usquam sese jucundius offert, 

Nulla sub axe poli purior aura fluit. » 

Le lecteur aura bientôt l'occasion de remarquer que le héros 
objet du panégyrique écrivait en un latin plus pur et dans un 
style moins contourné que son admirateur. 

Luc Duchemin semble avoir apporté tous ses soins à la 
construction d'un hôtel qui existe encore rue de la Paille, à 
Saint-Lo. 11 avait appelé, selon toute vraisemblance, pour 
diriger cette importante construction, l'architecte qui avait 
présidé aux travaux entrepris par Charles de Matignon. 
L'escalier, notamment, de la rue de la Paille, ressemble 
tellement à ceux qui subsistent à Torigny, qu'il n'est pas 
possible de ne pas constater une filiation évidente entre les 
deux monuments. La coupe du degré et la décoration de la 
rampe, les profils des moulures, le dessin des consoles raccor- 
dant les parties verticales avec les lignes obliques, tout accuse. 



(1) La Vire, la Taute et l'Ouve, qui se jettent dans la Manche 
à Carenlan. 



— 13 — 

la communauté d'origine. Le luxe déployé par Duchemin dans 
son hôtel, la grandeur de l'aspect des pièces de réception 
caractérisent l'importance du rôle que jouait le lieutenant 
général du Roi à Saint-Lo, et que continuèrent après lui son 
frère et ses trois fils, dans la vie administrative et judiciaire 
du chef-lieu du bailliage. 

Ces détails biographiques étaient nécessaires pour expliquer 
et justifier, dans une certaine mesure, l'exagération des 
louanges que contient le panégyrique dont voici le texte et la 
traduction. 

« A Messieurs de la Haulle, 

« J'avoue, Messieurs, que la Providence Divine, m'obligeant 
de mettre en parallèle, la perte funeste de la patrie avec l'indi- 
cible douleur de votre Noble Maison, dans la mort arrivée 
depuis peu de feu Monsieur De la Haulle : j'ay cru que je 
devois faire tous mes efforts pour publier dans sa personne, et 
avec autant de succeds que j'en suis capable, la mémoire du 

PLUS SAGE, DV PLUS VERTUEUX, ET DU PLUS ACCOMPLY magis- 
trat, qu'on ay jamais vu sur ces lieux ; et j'ajouteray d'ailleurs, 
que si ma suffisance répondoit à mon zèle : toutes les langues 
donneraient à sa faveur, mil bénédictions au Ciel, et soulage- 
aient à même temsde mil consolations ma patrie, me faisant 
déclarer avec autant de justice, que de modestie, qu'estant 
4blouy de tant de lumière, et idolâtre de tant de vertus ; je me 
contenteray seulement, de révérer dans un si digne sujet, les 
nobles idées, que je tâcheray, de m'enfermer à l'avenir dans un 
profond silence : vous assurant de plus, Messieurs, dès ce 
moment en particulier, par mes vœux et par mes effets, que je 
seray à jamais 
« Votre très humble, etc. 

Du Mesnil Gonfray a. a. l. c. 



— 14 — 

In Memokiam facto -functi clarissimam j 

VlRI DOMINI HAULLiEI. 
Sta VIATOR. 

Et mœrendo inclama ? 

Valete Grates ? Valete Piérides ? Valete CamœnaB : 

et obstupendo semicordius, si potis est ? relege. 

Hic jacet Lucas Ducheminaeus, 

Sacri Palatii cornes 

Longavillae Census curator, princepsque domus à secretis 

et in Praefectura Saulaudensi, 

utriusque Cognitionis 

Antesignanus Praeses. 

Vir doctrina Patrum Àugustinus, 

Aethicâ morum discretivâ Ambrosius 

decertivâ scholalarum Palestrâ 

Aristoteles et Aquinas 

Vir Perpiniano amabilior 

Africano rigidior, 

Modestino suavior 

Vir Nestore facundior : 

Homero divinior : 

Tullio locupletior, 

Quintiliano completior 

Tacito denique sagacior, Livio veracior 

et Decretistis omnibus laudabilior. 

At quod singulare monumentum ; 

Vir verae Religionis assertor et vindex ; 

Praeco ubique, ubique doctor, ubique apostolus : 

Sic in vitâ, Vitae et mortis assiduus ludus, 

in morte, mortis et vitae suavis concentus, suavis consonantia. 

unde memoria ejus in benedictione, 

et anima ejus in pace. 

Sed quod nostra interest ? 

Ad momentum rumpe fletus, pie lector : 

nam tripartita ejus successio, 



— 15 — 

tripartita ejus repraesentatio, 

tripartili ejus heredes, 

radiées agunt, 

flores emittuni, 

et fructus afferunt in tempore : 

in Primogenito ; sapienlia patris 

in secundo : Nobilitas patris ; 

in tertio denique patris filio ; 

Patris amor, patris delitiae, patris honor et gloria. 

Obit postridie Klend. Augusti 1686. » 

Traduction 

A la mémoire du très illustre défunt 
Monsieur de la Haulle. 
Arrête-toi, voyageur, 
Et proclame la tristesse ! 
Adieu, Grâces, Adieu, filles de Thessalie, Adieu, Muses. 
Frappé de stupeur, s'il t'est possible, relis cet écrit. 
C'est ici que gît Luc Duchemin, comte du Sacré Palais, (1) 
Curateur des droits de censure du duc de Longueville, 
secrétaire principal de sa maison. 

Et dans le bailliage de Saint-Lo, Lieutenant général civil et 
criminel; 
Augustin pour la science des Pères, 
Ambroise par la correction de ses mœurs, 
Aristote et d'Aquin par ses succès dans les lettres. 
Plus aimable que Perpinien, 
Plus ferme que l'Africain, 
Plus doux que Modestin, 
Plus divin qu'Homère, 
Plus opulent que Tullius, 
Plus cultivé que Quintilien, 
Enfin plus pénétrant que Tacite, plus véridique que Livius, 

(i) De Saint-Jean de Latran. 



— 16 - 

Et plus célèbre que tous les Arrètistes. 

Mais quel monument singulier ! 

Cet homme, confesseur de la vraie Religion, son vengeur, 

Partout son héraut, son docteur, son apôtre ; 

De même que dans la vie, jeu continuel de la vie et de la 
mort, 

Dans la mort s'est montré un exemple de lutte heureuse 
entre la mort et la vie ; 

Dans sa mort a été un concert harmonieux de la mort et de 
la vie, une douce consonnance de ces deux accents. 

Aussi, sa mémoire est-elle couverte de bénédictions, 

Et son âme est -elle en paix. 

Mais que nous importe ? 

Arrête un instant tes larmes, pieux lecteur ; 

Car sa triple succession, 

Sa triple représentation, 

Sa triple hérédité, 

Poussent des racines 

Et des fleurs, 

Et portent des fruits dans leur saison. 

L'ainé fait voir la sagesse du père, 

Le second, sa noblesse, 

Enfin le troisième fils de ce père est 

L'amour du père, les délices du père, l'honneur et la gloire 
du père. 

Il mourut le lendemain des calendes d'août 1686. 



Les trois fils dont il est question dans ce/actum étaient : 
Robert, né le 29 août 1633, qui fut fait prêtre, et entra, 

à ce que l'on croit, chez les Oratoriens. 
Luc Nicolas, né le 26 janvier 1651, s'était mis au service du 

Roi : Lieutenant au régiment de Picardie, il fut blessé à la 



— 17 — 

bataille de Senef (1674) et rentra à Bahais, dans le manoir 
paternel. Il épousa le 14 juin 1688, Marie-Marguerite Jourdain 
de Barenton (1). 

François Luc servait dans le régiment du Roi infanterie. 
Comme son frère, il fut blessé d'un coup de feu à la bataille 
de Senef. Bien que cadet, il semble qu'il ait été le préféré 
de Luc Duchemin. C'est lui qui succéda aux charges de son 
père. 11 fut nommé, le 12 juillet 1679, avec dispense d'âge, 
lieutenant général et particulier. 

Le nom des Duchemin paraît éteint ; mais la descendance 
féminine des deux fils de Luc Duchemin existe encore. Le 
propriétaire actuel du château de la Vaucelle, M. de la Broise/ 
est l'arrière-petit-fils de François Luc, époux de Marie 
Radulph. L'auteur de ces lignes descend en ligne directe de 
Luc Nicolas, le plus âgé des deux frères. 

Il nous a été impossible de découvrir aucun renseignement 
concernant sans nul doute Du Mesnil-Gonfray, qui composa 
le pathos que nous venons de mettre sous les yeux des 
lecteurs. Peut-être était-ce l'un des professeurs du Collège 
fondé par Jean Dubois, établissement situé non loin de l'hôtel 
de Duchemin, à la prospérité duquel celui- ci s'était intéressé. 

Notons cependant que le prétentieux écrivain s'appelait 
Gonfray de son nom patronymique. C'était l'habitude en 
Basse-Normandie de mettre le premier le nom de seigneurie 
ou de sieuric. Nous lisons dans Toustain de Billy : de 
Martigny Lemennicier, de la Haulle Duchemin, quand, 
ailleurs, on aurait dit : Lemennicier de Martigny, Duchemin 
de la Haulle. Il nous faut donc lire : Gonfray du Mesnil. 
Ainsi restitué, le nom de notre écrivain appartient assurément 
à l'arbre généalogique d'une famille Gonfray, dont un repré- 
sentant habitait, suivant une tradition qu'il serait aisé de 
vérifier, à Agneaux, au village de la Tremblaye. 

Dans les recherches de M. Ed. Lepingard, sur les villages 

(I) V. l'acte de mariage, archives de la fabrique de Sainte- 
Palrice-de-Claids. 



— 18 — 

de Saint-Lo, il est question d'un Gonfray, officier public, 
recevant un acte. Le souvenir d'un personnage portant le 
même nom est aussi rappelé par un objet appartenant aux 
collections du Musée de Saint-Lo. Quel qu'il puisse être, le 
littérateur dont nous venons de parler appartient-il à la famille 
d'un Gonfray qui joua un rôle important dans l'administration 
du district pendant la Révolution? C'est ce qu'il nous 
a è%è impossible de déterminer, mais ce qui est probable. 
Il avait le goût des lettres, si non le talent d'écrire. Lorsqu'il 
composa son élucubration, il obéissait à un sentiment généra- 
lement partagé par ses concitoyens. Tous professaient pour 
Luc Duchemin une estime que lui méritaient son. intelligence 
et les nombreux services qu'il avait rendus à sa ville natale et 
au pays environnant. 

II 

Au dos de l'imprimé précédent, un inconnu a écrit un 
brouillon de lettre, d'une écriture très négligée, difficile à lire, 
que M. Dolbet, archiviste de la Manche, nous a aidé à déchif- 
frer. Il nous a paru intéressant de publier ce texte, qui jette 
un certain jour sur l'état de l'opinion à Saint-Lo, au lendemain 
de la révocation de l'Edit de Nantes. N'oublions pas que cette 
ville avait été un foyer d'influence protestante, que, sous le 
règne de Louis XIV, nombre de religionnaires y résidaient, 
qu'aucun d'eux n'avait voulu émigrer. Il y avait ainsi dans 
la population un ferment très actif de révolte contre les mesures 
inspirées au roi Louis XIV par le souci de l'avenir de la 
religion catholique et le maintien de l'autorité royale. Très 
agissants, les partisans de la < religion prétendue réformée » 
effrayaient leurs concitoyens par leur attitude révoltée et 
provocante. C'est sous l'empire d'une préoccupation très vive, 
au sujet du résultat des mesures prises contre les protestants, 
qu'a été écrite la lettre que l'on va lire. 

c Monseigneur, je n'aurois pas d'excuse d'avoir tant tardé 



- 19 — 

à rendre compte à Votre Grandeur de notre mission, si M. de 
la Contrie ne m'eust dict qu'Elle estoit toujours occupée dans 
les visites d'un si grand diocèse, et qu'elle avoit esté obligée 
d'aller prendre des eaux, que je prie de luy estre salutaires. 
Notre mission ayant commencé le dymanche feste de la 
Sainte Trinité, a duré sept semaisnes. Nos catholiques, tan; 
antiens (que nouveaux), en ont profité; mais non pas tous. Les 
plus qualifiez ne sont pas ceux qui se sont montrés plus 
empressez de la gagner. Les autres en ont presque tous faict 
leur debvoir, et ceux de la campagne se sont montrés encore 
plus zélés que ceux de la ville. 

Pour les nouveaux catholiques, ils se sont presque tous 
ébranlés pour faire leur debvoir, du moins pour se confesser, 
et plusieurs ayant mesme communié ; mais de dire qu'ils ayent 
tous esté sincères, il est très difficile d'en juger. Sur la fin de 
la mission et incontinent après qu'elle a esté finie, il nous est 
venu cinq femmes de ces nouvelles catholiques, qui ont toutes 
reçu les Sacrements assez bien ; mais nous voyons ce me 
semble une partie des autres présentement ung peu se ralentir. 
Voilà briefvement Testât où sont les choses présentement à 
Saint-Lo,où l'on avoit eu nouvelles d'un arrest qui déehargeoit 
le corps de Lalouet, horloger, de la payne portée par la décla- 
ration du Roy contre ceux qui refusent les Sacrements estant 
malades; mais M. de Gourgues, nostre président, l'ayant 
sceu, s'i est opposé et a deffendu à tous nos juges de l'exécu- 
ter sous peine de 3 mil livres d'amende, jusques à ce que en 
ayt esté autrement ordonné par Sa Majesté, comme estant 

contraire à la dicte déclaration et de Sa Majesté. Voilà, 

Monseigneur, les nouvelles de ce quartier. » 

Quel est l'auteur de ce brouillon de lettre ? 
Luc Duchemin qui est le héros du panégyrique imprimé au 
dos duquel il a été écrit, mourut le 2 août 1686 (1), quelques 

(1) Le Journal de Luc Duchemin, par l'abbé Bourrienne (Caen, 
Jouan, 1899, in-8° de 116 p.), p. 18. 



— 20 - 

jours seulement après la mission dont il est question, ainsi 
que nous le verrons dans un instant. Il laissait deux fils : 
Robert, né en 1633, qui se fit prêtre, entra chez les Orato- 
riens et mourut après 1715 ; Luc Nicolas, né en 1651, blessé 
à Senef, et François Luc, seigneur de la Vaucelle, blessé éga- 
lement dans la même bataille, et qui abandonna l'armée pour 
occuper les fonctions qu'avait exercées son père. Nous ne 
doutons pas que la lettre n'ait été écrite par l'un de ces trois 
personnages, en donnant la préférence à François-Luc, celui 
auquel revint le château de la Vaucelle, qui y a le plus long- 
temps séjourné, et qui fut plus intimement mêlé que ses frères 
aux questions d'administration intéressant le pays. 

A qui s'adresse-t-il ? A un personnage très haut placé, puis- 
qu'on l'appelle Votre Grandeur, Monseigneur ; à un évoque, 
puisqu'il est « occupé dans les visites d'un si grand diocèse ». 
Ce grand seigneur qui s'intéressait aux choses de la religion à 
Saint-Lo, ne pouvait être, si l'on croit devoir le chercher 
parmi les représentants de la maison des ducs de Longueville, 
que Jean Louis Charles d'Orléans, neveu du grand Condé, 
ordonné prêtre en 1669, qui ne mourut qu'en 1694. Il faut 
l'écarter parce qu'il n'a jamais été évêque. 

Si au contraire nous cherchons dans la maison de Matignon, 
avec laquelle les Duchemin étaient en relations intimes, nous 
devons éliminer l'un des fils de Charles de Matignon, Léonor, 
abbé de Lessay, évêque de Lisieux, mort en 1680, dont le 
portrait est conservé au musée de Torigni. 11 nous reste à 
choisir entre un second Léonor de Matignon, fils de François, 
qui succéda à son oncle sur le siège de Lisieux, et qui y 
mourut en 1714, et Jacques, évêque de Condom, abbé de 
Saint- Victor de Marseille, mort en 1727. Nous possédons au 
Musée de Saint-Lo, un fort beau portrait de ce dernier prélat. 

Ce n'était pas Tévêque alors en possession du siège de 
Coutances, Mgr Charles-François de Loménie de Brienne, 
connu pour l'intransigeance de son gallicanisme, mais recom- 
mandable pour la régularité de ses mœurs et son zèle pour la 



- 21 — 

religion et dont Fénelon a écrit un éloge enthousiaste (1). 
En effet, bien que ne portant aucune date, la lettre se rapporte 
très exactement avec les détails d'une mission ouverte par 
Mgr de Lomtaie lui-même le dimanche de la Trinité de 
Tannée 1686, époque de la mort de Luc Duchemin (2), 

L'organisateur de la mission, celui qui vint prêcher en 
personne, probablement du haut de la chaire extérieure de 
l'église Notre-Dame (3), n'avait pas besoin d'être renseigné 
sur les résultats Je sa propre prédication. Le ton de la lettre 
indique un homme moins directement mêlé aux détails de 
cette affaire. 

Nous sommes donc réduits aux conjectures sur l'identité du 
destinataire de la lettre. 

La mission dont celle-ci parle, n'est pas la même que celle 
qui fut prèchée par le Vénérable Grignon de Montfort, le fon- 
dateur des Filles de la Sagesse. Le saint prédicateur est, en 
effet, venu à Saint-Lo et a joué un rôle dans la fondation du 
Monastère du Bon-Sauveur dans cette ville. Mais la date de 
sa venue dans le diocèse ]de Coutances est très connue. L'his- 
torien du Bon-Sauveur, le chanoine Ménard, place, sur docu- 
ments, le jour de l'arrivée de l'apôtre au 14 août 1714 (4). 

Il ne peut donc y avoir identité entre ces deux campagnes 
de prédication, dont Tune commencée au jour de la Sainte- 
Trinité et dure sept semaines, et l'autre qui, commencée le jour 
de l'Assomption, ne se prolongea que 15 jours pour se termi- 
ner par la plantation d'un Calvaire au point culminant de la 
Falaise. 

La lettre parle de « notre Président M. de Gourgues ». 
Moréri a écrit l'historique d'une famille de Gourgues origi- 
naire de Gascogne. Le premier de cette race qui soit parvenu 

(1) Une servante des pauvres, par l'abbé Ménard (Tours, Cas- 
terman), pp. 442-443. 

(2) Lecanu, Histoire des Evéques de Coutances, tome II, p. 14. 

(3) V. article de M. Lepingard dans les Mémoires de la Société. 

(4) L'abbé Ménard, Une servante des pauvres, la Mère Elisabeth 
de Surville. (Tours, Cattier 4887, in-12 de 482 p.). 



— 22 — 

à la notoriété, avait repris la Floride aux Espagnols en 1569. 
Ses descendants occupèrent des situations élevées dans la 
magistrature. L'un d'eux, Jacques Armand de Gourgues, 
marquis de Vayres, après avoir été Lieutenant-général dupré- 
sidial de Bordeaux et reçu maître des requêtes, était intendant 
de la généralité de Caen en 1686, mais n'avait pas été prési- 
dent. Il n'est donc pas question de lui. Les autres personnages 
du nom qui ont été présidents à mortier, ne peuvent être mis 
en avant à cause des dates, ni Marc Antoine, mort en 1623, 
grand-père de Jacques Armand, ni son père Jean. Les dates 
conviendraient plutôt à Michel-Jean, frère cadet de l'Inten- 
dant de Caen, qui porta le mortier. Si l'on croit que le mot 
« notre président » contient une indication de parenté concer- 
nant Pévêque destinataire de la lettre, on peut songer pour ce 
dernier, au frère puîné de l'Intendant de Caen, Jacques Joseph, 
qut fut évèque de Bazas (1684). 

Trouvé dans les papiers de la famille Duchemin, et conte- 
nant le nom d'un membre de la famille de l'Intendant de la 
généralité de Caen, le document que nous venons de publier 
émane assurément d'un personnage très haut placé, influent 
dans l'administration Saint -Loise, appartenant au parti catho- 
lique. A ces titres, et à supposer môme qu'il n'ait pas été écrit 
parun Duchemin, il nous a paru intéressant à livrer au public. 

Gaétan Guillot. 



L'INSTRUCTION PUBLIQUE 

AVANT 1789 

DANS LES DEUX ANCIENS DIOCÈSES DE 
COUTANCES ET D'AVRANCHES 



Troisième Partie 



INSTRUCTION DU CLERGÉ 

CHAPITRE I 

ÉDUCATION CLÉRICALE 

DANS LES DIOCÈSES DE COUTANCES ET D'AVRANCHES 

AVANT L'INSTITUTION DES SÉMINAIRES 

De tout temps, il y eut de saints prêtres dans l'Église; de 
tout temps aussi, il y eut des prêtres entrés dans les ordres 
sans vocation. D'autres étaient appelés du Seigneur, mais 
entrés pour la plupart sans préparation dans la sainte milice, 
ils avaient contracté de longues habitudes d'une vie séculière, 
souvent même d'une vie déréglée et scandaleuse. Ces maux 
s'étaient accrus à la fin du xvi° siècle, par suite du relâche- 
ment que la Réforme avait amené dans le clergé. Il fallait 
remédier à tous ces maux. 

Le Concile de Trente (1), pour retrancher les abus dans leur 
source, conçut le projet des Séminaires, où à l'abri des séduc- 
tions du monde et des passions, cet âge fragile s'établît et 

{!) Décret, concil. Trident. — De Reformatione. sess. XXIII. 
Cap. XVIII. 



— 24 — 

s'affermît dans les principes de la vie chrétienne et sacerdo- 
tale, en se pliant aux habitudes de la sainte discipline, et en 
se formant de longue main à l'administration des sacrements, 
à l'art de catéchiser les enfants, à la prédication, au chant et 
aux cérémonies de l'Église, bref à tout le détail des fonctions 
ecclésiastiques. Saint Charles Borromée, en exécution du 
décret, ouvre des Séminaires dans son diocèse de Milan ; il 
donne comme la première forme à ces asiles de la piété et de la 
science sacerdotales. 

De longues années devaient s'écouler, avant que les diocèses 
de Coutances et d'Avranches fussent dotés de ces utiles éta- 
blissements. En attendant, la formation du clergé se poursui- 
vait d'après les traditions bien des fois séculaires. 

La science avait été distribuée avec abondance ; les maîtres 
particuliers ne manquaient pas aux jeunes clercs. Ceux-ci en 
trouvaient dans toutes les paroisses, même dans les moindres. 
Ils se mettaient sous leur conduite pour acquérir la science de 
leur état. 

Quelle était la science requise? Si nous en croyons un 
manuscrit sans nom d'auteur, conservé à la Bibliothèque 
Nationale et intitulé « Noies sur la Basse-Normandie : « Dans 
le xiv c siècle, les jeunes gens de l'évôché de Coutances qui se 
destinaient à l'état ecclésiastique n'étaient tenus qu'à se pré- 
senter le mercredi des Quatre-Temps à l'examen qui n'était 
pas long. Celui qui demandait la prêtrise n'était obligé que de 
savoir le nombre des Sacrements et leur définition, et d'avoir 
un bréviaire qui lui appartînt en propre » (1). 

Les ecclésiastiques subissaient un examen sur la langue 
latine avant leur admission aux ordres majeurs, et un second 
sur la pratique du saint ministère avant l'incorporation au 
sacerdoce. La rubrique, les règles, les méthodes, tout étant 
écrit en latin, il fallait bien posséder cette langue (2). 

« Avant qu'il y eût un séminaire établi dans Avranches, dit 

(1) Annuaire de la Manche, 1830-1831, p. 202 

(2) Lecanu. Histoire du diocèse de Coutances , T. I, p. 477. 



— 25 — 

M. Alexandre Motet, les évêques envoyaient les jeunes ordi- 
nands chez les curés les plus recommandâmes du diocèse pour 
y être instruits de la science et des devoirs de l'état ecclésias- 
tique. Nous voyons dans la vie de M. Crestey, curé de Baren- 
ton, que beaucoup de jeunes gens venaient le prier de les 
recevoir dans sa maison, pour se former sous sa conduite (1). » 
M. Pâté, curé de Cherbourg, gouvernait aussi une quin- 
zaine de jeunes ecclésiastiques sortis des écoles qu'il avait 
fondées. M. Pâté t leur faisait toutes les semaines une confé- 
rence au presbytère... leur apprenait les cérémonies de 
l'Église... observait les défautsqui se pouvaient remarquer... et 
les moyens d'y remédier : quelquefois leur faisait le catéchisme 
pour leur en donner la méthode ; d'autrefois le leur faisait faire 
en sa présence afin de les y exercer. 

Autant M. Pâté avait de zèle pour donner de bons prêtres 
à TÉglise, autant en montrait-il à en éloigner ceux qu'il 
n'en croyait pas dignes et dont la doctrine ou les mœurs lui 
j donnaient lieu de se méfier. « Si j'avais deux âmes, disait-il, 

! un jour à un homme de grande considération qui le sollicitait 

I pour un ecclésiastique de ce caractère, peut-être pourrais-je en 

I risquer une pour satisfaire à votre demande; mais n'en ayant 

I qu'une, vous ne trouverez pas mauvais que je la conserve en 

vous refusant. » Ce seigneur édifié d'une réponse aussi géné- 
reuse que chrétienne : « Je vous en crois, dit-il, mon pasteur, 
et je ne puis vous en savoir mauvais gré. » (2) 

Malgré le zèle de ces saints prêtres, les élèves ecclésiasti- 
ques ne se formaient que d'une manière incomplète sous leur 
direction nécessairement insuffisante à cause des occupations 
du ministère paroissial. 
Aussi que vit-on trop souvent? des ecclésiastiques, cadets 
I de famille, entrés sans vocation dans les ordres. Pour ces fils 
de gentilshommes, la robe ne remplaçait la cotte d'armes, que 
parce que la crosse valait mieux que l'épée, la barrette mieux 

(1) Deschamps du Manoir, Nouvelles feuilles détachées, p. 138. 
(*) Trigan. Vie de Mcssire A. Paie, 1747, p 180, 233. 



— 26 — 

que le heaume. Le droit d'aînesse ne laissait guère d'autre 
alternative aux puînés. Ne pouvant être guerrier avec avan- 
tage, on se résignait à être prêtre avec bénéfice. Et arrivé 
aux hautes dignités de l'Église, on n'avait pas perdu au 
change ; car outre les honneurs et les richesses, on possédait 
un pouvoir devant lequel tous s'inclinaient. De même que le 
Saint- Père dominait le Roi, de même le prêtre primait le 
guerrier. C'était tout naturel d'ailleurs, car le premier était 
toujours instruit et le second l'était rarement et très peu. 

Sans s'élever si haut dans l'échelle sociale, que de jeunes 
ecclésiastiques poussés aux ordres par l'appât d'un bénéfice, 
et par la pression de leurs parents ! 

Alors on avait sous les yeux le spectacle d'un relâchement 
qui se traduisait par des scandales. En 1621, il y avait aux 
environs de Mortain une vingtaine de prêtres, curés et vicaires, 
qui étaient ivrognes et blasphémateurs. En 1625, le niai 
augmente. Les prêtres fréquentent les tavernes, s'enivrent et 
s'entrebattent même dans l'église. L'Évèque, dit l'étude 
des fiefs du comté de Mortain, sera prié d'y apporter remède; 
l'Official de Rouen en recevra plaintes et remontrances (1). 

A ceux que le souvenir des désordres du clergé à certai- 
nes époques pourrait scandaliser, rappelons que si, par un 
privilège divin, l'Église conserve à travers tous les âges sa 
sainteté immaculée, ses ministres n'en étaient pas moins des 
hommes et que, partout où il y à des hommes, il est naturel 
que des fautes se commettent et que des abus s'introduisent. 
Mais de ces fautes et de ces abus, que souvent nos adversaires 
inventent ou exagèrent à plaisir, il n'y a — même lorsqu'ils ne 
sont que trop réels — nulle conséquence à tirer contre la Reli- 
gion, car c'est à cause de l'autorité de Jésus-Christ que nous 
croyons à l'Église, et non pas précisément à cause des vertus 
de ses ministres. 

Loin de se scandaliser, il y a lieu plutôt d'admirer la divine 

. (1) Annuaire de la Manche, 4864, p. 84. 



- 27 — 

Providence qui, en procurant l'institution des séminaires, fit 
disparaître la plus grande partie de ces abus (1). N'ya-t-il pas 
lieu d'admirer aussi la fidélité exemplaire de tant de prêtres qui 
eurent assez de foi pour triompher de la Réforme, et assez de 
vertu pour résister à l'entraînement des sens et à la faillite de 
vie et de mœurs préconisée par les apôtres du protestantisme? 
Si le clergé pris en masse était moins instruit que celui de 
notre temps, il avait une foi plus simple et plus robuste; il 
avait des mœurs pures. De là vient son ascendant sur des 
populations profondément chrétiennes et jalouses de l'honneur 
de leurs prêtres. 

C'est à cette catégorie de vertueux ecclésiastiques qu'appar- 
tenait Charles Godefroy, né à Carentan, docteur de la Faculté 
de Théologie de Paris et curé de Cretteville, dans le diocèse de 
Couiances. Il présenta un traité complet sur la nécessité des 
séminaires à l'Assemblée du Clergé de France tenue à Paris 
en 1625. Voici le titre de l'ouvrage : « Le Collège des Saints 
Exercices où est donné le moyen unique d'élever les 
Pasteurs et le corps de l'Église en leur perfection (1621) ». 
.L'Assemblée approuva et encouragea le dessein du saint prêtre. 
Cet acte authentique d'approbation fut rédigé par l'évoque de 
Chartres, rapporteur de l'Assemblée, et signé par son pré- 
sident François II, de Harlay, archevêque de Rouen. Ce 
projet eut le sort de plusieurs autres tentés dans le même sens 
depuis un demi siècle. 11 resta sans résultat. 



CHAPITRE II 

SÉMINAIRE DE COUTANCES 

Vingt-cinq ans après le vœu formulé par l'assemblée du 
Clergé de France, le 25 décembre 1650, Claude Auvry, 

(!) Blouet, Vie de M. Crestey, p. 26. 



— 28 — 

évèque de Coutances, signait l'acte de fondation de son 
séminaire diocésain. Dix ans auparavant, il avait été annoncé 
par des voies extraordinaires au P. Eudes qu'il ferait cet 
établissement. Il avait attendu les ouvertures que la Pro- 
vidence lui ferait à ce sujet. 

Claude Auvry avait succédé, le 27 juillet 1646, à Léonor 
de Matignon, sur le siège de Coutances, et il avait pour le 
P. Eudes et ses confrères la même estime que son prédé- 
cesseur. Voyant les fruits que produisait dans son diocèse la 
Congrégation des Eudistes, il pressa instamment le P. Eudes 
de se charger de la direction de son séminaire; c'était lui 
offrir le soin de la fondation et la charge de trouver les fonds 
nécesaires à l'entreprise. L'homme de Dieu ne fut point 
étonné de cette proposition ; il donna sa parole le jour même 
de la Conception de la Sainte-Vierge. En effet, l'acte de fon- 
dation est daté de ce jour même, 1650. Le 23 janvier 1651, 
les notables et bourgeois de la ville, assemblés au Présidial, 
avaient donné leur consentement. Trois mois après, faute de 
fonds pour bâtir, la communauté loua une maison, située dans 
la Basse-Rue, en face l'église des Bénédictines, et y ouvrit 
ses exercices. Le P. Eudes était représenté par MM. Simon, 
Manoury et Finel. On avait dédié la chapelle du séminaire 
au Saint-Cœur de Marie. 

Les fondateurs du séminaire demeurèrent environ un an 
dans la maison de la Basse-Rue. Le 6 décembre 1651, ils 
trouvèrent moyen d'acheter le terrain, où s'élève maintenant 
le lycée de Coutances. Il y avait alors en ce lieu une auberge 
connue sous le nom de la Pomme d'or. On l'acheta 9.000 
livres, de Gilles Le Long, bourgeois de Morlaix en Bretagne, 
et de Jeanne de Boutemeur, sa femme. 

Il fallut abattre les anciennes constructions peu propres à 
leur nouvelle destination. On nivela le terrain très inégal et 
l'on construisit d'abord le bâtiment qui se trouvait à main 
droite en entrant dans la cour du séminaire. Le premier supé- 
rieur, M. de Montagu, avait un riche patrimoine; il le sacii.îa 



— 29 — 

généreusement pour subvenir aux frais de cette construction. 
Le P. Eudes voulut même construire une Chapelle, n'ayant 
d'autres resssources que celles qu'il espérait de la Providence. 
Nombre de bienfaiteurs fournirent des sommes considérables 
et donnèrent de leur nécessaire pour contribuer à élever cet 
édifice. Marie Desvallées fut une des premières à se signaler 
en cette occasion ; elle donna une somme de 1.300 livres que 
M. Potlier lui avait laissée en mourant. M. de Longueville, 
gouverneur de la Normandie, permit au P. Eudes de 
prendre dans la forêt de Bricquebec une grande partie du bois 
nécessaire à la construction de l'église et du premier bâtiment 
du séminaire (1). 

La bénédiction de la première pierre de l'église eut lieu le 
3 juillet 1652. Les Eudistes furent les premiers à imiter par 
leurs libéralités la sœur Marie Desvallées. M. Humblot, cha- 
noine d'Autun, donna six mille livres, M. de la Boissière, 
dix-neuf cents livres et M. Lemesle, 800. On vit aussi les 
étrangers apporter de riches offrandes. On trouva dans un 
champ, acheté par la communauté, la plus grande partie de la 
pierre nécesssaire à la construction. Quantité de faits merveil- 
leux témoignèrent de la protection efficace de Marie sur 
l'entreprise et sur les travailleurs. Au bout de trois années, 
l'église fut en état d'être livrée au culte. La bénédiction de 
cette église devait réaliser un des vœux les plus chers au cœur 
du P. Eudes, en dotant le monde catholique du premier 
sanctuaire consacré au Saint-Cœur de Marie et à celui de son 
Fils. La cérémonie se fit le 4 septembre 1G55, 

L'évèque de Coutances donna un nouveau témoignage de 
confiance aux directeurs de son séminaire, en leur conférant 
des pouvoirs très étendus dans tout le diocèse. L'acte est daté 
du palais du cardinal Mazarin, à Paris, le 8 décembre 1656. 

Le premier Supérieur du Séminaire de Coutances fut M. de 
Montagu. Il avait été gagné à la vie parfaite, en 1648, dans 

(1) Annales de la Congrégation de Jésus et de Marie, i volume 
page 349. 



— 30 — 

une mission de onze semaines, faite à Autun. Jean de Mon- 
tagu était alors chanoine de la cathédrale d'Autun. Dieu lui 
demanda le sacrifice de la vie aisée qu'il menait au sein de sa 
famille, et il obéit généreusement en se donnant au P. Eudes. 
Sa nomination à la supériorité du séminaire de Coutanoes 
fut un coup de Providence pour cet établissement qui n'avait 
encore ni maison, ni église. 

Le Supérieur et les Directeurs du séminaire eurent beau- 
coup à souffrir à l'occasion de Marie Desvallées, nette fille 
dont la vie extraordinaire fut si diversement appréciée avant et 
après sa mort. Le P. Eudes se déclara son protecteur et 
approuva sa conduite et son esprit. En cela, il se trouvait en 
compagnie des hommes les plus pieux de son temps. Et 
Dieu se déclara pour l'humble fille par plusieurs faits mira- 
culeux qui se produisirent à sa mort. Marie Desvallées mourut 
le 25 février 1656. Le 14 septembre 1658, Claude Auvry 
rendit un jugement favorable à la mémoire de Marie Desval- 
lées, malgré les représentations de son vicaire général. 

Il y avait sept .ans que M. de Montagu gouvernait le sémi- 
naire de Coutances, lorsque M. Dupont fut choisi pour lui 
succéder en 1658. Il ne resta que trois ans dans sa charge, 
après avoir sollicité son remplacement. 

Son successeur fut M. Faulcon de Sainte- Marie, qui ne 
demeura qu'un an à Coutances, et alla remplir ce même 
emploi à Rouen. M. Dupont refusant de reprendre la supério- 
rité, M. Dudy fut établi supérieur, en 1662, et garda la charge 
huit années. Ce supérieur agrandit le terrain du séminaire, en 
dépit des oppositions. Vers 1671 il se retira à la cure de 
Cerisy-la-Salle, qu'il devait occuper jusqu'en 1711. 

En 1670 s'ouvre l'âge d'or du séminaire. Il commence avec 
la nomination du cinquième supérieur, Jean-Jacques Blouet 
de Camilly. M. Blouet avait renoncé au monde où il pouvait 
se promettre de grands succès, pour entrer dans la Congréga- 
tion du P. Eudes. Il fit sa probation à Coutances, sous la 
direction de M. de Montagu. Il acheva ses études théologiques 



— 31 — 

à Paris. Il se lia avec M. de Chamillart, qui lui donna sur la 
grâce les vrais principes, faveur inappréciable dans un temps 
où cette matière était si mal traitée par un grand nombre de 
membres de l'Université. Son séjour à Saint-Sulpice lui valut 
l'estime de M. Tronsou, supérieur général de cette société, et 
ne contribua pas peu à affermir l'union qui exista toujours 
entre les Sulpiciens et les Eudistes. M. Blouet s'abstint de 
prendre les grades académiques, sur le conseil du P. Eudes 
qui en avait fait autant, à l'exemple du cardinal de Bérulle et 
de M. Olier. 

Tel était l'homme qui prenait en main, en 1670, le gouver- 
nement du séminaire de Cou tances. Il dut cumuler avec cette 
supériorité celle du séminaire de Rennes. Mgr de Loménie de 
Brienne, qui avait pris possession de son siège en 1668, avait 
eu le temps d'apprécier la valeur du nouveau supérieur. 
Nommé théologal du diocèse, M. Blouet renonça à la supé- 
riorité du séminaire en 1672. Il déploya un grand zèle dans 
les missions et dans le ministère de la prédication pour lequel 
il avait des dispositions remarquables. Le Prélat le nomma 
vicaire général en 1673 et le créa archidiacre du Val-de-Vire. 

Le nouvel archidiacre entreprit d'achever les bâtiments du 
séminaire. M. Dupont redevint supérieur à la place de 
M. Blouet. Pendant trois ans, on travailla sans relâche à la 
construction du second bâtiment du séminaire, sous l'active 
impulsion de M. Blouet. La maison devenue la proie des 
flammes, se releva de ses cendres. C'est pour soutenir toutes 
ces dépenses que l'évoque de Coutances donna à son grand 
vicaire l'archidiaconé du Cotentin, d'un revenu plus considé- 
rable que celui du Val-de-Vire. 

Pendant sa seconde supériorité, M. Dupont affermit la fon- 
dation de l'école des filles de Périers, commencée en 1652. Cet 
établissement fut le berceau de la Congrégation des Sœurs du 
Sacré-Cœur de Coutances. 

M. de Montagu devint supérieur du séminaire pour la 
deuxième fois en 1676. Ce bon supérieur touchait à la fin de 



— 32 — 

sa carrière, il fut retiré, en 1680, de ses fonctions, et envoyé à 
Rouen. Il mourut en sortant de l'autel, frappé d'apoplexie. 

M. Blouet de Camilly redevint supérieur. Devenu supé- 
rieur général des Eudistes par la démission spontanée du 
P. Eudes, il continua d'habiter Coutances et de garder le titre 
de Supérieur particulier du séminaire de cette ville. Digne fils 
du P. Eudes, le supérieur de Coutances ne pouvait que partager 
les ardeurs de son zèle à glorifier les Saints Cœurs de 
Jésus et de Marie. C'est sur sa demande que l'évoque de 
Coutances érigea, Tan 1688, la Confrérie des Saints-Cœurs 
dans l'église du Séminaire. L'acte épiscopal se fondait sur la 
Bulle, datée du 4 octobre 1674, que M. de Bonnefond avait 
apportée de Rome. C'est aussi à la piété de M. Blouet que Ton 
était redevable dans le diocèse de Coutances, de la solennité 
donnée à la fête du Saint-Cœur de Marie (1). M. Blouet 
donna aussi ses soins à l'école des filles de Périers et prit 
la défense des maîtresses d'école contre les administrateurs de 
de l'hospice de Périers. 

M. Blouet eut en l'un de ses confrères, M. Hérambourg, un 
auxiliaire très zélé et très intelligent. Aussi se déchargea-t-il 
sur lui de plusieurs fonctions de son emploi. C'est lui qui 
désigna au choix de son évoque M. Hérambourg pour être le 
supérieur ecclésiastique des Nouvelles Catholiques de 
Saint-Lo. 

M. Blouet, supérieur général des Eudistes et supérieur du 
séminaire de Coutances, était mort le 11 août 1711. M. Héram- 
bourg était l'homme qui l'avait secondé le plus efficacement 
dans la direction du Grand Séminaire et des affaires du 
diocèse, il fut nommé supérieur local de cette Maison. Deux 
ans après, le 7 avril 1713, la confiance de Mgr de Loménie de 
Brienne l'appelait au poste éminent d'archidiacre du Bauptois. 
Cette nomination fut discutée, mais le pieux Eudiste triompha 
de l'opposition. Il devint supérieur de la Communauté du Bon- 

(1) Le Doré. Le P. Eudes, Apôtre des SS. Cœurs, 1870, p. 2M. 



- 33- 

Sauveur de Saint-Lo. Les sœurs s'appelaient elles-mêmes, 
dans leurs actes publics : « Sœurs associées pour les petites 
écoles». On les appela communément Sœurs du Bon-Sauveur, 
à cause du vocable de leur chapelle. Ce fut le 27 septembre 
1712 que les sœurs firent leurs vœux entre les mains de leur 
Supérieur, Dans la visite canonique de son archidiaconé qu'il 
fit en plus de quatre-vingts paroisses, il déploya un grand zèle 
pour le maintien de la discipline, et se souvenant de son titre 
de Supérieur du séminaire, il s'appliquait à l'instruction des 
jeunes prêtres et des ordinands et à sonder les dispositions des 
enfants qui començaient à étudier. Un travail ne lui en faisait 
pas négliger un autre. Il s'adonnait avec succès à l'éducation 
des ecclésiastiques dans l'intérieur du séminaire. Entre autres 
fruits de sa direction sage et éclairée, nous pouvons citer la 
belle vie de M. de Pétron, curé de Muneville-sur-Mer, person- 
nage de sainteté éminentc. 

M. Hérambourg cessa d'exercer la supériorité du Grand 
Séminaire en 1717, où M. Charles de Léziart de Léglezé lui 
fut donné pour successeur. 

M. Hérambourg eut la joie de voir l'œuvre du sémi- 
naire de Coutances affermie par la faveur de l'ancien évoque 
de Limoges, François de Carbonel de Canisy, abbé comman- 
dataire de Montebourg. Ce prélat, originaire du diocèse de 
Coutances, ne se contenta pas de doter Montebourg de la 
fondation d'un hospice et d'embellir son abbaye par la recons- 
truction de l'Abbatiale, il voulut fonder au séminaire de Cou- 
tances une rente de 1000 livres, au capital de 24.000 livres. 

Il fondait cette rente, à condition que les PP. Eudistes 
feraient une mission tous les cinq ans à Montebourg et rece- 
vraient au séminaire quatre ordinands pendant dix mois de 
l'année. Ces ordinands devaient être de Montebourg, de Saint- 
Floxel ou des paroisses voisines, s'il n'y avait pas de sujet 
dans les deux premières. Cette fondation devait subir des 
réductions successives, jusqu'en 1784, époque depuis laquelle 
la Mission de Montebourg, ne fut obligatoire que tous les 



— 34 — 

quinze ans. La fondation définitive de l'abbé de Montebourg 
est du 11 août 1714(1). 

En 1718, M. Hérambourg reprit la charge de supérieur du 
Grand Séminaire. Mais ce ne devait pas être pour longtemps. 
Il mourut le 12 septembre 1720. Il avait encore commencé la 
visite canonique de sonarchidiaconié au mois d'août précédent; 
mais il fut obligé de l'interrompre. L'historien du P. Héram- 
bourg, le P. Costil, rapporte plusieurs faits merveilleux qui 
seraient arrivés après sa mort. Il avait été un homme de talent, 
un penseur et un saint. Il avait été après le P, Eudes le sujet 
le plus distingué de sa Congrégation. 

Son successeur fut M. Julien Martine. Il était entré dans la 
Congrégation du P. Eudes le 25 janvier 1707. Il était supé- 
rieur de la maison de Launay, maison de probation des 
Eudistes, depuis 8 ans, lorsqu'en 1720, on lui confia la 
supériorité du séminaire. Mgr de Matignon mit à profit les 
conseils éclairés de M. Martine pour accomplir dans son Grand 
Séminaire de sages réformes, qui en firent une des maisons 
les plus régulières et les plus estimées de la Congrégation. Le 
Supérieur fut en même temps nommé par le prélat secrétaire 
général des Conférences ecclésiastiques du diocèse. Ce qui 
permit à M. Martine de se livrer Jt l'étude de la théologie, pour 
laquelle il avait un goût très marqué. 

M. Martine eut pour successeur, en 1725, M. Cousin, qui 
fut Supérieur général des Eudistes en 1727. M. Martine rem- 
plaça à Coutances le Supérieur absent. Tout en gardant le titre 
de Supérieur du séminaire de Coutances, M. Cousin gouver- 
nait sa société de Paris. M. Cousin, n'était pas un inconnu 
dans le diocèse de Coutances. Né en 1665, à Saint-Aubin-des- 
Bois, près Villedieu, il était venu en 1690, professer la théo- 
logie au séminaire de Coutances. Tout en remplissant les 
fonctions de professeur, il s'était livré à la prédication dans 



(i) Lecacheux, Documents pour servir à Vhisloire de Monte- 
bourg^ p. 29. 



— 35 — 

les missions et les retraites, et il y avait obtenu un grand succès. 
M. Pierre Cousin, quatrièiûe Supérieur général de la Congré- 
gation des Eudistes devait être, après le P Eudes, le chef le 
plus remarquable de cet Institut. 11 mourut à Caen, le 16 mars 
1751, à Tâge de 86 ans. Un an après sa nomination au gou- 
vernement général de sa société, M. Cousin s'était déchargé 
définitivement de la Maison de Goutances et en avait confié la 
direction à M. Martine qui devenait titulaire pour la seconde 
fois. Depuis quelques années, il était question d'unir le sémi- 
naire de Valognes, dirigé par M. Dallet, à la Congrégation des 
Eudistes. M. de Laillier était mort avant la conclusion de 
l'affaire; mais elle aboutit par les soins de M. Martine. Mgr de 
Matignon donna ses lettres d'union, le 10 décembre 1729. 
L'évêque de Coutances goûtait fort l'administration de 
M. Martine dans son Séminaire et la manière dont il s'acquit- 
tait de ses fonctions de Secrétaire général des Conférences 
ecclésiastiques. L'évoque aurait voulu le garder dans son 
diocèse ; mais ses instances pour cet objet n'a) T ant pas abouti, 
il en fut fort piqué, et il montra son mécontentement en enle- 
vant aux prêtres du Séminaire le pouvoir d'entendre les 
confessions. On était à la fin de l'année 1735. Heureusement 
cette boutade de l'évêque ne dura pas longtemps. 

M. Philippe Legrand lui fut donné comme successeur, en 
1735. Avant de se rendre à son poste encore occupé par 
M. Martine, il alla prêcher une mission à Mayenne, dans le 
diocèse du Mans. C'est le Supérieur du séminaire de Cou- 
tances qui dirigea les exercices de cette mission très impor- 
tante. Il était orateur et il lui eût été facile d'être un prédica- 
teur à la mode, mais il estimait de peu de valeur le don de 
plaire à tout le monde. Mgr de Matignon finit par déposer ses 
griefs contre les Eudistes et rendit leurs pouvoirs aux prêtres 
de son Séminaire. M. Le Grand continuait à diriger les 
missions. Deux ans après sa nomination à Coutances, il en 
donna une à Saint- James. Le zèle du missionnaire avait 
déchaîné contre lui le parti Janséniste qui ne désarma 



— 36 — 

jamais (1). M. Le Grand passa deux triennats à Cou tan ce s. 
A la fin du second en 1741, il déposa la supériorité, mais il 
ne cessa pas d'habiter le séminaire jusqu'à la fin de sa car- 
rière. En qualité de Supérieur, il avait visité l'école des sœurs 
de Périers, en 1738, et il avait conclu à la nécessité d'une 
chapelle dans l'intérieur de l'école. Mais il avait compté sans 
la malveillance des bourgeois du lieu, qui empêchèrent 
l'érection de cette chapelle, auprès de l'évèque. 

MM. Martine, Cousin et Le Grand avaient bénéficié pour 
la direction temporelle de leur Maison de l'habileté d'un 
économe modèle, M. Joseph Dufort. Devenu économe en 1722, 
M. Dufort avait trouvé les affaires de sa Maison très embrouil- 
lées. Les titres et les papiers du Séminaire étaient si nom- 
breux, qu'il fallait un homme expert et un homme d'étude 
pour en prendre connaissance et se mettre en état de bien gérer 
les biens delà communauté. M. Dufort, originaire du diocèse 
de Coutances, était d'une habileté rare. Après ses humanités 
faites au collège de Coutances, il s'était livré à l'étude du 
droit. Il savait, disait-on, par cœur tous les articles de la 
coutume de Normandie. Ces connaissances approfondies, 
jointes à une élocution facile, lui promettaient un brillant 
avenir au barreau, lorsqu'il embrassa l'état ecclésiastique. Il 
débuta au séminaire d'Avranches en 1717, passa à Rennes, 
puis à Coutances en 1722. On ne tarda pas à s'apercevoir qu'il 
était imprudent de lutter contre lui et que lui intenter un 
procès, c'était le perdre. C'est ce qui arriva en 1735 à Mgr de 
Rohan, archevêque de Reims, au sujet de certains droits qu'il 
prétendait exercer sur la terre de Marigny. L'archevêque 
intenta un procès au Séminaire et le perdit. 

Mgr de Matignon avait pour l'économe de son grand sémi- 
naire une affection toute particulière, et, comme l'économe 
n'était pas moins instruit en théologie que dans les matières 
juridiques, il le chargea de rédiger les conférences du diocèse. 

(1) V. dans les Nouvelles éclésiasliques, année 4735, p. 207, 
l'histoire travestie de la mission de Mayenne. 



- 37 - 

Le prélat lui proposa de le faire nommer Supérieur ; il essaya 
même de le faire nommer à son insu, mais M. Dufort s'y 
opposa constamment. Il voulait rester économe. C'était sa 
vocation. Les archives de Coutances et de Caen nous ont 
conservé beaucoup de lettres adressées à M. Dufort, et plu- 
sieurs de ses réponses. Celles-ci sont d'une précision remar- 
quable, et il était évident que souvent il connaissait mieux 
l'état de la question que oelui qui la lui exposait. Il fut appelé 
par son Supérieur à Caen, en 1746, et on le regretta beaucoup 
à Coutances (1). 

Un des successeurs de M. Dufort dans l'économat du 
séminaire de Coutances fut M. Michel Le Bansais, né à 
Savigny-le- Vieux, au diocèse d'Avranches, le 16 septembre 
1754. Avant de devenir économe, il avait professé la théolo- 
gie avec distinction dans les séminaires de Dol et de Rennes. 

M. Thomas Guillot fut nommé Supérieur du Grand Sémi- 
naire de Coutances en 1764. Il fut à sa demande déchargé de 
cette supériorité en 1769. 11 quitta Coutances pour aller au 
séminaire de Lisieux dont il devint Supérieur en 1774, poste 
qu'il garda jusqu'à sa mort arrivée en 1779. 

La France ecclésiastique de 1768 porte M. Dumont comme 
Supérieur du séminaire de Coutances, où il y avait six direc- 
teurs. Une liste manuscrite des Supérieurs de ce séminaire 
attribue la supériorité à M. Lefranc, en 1768. C'est ce dernier 
document qui a raison. 

M. François Lefranc fut nommé pour la première fois 
Supérieur de cette maison en 1768. Il n'avait alors que 29 ans. 
Sa précocité et ses heureuses dispositions lui valurent une 
bourse dans un des collèges de Paris. Le jeune Lefranc y 
remporta chaque année les premiers prix. Il avait été admis 
au noviciat des Eudistes en juillet 1759. Deux ans après sa 
nomination, le jeune Supérieur de Coutances quitta cette ville 
pour aller à Caen en 1770. Alors M. Dumont, Supérieur de 

fi) On lui doit un ouvrage intitulé : Résolution de plusieurs 
cas de conscience sur les coutumes de Normandie. 



— 38 — 

Valognes depuis 1763, remplaça le Supérieur de Coulances. 
On fut très satisfait dans le diocèse de Coutances de voir 
arriver M. Dumont à Coutances, et Févèque lui donna le titre 
et les pouvoirs de Vicaire général. Pendant les sept ans qu'il 
gouverna le séminaire de Coutances, on n'eut qu'à se louer de 
sa sagesse. Il fut nommé Supérieur général des Eudistes en 
1777. Alors il quitta Coutances pour aller se fixer à Caen. 

M. Lefranc avait été envoyé au séminaire de Rouen en 
1775. il fut nommé pour la seconde fois Supérieur du sémi- 
naire de Coutances, en remplacement de M. Dumont, élu 
Supérieur général. C'était en 1777. M. de Chalmazel de 
Talaru le nomma son grand vicaire. Il l'avait en outre chargé 
de la direction de toutes les communautés religieuses et des 
nombreux établissements de charité et d'enseignement de son 
diocèse. M. Lefranc jouissait de la considération de tout le 
clergé. 11 n'en était pas de même de Mgr de Talaru. Il était 
assez impopulaire. C'est peut-être pour ce motif que le prélat 
se faisait accompagner de M. Lefranc dans ses visites pasto- 
rales. 

M. Lefranc était assez difficile pour admettre aux Ordres ; 
il arrêtait parfois les ordinands qui ne lui paraissaient pas 
travailler sérieusement à Ja réforme de leur vie. Ceux-ci se 
plaignaient à l'évêque de la prétendue étroitesse d'idées de 
leur Supérieur, et l'évêque leur promettait de leur conférer 
les Ordres, au risque de compromettre ainsi l'autorité du 
Supérieur. 

« Je me suis toujours rappelé, écrivait M. Carron, un de 
ses anciens disciples, qu'en 1788 et 1789, il nous disait qu'un 
bon prêtre devait répandre son sang plutôt que de montrer la 
moindre faiblesse dès qu'il s'agissait des intérêts du christia- 
nisme ; il nous a prêches de parole et d'exemple puisqu'il a été 
immolé lui-même à la prison des Carmes. » 

Prévoyant depuis longtemps les calamités qui allaient 
fondre sur la France, il s'appliquait à prémunir les jeunes 
ecclésiastiques contre les sophismes du temps et à les mettre 



— 39 — 

en garde contre les idées nouvelles. M. Lefranc qui devait 
reprendre la supériorité en 1789 la céda à M. Anger en 1785. 

Après neuf ans passés au séminaire de Caen, il fut nommé 
Supérieur du séminaire de Valognes qu'il gouverna jusqu'à 
sa nomination à Coutances. Le nouveau Supérieur de Cou- 
tances était un linguiste distingué, et, en même temps, très 
versé dans l'étude de la théologie, de l'Ecriture Sainte et des 
Pères de l'Eglise. Malheureusement, il était d'une simplicité 
trop naïve (1). 

En 1789, M. Lefranc redevint Supérieur pour la troisième 
fois. M. Anger resta dans la maison jusqu'au jour où la 
tempête allait disperser tous ses confrères. M. Lefranc était 
doué d'une mémoire très heureuse et d'une grande aptitude 
pour les travaux littéraires ; il cultivait les sciences théolo- 
giques, philosophiques, physiques et mathématiques ; toujours 
occupé, il se reposait d'une étude en se livrant à une autre. 
11 était très versé dans l'histoire locale sur laquelle il a laissé 
des notes considérables Obligé de suspendre ses travaux 
philosophiques et théologiques, à cause de la fatigue et du 
surmenage intellectuel, il se reposa en étudiant Fanatomie, la 
médecine et la chirurgie. Le roi Louis XVI lui avait accordé 
une pension de 1.500 livres sur l'abbaye de la Luzerne. 

Il publia, dès Tannée 1788, des lettres sur la Franc-Maçon- 
nerie. Il a composé beaucoup d'autres ouvrages, la plupart 
restés manuscrits. 

M. Lefranc et M. Anger eurent pour collaborateurs, de 1780 
à 1791, M. Nicolas Osmont, né à Neuville-au-Plain, en 1739. 
Mgr de Talaru ne tarda pas à discerner le mérite de 
M. Osmont; il le chargea, vers 1780, de rédiger les Conférences 
ecclésiastiques. 

En 1789, le grand séminaire de Coutances possédait un 
revenu d'environ treize mille livres. 

Le personnel de la maison comprenait six directeurs, une 

(1) Les Fleurs de la Congrégation de Jésus et de Marie, t. II, 
p. 1001. 



— 40 —. 

quinzaine de religieux/ y compris les frères servants. Les 
élèves atteignirent à peu près le chiffre de trois cents (1). 

Le Supérieur refusa de prêter le serment schismatique de 
fidélité à la Constitution civile du clergé. D'après M. Casin, son 
biographe, il n'aurait quitté le séminaire qu'après la suppres- 
sion de cette maison (avril 1791), mais il est acquis à l'Histoire 
qu'il s'était rendu à Paris, sur la demande de M. Hébert, vers 
le mois d'octobre 1790. Il se lia avec l'abbé Baruel. Il ne resta 
pas inactif dans la capitale. Il publia en 1791 et en 1792, un 
ouvrage intitulé : Le voile levé pour les curieux, ou le 
secret de la Révolution révêlé à Uaid&de la Franc-Maçon- 
nerie. l\ donna encore au public un ouvrage, complément du 
précédent, sous ce titre : Conjuration contre la Religion 
Catholique, etc. Il n'en fallut pas davantage pour signaler 
l'abbé Lefranc à l'attention des Jacobins, cependant il ne fut 
pas inquiété avant le mois d'août 1792. Il publia encore, à la 
faveur de ce repos relatif , un dernier ouvrage qu'il intitula: 
Le Divin consolateur, etc. On l'arrêta le 12 août et on 
l'interna au couvent des Carmes. Il fut enveloppé dans 
l'horrible massacre des Carmes. L'ancien Supérieur du sémi- 
naire avait 53 ans, au moment où il terminait sa carrière par 
un glorieux martyre. 

Les confrères de M. Lefranc étajgnt restés à leur poste. Le 
12 avril 1791, le Directoire du département de la Manche 
ordonna que les Eudistes de Coutances fussent expulsés du 
séminaire pour refus de serment. Les électeurs dirent leur 
messe, le 14 avril, pour la dernière fois, dans leur chapelle. 
L'expulsion eut lieu le 15 avril. 

L'ancien Supérieur de la -maison, M. Anger, âgé de 64 ans, 
quitta Coutances et se rendit à Valognes, d'où il passa en 
Angleterre. Il devait mourir à Valognes, en 1814, objet du 
respect universel. 

M. Osmont resta à Coutances; en 1792 il tomba entre les 

(1) Sarot, Notes sur V Histoire de la Révolution, état du pays, 
1875, p. 40. 



- 41 — 

mains des patriotes, qui trouvèrent plaisant de rééditer en sa 
personne la burlesque aventure de Tévêque Arthur de Cossé, 
promené sur un âne. Il mourut à Valognes sans avoir quitté 
la France, en 1799. 

M. Michel Fortin, professeur de théologie, se réfugia en 
Angleterre. Il mourut à Niort, sa paroisse natale, dans le 
diocèse du Mans, le 6 juillet 1826. 

Ainsi finit le séminaire de Coutances, qui n'avait rien perdu 
de sa ferveur première. 



CHAPITRE III 
SÉMINAIRE DE VALOGNES 



Quatre ans après l'érection du séminaire de Coutances, la 
Providence dotait la ville de Valognes d'un établissement 
analogue. 

Le manoir épiscopal de Valognes était mal ou point entre- 
tenu ; ce palais s'élevait sur les terrains concédés aux évoques 
de Coutances pir la duchesse Gonorre, le jour de la pose de la 
première pierre de la cathédrale. Claude Au vry le fieffa, par 
contrat du 20 décembre 1G54, à François Le Tellier de la 
Luthumière. François de la Luthumière, fils de François Le 
Tellier, chevalier, baron de la Luthumière, et de Charlotte du 
Bec-Crespin ou du Bec de Boury, était né à La Haye-d'Ectot 
en 1617 (1). Ordonné prêtre le 15 juin 1647, il avait fait ses 
études à Paris, avait séjourné quelque temps à Rome auprès 
du cardinal de Grimaldi, son parent, et était rentré en France, 
sans avoir voulu accepter aucun bénéfice ecclésiastique. 

Vers 1654, il s'était retiré dans sa terre de la Luthumière, 
ancienne baronnie de Brix, où il s'occupait de la fondation du 
séminaire de Valognes. L'évoque de Coutances lui avait fieffé 

({) Sa famille avait, par charte de Tan 1508, quitté le nom de 
Le Tellier pour prendre celui de la Luthumière. 



— 42 — 

le manoir épiscopal de Valognes, moyennant cent cinquante 
livres de rente, pour y fonder un établissement ecclésiastique 
en faveur des séminaristes indigents, des prêtres qui désire- 
raient vivre dans la retraite, ou qui auraient besoin de secours 
dans la vieillesse ou la maladie. 

Le fondateur n'épargna rien pour rendre ce séminaire utile 
et agréable. Dans le plus bel emplacement de Valognes, il 
construisit à ses frais et dota ce spacieux établissement destiné 
« à former et instruire par piété et dévotion à la dignité 
sacerdotale ». 

Il entoura son séminaire d'une vaste propriété, y fonda une 
bibliothèque, dota.pl usieurs chaires et y fixa comme professeurs 
des prêtres savants, qui se proposaient d'y passer leurs jours 
dans la retraite, la prière et l'étude. Il consacra à cette œuvre 
des sommes considérables, tant de sa fortune que des biens de 
sa famille et de ses amis. 

Bientôt le séminaire de Valognes fut plus fréquenté que 
celui de Coutances. On y soutenait des actes publics, comme 
dans les collèges les plus fameux. Il n'en fallut pas tant pour 
donner en peu de temps à cette maison une grande réputation. 
On y recevait du Cotentin et des contrées voisines bon nombre 
d'étudiants admis gratuitement ou moyennant une pension 
très modique. Chacun y portait l'habit ecclésiastique, ce qui 
permettait au séminaire de faire les offices comme dans une 
cathédrale et avec un clergé composé de quarante ou cinquante 
ecclésiastiques. 

Malheureusement l'esprit d'orgueil et l'amour de la nou- 
veauté s'étaient infiltrés dans cette communauté naissante. 

Après quelques années de cet état prospère, une accusation 
de jansénisme vint peser sur le fondateur et sur son séminaire. 

Claude Auvry, malgré l'éclat du séminaire de Valognes, ne 
lui avait pas donné son cœur. Il permettait à ses ordinands de 
s'y préparer aux ordres ; mais il ne trouvait point dans les 
séminaristes de Valognes la solide piété, la modestie et le 
recueillement qu'il remarquait dans ceux de la ville épiscopale. 



— 43 — 

Le séminaire de Valognes était, d'ailleurs, fort soupçonné 
d'attachement au jansénisme et les faits ne justifièrent que 
trop les craintes de l'administration épiscopale. Le P. Eudes 
écrivait dès l'année 1660à M. Dupont, Supérieur du séminaire 
de Coutances, de se tenir en garde contre le séminaire de 
Valognes qui passait pour être infesté de jansénisme. La lettre 
est du 28-juillet 1660 et datée de Paris. 

En voici le contenu: 

• J'ay appris qu'un jeune homme que son père a envoyé 
chez nous, à Coutances, pour demander à Dieu sa vocation, 
désirant d'aller à Valognes pour y estudier en théologie, a 
escrit à son père qu'il y a grande amitié entre ce séminaire-là 
et celuy de Coutances et que vous l'avez assuré qu'il n'y a 
point de danger. Ce qui a fort surpris ce père, à raison de ce 
que l'on dit du Séminaire de Valognes. Si vous avez donné ce 
conseil, vous l'avez fait bonnement, et parce que vous ne 
savez pas en quelle réputation est ce séminaire qui passe icy, 
dans l'esprit de la Reyne, de la Sorbonne et de plusieurs 
autres, pour être infecté de Jansénisme. C'est pourquoi cela 
est capable de nous faire grand tort et de nous faire croire ce 
qu3 nous ne sommes pas, grâce à Dieu. Je vous prie donc, mon 
très cher frère, de réparer cela le mieux que vous pourrez, 
sans dire à qui que ce soit que je vous aie escrit. » 

On voit par cette lettre combien le P. Eudes était jaloux de 
sa réputation et de celle de sa Congrégation, au sujet des nou- 
veautés du jour; mais on y voit aussi la raison pour laquelle 
Pévêque de Coutances avait incomparablement plus d'estime 
et d'affection pour le séminaire de Coutances que pour celui 
de Valognes. Celui-ci avait de l'éclat et une mauvaise 
réputation au point de vue de la doctrine ; dans l'autre, il 
constatait une vertu solide jointe à une simplicité aposto- 
lique (1). 

Une enquête faite par Mgr Leclerc de Lesseville, évoque de 

\ 1; Lecointe, Vie du /?. P. Jean Eudes, T. II, p. 30. 



— 44 — 

Ce u tances, se termina sans suite fâcheuse pour rétablissement, 
mais sans dissiper les soupçons. 

A peine Mgr Loménie de Brtennè eut-il été nommé au 
siège de Coutances, en 1666, que,iM. delà Luthumière s'em- 
pressa d'aller à Paris pour prévenir l'esprit du prélat en sa 
faveur. Il fit si bien, avec l'abbé Bourgeois d'Héauville, son 
ami et grand partisan, que l'évêque remit le jugement de 
l'affaire après son entrée dans le diocèse. 11 attendit encore un 
an après son installation, arrivée en 1668, avant de prendre 
connaissance des plaintes qu'il recevait de plusieurs côtés sur 
leur doctrine. 

M. du Faocq (1) était l'un des prêtres du séminaire de 
Valognes. Le fondateur, M. de la Luthumière, ne faisait pas 
difficulté de le regarder « comme le meilleur confesseur qui 
fut dans l'église de Dieu ». L'évêque de Coutances chargea ce 
bon prêtre de lui faire un rapport sur l'esprit du Séminaire de 
Valognes. M. du Faocq se vit obligé de convenir que la doc- 
trine de Jansénius était la plus estimée dans la maison. 
L'Evêque s'en plaignit dans un voyage qu'il fit à Valognes. 
On lui promit tout, et quelques mois après son départ, on eut 
l'inconvenance de congédier M. du Faocq, sans même pré- 
venir le Prélat. De là grand étonnement de- M. de Brienne. Il 
eut à Coutances des explications avec MM. de la Luthumière et 
d'Héauville. Le prélat se plaignait surtout de la conduite et de 
la doctrine de M. Burnouf, professeur de philosophie. Sa con- 
clusion fut qu'il nommerait lui-même les professeurs du sémi- 
naire de Valognes, comme son prédécesseur, M. de Lesseville, 
l'avait fait déjà. Il ne put rien gagner sur ces esprits prévenus, 
qui se laissèrent aller à plusieurs impertinences dans l'entre- 
tien, au point de forcer les grands- vicaires présents à l'au- 
dience à dire que l'on ne parlait pas ainsi à son supérieur. 

En présence de tant d'entêtement, on en vint à un compro- 
mis; d'une part on s'engageait à ne pas garder M. Burnouf 

(1) Prononcez DuFocq, 



— 45 — 

au séminaire, et de l'autre il était convenu que M. du Faocq 
n'y pourrait rentrer. A ces conditions, on admettrait les pro- 
fesseurs choisis par le prélat. 

Sur ces entrefaites, Mgr de Brienne publia un mandement 
par lequel il obligeait les ordinands du séminaire de Valognes 
à venir faire leur retraite au séminaire de Coutances. Ce fut 
un coup de foudre pour M. de la Luthumière. 11 porta partout 
ses plaintes, mais il fut obligé d'obéir. Plus tard se relâchant 
de sa sévérité, Mgr de Brienne permit au Supérieur de Valo- 
gnes de faire la retraite de dix jours à ses ordinands. En 1672, 
il appela M. de Guer ville, curé de Notre-Dame de Caen^ pour 
en prêcher les exercices. Il ne fut pas difficile au prédicateur 
de constater le jansénisme dont était infestée la maison. Il 
dénonça les directeurs de Valognes à leur évêque. Grandes 
étaient leurs préventions contre le chef du diocèse, contre le 
séminaire de Coutances qu'ils accusaient, d'être la source du 
mal, contre le nouvel archidiacre, M. Blouet de Camilly, qui 
venait d'être promu à l'archidiaconé du Cotentin. Tel était 
l'état d'esprit à Valognes, lorsqu'arriva M. Marion, licencié 
delà Faculté de Paris, ecclésiastique que Mgr de Brienne déta- 
chait de sa propre maison, pour lui confier une chaire de théo- 
logie dans le séminaire suspecté. 

Sur soixante-quatorze bacheliers auxquels on l'avait pro- 
posée, pas un n'avait voulu se dévouer. L'installation de 
M. Marion eut lieu en 1673. Moins de six semaines après, 
M. de la Luthumière lui fit un affront public, en allant le 
trouver à sa chambre, en compagnie de plusieurs ecclésias- 
tiques de la maison, et lui lut un billet rempli de reproches 
où il articulait ses griefs contre le nouveau professeur. 

Sur cinq chefs qu'il renfermait, un seul vaut la peine d'être 
relevé, parce qu'il fut le seul dontl'évêque voulut avoir l'éclair- 
cissement. Les quatre autres, au jugement du prélat, n'étaient 
que bagatelles. Le billet portait que M. Marion avait défendu 
à ses écoliers de s'adresser aux confesseurs de la maison. Rien 
de plus correct que la conduite du professeur incriminé. Un 



- 46 — 

de ses collègues avait soutenu avec force, devant lui et plu- 
sieurs étudiants, que « les livres n'avaient point de sens et que 
le lecteur leur donnait celui qu'il voulait ». M. Manon, sans 
se départir des règles d'une honnête conversation, fît toucher 
au doigt l'absurdité d'une pareille maxime, et comme son 
interlocuteur insistait, il ne put s'empêcher de dire qu'il 
s'étonnait qu'un homme entre les mains duquel reposait le 
soin des âmes, pût avancer de tels principes. Il ajouta qu'il 
ne consentirait jamais à se confesser à un homme de ce carac- 
tère. Consulté par un élève pour savoir s'il devait continuer à 
s'adresser à ce confesseur, M. Marion l'en avait dissuadé. 
On sut bientôt que les confesseurs du séminaire refusaient 
l'absolution aux ordinands qu'on savait être du sentiment de 
M. Marion. Ces contestations ayant fortement échauffé les 
esprits aux approches de l'ordination, Mgr de Brienne refusa 
d'y admettre ceux qui avaient manqué aux égards dus à 
M. de la Luthumière. Il distingua en deux catégories les 
ordinands du parti opposé à M. Marion. Il ajourna ceux qui 
s'étaient trop compromis par leur ardeur, et il voulut bien 
user d'indulgence envers ceux qui n'avaient pas aussi claire- 
ment manifesté leur attachement aux fausses doctrines. Le 
prélat révoqua en outre le professeur, chef du parti (1). 

Mais le Supérieur et M. d'Héauville ne tinrent aucun 
compte de cette révocation formelle. Ils allèrent jusqu'à char- 
ger le professeur révoqué par l'évêque du cours de M. Marion. 
C'était le comble de l'insolence et de la rébellion. Le Prélat 
comprit qu'il ne pouvait plus se contenter des demi-mesures 
et des compromis. En présence d'un tel attentat voulu à son 
autorité ouvertement méprisée, il dénonça ce professeur aux 
élèves. Sur vingt-deux ordinands de son diocèse, un seul con- 
tinua de se regarder comme son disciple, au mépris des aver- 
tissements de l'Evêque. Ce fut un coup terrible pour le sémi- 
naire. Mais les directeurs, au lieu de se soumettre, en appelè- 

(1) Il s'appelait M. Eustace. 



— 47 — 

rent au jugement de la Cour elle-même. Mgr de Brienne eut à 
rendre compte de sa conduite devant l'archevêque de Paris, 
commis à cet effet par le Roi, et devant Parchevèquede Rouen 
et ses suffragants. Il n'eut pas de peine à se justifier. En consé- 
quence, le séminaire de Valognes fut évacué par ordre du Roi, 
en 1675. C'est à cet interdit que fait allusion Santeuil dans 
les vers suivants : 

Religiosus honos, pielas, bona fida magistri 
Extraxere sacras, plandens quas conspicis œdes, 
Vallonea, invidiae stimulis, at cedere, simplex 
Qaae novit virlus, optatis exulal oris 
Exulat, et pu g i les Chrisli jam luget ademptos. 

M.. de la Luthumière demeura seul au Séminaire avec son 
chapelain. 

11 est impossible de laver le Supérieur du reproche d'atta- 
chement au jansénisme. Deux prêtres de la secte, mettant à 
profit sa piété, abusaient de sa simplicité. Ils le faisaient agir 
à leur gré, sous prétexte que la docilité du saint Enfant Jésus 
était le plus sûr moyen d'arriver à la perfection. D'un esprit 
peu étendu et d'un caractère entêté, il se laissa subjuger jus- 
qu'à la fin par les gens du parti. Aussi le regardaient-ils 
comme un de leurs appuis les plus fermes. Ils lui avaient fait 
une réputation extraordinaire de science et de vertu, Un de 
ses admirateurs écrivait le 15 mai 1699 : « M. de la Luthu- 
mière est mort ; magnum lumen extinctum est in Is- 
raël. » 

Il mourut d'apoplexie, au Séminaire de Valognes, le 15 
septembre 1699, à l'âge de 82 ans. Il fut inhumé dans le chœur 
de l'église de sa communauté. Par testament, il avait légué 
sa maison et son mobilier aux Pères de l'Oratoire. Mais M. de 
Loménie de Brienne ne put y consentir. De là un procès suivi 
d'une transaction acceptée par le comte de Creully, héritier du 
testateur. Par cet arrangement, la maison de Valognes restait 



- 48 — 

à l'Evêque, pour être dirigée par des prêtres diocésains, sous 
son autorité (1). 

On avait fini par comprendre que le Séminaire de Valogues 
n'était plus qu'une succursale de Port- Royal. En nommant 
M. Blouet de Camiily archidiacre du Cotentin, l'évêque de 
Coutances avait voulu avoir un homme de confiance pour se 
reposer sur sa prudence du soin qu'il fallait prendre de cette 
partie de son diocèse, où l'on pouvait craindre que la contagion 
de la doctrine du Séminaire de Valognes ne vint à se répandre. 

A dater de ce moment, le Séminaire devint uniquement une 
maison d'étude et de retraite. C'est là que Masseville, né en 
1648, à Montebourg selon les uns, à Joganville selon 
d'autres, composa son Histoire sommaire de la Province de 
Normandie, 8 vol. in-12, Rouen 1690. L'ouvrage eut une 
réédition, en 1722 (2). 

Le Séminaire de Valognes reprit ses exercices en 1703 par 
les soins de M. de Laillier, docteur de Sorbonne, curé et officiai 
de Valognes. La réouverture de cet établissement devait rendre 
un signalé service au diocèse de Coutances, dans un temps 
où l'on n'avait plus rien à craindre de l'ancien ferment de 
jansénisme qui s'y était abrité trop longtemps. 

Peu de temps après cette réouverture du Séminaire, 
François Dallet, natif de Cherbourg, vint suivre les cours de 
philosophie et de théologie dans cette maison. M. de Laillier, 
Supérieur du Séminaire, ayant discerné dans son élève un 
sujet d avenir pour le professorat, l'envoya passer un an au 
Séminaire de Saint-Sulpice. Il étudia en Sorbonne où il suivit 
le traité de l'Eglise sous le célèbre Tournely. A Saint-Sulpice, 
comme à Valognes, le jeune Dallet se montra plein de sagesse, 
de recueillement et de gravité. Devenu prêtre, il donna son 
temps et ses soins au Séminaire de Valognes, dont il partageait 



(1) Annuaire de la Manche, 1833, p. 278; Les Fleurs de la 
Congrégation de Jésus et de Marie, t. II, p. 743. 

(2) Annuaire des cinq départements de V ancienne Normandie, 
1845, 11° année, p. 389. 



- 49 — 

la direction avec M. de Laillier, absorbé par mille autres soins 
divers. 11 fut nommé professeur de théologie, tout en conti- 
nuant d'exercer la charge de préfet des études et de directeur. 
Plus tard, la ville ayant demandé l'union de son Collège au 
Séminaire, Jean-François Dallet devint directeur de ce double 
personnel et fut déchargé du cours de théologie. 

En 1722, Mgr Léonor de Matignon mit le curé de Valognes 
au nombre des vicaires généraux, tout en lui laissant sa cure 
et ses deux archidiaconés du Bauptois et du Cotentin; M. de 
Laillier avait obtenu du Saint-Siège la permission de cumuler 
sa cure avec ses deux archidiaconés. Cependant il en eut 
toujours quelque peine et il conserva longtemps dans l'esprit le 
projet de les abandonner. C'est ce qu'il fit le 16 janvier 1725, 
en remettant sa démission entre les mains du comte de 
Toulouse. 

Après sa démission, M. de Laillier se retira dans le Sémi- 
naire de Valognes, dont il était Supérieur depuis la réouverture 
de la maison . Celle-ci avait vu refleurir ses cours de philosophie 
et de théologie sous son habile direction. Le digne vieillard 
vivait depuis trois ans dans cette pieuse retraite, lorsqu'il y 
mourut subitement, dans sa 88 e année, le 30 avril 1728. 

M. Dallet lui succéda cette année même en qualité de 
supérieur du Séminaire. Il ne devait garder cette charge que 
deux ans, car ce fut le 1 er décembre 1729 que Mgr de Matignon 
confia le Séminaire de Valognes à la Congrégation des Eudistes. 
Alors M. Le Clerc, premier supérieur Eudiste, remplaça 
M. Dallet dans le gouvernent de la maison. L'ancien directeur 
y resta à titre de pensionnaire. Il prit ensuite quelque emploi 
au Collège Louis-le -Grand, à Paris, et devint Eudiste en 1733. 

Après son incorporation dans la Congrégation de Jésus et de 
Marie en 1733, il revint à Valognes prendre la supériorité qu'il 
exerça durant dix ans, c'est-à-dire jusqu'à sa mort, arrivée le 
7 février 1743. 

Trigan nous a laissé de ce prêtre distingué un portrait très 
flatteur : « Il était d'une taille avantageuse, d'une figure 

4 



— 50 — 

agréable et modeste. Il étoit littérateur et avoit de l'aptitude 
pourléchant et le dessin. Il avoit l'esprit juste, étendu, péné- 
trant, avec une mémoire heureuse et tenace. Il s'est acquis 
dans la région une certaine célébrité comme professeur de 
théologie. Bon connaisseur en littérature, il en possédoità fond 
les sources. Il avoit acquis une telle connaissance des ouvra- 
ges que, en toute matière, il pouvoit indiquer les auteurs, les 
éditions, les tomes, les chapitres et même la page, ou du 
moins, il avoit sur toutes choses des idées si bien coordonnées 
qu'en un moment il avait trouvé les renseignements qu'on lui 
demandoit (1). 

Le noviciat de la Congrégation des Eudistes avait été trans- 
féré à Caen de la maison de Launay, au diocèse de Coutances, 
en 1739, mais M. Cousin, supérieur général, le transféra au 
séminaire de Valognes, en 1751. 

Ce séminaire eut pour supérieur en 1763, M. François-Pierre 
Du mont, Supérieur général de la Congrégation des Eudistes. 
Né à Clécy, dans le diocèse de Bayeux, en 1723, il était entré 
dans la Congrégation en 1745. De 1748 à 1753, il avait professé 
la théologie dans les séminaires de Seez et de Rouen. De 1763 
à 1770, il gouverna le séminaire de Valognes de manière à 
mériter l'estime et la considération générale. Il ne quitta cette 
maison que pour devenir Supérieur du séminaire de Coutances, 
en 1770. 

M. Jean Anger lui fut donné comme successeur à Valognes 
en 1770. Jean Anger, né à Saint-Gilles d'Evreux, le 15 no- 
vembre 1727, était entré chez les Eudistes, en 1754. Il avait 
alors 26 ans. Après avoir professé dans le séminaire de Caen, 
il fut nommé Supérieur du séminaire de Valognes. Il inter- 
rompit son séjour à Valognes, pendant les deux années 1776 
et 1777 qu'il avait passées à Caen. 

Le nouveau Supérieur était fort instruit dans toutes les 
branches de la science ecclésiastique, mais il était d'une 

(1) Trigan, Vie et Vertus de M. Paie, Coutances 1747, p. 406. 



— 51 — 

simplicité qui allait jusqu'à la naïveté, et portait à rire de sa 
personne. Il garda son poste, à Valognes, jusqu'en 1786, 
époque à laquelle il fut donné comme successeur à M. Lc- 
frunc, Supérieur du séminaire de Coutances. 

Un des derniers élèves du séminaire de Valognes fut 
François-Gabriel Le Courtois, né à Tirepied, au diocèse 
d'Aranches, en 1763 ; i) reçut la tonsure en 1784. Il entra 
aussitôt après dans la Congrégation des Eudistes et habita 
depuis lors jusqu'en 1792 la maison de Valognes. Il fut 
ordonné prêtre à Baveux, en 1792, et il ne quitta pas le 
séminaire de Valognes (1) avant le mois de septembre 1792. 
Comme tous ses confrères, il avait refusé de prêter le serment 
schisraatique. Il passa au Canada en 1794. Il y mourut 
saintement le 18 mai 1828, âgé de 65 ans (2). 



CHAPITRE IV 
SÉMINAIRE D'AVRANCHES 

Dans la seconde moitié du xvn e siècle, trois prêtres du 
diocèse d'Avranches résolurent de fonder un séminaire diocé- 
sain, suivant les pressantes prescriptions du concile de Trente. 

Ces trois prêtres étaient MM. Gombert de la Garde, 
Leprieur et Hantraye. 

Hobert Gombert, fils de Hervé Gombert, sieur de la Garde, 
ttait originaire de N.-D. de Livoye, d'où cette famille ne tarda 
Pas à preudre le nom de Gombert de Livoye (3). 

Aune enfance pieuse et destinée à l'Eglise succéda pour lui 

(I) L'ancien Séminaire de Valognes, devenu l'un des trois 
Petits séminaires du diocèse de Coutances, fut dirigé par les 
KR.PP. Eudistes depuis 48S3. 

<-) Les I leurs de la Congrégation de Jésus et de Marie, t. II, 
P. 1113. 

Œ) Sa vie a été écrite par Jean de Belle-Etoile, conseiller et 
a *ocat du Roi aux juridictions d'Avranches. 



— 52 — 

une jeunesse mondaine, à Paris, où il passa pour être une des 
meilleures èpées de son temps. La fin tragique de son plus 
intime ami qui fut tué dans un duel en tuant lui-même son 
adversaire, le rappela à sa première vocation, et son oncle 
paternel résigna en sa faveur la cure de Saint-Martin-des- 
Champs ou Saint-Martin-lès-Avranches. 

Dans son nouvel état, l'abbé Gombert conservait encore 
certain goût du monde, que René Leprieur, curé de la Gohan- 
nière, travaillait à extirper de son cœur. Les efforts de ce 
fervent ami furent couronnés de succès. M. Gombert s'adonna 
à une vie vraiment parfaite, jeûnant, priant, faisant d'abon- 
dantes aumônes, ne mangeant que du pain noir, couchant sur 
la dure, et passant une partie des nuits à psalmodier son office 
dans son église, et k visiter ses pauvres malades, auxquels il 
rendait, dans ces heures de solitude et d'abandon, les soins les 
plus rebutants. 

Son zèle se développait dans la même mesure que sa vertu, 
et il pensa à fonder un séminaire dans son presbytère, de 
concert avec l'abbé Leprieur et M. Hantraye, curé d'isigny- 
les-Bois ou Pain-d'Avaine. 

Jean Hantraye, né vers 1620, au Mesnil-Thébault, avait été 
précepteur du prince de Guéménée et du chevalier Louis de 
Rohan, son frère. On lui avait offert ensuite le préceptorat du 
futur cardinal de Bouillon. Il l'avait refusé pour se livrer au 
ministère pastoral. Ce fut sur ses indications que Ton choisit 
pour ce poste René Le Sauvage, de Granville, qui fut depuis 
évoque nommé de Lavaur et de Bayeux. L'abbé Hantraye 
refusa trois fois par humilité un canonicat dans la cathédrale 
de Paris, et, à l'âge de 35 ans, après avoir passé quelque 
temps au presbytère de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, plein de 
science et de l'esprit ecclésiastique que M. Bourdoïse commu- 
niquait à ses disciples, il fut promu au sacerdoce. En 1659, le 
marquis d'Isigny le présenta à la cure de cette paroisse. Il 
devint syndic des curés du diocèse et doyen de Saint-Hilaire- 
du-Harcouët. Il était fort instruit, et il avait enseigné les 



— 53 — 

mathématiques et l'hébreu aux évêques d'Héliopolis et de 
Béryte, destinés aux missions de la Chine. 

René Leprieur avait été curé de Mongothier, avant d'être 
nommé à la Gohannière. Il devait mourir en odeur de sainteté 
après avoir été doyen de Saint-Hilaire-du-Harcouët. 

Préparés ainsi par des voies diverses à l'œuvre providen- 
tielle de la fondation du séminaire, ces trois prêtres s'adres- 
sèrent à Mgr Gabriel de Boylesve, qui accueillit leur demande. 
Il annonça cette bonne œuvre dans un mandement daté de 
Paris, le 8 mai 1666. 

Par un second mandement du 20 décembre de la même 
année, le Prélat annexa au nouveau séminaire la prébende de 
Haut-Manoir et la cure de Saint- Martin, d'après un acte du 
18 octobre, qui avait réglé cette importante affaire avec le 
Corps de Ville. 

L'église Saint- Martin-des-Champs était peu considérable 
par sa structure et ses revenus (1). Son clocher en bâtière 
formait un triangle avec les tours, assez semblables, de N.D.- 
des-Champs et de Saint-Saturnin. 

Les actes de 1666 semblaient avoir réglé l'établissement du 
séminaire d'Avranches. Il n'en fut rien. 

Des difficultés surgirent de divers côtés, et Mgr de Boylesve 
mourut au mois de décembre 1669, sans avoir pu terminer 
cette fondation. 

Son successeur, Mgr de Froullay de Tessé leva les diffi- 
cultés soulevées par le mauvais vouloir de plusieurs ecclé- 
siastiques opposés à toute réforme, et l'abbé Gombert de la 
Garde se rendit à Paris pour obtenir des lettres -patentes de 
Louis XIV. Voici ce que dira plus tard Daniel Huet de ces 
lettres-patentes : « Pour parvenir auquel établissement, les 
Evesques nos prédécesseurs avoient obtenu des lettres-patentes 
de S. M. en date du mois de décembre 1669, enregistrées au 
Grand Conseil le douzième septembre 1680, par lesquelles 

il) D r Cousin, BlemoireSy t. XUI, p. 17. 



— 54 — 

S. M. approuvent, confirmoit et aulorisoit l'institution et éta- 
blissement qu'ils avoient fait du Séminaire dans la paroisse 
de Saint-Martin-des-Champs, unissoit la cure et revenu 
d'icelle avec la prébende préceptoriale de Haut-Manoir et le 
Collège audit Séminaire, permetioit de lever la somme de 
mille livres par an sur le clergé du dit diocèse, et autres per- 
missions contenues dans la dite lettre » . 

