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NOTICES
MÉMOIRES ET DOCUMENTS
PUBLIÉS PAR LA. SOCIÉTÉ
D'AGRICULTURE, D'ARCHÉOLOGIE ET D'HISTOIRE IATURELLE
DU DÉPARTEMENT DE LA MANCHE
VINGT-QUATRIÈME VOLUME
La Société ri est pas engagée par les opinions
des auteurs dont elle publie les Mémoires.
NOTICES
MÉMOIRES ET DOCUMENTS
PUBLIÉS PAR LA SOCIÉTÉ
d'Agriculture, d'Archéologie el d'Histoire Naturelle
DU DÉPARTEMENT DE LA MANCHE
VINGT-QUATRIEME VOLUME
SAINT-LO
IMPRIMERIE JACQUELINE, RUE DES IMAGES, 23
MDCCCCVI
CATALOGUE
DU MUSÉE DE SAINT-LO
(Suite)
Céramique
f. Jardinière, faïence de Marseille, signée X.
Cet objet a été donné au Musée par Mme Duhamel, née Gif-
far.l, en même temps que les numéros qui vont suivre.
2. «faite, faïence de Delft polychrome.
3. Deux Assiettes carrées, faïence de Strasbourg.
4. Plat de porcelaine de Chine polychrome.
Cette pièce a été réparée.
5. Gourde en porcelaine dure, décors rose, style Louis XV,
marquée L. M. et C ie .
B. Plat, faïence de Moustiers, jaune d'ocre, marque : X.
T. Tasse, porcelaine dure, signée : M. J M. en creux, décorée
d'une guirlande de roses et de fleurs.
S» «latte, vieux Chine.
©. Coupe, porcelaine dure avec sa soucoupe. Décor Empire
sur fond céladon. Manufacture impériale de Sèvres.
\ O. Deux Plats, porcelaine de Louisbourg, marquée d'un
double C, surmonté d'une couronne fermée.
11* Soupière, faïence de Marseille. Pièce réparée.
\ 2» Petite Théière, porcelaine de Meissen. Marques : Bv.
es. Mv. 1706. Marque de Marcolini (V. Jacquemart).
— 6 —
13. Petite Jardinière, faïence Strasbourg, marquée : G.
14. Soupière faïence, décor Marseille, guirlande et sujets,
marquée A. Clérissy à Saint- Jean du-Dezerl 4097, [à Marseille.
Au môme numéro,, la môme sans couverture.
15. Assiette» marly à jour, imitant une natte.
16. Plat, faïence. Le marly est découpé et orné de reliefs,
genre Strasbourg, filets verts et jaunes.
17. Plat, vieux Chine.
18. Assiette, vieux Chine.
19. Trois Tasses, porcelaine Chine, décor à fond bleu.
20. Encrier, faïence de Rouen.
21. Id. Faience de Marseille.
22. Trois Tasses, vieux Chine, décor bleu à fleurs.
23. Plat, Chine de la Compagnie des Indes.
24. Grand Plat, faïence blanche décorée de reliefs, fa-
brication de Creil et Montereau.
25. Saucière, Chine, Compagnie des Indes.
26. Jardinière, faïence de Marseille.
27. Soupière, faïence de Strasbourg, décorée de fleurs et de
fruits.
28. Jardinière, faïence de Strasbourg. Pièce endommagée.
29. Moutardier, faïence de Marseille.
36 Huilier, faïence de Rouen, décor à la corne.
Les burettes manquent.
31. Deux Soucoupes, vieux Chine, monture française en
bronze et moderne.
32. Huilier, faïence de Rouen polychrome.
Les burettes manquent.
33. Huilier, porcelaine dure décorée.
34. Sucrier, Chine de la Compagnie des Indes.
35 et 36. Deux Assiettes, faïence de Strasbourg.
37. Jardinière, porcelaine de Saxe.
38. Jardinière, faïence de Strasbourg.
39. Saucière, porcelaine Chine de la compagnie des Indes.
— 7 —
40. Quatre Assiettes à fruits, montées sur pied, marly à
jour, faïence moderne, fabrique de Luné ville?
41. Onze Assiettes, faïence de Creil et Montereau, décors
populaires.
42. Soupière, faïence Strasbourg.
43 Huilier, faïence de Rouen polychrome avec ses deux bu-
rettes.
44. Cafetière» porcelaine de Chine de la Compagnie des
Indes.
45. Rafraichissolr, faïence Strasbourg.
46» Cabinet en faïence, imitation de Marseille.
47* Sébile oblongue, faïence de Strasbourg.
48. Rafraf ehissolr, faïence de Strasbourg.
49. Pot, faïence de Nevers.
50. Huilier, faïence de Rouen.
51. Grand Plat, porcelaine de Meissen.
52* Soupière, faïence Marseille, décor à reliefs polychrome.
Marque S.
53. Buire, faïence de Marseille.
54. Plat long, faïence de Strasbourg.
55. Jatte, faïence de Nevers.
56. Groupe, biscuit décoré.
57. Jatte, porcelaine dure.
58. Jardinière, faïence de Marseille.
59. Ecuelle, porcelaine de Chine de la Compagnie des Indes.
60. Assiette, porcelaine de Chine de la Compagnie des Indes.
61. Théière, porcelaine dure. Marque N.
62. Plat, faïence de Strasbourg.
63. Pot couvert, porcelaine de Chine de la Compagnie des
Indea (objet détérioré).
64. Deux Sujets en porcelaine dure. Incroyable el Merveil-
leux. Marqués.
65. Groupe, porcelaine de Meissen. Décor polychrome.
— 8 —
66. Petite Jatte» porcelaine Chine, monture française mo-
derne en bronze. .
67. Deux Tasses, porcelaine do Chine de la Compagnie des
Indes.
68. Cinq Potiches couvertes, porcelaine de Chine.
69. Statuette : Le Berger, porcelaine de Meissen, avant la
direction de Marcolini.
70. Deux Soucoupes, porcelaine de Chine de la Compagnie
des Indes.
7 1 . Groupe, La Bonne Aventure, porcelaine de Saxe moderne.
72. Deux Soucoupes, porcelaine de Chine de la Compagnie
des Indes.
73* Groupe, Bergère, porcelaine de Meissen, ayant la direc-
tion de Marcolini. Pièce avariée.
74. Cornet à, fleurs, Majolique de Minton.
75. Soucoupe, porcelaine dure décorée, fabrication fran-
çaise.
76* Bonbonnière, porcelaine de Meissen, avant la direction
de Marcolini.
77. Groupe, Enfants et oiseaux, faïence de Lorraine.
78. Groupe, porcelaine d'Allemagne. xvm e siècle.
79. Petite Jatte, porcelaine dure. xix° siècle.
80. Petite Assiette, imitation de Palissy.
81. Groupe, Enfant et bélier, imitation de Palissy.
82. Groupe en biscuit, Petites figures» Marques S. E. V.
83. Groupe, porcelaine de Meissen, réparé.
84. Deux Jattes, porcelaine de Chine.
85. Plat octogone, faïence de Rouen, décor à lambrequin,
bleu.
86. Plat oblong faïence de Strasbourg.
87. Plat, faïence de Rouen à la corne.
88. Pièce en faïence de Nevers.
89. Assiette en faïence de Quimper.
90. Plat oblong, faïence de Nevers, décors € patriotiques ».
— 9 —
91* Assiette, faïence de Strasbourg.
92. Assiettes carrées, faïence de Hochât - sur- le -Mein.
Marquée.
93» Cuvette, faïence de Ne vers polychrome.
94. Cuvette, faïence de Nevers polychrome.
95. Jatte, vieux Chine.
96. Plat octogone, faïence de Rouen polychrome.
97. Deux Groupes, faïence de Nevers (vaches couchées).
98. Cache-Pot, porcelaine dure de Paris, marquée d'un pa-
rapluie bleu.
99. Assiette, faïence de Strasbourg, (cassée).
100. Assiette, faïence de Delft polychrome.
101. Assiette, faïence de Nevers polychrome.
102. Ecuelle, faïence de Delft polychrome.
f 03. Deux Assiettes carrées, faïence de Strasbourg.
104. Soupière, faïence de Strasbourg.
105. Cinq Assiettes, faïence de Delft polychrome.
106. Assiette, porcelaine de Chine.
107. Assiette, faïence de Moustiers, décor au violet de man-
ganèse.
108. Assiette, faïence de Nevers polychrome.
Les armoiries portent : D'azur au lion (émail non désigné),
tenant entre ses pattes une flèche Couronne de comte.
109. Assiette, faïence de Strasbourg, décor rose.
110. Assiette, faïence de Rouen, décor au papillon.
111. Assiette, faïence de Strasbourg, décor rouge.
112 Assiette, faïence de Strasbourg.
113. Deux Assiettes, faïences de Nevers, dé:or avec attri-
buts guerriers. (Faïences patriotiques).
114. Assiette, faïence de Nevers.
115. Assiette, porcelaine de Chine delà Compagnie des
Indes.
1 10 Assiette, faïence de Moustiers.
— 10 —
117. Assiette, faïence de Delft, décor chinois.
118- Plat ovale, faïence de Rouen polychrome.
110. Assiette, faïence de Delft, décor bleu.
120. Assiette, faïence.
121. Assiette, porcelaine du Japon.
122. Plat, faïence, décor rayonnant noir et rouge.
123. Deux Vases, porcelaine dure, décor étrusque, figures
blanches sur fond rouge, une anse cassée. Marque : J. L. H , dans
un losange.
124» Grand Plat, faïence de Nevers, décor imitation de
Rouen.
1 25* Deux Gourdes africaines, terre rose sous engobe décorée.
Don de M. Ygouf, notaire à Pont -Hébert.
126. TJiéierc, porcelaine de Chine de la Compagnie des
Indes.
Cette pièce ainsi que les suivantes, provient du legs de Mme
Duhamel.
127. Groupe. Seigneur et Musiciennes, porcelaine de Saxe,
marque de Marcolini à Meissen.
128. Déjeuner en porcelaine dure, manufacture du Comte
d'Artois, marque bleue sous couverte : G. J. D. entrelacés.
120. Eeuelle, faïence de Rouen polychrome.
130. Jatte, vieux Chine.
131. Soupière, porcelaine de Chine de la Compagnie des
Indes.
132. Eeuelle, porcelaine de Chine de la Compagnie des Indes.
133. Eeuelle & 2 anses, faïence de Marseille polychrome.
13-1. Tasse, porcelaine du Japon.
135. Sucrier, faïence de Niderwilier (?).
136. Soupière, faïence de Moustiers polychrome.
137. Jatte, porcelaine de Chine.
138. Cuvette, faïence de Rouen, décor à lambrequin.
130. Gourde, faïence de Delft.
140. Gourde, faïence de Nevers, décor à lambrequin.
— 11 —
141. Deux Tasses, porcelaine de Chine, décor à fon 1 rouge.
142. Plat, faïence de Rouen, décor au bouquet.
143. Vase de jardin, faïence de Rouen, décor bleu, ornement
et paysage.
1 44. Potiche, faïence de Daîft de grande dimension ; pièce
avariée.
145. Vase de jardin, faïence de Rouen, décor rayonnant.
146. Pot a surprise ou Pot trompeur en faïence de
Rouen. Provenance inconnue.
147. Vase en grès cérame, fabrication de Vindefontaine
(Manche).
Don de M. Onfroy.
148. Porte bouquets faïence de Delft, décor bleu.
Don de Mme Duhamel.
Gaétan Guillot.
UNE SPÉCULATION AGRICOLE
AU XVIII* SIÈCLE
La Lande de Lessay et le C le de BriqueOille
Au nord de Coutances, à 3 kilomètres en moyenne de la
côte ouest de la Manche, au sortir du Bocage, s'ouvre une
vaste plaine à peu près inculte et que les tentatives des riverains
n'ont pu, jusqu'à ce jour, utiliser pour l'agriculture.
Le voyageur qui la traverse sur une longueur de 4 kilomètres
environ, quand il sort de Montsurvent et se dirige vers La
Haye-du -Puits, rencontre à sa droite, une église neuve, et à sa
gauche, quelques maigres bois de pins et des clôtures
récemment élevées. Puis la bruyère réapparaît, drue et mono-
tone, jusqu'aux abords immédiats de la bourgade qui s'est
élevée à l'ombre de la magnifique église et du monastère fondés
par les Bénédictins, au xn c siècle.
Vers 1745, au moment où se produisirent les faits que nous
allons exposer, dans cette étendue de 50 kilomètres carrés, on
ne voyait ni un arbre, ni une maison. Seule, un3 petite chapelle,
nommée Notre-Dame-de-la-Lande, desservie par les moines
de Lessay, se dressait non loin de la sortie de ce désert. Les
gens du pays s'arrangeaient pour ne le traverser que de jour.
Une terreur superstitieuse semblait le protéger contre toute in-
cursion.
— 13 —
Les habitudes de certains bordiers de la lande justifiaient la
terreur dont elle était l'objet. Les habitants des rares ^ masures
bâties à Torée de cette vaste plaine, méritaient leur réputation
de coupeurs de bourses. On racontait dans le pays des aventures
tragiques, arrivées aux gens attardés, et des procès criminels,
en plein xix* siècle, ont prouvé que tout n'était pas chimérique
dans le mauvais renom dont ces solitudes étaient l'objet.
Cette terreur revêtait une forme superstitieuse. Le romancier
Barbey d'Aurevilly, dans l'Ensorcelée, a exprimé en termes
saisissants l'opinion qui régnait dans tout le canton. Cette
opinion était d'ailleurs assez générale pour qu'un historien du
pays bas-normand doive en tenir compte.
Bien qu'elle fut pour eux un objet de crainte, la lande de
Lessay n'était pas et n'est pas encore de nos jours inutile à
ceux des riverains qui menaient une existence régulière, qui
ne faisaient pas métier de détrousser les voyageurs à la nuit
tombée, ou qui ne s'étaient pas condamnés à une vie de
sauvages, comme les bergers, semi- voleurs, semi-sorciers,
qu'a dépeints l'écrivain romantique. Les propriétaires dont les
fonds bordaient la lande y envoyaient leurs moutons à la
pâture sans prendre d'autres précautions que de leur passer
des entraves aux pattes. Aux environs des villages, des
troupeaux d'oies circulaient, et partout où elles avaient séjourné,
la bruyère disparaissait. A la place poussait une herbe rase,
dont les moutons étaient friands. Quelquefois, on y envoyait
des vaches ne donnant plus de lait, ou des bœufs après la saison
du labourage. Enfin, dans les parties où la bruyère poussait
assez fournie et assez haute, on enlevait les touffes avec leurs
racines, et naturellement une partie du sol. Les mottes ainsi
obtenues étaient mises en tas et servaient de combustible
pendant l'hiver. D'autres s'en servaient comme de litière pour
garnir le sol des é tables.
Cette opération s'appelait : « Lever la blêtre ». On devine ce
que pouvait produire ce dessolement périodique de toute une
contrée. Les Turcs n'ont pas trouvé une manière plus efficace
— 14 —
pour stériliser un pays. Mais les riverains, qui fumaient leur
terre avec le produit d'un sol qui ne leur appartenait pas,
trouvaient profitable à leurs intérêts une telle manière de
procéder. Ils s'opposèrent avec uns énergie indomptable,
pendant de longues années, aux tentatives qui furent faites
pour donner à la culture un terrain d'une aussi vaste étendue.
Mais, au milieu du xvm c siècle, un état d'esprit nouveau
vint troubler la quiétude de ces braves gens. On vit tout-à-coup
les philosophes s'engouer d'un amour immodéré pour la
Nature, source infaillible et inépuisable de tous biens. Les
économistes proclamèrent que la terre était productive de
richesses. Turgot disait qu'elle donnait quelque chose en
pur don au delà du travail humain. Dupont de Nemours allait
môme jusqu'à poser en principe que « la terre et les eaux sont
les uniques sources de richesses. ...» (cité par G. Schelie.
Dupont de Nemours et V Ecole physiocratique, in-8°, Paris
1888.)
Puisque la terre était la source de tant de biens, le bonheur de
l'humanité était en raison directe de l'étendue livrée à la
culture. Par conséquent, le défrichement de toutes les parcelles
incultes s'imposait au nom de la philanthropie, comme de
l'intérêt bien entendu.
Le courant se produisit aussi à la Cour. Les surintendants
des finances, Laverdy, l'abbé Terray, Turgot, se montrèrent
favorables à ces opérations, dans lesquelles plusieurs virent en
outre, un moyen de se procurer les ressources nécessaires pour
combler le déficit croissant de jour en jour. Toutes ces causes,
jointes à la pénurie d'argent dont souffrait la noblesse d'épée,
contribuèrent à pousser un gentilhomme normand, Claude
Marie, comte de Bricquevilie, à entreprendre le défriche-
ment du désert qui fait l'objet de notre étude.
— 15 —
II
Le 7 mars 1763, M. de Briqueville, alors en son château
de Bretteville, près Cherbourg, reçut par ministère d'huissier,
communication d'un arrêt du Conseil d'Etat du Roi, et d'une
ordonnance exécutoire signée par François- Jean Orceau, che-
valier, baron de Fontette, intendant de la généralité de Caen.
L'arrêt avait été rendu le 11 juin 1761, sur la requête du
sieur Girardin de Vauvré, ancien maître des requêtes; il ordon-
nait qu'arpentage serait fait des « terres vaines et vagues,
marais et laisses delà mer, désignés dans la requeste », les
seigneurs, communautés et riverains dûment appelés par
affiches, aux frais du suppléant. Les terrains concédés étaient
ainsi désignés : « scavoir des terres vaines et vagues, adja-
centes à la forêt de Brix, sur lesquelles il n'y a aucun bois en
venant de Cherbourg à Valognes, entre Tourlaville, tirant sur
le niidy.... et des marais et laisses de la mer, et autres terrains
qui se trouveront appartenir au Roy le long et aux environs
de la mer, sur la partie occidentale, depuis Grand ville jusqu'à
Jobourg, lesquels terrains ont été reconnus pour la plupart
très propices à être cultivés et mis en valeur... »
Le suppliant demandait au Roi de lui assurer une pro-
priété incommutable et certaine et s'engageait « à faire dans
douze ans le défrichement desdits terrains » ; il promettait de
payer « à commencer de la troisième année seulement, un
cens annuel et perpétuel de deux sols par arpent » ; il pro-
posait d'amener sur ces terrains des « étrangers catholiques
et de païs amis » auxquels on accorderait des lettres de natu-
ralisation.
Les droits concédés au sieur Girardin de Vauvré furent
cédés par acte passé devant M omet, notaire au Châtelet de
Paris, en date du 18 décembre 1761, au sieur Claude-Louis
Pigalle de Marvilly et associés, avec lesquels il choisit pour
son représentant le sieur Didier Mammès Bingeon, l'un
— 16 —
d'eux. M. de Fontette, désigna pour Parpentage le sieur
Boisard « ingénieur géographe » et ordonna que" toutes ses
opérations fussent annoncées par voie d'affiches et par le
ministère d'un huissier, à tous les riverains, propriétaires,
seigneurs, propriétaires et communautés (1).
Nous ne chercherons pas à suivre le sieur Bingeon dans la
prise de possession, ni même le sieur Boisard dans ses opéra-
tions d'arpentage. Nous nous demanderons seulement quelle
influence put avoir une telle notification sur l'esprit du gentil-
homme qui la reçut.
Il n'avait sans doute pas, pour être mécontent de la mesure
qui venait d'être prise en faveur du sieur Girardin de Vauvré,
ou ses ayants cause, les mêmes motifs que les paysans qui
envoyaient leurs moutons pâturer dans les landes, ou en
tiraient un combustible précieux dans un pays peu boisé.
Comme ses amis, le comte de Briqueville, n'avait pas jusque
là songé à mettre en valeur ces terrains, jusqu'alors réfrac-
taires à toute culture ; mais il n'aimait pas qu'un étranger vînt
mettre en train, dans son voisinage, une entreprise qu'il
n'osait pas tenter lui-même.
Des considérations de famille l'engageaient en ce moment,
à chercher les occasions d'augmenter ses revenus. L'établis-
sement des fils, les charges imposées par une succession col-
latérale avaient grevé la fortune des Briqueville et, peu avant
d'avoir reçu l'assignation dont nous venons de parler, le chef
de famille s'était vu dans la nécessité de recourir à des em-
prunts successifs dont nous trouvons la trace dans les dossiers
déposés aux archives de la Manche, sous la rubrique : Famille
de Briqueville. Tout récemment, il venait de conclure une
sorte d'emprunt de liquidation, sous forme de capital reçu en
échange d'une constitution de rente viagère. Pour servir les
intérêts de cette rente, il fallait de gros revenus. C'est alors
qu'il conçut l'idée de se livrer à la spéculation alors à la mode,
celle d'une entreprise de défrichements agricoles.
(1) Archives départementales, Manche, H. 5778.
— 17 -
Depuis longtemps déjà, son attention s'était portée sur ces
questions. Au régiment d'Escars auquel il appartenait, c'était
avec le colonel lui-même, alors jeune et entreprenant, qu'il en
avait raisonné, et le comte d'Escars avait même consenti à lui
servir de bailleur de fonds. Bien que postérieure en date à
l'assignation Girardin de Vauvré, une lettre qu'il reçut du
jeune colonel démontre que des pourparlers avaient été enga-
gés entre eux sur la manière de se procurer les fonds néces-
saires à ces entreprises. Nous na citerons pas cette lettre in-
extenso. Elle contient des chiffres qui n'appartiennent pas au
sujet de cette étude. Elle énumère les principaux endroits où
l'on peut se procurer de gros capitaux, le taux auquel on peut
les obtenir. « Le canton de Zurich prête à 3 %. Le Roy a
fixé les intérêts à 4 % avec une retenue du dixième »... « Il
est certain qu'en Holande, l'argent esta deux et demy, et dans
toute la Flandre autrichienne et française, il est à trois... S'il
étoit nécessaire quepour la somme je fasse le voyage de Zurik,
il n'y auroit rien d'impossible ; je pourrois le faire à la fin de
Tannée... Je demande d'être prévenu dans le commencement
de septembre au plus tard, et je ne veux la somme qu'on me
présentera qu'au premier janvier. »
Le comte d'Escars voulait emprunter 250.000 It ; il offrait
une hypothèque pour 1.250.000 lt de biens fonciers, dont
32G.000 sur mille arpents de terre antérieurement défrichés (1).
En s'adressant à ce correspondant pour obtenir des rensei-
gnements, le comte de Briqueville avait, on le voit, rencontré
un homme très au fait de ces sortes de choses ; mais il avait
oublié un détail, c'était précisément de comparer ses propres
disponibilités financières à celles que pouvait offrir le jeune
colonel. Le vice initial de toute l'entreprise apparaît dans cet
oubli, qui en fait une chimère. S'embarquer dans une affaire
de cette importance, sans argent, dans le but de payer des
(i) Archives de la Manche, E. L. 295, lettre datée de Tours,
16 juillet au matin » 766, et signée d'Escars de Perusse. à Mon-
toiron, par Châleilerault.
- 18 —
dettes, quelque honorable que pût être le niotif pour lequel
elles avaient été contractées, ne pouvait amener comme résul-
tat définitif que l'aggravation d'embarras financiers dont
seule une économie rigoureuse pouvait faire sortir.
III
Examinons à présent comment il se fait que les amateurs
d'entreprises de ce genre se trouvèrent tout à coup, au milieu
du xvm° siècle, en présence d'une quantité considérable de
terrains incultes, que leur offrait h pouvoir royal.
Le régime de droit auquel était soumis le domaine du Roi
était si différent de celui que nous voyons en vigueur depuis
le Code Napoléon que nous croyons nécessaires quelques
explications.
« Le domaine royal », dit Chopin, cité par Merlin dans son
Répertoire, v° Domaine, est celui qui, de toute ancienneté,
est uni et annexé aux fleurons du diadème royal, pour la
dépense de table ou suite de la Cour royale, et qui est hono-
rable pour la conservation du royaume, titre, honneurs et
dignités de la Majesté royale. * L'administration la plus fruc-
tueuse possible des biens appartenant au Roi, ne cessa pas,
durant toute la monarchie, de préoccuper les ministres succes-
sifs. Le domaine se composait d'immeubles d'une grande
étendue, d'un. revenu aussi important que variable suivant les
années, et de droits incorporels de différentes natures : péages,
droits seigneuriaux, droits de marché, redevances diverses.
Le tout servait de gage à des emprunts dans les moments de
crise, lors d'une guerre civile ou étrangère, dans une année
de disette, après une calamité nationale. Certains administra-
teurs, au lieu d'hypothéquer le bien, préféraient l'aliéner.
Mais, aussitôt le calme revenu, les légistes s'efforçaient de
réparer ce qu'ils considéraient comme un mal, et de faire
- 19 -
annuler les ventes consenties. Cette lutte entre la nécessité et
l'intérêt dynastique et national durait depuis des siècles lorsque
parut Tédit du 13 avril 1520, par lequel le roi François I* r
révoquait toutes les aliénations de biens domaniaux et déclarait
le domaine inaliénable et imprescriptible. Cent ans même
d'interruption dans la possession par le Roi ne pouvaient
effacer le caractère de domanialilé. Il va sans dire que,
lorsqu'il y avait eu paiement d'un prix par l'acquéreur, ce
prix était remboursé par l'Etat, qui devait, en plus, les
impenses ayant profité à l'immeuble.
A peine ce texte était-il promulgué, que son auteur, pour
subvenir aux frais de sesbâlisses, de ses campagnes en Italie,
pour payer sa rançon, échangea contre argent comptant cer-
tains biens déclarés domaniaux.
L'édit du 18 août 1555 réédita les dispositions de celui de
1529 ; mais excepta du droit à la rétrocession en faveur du
Roi les aliénations consenties moyennant un prix payé comp-
tant « pour subvenir aux frais de guerre ». Il fallait que les
deniers fussent entrés dans les coffres du Roi « réellement et
de fait, et sans déguisement ». Il fallait de plus que les alié-
nations fussent faites « conformément aux commissions et
pouvoirs expédiés pour y procéder. » (Loco cit., p. G7J.
L'ordonnance de Moulins compléta les dispositions de redit
précédent. Elle considérait l'aliénation comme définitive, et,
moyennant certaines formalités, la propriété conférée comme
incommutable, à la condition qu'elle eût été transmise en cas
de nécessités de guerre. Elle permettait en outre de constituer
sur une partie de ces biens, l'apanage des puînés de la maison
de France, avec stipulation de retour à la couronne en cas de
décès sans descendants mâles.
Ces dispositions sont restées, jusqu'à la Révolution, la loi
du domaine royal.
La grosse difficulté était de savoir comment gérer ces biens
incessibles. 11 fut interdit de les donner en loyer ou à bail si ce
n'est après certaines formalités. Après de nombreux tâtonne-
— 20 —
ments, Colbert finit par affermer toul le domaine à une seule
Société, moyennant redevance (10 juin 16GG), mais en juin
de Tannée suivante les prescriptions de redit de Moulins
furent renouvelées dans toute leur rigueur. Des désordres
graves avaient motivé cette mesure. Sur la fin du règne de
Louis XIV, les maiheurs de la guerre amenèrent le pouvoir
à se départir de sa rigueur. De nouvelles aliénations furent
prononcées en 1695, 1702, 1708 et 1712.
Les arrêts du Conseil des 1 er mai 1718, 10 janvier et
15 mars J 719, eurent pour but de prononcer des réunions,
c'est-à-dire d'annuler, moyennant le remboursement conve-
nable, des aliénations consenties antérieurement. Comme
l'argent manquait pour opérer le remboursement en espèces,
ces mesures n'eurent pour résultat que l'émission de billets
de l'Etat, ou des receveurs des finances.
Le 14 juillet 1722, après la chute do Law, un arrêt du
Conseil ordonna que « par les intendans, et conformément à
l'édit du mois d'août 1702, il serait procédé à la vente et
adjudication des domaines et droits réunis par le décès des
engagistes (1) qui les avaient acquis à titre viager, en éxecution
de la déclaration de mars 1718; ainsi que le domaine et droits
dont la vente et revente avait été ordonnée par différents
arrêts du Conseil : que tous ces domaines seraient aliénés â
titre d'engagement et à faculté de rachat perpétuel ou à vie ;
que le prix de la finance ne pourrait être au-dessous du denier
24 (4 0/0) pour ceux qui seraient engagés à faculté de rachat
perpétuel, et au denier 16 (6 1/4 0/0) pour ceux qui seraient
engagés à vie, le tout sur le pied du revenu actuel ; qu'il
serait fait trois publications de huitaine en huitaine par devant
les intendans, après lesquelles les domaines et droits seraient
par eux adjugés, sauf une quatrième publication au château
du Louvre par devant les commissaires du Conseil, qui en
(1) L'engagiste était le fermier du bien domanial dont il per-
cevait les fruits, sauf paiement d'une rente au Trésor; son contrat
était à temps.
— 21 —
passeraient ensuite le contrat d'aliénation. » (Loc. cit. v° Do-
maine, p. 75).
Ces formalités n'empêchèrent pas certaines adjudications
fictives qui laissaient sans preneur effectif l'objet adjugé,
tout en rendant plus difficile l'opération pour les preneurs
sérieux, mais timides. Le cas se rencontrait rarement si Ton
avait affaire à un bien domanial présentant un revenu
certain. Mais on h constata fréquemment pour les terres
incultes. Des acquéreurs étaient séduits par le bon marché
apparent de grandes étendues de terrain. Puis à la réflexion,
et lorsqu'il s'agissait de faire des frais pour la mise en cul-
ture, le preneur disparaissait et s'abstenait de réaliser l'adju-
dication prononcée à son profit, en faisant remplir les dernières
formalités. Etait-ce à cause de cela que l'édit de 1708 avait
placé dans le petit domaine moins protégé que le grand par la
législation, les lerres vaines et vagues, les communes, les
landes, les pâlis et les bruyères? Pour ce genre de biens,
ainsi que pour certains édifices sujets à des réparations coû-
teuses, l'inféodation à litre irrévocable était permise dans les
conditions de la procédure ordinaire.
Si l'on en croit un ouvrage de la dernière moitié du xviir 3
siècle, les Mémoires de Vabbè Terrai, par Coquereau (Lon-
dres 1776, in-12) le contrôleur général, dont l'unique préoccu-
pation était de se procurer de l'argent, avait cru trouver la
formule définitive de l'administration des biens domaniaux :
« Jusque là, quand Sa Majesté vouloit rentrer dans quelque
domaine aliéné, l'usage éloit que les fermiers généraux s'en
emparassent et en perçussent les droits. Par le dernier bail (1)
on leur retirait cette partie, et l'on avait établi une sous-ferme
pour chaque généralité, qui devait durer 30 ans, à partir du
1 er janvier 1775. Les intéressés doivent payer d'avance au
Roi une année, et, au bout du temps de leur bail, remettre
(l) Celui qui avait été fait conformément à l'invention de l'abbé
Terray.
— 22 —
entre les mains de Sa Majesté ces divers domaines quittes et
libres de toutes charges envers les engagistes.
Ou eu apprit mieux les conventions par un arrêt du Conseil
du 30 octobre qui concernoit les domaines et droits domaniaux
appartenant à Sa Majesté dans la province de Normandie,
dans toute l'étendue des généralités de Rouen, Caen et Alen-
çon, ave3 la jouissance de toutes les terres vaines et vagues,
fonds etdnils négligés et autorisation de entrer dans tous les
domaines aliénés, dans lesquels Sa Majesté auroit elle-même
le droit de rentrer (1).
Cet arr^t du Conseil dont on ne connaissoit point
d'exemple (2) contenoit des dispositions curieuses qui méritent
d'être rapportées en détail et donnent la clef du riche Pérou
que s'ouvroit pour l'avenir le contrôleur général.
Le prix du bail était de 81.000 livres par an. Outre et par
dessus cette rétribution annuelle, l'adjudicataire devoit comp-
ter annueliemont du dixième de ce qu'il retireroit des terres
vaines et vagues défrichées ou desséchées. »
J«a même rétribution s'appliquait aux inféodations ou aux
aliénations moyennant rente qui auraient pu être consenties.
Si l'adjudicataire faisait triompher des revendications de biens
occupas, il devait le quart du produit de ceux-ci. S'il s'agissaif
d'objets aliénés, il devait payer « la finance », c'est-à-dire, le
prix payé par les engagistes ou détenteurs jouissant en vertu
d'un titre régulier. Dans ce cas, la moitié des revenu? était
assurée au Roi. Enfin, il devait acquitter toutes les charges
dont était grevé le domaine, y compris la pension à faire aux
ecclésiastiques. A la fin du bail, le bien était rendu en bon état.
Ces dispositions avaient pour but de rendre plus fructueuse
la jouissance des revenus du domaine royal ; mais les principes
(1) On le voit, l'adjudicataire éventuel était substitué au Roi
dans lous ses droits, même dans celui de revendiquer, moyen-
nant la juste indemnité, tous les biens domaniaux détenus par
des particuliers.
i"2) Nous laissons à l'auteur la responsabilité de cette assertion.
— 23 —
n'avaient pas varié. Le domaine restait, en droit, inaliénable,
sauf le petit domaine, qui représentait la moindre valeur. En
fait, il était engagé, c'est-à-dire cédé à bail à un adjudicataire,
individu ou société qui, moyennant redevance, jouissait de
tous les droits du Roi, dans des conditions analogues à celles
qui concernaient les fermiers généraux chargés de percevoir
l'impôt et de le verser au Trésor, moyennant la retenue d'un
tant pour cent pour leurs frais et soins.
IV
La lande de Lessay faisait partie du domaine de Saint-
Sauveur-Lendelin, et à ce titre, elle était engagée au duc de
Penthièvre, fils du comte de Toulouse, lui-même fils légitimé
de Louis XIV. Le duc de Penthièvre était le beau-père du duc
d'Orléans.
M. Renault, dans sa Retue monumentale et historique de
V arrondissement de Coutances, a publié la série des engagistes
qui ont possédé successivement le domaine royal de Saint-
Sauveur-Lendelin. Nous résumons ici son exposé. Le premier
détenteur fut Jean sans Terre, puis viennent Blanche de
Cas tille, mère du roi Saint- Louis ; la reine Jehannc, veuve de
Philippe Le Long (1326) ; le duc Philippe d'Orléans, frère du
roi Jean (1347). Dumoulin signale l'érection de cette seigneurie
en comté par Charles VI, au profit de Louis d'Orléans, à titre
de supplément d'apanage. En 1465, le comté était aux mains
de Charles d'Orléans, puis il vint au frère de Louis XI, le duc
de Normandie.
En 1469 et 1470, Marie, duchesse d'Orléans, de Milan et
de Valois, fit faire, au nom de son fils, devenu plus tard roi de
France, sous le nom de Louis XII, une « réformation » du
domaine de Saint-Sauveur-Lendelin. Le registre sur lequel
sont consignés les résultats de cette opération, est déposé aux
archives de la Manche.
— 24 —
Après la réunion à la couronne, nous ne voyons plus, comme
possesseurs du domaine royal de Saint-Sauvcur-Lendelin, que
des engagistes à titre onéreux. Parmi eux, Ton compte
Bassompierre, qui paya son droit 9.000 lt. (Mém* de la
Société des A ntiquaires de Normandie, tom xvnr, p. 6.) Puis
nous apercevons le duc de Wurtemberg (1) qui céda son droit
à la reine Marie de Médicis, le 20 mai 1613 (Archives de la
Manche, A, 2992 et 199).
En 1657, nous trouvons le nom de Roger du Plessis, duc
de Liancourt, puis, de 1664 à 1668, de François de la
Rochefoucauld, prince de Marsillac. Le revenu total de tout le
comté était alors de 18.600 lt., soit environ, au pouvoiractuel
de l'argent, 111.600 fr. de notre monnaie.
Enfin, un arrêt du Conseil, du 18 septembre 1667, déclara
engagiste, moyennant une somme de 450.000 lt. (environ
2.700.000 de notre monnaie). Louis- Alexandre de Bourbon,,
comte de Toulouse, fils légitimé du roi Louis XIV et de
madame de Montespan. Son fils, Louis-Jean-Marie, duc de
Penthièvre, hérita des droits de son père. Ceux-ci formèrent
une partie de la dot de la duchesse d'Orléans (2).
Dans ce domaine, dont le revenu présentait au milieu du
du xvni siècle, une somme considérable, la lande de Lessay
figurait pour une part sans conséquence. Aussi, nous verrons
plus tard que le détenteur s'en défit volontiers à la première
demande présentée par une personne qui lui Otait agréable. Le
(!) Cf. Les Finances de la reine Marie de Médicis , par Louis
Batiffol. (Revue des Deux Mondes, 1906, l tr mai, p 183.) Henri III
et Henri IV avaient emprunté au duc de Wurtemberg, une
somme de 801.849 écus et lui avaient donné en remboursement,
à titre d'engagiste, la jouissance entre autres du domaine de
Saint-Sauveur Lcndelin. Marie de Médicis acheta tout le lot du
duc de Wurtemberg qui comprenait t les domaines, châteaux,
terres et seigneurie d'Alençon, Valognes, Sl-Sauveur-le -Vicomte
et Néhou, moyennant 000.000 1t.. Conclue en 1012, l'affaire ne
put être liquidée qu'en 10 18, moyennant le paiement de 720 (00 lt.
paiement qui fut fait par deux banquiers Sainctot et Lumagne,
après l'acquittement d'intérêts usuraires.
(2) Archives de la Manche, A. 2H7 et 199.
— 25 —
duc de Penthièvre s'empressa, en effet, d'appuyer la demande
d'inféorlation dont nous aurons bientôt à parler (1).
En 1749, la lande de Lessay fut l'objet d'une procédure à
fin de « vente et revente » conformément à la législation alors
en vigueur. Il est vraisemblable que le besoin d'argent avait
pousse les ministres à faire flèche de tout bois et à forcer la
valeur en revenu de tous les biens susceptibles d'adjudications
successives. Nous savons déjà avec quels soins les rédacteurs
des édits avaient assura la priorité de la possession des biens
assujettis au régime de la doraauialité. Tout ce qui était sus-
ceptible de rapporter un revenu supérieur au revenu alors
perçu fut remis sur le marché. La lande de Lessay pouvait être
considérée comme appartenant au petit domaine. Elle put
donc, avec quelque apparence de légalité, être distraite de l'en-
semble dont le duc de Penthièvre était engagiste. Après une
séance d'enchères assez chaudes devant l'intendant de la gé-
néralité de Caen, elle fut adjugée, moyennant une rente de
240 livres tournois, à un sieur Lemasson, bourgeois de Caen,
sauf, bien entendu, en conséquence des lois sur la matière,
l'adjudication définitive qui devait être faite au château des
Tuileries. Notons en passant que cette procédure garantissait
au Roi vendeur de l'immeuble le concours de tous les amateurs
possibles. Les habitants des environs pouvaient porter leurs
enchères devant l'intendant de la généralité. L'adjudication
définitive à Paris était destinée aux grands capitalistes. Deux
bas-Normands se disputèrent à Caen le lot offert aux acqué-
reurs. L'un d'eux habitait les abords delà lande. Il était officier
garde-côtes, et habitait la paroisse de Muneville-le-Bingard.
L'adjudication définitive, qui eut lieu le 29 janvier 1750,
(i) Archives nationales, C. G52. Extraits des Registres du
Conseil d'Etat.
— 26 —
attribua la possession de la lande de Lessay à un sieur Mori-
ceau (1) si nous en croyons la déclaration que nous mettons
sous les yeux du lecteur :
« 1760, 4 mars.
Aujourd'huy quatre mars mil sept cent soixante, dix heures
du matin, est comparu au greffe de la commission établie pour
la vente et revente des domaines de Sa Majesté;
Michel René Morioeau, avocat aux Conseils, lequel a déclaré
que l'adjudication définitive qui luy a été faille, lô vingt neuf
janvier mil sept cent cinquante, par Messieurs les Commis-
saires du Conseil à ce députés, à titre d'engagement des landes
de Lessay, près Coutances, généralité de Caen, moyennant
deux mille vingt-quatre livres de rente par chacun an, payable
au domaine de Sa Majesté, et le sol pour livre du principal de
ladite rente sur le pied du denier trente, est pour et au profit
de Messire Jean L'Evesque de la Comlelerie, chevalier, sei-
gneur d'Ouville et autres lieux, gentilhomme ordinaire du Roy,
demeurant à Paris, place Royale, paroisse de Saint-Paul, au
nom duquel il requiert qu'il luy en soit passé contract par
Messieurs les Commissaires du Conseil à ce députés et a signé.
Signé : Moriceau .»
Pourquoi cette adjudication définitive en 1750 ne fut elle
suivie pendant 10 ans d'aucun commencement d'exécution,
bien qu'elle présentât pour le Trésor royal un avantage incon-
testable, et que la rente du sol eut décuplé pendant l'intervalle
des deux cérémonies ? Le fait est bien certain puisque Mori-
ceau n'avait agi que comme intermédiaire et que le nom du
propriétaire réel, M. L'Evesque de la Comteterie, n'est révélé
que dans la déclaration qui vient d'être transcrite.
On se demande si toutes ces adjudications étaient loyales et
sincères, et si elles ne servaient pas de prétexte à des spécula-
tions d'agiotage. La différence même entre les deux prix cVad-
"■— ^- {\) Archives Nationales, 165-2.
— 27 —
judication met en méfiance contre le sérieux de ces opérations
administratives.
Non seulement Moriceau est suspect à cet égard, mais
L'Ensque de la Comteierie lui-même ne semble pas avoir agi
en propriétaire bien désireux de réaliser soa contrat. Il ne le
fit pas lever; mais se fit payer son désistement à beaux deniers
comptant.
Si nous en croyons un exposé des moyens de procédure par
lesquels le comte de Briquevilie parvint à entrer en possession
de la lande de Lessay, exposé qui se trouve aux archives de la
Manche (1), le bénéficiaire de l'adjudication passée en 1750
renonça à tous ses droits, moyennant le paiement comptant de
3.400 livres tournois et la stipulation en sa faveur d'une rente
viagère de 900 livres tournois sur sa tête, celle de sa femme et
celle de son fils.
Ce chiffre de 3.400 livres tournois n'est même pas conforme
à la réalité des faits, si nous en croyons un acte passé devant
les notaires du Châtelet, le 19 novembre 1763 (2), portant
constitution d'une rente viagère de 900 livres tournois en fa-
veur de Jean L'Evesque de la Comteterie, de Suzanne Bonne
de Grand, sa femme, et de Raould Jean L'Evesque de la Com-
teterie. L'acte constate que M. de Briquevilie avait versé une
somme de 15.000 livres tournois. Mais il nous paraît difficile,
étant donné l'état des affaires du débiteur de la rente, qu'il eût
pu verser à celte époque une somme de 15.000 livres tournois,
fort importante au milieu du xvm c siècle.
L'acte est signé par un intermédiaire commissaire des
guerres, un sieur Guignard de la Garde, dont un grand nombre
de lettres se trouvent aux archives de la Manche.
Il était à cette époque, et le fut plusieurs r.nnées, le manda-
taire et le conseiller du comte de Briquevilie qui semble
avoir eu en lui, en son intelligence, une confiance à peu près
(1) H., 5778.
(-2) Archives de la Manche, H. 5771).
— 28 —
illimitée. Cette confiance ne paraît guère justifiée, au moins à
nos yeux, car l'événement démontra que ce personnage était
un aventurier. Voilà donc, sur quatre figurants dans cette
partie de l'histoire, trois qui semblent suspects d'agissements
louches. Le pauvre gentilhomme qui se jetait dans une spécu-
lation hasardeuse, s'y trouvait, dès les premiers pas, à la
merci d'aigrefins.
Si nous ne sommes pas trompés par une simple similitude
de noms, ce Guignard de la Garde, qui fut le mauvais génie
du comte de Briqueville, appartenait peut-être à l'entourage
de l'abbé Terray. Celui-ci avait pour maîtresse attitrée une
baronne de la Garde, qui tenait sa maison et participait aux
bénéfices de ses malversations. Sans doute, en 1763, le futur
ministre de Louis XV n'était pas encore contrôleur général,
mais c'était déjà un personnage influent, que son rapport au
Parlement dans l'affaire de l'expulsion des Jésuitesavait misen
relief, et qui avait déjà la main dans beaucoup d'entreprises
financières. On peut supposer que le mari de la maîtresse du
magistrat intrigant et actif, était précisément ce commissaire
des guerres qui, besogneux et avide, se tenait à l'affût de toutes
les besognes où son intermédiaire pouvait lui procurer un
salaire ou un gain interlopes. Nous n'avons, du reste, pu iden-
tifier la baronne de la Garde, la confidente de l'abbé Terray.
D'autre part nous voyons, dans les Mémoires de l'abbé
Terray, déjà cités, le nom d'un certain Darigrand, avocat, qui
joua un rôle dans un procès auquel le contrôleur général est
mêlé. Or, dans les lettres de Guignard de la Garde, nous
lisons que, serré de près par ses créanciers, il donna son
adresse chez un sieur « Darigrand, avocat, rue Gillecœur »
(sic). (A. I)»« Manche H. 5779).
Quoiqu'il en soit, la lecture de l'arrêt du Conseil du 2
novembre 17G3, par lequel le Roi déclara inféoder la lande de
Lessay au comte de Briqueville, démontre l'inutilité d;i
paiement fait à M. de la Comteterie; l'arrêt du Conseil, en
effet, déclare annulée l'adjudication prononcée en faveur de ce
— 29 —
dernier par l'intermédiaire de M. Monceau. Les motifs de
cette annulation sont précisément l'exagération du chiffre de
la rente promise par l'adjudicataire, chiffre disproportionné
avec la valeur de l'immeuble et. la considération de ce fait,
que le sieur de la Comteterie n'avait jamais vu l'objet de la
concession sollicitée par lui (1).
Dès son entrée dans celte affaire, il paraît dpnc démontré
que le comte de Briqueville faisait une démarche préjudi-
ciable à ses intérêts, et se laissait duper par des aigrefins.
VI
Il fallut une procédure aussi coûteuse que compliquée, pour
que, une fois écartées les prétentions de M. L'Evesque de la
Comteterie, le comte de Briqueville pût être mis en possession
certaine et incommutable du lot qui lui était attribué dans les
domaines mis en vente.
Les actes déposés aux archives nationales ou aux archives
de la Manche, nous livrent uue physionomie exacte de l'affaire
considérée au point de vue de l'administration gouvernemen-
tale. Le plus intéressant de ces documens est l'arrêt du
Conseil du 2 novembre 1763, qui prononce l'inféodation des
landes de Lessay, en faveur du comte de Briqueville. Voici le
résumé de cette pièce.
Les adjudications de 1749 et 1750 avaient été l'objet d'oppo-
sitions formées par divers intéressés. Le marquis de Brécey,
baron de Pirou, à ce titre propriétaire d'une partie de la lande,
réclamait ce qu'il prétendait lui être dû. Son opposition fut
déclarée recevable par l'arrêt du Conseil, et la fraction récla-
mée distraite de l'ensemble à attribuer au bénéficiaire de
l'acte du 2 novembre 17G3.
L'arrêt du Conseil statuait ensuite sur l'opposition formée
(l) Archives Nationales c. 652. Extrait des registres du Conseil
d'Etat.
— 30 -
par le duc de Penthièvre. La requête qu'il présenta s'appuyait
d'abord sur un motif de droit : le requérant jouissait de la
lande de Lessay, eu même temps que du reste du domaine,
en vertu du contrat du 10 avril 1600. comme fils et héritier
du comte de Toulouse. En fait, l'engagiste faisait Remarquer
que l'adjudication prononcée en faveur de M. L'Evesque de la
Comtcterie, pa? l'intermédiaire de M. Moriceau, était pure-
ment fictive, puis qu'elle n'avait été suivie d'aucune prise de
possession pendant plus de dix ans. D'ailleurs, l'élévation du
prix de la rente acceptée par l'adjudicataire prétendu démon-
trait que celui-ci n'avait jamais vu l'objet dont il s'était soi-
disant rendu acquéreur.
La requête tendait à deux fins : l'une visait le droit pour
l'engagiste de toucher les arrérages de la rente stipulée, l'autre
avait pour but de faire reconnaître par le Conseil que le seul
moyen de tirer un profit annuel d'un bien jusqu'alors impro-
ductif, était de l'aliéner à titre incommutable, en termes mo-
dernes, de le désaffecter, en effaçant le caractère de domanialité
qui empêchait toute tentative sérieuse de culture. La perspec-
tive de se voir un jour, au gré du pouvoir royal, privé de la
jouissance d'un immeuble sur lequel on aurait fait des impenses
même remboursables, arrêtait toutes les bonnes volontés.
Cette partie de la requête et la conséquence qui en fut tirée
s'explique par ce fait que le comte de Briqueville avait servie
comme capitaine dans le régiment de Penthièvre. Il avait
profité de sa situation pour se mettre dans les bonnes grâces
de son îolonel, dont l'histoire a enregistré la générosité. Pour
obtenir la concession désirée, il avait, parmi d'autres raisons,
fait valoir son intention d'établir un haras dans les terrains à
défricher.
Un haras ne ressemblait pas à l'établissement qui porte de
nos jours ce nom. C'était alors un terrain très vaste, dépourvu
de clôture, sur lequel erraient à l'état presque sauvage, des
poulains et des poulinières. Des étalons choisis étaient l'objet
d'une stabulation méthodique alternant avec des périodes de
- 31 —
pâture. C'est une organisation de ce genre qu'avait établie
M. de La Lande a 3 lieues de Rouen, au milieu de ses bois.
On s'imaginait que les « chevaux élevés dans les bois sont
plus agiles, plus dispos, plus adroits, et môme plus vigoureux
que ceux qu'on a élevés dans de gras pâturages, où ils
deviennent aussi pesans que des bœufs (1). »
Lorsque le comte de Briqueville souleva cette question d'un
haras à créer dans le Cotentin, il trouva immédiatement un
écho dans la pensée de ce prince philanthrope qu'était le
beau-père du duc d'Orléans. Les hommes d'affaires du prince
virent dans l'entreprise projetée, un moyen certain de tirer un
revenu d'uns terre jusqu'alors improductive. Tout concordait
par conséquent pour assurer au projet du gentilhomme
normand une approbation unanime. L'arrêt du Conseil accorda
par conséquent la concession moyennant 300 lt. de rente à
payer à l'engagiste du domaine de Saint- San veur-Lendelin,
plus le sol par livre (le vingtième) sur le principal de cette
rente au denier 30. Celte dernière somme verlissait au profit
du Trésor.
L'arrêt du Conseil était daté du 2 novembre 1763. Dix jours
après — il m s'agissait plus, cette fois dV.cquôreurs fictifs —
intervint l'acte suivant :
P l G52, et Arch. département, de la Manch?. Lessay-Landes,
1703. H. 5778.
Les Commissaires généraux du Conseil, députés par Sa
Majesté, par arrêts de son Conseil d'Etat des 14 juillet 1746,
13 may 1724 et autres intervenus depuis, pour procéder aux
ventes, reventes et aliénations des domaines, justices et droits
domaniaux appartenans et réunis à Sa Majesté, circons-
tances et dépendances ;
(<) Réflexions sur Ie3 haras, par le chevalier de la Péri^niôrc,
47i : 4. — Arch. Nat., G. 43î>\ Cité par M. Joseph de Robillard
de Beaurepaire, dans ses Aoles et documents sur rancienne
administration des haras. Annuaire Normand, 1861-1862, Ch. III.
;— 32 —
A tous ceux qui ces présentes Lettres verront, salut,
scavoir faisons que par arrêt du Conseil du 2 novembre 1763,
le Roy a ordonné qu'il seroit par nous passé eontract d'inféo-
dation au proffit du sieur Claude-Marie de Briqueville, che-
valier de Tordre royal et militaire de Saint- Louis, capitaine au
régiment de Penthièvre-cavalerie, des landes de i'Essay, près
Coutances, en ce qui appai tient à Sa Majesté, pour en jouir
par luy, ses hoirs, successeurs et ayant cause, à titre de pro-
priété incommutable, à la charge de payer à la recette du
domaine de Saint-Sauveur-Lendelin, à compter du jour
du Contract, une renie annuelle et perpétuelle de trois
cents livres, emportant droits seigneuriaux avec mutations
suivant la coutume des lieux, de laquelle redevance les arré-
rages seront payés au Duc de Penthièvre, tant qu'il sera
engagiste du domaine de Saint-Sauveur-Lendelin, et de payer
en outre le sol pour livre du principal de la dite rente sur le
pied du denier trente ; vu la quittance du sieur de Montbagin.
préposé à la recette du sol pour livre de la somme de quatre
cents livres du dix du présent mois et tout considéré ;
Nous commissaires généraux susdits eu veitu du pouvoir
à nous donné par Sa Majesté, avons inféodé et inféodons
au sieur Claude-Marie de Bricqueville, la Lande de I'Essay,
près Coutances, en ce qui en appartient à Sa Majesté, pour en
jouir par luy, ses hoirs, successeurs et ayant cause, à titre de
propriété maomrnutable, à la charge de payer à la recette du
Domaine de Saint-Sauveur-Lendelin, à com pter de ce jourd'huy
une rente annuelle et perpétuelle de trois cents livres, empor-
tant droits seigneuriaux aux mutations, suivant la coutume
des lieux, de laquelle redevance les arrérages seront payés au
Duc de Penthièvre tant qu'il sera engagiste du domaine de
Saint-Sauveur-Lendelin, et sera ledit sieur de Briqueville
mis en possession de ladite lande de Lessay par les officiers
de Sa Majesté et tous autres qu'il appartiendra, auxquels
nous ordonnons de l'en faire jouir, promettons pour et au nom
de Sa Majesté l'entretenement du contenu au présent contrat
— 33 —
aux charges y portées, à l'effet de quoy nous l'avons signé en
notre assemblée ordinaire, au château de Fontainebleau,
cejourd'huy douze novembre mil sept cent soixante treize.
Signé : Trudaine, d'Ormesson, Chauvelin, de
Beaumont, Trudaine, Boullongne,
Bertin de Courteille. »
Nous étudierons plus tard quel sort était réservé à cette
tentative de mise en valeur de la lande inculte qu'était alors
et qu'est restée dans son ensemble la lande de Lessay.
Gaétan G uillot.
-<"Nd/OH»e»*'D^c-v-
L'INSTRUCTION PUBLIQUE
AVANT 1789
DANS LES DEUX ANCIENS DIOCÈSES DE
COUTANCES ET D'AVRANCHES
Deuxième Partie
(Suite)
INSTRUCTION SECONDAIRE
CHAPITRE IV
ZÈLE DU CLERGÉ DE COUTANCES ET D'AVRANCHES POUR
L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE, AVANT 1789
Rien ne ferait mieux ressortir ce zèle que le grand nombre
d'ecclésiastiques des diocèses de Coutances et d'Avranchcs,
voués à renseignement dans les collèges de Paris et de la
province. Si Ton ajoute à celte liste celle des ecclésiastiques
bienfaiteurs de ces établissements, on doit en conclure que
nos diocèses ne le cédaient en rien à aucun autre pour le goût
de l'étude et pour l'empressement h multiplier les foyers du
savoir humain.
I. — Ecclésiastiques professeurs dans les collèges de
Paris et de la Province, avant 1789.
On a dit que l'histoire littéraire de la Normandie devint
parfois l'histoire littéraire delà France entière. S'il y a quelque
exagération dans cet éloge, au moins il est juste de s'associer
à celui que le savant angevin Ménage faisait de cette contrée,
— 35 —
quand il l'appelait « la célèbre nourrice des poètes, Neuètria
doctorum celeberrima catum. »
Or, la Basse-Normandie pourrait, à juste titre, revendiquer
pour elle seule une large part de cette gloire, et les professeurs
ecclésiastiques que nous allons énumérer ne contribuèrent
pas médiocrement à cette gloire. Humanistes, poètes, traduc-
teurs, hellénistes, hébraïsants, orientalistes, théologiens,
canonistes, mathématiciens, naturalistes et presque tous
auteurs, ils ont contribué au bon renom de leur pays :
Neustria, frugiferae Cereri gratissima (elluSj
Feeta viris, cui stant cenium cum mœnibus urbes
Phœbi eadem studiis levique addicta Mineroœ.
La Neustrie est la terre classique où abondent avec le blé,
les grands hommes et les places fortes, sans compter son
goût décidé pour fa poésie et l'éloquence (1).
Le collège d'Harcourt eut tour à tour, avec le titre de prin-
cipal ou de professeur, Guillaume Duchesne, Pierre Padet,
Jean Dossier, Jacques de l'Œuvre, François ou Gilles Roussel
et son neveu G. Lemelorel, Louvel et Jean-François Viel.
Guillaume Duchesne, né à Saint-Sever, au diocèse de
Coutances, fut nommé proviseur du collège d'Harcourt, Tan
1522. 11 mourut en 1527.
Pierre Padet était un autre ecclésiastique coutançais. Né à
Pierre ville, vers 1582, il vint à l'âge de quinze ans étudier la
rhétorique, à Paris, au collège des Grassjns, et la philosophie
au collège du Plessis, sous Urbain Garnier. 11 ne prit que les
litres de maître ès-arts et de licencié en théologie. Georges
Turgot, proviseur du collège d'Harcourt,lui donna la chaire de
philosophie dans ce collège. Après avoir occupé pendant 30 ans
cette chaire, autour de laquelle il avait pu compter presque tous
les ans trois cents auditeurs, il fut nommé proviseur (2) du
(1) Commire, d'Amboize.
(2) Le collège d'Harcourt avait à la fois un proviseur et un
principal. Ce ne fût qu'en 1703 qu'un nouveau règlement confondit
les deux fonctions en une seule, celle de principal.
— 36 —
collège. Il mourut à Paris le 9 février 1665. Toute l'Université
le pleura comme un père, et Guy Patin, annonçant sa mort
dans une lettre, écrivait : « Hier, mourut un des plus grands
hommes qui ait été dans l'Université de Paris, M. Padet,
Verus Atlas Academiœ. On lui doit plusieurs ouvrages. »
Jean Dossier fut régent de rhétorique au collège d'Harcourt.
Il fut nommé recteur de l'Université, le 16 décembre 1617,
après Jean Ruault. Il lutta contre les Jésuites, pour empêcher
le rétablissement du collège de Clermont ; mais les Jésuites
triomphèrent, par la protection du Roi, des oppositions de
l'Université (1).
Un autre Coutançais, Duchevreuil, né à Carquebut, vers
1595, devait se faire un nom dans l'Université de Paris. Il
prit le degré de maître ès-art dans le collège d'Harcourt en
1616. Bachelier en théologie, il revint dans son pays, où il
fut pourvu de la cure de Gatz (Cadensis curia) ; mais il la
résigna peu à près en faveur de son frère aîné, et revint à
Paris. Ancien élève, au collège d'Harcourt, de Pierre Padet,
il allait l'avoir pour ami. Duchevreuil devint successivement
professeur de philosophie et principal du collège d'Harcourt.
Il professa depuis l'année 1619 jusqu'en 1641. Il devait exer-
cer pendant 28 années les fonctions de principal dans ce
même collège. Nommé recteur de l'Université en 1622, il fut
élu procureur fiscal et syndic de la corporation en 1623.
L'éminent professeur touchait au terme de sa carrière, quand
l'archevêque de Lyon, Alphonse de Richelieu,, le désigna pour
occuper au collège de France, la chaire de philosophie laissée
vacante par la mort de Jean Perreau.
L'Université de Paris lui eut l'obligation d'avoir mis le
premier la main à son Livre bleu. C'est une compilation de
seize mémoires qui ont pour titre : « Partie des pièces et actes
qui concernent Pestât présent et ancien de l'Université de
Paris. » Duchevreuil mourut dans sa chaire, comme le soldat
(i) Jourdain, Hist. de V Université de Paris, pp. 00, 9! , 92, 93, 97.
— 37 —
sur la brèche, le 30 décembre 1649. Il n'avait que 55
ans (1). Duchevreuil a laissé de nombreux ouvrages.
Jacques de PŒuvre était de Valognes, où il vint au monde
en 1621. t On lit, dit Moréri, dans la relation manuscrite d'un
voyage de M. de Combault de Pontchâteau, qu'il avait vu
l'abbé de l'Œuvre en 166'», en passant par Provins, où le
savant était principal du Collège. » Depuis il devint profes-
seur d'éloquence et principal du collège des Lombards, à
Paris, puis professeur et principal du collège d'Harcourt.
C'est en cette qualité qu'il prononça, en 1670, un éloquent
panégyrique latin de Pierre Padet, son compatriote et son ami.
Ce discours fut fort goûté et contribua même à la réputation
du collège d'Harcourt, dont Pierre Padet avait été proviseur.
Ce discours fut imprimé in-quarto, avec le portrait de Padet.
De TGEuvre publia, en 1679, une édition de Plaute, ad usum
Delphini, sous le nom d'Operarius (2). A beaucoup d'esprit
et d'étude, il joignait un grand désintéressement. On a sou-
vent confondu Operarius, l'éditeur de Plaute, avec Dou-
trier. Mais cette méprise n'a rien d'injurieux à la mémoire
de de l'Œuvre, puisque Douvrier est un littérateur d'esprit ;
de savoir et de goût, d'une diction pure et fleurie, quand il
écrit en latin. Personne n'a mieux réussi dans les inscrip-
tions funèbres et les devises. C'est à lui qu'on doit la fameuse
devise de Louis XIV : * Nec pluribus impar. »
Jean Le François, né à Sainte-Marie-Laumont,, archidia-
coné du Val-de-Vire, dans l'ancien diocèse de Coutances,
était bachelier en Sorbonne. Il fut d'abord professeur de rhé-
torique au collège d'Harcourt, puis recteur de l'Université de
Paris. Proviseur du collège d'Harcourt en 1680, il était aussi
chanoine de Saint-Germain-l'Auxerrois. Il mourut le 2 avril
(1) Annuaire de la Manche, 1829 p. 279 ; 1853 p. 96 ; Pluquet,
Curiosités littéraires, p. 8.
(2) Goujet, Môm. pour servir à l'histoire du Collège royal de
France.
- 38 -
1701, laissant un poème épique en l'honneur de Louis, le
grand pacificateur (1).
G. Lemelorel, né à Mesnil-Besnoît dans l'archidiaconé du
Val-de-Vire, diocèse de Coutances, fut professeur de philo-
sophie au collège d'Harcourt. Lemelorel était prêtre. Il profes-
sait encore en 1707 et garda sa chaire près de quarante ans.
Il fut des premiers à abandonner la philosophie d'Aristote
pour celle de Descartes, et quelques difficultés lui furent sus-
citées à cette occasion, car nous le voyons le 28 octobre 1691,
au collège du cardinal Le Moigne, signer la condamnation de
onze propositions déférées à l'archevêque de Paris et au Roi
comme entachées de nouveauté. Un formulaire lui fut imposé,
à lui ainsi qu'à un autre régent de philosophie, il eut à le
signer en octobre 1704. Mais, en dépit de ces protestations,
G. Lemelorel et une partie de ses confrères étaient partisans
de la philosophie cartésienne. Son successeur dans la chaire
de philosophie au collège d'Harcourt fut un de ses compa-
triotes, Pierre Lemonnier, natif de Saint-Sever. Ce profes-
seur laïque eut la gloire assez rare de voir ses deux fils faire
partie comme lui de l'Académie des Sciences (2).
En môme temps que G. Lemelorel, nous trouvons professeur
de philosophie au collège d'Harcourt, Gilles Roussel, né à Cou-
tances. 11 était fils de Pierre, sieur des Groudières. Il professa
la philosophie plus de 35 ans en ce collège. Il professait dès 1 675.
Roussel, né à Coutances, et neveu de Gilles, fils de Nico-
las, sieur de la Héronière, fut aussi professeur de philosophie
•au collège d'Harcour* (3).
Gilles Dancel, né à Tourlaville, fut professeur d'éloquence
au collège d'Harcourt. Il composa un poème dédié à M. de
Lamoignon. Cette pièce porte la date du 7 juillet 1756 (4).
(1) Morin Lavallée, Essais de Bibliog. viroise,?. 143.
(2) Ibid. p. 79, 143.
(8) Ibid. p. 443.
-• (4) Floquet, Bibliogr. du départ, de la Manche, Caen, 1873,
p. 83.
— 39 —
Louvel, né à Granville, était chef des boursiers du collège
d'Harcourt en 1743. Il devint professeur de rhétorique en cette
maison le 8 novembre 1769. Coadjuteur du proviseur en 1758,
il succéda au titulaire, l'abbé Asselin, de Vire, en 1762.
Adversaire déterminé du concours d'agrégation, il l'attaqua
dans un mémoire qui résumait avec vivacité les griefs de ses
partisans. Le gouvernement, pour réprimer cette opposition,
supprima le mémoire du proviseur, en même temps qu'un
libelle en sens opposé qui ne pouvait servir qu'à prolonger la
controverse. M. Louvel mourut au mois de décembre 1779. Il
avait cessé d'être proviseur du collège d'Harcourt en 1775. On
lui doit plusieurs mémoires sur la question de l'agrégation,
dont il était un adversaire implacable (1).
Jean-François Viel, né à C^asville, était prêtre. Il professa
quelque temps les humanités au collège d'Harcourt, puis il
revint dans son diocèse où il fut nommé professeur de rhéto-
rique au collège de Coutances, un peu avant 1753 (2).
Le collège de Montaigu eut un principal du diocèse d'Avran-
ches en la personne de Noël Beda. Né dans le diocèse et aux
environs d' Avranches vers 1475, Noël Beda devint docteur de
la Faculté de Théologie, le 18 avril 1507, et principal du col-
lège de Montaigu. Il fut un des docteurs qui eurent le plus de
crédit de son temps dans la Faculté de Théologie, dont il fut
nommé syndic. Noël Beda se rendit célèbre par sa polémique
avec Erasme qu'il dénonça à la Faculté comme hérétique, dans
la discussion qui eut lieu à la Sorbonne au sujet du divorce
de Henri VIII, roi d'Angleterre. La conclusion favorable au
divorce allait passer à la pluralité des voix. Il l'empêcha en se
prononçant contre elle avec emportement. Il alla jusqu'à
reprocher à François I er les ménagements qu'il gardait à
l'égard des hérétiques. Pour les expressions injurieuses dont
il s'était servi, il fut condamné à faire amende honorable
(!) Jourdain, Hist. de V Université de Paris, p. 4U, 425, 426,
466, 467, 468.
{2) Annuaire de la Manche, 1849, p. 557.
— 40 —
devant le parvis de Notre-Dame de Paris. Deux fois, il fut
condamné au bannissement pour les emportements de son
zèle. Il se signala également par ses persécutions contre Robert
Etienne.
Il faut ^apporter à Tannée 1522 environ ses Dialogues
contre l'Apologie de Jacques Merlin, grand pénitencier de
Paris, en faveur d'Origène. Les Dialogues reçurent l'appro-
bation de la Faculté de Théologie qui supprima l'Apo-
logie.
En 1536, le Parlement envoya le docteur incorrigible à
l'abbaye du Mont Saint-Michel, où il mourut le 8 janvier
1537. Il n'avait joui que bien peu de temps dans sa retraite de
ses relations amicales avec l'évèque d'Avranches, le savant
Robert Cenau.
Nicolas Le Barrier, né à Laulae, était professeur au collège
de Montaigu quand éclata la Révolution.
Un autre établissement de Paris, la maison de Navarre, eut
des professeurs de nos diocèses, qui furent successivement
Launoy et Foucher.
Jean de Launoy, illustre docteur de Sorbonne, naquit lo
21 décembre 1603, au Val-de-Sie, près de Bricquebec et non
à Valognes, comme on l'a dit souvent. Son père s'appelait
Jean de Launoy et sa mère Michelle Jean. Après avoir fait
ses études à Cou tances, sous la direction de son oncle, Guil-
laume de Launoy, promoteur de l'officialité, il se rendit à
Paris, où il devint très habile dans la philosophie et la théolo-
gie. Il fut reçu docteur en 1634 et eut l'avantage d'entrer dans
la maison de Navarre. La même année, ayant été ordonné
prêtre, il partit pour FItalie, dans le dessein d'y étudier à fond
l'antiquité ecclésiastique. On prétend que c'est dans ses con-
versations avec le cardinal Bentivoglio qu'il conçut le plan de
son Traité de la puissance royale sur les empêchements du
mariage. Launoy était un prêtre extrêmement laborieux.
11 composa plus de soixante-dix volumes de théologie, de
discipline, de critique et d'histoire. L'abbé Granet les a re-
— 41 —
cueillis en 5 volumes in-folio, Genève 1731, 32 et 33(1).
Michel Foucher vint un siècle après Jean de Launoy. 11
naquit à Saint-Lo. Docteur en théologie, il était de la société
et de la maison de Navarre. Il fut principal du collège de
Navarre, conseiller en la Chambre souveraine du Clergé,
censeur royal et vicaire général de Paris. Il mourut à Paris,
le 28 juillet 1784 ou 1787. Il a laissé un grand nombre de re-
lations de voyages fort bien écrites. Il fit de grands biens au
collège de Navarre (2).
Plusieurs ecclésiastiques des diosèses de Coutances et
d'Avranches furent assez distingués pour être nommés profes-
seurs au Collège royal de France.
L'un d'eux fut Guillaume Postel, cet homme dont la vie
devait être si agitée. Il était né au village de la Dolerie, à
Barentoa, le 25 mars 1510. A 13 ans, il était maître d'école au
village de Say, près de Pontoise. Reçu à titre de domestique
au collège de Sainte-Barbe, il y étudia l'hébreu et le grec à des
heures dérobées, ce qui commença sa réputation. Il apprit
aussi l'espagnol. En peu de temps, il acquit une science uni-
verselle.
Devenu précepteur d'un neveu de Jean Raquiez, abbé
d'Arras, il refusa plusieurs bénéfices à la nomination de ce
personnage. Il se fit recevoir bachelier en médecine à l'Univer-
sité de Paris. Dès sa jeunesse, il devint professeur royal de la
môme Université. Il y fit admirer la vivacité de son esprit et
retendue de son savoir, la douceur de son éloquence et surtout
les prodiges de sa mémoire. On eût dit qu'il avait reçu le don
des langues, car tout ce qu'il y avait de plus subtil dans les
langues hébraïque, chaldaïque et syriaque, en un mot
dans les langues orientales et occidentales lui était aussi fami-
lier que la langue maternelle. Il parlait toutes les langues, et un
jour il eut la témérité de parier, devant Charles IX, qu'il pour-
(1 Revue historique île Y Amateur mar>chois, 2 e année, p. 32.
(2) Lange, Ephémêrides normandes.
— 42 —
rait parcourir le inonde sans interprète. A cette aptitude sin-
gulière, il joignait beaucoup d'esprit naturel, une grande
habileté et le don de rendre agréables ses conversations. Il fut
les délices de François I er . Postel reçut aussi de la reine de
Navarre, sœur du monarque, mille témoignages de bienveil-
lances. C'est à cette faveur royale qu'il dut sa nomination de
professeur de mathématiques et de langues orientales au
Collège de France.
G. Postel donna dans les rêveries de la béate Jeanne, qu'il
vit à Venise et dont il fut le directeur spirituel.
En 1554, il était à Rome, où il se présenta à Ignace de
Loyola, qui, sur sa réputation, l'admit au noviciat de son
ordre. Mais ne pouvant désabuser son nouveau disciple de
ses rêveries, il le renvoya.
Après maintes pérégrinations en Italie et en Suisse, il fut
rappelé en France par la Cour, qui le rétablit dans sa chaire.
Il enseignait encore en 1578. L'intendant Maldonat s'étonnait
qu'il put y avoir un tel homme dans le monde et déclarait que
sa bouche proférait autant d'oracles que de paroles. Fran-
çois I er et Catherine de Navarre regardaient Postel comme la
merveille du monde.
Mais si son immense savoir méritait des applaudissements,
ses sentiments bizarres lui attirèrent des censures méritées. Il
s'est certainement trompé sur plusieurs points théologiques.
Postel fut surnommé l'abîme du savoir. Jamais on n'a tant
vanté dans aucun homme de lettres, l'universalité des connais-
sances. Il mourut à Paris, le 6 septembre 1581 .
11 composa un grand nombre d'ouvrages. Les Espagnols
furent plus expressifs que les Français dans les témoignages
de leur admiration pour Postel. Ils lui élevèrent des statues
dans plusieurs de leurs Universités.
Louis Leroy, natif du diocèse de Coutances, fut nommé
professeur de grec au Collège royal, en remplacement de Lam-
bin, en 1572. Louis Leroy eut trop de vanité. Mais l'excès
de ce défaut ne doit pas faire oublier qu'il a beauooup contri-
— 43 —
bué à donner à la prose française de l'élégance et de l'harmonie.
Il a composé vingt-huit ouvrages (1).
Un autre prêtre du diocèse de Coutancos, Jean Ruault, ori-
ginaire de Périers, régenta à Rouen et dans plusieurs collèges
de Paris, avant de devenir recteur de l'Université. Il occu-
pait ce poste pour la seconde fois en 1G16. Ruault s'était appli-
que de bonne heure à l'étude des langues grecque et latine et
s'y rendit fort habile, ainsi que dans l'histoire, la géographie et
les antiquités.
Il devint professeur d'éloquence latine au Collège royal de
France. On a de lui un Recueil de poésies latines, Paris 1610,
et plusieurs autres ouvrages d'histoire et des discours (2).
Ruault avait été principal du collège du Phssis.
Un compatriote de Ruault, né à La Haye-du- Puits, Louis
Noël, était prêtre et professeur de philosophie au Collège
royal de France. Il avait succédé, dans la chaire de philosophie,
à Pierre Padet. Il prononça sa harangue d'installation le 28
février 1663. En 1666, il prononça, en latin, le panégyrique de
Louis XIV, qui fut imprimé la même année. Il eut encore
à prononcer plusieurs autres discours d'apparat. Le célèbre
professeur mourut le 2 octobre 1693.
Claude Le Cappelain, né à Cherbourg, fut élu doyen de
Sorbonne, le 22 février 1647. Il devint titulaire de la chaire
d'Hébreu au Collège royal de France. 11 remplit ce poste depuis
1674 jusqu'à l'époque de sa mort, arrivée en 1702.
Claude Le Cappelaiu savait, dit dom Liron, le Grec et
l'Hébreu, le Syriaque et le Chaldéen, l'Arabe et le Persan.
Il fit contre Valérien de Flavigny un ouvrage qui a pour
titre : Mare rabbinicum infidum, seu quœstio rabbinico-
talmudica, etc. (3).
Plusieurs ecclésiastiques des diocèses de Coutances et
(1) Nicéron, Mémoires, CXXIX. — Teissier. Eloges, T. II.
(*) Lerosey, Histoire religieuse et civile de Périers, p. 315.
(3) D. Liron. Singularités historiques et littéraires, T. III,
pp. 808, 569.
— 44 —
d'Avranches, enseignèrent dans quelques autres collèges de
Paris, qui ne sont pas autrement désignés, tel Jean-Hyacinthe
Pépin, né à Saint-Pierre -Eglise, le l or janvier 1754; Pierre-
Romain Clouet, né à Coutances, le 7 août 1748, qui devint,
après la Révolution, professeur interprète bibliothécaire à
Técole des Miues ; tel Jean Truffert, né à Bricquebec, en 1746
et professeur de belles lettres à l'Université de Paris, avant
1789. Sous l'Empire, il devait avoir une chaire de littérature
au lycée Charlemagne ; tel Jean Engerran, prêtre, helléniste
distingué qui mourut à la fin du xvin e siècle.
Jean-Baptiste Dugardin-Dumesnil, né à Saint-Cyr, le 18 août
1720, devint chanoine de Notre-Dame de Paris. Il fut profes-
seur de rhétorique à l'Université de Paris et principal du col-
lège Louis-le-Grand, depuis le 31 mai 1749. Il établit, dans
ce collège, le meilleur ordre et la plus louable émulation.
C'est là qu'il composa son Dictionnaire des synonymes latins,
ouvrage excellent, qui a eu plusieurs éditions et qui valut à son
auteur les remercîments publics de l'Université.
Né en 1727, l'abbé Cerisier des Hauts-Champs, était un
mathématicien et un helléniste de premier ordre. Il fut long-
temps professeur au célèbre collège des Grassins, à Paris.
Plus tard, il devint l'un des fondateurs de l'Ecole centrale
d'Avranches et l'un de ses meilleurs professeurs (1).
L'Université de Caen eut aussi parmi ses chefs et ses
professeurs des ecclésiastiques de Coutances et d'Avranches.
Guillaume de la Mare, né au Désert, d'une ancienne famille,
en 1450, devint recteur de l'Université de Caen. Il mourut le
11 juillet 1525. 11 était docteur in utroque jure et chanoine
de Coutances.
A la môme époque, un enfant de Villedieu, Guillaume Le
Moine, prêtait serment en 1514, devant la Faculté des Arts de
Caen. Il est inscrit dans les registres de cette Université parmi
les régents-résidents de la Faculté des Arts, en 1515. Nous
(!) Grcnle, 0. Havard, Villedieu Ics-Poêlcs, clc.,T. II, p. 1)86.
— 45 —
avons vu comment il quitta Caen, pour aller enseigner au
collège d'Avranches (1). L'œuvre la plus connue de Guillaume
Le Moine, est son Dictionnaire Latin-Français. lia, déplus,
composé quarante livres contre les Sophistes.
Le titre de recteur de l'Université de Caen devait être porté
au siècle suivant par Michel de Saint-Martin, né à Saint-Lo,
le 1 er mars 1614. Il était écuyer et seigneur de la Mare du
Désert. Docteur en Théologie et protonotaire apostolique, il
devint recteur de l'Université de Caen, en 1652. Il est demeuré
célèbre dans les annales de cette Université, par les colossales
mystifications dont sa trop grande crédulité le rendit le jouet.
Il a laissé de nombreux ouvrages.
Jacques Le Maître, sieur de Savigny, naquit dans le Cotentin
en 1550; il était chanoine d'Avranches et principal du collège
Du Bols, à Caen. Il fit bâtir, à ses frais, la chapelle de ce
collège et contribua à rétablissement du Palinod de Caen. Il
mourut en 1631.
Gilles Girard, né à Cametours en 1702, professa les huma-
nités en l'Université de Caen. Il eut la réputation de l'un des
meilleurs poètes de son temps, surtout dans l'ode alcaïque.
Plusieurs de ses nombreuses pièces lyriques furent couronnées
au Palinod de Caen. Il mourut curé d'Herman ville, en 17G2 (2).
Christophe Gadbled, né en 1734, à Saint-Martin-le-Bouillant,
près Villedieu, fut professeur de philosophie, de mathémati-
ques et d'hydrographie à l'Université de Caen. Il compta parmi
ses élèves l'illustre Laplace. Il mourut à Caen, chanoine
de la collégiale du Saint-Sépulcre, le '11 octobre 1782. On a,
de ce savant professeur, plusieurs ouvrages (3).
Jérome-Jean Costin, né à Saint Nicolas-de-Coutances, le
20 avril 1759, était bénédictin et docteur es lois. Il professa
les belles lettres, la philosophie, les mathématiques et le droit
(1) Grente. 0. Havard, Villedieules -Poêles, t. I, p. U9.
(2) Daniel, Notice sur le Collège de Coutances } p. 09.
(3) Annuaire de la Manche, 1829, p. 307.
— 46 —
canon, ainsi que Péloquence sacrée. Malheureusement, il
devait oublier ses vœux, à la Révolution.
Dom Etienne Mauger, bénédictin de la congrégation de
Saint-Maur, appartenait à l'abbaye de Saint-Etienne de Caen,
où il se distingua par sa haute capacité dans renseignement.
Il fut professeur de physique à l'Université de Caen.
Prêtre et moine mondain, Mauger n'eut pas de peine à
prêter le serment schismatique. Il n'en périt pas moins sur
Téchafaud.
Pierre Pottier, né à Agon, le 5 juin 1750, devint prêtre et
professeur à l'Université de Caen. Il fut un des deux profes-
seurs assermentés de cette Université. Il est connu par quelques
ouvrages.
Nous voyons au xvn° siècle Jacques Enouf, de Saint-Lo,
ancien professeur au collège de celte ville, devenir principal
du collège de Lisieux (1).
Au siècle suivant, Jean-François Lecoquière, né à Saint-
Vaast en 1742, professa la philosophie au collège de Lisieux.
Il y publia pour l'utilité de ses élèves un Compendium
philosophicum divisé en trois parties : Logica, Moralis, Me-
taphysica. Il quitta le collège de Lisieux en 1773, où il alla
professer la philosophie et les mathématiques à Valognes.
Jean-François Viel, de Crasville, après avoir professé les
humanités au collège d'Harcourt, à Paris, devint principal du
collège de Bayeux, après Charles-François Buffard, qui mou-
rut le 16 décembre 1753. Il fut nommé principal, dans l'assem-
blée des députés du chapitre de Bayeux et des officiers muni-
cipaux, le siège épiscopal étant vacant. Viel mourut en juin
1779. Il avait composé quelques petites pièces de vers latins (2).
J.-M.-L. Borel, né aux environs de Carentan, était prêtre.
Il fut professeur de philosophie au collège de Bayeux. H alla
ensuite se fixer à Paris, où il devint précepteur dans la maison
de Bouille. Il voyagea avec son élève en Italie et publia la
(1) Annuaire de la Manche, 1832, p. 246.
(-2) id. 1849, p. 557.
- 47 —
relation de son voyage. Cet ouvrage fut censuré par l'évèque
de Baveux.
François-Gilles-Pierre-Barnabé Manet, né à Pontorson, le
15 janvier 1764, fut nommé professeur au collège épiscopal
de Dinan et refusa de prêter le serment à la nouvelle constitu-
tion civile du clergé. On a de lui divers ouvrages historiques.
II. — Bienfaits du clergé de Coutances et d'Avranches
en faveur des collèges.
Parmi les ecclésiastiques, les uns se dévouèrent personnel-
lement à l'instruction de la jeunesse, les autres y consacrèrent
leur fortune.
Nous avons dit ce que firent les prêtres de Coutances et
d'Avranches pour la fondation des collèges de ces deux dio-
cèses. Leur zèle pour la diffusion de la science ne se contint
pas dans les limites de leur pays.
Le collège d'IIarcourt, à Paris, est dû à la générosité des
Coutançais. C'est Raoul d'IIarcourt, fils de Jean et frère de
Robert d'Harcourt, évùque de Coutances, qui fonda cet utile
établissement. L'archidiacre du Cotentin, Raoul d'Harcourt,
n'est célèbre dans les annales littéraires de l'Eglise de France
que par cette œuvre à laquelle il a attaché son nom. En 1280, il
acheta, à Paris, quelques maisons pour loger des écoliers
indigents. Plus tard, il leur donna des maîtres qu'il établit
dans les maisons voisines achetées de ses propres fonds;
enfin, l'an 1300, il acheva d'y constituer un collège avec une
dotation suffisante. Le fondateur du collège d'IIarcourt mourut
en 1209, instituant l'évèque de Coutances son légataire uni-
versel (1).
L'évêque de Coutances, Robert d'IIarcourt, qui n'avait
peut-être pas été étranger à l'entreprise de son frère, Tardii-
(I) P. Simplicien, Géaéa'ogie de la Maison cTIIarcourt, T. V,
p. 424.
— 48 —
diacre, eut à cœur de la continuer. En 1314, il assura la fonda-
tion du collège d'Harcourt. Grâce à sa munificence, ce collège
qui devait devenir l'un des plus florissants de la capitale,
comptait dès 1311, vingt-huit boursiers, dont seize artistes, et
les douze boursiers de théologie furent répartis entre les dio-
cèses de Coutances, de Rouen, d'Evreux et de Bayeux (1).
Un autre enfant du diocèse de Coutances, Jean Boucard,
de Saint-Lo, devenu évoque d'Avranches et confesseur de
Louis XI, était un ancien professeur de théologie; il était
réaliste ; il profita de son influence à la Cour pour faire
interdire par Lettres royaux, datés de Senlis en 1473, l'ensei-
gnement de la philosophie nominaliste. Il se fit donner la
mission de réformer P Université, et tel lut sans doute le sens
de sa réforme.
Mais Pévêque d'Avranches rendit un tout autre service à la
science. Il avait fait ajouter aux revenus de son évôché ceux
des abbayes du Bec et de Cormery ; mais il faut avouer qu'il
usa de ces revenus de manière à mériter la reconnaissance de
la postérité, car il fonda douze bourses au collège d'Harcourt,
tant à la disposition du chapitre d'Avranches qu'à celle, de
Péglise Notre-Dame de Saint-Lo et de sa famille.
La fondation de Jean Boucard fut confirmée, après sa mort,
par un arrêt du Parlement, du 9 juillet 1488 ; mais ces douze
bourses furent réduites à six, dès Pannée 1536, à cause de la
diminution des revenus, et à trois bourses d'artistes seulement
par un autre arrêt du 27 juin 1703. Le Parlement régla, en
faisant cette dernière réduction, que l'un des boursiers serait
nommé par le chapitre d'Avranches, l'autre par les trésoriers
de Péglise de Saint-Lo et le troisième par les héritiers du
fondateur, ou, à leur défaut, par le chapitre d'Avranches et les
trésoriers de Notre-Dame de Saint-Lo, tour à tour (2).
A l'exemple de Pévêque d'Avranches, Geoffroy Herbert,
(1) Lerosey, Histoire religieuse et civile de Péricrs, p. 49.
(2) Artaud, Dictionnaire de la ville de Paris et de ses environs.
Collège d'Harcourt.
— 49 —
évèque de Coutances, se montra généreux à l'égard du collège
d'Harcourt. Il y fonda quatorze nouvelles bourses et augmenta
celles de théologie ; il lui donna par testament son fief du
Bosc-des-Préaux (1).
Un autre savant ecclésiastique du diocèse de Coutances,
allait continuer ces traditions de générosité à regard du collège
d'Harcourt.
Jean Michel, né à Savigny, vers 1495, devint prêtre, docteur
en théologie et chanoine de Coutances. Il était curé de
Muneville-le-Bingard.
Après avoir signalé sa munificence envers le collège de
Coutances, il n'oublia pas le collège d'Harcourt. Il y fonda, en
1550, trois bourses, à condition qu'elles seraient après lui, à la
nomination de l'aîné de la famille. Par son arrêt du 27 juin
1703, le parlement de Paris réduisit cette fondation à une
seule bourse. Le titulaire devait être nommé par les héritiers
du fondateur, sans pouvoir néanmoins concourir à l'élection
du proviseur (2).
Par actes des années 1633, 1636, 1639, 1649, 1643 et 1650,
Jean Rouxel, prêtre du diocèse de Coutances, donna au collège
d'Harcourt la somme de 900 livres, pour plusieurs obits et
pour la fondation d'un boursier de sa famille, ou du moins
de son pays, qui aurait 140 livres par an. Ce boursier, aux
termes de la fondation, devait, après avoir fait ses études en
grammaire et en arts, entrer parmi les boursiers de théologie.
Le parlement de Paris, qui, par un arrêt du 27 juin 1703,
avait fait réduction des anciennes bourses de cette maison,
laissa celle de Jean Rouxel dans son intégrité. Il fut réglé en
même temps que le collège pourrait, s'il le voulait, rendre aux
héritiers des fondateurs le montant de la fondation (3).
On cite à l'honneur de Pierre Padet, proviseur du collège
(1) Lecanu, Histoire du diocèse de Coutances, etc., p. 412.
(2) Artaud, Dictionnaire historique de la ville de Paris et de ses
environs, Collège d'Harcourt.
(3) Ibid. T. IL, p. 378.
4
- 50 —
d'Harcourt, un Irait qui peint sa bonté d'âme et sa générosité.
Durant les troubles de la Fronde, il resta à son poste et engagea
ses écoliers à continuer leurs exercices ; il recueillit même les
étudiants des autres collèges qui étaient licenciés. Cettegénéro-
sité lui coûta 30.000 livres, mais il ne crut pas acheter trop cher,
à ce prix, la liberté de continuer des études qui importaient
tant au bien et à l'éducation d'une nombreuse jeunesse.
Un autre professeur du Collège royal de France, Louis Noël,
successeur de Pierre Padet dans la chaire de philosophie, ne
voulut pas terminer sa carrière sans faire preuve du zèle
qu'il avait pour l'éducation de la jeunesse. Deux ans avant sa
mort, en 1691, il fonda au collège d'Harcourt, un petit boursier
et un obit. Il avait donné à cet effet la somme de 4.500 livres,
et quand plus tard, par son arrêt du 27 juin 1703, le parlement
de Paris vint à faire une réduction des anciennes bourses, il
maintint celle de Louis Noël, dans son intégrité. Liberté était
cependant laissée au collège d'Harcourt, s'il le préférait, de
rendre aux héritiers du fondateur ce qu'il avait reçu pour la
fondation (1).
L'Université de Caen rencontra aussi des bienfaiteurs dans
le clergé de Coutances et d'Avranches. Nous avons déjà dit
que le chanoine d'Avranches, Jacques de Savigny, fit bâtir à
ses frais la chapelle du collège Du Bois, à Caen, dont il était
principal.
Michel de Saint-Martin, qui fut recteur de cette Université,
fit édifier, à ses frais, l'école de théologie et fonda une chaire
de théologie dans le collège des Jésuites de Caen.
On sait que le collège du Mont à Caen avait été fondé par
Robert Jolivet, abbé du Mont Saint-Michel. C'est dans ses
bâtiments que les Jésuites établirent leur collège au commen-
cement du xvn c siècle. A suivre
A. Lerosey, Chanoine honoraire.
(1) Arlaul, Dictionnaire his'orique de la ville de Paris, T. II,
p. 378.
La Recherche de Jean Le Venart
LIEUTENANT DE L'ÉLECTION DE COUTANCES
AU SIÈGE DE SAINT-LO
COMMISSAIRE DU ROI EN 1523
(Publiée d'après an manuscrit de la Bibliothèque de Rouen)
(deuxième partie) (1)
VIII. — Blondel (2)
C'est la généalogie dont est yssu et descendu noble homme
Jean Blondel, seigneur de Sainct-Fromond, laquelle il baille à
messieurs les esleus de Coustances au siège de Sainct-Lo, en
ensuivant le bon plaisir du Roy.
Premièrement, diet que deffunct noble homme Pierre
Blondel, en son vivant sieur dud. lieu de Sainct-Fromond,
estoit son bisaïeul, duquel Pierre sortit en loyal mariage Jean
Blondel, escuier, de son vivant seigneur de lad. sieurie de
Sainct-Fromond, ayeul dud. présent sieur, et d'icelluy Jean
ayant descendu et fut procréé en loyal mariage Jean Blondel,
en son vivant escuier, sieur de lad. terre et sieurie. Et
dud. second Jean Blondel est descendu et yssu en loyal
mariage led. Jean Blondel, présent bailleur et jouissant à
(1) Voir la première partie au tome 23 des Mémoires de la
Société d'Archéologie au déparlement de la Manche. 1905*
pp. 66 à 89.
(2) Armoiries : De gueules, au sautoir d'argent chargé de cinq
hermines de sable.
Réformes : Montfaut, Roissy, Paris, d'Aligre, Ghamillart.
r.O
— Ofi —
cause de la succession de ses d. prédécesseurs de lad. terre et
sieurie de Sainct-Fromond.
Lesquelz Blondel et leurs prédécesseurs ont tousiours vescu
noblement sans déroger aucunement à Testât de noblesse pas-
sez sous deux cens ans et autre plus long temps immémorable
servy les rois de France, comme les autres nobles du pais,
tant aux guerres de Bourgongne, Picardie, Bretagne, Angle-
terre, que ailleurs où. lesd. Roys ont eu affaire avecques les
autres nobles du païs et ducbé de Normandie, comme de
toutes ces choses il atteind tous les nobles, de quelque estât
qu'ilz soient et offret vériffier sy mestier est.
Et pour montrer les choses dessus d véritables, montre par
lettres passées devant Jacques Robelot, tabellion au Ilommet,
le quin/ m ~ jour de may, Tan mil trois cens quatre vingt dix
sept, comme led. Pierre Blondel eust acquis le fief, terre
et sieurie de Sainct-Fromond, de M ,c Jean Bioville, es-
cuier et Allez, sa femme; par lesquelles lettres est notamment
mis et institué led. Pierre Blondel, escuier, selon que lesd.
lettres le portent et contiennent. Lesquelles ont esté rendues
aud. sieur de Sainct-Fromond. Signé : Jean Blondel. Un
paraphe.
Ceste présente déclaration faicte le dix buil mc jour d'aoust
1524.
IX. — De Caumont (1).
Pour suivre le voulloir du Roy, nostre Souverain Seigneur,
noble homme Jean» de Caumont, sieur du Tremblay, filz et
héritier de deffunct Jean de Caumont, en son vivant sieur dud.
lieu, produit et montre son estât de progéniture et remontre
ce qui suit :
(1) Armoiries : E car telë d'argent; chargé aux 1 er et 4 e quartiers ,
de 3 merlettcs de sable; aux 2° cl 3 e , d *une quinte feuille de gueules,
Réformes : Roissy, d'Aligre et Chamillart.
— 53 —
Dit qu'il est filz légitime dud. M rc Jean de Caumont, escuier,
en son vivant sieur du Tremblay, advocat en la cour de par-
lement à Rouen et de Damoiselle Anne Roc, son espouse.
Dit aussy que led. M re Jean de Caumont, cy devant nommé,
son père, estoit filz de deffunct Jacques de Caumont, en son
vivant, escuier, et de damoiselle Luce Le Chevallier; icelluy
Jacques, filz de deffunct Jean de Caumont, en son vivant sei-
gneur du fief, terre et sieurie de Gourfalleur, fief plain et
entier de haubert, et de noble damoiselle Jeanne de Saffray ;
icelluy Jean, sorti de noble personne Régnier de'Caumont et
de noble damoiselle Gillette Le Grand; et led. Régnier sorty
de noble homme Philippe de Caumont, en son vivant sieur dud.
lieu du Tremblay et de Sainct-Martin de Caumont.
Lesquels dessusd. ont tenu et vesquy noblement par cy
devant comme ces choses sont vrayes, notoires et que sy
doubte en est faict, led. Jean de Caumont à présent l'entend
vériffier à suffire, soy aidant à ceste fin, et avecques icelluy
privilège de noblesse, dict et remontre led. à présent sieur de
Caumont que sesd. prédécesseurs et luy par leur succession,
étoient et sont et doibvent pour Tad venir estre maintenus avec-
ques leurs privilèges de noblesse, du privilège de la monnoye
du service (sic) de France, et pour ces choses vériffier et four-
nir, montre ce qui en suict :
S'aide led. Jean de Caumont d'une lettre, en dabte de l'an
mil quatre cens cinquante neuf, contenant les choses dessusd.
vériffiez en jugement contradictoire entre le procureur du Roy
et led. Jean de Caumont, sieur de Gourfalleur.
Item, s'aide d'un Mémorial donné es plez de la baronnie de
Sainct-Lo, signé Chesnel, en juillet mil quatre cens cinquante
trois, comme led. Jean de Caumont bailla l'adveu et dénom-
brement de lad. terre de Gourfalleur.
Item, s'aide d'un extraict de registre collationné à l'original
par les tabellions de Sainct-Lo, en dabte du vingt six mc jour
de novembre mil III1 C LXXVIII, contenant comme dud. Jean
descendyrent Jean et Jacques de Caumont, frères.
- 54 —
Item, s'aide d'un extraict de registre dabté du vingt un mc
jour de septembre* mil cinq cens neuf, contenant comme dud.
Jacques, second filz, descendit led. M fc Jean de Caumont, filz
dud. Jean à présent.
Item, d'une lettre du quatorz mc jour d'octobre mil cinq cens
vingt deux, contenant comme dud. M 10 Jean est descendu led.
Jean à présent.
Item, dict et remontre que il et ses prédécesseurs ont tou-
siours continuellement servy le Roy en ses monnoyes comme
dessus, et à ceste cause il et ses semblables sont quittes et
exempts des tailles et autres subjections par les privilèges à
eux donnez et octroyez par les roys de France que Dieu
absolve, et confirmez par le Roy, nostre Sire, à présent ré-
gnant, ainsy qu'il apparoist par ses lettres patentes.
Produict aujourd'huy dix huic* m6 jour de juillet mil cinq
cens vingt-trois, devant Jean Le Venart, lieutenant de mes-
sieurs les esleus de Coutances, à Sainct-Lo.
Signé : Jean de Caumont. Paraphe.
Apprès que, lesd. lettres ont été veues et rendues aud. de
Caumont,
X. — D'Auxais (1).
Ensuict par déclaration la généalogie et la génération dont
est sorty et descendu noble homme Christofle Dauxais, sei-
gneur du Mesnil-Véneron et du Chouquey, laquelle généa-
logie led. Dauxais entend avoir pris pied et entrer en privilège
de noblesse dès l'érection et institution de la terre, seigneurie
et paroisse d'Auxais, dont led. sieur du Mesnil-Véneron vien-
droit d'antiquité au filz puisné sorty d'icelle maison et sieurie
Dauxais, et dont il porte et ont tousiours porté ses prédéces-
seurs dempuis portèrent les nom et armes. Icelle maison, nom
(l) Armoiries : Dj sable à trois besants d'argent, 2 eM,
Réformes : Montfaut, Roissy, Paris, d'Aligre et Chainillart.
— 55 —
et sieurie Dauxais qui sont trois besans d'argent et un champ
de sable.
Laquelle terre et sieurie Dauxais est à présent possédée par
noble et discrette personne M rc Robert Dauxais, prestre, curé
de Grantviile et noble homme Jean Dauxais, seigneur dud.
lieu d'Auxais, de Méautis, du Bosc, .... Gallebicore,
Grosparmy et Sainct-Aubin-de-Cosgne. Laquelle terre Dauxais
est tenue de grande apparence d'ancienneté par les bastiments
et abondance de bois de haute f ustaie, de valieur et revenu de
mille livres tournois ou viron, de laquelle tous les prédéces-
seurs desd. sieurs Dauxais et du MesniNVéneron ont tousiours
jouy et possédé continuellement par tel et sy long temps, qu'il
n'est mémoire d'homme au contraire qu'elle aict esté en autre
nom que celuy desd. Dauxais, fors du temps que le roy
Anglois usurpoit le pays de Normandie, qu'elle fut donnée
par le roy Anglois à son plaisir, nonobstant que lesd. Dauxais
avoient habandonné leurs terres et possessions pour tenir le
party de France à servir les feuz Roys, en contretant leurs
ennemis tant en leurs victoires que empeschement èz-affaires
en toutes leurs guerres, sans avoir jamais avoir voullu tenir le
party anglois.
Et davantage a esté et est de temps immémorial le patron-
nage et droict de présenter de l'église dud. lieu Dauxais, au
nom et ligne desd. Dauxais, qui démontre bien que d'ancien-
neté ilz estoint fondateurs d'icelle église et sieurs dud. lieu, dès
l'érection d'icelle église, sieurie et paroisse; etyonticeux
Dauxais de temps immémorial vesquy noblement, jouy et
possédé les droicts et privilèges de noblesse sans y avoir esté
empeschés par aucune personne de quelque estât qu'elle soit
ne aucunement dérogé à Testât d'icelle.
Et soit regardé les rolles des nouveaux acquetz par cy
devant levez sur les nouveaux anoblis, sera trouvé que lesd.
Dauxais n'en sont du nombre, mais des anciens nobles et
noblement tenans du pays et du-hé de Normandie, dont la
génération s'ensuict :
— 56 —
Primo : — Dict ledict Dauxais qu'il y eutaud. lieu Dauxais
un sieur nommé Guillaume Dauxais, escuier, sieur du lieu,
dont sortit trois fils, c'est assavoir Pierre, Jean et Guillaume,
ausquelz trois filz succéda la succession dud. Guillaume
Dauxais, lorsqu'il vivoit, sieur dudit lieu Dauxais, de la
Roguelle, en la viconté de Vallongues, et de Grouchy, en
Saussey, lesquelz Pierre, Jean et Guillaume Dauxais firent
en Tan mil II e MI** et deux, le jour de Sainct-Thoraas,
apostre, partages de la succession de leur père, par devant
Raoul Gosseaulme, garde du scel et des registres des confes-
sions et obligations de la viconlé de Carentan, par lesquelz
partages led. Pierre Dauxais, aisné, eut la sieurie de la
Roguelle, led. Jean, la sieurie Dauxais et led. Guillaume, dont
est descendu le sieur du Mesnil-Véneron, eust de son partage
le fief de Grouchy. De Guillaume, marié à la fille du sieur de
Breully sortit Philippe Dauxais, escuier; duquel Philippe
Dauxais, marié à la fille du sieur de Sainct-Gilles, en Costentin,
sortit Guillaume Dauxais, escuier; duquel Guillaume Dauxais,
marié à la fille de ... Percy, sieur de Perrigny et de la Hogue,
sortit Robert Dauxais, escuier ; duquel Robert Dauxais, marié
à demoiselle Jeanne Du Ifamel, dame de Damigny et du lieu
du Ghouquey, sortit Jean Dauxais, escuier ; duquel Jean
Dauxais et de la fille du sieur Dauxais, où il estoit retourné
à son estât soy marié, est sorty led. Christofle Dauxais, à
présent sieur du Mesnil-Véneron.
Item, led. Dauxais pour montrer que le contenu en la
desclaration cy desvus escripte est véritable, entend exhiber
plusieurs lettres anciennes, s'y double en est faict, dont
aucunes sont cy après desclarez :
Primo : une lettre passée devant Jean Boullenc, atoumé (1)
de Robert Dusacoin, garde du scel de la viconté de Carentan,
en dabte Tan mil trois cens dix huict, le lundy de devant la
Sainct-André, apostre, contenant comme Jean Dauxais,
(1) Atoumé, terme vieilli, synonyme de suppléant et de rem-
plaçant. — Atlomey, en anglais, veut dire procureur.
— 57 —
escuier, sieur dud. lieu Dauxais, fils de deffunct Guillaume
Dauxais, en son vivant escuier, sieur Dauxais, vendy à
Guillaume Dauxais, escuier, son frère, une pièce de terre,
nommée le Courtil-de-Mollebesq , avecques te droict de
patronnage et droiet de présenter à l'église dud. lieu Dauxais.
Ce Jean, vendeur, est le fils dud. Guillaume, père des trois
filz mentionnez en lad. déclaration, qui vend aud. Guillaume,
son frère puisné.
Item, s'aide d'une autre lettre passée par devant Louis Let,
tabellion à Coustances, le second jour de febvrier mil
III e IIII", contenant comme Philippe Dauxais, escuier, et
Jean Dauxais, escuier, frères, appointèrent du discord qu'ilz
avoient touchant led. patronnage Dauxais, qui demeura aud.
Philippe, lequel Philippe estoit filz dud. Guillaume, second,
déclaré en la présente déclaration.
Item, s'aide d'une autre lettre, en forme de collation du
bénéfice dud. lieu Dauxais, donné et conféré à M re Thomas
Dauxais, prestre, "par les vicaires de l'evcsque de Coustances,
à la présentation de Philippe Dauxais, escuier, patron dud.
lieu, qui est led. Philippe, dessus nommé, en dabte les unz mc
jour de febvrier mil III e IIII" douze. Signé : Ja. Basire et
scellé de deux sceaux.
Item, autre lettre passée par devant Jean Lecormier, tabel-
lion à Sainct-Sauveur-Lendelin, l'an mil III e IIII" quatorze,
le jour Sainct-George, contenant que Jean Thirel, bailla en
fieffé à Philippe Dauxais, escuier, une pièce de terre, mention-
née auxd. lettres.
Kerrij s'aide d'une autre collation du bénéfice Dauxais,
donnée par Geoffroy, évesque de Coustances, à M 1 ' Pierre
Dauxais, prestre, oncle de Christofle Dauxais, encore vivant,
à la présentation de deffunct Jean Dauxais, en son vivant
escuier, sieur dud. lieu du Mcsnil-Véneron, père dud.
Christofle, en dabte du sept mo jour de septembre mil
1111 e IIII xt et deux. Signé : De Fourmentières et scellée do
deux sceaux.
- 58 -
Item, s'dde d'un registre des plaids de lad. sieurie du Mes-
nil-Véneron, commençant au vingt mc jour de décembre mil
IIII C cinquante quatre et finissant le saiz mo jour de may mil
II1I G IIII XX , pour montrer que les prédécesseurs dud. Dauxais,
c'est assavoir led. Robert et led. Jean, père dud. Chrisiofle,
retournèrent à la possession de leurs terres, après la réductioa
du pays de Normandie reconquis sur les Anglois.
Led. sieur du Mesnil-Véneron a protesté montrer et exhiber
plusieurs autres lettres et chartes anciennes en temps et lieu
sy mestier est, dont il se passa pour le présent, pour éviter
prolixité, en soy aidant des chartes produites par lesd. sieurs
de la Roguelle et Dauxais, ses aisnez.
Produict par led. sieur du Mesnil-Véneron, au voulioir du
Roy, aujourd'huy vingt cinq" 10 jour de juillet mil cinq cens
vingt trois.
Lesd. lettres rendues auxd. Dauxais. Signé : Dauxais, un
paraphe.
XI. — Basire (1).
Ensuivit par déclaration Testât et généalogie de noble homme
Pierre Basirc, sieur de Maubec, de Silly et du Mesnil-Véne-
ron, en suivant le voulioir du Roy, nostre sire et sa justice;
lesquelles terres et sieuries sont venues, descendues et issues
par successions au nom et ligne dud. Basire, lequel a tou-
siours, luy et ses prédécesseurs vesquy noblement et en tenant
Testât de noblesse, faict tant par luy que ses prédécesseurs
au ban et arrière ban du Roy, le service d'un archier pour le
servir en ses guerres allencontre de ses adversaires, tant aux
pais de Bourgongne, Picardie, Bretagne que ailleurs ou les
(1) Armoiries : D'azur, au pied de griffon d'or, en pal, accom-
pagné à dexire et à senestre de deux feuilles de chêne du m 'ne
mêlai.— Anoblis en U"3. Renvoyés par Montfaut. Admis par
Roissy. Renvoyés en 1624, 1030 et 1065, puis maintenus par
arrêt du conseil du 20 mai 1009.
— 59 —
feuz Roys, que Dieu absolve, ez guerres contre les ennemys
de France, ainsy que des choses dessus, led. Basire offre faire
deue vériffication par les nobles et noblement tenans du païs
de Normandie.
Dict led. Pierre Basire qu'il est descendu de Denis Basire,
deffunct, en son vivant escuier et jouissant desd. sieuries,
lequel Denis estait filz et descendu de Michel Basire, escuier,
et led. Michel estait filz et descendu de Guillaume Bazire,
escuier ; lesquelz et autres leurs prédécesseurs dud. Basire,
ont vesquy noblement et tous tenants de noblesse, sans avoir
jamais païé ne contribué aux tailles et subzides du Roy, nostre
Sire, en aucune manière ; et davantage ont les prédécesseurs
dud. Bazire tenu le party de France durant le temps que les
Anglois, anciens ennemis de France, tenoient et usurpoient le
païs et duché de Normandie, et leurs terres données par le roy
Anglois à son plaisir à un Anglois de la conté de Galles, et les
prédécesseurs dud. Pierre Bazire despouillés et dessaisis
durant lad. occupation par ce moyen de leurs terres et posses-
sions sans en avoir aucunement jouissance jusques en Tan de
la réduction que led. Bazire et ses prédécesseurs retournèrent
à la possession de leurs dictes terres et sieuries, ainsy que
led. Basire l'offre vérifier comme devant est dict, en soy
aidant de son inventaire de tènements, registres, Chartres et
autres escriptures mentionnées en icelles, faictes et advenues
dempuis lad. réduction. Et de ses lettres et chartes possédées
led. Basire n'en peult faire justification obstant que lesd.
Anglois, à l'instant de leur descente, mirent à feu et bruslèrent
la maison et manoir dud. lieu de Maubec, là où estoient toutes
les lettres et chartes anciennes des dignitez et droictures des
prédécesseurs dud. Basire, en tout encontre et haines qu3
lesd. Anglois avaient conçus contre lesd. prédécesseurs dud.
Basire, tenant le party de France et menans la guerre nuict et
jour ausd. Anglois, ainsy qu'il sera fourny sy doubte en est
faict ; laquelle haine mortelle se clarifie pareeque lesd. Anglois
occirent et tuèrent l'un des prédécesseurs dud. Baziro
— 60 —
durant lad. occupation, dont ilz portèrent la teste sur la porte
de Carentan, et départirent les autres membres en plusieurs
lieux pour vengeance de la gros:e guerre et dommage qu'il
avoit faict aux Anglois durant lad. occupation, ainsy que led.
Basire l'offre vériffier comme dict est.
INVENTAIRE DES LETTRES ET INSCRIPTIONS
de noble homme Pierre Bnsire, aagé de soixant3 quinze ans,
sieur de Maubec, de Silly et du Mesnil-Véneron, en suivant le
voulloir du Roi, nostre Sire, et de sa justice, touchant le faict et
dignité de sa noblesse et privillège d'iceile.
Primo, les registres et papiers des pledz des sieuries de
Silly, Maubec et Mesnil-Véneron, appartenant k noble homme
Pierre Basire, sieur desd, lieux, aagé de soixante et quinze
ans.
Ensuit la teneur comme Jacques Merienne confesse et
advoue tenir par foy et hommage de noble homme Pierre
Basire, ledictfief de Silly, appartenant aud. Basire, en dabte
de mil IIII C IIII» dix huict.
Item, ahlre adveu faict aud. Pierre Basire, sieur dud. fief,
par Raoul Bacelet, en dabte de mil IIII C 1II1 M dix sept.
Item, un autre adveu faict aud. Pierre Basire, écuier, sieur
dud. fief, fait par Gire Mounnier, en dabte de mil I JII C soixante
dix huict.
Item, autre adveu faict aud. sieur, par Pierre Laurent, en
dacte de mil 1111 e IIII** saize.
Item, autre adveu faict aud. Pierre Basire, escuier, sieur dud.
fief, par Marin Merienne, en dabte de mil 1111 e IIII X * XVII.
