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f
i
f NOUVEAU
Idictionnaire
HISTORIQUE;
HISTOIRE ABRÉGÉE
De tous les Hommes qui fe font fait un nom par des
Talens, des Vertus, des Forfaits , des Erreiu-s , &c.
Depuis le commencement du Monde 7vsq^*a nos jours.
Et dans laquelle on expofe avec impartialité ce que les
Ecrivains les plus judicieux ont penfé fur le carac-
tère, les mœurs & les Ouvrages des Hommes
célèbres dans tous les genres :
AVEC
Des Tables Chronologiques pour réduire en Corps (ftiijloirt
Us Articles répandus dans ce Didîonnairem
Par une Société de Gens -de -Lettres.
Septième Édition, revue, corrigée, & confidéra-
blemeiit augmentée.
'^— — ■ ■ ■ ■ . -1 ,
Mihi Galba « Otho , Vitellius , née hentficio • ntc injuria eognhu
TAClT.Hift.lib.I.§Jl.
TOME IX.
A Caen^ chez G. LE R O Y , feul Imprimeur du Roî , ancien
Hôtel de la Monnoie , Grande-rue Notre-Dame.
A Lyon , chez BRU Y SET , Frères , Imprimeurs-Libraires,
Avec Approbation & Privilège duRok 1789;
ff
>0
NOUVEAU
DICTIONNAIRE
H I s T O R I Q U 'E,
ÇSffr-
-«#•
lABEftNA ou tÀ^ERNÎS *
( Jean-Baptifte ) né à Lille en
1612 /fc fit Jéfiiite en 1640, en*
fôgna long- temps la philofophie'
& la théologie avec diâinâioni-^
La ville deDouay ayant été affll*-
gée d*une épidémie meurtrieNi Van
♦1686 , Taberna prodigua fe$ foin*-
aux i^alades , & fut la viâime de'
fe cha^hé. On a de lui : Syaàp/ui
tktol&f^: pmcUta , 3 vol. in- 11 ^>
txcelleritî abrégé de théologie mo-i
wlc , bien écrit , clair , précis &
éloignt lies deux extrêmes , dtl
rclâchanei*t & de la rigidité. /
TABOP , ( Jean- Odxon): né i6
Bautien en Luface , l'ait 1604 ,•
voyagea en France , & s'y ik
connoîlre par fon érudition» Ldï
guerres d'Allemagne^ ayant iéàiSaà
en cendres ia patriei, xiùjil ^^sÈÀtk
çoit la charge d'avocat as de fyndio
de la villt » il fe retira, -oto «65 aV
à Gieflea^ où il fut confciil^r^dp
Tome IX.
latidgfaV6de>^H^fl^^-Daiihf(àd, 6i
eb 1667 à Franefô.rTi 'i>à fes cha-
grins le'{aivirQnt,.il 3Fm<nirut ea
1^74. Ses éàvéts ^uvpoffes fur le
DroU ont. été pubtfés^en 1688 t
en 1 voh ia-M,' frafchius , {on
gendre , € écrit Î^Vic,^]^ fut ceUo
d'un bon citoych et d'un ûtvantj
^pliqué. ~ « ,
,T ABOUET , ( Julien ) né dans le:
Maine , derint procureur générait
ésx rénac dé Chambéry^ Sa conduite^
équivoque l«i vaiut\me forte mcr-s
cUjriale-de l»î)ilf du premier préfi--
dent , RaymohdPéitffon, > qui la lui
fit par ordre de faCwnpagnie. Pour,
s'en. y.^gfiti^iTabofiit ^'avi£a d'ac-<,
cufer le premier préiident de, mal-,
veifations.-^/V^i/^ fat condamné à
tthe peine mfamante ( à l'amende^
' fy^iorahle àk àl'a^nde burfaU) par
le"parleittew d^e Dijon , en 1552^
Mais, ayant obtenu que fon procès
A . "
% T A B
il fut abfous en 1 5 j 6 , & foft a€8u-
fafexir condamné à la peine qu'il
avoit ûihie. Il fut depuis mis au
pilari & banni. Il mourut en 1^62*
On a de lui : !• Sabaudî» Prlncîpum
^etualogîa , verfibus & Latîa'i dîaUcio
digefta , traduite en françois , en
prpfe & en vers , par PUrrc Trehcdan^
II. Une Hîftoîre de France dans le
même goût , imprimée avec rou*
vrage précédent en 1 560 , in-4**.
TABOUREAi; PES RÉAUX ,
(N.) fils du grand-maître des eaux
& forêts du Lyonnois , fut d'abord
cdnfeiller au "prlement de Paris , '
81 enfuite inteèdant de cette pro*
vince » qu'il adminii^ra pendant 10
ans en père tendre & en magiilrat
éclairé, h^ms XP^Iy in%uit de ie»
lumières , de fon équité & dé fôn
afHduité aux affaires , le nomma
contrôleur tàsxértdu. Il garda peu de
temps cette place, qui ne contribua
en rien à fa fortune , & mourut -^
confeiller d^état le 50 Mai 1781,
Regretté de tous les gens de bien*
ifiiùs - Phiiipfâ Tàhweaà de VtlU"
ftitour ioalterr,'Heut*nant gé&éral
des années ^. roi .» commandeur
éè l'Ordre de Saint-Louis , infpeo»
teur général- -ée l'artiUerie ^ étok
iiKM< à Bèfoi» Huit iBo» avantluir,
le 9 S^embîe' 17S1 , .à 62 ans ;
<^étoiiun oficitr brave) intelligent,
aftif , expérimenté. Il fe diftingua
dam; diverlés àâions d'éclat , ' &
Hnvtoue à Saint-Cafl en Bretagne»^
li»rfque les Anglois y firent une'
ftefcente en 1760. Il mourut cou-
irait de Meffures, êtlaiffant à fes»
^is le (bu venir d'un homme dont
la bonté , la feAfibrlité & les au&ei
^a^lités^ faciale» égaloient la bn-
♦otn^.
I. TABOUROt , ( Ican ) <Aa-
éoine ^ efàciat de Langres , fe fitf
«tn nom par divets Ouvrages, hè
éfalendrier des Bergers , i çSt^ , în-S°%
àc la Méthode pour apprendre tonus
fifrui de Danfes ^1589 , in-^f {Vm
TAC
8c Tautrtf fous le nom de Tkofnoê
Arbeau ) fent encore recherchés^
Il mourut en 1595 *, il étoit osdë
du fuivant.
II. TABOUROT, ( Etienne )
plus connu fous le nom de Sieuf
Des Accords^ procureur du roi au
bailliage de Diion , né en 1547»
s'eft fait un nom par quelquesr
Ouvrages finguliers. Le moin»
mauvais efl celui qui efl intitulé :
Bigarrures & Touches du Seigneur DEg
Accords , dont on a pluûeurs édi-
tions, une entre auures avec les
Apapkthegmes de Coulard &ies Ef^
cnùgriis Dijonoifes , à Paris ehe«
Mocroi , in- 12. Il enfanta cette
produâion à Tâge de 18 ans; mai»
illa revit & l'augmenta , en ayant
plus de 35. Son ouvrage , tiim^
primé pluiieurs fois , entre autre»
en 1662 r itt' 12 ) reâferme de»
règles fur les différentes manières
de plaifanter & même fur les calenw
bours. Cet auteur mourut en 1590^
à 43 ans.
. TACFARINAS , chef d'ânnte
contre les Romains en Afrique , ai»
temps de Tihert , éioft Numide der
natiomU fervit d'abord dans le»
trofipes auxiliaires des Romains^
& ayant déferté , il afTembla untf
bande de vagabonds & de brigands »
& fe mit à faire des courfes qiù lut
réuffireint. Il devint chef des l^uzu*
lains , . nation puiâanee pro^ le»
déferts d!Afiriqne , & il Ce ligua
avec les Maures du vpiinages»
Ceux-ci étoient* comm» s pa»
Mfiiippa ^ & formèrent ■ camp
volant, qui portoit le ' ;le fe»
êi la terreur de tons cot pendant
que Tacfarini^s ^ avec l'éitie de$
troupes, canîipoit à la manière de»
Romains , & accoutumoit les gen»
à la difcipline militaire; Les Qni*
thîens , : autre .nation confidéràble »
•mrerent dans les mêmes- intérêts»
Furius- Camliies, proconful d'Afirfi*
^jae I. àvertL de ces mQuvemefls ^
TAC
ÉHIfdiâ tontre lui & le v^ift^ft
I l'an 17 de J. C. Tacf armas renou-
vela fes brigandages quelque temps
^ feprès : il affiégea même un château
ou Décrias commandoit , & défit la
gamifon qui étoit fortie pour fe
battre en rafe campagne^ Decrîus
templit les devoirs d'un guertiet
très-brave & très-expérimenté. Les
blefTures qu'il avoit reçues , dont
l'une lui avoit crevé un oeil , ne
l'empêdierent pas de faire tête à
l'ennemi ; mais fes foldats ayant
pris la fiiite » il perdit la viâôire
h. la vie. Sa mort fut vengée par
Jipromus , fuceefleur de Camille dans
le proconfulat d'Afrique. Ce géné-
ral, à la tête de cinq cents vété-
rans , chafia l'ennemi de devant la
^Ue de Thala qu'il affiégcoit*
Jmlus ^(^f , fucceileur à^Apronius^
remporta au^ divers avantages fur
Jûtfatînas , qui avoit changé fa
méthode de éif e là guerre , & ne
fiifoit plus que des coutfes , à la
manière des Numides* Ce dernier y
ùm être abaou par fes défaites
réitérées, envoya un ambaffadeuf
à l'emperetir pour lui demander
^cs terres , qu'il promettait de
cultiver en paix. Loin de lui ac-
corder fa demande , BUfus reçut
Drdre de le pourfuivre plus vigou-
reufement. Après avoir tenté vai-
nement de le réduire « il céda cette
gloire au proconful Dolahlla, Ce
nouveau général lui livra bataille*
& le brigand y fut vaincu ^ 6c
mouru|,ieJ^ armes à la main.
TAu t^^RD, (Gui)Jéfuite
ftançoi^jneîf ^* *^ qualité de mif-
fionnaireOP ' chevaliet de Chaumont
& l'abbé de Choffi , ambâfiadeurs à
Siam. Il revint en Europe en 1688 1
^tourna dans l'Inde i &' mourut à
Bengale d'une maladie contagieufe ,
dans l'exercice de fes travaux apof-
R>liques > vers l'an 1694^ Ses deux
Voyages a Siam , en 2 vol. , Paris ,
iWt & 1689 , réimprimé» i AmC-
TAC )
letdâliA «à 1 vol. in-il, 170b,
font moins eftimés que la Relation
de la Loubere^ publiée à Paris ^
1691 , 2 vol. in-i2. Lts Mémoires,
de celui«.ci, moins agréables pouf
le (iyle ( dit l'abbé tf< Marfy , His-
toire Moderne » tome 111 , page
3 58 ) que ceux de l'abbé de Choifi
& du Père Taehard , l'emportèrent
infiniment du côté de l'ordre, de
l*exaûitude, du choix des matières»
& de la folidité des réflexions^
Choîfi eft fuperficiel > Taehard eft
âatteur. L'un & l'autre font d'une
crédulité exceffive. Le Jéftiite fur-
tout , flatté des honneurs extraor*
dinaires qu'il reçut à Siam , fe laifl'i
tromper par les exagérations arti-
ficicufes de Confianu, qui ne cher*
choit qu'à en impofer aux François
par une oftentation de magnificence*
Taehard ^ élevé dans un collège
écrivoit en profefleur de rhétorique!
qui n'avoit pas oublié l'amplifica*
tion. On lui fit voir une cinquan*
taine d'éléphans > & on n'eut pa*
de peine à lui perfuader que le roî
en enttctcnoit an moins vingt mille
dans le refte du royaume. Le mi-
ftiftre lui montra rapidement le
tréfor du prince , & lui fit croire
qu'il y avoit des amas d'or ^ d'argent!
& de pierreries. On fait jufqu'où
peut aller l'impofture dans la montre
de ce genre de richeflTes. Il le con-
duifit dans les plus belles Pagodes ,
lui fit voir des Idoles coloflfaleî
bien dorées, & Soutint hardiment
qu'elles étoient d'or maffif , &Ci
Le chevalier de Forbin feit voir danî
fes Mémoires , combien Taehard &
Choifi ont trompé le public*
TACHON , ( Dom Chriftophe )
Bénédiékin de Saint «^ Sever au dio-
cefe d'Aire , mort en 1^693 , cultivai
le talent de la dhaire avec fuccès.
On a de lui un livre intitulé : De U
fainieté fi» des devoirs d'un Prédicateur
évangélique , avec fArt de bien prêcher^
^, MttCXWU Méthode pour catécfUfer d
Aîj
4 TAC
in*i2. Cet ouvrage ne renferme que
des préceptes triviaux.
TACHOS ou Tachus, roi
d'Egypte du temps à! Artaxercks-
Ochus^ défendit ce royaume contre
les PerCes , quf\fongeoient à l'atta-
quer de nouveau , malgré les mau-
vais Tuccès de leurs premiers ef-
fons«ll obtint des Lacédémoniens
un corps de troupes , commandé
par Agéfilas , qui le trahit d'une ma-
nière indigne. Tachos ayant donné
à Chabrlas , Athénien , le comman-
dement de l'armée , & n'ayant laide
a Agéfilas que celui des troupes
auxiliaires , celui - ci profita de la
révolte de Necianebus, avec lequel
il fe iignala. Le roi d'Egypte fut
, obligé de fortir de Ton royaume ,
& on ne fait pas trop ce que de-
vint ce malheureux prince. Athénée
donne une caufe ûnguliere au
reflentiment à*Agéfiias. Il prétend
que Tachos , le voyant de petite
taille , lui appliqua la Fable de la
Montagne qui accouche d'une fou-
ris *, & q{\Agéfil^ en colère lui
répondit : Vous éprouvcrei un jour
que je fuis un Lion,
I. TACITE, (C. Cornélius-
Tacl:us ) historien latin , n'étoit
point de l'ancienne famille des
Cornéliens , mais d'une autre beau-
coup plus nouvelle. Il étoit , à ce
que conjeflure TilUmont , fils d'un
chevalier Romain,, qiii avoit été
intendant de la Belgique. Il naquit
a la fin de l'empire de Claude , ou au
commencement de celui de Néron,
Vefpafien , qui vit en lui une ame
forte & un génie élevé , le prit en
afïe^iion , & commença à l'élever
aux dignités : Tite & Domltlen
eurent toujours .beaucoup d'eflime
pour lui. Ayant été fait çonful Tan
97 de J. C. , à la place de Flrgîmusr
j^ufus , fous Nerva , il prononça le
panégyrique de fon illuftre prédé-
ceiTeur. La fortune , toujours pro-
pice à Vlrginlut ( dit Pline le Jeum y,
TAC
^rddît pour dfemiere favêiir vd
aufli excellent orateur à un aufli
excellent homme. Tacîu avoit
plaidé plufîeurs fois à Rome, &
fait admirer fon éloquence; Chargé
de la caufe des Africains contre
Marîus'Prîfcusy proconful d'Airï-
que , il le fit condamner. Pline U
hune & lui , étoîent étroitement
liés. » Leur amitié ( dit l'abbé ic
» la BUuerîé) avoit pour bafe
" la conformité de principes & de
»♦ mœurs. Comme dans l'efTentiel
'» ils fereilembl oient par^itement»
» d'aflez grandes différences fur
>» tout le refte , ne fervoient qu'à
*' rendre leur amitié plus piquante
»' & plus utile. On faifit ^ile- ^
» ment le caradlete de Plîne^ qui
» nous a laiilé un volume deLettres.^
*» Nous fommes moins au fait de
»> Tacite^ dont nous n'avons que
>» des Ouvrages d'apparat ^ mais , *
>* autant qu'on peut connoitre l'un
>« & deviner l'autre , la probité de
>* Pline étoit plus douce , plus
" liante , afTaifonnée de tout ce
M qui fait les délices du commerce ^
»* celle de Tache étoit plus franche ,
»» plus naturelle, fans apprêt » ea
*t un mot , vraiment Romaine. Le.
" premier par fes qualités aimables.
" gagnoit tous les cœurs > le fécond
» Its fubjuguoit par la force de
» fon mérite, par lafcendant de fa
» vertu. L'un , courtifan délié fans
»♦ baflefle , & même avec dignité »
" fembloit fait pour vivre fous le
" gouvernement fondé par ^a^/?^,
" & pour être l'ami d'un prince tel
»♦ que Trajan, L'autre , républicaîa
'» fans aigreur & fans imprudence,
" avoit droit à l'eflime des bons.
" princes ; mais il auroit été mieux;
" encore fous l'ancien gouverne^,
» ment : il , eut befoin , fi je nei
w me trompe , de prendre fur lui-
» même pour fe façonner au nou*:
»♦ veau :, & ce dût être l'ouvrage de^
" toute fa vie.îP/Waimoit paffîea*
TAC
^ nément la vertu , lui prodîguoît
* i*enceiis par-tout où il croyoit la
• trouver ; & peut-être il la voyoit
' quelquefois où elle n*étoit pas ;
' il louoit avec une profuiîon , qui
' pouvoit rendre problématique
' ion difcernement ou fa fincérité.
• 11 mettoit dans fes préventions
' les plus injufles , une forte de
modération & d'équité : témoin
la demi-juftice qu'il rend aux
Chrétiens , en reconnoifirjnt la
pureté de leurs mœurs , tandis
qull les regarde comme des mal-
heureux , aveuglés par une folle
fuperftition. Tadtt haïiToit forte-
ment le vice. Il diftribuoit les
louanges avec économie , &
toujours en connoiâance de
caufe. L'horreur qu'il avoit de
' 19^ flatterie & du menfonge , le
poufToit vers les excès oppofés.
Pn voit combien ces deux amis
' étoient néceiïaires Tun à l'autre,
* Peut-être que, fans la douceur
' de Pline f Taciu ne fe feroit pas
' préfervé d'une philôfophle fau-
* vage , de cette haine des hommes
• qu'il reprochoit aux Chrétiens j
» fans le caraâ«re mâle de Tacîu ,
' la bonté d'ame de PUne auroit
» pu dégénérer en complaifance
^ outrée , en adulation , en fadeur.
» Ils avoient tous deux l'efprit
' vif, folide &)ufte , l'imagination
» féconde , le fentiment délicat.
» Rien de la furface des ob)ets
' n'échappoit à Pdne , tien de leur
> intérieur à Yùdil perçant de Ta-
* cite. L'un avoit en partage le
> brillant , l'aménité , les grâces
> légères > il favoit même fe don-
' ner , au befoin , de Télévation
' & de la force :, mais c'étoit un
> état violent pour lui -, bientôt il
• retomboit dans les fleurs. L'autre,
< plein d'une vigueur foutenue,
« joignoit à la chaleur des idées ,
* à 1 énergie de l'expreffion » à la
• vivacité des imag.es > un fens
TAC 5
» exquis » une furéminence de
t» raifon ». De leur temps on ne
nommoit guère l'un fans penfer à
l'autre. Tacite s'étant trouvé aux
fpe£tecles du Cirque près d'un
chevalier Romain avec lequel il
eut une converfation favante &
diverfifiée, le chevalier qui ne l«
connoiiToit point , lui d^anda s'il
étoit de l'Italie ou de quelque autre
province de l'Empire } Tacite lui
répondit : f^ous me eonnoiffei , &
yen ai l'obligation aux Lettres, Auffî-
tôt le chev jler repartit : Fous êtes
Tacite ou Pline... Nous avons de
Tacite : I. Un Traité des Mœurs des
Germains. 11 loue les mœurs de ces
peuples f mais comme Horace chan-
toit celles des Barbares nommés
Getes : l'un & l'autre (.dit Voltaire )
ignoroient ce qu'ils louoient , 8c
vouloient feulement faire la fatire
de Rome; cependant, ce que d'au-
tres auteurs nous ont appris des
Germains , doime lieu de croire
qu'à pluiieurs égards le tableau de
Tacite^ quoique embelli , eft d'après
nature. II. La Vie de Cn. JuHus»
Agrîcola , dont il avoit époufé la
fille l'an 77 ou 78 de J. C Cet Ecrit
cil un des plus beaux & des plus pré-
cieux morceaux de l'antiquité. Les
gens de guerre , les courtiiàns , les
magiftrats , y peuvent trouver d'ex-
cellentes inflruâioàs. IlL Hlfloire
des Empereurs \ mais , de vingt-huit
ans que cette Hiftoire contenoit,
(depuis l'an 69 jufqu'en 96, ) il ne
nous relie que l'année 69 & une
partie de 70. IV. Ses Annales 1
elles renfiérmoient l'Hifloire de
quatre empereurs , Tibère , Caligula ,
Claude , Néron, 11 ne nous refte que
l'Hifloire du premier & du der-
nier , à peu près entière -, Caligula
eil perdu tout entier , & nous
n'avons que la un de Claude, L'em^
pereur Taclu , qui fe faifoit hon-
neur de defcendre de la famille de -
l'hifiorien , ordonna qu'on nùtfes.
A ii j
't TAC
eft à croîn qui U Sénat a un tnél" '
itur choix à faln* Il ne voulut ja-
nais peraiettre à l'impératiice de
fe parer de pierreries , & il dé-
fendit à .qui que ce fût de porter
des hs^its bro4és d'or. Il donna
le premier Texemple de la modeilie.
Avec cette fimplicité pour lui-
même , il montra de la libéralité
Se de la magnificence dans les dé-
penfes publiques. 11 préféroit néan-
moins les bienfaits durables aux
largefles paiTageres -/car pendant
fix mois qu'il régna , à peine put-on
citer de lui une feule de ces dîAri-
butions de vin & de viande uûtées*
chez les Romains. Mais il fit abatnre
ia maifon, pour conflruire en la
' place à Tes frais , des bains à l'ufage
«les citoyens. 11 céda au temple du
Capitole , pour l'entretien & la ré-
paration des bâtimens , les biens
qu'il pofTédoit en Mauritanie. II
confacra aux repas de religion qui
ie célébroient dans les Temples »
tout ce qu'il avoit d'argenterie dans
- fon buffet , tandis qu'il étoit par-
ticulier .^U employa à payer ce qui
ëtoit dû aux foldats , les fommes
d'argent qui fe trouvèrent dans fes
cofires lorsqu'il fut placé fur le
• trône. Mais }'ai peine à croire ( dit
- CrevUr ) qu'ilait abandonné à la ré-
publique fon patrimoine , qui étoit
immenfe , & dont le revenu , iî nous
en croyons Vopîfcus , montoità 35
millions. Ce fàcrifice auroit réduit
ies héritiers à la mifere , fi l'empire
- ne fe fitt pas perpétué dans fa fa-
mille... Il aimoit les lettres. Mais.fa
. journée étant trop remplie par fes
a£Faires , il ptienoicfur les nuits pour
les cultiver ', & il n'en pafla jamais
•_ aucune fans en donner quelque
partie à lire ou à écrire. La litté-
rature né Tavoit cependant pas
. guéri dé la fuperftitioo. Il s'abâe-
sioit.-de toute étude le fécond jour
' lie chaque mois , qui étoit marqué
:>.^oininem9iheureuK d|o$.le&X3len-
T A C
driers Romains. Au comitientemenf
de fon règne , les Barbares ie jetè-
rent ) lorfqu'on y penfoit le moins ,
fur les terres de l'empire ; mais
ils en fortirent très-promptement,
foit qu'ils y fiijBfent forcés , folt
qu'ils euiîent été payés pour s'en
retirer. Le 4V ou le 5* mois de
l'avènement de Tadu au trône im-
périal , il entreprit de porter la
guerre chez les Perfes & chez les
Scythes Afiatiques \ & il étoit déjà
à Tarfe en Glide , quand il fut
attaqué de la fièvre, ou plutôt par
fes foldats qui lui ôcerent la vie.
Plufîeurs hifloriens ne lui donnent
• qu'environ fix mois de règne. Cr««
vîer lui fait tenir le fceptre im<«
périal deux cents jours. Voy, I. Ta-
cite.
TACONNET, ( ToufTaînt-Gaf-
pard ) né à Paris en 1730 , d'un
menuifier , quitta le métier de fon
père pour fe livrer à fon inclina-
tion libenine. U fe mit à-Êiire des
vers-; le cabaret fut fon Pamaffe.
Etant entré dans la nroupe des Htf>
trions de la Foire , il fut à la fois
aôeur Ôc poëte. On l'appela le Mo^
. Uert des Boulevards, \\ fit pour le
fpeâade de Nîcolet , un grand nom-*
' bre de Parodies , de Farc:s & de Pa*
rades ^ dont on peut voir la liile
dans la Franct Littéraire, Parmi fes
nombreufes productions faites pour
divertir le peuple , les honnêtes
gens voient avec quelque plaifîr
.les Avtux Indi/crets , le Maifer donné
& rendu. Ses héros étoient.des Sa^
vetiers , des Ivrognes. » des Comnurts ,
des Barbouillards , des Egrillards ; &
il mettoit dans fes pièces la même
gaieté & les mêmes charges qu'il
mettoit dans fon jeu. Il mourut à
: Paris à l'Hôpital .de la Charité , le
19 Décembre 1774 • des fuites de
. fès débauches. Bacchus fut toujours
• fon AppoUon ; & Jorfqu'il vouloit
• marquer fon dédain pour quel-
qu'un , il difoit ordioaicemeot;-^
TAC
ife ie méprifi tomme un vtm itùtu
On prétend que le vin qu'il aiœolt
tant, accéléra fa mort; & comme
Foinfinu un de fes rivaux , avoit
trouvé le trépas quelque temps au-
paravant dans le Guadalquivir «
^ 2>. X. P. fit les vers fuiyans :
O mort! m vtux^tu dans ta
rage
jtux plus grands Atoeurs de notre
âge ?
Dans trop d'eau s^éteint Foin*
finet,
El éUuis trop de vin Taconnet.
TACQUET , (André) Jéfuite
d'Aavers , mort en 1660 , fe dif-
■tîngua dans les mathématiques « &
donna un bon Traité d^AfitmomU.
Ses Ouvrages , imprimés en un vol.
în-fol. , à Anvers en, 1669 & 1707 ,
ont été recherchés autrefois.
TAI^DA , ( François ) fculpteur
de Florence, fiorifToit au milieu du
'XI v^ iiecle. CêmedchUdlels , grand-
duc de Tofcane, l'honora de fe pro-
•teâion &de fon eftîme. Ce fculp-
ttur trouvant plufieurs morceaux
de porphyre parmi des pièces de
vieux marbre* voulut en composer
^ Bailin de Fontaine , qui parût
«tre d'une feule pierre. Il fit ( dit-on )
itiftiller certaines herbes , dont il
tira une eau qui avoit tant de vertu ,
qu'en y trempant plufieurs mor-
ceaux détachés , elle les unifibit
.& leur donnoit une dureté ex-
traordinaire. 11 répéta cet efiai plu-
fieurs fois avec un égal fuccès ;
mais fon fecret fut enterré avec
lui. ^
TAFFI 9 ( André ) peintre , natif
de Florence, mort en 1294, âgé
^ 8x ans, apprit (on art de quà-
ques peintres Grecs , que le fénat
•de Venife avoit mandés. Il s'appli-
qua fur-tout à la Mofàique , forte
de peinture dont la fecret lui fiit
.montré par Apollonius , un de ces
i^Û^G^* rtf^cnvaiUadc^çoiiii-
TA G 9
ceft avec lui , dans l'églife de Saint-
Jean de Florence, à repréfenter plu-
fieurs Hiiloires de la Bible. Onad-
miroit fur-tout un Chrifit delà hau*
teur de fept coudées , compofé avec
un grand foin par Taffi, On repro-
che à ce peintre d*avoir été plus
fenfible au profit qu'à l'honneur
qu'il retira de ce b«»u morceau de
peinture, & d'avoir depuis préci*
pité fon travail par avidité pour
ion gain.
TAGEREAU ,{ Vincent ) avocat
au parlement de Paris au xvit®
ficde , étoit Angevin. On a de
lui : I. Un Traité contre le Con--
grès , imprimé à Paris en 1611 «
in-8° , fous ce titre : Difeours de
fimpuijfance de tHomme & de la
Femme, L'auteur y prouve que le
congrès efi déshonnête • impoffible
à exécuter, & empêche plutôt de
connoitre la vérité , qu'il ne fert
à la découvrir. Cet ufage abomi*
nable fat aboli eiî 1 677 , fur un plai-
doyer de Lamoignon , alors avocat
général. II. Le Vrai Praticien Ftan*
çois^ in-8®,
TAGLIACOCCI, (Gafpar)
profefiîeur en médecine & en chi*
rurgie dans Tuniverfité de Bologne
fa patrie , mourut dans cette ville
en 1 5 5 3 , à 64 ans. Il s'eH rendu
très-fameux par un livre > où il en-
feigne la manière de réparer les dé-
buts des narines , des oreilles & des
lèvres , dans le cas de mutilation
ou de difformité de ces parties.
Mais Mangtt croit que tout ce qu'il
dit fur cette matière, quelque in-
génieux qu'il foit , n'a jamais pu
exifier que dans la théorie, & que
lui-même ne l'avoit point pratiqué.
Quoi qu'il en foit, TagUacocei tsp-
porte des exemples de nez perdus ,
rétablis par fon art. Sa Statue , dans
la falle d'anatomie de Bologne , le
repréfente im. nez à la main. Son
Traité , plein de chofes cutieufes ,
divifé «a deux livres , & accom-
iù , T A H
pagné de figures « parut à Franc-
tort en 1598 , in- 8^ , fur rédition
£ûte à Venife l'année précédente
I597 , m-fol.,fous ce titre : De Cur^
torum chirurpa per infitlomm. Un
nommé Vcrduin a renouvelé l'idée
de Tagliacocci , dans fon livre , Dt
novA Artuum dccurumdorum radone ,
Amilçrdam , 1666 , in-S^.
TAHUREAU , ( Jacques } né au
Mans vers 1527 , fit quelques cam-
pagnes avant de fe marier. Il a'étoit
encore fixé à aucun état , quand il
mourut en 15 5 5. Ses Poéfiits furent
imprimées à Paris en 1574 , iii~8^.
Ses Dialogues facjdeux^ iy<66 , ili-8**,
prouvent que l'auteur avoit de la
gaieté dans le caraâere, 6c du na-
turel dans Peiprit ^ mais (es vers
font très-peu de choie.
TAILLE , ( Jean & Jacques de
la) poètes dramatiques Srançpis,
étoient deux frères qui naquirent
m Bondaroi dans la Beauce , près
de Pithiviers , d'une Emilie noble
& ancienne : Jem en 15 0 , & Jtu»
ques en 1541. Le premier s'appli-
qua d'abord au Droit ; la leâure de
Kanfurd & de iu Btlùà lui fit bien-
tôt abandonner les Lois pour les
Mufes. 11 infpira (on goût à fon
frère , qui , avant l'âge de 20 ans ,
tcompofa cinq TrM^iMu & d'antres
iPoéiies-, mais il mourut de la pefle
en 1 5 62 , à laflevr deibn âge. Jean «
fon frère aîné , prit le parti des ar-
mes. U fe tvowQsa -a ia bataille de
Dreux , & fut «fcangeicuiement bleffé
au vifage à xeUe d'Amai-Jke-Duc.
Au retour du combat , le roi de
Navarre, depuis Haid iK^ courut
rembraf&r» & le remit à fes chi-
rurgiens pour être panfé. Il mourut
en 1608. Osia^lui:!. Des Tra-
* %idies^ des Comédies y des EJégxs &
d'autres Poéfies « imprimées avec
celles de fon ùete Jacques j en 1573
€c 1 5 74 , 2 vol. in-8^. il. Une G^'o-
vuuicc, IJ74, in-4**. ilL Les Sin^
^rîês de la LiffiCr X59f^ '^^^^ r <^
TA r
dans la Satire Menlppée, IV. bî/^
cours des Duels ^ 1607 ^ in- 12. Le
guerrier valoir mieux en lui que Ici
poète & le profateur.
TAILLEPIED , ( Noël) rdîgîeux
de Saint-François , né à Pontoîfe^
mon en 1 5 89 , fut leâeur «n théo^
logie & prédicateur. On a de lui r
L Une TraduSion françoife des VU»-
de Luther^ de Çarlofiade & de Fîfirre^
Martyr , in r 8^. II. Un TraiU d^.
l'ApjfarUioH des Efprîts , 1602 , in-.IO»
fruit d*un efprit fuperilitieux & cré-
dule, m. Un Rtcuùl fur les Anti-
quités de la ville deKouen , in-S**.
Ceft fon meilleur Ouvrage. IV.
VJTcfiùîrt des Druides , Paris , i y 8y ,
in - S^ : livre fiivant , rare & re-
cherché.
TAILLEURS , ( Les Frbuss y
Voy. BucH£.
TAISAND, ( Pierre ) avocat fc
iurifconfulte au parlement de Di-
ion, fa patrie, puis tréfbrier dc(
f rance en la généralité de Bour*
gogne , naquit en 2644 , & mourut
en 1715 ,aimé & eftimé. Ses mett-
leurs ouvrages font : I. Les FUs dis
plus célèbres Jurîfeonfultes, La plus
•ample édition de cet ouvrage cft
celle de 1737» in -4^. IL Hlftoifti
du Droit Romain » in- 12. III. CùtH
tsant gjuUraU dt Rourgopu^ «vec ua
Commentaire j 1698, in -fol.
TAISNira, ( Jean) né à Ach
jen 1509 « fut précepteur des pages
de Pemperenr Charles» Quint i mais
cet emploi gênant fon goût pour
Je travail & les talens agréables ,
il alla^ fixer à X!}ologne , où il fiic
maitre de mufîque de la chapelle de
rélef^eur. Il pa€bit pour un habile
chiromancien. On a de lui « Opa$
Mathématkum » Cologne , if6i>^
in-foL Cefldans cet Ouvrage qu'oo
trouve & Chiromancie & fon Aflrqr
logie judiciaire, ..
7. T ALX , ( Jean »feigneur de )
d'une famille noble de Touraine-^
ùjx gcaod^iualtre.de raraU(ûC|.8i
T A I
fRinier colonel général et Tlnfan-
terie Françoife en 1 544 , époque de
l'ififiitunon de cette diarge. Il perdit
dans la fuite celle de grand-maitre
de l'artillerie , pour avoir tenu quel-
ques propos indifcrets fur la du-
diefle de VaUntînoU & le maréchal
dt Btiffac, Il fut tué dans la tran-
chée au iîége de Hefdin en 1 5 5 3 .
IL TAIX , (Guillaume de ) cha-
noine & doyen de TégliTedeTroies
en Champagne» & abbé de BafTe-
Fontaine, naquit au château de Fref-
oay près de Châteaudun en 153^*
de la àuiille du précédent , & mou-
nu en 1599. Il a donné une RtU"
tton curieufe & intcreflante de ce
qui s'eft paffé aux Etats de Blois en
X576f qu'on trouve dans les Mé*
Unfju de Camufat \ & une autre de
deux aflembléei du Clergé , où il
ayoit ai&fté comme député : celle-
ci parut à Paris en 162,5 , in-4®.
/. TALBOT , ( Jean ) comte de
Shrewsbury & de Waterford ^ d'une
illuftre maifon d'Angleterre, ori-
ginaire de Normandie, donna les
premières marques de fa valeur
lors de la réduéUon de l'Irlande
ious Vobéiflance du roi Henri K,
^i le fit gouverneur de cette ifle.
p fe fignala enfuite en France , où
îl étoit pafféen 1417 , avec l'armée
Angloife. Il reprit la ville d'Aleu-
çon en 1428 , puis Pontoife &
Wal. Il commandoit au (lége d'Or-
léans , avec les comtes dt Sufilk &
d*Efcalti ; mais la PuulU les obligea
de le lever. Talbot continua de fe
diftinguer , jufqu'à ce qu'il fiit fait
pniboaier à la bataille du Patay
en Beauce. Après fa délivrance , il
emporta d'affaut Beaumont - fur-
Oiîe , & rendit de grands fervices
«u roi d'Angleterre, qui le fit maré-
chal de France en 1441. Deux ans
après, ce prince l'envoya en qua-
rté d'ambafiâdeur , pour traiter de
^ paU avec le roi CharUs VU; il
ttfflpUt j[a çommiffiga avec beau-
T A L Vt
coup d'intelligence. La Guîcnne
ayant tenté de fe détacher du parti
de l'Angleterre , il prit Bourdeaux
avec plusieurs autres villes, & ré-
tablit les affaires des Anglois *, mais
étant accouru vers la ville de Caf-
tillon , pour en faire lever le fiég»
aux François , il fut mé dans une
bataille le 17 Juillet I4n* ^I
avoit prié , quelques momens avant
d'expirer, im de fes fils qui étoit
à (^ côtés , de fe retirer, h meurs
en combattant pour ma patrie^ lui- dit-
il*, vlve\pourlafervlr. Mais le jeune
homme , acharné contre les enne-
mis , tomba bientôt fous leurs
coups. Les Anglois appeloient To/-
hot leur Achille , & il étoit digne de
ce nom. Aufli brav« qu'habile, il
étoit le plus grand général qu'ils
euiTent alors. Les armes n'étoient
pas fon feul talent-, il favoit né-
gocier ainfi que combattre. Une
piété fincere rehaufibit fa gloire ^
& cette piété étoit accompagnée de
toutes les verms fociales : fujet fi-
delle, ami fincere, ennemi géné-
reux , &c.
IL TALBOT, (Pierre) né en
Irlande en 1620 , d'une branche de
l'illufire maifon de Talbot , devint
aumônier de la reine Catherine de
Portugal^ femme de Charles II roi
d'Angleterre. Son zèle pour la re-
ligion Catholique le porta à quitter
la cour & à repaifer en Irlande, où
il travailla fi utilement pour TEglife^
que le pape Clément IX le fit arche-
vêque de Dublin. Arrêté & ren-
fermé par les Protefians dans une
étroite prifon, il y mourut en
odeur de fainteté , vers 1681. On
a de lui : 1. De natura Fidel &
Harefis , in - 8°. IL PoUtlcorum Ca^-
tschifmus^ in-4°. IIL TraHatus dû
Rtâgione 5* Reglmlne , in - 4°. IV,
Hlftolrc des leonoclaftes , Paris , 1674»
in-4° ; & d'autres ouvrages.
///. TALBOT, ( Richard) duc
dé Tyrwul^but du précédant |ft
ix T A L
troura dès l'âge de i^ ans à une
liataille , où il reila trois jours parmi
les morts. Après la mort de Crom-
wcil y il s'attacha à Charles 11 roi
é^Angleterre , & fut laifle vice-roi
dlrlande par Jacques 11 , lorfque ce
dernier paffa eu France. Talhot s'op-
pofa à GiùUaumt prince d'Orange ,
& fe préparoit à donner bataille»
lorfrfu'il mourut en 1692. SonOrai-
fcn funèbre , prononcée à Paris
|iar l'abbé Anfclme , & publiée in-4°,
donne une grande idée de fa va-
leur & de fon zèle pour la religion
Catholique, & pour les Stuarts,y oy.
COVRTILZ.
IK TALBOT. (Guillaume) de
la même maifon que les précédens »
mais d'une branche Proteftante éca-
Meen Angleterre, mort en 1730,
avoit été; fucceflivement évê^ue
d^Oxford , puis de Sarisbury , &
co6n de Durham. On a de lui un
▼oitzme de Sermons, & quelques
sutres Ecrits qui n'ont qu'un mérite
nediocre.
y. TALBOT, (Charles) fils du
précédent » & lord grand^chancelier
d*Angleterre , naquit en 1686 , &
mourut en 1736, après avoir montré
beaucoup de talent pour les affaires
d'état & pour la politique.
TALESTRIS, Foy. Thaïes-
tris.
TALEYRAND, (Elie de)
connu fous le nom de Cardinal
de Pérîgordy étoit fils d'Archambaud,
comte de Pérîgord, 6i de Brtmiffende
de Foin y d'une maifon illufire, qui
tenoit par fes alliances à plufieurs
Souverains de l'Europe. Le roi de
France , Chartes V , appel oit le
Cardinal de Pérîgord , fon Coufin ;
& ce prélat avoit une fœur.mariée
à Jean , duc de G ravina , huitième
fils de Charles le Boiteux , roi de
Sicile » & grand-père de Charles de
Duras , qui pofTéda la même çou-
îronne de la reine Jeanne /. Tous
ces princes I descendus en ligne
T A L'
directe de Charles , fi-ere de S. Louts^
étoient de la maifon de France.
Elle de Taleyrandy né vers 130! *
d'une famille bien alliée, dut par-
venir de, bonne heure aux pre-
mières dignités de l'Eglifc. Evêque
de Limoges à 14 ans , il fut tranf-
féré à Auxcrre à 28 , & fait car—
dinal à 30, c'eft-à-dire, en 133 i»
Depuis cette époque , il parut dans
toutes les grandes affaires de fon
temps. Il fe rctidit, en 1356, dans
le camp du roi lean , & dLans celui
du prince de Galles , pour empêcher
la bataille de Poitiers. Mais il ex-
horta en vain des guerriers à dé-
pofer les armes. Le roi Jean ayant
été fait prifonnier dans cette funefte
journée , le cardinal dt Pérlgord
paffa en Angleterre pour ménager
fa délivrance. De retour en France ,
ce prélat s'occupa de bonnes œu-
vres, & mourut en 1364, à Avi-
gnon , laiffant un nom refpeâé.
TALEYRAND, Voye^CaK^
LAIS.
TALHOUET , (N...) maître des
requêtes , fiit convaincu de préva-
rication dans l'adniiniffration des
. affaires de la Banque & de la com-
pagnie des Indes. Ayant été con-
damné à mort en 17^3 > fous le
Régent, cette peine fut commuée
en une prifon perpétuelle à l'ifle
Sainte-Marguerite. Il mourut fort
âgé. C'étoit un homme de plaifîr ,
qui n'amaffoit que pour diffiper.
Dans fa vieilleffe il avoit confervé
fon efprit & fa mémoire *, mais foi»
imagination frappée lui avoit laiffé
un tic fingulier. Comme on l'avoit
accufc d'avoir ordonné des chofes
repréhenfibles, fa têtes'étoit échàu6*
fée de cette idée , & à chaque phrafc
il plaçoit ces mots : et ordonner des
chofes. Ce refrein caufoit quelque-
fois des équivoques plaifantes.
TALL ARD , ( Camille d'Hoftun ,
comte de ) maréchal de France »
naquit le 14 Février i6j2 ^ de Rog/Sg
T A t
iRofiun^ marquis àt la Baamt^ H
de Cathaînt de Bonne , fille & uni-
que héritière de Bonne d'Aurîac ^
vicomte de Tallcrd , en Dauphiné.
il eut , à l'âge de i6 ans , le régi-
ment royal des Cravates , à la tête
duquel il Te fignala pendant dix ans.
Il Advit Louis Xiy en Hollande ,
l'an i67'2. Turenne , inftruit de fon
mérite , lui confia, en 1674, le
corps de bataille de Ton armée * au
coinbac de Mulhaufen & de Tur-
keim. Après s'être diflingué en
diveries occaûons » il fut élevé
au grade de lieutenant général en
1693. Sachant également manier le
caducée & le glaive, il fut envoyé
Tan 1697 , en qualité d'ambaifa-
deor 9 en Angleterre > où il conclut
le traité de partage pour la fuccef-
fion de Charles II. La guerre s 'étant
rallumée, il commanda fur le Rhin
en 1702. Le bâton de maréchal de
Fradce lui fiit accordé l'anuée da-
près. Il prit le vieux Brifach , fous
les ordres du duc de Bourgogne ,
& mit le fiége devant Landau. Les
Impériaux , commandés par le
prince de Heâfe-Cailel , étant venus
l'attaquer dans £es lignes , (le 14
Novembre 1703 ,) il alla au-devant
d'eux, les joignit fur les bords du
Spirback , les attaqua la baïonnette
au bout du fufll, les battit, &
obtint tous les trophées qui fui*
vent la viâoire la plus décidée.
Son caraâere avantageux lui fit
gâter une aâion û brillante, par
une Lettre hyperbolique. Nous avons
pris plus de drapeaux & d'étendards ^
écrivit-il à Louis XIV » que Votre
Majeftc n*a perdu defoldats, La prife
de Landau fut le fruit de cette
yiâoire. Le maréchal de Tallard
fot envoyé en 1704 , avec un corps
d'environ yopoo hommes , pour
s'oppofer à Marlchorough , & fe
joindre à Téleâeur de Bavière. Les
deux armées fe rencontrèrent à peu
jprès dans les mêmes campagnes où
T A L ij
le maréchal de Vdlars avoît rem*
porté une viâoire un an aupan- ^
vaut, c'efl-à-dire , dans la plaine
d Hochftet. Le général Anglots «
auquel s'étoit pint le prince Eugène;^
eut tout l'honneur de cette journée.
Le maréchal de Tallard , courant
pour rallier quelques efcadrons , la
foibleiTe de fa vue lui fit prendrtt
un corps eimemi pour un corps de
nos troupes ; il fut fait prifonnier
& mené au général Anglois, qui
n'oublia rien pour le confoler. Le
maréchal , fatigué de tous les lieux
communs qu'on lui débitoit fuc
l'inconflance de la fortune , dit à
MarlcboTûugh , avec une impatience
très-déplacée : Tout cela nempide
pas que votre Grandeur n'ait battu les
plus braves troupes du monde, — fef'
père , répliqua Milord , que votre
Grandeur exceptera celles qui les «rc
battues. Le maréchal de Tallard^
( dit l'abbé de Salnt^Plerre , ) commit
une faute coniidérable en dégar-
niflant fon corps de bataille pont
fortifier fa droite. La raifon qu'il
donna pour fe juftifier , c'eft qu'oa
n'avoit jamais perdu de bataille par
le centre d'une armée. Il efi vraî^
lui répondit-on; mais cUft qu'on se.
sUtoit pas encore avifi de dégarnir pat
le centre,,, Tallard fut conduit en
Angleterre , où il fut prifonnier
pendant fept ans. Louis XIV le con-
fola de fon malheur , en le nom-
mant , l'année même de fa déten- '
tion , gouverneur de la Franche-
Comté. Son féjour en Angleterre
ne fiit pas inutile à fa patrie. Il
fervit beaucoup la France , en dé-
tachant la reine Anne du parti des
Alliés , & en faifant rappeler Mar^
leborough. De retour à Paris en 17 1 2,
il fut créé duc. En 1726 , il fut
nommé fecrétaire d'état -, place qu'il
ne conferva pas long-temps , étant
mort le 3 Mars 1728 , à 76 ans.
Il étoit parvenu à cet âge , fans
^ue fa faaté eût été beaucoup al*
14 T A L
téréc, nî par les travaux du corps,
ni par ceux derefprit, ni par toute
Tagitation des divers événemens
de fa vie. Le maréchal de Tallard
avoit des lumières. L'académie des
Sciences fe Tétoit aiTociéen 1713.
Sa préfomption ternit la gloire qu'il
«uroit pu retirer de l'ardeur de Ton
courage, & de Ta^Uvité de fon
caraûere. L'abbé de Saint^PUnt le
peint comme un hon eoumfan ,
comme un efprit fin » & comme im
homme très'amhUUux & inquiet. Il
eut un fils , Matitrjofepk de Hojhm ,
duc de Tallard , dont le duché fut
érigé en pairie en 171 59 & dont
répoufe» Marie'I/abelle'Gaèrielle de
Rokan , née en 1699 , fuccéda à fon
alieule Mad® de Vantadoury dans la
charge de gouvernance des Enfans
de France.
I. TALLEMANT, (François )
abbé du Val- Chrétien , prieur de
Saînt-Irenée de Lyon , & Tun des
Quarante de l'académie Françoife,
naquit à la Rochelle vers 1620. Il
fiit aumônier du roi pendant vingt-
quatre ans , & enfuite de la Dau-
phine , à laquelle il ,plut par fon
amour pour les belles - lettres. Il
mourut fous-doyen de l'académie
Françoife,le 6 Mai 1693 , à 73 ans.
L'abbé TalUmant pofledoît les lan-
gues mortes & les vivantes , mais
il écrivoit avec beaucoup de né-
gligence dans h iienne. Nous avons
de lui : l. Une TraduEiion firançoife
dés Vies des Hommes illuftres dç
Plutarquty en 9 vol. in- II. L'abbé
Talltmam , fec traduéleur du fran-
çois A*Amyot , (fuivant Texpreffion
de BoîUau^) n'offre dans cette ver-
fion , ni fidélité , ni élégance.
Louis XIV ^ qui avoit quitté Amyot
pour la lire , en revint bientôt à
ce naïf écrivain. La verfion de Tal-
iemant fut imprimée fept fois du
vivant de l'auteur ; tant il eft vrai '
«que le débit d'un livre n'en prouve
jpas toujours Je mérite. II, Une
T AL
TraduBton de THiftoire de Venift«
du Procurateur Nanni, 1681, en
4 vol. in-i2 , qui vaut mieux que
la précédente.
IL TALLEMANT, (Paul ) pa-
rent du précédent, né à Paris en
1641 , devint membre de l'académie
Françoife,&fecrétaire de celle de»
Infcrtptions. Le grand Colbert lia
obdnt des penâons & des béné-'
fices-, il eut beaucoup de part à
VHlfiûirc de Louis XIV, par les
Médailles. On a encore de lui de»
Haranptes & des Difccurs , qui ne
font pas des chef-d'oeuvres d'élo-*
quence ; & un Voyage de Vlfic d*a'^
moufy 1663 , in-i2, qui eft un pett
iniîpide. 11 mourut le^ 30 Juillec
17 12. Aux richeffes dont il avoit
embelli fon efprit, il }oignoit le
tréfor plus précieux de la vertu.
Sa fociété étoit douce & aifée ; il
fut fe faire des amis , & les con*
ferver. Il plaifoit par fa gaieté ^
fes faillies 6c fes impromptu.
h TALON , ( Omer ) avocat
général au parlement de Paris ,
d'une Emilie diftinguée dans la robe^
en foutint la gloire par fon inté«
grité autant que par fes talens* Il
mourut le 29 Décembre 1652 > à
57 ans, regardé comme l'oracle du
barreau , & refpefïé même de fes
ennemis. On a de lui 8 voL in-ix
de Mémoires' îwt différentes affaires
qui s'étoient préfentées au parle-
ment pendant les troubles de la
Fronde, Ils commencent à l'an 1630^
& finiffenten Juin 1653.
IL TALON, (Denis) fils du
précédent, lui fuccéda dans la charge
d'avocat général. Il fut digne de foix
père » & fe iignala pas le» mêmes
vertus & les mêmes talens. II mou->
rut en 1698 , préfident à mortier. /
Nous avons de lui quelques Pièces
imprimées avec les Mémoires de fonj
père , qu'elles ne déparent point..
Le Traité ds t autorité des Rois dans
le gouvernement de l'BfUfe , qu'09
TAU
idittttih^t, n*tû point érHu Ce-
Traiié eu. de Roland U Vayet dt
BiMtipù , mort istendant de SwiToQs
co 16S5.
TAMATO , ( Martin ) foldat Ef-
paf^flEol , ietvoit en AUemagoe dans
Tannée de Fempereur CharUs» Çjmnt «
Tan 1546. U fe rendit cékbre par
une aâion de bravoure , & par la
fcdition dont il penTa être la caufe
iimoeente. Uarmée dereni^reur»
plus foibte que celle des Prottihns,
coomaiidée par le landgrave de
HsSêt » étoit campée en pi'éfence
des ennemis ^ près d'Ingolfiad *, un
tebdle d*une taille de géant , &
qptt fe croyoît le héros defbn fie^
de , s'avançofit diaque )our entre
les deux camps , armé d'une halle-
barde , & provoquoit au combat les
plus braves des Impériaux.^ CharUs"
i^uint fit faire des dé£enfes , fous
peine de la vie » à tous les fîens
d'accepter le défi. Ce fanfaron re*
Benoit tous les jours ^ & s'appro-
Cliam du quarder des Espagnols «
leur reprodioit leur lâcheté dans t»
termes les plus injurieux* Tamayo ^■
^ple fantaffîn dans un régimenc
de fa nation , ne put fou&br l'infb*
lence de ce nouveau GoUatlu II prit
'Sa hallebarde d'un de &s camara-
des , & fe laiiTant couler le long
des retranchemens , il alla Tatea-
^er y & iâns avoir été blefie , lia
porta un coup de hallebarde dans
^ gorge & le jeta fur le carreau»
Jl prit enfuîte Tépée de ce malhcu-
feus , dont il lui coupa ktête> 8c
Tappc^rta dans le camp. II la fut pré^
femer à Sa Majefté , & fe jetant
a fes pieds y il Itd demanda la vie.
Charles- Quint la lui refufa , malgré
les prières des principaux officiers
de l'armée; mais voyant les trou-
pes Efp^pnoles prêtes à en venir
aux dmiieres extrémités pour qu'on:
leur rendit leur illufire camarade ,
il le remit entre les mains du 'duc
Jl^4lh€ y ^i lut accorda £1 g>^ace«.
T PL W 15
^AMBXmiNI , Si en frâncois «
Tambourin » ( Thomas } naquit
en S^it d'une famille illufire, fe
fit Jéfuite , exerça divers emplois
dans cette compagnie , & mourut
vers 1675. Ses Ouvrages , qui r ou-*
lent tous fur la Tkéolope Morale ,
ont été recueillis à Lyon , 1659 ,
in-foU 11 y explique le Décalogue
& les Sacremens. Beaucoup de tliéo*
logiens y o«t trouvé des propoll-*
tions repréhenfibles ; & le parle-
ment de Paris les a fupprimés le 6»
Mars 17624
T AMERLAN ^ aptpdé par let
/^eas Telmur^Leat <m Teimur le Boim
tettjt , étok fils d'un berger, fuivani
les uns , & i^ du (ang royai , fui*
vant les autres. 11 naquit en 1331^
dans la ville de Kefch , territoire do
l'ancienne Sogdiane, où les Greca
pénétrèrent autrefois fous AU%An^
dft ^ &. oii ils fondèrent des colo*
oies. Son courage éclata de bonne
heure. Sa première conquête fut
celle de Balk » capitale du Khora-
ian , fur les frontières de la Perfe»
De là il alla fe rendre maître d^
la province de Cindahar. 11 fub-
jugua touee l'ancienne Perfe , dt
retournant fiur ies pas pour (bumet*
tre les peuples de )a Traafoxane ^
il prit Bagdad* Lorque la valeuir
ne fufnfoit poim à Taourian pour
féconder fes projets , il £iifoit , à
l'exemple des plus grands capitaine^
de l'antiquité , parler le ciel en f^
feveur. Il fufcitottà propos im de
ces hommes puifians en paroles ,
qu'il avoit à fes gages» pour repré*
fenter à fes fu jets leur devoir. Lorf-
qu'après la prife de Bagdad , il eut
entrepris la conquête des ludes ,
les foldats fatigués refufoxent de 1©
fuivre. Tout d'un coup s'élève ait
milieu d'eux un enthoufiafie , qui
reproche fortement à Tamerlan 1^
foiblefie avec laquelle il cède atix
cris des foldats : il pont en même
temps av6& des Ç9ii^s & nvei 1^
t« T A M
konte Se le danger de la fuite : îl
exagère tellement la lâcheté & Tin-
dîfcipline des Indiens ; il promet
enfin avec tant de confiance une
viâoire facile & décifive , qu'auffi-
tôt les Tar tares, comme s'ils euf-
ient entendu la voix d'un Dieu ,
paroiiTent d'autre^ hommes. Ils
demandent avec des cris redoublés,
qu'on les mené fur le champ à
Fennemi, afin d'eiïacer dans fon
ùng l'ignominie dont ils venoient
de fe couvrir en fe foulevant. L'em-
pereur profite habilement du fuccès
de fon flratagême, & fans laifTer
refroidir l'ardeur de fes troupes,
les conduit à l'ennemi , s'ouvre le
pafTage des Indes , & fe faifit de
Peli , qui en étoit la capitale. Vain-
queur des Indes ^ il fe jette fur la
Syrie» il prend Damas. Il revole
à Bagdad qui vouloir fecouer le
joug , il la livre au pillage & au
glaive. On dit qu'il y périt plu*
de 800 mille habitans ; elle fiit
entièrement détruite. Les villes de
ces contrées étoient aifément rafées,
& fe rebâtifibient de même -, elles
n'étoient que de briques féchées au
foleil. Ce fut au milieu du cours de
ces viftoires , que l'empereur Grec,
qui ne trouvoit aucun fecours chez
les Chrétiens , s'adreffa au héros
Tartare. Gnq princes Mahométans,
que Bajaiet avoit dépoffédes vers
les rives du Pont-Euxin , impld-
roient dans le même temps fon
fecours. TtfWirAm fut fenfible à ce
concours d'ambafladeurs ; imais il
Be les reçut pas également. Ennemi
déclaré du nom Chrétien , & admi-
rateur de Bajaiet , il ne voulut le
combattrequ'après lui avoir envoyé
des députés , pour le fommer d'a-
bandonner le âége de Conftanti-
nople , & de rendre juilice aux
princes Mufulmans dépoffédés. Le
fier Bajaiet reçut ces proportions
avec colère & avec mépris. Tamer^
daa^ furieux d&ipa côté , fe pré*
T AM
p9ti à marcher contre lui. kptW
avoir traverfé l'Arménie , il prit kl
ville d'Arcingue, & fit pafTer au
fil de l'épée les habitans & leê
foldats. De là il klla ibmmer U
gamifoii de Sébafte de fe rendre ^
mats cette ville ayant re&fé , if
permit de maflacrer tout , à kl
réferve des principaux citoyens ^
qu'il ordonna de hii amener pour
les punir comme les premiers au*
teurs de la réfiftance. On corn**
mença par leur lier la tête aux
cuifTes. ËnfuSte on les îeta dans»
une fofie profonde , que l'on ferm^
de poutres & de planches , recou«
vertes par-deifus de terre , sfin
qu'ils foufFriflent plus long-temps
dans cet af&eux abyme , & ^'ils
fentiflent toutes les horreurs du
défefpoir & de la mort. Après avoir
lafé Sébafte, il s'avança vers Damas
& Aleg qu'il traita de la même,
manière, enlevant des richefTes infi-
nies , & emmenant une multitude
innombrable de captifs. Ayant de«'
mandé inutilement au fuhan d'E-
gypte de lui abandonner la Syrie
& la Paleitine» il s'en empara à
mainsgrmée. Il entra enfuite dans
i'^yp^. y porta, fes armes vido-'
rieufes jufqu'à Memphis , a^lors
nommée Alcatr ou le Caire , dont-
il tira des tréfocs immenfes. Cepen-^
dam il s'approchoit'de^a/tf^ct: le»
deux héros fe rencontrèrent dans
les plaines d'Ancyre en Phrygie »
l'an 1402» On livre la bataille qui
dïlre trois jours^ Sl Bajaiet eiï vaincu
& ^t prifonnier. Le vainqueur-
l'ayant envifagé attentivement, dit^
à fes foldats : E/l-ce là ce Bajaiet
quinaus ainftdtés? — Otdy répon-
dit le captif» c*€fi moi i & il vous
fied mal d'outrager ceux que là for*
taneia humiliés^ Il y a des hiftbriens
qui prétendent que Tam:rlaa hà-
reprocha fon orgueil , fa cruauté-
& fa préemption : Ne devoisHujfo»
favoif » lui dit-il » qu*il rCyaqu»
les
T A M
^s thfani des infortunés qui ojfmt
i*oppoftr à notre Inyindhle puijfance ?
»» D'autres écrivains difentau cou*
>♦ traire que Taimr/an le reçut fort
>* honnêtement *, qu'il le conduiiit
** dans fa propre tente y qu'il le fit
^ manger avec lui ; & que , pour
" leconfoler, il ne rentrctint que
" des viciifitades & de l'inconf-
^ tance de la fortune. On ajoute
" qu'il lui envoya un équipage de
M chaiTe > foit par un motif de €om>*
»• paffîoa., foit peut-être par une
" îorte dé mépris -, & que le fier
" Tartare fut bien aife de lui faire
" fentir qu'il le croyoit plus propre
'^ à la fuite d'une œèute de chiens
" courans , qu'à la tête d'une grande
>* armée. C'eftau moins Texplica*.
" tion que Baja\ct donna lui-même
^ à ce préfent myfiérieux de Ton
* ennemi. Ce malheureux prince
" n'étant pas'majtre de fon ref*
*• fentinrent , & plein d'un chagrin .
" farouche \. Dites à Tamerlan , ( ré*-
" pondit-il ^érement à Celui qui.
« étoit venu de fa part) quilnes'efi:
» pas tr«npé en fninvlttnt à tui esfCf't
»' du quia toujours fait U plfllfir 4^^,
** Souverains , ^ qm cçnvUnt mleuss
** à Bajazet ,. né du grjnd Amurat».
» fis d'Orcan , quà un Aventuriet
^' comme lui\ & a un Chef 4& bnr^
. -' gonds, i.. Tanmrian revint bie||-l
* tôt' à fon.cara£tere; & cç bar-i
» bare , .irfité d'tine téponfe fi inju-
>* rieufe » commanda iiir le champ
" qu'on mit Baja^tt fans fell^. fyt
. » quelque vieux cheval de ceu;tqiçi
H fervoient à porter le bagage , 6e,
n que dans cet état, on Texpofàt
» dans le cantp aux mépris Çc aux
>' railleries de fes foldats -, ce qui
" fut exécuté auflS-tôt : & au re*
H tour on ramena le malheureux
u.Baja^ devant fon vainqueur *u
[Vertot , HjsT. dcMaithe , Liy. vj.]
:TamerIan' lui ayant denjandé com-
ment il Tauroit traité fi la fortune
lui avoit été favorable ? Jt vçus 4M^
Tom€ 1X9
Tau t7
rots mfirmé , lui répondit^il , dans,
une cage de fer ; &aufii-tôtillecon'^
danuia à la même peine , fi Toa
en croit les Annales Turques. Les
auteurs Arabes prétendent que ce
prince fe faiibit verfer à boire par
l'époufe de Baja^u à demi-nue ;
& c'eft ce qui a donné lieu à la
fable reçue, que ies fultans ne fe
marièrent plus depuis cet outrage»
Il eft difficile » dit Voiture , de con-
cilier la cage de fer & Taffrom bru-
tal fait à la femme de Baja\et ^ ave6
la générofité que les Turcs jittri*
buent à Tamtrlan^ \\% rapportent
que le vainqueur , étant eiur.é dans
Burfe , capitale des Ètat> Turcs |
Afidtiques , écnvit à Soliman , fils
de Bajaiet , une lettre qui eût 'fait
honneur à Alexandre^ %» Je veux ou*
hUer , ( dit Tamsrlan dans cette let-
tre^ ) que. j'ai été remtemiiieBèi.^Zfti
je fen^lraidi pere\àfçs enfahs\'"pourvu
qu^iU attendent les effets dp ma cU-»
tnence. Mes vonquêtes me fuffifent\ fi»'
di nouvelles faveurs de l*inc6njlanté-
fonme nt me tenteru point «, Suppofé
qu'une telle lettre ait été écrite.,'
elle pouvoit n'être qu'un artifice.'
Les Turcs difent encore que ramer-^
lan n'étant pas écouté de Soliman ^
déclara fultan un autre fiU de Baja*^
%et , & lui dit : Reçois l héritage de
tanjtere ; me ame royale faix conquérit
les Royaumes 6» Us rendre. Les hiîfto-
tiens Orientaux, ainfi que les nô-
tres , mettent fouVent dans la bou«
che des hommes célébrés , des
paroles qu'ils n'ont jamais pronon*
cées. La prétendue magnanimicéf
de Tamerhn n'étoit pas fans doute
de la nlodération. On le voit bien-
tôt aprè^ piller la Phrygie, llo-
ttic , là Bithynie., Il repaffa enfuitâ
ï'Euphrate , & retourna dans Sa-
markande, qu'il regardoit comme
la capitale de Tes vaftes ^ts. Ce
fut dans cette ville qu'il reçut iVoni
mage de plufieurs princes de TAfijô
$c l'ambafiade de plufieurs fouv«
B
I? T A M TAN
rain S. Non - feulement l'empereur perfan par un auteur contemporain ;
Grec , Manuel Paléologue , y envoya & traduite par Petis de la Croix ,
fes aitfljaffadeurs -, mais il en vint 1722 , en 4 tomes in- 11. [ Voye^
de la part de Henri III, roi de Brumoy.] L'impératrice de Rui£e
Caftille. Il y donna une de ces a fait préfent dernièrement , le 17
fêtes qui reifemblent à celles des. Mai 1780, au roi de Pologne, d'un
premiers rois de Perfe. Tous les parchemin très-fin , ^'environ cinq
ordres de TEtat , tous les artifans pieds de long , fur une largeur pro«
pafferent en revue , chacun avec pordonnée , où ce femeux empe^
" '^ " reur d'Afie , qui fe faifoit appeler
h Fils de Dieu , écrivit- de fa main-
en langue arabe VHlftoire de fa Vie»
TANAQUESIUS »Voy. i. Tho*
MASIUS.
TANAQUILLE , appelée auflî
CÂCU.IE r femme de Tarquln l'An-*
les marques de fa profeffion. 11 ma-
ria tous fes petits-fils & toutes {e&
pctites-'ftlles le même jour, Enfin ,
réfolu d'aller' faire la cdnqiiêt^ de
fa Chine , il mourut le i*"^ Avril-
1405 , dans fa 71* année , à Otrar
dans le Turqueftan , après avoîr^
régné 36 gns. S'il fut plus heureux; cien , née à Tarquinie « ville de
par,ia longue vie & psr le bonheur Tofcane , fiit mariée à LÎicumon , fils
de fes defcendans , qu'Alexandre d'un homme qui s'étoit réfugié dans
auquel les Orientaux le compa- cette ville, après avoir été chafTé
rent,.il.^t fort inférieur au Ma- de Corinthe fa patrie. Les deux
cédonien , en ce qu'il naquit chez' époux dévorés Tun & l'autre d'une
une nation Barbare ,& qu'il détrui- ambition égale y allèrent tenter
£t beaucoup de villes , comme Gtn- fortune à Rome, hicumçn y prit le
^uskan , fans en bâtir. Je ne crois nom de Tarquin, 11 gagna l'cftime ôc
poinVd*aitréurs', dit l*hiftorien déjà- Initié des Romains, & s'infinua
cité , que Tamerlan fût d'un naturel tellement dans les bonnes grâces
plus violent c[a' Alexandre, Un fa-' du roi i qu'il fiit revêtu ^cs plus
ihéux poëte Perfan , ctânt daiis le grands emplois^ &• qu'il devint roi
même bain que lui avec plufieurs lui-même. Ce prince ayant été af-
courtifans , & jouaAt à un jeu d'ef- faffiné la 3S* année de, fon règne »
prit qui conflAoit à efiimer en ar- TanaqtdUe fit tomber la couronne
gent ce que "valoit chacun d'eux :• fur SèrvlusTulUus fon gendre* Elle
Je vous efilme trente afpres , dit-îr l'^da dans radminiûration . des af*
au grand-kan. — ta jervietu dent faires , & fiit fon. confell i ainfi
je mcffide Us vaut , répondit le nft>- qu'elle avoit été celui de fon époiix,
narque. — Mais c*efl anjji eh comp- La mémoire de cette femme illuftre
tant la f muette y repartit Homédî.,,' ftit en fi grande vénération dans-
[' Voyei aujfî Ata ]. Peut-être qu'un Rome pendant plufieurs fiecles ,
prince qui laiffoit prendre ces in- qu'on y confervoit précieufeménr
nocentes libertés , n'avoît pas uii les ouvrages qu'elle avoit filés , fa
fonds de naturel entièrement fé- ceinture , ôc une robe royale qu'elle
roce,;'màis on fè famiUarîfe avec avoit faite pour 5erw«x-7ir/A'ttf. C'efii
les. petits , & on égorge les autres^ eKe qui fit la première de ces tuni*
Il difoit ordinairement qu*un Mo- qùes nfliies , que l'on doonoit aux
varque jiào'it jamais en fureté , Jî le jeunes gens , quand ils ie déCai-
vlèd i<fcJjb;i.fro/i« ne nagcolt dans le fdient de la prétcjita pour prendra
fang. Ses fils partagèrent entre eux la robe virile ; & de celles dont
£ès cçiTiquçtes. Nous avons une Wf- on revêtoit les fiUe$ qui fe* ma»
toire de ' Tamerlan , compofée eh rioirtt.
TAN
TANCHEtIN ou Tanch£imé ,'
fenatique du xii*^ fiecle, né à An-
vers , prêcha publiquement , diin9<
les Pays-Bas & dans la Holiande i
quelcsfacrensens de rEgUfe,étoifint
<lcs abominations j que lcs:prêtrss,
les évêques & le pape même
n'éçoient rien, & n'avoient rien
déplus que les laïques -, que l'Eglife
n etoit renfermée que dans fes dif-
ciples, & qu'il ne falloit pas payer
la dixme. II gagna d'abord les fem-
mes , & par elles il féduific les
hommes. Cet impofteur avoit tel-
lement fafciné Us efprits , qu'il
abufoit des filles en préfence de
leurs mères , & des femmes en pré-
fence de leurs maris. Bien loin que
les uns & les autres le trouvaient
mauvais. Us fe croy oient tous ho-
norés de l'amour du. prétendu pro-
phète. Tanchelin prêcha d'abord dans
les ténèbres & dans l'intérieur des
maifons. Mais dès qu'il eut formé
wi certain nombre de profèlytes ,
jj parut en public , efcorté de 3000
nommes armés qui le fuivoient
par-tout* Il marcha -avec la magni*
ficence d'un roi , &il fe fervi't de fon
wnatifme.même pour fub venir il
fes dipenfes. Un jour qu!il prêchoit
aune grande foule de peuple, il
ni placer à côté de lui un tableau
de la Sainte Vierge, & en mettant
ijmain fur celle de l'Image , il eut
|»niprudeftce de dire à la Mère de
^^^', Vierge Marie, je vous prendi
«sjOMrdAui pour mon épou/e. Puis fe
tournant vers le peuple : Foilà^
««•il , que j'ai épori/é la Sainte Vierge $
^jfi à vous à fournir aux frais des
Pnçàxlhs & des noces. En même-
J^psilfitplaçer à côté de l'Image
*^«ux troncs , l'un à droite & l'au-
î'« a gauche : Que Us Hommes, ^it-
^K mettent dms l'un ce quib veulent
«« donner, & Us Femmes dans l'autre ;
y^'^^ V«/ des deux fexes a Up/us
^mît'ié pçur moi & pour mon époufe.
*** femmes s'arrachèrent jufqu'à
leurs cofliei-S & leurs pendan's
d oreilles pour les lui donner. Cet
enthoufiafte d'une efpece finguHere
fit de grands ravages dans la Zé-
lande, a Ucrecht, & dans plufieurs
vil es de Fandres, fur- tout à Anvers
maigre le zèle de Saint Norbert , qui'
le confondit plufieurs fois. II s'avifa
dalier a Rome en habit de moine '
precnant par-tout fes erreurs ; maii
a fon retour , il fut arrêté & mis-
en prifon par Frédéric, archevêque
deCoiogne. Ils'échappa-defapri-
fon, & un prêtre crut faire une
bonne œuvre de lui donner la mort
en 1 125: fonhcréfie ne mourut
pus avec lui.
/. TANCREDEdeHaute-
JitLE . feigneur Normand , vaflal
At Robert duc de Normandie, fe
voyant chargé d'une grande famille
avecpeu debiens , envoya plufieurs
de fes fils , entre autres Guifcard &
Ko^r, tenter fortune en Italie. Ils
prirent Palerme en 1070 , & fe
rendirent maîtres de la Sicile, où
leurs defcendans régnèrent dans la-
KA^^T'^?^^^^^''°î<le Sicile,
bûtard de Roger, Voy. Henri iv ^'
de Bologne au xiii« fiecle . eft
CLfon 1 a donnée au public avec
des notes utiles.
^^/.TANCREDE, prétendu Z?..
de Rohan , fut porte jeune en Hol-
lande par un capitaine, qui le donna
aunpayf.n. Oneneutenruifefi
peu de foin , que manquant de tout,
il.fut fur le point d'apprendre un
mener Ma,s en 1645 , Marg:.rit.
de Bechme , ducheffe d, Rohan , vou-
lant déshériter fa fille, qui s'étoié
mariée malgré elle à Hmri Chabot
Ttconnm Tancr,4e pour fo„ fiu:
Le foi-difant duc rf. /2^W vint à
Fans ou le parlement ie déclara
Uippofe , par un célèbre arrêt rendu'
Bij
40 T Al^
fèn 1646. Cet impodeur fut tu^ foiîc
jeune en 1649 « ^'^^ coup de pif-
tolet , pendant la guerre civile de
Paris *, il avoit donné des marques
fingulieres de bravoure.
TANEVOT , ( Alexandre ) an-
cien premier commis des finances^
naquit à Verfailles en 1 69 1 , & mou-
rut à Paris en 1773. Il joignit les
calculs de PItuus à l'iûirmonie d*j4poU
Ion. Ses Ouvrages , recueillis en 3
yol. in- 12 en 1766, confiftent en
deux Tragédies non repréfentées ,
& qui n'auroient guère fait d*eifet
au théâtre, quoiqu'il y ait des tira-
' des bien verfifîées. L'une cft inti-
tulée , Scthos } l'autre , Adam & Eve,
On trouve encore dans fon Re-
cueil , des Fiiblcs , des Contes , des
Epitres y des Chanfons , &c. Son mé-
rite principal e la pureté & la
douceur du ilyle > qui dégénère
quelquefois en foibldSe , & l'atta-
chement aux bons principes de la
morale & du goût. Quoiqu'il eût
occupé des places qui enrichifTent,
il ne laiiTa préciTément que ce qu*ii
falloit pour payer Tes dettes & pour
récOmpenfer fes domeftiques. Plus
il avoit ^ eu de focilité d'obtenir
des grâces , plus il s'étoit tenu en
garde contre la cupidité baffe &
sn)ufte qui porte à les demander.
C'étoit un homme iincérement reli-
gieux, & un véritable philofophe
Chrétien.
TANNEGUY du Chatel
Voyei I. & II. Chatel.
7. TANNER, ( Adam) Jéfuite
d'Inrpruck , enfeigna la théologie
â Ingolftad & à Vienne en Autri-
che. Son (avoir lui procura la place
de chancelier de Tuniverfité de Pra-
gue-, mais Tair de cette ville étant
contraire à fa fanté, il réfolut de
retourner dans fa patrie. Il mourut
en chemin le 25 Mai 1632 , à 60
ans. On a de lui : I. Une Relation
de la Difpùte de Ratisbonne en
1601 s à laquelle il s'étoit trouve i
TAN-
Muhidi, 1601, in-fol. It. Et ùit
grand nombre d'autres Ouvrages
en latin & en allemand , parmi ief^
quels on diftingue fon Aftrologia
yiicra, Ingolftad, 162 1 , in-fol. IL
montre dans cet ouvrage commenc
un Chrétien peut juger > par les
aftres, des chofes cachées. Tantur
étoit un iàvant laborieux & ardent*
IL TANNER, ( Mathias) né à
Pilfen en Bohême, l'an 1630 ^ fe
fit Jéfuite en 1646» enfeigna les
belles- lettres , la philofophie , la
théologie & l'Ecriture - Sainte , &
fut envoyé à Rome en qualité de
procureur en 1675. On a de lui;
I. Cruentum Chr{fil Sacrificlum incruauQ
Aîtjfx Saaificîo expUcatum y Prague»
1669. ^^* -Contra omncs impie agenteê
in loùsfasrisy en latin, & enfuite
en bohémien. III. SocUtas Jtfu u/qué
ad fanpâms & vita profiifioacm miii*
ttuuy Prague, 1675 , in-fol., avec
de belles figures. C'eil l'hiftoire
des religieux de ion Ordre qui ont
foufiert pour la Foi; elle eft écrite
avec pureté & élégance. IV. Wftoria
Soûetatis Jefu , fiye vittt & fffta pr^t*
clora Fatrum Soduaiis ^ &c. , Pra-*
gue, 1694, in-£ol., avec figures,
écrite avec la même élégance.
TANQUELIN, Voye^ Tan-
CRELIN.
TANSILLO « ( Louis ) né à Noie
vers l'an i$io, s'attacha de bonne
heure à la maifon de Tolède. Il
pafla une grande partie de (a vie
auprès de D. Pierre de ToUde, mar^
quis de' Vi/latranca , qui hit loi^-*
temps vice-roi de Naples , & de D.
Gardas de Tolède , général des ga-
lères du même royaume. On ignore
l'année de (a mort. SàpionAmnù*
rato dit qu'il étoit juge de Gaïette
en 1569 , que ia famé étoit alors
très-foible , & qu'il mourut peu de
temps après. TanfiUo acquit très-
jeune la réputation d'excellent
poète \ mais ayant fait un Ou?
vrage 1 oà «a t»^9iu U tafal«au des
^ T A K
piàfis £ct de la licence qui re-
gn«ient pendant les vendanges dans
les campagnes de Noie, il blefibit
les bonnes moeurs , rinquifitîon
mit à l'indev toutes fes Foifics, Le
Poème qui occafionna cet ana-
thême , avoit paru fous le titre de
// Vendanùuon , ( U Vendan^tur , )
Nîq>les^ iî34»& Venife, 1549»
în-4**. Ccft pour réparer en qud.-
que ibrte îa faute , qu'il fit depuis
un Poëme intitulé : Le l^grime 4î
San Pîctro , ou as Larmes de S,
pierre. Ce Poëme a été donné en
françois par Malherbe , & en ef-
pagnol par Jean GedçnJo & par
pamUn Alyorès, Le pape Paul IV^
auquel Tanfillo préfenta cet Ou-
vrage, avec une requête pour le
"prier de Êiire lever la condamnation
prononcée contre fes autres pro.-
du^OBSv les fit tirer d^ l'index^.
& n*y laifi[Â.que le Vendangoir. Nous
avons, encore de TanfiMQ.dea Corné*-,
dies , des Sonnets , des Chanfonf ^
des Stances ^ &c. , genre de poifie
où il a tellement réu(fi ,. que plu-
6eurs prétendent qu'il a furpaifé
Pétrarque. Mais ce n'eft pas le fen-
^ment des gens de goût. Tanfillo.
cft plein de Concettl & de ces poin-
tes qu'on reproche avec raUbn au^
poètes Italiens modernes. Quoi
qu'il en foit , on a réuni fes Poéfies
dherfes , é Bologne , 1711 > in-iji,
TANTALE , fils de JupUer &
d'une N3rmphe appelée Plota^ étoit
roi de Phiygie , & félon quelques-
uns de Corinthe. II enleva Gatii'
mede , pour fe venger 4e Trx>s ,
qui ne Tavoit point appelé à la
première fol^inité qu'oa fit à
Troye. Pour éprouver les Dieux»
qui vinrent un jour chez, lui ,. il
leur fervit à fouper les membres
de fon fils Pe/ops , [ Voyei ce>mot , ]
& Juinter^ condamna ce barbare à
une fiiim fie à une foif perpétuelles.
M.rofre l'enchaîna , & l'enfonça
jufqii^a)» meatflio an tnitiev d'un
T A R ir
hc dans les Enfers , dont Teau fe
retiroit , lorsqu'il en vouloit boire.
Il plaça auprès de fa bouche une
branche chargée de fruits , laquelle
fe redrefibit dès qu'il en> vouloit
manger. Il y eut un autre Tantals »
à. qui Cfytemnefire avoit été promife
en mariage , ou même mariée avant
qu'elle épousât Agamcmnon,
TAPHIUS,, ou TA7HUS , fils de
Neptune & dHippothaë , fut chef
dune troupe de brigands, avec
Jefquels il alla s'établir dans une
itle qu'il appela Taphlu/e , de fon
nom.
XAPPEN > ( Silveftre ) minifbe
Proteftam • né à Hildesheim , en
1670, mort en 1747» cû auteur
de divers Ecrits en allemand, fur
la Théologie , l^- Morale & VHlfiolre^
Le plus connu, efl une petite Géà-^
graphie en vers latins « fous le titre;
de Po'êta Geopaphus,
TAPPER, ( Ruard) d'Enchuy-.
fen, en Hollande, mort à Bruges,
en 15.59,, fiit doûeur de Louvain«
Il y enieigna la théologie avec ré-
putation , & y fut fait chancelier de
l'univerfité^ & doyeade l'Eglife de
Saim-Pierre. L'empereur Charles-^
Quim, & Philippe II, roi d'Efpagne «^
l'employèrent dan$ les affaires de
religion. On a de lui plufieurs.
Ouvrages de Théologie , Cologne «,
1582 , in-fol. ,,qu'on.ne lit plus.
TARAISE^ fils d'un des prin-
cipaux magifirats de Conflantino-
ple, fut élevé à la dignité de conful ^
puis choifi pour être premier fecré-
taire d'état, fous le règne de Conf^
tantîn & d'irene, qui lev firent enfuite
élire patriarche de Conftantinpple ,
l'an 784. Il n^accepta cette place*
qu'à condition qu'on afTembleroic
un concile général contre les Ico-
noclafies. Eu effet , après avoir
écrit au pape 44rîen , il fit célébrer
Jle II" concile général de Nicée ,,
l'an 787, en faveur des faintes
Images* Il étoit la bonne odeur 4q
Biii
la T^A R
fon Eglife & la luroîefé dé fon
clergé , lorfqu'il mourut en 806.
Nous avons de lui , dans la Col-
leâion des Conciles, une Epkre
écrite au pape Adrien.
TARAUDET, VoyexVhASSkVS,
TARDIF, (Guillaume) origi-
naire du Puy en Velay , profeffeur
en belles-lettres & en éloquence au
collège de Navarre, & lecteur de
CharksVlU^ a vécu jufqu'à la fin
du XV* fiecle. Il s'elt fait connoître
•par plufieurs Ouvrages , dont le
plus curieux cft 4in Traité de la
ChaiTe , fous ce titre : VAn de Faul-
eànnme Odéduytdes Chiens de chajfe,
réimprimé en 15^67, avec celui de
Jean de Francieres, La première édi-
■ tion eft fans date.
TARENTE, ( Louis , prince de )
Vcye^ Lovis, n*' xxvii.... &
rV. Jeanne»
^ TARIN , ( Pierre ) médecin , né
a Couitenai, mort- en T761 , eft
connu par des EUmens de Phyfiw
iogie, ou Traité de la ftmclure, des
itjages & des différentes parties du
• Corps humain , traduit du latin de
llalUr^ 1752, in-S^ On a encore
de lui : I. Adverfaria Anatomica ,
• 1750 * in-4** » avec figures. 11 n'y
• parle que du cerveau & du cer-
velet. IL Dictionnaire Anatomlque ,
1753 ' «-4**. Il eft fuivi d'une Bi-
bhotheque anatomique & phyfio-
logique. La partie bibliographique
jeft extraite de l'Ouvrage de Haller^
intitulé : Methodus Studii medicl. III.
■ Oftéographîe ; Paris, 1753, in- 4°,
avec fig. Ce n'eft qu'une compila-
tion. IV. Anthropotomîe , ou l'Art
de difféquery 1750, '2 vol. in-Il.
M. Portai en parle svec éloge. V.
Dèfmographie^ ou Traité des ligamens
eu Corps humain , iri-8** , I75 2. C*eft
une traduâion du latin de fFell-
Irechty profeffeur en médecine à.
Pétersbourg. VI. Ohfervatlons de
Médecine & de Chirurgie y 1758 , 3 vol.
in- 12 : elles font extraites de difFé«
T A R
fcns auteurs. VII. Myo^aphî'c , cm
Defcription des MuJ'cles ,1753, in-4%
avec des fig. copiées é'^/bîaus ,
mais mal rendues. VIU. Les arti-
cles d'anatomic dans ÏEncycloyédîc
& le Dif cours qui y eft inféré fur
l'origine & les progrès de Cette
partie de la médecine. Ce médecia
rappelle l'idée de Jean Takin^
profeffeur de Paris, & précepteur
de l'infortuné de Thou , que Gui-'
Patin appelle un abyme de fcience»
& qu'il regardoit comme un des
plus favans hommes du monde. Il étoit
d'Angers.
TARISSE, (Dom Jean -Gré-
goire) né en 1575 , à Pierre-Rue,
près de Ceffenon , petite ville du
bas Languedoc , fut le premier gé-
néral de la Congrégation de Saint-
Maur, qu'il gouverna depuis 1630
jufqu'en 1648, année de fa mort.
On a de lui des Avis aux Supérieurs
de fa Congrégation , in-12 , 1632.
Ils font d'autant plus judicieux ,
que l'auteur avoit connu le fort
& le foible de fon Ordre. Il l'éclaira
par ÎÇ& lumières , & l 'édifia par
^^s exemples. Rien~ n'égala fon
zèle pour rétablir les études. II
eut beaucoup de part à la publi-
cation des Conjiitutions de fa Con-
grégation. , imprimées par fon or-
dre en 1645.
TARLAT, Voyei Ribiena.
TARPA , {Spurlus-Mctius , ou
Maclus ) critique à Rome du temps
de Jules- Cé/ar & ^Aupijie , avoit fon
tribunal dans le temple à^ Apollon »
où il examinoit les pièces des
poëtcs-avec quatre autres critiques.
On ne repréfentoii aucune Pièce
de théâtre, qui n'eût été approuvée
de Tarpa , ou de Tun de (es quatre
collègues. Les connoiffeurs n'é-
toient pas toujours fatisfaits de fon
jugement , & les auteurs encore
moins. Cicéron & Horace en font
cependant une mention honorable.
TARPEIA, fille de Tarpeius^
T A R
gouverneur du Caphole fous Ro-
mulus , livra cette place à Tatîus ,
général des Sabins , u à condition
H que fes foldats lui donneroient
» ce qu'ils portoient à leur bras
»> gauche « , dcfignant par-là leurs
. braflelecs d'or. Mais Tatltu , maître
de la fortereâe, jeta fur Tarpeïa
fes brafîelets & fon bouclier qu'il
avoit au bras gauche -, & ayant
été imité par fes foldats, Tarpeia fut
accablée fous le poids des boucliers
Tan 746 avant J. C. Elle fin enterrée
fur ce Mont , qui , de fon nom ,
fut appelé Mont Tarpéiai. Il fut en-
fuite deftiné au fupplice de ceux
qui étoient coupablet de trahifon
ou de faux témoignage. On les
précipitoit du haut de la Roche
Tarpeïennc*
!• TARQUIN PAnâm , roi des
Romains , monta fur le trône après
leroi Ancu$'Martltts , l'an 615 avant
I. C. U étoit ori^naire de Grèce -,
mais né en Ëtrurie dans la ville de
Tarquinium, d'où tl prit fon nom.
{ Voye^^ II. Demarate. ] Une
grande ambition « foutenue d*im-
menfes richeiTes , l'avoit conduit a
Rome. 11 iê dîAingua tellement
fous le règne A'Aif€us - Munîus ,
qu'on le jugea digne de devenir
fon fucceileur. On remarque qtle
Tarqmn fut le premier qui int^o-
duiût dans Rome la coutume de
demander les charges , & de faire
des démardies publiques pour les
obtenir. Pourfe faire des créatures ,
& récompenfer ceux qui l'avoient
fervi en cette occaûoo , il créa ceht
nouveaux Sénateurs»' Il les choifit
parmi les familles plébéiennes, &
par cette raifon 41s furent nommés
Sénateurs du fécond ordre « Patres -
mînorant gentiam ; ^ûn de les diftin- <
guer de ceux de -l'ancienne ctéa- >
tion , qu'on nomm&it Sénateurs du
premier Ordre, Patres majorum gen- '
t'ium : mais ils étoiéné p^aitement '
égaux en autoiitéi Après s'être
T A R 25
fighalé par ces établiiTenif as , il fe
i.dfflingua contre les Latins & les
Sabins , fur qui il remporta une
grande vidloire aux bords del'Anio.
Un fbatagême la lui prociura. Les
Sabins avoient derrière eux un
.pont de bois , par lequel ils tiroient
leur fubfiilancf , & qui favorifoit
leur retraite. Tarquîn fit mettre le feu
pendant la bataille à une grande
quantité de bois qu'il fit jeter dans
la rivière , & qui , portée contre le
pont , le mit bientôt en flammes»
Les Sabins effrayés voulurent pré-
venir fa ruine ; mais le plus grand
nombre fe noya. Plufieurs autres
avantages lui procurèrent trois
triom^^es. 11 profita du loifir de
la paix , pour faire reconfïruire
f magnifiquement les murs de Rome«
Il enviconna la place publique de
galeries , & loroa de Temples & de
Salles deâinées aux tribunaux de
>iiftice & aux écoles publiques.
Rome ^ dans (es temps les plus
fefhieux^ ne trouva pcefque qu'à
admirer dans ces ouvrages. Pllne^qvi
vivoit Sûo ans après Tarqwn , ne
parle qu'avec étonnement de I4
.beauté des Aqueducs fouterrains
qu'il fit conAruire pour purger
Rome de fes immondices , & pro«
' curer un écoulement aux eaux des
montagnes que cette ville renfer-
moit dans fes mui^. U introduifit
au^ la coutume des faifceaux de
verges qu'on lioit anitoiur des haches
des Magiflrats , les robes des Rois
& des Augures , les chaires di voire
des Sénateurs , avec les anneaux &
les ornemens des Chevaliers & des
enÊins des familles nobles. Il fut
aiTaffiné par les deux fils A^Ansus"
Martius ,Van 577 avant J. C, à.go
ans , après en avoir régiié 3S. Koj,
Tanaqvîxie. •
IL TARQUIN U Superbe , parait
du précédent, époufa TulTia , fille
du toi Servius' TuWas, La foif de
régnes luifitôter la vie à fonbeau-
B iv
V4 T A R
père , l'an 533 avant J. C. Il s'em-
para du trône par violence, & fans
aucune forme d'éleâion. Il fe défit,
Ibus divers prétextes , de la plus
g|rande j^rtie des fénateurs & des
riches atoyens. Son orgueil & (a
cruauté lui firent donner le nom
de Superbe. Tarqu^ s'appuya de
l'alliance des Latins, par le ma-
riage de fa fille avec Manilius , le
plus confidérable d'entre eux. On
renouvela les traités faits avec ces
peuples. Tarquln iignala Ton règne
par la conftruftion d*un Temple de
Juplur, dont Tarqmn l'Ancien avoit
Jeté les fondemens. [ Foy. Amal-
THÉE. } Il étoit fitué fur un mont
ou colline. Dans le temps qu'on
y travailloit, les ouvriers trouver
rent la tête d'un certain Tolus ,
encore teinte de fang : ce qui fit
donner le nom de Capholc ( Çaput
Toll ) à tout l'édifice. Les dépenfes
<ie Tarqt^n ayant épuifé.le tréfor
public & la patience du peuple , il
le flatta que la guerre fer oit ceÎTer
les murmures. 11 la déclara aux
Rutules. Il étoit occupé au iiége
d'Ardée , capitale du pays , lorfque
la violence que fit Sextus à Lucrèce ,
fouleva les Romains. Us fermèrent
les portes de leur ville , renverfe-
rent le trône Tan 509 avant J. C. ,
& Tarqmn n'y put jamais jremonter.
Il fe retiva chez les Etruriens , dont
les armes lui furent inutiles. Après
une guerre de i^ ans, la paix fut
condMe 1^ & le tyran fe vit aban-
- donné de tous ceux qui l'avoient
fecouru. Il feroit mort errant &
vagabond , û Arlflodemt , prince de
Cumes dan$ la Campanie , ne l'eût
enfin reçu chez lui. Il mourut
bientôt après , âgé de 90 ans; Il en
.^yoit régné 14* Les hifloriensî on(
beaucoup déprimé ce prince ; mais.
on ne peut niçr que ce ne fàt un
tyran habile , qui augmenta ù^n
pouvoir par ^ vi^loires; On d,oit .