Le séminaire s'ouvrit dès 1669, et comme le presbytère 
était insuffisant pour loger les ordinands, on leur permit d'ha- 
biter en ville. 

Un des auxiliaires de M. Gombert, dans la direction du 
séminaire d'Avranches, fut M. Nicolas Montier, né en 1530, 
à Isigny, au diocèce d'Avranches. Après avoir exercé le 
ministère à l' Hôtel-Dieu de Paris, il devint vicaire de sa pa- 
roisse natale, et M. llanfraye, curé de cette paroisse, son com- 
patriote et son ami, s'applaudit de l'avoir appelé dans ce 
poste pour seconder les efforts de son zèle. 

Bientôt la Providence lui fournit l'occasion de se dépenser 
tout entier à l'instruction des jeunes clercs, en le faisant entrer 
dans le séminaire épiscopal d'Avranches. Autant il avait su 
porter les fidèles à la pratique des maximes de T Evangile, 
autant il parut propre à conduire les ecclésiastiques à la per- 
fection de leur état. Ses vertus brillèrent dans un nouvel éclat. 
Le bon exemple qu'il donnait aux jeunes clercs, les conférences 
pathétiques et touchantes qu'il leur faisait, les cérémonies 
qu'il leur apprenait et la manière dévote avec laquelle il pra- 
tiquait toute chose, firent que plusieurs se remplirent du véri- 
table esprit ecclésiastique, à l'école d'un si bon maître. Il 
quitta ses fonctions en 1675, pour prendre possession de la 
cure de Saint-Hilaire-du-Harcouët (1). 

11 est difficile d'assigner une place, parmi les premiers su- 
sérieurs du séminaire d'Avranches à messire Jean Barthélémy 
Le Breton, curé de Mcsniltôvc et doyen rural. Cependant, si 

(i) Grandet, Les Saints Prêtres Français, l re série, p. %H. 



— 55 — 

nous considérons les dalles de l'église de Mesniltôve comme 
les feuillets d'un livre, nous y lisons sur une tombe l'inscrip- 
tion suivante : 

t Noble et discrète personne, M re Jean Barthélémy Le 
Breton, curé de Mesniltôve, doyen rural, supérieur du sémi- 
naire, père des pauvres dans sa vie, et qui les a fait ses héri- 
tiers à sa mort, décédé le 2 février 1711 » (1). 

Une terrible dysenterie décima la population de l'Avran- 
chinen 1676. M. Gombert, à l'exemple du grand Apôtre, pro- 
digua ses biens et sa personne au service des malades, et 
comme le bon Pasteur donna sa vie pour ses brebis. Il suc- 
comba au fléau le 8 septembre 1676, à l'âge de 63 ans, et il 
fut inhumé au portail de son église sous une dalle de granit. 

Il eut pour successeur M. Hantraye qui cumula les fonc- 
tions de curé et de supérieur du séminaire. Il y ajouta même 
la charge de principal du collège en 1683, après la mort de 
Sébastien Dodeman, chanoine, vicaire général, qui fut inhumé 
dans l'église de N. D. des Champs, le 7 avril. M. Hantraye, 
supérieur du séminaire et principal du collège, mourut le 
12 mars 1693. 

Dès le 27 du même mois, Daniel Huet qui avait succédé à 
Mgr de Froullay de Tessé, confia ces deux établissements aux 
prêtres de la Congrégation de Jésus et de Marie, vulgairement 
appelés Eudistes. 

Le savant évèque donne à cet effet une ordonnance conser- 
vée parmi les archives de l'ancien èveché d'Avranches. Après 
avoir rappelé ce que ses prédécesseurs avaient fait pour réta- 
blissement du Séminaire, il ajoute : 

« Mais n'ayant pas encore donné toute la forme requise et 
nécessaire à cette sainte institution, nous avons fait dessein 
de la conduire à sa perfection, autant que nous pourrons, et 
pour en venir à bout nous n'avons cru n'y pouvoir mieux 
réussir qu'en donnant le soin et la conduite dudit séminaire à 

(1) Annuaire de la Manche, 1885, p. 33. 



— 56 — 

des personnes expérimentées qui eussent depuis longtemps la 
direction de plusieurs autres séminaires, vivant en union et 
congrégation, afin que par le commerce qu'ils ont les uns 
avec les autres, ils fussent plus en état de se secourir dans le 
besoin. Et comme nous connoissons les particulières bénédic- 
tions que Dieu a données aux presbtres de la Compagnie et 
Congrégation établie par l'autorité du Roy et NN. SS.les Arche- 
vesques et Evesques, dans les villes de Rouen, Caen,Evreux, 
Lisieux, Coutances et Rennes, sous le titre de Presbtres de la 
Congrégation de Jésus et de Marie, tant pour la conduite des 
séminaires que pour l'exercice des Missions et autres fonctions 
ecclésiastiques, nous avons aussi pris le dessein de nous 
servir des mûmes presbtres. Pour cet effet, nous déclarons par 
les présentes signées de notre main, confirmer, approuver et 
autoriser, confirmons, approuvons et autorisons l'institution 
faite dudit séminaire dans la paroisse de Saint-Marlin-des- 
Champs et la réunion qui a été faite avec iceluy, tant de la 
cure que de la principauté et du collège de la ville, en vertu 
des lettres patentes de S. M., et avons donné la conduite 
dudit séminaire aux dits presbtres et à leurs successeurs, repré- 
sentés par messire Jean-Jacques Blouët de Camilly, Supérieur 
général de la dite Congrégation, stipulant et représentant pour 
iceux, avec les jouissances de toutes les maisons, jardins, 
revenus et droits, appartenant tant audit séminaire qu'à ladite 
cure et audit collège, ainsy que de la pension de mille livres 
par an créée sur le clergé et des autres droits contenus dans 
lesdites lettres du Roy, et accord faict avec la ville, aux condi- 
tions que le Supérieur de ladite Congrégation aura soin de 
mettre et entretenir un Supérieur avec un nombre suffisant 
d'ecclésiastiques et autres personnes nécessaires pour ledit 
Séminaire, auxquels nous permettons de vivre en commu- 
nauté pour faire toutes les fonctions, tant du Séminaire que de 
la cure cl paroisse ainsy que de la Principal ité ou Préfectme 
dudit Collège, d'y mettre les Régents etdclesostoravecnostrc 
approbation, sans néantmoins que le Principal dudit Collège, 



— 57 — 

ni autre à raison de la préceploriale qui y est annexée, puisse 
prétendre le droit de porter les Draps dans l'église cathédrale. 
Laissons la liberté au Supérieur de ladite Congrégation de 
réunir les fonctions du Séminaire, de la Cure et du Collège 
en une seule personne ou les séparer en une ou deux diffé- 
rentes. Nous voulons aussy que le Supérieur de ladite Congré- 
gation puisse changer de fois à autre, comme de trois ou six 
ans, le Supérieur de notre Séminaire et que ledit Supérieur 
nouvellement nommé soit tenu de se présenter à nous ou à 
notre Vicaire général pour être approuvé en sa charge, si bon 
nous semble ; pareillement, que celuy qui sera choisy par le 
Supérieur de ladite Congrégation pour faire les fonctions 
curiales, et lequel il pourra changer quand, par infirmité, 
vieillesse ou autrement, il le jugera à propos, sera obligé de 
se présenter à nous ou à nos Vicaires généraux pour recevoir 
de nous sa commission que nous pourrons révoquer ou pro- 
longer quand il nous plaira. Et au cas que les trois fonctions 
du Séminaire, de la Cure et du Collège fussent partagées 
entre trois personnes différentes, nous entendons que ceux qui 
auront l'administration de la Cure ou du Collège vivent dans 
la dépendance du Supérieur dudit Séminaire, et par consé- 
quent de celuy de ladite Congrégation. Permettons aux dits 
presbtres de faire toutes les fonctions ecclésiastiques dans notre 
diocèze, soit dans ledit Séminaire, Missions ou autrement ; 
donnons aussy la faculté aux dits presbtres d'en associer 
d'autres, par nous approuvez pour travailler avec eux... Et 
d'autant que les choses unies sont toujours plus fortes et se 
soutiennent mieux que celles qui sont séparéez, et d'ailleurs 
que S. M., dans les lettres patentes vérifiéez au parlement de 
Rouen, ainsy que les Àrchevesques et Evesques qui leur ont 
donné la conduite de leurs Séminaires leur ont permis de 
vivre en union et congrégation entre eux, voulons que ladite 
Communauté et Séminaire soit unie avec les séminaires de 
Rouen, Caen, Evreux, Lisieux, Coutances, Rennes etautres... 
« Donné à Avranches, en notre palais épiscopal, ce 27 de mars 



— 58 — 

1693, en présence de MM. Jules Macey et Robert Belin, 
presbtres. 

« f Pierre-Daniel Huet, évèquc d'Avranches. » 

En vertu de cet acte, le P. Odot Lefebvre fut revêtu de la 
triple charge de supérieur du séminaire, de principal du collège 
et de curé de Saint-Martin. 

Le 25 avril suivant, Mgr Huet, dans une clause addition- 
nelle, expliqua que, si le sujet choisi par le supérieur des 
Eudistes pour la charge de supérieur du séminaire et de 
principal du collège, n'agréait pas à l'Évèque, ledit supérieur 
général serait obligé d'en présenter un second, et qu'au cas où 
ce second ne lui agréerait pas davantage, l'Évèque aurait le droit 
d'en choisir un autre dans la Congrégation, lequel lui serait 
accordé, pourvu toutefois qu'il ne fût pas engagé dans la 
supériorité d'un séminaire. Cette clause, inspirée à Daniel 
Huet par la crainte qu'un poste de cette importance fût confié 
à un prêtre dont les sentiments seraient en désaccord avec ceux 
de l'Evèque, fut acceptée par les PP. Lefebvre et Pierre 
Jourdau des Hayes, représentant le P. de Camilly (1). 

Le P. Odot Lefebvre eut pour successeur M. Le Granois, 
qui fut nommé Vicaire général, le 17 avril 1698. 

En 1703, le supérieur du grand séminaire d'Avranches 
était M de Mauny. Nous le voyons, en l'église de Sacey, le 
dimanche 4 novembre de cette année, prêcher à l'occasion de 
l'ouverture d'une mission que dirigeait M. Dubois, supérieur 
des missions du diocèse (2). 

Parmi les professeurs distingués que compta le séminaire 
d'Avranches, il faut citer M. Joseph Dufort, né à Ozeville, 
près Montebourg. Il avait fait son droit, et il vint en 1717 au 
séminaire d'Avranches. Il devait surtout se faire connaître à 
Coutances, à partir de 1722, comme économe d'une très 
grande valeur. 

( 1 ) Deschamps du Manoir, Nouvelles feuilles détachées, p. 14t>, etc. 
(2) Blouet. La vie de Messire Crestey, p. 40G. 



— 59 - 

C'est en 1743 que M. Cousin, supérieur général des Eudistes, 
conclut l'union du séminaire de la Garlière avec sa maison 
d'Avranches. 

Pierre-Jean-Baptiste Durand de Missy, docteur de Sorbonne, 
1746-1764, signala son épiscopat par la construction d'un 
beau etgrand séminaire, à Avranches. Jusque là, les ordinands 
du diocèse étaient répartis dans la ville, ce qui n'était pas sans 
inconvénient pour la discipline. On put désormais les réunir 
dans un édifice construit presque entièrement aux frais du 
Prélat. 

M. Nicolas Lair, né dans la paroisse du Gast, au diocèse 
de Coutances, en 1731, passa 14 ans dans le séminaire 
d 1 Avranches, à partir de 1770. Il ne quitta cette ville que pour 
devenir supérieur du séminaire d'Evreux, en 1784 (1). 

M. Thomas Guillot, né à Carcagny, au diocèse de Bayeux, 
fut quelque temps supérieur du séminaire d' Avranches ; il 
devait ensuite gouverner, en cette qualité, les séminaires de 
Rouen et de Coutances. Il mourut supérieur du séminaire de 
Lisieux en 1789. On était tellement pénétré de l'idée de sa 
sainteté, qu'on ne tarda pas à venir en pèlerinage à son tom- 
beau, et les mauvais jours de la Révolution n'empêchèrent 
pas ces manifestations (2). 

Mgr de Belbeuf devait terminer la série des évoques 
d'Avranches. En 1777, le 13 novembre, il rendit une Ordon- 
nance pour les examens et ordinations. Voici les principales 
dispositions de ce règlement : « 1° A l'avenir, on n'admettra 
à la tonsure cléricale que ceux qui auront achevé leurs cours 
do philosophie, en sorte qu'ils ne prendront part qu'à l'ordina- 
tion de la Pâque qui suivra la fin de leurs cours. Ils seront 
tenus de faire quinze jours de séminaire et la retraite de dix 
jours préparatoire à l'ordination. 

« 2° On sera tenu à quatre mois de séminaire, qui commence- 
ront le 1 er octobre, pour les ordres mineurs et le sous-diaconat, 

(l) Les Fleurs de la Congi égalionde Jésus et Marie, t. II, p 887. 
I*) lbid.,ip. 8«J4. 



— 60 - 

qu'on recevra tous ensemble. Pour le diaconat et la prêtrise, le 
séminaire commencera la veille de la Toussaint. « Viennent 
ensuite des dispositions relatives à l'époque et à la matière des 
examens théologiques. 

L'ordination du 20 décembre 1777 fut peu nombreuse à 
Avranches. L'abbé Denis-Olivier Renaudeau, de Granviile, 
qui a laissé une mémoire bénie, y reçut la prêtrise (1). 

Le séminaire d'Avranches avait déjà un siècle d'existence, 
et l'internat des ordinands prolongé pendant plusieurs années 
n'était pas encore en usage. Tout ce que l'on pouvait obtenir, 
dans le diocèse d'Avranches, à la veille de la Révolution, 
c'était, indépendamment des dix jours de retraite préparatoire à 
l'ordination, une présence de quinze jours dans la maison pour 
les tonsurés, de quatre mois pour les ordres mineurs et le 
sous-diaconat, et de quelques mois au plus pour le diaconat et 
la prêtrise. 

On conçoit dès lors que le Supérieur de ce séminaire put 
cumuler avec ses fonctions celles de principal du Collège et 
de curé. Une vie d'homme était loin d'être absorbée par les 
obligations du séminaire. 

L'église Saint-Martin-des-Champs, à laquelle était annexé 
le séminaire naissant, fut démolie en 1806. Il n'en reste plus 
aucun vestige, pas plus que du séminaire construit par Mgr 
Durand de Missy. La rue du Séminaire et la rue et la chasse 
Saint-Martin en rappellent seules la mémoire (2). 



CHAPITRE. V. 
SÉMINAIRES RURAUX. 

1. — Séminaire de la Garlière. 

Gabriel de la Robichonnière naquit vers l'an 1667, dans le 
dioci*se d'Avranches. Il fut élevé dans la paroisse de Saint- 

(\) Deschamps du Manoir. Nouvelles feuilles détachées, p. 183. 

(H)Ihid., p. MO. 



— 61 — 

Laurent-de-Cuves, au lieu nommé de la Bréttairie. Son père, 
Jacob de la Robichonnière, sieur de la Bréhairie, était conseil- 
ler du Roi, lieutenant civil et criminel en l'élection de Morlain. 
Il jouissait d'une grande aisance. Gabriel avait trois sœurs, 
qui furent élevées comme lui dans les sentiments de la piété ; 
il avait perdu sa mère élant encore en bas-âge. Son père ne le 
destinait pas à l'état ecclésiastique. Mais Dieu n'avait donné 
de goût au jeune de la Robichonnière que pour la cléricature, 
et il y entra contre le gré de son père, à l'âge de 21 ans. 

Il suivit, à Paris, les cours de l'Université. En 1694, le 
11 décembre, Mgr Daniel Huet, évoque d'Avranches, permit, 
de Paris, à l'abbé de la Robichonnière de recevoir la prêtrise 
des mains de Charles-François de Loménie de Brienne, 
évêque de Coutances. Il fut ordonné prêtre à l'ordination de 
Noël 1694. 

Peu de temps après, parvenu au grade de docteur en philo- 
sophie et en droit canon, il revint définitivement à Saint-Lau- 
reut-de-Cuves, où il accepta le modeste emploi de vicaire de la 
paroisse. Très zélé dans son ministère, le bon prêtre s'occupait 
particulièrement des vocations ecclésiastiques qu'il cultivait 
avec soin. 

Son père, dépité de voir ses espérances trompées, prit le 
parti de se remarier dans un âge avancé. M. Gabriel de la Ro- 
bichonnière baptisait une nouvelle sœur, le 3 août 1700, dans 
l'église de Saint-Laurent-de-Cuves. 

Il allait se montrer très généreux et très patient à l'égard 
de cette jeune sœur, qui ne devait pas tardera le molester et à 
le tourner en dérision. Elle affectait de l'appeler en public: 
M. Le Sot. C'était, en effet, le nom de famille des La Robi- 
chonnière. L'humble prêtre ne tint rancune, ni à son père 
qu'il prépara à une mort édifiante, nia sa sœur à laquelle il 
procura un établissement avantageux. 

Le soin de sa famille ne l'empêchait pas de se livrer avec 
dévouement aux œuvres de zèle. Il entreprit, dès l'année 1700, 
la fondation d'une communauté destinée à former des insti- 



— 62 — 

tutrices. Cette maison, dont il conserva la direction toute sa 
vie, fut bâtie sur la paroisse de Saint-Laurent-de-Cuves ; elle 
fut fondée et dotée par Gabriel de la Robichonnière. 

Mais la principale fondation de ce saint prêtre fut le sémi- 
naire de la Garlière, en la même paroisse. Cet établissement 
était destiné à des séminaristes pauvres et devait servir de 
maison de retraite à des prêtovs infirmes. 

Le 16 mai 1708, Pévêque d'Avranches, Mgr de Querohënt 
de Coentanfao posa la première pierre de cette maison ; mais 
l'ordonnance épiscopale qui établissait le séminaire de la 
Garlière est du 20 octobre 1706. Par le même acte, le Prélat 
chargeait de la direction du séminaire, des retraites, des mis- 
sions et de rinstruct : on des jeunes clercs, MM. de la Robi- 
chonnière, fondateur, Jean Lecordier, promoteur de l'of ficia- 
lité, Jullien Vaullegeard, curé de Champcey, doyen rural de 
Genêts, Thomas Pinel, curé de Braffais, et Pierre Pihan, vi- 
caire de Champcey, qui tous souscrivirent Tacte épiscopal le 
16 mai 1907. 

M. de la Robichonnière, tout en conservant le titre de 
vicaire de Saint-Laurent-de-Cuves, cessa d'en exercer les fonc- 
tions en 1709. 

La construction du séminaire et la direction de sa commu- 
nauté de filles paraissaient dès lors absorber tous ses soins. Ces 
entreprises lui valurent beaucoup de contradictions de la part 
de sa famille. 

Les deux premiers supérieurs du séminaire de la Garlière 
furent MM. Vaullegeard et Le Cordier. Le troisième supé- 
rieur fut le fondateur lui-même, qui fut ensuite élu tous les 
trois ans. 

C'est sous la direction des prêtres de la Garlière que se fai- 
saient les retraites annuelles des ecclésiastiques, agrégés au 
Tiers-Ordre du Carmel par Jean Dubois. Les exercices se 
firent à la Garlière jusqu'en 1735. 

Le fondateur assura l'avenir de sa communauté en l'unissant 
à celle des Eudistes d'Avranches. L'acte d'union est du 8 août 



- 63 - 

1743. L'union consommée, M. Cousin, Supérieur général des 
Eudistes, laissa au fondateur le litre de Supérieur du sémi- 
naire de la Garlière. M. de la Robichonnière ne le garda pas 
longtemps ; il décéda le 22 août 1743. 

Ce bon prêtre n'avait pas le talent de la parole, mais il avait 
le don d'inspirer le goût de la piété et de bien diriger les âmes 
dans la pratique de la vertu. Le souvenir de sa charité envers 
les pauvres n'est pas encore éteint dans la contrée (1). 



II. — Séminaire de Brouains. 

Michel Auger, né à Vengeons en 1620, est une des gloires 
de l'ancien diocèse d'Avranches au xvn e siècle. Il fut nommé 
curé de Brouains, vers l'an 1650. Il y établit un séminaire, le 
premier qu'on vit dans le diocèse. 

On se fera une idée juste de ce qu'étaient les séminaires à 
cette époque, en lisant l'ordonnance de Pévêque de Séez, Fran- 
çois Rouxel de Médavy, datée du 16 octobre 1674. En voici la 
teneur : 

« Nous ne recevrons à l'avenir aucuns enfants à la tonsure 
qu'ils n'aient atteint l'âge de 12 ans et donné quelque marque 
de leur vocation à l'état ecclésiastique, ni aux ordres mineurs 
qu'ils n'en aient 16 accomplis, et les uns et les autres, 
auparavant leur promotion, feront huit jours de retraite au 
Séminaire ; ils porteront les cheveux courts, la tonsure, avec 
un habit conforme à leur profession et qui les puisse distinguer 
des laïques ; et aux jours de fêtes et dimanches, ils porteront 
la soutane et le surplis, assisteront au service divin et feront 
les fonctions de clerc dans les églises de leurs paroisses pendant 
qu'ils y seront résidants. Nous n'admettrons aucun à l'ordre 
sacré de sous-diacre qu'il n'ait achevé son cours de philoso- 
phie, qu'il n'entende bien le latin, ne sache tout ce qui con- 

(1) Mémoires de la Société d'Archéologie d'Avranches, T. II, p. 
139. — Le* fleurs de la Congrégation de Jésus et Marie, T. II, p. 666, 



— 64 — 

cerne Tordre auquel il prétend, et passablement le plain-chant. 
Et, à l'égard des ordres de diacre et de protre, nous n'y rece- 
vrons que ceux qui auront fait quelques années de théologie, 
appris les cérémonies de l'Eglise et qui sauront parfaitement 
le plain-chant; et tous, avant que d'être ordonnés, feront une 
demeure de trois mois pour chaque ordre au Séminaire, les 
avertissant qu'ils aient à nous apporter de leur curé un bon et 
suffisant témoignage de leurs mœurs, conduite et assiduité 
au service divin dans leurs églises, y faisant les fonctions de 
leurs premiers ordres ; et défendons, sous peine de suspense 
ipso facto à tous curés ou vicaires de donner en cette occasion 
aucune attestation contre leur conscience et la vérité par eux 
connue » (1). 



III. — Séminaire de Barenton. 

Plusieurs évoques, ceux de Baveux, de Lisieux et de Séez, 
avaient envoyé de temps en temps de jeunes ecclésiastiques à 
M. Crestey pour les former à la vie et à la science de leur 
état. Les régents de son collège, au nombre de cinq, ne 
faisaient point d'autre séminaire, ni d'autres exercices que 
ceux qui se pratiquaient dans son presbytère. L'évèque d'A- 
vranches n'en exigeait pas davantage, et comme il n'y avait 
pas encore de séminaire fondé à Avranches, plusieurs ordi- 
nands vinrent prier M. Crestey de les recevoir dans sa mai- 
son pour les instruire de leurs devoirs. Mgr Daniel Huet, 
qui fut nommé à l'évêché d'Avranches, approuva fort leur 
dessein et pria le curé de Barenton de donner ses soins à tous 
ceux qui se présenteraient pour se disposer à l'ordination. 

En peu de temps, il en vint plus de cinquante. M. Crestey 
leur faisait pratiquer les mêmes exercices que Ton observe 
dans les communautés les mieux réglées. 

On leur faisait des répétitions d'oraison et des conférences 

(1) D. Bessin, Recueil des Conciles de Normandie, 1717. 



— 65 — 

sur toutes leurs obligations. Il gagea deux professeurs habiles, 
dont l'un leur dictait et leur expliquait, le matin, pendant une 
heure et demie, un traité de théologie scolastique, et l'autre 
leur faisait, l'après-midi, une leçon de théologie positive sur 
l'Ecriture sainte, les Conciles, l'Histoire ecclésiastique et les 
Pères de l'Eglise. Les ordinands profitèrent si bien de ces leçons 
qu'ils furent en état de soutenir des thèses en présence d'un 
célèbre docteur de Sorbonne, qui passa par Barenton, et qui 
fut très satisfait de leurs réponses ainsi que de leur modestie. 

M. Crestey donna ses soins aux ordinands jusqu'à ce que 
Mgr Daniel Huet eut établi dans sa ville épiscopale un sémi- 
naire définitif, dont il donna la conduite aux Eudistes en 1693. 

On aimerait à connaître quelques-uns des ordinands qui 
durent leur formation cléricale à M. Crestey. Nous ne pou- 
vons citer que M . Le Faverais, le futur supérieur du sémi- 
naire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, et. ceux des ordinands 
originaires de Barenton qui figurent dans le Registre des 
expéditions du secrétariat de Uéoèché d'Aoranches, du 5 
janvier 169? au 22 acril 1698 (Mss. n° 200 de la Biblio- 
thèque a n Avranches). 

Il y a parmi les tonsurés : Jacques Bouley, fils de Louis et 
de Marguerite Le Roux ; Jacques Guytard, fils d'Abraham et 
d'Anne Bouillon ; Jean Guyard, fils de Denis et de Jacqueline 
de Verdun ; Pierre Combray, fils de Jacques, sieur de la 
Rivière, et d'Anne Avencl ; Gabriel Fourier, fils de Denis et 
d'Anne Farou ; parmi les acolytes : Jacques Brazard ; parmi 
les sous diacres ad titutum patrimonii: Denys Gaudin; 
parmi les diacres : Alain Guytard, Charles Blet, Pierre 
Boulé, Nicolas Hamelin. 

La même année, un prêtre de Barenton, Pierre Postel, 
obtenait la permission de partir pour les Missions Etran- 
gères^). A. Lerosky, Chanoine honoraire. 

FIN 

(Il Blouet, Vie de Messire Pierre Crestey ', p. 115, 106. 



La Recherche de Jean Le Venart 

LIEUTENANT DE L'ÉLECTION DE COUTANCES 

AU SIÈGE DE SAINT-LO 

COMMISSAIRE DU ROI EN 1523 

(Publiée d'après un manuscrit de la Bibliothèque de Rouen) 

TROISIÈME PARTIE (1) 



XXL — Myette (2) 

A vous Messieurs les Esleuz eu diocèse de Coustances ou 
vostre lieutenant, M ,c Gilles Miette, escuier, filz second de 
deffunct Gilles Miette, en son vivant escuier, seigneur de 
Boisberan, produict ei baille sa généalogie, soustenant luy, sa 
postérité et lignée, née et à naistre, estre exempt de toutes 
aydes, subsides, tailles et autres subjections et subjuridictions 
quelconques, selon ses droictz et privillèges, et à ceste fin, 
déclare ce qui suict : 

Et premièrement, dict qu'il est filz légitime dud. deffunct 
Gilles Miette, en son vivant escuier, sieur dud. lieu du Boys- 
beran, et icelluy deffunct son père procréé et issu en loyal 
mariage de deffunct Pierre Myette, en son vivant escuier et 
sieur de Boisberan. 

Dict et recognoist qu'en Tan mil 1111 e soixante et dix, feu de 
bonne mémoire le Roy Louis, unziesme du nom, donna et 
concéda et anoblit tous non nobles qui alors tenoient hérédîta- 
lement, ou en quoy ils avaient droict hérédital, propriété et 
foncier, et qui sont tenuz noblement à gages piège, cour et 
usage, ensemble leur postérité et lignée, neez et à naistre en 

(1) Voir I ornes 23 et 24- des Mémoires de la Société d'Archéologie 
du département de la Manche. 
(2j Voir l'article 6, précédent. 



— 67 - 

loyal mariage, et leur promist et ordonna qu'ilz jouissent du 
privillège de noblesse comme les autres nobles du royaume, 
tant pour et au moins de la finance, que pour ce en fust payé 
aud. feu feu Roy, que autres choses desclarez en la charte 
de ce faicte et donnée par icelluy Roy, en dabte du jour et 
an dessus-d., lue et publiée en la cour de Parlement à Paris, 
tercia die januarii anno Dni milles™ lIII mo septuage- 
simo. Signée : Brunet, aussy leue publiquement et regis- 
tre en la chambre des comptes du Roy nostre d. Sei- 
gneur, à Paris, die quarta mensis januarii anno supradicto. 
Signé : J. Badouillet. De laquelle charte ainsy expédiée, 
led. Myelte s'aide de la coppie collationnée et approuvée au 
greffe de la Cour des Aydes de Normandie, le 1 er jour d'avril 
mil cinq cens saize, deuement scellée et approuvée. 

Dict que alors led. Pierre Myette esloit tenant et jouissant 
propriétairement dud. fief et seigneurie du Bcisbcran, ancien- 
nement dict de Sainct-Vaast, tenu noblement à gage-plege, 
cour et usage, à raison dequoy et dud. anoblissement, il fut 
assis par les commissaires du Roy, en la vicomte de Carentan, 
dont il est, et paya sa cotte et part de lad. finance, qui fust 
ordonnée par lad. charte, pour le faict dud. anoblissement, 
ainsy qu'il appert par la quittance du receveur à ce ordonné, 
nommé Brouault, en dabte le deux me de décembre mil IIII C 
soixante-onze. 

Dict que dud. Pierre Myelte succéda et escheust lad. terre 
et sieurie du Boisberan, qui anciennement estoit nommée et 
appelée Gonneville, et de présent Sainct-Vaast, tenue noble- 
ment à gage plege, cour et usage aud. deffunct Gilles Myette, 
son père, et apprez son decebz, puis naguères advenu, avecques 
autres héritages, tant aud. M 10 Gilles Myette que à ses héritiers, 
dont partages sont encores à choisie, obéissant montrer et exhi- 
ber les lettres et chartes du droict et jouissance qui sont à présent 
de lad. seigneurie et des droictures appartenantes et appen- 
dices, mesme son dict père ayant eu temps de les recouvrer 
en la cour de parlement, et grande partie d'icelles sont closes 



— 68T — 

pour uû procez d'un moulin, dépendant de lad. sieurie, allen- 
contre de François Du Chastel, escuier, et néanmoins s'aide de 
telles lettres qu'a produictes et montrées Mathurin Myette, 
seigneur de Groucy, son frère aisné, tant de celles mentionneez 
cy-dessus, que autrement cy-aprez déclaréez. 

Item, s'aide d'une charte scellée en lacz de soye et cire verte, 
du moys de septembre mil IIII C IIII" et trois, contenant 
comme le feu roy Charles, que Dieu absolve, en usant de ses 
droictz, et premièrement fist et créa le feu Gilles Myette, luy, 
sa postérité et lignée, neez et à naistre en loyal mariage, 
monnoyer à Sainct-Lo, du serment de leur père, pour en jouir 
perpétuellement et de telz et semblables droictz, franchises et 
libertez, prérogatives que ont accoustumé user les monnoyers, 
tous ainsy et en la forme et manière que s'ilz estoient issuz de 
droict estoc et lignée. 

Item, s'aide de la réception d'icelles lettres et de Pentérine- 
ment d'icelles par les généraux maistres des Monnoyers du 
Roy, du moys de janvier mil III I e MI" et trois. 

Item, de deux lettres deuement scelléez et signéez des signetz 
des prévostz qui lors estoient en lad. Monnoye, Tune en dabte 
du XIII e jour d'aoust mil 1111 e IIII" et quatre, contenant 
comme led. Gilles Myette fustreçeu, par le moyen desd. lettres, 
monnoyer en lad. Monnoye et fist le serment à ce requis. La 
seconde en dabte du vingt me jour de septembre aud. an, conte- 
nant que led. Gilles Myette fist en icelle Monnoye son épreuve 
etchief d'œuvre, au moyen desquelles choses il fust permis et 
authorizé jouir desd. droicts et privillèges, dont sont accoustu- 
mes jouir et user lesd. monnoyers. 

Item, s'aide de Parrest et sentence données en la cour de 
Messieurs les généraux sur le faict des aydes en Normandie, 
au proffict dud. deffunct Gilles Myette, sad. postérité et lignée, 
née et à naistre, estre de lad. Monnoye et de ce droict, exeniptz 
de toutes tailles, aides, subsides et autres choses. Lequel arrest 
est en la cour département pour la conduite dud. procez mesme 
plusieurs vidimus et chartes de privillèges des monnoyers qui 



sont très importantes, qu'ilz sont quictes et exemptz de toutes 
tailles, fouages, aydes de villes, IIII me8 , huict mcs , coustumes, 
dommaines et assiettes, impositions, pacages, passages, service 
d'ost, chevauchées, guet et garde de porte, centiesmes, cin- 
quantiesmes, empruntz et généralement de touz autres impotz, 
subsides et subvencions quelzeonques, mises et à mettre sus 
au Royaume, offrant faire apparoir desd. chartes ou vidimus 
sy mestier est et de la confirmacion du Roy nostre d. Seigneur. 

Item, s'aide d'une lettre signée et scellée, contenant comme 
led. M 1 "» Gilles Myette a esté reçeu monnoyer en la monnoye de 
Sainct-Lo, et faict le service en tel cas requis, et à ce moyen 
permis et authorisé à jouir de ses privillèges Lesd. lettres en 
dabte le huict me jour de janvier mil cinq cens et unze. 

Protestant ledit M ro Gilles Myette de ses droicls, privillèges 
et franchises et soy aider de telles autres lettres et chartes qu'il 
verra convenir sy besoin en est. 

Produict par ledict Gilles Myette aujourd'hui derrain jour 
de juillet mil cinq cens vingt-trois, devant nous Jean Le 
Venart, lieutenant à Saint-Lo des Eslus de Coutances. Signé : 
G. Miette, un paraphe. Lesd. pièces rendues aud. Myette. 



XXII. — Du Mesnil-Urry (1). 

Ensuict la déclaration de la généalogie produite par Guil- 
laume Du Mesnil-Urry, sieur du lieu, avesques l'inventaire de 
plusieurs lettres, dont led. sieur s'entend esjouir pour le sou- 
tien de sa noblesse, disant et soustenant estre de tous temps 
et ancienneté noble et extraict de noble lignée. Et dict : 

Guillaume Du Mesnil-Urry a espouzé Gillette Du Mesnildot, 
fille de Noble Homme Jean Du Mesnildot, sieur du lieu. 

Jean Du Mesnil-Urry, sieur du lieu, père du dessus d. 



(1) Armoiries : De sable, frellè de six pièces d'argent. 
Recherches : Mon' faut, Roissy, Paris, d'Àligre, Chamillart. 



- 70 — 

a espouzé Catherine de Grimouville, fille de noble homme 
Guillaume de Grimouville, sieur dud. lieu, faisant apparoir 
comme îed. Jean, sieur du Mesnil-Urry, a baillé par adveu 
au baron du Hommet, lettres nombreuses d'icelle terre, 
comme il appert par icelluy du pénultiesme jour de may mil 
IIII C IIII" et-un. 

Jacques Du Mesnil-Urry, père du dessus d. eust épouzè 
Crise de Clamorgan, fille de M re Thomas de Clamorgan, che- 
valier, sieur de Saint-Pierre-Eglise, faisant apparoir comme 
led. Jacques Du Mesnil-Urry, sieur dud. lieu, bailla par adveu 
au baron du Hommet, icelle terre du Mesnil-Urry, comme il 
appert par l'adveu du dix mc jour de novembre mil II I I e IIII XX 
et neuf. 

Michel Du Mesnil-Urry, père du dessus d., épouza Clémence 
Du Chaslel, fille de noble homme Phiiipot Du Chastel, sieur 
du lieu, faisant apparoir comme ledit Michel Du Mesnil-Urry, 
sieur du lieu, bailla par adveu au baron du Hommet, lad. 
terre et seigneurie du Mesnil-Urry. Contre quoy, pour aucuns 
articles a été mis contredict, dont procès avait esté dévolu aux 
assises de Carentan et sur ce lettre exhibée, donnée ausd. 
assises le sept mc jour de febvrier mil 1111 e soixante et saize. 

Robert Du Mesnil-Urry, père du dessusd., espouza Guillette 
Le Gascoing, fille de noble homme Jean Le Gascoing, sieur de 
la Salle, faisant apparoir de trois adveuz par les hommes de lad. 
seigneurie du Mesnil-Urry aud. Robert, comme tenant et 
sieur de lad. sieurie. L'undabté de Tan mil 1111 e , l'autre 1111 e 
huict, l'autre 1111 e et dix. 

Guillaume Du Me.snil-Urry, pore du dessus d., espouza Pier- 
rette Boudet, fille de noble homme Philippe Boudet, sieur de 
Crosville, faisant apparoir de deux adveuz renduz par les 
hommes de lad. sieurie; aud. Guillaume, comme tenant de lad. 
seigneurie. 

Robin Du Mesnil-Urry, père du dessus d., espouza Alex de 
la Mare, fille de M ro Thomas de la Mare, chevalier, sieur de 
la Motte d'Airtl et de Morris, faisant apparoir d'un adveu 



r 



— 71 — 

rendu aud. Robin, comme il bailla par dénombrement le fief 
de la Permeterie, en Tan mil trois cens sept. 

Geffroy Du Mesnil-Urry,- sieur du lieu, père du dessus dict. 

Richard Du Mesnil-Urry, fut principal fondateur et aug- 
mentâtes de Téglise et presbytaire dud. lieu, et fist faire led. 
presbytaire, Tan mil cens IIII* X et dix, jouxte les lettres que 
eu ont Messieurs les religieux de Sainct-Lo. 

Item, faict apparoir led. Guillaume Du Mesnil-Urry, d'une 
lettre en latin, faisant mention comme un nommé Gilles 
Bouessé, de Bohon, vendit à Robert Du Mesnil-Urry, escuier, 
sieur du lieu, sept sols dix deniers de rente annuelle, comme 
il appert par lad. lettre, en date Tan mil deux cens. 

Item, faict apparoir de la coppie appoinctée d'une autre 
lettre en latin, faisant mention comme Robert Du Mesnil-Urry, 
filz Gieffroy Du Mesnil-Urry, donna à ung nommé Henry de 
Saye, son cousin, une partie de son domaine, avec un tène- 
ment nommé la Mazure, comme il appert par lad. lettre, dattée 
Tan mil deux cent vingt neuf me . 

Item, faict apparoir de la coppie approuvante (pour appro- 
batrice) de six chartes en latin, faisant mention de plusieurs 
donations, faict par Guillaume Du Mesnil-Urry, sieur du lieu, 
à THostel-Dieu du Désert, la première dabtée de Tan mil deux 
cens (rente, la 2 mc de Tan mil II e trente sept, la tierce de Tan 
mil II e quarante deux, la quarte datée de Tan mil II e trente 
sept, la quinte de Tan mil II e huict, la sixiesme et dernière, de 
mil II e trente neuf. La coppie desd. chartes donnée sous le 
sceel des obligations de la Viconté de Carentan, à la rellation 
de Thomas Le Boucher, pour lors tabellion au siège du Hom- 
meet, le traiz mo jour de septembre mil 1111 e cinquante sept. 
Ainsy signé : Le Boucher. 

Baillé par led. Guillaume Du Mesnil-Urry à Jean Le Venart, 
lieutenant de Messieurs les Esleus du siège de Sainct-Lo. 
Faict le saiz me jour de juillet Tan mil cinq cens vingt trois. 
Signé : G. Du Mesnil-Urry. 

Lesd. lettres rendues aud. Du Mesnil-Uiry. 



— 72 — 



XXIII. — De Pierrepont (1). 

Devant vous Messieurs les Esleux de Coustances, ou vostre 
lieutenant à Sainct-Lo, commissaire du Roy, noslre Sire, 
quant à ce qui en suict : 

Noble homme Guillaume de Pierrepont, sieur du Brieul, 
tient à gage, piège, court et usage, en ensuivant le commande- 
m3nt par vous faict aux nobles et gentilzhommes du pais, de 
baillerigénéalogie, à raison de quoy ilz disent estre nobles et 
extraicts de noble lignée. Déclare ce qui ensuict : 

Et premièrement, que en Tan mil III e trente-sept, Robert 
de Pierrepont, escuier, sieur du Brieul, l'un des prédécesseurs 
dud à présent sieur, estoit vivant. Et pour le montrer s'aide 
d'une charte en dabte du mercredy jour Sainct Denis, aud. 
an, contenant que led. sieur Robert de Pierrepont donna don 
à mariage à Roberge, sa fille, en mariage faisant de noble 
homme Jean Mesnil-Dray et lad. Roberge. 

Dud. Robert descendy Guillaume de Pierrepont, sieur dud. 
lieu de Brieul ; et pour le montrer, s'aide led. à présent sieur, 
d'une lettre et charte contenant comme en l'an mil III e X1II XX 
huict, le mardy six me jour d'octobre led. Guillaume de Pierre- 
pont, filz dud. Robert bailla audit Pierre Mesnildray, par 
plusieurs rentes contenues aud. contract, 

Dud. Guillaume descendy Ollivier de Pierrepont, escuier, 
sieur dud. lieu. Et pour le montrer, produict led. à présent 
sieur, une lettre du cinq me jour de juillet de l'an mil 1111 e 
trente-deux, contenant comme led. Ollivier, filz dud. Guil- 
laume, print par eschange de Georgette Verdou, veufve dud. 
Guillaume, onze livres tournois de rente que lad. damoiselle 
avoit à prendre sur Guillaume de Beau val. Et mesme pro- 
duict ung dénombrement comme led. Ollivier bailla led. fief, 
par teneur, au sieur de Montpinchon, dont il est tenu ; lequelx 

(1) Armoiries : De gueules* au chef dencke d'or. 
Recherches : Monttaut, Roissy, d'Aligre, Chamillart. 



— 73 — 

iust receu le quatoz me jour de mars, Tan mil TIII C quarante- 
six, aux pieds de la sieurie de Montpinchon. 

Dud. Ollivier, descendy Robert de Pierrepont, escuier, 
sieur dud. lieu de Brieul ; et pour le montrer, s'aide d'un acte 
des pieds de la sieurie de Montpinchon, contenant comme Tan 
mil IIII C IIII" et douze, le vingt-huict" 10 jour de septembre, 
led. Robert de Pierrepont, escuier, sieur du lieu, bailla et fut 
receu son dénombrement dud. fief, terre et sieurie. Signé: 
Maugier, seneschaide lad. sieurie. 

Dud. Robert descendy Guillaume de Pierrepont, père dud. 
à présent sieur dud. lieu de Brieul. Et pour le montrer lrd. à 
présent sieur, s'aide d'une lettre passée devant les tabellions 
deSaint-Lo, le dernier jour de may, l'an mil cinq cens saize, 
contenant comme plusieurs hommes du fieu, terre et sieurie 
dud. lieu, firent appointement et transaction avecques noble 
damoiselle Marguerite de la Hazardière, veufve dud. Guil- 
laume de Pierrepont, et mère dud. à présent sieur, sa tutrice 
et gardaine de lad. terre de Brieul, soubz le sieur de Montpin- 
chon, pour la minorité dud. à présent sieur, pour lequel ilz 
promirent payera lad. veufve, la somme de cinq solz tournois 
de rente durant la minorité dud. à présent sieur et autres cau- 
ses ei articles qu'il entend dire et déclarer, sy mestier est. 

Dict led. à présent shur, qu'il est privillégié du privillège de 
noblesse et ses prédécesseurs cy dessus nommez et autres ont 
esté en leur temps subsécutivement au service du Roy, nostre 
Sir\ vaillans et puissans au faict de la guerre, oii ilz ont 
emp'oyi de leur temps, quand requis en ont e^té. A raison 
de la minorité dud. à présent sieur, il n'a peu recouvrer ses 
autres chartes de ses tuteurs, par lesquelles sy mestier est, il 
entend plus amplement montrer sa généalogie. 

Produict par led. Guillaume de Pierrepont, le saiz me jour de 
juillet l'an mil cinq cens vingt trois. Signé : G. de Pierrepont, 
un paraphe. 

Led. lettres ont esté rendues aud»de Pierrepont. 



— 74 — 



XXIV. — Clérel (1). 

Noble homme Guillaume Clérel, seigneur de Rampan, pour 
montrer qu'il est personne noble et extraict de noble lignée, 
déclare ce qui ensuict : 

Dict qu'en Tan mil III e cinquante Guillaume Clérel, Tun 
de ses prédécesseurs, estoit vivant noblement seigneur de lad. 
terre et sieurie, comme il appert par deux dénombrements, en 
forme de teneur, l'un baillé par Guillaume Grente, l'autre par 
Jean Regnauleur. 

Dud. Guillaume descendit Thomas Clérel, sieur de lad. terre 
et sieurie, comme il appert par actes donnés aux plès ordi- 
naires de la baronnie de Sainct-Lo, de laquelle est tenue lad. 
sieurie et fieu de Rampan, contenant comme aud. Thomas 
Clérel, fut accordé délivrance de lad. terre et seigneurie mise 
en arrest en deffault d'honneur d'hommage non faict. Icelle en 
dabte du quin me jour d'aoust mil 1111 e et deux. 

Dud. Thomas descendit Robert Clérel, en son vivant sieur 
de lad. terre et seigneurie, comme il appert par une délivrance 
accordée aud. sieur dud. fieu, en dabte de Tan mil 1111 e cin- 
quante et trois. 

Dud. Robert Clérel descendit Lo Clérel, en sou vivant sieur 
de lad. terre et seigneurie, comme il appert par un dénombre- 
ment dont s'aide led. sieur, contenant comme le cinq mc jour de 
febvrier mil 1111 e soixante et neuf, Jean Marion, l'un des 

(1) Armoiries : D'argent à la fasce de sable, accompagnées en 
chef de 3 merlettes de sable et de 3 tourteaux d'azur, en pointe, 
posés 2 et i . 

Recherches : Monlfaut, Roissy, Paris, d'Aligre et Chamillart. 

Le comte Alexis Clérel de Tocqueville appartient à celte 
famille. Il fut Tune de nos illustrations du département de la 
Manche, qui, par 82.i'»4 suffrages l'élut, le premier de sa li>!«?, 
comme Représentant du PeuDle, à l'Assemblée nationale Légis- 
lative, en mai 1849. — Il était le fils d'un Pair de France et 
préfet sous La Restauration. — Lui-môme fut député en 4831), 
Membre de l'Académie Française, en 1841 et Ministre des 
Affaires Etrangères, en 1849. 



— 75 — 

hommes de lad. seigneurie, bailla son dénombrement aud. Lo 
Clérel, sieur de lad. terre. 

Dud. Lo Clérel, est descendu led. Guillaume Clérel, à 
présent sieur dud. fieu de Rampan. Et pour le montrer s'aide 
de la lettre de l'hommage par luy faict à Révérend Père en 
Dieu, Gieffroy, évesque de Coustances, baron de la baronnie 
de Sainct-Lo, le douz me jour de décembre, Tan de grâce mil 
HII C IIII" et six. 

Offrant led. sieur, sy mestier est, vériffier par autre dénom- 
brement, chartes et escriptures en ladite généalogie, et vériffier 
que led. à présent sieur et ses prédécesseurs portant led. nom 
de Clérel, ont esté de tout temps, sy qu'il n'est mémoire 
d'homme au contraire, sieurs subséquitivement de lad. terre 
el seigneurie, laquelle est tenue à simple gage piège, cour et 
usage, vivant noblement au service du Roy, quand appelez y 
ont esté. 

Produict par led. seigneur de Rampan, aujourdhuy saiz me 
jour de juillet 1523, devant nous Jean Le Venard, l'un des 
Esleuz de Coustances. Signé : G. Clérel, un paraphe. 

Lesd. lettres ont esté rendues aud. Clérel. 



XXV. — Le Duc (1). 

Noble personne Guillaume Le Duc, sieur de Soulle, dit et 
déclare c« qui en suict : 

Et/Wmo,que enTanmillII IIII U et quinze, Jean Le Duc, 
l'un des préd ; cesseursdud. à présent sieur, estoit vivant sieur 
dud. fieu de Soulle, assiz en la paroisse d'Artenav, noblement 
et franchement tenu à simple gage piège et usage, tenu 
oeuement de la baronnie de Montenay. Et pour le montrer, 
s'aide d'une charte faicte entre led. baron de Montenay, d'une 
part, et led. Jean Le Duc, d'autre, faicte aud. an le quinz mc 

'*' Armoires : De gueules à un dauphin d'argent. 
Recherches : Raissy, Paris, d'Aliïrre et Chamillart. 



— 76 — 

jour de mars, contenant comme led. sieur et baron bailla par 
eschange aud. Jean Le Duc, sieur dud. lieu de Soulle, le 
gage-piège, cour et usage de deux vavassoreries dénommées à 
lad. charte, avesques la jurisdiction dud. fief, selon que plus 
amplement est mentionné par lad. charte. Aussy s'aide de la 
charte des gens des comptes et trésoriers du Roy, nostre Sire, 
donnée à Paris, le vingt deux mc jour de septembre mil III e 
IIII XX saize, contenant la confirmation dud. eschange faict entre 
eulx. Icelle signée : Guilevast. 

Dud. Jean descendy Simon Le Duc, en son vivant sieur dud. 
lieu de Soulle, et de portion du fief de Damiguy, lequel fut 
occis à la journée d'Asincourt, avecques les autres nobles du 
païs. 

Dud. Simon descendy Pierre Le Duc, en son vivant, sieur 
dud. lieu de Soulle, père dud., à présent sieur de Soulle, de 
présent détenu en grande infirmité de malladie, en laquelle 
il a esté continuellement dempuis deux ans, à raison de laquelle 
chose, il n'a peu recouvrer ses autres actes et chartes, lesquelles 
sont closes et prodnictes en la cour et parlement à Rouen, pour 
un procez qu'il a pendant contre les héritiers de deffunct Guerran 
Estienne, pour led. fief, terre et seigneurie de Soulle, dont 
il offre faire apparoir, en lui donnant temps compétent. 

Oultre offre vériffier que les dessus nommez Le Duc, sub- 
sécutivement et autres leurs prédécesseurs, de tout temps, 
sy qu'il n'est mémoire du contraire, ont esté tousiours tenuz, 
dietz et réputés nobles et qu'ilz ont esté vaillantz en guerres 
au service du Roy, nostre Sire, touttes fois que appelez et 
convoquez ilz ont esté tout et ainsy que les autres nobles du 
païs. 

Signé : Le Duc. Un paraphe. Ce présent a esté signé par 
Pierre Le Duc, neveu dud. Guillaume, pour la malladie dud. 
Faict aujourd'huy huict me jour de juillet mil cinq cens vingt 
trois. A Sainct-Lo devant nous Jean Le Venart, lieutenant 
des Esleuz de Coustances, commissaire du Roy. Signé : Jean 
Le Venarl. Lesd, lettres rendues aud. Le Duc. 



— 77 — 

XXVI. — De Bauldre (1). 

Commandé de bailler sa généalogie, noble homme Nicolas 
de Bauldre dict ce qui suict : 

Et primo 9 dict que en Tan mil II e soixante dix huit, vivoit 
noblement M re Guillaume de Bauldre, en son vivant cheva- 
lier. Et pour le montrer, s'aide led. Nicolas de Bauldre, de 
trois lettres et chartes produites par noble homme Jean de 
Bauldre, sieur du lieu. La première contenant comme par 
led. chevalier de Bauldre il fut accordé à Nicolas et Barthé- 
lémy et Ollivier Du Noyer, certaines terres dont ilz en sont 
tenais par les rentes et subjections contenues en lad. charte 
deladabte du mois d'avril mil II e soixante dix huit. La 
seconde, de Tan mil II e IIII" et unze, contenant un arrest 
donné en PEchiquier, tenu à Rouen, comme Robert de Can- 
tepie, clerc, futescondy d'est re seneschal dud. chevalier. La 
tierce, de l'an mil II e II II XX et douze, contenant comme led. 
chevalier, sieur de Bauldre, bailla en fief à Jean Dubois, son 
homme, aisné du fieu du Meserays, droiclz et libertez 
contenus en icelluy. 

Dud. M re Guillaume de Bauldre, chevalier, descendy 
Gieffroy de Bauldre. Et pour le montrer s'aida led. Nicolas, 
des partages faicts entre Jean de Bauldre, Collin de Bauldre, 
héritiers dud. feu Guillaume de Bauldre, et Jeannet de 
Bauldre, filz Jouan de Bauldre, escuier, sieur dud. lieu de 
Bauldre, des héritages qui escheurent jadis ausdicts Jouan, 
Collin et Guillaume, frères de M ie Jean de Bauldre et de 
Gieffroy de Bauldre, sieur dud. lieu de Bauldre, contenant 
comme il est plus à plain, contenu par icelluy. 

Aussy s'aide led. Nicolas d'une autre charte qu'a produicte 
led. sieur de Bauldre, de l'an mil III e trente six. Iceulx par- 
tages, en dabte du quatoz me de décembre mil III e soixante et 
douze. 

(i) Voir l'article précédent, n° 19. 



- 78 — 

Dud. Geoffroy descendy Jean de Bauldre, Collin de Baul- 
dre et Collin de Bauldre, escuiers. Et pour le montrer s'aide 
des partages faiclz entre eux, le dix huit me jour de janvier 
Tan mil 1III C soixante quiuze. 

Dud. Collin descendy Jean de Bauldre escuier. 

Dud. Jean de Bauldre descendy Jean de Bauldre et Guil- 
laume de Bauldre. 

Dud. Jean est descendu M rc Jean de Bauldre, chevallier, 
à présent demeurant, auquel hault et puissant prince Monsieur 
le duc de Lorraine et Jacques de Bauldre, escuier, sieur du 
Bon, et son frère, sont hommes d'armes, en la compagnie de 
Monsieur de Guise. 

Dud. Guillaume est descendu led. Nicolas, ainsy que le 
tout peult plus amplement apparoir par les lettres et chartes 
produictes par led. sieur de Bauldre, qu'il supplie estre veues 
pour congnoistre lad. généalogie, sy mestier est. 

Et ilz offrent vériffier et fournir aussy que leurs prédéces- 
seurs et eux subsinctement et depuis leurs parents portants led. 
nom de Bauldre, sont vivans noblement pour estre par cy 
devant tousiours au service du Roy, comme les autres nobles 
gentilshommes du païs. 

Produict -ïujourd'huy dix huit me jour de juillet mil cinq 
cens vingt trois, devant Jean Le Venart, lieutenant desd. 
Esleuz. Signé : N. de Bauldre, un paraphe. 

Lettres rendues aud. de Bauldre. 



XXVII.— Bechkvel(I). 

M ro Nicole Bechevel, escuier, seigneur du fief, terre et 
sieurie de la Gouherie, sergent hérédital du Seigneur évesque 
de Coutances, à raison dud. fief, déclare sa généalogie ainsy 
qu'il ensuict. 

(1) Armoiries : D'azur à trois quinte feuilles d'argent, 2 en chef 
et 4 en pointe. 
Recherches : Montfaut, Roissy, Paris, d'Aligre et Chamillart. 



— 79 — 

Dict que de Robert Bcchevel, en son vivant escuier et sieur 
de la Gouherie, sergent hérédital à raison dud. fief, du s r 
évesque de Coustances, descendy Jean Bechevel, en son 
vivant escuier et sieur de la Gouherie et du fief et sieurie de 
Messeray. 

Dud. Jean Bechevel descendy Thomas Bechevel, en son 
vivant escuier, et sieur dud. lieu de la Gouherie et du fieu 
de Messeray. 

Dud. Thomas Bechevel, descendy Ollivier Bechevel, es- 
cuier et sieur desd. fiefz. 

Dud. Ollivier Bechevel est descendu led. Nicole Beschevel, 
escuier, sieur de la Gouherie. 

Lesquels ont tousiours jouy et usé de privillège de noblesse 
eux et leurs prédécesseurs, par tel temps qu'il n'est mémoire 
du contraire. Et pour montrer que ainsy • est, produict led. 
sieur de la Gouherie les lettres et escriptures qui ensuy vent : 

Et primo : Led. sieur montre et produict une lettre signée 
et scellée contenant comme Robert Bechevel fist hommage 
aud. sieur évesque de Coustances, en dabte du vingt sept" 10 
jour de may mil quatre cens et dix. 

Item, d'autres lettres contenant comme led. feu Robert 
Bechevel bailla par dénombrement aud. s r évesque de Cous- 
tances, led. fief de la Gouherie, sergenterie héréditale, à raison 
dud. fief dud. sieur Evesque, du sept me jour de janvier mil 
IIII C vingt. 

Item, d'autres signées et scellées contenant comment led. 
fieu Jean Bechevel bailla par adveu et dénombrement aud. s r 
évesque de Coustances led. fief de la Gouherie, le second jour 
de juillet mil IiII c cinquante et un. 

Item, d'autres lettres passées devant Thomas Marest, tabel- 
lion à Sainct-Lo, datées du tiers jour de juillet, l'an mil IIII C 
quarante cinq, contenant comme Jean de Bauldre, escuier, 
sieur dud. lieu de la Gouherie, neveu dud. sieur de Bauldre, 
fist hommage du fief, terre et sieurie du Messeray, sis en la 
paroisse de Sainct-Georges de Montcoq, pour les causes y 



— 80 - 

contenues, led. fief du Messeray fut afranchy par deux espé- 
rons dorez, à la feste de Nostre-Dame Chandeleur. 

Item, d'autres lettres contenant comme Thomas Fredy 
recongnut debvoir aud. Jean Bechevel, escuier, s r de IaGouhe- 
rie, boyssel et demy de fourment de rente, devant Collin Cau- 
velande, tabellion à Sainct-Lo, le cinq me jour de mars, Tan 
mil IIII C trente-neuf. 

Item, d'autres lettres contenant comme Henry Lemesle 
printen fieffé par hommage, afin d'héritage de Thomas Bechevel, 
escuier, sieur de la Gouherie, filz aisné dud. Jean Bechevel, 
deux pièces de terre par vingt solz tournois de rente, par 
devant Marest et Jean de Lamare, tabellions à Sainct-Lo, le 
treiz mc jour d'octobre Tan de grâce mil 1III C soixante et trois. 

Item, d'autres lettres contenant comme feu Ollivier Beche- 
vel bailla par advcu et dénombrement aud. s r Evesque, led. fief 
de la Gouherie, le vingt six mc novembre mil cinq cens et douze. 

Produict par led. M rc Nicole Bechevel, devant Jean Le 
Venart, lieutenant aud. Sainct-Lo des Esleuz de Coutances, 
le samedy dix huict me de juillet l'an mil cinq cens vingt trois. 
Signé : N. Bechevel, un paraphe. Lesd. lettres iuy ont esté 
rendues. 



XXVIII. — Adigars ou plutôt Adigard (1). 

Noble homme Jean Adigars, seigneur du fief, terre et sei- 
gneurie de l'Adigardière, tenue de la baronnie du Hommet, à 

(1) Armoiries : D'argent, à tr ois équerres de sable, 2 eti. 

Recherches : Condamné par Montîaut. Admis par Roissy, Paris, 
d'Aligre, Chamillart. 

L'année dernière, le 12 mars 1007, à l'occasion de l'effroyable 
calastrophe de Yléna, victime d'une formidable explosion, le 
nom du capitaine de vaisseau Adigard fut répercuté par tous 
les échos de l'Europe et du monde entier. C'était un officier 
d'un grand avenir el d'une parfaite distinction. Il était le cousin 
de notre érainent confrère M Pierre Adigard, avocat, aujourd'hui 
député de la 2° circonscription de Domfront. 

Ces Messieurs appartenaient à cette famille Adigard, très ap- 
préciée clans notre région Normande. 



— 81 — 

gage-piège, cour et usage, pour montrer qu'il est personne 
noble et extraict de noble et ancienne lignée, déclare ce qui 
ensuict : 

Dictque Guillaume Adigars, bisayeul dud. Jean, en son 
vivant escuier, seigneur des terres et seigneuries de PAdigar- 
dière et de la Vaucelle et de Damoiselle Marguerite Vimars, 
héritière en sa partie du fief et seigneurie de Mesnil-Véneron, 
descendy Guillaume Adigars, ayeul dud. Jean, à présent 
seigneur. 

Dud. Guillaume Adigars, escuier et de damoiselle Jeanne 
Toustain, dame du fief et sieurie de Marmyon, assis en la 
paroisse de Briecheville, descendy un autre Guillaume Adi- 
gars, père dud. Jean, à présent sieur dud. lieu de l'Adigar- 
dière. 

Dud. Guillaume Adigars et de Damoiselle Jeanne de Tolle- 
vast, est issu en second mariage led. Jean et autres, ses frères. 
Laquelle damoiselle Jeanne de Tollevast était dame du fief de 
Crux, assis en la paroisse de Longueville. 

Led. Jean Adigars, à présent escuier et seigneur à cause de 
sesd. parents dud. fief de TAdigardière, est de présent marié à 
damoiselle Jacqueline Du Mesnildot. Pour montrer ancienne- 
ment Testât de sa noblesse, il faict apparoir les lettres dont la 
teneur ensuict : 

Faict apparoir lettres passées devant tabellions royaux, en 
dabte de l'an mil 1111° cinquante et sept, deuement signéez, scel- 
léez et approuvéez, contenant comme led. Guillaume Adigars, 
son ayeul, bailla et fieffa à Jamyn Le Prieur, au nom de lad. 
damoiselle Jeanne Toustain, une maison et héritages, assiz en 
LaHogue Saint- Vaast, par certaines rentes seigneurialles, 
foy et hommage, à cause du fief de Verax. 

Ilern, s'aide du traité de mariage dud. Guillaume Adigars, 
seigneur desd. fiefs de TAdigardière et de Marmyon, d'une 
part et de lad. damoiselle Jeanne de Tollevast, d'autre part, 
en dabte de l'an mil IIII C soixante et deux. 

Item, s'aide d'un aveu et dénombrement baillé par teneur 

6 



— 82 — 

au seigneur et baron du Hommeet, par M re Guillaume Adi- 
gars, prestre et chanoine d'Avranches et curé de La Chapelle- 
en-Juger, c'est assavoir led» fief et seigneurie de l'Adigardière, 
noblement tenu à cour et usage de lad. baronnye du Hommeet, 
en Tan mil cinq cent et trois. 

Offrant sy mestier est vériffier en plus outre, tant par lettres 
et chartes et enseignement, que aux temps derniers, qu'il et ses 
prédécesseurs de tel et sy long temps, qu'il n'est mémoire du 
contraire, ont esté seigneurs desd. terres et seigneuries, en 
usant du privilège de noblesse, servy le Roy à son ban, 
comme les autres nobles noblement teneuz. 

Produit par led. sieur de L'Adigardière, aujourdhuy dix 
neu£ me jour de juillet mil cinq cens vingt trois, à Saint-Lo, 
devant Jean Le Venart, lieutenant desd. Esleuz, commissaire. 
Signé : Adigars, un paraphe. Lesd. lettres rendues aud. Adi- 
gars (sic). 



XXIX. - Du Mesnildot (1). 

Pour montrer qu'il est personne noble et extraict de noble 
lignée, Jean Du Mesnildot, seigneur dud. lieu, déclare ce qui 
ensuict : 

Dict que de Jean Le Gouppil, seigneur au temps passé des 
terres et seigneuries du Mesnildot, de Myerville et de Maur- 
ville, et de damoyselle Jacqueline Saffray, fille du seigneur de 
Varaville, descendy Louis Du Mesnildot. ainsi surnommé 
par charte donnée par le Roy, nostre Sire, en l'an mil 1111 e 
IIII" et sept. Recours à lad. charte scellée en lacs de soye et 
cire vert. 

Dud. Louis et de damoiselie Perrette Marseil est descendu 
Jean Du Mesnildot, seigneur dud. lieu du Mesnildot et des 
terres dessus dictes. 

(1) Armoiries : D'azur, au chevron d'or (d'après d'autres d'ar- 
yen*), accompagné de 3 croix d'or, 2 et 4. 
Recherches : Montfaut, Roissy, Paris, d'Aligre, Cbamillart. 



— 83 - 

Dud. Jean Du Mesnildot et de damoiselle Ysabeau de 
Hototj fille du seigneur de Beaumont-le Richard, est issu 
Jean Du Mesnildot, à présent sieur dud. lieu et desd. terres de 
Myreville et de Maureville. 

Dict que en Tan rail IIII C et saize, un nommé Pierre Des- 
bois, aisné du fief et vavassorerie du Bois au Lair, assis sur 
la paroisse de La Chapelle-en-Juger, et tenu dud. fief du 
Mesnildot, bailla par adveu et dénombrement led. fieu ou 
vavassorerie à noble homme sire Jean Le Gouppil, sieur dud. 
lieu du Mesnildot et desd. terres, comme il appert par lesd. 
lettres. 

Item, s'aide d'un autre adveu contenant comme led. Du 
Mesnildot bailla par dénombrement au sieur et baron du 
Hommeet, led. fieu du Mesnildot, selon la lettre dud. adveu, 
en dabte de Tan mil IIII C trente six. 

Item, s'aide d'un autre adveu baillé par Jean Le Couppey, 
aisné du fief de la Boudinière, tenu dud. seigneur du Mes- 
nildot, en dabte de mil III e trente huict. 

Item, s'aide d'un autre dénombrement baillé par Robin Le 
Grand, aisné du fief de la Bassardière, aud. du Mesnildot, en 
Tan mil 1111 e trente trois. 

Offrant led. seigneur, sy mestier est, vérifier par autres 
lettres, dénombrements, chartes et escriptures, qu'il et ses 
prédécesseurs ont esté de tout temps, tel qu'il n'est mémoire 
du contraire, seigneurs subsécutivement de lad. terre et sei- 
gneurie du Mesnildot et des terres dessus nommées Mierville 
et Maurville, en païs de Caux, et se relèvent lesd. terres du 
Mesnildot et de Mierville, par deux fiefs de hauhert, tenuz à 
simple gage-piège, cour et usage, vivans noblement au service 
du Roy, quand appelez y ont esté, comme subjeetz y sont. 

Produict par le dit sieur du Mesnildot, aujourdhuy dix 
sept mc jourde juillet mil cinq cent vingt trois, devant nous 
Jean Le Venart, lieutenant des Esleuz de Coustances. 

Signé : Du Mesnildot, un paraphe. Lesd. lettres ont été 
rendues. 



- 84 



XXX. — De Bois-Jugan (1).. 

Ensuict par déclaration la généalogie dont sont sorties et 
yssues et descendues nobles damoiselles Jeanne, Barbe, 
Raulle, Avoye et Anne de Boisjugan, filles soulzagéeset dames 
des fiefz, terres et sieuries de Boisjugan, assis en lad. paroisse 
de Daye et de Rontbisson, assiz es paroisses de Cavigny, 
Saint- Fromond et le Mesnil-Urry, et du fieu, terre et sieurie 
de Soulle, assis en la paroisse de Hébécrevon, le tout assis 
en le viconté de Carentan ; laquelle lignée et généalogie desd. 
filiez a tousiours vescu noblement, jouy et usé du privillège et 
issue de noblesse, par tel et sy long temps qu'il n'est en mémoire 
du contraire, servy les feuz Rois, que Dieu absolve, en leurs 
guerres et batailles qu'ilz avoient allencontre des envieux du 
Royaume de France tant ez pays de Bourgogne, Picardie, 
Bretagne que ailleurs. Laquelle généalogie noble damoiselle 
Jeanne de la Hazardière, veuf ve de deffunct noble homme 
Nicolas Du Boisjugan, père desd. soulzaages, gardaine des 
corps, biens et héritages d'icelles, baille en ensuivant Fordon- 
nonce de justice. 

Dict que en Tan mil III e LXXV, et long temps du précé- 
dent, noble homme Raoul de Boisjugan, estoit seigneur du 
fieu, terre et sieurie dud. lieu du Boisjugan, tenu noblement 
par un quart de fieu de haubert, à simple gage-piège, cour et 
usage. Lequel Raoul de Boisjugan vesquit par long espace 
de temps, et fust avecques ce, sieur du fieu, terre et seigneurie 
du Rontbisson. 

Dict que dud. Raoul de Boisjugan yssit deux filz, c'est 
assavoir Robert et Guillaume : lequel Robert fut seigneur 
desd. terres, fiefs et sieuries du Boisjugan et de Rontbisson, 
assiz ez paroisses de Cavigny, Saint-Fromont et Le Mesnil- 
Urry. 

(\) Armoiries inconnues. 
Recherches : Montfaut, Paris. 



— 85 - 

Dict que dud. Robert yssit un filz qui eust nom Robinet de 
Boisjugan, lequel recueillit la succession dud. Robert, son 
père, et fut seigneur desd. fiefs et sieuries. 

Dict que dud. Robinet yssit cinq filz, c'est assavoir Jean de 
Boisjugan, filz aisné, qui fut homme d'armes et longtemps au 
service du Roy et y mourut, M rc Guillaume de Boisjugan, 
filz second, M ,e Jean, filz tiers, Pierre, filz quart, et Nicolas, 
filz quint, auquel Nicolas, la totale succession advint dud. 
Robinet, son père, pour cause de ce que tous ses frères ne 
furent mariez, et par ce n'eurent aucuns hoirs. 

Dict que dud. Nicolas de Boisjugan, lequel estoit seigneur 
desd. fiefs de Boisjugan, du Rontbisson et de Soulle, sont 
demeurées lesd. cinq filles soubzaages. 

Et pour clairement congnoistre lad. généalogie, lad. damoi- 
selle de Boisjugan, gardaine des biens et héritages de sesd. 
filles, déclare ce qui ensuict : 

S'aide d'une ancienne lettre et charte données es plès du 
siège du Hommeet tenuz aud. lieu du Hommeet, par Jean Le 
Maignez, lieutenant du Viconte de Carentan, en Tan mil 1111° 
soixante quinze, le traiz me jour de febvrier, contenant comme 
led. Raoul de Boisjugan, atteignit et fist guain de cause vers 
les Religieux de La Perrine, et comme ilz luy délaissèrent les 
héritages sur lesquelz il leur demandait huict boisseaulx de 
tourment de rente. 

Item, s'aide d'une autre charte ancienne, donnée aux assises 
de Carentan, tenues par Tassart de Monstereul, bailly de 
Costentin et commissaire du Roy, en l'an mil III e IIII XX et 
trois, le niardy dix mc jour de novembre, contenant comme 
led. Raoul de Boisjugan, mist en avant, par jugement, Simon 
de Mucy, bourgeois de Carentan, sur la poursuite dud. de 
Boisjugan, pour huict livres tournois de rente, que led. de 
Boisjugan disoit avoir droict de prendre et avoir à cause du 
don de mariage faict à la damoiselle sa femme, par Martin 
Lours, son père, et comme par icelle amende il fist guain et 
atteint de cause, et authorisé à soy faire paier de lad. rente, 



— 86 - 

laquelle luy avoit esté mise en contredict par led. de Mucy, 
lequel tenoit le party des Navarrois, et durant que led. de 
Boisjugan tenoit le party de France. 

Item, s'aide d'une autre charte, en forme d'adveu, baillée 
par Jean Du Bois-Guillaume, escuier, sieur dud. lieu, conte- 
nant comme soubz la souveraine et haulte justice du Roy, 
nostre Sire, il bailla adveu et dénombrement à noble et puissant 
seigneur monsieur Jean de Montenay, chevalier, un fîeu de 
haubert entier, contenant trois cens acres, dont Raoul de 
Boisjugan en tenait pour lors le tiers dud. fieu, contenant cent 
acres, en dabte du vingt neuf me jour de janvier mil trois cent 
IIII XX cinq, et de l'attache et adveuz à, icelluy donnez aux 
assises de Carentan, tenues par Pierre de Ncgron, conseiller 
du Roy, nostre Sire, et son bailly de Costentin, l'an mil trois 
cens III1 XX cinq, le pénubtiesme jour de janvier. 

Item, d'autre charte, en forme de teneur, baillée soubz la 
souveraine et hauîte justice du Roy, nostre Sire, en son 
bailliage de Costentin, en la viconté de Carentan, par Jean 
Du Mesnil-Guillaume, à noble et puissant seigneur Jean, sieur 
de Monteney, chevalier, un fief de haubert entier, dont il 
tenait le tiers, et led. de Boisjugan, un autre tiers. En dabte 
du quinz me jour de mars l'an mil III e IIII XX et dix. 

Item, s'aide d'ung partage faict entre led. Raoul de Bois- 
jugan et sa femme, d'une part, et Guillaume Giret, d'autre, 
du fieu, terre et sieurie du Rontbisson, assis ez paroisses de 
Cavigny, Sainct-Fromond et Le Mesnil-Urry, et de l'attache 
donnée aux plès du siège du I lom met, tenuz par Jean Petit, 
viconte de Carentan, le cinq me jour de décembre, l'an mil 1111 e 
et deux, contenant comme ilz eurent lesd. partages agréables 
et procédèrent à la choisie d'iceux. 

Item, s'aide d'une autre charte et adveu, baillé par Robin 
de Boisjugan, au sieur et baron du Ilommet, du fief, terre et 
sieurie de Cavigny, tenu par ung quart de fief de haubert, en 
dabte du huict mc jour de may mil 1111 e et vingt, et de l'attache 
d'icelluy donnée aux plès de lad. baronnie du Hommet, tenus 



— 87 — 

par Raoul Le Bourguignon, le huict mê jour de may, Tan mil 
IIII € et vingt. 

Produict par Nicolas Des Isles, procureur de noble damoi- 
selle Jeanne de la Hazardière, gardaine des corps et biens 
desd. soubz aages, aujourdhuy vingt deux me jour de juillet, 
Tan mil cinq cens vingt trois. Signé : P. Des Isles, un paraphe. 

Il n'est apparu au greffe desd. lettres. Pourquoy est subject 
en faire apparoir. 

XXXI. — Des Isles (1). 

Desclaration de la généalogie de la ligne dont est sorty et 
descendu noble homme Nicolas Des Isles, à présent demeurant 
en la paroisse de Sainct-Fromont, en la viconté de Carentan. 
Laquelle ligne dud. Des Isles a tousiours vescu noblement et 
usé de privillège et estât de noblesse, par tel et si longtemps 
qu'il n'est mémoire du contraire, servy les feuz Rois, que Dieu 
absolve, en leurs guerres et batailles qu'ilz avoient à rencontre 
des ennemis du royaume de France, tant au pais de Bour- 
gogne, Picardie, Bretagne, que ailleurs. 

Dict qu'il est quart filz de deffunct noble homme Achilles 
Des Isles, en son vivant seigneur du fieu, terre et seigneurie 
du Plessis, assis en la paroisse de Saucey, prez Coustances, 
duquel fieu noble homme Enguerran Des Isles, son frère, est 
seigneur, et jouissant, à titre d'aynesse. 

Dict que led. Achilles estoit filz de deffunct noble homme 
OUivier Des Isles, en son vivant sieur des fiefs, terres et 
seigneuries de la Vallée, Liseaux et des fiefs, terres et 
sieuries de Recullé et du Plesseys, et verdier hérédital de la 
forest de Gavray. El en oultre plus, dict que noble homme 
Laurent Des Isles, sieur desd fiefs de La Vallée, Leseaux et 
verdier hérédital de la forest de Gavray, est subject bailler 

(I) Armoiries : D'argent, au lion rampant de sable, armé et 
lampaué de gueules, à la bordure engrélée de aueules. 
Recherches : Roissy, Paris, d'Aligre, Chamillart. 



généalogie entière et suffisante, produire et exhiber lettres et 
chartes faisant mention et concernantes le droict de la noblesse 
d'icelle généalogie, voulans vériffier estre luy et sesd. prédé- 
cesseurs descenduz d'icelle maison de La Vallée, laquelle est 
l'estoc et originelle naissance de la généalogie d'icelie lignée 
et nom desd. Des Isles, portant tous mesmement armes, sauf 
les différences despuisnez, et sauf ausd. Des Isles à augmenter 
sy mestier est. 

Produict le dix huictiesme jour de juillet Tan mil cinq cens 
vingt trois. 

Signé : N. Des Isles, un paraphe. 

XXXII. — Jullain (1). 

Pour du party cfe noble homme Jean Jullain, sieur d'Anii- 
gny (2) faire remonstrance de sa généalogie et tiltre de no- 
blesse, de son estât et qualité, pour luy servir et valloir ce 
qu'il appartiendra, tant pour luy que M rcs Jacques Jullain, cha- 
noine de Lisieux, Nicolas, Emon, Pierre, Thomas et Guil- 
laume, dictz Jullain, ses frères puisncz. 

Dict et remontre qu'il est seigneur de la seigneurie d'Amigny, 
tenue noblement à simple gage-piège, cour et usage, comme 
filz aisné et principal héritier de deffunct Nicolas Jullain, en 
son vivant escuier sieur dud. lieu de d'Amigny, à droict d'ai- 
r.esse, et comme sieur dud. lieu de d'Amigny. 

Dict que aud. deffunct Nicolas Jullain, son père, succéda 
et yssit lad. terre et sieurie d'Amigny, àraison delà succession 
à luy venue et eschoue par la mort et trcspas de feu Collin ou 
Nicolas Jullain, en son vivant escuier, sieur dud. lieu d'Ami- 
gny, père dud. deffunct Nicolas Jullain, père dud. Jean et 
ayeul dud. à présent sieur d'Amigny. 

(1) Armoiries incertaines 

Recherches. Montfaut, Paris (celui-ci les appelle Joullain. 

(-2) Amigny, au canton de Sainl-Jean-de-Daye, arr* de St Lo. 



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Item, dict et remontre que led. deffunct Collin Jullain, son 
ayeul estait sorty et yssu de deffunct Jean Jullain, en son 
vivant escnier, et sieur dud. lieu d'Amigny, par la mort et 
trespas duquel succéda et yssit lad. sieurie d'Amigny aud. feu 
Nicolas Jullain, son ayeul, comme son filz et héritier. 

Hem, dict que led. Jean Jullain, son bisayeul, estoit filz et 
héritier de deffunct Robert ou Robin Jullain, escuier, sieur 
dud. lieu d'Amigny, par la mort et trespas duquel succéda et 
yssuy lad. sieurie d'Amigny à son d. bisayeul. 

Plus dict que led. deffunct père de son d. bisayeul, estoit 
filz et héritier de deffunct Roger Jullain, en son vivant escuier, 
par la mort et trespas duquel succéda et yssuy lad. terre d'Ami- 
gny aud. Robert Jullain, père dud. Jean Jullain. 

Et pour les choses que dessus vériffier, produict et montre 
une ancienne charte faicte et passée devant Benoist Le Villoux, 
tabellion royal à Sainct-Lo, en dabte du douz mc jour d'aoust 
mil III e 1111" six, contenant que led. Roger Jullain, en son 
vivant escuier, fist donation en mariage faisant de Marie, sa 
fille, avec Pierre Le Clerc, du Lorey, de certain nombre de 
fourment etd'avoyne à prendre et avoir sur plusieurs personnes 
desnommées aux lettres du fief de La Jugannière. 

Item, produict et montre une autre lettre faicte et passée par 
devant tabellions, deuement signée et approuvée, en dabte du 
dernier jour d'avril mil trois cens IIII XX dix, contenant comme 
led. Rogier Jullain et Robin Jullain, son filz, escuiers, confes- 
soientque en mariage faisant de Thominne Jullain, fille dud. 
Rogier, et sœurdud. Robin, avecques Michel de Chantelou, de 
Saint-Gilles, iceulx escuiers avaient donné à lad fille certain 
nombre de rentes contenues es lettres. 

Iterriy produict une autre lettre faicte et passée devant Jean 
Le Roy et Colin, tabellions jurés et commins soubz Nicolas Le 
Roy, tabellion à Sainct Lo, signée desd. deux tabellions, con- 
tenant comme led. Robert Jullain, escuier, seigneur dud. lieu 
d'Amigny, délaissa à Ferrant Destelles, escuier, vingt espérons 
^u prix de deux solz, au terme de Pasques, que luy debvoit, à 



— 90 — 

cause de la vavassourerie de La Ducquerie, assise aud. lieu 
d'Amigny, par le moyen de trois solz de rente que led. Des- 
telles luy en promist faire et paier sur et à raison de lad. va- 
vassourerie, et aussy aud. sieur d'Amigny demeurait l'hommage 
et les autres choses à lui deubz à raison de lad. vavas- 
sourie, lequel hommage led. Destelles fist lors aud. sieur 
d'Amigny. Icelle lettre en dabte le vingt huict me jour de dé- 
cembre mil III e 11U XX et dix, qui est claire probation de l'ex- 
traction dud. Robert Jullain, filz et héritier dud. Rogier Jul- 
lain, père dud. Jean Jullain, bisayeul dud. à présent sieur d'A- 
migny. 

Item, et pour l'instance et regard dud .[Jean Jullain, bisayeul 
dessus nommé, produict et montre led. sieur d'Amigny deux 
chartes ou lettres, Tune en dabte du vingt cinq 6 jour d'octobre 
mil III e 1III XX dix huict, faicte et passée devant Jean Haye, 
tabellion au Hommeet, signée, scellée et approuvée, contenant 
comme Raoul Guesnon, escuier, d'une partie, et led. Jean 
Jullain, escuier, d'autre, eurent procès et descord ensemble, 
touchant huict livres de rente, demandez et poursuivis par 
led. Guesnon, sur part ou portion du fief et sieurie d'Amigny, 
appartenant aud. Jean, dont fit transaction et accord, ainsy 
qu'il est contenu par lad. lettre. La seconde faicte par devant 
Jean Leduc, tabellion au Hommet, deuement signée, scellée et 
approuvée, contenant comme du procès et descord isseu ou 
espéré mou voie par entre led. Jean Jullain, escuier, sieur 
d'Amigny, d'une part, et un surnommé de Semilly, escuier, 
demeurant en la paroisse de Signy, représentant le droict en 
ceste partie de feu M c Robert de Thère, en son vivant cheva- 
lier, d'autre, sur la demande que voulait faire led. Jullain aud. 
de Semilly, à cause et par raison de vingt espérons à or, qu'il 
disoit avoir droit de prendre sur la vavassorerie de Morteville, 
que led. de Semilly tenoitpar foy et par hommagedud. Jean Jul- 
lain, à cause de satl. si«urie d'Amigny, et led. de Semilly disoit 
que lesd. espérons ne debvoient estrede valleurquede deux 
solz tournois de rente, par chacun an ; duquel différend lesd. 



— 91 — 

parties firent transaction et accord jouxte qu'il est contenu par 
lad. lettre en dabte le vingt six me jour de febvrier mil 1111° et 
huict. 

Item, et pour l'instance et regard de Collin Jullain, ayeul 
dud. sieur d'Amigny, filz dud. Jean Jullain, sonbisayeul, pro- 
duictet montre une lettre ancienne, en forme devidisse, faicte 
et signée par Estienne Jourdan, tabellion en la viconté de Cous- 
tances, le vingt cinq me jour de Tan mil 1111° cinquante deux, 
d'une lettre scellée à double queue et cire verte, faicte et passée 
par devant Thomas Maresq, tabellion à Sainct-Lo, le traiz me 
jour d'octobre mil 1111 e quarante deux, faisant mention, comme 
transaction, accord et appoinctement fut faict entre led. Collin 
Jullain, escuier, sieur d'Amigny, d'une part, et M rc Richard 
de Signé, chevalier, sieur d'Aigneaux et héritier de feue 
damoiselle Jeanne de Bouté, sa mère, de descord meu .par 
entre noble homme M ro Guillaume de la Haye, chevallier, 
sieur et baron de Coulonces, d'une part et damoiselle Jeanne 
Le Conte, lors veufve de Jean Jullain, père dud. Colin et mère 
dudit Colin, pour les arretz de trente livres tournois de rente, 
qui donnez avaient esté à icelle damoiselle, en mariage faisant 
d'elle et dud. Jean Jullain, jouxte ce qu'il est plus à plain con- 
tenu aud. vidisse. 

Item % produict et montre trois anciennes lettres. La pre- 
mière en dabte du vingt quat me jour d'octobre mil 1111° qua- 
rante trois, faicte et passée par devant Collin Cauvelande, 
tabellion à Sainct-Lo, deuement signée et approuvée, conte- 
nant comme Jean de Semilly, escuier, establi pour Giret de 
Semilly, escuier, son frère, congnut et confessa avoir faict 
hommage aud. Collin Jullain, sieur d'Amigny, en sa partie, par 
raison du fief ou vavassorerie de La Duquerie, que tenait dud. 
sieur par foy et par hommage en obéissance que jà pieça il avoit 
faict aux plès de lad. sieurie, selon la lettre. La seconde dab- 
tée du premier jour d'avril mil 1111 e quarante quatre, faicte et 
passée par devant Jacques Hadoue, tabellion pour le Roy, au 
siège de Coustances, soubz Jean Langlois, tabellion, deue- 



- 92 - 

ment signée dud. tabellion, et scellée en cire vert, contenant 
comme noble homme Guillaume de Percy, escuier, sieur 
de Sienne, du Mesnil-Hermain (1) et de La Lande, d'autre 
en sa partie, en faisant et accomplissant le traicté de mariage, 
d'entre Colin Jullain, escuier, sieur d'Amigny et danioiseile 
Jeanne de Percy, sa fille, icelluy de Sienne, confessa 
leur avoir donné douze livres tournois de rente, jouxte et ainsy 
qu'il est contenu en lad. lettre. — La tierce en dabte du cinq m « 
jour de juillet Tan mil IIII C cinquante six, faicle et passée par 
devant Colin Benard, tabellion au siège du Hommeet, déce- 
rnent signée et scellée, faisant mention d'une transaction 
et appointement faict par entre Collin Jullain, escuier, sieur 
d'Amigny, d'une part. Et Guillaume Enguerran, aisné du 
fief de Lantourie, Jean Vimont, aisné du fief antien, du fief 
de La Planque et du Mont Bernard, Jean Fleury, aisné du fiief 
de La Haye, Guillaume Le Moyne, aisné du fief Descamps et 
plusieurs autres, dénommez en lad. lettre, hommes et tenans 
de lad. sieurie d'Amigny, touchant et pour le faict de plusieurs 
subjections, redevances et services, plus à plain desclarez en 
lad. lettre, jouxte et ainsi qu'il est contenu en icelle. 

Et pour l'instance et regard de feu Nicolas Jullain, mesme- 
mentdud. à présent sieur d'Amigny, son filz, icelluy deffunct 
Nicolas Jullain, filz dud. Colin, produict et montre led. sieur 
d'Amigny, plusieurs lettres et escriptures. C'est assavoir une 
lettre faicte et passée par devant Jean Hébert et Guillaume 
Pillon, tabellions royaux au siège du Hommet, le unz mc jour 
de juin mil cinq cens, contenant comme accord et appoinctement 
fut faict par entre nobles personnes Guillaume Du Hommet, 
sieur du Mesnil Durant, d'une part, ei led. Nicolas Jullain, 
d'autre part, touchent le faict de certains héritages qui furent 
et appartindrent à Mathieu de Jougue, escuier, sieur desd. 
sieuries, qui disoit estre tenues de leurs sieuries, joucte qu'il 
est contenu aud. appointement. 

(1) Le Mesnil-Herman, au canton de Canisy, arr 1 de S'-Lo. 



- 93 - 

Item y d'autre coppie, deuement approuvée, de l'adveu et 
dénombrement baillé par led. deffunct Nicolas Jullain, aud. 
sieur et baron du Hommet, de sad. terre et sieurie d'Amigny, 
aux plès tenus le quat me jour de septembre mil IIII C IIII" 
quinze, dabtée icelle coppie du pénultiesme jour d'octobre mil 
cinq cens quinze. 