Et se aide et produit led. Bazire d'ung arrest donné à la
cour des généraux à Rouen, dabté du quatorz mc jour de juing
mil cinq cens et dix, contenant comme led. Pierre Bazire,
escuier, qui avoit esté assis et enroulé en la taille pour dt'ro-
geance, à cause du faict de marchandise par les parroissiens de
Montmartin-en-Grengne, fut trouvé et déclaré personue noble,
— 61 —
et le procureur général du Roy et lesd. paroissiens évincez de
leur entreprise.
Item, une lettre passée devant Jean Hébert et Guillaume
Dagoubert, tabellions au Hommet, comme Guillaume Rouet,
de la parroisse de Montmarjin, qui confessa avoir vendu affin
d'héritage à Pierre Basire, escuier, et à ses hoirs, une pièce
de terre, assize aud. lieu de Montmartin, nommée le Clos
Carbonnel, jouxte Ollivier Rouet, d'un costez et des autres
bouts Adrien Basire, père dud. achepteur. En date de
mil III1 C quatre vingtz.
Item, autre adveu faict aud. Pierre Basire, escuier, sieur du
fieu du Mesnii-Véneron, par Guillaume Le Fevre, en date de
mil IIIJ C IIII" saize.
Kern, autre adveu, par Laurent Le Fevre, en date
mil 1III C IIH« saize.
Item } autre adveu, par Collin Boullanguer, en dabte
mil IIII C IIII XX quinze.
Item, autre adveu faict aud. Pierre Basire, escuier, sieur
du fief de Silly, par Jacques Merienne, en dabte mil
1111 e I1II" dix huict.
Item, autre adveu faict aud. sieur dud. fief, par Jacques
Merienne, en dabte mil 1111 e III1 XX dix huict.
Voullant led. sieu? de Maubec fournir et vériffler deuement
du contenu cy dessus.
Produict par icelluy, sieur de Maubec à nos d. sieurs les
esleuz ou leurs lieutenans du diocèse de Coustances, aujour-
d'hui saiz mc jour de juillet l'an mil cinq cens vingt trois Signé :
P. Basire. Un paraphe.
Led. sieur de Maubec s'arresta k Parrest de la Cour, donné
à son proflit par toute vérifïication, lequel arrest luy est de-
meuré, pour en fournir quand mestier sera.
62
XII. — De Thèrf. (1).
Ensuict par déclaration, la généalogie de la génération de
noble homme Jean de Thère, sieur du lieu, et baron de Tour-
nebu, par laquelle généalogie led. sieur et baron entend avoir
pris pied et extraict de privillège de noblesse dès l'occasion et
justification de la terre et sieurie de Thère, qui est un fief de
haubert entier et dont led. sieur et baron porte le nom et
armes, auquel lieu dessus dict il y a grande apparence de
grande ancienneté de noblesse par bastiments et masures, de
chasteau et fort à fossez, avccques grand commoditez et di-
gnitez et libériez, à icelluy iief et sieurie appartenants. Du
nombre desquelles il est patron fondateur et présentateur èz deux
bénéfices dignetalz. De laquelle terre dessus dite icelluy baron
et ses prédécesseurs ont tousiours continuellement esté posses-
seurs et jouissans sans interruption et portans le nom d'icelle
sieurie, par tel et si longtemps qu'il n'est mémoire d'homme
au contraire signautement ? par les desrains (derniers) tenans
et possédans d'icelle seigneurie, dont lad. peult avoir notice et
mémoire, dont la desclaration ensuict.
Premièrement : De Robert de Thère, chevallier, sieur du
lieu, desjà régnant en Tan mil deux cens cinquante huict, sortit
et descendit Richard de Thère ; pareillement chevallier et sieur
dud. lieu, régnant en Tan mil deux cens quatre vingts et cinq ;
duquel Richard sortit et descendit Robert de Thère, escuier,
régnant en Tan mil deux cens IIII X * et quatorze; duquel
Robert sortit et descendit Robin de Thère, escuier ; duquel
Robin sortit Jean de Thère ; duquel Jean et de la fille et héri-
tière du sieur et baron de Tournebu sortit Marin de Thère ;
duquel Marin de Thère sortit led. sieur, à présent de Thère et
baron de Tournebu.
Armoiries : D'argent, fretté d'azur; au franc quartier de
gueules.
Réformes : Montfaut, Roissy, Paris, d'Aligre et Chamillart.
- 63 —
Laquelle généalogie et génération est véritable et se peult
aisément vériffier par l'université des pièces qui ensuivent :
Premièrement : une charte en latin, dabtée de Tan
mil II cens cinquante et huict, du mois d'aoust, deuement
scellée d'ancien sceau, contenant comme Robert Sapart vend
à Robert de Thère, chevalier, neuf boesseaux de forment et
autres rentes mentionnez en lad. charte.
Item, une autre charte en latin, dabtée de l'an mil
II e IIIl™ et ung, comme Richard de Thère, fîlz dud. Robert,
donna et dotta le monastère de la Perrigne de plusieurs dons
et aumosnes contenuz en lad. charte Duquel Richard sortit
Robert.
Item, une autre lettre passée devant Guillaume Migrangue,
tabellion en la viconté de Carentan, dabtée en Tan mil deux
cens quatre vingts et quatorze, contenant comme Raoul Le
Clerc, vendit à Robert de Thère, escuier, douze boisseaux de
fourment et trois bouessaux d'avoyne de rente.
Item, autre lettre passée devant Jean Hais, tabellion au
Hommet, en dabte Tan mil trois cens quatre vingtz et dix neuf,
contenant comme Robert de Thère, escuier, sieur dud. lieu
de Thère, bailla en fief et par hommage à Acarye Le Bour-
guignon, escuûu*, l'un des moullins de lad. sieurie de Thère,
nommé le moullin du Perret.
Item, autre lettre donnée aux pieds du Hommet, tenus par
le viconte de Carentan, ou son lieutenant, le vingt sept mo jour
de novembre l'an mil 1111 e et quatre, contenant comme
damoiselle Jeanne de Sigly, veufve de feu Robert de Thère,
escuier, bailla en jugement à Robert de Thère, escuier, son
filz soubjugé, mené par Collin Le Duc, trois lotz et parties à
douaire, ensemble de la tierce partie desd. lotz approuvant en
justice.
Led. seigneur et baron proteste montrer et exhiber plusieurs
autres lettres et chartes en temps et lieu se mestier est, dont il
se passe pour le présent pour éviter à prolixité.
Produict par led. sieur et baron de Thère au greffe des
— 64 -
esleus du diocèse de Coustances pour le siège de Sainct-Lo,
aujourd'huy vingt cinq jour de juillet Tan mil cinq cens vingt
trois. Signé : J. de Thère, un paraphe.
Lesquelles lettres luy ont esté rendues.
XIII. — DuCampgrin(I).
Ensuict la généalogie dont est yssu et descendu M rc Ollivier
Du Campgrin, prestre, curé de Noron, et noble homme Nicolas
Du Campgrin, sieur dud. lieu du Campgrin, frères, vivant
noblement comme les autres nobles du pays.
Premièrement, montrent et font apparoir par une lettre ou
charte comme Guillaume Du Campgrin, sieur dud. lieu de
Campgrin, ratiffia le don qu'avait faict un nommé Richard
Jean, à l'église et monastère de Saincte-Marie-du-Désert, qui
est une acre de terre et trois perques (perches), recours à icelle
charte. Et en signe d'approbation la signa et scella de son sceau
d'armes, Tan mil deux cens trente quatre.
Item, montrent et font apparoir comme Guillaume Du
Campgrin, sieur du fief, terre et sieurie du Campgrin, loua,
approuva et ratiffia le don qu'avait faict jàpieça, son oncle de
Barbeville, de deux acres de terre, scituez et assis en la
paroisse du Désert, en fief, terre et sieurie du Campgrin, aux
religieux et monastère de Sainct-Georges-de-Bouhon, avecques
autres dons compris dedans icelle chartre. Recours à icelle,
faicte et passée soubz son signe et sceau, Tan mil deux cens
trente sept.
Item, montrent par une autre lettre ou vidisse comme
Amaury Du Campgrin, sieur dud. lieu, succéda après le
décedz desd. Du Campgrin dessus d. du fief, terre et sieurie
du Campgrin, ainsy qu'il appert par lettres passées à Periers,
devant Thomas de Clamorgan, viconte de Coustances, et
comme Jean du Mesnil-Urry en fut meneur d'icelluy sieur Du
(1) Armoiries: Les fleurs de lysyfiguraient. Recherche: Roissy.
— 65 —
Campgrin, en dabte mil III e et douze. Recours à icelluy.
Duquel Amaury Du Campgrin est issu Ollivier Du Camp-
grin, sieur dud. lieu de Campgrin, lequel jouit dud. fief de
Campgrin sa vie durant.
Duquel Ollivier Du Campgrin et de damoiselle Jeanne
de Gourfallour, est issu Philippe Du Campgrin, sieur dud.
lieu de Campgrin, lequel jouit et posséda sa vie durant dud.
fief, ainsy qu'il est porté eu une teneur, dabtée du troiz mc jour
de mars mil 1111 e soixante, signée : De Lamare.
Et aprez icelluy M rc Denys jouyt et posséda ycelluy fief du
Campgrin.
Yves Du Campgrin, siaurdud. lieu, fut frèredud. M rC Denys,
ainsy qu'il est porté par une teneur, en dabte Fan mil 1111 e
soixante et traize, signée : De Lamare.
Duquel Yves Du Campgrin, et de damoiselle Jeanue Du
Tremblay, est yssu Anthoine Du Campgrin, sieur dud. lieu,
lequel en a jouy et possédé sa vie durant ainsy qu'il est porté
par une lettre dabtée le vingt sept" 10 jour de juing mil cinq
cens huict, signée : Hébert.
Duquel Anthoine Du Campgrin, sieur dud. lieu, et de
damoiselle Jeanne Muldrac, sont yssus lesd. M ro Ollivier Du
Campgrin, prestre, curé de Noron, et d'icelluy Ollivier, est
venu led. fief à Nicolas Du Campgrin, son frère, lequel est à
présent sieur dud. fieu, terre et sieurie, et de degrez en degrez
par succession.
Lequel fief du Campgrin est tenu du baron du Hommet, en
la partie de Montenay, et est relevé par ung demy-fief de
haubert à simple piège, cour et usage, ainsy qu'il appert par
deux teneurs comme Yves et Anthoine, diclz Du Campgrin,
sieurs dudit lieu, ont baillé par escript à noble et puissant sieur
Pierre de Cerisay, sieur et baron de lad. baronnie du Hommet,
Tune en dabte du dix huict rae jour de may mil 1111 e IIII** et
huict, signée : De Lamare, l'autre en dapte du vingt huict m °
jour de juillet l'an mil cinq cens et six, signée : G. Le Duc,
recours à icelles, et lesquelz Du Campgrin ont tousiours jouy
— 6G -
et possédé dud. fief, terre et sieurie du Campgrin, tenans et
vivans noblement comme les autres nobles du païs, aussy
fréquentant les guerres, et ont tousiours esté au service du
Roy, nostre Sire, tant et de sy long temps qu'il n'est mémoire
du contraire, offrans prouver deument et pertinemment aveeques
les tiltres et chartes dessus d. qu'ilz et leurs prédécesseurs ont
tousiours vescu noblement comme les autres nobles du païs,
jouy et usé du privillège de noblesse eulx et leurs prédéces-
seurs, suivy et fréquenté les guerres continuellement et ordi-
nairement au service des Roys, et content (comptent) de
présent ledict Nicolas, archier de la garde du corps de très
hault et très illustre seigneur Monsieur le Duc d'Alençon ;
disant qu'il appert bien de leur grande ancienneté veu qu'ils
portent la fleur de lys on leurs armes, qui remontent en toutes
apparences en la charte première devant dicte et qu'ilz portent
le nom de leur terre et sieurie du Campgrin.
Produict le vingt septiesme jour de juillet l'an mil cinq cens
vingt trois.
Signature : un paraphe.
Les titres de Du Campgrin lui ont été rendus.
XIV. — Le Roy (1).
En ensuivant le mandement de messieurs les esleus du
diocèse de Coustances ou leur lieutenant, Guillaume Le Roy,
escuier, seigneur de Daye, dic't que Guillebert Le Roy, son
grand ayeul, en son vivant escuier, demeurant en la parroisse
de Lorey, vivant noblement, suivant et fréquentant les guerres
comme les autres nobles dupais, lequel* fust pourveu et
conjoinct par mariage îivcc damoisclle Ptrronnelle de
Campront, fille de Jean de Campront, en son vivant escuier
et seigneur de Lorey.
(1) Le Roy de Dais. Blason : 1/ argent à trois merlettes de sable,
2 e/ 1 . Réformes : Francs Fiefs, 1471, Roissy, Paris, d'Aligre et
Chamillart.
- 67 -
Duquel mariage qui fust faict il y a deux cens ans ou plus,
y essy Jean Le Roy, escuier, par semblable vivant noblement
comme les autres nobles, suivant les guerres; lequel Jean
Le Roy eust en mariage la fille du seigneur de Fontenay, dont
entre autres enflants yssy Raoul Le Roy et Michel Le Roy,
escuiers.
Lequel Raoul Le Roy eust à mariage damoiselle Martine,
fille de Regnault Guesnel, escuier, seigneur de la Haulle,
duquel Raoul Le Roy et damoiselle y essy Jean Le Roy, ayeul
dud. Guillaume Le Roy.
Lequel Jean Le Roy eust à mariage damoiselle Simonne,
fille de Guillaume Du Bruyeul, escuier, seigneur du lieu,
duquel Jean y essy entre autres enffams Jean et Guillaume,
dicts Le Roy, escuiers, et Pierre Le Roy, escuier, père dud. h
présent seigneur de Daye, lesquelz ont tout le temps de leur
vie vescu noblement suivant et fréquentant les guerres toute-
fois que mestier et besoing en estoit, seigneurs des fieux, terres
et sieuries de Saussey, sis en la paroisse de Briqusville, du
fieu du Castel, sis en la paroisse de Lorey (1)> que es paroisses
d'Anthoville et Campront, du fieu de la Juhelière, et du fieu ;
terre etsieurie de Sainct-Sauveur.
Lequel Guillaume Le Roy, frère dud. Pierre, eut à mariage
damoiselle Marguerite Du Mesnil-Urry, fille de Michel Du
Mesnil-Urry, escuier, sieur du lieu.
Et led. Pierre Le Roy eut espouzé damoiselle Suzanne
Scirre, fille de Guillaume Scirre, en son vivant seigneur
Dorgieul et Du Bois.
Desquelz Pierre et Suzanne Scirre, est yssy led. Guillaume
Le Roy, à présent seigneur de Daye.
Et Raoul Le Roy, aussy frère dud. Pierre eust espouzé
damoiselle Cardine Richier, fille et seule héritière de deffunct
Jean Richier, en son vivant escuier et seigneur de Bellouze,
par la succession duquel led. fieu, terre et sieurie de Bellouze
(1) Peut-être Le Lorey, au canton de Saint-Sauveur-Lendelin.
— G8 —
eschut à lad. daruoiselle, et par sa succession à Jean Le Roy,
escuier, fils desd. Raoul et daraoiselle, et cousin fréreux dud.
seigneur de Daye, comme toutes lesd. choses dessus dictes
sont suffisamment vérifiées et prouvées par un arrest faict et
donné en la cour de nos sieurs les généraux, le vingt-sept
jour de mars, Tan mil IIII C IIII" et quatorze, entre lesd. Jean
et Guillaume ditz Le Roy et leurs frères, d'une part, et le
procureur général du Roy, et les paroissiens, raanans et habi-
tants dud. lieu de Lorey, d'autre part, pour ce que iceux pro-
cureur et paroissiens voulloient dire que lesd. Le Roy estoient
contributifs; surquoy après long procédure et que lesd. Le Roy
ont deuement vériflié et fourny de leur généalogie et noblesse,
a été desc'aré lesd. Le Roy et leurs prédécesseurs eslre nez et
extraictz de noble lignée, qu'ilz a voient tousiours vescu et
vi voient noblement, usé et usoieiit du privilège de noblesse,
comme les autres du pays.
Et néanmoins led. arrest led. seigneur de Daye veult, pro-
met et enseigne deuement, sy mestier est de la généalogie
dessusd. ainsy et par les tonnes que dict est, et que sesd. pré-
décesseurs ont tousiours suivy et fréquenté les guerres, et que
led. Guillaume Le Roy, toutefois que mestier est, va au ban
du Roy, comme les autres nobles du pays.
Produict par led. Le Roy, aujourd'huy saiz mc jour de juillet,
Tan mil cinq cens vingt trois. Signé: G. Le Roy. Un paraphe.
Lesd. lettres ont été rendues aud. Le Rov.
XV. — De Paufouru (1).
Ravend de Parfouru baille par escript sa généalogie à raison
de quoy il est personne noble, et dict ce qui ensuit :
En l'an mil III 1 ' 1111™ unze estoit vivant Jean de Parfouru,
escuier, comme il appert par lettre passée le vingt-deux me de
il) Armoiries : D'azur à la haute fleur de lys d'or.
téformes : Monlfaut, Ilois^y, Paris, d'Aligre et Chamillart.
— G9 —
febvrier, en la présence de nobles et puissants sieurs messire
Guillaume Payadt (PayneP, chevalier, et de M rc Bertrand
Payadt (Payncl), aussy chevalier, contenant comme led. de
Parfouru donna dix livres tournois de rente en don de mariage
à damoiselle Isabel Valherbe, en mariage faisant d'icelle et de
Jean de Berguiny, que led. de Parfouru avait à prendre à
cause de la damoiselle sa mère, sur Jean des Loges, es-
cuier.
Dud. Jean de Parfouru descendy Guillaume de Parfouru,
escuier, sieur du lieu, et pour le montrer s'aide d'une lettre
passée devant tabellions Tan mil 1III C trente sept, deuement
signée et autenticquée faisant mcniion comme en mariage fai-
sant dud. Guillaume de Parfouru, escuier, sieur dud. lieu et
damoiselle Jeanne des Isles, sa femme, il avait esté promis et
accordé vingt livres tournois de rente.
Dud. Guillaume de Parfouru descendy Collin, Jean et Guil-
laume dictz de Partouru, ses enflants, auquel Guillaume
Nepveu, à cause de sa mère, fille de Jean de Pierrefitte,
escuier, sieur du lieu, vint et descendy par succession directe,
à cause de la mère dud. Guillaume, le fief, terre et sieurie de
Pierrefitte. Et pour le montrer, s'aide led. sieur d'une charte
contenant que le quat mo jour de mars mil 1111 e cinquante neuf,
led. Guillaume de Parfouru, escuier, nepveu et attendant la
succession dud. Jean de Pierrefitte, escuier, sieur dud. lieu,
fist hommage à Guillaume de Betrulle, escuier, séneschal de
Sainct-Lo, deu à l'évesque de Coustances, à raison de sa
baronnie de Sainct-Lo, pour lad. terre et sieurie de Pierrefitte,
lequel fief est un membre de fief à cour, et usage et gage piège,
tenu par un quart de fief de chevalier, comme il appert par le
dénombrement qui baillé en avoit esté en procédure par led.
sieur, c'est assavoir en l'an mil 1111 e quarante-neuf en la juri-
diction de lad. baronnie. Et led. Collin eust pour son partage
le fief de Lespine. Et led. Guillaume eust le fief du Mesnil-
Segard, comme il appert par deux lettres passées devant
tabellions, l'une du douz mo jour de décembre mil quatre cens
— 70
quarante-trois, et l'autre du jeudy quat me jour de mars
mil 1III C quarante et cinq.
Dud. Guillaume de Parfouru descendy Pierre de Parfouru,
escuier, son filz. Et pour le montrer s'ayde d'une lettre passée
devant tabellion, contenant comme le quinz mc de décembre
mil IIII C soixante-six, Guillaume Brenot vendit aud. Pierre
de Parfouru, escuier, filz dud. Guillaume, sieur du lieu de
Pierrefitte, plusieurs espèces de rentes.
Et dud. Pierre est descendu îed. Ravend, à présent sieur ;
disant que les autres anciennes chartes dud. de Parfouru,
demeurent devers lesd. Colin et Jean, qui estaient aisnez en la
succession dud." Guillaume, desquelz est à présent héritier
Amaury de Parfouru, sieur d'Athié et du lieu du Mesnil-
Segard, lequel demeure au bailliage de Caen. Desquelles
chartes produictes par led. Amaury, led. sieur de Pierrefitte
s'aide et finallement demeura aud. Guillaume les chartes dud.
fief de Pierrefitte à luy succédez à cause de sa mère. Aussy
dict que plusieurs de ces chartes ont esté perdues par fortune
de feu, à raison d'une maison à luy appartenant scise en la
paroisse Saincte-Croix de Saint- Lo, où led. sieur estoit demeu-
rant, il y a environ huict ans, laquelle fut bruslée et plusieurs
des biens estans en icelle.
Dict aussy que durant les guerres où lesd. de Parfouru,
prédécesseurs dud. sieur, ont de tous temps subsécutiveraent
esté au service du Roy, syqueilz en eut esté veuz et con-
quérez à villes et vaillans en guerre, tellement que pour rému-
nération de ce les feuz Roys octroyèrent ausd. de Parfouru
pour leurs armories la fleur de lys d'or de France, assise en
champ d'azur, laquelle ilz ont tousiours dempuis portée de tel
et long temps qu'il n'est mémoire du contraire, et porte à
présent led. sieur.
Produict par led sieur de Pierrefitte, aujourd'hui' dix-huict mo
jour de juillet mil cinq cens vingt trois. Signé : De Parfouru.
Un paraphe.
— 71 — .
Lesd. lettres rendues aud. sieur, à submission d'eu faire
apparoir.
XVI. — DU COULDRAY (1).
Guillaume Du Couldray, escuier, sieur du fieu, terre et
sieurie de la Méalphe, assise à Hébécrévon, tenue noblement à
simple gage-piège, cour et usage.
Dict et soutient vers tous ceulx qui contre luy se voudroient
faire partie, qu'il est noble, nay et extraict de noblesse,
ancienne lignée, filz de deffunct Pierre Du Couldray, en son
vivant escuier, et de damoyselle Marguerite de Baupteville ;
icelluy Pierre Du Couldray, en son vivant sieur dud.lieu de
la Méalphe, filz de deffunct Jean Du Couldray et de damoiselle
Marie de Landelles, en son vivant dame dud. lieu de la
Méalphe ; icelluy Jean, filz de deffunct Pierre Du Couldray,
en son vivant escuier, bisayeul dud. Guillaume Du Couldray.
Voullant led. Guillaume Du Couldray vériffier de sa généa-
logie et choses dessus d. à suffisances. Et ne s'aide de lettres
tant paice qu'il est noble d'ancienneté et de temps immémorial,
que niesmes ses lettres^ chartes et enseignements ont esté
consommez et perdues par fortune de feu puis soixante ans
desrains (derniers) passez en la paroisse de Gourfallour
(Gourfaleur), où le père dud. Guillaume s'en estoit fuy pour
la peste, lors estant en son manoir.
Produict par led. Guillaume Du Couldray devant Jean Le
Venart, lieutenant à Sainct-Lo de MM. les Esleuz de Cous-
lances. Le onz me jour de juillet Tan mil cinq cens vingt trois.
Signé: Du Couldray. Un paraphe.
(I) On ne trouve aucune indication sur ces Du Coudray. Mais
il y avait dans l'élection de Carentan une famille de Coudran,
qui fut admise parMonlfaut et par Paris. Serait-ce la même?
- 72 —
XVII. — Le Chevallier (1).
Devant vous les esleuz de Coustances ou vostre lieutenant à
Sainct-Lo, comme saisis du Roy, nostre Sire, quant à ce qui
suict :
Noble homme Guillaume Le Chevallier, sieur de Lignerolles,
tenu à gage-piège, cour et usage, en ensuivant le commande-
ment par vous faictaux nobles et gentilzhommes du païs de
bailler leur généalogie, par laquelle ilz disent estre nobles et
personnes privilégiées comme cxtraictz de noble lignée, de ce
qui ensuict.
Et primo, que en l'an trois cens cinquante estoit vivant
Jean Le Chevallier, en son vivant escuier, sieur dud. lieu de
Lignerolles, l'un des prédécesseurs dud. à présent sieur.
Dud. Jean descendy Guillaume Le Chevallier, son filz, en
son vivant sieur dud. fieu et terre.
Dud. Guillaume descendy Jean Le Chevallier, en son
vivant sieur dud. fief, terre et sieurie.
Dud. Jean descendit Michel Le Chevallier, en son vivant
escuier, sieur des mesmes fiefs, et grand père dud. à présent
sieur.
Dud. Michel est descendu le desclarant.
Dict avccques ce led. sieur, que ses prédécesseurs et luy
subsecontinuement de tout temps et d'ancienneté ont été
nobles, vivans noblement, au service du Roy, vaillans en
guerre, ainsy que lcd. à présent sieur offre vériffier et promet,
sy mestier est, tant par chartes que autrement, lesquelles
chartes il ne peult à présent bonnement produire, obstant que
dempuis naguères sa femme, tous ses enffantz et serviteurs
sont décédez de peste au lieu où sont sesd. lettres et chartes,
(I) Armoiries : De Gueules à un chevalier d'argent, arme
d'épee d'argent, monté sur un cheval de sable, sellé, bridé,
caparaçonné cl ferré d'argent, combattant un sauvage d'or, à la
massue de même, sur une terrasse de sinople, à la pointe.
Réformes : Roissy, d'Aligre, Chamitlart.
— 73 —
pour Iesquelz incontinent il n'a pu ne voulu aller en sad.
maison, ainsy que pareillement il offre vériffier sy mestier est.
Proiuict par led. Le Chevallier, soubz son signe manuel,
aujourd'huy dix huict me jour de juillet mil cinq cens vingt
trois, devant Jean Le Venart, lieutenant des esleuz de
Sainct-Lo. Signé : Le Chevallier. Un paraphe.
XVIII. — Fourmy (1).
Ensuict les noms et surnoms de la généalogie et parentage
dont est yssu et descendu Louis Fourmy, escuier :
Et premièrement. De Jean Fourmy, escuier, sieur de
Huberteur, et damoiselle Cardine de la Haye, sa femme, fille
et héritière de Gieuffroy de la Haye, desquelz descendy
Thomas Fourmy, escuier.
Duquel Thomas Fourmy, escuier, sieur de Huberteur et de
damoiselle Guillemette de Breteville, yssit et descendy Pierre
Fourmy, escuier, sieur de Heberteur (sic).
Et duquel Pierre Fourmy et de damoiselle Cardine du
Mesnil-Urry, son espouze, yssy et descendyrent plusieurs
enffans. C'est assavoir Estienne et Pierre dictz Fourmy et
plusieurs autres enffans.
Duquel Estienne Fourmy est descendu Louis Fourmy,
déclarant, selon et ainsy qu'il est plus amplement contenu en
une astreinte faictepar led. Pierre Fourmy, frère dud. sieur,
à Coustances, devant le bailly de Costentin, ou son lieutenant,
et par devant messieurs les Esleuz aud. lieu ou leur lieutenant,
le deux mc jour de décembre mil IIII C IIII XI et cinq, en laquelle
est contenu que Tan mil IIII C soixante et quatre, le jour de la
feste Sainct-Mor, entre Henry de Breteville et Pierre de
Brete ville, son oncle, par devant Thomas Pinchon, bailly de
Caen, partages furent faictz de leurs héritages de la succession
(I) Fourmy ne se trouve nulle part ailleurs. Roissy a signalé
Nicolas Fouraine. Quid ?
— 74 —
de M rc Henry de Breteville, filz de M re Jean de Bretcville,
jadis chevalier, par lesquelz demeura aud. Pierre de Breteville
led. fieu et seigneurie de Huberteur.
Mesmement comme Jean Fourmy, escuier, et damoiselle'
Chardine de la Haye, sa femme, fille et héritière de Gieffroy
de la Haye, avaient fieffé plusieurs pièces de terre à lad.
damoiselle, appartenant aux rentes contenues aux lettres sur
cefaictes. Avecques ce, comme Richard de Breteville-sur-
Bordel, fieffa à Thomas Fourmy, escuier, et damoiselle
Guillemetle de Breteville, un tellement par dix solz tournois
de rente, selon les lettres faictes et passées le quat me jour de
juing l'an mil III e IIII XX et unze.
Et avecques est contenu en lad. astrainte comme Michel du
Mesnil-Urry, sieur du lieu, donna à damoiselle Chardine du
Mesnil-Urry, sa sœur, en mariage faisant d'elle et Pierre
Fourmy, escuier, sieur de Huberteur, la rente contenue ez
lettres sur ce faictes.
Et mesme est contenu en lad. lettre comme icelluy Pierre
Fourmy avoit faict plusieurs informations par lesquelles il
estoit noble et avoit noblement vivant suivy les guerres
avecques et comme les autres nobles du pays, selon que de
tout est plus à plein faict mention en lad. astrainte et duquel
Pierre Fourmy, led. Louis est nepveu, lequel atouicurs vescu
noblement sans desroger à noblesse selon et ainsy que chacun
le scait, et comme son père le faisoit, ayant suivy les guerres
avesques et comme les autres nobles du pays. Et si doubte en
est faicte, en plus outre il en veult faire une probation.
Produict vers le procureur du Roy, à Sainct-Lo, devant
Jean Le Venart, lieutenant de messieurs les esleus du diocèze
de Coustances, aujourdhuy dix huict me jour de juillet l'an mil
cinq cens vingt trois. Signé : L. Fourmy. Un paraphe.
Lesd. lettres ont esté rendues aud. Fourmy.
— 75 —
XIX. — De Bauldre (1).
Baille par escript sa généalogie pour enseigner de ses pri-
vilèges de noblesse, noble homme Jean de Bauldre, sieur du
lieu de Bauldre et déclare ce qui suict :
Et primo : Dict que Tan de grâce mil deux cens soixante et
dix huict estoit vivant noblement M rc Guillaume de Bauldre,
chevalier, sieur du fieu, terre et sieurie dud. lieu de Bauldre,
6ef noble, noblement tenu à cour et usage. Et pour ce, pro-
duict une charte faicte par led. chevalier, sieur de Bauldre,
contenant comme il accorda à Nicolas Du Noyer, Barthélémy
Du Noyer et Ollivier Du Noyer, certaines terres dont ils
estoient tenans par les rentes et subjections contenues en lad.
charte, dabtée du mois d'apvril, Tan de grâce mil deux cens
soixante dix huict.
Item, produict un arrest donné en Peschiquier tenu à Rouen,
Tan mil deux cens IIII XX et unze, contenant comme Robert
de Chantepie, lors fust escondy (sic) (2), d'estre séneschal
dud. M re Guillaume De Bauldre, chevalier, sieur de Bauldre.
Item, produict la coppie d'une charte faicte par led. cheva-
lier, sieur de Bauldre, à Jean Du Bois, son homme aisné, du
fief du Meserays, en dabtedu mois d'apvril, Tan mil deux cens
MI» et douze.
Dict que dud. M re Guillaume de Bauldre, chevalier, des-
cendy Gieoffroy de Bauldre, en son vivant escuier et sieur
dud. lieu de Bauldre, et pour connoistre produict une lettre
faicte par devant Jean La Chouque, clerc atourné quant à ce
le lundyaprez No51, Tan mil III e trente sept, contenant comme
Pierre Hue, de Saincte-Croix de Sainct-Lo, vendit aud.
Gieffroy de Bauldre, eTcuier, sieur de Bauldre, à Jean, son
(l) Armoiries : D'argent au croissant de gueules, accompagné de
six Ttierlettes de même, posées 3, 2 c/ 1,
Recherches : Monlfaut, Roissy, Paris, d'Aligre, Chamillart.
(â) Sans doute éconduil, mis en disgrâce, révoqué.
— 76 —
filz, cinq boesseaux de fourment de rente à la mesure dud.
Bauldre.
Item, autres lettres annexées données du viconte de Caren-
tan, Tan mil I1II C douze.
Item, coppie d'autres lettres faisant connoistre comme Gief-
froy de Bauldre, escuier, sieur de Bauldre, avoit donné à Phi-
lippe, sa fille, vingt solz de rente, dabtées du mardy aprez la
Sainct-Clément mil IIP XLVII.
Dictquedud. Gieiïroy de Bauldre descendy ledit Jean de
Bauldre, en son vivant escuier, et sieur dud. lieu de Bauldre,
et pour ce montrer, s'ayde desd. lettres dessus desclarées dab-
tées du lundy d'apprez Noël Tan mil trois cens trente-sept.
Item, autres lettres contenant comme Rogier Burguedey,
vend y aud. Jean de Bauldre^ escuier, sieur dud. lieu de
Bauldre, et en accroissant les rentes de son franc fief, ung
bouessel de fourment de rente, à la mesure du Meseray dud.
fief de Bauldre, passé devant Colin Gournay, tabellion à
Sainct-Lo, le jour de la Piphayne (Epiphanie), Tan mil trois
cens cinquante deux.
Dict que dud. Jean de Bauldre descendy aultre Jean de
Bauldre, en son vivant escuier, et sieur dud lieu de Bauldre.
Et pour ce montrer produict une lettre scellée du sceel de
Révérend Père en Dieu Sevestre, par la permission divine
évesque de Coustances, le dernier jour de janvier Tan mil
trois cens soixante unze, contenant comme led. Jean do
Bauldre, escuier, sieur de Bauldre, fiiz et hoir de feu Jean de
Bauldre, fist hommage aud. sieur Evesque dud. lieu de
Bauldre.
Item, autres lettres données de Guillaume Paynel, sieur de
Ilambye, l'un des deux capitaines pour le Roy, nostre Sire,
du pais de Normandie, le dix mc jour de juing l'an mil III e IIII XX
et ung, à Carentan, contenant que led. Jean de Bauldre es-
tait en sa compagnie pour servir le Roy, nostre Sire, suffi-
samment monté et arm}.
Item, une lettre donnéedeHue de Mauny, chevalier, cham-
— 77 —
bellan du Roy, et sieur de Thorigny, contenant que led. Jean
de Bauldre, escuier, estoit en sa compagnie suffisamment
monté et armé pour servir le Roy, nostre d. seigneur, jouxte
qu'il est déclaré par icelles lettres, données à Lisle, le douz mo
jour d'octobre Tan mil III e IIIl xx et six.
Item, la coppie du dénombrement baillé par led. Jean
de Bauldre, escuier, sieur de Bauldre, à Révérend Père en
Dieu, Pévcsque de Coustances, sieur et baron de Sainct-Lo,
dud fief et sieurie, en dabte du lundy vingt-six mc jour de dé-
cembre, Tan mil trois cens quatre vingtz et dix
Item, autres lettres annexées à icelle coppie, du dernier jour
de décembre susdict.
Item, une autre lettre donnée aux assises de Coustances,
tenues par Ravend Pinchon, bailly de Costentin, Tan mil trois
cens soixante et un, le mardy avant la Sainct-Jean-Baptiste,
contenant comme par enquesle du Roy, nostre Sire, d'une part,
et Jean de Bauldre. sieur de Bauldre, d'autre, la forfaicture de
Robert de Vain, dict Saoulet, mentionnée ezd. lettres fust
adjugée aud. sieur de Bauldre.
Item, autres lettres, en forme de vidisse, données devant
Jean Escourteux, tabellion à Sainct-Lo, le vingt quatr me jour
de novembre mil IIII C et XIIII, d'une lettre patente donnée
du Roy, nostre Sire, contenant comme le Roy, nostre Sou-
verain Seigneur, ordonna que led. de Bauldre, sieur de Baul-
dre, et Richard, son filz, &arderoient le chasteau de Bonfossé,
appartenant à Jean de Marte, évesque de Coustances (1), et
partant escusez de ban. Recours aud. lettres données à Sainct-
Quantin, le quinz mc jour de juing, l'an de grâce mil IIJI C et
quatorze.
Item, autres lettres données aux assises de Coustances, en
l'an mil III e IIII XX et cinq, le dict huict m0 jour de septembre.
Il fust adjugé aud. Jean de Bauldre, par raison de lad. sieurie
de Bauldre, la forfaicture diî Collin Lez, dict Herbert.
(!) Nous n« voyons aucun évoque de Coutanccs de ce nom dans
la liste donnée par V Annuaire de la Manche, de 18-49, p. 1342.
— 78 -
Item, autres lettres faictes devant Benoist Le Villoux, ta-
bellion à Sainct-Lo, le pénuitiesrne jour de décembre, Tan mil
III e IIII XX et cinq, contenant comme led Jean de Bauldre,
escuier, sieur de Bauldre, fieffa à Thomas Picot, de Sainct-
Georges-de-Montcocq, les héritages qui venus estoientaud.
sieur, de la forfaicture dud Collin Lez, dict Herbert, assiz en
lad. paroisse, eu fieu de Meseray, dud. fieu de Bauldre, par
certaine rente, montrante auxd. lettres.
Dict que dud. Jean de Bauldre, escuier, sieur de Bauldre,
descendy Jacques de Bauldre, en son vivant escuier et pour ce
montrer, produict une lettre faicte par devant Thomin Mars,
tabellion à Sainct-Lo, le vingt huict mo jour de décembre, Tan
mil HII C soixante un, contenant comme Jean de Bauîdre,
escuier, sieur de Bauldre, bailla certaines rentes pour le douaire
de damoiselle Louise Beusse, veufve de feu Jacques de Baul-
dre, filz dud. sieur de Bauldre, en attendant son plain douaire
aprez le trespas dud. Jean de Bauldre.
Dict que dud. Jacques de Bauldre, escuier, et damoiselle,
descendy Eustace de Bauldre, en son vivant escuier et sieur
dud. lieu de Bauldre, aprez le trespas dud. Jean de Bauldre,
son (aïeul, sans doute). Et pour ce montrer, produict une
lettre donnée soubz le sceau ds Gieffroy (1), par la permission
divine, évesque de Goustances, contenant comme led. Eustace
de Bauldre, escuier, fist hommage dud. fief de Bauldre, aud.
évesque de Coutances, baron de Sainct-Lo, dabtée du douz rao
jour de décembre mil 1111 e IIII" et six.
Item, autre lettre faicte devant Guillaume et Pierre dietz
Cauvelande, tabellions à Sainct-Lo, le tiers jour de décembre,
Tan mil 1111 e soixante el dix-sept, contenant comme led. Eus-
tace de Bauldre, escuier, sieur de lad. terre et sieurie de
Bauldre, fieffa certains héritages à luy venuz et escheuz, à
raison de droit seigneurial, par extinction de ligne, par la
mort de Mariette, fille de delïunct Guillaume de Barry, bas-
Ci) Geoffroy Herbert fut évoque de Coutances, de U78à 4510.
— 79 —
tard, par certaines renies. Serment et hommage mentionnez
aud. lettres.
Dud. Eustace de Bauldre, escuier, descendy led. Jean de
Bauldrc, escuier, sieur dud. lieu de Bauldre, lequel montre et
produict une lettre donnée de feu de bonne mémoire Gieoffroy,
en son vivant éve?que de Coustances, contenant comme led.
Jean de Bauldre, fist hommage aud. sieur Evesque, baron de
Sainct-Lo, de sad. terre et sieurie de Bauldre, le vingt sept mG
jour d'avril l'an mil cinq cens et cinq.
Item, produict autres lettres données de Révérend Père en
Dieu, Adrian Gouffier, pour lors évesque de Coustances, dab-
tées du sept me jour de mars, Tan mil cinq cens et dix, conte-
nant comme led. Jean de Bauldre, escuier, fist hommage aud.
Sieur Evesque, de sa d. terre et sieurie de Bauldre.
Item, produict la coppie d'un dénombrement par luy baillé
au procureur dud. évesque de Coustances, de sa d. terre et
sieurie de Bauldre, dabtée du vingt mc huict mc jour de janvier
Tan mil cinq cens et douze.
Item, une lettre annexée à. icelle coppie, en dabte du vingt
huict œC jour de janvier aud.'an mil cinq cens douze.
Et pour lesd. lettres, chartes et généalogie cy-dessus des-
clarez et autres qu'il proteste produire sy mestier est, aussy
qu'il veult fournir de ses dictz prédécesseurs et luy sub-
cesssivement avoir de tous temps ny qu'il n'est mémoire
d'homme au contraire, vescu noblement au service et ban du
Roy, nostre Sire. Dict qu'il est personne noble, extraictde très
noble lignée.
Produict par led. Jean de Bauldre, escuier, sieur dud. lieu,
aujourd'huy dix huict me jour de juillet, Tan mil cinq cens
vingt trois, à Sainct-Lo, devant nous, Jean Le Venart, lieu-
tenant desd. Esleuz, commissaire sus dict. Signé De
Bauldre. Un paraphe.
Lesd. lettres rendues aud. de Bauldre.
80 —
XX. — Du HoMMKEL (1).
C'est la généalogie de noble homme Guillaume Du Hom-
méel, sieur de Mesnil-Durant, laquelle il bailla et produict,
ainsy qu'il suict :
Dict que Philippe Du Homméel, en son vivant escuier, son
bisaieul, lorsqu'il vivoit, esloit sieur de la terre et sieurie du
Mesnil-Durant.
Dud. Philippe, y ssit Guillaume Du Hommeel, en son vivant
escuier, et par succession dud. Philippe, son père, sieur de
lad. terre et sieurie, duquel Guillaume yssit Lucas Du
Hommeel, escuier, en son vivant et par succession à luy
descendue de son d. père, sieur dud. lieu du Mesnil-Durant
duquel Lucas est yssu.
Led. Guillaume Du Hommeel, escuier, à présent sieur de
lad. sieurie du Mesnil-Durant, et par succession à lui venue
dud. Lucas, son père, aussy sieur des fiefs, terres et sieuries
du Bois et des Pezerilz, en laquelle sieurie du Mesnil-Durant,
a esté par cy devant et possédée par les d. Du Hommeel, de
succession en succession, passez sous quatre cens ans et de
sy long temps qu'il n'est mémoire au contraire.
Et pour vériffier les choses dessusd. et encore de plus grande
ancienneté, montre une lettre passée en l'an mil trois cens
soixante et deux par entre Philippe Du Hommeel, prédéces-
seur de Jean Du Hommeel, et icelluy Jean, père dud.
Philippe, contenant le droict et garde de la sieurie du Mesnil-
Durant, parce que led. du Mesnil-Durant estoit soubz aage, il
bailla le droict d'icJle garde, pour ceste fois, à monsieur
Guiffroy du Mesnil-Durant, par vingt cinq francs d'or et retint
à soy le droict de patronnage, ainsi que lad. lettre le porte et
contient.
Item, faict apparoir autre lettre passée devant Benoist Le
(i) Armoiries : D'argent au sautoir d'azur.
— 81 —
Villoux, Fan mil III e IIII" trois, contenant que accord fut
faict entre Philippe Du Hommeel, escuier, lors sieur du
Mesnil-Durant, et... dud. à présent sieur Jean Osber et Robert
Hue, touchant aucuns tenemens qu'ilz en ont de lad. sieurie.
Item, montre une autre lettre passée aud. an mil III e soixante
et trois, entre Philippe Du Hommeel, escuier, sieur du Mesnil-
Durant, et Maury de la Luserne, chevalier, touchant la rédif-
fication du moullin appartenant ausd. sieurs, à cause de leurs
sieuries.
Item, montre autres lettres passées devant Jean Ribelot,
tabellion à Sainct-Lo, le dix sept me jour de juing mil III e
1III 11 saize, contenant que partages furent faicts entre Philippe
Du Hommeel, escuier, d'une part et Jean Du Hommeel,
escuier, aine, des sieuries, rentes et revenuz qui leur estoient
escheuz, par le décedz de Jean Du Hommeel, escuier, leur
père, et que estoit lors leur procureur M 1 " Philippe Du
Hommeel, curé de Saucey, leur oncle ; jouxte que lad. lettre
le porte et contient.
Item, montre une teneur baillée aud. Philippe Du Hommeel,
escuier, par damoiselle Catherine delà Luserne, lors dame en
partie dud. lieu du Mesnil-Durant, contenant que lad.
damoiselle recongnoit tenir en parage et sexte (sixième) degré,
ce qu'elle tenoit de lad. sieurie du Mesnil-Durant ; led. acte du
vingt trois"* jour d'octobre mil 1111 e et six, qui est et montre
l'ancienne généalogie qui lors, et dès ce temps là, estoit des
prédécesseurs dud. présent sieur du Mesnil-Durant, à laquelle
teneur est annexé un acte contenant que icelluy fust baillé
aux piez de lad. sieurie, appartenant aud. Philippe Du
Hommeel, tenu par Guillaume Leber, seneschal d'icelle, les
jour et an dessus dietz.
Item, faict apparoir d'une teneur baillée par led. Philippe
Du Hommeel, escuier, sieur dudit lieu du Mesnil-Durant, à
M r0 Jean de Villiers, chevalier, baron du Hommet, le dix
neuf mc jour de décembre Tan mil 1111 e et huict, par laquelle
appert que led. du Mesnil-Durant tenoit icelle sieurie dud.
6
— 82 —
baron, par deux fiefs de haubert, et que d'icelle sont tenuz
plusieurs fiefs mentionnez en lad. teneur.
Item, montre autres lettres du vingt huict mê de septembre
mil 1III C et dix, comme lesd. Philippe et Jean Du Hommeel,
frères, furent exemptez par le Roy, nostre souverain et naturel
Seigneur, du service du ban et arrière ban pour ce qu'ilz
avoient servy toute leur vie, et qu'ilz estoient vieux et anciens.
Item, montre autres lettres du quatorz me jour de novembre,
Tan mil IIII G et onze, devant le bailly de Costentin, par les-
quelles appert que pour cause de ce que Philippe Du Hommeel,
aagé de plus de soixante ans estoit malladif et ne pouvoit aller
au service du Roy, monté et armé comme il a accoustumé,
fut pris au lieu de luy pour faire le service en son acquict,
Guillaume de Saint-Nicolas, escuier, qui se submist faire led.
service.
Item, montre autres lettres du bailly de Costentin, du six mo
jour de may mil IIII n quatorze, par lesquelles appert que pour
cause de ce M rc Jean de Villiers, lorsqu'il vivait chevalier et
baron du Hommet, estoit allé de vie à descez et sa succession
venue à ses cnffantz soubz aage, et par ce subieetz en la garde
du Roy, qu'il fust baillé par led. bailly, soubz le Roy, nostre
Sire, par la délibération de son procureur et advocat aud.
bailliage, aud. Philippe Du Hommeel et Jean Du Mesnil-
Durant, escuiers, la garde dud. lieu du Hommet, selon que
lesd. lettres le portent et contiennent.
Item, montre lettres du lieutenant générai du bailly de
Costentin, du traiz me jour de décembre Tan mil 1111 e dix huict,
par lesquelles appert que led. Philippe Du Hommeel, èscuier,
sieur dud. lieu du Mcsnil-Durant, estait mis en la protection
et garde du Roy, nostre Sire.
Montre autre lettre du vingt me jour du mois de novembre
mil 1111 e vingt six, de Raoul Tssson, chevalier, sieur du
Grippon, commissaire et capitaine général du Roy, sur le
faict de la guerre, en la duché de Normandie, contenant que en
tenant la montre par luy du ban et arrière ban des nobles du
- 83 —
pays en la ville de Sainct-Lo, led. jour, M rcs Robert Muldrac,
chevalier, sieur de Fortescu, Jean, sieur Destelles et Philippe
Du Hommeel, sieur du Mesnil-Durant, se présentèrent en
estât deuement montez et armez.
Item, montre une autre teneur baillée par Guillaume du
Hommeel, filz dud. Philippe, et comme Jean, sire et baron du
Hommet, escuier, est à présent tenant led. fief, terre et sieu-
rie du Mesnil-Durant et autres fiefz, terres et sieuries, tenues
d'icelle sieurie du Mesnil-Durant, dont est tenant Jean Lecanu,
seneschal de lad. baronnie, le vingt sept" 10 jour de mars mil
quatre cens cinquante deux ; avecques ce montre et faict appa-
roir d'un acte desd. jour et an annexé à lad. teneur, devant
led. seneschal, contenant que lad. teneur fust baillée aud.
baron.
Item, montre une autre lettre du derrain jour de janvier
mil III I e soixante deux, contenant que Louis Du Mesnil-Guil-
laume, sieur dud. lieu du Mesnil-Guillaume, bailla par escript
aud. Guillaume Du Hommeel, escuier, sieur du Mesnil-
Durant, qu'il tenoit par foy et hommage dud. fief du Mesnil-
Durant, lesd. fiefz, terre et sieurie du Mesnil-Guillaume,
jouxte que lad, teneur baillée devant Richard Suiron, escuier,
en plus d'icelle sieurie du Mesnil-Durant, le porte et contient.
Montre autre teneur baillée par Guiffroy Dubois, escuier,
sieur en partie dud. lieu du Mesnil-Durant, aud. Guillaume
Du Hommeel, sieur dud. Mesnil-Durant, par laquelle led.
Dubois confessoit tenir par foy et hommage dud. Du Hommet,
un fief noble à simple gage piège, selon que lad. teneur le
porte et contient, baillée devant Guillaume de la Marre, senes-
chal de lad. sieurie du Mesnil-Durant, le dix neuf m0 jour de
septembre mil 1111 e LXXIIII, avecques un acte annexé à lad.
teneur tenue par led. seneschal lesd. jour et an.
Montre autre lettre de noble et puissant sieur Gyon Des-
touteville, sieur de Moyon, du dixneuf me jour de novembre mil
1111 e Ml» deux, par laquelle appert que led. sieur de Moyon
donne congé à Lucas du Hommeel, filz Guillaume et père dud.
~ 84 —
à présent sieur, de se en aller de la ville d'Avranches, ou il
estoit pour garder icelle, pour ce que très haulte princesse
madame de Jocangies (sic), avoit retenu led. Lucas Du Hom-
meel, sieur du Mesnii-Durant, en service de sa maison.
Item, montre par autres lettres de Jean Le Fèvre, recepveur
de lad. paroisse du Hommet, du sixies me jour de mars mil
1111 e IIII XX trois, par lesquelles il confesse avoir reçu de Lucas
Du Hommeel, la somme de trente livres tournois pour le
relief deub à lad. baronnie, à raison de la mort d'icelluy
Guillaume Du Hommeel, devant dict, père d'icelluy Lucas.
Item, montre autres lettres, en forme de teneur, contenant
que Guiffroy Du Boys, escuier, sieur en partie du Mesnil-Du-
rant, confessa tenir dud. Lucas Du Hommeel, sieur du Mesnil-
Durant, ung membre de fief noble, à simple gage-piège, par
ung quart de fief de haubert, selon que lad. teneur baillée aux
pieds de lad. sieurie tenus par Bauldre Cotelle, seneschal
d'ieelle, le vingt huict mP jour d'avril mil 1111 e IIII XX et trois, le
contient.
Montre par autre lettre dud. seneschal dutraiz mc d'avril aud.
an mil 1111 e I1II XX trois, que led. Dubois, sieur de Lespincy-
Tesson, iist hommage aud. Lucas Du Hommeel, escuier, sieur
dud. lieu du Mesnii-Durant, tel qu'il luy estait tenu faire, à
raison du quart de fief devant dict.
Montre par autres lettres de très haulte Princesse Anne de
France, du huicl me jour de mars mil 1111 e I1II XX , par lesquelles
appert que icelle Dame retint en son service et pannetier ordi-
naire led. Lucas Du Hommeel, escuier, sieur du Mesnii-
Durant, jouxte que lesd. lettres le portent et contiennent.
Item, montre lettres de noble et puissant sieur Jean Edes,
sieur de Beaumanoir et baron de la baronnie du Hommet, à
cause delà dame son espouse, comme led. Lucas Du Hom-
meel, escuier, luy fist l'hommage qu'il luy estoit tenu faire à
raiso:i de là sieurie du Mesnii-Durant.
Item, montre par autres lettres de Madame la Duchesse do
. Bourbon et d'Auvergne, en dabte le huict m0 jour d'aoust, mil
- 85 —
HII C JIII XX et dix, par lesquelles appert que lad. Dame retint
en son service et pannetier ordinaire led. Guillaume DuIIom-
meel, à présent sieur de lad. sieurie.
Item, montre par acte des pieds de la paroisse du Homoiet,
par Jean Levesque, seneschal d'icelle, le dix neuf me jour de
may, l'an mil IIII C IIII XX et quinze, par lesquelles est appris
que led. Lucas, escuier, sieur d'icelle sieurie du Mesnil-
Durant, requist délivrance de lad. sieurie et en obéit foy et
hommage et bailla icelle par escript, jouxte que led. acte le
porte et contient. Laquelle délivrance luy f ust accordée.
Item, s'aide d'autres lettres de noble et puissant Georges
Tournemine, baron de lad. baronnie, du vingt quatr n,c jour de
febvrier mil quatre cens 1 1 1 1 xx seize, par lesquelles est appris
que led. Guillaume Du Hommeel, à présent sieur de lad. sieu-
rie du Mesnil-Durant, fist la foy et hommage aud. sieur baron
tel qu'il luy estait tenu faire de sad. terre et sieurie de Mesnil-
Durant.
Item, montre par autres lettres de Pierre Le Roy, recep-
veur de lad. baronnie du quinz mc jour de juing mil I1II C IIII XX
et dix huit, par lesquelles appert qu'il reçeut dud. à présent
s P du Mesnil-Durant, le relief par luy deub à raison du trespas
de Louis Du Hommeel, son père.
Item, montre par autre lettre de l'an mil cinq cens dix neuf,
le vingt deux mc jour de mars, contenant comme led. à présent
sieur du Mesnil-Durant, a cédé et délaissé le droict de garde
noble qui luy appartenait et luy estait écheu par la mort de
Nicolas de Boys-Juigan, escuier, du fief, terre et sieurie du
Rondbisson, appartenant en partie aux enffantz soubz aage
dud. de Boys-Juigan.
Iterrij montre une teneur à luy baillée par Guiffroy de
Manneville, escuier, du fief, terre et sieurie du Mesnil-Guil-
laumc, tenu de lad. sieurie du Mesnil-Durant aux pieds de la
sieurie du Mesnil-Durant, le douz mc jour de novembre mil
cinq cens ving un.
Item, montre autres lettres du 2 e jour de novembre mil cinq
— 86 —
cens et trois, de Louis, sieur de Hurtebye, en son vivant
eschanson du Roy, nostre Sire, et capitaine de Pontdouve,
contenant que icelluy capitaine constitua et establit son lieute-
nant à la garde du chasteau dud. lieu du Pontdouve, led.
Guillaume Du Hommeel, escuier, à présent sieur dud. lieu du
Mesnil-Durant, filz de Lucas.
Item, led. sieur du Mesnil-Durant, en temps et lieu, et
quand le cas s'offrira, veult, promet, montrer et enseigner avec-
ques la teneur desd. lettres sy assez n'est suffisamment prouvé
le contenu cydessus escript en sa généalogie, que ses prédé-
cesseurs ont tousiours, par cy-devant, jouy et usé du droict et
privilège de noblesse, comme de vraye extraction, et à ce droict,
tousiours esté quictes et exempts de toutes tailles, aides, cous-
tumes, louages, passages, et autres choses quelconques, dont
les nobles du pays et duché de Normandie ont accoustumé
estre quittes et exempts et de temps immémoriabîe tousiours
jouy et usé dud. privilège de noblesse, et esté au service des
Roys, de son ban et arrière ban, en armée pour le service,
ainsy que les autres nobles, allencontre de ses ennemys, et
davantage sy mestier est produire et montrer autres lettres et
chartes.
Produict par led. sieur Du Mesnil-Durant, ce dix huict me
jour de juillet, Tan mil cinq cens vingt trois. Les titres pro-
duits ont esté remis.
Signé : Guillaume Du Hommeel. (A suivre.)
Hippolyle Sauvage.
Nécrologie
M. l'abbé LEMONNÏER
ANCIEN SUPÉRIEUR DU COLLÈGE DIOCÉSAIN
SUPÉRIEUR DE LA COMMUNAUTÉ DU BOX-SAUVEUR
DE SAINT-LO
La Société d'Agriculture et d'Archéologie de la Manche a-
fait, cette année, une perte sensible dans la personne de
M. l'Abbé Auguste Lemonnier.
M. Lemonnier, né à Neuville-au-Plain, résidait depuis de
si longues années à Saint-Lo, qu'il se considérait volontiers
comme un Saint-Lois d'origine. Nul n'a été plus intimement
mêlé à la vie de notre ville dans le dernier demi siècle. Il
n'ignorait aucun coin du vieux Saint-Lo ; et l'on était sûr de
l'intéresser, lorsqu'on déroulait devant lui quelques faits iné-
dits d'histoire locale empruntés à nos anciennes chroniques.
M. l'abbé Lemonnier n'était point cependant un érudit de
vocation. Après qu'il eut terminé ses études théologiques,
Tévêque du Diocèse le nomma professeur d'une classe de
grammaire au collège de Valognes. Il y resta peu de temps.
L'Oratoire, nouvellement reconstitué, avait séduit le jeune
prêtre. Il entra dans cette congrégation, et ses supérieurs le
désignèrent, en môme temps que le futur Cardinal Perraud,
pour prendre rang parmi les maîtres du collège de Saint-Lo.
Pendant les cinquante années que dura son séjour dans
l'établissement, M. Lemonnier fut trop occupé de littérature
classique, de discipline générale et d'administration, pour
réserver dans sa vie une place môme minime à la lecture et à
l'interprétation des archives. Son tempérament, né pour
l'action, ne se serait guère prêté au détail et à l'exactitude que
nécessite un récit d'histoire. Il lui semblait que des conclusions
certaines n'avaient pas besoin d'être étayées sur des référen-
ces multipliées au bas des pages. Aussi bien, les professeurs
ne sont pas tant faits pour l'érudition môme, se plaisait-il à
répéter, que pour préparer les jeunes gens, qui en auraient le
goût, à devenir des érudits.
Les archivistes, certes, n'ont pas manqué parmi les élèves
sortis du collège. Ils ont exploré les chartes de nos départe-
ments de l'Ouest et du Midi, depuis Tarbes jusqu'à Quimper,
Rennes et Laval.
Il ne nous convient pas de redire ici les qualités maîtresses
du prêtre, du professeur et du supérieur que fut M. Lemon-
nier. Ses élèves ou ses collègues ne manqueraient pas de
nous accuser d'être incomplet. Ils rapporteraient à l'envi des
traits de caractère et des anecdotes qu'ils nous reprocheraient
d'omettre. Plus tard, quand un siècle ou deux auront passé,
quelque archéologue écrivant pour une thèse de doctorat l'his-
toire du collège diocésain de Saint-Lo, — comme on a fait celle
du collège ôratorien de Troyes, — s'étudiera, peut-être, &
rendre dans tout son relief la physionomie de cet homme
de grande taille, haut en couleur, d'un jugement sûr et d'un
esprit cultivé. Le moment n'en est pas venu.
M. l'abbé Lemonnier avait rêvé d'achever sa vie dans le
collège où il avait tant travaillé. Les lois d'un siècle, où l'on
ne parle que de liberté, ne le lui permirent pas.
Vers le temps de Pâques 1903, M. le commissaire de police
l'informa, en qualité de chef d'établissement, que les Orato-
riens auraient à quitter le collège le 31 juillet de cette même
année. M. Lemonnier reçut la signification avec la bonne
grâce qui le caractérisait. Mais il en fut plus ému qu'il ne
le voulait paraître; et s'il cacha ses larmes, ses amis savent
qu'il en versa d'amères.
La communauté du Bon-Sauveur lui offrit un asile.
Mgr Guérard, évèque de Coutances, le choisit comme supé-
rieur de la Congrégation. Cette charge lui laissa des loisirs ; et
— 89 —
les journées auraient paru longues au prêtre, qui était resté
jeune sou? ses cheveux blancs, s'il n'avait point tenté de conso-
ler sa peine en écrivant les mémoires oratoriens de son collège.
M. Lemonnier recueillit de ses mains pieuses tous les sou-
venirs du passé. Il releva les notes d'un style si sobre et d'un
trait si net dans lesquelles le supérieur de l'Oratoire, le
R. P. Pététot, consignait, lors de ses passages ou de ses visites
à Saint-Lo, ses impressions et ses remarques. Il fixa les
détails du séjour du P. Gratry au collège, au cours d'une
vacance.
IL vécut, en un mot, avec tous les vieux maîtres de jadis
qu'il avait connus, l'Académicien Perraud, le fabuliste et
moraliste des Valades, le saint Père Mariote et l'ami du
cœur, le vicaire général, M. Durel.
Si la mort ne l'avait pas enlevé trop tôt par une attaque
subite dans sa 76 e année, M. Lemonnier aurait pu lire à l'une
de nos séances des extraits de ses souvenirs, et ajouter ainsi
au Recueil de notre Société plusieurs chapitres intéressants
sur l'histoire du collège de Saint-Lo, au xix° siècle.
M. Lemonnier n'a compté dans la Société d'Archéologie,
comme dans la Ville, que des amis. Son visage ouvert gagnait
dès l'abord ceux qui l'approchaient ; et les amitiés lui demeu-
raient fidèles. Ses obsèques ont montré, au commencement
de mai 1906, quelle grande place cet homme de bien, ce prôtra
deux fois méritant par la vertu et par l'intelligence, tenait
dans le cœur de ses compatriotes et de ses contemporains. La
Société d'Archéologie de la Manche estime qu'elle s'honore
elle-même en lui rendant à l'occasion de sa mort un suprême
et respectueux hommage.
A. Savary.
— 90 —
JKJtt. LENNIER et le duc DE PLAISANCE
Notre Société a éprouvé une perte sensible en la personne
de l'un de ses plus anciens membres correspondants, M. Gustave
Lennier, chevalier de la Légion d'honneur, conservateur du
Muséum d'Histoire Naturelle du Havre. Bien que la mort de
cet homme éminent remonte au mois de novembre 1905, la
composition de notre précédent volume était trop avancée pour
nous permettre d'insérer, lorsqu'elle nous parvint, la triste
nouvelle. Fils d'un savant qui fut, lui aussi, notre collègue,
M. Gustave Lennier, né au Havre en 1835, consacra à la
science toute son existence. A peine âgé de vingt ans, il
entreprenait déjà de longues explorations au Sénégal, et ses
travaux ultérieurs lui acquirent la grande notoriété; son
opinion faisait foi dans toutes les questions géologiques et
paléontologiques. Il était, de plus, un vulgarisateur et un
conférencier hors pair ; tous ceux qui ont eu le bonheur de
l'entendre n'oublieront jamais le charme de sa parole et ses
explications lumineuses. De ses nombreux ouvrages, V Es-
tuaire de la Seine peut être considéré comme le chef-d'œuvre.
Ce livre magnifique est, au dire de M. Leroy, Membre de la
Société normande d'Études Historiques, « un vade mecum
indispensable et un guide précieux pour l'étude des terrains
du littoral marin. Il restera comme le monument impérissable
élevé à la mémoire de celui qui fut le fondateur de la Société
géologique de Normandie ».
A tant de titres si glorieux, M. Lennier en acquit un autre
au péril de sa vie ; il fut, en 1870, lieutenant aux francs-
tireurs Hâvrais ; toute son existence pourrait donc se résumer
ainsi : Il honora sa patrie et la défendit.
Il nous honora nous-mêmes, et pour être tardif, l'hommage
de notre Société n'en est pas moins profond.
— 91 —
Si nous avons bien involontairement tardé à évoquer le
souvenir de M. Lennier, nous ne voulons pas, par contre,
attendre à l'an prochain pour rendre un suprême hommage à la
mémoire de M. Louis de Maillé, duc de Plaisance, député
de Maine-et-Loire, enlevé à l'affection des siens, au mois de
février 1907.
C'était en qualité de descendant du prince Le Brun, une
de nos gloires locales les plus pures, et en souvenir de plusieurs
de ses parents, bienfaiteurs du Musée de Saint-Lo, que M. le
duc de Plaisance avait bien voulu consentir à faire partie,
pour un temps malheureusement trop court, de notre Société.
Puissent sa famille et ses nombreux amis trouver quelque
consolation dans l'unanimité des regrets provoqués par sa
mort prématurée.
Le Bureau.
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LISTE DES MEMBRES
DE LA
SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE, D'ARCHÉOLOGIE
ET D'HISTOIRE NATURELLE
du Département do 1a Manche
au 31 décembre 1906
PRÉSIDENTS D'HONNEUR
MM. le Préfet de la Manche, $£.
le Maire de Saint Lo, Q.
Lepingard.
MEMBRES D'HONNEUR
S. A. S. Mgr le prince de Monaco, comte de Torigni, baron
de Saint Lo, etc., G. C. $£, Correspondant de PInstitut.
M. Léopold Delisle, G. 0. $£ Membre de PInsiitut, Admi-
nistrateur général honoraire de la Bibliothèque Nationale,
8, rue des Petits-Champs, Paris, II e .
ADMINISTRATION
Président : M. du Boscq de Beaumont.
Vice Présidents : MM. l'abbé Blanchet, Chanoine hono-
raire, Curé de Sainte-Croix de
Saint-Lo.
le docteur Bernard, 0. $*, Con-
seiller général,
Secrétaire général : M. Gambillon.
Secrétaire adjoint : M. le docteur Le Clerc.
Trésorier : M. Levoy.
Conservateur : M. G. Guillot.
Conservateurs adjoints : MM. A. Dieu.
L. Delisle, avocat.
Bibliothécaire-Archiviste : M. le docteur Louis Alibert.
Classificateur de la section d'Agriculture : M. Marie.
Classificateur de la section d'Archéologie : M. P. Derbois.
Classificateur de la section oV Histoire Naturelle : M. Sébire.
— 94 —
MEMBRES TITULAIRES
MM.
Adigard (Pierre), Avocat, Député de l'Orne, 50, rue de Gre-
nelle, Paris, VIK
Alibert (le docteur Louis), Saint-Lo.
Barbaroux, Imprimeur, Propriétaire et Directeur du Messa-
ger de la Manche, Saint-Lo.
Béranger (le vicomte de), à Trelly, par Quetlreville.
Bernard (le docteur), O. $£, Conseiller général et Conseiller
municipal de Saint-Lo.
Biard (J.), Notaire, Saint-Lo.
Bigot (Adalbert), Propriétaire, Cerisy-la-Forèt (Manche).
Blanchet (l'abbé), Chanoine honoraire, Curé de Sainte-Croix
de Saint-Lo.
Boscq de Beaumont (du) Le Mesnil-Vitey, Airel (Manche),
et 15, rue Greuze, Paris, XVI e .
Bosq (J.), Banquier, Premier adjoint et Président du Tribunal
de Commerce de Saint-Lo.
Bourde de la Rogerie (Henri), Archiviste-Paléographe,
Conservateur des Archives départementales, Hôtel de la
Préfecture, Quimper (Finistère).
Céron, Receveur de l'Enregistrement et des Domaines,
Saint-Lo.
Chardon (H.), O. $*, Maître des Requêtes au Conseil d'Etat,
81, boulevard Saint-Michel, Paris, V e .
Commines de Marsilly (de), 80, avenue Kléber, Paris, XVI e .
Damecour, Notaire, Saint-Lo.
Decauville (Emile), 47, rue de Courcelles, Paris, VIII e , et
Abbaye de la Lucerne, par La Haye-Pesnel (Manche).
Defontaine (H.), 55, rue de Babylone, Paris, VII e .
Delaunay (P.), ancien Notaire, Saint-Lo.
Delisle (Léopold), Avocat, Saint-Lo.
Derbois (P.), ancien Professeur, Saint-Lo.
Desplanques (A.), Maire d' Airel (Manche).
Dieu (A.), Avocat, Conseiller municipal de Saint-Lo.
Enault (Emile), Directeur du Journal de la Manche,
Saint-Lo.
— 95 —
Fabre (H.), O. $£, Commissaire général du Canada, 10, rue
de Rome, Paris, VIII e .
Feuillet (Richard), ^, Chef de bataillon au 45 e régiment
d'infanterie, 24, rue de Flore, Le Mans (Sarthe).
Friteau (Henri), Propriétaire, Saint-Lo.
Gambillon (E.), Chef de Division de la Préfecture de la
Manche, en retraite, Saint-Lo.
GorRCY (le comte Xavier de), 25, rue de Grenelle, Paris,
VII e , et château de la Boulaye, Cerisy-la- Forêt (Manche).
Grente (l'abbé), Directeur du Collège de Saint-Lo.
Guilbert (Prosper), Sous-Chef de Bureau à ia Direction gé-
nérale de l'Enregistrement, 25, rue de Grenelle, Paris, VII e .
Guillot (G.), 5, rue Crevaux, Paris, XVI e .
Hérissé (Georges d'), ^, Inspecteur honoraire de la Banque
de France, 66, rue de Miromesnil, Paris, VIII e .
Hommet (le baron Th. du), 22, rue Brochant, Paris, XVII e .
Jacqueline (P.), Conseiller municipal de Saint-Lo.
Jehanne, Maire de Saint-Gilles, par Saint-Lo.
JouANNfc (L.), Avoué, Saint-Lo.
Kergorlay (le comte Jean de), château de Thère, par
Pont-Hébert (Manche).
Labbey (A.), Négociant, 5, place de la Bourse, Paris, II*, et
château de Mesnil ville, par Saint-Clair (Manche).
Le Bas, Avocat, Saint-Lo.
Lecarpentier (Charles) , Sous - Inspecteur de l'Enregis-
trement, Saint Lo.
Le Clerc (le docteur R.), Conseiller municipal, Saint-Lo.
Leclerc (A.), Notaire honoraire, Saint-Lo.
Le Comte d'Olonde(E.), Propriétaire, Saint-Lo et Fervaches,
par Tessy-sur-Vire (Manche).
Lefèvre, Docteur en pharmacie, Pharmacien, Saint-Lo.
Le Forestier d'Osseville, (le comte), Conseiller général,
château de Thère, par Pont-Hébert (Manche).
Lefranc (le docteur), La Meauffe, par Saint-Clair.
Le Gout-Gkrard (Fernand), Artiste peintre, 93, rue Ampère,
Paris XVIK
Le Menuet, Conseiller municipal de Paris, 67., rue de
Rivoli, Paris, 1"\
— 96 —
Lf.merrk (Alphonse), O. $fe, Libraire - Editeur, passage
Choiseul, II e .
Le Monnier de Gouville (Alain), $*, Capitaine de cavalerie
en retraite, château de la Pallière, Agneaux, par Saint -Lo.
Lepingard (E.), Avocat, Chef de division de la Préfecture de
la Manche, en retraite, Saint-Lo.
Lerosey (l'abbé), Chanoine honoraire d'Angers, Curé de
Saint-Hilaire, Loudun (Vienne).
Le Tual, Imprimeur, Conseiller municipal de Saint-Lo.
Leturc (le docteur), Conseiller d'Arrondissement et Conseiller
municipal de Saint-Lo.
Levoy, Percepteur, Saint-Lo.
Lhomond (le docteur), Saint-Lo.
Magniaux, Avoué, Saint-Lo.
Mallet, Avocat, second Adjoint, Saint-Lo.
Marie, Maire d'Agneaux, par Saint-Lo.
Mathan (le comte Jean de), Conseiller d'arrondissement,
château de Semilly, par Saint-Lo.
Montgermont (le vicomte de), Bacilly (Manche).
Pannier-Lachaussék, Avocat, Saint-Lo.
Péroche, ^, Directeur honoraire des Contributions indirectes,
7, rue de la Bassée, Lille.
Poirier (le docteur Paul;, O. $fe, Professeur de la Faculté de
Médecine de Paris, Membre de l'Académie de Médecine,
5, quai Malaquais, Paris, VI e .
Porel, (Paul Parfouru), $*, Directeur du Vaudeville, 63,
avenue des Champs-Elysées, Paris, VIII .
Pottier, Avoué honoraire, Saint-Lo.
Poulain, Juge de Paix d'Octeville, en résidence à Cherbourg,
rue des Ormes.
Quenault de la Groudière (Bernard), château du Dézert,
par Saint-Jean-de-Daye (Manche).
Rauline (Marcel), Conseiller général et Député de la Manche,
48, avenue Marceau, Paris, VIII e , et manoir de Champeaux,
Saint-Lo.
Robert, ^, Ingénieur en chef, Saint-Lo.
Roland df. Cadehol, Rédacteur en chef de l'Indépendant,
28 et 30, place au Bois, Cambrai ,Nord).
Sauvage (Hippolyte), ancien Magistrat, Lauréat de l'Ins-
titut, 53, boulevard Bineau, Neuilly-sur-Seine.
— 97 —
Savary (l'abbé), Chanoine honoraire, Supérieur du Collège
de Saint-Lo.
Sébire, Propriétaire, Saint-Lo.
Tabard, Conseiller municipal, Saint-Lo.
Thomas (le docteur), Conseiller général et Conseiller muni-
cipal de Saint-Lo.
Thouroude (A.), Greffier en Chef du Tribunal de Première
Instance, Saint-Lo.
Thouroum (E.), &, Chef d'escadron d'artillerie territoriale,
95, rue de Prony, Paris, XVII e .
Th avers (Emile), Archiviste- Paléographe, ancien Conseiller
de Préfecture, 38, rue des Chanoines, Caen.
Tréfeu (Etienne), 0. ^, Directeur de la Marine Marchande
au ministère de la Marine, 67, rue de Passy, Paris, XVI e .
Vialatte, Directeur d'Assurances, Saint-Lo.
Vibert (A .), Pharmacien, Saint-Fromond, par Airel (Manche).
Ygouf (le docteur), Conseiller municipal de Saint-Lo.
MEMBRES CORRESPONDANTS (1)
Adam (l'abbé J.-L.), Aumônier des Augustines de Valognes.
Bouis (Capitaine Raymond), $£, Escoville, par Hérouvillette
(Calvados).
Clérkt de Langavant (Capitaine J.), ^, Ker-Lezenn,
Saint-Malo.
Créances, Principal honoraire, 38, chemin de la Corniche,
Marseille.
1 Courson (A. de), ancien Sous- Préfet, château des Planches -
sous-Amblie, par Creully (Calvados), et 26, rue de l'Oran-
gerie, Versailles. %
Dalimikk (Henri), Professeur de Première au Collège
d'Avranches, 7, rue du Séminaire, Avranches.
Jambois (Charles), Conseiller à la Cour d'Appel de Paris, 13,
rue Littré, Paris, VI e .
Lapparent (Albert de), ^, Membre de l'Institut, 3, rue de
Tilsitt, Paris, VIII e .
(4) Les Membres Correspondants dont le nom est précédé
d'une astérisque, sont abonnés aux publications de la Société.
— 98 —
Lecornu (Léon), $£, Ingénieur en Chef des Mines, 3, rue
Gay-Lussac, Paris, V e .
• Legoux (Mgr), Protonotaire apostolique, Chanoine honoraire
de Coutances, 3, rue Le Châtelier, Paris, XVII e .
• Leguillochet (Pabbé), Curé de Gerville, par La Haye du-
Puits (Manche).
Lemarquand, Juge de Paix, Président de la Société Archéo-
logique de Valognes.
Le Mo\ne (Eugène), Président du Tribunal civil de Ploërmel
(Morbihan).
• Morel (Pabbé L.), Aumônier des Sœurs de Saint-André, 133,
rue du Cherche-Midi, Paris, XV e .
• Pillet (J.), Principal du Collège de Cambrai (Nord).
Vacandard( Pabbé E.), Aumônier du Lycée de Rouen.
SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES
FRANCE
Aisne. — Société Historique et Archéologique de Château-
Thierry.
Alpes-Maritimes. — Société des Lettres, Sciences et Arts
des Alpes-Maritimes.
Basses-Pyrénées. — Société des Sciences, Lettres et Arts, à
Pau.
Calvados. — Académie de Caen.
Association Normande, J2, rue des Croisiers, Caen.
Société des Beaux- Arts de Caen.
Société des Antiquaires de Normandie.
Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Baveux.
Doubs. — Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de
Besançon.
Eure. — Société d'Etudes prohistoriques des Andelys.
Gard. — Académie de Nîmes.
Société d'Etudes des Sciences Naturelles de Nîmes.
Gironde. — Société des Sciences Physiques et Naturelles de
Bordeaux.
Haute-Garonne. — Société d'Archéologie du midi de la
France, à Toulouse.
Société d'Histoire Naturelle de Toulouse.
- 99 —
Hérault. — Société d'Archéologie, Scientifique et Littéraire,
de Béziers.
Ilh-et- Vilaine. — Société Archéologique (Tllle-et- Vilaine, à
Rennes.
Société Historique et Archéologique de l'Arrondissement de
Saint-Malo.
Loire-Inférieure — Société Académique du département de
la Loire-Inférieure.
Société Archéologique de Nantes.
Société des Sciences Naturelles de l'ouest de la France, à
Nantes.
Maine-et-Loire. — Société d'Agriculture, Sciences et Arts
d'Angers.
Manche. — Société d'Archéologie d'Avranches et de Mortain.
Société Académique de Cherbourg.
Société des Sciences Naturelles de Cherbourg.
Société Académique du Cotentin, à Coutances.
Société Archéologique, Artistique, Littéraire et Scientifique
de l'Arrondissement de Valognes.
Pyrénées-Orientales. — Société Agricole, Scientifique et Lit-
téraire des Pyrénées-Orientales.
Rhône. — Société Littéraire, Historique et Archéologique de
Lyon.
Saone-et-Loire. — Société Eduenne des Lettres, Sciences et
Arts, à Autun.
Société d'Histoire Naturelle d' Autun.
Société d'Histoire et d'Archéologie de Chalon-sur-Saône.
Société des Arts, Sciences, Belles-Lettres et Agriculture
de Saône-et-Loire.
Société des Sciences Naturelles de Saône-et-Loire (Chalon-
sur-Saône).
Société d'Histoire Naturelle de Mâcon.
Sarthe. — Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la
Sarthe.
Semé. — * Omis », Bulletin du Comité Omithologique et
International, Paris, Masson, 20, boulevard Saint-
Germain.
* La Pomme », Société Littéraire et Artistique, 54, avenue
de Breteuil, Paris.
« Romania », Recueil trimestriel consacré à l'étude des
Langues et des Littératures Romanes, Emile Bouillon,
67, rue de Richelieu, Paris.
— 100 —
Société Française des Fouilles Archéologiques, Ernest
Leroux, 28, rue Bonaparte, Paris.
Seine-Inférieure. — Académie des Sciences, Belles-Lettres
et Arts de Rouen.
Société Géologique de Normandie, au Havre.
Société Hâvraise d'études diverses.
Somme. — Société des Antiquaires de Picardie, à, Amiens.
Société des Sciences, des Lettres et des Arts d'Amiens.
Tarn-et-Garonne. — Société Archéologique de Tarn-et-
Garonne.
Var — Société Académique du Var, à Toulon.
Yonne. — Société des Sciences Historiques et Naturelles de
l'Yonne (Auxerre).
ETRANGER
Alsace-Lorraine. — Société d'Histoire Naturelle de Metz, 25,
rue de l'Evêché.
Belgique. — Revue Mabillon (Au Directeur, Dom Besse),
a Chèvelogne, par Leignon, province de Namur.
Etats-Unis d'Amérique. — The Smithsonian Institution. —
Minnesota Academy and Natural Sciences. Bureau
d'Ethnologie (au Directeur), à Washington.
Jersey. — Société Jersiaise pour l'étude de l'histoire et de la
langue du pays.
Uruguay. — Musée national de Montevideo.
<-cs^<y <*>£Gyc)*ë>o~-?
— 101 —
MEMBRES TITULAIRES
Reçus à la séance du 9 février 1907.
MM.
Gauthier, Chef de section à la Compagnie des Chemins de
fer de l'Ouest, Saint-Lo.
Jacqueline (Paul), Imprimeur, Saint-Lo.
TABLE DES MATIÈRES
Catalogue du Musée de Saint-Lo (suite),
M. Gaétan Guillot 5
foe Spéculation agricole au XVIII e siècle, M. Gaétan
Guillot 12
L Instruction publique dans les diocèses de Coutances
*t tfAoranches avant 1789 (suite), M. l'abbé
Lerosey 34
L<* f Recherche de Jean Le Venart, lieutenant de
l'élection de Coutances au siège de Saint-Lo,
commissaire du Roi en 1523 (suite), M. H. Sauvage. 51
Nécrologie. — M. l'abbé Lemonnier, M. l'abbé
A. Savary 87
W. Lennier et le duc de Plaisance 90
Lùte des Membres de la Société et des Sociétés
correspondantes 93
MM.
i Guillot. — Catalogue du Musée de Saint-Lo
(suite).
Gaétan Guillot. — Une Spéculation agricole au X VIII e
siècle.
L'abbé A. Lerosey. — L y Instruction publique dans les
diocèses de Coutances et d'Avran-
ches avant 1789 (suite).
H. Sauvage, — La Recherche de Jean Le Venart 9
lieutenant de l'élection de Cou-
tances au siège de Saint-Lo, com-
missaire du Roi en 1523 (suite).
iA. Savary. — Nécrologie. — M. V abbé Lemonnier.
— MM. Lennier et le duc de Plai-
sance.
— Liste des Membres de la Société et
des Socidtés correspondantes.
I
NOTICES
MÉMOIRES ET DOCUMENTS
PUBLIÉS PAR LA SOCIÉTÉ
D'ACRICBLTORE, D'ARCHÉOLOGIE ET D'HISTOIRE IATORELLE
DU DÉPARTEMENT DE LA MANCHE
VINGT-CINQUIEME VOLUME
La Société n'est pas engagée par les opinions
des auteurs dont elle publie les Mémoires.
NOTICES
MÉMOIRES ET DOCUMENTS
PUBLIÉS PAR LA SOCIÉTÉ
dAgriealtire, d'Archéologie et d'Histoire Naturelle
DU DÉPARTEMENT DE LA MANCHE
VINGT-CINQUIÈME VOLUME
SAINT-LO
IMPRIMERIE JACQUELINE, RUE DES IMAGES, 23
UDCCCCVH
ÉLOGE FUNÈBRE
de Luc Duchemm de la Haulle
Lieutenant-général du Bailli du Cotentin
et Documents relatifs à l'Histoire Religieuse de Saint-Lo
i
Les archives du château de la Vaucelle contiennent une
pièce en forme de placard, imprimée sur le seul recto. Autant
qu'on peut en juger par la forme du caractère et le style de
la lettre initiale décorée d'un ornement gravé sur bois, ce
factura a été publié à la fin du xvii 6 siècle, peu après la mort
du personnage dont l'auteur de l'éloge a eu la prétention de
conserver la mémoire.
Luc, ou Lucas Duchemin, écuyer, seigneur de la Haulle,
de Semilly, du Féron, du Mesnil-Guillaume, du Mesnil-
Durand, de Bahaye, seigneur et patron d'Hébécrévon (1),
lieutenant-général civil et criminel, et lieutenant particulier
civil et criminel au bailliage de Saint-Lo, fut choisi, en 1631,
comme commissaire de la noblesse bas-normande employée
dans les armées du Roi en Allemagne. En récompense de ses
services, il reçut le titre de Conseiller d'État en 1653. L'année
1631, il avait été député par les Etats de Normandie pour les
Etats Généraux convoqués à Tours. Il devait ces différents
(1) Vid. Généalogie de la famille Duchemin, par Toustain de
Billy. B. nat. ms. fr. 4900. — Ghamillart : Recherche de la
noblesse et le Journal de Luc Duchemin. seigneur de la Haulle,
par l'abbé V. Bourrienne (Gaen, Jouan, 1899, in-8° de 116 p.).
— 6 -
titres ou honneurs à une connaissance approfondie du droit,
et à son habitude des affaires, à Pénergie de son caractère et
à son talent de parole.
Sa famille, qui descendait, par Jeanne Le Fournier,d'un frère
de Jeanne d'Arc, était d'ancienne noblesse avant cette alliance.
Elle comptait parmi ses membres plusieurs magistrats qui
jouèrent un rôle important à Saint-Lo fous le règne des rois
Henri II, François II, Charles IX, Henri III et Henri IV. Le
titre de lieutenant général du Roi au bailliage du Cotentin avait
été conféré à Lucas II Duchemin (9 juin 1570) et plusieurs
de ses descendants directs furent investis de la même fonction.
Ce Lucas II, le premier homme considérable de la lignée,
appartenait, ainsi que le maréchal de Matignon, au parti
royaliste et catholique. Son attitude politique le rendit égale-
ment odieux aux protestants et aux ligueurs, lorsque ceux-ci
se réunirent pour empêcher Henri IV de faire valoir ses droits
de succession au trône de France. Lucas II avait été fait pri-
sonnier par les Huguenots pendant le siège de Saint-Lo en
1574. A leur tour, les ligueurs, commandés par le seigneur de
Longaunay-Dampierre, vinrentun beau jour assiéger le manoir
de la Haulle. Ils attachèrent un pétard à la porte, entrèrent
de vive force et s'emparèrent des habitants. Le prisonnier fut
obligé de payer 300 lt. peur sa rançon. Deux ans après, il fut
encore appréhendé à Pont-Hébert et emmené à Fougères. Sa
liberté, cette fois, lui coûta 4.000 lt. L'agresseur fut pris à son
tour au châtean de Neuilly et paya cher ses méfaits {1).
Le plus illustre de la race fut sans contredit Luc ou
Lucas III, dont il est question dans le factum que nous avons
sous les yeux. L'exagération du panégyrique serait de nature
à mettre le lecteur en garde contre des allégations exprimées
en termes si prétentieux. Les autres documents contemporains
viennent confirmer les faits autour desquels le pédant auteur
de cette littérature a groupé ses élucubrations.
(1) Histoire du Cotentin et de ses villes, par Tous tain de Billy
(Saint-Lo, Elie fils, 1804,- in-8 J ; et Journal de Luc Duchemin.
— 7 —
Luc Duchemin jouissait, comme magistrat, de l'estime de
ses concitoyens. Ceux-ci le chargeaient fréquemment de solu-
tionner leurs querelles particulières. Dans le Journal de Luc
Duchemin de la Haulle 9 publié par M. l'abbé Bourrienne,
que nous avons déjà cité, nous lisons qu'il avait servi d'ar-
bitre entre le marquis de Canisy, gendre du maréchal de
Matignon, et plusieurs seigneurs des environs. A cette occa-
sion, Duchemin rapporte qu'il fit et noua avec M. de la Cour
du Buisson, choisi par la partie adverse, « une parfaite
amitié ». Dans un autre endroit, il nous fait cette déclaration :
« J'accorde une querelle ced. jour 1645 entre les sieurs de la
Dangie et du Chesne, gentilshommes . près de Saint-Lo, et
empesché qu'ils ne recourussent au combat » (loc. cit. p. 86).
Lorsqu'il reçut les lettres qui lui conféraient les trois
• charges et offices de Con or du Roy et Lieutenant général
civil, de Lieutenant criminel et de Lieutenant particulier civil
et criminel du bailliage de Saint-Lo », il dut, suivant l'usage,
subir un examen devant « Messieurs les maistres des requestes
de l'hostel », il répondit de telle façon qu'on le prit pour « un
grand jurisconsulte ».
« Après mon examen qui dura près de deux heures, ils me
firent sortir de la chambre et puis me firent rentrer, et M. de
Montécot me dist les discours suivants, en la présence de
quantité de gens qui entrèrent dans la chambre : M. Duche-
min, je suis chargé de vous dire de la part de la compaignie
que vous méritez mieux que l'employ que vous prenez, que
vous ne devriez pas vous arrêter dans les provinces, ains vous
occuper à Paris, vostre suffisance et présence d'esprit a telle-
ment satisfaict et contenté tous les esprits, que nous vous en
devons ce témoignage et lequel nous mettrions par écrit dans
votre acte de réception si l'éloge que nous vous en rendrions
ne portoit quelque péril en nos intérests particuliers à cause
de la nouveauté de nos offices qui nous a faict craindre
quelque augmentation des nostres dans nostre compaignie... >
Ce naïf récit, empreint d'un caractère indiscutable de sincé"
— 8 —
rite, renseigne sur la capacité et l'instruction du Lieutenant
général, et montre à quel point cet homme savait imposer son
autorité.
Parmi les documents qui montrent l'estime dont il était
entouré par ses contemporains, on peut citer l'épitaphe rédi-
gée en son honneur par son beau-frère l'abbé de Saint-
Martin, et qu'a citée intégralement M. l'abbé Bourrienne (op.
cit., p. 21). Rappelons aussi les vers composés à la même
intention par Moisant de Brieux, Antoine Halley et Guillaume
Ybert (ibid).
Les troubles de la Fronde mirent en conflit le loyalisme de
Luc Duchemin et son dévouement aux grands seigneurs à la
clientèle desquels il appartenait.
La famille de Luc Duchemin était depuis longtemps liée
avec celle des Matignon. Eléonore d'Orléans-Longue ville, fille
de François d'Orléans-Longueville, avait épousé Charles de
Matignon, fils du maréchal de France Jacques II de Matignon.
Le fils issu de cette alliance, très honorable pour les Matignon,
François, qui succéda à son père en juin 1648, était donc le
t neveu à la mode de Bretagne, cousin germain du duc de
Longueville, de la même Eléonore d'Orléans et mari d'Anne-
Geneviève de Bourbon, sœur du grand Condé, la célèbre
héroïne de la Fronde (1).
Quanta Luc Duchemin, il appartenait à la clientèle de la
famille d'Orléans-Longueville. Issue du comte de Dunois t
bâtard du duc Louis d'Orléans, cette race possédait de grands
domaines en Normandie, entre autres la baronnie de Varen-
(1) Le tableau suivant montrera cette parenté :
LÉoitOR d'Orléans-Longueville
i i
Frères : Henri François
Cousins germains : Henri II, Eléonore,
Beau-frère du épouse Charles de Matignon
grand Condé en 1618
Neveu à la mode de Bretagne : François de Mationon
_ 9 —
guebec et des terres dans le Cotentin. Toustain de Billy dit
même que Luc Duchemin était t serviteur particulier de la
maison de Longueville ». La cause, croyons-nous, de ces
relations, était l'administration de ces domaines bas-normands.
D'après l'éloge funèbre il était Inspecteur de la perception des
rentes seigneuriales du duc de Longueville. (Longavillœi
censuscurator).
En janvier 1649, le duc de Longueville, prenant parti pour
le Parlement, souleva la Normandie, dans laquelle était assis
son duché, et se mit en insurrection armée contre la Cour. La
clientèle ordinaire des Matignon, dans la famille duquel le
titre et les fonctions de Lieutenant général du Roy pour la
Basse-Normandie étaient en quelque sorte héréditaires et dont
l'influence sur la noblesse du pays était incontestable, se divisa
en deux factions.
Les uns suivirent Longueville dans sa révolte. Les autres,
tels que le marquis de Bellefonds, Kadot, seigneur de Sébe-
ville, M. de la Daupbinerie, se réunirent au comte d'Harcourt
et soutinrent le parti du Roi.
Pendant la campagne qui suivit, les troupes de Matignon
vinrent assiéger Valognes qui dut capituler (1).
Il est assez malaisé de préciser dans le détail quelle fut l'at-
titude de Luc Duchemin en présence de ce problème de loya-
lisme, le plus difficile qu'il eût jamais rencontré. Nous
mettons sous les yeux des lecteurs les documents sur lesquels
il pourra asseoir son opinion.
Duchemin raconte lui-même, dans son Journal, l'embarras
extrême dans lequel il se trouva.
« Cedit jour, Monsieur et Madame de Matignon m'ont prié
d'aller à Torigny pour délibérer sur la sortie du Roy, de la
Reyne, de Messeigneurs les Princes d'Orléans et de Condé
(i) Masseville, Histoire sommaire de Normandie, T. VI, p. 460
el Bib. Nat lc Ms. fr. 11930. Histoire de la maison Cadot de Sébe-
ville, ambassadeur à Vienne. Contra. Legrelle. La Normandie
tous la Monarchie absolue. (Rouen. Lcstringant. 1903, in-8° de
*00 p.,) p. 108.
— 10 —
hors de la ville de Paris, la nuict du cinq au sixiesme de janvier
1649, deux à trois heures après minuict dud. sixième, et j'ay
demeuré presque deux mois à Torigny, pendant lequel Mon-
sieur de Matignon pressé de la Reyne, de Messeigneurs les
Princes et Cardinal Mazarin d'un parti et de Monseigneur
le Duc de Longueville un des chefs du parti de Messieurs les
Parlements et villes de Paris et de Rouen, esloit irrésolu et
regardoit le parti qu'il avoit à prendre, et enfin s'est engagé
contre son inclination au parti de Mons r de Longueville, mais
violenté et forcé par les prières dud. seigneur de Longueville
son cousin germain (t), qu'il craignoit de mettre en mauvais
estât de son entreprise, s'il eust pris le parti de la Reyne
régente que j'estois d'advis, comme je seré tousjours, qu'il
embrassât, quelque événement qu'il puisse arriver, parce que
Tauthorité du Roy résidant en la personne de la Reyne en
qualité de régente doit estre tousjours suivie de nos obéis-
sances et services, et que tous les autres partis, quelque
couleur et apparence de justice qu'ils aient, ne peuvent estre
soumis d'autre véritable nom que de rébellion. Il est vray
aussy que Mons r de Matignon ne s'y engagea qu'à l'extré-
mité des affaires de M r de Longueville, et à vraydire contre
son gré et les larmes aux yeux » (2).
«Ce gentilhomme étoit ser.iteur particulier de la maison
de Longueville, et conséquemment de celle de Matignon ; mais
comme il Tétoit encore plus du Roi par sa naissance et par sa
charge, il jugea qu'il étoit important d'empêcher l'union
(1) Nous avons vu ci-<lessus que c'est « cousin issu de ger-
mains » qu'il aurait fallu écrire. C'est Eléonore, femme de
Charles do Matignon, qui était cousine germaine du duc Henri IL
de Longueville, le révolté.
fi) Journal de Luc Ducliemin, pp. fOet 9L Convaincu qre son
suzerain faisait faussa route, Luc Duchemin, si nous en croyons
Touslain do Billy, rhercln à empêcher l'aventure de produire «les
résultats trop graves. Il semble avoir réussi, >ans rompre ouver-
tement avec le duc de Longueville et le comte de Torigny, à
marquer sa volonté de rester neutre dans une conjoncture aussi
douteuse, la seule où un Matignon ait pris les armes contre son
souverain légitime.
— 11 —
des troupes de ce Prince et de ce Seigneur Pour donc
amuser M. de Matignon, et lui donner un os à ronger, il lui
proposa le siège de Valognes, qui, ayant été suivi de la paix,
empêcha mille partialités qui naissoient de toutes parts dans
les familles mêmes » (1)..
Etant donnée la nature des relations qui unissaient les uns
aux autres les différents degrés de la hiérarchie sociale, il
était à peu près matériellement impossible à Luc Duchemin
de tenir une attitude opposée à celle du chef civil et militaire
le plus influent du pays. Ce qu'avaient pu fair?, en s'appuyant
sur le marquis de Bellefonds, les Sébeville et les la Dauphi-
nerie dont les châteaux étaient k 12 lieues de Torigny,
Duchemin, que trois lieues à peine séparaient de la résidence
des Matignon, se sentait dans l'impossibilité de le tenter.
Cette délibération qui dure deux mois, pendant lesquels on
doit croire que le gentilhomme Saint Lois lutta pour les prin-
cipes du loyalisme ; cette décision prise les larmes aux yeux ;
l'obscurité môme des termes dans lesquels le narrateur raconte
l'incident, le silence absolu des textes sur une participation
active quelconque de l'ami des Matignon dans l'affaire de
Valognes ; tout fait supposer qu'il resta chez lui pendant toute
la campagne, après avoir cherché à faire agir dans le viîTe
l'armée levée par le comte de Torigny.
Quelle qu'ait été au juste son attitude, elle plut aux habitants
de Saint-Lo, dit Toustain de Billy ; elle ne déplut pas au
cardinal Mazarin, qui écrivit à Luc Duchemin pour le
remercier, et le nomma ensuite conseiller d'Etat.
Dès le mois de septembre de cette tragique année 1649,
Duchemin était rentré en grâce auprès du roi de France. Il
recevait et complimentait Charles II d'Angleterre, et son frère
le duc d'York, qui allaient à Jersey pour tenter une descente
en Angleterre.
(1) Toustain de Bilïy, Mémoires sur l'histoire du Cotent in et de
tes villes. Villes de Saint-Lo et de Carenlan. Saint-Lo, Elie fils,
1851, p. 141.
— 12 - ■
Au mois de Janvier suivant, il aidait le cardinal Mazarin à
* servir le Roi en la conjoncture de la détention de Messei-
gneurs les princes de Condé et de Longueville. » (loc. cit.,
p. 92).
L'homme politique influent, le magistrat intègre et respecté
était aussi un littérateur et ce n'est pas sans raison que son
panégyriste M. du Mesnil-Gonfray, invitait les Muses à
pleurer sa mort.
Il cultivait la poésie latine, et M. Bourrienne nous a conservé
des distiques dans lesquels sont vantées la fertilité du pays,
sa richesse en fleurs et en fruits.
« Nulla est in toto Pomona beatior orbe,
Nec tam grata diù Flora refundit opes. »
Et plus loin :
« Hic triuin nitidas fluviorum (1) aspexeris undas.
Seu laetas valles prata, vireta, nemus.
Nil oculis usquam sese jucundius offert,
Nulla sub axe poli purior aura fluit. »
Le lecteur aura bientôt l'occasion de remarquer que le héros
objet du panégyrique écrivait en un latin plus pur et dans un
style moins contourné que son admirateur.
Luc Duchemin semble avoir apporté tous ses soins à la
construction d'un hôtel qui existe encore rue de la Paille, à
Saint-Lo. 11 avait appelé, selon toute vraisemblance, pour
diriger cette importante construction, l'architecte qui avait
présidé aux travaux entrepris par Charles de Matignon.
L'escalier, notamment, de la rue de la Paille, ressemble
tellement à ceux qui subsistent à Torigny, qu'il n'est pas
possible de ne pas constater une filiation évidente entre les
deux monuments. La coupe du degré et la décoration de la
rampe, les profils des moulures, le dessin des consoles raccor-
dant les parties verticales avec les lignes obliques, tout accuse.
(1) La Vire, la Taute et l'Ouve, qui se jettent dans la Manche
à Carenlan.
— 13 —
la communauté d'origine. Le luxe déployé par Duchemin dans
son hôtel, la grandeur de l'aspect des pièces de réception
caractérisent l'importance du rôle que jouait le lieutenant
général du Roi à Saint-Lo, et que continuèrent après lui son
frère et ses trois fils, dans la vie administrative et judiciaire
du chef-lieu du bailliage.
Ces détails biographiques étaient nécessaires pour expliquer
et justifier, dans une certaine mesure, l'exagération des
louanges que contient le panégyrique dont voici le texte et la
traduction.
« A Messieurs de la Haulle,
« J'avoue, Messieurs, que la Providence Divine, m'obligeant
de mettre en parallèle, la perte funeste de la patrie avec l'indi-
cible douleur de votre Noble Maison, dans la mort arrivée
depuis peu de feu Monsieur De la Haulle : j'ay cru que je
devois faire tous mes efforts pour publier dans sa personne, et
avec autant de succeds que j'en suis capable, la mémoire du
PLUS SAGE, DV PLUS VERTUEUX, ET DU PLUS ACCOMPLY magis-
trat, qu'on ay jamais vu sur ces lieux ; et j'ajouteray d'ailleurs,
que si ma suffisance répondoit à mon zèle : toutes les langues
donneraient à sa faveur, mil bénédictions au Ciel, et soulage-
aient à même temsde mil consolations ma patrie, me faisant
déclarer avec autant de justice, que de modestie, qu'estant
4blouy de tant de lumière, et idolâtre de tant de vertus ; je me
contenteray seulement, de révérer dans un si digne sujet, les
nobles idées, que je tâcheray, de m'enfermer à l'avenir dans un
profond silence : vous assurant de plus, Messieurs, dès ce
moment en particulier, par mes vœux et par mes effets, que je
seray à jamais
« Votre très humble, etc.
Du Mesnil Gonfray a. a. l. c.
— 14 —
In Memokiam facto -functi clarissimam j
VlRI DOMINI HAULLiEI.
Sta VIATOR.
Et mœrendo inclama ?
Valete Grates ? Valete Piérides ? Valete CamœnaB :
et obstupendo semicordius, si potis est ? relege.
Hic jacet Lucas Ducheminaeus,
Sacri Palatii cornes
Longavillae Census curator, princepsque domus à secretis
et in Praefectura Saulaudensi,
utriusque Cognitionis
Antesignanus Praeses.
Vir doctrina Patrum Àugustinus,
Aethicâ morum discretivâ Ambrosius
decertivâ scholalarum Palestrâ
Aristoteles et Aquinas
Vir Perpiniano amabilior
Africano rigidior,
Modestino suavior
Vir Nestore facundior :
Homero divinior :
Tullio locupletior,
Quintiliano completior
Tacito denique sagacior, Livio veracior
et Decretistis omnibus laudabilior.
At quod singulare monumentum ;
Vir verae Religionis assertor et vindex ;
Praeco ubique, ubique doctor, ubique apostolus :
Sic in vitâ, Vitae et mortis assiduus ludus,
in morte, mortis et vitae suavis concentus, suavis consonantia.
unde memoria ejus in benedictione,
et anima ejus in pace.
Sed quod nostra interest ?
Ad momentum rumpe fletus, pie lector :
nam tripartita ejus successio,
— 15 —
tripartita ejus repraesentatio,
tripartili ejus heredes,
radiées agunt,
flores emittuni,
et fructus afferunt in tempore :
in Primogenito ; sapienlia patris
in secundo : Nobilitas patris ;
in tertio denique patris filio ;
Patris amor, patris delitiae, patris honor et gloria.
Obit postridie Klend. Augusti 1686. »
Traduction
A la mémoire du très illustre défunt
Monsieur de la Haulle.
Arrête-toi, voyageur,
Et proclame la tristesse !
Adieu, Grâces, Adieu, filles de Thessalie, Adieu, Muses.
Frappé de stupeur, s'il t'est possible, relis cet écrit.
C'est ici que gît Luc Duchemin, comte du Sacré Palais, (1)
Curateur des droits de censure du duc de Longueville,
secrétaire principal de sa maison.
Et dans le bailliage de Saint-Lo, Lieutenant général civil et
criminel;
Augustin pour la science des Pères,
Ambroise par la correction de ses mœurs,
Aristote et d'Aquin par ses succès dans les lettres.
Plus aimable que Perpinien,
Plus ferme que l'Africain,
Plus doux que Modestin,
Plus divin qu'Homère,
Plus opulent que Tullius,
Plus cultivé que Quintilien,
Enfin plus pénétrant que Tacite, plus véridique que Livius,
(i) De Saint-Jean de Latran.
— 16 -
Et plus célèbre que tous les Arrètistes.
Mais quel monument singulier !
Cet homme, confesseur de la vraie Religion, son vengeur,
Partout son héraut, son docteur, son apôtre ;
De même que dans la vie, jeu continuel de la vie et de la
mort,
Dans la mort s'est montré un exemple de lutte heureuse
entre la mort et la vie ;
Dans sa mort a été un concert harmonieux de la mort et de
la vie, une douce consonnance de ces deux accents.
Aussi, sa mémoire est-elle couverte de bénédictions,
Et son âme est -elle en paix.
Mais que nous importe ?
Arrête un instant tes larmes, pieux lecteur ;
Car sa triple succession,
Sa triple représentation,
Sa triple hérédité,
Poussent des racines
Et des fleurs,
Et portent des fruits dans leur saison.
L'ainé fait voir la sagesse du père,
Le second, sa noblesse,
Enfin le troisième fils de ce père est
L'amour du père, les délices du père, l'honneur et la gloire
du père.
Il mourut le lendemain des calendes d'août 1686.
Les trois fils dont il est question dans ce/actum étaient :
Robert, né le 29 août 1633, qui fut fait prêtre, et entra,
à ce que l'on croit, chez les Oratoriens.
Luc Nicolas, né le 26 janvier 1651, s'était mis au service du
Roi : Lieutenant au régiment de Picardie, il fut blessé à la
— 17 —
bataille de Senef (1674) et rentra à Bahais, dans le manoir
paternel. Il épousa le 14 juin 1688, Marie-Marguerite Jourdain
de Barenton (1).
François Luc servait dans le régiment du Roi infanterie.
Comme son frère, il fut blessé d'un coup de feu à la bataille
de Senef. Bien que cadet, il semble qu'il ait été le préféré
de Luc Duchemin. C'est lui qui succéda aux charges de son
père. 11 fut nommé, le 12 juillet 1679, avec dispense d'âge,
lieutenant général et particulier.
Le nom des Duchemin paraît éteint ; mais la descendance
féminine des deux fils de Luc Duchemin existe encore. Le
propriétaire actuel du château de la Vaucelle, M. de la Broise/
est l'arrière-petit-fils de François Luc, époux de Marie
Radulph. L'auteur de ces lignes descend en ligne directe de
Luc Nicolas, le plus âgé des deux frères.
Il nous a été impossible de découvrir aucun renseignement
concernant sans nul doute Du Mesnil-Gonfray, qui composa
le pathos que nous venons de mettre sous les yeux des
lecteurs. Peut-être était-ce l'un des professeurs du Collège
fondé par Jean Dubois, établissement situé non loin de l'hôtel
de Duchemin, à la prospérité duquel celui- ci s'était intéressé.
Notons cependant que le prétentieux écrivain s'appelait
Gonfray de son nom patronymique. C'était l'habitude en
Basse-Normandie de mettre le premier le nom de seigneurie
ou de sieuric. Nous lisons dans Toustain de Billy : de
Martigny Lemennicier, de la Haulle Duchemin, quand,
ailleurs, on aurait dit : Lemennicier de Martigny, Duchemin
de la Haulle. Il nous faut donc lire : Gonfray du Mesnil.
Ainsi restitué, le nom de notre écrivain appartient assurément
à l'arbre généalogique d'une famille Gonfray, dont un repré-
sentant habitait, suivant une tradition qu'il serait aisé de
vérifier, à Agneaux, au village de la Tremblaye.
Dans les recherches de M. Ed. Lepingard, sur les villages
(I) V. l'acte de mariage, archives de la fabrique de Sainte-
Palrice-de-Claids.
— 18 —
de Saint-Lo, il est question d'un Gonfray, officier public,
recevant un acte. Le souvenir d'un personnage portant le
même nom est aussi rappelé par un objet appartenant aux
collections du Musée de Saint-Lo. Quel qu'il puisse être, le
littérateur dont nous venons de parler appartient-il à la famille
d'un Gonfray qui joua un rôle important dans l'administration
du district pendant la Révolution? C'est ce qu'il nous
a è%è impossible de déterminer, mais ce qui est probable.
Il avait le goût des lettres, si non le talent d'écrire. Lorsqu'il
composa son élucubration, il obéissait à un sentiment généra-
lement partagé par ses concitoyens. Tous professaient pour
Luc Duchemin une estime que lui méritaient son. intelligence
et les nombreux services qu'il avait rendus à sa ville natale et
au pays environnant.
II
Au dos de l'imprimé précédent, un inconnu a écrit un
brouillon de lettre, d'une écriture très négligée, difficile à lire,
que M. Dolbet, archiviste de la Manche, nous a aidé à déchif-
frer. Il nous a paru intéressant de publier ce texte, qui jette
un certain jour sur l'état de l'opinion à Saint-Lo, au lendemain
de la révocation de l'Edit de Nantes. N'oublions pas que cette
ville avait été un foyer d'influence protestante, que, sous le
règne de Louis XIV, nombre de religionnaires y résidaient,
qu'aucun d'eux n'avait voulu émigrer. Il y avait ainsi dans
la population un ferment très actif de révolte contre les mesures
inspirées au roi Louis XIV par le souci de l'avenir de la
religion catholique et le maintien de l'autorité royale. Très
agissants, les partisans de la < religion prétendue réformée »
effrayaient leurs concitoyens par leur attitude révoltée et
provocante. C'est sous l'empire d'une préoccupation très vive,
au sujet du résultat des mesures prises contre les protestants,
qu'a été écrite la lettre que l'on va lire.
c Monseigneur, je n'aurois pas d'excuse d'avoir tant tardé
- 19 —
à rendre compte à Votre Grandeur de notre mission, si M. de
la Contrie ne m'eust dict qu'Elle estoit toujours occupée dans
les visites d'un si grand diocèse, et qu'elle avoit esté obligée
d'aller prendre des eaux, que je prie de luy estre salutaires.
Notre mission ayant commencé le dymanche feste de la
Sainte Trinité, a duré sept semaisnes. Nos catholiques, tan;
antiens (que nouveaux), en ont profité; mais non pas tous. Les
plus qualifiez ne sont pas ceux qui se sont montrés plus
empressez de la gagner. Les autres en ont presque tous faict
leur debvoir, et ceux de la campagne se sont montrés encore
plus zélés que ceux de la ville.
Pour les nouveaux catholiques, ils se sont presque tous
ébranlés pour faire leur debvoir, du moins pour se confesser,
et plusieurs ayant mesme communié ; mais de dire qu'ils ayent
tous esté sincères, il est très difficile d'en juger. Sur la fin de
la mission et incontinent après qu'elle a esté finie, il nous est
venu cinq femmes de ces nouvelles catholiques, qui ont toutes
reçu les Sacrements assez bien ; mais nous voyons ce me
semble une partie des autres présentement ung peu se ralentir.
Voilà briefvement Testât où sont les choses présentement à
Saint-Lo,où l'on avoit eu nouvelles d'un arrest qui déehargeoit
le corps de Lalouet, horloger, de la payne portée par la décla-
ration du Roy contre ceux qui refusent les Sacrements estant
malades; mais M. de Gourgues, nostre président, l'ayant
sceu, s'i est opposé et a deffendu à tous nos juges de l'exécu-
ter sous peine de 3 mil livres d'amende, jusques à ce que en
ayt esté autrement ordonné par Sa Majesté, comme estant
contraire à la dicte déclaration et de Sa Majesté. Voilà,
Monseigneur, les nouvelles de ce quartier. »
Quel est l'auteur de ce brouillon de lettre ?
Luc Duchemin qui est le héros du panégyrique imprimé au
dos duquel il a été écrit, mourut le 2 août 1686 (1), quelques
(1) Le Journal de Luc Duchemin, par l'abbé Bourrienne (Caen,
Jouan, 1899, in-8° de 116 p.), p. 18.