1 4it JM^ Vahbf J)4AUot ) Ijui reprg-r
T A R
cher des inîuflices , mais non lui
refufer la gloire du génie & des
taléns. Malheur ( dit Mqnxe&-
QVIEV ) à la réputation de tout
Pànce qui eft opprimé par un pAWtl
qui devient le dominant^
III. TARQUIN-COLLATIN »
Voyei Collât IN US.
TARTAGLIA ou Tartalea ,
( Nicolas) mathématicien deBrefTe^
dans l'Etat de Venife , mort fort
vieux en 15 57, pafloit avec raifoji
pour un des plus grands.géometr^s
de fon temps. Nous avons de lui
une Verfion italienne d'EucUde , avec
des Commentaires , Venife » 15 43 %
in-folio V un Traité de» Nombres €^
des Mefures ; & d'autres ouvrages
imprimés en j vol. in-4° » i6o6.
11 s'efl fait un nom par Tinvention
de la méthode de réfoudre les Equa-
tion% cubiques , que l'on attribue
ordinairement à Cardan. C'eilauffî
le premier auteur qui a écrit expref-
fément fur la théorie du mouvemesil
des bombes & des boulets : fujec
qu'il examine dans fa Nova Scientia »
imprimée à Venife en 153? i ^
dans fes Qtiefitiedinveaùonedlverfe^
Venife , IÇ46. Voy, I, Cardan.
TARTAG NI, (Alexandre)
jurifconfulte , furnommé d'Iu9iA ,
parce qu'il étoit natif de cette ville ,
enfeigna le droit, à Bologne & à
Ferrare avec tant de réputation ,
qu'on le npnima le Monarque dtA
Droit & le PerA des Jurifconfulte^^
On a de lui des Commentitires fur les
Clémentines & fur le Sexte ^ & d'au-
tres Ouvrages dont H y a eu plu-
fieuFs éditiotis autrefois. Ce jurif-
confulte mourut à Bqlogne en
4587 , à 53 ans,
TAPTERON, (Jérôme) Jéfuite
de Paris , mort dans cette ville le
12 Juin 1720,. à 75 ans , profeiTa
aveçdiflinôion au collège àeLou^s
le Grand, Il ,eft auteur ; I. D'une
,%raduâiQn ffapçpjfe., ÀQ,S (Euvr^s-
l*Iion^e , 4oïjU.î^ ffieill^ive éditiQ^
T AR
eft celle d*Amfterdam en 1710 , 2
vol. in - 12. II. D'une TraduSion
.des Sattns de Perft & de Juvenal ,
dont la dernière édition eil celle de
1752 , in- 12. Le Pcre Tarteron a
fupprimé les obfcénités groilleres ,
dont il eft étrange que Juvenal^ &
fur^tout Horace , aient fouillé leurs
Ouvrages. Il a ménagé en cela la
jeunefle , pour laquelle il croyoit
travailler ; mais £1 Verûon n'efi pas
afièz littérale pour elle : le fens
cft rendu, mais non pas la valeur
des mots.
TARTINI , ( Jofeph ) l'un des
-plus grands muficiens de notre
fiede , naquit au mois d'Avril
1692, à Pirano en Ulrie. Après
difiFérentes aventures , qui prou-
voient une îeuneiTe bouillante , il
fe fixa à la muiique vers Tan
1714. Il y fit des progrès étonnans.
En 1721 , il fut mis à la tète de la
mûfique de Saint-Antoine dePadoue
Son nom étoit très-célebre en Eu-
rope , lorfqu*il mourut en Février
1770. On a de lui : I. Des Sonates^
publiées en 1734 & 1745 » & reçues
avec traniport par tous les maîtres
de l'art. II. Un TraUe de Mufique ,
imprimé en 1754 , dans lequel il y
a un fyfiême qui fait autant d'hon-
neur à fon (avoir dans la théorie
de la mufique , que celui de la bafie
fondamenôle en fait à l'illufire
Rameau.
I. TASSE , (Le) Torquato Tasso ,
poète Italien, né à Sorrento , ville
du royaume de Naples, le 11 Mars
1544 * compofa des vers n'étant
encore âgé que de 7 ans. Le père
du Tajife étoit attaché en qualité de
fecrétaire au prince de Salerne ,
San'Scverino , qui s'étant chargé de
repréfenter à Charles-Quint rinjuf-
nce du vice-roi de Naples , lequel
vouloir établir l'Inquiûtion.dans le
royaume , fu( obligé de prendre la
fuite, BemardotTaffo ( c'étoit le nom
d^foo père , Foy, U, Tasse) fuivit
TAS IÇ
ce prince , & fut condamné a more
comme lui. La même fentence fut
prononcée contre fon fils , quoi-
qu'il n'eût que 9 ans , & ils n'échap-
pèrent au fuppllce que par la fuite.
L'enfant poète fit des vers fur fa
difgrace , dans lefquels il fe com-
pare au jeune Afcagne fuyant avec
Enée, Rome fut leur premier afile.
Le jeune Tajfo fut envoyé enfuite
à Padoue étudier le droit. Il reçut
même fes degrés en phlloipphie &
en théologie. Mais , entraîné par
rimpulfion irréiifiible du génie ,
il enfanta, à l'âge de 17 ans, fon
Poëme de Renaud , qui fut comme
le précurfeur de fa Jérufaiem, Il
commença ce dernier ouvrage à
Page de 22 ans. Enfin , pour ac-
complir la defiinée que fon père
avoir voulu lui faire éviter , il alla
fe mettre en 1565 fous la proteâion
du duc de Ferrart, Ce prince le logea
dans fon palais* & le mit par (es
libéralités en état de n'avoir d'autre
foin que celui de s'entretenir avec
les Mufes. Il penfa même à le ma-
rier avantageufement, & il lui en
fit Élire la propofition par fon fe-
crétaire intime qui étoit un vieux
garçon. Le Tajfe répondit à celui-
ci, comme Epîëtue avoic lépondu
autrefois à l'un de fes amis : Je me
marierai ior/que vous me donnere\uae
de v^s filifs. Le pape Grégoire Xlll
ayant envoyé en 1572 le cardinal
Louis de Ferrare, firere du duc , en
France , en qualité de légat, le TaJfe
Vy accompagna : il fut reçu du roi
Charles JX avec les diflinéHons
dues à fon mérite. De retour en
Italie , il fut amoureux , à la cour de
Ferrare, de la fœur du duc. Cette
paffion, jointe aux mauvais traite-
mcns qu'il reçut dans cette cour,
fut lafource de cette humeur mélan-
colique qui le copfuma pendant 20
années. Le refie de fa vie ne fut
plus qu'une chaîne de calamités &
d humiliations. Perféc^^té par les
2t
TAS
' ennemis que lui fuJcitoIent (é& td-
lens ; plaint , mais négligé par ceux
qu'il appeloit fes amis , il fouflrit
l'exil , la prifoii, la plus extrême
pauvreté , la faim même : & ce qui
Revoit ajouter un poids iiifup-
]M>rtableà tant de malheurs , la ca-
lomnie l'attaqua & l'opprinia. Il
s'enfuit de Fcrrare , où le protefteur
qu'il avoit tant célébré, Tavoit fait
mettre en prifon. 11 alla couvert de
haillons , depuis Ferrare jufqu'à
Sorrento dans le royaume de Ha-
pics » trouver une fœur qu'il y
avoit, 11 eft £aux qu'il n'en obtint
aucun fccours , comme le prétend
Voltaire, Le Père Nîccron , mieux
înfiruit y dit que fa fœur le reçut
avec toute la joie & toute la ten-
dreté imaginable, & il pufTa tout
tm été avec elle. Mais le défir de
Tetourner à Ferrare le tourmentoit
toujours. 11 y alla de nouveau. Le
fïuc le croyant malade , l'exhorta
à ne plus penfer qu'à une vie douce ,
& à la jouiflance de la tranquillité
qu'il vouloit lui procurer. On avoit
perfuadé à ce prince que le poè'te
avoit jeté tout J'en feu , & que loin
^e pouvoir rien produire de bon,
il n'étoit propre qu'à gâter ce qu'il
avoit déjà produit. Le Tajfe , voyant
que fcs talens n'étoient plus appré-
ciés comme autrefois à la cour de
Ferrare , fe jeta dans les bras du
Aie i*Urb'in , qui avant que de l'ad-
inettre à fa cour , voulut le mettre
^ans les remèdes. Il le fît enfermer
dans l'hôpital de Sainte- Anne \, où
la folitùde & fa détention forcée le
jetèrent' dans des maladies vio-
lentes & longues , qui lui ôterent
quelquefois l'ufage de la raifon. 11
prétendit un jour avoir été guéri
par le fecours de la Ste, VUrge & de
5a. Scholajlîque y qui lui apparurent
idans un grand accès de èevre. Ce
ne fut qu'à la prière du duc Vincent
Âe Gon\ague , que fa liberté lui fut
rendue au commencement de 1586.
TAS
'Potir comble d'infortune , ft gloire
poétique, cette confolation imagi-
ginaire dans dt% malheurs réels ,
avoit été attaquée de tous côtés. L*e
nombre de fes ennemis éclipfa pour
im temps fa réputation : il tut preT-
que regardé comme un mauvais
poète. Enfin après 10 années «
l'envie fut laffe de l'opprimer ; fon
mérite furmonta tout. Las de la vie
. orageufe qu'il avoit menée à la cour
Aes princes , il avoit été chercher
le repos à Nsples. Il y jouifToit de
la tranquillité & du bonheur , lorf-
qu'il fîit appelé à Rome par le pape
Clément VIII , qui , dans une con-
grégation de cardinaux, avoit ré-
solu de lui donner la couronne de
laurier & les honneurs du triomphe.
Le Tajfe (iit reçu à un mille de Rome
par les deux cardinaux neveux , &
par un grand nombre de prélats &
d hommes de toutes conditions. On
le conduiât à l'audience du pape r
Je défire , lui dit le pontife , que vous
honoric^ la Couronne de Laurier ^ qui
a honoré jufqulcî tous ceux qui L'oru
portée. Les deux cardinaux ALcobran-'
dins , neveux du pape , qui a.moient
& admiroient /.j Taffe^ fe chargèrent
de l'appareil de ce couronnement :
iV'^yt\ Pétrarque. ] 11 devoir fe
faire au Cspitole. Lt Tajfe tomba
malade dans le temps de ces prépa-
ratifs , & , comme ii la fortune a\ oit
voulu le Q-omper jufqu'au dernier
moment , il mourut la veille du
jour deftiné à la cérémonie , le 1 ç
Avril 1 5 9 5 1 à J I ans. Le Tajj't avoit
la taille haute, droite & bien pro-
portionnée \ & un tempérament
vigoureux & propre à tous les
exercices du corps. Il parloir pom-
ment , & ne montroit point dans la
converfation tout le feu qui brilloit
dans fes Ecrits. Il rioit peu & fans
éclats. Il manquoit d'action , & dans
(es difcours publics il fe foutenoit
plutôt par les chofes que par les
grâces extérieures. Bon parent ,
TAS
bonsmi, il exceiloit par les qua-
lités du cœur. Jamais poëte w^a été
aufli indulgent & aufïl honnête dans
h fociété. Peu fatisfaic ordinaire-
lûent des produâions defon efpnt ,
ilétoit touiours content de Ton état,
lors même qu'il manquoit de tout.
II s'abandonnoit entièrement à la
Providence , & il fe ûiifoit un fcru-
pule de recevoir ou de garder ce
qui ne lui étoic pas abfolument
nécefTaice. Sa fin fut très-chrétienne,
& dès qu'il la fentit approcher , il fe
fit porter au couvent de Saint-
Onuphre , pour être plus à portée
des fecours fpirituels. On l'enterra
fans pompe, comme il l'avoit défiré.
Mais le cardinal BcvUaque lui fit
enfuite élever un monument dans
TEglife du monaftere où il étoit
mort. Ses principaux Ouvrages
font: L La JéTufaUm délivrée^ dont
Mirabaud & M. U Brun nous ont
donné de bonnes Traductions : le
1^' en 2 vol. in-i2 , [ Voy. Mira-
BA.UD-, ] & le fécond en 2 volum»
in -12 & in -8^. Ce Poëme offre
autant d'intérêt que de grandeur :
il cft parfaitement bien conduit ,
prefque tout y eft lié avec art. L'au-
teur amené adroitement les aven-
tures ; .il diflribuè fagcment les
iuraieres & les ombres. 11 fait paffer
le lefteùr des alarmes de la guerre
aux délices de l'amour , & de la
peinture des voluptés il le raniene
aux combats. Son ftyle eft par-tout
clair & élégant ; Se lorfque fon
fujet demande de Télévation , on
eft étonné comment la mollefte de
h langue Italienne prend un nou-
veau caràélere fous {es mains , &
fe change en majefté & en force.
Mais avec de grandes beautés , ce
Pocrae a de grands défauts. Le
forcier îfmene qui fait un talifman
'avec une image delà Vierge Marte;
l'hiftoire d'Ollnde & de Sophronîe ,
perfonnages qu'on croiroit les
principaux du Poëme, & qui n'y
TAS tlJ
tiennent point du tout ; les dix
princes Chrétiens ïnctamorphofés
en poîâ'ons; le Perroquet chantant
des chanfons de fa compoûtion;
ce mélange d'idées païennes 6c
chrétiennes ; ces jeux de mots êc
les Conceuî puérils , tout cela dé-
pare fans doute ce beau Poëme.
[ Voyei BoRGHESE. ] Le Taffe
fembla reconnoître lui-même qu'il
i'avoit rempli de chofes qui cho-
queroient les leâeurs judicieux.
Pour fe juftifier il publia une Pré-
face , dans laquelle il tâcha dé
prouver que tout fon Poëme étoit
allégorique. L'armée des princes
Chrétiens repréfentoit , félon lui ,
le corps & l'ame. Jérufalem étoit
la figure du vrai bonheur qu'on,
acquiert par le travail & avec
beaucoup de difficulté. Godefroiçû.
l'ame *, Tancrede , Renaud , & le^
autres héros en font les facultés.
Le commun des foldats font les
membres du corps. Les diables
font à la fois figUres & figurés,
Armide & Ifmene font les tenta-
tions qui afnv;gent nos âmes. Les
charmes , les illufions de la Forêt
enchantée repréfentent les faux
raifonnemens dans lefquels nos
pafiions nous entraînent. Telle eft
la clef que le Tajfe donna de fon
Poëme : il y a apparence qu'il la
trouva dans le temps de fes vapeurs,
II. La Jérufalem Conquîfe , I593 ,
in-4°. III. Renaud^ 15 62, in-4*' ;
Poëme en douze chants , plein de
faux brillans , de tours aft^sftés ,
•d'images recherchées. Nous en
avons une plate Traduôion en
profe , par le fieur de la Ronce , ien
1620 , réimprimée fans changement
en 1624. III. Amînte , Paftorale ,
qui refpire cette molleffe , cette
douceur & ces grades propres à la
poéfie Italienne. On a reproché à
l'auteur d'avoir chargé fon Poëme
de trop de récits, qui ne laiftcnt
prefque rien à la repréfcntation j
i8 TAS
mais on oublie facilement cedéâwt
en faveur des beautés toudiantes de
l'ouvrage. PequaVn, traduit enprofe
firançoife en 1734. IV. Lu Sept
hunUis d* la Création du Monde »
1607, in-S**. V. La Tragédie de Torif-
mond^ IÇ87 » in- S® j mauvais ou-
vrage » indigne de Tauteur. Les
produûions du Taffe ont été im-
primées en 6 vol. in-£oI. à Flo-
rence en 1714 , avec les Ecrits faits
pour & contre fa Jémfalem délivrée^
La conteftation oui s'étoit émue ,
fur la fin du xvi* fiecle & au com-
mencement du XVII*, entre les par-
tifans du Tajfe & ceux de VAriofte,
touchant la préférence fur le Par-
naffe Italien , femble être entière-
ment finie. Malgré le jugement des
académiciens de la Cn^ca , & de
quelques rimailleurs jaloux & .in-
quiets , le Taffe efl aujourd'hui en
poffeflîon du premier rang fur tous
les poètes de fa langue. On peut
voir l'hiftoire de la difpuce dont
nous parlons , dans le 4* volume
des Qtiercllcs littéraires. Les éditions
les plus recherchées de la JémfaUm ,
font : CeWe de Gênes ,1^90, in.4° ,
avec les figures de Bernard CaftUli ,
& les Notes de divers auteurs*, celle
de l'Imprimerie royale à Paris ,
1644 , grand in-folio , avec les
planches de Tempefta ; celle de
Londres , 1724 , 2 vol. in-4** ,
avec les Notes de plufîeurs littéra-
teurs Italiens •, celle de Vcnife ,
1745 » in-folio , avec figures-, &
enfin l'édition portative & élégante
^esElievirs^ 1678, a vol. in-31,
avec les 'figuées de Séhafien le Clerc,
IJJmlnte a été donnée par les
mêmes , 1678, in-a4." La Vie de
ce grand poëte a été écrite en italien
par le marquis Mania ^ & publiée
à Venife en i6ii. Nous en avons
une en françois » par de Chames ^
à Paris en 1690 , in-li.
II. TASSE, (Le) Eemardo
Ja s s o > père de Torquato , fe fit
TA S
auffi beaucoup de réputation par
fes ouvn^es poétiques : le plus
connu & le plus recherché eft
VAmadls , poëme en 100 chants •
dont la première édition ^ faite à
Venife par Giollto eni 560, in-4*,
eft très-eftimée , & peu commune.
Les Italiens font aufll beaucoup de
cas du recueil de fes Lettres y im-
primées à Venife en I5>| , in-S**.
L'édition la plus complète eft celle
de Padoue , 1753 » ^^ 3 vol. in- 8^.
On y a joint fa Vie par Legheni,
Benu Taffo mourut à Rome en
1575 , au couvent de Saint- Onu-
phre i où il s*étoit • retiré fur la. fin
de fes jours. On a encore de lui :
// Floridante , 1 5 60 ^ in-IX.
, III. TASSE , ( Auguftin ) peintre
Bplonois du xvix^ fiecle , réuffîc
dans le Payfage, dans les Perfpec-.
tives & dam^ les Tempêtes.
TAS S IN, (René-Profper )
Bénédiâin de la Congrégation de
Saint-Maur , né en 1697 à Lonlai,
bourg du diocefe du Mans , mourut
à Paris en 1777* Ce religieux , aufii
recommandable par fa piété que
par fon érudition , continua la Now
velle Diplomatique de Dom Tou/iaim
ion ami. [ Voye^ TousTAiN. } On
a encore de lui, VHiftoire Littéraire
de la Congrégation de Saint' Maur «
Bruxelles , 1770 , in-4®. Ce livre,
beaucoup plus exaé^ & plus étendu
que la bibliothèque de Dom le Cerf y
eft un monument de rattachement
de Dom Tajjin pour la fociété doxtt
il étoit membre. On y trouve la vie
& les travaux des auteurs qu'elle a
produits depuis fon origine en
1618 , jufqu'à nos jours. On y dé-
taille avec foin les titres & les diffé-
rentes éditions de leurs livres , &
les jugemens que les favans en ont
portés. On y voit en même temps
la notice de beaucoup d'ouvrages
manufcrits, compofcs par des Bé-
néiliitins du même corps. Il fe-
. roit à fouhaiter que toutes. 1^
Tas
Riftoires littéraires fuffcnt faites fur
ce modèle & avec la même exac-
titude.
TASSONI , ( Alexandre) né à
Alodene eni 56 5 , membre de Taca*
demie des Humoriftes, fuivit en
Efpagne, l'an 1600, le cardinal
Afcapgt Coiorme , en qualité de pre»
ixiier fecrétaire *, mais fes traits fa-
tiriques contre les Efpagnols , lui
firent perdre fa place. 11 fe retira
à Rome, où il partagea fon temps
cotre la culture dcis Heurs de fon
iardin & des fruits du Pamafie.
François I , duc de Modene , l'ap-
pela à fon fervice & llionora ties
titres de gentilhomme ordinaire &
du confeiller d'état Taffonl bril-
loit. dans cette cour , lorfqu*il
mourut en 1635, à 71 ans. Ce
poëte avoit un caraâere enjoué &
un efprit aimable t mais il ctoit trop
porté à la fatire. Ce fut pour imiter
Ton génie caultique , autant que pour
rendre hommage à la vérité , qu'on
le repréfenta après fa mort , une
figue à la main, avec ce diftique
^u bas de fon portrait :
• Dextera car ficum quarts mea gefict
inancm ?
Jxmgl operls merces hac fuit : aula
dédit,
Pe Tajfoni pourquoi la main bon-
teufe
Tîent-eilc ce fruit enfantin'?
C'eftle digne préfcnt, qii»une Cour
génère ufe ,
Pour prix d'un lortg travail, lui fit
un beau raatin*
On le regardoit comme un des pre-
miers favans de fon fiecle, & le
favoir ( dit M. GroJUy) étoit fon
moindre mérite. On a de lui quel-
ques ouvrages. Les principaux font :
\.Vn Poème Héroï-Comique , fur
la guerre entre les Modénois & les
Bolonois , au fujet d*un Sceau -qui
avoit été pris, & qu'il intitula :
La Secchîa raplta.' L*édition la plus
mherçhçç çft ççUc de J^çn^gUm^ ,
TAS 10'
1614-, & la plus récente, celle de
1678 , inia. Ce Poëme a été tra-
duit en françois par Piern Perrault ,
1678, 2 vol. inii; & par M. de
Cedors, I7J9 , 3 vol. in-i2. L'une
&1 autre vetfîonfom avec le texte
Italien. Ce Pocrae eft un agréable
mélange de comique, d'héroïque
. !ii *'"^"* » "•«« ^a décence
^ ^J^ toujours obfervée. II.
l^es Obfiryatlons fur Pétrarque, dont
quelques-unes font curieufes. 111.
Vn^ffl^oirt EccUfiafitque , dans la-
qu'elle il contredit fouvent Baro^
nius. lY Son Tefiamnt, Ceft ime
pièce pleme de fel & d'enjoué-
ment ; en voici un échantillon.
" ^fouffigné. rf.W/, faîn de corps
" & d efprit , f, l>on excepte W
» fièvre commune de l'ambition
>♦ humaine qui porte fes vues au*
» delà du trépas, voulant déclarer
" ma dernière volonté : I. Je laiÔe
» mon Ame au Principe qui V^
»♦ créée. Pour mon Corps , il r©
" feroit bon qu à être brûlé ; mais
•' comme lufage de la Religion
»♦ dans laquelle je fuis hé , ne le
»» permet pas, je prie les maîtres de
»♦ la maifon où je mourrai , ( n'en
^ ayant aucune à moi ) ; ou fi je
" mourois en plein air, je prie les
»• voifins ou les paflans , de mf^
» faire enterrer en lieu faint , dé-
» darant que pour tout appareil
" d'enterrement , je ferai content
H d'un fac, d'un porte-faix , d'un
»♦ prêtre, d'une Croix & d'une
» chandelle. II. Je laiffe à 1 Eglife
•• où je ferai inhjimé , 12 écus d'or ,
n fans exiger ni obligation , ni
" reconnoilTance pour une fi pe-
" tite fomme, que je ne laifferat'
** d'ailleurs , de même que toyxt
H mon bien, que parce que je ne
»» pourrai pas l'emporter. III. Je
» laiffe à Aftfq;©, moh fils na*
>» turel, né de Lucie Grafagulna ^
w cent écus en carliiis , afin qu'il
^ puiiTç s'en âôte honneur auca^
^d TAS
^ baret , &c m. Ce ûls naturel du
Tajfoni étoit un libertin , qui lui
donna beaucoup de chagrin , & qui
le voloit de temps, en temps. La
Fie de ce poëte a été écrite par le
lavant Muratorl,_
TASTE, ( bom Louis la ) fe-
lOeux Bénédiâin , né à Bordeaux de
parens obfcurs , fut élevé comme
domeftique dans le monaftere des
fiénédiûins de Sainte-Croix de la
même ville. On lui trouva de Tef-
prit & on le revêtit de l'habit de
Siint-Benoît. Devenu prieur des
BlmcsManteaux à Paris , il écrivit
contre les fameufes convulfions &
contre les miracles attribués à Paris.
Ceux de fes confrères qui refpec-
toient la mémoire de ce pieux
diacre , fe préparoient à faire flétrir
(on ennemi , lorfqu'ii fut élevé à
révêché de Bethléhem en i738.0n
le nomma , environ dix ans après ,
vifiteur général des Carmélites. Sa
conduite, tour-àtour artificieufe
ii violente envers les divers me-'
nafteres de cet Ordre, fouleva (dit-
on ) plufieurs perfonnes contre lui :
On le regardoit comme un homme
faux y qui avoit fait fervir la reli-
gion à fa fortune ; comme un ca-
raÛere tortueux, qui favoit plier
ÏA façon de penfer fuivant le temps
éi. les circonftances. Nous n'avons
pas alfez connu Dom la Tajle^ pour
décider il ce portrait n'ell pas trop
chargé. H y a apparence que les
couleurs ont été fournies par ceux
que ce prélat Bénédiftin combattit,'
& dès-lors on dpit fct méfier de la
rçiTemblance. D. la Tajie mourut à
3aint-Denis en 1754 » à 69 ans. Ses
ouvrages font : 1. Lettres JJkéologU
^ue^^ contre les convylfions «Se les
liiracles attribués à TârU , in-4° y
a vol. Cet ouvrage contient xxi
teures; on y trouve dés faits fu-
rieux , mais peu de critique pour
ècmêler les vrais d'avec les faux,,
^ point de faine théolc^^e fur Vss^
T AT
tîcîe des miracles. Domii Tûfiey
fputient que les Diables peuvent
faire des miracles bienfaifans Ôc des
guérifons miraculeufes , pour intro-
duire ou autorifer l'erreur ou 1»
vice : fentimcnt contraire à la reli-*
gion & au bon ' fens. L'atSfoé dé
Pradcs l'ayant adopté dans fa fa-
meufe thefe , elle fut cenftirée par
la Sorbonne. La 19* Lettre de U
Tafle contre, le livre de Montgeron
fut fupprimée par Arrêt du parle-
ment. Les 18 premières furent atta-
quées par les Ami - Conftitution-
nairès, qui dans leurs Ecrits appel-
lent honnêtement l'auteur : Bête éU
PApocalypfe , • Blafphémateur , Diffà-^
moteur , mduvaîfe Bête de l'tJU dc
Crue ; Moine impudent , boirffî d'or-
gueil ; Ecrivain forcené ; Auteur aho"
minable d'impojïures atroces ^ d^ow^
vragei mon/irueux : voilà le fel dé-
licat qu^on a répandu fur les pra-
durons de V AntU Convulfionnaîrc,
II. Des Lettres contre les Carmé-
lites de Saint- Jacques à Paris. IH;
Une Réfutation des fameufes Lettres
Pacifiques.
. TATIEN , difciple de 5. luftin ,
étoit Syrien de naiiTance. Il fut
d'abord élevé dans les fciences
des Grecs & dans la religion des
Païens. lî voyagea beaucoup, &
trouva par-tout la religion païenne , *
abfurde , & les philofophes de fon
£ecle flottant, comme ceux du nôtre^
entre une infinité d'opinions & de
fyftêm^s 'contradiâ:oires. Il étoit
dans cette perplexité , lorfque les
livres des Cliréiiens lui tombèrent
entre les mains ; il fut frappé de
leui^ beauté. »» Je fus perfuadé
>» ( diÇril ) par la lefture de ces U-
» vres , pour plufieurs raifons. Les
V paroles en font plus fimples -, les
" auteurs :en paroifilent finceres &
♦» éloignés de- toute afFeftation \ les
*' choîes qu'ils difent fe compren-
»» nent aifëment -, on y trouve plu-
)» fieu£5 .prédiûions accomplies ^
T A T
^ les préceptes qu'ils donnent ,
» (ont admirables , & ils établiiTeat
» Un feul Maître de toutes chofes ;
•» & cette doftrinc nous délivre
M d^'un grand nombre de maîtres Ôc
** de tyrans , auxquels nous étions
" a^ujettis »». C'étoit donc en quel-
que îbrte par laditude » & non pas
p»r con vision forte , que Tatlen,
avait embraiTé le ChriAianifitie ^ il
reftoit encore au fond de fon ef-
prit des idées Platoniciennes. Après
avoir utilement fervi rEglife, il
eoTeigaa des erreurs dang^ereuCes»
12 admit avec Marclon deux Dieux
ditféreiis, dont le créateur étoit le
fécond. Il attribuoit l'ancien & le
nouveau Teflament à ces deux Êtres
divers, & rejetoit quelques-unes
des Epîtres de S^ PatU. Il devint
le chef de la feâe des Encratîtes o\x
Contmcns. Il condâmnoit Tufage du
vin , défendoit le mariage » & don-
noit encore dans d'autres excès.
Cécoit un homme très-iàvant , &
qui écrivoit aifémem. Ses talens ,
Joints à Tauftérité de Tes maximes ,
donnèrent à.£bn école beaucoup de
réputation. De Méfppotamie eiltît.
répandit à Amioche , à:m% la Cili-'
cie, dans TAôe-MineUre & même
en Occident. Tatîat était aateur
Â^uaeHarmome des iv Evat^éliAes,
& d'un grand nombre d'autres ou-
vrages; mais il ne nous reiUque
fon j9<ycour^. contre les Gefltils en
£iveur des QiréiienÀ; caxAa Cort"
eordèqm. porte foii nom, n'eft point
de lui , non plus que. lei autres
ficrits-qu'oninâ attkibue* L'édition
h plus eftimée defda dpaiûgftdà.
celle d'Oxford , 1700 ,. in-8*^,
Voyt\ ^ diitertanon du favant abbé
ic Longuerue , fur cet écnyain.
TATiSTCHEF, Ru&,x6afeiUer
privé fous le règne de l'impéra-
trice Jntu , au camaieBcemem du
XYzil^ iîecle , a traînaillé peodaac
30 ans à VHifioire aie fa hdtion ^
qu'il avait|uauffée:julquài2ffinkdtt:
TAV^ 5f
Xti^ iîecle; il en a péri uneparne
dans un incendie. Ce qui eÛ im-
primé ne s'écend pas bien avant
dans le XIII* iiede , & forme
3 vol. in-4**.
I. TATIUS . roi des Sabins , fit
la guerre à Romulus , pour venger "
l'enlcvement des Salines. Dans un,
combat où Romulus étoit près de
fuccoraber, ces femmes fe jetant,
au milieu des combattans , qi^i
étoient leurs pères ou leurs frère»
& leurs époux , vinrent à bout de
les féparer. La paix fut conclue l'an
750 avant J. C. , à condition qu'il
partageroit Iç trône de Rome avec
1^ fondateur de cette ville , qui ,
fâché de ce partage , fit tuer Toims
ilx ans après. Sa fille Tatia £iit
mariée à Numa PomplUus,
II. TATIUS , ( Achilles) d'A-
lexandrie , renonça au Paganifme
& devint Chrétien & évêque. Nous
avons de lui deux ouvrages fur les
Phénomitus dAratus » traduits par
li P. Petau , & imprimés en grec
& en latin dans ï Uranologlum, On
attribue encore à Tatîus le Roman
grec des Amours de Leudppt ^ 4e.
Câtopjion , dont Saumalfn a donné
une belle édition en grec & en
latin, av4»c des notés , Leyde »
1540, in*i2 , que Baudoin a pla*
temeat traduit en françois eni63 f ,
in -8° , & qui l'a été beaucoup
mieux par du Perron de Caftera^
173 î» io-i2.. Cet ouvrage ed.écrit
d'un Wftyic peu naturel. Il y règne,
une morale licencieufe ,. & en gé*
néral c'eâ une produâion . mé-
diocre. : .t
. TATrEMBACH. Foye{ Na-
DASTM \ n** II.
I. TAVANES , ( Gafpar de»
Sattlx.de)né en mars 1909., fotr
apptlé .Tavarus , du nom : dé Jean
de Tavmes , fon oncle maternel «
qui avoitrenduà l'Etat des fervsiees .
fignalés. U fut élevé à la cpur en.
^atâé de<^jpage. du roi ^ (,& fais,
31 ,T A V
prifonnter avec François / à la
iTialheureufe journée de Pavie. De-
venu guidon de la conipagnie du
grand-écuyer de France , U fervit
dans les guerres de Piémont où
il fe diftingua. Le duc d* Orléans ,
fécond fils de Françcfis 1 , charmé
des agrémens de fon càra£lere , le
nomma lieutenant de fa compagnie ,
& fe l'attacha pardculiéremenc.
Comme ils étoicnt l'un & l'autre
vi£i , ha-dis & çntreprenans , ils
fe livrèrent^ à toute l'impétuofité
de leur âge, & firent différentes
folies , dans lefquelles ils couroient
Ordinairement rifque de la vie. Ils
paffoient à cheval à travers des
bûchers ardens -, ils fe promenoient
i\ir les toits des maifons , & (àu-
toient quelquefois d'un côté de la
me à l'autre. Une fois , on dit que
Tavoms, en préfence de la cour
qui étoit alors à Fontainebleau,
fauta à cheval d'un rocher à un
autre, qui en étoit diftant de trente
pieds. Tels étoient les amufemens
de Tayaau , ôc , en général , des
jeunes-gens de qualité qui étoient
attachés au duc A^ Orléans, La guerre
mit fin i ces extravagances , di-
gnes des héros des fiecles barbares.
Tavants fe fignala par des a£kions
plus nobles. Il &t envoyé a la
Rochelle , qui sëtoit révoltée en
1541, à l'occafion de la Gabelle*,
& il ramena les rebelles à leur
devoir. En 1544, il eut beaucoup'
de part au gain de la- bataille de
Cériibles. Le duc d'Orléans étant
mort Tannée fuivante, le roi donna
à Tavaius la moitié de la com-
pagnie de ce prince , & le fit fon
diambeiian. Hmrî U , héritier des
fentimens de François 1 pour Ta-
vanes^ le nomma en 1552 maré«
chai de camp : place d'autant plus
honorable > qu'alors il n!y en avoit
que deux dans une armée, Notre
héros fe montra digne de fon em-
ploi dans les différentes guéries
T A V
qu'eut le roi avec rempcreur C5UW
les» Quint , fur-tout à la bataille dà
Renti en 1554. Le comte <^ VuUn^
fim , qui commandoit le corps des
Reitres , appelés Us DlabUs^Noirs
à caufe de leur intrépidité , s'étoit
vamé qu'avec ce feul corps il dé-*
feroit entièrement toute lar gendar^
merie Françoife. Il en étoit û pcr-
fuadé , qu'il avoit îak peindre fur
fon enfeigne , un Redard déyoranc
un Coq : figure allégorique , qui
défignoit que les Allemands taille*
roient en piecies les François , re-
préfentés fous la figure du Coq^
par une allufion au root GaUus»
Tavanes , qui portoit un Coq dan^
les armes de fa mère, s'imagine
.qu'il eft perfonnellement inténsÛTé
à enlever aux Impériaux un mo-
nument qui paroît bleiTer fa gloire.
Cène idée finguliere femble ajou»
ter à la bravoure qui lui étoit na-
turelle; & il fit des efforts prodi-
gieux, qui décidèrent la défaite des
Reitres, & enfuite de toute l'armée»
Quoique Tavatus ne commandât
qu'une compagnie de cent hommes
d'armes, il s'attribua avec raifoit
tout l'honneur de cette ioumée*
Il le fit bien fentir au duc dt Guift^
lorfque ce général lui dit : Man»
Juur de Tavanes ^ nous avons fiai l^
plus belle charge qui fat jamais, '■^Mon'^
fi ury Iqrrépliqoa Tavanes , vmirnCa"
ye\ fon hienfottumi. Le roi le voyant
venir tout couvert de fang fie de.
pouffiere à la fin de cette bataille ^
arracha le collier de Saint-Michel
qu'il portoit- à fon cou, &.le jeta
fur celui de Tavatus , après l'avoir
embra£e. U fe trouva» en 15^8,
au fiége & à la prife de Calais fie de
Thionrille. Pendam les/egnes ora»
geux de Frattçois i/fic de Charles IX ^
Tavanes àppaifa les woubles du
Dauphiné fie de la Bourgogne ,. ic
montca en tente occafion beau*
coup d'averfion pour les Protef-
tans. U Comia in&nççoiiire eux«
en
r
T A V ■
•n 1567 » une Xigue , qui fiît ap-
j^ée, U ConfrérU du SaintrEfprlt;
mais cette Ligue ïuc Aipprimée par
b cour, comme une innovation
-dangereufe. Il ^t enfuite chef du
confeil du duc ^ Anjou , & décida
la viûoire à Jarnac , à Moncon-
tour, & en plufieurs autres ren-
contres. Le bâton de maréchal de
France îat la récompenfe de fes Ter-
^iccs en 1570. Tavanes s*oppofa «
2 ans après > au deflein que l'on
avoit d'envelopper le roi de Na-
varre & le prince de Condé dans le
mafiacre de la. Samt-Banhélem! ; &
l'on a eu raifon de dire »* ^ue c'eft
* à lui que la maifon dt Bourbon
• a Tobligation d'être aujourd'hui
•» fur le trône »♦. Cependant il.fe
fignala cruellement dans cette £ei-
tale journée. Brantôme , qui le re-
gardoit comme l'un des principaux
auteurs du projet d'exterminer les
Galviniftes , dit qu'il fe promena
dans Paris pendant tout le Jour de
Saint- Barthélemi^ & qu'il crioit au
peuple: Saigne^! faiffie\l Us Mddc^
ans dlfeni que lafaipiU èfi. aujp bonne.
en Août qu^en Mai, Peu de temps
après , il dirigea les opérations du
fiége de la Rochelîe qi4 s'étoit ré*
voltée.' Le fiége traînant en lon-
gueur , le roi l'engagea à s'y tranf-
poner. Il obéit , quoique conva-
lescent; mais s'étant mis en mar-
che , il retomba malade , & mou-
lut en chemin dans Ton château
de Sully, le 29 Juin 1573, (&
non 75 comme àXx.Ladvocat) gou-
verneur de Provence & amiral des
Mers du Levant. Tavernes eut une
îeuneiTe emportée , & une vieilleffe
ûi.^e. Il ne lui reiîa, du feu de Ces
premières années , qu'une a£^ivité
de courage toujours prête à éclater,
m-us à qui la prudence fut imposer
un frein. Il donna en mourant les
ordres néceffaires , pour que fa mort
fut cachée , jufqu'à ce que Tes en*
§as eufient le temps d'être pourvus
Tome IX.
T A V 3î
des charges qu'il avoit fôUicitées
pour eux. Voyt\ les Hommes Uiufiret
de France par l'abbé Pérou , tome 16*
II. TAVAN£S , ( Guillaume de
Saulx, feigneur de) fils du précé-^
dent » étoit lieutenant - de - roi en
Bourgogne. Nous avons des Mil^
moires imprimés à Lyon, in-fol.»
fous fon nom» & d'autres fous le
nom de fon père le niaréchal de Ta>»
vanes , Paris , 1574 , in-8** , & qui
fe trouvent auffi dans l'in-fal. U
raconte dans les uns , ce qui s'eft
pafle en Bourgogne pendant la Xi*
gué; & dans les autres, beaucoup*
plus amples , ce que fon père a fait
de glorieux. On a peu de plaiiir à
lire les uns & les autres , non-feule*
ment parce qu'ils font écrits d'un
ftyle fec & languiflant, mais en-*
core parce qu'on n'y apprend riea
de conûdérable. L'auteur eH un
Caton qui moralife à tout moment »
& qui voudroit par fes préceptes
apprendre aux rois à gouverner , &
aux fujetsà obéir. Mais dans ce qui
le regarde, il^i'eil point du tout
Cuton, U fe loue fouvent> & ne
cefTe d'exalter fon père qu'il juftifie
en tout, & fa famille, dont il a fait
remonter l'antiquité jufqu'au troi-^
iieme fiecle. Elle defcend , à ce
qu'il croit, d'un feigneur appelé
Faufius , qui vivoit l'an 214 ; &
d'un autre Faufius^ qui, environ
deux fiedes après , reçut chez lui
les (aints Martyrs qui plantèrent
la foi en Bourgogne.^ £n mémoire
de ce fer vice, continue l'auteur^
)• il ne meurt perfonne de fa mai-
>» fon , qu'on ne voie des bluettcs;
» de feu dans la chapelle du châ-
vt teau de Saplx «. Sa poftérité
fubfide... II. ne faut pas confondre
Guillaume de Tavanes^ avec Jacques
de Saulx , comte DE Tavanes »
lieutenant gépéral, mort en 16S3 »
dont nous:a^ons de$ Mémoires con»
tenant les ,pierfes de Paris depuis la.
prlfon des PrHiM{<^ i6iio)jufqu6n.
c
J4 T A- tj'
ttjf?; Pari9 6c Cologne, 1691 ^ m-iil
• TAUBMAN, (Frédéric) de
Franconie, mort en 161 3 , pro-
feffa la poéfic & les belles-l étires
' à Wittemberg avec réputation. Son
érudition le fit rechercher par les
fevans , & l'enjouement de fon ef-
prit par les princes. Naturellement
|»orté à la raillerie, il fut renfermer
ce dangereux penchant dans dt
fv^es bornes, il étoit d'ailleurs
dfHcîetix & bon ami. On a de lui r
I. Des Commentaires fur PlauUy
in-4** , & for VlrgîU , in-4^ , qui
lbnt<eftimés, & fur-tout le premier.
II. Des Pùéfits , i6ia , in-S^. III.
Des Saiiâis^ fous le titré de Tauin
mamand , Lipjias, I705 , in-^°.
TAVERNIER, ( Jean-Baptifte)
naquit à Paris en 1605 , où ion
père , qui étoit d'Anvers , étoit
Tenu s'établir, & fisifoit un bon
ttrafic de Cartes Géographiques. Le
lî'ls contraéla une ô forte inclina*
rîon pour les voyages , qu*à 11 ans
il avoit dé)à parcouru la France,
l'Angleterre^ les Pays-Bas» l'Aile-
magne, ta Pologne, la Sm(ï«, la
Hongrie & l'Italie. La curiofité le
^orta bientôt au-dejà de l'Europe.
Pendant l'eC])ace de 40 ans il fit iix
voyages en Turquie, en Perfe &
aux Indes ^ par «^utes les routes
^e l'on feut tenft*. Il ^ilbit un
grand commttce de pierreries , &
ce cominerce lui procura une for-
aine coniidérabte. Il voulut en
jfouir dans un pays libre *, il acheta
en 1688 ïa barpnie d'Aubonne»
proche le lac de Genève. La mal-
f erfatidn d'un de fe$ neveux qui-diri'
g(eoic dans le Levant une cargaifon
éonfidérablc , l'crpértmce de remé-
^er à ce défôrdt'e , le défir de voir
la Mofcovie^iTengagerent à entre-
prendre urf feptieme vayage. Il
partit pour Mofcow^ ,^ à peine
y fut-il altfivéi qu'il yi termina fa
vie ambulante en }vSSAtî^%^ , 'à 84
9isà, louis XiFs ^^r'éfmvLZ des iet-
J
T A" U^
ti«s de hoble^e, quoiqufil fôf de hh
Religion Prétendue- Réformée i mai*,
il rsgardoit moins en lui le Chrér
tien, q«e l'hotnnie qui avoit porté
fon nom aux extrémit<;s de i'Aiie.
Nous avons de T^ivemier un Recaeîi
de Voyages , réimprimé en (\ voU
in-i 2. On y troUvc des chofes cu-
neufeSt & ii eft plus exact qu'oa
nepenfe. Nous n'ig^iorons pas qu'if
ment quelquefois-, mais quel voya-
geur dit toujours vrai } Ses Voya-
ges fonr for-tout précieux aux joail-
liers , pour le détail: qu'ils reafer«
ment ftir le commerce ées pierre**
rîes.Cotnme il n'avoit pointde fty le»
Samuel Chjppuieau lui prêta fa plume
pour les deux premiers vol. in-4**
de fcs Voyages; & la Chaptlle ^
fecrétaire du premier préfidenr de
LamiHgnoti, pour le troilicme : &
avec tous ces fecours il& ne font
pas bien écrits.
TAULERE, Voyei Thaulere.
TAVORA, royeiAvEiKO.
TAUVRl , ( Daniel ) doOeuiNC»
médecine de la factilté de Paris,
naquit en 1669 d'un médecin de
Laval , qui fut fon précepteur. Il
fit des progrès û rapides , que dès^
l'âge de 18 ans , il donna au pu*
blic fon Anatomie rai/onnée , & à 21
fon Traité des Médicamens , % vol.
in- II. AiTocié à l'académie' des-
Sciences en 1699 , il s'engagea
contre Méri dans la fameufb dif*
pute de la Circulation du fangdans-
le Foetus. Il cOfiipofa à cette occa-
fton fon Traîté de la géoéràtion &
de^ la nourriture du Fatus, Cette dif* •
pute abrégea fes j^urs. L'applica-
tion que- demandoient les réponfe»
qu'il prépavoit À fon adv«rfaire ,
aiigméma ia difpoficion qu'il avoir
à. devenir aC^hnisRique , & ie ietai
dem «me plnhiâe dont il mourut
l'an 1701 dans fa trente- deuxième
annécOutrc lesOuvrages dontnous.
avons parlé , 'on a de lui une Nou"
veik'Pet^que des Maladies aiguës , âi>.
éi timus eiUts qui dépaiJent de Éë
fermattatton da LLqûsurs, C'étoit Ufl
homme d'un eC^it vif & pénétrant,
qui a voit le talent d'imaginer dés
idées ' nouvelles , dont la plupart
dtoient fyftématiques. Une fut pas
auffî répandu qu'il auroit pu l'être ,
parce qu'il n*avoit pas le talent de
ft faire valoir*» & l'homme d'étude
fiiiroit ton en lui au médecin pra-
ticien.
I. TAYLOR, ( Jérémîe ) Âls
^'un barbier de Cambridge, devint
profefleur de théolo^e à Oxford.
Il fouffrit beaucoup pour la caufe
du roi Charles /, auquel il demeura
toujours fidelle, & dont il étoit
chapelain. A l'avènement de Char-
Us II kl?i couronne , T^ylor fut fait
évêque de DoTirne & de Connor en
Irlande : place qu'il remplit avec
édification. On a de lui : I. Un
livre intitulé : DuHor Dttbîtanùum,
II. Une Hiftoire des Antiquités de
rUnlverfiti ^Oxford , &• d'autres
Ouvrages où Ton trouve des re-
cherches. Ce (avant prélat mourut
en 1667.
n. TAY L O R , ( Jem ) appelé
le Poète d'Eau , naquit dans le comté
et Glocefter , & ne pouila jamais
plus loin Ces études qu'à la gram-
iQairc. Son père lemiten apprentif-
fagechez un cabarefier de Londres ;
€t au milieu du • tumulte & des
dégoûts de Ton art, il compofa des
Keces de poéfie affei agréables.
Après la mort de Châties i , à qui
il les avoit dédiées , il exerça Ton
métier à Londres , & prit pour en-
feigne de fon cabaf et , une Couronne
notre ou dd deuU ; mà\s\ pour ne
pas fe rendre fufpeû , il mit au
delTus, (on Portrait , avec deux vers
aftglois dont le fens étoit : On voit
pendre aux Cah,:rUs , pour enfeignes ,
dit Têtes de Rois & même de Saints ;
pourquoi n'y mettrois-jepas la' mienne ?
11 n^urut vers 1654 , avec la repu-
TÊf tf
télîoH d*nn bon aiAerglfte & d'urif
poëte médiocre:
* TEBALDEO da Verv^kûa. ,
Voyei AqUIHNO.
TEGULA , Voy. II. LiciNiuS;
TEISSIER, (Antoine) né à
Montpellier en 1632 , fut cle\é
dans le Calviniûne , & fè retira et*
Pruffe après la révocation de l'Ediff
de Nantes. L'élefteur de Brande-*
bourg lui donna le titre de con-
feiller d'ambaffade , & le nomma
fon htitoriogrâphc , avec une {)en-
fion annuelle de 500 écus, qui fut
augmentée dans la' fuite. Cçt écri-
vain mourut à Bérîfn/i# 171 5 . à
S^ ans. Sa probité & it?* mœurs lui
firent un nom refpedhble dans fon
parti v fon érudition ne le fît paà
moins connoître. On a de lui plu-
fieurs Ouvrages, dans lefquels ort
trouve des recherches ; mais le
flyle n'en eft pas adez pur. Les
principaux font :l. Les Eloges des
Hommes Savons , tirés de l'Hifloirè ^
du préfident de Tkou , dont on a
quatre éditions. La dernière eft dé
Leyde , ryij * en 4 vol. in- 12 ^
par les foins de la Faye , qui a joint
des remarques & des additions aux
Eloges. Ce livre , qui pouvoir être
utile avant que le Père Niceron
donnât fes Mémoires , n*cft prefque '
phw d'aucun ufage. Il ell d'ailleurs
écrit pefamment. IL Catalogus Auc-^
torum qui Ltbronim Catalogos , Indices^
BibUothecas ; Virorum Litteratorum
Elogîa , Vitjm ant Orationcs funèbres
fcnptis confignârunt , à Genève ea
1686 , in-4°. III. Des Revoirs de
l'Homme & du Citoyen , traduit du
latin, de Puffendorf y 1690. IV.'
lûfituciions de l'Empereur Charles- •
Quint à Pliilippe XI ^ & de Phi-'
lippe II On prince Philippe /on jî/j , '
avec la Méthode tenue puur ."éducation
des Enfans de Prnce. V. Inftruclion s^'
Morilles & PoHti^iuts , X700 V'^'^^"
Ahrégé de l'Hlftoire da Otintre MJnaf
s
36 T E I
ghles du Monde ^ de SUidd/t ^ 1700.
VII. Lettres choîfies de, Calvin , tra-
duites en françois , 1702 , in - S*',
VIII. Ahré^i de la Vie des Princes
îUufius , 1700 , in- II. Le grand
défaut de Ttijjier dans Tes Livres
hifloriques , A de n*avoir pas fu
difcerner les chofes edentielles ,
édaircir les faits en les débrouil-
lant , rac;:ourcir & refîerrer fa profe
traînante & incorreâe.
TEISSIER, (Jean) Voy:^
TlXIER.
T E K EL I , ( Emmerlc » comte
tt) naquit en 1658 d'une famille
îlluftrc de Hongrie. Son pcre ,
Etknne T^htU, avoit été mêlé dans
la funeûe ai&ire des comtes de
Serin & de Franglpani^ qui périrent
par le dernier fuppliceen 1671. Le
général Spark , à la tête des troupes
de Tempereur , l'alla aifiéger dans
ies forterefTes } il capitula , après
avoir fait évader fon fiU déguifé en
payfan , & mourut peu de temps
c^rès. Emmeric Tckeli fonit alors de
fa retraite de Pologne , pour pafTer
en Tranfîlvanieavec quelques autres
chefs dts mécontens de Hongrie.
Son efprit & fon courage le rendi-
rent fi agréable au prince Abaffi^
qu'il devint en peu de temps fon
premier miniflre. On l'envoya au
fecours Ats mécOntens, qui le re-
connurent pour généraliffime : fes
armes eurent un fuccès heureux.
La cour de Vienne fiit alarmée »
mais n'ayant pas voulu fatisfaire
à toutes les demandes de TchU^
les mécontens recommencèrent la
guerre en 16S0. Les étendards de
ce héros rebelle pprtoient cette
infcriptlon : Copi:s Tekeli , qui pro
peo & Patria pupiat. Son armée fut
renforcée par les Turcs & lesTran-
fil vains. Il fe lia avec le bafTa de
Bude« qui lui fit ôter- fon bonnet
, i la Hongroife « & lui en fit mettre
"imià la Turque , enrichi de pier-
reries » dont il le gratiia de la part
T E L
du grand-feigneur , avec un fabre;
une mafTe d'armes & un drapeau*
Quelques-uns difent qu'il lui mit
la couronne de Hongrie fur la tête,
& le revêtit des habits royaux par
ordre étMuhomet IV^ qui fe croyoît
en droit de difpofer de cet état.
tekeli f ayant ainû iatisùit foft
ambition y fong«a à contenter foa
amour. 11 époufa la princefie R<i'
gotijki , fille du comte de Serin » au
commencement d'Août 1682. 11
ie joignit aux Turcs armés contre
l'Empire , & répandit par-tout la^
terreur. Après avoir tenté dans une
diète, tenue l'amiée d'après à Caf-
fovie , de fe raccommoder avec*
l'empereur , il unit fes armes à'
celles du grand-vifir Mufiapha , qui
avoit affiégé Vienne. Ce minifire
fut vaincu & obligé de fe retirer.'
Dans fon défefpoir il attribua le
mauvais fuccès d? la campagne au
comte <ié Tekeli\ qu'il rendit fufpedt
à Mahomet, TekcH part pour Andri-*-
noplc , fe juftifie , & s'affure de
plus en plus ta proteâion du grand»
feigneur, qui le nomma prii^ce de^
Tranfilvanie , après la mort dé Michel^
Abaffi^anivée en 1690. Ce nouveau
prince ne put jamais fe faire recon*
noitrcy quoiqu'il fit des prodiges
de valeur contre le général HeuJUr^
qui défendoit cette province pour
la cour de Vienne. 11 fe retira alors
à Conflantinople , où il vécUt en
particulier jufqu'au 15 Septembre
170 j , qu'il mourut Catholique-
Romain , près, de Nicomédie. Le
comte de Tekeli avoit plus de cou*
rage que de conduite.
TEfLAMON, fils d'£^M ;
époufa PMée , dont il eut le fa-
meux Ajax, Il monta le premier à
rafiautflorfqu'/^erfu/eprit la ville de
Troye fous le règne deLaomédtta;
& il eut pour récompenfe Héfione ,
qui fut mère de Tcmer. Il fut auûi' .
du nombre des Arg:;nautes,
FELCHINS : Cétoiem des 09-
TEL
pâeas & des enchanteurs , à qui
on attribuoit Finvention de plu-
£eurs arts. On les mit au nombre
des Dieux , après leur mort. On
<Toic que c'eft d'eux qii*Apoliom eu
lefurnomde Te/chinîus, Lei^r culte
itoit célèbre > fur-tout daiis Tifle
•de Rhodes , qui a été aufli nommée
L TELEGONE & THMOLUS ,
Foye^ 1. Prothée.
. II. TELEGONE . fils à'Ufyffc
^ de Cird, L'Oracle ayant prédit
<fx*UfyJfe périroît de b main de
Télégone^ il céda ion trône à Té/é-
moque , & fe confina dans un défert.
Télépnc étant devenu grand ^ obtint
de Circé la permiffion d'aller voir
fon père ; & lorfqu'il débarquoit ,
Vlyjfe ramaiTa dans la campagne
quelques gens , à la tète defquels il
fe mit, pour s'oppoier à la descente
de Té/égone^ qu'il croyoit être un
ennemi qui venoit Airprendre TiHe
d'Ithaque. Ce malheureux prince
.ne pat éviter fa deftinée ; car il fut
tué par foA propre fils , qui ne
connut fon cfime qu'après avoir
époufé Pénélope fa belle-mere » fans
la connoitre auifî.
TELEMAQUE, fils unique
i^Ufyffe & de Pénélope , n'étoit
encore qu'au berceau , lorfque fon
père partit pour le fiége de Troye.
Dès qu'il eut atteint l'âge de 15
ans , il alla courir les mers , accom-
pagné de Minerve ^ fous la iigure
de Mentor fon gouverneur , pour
-diercher fon père. Pendant ce
voyage , il courut beaucoup de
ffifques , & retrouva enfin Ulyjfe ,
loifqu'il arriva dans l'ifle d'Idiaque.
Quelque temps après quf fon père
fe fut démb de la couronne , il alla
voir Circé , & l'époiifa à peu près
dans le temps que Télégone époufoit
Pénélope, après avoir tué fon père.
Voyei l'article précédent.
TELEPHE, fils d'HercuU &
d*Ausé^ ayant été abandonné par
TEL 37
fa mère aufiî-t6t après fa naîfiknce»
fut trouvé fous une biche qui
l'alaitoit. Teuthras , roi des My-
fiens , l'adopta pour fon fils ; 6c
lorfqu'il fut en âge de porter les
armes , il fe mit en devoir de s'op-
pofer aux Grecs qui alloient à
Troye ; mais Achille le blefia , &
l'oracle lui confeilla de faire aU
liance avec ce héros , & l'afiiira
qu'enfuite il guériroit 9 en fuivant
les remèdes de Chiron,
TELESILLE, femme illuftra
d'Argos dans le Péloponnefe, fe
fignala , l'an 557 avant J. C. , envers
fa patrie, par un fervice pareil à
celui que la fameufe Jeanne Hachçue
rendit long-temps après à Beauvais«
La ville d'Argos étant afiiégée par
Cléomene^ roi de Sparte, cette hé-
roïne fit armer toutes les femmes
à la place des hommes , ta les pofia
fur les remparts pour réfiiler aux
ennemis. Les Spartiates , plus fur-
pris qu'efiirayés d'avoir affaire à de
tels combattahs, & perfuadés qu'il
leur feroit également honteux de
les vaincre ou d'en être vaincus ,
levèrent le fiége fur le champ. C'cft
ainfi qw Téléfille délivra fa pao-ie
d'un ennemi piùfiant & redoutable ;
& fes concitoyens, par reconnoif-
fancCf lui érigèrent, dans une des
places publiques d'Argos, une ftatue
qui la repréffntoit tenant un cafque
à la main & ayant à fes pieds un
monceau de volumes. En effet cette
femme forte manioit la lyre des
Mufes avec autant de dextérité que
l'arc de Bellone, On pofTede des
fragmens de fes Pûéfus dans le
Recueil : Camùna novem Poetarun
Feminarum , Hambourg , I734 9
in-4**.
TELESIUS , Foy. TitESio.
I. TELESPHORE , ou Eycmerion^
médecin,. qui fut célèbre dans fon
art & dans celui de deviner, hu
Grecs en firent un Dieu.
II. TELESPHORE, ( S. ) aé
C iij
^8 TEL
^ans la Grèce j monea for le tron^
de Saint-Pierre, après le pape 5.
. Sîxtt 1, fur la Âa de l'an 127 > &
fut martyrifé le 2 Janvier 139.
TELL, ( Guillaume) eft l'un d€$
principaux auteurs de la révolution
des SuiiTes en 1307. Grlfler ^ gou-
verneur de ce pays pour l'egipereur
4^bert, l'obligea , dit-on , fous peine
de mort , d'abattre daflez loin ,
fi'un coup de ileche , une pomme
placée fur la tête d'un de fes enfan9.
il eut le bonheur de tirer A ]uût ,
qu'il enleva la pomme fans faiHs
de mal à Ton fils. Après ce coup
d adrdie » I2 gouverneur ayant
apperçu une autre flèche cachée
Cous l'habit de Tell , lui demanda
. ce qu'il en vouloit faire : Je V avais
fùfc exprès , répondit-il , afin de t'en
gercer , fi j'eujfe eu le maUitur de tuer
pion fils» Il faut convenir que l'hif-
toire de la Pomme, qu'on avoi£
déjà contée d'un foldat Godi ,
nommé Tocho , eft bien fufpedie.
Il femble qu'on ait cru devoir
orner d*une fable le berceau de la
liberté Helvétique j mais on tient
pour confiant que Tell , ayant été
ynis aux fers , tua enfuhe le gou-
verneur d'un coup de flèche , &
que ce fut le iignql des conjurés.
P'oy. Melctal.
TELLES, Voyei Eleonor-
Tell^s.
T £ L L £ Z , ( £mmanuel-Gon-
pialez ) profefleur de droit à Sala-
manque , floriflbit au milieu du
xvii^ fiecle. On a de lui , un
Commentaire fur les Décréta les ^ en
4 vol. in-folio , dont l'édition la
plus eftimée eft de l'an 1693.
TELLIAMED , Voy, Maillet.
7. TELLIAS , poète & devin
de TElide dans le Péloponnefe ,
fuggéra un ftratagême nouveau aux
Phocéens , lorf qu'ils faifoient la
guerre aux Theflaliens. Il leur con-
ifeilla de choifir fix cents homines
^s plus vdilUns, de hlauçhiriçurs
TEL'
habits & leurs strmes avee du plâ»
tre> & de les envoyer vers la nuit
dans le camp des Tfaeflaltens, leur
ordonnant it tuer tous ceux qui
ne leur paroionoient point blancs.
Cet artifice eut un fuccès mer-
veilleux ; car les Theiï^Uens , épou*
vantés par un fpeftacle û extraor-
dinaire , ne flrent aucune rêflftance^
.& eurent 3000 hommes tués fur I9
place.
//..TELLIAS, d'Agrigente ;
a immertalifé fon nom par inm
libéralité prefque incroyable. La
porte de fa mAÏfon étoit toujours
ouverte aux étrangers , Ôc on n'y
refufoit Titrée à perfonne. Il reçut
un jour en hiver 500 cavaliers , &
les voyant mal vêtus , il donna un
habit à chacun d'eux.' uiehénée^ qui
nous a ^it connoitre cet homme
bienfaisant , ne dit pas en quel
temp& il vivoit.
L TELLIER , ( Michel le ) ûU
d'un confeiller à la cour des Aides ,
naquit à Paris le 19 Avril 1603,
•Son premier emploi dan;s la robe»
fut celui de confeiller au grand-
confetl , qu'il quitta l'an 1631 , pour
exercer la charge de procureur du
roi au Châtelet de Paris. De ce pofte
il pafla à celui de maître des re^
quêtes. Nommé intendant de Pié^
mont en 1640, il gagna les bQiine$
grâces du cardinal Maiarbi , qui le .
propofa au roi Louis Xlil pour
remplir la place de fecrétaire d'ctat«
Les diviftons qui décfairoient la
France après la n^prt de ce prtnc? ,
lui donnèrent lieu de fîgnaler foq
zèle pour l'Etat. Tout ce qui fut
négocié avec M. le duc d* Orléans &
avec M. le Prince , paiTa par fes
mains. Il eut la plus grande part
au Traité de Ruel -, & ce fut à lui
que la reine -régente & le cardinal
.M.:\aTÎn donnèrent leur principale
coniîance , après les brouilleries
dont la France fut agitée depuis ce
Twité/Lç pani-des^içivx ayqoi
TEL
|>révalu en i6 5 1 , Maiarin fe retint ,
& fat bientôt rappelé. Pendant
l'abieiice du cardinal , ie Tuilier fut
chargé des foins du miniâeré , que
la fitiiadon des aitaires rei;idoit trèèn
épineux. Après la mort de ce rni-
•ûiArfr, il continua d'exercer la
diarge de fecrétcire d'état jufcu'en
i666, qu'il. la remit entièrement au
siarquis de Loavols foa H h aîné,
qui ea avoit la furvivance. Sa àà-
miffîon volontaire ne l'cloigna pas
du G>nfeil. £à i677,ilfut élevé à la
^lignixé de chancelier & de garde
des fceaux. Il avoit pour Icrs 74
ans ; & en remerciant Louis XJy,
il lui dit : Sjr£ y vous mv:\ voulu
couronner mon tombeau. Son grand
âge ne diminua rien de {o\\ zèle
▼xgilant & aâif. Ce zèle ne fut pas
touiours prudent. Le Tclli.r fervit
beaucoup à animer Lùuis XIV
contre les Proteftans \ il fiu un des
prificipaux moteurs de la revoca-
tion del'Ëdit de Nantes -y révocaûon
qui auroit pu être utile , fi elle avoit
été faite à propos & accompagnée
de moins de cruautés. Il s'écria, en
figaant l'Edie révocatif : Nunc di-
miiûs fervum tuum , Domine , qu'a
v'.dirunt ocuG, nui faiutare tuum» Il
mourut peu de jours après, le 28
Odobre 1685 , à S3 ans. Boffuu
prononça fon Oraifon fun;bre. Si
on lit cette piece> ce chauceli.>r
paroît un juile & un grand homme.
Si on confulte les Annales de l'abi>é
de Saint 'Pierre y c'eft un lâche &
dangereux courtifan^ un calomnia-
teur adrc^it , dont le comte de Gram-
mont difoit , en le voyant fortir
d'un entretien particulier avec le
roi : Je crois, voir une fouine qui vient
^H**^^^ ^^ />t>«/«j, en fe léchant le
mufeau teint dt leur fmg^ Il eft certain
que ce mîniilre étott extrême dans
fes amitiés & dans fos haines » &
qu'il abufa fouvent de la conâance
du roi, pour obtenir des places \ à
<4ics aïois fans mérite » ou pour
TEL- 3
p^ért d'illuftres ennen^iiL Dans
vie privée , il fut fimple Jk auder^;
.& il Cuchoit, fous les d^iofs /de la
modc(^ie , la fineâe de fa politiqiie^,
l'inflexibilité deibn cajraé^crevôc fon
penchant ati defpotifme. Son habi|-
Ibté dans les' affaires fut le premier
fondement de la gfaôdeur de fa fa-
mille , que le marquis dt Louvois fon
iiis accrut encore.
II. TELLIER, (Françoise
Michel le ) marquis de Louvois. ^
.fils du précédent, naquit à Paris
le 18 Janvier 1641. il fut revêt»
en furvivance de là charge de rai*-
niflre de la guerre , l'an 1664. Son
aâivité , fon application & fa vigi»
lance lui méritèrent la coùtiance du
roi , & lui procurèrent tous les jourki
de nouvelles faveurs. Nommé fur-
intendant général des Poâes en
1668 , , chancelier des Ordres du
roi , grand- vicaire des Ordres de
^àint-Lazare & de Mont-Carracl ,
il remplit ces différentes , places ea
homme fupérieur. Un grand nom^r
hre d* Hôpitaux , démembrés A%
l'Ordre de Saint-Lazare , y fîireqt
réunis par fes foins , & deftinés en
1680 à former cinq grands prieuré
& pluileurs commanderies , dontfe
roi gratifia près de 200 officie»
efiropiés ou vétérans. Les foldats
qiie les difgraces de la guerre met»
toient hors d'état de fervir , furent
aflez heureux pour reffentir lej
eHets de la proteéHon du roi y par
l'établifTcment de l'Hôtel royal des
Invalides » qui fut bâti par les foinf
du marquis de Louvois. Son zele
pour l'éducitlon de la Nobleffe ,
lui fit encore obtenir de Sa Majeflc
rinflitution de quelques académief
dans les places frontières du royaui-
me , où grand nombre de jeunes
gentilshommes , élevés gratuite*
meiu , apprenoient le métier de la
guerre. Après la mort de Colbert ,
arrivée en 1683, il fut pourvu de
la cliarg^ de furititendèim des Bàii«
C iv
40 T E t
.jnens , Arts & Manufedhires de
France. Là vafte étendue de fon
génie rétevoit au-defTus de cette
multitude d'emplois , qu*il exerça
toujours par lui-même; mais fes
grands talens éclatèrent fur - tout
dans les affaires de la guerre. Il
introduifit le premier cette mé-
thode avantageuse, que la foibieile
du gouvernement avoit jufqu'alors
-rendue impraticable, de faire fub-
iiiler les armées par magaûns *,
quelques ûéges que le roi voulût
faire , de quelque côté qu'il tournât
fes armes , les fecours en tout genre
étoient prêts , les logemens des
troupes marqués , leurs marches
réglées. La difcipline , rendue plus
févere de jour en jour par l'auilérité
inflexible du' miniftre , enchaînoit
tous les officiers à leur devoir. Il
avoit fi 'bien banni la mollefle des
armées Franco) fes , qu'un officier
ayant paru à une alerte en robe de
dfiambre , fon général la fît brûler
à la tête du camp , comme une
fuperfluité indigne d'un homme de
guerre. Un feigneur ( Nogaret )
avoit levé une nouvelle troupe ;
le févere miniflre n'en ait pas
contem : Monfieur , lui dit-il publi-
quement y votre Compagnie efi en fort
mauvais état. — Monfieur , je ne
le favois pas. — 1/ faut U fnvo^r,
Vavci'vous vue ? — Non , Monfieur ;
j'y donnerai ordre. — // faudrait
lavoir donné,,» Il faut prendre parti ,
Monfieur i oufe déclarer Courtifan , ou
s'acquitter de fou devoir , ^uand on eji
Officier^ Le marquis de Saint- André
follicitoit un petit gouvernement.
Louvois , qui avoit reçu quelques
plaintes contre lui , le refufa : Si je
reeonftnençois âfervir^ je fais bien ce
fuejefercis , repartit cet officier en
colère. — Et que firiei-vous , lui
demanda le miniflre d'un ton bruf-
que ? — y« régUroù fi bien ma con-
duite « que vous n*y trouverie:^ rien à
rtdirt. U n'y eut que cette faillie
TEL
inattendue qui pût l'engager à ae«
corder ce que Saint- André lui de-
mandoit. L'arnllerie » dont il exerça
lui-même plus d'une fois la charge
de grand - maître > fiit fervie avec
plus d'exaâitude que jamais ; & des
magaiins établis par fes confeils
dans toutes les places de guerre»-
furent fournis d'une quantité pro-
digieufe d'armes & de munitions,
entretenues & confervées avec le
dernier foin. Dans ce grand nombre
de fortifications que le roi fit élever
ou réparer pendant fon miniflere »
on n'entendoit plus parler dé mal-
verfations. Les plans étoient levés
avec toute Texa^itude poffible > fie
les marchés exécutés avec une
ennere fidélité. D'ailleurs , rien de
plus jufle & de mieux concerté»
que les régtemens publiés pour les
étapes , pour les marches , pour les
quaniers & pour le détail des
troupes. La paye des officiers & des
foldats étoit confhunment afTurée
par des fonds toujours prêts , qui
fui voient & devançoient les armées.
La force de fon génie & le fuccès
de fes plus hardies cntrepriCes , lut
acquirent un afcendant extrême fiT
l'efprit de Louis XIV -, mais il abufa
de fa faveur. Il traitoit ce prince avec
une hauteur qui le rendit odieux.
Au fortir d'un confeil où le roi
l'avoit très-mal reçu , il rentra dans
fon appartement* & expira» cor-
fumé par l'ambition , la douleur &
le chagrin, le i6 Juillet 1691, à
51 ans. La manière dont Madame
de Sévîffié annot^ça cette mort à
Coulanges , peut beaucoup fervir à
nous faire connoître ce que les
contemporains penfoient , & ce que
la poflérité doit penfer de Louvois»
» Le voilà dor.C mort, ce grand
» miniflre , cet homme Ci confidé-
*» rable , qui tenoit une fî grande
" place , dont le Moi ( comme dit
H M. Nicole ) étoit fî étendu ; qui
H étoit le centre de tant de chofft^ ^
r
TEL
•^ QfJt à*z(biuts , que de deffelns ;
" qae de projets , que de fecrets »
» que d'intérêts à démêler ! Que
« de guerres commencées , tque
» d'intrigues » que de beaux coups
» d'échecs à faire & à conduire !
M — Ah , mon Dieu ! donnez-moi
» un peu de temps *, }e voudrois
» bien donner un échec au duc
» de Savoie ^ un mat au prince
M ^Orange. — Non , non , vous
*• n'aurez pas un ieul moment»
M — Faut- il raifonner fur cette
n étrange aventure? Non, en vé-
» rite. Il y faut. réfléchir dans fon
M cabinet... « JLouFoîr n^fut regretté
ni par le roi » ni par fes courtifans^
Son efprit dur , fon caraûere hau-
tain avoient indifpofé tout le monde
contre lui. Avant lui les fecrétaires
d'état donnoient du MonfiigfuurSLux
.ducs en leur écrivant-; Lf^uvois fup-
prima ce titre. Il Ht plus , il l'exigea
pour lui-même de tous ceux qui ne
le lui donnoient pas auparavant.
• Be.bons ofEcîers furent obligés de
quitter le fervice» parce qu'ils ne
voulurent pas fe foumettre à cette
loi. Les philofophes dévoient être
encore plus mécontens de lui que
.les courtifans : ils pouvoient lui
reprocher les cruautés , les ravages
exercés dans le Palatinat *, le projet
d'exciter le duc dt SavoU & les
SuKTes à déclarer la guerre à la
France , en manquant à tous les
traités faits avec eux. 11 penfolt
Êiuflement qu'il falloit faire une
guerre cruelle, û l'on vouloit éviter
les repréfailles. Le feul moyen de
£i;re cefler les incendies & les cruau-
tés, étoit, fclon lui, d'enchérir fur
celui qui commençoiL Aufli écri-
voit-il au maréchal de Bvuflers : Si
tauumi hrûU un vUIagi de votre Gou-
vtmemmt , hrulei^en dix dufien. Mars
quelques reproches qu'on ait £iits
à fa mémoire , fes talens ont été
encore plus utiles à la patrie , que
fts âuies ne lui ont été funeftes.
TEL 4t
On ne trouva dans aucim des fujets
qu'on efiaya depuis, cet efprit de
détail , qui ne nuit point à la grar-
deur des vues ; cette prompte éxe-
cution , malgré la multiplicité des
renforts •, cette fermeté à maintenir
la difcipline militaire ; ce profond
fecret , qui avoit fait pafTer de fi
cruelles nuits à l'ombrageux Giùl»
liume; ces inftruâions favantes, qui
dirigeoient tm général, & qui nç
gênoient que Turenne ; cette con«
noiifance des hommes , qui fa voit
les approfondir Ôc les employer à
propos, £n un mot , on ne retrouva
plus cet enfant de Machlapel^ moitii
courtifan , moitié citoyen ; né , ce
feAible , pour l'oppreilion & poi?r
la gloire de fa patrie. LouvUs étoît
connu de tous les feigneurs de la
cour pour un miniftre impéné-
trable. 11 étoit près de partir pour
un grand voyage « & il feignit àfi
dire où il devoit aller. Monfijur^
( lui die le comte de Grammont ) ne
nous dites point où vous alU\ : aujp
nous n'en croirons rien. Il ne fuppor-
toit pas les mauvais fuccès à la
. guerre avec autant de fermeté que
Louis XIV, Après la levée du ûége
de Coni , il alla porter cette nou-
velle à ce prince , les larmes aux
yeux* Vous êtes abattu pour peu de
chofe , lui dit le roi ; on voit bien que
vous êtes trop accoutumé aux fyccès :
pour moi qui me/ouviens d'avoir vu les
troupes Éfpagnoles dans Paiis , je né
m^ abats pas fi. aifémcnt. Noiis avons
fous fon nom un T&fiament P^Uti*
^ue, 1695 , in-i2 } & dans le Recueil
de Tejiamens Politiques , 4 vol. in-12.
C'eft C*urtils qui A l'auteur de cette
rapfiodie politique , d'après laquelle
il ne faut pas juger le marquis de
Louvois, Après fa mort , il parut une
efpece de Drame fabrique contre
lui , intitulé : Le Marquis heLoU'
rois fur lafelletîe , Cologne , 1 69 5 ,
in* 12. C'eil une pièce pitoyable ,
qui vaut encore moins que le 7V*
»4a T E t
: umtnè dd Courtih. Le mai^cfu'd' ii
Louvoîs laiâfa des biens immeiifies ,
- qtû venoient en partie de ik fénme ,
uf/i/fe de Souyré, mârquifet/^ Courttn-
*Tau3t , la plus riche héritière du
' foyaume. Il en eut plufieurs enfans ,
entre autres Ftanfols- Micntl &e
^Telleer , marquis de Cnunenvaux ^
•mwt efi 1711 , & père de Louis-
i Cf/ar, marquis de Courtewauit. Celui-
'cî prit le nom & les îTrmes de la
Maifon d'Efiréss : [-V^^ B^trées,
' n* VI. 6» Ba^besieux ],
- -HI. TELLIER, ( Charle$-Mau-
^fUËe le ) archevêque de Rhdms,
'€Ofnniandeiir de l'Ordre dli Seint-
Kfpri* , dodeur & provifcur de
'Sotbonne , coofeiEer d'état ordi-
-itaire, &c. né à Paris en 16^2 , étoit
•firerc du précédent. 11 fe cliftingua
par /on zèle pour les 'Sciences &
pour robfervation de la difcipline
«ccIé/iaAique. II moiU'Ut fubitcment
'à Paris, le 21 Février 1710,3 78
ans* II' défendit qu'on ouvrit fan
corps , ni qu'on lui fit aucune
Oraifon funèbre. 11 lajffa aux Cha-
noines Réguliers de l'abbaye de
Sainte - Geneviève de Paris , fa
belle bibliothèque compofee de 5-0
mille volumes. Ce prélat tenoit
beaucoup du caraftere dur & in-
flexible de fon père & de fon frère.
IV.^ TELLIER, (Le) Foyex
MONTMIRAIL.
V, TELLIER , ( Michel ) Jcfuite ,
né auprès de Vire, en baffe-Nor-
mandie , le 16 Décembre 1643 ,
profeffaavec fuccès les humanités
& la philoibphie. On l'appela à
Paris pour former une fociété de
faVans qui rappelèrent, dans le col-
lège de Ioim* le Grandyla. mémoire des
Slrmonds & des Pétaux. Mais le Père
' TelRer s'étant engagé dans la guerre
qîje les Jéfuites faifoicm aux Jan-
féniftes, abandonna l'érudition, fc
•parvint aux premiers emplois de la
•Compagnie. Il devint provineiâl
de la province de -Paris. Cétoit un
TEr
liomme de moeurs pures & CévéteêTi
mais ardent , inflexible , couvranc^
fes \'iolences fous un flegme appâ*
rent , auffi attentif i ca^er f«s
menées , qu'à les £aire réulHr. It
ftit long- temps le dénonciateur àts
Jaafônâes» en attendant qu-'il ûXk
devint Icj- perfécuteur, C'eft à- lui
qu'oft attribue la première id«e ée
la fouriMrie de Douay , fi relTeiiv-
blfinte à une perfidie. Le Perc àc ta '
Xkcdfo étant mort en 1709 , le Père
feliUr fut fon fucceffeur dans ^
-plaire dé * cOnfeifeur ^e Lotis XlV.
• Voici comment il obtint cet emploi
délicat , fuivant l'auteur de la Vie
.de ' M, de CàylHS , éve^ue d^Juxerrc
•(T. i.-p. 39.) »\L de Caylus tenoit
■ ** de Madame de Maîntmon, qu'après
*> la mort du Père de la Chaî/e, \qs
^ Jéfuites préfenterent trois dos
•" leurs, lis parurent en même temps
'» devant le roi. Deux tinrent ta
» meilleure-contenance qu^îls pti-
»» rent, Ôfi dirent ce qu'ils crurent
" de mieux pour parvenir au poâe
" émincnt qui faifoit tant de jaloux.
»♦ Le Père TeÙîer' fe tint derrière
»» eux, les yeux baiffés , portant
» fon grand chapeau fur fes deux
M mains jointes , & ne difant mot*
» Ce faux air de modeftie réuHîrv
»• le Père Teltler fut choifi. Il a voit
» raifon de baiffcr les yeux , car
« il avoit quelque chofe de louche
w ou de travers dans fon regard.
» On le fit remarquer au roi *, & 00
« lui dit qu'il pourroit y avoir du
» danger pour Mad^ la ducheiTe de
n Bourgof^né , de voir cet objet pen-
»» dant fa groffeffe. Le roi balança
»» quelque temps pour le renvoyer ;
» mais enfin il paffa par-deffus «# ^
& le Père TellUr refta confeffeur. U
fit tout le mal qu'il poiivoit faire
dans cette place , oii H eft trop aifé
à un homme vindicatif ou faufle-
raeat zélé , d'infpirer Ce qu'il veut
^ de perdre fes ennemis. On peut
•voir dans les artkicft du carditui
r
T E r
^e'Nojêtzlbs & de Qysskttytei
«efforts qu'il fit jouer pour perére
.xet acchei^que, & pour faire recd^
'voir la Buller qui profcrivott ïe
iivre de cet Oratorien. Il fetigua
.Létds XîV^ iuftiiie <feinf (es det-
4£ers mom«iis , pour lui feire don-
4ier des édits en Êiveur de cette
•Coxiftitutiofl. Apfès- la morr de
Lùtds XIV ^ foficon&ileur £iit*exilé
k Amiens, puis à la Flèche, où il
^mourut ie 2 Septembre 17x9, à
«7e ans. Ce Jéiuite s'étoit acquis de
I4 confidcration dans fon. Ordre ,
jio&*lealei]itot pav Ta régularité de
fes mœurs, par fé)n zelepour le main-
4iea de la dircipline , niais encore par
•fes conooiiTances. Il étoit membre
de l'académie des Belles-Lettres. On
41 de lui plusieurs ouvrages :I. Une
I édition de Qmnte-'Curfe , à l'uûge du
i iOauphin , in-4®, iOj%, U. Défmfe
•des nouveaux Chrétiens 6c des Mif-
.$oanâres de la Chine , du Japon &
.des Indes , in- 12. Ce livre excita
• .beaucoup de clameur s,, fut réfuté
par le dodeur Antoitu AmmUd , &
cenfuré à Rome par un décret de
rinquiâtion. III Obfervatîoni fur U
HowtlU Défijrft dt la Verfion Fran-
ç<^e du Nouveau Teftanwu^ imprimée
'.À Mfonsy (Rouen ) 1684, in - S*.
.rV. Plusieurs Ecrits Foléwiiques , qui
ne mértient pa$ d'être tifés de I'oup
bli. [ P^oyei{ rart. IHjmas. ] Le car*
dinal de Poll^ac contott ( fuivant
réditeur 4es Lettra de Momefquleu , )
. une anecdote qui eft digne d*être
rapportée. Le P. TelUer alla un jour
le trouver, & lui fe que, » le
» R<H étant déterminé de^reCou-
» tenir dans toute la France 1'/a-'
n faiWhilhé, il le prioit d'y donner
f» la main i<. Le cardinal lui ré-
pondit : Mon Père , fi vous entre"
frene\ une pareille chofe , vous fere^
hUntik mourir le Roi. Ce qui fit iuf-
- pendre le» démarches & les intrt-
' gués du confefTeur à ce fujet. Ceft
-à ce JéCuite que fa SoG^ii 4oit
t E m' 45
attribuer une partie de fesmaDieuiis
La charrue qu'il iit pa£er fur les
ruines du Port-royal , a produit
vraifemblablemcr.t , les fruiis ameris
qu'elle n recueillis depuis en France.
TEMPESTA, (Antonio) peintre
& graveur de Fi orencc , né en 1 5 5 5',
& mort en 1630. Strada , qui fiât '
fon maître , lui donna du goût pour
peindre les auimaux, genre dans
lequel il a exceHé. Son deffin eft uti
peu lourd -, mais fes compofitioties
prouvent la beauté & fe éciFité djt
ioTk génie. Sa gravure eftinferieuris
è fa peinture. On a de lui « tant en
tableaux qu'en eftompes» beaucoup
de fumets et BaifilllesH^^ Chaffes.u
Vof. Galloîtius , & I- fjSSM. '
TEMPLE, (Guiîlanme) nci -
•Londres en 1618 , & petit-fils d'uù
Secrétaire du comte éP£Jfex\ voya-
gea eh France, en Hollande & eH
Allemagne. De retour dans fa p^
tri«, gouvernée par rufurpateur
Cromwell , il fe retira en Llande , où
il fe confacra a l'étude de la ]^ùlo*
-Ibj[>hie & de la politique. Après que
Xkarks II im remonté for le trône 4c
fes pères, le chevalier Temple re-
tourna à Londres, 6e (nt employé
dans des affaires importantes. Uiie
des négociations qui fit lé jAvts
d'honneur à fon habileté;,^ celle
de la triple ailiauce qui fut conclue
en 1662 , entre l'Angleterre , la
Hollande ôc la SueJc. Cçs trois puif-
iances' étoleiit pour lors amies de
la France; cependant , par fes intrl*
gués & £es clameurs , il parvint à
les réunir contre elle, U avoit formé
lui-môme le plan de cette ligpe. Le
chevalier Temple , qoi reg^rdoit
cette confédération comme le falut
de l'Europe, pafia enfuite en Aile*
magne, pour inviter Feropereurôc
les princes à y accéder -, mais il eut
bientôt le chagrin de voir que f^
cour ne partageoit pas fon zele, ^
qu'elle étoit même fur le point de
*Qjnprc avec U iioU^ixle; U luttionç
44 T E M
lappélé , & on rcfpefta fi peu (on
ouvrage , ({ueChurUs 11 Ce ligua avec
Louis Xly pQur écrafer les Provin-
ces-Unies. Il te trouva , en 1668 ,
aux conférences d'Aix-la-Qiapelle,
en qualité d'ambailadeur extraor-
dinaire ; & à celles de Nimegue en
167s. Après avoir conclu ce der-
nier traité , il retourna en Angle*
terre , où il fut admis au confeil du
roi , & dirgracié peu de temps après.
JS'ayant plus 4e rôle à jouer fur la
fcene du monde , il fe tit auteur. Il
fe retira dans une tc^re du comté de
Suiïex> & y mourut en Février
1698 , âgé de 70 ans. Par une daufe
aftcz bizarre de Ton Teftament, il
ordonna que {on Cour ferait dépofi
dans une boiu d'argent , & quon tenter»
rcroufcus le Cadran f claire dcfon J&r^
din. Il faut convenir que cet homme
célèbre avoit de grands talens , des
vertus éminentes , du zèle , une rare
habileté, avec de grands défauts. II
étoit fort vain & fort violent , &
quoiqu'il fût naturellement vif &
gai, fon orgueil rendoit fon hu-
meur fort inégale. Quand il haïflbit
quelqu'un , c'étoit au point de ne
pouvoir le rencontrer fans fe trou-
bler. S'il étoit ennemi ardent» il
étoit ami chaud. Il évitoit les plain-
tes avec ceux qu'il aimoit : Elles
peuvent /ervir, difoit-il , entre amans ,
mais raremmt entre amis. Son amour
pour la lib'ertc ne pouvant fe plier
à la fervitude des cours» il ne
voulut jamais d'autre emploi que
celui de miniilre public. Quelques
pédans l'attaquèrent par des Ecrits
peu mefurés , & il leur répondit
dans le même ilyle. Nous avons de
lui.'I. Des Mémoires depuis 1671
jufqu'en 1692 , in - 12 , 1692* Ils
font utiles pour la connoiiTance des
, affaires de fon temps. II. Remarques
fur Cétat des Provinces' Unîts , 1697 ,
in- 12 ', affez intéreifantes , mais plei-
nes de penfées libres fur la Religion,
m. Introdu^n à l'Hiftoire d^AngU-
TE N,
terre f 1695 , xn-12. Ceft une éiian^
che d*une Hiftoire générale. Y. Des
Lettres « qu il écrivit pendant Ces
dernières ambaffades. Elles font eu-
rieufes , & on les a traduites ea
.firançois, 1700^ 5 vol. in-12. VI»
Des (Euvres miUts^ i^3 > in-12 ,
dans lefquelles on trouve quelque*
bonsmoT)ceaux.L*auteur pcnfoit pro-
fbndément , de écrivoit avec force ^
mais ii ' ne faut pas juger de fon
génie pat lestraduâions françoifes :
elles font plates & incorrcûes. Voy^
SVIFT.
TEMPLIERS , Voy* Geoffrot*
de Saint-Omer, & Molay.
TEMPS, ( Le) f^cy. Saturhb.
TENA , (Louis ) de Cadix , doc«
teor & chanoine d'Alcala, puis évê^
que de Tortofe, mourut en 1622.
On a de lui : I* Un Commentaire fur
l'Epître aux Hébreux. U excelle par-
ticulièrement dans les préludes^
mais le fonds de cet ouvrage n'eft
qu'une compilation indigefte. II*
Ifagogeînfacram Scripturam t'vDriol^z
ouvrage favant & diffus.
I. TENCIN^( Pierre Guerin de >
né à Grenoble en 1679 , d'une fa-
mille originaire de Romans en
Dauphinéi devint prieur de Sor-
bonne, dofteur & grand-vicaire de
Sens. Ses liaifons avec le toeux
Law , dont il reçut l'abjuratioa ,
^rent auffî utiles à fa fortune que
nuifibles à fa réputation. Il accom*.
pagna , en 1711 , le cardinal de Bîjfy -
à Rome, en qualité de conclavifte i
& après l'élection à! Innocent XIÙ ^
il fut chargé des affi^ires de France à
Rome. Ses fervices le firent nom-
mer archevêque d'Embrun en 1724-^
il y tint en 1727 un fameux concUe
contre Soanen^ évêque de Senea:
concile qui lui a fait donner tant
d'éloges par un parti , & tant de ma-
lédiûions par l'autre. Ayant obtenu
la pourpre en 1739, fur la nomi-
nation du roi Jacques^ il devint ar-
chevêque de Lyon ea 174O9 minif-
T E N . , ^.
éi4'€tat deux ans après.On croyoït
^u'Uavoit été appelé à la cour pour
templacer le cardinal de f/eury ;
nais fes efpérances & celles du
public ayant été trompées , il fe re-
lira dans fon diocefe , où il fe fit
ai^er par d'abondantes aumônes.
Il y mourut en 1758^, à 80 ans.
Qui croire fur le compte de ce car-
dinal > Les uns en font un génie ,
un homme d'état, un politique con-
fommé ; d'autres lui difputent ces
talens , & attribuent fon élévaûon
moins à fon mérite , qu'à celui
d'une foeur ambitieufe & bel efprit.