Item, des partages faictz et passez par devant Jean Hébert 
et Guillaume Pillon, tabellions au Hommet, le cinq me jour 
de juin mil cinq cens sept, par entre nobles et discrètes per- 
sonnes M* Jacques Julhin, M re Jean Jullain, prestre, Ber- 
nard Jullain, Emond Jullain, tous frères. Icelluy M e Jacques 
et Bernard estabiis pour Jean Jullain, ensemblablement son 
frère, respectivement, d'une part. Et led. Jean Jullain, à pré- 
sent sieur d'Amigny, fils et héritier dud. deffunct Nicolas 
Jullain, icelluy Nicolas, son père, filz aisnédesd. M rc Jacques, 
M* Jean ; Bernard, Emond ex Jean dictz Jullain, de la suc- 
cession à eux venue et escheue par la mort et trespas dud. 
deffunct Colin ou Nicolas, ditcz Jullain, père desd. frères et 
et ayeul dud. à présent sieur d'Amigny, par lesquelz, faute 
par accord et appoinctement icelluy fief, terre et sieurie d'Ami- 
gny, demeura aud. à présent sieur d'Amigny, au droict de 
son d. père, comme héritier aîsné de feu Colin Jullain, son 
ayeul. 

Item, une autre fettre faicte et passée par devant les tabel- 
lions royaux du siège du Hommet, deuement signée et ap 
prouvée, en dabte du pénultième jour de may mil cinq cens 
ethuict, contenant certain appoinctement faict entre led. sieur 
d'Amigny, d'une part et un nommé Guillaume Guillier, soy 
disant sieur en sa partie de lad. sieurie d'Amigny, d'autre, 
touchant et par le faict de plusieurs droictures et services 
deubzàlad. sieurie d'Amigny. 

Item, produict icelluy sieur d'Amigny le double de l'adveu 
et dénombrement par luy baillé de sad. terre et sieurie d'Ami- 
gny, à noble et puissant sieur Nicolas de Cerisey ; sieur et 
baron du Hommet, de la Rivière, Durville, Fierville, Ver, 



— 94 - 

soubz Dampmartin et le Pont de Carenlan, conseiller cham- 
bellan du Roy, nostre Sire, et son bailly de Costentin, et par 
luy rendu le vingt sept me décembre mil cinq cens dix huict, 
comme led. sieur d'Amigny, fait aud. sieur et baron le ser- 
ment de fidélité et hommage, comme luy estoit tenu et sub- 
jest faire de lad. sieurie d'Amigny. 

Item, s'aide ledit sieur d'Amigny de plusieurs adveuz et 
dénombrementz faietz et baillez aud. sieur d'Amigny de plu- 
sieurs hommes et tenantz de lad. sieurie d'Amigny, tant à 
ses prédécesseurs que à luy, aux plès de lad. sieurie d'Ami- 
gny, c'est assavoir un adveu produict et baillé par Jean Fleury, 
aisnédufiefde la Haye, assis en lad. paroisse d'Amigny, 
tenu d'icelle sieurie à Collin Jullain, escuier, sieur de lad. 
sieurie d'Amigny, ayeul dud. à présent d'Amigny, et en con- 
fessa debvoir plusieurs rentes, services, relliefs, traiziesmes 
et autres choses contenues aud. adveu, dabté du huict me jour 
de mars l'an mil ITII e cinquante cinq, devant Richard Simon, 
seneschal de lad. sieurie d'Amigny, tenant les piez d'icelle 
sieurie, au jour dessusd. deuement signé, scellé et approuvé. 

Item, produict un autre adveu baillé es pieds de lad. sieurie 
d'Amigny, par Michel Poullet, aisné du fief Zagon, comme 
tenu d'icelle sieurie par foy et hommage à Nicolas Jullain, es- 
cuier, sieur dud. lieu d'Amigny. Led. confesse debvoir plu* 
sieurs rentes, services, reliefz, traiz mos et autres choses conte- 
nues aud. adveu, dabté du vingt troiz mo jour de décembre Tan 
mil 1111 e soixante et onze, devant Jacques Du Mesnil-Urry, 
seneschal d'icelle sieurie deuement signé, scellé et approuvé 
par led. seneschal, tenant les pledz de lad. sieurie. 

Item, un autre adveu produict et baillé èz plez de lad. sieurie 
d'Amigny, tenus par Mathurin Myette, seneschal d'icelle 
sieurie, le dix huict mo jour de febvrier l'an mil cinq cens et 
douze, par Perrin Camus, aisné du fief Hue, comme tenu 
neuement d'icelle sieurie d'Amigny, à Jean Jullain, escuier, 
à présent sieur dud. lieu d'Amigny, et en confesse plusieurs 
rentes, reliefz, services, traiz mes et autres choses. 



— 95 — 

Item, led. sieur d'Amigny, en temps et lieu, quand le cas 
s'offrira, veult, et promet montrer et enseigner avecques la 
teneur desd. lettres, sy assez n'est suffisamment prouvé par le 
eontract cy-dessus escript, et sa généalogie véritable, et que il 
et ses prédécesseurs ont tousiours par cy devant jouy et usé 
dud. privillègê de noblesse, comme de vraye extraction par ce 
droict tousiours esté quitte et exempt de toutes tailles, aydes, 
coustumes, payages, passages et autres choses quelconques, 
dont les nobles du pais et duché de Normandie ont accoustumé 
estre quites et exempts, et de temps immémoriable tousiours 
jouy et usé dud. privillègê de noblesse, et esté au service du 
Roy, de son ban et arrière ban, en armées, pour le service, 
ainsy que les autres nobles, allencontre de ses ennemys et da- 
vantage sy mestier est produire et montrer autres chartes et 
lettres. 

Item, pour la déclaration de la généalogie et extraction dud. 
Jean Jullain, escuier, oncle dud. sieur d'Amigny, et de Gilles 
Jullain, fils du deffunct Emond Jullain, en son vivant escuier 
frère dud. Jean, par semblable oncle dud. sieur d'Amigny, 
dira qu'ilz s'aident desd. partages dont s'est aidé cy devant 
led. sieur d'Amigny, qui faictz ont esté de la succession à eux 
venue dud. Collin Jullain, ayeul dud. sieur d'Amigny et père 
dud. Jean Jullain et dud. Simor, père dud. Gilles. Ensemble 
de la généalogie dud. sieur d'Amigny et des lettres et escrip- 
tures, dont s'aide led. sieur d'Amigny et de semblable alléga- 
tion et affirmation que a faictesled. sieur d'Amigny, représen- 
tant le droit de l'ainé en leur succession. 

Produit par led. sieur d'Amigny, mesmemant par lesd. Jean 
et Gilles, dicts Jullain, aujourd'huy dix huict me jour de juillet 
mil cinq cens vingt trois. Signés : J. Jullain, Gilles Jullain, et 
Jean Jullain, un paraphe. Les lettres mentionnées ont esté 
rendues. A suivre. 

Hippolyte Sauvage. 



Inauguration 



DES 



Nouvelles Salles du Musée de Saint-Lo 



La Municipalité de la Ville de Saint-Lo a profité des 
fêtes qui eurent lieu le 6 octobre 1907, pour inaugurer 
les nouvelles salles du Musée. 

M. le Maire en a remis la garde, à la Société 
d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire Naturelle du 
département de la Manche. 

A cette solennité assistaient la Municipalité Saint- 
loise, M. Marcel Rauline, député de l'arrondissement 
de Saint-Lo, et les Membres de la Société. 

M. le Préfet de la Manche avait bien voulu honorer 
de sa présence cette solennité artistique et agricole. 

M. du Boscq de Beaumont, président de la Société, a 
le premier pris la parole en ces termes : 

Monsieur le Député, 
Monsieur le Maire, 
Messieurs, 

m 

Au nom de la Société d'Agriculture, d'Archéologie et d'His- 
toire Naturelle du département de la Manche, j'ai l'honneur 
de vous souhaiter la bienvenue dans notre Musée. 



— 97 — 

J'ai, de plus, à ni'acquitter d'une dette de profonde recon- 
naissance envers vous, Monsieur le Maire, qui, à peine installé 
dans vos fonctions, avez fait vôtre le projet de restauration du 
Musée, conçu par l'honorable M. Dary, votre prédécesseur, 
projet dont nous nous apprêtons à fêter aujourd'hui la réali- 
sation. 

Au pied du rocher de Saint-Lo, théâtre de tant de drames, à 
l'ombre de l'antique église Notre-Dame, témoin de la foi de 
nos pères, nous pouvons maintenant contempler le Panthéon 
rajeuni de nos gloires locales où l'artiste et l'historien viendront 
rêver et chercher leurs inspirations. 

Qu'il me soit donc permis de vous exprimer ici, Monsieur le 
Maire, et à la Municipalité tout entière, la bien vive gratitude de 
notre Société pour l'aide morale et matérielle qui lui a été 
accordée par la Ville de Saint-Lo. 

M. le Docteur Thomas, maire de Saint-Lo, a répondu 
à M. du Boscq de Beaumont, et son discours a été 
fréquemment interrompu par les marques de la plus 
vive sympathie. Nos lecteurs seront heureux de lire le 
bref, mais substantiel, historique qu'il a fait de la 
Société à laquelle il remettait la garde du Musée. 

Voici le texte de ce discours : 



Monsieur le Président, 
Messieurs, 

Mon premier devoir dans cette circonstance mémorable est 
de saluer, au nom de la Ville de Saint-Lo, la mémoire de 
Madame Duhamel, qui a légué à notre Musée, et ses œuvres 
d'art, et la somme suffisante pour en assurer la conservation. 
Son souvenir évoque naturellement celui de son père. Le 
Docteur Giffard était un de ces médecins du commencement du 

7 



siècle dont Balzac a tracé un impérissable portrait. L'amour 
du beau, Pamour de ses semblables faisaient invariablement 
partie de la forte éducation que les bourgeois d'alors donnaient 
,à leurs enfants. Le legs fait à votre Musée, le legs fait aux 
orphelins pauvres témoignent de l'empreinte profonde que les 
idées paternelles avaient laissée dans l'esprit de notre bien- 
faitrice. Son Altesse Sérénissirae le Prince de Monaco a voulu 
honorer votre Compagnie en souvenir de ses illustres aïeux 
qui ont joué un rôle glorieux pendant des siècles dans l'histoire 
de notre cité et de notre pays. Qu'il reçoive l'hommage de 
notre respectueuse reconnaissance ! Qu'il la reçoive également, 
ce généreux anonyme qui subventionne toutes nos œuvres 
artistiques sans jamais vouloir sortir de sa pénombre désin- 
téressée ! 

Vous avez bien voulu, Monsieur le Président, être l'initia- 
teur de ce mouvement de restauration ; vous y avez trouvé un 
aide dans mon honorable prédécesseur, car les cinq mille francs 
risquaient de dormir encore longtemps dans notre caisse 
municipale. Un artiste éminent, conservateur de ce Musée, 
s'est chargé de donner à ces tableaux, à ces statues, un cadre 
digne d'eux. Un savant a classé ces oiseaux dont quelques 
spécimens sont uniques et appartiennent h des espèces dispa- 
rues. Un membre de votre Société s'est souvenu qu'il était 
architecte et a dirigé les travaux. Nos entrepreneurs ont rivalisé 
de zèle, nos ouvriers d'ardeur. Le Conseil Municipal a voté à 
l'unanimité la subvention complémentaire. Monsieur le Préfet 
a laissé fléchir les règlements administratifs sur les travaux, et 
c'est ainsi qu'avec le concours de tous ces artisans, de toutes 
ces bonnes volontés, not^e Musée a revêtu pour la circonstance 
ces habits de fête auxquels il n'était pas depuis longtemps 
habitué. 

Les anciens élevaient dans leur cités un temple à Apollon, 
dieu des Beaux-Arts. Nos villes modernes possèdent, elles 
aussi, leurs musées. Ces palais sont des éléments d'éducation 
et de richesses artistiques. Ils procurent aux délicats des 



— 99 — 

sensations délicieuses, ils servent à développer dans les masses 
ces sentiments élevés qu'inspirent aux âmes primitives la 
contemplation des chefs-d'œuvres des maîtres. Un grand 
nombre d'artistes sont sortis de la classe ouvrière et sont morts 
pauvres après avoir conquis l'immortalité. Carpeaux ne fut-il 
pas maçon avant d'être le divin sculpteur qui orna la façade 
de l'Opéra? Un musée attire l'étranger, le riche, par les 
numéros de son catalogue et contribue à faire affluer, dans la 
ville qui le possède les critiques d'art, les esprits à la recherche 
des manifestations du génie de l'homme. 

Quelle déception n'eurent pas, il y a quelques semaines, ces 
riches Américains venus pour contempler Homère dans l'île de 
Pathmos chantant l'Iliade devant les bergers, le grand prêtre 
Eleazar refusant de sacrifier aux faux dieux, les miniatures 
de Daniel Saint, les amours de Gombaut et de Macée ! — 
Ils trouvèrent la porte close, mais leur exemple, la renommée 
mondiale de ces chefs-d'œuvres, amènera chez nous de nom- 
breux visiteurs. Un musée rappelle aussi aux vivants les 
héros et les événements du passé : 

Cette salle des Matignon est dominée tout entière par le 
souvenir de l'illustre maréchal qui termina pacifiquement nos 
discordes civiles. Mais elle nous rappelle les sièges de Saint- 
Lo, le courage de nos ancêtres qui, conduits par Julienne 
Couillard, défendaient l'épée à la main leurs libertés commu- 
nales — en ne capitulant qu'avec les honneurs de la guerre. 
Ce portrait de Louis XIV évoque le souvenir du Siècle du 
Grandi Roi. Une ville voisine célébrait il y a quelques jours 
l'amiral Tourville; nous pourrions, à notre tour, rendre hom- 
mage à notre compatriote le maréchal de Bellefonds qui, au 
lendemain du désastre de la Hougue, préserva le Cotentin 
d'une invasion anglaise. 

Ce buste du général Dagobert, c'est l'intégrité de la patrie 
sauvée, les Espagnols obligés de repasser les Pyrénées. Il n'y 
a pas jusqu'à cette collection d'oiseaux qui n'ait son histoire. 
Elle est due au commandant Lamarche qui contribua à la 



— 100 — 

prise d'Alger. C'esf toujours Saini-Lo, les enfants de Saint-Lo 
mettant au service de la Patrie menacée leur indomptable 
énergie et le caractère résolu des Bas-Normands. 

Telles sont, messieurs, rapidement esquissées, les richesses 
dont vous avez la garde. Tels sont les souvenirs historiques 
qu'ils évoquent. Ah ! combien il faut remercier les fondateurs 
de votre Compagnie d'avoir eu ridée de cette création. J'ai eu 
la curiosité d'ouvrir vos archives. J'y ai lu les noms les plus 
illustres et les plus respectés de notre ville. Votre premier 
président était Feuillet, le père de l'académicien qui est venu 
ici dormir son grand sommeil dans sa ville natale après une 
vie brillante et mondaine. 

Vos vice-présidents étaient Groualle et Elie. Votre secrétaire 
était Edouard Lepingard. Sa maison est vide d'hier et les 
habitants de la rue Belle-Croix ne rencontreront plus sur leur 
passage le respecté vieillard. Un de vos conservateurs était 
Queillé, le père de l'inspecteur général des Finances. A côté de 
ces dignitaires, je lis les Allix, Choisy, E, Didier, Jules Dieu, 
Hippolyte Douchin, Dubois, maire de Saint-Lo, Gouville, de 
Carentan, P. Guiilot — votre pèYe monsieur le Conservateur— 
Ephrem Houëi un des créateurs du cheval anglo-normand, 
Houyvet, qui est mort premier président, le comte de Ker- 
gorlay, député, Levatois, Rousseau, Tréfeu. 

Cette pléiade d'hommes voués au culte de l'art et de la 
science avait provoqué un mouvement départemental, et la 
liste de vos correspondants n'est ni moins instructive, ni 
moins suggestive. Tous ceux qui s'occupaient d'éducation 
populaire, d'instruction, de lettres, de sciences, d'économie 
politique avaient tenu à apporter leur concours moral à cette 
œuvre. Le* plus grands dignitaires et les plus grands savants 

i f « o »ti<>. J'y trouve les noms du piofesseur Bertrand, 
m .i/o du Caeu, du docteur Blanchet, de Bouiatigner, conseil- 
ler d'Etat, de Caillemer, de Caligny, de Caumont, correspon- 
dant de l'Institut, de Mgr Delamare, de Léopold Delisle, dont 
le monde entier célébrera ces jours-ci les noces d'or, du gêné- 



— 101 — 

rai Du Moncel, du recteur Edem, de Ha vin qui était alors 
conseiller d'Etat, de Lebouteiller, Inspecteur primaire, père 
du médecin de Valognes, du peintre Lechevalier, du comte 
Lemarois, du grand astronome Leverrier, de Mercier, ancien 
préfet et député, du colonel Olivier, du général duc de Plai- 
sance, grand chancelier de la Légion d'honneur, d'Alexis de 
Tocqueville, de Tostain, inspecteur général des Ponts-et- 
Chaussées, de Julien Travers, des préfets de la Manche, des 
évêques de Coutances, des maires de Saint-Lo. 

Voilà, Messieurs, vos glorieux ancêtres. 

Vous avez, Monsieur le Président, apporté votre pierre à 
l'édifice de 1833, vous l'avez consolidé, vous l'avez embelli. 
Votre connaissance des hommes et des savants, vos relations, 
vos voyages à travers le monde, vos visites dans les plus 
fameux musées de l'Europe et de l'Amérique, vous avaient 
préparé à cette situation académique. Vous êtes puissamment 
aidé par une pléiade d'artistes et de savants. Vous n'avez 
qu'à continuer les traditions de vos fondateurs Le programme 
est resté le même, il n'a subi ni les atteintes du temps, ni les 
modifications des hommes. Vous n'avez qu'à enrichir vos 
archives de mémoires, ce musée d'oeuvres artistiques et 
de souvenirs locaux. C'est une œuvre digne de votre esprit 
d'élite, qui vous méritera, à votre tour, l'estime et la recon- 
naissance de la Cité. 

Ensuite, le Président s'adressant à M. le Maire 
et à M. Rauline, député, les pria de soulever le voile 
qui recouvre le buste du général Dagobert, puis il 
ajouta : 

Au nom de la Société d'Agriculture, d'Archéologie et d'His- 
toire Naturelle du département de la Manche, j'accepte pour 
le Musée le buste du général Dagobert que veut bien nous 
offrir notre très distingué Conservateur M. Gaétan Guillot. 
H l'a modelé à notre intention ; nous l'en remercions de tout 



— 102 — 
cœur, heureux de posséder ce témoignage de son beau talent. 

Avant la distribution des prix culturaux, M. Marie, 
maire d'Agneaux, a rendu compte des travaux du 
Jury, chargé de visiter les exploitations. Voici le texte 
de ce rapport : 

Rapport sur les Prix Culturaux 

Monsieur le Président, 
Messieurs, 

Grâce à l'initiative heureuse d'un homme dévoué aux 
questions qui intéressent la prospérité de notre région, grâce 
aux subsides généreux qu'il a offerts à la Société d'Agricul- 
ture, d'Archéologie et d'Histoire Naturelle du départe- 
ment de la Manche, cette Association peut reprendre une 
tradition abandonnée depuis trop longtemps, faute de res- 
sources. Cette année, il sera donné des encouragements à la 
petite et à la moyenne culture. 

L'essai, timide d'abord, s'est borné à l'arondissement de 
Saint-Lo; mais à l'avenir, il embrassera le département 
entier. Dans ce but, il est fait appel à tous ceux qui — de près 
ou de loin — voudront bien encourager une œuvre dont les 
résultats seront des plus utiles. En effet, c'est de l'exploitation 
moyenne que sortiront les cultivateurs actifs, intelligents et 
travailleurs, destinés à constituer les fermiers modèles qui 
contribueront au développement et à la prospérité de l'Agri- 
culture. 

La Société d'Agriculture, d' Archéologie et cP Histoire 
Naturelle a donc jeté les bases du concours et en a tracé le 
programme ; la publicité a été faite pour stimuler les deman- 
des. Quatre cultivateurs seuls ont répondu à l'appel ; ce sont : 
MM. Albert Lorence, propriétaire-cultivateur à La Meauffe ; 



— 103 — 

A. Huault, propriétaire-cultivateur à Saint-Thomas de Saint- 
Lo; Adolphe Chef de ville, fermier à Saint-Gilles, d'une pro- 
priété appartenant à Mme la marquise de Sainte-Marie 
d' Agneaux; Jean Françoise, fermier à Saint-Georges-de-Mont- 
cocq, exploitant des terres appartenant à divers propriétaires. 
Un jury composé de MM. Marie, maire d'Agneaux ; Péze- 
ril, propriétaire et adjoint au maire de Saint-Clair ; Eugène 
Leboucher, propriétaire et conseiller municipal à Agneaux, a 
procédé, en présence de M. du Boscq de Beaumont, président 
de la Société, à la visite des quatre exploitations soumises à 
leur appréciation. 

1° La Prêtrerie, i la Meauffe. 

La propriété appartient à M. Lorence qui l'exploite; son 
étendue de 17 hectares comprend 2 hectares 40 ares de labours 
et 14 hectares 60 ares de terrains en herbe, dont 2 hectares 
80 ares en prairies fauchables. Sur cette étendue, 3 hectares 
60 ares sont plantés de pommiers. 

Les bâtiments d'habitation et d'exploitation sont convena- 
blement aménagés et les instruments de culture sont rangés 
avec soin. 

Des animaux en quantité suffisante et de bonnes sortes gar- 
nissent l'exploitation : leur nombre est quelque peu supérieur 
à ce qu'il était au moment où les exploitants actuels ont suc- 
cédé à M. Lorence père. 

La tenue des terres dénote chez le propriétaire du savoir- 
faire agricole ; mais M. Lorence débute, puisque, depuis trois 
années seulement, il exploite par lui-même. Il n'a pas encore 
donné ses preuves, mais il arrivera certainement au succès. 

Le jury se permet de remarquer ce qu'il a considéré comme 
une erreur de rotations dans les cultures : M. Lorence le 
reconnaîtra certainement, de même qu'il ne manquera pas 
d'apporter des améliorations dans l'installation de la laiterie. 

Il convient de signaler l'existence d'une comptabilité 



— 104 — 

agricole fort bien tenue ; le jury ne peut que donner à M. et 
Mme Lorence les plus grands éloges à ce sujet, et il se permet 
de recommander l'emploi de cette mesure capitale à toutes 
les familles qui se livrent à l'agriculture. 

2° La Calotte, à Saint-Thomas de Saint-Lo. 

La propriété de M. H uault, n'ayant pas de labours, n'est 
pas dans les conditions fixées pour prendre part au concours. 
Le Jury cependant a été heureux de la visiter afin de féliciter 
les propriétaires sur l'installation des bâtiments agricoles, sur 
la bonne tenue des plants de pommiers, sur l'état d'engrais- 
sement des terres et sur le choix heureux — au point de vue 
de la production laitière — des animaux qui composent la 
vacherie. Le légumier dénote par ses cultures luxuriantes des 
connaissances spéciales en maraicherie ; Paménageraent des 
fumiers et des purins est parfait. 

Le Jury exprime ses regrets que la propriété de la Calotte 
ne comprenne pas de terres en labours qui seraient certaine- 
ment aussi bien tenues que les herbages : cela eût permis d'ac- 
corder un prix. 

Il faut noter qu'une comptabilité est tenue des revenus de la 
ferme ; elle dénote que les bestiaux vendus, notamment les 
veaux, atteignent de très hauts prix. 

8° Le Bouillon, à Saint-Gilles. 

Depuis vingt-et-une années, cette propriété de 20 hectares 
est exploitée, comme fermiers, par les époux Chefdeville : elle 
est affermée 2.000 francs, plus les impositions. 

Elle se décompose de la façon suivante : 

Labours, 6 hectares 40; herbages pâturés, 9 hectares 60; 
herbages fauchables et prairies, 4 hectares ; 5 hectares sont 
plantés de pommiers. 

Les bâtiments d'habitation et d'exploitation sont forts con- 
venables et bien tenus. 



— 105 — 

Le jardin légumier intelligemment cultivé et en bon état, . 
rend certainement des services pour l'alimentation de la fa- 
mille ; il comprend les gros légumes nécessaires à la basse- 
cour. 

Toutes les terres sont convenablement engraissées et sont 
expurgées des mauvaises productions ; les assolements sont 
réguliers et les rotations des labours conformes aux usages 
locaux. 

Alors qu'à leur entrée sur la ferme, les époux Chefdeville 
avaient 2 chevaux, 6 vaches, 4 veaux de l'année, 2 jeunes 
porcs et 60 volailles ou lapins, ils ont actuellement 3 chevaux, 
13 vaches, 3 génisses amouillantes, 5 veaux de 15 mois, 
5 veaux de Tannée, 4 porcs et 58 volailles. C'est une preuve 
de l'amélioration delà terre par une bonne tenue rationnelle 
et par un engraissement annuel suffisant. 

Les époux Chefdeville ont élevé quatre enfants, dont deux 
sont demeurés à la fermequ'ils aident à exploiter; à un autre, 
ils ont fait apprendre un métier et l'ont doté lorsqu'il s'est 
marié; le quatrième est fermier à Saint-Sauveur- Lendelin 
sur une terre de douze hectares, ses parents ont concouru à 
son établissement. 

Une réserve de seize tonneaux, dont quatorze sont encore 
pleins de cidre, prouvent que les époux Chefdeville sont aisés : 
ils ont môme acheté quelques lopins de terre. 

Le Jury a constaté, avec regret, l'absence de comptabilité 
dans l'exploitation Chefdeville. C'est une cause d'infériorité, 
car un cultivateur ne peut se rendre compte — s'il n'a pas des 
livres tenus avec soin — des points sur lesquels il doit porter 
son attention, sur ce qui peut être une source de perles, comme 
une source de profits. 

Sous le bénéfice de cette observation, il n'a que des éloges 
à adresser aux époux Chefdeville. 



— 106 — 

4° Terre de Crème, à Saint-Georges-de-Montcocq 

Dès l'abord, la ferme exploitée par M. Jean Françoise, culti- 
vateur à Saint-Georges-de-Montcocq, a paru au Jury n'être pas 
dans les conditions requises pour être visitée dans le but 
d'obtenir une récompense. Cependant, les bestiaux — trop peu 
nombreux pour l'étendue de terre exploitée — présentent, en 
ce qui concerne les vaches, les caractères de parfaites laitières. 
Le Jury a été heureux de le constater et il en adresse ses 
félicitations à M. et M rac Françoise. 

L'examen des propriétés étant terminé, le Jury a discuté et 
apprécié les raisons qui pouvaient militer en faveur de chaque 
concurrent. 

Aucun ne lui a paru réunir les conditions voulues pour 
l'obtention du prix de cinq cents francs, mais il décide 
d'accorder trot» cents francs avec une médaille d'argent 
aux époux Chefdeville. 

Pareillement, une médaille d'argent avec félicitations, est 
accordée à M. et Mme Lorence. 

Le Jury considère sa mission terminée et remercie la 
Société d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire Naturelle 
de la confiance qu'elle lui a donnée et adresse ses compli- 
ments aux quatre concurrents. 

Le rapport terminé, M. le Président ajouta : 

La Société exprime toute sa gratitude à M. Marie, maire 
d'Agneaux, M. Pézeril, adjoint au maire de Saint-Clair, et 
M. Leboucher, conseiller municipal d'Agneaux, pour le 
concours dévoué qu'ils ont bien voulu lui prêter à l'occasion 
des visites de fermes. 

Le Président fit ensuite décerner le premier prix 
par M. le maire de Saint-Lo et le second par 
M. Rauline, député. 



[ 



— 107 — 

La partie officielle étant terminée, M. du Boscq de 
Beaumont pria ses invités de bien vouloir faire « le 
tour du propriétaire ». M. Gaétan Guillot, le très dis- 
tingué conservateur du Musée, fut l'aimable savant qui 
servit de cicérone. 

Et la séance s'acheva par une causerie des plus 
documentées qui ne fut pas l'un des moindres attraits 
de notre inauguration. 



/ 



Nécrologie 



MM. LEPIKGARD, le Professeur POIRIER, Eugène 
THOUROUDE, le Docteur BERNARD, le Vicomte 
de MONTGERMONT et TABARD. 

Peu d'années ont apporté plus de deuils à notre Société 
que 1907, Nous avons eu en premier lieu, à regretter la mort 
de notre vénéré Président d'honneur, M. Edouard Lepingard 
qui, pendant de longues années, administra la Société d'Agri- 
culture d'Archéologie et d'Histoire Naturelle du Département 
de la Manche avec un zèle et une conscience qui ne seront 
jamais dépassés. 

M. Lepingard, on peut le dire, vécut, en quelque sorte, deux 
existences successives. Après avoir fait d'excellentes études 
au Collège ue Saint-Lo, notre futur président alla suivre à 
Caen les cours de la Faculté de Droit, se fit recevoir avocat, 
puis entra comme employé à la Préfecture de la Manche où 
son père était chef de division. Il le devint plus tard lui-même 
et vécut ainsi jusqu'en 1877, date de sa retraite. 

C'est à partir de ce moment qu'une vocation, insoupçonnée 
jusque-là chez M. Lepingard, se déclara et fit de lui le plus 
fervent des archéologues. Mais avec le grand bon sens qui le 
caractérisait, et poussé, sans doute, aussi par de filiales préfé- 
rences, il comprit qu'à son âge, pour acquérir une réelle com- 
pétence, il devait limiter son champ d'action et se spécialiser, 
c'est pourquoi, M. Lepingard fut-il par excellence l'historien 
de sa ville natale, et sur ce terrain, il n'eut aucun rival à 
redouter. 

Parmi les nombreuses publications qui furent le fruit de sa 
longue et laborieuse retruite, et qui, pour la plupart, parurent, 



I 



— 109 — 

tant dans les volumes de Mémoires de notre Société, que 
dans les Annuaires du département de la Manche, on peut 
citer sa monographie des villages de Saint-Lo, une étude sur 
Montcastre, considéré comme étant le lieu où Sabinus vain- 
quit Viordorix. Si l'article n'est pas décisif, il est tout au 
moins documenté et très intéressant. M. Lepingard découvrit, 
par contre, d'une façon irréfutable, la véritable destination de 
la chaire extérieure de l'église Notre-Dame de Saint-Lo, et le 
lieu exact de la mort de Geoffroy d'Harcourt, racontée par 
Froissart. 

Vice -Président de l'Association amicale des anciens 
élèves du collège de Saint-Lo, M. Lepingard avait voué à sa 
ville natale un culte tel qu'il ne pouvait jamais se résoudre à 
la quitter. Pendant tout le cours de sa longue existence, il 
n'était allé qu'une seule fois à Paris pour y passer huit jours. 

D'un caractère très droit et tout d'une pièce, notre regretté 
président défendit toujours avec un soin jaloux les intérêts 
dont il avait la garde. La Société à laquelle il s'était consacré 
tout entier conservera toujours avec gratitude la mémoire de 
cet homme de bien qui la chérissait comme un père. 



Parmi les enfants de la Manche qui, parvenus à la célébrité, 
avaient conservé le culte de leur pays d'origine, et tenu à être 
des nôtres, nous avons le triste devoir de citer M. le profes- 
seur Poirier, mort héroïquement, en mai dernier, d'un mal 
qu'il s'apprêtait précisément à combattre par la création d'un 
Institut spécial. 

Né à Granville en 1853, aide d'anatomie de la Faculté de 
Paris en 1880, prosecteur en 1883, chirurgien des hôpitaux 
et agrégé en 1886, chef des travaux d'anatomie en 1887, pro- 
fesseur chargé de la chaire d'anatomie en 1902, membre de 
l'Académie de Médecine en 1905, le professeur Poirier a 



) 



— 110 — 

publié de nombreux travaux originaux ; orateur brillant, il 
prononça, lors des diverses séances des congrès de chirurgie 
et de l'Académie de Médecine, des discours remarqués. Il était 
officier de la Légion d'honneur. 

Le professeur Poirier a légué par testament une somme de 
500.000 francs au docteur Henri de Rothschild, à charge, 
par ce dernier, de fonder à Granviile un hôpital où devront 
être étudiées toutes les questions ayant trait à la maternité et 
aux soins de la première enfance. 



M. Eugène Thouroude, dont nous déplorons également la 
mort, était lui aussi, un Parisien de la Manche qui avait 
voulu se joindre à nous en souvenir de son lieu de naissance. 

Né à Saint-Lo, le 17 novembre 1848, notre regretté collè- 
gue était le fils de M. Casimir Thouroude, ancien directeur de 
l'Enregistrement et des Domaines. Après être entré, à son tour, 
dans l'Enregistrement où il obtint le grade d'inspecteur, 
M. Thouroude acheta une charge de commissaire-priseur du 
département de la Seine, charge dont il dut se démettre il y a 
quelques années pour raisons de santé. Très épris des choses 
militaires auxquelles il consacrait tous ses loisirs, M. Thou- 
roude était chef d'escadron d'artillerie territoriale et chevalier 
ie la Légion d'honneur. 

Il était le cousin-germain de notre sympathique collègue 
M. Albert Thouroude, greffier en chef du tribunal de 
première instance de Saint-Lo, auquel nous adressons, ainsi 
qu'à la famille, nos bien sincères condoléances. 



Une autre perte bien sensible pour notre Société, a été celle 
de l'un de ses vice-présidents, M. le docteur Bernard, offi- 



— 111 — 

cier de la Légion d'honneur et Conseiller général du départe- 
ment de la Manche. Malgré son grand âge, le docteur Bernard 
était, jusqu'en ces derniers temps, très assidu à nos réunions 
au cours desquelles on ne faisait jamais vainement appel à ses 
conseils et à son expérience. 



A cette liste de disparus déjà bien longue, nous avons le 
profond regret d'ajouter les noms de M le vicomte de Mont- 
germont, nouveau venu parmi nous, prématurément enlevé à 
l'affection des siens, et de M. Tabard, conseiller municipal 
de Saint-Lo, décédé au commencement de 1908, mais à la 
mémoire duquel nous tenons à rendre, dès maintenant, un 
suprême hommage. 

Le Bureau. 



>-»*Xg/<**- 



LISTE DES MEMBRES 

DE LA 

SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE, D'ARCHÉOLOGIE 

ET D'HISTOIRE NATURELLE 

du Département cle la Manche 

au 31 décembre 1907 

* •« € <!<!) <MMM>(fr !> »»»» 

PRÉSIDENTS D'HONNEUR 

MM. le Préfet de la Manche, ^. 
le Maire de Saint-Lo. 

MEMBRES D'HONNEUR 

S. A. S. Mgr le prince de Monaco, comte de Torigni, baron 
de Saint-Lo, etc., G. C. $*, Correspondant de l'Institut. 

M. Léopold Delisle, G. 0. $£, Membre de l'Institut, Admi- 
nistrateur général honoraire de la Bibliothèque Nationale, 
8, rue des Petits-Champs, Paris, II e . 

M. Albert de Lapparent, â&, Membre de l'Institut, Secrétaire 
perpétuel de l'Académie des Sciences, 3, rue de Tilsitt, 
Paris, VIII e . 

ADMINISTRATION 

Président : M. du Boscq de Beaumont. 

Vice- Président : M. l'abbé Blanchet, Chanoine honoraire, 
Curé de Sainte-Croix de Saint-Lo. 

Secrétaire général : M. Gambillon. 

Secrétaire adjoint : M. le docteur Le Clerc. 

Trésorier : M. Levoy. 

Conservateur : M. G. Guillot. 

Conservateurs adjoints : MM. A. Dieu. 

L. Delisle, avocat. 

Bibliothécaire- Archiviste : M. le docteur Louis Alibert. 

Classificateur de la section d'Agriculture : M. Marie. 

Classiftcateur de la section d'Archéologie : M. P. Derbois. 

Classificateur de la section d'Histoire Naturelle : M. Sébire. 

8 



— 114 — 

MEMBRES TITULAIRES 

MM. 

Adigard (Pierre), Avocat, Député de l'Orne, 4, rue Chomel, 
Paris, VII e . 

Alibert (le docteur Louis), Saint-Lo. 

Barbaroux, Imprimeur, Propriétaire et Directeur du Messager 
de la Manche, Saint-Lo. 

Bérenger (le vicomte de), à Trelly, par Quettre ville. 

Biard (J.), Notaire, Saint-Lo. 

Bigot (Adalbert), Propriétaire, Cerisy-la-Forêt (Manche). 

Blanchet (Pabbé), Chanoine honoraire, Curé de Sainte-Croix 
de Saint-Lo. 

Boscq de Beaumont (du), Le Mesnil-Vitey, Airel (Manche), 
et 15, rue Greuze, Paris, XVI . 

Bosq (J.), Banquier, Premier adjoint, Saint-Lo. 

Bourde de la Rogerie (Henri), Archiviste - Paléographe, 
Conservateur des Archives départementales, Hôtel de la 
Préfecture, Quimper (Finistère). 

Broise (de la), Propriétaire, Château de la Vaucelle, Saint-Lo. 

Chardon (IL), 0. ^, Maître des Requêtes au Conseil d'Etat, 
81, boulevard Saint-Mich*l, Paris, V\ 

Comminks de Marsilly (Arthur de), 80, avenue Kléber, 
Paris, XVK 

Damecour, Notaire, Saint-Lo. 

Dary, Conseiller municipal de Saint-Lo. 

Defontaine (H.), 55, rue de Babylone, Paris, VII*. 

Delisle (Léopold), Avocat, Saint-Lo. 

Derbois (P.), ancien Professeur, Saint-Lo. 

Desplanques (A.), Maire d' Airel (Manche). 

Dieu (A.), Avocat, Conseiller municipal de Saint-Lo, boule- 
vard de la Gare, 34, Corneilles-en-Parisis (S.-et-O.). 

Enault (Emile), Directeur du Journal de la Manche, 
Saint-Lo. 

Fabre (H.), 0. ^, Commissaire général du Canada, 10, rue 
de Rome, Paris, VIII e . 

Feuillet (Richard), ^, Chef de bataillon au 45 e régiment 
d'infanterie, 24, rue de Flore, Le Mans (Sarthe). 



— 115 — 

Frestel, Propriétaire, Agrneaux, par Saint-Lo. 
Friteau (Henri), Conseiller d'arrondissement, Sainf-Lo. 

Gambillon (E.), Chef de Division de la Préfecture de la 

Manche en retraite, Saint-Lo. 
Gautier, Chef de section à la Compagnie des Chemins de 

Fer de l'Ouest, Saint-Lo. 
Gocrcy (le comte Xavier de) 25, rue de Grenelle, Paris, 

VII e , et château de la Boulaye, Cerisy-la- Forêt (Manche). 

Grente (l'abbé), Directeur du Collège de Saint-Lo. 

Guilbert (Prosper), Sous-Chef de Bureau à la Direction gé- 
nérale de l'Enregistrement, 25, rue de Grenelle, Paris, VII e . 

Guillot (G.), 25, rue Crevaux, Paris, XVI e . 

Hérissé (Georges d'), 3£, Inspecteur honoraire de la Banque 
de France, 66, rue de Miromesnil, Paris, VIII*. 

Hommet (le baron Th. du), 22, rue Brochant, Paris, XVII e . 
Jacqueline, Conseiller municipal de Saint-Lo. 
Jacqueline (Paul), Imprimeur, Saint-Lo. 
Jéhanne, Maire de Saint-Gilles, par Saint-Lo. 
Jouanne (L.), Avoué, Saint-Lo. 

Kergorlay (le comte Jean de), château de Thère, par 
Pont-Hébert (Manche). 

Labbey (A.), Négociant, 5, place de la Bourse, Paris, II e , et 
château de Mesnilville, par Saint-Clair (Manche). 

Le Bas, Avocat, Saint-Lo. 

Leboucher, Propriétaire, Agneaux, par Saint-Lo. 

Lkcarpentier (Charles), Sous-Inspecteur de l'Enregistre- 
ment, Saint-Lo. 
Le Clerc (le docteur R.), Conseiller municipal, Saint-Lo. 
Leclerc (A.), Notaire honoraire, Saint-Lo. 

Le Comte d'Olondk (E.), Propriétaire, Saint-Lo et Fervaches, 

par Tessy-sur-Vire (Manche). 
Le Danois, Gérant de Propriétés, Agneaux, par Saint-Lo. 
Lefèvre, Docteur en pharmacie, Pharmacien, Saint-Lo. 
Le Forestier d'Osseville (le comte), Conseiller général, 

château de Thère, par Pont-Hébert (Manche). 
Lefranc (le docteur), La Meauffe, par Saint-Clair. 
Le Gout-Gérard (Fernand), Artiste peintre, 93, rue Ampère, 

Paris, XVII e , 



— 116 — 

Legrand (Arthur), ^, Député de la Manche, 18, rue Chau- 

veau-Lagarde, Paris, VIII e , et château du Coquerel, par 

Milly (Manche). 
Le Menuet, Conseiller municipal de Paris, 2, rue Bertiu- 

Poirée, Paris, I er . 
Lemerre (Alphonse), O. •$*, Libraire-Editeur, passage 

Ghoiseul, Paris, II e . 
Le Monnier de Gouville (Alain), ^ Capitaine de cavalerie 

en retraite, château de La Paiiière, Agneaux, par Saint-Lo. 

Lerosey (l'abbé), Chanoine honoraire d'Angers, Curé de 

Saiut-IIilaire, Loudun (Vienne). 
Le Tual, imprimeur, Conseiller municipal de Saint-Lo. 

Leturc (le docteur), Conseiller d'arrondissement et Conseiller 
municipal de Saint-Lo. 

Levoy, Percepteur, Saint-Lo. 

Lhomond (le docteur), Saint-Lo. 

Magniaux, Avoué, Saint-Lo. 

Mallet, Avocat, second Adjoint, Saint-Lo. 

Marie, Maire d'Agneaux, par Saint-Lo. 

Marie (l'abbé), Professeur au Collège de Saint-Lo. 

Mathan (le comte Jean de), Conseiller d'arrondissement, 
château de Semilly, par Saint-Lo. 

Péroche, 3$S Directeur honoraire des Contributions indi- 
rectes, rue de la Bassée, Lille. 

Pommier (le Docteur), Conseiller général, Maire de Torigni. 

Porel (Paul Parfouru), *&, Directeur du Vaudeville, 63, 
avenue des Champs-Elysées, Paris, VIII e . 

Pottier, Avoué honoraire, Saint-Lo. 
Pougheol, Notaire, Saint-Lo. 

Poulain, Juge de paix d'Octeville, en résidence à Cherbourg, 

rue des Ormes. 
Queillé, O. i^, Inspecteur général des Finances en retraite, 

Saint-Lo. 
Quenaultde la Groudiêre (Bernard), château du Dézert, 

par Saint-Jean-de-Daye (Manche). 

Rauline (Marcel), Conseiller général et Déput.'* de la Manche, 
48, avenue Marceau, Paris, VIII e , et manoir de Champeaux, 
Saint-Lo. 

Roland de Cadehol, Rédacteur en chef de Y Indépendant, 
28 et 30, place au Bois, Cambrai (Nord). 



— 117 — 

Sauvage (Hippolyte), ancien Magistrat, Lauréat de l'Institut, 
53, boulevard Bineau, Neuilly-sur-Seine. 

Savary (l'abbé), Chanoine honoraire, Supérieur du Collège 
de Saint-Lo. 

Sébire, Propriétaire, Saint-Lo. 

Thomas (le docteur), Conseiller général, Maire de Saint-Lo. 

Thouroude (A.), Greffier en Chef du Tribunal de Première 
Instance, Saint-Lo. 

Travers (Emile), Achiviste- Paléographe, ancien Conseiller 
de Préfecture, 18, rue des Chanoines, Caen. 

Tréfeu (Etienne), O.^, Directeur de la Marine Marchande 
au ministère de la Marine, 67, rue de Passy, Paris, XVI e . 

Vialatte, Directeur d'Assurances, Saint-Lo. 

Vibert(A.), Pharmacien, Saint-Fromond, par Airel (Manche). 

Ygouf (le docteur), Conseiller municipal de Saint-Lo. 



MEMBRES CORRESPONDANTS (1) 

Adam (l'abbé J.-L.), Aumônier des Augustines de Valognes. 

Bouis (Capitaine Raymond), $*, Escoville, par Hérouvillette 
(Calvados). 

Clkret de Langavant (Capitaine J.), &, Ker-Lezenn, 
Saint- Malo. 

Créances, Principal honoraire, 38, chemin de la Corniche, 
Marseille. 

• Courson (A. de), ancien Sous-Préfet, château des Planches- 

sous-Amblie, par Creully (Calvados), et 26, rue de l'Oran- 
gerie, Versailles. 

Dalimier (Henri), Professeur de Première au Collège 
d'Avranches, 7, rue du Séminaire, Avranches. 

Jambois (Charles), Conseiller à la Cour d'Appel de Paris, 13, 
rue Litîré, Paris, VI e . 

Lecornu (Léon), $£, Ingénieur en Chef des Mines, 3, rue 
Gay-Lussac, Paris, V e . 

* Legoux (Mgr), Protonotaire apostolique, Chanoine honoraire 

de Coutances, 3, rue Le Châtelier, Paris, XVII e . 

(1) Les Membre 4 Correspondants, dont le nom est précédé 
d'une astérique, sont abDnnés aux publications de la Société. 



— 118 - 

• Leguillochet (l'abbé), Curé de Gerville, par La Haye-du- 

Puits (Manche). 

Lemarquand, Juge de Paix, Président de la Société Archéo- 
logique de Valognes. 

Le Moyne (Eugène), Président du Tribunal civil de Ploërmel 
(Morbihan). 

• Morel (l'abbé L.)> Aumônier des Sœurs de Saint-André, 133, 

rue du Cherche-Midi, Paris, XV e . 

• Pillet (J.), Principal du Collège de Cambrai (Nord). 

Vacandard (l'abbé E.), Chanoine honoraire de la Métropole 
de Rouen, Aumônier du Lycée Corneille (Rouen). 

SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES 

FRANCE 

Aisne. — Société Historique et Archéologique de Château- 
Thierry. 

Alpes-Maritimes. — Société des Lettres, Sciences et Arls 
des Alpes-Maritimes. 

Basses-Pt/rénées. — Société des Sciences, Lettres et Arts, à 
Pau'. 

Calvados. — Académie de Caen. 
Association Normande, 12, rue des Croisiers, Caen. 
Société des Beaux-Arts de Caen. 
Société des Antiquaires de Normandie. 
Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Bayeux. 

Doubs. — Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de 

Besançon. 
Eure. — Société d'Etudes préhistoriques des Andelys. 

Gard. — Académie de Nîmes. 
Société d'Etudes des Sciences Naturelles de Nîmes. 

Gironde. — Société des Sciences Physiques et Naturelles de 

Bordeaux. 
Haute-Garonne. — Société d'Archéologie du midi de la 

France, à Toulouse. 
Société d'Histoire Naturelle de Toulouse. 
Hérault. — Société d'Archéologie, Scientifique et Littéraire, 

de Béziers. 
jlle-el-Vilaine. — Société Archéologique d'Mc-et- Vilaine, à 

Rennes. 



— 119 — 

Société Historique et Archéologique de l'Arrondissement de 
Saint-Malo. 

Loire-Inférieure. — Société Académique du département de 
la Loire-Inférieure. 
Société Archéologique de Nantes. 

Société des Sciences Naturelles de l'Ouest de la France, à 
Nantes. 

Maine-et-Loire. — Société d'Agriculture, Sciences et Arts 
d'Angers. 

Manche. — Société d'Archéologie d'Avranches et de Mortain. 
Société Académique de Cherbourg. 
Société des Sciences Naturelles de Cherbourg. 
Société Académique du Cotentin, à Coutances. 
Société Archéologique, Artistique, Littéraire et Scientifique 
de l'Arrondissement de Valognes. 

Orne. — Société Historique et Archéologique de l'Orne, à 
Alençon. 

Pyrénéea-Orien (aies. — Société Agricole, Scientifique et 
Littéraire des Pyrénées-Orientales. 

Rhône. — Société Littéraire, Historique et Archéologique de 

Lyon. 
Saône-et-Loire. — Société Eduenne des Lettres, Sciences et 
Arts, à Autun. 

Société d'Histoire Naturelle d'Autun. 

Société d'Histoire et d'Archéologie de Chalon-sur-Saône. 

Société des Arts, Sciences, Belles- Lettres et Agriculture de 
Saône-et-Loire. 

Société des Sciences Naturelles de Saône-et-Loire (Chalon- 
sur-Saône). 

Société d'Histoire Naturelle de Mâcon. 

Sarthe. — Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe. 

Seine. — « Omis », Bulletin du Comité Ornithologique et 
International, Paris, Masson, 20, boulevard Saint- 
Germain. 

« La Pomme », Société Littéraire et Artistique, 54, avenue 
de Breteuil, Paris. 

« Romania », Recueil trimestriel consacré à l'étude des 
Langues et des Littératures Romanes, Emile Bouillon, 
67, rue de Richelieu, Paris. 

Société Française des Fouilles Archéologiques, Ernest 
Leroux, 28, rue Bonaparte, Paris. 
Seine-Inférieure. — Académie des Sciences, Belles-Lettres 
et Arts de Rouen. 



— 120 — 

Société Géologique de Normandie, au Havre. 
Société Hâvraise d'études diverses. 

Somme. — Société des Antiquaires de Picardie, à Amiens. 

Société des Sciences, des Lettres et des Arts d'Amiens. 

Tarn-et -Garonne. — Société Archéologique de Tarn-et- 
Garonne. 

Var. — Société Académique du Var, à Toulon» 

Yonne. — Société des Sciences Historiques et Naturelles de 
l'Yonne (Auxerre). 



ETRANGER 

Alsace-Lorraine. — Société d'Histoire Naturelle de Metz, 
25, rue de l'Evêche. 

Belgique. — Revue Mabillon (Au Directeur, Dom Besse), à 
Chèvelogne, par Leignon, province de Namur. 

Etats-Unis d'Amérique — The Smithsonian Institution. — 
Minnesota Academy and Natural Sciences. Bureau 
d'Ethnologie (au Directeur), à Washington. 

Jersey. — Société Jersiaise pour l'étude de l'histoire et de la 
langue du pays. 

Uruguay. — Musée national de Montevideo. 



— 121 — 



MEMBRES TITULAIRES 



Reçus à la séance du 11 Janvier 1908. 



MM. 

Commîmes de Marsilly (Henri de), 80, avenue Kléber, 

Paris, XVI*. 
Orange, Artiste peintre, rue de Grenelle, 151 bis, Paris, VII e . 



TABLE DES MATIÈRES 



Éloge funèbre de Luc Duchemin de la Haulle, 
lieutenant général du Bailli du Cotentin, M. Gaétan 
Guillot 5 

V Instruction publique dans les diocèses de Coutances 
et d'Avranches avant 1789 (suite), M. l'abbé 
Lkrosey 23 

La Recherche de Jean Le Venart, lieutenant de 
l'élection de Coutances au siège de Saint-Lo, 
commissaire du Roi en 1523 (suite), M. H. Sauvage. 66 

Inauguration des nouvelles salles du Musée de 
Saint-Lo 96 

Nécrologie. — MM. Lepingard, le Professeur 
Poirier, Eugène Thturoude, le Docteur Bernard, 
le Vicomte de Montgermond et Tabard. . . . 108 

Liste des Membres de la Société et des Sociétés 
correspondantes 113 



MM. 

Gaétan Guillot. — Éloge funèbre de Luc Duchemin de 

la Haulle, lieutenant général du 
Bailli du Cotentin. 

L'Abbé A. Lerosey. — L'Instruction publique dans les 

diocèses de Coutances et d'Avran- 
ches avant 1789 (fin). 

H. Sauvage. — La Recherche de Jean Le Venart, 

lieutenant de l'élection de Cou- 
tances au siège de Saint- Lo, com- 
missaire du Roi en 1523 (suite). 

— Inauguration des nouvelles salles 

du Musée de Saint-Lo. 

Le Bureau. — Nécrologie. 

— Liste des Membres de la Société et 

des Sociétés correspondantes. 



NOTICES 

MÉMOIRES ET DOCUMENTS 

PUBLIÉS PAR LA SOCIÉTÉ 

D'AGRICULTURE, D'ARCHÉOLOGIE ET D'HISTOIRE NATURELLE 

DU DÉPARTEMENT DE LA MANCHE 



4 

VINGT-SIXIÈME VOLUME 



La Société ri est pas engagée, par les opinions 
des auteurs dont elle publie les Mémoires. 



NOTICES 

MÉMOIRES ET DOCUMENTS 

PUBLIÉS PAR LA SOCIÉTÉ 

d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire Naturelle 

DU DÉPARTEMENT DE LA MANCHE 



VINGT-SIXIEME VOLUME 




SAINT-LO 

IMPRIMERIE JACQUELINE, RUE DES IMAGES, 23 



MDCCCCVIII 



La Recherche de Jean Le Venart 

LIEUTENANT DE L'ÉLECTION DE COUTANCES 

AU SIÈGE DE SAINT-LO 

COMMISSAIRE DU ROI EN 1523 

(Publiée d'après un manuscrit de la Bibliothèque de Rouen) 

QUATRIÈME PARTIE (1) 



CHAPITRE II 

Ensuivent les noms de ceux qui ont esté deffaillans et 
dillayans ( c.-à-tf. demandant délai) d'apporter leurs généalo- 
gies, nonobstant les commanderaens et adjournemens à, eux 
faictz. 

Murdrac. Jean Murdrac, seigneur de Grengne (2). 

Fortescu. Nicolas Fortesru (3). 

De la Mare. Christofle de la Mare. 

Juslain. Gilles Juslain. 

De Girrois. Jean de Girrois. 

Scelles. Gilles Scelles (4). 



(1) Voir tomes 23, 24 et 28, des Mémoires de la Société 
d'Archéologie du déparlement de la Manche. 

(2) Anoblissement de 4591. Armoiries: D'azur au chevron 
d'argent, chargé d'un croissant de gueules, accompagné de 2 soleils 
d'or en clief et d'un cœur enflammé en pointe. 

Recherche : Chamillart. 

(3) Armoiries : I? argent à trois bandes d'azur. 
Recherches : Monlfnut et Chamillart. 

(\) Anoblissement de U>87. Armoiries : Ecarlelé aux 1 er et 4°, 
d'or , au lion de subie, armé cl lampassé de gueules ; aux 2 et 3, 
de gueules* à une fleur de lys d'argent. 

Recherche : Chamillart. 



— 6 — 

De Boulien. La veuf ve et enfaas de feu Pierre de Boulien. 

Myette. M re Guillaume Myette. 

Rogier. Gieffroy Rogier (1). 

La Dangie. Richard La Dangie (2). 

Signé : Maurevart. Un paraphe. 



CHAPITRE III 

LES MONNOYERS DE LA MONNOIE DE SAINCT-LO 

I. — Basire (3). 

Jacques Basire, monnoyer de la monnoye de Sainct-Lo, du 
serment de France, en ensuivant le commandement de justice, 
baille par desclaration sa généalogie, et s'aide des lettres cy 
apprèz déclarez, pour montrer qu'il est privillégié en droict, 
estoc et ligne de monnoye. 

Dict qu'il est filz légitime de feu Jean Basire et de Jeanne 
Cabouillet, sa femme defïuncte, ses père et mère, et s'aide des 
lettres par lesquelles apparest comme le roy Charles, en son 
joyeux advenement à la couronne, de son auctorité royale, 
constitua Jean Cabouillet, deffunct père de lad. Jeanne, mère 
dud. Jacques Basire, ouvrier de lad. monnoye de Sainct-Lo, 
luy et sa postérité et lignée. Lesd. lettres, en dabte le derrain 
jour de may mil I1II C et dix. 

Item, faict apparoir de lettres attachées à icelles, données 
de messieurs les généraux des monnoyes à Paris, en dabte 
le vingt un me jour d'avril mil II II e et douze. 



(1) Francs fiefs 4470. Armoiries : Coupe d'argent et d'azur ; 
le 1 er , chargé d'un lion léopardé de sinople ; le 52° de trois roses 
d'argent, posées "2 et f . 

Recherches : Roi^sy et Chamillart. 

(2) Armoiries : If argent , sem> : d'hermines sa?is nombre ; au 
chef d'azur, chargé de trois pommes de pin d'or. 

Recherches : Roissy et Chamillart. 

(3) Condamné par Montfaut 



— 7 — 

Item, faict apparoir comme led. Cabouillet fust reçeu et fist 
son espreuve et chief d'oeuvre en lad. monnoye, et continua 
l'ouvrage d'icelle ; et comme Jeanne, fille dud. Cabouillet, et 
mère dud. Basire, fust reçeue en lad. monnoye, le second jour 
de janvier IIII C dix neuf. 

Item, faict apparoir comme il fust reçeu en lad. monnoye, 
au d roi et de sad. mère, le vingi me jour d'avril mil 1111 e soixante 
dix huict, et comme il fist son épreuve et chief d'œuvre le 
vingt trois" 10 jour de febvrier mil 1111 e IIII XX trois. 

Item, s'aide des privillèges des monnoyers par lesquelz il 
et ses semblables, sont et ont esté tousiours, par cy devant, 
tenus quittes et exemptz de toutes tailles, impostz et autres 
subsides quelconques jouxte la teneur desd. privillèges, et dict 
qu'il est résident et demeurant dedans lad. ville de Sainct-Lo. 

Produict par led. Basire, aujourd'huy tiers jour de septem- 
bre mil cinq cens vingt quatre, à Sainct-Lo, devant Jean Le 
Venart, lieutenant des Esleuz de Coustances, commissaire du 
Roy, nostre Sire, en ceste partie. Signé : Basire. Un paraphe. 

II. — Maurevart. 

Pour desclarer par Gilles Maurevart, prévost et monnoier 
de la monnoie de Sainct-Lo, du serment de France, au plus 
prez qu'il en peult avoir congnoissance que luy et ses prédé- 
cesseurs ont esté d'ancienneté, de dreict, estoc et ligne de 
monnoye, dict ce qui suict : 

Dict que de long temps et de grande ancienneté ses prédé- 
cesseurs ont servy les roys de France eu faict des monnoyes, 
tant en la monnoye de Rouen, Sainct-Lo, en Normandie, que 
ailleurs eu royaume de France, et faict apparoir comme en 
l'an mil 1111 e quatre cens vingt huict, devant Jean Le Gouppil, 
général des monnoyes de France, congrégation et assemblée 
fust faicte des compagnons, ouvriers et monnoyers de Sainct- 
Lo, pour délibérer entre eux de leurs communes affaires, entre 
lesquelz est premier nommé Jean Dumesnil, prévost des 



— 8 — 

ouvriers dud. serment, bisayeul dud. Maurevart, en ligne 
féminine. 

Montre par autre lettre ancienne comme en Tan mil 1111 e 
quarante deux, Guillemine, fille de Pierre Dumesnil, filz dud. 
Jean Dumesnil, prévost et led. Perrin, ouvrier, en lad. 
monnoye de plaine part d'or et d'argent, ieelle femme, ayeule 
dud. Maurcvart, fustreceuc en lad. monnoye. 

Item, faict apparoir comme en Tan mil 1111 e cinquante trois, 
M ,c Eslienne Dumesnil, M rc en artz, filz aisuédud. Perrin 
Dumesnil, fust reçeu monnoyer en lad. monnoye de Sainct-Lo, 
et par autre lettre, en dabte de Tan mil 1111 e cinquante huict, 
comme led. Estienne fistson espreuve et chief d'œuvre en lad. 
monnoye. 

Item, faict apparoir comme en Tan mil 1111 e soixante et 
traize, Guillaume Maurevarl, filz de Gilles et de lad. Guille- 
mine, sa femme, fille légitime dud. deffunct Perrin Dumesnil, 
fust reçeu ouvrier en lad. monnoye, au droict de sa mère, et 
comme en l'an mil 1111 e soixante et quinze, led. Guillaume 
Maurevart, à présent deffunct, père dud. Gilles, à présent 
vivant, fist espreuve et chief d'œuvre, et continua l'ouvrage du 
Roy toute sa vie en lad. monnoye. 

Lequel Gilles à présent vivant, fust reçeu en lad. monnoye 
en Tan mil 1111 e 111I X * et dix nouf, et fist son espreuveet chief 
d'œuvre en l'an mil cinq cens et ung, ainsi qu'il apparoit par 
lettres exhibées par led. Maurevart, deument scellées et 
approuvées. 

Item , faict apparoir par autre lettre de commission donnée 
par messieurs les généraux conseillers du Hoy, sur Je faict de 
ses nionnoNos, comme p.. r le commun accord des ouvriers et 
monnoyers de la înonnoie de Sainct-Lo, tant du serment de 
France, ([lie de l'Empire, il a este commis et institué 
prévost de lad. monnoye, comme idoine (1) et suffisant, 
continuant l'ouvrage du Hoy et d'ancienne lignée, résident et 



(1) Terme vieilli, signitîant propre 5 quelque chose, tiré du latin 
idoneus. 



— 9 — 

demeurant aud. Sainct-Lo, prez la maison de lad. monnoye. 

Item, s'aide du privillège desd. monnoyers, par lesquelz il 
et ses prédécesseurs sont et ont esté tousiours par cy devant 
quiet es et exemptz de toutes tailles, impostz et autres subsides 
quelconques, jouxte lesd. privillèges et pour causes très rai- 
sonnables y contenues. 

Produict par led. Maurevart, aujourdhuy tiers jour de sep- 
tembre mil cinq cens vingt-quatre, h Sainct-Lo, devant Jean 
Le Venart, lieutenant des iïslcuz de Coustances, commissaire 
du Roy. Signé : Maurevart. Un paraphe. 

III. — Tourgis. 

Jean Tourgis, fils Guillaume, prévost des ouvriers de la 
monnoye de Sainct-Lo, du serment de Franc?, dict et desclare 
que luy et ses prédécesseurs ont esté et sont d'ancienneté de 
droict, estoc et ligne de monnoye. Dict et desclare ce qui e:i 
suict : 

Dict que de long temps et d'ancienneté ses prédécesseurs 
ont esté de la monnoye, servant le lloy, et continuant Pou- 
vage, et pour ce montrer, faict apparoir comme en l'an mil 1111 e 
vingt-neuf, au mois de juillet, devant les généraux maistres 
des monnoyers, JeanLccanu, bisaycul dud. Jean Tourgis, en 
ligne féminisme, estoit prévost des ouvriers de lad. monnoye, 
et fist son espreuve et chief d'œuvre eu lad. monnoye, duquel 
Lecanu, yssyt une fille légitime, nommée Catherine, qui fust 
mariée à Colin Tourgis, desquels yssyt en loyal mariage Guil- 
laume Tourgis, père dud. Tourgis et autres enffans, lesquelz 
à cause de lad. femme, so t de lad. monnoye. 

Item, faict apparoir par lettres, deuement authentiquez, 
comme led. Guillaume Tourgis, père dud. Jean, à présent, fist 
son espreuve en lad monnoye, le vingt deux" 10 jour de feb- 
vrier mil 1111 e soixante et traize. 

Item, par autre lettre, en dabte, le quinz mo jour de may 
mil cinq cens et vingt, led. Jean Tourgis, à présent vivant, fist 



— 10 — 

son espreuve et chief d'œuvre, comme ouvrier de lad. 
monnoye. 

Item, s'aide des privillèges desd. monnoyers, parlesquelz il 
et ses prédécesseurs sont et ont esté tousiours par cy devant 
quictes et exemptz de toutes tailles, impotz et autres subsides 
quelconques jouxte lesd. privillèges. 

Produiet par led. Tourgis, aujourdhuy tiers jour de septem- 
bre mil cinq cens vingt trois, devant Jean Le Venart, lieute- 
nant des Esleuz de Coustances. Signé: J. Tourgis. Un pa- 
raphe. 

IV. — Du Hamel. 

Pour desclaration, par Pierre Du Hamel, filz Henry Du 
Hamel, du serment de l'Empire et monnoier en la monnoie de 
Sainct-Lo, continuant en l'ouvrage de lad. monnoie. 

Dict qu'il s'aide d'une lettre dabtée du mois d'octobre l'an 
mil 1111 e soixante-six, contenant comme à la requeste de Raoul 
de Breuly, chevalier, chambellan du Roy, nostre Sire, Henry 
Du Hamel, fust confirmé et par nous congé donné de jouir et 
user des droitz, libertez et privillèges desd. monnoyers, il et 
ses hoirs, ainsy que par la teneur desd. lettres, il appert, si- 
gnées et scellées, un seing, sceau entier et lacs de soye 

Item, s'aide d'une autre lettre du dix mo jour de décembre 
mil 1111 e soixante et six, contenant comme par messeigneurs 
les généraux, led. Henry Du Hamel fut créé ouvrier en la 
monnoye et usa et jouist des privillèges, ainsy qu'il appert 
desd. lettres. 

Item, s'aide d'autre lettre par laquelle led. Henry Du Hamel 
fut reçu en mil 1111 e soixante-six. 

Item, s'aide d'autre lettre de l'espreuve dud Henry Du Ha- 
mel, en mil 1111° soixante neuf. 

Item y s'aide led. Pierre Du Hamel, filz Henry, de la lettre 
de quand il futreçeu en lad. monnoye de Sainct-Lo, en dabte 
du sept mc jour de febvrier l'an mil cinq cens et neuf. 



— 11 — 

Item, s'aide d'une autre lettre de son espreuve, en dabte le 
mardy six"* jour de déceinbra Tan mil cinq cens vingt. 

Item, s'aide de la lettre de prévosté, donnée le vingt 
huict™ 6 jour d'aoust Tan mil cinq cens vingt deux, soy aidant 
des privillèges desd. monnoyers par lesquelz il et ses sem- 
blables sont quittes de toutes tailles, fouages, aides de ville, 
quaiorziesmes, huictiesmes, coustumes, sénéchaussées, guet 
et garde de porte, empruntz, demandes, assiettes, impositions, 
pacages, passages, service d'ost et tous autres impostz^ subsi- 
des et subjections quelconques mis et à mettre au royaume de 
France, ainsy que les chartriers le contiennent. 

Geste présente desclaration produicte par ledit Du Hamel, 
monnoyer, prévost en lad. monnoye, à honorable homme 
Jean Le Venart, lieutenant au siège de Sainct-Lo, de M rs les 
Esleuz sur le faict des aydes, commissaire du Roy en ceste 
partie. Faict aujourdhuy trois me jour dî septembre l'an mil 
cinq cens vingt quatre. 

Signé : Pierre Du Hamel. Un paraphe. 

V. — Clérembault, 

Pour desclarer par M re Pierre Clérembault, monnoyer de la 
monnoye de Saintct-Lo, du serment de France, que luy et ses 
prédÔ3esseurs ont esté et sont d'ancienneté de droict, estoc et 
ligne de monnoye dud. serment de l'Empire. Dict et déclare ce 
qui ensuict : 

Dict que de long temps et d'ancienneté luy et ses prédéces- 
seurs ont servy les roys de France du faict desd. monnoyers. 
Et faict apparoir qu'en l'an mil II II e vinegt huict, Colin Bou- 
tebosc, tiers ayeul dud. Clérembault, en ligne féminigne, fust 
reçeuen lad. monnoye de Sainct-Lo, ouvrier de plaine part 
(For et d'argent. 

Montre par autres lettres anciennes, comme en l'an mil 1111 e 
cinquante et deux, M re Mathieu Boutebosc, iiis dud. Colin, 
bisayeul dud. Clérembault, fust reçeu eu lad. monnoye de 



— 12 — 

plaine part d'or et d'argent, et par autre lettre de Tan mil II II e 
cinquante-trois, comme il fist son espreuve en lad. monnoye. 

Item, par autre lettre de mil 1111 e soixante et sept, comme 
led. Mathieu fust esleu prévost du serment de l'Empire. 

Item, faict apparoir comme en Tan mil 1111 e soixante six, 
Jeanne Boutebosc, fille de M r0 Mathieu, fust reçeue en lad- 
monnoye de Sainct-Lo. 

Item, faict apparoir comme en Tan mil 1111 e IIII" el 
quinze, Nicolas Clérembault, filz de Jean Clérembault et de 
lad. Jeanne Boutebosc, fut reçeu en lad. monnoye, monnoyer 
de plaine part d'or et d'argent, au droict de sad. mère, et de 
ce que en l'an mil cinq cens et traize, led. Nicolas Clérem- 
beault, à présent deffunct, père dud. M rc Pierre, à présent 
vivant, fist son espreuve. 

Lequel M rc Pierre Clérembault, à présent vivant, a esté 
reçu aud. an mil cinq cens traize, monnoyer en lad. monnoye, 
et continue l'ouvrage toutes fois que mestier en est, résidant et 
demourant à Sainct-Lo. 

Item, s'aide des privillèges de lad. monnoye, par lesquelz 
ilz sont quictes de toutes tailles, subsides et impostz, jouxte 
lesd. privillèges. 

Produict par led. Clérembault, le trois 1 "- jour de septembre 
l'an mil cinq cens vingt quatre. Signé : Clérembault. Un 
paraphe. 

Lesd. lettres ont esté rendues, par apprez icelles veues. 

VI. — Renouf. 

Raoul Renouf. l'un des ouvriers de la monnoie de Sainct- 
Lo, du serment de l'Empire, et continuant l'ouvrage du Roy, 
en lad. monnoye, dict que de longtemps et d'ancienneté, luy et 
ses prédécesseurs sont et estoient de bonne et droicte ligne d.2 
monnoyes. Il s'aide des lettres qui ensuivent : 

S'aide d'une lettre donnée de messieurs les généraux des 
mon noies, par lesquelles apparoist comme Guillaume de la 



— 13 — 

Porte, aïeul dud. Raoul Renouf, et père de la mère d'icelluy 
Raoullet, estoit monnoyeren lad. monnoye, et comme il avoit 
Jaict son espreuve et chief d'œuvre, continuant l'ouvrage 
d'icelluy. Icelles lettres, en dabte le neuf me jour de décembre 
l'an mil cinq cens et un. 

7/rm, faict apparoir comme devant les généreux, en Tan mil 
JIH C cinquante-neuf, led. Guillaume de la Porte, fust com- 
mins prévost desmonnoyes dud. serinent de l'Empire, et fist 
le serment à ce requis. 

Item, s'aide d'une autre lettre, comme enl'an mil I III e qua- 
rante-six, Girctte, fille légitime dud. de la Porte, mère dud. 
Renouf, fut reçeue à lad. monnoye et fit led. service. 

Item, s'aide d'une autre lettre, en dabte du premier jour 
d'avril mil 1111 e soixante et quatorze, contenant comme 
led. Renouf fust reçeu en lad. monnoye, au droict de ses pré- 
décesseurs ; et par autre lettre en dabte du sept 1 "* jour d'avril 
rail 1111 e IIII" deux, contenant comme led. Renouf fist son 
espreuve et chief d'oeuvre en lad. monnoye, et a tousiours 
I continué l'ouvrage du Roy en lad. monnoye, et résidant et 
I demeurant en ceste ville de Sainct-Lo, faisant Pasques et 
| Noël et autres. 

I Item, s'aide de sa lettre de prévost, donnée du vingt" 10 jour 

I de décembre, l'an mil cinq cens et quatre, soy aidant avecques 
! cèdes privillèges desd. monnoiers par lesquelz il et ses sem- 
j blabies sont quittes de toutes tailles, fouages, aides doubles et 
subjections quelconques, mis et à mettre sus au royaume de 
France. 

Cette déclaration produite par led. Renouf, prévost ouvrier 
et monnoyer en lad. monnoye de Sainct-Lo à honorable 
homme Jean Le Venart, lieutenant en ce siège des Esleuz, 
sur le faict des aides, commissaire du Roy, nostre Sire, en 
j ceste partie, en obéissance et au bon commandement et plaisir 
du Roy. Faict aujourd'huy trois" 10 jour de septembre l'an mil 
cinq cens vingt quatre. Signé : Renouf. Un Paraphe. 



— 14 — 

Vil. — Damf.sme. 

Pour desclarer par Estienne Damesme, l'un des ouvriers de 
la monnoye de Sainct-Lo, du serment de l'Empire, et conti- 
nuant l'ouvrage du Roy, en lad. monnoye, que de longtemps 
et d'ancienneté, luy et ses prédécesseurs sont et estaient de 
bonne et droicte lignée de monnoyers, s'aide des lettres qui 
ensuivent : 

S'aide d'une lettre donnée de messieurs les généraux des 
raonnoyes, par lesquelles appert comme Guillaume de la Porte, 
ayeul dud. Estienne, et père de la mère d'icelluy Estienne 
estoit monnoyer en lad, monnoye, et comme il avoit faict son 
espreuve etchief d'oeuvre, continuant l'ouvrage en celle d'ice- 
luy lieu. Ces lettres en dabte du neuf mc jour de décembre 
mil I1II C quarante sept. 

Item, faict apparoir comme devant lesd. généraux, en Tan 
mil IIII C cinquante neuf, led. Guillaume de La Porte fust 
commins prévost des monnoyes du serment de l'Empire et fist 
le serment à ce requis. 

Item, s'aide d'une lettre contenant qu'on l'an mil IIII C 
soixante ei traize, Perrette, fille légitime dud. Guillaume de 
La Porte, mère dud. Estienne, fust reçeue en lad. monnoye, 
et fist le serment en tel cas accoustumé. 

Item, s'aide d'autre lettre, du mois d'avril mil cinq cens et 
onze, comme led. Estienne Damesme fustreçeu en lad. mon- 
noye au droict de sesd. prédécesseurs. Et par autre lettre du 
vingt six mc jour de may mil cinq cens vingt, contenant comme 
led. Estienne fist son espreuve et chief d'oeuvre en lad. mon- 
noye et a continué tousiours l'ouvrage du Roy, en lad. mon- 
noye, résidant et demeurant à Sainct-Lo. 

Soy aidant avecques cèdes privillèges desd. monnoyers par 

lesquelz, il et ses semblables sont quittes de tous impostz et 

subsides quelconques, ainsy que les chartes le contiennent. 

Desclaration produicte par led. Damesme à honorable 

homme Jean Le Venart, lieutenant du siège de Sainct-Lo, de 



— 15 — 

messieurs les Esleuz de Coustances, commissaire du Roy, 
nostre Sire, en ceste partie. Faict aujourd'huy trois me jour de 
septembre, l'an mil cinq cens \ ingt-quatre. Signé : Damesme. 
Un paraphe. 

VIII. - Groult. 

Ensuict Je plaisir et voulloir du Roy, nostre Sire, que les 
monnoyers et ouvriers des monnoyes baillent par escript les 
moyens comme ils sont des monnoyes, affin de jouir des pri- 
villèges d'icelles monnoyes, à eux octroyez par les Roys et 
conférez à iceulx à Thomas Groult, fils Perrin, de la paroisse 
de Grengne, et de Louise Du Hamel, sa femme et espouze, et 
procréé en loyal mariage, avecques lesquelz ses père et mère, 
il est demeurant en leur pouvoir paternel, et non marié, ne 
tenant aucun feu, ni lieu. 

Dict qu'il montre, par lettre du vingt-six mc jour de may, Tan 
mil 1111° IIII XX et cinq, des prévotz, compagnons, ouvriers et 
monnoyers de la monnoye de Sainct-Lo, comme lad. Louise 
Du Hamel, fille de deflunct Henry Du Hamel, en son vivant 
ouvrier esd. monnoyes du serment de l'Empire, f ust reçeue à 
lad. monnoye et fist le serment comme tailleresse, jouxte que 
lesd. lettres le portent et contiennent. 

Item, s'aide et montre autre lettre desd. prévotz, compa- 
gnons, ouvriers et monnoyers dud. service de l'Empire, du 
quatorz mc de may, l'an mil cinq cens dix sept, comme led. 
Thomas Groult fust reçeu monnoyer auxd. monnoyes aud. 
serment de l'Empire, ainsy qu'il est plus à plein contenu ausd. 
lettres. Avecques lesquelles lettres dessus déclarées, iceluy 
Groult s'aide des lettres et escriptions produictes par Pierre Du 
Hamel, prévost de lad. monnoye du serment, frère de lad. 
Louise. 

La présente desclaration faicte par led. Groult devant hono- 
rable, homme Jean Le Venart, lieutenant à Sainct-Lo de 
messieurs les Esleuz de Coutances, commissaire du Roy, 



— 16 — 

nostre Sire. Faict aujourd'huy trois mc jour de septembre, Pan 
mil cinq cens vingt quatre. Signé : Groult. Un paraphe. 

IX. — Le Rerours. 

Pour déclarât ion, par Richard Le Rebours, filz Jean Le 
Rebours, de la Manssellière, et de Gillette, filta de Henry 
Du Hamel, l'un des monnoyers de la monnoye de Sainct-Lo, 
continuant et résidant en lad. monnoye et ouvrage d'ieelle. 

S'aide led. Richard Le Rebours d'une lettre contenant comme 
Henry Du Hamel, père de lad. Gillette, mère dud. Richard Le 
Rebours, fust présentée en lad. monnoye et reçeue tailleresse, 
en dabte du sept me jour de janvier, Tan mil 1111 e soixante dix 
neuf, ainsy qu'il appert par la teneur des lettres de réception. 

Item, s'aide Icd. Richard Le Rebours d'une lettre contenant 
comme Richard fust rcçeu aux droietz, libertez et franchises 
desd. monuoyes, par les prévostz de lad. monnoye, ainsi qu'il 
appert par la teneur de la lettre de réception, du quatr mc jour 
d'avril, l'an mil cinq cens et onze. 

Item, s'aide d'une autre lettre contenant comme par Raoul 
Renouf et François Lacanne, prévostz, icelluy Le Rebours 
fist son chief d'oeuvre et espreuve de monnoyer, fust reçeu par 
les susdietz, ainsy que par la teneur de lad. lettre est plus 
manifestement déclaré et estably, en dabte du vingt-sept mc 
jour de juillet l'an mil cinq cens et vingt. Soyaydant autenti- 
quement des privillèges desd. monnoyes, par lesquelz il et ses 
semblables sont quictes de tous impotz, subjections et juris- 
dictions quelconques mis et à mettre sus au royaume de 
France, ainsy que les chartes le contiennent. 

Ceste présente desclaration produicte par led. Le Rebours, 
monnoyer, à honorable homme Jean Le Venart, escuier, 
lieutenant es siège de Sainct-Lo, de messieurs les Esleuz, sur 
le faict des Aydes,, commissaire du Roy, nostre Sire, en 
ceste partie. Faict aujourd'huy tiers jour de septembre, l'an 
mil cinq cens vingt quatre. Signé : Le Rebours. Un paraphe. 



- \1 — 

X. — Lesleu. 

Ensuict par desclaration les lettres que produict honorable 
homme Guillaume Lesleu, tailleur des monnoyes de la ville 
de Sainct-Lo, en suivant l'appoincteraent de messieurs les 
Esleuz de Coutances, ou leur lieutenant à Sainct-Lo, pour 
soutenir son privillège, avecques les autres lettres et chartes 
de lad. rnonnoye, dont sont aidés les autres officiers, maistres 
et ouvriers de lad. monnoye, et dont pareillement ilz s'aident. 

Led. Lesleu, tailleur, s'aide, montre et produict troi? lettres 
attachez ensemble, les premières en dabte le huict mc jour 
d'août l'an mil cinq cens et douze, contenant comme led. feu 
roy Louis, que Dieu absolve, donna et octroya aud. Lesleu 
l'office de tailleur de la monnoye de Sainct-Lo. La seconde, 
du viDgt-sept me jour d'aoust Tan mil cinq cens et douze, don- 
née de Hugue Bureau, lieutenant général de monsieur le 
bailly de Caen, contenant comme plusieurs maistres du mestier 
d'orfebvre en la ville de Caen, rapportèrent et témoignèrent 
par leurs certifficatz que led. Lesleu, M trc dud. mestier d'or- 
febvre, estoit ydoine et suffisant ouvrier dud. mestier d'orfeb- 
vre, tailleur et graveur, habille et expert pour exercer led. 
office. L'autre et dernier, donné à Paris du neuf mo jour de 
septembre l'an mil cinq cens et douze, contenant comme nos 
sieurs les généraux des monnoyes du Roy apprez l'espreuve 
par eux pris dud. Lesleu de bien et deuement exercer led. 
office de tailleur ont consenly l'entérinnement et accomplisse- 
ment desd. lettres du Roy, et par eux mandé aux maistres 
particuliers de lad. monnoye de livrer ses droiez et debvoirs 
aud office appartenant pour les causes et ainsy que plus à 
plain mention est faicte ausd. lettres. 

Item, s'aide et produict deux autres lettres. Les premières 
en dabte le seiz mc jour de janvier mil cinq cens et quatorze, 
contenant comme le Roy, nostre Sire, a continué et confirmé 
led. office de tailleur de la monnoye de Sainct-Lo aud. Lesleu. 
L'autre dabtée le six rae jour de mars, aud. an mil cinq cens et 

2 



— 18 - 

quatorze, contenant comme nosd. sieurs les généraux ont pris 
le serment dud. Lesleu, tailleur, et consenty l'entérinement 
desd. lettres. 

Lesquelles lettres led. Lesleu, tailleur, a produictes affin 
dessus d'entretenir aux honneurs, gages, proffits et privillèges 
aud. office appartenant, entre lesquelz privillèges icelluy Lesleu 
est et entend estre franc, quitte et exempt de payer tailles, ni 
subject comme les autres officiers de tailleur en monnoyes 
pour le Roy, nostre Sire, en ensuivant les privillèges de 
lad. monnoye, joint avecques ce la demeurance continuelle 
dud. Lesleu aud. Sainct-Lo, auquel lieu il exerce led. office 
de tailleur chacun jour, le cas offrant. 

Produict par led. Lesleu devant Jean Le Venart, lieutenant 
à Sainct-Lo des Esleuz de Coustances, le jeudy, quinz mc jour 
de septembre Tan mil cinq cens vingt quatre. Lesquelles lettres 
dessus dabtées ont esté rendues aud. Lesleu. Signé : G. 
Lesleu. Un paraphe. 



CHAPITRE IV 

Ensuivent les noms des officiers, ouvriers et monnoyers de 
la monnoye de Sainct-Lo, lesquelz ont esté reffusans ou 
delayans {demandants délai) de procédure. 

Vaultier. Guillaume Vaultier, garde de lad. monnoye. 

Quétil. Jacques Quétil, garde de lad. mounoye. 

Tiboult. Richard Tiboult, monnoyer. 

Lacanne. Nicolas Lacanne, ouvrier. 

Signé : Maurevart. Un paraphe. 



— 19 — 



CHAPITRE V 



ANOBLISSEMENTS DES FRANCS F1EF8 
1470 

Ensuict les noms, le nombre et déclaration des enffans dont 
les pères sont trespassez, lesquelz en leur vivant furent nobles, 
tant par lettres particullières à lacz de soye et cire verde, 
comme par la charte générale des Francz Fiefz et nouveaux 
acquetz par les eslections sy ainsy cy apprez est particulière- 
ment contenu et desclaré. 



En l'Eslection de Coustances. 

Les hoirs de feu Jean Ferrant. 
Les hoirs de feu Robert Sanson. 
Les hoirs de feu Richard Levesque. 
Les hoirs de feu Guillaume Garnoit. 
Les hoirs de feu Pierre Le Mesager. 
Les hoirs de feu Girard Pisouche. 
Les hoirs de feu Jacques Rousselin. 
Les hoirs de feu Raoul Régnier. 
Les hoirs de feu Girard Le Tclier. 
Les hoirs de feu Jean Osouf. 
Les hoirs de feu Nicolas Le Saige. 
Les hoirs de feu Simon Le Tavemier. 
Les hoirs de feu Robert Adam. 
Les hoirs de feu Pierre Martin. 
Les hoirs de feu Jean Le Boulleux. 
Les hoirs de feu Jean Le Petiot. 
Les hoirs de feu Thomas Le Hardy. 
Les hoirs de feu Guillaume Briart. 
Les hoirs de feu Jean du Val. 



— 20 — 

Les hoirs de feu Jean de la Roque. 

Les hoirs de feu Richard de Caumont. 

Les hoirs de feu Richard Le Legier. 

Les hoirs de feu Raoulet Groult. 

Les hoirs de feu Robert Bosnot. 

Les hoirs de feu Le ClereL 

Les hoirs de feu Robert de Boisnoitan (pu Boismitan). 

Les hoirs de feu Jean Coquet. 

Les hoirs de feu Ollivier Coquet. 

Les hoirs de feu Richard Simon. 

Les hoirs de feu Nicolas Dubosq. 

Les hoirs de feu Guillaume de la Mare. 

Ainsy qu'il a est et est certiffiô soubz le seing manuel de 
Bernard Le Marnel, escuier, l'un des Esleuz en lad. eslection 
de Cou s tances. 

Hippolyle Sauvage. 



FIN 



Le Cartulaire 



DE L'ÉGLISE NOTRE-DAME DE SAINT-LO 
(suite et fin) (1) 



À tous ceulx qui ces lectres verront, Clément Le Comte, 
escuier, garde du seel des obligations de la viconte de Cous- 
tances. Savoir faisons que par devant Colin Cauvelande 
le jeune, clerc tabellion jure et commis eu siège et sergenterie de 
Quiebou, furent presens Jehan Cauvelande laisne, bourg, de 
Saint-(Lo) et Rauline, sa famme, les quelx maries, après ce 
que le d. mary out donne auctorite a sa d. famme, de leurs 
bonnes volentes confessèrent avoir baillie par eschange af fin de 
héritage a Colin Cauvelande, leur filz, et a Clémence, sa 
femme, et a leurs hers, en la ligne délie, huit boysseaux de 
fourment de rente, mesure de Moon, que le d. Cauvelande 
laisne et sa famé, a cause délie, avoient a prendre par chacun an, 
au terme Saint Michiel, sur Jehan Quelle et a justicier sur les 
héritages qu'il en tient, assis en la parroisse de Moon, selon ce 
qui peut plus a plain apparoir par les lectres sur ce faictes, o 
tout le droit, action, raison, justice, liberté, saisine et seignourie 
que les d. Cauvelande laisne et sa famé y avoient et pouvoient 
avoir, caiengier et demander et les arrérages de la d. rente 
dun an desrain passe. Et fut ce fait pour ce que les d. Colin et 
sa famé, icelle famé auctorisee par son d. mary, en ont pré- 
sentement baillie par contreschange aflïn de héritage aux d. 

(1) Voir tomes 18 et \\) des Mémoires de la Société d'Archéo- 
logie du DéparU ment de la Manche. 



- 22 — 

Cauvelande laisne, et sa femme et a leurs her^, vingt soulz t. 
de rente que les d. Colin et sa feme a cause délie, avoient 
a prendre par chacun an, aux termes acoustumes, sur 
Guille Le Paulmier les hoirs Robin Le Paulmier et Phi- 
lippin Violete, et a justicier sur une maison ou manoir qui 
fut maistre Richart Heustez, assis en la parroysse N ro 
Dame, en la rue du bas Torteron, jouxte les hers ou aians 
cause t!e feu Richart Andreu, dun coste, bute a la d. rue et 
aux fossez des Perrelles des bus; la quelle rente les d. Colin 
et sa femme avoient eue en partage entre aultres choses 
avecquez les frères et seur dycelle Clémence, ausquelx la 
dite rente appartencit, par raison de laquisition quen avoit 
faicte feu maistre Guill c Fratus, leur oncle, de feue damoiselle 
Jebenne de Champeaux, en son vivant veufve de feu maistre 
Raoul de Crânes, en son vivant escuier, qui la d. rente pro- 
mist garantir et fournir sans dechie et sans admenisement, 
jouxte et selon ce qui peut plus a plain apparoir par les lettres 
passées devant Olivier Le Moustardier, tabellion a Saint-Lo 
Tan mil iiij c et cinq, le iij c jour dapvril que les d. Colin et sa 
femme ont présentement bailliees aus d. Cauvelande laisne et 
sa femme pour annexer, o tout le droit, action, raison, justice, 
liberté, saisine ou seignourie que les d. Colin et Clémence y 
avoient et povoient avoir, calengier et demander. Et promis- 
trent les d. parties lun a lautre poureulx et pour leurs hers, se 
quilz se entrebaillent envers et contre tous garantir, délivrer et 
deffendre, oster et ftiettre hors de tous, telz erapeschemens 
comme par eulx, ou par leur fait, y pourroit avoir ou entrevenir 
en aucune manière; et ad ce fut présent Th ns Cauvelande, filz 
des d. Jehan et sa femme et frère du d. Cclin, qui le d. contrait 
ouït agréable et promist que jamais aucune chose ny deman- 
dera par nulle raison en aucune manière. Et quant a ce tenir 
et acomplir lesd. parties se obligèrent lun a lautre chacun en 
son fait culx, leurs hers et tous leurs biens meubles et héritages 
presens et advenir, ou qu'ilz soient, a vendre doflice de justice 
pour deffault de ce et pour restituer et rendre tous coustz mises 



— 23 — 

et despens faiz par eulx pour ce. En tesmoing de ce, ses lettres 
sont scellées du d. seel, a la relation du d. jure sauf autruy 
droit. Ce fut fait à Aigneaulx en la présence de Pierres Bou- 
cart et de Jaquet Le Touroudel, le lundi xx iiij* jour de juing, 
Tan de grâce mil cccc trente sept. Et est ainxi signe : 
C. Cauvelande. 
Item, enssuit la teneure des lettres du d. don. 