— 20 -
jours seulement après la mission dont il est question, ainsi
que nous le verrons dans un instant. Il laissait deux fils :
Robert, né en 1633, qui se fit prêtre, entra chez les Orato-
riens et mourut après 1715 ; Luc Nicolas, né en 1651, blessé
à Senef, et François Luc, seigneur de la Vaucelle, blessé éga-
lement dans la même bataille, et qui abandonna l'armée pour
occuper les fonctions qu'avait exercées son père. Nous ne
doutons pas que la lettre n'ait été écrite par l'un de ces trois
personnages, en donnant la préférence à François-Luc, celui
auquel revint le château de la Vaucelle, qui y a le plus long-
temps séjourné, et qui fut plus intimement mêlé que ses frères
aux questions d'administration intéressant le pays.
A qui s'adresse-t-il ? A un personnage très haut placé, puis-
qu'on l'appelle Votre Grandeur, Monseigneur ; à un évoque,
puisqu'il est « occupé dans les visites d'un si grand diocèse ».
Ce grand seigneur qui s'intéressait aux choses de la religion à
Saint-Lo, ne pouvait être, si l'on croit devoir le chercher
parmi les représentants de la maison des ducs de Longueville,
que Jean Louis Charles d'Orléans, neveu du grand Condé,
ordonné prêtre en 1669, qui ne mourut qu'en 1694. Il faut
l'écarter parce qu'il n'a jamais été évêque.
Si au contraire nous cherchons dans la maison de Matignon,
avec laquelle les Duchemin étaient en relations intimes, nous
devons éliminer l'un des fils de Charles de Matignon, Léonor,
abbé de Lessay, évêque de Lisieux, mort en 1680, dont le
portrait est conservé au musée de Torigni. 11 nous reste à
choisir entre un second Léonor de Matignon, fils de François,
qui succéda à son oncle sur le siège de Lisieux, et qui y
mourut en 1714, et Jacques, évêque de Condom, abbé de
Saint- Victor de Marseille, mort en 1727. Nous possédons au
Musée de Saint-Lo, un fort beau portrait de ce dernier prélat.
Ce n'était pas Tévêque alors en possession du siège de
Coutances, Mgr Charles-François de Loménie de Brienne,
connu pour l'intransigeance de son gallicanisme, mais recom-
mandable pour la régularité de ses mœurs et son zèle pour la
- 21 —
religion et dont Fénelon a écrit un éloge enthousiaste (1).
En effet, bien que ne portant aucune date, la lettre se rapporte
très exactement avec les détails d'une mission ouverte par
Mgr de Lomtaie lui-même le dimanche de la Trinité de
Tannée 1686, époque de la mort de Luc Duchemin (2),
L'organisateur de la mission, celui qui vint prêcher en
personne, probablement du haut de la chaire extérieure de
l'église Notre-Dame (3), n'avait pas besoin d'être renseigné
sur les résultats Je sa propre prédication. Le ton de la lettre
indique un homme moins directement mêlé aux détails de
cette affaire.
Nous sommes donc réduits aux conjectures sur l'identité du
destinataire de la lettre.
La mission dont celle-ci parle, n'est pas la même que celle
qui fut prèchée par le Vénérable Grignon de Montfort, le fon-
dateur des Filles de la Sagesse. Le saint prédicateur est, en
effet, venu à Saint-Lo et a joué un rôle dans la fondation du
Monastère du Bon-Sauveur dans cette ville. Mais la date de
sa venue dans le diocèse ]de Coutances est très connue. L'his-
torien du Bon-Sauveur, le chanoine Ménard, place, sur docu-
ments, le jour de l'arrivée de l'apôtre au 14 août 1714 (4).
Il ne peut donc y avoir identité entre ces deux campagnes
de prédication, dont Tune commencée au jour de la Sainte-
Trinité et dure sept semaines, et l'autre qui, commencée le jour
de l'Assomption, ne se prolongea que 15 jours pour se termi-
ner par la plantation d'un Calvaire au point culminant de la
Falaise.
La lettre parle de « notre Président M. de Gourgues ».
Moréri a écrit l'historique d'une famille de Gourgues origi-
naire de Gascogne. Le premier de cette race qui soit parvenu
(1) Une servante des pauvres, par l'abbé Ménard (Tours, Cas-
terman), pp. 442-443.
(2) Lecanu, Histoire des Evéques de Coutances, tome II, p. 14.
(3) V. article de M. Lepingard dans les Mémoires de la Société.
(4) L'abbé Ménard, Une servante des pauvres, la Mère Elisabeth
de Surville. (Tours, Cattier 4887, in-12 de 482 p.).
— 22 —
à la notoriété, avait repris la Floride aux Espagnols en 1569.
Ses descendants occupèrent des situations élevées dans la
magistrature. L'un d'eux, Jacques Armand de Gourgues,
marquis de Vayres, après avoir été Lieutenant-général dupré-
sidial de Bordeaux et reçu maître des requêtes, était intendant
de la généralité de Caen en 1686, mais n'avait pas été prési-
dent. Il n'est donc pas question de lui. Les autres personnages
du nom qui ont été présidents à mortier, ne peuvent être mis
en avant à cause des dates, ni Marc Antoine, mort en 1623,
grand-père de Jacques Armand, ni son père Jean. Les dates
conviendraient plutôt à Michel-Jean, frère cadet de l'Inten-
dant de Caen, qui porta le mortier. Si l'on croit que le mot
« notre président » contient une indication de parenté concer-
nant Pévêque destinataire de la lettre, on peut songer pour ce
dernier, au frère puîné de l'Intendant de Caen, Jacques Joseph,
qut fut évèque de Bazas (1684).
Trouvé dans les papiers de la famille Duchemin, et conte-
nant le nom d'un membre de la famille de l'Intendant de la
généralité de Caen, le document que nous venons de publier
émane assurément d'un personnage très haut placé, influent
dans l'administration Saint -Loise, appartenant au parti catho-
lique. A ces titres, et à supposer môme qu'il n'ait pas été écrit
parun Duchemin, il nous a paru intéressant à livrer au public.
Gaétan Guillot.
L'INSTRUCTION PUBLIQUE
AVANT 1789
DANS LES DEUX ANCIENS DIOCÈSES DE
COUTANCES ET D'AVRANCHES
Troisième Partie
INSTRUCTION DU CLERGÉ
CHAPITRE I
ÉDUCATION CLÉRICALE
DANS LES DIOCÈSES DE COUTANCES ET D'AVRANCHES
AVANT L'INSTITUTION DES SÉMINAIRES
De tout temps, il y eut de saints prêtres dans l'Église; de
tout temps aussi, il y eut des prêtres entrés dans les ordres
sans vocation. D'autres étaient appelés du Seigneur, mais
entrés pour la plupart sans préparation dans la sainte milice,
ils avaient contracté de longues habitudes d'une vie séculière,
souvent même d'une vie déréglée et scandaleuse. Ces maux
s'étaient accrus à la fin du xvi° siècle, par suite du relâche-
ment que la Réforme avait amené dans le clergé. Il fallait
remédier à tous ces maux.
Le Concile de Trente (1), pour retrancher les abus dans leur
source, conçut le projet des Séminaires, où à l'abri des séduc-
tions du monde et des passions, cet âge fragile s'établît et
{!) Décret, concil. Trident. — De Reformatione. sess. XXIII.
Cap. XVIII.
— 24 —
s'affermît dans les principes de la vie chrétienne et sacerdo-
tale, en se pliant aux habitudes de la sainte discipline, et en
se formant de longue main à l'administration des sacrements,
à l'art de catéchiser les enfants, à la prédication, au chant et
aux cérémonies de l'Église, bref à tout le détail des fonctions
ecclésiastiques. Saint Charles Borromée, en exécution du
décret, ouvre des Séminaires dans son diocèse de Milan ; il
donne comme la première forme à ces asiles de la piété et de la
science sacerdotales.
De longues années devaient s'écouler, avant que les diocèses
de Coutances et d'Avranches fussent dotés de ces utiles éta-
blissements. En attendant, la formation du clergé se poursui-
vait d'après les traditions bien des fois séculaires.
La science avait été distribuée avec abondance ; les maîtres
particuliers ne manquaient pas aux jeunes clercs. Ceux-ci en
trouvaient dans toutes les paroisses, même dans les moindres.
Ils se mettaient sous leur conduite pour acquérir la science de
leur état.
Quelle était la science requise? Si nous en croyons un
manuscrit sans nom d'auteur, conservé à la Bibliothèque
Nationale et intitulé « Noies sur la Basse-Normandie : « Dans
le xiv c siècle, les jeunes gens de l'évôché de Coutances qui se
destinaient à l'état ecclésiastique n'étaient tenus qu'à se pré-
senter le mercredi des Quatre-Temps à l'examen qui n'était
pas long. Celui qui demandait la prêtrise n'était obligé que de
savoir le nombre des Sacrements et leur définition, et d'avoir
un bréviaire qui lui appartînt en propre » (1).
Les ecclésiastiques subissaient un examen sur la langue
latine avant leur admission aux ordres majeurs, et un second
sur la pratique du saint ministère avant l'incorporation au
sacerdoce. La rubrique, les règles, les méthodes, tout étant
écrit en latin, il fallait bien posséder cette langue (2).
« Avant qu'il y eût un séminaire établi dans Avranches, dit
(1) Annuaire de la Manche, 1830-1831, p. 202
(2) Lecanu. Histoire du diocèse de Coutances , T. I, p. 477.
— 25 —
M. Alexandre Motet, les évêques envoyaient les jeunes ordi-
nands chez les curés les plus recommandâmes du diocèse pour
y être instruits de la science et des devoirs de l'état ecclésias-
tique. Nous voyons dans la vie de M. Crestey, curé de Baren-
ton, que beaucoup de jeunes gens venaient le prier de les
recevoir dans sa maison, pour se former sous sa conduite (1). »
M. Pâté, curé de Cherbourg, gouvernait aussi une quin-
zaine de jeunes ecclésiastiques sortis des écoles qu'il avait
fondées. M. Pâté t leur faisait toutes les semaines une confé-
rence au presbytère... leur apprenait les cérémonies de
l'Église... observait les défautsqui se pouvaient remarquer... et
les moyens d'y remédier : quelquefois leur faisait le catéchisme
pour leur en donner la méthode ; d'autrefois le leur faisait faire
en sa présence afin de les y exercer.
Autant M. Pâté avait de zèle pour donner de bons prêtres
à TÉglise, autant en montrait-il à en éloigner ceux qu'il
n'en croyait pas dignes et dont la doctrine ou les mœurs lui
j donnaient lieu de se méfier. « Si j'avais deux âmes, disait-il,
! un jour à un homme de grande considération qui le sollicitait
I pour un ecclésiastique de ce caractère, peut-être pourrais-je en
I risquer une pour satisfaire à votre demande; mais n'en ayant
I qu'une, vous ne trouverez pas mauvais que je la conserve en
vous refusant. » Ce seigneur édifié d'une réponse aussi géné-
reuse que chrétienne : « Je vous en crois, dit-il, mon pasteur,
et je ne puis vous en savoir mauvais gré. » (2)
Malgré le zèle de ces saints prêtres, les élèves ecclésiasti-
ques ne se formaient que d'une manière incomplète sous leur
direction nécessairement insuffisante à cause des occupations
du ministère paroissial.
Aussi que vit-on trop souvent? des ecclésiastiques, cadets
I de famille, entrés sans vocation dans les ordres. Pour ces fils
de gentilshommes, la robe ne remplaçait la cotte d'armes, que
parce que la crosse valait mieux que l'épée, la barrette mieux
(1) Deschamps du Manoir, Nouvelles feuilles détachées, p. 138.
(*) Trigan. Vie de Mcssire A. Paie, 1747, p 180, 233.
— 26 —
que le heaume. Le droit d'aînesse ne laissait guère d'autre
alternative aux puînés. Ne pouvant être guerrier avec avan-
tage, on se résignait à être prêtre avec bénéfice. Et arrivé
aux hautes dignités de l'Église, on n'avait pas perdu au
change ; car outre les honneurs et les richesses, on possédait
un pouvoir devant lequel tous s'inclinaient. De même que le
Saint- Père dominait le Roi, de même le prêtre primait le
guerrier. C'était tout naturel d'ailleurs, car le premier était
toujours instruit et le second l'était rarement et très peu.
Sans s'élever si haut dans l'échelle sociale, que de jeunes
ecclésiastiques poussés aux ordres par l'appât d'un bénéfice,
et par la pression de leurs parents !
Alors on avait sous les yeux le spectacle d'un relâchement
qui se traduisait par des scandales. En 1621, il y avait aux
environs de Mortain une vingtaine de prêtres, curés et vicaires,
qui étaient ivrognes et blasphémateurs. En 1625, le niai
augmente. Les prêtres fréquentent les tavernes, s'enivrent et
s'entrebattent même dans l'église. L'Évèque, dit l'étude
des fiefs du comté de Mortain, sera prié d'y apporter remède;
l'Official de Rouen en recevra plaintes et remontrances (1).
A ceux que le souvenir des désordres du clergé à certai-
nes époques pourrait scandaliser, rappelons que si, par un
privilège divin, l'Église conserve à travers tous les âges sa
sainteté immaculée, ses ministres n'en étaient pas moins des
hommes et que, partout où il y à des hommes, il est naturel
que des fautes se commettent et que des abus s'introduisent.
Mais de ces fautes et de ces abus, que souvent nos adversaires
inventent ou exagèrent à plaisir, il n'y a — même lorsqu'ils ne
sont que trop réels — nulle conséquence à tirer contre la Reli-
gion, car c'est à cause de l'autorité de Jésus-Christ que nous
croyons à l'Église, et non pas précisément à cause des vertus
de ses ministres.
Loin de se scandaliser, il y a lieu plutôt d'admirer la divine
. (1) Annuaire de la Manche, 4864, p. 84.
- 27 —
Providence qui, en procurant l'institution des séminaires, fit
disparaître la plus grande partie de ces abus (1). N'ya-t-il pas
lieu d'admirer aussi la fidélité exemplaire de tant de prêtres qui
eurent assez de foi pour triompher de la Réforme, et assez de
vertu pour résister à l'entraînement des sens et à la faillite de
vie et de mœurs préconisée par les apôtres du protestantisme?
Si le clergé pris en masse était moins instruit que celui de
notre temps, il avait une foi plus simple et plus robuste; il
avait des mœurs pures. De là vient son ascendant sur des
populations profondément chrétiennes et jalouses de l'honneur
de leurs prêtres.
C'est à cette catégorie de vertueux ecclésiastiques qu'appar-
tenait Charles Godefroy, né à Carentan, docteur de la Faculté
de Théologie de Paris et curé de Cretteville, dans le diocèse de
Couiances. Il présenta un traité complet sur la nécessité des
séminaires à l'Assemblée du Clergé de France tenue à Paris
en 1625. Voici le titre de l'ouvrage : « Le Collège des Saints
Exercices où est donné le moyen unique d'élever les
Pasteurs et le corps de l'Église en leur perfection (1621) ».
.L'Assemblée approuva et encouragea le dessein du saint prêtre.
Cet acte authentique d'approbation fut rédigé par l'évoque de
Chartres, rapporteur de l'Assemblée, et signé par son pré-
sident François II, de Harlay, archevêque de Rouen. Ce
projet eut le sort de plusieurs autres tentés dans le même sens
depuis un demi siècle. 11 resta sans résultat.
CHAPITRE II
SÉMINAIRE DE COUTANCES
Vingt-cinq ans après le vœu formulé par l'assemblée du
Clergé de France, le 25 décembre 1650, Claude Auvry,
(!) Blouet, Vie de M. Crestey, p. 26.
— 28 —
évèque de Coutances, signait l'acte de fondation de son
séminaire diocésain. Dix ans auparavant, il avait été annoncé
par des voies extraordinaires au P. Eudes qu'il ferait cet
établissement. Il avait attendu les ouvertures que la Pro-
vidence lui ferait à ce sujet.
Claude Auvry avait succédé, le 27 juillet 1646, à Léonor
de Matignon, sur le siège de Coutances, et il avait pour le
P. Eudes et ses confrères la même estime que son prédé-
cesseur. Voyant les fruits que produisait dans son diocèse la
Congrégation des Eudistes, il pressa instamment le P. Eudes
de se charger de la direction de son séminaire; c'était lui
offrir le soin de la fondation et la charge de trouver les fonds
nécesaires à l'entreprise. L'homme de Dieu ne fut point
étonné de cette proposition ; il donna sa parole le jour même
de la Conception de la Sainte-Vierge. En effet, l'acte de fon-
dation est daté de ce jour même, 1650. Le 23 janvier 1651,
les notables et bourgeois de la ville, assemblés au Présidial,
avaient donné leur consentement. Trois mois après, faute de
fonds pour bâtir, la communauté loua une maison, située dans
la Basse-Rue, en face l'église des Bénédictines, et y ouvrit
ses exercices. Le P. Eudes était représenté par MM. Simon,
Manoury et Finel. On avait dédié la chapelle du séminaire
au Saint-Cœur de Marie.
Les fondateurs du séminaire demeurèrent environ un an
dans la maison de la Basse-Rue. Le 6 décembre 1651, ils
trouvèrent moyen d'acheter le terrain, où s'élève maintenant
le lycée de Coutances. Il y avait alors en ce lieu une auberge
connue sous le nom de la Pomme d'or. On l'acheta 9.000
livres, de Gilles Le Long, bourgeois de Morlaix en Bretagne,
et de Jeanne de Boutemeur, sa femme.
Il fallut abattre les anciennes constructions peu propres à
leur nouvelle destination. On nivela le terrain très inégal et
l'on construisit d'abord le bâtiment qui se trouvait à main
droite en entrant dans la cour du séminaire. Le premier supé-
rieur, M. de Montagu, avait un riche patrimoine; il le sacii.îa
— 29 —
généreusement pour subvenir aux frais de cette construction.
Le P. Eudes voulut même construire une Chapelle, n'ayant
d'autres resssources que celles qu'il espérait de la Providence.
Nombre de bienfaiteurs fournirent des sommes considérables
et donnèrent de leur nécessaire pour contribuer à élever cet
édifice. Marie Desvallées fut une des premières à se signaler
en cette occasion ; elle donna une somme de 1.300 livres que
M. Potlier lui avait laissée en mourant. M. de Longueville,
gouverneur de la Normandie, permit au P. Eudes de
prendre dans la forêt de Bricquebec une grande partie du bois
nécessaire à la construction de l'église et du premier bâtiment
du séminaire (1).
La bénédiction de la première pierre de l'église eut lieu le
3 juillet 1652. Les Eudistes furent les premiers à imiter par
leurs libéralités la sœur Marie Desvallées. M. Humblot, cha-
noine d'Autun, donna six mille livres, M. de la Boissière,
dix-neuf cents livres et M. Lemesle, 800. On vit aussi les
étrangers apporter de riches offrandes. On trouva dans un
champ, acheté par la communauté, la plus grande partie de la
pierre nécesssaire à la construction. Quantité de faits merveil-
leux témoignèrent de la protection efficace de Marie sur
l'entreprise et sur les travailleurs. Au bout de trois années,
l'église fut en état d'être livrée au culte. La bénédiction de
cette église devait réaliser un des vœux les plus chers au cœur
du P. Eudes, en dotant le monde catholique du premier
sanctuaire consacré au Saint-Cœur de Marie et à celui de son
Fils. La cérémonie se fit le 4 septembre 1G55,
L'évèque de Coutances donna un nouveau témoignage de
confiance aux directeurs de son séminaire, en leur conférant
des pouvoirs très étendus dans tout le diocèse. L'acte est daté
du palais du cardinal Mazarin, à Paris, le 8 décembre 1656.
Le premier Supérieur du Séminaire de Coutances fut M. de
Montagu. Il avait été gagné à la vie parfaite, en 1648, dans
(1) Annales de la Congrégation de Jésus et de Marie, i volume
page 349.
— 30 —
une mission de onze semaines, faite à Autun. Jean de Mon-
tagu était alors chanoine de la cathédrale d'Autun. Dieu lui
demanda le sacrifice de la vie aisée qu'il menait au sein de sa
famille, et il obéit généreusement en se donnant au P. Eudes.
Sa nomination à la supériorité du séminaire de Coutanoes
fut un coup de Providence pour cet établissement qui n'avait
encore ni maison, ni église.
Le Supérieur et les Directeurs du séminaire eurent beau-
coup à souffrir à l'occasion de Marie Desvallées, nette fille
dont la vie extraordinaire fut si diversement appréciée avant et
après sa mort. Le P. Eudes se déclara son protecteur et
approuva sa conduite et son esprit. En cela, il se trouvait en
compagnie des hommes les plus pieux de son temps. Et
Dieu se déclara pour l'humble fille par plusieurs faits mira-
culeux qui se produisirent à sa mort. Marie Desvallées mourut
le 25 février 1656. Le 14 septembre 1658, Claude Auvry
rendit un jugement favorable à la mémoire de Marie Desval-
lées, malgré les représentations de son vicaire général.
Il y avait sept .ans que M. de Montagu gouvernait le sémi-
naire de Coutances, lorsque M. Dupont fut choisi pour lui
succéder en 1658. Il ne resta que trois ans dans sa charge,
après avoir sollicité son remplacement.
Son successeur fut M. Faulcon de Sainte- Marie, qui ne
demeura qu'un an à Coutances, et alla remplir ce même
emploi à Rouen. M. Dupont refusant de reprendre la supério-
rité, M. Dudy fut établi supérieur, en 1662, et garda la charge
huit années. Ce supérieur agrandit le terrain du séminaire, en
dépit des oppositions. Vers 1671 il se retira à la cure de
Cerisy-la-Salle, qu'il devait occuper jusqu'en 1711.
En 1670 s'ouvre l'âge d'or du séminaire. Il commence avec
la nomination du cinquième supérieur, Jean-Jacques Blouet
de Camilly. M. Blouet avait renoncé au monde où il pouvait
se promettre de grands succès, pour entrer dans la Congréga-
tion du P. Eudes. Il fit sa probation à Coutances, sous la
direction de M. de Montagu. Il acheva ses études théologiques
— 31 —
à Paris. Il se lia avec M. de Chamillart, qui lui donna sur la
grâce les vrais principes, faveur inappréciable dans un temps
où cette matière était si mal traitée par un grand nombre de
membres de l'Université. Son séjour à Saint-Sulpice lui valut
l'estime de M. Tronsou, supérieur général de cette société, et
ne contribua pas peu à affermir l'union qui exista toujours
entre les Sulpiciens et les Eudistes. M. Blouet s'abstint de
prendre les grades académiques, sur le conseil du P. Eudes
qui en avait fait autant, à l'exemple du cardinal de Bérulle et
de M. Olier.
Tel était l'homme qui prenait en main, en 1670, le gouver-
nement du séminaire de Cou tances. Il dut cumuler avec cette
supériorité celle du séminaire de Rennes. Mgr de Loménie de
Brienne, qui avait pris possession de son siège en 1668, avait
eu le temps d'apprécier la valeur du nouveau supérieur.
Nommé théologal du diocèse, M. Blouet renonça à la supé-
riorité du séminaire en 1672. Il déploya un grand zèle dans
les missions et dans le ministère de la prédication pour lequel
il avait des dispositions remarquables. Le Prélat le nomma
vicaire général en 1673 et le créa archidiacre du Val-de-Vire.
Le nouvel archidiacre entreprit d'achever les bâtiments du
séminaire. M. Dupont redevint supérieur à la place de
M. Blouet. Pendant trois ans, on travailla sans relâche à la
construction du second bâtiment du séminaire, sous l'active
impulsion de M. Blouet. La maison devenue la proie des
flammes, se releva de ses cendres. C'est pour soutenir toutes
ces dépenses que l'évoque de Coutances donna à son grand
vicaire l'archidiaconé du Cotentin, d'un revenu plus considé-
rable que celui du Val-de-Vire.
Pendant sa seconde supériorité, M. Dupont affermit la fon-
dation de l'école des filles de Périers, commencée en 1652. Cet
établissement fut le berceau de la Congrégation des Sœurs du
Sacré-Cœur de Coutances.
M. de Montagu devint supérieur du séminaire pour la
deuxième fois en 1676. Ce bon supérieur touchait à la fin de
— 32 —
sa carrière, il fut retiré, en 1680, de ses fonctions, et envoyé à
Rouen. Il mourut en sortant de l'autel, frappé d'apoplexie.
M. Blouet de Camilly redevint supérieur. Devenu supé-
rieur général des Eudistes par la démission spontanée du
P. Eudes, il continua d'habiter Coutances et de garder le titre
de Supérieur particulier du séminaire de cette ville. Digne fils
du P. Eudes, le supérieur de Coutances ne pouvait que partager
les ardeurs de son zèle à glorifier les Saints Cœurs de
Jésus et de Marie. C'est sur sa demande que l'évoque de
Coutances érigea, Tan 1688, la Confrérie des Saints-Cœurs
dans l'église du Séminaire. L'acte épiscopal se fondait sur la
Bulle, datée du 4 octobre 1674, que M. de Bonnefond avait
apportée de Rome. C'est aussi à la piété de M. Blouet que Ton
était redevable dans le diocèse de Coutances, de la solennité
donnée à la fête du Saint-Cœur de Marie (1). M. Blouet
donna aussi ses soins à l'école des filles de Périers et prit
la défense des maîtresses d'école contre les administrateurs de
de l'hospice de Périers.
M. Blouet eut en l'un de ses confrères, M. Hérambourg, un
auxiliaire très zélé et très intelligent. Aussi se déchargea-t-il
sur lui de plusieurs fonctions de son emploi. C'est lui qui
désigna au choix de son évoque M. Hérambourg pour être le
supérieur ecclésiastique des Nouvelles Catholiques de
Saint-Lo.
M. Blouet, supérieur général des Eudistes et supérieur du
séminaire de Coutances, était mort le 11 août 1711. M. Héram-
bourg était l'homme qui l'avait secondé le plus efficacement
dans la direction du Grand Séminaire et des affaires du
diocèse, il fut nommé supérieur local de cette Maison. Deux
ans après, le 7 avril 1713, la confiance de Mgr de Loménie de
Brienne l'appelait au poste éminent d'archidiacre du Bauptois.
Cette nomination fut discutée, mais le pieux Eudiste triompha
de l'opposition. Il devint supérieur de la Communauté du Bon-
(1) Le Doré. Le P. Eudes, Apôtre des SS. Cœurs, 1870, p. 2M.
- 33-
Sauveur de Saint-Lo. Les sœurs s'appelaient elles-mêmes,
dans leurs actes publics : « Sœurs associées pour les petites
écoles». On les appela communément Sœurs du Bon-Sauveur,
à cause du vocable de leur chapelle. Ce fut le 27 septembre
1712 que les sœurs firent leurs vœux entre les mains de leur
Supérieur, Dans la visite canonique de son archidiaconé qu'il
fit en plus de quatre-vingts paroisses, il déploya un grand zèle
pour le maintien de la discipline, et se souvenant de son titre
de Supérieur du séminaire, il s'appliquait à l'instruction des
jeunes prêtres et des ordinands et à sonder les dispositions des
enfants qui començaient à étudier. Un travail ne lui en faisait
pas négliger un autre. Il s'adonnait avec succès à l'éducation
des ecclésiastiques dans l'intérieur du séminaire. Entre autres
fruits de sa direction sage et éclairée, nous pouvons citer la
belle vie de M. de Pétron, curé de Muneville-sur-Mer, person-
nage de sainteté éminentc.
M. Hérambourg cessa d'exercer la supériorité du Grand
Séminaire en 1717, où M. Charles de Léziart de Léglezé lui
fut donné pour successeur.
M. Hérambourg eut la joie de voir l'œuvre du sémi-
naire de Coutances affermie par la faveur de l'ancien évoque
de Limoges, François de Carbonel de Canisy, abbé comman-
dataire de Montebourg. Ce prélat, originaire du diocèse de
Coutances, ne se contenta pas de doter Montebourg de la
fondation d'un hospice et d'embellir son abbaye par la recons-
truction de l'Abbatiale, il voulut fonder au séminaire de Cou-
tances une rente de 1000 livres, au capital de 24.000 livres.
Il fondait cette rente, à condition que les PP. Eudistes
feraient une mission tous les cinq ans à Montebourg et rece-
vraient au séminaire quatre ordinands pendant dix mois de
l'année. Ces ordinands devaient être de Montebourg, de Saint-
Floxel ou des paroisses voisines, s'il n'y avait pas de sujet
dans les deux premières. Cette fondation devait subir des
réductions successives, jusqu'en 1784, époque depuis laquelle
la Mission de Montebourg, ne fut obligatoire que tous les
— 34 —
quinze ans. La fondation définitive de l'abbé de Montebourg
est du 11 août 1714(1).
En 1718, M. Hérambourg reprit la charge de supérieur du
Grand Séminaire. Mais ce ne devait pas être pour longtemps.
Il mourut le 12 septembre 1720. Il avait encore commencé la
visite canonique de sonarchidiaconié au mois d'août précédent;
mais il fut obligé de l'interrompre. L'historien du P. Héram-
bourg, le P. Costil, rapporte plusieurs faits merveilleux qui
seraient arrivés après sa mort. Il avait été un homme de talent,
un penseur et un saint. Il avait été après le P, Eudes le sujet
le plus distingué de sa Congrégation.
Son successeur fut M. Julien Martine. Il était entré dans la
Congrégation du P. Eudes le 25 janvier 1707. Il était supé-
rieur de la maison de Launay, maison de probation des
Eudistes, depuis 8 ans, lorsqu'en 1720, on lui confia la
supériorité du séminaire. Mgr de Matignon mit à profit les
conseils éclairés de M. Martine pour accomplir dans son Grand
Séminaire de sages réformes, qui en firent une des maisons
les plus régulières et les plus estimées de la Congrégation. Le
Supérieur fut en même temps nommé par le prélat secrétaire
général des Conférences ecclésiastiques du diocèse. Ce qui
permit à M. Martine de se livrer Jt l'étude de la théologie, pour
laquelle il avait un goût très marqué.
M. Martine eut pour successeur, en 1725, M. Cousin, qui
fut Supérieur général des Eudistes en 1727. M. Martine rem-
plaça à Coutances le Supérieur absent. Tout en gardant le titre
de Supérieur du séminaire de Coutances, M. Cousin gouver-
nait sa société de Paris. M. Cousin, n'était pas un inconnu
dans le diocèse de Coutances. Né en 1665, à Saint-Aubin-des-
Bois, près Villedieu, il était venu en 1690, professer la théo-
logie au séminaire de Coutances. Tout en remplissant les
fonctions de professeur, il s'était livré à la prédication dans
(i) Lecacheux, Documents pour servir à Vhisloire de Monte-
bourg^ p. 29.
— 35 —
les missions et les retraites, et il y avait obtenu un grand succès.
M. Pierre Cousin, quatrièiûe Supérieur général de la Congré-
gation des Eudistes devait être, après le P Eudes, le chef le
plus remarquable de cet Institut. 11 mourut à Caen, le 16 mars
1751, à Tâge de 86 ans. Un an après sa nomination au gou-
vernement général de sa société, M. Cousin s'était déchargé
définitivement de la Maison de Goutances et en avait confié la
direction à M. Martine qui devenait titulaire pour la seconde
fois. Depuis quelques années, il était question d'unir le sémi-
naire de Valognes, dirigé par M. Dallet, à la Congrégation des
Eudistes. M. de Laillier était mort avant la conclusion de
l'affaire; mais elle aboutit par les soins de M. Martine. Mgr de
Matignon donna ses lettres d'union, le 10 décembre 1729.
L'évêque de Coutances goûtait fort l'administration de
M. Martine dans son Séminaire et la manière dont il s'acquit-
tait de ses fonctions de Secrétaire général des Conférences
ecclésiastiques. L'évoque aurait voulu le garder dans son
diocèse ; mais ses instances pour cet objet n'a) T ant pas abouti,
il en fut fort piqué, et il montra son mécontentement en enle-
vant aux prêtres du Séminaire le pouvoir d'entendre les
confessions. On était à la fin de l'année 1735. Heureusement
cette boutade de l'évêque ne dura pas longtemps.
M. Philippe Legrand lui fut donné comme successeur, en
1735. Avant de se rendre à son poste encore occupé par
M. Martine, il alla prêcher une mission à Mayenne, dans le
diocèse du Mans. C'est le Supérieur du séminaire de Cou-
tances qui dirigea les exercices de cette mission très impor-
tante. Il était orateur et il lui eût été facile d'être un prédica-
teur à la mode, mais il estimait de peu de valeur le don de
plaire à tout le monde. Mgr de Matignon finit par déposer ses
griefs contre les Eudistes et rendit leurs pouvoirs aux prêtres
de son Séminaire. M. Le Grand continuait à diriger les
missions. Deux ans après sa nomination à Coutances, il en
donna une à Saint- James. Le zèle du missionnaire avait
déchaîné contre lui le parti Janséniste qui ne désarma
— 36 —
jamais (1). M. Le Grand passa deux triennats à Cou tan ce s.
A la fin du second en 1741, il déposa la supériorité, mais il
ne cessa pas d'habiter le séminaire jusqu'à la fin de sa car-
rière. En qualité de Supérieur, il avait visité l'école des sœurs
de Périers, en 1738, et il avait conclu à la nécessité d'une
chapelle dans l'intérieur de l'école. Mais il avait compté sans
la malveillance des bourgeois du lieu, qui empêchèrent
l'érection de cette chapelle, auprès de l'évèque.
MM. Martine, Cousin et Le Grand avaient bénéficié pour
la direction temporelle de leur Maison de l'habileté d'un
économe modèle, M. Joseph Dufort. Devenu économe en 1722,
M. Dufort avait trouvé les affaires de sa Maison très embrouil-
lées. Les titres et les papiers du Séminaire étaient si nom-
breux, qu'il fallait un homme expert et un homme d'étude
pour en prendre connaissance et se mettre en état de bien gérer
les biens delà communauté. M. Dufort, originaire du diocèse
de Coutances, était d'une habileté rare. Après ses humanités
faites au collège de Coutances, il s'était livré à l'étude du
droit. Il savait, disait-on, par cœur tous les articles de la
coutume de Normandie. Ces connaissances approfondies,
jointes à une élocution facile, lui promettaient un brillant
avenir au barreau, lorsqu'il embrassa l'état ecclésiastique. Il
débuta au séminaire d'Avranches en 1717, passa à Rennes,
puis à Coutances en 1722. On ne tarda pas à s'apercevoir qu'il
était imprudent de lutter contre lui et que lui intenter un
procès, c'était le perdre. C'est ce qui arriva en 1735 à Mgr de
Rohan, archevêque de Reims, au sujet de certains droits qu'il
prétendait exercer sur la terre de Marigny. L'archevêque
intenta un procès au Séminaire et le perdit.
Mgr de Matignon avait pour l'économe de son grand sémi-
naire une affection toute particulière, et, comme l'économe
n'était pas moins instruit en théologie que dans les matières
juridiques, il le chargea de rédiger les conférences du diocèse.
(1) V. dans les Nouvelles éclésiasliques, année 4735, p. 207,
l'histoire travestie de la mission de Mayenne.
- 37 -
Le prélat lui proposa de le faire nommer Supérieur ; il essaya
même de le faire nommer à son insu, mais M. Dufort s'y
opposa constamment. Il voulait rester économe. C'était sa
vocation. Les archives de Coutances et de Caen nous ont
conservé beaucoup de lettres adressées à M. Dufort, et plu-
sieurs de ses réponses. Celles-ci sont d'une précision remar-
quable, et il était évident que souvent il connaissait mieux
l'état de la question que oelui qui la lui exposait. Il fut appelé
par son Supérieur à Caen, en 1746, et on le regretta beaucoup
à Coutances (1).
Un des successeurs de M. Dufort dans l'économat du
séminaire de Coutances fut M. Michel Le Bansais, né à
Savigny-le- Vieux, au diocèse d'Avranches, le 16 septembre
1754. Avant de devenir économe, il avait professé la théolo-
gie avec distinction dans les séminaires de Dol et de Rennes.
M. Thomas Guillot fut nommé Supérieur du Grand Sémi-
naire de Coutances en 1764. Il fut à sa demande déchargé de
cette supériorité en 1769. 11 quitta Coutances pour aller au
séminaire de Lisieux dont il devint Supérieur en 1774, poste
qu'il garda jusqu'à sa mort arrivée en 1779.
La France ecclésiastique de 1768 porte M. Dumont comme
Supérieur du séminaire de Coutances, où il y avait six direc-
teurs. Une liste manuscrite des Supérieurs de ce séminaire
attribue la supériorité à M. Lefranc, en 1768. C'est ce dernier
document qui a raison.
M. François Lefranc fut nommé pour la première fois
Supérieur de cette maison en 1768. Il n'avait alors que 29 ans.
Sa précocité et ses heureuses dispositions lui valurent une
bourse dans un des collèges de Paris. Le jeune Lefranc y
remporta chaque année les premiers prix. Il avait été admis
au noviciat des Eudistes en juillet 1759. Deux ans après sa
nomination, le jeune Supérieur de Coutances quitta cette ville
pour aller à Caen en 1770. Alors M. Dumont, Supérieur de
fi) On lui doit un ouvrage intitulé : Résolution de plusieurs
cas de conscience sur les coutumes de Normandie.
— 38 —
Valognes depuis 1763, remplaça le Supérieur de Coulances.
On fut très satisfait dans le diocèse de Coutances de voir
arriver M. Dumont à Coutances, et Févèque lui donna le titre
et les pouvoirs de Vicaire général. Pendant les sept ans qu'il
gouverna le séminaire de Coutances, on n'eut qu'à se louer de
sa sagesse. Il fut nommé Supérieur général des Eudistes en
1777. Alors il quitta Coutances pour aller se fixer à Caen.
M. Lefranc avait été envoyé au séminaire de Rouen en
1775. il fut nommé pour la seconde fois Supérieur du sémi-
naire de Coutances, en remplacement de M. Dumont, élu
Supérieur général. C'était en 1777. M. de Chalmazel de
Talaru le nomma son grand vicaire. Il l'avait en outre chargé
de la direction de toutes les communautés religieuses et des
nombreux établissements de charité et d'enseignement de son
diocèse. M. Lefranc jouissait de la considération de tout le
clergé. 11 n'en était pas de même de Mgr de Talaru. Il était
assez impopulaire. C'est peut-être pour ce motif que le prélat
se faisait accompagner de M. Lefranc dans ses visites pasto-
rales.
M. Lefranc était assez difficile pour admettre aux Ordres ;
il arrêtait parfois les ordinands qui ne lui paraissaient pas
travailler sérieusement à Ja réforme de leur vie. Ceux-ci se
plaignaient à l'évêque de la prétendue étroitesse d'idées de
leur Supérieur, et l'évêque leur promettait de leur conférer
les Ordres, au risque de compromettre ainsi l'autorité du
Supérieur.
« Je me suis toujours rappelé, écrivait M. Carron, un de
ses anciens disciples, qu'en 1788 et 1789, il nous disait qu'un
bon prêtre devait répandre son sang plutôt que de montrer la
moindre faiblesse dès qu'il s'agissait des intérêts du christia-
nisme ; il nous a prêches de parole et d'exemple puisqu'il a été
immolé lui-même à la prison des Carmes. »
Prévoyant depuis longtemps les calamités qui allaient
fondre sur la France, il s'appliquait à prémunir les jeunes
ecclésiastiques contre les sophismes du temps et à les mettre
— 39 —
en garde contre les idées nouvelles. M. Lefranc qui devait
reprendre la supériorité en 1789 la céda à M. Anger en 1785.
Après neuf ans passés au séminaire de Caen, il fut nommé
Supérieur du séminaire de Valognes qu'il gouverna jusqu'à
sa nomination à Coutances. Le nouveau Supérieur de Cou-
tances était un linguiste distingué, et, en même temps, très
versé dans l'étude de la théologie, de l'Ecriture Sainte et des
Pères de l'Eglise. Malheureusement, il était d'une simplicité
trop naïve (1).
En 1789, M. Lefranc redevint Supérieur pour la troisième
fois. M. Anger resta dans la maison jusqu'au jour où la
tempête allait disperser tous ses confrères. M. Lefranc était
doué d'une mémoire très heureuse et d'une grande aptitude
pour les travaux littéraires ; il cultivait les sciences théolo-
giques, philosophiques, physiques et mathématiques ; toujours
occupé, il se reposait d'une étude en se livrant à une autre.
11 était très versé dans l'histoire locale sur laquelle il a laissé
des notes considérables Obligé de suspendre ses travaux
philosophiques et théologiques, à cause de la fatigue et du
surmenage intellectuel, il se reposa en étudiant Fanatomie, la
médecine et la chirurgie. Le roi Louis XVI lui avait accordé
une pension de 1.500 livres sur l'abbaye de la Luzerne.
Il publia, dès Tannée 1788, des lettres sur la Franc-Maçon-
nerie. Il a composé beaucoup d'autres ouvrages, la plupart
restés manuscrits.
M. Lefranc et M. Anger eurent pour collaborateurs, de 1780
à 1791, M. Nicolas Osmont, né à Neuville-au-Plain, en 1739.
Mgr de Talaru ne tarda pas à discerner le mérite de
M. Osmont; il le chargea, vers 1780, de rédiger les Conférences
ecclésiastiques.
En 1789, le grand séminaire de Coutances possédait un
revenu d'environ treize mille livres.
Le personnel de la maison comprenait six directeurs, une
(1) Les Fleurs de la Congrégation de Jésus et de Marie, t. II,
p. 1001.
— 40 —.
quinzaine de religieux/ y compris les frères servants. Les
élèves atteignirent à peu près le chiffre de trois cents (1).
Le Supérieur refusa de prêter le serment schismatique de
fidélité à la Constitution civile du clergé. D'après M. Casin, son
biographe, il n'aurait quitté le séminaire qu'après la suppres-
sion de cette maison (avril 1791), mais il est acquis à l'Histoire
qu'il s'était rendu à Paris, sur la demande de M. Hébert, vers
le mois d'octobre 1790. Il se lia avec l'abbé Baruel. Il ne resta
pas inactif dans la capitale. Il publia en 1791 et en 1792, un
ouvrage intitulé : Le voile levé pour les curieux, ou le
secret de la Révolution révêlé à Uaid&de la Franc-Maçon-
nerie. l\ donna encore au public un ouvrage, complément du
précédent, sous ce titre : Conjuration contre la Religion
Catholique, etc. Il n'en fallut pas davantage pour signaler
l'abbé Lefranc à l'attention des Jacobins, cependant il ne fut
pas inquiété avant le mois d'août 1792. Il publia encore, à la
faveur de ce repos relatif , un dernier ouvrage qu'il intitula:
Le Divin consolateur, etc. On l'arrêta le 12 août et on
l'interna au couvent des Carmes. Il fut enveloppé dans
l'horrible massacre des Carmes. L'ancien Supérieur du sémi-
naire avait 53 ans, au moment où il terminait sa carrière par
un glorieux martyre.
Les confrères de M. Lefranc étajgnt restés à leur poste. Le
12 avril 1791, le Directoire du département de la Manche
ordonna que les Eudistes de Coutances fussent expulsés du
séminaire pour refus de serment. Les électeurs dirent leur
messe, le 14 avril, pour la dernière fois, dans leur chapelle.
L'expulsion eut lieu le 15 avril.
L'ancien Supérieur de la -maison, M. Anger, âgé de 64 ans,
quitta Coutances et se rendit à Valognes, d'où il passa en
Angleterre. Il devait mourir à Valognes, en 1814, objet du
respect universel.
M. Osmont resta à Coutances; en 1792 il tomba entre les
(1) Sarot, Notes sur V Histoire de la Révolution, état du pays,
1875, p. 40.
- 41 —
mains des patriotes, qui trouvèrent plaisant de rééditer en sa
personne la burlesque aventure de Tévêque Arthur de Cossé,
promené sur un âne. Il mourut à Valognes sans avoir quitté
la France, en 1799.
M. Michel Fortin, professeur de théologie, se réfugia en
Angleterre. Il mourut à Niort, sa paroisse natale, dans le
diocèse du Mans, le 6 juillet 1826.
Ainsi finit le séminaire de Coutances, qui n'avait rien perdu
de sa ferveur première.
CHAPITRE III
SÉMINAIRE DE VALOGNES
Quatre ans après l'érection du séminaire de Coutances, la
Providence dotait la ville de Valognes d'un établissement
analogue.
Le manoir épiscopal de Valognes était mal ou point entre-
tenu ; ce palais s'élevait sur les terrains concédés aux évoques
de Coutances pir la duchesse Gonorre, le jour de la pose de la
première pierre de la cathédrale. Claude Au vry le fieffa, par
contrat du 20 décembre 1G54, à François Le Tellier de la
Luthumière. François de la Luthumière, fils de François Le
Tellier, chevalier, baron de la Luthumière, et de Charlotte du
Bec-Crespin ou du Bec de Boury, était né à La Haye-d'Ectot
en 1617 (1). Ordonné prêtre le 15 juin 1647, il avait fait ses
études à Paris, avait séjourné quelque temps à Rome auprès
du cardinal de Grimaldi, son parent, et était rentré en France,
sans avoir voulu accepter aucun bénéfice ecclésiastique.
Vers 1654, il s'était retiré dans sa terre de la Luthumière,
ancienne baronnie de Brix, où il s'occupait de la fondation du
séminaire de Valognes. L'évoque de Coutances lui avait fieffé
({) Sa famille avait, par charte de Tan 1508, quitté le nom de
Le Tellier pour prendre celui de la Luthumière.
— 42 —
le manoir épiscopal de Valognes, moyennant cent cinquante
livres de rente, pour y fonder un établissement ecclésiastique
en faveur des séminaristes indigents, des prêtres qui désire-
raient vivre dans la retraite, ou qui auraient besoin de secours
dans la vieillesse ou la maladie.
Le fondateur n'épargna rien pour rendre ce séminaire utile
et agréable. Dans le plus bel emplacement de Valognes, il
construisit à ses frais et dota ce spacieux établissement destiné
« à former et instruire par piété et dévotion à la dignité
sacerdotale ».
Il entoura son séminaire d'une vaste propriété, y fonda une
bibliothèque, dota.pl usieurs chaires et y fixa comme professeurs
des prêtres savants, qui se proposaient d'y passer leurs jours
dans la retraite, la prière et l'étude. Il consacra à cette œuvre
des sommes considérables, tant de sa fortune que des biens de
sa famille et de ses amis.
Bientôt le séminaire de Valognes fut plus fréquenté que
celui de Coutances. On y soutenait des actes publics, comme
dans les collèges les plus fameux. Il n'en fallut pas tant pour
donner en peu de temps à cette maison une grande réputation.
On y recevait du Cotentin et des contrées voisines bon nombre
d'étudiants admis gratuitement ou moyennant une pension
très modique. Chacun y portait l'habit ecclésiastique, ce qui
permettait au séminaire de faire les offices comme dans une
cathédrale et avec un clergé composé de quarante ou cinquante
ecclésiastiques.
Malheureusement l'esprit d'orgueil et l'amour de la nou-
veauté s'étaient infiltrés dans cette communauté naissante.
Après quelques années de cet état prospère, une accusation
de jansénisme vint peser sur le fondateur et sur son séminaire.
Claude Auvry, malgré l'éclat du séminaire de Valognes, ne
lui avait pas donné son cœur. Il permettait à ses ordinands de
s'y préparer aux ordres ; mais il ne trouvait point dans les
séminaristes de Valognes la solide piété, la modestie et le
recueillement qu'il remarquait dans ceux de la ville épiscopale.
— 43 —
Le séminaire de Valognes était, d'ailleurs, fort soupçonné
d'attachement au jansénisme et les faits ne justifièrent que
trop les craintes de l'administration épiscopale. Le P. Eudes
écrivait dès l'année 1660à M. Dupont, Supérieur du séminaire
de Coutances, de se tenir en garde contre le séminaire de
Valognes qui passait pour être infesté de jansénisme. La lettre
est du 28-juillet 1660 et datée de Paris.
En voici le contenu:
• J'ay appris qu'un jeune homme que son père a envoyé
chez nous, à Coutances, pour demander à Dieu sa vocation,
désirant d'aller à Valognes pour y estudier en théologie, a
escrit à son père qu'il y a grande amitié entre ce séminaire-là
et celuy de Coutances et que vous l'avez assuré qu'il n'y a
point de danger. Ce qui a fort surpris ce père, à raison de ce
que l'on dit du Séminaire de Valognes. Si vous avez donné ce
conseil, vous l'avez fait bonnement, et parce que vous ne
savez pas en quelle réputation est ce séminaire qui passe icy,
dans l'esprit de la Reyne, de la Sorbonne et de plusieurs
autres, pour être infecté de Jansénisme. C'est pourquoi cela
est capable de nous faire grand tort et de nous faire croire ce
qu3 nous ne sommes pas, grâce à Dieu. Je vous prie donc, mon
très cher frère, de réparer cela le mieux que vous pourrez,
sans dire à qui que ce soit que je vous aie escrit. »
On voit par cette lettre combien le P. Eudes était jaloux de
sa réputation et de celle de sa Congrégation, au sujet des nou-
veautés du jour; mais on y voit aussi la raison pour laquelle
Pévêque de Coutances avait incomparablement plus d'estime
et d'affection pour le séminaire de Coutances que pour celui
de Valognes. Celui-ci avait de l'éclat et une mauvaise
réputation au point de vue de la doctrine ; dans l'autre, il
constatait une vertu solide jointe à une simplicité aposto-
lique (1).
Une enquête faite par Mgr Leclerc de Lesseville, évoque de
\ 1; Lecointe, Vie du /?. P. Jean Eudes, T. II, p. 30.
— 44 —
Ce u tances, se termina sans suite fâcheuse pour rétablissement,
mais sans dissiper les soupçons.
A peine Mgr Loménie de Brtennè eut-il été nommé au
siège de Coutances, en 1666, que,iM. delà Luthumière s'em-
pressa d'aller à Paris pour prévenir l'esprit du prélat en sa
faveur. Il fit si bien, avec l'abbé Bourgeois d'Héauville, son
ami et grand partisan, que l'évêque remit le jugement de
l'affaire après son entrée dans le diocèse. 11 attendit encore un
an après son installation, arrivée en 1668, avant de prendre
connaissance des plaintes qu'il recevait de plusieurs côtés sur
leur doctrine.
M. du Faocq (1) était l'un des prêtres du séminaire de
Valognes. Le fondateur, M. de la Luthumière, ne faisait pas
difficulté de le regarder « comme le meilleur confesseur qui
fut dans l'église de Dieu ». L'évêque de Coutances chargea ce
bon prêtre de lui faire un rapport sur l'esprit du Séminaire de
Valognes. M. du Faocq se vit obligé de convenir que la doc-
trine de Jansénius était la plus estimée dans la maison.
L'Evêque s'en plaignit dans un voyage qu'il fit à Valognes.
On lui promit tout, et quelques mois après son départ, on eut
l'inconvenance de congédier M. du Faocq, sans même pré-
venir le Prélat. De là grand étonnement de- M. de Brienne. Il
eut à Coutances des explications avec MM. de la Luthumière et
d'Héauville. Le prélat se plaignait surtout de la conduite et de
la doctrine de M. Burnouf, professeur de philosophie. Sa con-
clusion fut qu'il nommerait lui-même les professeurs du sémi-
naire de Valognes, comme son prédécesseur, M. de Lesseville,
l'avait fait déjà. Il ne put rien gagner sur ces esprits prévenus,
qui se laissèrent aller à plusieurs impertinences dans l'entre-
tien, au point de forcer les grands- vicaires présents à l'au-
dience à dire que l'on ne parlait pas ainsi à son supérieur.
En présence de tant d'entêtement, on en vint à un compro-
mis; d'une part on s'engageait à ne pas garder M. Burnouf
(1) Prononcez DuFocq,
— 45 —
au séminaire, et de l'autre il était convenu que M. du Faocq
n'y pourrait rentrer. A ces conditions, on admettrait les pro-
fesseurs choisis par le prélat.
Sur ces entrefaites, Mgr de Brienne publia un mandement
par lequel il obligeait les ordinands du séminaire de Valognes
à venir faire leur retraite au séminaire de Coutances. Ce fut
un coup de foudre pour M. de la Luthumière. 11 porta partout
ses plaintes, mais il fut obligé d'obéir. Plus tard se relâchant
de sa sévérité, Mgr de Brienne permit au Supérieur de Valo-
gnes de faire la retraite de dix jours à ses ordinands. En 1672,
il appela M. de Guer ville, curé de Notre-Dame de Caen^ pour
en prêcher les exercices. Il ne fut pas difficile au prédicateur
de constater le jansénisme dont était infestée la maison. Il
dénonça les directeurs de Valognes à leur évêque. Grandes
étaient leurs préventions contre le chef du diocèse, contre le
séminaire de Coutances qu'ils accusaient, d'être la source du
mal, contre le nouvel archidiacre, M. Blouet de Camilly, qui
venait d'être promu à l'archidiaconé du Cotentin. Tel était
l'état d'esprit à Valognes, lorsqu'arriva M. Marion, licencié
delà Faculté de Paris, ecclésiastique que Mgr de Brienne déta-
chait de sa propre maison, pour lui confier une chaire de théo-
logie dans le séminaire suspecté.
Sur soixante-quatorze bacheliers auxquels on l'avait pro-
posée, pas un n'avait voulu se dévouer. L'installation de
M. Marion eut lieu en 1673. Moins de six semaines après,
M. de la Luthumière lui fit un affront public, en allant le
trouver à sa chambre, en compagnie de plusieurs ecclésias-
tiques de la maison, et lui lut un billet rempli de reproches
où il articulait ses griefs contre le nouveau professeur.
Sur cinq chefs qu'il renfermait, un seul vaut la peine d'être
relevé, parce qu'il fut le seul dontl'évêque voulut avoir l'éclair-
cissement. Les quatre autres, au jugement du prélat, n'étaient
que bagatelles. Le billet portait que M. Marion avait défendu
à ses écoliers de s'adresser aux confesseurs de la maison. Rien
de plus correct que la conduite du professeur incriminé. Un
- 46 —
de ses collègues avait soutenu avec force, devant lui et plu-
sieurs étudiants, que « les livres n'avaient point de sens et que
le lecteur leur donnait celui qu'il voulait ». M. Manon, sans
se départir des règles d'une honnête conversation, fît toucher
au doigt l'absurdité d'une pareille maxime, et comme son
interlocuteur insistait, il ne put s'empêcher de dire qu'il
s'étonnait qu'un homme entre les mains duquel reposait le
soin des âmes, pût avancer de tels principes. Il ajouta qu'il
ne consentirait jamais à se confesser à un homme de ce carac-
tère. Consulté par un élève pour savoir s'il devait continuer à
s'adresser à ce confesseur, M. Marion l'en avait dissuadé.
On sut bientôt que les confesseurs du séminaire refusaient
l'absolution aux ordinands qu'on savait être du sentiment de
M. Marion. Ces contestations ayant fortement échauffé les
esprits aux approches de l'ordination, Mgr de Brienne refusa
d'y admettre ceux qui avaient manqué aux égards dus à
M. de la Luthumière. Il distingua en deux catégories les
ordinands du parti opposé à M. Marion. Il ajourna ceux qui
s'étaient trop compromis par leur ardeur, et il voulut bien
user d'indulgence envers ceux qui n'avaient pas aussi claire-
ment manifesté leur attachement aux fausses doctrines. Le
prélat révoqua en outre le professeur, chef du parti (1).
Mais le Supérieur et M. d'Héauville ne tinrent aucun
compte de cette révocation formelle. Ils allèrent jusqu'à char-
ger le professeur révoqué par l'évêque du cours de M. Marion.
C'était le comble de l'insolence et de la rébellion. Le Prélat
comprit qu'il ne pouvait plus se contenter des demi-mesures
et des compromis. En présence d'un tel attentat voulu à son
autorité ouvertement méprisée, il dénonça ce professeur aux
élèves. Sur vingt-deux ordinands de son diocèse, un seul con-
tinua de se regarder comme son disciple, au mépris des aver-
tissements de l'Evêque. Ce fut un coup terrible pour le sémi-
naire. Mais les directeurs, au lieu de se soumettre, en appelè-
(1) Il s'appelait M. Eustace.
— 47 —
rent au jugement de la Cour elle-même. Mgr de Brienne eut à
rendre compte de sa conduite devant l'archevêque de Paris,
commis à cet effet par le Roi, et devant Parchevèquede Rouen
et ses suffragants. Il n'eut pas de peine à se justifier. En consé-
quence, le séminaire de Valognes fut évacué par ordre du Roi,
en 1675. C'est à cet interdit que fait allusion Santeuil dans
les vers suivants :
Religiosus honos, pielas, bona fida magistri
Extraxere sacras, plandens quas conspicis œdes,
Vallonea, invidiae stimulis, at cedere, simplex
Qaae novit virlus, optatis exulal oris
Exulat, et pu g i les Chrisli jam luget ademptos.
M.. de la Luthumière demeura seul au Séminaire avec son
chapelain.
11 est impossible de laver le Supérieur du reproche d'atta-
chement au jansénisme. Deux prêtres de la secte, mettant à
profit sa piété, abusaient de sa simplicité. Ils le faisaient agir
à leur gré, sous prétexte que la docilité du saint Enfant Jésus
était le plus sûr moyen d'arriver à la perfection. D'un esprit
peu étendu et d'un caractère entêté, il se laissa subjuger jus-
qu'à la fin par les gens du parti. Aussi le regardaient-ils
comme un de leurs appuis les plus fermes. Ils lui avaient fait
une réputation extraordinaire de science et de vertu, Un de
ses admirateurs écrivait le 15 mai 1699 : « M. de la Luthu-
mière est mort ; magnum lumen extinctum est in Is-
raël. »
Il mourut d'apoplexie, au Séminaire de Valognes, le 15
septembre 1699, à l'âge de 82 ans. Il fut inhumé dans le chœur
de l'église de sa communauté. Par testament, il avait légué
sa maison et son mobilier aux Pères de l'Oratoire. Mais M. de
Loménie de Brienne ne put y consentir. De là un procès suivi
d'une transaction acceptée par le comte de Creully, héritier du
testateur. Par cet arrangement, la maison de Valognes restait
- 48 —
à l'Evêque, pour être dirigée par des prêtres diocésains, sous
son autorité (1).
On avait fini par comprendre que le Séminaire de Valogues
n'était plus qu'une succursale de Port- Royal. En nommant
M. Blouet de Camiily archidiacre du Cotentin, l'évêque de
Coutances avait voulu avoir un homme de confiance pour se
reposer sur sa prudence du soin qu'il fallait prendre de cette
partie de son diocèse, où l'on pouvait craindre que la contagion
de la doctrine du Séminaire de Valognes ne vint à se répandre.
A dater de ce moment, le Séminaire devint uniquement une
maison d'étude et de retraite. C'est là que Masseville, né en
1648, à Montebourg selon les uns, à Joganville selon
d'autres, composa son Histoire sommaire de la Province de
Normandie, 8 vol. in-12, Rouen 1690. L'ouvrage eut une
réédition, en 1722 (2).
Le Séminaire de Valognes reprit ses exercices en 1703 par
les soins de M. de Laillier, docteur de Sorbonne, curé et officiai
de Valognes. La réouverture de cet établissement devait rendre
un signalé service au diocèse de Coutances, dans un temps
où l'on n'avait plus rien à craindre de l'ancien ferment de
jansénisme qui s'y était abrité trop longtemps.
Peu de temps après cette réouverture du Séminaire,
François Dallet, natif de Cherbourg, vint suivre les cours de
philosophie et de théologie dans cette maison. M. de Laillier,
Supérieur du Séminaire, ayant discerné dans son élève un
sujet d avenir pour le professorat, l'envoya passer un an au
Séminaire de Saint-Sulpice. Il étudia en Sorbonne où il suivit
le traité de l'Eglise sous le célèbre Tournely. A Saint-Sulpice,
comme à Valognes, le jeune Dallet se montra plein de sagesse,
de recueillement et de gravité. Devenu prêtre, il donna son
temps et ses soins au Séminaire de Valognes, dont il partageait
(1) Annuaire de la Manche, 1833, p. 278; Les Fleurs de la
Congrégation de Jésus et de Marie, t. II, p. 743.
(2) Annuaire des cinq départements de V ancienne Normandie,
1845, 11° année, p. 389.
- 49 —
la direction avec M. de Laillier, absorbé par mille autres soins
divers. 11 fut nommé professeur de théologie, tout en conti-
nuant d'exercer la charge de préfet des études et de directeur.
Plus tard, la ville ayant demandé l'union de son Collège au
Séminaire, Jean-François Dallet devint directeur de ce double
personnel et fut déchargé du cours de théologie.
En 1722, Mgr Léonor de Matignon mit le curé de Valognes
au nombre des vicaires généraux, tout en lui laissant sa cure
et ses deux archidiaconés du Bauptois et du Cotentin; M. de
Laillier avait obtenu du Saint-Siège la permission de cumuler
sa cure avec ses deux archidiaconés. Cependant il en eut
toujours quelque peine et il conserva longtemps dans l'esprit le
projet de les abandonner. C'est ce qu'il fit le 16 janvier 1725,
en remettant sa démission entre les mains du comte de
Toulouse.
Après sa démission, M. de Laillier se retira dans le Sémi-
naire de Valognes, dont il était Supérieur depuis la réouverture
de la maison . Celle-ci avait vu refleurir ses cours de philosophie
et de théologie sous son habile direction. Le digne vieillard
vivait depuis trois ans dans cette pieuse retraite, lorsqu'il y
mourut subitement, dans sa 88 e année, le 30 avril 1728.
M. Dallet lui succéda cette année même en qualité de
supérieur du Séminaire. Il ne devait garder cette charge que
deux ans, car ce fut le 1 er décembre 1729 que Mgr de Matignon
confia le Séminaire de Valognes à la Congrégation des Eudistes.
Alors M. Le Clerc, premier supérieur Eudiste, remplaça
M. Dallet dans le gouvernent de la maison. L'ancien directeur
y resta à titre de pensionnaire. Il prit ensuite quelque emploi
au Collège Louis-le -Grand, à Paris, et devint Eudiste en 1733.
Après son incorporation dans la Congrégation de Jésus et de
Marie en 1733, il revint à Valognes prendre la supériorité qu'il
exerça durant dix ans, c'est-à-dire jusqu'à sa mort, arrivée le
7 février 1743.
Trigan nous a laissé de ce prêtre distingué un portrait très
flatteur : « Il était d'une taille avantageuse, d'une figure
4
— 50 —
agréable et modeste. Il étoit littérateur et avoit de l'aptitude
pourléchant et le dessin. Il avoit l'esprit juste, étendu, péné-
trant, avec une mémoire heureuse et tenace. Il s'est acquis
dans la région une certaine célébrité comme professeur de
théologie. Bon connaisseur en littérature, il en possédoità fond
les sources. Il avoit acquis une telle connaissance des ouvra-
ges que, en toute matière, il pouvoit indiquer les auteurs, les
éditions, les tomes, les chapitres et même la page, ou du
moins, il avoit sur toutes choses des idées si bien coordonnées
qu'en un moment il avait trouvé les renseignements qu'on lui
demandoit (1).
Le noviciat de la Congrégation des Eudistes avait été trans-
féré à Caen de la maison de Launay, au diocèse de Coutances,
en 1739, mais M. Cousin, supérieur général, le transféra au
séminaire de Valognes, en 1751.
Ce séminaire eut pour supérieur en 1763, M. François-Pierre
Du mont, Supérieur général de la Congrégation des Eudistes.
Né à Clécy, dans le diocèse de Bayeux, en 1723, il était entré
dans la Congrégation en 1745. De 1748 à 1753, il avait professé
la théologie dans les séminaires de Seez et de Rouen. De 1763
à 1770, il gouverna le séminaire de Valognes de manière à
mériter l'estime et la considération générale. Il ne quitta cette
maison que pour devenir Supérieur du séminaire de Coutances,
en 1770.
M. Jean Anger lui fut donné comme successeur à Valognes
en 1770. Jean Anger, né à Saint-Gilles d'Evreux, le 15 no-
vembre 1727, était entré chez les Eudistes, en 1754. Il avait
alors 26 ans. Après avoir professé dans le séminaire de Caen,
il fut nommé Supérieur du séminaire de Valognes. Il inter-
rompit son séjour à Valognes, pendant les deux années 1776
et 1777 qu'il avait passées à Caen.
Le nouveau Supérieur était fort instruit dans toutes les
branches de la science ecclésiastique, mais il était d'une
(1) Trigan, Vie et Vertus de M. Paie, Coutances 1747, p. 406.
— 51 —
simplicité qui allait jusqu'à la naïveté, et portait à rire de sa
personne. Il garda son poste, à Valognes, jusqu'en 1786,
époque à laquelle il fut donné comme successeur à M. Lc-
frunc, Supérieur du séminaire de Coutances.
Un des derniers élèves du séminaire de Valognes fut
François-Gabriel Le Courtois, né à Tirepied, au diocèse
d'Aranches, en 1763 ; i) reçut la tonsure en 1784. Il entra
aussitôt après dans la Congrégation des Eudistes et habita
depuis lors jusqu'en 1792 la maison de Valognes. Il fut
ordonné prêtre à Baveux, en 1792, et il ne quitta pas le
séminaire de Valognes (1) avant le mois de septembre 1792.
Comme tous ses confrères, il avait refusé de prêter le serment
schisraatique. Il passa au Canada en 1794. Il y mourut
saintement le 18 mai 1828, âgé de 65 ans (2).
CHAPITRE IV
SÉMINAIRE D'AVRANCHES
Dans la seconde moitié du xvn e siècle, trois prêtres du
diocèse d'Avranches résolurent de fonder un séminaire diocé-
sain, suivant les pressantes prescriptions du concile de Trente.
Ces trois prêtres étaient MM. Gombert de la Garde,
Leprieur et Hantraye.
Hobert Gombert, fils de Hervé Gombert, sieur de la Garde,
ttait originaire de N.-D. de Livoye, d'où cette famille ne tarda
Pas à preudre le nom de Gombert de Livoye (3).
Aune enfance pieuse et destinée à l'Eglise succéda pour lui
(I) L'ancien Séminaire de Valognes, devenu l'un des trois
Petits séminaires du diocèse de Coutances, fut dirigé par les
KR.PP. Eudistes depuis 48S3.
<-) Les I leurs de la Congrégation de Jésus et de Marie, t. II,
P. 1113.
Œ) Sa vie a été écrite par Jean de Belle-Etoile, conseiller et
a *ocat du Roi aux juridictions d'Avranches.
— 52 —
une jeunesse mondaine, à Paris, où il passa pour être une des
meilleures èpées de son temps. La fin tragique de son plus
intime ami qui fut tué dans un duel en tuant lui-même son
adversaire, le rappela à sa première vocation, et son oncle
paternel résigna en sa faveur la cure de Saint-Martin-des-
Champs ou Saint-Martin-lès-Avranches.
Dans son nouvel état, l'abbé Gombert conservait encore
certain goût du monde, que René Leprieur, curé de la Gohan-
nière, travaillait à extirper de son cœur. Les efforts de ce
fervent ami furent couronnés de succès. M. Gombert s'adonna
à une vie vraiment parfaite, jeûnant, priant, faisant d'abon-
dantes aumônes, ne mangeant que du pain noir, couchant sur
la dure, et passant une partie des nuits à psalmodier son office
dans son église, et k visiter ses pauvres malades, auxquels il
rendait, dans ces heures de solitude et d'abandon, les soins les
plus rebutants.
Son zèle se développait dans la même mesure que sa vertu,
et il pensa à fonder un séminaire dans son presbytère, de
concert avec l'abbé Leprieur et M. Hantraye, curé d'isigny-
les-Bois ou Pain-d'Avaine.
Jean Hantraye, né vers 1620, au Mesnil-Thébault, avait été
précepteur du prince de Guéménée et du chevalier Louis de
Rohan, son frère. On lui avait offert ensuite le préceptorat du
futur cardinal de Bouillon. Il l'avait refusé pour se livrer au
ministère pastoral. Ce fut sur ses indications que Ton choisit
pour ce poste René Le Sauvage, de Granville, qui fut depuis
évoque nommé de Lavaur et de Bayeux. L'abbé Hantraye
refusa trois fois par humilité un canonicat dans la cathédrale
de Paris, et, à l'âge de 35 ans, après avoir passé quelque
temps au presbytère de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, plein de
science et de l'esprit ecclésiastique que M. Bourdoïse commu-
niquait à ses disciples, il fut promu au sacerdoce. En 1659, le
marquis d'Isigny le présenta à la cure de cette paroisse. Il
devint syndic des curés du diocèse et doyen de Saint-Hilaire-
du-Harcouët. Il était fort instruit, et il avait enseigné les
— 53 —
mathématiques et l'hébreu aux évêques d'Héliopolis et de
Béryte, destinés aux missions de la Chine.
René Leprieur avait été curé de Mongothier, avant d'être
nommé à la Gohannière. Il devait mourir en odeur de sainteté
après avoir été doyen de Saint-Hilaire-du-Harcouët.
Préparés ainsi par des voies diverses à l'œuvre providen-
tielle de la fondation du séminaire, ces trois prêtres s'adres-
sèrent à Mgr Gabriel de Boylesve, qui accueillit leur demande.
Il annonça cette bonne œuvre dans un mandement daté de
Paris, le 8 mai 1666.
Par un second mandement du 20 décembre de la même
année, le Prélat annexa au nouveau séminaire la prébende de
Haut-Manoir et la cure de Saint- Martin, d'après un acte du
18 octobre, qui avait réglé cette importante affaire avec le
Corps de Ville.
L'église Saint- Martin-des-Champs était peu considérable
par sa structure et ses revenus (1). Son clocher en bâtière
formait un triangle avec les tours, assez semblables, de N.D.-
des-Champs et de Saint-Saturnin.
Les actes de 1666 semblaient avoir réglé l'établissement du
séminaire d'Avranches. Il n'en fut rien.
Des difficultés surgirent de divers côtés, et Mgr de Boylesve
mourut au mois de décembre 1669, sans avoir pu terminer
cette fondation.
Son successeur, Mgr de Froullay de Tessé leva les diffi-
cultés soulevées par le mauvais vouloir de plusieurs ecclé-
siastiques opposés à toute réforme, et l'abbé Gombert de la
Garde se rendit à Paris pour obtenir des lettres -patentes de
Louis XIV. Voici ce que dira plus tard Daniel Huet de ces
lettres-patentes : « Pour parvenir auquel établissement, les
Evesques nos prédécesseurs avoient obtenu des lettres-patentes
de S. M. en date du mois de décembre 1669, enregistrées au
Grand Conseil le douzième septembre 1680, par lesquelles
il) D r Cousin, BlemoireSy t. XUI, p. 17.
— 54 —
S. M. approuvent, confirmoit et aulorisoit l'institution et éta-
blissement qu'ils avoient fait du Séminaire dans la paroisse
de Saint-Martin-des-Champs, unissoit la cure et revenu
d'icelle avec la prébende préceptoriale de Haut-Manoir et le
Collège audit Séminaire, permetioit de lever la somme de
mille livres par an sur le clergé du dit diocèse, et autres per-
missions contenues dans la dite lettre » .
Le séminaire s'ouvrit dès 1669, et comme le presbytère
était insuffisant pour loger les ordinands, on leur permit d'ha-
biter en ville.
Un des auxiliaires de M. Gombert, dans la direction du
séminaire d'Avranches, fut M. Nicolas Montier, né en 1530,
à Isigny, au diocèce d'Avranches. Après avoir exercé le
ministère à l' Hôtel-Dieu de Paris, il devint vicaire de sa pa-
roisse natale, et M. llanfraye, curé de cette paroisse, son com-
patriote et son ami, s'applaudit de l'avoir appelé dans ce
poste pour seconder les efforts de son zèle.
Bientôt la Providence lui fournit l'occasion de se dépenser
tout entier à l'instruction des jeunes clercs, en le faisant entrer
dans le séminaire épiscopal d'Avranches. Autant il avait su
porter les fidèles à la pratique des maximes de T Evangile,
autant il parut propre à conduire les ecclésiastiques à la per-
fection de leur état. Ses vertus brillèrent dans un nouvel éclat.
Le bon exemple qu'il donnait aux jeunes clercs, les conférences
pathétiques et touchantes qu'il leur faisait, les cérémonies
qu'il leur apprenait et la manière dévote avec laquelle il pra-
tiquait toute chose, firent que plusieurs se remplirent du véri-
table esprit ecclésiastique, à l'école d'un si bon maître. Il
quitta ses fonctions en 1675, pour prendre possession de la
cure de Saint-Hilaire-du-Harcouët (1).
11 est difficile d'assigner une place, parmi les premiers su-
sérieurs du séminaire d'Avranches à messire Jean Barthélémy
Le Breton, curé de Mcsniltôvc et doyen rural. Cependant, si
(i) Grandet, Les Saints Prêtres Français, l re série, p. %H.
— 55 —
nous considérons les dalles de l'église de Mesniltôve comme
les feuillets d'un livre, nous y lisons sur une tombe l'inscrip-
tion suivante :
t Noble et discrète personne, M re Jean Barthélémy Le
Breton, curé de Mesniltôve, doyen rural, supérieur du sémi-
naire, père des pauvres dans sa vie, et qui les a fait ses héri-
tiers à sa mort, décédé le 2 février 1711 » (1).
Une terrible dysenterie décima la population de l'Avran-
chinen 1676. M. Gombert, à l'exemple du grand Apôtre, pro-
digua ses biens et sa personne au service des malades, et
comme le bon Pasteur donna sa vie pour ses brebis. Il suc-
comba au fléau le 8 septembre 1676, à l'âge de 63 ans, et il
fut inhumé au portail de son église sous une dalle de granit.
Il eut pour successeur M. Hantraye qui cumula les fonc-
tions de curé et de supérieur du séminaire. Il y ajouta même
la charge de principal du collège en 1683, après la mort de
Sébastien Dodeman, chanoine, vicaire général, qui fut inhumé
dans l'église de N. D. des Champs, le 7 avril. M. Hantraye,
supérieur du séminaire et principal du collège, mourut le
12 mars 1693.
Dès le 27 du même mois, Daniel Huet qui avait succédé à
Mgr de Froullay de Tessé, confia ces deux établissements aux
prêtres de la Congrégation de Jésus et de Marie, vulgairement
appelés Eudistes.
Le savant évèque donne à cet effet une ordonnance conser-
vée parmi les archives de l'ancien èveché d'Avranches. Après
avoir rappelé ce que ses prédécesseurs avaient fait pour réta-
blissement du Séminaire, il ajoute :
« Mais n'ayant pas encore donné toute la forme requise et
nécessaire à cette sainte institution, nous avons fait dessein
de la conduire à sa perfection, autant que nous pourrons, et
pour en venir à bout nous n'avons cru n'y pouvoir mieux
réussir qu'en donnant le soin et la conduite dudit séminaire à
(1) Annuaire de la Manche, 1885, p. 33.
— 56 —
des personnes expérimentées qui eussent depuis longtemps la
direction de plusieurs autres séminaires, vivant en union et
congrégation, afin que par le commerce qu'ils ont les uns
avec les autres, ils fussent plus en état de se secourir dans le
besoin. Et comme nous connoissons les particulières bénédic-
tions que Dieu a données aux presbtres de la Compagnie et
Congrégation établie par l'autorité du Roy et NN. SS.les Arche-
vesques et Evesques, dans les villes de Rouen, Caen,Evreux,
Lisieux, Coutances et Rennes, sous le titre de Presbtres de la
Congrégation de Jésus et de Marie, tant pour la conduite des
séminaires que pour l'exercice des Missions et autres fonctions
ecclésiastiques, nous avons aussi pris le dessein de nous
servir des mûmes presbtres. Pour cet effet, nous déclarons par
les présentes signées de notre main, confirmer, approuver et
autoriser, confirmons, approuvons et autorisons l'institution
faite dudit séminaire dans la paroisse de Saint-Marlin-des-
Champs et la réunion qui a été faite avec iceluy, tant de la
cure que de la principauté et du collège de la ville, en vertu
des lettres patentes de S. M., et avons donné la conduite
dudit séminaire aux dits presbtres et à leurs successeurs, repré-
sentés par messire Jean-Jacques Blouët de Camilly, Supérieur
général de la dite Congrégation, stipulant et représentant pour
iceux, avec les jouissances de toutes les maisons, jardins,
revenus et droits, appartenant tant audit séminaire qu'à ladite
cure et audit collège, ainsy que de la pension de mille livres
par an créée sur le clergé et des autres droits contenus dans
lesdites lettres du Roy, et accord faict avec la ville, aux condi-
tions que le Supérieur de ladite Congrégation aura soin de
mettre et entretenir un Supérieur avec un nombre suffisant
d'ecclésiastiques et autres personnes nécessaires pour ledit
Séminaire, auxquels nous permettons de vivre en commu-
nauté pour faire toutes les fonctions, tant du Séminaire que de
la cure cl paroisse ainsy que de la Principal ité ou Préfectme
dudit Collège, d'y mettre les Régents etdclesostoravecnostrc
approbation, sans néantmoins que le Principal dudit Collège,
— 57 —
ni autre à raison de la préceploriale qui y est annexée, puisse
prétendre le droit de porter les Draps dans l'église cathédrale.
Laissons la liberté au Supérieur de ladite Congrégation de
réunir les fonctions du Séminaire, de la Cure et du Collège
en une seule personne ou les séparer en une ou deux diffé-
rentes. Nous voulons aussy que le Supérieur de ladite Congré-
gation puisse changer de fois à autre, comme de trois ou six
ans, le Supérieur de notre Séminaire et que ledit Supérieur
nouvellement nommé soit tenu de se présenter à nous ou à
notre Vicaire général pour être approuvé en sa charge, si bon
nous semble ; pareillement, que celuy qui sera choisy par le
Supérieur de ladite Congrégation pour faire les fonctions
curiales, et lequel il pourra changer quand, par infirmité,
vieillesse ou autrement, il le jugera à propos, sera obligé de
se présenter à nous ou à nos Vicaires généraux pour recevoir
de nous sa commission que nous pourrons révoquer ou pro-
longer quand il nous plaira. Et au cas que les trois fonctions
du Séminaire, de la Cure et du Collège fussent partagées
entre trois personnes différentes, nous entendons que ceux qui
auront l'administration de la Cure ou du Collège vivent dans
la dépendance du Supérieur dudit Séminaire, et par consé-
quent de celuy de ladite Congrégation. Permettons aux dits
presbtres de faire toutes les fonctions ecclésiastiques dans notre
diocèze, soit dans ledit Séminaire, Missions ou autrement ;
donnons aussy la faculté aux dits presbtres d'en associer
d'autres, par nous approuvez pour travailler avec eux... Et
d'autant que les choses unies sont toujours plus fortes et se
soutiennent mieux que celles qui sont séparéez, et d'ailleurs
que S. M., dans les lettres patentes vérifiéez au parlement de
Rouen, ainsy que les Àrchevesques et Evesques qui leur ont
donné la conduite de leurs Séminaires leur ont permis de
vivre en union et congrégation entre eux, voulons que ladite
Communauté et Séminaire soit unie avec les séminaires de
Rouen, Caen, Evreux, Lisieux, Coutances, Rennes etautres...
« Donné à Avranches, en notre palais épiscopal, ce 27 de mars
— 58 —
1693, en présence de MM. Jules Macey et Robert Belin,
presbtres.
« f Pierre-Daniel Huet, évèquc d'Avranches. »
En vertu de cet acte, le P. Odot Lefebvre fut revêtu de la
triple charge de supérieur du séminaire, de principal du collège
et de curé de Saint-Martin.
Le 25 avril suivant, Mgr Huet, dans une clause addition-
nelle, expliqua que, si le sujet choisi par le supérieur des
Eudistes pour la charge de supérieur du séminaire et de
principal du collège, n'agréait pas à l'Évèque, ledit supérieur
général serait obligé d'en présenter un second, et qu'au cas où
ce second ne lui agréerait pas davantage, l'Évèque aurait le droit
d'en choisir un autre dans la Congrégation, lequel lui serait
accordé, pourvu toutefois qu'il ne fût pas engagé dans la
supériorité d'un séminaire. Cette clause, inspirée à Daniel
Huet par la crainte qu'un poste de cette importance fût confié
à un prêtre dont les sentiments seraient en désaccord avec ceux
de l'Evèque, fut acceptée par les PP. Lefebvre et Pierre
Jourdau des Hayes, représentant le P. de Camilly (1).
Le P. Odot Lefebvre eut pour successeur M. Le Granois,
qui fut nommé Vicaire général, le 17 avril 1698.
En 1703, le supérieur du grand séminaire d'Avranches
était M de Mauny. Nous le voyons, en l'église de Sacey, le
dimanche 4 novembre de cette année, prêcher à l'occasion de
l'ouverture d'une mission que dirigeait M. Dubois, supérieur
des missions du diocèse (2).
Parmi les professeurs distingués que compta le séminaire
d'Avranches, il faut citer M. Joseph Dufort, né à Ozeville,
près Montebourg. Il avait fait son droit, et il vint en 1717 au
séminaire d'Avranches. Il devait surtout se faire connaître à
Coutances, à partir de 1722, comme économe d'une très
grande valeur.
( 1 ) Deschamps du Manoir, Nouvelles feuilles détachées, p. 14t>, etc.
(2) Blouet. La vie de Messire Crestey, p. 40G.
— 59 -
C'est en 1743 que M. Cousin, supérieur général des Eudistes,
conclut l'union du séminaire de la Garlière avec sa maison
d'Avranches.
Pierre-Jean-Baptiste Durand de Missy, docteur de Sorbonne,
1746-1764, signala son épiscopat par la construction d'un
beau etgrand séminaire, à Avranches. Jusque là, les ordinands
du diocèse étaient répartis dans la ville, ce qui n'était pas sans
inconvénient pour la discipline. On put désormais les réunir
dans un édifice construit presque entièrement aux frais du
Prélat.
M. Nicolas Lair, né dans la paroisse du Gast, au diocèse
de Coutances, en 1731, passa 14 ans dans le séminaire
d 1 Avranches, à partir de 1770. Il ne quitta cette ville que pour
devenir supérieur du séminaire d'Evreux, en 1784 (1).
M. Thomas Guillot, né à Carcagny, au diocèse de Bayeux,
fut quelque temps supérieur du séminaire d' Avranches ; il
devait ensuite gouverner, en cette qualité, les séminaires de
Rouen et de Coutances. Il mourut supérieur du séminaire de
Lisieux en 1789. On était tellement pénétré de l'idée de sa
sainteté, qu'on ne tarda pas à venir en pèlerinage à son tom-
beau, et les mauvais jours de la Révolution n'empêchèrent
pas ces manifestations (2).
Mgr de Belbeuf devait terminer la série des évoques
d'Avranches. En 1777, le 13 novembre, il rendit une Ordon-
nance pour les examens et ordinations. Voici les principales
dispositions de ce règlement : « 1° A l'avenir, on n'admettra
à la tonsure cléricale que ceux qui auront achevé leurs cours
do philosophie, en sorte qu'ils ne prendront part qu'à l'ordina-
tion de la Pâque qui suivra la fin de leurs cours. Ils seront
tenus de faire quinze jours de séminaire et la retraite de dix
jours préparatoire à l'ordination.
« 2° On sera tenu à quatre mois de séminaire, qui commence-
ront le 1 er octobre, pour les ordres mineurs et le sous-diaconat,
(l) Les Fleurs de la Congi égalionde Jésus et Marie, t. II, p 887.
I*) lbid.,ip. 8«J4.
— 60 -
qu'on recevra tous ensemble. Pour le diaconat et la prêtrise, le
séminaire commencera la veille de la Toussaint. « Viennent
ensuite des dispositions relatives à l'époque et à la matière des
examens théologiques.
L'ordination du 20 décembre 1777 fut peu nombreuse à
Avranches. L'abbé Denis-Olivier Renaudeau, de Granviile,
qui a laissé une mémoire bénie, y reçut la prêtrise (1).
Le séminaire d'Avranches avait déjà un siècle d'existence,
et l'internat des ordinands prolongé pendant plusieurs années
n'était pas encore en usage. Tout ce que l'on pouvait obtenir,
dans le diocèse d'Avranches, à la veille de la Révolution,
c'était, indépendamment des dix jours de retraite préparatoire à
l'ordination, une présence de quinze jours dans la maison pour
les tonsurés, de quatre mois pour les ordres mineurs et le
sous-diaconat, et de quelques mois au plus pour le diaconat et
la prêtrise.
On conçoit dès lors que le Supérieur de ce séminaire put
cumuler avec ses fonctions celles de principal du Collège et
de curé. Une vie d'homme était loin d'être absorbée par les
obligations du séminaire.
L'église Saint-Martin-des-Champs, à laquelle était annexé
le séminaire naissant, fut démolie en 1806. Il n'en reste plus
aucun vestige, pas plus que du séminaire construit par Mgr
Durand de Missy. La rue du Séminaire et la rue et la chasse
Saint-Martin en rappellent seules la mémoire (2).
CHAPITRE. V.
SÉMINAIRES RURAUX.
1. — Séminaire de la Garlière.
Gabriel de la Robichonnière naquit vers l'an 1667, dans le
dioci*se d'Avranches. Il fut élevé dans la paroisse de Saint-
(\) Deschamps du Manoir. Nouvelles feuilles détachées, p. 183.
(H)Ihid., p. MO.
— 61 —
Laurent-de-Cuves, au lieu nommé de la Bréttairie. Son père,
Jacob de la Robichonnière, sieur de la Bréhairie, était conseil-
ler du Roi, lieutenant civil et criminel en l'élection de Morlain.
Il jouissait d'une grande aisance. Gabriel avait trois sœurs,
qui furent élevées comme lui dans les sentiments de la piété ;
il avait perdu sa mère élant encore en bas-âge. Son père ne le
destinait pas à l'état ecclésiastique. Mais Dieu n'avait donné
de goût au jeune de la Robichonnière que pour la cléricature,
et il y entra contre le gré de son père, à l'âge de 21 ans.
Il suivit, à Paris, les cours de l'Université. En 1694, le
11 décembre, Mgr Daniel Huet, évoque d'Avranches, permit,
de Paris, à l'abbé de la Robichonnière de recevoir la prêtrise
des mains de Charles-François de Loménie de Brienne,
évêque de Coutances. Il fut ordonné prêtre à l'ordination de
Noël 1694.
Peu de temps après, parvenu au grade de docteur en philo-
sophie et en droit canon, il revint définitivement à Saint-Lau-
reut-de-Cuves, où il accepta le modeste emploi de vicaire de la
paroisse. Très zélé dans son ministère, le bon prêtre s'occupait
particulièrement des vocations ecclésiastiques qu'il cultivait
avec soin.
Son père, dépité de voir ses espérances trompées, prit le
parti de se remarier dans un âge avancé. M. Gabriel de la Ro-
bichonnière baptisait une nouvelle sœur, le 3 août 1700, dans
l'église de Saint-Laurent-de-Cuves.
Il allait se montrer très généreux et très patient à l'égard
de cette jeune sœur, qui ne devait pas tardera le molester et à
le tourner en dérision. Elle affectait de l'appeler en public:
M. Le Sot. C'était, en effet, le nom de famille des La Robi-
chonnière. L'humble prêtre ne tint rancune, ni à son père
qu'il prépara à une mort édifiante, nia sa sœur à laquelle il
procura un établissement avantageux.
Le soin de sa famille ne l'empêchait pas de se livrer avec
dévouement aux œuvres de zèle. Il entreprit, dès l'année 1700,
la fondation d'une communauté destinée à former des insti-
— 62 —
tutrices. Cette maison, dont il conserva la direction toute sa
vie, fut bâtie sur la paroisse de Saint-Laurent-de-Cuves ; elle
fut fondée et dotée par Gabriel de la Robichonnière.
Mais la principale fondation de ce saint prêtre fut le sémi-
naire de la Garlière, en la même paroisse. Cet établissement
était destiné à des séminaristes pauvres et devait servir de
maison de retraite à des prêtovs infirmes.
Le 16 mai 1708, Pévêque d'Avranches, Mgr de Querohënt
de Coentanfao posa la première pierre de cette maison ; mais
l'ordonnance épiscopale qui établissait le séminaire de la
Garlière est du 20 octobre 1706. Par le même acte, le Prélat
chargeait de la direction du séminaire, des retraites, des mis-
sions et de rinstruct : on des jeunes clercs, MM. de la Robi-
chonnière, fondateur, Jean Lecordier, promoteur de l'of ficia-
lité, Jullien Vaullegeard, curé de Champcey, doyen rural de
Genêts, Thomas Pinel, curé de Braffais, et Pierre Pihan, vi-
caire de Champcey, qui tous souscrivirent Tacte épiscopal le
16 mai 1907.
M. de la Robichonnière, tout en conservant le titre de
vicaire de Saint-Laurent-de-Cuves, cessa d'en exercer les fonc-
tions en 1709.
La construction du séminaire et la direction de sa commu-
nauté de filles paraissaient dès lors absorber tous ses soins. Ces
entreprises lui valurent beaucoup de contradictions de la part
de sa famille.
Les deux premiers supérieurs du séminaire de la Garlière
furent MM. Vaullegeard et Le Cordier. Le troisième supé-
rieur fut le fondateur lui-même, qui fut ensuite élu tous les
trois ans.
C'est sous la direction des prêtres de la Garlière que se fai-
saient les retraites annuelles des ecclésiastiques, agrégés au
Tiers-Ordre du Carmel par Jean Dubois. Les exercices se
firent à la Garlière jusqu'en 1735.
Le fondateur assura l'avenir de sa communauté en l'unissant
à celle des Eudistes d'Avranches. L'acte d'union est du 8 août
- 63 -
1743. L'union consommée, M. Cousin, Supérieur général des
Eudistes, laissa au fondateur le litre de Supérieur du sémi-
naire de la Garlière. M. de la Robichonnière ne le garda pas
longtemps ; il décéda le 22 août 1743.
Ce bon prêtre n'avait pas le talent de la parole, mais il avait
le don d'inspirer le goût de la piété et de bien diriger les âmes
dans la pratique de la vertu. Le souvenir de sa charité envers
les pauvres n'est pas encore éteint dans la contrée (1).
II. — Séminaire de Brouains.
Michel Auger, né à Vengeons en 1620, est une des gloires
de l'ancien diocèse d'Avranches au xvn e siècle. Il fut nommé
curé de Brouains, vers l'an 1650. Il y établit un séminaire, le
premier qu'on vit dans le diocèse.
On se fera une idée juste de ce qu'étaient les séminaires à
cette époque, en lisant l'ordonnance de Pévêque de Séez, Fran-
çois Rouxel de Médavy, datée du 16 octobre 1674. En voici la
teneur :
« Nous ne recevrons à l'avenir aucuns enfants à la tonsure
qu'ils n'aient atteint l'âge de 12 ans et donné quelque marque
de leur vocation à l'état ecclésiastique, ni aux ordres mineurs
qu'ils n'en aient 16 accomplis, et les uns et les autres,
auparavant leur promotion, feront huit jours de retraite au
Séminaire ; ils porteront les cheveux courts, la tonsure, avec
un habit conforme à leur profession et qui les puisse distinguer
des laïques ; et aux jours de fêtes et dimanches, ils porteront
la soutane et le surplis, assisteront au service divin et feront
les fonctions de clerc dans les églises de leurs paroisses pendant
qu'ils y seront résidants. Nous n'admettrons aucun à l'ordre
sacré de sous-diacre qu'il n'ait achevé son cours de philoso-
phie, qu'il n'entende bien le latin, ne sache tout ce qui con-
(1) Mémoires de la Société d'Archéologie d'Avranches, T. II, p.
139. — Le* fleurs de la Congrégation de Jésus et Marie, T. II, p. 666,
— 64 —
cerne Tordre auquel il prétend, et passablement le plain-chant.
Et, à l'égard des ordres de diacre et de protre, nous n'y rece-
vrons que ceux qui auront fait quelques années de théologie,
appris les cérémonies de l'Eglise et qui sauront parfaitement
le plain-chant; et tous, avant que d'être ordonnés, feront une
demeure de trois mois pour chaque ordre au Séminaire, les
avertissant qu'ils aient à nous apporter de leur curé un bon et
suffisant témoignage de leurs mœurs, conduite et assiduité
au service divin dans leurs églises, y faisant les fonctions de
leurs premiers ordres ; et défendons, sous peine de suspense
ipso facto à tous curés ou vicaires de donner en cette occasion
aucune attestation contre leur conscience et la vérité par eux
connue » (1).
III. — Séminaire de Barenton.
Plusieurs évoques, ceux de Baveux, de Lisieux et de Séez,
avaient envoyé de temps en temps de jeunes ecclésiastiques à
M. Crestey pour les former à la vie et à la science de leur
état. Les régents de son collège, au nombre de cinq, ne
faisaient point d'autre séminaire, ni d'autres exercices que
ceux qui se pratiquaient dans son presbytère. L'évèque d'A-
vranches n'en exigeait pas davantage, et comme il n'y avait
pas encore de séminaire fondé à Avranches, plusieurs ordi-
nands vinrent prier M. Crestey de les recevoir dans sa mai-
son pour les instruire de leurs devoirs. Mgr Daniel Huet,
qui fut nommé à l'évêché d'Avranches, approuva fort leur
dessein et pria le curé de Barenton de donner ses soins à tous
ceux qui se présenteraient pour se disposer à l'ordination.
En peu de temps, il en vint plus de cinquante. M. Crestey
leur faisait pratiquer les mêmes exercices que Ton observe
dans les communautés les mieux réglées.
On leur faisait des répétitions d'oraison et des conférences
(1) D. Bessin, Recueil des Conciles de Normandie, 1717.
— 65 —
sur toutes leurs obligations. Il gagea deux professeurs habiles,
dont l'un leur dictait et leur expliquait, le matin, pendant une
heure et demie, un traité de théologie scolastique, et l'autre
leur faisait, l'après-midi, une leçon de théologie positive sur
l'Ecriture sainte, les Conciles, l'Histoire ecclésiastique et les
Pères de l'Eglise. Les ordinands profitèrent si bien de ces leçons
qu'ils furent en état de soutenir des thèses en présence d'un
célèbre docteur de Sorbonne, qui passa par Barenton, et qui
fut très satisfait de leurs réponses ainsi que de leur modestie.
M. Crestey donna ses soins aux ordinands jusqu'à ce que
Mgr Daniel Huet eut établi dans sa ville épiscopale un sémi-
naire définitif, dont il donna la conduite aux Eudistes en 1693.
On aimerait à connaître quelques-uns des ordinands qui
durent leur formation cléricale à M. Crestey. Nous ne pou-
vons citer que M . Le Faverais, le futur supérieur du sémi-
naire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, et. ceux des ordinands
originaires de Barenton qui figurent dans le Registre des
expéditions du secrétariat de Uéoèché d'Aoranches, du 5
janvier 169? au 22 acril 1698 (Mss. n° 200 de la Biblio-
thèque a n Avranches).
Il y a parmi les tonsurés : Jacques Bouley, fils de Louis et
de Marguerite Le Roux ; Jacques Guytard, fils d'Abraham et
d'Anne Bouillon ; Jean Guyard, fils de Denis et de Jacqueline
de Verdun ; Pierre Combray, fils de Jacques, sieur de la
Rivière, et d'Anne Avencl ; Gabriel Fourier, fils de Denis et
d'Anne Farou ; parmi les acolytes : Jacques Brazard ; parmi
les sous diacres ad titutum patrimonii: Denys Gaudin;
parmi les diacres : Alain Guytard, Charles Blet, Pierre
Boulé, Nicolas Hamelin.
La même année, un prêtre de Barenton, Pierre Postel,
obtenait la permission de partir pour les Missions Etran-
gères^). A. Lerosky, Chanoine honoraire.
FIN
(Il Blouet, Vie de Messire Pierre Crestey ', p. 115, 106.
La Recherche de Jean Le Venart
LIEUTENANT DE L'ÉLECTION DE COUTANCES
AU SIÈGE DE SAINT-LO
COMMISSAIRE DU ROI EN 1523
(Publiée d'après un manuscrit de la Bibliothèque de Rouen)
TROISIÈME PARTIE (1)
XXL — Myette (2)
A vous Messieurs les Esleuz eu diocèse de Coustances ou
vostre lieutenant, M ,c Gilles Miette, escuier, filz second de
deffunct Gilles Miette, en son vivant escuier, seigneur de
Boisberan, produict ei baille sa généalogie, soustenant luy, sa
postérité et lignée, née et à naistre, estre exempt de toutes
aydes, subsides, tailles et autres subjections et subjuridictions
quelconques, selon ses droictz et privillèges, et à ceste fin,
déclare ce qui suict :
Et premièrement, dict qu'il est filz légitime dud. deffunct
Gilles Miette, en son vivant escuier, sieur dud. lieu du Boys-
beran, et icelluy deffunct son père procréé et issu en loyal
mariage de deffunct Pierre Myette, en son vivant escuier et
sieur de Boisberan.
Dict et recognoist qu'en Tan mil 1111 e soixante et dix, feu de
bonne mémoire le Roy Louis, unziesme du nom, donna et
concéda et anoblit tous non nobles qui alors tenoient hérédîta-
lement, ou en quoy ils avaient droict hérédital, propriété et
foncier, et qui sont tenuz noblement à gages piège, cour et
usage, ensemble leur postérité et lignée, neez et à naistre en
(1) Voir I ornes 23 et 24- des Mémoires de la Société d'Archéologie
du département de la Manche.
(2j Voir l'article 6, précédent.
— 67 -
loyal mariage, et leur promist et ordonna qu'ilz jouissent du
privillège de noblesse comme les autres nobles du royaume,
tant pour et au moins de la finance, que pour ce en fust payé
aud. feu feu Roy, que autres choses desclarez en la charte
de ce faicte et donnée par icelluy Roy, en dabte du jour et
an dessus-d., lue et publiée en la cour de Parlement à Paris,
tercia die januarii anno Dni milles™ lIII mo septuage-
simo. Signée : Brunet, aussy leue publiquement et regis-
tre en la chambre des comptes du Roy nostre d. Sei-
gneur, à Paris, die quarta mensis januarii anno supradicto.
Signé : J. Badouillet. De laquelle charte ainsy expédiée,
led. Myelte s'aide de la coppie collationnée et approuvée au
greffe de la Cour des Aydes de Normandie, le 1 er jour d'avril
mil cinq cens saize, deuement scellée et approuvée.
Dict que alors led. Pierre Myette esloit tenant et jouissant
propriétairement dud. fief et seigneurie du Bcisbcran, ancien-
nement dict de Sainct-Vaast, tenu noblement à gage-plege,
cour et usage, à raison dequoy et dud. anoblissement, il fut
assis par les commissaires du Roy, en la vicomte de Carentan,
dont il est, et paya sa cotte et part de lad. finance, qui fust
ordonnée par lad. charte, pour le faict dud. anoblissement,
ainsy qu'il appert par la quittance du receveur à ce ordonné,
nommé Brouault, en dabte le deux me de décembre mil IIII C
soixante-onze.
Dict que dud. Pierre Myelte succéda et escheust lad. terre
et sieurie du Boisberan, qui anciennement estoit nommée et
appelée Gonneville, et de présent Sainct-Vaast, tenue noble-
ment à gage plege, cour et usage aud. deffunct Gilles Myette,
son père, et apprez son decebz, puis naguères advenu, avecques
autres héritages, tant aud. M 10 Gilles Myette que à ses héritiers,
dont partages sont encores à choisie, obéissant montrer et exhi-
ber les lettres et chartes du droict et jouissance qui sont à présent
de lad. seigneurie et des droictures appartenantes et appen-
dices, mesme son dict père ayant eu temps de les recouvrer
en la cour de parlement, et grande partie d'icelles sont closes
— 68T —
pour uû procez d'un moulin, dépendant de lad. sieurie, allen-
contre de François Du Chastel, escuier, et néanmoins s'aide de
telles lettres qu'a produictes et montrées Mathurin Myette,
seigneur de Groucy, son frère aisné, tant de celles mentionneez
cy-dessus, que autrement cy-aprez déclaréez.
Item, s'aide d'une charte scellée en lacz de soye et cire verte,
du moys de septembre mil IIII C IIII" et trois, contenant
comme le feu roy Charles, que Dieu absolve, en usant de ses
droictz, et premièrement fist et créa le feu Gilles Myette, luy,
sa postérité et lignée, neez et à naistre en loyal mariage,
monnoyer à Sainct-Lo, du serment de leur père, pour en jouir
perpétuellement et de telz et semblables droictz, franchises et
libertez, prérogatives que ont accoustumé user les monnoyers,
tous ainsy et en la forme et manière que s'ilz estoient issuz de
droict estoc et lignée.
Item, s'aide de la réception d'icelles lettres et de Pentérine-
ment d'icelles par les généraux maistres des Monnoyers du
Roy, du moys de janvier mil III I e MI" et trois.
Item, de deux lettres deuement scelléez et signéez des signetz
des prévostz qui lors estoient en lad. Monnoye, Tune en dabte
du XIII e jour d'aoust mil 1111 e IIII" et quatre, contenant
comme led. Gilles Myette fustreçeu, par le moyen desd. lettres,
monnoyer en lad. Monnoye et fist le serment à ce requis. La
seconde en dabte du vingt me jour de septembre aud. an, conte-
nant que led. Gilles Myette fist en icelle Monnoye son épreuve
etchief d'œuvre, au moyen desquelles choses il fust permis et
authorizé jouir desd. droicts et privillèges, dont sont accoustu-
mes jouir et user lesd. monnoyers.
Item, s'aide de Parrest et sentence données en la cour de
Messieurs les généraux sur le faict des aydes en Normandie,
au proffict dud. deffunct Gilles Myette, sad. postérité et lignée,
née et à naistre, estre de lad. Monnoye et de ce droict, exeniptz
de toutes tailles, aides, subsides et autres choses. Lequel arrest
est en la cour département pour la conduite dud. procez mesme
plusieurs vidimus et chartes de privillèges des monnoyers qui
sont très importantes, qu'ilz sont quictes et exemptz de toutes
tailles, fouages, aydes de villes, IIII me8 , huict mcs , coustumes,
dommaines et assiettes, impositions, pacages, passages, service
d'ost, chevauchées, guet et garde de porte, centiesmes, cin-
quantiesmes, empruntz et généralement de touz autres impotz,
subsides et subvencions quelzeonques, mises et à mettre sus
au Royaume, offrant faire apparoir desd. chartes ou vidimus
sy mestier est et de la confirmacion du Roy nostre d. Seigneur.
Item, s'aide d'une lettre signée et scellée, contenant comme
led. M 1 "» Gilles Myette a esté reçeu monnoyer en la monnoye de
Sainct-Lo, et faict le service en tel cas requis, et à ce moyen
permis et authorisé à jouir de ses privillèges Lesd. lettres en
dabte le huict me jour de janvier mil cinq cens et unze.
Protestant ledit M ro Gilles Myette de ses droicls, privillèges
et franchises et soy aider de telles autres lettres et chartes qu'il
verra convenir sy besoin en est.
Produict par ledict Gilles Myette aujourd'hui derrain jour
de juillet mil cinq cens vingt-trois, devant nous Jean Le
Venart, lieutenant à Saint-Lo des Eslus de Coutances. Signé :
G. Miette, un paraphe. Lesd. pièces rendues aud. Myette.
XXII. — Du Mesnil-Urry (1).
Ensuict la déclaration de la généalogie produite par Guil-
laume Du Mesnil-Urry, sieur du lieu, avesques l'inventaire de
plusieurs lettres, dont led. sieur s'entend esjouir pour le sou-
tien de sa noblesse, disant et soustenant estre de tous temps
et ancienneté noble et extraict de noble lignée. Et dict :
Guillaume Du Mesnil-Urry a espouzé Gillette Du Mesnildot,
fille de Noble Homme Jean Du Mesnildot, sieur du lieu.
Jean Du Mesnil-Urry, sieur du lieu, père du dessus d.
(1) Armoiries : De sable, frellè de six pièces d'argent.
Recherches : Mon' faut, Roissy, Paris, d'Àligre, Chamillart.
- 70 —
a espouzé Catherine de Grimouville, fille de noble homme
Guillaume de Grimouville, sieur dud. lieu, faisant apparoir
comme îed. Jean, sieur du Mesnil-Urry, a baillé par adveu
au baron du Hommet, lettres nombreuses d'icelle terre,
comme il appert par icelluy du pénultiesme jour de may mil
IIII C IIII" et-un.
Jacques Du Mesnil-Urry, père du dessus d. eust épouzè
Crise de Clamorgan, fille de M re Thomas de Clamorgan, che-
valier, sieur de Saint-Pierre-Eglise, faisant apparoir comme
led. Jacques Du Mesnil-Urry, sieur dud. lieu, bailla par adveu
au baron du Hommet, icelle terre du Mesnil-Urry, comme il
appert par l'adveu du dix mc jour de novembre mil II I I e IIII XX
et neuf.
Michel Du Mesnil-Urry, père du dessus d., épouza Clémence
Du Chaslel, fille de noble homme Phiiipot Du Chastel, sieur
du lieu, faisant apparoir comme ledit Michel Du Mesnil-Urry,
sieur du lieu, bailla par adveu au baron du Hommet, lad.
terre et seigneurie du Mesnil-Urry. Contre quoy, pour aucuns
articles a été mis contredict, dont procès avait esté dévolu aux
assises de Carentan et sur ce lettre exhibée, donnée ausd.
assises le sept mc jour de febvrier mil 1111 e soixante et saize.
Robert Du Mesnil-Urry, père du dessusd., espouza Guillette
Le Gascoing, fille de noble homme Jean Le Gascoing, sieur de
la Salle, faisant apparoir de trois adveuz par les hommes de lad.
seigneurie du Mesnil-Urry aud. Robert, comme tenant et
sieur de lad. sieurie. L'undabté de Tan mil 1111 e , l'autre 1111 e
huict, l'autre 1111 e et dix.
Guillaume Du Me.snil-Urry, pore du dessus d., espouza Pier-
rette Boudet, fille de noble homme Philippe Boudet, sieur de
Crosville, faisant apparoir de deux adveuz renduz par les
hommes de lad. sieurie; aud. Guillaume, comme tenant de lad.
seigneurie.
Robin Du Mesnil-Urry, père du dessus d., espouza Alex de
la Mare, fille de M ro Thomas de la Mare, chevalier, sieur de
la Motte d'Airtl et de Morris, faisant apparoir d'un adveu
r
— 71 —
rendu aud. Robin, comme il bailla par dénombrement le fief
de la Permeterie, en Tan mil trois cens sept.
Geffroy Du Mesnil-Urry,- sieur du lieu, père du dessus dict.
Richard Du Mesnil-Urry, fut principal fondateur et aug-
mentâtes de Téglise et presbytaire dud. lieu, et fist faire led.
presbytaire, Tan mil cens IIII* X et dix, jouxte les lettres que
eu ont Messieurs les religieux de Sainct-Lo.
Item, faict apparoir led. Guillaume Du Mesnil-Urry, d'une
lettre en latin, faisant mention comme un nommé Gilles
Bouessé, de Bohon, vendit à Robert Du Mesnil-Urry, escuier,
sieur du lieu, sept sols dix deniers de rente annuelle, comme
il appert par lad. lettre, en date Tan mil deux cens.
Item, faict apparoir de la coppie appoinctée d'une autre
lettre en latin, faisant mention comme Robert Du Mesnil-Urry,
filz Gieffroy Du Mesnil-Urry, donna à ung nommé Henry de
Saye, son cousin, une partie de son domaine, avec un tène-
ment nommé la Mazure, comme il appert par lad. lettre, dattée
Tan mil deux cent vingt neuf me .
Item, faict apparoir de la coppie approuvante (pour appro-
batrice) de six chartes en latin, faisant mention de plusieurs
donations, faict par Guillaume Du Mesnil-Urry, sieur du lieu,
à THostel-Dieu du Désert, la première dabtée de Tan mil deux
cens (rente, la 2 mc de Tan mil II e trente sept, la tierce de Tan
mil II e quarante deux, la quarte datée de Tan mil II e trente
sept, la quinte de Tan mil II e huict, la sixiesme et dernière, de
mil II e trente neuf. La coppie desd. chartes donnée sous le
sceel des obligations de la Viconté de Carentan, à la rellation
de Thomas Le Boucher, pour lors tabellion au siège du Hom-
meet, le traiz mo jour de septembre mil 1111 e cinquante sept.
Ainsy signé : Le Boucher.
Baillé par led. Guillaume Du Mesnil-Urry à Jean Le Venart,
lieutenant de Messieurs les Esleus du siège de Sainct-Lo.
Faict le saiz me jour de juillet Tan mil cinq cens vingt trois.
Signé : G. Du Mesnil-Urry.
Lesd. lettres rendues aud. Du Mesnil-Uiry.
— 72 —
XXIII. — De Pierrepont (1).
Devant vous Messieurs les Esleux de Coustances, ou vostre
lieutenant à Sainct-Lo, commissaire du Roy, noslre Sire,
quant à ce qui en suict :
Noble homme Guillaume de Pierrepont, sieur du Brieul,
tient à gage, piège, court et usage, en ensuivant le commande-
m3nt par vous faict aux nobles et gentilzhommes du pais, de
baillerigénéalogie, à raison de quoy ilz disent estre nobles et
extraicts de noble lignée. Déclare ce qui ensuict :
Et premièrement, que en Tan mil III e trente-sept, Robert
de Pierrepont, escuier, sieur du Brieul, l'un des prédécesseurs
dud à présent sieur, estoit vivant. Et pour le montrer s'aide
d'une charte en dabte du mercredy jour Sainct Denis, aud.
an, contenant que led. sieur Robert de Pierrepont donna don
à mariage à Roberge, sa fille, en mariage faisant de noble
homme Jean Mesnil-Dray et lad. Roberge.
Dud. Robert descendy Guillaume de Pierrepont, sieur dud.
lieu de Brieul ; et pour le montrer, s'aide led. à présent sieur,
d'une lettre et charte contenant comme en l'an mil III e X1II XX
huict, le mardy six me jour d'octobre led. Guillaume de Pierre-
pont, filz dud. Robert bailla audit Pierre Mesnildray, par
plusieurs rentes contenues aud. contract,
Dud. Guillaume descendy Ollivier de Pierrepont, escuier,
sieur dud. lieu. Et pour le montrer, produict led. à présent
sieur, une lettre du cinq me jour de juillet de l'an mil 1111 e
trente-deux, contenant comme led. Ollivier, filz dud. Guil-
laume, print par eschange de Georgette Verdou, veufve dud.