Oa trouvera peut-être la vérité , en
prenant le milieu entre^^ces deux
extrémités. Vers la ^n de fes jours ,
ies chofes pour lefquelles il a voit
montré le plus d'ardeur , fé préfen-
terent à lui fous un autre point de
vue. Ses fentimens allèrent iufqu'à
une efpece d'indulgence pour ces
mêmes Janfénijles qui le regardoient
comme un perfécuteur. Dans le
temps d%i difputes occafionnées par
les billets de confeffion , il fe con-
duifit avec modération & avec
fageûe. Une guerre plus cruelle
ayant défolé la France en 17^6 ,
le cardinal de Tencin entra en cor-
refpondance avec Madame la Mot'
grave de Barelth , pour ménager la
paix avec les puiilances belligé-
rantes-, mais il mourut avec la dou-
leur de n'avoir pas pu réuiCr. On
a de lui des Mandemens &.des Infiruc»
tons Pafiorales
11. TENON, ( Oaudine-Alexan-
drine Guerin de) fœur du précé-
dent » prit rhabit religieux dans le
monaAere de Montfleury\, près 4e
Grenoble. Dégoûtée du cloître, elle
rentra dans le monde; & vint à
Farts. Les grâces de fon efprit lui
firent des amis illuftres ; elle prit
part à la folie épidémique du fyf-
tème \ & cette folie fut avantageufe
à fa fortune , ainif qu'à celle de
fon frère. Elle fongea dès-lors à
TEN ~4<
demander à la cour de Rome us
Bref, qui la rendit au monde qu^elle
avoit quitté. Elle l'obtint en e6Fet
par le crédit de FontenclU', mais,
comme le bref avoit été rendu fur
un Eaux expofé^ , il ne fut point,
fulminé. Madame de Tencîn n'eit.
refia pas moins dans la capitale,
où elle cultiva la littérature avec
fuccès. Benoit XIV , avec lequel.
elle étoit en cbrrefpondance, lors-
qu'il n'étoit que le cardinal Lam-»
hewnî , l'honora de fon Portrait dès
qu'il fut pape. Senfible à un tel bon*
neur , Madame de Tencin lui ré-
pondit par une lettre ingénieufe,
où elle lui difoit : Votre affuhîllti^
Votre bonté ^ votrfi fidélité dans ramîtU^
vous avotent fait de tendru Amîs it
ceux qui font devenus vos Enfans»
Depuis long'temps mes vaux plaçoieat
V, 5. fur la Chaire de Saint-Pierre,
Pétois par mes difirs votre fille fpi-^
rituelle , avant que vous fujfie^ le Père,
commun des fîdelles, La maiCon de
Madame de Tencin devint le rendez-
vous des gens les plus fpirituels
de Paris. On la voyoit , au milieu
d'un cercle des beaux efprits & des
gens du monde qui compofoient
fa cour , donner le ton & fe faire
écouter avec attention. Sa petite
fociété fut troublée de temps en
temps par quelques aventures afifez
trifteff. La Frefnaye ^ confeiller au
grand -confeil , fut tué dans fon
appartement , &*elle fut pourfuivie
comme ayant trempé dms ce meur-
tre. On la transféra d'abord au Châ-
telet , enfuite à la Baftille ; enfin
elle eut le bonheur d'être déchar-
gée de Vaccufation intentée contre
elle. Cette dame célèbre mourut à
Paris en 1749 , dans un âge avancé ,
vivement regrettée par plufieurs
gens de lettres , qu'elle appeloit
ironiquement fes Bêtes, L^envie dit
beaucoup de mal de cette Ménagerie
fpirituîlle i mais elle étoit bien pré-
férable à tant d'autres fociétés or
%6 T. È H
lV>it ne peut exIAér fans )eu .& fans
ihédifance. Nous avons âe Madame
et ' Tencîn i \. Lt SUge dt Calais ,
îfi-ii. C'eft un Rotnaïi écrit avec
délicateffe , & plein de peafées
fines. Certaines idées d'une licence
enveloppée *, des portraits aimables
éc l'un & de l'autre fe-^:e, mais
qui auroient dû être plus con-
tiraftés ; de la tendrelTe dans les
élpreffions-, le ton de la bonne
Compagnie ; voilà ce qui en fit le
fuçcès. On ferma les yeux fur fes
défauts , fui: la multitude des épi-
Ibdes & des pcrfonnages , fur la
complication des événemens , la
plupart peu vraifembl^bles *, enfin ,
to la conduite « n)oins judicieufe
^e fpirituelle , de ce Roman. II.
iîétnolresde Commmges , in-i2 , qui
se font bons que pour la forme.
M. de Pottt'dc'vejle , fon neveu , eut
part à cet ouvrage , ainli qu'au pré-
cédent, m. Les Malheurs de f Amour ,
1 vol. in-:i2 : Roman dans lequel
on à prétendu qu'elle traçoit fa
propre hiftoire. IV. Les Anecdotes
iPEdouird II ^ in-i2 , 1776 : ou-
vrage pofihume. On a recueilli
toutes fes CEavrcs en 1 786 , à Paris »
7 vol. petit in- 12.
TENDE , ( Gafpar de ) petit-
fils de Claude de Savoie , comte de
Tende & gouverneur de Provence ,
fervit aVec diftinâiion en France
dans le régiment d*Aumont. If fit
cnfuite deux voyages en Pologne ,
où il acquit beaucoup de connoif-
fance des aflEbires. On a de lui :
I. Un Tnùié de la Tradcciîon fous
le nom de tEfian^, in-S*». II. Re-
lation hifiorîque de Pologne , fous le
corn àt HautevUle ^ iii-ix. Ces deux
<yuvrages eurent quelque cours. L'au-
teur mourut' à Paris en 1697 , à 79 .
ans. Ildefcendoit de P^enê de Savoie ,
& de Villars , comte db Tende ,
fils naturel de Philippe duc de Savoie.
Le comte de Tende s'attacha à Fran-»
fois /, qui le fit grand-maltie de
t E N
France»Il mourut des blef&ires'qu^îl^
avoit reçues à la fiinefle journée de^
Pavie en 1525. Il eut d*Aane haf-^.
caris comteâe de Tende , (a femme »-
Honorât maréchal de France , &
pourvu de la diarge d'amiral eo-
1572. Il mourut en 1580 »laiffant"
une fille , mariée au duc de Mayenne.
Son ^rere Claude , gouverneur d'ef
Provence, mort en ij66 , eut unT.
fils légitime , Honorât , qui mourur-
en 1572 ; & un fils naturel , -An--
m^tf/,.qui fervit dans les troupic»
de France , & qui fut père de celui-
qui fait robiet de cet article.
TENDILLA , Voyei MEND02A ^
n*> III.
TENÉS ou TENNts , fils de'
Cygnus , ou félon d'autres. A* Apollon^
Ayant été accufé d'incefte par fa
beHe-niere Phllonomé ^ il fut ex-
pofé dans un coffre fur la mer avec
fa fûeur Hemhhée , qui ne voulut ja-'
mais Tabandooner. Le coffre aborda
dans" rifle de Leucophrys , qui dtf
Tenes , prit le nom de Ténédos.^
Tenis y régna , & y établit ^e$'
lois très-féveres , telle qu^étoit celle
qui condamnoit les adultères à per-
dre la tête : lois qu'il fit obfervef
en la perfonne de fon propre fîls.
Tenes fiit tué par Achille , avec îovt
père Cygnus , pendant la guerre de
Troye ; & après fa mort , i! fut ho-
noré comme un Dieu dans Tiile àé
Ténédos.
L TENIERS , dit U Vieux , .
( David) peintre, né. à Anvers tn
1 5S1 , mort dans la même ville eti'>
1649 , apprit les principes de la'.
peinture fous Rubcns, Le défit de -
voyager le 6t fortir de cette école,
t< il alla à Rome , où il demeura
durant dix anaées. Ce peintre a
travaillé en Italie dans le grand &
dans le petit. U a peint dans le goût
de Ces deux maîtres -, mais à fonr
retour à Anvers, il. prit pour fu-
j^s de fes Tableaux y des Buveurs ,
r
I im 'CUAlpics 8c des Payfans y -qw'iî
I nadoie avec beaucoup de vérité.
- II. TiENIERS U jfunc , ( David )
né à Attv&s ça i^io ,,mort dans la
Hlênie ville enîi6p4 , étoit fils du
précédent & Ton élevé .s mais il fur',
pââà fon père par foft gpôt & par Tes
calens, T«aîvs U J uru jouit , de Ton
vivsfit, de toute la réputation, des
KMneurs & de la fortune dus à foa
lOérite&à Tes bonnes qualités. LJar-
<MncLéopold'GuU/aume lui donna
f^fl portrait attaché à une chaîne
dî>r , & 1^ fît gentilhomnie de fa
ckambre. La reine de Suéde donna
auffî Ton portrait à TeriUrs, Les fu-
jets ordinaires de Tes Tableaux , (bi»t
des icenes réjouiiTantes.llarepré- .
fente des Buveurs & des Chimiâes ,
des Noce» & des Fêtes de village ,
plufieurs Tentations de S. Antoine «
des Corps-de-gardes , Ou:. Ce pein-
tre manioit le pinceau avec beau-
coup de facilité. Ses ciels font trcs-
hîen rendus , & d'une couleur gaie
& lumincufe. Il touchoit les arbres
avec une grande légèreté , & doa-
soit à fes petites ûgures , une ame ,
une expreâîon & un caractère ad-
mirables. Ses tableaux font comme
le miroir de' la nature ; elle ne peut
4tre rendue avec plus dé vérité. On
e^me iînguliérement fes petits ta-
bleaux ; il y en a qu'on appelle des
Aprcs'foupers , parce que ce peintre
les commençoit & les finiâbit le
foir même. On ne doit pas oublier
ion talent à imiter la manière des '
iseilleurs maîtres , qui l'a fait fur-
nommer le Sîn^e de la peinnire. Il
9 quelquefcHS donné dans le gris
&d»ns le rougeàtre > on lui repro-
che aui& d'avoir f^< des âgure»
trop courtes, & de n'avoir pas afîez
varié fes compofitions. Lmls XIV
n'aintoxt pot^tfongenre depamure.
On avoit un jour orné fa chambre
4e plufieurs Tableaux de Tcwtrs ;
mais aufll-^tot que ce prince les vit :
^uon m'ête j. dit-il ^ 469 MagaLt de>0
V TE il- 47s
devant tés yiux. On a beaucoup gravé
d'après les ouvrages de Tenltrsm^
Il a lui-même gravé plufieurs mor-
ceaux.
L TENTZELIUS , ( André ) fa-
meux méi^ecin Allemand du xvii.*
fiecle, publia un Traite curieux,
dans lequel il décrit fort au long, .
n©n-feule!Tîent la matière des Mo*-
mies , leur vertu & leurs propriétés ,
mais aufii la manière de les cosh
pofer & de s'en fervir dans les ma- .
ladies.
II. TENTZEUUS , ( Guillaume- '
Erneil ) né à Arnûad en Thurin^
en i6ç9 , mourut en 1707 » à 49
ans. Cétpit un homme entiéremem
livré à l'étude & à la littérature » ^
& qui fe confoloit avec les Mufe^,
des rigueurs de la fortune. Quoi- '
qu'il fût aiTez pauvre , il parut tou-
jours content de fon fort. On a de
lui im grand nombre d'Ouvrages ,
parmi Icfquels on diilingue : L
Saxonia Numlfmatica ,1705 ,.in-4*^.
4 Vol. , en latin & en allemand.'
Il, SuppLmsntam Hlfiorlee Gothana ,
1701 & 1716, 3 vol. in-4**. Il j
a beaucQup d'érudition dans cet
deux livre'! -, mais l'auteur n'a pis
l'art d'être précis & de ne choiiir
que l'utile. Voy. Scheelstratje,
TERAMO , ( Jacques de) Foyci
Palladino.
TERBURG , ( Gérard ) peintre,
né en 1608 à Zwol dans la pro-
vince d'Over-YlTel , mort à De-
venter en 16S1 , voyagea dans les
royaumes les plus florifians de l'Eu-
rope. Le Congrès pour la paix,
qui fe - teiioit a Mun(ler , l'attira
en cette ville , ov^ fon mérite le
produiiit auprès des miniftres. Oa
le chargea de plufieurs Tableaux ,
qui ajoutèrent à fa^ fortune & à fa
réputation. L'ambafTadeur d'£f.
pagne l'emmena avec lui à Madrid ♦
,& Ttriurg y fit des ouvrages qui
charmèrent le roi Se toute la cour.
Ce maître reçut d^ /iqhes préfeos.
4? TER
6: fut fiait chevalier. Londres , Pzns ,
Deventer, lui fournirent de nou-
velles occaiions de Ce fignaler. Sa
réputation, & fur-tout fa probité
& fon efprit , le firent choiiir pour
ê.re un des principaux: magtilrats
de cette dernière ville. Tcrhurg con-^
fiiltoit toujours la nature : fa touche
eft précleufe & très-finie. On ne
peut porter plus loin que ce peintre
l'intelligence du clair-obfcur. On
lui reproche quelques attitudes
roides & contraintes. Les fujets
qu'il a traites font, pour l'ordi-
naire , des Bamhochaics & des Galon-
1 terUs i il excelloit encore à peindre
le portrait. Netfchtr a été fon dif-
ciple.
TERaER, ( Jean PierreO né à
' Paris le 7 Odobre 1704, fuivit
le marquis ic Monti dans fon am-
bafTade de Pologne , & connut
psîrticuliérement le roi S tonifias à
Dantzig , où l'ambafTadeur de
France & fon fecrétaire furent re-
tenus prifonniers pendant 18 mois.
Les fervices qu'il rendit dans cette
occafion, & fur* tout au Congrès
d'Aix-la-Chapelle en 1748^, lui
méritèrent la place de premier
commis des aâaires étrang res :
place qu'il perdit pqur avoir ap«
prouvé « en qualité de cenfeur
royal, le dangereux livre de !*£/'-
frit. Il mourut le II Janvier 1766 ,
laiffant quelques Mémoires dans ceux
de l'académie des Belles-Lettres dont
il étoit membre. C'étoit uri homme
doux , poli & éclairé , qui jouit de
l'eflime publique , même ^rès fa
difgrace. On a de lui en manuf-
ciit , dansle dépôt des affaires étran-
gères , des Mémoires hiftoriques fur
les 'négociations , qu'il avoit com-
posés pour l'inflrudbion de M. le
Dauphin. Il étoit marié -, & il laifTa
deJx fils "& uiie fille.
TERÉE , Voy, Philomele.
TERENCE , ( Publius Tcrauîus
'4fr ) né à Carthage, Tan 1S6
TER
avant J. C , fut enlevé par la Kiih?
mides dans les courfes qu'ils taM"
foient fur les terres des Cartha^
ginois. Il fut vendu à Tsrentîus Lit—
canus , fénateur Romain , qui le ^C
élever avec beaucoup de foin , 8e
l'affranchit fort )eune. Ce fénateur
lui donna le nom de Tirenu « fiii«
vant la coutume qui vouloit que
l'affranchi portât le nom du maître
dont il tenoit fa liberté. Son efpric
le lia énroitement avec Utimi 8c
Sdpion C Africain, On les foupçoniUi
m^e d'avoir travaillé à fes Comé-
dies -, en effet ils pouvoient doimer
lieu à ces foupçotis avantageux,
par leur rare mérite , par la finefle
de leur efprit , & la délicateffi?
exquife de leur goût. Nous avons
fjx Comédies de Tércnu ; on admire
dans ce poëte l'art avec lequel il
a fu peindre les mœurs & rendre
la nature. Rien de plus fimple &
de plus naturel que fon ftyle i
rien , en même temps , de plus élé-
gant & de plus ingénieux. De tous
les auteurs latins, c'efi celui qui
a le plus approché de VAttlclfme^
c'eft-à-dire , de ce qu'il y a de plus
délicat & de plus fin chez les Grecs ,
foit dans le tour des penfées , foit
dans le choix de Texpreflion \ mais
on lui reproche de n'avoir été le
plus fouvent que leur traduâeur.
Madame D.iclcr trouvoit Plaute plus
original , & le mettoit à bien des
égdrds au-defliis de Tércnce, » Ce
» poète , ( dit-elle ) , a beaucoup
" plus d'art , mais il me femble que
»» l'autre a plus d'efprit. Térmcehk
»» beaucoup plus parler qu'agir ;
»» l'autre &it plus agir que parler, & 1
»» c'efl le véritable caraftere de la |
» Comédie, qui efl beaucoup plus |
» dans l'action que dans le difcours. {
» Cette vivacité me paroit donner
*' encore un grand avantage à
M PAutf^ic'efl que fes intrigues font ^
» toujours conformes à la qualité
»» des a^eurs \ que fesincidens font
» bien
TER
D biea variés , & ont toujours quel-
ft que chofe qui furprend agréable-
•» ment : au lieu que le théâtre fem-
9t hk languir quelquefois dans T/-
r rmce , à qui la vivacité de Tac-
»> tioQ & le nœud des incidens 6c
9t des intrigues manquent manifefte-
»* ment ». C'eft le reproche que
iui avoit déjà fait Céjar , dans des
y«s , où il s'exprime ainû , en
«'adreâknt â Térence:
Tu^aoquèf & în fummis y 6 dimU
dlatc Menander ,
' Fauns , & merîto y puri fermonis
Laùhùs 'Otquc tuinàm fcnpùs ai"
juncta font vis
dnmcA, ut ttquato virtus polkra
honore !
Cum Gracls , ntque in kac defptSus
païujacerts !
Umun hoc maeeror^ & doUo tihi
duffc , Terenti.
*» Toi auiH, deml'Ménandre ^ tu es
M mis au nombre des plus grands
n poètes, & avec raifon, pour la
V .pureté de ton ftyle. Eh ! plût
» aux Dieux que la douceur de ton
« langage fût accompagnée de la
» force comique , afin que ton mé-
» rite fût égal à celui des Grecs,
» & qu'en cela tu ne fuiles pas fort
» au-deflbus des autres ! Mais c'efl
9* ce qui te manque , Térence ^ &
M c'eft ce qid fait ma douleur m.
Mais s'il eft inférieur ( dit M. />«-
roule fils) à Plante pour la viva-
cité de l'intrigue & Tenjouement du
dialogue « il a bien plus de dé-
cence , de noblefTe & de goût. Sts
caraâ:eres font plus vrais, Tes pein-
tures de mœurs plus fidelles. Il rend
beaucoup mieux la nature , & at-
tache bien davantage par le grand
fond d'intérêt qui domine dans fes
pièces. S'il n'égayé pas Tes leâeurs
par cette foule de bons mots que
P/aute répand avec profuiion , ^
^ui fouvent , au jugement àiHomce f
Tome /X
TER 49
font aflez infîpides , il fait les d^^
dommager par la juilefTe & la fo-
lidité des penfées , la délicatefle des
fentimens , la douceur des images *
par ce moelleux & cette fuavité de
ftyle qui fait éprouver un plaifîr
toujours iiouveàu dans la leâure de
fes Comédies. La première fois qu'oa
entendit prononcer à Rome , fur 1^
fcene , ce beau vers ;
Homo sVM^HuuAsiifii, Aiuk
AllLSUH FUTO ,
il s éleva ( dit Saint Augufin ) dans
l'amphithéâtre un applaudiffertent
univerfel : il ne fe trouva pas un
feul homme, dans une affemblée Q
nombreufe , compofée des Romain»
& des envoyés de toutes les nationsï
déjà foumifes ou alliées à leur em-
pire , qui ne parût fenfible à ce cri de
la nature. Térence îonït de Rome
n'ayant pas encore 35 ans; on ne
le vit plus depuis. Il mourut, feloa
la plus commune opinion , vex^
l'an IJ9 avant J. C, àStympale-
ville de l'Arcadie. Il s etoit, dit-on^
amufé dans fa retraite à traduire les
Pièces de Ménandre^ & à compofée
de fon propre fonds ; & ce fut^
dit-on, la douleur d'avoir perdit
ces différentes Pièces , qui lui caufa
la mort. D'autres prétendent qu'il
périt fur mer en paffant de Grèce es
Italie. Il n'eut qu'une fille qui fut
mariée après fa mort à un chevalieff
Romain , & à laquelle il ne laiffa
qu'une maifon avec un jardin de deux
arpens iîtué fur la voie Apienne,
t Foyei I. ApjOLLINAIRE & ME-
NAGE. ] Nous avons une Fie de
Térence , écrite par Suétone. Les édi-
tions les plus recherchées des yi
Comédies de ce poète, font les fui-
vantes : De Milan, 1470, in-fol,
— Venife, 1471 , in-foL — £/.^
vif, 1635 , in-i2. (A l'édition ori-
ginale , la page 104 eft cotée 108. )
— Au Louvre , 1642, in-fol. — xd
ufum J?f/£hinif 1671, in-4^ ^ Çff^
^ù Te ïi
ftods Varîorum , i686,m-S^.— Caift-
1)ridge, 1701 , in-4°. — Londres,
Ï724, in-4** — Urbin, i736,in-fol.,
figures. — Londres , Sandby , 17 5 1 ,
1 vol. in- 8® , figures. Celle de Bir-
mingham , BasktrvilU , 1 771 , in- 4**,
eft d'une grande beauté. Madame
Dacur eii donna en 1717» uire
l)elle édition latine , avec fa Tra-
du£Hon françoife & des Notes , en
^ vol. in-8^. M. l'abbé /e Afo/MÎcr
en a publié une nouvelle traduc-
£on , 17^1 j î vol. in-8° & 3 vol,
5n-i 2 , qui a eu du fuccès.
TERENTIAjfemme de Clctron ,
éfoit d'une humeur bruique , im^
périeufe & prodigue , qui obligea
fon époux de la répudier : fon nom ,
fes grandes richefles & une fœar
veftale prouvent qu'elle devoit être
^'uûe grande maifon. CcWroiz ayant
été obligé de lui rendre fa dot, Te
trouva embalrrâiîë *, mais il aimoit
mieux la paix que l'argent. Il avoit
vécu plus de 30 ans avec eîle & en
avoit eu deux enfians. Terenùa époufa
«n fécondes noces, SalluJU^ l'ennemi
de Cicéron , dont il vouloit favoir
les fecrcts -, Meffala , en troifiemes
noces , de Vihlus Rufus , conful fous
Tîhett^ en iquâtriemes. Ce Vihiusit
▼antoit d'avoir pofTédé deux chofes
qui avoient appartenu aux deux
jplus grands hommes de fon temps ,
la femme de Cicéron , & la chaife fur
laquelle Céfar fut aflafliné. Tgrauia
vécut 103 ans , félon Pline & Valeri
Maxime,
TERE^^^ANUS maurus ,
Voyei Maurus.
TERME, Divinité qui préfidoit
aux limites des champs. Après que
Saturne eut quitté le Larium pour
retourner au Ciel , le Dieu Terme
«lit fin à toutes les qjierelles qui
s'élevèrent fur les limites des terres.
Lorfque les Dieux voulurent céder
la place du Capitole à Jupîur , ils
fe retirèrent dans les environs par
»tfjeicft4 Tom U J^ T^rnH fie-
TER
meurà à fa place fans bouger. Oit.
le repréfentoit fous la forme d'une
tulle ou d'une pierre carrée , ( Voy^
QUADHATUS DeUS. )oU d'utipîam
fiché dans la terre , ou enfin d'uiK
Homme fans pieds & fàni mains,
TERPANDRE, Ko/.Ther-
PANDRE.
TERPSICHORE , Tune des neuf
Mufes , déeâe de la Mufiqae & de
la Danfe. On la repréfente fous
la figure d'une jeune fille couron-
née de guirlandes r tenant une \arpm
& des infirumens de inufique autour
d'elle.
TERRACA» Voyei u. LULI.S*
I. TERRASSONS André) prê-
tre de l'Oratoire, étoit fils aine
d*un confeiller en la fénéchauiTéc
& préfidial de Lyon, fa patrie^ U
parut avec éclat dans la chaire : il
prêcha le Carême de 17 17 devant
le roi , puis a la cour de Lorraine »
& enfuite deux Carêmes dans !'£«
glife métropolitaine de Paris, &
toujours avec lefuccès le phis flat-
teur. Il joignoit à une belle décla*
mation, une figure agréable. SoÀ
dernier Carême dans cette cathé^
drale , lui caufa un épuifement dont
il mourut à Paris le 25 Avril 1723»
On a de lui des Sermons , imprimés
en 1726, & réimprimés en 1736,
en 4 vol. in-i2. Son éloquence â'
. autant de noblefie que de fimplicité*
& autant de force que de naturel
B plah d'autant plus qu'il ne cher*
die point à plaire. Qn ne le voit
point employer éles penfées qui
n'ont d'autre mérite qu*un hux
brillant; ni ces tours recherchés^
fi firéquens dans nos orateurs mo*
dernes, & plus dignes d'un Romai^
que d'un Sermon.
, IL TERR ASSON , ( Jean ) fi^te
du précédent , né à Lyon en 1670,^
fiit envoyé par fon père à la Mai* 1
fon de l'inftimtion de l' Oratoire « |
à Paris. Il quitta cette Cengrégatioa 1
prefque auidl-tôt ^u'U v ât cntté^ 1
TER
9 y rentra de nouveau, & il (&
fbnit pour v>uiours. Son père , ir-
rité de cette inconftance , le rédui-
fit par Ton teilament à un revenu
très -médiocre. Tcnrajfon ^ loin de
s'en plaindre , n*en parut que pln^
gai. L'abbé Bîffion , inflruit de Ton
mérite, lui obtint une place à l'aca-
démie des Sciences en 1707 , & en
1711 la chaire de philofophie grec-
^e & ladne. L'abbé Terrcgon s'en-
richit par le £imeux Syfiême; mais
cette opulence ne fut que paiTagere.
La fortune étoic venue à lui fans
qu'il l'eût dierchée ; tM^ le quitta
fans qu'il fongeât à la retenir : Mt
voilà ÙTc d^ affairé i (dit- il, lorfqu'il
fe trouva réduit pour la fecondfiT
fois au iimple néceffaire , )jt nvl^
yràî de peu f cela m'eft plus commode.
Quoiqu'il eût confervé , au milieu
des richeâes , la fimplicité des
moeurs qu'elles ont coutume d'ôter,
il n'étotc pas fans défiance de lui-
même: 7e réponds de moi ^ difoit-il,
jufqu*à un million ; ceux qui le con-
noiffoient, auroient répondu de lui
par-delà. Sa philofophie étoit fans
bruit , parce qu'elle étoit fans effort.
U n'étoit ni l'efdave de fou amour-
propre» ni le complaifant de l'amour-
propre ies autres. Un homme qui
penfoic comme lui , ne devoit guère
£>lliciter de grâces , même pure-
ment littéraires, Sun mérita feul
avoit brigué pour lui celles qu'on
lui avoit accordées. Ce qui Toccu-
poit le moins , étoit les démêlés
des princes & les affaires d'état. Il
avoit coutume de dire, qu'iV ne
finit point fe mêler du gouvernail dans
un. vaifffau oà l'on n\fi que paffager.
L'ignorance où étoit Tabbé Terra/-^
fon fur la plupart des chofes de la
vie , lui donnoit une naïveté que
bien des gens taxoient de âmpli-
cité ; ce qui a fait dire qu'tV n'étoit
homme d*efprit que de profil. Madame
la marquife de Laffai^qv étoit de-
fi fodété, répétoit volontiers qu'i/
TER 51'
n*y avoït qu^un homme de beaucoup
d*e/prit , qui pût être d^une pareilU
imbécillité. Quand la vieilleiTe & les
infirmités commencèrent à le rendre
inutile à la fociété , il difparut de
deiTus la fcene. Il fe montroit tout
au plu^ dans les lieux publics « o(k
il ne pouvoit être à charge àper-
fonne. Je calculais ce matin (difoit-il
dans fes derniers jours à M. Falconeù
fon ami ) que fol perdu les quatre cin"
qulemes des lumières que je pouvois avoir
acquifes. Si cela continue , il ne me
rcjlera pas mime la réponfe que fit à
l* agonie , ce bon Af, de Lagny à Af.
de Maupertuîs. [ Voye^ Lagn^. }
L'efpece de Stoïcifme dont M.
l'abbé Terrajfon faifoit profeflion ^
ne l'empêchoit pas d'avoir des amis s
mais ils étoient en petit nombre; &
il étoit perfuadé que ceux qui ont
tant d'amis, ont très-peu d'amitié*
Ce philofophe mourut à Paris le
15 Septembre 1750. Ses Ouvrage»
font : L Differtation critique fut
y Iliade d! Homère,, en i vol. in-12 «
pleine de paradoxes & d'idées .
bizarres. Egaré par une fauffe méta«
phyfique , il analyfe froidement ce
qui doit être fenti avec tranfport.
II. Des Réflexions enfiveurduSyftcmû
de Law, III. Sethos , Roman moral ,
en 2 voîum. in-ii. Cet ouvrage ,
quoique bien écrit & edimable par.
beaucoup d'endroits , ne fit cepen*
dant qu'une fortune médiocre. Le
mélange de phyfique & d'érudition ,
que l'auteur y avoit répandu , ne fut
point du goût des François , quoi-
que plein d'un grand nombre de
caraâeres, de traits de morale, de
réflexions fines , & de difcours
quelquefois fublimes. Il n'y a rien
de plus beau , peut-être , que 1«
Portrait de la Reine d'Egypte , qui
fe trouve dans le premier volume.
IV. Une Traduction de Dîodore de
Sicile j en 7 vol. in-12 , accompa-
gnée de préface* de notes. & de
Ijagmens , qui ont paru depuis ij^TL
Dij
,2 TER
îufqu'cn 1744. Cette vcrfion eftauffi
iideUe qù'cltgamc. On prétend que
rabbé Terrajfon ne l'entreprit que
pour prouver combien les anciens
étoient crédules. , ^ ^ ^
III. TERRASSON, ( Gafpar)
£rere d'y^a^ri & de Jean, naquit a
Lyon le 5 Oaobrei68o. A l'âge
de 18 ans . il enora à l'Oratoire , ou
il s'appliqua d'abord à l'étude de
l'Ecriture & des Pères. Après avoir
profeffé les humanités & la philo-
sophie , il Ce confacra à la prédica-
tion , & s'acquit bientôt une répu-
tation fupérieure à celle dont ton
frère avoit joui. Il prêcha à Pans
pendant cinq années. 11 brilla fur-
tout pendant un Carêmedansl'Eghfe
métropolitaine , & il ne brilla que
par l'Evangile & les Pères. Il ne
cherchoit pas les applaudiffemens.
Le feul éloge qu'il ejdgeoit de fcs
auditeurs, étpit qu'ils fecorrigeaf-
fent. Différentes circonftances lo-
bUgerent enfuite de quitter en même
temps la Congrégauon de 1 Ora-
toire & la prédication. Ses fentt-
mens excitèrent contre lui le zeic
perfécuteur des Conftituuonnaires
outrés-, mais fes vertus auroicnt
mérité plus d'égards. ILmourut a
Paris le 1 Janvier 175 ^-^^J » ?« ^"^ *
I Des Sermons . en 4 vol. m- 12 ,
publiés en 1749. Ce Recueil con-
tient XXIX Difcours pour le Ca-
rêrae, des Sermons détaches , trois
Panégyriques , & l'Oraifon ftmebre
du Grand Dauphin. Tout y refpire
lafublime fimplicité de l'Evangile.
II Un livre anonyme , intitule :
Lettres fur la Juft'ce Chrétienne, cen-
fiirées par h Sorbonne. ,. , ,
IV. TERRASSON, (Matthieu) né
à Lyon le 13 Août 1669, deparens
nobles , & de la même famille que
les prccédens, vint à Pans, ou il
fe fit recevoir avocat en 1691. Il
plaida quelques caufes d éclat qui
furent le premier fondement de fa
grande réputaupn. Profondémenr
T E t
vcrfé dans Vétude du Droit ècnt^
il devint en quelque forte l'Oracle
du Lyonnoîs , & de toutes les autres
provinces qui fuivent ce Droit. La
Jurisprudence n'éteignit point ca
l^ine goût de la littérature. Il fut
affocié pendant cinq ans au travail
du Journal des Savons , & il exerça
pendant quelques années les fonc-
tions de Cenfeur royal. Cet homme ^
auffi eftimable par fes connoiffance»
que par fa douceur & fon définté-
reffement , mourut à Paris le 30
Septembre 1734» à 66 ans. On a
de lui pn Recueil de fes Difcours »
Plaidoyers , Membres & Confuàa^
dons ^ fous le titre &*(Suvres de M tft-
thîeu Terraffon , &C, in-4'*. Voyei
l'article fuivant.
V. TERRASSON, ( Antoine >
fils du précé^nt & avocat comme
lui, naquit à Paris le 1*^ Novembre
1,70c. Il fe livra d'abord à la plai-
doirie , & eut quelques fuecès ^mais
les travaux du cabinet ayant plus
d'attraits pour lui , il compofa par
ordre du chancelier d*Agueffeau , foa
Htfloire de la Jurifprudence Romaine ,
fuivie d'un Recueil de contrats »
teftamens & autres adtes qui nous
reftent des anciens Romains , in-
folio , 1750. Ce livre, rempli de
recherches & qui prouve autant
de fagacité que d'érudition , eft écrit
d'un ftyle clair & quelquefois élé-
gant. L'auteur fut nommé la même
année Cenfeur royal , confeiller au
Confeil fouverain de Dombes ea
175 a,avocat du Clergé de France ea
175 3 , profeffeur au Collège Royal
en 1754. Dans le préambule de fes
provifions , Lo»ùs XF parle de lui,
" comme d'un homme diftinguè
» par des talens recommandables
** & qui font comme héréditaires
rt dans fa famille , & qui réuniffoii
»> à l'application la plus aflidue les
)♦ qualités qui caraftérifent le fujet
»/ fidelle & le citoyen vertueux *«.
Ces qualités lui procurèrent toi
T ER
rj^ la place de chancelîer et
2>ombes , dont il remplit les fonc-
tions iufqu'au temps que cette prin-
cipauté fut réunie à la couronne.
Accablé d'infirmités , il fe démit de
ia place de profefîeur royal , &
mourut le 50 O^obre 1781 , à 77
ans. Il avoit époufé en 1759 la .
.£lle du marquis dt Termes , dont il
n'eut point d*en£at)s. Ouo'e fon
Hiftoire de la Jurifprudence Ro-
maine f on a de lui des Mélanges
^hîftoîre , de Rttirature , de junfprw
dencej de critique ^ &c. I768 , inil ,
& quelques autres Ouvrages. ^
TERRAY, (l'abbé Jofeph-
Marie ) naqiût en 171 ^ dans la petite
ville de Boen, près de Roanne en
Forez. Jean Tcrray fon père , avoit
été fermier général au commence-
ment du iîecle. Marx-Anne Dumas
ià mère , étoit fille d'un officier qui
le diftingua à la bataille de Ner-
winde , & fut récompenfé par des
lettres de nobleiïe.
Un oncle fort riche , qui devoit
«ne grande partie de fa fortune aux
bontés du duc dt Orléans , régent ,
fit élever le jeune Terray au collège
de Jully. Ses fuccès dans fes étucks
pré&gerent ceux qu'il devoit ob-
tenir dans la carrière àts affaires»
U acheta une charge de confeiller-
derc au parlement de Paris -, mais il
ne fut jamais prêtre',fon éloignemem
înfurmontable pour les afluiettiffe-
mens de l'état ecdéfiaÛique, l'obli-
gea à fe borner au fous-diaconat. Un
caraâere décidé , un jugement droit ,
une conception prompte» l'amour
& la féicilité du travail , cette fureté
de taâ qui fait faifir à l'inftant le
i^oint de la difficulté des affaires les
plus épineufes , ne tardèrent pas à
lui mériter une grande confidération
dans fa Compagnie. La nature qui
lui avoit refuie les grâces extérieu-
Te% , & même celles de la parole »
Ten* avoit dédommagé par une
clarté laconique» plus impérieufe %
TER n
fouVtot que l'éloquence. La cour le
choifu pour fon rapporteur. Let
grâces dont l'état eccléiiaflique le
rendoit fufceptible , ajoutèrent à la
fortune déjà confidérahle qu'il te*
noit de l'oncle qui lui avoit fervi
de père. Il devint chef du confeil
de M. le prince de Condé^ Contrôleur
général au mois de Décembre 1769^
Miniflre d'état , Secrétaire-comman-
deur des Ordres du Roi en 1770 , &
Dire£leur général des bâtimens en
1773.
Peu de minières fe font trouvés
dans une pofîtion pli^s difficile Se
plus otageufe. Lafienne l'étoit d'au-
tant plus , que le public jugea les
opéradons qu'il fit pour en fortir ;
fans coniSoitre toute l'étendue du
mal auquel il avoit à remédier :
cependant, fes mefures furent prifes
avec tant de prévoyance & des
calculs fi jufies , qu'elles prévinrent
toutes les révolutions fàcheufes qui
pouvoient en réfulter ,& qu'aucune
banqueroute particulière ne fut la
fuite de redit qui fufpendit les ref-
criptions. On voit par un de fes Mé-
moires , qu'il regretta de n'avoir pu
fuivre des principes plus jufies ;
mais dans l'alternadve d'employer
les moyens dont il fit ufage , ou de
laiiTer manquer tous les fervices à la
fois , il préféra le moindre des maux
entre lefquels il avoit à choifir.
Il déclara cependant au roi qu'on
ne pouvoit augmenter l'impôt-, que
c'étoit par les réformes, les éco-
nomies , la fuppreffion des abus »
qu'il falloit maintenir déformais au
même niveau la recette & la dé*
penfe , & prévenir le retour des
défordres qu'il avoit réparés.
S^s Comptes de 1770 , 1772 &
1774, qui viennent d'être impri-
més dans la CollecUon des Comptes
rendus depuis ' ijj8 juf qu'en lySy ,
font des modèles d'ordre , de pré-
cifion & de clarté. Ces qualités dif-
tin^ves de l'homme d'état £e re-
Diij
54 TER
trouvent dans tous fes Mcmoures
fur l'adminiûration des finances ,
dont la plupart , peu connus du
public , mériteroient de Têtre.
Au commencement du nouveau
règne , il rédigea l'Edit delà remife
du droit de )oyeux avènement que
Lotus XVI voulut bien accorder à
fes peuples. Le 14 Août 1774 » il
donna fa démiflîon , & fe retira
dans une de fes terres , où il vt fut
point à l'abri des effets de la haine
& de la vengeance de ceux dont il
avoit bleffé les intérêts particuliers ,
pour fauver la fortune publique. Les
arts, qu'il avoit aimés dès fa jeunefTe,
firent dans fa retraite fa plus douce
occupation." Il mourut à Paris le iS
Février 1778 , laiffant une mémoire
contre laquelle le fouvenir des ref-
criptions fufpcnduesanimoit encore
fes détraâeurs, mais que le temps ,
la vérité , la publicité des écrits ojù
font confîgnés i^s principes , ont
prefque généralement réhabilitée.
La calomnie n'épargna pas plus
fes moeurs privées que fa conduite
dans le miniflere. Ceux qui l'ont
particulièrement connu,favent néan-
moins qu'il fut économe fans ava-
rice -, que fa fermeté froide , &
même accompagnée de fécherefTe ,
n'excluoit point en lui les qualités
fociales ; que la dureté qu'on re-
procha fouvent à l'adminiftrateur ,
incapable il eft vrai d'abandonner
ce qu'il avoit entrepris , n'etoît
point inhérente à l'homme , qui fe
montroit facile & doux avec les
fiens. Il eft avéré d'ailleurs que
pend :nt fon miniftere , il ne fe
vengea d'aucun ennemi -, qu'il ne fît
donner aucune lettre de cachet ;
qu'il ne perfécuta perfonne : d'où
il réfulte qu'on doit être étonné
du contrafle qui exifloit entre fon
caraôere & la réputation que fes
ennemis étoient parvenus à lui
faire.
Kous tennberofQ cette notice
TER
par une obfervation qui doit trap^
per tous ceux qui chercheront à
examiner Tadminiflration de IVC
l'abbé Terray : c'efl que , placé dans
des circonflances plus heureufes ,
il eût fait eflimer fes principes d*ad-
minifVration autant que fes lumières
& {t% talens ; & que fi le moral
d'un adminiftrateur efl indépendant
de la fituation dans laquelle il trouve
les intérêts qu'on lui confie , il n'en
cft pas moins forcé d'y conformer
jufqu'à un certain point fa conduite ,
fur laquelle ori prononce toujours
avec trop de précipitation.
TERRXDE, (AntoincdcLo-
magne , vicomte de ) d'une des plus
illuftres maifons du royaume , fe
diflingua au fiége de Turin , prit
Montauban , & fut capitaine de
cent hommes d'armes, & chevalier
de l'Ordre du roi. en 1549. Son at-
tachement à la religion Catholique ^
l'arma contre la reine de Navarre ,
dont il étoit né fujet. Il entra tn
I ^69 dans fes états , & les conquit
au nom du roi de France. Il fut fait
gouverneur & commandant du
Béarn & de la Navarre. Montgom^
mcri l'affiégea dans Orthès , & le
fit prifonnier de guerre. On mit à
mort en fa préfence , contre la f©î
des traités , les officiers de la gar-
nifon. Il eut la douleur de voir
égorger fous fes yeux un de fes
coufins-germains. On a de lui des
Mémoires qui n'ont point été im-
primés. Ce guerrier mourut en
1569.
TERRIEN, ( Guillaume ) étott
lieutenant général à Dieppe , vers
le milieu du xvi* fiede. Ct^ le
plus ancien jurifconfuite Normand
que l'on connoiiTe. Il donna un
Commentaire fur Us Coutumes anciennes
de Normandie , avant leur rédaâion ,
c'eft-à-dire en 1574 , à Rouen ,
in-4®.
TERTIUS DE Lanis , (Plerre-
FiaDçois ) cft auteur d'un Livre qui
TER
% pour titre i Magïflenum Natufa &
^rtis , Frixix , 1684 , ^ voL in-
folio « iîg. , raie & curieux^
I. TERTRE, (Jçan-Baptiflc du.)
tié à Calais en idio, quiua Tes
«études pour eattcr dans les croupes ,
& fit divers voyages fur terre ôcfur
«ner. De retour en France , il fe fit
I>oiniiiicain. à Paris en 1635. Son
zele pour la converfion des âmes
le fit. envoyer en miHîon dans. les
Ifles de rAméiic[ue, où il travailla
avec fruit.. 11 en revint en 16 f8 » &
«nourut à Caris en 16S7 » après
•avoir piiAlié fon Hîfioln. générale des
Aniil2es^_ habitées par les François »
en 4 vol. in-4**, L667 & 167 1 :
ouvrage écrit avec plus d exafti-
tilde que de préciûon , de chaleur
6c d'agrément. Le premier volume
renferme ce qui s'efl pafTé dans
l'ctablifTcment des Colonies Fran-
çoifes ; le iiV^'Hifloirc naturelle j
le m® & le iv*, letabliflement
& le gouvernement des Indes Occi-
dentales depuis la paix de Breda.
IL T E RT R É* ( Fxançois-
loachim Duport du ) de laïociété
littéraire -militaire de Befançon ,
& membre de Tacadémie d'Angers ,
vit le jour à Saint-Malo. Il entra
chez les Jéfuites , où il profeiTa les
bumanités pendant quelque temps.
Rendu au monde » il travailla aux.
J'euiiles.^ériodiques avec MM. Ftù'
Ton ^ de la Forte, Il fe fit connoitre
par plufîeurs Ouvrages. Les prin-
cipaux font : I. Jhrêgé ^^ CHifiolfe
d*Angluerre , 3 volum. in- 11.. Cet
ouvragé fe peut lire avec plaifir
ïaxis interruption , & il a les avan-
tages d'un Abrégé Chronologique ,
£ins en avoir la fécherefîe. La
narration efl fîdelle, flmple^claire
Se afTez rapide ; le ilyle eft un peu
froid, mais en général pur & de
bon goût; les portraits d'après na-
'ture, &non d'imagination. Mais ^
comme ce n'efl au fond qu'une
compilation où l'auteur a mii peu.
TER çf
dechofe» oalui préfère VAhrégi de.
rHiJioirc d* Angleterre donné par M^
l'abbé Miliot. IL Hîfioire dis Conju--
rations & des Confplratlons célèbres ,
en 10 voL in- 12. C'eil encore une
compilation , dans laquelle tout
n'efl pas égal, mais qui offre des
chofes intérelTantes. III. Les deux,
derniers volumes de la Blbuothequa
amufante. On y défîreroit plus de
choix , '& ils ne font pas dignes
du premier. IV. VAlmanach des
Beaux - Arts , connu depuis fous
le nom. dé /a France Lutéraîre. Cet
ouvrage , dont il donna une ef-
quiiflJB très-imparfaite en I7j2,efl
aujourd'hui en 3 vokin-8**, V. Cet
auteur a publié les Mémoires du
Marquis de Choupes , 175 3» in-i2i
& a eu part à VAhrégide fHifioir^
d*Efpagne , en 5 vol. in-i2 , donné
par M» Déjhrmaux. Il mourut en
1759 , à 44 ans , avec la réputation
d'un écrivain, qui- devoit plus au
travail qu'à la nature. .
m. TERTRE,. (Du) Voye^
ThO RENTIER.
TERTULLIEN , ( Quintus Sepû-r
mlus Florcns TenulHanus ) prêtre d9
Cartilage , étoit fils d'un centenier
dans la milice , fous le proconful
d'Afrique. Sa première profeffioa
fut le. barreau. Il avoir fait uuq
grande étude des fyflêmes des dif-
férentes feâes de la Grèce « & il
joignit la philofophie à l'éloquence*
La conllance des Martyrs lui ayant
ouvert le^ yeux fur les illufions dit
Paganifme , il fe fît Chrétien , fiç
défendit la Foi de J. C. avec beau-
coup de courage. Ses vertus & fà.
fctence le firent élever au facerdoce.-
De Carihage il paiTa à Rome. Ce
fîit dans cette ville qu'il publia ,
durant la perfécution de l'empereur
Sévère , fon Apologie pour les Chré-
tiens , qui efl un chef-d'œuvre
d'éloquence & d'érudition en fon
genre. Après avoir montré combien,
il étoit injuile de punir les Chré^r
Diy
^6 Ter
tiens , uniquement parce qti*îfs
' étoient Chtétiens , il les juftifie
des crimes qu'on leur imputoit II
examine la théologie Païenne , &
lui oppofe les dogmes des Chré-
tiens , adorateurs d'un Dieu unique ,
créateur du ciel & de la terre , qui
punira les roéchans & rccompen-
fera les bons. A l'expofîtion des
myfter es du Chriftianifme , il joint
le tableau de la vie de ceux qui le
profeirent. »» Nous faifons un corps
" (dit-iî) , parce que nous avons ia
»« même religion, la même morale ,
* la même erpérance. Nous nous
» aâîemblons pour prier & pour
>» lire l'Ecriture -, nous nous ex-
*» hortons, nous nous corrigeons ,
" nous nous jugeons avec équité »
»♦ comme Dieu nous jugera ; &
» tout eft à crsdndre pour celui qui
» aura mérité d'être privé de la
» participation aux chofes facrées.
» Ceux qui préfident à nosaffem-
^ blées , font des vieillards éprou-
f» vés, La vertu feule les élevé à
9^ cet honneur. Les chofes faintes ne
«» fe vendent pas -, & fi nous avons
^ une efpece de tréfor , c*eft le fruit
»' d'une contribution volontaire.
»» Chacun apporte ce qu'il veut ,
•» & quand il veut. Les biens font
9» communs entre nous , & nous
» les employons à entretenir les
« pauvres , Its orphelins , les
*' vieillards , les infirmes , à fe-
>' courir les fidelles relégués dans
» des Ifies , condamnés à travailler
» aux mines , ou renfermés dans
M les prifons pour avoir confefl*é
*' J. C. Nous nous regardons
M comme frères *, nous faifons en
» commun des repas de charité j
» nous prions avant de nous mettre
M à table ; nous prions après , &
*' nous nous féparons fans défordre
w & avec modeftie. Telles font nos
» affemblées. Cependant fi le Tibre
f» inonde les terres, & fi le Nil
^ ne les fertilife point , on crie ;
T E r
'" Ilvrei les Chràuns éutx Itons^ Oift'
»' veut que nous foyons la* caulé
>» de tous les malheurs , comme fi
»» avant la venue de J. C. il n'étoir
» pas arrivé de femblablcs cala-
" mités. Quetrouve-t^on en nous ^
» finon des vertus fupéricures à
'' celles de tous les philofophes >
** J'ajoute même , & plus de Science
»» à certains égards : car û Platon
M difoit qu'il étoit difficile de trou-
» ver l'auteur de l'univer:.,& encore
»♦ plus difficile d'en parler devant le
» peuple j parmi nous le moindre
»♦ artifan connoît Dieu , & ie foit
*» connoitre. Mais quand nos opi-
M nions feroient fanffes , au moins
n font - elles utiles , puifqu elle»
w nous rendent meilleurs. Certain
** nement elles ne nuifent a per-
.» fonne : & s'il felloit les punir ^
»' ce fcroit par le ridicule »& noa
». par le fer , les feux , les croix ^
n les bêtes. Ces perfécutions pro*
'» duifent un effet contraire à celui
» qu'on attendoit. Le mépris de la
» mort fe montre bien mieux dans-
w notre conduite , que dans les
vt difcours des philofophes. On dk
«étonné de none courage-, oa
» veut en pénétrer les caufes , &
»» bientôt on défire de fouffrir,
H Ainfi le fang des Chrétiens de-
I» vient une fftnence féconde «„
On ne fait fi cette Apologie pro-
duifit un effet favorble. La perfé-
cution continua , & fut très-vive à
Carthage , où TtrtuHitn avoit publié
cet Ecrit éloquent. L'auteur avoit
un génie Vif , ardent & fubtil,
Quoiquil parle avantagcufcment
de fes études , fes Livres prouvent
aflTez qu'il avoit étudié toutes fortes
de fciences.Son élocutîon eft un pea
dure, fes cxpreflicns ohfcures, fes
ratfonnemens quelquefois embar-
raflfés ; mais il y brille une nobleflTc ^
une vivacité & une force qu'on ne
peut s'empêcher d'admirer. On voit
qu'il avoit beaucoup Iv 5. /<#» âc
tÊR
S. Irenée, Il rendit fon nom célébré
dans toutes les Eglifes par Tes Ou-
vrées. 11 confondit les Hérétiques
de fon ûvcle ; il en ramena pluiieurs
à la Foi; il encouragea par Ces ex-
hortations les Chrétiens à foufïrir
le martyre. TertullUn avoit une
levérité naturelle, qui le portoit
toujours à ce qu'il y avoit de plus
rigoureux. Il trouva que Froclus ,
difciple de Montan^ vivoit d'une
manicre cotiforme à Ton humeur.
Ces apparences de piété le fédui-
firent , €c il embrafTa le Montanîfme»
U donna aveuglément dans les vi-
fions ridicules de cette ît€tt» Il devint
alors auffî nuifible à l'Eglife qu'il lui
avoit été utile , & les Ouvrages qu'il
compofa contre les Catholiques,
cauferent de grands troubles. Il ne
paroît point qu'il foit revenu de fes
égaremens. Il laiiTa quelques fec-
tatenrs , auxquels on domia le nom
de TcrtuiUanlftes, Saint Auguftin qui
ta parle , dit que de fon temps cette
feue étoit prefque entièrement
éteinte , & que le petit nombre qui
en reftoit , rentra dans le féin de
l'Eglife Catholique. Cet homme , à
la fois fi illuftre & û dangereux,
mourut fous le règne d*Antonin'
CarucaUa , vers l'an 216. Les Ou-
vrage* de Tertullîm font de deux
genres : ceux qu'il a uits avant fa
chute , & ceux qu'il a enfantés de-
puis. Les Ecrits du premier genre
font : I. Les Livres de la Prîere ,
du Baptimt & de XOraifon, IL Son
Apologétique pour la religion Chré-
tienne. III. Les Traités de la Pa-
timce. IV. "L^Exkortqtwn au Martyre,
V. Le Livre à Scapula. VI, Celui
du Témoignage de l*Ame, VII. Les
Traités des SpcStacles & de V Idolâtrie,
VIII. L'excellent Livre des Pref-
mpdons contre les Hérétiques. . .
Ceux du fécond genre font : I, Les
quatre Livra contre Mai^clon. II. Les
Traités de VAmt , de la Chair de Jefus'^
fhrift & de la RèJwrecUon de U Chair.
TER Ç7
in. Le Scorpiaque. W, Le Livre de
la Couronne, V. Celui du Manutuu
VI. Le Traité contre les Juifs. VIL
Les Ecrits contre Praxée & contre
Hermogene, où il foutient que la Ma-
tière ne peut être éternelle > mais
que Dieu l'a produite de rien , de
nlhilo, VIII. Les Livras de la Pu»
diclté; de la Fuite dans la perfécu-^
tion-, dçsJeunes contre les Pfychiques;
de la Monogamie & de V Exhortation
à U Chaftcté, Tous les autres Ou-
vrages qu'on lui attribue font fup-
pofés. Les PP. latins , qui ont vécu
après TertuiUen^ ont déploré fon
malheur, & ont admiré fon efprit
& aimé fes ouvrages. Saint Cypntn
les lifoit affîduement *, & loifqu'il
demandoit cet auteur , il avoit cou-
tume de dire : Donnei^moi U M Al'
TRE, Vincent de Lérins dit , >* qu'au*
" tant de paroles qu'on lit dans Ter»
» éulUen^ font autant de Sentences;
» & ces Sentences font autant de
» viûoires ». Vaffoul a donné, en
17 14 & 171 5 , une Traduâion de
V Apologétique pour les Chrétiens ,
avec des Notes. ManeJJîer a auffi mis
en notre langue les livres du Man^
teau , de la Patience & de VExhorta^
tion au Martyre. Un Jéfuite publia
à Paris en 1729* in- 12, avec des
Remarques , une traduâion du
Traité des Prefcrîptlons . Un autre
Jéfuite ( le P. Caubere ) traduiiit en
1733» les Traités fur rornément
des femmes , fur les fpeâades , fiir
le baptême & la patience, avec une
Lettre aux martyrs. La meilleure
édition des Ecrits de TertulUen , cft
celle qu'on en à donnée en 1746 , à
Venife , in - fol. , fous ce titre :
g. S^timlî Florentls Tlrtuluanx
Opéra , ad petufifjjîmorum Exemplarlum
fidem fedulo emendata^ diligzntlâ Ni'"
colal Rigaltii Jur. Conf, , cum ejufdem
adnotadonlbus Integrls^ & Vurîorum
Commentant feorfim antchac etUtls,,,
Accedunt Novatiani Traciatus de Tri"
nitatey é" de Cibis Judaiàey cumN^*
■*i} T ES
cif*.. Et TertuUiani Carmlna de Jonâ
& N:nlve , &c. Il y en a une autre
par le même Rtgault , 1664, in-fol.
Thomas , Teigneur du Fuffiy a donné
\t&Vus de Ttrudlltn & (ÏOrîgene^
fous le nom du fieur de la Motu :
€*efl un ouvrage eflimé.». II ne faut
pas confondre TtrtulRen avec un
Saint de ce nom , qui fcella l'Evan-
gile de Ton fang vers Tan 260.
TES AURO , ( Emmanuel ) philo-
ibphe & hifiorien Plémontois du
XV 1^ fiedc. H mérita par fes talens
la confiance de Tes maîtres ; & ce
fut par leur ordre qu'il entreprit
VHiJhjlu de Piémont , & enfuite celle
de la capitale de ce petit Etat. La
i*^^ parut à Bologne en 1643 »
în-4° ; & celle de Turin , en cette
ville, 1679, % vol. in - fol. Les
études qu'il fît pour ces deux Ou-
vrages, lui fournirent Toccafion de
ramaiTer des matériaux pour une
Hifloirc générale de toute lltalie.
Il la réduifit, & en forma un Abrég/i
pôuf les temps feulement où ce
pays fut fournis à des rois Barbares,
fl fut imprimé à Turin en 1664,
m-fol. « avec des Notes de VaUrlo
tafiigKone, Les Hidoires de Tefauro
font utiles *, mais elles ne feront
jamais comparables , pour la fidé-
lité, à celles de Cuhhardîn^
TESCHENMaCHER , ( Garnier)
né dans le duché de Bergues à Elver-
feld , fat miniâre Calvinifte à San-
ten & à Cleves , & mourut à "Wefel
en 163 S. Le principal de fes ou-
vrages eft , Annales des Duchés d: CU"
ves , Juliers , Bergiits & pays clrcon^
voifins, en latin, Arnlieim, 1638,
in-foL Chaque partie de ces Annales
eu. précédée d'une de(cription géo-
graphique de la province dont il
tait rhiftoire. Elles font écrites de
la n^ême manière que les vieilles
chroniques , fans liaifons & fans
réflexions. Ju/k- Chriftophe DiTR-
iMARE ( Voy, ce mot) en a donné
lue édition, Francfort & Leipzig,
TE$
X711 , îii-fol. Elle eft enrichie d'ti
Carte qui repréfcnte le pays tel
qu'il étoit au moyen âge, de Diplô-
mes, & de Notes favantes qui valent
quelquefob des diflertations. .
TESSÈ , ( René Frouiai , comtt
de ) d'une Emilie ancienne» d'abord
aide de camp du maréchal de Crequi
en 1669, fervit de bonne heure &
avec diftinâion. Devenu lieutenant
générai en 1692, il fit lever le
blocus de Pignerol en 1693., &
commanda en chef dans le Pié-
mont pendant Tabfence du maré-
chal de Catlnat,A.y2nt été nonuné ma-
réchal lui-même en 1703, il fe rendît
Tannée d'après en Efpagne y où il
eut d'abord des fuccèsjmais il échoua
devant Gibraltar & devant Barce-
lone. La levée de ce dernier iiége
fut très-avantageufe aux ennemis :
il laifia dans fon camp des provî-
iions immenfes , & il prit la fuite
avec précipitation , abandonnant
1500 blefTés à l'humanité du géné-
ral Anglois, le comte de Peurhorough»
Le maréchal de Tejjfé fut plus heureux
en 1707 ; il chaifa les Piémontols
du Dauphiné. Le dégoût du monda
lui infpira en 1721 , le defTeîn de fe
retirer aux Camaldules ; mais il fut
obligé de quitter fa retraite , pour
fe charger des a£Faires de France ei|
Efpagne. De retour en 172; « il
rentra dans fa folitud^ , & y mou-
rut le 10 Mai de la même année*
âgé de 74 ans , avec la réputation
d un excellent courtifan , d'un
homme poli & d'un négociateui;
iniinuant. Les fentimens de piété
qui animèrent fes derniers jours »
prouvent que le tumulte des armes
& des affaires n*avoit point afFoi-
bll fa religion. Il laifTa plufieurs
cnfans. Voye\ COSNAC.
TESTAS, ( Abraham } auteur
François , réfugié en Anglcterrt
pour y profefTer plus librement le
Calvinifme auquel il étoit attaché,
exerça le miniàere dans une EgUfJÎ
TES
Trançoife à Londres , & siourut
vers 1748. Il s'cft Êdt connoître
par quelques €)uvrage$ dogmati-
ques, dont le principal parut fous
ce titre : La Connoiffan» de l*Amc
par PEcriture , i vol. in-S®. Il con-
fidere TAme fur les di6Férens états
d'union, de~^féparation & de réu-
nion avec le corps. On a trouvé
dans cet ouvrage des testes dont
rezplicatîon eft forcée.
TESTE , ( Pierre ) peintre & gra-
veur , natif de Lucques , alla jeune
encore à Rome , fous l'habit de
pèlerin , pour apprendre le deflîn \
mais Ton humeiur fauvage & fon
caraftere timide s'oppoferent long-
temps à fon avancement. Il vivoit
miférable » paffant prefque tout fon
temps à deàiner des ruines autour
de Rome. Sandran , peintre & gra-
veur comme lui , le voyant dans
cet état , le recueillit & lui pro-
cura les occaiions de faire connoître
fes talens. Ce peintre avoit une
grande praûque de deffin^ & ne
xnanquoit point d'imagination -, mais
îl fe laiiToit trop aller à fon feu.
Il a fouvent outré les caraâeres &
les attitudes de fies figures. Son
pinceau efl dur , & fts couleurs
font mal entendues; fes deffins^dont
il a gravé une partie , font plus
cernés. On remarque beaucoup
d'efprit & de pratique ; mais on
voudroit qu'il y eût eu plus d'intel-
ligence du clair-obfcur , & que fes
figures fulTent plus correfles &
fes expreilions plus raifonnées. So;i
principal talent étoit de deiHner
des ei&ns. Un jour que ce peintre ,
affis fur le bord du Tibre, étoit
occupé à deffiner , le vent em-
porta fon chapeau; & l'effort qu'il
fit pour le retenir , le précipita lui-
mâne dans ce fleuve où il fe
noya , en 1648.
I. TESTELIN , ( Louis ) peintre ,
né a Paris en 161 5 , mOurut dans
h même ville en 16^5* Les jeux
TES
de fon enCance manifeflerertt ton
inclination pour le dedîn. Son père
le fit entrer dans la célèbre école
de Vûuet, Tejhlîn ne fe produifk su
grand jour , qu'après s'être formé
fur les tableaux des plus excellens
maîtres. Le tableau de la réfurrec-
tion de Tabîthe par Stùnt^Pauly que
l'on voit dans TEglîfe de Notre-
Dame , fit admirer la fraîcheur &
le moelleux de fon coloris, les
grâces & la nobleffe de fa com-
pofition, l'expreffion & la har-
dieffe de fa touche. Perfonnen'avoit
plus approfondi que ce maître , les
principes de la peinture. L'illuftrc
le Brun le confultoit fouvent ; l'ef-
time & l'amitié qui régnoient en-
tre eux/ont l'éloge de leur talent &
de leur c?iraâere. TcfteUn n'étoit pas
favorifé de la fortune; il reçut plu-
fieurs bien£iits de fon ami , qui fe
faifoit un art de ménager fa délica-
teffe. On a beaucoup gravé d'après
fes deffins.
II. TESTELIN , ( Henri ) né en
1616, mort en 169^ , étoit cadet
du précédent. Il fe diûineua dans
la même profcÛion que fon firere
aîné. Le roi l'occupa quelque temps,
& lui accorda un logement aux Go-
belins. C'eft lui qui adonné les Cou'
férencts de. HAcaàimie , avec Us Sen"
timens des plus habiles Pilntres fur la
Peinture ; ouvrage qui reçut des
applaudiifemens dans fa naiffance.
Ces deux peintres fe trouvèrent à
la naifiânce de l'Académie > où ils
furent l'un & l'autre nommés pro*
feifeurs.
TESTI , ( Fulvio) poëtc Italien ,
né à Ferrare dans un état au-deflous
du médiocre , devint par fes talens
& fes intrigues , favori & minifbe
de François , duc de Modene , qui
le créa comte & chevalier. Ayant
eu le malheur de déplaire a ce
prince , il fut enfermé dans une for-
tereffe où il finit fes jours en 1646,
On a de lui des Odu as. d'autres
Igo
TES
Foifits y Vcnife ,1656,2 vol. îil- 1 1 ;
où il a imité avec fuccès les meil-
leurs poètes d'Atlienes & de Rome.
On lui reproche feulement d'é-
crire quelquefois d'un ftyle trop
cnfié. Les agrémens de fon efprit
le. firent regretter par ceux qui le
connoifibient.
T£STU , ( Jacques } aimiônier &
prédicateur du roi , reçu à l'aca-
démie Françoife en 1665 , poëte
François, mourut en 1706. Il a
mis en vers les plus beaux en-
droits de l'Ecriture & des Pcres ,
fous le titre de Suncts ChrétUnnes ,
1703 , in-i2. Il a fait auffî diverfes
autres Poéfies Chrétiennes , dont le
fiyleeft foible& lâche. L'abbé Tcftu
s'étoit d*abord confacré à la chaire ;
mais la foibleffe de Ta famé l'obli-
gea de quitter la prédication. Il
avoit ruiné fon tempérament dans
^ne retraite qu'il fît avec Rancé le
réformateur de la Trappe. Cétoit
un homme tour à tour mondain
& dévot , que fes vapeurs jetoient
tantôt dans la folitude , & tantôt dans
le grand monde. On l'appeloit ,
T£STU TaIS'TOI. \
TESTZEL , ( Jean ) religieux Do-
minicain, & Inquiiiteur de la Foi ,
né à Pirn fur TElbe , fut choifi par
les chevaliers Teutoniques pour prê-
cher les Indulgences qu'ils avoient
obtenues pour la guerre contre les
Mofcovites. Il s'acquitta fort bien
de cette commiffion. Quelque temps
après , l'archevêque de Mayence ,
nommé par le pape Léon X pour
faire publier les Indulgences , l'an
1 5 17 , donna cette commifHon au
P. Tefi\el , qui s'ailocia à cet em-
ploi les religieux de fon Ordre.
Ils exagéroient la verm des Indul-
gences, en perfuadant au peuple
ignorant) >« qu'on étoitafliiré d'aller
n au Ciel , auffi-tôt qu'on auroit
»' payé 1 argent néceifaire pour les
M gagner-, qu'elles pourroient ab-
>' foudre un homme qui , par im-
TET
" pofiible, auroit violé la VLçré
M de Dieu *, que la Croix avec les
" armes du Pape , étoit égale à la
M Croix de JeJuS'Chrifl^ &c. &C •«.
Ils tenoient leurs bureaux dans des
cabarets , où ils dépenfoient en dé-
bauches une par:ie des reVenus fa-
crés qu'ils recevoient. Jean Staupit^ ,
vicaire général à.es Auguftins, char-
gea {çs religieux de prêcher contre
le Dominicain. Luther choifit cette
occafion pour mettre au grand jour
les erreurs qu'il enfeignoit en fe*
cret. 11 foutint des Thefes , que
Teft\el fit brûler. Les difciples de
Luther , pour venger l'honneur de
leur maître , brûlèrent à leur tour
en public celles de l'inquifiteur à
"Wittemberg. Il avoit publié contre
l'héréfiarquenaiiTant, 106 propoû-
dons, dont pluiieurs font faufles.
Charles MUùt\ , nonce du pape au-
près du duc de Saxe , ayant reproché
à cet inquiiiteur imprudent , qu*»/
étoît en partie la caufe des àéfajires At
CAlUmapte , ce religieux en mourut
de chagrin, Tan 15 19.
TETHYS, au Tethis » dcefTe
de la mer , étoit fille du Ciel & de
la Tehe , & femme de VOUan , qui
en eut un grand nombre de Nym-
phes , appelées OciankiéUs » ou
Océanies f du nom de leur père»
C'eft pour cela qu'on l'appeloit
la mère des déefles. Elle fiit auffî
la nourrice de Juncn. On confond
cette déefle avec Amphitrîte , & on
la repréfente ordinairement fur un
char en forme de coquille , traîné
par des dauphins... Il faut diftin-
guer cette Téihys , de la nymphe
Thetis i ( Voy, ce mot. ) celle-ci
étoit fille de Nérée.
TETRICUS , dont le vrai nom
étoit Pivefuvius ou Pefuvius , pré-
iîdent de l'Aquitaine , homme na-
turellement grave & de mœurs fé-
veres , fut indigné des démarches
de Gal/ien , & fe jeta dans le pard
de Pcfinumc , élu empereur par l'at-
TET
n^Ramaine delHiiée à la garde
des Gaules. Pofihume ayant été tué
par les foldats Tan 267 , on élut
à ia place Viâoruu , qui bientôt
après eut le même fort. Sa femme
ViSonna^ accufée d*avoir trempé
daos ce meurtre, eut le crédit de
fiire couronner Marlus , qui fut
tué quelques 3ours après : alors elle
& déférer Tempire à Tciricus gou-
verneur d'Aquitaine , qui fut pro-
clamé empereur a Bordeaux en 167.
Maître de TEfpagne & de l'Angle-
terre , il préferva ces provinces des
incurfions des Barbares , &les battit
plufieurs fois. Autun s'étant déclaré
pour Claude U Goth'ujue , il la prit
après ,un fiége de fept mois , &
eut beaucoup d'autres avantages. Ses
fuccès nous font plus connus par
iès médailles , où Ton voit fou-
vent le type de la viftoire, que
par les Hiftoires contemporaines
dont plufieurs ne font pas venues
jufqu'à nous. Claude ayant été tué
Tan 270 , & Qmnùlius qui lui fuc-
céda , ayant bientôt éprouvé le
même fort, l'empire échut à Au-
rifUn , qui battit ZenohU , & fe dif-
pofa à marcher contre Tetrlcus, Inf-
truît par les revers de fes prédé-
ceffeurs» celui-ci écrivit tout natu-
rellement à AurélUn : » Qu'i/ étoU
" pr^é par des ennemis foulevis dans
H Us Gaules ^Sc le pria de venir àfon
» feeours m. AurélUa s'avance , bien
ékïéé à ne partager avec perfonne
le titre d'empereur. Tetncus , qui
VQuloit fe conferver en facrifiant
(a légions , les fait avancer à la
rencontre à^Auréâen^ pour ne pas
Élire foupçonner fes deiïeins. Les
deux airmées fe livrèrent bataille
dans les plaines de Châlons-fur-
Mame. Le combat fut rude & fan- '
glant. Dans le fort de la mêlée ,
Tttnais & fon fils abandonnèrent
les leurs & payèrent du côté à^Au-
rUien ; fes légions fe d^endirent en-
core opiniâtrement ^ mais fe voyant
T E u 61
fans chefs , elles furent contraintes
de mettre bas les jirmes. On fixe
l'époque de ces événemens à l'an
274 de J, C, le 5.* de l'empire de
Tetncus, Le fuperbe Auréllen réferva
les deux Taricus & Zenohie pour
fon entrée à Rome *, fon triomphe
eft un des plus éclatans dont l'htf-
toire fdiTe mention ', & Flavius- Vo*
pîfcus nous en a laifTé une relation
très-étendue. Auréllen rendit aux
deux Tarlcus la dignité de fénateur ,
& même il donna au père le gou-*
vernement de la Leucanie •, en lui
difant qu'il feroit plus honorable
pour lui de commander à une
partie de T Italie, que de régner par-
delà les Alpes. Il l'appeloit fouvent
fon collègue, & quelquefois em«
pereur. Tetrlcus^ rentré dans la tran*
quillité d'une vie privée , fe fie
aimer par fa probité , fa prudence 8c
fon équité. U agtflbit envers tout
le monde avec cette fimplicité qui
accompagne le vrai mérite. Il mou»
rut fort âgé , & il fut mis au rang
des Dieux : c'eil une chofe remar«
qupble » dans un homme qui avoit
renoncé depuis plufieurs années à
la pourpre. Il laif& un fils qui fur
digne de lui. Le règne du père
avoit été d'environ 5 ans. Voye^ '
BozE.
TETZEL, Foy. Testzei.
TEUCER , fils de Télamon roi
de Salamiae , & ^'Héfione , & firere
^'Ajax , accompagna ce héros ait
fiége de Troye. A fon retour , il fue
chafifé par fon père , pour n'avoir
point vengé la mort d'Ajax , done
l^lyffe étoit la caiife. Ce malheur
n'ébranla poim fa confiance ; il pafia
dans rifle de Chypre, où il bâtit une
nouvelle ville de Salamine... Il ne
faut pas le confondre avec Teucer »
fils de Scamandre , Cretois. Il régna
dans la Troade » avec Dardanuà fon
gendre , vers l'an 5 28 avant J. C.
Il donna le nom à!lda à la montagne
près de laquelle Troye« dans la fuiie^
«1 T E U
fut batte. Ceil defon oom que cette
ville fut appelée TmcrU , & les peu-
ples de la contrée Teucrkns,
TEUDAS , Foyei Theodas.
TEUTATÈS , Theut ou Thot,
Dieu des anciens Gaulois , le même»
a ce qu'on croit , que Mercure chez
les Grecs & les Romains. On n'of-
froit à cette barbye divinité que
des viéHmes humaines , que les
Druides lui immolaient au fond
des forêts par le fer & plus fouvent
par le feu. Jules- Céfar eut bien de la
peine à détruire cet horrible culte,
après avoit fût la conquête des
Gaules. Voye^ ce qu'il dit à ce fujet
dans fes Commentaires.
TEUTHRAS , fils de Pandion ,
roi de Myfie & de Cilicie dans l' Afie
mineure , avoit 50 filles, que Her-
cule époufa toutes , & qu*'il rendit
en une feule nuit mères d'autant
de fils : ce ne fut pas un de fes
moindres travaux. Voy. Telefhe.
Certains Mythologifles donnent le
nom de Thefpius à ce beau -père
à!Hercule,
TEVIUS, (Jacques) profcffeiir
de belles-lettres à Bordeaux, puis
à Coïmbre en 15 47 , étoit natif de
Prague. C'efl fous fonreûoratque
les Jéfuites prirent poffeiHon , l'an
15 55 , de Puniverfîté de cette der-
nière ville. Il étoit poëte» orateur
& hiftorien* Ses Dîfeows latins , fes
Poéfuf , & fon Hlfloîre aufli latine
éâ la conquête de Dieu par les Portugais
en /;j/ ( Paris , 1761 , in- 1 1 ) prou-
vent qu'il avoit lu les bons auteurs
de Tantiquité,
TEXEIRA , ( Jofeph ) Domini-
cain Portugais , né en 1543 , étoit
prieur du Couvent de Santaren en
Ï578 , lorfque le roi Sébaftien entre*
prit en Afrique cette malheureufe
expédition où il périt. Le cardinal
Henri qui lui fuccéda , étant mort
peu de temps après , Texeira fuivit
le parti de Dom Antoine , que le
peuple avoit proclamé roi > ^ lui
TH A
demeura toujours attaché. Il vsof
l'an 15 81 avec lui en France y où
il jouit de la faveur de Henri III &
de Henri IV^ U mourut vers l'air
1620. Il déteftoit les Efpagnols » de
fur-tout le roi d'Efpagne /'ihÂ/î/pe //,
qui avoit fait la conquête du Por-
tugal. On dit que prêchant un jour
fur l'amour du prochain , il dit
que >* Nous devions aimer tous les
» hommes i de quelque feâe & de
» quelque nation qu'ils fiifTent ,
» jufqu'aux Caftlllans „. On a de
lui : I. De Portugalllm ortu , Parts ,
1581, in -4^, affez rare. IL Un
Traité de t Oriflamme ^ I59^« ili-l2.
III. Aventures de Dom Sebafiien ^
in-8° ; & d'autres Ouvrages poli-
tiques & théologiques , qui font
trop peu connus aujourd'hui pour
en donner la Hfle.
TEXTOR, (Benoît) médecitt
du Pont- de- Vaux (iians la BrefTe «
efl auteur d'un Trahi fur U Ptfit ^
qu'il fit imprimer à Lyon en I5 5 1 ,
in • 8^. On a encore de lui : De
Cancro , Lyon , I550 ; & Stirpium
djfferentla , Strasbourg 1155^9 in-S^«
TEXTOR, (Rayifius) Voye^
T1XIER.
THADÉE . Voye{ JuDE.
thaïs , fimeufe courtifane
Grecque , corrompit la jeunefie
d'Athènes : elle fuivit Alexandre
dans fes conquêtes , & l'engagez
à détruire la ville de Perfépoîis.
Après la mort du conquérant Macé*
donien , Thdis fe fit tellement aimer
de Ptolomêcy roi d'Egypte, que ce
prince l'épouià... IL y eut une autre
courtifane de ce nom en Egypte»
que 5. Paphnuce » anachorète de la
Tbébaïde , arracha aux charmes fé«
duûeurs du monde.
I. THÂLÉS , le premier des Sept
Sages de la Grèce , naquit à Milec
vers l'an 640 avant L C. » d'une
famille illuftre. Pour profiter deft
lumières de ce qu'il y avoit alors
de plus habiles gens ^ il 6t pluûe
TH A
Toyages félon la coutume des an-
cens. 11 s'arrêta long -temps en
Egypte , où il étudia, fous les
prêtres de Memphis, la géométrie »
l'afironomie & la philofophie.
Thaïes profita de leurs leçons ,
nais en génie ftipérieur ; & il les
iniiruiût à Ton tour. La manière
dont il mefura la hauteur des py-
lamides , en comparant l'ombre
({u*elles formoient à midi avec
l'ombre d'un corps exaâement
connu & mcfuré » leur parut très-
ingénieufe. Proclus aflure qu'elle*
donna lieu dans la fuite a la 4*
proportion du vi* livre à'Eucllde,
Mais la partie que Thaïes cultiva
avec le plus de foin , fiit Taflro-
nomie. Il découvrit plufieurs pro-
priétés des triangles fphériques. Il
part^ea la fphere en cinq cercles
parallèles , d'où s'enfuivit la divi-
fion des cinq zones. Il détermina
le diamètre apparent du foleil. Il
fut encore le premier qui donna des
raifons phyiiques des éclipAss du
foleil & de la lune, & qui détrui-
fant les idées ridicules & df&ayantes
que le peuple s'en formoît, les fit
regarder comme un efïet naturel des
révolutions de ces aftres. Amafis ,
alors roi d'^ypte, donna à ThaUs
des marques publiques de fon ef-
ôme. Mais avec tous fes grands
talens , il n'eut pas celui de fe
maintenir^ à lacoiu*. Il étoit grand
aftronome , grand géomètre , ex-
cellent philofophe > mais mauvais
courtiûin. Sa liberté philofophique
déplut à Amafis , & Thaïes prit le
parti de fe retirer de la cour. Il
revint à Milet répandre ds^ le fdin
de fa patrie les tréfors de l'Egypte.
Les grands progrès qu'il avoit faits
dans les fciences , le firent metnre au
nombre des Sept Sages dt la Grèce ,
û vantés dans l'antiquité. I>e ces
Sept Sages , il n'y eut que ^ui qui
fonda une Seâe de philofophes ,
appelée la S^ lom^ue^ U recQnbr
T H A 6f
mandoît fans cefle à fes difciples
de vivre dans une douce union.
M Ne vous haïâfez point (leur dlfoU'^
»' il ) , parce que vous penfez diffé-
** remment les uns des autres ;
» mais aimez-vous plutôt , parce
n qu'il eft impoilîble que, dan$
» cette variété de fenrimens , il n'y
*> ait quelque point fixe où tous les
»» hommes viennent fe réunir «,
On lui attribue plufîeurs fentences ^
les principales font : L // ne faut
rien dire à per/onne , dont Upmffeje
fervîr pour nous nuire ; & vivre avec fis
amis comme pouvant être nos ennemis»
II. Ce qtiil y a de plus ancien , c*efi
Dieu , caril efi incréé ; dd plus beau ,
ie Monde, parce qu*U efi t ouvrage de
Dieu ; de plus grand , U Lieu *,' de plus
prompt , /'Efprit ; de plus fort , ùt
Néccffité ; de plus fage , le Temps.
III. La chofe la plus difficile du monde ^
efi de fe connoître foi-même-, Im
plus facile , de confeiller autrui ; 6»
la plus douce , raccompliâfementxie
fes déiirs. IV. Pour bien vivre y il
faut s'abflenîrdes chofes que l'on trouve
repréhenfibles dans les autres^ V. L»
félicité du corps confifte dans la famé ^
& celle de t efprit dans U f avoir. Il
avoit établi ^ d après Homère , que
l'eau étoit le premier prixK:>pe de
toutes chofes. L'un 8c l'autre avoient
emprunté cette doôrine des Egyp»
tiens \ qui attribuoient au Nil la
produâiott de tous les êtres. On a
accufé Thaïes d'avoir nié la Divi*
nité ; & c'eft un reproche grave
qui lui eft commun avec fes di^
cîples Anaximandre 8c Anaximene, U»
croy oient tous'que la matière avoit
la force de s'arranger elle-même.
Ils lui donnoient je ne fais quelle
ame répandue par-tout » qui avoie
la acuité d'organifer fes moindre*
parties : faculté qui ne diminuoit rieii
de fon propre fonds. Us ajoutoient
que la Matière eft dans un mouve-
ment perpétuel , 8c pafle par toutes
fgc^s de (Qrwfis ', que chaque cho%
«4 T H A
n'a qu'une exiftence fifugitive^qu'on
ne peut afliirer précifément qu'elle
exifte. TertiMUnrdp^orttque Thaïes
étant à la cour de Crtfus , ce prince
lui demanda une explication claire
& nette de la nature de Dieu^près
plufleurs réponfes vagues , le phi-
lofophe convint qu'il n'avoit rien
à dire qui contentât. £t que pou-
voit - il dire dans fon tyllême ?
Malgré fon athéifme > il croyoit
que tout rUnivers étoit peuplé
de démons & de génies , les gar-
diens des hommes & les guides de
leur entendement. Il faifoit même
de cet article un des principaux
points de fa morale , en avouant
que rien n'étoit plus propre à inf-
pirer à chaque homme cette efpece
de vigilance fur lui - même , que
Pythagon nomma dans la fuite le
fel delà vie. Quant aux opinions de
Thalts fur la phyfique , il penfoit
que Teau étoit le principe de toutes
chofes. U enfeignoit que malgré fa
nature homogène, elle étoit difpofée
à prendre toutes fortes de formes ;
à devenir arbre , métal , os , fang ,
vin , blé , &c. Il ajoutoit que les
vapeurs étoient la nourriture ordi-
naire des aftres , & l'Océan leur
échanfon. Ce philofophe parvint à
une longue vie. U mourut Tan 548
avant J. C. , à 90 ans , fans avoir
été marié. Sa mère le prefTa en vain
de prendre une femme. U lui ré-
pondit, lorfqu'il étoit encore Jeune :
// nUJi pus encore temps ; & lorfqu'il
fut fur le retour : Il nefi plus temps.
Sa ' paflion pour Taftronomie le
îetoit dans des diftraûions ûngu->
lieres. S'étant un jour laiflié tomber
dans une fofle pendant qu'il étoit
occupé à contempler les afires , une
bonne vieille lui dit : Hé ! comment
eonaoàrei-vous a qui efi dans le Ciel^
fi vous ne voyei pas ce qui -efi à vos
pieds ? Il avoit compofé divers
TrdUés en vers fur les Météores ,
(ur l'Ëquinoxe > &c. j mais fes écrits
T H A
ne font point parvenus jufqu'i
nous.
II. THALÉS, poëte Grec, ami
de lycurgue , à la foUicitation duquel
il alla s'établir à Sparte, excelloit
fur-tout dans la poéiie lyrique. Ses
vers étoient remplis de préceptes &
de maximes admirables pour diriger
la conduite des hommes & leur inf-
pirer le véritable efprit de fociété*
THALESTRIS ou Minithye ,
prétendue reine des Amazones, qui
rechercha l'alliance d'Alexandre , à
ce que difent quelques hiftoriens »
démentis par Arrien. Il n'y avoit
plus alors d'Amazones , & s'il c&
vrai qu'on ait amené au conquérant
Macédonien cent filles armées , elles
étoient du pays des Scythes appelés
Sauromates , dont les femmes étoient
aufli guerrières qu'eux.
THALIE , Tune des neuf Mufes ,
félon la Fable, préfide à la Comédie*
On la repréfente fous la figure d'une
jeune fille couronnée de lierre ,
tenant un mafque à fa main » &
chauffée avec des brodequins. L'une
des Grâces fe nommoit Thalle^
C'étoit auflî le nom d'une des JV/-
réldes , & celui d'une autre Nymphe.
Voyei Paliques.
I. THAMAR, Cananéenne,
époufa Her^ fils aine de Juda^ qui
mourut fubitementj ainfi que fon
fécond époux Onan : [ F6y, ce mot ]•
Juda , craignant le même fort pour
SMa fon troifîeme fils , ne voulut
point qu'il épousât la veuve de fes
deux frères , quoiqu'il l'eût promis.
Ce refus chagrina Thamar ; elle fe
voila le vifage, s'habilla en courti-
fane , alla attendre Juda fur le grand
chemin , & eut commerce avec lui.
Quelque temps après fa grofTefle
ayant éclaté , elle fut condamnée à
être brûlée vive , comme adultère ;
mais ayant repréfente à Juda les
brafTelets qu'elle en avoit obtenus
pour gage de fon' amour , ce pa-
tf iarche étonné & repentant de lui
avoir
T M A
«votrrefîiféfon fils StUa^ étcaffcr
Tatrêt de fa condamûadon. Elle
accoucha enfuite de deux jumeaux ,
fhûTÏs & Zara. L'hiftoire de Thamar
arriva vers Tan 1664 avant J. C.
II. THAMAR . fille de Dayid &
'de Maacha , princefTe d'une beauté
accomplie , infpira une paffion vio-
lente à (on firere Amnon, Ce jeune
prince défefpérant de pouvoir la
latis£aire, feignit d'être malade. Sa
fœur Thamar vint le voir , & Amnon
profita d'un moment où ils fe trou-
vèrent feuls pour lui faire violence.
Ce miférable la chafta enfuite hon-
teufement , Tan 1032 avant J. C*
Ahfalon y fi-ere de Thamar , lava cet
outrage dans le fang A* Amnon*
THAMAS, Voy, KoULIKAN.
THAMYRIS , petit fils à'Apol^
Ion y étoit fi vain , qu'il ofa défie^
\tsidufis à qui chanteroit le mieux.
Il convint avec elles que s'il les
furpalToit , elles le reconnoitroient
pour leur, vainqueur \ qu'au con-
traire , s'il en étoit vaincu , il
s'abandonneroit à leur difccétion.
11 perdit : les Mufcs lui crevèrent
les yeux , & lui firent oublier tout
ce qu'il fa voit.
THARÊ, fils deNackor, & pcre
^Abraham , de Nachor & d^Aram ,
demeuroit à Ur en Chaldée > & il
en fortit avec fon fils Abraham ,
pour aller à Haran» ville de Méfo-
potamie -, il mourut âgé de 275 ans.
L'Ecriture dit clairement que Tharé
étoit idolâtre • lorfqu'il habitoit
dans la Chaldée *, mais ayant appris
de fon fils Abraham le culte du vrai
Dieu , il renonça à fes idoles pour
l'adorer.
THARGELÏE , fameufe Milé-
fienne , contemporaine de Xerccs ,
à qui elle gagna beaucoup de partie-
fans dans la Grèce , lorfque ce prince
voulut en faire la conquête. Cour-
tifane à la fois & Sophiile , elle
donna la première l'idée de cet afTor-
iiment inouï , que la célèbre Affafn
Tome IX.
THE 6f
imita dans la fuitew Moios belle &
moins éloquente que ceUe-ei , TAnh*
gtlle fut employer fes talens & fet
charmes avec autant de fuccès. Elle
parcourut plufieurs pays , où elle
fe fit des amans & des admirateurs y
& termina fes coutfes en Theffalie^
dont elle époufa le fouverain. Ell«
régna pendant 30 ans*
tHAULERE , (Jean) Domini-
cain Allemand, brilla dans Texer^
cice de la chaire & delà direâion ,
fur-tout à Cologne & à Strasbourg^
où il finit fa vie le 17 Mai 1 361*
On a de lui : 1. Un Recueil de Ser*
mons , en latin , Cologne, 1695 ,
in-4®. If. Des Infiuutions , 1623 «
in-4°. III. Une VU de hfus-Chr^^
1548, in -8**. Ces deux derniers
ouvrages fontaufH en latin. Il parut
une vcrfion françoife des Infiltutions^
à Paris, 1668 , in-l2. [Yoye^ nu
LoMENiE. ] On lui attribue -un
grand nombre d'autres ouvrages t
mais ils paroiffent être fuppofés»
Ceux qui font certainement de lui »
prouvent que fon efprit n'étpit
point au>deffus de fon fiecle. La
plupart ont été traduits de l'aile*'
man4 par Surius ; on a une édition
de cette Verfion , Paris , 1623 ,
in-4** , & Anvers , 16S5.
THAUMAS DE LA Thaumas-
SIERE , (Gafpat) avocat au parle-
ment de Paris , né à Bourges , more
en 1712 ♦ fe diftingua comme Jurif-
confulte & comme favant. Il efl
auteur ; I. D'une 'Htfloîfé de Berty #
in-folio, 1689. II. De Notes fur U
Coutume de Berry ^ I70t, in-folio.
III. — fur celle de Beauvôîfii^ 1690 »
in-folio, qui font eflimées. fv.
D'un Traité du Franc-Aleti âe Berry^
Ces ouvrages font remplis d'éru-
dition.
THEANO , prêtrefTe d'Athènes ,
donna , au rapport de Plutarque.^ un
bel exemple de modération & de
fermeté , qui auroit dû être fuivi
plus fouvent par les prêtres de 1%
E
(>6 T H È
vrate Religion. Tkcano étant prefTée
par le fénat d'Athènes de prononcer
des malédiâions contre Alcihiade,
^'on accufoit d'avoir mutilé, la
ftuic en fartant d'une débauche ,
des Statues de Mercure , s'en excufa
en difant : » Qu'elle étoit mkiiftre
^ des Dieux pour prier & bénîr^ &
" non pour dé'efter & maudire u,
' THEATJNS, Voyei Gaétan ,
£• P article du pape Paul IV.
THEBUTE, To^^tf^ Theobute,
. THECLE , (Ste;) vierge , & félon
la plus commune opinion, martyre^
fut un des omemens du iiecle des
ApôtreSi Nous n'avons point d*-r4c-
$es authentiques de cette Sainte »
comme l'a prouvé le Père Stlltlng,
( AHa SanHorum , tom. 6, Sept. p.
547.) 5. J-érôme rapporte d'après
TertulUen , qu'un prêtre d'Ephefe ,
nommé Jean^ fut dépofé pour avoir
febriqué de faux Actes de 5. Paul
& de Ste. Thecle-, & le pape Gélafe
condamna un Livre qui portoit ce
nom. Les circonftances les plus
avérées de la vie de cette Sainte,-
ont été recueillies des Ecrits des
Saints Pères ^ pat Tillemont , tom. 2 ,
p. 60. On connoît les beaux Vers
et S. Grégoire de Naiianie , traduits
ainû en latin:
Quls Thcclam nects eripiùt ffiam-
maque ptrlilo T
Quis validas unffies vinxh , ra-
bîemque ferarum ?
Virginitas» O ru omni mirabilis
avo !
Virgimtas fulvos potuU f^pirt
leones :
Dcnu nec wipurù generofos Vir^
puis anus
Aufi funt premere » & rig^da dlfcer*
père morfu,
— Il ne faut pas la confondre avec
Ste, Thecle qui fouffi-itlc martyre
avec Timothée & Agape , à Gaze en
Paleftine , l'an 304.
' THEGAN, co-évêque de Tre-
TH E
ves » du temps de Lcids le Déhonnaire^
écrivit VHÎftolre de ce prince, au-
près duquel il avoît beaucoup de
crédit. Pierre Pithou l'a publiée dans-
le Corps des auteurs de VHifioire de
France. Cet hiftorien n'eftni ezaâ,
ni fidelle.
THEGLAT-PHALASSAK , roi
des Affyriens , Ibccéda à Phul^ l'aa
747 avant J. C. Achai ^ roi des
Juifs ^ fe voyant affîégé dans Jéru*
falem par Rafin , roi de Syrie , imp
plora le fccours de The^t-Fkalaffar,
Le monarque Afîyrien marcha auilî*
tôt contre Rafin , le tua y ruin»
Damas -, mais U n'épargna pas da-
yantag'e Phacée , roi d'Ifraël , dont
il ravagea les Etats. Il tranfporrs
auffi en Affyrie les Tribus de Rube»
& de Gad , & la dcrai-Tiibu de M»-
nafTés. Après avoir fait des deux
rois de Syrie & d'Ifraël, un exemple
de fa juftice , Dieu tourna contre
Achai lui-même, les armes viûo-
rieufes de fon prétendu proteâeur.^
Ce prince dont il avoit acheté il
cher le fecours , acheva de le ruiner.
Non content de ce qu'-^cAaç lui
avoit donné , il entra-dans la Judée»
qu'il traita en pays de conquête^
Son infatiable avidité obligea
Acha\ de faire foridre les vafes de
la maifon du Seigneur , pour fe déli-
vrer , à force d'argent , d'un ennemi
redoutable , que fa fauife politique
lui avoit attiré fur les bras. Theglat^
Phalaffarmovaut à Ninive Tan 728^
avant J. C. » après un règne de
ao ans.
THEIAS; roi des Goths ea
Italie, fut élu à la fin de l'an 5 52 ^
après la défaite & la mort de Ba» .
duela. Il eut à combattre le générât
I^arsès , capitaine expérimenté > &
fut obligé d'en venir aux mains près
du mont Véfirve. Cette journée fut
une des plus fanglantes qu'il y ait
Jamais eu. Theias fe défendit en
héros , & tua prefque tous ceux qui
s'avançoient pour lui ôcer i» vk«
TttÊ
&ân , ayant voulu chimgér dt \}OVt*
dier, un foidat ennemi faîfit ce
moment pour le percer de fa jave-
-lifie, & le renveria mort. C'eftainfi
^w pérît TAaas à la fin de Tannée
m-
THEMINES , (Ponce de Lau-
fieres, marquis de) chevalier des
«rdres du roi » maréchal de France •
itoit fils de Jean de Thimints , fei«
foenr dé Laufieres , d'une famille
noble & ancienne. Il fervit avec
diftinaion fous Henri III &. Henri IF,
auxquels il £iit toujours fort atta-
ché , & fe fignala en 1 591 au com-
hat de Villemur. Ayant été honoré
Hu bâton de maréchal de France
en i6i6y au fiége de Montauban,
' par Lutds XIIl , il prit plufieurs vil-
les aux Proteftans, & échoua de-
.Vant Caffa-es & le Mas d'Azil. En
,x6i6 , il eut le gouvernement de
Bretagne» dont le cardinal de Riche-
^ avoir dépouillé le duc de Ven^
é&me , pour ^f 'en revêtir lui-même.