Collaon faicte par Bacon. 

A tous ceulx qui ces lettres verront Clément Leconte, 
escuier, garde du seel des obligations de la viconte de Cous- 
tances, salut. Savoir faisons que, par devant Colin Cauvelande 
le jeune clerc tabellion jure et comis eu siège et sergenterie de 
Quiebou, furent presens Jehan Cauvelande laisne, bourg, de 
Saint-Lo, et Rauline, sa femme, les quelz maries, après ce que 
led. mary ouït donne auctorite a sa d. femme, de leurs bonnes 
volentes confessèrent avoir donne et omosney, donnent et 
omosncnt en pur don et omosne affin de héritage au Trésor 
de lEglise N re Dame de Saint-Lo vingt soulz tourn. de rente 
que les d. maries, a cause délie, avoient a prendre par chacun 
an aux termes acoustumez sur Guille Le Paulmier, les hoirs 
Robin Le Paulmier et Philippin Violete, et a justicier sur 
une maison ou manoir qui fut Maistre Richart Heustes, 
assis en la parroisse N re Dame, en la rue du Bas Torteron, 
jouxte les hers ou aians cause de feu Richart Andreu, d'un 
coste, bute a la dicte rue et aux fosses des Perrelles, des 
bus. Les quelz vingt soulz t. de rente les d. maries avoient 
aujourduy eux par eschange o les lettres du droit dicelle rente 
de Colin Cauvelande, leur filz, et de Clémence, sa fème, selon 
ce qui peut plus a plain apparoir par les lettres sur ce faictes 
parmi les quelles ses présentes sont annexes, o tout le droit, 
action, raison, justice, liberté, saisine et seignourie que les d. 
donneurs y avoient et pouvoient avoir, calengier et demander. 
Et fut ce fait pour Dieu et en omosne, et pour estre iceulx 
donneurs, leurs pareils, amis et biensfuicteurs participais et 



— 24 — 

acuilliz es messes, biensfaiz, vespres, prières, matynes et 
oraisons qui désormais seront faiz, diz, et célèbres en lad. 
Eglise ; et auxi pour cstre iceulx vingt soulz t. de rente mis, 
convertis et emploies en vin a donner le jour de Pasques les 
Crans aux gens dicelle parroysse après ce quilz avoient repceu 
le Corps N rc Seignour a la grante Messe en icelle Eglise. 
Promettans iceulx donneurs que jamais eulx, leurs hers, ne 
personnes qui deulx aient cause eu dit don et omosne aucune 
chose ne demanderont, et icelly garantir, délivrer et deffendre, 
se par eulx ou par leur fait y avoit aucun empeschement. Et 
quant ad ce tenir et acomplir les d. donneurs obligèrent eulx 
leurs hers et tous leurs biens meubles et héritages presens et 
advenir, ou quilz soient, a vendre doffice de justice pour deffault 
de ce et pour restituer et rendre tous coustz, mises et despens 
iaiz et eux pour ce. En tesmoing de ce ses lettres sont scelles 
dud. seel, a la relation du d. jure, sauf autruy droit. Et fut fait 
a Aigneaulx, en la présence de Pierres Boucart et de Jacquet 
le Thouroudel, le lundi xx iiij c jour de juing lan de grâce 
mil cccc trente sept. Et est ainxi signe : C. Cauvelande. Colla- 
tion faicte par Bacon. 

Thomas Brebcuf, comme héritier deMacieu Masin, qui mis 
avoit este a la requeste de Thomas Mathenot, Guille Jehan et 
Jehan Baubegny, trésoriers de l'Eglise N 1 * 6 Dame de Saint-Lo, 
en adjournemcni en cas de delaiz de tieu par six bouisseaulx 
de fourment de rente, mesure de Saint-Lo, quitta et dellrssa 
aflin pour lui et pour se hoirs aus diz trésoriers une pie e de 
terre, comme elle se pourporte, assise en la parroysse Saint - 
Thomas, jouxte des costes et dun bout a Jehan Coquet, a 
c<»use des terres qui furent Rcgnouf Quetior, appelle Le 
Monceel et daultre buta Jehan Bedemie et a Jehan Debessin 
et a sa femme, a cause délie, pour et en solucion de leur rente, 
que y estoit assise, et pour ce quil ne veoit .pas que ce fust son 
proufïit de la plus tenir pour la dicte rente et pour les arré- 
rages du temps passe leur gaiga et promist paier quatre livres 



— 25 — 

t. a paier es termes contenus es lettres sur ce faictes, passées 
devant Thomas Marest, tabellion de Saint-Lo, le xi e jour de 
novembre, lan mil iiij c trente sept. La pièce de terre dessus 
desclairee fut baillie par eschange a Emon Coquet, eseuier, 
pour et en lieu de quinze s. de rente que le d. Coquet avoit a 
prendre sur Jehan Lecarpentier, en la rue S l -Georges, et a 
justicier sur lostel et gardin du d. Carpcniier, jouxte Perrin le 
Maistre et le d. Carpentier, des Coslez, bute a la d, rue et a 
Jehan Gaultier, des bus. Les lettres de la d. eschange faictes 
devant Thomas Maresc, tabellion, le xiij c jour de septembre 
mil iiij c xivjj. 

Thountas Halles et Thomine, sa famé, comme usufruitiers, 
et les hoirs de Jehan Vincent, comme propriétaires, doivent au 
d. Trésor trois s. t. j. p. cap. de rente, par an, aux tcrmcz 
acoust urnes, a justicier sur ung mesnage o le gardin a ce 
appartenant, assis en la parroysse Saint-Thoumas de Saint-Lo, 
en la rue de la Croix au Cappel, que tiennent a présent le d. 
Thoumas Halles et sa famé, et dont la propriété e^t corne len 
dit aux hoirs de feu Jehan Vincent jouxte Raoul Baudet et 
Regnault Perrel, des co.stes ; butte, dun bout, a la d. rue et 
d'autre bout a Julien Le Tanneur et a sa famé et a Jehan 
Bedemie, qui aujourduyont estey baillez par eschange par 
Jourdan de Conteville, o tout le droit quil y avoit tant en 
arrérages que aultrement, a Guille Jehan, Th as M.\thenot, 
trésoriers de l'Eglise Notre Dame, lequel il a promis garantir 
comme par son fait ou de ses prédécesseurs y pourroit avoir ou 
intervenir. Ce fait pour ce que les d. trésoriers tant pour eulx 
que pour ceulz qui sont advenir, ly en ont baille par contres- 
change v s. t. de rente que avoient a prendre par chacun an le 
d. Trésor aux termes acoustumes au devant du d. don fait au 
d. Trésor par feu Robert Cauvelande sur Guillaume Basire d. 
le Robe et sa faîne, et a faire pour ce justice tant sur une pièce 
de terre, comme elle se porporte, assise en la parroisse Notre 
Dame, que sur tous les aultres héritages des d. maries par 



— 26 — 

exécution, selon des lettres sur ce faictes, avec les arrérages qui 
deubz en sont, comme il est apparu par lettres passées devant 
Thoumas Marcsc, tabellion a Saint-Lo, le samedi xxvij® jour 
de juing, Tan de grâce mil iiij c xxxjx, presens Colin Cauve- 
lande et Bernard Le Pegny. 

Guillaume Gouhier, de la Pouleniere, doit au d. Trésor xij 
d. tourn. de rente, par an, au terme St-Michiel, a justicier sur 
une pièce de terre contenant demie vergée de terre ou viron, 
assise en la paroisse Notre Dame sur le Mont de la Mare, 
jouxte des deux costez au d. Gouhier Guillaume et dun bout a 
Robin Ruault dit Carnete. 

Jehan Boyvin, gouverneur de la Maladrerie de la Magda- 
laine près Saint-Lo, doibt ij s. j p. j cap. de rente, par an a paier 
xij d. a la Saint-Martin dEste et xij d., ung pain, ung capon 
à Noël, du don de Katherine, famé Gieffroy de Parfourrou, 
pour estre elle et sa more et païens parlicipaus es prières, 
oraisons, services et en la d. église ; a prendre et paier 

par la main de Jehan Suesanc et de ses hers, et a justicier sur 
son mesnage et gardin assis en là rue de la Ville de Saint-Lo, 
en la paroisse Saint-Thomas, joint des bus au mesnage et 
gardin Richart Le Rosel, comme il peut apparoir par lettre du 
d. don escript scelle passe lan mil i j c et quinze de lassomp- 
tion a la benoiste Virge Marie, lequel hostel et gardin fust 
depuis ce venu et escheu a feu Jehan Sehier et du d. feu 
Sehicr est escheu au Roy N rc Sire pour labsence et déso- 
béissance de Jehannin Sehier, fils du d. feu Jehan Sehier, 
le quel hostel et gardin jouxte de présent a Raoul Le Court 
dun costey, dautre costey et dun bout a Pierres Binet, a cause 
des héritages qui! tient a présent a louage des héritiers de feu 
Georget Le Marinel, et, dautre bout, a la rue de la Ville de 
Saint-Lo. Et pour avoir congie iceulx Trésoriers de joir de 
leur dicte rente eussent iceulx Trésoriers de la d. Eglise fait 
requesle, au Procureur et Conseil du Roy, et, sur leur d. 



- 27 — 

requeste la veue assise et leur d. rente recongnene en assiette 
assise par rapport denqueste et les solemnitez de Justice gar- 
deez, lour eust estey donne congie de joir du fonsdu d. 
héritage en lieu de leur d. rente, le quel fons ilz neussent pas 
voulu recuillir, mes eussent fait venir le d. Boyvin comme 
gouverneur et procureur des d. malades, qui disoient y avoir 
droit de prendre x s. de rente par an pour recuillir le lieu en 
sauvant les d. x s. de rente puisnes de celle des d. Trésoriers 
et leur faire leur rente comme ainsnee, ou renonchior a celle 
de* d. malades comme puisnee, le quel Boyvin fust venu en 
court et, en sauvant la rente des d. malades eust recuilly le d. 
tenement et se submis faire la rente aux d. Trésoriers pour le 
temps advenir comme ainsnee, comme tout se peut apparoir 
par lettres tant passées es assises de Saint-Lo devant Robert 
Jozel, lieutenant gênerai de monsieur le bailli de Costentin, le 
xi]* jour de mars Tan mil iiij c xxx viij, que devant Pierres 
Berart lieutenant du d. Bailli, passée le ij jour de may lan mil 
iiij c xxxix, que aussi devant Thomas Baudry lieutenant du 
viconte de Carenten, toutez annexées icelles lettres du dit Bau- 
dry, passées es plez ordinaires de la Sergeanterie de Saint-Lo, 
le viij* jour de Juillet Tan mil iiij c xxxix. 



Du Don de Jehan Peldoue x f . de R. 

Jehan Painchaut doit au d. Trésor x s. t. de rente par an, 
par ecxecution aux termes de Noël et Montmartin, par moitié, 
a cause dune fieuffe a luy faicte par les Trésoriers de lEgliso 
N 1 "» Dame de Saint-Lo, de certains héritages, maison, masure 
et gardins qui furent Guille Symonnet et Jehan Lesbaudi, 
assis en la parroisse N re Dame de Saint-Lo, en la rue de 
Falourdel, jouxte lostel qui fut Pierres de Terrette, dun costey 
et dautre costey a lostel qui fut Poysson, bute a la d. Rue et a 
Jaqnet et Jourdan diz Le Thouroudel, des bus, comme il 
appert par la lettre de la dite fieuffe faicte et passée devant 



— 28 — 

Colin Cauvelande, tabellion de Saint-Lo, le second jour de 
février lan de grâce mil iiij c trente huit. 

Thoumas Poncel doibt au d. Trésor cinq s. t. de rente de la 
tournée de feu Colas Le Roy et a justicier sur une masure 
auprès et au dehors de la Porte du Neufbourg, selon les let- 
tres donc la teneur ensuit : A tous ceulx qui ces lettres ver- 
ront Hervieu de Longaulnoy., lieutenant de noble homme 
Th tts Pelleve, escuier, viconte de Carenten, salut. Comme Th as 
Mathenot, Guill e Jehan et Jehan Le Rouxel, dit Baubygny, 
Trésoriers de l'Eglise Nosire Dame de Saint Lo eussent mis 
en adjournement Th as Poncel en cas de delays de fieu,par 
raison de cinq s. t. de rente que ilz dizoient avoir droit de 
prendre, par chacun an, termes de Noël et Montmartin, par 
moitié, a cause et par raison de la tournée et assiette qui en 
fist japieca au d. Trésor feu Colas Le Roy, en son vivant, 
bourgoiz de Saint-Lo, sur feu Jehan du Poncel, père du d. 
Th as ; et a justicier sur ung mesnage o le gardin ad ce appar- 
tenant, assis en la parroysse St-Th aâ de Saint Lo, en la 
rue du Neufbourg, jouxte lostel qui fut Jehan Le Dain et 
lostel qui fut Th as Noël, des costez, bute a la dicte rue 
et es Venelles des bus, dont iceulx Trésoriers disoient les 
arrérages leur estre deubz depuis la descente et conqueste 
faitle p. le Roy, N rv Souverain Seignour et ce eussent poursuy 
vers le dict Poncel a en avoir paiment de trois années du 
devant de leur dicte clamour, a rencontre de la quelle pour- 
suite ieelluy Th as eust intention de prendre défonce, disant 
que dey celle rente, il ne de voit rien paier, tant par ce quil 
disoit que le d. mesnage avoit du tout este démoli et abatu 
pour le fait de la guerre pour la salvation du corps de la dicte 
ville, donc il retenoit a estre recompense sur les bourgoiz 
et habitans dycelle, que par ce que il avoit estey et estoyt en 
non vailour et ne ly avoit servi ne ne servoit de riens, parce 
que pour ce qu'il estoit auprès de la muraille de la dicte ville, 
il ne la voit pas peu appliquier a gardin. Sur quoy les d. 



— 29 — 

parliez, fussent en voie* de plaider jugement, en la parfin, 

savoir faisons que es plez ordinaires de la sergenterie de 

Saint-Lo, tenus par nous lieutenant dessus dit, le mardi vij° 

jour de novembre lande grâce mil inj c et xi, icellez partiez par 

le moyen de leurs conseulx sont sur ce venus a tel appoincte- 

tement comme il sensuit. C'est assavoir que le dict Thoumas 

recongnoisi la d. rente estre deue sur la d. place et masure 

qui est de présent aussy comme en non valloir, voullantque 

se icelle place revient a valleur et que le dit Poncel en jouisse 

ou personne pour ly, iceulx Trésoriers prennent leur d. rente 

sur icelle par simple justice, comme ilz avoient euparavant de 

la demolission dycelle, pour le temps advenir. Lequel appointe- 

tement iceulx Trésoriers prindrent et accepteront, et partant 

s'en allèrent hors de procès. En tesmoing de ce, nous avons 

scelle ces présentes de scel dont nous usons au d. office de 

Lieutenant, et a grigneur congnoissance y avons fait mettre le 

grant scel aux causes de la d. viconte, en lan, jour et plez 

dessus diz. Et estoient ainsy signes : J. Le Poullaillier. 

Collation faicte. 

Poullailler. 

Jehan Cuirot doibt chincq s. de rente par an, aux termes de 
Noël et de Montmartin par moittie, de la tournée et assiete 
faittc par Damoyselle Mariette Le Prestrel, vefve de feu 
Jehan Le Taneur, chargie de garantie pour Guill e Jehan, a 
prendre et justicier du nombre de dix s. t., ung pain, une 
geline de rente par an, que avoient a prendre la dite Damoy- 
selle et son dit feu mary, a cause de lacquisition par eulx 
faite, leur mariage durant, sur ung hostel, gardin et pallis, 
corne le tout se pourporte, assis en bourgeoisie, en la parroisse 
N rc Dame, jouxte lostel qui fut missire Gui II e Calenge, prebs- 
lre, et le palis que tient Richart Potier, dun costey, dautre 
costey a Richart Le Chamberlent et le gardin Mesnil, que sou- 
loient tenir les Peros, bute au d. gardin étala grande Rue 
tendante es Degrés Gouhier des bus. Et est en recompensation de 



- 30 — 

v s. de rente que avoit pieca donney au dit Trésor Henry Le- 
cousté a prendre sur ung hostei assis en la rue es Pors qui fut 
Gieffreoy Vautier et après acquis parle d. feu Taneur et la dite 
Marietie, sa femme, jouxte dun costey a Th as Le Chevalier, 
dautrecostey a Guill e Jehan, bute a la dite rue es Pors, et 
lequel hostei iceulx Taneur et sa dite femme avoient vendu au 
dit Gill e Jehan franc et quitte de toutes rentes, par quoy la dite 
femme sestoit chargie de garantie pour icelluy Guill c Jehan, 
comme il apparoit par lettres passées devant Th as Maresc, 
tabellion de Saint-Lo, le dix me jour de febvrier, lan de grâce 
mil iiij c et quarante. 

Du don de Jehan et Perrin diz le Rouxel autrement diz 
Baubigny, et de Jehenne, leur seur, veuf ve de feu Aymery du 
Quesnay, trente s. ung pain, une guelline de rente par an 
aux termes acoustumés, o hommage a prendre, selon ce quil 
apparoist par les lettres donc la teneur enssuit : A tous ceulx 
qui ces lettres verront Jehan Roussel, clerc, garde du scel des 
obligations de la viconte de Carenten, salut. Savoir faisons que 
par devant Jehan Cauvelande, clerc, tabellion jure et commis a 
Saint-Lo, furent présens Jehan et Perrin diz Le Roussel, au- 
trement Baubygny, frères, bourgoiz de Saint-Lo, et Jehenne, 
leur seur, veufve de feu Aymery du Quesnay et euparavant 
femme de feu Jehan Pouchin, lesquels desirans faire le sau- 
vement des âmes deulx et de leurs amis trespassez, de leurs 
bonnes volentes confessèrent avoir donne et aumosne en par- 
don et osmone, affin dheritage, pour eulx et pour leurs hoirs, 
au Trésor de lEglise N re Dame de Saint-Lo trente s. t., ung 
pain, une guelline, le tout de rente, avecques hommage aux 
termes de Montmartin et Noël, a avoir et prendre du nombre 
de cent s. t. de rente qui jadis furent donnes a mariage par les 
dis frères a la dite Jehenne, leur seur, en faisant le mariage 
dejleet dudit Jehan Pouchin, et a faire iusticepour ving s. pain 
et guelline, o hommage sur ung hostei assis en la rue de lAsne- 
rie, appartenant a présent à Perrin Fabien et sa femme et à 



— 31 — 

Thomas Sarrot, jouxte es hoirs Morisset et a Jehan Pitoche, 
des costes, bute à la rue de lAsnerie et es hoirs feu Jehan du 
Roquier, des bus; et dix s. t. du nombre decelle (sic), a justi- 
ticier sur une portion dostel et gardin appartenant à Pierres 
Le Chevallier, assis en la rue du Buot, en la parroisse N ro 
D c , jouxte le dit Pierres des costes, a cause lostel qui fut 
Pierres le Berruier et de lostel qui fut es hoirs Richart Girart, 
bute a la dite rue et au clos Symon des Peserilz, des quels 
trente s. t., pain et guelline de rente, les diz frères et seur ont 
présentement baillie aux Trésoriers dicelle Eglise les lettres de 
ce faisant mention, o tout le droit, action, raison, justice, 
liberté, saisine et seigneurie, que les diz frères et seur y 
avoient, pouvoient avoir, callengier et demander, tant en pro- 
priété que es arerages dicelle renie, au terme de Noël desrain 
passe. Et fut ce fait pour avoir participation es prières, messes, 
matines, vespres, vigilles et oraisons qui desormaiz seront 
fais, diz et célébrez en la dite Eglise ; et parmy ce que Tho- 
mas Mathenot et Guillemin Jehan, a présent trésoriers dicelle 
église N re Dame, ad ce presens, eulx establissans et faisans 
fors pour les Trésoriers qui pour le temps advenir seront en 
la dite Eglise, de leurs bonnes volontez se submistrent et obli- 
gèrent faire dire et célébrer par chacun an, en la dite Eglise 
quatre messes secrètes qui seront dittes cest a savoir lune de 
X re Dame le vij e jour davril, lautre du Saint Esprit le mardy 
dapres Pasques les Grans, lautre des trespassez le xx c jour 
du dit moys davril et la quarte, la vigille de la Magdalaine, et 
sera ditte du jour avecquez mémoire des trespasses a la fin de 
de chacune dicelles messes. Et avecquez ce le chapellain qui 
diraicelles messes sera tenu, après icelles dites, venir sur la 
tombe du père des dis donneurs, la quelle est dans la d. église 
devant Saint-Sauveur et dire libéra et de profundis avecquez 
les trois oroisons acoustumees a dire pour les âmes des tres- 
passez, et pour ce faire aura le chapellain pour chacune dicelles 
messes deux s. six d. t. et le sonneur de cloques, pour sonner 
en la d. église par chacun des d. quatre jours pour les âmes de 



- 32 - 

Pierres Le Roussel et Colete sa femme et de leurs aùiis tres- 
passez, aura deux s. L par chacun an, qui est pour chacun 
diceulx jours six cl. t., lequel argent se paiera par les mains 
des d. Trésoriers, et le sourplus de la d. rente sera et demeu- 
rera au proufit du d. Trésor ; lequel don les diz donneurs 
promissent pour eux et pour leurs hoirs au d. Trésor envers 
et contre tous garantir, délivrer et deffendre, oster et mettre 
hors de tous empeschemens et encombremens quelxconquez, 
fournir, emplir, faire valloir sans aucun dechie ne admenisse- 
ment ; et quand ad ce tenir et acomplir les diz donneurs obli- 
gèrent eulx, leurs hoirs et tous leurs biens meubles et héritages 
presens et advenir, a vendre doffice de justice pour deffault 
de ce enterrigner, et pour restituer et rendre tous coustz, mises 
et despens fais par eulx pour ce ; entesmoingdeces lettres sont 
scellées dudit scel a la relation du d. Jure, sauf autruy droit ; 
et fut fait en la présence de Jehan Ferry et de Richart de 
Morant, le dymenche xix° jour d'avril, lande grâce mil quatre 
cens et quatre. Ainsy signé : J. Cauvelande. Collation faicte. 

Signé : J. Cauvelande. 

La Grand-Dolee, la Basse-Doltee, la rue Saint-Georges, 
le Mesnilcroc et le paiz denviron 

Jehan de Caron doit au d. Trésor xu d. tourn. de rente par 
an, terme de Noël, du don de Richard Carbonnel, a prendre et 
a justicier sur une maison, comme elle se pourporte et comme 
elle estoit garnie, qui fut Jehan Le Provost, assis en la 
parroisse N rc Dame et jou?toit lors a Jehan Durant, dun coste, 
butoit a la rue Saint Georges ; et jouxte, de présent, dun coste 
audit de Caron, d'autre coste a Jehan Joiret d. Jeunesche ; bute 
a la rue allant de la Porte de Dollee en la rue Saint-George, et 
d'autre but, a lhostel qui fut Guillaume Doesbe ou soulloit de- 
mourer Maistre Jehan Fouquet, a présent appartenante au d. 
de Caron. Et est icelluy hostel assis entre la fontaine a la 
Vaulle et la rivière de Dollee, sy corne il est apparu par lectres 



- 33 — 

faictes et passées devant Robert Ravenel, tabel. de Saint Lo 
scelee par Guili" Legay, garde du scel des obliga ons du Duc 
en la vicomte de Coustances, lan de grâces mil 1111 e Ivj le 
mereredy jour de la Conversion de S 1 Pol apostre, et estoit 
ainsi signe : Ravenel, laquelle lettre estoit saine et entière en 
scel et en escripture. 

Maistre Jehan Fouquet, maistredes haultes œuvres et Jus- 
tice du Roy n rc Sire a Saint Lo, doit au Trésorier n s. tour- 
nois de rente par an, aux termes de Noël et Montmartin, 
moictie a prendre et justicier sur son hostel et gardin assis en 
la paroisse N re Dame, en la grant Dollee, en la Ruette par ou 
len va au moulin de Dollee et au moulin fouleur, lequel hostel 
fut et appartint a Denise Lenguelle, de laquelle il eschut à 
Maislre Richart Heustes qui le vendit à Raoul Angot, lequel 
hostel est a présent au d. Fouquet et jouxte de présent, dun 
coste a eau de Dollee, dautre coste la voye par ou len va de la 
rue Saint-Georges au moulin de Dollee et au moulin fou- 
leur, bute dun but à Perrin Debleueet a Jouenne, sa femme, 
et, daultre bouta Colin Peton, les quelx deux soulz tourn. 
sont du don de la d. Denise Lenguelle, pour eslre participante, 
elle et ses amis trespasses es prières, messes et oroisons de la 
dite Eglise, et estoit la dicte Denise deguerpie de Pierres 
Lehueis. 

Pierres de Vatteffoit, natif du pais d Angleterre, aiantledroit 
par don du Roy, N r0 Sire, des héritages qui furent Thomas 
Durant, doit au d. Trésor xxx s. i paini cappon de rente par an, 
aux termes de Noël et de Montmartin, a prendre, excecuter sur 
une maison, court et gardin qui fut Thomas Durant, et qui de 
présent est au dit de Vatteffoit, assis en laparroisse N re Dame, 
appelle lostel du Prainseur, jouxte a présent, dun coste, a 
Martin Piedefust, daultre coste a lostel qui fut Cavadas et 
qui de présent est a la deguerpie de Guill c Le Pallier et a 
Jehenne, sa fille, bvte dun but à la rue par quoy len va de la 

3 



- 34 - 

Porte Dollee à Saint -Georges ; icelle rente due par gaigie a 
tenir fait es Trésoriers par Jehennet Durant et Robin Molle, 
lors possesseur, héritage des d. héritages comme il est apparu 
par leetre passée devant Colin Le Roy, lieutenant de Symon 
Renouf, Vicomte de Coustanccs es pies ordin. de la Baronnie 
de Saint Lo, lan de grâce mil IIP* xvm, le mardi après la 
Saint Aubin en mars, laquelle lettre est saine et entière en 
scel et en escripture, scellée du grand scel de la Vicomte. 

Jehan de Villiers doit au d. trésor par chacun an III s. 
tournois de rente, aux termes de Noël et Montmartin par 
moictie, du don de Perrin Loisel, a prendre et a justicier sur 
ung hostel lors appartenant a Jehan de Vaines, assis en la 
Verte-Rue, icellui hostel a présent appartenant au d. Jehan de 
Villiers, jouxte a présent dun coste a Jehan Le Fetey, dautre 
coste a Jehan Brocard, bute es hers Raoul Durant, dun but 
et daultre bout a la d. Verte-Rue. Ce don fait pour estre le d. 
donueur participant es bienfaiz, prières et oroisons qui seront 
faictcs en la dite Eglise, comme il est apparu par une lettre 
escripte en latin passée lan de grâce mil III e et huit, le mer- 
credi après la feste Saint GeDrges, martir, la quelle estoit 
saine et entière en scel et en escripture. 

Perrin Finel (ou Sinel) doit au d. Trésor n s. tourn de 
rente par an, au terme de Noël a prendre et justicier sur son 
[hostel] et mesnage, ou il demeure, comme il se pourporte de 
longe, en lay et qui fut Sandret Finel, son père, assis en la rue 
du Mesnilcroq, jouxte Perrin de Vennes, dun coste, daultre 
coste a la venelle par ou len va es Palis du Mesnilcroq, bute 
dun but à la rue du Mesnilcroq et daultre but a une sente 
allante par derrière es dis palis ; et sont de la vente pieca faicte 
au Trésor de la dicte Eglise N rc Dame par Nicollas Hays et 
Jehenne, sa femme, si comme il est apparu et appert par une 
lettre en latin, scellée de deux seaulx lan de grâce mil deux cens 
Ixxiin, jure principio (très douteux) mensis septembris. 



— 35 — 

Laquelle lettre est saine et entière en scel et escripture. 
Ung hostel, apartenant a Jehan Simonnet, a Pierres Deven- 
neret a sa femme, et a la mère de Guieffroy Regnart dit 
Houssette, doit au d. Trésor xn deniers tournois de rente par 
an au terme de Noël, a prendre et justicier sur ung hostel et 
mesnage o son appartenance, que prindrent japieca Jehan 
Simonnet et Alaire, sa femme, a rente de Pierres Bloville par 
I x s. 1 pain, 1 capon et xu den. allans au dit Trésor de 
lEglise N r0 Dame. Icellui hostel jouxte de présent dun coste 
à Colin Angot, daultre coste à Colin Mariette ; bute a leau de 
Dolee, dun but, et dautre but a la rue du Mesnilcroc, et 
souloit jouster a Enguerran Le Tellier et a Raoul Peluel, des 
costes, si comme il est apparu et appart par lettres passées 
devant Benêt Le Villous, scellées par Jehan Le Duc, garde du 
scel des obligations de la Vicomte de Coustances, lan mil III e 
IIII" et quatre, le xiij c jour de novembre, et etoit ainsi signe : 
B. le Villous ; la quelle lettre estoit saine et entière en scel et 
et en escripture. 

Perrin Binet doit au d. Trésor x s. tourn. de rente par an, 
aux termes de Noël et Montmartin par moietie, du don de 
Jehan Sauvage et de Guillemete, sa femme, a prendre par leurs 
mains et a justicier sur une maison, gardin et aultres apparte- 
nances, assis en la paroisse N rc Dame et joustoit, lors dud. don,, 
à Clément Peteroul et aMichiel Aubree, des costes, butoit a la 
rue Saint Georges et a la ruete du Moulin, des bus. Et, de 
présent, la tient le dit Binet et jouxte a présent Perrin Vau- 
chelles, dun costé, daultre coste es hers Michiel Maliere, bute 
a la rue Saint Georges, dun bout et daultre bout au gardin 
Jaquet Gislot. Ce don fait pour estreiceux donneurs participans 
en prières, bknsfaiz et oroisons qui seront faiz en la dicte 
Eglise, et pour ce que les Trésoriers seront tenus faire dire, par 
chacun an, deux messes secrètes, lune du Saint-Esprit, le jour 
Saint-Thomas et Saint-Pol, aposlres, pour les âmes des d. 
Donneurs et de leurs amis trespasses ; de laquelle rente le 



— 3G — 

sonneur de queloques aura viij sous pour sonner a chacune 
dicellcs, laquelle renie les d. donneurs s'obligent pour eulx 
et pour leurs hers garantir et fournir sans dechiee, paier on faire 
paier par voyc d'oecution, comme il est apparu et appert par 
lettre passée devant Jehan Le Hoy, tabellion de Saint-Lo, lan 
de grâce mil iiij c et quatre, le mercredi xj jour de juing, et 
estoit ainsy signe : J. Le Roy, laquelle lettre estoit saine et 
entière en scel et en escriptures. 

Rogier Dadeville, par raison des héritages qui furent Jehan 
Lemonnier, les quelz il a eulz et tient par raison du don que 
lui en a fait le Roynostre Sire, doit aud. trésor IIIIs. tourn. de 
rente par an aux termes de Noël et de Monîmartin parmoîetie 
du don de Guili Patrix, demourant lors a Saint-Lo, lesquels 
iiij s. tour, au temps du d. don à prendre sur Pierres Le 
Caretier et a justicier sur son mesnaire que il tenoit du cl . 
Patrix, assis en la parroisse N rc Dame et joustoit lors Guill e 
Lenepveu, a cause de sa femme, et les hers Coespel, des costes, 
butoit a leau de Vire et a la rue des Moulins de Vire, des bus ; 
et de présent jouxte au d. Rogier, a cause des héritages du d. 
Jehan Le Monnier, dun coste, et dautre coste a Colin Le Vari- 
gnon, a cause de Alips, sa femme, bute a leau de Vire, dun 
but etdaultre bout au chemin tendant du Pont de Dollee es 
moulin de Vire. Ce don fait pour estre le d. donneur, ses 
parens et amis, participais es prières et oroisons faictes en 
lad. Kglise, la quelle rente le dit donneur sobliga garantir 
et fournir, sans dechie, sur lobligacion de tous ses biens et de 
ses hers, comme il est apparu et apparessoit par lectres passée 
devant Benest Le Villous, tabellion a Saint-Lo, scellées par 
Thomas le Mesle, Garde du scel des obligacions de la Vicomte 
de Coustances, lan de grâce mil iij c Ixx x, le xxviij jour doctobre 
et estoit ainsy signey : B. Le Villous, laquelle lettre estoit 
saine et entière en scel et en escriptures. 

Robin Guieffroy doit au d. Trésor de N rc Dame XII deniers 



- 37 — 

tournois de rente au terme de Noël, du don de Jehan Le Gay, 
l>our estre participant es prières de l'Eglise, a prendre et 
justicier sur ung hostel assis en la parroisse N rc Dame de 
Saint-Lo, en la rue du Mcsnil-Croq, lequel fut à Henry de 
Guernetier et après a Jehan Gueffroy, et de présent est et 
appartient au dit Robin Gieflroy, et jouxte de présent dun 
coste a Jehan Hurel, dautre coste a Franquet Gieffroy, bute 
d'un butes hers Jehan Durant et daultre bouta la Rue du 
Mesnil-Croq, selon ce quil est apparu et appert par lettres 
passées devant Benest Le Villoux, lan de grâce rail iij c iiij™ 
et cinq, le X e jour de février et estoit ainsy signe : B. Le 
Villous, laquelle lettre estoit saine et entière en seel et en 
escripture. 

Du don de Jehan Houbart fait au d. Trésor, xl s. tourn. de 
rente par an, aux termes de Noël et Montmartin par moietie. 
Ce don fait pour avoir doresnavant, par chacun an, ungobit a 
xiu cierges ardans tant comme len dira lobit et messe de 
Requiem, et pour faire sonner les cloquez par la ville quant on 
fera le d. obit, qui sera fait le jour Saiqt Sevestre ; icelle rente 
a prendre et justicier sur les personnes et héritages cy après 
Jescleries : premièrement sur Estiennote, fille de feu Robin 
Lepicart, xx s. tournois, et a justicier sur deux hostelset mes- 
uages tenans ensemble, comme ilz se porportent, assis en la 
parroisse N re Dame, en la rue Saint-Georges, jouxtant a pré- 
sent, dun coste a Laurens Simon dit Capie, dautre coste es 
hoirs Chardin Bisson, bute au chemin des Boujoingneurs, 
dun bout, et dautre bout à la rue Saint-Georges ; item, x sous 
tourn. a prendre sur Jamin La Diexme et sur Robin Girard et 
a justicier sur ung hostel assis en la dite parroisse N re Dame 
en la rue Saint-Georges, jouxte a présent dun coste a Martine, 
veufve de feu Guill La Loe, dautre coste a Rogier Davallec, 
bute a la rue Saint Georges dun bout et dautre bout a Jehan 
Durant dit Berlin ; item, x. s. tournois de la d. rente a pren- 
dre sur Pierres Berart et a justicier sur son hostel, ou il de- 



— 38 — 

meure a présent, assis en la dicte parroisse N rc Dame, eu 
chastel de Saint-Lo, auprès de la Porte de Dollee, jouxte de 
présent a Jehan Besnart, cousturier, dun coste, et daulre 
coste a la rue au Rouxelet, bute, dun but, a Pierres Le Rebiiel 
et d'autre bout a la rue de la Porte de Dollee, lesquels x. s. 
sont es clercs du cueur de la d. Eglise et les rechevent par 
leurs mains. Ce don fait pour estre le d. donneur et ses amis 
participans es prières et oroisons faictes en la d. Eglise, comme 
il est apparu par lettres passées devant Jehan Boulenc, scellées 
par Robert du Serlin, garde du scei des obligacions de la 
Viconte de Carentan, lan de grâce mil iij c xxiij, le mardi 
devant la Saint Andreu apostre. 

Onfroy Lemeauffeiz doit au d Trésor xxij manseiz de rente, 
par an, a Noël et a la Montmartin, a justicier sur ses deux 
hostels et court, comme ils se porportent, assis en la paroisse 
N rc Dame, en la rue Saint-Georges, jouxte, de présent, a 
Perrin Le Garpentier, dun coste, daultre coste, es hères Henry 
le Barbier, bute, dun but, au quemin es Bouionigneurs, et, 
dautre but ala rue Saint-George. 

Lan de grâce mil iiij c trente huit, le dymence premier jour 
de mars, devant Colin Cauvelande le jeune, tabellion a Saint 
Lo, fut présent Onflroy Le Meaufleiz, de N rc Dame de Saint Lo, 
qui confessa devoir affin de héritage au d. Trésor les d. vingt 
deux manseiz de rente par an, aux termes de Noël et Mont- 
martin, par moietie, voullant iccllui Onffroy, pour lui et pour 
ses hers, que les Trésoriers du d. Trésor et leurs successeurs 
puissent pour icelle renie faire justice sur les d. deux hostels 
dessus devises ; et en paya présentement à Guillaume Jehan et 
à Jehan Baubigny, tresoiiers de lad. Eglise, trois soulz huit 
deniers tournois pour les arrérages dune année et partant les 
dessus d. Trésoriers lsquicterent des arrérages de la d. rente du 
temps passé. Tesnioings a ce Guiot Go et Jehan de la Roque. 

Coli:i Vymond doit au d. Trésor iv s. tourn. de rente aux 



— 39 — 

termes de Noël et de Montraartin, a prendre et justicier sur son 
gardin assis en la parroisse N r0 Dame, en la rue St -George, 
eu derrière de son hostel, jouxte Chardin Le Cordier, dun 
coste, dautre coste et dun but a la venelle par ou len va de la 
rue Saint-George au Mesnil-Croq et dautre bout a lostel du d. 
Vymond, et est du don Colin Estace et le souloient tenir les 
hers de feu Jamet. 

Robinne, fille Chardin Vaultier, doit au d. Trésor iv s. 
de rente par an, aux termes de Noël et de Montmartin, sur 
ung hostel assis en la parroisse N rc Dame, en la rue Saint- 
George, que souloit tenir Chardin Vaultier, son père, jouxte, a 
présent, d'un coste a Jehan Dosly, daultre coste a la carrière 
allant en la grant Ilote des Paliz, bute dun bout a la rue Saint 
George et dautre bout a Denis Despineiz ; et est du don de 
Coliu Eustace. 

Guillemin Scelles, fils Pierres Scelles, doit au d. Trésor xn 
s. tourn. de rente, aux termes de Noël et Montmartin par 
inoictic, a justicier sur deux maisons o leur appartenance as- 
sises en la parroisse X rc Dame en la Verte rue, jouxte, dun 
coste a Guillemin Marquestz, daullre coste a la venelle ten- 
dante de la Verte rue a la Flote des Palis, bute, dun but, à la 
Verte rue et daultre bout au d. Marquestz. 

Jehan Barbe doit au d. Trésor xn den. tourn. de rente par 
an, au terme de Noël, a justicier sur ung hostel et gardin que 
souloit tenir Thomas Dreu et sa femme, assis en la parroisse 
N re Dame, en la Verte rue, jouxte dun coste a Laurens 
Augier, daultre coste à Dom Denis Mallebochc, prostré ; bute 
dun but a la Verte rue et dautre bout à la venelle venante de 
la Flote des Paliz a la Verte rue. 

Colin Levilloux, dit Trois Torches, doit au d. Trésor xu den. 
tourn. sur ung hostel que tient a présent Michiel Lemeauffeiz, 



— 40 — 

par louage fait des gens et officiers du Roy, du don de Guill e 
Berlran pour participer es bienfais de lad. Eglise. Icelluihostel 
assis en la rue Saint-George et jouxte de présent a Perrin Beza, 
dun coste, daultre coste a Thomas de Lison, bute a la venelle 
Thomas de Lison, dun bout et daultre bout a la rue Saint- 
George, comme il est apparu et appert par lettre passée devant 
Collin Guillebert, tabellion de Saint-Lo, lan de grâce mil iij c 
lix, le lundi après la feste Saint Valentin, laquelle lettre est 
saine et entière en scel et en escripture. 

Jehan Leconte et sa mère, veuf ve de feu Pierres Leconte, 
père du d. Jehan, doyvent au d. Trésor xn den. de rente par 
an, au terme de Noël, a prendre et justicier sur leur hostel et 
mesnage, comme il se porporte, qui fut au d. Pierres Leconte, 
assis en la Parroisse N rc Dame, en la Verte rue, jouxte dun 
coste a Jehan Lemenuet, d'autre coste a Guill Poree, bute 
dun bouta la Verte rue et dautrebout a Jehan Coquet, a cause 
de son gardin de Ihostel du MontesMartins. 

Jehan Durant dit Berlin et Mahiee Lamy doyvent au d. Tré- 
sor h boisseaux de fourment de rente, mesure de Saint-Lo ? 
au terme Saint-Michiel, a prendre et justicier sur une pièce de 
terre en clos, assise en la parroisse N r0 Dame en la rue Pot 
Darain, contenante demie vergiede terre ou environ, laquelle 
pièce de terre fut a Perrin La Droue et a Guieffroy Quinel dit 
le Petit, et jouxte de présent au d. Bertiu, dun coste, daultre 
coste es hers de GiefTroy Commanda et a Perrin le Meslre, a 
cause de lostel et gardin qui fut a la femme de Jean de Saint- 
Martin, que tient a présent le d. Jehan, bute dun bouta la rue 
Pot Darain et d'autre bout au quemin es Bouiongneurs. 

Maresc. 

Pierres de Vateilbrt, escuier angloiz, aiant droit par don du 
Roy, dos héritages qui furent Thomin Durant, doit au Trésor 
\ s. de rente par an, aux termes de Noël et de Montmartin par 



— 41 — 

raoictie, a justicier sur ung hostel, court et gardin, assis enla 
GrantDollee ; lequel hostel fut a Gieffroy Fauconnet, jouxte, 
a présent dun coste Guill* Michiel, daultro coste es hers de 
feu Guill e Le Paslier, bute par derrière au d. de Vattefford, et, 
daulre bout, a la rue tendante de la Grant Dollee a Saint- 
Georges. 

Perrin Auvray et les hers Guill c Gastel, a cause de deux 
hostelz et raesnagez o les gardins a ce appartenant tenant 
ensemble/, qui furent Thomas Clément et feu Guill* Gastel, 
assis en la parroisse N rc Dame, en Dollee, auprès du pont 
appelle le Pont Cauvelande, xxxj den. de rente par an, aux 
termes de Noël et de la Montmartin par moictie, a justicier 
sur ung hostel, mesnageet gardin au d. Perrin appartenant, et 
sur une masure et gardin ou il souloit avoir une maison, appar- 
tenant aux hers du dit Guill e Castel, tenans ensembles, jous- 
tent dun coste a Jehan Cauvelande, filz Robin, dautre coste 
aux hers de feu Jehan Bourdon, (à) raison du lieu qui fut 
Hébert Lemor, bute dun bout a la rivière de Vire, et, dautre 
bout a la rue tendante du Pont Cauvelande es moulins de 
Vire. 

Allain Gosseaume, de la parroisse N 10 Dame de Saint-Lo, 
doit au Trésor n s. tourn. de rente par an aux termes acous- 
tumes, a prendre et justicier sur son hostel, maison et gardin 
assis en la d. paroisse, en la rue Saint-George, bute a la rue 
au Coq, selon ce qui! peut plus a plain apparoir par la letre 
dont la teneur en suit : A tous ceulx qui ces lectres verront, 
Jehan Roussel, clerc, fgarde du scel des obligacions de la 
vicomte de Carentan, .salut. Savoir faisons que pardevant Colin 
Desgardins, clerc tabellion jure a Saint-Lo, fut présent Allain 
Gosseaume de N rc Dame de Saint Lo, lequel de sa bonne 
volonté confessa que, sur une maison et gardin assis en la 
parroisse N" Dame de Saint-Lo, joint Robin Le Coq et Jean 
Ausseis, des costes, bute a la rue au Coq, Guill*-' Jehan et 



— 42 — 

Jamin Jehan ont a prendre douze soûls, six deniers t. de rente, 
et Perrine, fille de feu Guieffroy Kaoul, quatre sous, six 
deniers tournois, et les Trésoriers de N rc Dame de Saint-L,o 
deux soulz, le tout de rente, si comme le d. Gosseaume le con- 
fessa par devant le d. jure, et jura led. Gosseaume par la foy 
et serment de son corps non aller contre les choses dessus 
dictes. En tesmoing de ce ces lettres sont scelles du d. scel, a 
la rellacion du d. jure, sauf autruy droit. Ce fut fait en la pré- 
sence de Symon Poulrel et Jehennin Escourtemer, le xxvj* 
jour de décembre, km mil 1111° xxxvj. Ainsy signe: C. Des- 
gardins. 

Du don fait au Trésor de l'Eglise N re Dame de Saint-Lo 
par Jehan, Colin et Mariette dis Cauvelande, frères et seur, 
eniïans et héritiers pour partie de feu Robin Cauvelande et de 
Thomasse, sa femme, de la par* N r6 Dame du d. lieu de 
Saint-Lo, mi iiv. x s. tourn. de rente par an, a prendre et a 
avoir par chacun an, aux termes et en la manière qui ensuit, 
c'est assavoir xxii s. vi den. tourn. par la main du d. Jehenin^ 
aux termes de Noël et de la Montmartin, et lesquels xxu s. 
vi den. icellui Jehennin sobligea rendre et paier a tousiours et 
mais, par voye et manière d'execucion, tant et jusquesa ce que 
lui, seshers ou aians cause, en aient fait et baillie assiete aux 
Trésoriers de lad. Eglise bonne et suffisen'e, en ung lieu ou eu 
deux, en laBaronniede Saint-Lo, laquelle assiete il sera tenu 
garder et fournir, et les d. Trésoriers la seront tenus prendre ^ 
et x 1. v s. t., du nombre dicelle rente, a prendre sur ceulx qui 
ensuit, laquelle rente le d. Colin bailla et assist présentement, 
cest assavoir xxx s. t. a la Saint-Michiel sur les hers de feu 
Robin F>atus, et a faire justic? executorementsur une pièce 
de terre en clos, contenant cinq vergie ou viron, assise en la 
parroisse S 1 George de Montcoq, soubz le Manoir dAigueauK, 
jouxte les hers ou aians cause de feu Guill Pouchin et Jehan 
Lelorimier, et bute a l'eau de Vire des bus, selon co quil est 
plus a plain contenu es lettres sur ce faictes, passées devant 



— 43 - 

Colin Desgardins, tabell. a Saint Lo, le dymence viij jour de 
juillet lan mil iiij 1 ' xxxvj ; et xv s. tourn., du nombre d'ieelle 
rente, aux termes de Noël et Montmartin, a prendre sur 
Robin Cauvclande, frère des d. donneurs, et a justicier sur 
deux hostels, apentils et mesnages, o le gardin a ce apparte- 
nant, assis en la parroisse N rc Dame : lun des d. hostels 
jouxte le d. Jehennin, dun coste, et, dautre coste, a Colin 
Cauvelande, filz Jehan, et bute a la rue tendant du pont de 
Dollee es moulins de Vire, et a la court du mesnage 'des des- 
susdits, et laultre hostel et gardin jouxte Pcrrin Auvray, dun 
coste, et dautre coste a la d. court et voye du d. mesnage, bute 
au d. Jehenin, d'un but, les d. apentis jouxte le d. Jehennin, 
dun coste, et dautre coste a la d. court et sur les autres hérita - 
tages du d. Robin, selon ce quil est contenu es lettres du par- 
tage fait entre les d. frères et seur et Guill Vassal et feue 
Robinne, sa femme, a cause délie, seur des d. frères, et 
Mariette ; dont le d. Robin peut faire eschangeet assiete,ainsy 
que par les d. partages, passes devant Thomin Maresc, tabel- 
lion de S 1 Lo, le xin e jour de septembre Tan mil II1I C xxxiij, 
peut apparoir, les quelz xv s. de rente le d. Colin avoit fait 
vendre et décréter sur les héritiers de la feue Robine, selon le 
décret sur ce fait, passées plez ordinaires de H Ser^enterie de 
S 1 Lo, eu mois de juing iiij c xxxvij, et 22 s 6 den. tourn., du 
nombre de la d. rente, par la main de lad. Mariete, et lesquelz 
elle promist et s'obliga rendre et paier aux Trésoriers de la dicte 
Eglise, aux termes de Noël et Montmartin, par voye d'exécu- 
tion, jusques a ce qu'elle ou ses hersen aient, fait assie'te bonne 
et suffisante en ung lieu ou en deux en la Baronnie de S 1 Lo, 
laquelle assiette elle sera tenue fournire et garantir. Ce don fait 
pour Dieu et en osmone, et pour estre iceulx donneurs, leurs pa- 
rentz, amis et bienfaicteurs, participai es masses, vespres, 
prières et oroisons qui désormais seront faiz et diz et célébrer en 
la d. Eglise, etpoursupporterauxfrais,ediffieret réparations de 
la d. Eglise, et parmy ce que les d. Trésoriers et leurs succes- 
seurs seront tenus faire faire par chacun an afin de héritage, la 



— 44 — 

prière pour les âmes des dessus d. par le cure, ses vicaires, 
diacres ou subgez pour et eu nom du d. cure, cest assavoir a 
chacune des trois messes de Noël et de Pasques et a la Notre 
Dame my aoust, dont pour chacune prière des d. messes les d. 
Trésoriers seront tenus paier a cellui qui fera la d. pricre, six 
deniers ts. garantissant, cest assavoir les d. Jehan et Mariette 
chacun la rente par lui donnée, et garantir paier ou faire payer 
jusqua ce que la d. assiete soit fecte comme d. est ; et le d. 
Colin les x 1. vi s. par lui baillas en assiette, garantir, fournir 
sans dechie et sans admenissement par telle condicion que les 
d. donneurs, leurs h ers ou aians cause, se pourront franchir 
chacun de la rente par lui donnée touttefois quil leur plaira, 
par paiant pour chacun xn d.de rente xx s. t. Ace présent le 
cure de lad. Kglise qui ouït le d. don agréable, corne il est 
apparu par lettres passées devant Ilervieu Bacon, tabell. a 
Saint-Lo, soubz Colin des Gardins, le dymsnche xxij* jour 
de septembre, lan de grâce mil 1111 e xxxvij. 

Jehan Cauvelande, filz de Robin Cauvelande, doibtseptsoulz 
six deniers de renie, aux termes de Noël et Montmartin par 
moictie, a justicier sur ung hostel o son appartenance -\ssis en 
la paroisse N ,c D° de Saint Lo, et soulloit jouxter a Hébert 
Lemor, dun coste, et a Robin Cauvelande, daultre coste, bu- 
toit a leau de Vire, dun bout, et dautre bout a la rue par 
quoy len va de Dollee au Mont Vendon, et de présent jouxte a 
la masure qui fut feu Guillaume Castel, daultre coste à 
Robin Cauvehnde, frerc du d. Jehan, bute dun bout a la rue 
tendant du pont de Dollee aux moulins de Vire et daultre 
bout a la rivière de Vire ; et est de la vente de Jehan Mortaing 
oui sobliga garantir. 

Colin Cauvelande, filz Robin, Jehan Rogier et Jehenne, a 
f mc , fille de feu Jehan Cauvelande, filz aisnede feu Jehan Cau- 
velande, et les aultres filles du dit feu Jehan Cauvelandeet jendre 
de la d. Jehenne, femme du d. Rogier Damour, vi s. de rente 



— 45 — 

au d. Trésor, aux termes aeoustumes, apprendre (sic}el avoir et 
pour ce faire justicier sur une pièce de terre assise a Valvire, et 
soulloit jousler Robin Cauvelande et Cariez Des Gardins, des 
bus el des eosles à la rivière de Vire el au chemin qui mayne 
a Montcoc'i ; et de présent, jouxte dun coste la dicte rivière 
de Vire; daultre coste au d. chemin de Montcoq, bute dun 
bout au prey qui fut au Fillastre et, daultre bout, au d. Colin 
Cauvelande. Et fut du don de feu Jehan Cauvelande, père de 
feux Robin et Jehan dis Cauvelande. frères trespasses. 

Jehan Vaucelles, de la parroisse de N re D e de Saint Lo, doit 
au d. Trésor cinq soulz tourn., ung pain, un cappon de rente 
par an, au terme d; Noël, o hommage, apprendre (sic) et 
avoir par execucion sur une masure o son appartenance, assise 
ea la d. paroisse N rc D°, en la rue Potdarain jouxte la d. rue. 
d'un coste, et, daultre cosic, aux hoirs de Jehan Jehan, bule 
dun bout, a Jehan Bignon, daultre bout aux hoirs de feu 
Colin Le Noble, comme il appert par lettres passées devant 
Jehan Le Roy, tabellion de Saint-Lo, le xi° jour de may, lan 
mil cccc et quatre. 

Colin Le Varignon doit au d. Trésor ij soulz tournois de 
rente par an, a justicier sur son hostel qui fut au Nepveu, se- 
lon ce quil appert par lextrait du registre de Colin Cauve- 
lande, tabellion a Saint Lo, dont la teneur ensuit : « Comme 
Guillaume Jehan, Thomas Mathenot et Jehan Roussel d. 
Baubigny, trésoriers du d. Trésor de l'Eglise N re Dame de 
Saint Lo, eussent mis, ou intention demectre en adjournement 
en cas de delaiz de lieu, Colin Le Varignon du d. lieu, a cause 
dun hostel ou mesnage, o le gardin a ce et comme est assis au d. 
lieu de N rc Dame, qui fut Guill Lenepveu,de présent apparte- 
nant au d. Varignon, joute les héritages qui furent Jehan 
Leraonnier, dun et daultre coste lostel qui (fut) Jehan Delisle, 
bute a la d. rue tendant es moulins de Vire et a leau de Vire, 
des bouts, sur lequel hostel ou mesnage et gardin, les dits tre- 



— 46 - 

soriers disent avoir droit de prendre et percevoir chacun an, 
aux termes acoustumes, cinq soûls t. deivnle et le d. Varignon 
eust linteucion de dire et maintenir le contraire, et que unquez 
le d. Trésor navoit eu sur icellui hoslel, mesnage etgardin, que 
deux soulz tourn. de rente, savoir faisons: Furent présents les 
d. Guill e Jehan et Thomas Matenot, trésoriers du d. Trésor, 
tant pour eux que setablissant et faisant fort pour le d. Bau- 
bigny et Perrinnette, lesquels veuz par eulx certaines lettres 
que portoit le d. Varignon faisant mencion des d. ij s. t. de 
rente, et de ce deuement infourmes, furent contensetse arestc- 
rent, savoir : pour le temps ancien aus d. termes sur icelluy 
hostel, mesnage et gardin dessus les d. ij tourn. de rente les- 
quelz icellui Varignon confessa devoir affindehritaga (sic) sur 
lostel, mesnage et gardin dessus descleres, et voulu, consenty 
et accorda, pour lui et pour ses hers, que les d Trésoriers et 
leurs successeurs puissent pour iceulx deux soulz tn. de rente 
faire justice pour le temps a venir sur icellui hostel, mesnage et 
gardin promist sur chacun promist et promet icelles parties non 
aller au contraire. Teni. Thomas Yeuldefer et Jehan Blanc- 
pain. — Fait devant le d. tabellion, le lundi xj c jour de sep- 
tembre lan mil iiij c . Signé : Cauvelande. 

Martine, deguerpie de feu Guill Laloe, doit au d. Trésor 
I boissel et demy de fourment, mesure de Saint Lo. Le dy- 
menche e jour de Juillet, lan mil mj c xxxiv, a Saint Lo, 
devant Thomas Cauvelande, tabellion, fut présente Martine, 
deguerpie de feu Guill e La Loe, en son vivant bourgois de 
Saint-Lo, laquelle confessa devoir dancienneté affin au Trésor 
de lEglise N re Dam«) de Saint Lo ung boissel et demy de fro- 
ment de rente, mesure de Saint Lo, chacun an au terme Saint 
Michiel, a cause dune pièce de terre en gardin, assise au d. lieu 
de N rc Dame, jouxte Chardin Le Cordier, dun coste et dautre 
coste a Jehan Poupin, bute dun bout au gardin qui fut Jehan 
Durant et dautre but a une venelle quimainedu Menil Croq a la 
rue Saint- George et es Palis du Mesnil Croq, voulante icelle 



— 47 — 

Martine, pour elle et pour ses hers, que Guillaume Jehan, 
Thomas Malhenot et Jehan Leroussel, a présent trésoriers et 
leurs successeurs, puissent pour icelle rente faire justice sur 
le dict et sur chacun pris pour le tout, quant métier sera ; et, 
pour les arrérages du terme Saint Mîchiel dernier, leur pro- 
mis paier ung boissel et dcmy de froment, mesure de Saint 
Lo dedans la Toussains prochaine venant/ Et quant ace tenir, 
lad. Martine obliga lye et ses hers. Furent tesmoings : Jehan 
de la Roque, Jehan Dupont. 

Guillaume Lenouvel, pardonnier, doit au d. Trésor x den. 
t. de rente, par an, au ternie de Noël a prendre sur son hostel 
et gardin comme il se pourporte, qui fut Jehan Vaultier, 
assise en la parroisse N ,e Dame, en la rue Saint-George, 
jouxte dun coste a Robin Le Besie, a cause de lhostel qui fut 
Jehan Durant, da titre costey a lhostel Thomas Ogier ; bute dun 
bout a lad. rue Saint George et dautre bout aux Palliz de la 
rue S 1 George et est du don tant de Jehan Vaultier que du d. 
Guillaume Lenouvel. 

Jehennette, fille et héritière soubs agee de feu Gieffroy Cap- 
peron, icelluy Gieffroy, en son vivant filz et héritier de feu 
Guillot Capperon, doit au d. Trésor xx s. j p. une gueline de 
rente par an, a Noël et a Montmartin, a justicier ung hostel, 
raesnage et gardin assis eu la paroisse Notre Dame ; le d. hos- 
tel et un petit gardin jouxtent dun coste a Colin Le Roux, 
daultre costey a la deguerpie Raoul Joret ; bute dun bout a la 
rue Saint-George et dautre bout a la venelle aux Bouxjon- 
gneurs ; lautre gardin jouxte a Jamin Jehan, dun coste, dautre 
costey a Colin Le Roux, bute d'un bouta la rue Pot Darain et 
dautre bout a la d. venelle aux Bouxiongneurs, lequel hos- 
teîs et gardins furent a Gieffroy Lescappey et a Pierres Furet, 
baillez par les Trésoriers Philippot Laureus, clerc, et du d. 
Philippot vindrent au dit feu Guillot Capperon. 



— 48 — 

Robin Regnouf, dit de S 1 Aubin, demourantau Mesnilcroq, 
doit n s. vi clen. tourn. pour un gardin qui fut Jeban Symon- 
net, quil tient a louage des d. trésoriers, icellui gardin assis eu 
Mesnilcroq, joute cl un coste, a Robin Laurence, dautre coste a 
Colin La Troite, et est du don de Perronnelle Dufour, de 
Paris, du nombre de cinquante s. t. de rente quelle donna au 
d. Trésor a prendre sur les héritages du d. Symonnet assis 
en la rue du Mesnilcroq ; et lesquels I s. de rente elle avoit 
acquis de Pierres Alixot qui les avoit a prendre par exécution 
sur les héritages du d. Symonnet, et na le d. Trésor riens du 
demourant. 

Robin Lepicart doibt dix soulz tournoiz de rente par an, aux 
termes acoustumes, a justicier sur ung hostel et inesnage qui 
fut Pierres Le Feustrier, assis en la rue du Mesnilcroq, jouxte 
Massiee La Feustriere, dun coste, dautre costey aux hers 
au Peton, dun bout a la d. rue d'autre bout a leau de Dollee 
etest du don de damoyselle Symonne delaHazardiere, veufve 
de maistre Guill 6 Chesnel, et de Giret Cliesnel, leur tilz pour 
iceulx donneurs, leurs parents, amis, bienfaicteurs estre par- 
ticipans es vespres, maisses (?), prières et oroisons qui seront 
dittes et faites en la d. Eglise et aussi pour ce que les Tréso- 
riers seront tenus faire dire par chacun an, au lendemain du 
Jour de Pasques, une messe segrete du Saint Esprit, avec 
memore des trépassez, en la fin de la dicte messe, et en seront 
tenus faire sonner par le sonneur de cloquez le jour de Pas- 
ques a leglise es trois messes et aux atouz les dimenches 
et. solennelez festes de lan, tant pour le cl. M re Guill , pour les d. 
donneurs et pour Guillemette, famé de Guillaume le Jolis, que 
aussy pour M c Jehan Chesnel et pour tous leurs amis trespas- 
sez. La lettre de ce passée devant Colin Cauvelande, tabellion 
de Saint Lo le jeudi, xxiiij jour de septembre, lan de grâce mil 
cccc trente neuf. 

Pierres Louvet doibt au d. Trésor xn s i pain, i cappon de 



— 49 — 

renie par an, aux termes de Montmartin et de Noël, a justicier 
sur une masure assise en la paroisse N rc Daine, selon ce quil 
apparoit par une lettre sur ce faicte passée devant Thomas 
Maresc, tabellion de Saint Lo, de laquelle la teneur ensuit : 

A tous ceulx qui ces lettres verront, Jehan Rouxel, clerc, 
garde du scel des obligations delà viconte de Carentan, salut. 
Savoir faisons que par devant Thomas Maresc, clerc tabellion 
jure et commis a Saiut-Lo, fut présent Pierres Louvet, bour- 
geois de S 1 Lo, lequel de sa bonne volente confessa avoir prins 
en fieu et par homage affin de héritage, de Guill e , Jehan et Th os 
Mathenot, trésoriers et parroissiens de lEglise N ro Dame de 
Saint-Lo, tant pour eulx que establissans et faisans fors 
pour tous lesaultres parroissiens qui, pour le présent, sont et 
pour le temps advenir, seront en la dite église, tout tel droit, 
tant en fond, rentes, arréragez, que aultrement, comme le d. 
Trésor avoit et povoit avoir en une place ou masure, o ses ap- 
partenances, assise au dit lieu de N rc Dame, jouxte Jehan 
Maupoint dun coste et la rue tendante du chastel de Saint Lo 
a Saint George de Montcoq, sur laquelle place ou mazure le d. 
Trésor avoit droit de prendre et percevoir par chacun an affin 
de héritage douze soulz, ung pain, ung cappon de rente, o hom- 
mage de ancienneté, selon ce qui peult plus a plain apparoir 
parles lettres, gaignes et attaintes sur ce fectez que les dietz 
Trésoriers en ont baillées au d. Louvet. Et fut ce fait par 
douze sous tourn. es termes de Montmartin et Noël, par moit- 
tie, ung pain, ung cappon à Noël, le tout de rente o hommage 
allant par chacun an au d. Trésor et donc len pourra faire jus- 
tice sur la d. baille et sur chacun p ,e et portion dyc*lle pour 
le tout, touttesfois que mestier sera, laquelle rente le dit 
preneur promist et sobîiga pour lu y et ses hers paier 
ou faire paier et rendre par chacun an aux termes dessusdits 
au d. Trésor, ou a qui ces lettres portera, par voie et mande- 
ment dexecution sur le lieu seullement, jusqua ce que le dit 
Louvet, ses hers ou aians cause en aient fait assiette bonne et 
suffisante, laquelle assiete icelluy Louvet, ses hers ou aians 

4 



— 50 — 

cause, pourront faire quand il leur plaira en la bourgeoisie de 
Saint-Lo, en ung lieu seulement, et la seront tenus les diz tré- 
soriers ou ceulx qui pour lors seront trésoriers en icelle Eglise 
prendre et accepter agréablement pour et parmy ce que le d. 
Louvet, ses hers ou aians cause leur seront tenus envers et 
contre tous garantir, délivrer, deffendre, oster et mettre hors de 
tous empechemens et encombremens quelconques, fournir, 
emplir, faire valloir sans aucun decliie ne admenissement sur 
le d. lieu seulement, et sera tenu le d. Louvet mettre amen- 
dement sur le d. lieu de la somme de dix livr. tourn. dedens 
X ans dujourduy prouchin venant, et quand ad ce tenir et acom- 
plirled. preneur obliga luy, ses hers et tous les biens meubles 
et héritages présents et advenir a vendre doffice de Justice 
pour deffault de ce enterigner et pour restituer et rendre tous 
cousts, mises et despens faiz et eulz pour ce. En tesmoing de 
ce ces lettres sont sceelles du d. sceel a la relation du d. jure, 
sauf autruy droit. Et fut ce fait en la présence de missire 
Jehan Buisson, prebstre, et de Jehan Xeel, lt* lundi xviiij jour 
de juillet lan de grâce mil iiij c et quarante, ainsi signé : Th. 
Maresc. 

Collacion faicte a loriginal. 

Messire Raul des Rues, prebstre, doit v s. t. de rente par an 
aux termes de Noël et Montmarlin, par moictie, a cause et par 
raison des héritages contenus et desclairees es lettres passées 
devant Colin Cauvelande, tabellion dont le teneur ensuit : A 
tous ceulx qui ces lettres verront Jehan Roussel, clerc, garde du 
sceel des obligations de la Viconte de Garentan, salut. Savoir 
faisons que par devant Colin Cauvelande, clerc et tabellion 
jure et commis a S 1 Lo, fut présent Messire Raoul des Ruez, 
prebstre de N re Dame de S* Lo, lequel de sa bonne volente 
confessa avoir prins en fieu affin de héritage de Guill Jehan et 
de Th ns Mathenot, trésoriers du Trésor de l'Eglise du d. lieu 
deN rc Dame, tant pour eulx- que establissans fors pour Jehan 
Rouxeldit Baubigny, trésorier en leur compaignie, c'est assavoir 



— 5t — 

tout tel droit, tant en fons que en rente, comme les d. trésoriers 
eu nom que dessus, avoientet pou voient avoir en une masure 
etgardin ou il souïloit avoir ung hoslel assis an d. lieu de 
N re D e , en la rue Pot Dairain, qui fut Phlipot Lermile, jouxte 
Jehan Etiez et Jehan de Caron, des costez, bute a la d. rue et au 
d. messire Raoul et à la cauchie qui fut au Lièvre, des bus, 
sans aucune chose en excepter, ne retenir. Et fut ce fait 
pour cinq soûls t. de rente, aux termes de Noël et de Mont- 
raarlin par moittie, allant par chacun an au d. trésor; laquelle 
rente le d. preneur promist et sobliga pour luy et pour ses hers 
paier ou faire paier et rendre par chacun an, aux termes des- 
sus d. au d. trésor, ou a qui ces lettres portera, par voye et 
manière dexecution sur le d. bail tant seullement, par ainsy 
que les d. trésoriers ne leurs successeurs ne pourront demander 
ne requérir exécution de la d. rente pour plus de trois ans 
darrerages a la fois, pourquoy iceulx trésoriers, au nom que 
dessus, promistrent pour eulx et pour leurs successeurs au d. 
preneur et a ses hers la d. baille envers et contre tous garantir, 
délivrer et deffendre, oster et mettre hors de tous empesche- 
mens se par eulx ou par le fait du d. Rouxel y avoit aucun 
empeschement ; et quant a ce tenir et acomplir led. preneur 
obliga lny, ses hers et tous leurs biens meublez et héritages 
présents et advenir, a vendre doffice de Justice pour deffaull 
de ce entsrrigner et pour restituer et rendre tous coûts, mises 
et despens faiz et eulx pour C3. En testnoing de ce ces lettres 
sont sceelees du d. sceel, a la relation du d. jure, sauf autruy 
droit. Ce fut fait en la présence de Monsieur Richart Mariete, 
prebstre, et de Vivien Chabot, le xvn° jour de juillet, lan de 
grâce mil iiij° quarante deux. Ainsy sygne : Cauvelande. 

Le xiiij e jour de juillet, lan de grâce mil iiij c quarante deux, 
Guillemette deguerpie de feu Lorens Guillaume, fille et héri- 
tière de feu Pierres Coquet de la parroysse N re D c de S 1 Lo, 
donna au Trésor de l'Eglise N re D e cinq sols t. de rente que 
elle avoit a prendre a cause de la succession de son d. père par 



— 52 — 

chacun an, aux ternies acousturnes, sur une masure etgardin, 
assis en la rue Poldarain, en la parroysse N re D e , qui fut a 
Phlipot Lermite, corne il appert par lettre passée devant Colin 
Cauvelande, tabellion, le xiiij c jour de juillet, lan de grâce mil 
iiij c xlij, laquelle masure et gardin a estey baillée par les Tré- 
soriers de la d. Eglise a Mess ire Raoul des Rues, prestre, pour 
cinq s. de rente, comme il appert p*ir lettre escripte de lautre 
partie du feuillet de ce livre. 

Cest la declaracion des héritages acquis par Trésoriers de 
lEglise N re D c de Saint-Lo pour laugmenlacion et accroisse- 
ment de lad. Eglise N re Dame; et aussy des rentes que sou- 
loit devoir la d. Eglise a plusieurs personnes, dont elle a este 
et est franchie tant par dons faiz a la cl. Eglise que par ce que 
les d. Trésoriers les ont acheter et baillies par eschange a 
ceulx a qui ilz estoient deuez. 

PREMIEREMENT. 

De Jehan Jouenue et de Guillemette, sa femme, a cause 
délie, achatey par les Trésoriers de la dicte Eglise trois maisons 
et mesnages comme ilz se porportent, assis en la parroisse 
S 143 Croix, en la rue N tre Dame, lun joignant laultre, joustent 
a la rue N tie Dame, a messire Berart Blancpain, prestre, et a la 
d. Eglise, pour icelles maisons estre mises, adioustees et em- 
ploies a lacroissement de la dicte Eglise; la d. vente faicle par 
le prix et somme de deux cens livres tourn. etc. sous pour vin, 
dont ilz se tindrent a bien payes ; lesquelles maisons les dis 
maries promislrent et sobligerent pour eulx et pour leurs hers 
garantir et (iefïendre vers tous et tenir quictes, cest assavoir : 
la prouchaine maison de la d. Eglise, par sexante deux soûls t. 
allans, cest assavoir a Olivier Ca^ngny quarante cinq soulz, et 
dix sept soulz au Trésor de la d. Eglise; et laultre maison 
prouchaine dicelle première maison par quarante deux soulz six 
den. ungpain, ung capon de rente allans au d. Caengny, 



— 53 — 

xxx s. et xu s. vjden. 1 p. 1 cap. allansa Richart Lemecteer ; 
et la tierche maison par six livres de rente allans, cest assavoir : 
a Philepot de la Lande et a damoiselle Jehenne de Beuseville, 
sa femme, à cause délie, xxx s. t. ; a maistre Guill e Denisete 
xxx s. ; a Guillot Auber xx s. ; a Guieffroy Besache xv s. ; a 
la fille Thomas Durant xv s, et a Jehan de Baudre, escuier, 
filz Colin, x s. I., comme il est apparu et appert par lettres pas- 
sées devant Jehan Escourtemer, tabellion de Saint- Lo, scellées 
par Pierre Osbert, garde, des scaulx des obligacions de la Vi- 
comte de Carentan, le x e jour de juillet, lan de grâce mille iiij c 
et neuf, ei estoient ainsy signées : J. Escourtemer; les quelles 
lettres estoient saines, entières en scel et en escripture. 

De messire Bernard Blancpain, prestre, curé <T Au vers, 
| achatey affin deheritage par les d. trésoriers une masure et 

i gardin a ce appartenant, corne ils se porportent, assis en la rue 

I N r<? Dame, jouxte la d. Eglise et Colin Admengne, des costes, 

I butent a lad. rue et au manoir de Mons r levesque de Cous- 

| tances des bus ; o tout le droit tant en fonce que en rente quil 

y avoit. Ce fait par le prix et somme de cent livres tourn. dont il 
se tint a bien paye ; laquelle vente le d. prestre promist garan- 
tir vers tous et contre tous aus d. trésoriers eu nom de la d. 
Eglise, et a ce oblige tous ses biens et héritages et de ses hers, 
comme il est apparu et appert par lettre passée devant Jehan Es- 
courtemer, tabellion de Saint- Lo, le xxviij c jour de may lan 
de grâce mil quatre cens et unze, et estoit ainsi signe : J. Es- 
courtemer. 

De la vente Jehenne deguerpie Richart Allain, faite aus d. 
Trésoriers de xi s. 1 p. j cap. de rente par an que elle avoit a 
prendre es termes acoustumes par la main des Trésoriers par 
raison dune place anciennement enclavée en la d. Eglise 
N w Dame, joux les pilliers de la d. Eglise, la dicte vente faicte 
par xxvr livres dix soulz, dont elle se tint a bien paye, pourquoy 
elle sobliga son corps et tous ses biens et de ses hers a garantir 



- 54 — 

la dicte rente, comme il est apparu et appert par letre passée 
lan mil deux cens iîij xx et dix sept, le dymenche devant la Tbi- 
phaigne. 

De la vente Raoul Jehan et de Michielle, sa femme, faite aus 
d. Trésoriers de xx s. tournois de renie, que jceulx maries a 
cause de la d. femme disoient avoir droit de prendre par chacun 
an, au terme Saint Michiel, sur une place ou masure de la 
première ca pelle ou la d. Eglise de N pe Dame est assise, la d. 
vente faicte par quinze livres dont ilz se tindrent a bien payes, 
pourquoy ils promistrent la d. rente garantir vers tous et contre 
tous et deffendre ; laquelle rente est morte et detainte, parce 
que la d. dicte Eglise en a este et est quicteet franchie comme il 
apparut par lettre passée devant Guillaume Le Foulon, notaire, 
quanta ce scellée par Robert du Sartin, garde du scel de la 
vicontede Carentan, Tan mil iij c et dix, le dymanche avant la 
Saint-Martin diver, laquelle lettre est saine et entière en scel et 
en escripture. 

Du don de Jehan de Caron, bourgeois de Saint Lo, et de Phi- 
lipote, sa femme, a cause délie, fille de Thomas Durant, xv s. 
tourn. de rente, que les d. maries, a cause de la dite femme, 
avoient a prendre, par chacun an, aux termes acoutumes, sur 
certaine maison et portion dostel et héritage qui fut Jehan 
Jouenne et a sa femme, assis en la rue N r0 Dame, de présent 
comprins et enclave en la d. Eglise, o tout le droit tant en pro- 
priété que en arrérages ; ce don fait pour estre iceulx maries, 
leurs parens et bionffaitteurs, participans es messe-, prières et 
oroisons dicelle Eglise, et aussy pour ce que les d. Trésoriers 
seront tenus faire dire par chacun an, pour le temps a venir, deux 
messes secrètes, lune dioelles de N lc Dame, le jour Notre 
Dame ruy aoust, et laultre des trépasses le jour Saint-George ; 
les quels Trésoriers seront tenus paier pour chacune messe ij s. 
au preslre qui la dira, et aussi trouver a chacune messe une 
chandelle do cire dun denier qui ardra tant comme Ion dira la 
d. messe ; et si seront tenus, par chacun an, paier vj deniers 



— 55 — 

au sonneur de cloohes pour en faire la remembrance en icelle 
Eglise le d. jour N re Dame my aoust. La quelle rente les d. ma- 
ries promissent garantir ci, comme il est apparu et appert par 
lettres passées devant Colin Cauvelande, tabellion de Saint-Lo, 
scellées par Jehan Rouxel, garde des scaulx des obligacions de 
la viconte de Carentan, le xvj° jour daoust lan de grâce 
mil iiij c et trente, les quelles lettres estoient saines et entières 
en scel ei en escripture. 

Franchissement fait par le d. Trésoriers de trente soulz tourn. 
de rente par an, que avoit a prendre aux termes acoustumes 
Morelet du Vernay dit de la Londe, filz de feu Philippot du 
Vernay dit de la Londe et de damoiselle Jehenne de Beuse- 
ville, sa femme, sur certaines maisons et mesnages qui furent 
Jehan Jouenne, assis en la rue N re D c , de présent comprins et 
enclavez en la dicte Eglise, icellui franchissement fait en la 
manière qui ensuit : cest assavoir que le dit Morelet en a donne 
au dict trésor xv s. tournois pour convertir es repparacions et 
luminaire de la d. Eglise, en la quelle sa d. mère est en terre, 
et pour avoir participation es bienffaiz, prières et oroisons di- 
celle, et les aultres xv soulz tourn. de rente restans des d. 
xxx s. de rente, icellui Morellet les a vendus aux Trésoriers 
dicelle Eglise, pour et eu nom du d. Trésor, et pour en demou- 
rer icelle Eglise quiète et deschnrgie affin de héritage, par le 
prix de saize livres tourn. et dix soulz pour vin, donc il se tint 
a bien paye. Laquelle rente le d. Morelet, pour lui et pour ses 
hers, a promis garantir et délivrer vers tous, comme il apparut 
par lettres passées devant Colin Cauvelande, tabellion de 
Saint-Lo, scellée par Guillaume Osber, garde des sceaulx des 
obligations de la Viconte de Carentan, le mardi v« jour de 
février lan de grâce mil iiij c vinq cinq. Et estoit ainsy signe : 
Cauvelande. Laquelle lettre estoit saine et entière, en scel et en 
escripture. 

De Jehan de Baudre, escuier, achatey par les d. Trésoriers en 
franchissant la d. Eglise, x. s. tourn., de route que le d. escuier 



— 56 — 

avoit a prendre par chacun an, aux termes acoustumes, a 
cause et par raison de la succession de Allaire de Baudre, son 
délie, sur ung hostel assis en la rue N re Dame de Saint-Lo, qui 
fut Jehan Auberl et, a présent, a Jehan Jouanne et a sa femme, 
a cause délie, fille et héritière du d. Auber, la quelle maison a 
puis nagaires este mise et enclavée au nouvel edifBce de la d. 
Eglise N rc Dame ; la dicte vente faicte par le prix de douze 
livres tourn. et ung p6t de vin dont le d. escuier se tint a bien 
paye, pourquoy il promist garantir et deffendre vers tous et 
contre tous sur lobligacion de tous ses hiens et héritages, 
comme il apparut et appert par lettre passée devant Colin Cau- 
velande, tabellion de S 1 Lo, scelee par Jehan Roussel, garde 
de scaulx des obligacions de la Viconte de Carentan, le lundi 
xvi e jour davril lan de grâce mil iiij c trente ung, et estoit ain?y 
signe : Cauvelande. Laquelle lettre estoit saine et entière en 
scel et en escripture. 

De Guillot Auber, de la parroisse de Saint Pierre de Cous- 
tances. Achatey par les d. Trésoriers xxs. tourn. de rente que 
il avoit a prendre par chacun an aux termes acoustumez sur 
lostel qui fut Jehan Auber enclave en la d. Eglise, assis en la 
parroisse S te Croix de Saint-Lo, lequel hostel joustoit messire 
Bernard Blancpain, prestre, et lostel qui fut Jehan Jouenne, a 
cause de sa femme, des costes, bute a la rue N IC D e et a la d. 
Eglise, des bus; la d. vente faite par le prix de trente livres 
dix soûls tourn. et x soûls en vin, dont il se tint a content, pour 
quoy icelluy vendeur promist et sobliga la d. rente garantir 
vers tous, comme il apparut et apparaissait par lettre passée 
devant Jehan Escourtemer, tabellion de Saint-Lo, scellée par 
Pierres Osber garde des scaulx des obligacions de la Viconte de 
Carentan, le xiiij e jour de février lan de grâce mil iiij c et neuf, 
et estoit ainsy signe : J. Escourtemer. Laquelle lettre etoit 
saine et enliere, en scel et en escripture. 

De Richart Lemetleer achatey par les d. Trésoriers eu nom 
du d. Trésor et en franchissant la d. Eglise, xn s. vi d, i p. i ca- 



— 57 — 

pon de rente, par an, o homage que il avoit a prendre sur cer J 
taine portion dostel assis en la rue N IC D*, qui fat a Jehan 
Jouenne et a sa femme, a cause délie, qui fut fille de feu Guill e 
de Boutemont dit Lorence, et laquelle rente estoit escheue au 
d. Mette, comme il disoit, de la mort de feue Marion de Marii- 
gny, selon ce quil le disoit apparoir par lectres et copie de par- 
tage, ausquelles la letlro de ce -te présente vente est annexée, 
o tout le droit que il y avoit, fait par le prix de xij livres et 
xij s. vi den. pour vin, donc le d. vendeur se tint a bien paye, 
et parmy ce que les susdit Trésoriers seront tenus, promistrent 
et sobligerent faire dire, par chacun an, pour le temps avenir 
en la d. Eglise, une messe en secret, qui sera dite le vendredy 
do la mycaresme, poui* les araes de parens et amis du d. ven- 
deur ; et sera dicte la cl. messe sa vie durante, de N re Dame, 
et après son deceps de tresp..sses ; et seront iceulx Trésoriers 
tenus bailler au d. vendeur ung denier pour aller a loffraude a 
lad. messe; lequel Richart pour lui et pour ses hers promist 
la d. rente garantir, délivrer et deffendre vers tous, si comme il 
en apparu par lettre annexée a une copie de partage et a une 
autre lettre ancienne passée devant Colin Dcsgardins, tabel- 
lion de S 1 Lo, scellée par Jehan Roussel, garde de seaulx des 
obligacions de la Viconte de Carentan, le m" jour de may lan 
de grâce mil iiij c trente et six, et esîoit ainsi signée : Desgar- 
dins, parmy la quelle lettre estoit annexée une copie de la pre- 
mière partie de héritage que a fait Thomas Le Forestier et 
Al ichielle, sa femme, a cause délie, fille de feu Jourdan Le 
Metleerre, a Richart le Metteer, frère de la d. Michielle, des 
héritages qui leur sont venus de feue Marion Demartigny, en 
bourgaige de Saint-Lo, la quell •? lettre et copie de partage est 
saines et entières en seaulx et en escripture. 

Du don de Gieffroy Besaehe fait au trésor de la d. Eglise, 
xx s. tourn. de rente que il avoit droit de prendre aux termes 
acoustumes sur portion des maisons qui furent Jehan Auber 
et, après, a Jehan Jouenne et a sa femme a cause délie, assises 



— 58 — 

en la rue N rc Dame, puis nagaircen clavees au nouvel ediffice 
de laccroissance de la dicte Eglise. 

Ce don fut pour ce que les d. Trésoriers seront tenus apper- 
tuite faire dire chacun an quatre messes quatre lundis de 
quatre sepmaines des quatre temps de lan, dont lune (sic) 
messe fut du Saint Esprit, laultre de N rc Dame et les aultres 
deux des Trespasses ; laquelle rente le d. Bcrache a voit 
acquise cest assavoir : vij s. vi d. de Raoul Bechevol et 
vij s. vi d. de Jouenne, deguerpie de feu Richard Bêche vel, 
selon ce quil le monstroitpar lettres annexées parmy la lettre 
de ce présent don, et icelle rente le d. Besache cestoit oblige 
garantir aux d. Trésoriers, selon ce quil apparut et apparessoit 
par lettres passes devant Aymery du Quesnay, tabellion de 
Saint- Lo, scellée par Mace Le Feure garde des seaulx des 
obligacions de la Viconté de Carentan, le mardi 6 e jour de mars, 
lan de grâce mil mj c et dix- neuf, parmy lesquelles estoient 
annexées quatre lettres du droict de la d. rente, passées, 
cest assavoir celle de la V e du d. Raoulet Bêche vel, devant 
Jamin Ribelot, tabellion de Saint-Lo, lan de grâce mil iiij c 
iiij" et quinze le ix e jour de may, lautre passée devant Colin 
Lenepveu, lan mil m c xl, le jeudy après la Saint Marlin diver, 
et les deux aultres passées devant Benest Le Villous, tabellion 
de Saint-Lo, lune lan de grâce mil iiij uij xx et xiij, le sa- 
medi xv e jour de septembre, et laultre passée lan mil iiij e 
mj xx et xiij le viij jour do novembre, toutes icelles lettres saines 
et entières en seaulx et en escripture, corne il est deuement 
apparu. 

Du don de Benest Le Villous fait au Trésor de l'Eglise N rc 
Dame, ï s. tourn. de renie, aux termes acoustumes, a prendre 
xï s. dicelle rente sur lostel Philippot Viart assis eu chastol 
de Saint-Lo, en la parroisse N e Dame, lors joignant Thomas 
Varroc, dun coste, et daultre coste a Jehanne... bute a la 
rue de devant la halle au pain de seigle, dun but, et dautre but 



— 59 — 

es murs de la Forteresse, lequel hostel a dempuis ce este a 
Jehan Le Taneur et de présent est et appartient à Pierres le 
Boulengier et joint de présent a Colin Varroc dun coste, dau- 
tre coste, a maistre Raoul Le Rouxel; bute a la d. rue et es 
dits murs, des bus; les quelx xi s. ont este baillies par les d. 
Tiesoriers a monsieur lEvesque de Coustances, en eschange 
et descharge des rentes quil prenoit sur la d. Eglise, et dix 
soulz de la rente a prendre sur ung hostel et mesnage assis eu 
bas Torteron, en la par sc N re D e a présent appartenant a 
Richart de Pelaines et a sa femme jouxte dun coste a Bernart 
Langlois et dautre au d. Pelaines et a sa d. mère, butte dun 
bout a la rue de Torteron, et daultre but es murs de la Forte- 
resse ; lequel hostel fut et appartint a Henry Robine dit Bour- 
goise. Ce don fait pour convertir en ung obit et faire ung lumi- 
naire entier le jour de la feste Madame S te Marguerite et pour 
faire le scrice ordonne es premières et secondes vespres; et 
aura cellui qui dira la messe du jour n s. ; le prestre qui dira 
la messe de requiem ij s. ; le diacre xv den. ; le soubz diacre 
xij den. ; a chacun des trois coustours v d. ; es offrandes de la 
grant messe vj den. ; offrandes de la messe de requiem xn den. 
et es clercs qui aideront a dire le service v s. ; le sonneur de 
cloquez xn den. et les Trésoriers v s. et le demourant sera 
au prouffit du d. Trésor; et pour le salut des aines du d. don- 
neur, de Jouenne, sa femme, de Richard Le Villous, de 
Beilon, sa femme, de Thomas le Forestier et Emmeline sa 
femme, et de leurs parenset amis trespasses; laquelle rente le 
d. Benest pour lui et pour ses hers promist et sobliga garantir 
et deffendre vers tous et ycelle fournir, faire valoir, sans 
dechie ni admenissement, comme il est apparu et appert par 
lettres passées devant Aymery Duquesnay, tabellion de Saint 
Lo, scellées par Jehan Le Duc, garde des scaulx des obligations 
de la Viconte de Coustunces le xix° jour de septembre, lan de 
grâce mil iiij c iiij** et traize. Ainsi signe : Du Quesnay ; laquelle 
lettre est annexée parmy deulx aultres lettres du droit de la 
d. rente ; toutes icelles lettres saines et entières en scaulx et en 



— 60 — 

escriptures, lesquels x s. a prendre en Torteron, sur lesd. Ri- 
chart Depelains et sa mère sontdcubz et demouresau d. Trésor. 