Guillaume, onze livres tournois de rente que lad. damoiselle
avoit à prendre sur Guillaume de Beau val. Et mesme pro-
duict ung dénombrement comme led. Ollivier bailla led. fief,
par teneur, au sieur de Montpinchon, dont il est tenu ; lequelx
(1) Armoiries : De gueules* au chef dencke d'or.
Recherches : Monttaut, Roissy, d'Aligre, Chamillart.
— 73 —
iust receu le quatoz me jour de mars, Tan mil TIII C quarante-
six, aux pieds de la sieurie de Montpinchon.
Dud. Ollivier, descendy Robert de Pierrepont, escuier,
sieur dud. lieu de Brieul ; et pour le montrer, s'aide d'un acte
des pieds de la sieurie de Montpinchon, contenant comme Tan
mil IIII C IIII" et douze, le vingt-huict" 10 jour de septembre,
led. Robert de Pierrepont, escuier, sieur du lieu, bailla et fut
receu son dénombrement dud. fief, terre et sieurie. Signé:
Maugier, seneschaide lad. sieurie.
Dud. Robert descendy Guillaume de Pierrepont, père dud.
à présent sieur dud. lieu de Brieul. Et pour le montrer lrd. à
présent sieur, s'aide d'une lettre passée devant les tabellions
deSaint-Lo, le dernier jour de may, l'an mil cinq cens saize,
contenant comme plusieurs hommes du fieu, terre et sieurie
dud. lieu, firent appointement et transaction avecques noble
damoiselle Marguerite de la Hazardière, veufve dud. Guil-
laume de Pierrepont, et mère dud. à présent sieur, sa tutrice
et gardaine de lad. terre de Brieul, soubz le sieur de Montpin-
chon, pour la minorité dud. à présent sieur, pour lequel ilz
promirent payera lad. veufve, la somme de cinq solz tournois
de rente durant la minorité dud. à présent sieur et autres cau-
ses ei articles qu'il entend dire et déclarer, sy mestier est.
Dict led. à présent shur, qu'il est privillégié du privillège de
noblesse et ses prédécesseurs cy dessus nommez et autres ont
esté en leur temps subsécutivement au service du Roy, nostre
Sir\ vaillans et puissans au faict de la guerre, oii ilz ont
emp'oyi de leur temps, quand requis en ont e^té. A raison
de la minorité dud. à présent sieur, il n'a peu recouvrer ses
autres chartes de ses tuteurs, par lesquelles sy mestier est, il
entend plus amplement montrer sa généalogie.
Produict par led. Guillaume de Pierrepont, le saiz me jour de
juillet l'an mil cinq cens vingt trois. Signé : G. de Pierrepont,
un paraphe.
Led. lettres ont esté rendues aud»de Pierrepont.
— 74 —
XXIV. — Clérel (1).
Noble homme Guillaume Clérel, seigneur de Rampan, pour
montrer qu'il est personne noble et extraict de noble lignée,
déclare ce qui ensuict :
Dict qu'en Tan mil III e cinquante Guillaume Clérel, Tun
de ses prédécesseurs, estoit vivant noblement seigneur de lad.
terre et sieurie, comme il appert par deux dénombrements, en
forme de teneur, l'un baillé par Guillaume Grente, l'autre par
Jean Regnauleur.
Dud. Guillaume descendit Thomas Clérel, sieur de lad. terre
et sieurie, comme il appert par actes donnés aux plès ordi-
naires de la baronnie de Sainct-Lo, de laquelle est tenue lad.
sieurie et fieu de Rampan, contenant comme aud. Thomas
Clérel, fut accordé délivrance de lad. terre et seigneurie mise
en arrest en deffault d'honneur d'hommage non faict. Icelle en
dabte du quin me jour d'aoust mil 1111 e et deux.
Dud. Thomas descendit Robert Clérel, en son vivant sieur
de lad. terre et seigneurie, comme il appert par une délivrance
accordée aud. sieur dud. fieu, en dabte de Tan mil 1111 e cin-
quante et trois.
Dud. Robert Clérel descendit Lo Clérel, en sou vivant sieur
de lad. terre et seigneurie, comme il appert par un dénombre-
ment dont s'aide led. sieur, contenant comme le cinq mc jour de
febvrier mil 1111 e soixante et neuf, Jean Marion, l'un des
(1) Armoiries : D'argent à la fasce de sable, accompagnées en
chef de 3 merlettes de sable et de 3 tourteaux d'azur, en pointe,
posés 2 et i .
Recherches : Monlfaut, Roissy, Paris, d'Aligre et Chamillart.
Le comte Alexis Clérel de Tocqueville appartient à celte
famille. Il fut Tune de nos illustrations du département de la
Manche, qui, par 82.i'»4 suffrages l'élut, le premier de sa li>!«?,
comme Représentant du PeuDle, à l'Assemblée nationale Légis-
lative, en mai 1849. — Il était le fils d'un Pair de France et
préfet sous La Restauration. — Lui-môme fut député en 4831),
Membre de l'Académie Française, en 1841 et Ministre des
Affaires Etrangères, en 1849.
— 75 —
hommes de lad. seigneurie, bailla son dénombrement aud. Lo
Clérel, sieur de lad. terre.
Dud. Lo Clérel, est descendu led. Guillaume Clérel, à
présent sieur dud. fieu de Rampan. Et pour le montrer s'aide
de la lettre de l'hommage par luy faict à Révérend Père en
Dieu, Gieffroy, évesque de Coustances, baron de la baronnie
de Sainct-Lo, le douz me jour de décembre, Tan de grâce mil
HII C IIII" et six.
Offrant led. sieur, sy mestier est, vériffier par autre dénom-
brement, chartes et escriptures en ladite généalogie, et vériffier
que led. à présent sieur et ses prédécesseurs portant led. nom
de Clérel, ont esté de tout temps, sy qu'il n'est mémoire
d'homme au contraire, sieurs subséquitivement de lad. terre
el seigneurie, laquelle est tenue à simple gage piège, cour et
usage, vivant noblement au service du Roy, quand appelez y
ont esté.
Produict par led. seigneur de Rampan, aujourdhuy saiz me
jour de juillet 1523, devant nous Jean Le Venard, l'un des
Esleuz de Coustances. Signé : G. Clérel, un paraphe.
Lesd. lettres ont esté rendues aud. Clérel.
XXV. — Le Duc (1).
Noble personne Guillaume Le Duc, sieur de Soulle, dit et
déclare c« qui en suict :
Et/Wmo,que enTanmillII IIII U et quinze, Jean Le Duc,
l'un des préd ; cesseursdud. à présent sieur, estoit vivant sieur
dud. fieu de Soulle, assiz en la paroisse d'Artenav, noblement
et franchement tenu à simple gage piège et usage, tenu
oeuement de la baronnie de Montenay. Et pour le montrer,
s'aide d'une charte faicte entre led. baron de Montenay, d'une
part, et led. Jean Le Duc, d'autre, faicte aud. an le quinz mc
'*' Armoires : De gueules à un dauphin d'argent.
Recherches : Raissy, Paris, d'Aliïrre et Chamillart.
— 76 —
jour de mars, contenant comme led. sieur et baron bailla par
eschange aud. Jean Le Duc, sieur dud. lieu de Soulle, le
gage-piège, cour et usage de deux vavassoreries dénommées à
lad. charte, avesques la jurisdiction dud. fief, selon que plus
amplement est mentionné par lad. charte. Aussy s'aide de la
charte des gens des comptes et trésoriers du Roy, nostre Sire,
donnée à Paris, le vingt deux mc jour de septembre mil III e
IIII XX saize, contenant la confirmation dud. eschange faict entre
eulx. Icelle signée : Guilevast.
Dud. Jean descendy Simon Le Duc, en son vivant sieur dud.
lieu de Soulle, et de portion du fief de Damiguy, lequel fut
occis à la journée d'Asincourt, avecques les autres nobles du
païs.
Dud. Simon descendy Pierre Le Duc, en son vivant, sieur
dud. lieu de Soulle, père dud., à présent sieur de Soulle, de
présent détenu en grande infirmité de malladie, en laquelle
il a esté continuellement dempuis deux ans, à raison de laquelle
chose, il n'a peu recouvrer ses autres actes et chartes, lesquelles
sont closes et prodnictes en la cour et parlement à Rouen, pour
un procez qu'il a pendant contre les héritiers de deffunct Guerran
Estienne, pour led. fief, terre et seigneurie de Soulle, dont
il offre faire apparoir, en lui donnant temps compétent.
Oultre offre vériffier que les dessus nommez Le Duc, sub-
sécutivement et autres leurs prédécesseurs, de tout temps,
sy qu'il n'est mémoire du contraire, ont esté tousiours tenuz,
dietz et réputés nobles et qu'ilz ont esté vaillantz en guerres
au service du Roy, nostre Sire, touttes fois que appelez et
convoquez ilz ont esté tout et ainsy que les autres nobles du
païs.
Signé : Le Duc. Un paraphe. Ce présent a esté signé par
Pierre Le Duc, neveu dud. Guillaume, pour la malladie dud.
Faict aujourd'huy huict me jour de juillet mil cinq cens vingt
trois. A Sainct-Lo devant nous Jean Le Venart, lieutenant
des Esleuz de Coustances, commissaire du Roy. Signé : Jean
Le Venarl. Lesd, lettres rendues aud. Le Duc.
— 77 —
XXVI. — De Bauldre (1).
Commandé de bailler sa généalogie, noble homme Nicolas
de Bauldre dict ce qui suict :
Et primo 9 dict que en Tan mil II e soixante dix huit, vivoit
noblement M re Guillaume de Bauldre, en son vivant cheva-
lier. Et pour le montrer, s'aide led. Nicolas de Bauldre, de
trois lettres et chartes produites par noble homme Jean de
Bauldre, sieur du lieu. La première contenant comme par
led. chevalier de Bauldre il fut accordé à Nicolas et Barthé-
lémy et Ollivier Du Noyer, certaines terres dont ilz en sont
tenais par les rentes et subjections contenues en lad. charte
deladabte du mois d'avril mil II e soixante dix huit. La
seconde, de Tan mil II e IIII" et unze, contenant un arrest
donné en PEchiquier, tenu à Rouen, comme Robert de Can-
tepie, clerc, futescondy d'est re seneschal dud. chevalier. La
tierce, de l'an mil II e II II XX et douze, contenant comme led.
chevalier, sieur de Bauldre, bailla en fief à Jean Dubois, son
homme, aisné du fieu du Meserays, droiclz et libertez
contenus en icelluy.
Dud. M re Guillaume de Bauldre, chevalier, descendy
Gieffroy de Bauldre. Et pour le montrer s'aida led. Nicolas,
des partages faicts entre Jean de Bauldre, Collin de Bauldre,
héritiers dud. feu Guillaume de Bauldre, et Jeannet de
Bauldre, filz Jouan de Bauldre, escuier, sieur dud. lieu de
Bauldre, des héritages qui escheurent jadis ausdicts Jouan,
Collin et Guillaume, frères de M ie Jean de Bauldre et de
Gieffroy de Bauldre, sieur dud. lieu de Bauldre, contenant
comme il est plus à plain, contenu par icelluy.
Aussy s'aide led. Nicolas d'une autre charte qu'a produicte
led. sieur de Bauldre, de l'an mil III e trente six. Iceulx par-
tages, en dabte du quatoz me de décembre mil III e soixante et
douze.
(i) Voir l'article précédent, n° 19.
- 78 —
Dud. Geoffroy descendy Jean de Bauldre, Collin de Baul-
dre et Collin de Bauldre, escuiers. Et pour le montrer s'aide
des partages faiclz entre eux, le dix huit me jour de janvier
Tan mil 1III C soixante quiuze.
Dud. Collin descendy Jean de Bauldre escuier.
Dud. Jean de Bauldre descendy Jean de Bauldre et Guil-
laume de Bauldre.
Dud. Jean est descendu M rc Jean de Bauldre, chevallier,
à présent demeurant, auquel hault et puissant prince Monsieur
le duc de Lorraine et Jacques de Bauldre, escuier, sieur du
Bon, et son frère, sont hommes d'armes, en la compagnie de
Monsieur de Guise.
Dud. Guillaume est descendu led. Nicolas, ainsy que le
tout peult plus amplement apparoir par les lettres et chartes
produictes par led. sieur de Bauldre, qu'il supplie estre veues
pour congnoistre lad. généalogie, sy mestier est.
Et ilz offrent vériffier et fournir aussy que leurs prédéces-
seurs et eux subsinctement et depuis leurs parents portants led.
nom de Bauldre, sont vivans noblement pour estre par cy
devant tousiours au service du Roy, comme les autres nobles
gentilshommes du païs.
Produict -ïujourd'huy dix huit me jour de juillet mil cinq
cens vingt trois, devant Jean Le Venart, lieutenant desd.
Esleuz. Signé : N. de Bauldre, un paraphe.
Lettres rendues aud. de Bauldre.
XXVII.— Bechkvel(I).
M ro Nicole Bechevel, escuier, seigneur du fief, terre et
sieurie de la Gouherie, sergent hérédital du Seigneur évesque
de Coutances, à raison dud. fief, déclare sa généalogie ainsy
qu'il ensuict.
(1) Armoiries : D'azur à trois quinte feuilles d'argent, 2 en chef
et 4 en pointe.
Recherches : Montfaut, Roissy, Paris, d'Aligre et Chamillart.
— 79 —
Dict que de Robert Bcchevel, en son vivant escuier et sieur
de la Gouherie, sergent hérédital à raison dud. fief, du s r
évesque de Coustances, descendy Jean Bechevel, en son
vivant escuier et sieur de la Gouherie et du fief et sieurie de
Messeray.
Dud. Jean Bechevel descendy Thomas Bechevel, en son
vivant escuier, et sieur dud. lieu de la Gouherie et du fieu
de Messeray.
Dud. Thomas Bechevel, descendy Ollivier Bechevel, es-
cuier et sieur desd. fiefz.
Dud. Ollivier Bechevel est descendu led. Nicole Beschevel,
escuier, sieur de la Gouherie.
Lesquels ont tousiours jouy et usé de privillège de noblesse
eux et leurs prédécesseurs, par tel temps qu'il n'est mémoire
du contraire. Et pour montrer que ainsy • est, produict led.
sieur de la Gouherie les lettres et escriptures qui ensuy vent :
Et primo : Led. sieur montre et produict une lettre signée
et scellée contenant comme Robert Bechevel fist hommage
aud. sieur évesque de Coustances, en dabte du vingt sept" 10
jour de may mil quatre cens et dix.
Item, d'autres lettres contenant comme led. feu Robert
Bechevel bailla par dénombrement aud. s r évesque de Cous-
tances, led. fief de la Gouherie, sergenterie héréditale, à raison
dud. fief dud. sieur Evesque, du sept me jour de janvier mil
IIII C vingt.
Item, d'autres signées et scellées contenant comment led.
fieu Jean Bechevel bailla par adveu et dénombrement aud. s r
évesque de Coustances led. fief de la Gouherie, le second jour
de juillet mil IiII c cinquante et un.
Item, d'autres lettres passées devant Thomas Marest, tabel-
lion à Sainct-Lo, datées du tiers jour de juillet, l'an mil IIII C
quarante cinq, contenant comme Jean de Bauldre, escuier,
sieur dud. lieu de la Gouherie, neveu dud. sieur de Bauldre,
fist hommage du fief, terre et sieurie du Messeray, sis en la
paroisse de Sainct-Georges de Montcoq, pour les causes y
— 80 -
contenues, led. fief du Messeray fut afranchy par deux espé-
rons dorez, à la feste de Nostre-Dame Chandeleur.
Item, d'autres lettres contenant comme Thomas Fredy
recongnut debvoir aud. Jean Bechevel, escuier, s r de IaGouhe-
rie, boyssel et demy de fourment de rente, devant Collin Cau-
velande, tabellion à Sainct-Lo, le cinq me jour de mars, Tan
mil IIII C trente-neuf.
Item, d'autres lettres contenant comme Henry Lemesle
printen fieffé par hommage, afin d'héritage de Thomas Bechevel,
escuier, sieur de la Gouherie, filz aisné dud. Jean Bechevel,
deux pièces de terre par vingt solz tournois de rente, par
devant Marest et Jean de Lamare, tabellions à Sainct-Lo, le
treiz mc jour d'octobre Tan de grâce mil 1III C soixante et trois.
Item, d'autres lettres contenant comme feu Ollivier Beche-
vel bailla par advcu et dénombrement aud. s r Evesque, led. fief
de la Gouherie, le vingt six mc novembre mil cinq cens et douze.
Produict par led. M rc Nicole Bechevel, devant Jean Le
Venart, lieutenant aud. Sainct-Lo des Esleuz de Coutances,
le samedy dix huict me de juillet l'an mil cinq cens vingt trois.
Signé : N. Bechevel, un paraphe. Lesd. lettres iuy ont esté
rendues.
XXVIII. — Adigars ou plutôt Adigard (1).
Noble homme Jean Adigars, seigneur du fief, terre et sei-
gneurie de l'Adigardière, tenue de la baronnie du Hommet, à
(1) Armoiries : D'argent, à tr ois équerres de sable, 2 eti.
Recherches : Condamné par Montîaut. Admis par Roissy, Paris,
d'Aligre, Chamillart.
L'année dernière, le 12 mars 1007, à l'occasion de l'effroyable
calastrophe de Yléna, victime d'une formidable explosion, le
nom du capitaine de vaisseau Adigard fut répercuté par tous
les échos de l'Europe et du monde entier. C'était un officier
d'un grand avenir el d'une parfaite distinction. Il était le cousin
de notre érainent confrère M Pierre Adigard, avocat, aujourd'hui
député de la 2° circonscription de Domfront.
Ces Messieurs appartenaient à cette famille Adigard, très ap-
préciée clans notre région Normande.
— 81 —
gage-piège, cour et usage, pour montrer qu'il est personne
noble et extraict de noble et ancienne lignée, déclare ce qui
ensuict :
Dictque Guillaume Adigars, bisayeul dud. Jean, en son
vivant escuier, seigneur des terres et seigneuries de PAdigar-
dière et de la Vaucelle et de Damoiselle Marguerite Vimars,
héritière en sa partie du fief et seigneurie de Mesnil-Véneron,
descendy Guillaume Adigars, ayeul dud. Jean, à présent
seigneur.
Dud. Guillaume Adigars, escuier et de damoiselle Jeanne
Toustain, dame du fief et sieurie de Marmyon, assis en la
paroisse de Briecheville, descendy un autre Guillaume Adi-
gars, père dud. Jean, à présent sieur dud. lieu de l'Adigar-
dière.
Dud. Guillaume Adigars et de Damoiselle Jeanne de Tolle-
vast, est issu en second mariage led. Jean et autres, ses frères.
Laquelle damoiselle Jeanne de Tollevast était dame du fief de
Crux, assis en la paroisse de Longueville.
Led. Jean Adigars, à présent escuier et seigneur à cause de
sesd. parents dud. fief de TAdigardière, est de présent marié à
damoiselle Jacqueline Du Mesnildot. Pour montrer ancienne-
ment Testât de sa noblesse, il faict apparoir les lettres dont la
teneur ensuict :
Faict apparoir lettres passées devant tabellions royaux, en
dabte de l'an mil 1111° cinquante et sept, deuement signéez, scel-
léez et approuvéez, contenant comme led. Guillaume Adigars,
son ayeul, bailla et fieffa à Jamyn Le Prieur, au nom de lad.
damoiselle Jeanne Toustain, une maison et héritages, assiz en
LaHogue Saint- Vaast, par certaines rentes seigneurialles,
foy et hommage, à cause du fief de Verax.
Ilern, s'aide du traité de mariage dud. Guillaume Adigars,
seigneur desd. fiefs de TAdigardière et de Marmyon, d'une
part et de lad. damoiselle Jeanne de Tollevast, d'autre part,
en dabte de l'an mil IIII C soixante et deux.
Item, s'aide d'un aveu et dénombrement baillé par teneur
6
— 82 —
au seigneur et baron du Hommeet, par M re Guillaume Adi-
gars, prestre et chanoine d'Avranches et curé de La Chapelle-
en-Juger, c'est assavoir led» fief et seigneurie de l'Adigardière,
noblement tenu à cour et usage de lad. baronnye du Hommeet,
en Tan mil cinq cent et trois.
Offrant sy mestier est vériffier en plus outre, tant par lettres
et chartes et enseignement, que aux temps derniers, qu'il et ses
prédécesseurs de tel et sy long temps, qu'il n'est mémoire du
contraire, ont esté seigneurs desd. terres et seigneuries, en
usant du privilège de noblesse, servy le Roy à son ban,
comme les autres nobles noblement teneuz.
Produit par led. sieur de L'Adigardière, aujourdhuy dix
neu£ me jour de juillet mil cinq cens vingt trois, à Saint-Lo,
devant Jean Le Venart, lieutenant desd. Esleuz, commissaire.
Signé : Adigars, un paraphe. Lesd. lettres rendues aud. Adi-
gars (sic).
XXIX. - Du Mesnildot (1).
Pour montrer qu'il est personne noble et extraict de noble
lignée, Jean Du Mesnildot, seigneur dud. lieu, déclare ce qui
ensuict :
Dict que de Jean Le Gouppil, seigneur au temps passé des
terres et seigneuries du Mesnildot, de Myerville et de Maur-
ville, et de damoyselle Jacqueline Saffray, fille du seigneur de
Varaville, descendy Louis Du Mesnildot. ainsi surnommé
par charte donnée par le Roy, nostre Sire, en l'an mil 1111 e
IIII" et sept. Recours à lad. charte scellée en lacs de soye et
cire vert.
Dud. Louis et de damoiselie Perrette Marseil est descendu
Jean Du Mesnildot, seigneur dud. lieu du Mesnildot et des
terres dessus dictes.
(1) Armoiries : D'azur, au chevron d'or (d'après d'autres d'ar-
yen*), accompagné de 3 croix d'or, 2 et 4.
Recherches : Montfaut, Roissy, Paris, d'Aligre, Cbamillart.
— 83 -
Dud. Jean Du Mesnildot et de damoiselle Ysabeau de
Hototj fille du seigneur de Beaumont-le Richard, est issu
Jean Du Mesnildot, à présent sieur dud. lieu et desd. terres de
Myreville et de Maureville.
Dict que en Tan rail IIII C et saize, un nommé Pierre Des-
bois, aisné du fief et vavassorerie du Bois au Lair, assis sur
la paroisse de La Chapelle-en-Juger, et tenu dud. fief du
Mesnildot, bailla par adveu et dénombrement led. fieu ou
vavassorerie à noble homme sire Jean Le Gouppil, sieur dud.
lieu du Mesnildot et desd. terres, comme il appert par lesd.
lettres.
Item, s'aide d'un autre adveu contenant comme led. Du
Mesnildot bailla par dénombrement au sieur et baron du
Hommeet, led. fieu du Mesnildot, selon la lettre dud. adveu,
en dabte de Tan mil IIII C trente six.
Item, s'aide d'un autre adveu baillé par Jean Le Couppey,
aisné du fief de la Boudinière, tenu dud. seigneur du Mes-
nildot, en dabte de mil III e trente huict.
Item, s'aide d'un autre dénombrement baillé par Robin Le
Grand, aisné du fief de la Bassardière, aud. du Mesnildot, en
Tan mil 1111 e trente trois.
Offrant led. seigneur, sy mestier est, vérifier par autres
lettres, dénombrements, chartes et escriptures, qu'il et ses
prédécesseurs ont esté de tout temps, tel qu'il n'est mémoire
du contraire, seigneurs subsécutivement de lad. terre et sei-
gneurie du Mesnildot et des terres dessus nommées Mierville
et Maurville, en païs de Caux, et se relèvent lesd. terres du
Mesnildot et de Mierville, par deux fiefs de hauhert, tenuz à
simple gage-piège, cour et usage, vivans noblement au service
du Roy, quand appelez y ont esté, comme subjeetz y sont.
Produict par le dit sieur du Mesnildot, aujourdhuy dix
sept mc jourde juillet mil cinq cent vingt trois, devant nous
Jean Le Venart, lieutenant des Esleuz de Coustances.
Signé : Du Mesnildot, un paraphe. Lesd. lettres ont été
rendues.
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XXX. — De Bois-Jugan (1)..
Ensuict par déclaration la généalogie dont sont sorties et
yssues et descendues nobles damoiselles Jeanne, Barbe,
Raulle, Avoye et Anne de Boisjugan, filles soulzagéeset dames
des fiefz, terres et sieuries de Boisjugan, assis en lad. paroisse
de Daye et de Rontbisson, assiz es paroisses de Cavigny,
Saint- Fromond et le Mesnil-Urry, et du fieu, terre et sieurie
de Soulle, assis en la paroisse de Hébécrevon, le tout assis
en le viconté de Carentan ; laquelle lignée et généalogie desd.
filiez a tousiours vescu noblement, jouy et usé du privillège et
issue de noblesse, par tel et sy long temps qu'il n'est en mémoire
du contraire, servy les feuz Rois, que Dieu absolve, en leurs
guerres et batailles qu'ilz avoient allencontre des envieux du
Royaume de France tant ez pays de Bourgogne, Picardie,
Bretagne que ailleurs. Laquelle généalogie noble damoiselle
Jeanne de la Hazardière, veuf ve de deffunct noble homme
Nicolas Du Boisjugan, père desd. soulzaages, gardaine des
corps, biens et héritages d'icelles, baille en ensuivant Fordon-
nonce de justice.
Dict que en Tan mil III e LXXV, et long temps du précé-
dent, noble homme Raoul de Boisjugan, estoit seigneur du
fieu, terre et sieurie dud. lieu du Boisjugan, tenu noblement
par un quart de fieu de haubert, à simple gage-piège, cour et
usage. Lequel Raoul de Boisjugan vesquit par long espace
de temps, et fust avecques ce, sieur du fieu, terre et seigneurie
du Rontbisson.
Dict que dud. Raoul de Boisjugan yssit deux filz, c'est
assavoir Robert et Guillaume : lequel Robert fut seigneur
desd. terres, fiefs et sieuries du Boisjugan et de Rontbisson,
assiz ez paroisses de Cavigny, Saint-Fromont et Le Mesnil-
Urry.
(\) Armoiries inconnues.
Recherches : Montfaut, Paris.
— 85 -
Dict que dud. Robert yssit un filz qui eust nom Robinet de
Boisjugan, lequel recueillit la succession dud. Robert, son
père, et fut seigneur desd. fiefs et sieuries.
Dict que dud. Robinet yssit cinq filz, c'est assavoir Jean de
Boisjugan, filz aisné, qui fut homme d'armes et longtemps au
service du Roy et y mourut, M rc Guillaume de Boisjugan,
filz second, M ,e Jean, filz tiers, Pierre, filz quart, et Nicolas,
filz quint, auquel Nicolas, la totale succession advint dud.
Robinet, son père, pour cause de ce que tous ses frères ne
furent mariez, et par ce n'eurent aucuns hoirs.
Dict que dud. Nicolas de Boisjugan, lequel estoit seigneur
desd. fiefs de Boisjugan, du Rontbisson et de Soulle, sont
demeurées lesd. cinq filles soubzaages.
Et pour clairement congnoistre lad. généalogie, lad. damoi-
selle de Boisjugan, gardaine des biens et héritages de sesd.
filles, déclare ce qui ensuict :
S'aide d'une ancienne lettre et charte données es plès du
siège du Hommeet tenuz aud. lieu du Hommeet, par Jean Le
Maignez, lieutenant du Viconte de Carentan, en Tan mil 1111°
soixante quinze, le traiz me jour de febvrier, contenant comme
led. Raoul de Boisjugan, atteignit et fist guain de cause vers
les Religieux de La Perrine, et comme ilz luy délaissèrent les
héritages sur lesquelz il leur demandait huict boisseaulx de
tourment de rente.
Item, s'aide d'une autre charte ancienne, donnée aux assises
de Carentan, tenues par Tassart de Monstereul, bailly de
Costentin et commissaire du Roy, en l'an mil III e IIII XX et
trois, le niardy dix mc jour de novembre, contenant comme
led. Raoul de Boisjugan, mist en avant, par jugement, Simon
de Mucy, bourgeois de Carentan, sur la poursuite dud. de
Boisjugan, pour huict livres tournois de rente, que led. de
Boisjugan disoit avoir droict de prendre et avoir à cause du
don de mariage faict à la damoiselle sa femme, par Martin
Lours, son père, et comme par icelle amende il fist guain et
atteint de cause, et authorisé à soy faire paier de lad. rente,
— 86 -
laquelle luy avoit esté mise en contredict par led. de Mucy,
lequel tenoit le party des Navarrois, et durant que led. de
Boisjugan tenoit le party de France.
Item, s'aide d'une autre charte, en forme d'adveu, baillée
par Jean Du Bois-Guillaume, escuier, sieur dud. lieu, conte-
nant comme soubz la souveraine et haulte justice du Roy,
nostre Sire, il bailla adveu et dénombrement à noble et puissant
seigneur monsieur Jean de Montenay, chevalier, un fîeu de
haubert entier, contenant trois cens acres, dont Raoul de
Boisjugan en tenait pour lors le tiers dud. fieu, contenant cent
acres, en dabte du vingt neuf me jour de janvier mil trois cent
IIII XX cinq, et de l'attache et adveuz à, icelluy donnez aux
assises de Carentan, tenues par Pierre de Ncgron, conseiller
du Roy, nostre Sire, et son bailly de Costentin, l'an mil trois
cens III1 XX cinq, le pénubtiesme jour de janvier.
Item, d'autre charte, en forme de teneur, baillée soubz la
souveraine et hauîte justice du Roy, nostre Sire, en son
bailliage de Costentin, en la viconté de Carentan, par Jean
Du Mesnil-Guillaume, à noble et puissant seigneur Jean, sieur
de Monteney, chevalier, un fief de haubert entier, dont il
tenait le tiers, et led. de Boisjugan, un autre tiers. En dabte
du quinz me jour de mars l'an mil III e IIII XX et dix.
Item, s'aide d'ung partage faict entre led. Raoul de Bois-
jugan et sa femme, d'une part, et Guillaume Giret, d'autre,
du fieu, terre et sieurie du Rontbisson, assis ez paroisses de
Cavigny, Sainct-Fromond et Le Mesnil-Urry, et de l'attache
donnée aux plès du siège du I lom met, tenuz par Jean Petit,
viconte de Carentan, le cinq me jour de décembre, l'an mil 1111 e
et deux, contenant comme ilz eurent lesd. partages agréables
et procédèrent à la choisie d'iceux.
Item, s'aide d'une autre charte et adveu, baillé par Robin
de Boisjugan, au sieur et baron du Ilommet, du fief, terre et
sieurie de Cavigny, tenu par ung quart de fief de haubert, en
dabte du huict mc jour de may mil 1111 e et vingt, et de l'attache
d'icelluy donnée aux plès de lad. baronnie du Hommet, tenus
— 87 —
par Raoul Le Bourguignon, le huict mê jour de may, Tan mil
IIII € et vingt.
Produict par Nicolas Des Isles, procureur de noble damoi-
selle Jeanne de la Hazardière, gardaine des corps et biens
desd. soubz aages, aujourdhuy vingt deux me jour de juillet,
Tan mil cinq cens vingt trois. Signé : P. Des Isles, un paraphe.
Il n'est apparu au greffe desd. lettres. Pourquoy est subject
en faire apparoir.
XXXI. — Des Isles (1).
Desclaration de la généalogie de la ligne dont est sorty et
descendu noble homme Nicolas Des Isles, à présent demeurant
en la paroisse de Sainct-Fromont, en la viconté de Carentan.
Laquelle ligne dud. Des Isles a tousiours vescu noblement et
usé de privillège et estât de noblesse, par tel et si longtemps
qu'il n'est mémoire du contraire, servy les feuz Rois, que Dieu
absolve, en leurs guerres et batailles qu'ilz avoient à rencontre
des ennemis du royaume de France, tant au pais de Bour-
gogne, Picardie, Bretagne, que ailleurs.
Dict qu'il est quart filz de deffunct noble homme Achilles
Des Isles, en son vivant seigneur du fieu, terre et seigneurie
du Plessis, assis en la paroisse de Saucey, prez Coustances,
duquel fieu noble homme Enguerran Des Isles, son frère, est
seigneur, et jouissant, à titre d'aynesse.
Dict que led. Achilles estoit filz de deffunct noble homme
OUivier Des Isles, en son vivant sieur des fiefs, terres et
seigneuries de la Vallée, Liseaux et des fiefs, terres et
sieuries de Recullé et du Plesseys, et verdier hérédital de la
forest de Gavray. El en oultre plus, dict que noble homme
Laurent Des Isles, sieur desd fiefs de La Vallée, Leseaux et
verdier hérédital de la forest de Gavray, est subject bailler
(I) Armoiries : D'argent, au lion rampant de sable, armé et
lampaué de gueules, à la bordure engrélée de aueules.
Recherches : Roissy, Paris, d'Aligre, Chamillart.
généalogie entière et suffisante, produire et exhiber lettres et
chartes faisant mention et concernantes le droict de la noblesse
d'icelle généalogie, voulans vériffier estre luy et sesd. prédé-
cesseurs descenduz d'icelle maison de La Vallée, laquelle est
l'estoc et originelle naissance de la généalogie d'icelie lignée
et nom desd. Des Isles, portant tous mesmement armes, sauf
les différences despuisnez, et sauf ausd. Des Isles à augmenter
sy mestier est.
Produict le dix huictiesme jour de juillet Tan mil cinq cens
vingt trois.
Signé : N. Des Isles, un paraphe.
XXXII. — Jullain (1).
Pour du party cfe noble homme Jean Jullain, sieur d'Anii-
gny (2) faire remonstrance de sa généalogie et tiltre de no-
blesse, de son estât et qualité, pour luy servir et valloir ce
qu'il appartiendra, tant pour luy que M rcs Jacques Jullain, cha-
noine de Lisieux, Nicolas, Emon, Pierre, Thomas et Guil-
laume, dictz Jullain, ses frères puisncz.
Dict et remontre qu'il est seigneur de la seigneurie d'Amigny,
tenue noblement à simple gage-piège, cour et usage, comme
filz aisné et principal héritier de deffunct Nicolas Jullain, en
son vivant escuier sieur dud. lieu de d'Amigny, à droict d'ai-
r.esse, et comme sieur dud. lieu de d'Amigny.
Dict que aud. deffunct Nicolas Jullain, son père, succéda
et yssit lad. terre et sieurie d'Amigny, àraison delà succession
à luy venue et eschoue par la mort et trcspas de feu Collin ou
Nicolas Jullain, en son vivant escuier, sieur dud. lieu d'Ami-
gny, père dud. deffunct Nicolas Jullain, père dud. Jean et
ayeul dud. à présent sieur d'Amigny.
(1) Armoiries incertaines
Recherches. Montfaut, Paris (celui-ci les appelle Joullain.
(-2) Amigny, au canton de Sainl-Jean-de-Daye, arr* de St Lo.
— 89 —
Item, dict et remontre que led. deffunct Collin Jullain, son
ayeul estait sorty et yssu de deffunct Jean Jullain, en son
vivant escnier, et sieur dud. lieu d'Amigny, par la mort et
trespas duquel succéda et yssit lad. sieurie d'Amigny aud. feu
Nicolas Jullain, son ayeul, comme son filz et héritier.
Hem, dict que led. Jean Jullain, son bisayeul, estoit filz et
héritier de deffunct Robert ou Robin Jullain, escuier, sieur
dud. lieu d'Amigny, par la mort et trespas duquel succéda et
yssuy lad. sieurie d'Amigny à son d. bisayeul.
Plus dict que led. deffunct père de son d. bisayeul, estoit
filz et héritier de deffunct Roger Jullain, en son vivant escuier,
par la mort et trespas duquel succéda et yssuy lad. terre d'Ami-
gny aud. Robert Jullain, père dud. Jean Jullain.
Et pour les choses que dessus vériffier, produict et montre
une ancienne charte faicte et passée devant Benoist Le Villoux,
tabellion royal à Sainct-Lo, en dabte du douz mc jour d'aoust
mil III e 1111" six, contenant que led. Roger Jullain, en son
vivant escuier, fist donation en mariage faisant de Marie, sa
fille, avec Pierre Le Clerc, du Lorey, de certain nombre de
fourment etd'avoyne à prendre et avoir sur plusieurs personnes
desnommées aux lettres du fief de La Jugannière.
Item, produict et montre une autre lettre faicte et passée par
devant tabellions, deuement signée et approuvée, en dabte du
dernier jour d'avril mil trois cens IIII XX dix, contenant comme
led. Rogier Jullain et Robin Jullain, son filz, escuiers, confes-
soientque en mariage faisant de Thominne Jullain, fille dud.
Rogier, et sœurdud. Robin, avecques Michel de Chantelou, de
Saint-Gilles, iceulx escuiers avaient donné à lad fille certain
nombre de rentes contenues es lettres.
Iterriy produict une autre lettre faicte et passée devant Jean
Le Roy et Colin, tabellions jurés et commins soubz Nicolas Le
Roy, tabellion à Sainct Lo, signée desd. deux tabellions, con-
tenant comme led. Robert Jullain, escuier, seigneur dud. lieu
d'Amigny, délaissa à Ferrant Destelles, escuier, vingt espérons
^u prix de deux solz, au terme de Pasques, que luy debvoit, à
— 90 —
cause de la vavassourerie de La Ducquerie, assise aud. lieu
d'Amigny, par le moyen de trois solz de rente que led. Des-
telles luy en promist faire et paier sur et à raison de lad. va-
vassourerie, et aussy aud. sieur d'Amigny demeurait l'hommage
et les autres choses à lui deubz à raison de lad. vavas-
sourie, lequel hommage led. Destelles fist lors aud. sieur
d'Amigny. Icelle lettre en dabte le vingt huict me jour de dé-
cembre mil III e 11U XX et dix, qui est claire probation de l'ex-
traction dud. Robert Jullain, filz et héritier dud. Rogier Jul-
lain, père dud. Jean Jullain, bisayeul dud. à présent sieur d'A-
migny.
Item, et pour l'instance et regard dud .[Jean Jullain, bisayeul
dessus nommé, produict et montre led. sieur d'Amigny deux
chartes ou lettres, Tune en dabte du vingt cinq 6 jour d'octobre
mil III e 1III XX dix huict, faicte et passée devant Jean Haye,
tabellion au Hommeet, signée, scellée et approuvée, contenant
comme Raoul Guesnon, escuier, d'une partie, et led. Jean
Jullain, escuier, d'autre, eurent procès et descord ensemble,
touchant huict livres de rente, demandez et poursuivis par
led. Guesnon, sur part ou portion du fief et sieurie d'Amigny,
appartenant aud. Jean, dont fit transaction et accord, ainsy
qu'il est contenu par lad. lettre. La seconde faicte par devant
Jean Leduc, tabellion au Hommet, deuement signée, scellée et
approuvée, contenant comme du procès et descord isseu ou
espéré mou voie par entre led. Jean Jullain, escuier, sieur
d'Amigny, d'une part, et un surnommé de Semilly, escuier,
demeurant en la paroisse de Signy, représentant le droict en
ceste partie de feu M c Robert de Thère, en son vivant cheva-
lier, d'autre, sur la demande que voulait faire led. Jullain aud.
de Semilly, à cause et par raison de vingt espérons à or, qu'il
disoit avoir droit de prendre sur la vavassorerie de Morteville,
que led. de Semilly tenoitpar foy et par hommagedud. Jean Jul-
lain, à cause de satl. si«urie d'Amigny, et led. de Semilly disoit
que lesd. espérons ne debvoient estrede valleurquede deux
solz tournois de rente, par chacun an ; duquel différend lesd.
— 91 —
parties firent transaction et accord jouxte qu'il est contenu par
lad. lettre en dabte le vingt six me jour de febvrier mil 1111° et
huict.
Item, et pour l'instance et regard de Collin Jullain, ayeul
dud. sieur d'Amigny, filz dud. Jean Jullain, sonbisayeul, pro-
duictet montre une lettre ancienne, en forme devidisse, faicte
et signée par Estienne Jourdan, tabellion en la viconté de Cous-
tances, le vingt cinq me jour de Tan mil 1111° cinquante deux,
d'une lettre scellée à double queue et cire verte, faicte et passée
par devant Thomas Maresq, tabellion à Sainct-Lo, le traiz me
jour d'octobre mil 1111 e quarante deux, faisant mention, comme
transaction, accord et appoinctement fut faict entre led. Collin
Jullain, escuier, sieur d'Amigny, d'une part, et M rc Richard
de Signé, chevalier, sieur d'Aigneaux et héritier de feue
damoiselle Jeanne de Bouté, sa mère, de descord meu .par
entre noble homme M ro Guillaume de la Haye, chevallier,
sieur et baron de Coulonces, d'une part et damoiselle Jeanne
Le Conte, lors veufve de Jean Jullain, père dud. Colin et mère
dudit Colin, pour les arretz de trente livres tournois de rente,
qui donnez avaient esté à icelle damoiselle, en mariage faisant
d'elle et dud. Jean Jullain, jouxte ce qu'il est plus à plain con-
tenu aud. vidisse.
Item % produict et montre trois anciennes lettres. La pre-
mière en dabte du vingt quat me jour d'octobre mil 1111° qua-
rante trois, faicte et passée par devant Collin Cauvelande,
tabellion à Sainct-Lo, deuement signée et approuvée, conte-
nant comme Jean de Semilly, escuier, establi pour Giret de
Semilly, escuier, son frère, congnut et confessa avoir faict
hommage aud. Collin Jullain, sieur d'Amigny, en sa partie, par
raison du fief ou vavassorerie de La Duquerie, que tenait dud.
sieur par foy et par hommage en obéissance que jà pieça il avoit
faict aux plès de lad. sieurie, selon la lettre. La seconde dab-
tée du premier jour d'avril mil 1111 e quarante quatre, faicte et
passée par devant Jacques Hadoue, tabellion pour le Roy, au
siège de Coustances, soubz Jean Langlois, tabellion, deue-
- 92 -
ment signée dud. tabellion, et scellée en cire vert, contenant
comme noble homme Guillaume de Percy, escuier, sieur
de Sienne, du Mesnil-Hermain (1) et de La Lande, d'autre
en sa partie, en faisant et accomplissant le traicté de mariage,
d'entre Colin Jullain, escuier, sieur d'Amigny et danioiseile
Jeanne de Percy, sa fille, icelluy de Sienne, confessa
leur avoir donné douze livres tournois de rente, jouxte et ainsy
qu'il est contenu en lad. lettre. — La tierce en dabte du cinq m «
jour de juillet Tan mil IIII C cinquante six, faicle et passée par
devant Colin Benard, tabellion au siège du Hommeet, déce-
rnent signée et scellée, faisant mention d'une transaction
et appointement faict par entre Collin Jullain, escuier, sieur
d'Amigny, d'une part. Et Guillaume Enguerran, aisné du
fief de Lantourie, Jean Vimont, aisné du fief antien, du fief
de La Planque et du Mont Bernard, Jean Fleury, aisné du fiief
de La Haye, Guillaume Le Moyne, aisné du fief Descamps et
plusieurs autres, dénommez en lad. lettre, hommes et tenans
de lad. sieurie d'Amigny, touchant et pour le faict de plusieurs
subjections, redevances et services, plus à plain desclarez en
lad. lettre, jouxte et ainsi qu'il est contenu en icelle.
Et pour l'instance et regard de feu Nicolas Jullain, mesme-
mentdud. à présent sieur d'Amigny, son filz, icelluy deffunct
Nicolas Jullain, filz dud. Colin, produict et montre led. sieur
d'Amigny, plusieurs lettres et escriptures. C'est assavoir une
lettre faicte et passée par devant Jean Hébert et Guillaume
Pillon, tabellions royaux au siège du Hommet, le unz mc jour
de juin mil cinq cens, contenant comme accord et appoinctement
fut faict par entre nobles personnes Guillaume Du Hommet,
sieur du Mesnil Durant, d'une part, ei led. Nicolas Jullain,
d'autre part, touchent le faict de certains héritages qui furent
et appartindrent à Mathieu de Jougue, escuier, sieur desd.
sieuries, qui disoit estre tenues de leurs sieuries, joucte qu'il
est contenu aud. appointement.
(1) Le Mesnil-Herman, au canton de Canisy, arr 1 de S'-Lo.
- 93 -
Item y d'autre coppie, deuement approuvée, de l'adveu et
dénombrement baillé par led. deffunct Nicolas Jullain, aud.
sieur et baron du Hommet, de sad. terre et sieurie d'Amigny,
aux plès tenus le quat me jour de septembre mil IIII C IIII"
quinze, dabtée icelle coppie du pénultiesme jour d'octobre mil
cinq cens quinze.
Item, des partages faictz et passez par devant Jean Hébert
et Guillaume Pillon, tabellions au Hommet, le cinq me jour
de juin mil cinq cens sept, par entre nobles et discrètes per-
sonnes M* Jacques Julhin, M re Jean Jullain, prestre, Ber-
nard Jullain, Emond Jullain, tous frères. Icelluy M e Jacques
et Bernard estabiis pour Jean Jullain, ensemblablement son
frère, respectivement, d'une part. Et led. Jean Jullain, à pré-
sent sieur d'Amigny, fils et héritier dud. deffunct Nicolas
Jullain, icelluy Nicolas, son père, filz aisnédesd. M rc Jacques,
M* Jean ; Bernard, Emond ex Jean dictz Jullain, de la suc-
cession à eux venue et escheue par la mort et trespas dud.
deffunct Colin ou Nicolas, ditcz Jullain, père desd. frères et
et ayeul dud. à présent sieur d'Amigny, par lesquelz, faute
par accord et appoinctement icelluy fief, terre et sieurie d'Ami-
gny, demeura aud. à présent sieur d'Amigny, au droict de
son d. père, comme héritier aîsné de feu Colin Jullain, son
ayeul.
Item, une autre fettre faicte et passée par devant les tabel-
lions royaux du siège du Hommet, deuement signée et ap
prouvée, en dabte du pénultième jour de may mil cinq cens
ethuict, contenant certain appoinctement faict entre led. sieur
d'Amigny, d'une part et un nommé Guillaume Guillier, soy
disant sieur en sa partie de lad. sieurie d'Amigny, d'autre,
touchant et par le faict de plusieurs droictures et services
deubzàlad. sieurie d'Amigny.
Item, produict icelluy sieur d'Amigny le double de l'adveu
et dénombrement par luy baillé de sad. terre et sieurie d'Ami-
gny, à noble et puissant sieur Nicolas de Cerisey ; sieur et
baron du Hommet, de la Rivière, Durville, Fierville, Ver,
— 94 -
soubz Dampmartin et le Pont de Carenlan, conseiller cham-
bellan du Roy, nostre Sire, et son bailly de Costentin, et par
luy rendu le vingt sept me décembre mil cinq cens dix huict,
comme led. sieur d'Amigny, fait aud. sieur et baron le ser-
ment de fidélité et hommage, comme luy estoit tenu et sub-
jest faire de lad. sieurie d'Amigny.
Item, s'aide ledit sieur d'Amigny de plusieurs adveuz et
dénombrementz faietz et baillez aud. sieur d'Amigny de plu-
sieurs hommes et tenantz de lad. sieurie d'Amigny, tant à
ses prédécesseurs que à luy, aux plès de lad. sieurie d'Ami-
gny, c'est assavoir un adveu produict et baillé par Jean Fleury,
aisnédufiefde la Haye, assis en lad. paroisse d'Amigny,
tenu d'icelle sieurie à Collin Jullain, escuier, sieur de lad.
sieurie d'Amigny, ayeul dud. à présent d'Amigny, et en con-
fessa debvoir plusieurs rentes, services, relliefs, traiziesmes
et autres choses contenues aud. adveu, dabté du huict me jour
de mars l'an mil ITII e cinquante cinq, devant Richard Simon,
seneschal de lad. sieurie d'Amigny, tenant les piez d'icelle
sieurie, au jour dessusd. deuement signé, scellé et approuvé.
Item, produict un autre adveu baillé es pieds de lad. sieurie
d'Amigny, par Michel Poullet, aisné du fief Zagon, comme
tenu d'icelle sieurie par foy et hommage à Nicolas Jullain, es-
cuier, sieur dud. lieu d'Amigny. Led. confesse debvoir plu*
sieurs rentes, services, reliefz, traiz mos et autres choses conte-
nues aud. adveu, dabté du vingt troiz mo jour de décembre Tan
mil 1111 e soixante et onze, devant Jacques Du Mesnil-Urry,
seneschal d'icelle sieurie deuement signé, scellé et approuvé
par led. seneschal, tenant les pledz de lad. sieurie.
Item, un autre adveu produict et baillé èz plez de lad. sieurie
d'Amigny, tenus par Mathurin Myette, seneschal d'icelle
sieurie, le dix huict mo jour de febvrier l'an mil cinq cens et
douze, par Perrin Camus, aisné du fief Hue, comme tenu
neuement d'icelle sieurie d'Amigny, à Jean Jullain, escuier,
à présent sieur dud. lieu d'Amigny, et en confesse plusieurs
rentes, reliefz, services, traiz mes et autres choses.
— 95 —
Item, led. sieur d'Amigny, en temps et lieu, quand le cas
s'offrira, veult, et promet montrer et enseigner avecques la
teneur desd. lettres, sy assez n'est suffisamment prouvé par le
eontract cy-dessus escript, et sa généalogie véritable, et que il
et ses prédécesseurs ont tousiours par cy devant jouy et usé
dud. privillègê de noblesse, comme de vraye extraction par ce
droict tousiours esté quitte et exempt de toutes tailles, aydes,
coustumes, payages, passages et autres choses quelconques,
dont les nobles du pais et duché de Normandie ont accoustumé
estre quites et exempts, et de temps immémoriable tousiours
jouy et usé dud. privillègê de noblesse, et esté au service du
Roy, de son ban et arrière ban, en armées, pour le service,
ainsy que les autres nobles, allencontre de ses ennemys et da-
vantage sy mestier est produire et montrer autres chartes et
lettres.
Item, pour la déclaration de la généalogie et extraction dud.
Jean Jullain, escuier, oncle dud. sieur d'Amigny, et de Gilles
Jullain, fils du deffunct Emond Jullain, en son vivant escuier
frère dud. Jean, par semblable oncle dud. sieur d'Amigny,
dira qu'ilz s'aident desd. partages dont s'est aidé cy devant
led. sieur d'Amigny, qui faictz ont esté de la succession à eux
venue dud. Collin Jullain, ayeul dud. sieur d'Amigny et père
dud. Jean Jullain et dud. Simor, père dud. Gilles. Ensemble
de la généalogie dud. sieur d'Amigny et des lettres et escrip-
tures, dont s'aide led. sieur d'Amigny et de semblable alléga-
tion et affirmation que a faictesled. sieur d'Amigny, représen-
tant le droit de l'ainé en leur succession.
Produit par led. sieur d'Amigny, mesmemant par lesd. Jean
et Gilles, dicts Jullain, aujourd'huy dix huict me jour de juillet
mil cinq cens vingt trois. Signés : J. Jullain, Gilles Jullain, et
Jean Jullain, un paraphe. Les lettres mentionnées ont esté
rendues. A suivre.
Hippolyte Sauvage.
Inauguration
DES
Nouvelles Salles du Musée de Saint-Lo
La Municipalité de la Ville de Saint-Lo a profité des
fêtes qui eurent lieu le 6 octobre 1907, pour inaugurer
les nouvelles salles du Musée.
M. le Maire en a remis la garde, à la Société
d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire Naturelle du
département de la Manche.
A cette solennité assistaient la Municipalité Saint-
loise, M. Marcel Rauline, député de l'arrondissement
de Saint-Lo, et les Membres de la Société.
M. le Préfet de la Manche avait bien voulu honorer
de sa présence cette solennité artistique et agricole.
M. du Boscq de Beaumont, président de la Société, a
le premier pris la parole en ces termes :
Monsieur le Député,
Monsieur le Maire,
Messieurs,
m
Au nom de la Société d'Agriculture, d'Archéologie et d'His-
toire Naturelle du département de la Manche, j'ai l'honneur
de vous souhaiter la bienvenue dans notre Musée.
— 97 —
J'ai, de plus, à ni'acquitter d'une dette de profonde recon-
naissance envers vous, Monsieur le Maire, qui, à peine installé
dans vos fonctions, avez fait vôtre le projet de restauration du
Musée, conçu par l'honorable M. Dary, votre prédécesseur,
projet dont nous nous apprêtons à fêter aujourd'hui la réali-
sation.
Au pied du rocher de Saint-Lo, théâtre de tant de drames, à
l'ombre de l'antique église Notre-Dame, témoin de la foi de
nos pères, nous pouvons maintenant contempler le Panthéon
rajeuni de nos gloires locales où l'artiste et l'historien viendront
rêver et chercher leurs inspirations.
Qu'il me soit donc permis de vous exprimer ici, Monsieur le
Maire, et à la Municipalité tout entière, la bien vive gratitude de
notre Société pour l'aide morale et matérielle qui lui a été
accordée par la Ville de Saint-Lo.
M. le Docteur Thomas, maire de Saint-Lo, a répondu
à M. du Boscq de Beaumont, et son discours a été
fréquemment interrompu par les marques de la plus
vive sympathie. Nos lecteurs seront heureux de lire le
bref, mais substantiel, historique qu'il a fait de la
Société à laquelle il remettait la garde du Musée.
Voici le texte de ce discours :
Monsieur le Président,
Messieurs,
Mon premier devoir dans cette circonstance mémorable est
de saluer, au nom de la Ville de Saint-Lo, la mémoire de
Madame Duhamel, qui a légué à notre Musée, et ses œuvres
d'art, et la somme suffisante pour en assurer la conservation.
Son souvenir évoque naturellement celui de son père. Le
Docteur Giffard était un de ces médecins du commencement du
7
siècle dont Balzac a tracé un impérissable portrait. L'amour
du beau, Pamour de ses semblables faisaient invariablement
partie de la forte éducation que les bourgeois d'alors donnaient
,à leurs enfants. Le legs fait à votre Musée, le legs fait aux
orphelins pauvres témoignent de l'empreinte profonde que les
idées paternelles avaient laissée dans l'esprit de notre bien-
faitrice. Son Altesse Sérénissirae le Prince de Monaco a voulu
honorer votre Compagnie en souvenir de ses illustres aïeux
qui ont joué un rôle glorieux pendant des siècles dans l'histoire
de notre cité et de notre pays. Qu'il reçoive l'hommage de
notre respectueuse reconnaissance ! Qu'il la reçoive également,
ce généreux anonyme qui subventionne toutes nos œuvres
artistiques sans jamais vouloir sortir de sa pénombre désin-
téressée !
Vous avez bien voulu, Monsieur le Président, être l'initia-
teur de ce mouvement de restauration ; vous y avez trouvé un
aide dans mon honorable prédécesseur, car les cinq mille francs
risquaient de dormir encore longtemps dans notre caisse
municipale. Un artiste éminent, conservateur de ce Musée,
s'est chargé de donner à ces tableaux, à ces statues, un cadre
digne d'eux. Un savant a classé ces oiseaux dont quelques
spécimens sont uniques et appartiennent h des espèces dispa-
rues. Un membre de votre Société s'est souvenu qu'il était
architecte et a dirigé les travaux. Nos entrepreneurs ont rivalisé
de zèle, nos ouvriers d'ardeur. Le Conseil Municipal a voté à
l'unanimité la subvention complémentaire. Monsieur le Préfet
a laissé fléchir les règlements administratifs sur les travaux, et
c'est ainsi qu'avec le concours de tous ces artisans, de toutes
ces bonnes volontés, not^e Musée a revêtu pour la circonstance
ces habits de fête auxquels il n'était pas depuis longtemps
habitué.
Les anciens élevaient dans leur cités un temple à Apollon,
dieu des Beaux-Arts. Nos villes modernes possèdent, elles
aussi, leurs musées. Ces palais sont des éléments d'éducation
et de richesses artistiques. Ils procurent aux délicats des
— 99 —
sensations délicieuses, ils servent à développer dans les masses
ces sentiments élevés qu'inspirent aux âmes primitives la
contemplation des chefs-d'œuvres des maîtres. Un grand
nombre d'artistes sont sortis de la classe ouvrière et sont morts
pauvres après avoir conquis l'immortalité. Carpeaux ne fut-il
pas maçon avant d'être le divin sculpteur qui orna la façade
de l'Opéra? Un musée attire l'étranger, le riche, par les
numéros de son catalogue et contribue à faire affluer, dans la
ville qui le possède les critiques d'art, les esprits à la recherche
des manifestations du génie de l'homme.
Quelle déception n'eurent pas, il y a quelques semaines, ces
riches Américains venus pour contempler Homère dans l'île de
Pathmos chantant l'Iliade devant les bergers, le grand prêtre
Eleazar refusant de sacrifier aux faux dieux, les miniatures
de Daniel Saint, les amours de Gombaut et de Macée ! —
Ils trouvèrent la porte close, mais leur exemple, la renommée
mondiale de ces chefs-d'œuvres, amènera chez nous de nom-
breux visiteurs. Un musée rappelle aussi aux vivants les
héros et les événements du passé :
Cette salle des Matignon est dominée tout entière par le
souvenir de l'illustre maréchal qui termina pacifiquement nos
discordes civiles. Mais elle nous rappelle les sièges de Saint-
Lo, le courage de nos ancêtres qui, conduits par Julienne
Couillard, défendaient l'épée à la main leurs libertés commu-
nales — en ne capitulant qu'avec les honneurs de la guerre.
Ce portrait de Louis XIV évoque le souvenir du Siècle du
Grandi Roi. Une ville voisine célébrait il y a quelques jours
l'amiral Tourville; nous pourrions, à notre tour, rendre hom-
mage à notre compatriote le maréchal de Bellefonds qui, au
lendemain du désastre de la Hougue, préserva le Cotentin
d'une invasion anglaise.
Ce buste du général Dagobert, c'est l'intégrité de la patrie
sauvée, les Espagnols obligés de repasser les Pyrénées. Il n'y
a pas jusqu'à cette collection d'oiseaux qui n'ait son histoire.
Elle est due au commandant Lamarche qui contribua à la
— 100 —
prise d'Alger. C'esf toujours Saini-Lo, les enfants de Saint-Lo
mettant au service de la Patrie menacée leur indomptable
énergie et le caractère résolu des Bas-Normands.
Telles sont, messieurs, rapidement esquissées, les richesses
dont vous avez la garde. Tels sont les souvenirs historiques
qu'ils évoquent. Ah ! combien il faut remercier les fondateurs
de votre Compagnie d'avoir eu ridée de cette création. J'ai eu
la curiosité d'ouvrir vos archives. J'y ai lu les noms les plus
illustres et les plus respectés de notre ville. Votre premier
président était Feuillet, le père de l'académicien qui est venu
ici dormir son grand sommeil dans sa ville natale après une
vie brillante et mondaine.
Vos vice-présidents étaient Groualle et Elie. Votre secrétaire
était Edouard Lepingard. Sa maison est vide d'hier et les
habitants de la rue Belle-Croix ne rencontreront plus sur leur
passage le respecté vieillard. Un de vos conservateurs était
Queillé, le père de l'inspecteur général des Finances. A côté de
ces dignitaires, je lis les Allix, Choisy, E, Didier, Jules Dieu,
Hippolyte Douchin, Dubois, maire de Saint-Lo, Gouville, de
Carentan, P. Guiilot — votre pèYe monsieur le Conservateur—
Ephrem Houëi un des créateurs du cheval anglo-normand,
Houyvet, qui est mort premier président, le comte de Ker-
gorlay, député, Levatois, Rousseau, Tréfeu.
Cette pléiade d'hommes voués au culte de l'art et de la
science avait provoqué un mouvement départemental, et la
liste de vos correspondants n'est ni moins instructive, ni
moins suggestive. Tous ceux qui s'occupaient d'éducation
populaire, d'instruction, de lettres, de sciences, d'économie
politique avaient tenu à apporter leur concours moral à cette
œuvre. Le* plus grands dignitaires et les plus grands savants
i f « o »ti<>. J'y trouve les noms du piofesseur Bertrand,
m .i/o du Caeu, du docteur Blanchet, de Bouiatigner, conseil-
ler d'Etat, de Caillemer, de Caligny, de Caumont, correspon-
dant de l'Institut, de Mgr Delamare, de Léopold Delisle, dont
le monde entier célébrera ces jours-ci les noces d'or, du gêné-
— 101 —
rai Du Moncel, du recteur Edem, de Ha vin qui était alors
conseiller d'Etat, de Lebouteiller, Inspecteur primaire, père
du médecin de Valognes, du peintre Lechevalier, du comte
Lemarois, du grand astronome Leverrier, de Mercier, ancien
préfet et député, du colonel Olivier, du général duc de Plai-
sance, grand chancelier de la Légion d'honneur, d'Alexis de
Tocqueville, de Tostain, inspecteur général des Ponts-et-
Chaussées, de Julien Travers, des préfets de la Manche, des
évêques de Coutances, des maires de Saint-Lo.
Voilà, Messieurs, vos glorieux ancêtres.
Vous avez, Monsieur le Président, apporté votre pierre à
l'édifice de 1833, vous l'avez consolidé, vous l'avez embelli.
Votre connaissance des hommes et des savants, vos relations,
vos voyages à travers le monde, vos visites dans les plus
fameux musées de l'Europe et de l'Amérique, vous avaient
préparé à cette situation académique. Vous êtes puissamment
aidé par une pléiade d'artistes et de savants. Vous n'avez
qu'à continuer les traditions de vos fondateurs Le programme
est resté le même, il n'a subi ni les atteintes du temps, ni les
modifications des hommes. Vous n'avez qu'à enrichir vos
archives de mémoires, ce musée d'oeuvres artistiques et
de souvenirs locaux. C'est une œuvre digne de votre esprit
d'élite, qui vous méritera, à votre tour, l'estime et la recon-
naissance de la Cité.
Ensuite, le Président s'adressant à M. le Maire
et à M. Rauline, député, les pria de soulever le voile
qui recouvre le buste du général Dagobert, puis il
ajouta :
Au nom de la Société d'Agriculture, d'Archéologie et d'His-
toire Naturelle du département de la Manche, j'accepte pour
le Musée le buste du général Dagobert que veut bien nous
offrir notre très distingué Conservateur M. Gaétan Guillot.
H l'a modelé à notre intention ; nous l'en remercions de tout
— 102 —
cœur, heureux de posséder ce témoignage de son beau talent.
Avant la distribution des prix culturaux, M. Marie,
maire d'Agneaux, a rendu compte des travaux du
Jury, chargé de visiter les exploitations. Voici le texte
de ce rapport :
Rapport sur les Prix Culturaux
Monsieur le Président,
Messieurs,
Grâce à l'initiative heureuse d'un homme dévoué aux
questions qui intéressent la prospérité de notre région, grâce
aux subsides généreux qu'il a offerts à la Société d'Agricul-
ture, d'Archéologie et d'Histoire Naturelle du départe-
ment de la Manche, cette Association peut reprendre une
tradition abandonnée depuis trop longtemps, faute de res-
sources. Cette année, il sera donné des encouragements à la
petite et à la moyenne culture.
L'essai, timide d'abord, s'est borné à l'arondissement de
Saint-Lo; mais à l'avenir, il embrassera le département
entier. Dans ce but, il est fait appel à tous ceux qui — de près
ou de loin — voudront bien encourager une œuvre dont les
résultats seront des plus utiles. En effet, c'est de l'exploitation
moyenne que sortiront les cultivateurs actifs, intelligents et
travailleurs, destinés à constituer les fermiers modèles qui
contribueront au développement et à la prospérité de l'Agri-
culture.
La Société d'Agriculture, d' Archéologie et cP Histoire
Naturelle a donc jeté les bases du concours et en a tracé le
programme ; la publicité a été faite pour stimuler les deman-
des. Quatre cultivateurs seuls ont répondu à l'appel ; ce sont :
MM. Albert Lorence, propriétaire-cultivateur à La Meauffe ;
— 103 —
A. Huault, propriétaire-cultivateur à Saint-Thomas de Saint-
Lo; Adolphe Chef de ville, fermier à Saint-Gilles, d'une pro-
priété appartenant à Mme la marquise de Sainte-Marie
d' Agneaux; Jean Françoise, fermier à Saint-Georges-de-Mont-
cocq, exploitant des terres appartenant à divers propriétaires.
Un jury composé de MM. Marie, maire d'Agneaux ; Péze-
ril, propriétaire et adjoint au maire de Saint-Clair ; Eugène
Leboucher, propriétaire et conseiller municipal à Agneaux, a
procédé, en présence de M. du Boscq de Beaumont, président
de la Société, à la visite des quatre exploitations soumises à
leur appréciation.
1° La Prêtrerie, i la Meauffe.
La propriété appartient à M. Lorence qui l'exploite; son
étendue de 17 hectares comprend 2 hectares 40 ares de labours
et 14 hectares 60 ares de terrains en herbe, dont 2 hectares
80 ares en prairies fauchables. Sur cette étendue, 3 hectares
60 ares sont plantés de pommiers.
Les bâtiments d'habitation et d'exploitation sont convena-
blement aménagés et les instruments de culture sont rangés
avec soin.
Des animaux en quantité suffisante et de bonnes sortes gar-
nissent l'exploitation : leur nombre est quelque peu supérieur
à ce qu'il était au moment où les exploitants actuels ont suc-
cédé à M. Lorence père.
La tenue des terres dénote chez le propriétaire du savoir-
faire agricole ; mais M. Lorence débute, puisque, depuis trois
années seulement, il exploite par lui-même. Il n'a pas encore
donné ses preuves, mais il arrivera certainement au succès.
Le jury se permet de remarquer ce qu'il a considéré comme
une erreur de rotations dans les cultures : M. Lorence le
reconnaîtra certainement, de même qu'il ne manquera pas
d'apporter des améliorations dans l'installation de la laiterie.
Il convient de signaler l'existence d'une comptabilité
— 104 —
agricole fort bien tenue ; le jury ne peut que donner à M. et
Mme Lorence les plus grands éloges à ce sujet, et il se permet
de recommander l'emploi de cette mesure capitale à toutes
les familles qui se livrent à l'agriculture.
2° La Calotte, à Saint-Thomas de Saint-Lo.
La propriété de M. H uault, n'ayant pas de labours, n'est
pas dans les conditions fixées pour prendre part au concours.
Le Jury cependant a été heureux de la visiter afin de féliciter
les propriétaires sur l'installation des bâtiments agricoles, sur
la bonne tenue des plants de pommiers, sur l'état d'engrais-
sement des terres et sur le choix heureux — au point de vue
de la production laitière — des animaux qui composent la
vacherie. Le légumier dénote par ses cultures luxuriantes des
connaissances spéciales en maraicherie ; Paménageraent des
fumiers et des purins est parfait.
Le Jury exprime ses regrets que la propriété de la Calotte
ne comprenne pas de terres en labours qui seraient certaine-
ment aussi bien tenues que les herbages : cela eût permis d'ac-
corder un prix.
Il faut noter qu'une comptabilité est tenue des revenus de la
ferme ; elle dénote que les bestiaux vendus, notamment les
veaux, atteignent de très hauts prix.
8° Le Bouillon, à Saint-Gilles.
Depuis vingt-et-une années, cette propriété de 20 hectares
est exploitée, comme fermiers, par les époux Chefdeville : elle
est affermée 2.000 francs, plus les impositions.
Elle se décompose de la façon suivante :
Labours, 6 hectares 40; herbages pâturés, 9 hectares 60;
herbages fauchables et prairies, 4 hectares ; 5 hectares sont
plantés de pommiers.
Les bâtiments d'habitation et d'exploitation sont forts con-
venables et bien tenus.
— 105 —
Le jardin légumier intelligemment cultivé et en bon état, .
rend certainement des services pour l'alimentation de la fa-
mille ; il comprend les gros légumes nécessaires à la basse-
cour.
Toutes les terres sont convenablement engraissées et sont
expurgées des mauvaises productions ; les assolements sont
réguliers et les rotations des labours conformes aux usages
locaux.
Alors qu'à leur entrée sur la ferme, les époux Chefdeville
avaient 2 chevaux, 6 vaches, 4 veaux de l'année, 2 jeunes
porcs et 60 volailles ou lapins, ils ont actuellement 3 chevaux,
13 vaches, 3 génisses amouillantes, 5 veaux de 15 mois,
5 veaux de Tannée, 4 porcs et 58 volailles. C'est une preuve
de l'amélioration delà terre par une bonne tenue rationnelle
et par un engraissement annuel suffisant.
Les époux Chefdeville ont élevé quatre enfants, dont deux
sont demeurés à la fermequ'ils aident à exploiter; à un autre,
ils ont fait apprendre un métier et l'ont doté lorsqu'il s'est
marié; le quatrième est fermier à Saint-Sauveur- Lendelin
sur une terre de douze hectares, ses parents ont concouru à
son établissement.
Une réserve de seize tonneaux, dont quatorze sont encore
pleins de cidre, prouvent que les époux Chefdeville sont aisés :
ils ont môme acheté quelques lopins de terre.
Le Jury a constaté, avec regret, l'absence de comptabilité
dans l'exploitation Chefdeville. C'est une cause d'infériorité,
car un cultivateur ne peut se rendre compte — s'il n'a pas des
livres tenus avec soin — des points sur lesquels il doit porter
son attention, sur ce qui peut être une source de perles, comme
une source de profits.
Sous le bénéfice de cette observation, il n'a que des éloges
à adresser aux époux Chefdeville.
— 106 —
4° Terre de Crème, à Saint-Georges-de-Montcocq
Dès l'abord, la ferme exploitée par M. Jean Françoise, culti-
vateur à Saint-Georges-de-Montcocq, a paru au Jury n'être pas
dans les conditions requises pour être visitée dans le but
d'obtenir une récompense. Cependant, les bestiaux — trop peu
nombreux pour l'étendue de terre exploitée — présentent, en
ce qui concerne les vaches, les caractères de parfaites laitières.
Le Jury a été heureux de le constater et il en adresse ses
félicitations à M. et M rac Françoise.
L'examen des propriétés étant terminé, le Jury a discuté et
apprécié les raisons qui pouvaient militer en faveur de chaque
concurrent.
Aucun ne lui a paru réunir les conditions voulues pour
l'obtention du prix de cinq cents francs, mais il décide
d'accorder trot» cents francs avec une médaille d'argent
aux époux Chefdeville.
Pareillement, une médaille d'argent avec félicitations, est
accordée à M. et Mme Lorence.
Le Jury considère sa mission terminée et remercie la
Société d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire Naturelle
de la confiance qu'elle lui a donnée et adresse ses compli-
ments aux quatre concurrents.
Le rapport terminé, M. le Président ajouta :
La Société exprime toute sa gratitude à M. Marie, maire
d'Agneaux, M. Pézeril, adjoint au maire de Saint-Clair, et
M. Leboucher, conseiller municipal d'Agneaux, pour le
concours dévoué qu'ils ont bien voulu lui prêter à l'occasion
des visites de fermes.
Le Président fit ensuite décerner le premier prix
par M. le maire de Saint-Lo et le second par
M. Rauline, député.
[
— 107 —
La partie officielle étant terminée, M. du Boscq de
Beaumont pria ses invités de bien vouloir faire « le
tour du propriétaire ». M. Gaétan Guillot, le très dis-
tingué conservateur du Musée, fut l'aimable savant qui
servit de cicérone.
Et la séance s'acheva par une causerie des plus
documentées qui ne fut pas l'un des moindres attraits
de notre inauguration.
/
Nécrologie
MM. LEPIKGARD, le Professeur POIRIER, Eugène
THOUROUDE, le Docteur BERNARD, le Vicomte
de MONTGERMONT et TABARD.
Peu d'années ont apporté plus de deuils à notre Société
que 1907, Nous avons eu en premier lieu, à regretter la mort
de notre vénéré Président d'honneur, M. Edouard Lepingard
qui, pendant de longues années, administra la Société d'Agri-
culture d'Archéologie et d'Histoire Naturelle du Département
de la Manche avec un zèle et une conscience qui ne seront
jamais dépassés.
M. Lepingard, on peut le dire, vécut, en quelque sorte, deux
existences successives. Après avoir fait d'excellentes études
au Collège ue Saint-Lo, notre futur président alla suivre à
Caen les cours de la Faculté de Droit, se fit recevoir avocat,
puis entra comme employé à la Préfecture de la Manche où
son père était chef de division. Il le devint plus tard lui-même
et vécut ainsi jusqu'en 1877, date de sa retraite.
C'est à partir de ce moment qu'une vocation, insoupçonnée
jusque-là chez M. Lepingard, se déclara et fit de lui le plus
fervent des archéologues. Mais avec le grand bon sens qui le
caractérisait, et poussé, sans doute, aussi par de filiales préfé-
rences, il comprit qu'à son âge, pour acquérir une réelle com-
pétence, il devait limiter son champ d'action et se spécialiser,
c'est pourquoi, M. Lepingard fut-il par excellence l'historien
de sa ville natale, et sur ce terrain, il n'eut aucun rival à
redouter.
Parmi les nombreuses publications qui furent le fruit de sa
longue et laborieuse retruite, et qui, pour la plupart, parurent,
I
— 109 —
tant dans les volumes de Mémoires de notre Société, que
dans les Annuaires du département de la Manche, on peut
citer sa monographie des villages de Saint-Lo, une étude sur
Montcastre, considéré comme étant le lieu où Sabinus vain-
quit Viordorix. Si l'article n'est pas décisif, il est tout au
moins documenté et très intéressant. M. Lepingard découvrit,
par contre, d'une façon irréfutable, la véritable destination de
la chaire extérieure de l'église Notre-Dame de Saint-Lo, et le
lieu exact de la mort de Geoffroy d'Harcourt, racontée par
Froissart.
Vice -Président de l'Association amicale des anciens
élèves du collège de Saint-Lo, M. Lepingard avait voué à sa
ville natale un culte tel qu'il ne pouvait jamais se résoudre à
la quitter. Pendant tout le cours de sa longue existence, il
n'était allé qu'une seule fois à Paris pour y passer huit jours.
D'un caractère très droit et tout d'une pièce, notre regretté
président défendit toujours avec un soin jaloux les intérêts
dont il avait la garde. La Société à laquelle il s'était consacré
tout entier conservera toujours avec gratitude la mémoire de
cet homme de bien qui la chérissait comme un père.
Parmi les enfants de la Manche qui, parvenus à la célébrité,
avaient conservé le culte de leur pays d'origine, et tenu à être
des nôtres, nous avons le triste devoir de citer M. le profes-
seur Poirier, mort héroïquement, en mai dernier, d'un mal
qu'il s'apprêtait précisément à combattre par la création d'un
Institut spécial.
Né à Granville en 1853, aide d'anatomie de la Faculté de
Paris en 1880, prosecteur en 1883, chirurgien des hôpitaux
et agrégé en 1886, chef des travaux d'anatomie en 1887, pro-
fesseur chargé de la chaire d'anatomie en 1902, membre de
l'Académie de Médecine en 1905, le professeur Poirier a
)
— 110 —
publié de nombreux travaux originaux ; orateur brillant, il
prononça, lors des diverses séances des congrès de chirurgie
et de l'Académie de Médecine, des discours remarqués. Il était
officier de la Légion d'honneur.
Le professeur Poirier a légué par testament une somme de
500.000 francs au docteur Henri de Rothschild, à charge,
par ce dernier, de fonder à Granviile un hôpital où devront
être étudiées toutes les questions ayant trait à la maternité et
aux soins de la première enfance.
M. Eugène Thouroude, dont nous déplorons également la
mort, était lui aussi, un Parisien de la Manche qui avait
voulu se joindre à nous en souvenir de son lieu de naissance.
Né à Saint-Lo, le 17 novembre 1848, notre regretté collè-
gue était le fils de M. Casimir Thouroude, ancien directeur de
l'Enregistrement et des Domaines. Après être entré, à son tour,
dans l'Enregistrement où il obtint le grade d'inspecteur,
M. Thouroude acheta une charge de commissaire-priseur du
département de la Seine, charge dont il dut se démettre il y a
quelques années pour raisons de santé. Très épris des choses
militaires auxquelles il consacrait tous ses loisirs, M. Thou-
roude était chef d'escadron d'artillerie territoriale et chevalier
ie la Légion d'honneur.
Il était le cousin-germain de notre sympathique collègue
M. Albert Thouroude, greffier en chef du tribunal de
première instance de Saint-Lo, auquel nous adressons, ainsi
qu'à la famille, nos bien sincères condoléances.
Une autre perte bien sensible pour notre Société, a été celle
de l'un de ses vice-présidents, M. le docteur Bernard, offi-
— 111 —
cier de la Légion d'honneur et Conseiller général du départe-
ment de la Manche. Malgré son grand âge, le docteur Bernard
était, jusqu'en ces derniers temps, très assidu à nos réunions
au cours desquelles on ne faisait jamais vainement appel à ses
conseils et à son expérience.
A cette liste de disparus déjà bien longue, nous avons le
profond regret d'ajouter les noms de M le vicomte de Mont-
germont, nouveau venu parmi nous, prématurément enlevé à
l'affection des siens, et de M. Tabard, conseiller municipal
de Saint-Lo, décédé au commencement de 1908, mais à la
mémoire duquel nous tenons à rendre, dès maintenant, un
suprême hommage.
Le Bureau.
>-»*Xg/<**-
LISTE DES MEMBRES
DE LA
SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE, D'ARCHÉOLOGIE
ET D'HISTOIRE NATURELLE
du Département cle la Manche
au 31 décembre 1907
* •« € <!<!) <MMM>(fr !> »»»»
PRÉSIDENTS D'HONNEUR
MM. le Préfet de la Manche, ^.
le Maire de Saint-Lo.
MEMBRES D'HONNEUR
S. A. S. Mgr le prince de Monaco, comte de Torigni, baron
de Saint-Lo, etc., G. C. $*, Correspondant de l'Institut.
M. Léopold Delisle, G. 0. $£, Membre de l'Institut, Admi-
nistrateur général honoraire de la Bibliothèque Nationale,
8, rue des Petits-Champs, Paris, II e .
M. Albert de Lapparent, â&, Membre de l'Institut, Secrétaire
perpétuel de l'Académie des Sciences, 3, rue de Tilsitt,
Paris, VIII e .
ADMINISTRATION
Président : M. du Boscq de Beaumont.
Vice- Président : M. l'abbé Blanchet, Chanoine honoraire,
Curé de Sainte-Croix de Saint-Lo.
Secrétaire général : M. Gambillon.
Secrétaire adjoint : M. le docteur Le Clerc.
Trésorier : M. Levoy.
Conservateur : M. G. Guillot.
Conservateurs adjoints : MM. A. Dieu.
L. Delisle, avocat.
Bibliothécaire- Archiviste : M. le docteur Louis Alibert.
Classificateur de la section d'Agriculture : M. Marie.
Classiftcateur de la section d'Archéologie : M. P. Derbois.
Classificateur de la section d'Histoire Naturelle : M. Sébire.
8
— 114 —
MEMBRES TITULAIRES
MM.
Adigard (Pierre), Avocat, Député de l'Orne, 4, rue Chomel,
Paris, VII e .
Alibert (le docteur Louis), Saint-Lo.
Barbaroux, Imprimeur, Propriétaire et Directeur du Messager
de la Manche, Saint-Lo.
Bérenger (le vicomte de), à Trelly, par Quettre ville.
Biard (J.), Notaire, Saint-Lo.
Bigot (Adalbert), Propriétaire, Cerisy-la-Forêt (Manche).
Blanchet (Pabbé), Chanoine honoraire, Curé de Sainte-Croix
de Saint-Lo.
Boscq de Beaumont (du), Le Mesnil-Vitey, Airel (Manche),
et 15, rue Greuze, Paris, XVI .
Bosq (J.), Banquier, Premier adjoint, Saint-Lo.
Bourde de la Rogerie (Henri), Archiviste - Paléographe,
Conservateur des Archives départementales, Hôtel de la
Préfecture, Quimper (Finistère).
Broise (de la), Propriétaire, Château de la Vaucelle, Saint-Lo.
Chardon (IL), 0. ^, Maître des Requêtes au Conseil d'Etat,
81, boulevard Saint-Mich*l, Paris, V\
Comminks de Marsilly (Arthur de), 80, avenue Kléber,
Paris, XVK
Damecour, Notaire, Saint-Lo.
Dary, Conseiller municipal de Saint-Lo.
Defontaine (H.), 55, rue de Babylone, Paris, VII*.
Delisle (Léopold), Avocat, Saint-Lo.
Derbois (P.), ancien Professeur, Saint-Lo.
Desplanques (A.), Maire d' Airel (Manche).
Dieu (A.), Avocat, Conseiller municipal de Saint-Lo, boule-
vard de la Gare, 34, Corneilles-en-Parisis (S.-et-O.).
Enault (Emile), Directeur du Journal de la Manche,
Saint-Lo.
Fabre (H.), 0. ^, Commissaire général du Canada, 10, rue
de Rome, Paris, VIII e .
Feuillet (Richard), ^, Chef de bataillon au 45 e régiment
d'infanterie, 24, rue de Flore, Le Mans (Sarthe).
— 115 —
Frestel, Propriétaire, Agrneaux, par Saint-Lo.
Friteau (Henri), Conseiller d'arrondissement, Sainf-Lo.
Gambillon (E.), Chef de Division de la Préfecture de la
Manche en retraite, Saint-Lo.
Gautier, Chef de section à la Compagnie des Chemins de
Fer de l'Ouest, Saint-Lo.
Gocrcy (le comte Xavier de) 25, rue de Grenelle, Paris,
VII e , et château de la Boulaye, Cerisy-la- Forêt (Manche).
Grente (l'abbé), Directeur du Collège de Saint-Lo.
Guilbert (Prosper), Sous-Chef de Bureau à la Direction gé-
nérale de l'Enregistrement, 25, rue de Grenelle, Paris, VII e .
Guillot (G.), 25, rue Crevaux, Paris, XVI e .
Hérissé (Georges d'), 3£, Inspecteur honoraire de la Banque
de France, 66, rue de Miromesnil, Paris, VIII*.
Hommet (le baron Th. du), 22, rue Brochant, Paris, XVII e .
Jacqueline, Conseiller municipal de Saint-Lo.
Jacqueline (Paul), Imprimeur, Saint-Lo.
Jéhanne, Maire de Saint-Gilles, par Saint-Lo.
Jouanne (L.), Avoué, Saint-Lo.
Kergorlay (le comte Jean de), château de Thère, par
Pont-Hébert (Manche).
Labbey (A.), Négociant, 5, place de la Bourse, Paris, II e , et
château de Mesnilville, par Saint-Clair (Manche).
Le Bas, Avocat, Saint-Lo.
Leboucher, Propriétaire, Agneaux, par Saint-Lo.
Lkcarpentier (Charles), Sous-Inspecteur de l'Enregistre-
ment, Saint-Lo.
Le Clerc (le docteur R.), Conseiller municipal, Saint-Lo.
Leclerc (A.), Notaire honoraire, Saint-Lo.
Le Comte d'Olondk (E.), Propriétaire, Saint-Lo et Fervaches,
par Tessy-sur-Vire (Manche).
Le Danois, Gérant de Propriétés, Agneaux, par Saint-Lo.
Lefèvre, Docteur en pharmacie, Pharmacien, Saint-Lo.
Le Forestier d'Osseville (le comte), Conseiller général,
château de Thère, par Pont-Hébert (Manche).
Lefranc (le docteur), La Meauffe, par Saint-Clair.
Le Gout-Gérard (Fernand), Artiste peintre, 93, rue Ampère,
Paris, XVII e ,
— 116 —
Legrand (Arthur), ^, Député de la Manche, 18, rue Chau-
veau-Lagarde, Paris, VIII e , et château du Coquerel, par
Milly (Manche).
Le Menuet, Conseiller municipal de Paris, 2, rue Bertiu-
Poirée, Paris, I er .
Lemerre (Alphonse), O. •$*, Libraire-Editeur, passage
Ghoiseul, Paris, II e .
Le Monnier de Gouville (Alain), ^ Capitaine de cavalerie
en retraite, château de La Paiiière, Agneaux, par Saint-Lo.
Lerosey (l'abbé), Chanoine honoraire d'Angers, Curé de
Saiut-IIilaire, Loudun (Vienne).
Le Tual, imprimeur, Conseiller municipal de Saint-Lo.
Leturc (le docteur), Conseiller d'arrondissement et Conseiller
municipal de Saint-Lo.
Levoy, Percepteur, Saint-Lo.
Lhomond (le docteur), Saint-Lo.
Magniaux, Avoué, Saint-Lo.
Mallet, Avocat, second Adjoint, Saint-Lo.
Marie, Maire d'Agneaux, par Saint-Lo.
Marie (l'abbé), Professeur au Collège de Saint-Lo.
Mathan (le comte Jean de), Conseiller d'arrondissement,
château de Semilly, par Saint-Lo.
Péroche, 3$S Directeur honoraire des Contributions indi-
rectes, rue de la Bassée, Lille.
Pommier (le Docteur), Conseiller général, Maire de Torigni.
Porel (Paul Parfouru), *&, Directeur du Vaudeville, 63,
avenue des Champs-Elysées, Paris, VIII e .
Pottier, Avoué honoraire, Saint-Lo.
Pougheol, Notaire, Saint-Lo.
Poulain, Juge de paix d'Octeville, en résidence à Cherbourg,
rue des Ormes.
Queillé, O. i^, Inspecteur général des Finances en retraite,
Saint-Lo.
Quenaultde la Groudiêre (Bernard), château du Dézert,
par Saint-Jean-de-Daye (Manche).
Rauline (Marcel), Conseiller général et Déput.'* de la Manche,
48, avenue Marceau, Paris, VIII e , et manoir de Champeaux,
Saint-Lo.
Roland de Cadehol, Rédacteur en chef de Y Indépendant,
28 et 30, place au Bois, Cambrai (Nord).
— 117 —
Sauvage (Hippolyte), ancien Magistrat, Lauréat de l'Institut,
53, boulevard Bineau, Neuilly-sur-Seine.
Savary (l'abbé), Chanoine honoraire, Supérieur du Collège
de Saint-Lo.
Sébire, Propriétaire, Saint-Lo.
Thomas (le docteur), Conseiller général, Maire de Saint-Lo.
Thouroude (A.), Greffier en Chef du Tribunal de Première
Instance, Saint-Lo.
Travers (Emile), Achiviste- Paléographe, ancien Conseiller
de Préfecture, 18, rue des Chanoines, Caen.
Tréfeu (Etienne), O.^, Directeur de la Marine Marchande
au ministère de la Marine, 67, rue de Passy, Paris, XVI e .
Vialatte, Directeur d'Assurances, Saint-Lo.
Vibert(A.), Pharmacien, Saint-Fromond, par Airel (Manche).
Ygouf (le docteur), Conseiller municipal de Saint-Lo.
MEMBRES CORRESPONDANTS (1)
Adam (l'abbé J.-L.), Aumônier des Augustines de Valognes.
Bouis (Capitaine Raymond), $*, Escoville, par Hérouvillette
(Calvados).
Clkret de Langavant (Capitaine J.), &, Ker-Lezenn,
Saint- Malo.
Créances, Principal honoraire, 38, chemin de la Corniche,
Marseille.
• Courson (A. de), ancien Sous-Préfet, château des Planches-
sous-Amblie, par Creully (Calvados), et 26, rue de l'Oran-
gerie, Versailles.
Dalimier (Henri), Professeur de Première au Collège
d'Avranches, 7, rue du Séminaire, Avranches.
Jambois (Charles), Conseiller à la Cour d'Appel de Paris, 13,
rue Litîré, Paris, VI e .
Lecornu (Léon), $£, Ingénieur en Chef des Mines, 3, rue
Gay-Lussac, Paris, V e .
* Legoux (Mgr), Protonotaire apostolique, Chanoine honoraire
de Coutances, 3, rue Le Châtelier, Paris, XVII e .
(1) Les Membre 4 Correspondants, dont le nom est précédé
d'une astérique, sont abDnnés aux publications de la Société.
— 118 -
• Leguillochet (l'abbé), Curé de Gerville, par La Haye-du-
Puits (Manche).
Lemarquand, Juge de Paix, Président de la Société Archéo-
logique de Valognes.
Le Moyne (Eugène), Président du Tribunal civil de Ploërmel
(Morbihan).
• Morel (l'abbé L.)> Aumônier des Sœurs de Saint-André, 133,
rue du Cherche-Midi, Paris, XV e .
• Pillet (J.), Principal du Collège de Cambrai (Nord).
Vacandard (l'abbé E.), Chanoine honoraire de la Métropole
de Rouen, Aumônier du Lycée Corneille (Rouen).
SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES
FRANCE
Aisne. — Société Historique et Archéologique de Château-
Thierry.
Alpes-Maritimes. — Société des Lettres, Sciences et Arls
des Alpes-Maritimes.
Basses-Pt/rénées. — Société des Sciences, Lettres et Arts, à
Pau'.
Calvados. — Académie de Caen.
Association Normande, 12, rue des Croisiers, Caen.
Société des Beaux-Arts de Caen.
Société des Antiquaires de Normandie.
Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Bayeux.
Doubs. — Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de
Besançon.
Eure. — Société d'Etudes préhistoriques des Andelys.
Gard. — Académie de Nîmes.
Société d'Etudes des Sciences Naturelles de Nîmes.
Gironde. — Société des Sciences Physiques et Naturelles de
Bordeaux.
Haute-Garonne. — Société d'Archéologie du midi de la
France, à Toulouse.
Société d'Histoire Naturelle de Toulouse.
Hérault. — Société d'Archéologie, Scientifique et Littéraire,
de Béziers.
jlle-el-Vilaine. — Société Archéologique d'Mc-et- Vilaine, à
Rennes.
— 119 —
Société Historique et Archéologique de l'Arrondissement de
Saint-Malo.
Loire-Inférieure. — Société Académique du département de
la Loire-Inférieure.
Société Archéologique de Nantes.
Société des Sciences Naturelles de l'Ouest de la France, à
Nantes.
Maine-et-Loire. — Société d'Agriculture, Sciences et Arts
d'Angers.
Manche. — Société d'Archéologie d'Avranches et de Mortain.
Société Académique de Cherbourg.
Société des Sciences Naturelles de Cherbourg.
Société Académique du Cotentin, à Coutances.
Société Archéologique, Artistique, Littéraire et Scientifique
de l'Arrondissement de Valognes.
Orne. — Société Historique et Archéologique de l'Orne, à
Alençon.
Pyrénéea-Orien (aies. — Société Agricole, Scientifique et
Littéraire des Pyrénées-Orientales.
Rhône. — Société Littéraire, Historique et Archéologique de
Lyon.
Saône-et-Loire. — Société Eduenne des Lettres, Sciences et
Arts, à Autun.
Société d'Histoire Naturelle d'Autun.
Société d'Histoire et d'Archéologie de Chalon-sur-Saône.
Société des Arts, Sciences, Belles- Lettres et Agriculture de
Saône-et-Loire.
Société des Sciences Naturelles de Saône-et-Loire (Chalon-
sur-Saône).
Société d'Histoire Naturelle de Mâcon.
Sarthe. — Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe.
Seine. — « Omis », Bulletin du Comité Ornithologique et
International, Paris, Masson, 20, boulevard Saint-
Germain.
« La Pomme », Société Littéraire et Artistique, 54, avenue
de Breteuil, Paris.
« Romania », Recueil trimestriel consacré à l'étude des
Langues et des Littératures Romanes, Emile Bouillon,
67, rue de Richelieu, Paris.
Société Française des Fouilles Archéologiques, Ernest
Leroux, 28, rue Bonaparte, Paris.
Seine-Inférieure. — Académie des Sciences, Belles-Lettres
et Arts de Rouen.
— 120 —
Société Géologique de Normandie, au Havre.
Société Hâvraise d'études diverses.
Somme. — Société des Antiquaires de Picardie, à Amiens.
Société des Sciences, des Lettres et des Arts d'Amiens.
Tarn-et -Garonne. — Société Archéologique de Tarn-et-
Garonne.
Var. — Société Académique du Var, à Toulon»
Yonne. — Société des Sciences Historiques et Naturelles de
l'Yonne (Auxerre).
ETRANGER
Alsace-Lorraine. — Société d'Histoire Naturelle de Metz,
25, rue de l'Evêche.
Belgique. — Revue Mabillon (Au Directeur, Dom Besse), à
Chèvelogne, par Leignon, province de Namur.
Etats-Unis d'Amérique — The Smithsonian Institution. —
Minnesota Academy and Natural Sciences. Bureau
d'Ethnologie (au Directeur), à Washington.
Jersey. — Société Jersiaise pour l'étude de l'histoire et de la
langue du pays.
Uruguay. — Musée national de Montevideo.
— 121 —
MEMBRES TITULAIRES
Reçus à la séance du 11 Janvier 1908.
MM.
Commîmes de Marsilly (Henri de), 80, avenue Kléber,
Paris, XVI*.
Orange, Artiste peintre, rue de Grenelle, 151 bis, Paris, VII e .
TABLE DES MATIÈRES
Éloge funèbre de Luc Duchemin de la Haulle,
lieutenant général du Bailli du Cotentin, M. Gaétan
Guillot 5
V Instruction publique dans les diocèses de Coutances
et d'Avranches avant 1789 (suite), M. l'abbé
Lkrosey 23
La Recherche de Jean Le Venart, lieutenant de
l'élection de Coutances au siège de Saint-Lo,
commissaire du Roi en 1523 (suite), M. H. Sauvage. 66
Inauguration des nouvelles salles du Musée de
Saint-Lo 96
Nécrologie. — MM. Lepingard, le Professeur
Poirier, Eugène Thturoude, le Docteur Bernard,
le Vicomte de Montgermond et Tabard. . . . 108
Liste des Membres de la Société et des Sociétés
correspondantes 113
MM.
Gaétan Guillot. — Éloge funèbre de Luc Duchemin de
la Haulle, lieutenant général du
Bailli du Cotentin.
L'Abbé A. Lerosey. — L'Instruction publique dans les
diocèses de Coutances et d'Avran-
ches avant 1789 (fin).
H. Sauvage. — La Recherche de Jean Le Venart,
lieutenant de l'élection de Cou-
tances au siège de Saint- Lo, com-
missaire du Roi en 1523 (suite).
— Inauguration des nouvelles salles
du Musée de Saint-Lo.
Le Bureau. — Nécrologie.
— Liste des Membres de la Société et
des Sociétés correspondantes.
NOTICES
MÉMOIRES ET DOCUMENTS
PUBLIÉS PAR LA SOCIÉTÉ
D'AGRICULTURE, D'ARCHÉOLOGIE ET D'HISTOIRE NATURELLE
DU DÉPARTEMENT DE LA MANCHE
4
VINGT-SIXIÈME VOLUME
La Société ri est pas engagée, par les opinions
des auteurs dont elle publie les Mémoires.
NOTICES
MÉMOIRES ET DOCUMENTS
PUBLIÉS PAR LA SOCIÉTÉ
d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire Naturelle
DU DÉPARTEMENT DE LA MANCHE
VINGT-SIXIEME VOLUME
SAINT-LO
IMPRIMERIE JACQUELINE, RUE DES IMAGES, 23
MDCCCCVIII
La Recherche de Jean Le Venart
LIEUTENANT DE L'ÉLECTION DE COUTANCES
AU SIÈGE DE SAINT-LO
COMMISSAIRE DU ROI EN 1523
(Publiée d'après un manuscrit de la Bibliothèque de Rouen)
QUATRIÈME PARTIE (1)
CHAPITRE II
Ensuivent les noms de ceux qui ont esté deffaillans et
dillayans ( c.-à-tf. demandant délai) d'apporter leurs généalo-
gies, nonobstant les commanderaens et adjournemens à, eux
faictz.
Murdrac. Jean Murdrac, seigneur de Grengne (2).
Fortescu. Nicolas Fortesru (3).
De la Mare. Christofle de la Mare.
Juslain. Gilles Juslain.
De Girrois. Jean de Girrois.
Scelles. Gilles Scelles (4).
(1) Voir tomes 23, 24 et 28, des Mémoires de la Société
d'Archéologie du déparlement de la Manche.
(2) Anoblissement de 4591. Armoiries: D'azur au chevron
d'argent, chargé d'un croissant de gueules, accompagné de 2 soleils
d'or en clief et d'un cœur enflammé en pointe.
Recherche : Chamillart.
(3) Armoiries : I? argent à trois bandes d'azur.
Recherches : Monlfnut et Chamillart.
(\) Anoblissement de U>87. Armoiries : Ecarlelé aux 1 er et 4°,
d'or , au lion de subie, armé cl lampassé de gueules ; aux 2 et 3,
de gueules* à une fleur de lys d'argent.
Recherche : Chamillart.
— 6 —
De Boulien. La veuf ve et enfaas de feu Pierre de Boulien.
Myette. M re Guillaume Myette.
Rogier. Gieffroy Rogier (1).
La Dangie. Richard La Dangie (2).
Signé : Maurevart. Un paraphe.
CHAPITRE III
LES MONNOYERS DE LA MONNOIE DE SAINCT-LO
I. — Basire (3).
Jacques Basire, monnoyer de la monnoye de Sainct-Lo, du
serment de France, en ensuivant le commandement de justice,
baille par desclaration sa généalogie, et s'aide des lettres cy
apprèz déclarez, pour montrer qu'il est privillégié en droict,
estoc et ligne de monnoye.
Dict qu'il est filz légitime de feu Jean Basire et de Jeanne
Cabouillet, sa femme defïuncte, ses père et mère, et s'aide des
lettres par lesquelles apparest comme le roy Charles, en son
joyeux advenement à la couronne, de son auctorité royale,
constitua Jean Cabouillet, deffunct père de lad. Jeanne, mère
dud. Jacques Basire, ouvrier de lad. monnoye de Sainct-Lo,
luy et sa postérité et lignée. Lesd. lettres, en dabte le derrain
jour de may mil I1II C et dix.
Item, faict apparoir de lettres attachées à icelles, données
de messieurs les généraux des monnoyes à Paris, en dabte
le vingt un me jour d'avril mil II II e et douze.
(1) Francs fiefs 4470. Armoiries : Coupe d'argent et d'azur ;
le 1 er , chargé d'un lion léopardé de sinople ; le 52° de trois roses
d'argent, posées "2 et f .
Recherches : Roi^sy et Chamillart.
(2) Armoiries : If argent , sem> : d'hermines sa?is nombre ; au
chef d'azur, chargé de trois pommes de pin d'or.
Recherches : Roissy et Chamillart.
(3) Condamné par Montfaut
— 7 —
Item, faict apparoir comme led. Cabouillet fust reçeu et fist
son espreuve et chief d'oeuvre en lad. monnoye, et continua
l'ouvrage d'icelle ; et comme Jeanne, fille dud. Cabouillet, et
mère dud. Basire, fust reçeue en lad. monnoye, le second jour
de janvier IIII C dix neuf.
Item, faict apparoir comme il fust reçeu en lad. monnoye,
au d roi et de sad. mère, le vingi me jour d'avril mil 1111 e soixante
dix huict, et comme il fist son épreuve et chief d'œuvre le
vingt trois" 10 jour de febvrier mil 1111 e IIII XX trois.
Item, s'aide des privillèges des monnoyers par lesquelz il
et ses semblables, sont et ont esté tousiours, par cy devant,
tenus quittes et exemptz de toutes tailles, impostz et autres
subsides quelconques jouxte la teneur desd. privillèges, et dict
qu'il est résident et demeurant dedans lad. ville de Sainct-Lo.
Produict par led. Basire, aujourd'huy tiers jour de septem-
bre mil cinq cens vingt quatre, à Sainct-Lo, devant Jean Le
Venart, lieutenant des Esleuz de Coustances, commissaire du
Roy, nostre Sire, en ceste partie. Signé : Basire. Un paraphe.
II. — Maurevart.
Pour desclarer par Gilles Maurevart, prévost et monnoier
de la monnoie de Sainct-Lo, du serment de France, au plus
prez qu'il en peult avoir congnoissance que luy et ses prédé-
cesseurs ont esté d'ancienneté, de dreict, estoc et ligne de
monnoye, dict ce qui suict :
Dict que de long temps et de grande ancienneté ses prédé-
cesseurs ont servy les roys de France eu faict des monnoyes,
tant en la monnoye de Rouen, Sainct-Lo, en Normandie, que
ailleurs eu royaume de France, et faict apparoir comme en
l'an mil 1111 e quatre cens vingt huict, devant Jean Le Gouppil,
général des monnoyes de France, congrégation et assemblée
fust faicte des compagnons, ouvriers et monnoyers de Sainct-
Lo, pour délibérer entre eux de leurs communes affaires, entre
lesquelz est premier nommé Jean Dumesnil, prévost des
— 8 —
ouvriers dud. serment, bisayeul dud. Maurevart, en ligne
féminine.
Montre par autre lettre ancienne comme en Tan mil 1111 e
quarante deux, Guillemine, fille de Pierre Dumesnil, filz dud.
Jean Dumesnil, prévost et led. Perrin, ouvrier, en lad.
monnoye de plaine part d'or et d'argent, ieelle femme, ayeule
dud. Maurcvart, fustreceuc en lad. monnoye.
Item, faict apparoir comme en Tan mil 1111 e cinquante trois,
M ,c Eslienne Dumesnil, M rc en artz, filz aisuédud. Perrin
Dumesnil, fust reçeu monnoyer en lad. monnoye de Sainct-Lo,
et par autre lettre, en dabte de Tan mil 1111 e cinquante huict,
comme led. Estienne fistson espreuve et chief d'œuvre en lad.
monnoye.
Item, faict apparoir comme en Tan mil 1111 e soixante et
traize, Guillaume Maurevarl, filz de Gilles et de lad. Guille-
mine, sa femme, fille légitime dud. deffunct Perrin Dumesnil,
fust reçeu ouvrier en lad. monnoye, au droict de sa mère, et
comme en l'an mil 1111 e soixante et quinze, led. Guillaume
Maurevart, à présent deffunct, père dud. Gilles, à présent
vivant, fist espreuve et chief d'œuvre, et continua l'ouvrage du
Roy toute sa vie en lad. monnoye.
Lequel Gilles à présent vivant, fust reçeu en lad. monnoye
en Tan mil 1111 e 111I X * et dix nouf, et fist son espreuveet chief
d'œuvre en l'an mil cinq cens et ung, ainsi qu'il apparoit par
lettres exhibées par led. Maurevart, deument scellées et
approuvées.
Item , faict apparoir par autre lettre de commission donnée
par messieurs les généraux conseillers du Hoy, sur Je faict de
ses nionnoNos, comme p.. r le commun accord des ouvriers et
monnoyers de la înonnoie de Sainct-Lo, tant du serment de
France, ([lie de l'Empire, il a este commis et institué
prévost de lad. monnoye, comme idoine (1) et suffisant,
continuant l'ouvrage du Hoy et d'ancienne lignée, résident et
(1) Terme vieilli, signitîant propre 5 quelque chose, tiré du latin
idoneus.
— 9 —
demeurant aud. Sainct-Lo, prez la maison de lad. monnoye.
Item, s'aide du privillège desd. monnoyers, par lesquelz il
et ses prédécesseurs sont et ont esté tousiours par cy devant
quiet es et exemptz de toutes tailles, impostz et autres subsides
quelconques, jouxte lesd. privillèges et pour causes très rai-
sonnables y contenues.
Produict par led. Maurevart, aujourdhuy tiers jour de sep-
tembre mil cinq cens vingt-quatre, h Sainct-Lo, devant Jean
Le Venart, lieutenant des iïslcuz de Coustances, commissaire
du Roy. Signé : Maurevart. Un paraphe.
III. — Tourgis.
Jean Tourgis, fils Guillaume, prévost des ouvriers de la
monnoye de Sainct-Lo, du serment de Franc?, dict et desclare
que luy et ses prédécesseurs ont esté et sont d'ancienneté de
droict, estoc et ligne de monnoye. Dict et desclare ce qui e:i
suict :
Dict que de long temps et d'ancienneté ses prédécesseurs
ont esté de la monnoye, servant le lloy, et continuant Pou-
vage, et pour ce montrer, faict apparoir comme en l'an mil 1111 e
vingt-neuf, au mois de juillet, devant les généraux maistres
des monnoyers, JeanLccanu, bisaycul dud. Jean Tourgis, en
ligne féminisme, estoit prévost des ouvriers de lad. monnoye,
et fist son espreuve et chief d'œuvre eu lad. monnoye, duquel
Lecanu, yssyt une fille légitime, nommée Catherine, qui fust
mariée à Colin Tourgis, desquels yssyt en loyal mariage Guil-
laume Tourgis, père dud. Tourgis et autres enffans, lesquelz
à cause de lad. femme, so t de lad. monnoye.
Item, faict apparoir par lettres, deuement authentiquez,
comme led. Guillaume Tourgis, père dud. Jean, à présent, fist
son espreuve en lad monnoye, le vingt deux" 10 jour de feb-
vrier mil 1111 e soixante et traize.
Item, par autre lettre, en dabte, le quinz mo jour de may
mil cinq cens et vingt, led. Jean Tourgis, à présent vivant, fist
— 10 —
son espreuve et chief d'œuvre, comme ouvrier de lad.
monnoye.
Item, s'aide des privillèges desd. monnoyers, parlesquelz il
et ses prédécesseurs sont et ont esté tousiours par cy devant
quictes et exemptz de toutes tailles, impotz et autres subsides
quelconques jouxte lesd. privillèges.
Produiet par led. Tourgis, aujourdhuy tiers jour de septem-
bre mil cinq cens vingt trois, devant Jean Le Venart, lieute-
nant des Esleuz de Coustances. Signé: J. Tourgis. Un pa-
raphe.
IV. — Du Hamel.
Pour desclaration, par Pierre Du Hamel, filz Henry Du
Hamel, du serment de l'Empire et monnoier en la monnoie de
Sainct-Lo, continuant en l'ouvrage de lad. monnoie.
Dict qu'il s'aide d'une lettre dabtée du mois d'octobre l'an
mil 1111 e soixante-six, contenant comme à la requeste de Raoul
de Breuly, chevalier, chambellan du Roy, nostre Sire, Henry
Du Hamel, fust confirmé et par nous congé donné de jouir et
user des droitz, libertez et privillèges desd. monnoyers, il et
ses hoirs, ainsy que par la teneur desd. lettres, il appert, si-
gnées et scellées, un seing, sceau entier et lacs de soye
Item, s'aide d'une autre lettre du dix mo jour de décembre
mil 1111 e soixante et six, contenant comme par messeigneurs
les généraux, led. Henry Du Hamel fut créé ouvrier en la
monnoye et usa et jouist des privillèges, ainsy qu'il appert
desd. lettres.
Item, s'aide d'autre lettre par laquelle led. Henry Du Hamel
fut reçu en mil 1111 e soixante-six.
Item, s'aide d'autre lettre de l'espreuve dud Henry Du Ha-
mel, en mil 1111° soixante neuf.
Item y s'aide led. Pierre Du Hamel, filz Henry, de la lettre
de quand il futreçeu en lad. monnoye de Sainct-Lo, en dabte
du sept mc jour de febvrier l'an mil cinq cens et neuf.
— 11 —
Item, s'aide d'une autre lettre de son espreuve, en dabte le
mardy six"* jour de déceinbra Tan mil cinq cens vingt.
Item, s'aide de la lettre de prévosté, donnée le vingt
huict™ 6 jour d'aoust Tan mil cinq cens vingt deux, soy aidant
des privillèges desd. monnoyers par lesquelz il et ses sem-
blables sont quittes de toutes tailles, fouages, aides de ville,
quaiorziesmes, huictiesmes, coustumes, sénéchaussées, guet
et garde de porte, empruntz, demandes, assiettes, impositions,
pacages, passages, service d'ost et tous autres impostz^ subsi-
des et subjections quelconques mis et à mettre au royaume de
France, ainsy que les chartriers le contiennent.
Geste présente desclaration produicte par ledit Du Hamel,
monnoyer, prévost en lad. monnoye, à honorable homme
Jean Le Venart, lieutenant au siège de Sainct-Lo, de M rs les
Esleuz sur le faict des aydes, commissaire du Roy en ceste
partie. Faict aujourdhuy trois me jour dî septembre l'an mil
cinq cens vingt quatre.
Signé : Pierre Du Hamel. Un paraphe.
V. — Clérembault,
Pour desclarer par M re Pierre Clérembault, monnoyer de la
monnoye de Saintct-Lo, du serment de France, que luy et ses
prédÔ3esseurs ont esté et sont d'ancienneté de droict, estoc et
ligne de monnoye dud. serment de l'Empire. Dict et déclare ce
qui ensuict :
Dict que de long temps et d'ancienneté luy et ses prédéces-
seurs ont servy les roys de France du faict desd. monnoyers.
Et faict apparoir qu'en l'an mil II II e vinegt huict, Colin Bou-
tebosc, tiers ayeul dud. Clérembault, en ligne féminigne, fust
reçeuen lad. monnoye de Sainct-Lo, ouvrier de plaine part
(For et d'argent.
Montre par autres lettres anciennes, comme en l'an mil 1111 e
cinquante et deux, M re Mathieu Boutebosc, iiis dud. Colin,
bisayeul dud. Clérembault, fust reçeu eu lad. monnoye de
— 12 —
plaine part d'or et d'argent, et par autre lettre de Tan mil II II e
cinquante-trois, comme il fist son espreuve en lad. monnoye.
Item, par autre lettre de mil 1111 e soixante et sept, comme
led. Mathieu fust esleu prévost du serment de l'Empire.
Item, faict apparoir comme en Tan mil 1111 e soixante six,
Jeanne Boutebosc, fille de M r0 Mathieu, fust reçeue en lad-
monnoye de Sainct-Lo.
Item, faict apparoir comme en Tan mil 1111 e IIII" el
quinze, Nicolas Clérembault, filz de Jean Clérembault et de
lad. Jeanne Boutebosc, fut reçeu en lad. monnoye, monnoyer
de plaine part d'or et d'argent, au droict de sad. mère, et de
ce que en l'an mil cinq cens et traize, led. Nicolas Clérem-
beault, à présent deffunct, père dud. M rc Pierre, à présent
vivant, fist son espreuve.