Mais comme ce procédé pouvoit
paroître odieux, il donna ce gou^
▼emement à Thémines , qui ne pou-
voir pas pÀuffer fa carrière fort
loin. Eu effet il mourut l'année
^'après , à 74 ans. Quoiqu'il eût
tendu quelques fervices à la tête
des armées , il étoit meilleur cour-
tiûm qu'habile guerrier. On prétend
^'il ne parvint au grade de ma-
téchal de France, que parce qu'il
■voit arrêté le prince de Condi,
Comme vous ne pouvUi rien faire , lui
dit la Reine-mere, qui flk plus utile
« CEtœ, il ^jufle que la récompenfe
fou proportionnée au fervice, [ Voy,
MoNTiGHY.] » Cétoit (félon le
M Gendre) un homme généreux,
M civil , afiTable, magnifique^ grand
" difiipateur , fe fouciam fort peu
'^ qui payeroit fes dettes; moins
M habile peut-être que brave : fort
H ou foible , dès qu'il avoit jeté
.** fon coup d'oeil , il attaquoit ».
& poflérité faafcuUae fisut dans la
T M Ê «7
përfonne de fon peut-fils » mort eà
1646 , fans s'être marié.
THEMIS, fille du Ciel & de la
Terre * & Déefie de la Jufiice. On
la repréfente tenant une balancé
d'une main & un glaive de l'autre «
avec un bandeau fur les yeux. Ayant
refiifé d'époufer Jupiut^ ce Dieu
la fournit à fa volonté , & eut
d'elle la Loi & la Taix, Jupiter plaça
fa balance au nombre des 1% fignei
du Zodiaque.
THEMISEUL ,,Voy€{ Saïnt-:
Hyacinte.
THEMISÔN , médecin célébré
vers l'an 4 avant Jefus-Chrift, dif«
ciple A*AfcUpiade , étoit de Laodi-
cée, dans l'Aûe mineure. Il chan»
gea^ dans fa vieillefie^ quelque
cl^ofe au fyfiême de foil maître. L^
feâe qu'il forma fut appelée Métho^
dique , parce qu'il fe mit en tête
d'établir une méthode , pour rendre
la médecine plus aifée à apprendre
& i pratiquer. Il ne faut pas le
confondre avec un autre médecin
auquel Juvenal donne le nom de
Themifon , & dont il ne parle pas
Civorablement :
Qttot Themifon agros aatumno oc^
ciderît uno^ 1.
THEMIStE, ( Themifilus)hmt}ài
philofophe , étoit originaire de
Paphlagonie. Son père, philofo-i^
phe lui-même ^ l'envoya de bonne
heure dans un petit pays auprès
du Pont<*Euxin, où il étudia l'élo-
quence fous un habile maître. Il y
fit de fi grands progrès, qu'on lui
donna le furnom de Beau Parleur,
Il alla à Confiantinople , où il en-
feigna la philofophie avec beau-r
coup d'applaudiiTement. Confiance le
fit fénateur de cette ville , & 4 ans
après il lui érigea une fiatue. Dans
une occafion importante, le fénat
l'ayant chargé de haranguer Jovien,
il lui dit : *> Souvençz-vous que
>» û \u gens de guerre vous «n(
E ij
^ THE
» élevé à Tcmpirc , les phîlofo*-
•* phes vous apprendront à le gou-
»• verncr. Le* premiers vous ont
r^ tlonné la pourpre <fes Cé&rs;
" apprenez des féconds à la porter
*> dignement «<• Themîfle fe rendit à
Rome l'an 576 \ mais comme cette
ville n'étoit plus que la féconde de
l'empire , il, ne voulut point y
demeurer, quctqnes oifres qu'on
-lut fît. thiodofe k Grand conçut
pour lui une eAime finguHere>&
le fit préfet de Conjftantinople Tan
^^4. 11 étott Païen , mais £ins fana-
. tifme ', & il fut très-lié avec Saint
Grégoire de Na^ianie qui lui écri-
voLt : » Vous favéz philôfopher
" daiks les plus hautes places ^ &
• »* joindre , fnivent le précepte de
' »» Platon , l'étude au pouvoir , les
» dignités à la icience <«. Or ignore
les autres circonftances de ùl vie ,
ainfi que l'année de fa mort. Dès
fa ^euncife il compofa des Notes
fur la phiiofophie de Platon &
é'AriJiote ; & cet ouvrage fiit fprt
goûté. Ce qu'il avoit fait fur An/'
tou parue à Venife , 1 5 70 & 1 5 87 ,
in- fol. ; & Siobêe cite un paiTage de
fon Livre fur V Immortalité de l'Ame,
Il nous reât: encore de lui xxxiii
DîfcQurs grecs, qui font pleins de
dignité & de force. Il ofa remon-
trer dans un de ces Difcours , à
l'empereur Vakus , prince qui étant
Arien perfécutoit les Orthodoxes ,
qu'il ne failoit pas s'étonner de la
diverûté des fentimens parmi les
Chrétiens , puifqu'elle n'étoit rieÀ
. en cômparaifon de cette multitude
d'opinions qui régnoient chez les
Grecs , c'eft-a-dire chez les Païens ,
• & que cette dtverfité ne devoir pas
fe terminer par l'effufîon du fàng.
ThemîJU avoit principalement en
vue d'engager l'empereur à laiffer
la liberté de confcience, & il y
réuilît. Dans fes autres Difcours,
ThemiJIes prodigue moins l'encens
THE
autres déclamateurs ; & il leta^
donne fouvent des leçons d'hum»'
nité , de clémence & de îagefle» Nous
avons deux éditions de fes i>î/^
cours i l'une, par le F; Pétau , lé-
fuite ; & l'autre , par le P. Hard&uinz
celle-ci parut eil grec & en latin au
Louvre, en i6S4,in-fol.
THEMISTO, femme A^Atharita^^
(ut fi piquée de ce que fon marâ
t'avoit répudiée pour époufer //l<^,
qu'elle réfolut de s'en venget en
maiTacram Léàrqiu & Mélîcerte ^ «b-
faasd'/no. Mais la nourrice > avei-
tie de ce delTein, donna les habits
de ces deux princes aux enÊms de
Themifto , qui fit périr ainû fes pro>-
pres fils. Elle fe poignarda dès
qu'elle çut reconnu fon erreur.
THËMISTOCLE , célebre*gén^
rai Athénien » eut pour père NcotU^
citoyen d'Athènes ^ aufli illuibe par
fa naiflance que par fes vertus : foa
iils/ie l'imita point. On le vit dans
le premier feu de lajeuneili&rf*
livrer à tous les écarts d'un tenapér
rament vicieux & emporté. Oa'
raconte qu'un jour il attela à ion
char quatre courtifanes nues , &
qu'il fe fît traîner par elles dans la
place publique, aumilieud'une mul-
titude affemblée qu'un tel fpeâacle
révoltott. Son libertinage fut â
grand , que fon père le déshérita.
Cette iniamie , au lieu d'abattre foa
courage, ne fervit quà le relever.
Ponr effacer cette honte , U fe coiv*
facra entièrement à la République «
travaillant avec un foin extrême à
acquérir des amis & de la réputar-
tion* Il prouva bientôt la vérité de
ce qu'il avoit dit de lui-même, qutU$,
poulains les plus vicieux deviennent meU*
leurs chevaux^ lorfqu*ïls font domptés
^ drejfés par un éeuyer habile. Le récit
des exploits de Miltîade qu'il enten-
doit célébrer, échauffa tellement ea
lui le défîr de les effacer , qu.'il
s'arracha entiérem^em aux plaifîrs &
l^ f^Çfi^ Loiique les comj^agpoa»
THE
hks débauches étonnés d'un chan*
pmeatfi extraordinaire & fi^ prompt,
hii en demandoient la raiiba , il
leuriépondoit que Us. exploUs dé^Mil"
tiade ne Je laîJfoUnt pM dormir. Thé'
mlJiocU eut fur-tout le talent rare
de lire dan* l'avenir. Il fut prévoir
de bonne heure que la bauille de
Marathon n'étoit que le prélude
des cflForts des Perfes contre la
GrecevComrtke il vouloit qu* Athènes
Jouât le premier rôle dans la. nou-
velle fcene qui alloit s'ouvrir, &
connoiffait (a Ibiblefle par terre ,
qui ne lui permettoit pas de réfifter
même à fes égaux, il chercha à
lui donner Pempire de la mer. 11
int perfuader au peuple d'abolir les
dtibtbutioas annuelles qui fe £ai->
fioient du revenu des mines , & de
l'employer à conâruire des. vaif-
feaux. 11 l'engagea enfuite dans de
pentes querelles maritimes avec leurs
voifins, pour l'exercer à de plus
grands combats. Il étoit à la tête
de la république , lorfque Xercès ,
roi. de Perfe , marcha contre cette
ville. Il fiir élu général. On arrêta
que les Lacédémonieni iroient dé-
fendre le pafifage des TktrmopyUs ^
Ott ils firent des prodiges de va-
^r \ & que les Athéniens condui-
toient la flotte au détroit d'Arte-
«ife, aurdcflus de l'Eubée. Il s'éleva
ttie- conteflation entre les Lacédé-
moniens & les Athéniens pour, le
commandement général de Tannée
wvale. Les alliés voulurent que ce
fôt un Lacédémonien. Thémifiocle ,
qui ayoit droit de prétendre à cet
honneur , perfuada aux Athéniens
d'abandonner ces difputes qui au-
ïoiênt pu perdre la^ Grèce. Cette
déférence fut l'une des principales
caufes du^ falut^ de la Grèce.. Le
courage des Grecs & une tempête
fcneufe ruinèrent une partie de la
flotte- ennemie -, mais il n'y eut au-
cunp aâion décifive. Cependant
uae afinée^ de t^rre de XcrcU^ à
THE *9
force de ùcnûee des hommes à la
valeur des Lacédémoniens , avott
franchi le paffage des Thermopy-
les , & fe répandtMt dans la Pho-
cide , mettant tout à feu & à fangi
Dans ce défaffare afireux , Tkindf"
tocU remua tout pour fecourir fa
patrie : il employa la raifon pour
perfuader les Juges , & fit parler
îjas Oracles pour entraîner la mul'*
titude. On rappela tous les ci-
toyens exilés \ Arifiidc alla au-de-*
vant de ThémîftocU qui l'avoit per-
sécuté , ( Voy^i Aristide ) & ils
travaillèrent tous deux au falut
de la République. ThémiftocU fait
donner un faux avis à Xerùs que
les Grecs veulent s'échapper , &
<qu'il doit fe hâter de faire avancer
ia flotte , s'il veut leur couper la
retraite du Péloponefe ; le Perfan
donna dans le piège. La petite flotte
Grecque, agii&nt avec tout l'avan-
tage poffible contre les Perfes ,
trop reflerrés dans ce détroit, porte
le défordre dans leurs premières
lignes ; & biehtôt toute la flotte
eft difpcrfée» Cette viftoire û cé-
lèbre > fous le nom de la bataille
de Salamine , coûta aux Giecs 40
vaifleaux , & les Perfes en perdirent
aoo. Thémfioclt eut tout- Fhonneut
de cette fameufe fournée ,. qu'on
place 4S0 ans avant J^ C. Quelques
jours avant cette fameufe bataille
qui décida de la Grèce , Thémlftock
donna un. exemple de fôn dé-,
vouement pour la xaufe commune. '
Ne pouvant dans un^confeil, dé-
terminer- EttdhîadA à prendre une
réfolution vigoureufe , celui - ci
£Éitigué de fès repréfentations , lui
dit : On châtie ceux quife Uventfans
ardre dans Us combats publics : Il eji
vrai, répondit Thémiftocle , mais
auffi on ne couronne j^maii ceux qià
attendent trop tard & qui démarrent
derrière. Sur cela le lacédémonien
ayant levé le bâton fur lui comme
pour le frapper. F/appc^ (lui di(
E iij
7Ô THE
modérément JhémfioiU ) mats
4couu, Surpris de tant de fermeté ,
de douceur & de patience , EurU
hUde revint à lui-même , écouta
}e5 confeilsde Thémlftoeie^ & prit
enfin le ieul bon parti qu'il y eût
à prendre. Le héros de Salamine
profita du crédit que lui donna
cette viéloire , pour perfuader à Tes
concitoyens d'établir une marine
puifTaate. C'efl par Tes foins qu'on
bâtit le port de Pyrée , & qu'on
deflina des fonds pour condruirc
des vaifTeaux toutes les années,
3es fervices furent mal récom-
penfés -, on cabala contre lui , & il
hit banni par la loi de l'Oilracifsne«
Après 5voir erré de retraite en
retraite , il fe réfugia auprès du roi
de Perfe, qui le combla de biens,
& qui voulut lui confier le com*
mandement général de fes armées,
f^ vertueux Athénien ne voulant
sii porter les armes contre fa patrie ,
|ii déplaire à ^rtaxtrcis , s'em*
poifonna , l'an 464 avant Jefus^
Chrifl , à l'âge de 6 3 *ans. ThémfiocU»
né avec une ardeur extrême pour
la gloire , étoit courageux , entre^
prenant; mais n'étoit pas exempt
des foiblefTes de l'envie. I^e repos
iembloit l'inquiéter. Grand homme
d'état , fon génie toujours pré-
voyant, toujours fécond en ref*
fources , le rendit fupérieur îiux
cvénemens, Perfonne n'a pofTédé^,
9 un plus haut degré, l'art fi fou-
vent néceflaire de rappeler les
hommes à leurs paffions, pour les
porter à ce qu'ils doivent £aire. On
cite de lui plufieurs traits honora-
bles on curieux. Le poète Slmonldcs^
s'appuyant fur l'étroite liaifon qu'il
avoit . avec ce grand homme , lui
demanda quelque grâce injufle. Thé-
pùftocU la refufa , & lui dit : Cher
$imonides , vqus neferUi pas un hou
"Poëu , fi vous faîfiA\ des vers qui pé'
çhaffent contre Us règles de VArt poé-
iipi^ 9 ^ mot je ne feroïs .fos hs
THE
M40rat , fi je commette ^mTqtm
acUon qui fût oppofée aux Lois de tm^
Patrie.,,, JhémîfioçU^ après une ce-»
lebre viâoire , marchant fur les
dépouilles des ennemis , dit à celui
qui le fuivcit : Ramaffe ces dépoMsUUM
pour toi , car tu n*es pas TbemiS'»_
TOCLE, Ce général avoit un fils,
qui avoit beaucoup d'empire ûir £9
mère. Ce petit garçon que vous royei^
là , difoit-il un jour en riant à €ç9
amis , çeft ^arbitre de la Grèce $ caê
il gouverne fa mcre^ fa mère me gou-m
yeme^ je gouverne les Athéniens , S^
les Athéniens gouvernent les Grecs, Ohl
quels petits conduâeurs , ajoute un
auteur moderne , on tro\iveroit
fouvent aux plus grands empires ,
fi du prince on defcendoit par de«
grés jufqu'à la première main qui
donne le branle au fecret ! • . • « .
Thémiftoçle , chargé par les Athé'r
niens de lever des fubfides confît
dérables fur les alliés de la Repu*
blique, s'acquitta facilement de fa
commiffiop fur les villes riches «
parce qu'on pouvoit leur enlevé?
une contribution plus forte que
celle qu'on avoit demandée. Mais
les habîtans d'Andros , réduits à
l'indigence , ne craignirent potn^
de réfifler à fes ordres. Le général
Athénien leur déclara : Qu'il ye*
noit, accompagné de deux puifV
famés divinités , le Befoin & lé$
Force , qtd , difoit-il , entraînent tou-r
jours la Perfuafi^ à leurfuiu, — Thé»
mîfiocle , lui répondirent les habi«
tans d'Andros , nous nous fownetm
trions , comme les autres alliés ^ à teâ
ordres , fi nous n étions aujjî protégée
par deux divinités non moins ptùffan^
tes que les tiennes , V Indigence & I4
Défefpoir , qui méconnolffent la Forçe^
II parut à Francfort en 1619, & 9
Leipzig en 1710 , des Lettres in-8%
en grec & en latin , fous le nom
d'un Tbmmistoclm^ qui n'eft pa<
le général Athénien.
_THÊ0BALDE, ( Tçoh4ldo Gml
THE
0bf de Florence , mort a Paris
en 17Z7 t <laas un âge avancé ,
occupa, pendant 50 ans » une place
de fyraphpniÛe pour la bafle de
violon dans Torchcttre de l'Opéra.
On dk que , charmé de la mufique
de LuUy , qui écoit parvenue jnCqu'à
lui , il quitta fa patrie pour en féli-
citer ce célèbre muficien. Enfin il
(t montra digne élevé de ce grand
homme , par deux Opéra qui ont
été )oués fur notre théâtre : Coro-
nu^ Paftorale en 3 àâe& *, & Scyfla «
Tragédie en 5 aûes : celle-ci a
été repréfentée à trois rcprifes dif-
férentes.
THEO BUTE ou Thkbute.
Après la mort de 5. Jacques , fur-
nommé le luût > Slmcou , (on frère ,
fut élu évèque de Jérufalem , l'an
61 de Jefus-QirifL Tfuohuu , qui
afpiroit à cette dignité, fe fépara
de TEglife Qirétieime , réunit les
fentimens des différentes fedles des
Juits » & en forma le corps de fes
erreurs.
THEOCRITE, deSyracufe, ou
de l'ifle de Co , floriiToit fous Pta*
loméc PhiUdtlphe , roi d'Egypte ,
vers Tan 285 avant J. C. On dit
que ce poëte eut l'imprudence
d'écrire des Satyres contre Hléron ,
tyran de Syracufe, & qu'il fht puni
de mort par ce priiKe. On ajoute
qu'il aimoit l'argeRt , & qu'il men-
dioit baiTement des récoropenfes
pour fes vers. Théocriu s'efl fait
une grande réputation par fes Idyl'
Ics^ qui ont fervi de modèle a
Virale dans Ces Eglo^s, Théocriu a
employé le dialeâe Dorien , qui
eft très- propre pour ce genre. Les
Idy/lu de ce poète pafTent , avec
raifon , pour une des plus belles
images de la nature : on y trouve
cette beauté iîmple , ces grâce»
naïves , en6n ce je ne fais quoi «
qu'il eft plus fecile de fentir que
d'exprimer. *< Il £iut avouer cepen-
•• 4ant« ( dit M. Fréroa le fils, )
THE 71
*' qu'on peut quelquefois reprocher
** avec juftice à Théocrîte , certains
*« détails bas & grofliers. La cin-
*• quieme Idylle^ par exemple, t
" des endroits qui ne font pas faits
» pour plaire à notre fiede ; & je
M doute qu'on put les goûter ,
w dans une cour polie & galante ,
" telle que celle d'Alexandrie. On
" a vivement blâmé dans Humer*
»• les injures groflâeres que fe di-
>* fent Agamemnon & Achille ; mais
^ la fureur qui les anime» peut
>• en quelque forte les excufer. Ici
>* deux bergers de fang-fî-oid s'ac-
" câblent mutuellement des repro-
>• ches les plus atroces. Ce laqgage«
»• il eft vrai, paroit plus conve«
*» nable à leur condidon ; mais il
" n'en eft pas moins contraire à
» la nature du Poëme paftoral »
** qui ne doit offrir que des ima*
M ges riantes, & ne refpirer que la
'♦ paix. En vain les Scoliaftes pré-
»» tendent - ils excufer Théocrîte ,
» en difant qu'il n'a mis les dif-
n cours qui nous choquent, que
» dans la bouche des bergers Se
»» des chevriers , & qu'il s'eft con-
>* formé en cela aux mœurs con-
» nues. L'homme de goût répondra
» que l'art de la poéfie ne conlifte
» pas à imiter la nature , mais là
*» belle nature \ qu'il eft un milieu
i> entre le (impie & le bas , le naïf
y> & le groffieri que V Idylle doit
V, nous préfenter l'image touchante
»» du bonheur & des plaifîrs des ber-
M gers, & non le tableau dégoûtant
*> de leurs vices, de leurs quereller
>♦ & de leur groffiéreté. >* Longea
pierre a traduit en françois .xr
Idylles de Théocrîte : ( Foye^ fon art. )
Les meilleures éditions du texte
original font celle d'Oxford in-8° »
1699 , qu'on joint aux Variorum ;
& de la même ville, 1770, 2 vol.
in- 4°, mife au jour par Thomas
Warthon, On eftime auftî celle de
Rome» IJ16 , in- 8** , en grec. Là
É iv
-jx T H E _ .
première édition de ce poète eft «fe
Venife, 1495, in-fol.
XœODAMAS, ^^^.'HyUs^
fif t tué par Hercule. , à qui non-feu-
lement il avoit refiiTé rhofpitalit^»
mais qu'il avoit encore ofé ana-
quer. Le héros prit foin du jeune
orphelin qu'il avoit privé de fon
père « & eut pour lui une tendre
amitié»
THEODAS & THEUDAS : Ce
font les noms des deux impof-
teurs qui voulurent chacun fe faire
pafTer pour le Mejfe, L'un fut pris
par Saturnin , gouverneur de Syrie
fous l'empereur Augufle ; & l'autre
par Cufpîus Fadus , prépofé au même
gouvernement fous Claudi.
THEODAT , roi des Goths en
Italie, étoit fils à'Amaiaberge^ fœur
4tt roi Théodor΀, La reine Amala-
fonte ayant perdu fon fils Atalarlc^
mit lur le trône fon neveu Théoiat
en 534 , ScTépoufa peu de temps
après. Ce qui arrive prefque tou-
jours , arriva. Théodat fut ingtat *,
il chaiTa fa bienÊÊiin'ice du palais
de Ravetme , fous prétexte d'adul-
tère, Ôç après l'avoir détenue quel-
que temps en prifon , il la fit étran^i^
gler dans im bain. L'empereur JuJK-
nien , indigné de la mort de cette
princefTe & de l'ingratitude de fon
époux , lui déclara la guerre. Béli-
faîrc defcendit en Italie , & lui en-.
leva la Dalmatie & la Sicile. Théodat
envoya le pape Agapu à Conflan-
tinople , pour calmer l'empereur.
IMais fes foldats voyant les pro-
grès de BélifalrCy élurent Vîtlges^
& le proclamèrent roi en 536. Le
nouveau prince fît pourfuivre fon
compétiteur, & dès qu'on l'eut
atteint , il fut immolé à la haine
des Romains. C'ed ainii que la Pro-
vidence fe fervit d'un traître pour
en punir un autre^ Quoique Théodat
eût tous les vices d'un ambitieux,
il aimoit la philofophie , & fur-
towtcçUç de fUîon. Mais riçn n'cft
THE.
plus commun que de voir la (ageffô
dans les paroles, & le ctimc clan^
les adlions. Voyei Amalascntev
THÉODEBALDE, J^yt^ Thx-
SAUD.
THEODECTE , orateur célèbre
né en CilicJe & mort à Athènes »
341 ans , fut difciple de Platon,^
à^lfocratc , à.'ArtJiote , & mit en vers
les préceptes de la Rhétprique. Il
avoit une mémoire û prodigieuie
qu'il lui ûi^oit d'entendre une
feule fois la leâure d'un poëme
pour le retenir.
/. THEODEBERT I, roi de
Metz, fuccéda à fon père Thierry
l'an ^34 , & fut placé fur lé trône
par fes vaiTaux , malgré l'oppofî*
tion de fes oncles. Il les aida pour-
tant dans leur féconde expédition
en Bourgogne, & eut part au par-
tage qu'ils firent de ce royaume. It
fe joignit à Çhîldebçrt , en 537»
contre Chtakeion oncle ; mais cette
guerre n eut pas de fuite. Théode»
Un fecourut, en 5 38 , Vidées roi de*
Oflrogoths , & encra Im-même ran-
née fuivante en Italie , d^où il re-
vint chargé de dépouilles ; mais 1»
plus grande partie de fon armée
périt de maladie. 11 mourut lui-
même en 547 , lorfqu'il fepréparort
à faire la guerre .à Jujiinîen , & à la
porter jufqu'aBXj)ortes de Conflan-
cinople. Sa valeur , fa libéralité, ik
prudence & fa clémence lui mért«
terent l'éloge de fes contemporains,
II eut aiTez d'ambition pour prendre
le titre d'Augufte , qui lui eft donné
dans une de fes monnoies. Sa mort
arriva a la chaffe , par la chute
d'une grofîe branche d'arbre qu'un
bœuf fàuvage lui fit tomber fur la
tête , & qui l'abattit de fon cheval*
Voy. Deuterie.
, /ATHEODEBERTII , roi d'Auf-
trafîe, monta fur le trônie en 596 ^
après la mort de fon père Childt»
bert , dont il partagea les états avec
fpa frçre Thkny , roi d'Oriéans.Jl
THE
régna d'abord fous la tutelle de J?m-
tukaut, fon aïeule-, mais les grands
d'Auftraiîe, laffés de la domination
tyrannique de cette princefTe , en-
gagement fon petit-fils à l'exiler en
5r99. Théodebert^ qui avoit joint fes
forces à celles de fon frère , défit
fîicceffivement Clotaîre & les Gaf-
cons. Brunehaut , irritée contre lui ,
excita Thierry à lui déclarer la
guerre. Ce prince le vainquit par
deux fois, & le prit prifonnier.
Théodchert fut envoyé à Châlons-
fur-Saône , où la reine Brunehaut
lui fit couper les chevçux , & le fit
mourir peu après l'an 612. On cite
de lui une belle réponfe qu'il fit
a l'évêque Didier, Ce prélat ayant
rapporté à Théodebtrt une {omme
confidérable, que le prince avoi^
prêtée aux habitans de Verdun , il
refufa de la reprendre. Nous fommes
$rop heureux , dit-il au prélat -: Vous ,
de tri avoir procuré Coccafion de faire
du bien ; & Moi ^ de ne l'avoir gas
iaijfé échapper.
I. THEODORA , ( Flavia Maxi-
miana) étoit fille d'un noble Sy-
rien & à*Eutropîe , deuxième femme
de MaximîUen-HercuU, Cet empereur
ayant fait Céfar Confiance- Chlore
l'an 292 f lui fit époufer Theodora ;
& fon époufe Hélène , mère de Conf-
tantin , fut répudiée. Ses médailles
la repréfentent avec une phyfiono-
mie fpirituelle. Sa vie fut fans doute
irréprochable , puifque le vertueux
Confiance' Chlore la rendit mère de
pluûeurs enfans.
II. THEODORA, femme de
l'empereur Juftinien 1 , étoit fille
d'un homme ciiargé du foin de
nourrir les bêtes pour les fpeûa-
cles. Sa mère facrifia (a vertu pour
Ùc l'argent; & la jeune Theodora
s'abandpnna bientôt à tout le
monde. Un certain Hécébok de Tyr ,
gouverneur de la Pentapole , l'en-
tretint pendant quelque temps ; mais
j;i $'en dégoûta bientôt, & la chafia
THE 73
de chez lui. Elle alla à Alexandrie,
revint à Confiantinople , n'ayant
pour fubfifier que fes profiitutions.
Juftinien en devint pafEonnément
amoureux. Il en fit fa m^itrefie »
engagea l'empereur JuJHn à abroger
la loi qui défendoit à un fénateur
d'époufer une femme débauchée 9
& l'époufa. Cette femme fiit le fiéau
du genre humain « fi l'on en croit
Procope , qui en fiit une peinture
afFreufe dans fes Anecdotes , après
l'avoir louée dans fon Hifioire.JLiic
mourut vers Tan 565. Elle avoit
eu un enfant d'un amant qui avoit
précédé Juftinien, On prétend que
pour cacher fa naifiàncei elle le
fit mourir.
III. THEODORA Despuna ,
née dans la Paphlagonie , d'un, tri-
bun militaire, reçut de la nature
une beauté parfaite & un génie fu«
périeur , qui fut perfedUonné par
une excellente éducation. Euphro"
fine , belle-mere de l'empereur Théo-
phlle^ ayant fait afiembler les plus
belles elles de l'empire pour lui
donner une époufe , Theodora eut
la préférence fur toutes fes rivales.
Elle embellit le trône par fa piété
& fes vertus. Devenue veuve en
842 , elle prit les rênes de Tcm»
pire durant la minorité de fon fils
Michel, & gouverna pendant 15
ans avec fagefTe. Elle rétablit le
culte des Images, conclut la paix
avec les Bulgares , fit obferver les
lois & refpefter fon autorité -, mais
comme elle gênoit les pallions de
Michel , ce fils ingrat « indifpofé
d'ailleurs contre fa raere par de
vils courtifans , la fit enfermer en
857 dans un monafierc , ou elle
acheva faintement fes jours. Les
Grecs célèbrent fa fête le 1 1 Février.
En quittant l'empire , elle laiffa dans
le tréfor public des fommes très^
confîdérables , qu'elle avoit écono-
mifées fans vexer fes fujets. Voye^
Dandeui fy BOGORIS.
74 T H.E
IV. THEODORA» txoîfitme fille
ée CanftantlnXÎ ^ fut chafTée de la
cour par fon beau -frère Romain
■Aijyre, qu'elle avoit voulu faire
defccndre du trône pour y placer
Frafim (on amant. Elle fut enfer-
mée dans un couvent îufqu'à la
fin du règne de Michel Calafatc ,
en 1042. Elle fut alors proclamée
impératrice avec fa fœur Zoé ,
qui époufa Çonftantîn Monomaqut,
Après la mort de ce prince eïi
IOJ4 , Theodora gouverna en grand
homme *, elle fe fit craindre des en-
nemis de Tempire , qu'elle maintint
«Il paix *, choifit des ininiilres ha-
biles ; fit fieurir le commerce &
les arts , & diminua les impôts.
Une colique l'emporta en 1056 ,
à 76 ans » après avoir régné envi-
ron 19 mois. £n elle périt la famille
de BaJîU U Macédonien , montée
fur !e trône en 867... U y a encore
eu plufieurs autres impératrices de
ce nom.
y. THEODORA , dame Ro-
maine , non moins célèbre par fa
beauté & par fon efprit , que par fa
lubricité & par Tes crimes , étoit û
puiflante à Rome , vers l'an 908 ,
qu'elle occupoit le château Saint-
Ange, de faifoit élire les papes
qu'elle vouloit. Jean , un de fes
amans', obtint par fon moyen 1 evê-
ché de Cologne , l'archevêché de
Ravenne, & enfin la papauté,
fous le nom de Jean X. Elle étoit
mère de. Marofie , qui ne lui céda
ni en attraits , ni en débau-
ches.
I. THEODORE I , né à Jéruf».
lem , fuccéda au pape Jean IV^ le
24 Novembre 641. Il condamna
Pyrrhus & Paul , patriarches de
Conftantxnople , qui étoient Mo-
nothélites , & mourut faintement
le 13 Mai 649. Sa douceur, fa
charité & fes vertus laifferent des
regrets très-viCs. G'eft le premier
pape qu'on ait appelé Souverain
THE
Pontife , & le dernier que les évè<f
ques aient appelé Frère,
II. THEODORE II, pape après
Romain en 898 , mourut 20 iours
après fon éle^on. Il fit reporter
folennellement dans la fépulture
des papes « le corps de Formofe *
qui avoit été jeté dans le Tibre
par ordre dt* Etienne f7.
III. THEODORE de Caktor*
BERT , moine de Tarfe , fut en-^
voyé l'an 668 en Angleterre pour
rtmplir le trône épifcopal de l'Eglife
de Cantorbery. Il y rétablit la fol
& la difcipline ecdéfîaftiques. Ce
qui nous refie de fon Pénitencîd &
de fes autres Ouvrages , a été re*
cueilli par Jacquet Petit , & imprimé
à Paris en 1677 , en 2 vol. in-4.° ^
avec de favantes Notes. Ce Re^
cueil important mérite d'être lu
par ceux qui aiment à chercher les
traces de l'ancienne difcipline. Théo*
dore mourut en 690 , à 88 ans ^
en odeur de fainteté » après avoir
fondé des écoles pour xsdbuire fes
ouailles.
IV. THEODORE DE Mopt
SUESTE , ainfi nommé parce qu'il
étoit évêque de Mopfuefie , ville
de Cilicie , fut élevé & ordonné
prêtre dans un monafiere , & mou^
rutf l'an 418. On peut le regarder \
( dit l'abbé Racine , ) comme le
premier auteur de l'héréfie qui dif^
tingua deux perfonnes en /s/uj-
Chrijl, Quand on étudie fes Ou^
vrages » on voit qu'il avoit dans VdC^
prit le principe qu'ont eu depuis
les Sociniens , » qu'il faut déférer
'* tout au tribunal de la raifon^
»♦ & n'admettre que te qu'elle ap-
>♦ prouve »«... Théodore avoit une
grande réputation de fcience Se
de vertu , & pafibit pour un des
plus illuilres doâeurs de tout
l'Orient. Il avoit écrit contré
5. Jérôme , pour défendre l'héréfiç
de Pelage, Le fameux Julien d*£r
THE
dne , un des feâateurs de cet Hé-
céfiaique , ayant été cKaflé de fon
£cge , fe rrfugia chez lui , & aug-
menta le nombre de fes difciples.
Théodore cacha lofig*teinps fa doc*
trine -, mais lorique le Neftoria-
nifme éclata , elle étoit déjà répan-
due dans bien des efprits. Les Nef-
foriens fe fervirent en 5 3 1 , après
la tenue du Concile d'Ephefe, des
Ouvrages de cet Hérétique pour ap«
puyer leurs erreurs. Dans le v"
Concile général « tenu en 5 5 3 , la
perfonne & les ouvrages de Th^^
ion de Mopfutflê furent anathéma*
tifés. Ses principaux ouvrages font :
I. Un Comnunuùrt fur Us Pfiûumes ,
dans la Chaîne du Père Corder, II.
Un Commentaire , en manufcrit , fur
ks XII. petits Prophètes. Ce Com-
mentaire prouve que l'auteur étoit
on Déïfte. IIL Plusieurs Fragmens
dans la Bibliothèque de Photius,
V. THEOPORE-STUDiTE.Ait
ttnfi nommé , parce qu'il fîit abbé
du monallere de Snide , fondé par
Studius , conful Romain , dans un
des £iubourgs de Conftantinople.
11 vit le jour en 659 , & embrafla
la vie monalHque à l'âge de i%
ans. La liberté avec laquelle il
Blâma l'empereur Conftantin , fils de
^ léon ly^ qui avott répudié l'im-
pératrice Marte , pour époufer Théo^
^m, & le refiis qu'il fit. fous
J^W t Arminien y Michel le Bègue &
les autres empereurs Iconodafles ,
d'anadiématifer les Images , lui at^^
ùrerent de violentes perfécutions.
Il répondit à Léon F, qui le pref-
foit d'erabrafler fes erreurs : Vous
iies chargé de tEiai & de C Armée ^
frene^-en foin , & Idtjjfei les affaires
de SEglife aux Pafteurs & aux Théo-
hffens, A la mort de ce prince , il
obtint fa liberté, après 7 ans d'exil.
Cet abbé plein de zèle finit fa
carrière dans l'ifle de Chaldde ,
)c 11 Novembre 826, à 67 ans.
U »9U$ r^^de lui dçs Sirmnip
THE 7t
iei Epttres ^ 9c d'autres ouvrages
peu lus.
VI. THEODORE U UHem^ ,
ainii appelé » parce qu'il étoit lec*
teur de la grande Eglife de Conf-
tantinople , avoit compofé une Wf*
toîre de PEgUfe depuis la 10^ an-
née du règne de Conftantin le Grand ^
îufqu'à la mort de ce prince. Cet
ouvrage étoit divifé en 1 livres.
Il l'avoît tiré des Hifloires de Som
crau , de Soiomene » & de Théodcret^
ïl efl en manufcrit dans quelques
bibliothèques , & n'a pas encore
été imprimé. Théodore avoit encor«
compofé une autre Blfioirt Eulé»
fiafiique^ depuis la fin du règne de
Théodore le Jeune , jufqu'au com«
mencement du règne de JuJHn. Nous
n'avons que des extraits de cet ou-
vrage. Henri de Valois nous a donné
tout ce qu'il a pu ramaiTer de Théo*
dore , dans Smdas , Théophanedi Jean
Damafcene.
•vu. THEODORE, furnommé
P Athée, fut' difdple A*Arifiîpi^. 11
adopta tous les principes de fon
maître, & enfeigna de plus qu'il
n'y avoit point de Dieux. Les
Cyrénéens l'exilèrent : il fe réfugia
à Athènes , où il auroit été con-
duit devant l'Aréopage & con-
damné , ^ Démetrias de Phalete n'eût
trouvé le moyen de le fauver. Pto"
lomée , fils de Lagus, le reçut chez
lui , & l'envoya un jour en qua-
lité d'ambafTadeur vers Lyfimaque^ .
Le philoibphe lui parla avec tant
d'ei&onterie , que l'intendant de <
ce prince , qui fe trouva préfent ,
lui dit : Je crois , Théodore , que
tu t'imapnes qu'il n*y a pas de Rois
non plus que de Dieux, On prétend
que ce philofophe fut à la 6 n con-
damné à mort , & qu'on l'obligea
de prendre du poifon.
THEODORE, Voye^ Meto-.
CHiTE.,.. Bry.... n** Lascaris...,
Gaza... Balzamok...- Theodo-
RVS... Sajîtabaiiene*
7« THE
THEODORE « roi des CôHb;
Voyei NeuhoFF.
THEODORE de Beze , Foye^
Beze.
L THEODORET, Martyr, Foy.
iVé Julien.
U. THEODORET, né «n 386 ,
fut difciple de Théodore de Mop-
Aicfie & de S, JuM-Chryfofiomc ^
après avoir été formé à la vertu
dans un monafiere. Elevé au fa-
cerdoce > & malgré lui à l'évêché
de Cyr , vers 420 , il fît paroître
dans fa maifon , à (a table , dans Tes
habits & dans fes meubles , beau-
coup de modeftie : mais il étott
magnifique à l'égard de la ville de
Cyr. U y fit bâtir deux grands
Ponts , des Bains publics « des Fon*
caines & des Aqueducs. U travailla
avec tant de zèle & de fuccès dans
fon diocefe , compofé de 800 pa-
roifTes , dont un grand nombre
étoient infeâées de diverfes héré-
£es , qu'il eut le bonheur de ren-
dre orthodoxes tous fes diocéfains.
Son zèle ne Ce borna point à fon
Eglife ; il alla prêcher à Antioche
& dans les villes voifines, où il
£t admirer fon éloquence & fon
fa voir, & où il convertit des mil-
liers d'hérétiques & de pécheurs.
La gloire de ce grand homme fut
scanmoins obfcurcie , pendant quel*
que temps, par l 'attachement qu'il
eut pour Jean d'Antioche & pour
Neftorîus , en faveur duquel il écrivit
contre les xii Anadiêmes de 5.
CyrllU d'Alexandrie j.mais il ef&ça
cette tache » en ie réconciliant avec
ce prélat, & en anathématifant l'Hé-
réfiarque. Le malheur qu'il avoir eu
de le favorifer « étoit bien excu-
fable : féduic par l'extérieur mor-
tifié des Neftoriens> il s'aveugloit
fur le fond de leur doârine, juûpi'à
croire que le Concile d'Ephefe &
S. Cyrille enfeignoient l'unité de
sature en J. C. ; mais dès qu'il eut
ouvert les yeuxi il s'éleva avec
THE
force contre ces hypocrites; H
combattit les Eutychéens» réiîfta
aux menaces de l'empereur Thlo^
dofe Il^tcfe vit tranquillement dé-
pofer dans le faux fynode d'Ef^eiè.
Sa vertu triompha en 45 1 , dans le
Concile gé;iéral de Calcédoine , où
Ces lumières & fà. fagefle brillèrent
également. Il termina faintement fa
carrière , quelques années après ^
il la finit comme il l'avoit com-
mencée, dans la paix & dans I2
communion de l'Eglife. Sa poli-
t^Se, fon humilité , (a modération,
fa charité , font peintes dans tous
fes Écrits , qui font en très-grand
nombre. L Une Hîfiotn EeeU/Uf"
tique ^ qui renferme des chofes im-
portantes , qu'on ne trouve pas
ailleurs , & plufieurs pièces origi-
nales. Elle conuneoce où Eufdfe a
fini la fienne, c'eft-à-d'ure , à l'aa
314 de J. Ç. , & finit à l'an 429.
Les favans y remarquent des fautes
de chronologie. Son fiyle eft élevé »
clair & net \ mais il y emploie des
métaphores un peu trop hardies.
U. Un ComnuntaÎH , par demandes
& par réponfesyfur les viii. pre-
miers livres de la Bible. III. Ua
Commentaire fur tous les Pfeaumes,
IV. L'Explication du Cantique des
Cantiques, V. Des Commentaires fur
Jérémie , fur E{échkl , fur Daniel »
fur les XII petits Prophètes & fur
les Ëpîtres de 5. Paul, Ce ne font
que des compilatiofis , mau elles
font faites avec foin. L'auteur fe
compare aux femmes des Juifs,
qui n'ayant point d'or ni de pier-
reries à donner à Dieu pour la
confiruéHon du Tabernacle , ra*
mafToient les poils, les laines &
les lins que les autres avoient don-
nés, les filoient & les unifloient
enfemble. VI. Gnq Livres des
fables des Hérétiques. VII. Dix Li-
vres fur la Providence, VIII. Dix
Dïf cours fur la guérifon des fauflîes
opinions dss Païens « (bus le titre
THE
ie TnérapeuUque ^ traduics pdr le
P. Mourguesf Jéfuite. IX. Un fur
f« CharUé. X, Un fur S. Jean.
XL Quelques Ecrits contre S,
Cyrille, XII. Des Semons. On y
trouve du choix dans les penfées,
de la noblefle dans les expreilîons,
de l'élégance & de la netteté dans
le ftyle , de la fuite 5c de la force
dans les raifonnemens. XIII. Les
yUs des 5. SoUtaires, XIV. Des
Icures , fort courtes pour la plu-
part ; mais il y peint fon caraâere
au naturel. La meilleure édition
de fes Couvres , cft celle du P, Sir-
nond^ en grec & en latin, 1641,
4 vol. in-fol. , auxquels le P. Gar-
^r^ Jéfuite , a ajouté un cinquième
en 1684 y qui contient divers au*
très Traités auffi de Tkéodont, Quoi-
que ce Père de TEglife eût été lié
avec les Neftoriens , il fut reconnu
pour orthodoxe par le concile de
Calcédoine , & par le pape 5. Léon»
Le cinquième Concile général , en
condamnant fes ouvrages contre
S, Cyrillt , ne toucha point à fa
perfonne , & 5. Grimoire le Grand
^déclara depuis qu'il Thonoroit avec
le concile de Calcédoine, x
I. THEODORIC , premier roi
des Goths en Italie , fils naturel de
Thtodomir^ fécond roi des Oflro-
goths > fut donné en otage , Tan
461 , par WéUmlr , frère & prédé-
ceffeur de Théodomîr , à l'empereur
Léon I, Il rendit de. grands fervices
à l'empereur Zenon , chafle de fon
trône par BafiUfque, Ce prince lui
fit élever une Statue équeftre vis-à-
vb du palais impérial, & l'honora
du confulat en 484. Il l'envoya
enfuite en Italie contre Odoacre^
qu'il battit plufieurs fois» & aVec
lequel il fit la paix en 493. Quel-
que temps après , ayant ^it mourir
Ce prince fous divers prétextes ,
il ^ vit maître de toute l'Italie.
Pour s'affermir dans fes nouveaux
^ts^ il épQufa en $0^ une Cçeias
THE 77
de Clovis^ roi de France , fur lequel
il avoir eu des avantages , con«
traâa d'autres puifiantes alliances ,
& fit la paix avec l'empereur
Anafla/e , & avec les Vandales
d'Afrique. ThéodorU , tranquille »
après de violentes fecouifes , ne
penfa plus qu'à polker fon royaume.
11 prit pour fecrétaire d'état le
célèbre Caffio^ore , qui remplit par-
faitement fes vues. Quoique ce
prince fût Arien» il protégea les;
Catholiques. Il ne vouloit pas
môme qu'ils fe fiflent Ariens pour
lui plaire , & il fit couper la tête à
un de fes officiers favoris, parce qu'il
avoit embrafie l'Arianifme , en lut
difant ces paroles remarquables : Se
tu n'as pas gardé la fol à Qleu , comr
nunt pounas'tu me la garder à mot
qui ne fuis qu*un Homme ? Sa droi-
ture le fit dioifir par les Ortho-
doxes » pour juge dans une cauKe
purement eccléfiaddique. Comme il
étoit fouverain de Rome, il devint
l'arbitré de l'éleâion des papes.
Après la mort du pape Anaftafe^
en 498 » Laurent & Symmaque fe dif^
puterent le trône pontifical ; on «.'en
remit à la décifion de Théodonc^
qui jugea en faveur de Symmaque.
Rome lui fut redevable de pluûeurs
édifices , & de la réparation de
fes murailles. Il embellit Pavie Se
Kavenne. Il ajouta 150 Lpis nou*
velles ^ux anciennes. 11 régla l'afîlc
des Lieux faims , & la fucceffîoa
des Clercs qui meurent fans tefter.
Enfin , il fiit pendan: 37 ans le père
des Italiens & des Goths -, bienfai-
teur impartial des uns & des autres »
& également dier aux deux nations.
Il fit fleurir le commerce dans fes
états. La police s'y faifoit avec tarte
d'exaâimde , qu'à la campagne on
pouvoit garder fon or comme dans
les villes où il y a le plus d'ordre^
Il protégea & cultiva les lettres. Les
états qu'il s'étoit formés , étoient
çrè.s-y«àles.$a domination s'étendoi* .
78 T H Ë
fur rinlie, la Siâle , ia Dalmâtie ,
la Norique , la Paanonie , les deux
Rhéties , la Provence , le Langue-
doc & une partie de l'ETpagne. Sa
gloire ne fe foudnt pas iufqu'à la
fin. L'âge, les infirmités le rencti-
tent jaloux, avare , inquiet, foup-
^onneux. Les adulateurs profitèrent
de ces difpoûtions pour perdre
les deux plus refp«ôables fujets
qu'il y eût dans la République ,
Symmaque , & Boeee Ton gendre.
Ils périrent tous les deux par le
dernier fupplice. ThéodorU né fur-
vécut pas long-temps à te double
homicide. Un jour qu*on lui fervit
à table une tête de poifTon , il s'ima-
gina que c'étolt celle de Symmaque ,
qui le menaçoit ; & fe levant faifi
de frayeur , il fe mit au lit , & rendit
lame le 30 Aoutde Van 516, dé-
chiré par des remords queperfonne
ne put calmer. C'eft du moins ce
que rapporte Procope,
II. THEODORIC, Voyei
'TiE{I£RR.Y n** IV
THEODORUS-PRODROMUS,
auteur grec , eft connu par le Roman
des Amours de Rhodarue & Doficles ,
imprimé en grec & en latin , Paris ,
i6iy , in-8® , & traduit en françois
par BeauchMnps , 1746 , in- il. On
ne (ait en quel temps il âoriiToit.
I. THEODOSE LE Grand ,
-( Flavltu Theodofius Magnus) empe-
reur , étoit né en 346 à Cauca , ville
de la Galice en ECpagne. Son père
étoit le fameux comte Théodofe ,
qui avoit fait dé fi grands exploits
fous VaUntînîen / , & qui fut déca-
pité à Carthage en 376, par ordre
de VaUns [ Voyez ce mot, ] prince
crédule & barbare. Ce grand homme
avoit illudré le nom de Théodofe,
Son fils fe retira dans fa patrie pour
pleurer fon père ; mais Gratlen , qui
connoifToit fon mérite , l'appela à
la cour , & TafTocia à Tempire en
379. Il lui donna en partage la
Xhrace, & toutes les provinces que
T H Ë
ValaiûnUn avoit pofledées éàHê
rOrient, Peu de jours après fon
éleûion , Théodofe marcha vers la
Thrace « & ayant formé un corps
de troupes, il tomba fur le camp
des Goths,leur enleva leurs femmes
& leurs enfans , avec 4000 chariots
qui fervoiem pour les conduire.
Les Barbares furent efiFrayés paf
cette défaite. Les Alains & d'autres
Goths qui ravageoient les provinces
voifines , lui envoyèrent faire des
propofitions de paix , & acceptè-
rent toutes les conditions qu'il leuC
impofa. [Voy, Amphiloque , & L
Arsène.] L'année d'après , en 380 4
Théodofe , malade à Theiïalonique^
fe fit baptifer par Afeolc , évêque
de cette ville. Pour confacrer fon
entrée dans lé Qiriflianifme , il
ordonna a tous fes fujets , par une
loi du 18 Février, de reconnaître
le F«re, le Fils & USaùU'Efpnf ^
comme un feul Dieu en trois Per^
fonnes. A cette loi contre l'erreur 4
il en joignit d'autres pour le main<»
tien de la poHce. L'une défendotc'
aux juges de connoître d'aucune
aâion criminelle durant les 40 jours
du Carême. Une autre ordonnoit
de très-grandes peines contre les
femmes qui contraâoiettt de fe^
condes noces pendant le deuil de
leur premier mari, qUi étoit de dii^
mois. Par une loi plus fage, il or-
donna qu'on délivrât les prifon-
niers à Pâques. Ce fiit en portant
cette ordonnance qu'il dit ces pa-
roles mémorables : PWt à DîeuquU
fût à mon pouvoir de rejfufcker les
Morts ! Il couronna tous ces régle-
mensfalutaires,par dèsEdits féveres
contre le^ délateurs convaincus de
menfonge. Athalarïc , roi des Goths ,-
fe réfugia vers ce temps auprès de
Théodofe , qui le traita en roi , &
qui lui fit après fa mort dtô funé**
railles magnifiques -, cette générer
fité n'empêcha pas que plufieurs
Barbares ne fifi«at des irru^tioos
THE
iiaas la Thrace. Théodofe mardie
contre eiix « leur livre bataille au
mois d'Août 381 , les défait & les
jPorce à repafier le Danube. Son
nom pénétra dans les pays étran-
gers. Sapor III y roi de Perfe, lui
envoya des ambaffadeurs , pour lui
demander à faire alliance enfemble.
Ces deux princes firent un traité de
îaix qui dura long - temps. L'an
5S5 fiit c^ebre par une conjuration
formée contre lui. Il défendit de
citer en juâice ceux qui , fans être
complices , en avoient été inftruits
& ne Tavoient pas découverte, il
laiâa condamner les conjurés , &
leur envoya leur grâce lorfqu'on
les conduifoitau fupplice. Usèrent
redevables de la vie à Ste, FLaccllU
fa femme , à qui la religion infpira
ce que la politique avoit infpiré à
UvU , femme ^Auguftc^ à l'égard de
C'mna, La clémence de thiodoft fe
démentit dans une occaiion plus
importante. Il y eut , en 590 , une
féÀtion à Theilalonique « capitale
de la Macédoine. BoeherU^ gouver-
neur de riUyrie , avoit fait mettre
en prifbo un cocher accufé du crime
infâme de pédéraitie. Lorfqu'on
donna dans cette ville des fpeâa-
cles en réjouiffance des viftoires de
Théodofe ,1e peuple demanda qu'on
init ce cocher en liberté *, & fur le
refus du goirvremeur on prit les
armes , & Ton tua pluâeurs officiers
He la garnifon. Bothcrlc vint en per*
fonne pour appaifer ce tumulte ;
mais il ôic lui-même maâacré. Tâ/o-
ékfe , à cette nouvelle , n'éjcouta
que fa colère, & fit paiTer tous les
habitans au fil de l'épée. On peut
Voir dans l'article de S, Jmbrojsi
comment cet illuftre prélat lui fit
expier cette horreur , d'autant plus
révoltante dans Théodofe , qu'il avoit
pardonné à la ville d'Antioche ,
coupable du même crime. Cepen-
<dant Maxime , qui avoit tué GratUn
P- ^ s'étQÎc ié^ décbrer e^npereur^
THE 79
preflbît le Jeune Valentînien, Théo^
doft fit la guerre à ce tyran , le défit
en deux batailles , dans la Hongrie
& en Italie •, & l'ayant pourfuivi
jufqu'a Aquitée> il contraignit les
foldats de le lui remettre. On l'a-
mena dans le camp de Théodofe^
qui vouloit lui pardonner *, mais les
foldats le jugeant indigne de fade*
menée , le tuèrent hors de fa terne
& lui coupèrent la tête. C'eft ainâ
que finit cette guerre , deux ans
avant la cruelle fcene de Thefialo-
nique , & que Théodofe , ayant
pacifié rOccident pour VaUntinicn ,
s'afTura la pofîeffîon de l'Orient
pour lui & pour ïts enfans. L'année
îiiivame 389 , il vint à Rome pour
y recevoir les honneurs du triom*
phe y & y fit abattre les reûes de
l'idolâtrie. Après ce triomphe ,
Théodofe retourna à Conflantinople ^
& défit une troupe de Barbares qui
pilloient la Macédoine & laThracç.
Arhogaftt , Gaulois d'origine , dé«
pouilla l'empereur VaUmnîeu de
fon autorité , & lui donna la mort.
Pour éviter la peine due à fon
crime , il choifit Eugène , homme
de la lie du peuple , qui avoit enfei-
ghé la grammaire , & le fit déclarer
empereur à condition qu'il permet-
troit ridolâtrie. Théodofeh prépara
à lui faire la guerre ; & après avoir
été battu , il défit l'ufurpateur , le
6 Septembre, à Aquilée, l'an 394*
Eupne eut la tête nranchée, & Arho»
gafie fe tua lui-même. On Èiifoit de
grands préparatifs à Con&antinople
pour recevoir Théodofe en triom-
phe. Il tomba malade à Milan , & y
mourut d^hydropiiie , le 17 Janvier
^95. 11 étoit âgé de 50 ans, & ea ,
avoit régné 16. Son corps fut porté
à Confkntinople, où^c^^efon fils
le fit mettre dans le maufolée de
Conftantin, Théodofe doit être mis au
nombre des rois qui font honneur
à l'humanité. S'il eut des paflions
violem^ » il les réprima par de
8o THE
violens e6Forts. La colère & la ve.n*
geance furent fes premiers mouve-
mens ; mais la réflexion le ramenoh
à la douceur. On connoit cette Loi
û digne d'un prince Chrétien, por*
tée en 393 , au fujet de ceux qui
attaquent la réputation de leur
monarque : Si quelqu'un , dit - il «
s*éehapp: jufqu*à diffamer notre Nom ,
flocr« gouvernement & notre conduite ,
nous ne voulons point qu'il foit fujct à
la peine ordinaire portée par Us Lois ,
ou que nos Officiers Itâ faffent fouffrir
au^un traitement rigoureux, Carficeft
par légèreté qu'il ait mal parlé de Nous ,
il faut le méprifer ; fi c*efi par une
aveugle folie , il eft digne de compaffion ;
& fi cefi par malice , // faut lui par»
donner, Plufieurs écrivains l'ont
comparé à Trajan dont il defcen-
doit , & à qui il refliembloit par la
figure & par le caraôere ; l'un &
l'autre étoient bienfaifans , magni-
fiques , juftes , humains. Tel Théo^
dofe avoit été à l'égard de fes amis
dans l'état de (impie particulier ,
tel il fut envers tout le monde ,
après être monté fur le trône. Sa
règle étoit d*en ag'r avec fes Sujets ,
comme il avoit autrefois fouhaité d* être
traité lui-même par f Empereur, Il
n*avoit rien de la fierté qu*infpire
le fceptre. S'il accordoit quelque
préférence honorable , c'étoit aux
favans 6c aux gens de lettres. Jamais
le peuple ne fut moins chargé d'im-
pôts que fous fon règne. Il appe-
îoit une. heure perdue, celle où il
n*avoit pu faire du bien. Il fa voit
parler à chacun félon fon rang , fa
qualité , fa profefiion. Ses difcours
avoient en même temps de la grâce
8t de la dignité. Il pratiquoit les
exercices du corps , fans fe livrer
trop au plaifir & fans fe fatiguer.
11 aimait fur-tout la promenade -,
mais le travail des affaires précédoit
toujours le délaffement. Il n*e?n-
ployoît d'autre régime pour con-
fervér fa fanté , qu'uoe vie fobre
THE
& frugale; ce qui ne TempêchoilK
pas de donner dans Toccafion de»
repas où l'élégance & la gaieté
brilloient plus que la dépenfe. Il
diminua dès le commencement,cellô
de fa table -, & fon exemple tint lieu
dé loi fomptuaire •, mab il conferva
toujours dans le fervice de fa mai-
fon,cet atr de grandeur qui convient
à un puifiant prince. Les libéralités
qu'il fit aux habitans de Confian-
tinople , y attirèrent un fi grand
nombre de citoyens , qu'on déli-
béra fur la fin de fon règne , fi l'on
ne feroit point une féconde en-
ceinte , quoique dix ans auparavant
les maifons n'occupaffent qu'une
très-petite partie de la ville , le reila
n'étant que des jardins ou des terres
labourables. C'eft le dernier prince
qui ait poiTédé l'empire Romain en
entier. Il laifiici trois enfans , Arcade ,
Honorius , & Pulckerîe, Arcade fut
empereur d'Orient, & Honorius^
d'Occident.
N, B. L'Editeur du DlHionnalre
de Ladvocaty fait naître Théodofi
vers l'an 336 , & lui donne 60 ans
de vie. M. Beauvaîs , dans fon Hif"
toire abrégée des Empereurs , place la
naiffance de Théodofe en 346 , &
le fait mourir âgé de 50 ans. Nous
avons cru devoir donner la préfé-
rence à cet auteur , qui eu très-
infiruit, & qui a fuivi en cela les
meilleurs hifioriens.
II, THEODOSE II, le Jeune ^
petit-fils du précédent, né le.it
Avril 401 , fuccéda à Arcade , fon
père , le premier Mai 408. Ste, Pul^
chérie , fa fœur , gouverna fous (on
nom. C'eft elle qui lui fit époufer
Athenaîs, fille du philofophe Léonce ^
laquelle reçut au baptême le nom
d'Eudocîe, Théodofe^ placé fur le
trône, ne prit prefque aucune part
aux événemens de fon règne. Les
Perfes armèrent contre lui en 421 ;
il leva des troupes pour s'oppofer
à leurs conquêtes, Les d'eux arméeà
qui
r
*r ttÊ
ffbï ^ cherchoient Vvûae te Tautré ,
iureat toutes les deux faifies de
crainte lorfqu*elIes s'approchèrent ,
& fuirent chacune de leur côté.
Les Perfes fe précipitèrent dans
l'Euphrate , où Û en périt près de
cent milles. Les Romains abandon-
itèrent le iîége de NlÂbe , brûlèrent
leiB-s machines & rentrèrent- daas
les terres de Tempire. Il envoya
Ciifuite une armée en Afrique contre
Cmftiîc , roi dès Vandales , qui fut
encore plus malheureufe. Il fut
obligé de la rappeler pour l'op-
pofer aux Huns qai ravageoient la
Thrace fous la conduite A* Attila»
Ses troupes n'ayant pu arrêter les
tourfes de ces Barbares , ce nt fut
qu*à force d'argent qu'il les fit re-
tirer. Thtodofc 11 fe rendit mépri-
£ible par la confiance qu'il donna
â Tes eunuques. Sa foiblefïe alloit
jufqu'à ligner ce qu'on lui préfen-^
toit , fans prendre même la peine
de le lire. La vertueufe PuUhcrie , fa
foeur, Tavoit corrigé de plufieurs
défauts ; elle le corrigea encore de
celui-là. Un jour elle lui préfcma
Un ade à figner , par lequel » il
w abandonnoit l'Impératrice » fa
*» femme, pour être efclave ". 11
le figna fans le lire*, & lorfque
FulcUrU lui «ut fiiit connoitre ce
que c'étoit, il en eut une telle
confuôon » qu'il ne retomba jamais
dans la même faute. Ce prince,
particulier eftimable , mais mo-
narque méprifé , a voit d'abord &-
vorifé les NtftorUns & les £«0'-
dJms j mais il les condamna fur la
fia de fa vie. Il niourut le 28 Jtfil-
let450, à 49 ans 4 ne laifîarAlue
L'claîa Eudoxia , femme de VaUn-'
tuiîcn m. Ce prince avoit de la
douceur & du goût pour les art^.
Ceft lui qui publfa > le 1 5 Janvier
438 , le Code dit Théodofien de fon
tic»m, imprimé a Lyon en 166 ç*,
6 tomes xn-foL : c'eft un recueil
de Lois choifîes entre celly que
Tome IX.
T H Ê U
les empereurs légitimes avoiene
faites. Après fa mort de ce prince^
Pulchcrk fît élire MarcUn,
III. THEOPOSE III , furnommé
Tjidramitaia ; fut mis, malgré lui,
fur le trône d'Orient, l'an 716. Il
étoit receveur des impôts de la ville
d'Adramite , en Natolie , fa patrie*
lorfque l'armée d'Anj/iaJe II s'étant
révoltée, le proclama empereùr^^
H fat couronné par le patriarche
de Conllancinople. Maii n'ayant ni
affez de termeté , ni allez de génie
pour tenir le fceptre impérial dan»
des temps difficiles , il le céda à
Léon ri/aurien , vers le mois de
Mars 717 , & fe retira dans un
monaftere d'Ephefe. II y mourut
faintement. Son cara£tere modéré
& la nobleffe de fes fentimens , le
rcndoient un particulier eftimable ;
mais il falioi: un. héros pour re-
pouiTer les Barbares qui inondoient
l'empire.
THEODOSË, moine fa^ieux;
Voy^i EUTYCHÈS ,^rs la fin,
THEODOSE, royei Mauro-^
tico, & Gehasime.
I. THEODOTE , le VaUntlnlmi
n'eft connu que p.ir fes Eglogues g
que le Père Cumb-fis nous a don-
nées fur le manufcrit de* la Biblîo"
thequc des Percs^ Ces Eglogues ne
contiennent qu'une application de
l'Ecriture au fyiUme de Valentîn,
Thiod^te prétend y prouver les
différens points de la dodrine de
Ftf/irtf//i i par quelques pafiages de
l'Ecriture. Cet ouvragfe a été com-
menté par le Pcre Combéfis , & fe
trouve dans la BlhUoth^ui Grecque
de Fabrîcîus.
II. THEODOTE de Bïzance,
furnommé U Com^ycur, du nom de
fa profefîion. Pendant la perfécu-
tion qui s*éleva. fous Marc-Aurde ,
Théodou fut arrêté , avec beaucoup
de Qirétiens qui confefférent J. C«
& ^remportèrent la couronne du
martyre. Ce miférable renonça ^
F
ti THE
fon Dieu -, les fidellcs lui firent tout
les reproches que méritoit fon
crime-, & pour s'excufer , il voulut
prouver que Je/us - ChrlJI n'étoit
qu'un homme. Sa doârine fouleva
tout le monde , & Théodore fut ex-
communié par le pape Vtcior ; il
trouva cependant des difcipIes>qu'on
nomma tkéodoncns « & Alo§îens, Ils
prétendoient que la dofbine de
leur maître avoit été enfeignée par
les Apôtres , )ufqu*'au pontificat^ie
Zèphirîn^ qui avoit corrompu la
dofb'ine de TEglife» en faifant un
dogme de la Divinité de J. C.
III. THEODOTE, U Banquier»
tira ce nom de la profeffion qu'il
exerçoit. Il fut l'auteur de la feâe
des MeUhijcdicîens , qui prétendoieAt
que J. C. , dont ils nioient la divi-
nité , étoit inférieur à Mekhîfedtch,
s* Voyant , ( dit M. Pluqtut, ) qu'on
" appliquoit à J. C,*oes paroles du
>» Pfeaume : Vous êtes Prêtre félon
'* tordre de M^Uhifcdech ; il crut voir
» dans ce tesA une raifon péremp-
•' toire contre la divinité de J. C. ;
" & tout l'effet de fon efprit fe
»» tourna du côté des preuves qui
»♦ pou voient établir que Aîe/chî/edeck
*' étoitfupérieurà Jesus-Christ,
» Ce point devint le principe fon-
»♦ damemaldufentimentdeTAcoiibrt
» le Banquier & de fes difcipîes. On
>♦ rechercha tous les endroits de
» 1 Ecriture qui parloient de Mel-
»♦ chlfedech. On trouva que Moyft
" le repréfentoit comme le prêtre
.»♦ du Très-Haut -, qu'il avoit béni
M Abraham ; que S, Paul alTuroit
>♦ que Mekhiftdech étoit fans père ,
" fans mère , fans généalogie ♦ fans
" commencement de jours , & fans
" fin de vie , facrilicateur pour
>♦ toujours. Théodote & fes difcipies
M conclurent de là , que Mdchlfedech
" n'étoit point un homme comme
i> les^ autres hommes , & qu'il étoit
» fupérieur à J. C. , qui avoit c©m-
i« nwncé & qui étoit mort, ^j^ên,
THE
M qat Melchtfedech étoit leprêft^
w pontife du facerdoce éternel ,
>t par lequel nous avions accès aur
»> près de Dieu, & qu il devoit être
» lobjet du culte des hommes. Les
" diicipks de Théodote firent donc
** leurs oblations & leurs prières
>♦ au nom de Melchîfedech ^ qu'ils
i» regardoient comme le vrai mé-
** diateur entre Dieu & les hommes,
" & qui devoit nous bénir comme
»' il avoit béni Abraham. HUrax ,
» fur la fin du troifieme fiecle .
>» adbpta en partie l'erreur de Théo»
V dotc^ & prétendit que Melch'ifcdeck
» étoit le Saint-Efpr'u», Mais toutes
ces rêveries tombèrent peu à peu
dans l'abyme de l'oubli.
IV. THEODOTE, Teyc^ Pto-
LOMÉE , n° IV.
THÈODOTIEN S, Voyelles
articles précédens.
THEODOTION, natif d'Ephefc,
fut difciple de TatUn , puis feéVa-
teur AtMarclon, Il pafTaenfulte dan&
la fynagogue des «Juifs , où il fut
reçu à condition qu'il traduiroit
l'Ancien Teftament en grec. Il *
remplit fa promefie l'an i8 5 , fous
le règne de Commode, Il ne nous
refie de lui que des-^ragme&s de
cette Verfion. Elle étoit plus hardie
que celle des Septanie , & que celle
d'Aquila , qui avoient ét^ faites
auparavant ; & l'auteur s'étoit per-
mis d'ajouter ou de retrancher des
pafTages entiers.
THEODULE, Voye[ I. Nil.
THEODULPHE, étoit origi-
naire de la Gaule Cifalpine. Char-
lenyigne , qui l'avoit amené d'Italie ,
à Afô de fon favoir & de fon ef-
prit, lui donna l'abbaye de Fleuri, 1
puis l'évêché d'Orléans , vers Pan
793. Ce prince le choifit pou»
figner f«n tefiament en 811. Louis
le Débonnaire hérita de l'eilime
que fon père avoit pour lui. Maïs
Théodulphe , ayant été accufé d'avoir
eu pau à la conjuration de Bernard^
THE .
roî tf Italie , fut mis en prlfon à
Angers. Il protefta toute f* vie qu'il
ëtoit innocent-, & peut-être Tim-
putadon qu'on lui fit , ne fut- elle
qu'une trame de l'envie & de la
méchanceté. C'eft-là qu'il compofa
3 Hymne Gloria , laus & honor , dont
on chante le commencement au
|our des Rameaux. On prétend que
l'ayant chantée 'd'une fenêtre de la
prifon , dans le temps qiie l'empe-
reur piiToit , ce prince fut û charmé
de cette pièce , ( dont le mérite eft
pourtant très- médiocre, ) qu'il lui
rendit la liberté. Il en jouit fort
peu de temps. On croit qu'il mourut
en 821 , en retournant à fon Eglife.
C'ctoit , dit le P. Longuevai » un
pafteur vigilant & laborieux, &
un des plus beaux efprits de Ton
temps. Il ne lui manqua , pour être
vn écrivain poli , que d'être né
ëans un fiede moins barbare. On
a de lui un Traité du Baptême ; un
autre du Saînt-E/prlt ; deux Capi-
tulaîres adreiTés à fes curés , qu'on
peut regarder comme des monu-
mens de la difcipline de foi» temps.
Il avoir été envoyé (iommiffaire
pv Charlemagne, dans les provinces
volfines du Rhône, pour y admi-
niftrer la juftice. Dans tous les lieuir
où il arriw>it , r)ti lui offroit des
préfens cq§lîdérables. Il fut fi
choqué de cet ufage , qu'il fit un
poëme de près de mille vçrs pour
exhorter les juges à refufer des
dons qui pouvoient corrompre leur
équité. Cet Ouvrage eft plus efti-
Biable par fon objet que par l'élé-
gance de la poéfie. Le Père Sir"
tnond , Jéfuite , publia en 1646 ,
in-S^, une bonne édition de £es
lEuvres.
THEOGNÏS ,^poëte Grec , natif
de Mégare , fioriiToic 544 ans avant
J. C. Nous n'avons de lui que des
Frapnens^ Leipzig, 1576, in-8® -,
. ^ tos le Corpus pQetarum ^r<vc, «
THE 8j'
à Gçneve, 1606 & 1614, 2 vol.
in-fol.
. I. THEON, foplûfte Grec , eft
avantageufement connu dans le
monde littéraire par un Traité de
Rhitoruiue , écrit avec goût & avec
élégance. Les meilleures éditions
de ce livre font celles d'Upfal ,
1670, in-8"i ôcde Leyde, 1726,
in-8° , en grec & en latin.
II. THEON d'Alexandrie ,
philofophe & mathématicien du
temps de Théodofe le Grand ^ fut pfcre
de la favante Hypack, Il compofa
divers Ouvrages de Mathématiques^
Paris, 1644, in-4°,
I. THEOPHANE , fille queNep^
turn époufa , & qu'il métamorphofa
en brebis. Elle fut mère du fameux
bélier de la Torfon dOr.
II. THEOPHANE , ( George )
d'une des plus nobles & des plus
riches maifons de Conftantinople ,
fut marié très-jeune, & vécut en
continence avec fa femme. Il em-
braffa enfuite l'état monaftique, &
fe fit un nom refpeûable par fes
vertus. S'étant trouvé , en 787 , au
vil® concile général , il reçut, des
Pères de cette affemblée , les hon-
neurs les plus diftingués. L'empe-
reur lion V Arménien l'exila dans
rifle de Saraothrace * où il mourut
en 818, On a de lui une Chronique^
qui commence où finit celle de
Syncellcy & qui va jufqu'au régna
de Michel Curopalate. Elle fut im^
primée au Louvre en 16 j j, in-fol. ,
' en grec & en latin, avec celle de
Léon le Grammairkn , cum Notism
On y trouve des chofes utiles j
mais on rencontre fouvent les
traces d'un efprît crédule & d'un
critique fans jugement.... Il y a eu
m^ autre hiftorien de ce nom , qui
fuivit Pompée dans fes expéditions ,
pour les. tranfmettre à la poftérité.
Celui-ci étoit de Mitilene , ville à
laquelle on rendit la liberté CQi
conj(^déraciQn dé fes talens.
F ij
U. THE THE
Il ne faut pas le confondre arvec în-foT. L'ameur s'attache a y moi»^
T HÈOP H AN i. Cerameus , c'eû-k-àiret trer la vérité du Chriôianifme SL
h PuUr , évêque de Tauromine ,•• l*abfurdité de l'idolâtrie.
eh Sicile X dans le xi* Oecle. On a
de lui des Homélies, imprimées en
grêc & en latin à Paris, en 1644.
THEOPHANIE ou Theopha-
V UON , fille d'un cabaretier , par-
vint par fes intrigiies & fon adreffe
à fe faire donner la couronne im-
périale. Romain le Jeune , empereur
d'Oiiont, l'époufa en 959. Après
la niv rî de ce prince en 963 , elle
fut déclarée régente de l'empire;
& mal^gré ce titre, elle donna la
main à Nicéphore Fhocas , qu'elle
plaça fur le trône , après en avoir
feit defcendre £/I./we fon fils aîné.
LafTe bientôt de fon nouvel époux ,
elle le fit affafliner par han Zlmlf"
€&s , en Décembre 969. ( Voy, Je A N
//. THEOPHILE, fameux pa-
triarche d'Alexandrie , après Timo^
thés , Pan 28^5 , acheva de ruiner
les reftes de l'Idolâtrie en Egypte ^
en faifant abattre le temple Ôc les
idoles des faux Dieux. Il pacî6a les
differens furvenus entre Evagre &
fUvhn , tous deux ordonnés évê-
ques d'Antioche. Mais rambition.
ternit toutes fes vertus. Meilleur
politique que bon évêque , il fe dé^
cl ara ouvertement contre Saint Jean»
Chryfûftomty le fit dépofcr dans le
concile du Qiêne , & refufa de
mettre fon nom dans les dipty-
ques. Ce prélit intrigant mourut
en 412. On prétend qu'étant près
d'expirer, & faifant attention à la
1. n® xtix. ) Le meurtrier ayant longue pénitence de 5a;/2f^A/ôie, il
été reconnu empereur , exila Théo- s'écria : Q«« vous tus heureux , Ar-
phanU dans riiîfe de Proté , où il fene , d avoir toujours eu cette heure
h. laiffa languir pendant le cours de devant les yeux ! 11 nous refle de lui-
ion règne. Ce prinee étant mort quelques Ecrits , dont on ne fait pas
en 97 5 , l'impératrice fut rappelée beaucoup de cas. On les trouve dans
à Conftantinople par fes fils Bajîle la Bibliothèque des Pères,
& Conftantin , qui lui donnèrent ///. THEOPHILE , empereur
beaucoup de part au gouvernement.
On ignore l'année de fa mort; mais
fen fkit qu'elle étoit d'un efprit
ferme , & que fon cœur étoit capa-
ble de tous les crimes.
THEOPHILACTE, Voy. Theo-
ïHYLACTE , & II. Michel à la
I. THEOPHILE , vi« évêque
d'Orient, monta fur le trône e»
Oftobre 819 , après fon père Michet
U Begae^ qui l*avoit déjà affocié à
l'e.npire, & lui avoit tnfptré fo»
horreur pour les faifpes Images^
Cette longue & fimeile difpute-
divifoit toujours l'empire : Tkéo^
phile eut la foibleffe de s'en mêler *.
& la cruauté de perfécuter ceu:^
é'Antioche , fut élevé fur ce fiége qui ne penfoient pas comme lui,^
Fan 176 de J. C. Il écrivit contre H commença fon règne par le châ-«
Marcion & contre Hermogene , & tiraént des aiTa/Iins de Lion VAr»
gouverna fagement fon Eglife juf- ménien; il fongea enfuite férietife*^
que vers l'an 186. Il nous refte de ment à repouffer lesSarrafins. Il
lui iJi Livres en grec , adreffés à leur livra cinq fois bataille , & fiit
Autolycus , contre les calomniateurs presque toujours malheureux. Le
de la re%ion Chrétienne. C'eft dans chagrin que lui canfa la pette de I»
cet Ouvrage qu'on trouve pour la dernière , le toucha fi vivement ^
première fois le mot de Trinité. Il qu'il en mourut de douleur en Jan-
a éîé imprimé en grec & en latin , vier 842. On a dit beaucoup de
avec les Œuvres de Saint JuJUn^i^j^z^ bien & beaucoup de mal de ce princt*
r
I Smvant les urrS , il étoît bon polî-
^ «ique & aimoic la juillce *, fuivant
d'autres , il n avoit que des vertus
feintes & des vices réels; ils le
font <x)lere , emporté » vindicaûf ,
foupçonneux. Les Cadioliques l'ac-
cuferent d'impiété. Si l'on en croit
quelques hifloriens , il reiecoit. non-
feulement le culte des Images , mais
encore de la Divinité^de Je Ais-Çhrift,
Texifience des Démons , & la Ré^ur-
reôion des corps. Il eil probable
^ue, s'il avoit penfé ainfi, il au-
Toit pris avec moins de chaleur la
difpute des Iconoclaftes , povr
laquelle il ne craignit point de
répandre le ïang des Catholiques.
Michel fon fils lui Tuccéda , fous
la tutelle de rimpératrice Theodora
Dcfpuna^ qui rétablit l'honneur des
Images. Voye^ Théophobe... m.
Theodora... & Oanderi.
ly. THEOPHILE , furnommé
ViAUD , poète François , naquit
vers Tan 1 590 , au village de Bouf-
fiere-Sainte-Radegonde dans l'Agé-
nois , d'un avocat , de non pas d'un
cabaretier , comme dit le déclama-
teur.GaraJfe. Il avoit l'imagination
de fon pays, & étoit d'une fcciété
agréable. Ayant quitté de bonne
heure la province pour la capitale ,
il y plut par fes faillies & fes im-
promptu, parmi lefquels on cite
celui-ci adreiTé à un homme qui
lui diibit que tous les poètes étoient
fous:
Oui , je l* avoue avec vous
Que tous les Poètes font fous ^
MjIs fâchant ce que vous êtes ,
Tous les fous ne font pas poètes»
On a encore cité cet Impromptu
à une dame qui vouloit être com-
parée au foleil :
Que me veut donc cette Importune ?
Que je la compare au foleil,
IL eft commun , elle efi commune ;
Voilà çc quiis ont de paieiU
THE 85
Théophile auroit pu être hanreux,
s'il s'étoit borné à ces failiie* de
fociété. Mais fa conduite & fes
Ecrits trop libres lui attirèrent bien
detchagrifiis. Il fut oblige de pailier
en Angleterre en 16 19. Ses amis
lui ayant obtenu fon rappel , il ab-
jura le Calvinifme. Sa converfîan
ne changea ni (ts m,oeurs peu ré-
glées^ ni fon efprit porté au li-
bertinage. Le Pamuffc Sat'rlque^
recueil. fali par une lubricité dé-
gcûtante & par une in^piété caré-
née , ayant paru en 162Z , on
l'attribua généralement à ThéophlU*
L'ouvrage fut flétri, l'auteur dé-
claré criminel de Icfe-majefté divine,
& condamné à être brûlé , ce qui
fut exécuté en effigie. On le pour-
fuivit vivement; il fut arrêté au
Catelet en Picardie , i^mené à Paris ^
& renfermé dans le même cachot
0\x Raiaillac avoit été mis. Son
affaire fut examinée de nouveaw ,
& fur les proteftations réitérées de*
fon innocence » le parlement fe
contenta de le condamner à un
banniiTement. Ce poëte niourut 4
Paris en 1616 , à 36 ans , dans
l'hôtel du duc de Montmorenci cfui l|ii
avoit donné un aille. La veille de
fa mort, Bolffat^ /on ami, étant
allé le voir , Théophile lui témoi-
gna une grande envie de manger
des anchois , & le pria inilamment
de lui en envoyer. Mais Boiffat ^
perfuadé que ce mets étoit fort con-
traire à un malade « refufa de le
fatisfaire. Il fe repentit depuis de
ne s'être pas prêté aux derniers dé-
firs d'un ami, parce que la nature
demande quelquefois, des chofes, qui
toutes mal-faines qu'elles paroiiTent ,
peuvent être falutaires par la difpo-
fition particulière où l'on fe trouve.
♦♦ On ne peut nier, (dit Nlceron)
" que Théophile n'ait été déréglé
H dans fes moeurs , libre dans fes
» difcours , & cynique dans fes
» vers ; mais il àl difficile de (k
F iij
H
THE
" p^rfuad[er qu'il ait été âufS C96-
. " pàble que bien des gens fe l'ima-
» ginent , & que le Père Garajfc le
" repréfcnte dans fa Docirlm eu-
>♦ ricufc , fur-tout lorfqu*on a Ifl îts
?* Apologies. Car , quoiqu'il foit à
*' prcfumer qu'il y a altéré la vé-
w rite en bien des chofes , il n'eft
» pas cependant croyable qu*il n'y
•# ait rien de vrai , & que tous les
»» faits qu*il y rapporte , foient abfo-
»» lument faux ♦'. [ Voyei Racan,
à la fin^ ] Les vers de Théophile font
pleins d'irrégularités & de négli-
gences -, mais ony remarque du génie
& de l'imagination. Il eft un des
premiers auteurs qui ait donné des
Ouvrages mêlés de prqfe & de vers.
On a de lui ipti Recueil de PoéficSy
<jui confiftent en Elégies , Odes,
Sonnets , &c. ; un Traité de Clmtnor^
talité de l*Ame^ en vers & en profe j
Pyrame & Thishc » Tragédie i Socn^
hiourant , Tragédie *, Pafiphaé , Tra-
gédie , 1618 , très " médiocres j
trois Apologies ; des Lettres , Paris ,
-366a, in- 12 -, fes Nouvelles Œu-
vres ^ Paris, 1641, in-8**, &c. Ce
poëte avoit des Impromptu fort heu-
reux.
THEOPHILE Raïnaud , Voy.
I. Ratnaud.
THEOPHOBE , général des
armées de Théophile empereur dO-
rient , étoit né à Conftantinople ,
d'un axibaiTadeur Perfan , du fang
royal. Po«r fe l'attacher plus étroi-
tement , Théophile lui ht époufer
fa fœur. Théophobe rendit à fon
beav-ffere ^t^ fervices impor^ans.
Son courage & fa bonté lui ga-
gn oient les troupes , qui furent
quelquefois viâorieùfes fous lui.
Les Perfes qui étoient à la folde
cle l'empire , le proclamèrent deux
fois empereur -, mais Théophobe re-
fiifa le diadème. Théophile , crai-
gnant qu'il ne l'accaptât enfin ,
& qu'il n^enîevât le trône à fon
fils , le fit arrêter ; & fe voyant
T HË
près d'expirer , il lui fit trancher
le tête , quoiqu'il fût innocent du
crime des foldats. On dit que l'en»-
percur mourant, s'étant fait apporter
iur le lit 'cette tête, fit un der-
nier effort pour la prendre par les
cheveux. Puis la regardant avec fu-
reur : Hé bien , dit-il , je ne ferai
plus Théophile ; mais toï-mémc tu
ne feras plus Théophobe ! . ♦ C'cft ainfâ
que périt , en 842 , im générai
digne d'un meilleur fort.
THEOPHRASTE , philofophc
Grec , natif d'Erefe , ville de Lef-
bos , éteit fils d'un foulon. Platon
fut fon premier maître. De cette
école il pafi^a dans celle ^Atijiotc ,
où il fe diftingua finguliérement.
Son nouveai^ maître , charmé de la
facilité de fon efprit & de la dou-
ceur de fon élocution , lui change^
fon nom qui étoit Tyrtamc ^ en
celui à'Euphrafie , quifignifie , Celui
qui parle bien -, & ce nom ne ré-
pondant point afîez à la haute
cftime qu'il avoit de la beauté de
fon génie & de fes expreflîons,
il l'appela Tiiéophrajh , c'cft-à-dire ,
un Homme dont le langage eft
divin. Arlfiote difoit de lui & de
Calltfthcne ( un autre de fes difci-
pies , ) ce que Platon avoit dit la
première fois 6!Arifiou^ même & de
Xénocrau : que '♦ CalHjlhenc étoit
»♦ lent à concevoir & avoit l'efprit
»» tardif ; & que Théophrafte au con-
» traire l'a voit vit , perçant , péné-
" trant , & qu'il comprenoit d'abord
»» d'une chofe , tout ce qui en pou-
»» voit être connu *». Ârijîotc obligé
de fortir d'Athènes , où il .crai-
gnoit le fort de Socrate , abandonna
fon école , l'an 3 i2 avant Jefus-
Chrift , à Théopiirafte , & lui confia
fes Ecrits , à condition de les tenir
fecrets ; & c'eft par le difciple que
font venus jufqu'à nous le«j Ou-
vrages du maître. Son nom devint
fi célèbre dans toute la G'ecc , qvi'il
compta dans le Lycée jufqu'à zooo
T hX
Sffrts, Ses rares qualités fie lui ac-
quirent pas feulement la' bienveil-
lance du peuple , nuis encore l'ef-
time & la familiariie des rois. II
fut tmi de Cajfandrc , qui avoit fuc-
cédé à Aridée , (rere d'Alexandre le
Grande au royaume de Macédoine -,
& Ptolomcc (ils de Lagus , & pre-
mier roi d'Egypte , entretint tou-
jours un commerce étroit avec ce
philosopher Thcophraftc mourut ac-
cablé d'années & de fatigues, &
ne ceâa de travailler qu^en cefTaiu
de vivre, Cicéron dit qu'il fe plai-
gnit , en mourant , de la Nature ,
» de ce qu'elle avoit accordé aux
>* cerfs & aux corneilles une vie
91 fi longue y tandis qu'elle n'avoit
»> donné aux Hommes qu'une vie
' » très-courte «< -, mais cette plainte
s etoit fondée que fur une erreur ;
il feroit tiès-diiRcile de citer des
cerfs nonagénaires. Parmi les maxi-
mes de ce philofophe , on diflingue
celles-ci : I. // ne faut pas aimer
fes Amis pour les éprouver ^ maïs les
éprouver pour les aimer, U. Les amis dot'
vent lire communj^ entre les frcres ,
comme tout efi commun entre Us amis,
ÏII. Vhn doit plutôt fe fier à un Cheval
fans frein ^ qui V Homme qui parle
fans jugement, IV. ha plus forte dé'
penfc que l'on puiffe faire , eft celle du
Temps, Il dit un Jour à un particu-
lier <ftii fe taifoit à fa table dans
un fenin : Si tu es un habile homme ^
tu as tort de ne pas parler ; mais fi tu.
ne Ves pas , tu fais beaucoup en fa»
chant ^tt taire, La plupart des Ecrits
de Théophrafte font perdus pour la
podérité ; ceux qui nous reftent de
lui , font : I. Une Hlflolre des Pierres ,
dont Hill a donné une belle édi-
tion à Londres en 1746 , in-fol. , en
grec & en anglois , avec de fa-
vantes Notes, IL Un Traité des
Plantes, curieux & utile, Amfter-
dam, 1644', in-fol. ,& traduit en
latin par Gara, IIl. Ses Caractères ^
ouvrage qu'il compofa à 1 âge de
t H E 87
99 ans , & que la Bruyère a traduit
en françois. Ifaac Cafauhon a fait
de favans Commentaires fur ce petit
Traité , Cambridge , 1712 , in-S** »
qui fe joint aux Auteurs cum Notîs
Varlorum, U* renferme des leçons
de morale , fort utiles , & des détails
bas & minutieux , mais qui pei-
gnent l'homme.
L THEOPHYLACTE , Voye^
Michel , n** i/ , à la fin.
II. THEOPHYLACTE . arche-
vêque d' Acride , métropole de toute
la Bulgarie , naquit 8c fut élevé
à Conftantinople. Il travailla avec
zèle à établir la Foi de /-/««-
Chrifl dans fo« diocefe ; où il y.
avoit encore un grand nombre d«
Païens« Il fe fit connôitre des fa-
vans par quelques ouvrages. Les
principaux font : I. Des Comment
taires fur les Evangiles & fur les
AÙes des Apôtres , Paris , 1631 ,
in-folio ; — fur les Epîtres de'
S, Paul , & fur Hahacuc , Jdnas ^
Nahum & Ofée , Paris , 1636 , in-foU
Ces Commentaires ne fotit prefque
que des extraits des Ecrits de 5. Jean-^
Chryfoflomt, IL Des Epitres peu in-
téreffantes , dans la Bibliothèque
des Pères, III. Inftltutio Regia-, au
Louvre, 165 1, in-4** •, réimprbné
dans Vlmperium Orientale de Ban^
duri , 8tc. Ce prélat mourut après
l'atï 170 1.
HI. THEOPHYLACTE SiMO-
CATTA , hiilorien Grec, floriffoit
vers l'an 611, fous Neraclius. Nous
avons de lui une Hîftoire de Tempe- •
reur Maurice , imprimée au Louvre ,
1647 , in>folio. Elle fait partie de
la Byzantine. Le Perc Schotten avoit '
donné une édition grecque & latine ,
1599, in-8*^
THEOPOMPE, célèbre orateur
& h'iftorien de l'ifle de Chio , eut
ïfocrate pour maître. Il remporta le
prix qu*Arthemife avoit décerné à
celui qui feroit le plus bel Eloge
funèbre de Maufolefoti époux. Tous
F iv
: n
«8 THE
fes Ouvrages fe ibm perdus. On
regrette Ces Hiftoires; elles étoient ,
fuivant les anciens auteurs , écrites
avec exactitude , quoique Tauteur
eût du penchant à W fatire.' /o-
fephe rapporte que Théopompe , ayant
voulu inférer dans un de fes ou-
vrages hifloriques , quelques -en-
droits des Livres faints , eut Tef-
prit troublé pendant trente jours -y
ia que , dans iin intervalle lucide ,
ayant réColu de quitter Ton defl'ein ,
il fut guéri de fa maladie. Mais il
y a apparence que ce conte n'efl
qu'une fusion du faux Arfiét.
THÉOTIME, (S. ) évêque de
Tomes en Scythie fous Us empe-
reurs Théoéoft & Arcadt , s'étoit fait
connoître auparavant par la faga*
cité d'un philofophe & la modeftie
d'un Chrétien. 11 prit le parti de
S, Jean-Chryfojlome contre ThiophîU
d'Alexandrie, quifoUicitoit la con-
damnation d'Ortgent, Il vouloit
qu'on difUnguât dans les Ecrits de
ce père , le bon du mauvais , aînil
qu^avoient penfé 5, Athann/t &
après lui 5. Augujiin,
TH51ÔXENE, fe fignala pa$ un
courage & Mne fermeté héroïques,
Titi'Live y de qui nous emprun-
tons cet article , avoue qu'en écri-
vant fon Hiftoire y il étoit pénétré
d'amour & d'admiration pour cette
femme illuftre. Apt^ès que Philippe ,'
roi de Macédoine , eut fait mourir
. les principaux feigjieurs de Thef-
falie , plufieurs , pour éviter fa
cruauté , Riyoient dans les pays
étrangers. Poris & Théoxene , prirent
le chemin d'Athènes pouj; trouver
la ftireté qu'ils ne pouvoient avoir
dans leur province i mais ils voguè-
rent il malheureufement , qu'au li«u
d'avancer, les vents les repoufferént
dans le port même d'où ils.avoienf
faîit voile. Les gardes les ayant dé^
couverts au lever du fokil , en
avertirent le prince , & s'efforcèrent
6^ hw Qtsr çene Ubçrtç <}u'ils clU-
T HÉ
m oient plus que leur vie. Dans cette
Gfuelle extrémité y Port/ emploie fes
prières pour ippaifer les foldats,
& poiu* appeler les Dieux à fon,
fecoursimais Théoxene voyant' Ui
mort inévitable , & ne voulant pas
tomber entre les mains de ce t} ran ,
faiiva fes enfans de la captivité par
une réfolution extraordinaire. Elle
^réfenta un poignard aux plus àgés«
& aux plus jeunes un vafe de pot-
fon , afin qu'ils fe donnaiîent la
mdrt. Ses enèins lui ayant obéi , ello
les jeta dans l'eau à demi-morts«
Puis ayant embrafle fon cher Porîs ,
elle fe précipita dans la mer avec
lui , à la vue des foldais attendris 8c
admirateurs de fon coursée.
THERA.IZE. (Michel) doôeur
de Sorbonne , de Chauni en Picar»
die, rfourut en 1716, à 58 ans,
après avoir été chanoine de Saint»
Etienne de Hombourg , diocèse d^
Mets , puis grand - chantre , ch*»
noine & officiai de Saint-Furfi do
Pcronne, & curé de la paroiffe do
Saint- Sauveur de la même ville.