Du don de Jehenne de Champiaulx, veufve de feu Raoul 
de Grenuez, fait au d. Trésor de la d. Eglise, Ix s. tourn. de 
rente par an aux termes de Noël et de Montmartin, par moic- 
tie, a faire justice sur un hostel ou mesnage lors appartenant 
a Raoul Heusies, assis en la parroisse N re Dame, en la rue du 
Bas Torteron. lequel fut jadis Fremin de Hambuye et joustoit 
lors a lostel qui fut Rivey et de présent est et appartient 
a Guill e Le Paulmier, jouxte de présent a... Violete, dun 
coste, daultre coste a Jehan de La Roque et a sa femme a 
cause délie, fille de Thomas Tallebot, bute dun but a Ja rue 
de Torteron et daultre bout es douvez de Mauregart, lequel 
hostel Le Boulenguier dit Heustes fieffa et print a rente pieca 
de Ravent Pinchon et de Jehenne de Champiaulx, sa femme, 
par x livres tourn. de rente, par an, que il leur promist paier 
et dont il se submist bailler pour contre plege Ix s. de rente de 
dens deux ans en suivant de la d prinse en assiette en la 
Bourgoisio de Saint-Lo, comme il apparut par la copie de la 
lettre sur cefaicte passée devant Ri3hart Duquesnay, tabellion 
de Saint-Lo, scellée par Colin de Baudre, garde du scel des 
obligacions de la Viconte de Coustances, lan de grâce mil iiij 
lxvj, le lundi après la Saint Michiel en septembre, parmy 
laquelle copie la lettre de cest présent don est annexée. Ce 
présent don fait par la dicte Jehenne pour Dieu et en omosne, 
et pour elle, ses parents et amis trespasses avoir participation 
es bienflaiz, prières et oroisons qui seront faictes en la d. 
Eglise. Et pour oe que les Trésoriers seront tenus faire faire par 
chacun an ung obit et trouver le luminaire a perque a la feste 
de la Purificacion Notre Dame, o tout le service de la Vegilles 
du jour; et aura le prestre qui dira la messe de Requiem ij s , 
cellui qui dira la grant messe ij s.., le diacre xv dcn. ; le soubz 
diacre xij den., les trois coustours, chacun vden. ; pour offrendes 
xvnj den. ; les clercs qui aideront a dire le service vi d . , le son- 



- 61 — 

neur de cloques xii den., les Trésoriers iiij s., et tout le dcmourant 
sera pour soustenirlod. luminaire. Laquelle rente la d.Jehenue 
de Champeaulx promist et s'obliga, pour elle et pour ses bers; 
garantir, délivrer et deffendre, fournir, faire valoir, sans dechie 
et sans amenissement sur les quatre livres de rente qui res- 
tent des d. sept livres de rehte contenues es dites lettres dont 
la copie est annexée panny ces présentes, si come il est apparu 
et appert par les lettres du d. don passées devant Martin Le 
Doule, tabellion de Saint-Lo, scellées par Jeban Boitvin, 
garde du scel des obligations de la Viconte de Coustances, lan 
de grâce rail iiij c et trois, le ix e jour dofeuvrier, et estoit ainsy 
signées : M. Le Doulle ; lesquelles lectres et copie annexées 
estant saines et entières en scaulx et en escriptures ; lesquels 
Ix s. de rente ont estebailliex en eschange a Monsieur leves- 
que de Coustances, en desebarge des rentes qu'il avoit a 
prendre sur la d. Kglise. 

Sur ung hostel et mesnage a présent appartenant a Jehan 
de Cauraont, qui fut a Jehan La Chouque, et après a Guille- 
min La Chouque, cinquante soulz tourn. de rente par an, aux 
termes acoustumes, cest assavoir xi s. du nombre dicelle 
rente, du d. don de Colin Le Feulrier, et dix soûls de rente 
du nombre de la d. rente, du don de maistre Gires de la Porte, 
pour avoir iceulx donneurs participacion es prières, oraisons et 
bicnfîaiz de la d. Eglise. Iceulx I s. de rente a prendre et jus- 
ticier sur le petit hostel qui fut aus dits La Chouque, a pré- 
sent appartenant au d. de Caumont, assis eu chastel de Saint- 
Lo, en la paroisse N ,c Dame, jouxte dun coste au grant hos- 
tel qui fut es d. Chouques et qui, de présent est semblable- 
ment au d. de Caumont, dautre coste a une allée qui est pour 
aller sur les murs et a la tour de dessus la Porte de Torteron, 
entre le d. hostel et le mur qui fait coste a dévaler a la Porte 
de Torteron, bute dun but es murs de la Forlcresse et dautre 
butalarueou en vent les Semineaulx (1); les quels 1 s. tourn. 

(1) Sorte de pains. 



— 62 - 

de rente ont este bailliez en eschange et assiete par les Tréso- 
riers a Monseigneur levesque de Coustances en ra bâtant et 
descharge des rentes que il prenoit sur la dite Eglise N re Dame 
auquel les lettres de la d. rente furent baillies. 

Sur ung hostel et mesnage appartenant à Jehan Furet, 
cousturier, lequel fut a Jehan Guiftart et après a Jehan Berte, 
et après a Colin Lefeustrier dit Heustes xx lv s. tourn. de rente, 
par an, aux termes acoustumes, a prendre sur le d. hostel et 
mesnage assis en la parroisse N ,c Dame eu chastel de Saint- 
Lo, jouxte dun coste a Pierres Le Hain a cause de lostel ou 
il demeure, qui fut du grant manoir es Presteaulx, daultre coste 
a lostel qui fut Robert Durant, a cause de sa femme, et qui, 
de présent, est au d. Colin Heustes et a Cassot de Percy, 
escuier, bute dun bout a Pierres Louvel, a cause du grant 
manoir et, daultre bout, a la place ou len a acoutusme a ven- 
dre les vaches. Et est du don de Pierres Robin, pour estre 
participant es prières et oroisons qui seront dictes en la dicte 
Eglise, si comme il est apparu et apparoissoit par gaigie fait 
delà dicte rente aux d. Trésoriers par le d. Jehan Berte 
chargie de garantie pour le d. Colin Heustes par lectre passée 
devant Colin Cauvelande, tabellion de Saint Lo, scellée par 
Jehan Roussel, garde des scaulx des obligacions de la Viconte 
de Carentan, le mardi xxiij jour de novembre, lan de grâce 
mil iin c vingt huict, et estoit ainsy signe : Cauvelande; la 
quelle lettre estoit saine et entière en scel et escripture ; de la 
quelle rente xx s. ont este tournes et assis a Monsieur leves- 
que de Coustances et descharge des renies quil avoit a pren- 
dre sur la dicte Eglise, et iiij soûls sont demoures au d. Trésor 
de la d. Eglise. 

De la vendue par décret que a fait faire Mahiet Lenffant, 
porteur de ces lettres et des lettres faictes eu nom de Jehenne, 
veufve de feu Richart de la Dangie, xx s. achates par les Tré- 
soriers de la dicte Eglise, que avoit droit de prendre sur cer- 



— 63 - 

taine porcion de l'Eglise N le Dame, en tant que il y avoit 
de nouvel enclavée assise en la dicte Eglise assise en la par- 
roisse S lc Croix, dont iceulx Trésoriers ont franchy et des- 
chargiela dicte Eglise par la somme de vingt livres tourn. A 
quoy iceulx xx s. de rente leur sont demoures et este adjugies 
comme aux plus offrant et derrains enchierisseurs, si comme il 
est apparu et appert par le décret sur ce fait passa devant 
Jehan Escourtemer, lieutenant du Viconte de Carentan, es pies 
ordinaires de la Sergenterie de Saint Lo, le mardj xij e jour de 
septembre, lan de grâce mil iiij et trente, lequel estoit ainsy 
signe : Escourtemer ; lequel décret sain et entier en scel et 
escripture. 

De la vendue par décret fait par Justice, a la requeste de 
Martin Gannelle, porteur de ses lettres de la condempnacion de 
Olivier Caengny, xxx s. tourn. de rente par an que icellui 
Ollivier «rvoit a prendre sur certains héritages assis en la 
parroisse Sainte Croix, puis nagaires enclaves en lacroissance 
dicelle Eglise, icelle porcion jouxte la rue N re Dame ; les- 
quelz xxx s. de rente sont demoures aux Trésoriers de la d. 
Eglise au prix de vingt sept livres dix soulz tourn., comme au 
plus offrans et derrains enchierisseurs, en franchissant et 
deschargeant la d. Eglise, comme il est apparu et appert par le 
décret sur ce fait, passe devant Jehan Escourtomer, lieutenant 
du Viconte de Carentan, es pies ordinaires de la Sergenterie de 
Saint-Lo, le lundi vj° jour doctobre, lan de grâce mil iiij c 
xxxij, et estoit ainsy signe : Berart. Lequel décret est sain et 
entier en scel et en escripture. 

Du don de Olivier Caengny fait au d. Trésor pour avoir ung 
obit en la dicte Eglise, xLiiij s. tourn. de rente par an du 
nombre de la quelle il avoit a prendre aux termes acoustumes 
sur les maisons de nouvel enclaveez en lacroissance de la 
dicte Eglise, et est assise en une partie xiiij s., et xxx s. que 
il avoit a prendre sur la maison qui fut Guill c de Boutemont 



— 04 — 

dit Lortfevre assis en la Parroisse S re Croix de Saint-Lo, en la 
Grant Rue N re Dame, jouxte a lostel qui fut Jehan Jouenne, 
bute a la d. rue ; ce don fait pour ce que les Trésoriers seront 
tenus faire faire doresenavant par chacun an pour le d. Olivier 
et ses amis trespasses ung obit et le luminaire de la feste 
Saint Andreu en la dicte Eglise, et faire le service comme il 
est acoustume pour ceulx pour qui Ion fait plain luminaire, 
donc le cure aura ij s., le prestre qui dira la messe de 
Requiem ij s., le diacre xy den., le soubz diacre xij den., les 
trois coustours chacun v den., pour offrandes de la grant 
messe vj deniers, pour celle de Requiem xij den., aux clercs 
pour aidier a dire le service v s. ; au sonneur de cloques 
xij den., aux Trésoriers iv s , et le deinour«nt au proufïït du 
d. Trésor, pour faire le d. luminaire. Laquelle rente le d. 
Olivier sobliga garder et fournir et partant 1 Eglise descbargie 
de la d. rente par faisant faire le dit obit, comme il est 
apparu et appert par lettre passée devant Benest Le Villous, 
tabellion de Saint Lo, lan de grâce mil iij c nir xx et dix huit, le 
lundi xviij e jour doctobre, et estoit ainsy signée : B. Le Villous. 
La quelle lettre estoit saine et entière en scei et en escripture. 

De Olivier Caengny, bourg, de Saint-Lo, achatey par les 
d Trésoriers xx s. tourn. de rente avecquez tout tel droit de 
rentes et arréragez comme il avoit et pouvoit avoir sur la d. 
Eglise, maisons et héritages adjoustes et acquis pour laumen- 
tacion dicelle Eglise, et sur laquelle église, maisons et héri- 
tages il souloit avoir et prendre, comme il disoit, par chacun 
an, cent xv s. tourn. de rente ; et de la quelle rente et 
arrérages, la dicte Eglise, maisons et héritages sont et ont este 
franchis par les Trésoriers de la d. Eglise. Ceste vente faicte 
par le prix de xviij liv. et x s. pour vin, que ont payes iceulx 
Trésoriers au dit Olivier, dont et la quelle rente le d. Olivier 
a promis garantir et fournir sur lobligacion de tous ses biens 
et héritages, comme il est apparu et apperc par lettres passées 
devant Colin Desgardins, tabellion de Saint-Lo, le mercredi 



— 65 — 
iiij* jour de septembre, lan de grâce mil cccc trente sept. 

Sur lostel Colin Hue, assis en la parroisse N ra Dame, eu 
chastel de Saint-Lo, xi s. tourn. de rente, du nombre de Ix s. 
tourn. de rente japieca donnez au Trésor de la dicte Eglise 
par Thomas Varroc et Jehenne, sa femme, pour avoir deux 
obis par an en la d. Eglise, et des quelz Ix s. de rente xi s. 
ont este et sont tournez et baillez en eschange a Monsieur 
levesque de Coustances en descharges des rentes quil pre- 
noit sur la dicte Eglise ; et xx s. dicelle rente sont demourez 
au dict Trésor ; lequel hostel du dict Hue jouxte de présent a 
Guyot Go, dun coste, daultre coste et dun bout a Jehan Le 
Jolivet et a sa femme, et daultre bout a la rue Mathenot. 

Franchissement du Priour et Frères de lostel Dieu qui avoit 
droit de prendre, comme ilz disoient, par chacun an, xxjx s. 
tourn. de rente, cest assavoir xx s. sur une place qui fut 
messire Bernarl Blancpain, prestre, enclavée en la dicte 
Eglise, et ix s. tourn dicelle rente a prendre sur lostel qui fut 
Guill e Lorfevre semblablement enclave en la dicte Eglise, dont 
procès fust pendant entre jceulx Priour et Frères, dune partie, 
et les Trésoriers de la dicte Eglise N ro Dame, dautre, par 
raison dune justice faicte iceulx Priour et Frères pour avoir 
payement de la dicte rente, pourquoy iceulx Trésoriers consi- 
derans que la dicte rente leur estoit deue, en deschargant et 
franchissant icelle Eglise, ont baillie en eschange a iceulx 
Priour et Frères xxviij s. t. i p. i H geline de rente, cest assa- 
voir xx s. sur lostel Jehan Le Barbier dit Le Chanoigne, assis 
eu chastel de Saint-Lo auprès des Cuisiniers, par devers la 
Croix du Marchie, et viij s. j p. i gel. a prendre sur ung hostel 
et mesnage appartenant a Phelipin Violete, assis en la par- 
roisse N rc Dame en la rue de Torteron, jouxte Guill e Jourdan 
et sa femme, dun coste, et daultre coste a lostel qui fut Raoul 
Heustes ; bute dun bout a la rue de Torteron, comme il peut 
apparoir par lettres sur ce faictes. 

S 



— 66 — 

A Monsieur levesque de Coustances baille en eschange, 
tournée et assiete de la rente que il a voit a prendre sur lEglise 
N rc Dame par les Trésoriers le nombre de xv s. tourn. de 
rente que les dicts Trésoriers, eu nom de lad. Eglise avoient 
a prendre, par chacun an, aux termes accousturaes, sur le gar- 
din du d. Monsieur lEvesque, selon ce quii peut apparoir par 
les leclres sur ce faictes et de lapoinctement fait en mon dict 
seigneur lEvesque et les trésoriers et parroissiens de la dicte 
parroisse N re Dame ; recours a i celles, desquelles le double 
est escript en ce présent livre. 



Transaction faitte par Mg v Phillebert de MontJeù\ 

Ei\ de Coulancex, en 1428, au sujet dun 

proceds intente pour ledification 

de lEglise. 

A tous ceulx qui ces présentes Lectres verront, Jehan 
Roussel, Clerc, Garde du Scel des obligacions de la Viconté de 
Carenten, salut. Comme procès et debas fussent en intention 
ou espérance de mouvoir par entre Révérend Père en Dieu 
monss. Phillebert Demonljeu evesque de Coustances, dune 
part, et les trésoriers ou marigliers et paroissiens de ta par- 
roisse N rc Dame de Saint Lo, daultre partie, par raison et a 
cause de ce que le d. Mons 1 * lEvesque deist ou vouloist dire 
et maintenir que, sans son congie, lisence ou auctorite tant 
comme Diocésain que comme Seigneur et Baron de la Ville 
et ln.ronie de Saint Lo, les d. parroissiens, trésoriers ou ma- 
rigliers avoient conqueste et acquis plusieurs maisons avec- 
ques leurs appartenances assises près de la dicte église N re 
Dame, et icelles avoient fait démolir et abatre et reddiffier, 
ou partir dicelles, en forme d'Eglise ou chappeîle, mises, 
comprises et enclavez en croissement et augmentaon dicelle 
Eglise qui estoit acquise et conqueslee en main morte, en 
quoy il estoit ou pouvoit estre prive de forffecture destainte de 



- 67 - 

ligne ou aultre droictures et devoirs de Seigneurie tels comme 
a Seigneur Baron peut et doit appartenir ; mesmement que 
sous la liscence, congie ou auctorite de lui ou autre son pré- 
décesseur corne Diocésain avoient fait faire les dictes chap- 
peles et ediffices ; disant aussy le d. Mons 1 * lEvesque que 
les d. trésoriers ou parroissiens dicello Eglise avoient fait 
faire et ediffier ung pillier qui est eu bout dicelle, a lendroit 
du lieu ou souloit estre le fenil de son manoir et une vis ou 
degré qui est encommencie affaire a la cornière de la dicte 
Eglise par devers sa court ou et elle, le quel pillier ou la dicte 
vis ou degrey avoient este fais ou commenciee affaire en 
certaine. 

A tous ceulx qui ces présentes lettres verront Jehan Roussel, 
Clerc Garde du seel des obligations delà Viconte de Carenten, 
salut. Comme procès et debas fussent en intention ou espé- 
rance de mouvoir par entre Révérend Père en Dieu Monsieur 
Phillebert de Montjeu, evesque de Couslances, dune part, et 
les Trésoriers ou marigliers et parroissiens de la parroisse 
N re Dame de Saint- Lo, daultre partie, par raison et a cause de 
ce que le d. Monsieur lEvesque deist ou voulsist dire et main- 
tenir que, sans son congie, liscence ou auctorite, tant comme 
Diocésain que comme Seigneur et Baron de la ville et Baronnie 
de Saint-Lo, les d. parroissiens, trésoriers ou marigliers avoient 
conqueste et acquis plusieurs maisons, avecquez leurs apparte- 
nances, assises près de la d. Eglise N lc Dame, et icelles avoient 
fait démolir et abatre et reddifier ou parties dicelles en forme 
deglize ou chapelle, mises, comprinses et enclaveez en croisse- 
ment et augmentacion dicelle église, qui estoit acquise et con- 
questee en main-morte, en quoy il estoit ou povoit estre prive 
de forfaicture, destaincte de lignes ou aultres droictures et 
devoirs de seigneurie telz comme a seigneur baron peut et doit 
appartenir; mesmement que, sans la liscence, congie ou quic- 
tence de lui ou autre son prédécesseur comme Diocésain avoient 
fait faire les dites chappelez et edifficez, disant aussy le dit 



_ G8 - 

Monsieur lEvesque que les d. Trésoriers ou parroissieus dicelle 
église avoient fait faire et edifHer ung pillier, qui est eu bout 
dicelle, a lendroit du lieu ou souloit eslre le fenil de son manoir, 
et une vis ou degré qui est encommencie affaire a la cornière 
de la dite église par devers sa court ou belle, lequel pillier ou la 
dite vis ou degrey avoient este faiz ou commencies affaire en 
certaine partie ou porcion sur son fons, terre et deraayne, 
lesquelles choses il disoit estre au préjudice de son bénéfice et 
Eglise de Coustances, voullant que les choses ainsy cntre- 
prinses fussent repparees ou en estre deuenient recompense. 
Lesquelz parroissiens et trésoriers deissent ou vousissent dire 
que pour ce que la dite église nestoit pas asses grant qui peust 
suffire pour la grant multiplicacion du peuple dicelle, les dites 
maisons avoient este acquises et la dite Eglise creue et aug- 
mentée ; et, au regart du d. pillier et de la dite vis ou degré, 
disoient les d. parroissiens et trésoriers que il povoit bien estre 
que le d. pillier passoit ung pie ou environ plus que il ne devoit, 
et semblablement la dite vys ou degrey un pie et demi ou en- 
viron, et entendoient que les trésoriers qui avoient fait commen- 
cier icelluy ediflice, en avoient eu liscence et congie de 
Monsieur lEvesque de Coustances qui lors estoit, ou de ses gens 
et ofliciers ; et lesquelz parroissiens et trésoriers eussent 
supplie et requis au d. Monsieur lEvesque que les dites acqui- 
sitions ainsy faictes pour laugmentacion et croissement de la 
dite église, leur vousist aprouveret confermer et les d. pillier, 
vis ou degiey estre et demourer parfaiz ainsy que encommen- 
ciez avoient este; et oultre que pour donner plus grant lumière 
et clarté a la verrine de derrière le grant autel, qui estoit a len- 
droit ou souloit estre le fenil du manoir dudit Monsieur 
lEvesque, lequel fenil estoit chaest et en ruyne, que desormaiz 
ny feist faire aucun ediflice ou aultre chose qui peust empes- 
chier ou obscurir la veue et clarté de la dite verrine, offrans a 
récompenser deuenient des choses dessus dites led. Monsieur 
lEvesque et son église de Coustances de ce que il seroit trouve 
et regarde que il en deust raisonnablement appartenir; et, pour 



— 69 — 

traictier sur les choses dessus dites, fussent assembles plu- 
sieurs des d. parroissiens et trésoriers dicelle église, et venus 
par devers le d. Monsieur lEvesque par plusieurs fois et a plu- 
sieurs journées, supplians et requerans leur susdites requestes 
estre faites et acomplies ; sur quoy le d. Monsieur lEvesque 
leur eust mis temps et terme pour avoir sur tous advis et deli- 
beracion, Savoir faisons que, par devant Colin Cauvelande, 
clerc tabellion jure a Saint Lo, furent presens le d. Monsieur 
lEvesque pour lui et pour ses successeurs evesquez, dune part, 
et Thomas Mathenot et Jehan Gallet, a présent trésoriers dicelle 
église, et Ni?olas Varroc, Aymery Duquesnay, Guillaume 
Cauvin et Maistre Jehan Letousey, tous dicelle parroisse, tant 
pour eulx et en leur nom, que comme procureurs des parrois- 
i siens, manans et habitans dicelle parroisse, selon ce quil peut 

! apparoire par la procuracion sur ce faite, daultre partie, de la 

quelle procuracion la teneuve en suit : A tous eoulx qui ces 
lettres verront ou orront Jehan Harpeley, chevalier, Bailly de 
Costentin, salut. Savoir faisons que, aujourduy xxv e jour de 
juillet, lan mil iu c vingt huit, en lauditoire du Roy, n re sire, a 
Saint Lo, furent présents par devant nous Raoul Rouillart, 
Nicolas Varroc, maistre Jehan Varroc, Aymery Duquesnay, 
Guill e Jehan,Thomas Mathenot, maistre Jehan Letousey, Jehan 
Lecouvreur, Jehan Letaneur, Jehan Mathenot le jeune, Guill e 
Le Taneur, Jehan le Jolivet, Guill e Cauvin, Bernart Le Fegny, 
Jehan Le Bouvier, Jehan Bequet, Jehan de la Roque, Robin 
Leroutier, Perrin Boucart, Jehan Baubigny, Rogier Le Cler- 
geault, Jehan Langloiz, Jehan de Caron, Colin Desiene, Colin 
Viel, Jehan Gournay, Colin Lainsne, Colin Tison, Guillotin 
Baillet, Jehan Mathenot lainsne, Jehan Jugan, Jehan Gallet, 
Constant Nourry, Thomas Le Paulmier, Raoul le Paulmier, 
Jehan Girart, Robin Angueulle, Richard Duhamel, Michiel 
Gosselin, Perrin Dumesnil, Jehan Caron, Guill e Le Duc, Ri- 
chart de la Voye, Thomas Canuet, Colin Lainsne, Jaquet Le- 
touroudel, Allemin Sorin, Perrin Louvet, Jehan Rommy, 
Colin Michiel, Richart Blondel, Jehan Hopequin, Jehan Dam- 



— 70 - 

même, Gieffroy Bessin, Richart Edme dit Lesperne, Robin 
Couldray, Colin Cousin, Franquet Gieffroy, Guillaume Thurgis, 
Henry Martin, Raoul Bourgery, Colin Perotte, Jehan Faucil- 
lon, Richart le Gros, Jourdan le Dain, Jehan Gouffestre, Perrin 
Gouffestre, Jacquet Gislot, Thomas Le Gallicier, Philipot Gour- 
det, Guille Besache, Perrin Osouf, Robin Lemerchier, Guill* 
Le Bouchier, Guill c Borei, Jehan de Lescluse, Jehan Vaultier, 
Colin Le Viel, Th°* Vincent, Guillaume Varengue, Jehan Lan - 
gloiz, Thomas Porchon, Philippot le Clergeaulx, Jehan Fleury, 
Guill e Thiebout, Th as Auvrey, Robin Fontaine, Grégoire 
Ramphere, Michiel Picart, Guill c le Vicomte, Jehan Bisson, 
Richart Andreu, Maceot Larchier, Jehan Blaisot, Thomas La 
Vielle, Guill e Gouhier, Perrin Planqueray, Gieffroy Dumanoir. 
Colin de Saint-Laurens, dit Belot, Thomas Le Chou, Rogier 
Dade ville, Richard Bense, Colin Desgardins, Jehan du Faon, 
Jehan Rabasse, Richart Deschamps, Robin Ruauit, dit 
Caruete et Fleury Fourre, tous bourgoys, manans et habitans 
de la ville, faulx bourgs et sergenterie de Saint-Lo, lesquelz, 
tant pour eulx que eulx faisans fort et fondans commun pour 
tous les bourgoys, manans et habitans des Ville, Faulx bourgs 
et Sergenterie du d. lieu de Saint-Lo, firent leurs procureurs, 
actournes et certains menagiers especiaulx Nicolas Varroc, 
Aimery Duquesnay, Guill c Cauvin, Guill c Mathenot et mais- 
tre Jehan Le Tousey, bourgoys de la dite ville en tout ce 
qn'ilz ont. . . et besoingne pour le temps passe et pour le 
présent, et par especialment pour faire passer enterigner et 
acomplir plusieurs traicties, acors en appoinctemens parles et 
traicties entre Révérend Père en Dieu Monsieur lEvesque de 
Coustaneos ou officiers pour luy, dune part, et les bourgoys, 
manans et habitans de la dicte ville de Saint-Lo, leurs commis 
ou députes, dautre, sur le cas de plusieurs descors, procès et 
debas nieux et espères a mouvoir en plusieurs et diverses 
cours par entre les dictes parties, lun.diceulx descors et ap- 
pointements touchant le fait de lostel Dieu du d. lieu de 
Saint-Lo, sur le débat dun brief prins par le procureur du 



— 71 — 

Roy uostre Sire eu dict baillage de Costentin et les dicts 
bourgoiz adjoins ensemble a lencontre du d. Monsieur lEves- 
que, par raison de ce que iceliui Monsieur lEvesque a voit 
vestu et receu religieux eu dict hostel Dieu monsieur Guill 
Tournebu, prebstre; laultre touchant le fait de la Halle au 
cuir qui.souloit estre assise devant lEglise, de laquelle le boys 
marrain et matière avoient este prinses par le commandement 
et ordonnances des Angloiz, mises et employiez a lediffice de 
la Porte du Neufbourg ; et aussi le don de trois cens livres 
tourn. que disoit le d. Monsieur lEvesque lui avoir este donné 
par les dicts bourgoiz pour aidier apaier sa raencon envers les 
ennemis et adversaires du Roy n ro dict Sire, aus quels il 
avoit este prisonnier ; et le tiers touchant le fait de lEglise N rc 
Dame du d. lieu de Saint Lo, ediffices et rentes dicelle. Don- 
nans iceulx bourgoiz et habitans plain pouvoir, auctorite et 
commission aux dessus d, Varroc, Quesnay, Jehan Mathenol, 
Letousey et Cauvin, ou la graigneur partie diceulx, de com- 
poser, traictier, passeffier et appoinctier sur les choses dessus 
dictes et chacunes dicelles, leurs circonstances et dépendances, 
et faire autant en toutes choses comme eulx mêmes feroient 
ou faire pourroient se presens y estoient en personne, promet- 
tant tenir et avoir agréable tout ce qui par eulx sera en ce faict 
... et besoigne, sans jamais aller encontre eu aucune 
manière, sur lobligacion de tous leurs biens meubles et héri- 
tages presens et a venir. En tesmoing de ce nous avons scelle 
ces présentes du grant scel aux causes du d. bailliage en lan 
et jour dessus dis . Ainsy signe : Boulengier. 

Lesquels Monsieur lEvesque, trésoriers et procureurs dessus 
nommes eu nom que dessus, de leurs bonnes volontez confes- 
sèrent avoir fait, traictieet appoinctement sur les choses dessus 
dictes en la manière qui ensuit : cest assavoir que pour révé- 
rence de Dieu, nostre creatour, et pour laugmentacion de la 
dicte Eglise, le dit Monsieur lEvesque se consenty voulu et 
oîtroya, tant pour luy que pour ses successeurs Evesques, que 



— 72 — 

les maisons ainsy acquises au proufit de la dicte Eglise et dont 
parties estoient en claveez et comprinses en lediffice dicelle, en 
quoy est la chapelle de la Trinité et Saint Georges, et la terre 
qui estoit des dictes maisons avecques leurs appartenances, 
soient et demeurent perpétuellement a la dicte Eglise ; Et 
aussi le d. pillier qui est a lendroil du lieu ou souloit estre le 
dict fenil du dict Monsieur lEvesque, et une vis ou degré qui 
est en la cornière de la dicte Eglise par devers la court du d. 
Monsieur lEvesque, les quelz avoient este faiz en certaine 
porcion et partie sur le fons et terre du d. mon dit sieur lEves- 
que. soient et demeurent comme ilz sont et la d. vis parfaicte 
comme elle est encommenchie, pourveu que les veues dicelle 
seront par petites lucarnes et arballestrieres par devers et au 
longt du coste de la dicte Eglise ; et, pour ce que le dict Mon- 
sieur lEvesque avoit droit de prendre douze livres dix soulz, 
un paing, une geline et demie livre de poyvre, le tout de rente 
en certaine partie dicelle Eglise, cest assavoir dix livres sur la 
chapelle Saint Jacques, quarante soulz en la place qui est partie 
de lacroissance de la dicte Eglise joignant au dit fenil, du 
nombre des quelx quaraute soulz len povoit faire tournée, 
eschange ou assiete de trente neuf soulz, et eu lieu ou souloit 
estre le revestioire dicelle Eglise, dix soulz, ung pain, une 
geline. Et sur les maisons Dan Bernart Blancpain, prestre, 
dont partie dicelles sont jointes et enclaveez en la dicte Eglise, 
deinye livre de poyvre ; et affinque les d. Trésoriers et 
parroissiens de la dicte Eglise et lieux dessus dis soient et de- 
meurent deschargiez affin de herittage de toutes icelles rentes, 
excepte des dis pain, geline et demie livre de poyvre qui de- 
meurent deubx au dit Monsieur lEvesque en estât que par 
avant. Et pour recoin pensation des choses dessus dictes, le d. 
Monsieur lEvesque aura et prendra des rentes et revenuez 
dicellui Trésor quinze livres quinze soulz tourn. de rente par 
chacun au, aux termes acoustumez, qui présentement lui furent 
tournées et assises sur plusieurs héritages assis en la parroisse 
N ,,f Dame de Saint-Lo ainsi quil ensuit : 



— 73 — 

Cest assavoir : Quinze soulz tourn. de rente es termes 
acoustumes sur ung gardin appartenant au d. Monsieur lE- 
vesque, assis en la paroisse N w Dame de Saint-Lo, jouxte la 
rue de la Poterie et les estables du manoir du dit Monsieur 
lEvesque des costes, bute a lostel ou les greniers du d. Mon- 
sieur lEvesque sont, et lostel ou len tient la juridiction tempo- 
relle du dit Monsieur lEvesque des bus. Item, quarante soulz 
tourn. de rente, aux termes acoustumez, sur lostel et maison 
appelée le Grant Manoir qui fut feu Jehan Le Prestel, seigneur 
de Saint Andreu du Valjouas, et de présent appartenant a 
Pierres Louvet, jouxte le marchie aux bestes ausmailles, dun 
coste, et Thomassin Jaquemin et la rue du Pray dun coste, 
bulea Colin Heustes et Jehan Leforestier et aux hoirs Henri du 
Hamel, dun but. et dautre a la place de devant la halle au pain 
de seigle. Item, vingt soulz tourn. du nombre de vingt quatre 
soulz tourn. de rente es dis termes, a prendre sur ung hostel 
ou mesnage qui fut. au Pourchel et de présent appartient a 
Colin Le Feustrier dit Heustes, joint et bute au d. Grant 
Manoir qui fut au d. Prestel, de présent appartenant au d. 
Louvet, et dautre a lostel qui fut Raoul Le Cocq et de présent 
appartenant au d. Heustes. Item, cinquante soulz tourn. de 
rente au terme Saint-Michiel en septembre, a prendre sur ung 
hostel o ses appartenances que tient a présent Jehan Louvet, 
jouxte Jehan Le Goupil, par raison du gardin quisouloit estre 
lostel Raoul Dy vrande et lostel Jehan La Niepce, de présent 
appartenant a Thomas Le Chou, des costes, bute a la rue 
N 1 ** 5 Dame tendant de la Barrière Cauffestrain a la Porte du 
Neufbourg. Item, quarante soulz tourn. de rente aux termes 
acoustumes, a prendre sur ung hostel ou mesnage o ses appar- 
tenances qui fut Viard et de présent appartient a Jehan Le- 
tanneur, jouxte Colin Varroc et Denise, veuve de Jehan Rous- 
sel, des costez, bute a la rue de la Halle au pain de Seigle et 
aux murs de la forteresse, des bus. Item, cinquante soulz 
tourn. de rente es d. termes, a prendre sur ung hostel ou mes- 
nage appartenant a Guillemin La Chouque, joint dun coste a la 



— 74 — 

rue de la Porte de Torteron et a la venelle par quoy len va sur 
la muraille, et daultrecoste a laultre hostel du d. La Chouque, 
qui fut Ronchere, bute aux murs de la Forteresse et a la place 
ou len vend le cherainel. Item, quarante soulz tourn , du 
nombre de sexante soulz tourn. de rente, a prendre surloslel 
Colin Hue qui fut Jehan Patrix dit le Gourmant et, de présent, 
appartenant au dict Hue, jouxte lostel qui fut Monsieur de 
Montenay el, de présent, appartient a Jehan Le Jolivet et a sa 
femme, a cause délie, dun coste, et dautre Guyot Go, butte a 
la rue a la Paille et aus d. maries des bus. 

Item, sexante soulz tourn. de rente es d. termes, a prendre 
sur lostel qui fut maistre Richart Heustes, de présent appar- 
tenant a Guillemin Le Paulmier et aux hers ou aians cause de 
feu Robin le Paulmier, assis devant la Porte Torteron, jouxte 
Philippin Violette et le petit hostel qui fut Tallebot, de présent 
appartenant a Jehan de la Roque, des Cosles, butte a la rue de 
Torteron et aux Fosses des Perrelles, des bus. A laquelle 
assiette ou tournée garantir contre et envers tous, oster et mettre 
hors de tous empeschement fournir, emplir, faire valoir sans 
aucun dechie ni admenissement les héritages, rentes et reve- 
nuez appartenant au Trésor de la dicte Eglise qui pour le 
temps présent sont et pour le temps a venir -seront, sont et 
demeurent subjes et obligiez, et aussy les lieux dessus dits ou 
estoient assises les dictes douze livres dix soulz tn. de rente, 
sauf et excepte des dits quinze soulz tourn. de rente que devoit 
le d. Monsieur lEvesque sur son dit gardin comprins en la 
dicte assiette, qui par icelle assiette demeurent asossies; et par 
ainsy que en cas par deffault du paiement daucunes des rentes 
bailliez en assiete au d. Monsieur lEvesque, procès ou débat 
seroit meu ou pendant vers aucun des tenans des héritages 
subges a icelles, en tout ou partie, le d. Monsieur lEvesque 
après sommacion deuement faicte aux. d. Trésoriers de pren- 
dre le d. procès et garantie, pourroit retourner et faire justice 
pour les arrérages qui, pour le temps avenir, de lors escher- 



— 75 — 

roient sur les héritages sur les quelz les dictes rentes lui 
estoient deuez par avant la dicte assiete ou eschange, et jus- 
ques a ce que les d. Trésoriers lui aient baille lettre de gaengne 
de la d. rente, ou lui en faire recompensacion convenable, et 
afBncjue la dicte Eglise demeure notable et que les verrines du 
bout dicelle devers soleil levant, aient et puissent avoir leur 
clarté et lumière sans aucun empeschement, est accorde par 
le dit traictie et appoiutement que désormais le d. 
Monsieur lEvesque, ses successeurs ou aians cause, ne pour- 
roient faire faire ou ediffier aucun ediffice ou mesnage au lieu 
ou estoit le d. fenil ; maiz sera et demourre le dict lieu appro- 
prie en estât de cour ou gardin au proufict du d. Monsieur 
lEvesque sans ce que on y puisse planter arbres, ni faire chose 
qui aucunement puisse faire ou donner obscurité ou préjudice 
a la veue et clarté des dites verrines. Et, en tant qu'il y auroit 
eu des ediffices dicellui fenil domoliez, abatuez, leveez et 
osteez en faisant lediffice dicelle Eglise ou aultrement, les 
dis parroissiens et Trésoriers en sont et demeurent quittes et, 
avecques ce, sil plaist a mon dit sieur lEvesque, les dits 
Trésoriers seront tenus de faire et ediffier ung petit huisset et 
double huiz et fermeure a lendroit ou estoit le dit fenil, a 
entrer en la dicte Eglise a lusage seullement du d. Monsieur 
lEvesque et de sergens estans en sa compaignie quant ilz 
seront en la ville et non pour autre. Et sy est accorde que sil 
plaint aux dits Trésoriers parroissiens de oster et estoupper ou 
faire oster ou estoupper Ihuys par ou len entre, de présent, du 
manoir du d. Monsieur lEvesque en la dicte Eglise, que ilz le 
pourront faire quant il leur plaira peurveu quilz en facent 
faire ung autre dicelle forme et essence eu lieu ou ilz regar- 
deront estre moins préjudiciable a la dicte Eglise encontre, et a 
lendroit de la court du Manoir du d. Monsieur lEvesque. 
Duquel traicté et appoinctement, icelles parties, eu nom que 
dessus, furent et se tindrent pour bien contens, sans ce quil 
face ou porte aucun préjudice au dict Nicolas Varroc au regart 
de ses privilegez de la Monnoye. Et quant a toutes les choses 



— 76 — 

dessus dictes et chacune dicelles tenir, enterignier et acomplir 
gans aller au contraire aucunement, le dit Monsieur lEvesque 
obliga lui, ses successeurs et tous les biens du temporel du d. 
eveschie, meubles et héritages presens et avenir, ou quils 
soient, a vendre doffice de Justice pour deffault de ce, et pour 
restituer et rendre tous coutz mises et dépends faiz et eulz pour 
ce ; et renonça généralement a toutes les choses par quoy la 
teneur et execucion de ces présentes pourroit estre retardée, 
anihillee ou empeschie en tout ou en partie en aucune manière, 
et par especial au droit, disant generalle renonciacion non 
valloir. En tesmoingde ce, ces lettres sont scellées du d. scel, 
a la rellacion du d. jure, sauf autri droit. Et fut faict en la 
présence de Colin de Venne, Jehan Angot et de Michiel Cadot, 
le lundi sixiesme jour de décembre, lan de grâce mil quatre 
cent vingt huit. Ainsy signe : Collacion faicte : Cauvelande. 
Donne par copie soubz le signe de Colin Cauvelande, tabellion 
au d. lieu de Saint-Lo, le xxj c jour de novembre, lan de 
grâce milcccc quarante quatre. 

Collaon faicte : Cauvelande avec paraphe. 

Transcrit par M. Lepingard. 



FIN 



Les Bourgeois de Saint-Lo 

A LA V« CROISADE 

(1217-1221) 



•Me 



Nos Collègues ont accueilli avec un certain intérêt la com- 
munication d'une note relative à ces Lombards qui, au 
xm e siècle, munis du consentement de l'Abbé de Sainl- 
Vigor-de-Cerisy, ouvrirent dans cette paroisse un comptoir 
pour y faire le négoce et, notamment, le prêt sur gages. 

Qu'ils me permettent aujourd'hui de leur signaler, non 
plus l'arrivée dans notre pays d'une compagnie étrangère, 
mais la présence, en pays étranger d'un groupe de Bas- 
Normands, Saint-Lois pour la plupart, ayant, eux aussi, quitté 
leur patrie au courant de ce même xm° siècle, non dans un 
but mercantile, mais afin de secourir leurs frères les chrétiens 
d'Orient et Je les aider à soustraire définitivement au Turc, et 
Jérusalem et les lieux saints. 

La charte qui révèle les noms de ces pèlerins, qui partici- 
pèrent à la cinquième croisade (1217-1 221J. est consignée au 
Livre Rouge de l'Hôtel-Dieu de Saint-Lo, folio 88, n° 186. 
Elle est datée, à Jope (1), de juin 1220, et contient la donation 
à la Maison-Dieu des rentes que celle-ci devait à l'un de ces 

(1) Ou plus exactement Joppe, aujourd'hui Jaffa, petite ville 
de Syrie a 8 lieues N.-O. de Jérusalem. C'est le port ou débar- 
quaient les pèlerins de Jérusalem. 



— 78 — 

croisés nommé Garin dont les compagnons, soit prêtres, soit 
frères d'armes, furent les témoins instrumentaires. 

En voici le texte : 

« Sciant omnes présentes et futuri quod ego Garinus, filius 
« Radulfi Gariui, de Sancto Laudo, quietavi et dimisi in 
« perpetuum, pro salute anime mee et antecessorum meorum 
« domui Dei de Sancto Laudo et fratribus ibidem Deo servien- 
* tibus, totum redditum quem fratres predicte domus mihi 
« reddebant annuatim de terra quam tenebant de me in 
« perpétua hereditate, que sita est juxta pontem de Sancto 
c Laudo, videiicet xxx solides turonensium quos mihiethere- 
« dibus meis annuatim reddere tenebantur ad nundinas montis 
« Martini, et quinque panes et quinque capones, ad Natale ; 
« ita quod predicti fratres predictum tenementum libère, 
« pacifice et quiète in perpétua elemosina possidebunt ; et 
« ego et heredes mei in predicto tenemento, nec in predicto 
« redditu mihi de cetero poterimus reclamare. — Quod ut 
a ratum sit et stabile perse veret, presentem cartam sigilli mei 
« testimonia confirmavi. — Actum apud Jope, anno Dmni 
« M°CC°XX°, mense Junii; testibus his : « Martino de 
« FMris et Hugonede Subies, fratribus ordine predicatorum ; 
« Thoma Boisdeleue, presbitero, Simone Grosparmie ; 
« Jehanne des Iardins, Reginaldo de Gaurei, Renoldo Tontu- 
« rier ; Willelms de Buot ; qui predictus frater Martinus, 
o Simon Grosparmie et Johanne des Iardin6, ad petitionem 
« meam in hujus rei testimonium sigilla sua cum meo 
« presentibus litteris apposuerunt ». 

Comme on le voit, le donateur, Garin, fils de Raoul Garin, 
était de Saint-Lo même ; la charte le dit expressément. Sa 
famille en était également originaire. On trouve, en effet, 
dans une autre charte du même recueil, Raoul du Breuil et 
HyJaire, sa femme, baillant en fieffé à la Maison-Dieu de 
cette ville « totum pratum quod vocatur As Garins » qui 
appartenait à cette Hylaire (a jure hereditagio idem pratum 



— 79 — 

pertinebat), et le pré en question était situé contre la chaussée 
du Pont de Vire (1). 

Le Frère prêcheur Martin du Perier, premier témoin de la 
donation de 1220 (Martini de Piris), était, lui aussi, enfant de 
Saint-Lo. Une maison Perier existait dans cette ville. Cela 
résulte d'une charte de 1281 souscrite également au profit de 
la Maison-Dieu par Geoffroy, fils de Sylvestre, et contenant 
donation d'une rente de 3 sous tournois assise « in quodam 
stallo sito ante domum Piris (2) » . 

En janvier 1237, un Guillaume du Perier aumônait au 
même établissement tout ce qu'il percevait sur la masure 
d'Agnès la Feutrière (3). 

Dans deux chartes, l'une de 1246, l'autre de 1252, figure 
Nicolas du Perier (Nicolaus de Piris) (4). Un autre acte de 
1253 parle d'une maison de Saint-Lo « quae fuit Michaeli de 
Piris » (5) ; un autre encore, en date d'octobre 1256, montre 
Mathilde du Perier, veuve de Richard du Perier, aumônant à 
l' Hôtel-Dieu une maison située à Saint-Thomas-de-Saint-Lo 
(Matillis de Piris, condam uxor Ricardi de Piris defuncti) 
(6). D'un autre côté, dans une charte sans date, mais assuré- 
ment du xiu e siècle, Robert du Perier, doyen de Saint-Lo 
(Robertus de Piris, decanatus de Sancto Laudo) était témoin à 
l'accord intervenu entre Florence de Croe et l'abbé de Saint-Lo 
au sujet de terres situées dans le bois du Soulaire en Couvains 
(7). Enfin, en 1597, un compte de la Fabrique de Notre- 
Dame-de-Saint-Lo, cite un Pierre Perikr comme riverain du 
Manoir au Vivier, sis en cette ville, en là rue Torteron. 

Les renseignements manquent sur Hugues de Subies; mais 
ce nom de Subies, qui est celui d'une paroisse voisine de 

(1) Arch hôpit. Saint-Lo. — Livre Rouge, Fol. 74, n° 1T5. 
(*) id. id. Fol. 78, n° 48îi. 

(3) id. id. Fol. 80, n° 492. 

U) id. id. Fol. 79, n° 480. 

tb) id. id. Fol. 79, n<M90el!94 

(6) id. id. Fol. K), n° 195. 

(7) Arch. de la Manche. — Cart. M 8 Ab. de Saint Lo, p. 79. 



— 80 — 

Bayeux, ne laisse aucun doute sur l'origine de ce Frère 
prêcheur. 

Le prêtre Thomas Boisdeleue est totalement inconnu. 

Quant à Simon Grosparmie, sa famille avait, au moins, des 
attaches à Saint-Lo. D'une part, Pierre de Grosparmy, Grand 
Chantre de Coutanoes, figure sur la lisle des bienfaiteurs de 
la Maison-Dieu (1), et, par ailleurs, l'écusson des Grosparmy 
se remarquait aux vitraux de la Chapelle du Rosaire de 
PEglise Notre-Dame (3). Ce Simon serait-il le même que le 
Siméon Grosparmy, en son vivant bourgeois de'Périers, pour 
lequel, en 1265, M. Jean Grosparmy, fonda un obit dans 
l'Eglise Cathédrale de Cou tances dont il était chanoine (3) ï 

La famille des Gardins ou Jardins habitait notre ville dès 
le xn c siècle. L'evêque de Coutances, Algare, comprend 
parmi les dons qu'il aumônait à l'Abbaye de Saint-Lo, vers 
1140, la masure de Pierre du Gardin (Masura Pétri de Gardino) 
laquelle était située en la rue Saint-Georges (4), et Ton trouve 
en 1470., noble homme Jean des Gardins parmi les notables 
bourgeois cités dans les pièces concernant la fondation d'une 
bibliothèque dans l'Eglise Notre-Dame par messire Jean 
Boucard, évêque d'Avranches et M e Ursin Thiboult, vicaire 
général de l'evêque de Bayeux (5). De nos jours, des familles 
du nom de Desjardins et Dugardin habitent Saint-Lo. 

Reginald de Gavrei, autre témoin de la charte de 1220, peut 
bien être originaire, lui ou les siens, de la grande paroisse de 
Gavray (6). Son nom s'y prêterait volontiers. Mais il est 
certain qu'aux premières années du xiu e siècle vivait, soit à 
Saint-Lo, soit à Agneaux, un Jean de Gavrei qui, de concert 

(1) Toustain de Billy, Histoire de Saint-Lo imp., p. 448. 

(2) id. id. p. ?9. 

(3) id. His'oire Ecclésiastique du Diocèse de 
Coutances, imp, T. U, pp. 30 et 31. 

(4) Arch. dép. de la Manche, Cart. m 8 de l'Abbaye de Saint-Lo, 
pp 4 et 20. 

(5) Arch. dép. de la Manche. Cart. m s de l'Abbaye de Saint-Lo, 
p. 679. 

(6) Canton de Gavray, arrondissement de Coutances. 



- 81 - 

avec ses frères Robert, Thomas, Helye, Guillaume, Roger et 
Henri, avait aumône aux Pauvres de la Maison-Dieu, la terre 
appelée les Rivières, sise entre le marais et la Vire (l), et qui 
plus tard se nommait l'Ile Gavrei dont il est parlé au Livre 
Rouge dans la charte de Herbert d'Aigneaux de juin 1242 (2), 
et qui n'est autre que le Pré de l'Isle proche de l'écluse du 
Rocreuil. Cette assimilation laisse d'autant moins de doute 
que, dans l'acte de 1242, il est question d'un gué qui n'est autre 
que l'ancien radier de la Poulinière nommé au xvi° siècle 
le Vey-Lançon d'où est venu le nom de Valençon que porte 
une ferme du voisinage. 

J'ignore absolument tout de Renaul Le Tonturier que son 
nom permettrait de reconnaître comme un ouvrier de la 
Corporation des Drapiers si nombreux à Saint-Lo. 

Il n'en est pas de même de Guillaume du Buhot qui tire 
son nom, soit de la terre du Buhot sise à Saint-Lo, en la 
Grande-Rue, au midi du Couvent du Bon-Sauveur, soit d'un 
tènement ainsi nommé situé à Saint- Jean d'Agneaux. En effet 
la charte d'octobre 1258 contenant la fieffé du pré as Garins 
donne pour abornements au pré fieffé, d'un côté, la chaussée 
du Pont de Vire, près la Maison -Dieu, et, de l'autre côté, le 
chemin allant au manoir de Pierre de Hauteville et le jardin 
de Guillaume de Buhot. Ce dernier et Garin, fils de Raoul, 
étaient donc voisins, amis même, sinon parents, puisque leurs 
héritages étaient contigus (3). 

Au reste, les du Buhot ne possédaient pas seulement la 
terre qui a conservé leur nom, mais aussi une auberge joignant 
d'un côté la chapelle de l'Hôpital et, d'autre côté, le chemin 
qui va aux moulins de Vire par dessous la poterne appelée la 
Mollière (Moleria). Cette hôtellerie butait au chemin tendant 
à Saint-Lo et au Manoir de la Maison-Dieu, les prieurs et reli- 

(1) Arch. de THôtel-Dieu de Saint-Lo.— Livre Rouge. Fol. XIX, 
n°0O. 

(2) Archives de THôtel-Dieu de Saint-Lo. — Livre Rouge. 
Fol. XXXIII, n<> 74. 

(S) Arch. de l'Hôpital. — Livre Rouge, Fol. 74, n° 175. 

6 



— 82 — 

gieux en firent l'acquisition en Tannée 1276 < v l) afin d'agrandir 
l'Hôpital. 

Le sort de nos compatriotes fut-il heureux ou malheureux ? 
Ils étaient d'une trop humble condition pour que le moindre 
chroniqueur en ait parlé. Mais il est permis de croire que 
tous ou presque tous succombèrent, ainsi que tant d'autres 
croisés, sous le fer des hordes musulmanes, ou sous les 
atteintes non moins cruelles des maladies qui décimèrent tant 
de fois les vaillants défenseurs de la Croix dans les plaines de 
la Palestine et dans les sables de l'Egypte. 

Lepingard. 



(1) Arch. de l'Hôpital. — Mémoire non daté du xviu e 6iècle. 



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Le Dicté de Beuzeville 



En fouillant le volumineux chartrier des La Luzerne- 
Beuzeville, conservé aux Archives du Département, j'ai ren- 
contré une sentence du sénéchal de Beuzeville-sur-le-Vey, 
du 15 avril 1627, par la quelle ce juge local condamnait « es 
plés de la terre et seigneurie de Beuzeville tenus en la Blanche 
Maison, Guillaume Choisy, à cause de sa femme, et Ollive 
Caillemer », tenants de cette seigneurie, « à comparoir, par 
chacun an, à la messe de minuit et du jour de Noël, en 
l'église de Beuzeville-s-le-Vey, pour chanter un Dicté à 
chacune des dites messes, et à comparoir au manoir seigneu- 
rial, durant le disner de Monseig r 7 le dit jour de Noël, pour 
chanter le dit Dicté et la chanson sur le quel le dit Dicté 
a estéfaict » . 

La sujétion, ou devoir, objet de cette sentence, a un caractère 
de singularité, une physionomie à part, qui, si je ne me trompe, 
assigne à la charte qui Ta formulée, et que malheureusement 
je n'ai pas encore découverte, une date antérieure au xiv c siècle, 
attendu que dans les actes de la période suivante, Ton ren- 
contre presqu'exclusivement des redevances en argent et en 
nature, avec les regards, c'est-à-dire la preuve de la préoccu- 
pation des maîtres de la terre de se créer des ressources effec- 
tives, plutôt que d'imposer des prestations corporelles, derniers 
vestiges du servage, rappelant au paysan qu'il était l'homme, 



— 84 — 

la chose du soigneur, au mémo titre que la terre était son bien. 

La singularité d'une pareille sujétion n'est pas le seul point 
qui sollicite l'attention clans la sentence de 1027. Que pouvait 
bien être le Dicté qui en était l'objet 1 — Un chant religieux. 
Cela ne fait aucun doute, puisque le Dicté se chantait à l'église, 
Je jour de Noël, une des plus grandes fêtes de la religion chré- 
tienne. Mais quelle était cette sorte de chant? 

Palsgrave, dans son « Eclaircissement de la langue fran- 
çoyse » présente les mots Ditie ofsong comme synonimes de 
l'ancien français. Dicton, Dictée, Motet, Dictie, Didier. — 
Dictée, Dictieou Didier, très voisins de Dicté, ne seraient donc 
autre chose que le chant religieux connu sous le nom de Motet, 
et le Motet chanté à Beuzeville, un de ces noëls naïfs que nos 
ancêtres chantaient à la messe de Minuit, chant joyeux que 
rappelle le vieux cantique : 

Chantons Noël, Noël, Noël, 
Chantons Noël au roi des Cieux, etc. 

et dont le charmant Noël d'Adam est un poétique et mélodieux 
souvenir. 

M. E. de Goussemaker, dans a l'Art harmonique au xii* et 
au xiu c siècle », en faisant connaître ce qu'était un Motet, ex- 
plique conséquemment ce qu'était un Dicté. Voici, en subs- 
tance, ce qu'en dit ce savant : Au xm c , le Motet était une 
composition harmonique à deux, trois et môme quatre parties, 
le plus souvent à trois. Il avait habituellement pour ténor un 

FRAGMENT DR PLAIN-CHANT, OU Un AIR POPULAIRE, avec lequel 

devaient s'harmoniser les autres parties, dont la basse harmo- 
nique, chose singulière, était le ténor, tandis qu'aujourd'hui 
le ténor tient le chant avec le soprano. Tantôt les paroles 
étaient latines, tantôt elles étaient françaises ; mais tantôt 
aussi une partie chantait en français, tandis que les autres 
chantaient en latin. Généralement les parties se rapportaient 
au même sujet; les paroles seules différaient entre elles. Mais 
il y a des motets ou dictés venus jusqu'à nous dans les quels, 



— 85 — 

tandis qu'une des voix chantait des paroles religieuses, une 
autre faisait entendre des paroles séculières. 

Le Dicté de BeuzevilJe-sur-leA'ey participait, semble-t-il, 
de ces deux sortes de motets : du motet exclusivement reli- 
gieux, quand il était chanté dans le lieu saint ; du motet reli- 
gieux et séculier lorsque les vassaux du sire de Beuzeville le 
chantaient à son dyner du jour de Noël. Ce double caractère 
résulte expressément du dispositif de la sentence de 1627. On 
pourrait toutefois se demander si, à l'origine, le Dicté et la 
chanson sur laquelle il avait été fait, n'étaient pas chantés en- 
semble et à l'Eglise et au Manoir, car il y a des exemples de 
motets mi partie religieux, mi partie mondains chantés dans 
les églises. M. E. de Coussamaker cite une messe du 
xiii c siècle ayant appartenu à la cathédrale de Tournai dont 
Vite Missa est offre un pareil mélange (1). Il est à présumer 
que le goût s'épurant, nos pères firent cesser cet alliage du 
sacré et du profane, peut être môme du grossier, qui blessait 
leurs sentiments religieux et que le motet ne continua d'être 
chanté sous sa forme primitive qu'à la table du seigneur dont 
les ancêtres avaient créé cette sorte de redevance. 

J'ajouterai, en terminant cette note, qu'en vieil anglais, 
Ditty, qui n'est rien autre chose que le Dicté normand, par la 
transformation du c en t, signifiait Sonnet (2), et qu'en 
anglais moderne, il veui dire Chanson. 

Lepingard. 
Février 1883. 



15 Avril 1627. 

Es plés de la terre et sg lle d. Beuzeviile-sur-le Vey tenus, 
en la Blanche iMaisson, par nous, F ots Boi^sel, licentié aux loix, 

(1) E. de Coussemaker, L'Art harmonique, pp. 133-131. 
\*) ffist. et Glas. Xormandde M. Ed. Leherichcr, v° Dire. 



advocat, sénéchal de la d. terre et sg rlc , présence de Pierre 
Beuselin greffier. 

Aujourd'hui', quinz c jour d'apvril 1627, Monsieur présent, 
par Jean Bouillon, s r du Fresne, proc r et agent des aflaires de 
Mon d. sg r requérant la tenue des d. plés. 

Sur la conclusion prise par le d. s r proc r à rencontre de 
Guille Choissy y à cause de sa femme, et Ollive Caillemer, 
présents le d. Choissy, en personne, et la d. Caillemer, par 
Pierre Cappey, son fils, qu'ils doibvent estre condampnez en 
conséquence de la fieffé faicte à leurs prédécesseurs parles pré- 
décesseurs de Mon d. sg r , à chanter un dicté à la messe de 
minuit et du jour, par chacun an, au jour de Noël, ainsy que 
durant le disner de Monsieur, le d. jour de Noël, le dicté et la 
chanson sur laquelle le d. dicté a esté faicte, ensemble à ap- 
porter et présenter à Mon d. s r deulx chandelles de cire de 
valleur de chacune quinze deniers, le jour de N tr0 D e Chandel- 
leur, par chacun an, et, que faulte d'y avoir satisfaict aux trois 
dernières années, ils en doibvent estre condampnés à l'amende 
susdicte de soixante sols par an p r le deffault d'avoir chanté et 
de vingt sols, par chacun an, durant les d. trois années, p r le 
deffault d'avoir présenté à Mon d. s r les d. chandelles au d. 
jour et feste Chaudelleur ; 

Les quels Choissy et Caillemer ont dict qu'ils n'ont chanté 
ni présenté les d. chandelles par ce qu'ils n'en avoient esté 
jusqu'yey advertis, obéissant néantmoins chantera l'adveniret 
paier les d. chandelles, sauf leur garantie l'un contre l'autre. 

Sur quoy, parties ouies, nous avons accordé acte aud. Pro- 
cur r de l'obéissance des dessus dicts, suivant laquelle nous 
les avons condampnés à comparoire, par chacun an, à la messe 
de Minuit et du jour de Noël, en l'église de Beuseville, p r 
chanter un dicté à chacune des d. messes et à comparoire au 
manoir seigneurial, durant le disner de Mon d. sieur, le jour 
de Noël, p r chanter le d. dicté et la chanson sur le quel le d. 
dicté a esté faicte, ensuite à comparoire, par chacun an, au 
jour et feste N t,c Dame Chandelleur, en l'Eglise du d. lieu, 



— 87 — 

pour la présenter à Mon d. s r deux chandelles de cire de la val- 
leur de 15 deniers pièce en peine de 60 sols d'amende, en cas 
de deffault de paier la d. chandelle, et pour n'y avoir satisfait 
aulx trois années dernières, nous les avons condampnés à neuf 
livres d'amende, en une partie, à raison de soixante sols par 
an, pour le deffault d'avoir chanté, et de soixante sols en aultre, 
à la raison de 20 sols, par an, faulte d'avoir paie les d. chan- 
delles au d. jour etfeste N tlc D e Chandelleur. Et donné en 
mandement à chacun des hommes, prévost et tenants de 
ceste seig r ' e la présente exécuter deubment. Fait comme dessus. 

Signé ; Boissel. 
Beuselin. 



La Monnaie de Saint-Lo 



Dans une précédente communication, et d'après les quelques 
données que je possédais alors, j'ai fait connaître les divers 
endroits de Saint-Lo où furent successivement établis l'Hôtel 
de la Monnaie et les ateliers qui en dépendaient. 

Depuis ce temps, j'ai découvert de nouveaux renseigne- 
ments qui m'ont permis de rectifier mon récit, et aussi de le 
compléter. J'ai lieu de considérer ce travail comme à peu près 
définitif. 

Nous ignorons complètement, et cela se comprend, le point 
de Saint-Lo où le monétaire mérovingien Ebroald battait 
monnaie, lors de l'émission du rarissime Triens, publié par 
M. Le Cointre-Dupont, dans son Histoire Monétaire de 
Normandie (1). Nous ne sommes guère mieux fixés sur 
l'emplacement de l'atelier que concède, ou rétablit, le roi de 
France» Philippe le Hardi, en 1275 (2). 

Il est cependant permis de croire que, continuateurs des 
errements suivis par le grand évoque Hugues de Morville 
(1208-1238) en faveur de sa ville baroniale (3), les successeurs 
immédiats de ce prélat n'eurent rien de plus à cœur que 
d'obtenir pour elle l'érection du nouvel atelier, et que volontiers 
ils offrirent un local approprié aux œuvres de monnéage, au 
logement des Maitres de la Monnaye ainsi qu'à l'Auditoire où 



(1) Page 33, en note. 
(-2) M. de Gerville. 

(3J Il peut être considéré comme le Fondateur de la Maison* 
Dieu de Saint-Lo cl des corporations ouvrières de cette ville. 



— 89 - 

les Gardes chargés de surveiller la fabrication, et aussi de 
réprimer les crimes et les délits, rendaient leurs jugements. 

Cette intervention des Evèques-Barons de Saint-Lo nous 
semble prouvée par la note suivante consignée aux dates des 
7 juin 1377 et 25 novembre 1378, dans un grand rouleau 
existant aux Archives Nationales : « La monnaie sefrape(sûr) 
« (â Saint-Lo) dans une maison appartenant à l'évêque de 
* Coutances et louée 34 lt par an » (1). 

La maison en question était située dans le Chastel, main- 
tenant l'enclos, à l'angle formé par les rues des Images et de la 
Paille (2). Cela résulte de deux actes datés, l'un du 13 octobre 
1396, et l'autre du 3 octobre 1403. 

Par le premier, Thomas Paigny (sic) achetait, sur décret 
de Justice, exercé contre Jean de Peronne et Colleté, sa femme, 
« cent soulz tournois de rente es termes acoustumés, sur les 
« maisons où sont la Mestrise, les Forges et la Fondeure 
« de la Monnoye de Sainct-Lo (situées) sur le chemin venant 
« du Marchié à la Porte Dollée » ; par le second, le même 
Thomas Pegny (sic) se rendait acquéreur, sur Jehenne de 
Cham peaux, de neuf livres de rente : « Assavoir 1 x s. de rente 
« à justicier sur la Cohue (3) où l'en souloit vendre le Fille, 
« en la quelle on fait actuellement la Monnoye, assis à Nostre- 
« Dame, jouxte les hoirs de feu Guillaume de la Motte, dit 
« Mathenot, d'un costé et d'un but, et d'autre costé à la Rue 
« qui va a la rue de la Posterne, pardevant Phostel au sg p de 
« Monteney, et, d'autre but, à la rue qui va du Marchié à la 
Porte Dollée ». 

Or, comme le Marché se tenait, ainsi que de nos jours, sur 

(1) Archives nationales. Recueil de documents relatifs à l'His- 
toire des Monnaies, par V. de Saulcy, T. 1 er . p. 542. 

(2) Cette maison a été remplacée par une autre datant pour le 
moins du xvi e siècle, et qui reçut le nom d'Hôtel M c Barbe. Elle 
porte un médaillon représentant une tétc d homme ayant une 
fleur tréfléeà la boucha. Ce médaillon rappelle ceux de la maison 
S u Barbe, sise en S 1 Thomas appartenant à la famille Elie. L'un 
d'eux est daté de 1544. 

(3) Marché ou halle,. ou encore Auditoire d'un Tribunal. 



— 90 — 

la Place de la Commune, maintenant place Gambetta, et que 
le chemin ou la rue tendant de ce même marché à la Port*» 
Dollée, est forcément la rue des Images, de même la Rue 
qui va a la rue de la Posterne, aujourd'hui du Rampart, 
s'identifie avec la Rue à la Paille. Cette dernière assimila- 
tion ressort évidente d'un acte de 1406 par le quel feu Thomas 
Varroq et Jehenne Pinel, sa fème, avaient, de leur vivant, 
aumoné au Trésor de l'Eglise Notre Dame 60 s. t. de rente à 
prendre et justicier : « sur un bostel ou mesnage, le quel fut 
« au Gourmant, assis en la parroisse N™ Dame et jouxte 
« Monseigneur de Monteney et Raoul Le Huchier, des costés, 
« bute à la Rue à la Paille, où Ven fait la Monnoye » . 

Entre 1406 et 1437, l'Hôtel de la Monnaie fut transféré en 
la rue Notre Dame, prolongement disparu de la rue actuelle 
de la Peuffre, jadis de la Peupherie, c'est-à-dire presqu'au 
chevet de l'Eglise Notre Dame. 

La preuve de cette translation se tire du second article d'un 
« chartrier où sont enregistrées les rentes deues au Trésor de 
« l'Eglise Nostre Dame de Saint-Lo qui fut fait au moys 
« d'aoust, Tan de grâces mil cccc xxx vu » (1). On y lit que 
30 sous tournois étaient dus « sur Postel et mesnage détenu 
« et occupé par Jehan de Caumont, Maistre des Monnoez de 
« Saint-Lo, pour le faict des dittes Monnoies »... le dict 
« manoir assis en la parroisse Saincte Croix de Saint Lo, en 
« la rue Nostre Dame... de présent jouxte à Thomas Thiebout, 
« d'un costé ; d'aultre costé à Denise, veufve d? feu Jehan 
« Durant ; bute à la rue Nostre Dame et à la Forteresse des 
« buts ». Depuis ce temps, jusqu'à la suppression de la 
Monnaie de Saint-Lo, l'Hôtel de Jehan de Caumont demeura 
affecté à cet établissement (2). Nous le voyons, en effet, en 
1497, la propriété de M e Richard Basire, également maitre de 



(i) Archives de la Fabrique de l'Eglise N re Dame de St-Lo. 
{i) La suppression de la Monnaie eut lieu entre le 45 décembre 
if 61 et l'an 1689, date des mémoires de l'Intendant Foucault. 



— 91 — 

la Monnoye, lequel autorisa les Trésoriers de l'Eglise N™ Dame 
à bâtir en partie sur son propre terrain un des piliers de la 
Chapelle de N re Dame de Pitié, devenue plus tard le Rosaire. 

Les œuvres du Monnéage s'y accomplissaient en 1535, car 
les partages dont la Maison de la Monnaye fut l'objet, par 
contrat du 25 août, de cette même année, entre Guillaume et 
Jehan Vaultier, fils de M c Guillaume Vaultier, font connaître 
qu'elle « estoit appropriée comme lors de l'achapt » et qu'entre 
autres dispositions el!e comprenait « une appentie où frapent 
« en coing les Monnoyeurs de la Monnoie ; la chambre 
« du Tailleur (de coins)... avec estables et appentis où les 
« ouvriers besoingnent à la Monnoie ». Toutefois les 
Vaultier ne possédaient pas toutes les dépendances du manoir ; 
Ravend Basire, descendant ou héritier de M e Richard, en 
détenait une partie que nous ne saurions spécifier. 

A la date du 12 février 1572, M 1 * Jehan Lecoucy, autre 
Maître de la Monnoie, occupait vraisemblablement l'hAtel. 
Notre conjecture s'appuye sur ce que M e Lecoucy devait au 
Trésor de N ro Dame une rente de 24 livres tournois, dont 
25 sous fonciers à prendre « sur la maison ou masure qui fut 
« Savary, sise en la rue Notre -Dame et joignant la maison de 
« la Monnoye et l'Eglise ». 

Enfin une transaction intervenue le 21 août 1695, entre les 
Trésoriers de Notre-Dame et Jacques Radulph, écuyer, sieur 
de Beaumont, mentionne une dernière fois l'Hôtel de la Mon- 
naie de Saint-Lo en lui donnant le nom de Maison de la 
Vieille Monnoie. Elle en prouve authentiquement la désaf- 
fectation (1). 

Mais dès le xvi c siècle, la fabrication des monnaies y avait 
cessé par suite de sa translation dans un local spécial situé sur 
la place de la Croix-Ferry (2), où elle demeura jusque vers la 
fin du xvn c . 

0) Archives de la fabrique de Notre-Dame de Saint-Lo. 
(2) Plus tard place Ferrier, aujourd'hui incorporée à la grande 
place des. Beaux- Regards. 



— 92 — 

Le nouvel atelier appartenait à M e François Le Soudain, du 
Privilège de la Monnaie de Saint-Lo. Un acte du 18 janvier 
1582, portant vente d'une petite cour par le sieur Le Soudain 
à un nommé Nicolas Le Roux, énonce que l'objet vendu était 
borné par le vendeur « h cause de sa maison en la quelle 
est de présent exercée la monnoierie de la Monnoye de 
Saint-Lo, laquelle maison fut à ung nommé Ferry » (1). 

Quelques années après, François Le Soudain vendit, sous 
condition de dégaige c'est-à-dire de réméré, à Jean Le Prime, 
bourgeois de Saint-Lo, la maison Ferry y compris : « ung 
ouvreur et fournaises où travaillent les ouvriers et mon- 
a noyers de la Monnoye et la court de devant lesdites four- 
« naises » (2). 

Le 26 février 1593, devenu à son tour propriétaire de 
l'atelier monétaire, M c Jean Rouxelin spécifie, dans un aveu 
rendu au baron de Saint-Lo, que la maison compreud « les 
ouvreurs et fournaises où travaillent les ouvriers et 
« monnoyers de la ditte Monnoye, avec la court de devant 
t les dittes fournaises » (3). 

Maison et atelier échurent à noble homme Charles Le 
Pinteur, écuyer, sieur du Bois-Jugan et du Rombisson, qui, 
le 16 février 1601, les vendit à M e Louis Sainct. Le contrat 
mentionne : « les ouvreurs et fournaises, où travaillent et 
t travaillent les monnoyers » (4) dont, en 1616. Jacques 
Saint rendait aveu à M. de Matignon, baron de Saint-Lo; 
la déclaration parle des fournaises et ouvreurs. 

Ce fut, en 1655, que les œuvres du Monnéage cessèrent défi- 
nitivement dans l'atelier. Le fait est attesté par les juges et 
officiers de la Monnoie. suivant une délibération du corps de 
ville du 15 décembre 1661, bien que le registre rentier de la 



(1) Contrat devant Richard Planchon et Jehan Le Chibelior, 
tabellion à Saint-Lo. 

(2) Archives départementales. Fonds des Nouvelles Catholiques 
de Saint-Lo. 

(3) id. id id. 
il) id. id. id. 



— 93 — 

baronnie de Saint Lo, dressé en 1667, en parlant de la Mai- 
son qui fut Ferry, ajoute : « où se bat la Monnoye » (1). 

D'autres maisons que celles dont il vient d'être parlé passent 
pour avoir été le siège de la Monnaie de Saint-Lo. 

L'une d'elles était dans l'enclos même, jadis le Chastel, et 
située au carrefour des rues de la Porte- Torteron, de la 
Peuffre et des Prés, successivement appelé Cohue au Pain de 
Seigle, Halle au Gros Pain, ou delà Boulangerie et, enfin, 
place aux Herbes (1808). Mais dans ceux des titres qui la 
concernent, et qu'il nous a été donné d'analyser, pas un mot 
n'indique, ou même ne laisse supposer qu'elle ait jamais servi, 
soit d'hôiel, soit d'atelier à notre monnaie. Nous croyons 
qu'elle a pris son nom de M e Joachim Thomas, sieur de la 
Monnoie, et conseiller du Roy en Vicomte, Baillage et 
Monnaie de Saint-Lo auquel elle appartenait en 1667 (2). 

Une autre maison située en la rue Torteron, n° 10, en face 
du Grouais, appelée l'Hôtel d* la Place Royale, est également 
indiquée sous le nom de la Monnoie'. 

Comme pour la précédente, les titres sont muets sur ce point. 
Par ailleurs, il est bon de remarquer qu'un établissement de 
ce genre, renfermant, eu général, des valeurs importantes en 
or et en argent, devait être à l'abri de toute attaque, de toute 
entreprise. Or à Saint-Lo, le Chastel seul offrait cette 
garantie. Sans doute, la rue Torteron était munie à chacune 
de ses extrémités d'une porte fortifiée. Mais ces portes n'étant 
fermées qu'en cas de guerre, les larrons et autres coureurs 
d'aventures eussent eu trop beau jeu pour piller la Monnaie. 

Ce qui est vrai pour la Place Royale Test encore plus pour 
la ferme de la Monnaie qui se trouve à près de quatre kilo- 
mètres de Saint-Lo, sur l'ancien grand chemin de Saint-Lo à 
Bayeux. Ajoutons que cette ferme fut aussi la propriété de 
M e Joachim Thomas dont il vient d'être parlé, et qu'à notre 
estime elle lui doit également son nom. Lepingard. 

(1) Archives départ. Fonds des Nouvelles Catholiques de St-Lo. 

(2) Archives départementales. Baronnie de Saint-Lo. 



PRIX CULTURAUX 

Décernés en 1908. dans l'arrondissement d'Avranches 



Le 3 octobre 1908 ont été proclamés à Avranches les résul- 
tats du Concours Cultural institué par notre Société dans cet 
arrondissement. 

Ont obtenu les récompenses suivantes : 

Prix de 300 francs avec médaille de vermeil offerte par 
M. Lucien Dior, député : M. Maurice Boisnard, propriétaire 
de la ferme de la Plochère, à Saint-Quentin. 

Prix de 200 francs avec médaille d'argent offerte par la 
Société d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire Naturelle : 
M. Jean Rochelle, fermier de la terre de la Colomberie, au 
Val- Saint-Père. 

Médaille d'argent grand module, offerte par L'Opinion de 
la Manche : M. Charles René, fermier de la terre de la Bicheu- 
dière, à Vernix. 

Prix hors concours. — Médaille de vermeil, offerte par 
M. le colonel de Brécey : M. Paul Lebreton, fermier de la 
terre de Haut-Crux, à Tirepied. 

Médaille d'argent grand module offerte par M. Lucien Dior, 
député : M. François Guérin, fermier de la terre du Pommeray, 
à Céaux. 

Le jury était composé de MM. Mauduit, maire de Saint- 
Martin-des-Champs ; Lechoisne, maire de Saint-Senier-sous- 
Avranches, et Raulin, agriculteur à Juilley. Voici le rapport 
de M. Mauduit : 



— 95 — 

Messieurs, 

Nous devons d'abord, au nom des cultivateurs de 
l'Àvranchin, remercier la Société d'Agriculture, d'Archéologie 
et d'Histoire Naturelle de notre département, d'avoir ouvert le 
concours à l'occasion duquel nous sommes réunis ici. 

Nous devons aussi témoigner notre reconnaissance à 
notre dévoué et distingué député, M. Lucien Dior, qui a 
voulu ajouter aux récompenses offertes par la Société une 
médaille de vermeil et une médaille d'argent grand module ; 
à M. le colonel de Brécey, conseiller général, dont la gêné* 
rosité est bien connue, et qui a mis gracieusement aussi à 
notre disposition une médaille de vermeil; enfin, au journal 
L'Opinion de la Manche, si dévoué à l'agriculture, qui 
donne une médaille d'argent, grand module. 

Un concours ayant pour objet la culture et la bonne tenue 
des fermes est utile à un haut degré ; pourtant il y en a peu de 
ce genre, et lorsqu'un de ces concours est ouvert, les cultiva- 
teurs qui y prennent part ne sont pas nombreux, tandis que 
les concours de bestiaux sont très multipliés, peut-être même 
à l'excès, et les concurrents s'y présentent en foule. 

Ces derniers concours ont certainement contribué à l'amé- 
lioration de nos diverses espèces d'animaux domestiques ; les 
autres concours, s'ils étaient plus fréquents, auraient pour 
résultat, nous en sommes persuadés, la diflusion des bonnes 
pratiques agricoles par les comparaisons qui s'établiraient entre 
les différentes fermes visitées et les raisons que l'on donnerait 
pour justifier les récompenses accordées aux exploitations des 
mieux cultivées. 

On apprécie avec plus d'exactitude le mérite des cultiva- 
teurs en examinant leurs fermes en détail qu'en leur attribuant 
des prix pour quelques bêtes d'apparat qu'ils présentent aux 
concours, et qu'ils entretiennent à grands frais en bon état, 
tandis que leurs autres animaux et l'ensemble de leurs exploi- 
tations laissent quelquefois beaucoup à désirer. 



— 96 — 

Un concours, en quelque sorte improvisé, comme celui 
dont nous avons à rendre compte, offre un avantage sérieux 
sur ceux qui sont annoncés longtemps à l'avance : il n'occa- 
sionne aux concurrents aucune dépense de préparation et 
permet à la Commission de visite de voir les choses comme 
elles sont ordinairement, et non comme elles pourraient être 
exceptionnellement dans l'autre cas. 

Cinq agriculteurs se sont fait inscrire pour le concours 
dont il s'agit ; ce sont par ordre d'inscription : M. Maurice 
Boisnard, propriétaire, exploitant la ferme de la Plochère, k 
Saint-Quentin ; M. François Guérin, fermier de la terre du 
Pommeray, à Céaux ; M. Jean Rochelle, fermier de la terre 
de la Coloniberie, ou des Charrières, au Val-Saint-Père ; 
M. Paul Lebreton, fermier de la terre de Haut-Crux, à Tire- 
pied, et M. Charles René, fermier de la terre de la Bicheu- 
dière, à Vernix. 

Les exploitants de fermes contenant de 10 à 30 hectares 
étant seuls appelés à concourir, il y a lieu d'éliminer 
MM. Guérin et Lebreton : la ferme exploitée par le premier 
ayant une surface de 36 hectares, et celle exploitée par le 
second, de 33 hectares. 

Un autre motif d'élimination existe pour M. Lebreton : 
une somme de 700 francs avec une médaille de vermeil vient 
de lui être attribuée par la Société des Agriculteurs de France, 
et M. le Colonel de Brecey, conseiller général du canton, 
heureux de voir combien M. Lebreton est un agriculteur 
méritant, lui a donné une autre médaille de vermeil. 

Or, il suffit, d'après le règlement établi par la Société de 
la Manche, d'avoir obtenu depuis moins de 5 ans une récom- 
pense de 500 francs pour se trouver hors concours. 

Néanmoins, la Commission désignée par cette Société a 
visité les fermes des cinq concurrents inscrits. Voici le détail 
des observations qu'elle a faites : 



— 97 — 

Ferme de la Plocbère 

Elle contient 25 hectares ainsi divises : herbage, 70 ares , 
prairie, 3 hectares 80 ares; labour, 18 hectares 37 ares; verger, 
2 hectares; bois, 13 ares 

La maison d'habitation est fort convenable, mais nous 
avons examiné avec attention surtout la laiterie qui s'y trouve. 
C'est une pièce exposée au nord, rafraîchie en été, chauffée en 
hiver de manière à conserver toujours la température que doit 
avoir une laiterie. Elle est pourvue d'une écrémeuse et de 
tous les ustensiles nécessaires, non seulement à la fabrication 
du beurre, mais aussi d'une sorte de petits fromages mous que 
M. Boisnard vend tout frais chaque jour. Cette laiterio ne 
laisse absolument rien à désirer, et l'on souhaiterait en voir de 
semblables dans toutes les fermes de quelque importance. C'est 
Mme Boisnard qui s'en occupe avec une compétence parfaite. 

Une autre pièce de la maison est destinée à la préparation 
des aliments donnés aux bestiaux. 

Les retraites à porcs sont très bien disposées, le sol de 
l'étable est cimenté, l'écurie pavée et des rigoles conduisent 
les excréments liquides dans une fausse à purin voisine. Près 
de cette fosse, une aire en ciment reçoit le fumier que Ton 
y tasse avec soin et que l'on arrose de purin au moyen d'une 
pompe. Une petite rigole, entourant la masse du fumier, rejette 
dans la fosse à purin la petite quantité de liquide découlant du 
tas, de sorte que tout est d'une propreté parfaile. La seule cri- 
tique à faire, c'est que l'aire à fumier est exposée au soleil; elle 
serait mieux placée au nord de l'étable et de l'écurie, mais la 
disposition des bâtiments et du terrain convenait moins pour 
cela. D'ailleurs il suffirait de planter un rideau d'arbres verts 
près de l'aire pour empêcher l'évaporation d'une petite partie 
du purin répandu sur le fumier. 

Le poulailler est installé d'une manière ingénieuse pour les 
différentes espèces de volailles qui l'occupent. 

7 



— 98 — 

M. Boisnard élève aussi des abeilles placées dans des 
ruches à cadres. L'apiculture est une bonne chose en elle 
même et, de plus, le voisinage des abeilles est favorable à la 
fécondation des arbres fruitiers. 

Les autres bâtiments de la ferme sont convenables et toui y 
est rangé avec soin. 

On remarque, parmi les instruments aratoires, le semoir 
mécanique, instrument que tous les cultivateurs devraient 
employer, car il économise beaucoup de semence, de sorte 
qu'on est bientôt indemnisé de son prix d'achat, et il p3rmet 
d'avoir des tiges de blé à peu près égales, parce qu'elles sont 
régulièrement espacées. 

On remarque aussi la houe à cheval et le scarificateur ser- 
vant de déchaumeuse, dont M. Boisnard est un des rares 
cultivateurs à faire usage. La houe à cheval lui est, à la vérité, 
plus utile qu'à beaucoup d'autres, à cause de la grande quan- 
tité de plantes sarclées qu'il cultive, ce dont il mérite d'être 
félicité, car cette culture nettoie ies terres et permet de varier 
mieux qu'on ne le fait souvent la nourriture des bestiaux. 

La pratique du Jéchaumage, adoptée avec raison par 
M. Boisnard, devrait être généralisée. Ce labour superficiel 
effectué aussitôt après la moisson, fait germer les graines de 
plantes adventices qui se trouvent détruites par le labour 
profond dont il est suivi, tandis qu'à défaut de déchaumage, 
elles sont enterrées par ce dernier labour et lèvent parmi les 
bonnes graines que l'on sème. 

M. Boisnard a attiré notre attention sur sa petite machine à 
battre, secoueuse et cribleuse, qui est, dit-il, d'un très bon 
système et d'un prix modéré. On la transporte et la monte 
facilement. Douze personnes et trois chevaux, quatre au plus, 
suffisent à la faire fonctionner sans fatigue pendant toute una 
journée et l'on obtient un très bon travail. 

En un mot, la ferme de la Plochère est bien outillée. 

M. Boisnard cultive les choux et le maïs fourragers. 

Les pommiers, de son verger sont trop serrés, comme il le 



_— 99 — 

dit lui-même, en ajoutant pour son excuse qu'il les a trouvés 
ainsi plantés. C'est d'ailleurs un défaut commun à tous les 
vergers de notre arrondissement, sauf de rares exceptions. Les 
cultivateurs devraient comprendre que des pommiers distants 
de 4, 5 ou 6 mètres seulement les uns des autres, ne peuvent 
acquérir un développement normal ; leurs branches, aussi 
bien que leurs racines, se croisent avant qu'ils aient atteint 
Tâge de 15, 20, ou 25 ans, les branches inférieures et celles du 
centre produisent peu de fruits et se dessèchent bientôt ; puis, 
les pommes qui viennent à l'ombre n'ont pas la môme qualité 
que celles qui reçoivent bien l'air et la lumière, et les arbres 
vivent beaucoup moins longtemps que lorsqu'ils sont plantés 
à bonne distance, c'est-à-dire au moins à 8 mètres. Si le ter- 
terrain est insuffisamment occupé, tant que les pommiers sont 
encore jeunes, on peut y cultiver des plantes sarclées, et les 
travaux qu'exige cette culture ont l'avantage de favoriser le 
développement des arbres. 

M. Boisnard a adopté l'assolement de 7 ans : plantes sar- 
clées, avoine, orge, trémaine, froment et sarrasin, précédé 
d'une récolte dérobée de trèfle incarnat. 

Nous devons faire observer que la culture de trois céréales 
consécutives sur le même terrain est contraire aux règles 
d'un bon assolement ; mais on peut faire le même reproche à 
presque tous les cultivateurs de notre contrée. 
. M. Boisnard tient une comptabilité agricole très complète ; 
non seulement il inscrit ses recettes et ses dépenses, mais il 
se rend compte aussi de ce que produit chaque sorte de culture 
et même chaque pièce de terre. 

Il obtient 21 hectolitres de blé par hectare, ce qui est un peu 
au-dessus de la production moyenne de notre pays, mais 
inférieur de moitié à celle dont nous allons parler en rendant 
compte de la visite d'une autre ferme. 

Chacun de ses bestiaux a sa carte d'origine et une fiche 
indiquant, pour les sujets femelles, la date des saillies et le sort 
de chacun des produits déjà donnés. 



— 100 — 

Il possède 4 chevaux, 16 fortes botes à cornes, de belles 
truies, des moutons et des produits de Tannée. 

On fait observer que la prairie et les herbages ne forment 
pas un cinquième de la contenance totale de la ferme, ce qui 
est une assez faible proportion, mais on ne peut aisément 
l'augmenter. 

M. Boisnard, pas plus qu aucun autre des concurrents, ne 
fait de moyettes ; il est cependant reconnu que le blé coupé 
huit ou dix jours avant sa maturité, c'est-à-dire quand il a la 
consistance de la cire, achève de mûrir en moyettes dans de 
meilleures conditions que s'il reste sur pied, de sorte qu'il 
donne plus de farine et moins de son, et l'on ne perd pas de 
grain comme cela arrive souvent si, par négligence ou à cause 
de la pluie qui survient, la récolte se fait quand la maturité 
est trop avancée ; enfin, quand le temps est mauvais, le blé en 
moyettes n'en souffre pas comme celui qui n'a pas été coupé, 
ou qui est resté en javelles. La pratique des moyettes devrait 
donc être adoptée par nos cultivateurs comme elle l'est dans 
presque toute la Normandie, en Bretagne, ainsi que dans 
toutes les contrées où l'agriculture a fait le plus de progrès. 
Pour en voir, il suffit d'aller dans l'arrondissement de Vire ou 
au-delà de Pontorson, ce qui est encore plus près d'ici. Nous 
pouvons ajouter que les minotiers font une différence de prix 
en faveur du blé récolté en moyettes. 

Ferme du Pommeray 

Les bâtiments de cette ferme, bien qu'ils aient été augmentés 
et améliorés, laissent encore beaucoup à désirer, ainsi que 
ceux des autres fermes par nous visitées, mais on n'en peut 
faire un reproche aux fermiers. Celui du Pommeray tient en 
état satisfaisant les logements dont il dispose. Sa laiterie est 
beaucoup trop petite. Le poulailler neuf, occupé par un grand 
nombre de volailles de toutes sortes, est la construction la plus 
soignée de la ferme. 



— 101 — 

11 n'y a pas de fosse à purin, ni d'aire à fumier ; celui-ci est 
porté dans les champs a mesure qu'on l'enlève des étables et 
des écuries. 