Lequel M rc Pierre Clérembault, à présent vivant, a esté
reçu aud. an mil cinq cens traize, monnoyer en lad. monnoye,
et continue l'ouvrage toutes fois que mestier en est, résidant et
demourant à Sainct-Lo.
Item, s'aide des privillèges de lad. monnoye, par lesquelz
ilz sont quictes de toutes tailles, subsides et impostz, jouxte
lesd. privillèges.
Produict par led. Clérembault, le trois 1 "- jour de septembre
l'an mil cinq cens vingt quatre. Signé : Clérembault. Un
paraphe.
Lesd. lettres ont esté rendues, par apprez icelles veues.
VI. — Renouf.
Raoul Renouf. l'un des ouvriers de la monnoie de Sainct-
Lo, du serment de l'Empire, et continuant l'ouvrage du Roy,
en lad. monnoye, dict que de longtemps et d'ancienneté, luy et
ses prédécesseurs sont et estoient de bonne et droicte ligne d.2
monnoyes. Il s'aide des lettres qui ensuivent :
S'aide d'une lettre donnée de messieurs les généraux des
mon noies, par lesquelles apparoist comme Guillaume de la
— 13 —
Porte, aïeul dud. Raoul Renouf, et père de la mère d'icelluy
Raoullet, estoit monnoyeren lad. monnoye, et comme il avoit
Jaict son espreuve et chief d'œuvre, continuant l'ouvrage
d'icelluy. Icelles lettres, en dabte le neuf me jour de décembre
l'an mil cinq cens et un.
7/rm, faict apparoir comme devant les généreux, en Tan mil
JIH C cinquante-neuf, led. Guillaume de la Porte, fust com-
mins prévost desmonnoyes dud. serinent de l'Empire, et fist
le serment à ce requis.
Item, s'aide d'une autre lettre, comme enl'an mil I III e qua-
rante-six, Girctte, fille légitime dud. de la Porte, mère dud.
Renouf, fut reçeue à lad. monnoye et fit led. service.
Item, s'aide d'une autre lettre, en dabte du premier jour
d'avril mil 1111 e soixante et quatorze, contenant comme
led. Renouf fust reçeu en lad. monnoye, au droict de ses pré-
décesseurs ; et par autre lettre en dabte du sept 1 "* jour d'avril
rail 1111 e IIII" deux, contenant comme led. Renouf fist son
espreuve et chief d'oeuvre en lad. monnoye, et a tousiours
I continué l'ouvrage du Roy en lad. monnoye, et résidant et
I demeurant en ceste ville de Sainct-Lo, faisant Pasques et
| Noël et autres.
I Item, s'aide de sa lettre de prévost, donnée du vingt" 10 jour
I de décembre, l'an mil cinq cens et quatre, soy aidant avecques
! cèdes privillèges desd. monnoiers par lesquelz il et ses sem-
j blabies sont quittes de toutes tailles, fouages, aides doubles et
subjections quelconques, mis et à mettre sus au royaume de
France.
Cette déclaration produite par led. Renouf, prévost ouvrier
et monnoyer en lad. monnoye de Sainct-Lo à honorable
homme Jean Le Venart, lieutenant en ce siège des Esleuz,
sur le faict des aides, commissaire du Roy, nostre Sire, en
j ceste partie, en obéissance et au bon commandement et plaisir
du Roy. Faict aujourd'huy trois" 10 jour de septembre l'an mil
cinq cens vingt quatre. Signé : Renouf. Un Paraphe.
— 14 —
Vil. — Damf.sme.
Pour desclarer par Estienne Damesme, l'un des ouvriers de
la monnoye de Sainct-Lo, du serment de l'Empire, et conti-
nuant l'ouvrage du Roy, en lad. monnoye, que de longtemps
et d'ancienneté, luy et ses prédécesseurs sont et estaient de
bonne et droicte lignée de monnoyers, s'aide des lettres qui
ensuivent :
S'aide d'une lettre donnée de messieurs les généraux des
raonnoyes, par lesquelles appert comme Guillaume de la Porte,
ayeul dud. Estienne, et père de la mère d'icelluy Estienne
estoit monnoyer en lad, monnoye, et comme il avoit faict son
espreuve etchief d'oeuvre, continuant l'ouvrage en celle d'ice-
luy lieu. Ces lettres en dabte du neuf mc jour de décembre
mil I1II C quarante sept.
Item, faict apparoir comme devant lesd. généraux, en Tan
mil IIII C cinquante neuf, led. Guillaume de La Porte fust
commins prévost des monnoyes du serment de l'Empire et fist
le serment à ce requis.
Item, s'aide d'une lettre contenant qu'on l'an mil IIII C
soixante ei traize, Perrette, fille légitime dud. Guillaume de
La Porte, mère dud. Estienne, fust reçeue en lad. monnoye,
et fist le serment en tel cas accoustumé.
Item, s'aide d'autre lettre, du mois d'avril mil cinq cens et
onze, comme led. Estienne Damesme fustreçeu en lad. mon-
noye au droict de sesd. prédécesseurs. Et par autre lettre du
vingt six mc jour de may mil cinq cens vingt, contenant comme
led. Estienne fist son espreuve et chief d'oeuvre en lad. mon-
noye et a continué tousiours l'ouvrage du Roy, en lad. mon-
noye, résidant et demeurant à Sainct-Lo.
Soy aidant avecques cèdes privillèges desd. monnoyers par
lesquelz, il et ses semblables sont quittes de tous impostz et
subsides quelconques, ainsy que les chartes le contiennent.
Desclaration produicte par led. Damesme à honorable
homme Jean Le Venart, lieutenant du siège de Sainct-Lo, de
— 15 —
messieurs les Esleuz de Coustances, commissaire du Roy,
nostre Sire, en ceste partie. Faict aujourd'huy trois me jour de
septembre, l'an mil cinq cens \ ingt-quatre. Signé : Damesme.
Un paraphe.
VIII. - Groult.
Ensuict Je plaisir et voulloir du Roy, nostre Sire, que les
monnoyers et ouvriers des monnoyes baillent par escript les
moyens comme ils sont des monnoyes, affin de jouir des pri-
villèges d'icelles monnoyes, à eux octroyez par les Roys et
conférez à iceulx à Thomas Groult, fils Perrin, de la paroisse
de Grengne, et de Louise Du Hamel, sa femme et espouze, et
procréé en loyal mariage, avecques lesquelz ses père et mère,
il est demeurant en leur pouvoir paternel, et non marié, ne
tenant aucun feu, ni lieu.
Dict qu'il montre, par lettre du vingt-six mc jour de may, Tan
mil 1111° IIII XX et cinq, des prévotz, compagnons, ouvriers et
monnoyers de la monnoye de Sainct-Lo, comme lad. Louise
Du Hamel, fille de deflunct Henry Du Hamel, en son vivant
ouvrier esd. monnoyes du serment de l'Empire, f ust reçeue à
lad. monnoye et fist le serment comme tailleresse, jouxte que
lesd. lettres le portent et contiennent.
Item, s'aide et montre autre lettre desd. prévotz, compa-
gnons, ouvriers et monnoyers dud. service de l'Empire, du
quatorz mc de may, l'an mil cinq cens dix sept, comme led.
Thomas Groult fust reçeu monnoyer auxd. monnoyes aud.
serment de l'Empire, ainsy qu'il est plus à plein contenu ausd.
lettres. Avecques lesquelles lettres dessus déclarées, iceluy
Groult s'aide des lettres et escriptions produictes par Pierre Du
Hamel, prévost de lad. monnoye du serment, frère de lad.
Louise.
La présente desclaration faicte par led. Groult devant hono-
rable, homme Jean Le Venart, lieutenant à Sainct-Lo de
messieurs les Esleuz de Coutances, commissaire du Roy,
— 16 —
nostre Sire. Faict aujourd'huy trois mc jour de septembre, Pan
mil cinq cens vingt quatre. Signé : Groult. Un paraphe.
IX. — Le Rerours.
Pour déclarât ion, par Richard Le Rebours, filz Jean Le
Rebours, de la Manssellière, et de Gillette, filta de Henry
Du Hamel, l'un des monnoyers de la monnoye de Sainct-Lo,
continuant et résidant en lad. monnoye et ouvrage d'ieelle.
S'aide led. Richard Le Rebours d'une lettre contenant comme
Henry Du Hamel, père de lad. Gillette, mère dud. Richard Le
Rebours, fust présentée en lad. monnoye et reçeue tailleresse,
en dabte du sept me jour de janvier, Tan mil 1111 e soixante dix
neuf, ainsy qu'il appert par la teneur des lettres de réception.
Item, s'aide Icd. Richard Le Rebours d'une lettre contenant
comme Richard fust rcçeu aux droietz, libertez et franchises
desd. monuoyes, par les prévostz de lad. monnoye, ainsi qu'il
appert par la teneur de la lettre de réception, du quatr mc jour
d'avril, l'an mil cinq cens et onze.
Item, s'aide d'une autre lettre contenant comme par Raoul
Renouf et François Lacanne, prévostz, icelluy Le Rebours
fist son chief d'oeuvre et espreuve de monnoyer, fust reçeu par
les susdietz, ainsy que par la teneur de lad. lettre est plus
manifestement déclaré et estably, en dabte du vingt-sept mc
jour de juillet l'an mil cinq cens et vingt. Soyaydant autenti-
quement des privillèges desd. monnoyes, par lesquelz il et ses
semblables sont quictes de tous impotz, subjections et juris-
dictions quelconques mis et à mettre sus au royaume de
France, ainsy que les chartes le contiennent.
Ceste présente desclaration produicte par led. Le Rebours,
monnoyer, à honorable homme Jean Le Venart, escuier,
lieutenant es siège de Sainct-Lo, de messieurs les Esleuz, sur
le faict des Aydes,, commissaire du Roy, nostre Sire, en
ceste partie. Faict aujourd'huy tiers jour de septembre, l'an
mil cinq cens vingt quatre. Signé : Le Rebours. Un paraphe.
- \1 —
X. — Lesleu.
Ensuict par desclaration les lettres que produict honorable
homme Guillaume Lesleu, tailleur des monnoyes de la ville
de Sainct-Lo, en suivant l'appoincteraent de messieurs les
Esleuz de Coutances, ou leur lieutenant à Sainct-Lo, pour
soutenir son privillège, avecques les autres lettres et chartes
de lad. rnonnoye, dont sont aidés les autres officiers, maistres
et ouvriers de lad. monnoye, et dont pareillement ilz s'aident.
Led. Lesleu, tailleur, s'aide, montre et produict troi? lettres
attachez ensemble, les premières en dabte le huict mc jour
d'août l'an mil cinq cens et douze, contenant comme led. feu
roy Louis, que Dieu absolve, donna et octroya aud. Lesleu
l'office de tailleur de la monnoye de Sainct-Lo. La seconde,
du viDgt-sept me jour d'aoust Tan mil cinq cens et douze, don-
née de Hugue Bureau, lieutenant général de monsieur le
bailly de Caen, contenant comme plusieurs maistres du mestier
d'orfebvre en la ville de Caen, rapportèrent et témoignèrent
par leurs certifficatz que led. Lesleu, M trc dud. mestier d'or-
febvre, estoit ydoine et suffisant ouvrier dud. mestier d'orfeb-
vre, tailleur et graveur, habille et expert pour exercer led.
office. L'autre et dernier, donné à Paris du neuf mo jour de
septembre l'an mil cinq cens et douze, contenant comme nos
sieurs les généraux des monnoyes du Roy apprez l'espreuve
par eux pris dud. Lesleu de bien et deuement exercer led.
office de tailleur ont consenly l'entérinnement et accomplisse-
ment desd. lettres du Roy, et par eux mandé aux maistres
particuliers de lad. monnoye de livrer ses droiez et debvoirs
aud office appartenant pour les causes et ainsy que plus à
plain mention est faicte ausd. lettres.
Item, s'aide et produict deux autres lettres. Les premières
en dabte le seiz mc jour de janvier mil cinq cens et quatorze,
contenant comme le Roy, nostre Sire, a continué et confirmé
led. office de tailleur de la monnoye de Sainct-Lo aud. Lesleu.
L'autre dabtée le six rae jour de mars, aud. an mil cinq cens et
2
— 18 -
quatorze, contenant comme nosd. sieurs les généraux ont pris
le serment dud. Lesleu, tailleur, et consenty l'entérinement
desd. lettres.
Lesquelles lettres led. Lesleu, tailleur, a produictes affin
dessus d'entretenir aux honneurs, gages, proffits et privillèges
aud. office appartenant, entre lesquelz privillèges icelluy Lesleu
est et entend estre franc, quitte et exempt de payer tailles, ni
subject comme les autres officiers de tailleur en monnoyes
pour le Roy, nostre Sire, en ensuivant les privillèges de
lad. monnoye, joint avecques ce la demeurance continuelle
dud. Lesleu aud. Sainct-Lo, auquel lieu il exerce led. office
de tailleur chacun jour, le cas offrant.
Produict par led. Lesleu devant Jean Le Venart, lieutenant
à Sainct-Lo des Esleuz de Coustances, le jeudy, quinz mc jour
de septembre Tan mil cinq cens vingt quatre. Lesquelles lettres
dessus dabtées ont esté rendues aud. Lesleu. Signé : G.
Lesleu. Un paraphe.
CHAPITRE IV
Ensuivent les noms des officiers, ouvriers et monnoyers de
la monnoye de Sainct-Lo, lesquelz ont esté reffusans ou
delayans {demandants délai) de procédure.
Vaultier. Guillaume Vaultier, garde de lad. monnoye.
Quétil. Jacques Quétil, garde de lad. mounoye.
Tiboult. Richard Tiboult, monnoyer.
Lacanne. Nicolas Lacanne, ouvrier.
Signé : Maurevart. Un paraphe.
— 19 —
CHAPITRE V
ANOBLISSEMENTS DES FRANCS F1EF8
1470
Ensuict les noms, le nombre et déclaration des enffans dont
les pères sont trespassez, lesquelz en leur vivant furent nobles,
tant par lettres particullières à lacz de soye et cire verde,
comme par la charte générale des Francz Fiefz et nouveaux
acquetz par les eslections sy ainsy cy apprez est particulière-
ment contenu et desclaré.
En l'Eslection de Coustances.
Les hoirs de feu Jean Ferrant.
Les hoirs de feu Robert Sanson.
Les hoirs de feu Richard Levesque.
Les hoirs de feu Guillaume Garnoit.
Les hoirs de feu Pierre Le Mesager.
Les hoirs de feu Girard Pisouche.
Les hoirs de feu Jacques Rousselin.
Les hoirs de feu Raoul Régnier.
Les hoirs de feu Girard Le Tclier.
Les hoirs de feu Jean Osouf.
Les hoirs de feu Nicolas Le Saige.
Les hoirs de feu Simon Le Tavemier.
Les hoirs de feu Robert Adam.
Les hoirs de feu Pierre Martin.
Les hoirs de feu Jean Le Boulleux.
Les hoirs de feu Jean Le Petiot.
Les hoirs de feu Thomas Le Hardy.
Les hoirs de feu Guillaume Briart.
Les hoirs de feu Jean du Val.
— 20 —
Les hoirs de feu Jean de la Roque.
Les hoirs de feu Richard de Caumont.
Les hoirs de feu Richard Le Legier.
Les hoirs de feu Raoulet Groult.
Les hoirs de feu Robert Bosnot.
Les hoirs de feu Le ClereL
Les hoirs de feu Robert de Boisnoitan (pu Boismitan).
Les hoirs de feu Jean Coquet.
Les hoirs de feu Ollivier Coquet.
Les hoirs de feu Richard Simon.
Les hoirs de feu Nicolas Dubosq.
Les hoirs de feu Guillaume de la Mare.
Ainsy qu'il a est et est certiffiô soubz le seing manuel de
Bernard Le Marnel, escuier, l'un des Esleuz en lad. eslection
de Cou s tances.
Hippolyle Sauvage.
FIN
Le Cartulaire
DE L'ÉGLISE NOTRE-DAME DE SAINT-LO
(suite et fin) (1)
À tous ceulx qui ces lectres verront, Clément Le Comte,
escuier, garde du seel des obligations de la viconte de Cous-
tances. Savoir faisons que par devant Colin Cauvelande
le jeune, clerc tabellion jure et commis eu siège et sergenterie de
Quiebou, furent presens Jehan Cauvelande laisne, bourg, de
Saint-(Lo) et Rauline, sa famme, les quelx maries, après ce
que le d. mary out donne auctorite a sa d. famme, de leurs
bonnes volentes confessèrent avoir baillie par eschange af fin de
héritage a Colin Cauvelande, leur filz, et a Clémence, sa
femme, et a leurs hers, en la ligne délie, huit boysseaux de
fourment de rente, mesure de Moon, que le d. Cauvelande
laisne et sa famé, a cause délie, avoient a prendre par chacun an,
au terme Saint Michiel, sur Jehan Quelle et a justicier sur les
héritages qu'il en tient, assis en la parroisse de Moon, selon ce
qui peut plus a plain apparoir par les lectres sur ce faictes, o
tout le droit, action, raison, justice, liberté, saisine et seignourie
que les d. Cauvelande laisne et sa famé y avoient et pouvoient
avoir, caiengier et demander et les arrérages de la d. rente
dun an desrain passe. Et fut ce fait pour ce que les d. Colin et
sa famé, icelle famé auctorisee par son d. mary, en ont pré-
sentement baillie par contreschange aflïn de héritage aux d.
(1) Voir tomes 18 et \\) des Mémoires de la Société d'Archéo-
logie du DéparU ment de la Manche.
- 22 —
Cauvelande laisne, et sa femme et a leurs her^, vingt soulz t.
de rente que les d. Colin et sa feme a cause délie, avoient
a prendre par chacun an, aux termes acoustumes, sur
Guille Le Paulmier les hoirs Robin Le Paulmier et Phi-
lippin Violete, et a justicier sur une maison ou manoir qui
fut maistre Richart Heustez, assis en la parroysse N ro
Dame, en la rue du bas Torteron, jouxte les hers ou aians
cause t!e feu Richart Andreu, dun coste, bute a la d. rue et
aux fossez des Perrelles des bus; la quelle rente les d. Colin
et sa femme avoient eue en partage entre aultres choses
avecquez les frères et seur dycelle Clémence, ausquelx la
dite rente appartencit, par raison de laquisition quen avoit
faicte feu maistre Guill c Fratus, leur oncle, de feue damoiselle
Jebenne de Champeaux, en son vivant veufve de feu maistre
Raoul de Crânes, en son vivant escuier, qui la d. rente pro-
mist garantir et fournir sans dechie et sans admenisement,
jouxte et selon ce qui peut plus a plain apparoir par les lettres
passées devant Olivier Le Moustardier, tabellion a Saint-Lo
Tan mil iiij c et cinq, le iij c jour dapvril que les d. Colin et sa
femme ont présentement bailliees aus d. Cauvelande laisne et
sa femme pour annexer, o tout le droit, action, raison, justice,
liberté, saisine ou seignourie que les d. Colin et Clémence y
avoient et povoient avoir, calengier et demander. Et promis-
trent les d. parties lun a lautre poureulx et pour leurs hers, se
quilz se entrebaillent envers et contre tous garantir, délivrer et
deffendre, oster et ftiettre hors de tous, telz erapeschemens
comme par eulx, ou par leur fait, y pourroit avoir ou entrevenir
en aucune manière; et ad ce fut présent Th ns Cauvelande, filz
des d. Jehan et sa femme et frère du d. Cclin, qui le d. contrait
ouït agréable et promist que jamais aucune chose ny deman-
dera par nulle raison en aucune manière. Et quant a ce tenir
et acomplir lesd. parties se obligèrent lun a lautre chacun en
son fait culx, leurs hers et tous leurs biens meubles et héritages
presens et advenir, ou qu'ilz soient, a vendre doflice de justice
pour deffault de ce et pour restituer et rendre tous coustz mises
— 23 —
et despens faiz par eulx pour ce. En tesmoing de ce, ses lettres
sont scellées du d. seel, a la relation du d. jure sauf autruy
droit. Ce fut fait à Aigneaulx en la présence de Pierres Bou-
cart et de Jaquet Le Touroudel, le lundi xx iiij* jour de juing,
Tan de grâce mil cccc trente sept. Et est ainxi signe :
C. Cauvelande.
Item, enssuit la teneure des lettres du d. don.
Collaon faicte par Bacon.
A tous ceulx qui ces lettres verront Clément Leconte,
escuier, garde du seel des obligations de la viconte de Cous-
tances, salut. Savoir faisons que, par devant Colin Cauvelande
le jeune clerc tabellion jure et comis eu siège et sergenterie de
Quiebou, furent presens Jehan Cauvelande laisne, bourg, de
Saint-Lo, et Rauline, sa femme, les quelz maries, après ce que
led. mary ouït donne auctorite a sa d. femme, de leurs bonnes
volentes confessèrent avoir donne et omosney, donnent et
omosncnt en pur don et omosne affin de héritage au Trésor
de lEglise N re Dame de Saint-Lo vingt soulz tourn. de rente
que les d. maries, a cause délie, avoient a prendre par chacun
an aux termes acoustumez sur Guille Le Paulmier, les hoirs
Robin Le Paulmier et Philippin Violete, et a justicier sur
une maison ou manoir qui fut Maistre Richart Heustes,
assis en la parroisse N re Dame, en la rue du Bas Torteron,
jouxte les hers ou aians cause de feu Richart Andreu, d'un
coste, bute a la dicte rue et aux fosses des Perrelles, des
bus. Les quelz vingt soulz t. de rente les d. maries avoient
aujourduy eux par eschange o les lettres du droit dicelle rente
de Colin Cauvelande, leur filz, et de Clémence, sa fème, selon
ce qui peut plus a plain apparoir par les lettres sur ce faictes
parmi les quelles ses présentes sont annexes, o tout le droit,
action, raison, justice, liberté, saisine et seignourie que les d.
donneurs y avoient et pouvoient avoir, calengier et demander.
Et fut ce fait pour Dieu et en omosne, et pour estre iceulx
donneurs, leurs pareils, amis et biensfuicteurs participais et
— 24 —
acuilliz es messes, biensfaiz, vespres, prières, matynes et
oraisons qui désormais seront faiz, diz, et célèbres en lad.
Eglise ; et auxi pour cstre iceulx vingt soulz t. de rente mis,
convertis et emploies en vin a donner le jour de Pasques les
Crans aux gens dicelle parroysse après ce quilz avoient repceu
le Corps N rc Seignour a la grante Messe en icelle Eglise.
Promettans iceulx donneurs que jamais eulx, leurs hers, ne
personnes qui deulx aient cause eu dit don et omosne aucune
chose ne demanderont, et icelly garantir, délivrer et deffendre,
se par eulx ou par leur fait y avoit aucun empeschement. Et
quant ad ce tenir et acomplir les d. donneurs obligèrent eulx
leurs hers et tous leurs biens meubles et héritages presens et
advenir, ou quilz soient, a vendre doffice de justice pour deffault
de ce et pour restituer et rendre tous coustz, mises et despens
iaiz et eux pour ce. En tesmoing de ce ses lettres sont scelles
dud. seel, a la relation du d. jure, sauf autruy droit. Et fut fait
a Aigneaulx, en la présence de Pierres Boucart et de Jacquet
le Thouroudel, le lundi xx iiij c jour de juing lan de grâce
mil cccc trente sept. Et est ainxi signe : C. Cauvelande. Colla-
tion faicte par Bacon.
Thomas Brebcuf, comme héritier deMacieu Masin, qui mis
avoit este a la requeste de Thomas Mathenot, Guille Jehan et
Jehan Baubegny, trésoriers de l'Eglise N 1 * 6 Dame de Saint-Lo,
en adjournemcni en cas de delaiz de tieu par six bouisseaulx
de fourment de rente, mesure de Saint-Lo, quitta et dellrssa
aflin pour lui et pour se hoirs aus diz trésoriers une pie e de
terre, comme elle se pourporte, assise en la parroysse Saint -
Thomas, jouxte des costes et dun bout a Jehan Coquet, a
c<»use des terres qui furent Rcgnouf Quetior, appelle Le
Monceel et daultre buta Jehan Bedemie et a Jehan Debessin
et a sa femme, a cause délie, pour et en solucion de leur rente,
que y estoit assise, et pour ce quil ne veoit .pas que ce fust son
proufïit de la plus tenir pour la dicte rente et pour les arré-
rages du temps passe leur gaiga et promist paier quatre livres
— 25 —
t. a paier es termes contenus es lettres sur ce faictes, passées
devant Thomas Marest, tabellion de Saint-Lo, le xi e jour de
novembre, lan mil iiij c trente sept. La pièce de terre dessus
desclairee fut baillie par eschange a Emon Coquet, eseuier,
pour et en lieu de quinze s. de rente que le d. Coquet avoit a
prendre sur Jehan Lecarpentier, en la rue S l -Georges, et a
justicier sur lostel et gardin du d. Carpcniier, jouxte Perrin le
Maistre et le d. Carpentier, des Coslez, bute a la d, rue et a
Jehan Gaultier, des bus. Les lettres de la d. eschange faictes
devant Thomas Maresc, tabellion, le xiij c jour de septembre
mil iiij c xivjj.
Thountas Halles et Thomine, sa famé, comme usufruitiers,
et les hoirs de Jehan Vincent, comme propriétaires, doivent au
d. Trésor trois s. t. j. p. cap. de rente, par an, aux tcrmcz
acoust urnes, a justicier sur ung mesnage o le gardin a ce
appartenant, assis en la parroysse Saint-Thoumas de Saint-Lo,
en la rue de la Croix au Cappel, que tiennent a présent le d.
Thoumas Halles et sa famé, et dont la propriété e^t corne len
dit aux hoirs de feu Jehan Vincent jouxte Raoul Baudet et
Regnault Perrel, des co.stes ; butte, dun bout, a la d. rue et
d'autre bout a Julien Le Tanneur et a sa famé et a Jehan
Bedemie, qui aujourduyont estey baillez par eschange par
Jourdan de Conteville, o tout le droit quil y avoit tant en
arrérages que aultrement, a Guille Jehan, Th as M.\thenot,
trésoriers de l'Eglise Notre Dame, lequel il a promis garantir
comme par son fait ou de ses prédécesseurs y pourroit avoir ou
intervenir. Ce fait pour ce que les d. trésoriers tant pour eulx
que pour ceulz qui sont advenir, ly en ont baille par contres-
change v s. t. de rente que avoient a prendre par chacun an le
d. Trésor aux termes acoustumes au devant du d. don fait au
d. Trésor par feu Robert Cauvelande sur Guillaume Basire d.
le Robe et sa faîne, et a faire pour ce justice tant sur une pièce
de terre, comme elle se porporte, assise en la parroisse Notre
Dame, que sur tous les aultres héritages des d. maries par
— 26 —
exécution, selon des lettres sur ce faictes, avec les arrérages qui
deubz en sont, comme il est apparu par lettres passées devant
Thoumas Marcsc, tabellion a Saint-Lo, le samedi xxvij® jour
de juing, Tan de grâce mil iiij c xxxjx, presens Colin Cauve-
lande et Bernard Le Pegny.
Guillaume Gouhier, de la Pouleniere, doit au d. Trésor xij
d. tourn. de rente, par an, au terme St-Michiel, a justicier sur
une pièce de terre contenant demie vergée de terre ou viron,
assise en la paroisse Notre Dame sur le Mont de la Mare,
jouxte des deux costez au d. Gouhier Guillaume et dun bout a
Robin Ruault dit Carnete.
Jehan Boyvin, gouverneur de la Maladrerie de la Magda-
laine près Saint-Lo, doibt ij s. j p. j cap. de rente, par an a paier
xij d. a la Saint-Martin dEste et xij d., ung pain, ung capon
à Noël, du don de Katherine, famé Gieffroy de Parfourrou,
pour estre elle et sa more et païens parlicipaus es prières,
oraisons, services et en la d. église ; a prendre et paier
par la main de Jehan Suesanc et de ses hers, et a justicier sur
son mesnage et gardin assis en là rue de la Ville de Saint-Lo,
en la paroisse Saint-Thomas, joint des bus au mesnage et
gardin Richart Le Rosel, comme il peut apparoir par lettre du
d. don escript scelle passe lan mil i j c et quinze de lassomp-
tion a la benoiste Virge Marie, lequel hostel et gardin fust
depuis ce venu et escheu a feu Jehan Sehier et du d. feu
Sehicr est escheu au Roy N rc Sire pour labsence et déso-
béissance de Jehannin Sehier, fils du d. feu Jehan Sehier,
le quel hostel et gardin jouxte de présent a Raoul Le Court
dun costey, dautre costey et dun bout a Pierres Binet, a cause
des héritages qui! tient a présent a louage des héritiers de feu
Georget Le Marinel, et, dautre bout, a la rue de la Ville de
Saint-Lo. Et pour avoir congie iceulx Trésoriers de joir de
leur dicte rente eussent iceulx Trésoriers de la d. Eglise fait
requesle, au Procureur et Conseil du Roy, et, sur leur d.
- 27 —
requeste la veue assise et leur d. rente recongnene en assiette
assise par rapport denqueste et les solemnitez de Justice gar-
deez, lour eust estey donne congie de joir du fonsdu d.
héritage en lieu de leur d. rente, le quel fons ilz neussent pas
voulu recuillir, mes eussent fait venir le d. Boyvin comme
gouverneur et procureur des d. malades, qui disoient y avoir
droit de prendre x s. de rente par an pour recuillir le lieu en
sauvant les d. x s. de rente puisnes de celle des d. Trésoriers
et leur faire leur rente comme ainsnee, ou renonchior a celle
de* d. malades comme puisnee, le quel Boyvin fust venu en
court et, en sauvant la rente des d. malades eust recuilly le d.
tenement et se submis faire la rente aux d. Trésoriers pour le
temps advenir comme ainsnee, comme tout se peut apparoir
par lettres tant passées es assises de Saint-Lo devant Robert
Jozel, lieutenant gênerai de monsieur le bailli de Costentin, le
xi]* jour de mars Tan mil iiij c xxx viij, que devant Pierres
Berart lieutenant du d. Bailli, passée le ij jour de may lan mil
iiij c xxxix, que aussi devant Thomas Baudry lieutenant du
viconte de Carenten, toutez annexées icelles lettres du dit Bau-
dry, passées es plez ordinaires de la Sergeanterie de Saint-Lo,
le viij* jour de Juillet Tan mil iiij c xxxix.
Du Don de Jehan Peldoue x f . de R.
Jehan Painchaut doit au d. Trésor x s. t. de rente par an,
par ecxecution aux termes de Noël et Montmartin, par moitié,
a cause dune fieuffe a luy faicte par les Trésoriers de lEgliso
N 1 "» Dame de Saint-Lo, de certains héritages, maison, masure
et gardins qui furent Guille Symonnet et Jehan Lesbaudi,
assis en la parroisse N re Dame de Saint-Lo, en la rue de
Falourdel, jouxte lostel qui fut Pierres de Terrette, dun costey
et dautre costey a lostel qui fut Poysson, bute a la d. Rue et a
Jaqnet et Jourdan diz Le Thouroudel, des bus, comme il
appert par la lettre de la dite fieuffe faicte et passée devant
— 28 —
Colin Cauvelande, tabellion de Saint-Lo, le second jour de
février lan de grâce mil iiij c trente huit.
Thoumas Poncel doibt au d. Trésor cinq s. t. de rente de la
tournée de feu Colas Le Roy et a justicier sur une masure
auprès et au dehors de la Porte du Neufbourg, selon les let-
tres donc la teneur ensuit : A tous ceulx qui ces lettres ver-
ront Hervieu de Longaulnoy., lieutenant de noble homme
Th tts Pelleve, escuier, viconte de Carenten, salut. Comme Th as
Mathenot, Guill e Jehan et Jehan Le Rouxel, dit Baubygny,
Trésoriers de l'Eglise Nosire Dame de Saint Lo eussent mis
en adjournement Th as Poncel en cas de delays de fieu,par
raison de cinq s. t. de rente que ilz dizoient avoir droit de
prendre, par chacun an, termes de Noël et Montmartin, par
moitié, a cause et par raison de la tournée et assiette qui en
fist japieca au d. Trésor feu Colas Le Roy, en son vivant,
bourgoiz de Saint-Lo, sur feu Jehan du Poncel, père du d.
Th as ; et a justicier sur ung mesnage o le gardin ad ce appar-
tenant, assis en la parroysse St-Th aâ de Saint Lo, en la
rue du Neufbourg, jouxte lostel qui fut Jehan Le Dain et
lostel qui fut Th as Noël, des costez, bute a la dicte rue
et es Venelles des bus, dont iceulx Trésoriers disoient les
arrérages leur estre deubz depuis la descente et conqueste
faitle p. le Roy, N rv Souverain Seignour et ce eussent poursuy
vers le dict Poncel a en avoir paiment de trois années du
devant de leur dicte clamour, a rencontre de la quelle pour-
suite ieelluy Th as eust intention de prendre défonce, disant
que dey celle rente, il ne de voit rien paier, tant par ce quil
disoit que le d. mesnage avoit du tout este démoli et abatu
pour le fait de la guerre pour la salvation du corps de la dicte
ville, donc il retenoit a estre recompense sur les bourgoiz
et habitans dycelle, que par ce que il avoit estey et estoyt en
non vailour et ne ly avoit servi ne ne servoit de riens, parce
que pour ce qu'il estoit auprès de la muraille de la dicte ville,
il ne la voit pas peu appliquier a gardin. Sur quoy les d.
— 29 —
parliez, fussent en voie* de plaider jugement, en la parfin,
savoir faisons que es plez ordinaires de la sergenterie de
Saint-Lo, tenus par nous lieutenant dessus dit, le mardi vij°
jour de novembre lande grâce mil inj c et xi, icellez partiez par
le moyen de leurs conseulx sont sur ce venus a tel appoincte-
tement comme il sensuit. C'est assavoir que le dict Thoumas
recongnoisi la d. rente estre deue sur la d. place et masure
qui est de présent aussy comme en non valloir, voullantque
se icelle place revient a valleur et que le dit Poncel en jouisse
ou personne pour ly, iceulx Trésoriers prennent leur d. rente
sur icelle par simple justice, comme ilz avoient euparavant de
la demolission dycelle, pour le temps advenir. Lequel appointe-
tement iceulx Trésoriers prindrent et accepteront, et partant
s'en allèrent hors de procès. En tesmoing de ce, nous avons
scelle ces présentes de scel dont nous usons au d. office de
Lieutenant, et a grigneur congnoissance y avons fait mettre le
grant scel aux causes de la d. viconte, en lan, jour et plez
dessus diz. Et estoient ainsy signes : J. Le Poullaillier.
Collation faicte.
Poullailler.
Jehan Cuirot doibt chincq s. de rente par an, aux termes de
Noël et de Montmartin par moittie, de la tournée et assiete
faittc par Damoyselle Mariette Le Prestrel, vefve de feu
Jehan Le Taneur, chargie de garantie pour Guill e Jehan, a
prendre et justicier du nombre de dix s. t., ung pain, une
geline de rente par an, que avoient a prendre la dite Damoy-
selle et son dit feu mary, a cause de lacquisition par eulx
faite, leur mariage durant, sur ung hostel, gardin et pallis,
corne le tout se pourporte, assis en bourgeoisie, en la parroisse
N rc Dame, jouxte lostel qui fut missire Gui II e Calenge, prebs-
lre, et le palis que tient Richart Potier, dun costey, dautre
costey a Richart Le Chamberlent et le gardin Mesnil, que sou-
loient tenir les Peros, bute au d. gardin étala grande Rue
tendante es Degrés Gouhier des bus. Et est en recompensation de
- 30 —
v s. de rente que avoit pieca donney au dit Trésor Henry Le-
cousté a prendre sur ung hostei assis en la rue es Pors qui fut
Gieffreoy Vautier et après acquis parle d. feu Taneur et la dite
Marietie, sa femme, jouxte dun costey a Th as Le Chevalier,
dautrecostey a Guill e Jehan, bute a la dite rue es Pors, et
lequel hostei iceulx Taneur et sa dite femme avoient vendu au
dit Gill e Jehan franc et quitte de toutes rentes, par quoy la dite
femme sestoit chargie de garantie pour icelluy Guill c Jehan,
comme il apparoit par lettres passées devant Th as Maresc,
tabellion de Saint-Lo, le dix me jour de febvrier, lan de grâce
mil iiij c et quarante.
Du don de Jehan et Perrin diz le Rouxel autrement diz
Baubigny, et de Jehenne, leur seur, veuf ve de feu Aymery du
Quesnay, trente s. ung pain, une guelline de rente par an
aux termes acoustumés, o hommage a prendre, selon ce quil
apparoist par les lettres donc la teneur enssuit : A tous ceulx
qui ces lettres verront Jehan Roussel, clerc, garde du scel des
obligations de la viconte de Carenten, salut. Savoir faisons que
par devant Jehan Cauvelande, clerc, tabellion jure et commis a
Saint-Lo, furent présens Jehan et Perrin diz Le Roussel, au-
trement Baubygny, frères, bourgoiz de Saint-Lo, et Jehenne,
leur seur, veufve de feu Aymery du Quesnay et euparavant
femme de feu Jehan Pouchin, lesquels desirans faire le sau-
vement des âmes deulx et de leurs amis trespassez, de leurs
bonnes volentes confessèrent avoir donne et aumosne en par-
don et osmone, affin dheritage, pour eulx et pour leurs hoirs,
au Trésor de lEglise N re Dame de Saint-Lo trente s. t., ung
pain, une guelline, le tout de rente, avecques hommage aux
termes de Montmartin et Noël, a avoir et prendre du nombre
de cent s. t. de rente qui jadis furent donnes a mariage par les
dis frères a la dite Jehenne, leur seur, en faisant le mariage
dejleet dudit Jehan Pouchin, et a faire iusticepour ving s. pain
et guelline, o hommage sur ung hostei assis en la rue de lAsne-
rie, appartenant a présent à Perrin Fabien et sa femme et à
— 31 —
Thomas Sarrot, jouxte es hoirs Morisset et a Jehan Pitoche,
des costes, bute à la rue de lAsnerie et es hoirs feu Jehan du
Roquier, des bus; et dix s. t. du nombre decelle (sic), a justi-
ticier sur une portion dostel et gardin appartenant à Pierres
Le Chevallier, assis en la rue du Buot, en la parroisse N ro
D c , jouxte le dit Pierres des costes, a cause lostel qui fut
Pierres le Berruier et de lostel qui fut es hoirs Richart Girart,
bute a la dite rue et au clos Symon des Peserilz, des quels
trente s. t., pain et guelline de rente, les diz frères et seur ont
présentement baillie aux Trésoriers dicelle Eglise les lettres de
ce faisant mention, o tout le droit, action, raison, justice,
liberté, saisine et seigneurie, que les diz frères et seur y
avoient, pouvoient avoir, callengier et demander, tant en pro-
priété que es arerages dicelle renie, au terme de Noël desrain
passe. Et fut ce fait pour avoir participation es prières, messes,
matines, vespres, vigilles et oraisons qui desormaiz seront
fais, diz et célébrez en la dite Eglise ; et parmy ce que Tho-
mas Mathenot et Guillemin Jehan, a présent trésoriers dicelle
église N re Dame, ad ce presens, eulx establissans et faisans
fors pour les Trésoriers qui pour le temps advenir seront en
la dite Eglise, de leurs bonnes volontez se submistrent et obli-
gèrent faire dire et célébrer par chacun an, en la dite Eglise
quatre messes secrètes qui seront dittes cest a savoir lune de
X re Dame le vij e jour davril, lautre du Saint Esprit le mardy
dapres Pasques les Grans, lautre des trespassez le xx c jour
du dit moys davril et la quarte, la vigille de la Magdalaine, et
sera ditte du jour avecquez mémoire des trespasses a la fin de
de chacune dicelles messes. Et avecquez ce le chapellain qui
diraicelles messes sera tenu, après icelles dites, venir sur la
tombe du père des dis donneurs, la quelle est dans la d. église
devant Saint-Sauveur et dire libéra et de profundis avecquez
les trois oroisons acoustumees a dire pour les âmes des tres-
passez, et pour ce faire aura le chapellain pour chacune dicelles
messes deux s. six d. t. et le sonneur de cloques, pour sonner
en la d. église par chacun des d. quatre jours pour les âmes de
- 32 -
Pierres Le Roussel et Colete sa femme et de leurs aùiis tres-
passez, aura deux s. L par chacun an, qui est pour chacun
diceulx jours six cl. t., lequel argent se paiera par les mains
des d. Trésoriers, et le sourplus de la d. rente sera et demeu-
rera au proufit du d. Trésor ; lequel don les diz donneurs
promissent pour eux et pour leurs hoirs au d. Trésor envers
et contre tous garantir, délivrer et deffendre, oster et mettre
hors de tous empeschemens et encombremens quelxconquez,
fournir, emplir, faire valloir sans aucun dechie ne admenisse-
ment ; et quand ad ce tenir et acomplir les diz donneurs obli-
gèrent eulx, leurs hoirs et tous leurs biens meubles et héritages
presens et advenir, a vendre doffice de justice pour deffault
de ce enterrigner, et pour restituer et rendre tous coustz, mises
et despens fais par eulx pour ce ; entesmoingdeces lettres sont
scellées dudit scel a la relation du d. Jure, sauf autruy droit ;
et fut fait en la présence de Jehan Ferry et de Richart de
Morant, le dymenche xix° jour d'avril, lande grâce mil quatre
cens et quatre. Ainsy signé : J. Cauvelande. Collation faicte.
Signé : J. Cauvelande.
La Grand-Dolee, la Basse-Doltee, la rue Saint-Georges,
le Mesnilcroc et le paiz denviron
Jehan de Caron doit au d. Trésor xu d. tourn. de rente par
an, terme de Noël, du don de Richard Carbonnel, a prendre et
a justicier sur une maison, comme elle se pourporte et comme
elle estoit garnie, qui fut Jehan Le Provost, assis en la
parroisse N rc Dame et jou?toit lors a Jehan Durant, dun coste,
butoit a la rue Saint Georges ; et jouxte, de présent, dun coste
audit de Caron, d'autre coste a Jehan Joiret d. Jeunesche ; bute
a la rue allant de la Porte de Dollee en la rue Saint-George, et
d'autre but, a lhostel qui fut Guillaume Doesbe ou soulloit de-
mourer Maistre Jehan Fouquet, a présent appartenante au d.
de Caron. Et est icelluy hostel assis entre la fontaine a la
Vaulle et la rivière de Dollee, sy corne il est apparu par lectres
- 33 —
faictes et passées devant Robert Ravenel, tabel. de Saint Lo
scelee par Guili" Legay, garde du scel des obliga ons du Duc
en la vicomte de Coustances, lan de grâces mil 1111 e Ivj le
mereredy jour de la Conversion de S 1 Pol apostre, et estoit
ainsi signe : Ravenel, laquelle lettre estoit saine et entière en
scel et en escripture.
Maistre Jehan Fouquet, maistredes haultes œuvres et Jus-
tice du Roy n rc Sire a Saint Lo, doit au Trésorier n s. tour-
nois de rente par an, aux termes de Noël et Montmartin,
moictie a prendre et justicier sur son hostel et gardin assis en
la paroisse N re Dame, en la grant Dollee, en la Ruette par ou
len va au moulin de Dollee et au moulin fouleur, lequel hostel
fut et appartint a Denise Lenguelle, de laquelle il eschut à
Maislre Richart Heustes qui le vendit à Raoul Angot, lequel
hostel est a présent au d. Fouquet et jouxte de présent, dun
coste a eau de Dollee, dautre coste la voye par ou len va de la
rue Saint-Georges au moulin de Dollee et au moulin fou-
leur, bute dun but à Perrin Debleueet a Jouenne, sa femme,
et, daultre bouta Colin Peton, les quelx deux soulz tourn.
sont du don de la d. Denise Lenguelle, pour eslre participante,
elle et ses amis trespasses es prières, messes et oroisons de la
dite Eglise, et estoit la dicte Denise deguerpie de Pierres
Lehueis.
Pierres de Vatteffoit, natif du pais d Angleterre, aiantledroit
par don du Roy, N r0 Sire, des héritages qui furent Thomas
Durant, doit au d. Trésor xxx s. i paini cappon de rente par an,
aux termes de Noël et de Montmartin, a prendre, excecuter sur
une maison, court et gardin qui fut Thomas Durant, et qui de
présent est au dit de Vatteffoit, assis en laparroisse N re Dame,
appelle lostel du Prainseur, jouxte a présent, dun coste, a
Martin Piedefust, daultre coste a lostel qui fut Cavadas et
qui de présent est a la deguerpie de Guill c Le Pallier et a
Jehenne, sa fille, bvte dun but à la rue par quoy len va de la
3
- 34 -
Porte Dollee à Saint -Georges ; icelle rente due par gaigie a
tenir fait es Trésoriers par Jehennet Durant et Robin Molle,
lors possesseur, héritage des d. héritages comme il est apparu
par leetre passée devant Colin Le Roy, lieutenant de Symon
Renouf, Vicomte de Coustanccs es pies ordin. de la Baronnie
de Saint Lo, lan de grâce mil IIP* xvm, le mardi après la
Saint Aubin en mars, laquelle lettre est saine et entière en
scel et en escripture, scellée du grand scel de la Vicomte.
Jehan de Villiers doit au d. trésor par chacun an III s.
tournois de rente, aux termes de Noël et Montmartin par
moictie, du don de Perrin Loisel, a prendre et a justicier sur
ung hostel lors appartenant a Jehan de Vaines, assis en la
Verte-Rue, icellui hostel a présent appartenant au d. Jehan de
Villiers, jouxte a présent dun coste a Jehan Le Fetey, dautre
coste a Jehan Brocard, bute es hers Raoul Durant, dun but
et daultre bout a la d. Verte-Rue. Ce don fait pour estre le d.
donueur participant es bienfaiz, prières et oroisons qui seront
faictcs en la dite Eglise, comme il est apparu par une lettre
escripte en latin passée lan de grâce mil III e et huit, le mer-
credi après la feste Saint GeDrges, martir, la quelle estoit
saine et entière en scel et en escripture.
Perrin Finel (ou Sinel) doit au d. Trésor n s. tourn de
rente par an, au terme de Noël a prendre et justicier sur son
[hostel] et mesnage, ou il demeure, comme il se pourporte de
longe, en lay et qui fut Sandret Finel, son père, assis en la rue
du Mesnilcroq, jouxte Perrin de Vennes, dun coste, daultre
coste a la venelle par ou len va es Palis du Mesnilcroq, bute
dun but à la rue du Mesnilcroq et daultre but a une sente
allante par derrière es dis palis ; et sont de la vente pieca faicte
au Trésor de la dicte Eglise N rc Dame par Nicollas Hays et
Jehenne, sa femme, si comme il est apparu et appert par une
lettre en latin, scellée de deux seaulx lan de grâce mil deux cens
Ixxiin, jure principio (très douteux) mensis septembris.
— 35 —
Laquelle lettre est saine et entière en scel et escripture.
Ung hostel, apartenant a Jehan Simonnet, a Pierres Deven-
neret a sa femme, et a la mère de Guieffroy Regnart dit
Houssette, doit au d. Trésor xn deniers tournois de rente par
an au terme de Noël, a prendre et justicier sur ung hostel et
mesnage o son appartenance, que prindrent japieca Jehan
Simonnet et Alaire, sa femme, a rente de Pierres Bloville par
I x s. 1 pain, 1 capon et xu den. allans au dit Trésor de
lEglise N r0 Dame. Icellui hostel jouxte de présent dun coste
à Colin Angot, daultre coste à Colin Mariette ; bute a leau de
Dolee, dun but, et dautre but a la rue du Mesnilcroc, et
souloit jouster a Enguerran Le Tellier et a Raoul Peluel, des
costes, si comme il est apparu et appart par lettres passées
devant Benêt Le Villous, scellées par Jehan Le Duc, garde du
scel des obligations de la Vicomte de Coustances, lan mil III e
IIII" et quatre, le xiij c jour de novembre, et etoit ainsi signe :
B. le Villous ; la quelle lettre estoit saine et entière en scel et
et en escripture.
Perrin Binet doit au d. Trésor x s. tourn. de rente par an,
aux termes de Noël et Montmartin par moietie, du don de
Jehan Sauvage et de Guillemete, sa femme, a prendre par leurs
mains et a justicier sur une maison, gardin et aultres apparte-
nances, assis en la paroisse N rc Dame et joustoit, lors dud. don,,
à Clément Peteroul et aMichiel Aubree, des costes, butoit a la
rue Saint Georges et a la ruete du Moulin, des bus. Et, de
présent, la tient le dit Binet et jouxte a présent Perrin Vau-
chelles, dun costé, daultre coste es hers Michiel Maliere, bute
a la rue Saint Georges, dun bout et daultre bout au gardin
Jaquet Gislot. Ce don fait pour estreiceux donneurs participans
en prières, bknsfaiz et oroisons qui seront faiz en la dicte
Eglise, et pour ce que les Trésoriers seront tenus faire dire, par
chacun an, deux messes secrètes, lune du Saint-Esprit, le jour
Saint-Thomas et Saint-Pol, aposlres, pour les âmes des d.
Donneurs et de leurs amis trespasses ; de laquelle rente le
— 3G —
sonneur de queloques aura viij sous pour sonner a chacune
dicellcs, laquelle renie les d. donneurs s'obligent pour eulx
et pour leurs hers garantir et fournir sans dechiee, paier on faire
paier par voyc d'oecution, comme il est apparu et appert par
lettre passée devant Jehan Le Hoy, tabellion de Saint-Lo, lan
de grâce mil iiij c et quatre, le mercredi xj jour de juing, et
estoit ainsy signe : J. Le Roy, laquelle lettre estoit saine et
entière en scel et en escriptures.
Rogier Dadeville, par raison des héritages qui furent Jehan
Lemonnier, les quelz il a eulz et tient par raison du don que
lui en a fait le Roynostre Sire, doit aud. trésor IIIIs. tourn. de
rente par an aux termes de Noël et de Monîmartin parmoîetie
du don de Guili Patrix, demourant lors a Saint-Lo, lesquels
iiij s. tour, au temps du d. don à prendre sur Pierres Le
Caretier et a justicier sur son mesnaire que il tenoit du cl .
Patrix, assis en la parroisse N rc Dame et joustoit lors Guill e
Lenepveu, a cause de sa femme, et les hers Coespel, des costes,
butoit a leau de Vire et a la rue des Moulins de Vire, des bus ;
et de présent jouxte au d. Rogier, a cause des héritages du d.
Jehan Le Monnier, dun coste, et dautre coste a Colin Le Vari-
gnon, a cause de Alips, sa femme, bute a leau de Vire, dun
but etdaultre bout au chemin tendant du Pont de Dollee es
moulin de Vire. Ce don fait pour estre le d. donneur, ses
parens et amis, participais es prières et oroisons faictes en
lad. Kglise, la quelle rente le dit donneur sobliga garantir
et fournir, sans dechie, sur lobligacion de tous ses biens et de
ses hers, comme il est apparu et apparessoit par lectres passée
devant Benest Le Villous, tabellion a Saint-Lo, scellées par
Thomas le Mesle, Garde du scel des obligacions de la Vicomte
de Coustances, lan de grâce mil iij c Ixx x, le xxviij jour doctobre
et estoit ainsy signey : B. Le Villous, laquelle lettre estoit
saine et entière en scel et en escriptures.
Robin Guieffroy doit au d. Trésor de N rc Dame XII deniers
- 37 —
tournois de rente au terme de Noël, du don de Jehan Le Gay,
l>our estre participant es prières de l'Eglise, a prendre et
justicier sur ung hostel assis en la parroisse N rc Dame de
Saint-Lo, en la rue du Mcsnil-Croq, lequel fut à Henry de
Guernetier et après a Jehan Gueffroy, et de présent est et
appartient au dit Robin Gieflroy, et jouxte de présent dun
coste a Jehan Hurel, dautre coste a Franquet Gieffroy, bute
d'un butes hers Jehan Durant et daultre bouta la Rue du
Mesnil-Croq, selon ce quil est apparu et appert par lettres
passées devant Benest Le Villoux, lan de grâce rail iij c iiij™
et cinq, le X e jour de février et estoit ainsy signe : B. Le
Villous, laquelle lettre estoit saine et entière en seel et en
escripture.
Du don de Jehan Houbart fait au d. Trésor, xl s. tourn. de
rente par an, aux termes de Noël et Montmartin par moietie.
Ce don fait pour avoir doresnavant, par chacun an, ungobit a
xiu cierges ardans tant comme len dira lobit et messe de
Requiem, et pour faire sonner les cloquez par la ville quant on
fera le d. obit, qui sera fait le jour Saiqt Sevestre ; icelle rente
a prendre et justicier sur les personnes et héritages cy après
Jescleries : premièrement sur Estiennote, fille de feu Robin
Lepicart, xx s. tournois, et a justicier sur deux hostelset mes-
uages tenans ensemble, comme ilz se porportent, assis en la
parroisse N re Dame, en la rue Saint-Georges, jouxtant a pré-
sent, dun coste a Laurens Simon dit Capie, dautre coste es
hoirs Chardin Bisson, bute au chemin des Boujoingneurs,
dun bout, et dautre bout à la rue Saint-Georges ; item, x sous
tourn. a prendre sur Jamin La Diexme et sur Robin Girard et
a justicier sur ung hostel assis en la dite parroisse N re Dame
en la rue Saint-Georges, jouxte a présent dun coste a Martine,
veufve de feu Guill La Loe, dautre coste a Rogier Davallec,
bute a la rue Saint Georges dun bout et dautre bout a Jehan
Durant dit Berlin ; item, x. s. tournois de la d. rente a pren-
dre sur Pierres Berart et a justicier sur son hostel, ou il de-
— 38 —
meure a présent, assis en la dicte parroisse N rc Dame, eu
chastel de Saint-Lo, auprès de la Porte de Dollee, jouxte de
présent a Jehan Besnart, cousturier, dun coste, et daulre
coste a la rue au Rouxelet, bute, dun but, a Pierres Le Rebiiel
et d'autre bout a la rue de la Porte de Dollee, lesquels x. s.
sont es clercs du cueur de la d. Eglise et les rechevent par
leurs mains. Ce don fait pour estre le d. donneur et ses amis
participans es prières et oroisons faictes en la d. Eglise, comme
il est apparu par lettres passées devant Jehan Boulenc, scellées
par Robert du Serlin, garde du scei des obligacions de la
Viconte de Carentan, lan de grâce mil iij c xxiij, le mardi
devant la Saint Andreu apostre.
Onfroy Lemeauffeiz doit au d Trésor xxij manseiz de rente,
par an, a Noël et a la Montmartin, a justicier sur ses deux
hostels et court, comme ils se porportent, assis en la paroisse
N rc Dame, en la rue Saint-Georges, jouxte, de présent, a
Perrin Le Garpentier, dun coste, daultre coste, es hères Henry
le Barbier, bute, dun but, au quemin es Bouionigneurs, et,
dautre but ala rue Saint-George.
Lan de grâce mil iiij c trente huit, le dymence premier jour
de mars, devant Colin Cauvelande le jeune, tabellion a Saint
Lo, fut présent Onflroy Le Meaufleiz, de N rc Dame de Saint Lo,
qui confessa devoir affin de héritage au d. Trésor les d. vingt
deux manseiz de rente par an, aux termes de Noël et Mont-
martin, par moietie, voullant iccllui Onffroy, pour lui et pour
ses hers, que les Trésoriers du d. Trésor et leurs successeurs
puissent pour icelle renie faire justice sur les d. deux hostels
dessus devises ; et en paya présentement à Guillaume Jehan et
à Jehan Baubigny, tresoiiers de lad. Eglise, trois soulz huit
deniers tournois pour les arrérages dune année et partant les
dessus d. Trésoriers lsquicterent des arrérages de la d. rente du
temps passé. Tesnioings a ce Guiot Go et Jehan de la Roque.
Coli:i Vymond doit au d. Trésor iv s. tourn. de rente aux
— 39 —
termes de Noël et de Montraartin, a prendre et justicier sur son
gardin assis en la parroisse N r0 Dame, en la rue St -George,
eu derrière de son hostel, jouxte Chardin Le Cordier, dun
coste, dautre coste et dun but a la venelle par ou len va de la
rue Saint-George au Mesnil-Croq et dautre bout a lostel du d.
Vymond, et est du don Colin Estace et le souloient tenir les
hers de feu Jamet.
Robinne, fille Chardin Vaultier, doit au d. Trésor iv s.
de rente par an, aux termes de Noël et de Montmartin, sur
ung hostel assis en la parroisse N rc Dame, en la rue Saint-
George, que souloit tenir Chardin Vaultier, son père, jouxte, a
présent, d'un coste a Jehan Dosly, daultre coste a la carrière
allant en la grant Ilote des Paliz, bute dun bout a la rue Saint
George et dautre bout a Denis Despineiz ; et est du don de
Coliu Eustace.
Guillemin Scelles, fils Pierres Scelles, doit au d. Trésor xn
s. tourn. de rente, aux termes de Noël et Montmartin par
inoictic, a justicier sur deux maisons o leur appartenance as-
sises en la parroisse X rc Dame en la Verte rue, jouxte, dun
coste a Guillemin Marquestz, daullre coste a la venelle ten-
dante de la Verte rue a la Flote des Palis, bute, dun but, à la
Verte rue et daultre bout au d. Marquestz.
Jehan Barbe doit au d. Trésor xn den. tourn. de rente par
an, au terme de Noël, a justicier sur ung hostel et gardin que
souloit tenir Thomas Dreu et sa femme, assis en la parroisse
N re Dame, en la Verte rue, jouxte dun coste a Laurens
Augier, daultre coste à Dom Denis Mallebochc, prostré ; bute
dun but a la Verte rue et dautre bout à la venelle venante de
la Flote des Paliz a la Verte rue.
Colin Levilloux, dit Trois Torches, doit au d. Trésor xu den.
tourn. sur ung hostel que tient a présent Michiel Lemeauffeiz,
— 40 —
par louage fait des gens et officiers du Roy, du don de Guill e
Berlran pour participer es bienfais de lad. Eglise. Icelluihostel
assis en la rue Saint-George et jouxte de présent a Perrin Beza,
dun coste, daultre coste a Thomas de Lison, bute a la venelle
Thomas de Lison, dun bout et daultre bout a la rue Saint-
George, comme il est apparu et appert par lettre passée devant
Collin Guillebert, tabellion de Saint-Lo, lan de grâce mil iij c
lix, le lundi après la feste Saint Valentin, laquelle lettre est
saine et entière en scel et en escripture.
Jehan Leconte et sa mère, veuf ve de feu Pierres Leconte,
père du d. Jehan, doyvent au d. Trésor xn den. de rente par
an, au terme de Noël, a prendre et justicier sur leur hostel et
mesnage, comme il se porporte, qui fut au d. Pierres Leconte,
assis en la Parroisse N rc Dame, en la Verte rue, jouxte dun
coste a Jehan Lemenuet, d'autre coste a Guill Poree, bute
dun bouta la Verte rue et dautrebout a Jehan Coquet, a cause
de son gardin de Ihostel du MontesMartins.
Jehan Durant dit Berlin et Mahiee Lamy doyvent au d. Tré-
sor h boisseaux de fourment de rente, mesure de Saint-Lo ?
au terme Saint-Michiel, a prendre et justicier sur une pièce de
terre en clos, assise en la parroisse N r0 Dame en la rue Pot
Darain, contenante demie vergiede terre ou environ, laquelle
pièce de terre fut a Perrin La Droue et a Guieffroy Quinel dit
le Petit, et jouxte de présent au d. Bertiu, dun coste, daultre
coste es hers de GiefTroy Commanda et a Perrin le Meslre, a
cause de lostel et gardin qui fut a la femme de Jean de Saint-
Martin, que tient a présent le d. Jehan, bute dun bouta la rue
Pot Darain et d'autre bout au quemin es Bouiongneurs.
Maresc.
Pierres de Vateilbrt, escuier angloiz, aiant droit par don du
Roy, dos héritages qui furent Thomin Durant, doit au Trésor
\ s. de rente par an, aux termes de Noël et de Montmartin par
— 41 —
raoictie, a justicier sur ung hostel, court et gardin, assis enla
GrantDollee ; lequel hostel fut a Gieffroy Fauconnet, jouxte,
a présent dun coste Guill* Michiel, daultro coste es hers de
feu Guill e Le Paslier, bute par derrière au d. de Vattefford, et,
daulre bout, a la rue tendante de la Grant Dollee a Saint-
Georges.
Perrin Auvray et les hers Guill c Gastel, a cause de deux
hostelz et raesnagez o les gardins a ce appartenant tenant
ensemble/, qui furent Thomas Clément et feu Guill* Gastel,
assis en la parroisse N rc Dame, en Dollee, auprès du pont
appelle le Pont Cauvelande, xxxj den. de rente par an, aux
termes de Noël et de la Montmartin par moictie, a justicier
sur ung hostel, mesnageet gardin au d. Perrin appartenant, et
sur une masure et gardin ou il souloit avoir une maison, appar-
tenant aux hers du dit Guill e Castel, tenans ensembles, jous-
tent dun coste a Jehan Cauvelande, filz Robin, dautre coste
aux hers de feu Jehan Bourdon, (à) raison du lieu qui fut
Hébert Lemor, bute dun bout a la rivière de Vire, et, dautre
bout a la rue tendante du Pont Cauvelande es moulins de
Vire.
Allain Gosseaume, de la parroisse N 10 Dame de Saint-Lo,
doit au Trésor n s. tourn. de rente par an aux termes acous-
tumes, a prendre et justicier sur son hostel, maison et gardin
assis en la d. paroisse, en la rue Saint-George, bute a la rue
au Coq, selon ce qui! peut plus a plain apparoir par la letre
dont la teneur en suit : A tous ceulx qui ces lectres verront,
Jehan Roussel, clerc, fgarde du scel des obligacions de la
vicomte de Carentan, .salut. Savoir faisons que pardevant Colin
Desgardins, clerc tabellion jure a Saint-Lo, fut présent Allain
Gosseaume de N rc Dame de Saint Lo, lequel de sa bonne
volonté confessa que, sur une maison et gardin assis en la
parroisse N" Dame de Saint-Lo, joint Robin Le Coq et Jean
Ausseis, des costes, bute a la rue au Coq, Guill*-' Jehan et
— 42 —
Jamin Jehan ont a prendre douze soûls, six deniers t. de rente,
et Perrine, fille de feu Guieffroy Kaoul, quatre sous, six
deniers tournois, et les Trésoriers de N rc Dame de Saint-L,o
deux soulz, le tout de rente, si comme le d. Gosseaume le con-
fessa par devant le d. jure, et jura led. Gosseaume par la foy
et serment de son corps non aller contre les choses dessus
dictes. En tesmoing de ce ces lettres sont scelles du d. scel, a
la rellacion du d. jure, sauf autruy droit. Ce fut fait en la pré-
sence de Symon Poulrel et Jehennin Escourtemer, le xxvj*
jour de décembre, km mil 1111° xxxvj. Ainsy signe: C. Des-
gardins.
Du don fait au Trésor de l'Eglise N re Dame de Saint-Lo
par Jehan, Colin et Mariette dis Cauvelande, frères et seur,
eniïans et héritiers pour partie de feu Robin Cauvelande et de
Thomasse, sa femme, de la par* N r6 Dame du d. lieu de
Saint-Lo, mi iiv. x s. tourn. de rente par an, a prendre et a
avoir par chacun an, aux termes et en la manière qui ensuit,
c'est assavoir xxii s. vi den. tourn. par la main du d. Jehenin^
aux termes de Noël et de la Montmartin, et lesquels xxu s.
vi den. icellui Jehennin sobligea rendre et paier a tousiours et
mais, par voye et manière d'execucion, tant et jusquesa ce que
lui, seshers ou aians cause, en aient fait et baillie assiete aux
Trésoriers de lad. Eglise bonne et suffisen'e, en ung lieu ou eu
deux, en laBaronniede Saint-Lo, laquelle assiete il sera tenu
garder et fournir, et les d. Trésoriers la seront tenus prendre ^
et x 1. v s. t., du nombre dicelle rente, a prendre sur ceulx qui
ensuit, laquelle rente le d. Colin bailla et assist présentement,
cest assavoir xxx s. t. a la Saint-Michiel sur les hers de feu
Robin F>atus, et a faire justic? executorementsur une pièce
de terre en clos, contenant cinq vergie ou viron, assise en la
parroisse S 1 George de Montcoq, soubz le Manoir dAigueauK,
jouxte les hers ou aians cause de feu Guill Pouchin et Jehan
Lelorimier, et bute a l'eau de Vire des bus, selon co quil est
plus a plain contenu es lettres sur ce faictes, passées devant
— 43 -
Colin Desgardins, tabell. a Saint Lo, le dymence viij jour de
juillet lan mil iiij 1 ' xxxvj ; et xv s. tourn., du nombre d'ieelle
rente, aux termes de Noël et Montmartin, a prendre sur
Robin Cauvclande, frère des d. donneurs, et a justicier sur
deux hostels, apentils et mesnages, o le gardin a ce apparte-
nant, assis en la parroisse N rc Dame : lun des d. hostels
jouxte le d. Jehennin, dun coste, et, dautre coste, a Colin
Cauvelande, filz Jehan, et bute a la rue tendant du pont de
Dollee es moulins de Vire, et a la court du mesnage 'des des-
susdits, et laultre hostel et gardin jouxte Pcrrin Auvray, dun
coste, et dautre coste a la d. court et voye du d. mesnage, bute
au d. Jehenin, d'un but, les d. apentis jouxte le d. Jehennin,
dun coste, et dautre coste a la d. court et sur les autres hérita -
tages du d. Robin, selon ce quil est contenu es lettres du par-
tage fait entre les d. frères et seur et Guill Vassal et feue
Robinne, sa femme, a cause délie, seur des d. frères, et
Mariette ; dont le d. Robin peut faire eschangeet assiete,ainsy
que par les d. partages, passes devant Thomin Maresc, tabel-
lion de S 1 Lo, le xin e jour de septembre Tan mil II1I C xxxiij,
peut apparoir, les quelz xv s. de rente le d. Colin avoit fait
vendre et décréter sur les héritiers de la feue Robine, selon le
décret sur ce fait, passées plez ordinaires de H Ser^enterie de
S 1 Lo, eu mois de juing iiij c xxxvij, et 22 s 6 den. tourn., du
nombre de la d. rente, par la main de lad. Mariete, et lesquelz
elle promist et s'obliga rendre et paier aux Trésoriers de la dicte
Eglise, aux termes de Noël et Montmartin, par voye d'exécu-
tion, jusques a ce qu'elle ou ses hersen aient, fait assie'te bonne
et suffisante en ung lieu ou en deux en la Baronnie de S 1 Lo,
laquelle assiette elle sera tenue fournire et garantir. Ce don fait
pour Dieu et en osmone, et pour estre iceulx donneurs, leurs pa-
rentz, amis et bienfaicteurs, participai es masses, vespres,
prières et oroisons qui désormais seront faiz et diz et célébrer en
la d. Eglise, etpoursupporterauxfrais,ediffieret réparations de
la d. Eglise, et parmy ce que les d. Trésoriers et leurs succes-
seurs seront tenus faire faire par chacun an afin de héritage, la
— 44 —
prière pour les âmes des dessus d. par le cure, ses vicaires,
diacres ou subgez pour et eu nom du d. cure, cest assavoir a
chacune des trois messes de Noël et de Pasques et a la Notre
Dame my aoust, dont pour chacune prière des d. messes les d.
Trésoriers seront tenus paier a cellui qui fera la d. pricre, six
deniers ts. garantissant, cest assavoir les d. Jehan et Mariette
chacun la rente par lui donnée, et garantir paier ou faire payer
jusqua ce que la d. assiete soit fecte comme d. est ; et le d.
Colin les x 1. vi s. par lui baillas en assiette, garantir, fournir
sans dechie et sans admenissement par telle condicion que les
d. donneurs, leurs h ers ou aians cause, se pourront franchir
chacun de la rente par lui donnée touttefois quil leur plaira,
par paiant pour chacun xn d.de rente xx s. t. Ace présent le
cure de lad. Kglise qui ouït le d. don agréable, corne il est
apparu par lettres passées devant Ilervieu Bacon, tabell. a
Saint-Lo, soubz Colin des Gardins, le dymsnche xxij* jour
de septembre, lan de grâce mil 1111 e xxxvij.
Jehan Cauvelande, filz de Robin Cauvelande, doibtseptsoulz
six deniers de renie, aux termes de Noël et Montmartin par
moictie, a justicier sur ung hostel o son appartenance -\ssis en
la paroisse N ,c D° de Saint Lo, et soulloit jouxter a Hébert
Lemor, dun coste, et a Robin Cauvelande, daultre coste, bu-
toit a leau de Vire, dun bout, et dautre bout a la rue par
quoy len va de Dollee au Mont Vendon, et de présent jouxte a
la masure qui fut feu Guillaume Castel, daultre coste à
Robin Cauvehnde, frerc du d. Jehan, bute dun bout a la rue
tendant du pont de Dollee aux moulins de Vire et daultre
bout a la rivière de Vire ; et est de la vente de Jehan Mortaing
oui sobliga garantir.
Colin Cauvelande, filz Robin, Jehan Rogier et Jehenne, a
f mc , fille de feu Jehan Cauvelande, filz aisnede feu Jehan Cau-
velande, et les aultres filles du dit feu Jehan Cauvelandeet jendre
de la d. Jehenne, femme du d. Rogier Damour, vi s. de rente
— 45 —
au d. Trésor, aux termes aeoustumes, apprendre (sic}el avoir et
pour ce faire justicier sur une pièce de terre assise a Valvire, et
soulloit jousler Robin Cauvelande et Cariez Des Gardins, des
bus el des eosles à la rivière de Vire el au chemin qui mayne
a Montcoc'i ; et de présent, jouxte dun coste la dicte rivière
de Vire; daultre coste au d. chemin de Montcoq, bute dun
bout au prey qui fut au Fillastre et, daultre bout, au d. Colin
Cauvelande. Et fut du don de feu Jehan Cauvelande, père de
feux Robin et Jehan dis Cauvelande. frères trespasses.
Jehan Vaucelles, de la parroisse de N re D e de Saint Lo, doit
au d. Trésor cinq soulz tourn., ung pain, un cappon de rente
par an, au terme d; Noël, o hommage, apprendre (sic) et
avoir par execucion sur une masure o son appartenance, assise
ea la d. paroisse N rc D°, en la rue Potdarain jouxte la d. rue.
d'un coste, et, daultre cosic, aux hoirs de Jehan Jehan, bule
dun bout, a Jehan Bignon, daultre bout aux hoirs de feu
Colin Le Noble, comme il appert par lettres passées devant
Jehan Le Roy, tabellion de Saint-Lo, le xi° jour de may, lan
mil cccc et quatre.
Colin Le Varignon doit au d. Trésor ij soulz tournois de
rente par an, a justicier sur son hostel qui fut au Nepveu, se-
lon ce quil appert par lextrait du registre de Colin Cauve-
lande, tabellion a Saint Lo, dont la teneur ensuit : « Comme
Guillaume Jehan, Thomas Mathenot et Jehan Roussel d.
Baubigny, trésoriers du d. Trésor de l'Eglise N re Dame de
Saint Lo, eussent mis, ou intention demectre en adjournement
en cas de delaiz de lieu, Colin Le Varignon du d. lieu, a cause
dun hostel ou mesnage, o le gardin a ce et comme est assis au d.
lieu de N rc Dame, qui fut Guill Lenepveu,de présent apparte-
nant au d. Varignon, joute les héritages qui furent Jehan
Leraonnier, dun et daultre coste lostel qui (fut) Jehan Delisle,
bute a la d. rue tendant es moulins de Vire et a leau de Vire,
des bouts, sur lequel hostel ou mesnage et gardin, les dits tre-
— 46 -
soriers disent avoir droit de prendre et percevoir chacun an,
aux termes acoustumes, cinq soûls t. deivnle et le d. Varignon
eust linteucion de dire et maintenir le contraire, et que unquez
le d. Trésor navoit eu sur icellui hoslel, mesnage etgardin, que
deux soulz tourn. de rente, savoir faisons: Furent présents les
d. Guill e Jehan et Thomas Matenot, trésoriers du d. Trésor,
tant pour eux que setablissant et faisant fort pour le d. Bau-
bigny et Perrinnette, lesquels veuz par eulx certaines lettres
que portoit le d. Varignon faisant mencion des d. ij s. t. de
rente, et de ce deuement infourmes, furent contensetse arestc-
rent, savoir : pour le temps ancien aus d. termes sur icelluy
hostel, mesnage et gardin dessus les d. ij tourn. de rente les-
quelz icellui Varignon confessa devoir affindehritaga (sic) sur
lostel, mesnage et gardin dessus descleres, et voulu, consenty
et accorda, pour lui et pour ses hers, que les d Trésoriers et
leurs successeurs puissent pour iceulx deux soulz tn. de rente
faire justice pour le temps a venir sur icellui hostel, mesnage et
gardin promist sur chacun promist et promet icelles parties non
aller au contraire. Teni. Thomas Yeuldefer et Jehan Blanc-
pain. — Fait devant le d. tabellion, le lundi xj c jour de sep-
tembre lan mil iiij c . Signé : Cauvelande.
Martine, deguerpie de feu Guill Laloe, doit au d. Trésor
I boissel et demy de fourment, mesure de Saint Lo. Le dy-
menche e jour de Juillet, lan mil mj c xxxiv, a Saint Lo,
devant Thomas Cauvelande, tabellion, fut présente Martine,
deguerpie de feu Guill e La Loe, en son vivant bourgois de
Saint-Lo, laquelle confessa devoir dancienneté affin au Trésor
de lEglise N re Dam«) de Saint Lo ung boissel et demy de fro-
ment de rente, mesure de Saint Lo, chacun an au terme Saint
Michiel, a cause dune pièce de terre en gardin, assise au d. lieu
de N rc Dame, jouxte Chardin Le Cordier, dun coste et dautre
coste a Jehan Poupin, bute dun bout au gardin qui fut Jehan
Durant et dautre but a une venelle quimainedu Menil Croq a la
rue Saint- George et es Palis du Mesnil Croq, voulante icelle
— 47 —
Martine, pour elle et pour ses hers, que Guillaume Jehan,
Thomas Malhenot et Jehan Leroussel, a présent trésoriers et
leurs successeurs, puissent pour icelle rente faire justice sur
le dict et sur chacun pris pour le tout, quant métier sera ; et,
pour les arrérages du terme Saint Mîchiel dernier, leur pro-
mis paier ung boissel et dcmy de froment, mesure de Saint
Lo dedans la Toussains prochaine venant/ Et quant ace tenir,
lad. Martine obliga lye et ses hers. Furent tesmoings : Jehan
de la Roque, Jehan Dupont.
Guillaume Lenouvel, pardonnier, doit au d. Trésor x den.
t. de rente, par an, au ternie de Noël a prendre sur son hostel
et gardin comme il se pourporte, qui fut Jehan Vaultier,
assise en la parroisse N ,e Dame, en la rue Saint-George,
jouxte dun coste a Robin Le Besie, a cause de lhostel qui fut
Jehan Durant, da titre costey a lhostel Thomas Ogier ; bute dun
bout a lad. rue Saint George et dautre bout aux Palliz de la
rue S 1 George et est du don tant de Jehan Vaultier que du d.
Guillaume Lenouvel.
Jehennette, fille et héritière soubs agee de feu Gieffroy Cap-
peron, icelluy Gieffroy, en son vivant filz et héritier de feu
Guillot Capperon, doit au d. Trésor xx s. j p. une gueline de
rente par an, a Noël et a Montmartin, a justicier ung hostel,
raesnage et gardin assis eu la paroisse Notre Dame ; le d. hos-
tel et un petit gardin jouxtent dun coste a Colin Le Roux,
daultre costey a la deguerpie Raoul Joret ; bute dun bout a la
rue Saint-George et dautre bout a la venelle aux Bouxjon-
gneurs ; lautre gardin jouxte a Jamin Jehan, dun coste, dautre
costey a Colin Le Roux, bute d'un bouta la rue Pot Darain et
dautre bout a la d. venelle aux Bouxiongneurs, lequel hos-
teîs et gardins furent a Gieffroy Lescappey et a Pierres Furet,
baillez par les Trésoriers Philippot Laureus, clerc, et du d.
Philippot vindrent au dit feu Guillot Capperon.
— 48 —
Robin Regnouf, dit de S 1 Aubin, demourantau Mesnilcroq,
doit n s. vi clen. tourn. pour un gardin qui fut Jeban Symon-
net, quil tient a louage des d. trésoriers, icellui gardin assis eu
Mesnilcroq, joute cl un coste, a Robin Laurence, dautre coste a
Colin La Troite, et est du don de Perronnelle Dufour, de
Paris, du nombre de cinquante s. t. de rente quelle donna au
d. Trésor a prendre sur les héritages du d. Symonnet assis
en la rue du Mesnilcroq ; et lesquels I s. de rente elle avoit
acquis de Pierres Alixot qui les avoit a prendre par exécution
sur les héritages du d. Symonnet, et na le d. Trésor riens du
demourant.
Robin Lepicart doibt dix soulz tournoiz de rente par an, aux
termes acoustumes, a justicier sur ung hostel et inesnage qui
fut Pierres Le Feustrier, assis en la rue du Mesnilcroq, jouxte
Massiee La Feustriere, dun coste, dautre costey aux hers
au Peton, dun bout a la d. rue d'autre bout a leau de Dollee
etest du don de damoyselle Symonne delaHazardiere, veufve
de maistre Guill 6 Chesnel, et de Giret Cliesnel, leur tilz pour
iceulx donneurs, leurs parents, amis, bienfaicteurs estre par-
ticipans es vespres, maisses (?), prières et oroisons qui seront
dittes et faites en la d. Eglise et aussi pour ce que les Tréso-
riers seront tenus faire dire par chacun an, au lendemain du
Jour de Pasques, une messe segrete du Saint Esprit, avec
memore des trépassez, en la fin de la dicte messe, et en seront
tenus faire sonner par le sonneur de cloquez le jour de Pas-
ques a leglise es trois messes et aux atouz les dimenches
et. solennelez festes de lan, tant pour le cl. M re Guill , pour les d.
donneurs et pour Guillemette, famé de Guillaume le Jolis, que
aussy pour M c Jehan Chesnel et pour tous leurs amis trespas-
sez. La lettre de ce passée devant Colin Cauvelande, tabellion
de Saint Lo le jeudi, xxiiij jour de septembre, lan de grâce mil
cccc trente neuf.
Pierres Louvet doibt au d. Trésor xn s i pain, i cappon de
— 49 —
renie par an, aux termes de Montmartin et de Noël, a justicier
sur une masure assise en la paroisse N rc Daine, selon ce quil
apparoit par une lettre sur ce faicte passée devant Thomas
Maresc, tabellion de Saint Lo, de laquelle la teneur ensuit :
A tous ceulx qui ces lettres verront, Jehan Rouxel, clerc,
garde du scel des obligations delà viconte de Carentan, salut.
Savoir faisons que par devant Thomas Maresc, clerc tabellion
jure et commis a Saiut-Lo, fut présent Pierres Louvet, bour-
geois de S 1 Lo, lequel de sa bonne volente confessa avoir prins
en fieu et par homage affin de héritage, de Guill e , Jehan et Th os
Mathenot, trésoriers et parroissiens de lEglise N ro Dame de
Saint-Lo, tant pour eulx que establissans et faisans fors
pour tous lesaultres parroissiens qui, pour le présent, sont et
pour le temps advenir, seront en la dite église, tout tel droit,
tant en fond, rentes, arréragez, que aultrement, comme le d.
Trésor avoit et povoit avoir en une place ou masure, o ses ap-
partenances, assise au dit lieu de N rc Dame, jouxte Jehan
Maupoint dun coste et la rue tendante du chastel de Saint Lo
a Saint George de Montcoq, sur laquelle place ou mazure le d.
Trésor avoit droit de prendre et percevoir par chacun an affin
de héritage douze soulz, ung pain, ung cappon de rente, o hom-
mage de ancienneté, selon ce qui peult plus a plain apparoir
parles lettres, gaignes et attaintes sur ce fectez que les dietz
Trésoriers en ont baillées au d. Louvet. Et fut ce fait par
douze sous tourn. es termes de Montmartin et Noël, par moit-
tie, ung pain, ung cappon à Noël, le tout de rente o hommage
allant par chacun an au d. Trésor et donc len pourra faire jus-
tice sur la d. baille et sur chacun p ,e et portion dyc*lle pour
le tout, touttesfois que mestier sera, laquelle rente le dit
preneur promist et sobîiga pour lu y et ses hers paier
ou faire paier et rendre par chacun an aux termes dessusdits
au d. Trésor, ou a qui ces lettres portera, par voie et mande-
ment dexecution sur le lieu seullement, jusqua ce que le dit
Louvet, ses hers ou aians cause en aient fait assiette bonne et
suffisante, laquelle assiete icelluy Louvet, ses hers ou aians
4
— 50 —
cause, pourront faire quand il leur plaira en la bourgeoisie de
Saint-Lo, en ung lieu seulement, et la seront tenus les diz tré-
soriers ou ceulx qui pour lors seront trésoriers en icelle Eglise
prendre et accepter agréablement pour et parmy ce que le d.
Louvet, ses hers ou aians cause leur seront tenus envers et
contre tous garantir, délivrer, deffendre, oster et mettre hors de
tous empechemens et encombremens quelconques, fournir,
emplir, faire valloir sans aucun decliie ne admenissement sur
le d. lieu seulement, et sera tenu le d. Louvet mettre amen-
dement sur le d. lieu de la somme de dix livr. tourn. dedens
X ans dujourduy prouchin venant, et quand ad ce tenir et acom-
plirled. preneur obliga luy, ses hers et tous les biens meubles
et héritages présents et advenir a vendre doffice de Justice
pour deffault de ce enterigner et pour restituer et rendre tous
cousts, mises et despens faiz et eulz pour ce. En tesmoing de
ce ces lettres sont sceelles du d. sceel a la relation du d. jure,
sauf autruy droit. Et fut ce fait en la présence de missire
Jehan Buisson, prebstre, et de Jehan Xeel, lt* lundi xviiij jour
de juillet lan de grâce mil iiij c et quarante, ainsi signé : Th.
Maresc.
Collacion faicte a loriginal.
Messire Raul des Rues, prebstre, doit v s. t. de rente par an
aux termes de Noël et Montmarlin, par moictie, a cause et par
raison des héritages contenus et desclairees es lettres passées
devant Colin Cauvelande, tabellion dont le teneur ensuit : A
tous ceulx qui ces lettres verront Jehan Roussel, clerc, garde du
sceel des obligations de la Viconte de Garentan, salut. Savoir
faisons que par devant Colin Cauvelande, clerc et tabellion
jure et commis a S 1 Lo, fut présent Messire Raoul des Ruez,
prebstre de N re Dame de S* Lo, lequel de sa bonne volente
confessa avoir prins en fieu affin de héritage de Guill Jehan et
de Th ns Mathenot, trésoriers du Trésor de l'Eglise du d. lieu
deN rc Dame, tant pour eulx- que establissans fors pour Jehan
Rouxeldit Baubigny, trésorier en leur compaignie, c'est assavoir
— 5t —
tout tel droit, tant en fons que en rente, comme les d. trésoriers
eu nom que dessus, avoientet pou voient avoir en une masure
etgardin ou il souïloit avoir ung hoslel assis an d. lieu de
N re D e , en la rue Pot Dairain, qui fut Phlipot Lermile, jouxte
Jehan Etiez et Jehan de Caron, des costez, bute a la d. rue et au
d. messire Raoul et à la cauchie qui fut au Lièvre, des bus,
sans aucune chose en excepter, ne retenir. Et fut ce fait
pour cinq soûls t. de rente, aux termes de Noël et de Mont-
raarlin par moittie, allant par chacun an au d. trésor; laquelle
rente le d. preneur promist et sobliga pour luy et pour ses hers
paier ou faire paier et rendre par chacun an, aux termes des-
sus d. au d. trésor, ou a qui ces lettres portera, par voye et
manière dexecution sur le d. bail tant seullement, par ainsy
que les d. trésoriers ne leurs successeurs ne pourront demander
ne requérir exécution de la d. rente pour plus de trois ans
darrerages a la fois, pourquoy iceulx trésoriers, au nom que
dessus, promistrent pour eulx et pour leurs successeurs au d.
preneur et a ses hers la d. baille envers et contre tous garantir,
délivrer et deffendre, oster et mettre hors de tous empesche-
mens se par eulx ou par le fait du d. Rouxel y avoit aucun
empeschement ; et quant a ce tenir et acomplir led. preneur
obliga lny, ses hers et tous leurs biens meublez et héritages
présents et advenir, a vendre doffice de Justice pour deffaull
de ce entsrrigner et pour restituer et rendre tous coûts, mises
et despens faiz et eulx pour C3. En testnoing de ce ces lettres
sont sceelees du d. sceel, a la relation du d. jure, sauf autruy
droit. Ce fut fait en la présence de Monsieur Richart Mariete,
prebstre, et de Vivien Chabot, le xvn° jour de juillet, lan de
grâce mil iiij° quarante deux. Ainsy sygne : Cauvelande.
Le xiiij e jour de juillet, lan de grâce mil iiij c quarante deux,
Guillemette deguerpie de feu Lorens Guillaume, fille et héri-
tière de feu Pierres Coquet de la parroysse N re D c de S 1 Lo,
donna au Trésor de l'Eglise N re D e cinq sols t. de rente que
elle avoit a prendre a cause de la succession de son d. père par
— 52 —
chacun an, aux ternies acousturnes, sur une masure etgardin,
assis en la rue Poldarain, en la parroysse N re D e , qui fut a
Phlipot Lermite, corne il appert par lettre passée devant Colin
Cauvelande, tabellion, le xiiij c jour de juillet, lan de grâce mil
iiij c xlij, laquelle masure et gardin a estey baillée par les Tré-
soriers de la d. Eglise a Mess ire Raoul des Rues, prestre, pour
cinq s. de rente, comme il appert p*ir lettre escripte de lautre
partie du feuillet de ce livre.
Cest la declaracion des héritages acquis par Trésoriers de
lEglise N re D c de Saint-Lo pour laugmenlacion et accroisse-
ment de lad. Eglise N re Dame; et aussy des rentes que sou-
loit devoir la d. Eglise a plusieurs personnes, dont elle a este
et est franchie tant par dons faiz a la cl. Eglise que par ce que
les d. Trésoriers les ont acheter et baillies par eschange a
ceulx a qui ilz estoient deuez.
PREMIEREMENT.
De Jehan Jouenue et de Guillemette, sa femme, a cause
délie, achatey par les Trésoriers de la dicte Eglise trois maisons
et mesnages comme ilz se porportent, assis en la parroisse
S 143 Croix, en la rue N tre Dame, lun joignant laultre, joustent
a la rue N tie Dame, a messire Berart Blancpain, prestre, et a la
d. Eglise, pour icelles maisons estre mises, adioustees et em-
ploies a lacroissement de la dicte Eglise; la d. vente faicle par
le prix et somme de deux cens livres tourn. etc. sous pour vin,
dont ilz se tindrent a bien payes ; lesquelles maisons les dis
maries promislrent et sobligerent pour eulx et pour leurs hers
garantir et (iefïendre vers tous et tenir quictes, cest assavoir :
la prouchaine maison de la d. Eglise, par sexante deux soûls t.
allans, cest assavoir a Olivier Ca^ngny quarante cinq soulz, et
dix sept soulz au Trésor de la d. Eglise; et laultre maison
prouchaine dicelle première maison par quarante deux soulz six
den. ungpain, ung capon de rente allans au d. Caengny,
— 53 —
xxx s. et xu s. vjden. 1 p. 1 cap. allansa Richart Lemecteer ;
et la tierche maison par six livres de rente allans, cest assavoir :
a Philepot de la Lande et a damoiselle Jehenne de Beuseville,
sa femme, à cause délie, xxx s. t. ; a maistre Guill e Denisete
xxx s. ; a Guillot Auber xx s. ; a Guieffroy Besache xv s. ; a
la fille Thomas Durant xv s, et a Jehan de Baudre, escuier,
filz Colin, x s. I., comme il est apparu et appert par lettres pas-
sées devant Jehan Escourtemer, tabellion de Saint- Lo, scellées
par Pierre Osbert, garde, des scaulx des obligacions de la Vi-
comte de Carentan, le x e jour de juillet, lan de grâce mille iiij c
et neuf, ei estoient ainsy signées : J. Escourtemer; les quelles
lettres estoient saines, entières en scel et en escripture.
De messire Bernard Blancpain, prestre, curé <T Au vers,
| achatey affin deheritage par les d. trésoriers une masure et
i gardin a ce appartenant, corne ils se porportent, assis en la rue
I N r<? Dame, jouxte la d. Eglise et Colin Admengne, des costes,
I butent a lad. rue et au manoir de Mons r levesque de Cous-
| tances des bus ; o tout le droit tant en fonce que en rente quil
y avoit. Ce fait par le prix et somme de cent livres tourn. dont il
se tint a bien paye ; laquelle vente le d. prestre promist garan-
tir vers tous et contre tous aus d. trésoriers eu nom de la d.
Eglise, et a ce oblige tous ses biens et héritages et de ses hers,
comme il est apparu et appert par lettre passée devant Jehan Es-
courtemer, tabellion de Saint- Lo, le xxviij c jour de may lan
de grâce mil quatre cens et unze, et estoit ainsi signe : J. Es-
courtemer.
De la vente Jehenne deguerpie Richart Allain, faite aus d.
Trésoriers de xi s. 1 p. j cap. de rente par an que elle avoit a
prendre es termes acoustumes par la main des Trésoriers par
raison dune place anciennement enclavée en la d. Eglise
N w Dame, joux les pilliers de la d. Eglise, la dicte vente faicte
par xxvr livres dix soulz, dont elle se tint a bien paye, pourquoy
elle sobliga son corps et tous ses biens et de ses hers a garantir
- 54 —
la dicte rente, comme il est apparu et appert par letre passée
lan mil deux cens iîij xx et dix sept, le dymenche devant la Tbi-
phaigne.
De la vente Raoul Jehan et de Michielle, sa femme, faite aus
d. Trésoriers de xx s. tournois de renie, que jceulx maries a
cause de la d. femme disoient avoir droit de prendre par chacun
an, au terme Saint Michiel, sur une place ou masure de la
première ca pelle ou la d. Eglise de N pe Dame est assise, la d.
vente faicte par quinze livres dont ilz se tindrent a bien payes,
pourquoy ils promistrent la d. rente garantir vers tous et contre
tous et deffendre ; laquelle rente est morte et detainte, parce
que la d. dicte Eglise en a este et est quicteet franchie comme il
apparut par lettre passée devant Guillaume Le Foulon, notaire,
quanta ce scellée par Robert du Sartin, garde du scel de la
vicontede Carentan, Tan mil iij c et dix, le dymanche avant la
Saint-Martin diver, laquelle lettre est saine et entière en scel et
en escripture.
Du don de Jehan de Caron, bourgeois de Saint Lo, et de Phi-
lipote, sa femme, a cause délie, fille de Thomas Durant, xv s.
tourn. de rente, que les d. maries, a cause de la dite femme,
avoient a prendre, par chacun an, aux termes acoutumes, sur
certaine maison et portion dostel et héritage qui fut Jehan
Jouenne et a sa femme, assis en la rue N r0 Dame, de présent
comprins et enclave en la d. Eglise, o tout le droit tant en pro-
priété que en arrérages ; ce don fait pour estre iceulx maries,
leurs parens et bionffaitteurs, participans es messe-, prières et
oroisons dicelle Eglise, et aussy pour ce que les d. Trésoriers
seront tenus faire dire par chacun an, pour le temps a venir, deux
messes secrètes, lune dioelles de N lc Dame, le jour Notre
Dame ruy aoust, et laultre des trépasses le jour Saint-George ;
les quels Trésoriers seront tenus paier pour chacune messe ij s.
au preslre qui la dira, et aussi trouver a chacune messe une
chandelle do cire dun denier qui ardra tant comme Ion dira la
d. messe ; et si seront tenus, par chacun an, paier vj deniers
— 55 —
au sonneur de cloohes pour en faire la remembrance en icelle
Eglise le d. jour N re Dame my aoust. La quelle rente les d. ma-
ries promissent garantir ci, comme il est apparu et appert par
lettres passées devant Colin Cauvelande, tabellion de Saint-Lo,
scellées par Jehan Rouxel, garde des scaulx des obligacions de
la viconte de Carentan, le xvj° jour daoust lan de grâce
mil iiij c et trente, les quelles lettres estoient saines et entières
en scel ei en escripture.
Franchissement fait par le d. Trésoriers de trente soulz tourn.
de rente par an, que avoit a prendre aux termes acoustumes
Morelet du Vernay dit de la Londe, filz de feu Philippot du
Vernay dit de la Londe et de damoiselle Jehenne de Beuse-
ville, sa femme, sur certaines maisons et mesnages qui furent
Jehan Jouenne, assis en la rue N re D c , de présent comprins et
enclavez en la dicte Eglise, icellui franchissement fait en la
manière qui ensuit : cest assavoir que le dit Morelet en a donne
au dict trésor xv s. tournois pour convertir es repparacions et
luminaire de la d. Eglise, en la quelle sa d. mère est en terre,
et pour avoir participation es bienffaiz, prières et oroisons di-
celle, et les aultres xv soulz tourn. de rente restans des d.
xxx s. de rente, icellui Morellet les a vendus aux Trésoriers
dicelle Eglise, pour et eu nom du d. Trésor, et pour en demou-
rer icelle Eglise quiète et deschnrgie affin de héritage, par le
prix de saize livres tourn. et dix soulz pour vin, donc il se tint
a bien paye. Laquelle rente le d. Morelet, pour lui et pour ses
hers, a promis garantir et délivrer vers tous, comme il apparut
par lettres passées devant Colin Cauvelande, tabellion de
Saint-Lo, scellée par Guillaume Osber, garde des sceaulx des
obligations de la Viconte de Carentan, le mardi v« jour de
février lan de grâce mil iiij c vinq cinq. Et estoit ainsy signe :
Cauvelande. Laquelle lettre estoit saine et entière, en scel et en
escripture.
De Jehan de Baudre, escuier, achatey par les d. Trésoriers en
franchissant la d. Eglise, x. s. tourn., de route que le d. escuier
— 56 —
avoit a prendre par chacun an, aux termes acoustumes, a
cause et par raison de la succession de Allaire de Baudre, son
délie, sur ung hostel assis en la rue N re Dame de Saint-Lo, qui
fut Jehan Auberl et, a présent, a Jehan Jouanne et a sa femme,
a cause délie, fille et héritière du d. Auber, la quelle maison a
puis nagaires este mise et enclavée au nouvel edifBce de la d.
Eglise N rc Dame ; la dicte vente faicte par le prix de douze
livres tourn. et ung p6t de vin dont le d. escuier se tint a bien
paye, pourquoy il promist garantir et deffendre vers tous et
contre tous sur lobligacion de tous ses hiens et héritages,
comme il apparut et appert par lettre passée devant Colin Cau-
velande, tabellion de S 1 Lo, scelee par Jehan Roussel, garde
de scaulx des obligacions de la Viconte de Carentan, le lundi
xvi e jour davril lan de grâce mil iiij c trente ung, et estoit ain?y
signe : Cauvelande. Laquelle lettre estoit saine et entière en
scel et en escripture.
De Guillot Auber, de la parroisse de Saint Pierre de Cous-
tances. Achatey par les d. Trésoriers xxs. tourn. de rente que
il avoit a prendre par chacun an aux termes acoustumez sur
lostel qui fut Jehan Auber enclave en la d. Eglise, assis en la
parroisse S te Croix de Saint-Lo, lequel hostel joustoit messire
Bernard Blancpain, prestre, et lostel qui fut Jehan Jouenne, a
cause de sa femme, des costes, bute a la rue N IC D e et a la d.
Eglise, des bus; la d. vente faite par le prix de trente livres
dix soûls tourn. et x soûls en vin, dont il se tint a content, pour
quoy icelluy vendeur promist et sobliga la d. rente garantir
vers tous, comme il apparut et apparaissait par lettre passée
devant Jehan Escourtemer, tabellion de Saint-Lo, scellée par
Pierres Osber garde des scaulx des obligacions de la Viconte de
Carentan, le xiiij e jour de février lan de grâce mil iiij c et neuf,
et estoit ainsy signe : J. Escourtemer. Laquelle lettre etoit
saine et enliere, en scel et en escripture.
De Richart Lemetleer achatey par les d. Trésoriers eu nom
du d. Trésor et en franchissant la d. Eglise, xn s. vi d, i p. i ca-
— 57 —
pon de rente, par an, o homage que il avoit a prendre sur cer J
taine portion dostel assis en la rue N IC D*, qui fat a Jehan
Jouenne et a sa femme, a cause délie, qui fut fille de feu Guill e
de Boutemont dit Lorence, et laquelle rente estoit escheue au
d. Mette, comme il disoit, de la mort de feue Marion de Marii-
gny, selon ce quil le disoit apparoir par lectres et copie de par-
tage, ausquelles la letlro de ce -te présente vente est annexée,
o tout le droit que il y avoit, fait par le prix de xij livres et
xij s. vi den. pour vin, donc le d. vendeur se tint a bien paye,
et parmy ce que les susdit Trésoriers seront tenus, promistrent
et sobligerent faire dire, par chacun an, pour le temps avenir
en la d. Eglise, une messe en secret, qui sera dite le vendredy
do la mycaresme, poui* les araes de parens et amis du d. ven-
deur ; et sera dicte la cl. messe sa vie durante, de N re Dame,
et après son deceps de tresp..sses ; et seront iceulx Trésoriers
tenus bailler au d. vendeur ung denier pour aller a loffraude a
lad. messe; lequel Richart pour lui et pour ses hers promist
la d. rente garantir, délivrer et deffendre vers tous, si comme il
en apparu par lettre annexée a une copie de partage et a une
autre lettre ancienne passée devant Colin Dcsgardins, tabel-
lion de S 1 Lo, scellée par Jehan Roussel, garde de seaulx des
obligacions de la Viconte de Carentan, le m" jour de may lan
de grâce mil iiij c trente et six, et esîoit ainsi signée : Desgar-
dins, parmy la quelle lettre estoit annexée une copie de la pre-
mière partie de héritage que a fait Thomas Le Forestier et
Al ichielle, sa femme, a cause délie, fille de feu Jourdan Le
Metleerre, a Richart le Metteer, frère de la d. Michielle, des
héritages qui leur sont venus de feue Marion Demartigny, en
bourgaige de Saint-Lo, la quell •? lettre et copie de partage est
saines et entières en seaulx et en escripture.
Du don de Gieffroy Besaehe fait au trésor de la d. Eglise,
xx s. tourn. de rente que il avoit droit de prendre aux termes
acoustumes sur portion des maisons qui furent Jehan Auber
et, après, a Jehan Jouenne et a sa femme a cause délie, assises
— 58 —
en la rue N rc Dame, puis nagaircen clavees au nouvel ediffice
de laccroissance de la dicte Eglise.
Ce don fut pour ce que les d. Trésoriers seront tenus apper-
tuite faire dire chacun an quatre messes quatre lundis de
quatre sepmaines des quatre temps de lan, dont lune (sic)
messe fut du Saint Esprit, laultre de N rc Dame et les aultres
deux des Trespasses ; laquelle rente le d. Bcrache a voit
acquise cest assavoir : vij s. vi d. de Raoul Bechevol et
vij s. vi d. de Jouenne, deguerpie de feu Richard Bêche vel,
selon ce quil le monstroitpar lettres annexées parmy la lettre
de ce présent don, et icelle rente le d. Besache cestoit oblige
garantir aux d. Trésoriers, selon ce quil apparut et apparessoit
par lettres passes devant Aymery du Quesnay, tabellion de
Saint- Lo, scellée par Mace Le Feure garde des seaulx des
obligacions de la Viconté de Carentan, le mardi 6 e jour de mars,
lan de grâce mil mj c et dix- neuf, parmy lesquelles estoient
annexées quatre lettres du droict de la d. rente, passées,
cest assavoir celle de la V e du d. Raoulet Bêche vel, devant
Jamin Ribelot, tabellion de Saint-Lo, lan de grâce mil iiij c
iiij" et quinze le ix e jour de may, lautre passée devant Colin
Lenepveu, lan mil m c xl, le jeudy après la Saint Marlin diver,
et les deux aultres passées devant Benest Le Villous, tabellion
de Saint-Lo, lune lan de grâce mil iiij uij xx et xiij, le sa-
medi xv e jour de septembre, et laultre passée lan mil iiij e
mj xx et xiij le viij jour do novembre, toutes icelles lettres saines
et entières en seaulx et en escripture, corne il est deuement
apparu.
Du don de Benest Le Villous fait au Trésor de l'Eglise N rc
Dame, ï s. tourn. de renie, aux termes acoustumes, a prendre
xï s. dicelle rente sur lostel Philippot Viart assis eu chastol
de Saint-Lo, en la parroisse N e Dame, lors joignant Thomas
Varroc, dun coste, et daultre coste a Jehanne... bute a la
rue de devant la halle au pain de seigle, dun but, et dautre but
— 59 —
es murs de la Forteresse, lequel hostel a dempuis ce este a
Jehan Le Taneur et de présent est et appartient à Pierres le
Boulengier et joint de présent a Colin Varroc dun coste, dau-
tre coste, a maistre Raoul Le Rouxel; bute a la d. rue et es
dits murs, des bus; les quelx xi s. ont este baillies par les d.
Tiesoriers a monsieur lEvesque de Coustances, en eschange
et descharge des rentes quil prenoit sur la d. Eglise, et dix
soulz de la rente a prendre sur ung hostel et mesnage assis eu
bas Torteron, en la par sc N re D e a présent appartenant a
Richart de Pelaines et a sa femme jouxte dun coste a Bernart
Langlois et dautre au d. Pelaines et a sa d. mère, butte dun
bout a la rue de Torteron, et daultre but es murs de la Forte-
resse ; lequel hostel fut et appartint a Henry Robine dit Bour-
goise. Ce don fait pour convertir en ung obit et faire ung lumi-
naire entier le jour de la feste Madame S te Marguerite et pour
faire le scrice ordonne es premières et secondes vespres; et
aura cellui qui dira la messe du jour n s. ; le prestre qui dira
la messe de requiem ij s. ; le diacre xv den. ; le soubz diacre
xij den. ; a chacun des trois coustours v d. ; es offrandes de la
grant messe vj den. ; offrandes de la messe de requiem xn den.
et es clercs qui aideront a dire le service v s. ; le sonneur de
cloquez xn den. et les Trésoriers v s. et le demourant sera
au prouffit du d. Trésor; et pour le salut des aines du d. don-
neur, de Jouenne, sa femme, de Richard Le Villous, de
Beilon, sa femme, de Thomas le Forestier et Emmeline sa
femme, et de leurs parenset amis trespasses; laquelle rente le
d. Benest pour lui et pour ses hers promist et sobliga garantir
et deffendre vers tous et ycelle fournir, faire valoir, sans
dechie ni admenissement, comme il est apparu et appert par
lettres passées devant Aymery Duquesnay, tabellion de Saint
Lo, scellées par Jehan Le Duc, garde des scaulx des obligations
de la Viconte de Coustunces le xix° jour de septembre, lan de
grâce mil iiij c iiij** et traize. Ainsi signe : Du Quesnay ; laquelle
lettre est annexée parmy deulx aultres lettres du droit de la
d. rente ; toutes icelles lettres saines et entières en scaulx et en
— 60 —
escriptures, lesquels x s. a prendre en Torteron, sur lesd. Ri-
chart Depelains et sa mère sontdcubz et demouresau d. Trésor.
Du don de Jehenne de Champiaulx, veufve de feu Raoul
de Grenuez, fait au d. Trésor de la d. Eglise, Ix s. tourn. de
rente par an aux termes de Noël et de Montmartin, par moic-
tie, a faire justice sur un hostel ou mesnage lors appartenant
a Raoul Heusies, assis en la parroisse N re Dame, en la rue du
Bas Torteron. lequel fut jadis Fremin de Hambuye et joustoit
lors a lostel qui fut Rivey et de présent est et appartient
a Guill e Le Paulmier, jouxte de présent a... Violete, dun
coste, daultre coste a Jehan de La Roque et a sa femme a
cause délie, fille de Thomas Tallebot, bute dun but a Ja rue
de Torteron et daultre bout es douvez de Mauregart, lequel
hostel Le Boulenguier dit Heustes fieffa et print a rente pieca
de Ravent Pinchon et de Jehenne de Champiaulx, sa femme,
par x livres tourn. de rente, par an, que il leur promist paier
et dont il se submist bailler pour contre plege Ix s. de rente de
dens deux ans en suivant de la d prinse en assiette en la
Bourgoisio de Saint-Lo, comme il apparut par la copie de la
lettre sur cefaicte passée devant Ri3hart Duquesnay, tabellion
de Saint-Lo, scellée par Colin de Baudre, garde du scel des
obligacions de la Viconte de Coustances, lan de grâce mil iiij
lxvj, le lundi après la Saint Michiel en septembre, parmy
laquelle copie la lettre de cest présent don est annexée. Ce
présent don fait par la dicte Jehenne pour Dieu et en omosne,
et pour elle, ses parents et amis trespasses avoir participation
es bienflaiz, prières et oroisons qui seront faictes en la d.
Eglise. Et pour oe que les Trésoriers seront tenus faire faire par
chacun an ung obit et trouver le luminaire a perque a la feste
de la Purificacion Notre Dame, o tout le service de la Vegilles
du jour; et aura le prestre qui dira la messe de Requiem ij s ,
cellui qui dira la grant messe ij s.., le diacre xv dcn. ; le soubz
diacre xij den., les trois coustours, chacun vden. ; pour offrendes
xvnj den. ; les clercs qui aideront a dire le service vi d . , le son-
- 61 —
neur de cloques xii den., les Trésoriers iiij s., et tout le dcmourant
sera pour soustenirlod. luminaire. Laquelle rente la d.Jehenue
de Champeaulx promist et s'obliga, pour elle et pour ses bers;
garantir, délivrer et deffendre, fournir, faire valoir, sans dechie
et sans amenissement sur les quatre livres de rente qui res-
tent des d. sept livres de rehte contenues es dites lettres dont
la copie est annexée panny ces présentes, si come il est apparu
et appert par les lettres du d. don passées devant Martin Le
Doule, tabellion de Saint-Lo, scellées par Jeban Boitvin,
garde du scel des obligations de la Viconte de Coustances, lan
de grâce rail iiij c et trois, le ix e jour dofeuvrier, et estoit ainsy
signées : M. Le Doulle ; lesquelles lectres et copie annexées
estant saines et entières en scaulx et en escriptures ; lesquels
Ix s. de rente ont estebailliex en eschange a Monsieur leves-
que de Coustances, en desebarge des rentes qu'il avoit a
prendre sur la d. Kglise.
Sur ung hostel et mesnage a présent appartenant a Jehan
de Cauraont, qui fut a Jehan La Chouque, et après a Guille-
min La Chouque, cinquante soulz tourn. de rente par an, aux
termes acoustumes, cest assavoir xi s. du nombre dicelle
rente, du d. don de Colin Le Feulrier, et dix soûls de rente
du nombre de la d. rente, du don de maistre Gires de la Porte,
pour avoir iceulx donneurs participacion es prières, oraisons et
bicnfîaiz de la d. Eglise. Iceulx I s. de rente a prendre et jus-
ticier sur le petit hostel qui fut aus dits La Chouque, a pré-
sent appartenant au d. de Caumont, assis eu chastel de Saint-
Lo, en la paroisse N ,c Dame, jouxte dun coste au grant hos-
tel qui fut es d. Chouques et qui, de présent est semblable-
ment au d. de Caumont, dautre coste a une allée qui est pour
aller sur les murs et a la tour de dessus la Porte de Torteron,
entre le d. hostel et le mur qui fait coste a dévaler a la Porte
de Torteron, bute dun but es murs de la Forlcresse et dautre
butalarueou en vent les Semineaulx (1); les quels 1 s. tourn.
(1) Sorte de pains.
— 62 -
de rente ont este bailliez en eschange et assiete par les Tréso-
riers a Monseigneur levesque de Coustances en ra bâtant et
descharge des rentes que il prenoit sur la dite Eglise N re Dame
auquel les lettres de la d. rente furent baillies.
Sur ung hostel et mesnage appartenant à Jehan Furet,
cousturier, lequel fut a Jehan Guiftart et après a Jehan Berte,
et après a Colin Lefeustrier dit Heustes xx lv s. tourn. de rente,
par an, aux termes acoustumes, a prendre sur le d. hostel et
mesnage assis en la parroisse N ,c Dame eu chastel de Saint-
Lo, jouxte dun coste a Pierres Le Hain a cause de lostel ou
il demeure, qui fut du grant manoir es Presteaulx, daultre coste
a lostel qui fut Robert Durant, a cause de sa femme, et qui,
de présent, est au d. Colin Heustes et a Cassot de Percy,
escuier, bute dun bout a Pierres Louvel, a cause du grant
manoir et, daultre bout, a la place ou len a acoutusme a ven-
dre les vaches. Et est du don de Pierres Robin, pour estre
participant es prières et oroisons qui seront dictes en la dicte
Eglise, si comme il est apparu et apparoissoit par gaigie fait
delà dicte rente aux d. Trésoriers par le d. Jehan Berte
chargie de garantie pour le d. Colin Heustes par lectre passée
devant Colin Cauvelande, tabellion de Saint Lo, scellée par
Jehan Roussel, garde des scaulx des obligacions de la Viconte
de Carentan, le mardi xxiij jour de novembre, lan de grâce
mil iin c vingt huict, et estoit ainsy signe : Cauvelande; la
quelle lettre estoit saine et entière en scel et escripture ; de la
quelle rente xx s. ont este tournes et assis a Monsieur leves-
que de Coustances et descharge des renies quil avoit a pren-
dre sur la dicte Eglise, et iiij soûls sont demoures au d. Trésor
de la d. Eglise.