On a de lui un Ouvrage plein do
recherches , imprimé ei 1690 ,
fous le titre de , iQiiefiions fur la
MtjfepuhllqucfoUnaclle, On y trouve
une explication littérale & hiftori*
que des cciémonles de la MeiTe fi(
de {fi rubriques.
THÉRAMENE , Uluftre Athc*
nien , fe fignala par la grandeur
d'ame avec lanuelîe il méprifa la
riiort. Il étoit l'un des 30 Tyrans»
mais il avoir de Thonneur & aimoit '
fa patrie. Quand il vit les violence!
éc les excès où fe portoie'nt fes col*»
lègues y il fe déclara contre eu3(
ouvertement , & par-là il s'attira
leur haine. Les Tyrans ne pouvant
foucenir fa liberté , prirent la réfo*
lutipn de le faire mourir. CrUîas ^
qui d'abord avoit été fort uni avec
lui , fut fon délateur devant Iç fénai.
Il Taccufa de troubler l'Etat, & dqf
YQulpir rçQYçrfçr le goyYçrncmCUr
THE
fréfent Quelques citoyens ver*
tueiK prirent ladéfenfe de Thira-
ramtné , & furent écoutés avec
plaifir. Cfutas craignit ^|)ors que,
£ on laiiToit la chofe à la décifion
dufénat, il ne le renvoyât abfûus.
Ayant donc fait approcher des Mir-
reauz , la jeunefTe qn'il avoit armée
de poignards , il dit qu'il croyoit
que c'étoit le devoir d'un fouve-
«-ain «lagiftrat d'empêcher que la
juftice ne fât furprife, & qu'il le
vouloit &ire en cette rencontre.
•* Mais , continua-t-il , puifque la
I» loi ne veut past[u'on fafTe mourir
»* ceux qui font du nombre de
** 3000, autremeilt que par Tavis
•• dufénat ,)'ef&ce Théramencdt ce
*» nombre , & je le condanine à
» mort, en' vertu de moft autorité
•> & de celle de nos collègues <«.
A ces mots Thémmmt fautant fur
i'autcl : »» Je demande , dît-H , Athé-
•* niens, que mon procès me foit
M £ait conformément à la loi , &
• l'on ne peut me le refufer fans
» injufiice. Ce n'eft pas que je ne
»» voie affez que mon bon droit ne
» me fervira de rien , non plus que
«» Tafile des autels ; mais je veux
» montrer au moins , que mes en-
» nemis ne refpeâant ni les Dieux ,
- 1» ni les hommes , je m'étonne
M fealemem que des gens fages
H comme vous , ne voient pas
'm qu'il n'eft pas plus difficile d'ef*
n âcer leur nom du nombre des
9* citoyens , que celui de Théra-
M mtnt «(. Alors Çrîtîas ordonna aux
officiers de la juftice de l'arracher
de l'autel. Tout étoit dans le filénce
& dans la crainte à la Vue des foldatS
armés qui environnoiem le fénat.
Pe tous les fénateurs , le feul So-
trate (&o\it Théramcne avoit reçu des
leçons , prit fa défenfe', & fe mit en
devoir de s'oppofer aux officiers de
la juftice. Mais fes foibles efforts ne
purent délivrer Théramtnt ; & , mal-
j;rél«i,afuîÇ9adamoé,vçr« 1*30-405
THE ^
avant J. C. , à boire la ciguë. Après
ravoir avalée comme s'il eût voulu
éteindre une grande foif , il en jeta
le refte fur la table , de ^çon qu'il
rendit un certain fon , & dit en rianrt
Ctd éfi a la fanté du htau C'ritjas,
Il fe conforma ainii à la coutume
obfervée chez les Grecs dans les
repas de réjouifTance , <ie nommer
celui à qui Ton devoit tendre le
verre. Ënfuite il donna la coupe de
poifon BU valet qui le lui avoit
préparé , pour la prcfcnter à Crlùas,
-Ce héros fe joua , jufqu'au dernier
moment , de la mort qu'il portoir
déjà dans fon fein , & prédit celle
de Crtiias f qui fuivit de près la
fiehne. -
I. TIïÉRESE , < Sainte ) née I
Avila dans la vieille Caftille le 28
Mars I $ I V t étoit la cadette de trois
ftlles A^Alphonfc'Sanchei de C^pttîe ,
& de Biatnx d^Ahumade , tous decX
auftî illuftres par leur piété que par
leur noblefte. La leâure de ta Vie
des Saints qu!A/phonfc faifoit tous
les jours dans fa fasnille , infpîra à
Thérefe une grande ef^vie de ré-
pandre fon fang pour J. C. Elle
s'échappa un jour avec un de fes
frères, pour aller chercher le mar-
tyte parmi les Maures. On les
ramena , & ces jeunes gens ne
pouvant être martyrs , réfolisrent
de vivr© eh hermites. Ils dreffererrr
de petites celhiles dans le jardin de
leur père , où ils fe retirèrent fou-
vent pour prier. TAeVic/e continua de
fe porter ainfi à la vertu jufqu'à la
mort de fa mère , qu'elle perdit à
l'âge de la ans. Cette époque fut
celle de fon changement. La lefture
des -Ronuins la jeta dans la diffîpa-
tioB ; & l'amour d'elle-même & du
plaiiir auroit bientv^>t éteint toute
fa ferveur » fi fon père né l'eût mifô
en pAifîo^ dans un couvent d'Au*
guftines. Elle appcrçut le précipice
auquel la* grâce de Dieu venoit de
rarraçher^ 6c pour l'éviter à i'âvenir^ .
^ THE
«lie fe teiîra dans le manafiere de
l'Incarnation de T Ordre du Moi^t-
Cannel » à Avila , & y prit l'habit
le X Novembre 1536,3 21 ans. Ce
couvent étoit un de ces monafteres ,
où le luxe & les plaifirs du monde
ibnt poufîes aufH loin que dans le
monde même. Théreje entreprit de
le réformer. Après avoir cffuyc
«ne infinité de traverfes , «lie eut
la confolation de voir le premier
xnonaftere de fa Réforme fondé dans
Avila en 1561. Lefuccèsdela ré-
formation des Religieufes l'en-
gagea à emreprendre celle des Re-
I^eux. On en vit les premiers
6iiits en x 56S , par la fondation
d'i^^ monaûere à Dorvello , diocefe
4'Avila t où le bienheureux Jean de
la. Croix fît profefHon à la tète des
Religieux qui embraâbient la Ré-
forme. CtCt l'origine des Carmes
«téçhaufTés. Dieu répandit des béné-
«iiâions Cl abondahtes fur la famille
àe Thére/e , que cette fainte vierge
laiâa 30 monalleres réformés, 14
4i'hommes & 16 de filles. Après
.avoir vécu dans le cloître 47 ans ,
les 27 premières dans la maifon de
l'Incarnation » & les 20 autres dans
la Réforme . elle mourut à Alve
«n retournant de Burgos , où elle
venoit de fonder un nouveau mo-
joaflere , le 4^0ûobre 1582 , à 68
■ans. Son Inftitut fut porc^ de fon
vivant jufqu'au Mexique » dans les
Indes Orientales, & s'étendit en
Italie. Il palTa enfuite en France^
aux PaysrBas , & dans tous les pays,
de la Chrétienté. Grégoire XFIsl
canonifa en 1621. L!ouverture de
fon tombeau fut faite lé 2 Odlobre
1.750, 128 ans& 6 mois depuis fa
canonifation. L'Efpagne Ta adoptée
pour patronne. Quelques auteurs
ont décrit la beauté de fon corps ,
dit Bailla ^ .mais le tableau ^e la
beauté de fon ame tù. bien plus
întérefTant. Tendre & aâeâueufe
^ufqu'a répandre les larmes les plus
THE
abondantes; vive & toute de flamme
fans délire & fans emportement »
cette Sainte porta l'amour divin au
plus hàuwdegré de fenfibilité donc
ïoit fufceptible le cœur humain.
On connoit fa fcntence favorite ,
dans fes élans de tendrelTe : Ou
fouffrir, Sdgneur.y ou mourir / & fa
belle penfée au fujet du Dcmon :
Ce malh,ewiux , difoit-elle y qui ne
fauroit Mmcr, Son humilit4 étoit
extrême. Un jour un religieux de
fa Réforme lui difoit bonnement »
qu'elle avoir la réputation d'être
Sainte : On dit Ae moi y répondit-
elle, trois cho/es i que'fétois a^fe^ hiett
faite , que j'avois de l'e/prit , & que
jUtois Sainte, Toi cru Us deux premières
pendant quelque temps y & je me fuis
confcjfée d'une vanité aujji pitoyable ;
mais pour la trêificme y je n'ai jamais
été ajfe\ folle pour me le perju&der ua
moment. On lui a reproché qu'elle
appel oit fon confieiTeur , Mon fi/s ;
mais on voit bien ( dit l'abbé de
Chotfi ) que c'eft par obéiiiance ;
Mon fils , lui 'dit-elle , pulfque votre
humilité m'oblige ^ peur vous obéir , à
vous nommer ainfiy &c. £t quelques
lignes après , elle ajoute : Je vous
conjure , mon Père 9 ( ^*^ étant mon
Ccnfjfeur , je dois bien vous nommer
ûinfi y quoique pour vous obéir , je ^oum
aie nommé mon Fils ) je vous conjure
de me détromper fi je fuisjdans V erreur ,
&c. £t d'ailleurs l'humilité qui pa-
ToiiToit dans it% Ecrits & dans
toutes fes aôions , la juilifie aflez*
Nous ne devons pas ou];>lier fa pa-
tience héroïque dans les . maladies
du corps, daîis les peines defprit,
dans les perfccutions des méchacs ,
dans les contradiâions des gens
de bien. Au milieu de tant de
maux , elle ,eut une confiance em
Dieu, (ans réferve-, & une union
avec lui dont rien ne put la déta-
chée. On a de Ste, Thérefc pluâeurs
Ouvrages , où l'on admire égale-
ment la piété ^ Ténergie des femi- y
r
THE
iilèns , la beauté & T agrément du
%Ie. Les principaux font : I. yn
volume de Lettres , publiées avec
les Notes de Don Juan de Palafox ,
évêque d'Ofma. II. Sa ^« , com-
pofée par elle-même. 111. La Mankrt
^de YÎfitcr les Monafieres des Religieux.
IV. Les Relations de fon efp: it & de
fon intérieur pour fes Confeffeurs.
V. Le Chemin de la Peffection,\h Le
0idteau de l'Ame , traduit par Féilbi.ti,
Ceft une fiftion où il y a plus de
piété que de bon goût, dans laquelle
«lie reprcfente l'ame comme un
château dont l'oraifon eft la porte.
** J'efpere , mes fœurs ( dit-elle
*» en s'adreffant à fes Religieufes )
» que vous trouverez de la confo-
» lation dans ce château intérieur ,
M où vous pourrez, à quelque heure
>♦ que ce foit , entrer & vous pro-
'»* mener fans en demander laper-
» miflîon à vos fupérieurs ♦<, Ce
ton d'une aimable gaieté , partage
de la véritable vertu , fe fait fentir
dans fes autres -Ecrits ioùlenioue*
ment fe fnêle quelquefois hu langage
de la plus fublime dévotion -, mais
on ne doit pas les menre indiffé-
remment entre les mains de tout le
monde. Baîlletlts compare au foleil
qui fait un bien infini à ceux qui ont
la vue bonne , mais qui éblouit les
yeux foibles ou malades. Amauld
d'Andiily a tradtiit prefque tous ces
Ouvrages en notre langue, 1670,
în-4**. La Monnott a mis en vers
françois, VAcUon de grates que faifoit
cette Sainte après la Communion...
Voyei la Fie de 6tê. Thtrefe par VUk-
fore^ qui a auûl donné quelques-
unes de fes Lettres,
II. THÉRÈSE , fille namrelle
A^Alpkonfe FI; Foy, fon Hilloire
à C article ^'UrRACA.
IIL THÉRÈSE d'Avtriche ,
Impératrice - Reine de Hongrie -,
yoy, Marie-Thérese, n° vu.
THÉRÈSE, To^.Théraize.
THERMES , ( Paul de la Barthe ,
THE 91^
feSgneur de ) né à Confernns , d'une
famlMe ancieane , mais pauvre «
éprouva des jevcrs aux premier*
pas de fa carrière." Une aHaire d'hon-
neur l'obligea de ifortir de France
en 1528. Une nouvelle difgrace
l'en éloigna encore pour quelque
temps. Au moment qu'il ailoit re-
venir en Fr jnce , il fut pris par des
Corfdires , & foufirit beaucoup dans
fa captivité. S'ttantconfacré aux ar-
mes dès fa jeuneffe , il les porta avec
diftinûion fous Françvis /, Henri 11
& François IL La viftoire de Ceri-
foles en 1544 , où il combattit en
qualité de colonel général <de la
cavalerie légère, fut due en partie
à fa valeur -, mais fon cheval ayant
été tué fous lui, il fut fait prifon-
nier ; & on ne put le racheter qu'en
donnant en échange trois des plus
illuilres prifonniers ennemis. La
prife du marquifat de Saluées & du
château de Ravel , J'une des plus
fortes places du Piémont , lui acquit
en 1 5 47 une nouvelle gloire. En-
voyé en Ecoil'e deux ans apçès , il
répandit la terreur en Angleterre v
&: la paix fut le fruit de cette terreur.
On l'envoya à Rome en 1 5 5 1 > en
qualité d'ambaffadeur ,raais n'ayant
pas pu porter hUs IJI à fe con-
cilier Farnefc^ duc de Parme, que
le roi jHotcgeoit , il commanda les
troupes Françoifcs en Italie , & s'y
fignala jufqu'cn 15 5 S. Ce fut- dans
cette année qu'il obtint4e bâton de
maréchal deFrance,& qu'il prit d'af-
faut Dunkerque & Saint -Venox.
Il fut moins heureux à la journée de
Gravelines : il perdit la bataille,
fut bleffé & fait prifonnier. Le ma-
réchal de Thermes ayant recouvré fa
liberté à la paix de Cateau - Cam-
brefis Tau 1 559, continua de fe dif-
tinguer contre les ennemis de l'Etat.
Il mourut à Paris le 6 Mai I562 ,
âgé de 80 ans , fans laiiler de poftc-
rité , & après avoir inftitué fon hé-
ritieri RogerdeSaini-Lary^(ti^r.Qur de
1
91 T HE
Bellegarde. Le maréchal dâ Thermes
«ffuya des revers-, mais (a valeur,
fon intrépidité, fbn zelepour 1 Etat,
coirvrircm fes fautes , ou plutôt Tes
malheurs. 11 dut à l'adverfité qu'il:
«prouva dans Tes premières annéçs ,
la fagefle qui le diftingua toute fa
vie. C'étoit un proverbe.reçu même
chez les«tnnemis , de dire : DUu
nous garde de /ajageffede Thermes!
^ THERPaNDRE, poète & muû-
cîen Grec de l'iiîe de Lesbos , flo-
riffoit vers Taa 650 avant J. C. 11
fiit le premier qui remporta le
flrix^ de mufique aux Jeux Camiens
mditâés à Laçédémone. Il fut aufïî
Calmer une fécUiion dans cette ville,
par fes chants mélodieux , accom-
pagnés des fonsdela cithare. Ther-
pandri , pour étendre le jeu de la
lyre, l'avoit augmentée d'une corde;
mais les Ephoires le condamnèrent
à l'amende » à caufe de cette inno-
vation , & confifqusrent foa inôru-
fiient. On propofoit des prix de
poéfie & de mufique dans les quatre
grands Jeux de la Grèce, fur- tout
<ians les Pythiques. Ce fut dans ces
Jeux que Tkerpanàre remporta quatre
fois le prix de munque , qui fe dif-
^ribuoitavec une grande folennité.
Ses Poéfies ne font pas par vent^
jufqti'à nous.
THSRSITE , le plus Ikfïorme
de tous les Grecs qui allèrent au
fiége de Troye , ofa dire des injures
à Achille y Ôc fut tué par ce héros
d^in coup de poing.
THÉSÉE , que la Fable met au
nombre des demi- Dieux , étoit fils
6! Egée , roi d'Athènes , & à*yEthrd ,
fille de P'uhée, Etant monté fur le
trône , il fit la gi'srre aux Ama-
zones , prit leur reine prifonniere ,
répoufa enfuite , & en eut un fils
nommé Hlppolyu. 11 battit Oreon,
roi de Thcbes , tua les brigands qui
ravageoient TAttique , affomina le
Miaotaure , trouva Tiffue du Laby-
yiadie , par le fecours à'^huidnc ,
THE
fille de Mlnos roi de Crète. Cà
héros , après avoir marché fur le»
traces d* Hercule dans fes travaux
guerriers , l'imita dans fes amours
volages. Il enleva plufieurs femmes^
comme Hélène , Phèdre , Arîadne î^
bienfaitrice , qu'il abandonna en».
fuite ', mats il lesrendoit,lotfqu'eIIe«
ne confentoient pas à leur enlève^
ment. Il fe fignala enfuite par di-
vers établiflfemens. Il inftîtua le»
Jeux li^hmiques en l'honneur de
Neptune, ïl réunît les douze villes
de TAttique , & y jeta les fonde-
mens d'une République , vers Tam
1236 avant J. C. Quelque temps
après , étant allé faire un voyage
en Epire , il fut arrêté par Aidoneus,
roi des Moloflfes ; & pendant ce
temps-là, Mem/lée fe rendit maître
d'Athènes. TA^ec .ayant recouvré
fa liberté , Ce retira à Scyros, où Vtm
dit que le roi Lycomedes le, fit périr
en le précipitant du haut 4*iia rc^
cher. On connoîc fon amitié pour
Plrkhoûsj avec lequel il defcendic
aux enfers pour enlever Proferpmc,
THESI^IS , poëte tragique Grec,
introduifit dans la Tragédie un ac-
teur , qui récitoit quelques difcours
entre deux chants du chœur. Cette
nouveauté le fit regarder comme
l'inventeur de la Tragédie , genre de
poéfie très-gfolîîer & très-imparfait
dans fon origine. Thefpis barbouiî-
loit de lie le vifage de fes auteurs,
& les promenoit de village en vil-
lage fur un tombereau , d'où ils ré-
préfentoient leurs pièces. Ce poëee
.îioriffoit l'an 536 ^vant J. C. "Sas
Poéfies ne font pas venues jufqu'i
nous.
THESSAtUS, médecin de
Néron , naquit à Traîles , en Lydie,
d'un Cardeur de laine. 11 fut s in-
troduire chez les grands par fon
impudence , ùl baffeffe , & fes
lâclies complaifances. Un malade
vonloit-il fe baigner ? il le baignoit :
avoit ïï '^Qvïi dg boire frais } il hÀ
r
I THE
r iltolt donner de la glace. Autant
1 étoic-il rampant avec les grands,
autant il étoit fier avec fes con-
! ^eres. Sa préfomption étoit ex-
trême *, il fe vantoit d'avoir feul
trouvé le véritable fecret de la
Médecine. Cet entêtement le porta
à traiter d'ignorans tous les mé-
decins qui lavoient devancé , fans
épargner même Hippocrate, Il écri-
vit , contre les Jphori/tfKs de cet
auteur, un Ouvrage qui eft cité par
GalUen & par les anciens. Il eft
cepeiKlant fur que Thejfalas n'avoit
tien inventé de nouveau dans la
médecine : tout ce qu'il fit , fut de
renchérir lur les principes de Thé'
njfon , chef des Méthodiques , qui
vivoit environ ço ans avant lut.
11 mourut à Ron^ , où l'on voit
Ton tombeau dans la voie Appienne»
& fur lequel il ^voit fait graver ce
isiXt: Vainqueur des Médccinsm
THETIS, fille de JNérée & de
Dons , étoit petite-fille de Téthys ,
femme de Y Océan, Comme elle
étoit là plus belle femme de fon
ternes , Jupiter vouloit Tépoufer i
•nais il n*ofa pas , parce que Pro-
^•éthée avoit prédit qu'elle feroit
mère d'un fils qui devoir être un
jour plus illuftre que fon père.
On b maria avec Pelée, Jamais
noces ne furent plus brillantes ni
plus belles : tout l'Olympe , Its
I>ivimiés infernales , aquatiques &
terreûres siy trouvèrent , excepté
la Dlfcorde qui ne fut pas invitée.
Cette Déeffe s'en vengea en jetant
fur la table une pomme d'or, avec
tetteinfcriptioa : A la plus belle.
imon , Pallas & Vénus là difpute-
fcat, & s'en rapportèrent à Paris :
i^oye^ I. Paris. ] Théfis eut plu-
*^ enfans de Péléc , qu'elle met-
tou, apj.è5 leur naifiance, fous un
"J^er, pendant la nuit , pour con-
fmier ce qu'ils avoîent de mortel.
"}'à\% ils périrent tous dans cette
^euvc, cxccpt j Achille , parce qu'il
THE 95
avoît été frotté d'amtroifîe. Lor^
qu'Achille fut contraint d'aller au
fiége de Troye, Thétls alla tiouvcr
Vulcain , & lui fit faire des armes &
^un bouclier, dont elle fit p'éfent i
elle-même à fon fils. Elle le garantie
fouvent de la mort pendant le fiége.
On confond fouvent cette Nymphe,
avec la DqqS[^ Tethtsi Voyei ce ^
mot. ^
THEUDIS , gouverneur général
de l'Efpagne, avoit de grands biens
& de la valeur. Les Viligoths l'élu-
rent unanimement pour leur roi,
après la mort A*Amaliric en 5 3i«
Il établit fa réfidence au-delà des
Pyrenéesi& fon éloignement donna
à Childebert , roi de Paris , & à Clo»
taire , roi de Solfions , la facilité de
s'emparer d'une partie de ce que
les Vifigcths pofïédoient dans les
Gaules. Mais ces princes s'étanti
engagés dans l'intérieur de l'Ef-
pagne, Thcudifele^ général de Theu4is^
occupa les gorges des Pyrénées pour
leur couper la retraite. Ce ne fut
qu*à force d'argent qu'ils pureat
obtenir la liberté du paflage dans ,
quelques défilés. Tluudis gouver-
noit en paix , lorsqu'un fujet mé-
content contrefit le fou pour s'in-
troduire dans le palais & lui plonger
le poignard dans le fein , en 5 4$.
Avant que d'expirer,rA«wtf5 défendit
de piinir fon meurtrier , parce qu'//
regardoit fa mort comme un jufte châti"
ment d'un pareil crime ^ dont il s'étoit
rendu coupable,
THEUDISELE, fils d'une
fœur de Totila roi d'Italie , ob-
tint la couronne a|>rès la mort de ,
Theudis tQi des Viîigoths. 11 avoit
jufqu'alors montré de la valeur &
du mérite ; mais à peine fut-il fur
le trône , qu'il chercha à enlever
toutes les femmes dont la beauté
avoit ûxé fes regards , &' n'épargna
pas même celles desf^rinciipaux fei-
gneurs de fa cour. Pour en abufer
plus librement , il £iii!bit mourir
F
«>4 THE
fecrétement leurs maris. Qneîqws
courtifans qui craignoient le même
fort , éteignirent les luihieres dans
un grand repas que Thcudlfde don-
-noit à Sévillc , & profitèrent de
l'obfcuritc pour l'égergcr , en 549.
Il n'avoit régné qu'environ 18
mois.
THEJiENEAU » Voy, Imbert.
I. THEVENOT . ( Jean ) voya-
geur , mort en 1667 ; le mêœe qui
apporta, dit-on , le café en France ,
en 1656, eft auteur d'un Voyr.gz
enAfie, Arafterdam, 1717» 5 ^^^î*
in-ii. Il y en a une ancienne édi-
tionigen 3 vol. in-4°. Ce Recueil
eft eftimé -, & quelques auteurs l'ont
attribué 9 Mêlchlftdcch Tkevmot , qui
eft l'objet de l'article fuivant. La
pureté de la diftion n'eft pas^ ce
qu'il faut rechercher dans ces deux
voyageurs.
II. THEVENOT, ( Meîchi-
feȔech) tiaquit avec une paflion
extrême pour les voyages,. & dès
fa jeuneffe il quitta Paris , fa pa-
trie, pour parcourir l'univers. 11
^ ne vit néanmoins qu'une partie de
l'Europe -, mais l'étude des langues ,
& le foin qu'il prit de s'informer
avec exaé^itude des moeurs & des
coutumes des diflGérens peuples ,
le rendirent peut-être plus habile
dans laconnoiflancedes pays étran-
gers, que s'il eût voyagé lui-même.
Une autre inclination de Thevenot
étoit de ramaffer de toute part les
livres & les manufcrîts les plus
rates. La garde de la bibliothèque
du roi lui ayant été confiée, il
^augmenta d'un nombre confidé-
rable de volumes qui manquoient
à ce riche tréfor. Thevenot aflifta au
coaclave tenu après la mort d'In-
nocent Xs il fut chargé de négocier
avec la républiaue de Gênes , en
qualité d'envoyé du roi. 11 remplit
cet emploi alfe: fuccès. Uae fièvre
double-tierce , qu'il rendit continue
^ par une dicte opiniâtre, l'emporta
T H I
le 19 O^obre 1691 , 4: 71 ans. On
a de lui : 1. Des Vtyages^ 1696 ,
•2 vol. in-fol. , <lans lefqucls il a
inféré la Defcrîptîon d'nn Niveau de "
fon invention , qui eft plus sûr 8c
plus jufte que les autres Niveaujc
dont on s'étoit fervi auparavant!
IL L'^rr de nager, 1696, in-li. Il
faut joindre au recueil intéreffant
& curieux de fes Voyages , un petit
vol. in -8°, imprimé à Paris en
1681. Foyei Charleval, û*
Greaves.
THEVET , ( André ) d'Angou-
lême, fe fit Cordelier , & voyagea
en Italie , dans la Terre-Sainte , en
Egypte , dans la Grèce & au BréûL
De retour en France en 1556, il
quitta le cloître pour prendre l'habit
eccléfiaftique. La reine Catherine de
Médias le fit fon aumônier , & lui
procura les titres d'hiftoriographe
de France &-'de cofmographe du
roi. On a de lui : I. Une Cofmo^
graphie. IL Une Hifloire^des Hommes
Illuflres , Paris , 1584 , in-fol. » &
167 1 , in-i2 , 8 vol. : compilation
mauftade , pleine d'inepties & de
menfonges. II I. Singularités de la
France AntarHique , Paris , 1558,
in-4** i livre peu commun. IV. Plu-
fieurs autres ouvrages peu eftimés.
L'auteur s'y montre le plus crédule
des hommes ; il y entafle « fans
choix & fans goût, tout ce qiû fe
préfente à fa plume. Ce pitoyable
écrivain mourut le a 3 «Novembre
X590 , à 88 ans.
THEUTOBOCUS, Voye^ Ha-
BICOT.
I. THIARD , ou TYARD de
Bissi , ( Ponthus de ) naquit à BiflTy,
dans le diocefe de Màcon , en 1 5 21,
du lieutenint - général du Mâcon-
nois. Les belles-lettres , les mathé-
matiques , la philofophie & la théo-
logie Toccuperent tour-à-tour. Il
fut nommé à Tévêché de Châlons
par le roi Henri UI, en 1578 j &
il s'en démit vingt ans après , en
T Hï
ftvew de fon neveu. Recoflnolf-
fant eavers ce monarque , il fe
roidit lui Teul aux Etats de Blois,
en 1588, contre le Clergé qui rie
lui était pas favorable. On a de lui :
L Des PoéJUs françoifes , in - 4® ,
Paris, 1573- M' I^cs Homélies y &
divers autres ouvrages en latin ,
in-49. Ronfard dit qu'il fiit l'intro-
duâeur des Sonnets en France j mais
il ne i\it pas celui de la bonne poéûe.
Ses vers , iî applaudis autrefois ,
font infupportables aujourd'hui.
Ce prélat mourut , dans fon châ-
teau de Bragny , le 23 Septembre
160 y , à 84 ans. 11 conferva juf-
qu'à la fin ^e fa vie , la vigueur
de fon corps & la force de fon ef-
prit. Il foutenoit cette ïorce par le
meilleur vin qu'il buvoit toujours
Êms eau ; mais il n'étoit pas pour
cela intempérant *, cette boiflbn lui
étoit néceffaire pour foutenir fes
forces. Il fe fit* une Epitaphe qui
commençoit par ces deux vers :
Non uncor longue, duldsque cupldlnt
^ vlta :
Sai vlxU , cul non yita puisnda
fuit,
II: THIARD DE Bissy,( Henri
de) de la même famille que le précé-
dent j devint doâeur de la maifon
& fociété de Sorbonne, puis évê-
que de Toul en 1687, enfuite de
Meaux en 1704, cardinal en 1715; ,
8c enfin commandeur des Ordres du
roi. Son zèle pour la défenfe de la
Conftitution Unîgcnltus, ne fut pas
inutile à fa fortune. On a de lui
plufîeurs Ouvrages en £aveur de
cette BuUei Ce cardinal mourut le
19 Juillet 1737, à 81 ans, avec
une réputation de piété. On'a parlé
de lui fi diverfement, qu'il efl bien
difficile de le peindre au naturel. Son
Traité Thcologlque fur U ConJVtutlon
Unigenitus , en 2 vçl. in-4", pafTe
pour un des plus eilimés & des plus
T H ! 9^
complets fur cette matière. Ses /n/-
truHlçns PaftoraUs , in-4^ , n'eurent
pas le même fuccès. Voy, Oejeimon.
THIARINI , ( Alexandre ) dit
tExpmJfif^ peintre de l'école de Bo-
logne, enrichit cette ville de fes Ta-
bleaux. Sa manière eft grande , mais
quelquefois indécife; fon coloris
eu ferme & vigoureux^i a rendu
heureufement les différentes paP-
fions. Ce peintre, né à Bologne
en 1577, mourut âgé de 91 ans,
en i66S{
THIBALDEI, Voy. Tibaldei;
THIBAUD ou Theodebalde ,
roi d'Auflraiie , monta fur le trône
en 548 , après la mort de fon père
Théodtben L JufiinUn voulut l'en-
gager à prendre les armes contrs
les Goths i mais Thlbaud mourut
peu de temps après , âgé d'environ
20 ans, fani laifler de poflérîté.
On cite de lui un Apologue ingé-
nieux. Un homme de fa maifon
qui s' étoit fort enrichi à fes dépens^
demandant fa retraite pour aller
jouir de fes larcins, le roi le fit
venir & lui dit : " Ecoute , maître
fripon : Un ferpent fe gliiTa ua
jour dans une bouteille remplie de
vin , & en but tant qu'il s'enfla au
point de n*en pouvoir plus fortir.
Alors le maître de la bouteille
adrefTa ces paroles au ferpent grofïi
outre mefure: Rends ce que tu as pris ,
& tu fortiras enfuîte tout avffi alfément
que tu es entré* Voilà le fcul fecm
qui te re/ieti.
I. THIBAULT, (S.) ou Thi-
B AUD , prêtre , né à Provins d'une
famille illuflre, fe fanûifia par les
exercices de la vertu & de la mor-
tification. U mourut l^an 1066 , au-
près de Vicence en Italie, où il
étoit allé fe cacher pour fervir
Dieu avec plus de liberté.
II. THIBAULT IV , comte de
Champagne , & roi de Navarre^ ni
r
$6 THr
pofthiime en 1 10^ , mort à Pampe-
hine en 1253 , monta fur le trône
de Navarre après h mort de San^ht
le Fort, Ton oncle maternel, en
12.54. Il s'embarqua • uelques années
après pour la Terre-fainte. De retour
dans (es états , il cultiva les belles-
lettres. Il aimoit beaucoup la poéGe>
te répand^ fes bien&its fur ceux
qui f ;; diumguoient dans cet art. Il
a -réuilî lui-même à faire des Chan-
fons. Ses vertus lui méritèrent le
furnom'de Grande & fes ouvrages
celiû de Fuîfiur de Chanfonf, » UJU
même pour la reine Blanche , des Vers
tendres^ ( dît Boffuet) qu'il eut UfolU
de publier m. Cependant Livefque de Ia
RavgUiere^ qui a publié fes Podfics
avec des Obfervations, en 2 voK
in-i2 , 1741, y foutiem que ce que
Ton a débité fur les amours de ce
prince pour la reine , eft une fable.
On trouve dans cette curieu&édt-
t< on un Gloi&ire pour l'explication
des termes qui ont vieilli. Thi-
hxult eu principalement connu par
fes Chanfons,Le9 leâeurs quipour«
ront s'accoutumer au langage de
fon fiecle, remarqueront de la ten-
drefTe dans fes fentimens , de la
délicatefie dans fes penfées , & une
naïveté admirable dans fes expref-
iions. Ils s'appercevront que l'au-
tenr ne manquoit pas d*une cer*
taine érudition. On trouve dans
plugeurs de fes Chanfons , des traits
de THiiloire fainte y proÊme &
naturelle -, & quelques-uns tirés de
Il fable & des romans* Il méri-
teroit une eftime fans réferve , ( dit
Ij RavallUre^ ) fi fes images n'étoient
pxs Quelquefois trop découvertes
& trop libres. Ce poëte eft le pre-
mier, fuivant M. l'abbé Mafjitu^
qui ait mêlé les rimes mafcalines
avec les férrjnines, & qui ait fenti
Usagrémens de ce mélange. Ce mé-
rite eft d'autant plus grand , que ,
{ans les Cantiques grodiers^de ce
lîmps-là , les riates françoifes q^*oa
T Ht
inouliMt mettre en chant, éioiefff
toutes mafculines. Les rimes, fémi'»
nines ne furent chargées de noces
que long-temps après.
III. THIBAULT, avocat dd
Nanci , fa patrie , né en 1700 , &
mort en Juillet 1774, à 74 ans„
plaida avec fuccès. On a de lui
quelques Ouvrages, dont le plus^
important eft fqn Hlfioîre des iaL &
ufu^ de la Lorraine & du Barrais
dans les matières hénéficlaUs , Nanci ,
1763, in-foU II faifoit audi des
vers ; mais , il ne réuffiflbit pas eif
poéiîe comme en jurifprudence.
THIBOUST, ( Claude-Charles)
né à Paris en 1706, êit imprimeur,
du roi & de l'univerftté. Dégoûté
du monde, il emra au noviciar àe&
Chartreux-, & s'il ne fît pas pro-*
fefEon dans la règle de Saint-Bruno «
il conferva toute fa vie, pour cet
Inftitut , r^tachement le plus ten-
dre. Cette inclination le porta à faire
une Traduâion en profe françoife , -
des vers latins qu'on lit dans Uur
petit clpitre de Paris. Ces vers ren-
ferment k vie de Saint Brunù , peinto
par le Sueur dans 21 Tableaux , qui
font l'admiration des artiftes & de<
connoifteurs. Thtboufl fit deux édi-<
tions de fon ouvrage. La i'*^ eftv
in-4°, en 1756, fans gravures. Cec
imprimeur travailloit à une Tra^
du(^i6n A* Horace lorfqu'il mourut
le 27 Mai 1757, à Bercy, âgé de
5 1 ans. On a encore de lui la Tra-»
dudion du Poëme de V Excellente
de ^Imprimerie , qu'avoit compofé
fon père :il la fit paroitre en 1754,
avec le htin à coté. Son père ( Claude^
Louis ) s'occupa particulièrement de
l'impreffion des livres de clafTes ; &
il y travailla avec beaucoup de fuc-
cès. Il pofTédoit les langues grec"
que & latine , & avoir pour fon
art cette eftime & cet enthoufiafme»
fans lequel il eft difficile de réuffir. j
Qa verra avec pHûfir uh difUque
de
r
T H t
ile Thikottft, fur la prééminence de
rimprimerie :
ifohWtant artis mutas as » marmo^
ra , faxum ;
PntÙÊM ari^/axo , marmorlkup
que prœfl,
L THIBOUVIIXE, (N. bar<5n
de) né à Rouen en 165^ , mort
dans la terre dont il portoit le nom
en 1730 , fut lié dès l'enfance avec
Fontaullt fon compatriote. Aimable-
comme lui dans la fodété, il fit
des Chanfons , des Epigrammes , des
Madrigaux qui, au mérite de Tà-pro-
pos t jôignoient celui de l'agrément.
11 avoit compofé dans fa jeuneffe
u& Poëme en trois chants , intitulé :
L*ATt dahncr , qu'on trouve dans
une édition fautive , en 4 vol. i n- 1 2,
des Œuvres de l'abbé de Gr&court ,
dont il n'avoit ni la licence, ni
l'efprit iktirique. Mais on défîre-
roit dans cet ouvrage , ainii que dans
ceux que fa famille conferve en
•manufcrit, un coloris plus vif,
moins de monotonie dans la coupe
des vers alexandrins, des images
moins communes .& un flyle plus
correé^. Le baron dcThibouvîUe avoit
prefque toujours vécu en province »
loin de l'intrigue , & libre de toute
ambition. Il s etoit marié deux fois ,
&na laiiTé des enfans que de fon
fécond mariage.
IL THIBOUVILLE , (Henri de
Lambert d'Erbigny, marquis de) an-
cien colonel du régiment de la Reine
dragons , mort à Paris le 16 Juin
1784, efl auteur de deux Romans ,
l'un intitulé : V Ecole de fAmîtU^
1757» ^ parties in-12; & l'autre,
le Danger des PaJJîons ,1758,2 vol.
m-12. On a aufli de lui deux Tra-
gédies, Ramlr & Thélamire. Quoique
ces deux Pièces ne foientpas excel-
lentes , l'auteur étoit un homme de
beaucoup d'efprît.
1. THIERRIl", roi de France.
3* fils de ciovis II , Çc fcere de
J'orne I2Ct,
t H I 97
Ciotaire 111 Bi de Childtbtrt U , monta
fur le trône de Neuflrie & dé Bour-»
gogne , par les foins dJEbroin maire
du palais,en 670. Mais peu de teitips
après , il fiit rafé par ordre de ChiU
derlc roi d'Auilraiie, & renfermé
dans l'abbaye de Saint-Denis. Après
la mort de fon perfécuteur , en 67 3 ,
il reprit le fcq>tre & fe laifTa gou»
verncr par Ebroin , qui HErifîa plu-
iîeurs têtes illuilres à (es paffions.
Pépin maître de ]'Au{lra(ie,lu; déclara
la guerre , & le vainquit à Tefhi
en Vermandois, Tan 687. Ce prince,
que le préûdent Hénauà nomme
Thierrllll ^ mourut en 691 , à 39
ans. Il fut père de Ciovis III ai de
Childcbert 111 , rois de France.
II. THIERRI II ou IV , roi de
France , furnommé de Chelles , par cQl
qu'il avoit été nourri dans ce mo«.
naftere , étoit fils de Dagoben III g
roi de France. Il fut tiré de fon
cloître pour êo-e placé fur le trône,
par Charles Martel, ca 710. 11 ne
porta que le titre de roi , & foa
miniflre en eut ,toute Tautorité.
Thierri mourut en 737 » à 25 ans.
Après fa mort il y eut un interre-,
gnc de 5 ans, jufqu'en 742.
m. THIERRI I**', ou Theodo-
Ric , roid'Auftraûe, fils de Ciovis 1
roi de France , cwt en partage. Pan
5 1 1 , la ville de Metz capitale du
royaume d'Auilraiie, l'Auvergne,
le Rouergue & quelques autres
provinces qu'il avoit enlevées aux
Wiiîgoths pendant la vie de Clotis
fon père. En 5 1 5 , une flotte de Da-
nois ayant débarqué à l'embouchure
dela^Meufe, pénétra jufque dans
fes terres. Thdodebert fon fils , qu'il
envoya contre eux , les vainquit ^
& tua Clochilaic roi de ces Barbares*
U fe ligua en 528 avec fon frère
Clotairel, roi de SoifTons , contre
Hermenfroi , qu'ils dépouillèrent der*^
fes états & qu'ils firent précipiter
du hfiut des murs de Tolbiac , où ils
ravQÎeRt ^ttiïé fous la promefie de
Q
ç« t H î
ie bien traiter. Dans ces entrefaites ,
Çhildtbtn fon frère, roi de Paris, fe
jeta fur l'Auvergne. TA/Vm courut
à ia défenfe , & obtint la paix les
armes à la main. Il mourut au bout
de quelque temps en 5^4 , après un
règne de 23 ans , âgé d'environ
j 1 zxi%ShUrri étoit brave à la tcte des
armées , & fage dans le confeil ;
mais il étoît dévoré par l'ambition ^
H fê* iêrvoit^ )dé tout pour la Tatis-
faire. Il fut le premier qui donna
'Ae& lois aux Boïens , peuples de
Bavière, après les avoir faitdreffer
par dliabiles iurifconfulres. Ces
lois fervirent de modèle à celles
île rerapereur Jufiîmen,^. Voy, Her-
MENFROI.
IV. THIERRI il, d«f HÈoDô-
KXG U Jeune ^ roi de Èourgogne&
4'Auilraiie , deuxième âl& de Chîl"
étbeti , naquit eh 587. Il pafTa
avec ThéoeUbert lî , fon frère , les
premières années de fa vie fous
la régence de la reine Btunthaut,
leur aïeule. Théodém lui ayant
été le gouvernement du royaume,
cette princeffe irritée _fe retira à
Orléatis vers Thîem , à qui elle
perfuada de prendre les armes
contre fon frère , Taffurant qu'il
n'étoit point fils de Chiltkbtn , &
qu'elle l'avoit fuppofé à la place
de fon fils aine qui étoit mort.
Thîerrl obligea Théodeben de fe ren-
fermer dans Cologne , où il alla
Tafiiéger. Les habitans lui livrèrent
ce malheureux prince, qui fut en-
voyée Brunehata , & mis à mort
par les ordres de cette princefiTe
inhumaine. Thîerri fit périr tous
fes ehfani , à la^Téferve d'une fille
(d'une rare beauté , qu'il voulut
epoufer. Mais Brunehaut craignant
qu'elle ne vengeât fur elle la mort
ie fon père > dit à fon petit - fils
qu'il ne lui étoit pas permis d'é-
poufer la fille de fon frère. Alors
ThUrrl , furieux de ce qu'elle lui
vàùiut ia pericet* de fon e^)
mais on l'arrêta , & il fe récon«
cilia avec fa mère qui le fit em*
poifonneren 61 ). Cette mort d'un
prince foible & cruel « n'excita
aucuns regrets. > <
V. THIERRI DE NiEM . natiÉ
de Paderborn en Weftphalie , fe-
crétaire de plufieurs papes , paila
environ 30 ans à la cour de Rome»
11 accompagna Jean XXII J au coo*
eilede Confiaace , 61 il mourut pea
de temps après vers l'an 1417 #
dans un âge avancé* On a de lui'r
I. Une Hlfioîre du Schi/me des Papes ^
Nuremberg > 1592 , in-£ol. Cet ou-*
vrage, divifé en 3 livres, s'étend
depuis ia mort de Grégoire XI ^
}ufqu'à réleâion &' Alexandre V\ ii
y a joint un "Traité intitulé : Nemitâ^
wiionîs , qui contient les pièce»
originales écrites dé part & d'autrci^
touchant le fchifme. II. Un autie
livre qui rentérme la Vit du pape
Jean XXI2I ^ a Francfort, 1626»
în-4^. IIL Le Journal de ce qui '
fe paifa au concile de Confiance,
jufqu'à la dépofition de ce pape*
IV.. Une Inveàive véhémente contre
cet infortuné pontife , fon bien*
faiteur. V. Un Livre touchant le^
privilèges & les droits des empe-^
teurs aux invefiitures des évêques ,
tlans Schardxl Syntagma de Jmperlali
Juri/dlcHone , Argentorati > 1609 ,
in-fol^ thlerrl , homme aufiere &
un peu chagrin , lait un portrait
aifreux de la cour de Rome & dti
clergé de fon tempsw II écrit d'un
fiyle dur & barbare; mais il ae dit
malheureufement que trop vrai
fur ie& défordres de fon fiecle.
THIERS , ( Jean-bapêfte) favane
bachelier de Sorbonne , naquit k
Chartres vers 1636 ,. d'un caba*
retier. Après avoir profefiTé le»
humanités dans l'univerfité de Paris,
il fut curé de Champrond au dio-*
cefe de Chartres , où il eut quel*
ques 4éQi^léfi avec i'^chidiaoea
j^ùr les droits des Curés clet>or*
ter l'étole dans le cours de fa vi-
&e. Cette, affaire n eut pas lefuccès
tju'il fouhaitoit. L'abbé Thiers fe
brouilla avec le chapitre. Le fujet
de ce démêlé vint de Tavarice des
thanoines de Chartres , qui louoient
les places du porche de i'égUfe «
pour y vendre des chapelets &
dcschemifes d'argent. L'abbé Thîers
défapprouva cet ufage , & fe fit des
tnnemis. L'abbé Robert , grand-ar-
chidiacre & grand-vicaire , & Tabbé
Patin-^ officiai , fe montrèrent les
:plus acharnés. Ge fut contre le pr«-
knier que Thiers fit une Satire en
proie , connue fous le nom de la
âaïue - Robert, Cette turlupinade
groffiere troubla fon repos. On
porta plainte devant l'ofHcicd ; 6c
fur les informations, Thîers fut
décrété de prife - de - corps. Un
huiffier de Chartres fut chargé du
décret , & ^lla chez lui bien ac-
totnpagné & avec toutes les pré-
cautions qu'il auroit prifes pour uit
gouverneur de citadelle. ThUrs étoit
alors à fa cure de Champrond. Il
reçut cette compagnie d'un air aifé i
la combla d'hoqnêtetés , lui donna
)nen à diner , Se s'engagea à fui-
vrè, fans qu'oti lui fît violence «
lliuifficr & le> cavaliers de la ma-
réchauffée qui Taccompagnoient*
Cc[>endant il avolt ordonné^ fecré*
iement que , pendant le dîner , ort
ferrât à glace fa jument. Le dîner
fini , il part avec fon efcorte ; &
quand ils furent à un étang glacé
^ui étoit fur la route , il fe fépara
d'eux & leur édiappa , fans qu'ils
Ofaffent le fuivre. Il £e redra au
Wans , où M. de la Vergne de Trejfan ,
^ui en étojt évéque , le reçut d'une
winiere diilinguée. Il appela
Éomme d'abus de la procédure cri-
ninelle faite à Chartres , & il fut
pleiRcment déchargé des .accûfa-
tiotis intentées contre lui. L'cvêque
du Man$ le poHrvut d« la cure 4.e
Vibràle , & écrivit à Tévêque d4
Chartres , »» qu'il lui avoit beaucoup
d'obligadon de lui avt)ir envoya
le Thiers de fon diocefe ; & que A/
les deux autres parties étoient dit
même prix , il s'en accommode-*
roit bien»». C'eft M. VahhéExpllâ.
qui rapporte ces anecdotes dans
fon Dlàlonnaîre des Gaules. Thlerà
mourut à Vibraie le 28 Février
1705 , à 6 j ans. Cet écrivain avoî*
de l'eiprit , de la pénétration , un6
mémoire prodigieufe , & une éru»»
dîtion très- variée ') iQaisfon caraco
tere étoit bilieux , faririque & in-*
quiet. Ce que fa févéritc avoit d#
bon , c'eft qu'il l'étendoit fur lui-
même comm0 fur les autres. Il
avoit beaucoup de goût pour 1#
genre polémique, & il fe plaifdit
à étudier & à traiter d^s matières
fingulieres. 11 a exprimé dans fe»
livres le fuc d^ine infinité d'autres %
inais il ne choifît pas toujours le»
auteurs les plus autorifés , les plus
folides 6c les plus exaûs ; Se il
paroît qii'en farfant fes livrés il n'^
été quelquefois occupé qu'a vide^
fes porte-feuilles , & à dégorger f^
bile. Ses principaux Ouvrages fonts
I. Un Traité d:s JuperftUî^ns t^ul re^
gardent les Sacremats ^ en 4 V0I4
in-z2 : ouvrage utile» & qui auroii
été agréable a lire, même poujf
ceux qui ne font pas théologiens , fî
l'auteur avoit été moins diffus > &
i'étoit |>ermLs moins-de digréflions^
Il auroit pu encore fe difpenfer dd
i^maffer toutes les pratiques fuperf-
litieufes répandues dans les livres
défendus ; aufH lui rdproche-t on
d'avoir tait plus de nslades qu'iH
ft'en a guéri. II. Traité /c lUxpjC'fitiofà
du Saint-Sacrement de l* Autel ^ Paris ^
1665 , in-i2 -, & 167^ , en 2 voJ*
in- 12. C'eft , à ce qu'on prétend ^
fon meilleur ouvrag<î , du moins
celui qu'il a écrit avec le plus d^
fageffe & de méthode. 111. L'Avocat
des pauvres , ^m fait vUr Us êbll^
Q il
ioo T H I
nations fu*ont les BénéficUrs ie faire
vn bon ufagt des biens de VEgUfe ,
Paris , 167$' 5 in-i2 : livre dont
la morale, fondée fur la }u{lice
& les canons , paroîtra effirayante
à beaucoup de bénéâciers mo-
dernes. IV. Dijfcrtations fur les Por-
ches des Eglifts , Orléans, 1679 ,
in- 12. V. Traité de Clôture des Reli"
^îto/Àr, Paris , 168 1, in- 12. Ce n'eft
qu'un recueil de Décrets des Con-
ciles , & de Statuts fynodaux fur
cette matière. L'auteur, qui n'apref-
quefait que cçmpiler , interdit aux
médecins & aux évêques mêmes
rentrée des Maifons de filles. VI.
■Exerdtatio adversns Joannem de Lau-
noy. VU. De retinenda In Eccle-
fiajîicîs Uhris vocç PaRACLITUs :
( Voy. Sanrey. ) VIII. Be Fefio-
rum dlerum hnminutlone liber. Il y a
dans ce livre de Pérudition & des
vues fages don^ quelques évêques
ont pro5té. IX. Differtadon fur
VInfcription du grand Portail du Cout
vent des Cordeliers de Rheims , conçue
en ces termes : Deo^ Homini-^ &
fi. pRAif CISCO , utrîque Crucifixo ,
1670 , in-i2. Ce petit ouvrage ,
curieux & rare , cft divifé en huit
chapitres. Après avoir nettement
établi la doôrine de l'Eglife tou-
chant le culte des Saints , .l'auteur
attaque avec force les fuperiUtions
des faux dévots. L*infcription blaf-
ph;^matoire des Cordeliers vient
cnfuite. Il l'examine avec beau-
coup de fagacité , & d'une manière
non moins fenfée qu'agréable. Il
la trouve plus étrange que iî l'on
dédioit ua livre , un tableau ou
une thefe au pape & à un de fes
cameriers , en y ajoutant ces pa*
rôles : Utrîque Sunclîjjimo ; au roi
très-Chrétien & à un de fes minif-
^res ; Utrîque CbriJlian'Jfimù ; à M.;
le cardinal Antoine Barherîn , arche-
vêqu»; de Rheims , & à M. Thuret,,
Tun de fes grands- vicaires : Utrîque '
Smîneatîjpmo j à un évêque 6c à fon
àumomef : Utrîque IHuftrîJfhnû ; i
un préûdent à mortier &' à fon
fecrétaire : Utrîque Infulato \ &c. X.
Traité des Jeux permis & défendus ,
Paris» 1686, in-12 : livre que les
gens du momde, & même quel-
ques eccléfiaftiquss trouveront bien
févere , fur-tout aujourd'hui que
le jeu n'eft pas un délaffement ,
mais une occupation. IX. Differta-
tlonsfur les prlnclpatix Autels des Egâ-
fes , Us Jubés des Eglîfes , & la Clôture
du Choeur des Eglrfcs , Paris , 1688 ,
in-Il. XII. HJ/loire des Perruques ^
où l'on fait voir leur origine y leur
vfage , leur forme , l'abus & rîr/égw
larlté de celles des Eccléfiajiîques ,
Paris, 1690, in- 12. Les recherches
de ce livre , & les traits fatlrique^
contre les abbés frifés & mufqués,
l'ont fait lire avec plaifw. XIII.
Apologie de M. l'abbé de la Trappe
contre les calomnies du Père de Sainte-
Marthe ; Grenoble, 1694, in-iz*
Il y a des traits très-piquans contre
les Bénédîûins de Saint-Maur ,
mais peu de bonnes raifons. XIV.
Traité de l'Abfolution de VHérifi:^
XV. Dijfertation de la faînte Larmt
de Vendôme , Paris, 1699 , in-i2. ■
XVI. De la plus f onde , de la pLi*
njctffaîre O de la plus négligée des
Dévctions , 1702 , 2 vol. in-12,
XVII. Des Obfervations fur le nou^
yeau Bréviaire de Cluny, 1704,
2 voL in-12 -, pleines de minuties»
dehiauvaifes chicanes » & qu'on ne
rechercheroit pas , fi elles n'aboient
été fupprimées dans le temps^
XV III. Une Critique du livre des
Flagellans , par l'abbé Boileau ^
in-12. Cette Réfutation d'un ou-v
vrage judicieux , eft longue , foible
et ennuyeufe. Ceft le jugement
qu'en porte M. l'abbé P/uquu. XIX»
Un Traité des Clochis^ 1721, in- II.,
XX. Factum contre le Chapitri^ dq^
Chartres, in-12. XXI. La Sauce-^
Robert ^ ou Avis jalutaire à Mcjfîre
Jean Robert , grand-Arehidiacre , l'^*
r
• T H I
parue , 1/S76 , in-8° ; 2* partie ,'
1678 , in-8**. La Sauce-Robert juf"
tifiée , à Af . de Riantz , Procureur
du Roi au Châtdet ; ou Pièces^ em-
pioyées pour la jufilficatîon it la
Sauce-Rol>eTt, 1679, in-S**. Ces trois
ivochurcs fe relient en un fcul vo-
lume , par les amateurs des pièces
fatiriques.
THIL, ?^q[ Guerre.
THIMOTHÉE , Voytx f IMO-
THÈE.
THIOUL , ( Antoine ) habile
horloger de Paris, mort en 1767 ,
s'eft &k ua nom par un favant
TrcLiU d^ Horloglographle , I741 « 2
vol. în-4° , avec figures. 11 fut k
rival de JuUdn le Ray , pour les con-
noiiiances théoriques , & pour l'art
de les mettre en pratique.
THISBÉ. F'o>'«lPïRAME.
THOAS , Voyei Iphigénie.
THOINOT ARBEAU, Voyti
Tabourot.
THOLA , de la tribu d'Iffachar ,
fat établLjuge du peuple dlfraël, Tan
U31 avant J. C, & le gouverna
pendant 28 ans. C'eft fous ce )ùge
qu'arriva l'hiftoire de Ruth.
THOMjEUS , furnom donné à
iTicolas Léonlc ^ Voy. LeonIC.
THOMAN , ( Jacques-Erncft )
habile peintre , né à Hagelftein en
1588 , fut élevé d*Elshaîmer, Il
imita fa manière , au point de
tromper les connoilTeurs. Il tra-
vailla pour l'empereur au fervice
duquel il s'^oit mis ; & termina fes
jours à Landan , on ne fait en
quelle année.
I. THOMAS , furnommé Dy-
DIME , qui veut dire Jumeau.^
Apôtre, étoit de Galilée. Il fut
appelé à r^oflolat la z^ année
de la prédication de J. C. Le Sau-
veur , après fa réfurreftion , s'étant
fait voir à fes Difciples , Thomas
«e fe trouva pas avec eux lorfqu'il
vint, & ne voulut rien croire de
cette apparition. Il «^outa qu'il ne
T H O 101
troîroU point que Jefus-Chrift/ut ref"
fufclti , qu'il ne mUfa main dans Vvu^
verturc de fon c6té, & fes doips dans
les trous des clous. Le Sauveur con-
fondit fon incrédulité en lui ac-
cor^lant ce qu'il demandoit. Après
l'Afcenfion» les Apôtres s'étant dif-
perfés pour prêcher l'Evangile par
toute^ la terre , Jhomas porta fa lu-
mière dans le pays des Par thés ,
Aqs Perfes , des Medes , & même ^
fuivant une ancienne tradition ,
iufque dans les Indes. On croit
qu'il y fouffrit le martyre dans la
ville de Calamine , d'où fon corps
fut tranfporté à Edeffe où il a toi^
jours été honoré. D'autres préten-
dent que^ ^ fut k Meliapour ou
San-Thomé , autre ville des Indes,
que ce Saint fut mis à mort. Les PÔr-
uigais foutiennent que (on corps
y ayant été trouvé dans les ruines
d*une ancienne Eglife qui lui étoit
dédiée^ on le tranfpora à Goa ,
où on rhonore encore aujourd'hui.
Mais cette découverte eft appuyée
fur des raifons trop peu décifives'
pour mériter le moindre degré de
certitude.
n. THOMAS, né d*une famille
obfcure , parvint de l'état de fimple
fbldat , à celui de commandant des
troupes de l'empire fous Léon tAr^
ménicn. Cette élévation inefpérée
lui donna l'idée d'afpirer au trône
des Céfars. Léon ayant été afTailîné
Tan 820 , il prit l^s armes fous pré-
texte de venger fa mort. Soutenu
par les troupes qu'il commaridoit,
& par l'armée navale qu'il avoit
eu l'adrefle de gagner , cet ambi-
tieux fe fit paiTer pour le fils de
l'impératri<ie Irène , & fe fit cou-
«"Onner à Antioche par le patriar-
che Job, Déjà il vint mettre le
fiége devant Conflantinople ; mais
ayant été battu à diverfes reprifes ,
par mer & par terre « il fe fauva
à Andrinople , où les habitans le
livrèrent à Michel le Bègue , fuccef-
Giij
561 T H 0
feur ée léon^ qui le Ût mourîfi
dprès lui avoir faitfouifrir des tour-
mens horribles, l'an $22. Telle Rit
la fin cruelle, mais bien méritée».
4e cet ufurpateur.
111, THOMAS v% Cantor-
SERT , ( Saint ) dont le nom de
limille étoit Buquu » vit le }our à,
Londres , le 21 Décembre 11 17.
Après avoir Ê^itfes études à Oxford
& à Paris « il retourna dans fa pa^
irie , & s'y livra à tous les plaifirs
4l*une jeuneiTe diiHpée ; mab un
Ranger qu'il courut à la chaiTe , le
£t rentrer en lui-même. La iurifpru-
clence des affaires civiles auxquel-t
les il s'appliqua avec affiduité , lui
£t un nom célèbre. Thihtud^ arche-?
vêque de Cantorbery, lui donna
Tarchidiaconé de Ton églife , & lui
obtint la dignité de chancelier d' An^
gleterre , fous le roi Henri II , qui
réleva, en 11 62, après bien de
iré/îfiance de fa part , fur le fîége
de Cantorbery. TAowtfj ne vécut pa&
long- temps en paix avec fon fou-»
verain , comme il le lui avoit pré-»
dit. Les Anglois prétendent que les
firemieres brouilleries vinrent d'un
prêtre qui commit un meurtre ,, &
que l'archevêque ne punit pas affeîS
rigoureufement -, mais la véritable
•rigine fut fon zèle pour les pri-
vilèges de fon Eglife. Ce zèle , qui
paroifToit trop ardent au roi & à
ics principaux (bjets , lui fit bien
4es ennemis. On Taccufa devant les
yairs d'avoir malverfé pendant qu'il
occupoit la charge de chancelier,
dont il venoit de fe démettre -, mais
îl refufa de rép^ondre à ces impu-
terions ipjuftes , fous prétexte qu'il
ëtoit archevêque. Condamné à U
srifoa. par Its pairs eccléfîaflîques
çc féculiers , il fe retira à l'abbaye
de Pontigni , & enfuite auprès de
JLouts U Jeune ^ roi de France. 11
excommunia la plupart des fei-
gneurs qui compofcMent le cqnfeil
jlç ^SmK H lui ç<;riy it : h tous 49U ^
T HO
h h vhhi 9 révénnte comme i^ motk
Roi } mais je vous dois châtiment ^
fommeà mon fils fpîrkueL 11 le me-
naça , dans fa lettre , d^être changé
en bête comme Nahuchodonofor^
Louis U Jeune , qui avoit d'al>Ord
favorifé Thomas , ayant conclu m»
traité avec Hentt II , tâcha de-mé«^
nager un accommodement entre l#
roi d'Angleterre & le prélat. Henri
acceptoit les proportions , avec la
çUufe , fauf CautoTÎté royale; — ÔÇ
Thomas , fauf Pkonneur de Dieu ^
les libertés de r Eglife. Cette dernière
reflri£lion rompit les mefures. L&
monarque Anglois dit un jour, eor
préfence àeLou^s i lly a eu^plufievrsi
Rois tC Angleterre ; U y a en plufieurs
Archevpques de Cantoriery» Que Becqueib
m* accorde la foumîffion que le plusfaînt:
4e fes prédécejfcurs a pratiquée envers
le moindre des miens ; je n'en demandât
pas davantage Enfin cette grande
querelle fut terminée par un com-<
promis , très-favorable à rarchevê-^
que de Cantorbery. Oa ne l'obligea
point de renoncer à fes préten-^
tions; on convint de laifTer dans^
l'oubli dts queftions délicates qu^on
n'auroit peut-être jamais dû agiter^
5. Thomojs revint en Angleterre
l'an 1170, & la guerre ne tarda
pas d'être rallumée. Il excommunia
quelques eccléfîafliques , des évê-»
ques , des chanoines , des curés «.
qui s'étoient déclarés contre lui , 8c
en particulier l'archevêque dTorck,^
pour avoir facré en fon abfence
le fils aîné de Henri, aïïbcié à la
couroque. On fe plaignit au roi«
qui ne put rien gagner fur l'arche^
vêque , parce qu'il croyoit foutenir
la caufe de Dieu, Henri II étoi%
alors en Normandie ,dans fon châ-
teau de Bures près de Caen , & noiir
près de Bayeux , comme le dit.
Smolat. Fatigué par ces dijfferens,,
& perfbnneUement irrité contre
Thomas , il s'écria , dans un excè^
de çolçre: Efi^îlpoffiblc quat^im^
r
T HO
(Mur f itf j^aî comf>lés de hknfihs » ÎM
me venge iPun Pritre qui trouble mon
wwyavme T Auffî - tôt quatre de fçs
gentilshommes paflent U mer » &
vont aiTommer le prélat^ coups
4t maflue, au pied de l'autel, le
»9 Déceimbre 1170 , la 5)^ année
de Ton âge , & la 9* de fon épifo
çopat. Sa piété tendre , Ton zèle y
its vertus épifcopales , le firent
mettre au nombre des Saints , par
^exûndte 111. Henri 11 cratgnam les
foudres de Rome , )ura qu'il étoit
innocent da meurtre de $^ Thoma».
li promit de ne point faire obferver
les nouvelles lois , contraires aux
immunités ecdéfiaftiques *, de ne
point empêcher l'appel au faint^
£cge , & d'exiger feulement des
fiiretés fuffiiantes de ceux qui for-
ùroienc du royaume* Pour calmer
entièrement le pape , il alla , en
XI 74, nu -pieds, au tombeau de
Thomas ^ honoré comme un mar-
tyr & un thaumaturge» & reçut des
coups de verges et chaque reli-
gieux de l'abbaye où le Saint étoit
enféveli. On a abufé de l'exemple-
de S. Thomas pour excufer les en-t
«eprifes téméraires & les démar-
ches inconiidérées de quelques pré-
lats ; on auroit dû faire attemion
que la principale gloire de S,
ihomas ne vient pas d'avoir fou-
tenu quelques droits , fur lefquels
U auroit pu fe relâcher, mais d'avoir
£ait éclater , dans tout le cours de
fa vie, la charité la plus ardente,
& la vertu la plus pure«. On a de
hii : I. Divers Traités , pleins des
préjugés de fon iiecle. 11. Pes
Spitres. 111. te Cantique à la Vierge,
û mal écrit & fi mal rimé » fous le
titre de Gaude flore VirginaU, Du
loffi à écrit fa Vie, in- 8^ La Ktla^
tlon de fa Mort, paf un témoin ocu-
laire , fe trouve dans le Thefaurus
de Marunne,^, Voyez VHJftolre de
(es 4éméUs avec Henri 11, par l'abbé
àtipQt , doâeur de ^orbonoc*
T H O toi
ÏV. THOMAS D'AQUIN, (SJ
naquit en 1117, d'une famille il-
luftre , à Aquin » petite ville dtt
Campanie au royaume de Naples«
LandtUche , fon père , l'avoit en«
voyé , dès rage de \ ans «^au Mont<«
Caffin , & de là à Naples , où il
étudia la grammaire & la philofo-*
phie. Thomof commençoit à y faire
paroitre î^ talens , quand il entr;a.
chez les frères Prêcheurs , au cou-
vent de Saint -Dominique de Na-
ples , l'an 1 243 . Sjcs parens s'op*
poferenr à fa vocation j pour Tar-*
tacher à leurs perfécutionSt fes fupé*
rieurs renvoyèrent à Paris. Comme
il étoit en chemin , & qu'il fe
repofoit auprès d'une fontaine , fek.
frères l'enlevèrent, & renfermèrent
dans un château de leur père , où
il iux. captif pendant plus d'un anr.^
On employa tout pour le rendre-
au monde. Une £lie , pleine d'ai-
traits & d'enjouement, fut introduit)^
dans fa chambre ; mais Thomas , in^
fendble à fes carefîes , la pourfuivii
ayec un.tifoil^rdent. Ef»fin , quand.
on vit qu'il ét«ît inébranlable dans '
fa réfoiution , on fouffrit qu'il iè:
fauvât par la fenêtre, de fa chambre»
Son général , glorieux d'une telle,
conquête , l'emmena avec lui à
Paris , & le conduifit peu après ^
Cologne , pour faire fes études ibus
Mbert U Grand , qui enfeignoit avec
un fuccès diftingué* La profonde
méditation du jeunç Dominicain le^
rendoit fort tacimtne -, fes compa-
gnons le croyant ftupide , l'appel*,
lolent le Bœuf muet \ mais Albert
ayant .bientôt reconnu ia grande
capacité, leur dit : Que Us doêtes
mugiffemens de ce Bc^uf retentiraient un
jour dans tout r Univers, L'an 1146,
fon maître fut nommé pour expli«
quer les Sentences à Paris , où il
ûit fuivi du jeune TJiomas ^ qat
étudia dans l'univerfité de cette
ville jufqu'en X14S. Albert , alors
doâ<.ur «A théologie, étant r^
G iy
104 T HO
tour»éà Cologne pour y cnfeîgîiéf
cette fcience , fon difciple enfeigna
^n même temps la phîlofophie,
li^Ëcriture-fainte & les Sentences,
& parut en tout digne de fon maître.
Les différens qui furvinrent entre
les Séculiers & les Réguliers dans
l'uaiyerfité , retardèrent fon doc*
torat. Il retourna alors en Italie,
& fe rendit à , Anagni auprès du
Sape. Alhrt U Grand y étoit déjà
epuis un an avec 5. Bonaventure,
Ils y travaillèrent tous trois à dc-
f endrç leur Ordre contre Gui/laume
4c Saint-Amour^ & à faire condamner
fon livre des Périls des derniers
Temps, Elevé au doâorat en 1257 ,
le pape Clément IV lui offrit l'ar-
chevêché de Naples ; mais le faint
doâ:eur ne vonlut point fe charger
d*un fardeau û pefant. S, Louis ,
siufli feniible à fon mérite que le
ponûfe Romain , l'appela fouvent
à fa cour» Thomas y portoit une
extrême humilité & un efprit
préoccupé de fes études. Un Jour
qu'il avoit la tête remplie àes ob-
îeflions^es nouveaux Manichéens ,
il fe trouva à la table du roi , Tef-
prit entièrement abforbé dans cet
objet. Après un long filence , frap-
pant de la main fur la table , il dit
ailcz haut ; Voilà qui efi déclfif contre
les Manichéens ! Le prieur des Frères
Prêcheurs , qui l'accompagnoit , le
fit fouvenir du lieu où il étoit ; &
Thomas demanda pardon au roi de
cette diflraflion -, mais 5. Louis en
fiit^ édifié , & voulut qu'un de {es
fecrétaires écrivît auffi-tôt l'argu-
ment. On peut placer ici une ré-
ponfe que fit ce Saint à Innocent IV.
Il entra un jour dans la chambre
du pape , pendant que l'on comp-
toit de l'argent. Le pape lui dit :
Vous voye\ que tE^lîfe n'efl plus dans
le fieck ou elle difoit ; /£ N*Ai NI
Or ni Argent, A quoi le doc-
teur angélique répondit : // eftvrai^
Saint Pete i maïs aujji elle ne peutpbts
rVLO ,
dire aa Paralytique , X£rjE-r01 Et
Marche.,,. Thomas fiit toujours
dans une grande confidération au-
près des pontifes Romains. Le pape
GrégolrSk , devant tenir un con-
cile à Lyon l'an 1274 , l'y appela,
Thomas s'étoit fixé à Naples, où
il avoit été envoyé en 1272 , après
le chapitre général de l'Ordre /tenu
à la Pentecôte , à Florence. L'uni-
verfité de Paris écrivit à ce cha-
pitre , demandant inflamment qu'oa
lui renvoyât le faint doéteur ; mais
CharUs , roi de Sicile , l'emporta ,
& obtint que Thomas vînt enfei*
gner .dans fa ville capitale y dont
il avoit refufé l'archevêché. Ce
prince lui afligna une penfion d'une
once d'or par mois. Ce faint doc-
teur partit donc de Naples pour
fe rendre à Lyon, fuivant l'ordre
du pape i mais il tomba malade dans
la Campanie. Comme il ne fe trou-
voit point , dans le voifinage , de
couvant des Frères Prêcheurs, il
s'arrêta à Fofle-neuve , abbaye cé-
lèbre de l'Ordre de Cîteaux dans
le diocefe de Terracine. Ce fut
' dans ce monaftere qu'il rendit i'ame
le 7 Mars 1274, âgé de 48 ans*
Jean XXII le mit au nombre des
Saints en 1313. Thomas d*Aqum
fut pour la théologie , ce que De/-
cartes a été pour la philofophie dans
le fiecle dernier. De tçus les fco-
lafiiques des temps de barbarie , il
efl fans contredit le plus profond ,
le plus judicieux & le plus net. Les
titres d'Ange de t Ecole , de Docteur
angéCque , & ^ Aigle des Théologiens ,
qu'on lui donna , ne durent pas pa-
roitre outrés à fes contemporains.
Certains hérétiques des derniers
temps lui ont nlême rendu jufiice.
Le P. Rapin prétend que Buler difoit :
Toile Thomam^ & Ecclcfiam Roma»
nam fubvertam, « Otez à 1 eglife Ro-
»> maine Thomas, ^ & je la renver-
» ferai » ( Rapin » Réflexions fur la
philofophie, pag. 245*) Tous fiss
T Hd
Ouvrages ont été imprimés pîu-
fieurs fois , & entre autres en 1 5 70 ,
à Rome , 18 tomes en 17 vol.
in-fol. -, mais il y en a quelques-
uns qui ne font pas du Saint -, &
on en a oublié d'autres qu'on trouve
imprîmés feparément. On a deux
autses éditions de Tes Œuvres, Tune
en 12 vol., à Anvers-, & l'autre
«lirigée par le P. Nicolai , en 19 vol.
On a imprimé fous Ton nom ,
Secrcta AUhymUt magnolia^ Cologne»
1 J79 , in- 4° j ouvrage qui n'eft ni
'de lui > ni digne de lui. Parmi
ceux qu*on ne lui contefte pas,
ÙL Somme conferve encore aujour^
d'hui la grande réputation qu'elle
eut d'abord , & qu'elle mérite en
effet. Dans la première partie , pre-
mière queilion , il donne une idée
de la doébine facrée en général.
Il traite ^enfuite de Dieu , de Ton
efience , de les attributs & de fes
opérations ; de la béatitude *, des
trois Perfonnes divines , de lei#s
proceflions & relations ; & enfin
de Dieu confidéré par rapport aux
créatures , comme leur créateur 3t
leur confervateur. Dans la première
partie de la féconde , il parle du
mouvement de la créature rai-
fonnable vers Dieu , de fa dernière
fin , de la qualité des aâions par
lefquelles on y peut parvenir » de
leurs principes; des vertus & des
vices en général , des lois & de
la grâce. Dans la féconde partie de
la féconde , il traite en particulier
des vertus théologales & morales ,
& de tout ce qui peut y avoir quel-
^ie rapport. Dans la troiiieme par-
tie, il examine les moyens par
lefquels on parvient à Dieu , qui
font l'Incarnation de J. C. & les Sa-
.cremens , qui font le fujet de cette
partie. -Elle finit par des quef-
tions fur les quatre fins de THomme.
5. Thomas , folide dans l'établiiTe-
snent des principes , exzù dans les
raifonnemens , clair dans l'exprei*
T H O lôÇ'
fion , pourroît être le meilleur mo-
dèle des théologiens , s'il avoir
traité moins de queflions inutiles ,
s'il avoit eu plus de foin d'écarter
quelques preuves peu folides -, enfin,
s'il étoit plus exaâ fur le temporel
des Rois , fur la puifiance du pape,
fur le droit de dépofer un prince
infidclle à l'Eglife , & fur celui defe
défaire d'un Tyran. U faut avouer
auffi que fon flyle manque de pu-
reté & d'élégance -, & ce n'eft pas
de ce côté-là qu'il faudroit l'imiter.
Ses OpufcuUs fur des queflions de
Morale, montrent la juftefTe de fon
îugement & fa prudence chrétienne.
On les reconnoit encore dans fes
Commentaires fur les Pfeaumes , fur
les Epitrcs de S, faul aux Romains ,
aux Hébreux , & fur la i'** aux
Corinthiens ; & dans fa Craint
dorée fur les Evangiles. Pour les
Commentaires fur* les autres Epîtres
de 5. Paul , fur Ifaie , Jércmle ,
S. Matthieu , 5. Jean , ce ne font que
des 'extraits de fes leçons, faits
p'âr des écoliers. Ses Scrmcns ne
font auffi que des copies faites par
fes auditeurs après l'avoir entendu.
Son Office du Saint- Sacrement efl
un des plus beaux du Bréviaire
Romain,
THOMAS, archevêque
d'Yorck , yoyc[ Douvers , n*"*
I. & II.
V. THOMAS DE Catimpré,
ou DE CantinfrÉ , ( Cantîpra»
tanus ) né en 1201 à Leuves près
de Bruxelles , fut d'abord Cha-
noine Régulier de Saint- Augufïin
dans l'abbaye de Catimpré près
de Cambray , puis religieux de
l'Ordre de Saint-Dominique. 11 eft
connu par un Traité des devoirs
des Supérieurs & des Inférieurs ,
publié fous ce titre fîngulier : Bonum
univerfale de Apibus. La meilleure
édition efl celle de Douay , en 1627»
in-8^. Ce favant Jacobin mourut en
1280.
Vo6 T H a
VI. THOMAS 0E Viitïs
|9ËUV£, (S. ) prit le nom de Ville-
neuve , du tteu de ia.naiilance ^ qui
4Û un village ainfi nommé dans
It dioceCe de Tolède. Il fm élevé
é Alcala » où il devint profefîeur en
théologie. On lui ofFric une chaire
ii Salamanquc ;maisilaima mieux
entrer dans TOrdre dé Saint- Aii-
5;u(tim Ses Servions , Tes diredHons ,
es leçons de théologie lui firent
l>ientôt un nom célèbre. L'empereur
(ÇharUs" Qmnt & Ifabellc Ton époufe »
voulurent l'avoir pour leur prédi-
tcateur ordinaire. Ce prince le nom-
ma à Târchevèché de Grenade » qu'il
me voulut point accepter ; maîsi
ttlui de Valence étant venu à va-
quer , Ckarles' Quint le lui donna;
éc Tes ûipérieurs le contraignirent
de le recevoir» Thomas eut toutes
les vertus épifcopales ; mais il brilla
fur -tout par U charité envers les
pauvres. Il leur fît diilribuer , avant
que de mourir , tout ce qu'il avoit ,
jufqu'au lit même fur lequel il étoit
Couché : car il le donna au geôlier
des prifons épifcopales» le priant de
le lui prêter pour le peu de temps
' qui lui reiloit à vivre. Il finit
faintementia carrière en Novembre
X 5 n • ^ 67 ans« On a de lui un
volume de Sermons « publié à Akala
en 15 81.
VII. THOMAS DE Valence ,
Pominicain Efpagnol « dont on a
un Livre en fa langue* intitulé :
Conjoladàn ' dans fadverfiié , &c. »
vivoit dans le xvi® ficde.
VIIL THOMAS DE Jésus , né
en Portugal d'une maifon illuiîre ,
cmbraiTa l'Ordre des Hermites de
Saint-AugufHn , à Tàge de 15 ans.
Ne pouvant engager fes confrères
à accepter la Reforme qu'il vouloit
mettre parmi eux, il (uivit le roi
Sébaftien , l'an 1378, dans fa malheu-
reufe expédition d'Afrique. Tandis
qu'il exhortoit les foldats à com-
iNittre avec valeur contre Its, Infi-
T HO
délies dans la bataille d'ATcacer, if
fut percé d'une flèche à Tépaule^ fit
fut fait prifonnier par cm Maure,,
qui le vendit à un prêtre MuTulman*
11 en fut traité d'une manière bar*
bare , pour n'avoir pas voulu xei-
noncer à fa religion. Les feigneurs
Portugais , la comteffe de Signatis fa
fœur , le roi d'Efpagne, voulurent
en vain le délivrer de fa captivité v
il préféra de demeurer avec les
Chrétiens compagaons de fon in-
fortune , auxquels il fît des biena
infinis, en les inftruifant & les coor
folant dans leurs afBiâions. Enfin «
après avoir pafTé quatre ans dans
ce faint exercice» il mourut le 17
Aviil ifSx » âgé de n a^^* ^
avoit compoie dans fa prifoo un
Livre t traduit en françois fous ce
titre : Le» Souffrances de N. S, Jefus»
Chifi^ 4 vol. in•I^; bien capable
d'infpirer à fes lefteurs les fent«-
mens de zèle ^ de charité dont il
4|oit animé... II faut le difhnguer de
Thomas de Jésus , plus conna
fous le nom à'Andradd : Voye^ ce
dernier mot.
IX. THOMAS. (Artus) iîeur
é£Emhry , poète littérateur , cfl
connu : I. par des Epîgrammes fur
les Tableaux de PhUoftrate » que
Blalfe de Flgenere a placées dans fa
Traduâiou de cet auteur &dc Cal-
lifirate , imprimée chez rAngelUr^
in-fol. II. Par des Commentaires fur
la Vie d* Apollonius de Thyanes par
Philùftrate, inférés dans la Verfioa
du même Vigenere (i!Angelier}f x
vol. in-4®. III. Par une mauvaife
fuite de la Traduction de THifloirc
de ChalconiyU , in-folio , VAngelîer*
Cet auteur vivoit dans le xvi*
fiede.
X. THOMAS DU FOSSÉ ,
(Pierre) né à Rouen en 1634,
d'une famille noble originaire àt
Blois > fut élevé à Port-Royal-
des-Champs , où Le Maître prit foin
de lui former Tèfprit & le «ftyl^
T H O
Fompone , miniilre d'état , xnAruît
de fa capacité , le foUicita vaine-
ment de prendre part aux travaux
de fes ambaf&des : fon amour pour
la vie cachée l'empêcha d'accepter.
Jl estretenoit peu de commerce
9vec les favans , de peur de perdre
en converiâtions inutiles les mû-
mens qu'il deftinoit à la prière &
à l'étude des Livres faims : U
craignoit fur-tout d'altérer par de
vaines difputcs cette paix qui lui
étoit il ^ere. Sa charité n'étoit pas
moins grande que fon amour pour
la paix. Non-content de retran^
cher de fon nécefTaire pour four-
nir au bofoin des pauvres , il avoit
encore fait quelques études particu-
lières , pour leur fervir de médecin
dans le befoin. Ce pieux folitaire
mourut dans le célibat , le 4 No-
vembre 1698, à 64 ans. On a de
lui : I. lâ VU de S. Thomas de Can-^
tQthery , in» 4® & in- 12. Il, Celles
de Terailûen & d'Origene , in- 8**.
III. Deux volumes in- 4** des FUs
des Saints. Il avoit deflfein d'en
donner la fuite -, mais il interrompit
xe projet, pour continuer les £*-
pUcaûons de la Bible de Sacy, Il
eft encore auteur des petites Notu
de cette même Bible , des Mémoires
de Port-Royal ^ in -12, & d'autres
Ouvrages écrits avec exaûitude &
avec nobleiTe. Il rédigea les Mé-:
moires de Pontîs : [ Voy. Pontjs, J
Il fit imprimer ces Ouvrages fans
y ruenre fon nom ; mais on en.
reconnut bientôt l'auteur à la pu-
reté de fon ftyle & à l'onûion qui
lui étoit particulière.
XI. THOMAS, (François de )
feigneur de la Valette en Provence ,
porta les armes avec diflinûion
fous Loms XIV. Il avoit 80 ans ,
lorfque le duc de Savoie vint for-
mer le fiége de Toulon ; il eut la
fn-meté d^attendre Tarmée ennemie
dans fon château de la Valette. Les
ItuSirds. 9 çn y surrivant ^ mirent
T H o 107
le f^u aux maifons , & allereiit
enfuite , le piilolet à la main , à
la porte du château pour le faire
ouvrir. Mais U Valette , fans s'é-
pouvanter , dit à l'officier : Tufiréu
bien , non de me menacer , mais dâ
me faire tuer j fans quoi , dès que ton
Prince fera arrivé , Je te frai pendre^
. Le duc de Savoie étant arrivé peti
après : Je vous fais bon gré , dit- il
à ce vénérable vieillard , de ne rom
être pas méfié de mon arrifée. En
effet , il eut pour lui , durant &
après le iiége » des fentimens d'ef-
time & des attentions d'autant plus
f)atteufes , qu'elles furent approu-
vées par Louis XIV, La bravoure
de la Valette & la fupériorité de
fon «fprît avoient éclaté dans plu*
iieurs autres occaâons^ Ses vert^A
paflerent au Père p£ lx Vjietts ,
ion fîls , prêtre de l'Oratoire ^
dont il fut élu feptieme fupérieur
général en 1733 , & qui le perdit
en 1773 , dans un âge très-avancé.
Il avoit d'abord fervi dans la ma-
rine -, ayant quitté le monde malgré
fes parens , il entra dans une Con«
grégation qu'il édifia & qu'il inf-
truiiit. Sa piété ctdit tendre , fes
lumières étendues , & fon caraâere
doux & modefte. Sa Congrégation
dut peut-être fa confervation à fon
efprit fage 6c conciliant.
THOMAS A KEMPIS , Voye^
Kempis.
THOMAS WALDENSIS,
•"•• Netter
THOMAS CAJETAN ^
»- Vio.
THOMAS, (Paul) — Girac*
THOMAS, (Antoine) d'abord
profefleurde troifieme au collège
de Be^uyais , enfuite fecrétaire des
Ligues SuifTes ,, fecrétaire ordi-
naire de Mg^ le duc d'Orléans y de
Tacadémie Françoife , étoit né dans;
le diocefe de Clermont , & mourut
le 17 Septembre 1785., dans le
château d'Ouiios près de lyoa g
loS T H O
avec la fermeté d'un fagc & la ri-
iîgnation d'un Chrétien. Il débuta ;
«n 1756, par des Réflexions hlfio"
tiques & lîuérAÎres fur le Poème de la
RuC^'on naturelle de Voltaire , in- II.
. Dans cette critique fage & mo-
dérée , il expoie fon jugement fans
fiatterie , ainfi que fans aigreur ^ il
défend la religion avec force »
nais fans fanatifrae. En combattant
«n écrivain célèbre » il rend hom-
mage Q ies talcns , plaint fes er-
reurs & ménage fa perfonne. Cet
Ouvrage , qu'il craignoit d'avouer
lorfqu'il eut été accueilli par les
irfiilofophes & prôné par lui , ne
pouvoit que lui faire honneur.
JL'année 1759 fut une époque bien
fiatteufe pour lui. Son Elo^t du Ma^
icchai DE Saxe , couronné par
l'académie Françoife, annonça à
la nation un oratenr de plus , &
im orateur qui réunifToit quelque-
Ibis la précifion de Tacite & 1 élé-
vation de Boffuet. 11 célébra enfuite
dAgutffeau , du Guai-Tromn , Sully ,
Defcartes, Ces quatre Eloges obtin-
rent les fufftages de l'académie &
du public. Une éloquence abon-
dante & vive , des réftexions plei-
nes de chaleur & de philofophie ,
quelques vérités courageufes for-
tement exprimées, des traits mâles
& énergiques» prouvèrent que le
îeuite athlète académique poffédoit
2 un degré égal\ renthoufîafme de
la vertu & de la gloire , l'amour
des lettres & de l'humanité *, & fon
Eîoge de Marc -Au RE LE, plein
de raifon & d*éloquence , mit le
comble à fa réputation. [ V6ye\
C o G £ R. ] On défira feulement
qu*il n'eût pas donné fi fouvent à
Ic^ phrafes une forme métaphyfî-'
que , d'autant plus fatigante , que
les idées étoient plus accumulées ;
que fes élans , fes apoftrophes &
fes figures euiTent un air moins
ttniforme -, que les penfées , à force
de vouloir être grandes » ne fiif-
T H o
fent pas gîgamefques -, qu'il etitaflîî
moins de comparaifons l'une fur
l'autre -, qu'il n'affeftât point d'ufer
de quelques termes de phyfique »
ingénieufement appliqués à la véri-
té , tels que ceux de calcul , de
choc^ de frottement ^ ûe fnajfe ^ mais
trop abfiraits pour beaucoup de
leâeurs , & qui paroiiTent biçn fec»
lorfqu'il s'agit de morale , de litté-
rature & d'éloquence. En publiant
fes Eloges , M, Thomas les enrichit
de Notes, où Ton remarque autant
de favoir , que de jugement & d'ef-
prit. Bien des le£^eurs , qui vou-
droient un fimple Eloge hiûorique
mêlé de réflexions, préfèrent ces
excellens Commentaires au texte
même. Ils font perfuadés, comme
l'a très-bien dit M. Thomas , que
l'écrivain , borné au rôle d'hiftorien
philofophe , doit mieux voir &
mieux peindre ce qu'il voit ; qu'en
cherchant moins à en impofer aux
autres, il en impoCe moins à lui-
même ; que celui qui veut*embellir »
exagère ; qu'on perd du coté de"
l'exafte vérité tout ce qu'on gagne
du côté de la chaleur ^ que pouc
être vraiment utile , il faut préf^iiter
les foibleflfes à côté des vertus -, que
nous avons plus de confiance dans
des portraits qui nous refiemblent *,
que toute éloquence eft une efpece
d'art dont on fe méfie ; & que l'ora-
teur , en fe paffionnant , tient en
garde contre lui les efprits fages
qui aiment mieux raifonner que
fentir , ou , pour mieux dire , dont
le fentiment ne veut être excité
qu'à propos. L'imagination de M.
Thomas lui a fait quelquefois illu-
fion , non-feulement dans fes Elo-
ges , mais encore dans fon Ejfaifur
U caractère y les maurs & l'e/prit des
Femmes y 1771 , in -8®. C'eft un
panégyrique où l'encens n'ed pas
toujours ofiFert par les mains de
la vérité. L'auteur conclut trop
du particulier au générât. Apper-
TH O
çoît-îl dans un fiecle , une femme
diiHnguée pat (es vertus ou illuilre
par fes talens : il s'attache à Tob-
iervér & à la peindre -, & fur le
caraâere particulier de cette femme ,
il établit le caractère général de
tout fon fexe dans la même, épo-
que. Ce petit défaut eft bien com-
penfé par les tableaux énergiques ,
Us obfervatîons profondes & les
réflexions fines dont cet Eflai
aj}onde. Ceux qui aur oient voulu
que Tauteiir eût fixé nos idées
fur la véritable deftination origi-
nelle des femmes , fur l'étendue
de leurs devoirs & de leurs pré-
rogatives , ne font point atten-
tion que le but de M. Thomas étoit
de montrer feulement l'ufdge ou
l'abus qu'on a voit fait de l'éloge
en parlant des femmes. Les autres
poiAts de critique philosophique
& de difcuffion morale dévoient
plutôt être indiqués que développés.
D'ailleurs ^ l'auteur penfe & fait
penfer ; & peu de mots fuffifent
au grand écrivain & au leâeur
intelligent. UEJfai fur Us Femmes
devoit faire partie de VEJfaifur les
Eloges , i vol. in-8®, 1775 : autre
ouvrage de M Thomas, Celui-ci fe
difHngue par des images brillantes ,
des penfées fortes , des idées juiles ,
des jugemens fains, des connoif-
iktices variées « des recherches in-
téreilàntes fur les orateurs anciens
& modernes. Ces deux volumes
offrent une foule de traits éloquens
& de portraits tracés de main, de
maître. C'efl une galerie de ta-
bleaux où tous les grands hommes
fe trouvent peints avec autant de
vérité que de noblefle. Il fuffit
qu'un prince ait été loué une fois
dans fa vie, pour que l'auteur en
prenne occafion de tracer fon ca-
raâcre, de peindre fes minières,
d'efquifler l'hiftoire de fon règne.
On lui a reproché ces digredîons :
mais û ceft un défaut « il nous a.
t HO 109
procuré de^chofes neuves & biea
vues. Dans les autres livres didac-
tiques , les auteurs fe bornent à
être utiles ; ici l'agrément eft joint
à l'inflrudlion, & l'éloquence auX
préceptes. M. Thomas étoit poëte
ainû qu'orateur. Son EpitreauPof
fU , fon Oàt fur Us Temps & foa
Poème de JumouvllU , font les pro*
dudtions d'une 'imagination noble
& élevée. La force , la correction,
le vrai génie épique cara^érifent
ce dernier Poëme. La veriiâ cation
en eft belle , mais quelquefois mo-
notone & emphatique. On y défire
plus de variété dans les tours , de
rapidité dans les images , d'adrcflê
& de chaleur dans la liaifon des
détails. On doute que U Péucade ,.
Poëme qu'il préparoii fur Pîem U^
Grande foit exempte de ces défauts,,
du moins fi l'on en juge par ce
qu'en difent les gens de gbût qiu
lui en ont entendu réciter divers,
morceaux. Nous ne parlons point
de fon Ballet d^Amphlofiy en trois
aûes, joué en X767 : c'eft un des*
moindres fleurons de fa couronne,.
La confidération perfonnelle dont
jouiflbit M. Thomas , étoit p^uc-
être encore fupérieure à la jufte
eftime qu'on avoit pour fes ouvra-
ges. Il avoit dans la fociété cette
fimplicité aimable , qui empêche
fouvent un homme d'efprit de con-
noître ce qu'il vaut, ou du moins
de le faire trop fentir aux aiitres.
Il étoit jufte, modéré, doux, en--
nemi,de l'éclat & du bruit; bon-
ami , tendre fils , fenfibhs a l'éloge
& à la aitique ; mais recevant l'un
fans vanité , & ne repouffant jamais
l'autre par des injures. Quoique,
peu recherché , % même un peu
contraint dans fes manières ëc dans
fon extérieur , il avoit tout le '
fonds de la vraie politeffe , qui a
fa fource dans la bonté du cœur
& dans l'indulgence du caraûere.
Moutard , librairç de Paris, a publié.
tio TttO
le recueil de Ces Ouvragés tti prôfo,
1773 ^ 4 voL in- 11.
THOMAS, Voy, ThaumaS.
THOMAS!, THOMASINI,
yoy. TOMASI ô» TOMASINI.
i. .THOM ASIUS, (Michel)
qu'on nommoit auffi Tanaquedus ^
né à Majorque, ïecrétaire & con-
feiller de Philippe II roi d'Efpagne »
fut élevé à l'évêché de Lériaa. U
joignoit à la fciencc du droit , la
connoiffancedelaphilofophie. On
lui eft redevablo de la correction
du Décret de GratUriy & de l'édition
- du Cours canonique que fit Gré-^
goîre XIII a.vant que d'être pape.