La ferme comprend plusieurs plants de pommiers dont l'un 
est envahi par la menthe, un autre contient environ 60 pom- 
miers en bon état et qui arrivent en plein rapport, mais partout 
ces arbres sont trop serrés, même ceux nouvellement plantés 
dans une pièce voisine de la cour. 

Le sous-sol d'une partie de la ferme est imperméable, ce 
qui rend humides, l'hiver, certaines pièces de terre, notam- 
ment celle qui est en ce moment couverte de trémaine mé- 
diocre. Néanmoins la plus grande partie de cette ferme est de 
bonne qualité, et le fermier fait d'abondantes récoltes de grains. 

L'assolement adopté par lui est de cinq ans : sarrasin pré- 
cédé d'une récolte dérobée de trèfle incarnat, froment, avoine, 
orge et trémaine. 

Une surface de 70 ares environ est cultivée en pommes de 
terre et betteraves bien nettoyées. C'est une faible proportion 
de plantes sarclées. 

Le fermier a 12 chevaux, 10 vaches, 3 taureaux, 12 bœufs, 
ce qui fait 37 tètes de gros bétail, plus de nombreux élèves, 
17 moutons, 9 porcs et des verrats. C'est là une quantité con- 
sidérable de bestiaux qui sont tous en très bon état. 

Les instruments aratoires sont convenables et comprennent 
un semoir. 

En résumé, la ferme du Pommeray est bien cultivée, le 
fermier y a fait beaucoup d'améliorations, notamment dans 
les prés qui, grâce aux rigoles qu'il y a creusées et aux engrais 
qu'il y répand, produisent de l'herbe plus abondante et meil- 
leure qu'autrefois. 

M. Guérin ne tient pas de comptabilité, pas plus que la 
généralité des cultivateurs de notre contrée. Néanmoins, il a 
beaucoup d'ordre, du soin et de l'activité, et nous avons eu la 
preuve qu'il fait de bonnes affaires ; il le mérite bien. 



102 — 



Ferme de la Salmonière ou des Charrières 

C'est la plus petite et. la moins bonne des fermes que nous 
avons visitées, mais elle est exploitée par un fermier qui l'a 
transformée. 

Elle contient 17 hectares dont 7 hectares 20 ares sont en 
labour, 5 hectares en pré, 3 hectares 20 ares en herbages, et 

I hectare 60 ares en verger et jardin. 

Toute la partie de cette ferme située au-dessous de l'habita- 
tion est de la terre de lande; les charrières étaient imprati- 
cables, il y en avait de mauvaises aussi au-dessus de la mai- 
son, le fermier y a apporté de grandes quantités de pierre et 
de déchets de l'usine h gaz, de manière qu'il en a fait des 
voies sans ornières et même très résistantes. Il a comblé de 
même les cours creuses qui existaient devant les logements. 

II a rempli aussi avec de !a terre une vaste concavité qui se 
trouvait dans le verger. Il a détruit un kilomètre de clôtures 
inutiles ou nuisibles, afin de réunir certaines patelles les unes 
aux autres, et de rendre praticable une longue charrière partant 
du haut du verger. 

Une pièce de terre contenant 1 hectare 40 ares était, naguère 
encore, couverte de jonc; M Rochelle l'a desséchée, autant que 
possible, et maintenant une moitié de cette pièce contient de 
bonne trémaine et l'autre moitié de beau sarrasin dans lequel 
de la trémaine a été semé aussi, de sorte que le tout sera 
bientôt en pré. Dès que ce résultat sera obtenu, le fermier 
labourera un pré situé presque en face, qui, comme beaucoup 
d'autres du voisinage, est envahi par la centaurée jacée 
appelée ie.i marfoulon, et il changera ainsi la nature de l'herbe 
de ce pré. Il a notablement amélioré le plus grand des prés 
qui était autrefois divisé en trois parcelles. 

La maison et les logements voisins sont neufs, mais peu 
confortables, les autres bâtiments sont vieux et mauvais ; le 



— 1<>3 — 

fermier les utilise le mieux possible, la laiterie est tenue pro- 
prement, une écrémeuse doit y être bientôt placée. 

Pas de fosse à purin, ni d'aire à fumier, mais le fumier est 
mis en monceaux dans les champs, bien tassé et recouvert de 
terre jusqu'au moment où il est employé. C'est ce que 
devraient faire tous les cultivateurs qui n'ont pas d'aire, afin 
que le fumier conserve sa qualité, dont il perd une grande 
partie si on le laisse exposé au soleil et à la pluie, en mon- 
ceaux informes et non tassés. 

Les ustensiles aratoires sont convenables, mais le semoir ne 
s'y trouve pas. 

L'assolement est de six ans : sarrasin, froment, avoine, 
orge, trémaine et froment, plus la récolte dérobée de trèfle 
incarnat entre le froment et le sarrasin suivant l'usage. Le 
fermier fait une certaine étendue de plantes sarclées qui 
diminue d'autant la sole de sarrasin. 11 a obtenu de belles 
récoltes de céréales, 

Il possède 12 bêtes à cornes et 5 chevaux, soit en tout 17 
têtes de gros bétail. 

M. Rochelle est certainement un cultivateur très laborieux, 
soigneux et intelligent, qui mérite d'être encouragé et chaleu- 
reusement félicité. 



Ferme de Haut-Crux 

C'est une belle et bonne ferme dont le sol est argilleux, mais 
pas trop compact, et d'ailleurs amendé et suffisamment 
ameubli par un emploi judicieux de la chaux ; le fermier la 
cultive avec tout le soin désirable en suivant un assolement 
quinquennal : sarrasin, froment suivi d'une récolte dérobée de 
colza dit rabette, orge dans laquelle on sème de la trémaine et 
de la luzerne qui occupent la terre pendant deux ans. 

Un champ contenant 2 hectares 80 ares est divisé en deux 
parties égales où Ton fait alternativement de l'avoine et du 



— 104 — 

trèfle incarnat suivi de sarrasin. Une surface de 40 ares seule- 
ment est cultivée en pommes de terre et betteraves. C'est une 
bien faible quantité de plantes sarclées, mais l'abondante 
production de rabette obtenue entre la récolte du froment et la 
semaille de l'orge permet au fermier de donner à ses bestiaux 
pendant l'hiver beaucoup de fourrage vert, et la terre se trouve 
parfaitement nettoyée par la rabette : aussi, n'y voit-on pas du 
tout de mauvaises herbes, quoique l'on n'ait pas recours au 
déchaumage. 

Le froment n'étant fait que tous les cinq ans dans le même 
terrain, produit 40 hectolitres de grain à l'hectare, quelquefois 
même un peu plus, ce qui est un rendement remarquable dans 
notre pays où l'on obtient généralement beaucoup moins parce 
qu'on fait trop de céréales consécutives, et, nous devons 
ajouter, parce que, souvent aussi, on ne laboure pas assez 
profondément ; la couche de terre remuée est trop mince pour 
alimenter convenablement les plantes, et les racines de celles- 
ci ne pouvant pénétrer dans la couche inférieure, non atteinte 
par la charrue, n'y puisent pas l'humidité qui s'y trouve et qui 
leur serait si utile pendant les chaleurs de l'été. 

Les logements sont tenus en aussi bon état que le permet 
leur disposition défectueuse à certains égards. La laiterie est 
petite. Il n'y a pas d'aire à fumier, ni de fosse à purin, mais 
M. Lebreton a l'habitude de transporter la litière de ses 
chevaux dans les étables, ce qui produit un utile mélange 
partiel des fumiers. 

Le verger est bien entretenu et produit des pommes en 
abondance. 

On nourrit sur la ferme : 20 chevaux et 23 bêtes à cornes 
adultes, ce qui fait 43 têtes de gros bétail, sans parler des 
moutons, des nombreux porcs et des jeunes animaux. C'est 
une quantité considérable de bestiaux, et l'on peut dire, de 
bons bestiaux. 

L'outillage est fort convenable ; il comprend un petit moulin 
qui sert à moudre tout le grain destiné aux animaux et le 



— 105 — 

sarrasin pour les besoins de la maison. Le semoir mécanique 
en fait partie aussi, et M. Lebrelon a eu la bonne idée de faire, 
cette année, une intéressante expérience comparative : il a 
semé à la main la moitié de son orge, et l'autre moitié au 
semoir, dans le même champ ; or, la trémaine mêlée à l'orge 
est plus belle et plus abondante dans la partie où Ton a fait 
usage du semoir que dans l'autre, sans doute parce qu'elle a 
trouvé des intervalles plus réguliers pour lever et se déve- 
lopper. 

En résumé, nous pouvons dire que la ferme de Haut-Crux 
est bien tenue et parfaitement cultivée, et nous n'hésiterions 
pas à donner à M. Lebrelon la plus haute récompense s'il ne 
se trouvait exclu du concours- 



Ferme de La Bicheudière 

Cette terre dont le sol est de très bonne qualité, contient 
25 hectares, savoir : 2 hectares environ en verger et jardin 
potager, 16 hectares en labour et 7 hectares en pré. Elle est 
pourvue de bons bâtiments dont une partie sont de construc- 
tion récente, mais il n'y a pas de laiterie, pas de fosse à purin, 
ni d'aire à fumier, choses pourtant utiles ; les deux dernières 
seraient bien placées au nord d'une étabie et d'une écurie 
neuves. 

Les soins donnés aux fumiers laissent à désirer. 

Une surface d'environ 60 ares est occupée par des pommes 
de terre, des batteraves et des carottes bien nettoyées. 

Nous avons vu de belles moissons : froment, orge et avoine, 
mais il y a du chiendent dans une des pièces de blé, et beau- 
coup de carottes sauvages dans le champ occupé par la 
trémaine. 

L'assolement suivi le plus souvent est de 6 ans : sarrasin, 
froment, avoine ou second froment, orge, trémaine conservée 



— 106 — 

pendant deux ans, mais cet assolement est quelquefois 
modifié. 

M. René a de bons instruments aratoires, y compris une 
moissonneuse, mais il n'a pas de semoir. 

Il possède 10 chevaux et 17 bêtes à cornes adultes, soit 
27 tètes de gros bétail, plus des moutons et des porcs. C'est un 
nombre de bestiaux assez satisfaisant, mais qui n'est pas remar- 
quable pour une ferme dont plus du quart (7 hectares sur 25) 
est en prés de bonne qualité. 

Après avoir comparé le mérite respectif des trois concur- 
rents régulièrement inscrits, la Commission propose à la 
Société d'Archéologie, d'Agriculture et d'Histoire Naturelle de 
la Manche, représentée ici par l'honorable M. Marie, d'ac- 
corder it M. Maurice Boisnard un prix de 300 francs, avec la 
médaille de vermeil offerte par M. Lucien Dior, député ; 

A M. Jean Rochelle, un prix de 200 francs avec la médaille 
d'argent provenant de la Société ; 

Et à M. Charles René, la médaille d'argent grand module 
offerte par L'Opinion de la Manche. 

Comme il reste deux médailles disponibles, la Commission 
propose d'attribuer, hors concours, à M. Paul Lebreton, la mé- 
daille de vermeil offerte par M. le colonel de Brécey ; 

Et à M. François Guérin, la médaille d'argent, grand mo- 
dule, offerte par M. Lucien Dior, député. 

Notre Société adresse l'expression de sa bien vive gratitude 
à M. Mari^, maire d'Agneaux, M. Mauduit, maire de Saint- 
Martin-des-Champs, M. Lechoisne, maire de Saint-Senier- 
sous-Avranches, et M. Raulin, agriculteur à Juiiley, pour 
tout le dévouement qu'ils ont bien voulu lui témoigner à 
l'occasion de ce concours. 



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Nécrologie 



MM. de LAFPARENT et DERBOIS. 



Notre Société a perdu, cette année un Membre d'honneur 
dont elle était justement fière : M* Albert de Lapparent, 
secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences, est mort à 
Paris, le 5 mai dernier, d'une congestion pulmonaire. 

Fils d'un ingénieur célèbre qui fut directeur des consiruc- 
tions navales, M. Albert de Lapparent était né à Bourges en 
1839. Ingénieur en 1864, puis conservateur-adjoint de l'Ecole 
des mines, il devint, en 1875, professeur de géologie et de 

j minéralogie à l'Institut catholique de Paris. 

! M. de Lapparent, qui était membre de l'Académie des 

sciences depuis 1807, avait été nommé secrétaire perpétuel en 

! remplacement de M. Berthelot. 

Ses principaux ouvrages sont : le Traité de Géoiogie, 
publié en 1882, le Cours de Minéralogie, qui remonte à 
188-1; la Formation des combustibles minéraux (1886); le 
Niveau de la mer et ses variétés (1886); les Tremblements 
de terre (1887) ; la Géologie en chemin de fer (1888); le 
Siècle du Fer (1890;, etc. 

Cet homme éminent avait été, au cours de sa carrière, chargé 
du service des mines dans le département de la Manche. 



Plus modeste, mais aussi bien plus longue, fut la vie de 
notre vénérable doyen, M. le professeur Derbois, qui s'est 
éteint au printemps dernier, dans sa 98" année, 

Son grand âge l'empêchait, depuis longtemps déjà, d'assister 



— 108 — 

à nos séances, mais beaucoup d'entre nous ont cependant con- 
servé le souvenir de oe vieillard alerte qui apportait à nos 
réunions l'attrait de sa conversation toujours si précise et docu- 
mentée. Notre Société conservera toujours pieusement le sou- 
venir de ces deux Membres qui l'enorgueillirent et l'hono- 
rèrent. 

Le Bureau. 



«^t-^CXWRC^O^^ 



LISTE DES MEMBRES 

DE LA 

SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE, D'ARCHÉOLOGIE 

ET D'HISTOIRE NATURELLE 

du Départemenl de la Manche 

au 31 décembre 1908 



PRÉSIDENTS D'HONNEUR 

MM. le Préfet de la Manche, $?. 
le Maire de Saint- Lo, $*. 

MEMBRES D'HONNEUR 

S. A. S. Mgr le prince de Monaco, comte de Torigni, bâton 
de Saint -Lo, etc., G. C. $fc, Correspondant de l'Institut. 

M. Léopold Dblisle, G O. $£, Membre de l'Institut, Admi- 
nistrateur général honoraire de la Bibliothèque Nationale, 
8, rue des Petits-Champs, Paris, II e . 

ADMINISTRATION 

Président : M. du Bosgq de Beaumont. 

Vice-Présidents : MM. l'abbé Blanchet, Chanoine hono- 
raire, Curé de Ste-Croixde Saint-Lo ; 
Le docteur Lk Clerc. 

Secrétaire général : M. Gambillon. 

Secrétaire adjoint : M. Gautier. 

Trésorier : M. Levoy. 

Conservateur : M. G. Guillot. 

Conservateurs adjoints : MM. A. Dieu. 

L. Delisle, avocat. 

Bibliothécaire-Archiviste : M. le docteur Louis Alibekt. 

Classificateur de la section d'Agriculture : M. Marie. 

Classificateur de la section d'Archéologie : M.X. Delisle. 

Classificateur de la section d'Histoire Naturelle : M. Sébire. 



— 110 — 

MEMBRES TITULAIRES 

MM. 

Adigard (Pierre), Avocat, Député de l'Orne, 4, rue Chomel, 
Paris, VII e . 

Alibert (le docteur Louis), Saint-Lo. 

Barbaroux, Imprimeur, Propriétaire et Directeur du Messager 
de la Manche, Saint-Lo. 

Bérenger (le vicomte de), à Trelly, par Quettreville, et 40, 

rue de Naples, Paris, VIII e . 
Biard (J.), Notaire, Saint-Lo. 
Bigot (Adalbert), Propriétaire, Cerisy-la-Forèt (Manche). 

Blanchet (Tabbé), Chanoine honoraire, Curé de Sainte-Croix 
de Saint-Lo. 

Bosgq de Beaumont (du), Le Mesnil-Vitey, Airel (Manche), 

et 15, rue Greuze, Paris, XVI e . 
Bosq (J.), Banquier, Saint-Lo 

Bourde de la Rogerie (Henri), Archiviste-Paléographe, 
Conservateur des Archives départementales, Hôtel de la 
Préfecture, Quimper (Finistère). 

Brécey (le colonel de), Conseiller général, Brécey. 

Broise(de la), Propriétaire, Château de la Vaucelle, Saint-Lo. 

Chardon (H.), 0. ^, Maître des Requêtes au Conseil d'Etat, 
81, boulevard Saint-Michel, Paris, V e . 

Commfnes de Marsilly (Arthur de), 80, avenue Kléber, 

Paris, XVR 
Commines de Marsilly, (Henri de), 80, avenue Kléber, 
. Paris, XVI . 

Damecour, Notaire, second adjoint, Saint-Lo. 
Dary, propriétaire, Saint-Lb. 
Defontaine (H.), 55, rue de Babylone, Paris, VII e . 
Delisle (Léopold), Avocat, Saint-Lo. 

Delisle (Xavier), Receveur de P Enregistrement, en retraite, 

Saint-Lo. 
Desplanques (A.), Maire d 1 Airel (Manche). 

Dieu (A.), Avocat, boulevard de la Gare, 34, Cormeilles-en- 
Parisis(S.-et-C). 

Dior, Député de la Manche, Granville; 12, boulevard de 
Courcelles, VIII , et 235, boulevard Saint-Germain, VII e , 
Paris. 



— 111 — 

Enault (Emile), Directeur du Journal de la Manche, 
Saint-Lo. 

Fabre (H.), O. ^, Commissaire général du Canada, 10, rue 
de Rome, Paris, VIII e . 

Feuillet (Richard)* $s Chef de bataillon au 45° régiment 
d'infanterie, 24, rue de Flore, Le Mans (Sarthe). 

Frestel, Propriétaire, Agneaux, par Saint-Lo. 

Friteau (Henri), Conseiller d'arrondissement, Saint-Lo. 

Gambillon (E.), Chef de Division de la Préfecture de la 
Manche, en retraite, Saint-Lo. 

Gautier, Architecte, Saint-Lo. 

Gosset (Léon), Avocat à la Cour d'Appel, 78, rue d'Assas, 

Paris, VI e . 
Gourcy (le comte Xavier de) 25, rue de Grenelle, Paris, 

VII e , et château de la Boulaye, Cerisy- la-Forêt (Manche). 

Grente (l'abbé), Directeur de l'Institut Secondaire libre de 

Saint-Lo. 
Guilbert (Prosper), Sous-Chef de Bureau à la Direction 

générale de l'Enregistrement, 4, rue Gounod, Paris, XVII e . 

Guillot (G.), 5, rue Crevaux, Paris, XVI e . 

Hérissé (Georges d'), $£ % Inspecteur honoraire de la Banque 

de France, 66, rue de Miromesnil, Paris, VIII e . 
Hommet (le baron Th. du), 22, rue Brochant, Paris, XVI K 
Jacqueline, ancien Orfèvre, Saint-Lo. 
Jacqueline (Paul), Imprimeur, Saint-Lo. 
Jèhanne, Maire de Saint-Gilles, par Saint-Lo. 
Jouanne (L.), Avoué, Saint-Lo. 

Kergorlay (le comte Jean de), château de Thère, par Pont- 
Hébert (Manche). 

Labbey(A.), Négociant, 5, place de la Bourse, Paris, II e , et 
château de Mesnil ville, Couvains, par Saint-Clair (Manche). 

Le Bas, Avocat, Saint-Lo. 

Leboucher, Propriétaire, Agneaux, par Saint-Lo. 

Lecarpentier (Charles), Sous-Inspecteur de l'Enregistre- 
ment, Saint-Lo. 
Le Clerc (le docteur R.), Saint-Lo. 
Leclerc (A.), Notaire honoraire, Saint-Lo. 

Le Comte d'Olonde(E.), Propriétaire, Sainl-LoetFervaches, 
par Tessy-sur-Vire (Manche). 



— 112 — 

Ledanois, Gérant de Propriétés, Agneaux, par Saint-Lo. 

Lefèvre, Docteur en pharmacie, Pharmacien, Saint-Lo. 

Le Forestier d'Osseville (le comte), Conseiller général, 
château de Thère, par Pont-Hébert (Manche). 

Lefrang (le docteur), La Meauffe, par Saint-Clair. 

Le Gout-Gérard (Fernand), Artiste peintre, 93, rue Ampère, 
Paris, XVII e . 

Legrand (Arthur), ^, Député de la Manche, 18, rue Chau- 
veau-Lagarde, Paris, VIII*, et château du Coquerel, par 
Milly (Manche). 

Le Menuet, Conseiller municipal de Paris, 2 bis, rue de 
Lyon, Paris, I er . 

Lemerre (Alphonse), 0. ^, Libraire-Editeur, passage 
Choiseul, Paris, II . 

Le Monnier de Gouville (Alain), $£, Capitaine de cavalerie 
en retraite, château de La Pallière, Agneaux, par Saint-Lo. 

Lerosey (l'abbé), Chanoine honoraire d'Angers, Curé de 
Saint- Hilaire, Loudun (Vienne). 

Le Tual, Imprimeur, Saint-Lo. 

Leturc (le docteur), Conseiller d'arrondissement et Conseiller 
municipal de Saint-Lo. 

Levoy, Percepteur, Saint-Lo. 

Lhomond (le docteur), Saint-Lo. 

Magniaux, Avoué, Saint-Lo. 

Mallet, Avocat, Saint-Lo. 

Marie, Maire d'Agneaux, par Saint-Lo. 

Marie (l'abbé), Professeur à l'Institut Secondaire libre de 
Saint-Lo. 

Math an (le comte Jean de), Conseiller d'arrondissement, 
maire de S^milly, par Saint-Lo. 

Orange, Artiste peintre, rue de Grenelle, 151 bis, Paris, VII e . 

Péroche, 3f£, Directeur honoraire des Contributions indirectes, 
rue de la Bassée, Lille. 

Pommier (le docteur), Conseiller général, Torigni. 

Porel (Paul Parfouru), $?, Directeur du Vaudeville, G3, 
Avenue des Champ-Elysées, Paris, VIII e . 

Pottier, Avoué honoraire, Saint-Lo. 

Pougheol, Notaire, Saint-Lo. 



— 113 — 

Poulain, Juge de Paix d'Octeville, en résidence à Cherbourg, 
rue des Ormes. 

Qukillé, O. $fc, Inspecteur général des Finances, en retraite, 
Saint-Lo. 

Quenault de la Groudière (Bernard), château du Dézert, 
par Saint-Jean-de-Daye (Manche). 

Rauline (Marcel), Conseiller générai et Député de la Manche, 
48, avenue Marceau, Paris, VIII e , et manoir deChampeaux, 
Saint-Lo. 

Roland de Cadehol, Rédacteur en chef de V Indépendant , 
28 et 30, place au Bois, Cambrai (Nord). 

Sauvage (Hippolyte), ancien Magistrat, Lauréat de l'Institut, 
89, boulevard Bineau, Neuilly-sur-Seine. 

Savary (Pabbé), Chanoine honoraire, Supérieur de l'Institut 
secondaire libre de Saint-Lo. 

Sébire, Conseiller municipal, Saint-Lo. 

Sévestre (Pabbé), Licencié ès-lettres, 25, rue Guibert, Caen. 

Thomas (le docteur), Conseiller général, Saint-Lo. 

Thouroude (A.), Greffier en chef du Tribunal de Première 
Instance, Saint-Lo. 

Travers (Emile), Archiviste-Paléographe, ancien Conseiller 
de Préfecture, 18, rue des Chanoines, Caen. 

Tiiéfeu (Etienne), 0. ^, Directeur de la Marine Marchande 
au Ministère de la Marine, 17, rue de Longchamp, Paris, 
XVI e . 

Vialatte, Directeur d'Assurances, Saint-Lo. 

Vibert(A.), Pharmacien, Saint-Fromond,par Airel (Manche). 

Ygouf (le docteur), Saint-Lo. 



MEMBRES CORRESPONDANTS (1) 

Adam (Pabbé J.-L.)> Aumônier des Augustines de Valognes. 

Bouis (Capitaine Raymond), $£, Escoville, par Hérouvillette 
(Calvados). 

Cléret de Lang avant (Capitaine J.), $:>, Ker-Lezen, Saint- 
Malo. 



(1) Les Membres Correspondants, dont le nom est précédé 
d'une astérique, sont abonnés aux publications de la Société. 



- 114 — 

Créances, Principal honoraire, 38, chemin de la Corniche, 
Marseille. 

* Courson (A. de), ancien Sous-Préfet, château des Planches- 

sous-Amblie, par Creully (Calvados), et 26, rue de l'Oran- 
gerie, Versailles. 

Dalimier (Henri), Professeur de Première au Collège 
d'Avranches, 7, rue du Séminaire, Avranches. 

Jambois (^Charles), Conseiller à la Cour d'Appel de Paris, 13, 
rue Littré, Paris, VI e . 

Lecornu (Léon), ^, Ingénieur en chef des Mines, 3, rue 
Gay-Lussac, Paris, V e . 

* Legoux (Mgr), Protonotaire apostolique, Chanoine honoraire 

de Coutances, GO, rue de Picpus, Paris, XII . 

Leguilloghet (Fabbé), Curé de Gerville, par La Haye-du- 
Puits (Manche). 

Lemarquand, Juge de Paix, Président de la Société Archéo- 
logique de Valognes. 

Le Moyne (Eugène), Président du Tribunal civil de Ploërmel 
(Morbihan). 

* Morkl (l'abbé L.j, Aumônier des Sœurs de Saint- André, 133, 

rue du Cherche- Midi, Paris, XV e . 

* Pillet (J.), Principal du Collège de Cambrai (Nord). 

Vacandard (Fabbé E.), Chanoine honoraire de la Métropole 
de Rouen, Aumônier du Lycée Corneille (Rouen). 



SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES 

FRANCE 

Aisne. — Société Historique et Archéologique de Château- 
Thierry. 

Alpes-Maritimes. — Société des Lettres, Sciences et Arts 
des Alpes-Maritimes. 

Basses-Pyrénées — Société des Sciences, Lettres et Arts; à 
Pau. 

Calvados. — Académie de Caen. 
Association Normande, 12, rue des Croisiers, Caen. 
Société des Beaux- Arts de Caen. 
Société des Antiquaires de Normandie. 
Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Bayeux. 



— 115 — 

Douas. — Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de 
Besançon. 

Eure. — Société d'Etudes préhistoriques des Andelys. 

Gard, — Académie de Nîmes. 
Société d'Etudes des Sciences naturelles de Nîmes. 

Gironde. — Société des Sciences Physiques et Naturelles de 
Bordeaux. 

Haute-Garonne. — Société d'Archéologie du midi de la 
France, à Toulouse. 
Société d'Histoire Naturelle de Toulouse. 

Hérault. — Société d'Archéologie, Scientifique et Littéraire 
de Béziers. 

Ille-et- Vilaine. — Société Archéologique d'Ille-et- Vilaine, à 
Rennes. 

Société Historique et Archéologique de l'Arrondissement de 
Saint-Malo. 

Loire-Inférieure. — Société Académique du département de 
la Loire-Inférieure. 
Société Archéologique de Nantes. 

Société des Sciences Naturelles de l'Ouest de la France., à 
Nantes. 

Maine-et-Loire. — Société d'Agriculture, Sciences et Arts 
d'Angers. 

Manche. — Société d'Archéologie d'Avranches et de Mortain. 
Société Académique de Cherbourg. 
Société des Sciences Naturelles de Cherbourg. 
Société Académique du Cotentin, à Coutances. 
Société Archéologique, Artistique, Littéraire et Scientifique 
de l'Arrondissement de Valognes. 

Orne. — Société Historique et Archéologique de l'Orne, à 
Alençon. 

Pyrénées-Orientales. — Société Agricole, Scientifique et 
Littéraire des Pyrénées-Orientales. 

Rhône. — Société Littéraire, Historique et Archéologique de 
Lyon. 

Saône-et-Loire. — Société Eduenne des Lettres, Sciences et 

Arts, à Autun 
Société d'Histoire Naturelle d'Autun. 
Société d'Histoire et d'Archéologie de Chalon-sur-Saône. 
Société des Arts, Scieuces, Belles-Lettres et Agriculture de 

Saône-et-Loire. 



— 116 — 

Société des Sciences Naturelles de Saône-et-Loire (Chalon- 
sur-Saône). 
Société d'Histoire Naturelle de Mâcon. 

Sarthe. — Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe. 

Seine. — « Omis », Bulletin du Comité Ornithologique et 
International, Paris, Masson, 20, boulevard Saint- 
Germain. 

* La Pomme », Société Littéraire et Artistique, 54, avenue 
de Breteuil, Paris. 

« Romania », Recueil trimestriel consacré à l'étude des 
Langues et des Littératures Romanes, Emile Bouillon, 
67, tua de Richelieu, Paris. 

Société Française des Fouilles Archéologiqu3S, Ernest 
Leroux, 28, rue Bonaparte, Paris. 

Seine-Inférieure. — Académie des Sciences, Belles-Lettres 
et Arts de Rouen, 
Société Géologique de Normandie, au Havre. 
Société Hâvraise d'études diverses. 

Somme. — Société des Antiquaires de Picardie, à Amiens. 
Société des Sciences, des Lettres et des Arts d'Amiens. 

Tarn-et-Garonne. — Société Archéologique de Tarn-et- 
Garonne. 

Vor. — Société Académique du Var, à Toulon. 

Yonne. — Société des Sciences Historiques et Naturelles de 
T Yonne (Auxerre). 



ETRANGER 

Alsace-Lorraine. — Société d'Histoire Naturelle de Metz, 
25, rue d- l'Evèché. 

Belgique. — Revue Mahillon (Au Directeur, Doin Besse), à 
Chè,velo n me. par Leignon, province de Namur. 

Etats-Unis d'Amérique. — The Smithsonian Institution. — 
Minnesola Acaderay and Natural Sciences. Bureau 
d'Ethnologie (au Directeur), à Washington. 

Jersey. — Société Jersiaise pour l'étude de l'histoire et de là 
langue du pays. 

Uruguay. — Musée national de Montevideo. 



TABLE DES MATIÈRES 



La Recherche de Jean Le Venart, lieutenant de 
l'élection de Coutances au siège de Saint-Lo, 
commissaire du Roi en 1523 {fin), M. H. Sauvage. 5 

Le Cartulaire de l'Eglise Notre-Dame de Saint-Lo 
(fin), M. Lepingard 19 

Les Bourgeois de Saint-Lo à la V e Croisade (1217- 
1221), M. Lepingard 75 

Le Dicté de Beuzecille-sur-le-Veg, M. Lepingard. 83 

La Monnaie de Saint-Lo, M. Lepingard .... 88 

Prix culturaux décernés, en 1908 y dans l'arron- 
dissement d'Avranches 94 

Nécrologie 107 

Liste des Membres de la Société et des Sociétés 
correspondantes 109 



MM. 
H. Sauvage. 



E. Lepingard. 



Le Bureau. 



— La Recherche de Jean Le Venart, 

lieutenant de l'élection de Coutances 
au siège de Saint-Lo, commissaire 
du Roi en 1523. 

— Le Cartulaire de V Église Notre-Dame 

de Saint-Lo. 

Les Bourgeois de Saint-Lo à la V* 

Croisade. 
Le Dicté de Beuzecille-sur-le-Vey. 
La Monnaie de Saint-Lo. 

Prix culturaux décernés, en 190$, 
dans V arrondissement d'Acranches. 

— Nécrologie. 

— Liste des Membres de la Société et des 

Sociétés correspondantes. 



NOTICES 

MÉMOIRES ET DOCUMENTS 

PUBLIÉS PAR LA SOCIÉTÉ 

rittioiLTMf , roeitmcK et vmim mtiklle 

DU DÉPARTEMENT DE LA MANCHE 



VINGT- SEPTIÈME VOLUME 



La Société n'est pas engagée par les opmionè 
des auteurs dont elle publie les Mémoires. 



NOTICES 

MÉMOIRES ET DOCUMENTS 

PUBLIÉS PAR LA SOCIÉTÉ 

d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire Naturelle 

DU DÉPARTEMENT DE LA MANCHE 



VINGT-SEPTIÈME VOLUME 




SAINT-LO 

IMPRIMERIE JACQUELINE, RUE DES IMAGES, 



MDCCCCIX 



Nous avons eu la bonne fortune de recevoir la lettre 
suivante de M, Léopold Delisle, et nous nous empressons 
de faire profiter nos lecteurs de la très intéressante com- 
munication qu'elle accompagne. 

Mais nom nous voyons dans la nécessité (T excuser 
M. Dolbet, et ceux de nos confrères qui s y intéressent aux 
souvenirs du vieux S aint-Lo. Jusqu'à présent, il nous a été 
impossible de découvrir la moindre pièce relative à Guil- 
laume Larchier. 

A M. Guillot, Président de la Société d'Agriculture, 
d'Archéologie et d'Histoire naturelle de la Manche. 

« Paris, 22 Juin 1909. 

« Monsieur le Président, 

c Je suis fort touché de la lettre que vous m'avez fait 
l'honneur de m'adresser et je voudrais bien pouvoir y répondre 
en vops envoyant quelques pages dignes de prendre place 
dans le Recueil de la Société que vous présidez. Mais je crain- 
drais de contracter un engagement que je ne pourrais pas 
tenir, et qui s'ajouterait à beaucoup de promesses que je me 
suis faites à moi-même, et aussi à des amis, toujours de bonne 
foi, mais dont beaucoup resteront à l'état de projet. Toutefois 
l'idée me vient de vous faire connaître aujourd'hui la commu- 
nication que vient de me faire un bibliophile de mes amis. Il 
m'a laissé feuilleter un joli manuscrit du XV e siècle, récem- 
ment entré dans une des plus belles bibliothèques d'amateurs 
parisiens. Il est de nature à intéresser les Normands et tout 
particulièremeut les Normands de Saint-Lo. 

« Ce manuscrit a dû être fait pour un magistrat ou un avocat 
du diocèse de Goutaaces. C'est à la lois un livre d'église et un 



— 6 — 

Code. II s'ouvre par un calendrier, dans lequel sont marquées 
un certain nombre de fêtes normandes, telles que la dédi- 
cace de la cathédrale de Coutances au 12 juillet ; la fête Saint- 
Lo, évoque, au 21 septembre ; celle des reliques de Coutances, 
au 30 du même mois ; celle de la petite Saint-Michel, ou Saint- 
Michel de Tombelaine {Michaelis in Monte Tomba), au 
16 octobre ; celle enfin d'un évêque de Bayeux, saint Gerboud 
(Geroboldi episcopi) qui se célébrait le 7 décembre. On y 
remarque aussi la fête du patron des avocats, saint Yve, au 
mois de mai. 

« A la suite du calendrier a été copié le Livre d'Heures, 
comprenant les pièces qui entraient d'ordinaire dans les livres 
d'église destinés aux laïques : les Heures de Notre-Dame, les 
Psaumes de la Pénitence, les Litanies des Saints, de courtes 
prières en français et l'Office des Morts. Dans les Litanies, 
Saint-Lo figure au troisième rang de la série des confesseurs 
et saint Yve au dernier. 

« La seconde partie du manuscrit est occupée par le texte 
français des Coutumes de Normandie, avec les appendices qui 
accompagnent souvent le Coutumier, c'est-à-dire : — 1° « Les 
Drois des mesfais du corps entre simples personnes » ; — 
2° les Ordonnances de l'Echiquier de Pâques 1462, de l'Echi- 
quier de Saint-Michel 1469 et de l'Echiquier de Saint-Michel 
1474; — 3° « c'est la Charte aux barons et chevaliers de Nor- 
mendie, que les clers de TEschiquier dient avoir en leurs 
roulles » ; — 4° l'Ordonnance de Philippe-le-Bel sur les 
batailles, de l'année 13<H3; 5° la fameuse Charte aux Nor- 
mands. 

La copie du Coutumier est ornée de deux miniatures : sur la 
première on voit la promulgation du Coutumier par le roi. La 
seconde est la représentation d'un plaît : sur une estrade siège 
un juge assisté de quatre assesseurs. Au dessous sont assises 
quatre personnes, et, dans une petite enceinte (le Parquet), un 
greffier et un personnage qui tient un livre ouvert. 
- L'un des -premiers possesseurs du livre, peut-être celui qui 



— 7 — 

l'a fait copier, nous est connu : son nom est écrit art oom-*- 
mencement sur un feuillet de garde : « Ce présent livre 
appartient à Guillaume L'Archier, avocat, demourant à 
Saint Lo ». — Le manuscrit était au xvm e siècle dans la 
•bibliothèque d'un médecin de Rouen, Adrien L'Archevêque, 
puis dans celle d'un avocat, Etienne Bigot. 

« C'est ce que nous apprennent deux notes écrites sur le 
feuillet qui précède le Calendrier Ex libris Adr. V * Ar- 
chevêque medici Rhotomagi 1738 — L. Stephanus Bigot, 
causarum patronus. « 

« Guillaume L'Archer a dû occuper un certain rang dans la 
bourgeoisie de Saint-Lo, pendant la seconde moitié du xv # 
siècle. C'est ce que nous apprendront sans doute quelques-unes 
des pièces placées sous la garde de notre excellent archiviste 
M. François Dolbet, pour qui le vieux Saint-Lo n'a point de 
secrets. 

« Croyez-moi bien, Monsieur le Président, votre tout dévoué 

« L. Delisle. 

Paris, 22 juin 1909. 



Quant à Adrien Larchevêque, M. le D v René Le Clerc, 
veut bien nous fournir le renseignement suivant : 

LARCHEVÊQUE Adrien. — Né en 1682, probable- 
ment àGonneville en-Caux, mort subitement, le 6 Avril 1746, 
à Rouen. 

Engagé dans l'état ecclésiastique, *il avait pris la tonsure en 
1700. Il renonça à cette vocation, donna à Rouen des leçons de 
philosophie, puis étudia la médecine II fut reçu docteur à 
l'Université de Caen, et se fit agréger, en 1724, au collège des 
médecins de Rouen. 

Une application constante à l'étude, un esprit observateur 
et réfléchi firent de Larchevêque un homme des plus 



étuditset un médecin des plus habiles. A ces qualités il joignait 
un désintéressement parfait et une grande charité. 

Il possédait, avec une vaste érudition, la connaissance pro- 
fonde des langues. 

Membre de l'Académie de Rouen, il fut un bibliophile pas- 
sionné. Il avait réuni une riche et nombreuse bibliothèque 
dont le catalogue a été imprimé à Rouen en 1749. 

Il donna une nouvelle édition d'un livre rare et curieux dont 
il serait l'auteur d'après Pasquier : « La nouvelle fabrique des 
excellents traités de vérité, livré pour inciter les resveurs tristes 
et métenoholiques à vivre de plaisirs, par Philippe d'Alcrèpe 
(anagramme de Le Picard) sieur de Néri en Verbos. Rouen» 
Viret, vers 1730, petit in-12 de 220 pages et 4 préliminaires. 

D r René Le Clerc. 



Les Tapisseries du Musée 

DOCUMENT INÉDIT 



Nous disions dans le catalogue publié en 1904, que le 
château de Laulne, « autre/ois l'un des fiefs de la famille 
de Briqueville-Colombières, était passé, avant 1770, au 
Ministre de Louis XVI y Turgot. » 

Deux documents communiqués par notre confrère 
M. Fauvel, Conseiller Général du canton de Lessay, 
Maire de cette localité, où il est notaire, vérifient et complè- 
tent tout à la fois le renseignement un peu vague que nous 
avions inséré dans notre publication. 

Il y avait à Laulne deux châteaux. L'un, le plus ancien, 
avait été construit par un Briqueville, puis était passé aux 
mains d'autres propriétaires, les de Rassent, les Cordier de 
Bigards, et enfin les Turgot, dans l'intérêt desquels ont été 
rédigés les deux inventaires qui vont suivre, l'autre, plus 
récent et plus modeste, dans lequel était déposée la série 
dénommée : Les Amours de Gombaul et Macée, en 1781. 

Nous avons trouvé dernièrement aux Archives du notariat 
de Lessay, deux inventaires mentionnant en effet la tapisserie 
en question au château de Laulne ; il nous a paru intéressant 
d'en donner quelques extraits. 

Le premier inventaire, daté du 17 Mai 1781, est dressé : 

« A la réquisition de très haut et très puissant seigneur, 
« Etienne-François Turgot, chevalier, seigneur marquis de 
« Sousmont, seigneur de Bons et autres lieux, chevalier dç 



— 10 — 

« Tordre royal et militaire de Saint-Louis, brigadier des 
« armées du roy, ancien gouverneur de l'isle de Cayenne et 
a de la Guyanne, demeurant à Paris, quay d'Orléans, isle 
« et paroisse Saint-Louis. Requôîe aussi de très haute et 
« très puissante dame Françoise-IIélène-Etiennette Turgot, 
« veuve de très haut et très puissant seigneur Paul-Hypolite 
« de Beauvillier, duc de Saint-Aignan, Pair de France, Che- 
« valier des Ordres du roy, Lieutenant- Général de ses armées, 
a Gouverneur du Havre de Grâce et pays en dépendant, l'un 
« des quarante de l'Académie Française, demeurant à Paris 
« en son hôtel, rue Saint-Avoye, paroisse Saint-Nicolas-des- 
« Champs. Ledit seigneur Marquis Turgot et dame Duchesse 
« de Si.int-Aignan, habiles à se dire et porter héritiers chacun 
« pour moitié sauf les droits d'aînesse et prérogatives de 
« masculinité du dit seigneur Marquis Turgot, de feu très 
« haut et très puissant seigneur Anne-Robert-Jaeques Turgot, 
« leur frère, Chevalier, Ministre d'Etat. 

Voici dans quels termes la tapisserie est désignée dans cet 
inventaire. 

« Conduit par le sieur Gallemand (mandataire de la famille 
« Turgot) dans la salle à manger, nous y avons répertorié.... 

« Item. — Quatre grands morceaux de tapisserie qui 
« entourent la dite salle, représentant le mariage de Gombaud 
« avec Macée, ornés de différents personnages, prisés et 
« estimés à la somme de quatre-vingts livres. 

« Transporté dans la chambre sur la salle nous y avons 
« répertorié 

a Item. — Les tapisseries qui sont la suite de celles étant 
« dans la salle et composées de cinq morceaux prisés et 
« estimés à la somme de cent livres. 

Le second inventaire daté du 30 Avril 1789, a été fait après 
le décès de : 

« Haut et puissant seigneur Etienne-François Turjot, 
« Marquis de Sousmont, seigneur patron haut Justicier de 
a Bons, Postigny, Ussy, Saint-Quentin-de-la-Roche, Bru 



— 11 — 

« court et Péricrs, Baron de Laune, seigneur de Lastelle, 
« Anché, Cbancolé Les Brétignoles en Tourraine, Doin en 
« Poitou et autres lieux, brigadier des armées du roy, etc., 
« etc , de l'Académie des Sciences, do celle de Caeu et de la 
« Société Royale d'Agriculture de la Ville de Paris. 

La môme tapisserie s'y trouve encore indiquée ainsi qu'il 
suit : 

« Conduit ensuite dans un autre appartement à usage de 
« salle à manger, nous y avons répertorié 

« Item. — Quatre grands morceaux de tapisserie qui 
« entourent la dite salle, estimes à la somme de quatre- vingts 
« livres. 

« Transporté avec le sieur Gallemand dans la chambre sur 
« la salle, nous y avons répertorié 

« Item. — La tapisserie qui est la suite de celle étant dans 
t la salle, laquelle tapisserie est composée de cinq morceaux, 
« prisés et estimés à la somme de quatre-vingts livres. 

En 1825, M. de Gerville signalait encore au Château de 
Laulne la tapisserie en question disant qu'elle était suffisante 
pour la tenture du salon et d'une très grande salle. Il ajoutait 
qu'on venait de très loin pour la connaître e\ qu'on l'appréciait 
grandement. 

Nous espérons trouver des documents plus circonstanciés, 
notamment sur l'époque de la construction du second château 
de Laulne et des mutations qui se sont produites dans les 
propriétaires du domaine. 

Peut-être trouverons-nous la pièce dans laquelle nous lirons 
la date d'entrée des Amours de Gombaut et Macée, dans le 
mobilier des seigneurs de Laulne. 

L. Fauvel. 



Un Plan du Château de Saint-Lo 



Le Musée et la Société Archéologique de Saint-Lo, grâce 
à M. Dolbet, notre distingué Archiviste, viennent de s'enrichir 
d'un plan du vieux château de notre ville. Bien que ce plan 
ne soit malheureusement qu'une reproduction partielle, il n'en 
est pas moins fort curieux. 

Il comprend la portion du vieux château entre l'église 
Notre- Dame au midi et les remparts situés au nord, c'est-à- 
dire les terrains sur lesquels existent aujourd'hui : 

I. — Le commencement de la rue de la Préfecture et les 
maisons qui y sont construites jusqu'à l'entrée des jardins ; 

II. — La rue de la Pompe ; 

III. — Les Archives départementales ; 

IV. — La propriété Leroy, occupée aujourd'hui pour la 
partie principale par le général, et pour le surplus par 
Mme Mioquc ; 

V. — La maison de M. Damecour, notaire, la portion du 
jardin de la Préfecture se trouvant en face et se prolongeant 
au nord jusqu'à la route de Carentan, à une hauteur de 
60 mètres environ du côté du Champ-de-Mars. 

Ce plan établit géométriquement l'état du vieux château en 
1750 : sa figuration des bâtiments avec leur destination est 
indiquée. Ce qui lui donne une valeur réelle, c'est qu'il est 
la copie d'un original annexé à la minute d'un contrat de 
vente passé devant M c Duprey, Notaire à Paris, le 31 mars 
1750, constatant l'aliénation de parcelles de terrain dépen- 
dant du château par le duc de Valentinois. 

Lors de la première communication par M. Dolbet de la 



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— 13 — 

copie de ce plan, j'ai eu l'espoir de trouver, en l'étude du suc- 
cesseur de M. Duprey, un plan complet. Après avoir constaté 
que son successeur M. Flamand, ne possédait dans ses minutes 
que l'original de celui qui est aujourd'hui en notre possession, 
je me suis assuré aussi que les Archives du Prince de Monaco 
n'avaient aucun plan du château de Saint-Lo. M. Labande, 
conservateur de ces Archives, avec lequel j'avais correspondu 
à ce sujet, s'est empressé de faire reproduire photographique- 
ment le plan que je lui avais adressé. 

Bien que ce plan, comme je l'ai dit, soit restreint, son étude 
est intéressante : elle nous permet de reconstituer une petite 
portion du vieux château (la portion centrale) dans son état 
primitif. 

L'église Notre-Dame y est représentée très^exactement dans 
sa partie extérieure et septentrionale depuis^a4)ase de la tour 
jusqu'au dernier contrefort apparent de la (Sïaflelle du Sacré- 
Cœur. 

L'ancienne chapelle du Château, lettres Z, à 3 mètres envi- 
ron de la chapelle actuelle du Sacré-Cœur, existait sur l'empla- 
cement de la maison occupée par M. Damecour, notaire, et 
appartenant à Mlle Thorel. Très vraisemblablement, pour ne 
pas dire assurément, les murs de cette maison, si on en juge 
par leur orientation et leur épaisseur (1 m. 80), sont ceux de 
l'ancienne chapelle. Elle était élevée sur des caves spacieuses : 
elle avait une longueur de 18 mètres et s'accédait par un 
escalier figuré sur le plan par la lettre X. Cet escalier, supprimé 
aujourd'hui, était établi dans un bâtiment hexagone : ce 
bâtiment existe encore, et est adossé au pignon ouest de la 
maison de M. Damecour. 

La portion du vieux château, longeant au levant les rem- 
parts, était occupée par un pré et deux jardins, désignés au 
plan par les lettres E et F (actuellement place de la Préfec- 
ture). 

Au-dessous de ce pré et de ces deux jardins, il existait une 
série de bâtiments partant à angle droit de la chapelle et se 



- 14 - 

terminant au nord à quelques mètres du grand mur du rem- 
part. Ces bâtiments, portés sur le plan sous la dénomination 
de grande salle (T), cuisine (M), escaliers (N P), dépendances 
de maison Dauxès (sic) (L), avaient une longueur totale de 
70 mètres environ. 

Lors de la confection du plan, ces bâtiments, sauf les dépen- 
dances de la maison Dauxès (sic) étaient démolis. Us devaient 
avoir une grande importance : la salle, désignée sur le plan par 
la lettre T, avait une longueur de 45 mètres environ, sa lar- 
geur était de 11 mètres, l'épaisseur de ses murs de 3 mètres. 
Au-dessous de cette salle étaient aménagés les caves et les 
cachots. Un escalier, à proximité de cette salle, dont les murs 
avaient une épaisseur de 2 mètres 50, occupait une surface de 
11 mètres carrés : sur un de ces murs, il devait y avoir une 
demi tourelle. Tous ces bâtiments formaient au levant un côté 
de la cour intérieure du château, dite grande cour sur le plan 
(lettre L). 

Le côté nord de cette cour était occupé par la maison demeu- 
rable de M. Dauxais (lettres L), une écurie également à sa 
disposition (lettre I) et enfin par une autre grande écurie (G), 
d'une longueur de 26 mètres. Cette dernière écurie se termi- 
nait sur remplacement de la maison actuelle de Mme Miocque 
et s'accédait par une porte établie comme celle du cellier 
dépendant actuellement de cette propriété (rue de la Poterie). 
Ces diverses constructions, sur toute leur longueur, suivaient 
exactement les grands murs du rempart et n'en étaient séparés 
que par une cour d'une largeur de 9 mètres environ (lettre H). 

La portion du vieux château, au couchant, est figurée sur 
le plan : 

1° Par la base d'une tourelle dont la partie supérieure était 
démolie lors de la confection du plan en 1750 (lettre I) et que 
Ton voit encore sur la propriété habitée par le général. 

2° Par la prolongation du mur du rempart sur une longueur 
de 10 mètres. La maison actuelle de M. Rauline a été établie 
contre cette portion du rempart. 



- 15 - 

S Par une succession de constructions élevées à l'extrémité 
de ce mur et se dirigeant en ligne droite vers un point qui est 
aujourd'hui l'entrée de la rue de la Pompe. 

Ces constructions, suivant l'alignement de la rue actuelle de 
la Poterie, consistaient *»n : . 

1° L'entrée de la grande écurie de 25 mètres, bâtie en partie 
sur l'emplacement de la maison de Mme Miocque (lettre G). 

2° Une maison, indiquée sur le plan (lettre D), occupée par 
M. de la Romerie et servant de corps de garde. 

3° Une grande porte de 3 mètres, avec arcade en pierres 
(lettre A) : elle donnait accès à la cour intérieure du château. 

4° Une grande maison (lettre E), habitation de M. Le 
Senechal. 

A la suite do cette maison existait un grand jardin (lettre F) 
à l'usage de M. Le Senechal : il suivait la même ligne droite 
sur une longueur de 14 mètres et une profondeur de 18 mètres 
environ. 

Il ne reste aucun vestige de ce qui était la maison de M. de 
la Romerie. L'encadrement en pierres de la porte avec son 
arcade est dans son état ancien. Le passage, conduisant de 
cette porte à la cour intérieure, était d'une profondeur de 
8 mètres 50 sur une largeur de 4 mètres. 

La cour s'accédait par une ouverture de 1 mètre 75 établie 
daus un mur soutenu par deux contre-forts existant encore. 
La disposition de ces deux contre-forts et quelques travaux de 
restauration faits au mur qui les supportent permettent de 
croire que primitivement il y en avait un troisième. 

Au-dessus de ce passage, existaient des chambres et un petit 
escalier. Cet escalier en chêne avec sa rampe est encore 
dans son état primitif : il donne accession à un grenier dans 
lequel on peut remarquer, pour soutenir le toit en pointe, une 
charpente en bois de chêne, assez curieuse et bien conservée. 

La maison du Sénéchal (lettre E), était établie sur l'empla- 
cement actuel des maisons de Mme Ruaux et de Mme Tbo- 
mine. Il n'en reste que les murs extérieurs et intérieurs, de 



— 16 - 

l'épaisseur respectable de 1 mètre 80. Autrefois, paraît-il, il y 
avait un bel escalier avec rampe sculptée : il a été démoli lors 
de la transformation de cet immeuble. 

Enfin, la cour intérieure avait un puits (lettre C), qui occupe 
la place actuelle de la pompe sise rue de la Pompe, à Saint- 
Lo. J'en conclus avec raison, je crois, que la source qui ali- 
mentait autrefois nos ancêtres, est encore celle qui contribue 
en partie à désaltérer les habitants de Saint-Lo. 

Le plan qui m'a suggéré la pensée de faire cette notice, 
mérite une bonne place dans le Musée de la Société Archéo- 
logique de Saint-Lo : il y figurera dignement, à côté de ceux 
que nous devons à M. le Conte d'Olondeet à M. Rauline : ces 
trois pièces sont de précieux souvenirs du passé! 

Xavier Delisle. 



-^F153^»^H-- 



Un Médecin Théologien 



Pierre Guiffart, dont il s'agit ici, naquit à Valognes, comme 
il le mentionne lui-même, probablement en 1597, bien que les 
registres de l'état civil, compulsés depuis 1580 jusqu'en 1600, 
ne gardent aucune trace de son acte de naissance. (1) 

Il avait eu pour maître, en la Faculté de Médecine de Pans, 
Jean Riolan, le fils, exquisitissimus anatomiœ professor 
regiuSy sous lequel il avait étudié il y avait près de quarante 
ans, ainsi qu'il appert dans la préface de l'ouvrage suivant : 

Pétri Guiffarti Valloniani, D. medici, in Collegio Ro- 
thomagensi aggregati, cor vindicatum, seu traciatus de 
cordis officio. Opus in quo rationibus et authoritatibus 
probatur, cor, ipsum chylum immédiate in sanguinem 
convertere y vasaque chylum ad cor usque deducentia nuper 
J. Pecqueti labore reperta, plenius considerantur et asse- 
runtur. 

Rothomagi, sumptibus authoris, cenundantur apud Lu- 
dovicum du Mesnil y in vico Judœorum prope Palatium. 
MDCLII cum pricilegio. 

In 4° de 222 p. plus 14 pages de préface, etc, et 8 p. d'index. 

Ce travail était dédié à D. Joanni Ludovico Falconio, do- 
mino de Ris, La Borde y Bondou fie, etc y marchionide Char* 
levai y equiti torquato, in utroque régis consistorio consi- 
liario, et supremi Normaniœ Senatus principi* 

(1) Je remercie mon ami, le IK Le Prieur de Valognes des re- 
cherches qu'il s'est imposées à ce sujet. 



— 18 — 

A la suite de la dédicace en prose, il existe une pièce signée 
de P. Guiffart. 

A la page 55 de cet .opuscule commence une autre disserta- 
tion : 

Pétri Guiffarti VallonianiD. medici, in collegio Rotho- 
magensi. Dissertatio medica, utrum chylum vel sanguis 
sit proxima lactis materia. 

Rothomagi, Excudebat Pelrus Maille, sumptibus au- 
thoris. (1) 

Chose curieuse, c'est dans un ouvrage où il admettait les 
idées de Harvey sur la grande circulation, où il prônait la dé- 
couverte faite en 1647 par Jean Pecquet de Dieppe de la citerne 
lymphatique qui porte son nom, que P. Guiffart rappelle le 
souvenir de son maître Riolan. Ne sait-on pas que l'histoire 
impartiale reprochera toujours à Riolan d'avoir, avec la Fa- 
culté tout entière, nié et combattu la circulation harvéyenne, 
l'existence des vaisseaux lactés et du réservoir du chyle, alors 
qu'il n'avait pas l'excuse d'ignorer les recherches de l'étudiant 
Dieppois, puisqu'il ne mourut que le 21 février 1657. 

Guiffart devait avoir une valeur réelle et jouir d'une certaine 
notoriété, à en juger, d'abord par ses travaux, ensuite par la 
lettre de Brébeuf dont on trouvera plus loin des extraits, enfin, 
par un passage dans lequel notre compatriote se trouve amené 
à parler de lui-même pour répondre à certaines insinuations 
de ses détracteurs. 

• « Pour ne les laisser pas triompher du reproche qu'ils me 
font, je me trouve obligé d'avertir que depuis beaucoup d'an- 
nées ayant fait profession de la médecine, je m'y suis attaché 
avec tant de soing qu'aucun de mes envieux n'a osé songer 
seulement à dire que ma négligence m'en ait fait ignorer 
quelque chose ; et je puis dire sans vanité qu'ils n'ont pas été 
assez impudens pour feindre de ne pas voir de près ce que les 

(t) Ces indications bibliographiques et celles qui suivront sont 
dues à l'extrême obligeance de M. Léopold Delisle, Membre de 
l'Institut. 



- 19 - 

plus doctes professeurs en médecine dans la France et dans les 
paîs Estrangers, ont bien voulu remarquer de si loing, touchant 
mon estude et ma diligence en cet art 

« A quoy j'adjousteray que depuis vingt-cinq ans que je la 
professe, l'envie la plus industrieuse n'a pu jusques icy trouver 
de légitime matière pour m'imputer à négligence, à ignorance 
ou à témérité quelque malheureuse réussite ». 

A l'appui de ce qu'il avance, ne suffit-il pas de dire que 
Guiffart était agrégé au collège des Médecins de Rouen (1) et 
avait même occupé la charge de doyen dudit collège, comme 
on peut s'en rendre compte par l'indication suivante : 

« Lettre à un docteur et professeur en médecine touchant 
la connoissance du chyle et de ses vaisseaux qui le portent au 
cœur, ensemble la découverte de la noble valvule qui confirme 
la doctrine de la circulation du sang et que le cœur est le vé- 
ritable autheur du sang et non pas le foye, (2) avec quelques 
observations considérables sur la cure de l'hydropisie, augmen- 
tées de beaucoup en cette seconde édition, par le sieur Guiffart, 
docteur en médecine et doyen en charge au collège de Rouen. 

« A Rouen, chez François Vaultier, sous la porte du Palais, 
près la Bastille, 1658. In 4°, 38 pages plus 4 feuillets prélimi- 
naires ». 

Dans la préface, l'auteur cite un traité latin qu'il avait fait, 
il y avait 4 ans, intitulé : € Cor vindicatum, seu tractatua de 
cordis offlcio ». Il explique pourquoi il écrit en français. 

« J'ai considéré l'instruction des chirurgiens, afin que ceux 
d'entre eux qui n'entendent pas le latin y trou vent à apprendre 
et qu'ils ne doivent plus ignorer à l'advenir puisque ce sont 

(4) Le collège des Médecins de Rouen a eu un historiographe 
dans la personne d'un nommé Àvenel. Ce médecin a publié, en 
4847, le seul registre du Collège qui soit parvenu à la postérité. 
Ce registre ne commence quen 4669 : il n'est donc pas étonnant 
que notre Guiffart ne s'y trouve point inscrit. (Communication 
du Professeur Cerné de Rouen). 

(2) Il faut naturellement ne point passer condamnation sur 
cette assertion de Guiffart. 



— 20 — 

des choses les plus considérables qu'on puisse rechercher au 
sujet de leur profession. 

« Ainsi j'ay préféré la commodité d'autruy à la facilité que 
j'eusse rencontrée à qu'expliquer sur cette matière, en une 
langue plus familière aux sciences que la nostre, dont l'expres- 
sion est toujours rude et empruntée quand on l'employé sur des 
Sujets dont nous parlons ». 

A cette lettre fait suite un opuscule sur la connoissance et la 
guérison de l'hydropisie : c'est là que nous trouvons la liste 
des travaux de Guiffart. 

A la page 78, sont annoncés les ouvrages suivants : 

« 1° Discours du vuide sur les expériences de M. Paschal et 
le traité de M. Pierius, par P. Guiffart, docteur en médecine, 
agrégé au collège de Rouen. 

« A Rouen, chez Jacques Besogne, 1647, in-8° de 266 p. 
plus la table et deux cahiers de dédicace, pièces en vers, etc., 
au commencement. (1) » 

Ce discours est dédié à Messire Robert de Franquetot, che- 
valier, seigneur de Franquetot, Creteville, Virefontaine, 
PHoume, etc , conseiller du Roy en ses conseils et Président 
au parlement de Normandie. Ce livre a cela de curieux qu'il 
indique la présence de Pascal à Rouen. A la page 7, on lit ceci :. 
« M. Pascal ayant fait depuis quelque temps plusieurs expé- 
riences en cette ville en la présence de tous les plus scauauts 
hommes de sa connoissance, me fist aussi la faveur de me 
conuier aux deux dernières, ausquelles voulant monstrer que 
le vuide estoit possible en la nature, il fist bien voir aussi que 
le vuide n'estoit pas dans son esprit : mais au contraire qu'il 
etoit rempli de plusieurs belles connoissances que ses soins et 
sa curiosité luy auoient heureusement acquises ». 

c 2° Cor oindicatum.... Rothomagi 1652. 

* «9° Utrum chylus vel sanguis sit proxima lactis 
materia. Rothomagi, 1652. 

(1) Les pièces de vers latins et français ne sont pas de Guiffart. 



— 21 - 

« 4° Les veritez catholiques, ou les justes motifs qui ont 
obligé le S p Guiffart D., médecin à Rouen, de laisser la religion 
Prétendue Reformée, pour se ranger à PEglise Catholique, 
Apostolique, Romaine : Augmentez en cette seconde Edition, 
de la Response aux Objections que Ton y a faites depuis la 
première. (1) 

A Rouen, chez François Vaulder, sous la voûte du Palais, 
près la Bastille, 1656. 

Aux pages 78 et 79 sont consignés les Ouvrages prêts a 
mettre en lumière. 

Pétri Guiffarti Cor vindicatum. 

item. Trac(atu8 deproxima lactis maieria. Editio secunda. 

Obsercationes quœ inter legendum aut meditantur aut 
in praxi medica et cadaveribus humanis notata dignœ 
occurrerent. 

Magni Hippocratis genius... redivivus (2). 

Aux ouvrages précédents, il faut en ajouter deux autres, 
ayant trait à des sujets de controverse, énumérés par le 
D r Jules Roger, du Havre, dans sa biographie des Médecins 
Normands. 

« Les dix raisons proposées aux Académies d'Angleterre 
sur les matières de foi » (Traduit du latin du P. Campian). 
Rouen, 1651, in-8°. 

« La sainte liberté des enfants de Dieu et frères en Christ ». 
Rouen, 1656, in-8*. 

On s'accorde à dire que Guiffart mourut en 1658. Sur ses 
dernières années je ne possède que les détails consignés dans 
la généalogie delà famille, détails qui m'ont été gracieusement 
offerts par la fille du D r Guiffart, mort à Cherbourg en 1899. 

« Il consacra ses talents au service des pauvres et employa 

(1) Cette première édition parut en 4654, chez Charles Osmont, 
dans la court du Palais. C'était un in-12 cte 209 pages, plus un 
cahier préliminaire de deux feuillets. 

(4) Des pages 80 à 83, se trouve intercalée une lettre de félici- 
citations adressée à l'auteur par Le Maresquier, D. M. de Val- 
lognes, ce 15 d'Août 1658 (Bibl. nat. n° Te. 34. f. 



— 28 — 

ses biens à soulager les misérables qui le regardaient comme 
leur père ; il passa sa vie dans une grande pénitence, et acca- 
blé sous le poids de ses mortifications, et de ses fatigues, et de 
ses soins à soulager les pauvres, il alla recevoir la récompense 
de Celui qui a dit qu'un verre d'eau froide donné au plus petit 
des siens ne serait point sans récompense. Après une si sainte 
vie, les peuples honorèrent longtemps son tombeau dans 
l'église de Saint- Malo de Valognes pour lui demander l'assis- 
tance de ses prières (1). 

t Qu'est devenue la sépulture de notre compatriote. Je 
l'ignore ; ce qu'il y a de certain, c'est qu'il n'en existe aucune 
trace dans l'église Saint-Malo. 

Si j'ai été amené à m'occuper du D r Pierre Guiffart, c'est 
grâce au sympathique M. Dolbet, archiviste du département 
de la Manche, lequel m'a communiqué les « Veritez catholi- 
ques. .. » . Au dernier chapitre de ce traité, il passe en revue les 
« Raisons particulières » qui ont contribué à sa conversion, et 
il explique comment de zélé Calviniste, il apporta au Catho- 
licisme l'apostolat de sa plume. 

« La difficulté de changer de Religion, écrit-il, m'a long- 
temps attaché à la Prétendue Reformée dans laquelle j'étais 
né... Lorsqu'un âge plus avancé me rendit plus capable de dis- 
cernement, je cherchai la connoissance de la vérité, tout en 
restant persuadé que ma Foy estoit la meilleure et que la 
Romaine était la plus corrompue de toutes. Et j'ay long temps 
vescu dans ceste erreur jusqu'à ce que Dieu ait daigné m'ou- 
vrir les yeux par des moyens qui m'ont touché le cœur pour 
resYeiîler mon esprit. 

« Les premiers et les plus puissants ont esté le bon exem- 
ple des Catholiques. Je vivais avec eux prévenu de la mauvaise 
opinion que j'avais de tout le parti, mais peu à peu leur con- 

(t; Une note de la généalogie en question mentionne que « sa 
vie a été écrite dans le Nouveau Nécrologe des Saints inconnus 
au public, imprimé à Paris. > Je donne cette note à titre docu- 
mentaire; je n'ai pu avoir la moindre inlication sur ce 
Nécrologe, 



- 23 - 

versaiion dissipa ces nuages dont mon esprit estoit noirci, et 
le commerce des sciences m 'ayant heureusement engagé à 
conférer avec des PP. d'une Compagnie où elles fleurissent 
avec la piété, je trouvay en leurs personnes tant de vertu 
solide..., que je ne pu desnier mon estime à leur mérite. 

« Je les plaignois d'abord de ce que tant de bonnes qu alitez 
n'estoient pas accompagnées de celles que j'estimois les plus 
nécessaires : mais quelquefois anssi il me venait en la pensée 
qu'il se pou voit bien faire que des fruicts si saincts nepartoient 
pas d'une raciue inutile et qu'il ne seroit pas impossible de jus- 
tifier une foy qui produisoit tant de bons effects. Cette pensée 
me fut puissamment confirmée dans la suite de quelques 
années durant lesquelles Dieu voulut affliger la ville de 
Rouen du fléau de la peste qui fut terrible pour la longueur 
du temps qu'elle dura *t pour la multitude du monde qu'elle 
emporta. Les Révérends Pères Capucins servirent les malades 
et assistèrent les mourans avec tant de zèle et de charité qu'il 
estoit impossible de n'en estre pas édifié, et j'y remarquay tant 
d'ardeur pour secourir le prochain aux despens de leur propre 
vie, que l'un d'eux estant mort glorieusement dans cet employ , 
plusieurs autres sollicitoient avec une générosité admirable 
pour remplir cette place et se joindre à ceux qui estoient 
demeurez au service des malades. 

« Les Religieuses de l'Hospital de la Magdelene n'eurent 
pas moins d'empressement pour y entrer, ni moins de charité 
pour y servir. La délicatesse et la timidité du sexe cédèrent à 
la force de la grâce, et à la confiance en Dieu, quelques-unes 
y sont mortes sainctement, et ont receu la mort avec autant 
de constance, qu'elles avoient eu de hardiesse à l'attaquer. Je 
fus vivement touché de ces vertus vrayement chrestiennes 
dont la pratique en supposoit nécessairement beaucoup d'au- 
tres, mais je suis redevable à la miséricorde de Dieu, des fortes 
réflexions qu'il me fit faire sur ce sujet, et si quelque chose 
d'extérieur a contribué à l'attirer sur moy, je croy que les 
prières des pauvres ont esté receuës de sa divine bonté et qu'ils 



- 24 - 

s'y sentent obligez par uns aumosne que nostre Collège leur 
destina. Toujours il est certain que dès lors je oonçeu plus 
d'estime que jamais de la foy de l'Eglise Romaine et me pro- 
posay de l'examiner sérieusement, me persuadant que des per- 
sonnes si vertueuses pou voient bien avoir les principes du 
salut, et que c'estoit peut estre parmi les Catholiques Romains 
que je devois chercher le mien. 

* Mais comme j'y procédais encore trop laschement et que 
je faisois passer ma paresse pour prudence : Dieu me pressa 
par un sentiment de crainte et par une image de mort dont je 
fus menacé durant un mois de fièvre continue, ou me voyant 
dans le péril de la vie et de mon salut, que d'avoir apporté 
assez de soin pour connoistre par quelle voye je le devais 
chercher, je promis à Dieu d'employer à ceste estude le pre- 
mier temps de ma santé, s'il luy plaisoit me la redonner. ». 

A6n d'éclaircir ses doutes, il ne s'adressn point à ceux de 
son parti, pour n'en être point persécuté, il ne consulta point 
les Docteurs Catholiques qui lui étaient suspects comme trop 
intéressés dans la question, et qui, dès lors, auraient pu entra- 
ver sa liberté qu'il voulait garder pleine et entière. Il lut 
* soigneusement tous les Autheurs qui produisoient dans le 
plus beau jour les raisons de l'un et de l'autre parti, et je vis 
peu à peu mes ténèbres se dissiper. > 

Pendant qu'il s'occupait à ses recherches, Guiffart eut, de 
par sa profession., à secourir une dame de condition et de 
vertu éminentes dont il se dispense de produire le nom, de 
peur d'offenser sa modestie. Aujourd'hui, nous n'aurons pas, 
et pour cause, les scrupules délicats de notre vieux Confrère : 
cette dernière n'était autre que la maréchale de Bellefonds, qui 
faisait grand cas de son médecin et lui portait une touchante 
affection (1). 

Madame de Bellefonds, femme d'une grande piété, lui 
témoignait le chagrin qu'elle avait de le voir dans la Religion 



(I) Communication de la famille de noire auteur. 



— 25 - 

protestante dont il se glorifiait. Elle lui disait souvent qu'elle 
priait Dieu pour sa conversion et qu'elle espérait de la misé- 
ricorde du Tout-Puissant l'effet de ses prières. 

« Durant quelques mois, écrit Guiffard, j'eus le loisir de 
remarquer que ses vertus ne consistaient pas seulement en 
une simple contemplation ou dans l'excellence de ses entre- 
tiens, mais qu'elles estoient si solides, que ny les douleurs 
que les préceptes de Part nous forçoient de resveiller souvent 
avec les ciseaux et les rasoirs, ni le péril de la vie, ne peurent 
altérer aucunement sa constance 

Lorsqu'elle sa voit que les personnes de sa maison alloyent 
devant les Autels espandre leurs larmes et leurs vœux pour 
demander à Dieu le soulagement de ses douleurs et l'asseu- 
rance de sa vie, elle les conjuroit d'employer plustost leurs 
prières pour obtenir de Dieu la guérison et le salut de l'âme de 
celuy qui faisoit son pouvoir de la délivrer des maux qu'elle 
souffrait et des funestes accidents dont elle étoit menacée » . 

L'œuvre de la conversion fut parachevée par l'Archevêque 
de Rouen, Mgr François I er do Harlay, auprès duquel le 
D r Guiffart avait été appelé en consultation avec plusieurs 
autres confrères : les conseils et les entretiens du prélat dissi- 
pèrent les dernières appréhensions que n'avaient pu faire dis- 
paraître les études consciencieusement continuées par notre 
auteur (1). Mais laissons-le nous exposer ses impressions 
personnelles. 

« Je dois trop de respect à sa mémoire, et de reconnoissance 
à son zèle, pour ne pas témoigner icy que la Charité et la 
fermeté dont ce docte Prélat me parh dans ses derniers jours, 
firent une juste et puissante impression dans mon âme. Outre 
que ce qu'il me disoit estoit toujours solide et judicieux, 
j'admirois la force de la vérité aussi bien dans son cœur, que 

(l) Mgr François I er de Harlay occupa le siège de houen,de 
4614 à 4052: c'était le 86 e archevêque, depuis la fondation du 
diocèse par Saint-Nicaise, avant Tan 300 de notre ère 



— 26 — 

dans .*a bouche, puisque la véritable estime qu'il eu faisoit, 
l'obligeoit à me solliciter de ma conversion, dans un temps où 
les douleurs de la maladie et les appréhensions de la mort, 
font oublier tout ce qui n'est pas de la dernière importance. Il 
parut bien qu'il estimoit en ce degré, ce qui touchoit au salut 
de son troupeau, puisque me regardant avec soin, dans ce 
grand nombre d'âmes qui luy a voient esté commises, il recom- 
manda la mienne avec une tendresse paternelle à Monseigneur 
l'Archevesque de Rouen, qui remplit aujounThuy, si digne- 
ment la place de cet Illustre prédécesseur, et qui a bien voulu 
couronner l'ouvrage de ma conversion, par ses doctes ins-r 
tructions et par le bénéfice de l'absolution qui a apporté la paix 
jusqu'au fond de mon âme (1) » 

Cette conversion fit un certain bruit dans le monde calvi- 
niste. D'un autre côté, la publication des « Véritez catholiques », 
en amenant la conversion d'un certain nombre de protestants, 
donna à beaucoup d'autres, tant parmi les disciples de Calvin 
que parmi ceux de Luther, des sujets de douter de la doctrine 
du maître. Aussi, y eut-il de la part d*s ministres calvinistes 
français une véritable levée de boucliers contre leur ancien 
coreligionnaire et une campagne organisée dans laquelle le dépit 
ne le cédait qu'à la calomnie ou à la médisance. On alla même 
jusqu'à publier que le renégat abandonnait sa profession par- 
ticulière pour traiter de sujets qui ne lui étaient point familiers 
et auxquels il n'entendait rien. 

Aux attaques de ses adversaires Guiffart va répondre lon- 
guement. 

« Il n'est pas aisé de croire qu'un homme qui a cultivé cette 
science (la médecine) avec tant de passion, dans les amertumes 

(1) Guiffart fait allusion à Mgr François II de Harlay de Chan- 
vallon, qui fut archevêque de Rouen, de 4652 à 1771. C'est à lui 

au'est dédié l'ouvrage qui nous occupe. Neveu de François I ep de 
iarlay, il mourut archevêque de Paria en 4695. Il fut reçu à 
l'Académie française en 4674. (Certains bibliophiles rappellent 
François III, parce que son oncle avait succédé sur le siège de 
Bouen à François I er de Joyeuse). 



- 27 - 

et les espines des commencements et des progrez, la veuille 
négliger quand il est temps d'en cueillir les fruits. Mais s'il est 
encore besoin de me justifier sur ce point, je déclare sincère- 
ment que je revoy tous les jours mes livres avec soinget avec 
plaisir, j'adjoute tous les jours quelque chose à mes ouvrages 
et je tâche de joindre par mes remarques le profit de l'expérience 
aux lumières de la spéculation... ». 

Si, après avoir satisfait à la science médicale, il a donné 
quelques heures à d'autres sciences, il ne croit pas qu'il puisse 
y avoir de censeur assez sévère pour interdire pareil délasse- 
ment aux fatigues de la profession. Pour ce qu'il a fait en 
faveur de la Religion Catholique, il n'a pas la prétention de le 
mettre au nombre des choses divertissantes ; car cette matière 
tiendra toujours dans son esprit « le premier rang et la plus 
haute estime parmi toutes les autres». Au reste on est mal 
venu à chercher des incompatibilités entre la médecine et la 
religion, pareeque personne n'a le droit de faire aux gens do sa 
sorte le reproche de s'occuper des exercices de piété et de penser 
à son salut. 

Quant à son ouvrage, il ne lui a coûté que le temps de 
l'écrire sans ornement et sans art : 

c Les choses que j'y traite, ajoute-t-il, n'ont pas été dans 
mon esprit, l'œuvre d'une année ni de deux, mais elles y sont 
entrées imperceptiblement par le soing que j'ay eu dès ma jeu- 
nesse de recueillir ce que j'apprenois des deux partis, (Calvi- 
nisme et Luthérianismé) et de diriger mes propres pensées 
sur ce sujet. J'y ai employé un temps raisonnable avant que 
de me résoudre et faire ma déclaration, après laquelle je n'ai 
plus rien à discuter pour ma satisfaction particulière. . . . 

« El s'il est impossible dans la malice du siècle que les bonnes 
actions soient exemptes de blasme, j'ayme mieux que l'on 
m'accuse de m'attacher plus à l'cstude qu'au jeu et à faire des 
livres qu'à hanter les lieux de desbauche, ou que l'on me 
puisse reprocher que par de ltsches intrigues je brigue des cqf« 



— 28 - 

respondances intéressées au préjudice de l'honneur de ta 
médecine, de la liberté publique, du soulagement des malades 
et de Temploy des plus capables et des plus honnestes gens de 
notre compagnye. > 

Il est évident qu'on ne peut faire un crime à un médecin de 
cultiver plusieurs sciences à la lois : c'est une vérité que 
Guiffart met au point avec un très grand sens. 

« J'ay gousté des unes par récréation, j'ay estudié les autres 
par profession, et je m'applique à celles de la Religion par res- 
pect et par nécessité, gardant en toutes les mesures du temps 
et du soin qu'on y peut employer ». 

Et ce disant, il se réclame de l'exemple de plusieurs méde- 
cins illustres, et, pour n'en citer qu'un, de M. de la Chambre. 
Cureau de la Chambre, le père, auquel il fait allusion, Man- 
oeau d'origine, était médecin ordinaire de Louis XIII. Entre 
autres ouvrages, il a laissé : « Observation* sur l'Iris 
(arc-en-ciel) ; — Le système de Vdme ; — De l'amitié et de 
la haine qui se trouvent chez les testes j — Nouvelles pen- 
sées sur les causes de la lumière et le débordement du Nil ; 
— Discours sur les principes de la Chiromancie et de la 
Metoposcopie ». (7) 

Cependant, malgré le bon droit dont il pouvait se targuer 
d'avoir, sans forfaire aux exigences de son art, publié la pre- 
mière édition des Ver itez Catholiques y en dépit des excellentes 
raisons qu'il pouvait alléguer pour sa défense, en face de la 
persécution dont il était l'objet et des accusations formulées 
contre sa réputation, Guiffart manifestait quelque répugnance 
â faire paraître sa seconde édition, bien qu'elle trouvai son 
excuse d'une part dans les objections adressées à la première, 
d'autre part dans les réponses qui leur devaient être faites» 
Pour vaincre ses résistances, il fallut l'insistance de ses amis, 
de Brébeuf en particulier. La lettre de ce dernier, datée du 
16 décembre 1655, fait autant d'honneur à celui qui l'a écrile 

(1) De la Chambre mourut en 1660 ou I67iî ; il était Membre 
de l'Académie françaUe et de l'Académie des Sciences. 



— 29 - 

qu'à celui qui l'a reçue. Comme elle n'est peut-être pas très 
connue, et qu'elle émane d'un de nos compatriotes immédiats, 
je n'ai pas hésité à en donner quelques extraits. (1) 

« Votre premier travail sur la matière de la Religion a 
desabusé beaucoup d'honnestes gens et a contribué à l'heureux 
çhangçmept de cette.grajade Reyne qui vient de quitjer Ja fac-: 
tion de Luther pour se redonner à l'Eglise. (2) 

« J'espère que par cette seconde atteinte que vous portez à 
l'erreur, vous allez achever ce que vous avez commencé; et 
que vous ne serez pas moins heureux à establir la vérité que 
Yous avez esté autrefois ingénieux à la combattre. 

« Continuez, Monsieur, à vous déclarer hardiment contre 
Terreur. Bien qu'elle soit presque hors de combat, ne laissez 
pas d'insulter à son impuissance, et persuadez- vous enfin qu'il 
y a quelque sorte d'injustice à nous cacher trop longtemps un 
ouvrage qui ne peut paroitre qu'avec consolation pour vous et 
avec utilité pour les autres. 

< Les raisons qui vous en détournent ne doivent point pré- 
valoir contre celles qui vous y exhortent, et de quelque persé- 
cution que vous puissiez estre menacé, il est si advantageux 
de la souffrir pour la justice, qu'elle doit estre vostre ambition 
beaucoup plus que vostre crainte. 

c Je scay bien que ce second assaut que vous livrez à l'Eglise 
de Calvin va deschainer encore une fois la médisance contre 

(4) Guillaume de Brébeuf, sieur de la Boisets, auteur de la 
Pharsale, naquit en 4648 à Thorigny-sur Vire et mourut en 1664, 
près de Caen. Zélé catholique, il écrivit un traité intitulé : c Défense 
de V Eglise Romaine». Il était donc on ne peut mieux qualifié pour 
inciter Guiffart à produire son ouvrage. Brébœuf avait été le pré- 
cepteur du maréchal de Bellefonds 

(2) Brébeuf veut parler de la conversion de Christine de Suéde, 
fille de Gustave Adolphe et de Marie Eleonore de Brandebourg. A 
l'âge de 33 ans, sentant que le pouvoir glissait entre ses mains, 
elle déposa U couronne à la Diète d'Upsal et abdiqua en faveur 
de son cousin Charles Gustave. Elle quitta la Suède, traversa 
l'Allemagne, s'arrêta à Bruxelles, à Inspruck où elle embrassa la 
religion catholique. Finalement, elle se fixa à Rome où elle mou- 
rut en 4680, âgée de 63 ans. 



— 30- 

vous, que dans le party que vous avez quitté vous serez plus 
coupable que jamais de ne vous perdre pas avec eux, d'avoir 
trop de lumières pour vouloir encore vous égarer et que vos 
mœurs qui estoient autrefois leur édification en deviendront le 
scandale. 

« Mais il n'est pas besoin de chercher toute vostre j ustification 
en vous mesme ; et bien que celle qui se fait dans le cœur con 
tribue au repos de l'âme beaucoup plus que celle qui vient du 
dehors, c'est un advantage qui ne vout doit pas estre indiffe 
rent de voir que la voix publique s'accorde à la voix secrète. 

« Si la calomnie avait de quoy vous intimider, ce serait sans 
doute quind vous la trouvez où elle ne devrait pas estre et que 
les personnes qui ont toute sorte d'obligation a faire leur cause 
de la vostre, ne laissent pas de vous desobliger autant qu'ils 
peuvent et d'affaiblir la bonne opinion qu'on a de vous, par- 
tout ou on les escoute. A n'en point mentir, ce ne m'a pas esté 
un médiocre étonnement de voir parmy quelques uns de votre 
profession que les conseils de Pinterest l'emportent impunément 
sur ceux de l'honneur et de la justice; qu'on vous accuse de 
ne pas estre assez scavant, à cause que vous Testes trop ; que 
la capacité devienne la preuve de l'ignorance; et qu'on vou« 
reproche malicieusement que vous n'estes pas assez esclairé de 
la science que vous proposez, parce que vous avez trop de lu- 
mières dans celles que vous ne professez pas ; que les produc- 
tions différentes que vous avez données au public ayant esté 
un prétexte de publier en beaucoup de lieux que vous aban- 
donnez vostre employ pour vous attacher à celuy des autres, 
et que les mesmes choses qui vous ont attiré des éloges des 
plus célèbres Universitez de l'Europe vous ayent acquis à 
Rouen et du blasme et du reproche. (1) 



(i) Vinvidia medicorum était donc de tous les temps et de tous 
les lieux. 



— 31 — 

« En effet, quelle apparence y a-t-il que nostre esprit soit si 
borné qu'il ne puisse estre capable que d'une seule chose? Je 
pardonne cette limitation injurieuse à ceux qui sont disgraciés 
de la nature et en qui le génie n'est pas heureux, qui ont la 
conception si dure et l'intelligence si grossière qu'il n'y a qu'un 
extresme travail qui leur puisse donner une capacité médiocre; 
les esprits de cette sorte ne se veulent point partager, ils ont 
besoin de toute leur application pour tout ce qu'ils entrepren- 
nent, et comme ils n'ont pas l'imagination aisée, ny le raison* 
nement pénétrant, c'est bien assez d'une sorte d'estude pour en 
lasser toute l'action et pour en épuiser toute la force. C'est 
sans doute ce qui a fait croire à quelques-uns de vos envieux 
que les riches connoissanoes que vous avez non seulemnt des 
langues et des belles lettres mais encore de l'une et l'autre 
Philosophie, des Mathématiques et de la Théologie n'avoient 
pas moins fatigué votre entendement qu'une légère connois- 
sance de la médecine avoit surchargé le leur et parce qu'ils suf- 
fisent à peine à une seule chose, ils ne demeurent pas aisément 
d'accord que vous soyez capable d'en entreprendre plusieurs, 

« Que ces esprits artificieux ne s'authorisent plus a vous 
blasmer par où il est juste qu'on vous estime, qu'ils se délas- 
sent dans les promenades, dans les collations et dans le jeu, et 
qu'ils souffrent que vous vous délassiez dans vos livres. Ce 
que vous avez mis au jour sur les matières de vostre profes- 
sion leur doit faire assez connoistre que vous ne l'avez pas 
abandonnée et si vous vouliez faire part au public des riches- 
ses de vostre Cabinet, ils seraient peut-estre contraints 
d'advoûer que vous avez escrit de la Médecine beaucoup plus 
qu'ils n'en ont leu. 

« Les Médecins de Dannemarc et de Suéde vous approuvent 
parce que vous estes en un lieu où vostre réputation ne peut 
leur nuire; mais il y en a peut-estre à Rouen qui se 
persuadent qu'elle ne leur serait pas advantageuse. Nous 



— 32 — 

regardons sans jalousie le mérite qui esta 200 lieues ou à deux 
cents ans loing de nous, son éloignèrent lui rend ce que sa 
présence lui desrobe et on le voit point dans toute son estenduë 
quand on l'envisage de trop près. Les yeux de l'envie ne sont 
pas de la nature des autres : ceux-ci grossissent les objets à 
mesure qu'ils s'en approchent et ceux-là ne les grossissent qu'à 
mesure qu'ils s'en esloignent : pour eux la présence ne diminue 
pas seulement les choses, mais encore elle les destruit ou elle les 
change ; la vertu la plus solide prend les couleurs et les 
apparences du vice, et la capacité porte souvent les livrées de 
l'ignorance. 

« Mais enfin il y a encore des yeux qui sont justes et il y a 
encore des jugements qui ne sont pas assez déréglez ; ils vous 
restitueront ce que les autres vous volent ; et quand il y aurait 
quelque chose à hazarder pour vous dans l'impression de 
vostre ouvrage, vous avez déjà assez fait connoistre aux hon- 
nestes gens que la cause de Dieu vous est incomparablement 
plus chère que vostre réputation ou vostre fortune. C'est pour- 
quoy je m'attends bien qu'en ce rencontre les motifs humains 
ne seront pas écoutez au préjudice de vostre zèle et que Tinte* 
rest de la Religion l'emportera tousjours dans vostre esprit sur 
les considérations personnelles : c'est ce que souhaite ardem- 
ment 

« Monsieur, 

« Vostre très humble et très obeyssant serviteur, 

« B rebœuf. > 

L'ouvrage de Guiffard dont il me reste à parler plus spécia- 
lement maintenant a 260 pages ; il est divisé en 35 chapitres 
dont je me contenterai de donner l'intitulé : 

I. — De l'union nécessaire des Fidelles dans une mesrae 
Eglise. ... 

* IL — Que l'Eglise Romaine est la mère de toutes les 
Eglises. 

III. — De l'aversion réciproque des Luthériens et des Calvi- 
nistes dans le commencement et le progrès de leurs sectes. 



- 33 — 

IV. — De plusieurs essais inutiles qui ont été faits pour 
l'union des Calvinistes et des Luthériens. 

V. — De l'union des Calvinistes et des Luthériens. 
VI — De l'injustice de cette union. 

VII. — Reflexions sur les inconvénients de cette union. 

VIII. — L'Eglise Romaine n'enseigne rien de contraire à 
la gloire de Dieu et au salut des âmes. 

IX. — Que le retranchement du calice n'a point dû causer la 
séparation d'avec l'Eglise Romaine. 

X. — Que la foi de l'Eglise Romaine touchant la realité 
Eucharistique du corps de Jésus Christ ne doit point 
empescher la reunion des Prétendus Reformés avec la mesme 
Eglise. 