De la vendue par décret que a fait faire Mahiet Lenffant,
porteur de ces lettres et des lettres faictes eu nom de Jehenne,
veufve de feu Richart de la Dangie, xx s. achates par les Tré-
soriers de la dicte Eglise, que avoit droit de prendre sur cer-
— 63 -
taine porcion de l'Eglise N le Dame, en tant que il y avoit
de nouvel enclavée assise en la dicte Eglise assise en la par-
roisse S lc Croix, dont iceulx Trésoriers ont franchy et des-
chargiela dicte Eglise par la somme de vingt livres tourn. A
quoy iceulx xx s. de rente leur sont demoures et este adjugies
comme aux plus offrant et derrains enchierisseurs, si comme il
est apparu et appert par le décret sur ce fait passa devant
Jehan Escourtemer, lieutenant du Viconte de Carentan, es pies
ordinaires de la Sergenterie de Saint Lo, le mardj xij e jour de
septembre, lan de grâce mil iiij et trente, lequel estoit ainsy
signe : Escourtemer ; lequel décret sain et entier en scel et
escripture.
De la vendue par décret fait par Justice, a la requeste de
Martin Gannelle, porteur de ses lettres de la condempnacion de
Olivier Caengny, xxx s. tourn. de rente par an que icellui
Ollivier «rvoit a prendre sur certains héritages assis en la
parroisse Sainte Croix, puis nagaires enclaves en lacroissance
dicelle Eglise, icelle porcion jouxte la rue N re Dame ; les-
quelz xxx s. de rente sont demoures aux Trésoriers de la d.
Eglise au prix de vingt sept livres dix soulz tourn., comme au
plus offrans et derrains enchierisseurs, en franchissant et
deschargeant la d. Eglise, comme il est apparu et appert par le
décret sur ce fait, passe devant Jehan Escourtomer, lieutenant
du Viconte de Carentan, es pies ordinaires de la Sergenterie de
Saint-Lo, le lundi vj° jour doctobre, lan de grâce mil iiij c
xxxij, et estoit ainsy signe : Berart. Lequel décret est sain et
entier en scel et en escripture.
Du don de Olivier Caengny fait au d. Trésor pour avoir ung
obit en la dicte Eglise, xLiiij s. tourn. de rente par an du
nombre de la quelle il avoit a prendre aux termes acoustumes
sur les maisons de nouvel enclaveez en lacroissance de la
dicte Eglise, et est assise en une partie xiiij s., et xxx s. que
il avoit a prendre sur la maison qui fut Guill c de Boutemont
— 04 —
dit Lortfevre assis en la Parroisse S re Croix de Saint-Lo, en la
Grant Rue N re Dame, jouxte a lostel qui fut Jehan Jouenne,
bute a la d. rue ; ce don fait pour ce que les Trésoriers seront
tenus faire faire doresenavant par chacun an pour le d. Olivier
et ses amis trespasses ung obit et le luminaire de la feste
Saint Andreu en la dicte Eglise, et faire le service comme il
est acoustume pour ceulx pour qui Ion fait plain luminaire,
donc le cure aura ij s., le prestre qui dira la messe de
Requiem ij s., le diacre xy den., le soubz diacre xij den., les
trois coustours chacun v den., pour offrandes de la grant
messe vj deniers, pour celle de Requiem xij den., aux clercs
pour aidier a dire le service v s. ; au sonneur de cloques
xij den., aux Trésoriers iv s , et le deinour«nt au proufïït du
d. Trésor, pour faire le d. luminaire. Laquelle rente le d.
Olivier sobliga garder et fournir et partant 1 Eglise descbargie
de la d. rente par faisant faire le dit obit, comme il est
apparu et appert par lettre passée devant Benest Le Villous,
tabellion de Saint Lo, lan de grâce mil iij c nir xx et dix huit, le
lundi xviij e jour doctobre, et estoit ainsy signée : B. Le Villous.
La quelle lettre estoit saine et entière en scei et en escripture.
De Olivier Caengny, bourg, de Saint-Lo, achatey par les
d Trésoriers xx s. tourn. de rente avecquez tout tel droit de
rentes et arréragez comme il avoit et pouvoit avoir sur la d.
Eglise, maisons et héritages adjoustes et acquis pour laumen-
tacion dicelle Eglise, et sur laquelle église, maisons et héri-
tages il souloit avoir et prendre, comme il disoit, par chacun
an, cent xv s. tourn. de rente ; et de la quelle rente et
arrérages, la dicte Eglise, maisons et héritages sont et ont este
franchis par les Trésoriers de la d. Eglise. Ceste vente faicte
par le prix de xviij liv. et x s. pour vin, que ont payes iceulx
Trésoriers au dit Olivier, dont et la quelle rente le d. Olivier
a promis garantir et fournir sur lobligacion de tous ses biens
et héritages, comme il est apparu et apperc par lettres passées
devant Colin Desgardins, tabellion de Saint-Lo, le mercredi
— 65 —
iiij* jour de septembre, lan de grâce mil cccc trente sept.
Sur lostel Colin Hue, assis en la parroisse N ra Dame, eu
chastel de Saint-Lo, xi s. tourn. de rente, du nombre de Ix s.
tourn. de rente japieca donnez au Trésor de la dicte Eglise
par Thomas Varroc et Jehenne, sa femme, pour avoir deux
obis par an en la d. Eglise, et des quelz Ix s. de rente xi s.
ont este et sont tournez et baillez en eschange a Monsieur
levesque de Coustances en descharges des rentes quil pre-
noit sur la dicte Eglise ; et xx s. dicelle rente sont demourez
au dict Trésor ; lequel hostel du dict Hue jouxte de présent a
Guyot Go, dun coste, daultre coste et dun bout a Jehan Le
Jolivet et a sa femme, et daultre bout a la rue Mathenot.
Franchissement du Priour et Frères de lostel Dieu qui avoit
droit de prendre, comme ilz disoient, par chacun an, xxjx s.
tourn. de rente, cest assavoir xx s. sur une place qui fut
messire Bernarl Blancpain, prestre, enclavée en la dicte
Eglise, et ix s. tourn dicelle rente a prendre sur lostel qui fut
Guill e Lorfevre semblablement enclave en la dicte Eglise, dont
procès fust pendant entre jceulx Priour et Frères, dune partie,
et les Trésoriers de la dicte Eglise N ro Dame, dautre, par
raison dune justice faicte iceulx Priour et Frères pour avoir
payement de la dicte rente, pourquoy iceulx Trésoriers consi-
derans que la dicte rente leur estoit deue, en deschargant et
franchissant icelle Eglise, ont baillie en eschange a iceulx
Priour et Frères xxviij s. t. i p. i H geline de rente, cest assa-
voir xx s. sur lostel Jehan Le Barbier dit Le Chanoigne, assis
eu chastel de Saint-Lo auprès des Cuisiniers, par devers la
Croix du Marchie, et viij s. j p. i gel. a prendre sur ung hostel
et mesnage appartenant a Phelipin Violete, assis en la par-
roisse N rc Dame en la rue de Torteron, jouxte Guill e Jourdan
et sa femme, dun coste, et daultre coste a lostel qui fut Raoul
Heustes ; bute dun bout a la rue de Torteron, comme il peut
apparoir par lettres sur ce faictes.
S
— 66 —
A Monsieur levesque de Coustances baille en eschange,
tournée et assiete de la rente que il a voit a prendre sur lEglise
N rc Dame par les Trésoriers le nombre de xv s. tourn. de
rente que les dicts Trésoriers, eu nom de lad. Eglise avoient
a prendre, par chacun an, aux termes accousturaes, sur le gar-
din du d. Monsieur lEvesque, selon ce quii peut apparoir par
les leclres sur ce faictes et de lapoinctement fait en mon dict
seigneur lEvesque et les trésoriers et parroissiens de la dicte
parroisse N re Dame ; recours a i celles, desquelles le double
est escript en ce présent livre.
Transaction faitte par Mg v Phillebert de MontJeù\
Ei\ de Coulancex, en 1428, au sujet dun
proceds intente pour ledification
de lEglise.
A tous ceulx qui ces présentes Lectres verront, Jehan
Roussel, Clerc, Garde du Scel des obligacions de la Viconté de
Carenten, salut. Comme procès et debas fussent en intention
ou espérance de mouvoir par entre Révérend Père en Dieu
monss. Phillebert Demonljeu evesque de Coustances, dune
part, et les trésoriers ou marigliers et paroissiens de ta par-
roisse N rc Dame de Saint Lo, daultre partie, par raison et a
cause de ce que le d. Mons 1 * lEvesque deist ou vouloist dire
et maintenir que, sans son congie, lisence ou auctorite tant
comme Diocésain que comme Seigneur et Baron de la Ville
et ln.ronie de Saint Lo, les d. parroissiens, trésoriers ou ma-
rigliers avoient conqueste et acquis plusieurs maisons avec-
ques leurs appartenances assises près de la dicte église N re
Dame, et icelles avoient fait démolir et abatre et reddiffier,
ou partir dicelles, en forme d'Eglise ou chappeîle, mises,
comprises et enclavez en croissement et augmentaon dicelle
Eglise qui estoit acquise et conqueslee en main morte, en
quoy il estoit ou pouvoit estre prive de forffecture destainte de
- 67 -
ligne ou aultre droictures et devoirs de Seigneurie tels comme
a Seigneur Baron peut et doit appartenir ; mesmement que
sous la liscence, congie ou auctorite de lui ou autre son pré-
décesseur corne Diocésain avoient fait faire les dictes chap-
peles et ediffices ; disant aussy le d. Mons 1 * lEvesque que
les d. trésoriers ou parroissiens dicello Eglise avoient fait
faire et ediffier ung pillier qui est eu bout dicelle, a lendroit
du lieu ou souloit estre le fenil de son manoir et une vis ou
degré qui est encommencie affaire a la cornière de la dicte
Eglise par devers sa court ou et elle, le quel pillier ou la dicte
vis ou degrey avoient este fais ou commenciee affaire en
certaine.
A tous ceulx qui ces présentes lettres verront Jehan Roussel,
Clerc Garde du seel des obligations delà Viconte de Carenten,
salut. Comme procès et debas fussent en intention ou espé-
rance de mouvoir par entre Révérend Père en Dieu Monsieur
Phillebert de Montjeu, evesque de Couslances, dune part, et
les Trésoriers ou marigliers et parroissiens de la parroisse
N re Dame de Saint- Lo, daultre partie, par raison et a cause de
ce que le d. Monsieur lEvesque deist ou voulsist dire et main-
tenir que, sans son congie, liscence ou auctorite, tant comme
Diocésain que comme Seigneur et Baron de la ville et Baronnie
de Saint-Lo, les d. parroissiens, trésoriers ou marigliers avoient
conqueste et acquis plusieurs maisons, avecquez leurs apparte-
nances, assises près de la d. Eglise N lc Dame, et icelles avoient
fait démolir et abatre et reddifier ou parties dicelles en forme
deglize ou chapelle, mises, comprinses et enclaveez en croisse-
ment et augmentacion dicelle église, qui estoit acquise et con-
questee en main-morte, en quoy il estoit ou povoit estre prive
de forfaicture, destaincte de lignes ou aultres droictures et
devoirs de seigneurie telz comme a seigneur baron peut et doit
appartenir; mesmement que, sans la liscence, congie ou quic-
tence de lui ou autre son prédécesseur comme Diocésain avoient
fait faire les dites chappelez et edifficez, disant aussy le dit
_ G8 -
Monsieur lEvesque que les d. Trésoriers ou parroissieus dicelle
église avoient fait faire et edifHer ung pillier, qui est eu bout
dicelle, a lendroit du lieu ou souloit eslre le fenil de son manoir,
et une vis ou degré qui est encommencie affaire a la cornière
de la dite église par devers sa court ou belle, lequel pillier ou la
dite vis ou degrey avoient este faiz ou commencies affaire en
certaine partie ou porcion sur son fons, terre et deraayne,
lesquelles choses il disoit estre au préjudice de son bénéfice et
Eglise de Coustances, voullant que les choses ainsy cntre-
prinses fussent repparees ou en estre deuenient recompense.
Lesquelz parroissiens et trésoriers deissent ou vousissent dire
que pour ce que la dite église nestoit pas asses grant qui peust
suffire pour la grant multiplicacion du peuple dicelle, les dites
maisons avoient este acquises et la dite Eglise creue et aug-
mentée ; et, au regart du d. pillier et de la dite vis ou degré,
disoient les d. parroissiens et trésoriers que il povoit bien estre
que le d. pillier passoit ung pie ou environ plus que il ne devoit,
et semblablement la dite vys ou degrey un pie et demi ou en-
viron, et entendoient que les trésoriers qui avoient fait commen-
cier icelluy ediflice, en avoient eu liscence et congie de
Monsieur lEvesque de Coustances qui lors estoit, ou de ses gens
et ofliciers ; et lesquelz parroissiens et trésoriers eussent
supplie et requis au d. Monsieur lEvesque que les dites acqui-
sitions ainsy faictes pour laugmentacion et croissement de la
dite église, leur vousist aprouveret confermer et les d. pillier,
vis ou degiey estre et demourer parfaiz ainsy que encommen-
ciez avoient este; et oultre que pour donner plus grant lumière
et clarté a la verrine de derrière le grant autel, qui estoit a len-
droit ou souloit estre le fenil du manoir dudit Monsieur
lEvesque, lequel fenil estoit chaest et en ruyne, que desormaiz
ny feist faire aucun ediflice ou aultre chose qui peust empes-
chier ou obscurir la veue et clarté de la dite verrine, offrans a
récompenser deuenient des choses dessus dites led. Monsieur
lEvesque et son église de Coustances de ce que il seroit trouve
et regarde que il en deust raisonnablement appartenir; et, pour
— 69 —
traictier sur les choses dessus dites, fussent assembles plu-
sieurs des d. parroissiens et trésoriers dicelle église, et venus
par devers le d. Monsieur lEvesque par plusieurs fois et a plu-
sieurs journées, supplians et requerans leur susdites requestes
estre faites et acomplies ; sur quoy le d. Monsieur lEvesque
leur eust mis temps et terme pour avoir sur tous advis et deli-
beracion, Savoir faisons que, par devant Colin Cauvelande,
clerc tabellion jure a Saint Lo, furent presens le d. Monsieur
lEvesque pour lui et pour ses successeurs evesquez, dune part,
et Thomas Mathenot et Jehan Gallet, a présent trésoriers dicelle
église, et Ni?olas Varroc, Aymery Duquesnay, Guillaume
Cauvin et Maistre Jehan Letousey, tous dicelle parroisse, tant
pour eulx et en leur nom, que comme procureurs des parrois-
i siens, manans et habitans dicelle parroisse, selon ce quil peut
! apparoire par la procuracion sur ce faite, daultre partie, de la
quelle procuracion la teneuve en suit : A tous eoulx qui ces
lettres verront ou orront Jehan Harpeley, chevalier, Bailly de
Costentin, salut. Savoir faisons que, aujourduy xxv e jour de
juillet, lan mil iu c vingt huit, en lauditoire du Roy, n re sire, a
Saint Lo, furent présents par devant nous Raoul Rouillart,
Nicolas Varroc, maistre Jehan Varroc, Aymery Duquesnay,
Guill e Jehan,Thomas Mathenot, maistre Jehan Letousey, Jehan
Lecouvreur, Jehan Letaneur, Jehan Mathenot le jeune, Guill e
Le Taneur, Jehan le Jolivet, Guill e Cauvin, Bernart Le Fegny,
Jehan Le Bouvier, Jehan Bequet, Jehan de la Roque, Robin
Leroutier, Perrin Boucart, Jehan Baubigny, Rogier Le Cler-
geault, Jehan Langloiz, Jehan de Caron, Colin Desiene, Colin
Viel, Jehan Gournay, Colin Lainsne, Colin Tison, Guillotin
Baillet, Jehan Mathenot lainsne, Jehan Jugan, Jehan Gallet,
Constant Nourry, Thomas Le Paulmier, Raoul le Paulmier,
Jehan Girart, Robin Angueulle, Richard Duhamel, Michiel
Gosselin, Perrin Dumesnil, Jehan Caron, Guill e Le Duc, Ri-
chart de la Voye, Thomas Canuet, Colin Lainsne, Jaquet Le-
touroudel, Allemin Sorin, Perrin Louvet, Jehan Rommy,
Colin Michiel, Richart Blondel, Jehan Hopequin, Jehan Dam-
— 70 -
même, Gieffroy Bessin, Richart Edme dit Lesperne, Robin
Couldray, Colin Cousin, Franquet Gieffroy, Guillaume Thurgis,
Henry Martin, Raoul Bourgery, Colin Perotte, Jehan Faucil-
lon, Richart le Gros, Jourdan le Dain, Jehan Gouffestre, Perrin
Gouffestre, Jacquet Gislot, Thomas Le Gallicier, Philipot Gour-
det, Guille Besache, Perrin Osouf, Robin Lemerchier, Guill*
Le Bouchier, Guill c Borei, Jehan de Lescluse, Jehan Vaultier,
Colin Le Viel, Th°* Vincent, Guillaume Varengue, Jehan Lan -
gloiz, Thomas Porchon, Philippot le Clergeaulx, Jehan Fleury,
Guill e Thiebout, Th as Auvrey, Robin Fontaine, Grégoire
Ramphere, Michiel Picart, Guill c le Vicomte, Jehan Bisson,
Richart Andreu, Maceot Larchier, Jehan Blaisot, Thomas La
Vielle, Guill e Gouhier, Perrin Planqueray, Gieffroy Dumanoir.
Colin de Saint-Laurens, dit Belot, Thomas Le Chou, Rogier
Dade ville, Richard Bense, Colin Desgardins, Jehan du Faon,
Jehan Rabasse, Richart Deschamps, Robin Ruauit, dit
Caruete et Fleury Fourre, tous bourgoys, manans et habitans
de la ville, faulx bourgs et sergenterie de Saint-Lo, lesquelz,
tant pour eulx que eulx faisans fort et fondans commun pour
tous les bourgoys, manans et habitans des Ville, Faulx bourgs
et Sergenterie du d. lieu de Saint-Lo, firent leurs procureurs,
actournes et certains menagiers especiaulx Nicolas Varroc,
Aimery Duquesnay, Guill c Cauvin, Guill c Mathenot et mais-
tre Jehan Le Tousey, bourgoys de la dite ville en tout ce
qn'ilz ont. . . et besoingne pour le temps passe et pour le
présent, et par especialment pour faire passer enterigner et
acomplir plusieurs traicties, acors en appoinctemens parles et
traicties entre Révérend Père en Dieu Monsieur lEvesque de
Coustaneos ou officiers pour luy, dune part, et les bourgoys,
manans et habitans de la dicte ville de Saint-Lo, leurs commis
ou députes, dautre, sur le cas de plusieurs descors, procès et
debas nieux et espères a mouvoir en plusieurs et diverses
cours par entre les dictes parties, lun.diceulx descors et ap-
pointements touchant le fait de lostel Dieu du d. lieu de
Saint-Lo, sur le débat dun brief prins par le procureur du
— 71 —
Roy uostre Sire eu dict baillage de Costentin et les dicts
bourgoiz adjoins ensemble a lencontre du d. Monsieur lEves-
que, par raison de ce que iceliui Monsieur lEvesque a voit
vestu et receu religieux eu dict hostel Dieu monsieur Guill
Tournebu, prebstre; laultre touchant le fait de la Halle au
cuir qui.souloit estre assise devant lEglise, de laquelle le boys
marrain et matière avoient este prinses par le commandement
et ordonnances des Angloiz, mises et employiez a lediffice de
la Porte du Neufbourg ; et aussi le don de trois cens livres
tourn. que disoit le d. Monsieur lEvesque lui avoir este donné
par les dicts bourgoiz pour aidier apaier sa raencon envers les
ennemis et adversaires du Roy n ro dict Sire, aus quels il
avoit este prisonnier ; et le tiers touchant le fait de lEglise N rc
Dame du d. lieu de Saint Lo, ediffices et rentes dicelle. Don-
nans iceulx bourgoiz et habitans plain pouvoir, auctorite et
commission aux dessus d, Varroc, Quesnay, Jehan Mathenol,
Letousey et Cauvin, ou la graigneur partie diceulx, de com-
poser, traictier, passeffier et appoinctier sur les choses dessus
dictes et chacunes dicelles, leurs circonstances et dépendances,
et faire autant en toutes choses comme eulx mêmes feroient
ou faire pourroient se presens y estoient en personne, promet-
tant tenir et avoir agréable tout ce qui par eulx sera en ce faict
... et besoigne, sans jamais aller encontre eu aucune
manière, sur lobligacion de tous leurs biens meubles et héri-
tages presens et a venir. En tesmoing de ce nous avons scelle
ces présentes du grant scel aux causes du d. bailliage en lan
et jour dessus dis . Ainsy signe : Boulengier.
Lesquels Monsieur lEvesque, trésoriers et procureurs dessus
nommes eu nom que dessus, de leurs bonnes volontez confes-
sèrent avoir fait, traictieet appoinctement sur les choses dessus
dictes en la manière qui ensuit : cest assavoir que pour révé-
rence de Dieu, nostre creatour, et pour laugmentacion de la
dicte Eglise, le dit Monsieur lEvesque se consenty voulu et
oîtroya, tant pour luy que pour ses successeurs Evesques, que
— 72 —
les maisons ainsy acquises au proufit de la dicte Eglise et dont
parties estoient en claveez et comprinses en lediffice dicelle, en
quoy est la chapelle de la Trinité et Saint Georges, et la terre
qui estoit des dictes maisons avecques leurs appartenances,
soient et demeurent perpétuellement a la dicte Eglise ; Et
aussi le d. pillier qui est a lendroil du lieu ou souloit estre le
dict fenil du dict Monsieur lEvesque, et une vis ou degré qui
est en la cornière de la dicte Eglise par devers la court du d.
Monsieur lEvesque, les quelz avoient este faiz en certaine
porcion et partie sur le fons et terre du d. mon dit sieur lEves-
que. soient et demeurent comme ilz sont et la d. vis parfaicte
comme elle est encommenchie, pourveu que les veues dicelle
seront par petites lucarnes et arballestrieres par devers et au
longt du coste de la dicte Eglise ; et, pour ce que le dict Mon-
sieur lEvesque avoit droit de prendre douze livres dix soulz,
un paing, une geline et demie livre de poyvre, le tout de rente
en certaine partie dicelle Eglise, cest assavoir dix livres sur la
chapelle Saint Jacques, quarante soulz en la place qui est partie
de lacroissance de la dicte Eglise joignant au dit fenil, du
nombre des quelx quaraute soulz len povoit faire tournée,
eschange ou assiete de trente neuf soulz, et eu lieu ou souloit
estre le revestioire dicelle Eglise, dix soulz, ung pain, une
geline. Et sur les maisons Dan Bernart Blancpain, prestre,
dont partie dicelles sont jointes et enclaveez en la dicte Eglise,
deinye livre de poyvre ; et affinque les d. Trésoriers et
parroissiens de la dicte Eglise et lieux dessus dis soient et de-
meurent deschargiez affin de herittage de toutes icelles rentes,
excepte des dis pain, geline et demie livre de poyvre qui de-
meurent deubx au dit Monsieur lEvesque en estât que par
avant. Et pour recoin pensation des choses dessus dictes, le d.
Monsieur lEvesque aura et prendra des rentes et revenuez
dicellui Trésor quinze livres quinze soulz tourn. de rente par
chacun au, aux termes acoustumez, qui présentement lui furent
tournées et assises sur plusieurs héritages assis en la parroisse
N ,,f Dame de Saint-Lo ainsi quil ensuit :
— 73 —
Cest assavoir : Quinze soulz tourn. de rente es termes
acoustumes sur ung gardin appartenant au d. Monsieur lE-
vesque, assis en la paroisse N w Dame de Saint-Lo, jouxte la
rue de la Poterie et les estables du manoir du dit Monsieur
lEvesque des costes, bute a lostel ou les greniers du d. Mon-
sieur lEvesque sont, et lostel ou len tient la juridiction tempo-
relle du dit Monsieur lEvesque des bus. Item, quarante soulz
tourn. de rente, aux termes acoustumez, sur lostel et maison
appelée le Grant Manoir qui fut feu Jehan Le Prestel, seigneur
de Saint Andreu du Valjouas, et de présent appartenant a
Pierres Louvet, jouxte le marchie aux bestes ausmailles, dun
coste, et Thomassin Jaquemin et la rue du Pray dun coste,
bulea Colin Heustes et Jehan Leforestier et aux hoirs Henri du
Hamel, dun but. et dautre a la place de devant la halle au pain
de seigle. Item, vingt soulz tourn. du nombre de vingt quatre
soulz tourn. de rente es dis termes, a prendre sur ung hostel
ou mesnage qui fut. au Pourchel et de présent appartient a
Colin Le Feustrier dit Heustes, joint et bute au d. Grant
Manoir qui fut au d. Prestel, de présent appartenant au d.
Louvet, et dautre a lostel qui fut Raoul Le Cocq et de présent
appartenant au d. Heustes. Item, cinquante soulz tourn. de
rente au terme Saint-Michiel en septembre, a prendre sur ung
hostel o ses appartenances que tient a présent Jehan Louvet,
jouxte Jehan Le Goupil, par raison du gardin quisouloit estre
lostel Raoul Dy vrande et lostel Jehan La Niepce, de présent
appartenant a Thomas Le Chou, des costes, bute a la rue
N 1 ** 5 Dame tendant de la Barrière Cauffestrain a la Porte du
Neufbourg. Item, quarante soulz tourn. de rente aux termes
acoustumes, a prendre sur ung hostel ou mesnage o ses appar-
tenances qui fut Viard et de présent appartient a Jehan Le-
tanneur, jouxte Colin Varroc et Denise, veuve de Jehan Rous-
sel, des costez, bute a la rue de la Halle au pain de Seigle et
aux murs de la forteresse, des bus. Item, cinquante soulz
tourn. de rente es d. termes, a prendre sur ung hostel ou mes-
nage appartenant a Guillemin La Chouque, joint dun coste a la
— 74 —
rue de la Porte de Torteron et a la venelle par quoy len va sur
la muraille, et daultrecoste a laultre hostel du d. La Chouque,
qui fut Ronchere, bute aux murs de la Forteresse et a la place
ou len vend le cherainel. Item, quarante soulz tourn , du
nombre de sexante soulz tourn. de rente, a prendre surloslel
Colin Hue qui fut Jehan Patrix dit le Gourmant et, de présent,
appartenant au dict Hue, jouxte lostel qui fut Monsieur de
Montenay el, de présent, appartient a Jehan Le Jolivet et a sa
femme, a cause délie, dun coste, et dautre Guyot Go, butte a
la rue a la Paille et aus d. maries des bus.
Item, sexante soulz tourn. de rente es d. termes, a prendre
sur lostel qui fut maistre Richart Heustes, de présent appar-
tenant a Guillemin Le Paulmier et aux hers ou aians cause de
feu Robin le Paulmier, assis devant la Porte Torteron, jouxte
Philippin Violette et le petit hostel qui fut Tallebot, de présent
appartenant a Jehan de la Roque, des Cosles, butte a la rue de
Torteron et aux Fosses des Perrelles, des bus. A laquelle
assiette ou tournée garantir contre et envers tous, oster et mettre
hors de tous empeschement fournir, emplir, faire valoir sans
aucun dechie ni admenissement les héritages, rentes et reve-
nuez appartenant au Trésor de la dicte Eglise qui pour le
temps présent sont et pour le temps a venir -seront, sont et
demeurent subjes et obligiez, et aussy les lieux dessus dits ou
estoient assises les dictes douze livres dix soulz tn. de rente,
sauf et excepte des dits quinze soulz tourn. de rente que devoit
le d. Monsieur lEvesque sur son dit gardin comprins en la
dicte assiette, qui par icelle assiette demeurent asossies; et par
ainsy que en cas par deffault du paiement daucunes des rentes
bailliez en assiete au d. Monsieur lEvesque, procès ou débat
seroit meu ou pendant vers aucun des tenans des héritages
subges a icelles, en tout ou partie, le d. Monsieur lEvesque
après sommacion deuement faicte aux. d. Trésoriers de pren-
dre le d. procès et garantie, pourroit retourner et faire justice
pour les arrérages qui, pour le temps avenir, de lors escher-
— 75 —
roient sur les héritages sur les quelz les dictes rentes lui
estoient deuez par avant la dicte assiete ou eschange, et jus-
ques a ce que les d. Trésoriers lui aient baille lettre de gaengne
de la d. rente, ou lui en faire recompensacion convenable, et
afBncjue la dicte Eglise demeure notable et que les verrines du
bout dicelle devers soleil levant, aient et puissent avoir leur
clarté et lumière sans aucun empeschement, est accorde par
le dit traictie et appoiutement que désormais le d.
Monsieur lEvesque, ses successeurs ou aians cause, ne pour-
roient faire faire ou ediffier aucun ediffice ou mesnage au lieu
ou estoit le d. fenil ; maiz sera et demourre le dict lieu appro-
prie en estât de cour ou gardin au proufict du d. Monsieur
lEvesque sans ce que on y puisse planter arbres, ni faire chose
qui aucunement puisse faire ou donner obscurité ou préjudice
a la veue et clarté des dites verrines. Et, en tant qu'il y auroit
eu des ediffices dicellui fenil domoliez, abatuez, leveez et
osteez en faisant lediffice dicelle Eglise ou aultrement, les
dis parroissiens et Trésoriers en sont et demeurent quittes et,
avecques ce, sil plaist a mon dit sieur lEvesque, les dits
Trésoriers seront tenus de faire et ediffier ung petit huisset et
double huiz et fermeure a lendroit ou estoit le dit fenil, a
entrer en la dicte Eglise a lusage seullement du d. Monsieur
lEvesque et de sergens estans en sa compaignie quant ilz
seront en la ville et non pour autre. Et sy est accorde que sil
plaint aux dits Trésoriers parroissiens de oster et estoupper ou
faire oster ou estoupper Ihuys par ou len entre, de présent, du
manoir du d. Monsieur lEvesque en la dicte Eglise, que ilz le
pourront faire quant il leur plaira peurveu quilz en facent
faire ung autre dicelle forme et essence eu lieu ou ilz regar-
deront estre moins préjudiciable a la dicte Eglise encontre, et a
lendroit de la court du Manoir du d. Monsieur lEvesque.
Duquel traicté et appoinctement, icelles parties, eu nom que
dessus, furent et se tindrent pour bien contens, sans ce quil
face ou porte aucun préjudice au dict Nicolas Varroc au regart
de ses privilegez de la Monnoye. Et quant a toutes les choses
— 76 —
dessus dictes et chacune dicelles tenir, enterignier et acomplir
gans aller au contraire aucunement, le dit Monsieur lEvesque
obliga lui, ses successeurs et tous les biens du temporel du d.
eveschie, meubles et héritages presens et avenir, ou quils
soient, a vendre doffice de Justice pour deffault de ce, et pour
restituer et rendre tous coutz mises et dépends faiz et eulz pour
ce ; et renonça généralement a toutes les choses par quoy la
teneur et execucion de ces présentes pourroit estre retardée,
anihillee ou empeschie en tout ou en partie en aucune manière,
et par especial au droit, disant generalle renonciacion non
valloir. En tesmoingde ce, ces lettres sont scellées du d. scel,
a la rellacion du d. jure, sauf autri droit. Et fut faict en la
présence de Colin de Venne, Jehan Angot et de Michiel Cadot,
le lundi sixiesme jour de décembre, lan de grâce mil quatre
cent vingt huit. Ainsy signe : Collacion faicte : Cauvelande.
Donne par copie soubz le signe de Colin Cauvelande, tabellion
au d. lieu de Saint-Lo, le xxj c jour de novembre, lan de
grâce milcccc quarante quatre.
Collaon faicte : Cauvelande avec paraphe.
Transcrit par M. Lepingard.
FIN
Les Bourgeois de Saint-Lo
A LA V« CROISADE
(1217-1221)
•Me
Nos Collègues ont accueilli avec un certain intérêt la com-
munication d'une note relative à ces Lombards qui, au
xm e siècle, munis du consentement de l'Abbé de Sainl-
Vigor-de-Cerisy, ouvrirent dans cette paroisse un comptoir
pour y faire le négoce et, notamment, le prêt sur gages.
Qu'ils me permettent aujourd'hui de leur signaler, non
plus l'arrivée dans notre pays d'une compagnie étrangère,
mais la présence, en pays étranger d'un groupe de Bas-
Normands, Saint-Lois pour la plupart, ayant, eux aussi, quitté
leur patrie au courant de ce même xm° siècle, non dans un
but mercantile, mais afin de secourir leurs frères les chrétiens
d'Orient et Je les aider à soustraire définitivement au Turc, et
Jérusalem et les lieux saints.
La charte qui révèle les noms de ces pèlerins, qui partici-
pèrent à la cinquième croisade (1217-1 221J. est consignée au
Livre Rouge de l'Hôtel-Dieu de Saint-Lo, folio 88, n° 186.
Elle est datée, à Jope (1), de juin 1220, et contient la donation
à la Maison-Dieu des rentes que celle-ci devait à l'un de ces
(1) Ou plus exactement Joppe, aujourd'hui Jaffa, petite ville
de Syrie a 8 lieues N.-O. de Jérusalem. C'est le port ou débar-
quaient les pèlerins de Jérusalem.
— 78 —
croisés nommé Garin dont les compagnons, soit prêtres, soit
frères d'armes, furent les témoins instrumentaires.
En voici le texte :
« Sciant omnes présentes et futuri quod ego Garinus, filius
« Radulfi Gariui, de Sancto Laudo, quietavi et dimisi in
« perpetuum, pro salute anime mee et antecessorum meorum
« domui Dei de Sancto Laudo et fratribus ibidem Deo servien-
* tibus, totum redditum quem fratres predicte domus mihi
« reddebant annuatim de terra quam tenebant de me in
« perpétua hereditate, que sita est juxta pontem de Sancto
c Laudo, videiicet xxx solides turonensium quos mihiethere-
« dibus meis annuatim reddere tenebantur ad nundinas montis
« Martini, et quinque panes et quinque capones, ad Natale ;
« ita quod predicti fratres predictum tenementum libère,
« pacifice et quiète in perpétua elemosina possidebunt ; et
« ego et heredes mei in predicto tenemento, nec in predicto
« redditu mihi de cetero poterimus reclamare. — Quod ut
a ratum sit et stabile perse veret, presentem cartam sigilli mei
« testimonia confirmavi. — Actum apud Jope, anno Dmni
« M°CC°XX°, mense Junii; testibus his : « Martino de
« FMris et Hugonede Subies, fratribus ordine predicatorum ;
« Thoma Boisdeleue, presbitero, Simone Grosparmie ;
« Jehanne des Iardins, Reginaldo de Gaurei, Renoldo Tontu-
« rier ; Willelms de Buot ; qui predictus frater Martinus,
o Simon Grosparmie et Johanne des Iardin6, ad petitionem
« meam in hujus rei testimonium sigilla sua cum meo
« presentibus litteris apposuerunt ».
Comme on le voit, le donateur, Garin, fils de Raoul Garin,
était de Saint-Lo même ; la charte le dit expressément. Sa
famille en était également originaire. On trouve, en effet,
dans une autre charte du même recueil, Raoul du Breuil et
HyJaire, sa femme, baillant en fieffé à la Maison-Dieu de
cette ville « totum pratum quod vocatur As Garins » qui
appartenait à cette Hylaire (a jure hereditagio idem pratum
— 79 —
pertinebat), et le pré en question était situé contre la chaussée
du Pont de Vire (1).
Le Frère prêcheur Martin du Perier, premier témoin de la
donation de 1220 (Martini de Piris), était, lui aussi, enfant de
Saint-Lo. Une maison Perier existait dans cette ville. Cela
résulte d'une charte de 1281 souscrite également au profit de
la Maison-Dieu par Geoffroy, fils de Sylvestre, et contenant
donation d'une rente de 3 sous tournois assise « in quodam
stallo sito ante domum Piris (2) » .
En janvier 1237, un Guillaume du Perier aumônait au
même établissement tout ce qu'il percevait sur la masure
d'Agnès la Feutrière (3).
Dans deux chartes, l'une de 1246, l'autre de 1252, figure
Nicolas du Perier (Nicolaus de Piris) (4). Un autre acte de
1253 parle d'une maison de Saint-Lo « quae fuit Michaeli de
Piris » (5) ; un autre encore, en date d'octobre 1256, montre
Mathilde du Perier, veuve de Richard du Perier, aumônant à
l' Hôtel-Dieu une maison située à Saint-Thomas-de-Saint-Lo
(Matillis de Piris, condam uxor Ricardi de Piris defuncti)
(6). D'un autre côté, dans une charte sans date, mais assuré-
ment du xiu e siècle, Robert du Perier, doyen de Saint-Lo
(Robertus de Piris, decanatus de Sancto Laudo) était témoin à
l'accord intervenu entre Florence de Croe et l'abbé de Saint-Lo
au sujet de terres situées dans le bois du Soulaire en Couvains
(7). Enfin, en 1597, un compte de la Fabrique de Notre-
Dame-de-Saint-Lo, cite un Pierre Perikr comme riverain du
Manoir au Vivier, sis en cette ville, en là rue Torteron.
Les renseignements manquent sur Hugues de Subies; mais
ce nom de Subies, qui est celui d'une paroisse voisine de
(1) Arch hôpit. Saint-Lo. — Livre Rouge, Fol. 74, n° 1T5.
(*) id. id. Fol. 78, n° 48îi.
(3) id. id. Fol. 80, n° 492.
U) id. id. Fol. 79, n° 480.
tb) id. id. Fol. 79, n<M90el!94
(6) id. id. Fol. K), n° 195.
(7) Arch. de la Manche. — Cart. M 8 Ab. de Saint Lo, p. 79.
— 80 —
Bayeux, ne laisse aucun doute sur l'origine de ce Frère
prêcheur.
Le prêtre Thomas Boisdeleue est totalement inconnu.
Quant à Simon Grosparmie, sa famille avait, au moins, des
attaches à Saint-Lo. D'une part, Pierre de Grosparmy, Grand
Chantre de Coutanoes, figure sur la lisle des bienfaiteurs de
la Maison-Dieu (1), et, par ailleurs, l'écusson des Grosparmy
se remarquait aux vitraux de la Chapelle du Rosaire de
PEglise Notre-Dame (3). Ce Simon serait-il le même que le
Siméon Grosparmy, en son vivant bourgeois de'Périers, pour
lequel, en 1265, M. Jean Grosparmy, fonda un obit dans
l'Eglise Cathédrale de Cou tances dont il était chanoine (3) ï
La famille des Gardins ou Jardins habitait notre ville dès
le xn c siècle. L'evêque de Coutances, Algare, comprend
parmi les dons qu'il aumônait à l'Abbaye de Saint-Lo, vers
1140, la masure de Pierre du Gardin (Masura Pétri de Gardino)
laquelle était située en la rue Saint-Georges (4), et Ton trouve
en 1470., noble homme Jean des Gardins parmi les notables
bourgeois cités dans les pièces concernant la fondation d'une
bibliothèque dans l'Eglise Notre-Dame par messire Jean
Boucard, évêque d'Avranches et M e Ursin Thiboult, vicaire
général de l'evêque de Bayeux (5). De nos jours, des familles
du nom de Desjardins et Dugardin habitent Saint-Lo.
Reginald de Gavrei, autre témoin de la charte de 1220, peut
bien être originaire, lui ou les siens, de la grande paroisse de
Gavray (6). Son nom s'y prêterait volontiers. Mais il est
certain qu'aux premières années du xiu e siècle vivait, soit à
Saint-Lo, soit à Agneaux, un Jean de Gavrei qui, de concert
(1) Toustain de Billy, Histoire de Saint-Lo imp., p. 448.
(2) id. id. p. ?9.
(3) id. His'oire Ecclésiastique du Diocèse de
Coutances, imp, T. U, pp. 30 et 31.
(4) Arch. dép. de la Manche, Cart. m 8 de l'Abbaye de Saint-Lo,
pp 4 et 20.
(5) Arch. dép. de la Manche. Cart. m s de l'Abbaye de Saint-Lo,
p. 679.
(6) Canton de Gavray, arrondissement de Coutances.
- 81 -
avec ses frères Robert, Thomas, Helye, Guillaume, Roger et
Henri, avait aumône aux Pauvres de la Maison-Dieu, la terre
appelée les Rivières, sise entre le marais et la Vire (l), et qui
plus tard se nommait l'Ile Gavrei dont il est parlé au Livre
Rouge dans la charte de Herbert d'Aigneaux de juin 1242 (2),
et qui n'est autre que le Pré de l'Isle proche de l'écluse du
Rocreuil. Cette assimilation laisse d'autant moins de doute
que, dans l'acte de 1242, il est question d'un gué qui n'est autre
que l'ancien radier de la Poulinière nommé au xvi° siècle
le Vey-Lançon d'où est venu le nom de Valençon que porte
une ferme du voisinage.
J'ignore absolument tout de Renaul Le Tonturier que son
nom permettrait de reconnaître comme un ouvrier de la
Corporation des Drapiers si nombreux à Saint-Lo.
Il n'en est pas de même de Guillaume du Buhot qui tire
son nom, soit de la terre du Buhot sise à Saint-Lo, en la
Grande-Rue, au midi du Couvent du Bon-Sauveur, soit d'un
tènement ainsi nommé situé à Saint- Jean d'Agneaux. En effet
la charte d'octobre 1258 contenant la fieffé du pré as Garins
donne pour abornements au pré fieffé, d'un côté, la chaussée
du Pont de Vire, près la Maison -Dieu, et, de l'autre côté, le
chemin allant au manoir de Pierre de Hauteville et le jardin
de Guillaume de Buhot. Ce dernier et Garin, fils de Raoul,
étaient donc voisins, amis même, sinon parents, puisque leurs
héritages étaient contigus (3).
Au reste, les du Buhot ne possédaient pas seulement la
terre qui a conservé leur nom, mais aussi une auberge joignant
d'un côté la chapelle de l'Hôpital et, d'autre côté, le chemin
qui va aux moulins de Vire par dessous la poterne appelée la
Mollière (Moleria). Cette hôtellerie butait au chemin tendant
à Saint-Lo et au Manoir de la Maison-Dieu, les prieurs et reli-
(1) Arch. de THôtel-Dieu de Saint-Lo.— Livre Rouge. Fol. XIX,
n°0O.
(2) Archives de THôtel-Dieu de Saint-Lo. — Livre Rouge.
Fol. XXXIII, n<> 74.
(S) Arch. de l'Hôpital. — Livre Rouge, Fol. 74, n° 175.
6
— 82 —
gieux en firent l'acquisition en Tannée 1276 < v l) afin d'agrandir
l'Hôpital.
Le sort de nos compatriotes fut-il heureux ou malheureux ?
Ils étaient d'une trop humble condition pour que le moindre
chroniqueur en ait parlé. Mais il est permis de croire que
tous ou presque tous succombèrent, ainsi que tant d'autres
croisés, sous le fer des hordes musulmanes, ou sous les
atteintes non moins cruelles des maladies qui décimèrent tant
de fois les vaillants défenseurs de la Croix dans les plaines de
la Palestine et dans les sables de l'Egypte.
Lepingard.
(1) Arch. de l'Hôpital. — Mémoire non daté du xviu e 6iècle.
<-*r&<&<$jgyt)*£><>^
Le Dicté de Beuzeville
En fouillant le volumineux chartrier des La Luzerne-
Beuzeville, conservé aux Archives du Département, j'ai ren-
contré une sentence du sénéchal de Beuzeville-sur-le-Vey,
du 15 avril 1627, par la quelle ce juge local condamnait « es
plés de la terre et seigneurie de Beuzeville tenus en la Blanche
Maison, Guillaume Choisy, à cause de sa femme, et Ollive
Caillemer », tenants de cette seigneurie, « à comparoir, par
chacun an, à la messe de minuit et du jour de Noël, en
l'église de Beuzeville-s-le-Vey, pour chanter un Dicté à
chacune des dites messes, et à comparoir au manoir seigneu-
rial, durant le disner de Monseig r 7 le dit jour de Noël, pour
chanter le dit Dicté et la chanson sur le quel le dit Dicté
a estéfaict » .
La sujétion, ou devoir, objet de cette sentence, a un caractère
de singularité, une physionomie à part, qui, si je ne me trompe,
assigne à la charte qui Ta formulée, et que malheureusement
je n'ai pas encore découverte, une date antérieure au xiv c siècle,
attendu que dans les actes de la période suivante, Ton ren-
contre presqu'exclusivement des redevances en argent et en
nature, avec les regards, c'est-à-dire la preuve de la préoccu-
pation des maîtres de la terre de se créer des ressources effec-
tives, plutôt que d'imposer des prestations corporelles, derniers
vestiges du servage, rappelant au paysan qu'il était l'homme,
— 84 —
la chose du soigneur, au mémo titre que la terre était son bien.
La singularité d'une pareille sujétion n'est pas le seul point
qui sollicite l'attention clans la sentence de 1027. Que pouvait
bien être le Dicté qui en était l'objet 1 — Un chant religieux.
Cela ne fait aucun doute, puisque le Dicté se chantait à l'église,
Je jour de Noël, une des plus grandes fêtes de la religion chré-
tienne. Mais quelle était cette sorte de chant?
Palsgrave, dans son « Eclaircissement de la langue fran-
çoyse » présente les mots Ditie ofsong comme synonimes de
l'ancien français. Dicton, Dictée, Motet, Dictie, Didier. —
Dictée, Dictieou Didier, très voisins de Dicté, ne seraient donc
autre chose que le chant religieux connu sous le nom de Motet,
et le Motet chanté à Beuzeville, un de ces noëls naïfs que nos
ancêtres chantaient à la messe de Minuit, chant joyeux que
rappelle le vieux cantique :
Chantons Noël, Noël, Noël,
Chantons Noël au roi des Cieux, etc.
et dont le charmant Noël d'Adam est un poétique et mélodieux
souvenir.
M. E. de Goussemaker, dans a l'Art harmonique au xii* et
au xiu c siècle », en faisant connaître ce qu'était un Motet, ex-
plique conséquemment ce qu'était un Dicté. Voici, en subs-
tance, ce qu'en dit ce savant : Au xm c , le Motet était une
composition harmonique à deux, trois et môme quatre parties,
le plus souvent à trois. Il avait habituellement pour ténor un
FRAGMENT DR PLAIN-CHANT, OU Un AIR POPULAIRE, avec lequel
devaient s'harmoniser les autres parties, dont la basse harmo-
nique, chose singulière, était le ténor, tandis qu'aujourd'hui
le ténor tient le chant avec le soprano. Tantôt les paroles
étaient latines, tantôt elles étaient françaises ; mais tantôt
aussi une partie chantait en français, tandis que les autres
chantaient en latin. Généralement les parties se rapportaient
au même sujet; les paroles seules différaient entre elles. Mais
il y a des motets ou dictés venus jusqu'à nous dans les quels,
— 85 —
tandis qu'une des voix chantait des paroles religieuses, une
autre faisait entendre des paroles séculières.
Le Dicté de BeuzevilJe-sur-leA'ey participait, semble-t-il,
de ces deux sortes de motets : du motet exclusivement reli-
gieux, quand il était chanté dans le lieu saint ; du motet reli-
gieux et séculier lorsque les vassaux du sire de Beuzeville le
chantaient à son dyner du jour de Noël. Ce double caractère
résulte expressément du dispositif de la sentence de 1627. On
pourrait toutefois se demander si, à l'origine, le Dicté et la
chanson sur laquelle il avait été fait, n'étaient pas chantés en-
semble et à l'Eglise et au Manoir, car il y a des exemples de
motets mi partie religieux, mi partie mondains chantés dans
les églises. M. E. de Coussamaker cite une messe du
xiii c siècle ayant appartenu à la cathédrale de Tournai dont
Vite Missa est offre un pareil mélange (1). Il est à présumer
que le goût s'épurant, nos pères firent cesser cet alliage du
sacré et du profane, peut être môme du grossier, qui blessait
leurs sentiments religieux et que le motet ne continua d'être
chanté sous sa forme primitive qu'à la table du seigneur dont
les ancêtres avaient créé cette sorte de redevance.
J'ajouterai, en terminant cette note, qu'en vieil anglais,
Ditty, qui n'est rien autre chose que le Dicté normand, par la
transformation du c en t, signifiait Sonnet (2), et qu'en
anglais moderne, il veui dire Chanson.
Lepingard.
Février 1883.
15 Avril 1627.
Es plés de la terre et sg lle d. Beuzeviile-sur-le Vey tenus,
en la Blanche iMaisson, par nous, F ots Boi^sel, licentié aux loix,
(1) E. de Coussemaker, L'Art harmonique, pp. 133-131.
\*) ffist. et Glas. Xormandde M. Ed. Leherichcr, v° Dire.
advocat, sénéchal de la d. terre et sg rlc , présence de Pierre
Beuselin greffier.
Aujourd'hui', quinz c jour d'apvril 1627, Monsieur présent,
par Jean Bouillon, s r du Fresne, proc r et agent des aflaires de
Mon d. sg r requérant la tenue des d. plés.
Sur la conclusion prise par le d. s r proc r à rencontre de
Guille Choissy y à cause de sa femme, et Ollive Caillemer,
présents le d. Choissy, en personne, et la d. Caillemer, par
Pierre Cappey, son fils, qu'ils doibvent estre condampnez en
conséquence de la fieffé faicte à leurs prédécesseurs parles pré-
décesseurs de Mon d. sg r , à chanter un dicté à la messe de
minuit et du jour, par chacun an, au jour de Noël, ainsy que
durant le disner de Monsieur, le d. jour de Noël, le dicté et la
chanson sur laquelle le d. dicté a esté faicte, ensemble à ap-
porter et présenter à Mon d. s r deulx chandelles de cire de
valleur de chacune quinze deniers, le jour de N tr0 D e Chandel-
leur, par chacun an, et, que faulte d'y avoir satisfaict aux trois
dernières années, ils en doibvent estre condampnés à l'amende
susdicte de soixante sols par an p r le deffault d'avoir chanté et
de vingt sols, par chacun an, durant les d. trois années, p r le
deffault d'avoir présenté à Mon d. s r les d. chandelles au d.
jour et feste Chaudelleur ;
Les quels Choissy et Caillemer ont dict qu'ils n'ont chanté
ni présenté les d. chandelles par ce qu'ils n'en avoient esté
jusqu'yey advertis, obéissant néantmoins chantera l'adveniret
paier les d. chandelles, sauf leur garantie l'un contre l'autre.
Sur quoy, parties ouies, nous avons accordé acte aud. Pro-
cur r de l'obéissance des dessus dicts, suivant laquelle nous
les avons condampnés à comparoire, par chacun an, à la messe
de Minuit et du jour de Noël, en l'église de Beuseville, p r
chanter un dicté à chacune des d. messes et à comparoire au
manoir seigneurial, durant le disner de Mon d. sieur, le jour
de Noël, p r chanter le d. dicté et la chanson sur le quel le d.
dicté a esté faicte, ensuite à comparoire, par chacun an, au
jour et feste N t,c Dame Chandelleur, en l'Eglise du d. lieu,
— 87 —
pour la présenter à Mon d. s r deux chandelles de cire de la val-
leur de 15 deniers pièce en peine de 60 sols d'amende, en cas
de deffault de paier la d. chandelle, et pour n'y avoir satisfait
aulx trois années dernières, nous les avons condampnés à neuf
livres d'amende, en une partie, à raison de soixante sols par
an, pour le deffault d'avoir chanté, et de soixante sols en aultre,
à la raison de 20 sols, par an, faulte d'avoir paie les d. chan-
delles au d. jour etfeste N tlc D e Chandelleur. Et donné en
mandement à chacun des hommes, prévost et tenants de
ceste seig r ' e la présente exécuter deubment. Fait comme dessus.
Signé ; Boissel.
Beuselin.
La Monnaie de Saint-Lo
Dans une précédente communication, et d'après les quelques
données que je possédais alors, j'ai fait connaître les divers
endroits de Saint-Lo où furent successivement établis l'Hôtel
de la Monnaie et les ateliers qui en dépendaient.
Depuis ce temps, j'ai découvert de nouveaux renseigne-
ments qui m'ont permis de rectifier mon récit, et aussi de le
compléter. J'ai lieu de considérer ce travail comme à peu près
définitif.
Nous ignorons complètement, et cela se comprend, le point
de Saint-Lo où le monétaire mérovingien Ebroald battait
monnaie, lors de l'émission du rarissime Triens, publié par
M. Le Cointre-Dupont, dans son Histoire Monétaire de
Normandie (1). Nous ne sommes guère mieux fixés sur
l'emplacement de l'atelier que concède, ou rétablit, le roi de
France» Philippe le Hardi, en 1275 (2).
Il est cependant permis de croire que, continuateurs des
errements suivis par le grand évoque Hugues de Morville
(1208-1238) en faveur de sa ville baroniale (3), les successeurs
immédiats de ce prélat n'eurent rien de plus à cœur que
d'obtenir pour elle l'érection du nouvel atelier, et que volontiers
ils offrirent un local approprié aux œuvres de monnéage, au
logement des Maitres de la Monnaye ainsi qu'à l'Auditoire où
(1) Page 33, en note.
(-2) M. de Gerville.
(3J Il peut être considéré comme le Fondateur de la Maison*
Dieu de Saint-Lo cl des corporations ouvrières de cette ville.
— 89 -
les Gardes chargés de surveiller la fabrication, et aussi de
réprimer les crimes et les délits, rendaient leurs jugements.
Cette intervention des Evèques-Barons de Saint-Lo nous
semble prouvée par la note suivante consignée aux dates des
7 juin 1377 et 25 novembre 1378, dans un grand rouleau
existant aux Archives Nationales : « La monnaie sefrape(sûr)
« (â Saint-Lo) dans une maison appartenant à l'évêque de
* Coutances et louée 34 lt par an » (1).
La maison en question était située dans le Chastel, main-
tenant l'enclos, à l'angle formé par les rues des Images et de la
Paille (2). Cela résulte de deux actes datés, l'un du 13 octobre
1396, et l'autre du 3 octobre 1403.
Par le premier, Thomas Paigny (sic) achetait, sur décret
de Justice, exercé contre Jean de Peronne et Colleté, sa femme,
« cent soulz tournois de rente es termes acoustumés, sur les
« maisons où sont la Mestrise, les Forges et la Fondeure
« de la Monnoye de Sainct-Lo (situées) sur le chemin venant
« du Marchié à la Porte Dollée » ; par le second, le même
Thomas Pegny (sic) se rendait acquéreur, sur Jehenne de
Cham peaux, de neuf livres de rente : « Assavoir 1 x s. de rente
« à justicier sur la Cohue (3) où l'en souloit vendre le Fille,
« en la quelle on fait actuellement la Monnoye, assis à Nostre-
« Dame, jouxte les hoirs de feu Guillaume de la Motte, dit
« Mathenot, d'un costé et d'un but, et d'autre costé à la Rue
« qui va a la rue de la Posterne, pardevant Phostel au sg p de
« Monteney, et, d'autre but, à la rue qui va du Marchié à la
Porte Dollée ».
Or, comme le Marché se tenait, ainsi que de nos jours, sur
(1) Archives nationales. Recueil de documents relatifs à l'His-
toire des Monnaies, par V. de Saulcy, T. 1 er . p. 542.
(2) Cette maison a été remplacée par une autre datant pour le
moins du xvi e siècle, et qui reçut le nom d'Hôtel M c Barbe. Elle
porte un médaillon représentant une tétc d homme ayant une
fleur tréfléeà la boucha. Ce médaillon rappelle ceux de la maison
S u Barbe, sise en S 1 Thomas appartenant à la famille Elie. L'un
d'eux est daté de 1544.
(3) Marché ou halle,. ou encore Auditoire d'un Tribunal.
— 90 —
la Place de la Commune, maintenant place Gambetta, et que
le chemin ou la rue tendant de ce même marché à la Port*»
Dollée, est forcément la rue des Images, de même la Rue
qui va a la rue de la Posterne, aujourd'hui du Rampart,
s'identifie avec la Rue à la Paille. Cette dernière assimila-
tion ressort évidente d'un acte de 1406 par le quel feu Thomas
Varroq et Jehenne Pinel, sa fème, avaient, de leur vivant,
aumoné au Trésor de l'Eglise Notre Dame 60 s. t. de rente à
prendre et justicier : « sur un bostel ou mesnage, le quel fut
« au Gourmant, assis en la parroisse N™ Dame et jouxte
« Monseigneur de Monteney et Raoul Le Huchier, des costés,
« bute à la Rue à la Paille, où Ven fait la Monnoye » .
Entre 1406 et 1437, l'Hôtel de la Monnaie fut transféré en
la rue Notre Dame, prolongement disparu de la rue actuelle
de la Peuffre, jadis de la Peupherie, c'est-à-dire presqu'au
chevet de l'Eglise Notre Dame.
La preuve de cette translation se tire du second article d'un
« chartrier où sont enregistrées les rentes deues au Trésor de
« l'Eglise Nostre Dame de Saint-Lo qui fut fait au moys
« d'aoust, Tan de grâces mil cccc xxx vu » (1). On y lit que
30 sous tournois étaient dus « sur Postel et mesnage détenu
« et occupé par Jehan de Caumont, Maistre des Monnoez de
« Saint-Lo, pour le faict des dittes Monnoies »... le dict
« manoir assis en la parroisse Saincte Croix de Saint Lo, en
« la rue Nostre Dame... de présent jouxte à Thomas Thiebout,
« d'un costé ; d'aultre costé à Denise, veufve d? feu Jehan
« Durant ; bute à la rue Nostre Dame et à la Forteresse des
« buts ». Depuis ce temps, jusqu'à la suppression de la
Monnaie de Saint-Lo, l'Hôtel de Jehan de Caumont demeura
affecté à cet établissement (2). Nous le voyons, en effet, en
1497, la propriété de M e Richard Basire, également maitre de
(i) Archives de la Fabrique de l'Eglise N re Dame de St-Lo.
{i) La suppression de la Monnaie eut lieu entre le 45 décembre
if 61 et l'an 1689, date des mémoires de l'Intendant Foucault.
— 91 —
la Monnoye, lequel autorisa les Trésoriers de l'Eglise N™ Dame
à bâtir en partie sur son propre terrain un des piliers de la
Chapelle de N re Dame de Pitié, devenue plus tard le Rosaire.
Les œuvres du Monnéage s'y accomplissaient en 1535, car
les partages dont la Maison de la Monnaye fut l'objet, par
contrat du 25 août, de cette même année, entre Guillaume et
Jehan Vaultier, fils de M c Guillaume Vaultier, font connaître
qu'elle « estoit appropriée comme lors de l'achapt » et qu'entre
autres dispositions el!e comprenait « une appentie où frapent
« en coing les Monnoyeurs de la Monnoie ; la chambre
« du Tailleur (de coins)... avec estables et appentis où les
« ouvriers besoingnent à la Monnoie ». Toutefois les
Vaultier ne possédaient pas toutes les dépendances du manoir ;
Ravend Basire, descendant ou héritier de M e Richard, en
détenait une partie que nous ne saurions spécifier.
A la date du 12 février 1572, M 1 * Jehan Lecoucy, autre
Maître de la Monnoie, occupait vraisemblablement l'hAtel.
Notre conjecture s'appuye sur ce que M e Lecoucy devait au
Trésor de N ro Dame une rente de 24 livres tournois, dont
25 sous fonciers à prendre « sur la maison ou masure qui fut
« Savary, sise en la rue Notre -Dame et joignant la maison de
« la Monnoye et l'Eglise ».
Enfin une transaction intervenue le 21 août 1695, entre les
Trésoriers de Notre-Dame et Jacques Radulph, écuyer, sieur
de Beaumont, mentionne une dernière fois l'Hôtel de la Mon-
naie de Saint-Lo en lui donnant le nom de Maison de la
Vieille Monnoie. Elle en prouve authentiquement la désaf-
fectation (1).
Mais dès le xvi c siècle, la fabrication des monnaies y avait
cessé par suite de sa translation dans un local spécial situé sur
la place de la Croix-Ferry (2), où elle demeura jusque vers la
fin du xvn c .
0) Archives de la fabrique de Notre-Dame de Saint-Lo.
(2) Plus tard place Ferrier, aujourd'hui incorporée à la grande
place des. Beaux- Regards.
— 92 —
Le nouvel atelier appartenait à M e François Le Soudain, du
Privilège de la Monnaie de Saint-Lo. Un acte du 18 janvier
1582, portant vente d'une petite cour par le sieur Le Soudain
à un nommé Nicolas Le Roux, énonce que l'objet vendu était
borné par le vendeur « h cause de sa maison en la quelle
est de présent exercée la monnoierie de la Monnoye de
Saint-Lo, laquelle maison fut à ung nommé Ferry » (1).
Quelques années après, François Le Soudain vendit, sous
condition de dégaige c'est-à-dire de réméré, à Jean Le Prime,
bourgeois de Saint-Lo, la maison Ferry y compris : « ung
ouvreur et fournaises où travaillent les ouvriers et mon-
a noyers de la Monnoye et la court de devant lesdites four-
« naises » (2).
Le 26 février 1593, devenu à son tour propriétaire de
l'atelier monétaire, M c Jean Rouxelin spécifie, dans un aveu
rendu au baron de Saint-Lo, que la maison compreud « les
ouvreurs et fournaises où travaillent les ouvriers et
« monnoyers de la ditte Monnoye, avec la court de devant
t les dittes fournaises » (3).
Maison et atelier échurent à noble homme Charles Le
Pinteur, écuyer, sieur du Bois-Jugan et du Rombisson, qui,
le 16 février 1601, les vendit à M e Louis Sainct. Le contrat
mentionne : « les ouvreurs et fournaises, où travaillent et
t travaillent les monnoyers » (4) dont, en 1616. Jacques
Saint rendait aveu à M. de Matignon, baron de Saint-Lo;
la déclaration parle des fournaises et ouvreurs.
Ce fut, en 1655, que les œuvres du Monnéage cessèrent défi-
nitivement dans l'atelier. Le fait est attesté par les juges et
officiers de la Monnoie. suivant une délibération du corps de
ville du 15 décembre 1661, bien que le registre rentier de la
(1) Contrat devant Richard Planchon et Jehan Le Chibelior,
tabellion à Saint-Lo.
(2) Archives départementales. Fonds des Nouvelles Catholiques
de Saint-Lo.
(3) id. id id.
il) id. id. id.
— 93 —
baronnie de Saint Lo, dressé en 1667, en parlant de la Mai-
son qui fut Ferry, ajoute : « où se bat la Monnoye » (1).
D'autres maisons que celles dont il vient d'être parlé passent
pour avoir été le siège de la Monnaie de Saint-Lo.
L'une d'elles était dans l'enclos même, jadis le Chastel, et
située au carrefour des rues de la Porte- Torteron, de la
Peuffre et des Prés, successivement appelé Cohue au Pain de
Seigle, Halle au Gros Pain, ou delà Boulangerie et, enfin,
place aux Herbes (1808). Mais dans ceux des titres qui la
concernent, et qu'il nous a été donné d'analyser, pas un mot
n'indique, ou même ne laisse supposer qu'elle ait jamais servi,
soit d'hôiel, soit d'atelier à notre monnaie. Nous croyons
qu'elle a pris son nom de M e Joachim Thomas, sieur de la
Monnoie, et conseiller du Roy en Vicomte, Baillage et
Monnaie de Saint-Lo auquel elle appartenait en 1667 (2).
Une autre maison située en la rue Torteron, n° 10, en face
du Grouais, appelée l'Hôtel d* la Place Royale, est également
indiquée sous le nom de la Monnoie'.
Comme pour la précédente, les titres sont muets sur ce point.
Par ailleurs, il est bon de remarquer qu'un établissement de
ce genre, renfermant, eu général, des valeurs importantes en
or et en argent, devait être à l'abri de toute attaque, de toute
entreprise. Or à Saint-Lo, le Chastel seul offrait cette
garantie. Sans doute, la rue Torteron était munie à chacune
de ses extrémités d'une porte fortifiée. Mais ces portes n'étant
fermées qu'en cas de guerre, les larrons et autres coureurs
d'aventures eussent eu trop beau jeu pour piller la Monnaie.
Ce qui est vrai pour la Place Royale Test encore plus pour
la ferme de la Monnaie qui se trouve à près de quatre kilo-
mètres de Saint-Lo, sur l'ancien grand chemin de Saint-Lo à
Bayeux. Ajoutons que cette ferme fut aussi la propriété de
M e Joachim Thomas dont il vient d'être parlé, et qu'à notre
estime elle lui doit également son nom. Lepingard.
(1) Archives départ. Fonds des Nouvelles Catholiques de St-Lo.
(2) Archives départementales. Baronnie de Saint-Lo.
PRIX CULTURAUX
Décernés en 1908. dans l'arrondissement d'Avranches
Le 3 octobre 1908 ont été proclamés à Avranches les résul-
tats du Concours Cultural institué par notre Société dans cet
arrondissement.
Ont obtenu les récompenses suivantes :
Prix de 300 francs avec médaille de vermeil offerte par
M. Lucien Dior, député : M. Maurice Boisnard, propriétaire
de la ferme de la Plochère, à Saint-Quentin.
Prix de 200 francs avec médaille d'argent offerte par la
Société d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire Naturelle :
M. Jean Rochelle, fermier de la terre de la Colomberie, au
Val- Saint-Père.
Médaille d'argent grand module, offerte par L'Opinion de
la Manche : M. Charles René, fermier de la terre de la Bicheu-
dière, à Vernix.
Prix hors concours. — Médaille de vermeil, offerte par
M. le colonel de Brécey : M. Paul Lebreton, fermier de la
terre de Haut-Crux, à Tirepied.
Médaille d'argent grand module offerte par M. Lucien Dior,
député : M. François Guérin, fermier de la terre du Pommeray,
à Céaux.
Le jury était composé de MM. Mauduit, maire de Saint-
Martin-des-Champs ; Lechoisne, maire de Saint-Senier-sous-
Avranches, et Raulin, agriculteur à Juilley. Voici le rapport
de M. Mauduit :
— 95 —
Messieurs,
Nous devons d'abord, au nom des cultivateurs de
l'Àvranchin, remercier la Société d'Agriculture, d'Archéologie
et d'Histoire Naturelle de notre département, d'avoir ouvert le
concours à l'occasion duquel nous sommes réunis ici.
Nous devons aussi témoigner notre reconnaissance à
notre dévoué et distingué député, M. Lucien Dior, qui a
voulu ajouter aux récompenses offertes par la Société une
médaille de vermeil et une médaille d'argent grand module ;
à M. le colonel de Brécey, conseiller général, dont la gêné*
rosité est bien connue, et qui a mis gracieusement aussi à
notre disposition une médaille de vermeil; enfin, au journal
L'Opinion de la Manche, si dévoué à l'agriculture, qui
donne une médaille d'argent, grand module.
Un concours ayant pour objet la culture et la bonne tenue
des fermes est utile à un haut degré ; pourtant il y en a peu de
ce genre, et lorsqu'un de ces concours est ouvert, les cultiva-
teurs qui y prennent part ne sont pas nombreux, tandis que
les concours de bestiaux sont très multipliés, peut-être même
à l'excès, et les concurrents s'y présentent en foule.
Ces derniers concours ont certainement contribué à l'amé-
lioration de nos diverses espèces d'animaux domestiques ; les
autres concours, s'ils étaient plus fréquents, auraient pour
résultat, nous en sommes persuadés, la diflusion des bonnes
pratiques agricoles par les comparaisons qui s'établiraient entre
les différentes fermes visitées et les raisons que l'on donnerait
pour justifier les récompenses accordées aux exploitations des
mieux cultivées.
On apprécie avec plus d'exactitude le mérite des cultiva-
teurs en examinant leurs fermes en détail qu'en leur attribuant
des prix pour quelques bêtes d'apparat qu'ils présentent aux
concours, et qu'ils entretiennent à grands frais en bon état,
tandis que leurs autres animaux et l'ensemble de leurs exploi-
tations laissent quelquefois beaucoup à désirer.
— 96 —
Un concours, en quelque sorte improvisé, comme celui
dont nous avons à rendre compte, offre un avantage sérieux
sur ceux qui sont annoncés longtemps à l'avance : il n'occa-
sionne aux concurrents aucune dépense de préparation et
permet à la Commission de visite de voir les choses comme
elles sont ordinairement, et non comme elles pourraient être
exceptionnellement dans l'autre cas.
Cinq agriculteurs se sont fait inscrire pour le concours
dont il s'agit ; ce sont par ordre d'inscription : M. Maurice
Boisnard, propriétaire, exploitant la ferme de la Plochère, k
Saint-Quentin ; M. François Guérin, fermier de la terre du
Pommeray, à Céaux ; M. Jean Rochelle, fermier de la terre
de la Coloniberie, ou des Charrières, au Val-Saint-Père ;
M. Paul Lebreton, fermier de la terre de Haut-Crux, à Tire-
pied, et M. Charles René, fermier de la terre de la Bicheu-
dière, à Vernix.
Les exploitants de fermes contenant de 10 à 30 hectares
étant seuls appelés à concourir, il y a lieu d'éliminer
MM. Guérin et Lebreton : la ferme exploitée par le premier
ayant une surface de 36 hectares, et celle exploitée par le
second, de 33 hectares.
Un autre motif d'élimination existe pour M. Lebreton :
une somme de 700 francs avec une médaille de vermeil vient
de lui être attribuée par la Société des Agriculteurs de France,
et M. le Colonel de Brecey, conseiller général du canton,
heureux de voir combien M. Lebreton est un agriculteur
méritant, lui a donné une autre médaille de vermeil.
Or, il suffit, d'après le règlement établi par la Société de
la Manche, d'avoir obtenu depuis moins de 5 ans une récom-
pense de 500 francs pour se trouver hors concours.
Néanmoins, la Commission désignée par cette Société a
visité les fermes des cinq concurrents inscrits. Voici le détail
des observations qu'elle a faites :
— 97 —
Ferme de la Plocbère
Elle contient 25 hectares ainsi divises : herbage, 70 ares ,
prairie, 3 hectares 80 ares; labour, 18 hectares 37 ares; verger,
2 hectares; bois, 13 ares
La maison d'habitation est fort convenable, mais nous
avons examiné avec attention surtout la laiterie qui s'y trouve.
C'est une pièce exposée au nord, rafraîchie en été, chauffée en
hiver de manière à conserver toujours la température que doit
avoir une laiterie. Elle est pourvue d'une écrémeuse et de
tous les ustensiles nécessaires, non seulement à la fabrication
du beurre, mais aussi d'une sorte de petits fromages mous que
M. Boisnard vend tout frais chaque jour. Cette laiterio ne
laisse absolument rien à désirer, et l'on souhaiterait en voir de
semblables dans toutes les fermes de quelque importance. C'est
Mme Boisnard qui s'en occupe avec une compétence parfaite.
Une autre pièce de la maison est destinée à la préparation
des aliments donnés aux bestiaux.
Les retraites à porcs sont très bien disposées, le sol de
l'étable est cimenté, l'écurie pavée et des rigoles conduisent
les excréments liquides dans une fausse à purin voisine. Près
de cette fosse, une aire en ciment reçoit le fumier que Ton
y tasse avec soin et que l'on arrose de purin au moyen d'une
pompe. Une petite rigole, entourant la masse du fumier, rejette
dans la fosse à purin la petite quantité de liquide découlant du
tas, de sorte que tout est d'une propreté parfaile. La seule cri-
tique à faire, c'est que l'aire à fumier est exposée au soleil; elle
serait mieux placée au nord de l'étable et de l'écurie, mais la
disposition des bâtiments et du terrain convenait moins pour
cela. D'ailleurs il suffirait de planter un rideau d'arbres verts
près de l'aire pour empêcher l'évaporation d'une petite partie
du purin répandu sur le fumier.
Le poulailler est installé d'une manière ingénieuse pour les
différentes espèces de volailles qui l'occupent.
7
— 98 —
M. Boisnard élève aussi des abeilles placées dans des
ruches à cadres. L'apiculture est une bonne chose en elle
même et, de plus, le voisinage des abeilles est favorable à la
fécondation des arbres fruitiers.
Les autres bâtiments de la ferme sont convenables et toui y
est rangé avec soin.
On remarque, parmi les instruments aratoires, le semoir
mécanique, instrument que tous les cultivateurs devraient
employer, car il économise beaucoup de semence, de sorte
qu'on est bientôt indemnisé de son prix d'achat, et il p3rmet
d'avoir des tiges de blé à peu près égales, parce qu'elles sont
régulièrement espacées.
On remarque aussi la houe à cheval et le scarificateur ser-
vant de déchaumeuse, dont M. Boisnard est un des rares
cultivateurs à faire usage. La houe à cheval lui est, à la vérité,
plus utile qu'à beaucoup d'autres, à cause de la grande quan-
tité de plantes sarclées qu'il cultive, ce dont il mérite d'être
félicité, car cette culture nettoie ies terres et permet de varier
mieux qu'on ne le fait souvent la nourriture des bestiaux.
La pratique du Jéchaumage, adoptée avec raison par
M. Boisnard, devrait être généralisée. Ce labour superficiel
effectué aussitôt après la moisson, fait germer les graines de
plantes adventices qui se trouvent détruites par le labour
profond dont il est suivi, tandis qu'à défaut de déchaumage,
elles sont enterrées par ce dernier labour et lèvent parmi les
bonnes graines que l'on sème.
M. Boisnard a attiré notre attention sur sa petite machine à
battre, secoueuse et cribleuse, qui est, dit-il, d'un très bon
système et d'un prix modéré. On la transporte et la monte
facilement. Douze personnes et trois chevaux, quatre au plus,
suffisent à la faire fonctionner sans fatigue pendant toute una
journée et l'on obtient un très bon travail.
En un mot, la ferme de la Plochère est bien outillée.
M. Boisnard cultive les choux et le maïs fourragers.
Les pommiers, de son verger sont trop serrés, comme il le
_— 99 —
dit lui-même, en ajoutant pour son excuse qu'il les a trouvés
ainsi plantés. C'est d'ailleurs un défaut commun à tous les
vergers de notre arrondissement, sauf de rares exceptions. Les
cultivateurs devraient comprendre que des pommiers distants
de 4, 5 ou 6 mètres seulement les uns des autres, ne peuvent
acquérir un développement normal ; leurs branches, aussi
bien que leurs racines, se croisent avant qu'ils aient atteint
Tâge de 15, 20, ou 25 ans, les branches inférieures et celles du
centre produisent peu de fruits et se dessèchent bientôt ; puis,
les pommes qui viennent à l'ombre n'ont pas la môme qualité
que celles qui reçoivent bien l'air et la lumière, et les arbres
vivent beaucoup moins longtemps que lorsqu'ils sont plantés
à bonne distance, c'est-à-dire au moins à 8 mètres. Si le ter-
terrain est insuffisamment occupé, tant que les pommiers sont
encore jeunes, on peut y cultiver des plantes sarclées, et les
travaux qu'exige cette culture ont l'avantage de favoriser le
développement des arbres.
M. Boisnard a adopté l'assolement de 7 ans : plantes sar-
clées, avoine, orge, trémaine, froment et sarrasin, précédé
d'une récolte dérobée de trèfle incarnat.
Nous devons faire observer que la culture de trois céréales
consécutives sur le même terrain est contraire aux règles
d'un bon assolement ; mais on peut faire le même reproche à
presque tous les cultivateurs de notre contrée.
. M. Boisnard tient une comptabilité agricole très complète ;
non seulement il inscrit ses recettes et ses dépenses, mais il
se rend compte aussi de ce que produit chaque sorte de culture
et même chaque pièce de terre.
Il obtient 21 hectolitres de blé par hectare, ce qui est un peu
au-dessus de la production moyenne de notre pays, mais
inférieur de moitié à celle dont nous allons parler en rendant
compte de la visite d'une autre ferme.
Chacun de ses bestiaux a sa carte d'origine et une fiche
indiquant, pour les sujets femelles, la date des saillies et le sort
de chacun des produits déjà donnés.
— 100 —
Il possède 4 chevaux, 16 fortes botes à cornes, de belles
truies, des moutons et des produits de Tannée.
On fait observer que la prairie et les herbages ne forment
pas un cinquième de la contenance totale de la ferme, ce qui
est une assez faible proportion, mais on ne peut aisément
l'augmenter.
M. Boisnard, pas plus qu aucun autre des concurrents, ne
fait de moyettes ; il est cependant reconnu que le blé coupé
huit ou dix jours avant sa maturité, c'est-à-dire quand il a la
consistance de la cire, achève de mûrir en moyettes dans de
meilleures conditions que s'il reste sur pied, de sorte qu'il
donne plus de farine et moins de son, et l'on ne perd pas de
grain comme cela arrive souvent si, par négligence ou à cause
de la pluie qui survient, la récolte se fait quand la maturité
est trop avancée ; enfin, quand le temps est mauvais, le blé en
moyettes n'en souffre pas comme celui qui n'a pas été coupé,
ou qui est resté en javelles. La pratique des moyettes devrait
donc être adoptée par nos cultivateurs comme elle l'est dans
presque toute la Normandie, en Bretagne, ainsi que dans
toutes les contrées où l'agriculture a fait le plus de progrès.
Pour en voir, il suffit d'aller dans l'arrondissement de Vire ou
au-delà de Pontorson, ce qui est encore plus près d'ici. Nous
pouvons ajouter que les minotiers font une différence de prix
en faveur du blé récolté en moyettes.
Ferme du Pommeray
Les bâtiments de cette ferme, bien qu'ils aient été augmentés
et améliorés, laissent encore beaucoup à désirer, ainsi que
ceux des autres fermes par nous visitées, mais on n'en peut
faire un reproche aux fermiers. Celui du Pommeray tient en
état satisfaisant les logements dont il dispose. Sa laiterie est
beaucoup trop petite. Le poulailler neuf, occupé par un grand
nombre de volailles de toutes sortes, est la construction la plus
soignée de la ferme.
— 101 —
11 n'y a pas de fosse à purin, ni d'aire à fumier ; celui-ci est
porté dans les champs a mesure qu'on l'enlève des étables et
des écuries.
La ferme comprend plusieurs plants de pommiers dont l'un
est envahi par la menthe, un autre contient environ 60 pom-
miers en bon état et qui arrivent en plein rapport, mais partout
ces arbres sont trop serrés, même ceux nouvellement plantés
dans une pièce voisine de la cour.
Le sous-sol d'une partie de la ferme est imperméable, ce
qui rend humides, l'hiver, certaines pièces de terre, notam-
ment celle qui est en ce moment couverte de trémaine mé-
diocre. Néanmoins la plus grande partie de cette ferme est de
bonne qualité, et le fermier fait d'abondantes récoltes de grains.
L'assolement adopté par lui est de cinq ans : sarrasin pré-
cédé d'une récolte dérobée de trèfle incarnat, froment, avoine,
orge et trémaine.
Une surface de 70 ares environ est cultivée en pommes de
terre et betteraves bien nettoyées. C'est une faible proportion
de plantes sarclées.
Le fermier a 12 chevaux, 10 vaches, 3 taureaux, 12 bœufs,
ce qui fait 37 tètes de gros bétail, plus de nombreux élèves,
17 moutons, 9 porcs et des verrats. C'est là une quantité con-
sidérable de bestiaux qui sont tous en très bon état.
Les instruments aratoires sont convenables et comprennent
un semoir.
En résumé, la ferme du Pommeray est bien cultivée, le
fermier y a fait beaucoup d'améliorations, notamment dans
les prés qui, grâce aux rigoles qu'il y a creusées et aux engrais
qu'il y répand, produisent de l'herbe plus abondante et meil-
leure qu'autrefois.
M. Guérin ne tient pas de comptabilité, pas plus que la
généralité des cultivateurs de notre contrée. Néanmoins, il a
beaucoup d'ordre, du soin et de l'activité, et nous avons eu la
preuve qu'il fait de bonnes affaires ; il le mérite bien.
102 —
Ferme de la Salmonière ou des Charrières
C'est la plus petite et. la moins bonne des fermes que nous
avons visitées, mais elle est exploitée par un fermier qui l'a
transformée.
Elle contient 17 hectares dont 7 hectares 20 ares sont en
labour, 5 hectares en pré, 3 hectares 20 ares en herbages, et
I hectare 60 ares en verger et jardin.
Toute la partie de cette ferme située au-dessous de l'habita-
tion est de la terre de lande; les charrières étaient imprati-
cables, il y en avait de mauvaises aussi au-dessus de la mai-
son, le fermier y a apporté de grandes quantités de pierre et
de déchets de l'usine h gaz, de manière qu'il en a fait des
voies sans ornières et même très résistantes. Il a comblé de
même les cours creuses qui existaient devant les logements.
II a rempli aussi avec de !a terre une vaste concavité qui se
trouvait dans le verger. Il a détruit un kilomètre de clôtures
inutiles ou nuisibles, afin de réunir certaines patelles les unes
aux autres, et de rendre praticable une longue charrière partant
du haut du verger.
Une pièce de terre contenant 1 hectare 40 ares était, naguère
encore, couverte de jonc; M Rochelle l'a desséchée, autant que
possible, et maintenant une moitié de cette pièce contient de
bonne trémaine et l'autre moitié de beau sarrasin dans lequel
de la trémaine a été semé aussi, de sorte que le tout sera
bientôt en pré. Dès que ce résultat sera obtenu, le fermier
labourera un pré situé presque en face, qui, comme beaucoup
d'autres du voisinage, est envahi par la centaurée jacée
appelée ie.i marfoulon, et il changera ainsi la nature de l'herbe
de ce pré. Il a notablement amélioré le plus grand des prés
qui était autrefois divisé en trois parcelles.
La maison et les logements voisins sont neufs, mais peu
confortables, les autres bâtiments sont vieux et mauvais ; le
— 1<>3 —
fermier les utilise le mieux possible, la laiterie est tenue pro-
prement, une écrémeuse doit y être bientôt placée.
Pas de fosse à purin, ni d'aire à fumier, mais le fumier est
mis en monceaux dans les champs, bien tassé et recouvert de
terre jusqu'au moment où il est employé. C'est ce que
devraient faire tous les cultivateurs qui n'ont pas d'aire, afin
que le fumier conserve sa qualité, dont il perd une grande
partie si on le laisse exposé au soleil et à la pluie, en mon-
ceaux informes et non tassés.
Les ustensiles aratoires sont convenables, mais le semoir ne
s'y trouve pas.
L'assolement est de six ans : sarrasin, froment, avoine,
orge, trémaine et froment, plus la récolte dérobée de trèfle
incarnat entre le froment et le sarrasin suivant l'usage. Le
fermier fait une certaine étendue de plantes sarclées qui
diminue d'autant la sole de sarrasin. 11 a obtenu de belles
récoltes de céréales,
Il possède 12 bêtes à cornes et 5 chevaux, soit en tout 17
têtes de gros bétail.
M. Rochelle est certainement un cultivateur très laborieux,
soigneux et intelligent, qui mérite d'être encouragé et chaleu-
reusement félicité.
Ferme de Haut-Crux
C'est une belle et bonne ferme dont le sol est argilleux, mais
pas trop compact, et d'ailleurs amendé et suffisamment
ameubli par un emploi judicieux de la chaux ; le fermier la
cultive avec tout le soin désirable en suivant un assolement
quinquennal : sarrasin, froment suivi d'une récolte dérobée de
colza dit rabette, orge dans laquelle on sème de la trémaine et
de la luzerne qui occupent la terre pendant deux ans.
Un champ contenant 2 hectares 80 ares est divisé en deux
parties égales où Ton fait alternativement de l'avoine et du
— 104 —
trèfle incarnat suivi de sarrasin. Une surface de 40 ares seule-
ment est cultivée en pommes de terre et betteraves. C'est une
bien faible quantité de plantes sarclées, mais l'abondante
production de rabette obtenue entre la récolte du froment et la
semaille de l'orge permet au fermier de donner à ses bestiaux
pendant l'hiver beaucoup de fourrage vert, et la terre se trouve
parfaitement nettoyée par la rabette : aussi, n'y voit-on pas du
tout de mauvaises herbes, quoique l'on n'ait pas recours au
déchaumage.
Le froment n'étant fait que tous les cinq ans dans le même
terrain, produit 40 hectolitres de grain à l'hectare, quelquefois
même un peu plus, ce qui est un rendement remarquable dans
notre pays où l'on obtient généralement beaucoup moins parce
qu'on fait trop de céréales consécutives, et, nous devons
ajouter, parce que, souvent aussi, on ne laboure pas assez
profondément ; la couche de terre remuée est trop mince pour
alimenter convenablement les plantes, et les racines de celles-
ci ne pouvant pénétrer dans la couche inférieure, non atteinte
par la charrue, n'y puisent pas l'humidité qui s'y trouve et qui
leur serait si utile pendant les chaleurs de l'été.
Les logements sont tenus en aussi bon état que le permet
leur disposition défectueuse à certains égards. La laiterie est
petite. Il n'y a pas d'aire à fumier, ni de fosse à purin, mais
M. Lebreton a l'habitude de transporter la litière de ses
chevaux dans les étables, ce qui produit un utile mélange
partiel des fumiers.
Le verger est bien entretenu et produit des pommes en
abondance.
On nourrit sur la ferme : 20 chevaux et 23 bêtes à cornes
adultes, ce qui fait 43 têtes de gros bétail, sans parler des
moutons, des nombreux porcs et des jeunes animaux. C'est
une quantité considérable de bestiaux, et l'on peut dire, de
bons bestiaux.
L'outillage est fort convenable ; il comprend un petit moulin
qui sert à moudre tout le grain destiné aux animaux et le
— 105 —
sarrasin pour les besoins de la maison. Le semoir mécanique
en fait partie aussi, et M. Lebrelon a eu la bonne idée de faire,
cette année, une intéressante expérience comparative : il a
semé à la main la moitié de son orge, et l'autre moitié au
semoir, dans le même champ ; or, la trémaine mêlée à l'orge
est plus belle et plus abondante dans la partie où Ton a fait
usage du semoir que dans l'autre, sans doute parce qu'elle a
trouvé des intervalles plus réguliers pour lever et se déve-
lopper.
En résumé, nous pouvons dire que la ferme de Haut-Crux
est bien tenue et parfaitement cultivée, et nous n'hésiterions
pas à donner à M. Lebrelon la plus haute récompense s'il ne
se trouvait exclu du concours-
Ferme de La Bicheudière
Cette terre dont le sol est de très bonne qualité, contient
25 hectares, savoir : 2 hectares environ en verger et jardin
potager, 16 hectares en labour et 7 hectares en pré. Elle est
pourvue de bons bâtiments dont une partie sont de construc-
tion récente, mais il n'y a pas de laiterie, pas de fosse à purin,
ni d'aire à fumier, choses pourtant utiles ; les deux dernières
seraient bien placées au nord d'une étabie et d'une écurie
neuves.
Les soins donnés aux fumiers laissent à désirer.
Une surface d'environ 60 ares est occupée par des pommes
de terre, des batteraves et des carottes bien nettoyées.
Nous avons vu de belles moissons : froment, orge et avoine,
mais il y a du chiendent dans une des pièces de blé, et beau-
coup de carottes sauvages dans le champ occupé par la
trémaine.
L'assolement suivi le plus souvent est de 6 ans : sarrasin,
froment, avoine ou second froment, orge, trémaine conservée
— 106 —
pendant deux ans, mais cet assolement est quelquefois
modifié.
M. René a de bons instruments aratoires, y compris une
moissonneuse, mais il n'a pas de semoir.
Il possède 10 chevaux et 17 bêtes à cornes adultes, soit
27 tètes de gros bétail, plus des moutons et des porcs. C'est un
nombre de bestiaux assez satisfaisant, mais qui n'est pas remar-
quable pour une ferme dont plus du quart (7 hectares sur 25)
est en prés de bonne qualité.
Après avoir comparé le mérite respectif des trois concur-
rents régulièrement inscrits, la Commission propose à la
Société d'Archéologie, d'Agriculture et d'Histoire Naturelle de
la Manche, représentée ici par l'honorable M. Marie, d'ac-
corder it M. Maurice Boisnard un prix de 300 francs, avec la
médaille de vermeil offerte par M. Lucien Dior, député ;
A M. Jean Rochelle, un prix de 200 francs avec la médaille
d'argent provenant de la Société ;
Et à M. Charles René, la médaille d'argent grand module
offerte par L'Opinion de la Manche.
Comme il reste deux médailles disponibles, la Commission
propose d'attribuer, hors concours, à M. Paul Lebreton, la mé-
daille de vermeil offerte par M. le colonel de Brécey ;
Et à M. François Guérin, la médaille d'argent, grand mo-
dule, offerte par M. Lucien Dior, député.
Notre Société adresse l'expression de sa bien vive gratitude
à M. Mari^, maire d'Agneaux, M. Mauduit, maire de Saint-
Martin-des-Champs, M. Lechoisne, maire de Saint-Senier-
sous-Avranches, et M. Raulin, agriculteur à Juiiley, pour
tout le dévouement qu'ils ont bien voulu lui témoigner à
l'occasion de ce concours.
«•««« O ^ tM N WJfrf i'* ■ ■
Nécrologie
MM. de LAFPARENT et DERBOIS.
Notre Société a perdu, cette année un Membre d'honneur
dont elle était justement fière : M* Albert de Lapparent,
secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences, est mort à
Paris, le 5 mai dernier, d'une congestion pulmonaire.
Fils d'un ingénieur célèbre qui fut directeur des consiruc-
tions navales, M. Albert de Lapparent était né à Bourges en
1839. Ingénieur en 1864, puis conservateur-adjoint de l'Ecole
des mines, il devint, en 1875, professeur de géologie et de
j minéralogie à l'Institut catholique de Paris.
! M. de Lapparent, qui était membre de l'Académie des
sciences depuis 1807, avait été nommé secrétaire perpétuel en
! remplacement de M. Berthelot.
Ses principaux ouvrages sont : le Traité de Géoiogie,
publié en 1882, le Cours de Minéralogie, qui remonte à
188-1; la Formation des combustibles minéraux (1886); le
Niveau de la mer et ses variétés (1886); les Tremblements
de terre (1887) ; la Géologie en chemin de fer (1888); le
Siècle du Fer (1890;, etc.
Cet homme éminent avait été, au cours de sa carrière, chargé
du service des mines dans le département de la Manche.
Plus modeste, mais aussi bien plus longue, fut la vie de
notre vénérable doyen, M. le professeur Derbois, qui s'est
éteint au printemps dernier, dans sa 98" année,
Son grand âge l'empêchait, depuis longtemps déjà, d'assister
— 108 —
à nos séances, mais beaucoup d'entre nous ont cependant con-
servé le souvenir de oe vieillard alerte qui apportait à nos
réunions l'attrait de sa conversation toujours si précise et docu-
mentée. Notre Société conservera toujours pieusement le sou-
venir de ces deux Membres qui l'enorgueillirent et l'hono-
rèrent.
Le Bureau.
«^t-^CXWRC^O^^
LISTE DES MEMBRES
DE LA
SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE, D'ARCHÉOLOGIE
ET D'HISTOIRE NATURELLE
du Départemenl de la Manche
au 31 décembre 1908
PRÉSIDENTS D'HONNEUR
MM. le Préfet de la Manche, $?.
le Maire de Saint- Lo, $*.
MEMBRES D'HONNEUR
S. A. S. Mgr le prince de Monaco, comte de Torigni, bâton
de Saint -Lo, etc., G. C. $fc, Correspondant de l'Institut.
M. Léopold Dblisle, G O. $£, Membre de l'Institut, Admi-
nistrateur général honoraire de la Bibliothèque Nationale,
8, rue des Petits-Champs, Paris, II e .
ADMINISTRATION
Président : M. du Bosgq de Beaumont.
Vice-Présidents : MM. l'abbé Blanchet, Chanoine hono-
raire, Curé de Ste-Croixde Saint-Lo ;
Le docteur Lk Clerc.
Secrétaire général : M. Gambillon.
Secrétaire adjoint : M. Gautier.
Trésorier : M. Levoy.
Conservateur : M. G. Guillot.
Conservateurs adjoints : MM. A. Dieu.
L. Delisle, avocat.
Bibliothécaire-Archiviste : M. le docteur Louis Alibekt.
Classificateur de la section d'Agriculture : M. Marie.
Classificateur de la section d'Archéologie : M.X. Delisle.
Classificateur de la section d'Histoire Naturelle : M. Sébire.
— 110 —
MEMBRES TITULAIRES
MM.
Adigard (Pierre), Avocat, Député de l'Orne, 4, rue Chomel,
Paris, VII e .
Alibert (le docteur Louis), Saint-Lo.
Barbaroux, Imprimeur, Propriétaire et Directeur du Messager
de la Manche, Saint-Lo.
Bérenger (le vicomte de), à Trelly, par Quettreville, et 40,
rue de Naples, Paris, VIII e .
Biard (J.), Notaire, Saint-Lo.
Bigot (Adalbert), Propriétaire, Cerisy-la-Forèt (Manche).
Blanchet (Tabbé), Chanoine honoraire, Curé de Sainte-Croix
de Saint-Lo.
Bosgq de Beaumont (du), Le Mesnil-Vitey, Airel (Manche),
et 15, rue Greuze, Paris, XVI e .
Bosq (J.), Banquier, Saint-Lo
Bourde de la Rogerie (Henri), Archiviste-Paléographe,
Conservateur des Archives départementales, Hôtel de la
Préfecture, Quimper (Finistère).
Brécey (le colonel de), Conseiller général, Brécey.
Broise(de la), Propriétaire, Château de la Vaucelle, Saint-Lo.
Chardon (H.), 0. ^, Maître des Requêtes au Conseil d'Etat,
81, boulevard Saint-Michel, Paris, V e .
Commfnes de Marsilly (Arthur de), 80, avenue Kléber,
Paris, XVR
Commines de Marsilly, (Henri de), 80, avenue Kléber,
. Paris, XVI .
Damecour, Notaire, second adjoint, Saint-Lo.
Dary, propriétaire, Saint-Lb.
Defontaine (H.), 55, rue de Babylone, Paris, VII e .
Delisle (Léopold), Avocat, Saint-Lo.
Delisle (Xavier), Receveur de P Enregistrement, en retraite,
Saint-Lo.
Desplanques (A.), Maire d 1 Airel (Manche).
Dieu (A.), Avocat, boulevard de la Gare, 34, Cormeilles-en-
Parisis(S.-et-C).
Dior, Député de la Manche, Granville; 12, boulevard de
Courcelles, VIII , et 235, boulevard Saint-Germain, VII e ,
Paris.
— 111 —
Enault (Emile), Directeur du Journal de la Manche,
Saint-Lo.
Fabre (H.), O. ^, Commissaire général du Canada, 10, rue
de Rome, Paris, VIII e .
Feuillet (Richard)* $s Chef de bataillon au 45° régiment
d'infanterie, 24, rue de Flore, Le Mans (Sarthe).
Frestel, Propriétaire, Agneaux, par Saint-Lo.
Friteau (Henri), Conseiller d'arrondissement, Saint-Lo.
Gambillon (E.), Chef de Division de la Préfecture de la
Manche, en retraite, Saint-Lo.
Gautier, Architecte, Saint-Lo.
Gosset (Léon), Avocat à la Cour d'Appel, 78, rue d'Assas,
Paris, VI e .
Gourcy (le comte Xavier de) 25, rue de Grenelle, Paris,
VII e , et château de la Boulaye, Cerisy- la-Forêt (Manche).
Grente (l'abbé), Directeur de l'Institut Secondaire libre de
Saint-Lo.
Guilbert (Prosper), Sous-Chef de Bureau à la Direction
générale de l'Enregistrement, 4, rue Gounod, Paris, XVII e .
Guillot (G.), 5, rue Crevaux, Paris, XVI e .
Hérissé (Georges d'), $£ % Inspecteur honoraire de la Banque
de France, 66, rue de Miromesnil, Paris, VIII e .
Hommet (le baron Th. du), 22, rue Brochant, Paris, XVI K
Jacqueline, ancien Orfèvre, Saint-Lo.
Jacqueline (Paul), Imprimeur, Saint-Lo.
Jèhanne, Maire de Saint-Gilles, par Saint-Lo.
Jouanne (L.), Avoué, Saint-Lo.
Kergorlay (le comte Jean de), château de Thère, par Pont-
Hébert (Manche).
Labbey(A.), Négociant, 5, place de la Bourse, Paris, II e , et
château de Mesnil ville, Couvains, par Saint-Clair (Manche).
Le Bas, Avocat, Saint-Lo.
Leboucher, Propriétaire, Agneaux, par Saint-Lo.
Lecarpentier (Charles), Sous-Inspecteur de l'Enregistre-
ment, Saint-Lo.
Le Clerc (le docteur R.), Saint-Lo.
Leclerc (A.), Notaire honoraire, Saint-Lo.
Le Comte d'Olonde(E.), Propriétaire, Sainl-LoetFervaches,
par Tessy-sur-Vire (Manche).
— 112 —
Ledanois, Gérant de Propriétés, Agneaux, par Saint-Lo.
Lefèvre, Docteur en pharmacie, Pharmacien, Saint-Lo.
Le Forestier d'Osseville (le comte), Conseiller général,
château de Thère, par Pont-Hébert (Manche).
Lefrang (le docteur), La Meauffe, par Saint-Clair.
Le Gout-Gérard (Fernand), Artiste peintre, 93, rue Ampère,
Paris, XVII e .
Legrand (Arthur), ^, Député de la Manche, 18, rue Chau-
veau-Lagarde, Paris, VIII*, et château du Coquerel, par
Milly (Manche).
Le Menuet, Conseiller municipal de Paris, 2 bis, rue de
Lyon, Paris, I er .
Lemerre (Alphonse), 0. ^, Libraire-Editeur, passage
Choiseul, Paris, II .
Le Monnier de Gouville (Alain), $£, Capitaine de cavalerie
en retraite, château de La Pallière, Agneaux, par Saint-Lo.
Lerosey (l'abbé), Chanoine honoraire d'Angers, Curé de
Saint- Hilaire, Loudun (Vienne).
Le Tual, Imprimeur, Saint-Lo.
Leturc (le docteur), Conseiller d'arrondissement et Conseiller
municipal de Saint-Lo.
Levoy, Percepteur, Saint-Lo.
Lhomond (le docteur), Saint-Lo.
Magniaux, Avoué, Saint-Lo.
Mallet, Avocat, Saint-Lo.
Marie, Maire d'Agneaux, par Saint-Lo.
Marie (l'abbé), Professeur à l'Institut Secondaire libre de
Saint-Lo.
Math an (le comte Jean de), Conseiller d'arrondissement,
maire de S^milly, par Saint-Lo.
Orange, Artiste peintre, rue de Grenelle, 151 bis, Paris, VII e .
Péroche, 3f£, Directeur honoraire des Contributions indirectes,
rue de la Bassée, Lille.
Pommier (le docteur), Conseiller général, Torigni.
Porel (Paul Parfouru), $?, Directeur du Vaudeville, G3,
Avenue des Champ-Elysées, Paris, VIII e .
Pottier, Avoué honoraire, Saint-Lo.
Pougheol, Notaire, Saint-Lo.
— 113 —
Poulain, Juge de Paix d'Octeville, en résidence à Cherbourg,
rue des Ormes.
Qukillé, O. $fc, Inspecteur général des Finances, en retraite,
Saint-Lo.
Quenault de la Groudière (Bernard), château du Dézert,
par Saint-Jean-de-Daye (Manche).
Rauline (Marcel), Conseiller générai et Député de la Manche,
48, avenue Marceau, Paris, VIII e , et manoir deChampeaux,
Saint-Lo.
Roland de Cadehol, Rédacteur en chef de V Indépendant ,
28 et 30, place au Bois, Cambrai (Nord).
Sauvage (Hippolyte), ancien Magistrat, Lauréat de l'Institut,
89, boulevard Bineau, Neuilly-sur-Seine.
Savary (Pabbé), Chanoine honoraire, Supérieur de l'Institut
secondaire libre de Saint-Lo.
Sébire, Conseiller municipal, Saint-Lo.
Sévestre (Pabbé), Licencié ès-lettres, 25, rue Guibert, Caen.
Thomas (le docteur), Conseiller général, Saint-Lo.
Thouroude (A.), Greffier en chef du Tribunal de Première
Instance, Saint-Lo.
Travers (Emile), Archiviste-Paléographe, ancien Conseiller
de Préfecture, 18, rue des Chanoines, Caen.
Tiiéfeu (Etienne), 0. ^, Directeur de la Marine Marchande
au Ministère de la Marine, 17, rue de Longchamp, Paris,
XVI e .
Vialatte, Directeur d'Assurances, Saint-Lo.
Vibert(A.), Pharmacien, Saint-Fromond,par Airel (Manche).
Ygouf (le docteur), Saint-Lo.
MEMBRES CORRESPONDANTS (1)
Adam (Pabbé J.-L.)> Aumônier des Augustines de Valognes.
Bouis (Capitaine Raymond), $£, Escoville, par Hérouvillette
(Calvados).
Cléret de Lang avant (Capitaine J.), $:>, Ker-Lezen, Saint-
Malo.
(1) Les Membres Correspondants, dont le nom est précédé
d'une astérique, sont abonnés aux publications de la Société.
- 114 —
Créances, Principal honoraire, 38, chemin de la Corniche,
Marseille.
* Courson (A. de), ancien Sous-Préfet, château des Planches-
sous-Amblie, par Creully (Calvados), et 26, rue de l'Oran-
gerie, Versailles.
Dalimier (Henri), Professeur de Première au Collège
d'Avranches, 7, rue du Séminaire, Avranches.
Jambois (^Charles), Conseiller à la Cour d'Appel de Paris, 13,
rue Littré, Paris, VI e .
Lecornu (Léon), ^, Ingénieur en chef des Mines, 3, rue
Gay-Lussac, Paris, V e .
* Legoux (Mgr), Protonotaire apostolique, Chanoine honoraire
de Coutances, GO, rue de Picpus, Paris, XII .
Leguilloghet (Fabbé), Curé de Gerville, par La Haye-du-
Puits (Manche).
Lemarquand, Juge de Paix, Président de la Société Archéo-
logique de Valognes.
Le Moyne (Eugène), Président du Tribunal civil de Ploërmel
(Morbihan).
* Morkl (l'abbé L.j, Aumônier des Sœurs de Saint- André, 133,
rue du Cherche- Midi, Paris, XV e .
* Pillet (J.), Principal du Collège de Cambrai (Nord).
Vacandard (Fabbé E.), Chanoine honoraire de la Métropole
de Rouen, Aumônier du Lycée Corneille (Rouen).
SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES
FRANCE
Aisne. — Société Historique et Archéologique de Château-
Thierry.
Alpes-Maritimes. — Société des Lettres, Sciences et Arts
des Alpes-Maritimes.
Basses-Pyrénées — Société des Sciences, Lettres et Arts; à
Pau.
Calvados. — Académie de Caen.
Association Normande, 12, rue des Croisiers, Caen.
Société des Beaux- Arts de Caen.
Société des Antiquaires de Normandie.
Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Bayeux.
— 115 —
Douas. — Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de
Besançon.
Eure. — Société d'Etudes préhistoriques des Andelys.
Gard, — Académie de Nîmes.
Société d'Etudes des Sciences naturelles de Nîmes.
Gironde. — Société des Sciences Physiques et Naturelles de
Bordeaux.
Haute-Garonne. — Société d'Archéologie du midi de la
France, à Toulouse.
Société d'Histoire Naturelle de Toulouse.
Hérault. — Société d'Archéologie, Scientifique et Littéraire
de Béziers.
Ille-et- Vilaine. — Société Archéologique d'Ille-et- Vilaine, à
Rennes.
Société Historique et Archéologique de l'Arrondissement de
Saint-Malo.
Loire-Inférieure. — Société Académique du département de
la Loire-Inférieure.
Société Archéologique de Nantes.
Société des Sciences Naturelles de l'Ouest de la France., à
Nantes.
Maine-et-Loire. — Société d'Agriculture, Sciences et Arts
d'Angers.
Manche. — Société d'Archéologie d'Avranches et de Mortain.
Société Académique de Cherbourg.
Société des Sciences Naturelles de Cherbourg.
Société Académique du Cotentin, à Coutances.
Société Archéologique, Artistique, Littéraire et Scientifique
de l'Arrondissement de Valognes.
Orne. — Société Historique et Archéologique de l'Orne, à
Alençon.
Pyrénées-Orientales. — Société Agricole, Scientifique et
Littéraire des Pyrénées-Orientales.
Rhône. — Société Littéraire, Historique et Archéologique de
Lyon.
Saône-et-Loire. — Société Eduenne des Lettres, Sciences et
Arts, à Autun
Société d'Histoire Naturelle d'Autun.
Société d'Histoire et d'Archéologie de Chalon-sur-Saône.
Société des Arts, Scieuces, Belles-Lettres et Agriculture de
Saône-et-Loire.
— 116 —
Société des Sciences Naturelles de Saône-et-Loire (Chalon-
sur-Saône).
Société d'Histoire Naturelle de Mâcon.
Sarthe. — Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe.
Seine. — « Omis », Bulletin du Comité Ornithologique et
International, Paris, Masson, 20, boulevard Saint-
Germain.
* La Pomme », Société Littéraire et Artistique, 54, avenue
de Breteuil, Paris.
« Romania », Recueil trimestriel consacré à l'étude des
Langues et des Littératures Romanes, Emile Bouillon,
67, tua de Richelieu, Paris.
Société Française des Fouilles Archéologiqu3S, Ernest
Leroux, 28, rue Bonaparte, Paris.
Seine-Inférieure. — Académie des Sciences, Belles-Lettres
et Arts de Rouen,
Société Géologique de Normandie, au Havre.
Société Hâvraise d'études diverses.
Somme. — Société des Antiquaires de Picardie, à Amiens.
Société des Sciences, des Lettres et des Arts d'Amiens.
Tarn-et-Garonne. — Société Archéologique de Tarn-et-
Garonne.
Vor. — Société Académique du Var, à Toulon.
Yonne. — Société des Sciences Historiques et Naturelles de
T Yonne (Auxerre).
ETRANGER
Alsace-Lorraine. — Société d'Histoire Naturelle de Metz,
25, rue d- l'Evèché.
Belgique. — Revue Mahillon (Au Directeur, Doin Besse), à
Chè,velo n me. par Leignon, province de Namur.
Etats-Unis d'Amérique. — The Smithsonian Institution. —
Minnesola Acaderay and Natural Sciences. Bureau
d'Ethnologie (au Directeur), à Washington.
Jersey. — Société Jersiaise pour l'étude de l'histoire et de là
langue du pays.
Uruguay. — Musée national de Montevideo.
TABLE DES MATIÈRES
La Recherche de Jean Le Venart, lieutenant de
l'élection de Coutances au siège de Saint-Lo,
commissaire du Roi en 1523 {fin), M. H. Sauvage. 5
Le Cartulaire de l'Eglise Notre-Dame de Saint-Lo
(fin), M. Lepingard 19
Les Bourgeois de Saint-Lo à la V e Croisade (1217-
1221), M. Lepingard 75
Le Dicté de Beuzecille-sur-le-Veg, M. Lepingard. 83
La Monnaie de Saint-Lo, M. Lepingard .... 88
Prix culturaux décernés, en 1908 y dans l'arron-
dissement d'Avranches 94
Nécrologie 107
Liste des Membres de la Société et des Sociétés
correspondantes 109
MM.
H. Sauvage.
E. Lepingard.
Le Bureau.
— La Recherche de Jean Le Venart,
lieutenant de l'élection de Coutances
au siège de Saint-Lo, commissaire
du Roi en 1523.
— Le Cartulaire de V Église Notre-Dame
de Saint-Lo.
Les Bourgeois de Saint-Lo à la V*
Croisade.
Le Dicté de Beuzecille-sur-le-Vey.
La Monnaie de Saint-Lo.
Prix culturaux décernés, en 190$,
dans V arrondissement d'Acranches.
— Nécrologie.
— Liste des Membres de la Société et des
Sociétés correspondantes.
NOTICES
MÉMOIRES ET DOCUMENTS
PUBLIÉS PAR LA SOCIÉTÉ
rittioiLTMf , roeitmcK et vmim mtiklle
DU DÉPARTEMENT DE LA MANCHE
VINGT- SEPTIÈME VOLUME
La Société n'est pas engagée par les opmionè
des auteurs dont elle publie les Mémoires.
NOTICES
MÉMOIRES ET DOCUMENTS
PUBLIÉS PAR LA SOCIÉTÉ
d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire Naturelle
DU DÉPARTEMENT DE LA MANCHE
VINGT-SEPTIÈME VOLUME
SAINT-LO
IMPRIMERIE JACQUELINE, RUE DES IMAGES,
MDCCCCIX
Nous avons eu la bonne fortune de recevoir la lettre
suivante de M, Léopold Delisle, et nous nous empressons
de faire profiter nos lecteurs de la très intéressante com-
munication qu'elle accompagne.
Mais nom nous voyons dans la nécessité (T excuser
M. Dolbet, et ceux de nos confrères qui s y intéressent aux
souvenirs du vieux S aint-Lo. Jusqu'à présent, il nous a été
impossible de découvrir la moindre pièce relative à Guil-
laume Larchier.
A M. Guillot, Président de la Société d'Agriculture,
d'Archéologie et d'Histoire naturelle de la Manche.
« Paris, 22 Juin 1909.
« Monsieur le Président,
c Je suis fort touché de la lettre que vous m'avez fait
l'honneur de m'adresser et je voudrais bien pouvoir y répondre
en vops envoyant quelques pages dignes de prendre place
dans le Recueil de la Société que vous présidez. Mais je crain-
drais de contracter un engagement que je ne pourrais pas
tenir, et qui s'ajouterait à beaucoup de promesses que je me
suis faites à moi-même, et aussi à des amis, toujours de bonne
foi, mais dont beaucoup resteront à l'état de projet. Toutefois
l'idée me vient de vous faire connaître aujourd'hui la commu-
nication que vient de me faire un bibliophile de mes amis. Il
m'a laissé feuilleter un joli manuscrit du XV e siècle, récem-
ment entré dans une des plus belles bibliothèques d'amateurs
parisiens. Il est de nature à intéresser les Normands et tout
particulièremeut les Normands de Saint-Lo.