Thomafius a laiflé quelques autres
Ouvr^es^tels que \Dlfputcs Ecdéfiuf*
, tiqwuy à Rome , 1585 , in-4*' ; Com*
mtntarlus de ratlone Conclliorum cclt^
hrandorumM vivoit encore en 1 560*
II. THOM ASIUS, ( Jacques )
profeffettr en éloquence à Leipzig ,
étoit d'une bonne £unille de cette
ville, il y fut élevé avec foin , &
y enfeigna les belles-lettres & la
philofophie. Le céiehr cLeibnlt^^ qui
«voit été fon difciple en cettç der-
rière fcience , difoit que " fi fon
» maître avoit ofé s'élever conurè
H la philofophie de l'Ecole, il Tau-
w roit fait « ; mais il avoit plus de
lumière que àê courage. C'étoit un
homme doux , tranquille & inca-
pable de troubler fon repos & celui
des autres par de vaines querelles.
Il ne concevoit pas comment les
hommes pafioient leur vie à s'en-
tre-déchirer , eux qui font appelés
à la vertu & à la paix.ll mourut
dans fa patrie en 16S4, à 61 ans.
Ses principaux Ouvrages font:
L Les Origines de CHlftoire PhUo/ophi"
que& EuUfiafiqup^ II. Pltifieurs £>i/-
jfertations , (Hall, Ï70O, & années fui-
vantes, 11 vol. in-S'*,) & dans l'une
defquelles il traite du Plagiat litté-
jraire , & donne une lifie de cent Fia-
giaires.Ces Ouvrages font eu latin &^
renferment beaucoup deredietches.
T tt O
îtl. TH0MASIUSi(dirfftîà6t
fib du précédent , né à Leipzig ca
165 5 , prit le bonnet de doâeut à
Francfort- fur-l'Oder en 1676^ Uit
Journal Allemand qu'il commença
à publier en 168S, & dans lequel
il femoit plufieurs traits fatiriquet
contre les fcolafiiques , lui fit beau-»
coup d'ennemis. On excita Ma\îus
à l'accufer publiquement d'héréfie «
& même du crime de lefemajefté*
Thomafius avoit réfuté un Traité de
fon dénonciateur ^ où il prétendoit
qu'il n'y avoit que la Religion Lu-
thérienne, qui fût propre à main-
tenir la paix & la tranquillité de
TEtat : ce fut la femence des pcrfé*
cutions qu'on lui fufcita. Il fut
obligé de fe retirer à Berlin , où le
roi de Pruffe fe fervit de lui pout
fonder l'univerfité de Hall. La pre«
miere chaire de droit lui futf ac-
cordée en 17 10. Trois ans après il
fit foutenir des Thefej ( Anvers, 1 7 1 3*
in- 4°. ) dans lefquelles il avança que
le concubinage n'a rien de contraire
au droit divin, Ôt qu'il eft feulemeae
un état moins parfait que celui du
mariage. Cette opinion dangereufe
fit naître beaucoup d'Ecrits. Thoma-*
/ttj mourut en 1718, regardé comme
un efprit bizarre & un hommo
inquiet. On a de lui un grand nom-
bre d'Ouvrages en latin & en alle-
mand. Les principaux font : I. Une
Introduction à la Philofophie de la
Cour, II. VHlJimlre de la Sagsjfe 6*
de la Folie, 111. Deux Libres des
Défauts de la Jurlfprudence Romaine^
IV. Les fondemens du Droit natureà
& des Gens, V. Hifioire des Dif^
putes entre U Sacerdoce & t Empire^
jufqu'au XVI* fiede.
I. THOMASSIN , { Louis )nc è
Aix en Provence , le 2S Août 1619,
d'une famille ancienne & difiinguée
dans l'Eglife & dans la robe, fuc
reçu dans la Congrégation de 1 Ora^
toire dès fa quatorzième année*
Après y ^voir enfeijgné l€» tHUDff
TttÔ ♦ TH O îti
Ite & la philofophîe, il^f Mi tËgtife ^ U MoraU Chritîennt : é^
profcffeur de diéologie à Saumur. V Office Dîvîn , in - S**; des Fius ^
in-8^ V des /<i^^, in-S^; de /^
Vérité & du Menfonge , 10-8** ; de
L'Ecriture, les Pères, les Conciles
prirent dans fon école la place des
vaines fubtilités fcolaûiques. Ap-
pelé à Paris en 1654, il y corn-
nença, dans le Séminaire de Saint-
Magloire, des Conférences de diéo-
logie pofitive , félon la méthode
qu'il avoit fuivie à Saumur. Ses fuc-
<ès dans cet emploi lui firent des
VAumônt , in-8° ; du Négoce & d«,
tVfurt^ in- 8**. Celui-ci ne fut îm*
primé qu'après (a mort , aufll bien
quç^ Traxté dogmatique des moyens
dont on s*cfl. fervi dans tous les tempA
pour maintenir tî/ntté de fEgUfif
1703 , 5 vol. iti-4°. Ce ne fut pas
amis illufh'es. Péréfixe , archevêque feulement fur ces matières que brilU
de Paris y l'engagea à foire imprimer le favoir du Peré Thomaffin, Il poC-
fes Dîffertatîons latines fur les Con
tila^ dont il n'y a eu que le
premier volume qui ait paru en
1667 , in-4^ ; & fes Mémoires fur
la Grâce ^ qui furent imprimés en
1668, en 3 vol. in - 8°. Le Père
Thomaffin avoit été d'abord du
fentiment des Solitaires de Port-
loyal fur la 'Grâce ; mais il les
abandonna après avoir lu les Pères
de l'E^life Grecque -, 6# comme il
çtoit perfuadé que la traduâion de
lîglife univerfellèn'avoit pu varier
fédoit parfaitement les belles-let«
très» & il voulut enfeigner aw^
autres l'ufage qu'on en pouvoitf
£ûre. Ainû il donna au public des
Méthodes d'étudier & d'enfùgner chré»
tîennement la Philofophie , in- 8^ •, les
Hiftomns profanes^ 2 vol. in-S^'j
Us Poètes^ 3 vol. in- 8°. Le pape
Innocent XI témoigna quelque défîr
de fe fervir de fon ouvrage de 1«
Difçipline pour le gouvernement de
TEglife , & voulut même attirer
l'auteur à Rome. L'archevêque de
fîir des matières fi iïhportantes , il Paris en parla au roi de la part du
s'appliqua à concilier les Pères Grecs cardinal Cafanat^ , bibliothécaire
avec Saînt Auguftîn. C'eft ce qui de Sa Sainteté -, mais la réponfe fut »'
donna lieu à (es Mémoires fur la qu'un tel fujet ne devoit pas fortir
Grâce qui ne furent pas goûtés de du royaume. Thomajjpn témoigna
tous les théologiens en France; au Sainc-Pere fa gratitude & fon^
nais qui furent bien reçus en Angle-
terre , en Allemagne & même en
Italie. Ils reparurent en 1682, in-4**,
augmentés de deux Mémohes^,
fous les aufpices de Harlay , fuc-
Cefleur de Péréfixe. 11 publia audi
trois tomes de Pogmes Théohglques ^
^ latin, le i** en i6So,le 2* en
1684 , le 3* en 1689 : trois autres
tomes en françois , de la Difcifline
fxcUfiaftlqne fur les Bénéfices & les
Bénéfîciers ; le if ' en 1678 , le 2* en
1679 , le 3*^ en 16S1. Cet Ouvrage,
le plus efHmé de ceux du Père
Thomaffin , tut réimprimé en 1725 ,
te traduit par lui-même , en latin ,
1706 , 3 vol.'' in - fol. 11 donna
ïele» en traduifant en latin les 3|
vol. de la Difçipline^ Ce travail feti-.
gant ne fuf pas plutôt fini , qu'il eit
reprit un autre non moins péni-
ble. Comme il s'étoit apptiqué k^
l'hébreu pendant 50 années, il crut
devoir feîre fervir cette étude à
prouver l'antiquité & la vérité de
la religion. Ainfi il entreprit de
faire voir que la langue hébraïque
ell la mère de toutes les autres , 8c
qu'il fallait par conféquent cher-^^
cher dans l'Ecrimre , qui conferve
ce qui nous en refle , l'Hifloire de
la vraie religion , aufli bien que
la premiers langue. Ce fut ce qui
l'engagea de Tompofer une Méthoda
%^%^ 7s^i^> feç ^ 9'i^¥'^^ ^ <^/»^<»*ç««>: é^i^^nn^m. 4? Qx^^f^.
ïil T H O
ipa/rc ou les Langues^ par rapport à
tEcriturt-Sainu^ 1 vol. in-S^. Elle
£ut fuivie d'un Gloffaîrc univtrfel
Hébraïque , dont rimpreHlon qui fe
faifoit au Louvre , ne fut achevée
qu'après fa mort. Cet ouvrage vit
le jour en 1697, in-fol. »( par les
Coins, du Pcre Bordes , de FOra-
toire, & de Barat ^ membre de
l'académie des Infcriptions & Belles^
Lettres , } & ne répondit pas à la
réputation de l'auteur. Le Père
ThorhjJ/tn mourut la nuit de Noël
de 1695 , âgé de 77 ans. Richard
Simon difoit de lui » qu'il étoit
«( rhomme de 1 Oratoire qui faifoit
» le plus d'honneur à fa Congré-
»» gation, après fe P». Morin «. 11
ajoutoit qu'il n'y avoit perfonne
qui pût réparer fa pd-te. Quoique
très-favant, le Père Thomaffîn avoit
la modeilie d'un homme qui ne
i'auroit pas été. Son efprit étoit
fage & fon cara£iere modéré. Il
gémiiToit des difputes de l'Ecole ,
& n'èntroit dans aucune. Sa cha-
rite étoit fi grande , qu'il donnoît
eux pauvres la moitié de la penfion
que lui faifoit le Clergé. 11 em-
ployoit chaque jour fept heures à
l'étude -, mais il ne travailloit jamais
la nuit, ni après les repas. Nulle
vifîte, fi elle n'étoit indifpenfable ,
lie dérangeoit l'uniformité de fa
vie. Il ne voulut ni charges , ni
emplois. La nature & la retraite lui
avoient infpiré une telle timidité ,
que, lorfquHl tenoit Çqs Conférences
â Saint-Magloire , il faifoit mettre
une efpece de rideau entre fcs au-
diteurs & lui. On ne peut l^i refu-
fer beaucoup d'érudition -, mais il
la puife moins dans les fources,
^e dans les auteurs qui ont copié
les originaux. Sa Dî/cipUne Ecclé-
fiaflique oftre beaucoup de fautes
dans tous les endroits où il s'agit
de citations d'auteurs Grecs. On
en a un •Abrégé par d^Hcrlcourt, Le
ûylç du Pei:e Thomaffui eft un peu
. T HO
pefant ; il n'arrange pas toujours
fes matériaux d'une manière agréa*
ble ; & en général il eft trop dif^.
IL THOMASSIN , (Philippe)
graveur célèbre , prit à Troyçs eo
Champagne , lieu djC fa naiffance »
les premiers principes du deffin. Il
voyagea enfuite en Italie , où après
s'être perfe^onné fous les grands
maîtres qui illuftrerent la fin du
XV i^ fiecle, il fe fixa à la gravure,
s'établit à Rome & s'y maria. II
donna , en 1600 , un Recueil in-4*
de Portraits des Souverains les plus
difiingués , & des plus grands Ca-
pitalnes des.xv^ & xvi^ fiedes.Ces
Portraits , au nombre de cent ,
gravés d'après les originaux , font
accompagnés d'un Sommaire latin
des aÂions les plus mémorables de
chacun des Princes & des Capital*
nés qu'ils repréfentent. Cette pre-
mière édition » ornée d'un Frontif-
pice de boA goût, a été fuivie d'un
grand nombre d'éJitions pofté-
rieures. ThomaJJin la dédia à Henri
IK Sa dédicace eft remarquable
par une noble fimplicité , qui , en
Italie fur-tout , fe rencontre rare-
ment dans ce genre de compofition*
Thomaffîa s'exerça principalement
fur des fujets de dévotion , d'après
Raphaël ^ , Saiviati ^ le Baroche , &
autres peintres célèbres. Il fit un
grand nombre d'élevés , parmi lef-
quels on compte le premier des
Cochlns , & Michel Dorigny^ fos com-
patriotes ', mais aucun ne lui fit
autant d'honneur que le fameux
Callût , qui apprit de lui à manier
le burin. Callot travailla d'abord
fous fes yeux, d'après les Sadeleri
il copia enfuite quelques Pièces des
Baffans & d'autres peintres. Enfin,
il donna une fuite des plus beaux
Autels de Rome , au nombre de
vingt-huit. Ces premiers effais ne
font pas merveilleux; mais ils an-
iloncent la rapidité des progrès du
jeune artifiei& le maître en partage
rhonneiir,'
iliônncur. Ces travaux furent inter-
rompus par un événement aufli
jdéfagréable pour le maître que pour
i'éleve. Jeûne , bien fait , d'une
phyfionomie agréable , aurïi enjoué
que fes comportions , Callot plut
â Mad* Thomajffîn i & il s établit
entre eux une familiarité qui ne fut
pas fans doute conduite avec toute
ladifcrétion qu'impoCent les moeurs
Italiennes. d/Iot fut forcé de quit-
ter fa maifon ,. & même de s'éloi-
gner de Rome. Cela arriva vers
f année 1612. Thomaffin paffa le
lefle de (a vie à Rome , où il mou-
hit, âgé de 70 ans. La date de ia
inort efl ignorée.
III. THOMASSIN , ( N... ) fii$
d'un graveur habile^ de la même
lamille que le précédent ,^ entra chez
le célèbre Picard ^ dit U Romain , où
il acheva de fe perfe^onner. Ce
grand artillé ^s'étant retiré en Hol-
lande en 171Ô , fon élevé le fuivit^
& y demeura jufqu'en 171 3 , qu'il
revint à Paris , où il fut reçu de
l'académie Royale en 171SI. Sa
inaniere de graver étoit lîelJe &
favante. Il entroit parfaitement dans
i'efprit du peintre dont il vouloir
rendre le caraflere ; & il avoit l'art
d'en faire connoîtré avec finéffe la
touche Se le goût des contours. On
cite , entre autres productions de
fon burin : I. La Mélancolie , du Fcû ,
jçélebre peintre Florentin. II. Le
Magnificat , de Jouvenet, 111. Le Corla
tan , d'après là Foffc, \V, Le Retour
du Sol, de Wateau, V. Les Noces
Àt Cana , d'agrès Paul Véronefe,.,,
Thomajfm étoit né avec beaucoup
de jugement & d*efprit -, l'enjoué-
meni & la fincérité faifoient lé fonds
de ion caraâere \ fa coiiverfation
étoit légère & amufante -, & fes fail-
lies avoient le fel de l'épîgramme ,
.fans en avoir jamais l'âcreté. tl
'mourut le' premier Janvier 1741 ,
âgé de 53 ans.
IV. THOMASSIN, ( Antoine
Tome /Xl
.. T H O ïif
Armentini , plus connu fous le.
liom de) célèbre Aûeur de la co-
médie Italienne , mort à Paris en
175. . ., âgé de 57 ans, remplit ^
pendant près de 40 ans , le rôle
fi difficile d' Arlequin , avec le plu^
grand fuccès. Sa fouplelTe , £ts grâ-
ces toujours nouvelles, fes faillies
piquantes , fon jeu vrai , naturel
& comiquç, iaifoient l'àmuferaenÉ
de tous les fpeûateurs. Cet homme,
fi gai fur le théâtre , fur attaqué dû
vapeur^ pour lefquelles il confulta
le fameux du Moulîm Ce médecin
qui ne connoifibit/pas le conful-
taht , le jrenvoya pour tout remedd
à Arlequin^ Dans ce' cas-là , répondit
ThoMassjn, il faut donc que je meurs
de ma tnaladle ; car je fues moi-même.
Ut Arlequin auquel vous me ren-'
voye\i 6* je ne pourrai jamais mû
faire rire,
THOMASSINE SPiNOLA,roy*
III. Spinola.
THOMIN , ( Marc ) habile opti-
cien de Paris , s'occupa principale-
ment à régler les Lunettes fur dif-
férentes vues. Il a donné fur ce fujet
un Vol. in-i2 , çn 1749 ;& un Traité
d'Optique , 1749 , in-8*^. Il raouruÉ
en 1752 , à 45 ans.
THOMPSOK , { Jacques ) po^te
Anglois y naquît en 1700 , à Ednaa
en Ecofie , d'un père miniftre*
Son Poème fur l* Hiver , publié ea
1726 , le fit connoîtré des litté-.
rateurs , & rechercher des per*-
fpnnes du plus haut rang. Le lord
Tàlbot ,' chancelier du royaume , lui
confia fon fils. 11 lui fervit de guide
dans fes voyages. Le poète parcou-
rut , avec fon illuftre élev^ , la plu-
part des cours tx. des villes princi-
pales^ de l'Europe. De retour dans
fa patrie ^ le Chancelier le nomma
fon fecrétàire. Là mort lui ayant
enlevé ce généreux pf otefteur , il
fut réduit à vivre des fruits de foa
génie. Il travailla pour le théâtre
jufiju'à fi mort arrivée çn 17^^
H
tr4 t.HO
Thompfon empofta dans le fomBeaii
les regrets des citoyens & des gens
de goût. Sa phyfionomie annonçoit
la gaieté > & fa converfation Tinf-
piroit. Bon ami , bon parent , eX-
tellent patriote , philofophc paî-
£ble » il ne prit aucune part aux
t^ierelles de Tes confrères. La plu-
part l'aimerem , & tous le refpec-
terènt. L'automne étoit fa faifon
favorite pour compofet : il reflem-
bloit en cela à MUton , dont il étoii
admirateur paflîonné. La poclîe
tic fut ni fon feul goût , ni fan
ïfeul talent. Il fe connoïÔôit en mu-
liqne , eft peinture ^ eu fculpture r
len architeaure-, J'Hiftoû'enafurelife
& Vamiquité ne lui étoientpas ncm
plus inconnues. La meilleure édi-
tion de fes Ouvrages éft celle de
Londres en ï7é^ , en i vol. in-4^.
Le produit en fut deftiné à lui élever
-*n maufolée dans l'abbaye deWeft-
minfter. M. Murdoch , qui a dirigé
cette magnifi({ue édition, l*à ornée
ëe la Vie de Tatiteur. On y trouve :
I. Lis Quatre Saîfons^ Poëme auifi
philofophiqne que pittoref^ue , tra-
xiuit en françois en 1759, in- 8^,
par Madame Bontems , avec de
belles edampeSi C'eft le tableau de
1^ nature dans les differens temps
'de l'année. Plufieurs morceaux^de
cet ouvrage prouvent que Thompfon
étoit un poëte du premier ordre.
" Il a des défauts fans doute , ( dit
M. Roucher^c^ï l'a quelquefois hcu-
TCufement imité, ) w & de grands &
>» nombreux défauts. Son expref-
•H fion efl fouverit obfcure , ver-
»» beufe , incohérente. Trop fou-»
" vent elle franchit la limite qui
» fépare le fublime du gigantefque.
» Le goût, pour dite tout en lin
»» mot, n'a paiÇ toujours dirigé
» fon piticçiîli. Mais ce mérite qu'il
» eft facile d'acquérir par l'étude,
" du moins jufqu'à un certain
^ degré , étoit remplacé en lui par
^ sa autre qui ne s'acc^uiert point:
r H o
♦» îe génie *«. Sotï tableau de Toii^
gine des fleuves plaira à tous ceux-
qui aiment à Voir la fublimité dies»
images , la hardiefTe des figures , le
mouvement du ftyle, afTociés dans^
la poéfie à la vérité phyfîque. Le
poëme de Thompfon eft d'autant
plus eftimable, qu'il eft très-dif-^
ficile qu'un habitant du Nord puîfiTe
Jamais chanter les Saifons, auiÊ bieDi'
qu'un homme né dans des clin;iat^
plus heureux. Lefujet,- comme Vx
très-bien obfcrvé ua philofophe^
manque à un EcoiTois tel que
Thompfon, Il n'a pas la même na^
tore à peindre. La vendange chantée
par Théocriu , par FirgiU , origine
joyeufe des Premières fêtes & des^
premiers fpeSacles , eft inconnue
aux hâbitans du 54^ degré. Ib
cueillent ttiflement de miférables
pommes fans goût tx. fans faveur ^^
tandis que nous voyons , foUs nos
fenêtres , cent filles & ceht garçons^
autour des chars qu'ib ont chargée
de raiflns délicieux. Aulli Thompfoit
n'a pas touché à ce fu)et , dont
MM. it Saint' Lamhen , Rouchcr ^
Ddîltt ont fait d's^rénbles pein-
tures. 11. Le Château de l'Indolence^
plein de bonne poéfie 6t d*excel*^
lentes leçons de morale. III. ht-
Poëme de la Uherté , auquel il tra^
Vâilla pendant deux ans , & qu'ii
mettoitaudèfTus de fes autres pro^
dut^ions , moins peut-être pour \kr
mérite de l'ouvrage » qu'à caufe dti
fujet qui étoit du goût de l'auteuTr
ÎV. Des Tragédies , qui forent rC-
préfentées avec beaucoup de fuccè^
en Angleterre, & qui en auroiaxr
peut-être moins en France. Nofc. .
oreilles , accputumées aux chef*
d'oeuvres de Cortullle & Ae ^Racine ^
ne pourroient çuere entendre avefe
plaifir des pièces qui f>echent par It
plan & fouventpar la verfification :
M. Saunn en a mis une fur nottî^
Théâtre, fous le titre ài^ Blanche
6* Gulfcard , qui a réufli » mais ijl
ï H Ô
. tl'ajjas fuivi dans bien des éndroîis
le poëtc Anglois. V. Des Oàts ,
au-deffous de celles de tiotre Rouf"
• /m«, pour la pbéfie , & de celles
dé&Morttf^ pour la itnefie. Il ne
I hsxx pas le confobdre avec lecapi-
i taine IsÀwirà Thomp/'on qui a fini
fes )ours en 1786 fur les côtes
; d'Afrique. Les produâj^ons Vitxi-
, taires de celui-ci ne font pas moins
iiorabreufes que fés expéditions
, taaridmes. Les p»rincipales font les
f Poèmes intitulés : U Soldat^ La
i Coarùfane^ La cour de Cupldon, 11
! a donné trois pièces au théâtre i
I Lf htUc Quakre j Les Syrtcs , &
' Sùnu-Hdent ou L*ifle d'Amour, Ses
' Ecrits en profe font des lettres & des
ôbfervadons fur les diVerfes con-
! irées qu'il a parcourues. Thompjon
\ inanquoit de correéèion dans le
I fiyle ; mais il avoit> du ieu ^ . de la
; gaieté & une imagination aâive.
THOMYRIS , reine des Scythes j
Voye{l. CyRUS.
THORENTIER , ( Jacques ) do w
leur de Sorbonne , puis prêtre de
l'Oratoire, mort en 171 3 , avoit
eu le titre de grand-péniteticier de
Paris t fous de Harlay } mais il n'en
, , avok jamais exercé les fondions.
La chaire & la direâion l'occupè-
rent principalement V & il opéra de
grands fruits dans la capitale & en
^ovince. On a <ie lui : I.' Les Con-
folatîons contre Us frayeurs' de la
Afort,in-i2. II. Une Differtatton
fur la Pauvreté Rellgieufe , 17^6 ,
«1-8**. HI. UUfure expliquée & con-
édmaée par tt* Ecritures faîntes , &c.
Paris , 167 5 , in- 1 î , fous le nom de
DU Tertre ; ouvrage affez bien
ratfonné fuivant lés uns, & trop
févere fuivdot d'autres. 11 fuit ce-
pcndatit les anciens i)irincipfes. IV.
Des Sermons , în-8*' , plus folides
^fariltans.
l. THORILLIERE , { N... le
Voit de la ) gentilhomme , d'officier
êè «avalerie i« fît çQji^édâen pour
¥ M Ô HÇ
les rpies dt^Roi & de Payfan eit \
1658 , & mourut en 1679 , après
avoir donné au public une Tra-
gédie de Marc-Antoine, L'itlullrël
MoUere étant mort en 16^3 , la
Thori/iiere palfa dans la troupe dé
THôpital de Bourgogne , où il
continua de jouer ïes deux rôle*
avec le même fuccès.
,IÏ. THORILLIERE ,•( Pierre W ,
Noir de la ) fils du précédent , em* '
HralTa la profefiion de fon père , dà
fit pendant très-long-témps l'agré-k
ihent du théâtre dans les rôles dé
Va/et & autres comiques. 11 mou^i
rut doyen des comédiens en 1^3 1 ^
âgé de 7$* ans4 II avoit époufé Ca-
thenne Biancolellî , connue fous Id
nom de Colotnbms , fille de DomU
nique , excellent Arlequin de l'ancien
théâtre. Il en eut pour fils Anne-^
Maurice le Noir de la thorlUlcre ^
comédien médiocre * mort en 1 7 j 9 ^
âgé de 60 ans.
THORISMONd, Voy, Attila*-
THORIUS , ( Raphaël ) mé^
decin , mort de la pefte en 1629
à Londres , fe fit eftimer en An*
gleterre , fous le règne de Jacques î^
plutôt par fes connoiffances qud
par fes moetyis , car il aimoit ex-»
ceffivement lef vin. On a de lui : I.Uit
Poème eftiraé fur le Tabac , Utrecht ^
1644, in- 12. IL X/ne Lettre , De
caufa morhi & mortis Ifaàcl Cafaubonu
THORNIL , ( Jacques ) peintre ,
né en 1676 dans la prpvînce dtf
Dorfet, mourut le 24 Mai 17 34,
à 59 ans, dans la même maifon
où il reçut le jour. Il étoit fils d'un
gentilhomme qui , l'ayant laiflé
fort jeune & fans bien , le mit dans
la néceffité de cherchet dans fés
talens de quoi fubfifter. Il entra
chez un peintre médiocre , où Icf
défir de fe perfeâ:ionner , & fon
goût , le rendirent en peu de temp9
habile dans fon art. I^ reine Anne
fe fervit de fa main pour plufieur»
grands Quvrages de peinture, Soa
■ Hij
ti6 T H O
mérite lui fit donner la phce de '
premier peintre de Sa Majefté ,
avec le titre de chevalier. Il ac« '
quit de grands biens , 6c racheta les
terres, que fon'pere av oit vendues.
Il fut élu membre du parlement -,
,mais les richeiTes , ni les honneurs
ne l'empêchoient point d'exercer
la peinture. Il avoit un génie qui
embraftoit tous les genres \ il pei-
gnoir également bien l'Hidoire ,
l'Ail fcgorie , le Portrait , le Payfage
& l'Aichiteâure. On admire plu-
iieurs' de fes Tableaux à l'hôpital
de Greenwick. Le dôme de Saint-
Paul, de Londres eft peint tout en-
tier de fa main. U a même donné
plusieurs Plans qui ont été exécutés,
11 lâifTa un fils héritier de Tes biens
& de Tes talens , & une fille mariée
au célèbre peintre Hogarth. Thomil
avoit toutes les qualités d'un bon
citoyen , la probité , la prudence ,
le zèle ; & il y joignoit l'efprit & le
favoir.
I. THOU , (.Nicolas de ) de l'il-
luAremaifon de Thou^ originaire de
Champagne , fut confeiller-derc au
parlement, archidiacre de TEglife de
Paris , abbé de Saint-Symphorien
de Beauvais , puis évêque de Char-
tres. Il facra le toi* Henri IV en
1594, & fut diflingué parmi les
prélats de Ton temps par Ton {avoir
& par fa piété. Il prêcha avec zele
tf. avec fruit , & mourut en 1 598 ,
à 70 ans. On a de lui : I. Un Traité
Se Adminifiration des Sacremens,
. Une Explication de U Aîejfe &
de fes Cérémonies, III. D'autres ou-
vrages peu connus.
U. THOU , ( Chriflophe de)
frere'ainé du précédent, feigneur
de Bonnœil , de Celi , &c. premier
préfident au parlement de Paris,
chancelier des ducs d'Anjou & d!A-
lençon , fui vit Henri II ^ Charles IX
& Henri III , avec un zele aftif , dans
le berceau des malheureux troubles
|le la France* Ce dernier prince le
T H o
regretta , le pleura même à fa lad
arrivée en 1 5 S4 , à 74 ans ; il li
fit faire des obfeques folennelleft
& on lui entendit fouvent dire av^
gémiifemem : » Que Paris ne fe i
» jamais révolté , fi Chrtftophe <
» Thou avoit été à la tète du Par
» lement «. C'efl lui qui appliqu
au maiTaae de la Saint-Barthélemi ,^
ces yers de Stact : /
. Excidat lUa dies avo , ncc pofter*
credant
Sacula -y nos certe taceamus y & ohruti
multâ
Nocle tegi proprue patîam'ur crimiaâ
genus.
Que de ce jour affreux périfle )i
mémoire.
Que la poûérité refufe de le
croire ,
Et des voiles épais d'un fîlencc
éternel ,
Couvrons les attentats du Franç(»t
criminel !
. m. THOU , ( Jacques. AÏ^fte ,
de ) 3^ fils du précédent , né à
Paris en 15 5 3 , voyagea de bonoe
heure en Italie , en Flandres & en
Allemagne. Son père l'avoit deftiné
à l'état eccléfîaflique , & Nicolas à
Thou fon oncle , évêque de Chartres,
lui avoit réiigné Cts bénéfices ; mais
la mort de fon frère aîné l'obligea
de s'en démettre. Il prit le parti de
la robe , & fut reçu confeiiler au
parlement , enfuite préfident à mor-
tier. En 1586", après la funefte
journée des Barricades, il fortit de
Paris & fe rendit à Chartres auprèsdt
Henri III y qui l'envoya en Nor-
mandie & en Picardie , & enfuite
en Allemagne. De Thou pafià de là
à yenife , où il reçut la nouvelle
de la mort de ce prince afTaffiné par
un Jacobin fanatique. Ce fut ce qui ^
l'obligea de reverir en France,
Henri /Kétoit alors à Qiâteaudunà
le préfident de Thou fe rendit auprès
de lui. Ce monarque , charmé dç {{^
r
T H O ^
kmx & de fon intégrité , Tappela
plofieurs fois dans foh confeil , &
l'employa dans plufieurs négocia-
tions importantes , comme à la con-
ierence de Surene. Après la mort
it Jacques Amyot y grand-maître de
b bibliothèque du roi , le préfident
à Thon obtint cette place;' digne
de fon érudition. Le roi voulut
<ju'il fut un des commiffaires Catho-
fiques dans la célèbre conférence de
Fontainebleau , entre du Perron & du
flfjfiS'Mùmai, Pendant la régence
de la reine N^rU de Médîch , il ftit
un des dtreéieurs généraux des Fi-
nances. On le députa à la confé-
rence de Loudun , & on l'employa
•dans d'autres affaires très-épiaeufes ,
dans Icfqaelles il ne fît pas moins
éclater fes vertus que fes lumières.
Tandis qu'il étoit eni 5 98 à Saiimur,
où il finiflbit l'afFaire de la ibumif-
fion du ducic Mercaùr , il lui arriva
nne aventure finguliere. Une nuit
çi'il dormoit profondément , il fut
éveillé tout à coup par le bruit' qu'il
entendit dans fa ruelle. Bientôt il
>^oit au clair de la lune une figure
blanche , marchant d'un air très-
Srave. De TAou fans s'effrayer , lui
^eniande qui elle étoit > La Reine du
C< lui répond ce fantôme. Con-
ûoiiïant alors à la voix que c'étoit
ïine femme , il appelle fes dftmefti-
ques qui la mirent dehors. Le lende-
main il apprit que c'étoit une folle
^tti fervoit de jouet au peuple , &
<pii ne fâchant où pafTer la nuit,
«oit entrée par hafard dans fa
diambre qui n'étoit point fermée à
^. Le préfident de Thou fut aufii
^bargé avec le cardinal du Puron ,
de trouver les .moyens de réformer
l*Univcrfité de Paris , & de travailler
3 la conftruftion du CoUége-royal
^i fut conunencé par fes foins ; il
s'en acquitta avec zèle. Enfin , après
ïyoïr rempli tous les devoirs du
citoyen , du magiftrat & de l'homme
4ô leurcs , il mtuiw à Paris le 7
T H O 117
Mai 16 17 , à 64 ans. Il avoir com-
pofï pov lui-même une Epitaphe
latine , dont voici une foible imita-
tion françoife :
Icîj* attends le jour où l* étemelle Voix
Dmh commander aux Morts de revoir
la lumière y
Jour où Ujujie Jufte à la nature entière
Donnera fes dernières lois.
Ma docile ralfon conferva la Fol
f«'<. *
La Fol de mes Aïeux & leur fimpll^
cité ;
Combattit fans orgueil & fouffrlt
fans murmure
Les défauts de Inhumanité,
Contredit & perfécuté ,
Je n'oppofal jamais Je reproche à
rinjure.
Sénateur de la Vérité j
Et ma plume & ma voix lui fervlrent
d* organe ;
Sans mêler à fôn culte ou l'Intérêt
profane ,
Ou la haine Indlf crête , ou la tlmî"
dite.
France , fi je n*eus rien de plus cher
que ta gloire ,
Du nom de Citoyen fi mon caur fut
épris ,
Donne tes pleurs à ma mémoire ,
Ta confiance à mes Ecrits,
Le préfident de Thou s'étoit nourri
des meilleurs auteurs grecs & la-
tins , & avoit puifé dans fes lèâures
& dans fes voyages, la connoifTanc*
raifonnée des moeurs, des coutu-
mes & de la géographie de tous les
pays difïérens. Nous avons de lui
une Hiftolre de fon Temps en 13^
livres ( depuis 1 545 jufqu'en 1607 )
dans laquelle il parle également bien
de la politique ,*de la guerre & des
lettres. Les intérêts de tous les
peuples de l'Europe y font déve-
loppés avec beaucoup d'impartia-
lité & d'intelligence. Il ne peint ni
comme Tacite , ni comme Sallufle ;
mais il éoric comme on doit écare
. H iij
ii8 T H O
une Hiftoirc générale. Ses réfle-
scions , fans être fines , fo^ noHles
& judicieufés. Il entre fouvemdans
de trop grands détails; il fait des
courfes juiqu'aux extrémités du
]Monde, au lieu de fe renfermer
dans fon objet principal -, mais la
J>eauté de fon fly le empêche prefque
qu'on ne s'apperçoive de ce défaut.
Jue jugement domine dans cette Hif^^
toire , à quelques endroits près , où
l'auteur ajoute trop ée foi à des
bruits publics (g. à des prédirions
d*aflrologues, On lui a encore re-
proché de latinifer d'une manière
étrange , les noms propres d'hom-
fnes , dç villes , de pays : il a fallu
pjouter à la fin de fon Hifloire , un
pidionnaire;fous le titre de, C/avU
JTiftorU Thuana , où tous ces mots
ibnt traduits en françois. La liberté
»vec laquelle l'illullre hifltorien
parle fur les papes , fur le clergé ,
iur la maifon de Guife , & une cer-
taine difpoiition à adoucir les fautes
des Huguenots , & à faire valoir les
vertus & les talens de cette fefte ,
£rent foupçonner qu'il avoit des
ientimens peu orthodoxes ^ mais il
trouva bien des défenfeurs pendant
fa vie & après fa mort. Ses inten^
tions étoient pures, fi Ton en juge
par ce qu*il en écrivit au préfident
Jeannîn, »» Je prends Dieu à témoin ,
« dit-il , que je n'ai eu en vue que
«* fa gloire & l'utilité publiqi^e ,* en
♦' écrivant THiftoire avec la fidélité
»' la plus exaÛeôç la plusincorrupr
M tiblc dont )*ai été capable, fans
w me laiffer prévenir par l'amitié
»» ou par la haine. J'avoue que
»» pluficurs ont fur moi l'avantage
?' de l'agrément du fiyle , de la ma-
M niere de narrer , de la clarté du
7> difcours , de la profondeur des
f> réflexions & des maximes ; mais
•f je ne le cède, en fidélité & ?n
vi exaâitude , à aucun de ceux qui
•I ont écrit Phiftoire avant 'moi.
^ J'ai jniewx aimé m^expofcr à
T H O
»♦ pttàt^ la faveur de la cour , mÈ '
>' propre fortune & même roa ré-
" putation , que de fuivre les vues
» d'une prudence mal- entendue ,
M en taifant mon nom. Cette pré-^
M caution auroit infpiré des doutes
» fur la fidélité d'une Hifioire » que
*• j'avois travaillée avec tant de foin
*• pour l'utilité publique , & pour
»» confervcr à la poilérité le fou-
'» venir de tout ce qui s'eft pafle
" de mon temps. Je prévis bien ,
" que je m'attirerois l'envie de beau*
** coup de gens *, & l'événement ne
» Ta que trop juflifié. A peine la
>* première partie de mon Hiftoin
» eut-elle été rendue publique en
»♦ 1604 , que je refTenris l'anima» #
»» fité d'un grand nombre de jaloux
" & de faâieux. Us irritèrent contre
>• moi 4 par d'artificieufes calpm-*
>• nies , plufieors des feigneurs do
" la cour , qui , comme vous favez ,
» ne font pas par eux-mêmes
» au fait de ces fortes de chofes,
•' Us portèrent d'abord l'affaire à
>• Rome , où après m'avoir décrié «
" ils vinrent facilement à bout de
'* faire prendre tout en mauvaifo
" part, par des cenfeurs chagrins ,
H qui étant déjà prévenus contre
>» la perfonne de l'auteur , con-
*i damnèrent tout l'ouvrage dont
*' ils n-avoient pas lu le tiers,
» Le Roi prit d'abord ma défenfe,
» quoique plufieurs feigneurs de la
9» cour me fuffent contraires; mais
» peu à peu il fe laiifa gagner par
tf l'arûfice de mes ennemis ». Lji
meilleure édition de fon Hifioin eft
ceMe de Londres en 1733 , en
fept volumes in-folio. On la doit
à Thom:is Cane , Anglois , connu
à Paris fous le nom de Pki/ips ,
homme recommandable par foO
favoir & par fa probité , qui ffl
donna des peines extrêmes pour em-
bellir cet ouvrage. Ses compa-»
triotes , charmés du zèle qu'il faifoil
paroître pour un hUlpriçn aui Uw
r
TH O
tft cher , le déchargèrent de tou-
tes les imporitions qui le lèvent en
Angleterre , fur le, papier Sr fur
l'imprimerie., L'éditeur a jaiat à
VBfialn du'préfident âe Thou^ la
continuation , par R'gault , en trois
fivrfis^ depuis 1607 jurqu'eni6io.
Oa auroitdéâré : i.^ Qu'en faifant
réimprimer le meilleur de nos hiC-
conens , il eût relevé dans des
notes quelques-unes des méprifes
^ui lui font échappées. 2.^ Qu'il eût
ajouté les endroits retranchés qui
fe trouvent manuCcrits. 3.^ Qu'^^
«ût mis des fomm9irc\s marginaux >
qu'U eût divifé l'ouvrage par nu-
méro , & qu'il eût fait une Table
des matières relatives. Le texte
«tant continu & fans divifions , l'ef-
prit du ieâeur ne ùÀCit pas auffî
xicilement les faits , que lorfqu'on
ajoute une courte analyfe aux mar-
ges. Quoi ^'il en foit , ç e^ fur
fette nouvelle édition que l'abbé
du Fontmnes , aidé de plufieurs fa-
vans, en donna une Tradu£lion
françoife , en xvi vol. in-4° ,
j?aris, 1749 -, & Hollande , n voL
in-4®. Après «ne Préface Judicicufe,
on y trouve les Mémoires de la
Vie de l'illudre hiftoricn, com-
pofés par lui-même , & que quel-
ques auteurs attribuent à Fîthou, Ces
Mémoires avoient déjà paru en
françois à Roterdam en 173 1 , in -4**,
avec une Tradudion de la Préface
qui eu au-devant de la grande Hif*
«oire de cet auteur. C'eft cette ver-
£on que Ton redonne ici , un peu
retouchée dans ce qui e(l en profe -,
& on y a feulement ajouté à la fin
les Poéfics Utîats de M. i« Thou ,
rapportées en firançois dans les Mé-
moires. On a de lui des Vers latins ,
où l'on trouve beaucoup, d'élé-
gance & de génie. Il a fait un Po'énu
fur I9 Fauconnerie : De re acçlpUra-
Wa, 1 5 84,in-4** j des Poéfies diverfes
fur le Ckoii . la Violette , le Zij ,
i6« , in-4** , <te« Poéjkt Chràlmi^>t
T H O 11^
Paris, 1^99^ in- 8°, ficc. Durand u
écrit fa VU , in-8°. Voyei les art.
1. MACHAULT & RiGAULT.
IV. THOU . ( François- Augufte
de) ÛU aine du précédent , hérita
des vertus de fon père. Nomm^
grand-maitre de la bibliothèque d«
roi , il fè At aimer de tous les fa-
vans par fon efprit , par fa dou-
ceur & par fon érudition. Ilavoii
été , jufqu'en 1638 ^ intendant de
J'armée du cardinal de la VaUtte^
Dans le temps qu'il occupoit cette
place^ le cardinal de Richelieu dé-
couvrit qu'il entretenoit de fecretes
iiaifons avec la duchefTe de Che*
*rcu/e , ^ qu'il faifoit tenir les
lettres qu'elle écrivoit , dans lès
cours étrangères. Cette complat-
fance à l'égard d'une dame peu
aimée du miniftre , le rendit fufpeél
au cardinal , qui l'éloigna de tous
les emplois de confiance. Voyant
qu'il n'avoic rien à efpérer du pre-
mier miniilre , il s'attacha à C*nf
Mars grand-écuyer^ $lans l'efpérance
de s'avancer par le crédit ' d'un
favori , regardé à la cour comme
le rival de la faveur de Richellem,
Cette liaifon avec un jeune-homme
d'un eiprit évaporé & peu réfléchi ,
fut la caufe de fa perte. Nous avons
parlé à l'article de Citiq-Mars , d'un-
traité qu'il avoit conclu avec l'£f-
pagne. De TAo«, foupiçonné d'avoir
étc le confident de tpus les iecrets
des confpirateurs ,' &t arrêté & conr
damné à mort , pour n'avoir pas
révélé le traité dont nous venons
de parler. Il eut beau dire à fes
juges» " qu'il eût fallu fe rendre
» délateur d'un crime d'état contre
»' Monsieur , irere unique du
»» Roi , contre le duc de Bouillon. »
♦♦ contre le grand-écuyer i & d'un
>» crime dont il ne pouvoit four-
9* nir la moindre preuve ««• Cinq*
Mars attendri fur le fort de fon
ami , 8f ne fe di/Timulaai: point
qu'il étoit la caufe de ik perte^
Hiv
ïi> T H U
fentît naitre (es talens pour l*Hif-
loire , en entendant lire celle 6! Hé"
wodote à Athènes, pendant la fête
^es FoMothtnées, On a ibuvent com-
|iarc ces deux hiiloriens. Hérodote
€& plus doux , plus clair & plus
abondant ; Thutydlde plus concis »
plus ferré , plus preffé d'arriver à
Con but. L'un a plus de grâces ,
l'autre plus de feu. Le premier
renaît dans Texpoûtion des faits ,
l'autre dans la manière forte &
vive de les rendre. Autant de mots ,
soxtant de pçnfées *, mais fa prçciûon
le rend quelquefois un peu obfcur,
iur-tout dans fies harangues, la,
fiiiipart trop longues & trop mul-
tipliées. Quant à la vérité des faits,
Thucydide , témoin oculaire , doit
l'emporter fur Hérodote , qui fouvent
adoptoit les Mémoires qu'on lui
IbùmiiToit , fans les examiner. Ce-
fiendant la difcuffion des intérêts
f>olitiques de la Grèce, & les opé-
rations d'une guevre longue &
opiniâtre, ne peuvent pas attacher
aufli agréablement dans Thucydide ,
jque les événemens curieux & va-
f^iés qu Hérodote avoit recueillis de
l'hiûoire des différentes nations
de rUnivërs. Cet illufb-e hiftorien
mourut félon les uns à Athènes où
a avoit été rappelé , l*an 361 avant
I. C. , & félon d'autres en Thrace ,
4*011 l'on rapporta fes os dans fa
patrie. Il avoit environ 80 ans.
Farmi les hiftoriens latins qui fe
ïbnt attachés à imiter les Grecs , on
compte Saiivfie , qui prit Thucydide
poHv modèle , non précifémetu
dans, les Ecrits que nous avpns ,
mais dans les autres Ouvrages qu'il
avoit compofés , & que nous avons
perdus. Mais» en irhitant la préci-
£on de Thucydide ^\\ lui donne plus
de nerf & de force -, & QuintUien
Jui-même faitfentir cette différence.
*• Dans l'auteur Grec ( dit-il ) quel-
f> <^ue ferré qu'il fok, vous pour-
» U&z encore reorancher quelquç
THU
M chofe , non pas fans nuîre C
>» l'agrément de la diftion , mais du
» moins fans rien ôter à la pléni*
» tude des penfées. Mais dans Sa/»
» lufie , un mot fupprimé , le ieos
» eft détruit : & c'eft ce que n*a pas
>f fenti TiU'Uve , qui lui reprochoit
>» de défigurer les penfées des Grecs»
» & de les affoiblir , & qui lui prç-
»« feroit Thucydide^ non qu'il aimât
» davantage ce dernier , mais parce
» qu'il le craignoit moins , & qu'il
** fe âattoit de fe mettre plus aifé*
M ment au-deffus de Sallujle ^ s'il
" mettoit d'abord Salluftc au-dei*-
** fous de Thucydide.*, « De toutes
les édidons de VHlftoire de Thucy»
dide ., les meilleures font jçelles
d'Amilerdam, 173 1, in-folio^ en
grec^ en latin -, celles d'Oxford ,
1696 , in-folio j & de Glafgou ^
175 9, 8 vol. in-8**. D'Ablancowt
en a donné une Traduction fi-an<-
çoife afLz fidelle , imprimée chez
Billaiae , en 3 vol. in-i2«
THUILERIES , (Gaude de Mou-
linet , abbé des ) né à Séez , d'une
famille noble » alla achever à Paris
Tes humanités. A l'étude des mathé*
matiques , il joignoit celje du grec
& de l'hébreu-, mais quelque temps
après il renonça à ces divers genres
de connoiflances , pour ne plus
s'occuper que de l'Hiftoire de
France. U mourut à Paris, d'une
hydropifie de poitrine, en 1728.
Outre plufîeurs Mémoires fur dilEç-
rens fujets , & une Hiftoîre du dîoceft
de Sée\ en manufcrit , on a de lui :
L Dîjfenaûon fur la mouvance de
Bretagne par rapport à la Normandie ,
Paris, 171 1 , in-i2', à laquelle eft
jointe une autre Pijfertaiion tou-
chant quelques points de l'Hifioire
de Normandie. IL Examen dt U
charge de Connétable de Normand,
III. Differtations , dans le Mercurt
de France & dans le Journal de
Trévoux. IV. hsi Articles du di^*
lîï
iàl
T H U
&k Ae Séez dans le Dîcitonnalre
tuùvcrfd dt la Fratue , 1716 , &C.
THUiLLERlE, ( Jcan-Juvcnon
delà) comédien comme fon père,
au-iîecle dernier, ambicionna à la
ibis la palme de Rofclus & celles
d'EuripUc & A'Arîfiophane, U fut
emportée» 1688, à 35 ans, d'vne
fièvre chaude , qu'il dut à fes excès
d'incoiHÎneixce, après avoir dontié
4 Pièces dramatiques , qui furent
réunies en un vol. in- 12. On y
trouve : I. Crifpin Précepteur^ & Crlf-*
fin Bcl-e/prit , Comédies en unaâe
&en vers. II. Deux Tragédies ,5o-
Hman & Hercule , dont on con-
hoitra le mérite en fâchant qu*elles
ont été attribuées à Tabbé Abeille.
Ceil à quoi fait allufion TEpita-
phe qu'un . plaidant fit à la Tfnùl^
itne :
>» Ci gît un Fiacre nommé Jean,
f» Qui croyoit avoir fait HerctiU &
9> Soliman m.
I. THUILLIER, { Dom Vincent )
staquit à Coucy , au diocefè de
Laon, en 168^. Il entra dans la
Congrégation de Saint - Maur en
1703 , s'y , diftingua de bonne
heure par fes talens. Après avoir
profefTé long-temps la philofophie
& la théologie dans l'abbaye de
Saint-Germain-des-Prés , il en de-
vint fous -prieur. 11 occupoit cet
eptploi, lorfqu'il mourut le 12
Janvier 1736, à 51 ans. Dom
ThuUlier écrivoit afTez bien en latin
& en firançois *, il pofTédoit les lan-
gues & l'hifioire. A une imagina*
tion vive, il Joignoit une vafte lit-
térature. Son paraé^eré étoit porté
à la (atire *, & il a fait voir , par
diverfes Pièces qu'il montroit vo-
lontiers à fes amis , qu'il pouvoit
réuffir dans ce déteflable genre. On
a de lui des Ouvrages plus impor-
nns-, les principaux font : 1. VHlf-
foire de Polybc , traduite du grec en
fopçois f §vec uo Cmmntalrc fur
THU îij
tArt Mi/îtaîre f par le chrfi^ier de
Folard, en 6 vol. in-4**. Elle eâ
aiiiti élégante que fîdelle. Il, Hif*
toire de la nouvelle édition de Saint
Auguftin , donnée par les Bénédi<i-
tins de la Congrégation de Saint-
Maur, Ï736, in - 4**. III. Lettres
d*un ancien Profeffeur de Théologk de
la Con^rémion de Saitit-Maut , qui a.
révoqué fon appel de la Canfiîtutioa.
Unigenitus. Dom Thmllier, ardent
adverfaire de cette Bulle * devint un
de fes plus zélés défenfeurs *, il fe
fignaU par plufieurs Ecrits en fa-
veur de ce décret , qui lui firent
beaucoup d'ennemis dans fa Con-
grégation* Les Êmatiques du parti
qu'il attaquoit, ont même voulu
que fa mort ait été marquée par
des fignes funeftes. L auteur du
ÙîBîonnaîre Criiique dit, » que fe
» fentant fubitement prefle de qucl-
» que befoin , il fe mit fur le fiége
»' & expira avec un grand mouve-
u ment d'entrailles «. On a dit la
même chofe à*Arius ; mais l'unavolt
ravagé l'Eglife, & l'autre avoir
montré feulement im zèle incon*
fidéré.
IL THUILLIER, (René ) Mi-
nime François , mérita par {es talens
& fa probité d'être mis plufieurs
foi^^à la tête de fa province. II.
efl auteur du Dîarîum patrum , fra-
trum &foroTum ordlnîs Minomm pro-
vinclz francUb , Paris ,• I709 , 2 vol.
in-4° , écrit d'un ftylo pur & même
élégant , afiez exaâ pour les dates ;
mais il y montre quelquefois un
peu trop de crédulité.
THUMNE, ( Théodore ) pro-
fefieur Luthérien de théologie à
Tu^jinge, s'eft £ait connoître par
quelques Ouvrages. Le plus recher-
ché eft le Traité hiftorique & théo-
logique def Fêtes des Juifs , des Chré'*
tiens & des Païens^ in- 4**. Cet écri-
vain mourut en 1730.
THUROT , ( N... ) fameux arma*
tçur François^ étoit fils d'un mal-
iî4 T H U
de poÛe 'de Nuits en Bourgogne.
Ses parens vouloient en faire un
religieux -, comme il fe fcntoit une
autre vocation , il prit la fuite &
fe rendit à Bologne fur mer, où il
commença par être mouiTe. Ses
talens fe développèrent dans l'école
de l'adverfité. On a prétendu que
pendant la guerre'de 1741 1 il fervit
en qualité de garçon chirurgien
fur les Corfaires de Dunkcrque. Il
€& plus vraifemblable qu'il com>
ma^doit un de ces Corfaires. Ce
qu'il y a de fur , c'eft qu'il fut fait
prifonnier. Le maréchal de Bel/e-
JJle fe trouvoit en ce temps -là en
Angleterre. Thurot , à qui on laif-
foit apparemment une certaine li-
bené, fit fou poflîble pour fe ca-
cher dans le yach qui devoir re-
conduire ce feigneur en France ;
mais il fut découvert. Ne pouvant
s'embarquer avec le maréchal , il
forma fur le champ le projet de
pafTer la mer dans un bateau. U
en voit un qui n'étoit gardé de
perfonne r il s*en empare , s'éloi-
gne du port fans autre guide que
lui-même, & arrive heiireufement
à Calais. Le bruit de cette aventure
parvint au maréchal de Bel/e-IJU,
qui fe déclara dèa-lors fon protec-
teur. Dans la guerre de ly^ 6, Thurot
fe fignala, par plufieurs expéditions
glorieufes. On lui confia , dans le
-mois d'Oéiobre 1760 , cinq fré-
gates pour alkr faire une tdefcente
en Irlande. Le capitaine Elliot
l'ayant atteint, avec une flotte An-
gloife, le combat fut engagé, &
TJmrot y fiit tué au milieu de fa
'Carrière. U n'avoit que 3 5 ans. In-.
telligence , aâivité , prudence , cou-
rage , fermeté , amour de la gloire
& de la patrie , voilà les qi^alités
qui le difiinguerçnt. Lorfqu'il per-
dit la vie, il étoit déjà defcendu
en Irlande & y avoit eu des fuccès ,
<|ue l'approche de la flotte Angloife
J'oblïgea d'interrompre. On a I3
THT
Relation dune de fes campagnes^
I vol in- 12.
THYESTE, fils de Pélops &
d^ffyfpodamîe y Ôcfi-ere à*Atrée^por^
toit une haine fi violente à celui»
ci , que ne pouvant lui nuire autre-
ment , il commit un incefte avec fa
femme. Atrée , pour s'en venger, mit
en pièces l'enfant qui étoit né de
ce crime , & en fervit le »fang à
boire à Thye/le,. Le Soleil ne parut
pas ce jour-là fur l'horizon , pour
ne point éclairer une ad^ion aufli
déteftable. Thyefie ^ par un fécond
incefte , mais involontaire , eut un
autre fils de fa propre fille Pélopée j.
Voy. Egisthe.
/. THYRÉE , ( Herman ) J^fuitp ,
né à Nuys, dans l'archevêché de
Cologne, en ^531 , enfeigna U
théologie à Ingolftadt, à Trêves^
à Mayence , fut reâeur de dif-
férens collèges & provincial en
Allemagne, doyen de la faculté
/de théologie de Mayence où il
mourut le 16 Oûobre 1591. On
a de lui : Confejfio Auguftana , cum
notls , Dilinge, 1567 , in - 4**. On
Pa réimprimée depuis in-fol.
//. THYRÉE , ( Pierre ) Jéfuite ,
frère du précédent , né a Nuys ,
mourut à 'W'urtzbourg le 3 Décem-
bre 1601, à 5iÇ ans , après s'être
diflingué dans fa Société par Tem-^
ploi de profeflicur en théologie,
qu'il exerça long-temps en diffé7
rens collèges. Ses Ouvrages con-
fiflent principalement en des Thefes
raifonftécs 'fur des matières de con<-
troverfe , qui font autant de Traités^
affez étendus. Un de fes Ouvrages
des plus curieux , eft celui DeAppa-
ritionibus Jplrituum ^ Coiogi^, l6oo^
in-4°. IJom Calmet & langlet dit
Frefnoy ont profité de ce Traité
pour compofer ceux - qu'ils ont
donnés fur la même matière.
THYSIUS , ( Antoine ) né vers
1603 à Hardervyck ( Mmrfius le
dit natif d'Anvers , daas Athcnm
r
I T H Y
■ Bawtt , page 332, édition 162 5 , )
■ fut profeffeur en poéiîe & en élo-
I queace à Leyde , & bibliothécaire
■ de l'univerûcé de ce|te ville; il
I mourut en 1670. 11 s'auacla avec
I fuccès à expliquer les anciens au-
teurs , & nous donna de bonnes
Editions , dites des Variorum : 1. De
Vcllcius- Pater culus , à Leyde, 1668,
in - 8^. II. De Saliufii , à Leyde,
1665, in-S'*. III. De VaUn-Maximc^
à Leyde, in-8**. IV. Stneca tragœdia^
1651. V. £. Calil LaHandi opéra ^
1652. VI. Hiftorla navalis. C'eft
une Hiftoire de tous les combats
qu'il y a eu fur mer entre les Hol-
landois & les Efpagnols , 1657 ,
în-4^, belle édition. VII. Compen-
àlilm Hîfiorlit Batavicoty 1645. VIII.
Excrâtaùones Mlfccllancet , 1639,
in- 12. Ce font des Differtations fur
des fujets de TEcriture-fainte & de
Mythologie. IX. GidlUlml PoJklU
de Republica , feu Magijiratlbus Athe-
nienfium , Leyde , 1645 , in- 12. .
Thyfius y a ajouté deux Pièces -, la
première repréfente le gouverne-
ment d'Athènes depuis la naiiTance
de cette république jufqu à la fin ;
la féconde eu un Recueil de diverfes
lois Attiqiies recueillies de divers
pafîages des anciens, & mifes en
parallèle avec it& lois Romaines qui
. ont le même obja. Ces deux Pièces
ont reparu dans les Antiquités Grec^
qucs de OroBoviu/y tome 5 . X. Une
Edition de l'HfJiolre d'AngUierre de
Po/ydore VlrgÛe, X\, D'Aulu- Celle ,
à Leyde , 1661 , 2 vol. in-8^. Il
fut aidé dans ce dernier travail par
Oi/elius„. Frédéric & Jacques Grono'
nui donnèrent une Edition à*Aulu-
GeUe€niyo6 yin-4^ , dans laquelle
ils inférèrent les Notes & les Com-
mentaires raflemblés en celle de
Thyfius. Le Sallufie de cet autçur
fut auffî réimprimé à Leyde ' en
1677 ; & cette édition , quoique
conforme en tout à celle de 1665 ,
€0 pré^éf par lei c^nnolileurs
T r B 12^
à caufô de la.l^auté de Hmpreéi
iion.
TIARINI, r^^. Thiarini.
TIBALDEI , ( Antoine ) natii de
Ferrare , poëte italien & latin,
mort en 1537, âgé de 80 ans , cul-
tiva d'abord la poéûe italienne j
mais Bembo & SadoUt , fes rivaux ,
l'ayant éclipfé , il fe livra à des
Mufes étrangères , â^ obtint les
fuffrages du public. Ses Poéfies La-
tines parurent à Modeneen 1500,
in- 4° \ les Italiennes avoient été
imprimées , ibid. en 1498 , in-4°j
I. T I B E R E , ( Claudius Tiberius
Nero.) empereur Romain, defccn-
doit en ligne direûe d'Applas Cl^u*
diusy cenfeur.à Rome. Sa mère étoit
la fameufe Lhîe qu'Augufte époufa
lorfqu'clle étoit enceinte de Drufus,
Tibère étoit déjà né l'an 42 avant
J. C. Il fut élevé dans l'étude des
langues grecques & latines qu'il
cultiva toute fa vie avec foin*
C'étoit dès- lors un efprit fombre ,
mélancolique , dilSmulé , aimant à
être feul , toujours trifté & peniif ;
ne parlant jamais qu'en peu de mots
& lentement , & fouvent ne difant
rien du tout, même à ceux qui étoient
attachés à fon fervice. Suétone i'ac-
cufe de n'avoir eu ni douceur , nî
complaifance , pas même pour Zm«
fa mère. Ce fut cependant par les
intrigues de cette femme artificieufe
i\\x'Augu/U l'adopta : [Vo^, L Li v ie.]
Ce prince crut £ie l'attacher , en
l'obligeant . de répudier Vipfanla^
pour époufer Julie^ fa fille , veuv«
d*Agr'ppa i mais ce lien fut très-
foibie. Tibère avoit des talens pour
la guerre : Augufle fe fervit de lui ^
avec avantage. Il l'envoya dans
la Pannonie > dans la Dalmatie de
dans la Germanie , qui -menaçoient
de. fe révolter. Tibère condui^t ce»
deux guerres avec autant d'habileté
que de prudence. Il épargna autant
qu'il put le fang du foldat , fe re-
ti6 r I B
^and^elles dévoient lui coÂter trop
éc inonde. Il tâcha d*abord de ré-
duire les Dalmatcs & les Panno-
iiiens qui monaçoie^t de faire une
invafion en Italie, après avoir ra*
vagé la Macédoine. La guerre qu'il
leur fit dura 4 ans ; Tibcn en leur
coupant les vivres , les força de fc
retirer dans les montagnes , d'aban-»
donner le plat pays , & de fe fou-
mettre^ £<iioa , chef des Dalmates,
^tant venu trouver fon vainqueur
fur la promefie que fes jours iêroient
en fureté, Tlhtrt lui demandâmes
snoti£i de la- révolte de fes corn-
patriofiss & des Pannonîens. Fous.
ne dev«i^ Romaitts ^ répondit-il , en
ticcufer que votU'tnêmes, Que u^en-
9^oye{-vous , pour garder vos troupeaux ,
^s bergers & non des loups ? Tihere
à fon retour , Tan 9 de J, C. , ob-
tint les honneurs du triomphe. Il
s'étoit déjà £gnalé contre les Ger-
mains ; il y fut envoyé de nou*»
veau , Tan 11 , avec Germanicus ; &
dans. le cours d« trois campagnes,
ils rétablirent la réputation des ar- *
mes Romaines que Farus^ battu par
Arminlus , avoit fort affbiblie. Après
la mort SAupifie , qui l'avoit nommé
Ion fucceffeur à Tempirc , Tihere
prit en main les rênes de l'Etat ;
mais ce rufé politique n'accepta le
Souverain pouvoir qu'après s'être
beaucoup (xA foUiciter. Ce fut le
19 Août, Tan 14 de J. C, qu'il
commeniça à régner. En paroifîant
refiifer la fouveraîneté , il l'exer-
çoit hautement d^ns tout l'empire.
Cette conduite îi contraire au lan-
gage qu'il avoit tenu dans le iénat ,
indigna quelques fénateurs -, & â
nous en croyons Suétone^ l'un d'«ux
lui dit : La plupart tardent à eccécuter
ee qu'ils ont'pronils \ mais pour vous ,
Céfar , vous tarde^ à promettre ce que
vous txéatui^ d'avance. Cependant
Tthercy à l'exemple d*Augufiet re-
)«ta^ou)Ours le nom deSEiGi/£VR
ou 3e AU/»u« U dif^ figfiîveac î
Tï6
fe fuis le Maître de nus EfitéPeJ-i'
le Général de mes Soldats , &• le Chef
des autres Citoyens, Ce prince , dan»
le commegcement de fon 'régné,
fit paroitre un grand zèle pour liail
îttflice; & il y veilloit par lui-
même. Il fè rendoic fouvent aux
tribunaux affemblés ; & fe mettant
hors des rangs pour ne point ôter
au préteur la place de préfident
qui lui appartenoit , il écoutoit 1»
plaidoirie. Tacite dit *» que Tihert
M en faifaot akiii refpeâer les droite
» de la juflice ^ albibliiToit ceux
M de hi liberté <*> Son caraâere
vindicatifs cruel fe développa dès
qu'il eut la pmfTance en main. Aif
gufie avoit fait des legs aU peuple /
que Tibère ne fe preffoit pas d'ac-
quitter. Vn particulier , voyant
. pafTer un convoi fur la place pu-
blique , s'approcha du mort & lut
dit : Souvene\tvous , quand vous ferej^
aux Champs Elyfées , dfi dire à Au-
guile que nous n*avons encore rien'
eouché des legs qu'il noua a faits,, ^
Tibère , informé de cette raillerie ,
fait tuer le railleur en lui adref-^
fant ces paroles :. Va lui apprendra
toi-même qu^lls fSnt acquittés, ( Voy^
l. Paconivs. )'I1 donna de nou»
velles preuves de fa cruauté à
l'égard d'Archelaus , roi de Cappa^r
doce. Ce prince ne lui avoit rendit
aucun devoir pendant cette efpece
d'exil où il avoit été à Rhodes^
fous le règne é*AuguJle ^ ( Foye^
l'article Thr asile ). Tibère l'inviti'
de venir à Rome , & employa le»
plus flatteuiês promefies pouF l'y
attirer, A peine ce prince eû-ih
arrivé, qu'on lui interne deuxfri- '
voles aceufations , & qu'on le jettct
dans une obfcùre prifon où tt
meurt accablé de chagrin & de-
mifere. Ces barbaries ne furent
que le prélude de plus grands for*
faits. 11 {it mourir Julie fa femme ^
Agrippa , Drufus , Néron , Séjan^
( Voy^ Ge«maniçv«. ) Ses-pa*^
T I H
fats , (es amis , fcs favoris , fu-
rent les vînmes de fa jaloufe
néiîaoce. 11 eut honte à la fin de
feder à Rome , où tout lui retra-
çoit fes crimes, où chaque fa*
mille lui reprochoit la mort de fon
chef, où chaque Ordre pleuroit le
meurtre de fes plus illuftres mem-
bres. 11 fe fetira dans Tifle de
Caprée près de Kaples Tan 27,
k s'y livra aux plus infâmes dé-
bauches. A l'exemple des rois bar-
bares , il avoit tme troupe de jeunes
garçons qu'il faifoic fervir à (es
honteux plaifirs. Il inventa même
des efpeces nouvelles de luxure ,
k des noms pour les exprimer ;
tandis que d'infâmes domeillques
étoient chargés du foin de lui cher- *
cher de tous côtés des objets nou-
veaux , & d'enlever les enfans juf-
qoe dans les bras de leurs pères.
Pendant le cours d*une vie in-
£ime , il ne penfa ni aux armées ,
ûï aux provinces , ni aux ravages
que les ennemis pouvoient faire
fur les frontieres.il TaifTa les Daces
& les Sarmates s'emps'er de la '
Mœâe , & les Germains défoler
les Gaiùes. 11 fe vit impunément
infulter par Anahan , roi des Par-
ihes > qui , après avoir Êiit des
incurfions dans l'Arménie, lui re-
procha par des lettres injurieufes,
fes parricides , fes meurtres & fa
lâche oiûveré , en l'exhortant à
expier , par une mort volontaire * la
haine de fes fujets. C'cft au règne
de Tîbin que commencèrent le vé-
ritable defpotifme des empereurs ,
& la fervitude du fénat. On a
affigné trois caufes de cette im-
t^ortante révolution. » Dans le
>» temps de la république , les ri-
»» chefes des particuliers étoient
♦» immenfes , & les emj^ois qui
w les avoient procurées» les en-
" ttetenoient toujours , malgré les
^ dépenfes énormes où le luxe
M & l'ambition précipitoient les
T I B 117
grands. Mais fous les empereurs ^
la fourcedes richeffes fut tarie,
parce que leurs procurateurs
( Intendans ) ne laifTerent rieof
à prendre dans les provinces y
aux particuliers. Cependant les
mêmes dépenfes fubiiAant tou-
jours , on ne put fe foutenir que
par la farceur de l'empereur &
de fes minières , auxquels oa
facriâa tout. Pendant que le
peuple nommoit aux magiâra-
tures , il fallut quelques vertus^
du moins extérieures , pour les
obtenir. Mais lar(que- -le prince
difpofa de tous les emplois »
fon choix ne fe mérita plus que
par les imrigues de la cour. L3
complaifance , l'adulation ^ Is
bafTeiTe , iWamie , la reiïem-
blance au fouverain dans tou»
£ss crimes , devinrent des ans
néceiSiairés à tous ceux qui vou-
lurent lui plaire. Ainfi tous lefr
motifs qui font agir les hommes ,
détournèrent de la vertu , qui
cefTa d'avoir des partifans auJE*
tôt qu'elle commença à être dan-
gereux, il y avoit une loi de
majefté contre ceux qui commet- \
' toient quelque attentat contre le
peuple Romain. Tiben s'en reu'-
> dit l'objet 'y & j outrant d'ailleurs^
• comme tribun du peuple» (ma-
' giftrature qu'il s'étoit appro-»
priée ) de tous les privilèges
r qui rendoient ce magiftrat facré
> & inviolable , il appliqua ces
> lois à tout ce qui put fervir £9
> haine ou (es défiances. Aâions »
r paroles , fignes , les penfées
» mêmes tombèrent dans le cas dis
r châtimeat porté par la loi *, & le
r crime de lefe-majeflé devint le
i crime de tous ceux à qui on ne
> pouvoit en imputer. D'un autre
' côté , les délateurs furent chéris ,
' honorés & récompenfés *, & cet
^ infâme métier étant la voie la
' plus sûre & même Tumque de
tiÈ
TÏ6
>t parvenir aux richeiTes & aux
>« honneurs , les plus illuftres Té»
>♦ nateurs difputereni entre eux de
>t fauâes confidences , de perfidie &
*» de trahifons. Il faut encore re-*
'* marquer que, depuis les empe-
» feurs, il fut prefque impoflihlc
» d écrire THiftoire. Tout devint
'f fecret entre les mains d*un feul ;
" rien ne tranCpira dans le public ,
'> du cabinet des empereurs. On ne
»» fut plus que ce que la folle har-
>» dieffedcs tyrans ne voiiloit point
»» cacher , ou ce que les hifto-
>♦ riens conjeéiburerent *<. { C'eft ce
que dit Tabbé des Fontaines dans
f on' Abrégé de l'Hiftoire Romaine ,
<i'aprés le préfideht de Monte/quieu. )
Voyei auffil. Tacite, à la fin...
Tibère parvenu à la 23* année de
fon règne , & fe fentant afTbiblipaf
le poids de l'âge, nomma pour fon
fuccefleur à Tempire , Caïus CatU"
^ula. 11 fut , dit- on , déterminé à ce
thoix par les vices qu'il avoit re-
Siarqués en lui , & qu'il Jugeoit ca-
pables de faire oublier les fiens.
Il avoit coutume de dire qu'/V ^e-
volt en la perfonne de ce jeune Prince ,
Tin Serpent pour le Peuple Romain ,
& un Phaëton pour le rejie du Monde,
C'eft dans ces difpoiîtions que Tlhre
mourut à> Mizene, dans le palais
du célebfe Lucullus , en Campanie ,
le 16 Mars , Tan 37^ de Jefus-Chrift,
âgé de 78* ans, aprèren avoir régné
13. On accufa Calâgulà de l'avoir
étouffé. Ce prince étoit devenu,
dans fa vieilteffe , chauve , courbé ,
maigre & fec. Son vifage , couvert
d'emplâtres à caufe àcs boutons
qui le rongeoient, le rendoient
hideux -, & ce fut , félon Suétone ,
nne des raîfons qui Tobligerent de
quitter Rome. Il ëvoit joui juf-
qu'alors d'une fanté robufte , qui
ne fut altérée ni par fon intempé-
rance, ni par fes débauches. Il
n'avoit pas eu béfoin du fecours
des médecins ^ dont il fe moq^oft
t f g
affez fouvent. Confidéré du côrf
de l'efprit, il eut un génie péné-
trant & étendu ; mais il avoit Id'
cœur dépravé ; & fes taleiis devin-
rent des armes dangereufes dont'
il né fe fervit que contré fa patrie^
Il avoit d'abord montré le germé
de rinduîgence. 11 ne répondit pen-
dant quelque temps, que par le'
mépris , aux inveftives , auSc bruits
itijurieux & aux vers mordans que
la fatire répandit contre lui. Il fé
contentoit de dire : Que dans une ville
libre, la langue & la penfée dzvolen€
Cire llhres. Il dit lin jour au fénat ,
qui vonloit qu'on procédât à l'ini'
formation de ces faitsv& â la re-
cherche des coupables : Nous navoris
» point ajfei de temps întàlU pour nous
jeter dans t embarras di ces fortes ^af-'
foires, SI quelquun a prrli iiîdlfcréte'
ihentfur mon compte , je fuis prêt à lui
fendre raifon de mes démarches & dé
mes paroles, Oû cite de lui plufîeurs
traits , qui annoncent un homme dé
beaucoup de fen's. Un certain AL"
lius , ancien préteur , mais qui avoif
diflipé fon bien par la débauche «
fupplia un jour l'empereur de paye^
fes dettes. Préteur ( lui' dif Tibère ,
qui fenfoir où tout cela pouvoir
aller ) vous vous êtes ^¥§^lé bien tard,,
Cependant il ne lui rèfiifa point H
demande ; mais il exigea qu'il lui
femit le montant de Tes dettes i &
dans l'ordonnance qu'il lui délivra
fur fon â^for , il fit exprimer , qu//
donnait telle fommt â AUius , Dljp''
pateur :' c'étoit prudemment joindre
la févérité à l'indulgence. . . Lei
fénateurs en corps avoient témoi-
gné à Tibère leur défir de donner
fon nom ail' mois de Novembre »
dans lequel il' étoit né. Ils lui re«
pré(^ntoient que deux mois de
l'année portoient déjà les noms ,
Vutiàû Jules- Céfar, & l'autre d*^»-
pfie : Juillet , Août. Tibère , qui
n'aimoit pas une flatterie trop fer-
vile, leur répondit par ce mot ég*
ï(;meût
T I B-
lemem vif & jplt^.ti de fetis : Que
fini- vous donc , Sénateurs , fi vous
ave^ irel[e CÈSARS ?... ï>ts ambalTa-
deuisdilioa étoient venus lui faire
des compiimens de condoléance fur
iamort de Dm/us fon fiU« Comme
iisavoient tardé à \ttdr : Je prends
A'fi beaucoup de pan', leur dit Tl- *
fi£A£ , â la douleut que vçus a caufée
Il perte d' Hector.». Le luxes'étoit
beaucoup accru à Rome du temps
de Tibère, & les Ediles a voient pro-
pofé dans le fénat le rétabliiTement
des lois fomptuaires. Ce prince ,
qui voyoit bien que le luxe eft
quelquefois un mal nécefTaire , s'y
oppofa. L*E(at ne pourrolt fuhfifter ,
difoit-il, dans lafituadon où font Us
cho/es. Comment Rome pourroit^dU
vivre 7 Comment pourroient vivre les
Provinces ? Nous avions de la frug,a-
^U , lorfquc nous étions Citoyens
d*une feule ville ; aujourd'hui nous
fonfommons les richepè de tout l* Uni-
vers : on fait travailler pour nous le*
maîtres & les efcUves,,, Tibère , dans
les premiers temps , fouffroit la
contradiôion avec plaifir. On con-
noit la réplique hardie qu'il entendit
fans colère au fujet d'un mot bar-
bare qu un âatteur lui arrogeoit le
droit de latinifer : [ Voyei Ma-
RULLE , n° I]. TOe« changea bien-
tôt de façon depeofcr^ Quelqu'un
lui ayant dit : Vous fouvene\'Vùus ,
Ttînce ? L'empereur , fans permettre
è cet homme de lui donner des épo-
ques plus sûres de Tancienne coii-
Doiflance qu'il vouloit lui rappeler,
répliqua brufquement : Non , je ne
me fouviens plus de ce que j'ai été,,.
Quoique cruel à Rome , il ménagea
cependant quelquefois fes autres
fujets. 11 répondit aux gouverneurs
des provinces, qui lui' écrivirent
qu'il falloit les furcharger d'impofi-
Ûons : Ou un bon Maître devoit tondre
& non pas écorcherfon troupeau. Après
l'horrible tremblement de terre ,
qui ravagea, l'an ly^ l'Aûe mineure»
T I B 119
les malheureux habltans de ces
contrées défolées trouvèrent dans
la libéralité de Tibère un foulage-
ment à leurs maux, La ville de
Sardes , qui avoit été très-maltrai-
tée. obtint dix millions de feAerces ,
& fut exempte de tout tribut pen-
dant cinq ans. On accorda la même
remife aux autres villes , & des gra^*
tifications proportionnées à leurs
pertes. Pour perpétuer la mémoire
de ces bienfaits , les villes d'Aile
frappèrent des médailles , dont quel*
qucs-unes fuhfiftent encore.
II. TIBERE ABSIMARE» Foy.
Absimare.
III. TIBERE CONSTANTIN ,
originaire de Thrace , fe diftingua
par fon efprit & par fa valeur »
& s'éleva par fon mérite aux pre-
mières charges de l'empire. Jujiin
le Jeune , dont il étoît capitaine des
gardes, le choifit pour fon collègue»
& le créa Céfar en y 74. Il donna ,
par Us qualités cxtéiieures , de
l'éclat au trône & aux ornemens
impériaux. Sa taille étoit majef-
tueule & fon vifage régulier. De-
venu feul maître de l'empire par la
mort de Jujiin en 578, il foulagea
tous ceux dont les affaires domefti-
ques avoient été dérangées par les
malheurs des temp^ ou par la du-
reté des financiers. Il acquitta leur»
dettes , & les mit en état de vivre
fuivant leur condition. Il mands
aux gouverneurs des provinces «
qu'il ne vouloit pas qu'on vît dé-
formais des pauvres dans fon em-
pire. Il remit une année entière du
tribut , & le diminua confidérable-
ment pour l'avenir. Il dédommagea
en même temps les villes frontières
de l'Afie , des ravages que la guerre
de Perfe leur avoit occafionnés.
Délirant de mettre l'empire à cou-
vert des armes Perfanes , il défît ,
par (es généraux , Hormlfdas fils
de Chufroes, L'impératrice Sophie ,
veuve du dernier empereur, n'ayant
pas pu partager le Ut & le trône du
nouveau, forma une conjuration
contte lui. Tlberc enfutinftruit -, &
pour toute punition il priva les
complices de leurs biens & de leurs
dignités. Ce prince mourut le 14
Août 5 82 , après un règne de 4 ans.
Ces pleurs que les peuples verferent
fut fon tombeau , font des trophées
plus glorieux à fa mémoire > que
l'éloquence des plus habiles écri-
vains. 11 avoir déftgné le général
Maurice fon gendre, pour fon fuc-
ceffeur. Avant que de mourir, il
lui donna les avis les plus fages :
>» Mon cher Maurice ( lui dit-il )
»> je fie vous demande point d'autre
>» épitaphcque votre règne, ta
P d'autfe maufolée que celui que
« m'élevcront vos vertus. Je ferai
" affez grand dans l'efprit des Ro-
« mains , fi je leur ai donné un
M prince qui les gouverne avec.
** fageffe. Modérez votre pmffance
" par la raifon , votre févérité jpar
" la douceur, & votre douceur par
»• une jufte fermeté. La nature , en
»» donnant un aiguillon aurw des
!♦ abeilles , l'a armé pour fe faire
" obéir & non pour fe faire dé-
« tefter. Que l'éclat du trône ne
>♦ vous infpire pas un vain orgueil.
»» Préférez les remontrances d'un
? fujet zélé , aux flatteries d'urf
« courtifan perfide. Ne vous ima-
»» ginez pas furpaffer le refte des
M hommes en prudence , parce
P que vous les furpaffez en pou-
M voir, &c. •<.
IV. TIBERE , fameux impotleur,
prit ce nom en 726^ & voulut faire
croire qu'il étoit de la famille des
empereurs , pour pouvoir monter
fur le trône. 11 avoit déjà féduit
quelques peuples de la Tofcane
qui l'avoient proclamé Augufte ,
lorfque l'exar^'ue , fecouru'des Ro-
mains, affiégea ce fourbe dans un
châtfau où il s'étoit retiré, & lui
TIË
fit trancher la tête, qu'il envoyai
Léon tîfauritn.
TIBERGE, ( Louis ) abbé
d'Andres, direaeur du Séminaire
des Miflions étrangères à Paris ,
mourut dans cette ville en 17 3f-
11 fe fignala avec BrlfacUr , fupé-
rieur du même féminaire, lors des
difïérens fur l'afFaire de la Chine •
entre les Jéfuites & les autres Mif-
fionnaires. Ses Ouvrages font :
1, Une Retraite fplikutlU , en 2 vol«
in -12. IL Une Retraite pour les
Eccléfiafilques , en 2 volum. in- 12.
III. Retraite & Méditations à CuJagR^
d&s RUlgieufes & des perfonncs qtd
vivent en Communauté , in- 12. Ces
Ouvrages , écrits avec une fimpli-
cité noble , font lus dans pluûeurs
Séminaires. C'eft ce pieux ccdé^
fiafiique qui joue un rôle fi tou-
chant dans le Roman des Amours
du chevalier des Grieux.
TlBVLLE,\AulusAlhiusTi^
BULLUs) chevalier Romain, naquit
à Rome l'an 43 avant J. C. Horace^
Ovide , Macer & les autres grands
hommes du temps d'Augufie , furent
liés avec lui. 11 fuivit Mejfala Cor-
vinus dans la guerre de Tifle de Gor-
cyre j mais les fatigues de la guerre
n'étant point compatibles avec la
foiblefie de fon tempérament , il
quitta le métier des armes & re-
tourna à Rome, où il vécut dans
la mollefie & dans les plaifirs. Sa
mort arriva peu de temps après
celle de Virale ^ l'an 17 de J. C.
Il mourut à la campagne où il
s'étoit retiré pour éviter la pour*
fuite de itts créanciers , à l'âge dt
24 ans. Les grands biens de fa
famille lui furent enlevés par las
foldats é'Augufie^ & ne lui furent
poiijt reftitués , parce qu'il négligea
de faire fa cour i cet empereur ,
prince bienfaifant , mais qui voùloit
être encenfc. Son premier Ouvrage
fut pour célébrer fon généreux
proteûeur , Mejfala ; il confocra
r
T I B
énftttte fa lyre aux Amours. Il eut
pour première inclination , une af-
frinchie. Horace devint fon rival ;
ce qui donna Ji^u à une difputc
agréable entre ces deux hommes
célèbres. Quoiqu*/forjc« fut plus
âgé que lui d'environ 24 ans , il
aima Tihulle , dont la figure , la
politeffe , Tcfprit & le goût lui
plaifoient beaucoup. Tlhuile a com-
pofé IV livres ^Elé^Us \ remar-
quables par l'élégance & la pureté
du Ayle , & par la délicateâe avec
laquelle le fentiment y eft exprimé.
11 eft plein de moUeâe & de grâce.
Son expreilîon eft prefquc toujours
celle du fentiment. TibuUt eft le
poëte des amans , dit M. de la^
Harpe ; il eft dans la poéiie tendre
& galante , ce qu'eft Virgile dans la
poéfie héroïque. Mais en Ufant de
fuite Tes Elégies , on fent un peu
de monotonie. Il préfente trop fou-
vent les mêmes objets , les mêmes
idées , les mêmes images , les mêmes
comparaifons , les mêmes allufions
aux mêmes nfages. La variété & le
diarme de fes expreffions ne purent
cacher cette imiformité dans les
penfées & les fentimens. C'eft tou-
jours la préférence donnée à l'amour
fur la gloire ou la fortune , à la
pareffe fur Taftivité , à l'obfcurité
fur réclat , à la médiocrité fur la
richeffe. C'eft toujours ou la pein-
ture des voluptés , ou les larmes
dHme amante fur le tombeau d'un
amant. Oi^ide fon ami , a fait fur fa
mort une très-belle Elégie, L'abbé de
MaroUes a traduit Tihulle -, mais fa
Verfion eft très-foible -, & , pour
nous fervir de la comparaifon de
l'ingénieufe Sèvlgniy ce traduéleur
refîemble aux DomeJEques qui vont
fm un meffage dé la pan de leur Maître,
Ils difent trop ou trop peu , Cf f auvent
^ whne tout le contraire de ce qu'on leur
a ordonné. Il traduit : SoUto memhra
Jtvare leclo , » Délafter mes membres
*/^r ma paillafte ^couciunée »,
TIC 131'
M. Tabbé de Langchamps en a donné
une Tradufiion , 1777 , in-8®. 11 en
parut une autre médiocre , par le
marquis de Peial, 2 vol. in- 8^ ,
avec Catulle & Gallus; & une troi-
iîcmeàParis, 1784, in-8°. L'édi-
tion de ce poëte » donnée par Broit»
khufius , Amfterdam , 1708 , in-4° ,
eft eflimée» On trouve ordinaire-
ment les Poéfies de Tlbulle à la
fuite de celles de Catulle,,. Foye^ ^
Catulle & m. Chapelle.
TIBURTUS, l'aîné des fil«
d*AmpMaras ^ vint avec fes fireres
en Italie , où ils bâtirent une ville
qui fut appelée Tibur. On lui érigea
un autel dans le temple d'Hercule
en. cette ville, un des plus célèbre?
d'Italie.
TICHO-BRAHÉ o« Tyco-
BrAhé, fils d'Othon-Brahé, fei-
gneur de Knud - Strup en Dane-
marck , d'une illuftre maifon ori-
ginaire de Suéde , naquit le 19
Décembre 1546. Une inclination
extraordii^aire pour les mathéma-
tiques , qui parut en lui dès l'en-
&nce , annonça ce qu'il feroit»
A 14 ans , ayant vu une éclipfe do
folcil arriver au même moment que
les aftronomes l'avoient prédite i^
il regarda auffi-tôt l'aftronomie
comme une fcicnce divine , & s'y
confacra tout entier. On l'en-i
voya à Leipzig pour y étudier 1«
droit ', mais il employa , à Tinfçu
de fes maîtres , une partie de foa
temps à faire des observations af«
tronomiques. De retour en Dane*- '
marck , il fe maria à une payfanne
de Knud-Strup. Cette méfalliance
lui attira l'indignation de fa famille ,
avec laquelle néanmoins le roi de
Danemarck le réconcilia. Après
divers voyages en Italie 6c en
Allemagne , où l'empereur & plu-
fieurs autres princes voulurent l'ar-
rêter par des emplois confidérables ,
il obtint de Frédéric II , roi de Dc-
ncmarck.ryiedc Veen, avec unç- •
lii
tyi TIC
groiTe penfion. Il y bâtit à grands
' frais le château d'Uranicmbourg ,
«'eft-à-dire ï^i/lc du Ciel , & la Tour
merveilleufe de Stellebourg, pour
&s obfervations ailronomiques &
^s divers inftrumens & machines.
ChrîflUrn , roi de Danemarck , &
Jaques FI , roi d'Ecoffe , l'hono-
vcrent de leurs vifites. Ceft dans
cette retraite qu'il inven» Irfyf-
(ême du monde qui porte ton nom ;
fyftéme rejeté aujourd'hui par les
philofophes , parce qu'il (ait revivre
une partie des abAîrdités de celui
de Ptoloméc : c'eft , tout au plus ,
une chimère ingénieufe. Ce qui
doit immortalifer Ticho-Brahé ,. c'eft
Ibn zèle pour le progrès de l'afiro-
somîe« qui lui fitdépenfer plus de
cent mille écas. Il détermina la dif-
tance des étoiles à^l'équateur, & la
iituation des autres. Il en obferva
ainfi 777, dont il forma un Cata?
l<3!gue. Il fournit au calcul les- réfrac*
tions aftroBomiques , & forma des-
Tables de réfraôion pour difïe-
rentes hauteurs. Mais une obliga-
tion eflentielle quic nous lui avons >.
«ft d avoir découvert trois mouvc-
mcns dans la Lune , qui fbrvent k
expliquer ia marche. Il fit encore-
quelques découvertes fur les Co-
mètes. Ce favant ailronome fut auffi
un habile chimiile -, il fit de ii
rares découvertes, qu il guérit uit:
l^rand nombre de maladies qui paf-
ibient poi^r incurables. Sa grande
application à Tadronomie & aux
fciences abftraites , ne l'empêchoifr
point de cultiver les belles-lettres ,
far-tout la poéiie; & les Mufes le
déiadoient des travaux aftronomi»
f[ ies. Ce qui ternit fa gloire , c'eft
qu avec tant de lumières , il eut le
£.)ible de l'aftrologie judiciaire. Cet
cfpric fi éclairé étoit pétri de mille
petites fuperftitions. Un lièvre tra-
veribit-il fon chemin: il croyoit
que la jourcce feroit malheureufe
Boun lui. Alâs malgré ces errcur$ ^^
TTC
alors fi communes , il n'en étoff nf
moins bon afironome , ni moins
habile mécanicien.» Sa defiinée fut
celle des grands hommes ; il fut perr
fëcuté dans fa patrie; Les ennemis
que fon caraélere moqueur & colère
lui avoit faits , l'ayant dcffervi au-
près de Ckrijfum , roi de Dane-
marck, il fut privé de îts penfions»
Il quitta alors fon pays pour aller
en Hollande *, mais fiir les vives-
infiances del'empereur Rodolphe 11^
il £è retira à Prague.. Ce prince le.
dédommagea de toutes fes pertes^
& de toutes les injufiices des cours«.
Ttcko mourut le 14. Oâobre 1601 ,
à 5 5 ans , -l'une rétention d*urine ».
maladie qu'une fotte timidité lui
avoit £ùt contraâer à la table d'un,
grand ou. dans Iccarrofie de Tem-^
pereur. C'efi ce qui a £ût dire dr
hii :
Jl vécut comme un fage ,■
Et mourut comme un fou.
Sa taille étoit médiocre, mab fai
f^re étoit agréable. Il avoit le
caraûere bienàiiant ; & il guérit
plufieurs malades ians exigeraucune:
rétribution. Le feu de fon imagi«
nation lui donnoit du goût pour lat
poéfie ', il faifoirdes vers , mais fans,
s'âfiujetdr aux règles. Il a:moit àr
railler -, & , ce q^i efi afTez ordi-
naire, il n'cntencTbit point raillerie*.
Attaché opiniâtrement à fes fenti*
mens , il fouffroit avec peine la:
contradiûion. ^ts principaux Ou*
vrages font : I. Progymnafmata Af*
tronomla infiturata , 1^98 , in-fol«.
II. De Mundi jEtherel rectnûorîhu^
Phanomenis ,1589, in-4**. III. Epi/'
tolarum Afironomicarum Liber, 1 596 ^
inT4°. . . Sophie Brahé fa fceur *,
cultivoit la poéfie*, & l'on a d'elle-
une Epitre en vers latins.
TICHONIUS , écrivain Dona^
tifie fous Tempire de Théodofe U.
Grande ^voit beaucoup d'efprit &,
d'érudition... l^^ous avons de. lub
TIF
h Trahé des yJi Règles pour eX-
ptitpier l'Ecriture - Sainte , dont
S. Augu/Bn a fait l'Abrégé dans fan
Livre m* de la Doctrine Chrétienne,
On le trouve dans la Bibliothèque des
feres,,, Tichon'ius «il reconnu au-
jourd'hui pour le véritable auteur
^u Commentaire fur 5. Paul , que
l'on avoir attribué à 5. Amhroîfe,
\ Voyei VHJÛoire Littc^'aire de
f rance , tome 12 ^ AvertiiTem^nc ,
page 7 ].
TIFERNAS oiiTiPHERKAS,
{ Grégoire ) natif de Tiferno en
Italie , fe rendit très-habile dans la
<onnoiflance du grec , & profeffa
•cette langue avec fuccès à Paris
& à Venife^ Il mourut dans cette
dernière ville., âgé de 50 ans > vers
1469 1 empoifonné ( dit-on ) par
des envieux de fa gloire. On a de
iui : I. Des Poéfies Latines / à 4a
faite d'un Aufone , &c. Venife ,
147Î f in-fol. , & féparément , in-4**.
Il- La Tradticiîon des vu derniers
livres de Strason , dont les x pne-
nûers font de Guanno , Lyon, 1559,
1 vol. in- 16.
TIGELLIN , Voyei iv. Apol-
lOKlUS.
TîGNONVILLEr", (Madeœoi-
ielje de) demoifclle vertueufe , pour
•qui Htnri IV foupira inutilement.