XL — De l'impiété des Luthériens en ce mesme sujet de 
l'Eucharistie. 

XII. — De l'imprudente conduite et de la mauvaise foy des 
Calvinistes sur ce mesme sujet. 

XIII. — Que l'Eglise Romaine n'est point idolâtre. 

XIV. — Que pour une imagination d'idolâtrie prétendue 
les Calvinistes ne doivent pas se séparer de son Eglise. 

XV. — Que les choses qui ont séparé les Prétendus Refor- 
més etoient de nulle ou de petite importance à la piété. 

XVI. — Quel est le jugement des Prétendus Reformés tou- 
chant les Conciles et les Père3 des premiers siècles. 

XVII. — Que l'Eglise Romaine tient la mesme Doctrine 
qu'elle enseignait au temps que les Prétendus Reformés 
avouent qu'elle etoit dans sa pureté. 

XVIII. — Que Calvin a trompé ceux de sa secte accordant 
le Saint Esprit à chaque particulier. 

XIX. — Quel peut être l'Esprit dont les Prétendus Refor- 
més se vantent puisque ce n'est pas le Saint Esprit. 

XX. — Que l'Eglise Romaine n'a point scandalisé l'église de 
Dieu. 

XXL — Défense de l'Eglise Romaine et du Pape contre 
les calomnies. 

3 



— 34 - 

XXII. — Que les loix de l'Eglise Romaine n'induisent 
point à la dissolution. 

XXI IL — Que l'Eglise de Rome ne défend point le mariage 
à personne et que le dogme de la transubstantiation et de la man- 
ducation de la chair de Jésus Christ ne doit scandaliser les 
fidelles. 

XXIV. — Que la nécessité de l'instruction en l'administra- 
tion des sacrements ne doit scandaliser personne. 

XXV. — Qu'attribuer l'infaillibilité au Pape n'est point un 
légitime sujet de scandale. 

XXVI. — Que le schisme est détestable ei que l'Eglise 
Romaine n'est point coupable d'erreurs qui aient du causer 
séparation. 

XXVII. — Que l'autorité du Pape n'est point tyrannique et 
n'a point dû causer séparation. 

XXVIII. — Que l'Eglise Romaine n'accuse point l'Ecri- 
ture d'imperfection, qu'elle ne dépouille point Jesus-Christ de 
ses trois offices. (Prophète, Roi, Législateur). 

XXIX. — Que la contrariété des doctrines n'a pas empesché 
les Calvinistes de s'unir aux Luthériens. 

XXX. — Que les Catholiques ne font pas consister l'Eglise 
aux Prélats et grands de ce monde. 

XXXI. — Que le témoignage des sens n'est pas croyable au 
préjudice de la foi. 

XXXII. — Que la comparaison d'un maître travesti auquel 
un serviteur ne rend point d'hommage n'est point bonne pour 
dispenser les fidelles d'adorer Jesus-Christ sous les espèces du 
pain et du vin. 

XXXIII. — Que les Calvinistes confessant que la doctrine 
des Luthériens renverse la pieté et la religion chrétienne, 
néammoins ils s'unissent avec eux-inesmes en dépit qu'ils en 
aient. 

XXXIV. — Que l'erreur de S. Hilaire touchant l'impassi- 
bilité de Jésus Christ ayant esté supportée par l'Eglise n'au- 
torise pas les Calvinistes à supporter les Luthériens qui 



. — 35 — 

n'adorent point Jésus Christ au Sacrement puisqu'il y est 
adorable. 

XXXV. — Des raisons particulières qui ont contribué à 
ma conversion. 

Dans toute son argumentation, Guiffart se sert des armes 
qu'il trouve chez les ennemis de l'Eglise Romaine. Il répond 
à toutes les objections sans passion, mais, comme il en avertit, 
« avec toute la modestie possible », respectant la sainteté de la 
cause qu'il défend, sans y mêler aucune vengeance de ses in- 
jures personnelles et des persécutions suscitées par sa conver- 
sion. « J'ai répondu, conclut-il, non pour défendre mes intérêts, 
mais pour soutenir la vérité ». 

On aimerait à trouver plus d'ordre et d'unité dans ses char 
pitres, ce qui lui aurait évité bien des redites. Son plan en 
somme était très simple et peut se ramener aux trois proposi- 
tions suivantes : 

1° Les Fidèles doivent s'unir dans une seule et même 
Eglise qui ne peut être que l'Eglise Romaine, puisque Calvin 
lui-même la reconnaît comme l'Eglise véritable c la mère de 
toutes les Eglises ». (Chap. 1 et 2). 

2° Quelles sont donc les raisons pour lesquelles les Calvi- 
nistes se sont séparés de l'Eglise Romaine. (Chap. 8 à 28, 30, 
31, 32, 34). 

3° Les Calvinistes avaient moins de raison de se séparer de 
l'Eglise Romaine que de s'unir aux Luthériens dont tout les 
sépare au point de vue doctrinal. S'ils ont réalisé cette union 
c'était par pur intérêt matériel. (Chap. 3 à 7, 17, 29, 33). 

Quoiqu'il en soit de cette critique qui ne vise que la trame 
du livre, la discussion est intéressante, facile à suivre, appuyée 
de raisons solides. On voit que Guiflarl était maître de son su- 
jet, qu'il n'a pas disserté pour le plaisir d'écrire, qu'il a apporté 
à son œuvre la sincérité et la loyauté désirables : c'est ce qui 
nous le rend sympathique. 

D* René LE CLERC. 



Biographies des Ecclésiatiques 



fitalnfedLois 



Auguste (le Père). — Né à Saint-Lo, fut capucin au cou- 
vent de Vire ; il se livra entièrement à la prédication et au 
travail des missions. Ce fut à la suite d'une célèbre mission et 
des conférences tenues à Vire en 1772, qu'il écrivit et publia, 
pour réfuter un ouvrage sur le Prêt de Commerce, plusieurs 
lettres sous le titre d'Examen et réfutation des réflexions 
sur le prêt de Commerce, Vire, chez Chalamel, libraire, in-12 
de 206 pp. 1775. Les lettres sont datées d'Alençon, 1774. 

Elles eurent une 2 e édition, Paris, Moutard, in-8°, la même 
année. 

Il publia encore d'autres lettres sur les cas de conscience ; 
sur la réforme des ordres religieux, in-12, sans lieu ni nom 
d'auteur. 

On lui doit aussi 4 lettres sur la Pauvreté religieuse, in-12 
(Mémoires de G. Ghalmé). 

Le P. Auguste mourut jeune, épuisé par le travail, dans 
une mission prèchée à Alençon, (1) 

Basnier (Remy). — Né le 22 octobre 1763, au village de 
la Dangerie, à Dangy, fut un des plus ardents fauteurs du 
schisme anticoncordataire, dans le diocèse de Coutances. 

Ses parents étaient tisserands, comme la plupart des habi- 

(1) F. M. Morin Lavallée, 487P, Essais de biographie viroise, p. & 
Pluquet, Biographie du Département de la Manche, 1873. 



— 37 — 

tants de cette région, a vam rétablissement des toiles étrangères. 
Tout en continuant de faire « de la rayure et du droguet », le 
jeune Basnier apprenait le latin, au presbytère de Dangy. Il 
n'était que sous-diacre quand la Révolution éclata. 

De 1790 à 1792, il fit fonction de maître d'école à Canisy, aux 
appointements de 150 livres, fruit d'une fondation faite en 1689. 
11 ne prêta aucun serment et se remit à faire de la toile et un 
peu de médecine gratuite. 

On ne sait à quelle époque et par quel évoque il fut ordonné 
prêtre ; mais, dès 1799, il administrait les sacrements dans 
les paroisses de Dangy, de Quibou, de Canisy, de Saint-Martin- 
de-Bon-Fossé et de Cerisy-la-Salle. Il exerçait, en 1800, les 
fonctions curiales à Dangy, et il espérait en devenir le curé 
titulaire après le Concordat, quand, le 21 juin 1802, M. Hulmel, 
l'ancien pasteur, revint de l'exil et reprit ses fonctions. L'abbé 
Basnier fut blessé dans son amour propre, et le dépit qu'il 
conçut le mit à la tête des anticoncordataires de la contrée. 

Il recruta de nombreux prosélytes. Fixé au village de la 
Dangerie, il célébrait la messe dans une chambre assez vaste, 
où se trouvait installé son métier. Chaque dimanche, la pro- 
cession de ses fidèles se déroulait autour du métier qui occu- 
pait le centre de la salle. On venait à ses offices de huit et dix 
lieues à la ronde. 

De son nom, ses partisans s'appelèrent Basnier istes. On 
les appelait aussi Bétournés, mot synonyme de mal tournés. 

L'abbé Basnier eut bientôt un vicaire, qui fut chargé de la 
direction des dissidents d3 Siouville et de Bréville. 

Daragon étant mort, l'abbé Basnier se trouva seul prêtre 
dissident de toute la contrée. Aussi venait-on vers lui de très 
loin, de Saint-Lo, de Vire, et même de Rennes, ville située à 
42 lieues de Dangy. A tous, il recommandait de ne jamais se 
rendre et d'observer fidèlement les fêtes supprimées. 

L'abbé Basnier résista à toutes les instances que lui firent 
son évêque et ses confrères. 

Il mourut à Dangy, le 8 avril 1845, âgé de 81 ans. Il fut as 



— 38 — 

sisté à ses derniers moments par sa servante, « qui empêcha le 
curé de Dangy d'approcher » . 

Une lettre de Basnier, datée du 11 novembre 1823, donne la 
liste des prêtres dissidents du diocèse de Coutances ; elle men- 
tionne : MM. Cou vin; Bailly; Le Vaufre; Poisson; Victor 
Hébert, prêtre à Carentan ; Lemagnan Louis-Philippe, né à 
Négreville, prêtre habitué à Valognes, dissident depuis 1827 ; 
Damourette; Daragon. (1) 

Benoit (Thomas). — Né à Saint-Lo, était chevecier de 
Sainte Geneviève, à Paris, en 1367, quand il donna au public 
une traduction française de la vie de Sainte Geneviève. Déjà 
une vie de la sainte avait été écrite en vers romans, à la re- 
quête de M me de Valois, probablement l'une des femmes de 
Charles de Valois, frère de Philippe Le Bel, et ne fait pas 
honneur au talent de son auteur. A peine cette vie avait-elle 
paru, qu'on en fit une sorte de traduction en prose, à la prière 
des dames de Flandre, vers 1322. Quarante ans après, en 1367, 
le chevecier de Sainte Geneviève, Thomas Benoit, fit une tra- 
duction française de la vie de Sainte Geneviève, pour favoriser 
la piété de ceux qui ne savent pas la langue latine, et qui ne se 
soucient pas de lire des vers. 

Voici sa préface où il expose les motifs de son travail. « Ci 
commence la vie de ma Dame Sainte Geneviève en français 
proprement selon le latin ». 

A tout chrestien qui Jésus Christ et ses sains requiert et 
honneure est grantbien et honneur et proufist de savoir aucune 
chose des vertus, miracles, bontés, que Notre Seigneur a fait 
et fait en euls, et par euls, pour Dieu amer plus parfaitement, 
pour les sains honnorer plus dévotement, et pour y prendre 
exemple et doctrine de sauvement. Moût de gens requièrent et 
honnorentma Dame Sainte Geneviève, qui de sa vie et de ses 

(1) Drochon, La Petite Eglise, etc., p. 319 321. 



— 39 — 

vertus savent peu ou rient. Sa vie avons en latin moût propre- 
ment, et en françois rimée moût gentement. Mes li plusieurs 
n'entendent pas latin, li autres neont cure de rimerie, pour ce 
que on y seult ajouster, oster et muer autrement qu'il nest en 
texte. Si est écrite ci-apres en prose sans rime, extraite du 
latin en françois, véritablement et loiaument. A la gloire de 
Dieu soit, a lonneur de la Vierge et au profit du peuple. 
Amen ». 

Cette vie se trouve tout entière dans le ms. latin in-8° 5667 
de la bibliothèque nationale, fol. 97. On n'y trouve pas seule- 
ment la vie de Sainte Geneviève, mais encore le récit des mi- 
racles arrivés après sa mort ; le tout également traduit en latin. 
Thomas Benoit en ajoute à la fin plusieurs accomplis de son 
temps. L'abbé de Saint Yves (vie de Ste Geneviève, 1846), 
notice, p. 6), croit avoir reconnu l'ouvrage de Thomas Benoit, 
dans une vie française de Sainte Geneviève, qui se trouve à la 
page 16 du ms. in-fol. 1728, écrit sur papier. (Bibliothèque du 
Vatican, à Rome). 

Thomas Benoist était prieur de l'Abbaye de Ste-Geneviève, 
sous la prélaturo de Jean Bassemain, abbé du monastère 
(1364- 1386). Le prieur traduisit en français les constitutions de 
son abbaye, et consigna dans la même langue les usages qui 
s'y étaient introduits. L'ouvrage portait ce titre : 

« Cy s'ensuit l'ordonnance du statut de l'église Sainte-Ge- 
neviève de Paris sur la forme et manière qu'on en use pour 
le présent, translaté du latin en français par religieuse personne 
Fr. Thomas Benoist, jadis prieur cloistré de ceste dite sainte 
église, au profit et honnesteté des frères, l'an 1381 (Gall. chris- 
tiana, col. 758). 

Son épitaphenous apprend qu'il était originaire de Saint-Lo, 
ce qui détruit l'assertion de certains auteurs sur la grande 
aversion des moines de Sainte Geneviève contre les Normands- 
Depuis le temps de l'invasion et la ruine de leur église, on 
aurait fait le serment de ne recevoir aucun normand dans le 
monastère. La présence de notre compatriote au nombre des 



— 40 — 

chanoines réguliers n'est pas faite pour aocréliter cette asser- 
tion. (1) 

Bosbik (Nicolas Hubin du). — Curé de Saint-Gilles. 11 est 
auteur des ouvrages suivants : 

« Actions de grâces des laboureurs au Roy, pour le soula- 
gement qu'ils ont reçu de Sa Majesté ». Paris, in-8°, 1634. 

« Eloge d'Eléonor de Matignon », 1637. Ce dernier ouvrage 
renferme la description de l'entrée solennelle de cet évoque de 
Coutances, le 15 décembre 1633. (2) 

Boucard (Jean), sire de la Vaucelle et du Mesnil-Amey, né 
àlaVaucelle, près Saint-Lo, ou à Bayeux, docteur en Théolo- 
gie, professeur émérite du collège de Maître-Gervais, à Paris, 
chanoine et archidiacre d'Avranches, fut élu évêque par le 
chapitre de cette ville, le 24 avril 1453. Il prêta serinent au 
roi pour le temporel de son église et la baronnie de Saint- 
Philebert, le 2 juillet suivant, et le 20, serment d'obédience 
envers la métropole. 

Louis XI alla au Mont-Saint-Michel, en 1468, et eut dans 
ce voyage occasion de connaître plus intimement Pévêque 
d'Avranches. Il l'attacha à sa personne à titre de confesseur, 
ce qui éloigna l'évêque de son troupeau. Le pape Pie II fit 
prier Jean Boucard, par l'intermédiaire de l'archevêque de 
Tours, d'engager son royal pénitent à exécuter son projet de 
croisade. La croisade n'eut pas lieu, car le roi n'eut jamais 
l'intention sérieuse d'entreprendre une pareille expédition. 

L'ancien professeur de théologie, Jean Boucard, était 
réaliste. Il fit interdire par lettres royaux, datés de Senlis, en 
1473, l'enseignement de la philosophie nominalistc. Il se fit 

(1) Miracula saicta Genovefa post mortem, m 8 . 21, p. 211-25*2. 
. Abb6 Saintyve, Vie de Sainte Geneviève, Paris, 1*4G, nolioe 
p. 4-6. 

Cf. Abbé F. Fëret, Abbaye de Ste-Geneviève et la Congrégation 
de France, t. I. ç. 88, 170. 

(2) Le Canu, Histoire du dioc. de Coutances et Avranches, t. II. 
p. -491. 



— 41 — 

donner commission de réformer l'Université, et tel fut sans 
doute le sens de sa réforme. 

Boucard fit ajouter aux revenus de son évêché ceux des 
abbayes du Bec et de Cormery. Il usa de ses revenus de 
manière à mériter la reconnaissance de la postérité, car il 
fonda 12 bourses au collège d'Harcourt, tant à. la disposition 
du Chapitre d'Avranches, qu'à celle de Notre-Dame de Saint- 
Lo et de sa famille. Louis XI eut la pensée de transférer Jean 
Boucard à Coutanees, mais la cour de Rome s'y opposa. 

La fondation de Jean Boucard devait être confirmée après sa 
mort par un arrêt du Parlement, du 9 juillet 1488; mais les 
douze bourses primitives furent réduites à six, en 1556, à 
cause de la diminution des revenus, et à trois bourses d'artins 
seulement, par un nouvel arrêt du 27 juillet 1703. Le Par- 
lement régla, en faisant cette dernière réduction, que l'un 
des boursiers serait nommé par le chapitre d'Avranches, 
l'autre par le trésorier de l'église de Saint- Lo, et le troisième 
par les héritiers du fondateur ou, à leur défaut, par le chapitre 
d'Avranches et les trésoriers de Notre-Dame de Saint-Lo tour 
à tour. (1) 

Jean Boucard mourut un an après Louis XI, dans sa 
maison, à Saint-Lo, le 28 novembre 1484, et fut porté à 
Avranches, où son corps fut inhumé dans la cathédrale 
Saint-André. 

11 avait légué en mourant sa bibliothèque à l'église Notre- 
Dame de Saint-Lo. Les protestants devaient la brûler, en 1562. 

Il avait fondé, dans cette église, une messe de Requiem, le 
dimanche des Rameaux, avec 32 cierges allumés. 

Jean Boucard était un savant; il avait composé une analyse 
des livres de la Bible. (2) 

Chrvsostome de Saint-Lo. — Né à Saint-Lo, religieux du 

(1) Artaud, Dictionn. de la Ville de Paris et de ses environs, 
collège d'Harcourt. 

(2) Lecanu, Histoire du dioc. de Coutanees, etc., t. 1, p. 396, 
409. Séguin, Hist. archéolog des Bocains, p. 221. 



- 42 — 

Tiers-Ordre de Saint François, de la province de Saint-Yves, 
a écrit différents opuscules sur la vie spirituelle. 

On a de lui : Recueil de méditations; Traité sur saint 
Augustin; Traité de la sainte abjection; Traité de la désoc- 
cupation des créatures, et autres ouvrages ascétiques, entre 
autres « Vie de Antoine Leclerc de la Forêt ». 1667, Paris 
in-8°, dans V Histoire du Tiers-Ordre de saint François. 

Célèbre par sa sainteté, et très estimé, dit l'abbé Le Bœuf, 
des Reines Marie de Médicis et Anne d'Autriche, il avait 
une telle réputation de vertu, que les personnages les plus 
pieux se faisaient diriger par ses conseils. Jean-Marie de 
Vernon, éditeur d'une « Histoire du Tiers-Ordre de saint 
François », cite parmi ses plus illustres pénitents le vénérable 
Antoine Leclerc de la Forêt, maître des requêtes de F Hôtel 
de la reine Marguerite de Valois. 

Il mourut à Paris, le 26 mars. 1646, dans la maison des 
Pénitents, dite maison de Nazareth. Sa vie par Boudon ne 
contient que peu de faits, et est toute consacrée à retracer ses 
dispositions intérieures. (1) 

Son portrait a été gravé par Ladame. (2) 

Ecolasse de la Bruyère. — Né à Saint-Lo, en 1766. 

Abbé et Précepteur de Don François de Paul, fils de 
Charles IV, il fut arrêté en septembre 1811, et ne fut mis en 
liberté que le 6 décembre 1813, bien qu'on n'eût rien pu relever 
contre lui, si ce n'est un voyage à Paris, où il était venu 
acheter des atlas pour son élève, chez Goujon, rue du Bac. 

L'Abbé delà Bruyère, habitait Marseille, il était en relations 
avec Bertrand du Coin, qui demeurait à Lyon. Il lui faisait 

(1) Vie du R. P. Chrysost. de St-Lo par Boudon, 1684, in-12. 
Pluquet, bibliographie, etc., p. 69. 

(2) Le 29 septembre 4640, le P. Chrysostome de Saint-Lo, 
donnait aux Religieux Pénitents du couvent de Saint-Lo. le pou- 
voir d'employer une renie de 100 1. constituée par François 
Michel escuier, sieur de Beaulieu. 

Arch. dépar. Manche, H. Religieux Pénitents, 1. I. 

{Note de la rédaction). 



- 43 - 

passer les pièces que lui remettait André Morelli, valet de 
chambre de Pie VII, et qui devaient être expédiées aux Car- 
dinaux noirs. De Lyon, ce3 documents, par les soins de 
M. Franchet d'Esperey, arrivaient à Paris, à Vanney, commis 
du banquier d'Audiffret, qui les portait chez l'Abbé Perreau. 
11 y avait là toute une organisation catholique pour faciliter les 
relations du vénérable Pontife avec ses Conseillers naturels, 
les Cardinaux. Il est glorieux pour un enfant du diocèse de 
Coutances, d'avoir subi la persécution pour une si noble 
cause (1). 

Enouf (Jacques). — Né à Saint-Lo, au commencement du 
xvii* siècle, professa quelque temps la Rhétorique dans 
cetle ville ; ensuite, il entra dans la Congrégation des Eudistes 
et fut principal du Collège de Lisieux. Il était contemporain et 
ami de Guillaume Ybert, auteur d'un poëme latin sur la Ville 
de Saint-Lo. Le P. Enouf, a composé beaucoup de pièces 
de vers latins, sur les événements de son temps. On remarque 
entre autres une pièce assez longue sur la réception des 
Reliques de Saint Lo. Ses vers ont de la douceur et de 
l'harmonie. (2) 

Faucillon (Pierre). — Naquit à Saint-Lo. 

Il devint chanoine régulier et prieur claustral de l'abbaye de 
cette ville. Successivement curé de Sainte- Catherine de l'Hôtel- 
Dieu de Saint-Lo (1515), puis de Sainte-Croix (1519), ensuite 
de Saint-Thomas (1523), il le fut enfin de Notre-Dame, la 
principale paroisse de la ville, en 1525. Il était encore curé de 
cette paroisse, le 15 avril 1532, lors de l'entrée du roi François I er 
dans la ville de Saint-Lo. Il fut délibéré en la maison com- 
mune que le P. Faucillon, présiderait le clergé à cette 
réception solennelle du roi de France. « Il a été conclu, déli- 
béré et ordonné, qu'il serait procédé et serait tenu telle forme 

(!) Revue des Questions historiques, 28 e année, 1 er Avril 1894, 
p. 549. 
(2) Annuaire de la Manche, année 4883, p. 246, 



— 44 — 

et ordre à la réception du dit Sire, ainsi qu'il en suit : « Est 
que les gens ecclésiastiques honnestement accoustrés et en bon 
ordre, vaistus de chappes, avec les croix, bannières, iraient et 
marcheraient au devant dudit Sire, jusqu'à la barrière comme 
Ton va à la Madelaine ; lesquelles croix, bannières, précéde- 
raient les enfants des écoles ; et ordonné qu'incontinent qu'aus- 
sitôt que le Roy, nostre dit Sire,arriveroità l'endroit, le clergé, 
que vénérable et discrette personne M c Pierre Faucillou, 
prestre et curé de Nostre-Dame dudit Saint-Lo, prieur de l'ab- 
baye dudit lieu, qui conduit ledit clergé, commençast à chanter 
le Te Deum Laudamus, ce qui pour lors fut exécuté de la 
manière susdite. » (1) 

En 1512, le prieur de l'abbaye de Saint-Lo avait traduit en 
vers français le Blason de la mort et le contentement de 
mourir, de Baptiste Mantuan. Cette traduction est dédiée à 
Robert de Coquebourne, évêque de Bresse, trésorier de la 
Sainte-Chapelle et Abbé de Saint-Lo. Le livre est terminé par 
une ballade à la gloire de la ville de Saint-Lo, dont le refrain 
est : « Garde le lieu que ton Saint décore. » (2) 

Foucher (Michel). — Né à Saint-Lo, docteur en théologie 
de la Faculté de Paris, de la maison et société de Navarre, 
conseiller en la chambre souveraine du clergé, vicaire général 
de l'Archevêché de Paris, censeur royal et ancien principal du . 
Collège de Navarre, mort à Paris le 28 juillet 1784 ou 1787. 
11 avait beaucoup voyagé et a laissé un grand nombre de 
relations fort bien écrites de ses voyages. Il avait été maître 
d'études de M. de Juigné, Archevêque de Paris. Il a fait de 
grands biens au Collège de Navarre. (3) 

P. Gérard, de Saint-Lo. — « Il était, dit un manuscrit, 
un religieux bien doux et d'une humeur admirable pour Fin- 

(1) Annuaire de la Manche, année 1862, p. 4& 
(-2) Pluquet, op. cit., Bibliographie, etc. p. 428 
(3) G. J. Lan^e, Ephémérides Normandes. 
Moréri des Normands, tome 1. 
Pluquet, biblioth. etc. p. 139. 



— 45 — 

iiocence de res mœurs et d'un esprit très pénétrant pour les 
sciences de l'Ecriture-Sainte. Très zélé de sa profession, très 
charitable pour ses frères et très austère pour luy-même ; car 
il portait une haire en crin de cheval sous son habit de bure ». 
Il s'offrit au P. Provincial des Capucins de Rouen pour se- 
courir les malades de Ja ville. Envoyé du couvent de Caen, 
où il étudiait la théologie, il vint à celui de Sotteville, dont 
le prieur était le P. Paulin du Tréport (1). En excerçant son 
charitable ministère, il fut attaqué de la maladie contagieuse. 
« Il reçut cette affliction avec un cœur gay et content, ne cher- 
chant que son Dieu et ne songeant pas au monde, ainsy que 
doit faire un capucin qui a donné toute sa vie un bon exemple. 
Un des Pères qui assistait les malades luy dit, le voyant si 
gay : « Mon Père, il semble que vous n'ayez aucun regret de 
mourir. » — « Non, répondit-il, et s'il fallait dire un seul 
Ace Maria pour retourner dans la santé parfaite que j'avais, 
je ne le dirais pas. » Paroles bien dignes d'un enfant de 
saint François 

Il demanda pardon à tous les religieux de la Province, tant 
aux frères présents qu'absents; il fit plusieurs actes de contri- 
tion, reçut les Sacrements de l'Eglise et rendit sa belle âme à 
Dieu en disant : Magnificat anima mea. Cette mort arriva le 
23 août 1623. Le P. Gérard de Saint-Lo était capucin depuis 
"le 2 mai 1617. Il fut enterré dans le cimetière de Saint- 
Maur (2). 

Gouey (Charles-François de). — Charles-François de 
Gouey, chanoine régulier de Saint-Augustin, était Religieux 
de l'abbaye de Saint-Lo, lorsqu'il succéda, en 1698, à son 
confrère Thomas Madeline. Il était d'une famille d'ancienne 
noblesse, de Hauteville-la-Guichard, berceau de l'illustre fa- 

(1) Il fut le premier provincial des Capucins de Normandie, 
*6tUi. 

(2) P. Edouard d'Alencon, capucin, Les Capucins de Rouen, etc., 
p 18, in-8°, 1890, p. 04.* 



— 46 — 

mille des Tancrède (1). Né vers 1652, il avait environ qua- 
rante-six ans lorsqu'il succéda à M. Madeline. Intelligent, 
actif, caractère ouvert, d'une énergie peu commune, ne vou- 
lant que le bien et allant droit au but sans se mettre en peine 
des obstacles qu'il pouvait rencontrer sur son chemin : tels 
sont les caractères principaux de cette nature d'élite. Il continua 
en prenant le gouvernement de la paroisse Notre-Dame, le 
genre de vie de son vénérable prédécesseur. 11 vivait en 
commun avec d'autres ecclésiastiques, dans la maison donnée 
en 1684 à M. Madeline. Sa vie, comme celle de ces bons 
ecclésiastiques, était la vie de fervents religieux. 

En tout temps, ils se levaient à cinq heures ; ils faisaient 
ensemble la prière et la méditation. A six heures, les prêtres 
qui devaient réciter l'office, se rendaient au chœur, suivant 
la coutume de ce temps-là. Le Supérieur présidait les repas, 
comme dans les séminaires ecclésiastiques, et chacun des 
associés lisait, à son tour, un chapitre ou la moitié d'un cha- 
pitre de l'Ecriture-Sainte. Après le souper, tous s'entretenaient 
de choses édifiantes et instructives et de ce qui pouvait procu- 
rer le bien spirituel de la paroisse. A 9 heures, on faisait la 
prière du soir, l'examen de conscience et la lecture du premier 
point de la méditation du lendemain. 

Mais ce qui distinguait surtout M. de Gouey, c'était sa 
charité extraordinaire. M. Hérambourg, dans ses mémoires, 
en parle comme a d'un pasteur fort zélé pour les pauvres ». 

Aussi, quand le Père Hérambourg, Eudiste de Coutances, 
proposa d'établir un bureau de charité à Saint-Lo, non seule- 
ment le pieux curé de Notre-Dame approuva ce projet, mais 
il promit son concours le plus dévoué. Le nombre des pauvres 
s'étant accru, à la suite du rigoureux hiver de 1709, M. de 
Gouey avait vu ces malheureux poussés à la révolte, et il 
avait fallu toute la fermeté du maire de Saint-Lo, M. Duche- 

(1) La famille de Gouey avait pour armes : Parti de gueules et 
d'azur à la fasce d'or, au premier chargé de deux lions affrontés 
d'argent, et au deux d'une syréne de même. 



— 47 — 

min de la Tour, pour les contenir dans le devoir. La création 
d'un bureau de charité répondait donc à un besoin, et remé- 
diait, au moins en partie, à une situation qui s'aggravait tous 
les jours davantage. 

Le curé de Notre-Dame apporta dans cette affaire son acti- 
vité habituelle ; il rassembla les notables dans son église, leur 
exposa la triste situation des pauvres malades de sa paroisse, 
et leur proposa de les faire soigner « par plusieurs honnestes 
filles», dxitil avait pu déjà apprécier le dévouement et la 
piété. Tous aprouvèrent son dessein et signèrent un acte 
connu dans les Annales du Bon-Sauveur sous le nom à! Acte 
des Pauvres. Il ne s'agissait point de soulager tous les indi- 
gents de la ville, mais seulement les maladis nécessiteux. Le 
Bureau de Saint-Lo fut établi comme l'avait été celui de 
Goutance3, sur le modèle des confréries de la Charité de 
Saint Vincent de Paul. C'était l'établissement définitif de 
l'Œuvre des Pauvres malades. Mlle de Surville, la future 
fondatrice du Bon-Sauveur de Saint-Lo signa Y Acte des 
Pauoreêy avec les notables et Jeanne du Buisson, sa compa- 
gne. Cet acts fut dressé et signé, le 14 août 1709. 

M.deGouey avait àcoeur l'établissement d'une autre œuvre, 
dont on sentait depuis longtemps la nécessité à Saint-Lo. Le 
Protestantisme en égarant les esprits avait perverti les cœurs. 
L? libartinage exerçait de grands ravages dans la ville et en 
particulier dans la paroisse Notre-Dame. M. de Gouey con- 
sulta les autres cur.is de la ville, et tous furent d'avis qu'il 
serait très utile de bâtir, dans un faubourg, un monastère de 
Notre-Dame-de-la-Cliarité-du-Refuge, afin d'y renfermer les 
malheureuses victimes du vice et de les ramener à la vertu. 

Dès l'année 1705, il écrivait son projet aux religieuses de la 
Charité de Caen, qui entraient dans ses vues. Une personne de 
piété prenait rengagement de fournir l'argent nécessaire à la 
fondation. M. de Matignon, seigneur et baron de Saint-Lo, 
donna son consentement, le 8 août 1705. Le 12 août suivant, 
le digne curé adressait sa requête aux maire et échevins de la 



— 48 — 

ville. Les principaux habitants se réunirent pour en délibérer 
et donnèrent un avis favorable. Mais le roi refusa ses lettres 
patentes à rétablissement. Mgr de Loménie de Brienne ne man- 
qua pas d'encourager les efforts du zélé curé de Notre-Dame, 
comme Patteste une lettre du 1 er octobre 1706. Enfin, croyant 
le moment plus favorable, M. de Gouey se rendit à Paris, au 
mois de janvier 1707; il logeait à l'hôtel de Coutances, rue de 
la Monnaie, paroisse de Saint-Germain-PAuxerrois, il employa 
six semaines en négociations de toutes sortes, sans pouvoir 
venir à bout de vaincre les résistances de la Cour. Tout ce 
qu'on lui permit fut de créer une annexe à l'hôpital général. Il 
se résigna à rattacher son œuvre à l'hôpital, et il voulait en 
confier la direction aux sœurs de la Charité de Caen. Il acheta 
quelques mois plus tard à leur profit, de M. Jean de Pierre- 
pont, une maison située dans un des faubourgs de la ville, rue 
de la Grande-Rue. Il fit les réparations nécessaires à cette 
maison, et prépara un oratoire pour les religieuses. Mais 
celles-ci se désistèrent de leur entreprise. M. de Gouey n'eut 
d'autre parti à prendre que celui d'observer les ordres de la 
Providence. Ils ne se firent pas attendre. 

Mme du Hamel de la Monderie, femme de M. du Hamel de 
la Monderie, conseiller du roi, échevin et lieutenant en la juri- 
diction des traites, avait perdu son mari, le 21 mai 1709. La 
pieuse veuve, femme d'une haute vertu, proposa à M. de 
Gouey de commencer à la maison de la Grande- Rue, l'œuvre 
qu'il avait tant à cœur. Le curé accepta cette offre géné- 
reuse et s'empressa d'informer Mgr de Loménie de Brienne 
de la détermination de la vertueuse dame. La réponse du pré- 
lat fut telle qu'on devait l'attendre de son zèle et de sa piété. 
En attendant les lettres patentes du roi, il donnait l'autorisa- 
tion « d'établir les filles séculières dans la maison, pour vivre 
ensemble dans l'exercice de la piété et de la charité chrétienne 
et y recevoir les filles et femmes débauchées, qu'on leur amè- 
nerait, pour tâcher de les corriger et de les convertir » De nou- 
velles instances présentées au roi le 17 mars 1710, à Versail- 



- 49- 

les, par le maire et les éehevins de Saint-Lo, obtinrent enfin, 
le jour même, les lettres patentes tant désirées. » Sa Majesté 
voulant favorablement traiter lesdits maire et éehevins, 
leur a permis et permet d'acheter une maison dans le fau- 
bourg où est l'hôpital en question, pour y recevoir les femmes 
et les filles séparément des hommes ». Et le 20 janvier 1711, 
le maire et les éehevins autorisèrent M. de Gouey à passer 
en leur nom contrat d'acquêt de la maison de la Grande-Rue. 
Désormais l'œuvre du Bon-Sauveur était fondée, et malgré 
des oppositions puissantes, elle allait grandir sous la protection 
du curé de Notre-Dame. Dès l'année 1711, les sœurs reçurent 
quelques enfants, entre autres une jeune protestante, nommée 
Jeanne Blondel. Ce ne fut toutefois qu'en 1712 qu'elles purent 
ouvrir Vécole véritable. Mgr de Brienne plaça Mlle de Sur- 
ville à la tête de la Communauté naissante, et le Père Héram- 
bourg fut nommé supérieur ecclésiastique. Ce fut le 29 sep- 
tembre 1712, que les sœurs firent leurs vœux entre les mains 
du Père Hérambourg, leur supérieur. On les appela Sœurs du 
Bon-Sauveur, à cause de leur oratoire dédié au Saint-Sau- 
veur. (1) 

M. de Gouey n'eut pas moins de part que le Père Héram- 
bourg à l'établissement du Bon-Sauveur. L'un avait fait la 
Communauté extérieure, l'autre lui donna la forme et la vie, 
en lui donnant son esprit et ses constitutions. Le curé de Notre- 
Dame voulut assurer l'indépendance de la Communauté dans 
les limites du droit vis-à-vis de la paroisse. Il la plaça, en 
1717, dans les conditions des autres maisons religieuses, et il 
supplia ses successeurs « de ne point inquiéter les cœurs au 
sujet des permissions qu'il leur accorde. ». Une des raisons 
principales qui le déterminèrent, quatre ans plus tard, à donner 
sa démission en faveur de M. Le François, ce fut l'espé- 
rance que son vicaire, devenu curé, ne changerait rien à ce 
qu'il venait d'établir. Ses prévisions ne furent pas trompées. 

(I) Archives du Bon-Sauveur de Saint-Lo. 



— 50 — 

M. de Gouey avait passé sa vie au service de Dieu et des 
pauvres, et lui-môme était si pauvre qu'arrivé à la vieillesse, 
après plus de vingt ans passés à Notre-Dame de St-Lo, il se vit 
obligé de demander au Souverain-Pontife, le 25 avril 1721, 
« de lui réserver sur ce bénéfice une pension annuelle de trois 
cents livres tournois, étant d'un âge de 74 ans » (1). II avait 
résigné sa cure, en 1721, il vécut encore dans une longue 
souffrance, et il alla recevoir la récompense de son zèle et de 
ses travaux le 21 octobre 1723, à l'âge de soixante-seize ans. 

Grimouville-Larchant (Charles- Siméon de). — Né à 
Saint-Lo le 18 février 1751, entra dans l'état ecclésiastique. 
Il était, avant la Révolution, chanoine et grand vicaire de 
Lisieux, où il résidait depuis longtemps. Il avait été vicaire 
général sous l'épiscopat de Jacques-Marie de Condorcet, pré- 
décesseur de Jules-Basile de la Ferronnaye, sur le siège de 
Lisieux. 

En 1787, nous le voyons faire le pèlerinage de Notre-Dame 
de Torcé, au diocèse du Mans. 

L'ancien chanoine de Lisieux passa la plus grande partie de 
la Révolution à Jersey, et il était devenu grand vicaire pour 
les catholiques de Jersey et de Guernesey. L'évêché de Saint- 
Malo ayant été rétabli par le concordat de 181? ? Louis XVIII 
l'y nomma ; mais il ne rentra pas en France et continua ses 
fonctions d'administrateur à Jersev. Il fut un des plus em- 
pressés à signer la formule de soumission, demandée en 1818 
par M. Poynter, évêque de Londres, aux ecclésiastiques fran- 
çais retirés dans son district. Le refus de signer cette formule 
devait faire connaître ceux qui osaient rompre avec la commu- 
nion du Saint-Siège. L'abbé de Grimouville-Larchant mourut 
à Jersey, le 20 septembre 1821 , à l'âge de 74 ans. (2) Charles- 

(1) Abbé Ménard. Une Servante des pauvres. La mère, 
Elisabeth de Surville, m 8°, Toura, 1887, passim. 

(2) V ami de la Religion, t. 30, p. 297 (an. 1822, janvier i2). 
ibid. U 3t, p. 89. 



— 51 — 

Siraéon de Grimouville possédait toutes les vertus qui font 
les saints évèques, et il aurait honoré le siège de Saint-Malo 
si Dieu avait permis qu'il en eût pris possession. (1) 

Un autre abbé de Grimouville-Larchant était chanoine de 
Bayeux. Né le 30 septembre 17389 il fit ses études théolo- 
giques au séminaire de Saint-Sulpice, où il fut admis le 22 
novembre 1762. (2) 

Dans le xvn e siècle, on trouve Jules de Grimouville, et vers 
la fin du suivant, Charles- François de Grimouville-Larchant,(3) 
marié à Isabelle-Pétronille Van-Everbroeck, dont on voit la 
pierre tumulaire dans l'église de S t- Thomas, à Saint-Lo, sur 
laquelle on lit cette inscription : 

CY GIST LE CORPS GRIMOUVILLE 

DE NOBLE DAME LARCHANT DIT LA 

ISABELLE LANDE DAIROUX 

PÉTRONILLE CHEVALIER 

VAN EVERBROECK INHUMÉE DANS 

DE MALINNES CETTE ÉGLISE 

ÉPOUSE DE M e LE 26 AOUST 

SIRE CHARLES 1775. PRIEZ DIEU 

FRANÇOIS DE POUR LE REPOS 
DE SON AME. 

Guillaume de Saint-Lo. — S'appelait ainsi du lieu de 
sa naissance. 

Il devint abbé de St-Victor en 1345. Ce 22 e abbé de l'abbaye 
fondée par Louis VI était docteur en théologie. On voit qu'il 
se piquait de littérature. Sa maison avait été fondée par des 
hommes d'étude, et Pasquier a raison de dire que les lettre* 
y furent toujours logées à bonnes enseignes. Guillaume de 
Saint-Lo exerça le talent qu'il se croyait à écrire une suite de 
notices sur la vie des hommes illustres de son abbaye. Malheu- 

(1) Tresvaux, L'Eglise de Bretagne, p. 253. 

(-2) Registre d'inscription des élevés du sém. de St-Sulpice. 

(3) Les armes des de Grimouville-Larchant étaient sur la 
porte du château de la Lande-d'Airou, dont ils possédaient la 
seigneurie, savoir : de gueules à 3 étoiles d'or posées 2 et \; Vécu 
est penché et surmonté d'un casque de côté. Support: deux 
sauvages ayant un genou à terre. 



- 52 — 

reusement, il laisse voir par ses phrases ampoulées et de mau- 
vais goût qu'il avait de la prétention au beau style. 11 se trou- 
vait, pour faire ce travail, dans les meilleures conditions. 
Il n'était séparé des trois plus grands docteurs de Saint- Victor, 
Hugues, Richard et Adam, que par 150 ans, et en interrogeant 
la tradition des Victorins, il pouvait encore la trouver toute 
vive. Dans un monastère, les Pères communiquent aux no- 
vices toutes les légendes, qui sont comme les titres de noblesse 
du couvent. Comme on n'a pas à se raconter les choses du 
monde, on se raconte avec plus de fidélité les choses du 
clottre. C'est sur cette tradition orale, encore toute pleine de 
fraîcheur, que Guillaume de Saint-Lo composa ses annales 
biographiques. Si Ton veut avoir une idée de sa versification, 
voici une pièce que lui attribue Jean de Toulouse, autre anna- 
liste victorin du xvu° siècle. Elle est écrite à l'honneur des 
trois grands docteurs de Saint- Victor au xn e siècle (Hugues, 
Richard et Adam), et elle fait allusion à cette particularité que 
l'abbaye royale de Saint-Victor, si féconde en grands hommes, 
ne le fut pas en saints, puisqu'aucun ne fut canonisé : 

Hi très canonici, licetabsint canonizali, 
Mente pia dici possunt tamen esse beati. 

Le plus ancien document et le plus important que Ton 
puisse citer sur les origines de saint Victor, c'est donc la notice 
de Guillaume de Saint-Lo. Deux anciens manuscrits du fonds 
de Saint- Victor nous l'ont fidèlement transmise. Ce sont le 
n° 842 et le n° 554. Ces deux manuscrits sont du commence- 
ment du xv c siècle. M. L. Gautier, dans ses œuvres poétiques 
d'Adam de St-Victor, ne pardonne pas aisément à Guillaume 
de Saint-Lo son style alambiqué, et, parlant de ses vers, il 
ajoute malicieusement : « Ils ne sont pas plus mauvais que 
sa prose ». Le lecteur en jugera lui-même par le huitain 
suivant consacré à la triple gloire de Hugues, de Richard et 
d'Adam de Saint-Victor, et dont ces grands esprits se seraient 
bien passés : 



— 53 — 

Sunt ibi doclores theoprimi Parisienses, 

Principiatoris studii. radiantes velut enscs (!!) 

Fragrant ut nardus ! hic Adam situs, Hugo, Richardus ; 

Nullus in his tardus : sed ad orane bonuxn vigil Argus. 

Plurima scripserunt, faclis, verbis docuerunt, 

Cum populo clerum, Scit hoc hœc civitas fore verum, 

Hi très canonici 

En 1346, l'Abbé de St- Victor, Guillaume de Saint-Lo, fit 
un accord avec l'abbé de Saint-Germer-de-Flaix, au sujet de 
quelques différends. En 1348, Tannée qui précéda la mort de 
Guillaume, Foulque de Chanac, évêque de Paris, apaisa cer- 
tains dissentiments qui avaient éclaté entre les Victorins et les 
chanoines de Champeaux à propos d'une prébende que les 
premiers possédaient dans cette collégiale. Cette même année, 
Foulque invitait les fidèles de son diocèse à faire un^pèlerinage 
aux reliques de Saint-Sébastien que l'on conservait dans 
l'église de Saint- Victor, pour faire cesser le fléau de la peste 
qui sévissait alors dans la capitale de la France. 

Guillaume de Saint-Lo mourut en 1349, le 8 juin, jour de 
- la Sainte-Trinité (1). 

Hekbert. — Petit fils ou fils de Henri I, roi d'Angleterre 
et d'une damoiselle Corbet de Saint-Lo, dut naître au château 
de la Vaucelle. Il était chapelain du roi Henri II, son parent, 
quand il fut appelé à succéder à Richard de Subligny sur le 
siège épiscopal d' Avranches. Il vit la transformation de Savi- 
gny, et ses immenses progrès. Il assista, en compagnie de 
Hugues de Cluni, archevêque de Rouen, de Richard, deCou- 
tances et de Rotrou d'Evreux, à l'élévation des reliques de 

(1) Catalogue des noms des chanoines de Saint-Victor, dressé 
d'après les manuscrits deTousselet, prieur en l'an 1452, et com- 
plété par Jean de Toulouse, Ms, S. V. 1049. 

L Gautier, Œuvres poétiques d'Adam de Saint- Victor. Avant- 
propos, Passim. 

M. Chevalier. Répertoire des sources historiques du Moyen 
Age, col. 975. 

Fisquet. La France Pontificale Paris, t. 2, p. 421. ' 



— 54 - 

StFirmat, dans la collégiale de Mort ai n. Cette cérémonie se fit 
en 1157. 

La même année, le roi Henri arriva à Avranches, suivi de 
son armée, pour prendre de vive force le comté de Nantes, qu'il 
prétendait lui appartenir. Le duc de Bretagne, afin de détourner 
l'orage qui allait fondre sur lui, vint trouver Pévèque 
d' Avranches, Herbert, et le pria d'être son médiateur. Herbert 
le présenta au roi Henri et termina leur différend. 

Le même prélat eut l'honneur de recevoir à Avranches les 
deux rois Louis VII et Henri II, qui vinrent de concert accom- 
plir un pèlerinage au Mont Saint-Michel. Il y célébra pontifi- 
calement devant ces princes. Au retour, ils passèrent deux jours 
à Avranches, où ils se firent voir à leurs sujets et donnèrent 
audience. Herbert avait eu la gloire de bénir Robert de Tori- 
gny, l'un des plus grands abbés du Mont St-Mîchel. Cet 
évêque mourut au Bec, le 6 septembre 1161, et y fut enterré à 
côté de Richard de Beau fou, son parent. Un monument 
commun recouvrait leurs restes. (1) 

Le Bedel, prêtre, né à Saint-Lo, dans les dernières années 
duxvn c siècle,estunde ces littérateurs presque inconnus, dont 
le nom n'a retenti que dans les recueils palinodiques de la ville 
de Caen. Il se livra à la poésie française avec un certain succès, 
puisque, dans l'année 1715, il fit un sonnet qui remporta le 
premier prix de cette académie. Ce sonnet avait pour titre : 
« Clélie qui s'échappe des mains de Porsenna » . Nous le trans- 
crivons, pour donner un type de ce genre de poésie : 

Malgré de Porsenna la fureur impuissant*) 

Qui croit mettre à la chaîne, et Rome et les Romains; 

Le courage assuré de celle que je chante, 

Sçaura la délivrer de ces barbares mains. 

(1) Robert du Mont, Appendix ad Sigeberlum, chronxca Aor- 
manniœ. 

Lecanu, Hist. du diocèse de Coutances, etc , t. I, p. 249, 2S2. 

Desroches, Hist. du Mont S. Michel, et de Vanc.dioc.d'Avr. 
t. I., p. 3*5, 340, 34*. 



— 55 — 

Quoiqu'aa milieu des fers, Glélie est triomphante, 
Captive, elle conçoit de généreux desseins, 
Et par une valeur dans son sexe étonnante 
De Porsenna détruit les projets inhumains. 

Déjà de ce tyran elle n'est plus captive; 
Fuyant elle triomphe, et cette fugitive 
Méprise du vainqueur le joug impérieux, 

Chaste Reine du ciel, ô vierge glorieuse, 

N'est-ce pas ton portrait que cette vierge heureuse, 

Quand tu vaincs des enfers le démon furieux? » 

On trouve quelques autres pièces de cet auteur dans le recueil 
des Palinods de Caen. (1) 

Le François (Jean). — Né à Saint Lo en 1684, fit de bril- 
lantes études au collège de cette ville et se fît recevoir docteur 
en médecine ; mais se sentant appelé à une vocation plus haute, 
il abandonna cette carrière pour embrasser l'état ecclésiastique. 
Il n'était que diacre, dans un acte, où il signe comme témoin, 
le 14 août 1709. Ordonné prêtre Tannée suivante, il fut immé- 
diatement nommé vivaire de M. de Gouey, curé de Notre-Dame 
de Saint-Lo, qui l'aimait et l'estimait singulièrement, et dont 
il devait être un jour le successeur. Douze ans plus tard, en 
effet, en 1721, M. de Gouey résignait sa cure en faveur de 
l'abbé Le François, ce digne ecclésiastique, qui l'avait si bien 
secondé dans les entreprises de son zèle. Pendant près d'un 
demi siècle que M. Le François occupa la cure de Notre-Dame, 
il s'employa avec zèle à soutenir les œuvres de son prédéces- 
seur. L'établissement du Bon-Sauveur en particulier ayant été 
l'objet constant de la sollicitude de M. de Gouey, il ne montra 
pas moins de dévouement à l'égard de cette maison, dont il fut 
nommé le supérieur. (2) 

Le Grand (Joachim). — Né à Saint-Lo ou à Torigny, le 6 

(\) Notice de Ed. Lambert : Ann. de la Manche, année 1852, 
p. 7-25. 

(2) Abbé Ménard, Une servante des pauvres, la mère Elisabeth 
de Surville. Tours, in-8°, 4887, p. 287. 



— 56 — 

février 1653, commença ses études, de 1666 à 1670, sous les 
régents de sa ville natale, et fit sa philosophie à l'Université de 
Caen. Il entra dans la Congrégation de l'Oratoire en 1671 . Il en 
sortit en 1676, et sur le conseil du célèbre historien, le P. Le- 
cointe, il so mit à l'étude de Phistcire et de l'archéologie. Son 
premier ouvrage fut un éloge du P. Lecointe. 

Il fut d'abord précepteur du marquis de Vins et ensuite du 
duc d'Estrées, qu'il accompagna plus tard, en 1692, en Portu- 
gal et en Espagne, avec le titre de secrétaire d'Ambassade. 

L'abbé Legrand acquit dans cet emploi un grand talent pour 
les négociations, et fut à son retour en France, nommé secré- 
taire-général de la Pairie. Il s'occupa alors de recherches his- 
toriques, de traductions, et publia plusieurs ouvrages qui l'ont 
fait regarder comme l'un ^es savants les plus habiles du siècle 
de Louis XIV, dans la connaissance du droit public de l'Eu- 
rope. 

Ses controverses avec le Recteur Buruit, évêque de Salis- 
bury, relativement à l'histoire de la Réforme en Angleterre, 
furent entièrement à son avantage. 

Comme l'un des hommes les plus versés dans la connais- 
sance de nos sources historiques, il fut choisi en 1717 pour un 
des principaux collaborateurs destinés à former la collection 
des historiens de la France, qui parut d'abord sous le nom de 
D. Bouquet en 1720. On l'employa également à l'inventaire 
des chartes. On trouve beaucoup de détails sur sa vie, dans la 
bibliothèque historique de la France par M. Fouret de Fon- 
tette, où est le catalogue raisonné des ouvrages de l'abbé Le 
Grand. 

Il mourut à Paris, en mai 1733. Le principal de tous ses ou- 
vrages est resté manuscrit. C'est une histoire de Louis XI, qui 
a été copiée par Duclos, dans l'ouvrage qu'il a publié sur ce 
monarque. 

Voici la liste de ses principaux ouvrages : t Histoire du di- 
vorce de Henry VIII, roi d'Angleterre, et de Catherine d'Ara- 
gon, Paris 1668, 3 vol in-12 ; Histoire de l'Ile de Ceylan, 



— 57 — 

traduite du Portugais de J. de Ribeyra, Trévoux 1701, in-12 ; 
Relation historique d'Abyssinie ». Cette relation est traduite 
du portugais du P. J. Lobo, Paris, 1728, in-4°et in-12. 

Traité de la succession à la couronne de France par les Ag- 
nats, avec un mémoire touchant la succession à la couronne 
d'Espagne, Paris 1728, in-12. L'abbé Le Grand a laissé, 
nous l'avons dit, une histoire manuscrite de Louis XI dont 
l'on trouve l'analyse dans la vie de l'auteur, par le P. Bougerel. 

L'Allemagne menacée d'être bientôt réduite en monarchie 
absolue, 1711, in-4°. 

Mémoire touchant la succession de la cour d'Espagne, 1711, 
in 8°. 

Il écrivit en faveur deY Histoire des variations de Bossue t. 

C'était un critique laborieux et exact. (1) 

Le Menuet, était curé de Moon, près de Saint-Lo, lorsqu'il 
remporta le prix proposé par l'Académie de Caen pour cette 
question : « Est il plus avantageux de planter en Normandie 
des pommiers dans les bonnes terres propres au labour ? » (2) 

Leterrier (Pierre-François-Honoré), né à Saint-Lo, le 
10 mai 1799, fit sa philosophie sous M. Daniel, qui devint plus 
tard évoque de Coutances, et se livra ensuite à l'enseignement, 
dans le collège de sa ville natale. 

Entré dans le sacerdoce, en 1822, il continua de professer et 
il s'occupa d'études métaphysiques et psychologiques, surtout 
en ce qui se rapportait aux mystères de l'âme humaine, et sut 
tirer de ces religieuses méditations les vérités, qu'il prêcha avec 
un talent remarquable dans les principales églises de la contrée. 

En 1824, forcé de suspendre ses leçons de philosophie, il 
alla prêcher le carême dans la principale église de Valogncs, et 
montra combien de force les doctrines religieuses peuvent tirer 

(4) Mémoires du P. Nicéron, Barnabite, t. 26, etc. 
De Gerville. Etudes Géograp. et Jlistor. sur le Départ, de la 
Manche, p. 260. 
(2) Pluquet, bibliographie, etc., p. 215. 



— 58 - 

des méditations philosophiques. L'année suivante, il rentra 
dans l'enseignement, et desservit en même temps une petite 
paroisse près de Saint -Lo. Malheureusement, sa faible consti- 
tution ne put supporter les travaux apostoliques du Jubilé. 
Depuis cette époque, il ne fit que languir et ne tarda guère à 
rendre le dernier soupir. 

11 mourut à la fleur de l'âge, le 15 mai 1828. 

En lui, la religion, les sciences philosophiques et l'Université 
perdaient un de leurs vaillants défenseurs. 

IL a publié, sur les matières qui avaient fait le fond de ses 
études de prédilection, un ouvrage intitulé : L'Autorité et 
V Évidence. Saint-Lp, Elie, 1823, in-8°, sans nom d'auteur.(l) 

Diguet du Manoir (Marguerite), fille de Gabriel Diguet, 
notaire à Saint-Lo et secrétaire de PHôtel-de- Ville, était sœur 
de Elisabeth Diguet du Manoir, qui fit profession chez les 
nouvelles catholiques de Saint-Lo, le 14 janvier 1707, Elle 
môme pensait à quitter le monde, et ce fut peut-être au pied de 
l'autel où sa sœur aînée prononçait ses vœux, que sa vocation 
se décida d'une manière irrévocable. Dès cette année, elle 
s'associa avec mademoiselle Elisabeth de Surville, pour le soin 
des pauvres malades. Elle avait alors dix-huit ans. Ses parents 
ne lui permirent pas d'abord d'entrer dans la société des filles 
réunies pour les petites écoles de la maison de la Grande-Rue ; 
mais Dieu changea leurs dispositions, car le 9 mai 1713, le 
père de Marguerite, Gabriel Diguet, vint à la Communauté, 
avec MM. de Gouey et Le François ; il déclara en leur pré- 
sence avoir pour agréable le traité du mois de septembre 1712 ; 
et afin de seconder les pieux desseins de sa fille, et de lui 
fournir les moyens de subsister, « il promit de lui payer 
comme à sa sœur aînée Elisabeth, cent livres de rente viagère, 
en attendant la part de succession qu'elle recueillerait un jour 
et dont elle pourrait alors disposer à son gré ». Il y ajouta u.îe 

(i) Annuaire de la Manche ', 1820, p. 305. 



— 59 — 

rente de douze livres pour l'association. Dès lors, la sœur 
Marguerite Diguet du Manoir fut reconnue par ses compagnes 
comme Tune des fondatrices. Le 8 septembre 1715, elle eut la 
joie de voir sa sœur cadette Madeleine Diguet, venir partager 
sa retraite et faire sa profession. 

Madame de la Monderie, seconde supérieure du Bon-Sau- 
veur, avait résigné ses fonctions. Mgr de Brienne fit acte de 
haute sagesse en donnant cette charge à la sœur Marguerite 
du Manoir. Elle se distinguait par une grande piété, un 
jugement sûr, une volonté énergique, et il ne fallait pas moins 
que toutes ces qualités réunies pour soutenir l'œuvre, au milieu 
des ruines qui s'amoncelèrent tout à coup autour d'elle ; en 
moins de deux ans, les protecteurs de l'Institut naissant, Mgr 
de Brienne, le P. Hérambourg et M. de Gouey, descendirent 
dans la tombe. 

Elle obtint, le 12 septembre 1726, des lettres patentes confir- 
mativesde l'établissement du Bon-Sauveur. 

Elle assista, le 1 CP juillet 1733, à l'installation de la sœur 
Anne Leroy, première supérieure de la Communauté du Bon 
Sauveur de Caen. La mère du Manoir ne pouvait se lasser 
d'admirer l'action de la Providence dans le développement de 
sa Congrégation. Aussi exhortait-elle sans cesse ses filles à la 
reconnaissance. La mère du Manoir, mourut le jour de la 
Purification de la Sainte Vierge, le 2 février 1762.(1) 

Saint-Martin (Michel de), naquit à Saint-Lo, le 1 er mars 
1614. Il était écuyer et seigneur de la Mare du Désert. Son 
père, riche marchand, qui avait épousé une demoiselle de Caen, 
appartenant à la famille de de Thou, avait acheté un titre de 
noblesse du Canada, et était devenu marquis de Miskou. Héri- 
tier de ce titre quelque peu ridicule, ^ont il était cependant très 
fier, l'abbé de Saint-Martin rapporta d'un voyage en Italie le 
titre de docteur en théologie et la dignité de protonotaire apos- 



(i) Ménard, Une Servante des Pauvres. La mère de Surville, 
Tours, in-8°, 1887, passim. 



— 60 — 

tolique. Etabli à Caen, il imita les usages de la Cour de Rome, 
dans ses habits, son genre de vie, et ses dévotions. Devenu 
recteur vers 1652, il se mit en tête de faire porter des robes 
grises et des toques à tous les étudiants, à la manière des 
collèges de Rome. Il ne tarda pas à devenir un objet de raillerie 
pour les habitants de Caen. S'il était recommandable par sa 
piété et son zèle pour le progrès des sciences, il était d'une 
crédulité, qu'on a justement comparée à celle de Poinsinet le 
jeune. Il ne s'est pas moins rendu célèbre par les mystifica- 
tions qu'on lui a fait éprouver que par ses nombreux ouvrages. 
Au dire du Journal des Savants (t. 45, année 1709, p. 54), 
l'abbé de Saint-Martin couchait la nuit dans un four qu'il 
avait fait construire exprès et tapisser de peaux de 
lapin. 

On aurait peine à se figurer aujourd'hui que les faits rap- 
portés dans la Mandarinade de l'abbé Porée soient réels. 
La ville de Caen tout entière s'associait à la jeunesse des 
écoles, et guidée par un grave magistrat, M. Gonfrey, parent 
de l'abbé de Saint-Martin, avec l'appui du poète Segrais, l'un 
de ses échevins, et du marquis de Coigny, son bailly et gou- 
verneur, elle abusa de la crédulité du pauvre Recteur, affublé du 
nom « d'abbé de la Calotte », au point de lui offrir et de lui 
faire accepter, dans une cérémonie que lui seul prit au sérieux, 
le bonnet de Mandarin de Siam Cette cérémonie eut lieu en 
l'année 1685, au milieu des scènes les plus bouffonnes. L'abbé 
de Saint-Martin avait pris la chose au sérieux, et mourut bien 
persuadé qu'il était mandarin de Siam. Il mourut à Caen, le 
14 novembre 1687. Il fut enterré dans une chapelle magni- 
fique construite à ses frais, dans le couvent des Cordeliers de 
Caen. Il avait fait édifier l'école de théologie, fondé une 
chaire de théologie, dans le collège des Jésuites, et relevé la 
belle croix abattue par les Huguenots. 

L'abbé de Saint-Martin a écrit un grand nombre d'ouvrages, 
qu'il imprimait à ses frais et distribuait à ses amis.. On lui 
doit : 



— 6î — 

1° Les principes du gouvernement de Rome, Caen, Cavelier, 
1652 in-12; en 1659, Caen, G Leblanc, petit in 8<\ 

2° Voyage fait au Mont-Saint-Michel par la confrairie de 
l'église de Saint-Pierre de Caen, Caen, C. Leblanc, 1654, 
in-4° de 12 ff. 

3° Le bon et libéral officier, ou la vie et la mort de Jean du 
Bois, conseiller à la Cour des Monnaies de Saint-Lo, Caen, 
1655-1658, in-12. 

4° Récit de l'entrée solennelle dans Baveux de Mgr de 
Nesmont, etc., Caen, 1662, in-4°. 

5° Respect dû aux églises et aux prêtres, Caen, 1664. 

6° Relation d'un voyage fait en Flandres... Cambrésis, etc., 
en l'année 1661, Caen, 1667, in-12. 

7° Traité des images en bosse, qui sont dans les places de 
Caen, etc. Caen, Jean Briard, 1678, in-12, de 140 pp. 

8 e Description de la ville de Saint-Lo... et du cardinal du 
Perron, Caen, 1680, in 12. 

9° Le Livret des voyageurs à Caen, ouvrage des plus 
curieux. 

10° Portrait et éloge de Charles de Lorme, père de la fameuse 
Marion de Lorme, fille naturelle et légitimée. 

11° Moyen facile et éprouvé dont M. de Lorme s'est servi 
pour vivre près de cent ans, 1682, Caen ; ou Maria Yvon, 
1683, pet. in-12. 

A consulter : 

La Mandarinade ou Histoire du Mandarinat de M. de 
Saint-Martin. La Haye, Paupie, 1738, 3 vol. in-12. Cet 
ouvrage, public sous le pseudonyme deCensorinus Philalethès 
est plaisant et singulier. C'est un recueil de pièces en prose et 
en vers, où l'auteur, Charles-Gabriel Porée, raconte les anec- 
dotes de l'ancien recteur. 

Danielis Huetii, Episcopi Abrincensîs carmina, 1709 s 
in-16 de 130 pp. L'auteur, dans une des douze épigrammes de 
son livre, fait un portrait énigmatique de l'abbé de Saint- 
Martin. 



— 62 - 

Alleaume, éloge des deux frères Porée (Mémoires fie l'Aca- 
démie de Gaen, 1855). 

Ed. Frère, le bibliographe normand. 

Jules Thieury. Bibliographie Italico-Normande, Paris 1864, 
in-8°, p. 62. 

In opéra nobilissimi viri domini Michaelis à Sancio 
Martino y sacrœ Theologiae doctoris in Academia romana, 
protonotarii apostolici, nec non regise Cadomensis acadé- 
mies rectori* amplissimi elogia. Cadomi, Adam Cavelier, 
1653, in-4°. 

Martin-Martinière. — Il fut élève de M. Gilbert aux 
Petits-Séminaires de Coulances et de Muneville. Sa vocation 
devait être celle de son vénérable supérieur; il fut comme lui 
éducateur de la jeunesse chrétienne. Il n'était âgé que de 
21 ans, lorsqu'il entra comme professeur à l' Abbaye-Blanche. 
C'était en 1841. Il y venait en compagnie de MM. Charles 
Dubois et Edouard Gohin, qui comme lui avaient puisé à 
Muneville le secret des fortes études, en même temps qu'ils y 
apprenaient à diriger vers le bien ceux qui honorent aujour- 
d'hui le sacerdoce. On venait de donner pour supérieur à la 
maison M. l'abbé Ménard, qui par ses connaissances théolo- 
giques et la dignité de son caractère, eut toujours dans le 
diocèse une autorité incontestée. Au milieu de ces hommes si 
remarquables, unis entre eux par les liens de la plus cordiale 
amitié, M. Martinière se fraya une route à part et toute per- 
sonnelle. Sa jeunesse, que semblaient augmenter encore une 
physionomie douce et sympathique et une simplicité char- 
mante, mais qui était soutenue et réglée par une rare piété et une 
gravité de mœurs peu commune, lui donnait sur les élèves une 
autorité d'un genre tout spécial. Elle ne s'imposait pas, elle 
charmait et subjuguait. Tout plaisait dans ce jeune professeur : 
sa franchise, l'aménité de son caractère, son imagination riche 
de fraîcheur, et son esprit vif, plein de saillies et de réparties 
spirituelles, modéré toutefois par la bonté et la bienveillance. 



— 63 — 

Cependant sa fermeté, sa vigilance, son bon sens faisaient 
fleurir autour de lui les semences des bonnes mœurs, de la 
piété, de la politesse et du bon goût. 

M. Martinière avait toutes les qualités d'un excellent pro- 
fesseur Il possédait à un degré éminent le goût et l'amour du 
métier; on sentait qu'il était né pour vivre au milieu des jeunes 
gens et pour devenir leur maître. Il aimait tout de la vie de 
professeur : et la retraite, et la régularité, et les travaux sans 
cesse renaissants. Il aimait encore plus ce milieu enjoué, 
jeune, espiègle, où il fallait vivre. Son âme s'y épanouissait 
avec bonheur. Il consacra à cette jeunesse les meilleures, 
les plus belles années de son sacerdoce. 

Quand la Providence l'appela ailleurs, l'air sembla manquer 
à ses poumons ; il ne respirait plus, il étouffait dans le nouveau 
milieu, qui était devenu le sien. 

M. Martinière avait des talents universels et une facilité 
prodigieuse. Cette universalité d'aptitudes lui fut publiquement 
reconnue par la nature variée des emplois qui lui furent 
confiés. Egalement versé dans les sciences et dans les lettres, 
il professa tour à tour, et non sans égal succès, les mathéma- 
tiques, les sciences naturelles, les humanités et la rhétorique. 
Dans les dernières années de sa vie de professeur, il fit de la 
littérature l'unique objet de ses études. Il connaissait à fond 
les grandes œuvres classiques et aimait à les relire. 

Un remarquable talent de parole venait ajouter à la puis- 
sance de toutes ces aptitudes et de toutes ces connaissances. 
Il avait le don de l'éloquence, non de cette éloquence toute de 
procédés qui s'acquiert par les préceptes et le travail, mais de 
cette éloquence qui part du cœur. Mieux encore, cette élo- 
quence venait de sources plus hautes que le talent, elle venait 
d'une foi vive etd'une ardente charité. 

Il remplit pendant douze ans les fonctions de professeur de 
sciences et de lettres. Au début de l'épiscopat de Mgr Daniel, il 
devint directeur du Petit-Séminaire. Le Prélat qui savait si bien 
apprécier les hommes, avait compris l'abbé Martinière. Il lai 



— 64 — 

accorda, dès l'abord, une confiance qui ne fit que grandir avec le 
temps. Le nouveau directeur répondit à cette confiancepar l'iné- 
puisable dévouement qu'il mit à s'acquitter de ses fonctions. 

Tandis que le supérieur, M. Ameline, se sacrifiait à relever 
les murs croulants de la vieille abbaye, M. Martinière portait 
le poids de la direction intérieure, veillant à la fois au main- 
tien de la piété, de la discipline et des fortes études. Les 
élèves confiés à ses soins étaient nombreux, divisés d'esprit 
et de sentiments. L'abbé Martinière sut défendre l'atmos- 
phère morale de sa maison contre des courants d'un esprit trop 
mondain, voire même trop peu religieux, qui auraient pu 
compromettre les vocation? ecclésiastiques. C'est qu'il comp- 
tait moins sur ses efforts que sur les secours d'en haut. Il 
regardait la prière comme le moyen le plus efficace dans 
l'importante affaire de l'éducation, instinctivement on recon - 
naissait que cette âme si bienveillante ne cessait jamais de 
se tenir élevée vers Dieu, même au milieu de ses occupations, 
qui semblaient ne lui laisser ni trêve ni repos. 

L'abbé Martinière devint successivement curé de Don ville, 
curé-doyen de la Haye-du-Puits, curé-archiprêtre de Saint- 
Gervais d'Avranches et de N. D. de Saint-Lo, où il mourut en 
septembre 1876. Saint-Lo n'avait fait que l'entrevoir. 

M. Lucas Girard ville, vicaire général, prononça son éloge 
funèbre. 

Monderie (Madame du Hamel de la) avait épousé M. du 
Hamel de la Monderie, conseiller du roi, échevin et lieutenant 
en la juridiction de Saint-Lo. M. et Mme Du Hamel n'avaient 
pas d'enfants, et ils s'étaient fait une famille des malheureux, 
mettant leur bonheur à les soulager ; aussi M. de Gouey, le 
charitable curé de Notre-Dame, dont le presbyière était voisin 
de leur demeure, avait-il souvent recours à eux dans les 
moments difficiles, sans craindre d'être jamais refusé. M. du 
Hamel avait une fortune considérable et beaucoup d'influence 
par la position qu'il occupait à Saint-Lo. 



— 65 — 

La mort de cet homme de bien, arrivée le 21 mai 1709, 
fut le digne couronnement de sa vie. 

Madame de la Monderie, voyant les embarras qu'on susci- 
tait au curé de Notre-Dame, dans rétablissement d'une maison 
de refuge pour les femmes et filles débauchées, qu'il voulait 
retirer du vice, lui proposa son concours. Elle voulait com- 
mencer, dans une maison de la Grande-Rue, l'œuvre que le 
bon curé avait à cœur d'y établir. 

La pieuse veuve régla promptsment les affaires de la suc- 
cession de son mari, et se retira au commencement de novem- 
bre 1709, dans la maison de la Grande-Rue. C'était une 
femme d'une haute vertu, et douée de cet esprit d'initiative 
nécessaire à quiconque est appelé à fonder une œuvre. Made- 
moiselle Enguerrand, sa nièce., qu'elle avait adoptée, se sen- 
tant appelée h. la vie parfaite, suivit avec joie sa tante dans la 
retraite. Bientôt après, elle fut rejointe dans la maison de la 
Grande-Rue par Mademoiselle de Surville, qui continua de 
donner ses soins à l'œuvre des pauvres malades. 

Le 13 août 1710, Madame de la Monderie, adressa une sup- 
plique aux maire et échevins de Saint-Lo, elle leur rappelait 
les efforts persévérants de M. de Gouey pour fonder un mo- 
nastère de Notre-Dame de la Charité et le concours précieux 
qu'ils lui avaient toujours prêté ; puis elle insistait sur l'im- 
portance de l'œuvre qu'elle se proposait d'établir. « Elle ve- 
nait avec l'agrément de sa Majesté prier Messieurs les admi- 
nistrateurs de lui envoyer autant de pauvres filles qu'il leur 
plairait, ne demandant pour chacune que deux sous par jour et 
les petits meubles et linges à leur usage ». Elle leur proposait 
en outre de recevoir, « dans quelque lieu commode et séparé de 
la communauté, les femmes et filles débauchées qui se présen- 
teront de leur bonne volonté, avec l'intention de travailler sé- 
rieusement à leur conversion ». Madame de la Monderie 
abandonnait tous ses biens ou meubles, d'une valeur de six 
mille livres ; mais elle se réservait le droit de vivre en com- 
munauté, et déclarait qu'elle avait déjà formé une petite société 

5 



— 66 ■ — 

de demoiselles. Le maire et les échevins de Saint-Lo deman- 
dèrent au roi des lettres patentes pour cet établissement, 
qu'ils qualifiaient du nom d'annexé de l'hôpital général. Ces 
lettres furent accordées le 17 mars 1710. Les ressources ma- 
térielles faisaient complètement défaut : cinq cents livres, 
c'était peu pour faire vivre une communauté. Madame de la 
Monderie n'avait pas vendu ses rentes. La pieuse veuve déjà 
avancée en âge, craignait de ne pouvoir s'acquitter fidèlement, 
de tous les devoirs de la vie religieuse. Elle resta dans la 
maison, afin de suivre la règle dans la mesure de ses forces, 
et elle assura aux sœurs associées une renie de trois cents 
livres. Elle fui traitée avec honneur par la supérieure, la 
mère de Surville, nommée par Monseigneur de' Brienne. 
Après la mort de celle-ci, arrivée en 1718, Madame de la 
Monderiefut nommée supérieure de la communauté. Mais 
elle résigna bientôt la supériorité, qui fut donnée par Mon- 
seigneur de Brienne à la sœur Marguerite du Manoir. Madame 
delà Monderie mourut pieusement, le 20 mars 1721. (1) 

Néel (Jacques). — Né à Saint-Lo, le 12 juillet 1624, fit 
sa philosophie au collège des Grassins à Paris. Il entra dans le 
tiers-ordre, en 1648, après le sous-diaconat, et mena, depuis son 
sacerdoce, une vie très retirée et fort mortifiée. Il mourut au 
mois de février 1662, et fut inhumé dans le chœur de Noire- 
Dame de Saint-Lo. (2) 

Perhon (Jacques-Davy du) appartenait par son origine à 
la noblesse. Ses ancêtres étaient seigneurs de Cretteville et de 
Languerville du côté paternel, et seigneurs du Tôt et de 
Hérouville du côté maternel. Il naquit le 25 novembre 1656, 
dans la ville de Saint-Lo, d'après une histoire manuscrite de 
cette ville, qu'on voit à la bibliothèque nationale, et qui fut 

(1) Cf. Ménard. Une servante des pauvres, la Mère de Surville. 
Tours, in-8° 1887, p. 255. 

(2) Moréri des Normands* t. 2, p. 139. 

P. J. Marie de Vernon, Histoire du Tiers-Ordre^ t. 2, p. 606. 



- 67 — 

composée par Toutain de Billy, savant antiquaire, curé de 
Mesnil-Opac (1). D'autres le font naître en Suisse, témoin la 
Préface des Diverses Œuvres du Cardinal, éditées par les 
soins et sous la direction de son neveu Jacques Le Noël du 
Perron, abbé de Saint-Taurin d'Evreux. Julien Davy du 
Perron et Ursine Le Cointe, ses père et mère, se retirèrent 
vers 1560, à Orbe, en Suisse, pour échapper aux poursuites 
dirigées contre eux. Ils avaient embrassé la religion prétendue 
réformée ; et même Julien Davy du Perron avait abandonné 
la profession de médecin et s'était fait ministre et prédicant 
zélé du nouveau culte. C'était un homme de savoir. Il se 
chargea d'instruire son fils, lorsqu'il fut en âge d'apprendre 
les premières leçons de langue latine et les mathématiques. 
Mais bientôt les dispositions extraordinaires du jeune du 
Perron pour les sciences lui permirent de se passer de maître. 
Seul il apprit le grec et l'hébreu. Il avait une mémoire si 
prodigieuse, qu'au bout d'une heure d'exercice, il pouvait ré- 
citer sans aucune faute, une centaine de vers de Virgile. La 
famille du Perron ne resta en Suisse que trois années, après 
lesquelles elle revint se fixer à Vire. C'est là que naquit, en 
1566, Jean Davy du Perron qui devait suivre son frère dans 
la carrière des honneurs ecclésiastiques, et lui demeurer uni 
par les liens de la plus tendre amitié. La famille du Perron 
dut quitter la ville de Vire pour se réfugier à Jersey durant 
les années 1571, 1572 et 1573. Ce contre-temps n'empêcha 
pas Jacques du Perron de poursuivre ses études avec la 
plus grande ardeur et de faire dans les sciences les plus rapides 
progrès. 

Aussi l'attention publique, celle en particulier des person- 
nages de distinction de l'époque, se fixa-t-elle bientôt sur cet 
érudit de vingt ans. Le comte de Matignon, gouverneur de la 
basse Normandie, le prit en affection et le présenta au roi, 



(1) Voir dans les Mémoires de la Société, l'article de M. Le- 
pingard à ce sujet XVI e vol. (Noie de la Rédaction). 



— 68 - 

Henri III, auquel il le recommanda. Il lui ménagea des rela- 
tions avec les abbés Desportes et Touchard, le premier célèbre 
par ses poésies, et le second ancien précepteur du Cardinal de 
Vendôme. Le commerce intime qu'il eut avec ces deux 
savants le détermina à faire un examen approfondi des Pères, 
principalement de Saint-Thomas et de Saint- Augustin. La 
science théologique le dégoûta des mauvaises raisons et des 
fausses citations employées par les réformateurs. Il abjura, 
dans le courant de Tannée 1578 le Calvinisme dans les prin- 
cipes duquel il avait été élevé, et se disposa à embrasser l'état 
ecclésiastique. Trois mois plus tard, il obtenait le titre de 
lecteur du roi Henri III, avec une pension annuelle de douze 
cents écus. Nous le voyons, en 1585, lorsqu'il n'était pas 
encore engagé dans les ordres sacrés, prêcher devant le Roi, 
au couvent de Vincennes, un discours sur l'amour de Dieu, 
dont ce prince accepta la dédicace. Le 24 février de l'année 
suivante, il fut choisi pour prononcer l'oraison funèbre du 
fameux Ronsard. Un brillant auditoire fit l'accueil le plus 
enthousiaste au non moins brillant orateur. Ce fut vers cette 
époque qu'il travailla avec son frère, Jean Davy, à la conver- 
sion de leur mère, devenue veuve. « Madame du Perron votre 
mère vous fit naître dans les ténèbres de l'erreur, mais votre 
éminentissime frère et vous, après avoir reçu d'elle un être 
selon la chair, vous lui avez procuré la régénération selon 
l'esprit ». Ainsi s'exprima Lepelletier, dans son histoire 
abrégée du livre et de la mort du Cardinal du Perron, dédiée 
à l'archevêque de Sens, son frère. Jacques Davy du Perron 
écrivit en effet à Madame sa mère une longue lettre, toute 
de foi et de piété, qui la détermina à revenir à la religion 
de ses ancêtres. Elle vécut jusqu'en 1G04, donnant à tous 
pendant les dix-huit ans qui suivirent sa conversion, l'exemple 
des plus hautes vertus. Elle fut enterrée dans l'église de 
Périers. Du Perron eut encore la joie de gagner à la foi 
catholique ua de ses oncles et plusieurs autres personnes 
appartenant à sa famille ou autres. 



Mais parmi les nombreux protestants qu'il ramena au giron 
de l'église, il faut placer au premier rang le plus illustre, le 
roi Henri IV, qui avait succédé à Henri III. assassiné à Saint- 
Cloud, le 1 er août 1589 par Jacques Clément. Des conversations 
intimes avec le Prince, au sujet de la véritable religion, finirent 
par l'ébranler. 

« J'ai suivi, disait-il plus tard, la fortune du roi Henri 
le Grand ; au fort de ses affaires, il me faisait l'honneur de 
conférer en secret avec moi des points de notre foi pour se 
préparer à sa conversion, je le ramenai par la grâce de Dieu, 
ou plutôt la grâce de Dieu par moi, à la religion catholique ». 

Ainsi parlait le Cardinal, en 1617, dans sa fameuse harangue 
à l'Assemblée des Notables, tenue à Rouen, et présidée par 
Gaston d'Orléans. 

Les conférences de Mantes qui durèrent sept jours, et dans 
lesquelles du Perron triompha de Rotan et des principaux 
ministres protestants qui lui furent opposés, décidèrent 
Henri IV. Il fit son abjuration à Saint-Denys, à la suite de 
ces conférences, le 25 juillet 1593, et le 22 mars de l'année 
suivante, Paris lui ouvrait ses portes, aux cris de : Vive la 
paix ! Vive le Roi ! 

Henri IV nomma du Perron, tout nouvellement ordonné, 
à Tévèché d'Evreux, le fit son premier aumônier et Conseiller 
d'État, et l'envoya à Rome, à l'effet d'obtenir du Pape 
Clément VIII, sa réconciliation avec le Saint-Siège. Du Perron 
réussit dans cette négociation auprès du souverain Pontife, 
qui lui remit à lui-même ses bulles pour l'évêché d'Evreux. Il 
fut sacré à Rome, dans l'église Saint-Louis des Français, par 
le cardinal de Joyeuse, le 27 décembre 1595. 

Le nouvel évêque d'Evreux, de retour en Franoe, prit pos- 
session de son siège, et prêcha dans sa cathédrale, le jour de 
Pâques 1596 La même année, il montait dans la chaire de 
Notre-Dame de Paris, en présence du Roi, le jour de la 
Pentecôte. Mais, c'est à Saint-Merry, que durant son séjour 
dans la capitale, du Perron donnait de préférence ses sermons. 



— 70 — 

C'est là que son éloquence sera toujours goûtée et toujours 
applaudie. 

Un jour l'avocat général, Simon Marion venant d'entendre 
une de ces conférences, dit, ravi d'admiration : « ce n'est pas 
un homme quia prêché, c'est un ange ». Du Perron résidait 
le plus souvent dans sa ville épiscopale, ou à Condé-sur-Iton, 
maison de campagne des évèques d'Evreux. Il s'y appliquait 
aux soins administratifs de son diocèse, ou à la composition de 
ses ouvrages de polémique. Il fut bientôt appelé à la cour, pour 
combattre Du Plessy-Mornay, qui venait d'écrire contre la 
sainte messe et le sacrement d'Eucharistie un livre rempli de 
citations inexactes. Henri IV ordonna une conférence publique, 
à Fontainebleau, entre Du Plessy-Mornay et du Perron, pour 
le 9 mai 1600. 11 voulut y assister en personne, avec les grands 
de l'Etat. On sait l'issue de cette polémique religieuse, Mornay 
était vaincu. Sully lui-même en convenait. Le roi ayant dit à 
ce sage ministre qui était de la religion : « Eh bien que vous 
semble de votre Pape? » « Sire, répondit Sully, il me semble 
qu'il est plus Pape que vous ne pensez, puisque dans ce mo- 
ment il donne le bonnet rouge à Monsieur d'Evreux ». 

Ces paroles renfermaient une prédiction, car Clément VIII, 
ayant appris la victoire de du Perron, lui écrivit le 29 mai 1&)4, 
un bref de félicitations, le nomma Cardinal du titre de Sainte 
Agnès, et le V juin suivant, il lui envoya le chapeau par l'un 
de ses camériers, Alexandre Strozzi, lui faisant dire que la di- 
gnité à laquelle il relevait était due depuis longtemps à sa 
piété et à sa vertu. 

Quelques mois après, le nouveau Cardinal fut envoyé à 
Rome, comme chargé des affaires de France, et dans le but 
d'aviser aux moyens d'amener Jacques I, roi d'Angleterre, à la 
religion catholique. Il était à peine entré dans Rome que la 
mort de Clément VIII fit assembler le conclave. L'initiative 
empressée de du Perron, et l'autorité de sa parole firent nom- 
mer Alexandre Octavien de Médicis,qui prit le nom de Léon XI. 
Il mourut au bout de vingt-cinq jours de pontificat, emportant 



— 71 — 

les regrets de la Cour de France. Dans un nouveau conclave, 
l'influence de du Perron ne servit pas moins â faire porter les 
suffrages des cardinaux sur Camille Borghèse, connu sous le 
nom de Paul V, pontife non moins agréable à la France que 
son prédécesseur. Le Cardinal du Perron profita de son séjour 
à Rome pour contribuer an rétablissement de la paix entre le 
Saint-Siège et les vénitiens. Henri IV lui donna de nouvelles 
marques de la satisfaction qu'il avait de ses services, en le 
nommant, en 1606, à l'archevêché de Sens, et à la place de 
Grand Aumônier, devenue vacante par la mort de Renaud de 
Beaune, puis il le décora de la dignité de commandeur de Tordre 
du Saint-Esprit. ' 

Le nouvel archevêque de Sens se rendit, en 1607, dans son 
diocèse. En qualité de Grand Aumônier, il avait à désigner les 
orateurs qui devaient prêcher à la Cour. A la fin de mars 1608, 
il écrivit à Richelieu, nommé évêque de Luçon l'année pré- 
cédente k l'âge de 22 ans, pour lui offrir de prêcher le jeudi 
saint devant le Roi. Richelieu se rendit à l'invitation, qui dut 
être remise au jour de Pâques, et il prêcha deux fois f le matin 
et le soir. 

Du Perron assista, le 10 mai 1610, à Saint-Denis, au cou- 
ronnement de la Reine Marie de Médicis. Cette cérémonie 
précéda de quatre jours la mort de Henri IV. Le Cardinal 
assista au lit de justice qui suivit la mort du Roi et qui accor- 
dait la régence à la Reine, mère de Louis Xi IL II fut nommé 
avec les cardinaux de Joyeuse et de Gondy du conseil de la Ré- 
gence. En vertu de sa charge de Grand Aumônier, il demanda 
que les plans adoptés par Henri IV pour la reconstruction du 
collège de France fussent mis à exécution. On mit la main à 
l'œuvre, et le 22 août 1610, le jeune roi Louis XIII posa la 
première pierre des nouveaux bâtiments. Cependant la santé 
du cardinal était ébranlée. Jean Davy, son frère, évêque 
d'Evreux et seigneur de la Guette, acheta pour lui la maison 
seigneuriale de Bagnolet, le 26 juillet 1611, dans l'espérance 
qu'étant plus rapprochée de Paris que la Guette, le Cardinal s'y 



— 72 — 

rendrait plus facilement et s'y reposerait plus efficacement. C'est 
de oette terre que l'on voit le Cardinal de Perron correspondre, 
au mois d'avril 1612, avec Casaubon et Jacques I, roi d'An- 
gleterre. Il profita du repos que lui offrait sa maison de Ba- 
gnolet pour mettre par écrit ses controverses, ses discours., ses 
notes d'ambassades et ses négociations. C'est à Bagnolet qu'il 
composa le traité qui a pour titre : Réplique à la réponse du 
Sérénissime Roi de la Grande Bretagne, qu'il ne put donner 
lui-même au public, la mort l'ayant surpris avant l'impression 
de l'ouvrage. En même temps qu'il composait ses ouvrages, 
il s'en faisait aussi l'éditeur. Il avait établi dans son manoir 
de Bagnolet deux presses, à l'aide desquelles il pouvait se 
procurer plusieurs épreuves de ses livres. La première de ces 
épreuves était envoyée à des amis, dont il ne dédaignait jamais 
les observations. Ce n'est que dans une seconde épreuve qu'il 
publiait son travail d'une manière définitive. 