« Ce manuscrit a dû être fait pour un magistrat ou un avocat
du diocèse de Goutaaces. C'est à la lois un livre d'église et un
— 6 —
Code. II s'ouvre par un calendrier, dans lequel sont marquées
un certain nombre de fêtes normandes, telles que la dédi-
cace de la cathédrale de Coutances au 12 juillet ; la fête Saint-
Lo, évoque, au 21 septembre ; celle des reliques de Coutances,
au 30 du même mois ; celle de la petite Saint-Michel, ou Saint-
Michel de Tombelaine {Michaelis in Monte Tomba), au
16 octobre ; celle enfin d'un évêque de Bayeux, saint Gerboud
(Geroboldi episcopi) qui se célébrait le 7 décembre. On y
remarque aussi la fête du patron des avocats, saint Yve, au
mois de mai.
« A la suite du calendrier a été copié le Livre d'Heures,
comprenant les pièces qui entraient d'ordinaire dans les livres
d'église destinés aux laïques : les Heures de Notre-Dame, les
Psaumes de la Pénitence, les Litanies des Saints, de courtes
prières en français et l'Office des Morts. Dans les Litanies,
Saint-Lo figure au troisième rang de la série des confesseurs
et saint Yve au dernier.
« La seconde partie du manuscrit est occupée par le texte
français des Coutumes de Normandie, avec les appendices qui
accompagnent souvent le Coutumier, c'est-à-dire : — 1° « Les
Drois des mesfais du corps entre simples personnes » ; —
2° les Ordonnances de l'Echiquier de Pâques 1462, de l'Echi-
quier de Saint-Michel 1469 et de l'Echiquier de Saint-Michel
1474; — 3° « c'est la Charte aux barons et chevaliers de Nor-
mendie, que les clers de TEschiquier dient avoir en leurs
roulles » ; — 4° l'Ordonnance de Philippe-le-Bel sur les
batailles, de l'année 13<H3; 5° la fameuse Charte aux Nor-
mands.
La copie du Coutumier est ornée de deux miniatures : sur la
première on voit la promulgation du Coutumier par le roi. La
seconde est la représentation d'un plaît : sur une estrade siège
un juge assisté de quatre assesseurs. Au dessous sont assises
quatre personnes, et, dans une petite enceinte (le Parquet), un
greffier et un personnage qui tient un livre ouvert.
- L'un des -premiers possesseurs du livre, peut-être celui qui
— 7 —
l'a fait copier, nous est connu : son nom est écrit art oom-*-
mencement sur un feuillet de garde : « Ce présent livre
appartient à Guillaume L'Archier, avocat, demourant à
Saint Lo ». — Le manuscrit était au xvm e siècle dans la
•bibliothèque d'un médecin de Rouen, Adrien L'Archevêque,
puis dans celle d'un avocat, Etienne Bigot.
« C'est ce que nous apprennent deux notes écrites sur le
feuillet qui précède le Calendrier Ex libris Adr. V * Ar-
chevêque medici Rhotomagi 1738 — L. Stephanus Bigot,
causarum patronus. «
« Guillaume L'Archer a dû occuper un certain rang dans la
bourgeoisie de Saint-Lo, pendant la seconde moitié du xv #
siècle. C'est ce que nous apprendront sans doute quelques-unes
des pièces placées sous la garde de notre excellent archiviste
M. François Dolbet, pour qui le vieux Saint-Lo n'a point de
secrets.
« Croyez-moi bien, Monsieur le Président, votre tout dévoué
« L. Delisle.
Paris, 22 juin 1909.
Quant à Adrien Larchevêque, M. le D v René Le Clerc,
veut bien nous fournir le renseignement suivant :
LARCHEVÊQUE Adrien. — Né en 1682, probable-
ment àGonneville en-Caux, mort subitement, le 6 Avril 1746,
à Rouen.
Engagé dans l'état ecclésiastique, *il avait pris la tonsure en
1700. Il renonça à cette vocation, donna à Rouen des leçons de
philosophie, puis étudia la médecine II fut reçu docteur à
l'Université de Caen, et se fit agréger, en 1724, au collège des
médecins de Rouen.
Une application constante à l'étude, un esprit observateur
et réfléchi firent de Larchevêque un homme des plus
étuditset un médecin des plus habiles. A ces qualités il joignait
un désintéressement parfait et une grande charité.
Il possédait, avec une vaste érudition, la connaissance pro-
fonde des langues.
Membre de l'Académie de Rouen, il fut un bibliophile pas-
sionné. Il avait réuni une riche et nombreuse bibliothèque
dont le catalogue a été imprimé à Rouen en 1749.
Il donna une nouvelle édition d'un livre rare et curieux dont
il serait l'auteur d'après Pasquier : « La nouvelle fabrique des
excellents traités de vérité, livré pour inciter les resveurs tristes
et métenoholiques à vivre de plaisirs, par Philippe d'Alcrèpe
(anagramme de Le Picard) sieur de Néri en Verbos. Rouen»
Viret, vers 1730, petit in-12 de 220 pages et 4 préliminaires.
D r René Le Clerc.
Les Tapisseries du Musée
DOCUMENT INÉDIT
Nous disions dans le catalogue publié en 1904, que le
château de Laulne, « autre/ois l'un des fiefs de la famille
de Briqueville-Colombières, était passé, avant 1770, au
Ministre de Louis XVI y Turgot. »
Deux documents communiqués par notre confrère
M. Fauvel, Conseiller Général du canton de Lessay,
Maire de cette localité, où il est notaire, vérifient et complè-
tent tout à la fois le renseignement un peu vague que nous
avions inséré dans notre publication.
Il y avait à Laulne deux châteaux. L'un, le plus ancien,
avait été construit par un Briqueville, puis était passé aux
mains d'autres propriétaires, les de Rassent, les Cordier de
Bigards, et enfin les Turgot, dans l'intérêt desquels ont été
rédigés les deux inventaires qui vont suivre, l'autre, plus
récent et plus modeste, dans lequel était déposée la série
dénommée : Les Amours de Gombaul et Macée, en 1781.
Nous avons trouvé dernièrement aux Archives du notariat
de Lessay, deux inventaires mentionnant en effet la tapisserie
en question au château de Laulne ; il nous a paru intéressant
d'en donner quelques extraits.
Le premier inventaire, daté du 17 Mai 1781, est dressé :
« A la réquisition de très haut et très puissant seigneur,
« Etienne-François Turgot, chevalier, seigneur marquis de
« Sousmont, seigneur de Bons et autres lieux, chevalier dç
— 10 —
« Tordre royal et militaire de Saint-Louis, brigadier des
« armées du roy, ancien gouverneur de l'isle de Cayenne et
a de la Guyanne, demeurant à Paris, quay d'Orléans, isle
« et paroisse Saint-Louis. Requôîe aussi de très haute et
« très puissante dame Françoise-IIélène-Etiennette Turgot,
« veuve de très haut et très puissant seigneur Paul-Hypolite
« de Beauvillier, duc de Saint-Aignan, Pair de France, Che-
« valier des Ordres du roy, Lieutenant- Général de ses armées,
a Gouverneur du Havre de Grâce et pays en dépendant, l'un
« des quarante de l'Académie Française, demeurant à Paris
« en son hôtel, rue Saint-Avoye, paroisse Saint-Nicolas-des-
« Champs. Ledit seigneur Marquis Turgot et dame Duchesse
« de Si.int-Aignan, habiles à se dire et porter héritiers chacun
« pour moitié sauf les droits d'aînesse et prérogatives de
« masculinité du dit seigneur Marquis Turgot, de feu très
« haut et très puissant seigneur Anne-Robert-Jaeques Turgot,
« leur frère, Chevalier, Ministre d'Etat.
Voici dans quels termes la tapisserie est désignée dans cet
inventaire.
« Conduit par le sieur Gallemand (mandataire de la famille
« Turgot) dans la salle à manger, nous y avons répertorié....
« Item. — Quatre grands morceaux de tapisserie qui
« entourent la dite salle, représentant le mariage de Gombaud
« avec Macée, ornés de différents personnages, prisés et
« estimés à la somme de quatre-vingts livres.
« Transporté dans la chambre sur la salle nous y avons
« répertorié
a Item. — Les tapisseries qui sont la suite de celles étant
« dans la salle et composées de cinq morceaux prisés et
« estimés à la somme de cent livres.
Le second inventaire daté du 30 Avril 1789, a été fait après
le décès de :
« Haut et puissant seigneur Etienne-François Turjot,
« Marquis de Sousmont, seigneur patron haut Justicier de
a Bons, Postigny, Ussy, Saint-Quentin-de-la-Roche, Bru
— 11 —
« court et Péricrs, Baron de Laune, seigneur de Lastelle,
« Anché, Cbancolé Les Brétignoles en Tourraine, Doin en
« Poitou et autres lieux, brigadier des armées du roy, etc.,
« etc , de l'Académie des Sciences, do celle de Caeu et de la
« Société Royale d'Agriculture de la Ville de Paris.
La môme tapisserie s'y trouve encore indiquée ainsi qu'il
suit :
« Conduit ensuite dans un autre appartement à usage de
« salle à manger, nous y avons répertorié
« Item. — Quatre grands morceaux de tapisserie qui
« entourent la dite salle, estimes à la somme de quatre- vingts
« livres.
« Transporté avec le sieur Gallemand dans la chambre sur
« la salle, nous y avons répertorié
« Item. — La tapisserie qui est la suite de celle étant dans
t la salle, laquelle tapisserie est composée de cinq morceaux,
« prisés et estimés à la somme de quatre-vingts livres.
En 1825, M. de Gerville signalait encore au Château de
Laulne la tapisserie en question disant qu'elle était suffisante
pour la tenture du salon et d'une très grande salle. Il ajoutait
qu'on venait de très loin pour la connaître e\ qu'on l'appréciait
grandement.
Nous espérons trouver des documents plus circonstanciés,
notamment sur l'époque de la construction du second château
de Laulne et des mutations qui se sont produites dans les
propriétaires du domaine.
Peut-être trouverons-nous la pièce dans laquelle nous lirons
la date d'entrée des Amours de Gombaut et Macée, dans le
mobilier des seigneurs de Laulne.
L. Fauvel.
Un Plan du Château de Saint-Lo
Le Musée et la Société Archéologique de Saint-Lo, grâce
à M. Dolbet, notre distingué Archiviste, viennent de s'enrichir
d'un plan du vieux château de notre ville. Bien que ce plan
ne soit malheureusement qu'une reproduction partielle, il n'en
est pas moins fort curieux.
Il comprend la portion du vieux château entre l'église
Notre- Dame au midi et les remparts situés au nord, c'est-à-
dire les terrains sur lesquels existent aujourd'hui :
I. — Le commencement de la rue de la Préfecture et les
maisons qui y sont construites jusqu'à l'entrée des jardins ;
II. — La rue de la Pompe ;
III. — Les Archives départementales ;
IV. — La propriété Leroy, occupée aujourd'hui pour la
partie principale par le général, et pour le surplus par
Mme Mioquc ;
V. — La maison de M. Damecour, notaire, la portion du
jardin de la Préfecture se trouvant en face et se prolongeant
au nord jusqu'à la route de Carentan, à une hauteur de
60 mètres environ du côté du Champ-de-Mars.
Ce plan établit géométriquement l'état du vieux château en
1750 : sa figuration des bâtiments avec leur destination est
indiquée. Ce qui lui donne une valeur réelle, c'est qu'il est
la copie d'un original annexé à la minute d'un contrat de
vente passé devant M c Duprey, Notaire à Paris, le 31 mars
1750, constatant l'aliénation de parcelles de terrain dépen-
dant du château par le duc de Valentinois.
Lors de la première communication par M. Dolbet de la
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— 13 —
copie de ce plan, j'ai eu l'espoir de trouver, en l'étude du suc-
cesseur de M. Duprey, un plan complet. Après avoir constaté
que son successeur M. Flamand, ne possédait dans ses minutes
que l'original de celui qui est aujourd'hui en notre possession,
je me suis assuré aussi que les Archives du Prince de Monaco
n'avaient aucun plan du château de Saint-Lo. M. Labande,
conservateur de ces Archives, avec lequel j'avais correspondu
à ce sujet, s'est empressé de faire reproduire photographique-
ment le plan que je lui avais adressé.
Bien que ce plan, comme je l'ai dit, soit restreint, son étude
est intéressante : elle nous permet de reconstituer une petite
portion du vieux château (la portion centrale) dans son état
primitif.
L'église Notre-Dame y est représentée très^exactement dans
sa partie extérieure et septentrionale depuis^a4)ase de la tour
jusqu'au dernier contrefort apparent de la (Sïaflelle du Sacré-
Cœur.
L'ancienne chapelle du Château, lettres Z, à 3 mètres envi-
ron de la chapelle actuelle du Sacré-Cœur, existait sur l'empla-
cement de la maison occupée par M. Damecour, notaire, et
appartenant à Mlle Thorel. Très vraisemblablement, pour ne
pas dire assurément, les murs de cette maison, si on en juge
par leur orientation et leur épaisseur (1 m. 80), sont ceux de
l'ancienne chapelle. Elle était élevée sur des caves spacieuses :
elle avait une longueur de 18 mètres et s'accédait par un
escalier figuré sur le plan par la lettre X. Cet escalier, supprimé
aujourd'hui, était établi dans un bâtiment hexagone : ce
bâtiment existe encore, et est adossé au pignon ouest de la
maison de M. Damecour.
La portion du vieux château, longeant au levant les rem-
parts, était occupée par un pré et deux jardins, désignés au
plan par les lettres E et F (actuellement place de la Préfec-
ture).
Au-dessous de ce pré et de ces deux jardins, il existait une
série de bâtiments partant à angle droit de la chapelle et se
- 14 -
terminant au nord à quelques mètres du grand mur du rem-
part. Ces bâtiments, portés sur le plan sous la dénomination
de grande salle (T), cuisine (M), escaliers (N P), dépendances
de maison Dauxès (sic) (L), avaient une longueur totale de
70 mètres environ.
Lors de la confection du plan, ces bâtiments, sauf les dépen-
dances de la maison Dauxès (sic) étaient démolis. Us devaient
avoir une grande importance : la salle, désignée sur le plan par
la lettre T, avait une longueur de 45 mètres environ, sa lar-
geur était de 11 mètres, l'épaisseur de ses murs de 3 mètres.
Au-dessous de cette salle étaient aménagés les caves et les
cachots. Un escalier, à proximité de cette salle, dont les murs
avaient une épaisseur de 2 mètres 50, occupait une surface de
11 mètres carrés : sur un de ces murs, il devait y avoir une
demi tourelle. Tous ces bâtiments formaient au levant un côté
de la cour intérieure du château, dite grande cour sur le plan
(lettre L).
Le côté nord de cette cour était occupé par la maison demeu-
rable de M. Dauxais (lettres L), une écurie également à sa
disposition (lettre I) et enfin par une autre grande écurie (G),
d'une longueur de 26 mètres. Cette dernière écurie se termi-
nait sur remplacement de la maison actuelle de Mme Miocque
et s'accédait par une porte établie comme celle du cellier
dépendant actuellement de cette propriété (rue de la Poterie).
Ces diverses constructions, sur toute leur longueur, suivaient
exactement les grands murs du rempart et n'en étaient séparés
que par une cour d'une largeur de 9 mètres environ (lettre H).
La portion du vieux château, au couchant, est figurée sur
le plan :
1° Par la base d'une tourelle dont la partie supérieure était
démolie lors de la confection du plan en 1750 (lettre I) et que
Ton voit encore sur la propriété habitée par le général.
2° Par la prolongation du mur du rempart sur une longueur
de 10 mètres. La maison actuelle de M. Rauline a été établie
contre cette portion du rempart.
- 15 -
S Par une succession de constructions élevées à l'extrémité
de ce mur et se dirigeant en ligne droite vers un point qui est
aujourd'hui l'entrée de la rue de la Pompe.
Ces constructions, suivant l'alignement de la rue actuelle de
la Poterie, consistaient *»n : .
1° L'entrée de la grande écurie de 25 mètres, bâtie en partie
sur l'emplacement de la maison de Mme Miocque (lettre G).
2° Une maison, indiquée sur le plan (lettre D), occupée par
M. de la Romerie et servant de corps de garde.
3° Une grande porte de 3 mètres, avec arcade en pierres
(lettre A) : elle donnait accès à la cour intérieure du château.
4° Une grande maison (lettre E), habitation de M. Le
Senechal.
A la suite do cette maison existait un grand jardin (lettre F)
à l'usage de M. Le Senechal : il suivait la même ligne droite
sur une longueur de 14 mètres et une profondeur de 18 mètres
environ.
Il ne reste aucun vestige de ce qui était la maison de M. de
la Romerie. L'encadrement en pierres de la porte avec son
arcade est dans son état ancien. Le passage, conduisant de
cette porte à la cour intérieure, était d'une profondeur de
8 mètres 50 sur une largeur de 4 mètres.
La cour s'accédait par une ouverture de 1 mètre 75 établie
daus un mur soutenu par deux contre-forts existant encore.
La disposition de ces deux contre-forts et quelques travaux de
restauration faits au mur qui les supportent permettent de
croire que primitivement il y en avait un troisième.
Au-dessus de ce passage, existaient des chambres et un petit
escalier. Cet escalier en chêne avec sa rampe est encore
dans son état primitif : il donne accession à un grenier dans
lequel on peut remarquer, pour soutenir le toit en pointe, une
charpente en bois de chêne, assez curieuse et bien conservée.
La maison du Sénéchal (lettre E), était établie sur l'empla-
cement actuel des maisons de Mme Ruaux et de Mme Tbo-
mine. Il n'en reste que les murs extérieurs et intérieurs, de
— 16 -
l'épaisseur respectable de 1 mètre 80. Autrefois, paraît-il, il y
avait un bel escalier avec rampe sculptée : il a été démoli lors
de la transformation de cet immeuble.
Enfin, la cour intérieure avait un puits (lettre C), qui occupe
la place actuelle de la pompe sise rue de la Pompe, à Saint-
Lo. J'en conclus avec raison, je crois, que la source qui ali-
mentait autrefois nos ancêtres, est encore celle qui contribue
en partie à désaltérer les habitants de Saint-Lo.
Le plan qui m'a suggéré la pensée de faire cette notice,
mérite une bonne place dans le Musée de la Société Archéo-
logique de Saint-Lo : il y figurera dignement, à côté de ceux
que nous devons à M. le Conte d'Olondeet à M. Rauline : ces
trois pièces sont de précieux souvenirs du passé!
Xavier Delisle.
-^F153^»^H--
Un Médecin Théologien
Pierre Guiffart, dont il s'agit ici, naquit à Valognes, comme
il le mentionne lui-même, probablement en 1597, bien que les
registres de l'état civil, compulsés depuis 1580 jusqu'en 1600,
ne gardent aucune trace de son acte de naissance. (1)
Il avait eu pour maître, en la Faculté de Médecine de Pans,
Jean Riolan, le fils, exquisitissimus anatomiœ professor
regiuSy sous lequel il avait étudié il y avait près de quarante
ans, ainsi qu'il appert dans la préface de l'ouvrage suivant :
Pétri Guiffarti Valloniani, D. medici, in Collegio Ro-
thomagensi aggregati, cor vindicatum, seu traciatus de
cordis officio. Opus in quo rationibus et authoritatibus
probatur, cor, ipsum chylum immédiate in sanguinem
convertere y vasaque chylum ad cor usque deducentia nuper
J. Pecqueti labore reperta, plenius considerantur et asse-
runtur.
Rothomagi, sumptibus authoris, cenundantur apud Lu-
dovicum du Mesnil y in vico Judœorum prope Palatium.
MDCLII cum pricilegio.
In 4° de 222 p. plus 14 pages de préface, etc, et 8 p. d'index.
Ce travail était dédié à D. Joanni Ludovico Falconio, do-
mino de Ris, La Borde y Bondou fie, etc y marchionide Char*
levai y equiti torquato, in utroque régis consistorio consi-
liario, et supremi Normaniœ Senatus principi*
(1) Je remercie mon ami, le IK Le Prieur de Valognes des re-
cherches qu'il s'est imposées à ce sujet.
— 18 —
A la suite de la dédicace en prose, il existe une pièce signée
de P. Guiffart.
A la page 55 de cet .opuscule commence une autre disserta-
tion :
Pétri Guiffarti VallonianiD. medici, in collegio Rotho-
magensi. Dissertatio medica, utrum chylum vel sanguis
sit proxima lactis materia.
Rothomagi, Excudebat Pelrus Maille, sumptibus au-
thoris. (1)
Chose curieuse, c'est dans un ouvrage où il admettait les
idées de Harvey sur la grande circulation, où il prônait la dé-
couverte faite en 1647 par Jean Pecquet de Dieppe de la citerne
lymphatique qui porte son nom, que P. Guiffart rappelle le
souvenir de son maître Riolan. Ne sait-on pas que l'histoire
impartiale reprochera toujours à Riolan d'avoir, avec la Fa-
culté tout entière, nié et combattu la circulation harvéyenne,
l'existence des vaisseaux lactés et du réservoir du chyle, alors
qu'il n'avait pas l'excuse d'ignorer les recherches de l'étudiant
Dieppois, puisqu'il ne mourut que le 21 février 1657.
Guiffart devait avoir une valeur réelle et jouir d'une certaine
notoriété, à en juger, d'abord par ses travaux, ensuite par la
lettre de Brébeuf dont on trouvera plus loin des extraits, enfin,
par un passage dans lequel notre compatriote se trouve amené
à parler de lui-même pour répondre à certaines insinuations
de ses détracteurs.
• « Pour ne les laisser pas triompher du reproche qu'ils me
font, je me trouve obligé d'avertir que depuis beaucoup d'an-
nées ayant fait profession de la médecine, je m'y suis attaché
avec tant de soing qu'aucun de mes envieux n'a osé songer
seulement à dire que ma négligence m'en ait fait ignorer
quelque chose ; et je puis dire sans vanité qu'ils n'ont pas été
assez impudens pour feindre de ne pas voir de près ce que les
(t) Ces indications bibliographiques et celles qui suivront sont
dues à l'extrême obligeance de M. Léopold Delisle, Membre de
l'Institut.
- 19 -
plus doctes professeurs en médecine dans la France et dans les
paîs Estrangers, ont bien voulu remarquer de si loing, touchant
mon estude et ma diligence en cet art
« A quoy j'adjousteray que depuis vingt-cinq ans que je la
professe, l'envie la plus industrieuse n'a pu jusques icy trouver
de légitime matière pour m'imputer à négligence, à ignorance
ou à témérité quelque malheureuse réussite ».
A l'appui de ce qu'il avance, ne suffit-il pas de dire que
Guiffart était agrégé au collège des Médecins de Rouen (1) et
avait même occupé la charge de doyen dudit collège, comme
on peut s'en rendre compte par l'indication suivante :
« Lettre à un docteur et professeur en médecine touchant
la connoissance du chyle et de ses vaisseaux qui le portent au
cœur, ensemble la découverte de la noble valvule qui confirme
la doctrine de la circulation du sang et que le cœur est le vé-
ritable autheur du sang et non pas le foye, (2) avec quelques
observations considérables sur la cure de l'hydropisie, augmen-
tées de beaucoup en cette seconde édition, par le sieur Guiffart,
docteur en médecine et doyen en charge au collège de Rouen.
« A Rouen, chez François Vaultier, sous la porte du Palais,
près la Bastille, 1658. In 4°, 38 pages plus 4 feuillets prélimi-
naires ».
Dans la préface, l'auteur cite un traité latin qu'il avait fait,
il y avait 4 ans, intitulé : € Cor vindicatum, seu tractatua de
cordis offlcio ». Il explique pourquoi il écrit en français.
« J'ai considéré l'instruction des chirurgiens, afin que ceux
d'entre eux qui n'entendent pas le latin y trou vent à apprendre
et qu'ils ne doivent plus ignorer à l'advenir puisque ce sont
(4) Le collège des Médecins de Rouen a eu un historiographe
dans la personne d'un nommé Àvenel. Ce médecin a publié, en
4847, le seul registre du Collège qui soit parvenu à la postérité.
Ce registre ne commence quen 4669 : il n'est donc pas étonnant
que notre Guiffart ne s'y trouve point inscrit. (Communication
du Professeur Cerné de Rouen).
(2) Il faut naturellement ne point passer condamnation sur
cette assertion de Guiffart.
— 20 —
des choses les plus considérables qu'on puisse rechercher au
sujet de leur profession.
« Ainsi j'ay préféré la commodité d'autruy à la facilité que
j'eusse rencontrée à qu'expliquer sur cette matière, en une
langue plus familière aux sciences que la nostre, dont l'expres-
sion est toujours rude et empruntée quand on l'employé sur des
Sujets dont nous parlons ».
A cette lettre fait suite un opuscule sur la connoissance et la
guérison de l'hydropisie : c'est là que nous trouvons la liste
des travaux de Guiffart.
A la page 78, sont annoncés les ouvrages suivants :
« 1° Discours du vuide sur les expériences de M. Paschal et
le traité de M. Pierius, par P. Guiffart, docteur en médecine,
agrégé au collège de Rouen.
« A Rouen, chez Jacques Besogne, 1647, in-8° de 266 p.
plus la table et deux cahiers de dédicace, pièces en vers, etc.,
au commencement. (1) »
Ce discours est dédié à Messire Robert de Franquetot, che-
valier, seigneur de Franquetot, Creteville, Virefontaine,
PHoume, etc , conseiller du Roy en ses conseils et Président
au parlement de Normandie. Ce livre a cela de curieux qu'il
indique la présence de Pascal à Rouen. A la page 7, on lit ceci :.
« M. Pascal ayant fait depuis quelque temps plusieurs expé-
riences en cette ville en la présence de tous les plus scauauts
hommes de sa connoissance, me fist aussi la faveur de me
conuier aux deux dernières, ausquelles voulant monstrer que
le vuide estoit possible en la nature, il fist bien voir aussi que
le vuide n'estoit pas dans son esprit : mais au contraire qu'il
etoit rempli de plusieurs belles connoissances que ses soins et
sa curiosité luy auoient heureusement acquises ».
c 2° Cor oindicatum.... Rothomagi 1652.
* «9° Utrum chylus vel sanguis sit proxima lactis
materia. Rothomagi, 1652.
(1) Les pièces de vers latins et français ne sont pas de Guiffart.
— 21 -
« 4° Les veritez catholiques, ou les justes motifs qui ont
obligé le S p Guiffart D., médecin à Rouen, de laisser la religion
Prétendue Reformée, pour se ranger à PEglise Catholique,
Apostolique, Romaine : Augmentez en cette seconde Edition,
de la Response aux Objections que Ton y a faites depuis la
première. (1)
A Rouen, chez François Vaulder, sous la voûte du Palais,
près la Bastille, 1656.
Aux pages 78 et 79 sont consignés les Ouvrages prêts a
mettre en lumière.
Pétri Guiffarti Cor vindicatum.
item. Trac(atu8 deproxima lactis maieria. Editio secunda.
Obsercationes quœ inter legendum aut meditantur aut
in praxi medica et cadaveribus humanis notata dignœ
occurrerent.
Magni Hippocratis genius... redivivus (2).
Aux ouvrages précédents, il faut en ajouter deux autres,
ayant trait à des sujets de controverse, énumérés par le
D r Jules Roger, du Havre, dans sa biographie des Médecins
Normands.
« Les dix raisons proposées aux Académies d'Angleterre
sur les matières de foi » (Traduit du latin du P. Campian).
Rouen, 1651, in-8°.
« La sainte liberté des enfants de Dieu et frères en Christ ».
Rouen, 1656, in-8*.
On s'accorde à dire que Guiffart mourut en 1658. Sur ses
dernières années je ne possède que les détails consignés dans
la généalogie delà famille, détails qui m'ont été gracieusement
offerts par la fille du D r Guiffart, mort à Cherbourg en 1899.
« Il consacra ses talents au service des pauvres et employa
(1) Cette première édition parut en 4654, chez Charles Osmont,
dans la court du Palais. C'était un in-12 cte 209 pages, plus un
cahier préliminaire de deux feuillets.
(4) Des pages 80 à 83, se trouve intercalée une lettre de félici-
citations adressée à l'auteur par Le Maresquier, D. M. de Val-
lognes, ce 15 d'Août 1658 (Bibl. nat. n° Te. 34. f.
— 28 —
ses biens à soulager les misérables qui le regardaient comme
leur père ; il passa sa vie dans une grande pénitence, et acca-
blé sous le poids de ses mortifications, et de ses fatigues, et de
ses soins à soulager les pauvres, il alla recevoir la récompense
de Celui qui a dit qu'un verre d'eau froide donné au plus petit
des siens ne serait point sans récompense. Après une si sainte
vie, les peuples honorèrent longtemps son tombeau dans
l'église de Saint- Malo de Valognes pour lui demander l'assis-
tance de ses prières (1).
t Qu'est devenue la sépulture de notre compatriote. Je
l'ignore ; ce qu'il y a de certain, c'est qu'il n'en existe aucune
trace dans l'église Saint-Malo.
Si j'ai été amené à m'occuper du D r Pierre Guiffart, c'est
grâce au sympathique M. Dolbet, archiviste du département
de la Manche, lequel m'a communiqué les « Veritez catholi-
ques. .. » . Au dernier chapitre de ce traité, il passe en revue les
« Raisons particulières » qui ont contribué à sa conversion, et
il explique comment de zélé Calviniste, il apporta au Catho-
licisme l'apostolat de sa plume.
« La difficulté de changer de Religion, écrit-il, m'a long-
temps attaché à la Prétendue Reformée dans laquelle j'étais
né... Lorsqu'un âge plus avancé me rendit plus capable de dis-
cernement, je cherchai la connoissance de la vérité, tout en
restant persuadé que ma Foy estoit la meilleure et que la
Romaine était la plus corrompue de toutes. Et j'ay long temps
vescu dans ceste erreur jusqu'à ce que Dieu ait daigné m'ou-
vrir les yeux par des moyens qui m'ont touché le cœur pour
resYeiîler mon esprit.
« Les premiers et les plus puissants ont esté le bon exem-
ple des Catholiques. Je vivais avec eux prévenu de la mauvaise
opinion que j'avais de tout le parti, mais peu à peu leur con-
(t; Une note de la généalogie en question mentionne que « sa
vie a été écrite dans le Nouveau Nécrologe des Saints inconnus
au public, imprimé à Paris. > Je donne cette note à titre docu-
mentaire; je n'ai pu avoir la moindre inlication sur ce
Nécrologe,
- 23 -
versaiion dissipa ces nuages dont mon esprit estoit noirci, et
le commerce des sciences m 'ayant heureusement engagé à
conférer avec des PP. d'une Compagnie où elles fleurissent
avec la piété, je trouvay en leurs personnes tant de vertu
solide..., que je ne pu desnier mon estime à leur mérite.
« Je les plaignois d'abord de ce que tant de bonnes qu alitez
n'estoient pas accompagnées de celles que j'estimois les plus
nécessaires : mais quelquefois anssi il me venait en la pensée
qu'il se pou voit bien faire que des fruicts si saincts nepartoient
pas d'une raciue inutile et qu'il ne seroit pas impossible de jus-
tifier une foy qui produisoit tant de bons effects. Cette pensée
me fut puissamment confirmée dans la suite de quelques
années durant lesquelles Dieu voulut affliger la ville de
Rouen du fléau de la peste qui fut terrible pour la longueur
du temps qu'elle dura *t pour la multitude du monde qu'elle
emporta. Les Révérends Pères Capucins servirent les malades
et assistèrent les mourans avec tant de zèle et de charité qu'il
estoit impossible de n'en estre pas édifié, et j'y remarquay tant
d'ardeur pour secourir le prochain aux despens de leur propre
vie, que l'un d'eux estant mort glorieusement dans cet employ ,
plusieurs autres sollicitoient avec une générosité admirable
pour remplir cette place et se joindre à ceux qui estoient
demeurez au service des malades.
« Les Religieuses de l'Hospital de la Magdelene n'eurent
pas moins d'empressement pour y entrer, ni moins de charité
pour y servir. La délicatesse et la timidité du sexe cédèrent à
la force de la grâce, et à la confiance en Dieu, quelques-unes
y sont mortes sainctement, et ont receu la mort avec autant
de constance, qu'elles avoient eu de hardiesse à l'attaquer. Je
fus vivement touché de ces vertus vrayement chrestiennes
dont la pratique en supposoit nécessairement beaucoup d'au-
tres, mais je suis redevable à la miséricorde de Dieu, des fortes
réflexions qu'il me fit faire sur ce sujet, et si quelque chose
d'extérieur a contribué à l'attirer sur moy, je croy que les
prières des pauvres ont esté receuës de sa divine bonté et qu'ils
- 24 -
s'y sentent obligez par uns aumosne que nostre Collège leur
destina. Toujours il est certain que dès lors je oonçeu plus
d'estime que jamais de la foy de l'Eglise Romaine et me pro-
posay de l'examiner sérieusement, me persuadant que des per-
sonnes si vertueuses pou voient bien avoir les principes du
salut, et que c'estoit peut estre parmi les Catholiques Romains
que je devois chercher le mien.
* Mais comme j'y procédais encore trop laschement et que
je faisois passer ma paresse pour prudence : Dieu me pressa
par un sentiment de crainte et par une image de mort dont je
fus menacé durant un mois de fièvre continue, ou me voyant
dans le péril de la vie et de mon salut, que d'avoir apporté
assez de soin pour connoistre par quelle voye je le devais
chercher, je promis à Dieu d'employer à ceste estude le pre-
mier temps de ma santé, s'il luy plaisoit me la redonner. ».
A6n d'éclaircir ses doutes, il ne s'adressn point à ceux de
son parti, pour n'en être point persécuté, il ne consulta point
les Docteurs Catholiques qui lui étaient suspects comme trop
intéressés dans la question, et qui, dès lors, auraient pu entra-
ver sa liberté qu'il voulait garder pleine et entière. Il lut
* soigneusement tous les Autheurs qui produisoient dans le
plus beau jour les raisons de l'un et de l'autre parti, et je vis
peu à peu mes ténèbres se dissiper. >
Pendant qu'il s'occupait à ses recherches, Guiffart eut, de
par sa profession., à secourir une dame de condition et de
vertu éminentes dont il se dispense de produire le nom, de
peur d'offenser sa modestie. Aujourd'hui, nous n'aurons pas,
et pour cause, les scrupules délicats de notre vieux Confrère :
cette dernière n'était autre que la maréchale de Bellefonds, qui
faisait grand cas de son médecin et lui portait une touchante
affection (1).
Madame de Bellefonds, femme d'une grande piété, lui
témoignait le chagrin qu'elle avait de le voir dans la Religion
(I) Communication de la famille de noire auteur.
— 25 -
protestante dont il se glorifiait. Elle lui disait souvent qu'elle
priait Dieu pour sa conversion et qu'elle espérait de la misé-
ricorde du Tout-Puissant l'effet de ses prières.
« Durant quelques mois, écrit Guiffard, j'eus le loisir de
remarquer que ses vertus ne consistaient pas seulement en
une simple contemplation ou dans l'excellence de ses entre-
tiens, mais qu'elles estoient si solides, que ny les douleurs
que les préceptes de Part nous forçoient de resveiller souvent
avec les ciseaux et les rasoirs, ni le péril de la vie, ne peurent
altérer aucunement sa constance
Lorsqu'elle sa voit que les personnes de sa maison alloyent
devant les Autels espandre leurs larmes et leurs vœux pour
demander à Dieu le soulagement de ses douleurs et l'asseu-
rance de sa vie, elle les conjuroit d'employer plustost leurs
prières pour obtenir de Dieu la guérison et le salut de l'âme de
celuy qui faisoit son pouvoir de la délivrer des maux qu'elle
souffrait et des funestes accidents dont elle étoit menacée » .
L'œuvre de la conversion fut parachevée par l'Archevêque
de Rouen, Mgr François I er do Harlay, auprès duquel le
D r Guiffart avait été appelé en consultation avec plusieurs
autres confrères : les conseils et les entretiens du prélat dissi-
pèrent les dernières appréhensions que n'avaient pu faire dis-
paraître les études consciencieusement continuées par notre
auteur (1). Mais laissons-le nous exposer ses impressions
personnelles.
« Je dois trop de respect à sa mémoire, et de reconnoissance
à son zèle, pour ne pas témoigner icy que la Charité et la
fermeté dont ce docte Prélat me parh dans ses derniers jours,
firent une juste et puissante impression dans mon âme. Outre
que ce qu'il me disoit estoit toujours solide et judicieux,
j'admirois la force de la vérité aussi bien dans son cœur, que
(l) Mgr François I er de Harlay occupa le siège de houen,de
4614 à 4052: c'était le 86 e archevêque, depuis la fondation du
diocèse par Saint-Nicaise, avant Tan 300 de notre ère
— 26 —
dans .*a bouche, puisque la véritable estime qu'il eu faisoit,
l'obligeoit à me solliciter de ma conversion, dans un temps où
les douleurs de la maladie et les appréhensions de la mort,
font oublier tout ce qui n'est pas de la dernière importance. Il
parut bien qu'il estimoit en ce degré, ce qui touchoit au salut
de son troupeau, puisque me regardant avec soin, dans ce
grand nombre d'âmes qui luy a voient esté commises, il recom-
manda la mienne avec une tendresse paternelle à Monseigneur
l'Archevesque de Rouen, qui remplit aujounThuy, si digne-
ment la place de cet Illustre prédécesseur, et qui a bien voulu
couronner l'ouvrage de ma conversion, par ses doctes ins-r
tructions et par le bénéfice de l'absolution qui a apporté la paix
jusqu'au fond de mon âme (1) »
Cette conversion fit un certain bruit dans le monde calvi-
niste. D'un autre côté, la publication des « Véritez catholiques »,
en amenant la conversion d'un certain nombre de protestants,
donna à beaucoup d'autres, tant parmi les disciples de Calvin
que parmi ceux de Luther, des sujets de douter de la doctrine
du maître. Aussi, y eut-il de la part d*s ministres calvinistes
français une véritable levée de boucliers contre leur ancien
coreligionnaire et une campagne organisée dans laquelle le dépit
ne le cédait qu'à la calomnie ou à la médisance. On alla même
jusqu'à publier que le renégat abandonnait sa profession par-
ticulière pour traiter de sujets qui ne lui étaient point familiers
et auxquels il n'entendait rien.
Aux attaques de ses adversaires Guiffart va répondre lon-
guement.
« Il n'est pas aisé de croire qu'un homme qui a cultivé cette
science (la médecine) avec tant de passion, dans les amertumes
(1) Guiffart fait allusion à Mgr François II de Harlay de Chan-
vallon, qui fut archevêque de Rouen, de 4652 à 1771. C'est à lui
au'est dédié l'ouvrage qui nous occupe. Neveu de François I ep de
iarlay, il mourut archevêque de Paria en 4695. Il fut reçu à
l'Académie française en 4674. (Certains bibliophiles rappellent
François III, parce que son oncle avait succédé sur le siège de
Bouen à François I er de Joyeuse).
- 27 -
et les espines des commencements et des progrez, la veuille
négliger quand il est temps d'en cueillir les fruits. Mais s'il est
encore besoin de me justifier sur ce point, je déclare sincère-
ment que je revoy tous les jours mes livres avec soinget avec
plaisir, j'adjoute tous les jours quelque chose à mes ouvrages
et je tâche de joindre par mes remarques le profit de l'expérience
aux lumières de la spéculation... ».
Si, après avoir satisfait à la science médicale, il a donné
quelques heures à d'autres sciences, il ne croit pas qu'il puisse
y avoir de censeur assez sévère pour interdire pareil délasse-
ment aux fatigues de la profession. Pour ce qu'il a fait en
faveur de la Religion Catholique, il n'a pas la prétention de le
mettre au nombre des choses divertissantes ; car cette matière
tiendra toujours dans son esprit « le premier rang et la plus
haute estime parmi toutes les autres». Au reste on est mal
venu à chercher des incompatibilités entre la médecine et la
religion, pareeque personne n'a le droit de faire aux gens do sa
sorte le reproche de s'occuper des exercices de piété et de penser
à son salut.
Quant à son ouvrage, il ne lui a coûté que le temps de
l'écrire sans ornement et sans art :
c Les choses que j'y traite, ajoute-t-il, n'ont pas été dans
mon esprit, l'œuvre d'une année ni de deux, mais elles y sont
entrées imperceptiblement par le soing que j'ay eu dès ma jeu-
nesse de recueillir ce que j'apprenois des deux partis, (Calvi-
nisme et Luthérianismé) et de diriger mes propres pensées
sur ce sujet. J'y ai employé un temps raisonnable avant que
de me résoudre et faire ma déclaration, après laquelle je n'ai
plus rien à discuter pour ma satisfaction particulière. . . .
« El s'il est impossible dans la malice du siècle que les bonnes
actions soient exemptes de blasme, j'ayme mieux que l'on
m'accuse de m'attacher plus à l'cstude qu'au jeu et à faire des
livres qu'à hanter les lieux de desbauche, ou que l'on me
puisse reprocher que par de ltsches intrigues je brigue des cqf«
— 28 -
respondances intéressées au préjudice de l'honneur de ta
médecine, de la liberté publique, du soulagement des malades
et de Temploy des plus capables et des plus honnestes gens de
notre compagnye. >
Il est évident qu'on ne peut faire un crime à un médecin de
cultiver plusieurs sciences à la lois : c'est une vérité que
Guiffart met au point avec un très grand sens.
« J'ay gousté des unes par récréation, j'ay estudié les autres
par profession, et je m'applique à celles de la Religion par res-
pect et par nécessité, gardant en toutes les mesures du temps
et du soin qu'on y peut employer ».
Et ce disant, il se réclame de l'exemple de plusieurs méde-
cins illustres, et, pour n'en citer qu'un, de M. de la Chambre.
Cureau de la Chambre, le père, auquel il fait allusion, Man-
oeau d'origine, était médecin ordinaire de Louis XIII. Entre
autres ouvrages, il a laissé : « Observation* sur l'Iris
(arc-en-ciel) ; — Le système de Vdme ; — De l'amitié et de
la haine qui se trouvent chez les testes j — Nouvelles pen-
sées sur les causes de la lumière et le débordement du Nil ;
— Discours sur les principes de la Chiromancie et de la
Metoposcopie ». (7)
Cependant, malgré le bon droit dont il pouvait se targuer
d'avoir, sans forfaire aux exigences de son art, publié la pre-
mière édition des Ver itez Catholiques y en dépit des excellentes
raisons qu'il pouvait alléguer pour sa défense, en face de la
persécution dont il était l'objet et des accusations formulées
contre sa réputation, Guiffart manifestait quelque répugnance
â faire paraître sa seconde édition, bien qu'elle trouvai son
excuse d'une part dans les objections adressées à la première,
d'autre part dans les réponses qui leur devaient être faites»
Pour vaincre ses résistances, il fallut l'insistance de ses amis,
de Brébeuf en particulier. La lettre de ce dernier, datée du
16 décembre 1655, fait autant d'honneur à celui qui l'a écrile
(1) De la Chambre mourut en 1660 ou I67iî ; il était Membre
de l'Académie françaUe et de l'Académie des Sciences.
— 29 -
qu'à celui qui l'a reçue. Comme elle n'est peut-être pas très
connue, et qu'elle émane d'un de nos compatriotes immédiats,
je n'ai pas hésité à en donner quelques extraits. (1)
« Votre premier travail sur la matière de la Religion a
desabusé beaucoup d'honnestes gens et a contribué à l'heureux
çhangçmept de cette.grajade Reyne qui vient de quitjer Ja fac-:
tion de Luther pour se redonner à l'Eglise. (2)
« J'espère que par cette seconde atteinte que vous portez à
l'erreur, vous allez achever ce que vous avez commencé; et
que vous ne serez pas moins heureux à establir la vérité que
Yous avez esté autrefois ingénieux à la combattre.
« Continuez, Monsieur, à vous déclarer hardiment contre
Terreur. Bien qu'elle soit presque hors de combat, ne laissez
pas d'insulter à son impuissance, et persuadez- vous enfin qu'il
y a quelque sorte d'injustice à nous cacher trop longtemps un
ouvrage qui ne peut paroitre qu'avec consolation pour vous et
avec utilité pour les autres.
< Les raisons qui vous en détournent ne doivent point pré-
valoir contre celles qui vous y exhortent, et de quelque persé-
cution que vous puissiez estre menacé, il est si advantageux
de la souffrir pour la justice, qu'elle doit estre vostre ambition
beaucoup plus que vostre crainte.
c Je scay bien que ce second assaut que vous livrez à l'Eglise
de Calvin va deschainer encore une fois la médisance contre
(4) Guillaume de Brébeuf, sieur de la Boisets, auteur de la
Pharsale, naquit en 4648 à Thorigny-sur Vire et mourut en 1664,
près de Caen. Zélé catholique, il écrivit un traité intitulé : c Défense
de V Eglise Romaine». Il était donc on ne peut mieux qualifié pour
inciter Guiffart à produire son ouvrage. Brébœuf avait été le pré-
cepteur du maréchal de Bellefonds
(2) Brébeuf veut parler de la conversion de Christine de Suéde,
fille de Gustave Adolphe et de Marie Eleonore de Brandebourg. A
l'âge de 33 ans, sentant que le pouvoir glissait entre ses mains,
elle déposa U couronne à la Diète d'Upsal et abdiqua en faveur
de son cousin Charles Gustave. Elle quitta la Suède, traversa
l'Allemagne, s'arrêta à Bruxelles, à Inspruck où elle embrassa la
religion catholique. Finalement, elle se fixa à Rome où elle mou-
rut en 4680, âgée de 63 ans.
— 30-
vous, que dans le party que vous avez quitté vous serez plus
coupable que jamais de ne vous perdre pas avec eux, d'avoir
trop de lumières pour vouloir encore vous égarer et que vos
mœurs qui estoient autrefois leur édification en deviendront le
scandale.
« Mais il n'est pas besoin de chercher toute vostre j ustification
en vous mesme ; et bien que celle qui se fait dans le cœur con
tribue au repos de l'âme beaucoup plus que celle qui vient du
dehors, c'est un advantage qui ne vout doit pas estre indiffe
rent de voir que la voix publique s'accorde à la voix secrète.
« Si la calomnie avait de quoy vous intimider, ce serait sans
doute quind vous la trouvez où elle ne devrait pas estre et que
les personnes qui ont toute sorte d'obligation a faire leur cause
de la vostre, ne laissent pas de vous desobliger autant qu'ils
peuvent et d'affaiblir la bonne opinion qu'on a de vous, par-
tout ou on les escoute. A n'en point mentir, ce ne m'a pas esté
un médiocre étonnement de voir parmy quelques uns de votre
profession que les conseils de Pinterest l'emportent impunément
sur ceux de l'honneur et de la justice; qu'on vous accuse de
ne pas estre assez scavant, à cause que vous Testes trop ; que
la capacité devienne la preuve de l'ignorance; et qu'on vou«
reproche malicieusement que vous n'estes pas assez esclairé de
la science que vous proposez, parce que vous avez trop de lu-
mières dans celles que vous ne professez pas ; que les produc-
tions différentes que vous avez données au public ayant esté
un prétexte de publier en beaucoup de lieux que vous aban-
donnez vostre employ pour vous attacher à celuy des autres,
et que les mesmes choses qui vous ont attiré des éloges des
plus célèbres Universitez de l'Europe vous ayent acquis à
Rouen et du blasme et du reproche. (1)
(i) Vinvidia medicorum était donc de tous les temps et de tous
les lieux.
— 31 —
« En effet, quelle apparence y a-t-il que nostre esprit soit si
borné qu'il ne puisse estre capable que d'une seule chose? Je
pardonne cette limitation injurieuse à ceux qui sont disgraciés
de la nature et en qui le génie n'est pas heureux, qui ont la
conception si dure et l'intelligence si grossière qu'il n'y a qu'un
extresme travail qui leur puisse donner une capacité médiocre;
les esprits de cette sorte ne se veulent point partager, ils ont
besoin de toute leur application pour tout ce qu'ils entrepren-
nent, et comme ils n'ont pas l'imagination aisée, ny le raison*
nement pénétrant, c'est bien assez d'une sorte d'estude pour en
lasser toute l'action et pour en épuiser toute la force. C'est
sans doute ce qui a fait croire à quelques-uns de vos envieux
que les riches connoissanoes que vous avez non seulemnt des
langues et des belles lettres mais encore de l'une et l'autre
Philosophie, des Mathématiques et de la Théologie n'avoient
pas moins fatigué votre entendement qu'une légère connois-
sance de la médecine avoit surchargé le leur et parce qu'ils suf-
fisent à peine à une seule chose, ils ne demeurent pas aisément
d'accord que vous soyez capable d'en entreprendre plusieurs,
« Que ces esprits artificieux ne s'authorisent plus a vous
blasmer par où il est juste qu'on vous estime, qu'ils se délas-
sent dans les promenades, dans les collations et dans le jeu, et
qu'ils souffrent que vous vous délassiez dans vos livres. Ce
que vous avez mis au jour sur les matières de vostre profes-
sion leur doit faire assez connoistre que vous ne l'avez pas
abandonnée et si vous vouliez faire part au public des riches-
ses de vostre Cabinet, ils seraient peut-estre contraints
d'advoûer que vous avez escrit de la Médecine beaucoup plus
qu'ils n'en ont leu.
« Les Médecins de Dannemarc et de Suéde vous approuvent
parce que vous estes en un lieu où vostre réputation ne peut
leur nuire; mais il y en a peut-estre à Rouen qui se
persuadent qu'elle ne leur serait pas advantageuse. Nous
— 32 —
regardons sans jalousie le mérite qui esta 200 lieues ou à deux
cents ans loing de nous, son éloignèrent lui rend ce que sa
présence lui desrobe et on le voit point dans toute son estenduë
quand on l'envisage de trop près. Les yeux de l'envie ne sont
pas de la nature des autres : ceux-ci grossissent les objets à
mesure qu'ils s'en approchent et ceux-là ne les grossissent qu'à
mesure qu'ils s'en esloignent : pour eux la présence ne diminue
pas seulement les choses, mais encore elle les destruit ou elle les
change ; la vertu la plus solide prend les couleurs et les
apparences du vice, et la capacité porte souvent les livrées de
l'ignorance.
« Mais enfin il y a encore des yeux qui sont justes et il y a
encore des jugements qui ne sont pas assez déréglez ; ils vous
restitueront ce que les autres vous volent ; et quand il y aurait
quelque chose à hazarder pour vous dans l'impression de
vostre ouvrage, vous avez déjà assez fait connoistre aux hon-
nestes gens que la cause de Dieu vous est incomparablement
plus chère que vostre réputation ou vostre fortune. C'est pour-
quoy je m'attends bien qu'en ce rencontre les motifs humains
ne seront pas écoutez au préjudice de vostre zèle et que Tinte*
rest de la Religion l'emportera tousjours dans vostre esprit sur
les considérations personnelles : c'est ce que souhaite ardem-
ment
« Monsieur,
« Vostre très humble et très obeyssant serviteur,
« B rebœuf. >
L'ouvrage de Guiffard dont il me reste à parler plus spécia-
lement maintenant a 260 pages ; il est divisé en 35 chapitres
dont je me contenterai de donner l'intitulé :
I. — De l'union nécessaire des Fidelles dans une mesrae
Eglise. ...
* IL — Que l'Eglise Romaine est la mère de toutes les
Eglises.
III. — De l'aversion réciproque des Luthériens et des Calvi-
nistes dans le commencement et le progrès de leurs sectes.
- 33 —
IV. — De plusieurs essais inutiles qui ont été faits pour
l'union des Calvinistes et des Luthériens.
V. — De l'union des Calvinistes et des Luthériens.
VI — De l'injustice de cette union.
VII. — Reflexions sur les inconvénients de cette union.
VIII. — L'Eglise Romaine n'enseigne rien de contraire à
la gloire de Dieu et au salut des âmes.
IX. — Que le retranchement du calice n'a point dû causer la
séparation d'avec l'Eglise Romaine.
X. — Que la foi de l'Eglise Romaine touchant la realité
Eucharistique du corps de Jésus Christ ne doit point
empescher la reunion des Prétendus Reformés avec la mesme
Eglise.
XL — De l'impiété des Luthériens en ce mesme sujet de
l'Eucharistie.
XII. — De l'imprudente conduite et de la mauvaise foy des
Calvinistes sur ce mesme sujet.
XIII. — Que l'Eglise Romaine n'est point idolâtre.
XIV. — Que pour une imagination d'idolâtrie prétendue
les Calvinistes ne doivent pas se séparer de son Eglise.
XV. — Que les choses qui ont séparé les Prétendus Refor-
més etoient de nulle ou de petite importance à la piété.
XVI. — Quel est le jugement des Prétendus Reformés tou-
chant les Conciles et les Père3 des premiers siècles.
XVII. — Que l'Eglise Romaine tient la mesme Doctrine
qu'elle enseignait au temps que les Prétendus Reformés
avouent qu'elle etoit dans sa pureté.
XVIII. — Que Calvin a trompé ceux de sa secte accordant
le Saint Esprit à chaque particulier.
XIX. — Quel peut être l'Esprit dont les Prétendus Refor-
més se vantent puisque ce n'est pas le Saint Esprit.
XX. — Que l'Eglise Romaine n'a point scandalisé l'église de
Dieu.
XXL — Défense de l'Eglise Romaine et du Pape contre
les calomnies.
3
— 34 -
XXII. — Que les loix de l'Eglise Romaine n'induisent
point à la dissolution.
XXI IL — Que l'Eglise de Rome ne défend point le mariage
à personne et que le dogme de la transubstantiation et de la man-
ducation de la chair de Jésus Christ ne doit scandaliser les
fidelles.
XXIV. — Que la nécessité de l'instruction en l'administra-
tion des sacrements ne doit scandaliser personne.
XXV. — Qu'attribuer l'infaillibilité au Pape n'est point un
légitime sujet de scandale.
XXVI. — Que le schisme est détestable ei que l'Eglise
Romaine n'est point coupable d'erreurs qui aient du causer
séparation.
XXVII. — Que l'autorité du Pape n'est point tyrannique et
n'a point dû causer séparation.
XXVIII. — Que l'Eglise Romaine n'accuse point l'Ecri-
ture d'imperfection, qu'elle ne dépouille point Jesus-Christ de
ses trois offices. (Prophète, Roi, Législateur).
XXIX. — Que la contrariété des doctrines n'a pas empesché
les Calvinistes de s'unir aux Luthériens.
XXX. — Que les Catholiques ne font pas consister l'Eglise
aux Prélats et grands de ce monde.
XXXI. — Que le témoignage des sens n'est pas croyable au
préjudice de la foi.
XXXII. — Que la comparaison d'un maître travesti auquel
un serviteur ne rend point d'hommage n'est point bonne pour
dispenser les fidelles d'adorer Jesus-Christ sous les espèces du
pain et du vin.
XXXIII. — Que les Calvinistes confessant que la doctrine
des Luthériens renverse la pieté et la religion chrétienne,
néammoins ils s'unissent avec eux-inesmes en dépit qu'ils en
aient.
XXXIV. — Que l'erreur de S. Hilaire touchant l'impassi-
bilité de Jésus Christ ayant esté supportée par l'Eglise n'au-
torise pas les Calvinistes à supporter les Luthériens qui
. — 35 —
n'adorent point Jésus Christ au Sacrement puisqu'il y est
adorable.
XXXV. — Des raisons particulières qui ont contribué à
ma conversion.
Dans toute son argumentation, Guiffart se sert des armes
qu'il trouve chez les ennemis de l'Eglise Romaine. Il répond
à toutes les objections sans passion, mais, comme il en avertit,
« avec toute la modestie possible », respectant la sainteté de la
cause qu'il défend, sans y mêler aucune vengeance de ses in-
jures personnelles et des persécutions suscitées par sa conver-
sion. « J'ai répondu, conclut-il, non pour défendre mes intérêts,
mais pour soutenir la vérité ».
On aimerait à trouver plus d'ordre et d'unité dans ses char
pitres, ce qui lui aurait évité bien des redites. Son plan en
somme était très simple et peut se ramener aux trois proposi-
tions suivantes :
1° Les Fidèles doivent s'unir dans une seule et même
Eglise qui ne peut être que l'Eglise Romaine, puisque Calvin
lui-même la reconnaît comme l'Eglise véritable c la mère de
toutes les Eglises ». (Chap. 1 et 2).
2° Quelles sont donc les raisons pour lesquelles les Calvi-
nistes se sont séparés de l'Eglise Romaine. (Chap. 8 à 28, 30,
31, 32, 34).
3° Les Calvinistes avaient moins de raison de se séparer de
l'Eglise Romaine que de s'unir aux Luthériens dont tout les
sépare au point de vue doctrinal. S'ils ont réalisé cette union
c'était par pur intérêt matériel. (Chap. 3 à 7, 17, 29, 33).
Quoiqu'il en soit de cette critique qui ne vise que la trame
du livre, la discussion est intéressante, facile à suivre, appuyée
de raisons solides. On voit que Guiflarl était maître de son su-
jet, qu'il n'a pas disserté pour le plaisir d'écrire, qu'il a apporté
à son œuvre la sincérité et la loyauté désirables : c'est ce qui
nous le rend sympathique.
D* René LE CLERC.
Biographies des Ecclésiatiques
fitalnfedLois
Auguste (le Père). — Né à Saint-Lo, fut capucin au cou-
vent de Vire ; il se livra entièrement à la prédication et au
travail des missions. Ce fut à la suite d'une célèbre mission et
des conférences tenues à Vire en 1772, qu'il écrivit et publia,
pour réfuter un ouvrage sur le Prêt de Commerce, plusieurs
lettres sous le titre d'Examen et réfutation des réflexions
sur le prêt de Commerce, Vire, chez Chalamel, libraire, in-12
de 206 pp. 1775. Les lettres sont datées d'Alençon, 1774.
Elles eurent une 2 e édition, Paris, Moutard, in-8°, la même
année.
Il publia encore d'autres lettres sur les cas de conscience ;
sur la réforme des ordres religieux, in-12, sans lieu ni nom
d'auteur.
On lui doit aussi 4 lettres sur la Pauvreté religieuse, in-12
(Mémoires de G. Ghalmé).
Le P. Auguste mourut jeune, épuisé par le travail, dans
une mission prèchée à Alençon, (1)
Basnier (Remy). — Né le 22 octobre 1763, au village de
la Dangerie, à Dangy, fut un des plus ardents fauteurs du
schisme anticoncordataire, dans le diocèse de Coutances.
Ses parents étaient tisserands, comme la plupart des habi-
(1) F. M. Morin Lavallée, 487P, Essais de biographie viroise, p. &
Pluquet, Biographie du Département de la Manche, 1873.
— 37 —
tants de cette région, a vam rétablissement des toiles étrangères.
Tout en continuant de faire « de la rayure et du droguet », le
jeune Basnier apprenait le latin, au presbytère de Dangy. Il
n'était que sous-diacre quand la Révolution éclata.
De 1790 à 1792, il fit fonction de maître d'école à Canisy, aux
appointements de 150 livres, fruit d'une fondation faite en 1689.
11 ne prêta aucun serment et se remit à faire de la toile et un
peu de médecine gratuite.
On ne sait à quelle époque et par quel évoque il fut ordonné
prêtre ; mais, dès 1799, il administrait les sacrements dans
les paroisses de Dangy, de Quibou, de Canisy, de Saint-Martin-
de-Bon-Fossé et de Cerisy-la-Salle. Il exerçait, en 1800, les
fonctions curiales à Dangy, et il espérait en devenir le curé
titulaire après le Concordat, quand, le 21 juin 1802, M. Hulmel,
l'ancien pasteur, revint de l'exil et reprit ses fonctions. L'abbé
Basnier fut blessé dans son amour propre, et le dépit qu'il
conçut le mit à la tête des anticoncordataires de la contrée.
Il recruta de nombreux prosélytes. Fixé au village de la
Dangerie, il célébrait la messe dans une chambre assez vaste,
où se trouvait installé son métier. Chaque dimanche, la pro-
cession de ses fidèles se déroulait autour du métier qui occu-
pait le centre de la salle. On venait à ses offices de huit et dix
lieues à la ronde.
De son nom, ses partisans s'appelèrent Basnier istes. On
les appelait aussi Bétournés, mot synonyme de mal tournés.
L'abbé Basnier eut bientôt un vicaire, qui fut chargé de la
direction des dissidents d3 Siouville et de Bréville.
Daragon étant mort, l'abbé Basnier se trouva seul prêtre
dissident de toute la contrée. Aussi venait-on vers lui de très
loin, de Saint-Lo, de Vire, et même de Rennes, ville située à
42 lieues de Dangy. A tous, il recommandait de ne jamais se
rendre et d'observer fidèlement les fêtes supprimées.
L'abbé Basnier résista à toutes les instances que lui firent
son évêque et ses confrères.
Il mourut à Dangy, le 8 avril 1845, âgé de 81 ans. Il fut as
— 38 —
sisté à ses derniers moments par sa servante, « qui empêcha le
curé de Dangy d'approcher » .
Une lettre de Basnier, datée du 11 novembre 1823, donne la
liste des prêtres dissidents du diocèse de Coutances ; elle men-
tionne : MM. Cou vin; Bailly; Le Vaufre; Poisson; Victor
Hébert, prêtre à Carentan ; Lemagnan Louis-Philippe, né à
Négreville, prêtre habitué à Valognes, dissident depuis 1827 ;
Damourette; Daragon. (1)
Benoit (Thomas). — Né à Saint-Lo, était chevecier de
Sainte Geneviève, à Paris, en 1367, quand il donna au public
une traduction française de la vie de Sainte Geneviève. Déjà
une vie de la sainte avait été écrite en vers romans, à la re-
quête de M me de Valois, probablement l'une des femmes de
Charles de Valois, frère de Philippe Le Bel, et ne fait pas
honneur au talent de son auteur. A peine cette vie avait-elle
paru, qu'on en fit une sorte de traduction en prose, à la prière
des dames de Flandre, vers 1322. Quarante ans après, en 1367,
le chevecier de Sainte Geneviève, Thomas Benoit, fit une tra-
duction française de la vie de Sainte Geneviève, pour favoriser
la piété de ceux qui ne savent pas la langue latine, et qui ne se
soucient pas de lire des vers.
Voici sa préface où il expose les motifs de son travail. « Ci
commence la vie de ma Dame Sainte Geneviève en français
proprement selon le latin ».
A tout chrestien qui Jésus Christ et ses sains requiert et
honneure est grantbien et honneur et proufist de savoir aucune
chose des vertus, miracles, bontés, que Notre Seigneur a fait
et fait en euls, et par euls, pour Dieu amer plus parfaitement,
pour les sains honnorer plus dévotement, et pour y prendre
exemple et doctrine de sauvement. Moût de gens requièrent et
honnorentma Dame Sainte Geneviève, qui de sa vie et de ses
(1) Drochon, La Petite Eglise, etc., p. 319 321.
— 39 —
vertus savent peu ou rient. Sa vie avons en latin moût propre-
ment, et en françois rimée moût gentement. Mes li plusieurs
n'entendent pas latin, li autres neont cure de rimerie, pour ce
que on y seult ajouster, oster et muer autrement qu'il nest en
texte. Si est écrite ci-apres en prose sans rime, extraite du
latin en françois, véritablement et loiaument. A la gloire de
Dieu soit, a lonneur de la Vierge et au profit du peuple.
Amen ».
Cette vie se trouve tout entière dans le ms. latin in-8° 5667
de la bibliothèque nationale, fol. 97. On n'y trouve pas seule-
ment la vie de Sainte Geneviève, mais encore le récit des mi-
racles arrivés après sa mort ; le tout également traduit en latin.
Thomas Benoit en ajoute à la fin plusieurs accomplis de son
temps. L'abbé de Saint Yves (vie de Ste Geneviève, 1846),
notice, p. 6), croit avoir reconnu l'ouvrage de Thomas Benoit,
dans une vie française de Sainte Geneviève, qui se trouve à la
page 16 du ms. in-fol. 1728, écrit sur papier. (Bibliothèque du
Vatican, à Rome).
Thomas Benoist était prieur de l'Abbaye de Ste-Geneviève,
sous la prélaturo de Jean Bassemain, abbé du monastère
(1364- 1386). Le prieur traduisit en français les constitutions de
son abbaye, et consigna dans la même langue les usages qui
s'y étaient introduits. L'ouvrage portait ce titre :
« Cy s'ensuit l'ordonnance du statut de l'église Sainte-Ge-
neviève de Paris sur la forme et manière qu'on en use pour
le présent, translaté du latin en français par religieuse personne
Fr. Thomas Benoist, jadis prieur cloistré de ceste dite sainte
église, au profit et honnesteté des frères, l'an 1381 (Gall. chris-
tiana, col. 758).
Son épitaphenous apprend qu'il était originaire de Saint-Lo,
ce qui détruit l'assertion de certains auteurs sur la grande
aversion des moines de Sainte Geneviève contre les Normands-
Depuis le temps de l'invasion et la ruine de leur église, on
aurait fait le serment de ne recevoir aucun normand dans le
monastère. La présence de notre compatriote au nombre des
— 40 —
chanoines réguliers n'est pas faite pour aocréliter cette asser-
tion. (1)
Bosbik (Nicolas Hubin du). — Curé de Saint-Gilles. 11 est
auteur des ouvrages suivants :
« Actions de grâces des laboureurs au Roy, pour le soula-
gement qu'ils ont reçu de Sa Majesté ». Paris, in-8°, 1634.
« Eloge d'Eléonor de Matignon », 1637. Ce dernier ouvrage
renferme la description de l'entrée solennelle de cet évoque de
Coutances, le 15 décembre 1633. (2)
Boucard (Jean), sire de la Vaucelle et du Mesnil-Amey, né
àlaVaucelle, près Saint-Lo, ou à Bayeux, docteur en Théolo-
gie, professeur émérite du collège de Maître-Gervais, à Paris,
chanoine et archidiacre d'Avranches, fut élu évêque par le
chapitre de cette ville, le 24 avril 1453. Il prêta serinent au
roi pour le temporel de son église et la baronnie de Saint-
Philebert, le 2 juillet suivant, et le 20, serment d'obédience
envers la métropole.
Louis XI alla au Mont-Saint-Michel, en 1468, et eut dans
ce voyage occasion de connaître plus intimement Pévêque
d'Avranches. Il l'attacha à sa personne à titre de confesseur,
ce qui éloigna l'évêque de son troupeau. Le pape Pie II fit
prier Jean Boucard, par l'intermédiaire de l'archevêque de
Tours, d'engager son royal pénitent à exécuter son projet de
croisade. La croisade n'eut pas lieu, car le roi n'eut jamais
l'intention sérieuse d'entreprendre une pareille expédition.
L'ancien professeur de théologie, Jean Boucard, était
réaliste. Il fit interdire par lettres royaux, datés de Senlis, en
1473, l'enseignement de la philosophie nominalistc. Il se fit
(1) Miracula saicta Genovefa post mortem, m 8 . 21, p. 211-25*2.
. Abb6 Saintyve, Vie de Sainte Geneviève, Paris, 1*4G, nolioe
p. 4-6.
Cf. Abbé F. Fëret, Abbaye de Ste-Geneviève et la Congrégation
de France, t. I. ç. 88, 170.
(2) Le Canu, Histoire du dioc. de Coutances et Avranches, t. II.
p. -491.
— 41 —
donner commission de réformer l'Université, et tel fut sans
doute le sens de sa réforme.
Boucard fit ajouter aux revenus de son évêché ceux des
abbayes du Bec et de Cormery. Il usa de ses revenus de
manière à mériter la reconnaissance de la postérité, car il
fonda 12 bourses au collège d'Harcourt, tant à. la disposition
du Chapitre d'Avranches, qu'à celle de Notre-Dame de Saint-
Lo et de sa famille. Louis XI eut la pensée de transférer Jean
Boucard à Coutanees, mais la cour de Rome s'y opposa.
La fondation de Jean Boucard devait être confirmée après sa
mort par un arrêt du Parlement, du 9 juillet 1488; mais les
douze bourses primitives furent réduites à six, en 1556, à
cause de la diminution des revenus, et à trois bourses d'artins
seulement, par un nouvel arrêt du 27 juillet 1703. Le Par-
lement régla, en faisant cette dernière réduction, que l'un
des boursiers serait nommé par le chapitre d'Avranches,
l'autre par le trésorier de l'église de Saint- Lo, et le troisième
par les héritiers du fondateur ou, à leur défaut, par le chapitre
d'Avranches et les trésoriers de Notre-Dame de Saint-Lo tour
à tour. (1)
Jean Boucard mourut un an après Louis XI, dans sa
maison, à Saint-Lo, le 28 novembre 1484, et fut porté à
Avranches, où son corps fut inhumé dans la cathédrale
Saint-André.
11 avait légué en mourant sa bibliothèque à l'église Notre-
Dame de Saint-Lo. Les protestants devaient la brûler, en 1562.
Il avait fondé, dans cette église, une messe de Requiem, le
dimanche des Rameaux, avec 32 cierges allumés.
Jean Boucard était un savant; il avait composé une analyse
des livres de la Bible. (2)
Chrvsostome de Saint-Lo. — Né à Saint-Lo, religieux du
(1) Artaud, Dictionn. de la Ville de Paris et de ses environs,
collège d'Harcourt.
(2) Lecanu, Histoire du dioc. de Coutanees, etc., t. 1, p. 396,
409. Séguin, Hist. archéolog des Bocains, p. 221.
- 42 —
Tiers-Ordre de Saint François, de la province de Saint-Yves,
a écrit différents opuscules sur la vie spirituelle.
On a de lui : Recueil de méditations; Traité sur saint
Augustin; Traité de la sainte abjection; Traité de la désoc-
cupation des créatures, et autres ouvrages ascétiques, entre
autres « Vie de Antoine Leclerc de la Forêt ». 1667, Paris
in-8°, dans V Histoire du Tiers-Ordre de saint François.
Célèbre par sa sainteté, et très estimé, dit l'abbé Le Bœuf,
des Reines Marie de Médicis et Anne d'Autriche, il avait
une telle réputation de vertu, que les personnages les plus
pieux se faisaient diriger par ses conseils. Jean-Marie de
Vernon, éditeur d'une « Histoire du Tiers-Ordre de saint
François », cite parmi ses plus illustres pénitents le vénérable
Antoine Leclerc de la Forêt, maître des requêtes de F Hôtel
de la reine Marguerite de Valois.
Il mourut à Paris, le 26 mars. 1646, dans la maison des
Pénitents, dite maison de Nazareth. Sa vie par Boudon ne
contient que peu de faits, et est toute consacrée à retracer ses
dispositions intérieures. (1)
Son portrait a été gravé par Ladame. (2)
Ecolasse de la Bruyère. — Né à Saint-Lo, en 1766.
Abbé et Précepteur de Don François de Paul, fils de
Charles IV, il fut arrêté en septembre 1811, et ne fut mis en
liberté que le 6 décembre 1813, bien qu'on n'eût rien pu relever
contre lui, si ce n'est un voyage à Paris, où il était venu
acheter des atlas pour son élève, chez Goujon, rue du Bac.
L'Abbé delà Bruyère, habitait Marseille, il était en relations
avec Bertrand du Coin, qui demeurait à Lyon. Il lui faisait
(1) Vie du R. P. Chrysost. de St-Lo par Boudon, 1684, in-12.
Pluquet, bibliographie, etc., p. 69.
(2) Le 29 septembre 4640, le P. Chrysostome de Saint-Lo,
donnait aux Religieux Pénitents du couvent de Saint-Lo. le pou-
voir d'employer une renie de 100 1. constituée par François
Michel escuier, sieur de Beaulieu.
Arch. dépar. Manche, H. Religieux Pénitents, 1. I.
{Note de la rédaction).
- 43 -
passer les pièces que lui remettait André Morelli, valet de
chambre de Pie VII, et qui devaient être expédiées aux Car-
dinaux noirs. De Lyon, ce3 documents, par les soins de
M. Franchet d'Esperey, arrivaient à Paris, à Vanney, commis
du banquier d'Audiffret, qui les portait chez l'Abbé Perreau.
11 y avait là toute une organisation catholique pour faciliter les
relations du vénérable Pontife avec ses Conseillers naturels,
les Cardinaux. Il est glorieux pour un enfant du diocèse de
Coutances, d'avoir subi la persécution pour une si noble
cause (1).
Enouf (Jacques). — Né à Saint-Lo, au commencement du
xvii* siècle, professa quelque temps la Rhétorique dans
cetle ville ; ensuite, il entra dans la Congrégation des Eudistes
et fut principal du Collège de Lisieux. Il était contemporain et
ami de Guillaume Ybert, auteur d'un poëme latin sur la Ville
de Saint-Lo. Le P. Enouf, a composé beaucoup de pièces
de vers latins, sur les événements de son temps. On remarque
entre autres une pièce assez longue sur la réception des
Reliques de Saint Lo. Ses vers ont de la douceur et de
l'harmonie. (2)
Faucillon (Pierre). — Naquit à Saint-Lo.
Il devint chanoine régulier et prieur claustral de l'abbaye de
cette ville. Successivement curé de Sainte- Catherine de l'Hôtel-
Dieu de Saint-Lo (1515), puis de Sainte-Croix (1519), ensuite
de Saint-Thomas (1523), il le fut enfin de Notre-Dame, la
principale paroisse de la ville, en 1525. Il était encore curé de
cette paroisse, le 15 avril 1532, lors de l'entrée du roi François I er
dans la ville de Saint-Lo. Il fut délibéré en la maison com-
mune que le P. Faucillon, présiderait le clergé à cette
réception solennelle du roi de France. « Il a été conclu, déli-
béré et ordonné, qu'il serait procédé et serait tenu telle forme
(!) Revue des Questions historiques, 28 e année, 1 er Avril 1894,
p. 549.
(2) Annuaire de la Manche, année 4883, p. 246,
— 44 —
et ordre à la réception du dit Sire, ainsi qu'il en suit : « Est
que les gens ecclésiastiques honnestement accoustrés et en bon
ordre, vaistus de chappes, avec les croix, bannières, iraient et
marcheraient au devant dudit Sire, jusqu'à la barrière comme
Ton va à la Madelaine ; lesquelles croix, bannières, précéde-
raient les enfants des écoles ; et ordonné qu'incontinent qu'aus-
sitôt que le Roy, nostre dit Sire,arriveroità l'endroit, le clergé,
que vénérable et discrette personne M c Pierre Faucillou,
prestre et curé de Nostre-Dame dudit Saint-Lo, prieur de l'ab-
baye dudit lieu, qui conduit ledit clergé, commençast à chanter
le Te Deum Laudamus, ce qui pour lors fut exécuté de la
manière susdite. » (1)
En 1512, le prieur de l'abbaye de Saint-Lo avait traduit en
vers français le Blason de la mort et le contentement de
mourir, de Baptiste Mantuan. Cette traduction est dédiée à
Robert de Coquebourne, évêque de Bresse, trésorier de la
Sainte-Chapelle et Abbé de Saint-Lo. Le livre est terminé par
une ballade à la gloire de la ville de Saint-Lo, dont le refrain
est : « Garde le lieu que ton Saint décore. » (2)
Foucher (Michel). — Né à Saint-Lo, docteur en théologie
de la Faculté de Paris, de la maison et société de Navarre,
conseiller en la chambre souveraine du clergé, vicaire général
de l'Archevêché de Paris, censeur royal et ancien principal du .
Collège de Navarre, mort à Paris le 28 juillet 1784 ou 1787.
11 avait beaucoup voyagé et a laissé un grand nombre de
relations fort bien écrites de ses voyages. Il avait été maître
d'études de M. de Juigné, Archevêque de Paris. Il a fait de
grands biens au Collège de Navarre. (3)
P. Gérard, de Saint-Lo. — « Il était, dit un manuscrit,
un religieux bien doux et d'une humeur admirable pour Fin-
(1) Annuaire de la Manche, année 1862, p. 4&
(-2) Pluquet, op. cit., Bibliographie, etc. p. 428
(3) G. J. Lan^e, Ephémérides Normandes.
Moréri des Normands, tome 1.
Pluquet, biblioth. etc. p. 139.
— 45 —
iiocence de res mœurs et d'un esprit très pénétrant pour les
sciences de l'Ecriture-Sainte. Très zélé de sa profession, très
charitable pour ses frères et très austère pour luy-même ; car
il portait une haire en crin de cheval sous son habit de bure ».
Il s'offrit au P. Provincial des Capucins de Rouen pour se-
courir les malades de Ja ville. Envoyé du couvent de Caen,
où il étudiait la théologie, il vint à celui de Sotteville, dont
le prieur était le P. Paulin du Tréport (1). En excerçant son
charitable ministère, il fut attaqué de la maladie contagieuse.
« Il reçut cette affliction avec un cœur gay et content, ne cher-
chant que son Dieu et ne songeant pas au monde, ainsy que
doit faire un capucin qui a donné toute sa vie un bon exemple.
Un des Pères qui assistait les malades luy dit, le voyant si
gay : « Mon Père, il semble que vous n'ayez aucun regret de
mourir. » — « Non, répondit-il, et s'il fallait dire un seul
Ace Maria pour retourner dans la santé parfaite que j'avais,
je ne le dirais pas. » Paroles bien dignes d'un enfant de
saint François
Il demanda pardon à tous les religieux de la Province, tant
aux frères présents qu'absents; il fit plusieurs actes de contri-
tion, reçut les Sacrements de l'Eglise et rendit sa belle âme à
Dieu en disant : Magnificat anima mea. Cette mort arriva le
23 août 1623. Le P. Gérard de Saint-Lo était capucin depuis
"le 2 mai 1617. Il fut enterré dans le cimetière de Saint-
Maur (2).
Gouey (Charles-François de). — Charles-François de
Gouey, chanoine régulier de Saint-Augustin, était Religieux
de l'abbaye de Saint-Lo, lorsqu'il succéda, en 1698, à son
confrère Thomas Madeline. Il était d'une famille d'ancienne
noblesse, de Hauteville-la-Guichard, berceau de l'illustre fa-
(1) Il fut le premier provincial des Capucins de Normandie,
*6tUi.
(2) P. Edouard d'Alencon, capucin, Les Capucins de Rouen, etc.,
p 18, in-8°, 1890, p. 04.*
— 46 —
mille des Tancrède (1). Né vers 1652, il avait environ qua-
rante-six ans lorsqu'il succéda à M. Madeline. Intelligent,
actif, caractère ouvert, d'une énergie peu commune, ne vou-
lant que le bien et allant droit au but sans se mettre en peine
des obstacles qu'il pouvait rencontrer sur son chemin : tels
sont les caractères principaux de cette nature d'élite. Il continua
en prenant le gouvernement de la paroisse Notre-Dame, le
genre de vie de son vénérable prédécesseur. 11 vivait en
commun avec d'autres ecclésiastiques, dans la maison donnée
en 1684 à M. Madeline. Sa vie, comme celle de ces bons
ecclésiastiques, était la vie de fervents religieux.
En tout temps, ils se levaient à cinq heures ; ils faisaient
ensemble la prière et la méditation. A six heures, les prêtres
qui devaient réciter l'office, se rendaient au chœur, suivant
la coutume de ce temps-là. Le Supérieur présidait les repas,
comme dans les séminaires ecclésiastiques, et chacun des
associés lisait, à son tour, un chapitre ou la moitié d'un cha-
pitre de l'Ecriture-Sainte. Après le souper, tous s'entretenaient
de choses édifiantes et instructives et de ce qui pouvait procu-
rer le bien spirituel de la paroisse. A 9 heures, on faisait la
prière du soir, l'examen de conscience et la lecture du premier
point de la méditation du lendemain.
Mais ce qui distinguait surtout M. de Gouey, c'était sa
charité extraordinaire. M. Hérambourg, dans ses mémoires,
en parle comme a d'un pasteur fort zélé pour les pauvres ».
Aussi, quand le Père Hérambourg, Eudiste de Coutances,
proposa d'établir un bureau de charité à Saint-Lo, non seule-
ment le pieux curé de Notre-Dame approuva ce projet, mais
il promit son concours le plus dévoué. Le nombre des pauvres
s'étant accru, à la suite du rigoureux hiver de 1709, M. de
Gouey avait vu ces malheureux poussés à la révolte, et il
avait fallu toute la fermeté du maire de Saint-Lo, M. Duche-
(1) La famille de Gouey avait pour armes : Parti de gueules et
d'azur à la fasce d'or, au premier chargé de deux lions affrontés
d'argent, et au deux d'une syréne de même.
— 47 —
min de la Tour, pour les contenir dans le devoir. La création
d'un bureau de charité répondait donc à un besoin, et remé-
diait, au moins en partie, à une situation qui s'aggravait tous
les jours davantage.
Le curé de Notre-Dame apporta dans cette affaire son acti-
vité habituelle ; il rassembla les notables dans son église, leur
exposa la triste situation des pauvres malades de sa paroisse,
et leur proposa de les faire soigner « par plusieurs honnestes
filles», dxitil avait pu déjà apprécier le dévouement et la
piété. Tous aprouvèrent son dessein et signèrent un acte
connu dans les Annales du Bon-Sauveur sous le nom à! Acte
des Pauvres. Il ne s'agissait point de soulager tous les indi-
gents de la ville, mais seulement les maladis nécessiteux. Le
Bureau de Saint-Lo fut établi comme l'avait été celui de
Goutance3, sur le modèle des confréries de la Charité de
Saint Vincent de Paul. C'était l'établissement définitif de
l'Œuvre des Pauvres malades. Mlle de Surville, la future
fondatrice du Bon-Sauveur de Saint-Lo signa Y Acte des
Pauoreêy avec les notables et Jeanne du Buisson, sa compa-
gne. Cet acts fut dressé et signé, le 14 août 1709.
M.deGouey avait àcoeur l'établissement d'une autre œuvre,
dont on sentait depuis longtemps la nécessité à Saint-Lo. Le
Protestantisme en égarant les esprits avait perverti les cœurs.
L? libartinage exerçait de grands ravages dans la ville et en
particulier dans la paroisse Notre-Dame. M. de Gouey con-
sulta les autres cur.is de la ville, et tous furent d'avis qu'il
serait très utile de bâtir, dans un faubourg, un monastère de
Notre-Dame-de-la-Cliarité-du-Refuge, afin d'y renfermer les
malheureuses victimes du vice et de les ramener à la vertu.
Dès l'année 1705, il écrivait son projet aux religieuses de la
Charité de Caen, qui entraient dans ses vues. Une personne de
piété prenait rengagement de fournir l'argent nécessaire à la
fondation. M. de Matignon, seigneur et baron de Saint-Lo,
donna son consentement, le 8 août 1705. Le 12 août suivant,
le digne curé adressait sa requête aux maire et échevins de la
— 48 —
ville. Les principaux habitants se réunirent pour en délibérer
et donnèrent un avis favorable. Mais le roi refusa ses lettres
patentes à rétablissement. Mgr de Loménie de Brienne ne man-
qua pas d'encourager les efforts du zélé curé de Notre-Dame,
comme Patteste une lettre du 1 er octobre 1706. Enfin, croyant
le moment plus favorable, M. de Gouey se rendit à Paris, au
mois de janvier 1707; il logeait à l'hôtel de Coutances, rue de
la Monnaie, paroisse de Saint-Germain-PAuxerrois, il employa
six semaines en négociations de toutes sortes, sans pouvoir
venir à bout de vaincre les résistances de la Cour. Tout ce
qu'on lui permit fut de créer une annexe à l'hôpital général. Il
se résigna à rattacher son œuvre à l'hôpital, et il voulait en
confier la direction aux sœurs de la Charité de Caen. Il acheta
quelques mois plus tard à leur profit, de M. Jean de Pierre-
pont, une maison située dans un des faubourgs de la ville, rue
de la Grande-Rue. Il fit les réparations nécessaires à cette
maison, et prépara un oratoire pour les religieuses. Mais
celles-ci se désistèrent de leur entreprise. M. de Gouey n'eut
d'autre parti à prendre que celui d'observer les ordres de la
Providence. Ils ne se firent pas attendre.
Mme du Hamel de la Monderie, femme de M. du Hamel de
la Monderie, conseiller du roi, échevin et lieutenant en la juri-
diction des traites, avait perdu son mari, le 21 mai 1709. La
pieuse veuve, femme d'une haute vertu, proposa à M. de
Gouey de commencer à la maison de la Grande- Rue, l'œuvre
qu'il avait tant à cœur. Le curé accepta cette offre géné-
reuse et s'empressa d'informer Mgr de Loménie de Brienne
de la détermination de la vertueuse dame. La réponse du pré-
lat fut telle qu'on devait l'attendre de son zèle et de sa piété.
En attendant les lettres patentes du roi, il donnait l'autorisa-
tion « d'établir les filles séculières dans la maison, pour vivre
ensemble dans l'exercice de la piété et de la charité chrétienne
et y recevoir les filles et femmes débauchées, qu'on leur amè-
nerait, pour tâcher de les corriger et de les convertir » De nou-
velles instances présentées au roi le 17 mars 1710, à Versail-
- 49-
les, par le maire et les éehevins de Saint-Lo, obtinrent enfin,
le jour même, les lettres patentes tant désirées. » Sa Majesté
voulant favorablement traiter lesdits maire et éehevins,
leur a permis et permet d'acheter une maison dans le fau-
bourg où est l'hôpital en question, pour y recevoir les femmes
et les filles séparément des hommes ». Et le 20 janvier 1711,
le maire et les éehevins autorisèrent M. de Gouey à passer
en leur nom contrat d'acquêt de la maison de la Grande-Rue.
Désormais l'œuvre du Bon-Sauveur était fondée, et malgré
des oppositions puissantes, elle allait grandir sous la protection
du curé de Notre-Dame. Dès l'année 1711, les sœurs reçurent
quelques enfants, entre autres une jeune protestante, nommée
Jeanne Blondel. Ce ne fut toutefois qu'en 1712 qu'elles purent
ouvrir Vécole véritable. Mgr de Brienne plaça Mlle de Sur-
ville à la tête de la Communauté naissante, et le Père Héram-
bourg fut nommé supérieur ecclésiastique. Ce fut le 29 sep-
tembre 1712, que les sœurs firent leurs vœux entre les mains
du Père Hérambourg, leur supérieur. On les appela Sœurs du
Bon-Sauveur, à cause de leur oratoire dédié au Saint-Sau-
veur. (1)
M. de Gouey n'eut pas moins de part que le Père Héram-
bourg à l'établissement du Bon-Sauveur. L'un avait fait la
Communauté extérieure, l'autre lui donna la forme et la vie,
en lui donnant son esprit et ses constitutions. Le curé de Notre-
Dame voulut assurer l'indépendance de la Communauté dans
les limites du droit vis-à-vis de la paroisse. Il la plaça, en
1717, dans les conditions des autres maisons religieuses, et il
supplia ses successeurs « de ne point inquiéter les cœurs au
sujet des permissions qu'il leur accorde. ». Une des raisons
principales qui le déterminèrent, quatre ans plus tard, à donner
sa démission en faveur de M. Le François, ce fut l'espé-
rance que son vicaire, devenu curé, ne changerait rien à ce
qu'il venait d'établir. Ses prévisions ne furent pas trompées.
(I) Archives du Bon-Sauveur de Saint-Lo.
— 50 —
M. de Gouey avait passé sa vie au service de Dieu et des
pauvres, et lui-môme était si pauvre qu'arrivé à la vieillesse,
après plus de vingt ans passés à Notre-Dame de St-Lo, il se vit
obligé de demander au Souverain-Pontife, le 25 avril 1721,
« de lui réserver sur ce bénéfice une pension annuelle de trois
cents livres tournois, étant d'un âge de 74 ans » (1). II avait
résigné sa cure, en 1721, il vécut encore dans une longue
souffrance, et il alla recevoir la récompense de son zèle et de
ses travaux le 21 octobre 1723, à l'âge de soixante-seize ans.
Grimouville-Larchant (Charles- Siméon de). — Né à
Saint-Lo le 18 février 1751, entra dans l'état ecclésiastique.
Il était, avant la Révolution, chanoine et grand vicaire de
Lisieux, où il résidait depuis longtemps. Il avait été vicaire
général sous l'épiscopat de Jacques-Marie de Condorcet, pré-
décesseur de Jules-Basile de la Ferronnaye, sur le siège de
Lisieux.
En 1787, nous le voyons faire le pèlerinage de Notre-Dame
de Torcé, au diocèse du Mans.
L'ancien chanoine de Lisieux passa la plus grande partie de
la Révolution à Jersey, et il était devenu grand vicaire pour
les catholiques de Jersey et de Guernesey. L'évêché de Saint-
Malo ayant été rétabli par le concordat de 181? ? Louis XVIII
l'y nomma ; mais il ne rentra pas en France et continua ses
fonctions d'administrateur à Jersev. Il fut un des plus em-
pressés à signer la formule de soumission, demandée en 1818
par M. Poynter, évêque de Londres, aux ecclésiastiques fran-
çais retirés dans son district. Le refus de signer cette formule
devait faire connaître ceux qui osaient rompre avec la commu-
nion du Saint-Siège. L'abbé de Grimouville-Larchant mourut
à Jersey, le 20 septembre 1821 , à l'âge de 74 ans. (2) Charles-
(1) Abbé Ménard. Une Servante des pauvres. La mère,
Elisabeth de Surville, m 8°, Toura, 1887, passim.
(2) V ami de la Religion, t. 30, p. 297 (an. 1822, janvier i2).
ibid. U 3t, p. 89.
— 51 —
Siraéon de Grimouville possédait toutes les vertus qui font
les saints évèques, et il aurait honoré le siège de Saint-Malo
si Dieu avait permis qu'il en eût pris possession. (1)
Un autre abbé de Grimouville-Larchant était chanoine de
Bayeux. Né le 30 septembre 17389 il fit ses études théolo-
giques au séminaire de Saint-Sulpice, où il fut admis le 22
novembre 1762. (2)
Dans le xvn e siècle, on trouve Jules de Grimouville, et vers
la fin du suivant, Charles- François de Grimouville-Larchant,(3)
marié à Isabelle-Pétronille Van-Everbroeck, dont on voit la
pierre tumulaire dans l'église de S t- Thomas, à Saint-Lo, sur
laquelle on lit cette inscription :
CY GIST LE CORPS GRIMOUVILLE
DE NOBLE DAME LARCHANT DIT LA
ISABELLE LANDE DAIROUX
PÉTRONILLE CHEVALIER
VAN EVERBROECK INHUMÉE DANS
DE MALINNES CETTE ÉGLISE
ÉPOUSE DE M e LE 26 AOUST
SIRE CHARLES 1775. PRIEZ DIEU
FRANÇOIS DE POUR LE REPOS
DE SON AME.
Guillaume de Saint-Lo. — S'appelait ainsi du lieu de
sa naissance.
Il devint abbé de St-Victor en 1345. Ce 22 e abbé de l'abbaye
fondée par Louis VI était docteur en théologie. On voit qu'il
se piquait de littérature. Sa maison avait été fondée par des
hommes d'étude, et Pasquier a raison de dire que les lettre*
y furent toujours logées à bonnes enseignes. Guillaume de
Saint-Lo exerça le talent qu'il se croyait à écrire une suite de
notices sur la vie des hommes illustres de son abbaye. Malheu-
(1) Tresvaux, L'Eglise de Bretagne, p. 253.
(-2) Registre d'inscription des élevés du sém. de St-Sulpice.
(3) Les armes des de Grimouville-Larchant étaient sur la
porte du château de la Lande-d'Airou, dont ils possédaient la
seigneurie, savoir : de gueules à 3 étoiles d'or posées 2 et \; Vécu
est penché et surmonté d'un casque de côté. Support: deux
sauvages ayant un genou à terre.
- 52 —
reusement, il laisse voir par ses phrases ampoulées et de mau-
vais goût qu'il avait de la prétention au beau style. 11 se trou-
vait, pour faire ce travail, dans les meilleures conditions.
Il n'était séparé des trois plus grands docteurs de Saint- Victor,
Hugues, Richard et Adam, que par 150 ans, et en interrogeant
la tradition des Victorins, il pouvait encore la trouver toute
vive. Dans un monastère, les Pères communiquent aux no-
vices toutes les légendes, qui sont comme les titres de noblesse
du couvent. Comme on n'a pas à se raconter les choses du
monde, on se raconte avec plus de fidélité les choses du
clottre. C'est sur cette tradition orale, encore toute pleine de
fraîcheur, que Guillaume de Saint-Lo composa ses annales
biographiques. Si Ton veut avoir une idée de sa versification,
voici une pièce que lui attribue Jean de Toulouse, autre anna-
liste victorin du xvu° siècle. Elle est écrite à l'honneur des
trois grands docteurs de Saint- Victor au xn e siècle (Hugues,
Richard et Adam), et elle fait allusion à cette particularité que
l'abbaye royale de Saint-Victor, si féconde en grands hommes,
ne le fut pas en saints, puisqu'aucun ne fut canonisé :
Hi très canonici, licetabsint canonizali,
Mente pia dici possunt tamen esse beati.
Le plus ancien document et le plus important que Ton
puisse citer sur les origines de saint Victor, c'est donc la notice
de Guillaume de Saint-Lo. Deux anciens manuscrits du fonds
de Saint- Victor nous l'ont fidèlement transmise. Ce sont le
n° 842 et le n° 554. Ces deux manuscrits sont du commence-
ment du xv c siècle. M. L. Gautier, dans ses œuvres poétiques
d'Adam de St-Victor, ne pardonne pas aisément à Guillaume
de Saint-Lo son style alambiqué, et, parlant de ses vers, il
ajoute malicieusement : « Ils ne sont pas plus mauvais que
sa prose ». Le lecteur en jugera lui-même par le huitain
suivant consacré à la triple gloire de Hugues, de Richard et
d'Adam de Saint-Victor, et dont ces grands esprits se seraient
bien passés :
— 53 —
Sunt ibi doclores theoprimi Parisienses,
Principiatoris studii. radiantes velut enscs (!!)
Fragrant ut nardus ! hic Adam situs, Hugo, Richardus ;
Nullus in his tardus : sed ad orane bonuxn vigil Argus.
Plurima scripserunt, faclis, verbis docuerunt,
Cum populo clerum, Scit hoc hœc civitas fore verum,
Hi très canonici
En 1346, l'Abbé de St- Victor, Guillaume de Saint-Lo, fit
un accord avec l'abbé de Saint-Germer-de-Flaix, au sujet de
quelques différends. En 1348, Tannée qui précéda la mort de
Guillaume, Foulque de Chanac, évêque de Paris, apaisa cer-
tains dissentiments qui avaient éclaté entre les Victorins et les
chanoines de Champeaux à propos d'une prébende que les
premiers possédaient dans cette collégiale. Cette même année,
Foulque invitait les fidèles de son diocèse à faire un^pèlerinage
aux reliques de Saint-Sébastien que l'on conservait dans
l'église de Saint- Victor, pour faire cesser le fléau de la peste
qui sévissait alors dans la capitale de la France.
Guillaume de Saint-Lo mourut en 1349, le 8 juin, jour de
- la Sainte-Trinité (1).
Hekbert. — Petit fils ou fils de Henri I, roi d'Angleterre
et d'une damoiselle Corbet de Saint-Lo, dut naître au château
de la Vaucelle. Il était chapelain du roi Henri II, son parent,
quand il fut appelé à succéder à Richard de Subligny sur le
siège épiscopal d' Avranches. Il vit la transformation de Savi-
gny, et ses immenses progrès. Il assista, en compagnie de
Hugues de Cluni, archevêque de Rouen, de Richard, deCou-
tances et de Rotrou d'Evreux, à l'élévation des reliques de
(1) Catalogue des noms des chanoines de Saint-Victor, dressé
d'après les manuscrits deTousselet, prieur en l'an 1452, et com-
plété par Jean de Toulouse, Ms, S. V. 1049.
L Gautier, Œuvres poétiques d'Adam de Saint- Victor. Avant-
propos, Passim.
M. Chevalier. Répertoire des sources historiques du Moyen
Age, col. 975.
Fisquet. La France Pontificale Paris, t. 2, p. 421. '
— 54 -
StFirmat, dans la collégiale de Mort ai n. Cette cérémonie se fit
en 1157.
La même année, le roi Henri arriva à Avranches, suivi de
son armée, pour prendre de vive force le comté de Nantes, qu'il
prétendait lui appartenir. Le duc de Bretagne, afin de détourner
l'orage qui allait fondre sur lui, vint trouver Pévèque
d' Avranches, Herbert, et le pria d'être son médiateur. Herbert
le présenta au roi Henri et termina leur différend.
Le même prélat eut l'honneur de recevoir à Avranches les
deux rois Louis VII et Henri II, qui vinrent de concert accom-
plir un pèlerinage au Mont Saint-Michel. Il y célébra pontifi-
calement devant ces princes. Au retour, ils passèrent deux jours
à Avranches, où ils se firent voir à leurs sujets et donnèrent
audience. Herbert avait eu la gloire de bénir Robert de Tori-
gny, l'un des plus grands abbés du Mont St-Mîchel. Cet
évêque mourut au Bec, le 6 septembre 1161, et y fut enterré à
côté de Richard de Beau fou, son parent. Un monument
commun recouvrait leurs restes. (1)
Le Bedel, prêtre, né à Saint-Lo, dans les dernières années
duxvn c siècle,estunde ces littérateurs presque inconnus, dont
le nom n'a retenti que dans les recueils palinodiques de la ville
de Caen. Il se livra à la poésie française avec un certain succès,
puisque, dans l'année 1715, il fit un sonnet qui remporta le
premier prix de cette académie. Ce sonnet avait pour titre :
« Clélie qui s'échappe des mains de Porsenna » . Nous le trans-
crivons, pour donner un type de ce genre de poésie :
Malgré de Porsenna la fureur impuissant*)
Qui croit mettre à la chaîne, et Rome et les Romains;
Le courage assuré de celle que je chante,
Sçaura la délivrer de ces barbares mains.
(1) Robert du Mont, Appendix ad Sigeberlum, chronxca Aor-
manniœ.
Lecanu, Hist. du diocèse de Coutances, etc , t. I, p. 249, 2S2.
Desroches, Hist. du Mont S. Michel, et de Vanc.dioc.d'Avr.
t. I., p. 3*5, 340, 34*.
— 55 —
Quoiqu'aa milieu des fers, Glélie est triomphante,
Captive, elle conçoit de généreux desseins,
Et par une valeur dans son sexe étonnante
De Porsenna détruit les projets inhumains.
Déjà de ce tyran elle n'est plus captive;
Fuyant elle triomphe, et cette fugitive
Méprise du vainqueur le joug impérieux,
Chaste Reine du ciel, ô vierge glorieuse,
N'est-ce pas ton portrait que cette vierge heureuse,
Quand tu vaincs des enfers le démon furieux? »
On trouve quelques autres pièces de cet auteur dans le recueil
des Palinods de Caen. (1)
Le François (Jean). — Né à Saint Lo en 1684, fit de bril-
lantes études au collège de cette ville et se fît recevoir docteur
en médecine ; mais se sentant appelé à une vocation plus haute,
il abandonna cette carrière pour embrasser l'état ecclésiastique.
Il n'était que diacre, dans un acte, où il signe comme témoin,
le 14 août 1709. Ordonné prêtre Tannée suivante, il fut immé-
diatement nommé vivaire de M. de Gouey, curé de Notre-Dame
de Saint-Lo, qui l'aimait et l'estimait singulièrement, et dont
il devait être un jour le successeur. Douze ans plus tard, en
effet, en 1721, M. de Gouey résignait sa cure en faveur de
l'abbé Le François, ce digne ecclésiastique, qui l'avait si bien
secondé dans les entreprises de son zèle. Pendant près d'un
demi siècle que M. Le François occupa la cure de Notre-Dame,
il s'employa avec zèle à soutenir les œuvres de son prédéces-
seur. L'établissement du Bon-Sauveur en particulier ayant été
l'objet constant de la sollicitude de M. de Gouey, il ne montra
pas moins de dévouement à l'égard de cette maison, dont il fut
nommé le supérieur. (2)
Le Grand (Joachim). — Né à Saint-Lo ou à Torigny, le 6
(\) Notice de Ed. Lambert : Ann. de la Manche, année 1852,
p. 7-25.
(2) Abbé Ménard, Une servante des pauvres, la mère Elisabeth
de Surville. Tours, in-8°, 4887, p. 287.
— 56 —
février 1653, commença ses études, de 1666 à 1670, sous les
régents de sa ville natale, et fit sa philosophie à l'Université de
Caen. Il entra dans la Congrégation de l'Oratoire en 1671 . Il en
sortit en 1676, et sur le conseil du célèbre historien, le P. Le-
cointe, il so mit à l'étude de Phistcire et de l'archéologie. Son
premier ouvrage fut un éloge du P. Lecointe.
Il fut d'abord précepteur du marquis de Vins et ensuite du
duc d'Estrées, qu'il accompagna plus tard, en 1692, en Portu-
gal et en Espagne, avec le titre de secrétaire d'Ambassade.
L'abbé Legrand acquit dans cet emploi un grand talent pour
les négociations, et fut à son retour en France, nommé secré-
taire-général de la Pairie. Il s'occupa alors de recherches his-
toriques, de traductions, et publia plusieurs ouvrages qui l'ont
fait regarder comme l'un ^es savants les plus habiles du siècle
de Louis XIV, dans la connaissance du droit public de l'Eu-
rope.
Ses controverses avec le Recteur Buruit, évêque de Salis-
bury, relativement à l'histoire de la Réforme en Angleterre,
furent entièrement à son avantage.
Comme l'un des hommes les plus versés dans la connais-
sance de nos sources historiques, il fut choisi en 1717 pour un
des principaux collaborateurs destinés à former la collection
des historiens de la France, qui parut d'abord sous le nom de
D. Bouquet en 1720. On l'employa également à l'inventaire
des chartes. On trouve beaucoup de détails sur sa vie, dans la
bibliothèque historique de la France par M. Fouret de Fon-
tette, où est le catalogue raisonné des ouvrages de l'abbé Le
Grand.
Il mourut à Paris, en mai 1733. Le principal de tous ses ou-
vrages est resté manuscrit. C'est une histoire de Louis XI, qui
a été copiée par Duclos, dans l'ouvrage qu'il a publié sur ce
monarque.
Voici la liste de ses principaux ouvrages : t Histoire du di-
vorce de Henry VIII, roi d'Angleterre, et de Catherine d'Ara-
gon, Paris 1668, 3 vol in-12 ; Histoire de l'Ile de Ceylan,
— 57 —
traduite du Portugais de J. de Ribeyra, Trévoux 1701, in-12 ;
Relation historique d'Abyssinie ». Cette relation est traduite
du portugais du P. J. Lobo, Paris, 1728, in-4°et in-12.
Traité de la succession à la couronne de France par les Ag-
nats, avec un mémoire touchant la succession à la couronne
d'Espagne, Paris 1728, in-12. L'abbé Le Grand a laissé,
nous l'avons dit, une histoire manuscrite de Louis XI dont
l'on trouve l'analyse dans la vie de l'auteur, par le P. Bougerel.
L'Allemagne menacée d'être bientôt réduite en monarchie
absolue, 1711, in-4°.
Mémoire touchant la succession de la cour d'Espagne, 1711,
in 8°.
Il écrivit en faveur deY Histoire des variations de Bossue t.
C'était un critique laborieux et exact. (1)
Le Menuet, était curé de Moon, près de Saint-Lo, lorsqu'il
remporta le prix proposé par l'Académie de Caen pour cette
question : « Est il plus avantageux de planter en Normandie
des pommiers dans les bonnes terres propres au labour ? » (2)
Leterrier (Pierre-François-Honoré), né à Saint-Lo, le
10 mai 1799, fit sa philosophie sous M. Daniel, qui devint plus
tard évoque de Coutances, et se livra ensuite à l'enseignement,
dans le collège de sa ville natale.
Entré dans le sacerdoce, en 1822, il continua de professer et
il s'occupa d'études métaphysiques et psychologiques, surtout
en ce qui se rapportait aux mystères de l'âme humaine, et sut
tirer de ces religieuses méditations les vérités, qu'il prêcha avec
un talent remarquable dans les principales églises de la contrée.
En 1824, forcé de suspendre ses leçons de philosophie, il
alla prêcher le carême dans la principale église de Valogncs, et
montra combien de force les doctrines religieuses peuvent tirer
(4) Mémoires du P. Nicéron, Barnabite, t. 26, etc.
De Gerville. Etudes Géograp. et Jlistor. sur le Départ, de la
Manche, p. 260.
(2) Pluquet, bibliographie, etc., p. 215.
— 58 -
des méditations philosophiques. L'année suivante, il rentra
dans l'enseignement, et desservit en même temps une petite
paroisse près de Saint -Lo. Malheureusement, sa faible consti-
tution ne put supporter les travaux apostoliques du Jubilé.
Depuis cette époque, il ne fit que languir et ne tarda guère à
rendre le dernier soupir.
11 mourut à la fleur de l'âge, le 15 mai 1828.
En lui, la religion, les sciences philosophiques et l'Université
perdaient un de leurs vaillants défenseurs.
IL a publié, sur les matières qui avaient fait le fond de ses
études de prédilection, un ouvrage intitulé : L'Autorité et
V Évidence. Saint-Lp, Elie, 1823, in-8°, sans nom d'auteur.(l)
Diguet du Manoir (Marguerite), fille de Gabriel Diguet,
notaire à Saint-Lo et secrétaire de PHôtel-de- Ville, était sœur
de Elisabeth Diguet du Manoir, qui fit profession chez les
nouvelles catholiques de Saint-Lo, le 14 janvier 1707, Elle
môme pensait à quitter le monde, et ce fut peut-être au pied de
l'autel où sa sœur aînée prononçait ses vœux, que sa vocation
se décida d'une manière irrévocable. Dès cette année, elle
s'associa avec mademoiselle Elisabeth de Surville, pour le soin
des pauvres malades. Elle avait alors dix-huit ans. Ses parents
ne lui permirent pas d'abord d'entrer dans la société des filles
réunies pour les petites écoles de la maison de la Grande-Rue ;
mais Dieu changea leurs dispositions, car le 9 mai 1713, le
père de Marguerite, Gabriel Diguet, vint à la Communauté,
avec MM. de Gouey et Le François ; il déclara en leur pré-
sence avoir pour agréable le traité du mois de septembre 1712 ;
et afin de seconder les pieux desseins de sa fille, et de lui
fournir les moyens de subsister, « il promit de lui payer
comme à sa sœur aînée Elisabeth, cent livres de rente viagère,
en attendant la part de succession qu'elle recueillerait un jour
et dont elle pourrait alors disposer à son gré ». Il y ajouta u.îe
(i) Annuaire de la Manche ', 1820, p. 305.
— 59 —
rente de douze livres pour l'association. Dès lors, la sœur
Marguerite Diguet du Manoir fut reconnue par ses compagnes
comme Tune des fondatrices. Le 8 septembre 1715, elle eut la
joie de voir sa sœur cadette Madeleine Diguet, venir partager
sa retraite et faire sa profession.
Madame de la Monderie, seconde supérieure du Bon-Sau-
veur, avait résigné ses fonctions. Mgr de Brienne fit acte de
haute sagesse en donnant cette charge à la sœur Marguerite
du Manoir. Elle se distinguait par une grande piété, un
jugement sûr, une volonté énergique, et il ne fallait pas moins
que toutes ces qualités réunies pour soutenir l'œuvre, au milieu
des ruines qui s'amoncelèrent tout à coup autour d'elle ; en
moins de deux ans, les protecteurs de l'Institut naissant, Mgr
de Brienne, le P. Hérambourg et M. de Gouey, descendirent
dans la tombe.
Elle obtint, le 12 septembre 1726, des lettres patentes confir-
mativesde l'établissement du Bon-Sauveur.
Elle assista, le 1 CP juillet 1733, à l'installation de la sœur
Anne Leroy, première supérieure de la Communauté du Bon
Sauveur de Caen. La mère du Manoir ne pouvait se lasser
d'admirer l'action de la Providence dans le développement de
sa Congrégation. Aussi exhortait-elle sans cesse ses filles à la
reconnaissance. La mère du Manoir, mourut le jour de la
Purification de la Sainte Vierge, le 2 février 1762.(1)
Saint-Martin (Michel de), naquit à Saint-Lo, le 1 er mars
1614. Il était écuyer et seigneur de la Mare du Désert. Son
père, riche marchand, qui avait épousé une demoiselle de Caen,
appartenant à la famille de de Thou, avait acheté un titre de
noblesse du Canada, et était devenu marquis de Miskou. Héri-
tier de ce titre quelque peu ridicule, ^ont il était cependant très
fier, l'abbé de Saint-Martin rapporta d'un voyage en Italie le
titre de docteur en théologie et la dignité de protonotaire apos-
(i) Ménard, Une Servante des Pauvres. La mère de Surville,
Tours, in-8°, 1887, passim.
— 60 —
tolique. Etabli à Caen, il imita les usages de la Cour de Rome,
dans ses habits, son genre de vie, et ses dévotions. Devenu
recteur vers 1652, il se mit en tête de faire porter des robes
grises et des toques à tous les étudiants, à la manière des
collèges de Rome. Il ne tarda pas à devenir un objet de raillerie
pour les habitants de Caen. S'il était recommandable par sa
piété et son zèle pour le progrès des sciences, il était d'une
crédulité, qu'on a justement comparée à celle de Poinsinet le
jeune. Il ne s'est pas moins rendu célèbre par les mystifica-
tions qu'on lui a fait éprouver que par ses nombreux ouvrages.
Au dire du Journal des Savants (t. 45, année 1709, p. 54),
l'abbé de Saint-Martin couchait la nuit dans un four qu'il
avait fait construire exprès et tapisser de peaux de
lapin.
On aurait peine à se figurer aujourd'hui que les faits rap-
portés dans la Mandarinade de l'abbé Porée soient réels.
La ville de Caen tout entière s'associait à la jeunesse des
écoles, et guidée par un grave magistrat, M. Gonfrey, parent
de l'abbé de Saint-Martin, avec l'appui du poète Segrais, l'un
de ses échevins, et du marquis de Coigny, son bailly et gou-
verneur, elle abusa de la crédulité du pauvre Recteur, affublé du
nom « d'abbé de la Calotte », au point de lui offrir et de lui
faire accepter, dans une cérémonie que lui seul prit au sérieux,
le bonnet de Mandarin de Siam Cette cérémonie eut lieu en
l'année 1685, au milieu des scènes les plus bouffonnes. L'abbé
de Saint-Martin avait pris la chose au sérieux, et mourut bien
persuadé qu'il était mandarin de Siam. Il mourut à Caen, le
14 novembre 1687. Il fut enterré dans une chapelle magni-
fique construite à ses frais, dans le couvent des Cordeliers de
Caen. Il avait fait édifier l'école de théologie, fondé une
chaire de théologie, dans le collège des Jésuites, et relevé la
belle croix abattue par les Huguenots.