£Ue étoit, fuivant les apparences ,
petite-fille de Lancelot du Montuan^
feigneur de TignonviHe , premier
toaître d'hôtel de la reine de Na-
varre , & fille de la baronne dt
^ignonvlllc , gouvernante de Cathc^
"'«« , princeffe de Navarre , en 1 5 76.
Mademoifelle de TignonviHe avoit
l'honneur d'appartenir à Henn IF
par la maifon d'Alençou. Charles ,
bâtard SAUnçon , feigneur de
'^Ctmtl au pays de Caux , époufa
"Cernaine Ballue ^ nièce du fameux
cardmal Ballm , & fut père de
MarpufiU d'Alençon , femme de
lanulot du Montuan. Henri devint
^perdument amoureux de Made-
T I G T3t
moifelle de Tignonville^pea de temps
après fon évaiion de la cour avec
le duc éCAUn^on fon beau-£rere ..,
c'eft-à-dire, vers l'an 1576. Le roi
de Navarre {àxtSuliy) s'en alla en
Béam , fous préte?^e de voir fa
iûeur y mais réellement pour fuh>
juguer la jeune TignonviHe, Elie
Téfida fermement aux attJ^ues du
roi de Navarre *, & ce prince, qui
s'enflammoit à proportion de « obf-
tades qu'il trouvoit au fuccès ^
employa , auprès de la jeune
TignonviHe , toutes les reiTources
d'un amant palBonné. Il connoifToit
l'efprit adroit & etijoué A'Agrippft
d'Aubigné , qui étoit alors en faveur
auprès de lui. Il voulut l'engager do
parler pour lui à fa maitreile -, il l'ea
pria les n;iains jointes, les larmes
aux yeux , car perfonne de plu£
foible que Henri dans ces occaiion$.
Mais £Aubigné refufa de faire pour
fon maître^ ce qu'il auroit fait pour
un de fes égaux. Mademoifelle de
TignonviHe ,• l'objet de cet article -^
étoit vraifemblablement Marguerite,
de TignonviHe , qui , par fon mariage
avec François dû Pmnelé ^ porta le
nom & la terre de TignonviHe dant
la maifon de PruneU. Nous igno-
rons l'année de fa mort ; mais npis
devions faire connoître £a vertu.
T I G R A N E , roi d'Arménie ,
ajouta la Syrie à fon empire. Les
Syriens ., laffés des dlverfes révo*-
lutions qui défoloient leur pays,
s'étoient donnés à lui , Tan Br-
avant J. C. Il foutint la guerre
contre les Romains , en faveur de
Mtliridate fon gendre -, mais ayam
été vaincu par Lucullus [ Voyes
ce mot ] & par Piompée , il céda aux
vainqueurs une partie, de iei états y
& s'en fit des proteûeurs. Il vécut
enfuite dans une profonde paix , jui^
qu'à fa mort. Le fécond de fes fils,
nommé auffi Tigrane ,.fe révolta
contre lui ; & ayant été vaincu ,
il ie réfugia chez Phraofe, ,, roi dçs:
l iij
134 TIL
I^arthes • dont il avoît époufé lâ
fille. Ce jeune prince , avec le fe-
cours de fon beau-pere , porta lei
armes contre fon père ^ mais crai-
gnant les fuites de fa révolte , il
fe mit fous la proteâion des Ro-
mains. Tlgrane fuivit fon exemple.
Pompée lui conferva le trône d'Ar-
ménie y à condition de payer un
tribut pour les frais de la guerre ,
& donna à fon fils la province de
Sophene -, mais ce jeune prince ,
mécontent de fon partage , s'attira
par fes murmures la colère de
Pompée , qui le fit mettre dans les
fers, Tlgrane le père , paflbit pour
un prince courageux , mais, cruel.
TIL, (Salomon Van-) né en
3644 à >^çfop , à deux lieues
ë'Amilerdam , fe fit connoitre par
fon habileté dans la philofophie ,
dians rhifloire naturelle , dans la
médecine , dans la théologie & dans
les antiquités facrées & profanes.
On lui donna en 1664 une chaire
de théologie à Leyde , où il lia
une étroite amitié avec Coccems ,
qui rimbut de fa do£lrine. Van-TU
s*appliqua avec ardeur à l'étude de
l'EÂriture-Sainte, félon la méthode
ëes Coecéiens, Comme fa mémoire
n'étoit pas aifez bonne pour retenir
Hbs Sermons , il prêchoit par ana-
lyfe : méthode qu'il rendit publique.
Cet habile Protefiant mourut à
X^yde en T713 , après avoir publié
plufieurs Ecrits. Sa maifon étoit
toujours ouverte aux favans, qui
trouvoient des refiburces dans fes
lumières. Il avoit cultivé la phyfi-
que , la botanique , l'anatomie , &c.
Parmi fes Ouvrages, les uns font
en flamand & les autres en latin.
Les principaux font : I. Sa Méthode
d étudier , & celle dt prêcher, II, 'Dts
Commentaires fur les Pfeaumes. Ili,
— fur les Prophéties de Moyfe^
é'Habacuc & de Malachle. IV. Un
Mrégé de Théologie. V. Des Remar-
^ue^ fur les Méditations de De/cartes.
T I L
TILEMANNUS , Voye^ He«^
HUS1U9.
TILESIO oupltttStTELnsio^
( Bernardin ) en latin Telefius , né à
Cofence dans le royaume de Naples,
efTuya dans fa jeunefie divers mal-
heurs. Ayant pris le bonnet de
dofleur en philofophie à Padoue ,
il profeÛTa cette fcience à Naples ,
& y forma une fodété littéraire
qui fubfîfta quelque temps fous le
nom d'AcADÉMiE Télésjknus.
Son grand âge l'ayant obligé de
quitter Naples , il fe retira à Co-
fence , ou il mourut en Oûobrc
i 5 88, dans fa 80^ année. 11 avoit
été marié •,-& le feul fils^ qui
lui refta , fut affaffiné du vivant
de fon père, Telejîo* (ut l'un des
premiers favans qui fecouerentle
joug d*AriJiou , contre lequel il
marqua même trop d'acharnement.
Paul /K, inftruit de fon mérite,
avoit voulu , félon de Thou^ lui
donner Tévêché de Cofence ; mais
il le refufa , aimant mieux cultiver
la raifon en paix ^ que de jouer
un rôle dans le monde. Nlceron
révoque en doute cette anecdote;
& fon doute eft fondé fur de bonnes
raifons. On a de Telefio : I. Ih
natura Rerum juxtà propria prine'ipla.,
Rome, 1565, in-4** , & ij88,
in-folio. II. Varu Libel/t de rébus
naturallbus , 1 590 , in-4°. Ces Traités
font regretter qu'il ne fût pas venu
dans un temps plus éclairé. U y
' fait revivre la philofophie de Par'
ménide , en l'appuyant de fes pfo»
près l^entiraens -, mais ce' compofé
bizarre ( dit Niceron ) ne fit pas
fortune. On a ofé publier que les
Moines y qui ne pouvoient (ouvrir
le mépris qu'il faifoit ù'Arî/iote dans
fes leçons & fes Ecrits , lui ôterent
le repos & la vie,
TILINGIUS , ( Matthieu ) fa-
vant médecin Allemand du xvii*
fiecle, eft auteur de divers Ouvrages*
Les principaux font ; I. Ve ÉIa*
T I L
iarèaro , 1679 , în-V*. lli LUa
ûlbî itfcriftio , 1671 , in-8°. III.
DeLaudano opiate , in- 8^. IV. Opîo^
loff^ nova y in-4**, 1697. V.VÂna-
tome dt U Rate y in-ix , 1673.
Vh Un Traité des Flcvrts malignes ^
1677, in-l2.
TILLADET, ( Jean-Mane de
la Marque de } né au château de
TUladet en Armagnac , vers 1650 ,
fit deux campagnes , l'une dans l'ar-
riere-ban, l'autre à la tête d'une
compagnie de cavalerie. Après la
paix de Nimégue , il quitta \^%
armes pour entrer chez les Pères de
rOratoire^ où il fe confacra à la
prédication & à la littérature. Il en
ibrtit enfuite , & mourut à Ver-
failles ♦ le 15 Juillet 1711 , à 6ç
ans , membre de l'académie des
Belles-Lettres. La douceur de fes
manières , fa modeilie , fa cir-
. confpeâion , fa droiture , fon ca-
raftere fenfible & officieux lui
firent des amis illiiftres. Son goût
& fon talent pour les matières de
là métaphyiique , le jetoienc dans
4les diÂraâions dont il fe tiroit
avec beaucoup de franchife & de
poiitefTe. On a de lui un Ruudl
de Dijfertations , I711 , 1 voL in-12^
fur diverfes matières de religion
& de philologie , qui font prefque
toutes du iavant Huet , évêque
d'Avranches , avec une longue Pré-
£3ce hiilori^equi n'annonce qu un
anédiocre talent pour l'art d'écrire.
On trouve aufli quelques Pièces de
lui dans les Mémoires de l'académie
des Belles-Lettres.
TILLEMONT , Foy. î. Nain.
I. TILLET . ( Jean du ) évêque
de Saint-Brieux , puis de Meaux ,
jnort le 19 Noven^bre 1570, étoit
frère de Jean du TUlet greffier en
chef du parlement de Paris, ( Voye:^
l'article fuivant. ) Il fe diflingua
par fon érudition & par fon zèle
pour la religion Catholique, à la-
quelle il ramena Louis du Tilla ,
TIL 135
fon frère , chanoine d'Angoulême ,
qui l'a voit abandonnée* Ses prin-
cipaux Ouvrages font : I. Un Traité
de la Religion Chrétienne, II. Une
Réponfe aux Mirùftres^ 1566 , in- 8®.
III. Un Avis aux Gentilshomrftts
fédults , 15^7 , in-8''. IV. Un
Traité de t Antiquité & de la Solen~
nltè de la Meffe^ I567, in- 16. V.
Un Traité fur le Symbole des Ap6*
très, 1566, in-S^ VL Une Edi-
tion des Œuvres de Lucifer de Ca-
gliari , Paris , 1 568. VII. Une Chro-
nique latine des Rois de France , de*
puis Pharamûnd jufqu'en 15474
«lie a été^mife en frânçois, &
continuée depuis jufqu'cn 1604.
Ceft un des. plus favans Ouvrages
que nous ayons fur notre Hiftoire.
Les faits y font bien digérés & dans
un ordre méthodique *, mais ils maiv-
quent quelquefois d'exaftitude. On
trouve cet ouvrage dans Je Recueil
des Rois de France ^ 1618 , in-4**-
VIII. Les Exemples des aciions de
quelques Pontifes , comparées avu celles
des Princes Païens , en latin, Amberg,
16 10 , in-8*. Son ilyle ne manque
ni de pureté , ni d'une certaine
élégance.
II. TILLET , ( Jean du ) frère
du précédent , & greffier en chef
du parlement de Paris « montra
beaucoup d'intelligence & d'inté-
grité dans cette charge , qui étoit
depuis long-temps dans fa maifon.
Sa pollérité la conferva jufqu'à
Jean 'François du TUlet ^ qui y fut
*eçu en 1689. Cette famille a eu
aufli plufieurs confeillers au par-
lement, & maîtres des requêtes.
On a de Jean du Tll/et , mort le ,
2 Oûobre 1570 , pîufieurs Ou-
vrages. Les plus connus font : L
Un Traité pour la majorité du Roi
de France ( François II ) contre le
légitime confeil malicleufement inventé
par les Rebelles , Paris, içô® , in-4**«
II. Un Sommaire de CHifioîre de la
Guerre faite cotttn les Albigeois.^ 1590.»
I iv
136 TIL
in- 12 ; ouvrage rare & recherché.
III. Un Difcours fur U Séance des
Rois de France en Lurs Cours de Par-
lement^ dans le fécond tome de Gx^de-
fro'i. .IV. UInfiltutlott du Prince Chré"
dtn , Paris, 1563 , in-4°. V. Re-
cueil dis Rois de Frunce : ouvrage
fort exaf^ , & fait avec beaucoup
de foin, fur la plupart des titres
originaux de notre Hiftoire. La
meilleure édition de ce livre eft
celle de Paris , en 1618 , in- 4®.
Du Ttllet écrit en homme qui ne
s'attache qu'à Texaftitude des re-
cherches , & qui fe foucie fort
peu de la pureté & de l'élégance
du ftyle.
TILLET , Voyex TiTON du
TUleu
■ I. TILLI , ( Jean Tzcrclacs ,
comte de) d'une illuftre maifon de
Bruxelles, porta d'abord l'habit de
Jéfuite qu'il quitta pour prendre
les armes. Après avoir iîgnalé foa
courage en Hongrie contre les
Turcs , il eut le commandement des
troupes de Bavière fous le duc
MaxlmilUn » & fe diilingua à la ba-
taille de Prague , le 8 Novembre
1620. Il défit er fuite Mj/w[/ê/<f, un
des chefs des rebelles, & le con-
traignit d'abandonner le haut Pa-
latinat l'an 1622. 11 mit fon armée
en déroute près de Darmftat, &
le poufTa hors d'Allemagne. 11 avoit
auparavant fecouru l'archiduc Léo-
fotd à la prifc de Bréda , & avoit
pris Heidelberg , ville capitale du
Palatinat du Rhin. Sa valeur éclata
fiir-tout contre le duc iUaîberftatd^
qu'il défit à Stavelo. 11 fallut que
Idlî dans cette bataille envoyât
des trompettes par-tout , pour faire
cefler le carnage : 2000 ennemis
tefterent fur la place , & 4 ou 5 000
furent faits prifonniers. Cette vic-
toire lui fut d'autant plus glorieufe,
qu'il n'eut que 200 hommes de
tués & pref ue autant de bleâes. Il
ëoona quelque tonps après un fe-
TIL
cond combat, qui ne lui fut guère
moins avantageux que le i^''*, il
y périt beaucoup d'ennemis , &
quantité de leurs oijî^ers , illuftres-
par leur valeur & par leur aatf-
fance. 11 prit enfuite Minden &
plufieurs autres villes , & oblige»
le landgrave de Hefle de garder
la foi à TËmpire. L'an 1626 , il
défit l'armée de Danemarck , à la
journée de Lutter , dans le duch&
de Brunfwick , & fe rendit maître
de 21 canons , de 8a drapeaux , de
plufieurs étendards . & de tout le
bagage des ennemis. Le pape Ur-^
bain F/// lui écrivit , pour lui mar-
quer la joie que toute l'Eglife avoit
d'une viûoire fi avautageufe à toù»
les Catholiques. Til/i , né avec les
talens de la guerre. & de la négo-
ciation y. alla à Lubeck en 1629 »
en qualité de plénipotentiaire ,
pour la conclufion de la paix avec
le Danemarck. On lui donna l'an-
née d'après le commandement gé-
néral des armées de l'Empire , à la
place de Walficîn, Après avoir fe-
couru Francfort-fur-î'Oder contre
les Suédois, il prit Brandebourg
d'affaut , puis Ms^debourg , qui fut
pillé par fes foldats & prefque
ruiné par un incendie. Ayant jeté
la terreur dans la Thuringe, il prit
Leipzig l'an 1631 ,- mais il y fut
défait , trois jours après , par GuJ-
tave'Advlphe roi de Suéde. Il rallia
{es troupes , prit quelques villes
dans la Hefle , & repouffa Hom >
chef du parti Proteftant, Enfin il
fut blefle mortellement en défen-
dant le paflage du Lech , à In-
golilad, le 30 Avril de l'an 163 2»
Il fit un legs fie 60,000 rifdales
aux vieux régimens qui avoient
fervi fous lui , .afin que fa mé-
moire leur fût toujours chère. On
a remarqué, qu'il n'avoit poirit
connu de femme , & n'avoit ja-
mais bu de vin. Au commencement
du XV ix*^ fiecle ,^ il paffoit pour
T I L
le plus grand capitaine de l'Em-
pire ; il avoit encore cette réputa-
tion un an avant fa mort ^ Guftave
la lui fit perdre.
II. TILLI, ( Ange ) profeffeur
de botanique à Pife, & membre de
la fociété royale de Londres , vit
le jour à Caiiro dans le Florentin ,
l'an 1653. On a de lui en latin lé
Cataioeuc des P/antes du Jardin de
Pife^ Florence, 1723 , in- fol. , avec
50 figures. Cet ouvrage eft eftimé,
TILLOTSON, ( Jean ) né dans
le comté d'Yorck , d'une famille
peu relevée , reçut une éducation
zu-defTus de (a najfTance. Il fut
d'abord Presbytérien -, mais le
livre du doûeur ChUtngworth lui
étant tombé entre les mains , il em-'
braila la communion Anglicane , en
confervant cependant toujours l'ef-
I time qu'il avoit conçue pour Ton
I ancien parti. La force de Tes rai-
I fonnemens ôc la clarté de fes pûn-
I cipcs ramenèrent pluiîeurs Non-
Conformiftes dans le bercail de
TEglife Anglicane. TlUotfon les y
attacha plus que bien d'autres doc-
! teurs , qui avoient plus de zèle
que de prudence. Il ne les traita
jamais avec mépris , ni d'une ma-
nière qui fentit l'animoiîté. Ce qui
acheva de perfeftioiiner fes talens ,
i ce fut l'amitié longue & étroite
qu'il eut avec l'évêque Wîlkîru,
Dès qu'il fe fut confacré au fer-
vice del'Eglife, il fe forma à une
éloquence ïimple que la plupart
des prédicateurs ont fuivie en An-
gleterre. Il commença à émdier
profondément l'Ecriture , & il ne
dédaignoit pas de la citer comme
los Orateurs petits -maîtres pour
^i l'Evangile femble avoir vieilli.
I< lut enfuite tous les anciens phi-
IcTophes , & les Traités de morale.
S.BafiU^ S, Chryfofiome furent
l«s Pères auxquels il s'attacha de
preérence. Après avoir fait une
^I^e moiflbn dans ces champs
fertiles , il compofa un grand
nombre de Sermons , modèles de
cette fimplicité noble dont nos
prédicateurs François s'éloignent
trop. Plufieurs écrivains Anglois
jetoient alors les fbndemens de
l'Athéifme. Il s'oppofa à ce torrent
autant qu'il le put , & il publia en
1665 fon Traité de la Rcg/e de la FoU
Quelques fanatiques voyant qu'il
n'avançoit que des principes fondés
fur le Ample raifonnement , voulu-
rent le faire palTer pour un homme
qui ne croyoit rien que ce qui
étoif à la portée de la raifon -, mûs
il méprifa leurs plates critiques »
& ils furent réduits au iilence. Il
fut fait doyen de Cantorbery , puis
de Saint-Paul , clerc du cabinet du
roi. Il n'afpiroit poinr à une plus
haute fortune , lorsqu'il fut inftallé ,
en 1691 , fur le fiége de Cantor-
bery. Cet illuftre archevêque, le
premier orateur de foû pays , fe
diflingua également par fa piété
& par fa modération. Il mourut à
Lambeth le 22 Novembre 1694,
à 65 ans. 11 ne laifTa a fa famille
d'autre fucceffion à recueillir que
le manufcrit de fes Sermons pojîhumcs ,
vendus 2500 guinées. Mais le roi
d'Angleterre donna une penfion de
600 livres flerliftgs à . fa veuve.
» TlUotfon ( dit Bumet-) avoit les
" idées nettes , l'efprit brillant ,
» le flyle plus pur qu'aucun de nos
» théologiens. A une rare pru-
** dence il joignoic tant de can-
» deur, qu'il n'y a point eu de
»• de miniflre plus univei-fellement
M chéri & eftimé. Paroiflant avec
» éclat contre la Religion Ro-
» maine , ennemi de la perfécu-
»♦ tion , terrafTant les Athées , per-
M fonne ne contribua davantage à
»' ramener les bourgeois de Lon-
» drcs au culte Anglican «<. On a
de lui ; I. Un Traité de la Réglé
de la Foi j contre les Athées & les
Incrédules. II. Un vol. in-folia
.158 TIM
iô Sermons , publiés pendant fa vîe.
Barbey rac & Beaufobre les traduiû-
rent d'anglois eii françois, en 7
Vol. in- 8** , avec plus de fidélité
<iue d'élégance. 111. Des Sermons
pofthuraes , en 14 vol, in-8®. Les
Anglois regardent Tiilotfon comme
un homme avec lequel les ora-
tieurs François ne peuvent pas être
mis en parallèle ; maïs il ne feroit
|>as peut-être difficile de montrer
rinjuftice de cette prétention. Du
moins les Verfions françoifcs ont
fduvent rendu fon éloquence feche ,
trille & monotone. Ses Sermons
attendent encore un tradufteur.
Ti'MAGENE, rhéteur d'Alexan-
drie , étoit fils d'un orfèvre. Ayant
été fait prifonnier au fiége de cette
ville , il fut tranfporté à Rome où
le fils de Sylla l'affranchit à caufe
de fes talens. Réduit d'abord à
être cuifinier & porteur de chaife ,
il reprit quelque temps après fa
profeflion de rhéteur' & gagna les
bonnes grâces de JuUs Ctfar. Mais
il ne fut pas. les conferver. Son
cfprit mordant & cauftique lui fit
défendre l'entrée du palais du difta-
teur ; & Tima^znt , piqiîé, brûla
Iliifioire qu'il avoit £ûte de ce
héros.
TIMANDRIDÇ, Spartiate, cé-
lèbre par fa vertu. En partant pour
un voyage , il abandonna le gou-
vernement de fa maifon & de fes
Tbiens à fon fils. De retour , ayant
reconnu que par fon économie il
avoit augmenté fon héritage, il,
lui dit : Qu'£/ avoit commis une
grande Injuftîce contre les Dieux , fes
froches, fes amis , fes h$us & Us
pauvres , pmfquîl devait , à V excep-
tion des befolns de ,la vie , panagtr
€ntre eux tout ce qui lui rejloît defuperflu,
TIMANTHE , peintre de Si-
cyone, &, félon d'autres, deCythne,
l'une des Cyclades, contemporain
de Pamphlle , vivoit fous le règne
de Philippe père â! Alexandre le Grand,
T,r M
Ce peintre avoit le talent de l'îfi-
ventioà. C'eft lui qui eft l'auteur
de ce fameux tableau d*Iphlgcnle ,
regardé, comme un chef- d'oeuvre
de l'art. Le peintre avoit repré-
fenté Iphlgénle avec toutes les grâces
attachées à fon fexe , à fon âge^
à fon rang ; avec le caraûere d'une
grande ame qui fe dévoile pour le
bien public, & avec l'inquiétude
que l'approche du f^crifiçe devoit
naturellement lui caufer. Elle étoit
debout devant l'autel. Le grand-
prêtre Calchas avoit une douleur
majeftueufe , telle qu'elle convenoit
à fon miniftere. Ulyffe paroiflbît
aufli pénétré de la pltis vive dou-
leur. L'art s'étoit épmfé à peindre
l'afHidlion de Mentlas , oncle de la
princeife, 6!Ajax & d'autres pcr-
fonnages préfens à ce trifte fpec-
tacle. Cependant il reftoii encore
à marquer la douleur à!Agumem-
non y père iA*Iphlgénie, Le peintre »
par un trait également ingénieux
& frappant, couvrit fon vifaged'un
voile. Cette idée a été heureufeitient
employée plufieurs fois depuis ,
& fur- tout dans le Gcrmunicus
du Poiijpn. Timantheic couvrit aufli
de gloire par la victoire qu'il rem-
porta fur le fameux Parrhafius , vain-
queur de Zeuxis. On avoit propofé
un prix pour celui qui exprimeroit
le mieux la colère d'Ajax , furieux
de n'avoir pu obtenir les armes d'A^
chille, La fupériorité fut adjugée à
Timanthe ; & le vaincu exhala fon
dépit contre fes jugçs en ces ter-
mes : Pauvre Ajax/ ton fort en vérité
me touche plus qu£ le mien propre. Te
voilà donc encore une fols fur le point
de céder la palme à un homme qui è
beaucoup près m U vaut pas ?
1. TIMÉE DE LocRES , vit fe
jour à Locres en Italie. Pythagae
fut fon maître. Il fuppofa avec ui
une matière capable de prenlre
toutes les formes , une force no-
trice qui en agitoit les parties, ôc
T IM
une Intelligence qui dirîgeolt la
force mon-ice. Il reconnut , comme
ion maître, que cette intelligence
avoit produit un Monde régulier
& harmonique. Il jugea qu'elle avoit
vu un plan fur lequel elle avoit
travaillé & fans lequel elle n*aa-
roit fu ce qu'elle vouloit faire. Ce
plan étoit l'idée , l'image ou le mo-
dèle qui aVoit repréfenié à l'Intel-
ligence fuprême le Monde avant
qu'il exiftât , qui Tavoit dirigée
dans Ton aâion fur la force motrice,
& qu'elle contemploit en formant
les élémens , les corps & le Monde.
Ce modèle étoit diftingué de l'In-
telligence productrice du Monde ,
comme l'architeâe Tefl de fes plans.
Timéc de Locrcs divifa donc encore
la caufe productrice du Monde , en
un efprit qui dirigeoit la force mo-
trice , & ei^ une image qui la déter-
minoit dans le choix des direâions
qu'elle donnoit à la force motrice ,
& des formes qu'elle donnoit à la
matière. La force motrice n'étoit,
félon Tlmce , que le feu. Une por-
tion de ce £eu dardée par les aîlres
fur la terre , s'iniinuoit dans des
organes, produifoit des êtres ani-
més. Une portion de l'Intelligence
univerfeîle s'uniffoit à cette force
motrice , & formoit une ame , qui
tenoit, pour ainfi dire, le milieu
entre la matière & l'efprit. Âinii
l'ame humaine avoit deux parties :
une qui n'étoit que la force mo-
trice , & une qui étoit purement
intelligente. La première étoit le
principe des paflions \ l'autre étoit
répandue dans tout le corps, pour
y entretenir l'harmonie. Tous les
mouvemens qui entretiennent cette
harmonie , caufent du plaifir ; &
tout ce qui la détruit , de la douleur,
félon Tlmée, Les paillons dépen-
doient donc du corps *, & la vertu ,
de l'état des humeurs & du fang.
Pour commander aux pa/Hons , il
Calloit, félon Tîméi , donner au fang
T IM 139 '
le degré de fluidité néceflaîre pous
produire dans le corps une harmo-
nie générale. Alors la force motrice
devenoit flexible , & l'intelligence
pouvoit la diriger. Il falloit donc
éclairer la partie ralfonnable de
l'ame , après avoir caln^é la force
motrice y & c étoit l'ouvrage de la
philofophie. Timée ne croyoit point
que les Ames fuflent punies ou ré-
compensées après la mort. Les Gé-
nies^ les Enfers^ lesFuriesn'étoient ,
félon ce philofophe, que des er-
reurs utiles à ceux que la raifon
feule ne pouvoit conduire à la vertu.
On 'ne fait précifénlent en quelle
année mourut Tîmén -, mais il efl cer-
tain qu'il vivoit avant Socrate, Il
nous refle de lui un petit Traité de
la Nature & de VAme du Monde ^ écrit
çn dialedte Dorique. On le trouve
dans les Œuvres «de Platon , auquel
ce Traité donna l'idée de fon Tlmés»
Le maïquis d^Argcns'Va. traduit en
françois avec de longues Notes,
1703 , in-ii. On avoit encore du
philofophe Locrien VHiflolre de la,
VU de Pythagorcy dont parle 5wVa/»
qui eft perdue.
//. TIMEÉ , rhéteur de Tauro*
mine en Sicile , 2S5 avant J. C.«
fut chafTé de la Sicile par le tyraa
Agathocles, Il fe fit un nom célè-
bre par fon Hlfioîre générale de Si^
elle , & par fon Hifioîre particulière
de la guerre de Pyrrhus. Dîodore de
Sicile loue fon exaftitude dans les
chofes où il ne pouvait fatisfaire
fa malignité contre Agathocles &
contre fes autres ennemis. On avoit
encore de lui des Ouvrages fur la
Rhétorique; mais toutes ces pro-
ductions font perdues pour la pof-
térité.
111. TIMÊE, fophifle, laiflaun
Lexicon vocum Platonlcarum , qui pa-
rut à Leyde , 1754 , in-8° , par les
foins de David Ruhnhenîus,
TIMOCLÊE , dame Romaine,
fut violée dans le fac de Thebes,
I40 T I M
par un officier Thrace qui lui de-
manda encore fon or. TlmocUc le
mena dans fon jardin où elle ravoi|,
difoit-eile, caché dans un puits. Le
capitaine s'approcha du bord & fe
baiiTa pour en^ fonder la profon-
deur. AXoxsTimocUc Tayant pouiTé
4dé toutes fes forces, le précipita
dans le puits , & jeta fur lui une
Il grande quantité de pierres, qu'il
fut bientôt étoufFé.
T I M O C jR A TE, philofophe
Grec 9 parut véritablement digne de
ce nom par Tauftérité de fes moeurs.
Il s'étoit d'abord interdit les {pec-
tacles *, mais il fe réconcilia enuiite
avec eux. On ignore le temps au-
quel il vivoit.
TIMOCREON, poëte comique,
Bhodlen, vers l'an 476 avant J. C. ,
«ft connu par fa gourraandife &
par fes vers mordaifscontre Simonlde
& ThémlfiocU. On n'a de ce fatirique
é[ue quelques fragmens dans le Corps
ées Poètes Grecs ^ Genève, 1606 &
1614,2 vol. ia-fol. On lui fit cette
Ëpithaphe :
Multabibms, & multa vorans^ malè'
ienîqut diccns
Multis , hic jaceo Timocreon Rho~
dtus,.
Ci gît fous ce tombeau moins un
Homme qu'un Chien :
Avec voracité, mordre , manger &
boire ,
Telle eft en quatre mots l*hiftoire
De Timocréonle Rhodien.
TIMOLEON , capitaine Coria-
thien, étoit fil&^e Tlmodeme^ d'une
femille diflinguée. U montra de
bonne heure qu'il aimoit paffion-
némenc fa patrie. Son frère Timo-
phane ayant voulu ufurrpcr le pou-
voir ibuverain, iliui fit perdre la
vie, aidé par fon autre frère 5tffy«*.
f Toy. TiMOPHANE.]Les Syracu-
fains tyrannifés par Denys U Jmnt
& par les Carthaginois , s'adreffe-
rent » vers l'an 32 j avaat J. C, aux
TI M-
Corifidiîéns , qui leur envoyèrent
TîmoUon , avec dix vaifTeaux feule-
ment & mille foldats au plus. Ce
généreux citoyen marcha hardi-
ment au fecours de Syracufe, fuc
tromper la vigilance des généraux
Carthaginois, qui , avertis de fon
départ & de fon delTein par let-
tres , voulurent s'oppofer à fon paf-
fage. Les Carthaginois étoient pour
lors maîtres du porc, hetas de la
ville, Denys de la citadelle; mais
Denys fe voyant fans reffource y
remit à Tîmoléon la citadelle avec
toutes les troupes , les armes & les
vivres qui y étoient , & fe fauva
à Corinthe. Magon, général Car-
thaginois , le fuivit bientôt après.
Astnlhal & Amilcar , chargés du com-
mandement ' après lui , refolurent
d'aller d'abord attaquer les Corin-
thiens; mais Tîmoléon marcha lui-
même à leur rencontre , avec une
poignée de foldats qui défirent
les Carthaginois & qui s'emparè-
rent de leur camp , où ils trouvè-
rent un butin immenfe. Cette vic-
toire fut fuivie de la prife de plu-
fieurs villes , ce qui obligea les Car-
thaginois à demander la paix. Les
conditions furent , qu'ils ne poffë-
deroient que les terres qui font
au-delà du fleuve Halicus près d'A-
grigente-, que ceux du pays au-
roient la liberté de s'établir à Sy-.
racufe avec leur famille & leurs
biens, & qu'ils n auroient aucune
intelligence avec les ,tyrans. T/-
moUpn paflà le refle de fa vie à
Syracufe avec fa femme & fes en-
fans. Il vécut en homme privé,
fans aucune envie de dominer» fe
contentant de jouir tranquillement
de fa gloire. Il avoit d'abord voulu
refufer l'emploi que lui doimerent
les Corinthiens, en le nommant
capitaine général des troupes en-
voyées en Sicile. Mais un mot plein
de fens & d'élévation de la part
du magifif at de la république , ré*
T r M
▼àHa en lui rennemi de la tyran -
ne. O Timoléon , lui dit-il ^ fi tu
Acceptes eau charge , nous croirons que
tu as tué un Tyran j^& fi tu/a rtfufes ;
nous ferons perfuadés que tu as ajfaj[pné
»n Frère, Les Syracufains , pleins
de reconaoiiTance pour ce gran<t
komme leur libérateur , le regarde-
rem toujours comme leur père. Le»
dédiions fur les aflfeires impor-
tantes fe régloient toujours fur fes
avis. Ils virent un jour avec indi-
gnation deux particuliers l'accufer
de malverfation. Le peuple étoit
même prêt à mettre les délateurs ea
pièces , lorfque TimoUon arrêta
cette fureur^* O Syracufains , leur
cria-t-il ,. qu'aile^ vous faire? Songe^
pe tout Citoyen a' droit de m'accufer^
Gardez-vous , en cédant À la reconuolf"
lance, de donner atteinte â cette même
^ertéy. qu'il m'eji fi glorieux de vous,
^voir rendue. Il fembloit aux Syracu-
Éiins qu'une Divinité tut^laire veil-
loitfur les jours de Timoléon, Dans
ie moment qu'après une célèbre
viûoire , il oifroit un faccifice aux
Dieux, deux affaffins envoyés par.
les ennemis , trouvent le moyen
de s'approcher de lui à la faveur
de leur déguifement. Uad'cux avoit
le bras levé pour le frapper , lorfque
cet affaffin eu lui-même cenverfé
par un inconnu qui le poignarde
& fe fauve auffi-tôt dans un lieu
«cane. Le camarade du mort, ef-
frayé de ce coup imprévu , s'ap»-
proche de l'autel ^ l'embrafle &
demandant grâce à Timoléan^ lui
révéla la fuite du complot. Cepen-
dant on va à la pourfuite de l'in-
connu , qui crie de toute fa force
qu*il n'a commis d'autre crime que
celui d'avoir vengé la mort d'un
pcre, que le malheureux qu'il ve»
noit de tuer, avoit autrefois af-
ÊdTmé dans la ville des I^ontins. Il
prend à témoin plusieurs des af&f-
taas, qui confirment la vérité du
^>wai* qui n'en admirent- gas
T r M 141
moins la manière dont la provi^
dence euchahie fotrveiit les événe»
mens poiur déconcener le» vains,
projets- des hommes. C'eft de Plu'>»
tarque qu'on a tiré ce fait & cette:
réflexion. Après la mort de T/mo»
léon y on lui éleva un fbperbe mo»
nument dans la place de Syracufe »
qui fut appelée la place Timoléonte, Le
décret qui fut porté à l'occaflon de
ce monument , étoit conçu en ces
termes :. » Le peuple de Syracufe a»
*' voulu que Timoléon de Corinth^^
»• fils de Timodeme , fût enterré aux
** dépens du public,. & qu'on em-
» ployât aux frais de fes funérailles
*' jufqu'à la fomme de deux cents»
n mines ; & pour honorer davan-^
M tage fa mémoire , Il a ordonné
'^ qu'à l'avenir toutes les années ^
» le jour de fon trépas, oacélé-
4( brera en foa honneur des jeux*
>^ de mufique & des jeux gymni^
» ques , & qu'on fera, des courfes
" de chevaux. Tout cela» parce
». qu'ayant exterminé les Tyrans *
>* dé&it en plufleurs batailles le&
» Barbares ,. & repeuplé les plu^
>» grandes cités qui étoient aban*
n données & défertes, il a doiué.
)* à des Siciliens de très - bonnes.
»»• lois *«. Foyei III. Cephale.
TIMOMAQUE, peintre célèbre
de Bizance , avoit fait une Médée 6c
un Ajax Ci fupérieurement peints^
que Céfar les acheta 240,000 livres,
pour les confacrer dans le Temple
de Venus à Rome.
TIMON , le Mlfanthrope , e'efl-»-
dire , Qtd hait les hommes , né ^
Colyte bourgade de l' Attique , very
l'an 4^0 avant X. C. , étoit l'ennemi
de la fx>ciété & du genre humain ^
& il ne s'en cachoit pas. Il fîiyoit
la fbciété , comme on évite un bois
rempli de bêtes féroces. 11 alla néan*-
moins un jour dans l'affemblée du
peuple , auquel il donna cet avis^
impertinent : J'ai un figuier auquel plu^
fitUTi fcfont déjà, pendus iji veux /#
14* T I M
couper peur hâdr en fa place, Àlnfi^
ê*Uy ta a qudqttun parmi vous qui s'y
vétille prendre , qu'il fe dépêche. Cet
canemi du genre humain ne laifla
pas d'avoir un ami intime, qui fe
nommoic Apemante^ auquel il s'étoit
attaché à caufe de la conformité du
caraâere. Soupant un jour chez
Timon ^ & s'étant écrié : Cher Ti-
mon , que ce repas me paroU doux ! *—
Sans douu » lui répartit*il ,fi tu rCy
itois pas. Le même Aptmante lui
demanda un jour pourquoi il ai-
moit fi tendrement Aldblade^ jeune-
homme hardi & entreprenant ? C*efi^
lui répondit- il , parce que je prévois
qu^ilfera la caufe de la ndne des Athé-
niens. Un tel original , à (a mort ,
ne dut pas être beaucoup pleuré. On
lui fit une Epicaphe , où {on carac-
tère étoit heureufement rendu , &
qui fe trouve dans V Anthologie ;
la voici en vers françob :
Paffant , laiffe ma cendre en paix ;
Ne cherche point mon nom ; apprends
que je u hais :
Il /affît que tu fou un homme,
Tkns , tu vois ce tombeau qui me
couvre aujourd'hui ;
Je ne veux rien de toi : u que je veusi
de lut,
Cefi qtiUfe hrife & qv^il t^affomme.
On dit qu'après fa mort /, la mer
indignés de baigner fon tombeau
qui étoit fur le rivage , le repoufia
bien loin dans les terres. Voye[
I. HERACLITE.
//. TIMON. (Samuel) né à
Thuma dans le comté de Trenf-
chin en Hongrie, fe fit Jéfuite
Tan 1693. Après . avoir enfeigné
la philofophie» il voulut fe con-
faaer aux pénibles fonâioss dé
miffîonnaire dans fa patrie *, mais
fa mauvaife ûinté rattacha à fon
cabinet où il ne cefTa de travailler
a l'hiftoire de fon pays. Il mou-
rut à Caflbvie le 7 Avril 1736,
à 6x ans. Les monumens de fon
T I M
application font : I. CeUbrîorum Htoi^
gariét urbium & oppidorum chorogrU"
phutf Timau, i7ol,in-4°. Gabriel
S^erdahelyi , Jéfuite , en a donné
une édition augmentée» Vienne,
I718 , in-4**; Ciffovie , 1732 , &
Timau, 1770, in-4®. II. Epizomc
rerum Httngarlcarum,CaSovit , 1736,
in-fol. C'^ un Abrégé chronolo-
gique des royaumes de Hongrie «
Dalmatie & Croatie. lîl. Imago an^
tiquée Hungariét , Caflbvie * 1734 »
in-8^. IV. Imago novte Hungari^e^
Caflbvie, 1734» in-8^. Ces deux
ouvrages ont paru réunis à Vienne •
X7Î4» I vol. in-4*'.
TIMOPHANE, jeune -homme
qui n'écoiitoit que fon ambition &
fes plaifirs, voulut être le tyran de
Corinthe fa patrie* vers Tan 343
avant J. C. Le célèbre Timoléun fon
firere , auroit pu panager avec lui la
fouveraine autorité *, mais bien loin
d'entrer dans fon complot , il pré-
féra le ùlut de (es compatriotes à
celui de fon fang. Après avoir em-
ployé à plufieurs reprifes, mais en
vain > fes prières & fes remon-
trances , pour engager Timophane à
rendre la liberté à fes dtoyens»
il le fit aflâflîner. Plufieurs admi-
rerem cette aâion , comme le plus
noble effort de la vertu humaine ;
les autres jugerem que Timoléon
avoit violé les droits les plus facrés
de l'amitié fraternelle. Le cara^lere
de cet inflexible républicain eu
développé avec force dans la Tra-
gédie de fon nom« par M. de la
Harpe.
I. TIMOTHÉE , capitaine Athé-
nien , fils de Conon célèbre génl^
rai, marcha fur les traces de fon
père pour le courage , ècïe furpafla
en éloquence & en politique. Il eut.
des ennemis comme tous les grands
hommes. Ses jaloufies le firent pein-
dre dans un tableau où il étoit
reprefenté dormant , & la Fortune
à fes pieds qui prenoit pour lui de$
T I M
tilles dansunfUet. Mais il ût voix
qu.'il ctoitbien éveillé, lorfqu'après
avoir ravagé les côtes de la Laconie,
il s'empara de Tifle de Corcyre , &
remporta fur les Lacédémoniens
une célèbre bataille navale , l'an
376 avant J. C. Il prit enfuite
Tome & Potidée, délivra Cyfique
& commanda la flotte des Athé-
niens avec Iphîcratt & Charcs, Ce
dernier général ayant voulu atta-
cher les ennemis pendant une vio-
lente tempête, & Tlmothée ayant
refiifé , il le ût condamner par le
peuple à une amende de cent ta-
iens. L'illuih-e opprimé , hors d'état
de payer une fi forte amende. Te
retira à Chalcide où il mourut.
Ce général étoit auffi prudent que
courageux. CA^r^j montrant un-jeur
aux Athéniens les blefTures qu'il
avoit reçues pendant qu'il comman-
doit les armées , Timotkée lui répon-
dit : Et moi , j'ai toujours rou^ dt <t
fi^m trait étoit venu tomba" affe^ près
ie mot , comme m* étant txpofé en
jaau'komme , & plus qu*U ne conve*
noit au Chef d'une fi grande armée.
Son défintéreflèment étoit extrême ;
il rapporta à fa patrie 1200 ta-
leos pris fur les ennemis , fans en
ncn réfcrver ponr lui-mêm^.
II. TIMOTHÉE , poëte toufî-
cien , né à Milet , ville Ionienne
dfr Carie , excelloit dans la poéâe
Lyrique & Dithyrambique; mais
ce fut à la mufique qu^ii s'appliqua
prindpalement. Ses premiers eilàis
ûe réuflîrent pas ; ayant joué en
préfence du peuple, il fut fîfflé. Un
tel début l'avoit totalement décou-
lagé i il fongeoit à renoncer à la
ïftulîque, pour laquelle il ne fe
croyoit aucune difpoiition. Mais
Euripide y dont la vue étoit plus
îufte que celle de la multitude , re-
marqua le talent de Timothée au mi*
lieu de fa difgrace-, il l'encouragea ,
& Taffura d'un fuccèâ éclatant , que
IVenir juâifia. fin effe^ Ttmothée
T I M i4i
devint le plus habile joueur de ci-
thare *, il ajouta même dos cordes 4
cet inftrument , à l'imitation de Thef
pandre i ce qui fut de nouveau con-
damné par un décret des Lacédémo-
niens, que Boèce nous a confcrvé.
Il contient en fubftance : *' Que Th>
** mothée de Milet étant venn dans
»♦ leur ville, avoit paru faire peu
y* de cas de l'ancienne mufique &
" de l'ancienne lyre -, qu'il avoit
» multiplié les ibns de celle-là
'* & les cordes de celle-ci ; qu'à
» l'ancienne manière de chanter,
» fimple & unie , il en avoit
» fubftituée une plus compofée ,
*• où il avoit introdmt le genre chro-
«• matique *, que dans ioa Poème
M de VAccouehement de Sémélé ^ il
M n'^voit pas gardé la décence
»' coïkvenable ; que , pour préve-
*) nir les fuites de pareilles inno*
» valions , qni ne pouvoient êtr#
M que préjudiciables aux bonnes
» moeurs, les Rois & les Ephoret
M avoient réprimandé publique*
»t ment Timothée ^ & avoient or-
» donné que fa lyre feroit réduite
M aux fept cordes anciennes , fie
" qu'on en retrancheroit toutet
t» les cordes nouvellement ajou-
» tées, &c. * On fe mettoit ea
devoir de couper ces nouvelles
cordes conformément au décret ,
lorfque Tlmothée apperçut une petite
ftatue d' Apollon , dont la lyre avoit
autant de cordes que la iienne ;
il la montra aux juges, & il fut
renvoyé abfous. Sa réputation Iqi
attira un grand nombre de difciples.
On dit qu'il prenoit une fois plus
de ceux qui venoient à lui pour
apprendre à jouer de la flûte ou de
la cithare, après avqir euim autre
maître. Sa raifon étoit qu'un habile
homme qui fuccede à ces deml-
favans , a toujours deux peines
pour une -, celle de faire oublier
au difciple ce qu'il avoit appris ,
& celle de riofbruire de nouveau.
144 T I M
11 floriiToit vers l'an 3.4a avant
J. C. fous Alexandre U Grmd. On
connoit la belle Ode de Drydm ,
intitulée : JU pouvoir de l*Harmonle ,
mife en vers françois par Dorât , où
le poëte célèbre avec emhoufiarme
les talens fublimes de Tîmothée,
III. TtMOTHÉE, Ammonite,
généra des troupes d'AmLchus
Eplphanks , qui, ayant livré plufisurs
combats à Judas Machabée , fut tou-
jours vaincu par ce grand capitaine.
Après la perte de la dernière ba-
taille , où fon armée fut taillée en
pièces , Tlmothce s'enfuit à Gazara
avec Chéreas fon frère , & il y fut
tué... Il y en avoit un autre de
même nom , auffî général des
trompes d*Antiochufy qui, ayant
aiïemblé une puiflànte armée au-
delà du Jourdain, fut vaincu par
Judas Machabée & par Jonathas fon
frère , qui défirent entièrement
fon armée. Tlmothée , étant tombé
entre les mains de Dofithée & de
Sofipatre , les conjura de lui fauver
la vie , & s'engagea à renvoyer
libres tous les JuiS qu*on retenok
captifs : ils le laifTerent aller.
IV. TIMOTHÉE , difciple de
5. Paul , étoit de Ly ftres , ville de
Lycaonie , né d'un père Païen &
d'une mcre Juive. L'Apôtre étant
venu à Lyftres , prit Tlmothée fur
le témoignage qu'on lui en ren-
xiit , & le circoncit aân qu'il
pût travailler au falut des Juifs.
Le difciple travailla avec ardeur à
la propagation de l'Evangile , fous
Con maître. U le fuivit dans tout
le cours de fa prédication , & lui
rehdit de très-grands ferviçes. Lorf-
qué l'Apôtre des Gentils revint dé'
Roike en 64 , il le laiiTa à Ephefe ,
pour ^voir foin de cette Èglife ,
dont i\ fut le premier évêque. U
lui écrivit de Macédoine la pre-
mière £j>i^tre qui porte fon nom ,
vers Tan ^-^dans laquelle il lui
prefçrit en génôaUç* devoirs de
T I M
fa charge. L'Apôtre, peu de tempi
après étant arrivé à Rome , & fe
voyant près de la mort , écrivit à
fon cher difciple la 2® .Epîtrç, que
l'on regarde comme fon tedament.
Elle eft remplie , comme la précé-
dente , d'excellens préceptes pour
tous les minières de l'Eglife. On
croit que Tlmothée vint à Rome »
où S, Paul l'appeloit » & fut témoin
du martyre de ce faint Apôtre. U
revint enfuhe à Ephefe , dont il
continua de gouverner l'Eglife en
qualité d'évêque , fous l'autorité de
5. Jean , qui avoit la dire£Hon de
toutes les Eglifes d'Afie. On penfe
qu'il fut lapidé par les Païens ,
lorfqu'il vouloit s'oppofer à la
célébration d'une fête impie en
l'honneur de Diane , vers Tan 97*
V. TIMOTHÉE , premier du
nom , patriarche d'Alexandrie l'an
380 , mort 5 ans aprts, eft«jConnu
prindpalement par une Epître cano-
nique : Balfamon nous Ta confervéc-
On lui attribue auiH quelques Vlts
de Saints,- •
VL TIMOTHÉE, patriardiede
Conilantinople dans le vi'^fiecle,
nous a laiiTé un bon Traité fur les
moyens de rappeler les^Hérétlqties
à la Foi » & fur la manière de i«
comporter avec ceux qui fe font
convertis. CottelUr a inféré cet Ou-
vrage dans fes Monumtnta Grtua.
TINDALL, (Matthieu) né dans
la province de Devonshire en An-
gleterre , le 10 Avril 1655, émdia
fous fon père qui étoit miniftre
dans le lieu de fa naiffance , &
^ envoyé , à l'âge de 17 ans f
au collège de Lincoln à Oxford*
Après s'être fait recevoir doûeur
en droit , il prit le parti des armes
dans les troupes du roi Jacques,
Lorfque ce monarque eut été dé-
trôné , Tlndall publia un grand
nombre ^ A*Ouvrages' en faveur du
Gouvernement , qui lui procurè-
rent une penûoo de 200 livre»
fterlings,
ffêrlings , dont il îouît îufqu^à fa
jnort , arrivée à Londres le 16
Août 1733. Cctoit une aipc vé-
ùalc, qui prenoit toujours le pTti
du plus fort ; tour à tour Catho-
lique & Proteftant -, partifan de
Jacques lorfqull régnoit » Ôt fon
détraûcur quand on lui eut enîtvé
fciceptre. On a de lui un livre
impie , intitulé : Le Chrifiîanlfme aujji
anàm que U ^fpndc ou V Evangile ,
féconde Publîcaton de la Religion de.
Nuture, 1730, in-^4** & in-S**. Jean
Conyhcare , Jacques Fofter & Jeun
Leland ont écrit «fortement contre
Cet ouvrage , afTez mal raifonné &
auffi mal écrit. Pope a encore plus
maltraité l'auteur dans (a Dunciade,
n avoit dans Tlndall un cenfeui^
împormn , qui ne lui accordoit que
le mérite de mettre en oeuvre l'ef*-
prit des- autres. Tmdall étoit d'ail-
leurs ou affeôoii d'être un Roya-
Me ardent , & P»pe étoit Jacobite»
Ainfi l'on ne doit pas adopter tout
ce que dit le Poète Anglois. Un
éloge qu*on ne put refufer à Iï«-
dail, c'eft que malgré Ton goût pour
l'argent , il fut généreux à l'égard
do mérite infortuné. Il laifla une
partie de ifon bien à un favant
appelé Eujtache Budget , en difant
qu'il vouloir- imiter Alexandre le
irand^ dont rhéritagé devoir être
pour le plus digne ; Dttur dlgnijjimo^
fÇttiw. Cun. ) Un aftrologue avôit
tiré ITiorofcope de Tlndall en 1 711 ,
& avoit prédit qu'il feroit mal in-
tentionné pour la religion» Cette
prophétie lui coûta d'autant moins, -
qbe Tmdall ne cachoit pas fes fen-
kimens en converfation. On a en-
core de Tlndall 2 vol. in-4® , de
tlhAiarques fur VRlftotre d'An^urre^
par' Rapin Tholras,
I. TINtO'RET, ( Jacques
)bbufti , £t le ) très-célebre peintre
Ital&ea , naquit à Venife en 1 5 12 ,
& (ut nommé le Tmtoret , parce
que fon p^e étoit teinturier. Il
Tome I^%
TIN i4Ç
s'amiifeit 9 dans fon enfance , a
crayonner des figures-, fes parent
jugèrent , par tet amufement, des
talens que la nature avoit mis ea
lui , & le deftinerent à la peinture*
tt Tlntoret fe propofa dans fes
études , de fuivre Michd-Ange pour
le defEn , & TUlen pour le coloris :
îl d^'figno di Michel Angelo , il colo"
rlto di Thtàno^ Ce plan lui (it une
manière où il y avpit beaucoup de
noblcffe , de liberté & d'agrément.
Ce maître étoit fort attaché à fon
art, & n'étoit jamais fi fatisfait que
lorsqu'il avoit fes pinceaux à la ^
main, jufque'^là qu'il propofoit
de faire des tableaux pour le dé-^^
bourfé de (es couleurs , & qu'il
alloit aider gratuitement les autres
peintres. Le Tlntoret fut employé
par lefénat^e Venîfe, préférable-
ment auH^ûn^ à François Salviati^
Ce peintre a excellé dans les gran«
des ordonnances. Ses touches font
hardies, fon coloris eft frais. Il a ^
pour l'ordinaire » réuffi è rendre
les carnatttyis , & il a parfaitement
entendu la ^atique dû clair-obfcurw
Il mettoit beaucoup de feu dans fes .
idées. La plupart de {es fujets font
bien caradérifés. Ses attitude^ font
quelquefois un grand effet ; mais
fouvent aufli elles font contraftées
à l'excès , & même extfevagantes^
Ses figures de femmes font gra-
cieufes , & fes têtes defHnées d'un -
grand goût. Sa prodigieulc facilité
à peindre- lui a £aiit entreprendre un
grand nombre d'ouvrages , qui tous
ne font pas également bons -, ce qui
a feit dire de lui, qu'// avoit trois' "
pinceaux » tm d*»R , un d*ARGBNT ^
& un de FER, Le Tinioru mourut
en 1 594 > à *82 ans. Il fut aimé &
eftimé par toutes les perfonnes
recommandables de fon temps. On
a gravé d'après lui. Ses printipaux:
ouvrages font à Veniffe. On a une
Vie du TiNTORET par Rïdolfi, » »
ri>>q[- Aretin.
14^ T I NT
H. TINTORET , ( Dominique )
ûls du précédent» mort à Venife
en Ï657 , âgé de 75 ans , réufàf-
ioit dans le Portrait -, mais il étoit
inférieur à fon père pour les grands
lîijets. > '
III. TINTORET , { Marie ) fille
du célèbre peintre de ce nom , na-
quit en 1560, & mourut en 1590.
Née avec de grandes diTpoiitiosis
T IP
Mruît & d'un citoyen zé!é» Vi-
Giphanthie , 1760 , 2 vol. in - 8® ^
trad^iite en anglois & imprimée à-
' Londres en 176 1. U a adonné auffi^
une nouvelle édition du DUlion^
nain de FuretUre , £ameux par les^
débats qu'il excita autrefois dans
la république des lettres. Les Ou- .
vrages. de cet eitimable auteur .font
écrits d'un ftyle éléganr & facile ,
pour la peinture, Marie reçut de mais c[uin'eil point^empt de cet^
ibn père , qui Taimoit tendrement, enthouAaime ââice qu'on a repro-
feous les fecours qu'elle pouvoit
ééCirex. Elle réufTifibit finguliére-
ment dans Uf porcrait, & fut fort
«mployée dans ce genre ; mais la
mort la ravit à la fleur de Ton âge^
& laîfla Ton père & Con époux in^
eonfolables de fa perte. Sa touche
efi- facile & gcacieufe v elle faifiT-
fbii pai^tement la refembiance;
fi>n coloris étoit admirable. Elle
^ccelloitauffî en mufique. OtiVap'
porte que fon père la faifoit ha-
liiller dans £on bas âge engarçonr,
pour pouvoir la proniener par- tout
avec lui».
•tlPH AIGNE DE LÀ Roche »
ché à quelques philofophes mo-
dernes. 11 s'étoit retiré depuis quel-^
ques années dans fa patrie , & il
y vécut plus pour les autres que-
pour lui.
TIPHAINE, ( Claude ) Jefuite ^
né a Paris en* 1^71» enfeigna la>
philofophie & la théologie dans-
fa Société. Ses vertus & fa capa-
cité le rendirent digne des pre*
mieres places de fon Ordre. II fiir.
reâeur des collèges de Rheims , de;
Metz ^ de la Flèche & Pont -à*
Mouflon , & provincial de la pro*
vince de Champagne. Il eft çonniv
par quelques Ouvrages favans : l^
( Charles^François ) médecin de la Aviniff^mtm aux Hérétiques de Mu^^
faculté de Caen , & de l-académie ' IL Declaratîo & Definfio Scholafiia^
de Rouen , éioit nati£ de Monte-
bourg , au diocefe de Coutances ^.
êi mourut Tan 1774 , dans la 53*
année de fbn âge« ireonnoiflbit
bien fon art , & aux lumières du
médecin , il joignoit les agrémens
iHin littérateur ingénieux & en-
£hcirîn^SS* Patrum & DcHorîs An*
gelic* , de Hypofiafi , /m Perfona , Ôçc»-
à Pont-à-MouiTon , 1634 , in-4^-.
IH. Un TrMté De Ordîtu , /« de.
Priori & Po/leriori ^k Rheims , 1640^
in-4°. Quoique Jéfuite^ il foute-',
noit le fentiment des Tkomifies fur
îqué« Il pafla une partie de fa vie la Graoe, & il n'en fut. pas moin^,
dans la capitale , où il publia di- cflimé dans fa Compagnie, qui le
vers Ecrits. Les principaux font:
' L V Amour dévoilé ou U Syflénu
dùf Sympathies ^ 17^1 , inTi2. IL
Anilée ou la. Graine d^hommes^ 1 75 4,
in- 12 : critique ingénieiife clés ridi^
çules des artiites , des favans & des*
hï{eur& de fyftêmes. III. Éigarrures
^hilofopkîques , 1759 ^^'ivol. in-IO.
IV. EJf.nfur PHifldire économique des-
Mers çccîdéntales dt Frmuc^ 1760 ,
m-S^ :. ouvrage d'un; natucâUfle
pçrdit en 1641. Il mourut à Sens »
avec la réputation d'un^ homme
plein de piété & de douceur. ,
TIPHERNAS, roy.TifERNAS^
TIPHYS , fils de Phorbas & d'^^-
mane , fut le pilote du vaifTeau ap»
pelé Ar^ , qui cooduifit les Argo-
nautes à la conquête de la Tbiibn;
d'or en Colchide. Tous les ppë^s.
ont chanté fon habileté.
TIJPOT , Voy^ TïROTV
înfAQUEAU, ( André) Ueùtë-
fcant civil de îototenai-le-Comte
h patrie, devint confeiller au par-
lement de Bordeaux ^ ptiis enBn,
au parlement de Paris. Il travailla
avec zcle à purger le barreau des
chicanes qui s'y étoi<*nt idiroduites >
& adminidra la juftice avec une
intégrité peu commune. François l
& Henri 11 fe fervirent de lui dans
plufieurs alSair^ très-intérefTantes;
Ses occupations ne Tempêcherent
^oint de donner au public un grand
toombte de favans Ouvrages. 11 eut
20 eo&ns félon les uns , & 3c félon
d'auffes ; & Ton difoit de lui '' qu'il
* donnoit tous lès ans à l'Etat un
^ Enfant tf. un Livre u. Il mourut
dans un âge très-avancé , en 15 58 ,
après avoir honoré fa patrie ôcfonr
état. Ses Ouvrages forment 5 vol.
in-folio , 1574. On a de lui : I.
Un Traité des Prérogatives de la
Nobiejfe, 1543 , in-folio. M, Un
autre du Retrait iignager. .111. Des
Commentaires fur Aiexander ah
Alexandro^ Leyde ^ 1673 , 1 vol.
in-folio. iV. Un Traité des Lois du
Mariage • 15IJ * in-4**i & plufieurs
autres Livres ] dont le chancelier
de C Hôpital , fon ami i faifoit cas*
On lui fit cette Epitaphe. ; Hic
jacei qui ^ aquam bibeiido , vlgînti U-
héros fufeeplt , vlgînti liberos edtdlt.
Si meruin bîbîffei^ iotum orbem im^
fleffet.
9» TirÀquetoi^ fécond à produire ^
^ A mis au monde trente Fils ,
9i Tiraqueau , fécond à bien dire ,
*♦ A fait pareil nombre d'Écrits.
H S'il n'eût point noyé dans les tiu%
>> Une femefkce fi féconde ,
^11 eût enfin rempli te monde
«De Livres & de Tiraqueaux ««.
TI^EST AS , fameux devin <ie la
ville de Thebcs , vîvoit avant le
fiége deTroye & étoit fils d*£vére
& de la Nymphe Çharlclo, Ayant
iin Jour va deux ferpex» a^ouplés
fur lô niont Gtheroii , il tuâ lâ
femelle , 5c fut fur le champ méta-
morphofé'en femme. Sept ans après «
il trouva deux autres ferpens de
même , tua le mâle , & redevint
homme auiE-lÉt. Jupiter & Junon
difputant un jour fur les avantages
de l'homme & de la femme , prirené
Tirefias pour juge ^ qui décida en
faveur des hommes -, mais il ajouta
que les femmes étoient cependant
plus fenfiblës. Jupiter ^ par rédon-»
nolffartce^ lui donna la faculté dtf
lire dans l'avenir. Ce devin ayan^
un jour regardé Pallas pendant
qu'elle s'habilloit , devint aveugle
fur le champ. Son hiftoire fabu-'
leùfe eft détaillée avec élégance
dans le Poëme dé Narcljfe ,par
Malfillâtre,,, Strabon rapporte que '^
le Sépulchre de Tirefias étoit au-
près de la fontaine de ïi^hufe *
oà il mourut fort âgé < fuyant dd
Thebes , ville de Béotien On le
regardoit comme l'inventeur desi
Aufpices i & oh l'honora comme
lin Dieu à Orcomene , où foii
oracle avoxt beaucoup de célc*
brité. ♦
TlRIDAtE , roi d'Arménie , Ce
révolta contre Phraaie , & s'em-
para du royaume àes Parthes. Mais
craignant l'armée formidable que
Phraaie leva contre lui , il implora
la proteftion A*Auguh ^ & fé ré-
fugia auprès dé cet empereur..
TIR IN, ( Jacques) Jféfuite
d'Anvers , entra dans la Société
en 1580 i & mourut en 1636 ,
dàiis un âge avancé. U travailla
avec beaucoup de zèle dans les
miffions de Hollande. Il eft prin-
cipalement connu par un Comment •
taire latin fiir toute la Bible, dans
lecjuel il a recueilli ce qu'il a
trouvé de meilleur dans Ut autres
interprètes. Ce G)mmentaire forme
2 vol. in-folio. II eft plus étendu,
que celui de Mcnochius , & quoi-
que moins efiimé , il eô tjKile à
Kij
/
148 T i R
Ceux qui, fans s'attacher aux va-
"riantes , veulent feulement enten-
dre le fens du texte , tel qu'il a été
explique par les Pères & les Com-
mentateurs*
TIRON , ( TulUuj Tiro ) affran-'
chi de Clcéron , m*tta l'amitié de
ion maître par fes excellentes qua-
lités. Il nous refte plufîeurs Lenres
de cet orateur » où il fait bien voir
rinquictude dans laquelle le met-
• toit la fanté de Tîron , qu'il avoit
laiffé malade à ParriV, ville d'A-
cfiaïe ', combien il ménageoit peu
la dépenfe pour "lui ^ & avec quel
:tele il le recommandoit à fes amis.
« Je vois avec plaifir (-écrit-il à
" Attlcus ) que vous vous inté-
>♦ reffez à ce qui regarde Tîron,
Vf Qaoiqu'il me rende toutes fortes
>v de fervices & en grand nombre,
»' )e It^ fouUaite néanmoins une
»» prompte convalefcence , plutôt
<' à caufe de fon bon naturel &
" de fa modeiUe , qu'à caufe des
M avantages qu'il me procure w.
Il inventa chez les Latins la ma-
nière d'écrire en abrégé. Il pafle
pour le premier auteur de ces ca-
ractères que les Romains appel oient
Notci^ par le moyen defquels on
ëcrivoit auffi vite qu'on parloit.
Ceux qui écrivoient de cette ma-
nière s'appeloient Notûrll , d'où'
nous eft venu le nom de Notaires,
Tiron avoit aufli compofe*la Vie
de Clcdron^ dont îl étoit le confi-
dent & le confeil , & plufieurs
autres Ouvrages qui ne font point
parvenus jufqu'à nous. Pour faire
connaître l'art d'écrire en notes ,
l'abbé CarpentUr » de l'académie des
Infcriptions y nous a donné d'an-
ciens Monumens écrits fuivant
cette méthode , auxquels il a joint
fes Remarques & un Alphabet, fous
ce titre : Alphahuum TlronUnum , feu
Notas Tironis cxpUcandl Mcthodus :
cum plur'ibus notis ad Hlfi^rl^m &
JufifdicHoncm tant eceUfiaJùcam tùm
TIS ..
civlUm ptnîntndbus , Paris , 1747 ^
in-folio. [ Voye^ R'ÂMSAi , n° x. J
Martial parle de l'art d'écrire ea
notes , dans ce diftiqué énergique
ù cotuiu : Carrant verba , &c. dont
voici une foible imitation :
Je r!s , tnjh conteur^ de èa foug^à
cmprcffde ;
Ta langue eft mg^urdU , & mes
doigts fans effort
Devancent en jouant ta voix em-*
harraffét :
Elle a beau fê hâter ; plus vive e»
fon ejfor^
Ma main vole', & tandis que tA
voix bronehe encor ^
Ma plume prévoyanu a tracé ma
peafée^
TISIPHONE , l'une des trois
Furies , dont le nom fignifîe K^nge"
reffe de Chomlclde , avoit une voix
de tonnerre qui faifoit trembler le&
fcélér^. Elle étoit portière du
Tartare. Voyei Eumenidbs.
TISSAPHERNE , {Tlffaphetjfes )
un des principaux fatrapes de Perfc
du temps àArtaxcrces Mnemon ^
commandoit dans l'armée de ce
prince , quand Cyrus , frère d^Arta*
xerces , lui livra bataille à Gunaxa.
Il eut l'honneur de la viûoire ; fon
maître lui donna le gouvernement
de roussies pays dont Cyrus étoit
auparavant gouverneur , & lâ fille
en mariage. Sa faveur ne dura pas«
Tijfaphemc ayant été battu par Agi"
filas , général des Lacédémoniens
dans la guerre d'Afie , encourut la
difgrace à' Àrtaxercès ^ excité contre
lui par fa mère Parifatis , & fut tué
par ordre de ce prince à Colofie ea
Phrygie. Vuyei^ Clearque.
TISSARD , ( Pierre ) prêtre de
l'Oratoire , né à Paris en 1666 y
mort dans cette ville en 1740,
enfeigna les humanités & la théo-
logie. On a de lui plufîeurs Fïeces
de vers f les unes en latin & les
autres en françois » Se .quelques
T IS
Ecnts anonymes fur les contcfta-
tions qui agicoi^nt l'Eglife.
TISSERAND, (Jean) religieux
Cordelier de Paris , fe fit un nom
vers la fin du xv* fiecle par
fon talent pour la chaire , & par
foa zèle pour le falut des âmes.
» Après avoir vivement touché
" les cœurs l«s plus endurcis ( dit
* le continuateur de Flcury ) &
•' converti par fes Sermons plu-
H fieurs filles & femmes d'une vie
" déréglée , il établit l'Inftitut des
»» filles Pénitentes , en Thonneur de
>» Su, MagdeUlhe , pour retirer
>» celles à <ïui Dieu feroit la grâce
" de quitter le péché. Il s'en trouva
« d'abord plus de loo. Le nombre
» s'en accrut extraordinairement
» en peu de temps ; en forte qu'on
M iut obligé de (buffiir que les plus
»• fages allaflent faire la quête par
» la ville , Jufqu'à ce qu'elles euf-
» fent un établiffement folide : te
* qui n'arriva c(B'en 1500. Le duc
» d^ Orléans , depuis roi de France
*t fous le nom de Louis XII , leur
» donna pour lors fon palais , fitué
V près de l'églife Saint-Euftache ,
*♦ pour -en faire un Monaftere.
»» Simon , évèque de Paris , leur
N^ drefifa dès Statuts & les mit fous
»» la règle de Saint- Auguftin. On
» les obligea, eii 1550, de garder
I» la clôture -, & en 1572 , elles
*> furent transférées dans l'ancien-
»♦ ne égUfe de Saint - Magloire ,
H qu'elles occupent encore à pré-
» fent «. ^
■ TITAN ^ fils du Oel & de Fe/la :
l Voyâi Saturne.. ] Ses enfens
étoient des Géans qu'on appeloit
auflî Titans , du nom de leur père.
Ils efcaladerent le ciel & voulu-
tent déorôner Jwpiter. Voyei ce
mot.
i. TITE, difcipîe de 5. Paul,
Grec & Gentil , fut converti par
cet apôtre , à qui.il fetvit de fecré-
tùre & d'incerprece** U le mena
T I T Ï49
avec lui au concile de Jérufalem ,
& l'Apôtre ne voulut point que
Tite fe fit circoncire , pour mar-
quer que la Circoncifion n'ctoit
point nécefTaire , quoique dans la
fuite il fit circoncire Timothéc , en
l'envoyant à Jérufalfem , parce que
les Juifs l'auroient regardé , fans
cette précaution , comme impur Se
corama profane. S, Paul l'envoya
depuis à Corinthe pour calmer
les difputes qui partageoient cette
Eglife *, & Tite aUa enfuite le
joindre en Macédoine, pour lui
rendre compte de fa négociation.
Peu après il porta aux Corinthiens
Ja 2*^ Lettre que S, Paul leur adref-
foit i & vers l'an 63 de J. C. ,
l'Apôtre l'ayant établi cvêque de
l'ifle de Cifete , il lui écrivit l'année
fui vante , de Macédoine, une Lettre
dans laquelle il expOfe les devoirs
du miniftere facré. Cette lettre qui
eft la règle de la conduite des évê-
ques , peut être regardée comme
'le tableau de la Vie de 5. Tite ,
dont la plupart des' actions nous
font inconnues. Mais il efi.à croiro
que , difcipîe de 5, Paul y il obfèrva
à la lettre tout ce que cet Apôtre
lui avoit prefcrit. Tite mourut dans
l'ifle dç Crète , fort âgé. ,
II. TiTE , auteur eccléfidfiique
du iv** fiecle, après avoir pafle par
tous les degrés - de la hiérarchie y .
s'éleva par fon mérité à l'évêché
de Boftre dans l'Arabie. La Bîblio^
thique dés Pères nous offre de cet
auteur , un Traité tontre' les Manl--
chéens ; il fait honneur à fon zèle.
m. TITE , ( Titus Vefpafianus )
n^ le 30 Décembce, lan 40 de
Jeftis-Chrift , étoit fils de Fe/pufien
fon prédécefTeur , & de Flavla Do^
mîtîlla, U fervit avec diftindlion
fous fon père , qui , ayant été re- ^
connu empereur l'an ^ de J. C. ,'
renvoya continuer le fiégé de Jé-
rufalem , dont il ' n'avoit pu fe
reâdre maître. La pâque appro-
Kiij
15© TIT
i:hoit, & un peuple innombrable s^y
(étoit rendu pour cette folennité.
Le peu de vivres qu'il y avoir dans
la ville fur bientôt confommé^
& quoique la famine augmentât
^ous Ijes jours, de faux prophètes
apoûés par les chefs des féditieux
qui gouvemoient les âijiégés , leur
annonçoient une prompte délir
vrance. Leur obftination croiiToit
^vec leur mifere qui étoit extrême^
On vit une mère manger fon propre
^Is. T^tus ayant appris cette hor?>
ireur , n'en fut que plus ardent à
pourfuivre le liège. Après de longs
travaux & de vives attaques , les
Jlomains s'étoient emparés de tous
les poftes , & il ne reçoit aux Juifs
que le temple & la ville haute^
fUus maître de la première enceinte
du Temple , fut forcé de mettre le
feu aux portes de la féconde. Il
vouloit çonferver le corps de ce
iuperbe édifice 9 mais dans un
^fîaut qu'il y donna , un foldat en
^reur jeta dans le Temple même *
quelques pièces de bois enfiam.-
mées. Le feu gagna de tous côtés , Sç
tous les bâdmensiurent réduits en
fcendres le 10 Août de Tan 70. Totif
pe qui Ce trouva fous la main du
vainqueur fut mafTacré fans diûinç-
rion d'âge, de ifexe ou de condi-
tion. Ceux qui étoient échappés
au carnagjc gagnèrent le Mont de
Sion , & y furetir maâapré^ le S Sep-
tembre de la. même au^^ée. .Tîius
£t. mettre le feii dans^ toutes les
parties de la ville , acheva de faire
abattre ce qui reftoit du temple
j8c y fit palier la charrue. Jofephc
fait monter ji^fqu^a 1300 mille les
Juifs qui périrent dans cène guerre ,
foit par le fer, :f oit par la pefte ,
fqii par la famipç. T.um de re-r
tour à Rome «.triompha 4e la Judée
?vec VffpajUif, gin^n & Uan , chefs
gles féditieux, qu'on avoit trouvés
cachés dansun égput, ornèrent le
T I T
elpaux «captifs. On y pot ta avec
pompe la table , le chandelier d'o«
à fept branches , le livre de la loi
& les rideaux de pourpre du fanç-»
tuaire. L'arc de triomphe élevé
pour conferver la mémoire de ce
grand événement , fubfiile encore »
& l'on y voit en bas relief la table
^ le chandelier. On frappa au^
àes médailles de yefpafitn & de
T'uus , où l'on vpit imè femme affile
au pied d'un palmier» couverte d'un
long manteau, la tête penchée âç f
appuyée fur fa main , avec cette inf-p
çription : La Judct Conqmft. Tltuf
s'étant autant fait côimer des Ro^
mains par fa valeur que par fou
efprit , obtint le fcepire impérial
le 14 Juin de l'an 79 de J. C^
( Voyt^ encore quelques détails fuv
la guerre de Judée , à l'article vi.
Joseph. ) Ses mœurs avoient été
iufqu'alors peu réglées. Sa maifon ^
tant que vécut Vefpaficn , étpit
compofée , en gvande partie^ de
pantomi^nes ; d'eunuques & d'une
troupe de jeunes efclaves , dont une
plume chaire n'ofe exprimer la def»
lination. Ses amours pour Bérénice ^ i
célébrées par le plus élégant de no%
poëtes tragiques , font connues de
tout le monde parmi nous. Cefl
cette paflîon fi impérieufe qull
eut la gloire de domp^r. Un de%
premiers ufages qu'il fit de^l'auto»
rite fouveraine , fut de renvoyé?
Bérénice j qu'il aimoit & dont il
étoit aimé. On avoit encore blâmé
la profufion de fes repas , qu'il
pouffoit fouvent jufqu'à minuif
avec des amis de table .& de bontie
çhere : il étendit fa refonte fur c^
point , comme, ûir les. autres : if
voulut que . la gaieté^ la liberté
régnafîçut dans. /es. lepas ^ mais
fans aucune forte d'excès -, & 1^
vertu feulé donn^ droit à fon amitié,
Enfin , quelques-uns l'avoient tax^
d'avidité pour l'argent, & Suétone
J
TIT
4Uns les fôrdides trafics qu exerçolt
ion père. Mais lorfqu'il fut le maître ,
' 41 ef&ça entièrement cette tache
par des procédés non-feulemeat
«>iempts de toute in] uûe exaction ,
«nais généreux & magniftqueV. Tel
«il le changement que la fouve-
faine puifTance opéra dans TUe, Il
Xe perîuada que >« la première place
reftreignoit fa liberté , & qu'à me-
\ iure qu'il pouvoit plus, moins de
4:hofe$ lui étoient permifes «. C'eft
ce qu'il répondit à un l^omme
étonne de ce qu'il lui refufoit ce
^u'il avoit follicité en fa faveur
auprès de Vefpafien,. » Il y a h'un.
ée la différence , }ui dit-il , entre folll'
<iur un autre , ou juger fol-méfae ;
tntre appuyer une demande » ou. avoir
À l'accijrder «. Cependant l'un des
premiers aâes publics qu'on vit
de lui, fut une confirmation des
gratifications & des privilèges ac-
cordés au peuple par les autres em-
pereurs. Sa haine pour la calomnie
le rendit très-rigoureux à l'égard
des Délateurs. Il condamna tous
ces accufateurs de profeffîon à être
fufiigés dans la principale des places
publiques , à être traînés de là de-
vant les théâtres , & enfin à êwe ~
vendus comme efclaves, & relégués
dans des ifles défertes. Pour remé-
dier plus efficacement que Ton père
n'avoit fait, à la corruption des
Juges & à la longueur dés procé-
dures , il ordonna qu'une même
caufe ne feroît jugée qu'une fois ,
& qu'il ne feroit plus permis , après
un nombre d'années déterminé , de
plaider pour les fucceffiens. Il eut ,
comme Vefpafiea , un foin particu-
lier de réparer les anciens édifices ,
ou d'en conflruire de nouveaux.
Après la dédicace du fameux Am-
phithéâtre bâti par fon père ,. il fit
achever « avec une incroyable dili«
gence , tes Bains qui étoient auprès.
11 donna de magnifiques fpeâacles y
catrç autres un c^iubat n^vdl dan»
TÏT 151
r^ncienne Kaum^hie. Cinq mille
bêtes fauvages furent employées ea
un feul jour à divertir le peuple
qu'il confultott toujours avant qufe
de lui donner i^ne fête. Sa po-
pularité étoit telle, qu'il voulut
que ceux qui tenoîent quelque
rang parmi le peuple , pufient venir
à CCS Bains , & s'y trouver en
même temps que lui. Il étoit fi porté
à fétt du bien en tout temps , quft
s'étant fouveiui un jour • qu'il ne
s'étoit rencontré aucune occafiofl
pour lui d'obliger quelqu'un dans
la journée « il dit ce beau mot A
connu : Mes amîs , voilà un jour qut
fai perdu /..* S'il avoit fujet de fe
plaindre de quelqu'un , il étoit'
toujours en garde contre les accu-
fations intentées fur cette même
perfonne, lorfqu 'elles avoienc rap-
port à lui : Sljz. ne fais rleiii difoit-
il , qui fùîi digfie de repréhenfion , pour*
quoi la calomnie me , mettrait-elle eà
Colère ?„ Tue ne fe fervit jamais
de fon autorité pour faire mourir
aucun de fes fujets. Il ne fe fouilla
point de leur ' fang , quoiqu'il ne
manquât pas de juûes fujets de v'èn-
geance. Il affuroit, qu'<7 aimeroit ,
mieux périr lui-même , que de caufer
la pertù d'un homme, Deux féaateurs
ayant confpiré contre lui , & nef
pouvant àier le ctime dont ils
étoient accufés , il les avertit de re^
n^ncerà leur defTcin^ leur promit
de leur accorder tout ce qu'ils ^q«
haiteroient, envoya fur le champi
içs courriers à là niere de Tûn «
pour la tirer d'inquiétude & lui
annoncer que fon fils vivoit. 11 les \
admit tous deux à fa ùble , le foir
même de la découverte de Icurabo*
minable complot. Le lendemain il-
les plaça auprès de lut à un com-
bat de gladiateurs , & leur demander
publiquement leur fentiment fur le
choix des épées , lorfqu'on les lui
apporta , félon la coutume , avant
que de commencer. ( On attribue U9
Kiv
i^î T I T
pareil trait de clémence à Tempe-
reur Ncrva, ) Il tint à peu près la
même conduite envers DomltUn ,
fon frère , qui excitoit les légions
à la révolte. Sous le règne de ce
bon prince , l'empire fut expofé à
plufieufs calamités. La première
îiit lembrafement de la plupart des
villes de la Campanie par les
éruptions du Mont-Véfuve -, la fé-
conde , Pincendie de Rome *, la
demiete enfin , ime pefte qui em-
porta iufqu'à mille perfonnes en
un jour. Durant tous ces malheurs,
Tite fe comporta comme un prince
généreux & comme un père tendre ;
lï vendit les ornement dé ion pa-
lais , pour ÊEiire rebâtir les édifices
publics. Rome ne jouit pas long-
temps dé fon bienfaiteur. Tiu , fe
ientant malade , fe retira au pays
des Sabins ; mais il fut Curprls > en
y allant , d'une fièvre violente.
Alors levant fes yeux ' languifTans
au Ciel , il fe plaignit de mourir dans.
un âge fi peu avancé , lui qui ne
puifToit de la vie que pour faire
du bien. Il expira le 13 Septembre ,
Tan 81 de Jefus-Chrift , âgé de 4I
ans , après un règne de deux ans ,
2 mois & ao jours. On dit que ,
lorfque fon frère DomltUn le vit à
l'agonie , il le fit mettre dans une
cuve pleine de neige fous pré-
texte de le rafraîchir i il y rendit le
dernier foupir. L'idée attachée au
nom dç Tlu efl fupérieure a tous
les éloges.
TITE LIVE-, {Tim-Livîus) de
Padoue , & fuivant d'autres d'A-
pone* pafTa une parde de fa vie,
tantôt à Naples, tantôt à Rome»
où Augufte lui fit un accueil très-
gracienx. Il eu un de ces auteurs.
qui ont rendn leur nom. immortel ,
mais^dont la vie 6c les a^ons font
pçu connues. Tue- Llve mourut à
Padoue , après la mort d*Juguftt ,
le même jour qu* Ovide , l'an 17
de J. C. » la 4*^ année du règne de
T I T
Tthere. Il eut un fils , auquel iT
écrivit une Lettre fur l'éducatioa
& les études de la jeuneiTe » dont •
QuintUen fait une mention hono- ,
rable. La perte doit en être bien
regrettée. C'eft dans cette Lettre v
ou plutôt dans ce petit Traité »
qu'au fujet des auteurs dont on
doit confeiller la leâure aux jeunes
gens , il .difoit qu'ils doivent lire
Démofthene & Clcéron ; puis ceux qui
reflembleront davantage à ces deux
excellens orateurs. 11 parloit dans 1^
même Lettre d'un maître de rhéto»-
rique , qui étoit mécontent des comn
portions de fes difciples , lorf-
qu'elles étoient intelligibles , 6c les
leur faifoit retoucher pQur y jetei^
de l'obfcurité » & quand ils les rap-
portoiçnt dans cet état : Voilà qui ^
eft h'un mleujf maintenant , difoit-il ^
jfe n*y ^ntmds rUn mol-même. Croi-
roit-on ( dit RoUîn ) un pareil tra-
vers d'efprit pofTible ? Tltz-Uvc
avoit compofé aufli quelques Traitée
phiiofophiques y & des Dialogues:
mêlés de philofophie. Mais fon |
principal Ouvrage eft VHîfiolie Ro* j
màlne , qui commence à la fonda-
tion de Rome , & qui finifToit à
la iport.'de Dmfus en Allemagne ^
Hîffoire qui l'a fait mettre au pre-.
mier rang des grands écrivains. On
rapporte qu'un Efpàgnol , après la.
letïure de cette Hifloire , vint ex-
près de fon pays à Rome pour
en voir l'auteur ,' & qu'après s'être \
enti:etenu avec lui », il s'en retourna
fans faire attention aux beautés d^
cette capitale du monde. Cet 011-
vrage renfermoit 140 livres , dont,
il ne nous refte que 3 5 > .encore,
ne font-Us pas d'une même fuite..
Ce n eft pas la 4® partie de fon Hif-s
toire. Jean Frelnshemim a tâché de,
çonfoler le public de cette perte,,
& il y a réufli , autant que la chofe,
étoit poftible. Il règne dans toutes. -
les parties de l'Ouvrage de TUe^, •
iifc, un€'é%aQçc Qpçtij^xuc, U «fc.
T I T
celle également dans «les récits»
. les defcriptions & les harangues.
Le ftyle , quoique varié a l*infiiii ,
fe foutient toujours également :
£mple r^ns baàeiTc , orné fans
afFeâation , noble fans - enflure »
étendu au ferré ^ plein de douceur
& de force , félon l'exigence des
inaneresj mais toujours clair &
îûteiligible. « On^reproche cepen*
" dant , ( dit l'abbé des Fontaines )
•« qudques défauts à Tiu - Live.
»» Le premier , c'eft de $*être lailTé
^ trop éblouir de la grandeur de
^ Rome , maîtrefle de l'Univers.
»» Parle-t-il de cette ville encore
" naiilante-: il la fait la capitale
** d'un grsnd empire, bâtie pour
*' l'éternité, & dont TagrandiiTe-
" ment n'a point de bornes. 11
*' tombe quelquefois dans de petites^
* contradiâions ; . & ce qui eft
** moins pardonnable, ilometfou«
» vent des faits célèbres & im-»
» portans i<. On lui a reproché
encore d*avoir employé quelques
apreilions provinciales dans fon
Hiîloire, Mais Plgnorlus croit que
cette Pa$avînUé dont on a tant parlé ,
regardoit feulement l'orthographe
de certains mots, '^ où Tlu-llve ^
comme Padopan , employoit une
lettre pour une autre, à la mode
de fon pays , écrivant Slbe & Quafy
pour Sibi & Quafi, Quelques-uns
penfent qu'elle confîflok iimple-
inent dans la irépétition de plu-
iieurs fynonymes en une même
période \ redondance de %le qui
déplaifoit à Rome, & qui faifoit
connoitre les étrangers, 11 eft peu
d'hifioriens qui aient raconté au-
tant de prodiges que' Tue - Vve,
Tan^ un bœuf a parlé i tantôt
uneinule a engendré ,j tantôt ]es
)iommes & les femmes ont changé
de fexe. Ce ne font que pluies
de cailloux , de chair , de craie , de
(ang.&de lait; maisr TUe-JJve ne
np^ot^oijt, f^nj^.dçute, tQutes c€s
vaines croyances, que comme les
opinions du peuple & des bruits in-
certains , dont lui-même fe moquoiiî
le premier. 11 protcfte fouveut qu il
n'en fait mention, qu'à caufe de
l'impreflion qu'ils faifoient ùiv la
plupart des efprits. Un des mérites
de Tlte Uve^ c'eft que tout irifpir*
dans fon Ouvrage l'amour de la juf-
tice & de la vertu. On y trouve »
avec le récit des faits , les plus
faines maximes pour la conduite de
la vie. On y voit un attachement
*fingulier pour la religion établie à
Rome lorfqu'il écrvvoit, & une gé«
néreufe hardieffe à condamner avec
force les fentimens impies des in->
crédules de fon temps. » Ce mépris
» des Dieux, , dit- il , û commun
M dans notre iiecle, h'étoit point
>« encore connu. Les fermens & la
vt loi étoient des règles inflexibles
•* auxquelles on conformoit fa coa-
n duice ; â^ Von ignoroit l'art de les
» accommoder à fcs inclinations
H. par des interprétations fraudu-
»* leufes fi. L'édition de Tuc-JUve à
Venife, 1470, eft fort rare. Les méiU
leures font les fui vantes : Etiévîr ,
1634, 3 vol. in- 12, auxquelles oq
joint les Notes de Gnnoyius , i vol..,
Cum ^notls VarLrum , 1665 , ou.
1679 , 3 vol. in-b"... Ad ufum
Delphinî , 1676 & 1680 , 6 voU
in-4**... Cellede Drakenborch , 1738 ,
7 vol. in*4°... de le Clerc, Amf-
terdam , 1710 , 10 vol. in- 11...
A*H€arnei Oxiotà, 1708,6 vol,
in-8®. £nfin , Çrdvîer a publié une
ériition de cet hiflorien en iix vol«
in-4*' , 1735 » enrichie de Notes fa-
vantes & d'une Préface écrite avec
élégance. On l'a réimpriitné ea
6 vol. in- 12. Guérîn en a donné
une Traduûioa affez eftimée : Voyei
fon article.
. TITELMAN , (François ) né à
Aflel dans Je diocefe de Liège, de
Cordelier fe fit Capucin à Rome
en I ][ 3 5 ^ & mourut quelqu^ aa^
t.54 TIT
fiées après. Ses Ouvrages font : L
Une Apologie pour redition vul-
^g9ire de la Bible. II. Des Com^
menialres <ur les P/caumes , Anvers ,
JÇ7I , in-fol. UL — fur les Bvan'
/ f;/« , Paris, 1 546 , in-fol. iV. Un
JScrit fur VEpUreM S, Paul aux Ro*
«saifts , contre Erafnu,
TITI , ( Robert } né on Tofcane
vcss le^milieu du xvi* fiecle , fe fit
^ connoicre de bonne heure par foh
amour pour les lettres & par fes
iiKxès. Padoue & Pife l'appelèrent
fucceflivement pour y profeffer les
belles-lettres , & il s'acquitta de
ion emploi avec diftinâion. 11 nous
reûe de lui des P.oifits eôimées de
leur temps, peu connues au)our>
^hui» quoiqu'elles ne foient pas
<ans mérite. On les trouve avec
celles de (?A«r<ir</, 1571, in-S®. On
.8 encore de cet auteur , des Nott$
afîez bonnes , fur quelques auteurs
dailîques *, dix Lhres fur des paf*
iâges d'anciens auteurs » fur lef-
quèls les littérateurs ne font pas d'ac-
cord. Ce Traité , intitulé : Locorum
fontroverforum llbrl dccem^ à Flo-
rence , 1583 , in-4^, fit honneur à
foii érudition , ^ excita la bile de
iofepfi Scaliger^ qui l'attaqtw en en-
/ nemi & d'une manière violente.
Tltl défendit fon livre, en 15 89 ,
«ïï galant homme & en vrai fa-
, vant^ & répondit à la critique de
Scaligtr^ fans lui rendre injures
pour injures. Il mourut en 160-9 « ^
58 ans.
TITIANE, ( FlavU Tituna)
^ femme de l'empereur Perdnax , étoit
fille du fénateur Flavius SulpkU»
nus. Il y a apparence qu'elle étoit
belle, car elleeu^ un grand nom^
bre d'adorateurs , Sx. elle pafTa fa vie
dans une fuite non interrompue
4'attachemens criminels. Ses amours
avec un bateleur furent le fcandale
de Rome -, mais Pertlnax'^ très-dé-
réglé lui-même, n'dfa s'y oppofer.
Jidanc ne jouit pas long-iâmps d»
TIT
rang fuprème. Pcmnax fiit tué pai
les foldacs Prétoriens en Mars 195 «
& l'impératrice le vit poignarder
fous fes yeux, 87 jours après foft
éLe£Hon. Cette catafirophe la pré-
cipita du trône dans l'obfcurité
d'une vie privée , où elle finit fes
jours.
TITIEN , ( Le ) peintre , dont 1«
nom de famille «ft f^ecelli , né à Ca«
dore dans le Frioul en 1477 » ""ort
à Veniie de la pefte , en 1 576 , à
99 ans , montra dès fon enfance
une £orte inclination pour fon arc. ,
11 entra a l'âg^ de 10 ans chez Gen^
tîl , enfuite chez Jean Bcliin , où il
demeura long-temps. La réputatiot^
du Giorgion excita dans le Tuiefi
une heureufe émulation , ôc l'enga*
gea à lier une étroite amitié aveô
9 lui pour être à portée d'étudiet
fa manière. Beaucoup de talent dt
de foins le mirent bientôt en état
de balancer (on maître* Le Gîor*^
f^on s'apperccvant des progrès r^
pides de fon difciple & de l'objet
de Ces vifites ', rompit tout com*
merce avec Im. Ls Thîai fe vit
peu de temps après fans rival , {khp
la mort du Giorgion. Il étoit daté
de tous côtés i on le chargea dd
Caire les ouvrages les plus impor-*
tans , à Vtceoce, à Padoue, à Ve»
nife 8c à Ferrare. Le talent finguUet
qu'il avoit pour le Portrait , le mit
encore dans une haute réputatiod
auprès des grands & des fouverains^
qui tous ambitionnoient d'être
peints de la main de ce grand
homme. Charles^ Quint s*eû fait pein*
dre jufqu'à trois fois par U Tîtitm
Ce prince le combla de biens
& d'honneurs -, il le fit ehevalier » {
comte Palatin , & lut affigna une
penfioa confidérable. Un jour qu<
cet empereur le regardoit peindre 1
l'artiile , animé par la préfence dû
monarque , laiiTa tomber un de fes
pinceaux , que le prince ne dédaigna
pas de rainaffer. U Titien cosfiiSt
T I T
liH ût toutes les ezcufes qu'il liûL
devoit. Cet empereur , Tans aoire
liérogcr à fi grandeur , lui répon-
dit gracieufement , que le Titien mé-
thoU d'être fervî par Çifar, Uae telle
çonfidérarion lui (ît des ialoux v}i-
près de Char/ds'Quînt i ce fut à ces
fortes dépens que l'empireur répon-
dit , qu*Upojttrolt faire des Ducs o» des
Comtes ; mais quîl tCy avait que Dieu
qui pût faire tin hotttme comme le Titien.