Le 13 mars 1612, le cardinal du Perron présida dans son 
hôtel de Paris, une assemblée des évèquës de sa province. On 
sait que cette assemblée censura et condamna le livre d'Edmond 
Richer, syndic de la faculté de Théologie De ecclésiatica et 
politica potes tate. Du Perron assista, en compagnie des 
cardinaux de Sourdis, de la Rochefoucault et de Bonzi. au lit 
de justice, tenu le 27 octobre 1614, où Louis XIII déclara sa 
majorité. Il fut nommé par ce prince, la même année, président 
des Etats Généraux, qui se tinrent à Rouen. Il fut aussi présent 
à une autre assemblée, celle des notables, qui se fit dans la 
même ville, en 1617, et que présida Monsieur, frère unique du 
Roi. Enfin, il se chargea de communiquer à l'Université la dé- 
cision rendue le 15 février 1618, au Conseil d'Etat, en faveur 
des Jésuites autorisés à reprendre leur enseignement dans leur 
collège de Clermonc et les autres maisons de la capitale. A cet 
eSet, il dut mander le Recteur et les autres chefs de l'Univer- 
sité à Bagnolet, où il était retenu par la maladie. Il leur mani- 
festa la volonté du roi et, les engagea à la respecter. La maladie 
de la pierre dont était atteint le cardinal empirant toujours, il 



— 73 - 

se fit transporter à Paris, dans l'hôtel de Sens, le 20 août 161Ô. 
Et 14 jours après, le mercredi 5 septembre, il rendit le dernier 
soupir, au milieu des plus atroces douleurs. Sa mort fut très 
édifiante. Dans son testament qu'il dicta lui-même, il fit 
preuve d'une grande piété. Il légua sa bibliothèque aux reli- 
gieux du Tiers-Ordre de Saint-François, établis à Picpus. Son 
cœur fut laissé à la maison professe des Jésuites de la rue 
Saint-Antoine, dont il avait été le protecteur. Son corps fut 
transporté à Sens, pour y être déposé dans la cathédrale, où un 
mausolée lui fut élevé dans la suite par les soins de son neveu 
Jacques Le Noël du Perron, abbé dé Saint-Taurin d'Evreux. 

Certains auteurs n'ont pas craint de déshonorer la mémoire 
du cardinal, en mettant sur son compte des propos et des actes 
inconvenants ou ridicules, qui ne méritent aucune créance. 

L'année fe sa mort, quatre oraisons funèbres furent compo- 
sées à sa louange et livrées à l'impression par les sieurs de 
Neuville, Saugrain, Pelletier, et J. Condential, Forésien. 

Ses ouvrages ont été publiés en 5 volumes in-foJ., précédés 
de l'histoire de sa vie. Paris, A. Estienne, 1622. 

Ilportait pourarmes : d'azur au chevron d 'argent, accompa- 
gné de irois harpes d'or, posées deux en chef et une en pointe. 

Le cardinal Bentivoglio disait de son collègue du Perron : 
« era VAgostino délia Francia, era uno de maggiorl or- 
namenti del nostro secolo, sapeva tutte cose ». a II était 
PAugustin de la France, l'un des plus grands ornements de 
notre siècle, il était universel ». (1) 

(i ) P. Anselme, Grands o/ficiers de la Couronne, t. VIII p. 287, et 
t. IX, p 129, Diverses œuvres de l'illustre Cardinal du Perron, 
Paris, 1603, in-fol., p. 335, etc. 

Lettres. Instructions diplomatiques et papiers d'Etat du cardi- 
nal de Richelieu, publiés par Avenel, Paris 1853, imprim. imper, 
t. ï. p. iU. 

Burigny, Vie du Cardinal du Perron. 

Pelletier, Histoire abrégée. 

Fisquet, La France pontificale, Diocèses d'Evreux et de Sens. 

Bibl. Nationale. Pièca Y. n 20 iO. Balneolum.... Carmen anc tore 
nie Borbonio. 

R. Stephanus, 1GH, in-4°; ibid. n° 2041, trad. par deBénévent. 

Baratte, Les Normands illustres, Paris, grand in-8°. 



— 74 — 

Davy du Perron (Jean), né à Vire en 1565, était le deu- 
xième fils de Julien Davy du Perron, médecin, et d'Ursine 
Lecointe. 11 était frère du célèbre cardinal, qui le demanda 
pour coadjutéur à Louis XIII. Préconisé par bulles données à 
Sainte-Marie-Majeure, le 18 décembre 1617, il fut sacré sous 
le litre d'Evêque d'Héraclée in partibm, coadjutéur avec 
future succession, et prit possession le vendredi 13 juillet 1618. 
Le lendemain de la mort de son frère Jacques, le 6 septembre 
de cette année, il prêta serment de fidélité entre les mains du 
roi. 

Propagateur zélé de la foi catholique, il ramena à la religion 
un grand nombre d'hérétiques. Il introduisit à Sens les frères 
Pénitents du Tiers-Ordre de Saint-François, dont le couvent 
fut établi le 13 avril 1620. Jean du Perron, appela la même 
année les Barnabites à Montargis, pour y tenir le Collège, et 
fonda à Etampes un couvent de cet ordre. 

Richelieu, dans sa correspondance avec Jean Davy du 
Perron, lui donna des témoignages d'une haute considération 
et d'un attachement sincère. Dans une lettre du 7 juillet 1621, 
c'est-à-dire Tannée qui précéda son élévation au cardinalat, 
l'illustre ministre l'appelle son maître et son protecteur, et il lui 
dit qu'il sera bien aise de l'avoir pour voisin à la campagne. 
« Mandez-moi si vous êtes toujours en volonté d'acheter une 
terre dans ces quartiers, car, si cela est, je m'enquerray parti- 
culièrement d'une., laquelle on m'a dit qu'on veut vendre, qui 
n'est qu'à quatre petites lieues de Richelieu ». Et dans une 
autre lettre du 24 du même mois : « Si je vous écris quatre 
fois contre une, vous ne le trouverez pas étrange veu que nous 
n'avons pas beaucoup à faire et que vous êtes très occupé. 
Tout est bien pour veu que vous ne soyez pas diverty de vous 
souvenir de vosamis, particulièrement de moy qui ne cède à 
personne en affection. Mais j'appréhende d'être rais au rang 
des péchés oubliez. La Reine se tient bien asçurée qu'il n'est 
pas de même d'elle : je luy en réponds, sans qu'il en soit 
besoin, avec la confiance qu'elle a en vous. La différence qu'il 



- 75 — 

y a entre le ministre et le valet» fait que cette considération ne 
m'asseure pas en mon particulier. Cependant nonobstant mes 
appréhensions, je suis content, sachant bien que vous ne 
pouvez estre envers vos amis autre que ce que vous avez 
toujours esté : c'est-à-dire tel que leur affection et leur sincérité 
en votre endroit le méritent. Après cela, je vous dirai que 
M. le Connestable me fait l'honneur de me mander que 
quelques-uns philosophent sur le voyiige de la Reine, et il me 
le mande obligeamment pour S. M , veu qu'il dit qu'il en fait 
un jugement contraire. A cela, je dis à vous, qui êtes comme 
vous savez, mon confesseur, qu'il n'y a en ce voyage, autres 
causes que celles que S. M. vous a dites elle-même *. 

Il était seigneur de la Guette, hameau dépendant de la 
commune de Villeneuve- Saint-Denis, acîuellement de l'arron- 
dissement de Coulommiers (Seine-et-Marne). A la mort du 
cardinal, la seigneurie de Bagnolct passa entre ses mains. Déjà 
en signe d'amitié pour son illustre frère, il avait acheté le 
23 mars 1618, pour l'agrandissement de ce domaine, la ferme 
dite de Fremage, appartenant à Robert Hennequin, sieur de 
Cury. 

Après avoir rempli diverses missions politiques, il mourut à 
l'âge de 56 ans, le dimanche 24 octobre 1621, pendant le siège 
de Montauban, où il avait accompagné le roi Louis XI JL Ses 
entrailles furent déposées dans l'église de Saint-Louis des 
Jésuites, à Paris, et son corps fut inhumé à Sens, dans le 
même tombeau que son frère. 

Ce prélat passait pour très savant dans les langues anciennes. 
Le P. Anselme va jusqu'à le dire estimé aussi profond en 
doctrine que le cardinal. 

On a de lui : Apologie pour les Jésuites, au sujet du livre 
de Suarez, Paris, 1614, in-8°, 93 p. plus 10 p. de titre tt 
d'épitre au roi. 

Il édita en 1620, l'ouvrage de son frère intitulé : Réplique 
à la réponse du Sérénissime roy de la Grande Bretagne, 
1 vol. in-R Paris, A. Estienne, 1620 ; 2 f édit 1621 ; 3 e éd. 1629. 



— 76 - 

Bautru a dit, qu'il fut surnommé Lysique, et publia contre 
lui Y Ambigu, pièce en vers, sans lieu ni date, en 8 pp. in-8°. 
On lui 'lonna ce surnom, dit Tallemant des Réaux, parcs que 
du vivant de son frère, il n'était ni d'église, ni de robe, ni 
d'espée ». Il portait ,: d y azur> au chevron d'or et à trois 
harpes de même. (1) 

Ralline (Jacques), né le 22 octobre 1806, au Dézert, d'une 
famille de cultivateurs, commença ses études, chez le 
vicaire de sa paroisse, M. Hébert, qui a contribué à la forma- 
tion d'un bon nombre d'ecclésiastiques. 

Le jeune Rauline acheva ses études au collège de Cou- 
tances. Il est cité avec éloge dans la notice historique de ce 
collège faite par Mgr Daniel. Rauline eut les mêmes succès 
au grand Séminaire de Coutances. Devenu prêtre, il fut 
d'abord vicaire de Cerisy-la-Forêt et de Cherbourg. Bientôt la 
confiance de ses supérieurs l'appela au poste difficile d'aumô- 
nier de l'hôpital de la marine de Cherbourg. Il exerçait ces 
fonctions, lorsque le prince de Joinville se rendit à Cherbourg, 
rapportant de Sainte-Hélène les reste de Napoléon 1 er ; il ha- 
rangua le prince au nom et à la tête des invalides de la marine. 
Ce discours très remarquable attira l'attention des hommes 
politiques de l'époque. M. Guizot l'a inséré tout entier dans 
ses Mémoires. Il eut encore la consolation de ramener à des 
sentiments meilleurs le jeune soldat Buchet, condamné à 
mort et qui fut fusillé Le coupable dit en mourant : « J'ai 
mérité la mort et je suis heureux de laver mes crimes dans 
mon sang ». Après des revers de famille, l'aumônier quitta 
l'hospice maritime de Cherbourg, pour venir se fixer à Saint- 
Lo. Il s'y dévoua au ministère si utile des stations et des 
retraites. Dans toutes ses prédications, il fut fidèle à ces paroles 
inscrites en tê' es de ses manuscrits: «Je consacre tous mes 

(i)Burigny, Vie du Cardinal du Perron (p. 273). Lettres, instruc- 
tions diplomatiques et papiers d'Etat du cardinal Richelieu, 
publiés par Avcnel, t. vu, p.îiOG, 1853, Paris. 



— 77 - 

travaux au triomphe de la vérité catholique, cause sacrée pour 
laquelle je jure de combattre, soldat de l'Eglise, selon la me- 
sure de mes forces, jusqu'au dernier soupir ». L'abbé Rauline 
a prêché non seulement dans les paroisses les plus importantes 
du diocèse, mais à Paris et dans les plus grandes villes de 
France, comme Lyon, Bordeaux, Rennes, Caen, Le Havre. 
Il aimait surtout à prêcher dans les Lycées et les Collèges. 
Partout sa parole produisait d'excellents fruits. Il mourut à 
Dieppe, le 30 mai 1868, au cours de prédications qu'il avait 
entreprises, malgré les réclamations de ses amis. Pour s'ex- 
cuser devant ceux qui s'inquiétaient, en mesurant ses forces 
à l'entreprise, il disait que le prédicateur ressemble au soldat 
qui doit toujours être prêt à mourir sur la brèche. 

Il reste de lui : 

Impressions et souvenirs de voyages, publiés en partie dans 
le Journal de Coutances; L'éloge funèbre de l'abbé Hébert. 

Un discours prononcé à Vire, en présence des Conférences 
de Saint-Vincent de Paul. (1) 

Surville (Elisabeth de) eut pour père Michel Surville de la 
Paumerie et pour mère Catherine Baudet. Elisabeth fut leur 
cinquième enfant sur huit; elle naquit à Semilly le 17 octobre 
1682, et fut baptisée trois jours après, dans l'église de Saint- 
Pierre-de-Semilly. Elle suivit l'école de Semilly, tenue par une 
demoiselle de grande piété, que sa mère estimait beaucoup. 
Son esprit s'ouvrit de bonne heure et sans peine à la connais- 
sance des vérités de la religion. Les germes des vertus com- 
mencèrent dès lors à se développer dans son âme, et la foi 
prit en elle une place maîtresse, que ni le monde, ni les 
passions, malgré leurs assauts, ne parviendront jamais à occu- 
per complètement. Le livre qu'elle aimait entre tous était celui 
de la Vie des Saints; elle le feuilletait sans cesse. A six ans 

(1) Notice par M. Lucas-Girardville, Ann. de la Manche, année 
186V), p. 88. 
Pluquet, Bibliographie y etc. p* 208. 



— 78 - 

elle savait lire et écrire; à sept elle tenait sur les fonts du 
baptême une enfant des amis de sa famille Bref, il était facile 
de discerner en elle les plus heureuses inclinations. 

Elisabeth avait passé ses premières aimées dans le calme et 
l'innocence, sans ressentir la plus légère atteinte des passions ; 
Theure allait sonner où elles lui livreraient un redoutable 
assaut et mettraient sa vertu en péril. Elisabeth eut le malheur 
de fréquenter des jeunes filles qui s'efforcèrent de la détourner 
de la vertu, et n'y réussirent que trop aisément. 

Non seulement elle se laissa aller aux: légèretés et aux 
défauts des enfants, mais sa vanité devint excessive. Elisabeth 
n'eut bientôt plus d'autres désirs que de paraître ni d'autre 
application que de plaire. « Bien faite de corps, d'un port 
grave et majestueux », d'une physionomie agréable, relevée 
par un air de distinction qui donnait à toute sa personne une 
grâce particulière, elle attirail tous les regards. 

Dès l'âge de treize ans, elle fut recherchée en mariage par 
plusieurs partis, qu'elle refusa sans hésiter un instant; elle ne 
voulut pas même accepter la main d'un jeune homme « fort 
riche et fort honnête qui eût fait sa fortune ». Dieu avait des 
desseins sur elle; il la voulait pour son épouse, et il permit 
qu'elle résistât avec une fermeté surprenante à toutes les pro- 
positions de mariage qu'on put lui faire. 

Ses parents la mirent au couvent des Nouvelles-Catholiques, 
pour y achever son éducation. Ils espéraient que loin des 
jeunes filles dont la fréquentation lui avait été si funeste, il 
serait facile de la ramener à de meilleurs sentiments. Elisabeth 
y entra, le 19 juin 1696. 

Là, comme à Semilly, elle se fit aimer par sa douceur et sa 
bonté. On remarqua en elle de grandes aptitudes pour l'étude; 
mais ni les avis de ses maîtresses, ni les exemples de vertu 
qu'elle avait sous les yeux ne purent lui faire perdre le goût 
du monde et de ses frivolités. Du reste son séjour dans la 
maison fut trop court, pour amener quelque changement dans 
sa conduite. Son père venait de mourir subitement, dans la 



— 79 — 

force de l'âge. Cette perte cruelle et si imprévue causa une 
profonde affliction à Elisabeth. Son frère aine, Jean de Sur- 
ville, occupait en Bretagne une position assez brillante. Il était 
conseiller du roi et receveur de ses fermes, à Port-Louis, où il 
avait épousé Mademoiselle Marie Barbe, qui lui avait apporté 
une riche dot, avec de grandes qualités de cœur et d'esprit, et 
surtout une foi profonde, puisée au sein d'une famille émi- 
nemment chrétienne. 

Jean de Surville, revenu à Semilly à l'occasion de la mort 
de son père, emmena sa sœur Elisabeth à Port-Louis. Peu 
s'en fallut qu'elle allât rejoindre en Angleterre plusieurs 
parents de sa mère. Séduite par l'espoir de jouir d'une liberté 
complète, elle caressait cette pensée, el elle eût mis son 
projet à exécution, si son frère ne l'eut engagée à venir habiter 
chez lui. Elisabeth accepta d'aller à Port-Louis. Son frère, 
Philippe, qui partit pour l'Angleterre à sa place, embrassa le 
protestantisme quelques années après. 

Le voyage se fit à la fin de 1696, et il fut pénible. Sa belle- 
sœur, qui lui avait témoigné beaucoup d'affection d'abord, 
n'eut bientôt plus pour elle que de l'indifférence, et enfin une 
si profonde antipathie qu'elle semblait même avoir peine à la 
supporter. Pour faire diversion aux ennuis de sa situation, 
Elisabeth saisit les occasions qui s'offraient d'aller dans le 
monde, où elle recevait l'accueil le plus empressé. Elle n'eut 
pas d'autre lecture que celle des romans, ce qui fut pour elle un 
véritable danger, car elle entra sans scrupule dans les passions 
de ce quelle lisait. Mais les remords ne lui laissèrent pas un 
moment de repos. Dieu, qui la voulait à lui, répandait de 
l'amertume sur ses plaisirs, afin de l'en dégoûter. Elle était 
arrivée à ce point où il *i'est presque plus possible de faire un 
pas sans glisser dans l'abîme; elle atteignait sa dix-huitième 
année, quand Dieu l'arracha par un miracle de sa grâce au 
monde et à elle même, en la ramenant à lui. Un zélé mission- 
naire lui avait dit, en partant pour les Indes, qu'il allait 
demander sa conversion avec tant d'insistance qu'il l'obtien- 



- 80- 

drait bientôt. En effet, le navire n'avait pas encore disparu à 
l'horizon qu'elle se sentit tout à coup terrassée par la grâce. 
Elle alla trouver le curé de Port-Louis, fit une confession 
générale, et entra dès lors résolument dans le chemin de la 
vertu qu'elle ne devait plus abandonner. Elle songea à entrer 
dans le cloître, mais sa famille s'opposa à son dessein; elle prit 
donc le parti de rester momentanément dans le monde et d'y 
vivre saintement ; les exemples de piété de plusieurs dames de 
Port-Louis l'encouragèrent dans cette résolution, qui allait 
lui coûter bien des larmes et des sacrifices. 

Dieu l'éprouva par des dégoûts et des sécheresses capables 
de décourager une âme moins généreuse que la sienne. A ce 
tourment s'ajouta la lutte contre ses passions, qui se réveillè- 
rent tout à coup et remplirent son imagination des souvenirs 
du passé. Elle fit le vœu de chasteté pour six mois ; mais la 
tentation se faisait sentir de jour en jour plus pressante. Afin 
de dompter sa chair, Elisabeth usa, en secret, de quelques pra- 
tiques de mortification ; mais le remède le plus efficace à ses 
peines, elle le trouva dans l'obéissance à son directeur. Dieu 
récompensa enfin son courage et sa persévérance ; et plus il 
lui donna, plus elle voulut donner elle-même. Elle fit les 
vœux perpétuels de chasteté, de pauvreté, d'obéissance et de 
destruction de soi-même. 

C'était l'héroïsme dans la vertu. Elle passait ses jours et 
souvent une partie de ses nuits au chevet des malades. Bientôt 
son dévouement fut connu de toute la ville, et les jeunes filles 
de Port-Louis venaient s'édifier auprès d'elle et lui demander 
des conseils dans leurs difficultés. Mais elle nô devait plus 
rester longtemps en Bretagne. C'était en Normandie, à Saint- 
Lo, qu'elle devait remplir sa mission providentielle. Dieu l'y 
rappela par la mo: t de sa mère, décédée le 20 octobre 1705. 
Elle arrivait à Semilly le 15 décembre de la même année, en 
compagnie de son frère, qui repartit pour Port-Louis dans les 
premiers jours de l'année 1706. Elle dut rester en Normandie 
pour y refaire sa santé. Là, sa grande souffrance fut de n'avoir 



- 81 -^ 

aucune personne de confiance pour sa conduite. Elle allait 
souvent à la communauté des Nouvelles-Catholiques, où elle 
retournait voir sa tante et ses anciennes maîtresses. Là, on 
lui conseilla d aller faire une retraite à Caen, sous la direction 
d'un ecclésiastique en grande réputation de science et de piété. 
Elle suivit ce conseil et ne remporta de ces communications que 
des ténèbres plus épaisses et des incertitudes plus cruelles. 

C'est alors qu'on l'engagea à ouvrir son âme au supérieur 
ecclésiastique des Nouvelles-Catholiques, le P. Hérambourg, 
prêtre du Grand Séminaire de Coutances. Elle se fixa, le 23 
décembre 1706, aux Nouvelles-Catholiques, et le P. Héram- 
bourg y étant venu en janvier 1707, faire la visite canonique, 
il lui fut facile d'entrer en relation avec ce pieux ecclésiastique. 
C'était r homme que Dieu lui destinait pour la conduire le reste 
de ses jours, et l'amener à l'accomplissement de ses desseins. 

Dès cette année 1709, le P. Hérambourg avait conçu le 
dessein d'établir à Saint-Lo un bureau de charité, comme il 
avait fait à Coutances ; il s'en était ouvert à Elisabeth, qui y 
sentait une certaine répugnance. Mais deux ans plus tard, 
elle signa l'acte des pauvres, le 14 avril 1709, et s'engagea à 
secourir les pauvres et les malades à domicile, en compagnie de 
Jeanne du Buisson. Elisabeth s'employait à ce ministère pé- 
nible de la charité, suivant en tout les conseils du nouveau 
directeur de sa conscience, lorsque M. de Gouey, chanoine 
régulier de l'abbaye et curé de Notre-Dame de Saint-Lo, obtint, 
après bien des démarches et des instances, l'établissement d'une 
maison destinée à recevoir des filles et femmes débauchées. 
Les lettres patentes du Roi sont datées de Versailles, le 17 
mars 1710. Le 20 janvier 1711, le maire et les échevins auto- 
risèrent M. de Gouey à passer en leur nom contrat d'acquêt 
d'une maison située rue de la Grande-Rue. 

Désormais l'œuvre du Bon-Sauveur était fondée, et malgré 
des oppositions puissantes, elle allait grandir sous la protec- 
tion du curé de Notre-Dame, et avec la sage direction du 
P, Hérambourg. 

6 



- 82 - 

Elisabeth de Surville s'était adjointe à Madame de la Mon- 
derie, avec Marguerite Diguet du Manoir. Ce ne fut qu'en 
1712 qu'on put ouvrir la première école, car les sœurs prirent 
officiellement le nom de sœurs associées pour « les petites 
écoles»» 

On les appela communément sœurs du Bon- Sauveur, à 
cause de leur oratoire dédié au Saint-Sauveur* Mgr de Lo- 
ménie de Brienne nomma Elisabeth de Surville supérieure de 
la communauté naissante, et donna le titre de supérieur ecclé- 
siastique au supérieur de son Grand Séminaire. Ce fut le 29 
septembre, jour de la fête de Saint- Michel que les sœurs firent 
leurs vœux entre les mains du P. Hérambourg. 

La mère de Surville s'avança la première, tenant à la main 
un cierge allumé, et prononça à haute voix la belle formule de 
consécration, que tant de saintes religieuses devaient répéter 
après elle. 

Ce fut assurément le plus beau et le plus heureux jour de 
sa vie. Elle dut se souvenir alors de cette voix intérieure 
qu'elle avait entendue à Port-Louis lui disant au fond du cœur 
qu'elle se réunirait à Saint- Lo à de saintes filles, pour être 
consumée avec elles par la divine charité. De quels sentiments 
d'admiration et de reconnaissance ne fut-elle pas pénétrée en 
pensant à la route parcourue depuis dix ans, à travers tant de 
difficultés ! 

Le curé de Notre-Dame de Saint-Lo, M. de Gouey, avait 
donné la vie à la communauté extérieure; au P. Hérambourg 
était laisssé par la Providence le soin de donner au pieux 
Institut sa forme et sou esprit. C'est ce qu'il fit en traçant les 
règles et les constitutions de la maison. Les religieuses les 
reçurent des mains de Mgr de Brienne et commencèrent à les 
pratiquer, le jour môme de leur profession religieuse. 

Les règles et constitutions que Mgr de Matignon donna aux 
filles du Bon-Sauveur, le 25 février 1733, ne sont que le 
développement et comme le texte définitif de celles que Ton 
observait depuis 1712. La mère de Surville eut la joie de voir 



- 83 - 

sa communauté encouragée dans sa pieuse entreprise par un 
Bref du Père commun des fidèles. Ce bref est du 16 avril 1714. 
La même année, elle put s'édifier avec ses filles, au spectacle 
des verlus du bienheureux Louis-Marie Grignon de Montfort. 
11 arriva le 16 août à Saint-Lo, mais avant d'entrer en ville, 
il s'arrêta au faubourg de la Grande-Rué et alla frapper à la 
porte des sœurs associées, car c'était là qu'il voulait faire sa 
première visite. Il connaissait sans doute par les Eudistes du 
Grand et du Petit Séminaire de Rennes la fondation charitable 
dn P. Hérambourg à Saint-Lo, et il n'est pas étonnant qu'il 
eût le désir de la connaître. 

Chose remarquable, ce fut au mois de septembre 1714, 
c'est-à-dire pendant son séjour à Saint-Lo, ou quelques jours 
seulement après son départ de cette ville, qu'il établit à La 
Rochelle, à son retour de Normandie, une école appelée comme 
celle de Saint-Lo € Ecole charitable. » 

Le bienheureux célébra la sainte messe dans le petit oratoire 
des sœurs, et la mère de Surville eut le bonheur d'y assister. 

Il visita souvent les religieuses pendant son séjour à 
Saint-Lo, et il établit chez la mère de Surville la dévotion du 
Rosaire et le chant des cantiques spirituels. 

La bonne Supérieure dut donner de l'extension aux bâti- 
ments de sa communauté devenus insuffisants. De nouvelles 
recrues permirent de remplir les emplois, en proportion du 
développement des œuvres. Ce qui ne se fit pas sans difficulté 
de la part de certaines personnes influentes de la ville. Elle 
obtint, en 1717, de M de Gouey, curé de Notre-Dame, la 
dispense des devoirs paroissiaux pour le personnel de la com- 
munauté et la permission de les remplir dans la chapelle des 
sœurs. 

La mère de Surville avait rempli sa mission en ce monde; 
bientôt Dieu allait la rappeler à lui. Le 12 mai 1717, elle eut 
la douleur de voir mourir à la fleur de l'âge la sœur Marie- 
Louise Auvray de Saint-André, qu'elle avait toujours tendre- 
ment aimée. 



— 84 — 

Elleécrivit alors au P. Hérambourg une lettre où son cœur 
et sa foi parlaient tour à tour le langage de la douleur et de la 
résignation chrétienne. Quelques jours après, le pieux Supé- 
rieur lui répondit par ces paroles qui révèlent le fond de ces 
deux grandes âmes, assez détachées de tout, pour n'avoir plus 
de lien à rompre afin de s'unir à Dieu : * Ma fille, nos sœurs 
défuntes nous sont plus utiles au ciel que sur la terre. Je ne sais 
comment j'ai le cœur fait, mais il me semble que de même 
que nous ne devons point avoir le regret de mourir, nous n'en 
devons point avoir, lorsque les personnes qui sont à Dieu nous 
quittent pour aller à luy. » Ces paroles devaient aller au 
cœur de la mère de Surville, car depuis quelque temps, elle 
avait le pressentiment de sa mort prochaine. 

Dans une lettre du commencement de janvier 1718, elle 
exprimait au P. Hérambourg la joie qu'elle aurait de recevoir 
sa dernière bénédictioa. Elle le vit en effet, le 25 février; elle 
lui fit part de ses craintes et de ses espérances, le pria de se 
montrer toujours le père et le protecteur de ses filles. Elle le 
remercia surtout du soin qu'il avait pris de son âme depuis 
plus de onze ans, puis elle se mit à genoux, renouvela ses 
vœux et lui demanda sa bénédiction. Celui-ci profondément 
ému, lui fit promettre, si Dieu la rappelait à lui, de se souvenir 
de ceux qu'elle laissait sur la terre, de lui en particulier, et 
étendant sur elle cette main qui l'avait si souvent bénie, il la 
bénit une dernière fois, et ils se séparèrent pour ne plus se 
revoir que dans l'éternité. C'était le vendredi 3 mars 1718. La 
pieuse mère s'éteignit dans le baiser du Seigneur, le 18 du 
même mois, dans la trente-sixième année de son âge. (1) 

Ybert (Guillaume), né à Saint-Lo, en 1630, entra dans le 
sacerdoce, se consacra à renseignement et professa les huma- 

(1) Ménard, Une Servante des Pauvres, la Mère de Surville. 
Tours, in-8° 4887. 

M s : Histoire en abrégé de la vie de Mademoiselle Elisabeth 
de Surville, la première des filles associées pour tenir les petites 
écoles de Saint-Lo. (Archives du Bon-Sauveur). 



— 85 — 

nités au collège de sa ville natale. Il devint principal de cet 
établissement, cultiva la poésie latine, et publia sur la ville de 
Saint-Lo, un poème intitulé : In urbem Sanlaudum carmen y 
Sanlaudi, apud Johannem Pien> 1668, in-4°, traduit et 
publié en 1836 par V. Evr. Pillet, puis inséré dans V Annuaire 
de la Manche de 1837, avec des notes de M. Lambert, biblio- 
thécaire de la ville de Bayeux. Une seconde édition (français- 
latin) a été donnée en 1840 par V. Evr. Pillet (1), avec la 
notice de l'auteur. 

Guillaume Ybert, mort vers la fin du xvn e siècle, a aussi 
publié un petit poëme latin, sous le titre de Céréale Carmen, 
pièce en 134 vers, éditée chez la veuve Pien, in-4°et sans date, 
et laissa inédite une pièce de vers également latine, sur la 
translation des reliques de Saint-Lo, donnée à la ville de ce 
nom par M. de Matignon, évoque de Condom. T. de Billy lui 
a donné place dans ses manuscrits sur la ville de Saint-Lo. 
Celte pièce est fort courte et datée du 23 mai 1679. (2) 

Le lecteur aura une idée de la manière de G. Ybert, 
dans cet éloge du cardinal du Perron, que nous détachons de 
son poème sur Saint-Lo. (3) 

At ne multorum numerosa taedia laudis 
Lectorem copiant, nostrae Perronius héros, 
Gentis honos. saeclique decus, sidusque suorum, 
Malleus haereseos, fideique invictus Achilles, 
Cui velut aima parens teneris Sanlandus ab annis 
Sternere gestivit blando cunabula somno 
Carminis ante alios juste dignetur honore. 
Quot quot enim notre quondam per saecula famae 
JEqua. mente viros fuerit mirata vetustas, 
Omnibus hic unus, si non praBcellit, at illos 
Tôt claris animi locuples virtutibus aequat, 



(1) V. K. Frère. Mém. du Bibliogr. 

(-2; Annuairt de la Manche, 4829, p. 292 ; 1837, p. 147. 

i3; Bayeux, Clément Groult, 1840, p. 4454. 



— 86 — 

Ut dignum fuerit Tyrio cui cincta galero 
Tempora fulgerent, totusque intexeret ostro, 
Praesulis ad titulos accedunt regia sacros 
Munera, cœrulei donatur torquis honore, 
Consiliique sedet princeps, regnique rainister 
Suspicitur, veteri Davidum sanguine clarus ; 
lllius unde lyrae rémanent insignia genti, 
PolliaB quas doctos tangere Perronius écho 
Nominis ipse sui totum diffudit in orbem. 

Voici la traduction de ces vers : 

« De peur que les nombreux éloges, qu'il faudrait distribuer 
à tant de grands hommes, n'ennuient le lecteur, que Duperron, 
l'homme de noire pays, la gloire et la lumière de son siècle et 
de sa famille, le fléau de l'hérésie, l'Achille invincible de la 
foi, que Duperron, à qui Saint-Lo, comme l'eût fait une 
tendre mère, aima à préparer un berceau, pour que, dans son 
enfance, il pût goûter un doux sommeil, que Duperron reçoive 
avant les autres le juste hommage de mes vers. Tous les 
hommes renommés que l'antiquité a complaisamment admirés 
pendant des siècles, si seul il ne les surpasse pas, du moins il 
les égale en mérite; ses belles qualités lui ont valu le chapeau 
et la robe de pourpre, aux titres sacrés d'évèque se joignent les 
présents de son roi; il fut décoré du cordon bleu, et il siégeait 
premier ministre aux conseils du prince, lui Duperron, sorti du 
sang des David ; voilà pourquoi dans les armes de sa famille 
sont des harpes, et c'est en l*s touchant d'un doigt savant que 
lui-même a répandu dans tout l'univers l'écho de son nom. (1) 

A. Lerosey, Chanoine honoraire. 



(!) Ann. de la Manche, 4837. p. 183. 



PRIX CULTURAUX 

Décernés en 1909. dans l'arrondissement de Coutances 



Distribution des Prix 



Le lundi 30 novembre 1909, la Société d'Agriculture, 
d'Archéologie et d'Histoire naturelle de l'Arrondissement de 
Saint-Lo, réunie à la mairie de Coutances, distribuait les 
récompenses aux cultivateurs qui avaient pris part au concours 
de prix culturaux dans l'arrondissement de Coutances, 
M. Baize, adjoint au maire de Coutances assistait à la réu- 
nion et a fait gracieusement les honneurs de l'Hôtel de Ville. 

Les concurrents étaient plus nombreux qu'ils ne l'avaient 
été depuis que la Société a repris ses traditions de la première 
heure, en accordant des encouragements à l'agriculture. 

Les exploitations ont été visitées par un Jury composé de 
MM. Goulet, conseiller général, maire de Troisgots; Philippe 
Picot, ancien maire de la Haye-du-Puits et Lemaréchal, 
agriculteur à Lengronne. Partout les concurrents ont présenté 
des cultures et un élevage qui méritent d'être encouragés. 

Après une allocution de M. Guillot, président de la Société 
qui a eu un mot aimable pour chacun, la parole a été donnée 
à M. Goulet, lequel au nom du Jury a donné lecture du rapport 
suivant : 



Monsieur le Président, Messieurs, 

Les demandes de participation au concours, que vous nous 
avez remises, étaient au nombre de huit et les exploitations à 



visiter situées dans les communes de Hambye, Lengronne, 
Nicorps et Sflint-Sauveur-Lendelin ; c'est dans cet ordre 
qu'elles furent parcourues le jeudi 7 octobre et le vendredi 8 
par votre commission. 

Ayant de vous donner connaissance de la délicate opération 
que la Société d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire Natu- 
relle lui a confiée, permettez à son président de remercier le 
Bureau de cette antique Société, éprise pour son plus grand 
bien, de l'Agriculture nouvelle, de l'honneur qu'elle lui a fait 
en la chargeant du classement du mérite des concurrents. 

Aura-t-elle donné tout ce que vous pouviez en attendre t 

« Nous n'osons trop l'espérer ! » Si non ! elle a au moins 
apporté dans cette circonstance, tout son cœur, tout son dévoue- 
ment, doublé de la plus grande comme de la plus pure impar- 
tialité : et je manquerais au plus impérieux de nos devoirs si 
je ne ne félicitais en passant Messieurs les organisateurs de 
m'avoir donné pour collaborateurs MM. Piquot et Leraaréchal, 
dont le zèle et la compétence ne le cèdent en rien à leur parfaite 
courtoisie. Avoir joui de leur présence pendant deux jours est 
plus que suffisant pour ne jamais plus les oublier. Puis-je leur 
avoir inspiré les mêmes sentiments et rester auprès d'eux ce 
qu'ils sont auprès de moi : Deux nouveaux et excellents amis ! 

Qu'il me soit encore permis, Messieurs, de vous expliquer 
comment nous avons trouvé notre mission délicate, doublement 
délicate, triplement délicate. 

Délicate d'abord, en ce sens que les candidats s'ils se con- 
naissent physiquement entre eux, ignorent à peu près complè- 
tement leur mode particulier d'exploitation, par conséquent 
leur mérite, et qu'ils ne peuvent juger notre travail que par 
l'exposé et le résumé que nous en apportons ici. 

Doublement délicate, parce qu'il nous faut rapprocher, peser 
des faits qui ne sont ni de même ordre ni de même nature, les 
efforts des concurrents portant sur des points différents. 

Triplement délicate, par l'hétérogénéité de la liste, composée 
de fermiers, de fermiers-propriétaires et de propriétaires. 



Sans autre boussole que son propre jugement, votre com- 
mission fut unanimement d'accord en présence deces difficultés 
à tenir compte de l'effort fait pour atteindre le but que nous 
devions relever et, à mérite égal, vous* trouverez, nous n'en 
doutons pas, tout naturel que nous ayons fait passer le fermier 
avant le propriétaire. 

Ce qui est souvent très difficile pour le premier, est presque 
toujours affaire agréable, d'honneur et d'amour-propre pour le 
second. 

Les uns et les autres de ceux que nous avons eu l'avantage 
de visiter ont droit en commun à toutes les félicitations de 
votre Jury, sans qu'il soit dispensé d'en apporter de particu- 
lières ou nominales au cours de son rapport. Il serait heureux 
que chez tous, uno récompense quelle qu'elle soit, marquât 
son passage. Avec le concours très dévoué et non moins 
généreux des véritables amis de l'Agriculture, comme en 
compte votre Société, cet espoir peut devenir une réalité et 
çst peut-être un fait entendu : Nous en sommes très heureux ! 

Vous faire parcourir avec nous les fermes comme nous les 
avons visitées serait superflu et une perte de temps que rien ne 
justifie : Nous allons donc vous les présenter dans l'ordre que 
votre commission a cru devoir les classer, vous exposant les 
raisons de sa détermination ainsi que quelques légères critiques 
qui permettront au numéro suivant et ainsi de suite d'absoudre 
notre raisonnement que justifie chaque exploitation. 



1° Ferme de Lelieu-Laisney, 
sise i Saint - Sauveur - Lendelin 

Cette ferme d'une contenance de 12 hectares 40 ares, appar- 
tient à M. Marie, Maire d'Agneaux. 

Elle est exploitée depuis quatre ans seulement par les époux 
Chefdeville " 30 ans et 31 ans ". Ce sont d'anciens domes- 
tiques, passés maîtres par leur esprit d'ordre et d'économie. 



— 90 — 

Les grandes transformations matérielles qui se présentent 
partout aux yeux des visiteurs, disent à quel point l'amour 
du travail est à demeure dans le ménage Chefdeville ! Puisse- 
t-il être familièrement fécond. 

L'accession assez longue qui conduit du chemin vicinal au 
corps de ferme, à part les accidents de terrain, vaut par son 
bon entretien l'entrée d'un château. 

Autour de la cour, une large allée très bien entretenue a été 
aménagée par les soins du fermier, pour l'accès des appar- 
tements, des champs et charrières. Au centre, existe une 
fumière où sur un soi semi-tuf et semi-argileux où se font et 
se conservent le fumier et le terreau et où s'apporte tout ce qui 
peut entrer dans la composition de cet engrais. 

Les engrais chimiques sont le complément avec lequel le 
fermier a obtenu l'intensité de production qui lui permet d'en- 
tretenir sur ce petit coin de terre : 2 chevaux d'attelage, 
6 vaches laitières, 3 génisses de deux ans, un aumeau et une 
génisse de quinze mois, 3 veaux de l'année et 2 veaux d'étable. 
En tout dix-huit têtes d'animaux divers, de bon choix, aux- 
quels viennent s'ajouter trois truies de rapport dont une venait 
de donner des petits, lors de notre visue, un porc à l'engrais — 
Pour le pot ? dis-je à la fermière ! — Non, Monsieur, répondit- 
elle, pour avoir de l'argent ! Notre clapier « installé un peu 
partout, car le plus petit coin dans cette exploitation est utilisé » , 
notre clapier, dit-elle, avec la volaille et les canards sont plus 
que suffisants pour nos besoins. En eftet, 130 de ces volatiles 
et 32 lapins, sont avec tous les animaux déjà cités les hôtes 
très bien traités des bâtiments très proprement organisés pour 
leur usage particulier. Un hangar couvert en chaume est encore 
l'œuvre de l'exploitant, désireux, nous dit-il, de se donner un 
peu plus de commodité. Pendant que nos yeux sont fixés sur 
la cour, il convient encore d'y remarquer jusqu'à la niche du 
<*hien de garde dont l'installation dénote l'esprit pratique et 
intelligent du maître. 

Si, dans tous les appartements, régnent Tordre et la propreté 



— 91 — 

la plus parfaite, il conviendrait encore., si la chose était pos- 
sible, d'augmenter la note pour l'intérieur de ceux aux soins 
de la femme et de l'épouse. 

La laiterie avec un petit courant d'eau et la baratterie sont 
irréprochablement tenus; les produits qui en sortent tiennent 
la tête dans la qualité. 

La façon dont sont conservés les légumes d'hiver, produits 
abondants du légumier, ainsi que lui-même, sont une preuve du 
goût et de la supériorité de Madame Chefdeville, qui nous 
communiqua une comptabilité agricole qui remonte à leur 
arrivée dans leur exploitation : comptabilité qui leur permet 
de se rendre compte de toutes leurs opérations agricoles. 

Arbres à fruits, et espaliers et pommiers disent d'eux-mêmes 
le bon soin qui leur est donné. Haies, clôtures et fossés d'écou- 
lement par leur bon état d'entretien vous saisissent l'œil du 
passant. 

Les herbages, les champs en labour où nous remarquâmes 
environ cinq ares de très belles plantes sarclées vous confir- 
ment que dans cette exploitation quoique dépourvue de ma- 
chines agricoles, à part Técrémeuse, rien n'y est négligé ni 
sacrifié à l'avantage d'une branche particulière de production. 
Tout y marche de pair, et comme votre commission aurait en 
vain cherché quelque chose de choquant et qu'aucune des 
autres exploitations qu'elle a visitées ne sauraient supporter la 
comparaison, elle a l'honneur de vous proposer l'exploitation 
des époux Chefdeville pour votre premier prix. 



2° La Richardière, sise à Hambye 

Cette ferme contient 26 hectares : neuf hectares en labour, le 
surplus en herbages clairs et plantés. Des acquisitions récem- 
ment faites par le propriétaire, M. Niobey, auquel elle appar- 
tient viendront encore augmenter son harmonie et ses commo- 
dités. 



— 92 - 

Située dans un site tout spécial pour l'avantage d'eau 
d'abreuvoir et potable, elle est exploitée depuis quinze ans par 
les époux Chapon qui sont aussi d'anciens domestiques et qui 
l'ont considérablement améliorée en grande partie à leurs 
frais. — « Pour y faire plus d'argent », comme ils le disent 
eux-mêmes. 

C'est ainsi qu'ils ont abattu et défriché 1.800 mètres de 
haies et banques de terre, dont le produit a tantôt redressé ou 
nivelé le terrain et tantôt fourni des engrais pour l'améliora- 
tion du sol — en grande partie assez humide. 

Un bel herbage dans lequel paissaient onze magnifiques 
vaches, doit son coup d'œil et sa fertilité à des travaux de 
drainage pour lesquels le fermier a fait un sacrifice de trois 
cents francs- Les plants usés lors de l'entrée du fermier, ont 
été refaits par un apport de 550 jeunes sujets, plantés et élevés 
à ses frais. 

Tous sont de belle venue et bien tenus. 

Comme machines agricoles, M. Chapon met en usage une 
machine à battre, une faucheuse, une écrémeuse centrifuge et 
un manège à barattes installé à ses frais. Il se promet un 
râteau et une faneuse. Peut-être aussi un brabant, dans ce 
cas nous lui conseillons le brabant Melotte qui nous paraît 
être le meilleur dans notre région. A ses frais aussi et au 
moyen de sources près du sol, il a construit une fontaine dans 
la cour. Il en coûterait très peu au propriétaire d'y fixer une 
pompe et certes le fermier mérite bien cette reconnaissance 
ainsi qu'une disposition plus moderne des cours sur lesquelles 
sont restés les fumiers. Nous nous permettons cette recomman- 
dation au propriétaire Un lavoir couvert avec une buanderie 
est encore l'œuvre des goûts et de la bourse du fermier. 

Les labours sont de quatre assolements, non compris l'année 
de repos, telle la trémaine, elc. Le blé donne 25 hectolitres à 
l'hectare ; l'avoine 25 et l'orge 30 à 32 hectolitres ; le sarrasin 
selon la température. En très belles plantes sarclées, 20 ares. 
Comme adjuvants aux engrais de cour, M. Chapon fait entrer 



la chaux, les engrais chimiques et la charréc de cuve, le tout 
en grande quantité, de sorte que tous ses herbages clairs et 
plantés dénotent le bon cultivateur. Une irrigation entretient 
la végétation dans le légumier très bien tenu et d'un grand 
produit. 

Tout est propre et en ordre dans l'intérieur des bâtiments et 
Faire en pierre des burets à porcs est encore un travail du 
fermier. 

Sur cette exploitation sont entretenues 2 poulinières demi- 
sang suitées, 2 juments de 4 et 3 ans, 1 1 vaches à lait, 3 jeunes 
taureaux d'élevage, 6 génisses de 2 ans et demi et 18 mois, 
7 veaux de lait ou de Tannée, 12 brebis et un bélier, le tout 
de très bonnes sortes, ce qui porte à 46 le chiffre des animaux 
paissant sur la ferme. 

A la basse-cour, 80 poules et poulets, 3 truies, 13 jeunes 
porcs et 2 porcs de cour auxquels il convient d'ajouter des 
lapins, habitants d'un clapier très confortable pour leur espèce. 
Parmi tant d'ordre et d'activité nous avons été surpris de ne 
pas rencontrer de comptabilité. 

Du rapprochement que nous avons pu faire, nous considé- 
rons que l'exploitation de M. Chapon est digne de notre 
deuxième prix. 



3° La Pagerie, i Hambye 

Cette ferme, d'une superficie de 22 hectares est sur un sol 
plus élevé que la précédente, se prêtant mieux au labour et 
moins bien aux prairies naturelles et herbages. Son proprié- 
taire est M. Pigeon. La maison du fermier est une ancienne 
maison de maître, couverte en ardoise et d'une grande impor- 
tance. Malheureusement, tout le reste des bâtiments d'exploi- 
tation, malgré l'activité et les soins du fermier, M. Hurel, 
laissent beaucoup à désirer. 11 faudrait que le propriétaire 
aidât davantage son fermier dans l'ensemble de ses efforts 



-94- . 

qui nous permirent de constater la plus belle tenue de pom- 
miers qu'il nous fut donné de voir. Ce point entre autres, 
entre pour beaucoup dans le rang où nous avons dû classer 
M. Hurel. 

Par l'élévation du sol, aucun herbage n'est pourvu d'abreu- 
voir. Presque toutes les étables et écuries demanderaient un 
pavage quelconque ou un béton. Que M. Pigeon veuille bien 
entendre cette observation et aider son fermier h y remé- 
dier ! 

A peu près la moitié de la ferme est en labour de quatre 
assolements produisant de belles récoltes sans cependant 
donner de grands rendements : 15 à 18 hectolitres à l'hectare, 
c'est surtout trop peu pour le blé, moins pour toutes les ré- 
coltes. Nous pensons que le fermier se trouverait bien d'une 
expérience de superphosphates en couverture et nous le lui 
conseillons. 

11 fait généralement une culture dérobée « de 7 à 8 
vergées » et 20 ares de plantes sarclées très réussies. 

Ses voies et charrîères ont été élargies et très améliorées par 
ses soins qui réclament encoro l'intervention du propriétaire 
pour parfaire un travail de première nécessité. 

Lorsque M. Hurel est arrivé, un seul champ était en herbe 
et usé de plantation. L'aspect actuel démontre ce que vaut un 
homme actif comme l'est M. Hurel. A la laiterie, bien tenue, 
se trouve une écrémeuse. A l'extérieur, une batteuse, une fau- 
cheuse et un van mécanique. Puisse-t-il compléter ces instru- 
ments aratoires et ne pas omettre la Brabant double Mélotte. 
Il y gagnerait en main d'œuvre si dffficile à trouver aujour- 
d'hui. 

A l'écurie se trouvent : 4 chevaux de travail et aux champs 
2 d'élevage, 11 vaches laitières, 2 génisses de 2 ans, 1 taureau 
pour la monte, 2 taureaux d'élevage, 5 génisses de l'année, 3 
veaux d'étable, 5 brebis et un bélier ; en tout 37 têtes de bon 
bétail, témoignant de la délicatesse du choix et de la connais- 
sance du fermier. 



— 95 — 

A la porcherie, 2 truies de rapport et environ 100 volailles et 
canards peuplant la basse-cour. 

Le légumier recevrait avec avantage un peu plus de soins et 
il les aurait certainement s'il était réduit de moitié. 40 ares 
c'est trop. Il est regrettable que la comptabilité ne soit pas en 
usage chez M. Hurel. Dans l'ensemble c'est une exploitation 
arrivée à ce degré de production par le soin et le travail inces- 
sant de l'exploitant. Pour cette raison votre commission Ta 
inscrit au troisième rang. 



4° La Jacquotterie, i Lengronne 

Nous sommes ici chez un propriétaire, M. Dumoncel, 
exploitant lui-môme sa propriété de 32 hectares. Six hectares 
seulement sont en labour et le surplus en prés, herbages clairs 
et plantés. 

Tout à nos yeux change d'aspect ! Une cour d'honneur ; une 
très jolie maison d'habitation ; un magnifique jardin légumier 
et fruitier, des bâtiments d'exploitation en très bon état, des 
récoltes abondantes donnant 30 hectolitres à l'hectare, hormis 
l'avoine qu'on y cultive pas. La production des plantes sarclées 
n'est pas moins remarquable, et la laiterie munie d'une écré- 
meuse et d'une baratte Simon, où s'obtient du beurre de 
première qualité, démontre que tout est conduit avec méthode 
et adresse. 

M. Dumoncel père voudra bien nous permettre d'accorder à 
son fils une large part dans ce résultat duquel nous les 
félicitons. 

Une faucheuse et une machine à battre sont en usage dans 
cette exploitation, portée à un très haut degré de production 
grâce, en plus des engrais de la ferme, à l'emploi régulier et 
annuel d'engrais chimiqnes, qu'il n'est pas téméraire de porter 
à 7.000 kilogrammes chaque annnée. Aussi, sur ces prairies 
surchauffées, si j'osais ainsi m'ex primer, nous avons renconté 



— 96 — 

2 juments de 1/2 sang suitées, un cheval de travail, 1 antenais, 
9 vaches, une génisse de deux ans pleine. 3 génisses d'un an 
4 veaux de Tannée, 3 veaux d'étable, 3 bœufs de deux ans, 2 
taureaux faisant la monte, 15 brebis et un bélier. En tout 46 
animaux, parmi lesquels plusieurs ont été primés et beaucoup 
d'autres de sorte à paraître sans déception dans les concours, ce 
qui nous dispense de les qualifier autrement. 

A la basse-cour 200 volailles, 32 dindes et un clapier où 1rs 
lapins sont nombreux. Nous espérons bien que M. Dumoncel 
couronnera ses efforts par la tenue d'une comptabilité qui lui 
manque sur l'ensemble en général et par l'apport de divers 
autres instruments aratoires dont il appréciera l'utilité. En 
attendant nous trouvons nécessaire d'ouvrir pour lui une 
parenthèse en lui donnant le 1 er rang, entre les propriétaires et 
le 4 e dans l'ensemble des concurrents. 



5° La Potière ou Pautière, Située i 
Saint-Sauveur-Lendelin. 

Cette exploitation de 18 hectares en totalité, appartient pour 
10 hectares aux époux Laisney qui y sont établis depuis 14 ans. 
C'est un ménage assorti et énergique, ardent au travail ainsi 
que le démontre l'ensemble de leur exploitation et la bonne 
tenue du corps de ferme qui est leur propriété. Ils ont dû le 
transformer et le modifier pour l'amener à l'état où il se 
trouve, ainsi que la voie d'accession où un travail important 
est en voie d'exécution. 

La cour a sa bordure d'accession aux bâtiments. Elle est 
d'autant plus nécessaire qu'ils reposent sur un sol humide, ce 
qui offre de l'eau en abondance, dont il est fait bon usage dans 
la tenue des burets à porcs, dont la propreté proclame le soin 
de Mme Laisney — soin qu'on retrouve dans son intérieur, à 
la laiterie munie d'une écrémeuse et d'une baratte Simon, 
ainsi qu'au jardin légumier aux légumes abondants. Cette 



— 97 — 

exploitation a sa comptabilité agricole dans de très bonnes 
conditions. Nous en félicitons Mme Laisney, aux soins de 
laquelle elle semble confiée. 

En plus des fumiers de bonne qualité obtenus dans une 
fumière au centre de la cour, M. Laisney apporte à Fhgctare, 
en couverture au printemps sur ses blés, 100 kilogrammes de 
nitrate de soude et 3 à 4 mille kilogrammes d'engrais chi- 
miques variés sur ses prairies et prés. Avec ce système, il 
obtient dans son labour en 4 assolements 30 hectolitres à 
l'hectare pour le blé, 35 pour l'avoine et 28 à 30 pour Forge. 
Ainsi, aussi soignés dans un beau champ de sarrasin, nous 
remarquâmes 2 sillons de plantes sarclées qui firent notre 
admiration. 

L'exemple donné sur ce point par M. Laisney est à suivre. 
Nous le recommandons chaleureusement. 

Une faucheuse, un râteau, une batteuse, un rouleau fouleur 
en fonte et un van mécanique composent les instruments ara- 
toires de l'exploitation. Pour bien suivre l'effort commencé et 
soutenu, il faudrait encore une faneuse et un brabant. 

La ferme, ainsi bien entretenue et les plants bien soignés, 
nourrit 2 chevaux d'attelage, un antenais, 11 vaches à lait, 
3 génisses de 18 moi?, 6 veaux de l'année, un taureau faisant 
la monte, un veau d'étable, 6 brebis et un bélier. En tout 
32 tètes de bétail d'excellente qualité auxquelles viennent 
s'ajouter 2 verrats, 5 truies de rapport dont une venait de 
mettre bas lors de notre passage. 

A la basse-cour 6 oies, 15 canards, 130 poules et poulets, 
18 lapins et 25 dindes. Ce résultat vaut au ménage Laisney 
le n° 2 comme propriétaire et le 5 e rang dans l'ordre général. 

6° La Villemandière à Hambye. 

Cette exploitation appartient à un propriétaire de Savigny ; 
elle est exploitée par les époux Anthime Hébert depuis assez 
longtemps. 

L'installation trop primitive et défectueuse des bâtiments de 

7 



- 98 — 

la ferme est un obstacle dans lequel il est à peu près impos- 
sible au fermier de donner la mesure de sa valeur profession- 
nelle. Le local affecté à la laiterie mérite à peine ce nom : 
malgré cette difficutté nous avons pu constater qu'elle était 
bien tenue et qu'on tire le meilleur parti possible de la situa- 
tion. Six hectares sont en labour et produisent à l'hectare : le 
blé 15 à 16 hectolitres, l'avoine 20 et l'orge 15 à 16 hectolitres. 
Ce rendement pourrait sans doute être augmenté par l'apport 
d'engrais chimiques en couverture et nous avons conseillé à 
M. Hébert d'en tenter l'expérience puisqu'il fait usage de ses 
engrais sur ses herbages qui composent avec ses plants le 
reste de la ferme, ferme sur laquelle les plants sont l'objet 
constant des soins du fermier. Partout ou nous avons été 
appelés, cette remarque n'a cessé d'être un point capital pour 
notre rapport et de la différence que nous avons constatée est 
toujours venu la différence de rang 

Sur cette exploitation sont bien entretenus : 2 chevaux 
d'attelage, 3 d'élevage, 7 vaches, 3 taureaux d'élevage, une 
génisse de deux ans, 3 génisses de 18 mois, 4 veaux de 
Tannée et un veau de lait, en tout 24 têtes de bétail qu'il n'est 
pas exagéré de qualifier de bonne qualité. Deux truies de rap- 
port, trois porcs de cour et des volailles en quantité suffisante 
viennent compléter le mobilier qui peut se ressentir sur la 
quantité de ce que cette exploitation n'est pas un ensemble 
comme celles des autres candidats. 

Aucune machine agricole n'est en usage dans la ferme et la 
comptabilité repose sur la mémoire des exploitants. C'est un 
tort ! Nous les engageons à s'en corriger et, en fait d'instru- 
ments aratoires, à se procurer au moins un râteau, dont ils 
apprécieront vite le service et l'utilité. 

Nous classons au 6 e rang les époux Hébert. 

7° Le Brief, à Lengronne. 

Cette ferme contient 19 hectares, elle appartient à M. Payen 
de la Garanderie. Elle est exploitée par les époux Henry 



— 99 — 

Lesouef, nous ignorons depuis combien de temps. Deux hec- 
tares sont en bois taillis, 8 hectares 40 ares en labour, ce qui 
réduit l'herbage à paître et à faucher à un p3u plus de huit 
hectares. Le fermier possède une batteuse, une faucheuse fet 
un van mécanique. L'apport d'engrais aux fumiers de la ferme 
se porte sur les superphosphates et les scories. Avec cette 
méthode le blé donne 13 à 14 hectolitres à l'hectare, l'avoine 
26 et l'orge 30. C'est beaucoup trop peu pour le blé ! Cela 
tient sans doute à ce que le fermier n'a pas tenté l'expérience 
des blés à grand rendement. C'est cependant son intérêt et 
nous l'engageons à le faire au plus vite, ainsi qu'à répandre 
des superphosphates de couverture. Il y gagnerait certainement. 

L'ensemble du corps de ferme, quoique ancien, est de bonne 
disposition et il serait très acceptable, si le propriétaire ména- 
geait une laiterie pour remplacer la laiterie actuelle qui est très 
insuffisante. Néanmoins, au moyen de petites écremières, la 
fermière réussit à fabriquer un bon produit. 

La culture est en 4 assolements dans lesquels alterne la 
luzerne et la trémaine, ce qui permet au fermier de forcer un 
peu son élevage du côté du cheval, partie pour laquelle il a des 
goûts particuliers. Nous y avons rencontré 2 poulinières sui- 
tées, 2 chevaux d'attelage, 2 de deux ans et 1 poulain de six 
mois récemment introduit. C'est-à-dire 9 animaux de la plus 
belle conquête de l'homme. Viennent après : 5 vaches, 
2 bœufs de 18 mois, 4 veaux de l'année, 1 taureau de un an, 
4 brebis et 1 bélier, en tout 26 tètes. Si l'on tient compte de 
l'exigence des chevaux, la population animale tient une bonne 
moyenne : ensuite des porcs et la basse-cour Là comme ail- 
leurs, la comptabilité est au souvenir du maître et les affaires 
ne paraissent pas en souffrir. Nous souhaitons à cette intéres 
santé famille progrès et prospérité ; nous la félicitons de ses 
efforts en désirant que le n° 7 auquel nous la classons lui 
apporte encouragement. 

. M. Lesouef fait partie du Syndicat des Agriculteurs de la 
Manche. 



— 100 — 

8? Le Manoir de Villodon en la commune de 
Nicorps 

Le manoir de Villodon de 25 hectares en culture et herbages 
nous a paru rester dans les contenances admises, puisque le 
surplus porte sur des coteaux boisés et « jannières » : expres- 
sion du propriétaire ! 

Ce fut pour votre commission plus qu'un plaisir de parcou- 
rir cette admirable propriété, capable d'inspirer les poëtes et 
de faire rêver les passionnés des beaux sites ! 

Situé aux confins de la commune de Nicorps, formant une 
sorte de presqu'île assez serrée par le lit serpentant de la 
Soûl les y s'accédant par une avenue de récente plantation qui 
vous conduit sur un pont traversant la petite rivière aux eaux 
limpides et murmurantes. Contournant deux magnifiques 
herbages qui forment plateau, le voyageur se trouve en face 
d'une belle cour à peu près quadrilatère ayant en grande 
partie pour clôturés les bâtiments de l'exploitation. Au fond la 
maison du maître, personnage agréable et courtois. Quoiqu'en 
dehors de l'exploitation par son affectation, M. Chauvet, c'est 
le nom de l'heureux propriétaire, insista et nous imposa 
l'honneur de la visiter : ce que nous finîmes par faire de bonne 
grâce en sa compagnie. Nous traversâmes des pièces 
agréables autant que confortables, lesquelles communiquent 
avec un magnifique jardin de produit et d'agrément entourant 
un vivier aux eaux jaillissantes : œuvre matérielle et bien 
comprise de M. Chauvet. Le remercier de sa délicatesse est le 
moins que nous puissions faire I 

Tout dans l'aménagement de l'exploitation de M. Chauvet, 
démontre qu'il connaît théoriquement et pratiquement l'agri- 
culture et pour arriver à une installation moderne qui lui fait 
honneur, il a transformé en grande partie ses bâtiments, 
quant à l'intérieur, si bien qu'il a place à tout abriter, jus- 



— 101 — 

qu'au manège d'une machine à battre à plan incliné pour un 
cheval. 

La laiterie, dans une pièce à cet usage aménagée et dispo- 
sée pour ne pas souffrir d'aucune température, est très bien 
tenue par la personne chargée de ce soin. 

Dans un vaste local est installée l'écurie distribuée en boxes 
avec râteliers en fer et mangeoires émaillées. Un des boxes 
sert de cabinet à coucher pour le grand valet ; aire en béton- 
ciment et écoulement des liquides dans une fosse à purin en 
arrière de la cour principale. Les vaches sont aussi bien parta- 
gées comme parquet avec râteliers et mangeoires à leur usage 
particulier. On y remarque encore la bonne disposition d'un 
pressoir avec vis système Simon, et un atelier de forge et me- 
nuiserie où M. Chauvet fait lui-môme les réparations de son 
outillage agricole qui est ce qu'il y a de plus moderne. Avec la 
batteuse, une faucheuse, une faneuse, un râteau, une brabant 
Bajac, une charrue arracheuse de plantes sarclées, herses, 
émotteuse, rouleau en fonte, déchausseuse, etc. 

D'installation parfaite et bien aérée sont les remises à voi- 
tures, à équipages et harnais de toutes sortes, ainsi que le 
poulailler où aire et perchoir peuvent aisément se laver et se 
nettoyer ce quia lieu souvent. Le clapier n'est pas moins bien 
compris avec ses divisions superposées et étanches. 

M. Chauvet, pou ri' éclosion, se sert d'une couveuse artifi- 
cielle dont les résultats sont surtout remarquables sur les œufs 
de canes. La porcherie vous donne la même impression de 
bonne installation et de tenue. Je serais trop incomplet si je ne 
vous mettais en présenc? d'un réservoir d'eau alimenté par une 
source captée à 800 mètres dans le coteau opposé de la rivière 
à 14 mètres d'élévation au-dessus des toits de la ferme, passant 
par dessous le cours d'eau et donnant en tous temps une eau 
saine et abondante. 

C'est par cette même conduite qu'est alimenté le vivier. 

Toute cette installation honore hautement le génie généreux 
de M. Chauvet et nous l'en félicitons. 



— 102 — 

M. Cbauvet fait la culture ordinaire, mais nous n'avons 
pu constater de résultat en rapport avec les sacrifices de l'ou- 
tillage ! C'est regrettable ! cela tient sans doute en partie à ce 
que les champs situés sur le sommet du coteau auxquels on 
accède par une avenue de 7 ou 800 mètres de long sont d'un 
sol léger et que M. Chauvet n'admet pas dans une assez large 
proportion l'usage des engrais chimiques sur ses labours. Qu'il 
nous permette de les lui recommander. 

Sont entretenus sur la ferme : 4 chevaux d'attelage, 
6 vaches, 5 génisses de 18 mois, 3 bœufs, 4 veaux de l'année 
et 2 veaux d'étables, 8 brebis et 1 bélier, animal remarquable. 
En tout 33 têtes ; moyenne un peu trop basse. 

A la porcherie, une truie et deux porcs à l'engrais. 

M. Chauvet par sa situation de fortune, sa science appliquée 
et ses grandes connaissances n'avait pas, dans la liste que vous 
nous avez remise de concurrents rivaux, dans le sens de l'ins- 
tallation. 

Il en avait dans le sens agricole proprement dit, ainsi que le 
démontrent les parties précédentes du rapport. C'est pour cette 
raison que nos félicitations s'arrêtent sur le premier point, mais 
elles y sont sans limites. 

Puissiez- vous disposer en faveur de M. Chauvet d'une ré- 
compense couronnant ses efforts, — qui passeront certaine- 
ment de l'installation à la culture et qui feront de l'exploitation 
de M. Chauvet une ferme modèle. 

Les Membres du Jury : 
Piquot, Lemaréchal et Goulet, rapporteur. 

Il n'y aurait rien à ajouter aux conclusions si bien déduites 
du rapport de M. Goulet, si nous n'avions à remercier les 
Membres de la Société présents à la réunion qui ont tenu à 
offrir aux lauréats de la journée un repas intime — repas qui 
a été pour ainsi dire la continuation et le couronnement de la 
solennité 



— 103 — 

Après une conversation des plus instructives, M. le Prési- 
dent, dans un toast chaleureux, a rendu hommage aux présents 
et aux absents ; à ceux-là en un mot qui comprennent combien 
l'agriculture mérite être encouragée par les prix culturaux 
décernés à toutes les branches de l'art agricole. 

Nous faisons des vœux pour que les Membres de la Société 
d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire Naturelle deviennent 
de plus en plus nombreux, afin de pouvoir continuer la distri- 
bution de récompenses dont l'utilité est incontestable et 
incontestée 

P. Marie. 



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- 104 r- 



Nécrologie 



MM. Alfred DIEU et Docteur POMMIER 



Nous avons vu disparaître en la personne d'Alfred Dieu un 
des membres les plus anciens de notre Société et de ses 
dignitaires. Désigné au choix de ses collègues par le goût 
raffiné qui avait présidé à l'organisation de sa demeure, il 
avait accepté les fonctions de conservateur-adjoint des collec- 
tions du Musée. Au sein du Conseil municipal, où sa parole 
était très écoutée, il trouva maintes fois l'occasion de faire 
preuve de dévouement pour nos intérêts. Lors de l'exposition 
artistique et rétrospective de 1866, il avait joué un rôle actif 
dans l'organisation des salles, et fait de nombreuses démarches 
auprès des détenteurs d'objets d'art. Il siégeait en même 
temps dans l'un des jurys du concours régional. Nous possé- 
dons dans nos archives une photographie faite par G. Doray, 
qui rassemble les organisateurs de cette fête, presque tous 
membres de notre Société. Alfred Dieu figure au milieu 
d'eux, avec sa jolie et intelligente physionomie. 

Il est regrettable que ce fin lettré, cet écrivain délicat, n'ait 
pas donné à la série de nos Mémoires quelqu'une de ces pages 
qu'il traçait d'une plume si alerte. Mais le Barreau l'avait 
pris tout entier, et ne lui laissait aucun loisir pour les travaux 
d'érudition, ou les recherches d'histoire naturelle. Cependant 
du vieux Saint-Lo il aurait pu faire revivre plus d'un souvenir 
disparu. Par ses ancêtres, il remontait très loin dans l'histoire 
locale. Sa conversation familière évoquait parfois d'intéres- 



— 106 — 

sants détails du passé, que je regretterai toujours de ne pas les 
lui avoir vu fixer par l'écriture. 

L'auteur de ces lignes a perdu en lui un ami fidèle, le 
barreau un confrère aimé et écouté, le pays un serviteur 
dévoué et intelligent, qui savait, au besoin, dire au suffrage 
universel des vérités utiles à entendre. Quoiqu'Alfred Dieu 
eût pris et gardé une attitude politique très nette, l'aménité de 
son caractère l'avait longtemps préservé des rancunes et des 
haines qui déshonorent trop souvent les partis. Il est mort 
entouré de l'estime et de l'affection de tous, même de ceux 
dont il combattait les idées : exemple rare de nos jours du 
respect pour les personnes que devraient considérer comme 
une limite infranchissable ceux qui sont descendus dans l'arène 
des luttes de parti. 

Gaétan Guillot. 



Le Docteur Pommier, ancien Maire de Torigni-sur-Vire, 
Conseiller Général de son canton, Chevalier de la Légion 
d'honneur, est mort à la fin du mois d'Août 1908. Son père, 
médecin d'une honorabilité parfaite, était né à Giéville. Sa 
mère, appartenait à une vieille famille Saint-Loise, les 
Hervieu, dont l'un des membres M. Ilervieu la-Planche, 
avait été Président du Tribunal de Saint-Lo. 

Pommier fit ses études médicales à l'ancienne Faculté de 
Strasbourg, qui comptait alors des personnalités de haut mérite. 
11 eût pu, comme le firent nombre de ses camarades et comme 
le lui conseillaient ses maîtres, s'engager dans la médecine 
militaire à laquelle il devait les débuts de sa formation profes- 
sionnelle. Mais, sous l'influence de la hantise du sol natal, il 
préféra revenir à Torigni et succéder à son père. 

Par son caractère facile, p;ir sa bonhomie sans égale, 
Pommier sut se concilier rapidement tt, chose plus difficile, 



— 106 — 

conserver toujours l'affection de ses malades et l'estime de tous 
ceux qui l'abordaient : on peut dire de lui qu'il n'eut point 
d'ennemis. 

La Société d'Archéologie salue respectueusement la 
mémoire de celui qui fut un de ses membres titulaires, se 
rappelant avec reconnaissance que, c'est à sa bienvaillante 
collaboration qu'elle put reconstituer les portraits delà famille 
des Matignon. 

R. L. C. 



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LISTE DES MEMBRES 

DE LA 

SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE, D'ARCHÉOLOGIE 

ET D'HISTOIRE NATURELLE 
du Département de 1a JMtatnclie 

au 31 décembre 1909 



PRÉSIDENTS D'HONNEUR 

MM. le Préfet de la Manche, ^. 
le Maire de Saint- Lo, $S 

MEMBRES D'HONNEUR 

S. A. S. Mgr le prince de Monaco, comte de Torigni, baron 
de Saint-Lo, etc., G. C. $£, Correspondant de l'Institut. 

M. Lèopold Delisle, G. 0. ^, Membre de l'Institut, Admi- 
nistrateur général honoraire de la Bibliothèque Nationale, 
8, rue des Petits-Champs, Paris, II e . 

ADMINISTRATION 

Président : M. Gaétan Guillot. 

Vice-Présidents : MM. l'abbé Blanchet, Chanoine hono- 
raire, Curé de Ste-Croixde Saint-Lo ; 
Le docteur Le Clerc ; 

Secrétaire général : M. Gambillon. 

Secrétaire adjoint : M. Gautier. 

Trésorier : M. Levoy. 

Conservateur : M. Léopold Delisle. 

Conservateur adjoint : M. Paul Jacqueline. 

Bibliothécaire-Archiviste : M. le docteur Louis Alibert. 

Classificateur de la section d'Agriculture : M. Marie. 

Classificateur de la section d'Archéologie : M.X. Delisle* 

Classificateur de la section cT Histoire Naturelle : M. Sébire 



— 108 — 

MEMBRES TITULAIRES 

MM. 

Adfgard (Pierre), Avocat, Député de POrne, 4, rue Chomel, 
Paris, VII e . 

Alibert (le docteur Louis), Saint-Lo. 

Auvray (l'abbé), Professeur à l'Institut Secondaire Libre de 
Saint-Lo. 

Barbaroux, Imprimeur, Propriétaire et Directeur du Messager 
de la Manche, Saint-Lo. 

Baudre, La Heuperie en Sainte-Croix de Saint-Lo (Manche)- 

Bérenger (le vicomte de)., à Trelly, par Quettreville, et 40, 
rue de Naples, Paris, VIII e . 

Biard (J.), Notaire, Saint-Lo. 

Blanchet (l'abbé), Chanoine honoraire, Curé de Sainte-Croix 
de Saint-Lo. 

Boscq de Beaumont (du), Le Mesnil-Vitey, Airel (Manche), 
et 15, rue Greuze, Paris, XVI e . 

Bosq (J.), Banquier, Saint-Lo 

Bourde de la Rogerie (Henri), Archiviste-Paléographe, 
Conservateur des Archives départementales, Hôtel de la 
Préfecture, Quimper (Finistère). 

Brégey (le colonel de), ^, Conseiller général, Brécey. 

Broise(dela), Propriétaire, Château delaVaucelle, Saint-Lo, 

Chardon (H.), 0. &, Maître des Requêtes au Conseil d'Etat, 
81, boulevard Saint-Michel, Paris, V°. 

Chauvet-Villodon, Ingénieur, Château de Villodon, Nicorps 
(Manche). 

Commines de Marsilly (Arthur de), 80, avenue Kléber, 
Paris, XVK 

Commines de Marsilly, (Henri de), Villa Saint- Georges, 
Saint-Lo, et 80, avenue Kléber, Paris, XVI e . 

Conté (Georges Ferrand de la) Conseiller général, château 
des Mares, Saint-Sauveur- Lendelin (Manche). 

Damecour, Notaire, second adjoint, Saint-Lo. 

Dary, propriétaire, Saint-Lo. 

Delisle (Léopold), Avocat, Saint-Lo. 

Delisle (Xavier), Receveur de l'Enregistrement, en retraite, 
Saint-Lo. 



— 109 — 

Desplanques (A.), Maire d'Airel (Manche). 

Dior, Député de la Manche, Granville; 12, boulevard de 

Courcelies, VIII e , et 235, boulevard Saint-Germain, VII e , 

Paris. 
Dolbet (François), Archiviste du Département de la Manche, 

rue du" Château, Saint-Lo. 
Dolbet (Charles), Bibliothécaire de la Ville, rue du Château, 

Saint-Lo. 
Doynel de la Sausserie (Georges), Maire, Château de 

Boisgrimot, Saint-Eny (Manche). 
Dudouyt (le docteur), Député de la Manche, Coutances 

(Manche). 

Enault (Emile), Directeur du Journal de la Manche, 

Saint-Lo. 
Fabre (H.), O. $£> Commissaire général du Canada, 10, rue 

de Rome, Paris, VIII e . 

Fauvel (Léon), Notaire, Conseiller Général, Lessay (Manche). 

Feuillet (Richard), ^, Chef de bataillon au 45 e régiment 
d'infanterie, 24, rue de Flore, Le Mans (Sarthe). 

Friteau (Henri), Conseiller d'arrondissement, Saint-Lo. 

Frémy (l'abbé), Professeur à l'Institut Secondaire Libre de 

Saint-Lo. 
Gambillon (E.), Chef de Division de la Préfecture de la 

Manche, en retraite, Saint-Lo. 
Gautier, Architecte, Saint-Lo. 

Gislard (l'abbé), Professeur à l'Institut Secondaire Libre de 

Saint-Lo. 
Gosset (Léon), Avocat à la Cour d'Appel, 78, rue d'Assas, 

Paris, VI e . 
Goulet, Maire, Conseiller général, Troisgots, par Tessy- 

sur-Vire (Manche). 
Gourcy (le comte Xavier de) 25, rue de Grenelle, Paris, 

VII e , et château de la Boulaye, Cerisy-la-Forot (Manche). 
Grente (l'abbé), Directeur de l'Institut Secondaire libre de 

Saint-Lo. 
Guilbert (Prosper), Sous-Chef de Bureau à la Direction 

générale de l'Enregistrement, 4, rue Gounod, Paris, XVII e . 

Guillot (G.), rue du Rempart, 1, à Saint-Lo, et [5, rue 

Crevaux, Paris, XVI e . 
Hérissé (Georges d'), &, Inspecteur général honoraire de la 

Banque de France, 66, rue de Miromesnil, Paris, VIII e . 



— 110 — 

Hommet (le baron Th. du), 22, rue Brochant, Paris, XVII e . 

Hunger (Victor) &, Secrétaire général delà Société d'encoura- 
gement du cheval français de demi-sang, 7, rue d'Astorg, 
Paris, VIIK 

Jacqueline, ancien Orfèvre, Saint-Lo. 

Jacquelink (Paul), Imprimeur, Saint-Lo. 

Jèhannk, Maire de Saint-Gilles, par Saint-Lo. 

Jouanne (L.), Avoué, Saint-Lo. 

Kergorlay (le comte Jean de), château de Thère, par Pont- 
Hébert (Manche). 

Labbey(A.), Négociant, 5, place de la Bourse, Paris, IP, et 
château de Mesnilville, Couvains, par Saint-Clair (Manche). 

Laisney (l'Abbé), Professeur de l'Institut Secondaire Libre de 
Saint-Lo. 

Le Bas, Avocat, Saint-Lo. 

Leboucher, Propriétaire, Agneaux, par Saint-Lo. 

Lecarpentier (Charles), Sous-Inspecteur de l'Enregistre- 
ment, Saint-Lo. 

Le Clerc (le docteur R.), Saint-Lo. 

Leclerc (A.), Notaire honoraire, Saint-Lo. 

Le Comte d^londe^.), Propriétaire, Saint-Lo et Fervaches, 
par Tessy-sur-Vire (Manche). 

Ledanois, Gérant de Propriétés, Agneaux, par Saint-Lo. 

Le Forestier d'Osseville (le comte), Conseiller général, 
château de Thère, par Pont-Hébert (Manche). 

Lefranc (le docteur), La Meauffe, par Saint-Clair. 

Le Gout-Gérard (Fernand), Artiste peintre, 93, rue Ampère, 
Paris, XVIK 

Legrand (Arthur), &, Député de la Manche, 18, rue Chau- 
veau-Lagarde, Paris, VIII*, et château du Coquerel, par 
Milly (Manche). 

Leherpeur (PAbbé), Professeur de l'Institut Secondaire libre 
de Sainl-Lo. 

Le Menuet, Conseiller municipal de Paris, 2 bis, rue de 
Lyon, Paris, I er . 

Lemerre (Alphonse), O. &, Libraire-Editeur, passage 
Choiseul, Paris, II e . 



— 111 — 

Le Monnier de Gouville (Alain), ^£, Capitaine de cavalerie 
en retraite, château de La Pallière, Agneaux, par Saint-Lo. 

Le Monnier de Gouville (Léon), Château d'Ainigny par 
Pont-Hébert (Manche). 

Le Pesant, rue Geoffroy-de-Montbray, Coulances (Manche). 

Lerosey (l'abbé), Chanoine honoraire dangers, Curé de 
Saint- Hilaire, Loudun (Vienne). 

Le Tual, Imprimeur, Saint-Lo. 

Leturc (le docteur), Conseiller d'arrondissement et Conseiller 
municipal de Saint-Lo. 

Levoy, Percepteur, Saint-Lo. 

Lhomond (le docteur), Saint-Lo. 

Magniaux, Avoué, Saint-Lo. 

Mallet, Avocat, Saint-Lo. 

Marie, Maire d'Agneaux, par Saint-Lo. 

Marie (l'abbé), Curé de Saint-Denis-le-Gast (Manche). 

Mathan (le comte Jean de), Conseiller d'arrondissement, 

maire de S*milly, par Saint-Lo. 
Michel de Monthuchon (Louis), château de Monthuchon, 

par Coutances (Manche). 
Mons (Marie-Joseph de), Château de Carantilly, par Marigny 

(Manche). 
Mons (l'abbé de), Curé de Mesnil-Eury (Manche). 

Parf^uru (Marc de), château de Servigny, Yvetot, par 

Valognes (Manche). 
Péroche, $*, Directeur honoraire des Contributions indirectes, 

rue de la Bassée, Lille. 

Porel (Paul Parfouru), ^, Directeur du Vaudeville, 63, 
Avenue des Champ-Elysées, Paris, VIII e . 

Pottier, Avoué honoraire, Saint-Lo. 

Pougheol, Notaire, Saint-Lo. 

Poulain, Juge de Paix d'Octeville, en résidence à Cherbourg, 
rue des Ormes. 

Queillé, 0. $£, Inspecteur général des Finances, en retraite, 

Saint-Lo. 
Quenault de la Groudière (Bernard), Maire de Soulles, 

château de Soulles, par Canisy. 

Quenault de la Groudière (Louis), ancien officier, château 
duDézert, par Saint-Jeau-de-Daye (Manche). 



- 112 — 

Ràulîne (Marcel), Conseiller général et Député de la Manche, 
48, avenue Marceau, Paris, VIII , et manoir de Ghampeaux, 
Saint-Lo. 

Raulline, Commissaire-Priseur, rue Haut-Torteron, St-Lo. 

Roland de Cadehol, Rédacteur en chef de V Indépendant, 
28 et 30, place au Bois, Cambrai (Nord). 

Rousselle, Château du Bois-Chicot, à Servon (Manche), 
99, rue du Bac, Paris, 7 e . 

Sauvage (Hippolyte), ancien Magistrat, Lauréat de l'Institut. 
89, boulevard Bineau, Neuilly-sur-Seine. 

Savary (l'abbé), Chanoine honoraire, Supérieur de l'Institut 
secondaire libre de Saint-Lo. 

Sébire, Conseiller municipal, Saint-Lo. 

Sévestre (l'abbé), Licencié ès-lettres, 25, rue Guibert, Caen. 

Thomas (le docteur), Conseiller général, Saint-Lo. 

Thouroude (A.), Greffier en chef du Tribunal de Première 
Instance, Saint-Lo. 

Travers (Emile), Archiviste-Paléographe, ancien Conseiller 
de Préfecture, 18, rue des Chanoines, Caen. 

Vialatte, Directeur d'Assurances, Saint-Lo. 

Vibert(A.), Pharmacien, Saint-Fromoûd,par Airel (Manche). 

Virville (le marquis de), château de Virville, à Saint-Aubin- 
du-Perron, par Périers (Manche). 

Ygouf (le docteur), Saint-Lo. 

MEMBRES CORRESPONDANTS (1) 

Adam (l'abbé J.-L.), Aumônier des Augustines de Valognes. 

Bouis (Capitaine Raymond), $£, Escoville, par Hérouvillette 
(Calvados). 

Cléret de Langavant (Capitaine J.), ^, Ker-Lezen, Saint- 
Malo. 

Créances, Principal honoraire, 38, chemin de la Corniche, 
Marseille. 

• Courson (A. de), ancien Sous-Préfet, château des Planches- 
sous-Amblie, par Creully (Calvados), et 26, rue de l'Oran- 
gerie, Versailles. 



(1) Les Membres Correspondants, dont le nom est précédé 
d'une astérique, sont abonnés aux publications de la Société. 



- 113 — 

Dalimier (Henri), Professeur de Première au Collège 
d'Avranches, 7, rue du Séminaire, Avranches. 

Jambois (^Charles), Conseiller à la Cour d'Appel de Paris, 13, 
rue Littré, Paris, VI e . 

Lecornu (Léon), ^, Ingénieur en chef des Mines, 3, rue 
Gay-Lussac, Paris, V e . 

Legoux (Mgr), Protonotaire apostolique, Chanoine honoraire 
de Coutances, 60, rue de Picpus, Paris, XII e . 

Leguillochet (l'abbé), Curé de Gerville, par La Haye-du- 
Puits (Manche). 

Le Moyne (Eugène), Président du Tribunal civil de Ploërmel 
(Morbihan). 

Morel (l'abbé L.), Aumônier des Sœurs de Saint- André, 133, 
rue du Cherche-Midi, Paris, XV e . 

» Pillet (J.), Principal du Collège de Cambrai (Nord). 

Vacandard (l'abbé E.), Chanoine honoraire de la Métropole 
de Rouen, Aumônier du Lycée Corneille (Rouen). 



SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES 



FRANCE 

Aisne. — Société Historique et Archéologique de Château- 
Thierry. 

Allier. — Société d'Emulation du Bourbonnais, à Moulins^ 

Alpes-Maritimes. — Société des Lettres, Sciences et Arts 
des Alpes-Maritimes. 

Basses-Pyrénées — Société des Sciences, Lettres et Arts, à 
Pau! 

Calvados. — Académie de Caen. 
Association Normande, 12, rue des Croisiers, Caen. 
Société des Beaux- Arts de Caen. 
Société des Antiquaires de Normandie. 
Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Bayeux. 

Doubs. — Académie des Sciences, Belles-Leltres et Arts de 

Besançon. 
Eure. — Société d'Etudes préhistoriques des Andelys. 

8 



~ lu - 

Finistère. — - Laboratoire de Zoologie et de Physiologie mari- 
times de Corcarneau. 

Gard. — Académie de Nîmes. 
Société d'Etudes des Sciences naturelles de Nîmes. 

Gironde. — Société des Sciences Physiques et Naturelles de 
Beideaux. 

Haute-Garonne. — Société d' Archéologie du midi de la 
Fiance, à Toulouse. 
Société d'Histoire Naturelle de Toulouse. 

Hérault. — Société d'Archéologie, Scientifique et Littéraire 

de Bézers. 
Ille-et-Vilaine. — Société Archéologique d'Ilie- et- Vilaine, à 
Rennes. 
Société Historique et Archéologique de l'Arrondissement de 
Saint-Malo. 
Loire-Inférieure. — Société Académique du département de 
la Loire-lnféiieure. 
Société Aicbéolo^ique de Nantes. 

Société des Scieoces Naturelles de l'Ouest de la France a à 
Nantes. 
Maine-et-Loire. — Soc-eié d'Agriculture, Sciences et Arts 

d'Angers. 
Manche. — Société d'Archéologie d'Avianches et de Mortain. 
Société Académique de Cherbourg. 
Société des Sciences Naturelles de Cherbourg. 
Société Académique du Coteniin, à Coutances. 
Société Archéologique, Artistique, Liuhaire et Scientifique 
de l'Arrondissement de Valognes. 

Orne. — Société Historique et Archéologique de l'Orne, à 

Alençon. 
Pyrénées-Orientales. — Société Agricole, Scientifique et 

Littéraire des Pyrénées-Orientales. 
Rhône. — Société Litiéraiie, Historique et Archéologique de 

Lyon. 
Saôae-et-Loire. — Société Eduenne des Lettres, Sciences et 
Arts, à Autun 
Société d'Hisioire Naturelle d' Autun. 
Société d'Histoire et d'Archéologie de Chalon-sur-Saône. 
Société des Arts, Sciences, Bel les-Lei très et Agriculture de 

Saône-et-Loire. 
Société des Sciences Naturelles de Saône-et-Lo?re (Châlon 1 - 

sur-Saône). 
Société d'Histoire Naturelle de Mâcon. 



— 115 — 

Sarthe. — Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe. 

Seine. — « Omis », Bulletin du Comité Ornithologique et 
International, Paris, Masson, 20, boulevard baint- 
Germain. 
* La Pomme », Société Littéraire et Artistique, 54, avenue 

de Breteuil, Paris. 
o Romania », Recueil trimestriel consacré à Pétude des 
Langues et des Littératures Romanes, Emile Bouillon, 
67, rue de Richelieu, Paris. 

Société Française des Fouilles Archéc!ogiqu3S, Ernest 
Leroux, 28, rue Bonaparte, Paris. 

Seine-Inférieure. — Académie des Sciences, Belles-Lettres 
et Arts de Rouen. 
Société Géologique de Normal die, au Havre. 
Société Hâvrai^e d'études diverses. 

Somme. — Société des Antiquaires de Picardie, à Amiens. 
Société des Sciences, des Lettres et des Arts d'Amiens. 

Tarn-et-Garonne. — Société Archéologique de Tarn-et- 
Garonne. 

Vor. — Société Académique du Var, à Toulon. 

Yonne. — Société des Sciences Historiques et Naturelles de 
P Yonne (Auxerre). 



ETRANGER 

Alsace-Lorraine. — Société d'Histoire Naturelle de Metz, 
25, rue de PEvêché. 

Belgique. — Revue Mabillon (Au Directeur, Dom Besse), à 
Chèvetogne, par Leignon, province de Namur. 

Etats-Unis d'Amérique. — The Smithsonian Institution. — 
Minnesota Acaaemy and Naiural Sciences. Bureau 
d'Ethnologie (au Directeur), à Washington. 

Jersey. — Société Jersiaise pour Pétude de Phistoire et de la 
langue du pays. 

Uruguay. — Musée national de Montevideo.