L'abbé de Saint-Martin a écrit un grand nombre d'ouvrages,
qu'il imprimait à ses frais et distribuait à ses amis.. On lui
doit :
— 6î —
1° Les principes du gouvernement de Rome, Caen, Cavelier,
1652 in-12; en 1659, Caen, G Leblanc, petit in 8<\
2° Voyage fait au Mont-Saint-Michel par la confrairie de
l'église de Saint-Pierre de Caen, Caen, C. Leblanc, 1654,
in-4° de 12 ff.
3° Le bon et libéral officier, ou la vie et la mort de Jean du
Bois, conseiller à la Cour des Monnaies de Saint-Lo, Caen,
1655-1658, in-12.
4° Récit de l'entrée solennelle dans Baveux de Mgr de
Nesmont, etc., Caen, 1662, in-4°.
5° Respect dû aux églises et aux prêtres, Caen, 1664.
6° Relation d'un voyage fait en Flandres... Cambrésis, etc.,
en l'année 1661, Caen, 1667, in-12.
7° Traité des images en bosse, qui sont dans les places de
Caen, etc. Caen, Jean Briard, 1678, in-12, de 140 pp.
8 e Description de la ville de Saint-Lo... et du cardinal du
Perron, Caen, 1680, in 12.
9° Le Livret des voyageurs à Caen, ouvrage des plus
curieux.
10° Portrait et éloge de Charles de Lorme, père de la fameuse
Marion de Lorme, fille naturelle et légitimée.
11° Moyen facile et éprouvé dont M. de Lorme s'est servi
pour vivre près de cent ans, 1682, Caen ; ou Maria Yvon,
1683, pet. in-12.
A consulter :
La Mandarinade ou Histoire du Mandarinat de M. de
Saint-Martin. La Haye, Paupie, 1738, 3 vol. in-12. Cet
ouvrage, public sous le pseudonyme deCensorinus Philalethès
est plaisant et singulier. C'est un recueil de pièces en prose et
en vers, où l'auteur, Charles-Gabriel Porée, raconte les anec-
dotes de l'ancien recteur.
Danielis Huetii, Episcopi Abrincensîs carmina, 1709 s
in-16 de 130 pp. L'auteur, dans une des douze épigrammes de
son livre, fait un portrait énigmatique de l'abbé de Saint-
Martin.
— 62 -
Alleaume, éloge des deux frères Porée (Mémoires fie l'Aca-
démie de Gaen, 1855).
Ed. Frère, le bibliographe normand.
Jules Thieury. Bibliographie Italico-Normande, Paris 1864,
in-8°, p. 62.
In opéra nobilissimi viri domini Michaelis à Sancio
Martino y sacrœ Theologiae doctoris in Academia romana,
protonotarii apostolici, nec non regise Cadomensis acadé-
mies rectori* amplissimi elogia. Cadomi, Adam Cavelier,
1653, in-4°.
Martin-Martinière. — Il fut élève de M. Gilbert aux
Petits-Séminaires de Coulances et de Muneville. Sa vocation
devait être celle de son vénérable supérieur; il fut comme lui
éducateur de la jeunesse chrétienne. Il n'était âgé que de
21 ans, lorsqu'il entra comme professeur à l' Abbaye-Blanche.
C'était en 1841. Il y venait en compagnie de MM. Charles
Dubois et Edouard Gohin, qui comme lui avaient puisé à
Muneville le secret des fortes études, en même temps qu'ils y
apprenaient à diriger vers le bien ceux qui honorent aujour-
d'hui le sacerdoce. On venait de donner pour supérieur à la
maison M. l'abbé Ménard, qui par ses connaissances théolo-
giques et la dignité de son caractère, eut toujours dans le
diocèse une autorité incontestée. Au milieu de ces hommes si
remarquables, unis entre eux par les liens de la plus cordiale
amitié, M. Martinière se fraya une route à part et toute per-
sonnelle. Sa jeunesse, que semblaient augmenter encore une
physionomie douce et sympathique et une simplicité char-
mante, mais qui était soutenue et réglée par une rare piété et une
gravité de mœurs peu commune, lui donnait sur les élèves une
autorité d'un genre tout spécial. Elle ne s'imposait pas, elle
charmait et subjuguait. Tout plaisait dans ce jeune professeur :
sa franchise, l'aménité de son caractère, son imagination riche
de fraîcheur, et son esprit vif, plein de saillies et de réparties
spirituelles, modéré toutefois par la bonté et la bienveillance.
— 63 —
Cependant sa fermeté, sa vigilance, son bon sens faisaient
fleurir autour de lui les semences des bonnes mœurs, de la
piété, de la politesse et du bon goût.
M. Martinière avait toutes les qualités d'un excellent pro-
fesseur Il possédait à un degré éminent le goût et l'amour du
métier; on sentait qu'il était né pour vivre au milieu des jeunes
gens et pour devenir leur maître. Il aimait tout de la vie de
professeur : et la retraite, et la régularité, et les travaux sans
cesse renaissants. Il aimait encore plus ce milieu enjoué,
jeune, espiègle, où il fallait vivre. Son âme s'y épanouissait
avec bonheur. Il consacra à cette jeunesse les meilleures,
les plus belles années de son sacerdoce.
Quand la Providence l'appela ailleurs, l'air sembla manquer
à ses poumons ; il ne respirait plus, il étouffait dans le nouveau
milieu, qui était devenu le sien.
M. Martinière avait des talents universels et une facilité
prodigieuse. Cette universalité d'aptitudes lui fut publiquement
reconnue par la nature variée des emplois qui lui furent
confiés. Egalement versé dans les sciences et dans les lettres,
il professa tour à tour, et non sans égal succès, les mathéma-
tiques, les sciences naturelles, les humanités et la rhétorique.
Dans les dernières années de sa vie de professeur, il fit de la
littérature l'unique objet de ses études. Il connaissait à fond
les grandes œuvres classiques et aimait à les relire.
Un remarquable talent de parole venait ajouter à la puis-
sance de toutes ces aptitudes et de toutes ces connaissances.
Il avait le don de l'éloquence, non de cette éloquence toute de
procédés qui s'acquiert par les préceptes et le travail, mais de
cette éloquence qui part du cœur. Mieux encore, cette élo-
quence venait de sources plus hautes que le talent, elle venait
d'une foi vive etd'une ardente charité.
Il remplit pendant douze ans les fonctions de professeur de
sciences et de lettres. Au début de l'épiscopat de Mgr Daniel, il
devint directeur du Petit-Séminaire. Le Prélat qui savait si bien
apprécier les hommes, avait compris l'abbé Martinière. Il lai
— 64 —
accorda, dès l'abord, une confiance qui ne fit que grandir avec le
temps. Le nouveau directeur répondit à cette confiancepar l'iné-
puisable dévouement qu'il mit à s'acquitter de ses fonctions.
Tandis que le supérieur, M. Ameline, se sacrifiait à relever
les murs croulants de la vieille abbaye, M. Martinière portait
le poids de la direction intérieure, veillant à la fois au main-
tien de la piété, de la discipline et des fortes études. Les
élèves confiés à ses soins étaient nombreux, divisés d'esprit
et de sentiments. L'abbé Martinière sut défendre l'atmos-
phère morale de sa maison contre des courants d'un esprit trop
mondain, voire même trop peu religieux, qui auraient pu
compromettre les vocation? ecclésiastiques. C'est qu'il comp-
tait moins sur ses efforts que sur les secours d'en haut. Il
regardait la prière comme le moyen le plus efficace dans
l'importante affaire de l'éducation, instinctivement on recon -
naissait que cette âme si bienveillante ne cessait jamais de
se tenir élevée vers Dieu, même au milieu de ses occupations,
qui semblaient ne lui laisser ni trêve ni repos.
L'abbé Martinière devint successivement curé de Don ville,
curé-doyen de la Haye-du-Puits, curé-archiprêtre de Saint-
Gervais d'Avranches et de N. D. de Saint-Lo, où il mourut en
septembre 1876. Saint-Lo n'avait fait que l'entrevoir.
M. Lucas Girard ville, vicaire général, prononça son éloge
funèbre.
Monderie (Madame du Hamel de la) avait épousé M. du
Hamel de la Monderie, conseiller du roi, échevin et lieutenant
en la juridiction de Saint-Lo. M. et Mme Du Hamel n'avaient
pas d'enfants, et ils s'étaient fait une famille des malheureux,
mettant leur bonheur à les soulager ; aussi M. de Gouey, le
charitable curé de Notre-Dame, dont le presbyière était voisin
de leur demeure, avait-il souvent recours à eux dans les
moments difficiles, sans craindre d'être jamais refusé. M. du
Hamel avait une fortune considérable et beaucoup d'influence
par la position qu'il occupait à Saint-Lo.
— 65 —
La mort de cet homme de bien, arrivée le 21 mai 1709,
fut le digne couronnement de sa vie.
Madame de la Monderie, voyant les embarras qu'on susci-
tait au curé de Notre-Dame, dans rétablissement d'une maison
de refuge pour les femmes et filles débauchées, qu'il voulait
retirer du vice, lui proposa son concours. Elle voulait com-
mencer, dans une maison de la Grande-Rue, l'œuvre que le
bon curé avait à cœur d'y établir.
La pieuse veuve régla promptsment les affaires de la suc-
cession de son mari, et se retira au commencement de novem-
bre 1709, dans la maison de la Grande-Rue. C'était une
femme d'une haute vertu, et douée de cet esprit d'initiative
nécessaire à quiconque est appelé à fonder une œuvre. Made-
moiselle Enguerrand, sa nièce., qu'elle avait adoptée, se sen-
tant appelée h. la vie parfaite, suivit avec joie sa tante dans la
retraite. Bientôt après, elle fut rejointe dans la maison de la
Grande-Rue par Mademoiselle de Surville, qui continua de
donner ses soins à l'œuvre des pauvres malades.
Le 13 août 1710, Madame de la Monderie, adressa une sup-
plique aux maire et échevins de Saint-Lo, elle leur rappelait
les efforts persévérants de M. de Gouey pour fonder un mo-
nastère de Notre-Dame de la Charité et le concours précieux
qu'ils lui avaient toujours prêté ; puis elle insistait sur l'im-
portance de l'œuvre qu'elle se proposait d'établir. « Elle ve-
nait avec l'agrément de sa Majesté prier Messieurs les admi-
nistrateurs de lui envoyer autant de pauvres filles qu'il leur
plairait, ne demandant pour chacune que deux sous par jour et
les petits meubles et linges à leur usage ». Elle leur proposait
en outre de recevoir, « dans quelque lieu commode et séparé de
la communauté, les femmes et filles débauchées qui se présen-
teront de leur bonne volonté, avec l'intention de travailler sé-
rieusement à leur conversion ». Madame de la Monderie
abandonnait tous ses biens ou meubles, d'une valeur de six
mille livres ; mais elle se réservait le droit de vivre en com-
munauté, et déclarait qu'elle avait déjà formé une petite société
5
— 66 ■ —
de demoiselles. Le maire et les échevins de Saint-Lo deman-
dèrent au roi des lettres patentes pour cet établissement,
qu'ils qualifiaient du nom d'annexé de l'hôpital général. Ces
lettres furent accordées le 17 mars 1710. Les ressources ma-
térielles faisaient complètement défaut : cinq cents livres,
c'était peu pour faire vivre une communauté. Madame de la
Monderie n'avait pas vendu ses rentes. La pieuse veuve déjà
avancée en âge, craignait de ne pouvoir s'acquitter fidèlement,
de tous les devoirs de la vie religieuse. Elle resta dans la
maison, afin de suivre la règle dans la mesure de ses forces,
et elle assura aux sœurs associées une renie de trois cents
livres. Elle fui traitée avec honneur par la supérieure, la
mère de Surville, nommée par Monseigneur de' Brienne.
Après la mort de celle-ci, arrivée en 1718, Madame de la
Monderiefut nommée supérieure de la communauté. Mais
elle résigna bientôt la supériorité, qui fut donnée par Mon-
seigneur de Brienne à la sœur Marguerite du Manoir. Madame
delà Monderie mourut pieusement, le 20 mars 1721. (1)
Néel (Jacques). — Né à Saint-Lo, le 12 juillet 1624, fit
sa philosophie au collège des Grassins à Paris. Il entra dans le
tiers-ordre, en 1648, après le sous-diaconat, et mena, depuis son
sacerdoce, une vie très retirée et fort mortifiée. Il mourut au
mois de février 1662, et fut inhumé dans le chœur de Noire-
Dame de Saint-Lo. (2)
Perhon (Jacques-Davy du) appartenait par son origine à
la noblesse. Ses ancêtres étaient seigneurs de Cretteville et de
Languerville du côté paternel, et seigneurs du Tôt et de
Hérouville du côté maternel. Il naquit le 25 novembre 1656,
dans la ville de Saint-Lo, d'après une histoire manuscrite de
cette ville, qu'on voit à la bibliothèque nationale, et qui fut
(1) Cf. Ménard. Une servante des pauvres, la Mère de Surville.
Tours, in-8° 1887, p. 255.
(2) Moréri des Normands* t. 2, p. 139.
P. J. Marie de Vernon, Histoire du Tiers-Ordre^ t. 2, p. 606.
- 67 —
composée par Toutain de Billy, savant antiquaire, curé de
Mesnil-Opac (1). D'autres le font naître en Suisse, témoin la
Préface des Diverses Œuvres du Cardinal, éditées par les
soins et sous la direction de son neveu Jacques Le Noël du
Perron, abbé de Saint-Taurin d'Evreux. Julien Davy du
Perron et Ursine Le Cointe, ses père et mère, se retirèrent
vers 1560, à Orbe, en Suisse, pour échapper aux poursuites
dirigées contre eux. Ils avaient embrassé la religion prétendue
réformée ; et même Julien Davy du Perron avait abandonné
la profession de médecin et s'était fait ministre et prédicant
zélé du nouveau culte. C'était un homme de savoir. Il se
chargea d'instruire son fils, lorsqu'il fut en âge d'apprendre
les premières leçons de langue latine et les mathématiques.
Mais bientôt les dispositions extraordinaires du jeune du
Perron pour les sciences lui permirent de se passer de maître.
Seul il apprit le grec et l'hébreu. Il avait une mémoire si
prodigieuse, qu'au bout d'une heure d'exercice, il pouvait ré-
citer sans aucune faute, une centaine de vers de Virgile. La
famille du Perron ne resta en Suisse que trois années, après
lesquelles elle revint se fixer à Vire. C'est là que naquit, en
1566, Jean Davy du Perron qui devait suivre son frère dans
la carrière des honneurs ecclésiastiques, et lui demeurer uni
par les liens de la plus tendre amitié. La famille du Perron
dut quitter la ville de Vire pour se réfugier à Jersey durant
les années 1571, 1572 et 1573. Ce contre-temps n'empêcha
pas Jacques du Perron de poursuivre ses études avec la
plus grande ardeur et de faire dans les sciences les plus rapides
progrès.
Aussi l'attention publique, celle en particulier des person-
nages de distinction de l'époque, se fixa-t-elle bientôt sur cet
érudit de vingt ans. Le comte de Matignon, gouverneur de la
basse Normandie, le prit en affection et le présenta au roi,
(1) Voir dans les Mémoires de la Société, l'article de M. Le-
pingard à ce sujet XVI e vol. (Noie de la Rédaction).
— 68 -
Henri III, auquel il le recommanda. Il lui ménagea des rela-
tions avec les abbés Desportes et Touchard, le premier célèbre
par ses poésies, et le second ancien précepteur du Cardinal de
Vendôme. Le commerce intime qu'il eut avec ces deux
savants le détermina à faire un examen approfondi des Pères,
principalement de Saint-Thomas et de Saint- Augustin. La
science théologique le dégoûta des mauvaises raisons et des
fausses citations employées par les réformateurs. Il abjura,
dans le courant de Tannée 1578 le Calvinisme dans les prin-
cipes duquel il avait été élevé, et se disposa à embrasser l'état
ecclésiastique. Trois mois plus tard, il obtenait le titre de
lecteur du roi Henri III, avec une pension annuelle de douze
cents écus. Nous le voyons, en 1585, lorsqu'il n'était pas
encore engagé dans les ordres sacrés, prêcher devant le Roi,
au couvent de Vincennes, un discours sur l'amour de Dieu,
dont ce prince accepta la dédicace. Le 24 février de l'année
suivante, il fut choisi pour prononcer l'oraison funèbre du
fameux Ronsard. Un brillant auditoire fit l'accueil le plus
enthousiaste au non moins brillant orateur. Ce fut vers cette
époque qu'il travailla avec son frère, Jean Davy, à la conver-
sion de leur mère, devenue veuve. « Madame du Perron votre
mère vous fit naître dans les ténèbres de l'erreur, mais votre
éminentissime frère et vous, après avoir reçu d'elle un être
selon la chair, vous lui avez procuré la régénération selon
l'esprit ». Ainsi s'exprima Lepelletier, dans son histoire
abrégée du livre et de la mort du Cardinal du Perron, dédiée
à l'archevêque de Sens, son frère. Jacques Davy du Perron
écrivit en effet à Madame sa mère une longue lettre, toute
de foi et de piété, qui la détermina à revenir à la religion
de ses ancêtres. Elle vécut jusqu'en 1G04, donnant à tous
pendant les dix-huit ans qui suivirent sa conversion, l'exemple
des plus hautes vertus. Elle fut enterrée dans l'église de
Périers. Du Perron eut encore la joie de gagner à la foi
catholique ua de ses oncles et plusieurs autres personnes
appartenant à sa famille ou autres.
Mais parmi les nombreux protestants qu'il ramena au giron
de l'église, il faut placer au premier rang le plus illustre, le
roi Henri IV, qui avait succédé à Henri III. assassiné à Saint-
Cloud, le 1 er août 1589 par Jacques Clément. Des conversations
intimes avec le Prince, au sujet de la véritable religion, finirent
par l'ébranler.
« J'ai suivi, disait-il plus tard, la fortune du roi Henri
le Grand ; au fort de ses affaires, il me faisait l'honneur de
conférer en secret avec moi des points de notre foi pour se
préparer à sa conversion, je le ramenai par la grâce de Dieu,
ou plutôt la grâce de Dieu par moi, à la religion catholique ».
Ainsi parlait le Cardinal, en 1617, dans sa fameuse harangue
à l'Assemblée des Notables, tenue à Rouen, et présidée par
Gaston d'Orléans.
Les conférences de Mantes qui durèrent sept jours, et dans
lesquelles du Perron triompha de Rotan et des principaux
ministres protestants qui lui furent opposés, décidèrent
Henri IV. Il fit son abjuration à Saint-Denys, à la suite de
ces conférences, le 25 juillet 1593, et le 22 mars de l'année
suivante, Paris lui ouvrait ses portes, aux cris de : Vive la
paix ! Vive le Roi !
Henri IV nomma du Perron, tout nouvellement ordonné,
à Tévèché d'Evreux, le fit son premier aumônier et Conseiller
d'État, et l'envoya à Rome, à l'effet d'obtenir du Pape
Clément VIII, sa réconciliation avec le Saint-Siège. Du Perron
réussit dans cette négociation auprès du souverain Pontife,
qui lui remit à lui-même ses bulles pour l'évêché d'Evreux. Il
fut sacré à Rome, dans l'église Saint-Louis des Français, par
le cardinal de Joyeuse, le 27 décembre 1595.
Le nouvel évêque d'Evreux, de retour en Franoe, prit pos-
session de son siège, et prêcha dans sa cathédrale, le jour de
Pâques 1596 La même année, il montait dans la chaire de
Notre-Dame de Paris, en présence du Roi, le jour de la
Pentecôte. Mais, c'est à Saint-Merry, que durant son séjour
dans la capitale, du Perron donnait de préférence ses sermons.
— 70 —
C'est là que son éloquence sera toujours goûtée et toujours
applaudie.
Un jour l'avocat général, Simon Marion venant d'entendre
une de ces conférences, dit, ravi d'admiration : « ce n'est pas
un homme quia prêché, c'est un ange ». Du Perron résidait
le plus souvent dans sa ville épiscopale, ou à Condé-sur-Iton,
maison de campagne des évèques d'Evreux. Il s'y appliquait
aux soins administratifs de son diocèse, ou à la composition de
ses ouvrages de polémique. Il fut bientôt appelé à la cour, pour
combattre Du Plessy-Mornay, qui venait d'écrire contre la
sainte messe et le sacrement d'Eucharistie un livre rempli de
citations inexactes. Henri IV ordonna une conférence publique,
à Fontainebleau, entre Du Plessy-Mornay et du Perron, pour
le 9 mai 1600. 11 voulut y assister en personne, avec les grands
de l'Etat. On sait l'issue de cette polémique religieuse, Mornay
était vaincu. Sully lui-même en convenait. Le roi ayant dit à
ce sage ministre qui était de la religion : « Eh bien que vous
semble de votre Pape? » « Sire, répondit Sully, il me semble
qu'il est plus Pape que vous ne pensez, puisque dans ce mo-
ment il donne le bonnet rouge à Monsieur d'Evreux ».
Ces paroles renfermaient une prédiction, car Clément VIII,
ayant appris la victoire de du Perron, lui écrivit le 29 mai 1&)4,
un bref de félicitations, le nomma Cardinal du titre de Sainte
Agnès, et le V juin suivant, il lui envoya le chapeau par l'un
de ses camériers, Alexandre Strozzi, lui faisant dire que la di-
gnité à laquelle il relevait était due depuis longtemps à sa
piété et à sa vertu.
Quelques mois après, le nouveau Cardinal fut envoyé à
Rome, comme chargé des affaires de France, et dans le but
d'aviser aux moyens d'amener Jacques I, roi d'Angleterre, à la
religion catholique. Il était à peine entré dans Rome que la
mort de Clément VIII fit assembler le conclave. L'initiative
empressée de du Perron, et l'autorité de sa parole firent nom-
mer Alexandre Octavien de Médicis,qui prit le nom de Léon XI.
Il mourut au bout de vingt-cinq jours de pontificat, emportant
— 71 —
les regrets de la Cour de France. Dans un nouveau conclave,
l'influence de du Perron ne servit pas moins â faire porter les
suffrages des cardinaux sur Camille Borghèse, connu sous le
nom de Paul V, pontife non moins agréable à la France que
son prédécesseur. Le Cardinal du Perron profita de son séjour
à Rome pour contribuer an rétablissement de la paix entre le
Saint-Siège et les vénitiens. Henri IV lui donna de nouvelles
marques de la satisfaction qu'il avait de ses services, en le
nommant, en 1606, à l'archevêché de Sens, et à la place de
Grand Aumônier, devenue vacante par la mort de Renaud de
Beaune, puis il le décora de la dignité de commandeur de Tordre
du Saint-Esprit. '
Le nouvel archevêque de Sens se rendit, en 1607, dans son
diocèse. En qualité de Grand Aumônier, il avait à désigner les
orateurs qui devaient prêcher à la Cour. A la fin de mars 1608,
il écrivit à Richelieu, nommé évêque de Luçon l'année pré-
cédente k l'âge de 22 ans, pour lui offrir de prêcher le jeudi
saint devant le Roi. Richelieu se rendit à l'invitation, qui dut
être remise au jour de Pâques, et il prêcha deux fois f le matin
et le soir.
Du Perron assista, le 10 mai 1610, à Saint-Denis, au cou-
ronnement de la Reine Marie de Médicis. Cette cérémonie
précéda de quatre jours la mort de Henri IV. Le Cardinal
assista au lit de justice qui suivit la mort du Roi et qui accor-
dait la régence à la Reine, mère de Louis Xi IL II fut nommé
avec les cardinaux de Joyeuse et de Gondy du conseil de la Ré-
gence. En vertu de sa charge de Grand Aumônier, il demanda
que les plans adoptés par Henri IV pour la reconstruction du
collège de France fussent mis à exécution. On mit la main à
l'œuvre, et le 22 août 1610, le jeune roi Louis XIII posa la
première pierre des nouveaux bâtiments. Cependant la santé
du cardinal était ébranlée. Jean Davy, son frère, évêque
d'Evreux et seigneur de la Guette, acheta pour lui la maison
seigneuriale de Bagnolet, le 26 juillet 1611, dans l'espérance
qu'étant plus rapprochée de Paris que la Guette, le Cardinal s'y
— 72 —
rendrait plus facilement et s'y reposerait plus efficacement. C'est
de oette terre que l'on voit le Cardinal de Perron correspondre,
au mois d'avril 1612, avec Casaubon et Jacques I, roi d'An-
gleterre. Il profita du repos que lui offrait sa maison de Ba-
gnolet pour mettre par écrit ses controverses, ses discours., ses
notes d'ambassades et ses négociations. C'est à Bagnolet qu'il
composa le traité qui a pour titre : Réplique à la réponse du
Sérénissime Roi de la Grande Bretagne, qu'il ne put donner
lui-même au public, la mort l'ayant surpris avant l'impression
de l'ouvrage. En même temps qu'il composait ses ouvrages,
il s'en faisait aussi l'éditeur. Il avait établi dans son manoir
de Bagnolet deux presses, à l'aide desquelles il pouvait se
procurer plusieurs épreuves de ses livres. La première de ces
épreuves était envoyée à des amis, dont il ne dédaignait jamais
les observations. Ce n'est que dans une seconde épreuve qu'il
publiait son travail d'une manière définitive.
Le 13 mars 1612, le cardinal du Perron présida dans son
hôtel de Paris, une assemblée des évèquës de sa province. On
sait que cette assemblée censura et condamna le livre d'Edmond
Richer, syndic de la faculté de Théologie De ecclésiatica et
politica potes tate. Du Perron assista, en compagnie des
cardinaux de Sourdis, de la Rochefoucault et de Bonzi. au lit
de justice, tenu le 27 octobre 1614, où Louis XIII déclara sa
majorité. Il fut nommé par ce prince, la même année, président
des Etats Généraux, qui se tinrent à Rouen. Il fut aussi présent
à une autre assemblée, celle des notables, qui se fit dans la
même ville, en 1617, et que présida Monsieur, frère unique du
Roi. Enfin, il se chargea de communiquer à l'Université la dé-
cision rendue le 15 février 1618, au Conseil d'Etat, en faveur
des Jésuites autorisés à reprendre leur enseignement dans leur
collège de Clermonc et les autres maisons de la capitale. A cet
eSet, il dut mander le Recteur et les autres chefs de l'Univer-
sité à Bagnolet, où il était retenu par la maladie. Il leur mani-
festa la volonté du roi et, les engagea à la respecter. La maladie
de la pierre dont était atteint le cardinal empirant toujours, il
— 73 -
se fit transporter à Paris, dans l'hôtel de Sens, le 20 août 161Ô.
Et 14 jours après, le mercredi 5 septembre, il rendit le dernier
soupir, au milieu des plus atroces douleurs. Sa mort fut très
édifiante. Dans son testament qu'il dicta lui-même, il fit
preuve d'une grande piété. Il légua sa bibliothèque aux reli-
gieux du Tiers-Ordre de Saint-François, établis à Picpus. Son
cœur fut laissé à la maison professe des Jésuites de la rue
Saint-Antoine, dont il avait été le protecteur. Son corps fut
transporté à Sens, pour y être déposé dans la cathédrale, où un
mausolée lui fut élevé dans la suite par les soins de son neveu
Jacques Le Noël du Perron, abbé dé Saint-Taurin d'Evreux.
Certains auteurs n'ont pas craint de déshonorer la mémoire
du cardinal, en mettant sur son compte des propos et des actes
inconvenants ou ridicules, qui ne méritent aucune créance.
L'année fe sa mort, quatre oraisons funèbres furent compo-
sées à sa louange et livrées à l'impression par les sieurs de
Neuville, Saugrain, Pelletier, et J. Condential, Forésien.
Ses ouvrages ont été publiés en 5 volumes in-foJ., précédés
de l'histoire de sa vie. Paris, A. Estienne, 1622.
Ilportait pourarmes : d'azur au chevron d 'argent, accompa-
gné de irois harpes d'or, posées deux en chef et une en pointe.
Le cardinal Bentivoglio disait de son collègue du Perron :
« era VAgostino délia Francia, era uno de maggiorl or-
namenti del nostro secolo, sapeva tutte cose ». a II était
PAugustin de la France, l'un des plus grands ornements de
notre siècle, il était universel ». (1)
(i ) P. Anselme, Grands o/ficiers de la Couronne, t. VIII p. 287, et
t. IX, p 129, Diverses œuvres de l'illustre Cardinal du Perron,
Paris, 1603, in-fol., p. 335, etc.
Lettres. Instructions diplomatiques et papiers d'Etat du cardi-
nal de Richelieu, publiés par Avenel, Paris 1853, imprim. imper,
t. ï. p. iU.
Burigny, Vie du Cardinal du Perron.
Pelletier, Histoire abrégée.
Fisquet, La France pontificale, Diocèses d'Evreux et de Sens.
Bibl. Nationale. Pièca Y. n 20 iO. Balneolum.... Carmen anc tore
nie Borbonio.
R. Stephanus, 1GH, in-4°; ibid. n° 2041, trad. par deBénévent.
Baratte, Les Normands illustres, Paris, grand in-8°.
— 74 —
Davy du Perron (Jean), né à Vire en 1565, était le deu-
xième fils de Julien Davy du Perron, médecin, et d'Ursine
Lecointe. 11 était frère du célèbre cardinal, qui le demanda
pour coadjutéur à Louis XIII. Préconisé par bulles données à
Sainte-Marie-Majeure, le 18 décembre 1617, il fut sacré sous
le litre d'Evêque d'Héraclée in partibm, coadjutéur avec
future succession, et prit possession le vendredi 13 juillet 1618.
Le lendemain de la mort de son frère Jacques, le 6 septembre
de cette année, il prêta serment de fidélité entre les mains du
roi.
Propagateur zélé de la foi catholique, il ramena à la religion
un grand nombre d'hérétiques. Il introduisit à Sens les frères
Pénitents du Tiers-Ordre de Saint-François, dont le couvent
fut établi le 13 avril 1620. Jean du Perron, appela la même
année les Barnabites à Montargis, pour y tenir le Collège, et
fonda à Etampes un couvent de cet ordre.
Richelieu, dans sa correspondance avec Jean Davy du
Perron, lui donna des témoignages d'une haute considération
et d'un attachement sincère. Dans une lettre du 7 juillet 1621,
c'est-à-dire Tannée qui précéda son élévation au cardinalat,
l'illustre ministre l'appelle son maître et son protecteur, et il lui
dit qu'il sera bien aise de l'avoir pour voisin à la campagne.
« Mandez-moi si vous êtes toujours en volonté d'acheter une
terre dans ces quartiers, car, si cela est, je m'enquerray parti-
culièrement d'une., laquelle on m'a dit qu'on veut vendre, qui
n'est qu'à quatre petites lieues de Richelieu ». Et dans une
autre lettre du 24 du même mois : « Si je vous écris quatre
fois contre une, vous ne le trouverez pas étrange veu que nous
n'avons pas beaucoup à faire et que vous êtes très occupé.
Tout est bien pour veu que vous ne soyez pas diverty de vous
souvenir de vosamis, particulièrement de moy qui ne cède à
personne en affection. Mais j'appréhende d'être rais au rang
des péchés oubliez. La Reine se tient bien asçurée qu'il n'est
pas de même d'elle : je luy en réponds, sans qu'il en soit
besoin, avec la confiance qu'elle a en vous. La différence qu'il
- 75 —
y a entre le ministre et le valet» fait que cette considération ne
m'asseure pas en mon particulier. Cependant nonobstant mes
appréhensions, je suis content, sachant bien que vous ne
pouvez estre envers vos amis autre que ce que vous avez
toujours esté : c'est-à-dire tel que leur affection et leur sincérité
en votre endroit le méritent. Après cela, je vous dirai que
M. le Connestable me fait l'honneur de me mander que
quelques-uns philosophent sur le voyiige de la Reine, et il me
le mande obligeamment pour S. M , veu qu'il dit qu'il en fait
un jugement contraire. A cela, je dis à vous, qui êtes comme
vous savez, mon confesseur, qu'il n'y a en ce voyage, autres
causes que celles que S. M. vous a dites elle-même *.
Il était seigneur de la Guette, hameau dépendant de la
commune de Villeneuve- Saint-Denis, acîuellement de l'arron-
dissement de Coulommiers (Seine-et-Marne). A la mort du
cardinal, la seigneurie de Bagnolct passa entre ses mains. Déjà
en signe d'amitié pour son illustre frère, il avait acheté le
23 mars 1618, pour l'agrandissement de ce domaine, la ferme
dite de Fremage, appartenant à Robert Hennequin, sieur de
Cury.
Après avoir rempli diverses missions politiques, il mourut à
l'âge de 56 ans, le dimanche 24 octobre 1621, pendant le siège
de Montauban, où il avait accompagné le roi Louis XI JL Ses
entrailles furent déposées dans l'église de Saint-Louis des
Jésuites, à Paris, et son corps fut inhumé à Sens, dans le
même tombeau que son frère.
Ce prélat passait pour très savant dans les langues anciennes.
Le P. Anselme va jusqu'à le dire estimé aussi profond en
doctrine que le cardinal.
On a de lui : Apologie pour les Jésuites, au sujet du livre
de Suarez, Paris, 1614, in-8°, 93 p. plus 10 p. de titre tt
d'épitre au roi.
Il édita en 1620, l'ouvrage de son frère intitulé : Réplique
à la réponse du Sérénissime roy de la Grande Bretagne,
1 vol. in-R Paris, A. Estienne, 1620 ; 2 f édit 1621 ; 3 e éd. 1629.
— 76 -
Bautru a dit, qu'il fut surnommé Lysique, et publia contre
lui Y Ambigu, pièce en vers, sans lieu ni date, en 8 pp. in-8°.
On lui 'lonna ce surnom, dit Tallemant des Réaux, parcs que
du vivant de son frère, il n'était ni d'église, ni de robe, ni
d'espée ». Il portait ,: d y azur> au chevron d'or et à trois
harpes de même. (1)
Ralline (Jacques), né le 22 octobre 1806, au Dézert, d'une
famille de cultivateurs, commença ses études, chez le
vicaire de sa paroisse, M. Hébert, qui a contribué à la forma-
tion d'un bon nombre d'ecclésiastiques.
Le jeune Rauline acheva ses études au collège de Cou-
tances. Il est cité avec éloge dans la notice historique de ce
collège faite par Mgr Daniel. Rauline eut les mêmes succès
au grand Séminaire de Coutances. Devenu prêtre, il fut
d'abord vicaire de Cerisy-la-Forêt et de Cherbourg. Bientôt la
confiance de ses supérieurs l'appela au poste difficile d'aumô-
nier de l'hôpital de la marine de Cherbourg. Il exerçait ces
fonctions, lorsque le prince de Joinville se rendit à Cherbourg,
rapportant de Sainte-Hélène les reste de Napoléon 1 er ; il ha-
rangua le prince au nom et à la tête des invalides de la marine.
Ce discours très remarquable attira l'attention des hommes
politiques de l'époque. M. Guizot l'a inséré tout entier dans
ses Mémoires. Il eut encore la consolation de ramener à des
sentiments meilleurs le jeune soldat Buchet, condamné à
mort et qui fut fusillé Le coupable dit en mourant : « J'ai
mérité la mort et je suis heureux de laver mes crimes dans
mon sang ». Après des revers de famille, l'aumônier quitta
l'hospice maritime de Cherbourg, pour venir se fixer à Saint-
Lo. Il s'y dévoua au ministère si utile des stations et des
retraites. Dans toutes ses prédications, il fut fidèle à ces paroles
inscrites en tê' es de ses manuscrits: «Je consacre tous mes
(i)Burigny, Vie du Cardinal du Perron (p. 273). Lettres, instruc-
tions diplomatiques et papiers d'Etat du cardinal Richelieu,
publiés par Avcnel, t. vu, p.îiOG, 1853, Paris.
— 77 -
travaux au triomphe de la vérité catholique, cause sacrée pour
laquelle je jure de combattre, soldat de l'Eglise, selon la me-
sure de mes forces, jusqu'au dernier soupir ». L'abbé Rauline
a prêché non seulement dans les paroisses les plus importantes
du diocèse, mais à Paris et dans les plus grandes villes de
France, comme Lyon, Bordeaux, Rennes, Caen, Le Havre.
Il aimait surtout à prêcher dans les Lycées et les Collèges.
Partout sa parole produisait d'excellents fruits. Il mourut à
Dieppe, le 30 mai 1868, au cours de prédications qu'il avait
entreprises, malgré les réclamations de ses amis. Pour s'ex-
cuser devant ceux qui s'inquiétaient, en mesurant ses forces
à l'entreprise, il disait que le prédicateur ressemble au soldat
qui doit toujours être prêt à mourir sur la brèche.
Il reste de lui :
Impressions et souvenirs de voyages, publiés en partie dans
le Journal de Coutances; L'éloge funèbre de l'abbé Hébert.
Un discours prononcé à Vire, en présence des Conférences
de Saint-Vincent de Paul. (1)
Surville (Elisabeth de) eut pour père Michel Surville de la
Paumerie et pour mère Catherine Baudet. Elisabeth fut leur
cinquième enfant sur huit; elle naquit à Semilly le 17 octobre
1682, et fut baptisée trois jours après, dans l'église de Saint-
Pierre-de-Semilly. Elle suivit l'école de Semilly, tenue par une
demoiselle de grande piété, que sa mère estimait beaucoup.
Son esprit s'ouvrit de bonne heure et sans peine à la connais-
sance des vérités de la religion. Les germes des vertus com-
mencèrent dès lors à se développer dans son âme, et la foi
prit en elle une place maîtresse, que ni le monde, ni les
passions, malgré leurs assauts, ne parviendront jamais à occu-
per complètement. Le livre qu'elle aimait entre tous était celui
de la Vie des Saints; elle le feuilletait sans cesse. A six ans
(1) Notice par M. Lucas-Girardville, Ann. de la Manche, année
186V), p. 88.
Pluquet, Bibliographie y etc. p* 208.
— 78 -
elle savait lire et écrire; à sept elle tenait sur les fonts du
baptême une enfant des amis de sa famille Bref, il était facile
de discerner en elle les plus heureuses inclinations.
Elisabeth avait passé ses premières aimées dans le calme et
l'innocence, sans ressentir la plus légère atteinte des passions ;
Theure allait sonner où elles lui livreraient un redoutable
assaut et mettraient sa vertu en péril. Elisabeth eut le malheur
de fréquenter des jeunes filles qui s'efforcèrent de la détourner
de la vertu, et n'y réussirent que trop aisément.
Non seulement elle se laissa aller aux: légèretés et aux
défauts des enfants, mais sa vanité devint excessive. Elisabeth
n'eut bientôt plus d'autres désirs que de paraître ni d'autre
application que de plaire. « Bien faite de corps, d'un port
grave et majestueux », d'une physionomie agréable, relevée
par un air de distinction qui donnait à toute sa personne une
grâce particulière, elle attirail tous les regards.
Dès l'âge de treize ans, elle fut recherchée en mariage par
plusieurs partis, qu'elle refusa sans hésiter un instant; elle ne
voulut pas même accepter la main d'un jeune homme « fort
riche et fort honnête qui eût fait sa fortune ». Dieu avait des
desseins sur elle; il la voulait pour son épouse, et il permit
qu'elle résistât avec une fermeté surprenante à toutes les pro-
positions de mariage qu'on put lui faire.
Ses parents la mirent au couvent des Nouvelles-Catholiques,
pour y achever son éducation. Ils espéraient que loin des
jeunes filles dont la fréquentation lui avait été si funeste, il
serait facile de la ramener à de meilleurs sentiments. Elisabeth
y entra, le 19 juin 1696.
Là, comme à Semilly, elle se fit aimer par sa douceur et sa
bonté. On remarqua en elle de grandes aptitudes pour l'étude;
mais ni les avis de ses maîtresses, ni les exemples de vertu
qu'elle avait sous les yeux ne purent lui faire perdre le goût
du monde et de ses frivolités. Du reste son séjour dans la
maison fut trop court, pour amener quelque changement dans
sa conduite. Son père venait de mourir subitement, dans la
— 79 —
force de l'âge. Cette perte cruelle et si imprévue causa une
profonde affliction à Elisabeth. Son frère aine, Jean de Sur-
ville, occupait en Bretagne une position assez brillante. Il était
conseiller du roi et receveur de ses fermes, à Port-Louis, où il
avait épousé Mademoiselle Marie Barbe, qui lui avait apporté
une riche dot, avec de grandes qualités de cœur et d'esprit, et
surtout une foi profonde, puisée au sein d'une famille émi-
nemment chrétienne.
Jean de Surville, revenu à Semilly à l'occasion de la mort
de son père, emmena sa sœur Elisabeth à Port-Louis. Peu
s'en fallut qu'elle allât rejoindre en Angleterre plusieurs
parents de sa mère. Séduite par l'espoir de jouir d'une liberté
complète, elle caressait cette pensée, el elle eût mis son
projet à exécution, si son frère ne l'eut engagée à venir habiter
chez lui. Elisabeth accepta d'aller à Port-Louis. Son frère,
Philippe, qui partit pour l'Angleterre à sa place, embrassa le
protestantisme quelques années après.
Le voyage se fit à la fin de 1696, et il fut pénible. Sa belle-
sœur, qui lui avait témoigné beaucoup d'affection d'abord,
n'eut bientôt plus pour elle que de l'indifférence, et enfin une
si profonde antipathie qu'elle semblait même avoir peine à la
supporter. Pour faire diversion aux ennuis de sa situation,
Elisabeth saisit les occasions qui s'offraient d'aller dans le
monde, où elle recevait l'accueil le plus empressé. Elle n'eut
pas d'autre lecture que celle des romans, ce qui fut pour elle un
véritable danger, car elle entra sans scrupule dans les passions
de ce quelle lisait. Mais les remords ne lui laissèrent pas un
moment de repos. Dieu, qui la voulait à lui, répandait de
l'amertume sur ses plaisirs, afin de l'en dégoûter. Elle était
arrivée à ce point où il *i'est presque plus possible de faire un
pas sans glisser dans l'abîme; elle atteignait sa dix-huitième
année, quand Dieu l'arracha par un miracle de sa grâce au
monde et à elle même, en la ramenant à lui. Un zélé mission-
naire lui avait dit, en partant pour les Indes, qu'il allait
demander sa conversion avec tant d'insistance qu'il l'obtien-
- 80-
drait bientôt. En effet, le navire n'avait pas encore disparu à
l'horizon qu'elle se sentit tout à coup terrassée par la grâce.
Elle alla trouver le curé de Port-Louis, fit une confession
générale, et entra dès lors résolument dans le chemin de la
vertu qu'elle ne devait plus abandonner. Elle songea à entrer
dans le cloître, mais sa famille s'opposa à son dessein; elle prit
donc le parti de rester momentanément dans le monde et d'y
vivre saintement ; les exemples de piété de plusieurs dames de
Port-Louis l'encouragèrent dans cette résolution, qui allait
lui coûter bien des larmes et des sacrifices.
Dieu l'éprouva par des dégoûts et des sécheresses capables
de décourager une âme moins généreuse que la sienne. A ce
tourment s'ajouta la lutte contre ses passions, qui se réveillè-
rent tout à coup et remplirent son imagination des souvenirs
du passé. Elle fit le vœu de chasteté pour six mois ; mais la
tentation se faisait sentir de jour en jour plus pressante. Afin
de dompter sa chair, Elisabeth usa, en secret, de quelques pra-
tiques de mortification ; mais le remède le plus efficace à ses
peines, elle le trouva dans l'obéissance à son directeur. Dieu
récompensa enfin son courage et sa persévérance ; et plus il
lui donna, plus elle voulut donner elle-même. Elle fit les
vœux perpétuels de chasteté, de pauvreté, d'obéissance et de
destruction de soi-même.
C'était l'héroïsme dans la vertu. Elle passait ses jours et
souvent une partie de ses nuits au chevet des malades. Bientôt
son dévouement fut connu de toute la ville, et les jeunes filles
de Port-Louis venaient s'édifier auprès d'elle et lui demander
des conseils dans leurs difficultés. Mais elle nô devait plus
rester longtemps en Bretagne. C'était en Normandie, à Saint-
Lo, qu'elle devait remplir sa mission providentielle. Dieu l'y
rappela par la mo: t de sa mère, décédée le 20 octobre 1705.
Elle arrivait à Semilly le 15 décembre de la même année, en
compagnie de son frère, qui repartit pour Port-Louis dans les
premiers jours de l'année 1706. Elle dut rester en Normandie
pour y refaire sa santé. Là, sa grande souffrance fut de n'avoir
- 81 -^
aucune personne de confiance pour sa conduite. Elle allait
souvent à la communauté des Nouvelles-Catholiques, où elle
retournait voir sa tante et ses anciennes maîtresses. Là, on
lui conseilla d aller faire une retraite à Caen, sous la direction
d'un ecclésiastique en grande réputation de science et de piété.
Elle suivit ce conseil et ne remporta de ces communications que
des ténèbres plus épaisses et des incertitudes plus cruelles.
C'est alors qu'on l'engagea à ouvrir son âme au supérieur
ecclésiastique des Nouvelles-Catholiques, le P. Hérambourg,
prêtre du Grand Séminaire de Coutances. Elle se fixa, le 23
décembre 1706, aux Nouvelles-Catholiques, et le P. Héram-
bourg y étant venu en janvier 1707, faire la visite canonique,
il lui fut facile d'entrer en relation avec ce pieux ecclésiastique.
C'était r homme que Dieu lui destinait pour la conduire le reste
de ses jours, et l'amener à l'accomplissement de ses desseins.
Dès cette année 1709, le P. Hérambourg avait conçu le
dessein d'établir à Saint-Lo un bureau de charité, comme il
avait fait à Coutances ; il s'en était ouvert à Elisabeth, qui y
sentait une certaine répugnance. Mais deux ans plus tard,
elle signa l'acte des pauvres, le 14 avril 1709, et s'engagea à
secourir les pauvres et les malades à domicile, en compagnie de
Jeanne du Buisson. Elisabeth s'employait à ce ministère pé-
nible de la charité, suivant en tout les conseils du nouveau
directeur de sa conscience, lorsque M. de Gouey, chanoine
régulier de l'abbaye et curé de Notre-Dame de Saint-Lo, obtint,
après bien des démarches et des instances, l'établissement d'une
maison destinée à recevoir des filles et femmes débauchées.
Les lettres patentes du Roi sont datées de Versailles, le 17
mars 1710. Le 20 janvier 1711, le maire et les échevins auto-
risèrent M. de Gouey à passer en leur nom contrat d'acquêt
d'une maison située rue de la Grande-Rue.
Désormais l'œuvre du Bon-Sauveur était fondée, et malgré
des oppositions puissantes, elle allait grandir sous la protec-
tion du curé de Notre-Dame, et avec la sage direction du
P, Hérambourg.
6
- 82 -
Elisabeth de Surville s'était adjointe à Madame de la Mon-
derie, avec Marguerite Diguet du Manoir. Ce ne fut qu'en
1712 qu'on put ouvrir la première école, car les sœurs prirent
officiellement le nom de sœurs associées pour « les petites
écoles»»
On les appela communément sœurs du Bon- Sauveur, à
cause de leur oratoire dédié au Saint-Sauveur* Mgr de Lo-
ménie de Brienne nomma Elisabeth de Surville supérieure de
la communauté naissante, et donna le titre de supérieur ecclé-
siastique au supérieur de son Grand Séminaire. Ce fut le 29
septembre, jour de la fête de Saint- Michel que les sœurs firent
leurs vœux entre les mains du P. Hérambourg.
La mère de Surville s'avança la première, tenant à la main
un cierge allumé, et prononça à haute voix la belle formule de
consécration, que tant de saintes religieuses devaient répéter
après elle.
Ce fut assurément le plus beau et le plus heureux jour de
sa vie. Elle dut se souvenir alors de cette voix intérieure
qu'elle avait entendue à Port-Louis lui disant au fond du cœur
qu'elle se réunirait à Saint- Lo à de saintes filles, pour être
consumée avec elles par la divine charité. De quels sentiments
d'admiration et de reconnaissance ne fut-elle pas pénétrée en
pensant à la route parcourue depuis dix ans, à travers tant de
difficultés !
Le curé de Notre-Dame de Saint-Lo, M. de Gouey, avait
donné la vie à la communauté extérieure; au P. Hérambourg
était laisssé par la Providence le soin de donner au pieux
Institut sa forme et sou esprit. C'est ce qu'il fit en traçant les
règles et les constitutions de la maison. Les religieuses les
reçurent des mains de Mgr de Brienne et commencèrent à les
pratiquer, le jour môme de leur profession religieuse.
Les règles et constitutions que Mgr de Matignon donna aux
filles du Bon-Sauveur, le 25 février 1733, ne sont que le
développement et comme le texte définitif de celles que Ton
observait depuis 1712. La mère de Surville eut la joie de voir
- 83 -
sa communauté encouragée dans sa pieuse entreprise par un
Bref du Père commun des fidèles. Ce bref est du 16 avril 1714.
La même année, elle put s'édifier avec ses filles, au spectacle
des verlus du bienheureux Louis-Marie Grignon de Montfort.
11 arriva le 16 août à Saint-Lo, mais avant d'entrer en ville,
il s'arrêta au faubourg de la Grande-Rué et alla frapper à la
porte des sœurs associées, car c'était là qu'il voulait faire sa
première visite. Il connaissait sans doute par les Eudistes du
Grand et du Petit Séminaire de Rennes la fondation charitable
dn P. Hérambourg à Saint-Lo, et il n'est pas étonnant qu'il
eût le désir de la connaître.
Chose remarquable, ce fut au mois de septembre 1714,
c'est-à-dire pendant son séjour à Saint-Lo, ou quelques jours
seulement après son départ de cette ville, qu'il établit à La
Rochelle, à son retour de Normandie, une école appelée comme
celle de Saint-Lo € Ecole charitable. »
Le bienheureux célébra la sainte messe dans le petit oratoire
des sœurs, et la mère de Surville eut le bonheur d'y assister.
Il visita souvent les religieuses pendant son séjour à
Saint-Lo, et il établit chez la mère de Surville la dévotion du
Rosaire et le chant des cantiques spirituels.
La bonne Supérieure dut donner de l'extension aux bâti-
ments de sa communauté devenus insuffisants. De nouvelles
recrues permirent de remplir les emplois, en proportion du
développement des œuvres. Ce qui ne se fit pas sans difficulté
de la part de certaines personnes influentes de la ville. Elle
obtint, en 1717, de M de Gouey, curé de Notre-Dame, la
dispense des devoirs paroissiaux pour le personnel de la com-
munauté et la permission de les remplir dans la chapelle des
sœurs.
La mère de Surville avait rempli sa mission en ce monde;
bientôt Dieu allait la rappeler à lui. Le 12 mai 1717, elle eut
la douleur de voir mourir à la fleur de l'âge la sœur Marie-
Louise Auvray de Saint-André, qu'elle avait toujours tendre-
ment aimée.
— 84 —
Elleécrivit alors au P. Hérambourg une lettre où son cœur
et sa foi parlaient tour à tour le langage de la douleur et de la
résignation chrétienne. Quelques jours après, le pieux Supé-
rieur lui répondit par ces paroles qui révèlent le fond de ces
deux grandes âmes, assez détachées de tout, pour n'avoir plus
de lien à rompre afin de s'unir à Dieu : * Ma fille, nos sœurs
défuntes nous sont plus utiles au ciel que sur la terre. Je ne sais
comment j'ai le cœur fait, mais il me semble que de même
que nous ne devons point avoir le regret de mourir, nous n'en
devons point avoir, lorsque les personnes qui sont à Dieu nous
quittent pour aller à luy. » Ces paroles devaient aller au
cœur de la mère de Surville, car depuis quelque temps, elle
avait le pressentiment de sa mort prochaine.
Dans une lettre du commencement de janvier 1718, elle
exprimait au P. Hérambourg la joie qu'elle aurait de recevoir
sa dernière bénédictioa. Elle le vit en effet, le 25 février; elle
lui fit part de ses craintes et de ses espérances, le pria de se
montrer toujours le père et le protecteur de ses filles. Elle le
remercia surtout du soin qu'il avait pris de son âme depuis
plus de onze ans, puis elle se mit à genoux, renouvela ses
vœux et lui demanda sa bénédiction. Celui-ci profondément
ému, lui fit promettre, si Dieu la rappelait à lui, de se souvenir
de ceux qu'elle laissait sur la terre, de lui en particulier, et
étendant sur elle cette main qui l'avait si souvent bénie, il la
bénit une dernière fois, et ils se séparèrent pour ne plus se
revoir que dans l'éternité. C'était le vendredi 3 mars 1718. La
pieuse mère s'éteignit dans le baiser du Seigneur, le 18 du
même mois, dans la trente-sixième année de son âge. (1)
Ybert (Guillaume), né à Saint-Lo, en 1630, entra dans le
sacerdoce, se consacra à renseignement et professa les huma-
(1) Ménard, Une Servante des Pauvres, la Mère de Surville.
Tours, in-8° 4887.
M s : Histoire en abrégé de la vie de Mademoiselle Elisabeth
de Surville, la première des filles associées pour tenir les petites
écoles de Saint-Lo. (Archives du Bon-Sauveur).
— 85 —
nités au collège de sa ville natale. Il devint principal de cet
établissement, cultiva la poésie latine, et publia sur la ville de
Saint-Lo, un poème intitulé : In urbem Sanlaudum carmen y
Sanlaudi, apud Johannem Pien> 1668, in-4°, traduit et
publié en 1836 par V. Evr. Pillet, puis inséré dans V Annuaire
de la Manche de 1837, avec des notes de M. Lambert, biblio-
thécaire de la ville de Bayeux. Une seconde édition (français-
latin) a été donnée en 1840 par V. Evr. Pillet (1), avec la
notice de l'auteur.
Guillaume Ybert, mort vers la fin du xvn e siècle, a aussi
publié un petit poëme latin, sous le titre de Céréale Carmen,
pièce en 134 vers, éditée chez la veuve Pien, in-4°et sans date,
et laissa inédite une pièce de vers également latine, sur la
translation des reliques de Saint-Lo, donnée à la ville de ce
nom par M. de Matignon, évoque de Condom. T. de Billy lui
a donné place dans ses manuscrits sur la ville de Saint-Lo.
Celte pièce est fort courte et datée du 23 mai 1679. (2)
Le lecteur aura une idée de la manière de G. Ybert,
dans cet éloge du cardinal du Perron, que nous détachons de
son poème sur Saint-Lo. (3)
At ne multorum numerosa taedia laudis
Lectorem copiant, nostrae Perronius héros,
Gentis honos. saeclique decus, sidusque suorum,
Malleus haereseos, fideique invictus Achilles,
Cui velut aima parens teneris Sanlandus ab annis
Sternere gestivit blando cunabula somno
Carminis ante alios juste dignetur honore.
Quot quot enim notre quondam per saecula famae
JEqua. mente viros fuerit mirata vetustas,
Omnibus hic unus, si non praBcellit, at illos
Tôt claris animi locuples virtutibus aequat,
(1) V. K. Frère. Mém. du Bibliogr.
(-2; Annuairt de la Manche, 4829, p. 292 ; 1837, p. 147.
i3; Bayeux, Clément Groult, 1840, p. 4454.
— 86 —
Ut dignum fuerit Tyrio cui cincta galero
Tempora fulgerent, totusque intexeret ostro,
Praesulis ad titulos accedunt regia sacros
Munera, cœrulei donatur torquis honore,
Consiliique sedet princeps, regnique rainister
Suspicitur, veteri Davidum sanguine clarus ;
lllius unde lyrae rémanent insignia genti,
PolliaB quas doctos tangere Perronius écho
Nominis ipse sui totum diffudit in orbem.
Voici la traduction de ces vers :
« De peur que les nombreux éloges, qu'il faudrait distribuer
à tant de grands hommes, n'ennuient le lecteur, que Duperron,
l'homme de noire pays, la gloire et la lumière de son siècle et
de sa famille, le fléau de l'hérésie, l'Achille invincible de la
foi, que Duperron, à qui Saint-Lo, comme l'eût fait une
tendre mère, aima à préparer un berceau, pour que, dans son
enfance, il pût goûter un doux sommeil, que Duperron reçoive
avant les autres le juste hommage de mes vers. Tous les
hommes renommés que l'antiquité a complaisamment admirés
pendant des siècles, si seul il ne les surpasse pas, du moins il
les égale en mérite; ses belles qualités lui ont valu le chapeau
et la robe de pourpre, aux titres sacrés d'évèque se joignent les
présents de son roi; il fut décoré du cordon bleu, et il siégeait
premier ministre aux conseils du prince, lui Duperron, sorti du
sang des David ; voilà pourquoi dans les armes de sa famille
sont des harpes, et c'est en l*s touchant d'un doigt savant que
lui-même a répandu dans tout l'univers l'écho de son nom. (1)
A. Lerosey, Chanoine honoraire.
(!) Ann. de la Manche, 4837. p. 183.
PRIX CULTURAUX
Décernés en 1909. dans l'arrondissement de Coutances
Distribution des Prix
Le lundi 30 novembre 1909, la Société d'Agriculture,
d'Archéologie et d'Histoire naturelle de l'Arrondissement de
Saint-Lo, réunie à la mairie de Coutances, distribuait les
récompenses aux cultivateurs qui avaient pris part au concours
de prix culturaux dans l'arrondissement de Coutances,
M. Baize, adjoint au maire de Coutances assistait à la réu-
nion et a fait gracieusement les honneurs de l'Hôtel de Ville.
Les concurrents étaient plus nombreux qu'ils ne l'avaient
été depuis que la Société a repris ses traditions de la première
heure, en accordant des encouragements à l'agriculture.
Les exploitations ont été visitées par un Jury composé de
MM. Goulet, conseiller général, maire de Troisgots; Philippe
Picot, ancien maire de la Haye-du-Puits et Lemaréchal,
agriculteur à Lengronne. Partout les concurrents ont présenté
des cultures et un élevage qui méritent d'être encouragés.
Après une allocution de M. Guillot, président de la Société
qui a eu un mot aimable pour chacun, la parole a été donnée
à M. Goulet, lequel au nom du Jury a donné lecture du rapport
suivant :
Monsieur le Président, Messieurs,
Les demandes de participation au concours, que vous nous
avez remises, étaient au nombre de huit et les exploitations à
visiter situées dans les communes de Hambye, Lengronne,
Nicorps et Sflint-Sauveur-Lendelin ; c'est dans cet ordre
qu'elles furent parcourues le jeudi 7 octobre et le vendredi 8
par votre commission.
Ayant de vous donner connaissance de la délicate opération
que la Société d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire Natu-
relle lui a confiée, permettez à son président de remercier le
Bureau de cette antique Société, éprise pour son plus grand
bien, de l'Agriculture nouvelle, de l'honneur qu'elle lui a fait
en la chargeant du classement du mérite des concurrents.
Aura-t-elle donné tout ce que vous pouviez en attendre t
« Nous n'osons trop l'espérer ! » Si non ! elle a au moins
apporté dans cette circonstance, tout son cœur, tout son dévoue-
ment, doublé de la plus grande comme de la plus pure impar-
tialité : et je manquerais au plus impérieux de nos devoirs si
je ne ne félicitais en passant Messieurs les organisateurs de
m'avoir donné pour collaborateurs MM. Piquot et Leraaréchal,
dont le zèle et la compétence ne le cèdent en rien à leur parfaite
courtoisie. Avoir joui de leur présence pendant deux jours est
plus que suffisant pour ne jamais plus les oublier. Puis-je leur
avoir inspiré les mêmes sentiments et rester auprès d'eux ce
qu'ils sont auprès de moi : Deux nouveaux et excellents amis !
Qu'il me soit encore permis, Messieurs, de vous expliquer
comment nous avons trouvé notre mission délicate, doublement
délicate, triplement délicate.
Délicate d'abord, en ce sens que les candidats s'ils se con-
naissent physiquement entre eux, ignorent à peu près complè-
tement leur mode particulier d'exploitation, par conséquent
leur mérite, et qu'ils ne peuvent juger notre travail que par
l'exposé et le résumé que nous en apportons ici.
Doublement délicate, parce qu'il nous faut rapprocher, peser
des faits qui ne sont ni de même ordre ni de même nature, les
efforts des concurrents portant sur des points différents.
Triplement délicate, par l'hétérogénéité de la liste, composée
de fermiers, de fermiers-propriétaires et de propriétaires.
Sans autre boussole que son propre jugement, votre com-
mission fut unanimement d'accord en présence deces difficultés
à tenir compte de l'effort fait pour atteindre le but que nous
devions relever et, à mérite égal, vous* trouverez, nous n'en
doutons pas, tout naturel que nous ayons fait passer le fermier
avant le propriétaire.
Ce qui est souvent très difficile pour le premier, est presque
toujours affaire agréable, d'honneur et d'amour-propre pour le
second.
Les uns et les autres de ceux que nous avons eu l'avantage
de visiter ont droit en commun à toutes les félicitations de
votre Jury, sans qu'il soit dispensé d'en apporter de particu-
lières ou nominales au cours de son rapport. Il serait heureux
que chez tous, uno récompense quelle qu'elle soit, marquât
son passage. Avec le concours très dévoué et non moins
généreux des véritables amis de l'Agriculture, comme en
compte votre Société, cet espoir peut devenir une réalité et
çst peut-être un fait entendu : Nous en sommes très heureux !
Vous faire parcourir avec nous les fermes comme nous les
avons visitées serait superflu et une perte de temps que rien ne
justifie : Nous allons donc vous les présenter dans l'ordre que
votre commission a cru devoir les classer, vous exposant les
raisons de sa détermination ainsi que quelques légères critiques
qui permettront au numéro suivant et ainsi de suite d'absoudre
notre raisonnement que justifie chaque exploitation.
1° Ferme de Lelieu-Laisney,
sise i Saint - Sauveur - Lendelin
Cette ferme d'une contenance de 12 hectares 40 ares, appar-
tient à M. Marie, Maire d'Agneaux.
Elle est exploitée depuis quatre ans seulement par les époux
Chefdeville " 30 ans et 31 ans ". Ce sont d'anciens domes-
tiques, passés maîtres par leur esprit d'ordre et d'économie.
— 90 —
Les grandes transformations matérielles qui se présentent
partout aux yeux des visiteurs, disent à quel point l'amour
du travail est à demeure dans le ménage Chefdeville ! Puisse-
t-il être familièrement fécond.
L'accession assez longue qui conduit du chemin vicinal au
corps de ferme, à part les accidents de terrain, vaut par son
bon entretien l'entrée d'un château.
Autour de la cour, une large allée très bien entretenue a été
aménagée par les soins du fermier, pour l'accès des appar-
tements, des champs et charrières. Au centre, existe une
fumière où sur un soi semi-tuf et semi-argileux où se font et
se conservent le fumier et le terreau et où s'apporte tout ce qui
peut entrer dans la composition de cet engrais.
Les engrais chimiques sont le complément avec lequel le
fermier a obtenu l'intensité de production qui lui permet d'en-
tretenir sur ce petit coin de terre : 2 chevaux d'attelage,
6 vaches laitières, 3 génisses de deux ans, un aumeau et une
génisse de quinze mois, 3 veaux de l'année et 2 veaux d'étable.
En tout dix-huit têtes d'animaux divers, de bon choix, aux-
quels viennent s'ajouter trois truies de rapport dont une venait
de donner des petits, lors de notre visue, un porc à l'engrais —
Pour le pot ? dis-je à la fermière ! — Non, Monsieur, répondit-
elle, pour avoir de l'argent ! Notre clapier « installé un peu
partout, car le plus petit coin dans cette exploitation est utilisé » ,
notre clapier, dit-elle, avec la volaille et les canards sont plus
que suffisants pour nos besoins. En eftet, 130 de ces volatiles
et 32 lapins, sont avec tous les animaux déjà cités les hôtes
très bien traités des bâtiments très proprement organisés pour
leur usage particulier. Un hangar couvert en chaume est encore
l'œuvre de l'exploitant, désireux, nous dit-il, de se donner un
peu plus de commodité. Pendant que nos yeux sont fixés sur
la cour, il convient encore d'y remarquer jusqu'à la niche du
<*hien de garde dont l'installation dénote l'esprit pratique et
intelligent du maître.
Si, dans tous les appartements, régnent Tordre et la propreté
— 91 —
la plus parfaite, il conviendrait encore., si la chose était pos-
sible, d'augmenter la note pour l'intérieur de ceux aux soins
de la femme et de l'épouse.
La laiterie avec un petit courant d'eau et la baratterie sont
irréprochablement tenus; les produits qui en sortent tiennent
la tête dans la qualité.
La façon dont sont conservés les légumes d'hiver, produits
abondants du légumier, ainsi que lui-même, sont une preuve du
goût et de la supériorité de Madame Chefdeville, qui nous
communiqua une comptabilité agricole qui remonte à leur
arrivée dans leur exploitation : comptabilité qui leur permet
de se rendre compte de toutes leurs opérations agricoles.
Arbres à fruits, et espaliers et pommiers disent d'eux-mêmes
le bon soin qui leur est donné. Haies, clôtures et fossés d'écou-
lement par leur bon état d'entretien vous saisissent l'œil du
passant.
Les herbages, les champs en labour où nous remarquâmes
environ cinq ares de très belles plantes sarclées vous confir-
ment que dans cette exploitation quoique dépourvue de ma-
chines agricoles, à part Técrémeuse, rien n'y est négligé ni
sacrifié à l'avantage d'une branche particulière de production.
Tout y marche de pair, et comme votre commission aurait en
vain cherché quelque chose de choquant et qu'aucune des
autres exploitations qu'elle a visitées ne sauraient supporter la
comparaison, elle a l'honneur de vous proposer l'exploitation
des époux Chefdeville pour votre premier prix.
2° La Richardière, sise à Hambye
Cette ferme contient 26 hectares : neuf hectares en labour, le
surplus en herbages clairs et plantés. Des acquisitions récem-
ment faites par le propriétaire, M. Niobey, auquel elle appar-
tient viendront encore augmenter son harmonie et ses commo-
dités.
— 92 -
Située dans un site tout spécial pour l'avantage d'eau
d'abreuvoir et potable, elle est exploitée depuis quinze ans par
les époux Chapon qui sont aussi d'anciens domestiques et qui
l'ont considérablement améliorée en grande partie à leurs
frais. — « Pour y faire plus d'argent », comme ils le disent
eux-mêmes.
C'est ainsi qu'ils ont abattu et défriché 1.800 mètres de
haies et banques de terre, dont le produit a tantôt redressé ou
nivelé le terrain et tantôt fourni des engrais pour l'améliora-
tion du sol — en grande partie assez humide.
Un bel herbage dans lequel paissaient onze magnifiques
vaches, doit son coup d'œil et sa fertilité à des travaux de
drainage pour lesquels le fermier a fait un sacrifice de trois
cents francs- Les plants usés lors de l'entrée du fermier, ont
été refaits par un apport de 550 jeunes sujets, plantés et élevés
à ses frais.
Tous sont de belle venue et bien tenus.
Comme machines agricoles, M. Chapon met en usage une
machine à battre, une faucheuse, une écrémeuse centrifuge et
un manège à barattes installé à ses frais. Il se promet un
râteau et une faneuse. Peut-être aussi un brabant, dans ce
cas nous lui conseillons le brabant Melotte qui nous paraît
être le meilleur dans notre région. A ses frais aussi et au
moyen de sources près du sol, il a construit une fontaine dans
la cour. Il en coûterait très peu au propriétaire d'y fixer une
pompe et certes le fermier mérite bien cette reconnaissance
ainsi qu'une disposition plus moderne des cours sur lesquelles
sont restés les fumiers. Nous nous permettons cette recomman-
dation au propriétaire Un lavoir couvert avec une buanderie
est encore l'œuvre des goûts et de la bourse du fermier.
Les labours sont de quatre assolements, non compris l'année
de repos, telle la trémaine, elc. Le blé donne 25 hectolitres à
l'hectare ; l'avoine 25 et l'orge 30 à 32 hectolitres ; le sarrasin
selon la température. En très belles plantes sarclées, 20 ares.
Comme adjuvants aux engrais de cour, M. Chapon fait entrer
la chaux, les engrais chimiques et la charréc de cuve, le tout
en grande quantité, de sorte que tous ses herbages clairs et
plantés dénotent le bon cultivateur. Une irrigation entretient
la végétation dans le légumier très bien tenu et d'un grand
produit.
Tout est propre et en ordre dans l'intérieur des bâtiments et
Faire en pierre des burets à porcs est encore un travail du
fermier.
Sur cette exploitation sont entretenues 2 poulinières demi-
sang suitées, 2 juments de 4 et 3 ans, 1 1 vaches à lait, 3 jeunes
taureaux d'élevage, 6 génisses de 2 ans et demi et 18 mois,
7 veaux de lait ou de Tannée, 12 brebis et un bélier, le tout
de très bonnes sortes, ce qui porte à 46 le chiffre des animaux
paissant sur la ferme.
A la basse-cour, 80 poules et poulets, 3 truies, 13 jeunes
porcs et 2 porcs de cour auxquels il convient d'ajouter des
lapins, habitants d'un clapier très confortable pour leur espèce.
Parmi tant d'ordre et d'activité nous avons été surpris de ne
pas rencontrer de comptabilité.
Du rapprochement que nous avons pu faire, nous considé-
rons que l'exploitation de M. Chapon est digne de notre
deuxième prix.
3° La Pagerie, i Hambye
Cette ferme, d'une superficie de 22 hectares est sur un sol
plus élevé que la précédente, se prêtant mieux au labour et
moins bien aux prairies naturelles et herbages. Son proprié-
taire est M. Pigeon. La maison du fermier est une ancienne
maison de maître, couverte en ardoise et d'une grande impor-
tance. Malheureusement, tout le reste des bâtiments d'exploi-
tation, malgré l'activité et les soins du fermier, M. Hurel,
laissent beaucoup à désirer. 11 faudrait que le propriétaire
aidât davantage son fermier dans l'ensemble de ses efforts
-94- .
qui nous permirent de constater la plus belle tenue de pom-
miers qu'il nous fut donné de voir. Ce point entre autres,
entre pour beaucoup dans le rang où nous avons dû classer
M. Hurel.
Par l'élévation du sol, aucun herbage n'est pourvu d'abreu-
voir. Presque toutes les étables et écuries demanderaient un
pavage quelconque ou un béton. Que M. Pigeon veuille bien
entendre cette observation et aider son fermier h y remé-
dier !
A peu près la moitié de la ferme est en labour de quatre
assolements produisant de belles récoltes sans cependant
donner de grands rendements : 15 à 18 hectolitres à l'hectare,
c'est surtout trop peu pour le blé, moins pour toutes les ré-
coltes. Nous pensons que le fermier se trouverait bien d'une
expérience de superphosphates en couverture et nous le lui
conseillons.
11 fait généralement une culture dérobée « de 7 à 8
vergées » et 20 ares de plantes sarclées très réussies.
Ses voies et charrîères ont été élargies et très améliorées par
ses soins qui réclament encoro l'intervention du propriétaire
pour parfaire un travail de première nécessité.
Lorsque M. Hurel est arrivé, un seul champ était en herbe
et usé de plantation. L'aspect actuel démontre ce que vaut un
homme actif comme l'est M. Hurel. A la laiterie, bien tenue,
se trouve une écrémeuse. A l'extérieur, une batteuse, une fau-
cheuse et un van mécanique. Puisse-t-il compléter ces instru-
ments aratoires et ne pas omettre la Brabant double Mélotte.
Il y gagnerait en main d'œuvre si dffficile à trouver aujour-
d'hui.
A l'écurie se trouvent : 4 chevaux de travail et aux champs
2 d'élevage, 11 vaches laitières, 2 génisses de 2 ans, 1 taureau
pour la monte, 2 taureaux d'élevage, 5 génisses de l'année, 3
veaux d'étable, 5 brebis et un bélier ; en tout 37 têtes de bon
bétail, témoignant de la délicatesse du choix et de la connais-
sance du fermier.
— 95 —
A la porcherie, 2 truies de rapport et environ 100 volailles et
canards peuplant la basse-cour.
Le légumier recevrait avec avantage un peu plus de soins et
il les aurait certainement s'il était réduit de moitié. 40 ares
c'est trop. Il est regrettable que la comptabilité ne soit pas en
usage chez M. Hurel. Dans l'ensemble c'est une exploitation
arrivée à ce degré de production par le soin et le travail inces-
sant de l'exploitant. Pour cette raison votre commission Ta
inscrit au troisième rang.
4° La Jacquotterie, i Lengronne
Nous sommes ici chez un propriétaire, M. Dumoncel,
exploitant lui-môme sa propriété de 32 hectares. Six hectares
seulement sont en labour et le surplus en prés, herbages clairs
et plantés.
Tout à nos yeux change d'aspect ! Une cour d'honneur ; une
très jolie maison d'habitation ; un magnifique jardin légumier
et fruitier, des bâtiments d'exploitation en très bon état, des
récoltes abondantes donnant 30 hectolitres à l'hectare, hormis
l'avoine qu'on y cultive pas. La production des plantes sarclées
n'est pas moins remarquable, et la laiterie munie d'une écré-
meuse et d'une baratte Simon, où s'obtient du beurre de
première qualité, démontre que tout est conduit avec méthode
et adresse.
M. Dumoncel père voudra bien nous permettre d'accorder à
son fils une large part dans ce résultat duquel nous les
félicitons.
Une faucheuse et une machine à battre sont en usage dans
cette exploitation, portée à un très haut degré de production
grâce, en plus des engrais de la ferme, à l'emploi régulier et
annuel d'engrais chimiqnes, qu'il n'est pas téméraire de porter
à 7.000 kilogrammes chaque annnée. Aussi, sur ces prairies
surchauffées, si j'osais ainsi m'ex primer, nous avons renconté
— 96 —
2 juments de 1/2 sang suitées, un cheval de travail, 1 antenais,
9 vaches, une génisse de deux ans pleine. 3 génisses d'un an
4 veaux de Tannée, 3 veaux d'étable, 3 bœufs de deux ans, 2
taureaux faisant la monte, 15 brebis et un bélier. En tout 46
animaux, parmi lesquels plusieurs ont été primés et beaucoup
d'autres de sorte à paraître sans déception dans les concours, ce
qui nous dispense de les qualifier autrement.
A la basse-cour 200 volailles, 32 dindes et un clapier où 1rs
lapins sont nombreux. Nous espérons bien que M. Dumoncel
couronnera ses efforts par la tenue d'une comptabilité qui lui
manque sur l'ensemble en général et par l'apport de divers
autres instruments aratoires dont il appréciera l'utilité. En
attendant nous trouvons nécessaire d'ouvrir pour lui une
parenthèse en lui donnant le 1 er rang, entre les propriétaires et
le 4 e dans l'ensemble des concurrents.
5° La Potière ou Pautière, Située i
Saint-Sauveur-Lendelin.
Cette exploitation de 18 hectares en totalité, appartient pour
10 hectares aux époux Laisney qui y sont établis depuis 14 ans.
C'est un ménage assorti et énergique, ardent au travail ainsi
que le démontre l'ensemble de leur exploitation et la bonne
tenue du corps de ferme qui est leur propriété. Ils ont dû le
transformer et le modifier pour l'amener à l'état où il se
trouve, ainsi que la voie d'accession où un travail important
est en voie d'exécution.
La cour a sa bordure d'accession aux bâtiments. Elle est
d'autant plus nécessaire qu'ils reposent sur un sol humide, ce
qui offre de l'eau en abondance, dont il est fait bon usage dans
la tenue des burets à porcs, dont la propreté proclame le soin
de Mme Laisney — soin qu'on retrouve dans son intérieur, à
la laiterie munie d'une écrémeuse et d'une baratte Simon,
ainsi qu'au jardin légumier aux légumes abondants. Cette
— 97 —
exploitation a sa comptabilité agricole dans de très bonnes
conditions. Nous en félicitons Mme Laisney, aux soins de
laquelle elle semble confiée.
En plus des fumiers de bonne qualité obtenus dans une
fumière au centre de la cour, M. Laisney apporte à Fhgctare,
en couverture au printemps sur ses blés, 100 kilogrammes de
nitrate de soude et 3 à 4 mille kilogrammes d'engrais chi-
miques variés sur ses prairies et prés. Avec ce système, il
obtient dans son labour en 4 assolements 30 hectolitres à
l'hectare pour le blé, 35 pour l'avoine et 28 à 30 pour Forge.
Ainsi, aussi soignés dans un beau champ de sarrasin, nous
remarquâmes 2 sillons de plantes sarclées qui firent notre
admiration.
L'exemple donné sur ce point par M. Laisney est à suivre.
Nous le recommandons chaleureusement.
Une faucheuse, un râteau, une batteuse, un rouleau fouleur
en fonte et un van mécanique composent les instruments ara-
toires de l'exploitation. Pour bien suivre l'effort commencé et
soutenu, il faudrait encore une faneuse et un brabant.
La ferme, ainsi bien entretenue et les plants bien soignés,
nourrit 2 chevaux d'attelage, un antenais, 11 vaches à lait,
3 génisses de 18 moi?, 6 veaux de l'année, un taureau faisant
la monte, un veau d'étable, 6 brebis et un bélier. En tout
32 tètes de bétail d'excellente qualité auxquelles viennent
s'ajouter 2 verrats, 5 truies de rapport dont une venait de
mettre bas lors de notre passage.
A la basse-cour 6 oies, 15 canards, 130 poules et poulets,
18 lapins et 25 dindes. Ce résultat vaut au ménage Laisney
le n° 2 comme propriétaire et le 5 e rang dans l'ordre général.
6° La Villemandière à Hambye.
Cette exploitation appartient à un propriétaire de Savigny ;
elle est exploitée par les époux Anthime Hébert depuis assez
longtemps.
L'installation trop primitive et défectueuse des bâtiments de
7
- 98 —
la ferme est un obstacle dans lequel il est à peu près impos-
sible au fermier de donner la mesure de sa valeur profession-
nelle. Le local affecté à la laiterie mérite à peine ce nom :
malgré cette difficutté nous avons pu constater qu'elle était
bien tenue et qu'on tire le meilleur parti possible de la situa-
tion. Six hectares sont en labour et produisent à l'hectare : le
blé 15 à 16 hectolitres, l'avoine 20 et l'orge 15 à 16 hectolitres.
Ce rendement pourrait sans doute être augmenté par l'apport
d'engrais chimiques en couverture et nous avons conseillé à
M. Hébert d'en tenter l'expérience puisqu'il fait usage de ses
engrais sur ses herbages qui composent avec ses plants le
reste de la ferme, ferme sur laquelle les plants sont l'objet
constant des soins du fermier. Partout ou nous avons été
appelés, cette remarque n'a cessé d'être un point capital pour
notre rapport et de la différence que nous avons constatée est
toujours venu la différence de rang
Sur cette exploitation sont bien entretenus : 2 chevaux
d'attelage, 3 d'élevage, 7 vaches, 3 taureaux d'élevage, une
génisse de deux ans, 3 génisses de 18 mois, 4 veaux de
Tannée et un veau de lait, en tout 24 têtes de bétail qu'il n'est
pas exagéré de qualifier de bonne qualité. Deux truies de rap-
port, trois porcs de cour et des volailles en quantité suffisante
viennent compléter le mobilier qui peut se ressentir sur la
quantité de ce que cette exploitation n'est pas un ensemble
comme celles des autres candidats.
Aucune machine agricole n'est en usage dans la ferme et la
comptabilité repose sur la mémoire des exploitants. C'est un
tort ! Nous les engageons à s'en corriger et, en fait d'instru-
ments aratoires, à se procurer au moins un râteau, dont ils
apprécieront vite le service et l'utilité.
Nous classons au 6 e rang les époux Hébert.
7° Le Brief, à Lengronne.
Cette ferme contient 19 hectares, elle appartient à M. Payen
de la Garanderie. Elle est exploitée par les époux Henry
— 99 —
Lesouef, nous ignorons depuis combien de temps. Deux hec-
tares sont en bois taillis, 8 hectares 40 ares en labour, ce qui
réduit l'herbage à paître et à faucher à un p3u plus de huit
hectares. Le fermier possède une batteuse, une faucheuse fet
un van mécanique. L'apport d'engrais aux fumiers de la ferme
se porte sur les superphosphates et les scories. Avec cette
méthode le blé donne 13 à 14 hectolitres à l'hectare, l'avoine
26 et l'orge 30. C'est beaucoup trop peu pour le blé ! Cela
tient sans doute à ce que le fermier n'a pas tenté l'expérience
des blés à grand rendement. C'est cependant son intérêt et
nous l'engageons à le faire au plus vite, ainsi qu'à répandre
des superphosphates de couverture. Il y gagnerait certainement.
L'ensemble du corps de ferme, quoique ancien, est de bonne
disposition et il serait très acceptable, si le propriétaire ména-
geait une laiterie pour remplacer la laiterie actuelle qui est très
insuffisante. Néanmoins, au moyen de petites écremières, la
fermière réussit à fabriquer un bon produit.
La culture est en 4 assolements dans lesquels alterne la
luzerne et la trémaine, ce qui permet au fermier de forcer un
peu son élevage du côté du cheval, partie pour laquelle il a des
goûts particuliers. Nous y avons rencontré 2 poulinières sui-
tées, 2 chevaux d'attelage, 2 de deux ans et 1 poulain de six
mois récemment introduit. C'est-à-dire 9 animaux de la plus
belle conquête de l'homme. Viennent après : 5 vaches,
2 bœufs de 18 mois, 4 veaux de l'année, 1 taureau de un an,
4 brebis et 1 bélier, en tout 26 tètes. Si l'on tient compte de
l'exigence des chevaux, la population animale tient une bonne
moyenne : ensuite des porcs et la basse-cour Là comme ail-
leurs, la comptabilité est au souvenir du maître et les affaires
ne paraissent pas en souffrir. Nous souhaitons à cette intéres
santé famille progrès et prospérité ; nous la félicitons de ses
efforts en désirant que le n° 7 auquel nous la classons lui
apporte encouragement.
. M. Lesouef fait partie du Syndicat des Agriculteurs de la
Manche.
— 100 —
8? Le Manoir de Villodon en la commune de
Nicorps
Le manoir de Villodon de 25 hectares en culture et herbages
nous a paru rester dans les contenances admises, puisque le
surplus porte sur des coteaux boisés et « jannières » : expres-
sion du propriétaire !
Ce fut pour votre commission plus qu'un plaisir de parcou-
rir cette admirable propriété, capable d'inspirer les poëtes et
de faire rêver les passionnés des beaux sites !
Situé aux confins de la commune de Nicorps, formant une
sorte de presqu'île assez serrée par le lit serpentant de la
Soûl les y s'accédant par une avenue de récente plantation qui
vous conduit sur un pont traversant la petite rivière aux eaux
limpides et murmurantes. Contournant deux magnifiques
herbages qui forment plateau, le voyageur se trouve en face
d'une belle cour à peu près quadrilatère ayant en grande
partie pour clôturés les bâtiments de l'exploitation. Au fond la
maison du maître, personnage agréable et courtois. Quoiqu'en
dehors de l'exploitation par son affectation, M. Chauvet, c'est
le nom de l'heureux propriétaire, insista et nous imposa
l'honneur de la visiter : ce que nous finîmes par faire de bonne
grâce en sa compagnie. Nous traversâmes des pièces
agréables autant que confortables, lesquelles communiquent
avec un magnifique jardin de produit et d'agrément entourant
un vivier aux eaux jaillissantes : œuvre matérielle et bien
comprise de M. Chauvet. Le remercier de sa délicatesse est le
moins que nous puissions faire I
Tout dans l'aménagement de l'exploitation de M. Chauvet,
démontre qu'il connaît théoriquement et pratiquement l'agri-
culture et pour arriver à une installation moderne qui lui fait
honneur, il a transformé en grande partie ses bâtiments,
quant à l'intérieur, si bien qu'il a place à tout abriter, jus-
— 101 —
qu'au manège d'une machine à battre à plan incliné pour un
cheval.
La laiterie, dans une pièce à cet usage aménagée et dispo-
sée pour ne pas souffrir d'aucune température, est très bien
tenue par la personne chargée de ce soin.
Dans un vaste local est installée l'écurie distribuée en boxes
avec râteliers en fer et mangeoires émaillées. Un des boxes
sert de cabinet à coucher pour le grand valet ; aire en béton-
ciment et écoulement des liquides dans une fosse à purin en
arrière de la cour principale. Les vaches sont aussi bien parta-
gées comme parquet avec râteliers et mangeoires à leur usage
particulier. On y remarque encore la bonne disposition d'un
pressoir avec vis système Simon, et un atelier de forge et me-
nuiserie où M. Chauvet fait lui-môme les réparations de son
outillage agricole qui est ce qu'il y a de plus moderne. Avec la
batteuse, une faucheuse, une faneuse, un râteau, une brabant
Bajac, une charrue arracheuse de plantes sarclées, herses,
émotteuse, rouleau en fonte, déchausseuse, etc.
D'installation parfaite et bien aérée sont les remises à voi-
tures, à équipages et harnais de toutes sortes, ainsi que le
poulailler où aire et perchoir peuvent aisément se laver et se
nettoyer ce quia lieu souvent. Le clapier n'est pas moins bien
compris avec ses divisions superposées et étanches.
M. Chauvet, pou ri' éclosion, se sert d'une couveuse artifi-
cielle dont les résultats sont surtout remarquables sur les œufs
de canes. La porcherie vous donne la même impression de
bonne installation et de tenue. Je serais trop incomplet si je ne
vous mettais en présenc? d'un réservoir d'eau alimenté par une
source captée à 800 mètres dans le coteau opposé de la rivière
à 14 mètres d'élévation au-dessus des toits de la ferme, passant
par dessous le cours d'eau et donnant en tous temps une eau
saine et abondante.
C'est par cette même conduite qu'est alimenté le vivier.
Toute cette installation honore hautement le génie généreux
de M. Chauvet et nous l'en félicitons.
— 102 —
M. Cbauvet fait la culture ordinaire, mais nous n'avons
pu constater de résultat en rapport avec les sacrifices de l'ou-
tillage ! C'est regrettable ! cela tient sans doute en partie à ce
que les champs situés sur le sommet du coteau auxquels on
accède par une avenue de 7 ou 800 mètres de long sont d'un
sol léger et que M. Chauvet n'admet pas dans une assez large
proportion l'usage des engrais chimiques sur ses labours. Qu'il
nous permette de les lui recommander.
Sont entretenus sur la ferme : 4 chevaux d'attelage,
6 vaches, 5 génisses de 18 mois, 3 bœufs, 4 veaux de l'année
et 2 veaux d'étables, 8 brebis et 1 bélier, animal remarquable.
En tout 33 têtes ; moyenne un peu trop basse.
A la porcherie, une truie et deux porcs à l'engrais.
M. Chauvet par sa situation de fortune, sa science appliquée
et ses grandes connaissances n'avait pas, dans la liste que vous
nous avez remise de concurrents rivaux, dans le sens de l'ins-
tallation.
Il en avait dans le sens agricole proprement dit, ainsi que le
démontrent les parties précédentes du rapport. C'est pour cette
raison que nos félicitations s'arrêtent sur le premier point, mais
elles y sont sans limites.
Puissiez- vous disposer en faveur de M. Chauvet d'une ré-
compense couronnant ses efforts, — qui passeront certaine-
ment de l'installation à la culture et qui feront de l'exploitation
de M. Chauvet une ferme modèle.
Les Membres du Jury :
Piquot, Lemaréchal et Goulet, rapporteur.
Il n'y aurait rien à ajouter aux conclusions si bien déduites
du rapport de M. Goulet, si nous n'avions à remercier les
Membres de la Société présents à la réunion qui ont tenu à
offrir aux lauréats de la journée un repas intime — repas qui
a été pour ainsi dire la continuation et le couronnement de la
solennité
— 103 —
Après une conversation des plus instructives, M. le Prési-
dent, dans un toast chaleureux, a rendu hommage aux présents
et aux absents ; à ceux-là en un mot qui comprennent combien
l'agriculture mérite être encouragée par les prix culturaux
décernés à toutes les branches de l'art agricole.
Nous faisons des vœux pour que les Membres de la Société
d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire Naturelle deviennent
de plus en plus nombreux, afin de pouvoir continuer la distri-
bution de récompenses dont l'utilité est incontestable et
incontestée
P. Marie.
m>&&i
- 104 r-
Nécrologie
MM. Alfred DIEU et Docteur POMMIER
Nous avons vu disparaître en la personne d'Alfred Dieu un
des membres les plus anciens de notre Société et de ses
dignitaires. Désigné au choix de ses collègues par le goût
raffiné qui avait présidé à l'organisation de sa demeure, il
avait accepté les fonctions de conservateur-adjoint des collec-
tions du Musée. Au sein du Conseil municipal, où sa parole
était très écoutée, il trouva maintes fois l'occasion de faire
preuve de dévouement pour nos intérêts. Lors de l'exposition
artistique et rétrospective de 1866, il avait joué un rôle actif
dans l'organisation des salles, et fait de nombreuses démarches
auprès des détenteurs d'objets d'art. Il siégeait en même
temps dans l'un des jurys du concours régional. Nous possé-
dons dans nos archives une photographie faite par G. Doray,
qui rassemble les organisateurs de cette fête, presque tous
membres de notre Société. Alfred Dieu figure au milieu
d'eux, avec sa jolie et intelligente physionomie.
Il est regrettable que ce fin lettré, cet écrivain délicat, n'ait
pas donné à la série de nos Mémoires quelqu'une de ces pages
qu'il traçait d'une plume si alerte. Mais le Barreau l'avait
pris tout entier, et ne lui laissait aucun loisir pour les travaux
d'érudition, ou les recherches d'histoire naturelle. Cependant
du vieux Saint-Lo il aurait pu faire revivre plus d'un souvenir
disparu. Par ses ancêtres, il remontait très loin dans l'histoire
locale. Sa conversation familière évoquait parfois d'intéres-
— 106 —
sants détails du passé, que je regretterai toujours de ne pas les
lui avoir vu fixer par l'écriture.
L'auteur de ces lignes a perdu en lui un ami fidèle, le
barreau un confrère aimé et écouté, le pays un serviteur
dévoué et intelligent, qui savait, au besoin, dire au suffrage
universel des vérités utiles à entendre. Quoiqu'Alfred Dieu
eût pris et gardé une attitude politique très nette, l'aménité de
son caractère l'avait longtemps préservé des rancunes et des
haines qui déshonorent trop souvent les partis. Il est mort
entouré de l'estime et de l'affection de tous, même de ceux
dont il combattait les idées : exemple rare de nos jours du
respect pour les personnes que devraient considérer comme
une limite infranchissable ceux qui sont descendus dans l'arène
des luttes de parti.
Gaétan Guillot.
Le Docteur Pommier, ancien Maire de Torigni-sur-Vire,
Conseiller Général de son canton, Chevalier de la Légion
d'honneur, est mort à la fin du mois d'Août 1908. Son père,
médecin d'une honorabilité parfaite, était né à Giéville. Sa
mère, appartenait à une vieille famille Saint-Loise, les
Hervieu, dont l'un des membres M. Ilervieu la-Planche,
avait été Président du Tribunal de Saint-Lo.
Pommier fit ses études médicales à l'ancienne Faculté de
Strasbourg, qui comptait alors des personnalités de haut mérite.
11 eût pu, comme le firent nombre de ses camarades et comme
le lui conseillaient ses maîtres, s'engager dans la médecine
militaire à laquelle il devait les débuts de sa formation profes-
sionnelle. Mais, sous l'influence de la hantise du sol natal, il
préféra revenir à Torigni et succéder à son père.
Par son caractère facile, p;ir sa bonhomie sans égale,
Pommier sut se concilier rapidement tt, chose plus difficile,
— 106 —
conserver toujours l'affection de ses malades et l'estime de tous
ceux qui l'abordaient : on peut dire de lui qu'il n'eut point
d'ennemis.
La Société d'Archéologie salue respectueusement la
mémoire de celui qui fut un de ses membres titulaires, se
rappelant avec reconnaissance que, c'est à sa bienvaillante
collaboration qu'elle put reconstituer les portraits delà famille
des Matignon.
R. L. C.
e-<^&<è/a¥$>&®^*
LISTE DES MEMBRES
DE LA
SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE, D'ARCHÉOLOGIE
ET D'HISTOIRE NATURELLE
du Département de 1a JMtatnclie
au 31 décembre 1909
PRÉSIDENTS D'HONNEUR
MM. le Préfet de la Manche, ^.
le Maire de Saint- Lo, $S
MEMBRES D'HONNEUR
S. A. S. Mgr le prince de Monaco, comte de Torigni, baron
de Saint-Lo, etc., G. C. $£, Correspondant de l'Institut.
M. Lèopold Delisle, G. 0. ^, Membre de l'Institut, Admi-
nistrateur général honoraire de la Bibliothèque Nationale,
8, rue des Petits-Champs, Paris, II e .
ADMINISTRATION
Président : M. Gaétan Guillot.
Vice-Présidents : MM. l'abbé Blanchet, Chanoine hono-
raire, Curé de Ste-Croixde Saint-Lo ;
Le docteur Le Clerc ;
Secrétaire général : M. Gambillon.
Secrétaire adjoint : M. Gautier.
Trésorier : M. Levoy.
Conservateur : M. Léopold Delisle.
Conservateur adjoint : M. Paul Jacqueline.
Bibliothécaire-Archiviste : M. le docteur Louis Alibert.
Classificateur de la section d'Agriculture : M. Marie.
Classificateur de la section d'Archéologie : M.X. Delisle*
Classificateur de la section cT Histoire Naturelle : M. Sébire
— 108 —
MEMBRES TITULAIRES
MM.
Adfgard (Pierre), Avocat, Député de POrne, 4, rue Chomel,
Paris, VII e .
Alibert (le docteur Louis), Saint-Lo.
Auvray (l'abbé), Professeur à l'Institut Secondaire Libre de
Saint-Lo.
Barbaroux, Imprimeur, Propriétaire et Directeur du Messager
de la Manche, Saint-Lo.
Baudre, La Heuperie en Sainte-Croix de Saint-Lo (Manche)-
Bérenger (le vicomte de)., à Trelly, par Quettreville, et 40,
rue de Naples, Paris, VIII e .
Biard (J.), Notaire, Saint-Lo.
Blanchet (l'abbé), Chanoine honoraire, Curé de Sainte-Croix
de Saint-Lo.
Boscq de Beaumont (du), Le Mesnil-Vitey, Airel (Manche),
et 15, rue Greuze, Paris, XVI e .
Bosq (J.), Banquier, Saint-Lo
Bourde de la Rogerie (Henri), Archiviste-Paléographe,
Conservateur des Archives départementales, Hôtel de la
Préfecture, Quimper (Finistère).
Brégey (le colonel de), ^, Conseiller général, Brécey.
Broise(dela), Propriétaire, Château delaVaucelle, Saint-Lo,
Chardon (H.), 0. &, Maître des Requêtes au Conseil d'Etat,
81, boulevard Saint-Michel, Paris, V°.
Chauvet-Villodon, Ingénieur, Château de Villodon, Nicorps
(Manche).
Commines de Marsilly (Arthur de), 80, avenue Kléber,
Paris, XVK
Commines de Marsilly, (Henri de), Villa Saint- Georges,
Saint-Lo, et 80, avenue Kléber, Paris, XVI e .
Conté (Georges Ferrand de la) Conseiller général, château
des Mares, Saint-Sauveur- Lendelin (Manche).
Damecour, Notaire, second adjoint, Saint-Lo.
Dary, propriétaire, Saint-Lo.
Delisle (Léopold), Avocat, Saint-Lo.
Delisle (Xavier), Receveur de l'Enregistrement, en retraite,
Saint-Lo.
— 109 —
Desplanques (A.), Maire d'Airel (Manche).
Dior, Député de la Manche, Granville; 12, boulevard de
Courcelies, VIII e , et 235, boulevard Saint-Germain, VII e ,
Paris.
Dolbet (François), Archiviste du Département de la Manche,
rue du" Château, Saint-Lo.
Dolbet (Charles), Bibliothécaire de la Ville, rue du Château,
Saint-Lo.
Doynel de la Sausserie (Georges), Maire, Château de
Boisgrimot, Saint-Eny (Manche).
Dudouyt (le docteur), Député de la Manche, Coutances
(Manche).
Enault (Emile), Directeur du Journal de la Manche,
Saint-Lo.
Fabre (H.), O. $£> Commissaire général du Canada, 10, rue
de Rome, Paris, VIII e .
Fauvel (Léon), Notaire, Conseiller Général, Lessay (Manche).
Feuillet (Richard), ^, Chef de bataillon au 45 e régiment
d'infanterie, 24, rue de Flore, Le Mans (Sarthe).
Friteau (Henri), Conseiller d'arrondissement, Saint-Lo.
Frémy (l'abbé), Professeur à l'Institut Secondaire Libre de
Saint-Lo.
Gambillon (E.), Chef de Division de la Préfecture de la
Manche, en retraite, Saint-Lo.
Gautier, Architecte, Saint-Lo.
Gislard (l'abbé), Professeur à l'Institut Secondaire Libre de
Saint-Lo.
Gosset (Léon), Avocat à la Cour d'Appel, 78, rue d'Assas,
Paris, VI e .
Goulet, Maire, Conseiller général, Troisgots, par Tessy-
sur-Vire (Manche).
Gourcy (le comte Xavier de) 25, rue de Grenelle, Paris,
VII e , et château de la Boulaye, Cerisy-la-Forot (Manche).
Grente (l'abbé), Directeur de l'Institut Secondaire libre de
Saint-Lo.
Guilbert (Prosper), Sous-Chef de Bureau à la Direction
générale de l'Enregistrement, 4, rue Gounod, Paris, XVII e .
Guillot (G.), rue du Rempart, 1, à Saint-Lo, et [5, rue
Crevaux, Paris, XVI e .
Hérissé (Georges d'), &, Inspecteur général honoraire de la
Banque de France, 66, rue de Miromesnil, Paris, VIII e .
— 110 —
Hommet (le baron Th. du), 22, rue Brochant, Paris, XVII e .
Hunger (Victor) &, Secrétaire général delà Société d'encoura-
gement du cheval français de demi-sang, 7, rue d'Astorg,
Paris, VIIK
Jacqueline, ancien Orfèvre, Saint-Lo.
Jacquelink (Paul), Imprimeur, Saint-Lo.
Jèhannk, Maire de Saint-Gilles, par Saint-Lo.
Jouanne (L.), Avoué, Saint-Lo.
Kergorlay (le comte Jean de), château de Thère, par Pont-
Hébert (Manche).
Labbey(A.), Négociant, 5, place de la Bourse, Paris, IP, et
château de Mesnilville, Couvains, par Saint-Clair (Manche).
Laisney (l'Abbé), Professeur de l'Institut Secondaire Libre de
Saint-Lo.
Le Bas, Avocat, Saint-Lo.
Leboucher, Propriétaire, Agneaux, par Saint-Lo.
Lecarpentier (Charles), Sous-Inspecteur de l'Enregistre-
ment, Saint-Lo.
Le Clerc (le docteur R.), Saint-Lo.
Leclerc (A.), Notaire honoraire, Saint-Lo.
Le Comte d^londe^.), Propriétaire, Saint-Lo et Fervaches,
par Tessy-sur-Vire (Manche).
Ledanois, Gérant de Propriétés, Agneaux, par Saint-Lo.
Le Forestier d'Osseville (le comte), Conseiller général,
château de Thère, par Pont-Hébert (Manche).
Lefranc (le docteur), La Meauffe, par Saint-Clair.
Le Gout-Gérard (Fernand), Artiste peintre, 93, rue Ampère,
Paris, XVIK
Legrand (Arthur), &, Député de la Manche, 18, rue Chau-
veau-Lagarde, Paris, VIII*, et château du Coquerel, par
Milly (Manche).
Leherpeur (PAbbé), Professeur de l'Institut Secondaire libre
de Sainl-Lo.
Le Menuet, Conseiller municipal de Paris, 2 bis, rue de
Lyon, Paris, I er .
Lemerre (Alphonse), O. &, Libraire-Editeur, passage
Choiseul, Paris, II e .
— 111 —
Le Monnier de Gouville (Alain), ^£, Capitaine de cavalerie
en retraite, château de La Pallière, Agneaux, par Saint-Lo.
Le Monnier de Gouville (Léon), Château d'Ainigny par
Pont-Hébert (Manche).
Le Pesant, rue Geoffroy-de-Montbray, Coulances (Manche).
Lerosey (l'abbé), Chanoine honoraire dangers, Curé de
Saint- Hilaire, Loudun (Vienne).
Le Tual, Imprimeur, Saint-Lo.
Leturc (le docteur), Conseiller d'arrondissement et Conseiller
municipal de Saint-Lo.
Levoy, Percepteur, Saint-Lo.
Lhomond (le docteur), Saint-Lo.
Magniaux, Avoué, Saint-Lo.
Mallet, Avocat, Saint-Lo.
Marie, Maire d'Agneaux, par Saint-Lo.
Marie (l'abbé), Curé de Saint-Denis-le-Gast (Manche).
Mathan (le comte Jean de), Conseiller d'arrondissement,
maire de S*milly, par Saint-Lo.
Michel de Monthuchon (Louis), château de Monthuchon,
par Coutances (Manche).
Mons (Marie-Joseph de), Château de Carantilly, par Marigny
(Manche).
Mons (l'abbé de), Curé de Mesnil-Eury (Manche).
Parf^uru (Marc de), château de Servigny, Yvetot, par
Valognes (Manche).
Péroche, $*, Directeur honoraire des Contributions indirectes,
rue de la Bassée, Lille.
Porel (Paul Parfouru), ^, Directeur du Vaudeville, 63,
Avenue des Champ-Elysées, Paris, VIII e .
Pottier, Avoué honoraire, Saint-Lo.
Pougheol, Notaire, Saint-Lo.
Poulain, Juge de Paix d'Octeville, en résidence à Cherbourg,
rue des Ormes.
Queillé, 0. $£, Inspecteur général des Finances, en retraite,
Saint-Lo.
Quenault de la Groudière (Bernard), Maire de Soulles,
château de Soulles, par Canisy.
Quenault de la Groudière (Louis), ancien officier, château
duDézert, par Saint-Jeau-de-Daye (Manche).
- 112 —
Ràulîne (Marcel), Conseiller général et Député de la Manche,
48, avenue Marceau, Paris, VIII , et manoir de Ghampeaux,
Saint-Lo.
Raulline, Commissaire-Priseur, rue Haut-Torteron, St-Lo.
Roland de Cadehol, Rédacteur en chef de V Indépendant,
28 et 30, place au Bois, Cambrai (Nord).
Rousselle, Château du Bois-Chicot, à Servon (Manche),
99, rue du Bac, Paris, 7 e .
Sauvage (Hippolyte), ancien Magistrat, Lauréat de l'Institut.
89, boulevard Bineau, Neuilly-sur-Seine.
Savary (l'abbé), Chanoine honoraire, Supérieur de l'Institut
secondaire libre de Saint-Lo.
Sébire, Conseiller municipal, Saint-Lo.
Sévestre (l'abbé), Licencié ès-lettres, 25, rue Guibert, Caen.
Thomas (le docteur), Conseiller général, Saint-Lo.
Thouroude (A.), Greffier en chef du Tribunal de Première
Instance, Saint-Lo.
Travers (Emile), Archiviste-Paléographe, ancien Conseiller
de Préfecture, 18, rue des Chanoines, Caen.
Vialatte, Directeur d'Assurances, Saint-Lo.
Vibert(A.), Pharmacien, Saint-Fromoûd,par Airel (Manche).
Virville (le marquis de), château de Virville, à Saint-Aubin-
du-Perron, par Périers (Manche).
Ygouf (le docteur), Saint-Lo.
MEMBRES CORRESPONDANTS (1)
Adam (l'abbé J.-L.), Aumônier des Augustines de Valognes.
Bouis (Capitaine Raymond), $£, Escoville, par Hérouvillette
(Calvados).
Cléret de Langavant (Capitaine J.), ^, Ker-Lezen, Saint-
Malo.
Créances, Principal honoraire, 38, chemin de la Corniche,
Marseille.
• Courson (A. de), ancien Sous-Préfet, château des Planches-
sous-Amblie, par Creully (Calvados), et 26, rue de l'Oran-
gerie, Versailles.
(1) Les Membres Correspondants, dont le nom est précédé
d'une astérique, sont abonnés aux publications de la Société.
- 113 —
Dalimier (Henri), Professeur de Première au Collège
d'Avranches, 7, rue du Séminaire, Avranches.
Jambois (^Charles), Conseiller à la Cour d'Appel de Paris, 13,
rue Littré, Paris, VI e .
Lecornu (Léon), ^, Ingénieur en chef des Mines, 3, rue
Gay-Lussac, Paris, V e .
Legoux (Mgr), Protonotaire apostolique, Chanoine honoraire
de Coutances, 60, rue de Picpus, Paris, XII e .
Leguillochet (l'abbé), Curé de Gerville, par La Haye-du-
Puits (Manche).
Le Moyne (Eugène), Président du Tribunal civil de Ploërmel
(Morbihan).
Morel (l'abbé L.), Aumônier des Sœurs de Saint- André, 133,
rue du Cherche-Midi, Paris, XV e .
» Pillet (J.), Principal du Collège de Cambrai (Nord).
Vacandard (l'abbé E.), Chanoine honoraire de la Métropole
de Rouen, Aumônier du Lycée Corneille (Rouen).
SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES
FRANCE
Aisne. — Société Historique et Archéologique de Château-
Thierry.
Allier. — Société d'Emulation du Bourbonnais, à Moulins^
Alpes-Maritimes. — Société des Lettres, Sciences et Arts
des Alpes-Maritimes.
Basses-Pyrénées — Société des Sciences, Lettres et Arts, à
Pau!
Calvados. — Académie de Caen.
Association Normande, 12, rue des Croisiers, Caen.
Société des Beaux- Arts de Caen.
Société des Antiquaires de Normandie.
Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Bayeux.
Doubs. — Académie des Sciences, Belles-Leltres et Arts de
Besançon.
Eure. — Société d'Etudes préhistoriques des Andelys.
8
~ lu -
Finistère. — - Laboratoire de Zoologie et de Physiologie mari-
times de Corcarneau.
Gard. — Académie de Nîmes.
Société d'Etudes des Sciences naturelles de Nîmes.
Gironde. — Société des Sciences Physiques et Naturelles de
Beideaux.
Haute-Garonne. — Société d' Archéologie du midi de la
Fiance, à Toulouse.
Société d'Histoire Naturelle de Toulouse.
Hérault. — Société d'Archéologie, Scientifique et Littéraire
de Bézers.
Ille-et-Vilaine. — Société Archéologique d'Ilie- et- Vilaine, à
Rennes.
Société Historique et Archéologique de l'Arrondissement de
Saint-Malo.
Loire-Inférieure. — Société Académique du département de
la Loire-lnféiieure.
Société Aicbéolo^ique de Nantes.
Société des Scieoces Naturelles de l'Ouest de la France a à
Nantes.
Maine-et-Loire. — Soc-eié d'Agriculture, Sciences et Arts
d'Angers.
Manche. — Société d'Archéologie d'Avianches et de Mortain.
Société Académique de Cherbourg.
Société des Sciences Naturelles de Cherbourg.
Société Académique du Coteniin, à Coutances.
Société Archéologique, Artistique, Liuhaire et Scientifique
de l'Arrondissement de Valognes.
Orne. — Société Historique et Archéologique de l'Orne, à
Alençon.
Pyrénées-Orientales. — Société Agricole, Scientifique et
Littéraire des Pyrénées-Orientales.
Rhône. — Société Litiéraiie, Historique et Archéologique de
Lyon.
Saôae-et-Loire. — Société Eduenne des Lettres, Sciences et
Arts, à Autun
Société d'Hisioire Naturelle d' Autun.
Société d'Histoire et d'Archéologie de Chalon-sur-Saône.
Société des Arts, Sciences, Bel les-Lei très et Agriculture de
Saône-et-Loire.
Société des Sciences Naturelles de Saône-et-Lo?re (Châlon 1 -
sur-Saône).
Société d'Histoire Naturelle de Mâcon.
— 115 —
Sarthe. — Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe.
Seine. — « Omis », Bulletin du Comité Ornithologique et
International, Paris, Masson, 20, boulevard baint-
Germain.
* La Pomme », Société Littéraire et Artistique, 54, avenue
de Breteuil, Paris.
o Romania », Recueil trimestriel consacré à Pétude des
Langues et des Littératures Romanes, Emile Bouillon,
67, rue de Richelieu, Paris.
Société Française des Fouilles Archéc!ogiqu3S, Ernest
Leroux, 28, rue Bonaparte, Paris.
Seine-Inférieure. — Académie des Sciences, Belles-Lettres
et Arts de Rouen.
Société Géologique de Normal die, au Havre.
Société Hâvrai^e d'études diverses.
Somme. — Société des Antiquaires de Picardie, à Amiens.
Société des Sciences, des Lettres et des Arts d'Amiens.
Tarn-et-Garonne. — Société Archéologique de Tarn-et-
Garonne.
Vor. — Société Académique du Var, à Toulon.
Yonne. — Société des Sciences Historiques et Naturelles de
P Yonne (Auxerre).
ETRANGER
Alsace-Lorraine. — Société d'Histoire Naturelle de Metz,
25, rue de PEvêché.
Belgique. — Revue Mabillon (Au Directeur, Dom Besse), à
Chèvetogne, par Leignon, province de Namur.
Etats-Unis d'Amérique. — The Smithsonian Institution. —
Minnesota Acaaemy and Naiural Sciences. Bureau
d'Ethnologie (au Directeur), à Washington.
Jersey. — Société Jersiaise pour Pétude de Phistoire et de la
langue du pays.
Uruguay. — Musée national de Montevideo.