Les poètes ont beaucoup célébré
ies taleiîs fupérieurs , & il eft un
des hommes qui a le plus joui de
la vie. £n efïet , (on opulence le
mettoit en état de recevoir à fa
table les grands & les cardinaux
avec fplendeur. Si îon caraélere
doux & obligeant! & Ton humeur
gâe & enjouée , le £ûfotent aimer
i& rechercher , fon mérite k ren-
doit refpeâable. Une famé robufte ,
qu'il conferva jufqu'à 99 ans, fema
lie fleurs tous les inftans de fa vie.
Ce grand peintre traxtoit également
tous les genres *, il rendoit la na-
ture dans toute fa vérité» Chaque
chofe recevoity fous fa main , l'im*
preflfion convenable à fon carac-
\ çere. Son pinceau « tendre U déli-
cat, a peint merveilleufement les
femmes .& les en&ns ; fes figures
d'hommes ne foiit pas ^ bien trai-
tées. Il a pofTédé, dans un degré
fupérieur, tout ce qui regarde le
coloris ; & perfonne n'a mieux en-
tendu le payiage -, il a eu auffi une
grande intelligence du clair->obfcur.
Les reproches qu'on fait à ce pein-
tre , font de n'avoir pas afiez étudié
Tan tique , d'avoir fouvent manqué
l'expreifion des pafHons dtt l'ame ,
ji-avoir péché contre le cofhime;
de s'êtrerépété quelquefois -, enfin ,
4'avoir mis beaucoup d'anachronif"
fnes dans fes ouvrages , c'efl-à-
dire, d'avoir réuni dans fes Ta-
i>leaux^ des perfonnages dedifférens
^cles; on attribue ce dernier dé-
TIT 15Ç .
qui employaient fbn pinceau; Ott
rapporte que U TuUn \ après 5 ans
de féjour en Allemagne » étant rc«
tourne à Venife» jrpe^^nitplufieur»
Tableaux bien dâoféremmemdespre»
miers , & dans lefquels il ne fondoit
point fes teimes.Ses couleurs éfoieai
vierges & fans mélange : auffi fe font*
elles confervées fraîches & dans
tout leur éclat jufqu'à ce jour. Let.
Tableaux de ceae féconde maniero
étoient moins finis, & ne font leur
effet que de loin-, au lieu que les
premiers, Êiits dans la force de
l'âge 8c d'après nature, étoient tel*
lement terminés, qu'on peut les r^
garder tie «près comme d'une dif*
tance plus éloignée. Son grand tra*
vail étoit caché par quelques toa*
ches hardies » qu'il mettoit après
coup pour déguifer lï fatigué 8c
la peine qu'il fe donnoit à perfec*
tionner fes ouvrages. Le Titien 1aif«
fbit fon cabinet ouvert à fes élevés
pour copier fës Tableaux , qu'il
corrigeoit enfuite. Oâ dit que
fur la fin de fa vie , fa vue s'étanc
affoi^lie , il vouloit retoucher fes
premiers Tableaux qu'il ne croyoit
pas d'un coloris aflez vigoureux.
Mais fes élevés s'en étant apperçus,
mirem de l'huile d'olive, qui no
feche point, dans fes couleurs, 8c
eflBiçoient ce nouveau travail pen-
dant fon abfence : c'efl par ce
moyen que plufieurs de fes chefe-
d'œnvre admirables ont été confer-
vés. Entre un nombre infini de chef»
d'œuvres de ce grand homme , dif-*
tribués dans Ita plus belles galeries ~
de l'Europe , on remarque ime Re^
pi^éfentation de Saint Pierre Martyr ,
dont la çompofition, Pexpteifion
8c la force lui donnèrent un rang
éminent parmi les morceaux les plus *
recherchés. Le fond de ce Tableau-
repréfente un payfage d'autant plus
admirable, que l'effet foutient la
beauté des figures , qui' fcmblent
H6 TIT
CELLI... PORDENON... & I. SAK-
SOVINO.
TITIKNUS , Voye;^ Fansia.
TITIUS , ( Gérard ) théologien
'Xuthérien, né à Quedlimbourg en
1620 > fut difciple de ùcorg,t Callxte^
H devint prqfefleur en hébreu ,&
en théologie à Helmûadt , où il
suntruten 1681 « à 60 ans. On a
de iui : I* Un Traite des Conciles ,
Helmûadt, 1656, in-4^ II. Un
autre Z>« l'Infuffifance de la Religion
furement naturelle y & de la nieeffué de
la Révélatiouy 1667, in-4^.
TITON PU TiLLET,( Evrard)
né à Paris en 1677 , d'un fecrétaire
i{u roi-, ^flt Ces études au collège
^es Jéfuites de la rue Saint-
Jacques à Paris. 11 en fortit avec van
goût vif pour les belles - lettres ,
^a'il conferva jufqu a la fin de Ces
^ iours» Deftiné à 1 ccat militaire , il
eut» à l'âge de 15 ans, une com-
pagnie de cent FuiiJijr^, qui porta
fbn.nom. li fiit enfuite capitaine
4e Dragons. Ayant été réformé
après la paix de RyiWick , il acheta
une charge de maître r d'hôt^ de
laDauphine, mère de Louis XV.
I<a more prématurée de cette prin-
ceiTe, le rendit à lui-même. H fit le
voyage d'Italie, & faifir les beautés
des çlieî- d'oeuvres fans nombre de
peinture âc de fcuipture, qui éga»
lent i'Itaiiç moderne à l'ancienne.
A fon t^ur il futcommiiTaire pro-
vincial des guerres i- il exerça cette
charge avec une rare générofité. Son
attachement pour Louis Xiy^ 6l
fon admiration pour les hommes de
gdnie, lui infpirerent , dès 1708 ,
l'idée d'élever, un Parnaffe en
bronze V à la gloire de ce roi & des
poëces & muûciens qui avoient
illuflré fon règne. Ce beau monu-
ment fut achevé en 1718. C'eft
un Parnaffe , repréfenté par une
montagne. d'une belle forme fie un
peu efcarpëe. Louis XIF y parole
ious la figure d'^^po^'^t couronné
TIT
de laurier , & tenant une lyre I
la main. On voit fur une cerrafTe »
au-deflbus de V Apollon , les trois
Grâces du Parnaffe François » Mef-
dames de la Suie & des Houlieres ,
& Mademoifelle de Scuderi, Huit
poètes célèbres & îin excellent
muficien , tdu règne de •Louis U
Qrand, occupent une grande ter«
raffe qui règne autour du Parnafffe*
Ils tiennent la place des neuf Mu/es,
Ces hommes font J Pierre Corneille ,
Molière , Racan , Ségrais , la Fon^
taint , Chapelle » Racine ^ De/préau»
& Lulfy, Les poètes moins célèbres
ont des médaillons. Du Tillet fuivit
exaÛement dans l'ordonnance de
fon PariKifre, les avis de Boileau,
(on illuftre ami. Il auroit été à
fouhaiter que ce poète eût préfidé
au choix des favans auxquels da
TiUet a donné llmmortalité : on
y trouveroit moins de fujets mé-
diocres , & on ne verroit pas d :n&
le même endroit , de grands génies;
& de plats rimailleurs , les Verrieris
& les Defprlmx , les Folard & les
Rac'nes, Encouragé par le fuccès
de fon entreprife , du Tillet projeta
de fiire exécuter ce monument dans
une Place ou Jardin public. Il
propofa cette idée à Desforts , qui
étoit à la tête des finances , en lut
demandant un bun de Fermier gé-
néral pour l'exécution. Celui - ci
fe contenta d'admirer fon définté-
reffemem. En 1727 , il donna la
Defcription du Monument poétique
qu'il avoir érigé, avec l'extrait de
la Vie & le catalogue des Ouvrages
des poètes qu'il y avoit placés , en
un vol. in-ii. Cet Ouvrage fut bien
accueilli du public. Il le fit réim^
primer en 1731, in-folio , & lé
dédia au roi. Depuis cette époque
il donnoit des Supplémens , tous les
dix ans , des hommes morts pen-
dant cet intervalle: ces Supplémens
viennent jufqu*en 1760. Du TilUt ,
né avec, le tempérament -le plus.
T I T
irobufie, iat exempt des Infirmités
de la vieilteiTe. Il mourut d'un
çatarre le 26 Décembre 1762 ,
âgé de près de S6 ans. Cet ami des
lettres étoit d'une fociété & d'une
converfation aufli utiles qu'agréa-
bles. Il fe faifoit un plaiîir & un
devoir d'accueillir tous ceux qui
culdvoient les lettres , & de (e*
courir , Tans fafte & fans oftenta*
tion , ceux d'entre euXqui étoient
dans le befoin. Il -favoit le latin ,
l'efpagnol & l'italien. Prefque
toutes les académies de l'Europe
fc Tétoient aflbcié , fans qu*il l'eût
Sollicité. On peiit voir dans le
dernier Supplément du^Parnaffe^ le
sombre des Souverains auxquels il
a fait hommage de fes Livres , de
ks Ëilampes, de fes Médaillons,
ainû que le détail des riches préfens
qui lui ont été envoyés. Parmi les
vers qu'on fit en fa faveur 9 le
public didingua les fuivans :
Du Titon de ^antiquité
A celui de nos jours ^ voicila dlffl^
rence :
Vun reçut & perdît fin immortalité;
Vautre en jouit , & Ifi difpenfe.
On a encore de du TUàt ^ tm Effal
fur Us honneurs accordés aux Savans ,
in- 12, où l'on trouve des recher-
ches -, mais dont le fiyle eft négligé
& monotone , ainû que celui de fa
Defcriptîon,
tirUSyVoyeiTm.
TITYUS, géant énorme, fils de
Jupiter , & à*ÈUra fille d^Ôrçhomene ,
naquit dans un antre fouterrain,
où fa mère s'étoit cachée pour fe
dérober à la colère de Junon , 6c
pafîa pour fils de la Terre. Apollon
& Diane le tuèrent à coups de
âeches , ou félon d'autres , il fut
foudroyé pour avoir voulu faire
violence à Latone leur mère. Il étoit
attaché comme Promethée , dans les
Enfers, où un vautour infatiable
rongeoit fans relâche fes entrailles
T O B t'^Tf
fCnaîflantes. Ce gé^nt couvroit ^
arpens de terre , de fon corps
étendu. - '
TIXIER, ( Jean ) en latin
Ravi s lus Textor , de Sâim-
Saulge dans le Nivernois , feigneur
de Ravify dans la même province 9
tira une partie de fon nom de cet»
tçrre. U enfeigna les belles- lettres ,
avec un fuccès diftingué, au collège
de Navarre à Paris. Il fut reâeur
de IHinivcrfité de cette ville en
1500, & mourut en 1522, à lliô- '
pital , fuivant quelques auteurs. On
a de lui : I. Des .Lettres^ 1560 ,
in-g^». II. Des Dialogues. III. Des
Epigrammes. IV. Officine Epitom^^
1663 , i|^8^ V. Une édition des
Optra Scrlptorum de ' cUris Muûe-»
ribus ^ Paris, i6çi , in-folio. Ce»
différens Ouvrages font affez biea
écrits en latin , & on peut mettre
Tlxier au rang des habiles huma^.
miles de fon iiecle.
TLEPOLEME, fils à' Hercule &
^Aflyocle , étoit d'une grandeur &
d'une force extraordinaires. S'étaflt
fignalé par plufieurs exploits, il
partit de Rhodes où il régnott ,
avec neuf vaiffeaux , pour la guerre
de Troye. Il y fut tué par Sarpedon ,
fils de Jupiter.
TOBIE , de la^tribu de Nephtali ,
demeuroit à Cadèf , capitale de ce
pays , & avoit époufé Anne de la
même tribu , dont il eut un fils qui
portoit fon nom. Emmené captif à
Ninive avec fa femme & fon fils v
il ne fe foi|}lla jamais en mangeant ,
comme les autres Ifraélites , des
viandes défen4ues par la loi. Dieu 4
•pour récompenfer fa fidélité , lui
fit trouver grâce auprès de Salma^
nafir , qui le combla de biens &
d'honneurs. Tohle ne profita des
bontés du roi , que pour foulager
fés frères captifs. Il alloit les vkiter,
& leur difiribuoit chaque jour ce
qu'il pouvoit avoir. Un jour à
Rages , ville de$»Medes « Guh^lu^
fcçS TOI
fon parent , ayant befoîn it dit
talens , Tohie , qui avoit reçu CH
dix mille écus de la libéralité du
toi , les lui prêta , (ans exiger de
lui d'autre fureté qu'une obligation
par écrite Sacl^ritéfut récompensée
dès cette vie ; Dieu l'éprouva par
les fouffirances. Un jour , après
svoir enféveli plufieurs morts , il
s'endorinit ùaigué au pied d'une
muraille, & il lui tomba d'un pid
d'hirondelle, de la fiente chaude
fur les yeux , qui le rendit aveuglé*
Tohie, ie croyant près de mourir,
chargea fon fils d'aller à Aagès
retirer l'argent qu'il avoit prêté à
GaheluM, Le jeune homme partit
auifi-fôt avec l'Ange Rajmél^ qui.
avoit pris la figure d'Aiarias, Son
guide lui ût époufer Sara fa cou-
fine f veuve de feptj maris que le
Démon avoit étranglés. TobU fe
mit en prières , & chafià l'Ange de
ténèbres^ RdphàU le ramena enfuite
chez fon père , à qui il rendit la
Vue avec le fiel d'un poifibn que
l'Ange lui avoit indiqué. Le faint
vieillard mourut l'an 663 avant
J. C. , à 102 ans. Son fils parvînt
suffi à une longue vieillefie. On
croit aflez Communément que les
deux Toh'tes ont écrit eux-mêiites
leur Hifioîre, ou que, du moins,
le Livré oui porte leur nom a été
compoféfur leurs Mémoires. Nous
n'avons plus l'original de cet ou-*
vtage, qui étoit hébreu ou chaldéea.
$. Jérôme le traduifit en latin fur la
chaldaïque , & c'ed fa 'C^aduâion
que l'Eglife a adoptée , comme la
plus fimple , la plus claire & la
. plus dégagée de circonfiances étran-
gères. Les Juifs rie reconnoifTent
pas ce livre pour canonique ; mais
ils le lifent avec refpeél , conune
contenant une htfioire vénérable ,
ic pleine de fentimens touchans 8c
d'excellentes leçons de morale.
C'ef^ le par&it modèle d'un père &
d'tm fils religieiocc
TOÏ
•f OCHO , Goth très-adroïf' é
firer de l'arc , ne manquoit jamai»
d'abattre d'un coup de flèche , une
pomme au bout d'un bâton , dan»
quelque éloignement qjyi'on la mit
à la portée de Tarcw Cette réputa-^
tion le fit connohre f Haraud îon ,
roi y qui voulut en voir une ex-
périence i & qui lui commandai
d'abattre une pomme de deifus la
tête de fon fils. 11 obéit , après s'être'
armé de ^ois fieches , & perça laP
pomme de part .en pan. Le roi lu»
ayant demandé enfuite pourquoi if
s'étoit armé de trois flèches ? Tochoi
lui répondit ^ » que c'étoit pou/
>• décocher les dçux autres contre
M lui , en cas qu'il eût le malheur
>* de bleflfér ou' de tuer fon fils «<• ,
On conte auffi la même chofe de
TûU , qui eut tant de part aux pre-'
miersfoulévemens de la Suifle con^
tre la maifon é* Autriche ; mais onr
fait quelle foi il ÊHit ajouter à tous
ces petits contes, dont les graves
hifioriens ont chargé leurs compi' j
lations.
TOO , ( André } né à Dieppe / \
doâeur en droit, prêtre de l'Ora-*
toire , mort en 1630 , éfl connu
par la tradu£(ion des Annales de
Baronittff dont le i^' vol. parat àr
Paris en 1614 , in-fol. Son ftyle
efi fort pur ,■ pour le temps où
il écrivoit. 11 avoit efpéré d'en'
donner la continuathm *, mais iês
voyages , fe* emplois , les occu-
pation» qui en font inséparables ^
ne lut en laiïïerent pas le loifif .
TOICf, (Nicblasdtt) natif de Lille
en Flandres, fe fit Jéfuite en 1630.
Il follïdta avec empr eflêmcnt d'être
envoyé dans les miffions étrange-^
res. 11 fut deftiné pour les miffionr
du Paraguai , où il déploya tout ce
que la diarîté la plus ^giflante peut
in(pirer à un minifire de l'Évangile^
Il fur nommé, fupérieur des Mit-
fionnaires dans cette province , Se
mourut conibsuaé de travaiux ^
TOI
Ail léSo. On a de liui VHïfioîn ^
Mijpotts dans U Parjguai , VUr^guai y
&c. Liège, 1673 fin-folio, en latin^
TOINaRD , Voy, Thoynard.
TOIRAS, (Jeandn Caylard de
$aint*Bonner, marquis de ) ^é à
Saint- Jean-dé- Cardoftnenques le i
Mars 1585 , étoit de l'anicienne
ipaifon de Caylard en Languedoc.
Après avoir été page du prince de
ConMy il fervit fous Haut IV , puis
fpus lAmU Xlll y qui le fit lieutenant
de ù Vénerie , puis capitaine de fa
Volière. U esccelloit dans tout ce
^ui regarde la chaâe; il n^y avoit
point d'homme qui tirât plus jude ,
tu c'efi par ce talent qu'il fe fit con-
nottre à la cour: Son emploi l'em-
pêchant de £itis£iire fa principale
paiHon , Celle des armes , il prit
une compagnie dafl$ le régiment
des Gardes , & il donna des mar-
ques de là bravoure aux iiéges
de Montauban & de Montpellier.
iUevé au po^ de maréchal de
camp, il fe trouva à la prife de
Pifle de BQié , ^vx il eut le gouver-
nement & qu'il défen^ contre les
Anglois , qui furent oMgés de lever
le fiégel U fut enfuite envoyé en
lolie , où il cueilli^ de nouveaux
lauriers. Il commanda dans le
Itfon^rac , & défendit en 1650 ,
Cafal contre le marquis it SpîmU ,
général Efpagnol , digne de le com-
battre. Ses fervices furent récom-
penfés par le bâton de maréchal
dp France, le, i; Décembre de la
même année , malgré les oppoii-
ttpQs de KichclUu, . . On préttnd que
S, Ro€k ( dit à cette occaiion le duc
df Guîfi ) e^ dtvenu Saint à firce de
foin des Miracles , & Toiras Maréchal
de France à fora de faire de grandes
aSion^, La défenfe de Cafal lui avoit
fait tant de réputation , qu'étant à
Rome quatre ans après , le peuple
crioit après lui : f^^ve Toiras , U
Hhérateur de ritaUe t Ses' frères
syaoi «anliraiïé ie patdlpu duc
T o r t^9
d* Orléans , ennemi du cardinal, det
Richelieu f'û fut difgracié en i<i§3 1
privé de fes^ penfîons & de foo
gouvernement. Les ennemis de U
France , plus éclairés fur fon roé- •
^ite que les François, voulurent
l'attirer à leur fervice-, mais ^dlat-
Bonnet aima mieux être malheureux
qu'infidelle. 11 adoucit les chagrias
de fa difgrace par un voyage en
kalie* Son mérité* reçut à Rome »
à Naples, à Venife, &ç. tous !e$^
honneurs dont il étoit digne. FiSort
Amédée , duc de Savoie , lié d'inté-
rêts avec l'Ëfpagi^e , le fit lieutenant
général de foÀ armée. Il rempliâbît
ce pofte avec fa valeur ordinaire ,,
lorfqu'il fut tué le 14 Juin 1636 ^
devant la forterefîie de Fontanecte
dans leMilanez. Après qu'il eue
expiré » les foldats trempèrent leiirs>>
mouchoirs dans lefang de fa plaie «
en difant que , » tant qu'ils le por^
» teraient fur eux , ils vaincroient
M leurs ennemis ». Le maréchal de
Toiras fut » fans contredit , un des^
plus grands hommes de guerre de
fon temps. Son mérite fut fon ieut
crime auprès de Richelieu , qui , mé»
content de la faveur que lui don-
iioient fes fervices , n'oublia rien
pour le noircir auprès de l-oms XIIL
On lui donna toutes fortes de dé«
goûts. Lorfque Toiras follicita des-
grâces pour ceux qui avoient com-
battu fous fes ordres , le garde de$:
fceaux , MarilUc , qui avoit pénétré
les fentimensdu premier miniflre,
rejetsravec dédain les follicitadon»
du guerrier. Monfieur de Toiras , lur
dit- il , voue parle\hien haut en faveur de
cewt qui yo^ ont fécondé. Vous ave^ hlea
ferri i- mais cinq cents Gentilshommes
en auroient fait autant que vous, siù
avoient été à votre place, -* La France
ferait lien malheureufi , Monfieur ^
repartit Toiras , fi elle n' avoit pas
plus de foo hommes capables de fervir
auffi bien que moi. Cependant ils ne
tom pas fak t ^ pt liai pat mal
î6d
T O L
ttmpli Us Pfjtes quon tna confiés.
Il j^a en France plus de quatre mille
hommes en état de tenir Us Sceaux
aujp bien que vous, S'en/uit'il de là
'que vous ne devie\ pas récompenfer ceux
dont vous connoîjfei U mérite ? Les
étrangers lui rendoient plus de juf-
tice que la cOur. Après la glorieufe
défenfe de Cafal , Spînola qui Tatta-
quoit , enchanté de fa bravoure ,
s'écria avec admiration : Qu'on me
donne cinquante milU hommes aujji
val lions & auJp, bien dijclplînés que les
troupes que Toi ras a formées ^ & je me
rendrai Maître de l Europe entière/ S^
modeftie étoit encore fupérieure
à fa valeui^-, lorfqu'il ra.ontoit fes
exploits , il parloit,^touiours de lui-
itiême à la troifieme perfonne , en
difant-: Celui qui commandait , &c.
Le feul défaut qu'on lui reproche ,
cft d'avoir été d'un emportement
cxceffif -, Mais , co^me difoit le
duc de Savoie, il avolt tant d'ex-
cellentes qualités , qu'on pouvoit bien
lui paffcr une chaleur de fang , qui
fouvent n étoit pas volontaire. Cette
vivacité lui foumiffoit quelquefois
des faillies agréables. Un jour qu'il
faifoît fes difpofitiôns pour livrer
bataille , un officier lui demanda
la permiffion d'aller chez fon père
qui étoit à l'extrémité , pour lui
rendre des foins & recevoir fa
bénédiûion. Alle^ , lui dit ce gé-
néral , qui démêla fort aifément
la caufe de cette retraite : Père &
Mère honoreras y afin que tu vives lon-
guement : [ Voy, m. Gaston de
France ]. Les curieux qui voudront
connoître plus particulièrement ce
grand homme i pourront confulter
l'Hiftoire de fa Vie par Michel
Baudler , in- II. U n'avoit point
été marié.
TOLAND, (Jean) né le 30
Novembre 1670 dans le vilbge
de Redcaftle en Irlande , fut élevé
dans la religion Catholique. 11 fit
fes études en Tuniverûté de Çlaf*
TO L
g<y«r, puis dans celle d*Edifflbourg i
où il embrafla la religion Protes-
tante. Après avoir paiTé <fueique
temps à Leyde , il fe retira à Ox-
ford .y recueillit un grand nombre
de matériaux fur divers fujets. Son
goût pour les paradoxes & les
nouveautés , le tira de robfcurité
où il avoit croupi jufqu'alors. U
publia divers Ouvrages fur la re*
ligion & fur la polidque , dans
lefquels l'impiété , le Déifme y
l'AthéiTme même paroiffent à dé*
couvert. Cet impie fit divers voya-
ges dans les cours d'Allemagne, où
il fut reçu mieux qu'il neméritoit.
De là étant allé en Hollande , il fut
préfenté au prince Eugène^ qui lui
donna diverfes marques de libéra- .
lité. Toland retourna la même année
en Angleterre , où il fe ruina par
fes folles dépenfes & par fes débau*
ches. Sa conduite auroit dû faiire
beaucoup de tort à fes opinions :
elles fe répandirent pourtant dans
fa patrie. Toland plaifoit aux An-
glois , par les endroits même qui
le rendoient ^dicule aux yeux de»
autres nations : par fon animofité
contre les François, les Catholi-
ques & les Siuarts, Cet homme
fingnlier mourut à Londres le 21
Mars 1711, à 52 ans, après s'être .
£ait TËpitâphe fuivante :
H. S. E.
JOANlîES TOLANDUS;
Qui in Hibernia prope Derhm natus À
In Scotla & Hibernia ftuduU\
Qttod^Oxomi quoquefecit adoUfcetu ;
Atque Germaniâ plus femel petitd ,
Vitilem clrca Londlnum tranfe^t *
atatim.
Omnium Litterarum exaUtot ^
Et^ Lingaarum plus decem fciens»
Veritatis propugnator »
Llbertatis affertor ^
NulUus autem feclator aut cSens |
Nec minis , nec malis efi înfUxus ,
Quin ftlm el^ ^îam pêragtrett
UtUi
^ T O L
Vus honcJbffH antefertns,
Spiritus cum ttthereo Paire,
A quo prodllt oHm , conjungitur, .
ipfe verh mumum tft nfurrcâurus i
At îdtm futwus Tûllandus nunquam^
Natus Nov. 30,
Catera ex Scrlptis pue.
Cette £p.itaphe n'eft pas un tableau
fidelie à\x cara^^ere de ToUnd. Il
hxni vain , bizarre , iingulicr , re-
jetant un fentiment , précifément
parce qu'un auteur célèbre Tavoit
foutenu ou embraffé. Opiniâtre
dans la difpute, il la foutenoit avec
rd!ronterie & la groffiéreté d'un
Cynique. Ses principaux Ouvrages
font: I. La Religion Chrétienne fans
Myfieres , publiée en anglois à
Londres en 1696 , in - 8**. Ce
Livre impie fut condamné au feu
en Irlande l'année fuivante : ce
châtiment n'empêcha point Toland
d*cn donner une Apologie» [ Voye\
III. BrOWN ]. II. Amyntor y ^
Vifenfe de la Vie de Mllton , >
Londres , 1699 , in-8^ ; ouvrage
auffi dangereux que le précédent,
m. VArt de gouverner par parties ,
1701 , in-8®. IV. Le Nazaréen ou
I le Chrlfiianîfme Judaïque , Païen &
Mahométan , &C. 1718 » in - 8^
I V. Pantheiftîcon , feu Formula eeh"
\ hrandx foeiaatis Socratica , in - 8**,
I Cofmopoli, (Londres) 1720. Ce
I ' livre eà le triomphe de l'impiété
le plus téméraire. VI. Adeijîdemon,
five TituS'Lhvlus à fuperftitiorA vin-
dicatus : annexx funt origines Judaïca ,
à la Haye en 1709 , in- 8®. 11 y fou-
tientqueles Athées font moins dan*
gereux à l'Etat que les fuperftitieux ,
& que Moyfe & Spino/a ont eu à
peu près les mêmes idées de la
Divinité. Cette impiété fut réfutée
^ar Huet , évêque d'Avranches,
îbus le nom de Morin , 6c par Elle
Benoit. Les Livres de Toland^ ex*
cepté les deux derniers , font en
I ..anglois. La plupart ont » cpmiBO
\ Tomt IXt
T O L ï6t
Ton a vu , des titres extravagans ,
&^ renferment des idées encore
plus extravagantes, llécrivoitd^une
manière confufe • embrouillée &
fatigante : auffi , en voulant nuire
à la religion , il ne fe lit du mal
qu'à lui-même ^ 6c il eut encore
moins d'admirateurs que de difci*
pies. VII. L'Angleterre libre ^ 1701 ,
in - 8", VIII, Divers McrUs contre
Us François^ 1716, 1 vol. in-8*;,
& quelques autres Livres de po-^
litique , moins mauvais que feu
Ouvrages fur la religion, IX. Une
Édition des (Kuvrzs de Jacques Har*
rlngthon^ &C. &c.
I. T O L E D E , ( Ferdinand-
Alvarcz< de } duc d'Albe , né ea
1508, d'une des plus illuftres fa-«
milles d'Efpagne, dut fon éduca*
tion à Frédéric de Tolède fon grand*
père , qui lui apprit l'art militaire
& la politique. Il porta les armes
à la bataille de Pavie, Se au fiége
de Tunis » fous Tempereur Charles^
Quinte Devenu général des armée»
d'Efpagne en 1558 , il fervit fa
natiott avec fuccès contre la France ^^
dans la Navarre & dans la Cata^
logne. Elevé au pofte de généra-*
liûime des armées Impériales , il
marcha contre les Proteitans d'Al-
lemagne en 1546. Il gagna l'année
fuivante , la fameufe bataille de
Mulberg , où les Proteftans furent
enûérement déiàits. L'éleâeur de
Saxe , leur général , y fut faic
prifonnier , avec Emefi , duc de
Brunfwick , & plusieurs autres
chefs. Cette victoire fut fuivie de
la prife de Torgau , de Wittem-
berg, & de la rédu^ion de tous
les rebelles. Après s'être fignalé
en Allemagne, il fui vit l'empereur
au iiége de Mets , où il fit des
prodiges 4e valeur que le courage
des afiîégés rendit inutiles. PAi-
lippe II , fuccefleur de Charles'-
Qtdnt , fe fervit de lut avec le
Vlouc ^vsAiage que fon pexe, £g
têt T o t
B567 , les habîtans des Pays- Bats ,
aigris de ce qu'on attcmoit conti-
Buellement à leur liberté , & de ce
^u'on voul oit ' gêner leurs opi-
nions I parurent dirpofés à prendre
les armes, Philippe II envoya le
duc i'Albt pour les contenir. Ce
choix annonça la plus grande fé-
▼érité , pour ne pas dire, barbarie^
On fe fouvenoit que CharUs-QuirUy
^délibérant fur le trairement qu*il
feroit aux Gantois , qui fe révol-
tèrent en 1 5 39 , avoit voulu favoir
le fentiment du duc t qui répondit
f[\xwie Patrie rebelle ievo'u être ruinée»
Xes pfemieres démarches du duc
ét'Albe confirmèrent l'opinion qu'on
avoit de lui. Il fît périr fur un écha'»
&ud les comtes d^Egmont & de
ffom. Comme quelques per(bnnes
lui parurent étonnées de cette ré-
JTolution fanguinaire , il leur dit que
feu dç tttes dfi Saumons valolent mîiux
qtu pbifieurs milliers de Grenouilles,
Après ce trait de févérlté , il mar-
(die a^x Confédérés & les bat. Le
plaiâr d'avoir remporté une vlc-
jboîre fignalée e& empoifonné par
}c chagrin de voir un village réduit
en cendres , après Vaâion , par un
^régiment de Sardaigne. Ce crime
.fut puni comme il le mérttoit. Il
iit pendre Tur le champ les auteurs
de l'incendie, & dégrada toutes les.
.compagnies , excepté unequi n'écoit
point coupable. Le prince d'Orange ,
chef des Confédérés » parut bientôt
à la têce d'une armée confîdérable.
Le jeune Frédéric de Tolède , chargé
de l'obferver , envoya conjurer le
duc d^Albe fon père , de lui per-
mettre d'aller attaquer les rebelles;.
Xe duc» qui eft perfuadé avec raî-
ibn , que les fubalternesne doivent
pas fe mêler de juger s*il hm ott
t'il ne faut pas combattre , répond :
/4l^ dire à mon fils , qut fa demande
ne lui eji pardonnée qu*à caufe de fon
mexpérlence & defajeuneffe^ Qu^ll fe
T o L
m^appfûciier des ennemis 'y car il ent
coûteroît la vie à celui qulfe chargeroit
de ce mejfage. Ses fticcès augmente^
rent tous les jours g ainiî que ùt
cruauté. Après la prife de Harlem ^
le duc d^Albe quitta les Pays-Bas.
[ f^oyei II. Hessels. ] U y avoir
commencé fon adminiflration eik
faifant conftruire à Anvers une
Citadelle qui avoit cinq baftions.
Par une vanité jufqu'alors inconnue^
il en avoit nommé quatre de fon
nom & de fes qu-illtés , le Duc ,
Ferdinand ^ Tolède, d'Albe, Ondonnz
au jMe nom de l'ingénieur ; i|
n'étoit fait nulle mention da ror
d'Efpagne. Lorfque cette dtadelle
fut achevée , l'orgueilleux duc
d*Jlbe^ qui avoit remporté degranite
avantages fur les Confédérés , y
fit placer fa ilatue en bronze. It
étoit repréfenté avçc un air mena*
çant, le bras droit étendu vers lati
ville -, à fes pieds étoient la NobleâTè
& le Peuple , qui , profternés ^
fembloient lui demander grâce. Les-
deux flatues allégoriques avoient
des écuelles pendues aux oreilles ,
& des befâces au cou , pour rappe-
ler le nom de Gueux que l'on avoir
donné aux mécontens. Elles étoieat
entourées de ferpens, de couleu*»
vres & d'autres fymboles deftinéfr
à défîgner la fauueté , la malice &
Tavarice : vices reprochés par les
Efpagnols aux vaincus. On lifoie
au devant du piedefbl, cette in£^
cription faftueufe : A la gloire de
Ferdinand'Alvare^ de Tolède , Duc
d'Albe , pour avoir éteint lesfédltlons ^
chajfé les Rebelles , mis en fureté Ut
Religion , fait obfervcr la jujiîce , ^
aj0rmî la paix dans ces Provinces^
Ce vainqueur fanguinaire laifiâ 1»
gouvernement des Pays-Bas à Doa
Louis de Requefensy grand- comman-
deur de Caftille , en 1574. Le duc
iAlbe jouit d'abord, à la cour , de
la faveur que méritoient fes fervi-
çok\ maif&'étant oppofé aumariagj^b
T O L
defon fik , le roi PKiPppt II,
qui avoit projeté cet bymen , ren-
voya prifonnier à Uzeda. Il obtint
ù libmé deux ans après , & fut
mis à la têce d une armée que Ton
fit entrer en Portugal l'an 1581.
Cet habile général y fit autant de
conquêtes que d'entreprifes. Il défit
Dom Antoine de Crato , qui avoit
cté élu roi , & fe rendit maître de
Lisbonne. Il y fit un butin inefli-
nable, qui fut encore augmenté
par l'arrivée de la flotte des Indes
dans le port de cette ville. Mais
les Efpagnols y commirent tant
d'injuâices & de violences , que
PbWppe 11 nomma des commiflaires
pour rechercher la conduite du gé-
néral, Acs ofHciers & des foldats.
On accufoit le duc étAlbe d'avoir
détourné à Ton ufage l'argent des
vaincus : comme on lui en deman-
doit compte , il répondit qu'il n'ar
voit à en rendre compte qu'au roi.
S'il mt le demande ^ je lui mettrai tn
Sffu de compte des Rvyaumes confervés
ou conquis , des vîHoires fignolées , des
fiégu très-difficiles , & foixante & dix
ans de /eryics,.., Philippe^ craignant
une (éditioa , fît ceiTer les pourfui-
tes ; mais le duc d'Athe mourut peu
de temps après , le 1 2 Janyier 1 5 S2,
i 74 ans, fans avoir eu le temps
^e jouir du fruit de Tes nouvelles
^iâoires. On prétend que dans fa
dernière maladie , il eut horreur
des torrens de fang qu'il avoit
verfés. Ses remords parvinrent à
fhilippe IL Ce prince lui fit dire ,
-pour le calmer, » qu'il prendront
" fur lui le fang qui avoit été
» répandu par fies arme»*, mais que
» le duc répondroit de celui qu'il
M avoit fait couler fur les écha-
» &uds »». Ceft ce qui efl rap-
porté par l'auteur du Recueil à' Epi-
uphes^ imprimé à Paris en 178^*,
mais il auroit dû rapporter les au-
torités fur lefquelles eft appuyée
cette anecdo^ finguUere. Qugi qu'il
T o L 165
en foît , le duc d*Alhe laîfTa la ré«
putation d'un général expérimenté
& d'un politique habile -, mais d'un
homme cruel , vindicatif & vain à
l'excès. Il donna d'abord peu d'idée
de fes talens. Charles -' Quint lui-
même en avoit (i mauvaife opinion,
que lui ayant accordé les premiers
grades , par des confidérations par-
ticulieres , il ne lui confia de long-
temps aucune forte de comman-
dement. L'opinion de fon inca-
pacité étoit fi bien établie, qu'un
Efpngnol très-confidérable ofa luî
adreffer cette lettre avec cette inf-
cription : A MonfJgncur Le Duc
d'Albe , général des Armées du Roi
dtns le duché de AfeVa/i, en temps de
paix , & Grand-Maitre de la Mai/on
dé Sa Majtfié en temps de gume. Ce
trait de mépris perça le cœur du
duc dAibe , le tira de fon afToupif-
fement & lui fit faire des chofes
dignes de la poflérité. Vuyei fa Fie ^
Paris, 1698, 2 vol. in- 12.
II. TOLEDE, (Don Pedrede)
homme aufTi fier que le duc d'Albe ,
& de la même famjule. Il fut ambafTa-
deur de Philippe lîl^ vers Henri IV ^
Ce prince lui dit un jour, que s'il
vivoit encore quelques années , il
iroit reprendre la partie du royaume
de Navarre , envahie par l'Espagne.
Don Pedrt répondit , que Philippe lll
avoit hérité de ce royaume *, que la
pifiice avec laquelle il le pofTédoit,
lui aideroit à le défendre. Le roi
lui répliqua : Bien , bien l votre rai/on
efi bonne , jufqu*â ce que je fois devant
Pamptlune; mais alors nota verrons
qui entreprendra de la défendre contré
moi, L'ambafladeur fe leva h-def-
fus , & s'en alla avec précipitation
vers la porte ; le roi lui demanda
où il allait fi viu ? — Je m'en vais ,
dit Don Pedre , attendre votre Majefti
à Pampelune , pour la défindre, ( Voy,
l'article d'HENRi IV.) Un
autre Don Pedre de Tolède^ d'une
ÊuniU^hi^n moins illuflre que cellf
t64 T 0 L
des ducs étAlh^ ftit nommé gou-
verneur de Milan par PMlîppe IV,
À peine fut- il arrivé dans fon gou-
Vernemeht , qu'un feigneur lui en-
voya un beau préfent de tout c«
qu'il y avoic de plus rare en gibier.
f>on Ptdrt le fît bien apprêter , &
le renvoya, tout prêt à être fervi ,
i celui qui le lui avoit eavoyé;
tu par cette adreffe gcnéreufe , il
prouva aux Milanois , qu'ils ne
Rroit pas facile de le corrompre
par des dons.
III. TOLEDE, (Jean de) Voyei
MONNEGRO.
TOLET , ( François ) né à Cor*
floue en Efpagne, l'an 1532, eut
pour profefieur dans l'univeriité de
Salamanque , Dominique Soto ^ qui
Tappeloît un prodige (te/prit. Il entra
dans la Société des Jéitntes , & fut
envoyé à Rome, où il enfeigna la
philofophie & la théologie, & où
il plut au pape PU V ^ qui le
nomma pour être Ton prédicateur.
Le JcAiite exerça auffi cet emploi
fous les pontifes fes fucceiTeiU's.
Grégoire XÎII le fit lui-même juge
& cenfeur de fes propres Ouvrages.
Grégoire XÏV^ Innocent JX Si Clé»
ment VIII^ qui l'éleva au cardina-
lat , lui confièrent plufieurs affaires
importantes. Les Jéfuites n'avoiem
point encore eu de cardinal de leur
Société avant lui. Tolet^ quoique
Jéfuite & Ëfpagnol , travailla ar-
demment à la réconciliation de
fîenrî IV avec le Saint-Siège, mal-
gré Philippe II y qui n'ouUioit rien
pour s'y oppofct. Henri faifit tou-
^ ces \t% occafions de lui témoigner
fa reconnoifiance. Lorfqu'il eut ap-
pris fa mort , arrivée en 15 96,
dans la 64* année de fon âge , il
}ui fit £ixre un fervice folennel à
Paris & à Rouen. Les emplois du
cardinal ToUt ne rattachèrent pas fi
éortement , qu'il ne fe réfervât tou-
jours quelque temps pour travailler
ilkh»ivrm^ QHvrage$, Lfs prinjfi-
TO L
paux font : I. Des Ci*mmmtains 0u
S. Jean , Lyon ,1614, in-folFo \ fur
S, Luc y Rome, 1600 , in-fol. \ fax
l'Epitre de 5. Paul aux Romains ^
Rome, i6oi, in-4**. II. Une Sommi
des Cas de Confcience^ ou V Infime»
tion des Prêtres , Paris ,1619, in-4" ;
traduite en françois, in-4°. Il y
foutient que les fujets ne doivent
point obéir à un prince excommu^*
nié. Il y enfeigne encore V^quivo*
que & les refiriâions mentales.
I. TOLLIUS , ( Jacques ) nari£
d'Inga , dans le territoire d'Utrccht»
mort en 1696 > ésoit doûeur en
médecine & profeffeur ordinaire
en éloquence & en grec dans l'uni*
verfité de Duisbourg. On a de lui:
I. Epîfiola Itlncnirlm^ Amfierdam,
1700 , in- 4° -, Recueil curieux , qui
avoit été précédé quatre ans aupa-
ravant d'un autre , intitulé t T^IlS
mfignia Itinernrll Itallci^ Utrecht ,
in-4®. L*auteur y raconte ce qu'il a
obfervé de plus remarquable dan»
fes voyages d'Italie , d'Allemagne
& de Hongrie. IL Fortmta facra ,
Amfterdam , 1687 , in-8°. lU.Une
Edition de Longin , en 1 694 , in-4® ;
plus efiimée que l'ouvrage précé*
dent , lequel efi rempli d'idées vai»
ses fur la Pierre philofophak. L'au-
teur avoit plus d'érudition que d«
jugement.
II. TOLLIUS, (Corneille) frcm
du précédent , fut fecrétaire d'^/ôor
Vojffius^ qui fut obligé, dit- on ,
de le chaffer de chez lui. Il devint
enfuite profefiear en grec & en >
éloquence à Hardewick , & fecré«
taire des curateurs de l'umverfité
de cette ville. On a de lui: L Un
Traité Ve infcUcltau Utteratorum ,
que Jean Burchard Menckc a fait
réimprimer à Leipzig en 1707 ,
dans le Recueil intitulé: AnakSa
de calamitau Utteratorùm, II. Un*
Edition de Palepkate ; & quelques
autres Ecrits , où l'on trouve » wiA.
^« dm 1^ F^^cé^eoi^^ <ies chote
T O L
tttfînfes & recherchées. Nous ne
iàvons pas l'année de fa mort.
m. TOLLIUS, (Alexandre)
frère des précédens , mort en 167 5 ,
ift connu par fon édition d'Appicn 1
Cûi vol. in-S^: elle efteftimée»
pour la fidélité & la beaaté d^l'im-
prefion.
TOMASI, (Jofeph-Marîe) fils
et hilts Tomafi , duc de Parme ,
naquit à Alicate en Sicile Tan 1649.
QuoxquHl fût l'aîné d'une famille
îHuftre » il Ce confacra à la Sainte-
Vierge dès fa plus tendre jeunefle ,
fît voeu de chailcté & entra, dans
rOrdre des Théatins. Sa modelHe
& fes autres vertus le rendirent
le modèle de fes confrères, & foa
vafte favoir , Tadmiration des litté-
rateurs Italiens. Il apprit le grec ,
ITiébreu , le chaldéen , fe rendit
habile dans la théologie, & fur-tout
«lans la connoiffance de l'Ecriture-
Sainte , & dans cette partie de la
fcicnce eccléûaftique qui règle l'Of-
fice Divin. Le pape CUmem XI
l'honora de la pourpre Romaine en
1 7 12 , & il fallut lui faire violence
pour la lui Êiire accepter. Le nou-
vtau cardinal répandit dans Rome
d'abondantes aumônes , & contri-
bua beaucoup , par (q& fermons &
par fon zele,à la réforme des mœurs
de cette ville. Il mourut faintemenc
le I 5;)nvîer 1715 , à 64 ans. Mo-
dcÛ3 juiqn'au tombeau , il avoit
Voulu être emerré fans pompe dans
un cimetière ; mais oe défir ne fut
point écouté, & onlui érigea dans
une égîife un monument de mar-
bre , digne de fon rang & de fes
vertus. On a de lui : I. Tkeolo^a
fatrun , 1709 , 3 vol. in- 8**. lï.
Codices Sacramentoriim nongentîs annU
ntu/Uores , in-4<* , 1680. lïl. F/aU
Urutmjuxta dupIUem Edlùonem Ro»
ntfUim & Galiîcanam, 1633 , in-4*'.
IV. Pfalurlum cum Caatlcis , vcrfihus
frifcp mort dlJUnBum , 1697 , in-4° ;
& plofieurs Ouvrages de LUurgU
TON i^î
anclrâne , réunis à Rome en 174 1 ,
2 tomes in-fol^qui prouvent beau-
coup d'érudition , & une éruditiofi
très-variée,
TOMASINI, ( JacqucsPhilippe)
né à Padoue en 1597, mourut à
Ùitta-Nova en Ifh-ie, dbntilétoh
évêque, en 1654, à ^7 ans. Les
lettres dont il 6t prefque fon occu-
pation journalière , furent en quel»
que forte la caufe de fon élévation
à la dignité épifcopale. Il eut le
courage de s'oppofer au mauvais
goût de fon temps , & fur- tout à
celui de Marlnl , pour rappeler
celui de Pétrarque. Il recueillit fans
choix & avec peu d'ordre , tout ce
qu'il trouva fur cet auteur célèbre ,
& le publia fous ce titre : Pctrar»
chi ndivîvMs , en i vol. in-4®. Il-
préfenta fon travail à Urbain VIU^
Ce pontife Tagréa , & regardant Jo-
9iii///2/comm* fon parent « lerécom-
penfa par l'évêché de Citta-Nova.
L'auteui* corrigea fon Ouvtage , &
en donna une nouvelle Edition en
1650. Nous avons encore de lui :
I. Une bonne édition des Epîtret
de Caffandre FidtUe^ avec fa Vu, IL
Les VUs de plufieurs perfonnages
illuftrcs, 1630 & 1644, vqI* in-4®.
III.Les Annales des Chanotnts de Saint«
Georges /n tf/^<» , Congrégation de
Prêtres ftculier» dont il avoit été
membre : ce livre eft en latin. IV.
Agri Paiavînl Infcrtptlones , 1696 ,
in-4^. V. GymnaJuofL Patavinum ^
1654, in -4*^.
TOMASIUS , Voyei TttOMA-
sivs.
TOMYRIS , Voy, i. Cyrus.
TONSTAL , ( Cutbert) doaeur
d'Oxford , naquit à Tacford , dans
THertfordshire , en 1646 , d'une
Éamilleilluilre. Après avoir fortifié
ion efprit par l'étude des mathéma-
tiques , de la philofophie &: de la-
jarifprudence , il devint feerétaire
du cabinet du roi d'Angleterre^
Henri FUI l'ayant envoyé dans
L iij
i66 T O R
plufieurs ambaiTades , fut fi fatisfaît
ie fes fervices , qu'il lui donna
Icvêché de Londres en 1511, &;
celui de Durham en 1530. Tonftal
approuva d'abord ta diflolutton du
mariage de Ton bien£aiteur avec
Ca hcrlnt d'Efpagne , & fit même un
Livre en faveur de cette diffolu-
tion ; mais dans la fuite il condamna
ion Ouvrage, & finit fes jours dans
une prifon , pour la défenfe de la
Foi , en I ^ 59 , à 84 ans. On a de
lui : I. Un Traité de VAndtcompttri
Londres, 1511, in -fol. II. Un
autre de la Réalîti du Corps & du
Sang de /. C. dms PEucharîftlt ,
PariS , t5Ç4, in-4^ tll. Ua Abrégé
4e la Morale d'Arlftote , Paris , 1 5 54r
în-S**. IV. Confra impîos Blafphema-
tons Dû Prade/Bnationls , Antuer-
piae, IÇ55 , in-4^
TORBERN , Voyei Febourg.
TORCY.^oyq CoLBERT,
n*" IV.
TORELLI , (Jacques) gentil-
homme de la ville de Fano , & che-
valier de l'Ordre de Saint-Etienne^
naquit en 1608. Ses rares talens pour
l'arcliiteâure & la décoration théâ-
trale , le firent appeler en France par
Louis XIV^ qui lui donna le titre
de fon architeâe & de fon machi-
nifte. Il exécuta plulîeurs pièces à
machines , entre autres V Andromède
de Cornet l'e\ & il étonna les fpec-
tateurs. On crut voir des prodiges ;
mais Servandonl a fait depuis des
chofes plus merveilleufes. ToreîH
$*étant enrichi à Paris & à la cour ,
alla mourir en 1678 à Fano , où il
conflruifit le magnifique Théâtre
qu'on y voit.
^ TORFÉE , ( Thormond) de Mif-
nîe , vivoit dans le xvii® fiecle. Il
cfl connu par fon Wfiolre des Orca-
<icj , 1 7 1 5 , in-fol. •, & par celle de Icl
^onv.ge y en 4 vol. in-folio , 171 1.
Ces deux ouvrages eHimés font en
latin. L'auteur mourut vers Taa
X720t âgédeSxaos»
T O R
TORNHItL , Voy. Tôornile;
J. TORNIEL, homme cruel, plus
redouté par fes bnrbaries que par fa
valeur , défendit Kovare fa patrie ,
en 1 5 zi , contre le maréchal de Lef'
cun. Ce miférable mangeoit , dit-on,
le foie des François qui tomboient
entre fes mains. La ville ayant été
prife , il fut pendu avec les bour-
reaux qull employoit à fes exécu*
tions.
II. TORNIEL , ( Auguftin) reU-
gieux Bamabite, ne à Novareen
1 543 , mort en 1612 , efl avantageu-
fement connu par fes Annales Sacrî
& Profunî , depuis le commence-
ment du monde jufqu'à J. C, en
2 vol. in-folio , à Anvers , i6ao.
On peut les regarder comme un bon
Commentaire des livres hiftoriquss
de l'Acclen Teflament. Il cft un
des premiers qui ont éclairci les dif-
ficultés de chronologie & de géo-
graphie qui fe trouvent dans les
.Livres faints & dans les Hifloriens
profanes. Son Ouvrage eft fait avec
méthode , & écrit avec autant de
clarté que de naturel. On peut lui
reprocher d'être feulement quelque*
fois trop crédule.
TORQUATO -TASSO , Voye{
I. Tasse.
TORQUATUS, Foy.MANLius-
Torouatus, n** m.
TORQUEMADA , (Jean de)
religieux Dominicain , plus connu
fous \e nom àçTurrecremata^ naquit
à Valladolid , d'une famille illuflre.
II eut divers emplois importans
dans fon Ordre » devint maître du
facré palais , &: fut envoyé par
le pape Eugcne IV au concile de
Bafle. Il avoit déjà af&flé à celui
de Conftance en 1414. 11 fe fignala
dans 1 un & dans l'autre par fon
zeîe contre les hérétiques. »*1I avoir
» été, dit M. FUchkr^ [Hlfi. àc
>» Xtmcnh] confefleiud'i/fl*«i/cdcs
)> fon enfance , & lui avoit fait prp'>
M mtctre que ti Dieo i'élevoit uft
T O R
r îour fur le trôoe , elle feroît fa
^ principale affaire du châtiment &
« de la deflruâion des hérétiques ,
** lui remontrant que la pureté & la
" fimplidté de la Foi catholique,
n étoit le fondement & la bafe d'un
" règne chrétien, & que le moyen
" de maintenir la paix dans la mo-
»' narchie , étoit d'y établir la
" religion & la jufiice »«, Il reçut
«0 1439 le chapeau de cardinal. On
a de lui : L Des Commentaires fur le
Décret de Gradcn ,Vtn\£e^ IÇ78»
y tomes. II. Un TrmU de tEgUfe &
de t Autorité du Pape , Venife , i j 6x.
în-folio. in. Expofitlo In ?falmos ,
Mayence, 1474» in-fol. ÏV. Dt
torpore Chrîfil contra Bohemos, V,
Expofitlo ht regulam fanHi BmedlHî «
Cologne , 1575 > in-foL, avec le
G)ramentairede5mjrtf^^*, &c. Ce
cardinal mourut à Rome le 26 Sep-
tembre 146S , à 80 ans , avec 1»
réputation d'un homme habile dans
la théologie de récole>& iasis le
droit canonique.
TORRE , ( Philippe de Ui) né à
dudad deFrioulen KS57 , montra
beaucoup de goût pour l'étude des
monumensdc l'antiquité. Il le fatisfit
à Rome , où il fe fixa. Son favoir
lui concilia l'cflime & la bienveil-
lance des cardinaux ImpcrlaU &
Norit ^ & des papes Innocent XII
& Clément XI} ce dernier lui don-
na , en 1701 , l'évêché d'Adria. Le
peu de reÎTources qu'il avoit pour
la littérature dans une petire ville ,
ne purent diminuer fon zèle pour
l'étude. On a de lui : I. Monumenca
veteris Antii , 1700 , in -4** ; livre
très-favant. II. TaurohoUlum antU
auno 1704 rspertum ,
€um expllcatlone. Il fe trouve dans
la Blbhothtque cholfie , tpme xvii^.
m. De annis Imperîi M, Antonli Aw
rtUi Heliogahali, I714 , iii-4®. La
Torre avoit les connoi^nces d'un
^dic profond & les vertus d'un
T o R 167
évêque. Il mourut çn odeur de
fainteté en 1717 , à 60 ans.
I. TORRENTIUS , ( Hcrman )
naquit à Swolles dans rOver-YfTel,
vers le milieu du xv" fiede , fut
profeffeur de* rhétorique à Gro-
ningùe, & enfeigna les belles-lettres
dans fa ville natale jufque dans fa
^ieillefTe *» il le fit même long- temps
étant aveugle. Il mourut vers l'an /
1 y 10. On a de lui : I. Des SchoHes
fur Us Evangiles des Dimanches &
Fêtes y Devtnttr , 1599, in-8®. II.
Un Commentaire fur les Georges de
Virifle , Anvers , 1 5^41. III. Dlc "
tlonnalre Hifiorlque & Poétique , Paris^
1541. Il a été augmenté fucceffive-
ment par Charles- Etienne & Frédéric*
Morel.
II. TORRENTiyS, {Uvlnus}.
né a Gand le 8 Mars 1525 > alla i
Rome, & s'acquit les bonnes gracer
des perfbnnes les plus didinguces
par leur rang & leurs talens. Do
retour dans les Pays-Bas, Georges
d^ Autriche ^ évêque de Liège , le
pourvut d'un ridie bénéfice. Il
mérita de nouvelles dignités pa^
la manière dont il s'acquitta d'une
commifnon à. la- cour de Rome,
Se fut fait fuccefHvement chanoine-
de la cathédrale de Liège « archi-
diacre & vicaire-général de l'évê*
que Gérard de Groësbeck, Philippe II
le nomma à l'évêché d'Anvers en
1576. Il s'appliqua avec zèle à
réparer les maux que Théréfie avoit
caufés dans fon diocefe. En 1594»
il fait nommé à l'archevêché de-
Malines ; mais la mort Tenleva à
Bruxelles , le 26 Avril 1595 , avant
d'avoir reçu les bulles. Il laifTa par
fon tedament fa. bibliothèque aux
Jéfuites , & de quoi fe former un
établifïement à Louvain. Les occu-
pations de fon état ne puirent éteîn?
dre en lui fon goût pour les belle»-,
lettres. On a de lui plufîeurs pièces,
de Poéfies , qui ont été recueillies^^ '
fous le titre de Eoemata ft^cra,^^
L iv
léS T O R
Anviers , 1594^ titre qui ne répond
pas à ce que le livre contient, car
toutes les pièces n'en font point
facrées. Les Poéfies de T^rremius ont
beaucoup de mérite *, fes OdM qrpen-
dant ne font point animées de cet
enthoufiafme qui fait le cataâere
de ce genre de poéûe. Sts Com-'
mentairts fur Horace & fur Suitàne^
1610 , in*foUo 9 tiennent un'ràng
parmi ceux des meilleurs philo-
logues.
III.TORRENTIUS. (Jeun) pein-
tre , natif d'Âmfterdam en 15S9 ,
j^eignoit ordinairement en petrt , &
mettoit dans fes Q^ivràges beaucoup
de force & de vérité. Il auroit pu
vivre par fon mérite dans une for-
tune honnête & avec l'eilime des
honnêtes- gens , fi fon goût pour
la débauche , & le libertinage de
fon efprit , ne l'euffent perdu. En
effet il faifoit des Peinmres fi dif-
folues , qu'elles furent brûlées par
la main du bourreau en 1640. 11
devint aufli Tauteur d*une héréfie ,
qui le fit arrêter & mourir dans les
tourmens de la quefiion , la même
année.
^ TORRICEIXI, (Evangélifte)
né à Faënza, le 15 Oâobre 1608,
montra beaucoup de génie pour les
mathématiques. Envoyé à Rome
pour s'y perfeûionner , il y fut
difciple du Père Bmoit CcfitlU ,
«bbé du Mont-Caffin , qui le fit
connoitre à GahUe, Ce célèbre
mathématicien ayant vu le Treùté
du Mcuvtmiîit du jeune TorricclU ^
l'appela auprès de lui à Florence ,
comme l'homme le plus capable de
Tocueillir les obfervations que fon
âge , fes infirmités & la perte de
ia vue l'empêchoient de mettre au
Jour. Galilée étant mort en 1641 ,
Torrîceili eut une chaire de profef-
feur en mathématiques à Florence ,
& il cultiva également la géométrie
& la phyfique. Il perfeâionna les
JliDetces d'approche ^ il fit le prc->
T OS
mîer ^ des microfcopes , avec éÊm^
petites boules de verre travaillées ^
à h lampe ; il inventa lès «xpé-
fîences du vif-argent, avec le tuyau
de verre dont on fe fert pour les
faire , & qui porte fon nom *, enfin ,
on attehdoit de nouvelles merveilles
de te grand homme y lorfque ta
mof^ l'enleva aux fciences le 25
O^bré 1647 , à 39 ans. Outre
fon Traité du Mouvement , on a de
lui : I. Ses Leçons Académiques , en
italien, in -4^, 1715- II» OperA
Geometrlca , Florence , 1644, in^4^.
On lui doit finon la découverte ,
du moins la théorie de la pefanteur
de l'air , que le tube qui porte foa
nom, a fait connoitre d'une manière
précife Se graduée.
TORTEBAT, ( François) fameux
peintre de Portraits , du dernier fie-
cle , a auffi gravé à l'eau-forte ,
entre autres les figures anatomiques
d'après les tailles de bois de VAna^
tomic de Fefal, Il ctoit gendre de
Fouet,., Voy. Piles.
TORY , ( Geoffroy ) imprimeur
à Paris , natif de Bourges , & mort
en 1550 , avoit d'abord été pro-
fefiJeur de philofophie au collège
de Bourgogne à Paris. Il contribua
beaucoup à perfeéiiotmer les carac*
teres d'imprimerie. Il donna , fur
la proportion des lettres , un livre
fous le titre de Champ Fleuri , Paris ,
1 5 19 , in-4® , & depuis in- 8° , qui
fut très-utile aux typographes. Il
eft encore autetur d'ime TraduBhn.
des Hiéroglyphes d*Horus - Apollo ,
in-S" -, & d'un ouvrage intimlé :
jEdtloquium » feu Dîfffia ctrcà Màa
afcribenda ^ in-8".
TOSTAT, ( Alphonfe ) doôeur
de Saiamanque, devint enfuîte évê-
que d'Avila , parut avec éclat au
concile de Bafie • & mourut en
1454 , à 40 ans. On a de lui : I»
Des Commentaires fur la Chronique
d^Eufcbe , Salamanque , i ço6 , 5 vol#
ÎQ-folio. IL D'autres Commentairet
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ftr l'Ecrimre-fainte. HI. Tous feft
Xîuvragesfurentimprimés à Venife,
IJ96 , en 13 vol. in-fol. On ne
peut nier qu'il n'ait enfafle beaucoup
de paflages -, mai^'il feroit difficile
de fe perfuader qu'il les ait bien
digérés. On lui ût pourtant cette
Epitaphe :
Mie Jbtpor efi mundi , qm fcîhtie dtf'
cudt omat^
Des Savans à la fois prodige 6c
dëfçfpoir ,
Ci gît qui dlfcuta tout ce qu*on
peut ravoir.
TOt.'j Charles de Ferrare du)
co^eiller au parlement de Rouen ,
ioignoit à une vivacité d'imagina-
tion , & à une étendue d'efprit fur-
prenantes, une vafte le^re, que
h mémoire fidelle lui rendoit tou-
jours préfente. Il aimoit & con-
noiiToit les beaux-arts. Ses talens
lui acquirent le commerce de pref-
que tous • les favans de fon temps.
11 mourut en 1694. On a de lui
plufieurs Picus inférées dans divers
Journaux ; & féparément la Rtloilon
it la Cour de Rome , qu'il donna fous
le nom de Angelo Corraro , ambaf-
ûdeur de Venife , à Rome^. Voye\
Melon.
TOTILA, dit auffi Badullla, roi
«les Goths en Italie, fut mis fur
le ttrône après la mort d*Evaric ,
^ers 541. Son courage éclata contre
les troupes de Jujilnkn , fur lef-
çjelles il remporta deux viâoires
fignalées. Il fe rendit maître de toute
la baâfe Italie , & des iiles de Corfe ,
de5ardaigne& de Sicile. Sonenu-ée
4ans Naples ne ûit plus marquée
par des barbaries , comme on de-
voit s'y attendre , mnis par des a£te$
^ clémence & de bonté. Comma^a
&un avoit épuifé les forces des
affîégés, & qu'il étoit à craindre
fpi'iU ne s'incommodafïent en pre-
mm tout-à*coup 4e la nourriture «
T O U 169
il mit des gardes aux portés pour
les empêcher de {ortir y & après
avoir diftribué lui-même des vivres
avec une fage économie, il leur
permit d'aller où ils voudroient»
Il tourpa enfuite fes armes vers
Rome, qu'il prit en 546 , de qu'il
traita avec beaucoup moins de dou-
ceur que Naples. Les fénateurs &
les plus riches citoyens furent obli-
gés d'aller , couverts de haillotis ,
demander du pain à la porte des
Goths. RuJiicUane , femme du célè-
bre Boéce , qui avoit diftribué tous
fes biens aux pauvres durant le
fiége , fut réduite à cette extrémité.
Toula quitta Rome , qu'il ne pou-
voit garder , & fut défait par JSéil'^
faire » en fe tetirant ; mais dès que
ce général eut été rappelé à Conf-
tantinople , TotlU affiégea Rome de
nouveau, y entra par ilratagêrae
en 549, & répara les maux de la
guerre. Juji'nien envoya contre lui
Narsès , qui le rencontra au pied
de l'Apeimin. La bataille s'engage »
& quelques foldats de l'armée im-
périale ayant rencontré TodU , un
d'entre eux lui porta un coup de
lance , dont il mourut peu de jours
après, en 552, après 11 ans de
règne. Ce prince avoit du courage »
de la hardielTeôc de ra6:ivité', &,
ce qui eu. bien plus précieux , au-
tant d'amour pour le genre hupain,
que ppuvoit en avoir un Goth &
un conquérant.
TOUCHE, (Claude Guymond
de la) né en 17 19, jeune-homme
auffi eftimable par fon caraÛere
que par fes talens pour la poéfie»
porta ^ pendant quelque temps ,
l'habit de Jéfuite *, mais les défagré-
mens que lui atnra , de la part de
ces religieux , une Comédie qu'il
fit jouer en 1748 , l'indifpofa contre
eux. Dans les premiers mouvemerts
de fon reiTentiment , il produifitfon
Epître, publiée en 1766, fous c»
titre : Jm Sot^irs eu CloUn , «u Ji
Î70 T O U
Trlomphi du Fanaùfnu^ La poéii€ en
eft noble & énergique -, mais les
JefLiites y font peints fous des
couleurs bien noires. L'auteur ne
carda pas de les quitter , & il réTolut
de fe confacrer au Théâtre , pour
lequel il avoit du talent & du goût,
ïl donna, en 1757, une Tragédie
fans amour , intitulée \ IphîgénU en
Tûurtdt , qui eut un grand fuccès ,
iSc qui eft reftée au théâtre, quoique
la vérification & le ftyle n'enfoient
pas moelleux, & que le dénoue-
ment en foit manqué. [ Foyei III.
CRjtNGE.] On excufe ces déèiuts,
en faveur d'une conduite régulière,
d'une élo'^uence vive &rédui(ante,
d'une fcene remplie de grandeur ,
de tendreâê & de pathétique entre
Crefte & Pllade ; & fur - tout en
£3iveut du grand intérêt réfultant
d'une aâion fimpie, & du naturel
qui règne dans le dialogue & les
fentimens. Notre poète préparoit
une Tragédie de Régulas , lorfque
la mort l'enleva à la fleur de fon
âge, le 14 "Février 1760, Il mourut
d'une fluxion de poitrine. Quelques
inomens avant qu'il expirât, il dit
à ceux qui Tenvironnoient , ces
deux vers de Voltaire :
Et te riche & U pauvre , & lefûihU
& Ufortf
Vont tous également des douleurs à
la mort.
On a de lui quelques Pièces fugi-
tives manufcrites -, & on a donné au
public fon Epitre à f Amitié , qui ,
quoique un peu longue , eft agréa-
ble à lire : on y -trouve pluâcurs
vers heureux.
TOUCHES, roy.DESTOUCHBC.
TOULOUSE , ( Comtes de ) Voy.
Aaimokd, n*** I 6» II. ^
1. TOUR , ( Henri de la ) duc de
Bouillon, prince de Sedan , & ma-
réchal de France , naquit en 1 5 5 |f .
Il fervit avec diitinéHon fous Char"
les IX & Henri III. Le vicomte de
T O U
Tare/me , fon père , a^oit époufé Is
fille du connétable de Montmorenci^
qui apprit à fon petit-fils le métier
de la guerre. Ayant embraffé le
Calvinifme , il s'attacha tt Henri de
Navarre , dont il féconda la valeur,
à la bataille de Coutras & au fiége
de Paris , en 1 590. Le roi l'employa
dans diverses négociations , & l'en-
voya à la reine d'Angleterre & à
quelques princes Proteftans, pour
lolliciter des fecours. En 1592 « il
obtint le bâton de maréchal de
France, & il avoit dé&it» cette
même année , les troupes du duc de
Lorraine , près de Beaumont-en-
Argonne , où il fut blefTé de deux
coups d'épée. Après s'être ixgnalé
dans d'autres occaiions , il mourut
en 1623 , à 67 ans & demi. Henri
IV lui avoit fait époufer Ckarlotu
de la Mark y fouveraine de Sedan,
morte en 1594. Il en eut un fils*
qui mourut ; mais la fouveraineté
lui demeura. Il époufa en fécondes
noces Elifabeth de Najfau , fille de
Guillaume , prince d'Orange » & de
Char loue de Bourbon, Une ,ô grande
alliance, fa valeur, fes talens mi-
litaires & fes négociations , en firent
un homme très - important dans
l'Etat. Marie de Médias le craignoît,
le ménageoit, & eut fouvent befoia
de lui. Il ne voulut cependant pas
entrer dans le parti de cette prin-
ceâie , & lui fit dire qu'il étoic trop
vieux pour fe mêler d'affaires fi
épineufes. Uniquement occupé à
embellir & à fortifiei^ la ville de
S^dan, il y établit une académie,
où la jeune nobleile Calvinifle de
France & d'Allemagne venoit faire
fes études & fes exercices. On y
appienoit. l'art militaire , fous les
yeux d'un héros. Sa bibliothèque
étoit nombreufe *, 6c quoique le
connétable Arme de Montmorenci ,
fon grand'pere , qui ne favoit ni
lire , ni écrire , ne l'eût pas fait
élever daos le goût des beUe$-let«
T OU
trçs , îl avoit toujours aimé les
^ens favans , & il fe plaifoû à leur
converfation. La fin de fa vie fut
troublée par le chagrin de voir
Fréderte, roi de Bohême , fon neveu,
dépouillé de tous fes états. Il laifTa
pluiieiirs en&os de fa féconde
femme , Elîfabuh dû Najfau ^ morte
en 1642 : entre autres deux gar-
çons ; FridtriC' Maurice^ duc de Bouil-
loti , [ Voyei Tarticle fuivant ; ] 6c
Kenrî, v icomte de Turennâ. [ Voy,
ce dernier mot. ]
II. TOUR , ( Frédéric-Maurice
de la ) duc de Bouillon > fils du pré-
cédent , & frère aîné du vicomte
^ Turmne , commença à porter les
armes en Hollande , fous le prince
if Orange, fon oncle , & s'acquit un
nom » en peu d années , par Ces
lalens militaires. Ayant enlevé un
convoi confidérable , & fait prifon-
nier le commandant de Tefcorte , il
contraignit Bois-le-Duc à fe rendre
peu de jours après. Etant gouver-
neur de Madricht , il força les Efpa-
gnols à en lever le fiége, par des
forties fréquentes & meurtrières. 11
s'attacha au fervice de France en
1655. Ce royaume étoit alors rem-
pli de mécontens , que le minidere
impérieux du cardinal de RîchdUu
avoit foulevés *, le duo d€ Bouillon
fe laiiTa entraîner au torrent, &
contribua beaucoup à la viâoire
qu'ils remportèrent au combat de
la Marfée. Réconcilié avec la cour,
jï fut nommé lieutenant général de
l'armée d'Italie ; mais ayant été ac-
cufé d'avoir fevorifé le complot de
Cinq-Mars contre le cardinal , îl
fut arrêté à Cafal , & ii'«btint fa
liberté qu'en cédant fa fouveraineté
de Sedan. L'efpoir de la recouvrer
peut-être , le rengagea , bientôt
après , dans la guerre civile , fous
la régence de la reine-mere. Il de-
vint l'ame de fon parti. Soit dégoût»
foit amour du repos , il mit bas
les armes au bout de quelque temps,
171
T O U
& lit fa paix avec le roi , qui , en
échange de Sedan , lui donna en
propriété les duchés-pairies d*Al-
bret & de Château - Thierri , les
comtés d'Auvergne & d'Evreux,
&c. U mourut l'an 1651, dans fa
48* année. Brave , aâif , vigilant ,
le duc de Bouillon étoit digne , païf
fon mérite perfonnel & par fa naif-
fance , de parvenir au faite des bon*
neurs militaires -, mais fon attache-
ment aux intérêts des princes l'enr-^
pécha d'y monter. Il avoit époufé •
en 1634 , Elionore^Catherlnê FehronU
de Bergh , dont il eut divers enÊins s
les plus connus font > Godefioi'-
Maurice de la Tour , grand chambel-
lan de France » mort en X711 , à
82 ans *, Frédtrlc-Maurtce , lieutenant
général , mort en 1707 , à 6G ans,
qui a formé la branche des comtes
d'Auvergne; Emmanuel -Théodofe^
plus connu fous le liom de Cardinal
DE BoviLLOS ; Voye\ ce mot.
TOUR, (Henridela)ri>yeç
1*17 RENNE
T O U R , ( Claudine de la ) Vùye^
III. TOURNON.
III. TOUR , (Georges de la) pro-
fefieur de botanique dans l'univer-
iité de Padoue , more en 16S8 , k
81 ans , eft connu par deux Ouvra-
ges redierchés. I. Une Hiftoire des
Plantes fous ce titre : Dryadum ,
Hamadryadum , Chloridlfque Trium"
phus , Patavii , 1685 , ^n 'folio. II«
Catalogus Plantarum Horti Patavlnl^
1661 , in-i2.
IV. TO U R , ( Bertrand de la )
doûeur de Sorboime , de l'académie
de Montauban , & doyen du cha-
pitre de cette ville > naquit à Tou-
loufe au commencement de ce £ec1f ,
Ce mourut à JVfontauban en 1781.
Cétoit un homme de bion , donnant
l'exemple des vertus qu'il prêchoit,
& qui. ne reffembloit pas à ces aux
dévots dont on a dit , qu'ils étoxent
Mollnlfies pour eux > mômes » &
Janfénljlu pour ks autres* So« édt
T7Î Toir
lui fit entreprendra des Aiiilioftt
élans des pays loitmins •, fa charité
fe répandj^ en abondintes aumô-
nes ; fon amour pour les lettres
V,ftngagea à fonder le prix annuel
«le 2)o livres , pour les fumets pro-
pofés par Tacadénûe de Montauban.
On troilve feulement un peu de
fy!Re dans la légende de la médaille:
£x munîfictntU Domîni D E. la Toitr;
comme s'il étoit («ueftion d'un
Aqueduc des Romains , ou de la
Voie Appiennc ! Nous av^ns, de
l'abbé /kfla Tour : h Des Sermons
en plnlieurs vol. in-12. Dans les
Difcburs de morale, il e(l abondant,
œab peu méthodique» & trop fou-
vent lâdie & diffus. Dans les Pané-
gyriques , c'eft de la poéfie plutôt
que de l'éloquence 1 tant il prodigue
le:s images & les figure^. Dans les
uns & dans les autres , on voit un
«crivain nourri de l'Ecriture & des
Pères. II. Des Réflexions fur U Théâ-
tre , in-12. Ce font plufieurs bro-
chures qu'il publia fucceffivement
Cq^fifte la Comédie , & même contre
les Comédiens. Il a rafî*emblé tout
ce qu'on a dit fur cette matière ^
mais il fe permet des digreifions
qui l'emrainent loin de fon fujet ,
À il fe- livre à une humeur fati'-
rique 6c emportée , qui affoiblit la
bonté de fes raifons. Ce caraâere
cauftique, que la piété de l'abbé tU
}a Tour ne réprima pas toujours ,
imimidoit jufqu'à fes fupérieurs.
III, Pes Dîf cours & des Diffmaùonsy
«lans }es Mémoires de l'académie de
Montauban , dont il fut un des
. membres les plus diûingués. Il pro-
pofoit ordinairement le fujet des
prix; & ce fujet étoit toujours une
vérité morale oti rcligieufe. On l'a
blâmé de forcer par-là les conciy>
re^ à entaiTer dans leurs Difcours ,
des lieux communs mille fois re-
l)attus ', mais , fon but étant princi-
palement d'exciter l'émulation des
jeuofs prédicateurs , il valoit mieux
T O U
encore les engager à traiter éfsê^
fujets moraux , que de leur pro«
pofer de Êiire l'éloge d'un homme
médiocre, en phrafes bourfoufléet
& emphatiques.
V. TOUR , ( N. de la ) l'un des
plus célèbres peintres de portraits
de ce fiede , mourut à Saint-Quen-*
tin , fa patrie , le 17 Février 1788 ,
à 85 ans. Il étoit non-Yeulement
un grand artifte» mais un homme
aimable. Il peignit nos gens de- letr '
très les plus difiingués , & vécut
avec eux en homme capable de les
entendre & de les apprécier. St
converfation étoit gaie y vive , fail-
lante » & quelquefois un peu caus-
tique. S'étant retiré » fur la fin de '
fes jours , à Saint-Quentin , il forma,
plusieurs établifTemens utiles , qui
atteilem le bon uûge qu'il faifott
de fa fortune ainfi que de Tes talens,
TOUR-BRULÉE , Voye^ ToR-
QVEMADA.
TOUR.DU-PIN, (Jacques-Fran-
çois'René de la ) né en Dauphiné
en 1721» abbé d'Ambournai , Se
grand" Vicaire de Riez , fe iignala
de bonne heure dans la chaire. Il
prêcha TAvent à la cour , en 17^5 •
Son aâion étoit noble & affec*
tueufe. Elle auroit eu plus de di-
gnité, peut-être, s'il y étoit entré
moins de jeu *, mais c'étoit le ton
de l'auteur. Il avoit commencé à
publier fes Panégyriques , 6 voliiknes
in-12 , lorfqu'une attaque d'apo-
plexie l'emporta le 26 Juin 1765 ,
à 44 ans. '( Plans fimples & preA
" que toujours pris dans le cœur
'' du fujet : ftyle facile , uni , cou-
» lant, allez concis, mais fansfé-
*• cherefîe; plus délicat que re-
M cherché ; ne s'éîevant qu'avec
" les chofes qu'il traite , ôc n'cm->
)t pruntant jamais fa force que de
» l'énergie même éts objets ; &
>» coloris en général auHi doux
n qu'égal : voilà , dit Querlon ^
n ridée que nous donnerions de
T O U
1) foft genre »>. Nous ajouteron» à
te jugement , que Tabbé de la Tour*
Ju'Fin emploie trop fou vent l'an-
tithefe; que fes applications de
l'Ëcriture font ingénieufes , mais
qu'elles ne font pas toujours juftes.
Cet orateur avoit prêché le Pané-
gyrique de S, Louis , devant l 'aca-
démie Françoife , en 1751 , &
avoit fatisfait cette compagnie. Il
étoit de l'académie de Nand.
TOUREIL, roy«î TouRREit.
TOURNEFORT, ( Jofeph Pitton
de ) né à Aix en Provence , le 5 Juin
1^56 , d'une famille noble , fe fentit
botanifte , dit Fontaulk^ dès qu'il
vit des plantes. Quelquefois il man-
^loit à fa daâe pour aller herbo-
€i(tr à la campagne , & pour étu-
dier la nature , ajj lieu de la langue
des anciens Romains. Ses parens le
deôinerent à Tétat eccléfiaftique ;
Tnais la mort de fon père » arrivée
^ 1677, le laifla entièrement maître
de fuivre fon inclination. Il pro«
ifita aulli-t^ de fa liberté , & par-
courut , en 1678 .» les montagnes du
Dauphiné & de Savoyc. En 1679 »
il alla à Montpellier , où il fe per-
fecHonna beaucoup dans Tanatomie
& dan» la médecine. Un Jardin des
Plantes , établi dans cette ville par -
Henri iF, lui fut d'un grand fecours.
De Montpellier il paââ aux Pyré-
nées « où il fut dépouillé deux fois
par les Miquelets Efpagnols , fans
que ces acçidens puaient diminuer
ion ardeur. Les rochers af&eux 8c
prefque inacceffîbles qui l'enyi*
ronnoient de toutes parts , s'étoient
changés pour lui en. une magni-
fique bibliothèque , où il avoit le
pkifîr de trouver tont ce que fa
çuriofité demandoit. Un jour une
méchante cabane où il couehoit,
tomba tout - à - coup. Il fiit deux
heures enféveli fous les ruines,
& il y auroit péri , fi on eftt tardé
encore quelque temps a le retirer.
}l :ïi|Yiqt à MontpeUjg: à la fin 4tt
T O U 175
16S1 , & de là il alla xhez lui ft
Aix , où il rangea dans fon Herbier,
toutes les Plantes qa^il avoit ra-
maffées , de Provence , de Langue-
doc , de pauphiné t des Alpes &
des Pyrénées. Fagon^ premier mé-
decin de la rône , l'appela à Parijs
en 1683 , & lui procura la place de
profefieur en botanique au Jardin
royal des Plantes. Cet emploi nf»
l'empêcha pas de faire plufieuvt
voyages ei Efpagne , en Portugal >
en Hollande & en Angleterre. U
trouva par- tout des amis & des
admirateurs. Hennin , profefieup de
botanique à Leyde, voulut lui ré-
figner fa placer & pour Tengagec
à l'accepter, il lui fit entrevoir una
penfion de 4000 liv. des Etats-gé-
néraux. Mais Tt/nme/lrr préféra fa '
patrie à des offres fi fiatceufes. La
France ne fut pas ingrate j Tacadé*
mie des Sciences lui ouvrit fon fein
en 1691 , & le roi l'envoya l'an
1700 , en Grèce , en Afie , non-feu-
lement pour chercher des Planteî »
mais encore pour y recueillir des
.obfervations fur toute THifioire na«
turelle, fur la Géographie ancienne
& moderne» & même fur les Màeurs»
la Religion & le Commerce des peu^
pies. Il vouloit aller en Afrique y
mais la pefic qui étoit en Egypte» ^
le fit revenir de Smyrne en France'
au bout de deux ans. Ses cpxu-fi^
& fes travanx avoient beaucoup,
altéré fa faute) & ayant reçu par
hafard un coup fort violent dans la
poitrine , il mourut le iS Décem-
bre 1708. Il laiffa par fon tèftament^
fon Cabinet de curiofité& au roi «
pour l'ufage des fa vans, & fes Li-
vres de botanique à l'abbé Blgno/im
C'étoient deux préfens confidéra*
ble^ Tourne/on étoit d'un tempe'* '
rament vif , laborieux , robùfie. Un
grand fond de gaieté namrelle It
foutenoit dans le travail ; & fon
corps auifi bien que fon efprit avoit
4té farjiv? pour la Jiotaniqu^ $ei|<
174 T O U
principaux Ouvrages font : I. EU-
mens de Botanique^ ou Mdthode pour
tonnottrt les Planter ; imprimés au
Louvre» en 3 vol. in-8®, 1694»
avec 451 figures. Cet Ouvrage,
fait pour mettre de Tordre dans ce
nombre prodigieux de Plantes fe-
méesfi confufémentfur la furface de
là terre» les réduit toutes 314 claâTeSt
par le moyen defqueUes on deTcend
à 673 genres , qui comprennent fous
eux 8S46 efpeces de Plantes , foit
de terre » foit de mer. Il règle les
genres des Plantes par les âeurj &
par les fruits pris enfemblç. Toutes
les Plantes femblables par ces deux
parties, doivent être cenfées du
même genre, hcs différences , ou
de la racine , ou de la tige ou des
feuilles, font leurs différentes efpe*
ces. Ce fyftême qui a fouffert des con-
tradidions , a ccpendanc l'avantage
de faciliter l'étude de la Botanique*
Toumefort donna, en 1700 , une
Edition plus ample de fon Ou-
vrage , en latin , fous le titre de
Ihftktulonts Rd Hcrhané , en 3 vol.
in-4** , avec 25 planches de plus ;
inais la première édition cft plus
recherchée, parce que les^gutçs
font moins ufées que dans la ft-
conde. II. Corollarîum ^Injîkmonum
rtl HerharU , imprimé en 1703 ^
cfacs lequel il fait part au public
des découvertes qu'il avoit fiaites
fat les Plantes dans fon voyage
d'Orient. IIÏ. Son Voyage du Levant^
imprimé au Louvre, 1717» ^^ol.
in-4®j ScTéimpriméà Lyon, 3
v*ol. in-iS**. Ce livre curieux ren-
feriîie non -feulement des décou-
vertes de Botanique-, on y trouve
cticore des défcriptions exaâes,
tout ce qui a rapport aux mœurs
des peuples, & une grande c«n-
noîffâïce de Ifli^oire ancienne &
moderne. L'abbé de la Porte a pris
dansxét 'Ouvrage, ce qu'il y a de
plus întérelTant dans les dçux pre-
ïtiKx% vçlumes de fon Voy^è^ur
T O U
François» IV. Hifioire des Plantes de*
environs de Paru , imprimée au Lou«
vre, 1698 , in-i2 ; réimprimée ea
1725 , 2 vol. in- 12. Ce livre eft
utile par l'attention qu'a l'auteur de
marquer l'ufage qu'on peut faira
en médecine, de chaque Plante. V.
Traité de matière Médicale, 17 17»
2 vol. in-l2. VI. Toumefort avoij
fourni à l'académie des Sciences,
pluiieurs Mémoires inférés parmi
ceux de cette compagnie. On lui
doit fur-tout le renouvellement de
rhypothefe de la végétation des
pierres , oubliée depuis long-temps »
& appuyée fur des preuves nou«
velles.
TOURNELLE , ( la Mârquifc de
la ) Voye\ 111. Maillï.
TOURNELY , (Honoré) doc-
teur de la Maifon & Société de Sor-
bonne , naquit à Antibes le 2S
Août 16^8, de parens obfcurs.U
gardoit les pourceaux comme Sixte*
Quint , lorfqu'ayant apperçu un
carrofle dans la route de Paris , il
lui prit envie d'aller voir un de
fes oncles qui avoit une petite place '
à Saint - Germain - l'Auxerrois. Ce
fiit à ce bon prêtre qu'il dut foa
éducation. La. vivacité de fon ef-
prit & fes talens lui firent des pro*
testeurs. La plupart de ceux qui
ont excellé dans quelque genre n'y
ont point eu de maître ; par la
facilité avec laquelle tournely fit
fon cours de philofophie & de
théologie , on auroit dit qu'il étoit
né pour ces deux fciences. Ayant
été reçu doreur de Sorbonne en
1686 , il devint profeffeur de théo-
logie à Douay en 1688. La com<^
plaifance qii'iî eut ( dit-on ) de fe
charger de tout Topprobre de l'in-
trigue du faux Amauld , lui mé*
rita la proteéiion des Jéfuites. On
fait que quelques-uns de ces Pères
écrivirent fous le nom du doéleur
Amauld à plufieurs profeffeurs de '
de l'univerûté de Douay ^ qui
T OU
«nrcnt la fimplîcité de répondre
comme s*ils avoient écrit à un
Janf«nifte , & qui s'cxpoferent par
cet excès de confiance à des per-
fécutions. Cette tournure ayant
para très-odieiife , ils en rejetèrent
la plus grande partie fur Touraely ,
qui leur dut fon avancement» Ses
protefteurs lui procurèrent un ca-
fionicat à la Sainte - Chapelle de
Paris, une abbaye, & enfin une
chaire de profeffeur en Sorbonne»
L'abbé Toum'ely la remplit pendant
24 ans avec beaucoup de fuccès»
A il ne la cpiitta cfu'en 1716. Ce
douleur joua un grand rôle dans let
querelles de la Conftitution Unî^e-
aitus, à la défenfe de laquelle iî
confacra fa plume. 11 travailloit
pour elle, loriqu'une attaque d'apo-
plexie le priva de la vue , & le
conduifit au tombeau le 16 Dé*
cembrc 1729, à 71 ans. Ce théo-
logien avoit de l'efprit , de la fa-
cilité, du favoir; & il s*en fer vit
pour faire fe fortune. Sts ennemis
font accufé ( & ce n'eft pas peut-
être fans ratfon ) 'ffaroir eu un
çaraâere ambitieux 6c fouple. Us
prétendent même qu'il ne fe faifoit
pas une difficulté d'écrire contre fa
penfée. Mais de tels )agemens font
fouvcnt înjuftes , & prefqiie tou-
lours téméraires ; & il eft plus fage
àt juger des opinions d'un auteur;
par celles qu'il a confignées dans
les livres , que par les fentimens
Jue fes advcrfaires oitt quelquefois
intérêt de luj fuppofer. On peut
avoir le caraftere polîdque en fait
«e formne , fans porter , dans les
inatleres théologiques qu*on traite»
nn efprit de politique. On a de Toitr*
nely un Cours de ThUlogU en latin , en
16 vol. in-S^ , dans lequel oh trouve
Aeuxvol. fur la Grâce , deux fur les
Attributs , deux fur les Sacremens »
4eux fur TEglife i deibc fur la Péni-
tence& rExtrême-On£Hon,dcux fur
TEufibatiftie» lin fut le Baptême , m
T O U 17c
fur ritieamatton, on fur l'Ordre &
un fur le Mariage. Cette théologie^
une des plus méihodicpies & des plus
claires que nons ayons,a été réimpri»
méeà Venife en 16 vc^l. in-4°^<>ri
en a trois Abrégés : TuneMeMon-
ttgne y doékeur de Sorbohne , prêtre
de Saint-Sulpice » qui n*a travaillé
que fur quelques Traités. Le fécond»
moins étendu, eft de Robbc, Le 3*
a paru depuis 1744-, on le doit à
Colla ^ prêtre de la Congrégarioit
de Saî/u-La[are : c'efl le plus ea
ufàgie dans les Séminaires.
TOURNEMINE, ( René- Jofeph
de) Jéfuite , né le x6 Avril 1661 ,
à Rennes , d'une des plus anciennes
maifons de Bretagne, travailla long-'
temps au Journal ds Trévoux ,. ôc fiit
Inbliotbécaire des Jéfuites de la Mat>>
fon-pro&fiîe à Paris. La plupart des
Cav'àns de cette capitale le regar*
doient comme leur oracle. Toufe
étoit de fon reiTort : £criture*fainte ^
théologie , belles - lettres , anti»
quiiéfacréc & profane, critique»,
éloquence, poéfie même. Il eflicer-»
tain qu'à utts imagination vive , il
ioignott une éruditioir peu com*^
mune fi variée. Il étoit d'un ca*
raâere fort comniunicatif , fur-tout
à l'égard des étrangers *, mais Ix
plupart de fes confrères, fur-tout
ceux qui Croient du pani du P. /t
TaUer , raccufoient d*êtte vain»
fier» rempli de prétentions. Oa
connoit le diftique , dans lequel l»
P. Buffier le perfifia.
Quàm hmè de fade vcrfâ t!hi nomen ,
amlcîs
7àm eltb qui facUm vents » amict ^
tuîs l
Trop prévenu en faveur de fba
ûivoir & encore plus de fa naif*
fance, il (ie plàignoit quelquefois
qu'on le confondît avec un fiiuple
religieux. Le préfident de Montef-^
quleu ayant eu à fe plaindre de lui »
ae >'en vengea qu'en, demandait;
lyé T O U
Qu'^'Ctqttc U P.'deToiunemîce?
Je nt U connoU pas. Cependant Mon*
ufquuu ne dévoie pas rougir de con*
noltre un homme du nom & du
mérite du P« de Toumemine* Ce Je*
fuite mourut à Paris .le i6 Mai
1739 « ^ 7' ^^* ^^ a de lui : L
Un ^and nombre de Dîfftrtations
répandues dans le Journal de Trc'
vaux. Il illuftra cet ouvrage * non-
feulement par Tes DiÛertations ,
mais encore par de favantes Ana-
lyses. Le ftyle étoit net , prcds &
élégant. On fe plaignit cependant «
de Ton temps , que la louange &
le bUme n'étoient pas dirpenfés
avec équité *, qu'on revenoit trop
fouveqt fur les matières polémi-
^es , & qu'on y voyoit trop les
préventions d'un JéTuite & celles
4'un théologien de parti» Le Journal
de Trévoux a eu le fort des Je-
fiiites ; il efl tombé avec eux , &
les efforts que quelques écrivains
ée mérite ont Êuts jufqu'à^préfent
pour le reffufcxter, n'om abouti
qu'à lui donner une vie foible •
bientôt fuivie de la mort : tant le
public étoit prévenu dans les der-
niers temps contre ce Journal. Il,
Une excellente Edition de Af^o-
chlut y en 2 vol. in-folio , 17 19.
III. Une Edition de VWftoîre des
Juifs de P rideaux j en 6 voU in-i2.
IV, Un Traité , manu&rit , contre
les Rêveries du Perc Hàrdown , , qui
«voit voulu le choifir pour être un
de Ces apôtres ,. & dont il fut un
des plus ardens adverfaires. Foy,
tes articksBsRRUYER; II. Meko-
CHivs -, & Leibnitz , a® xii.. de
fes ouvrages.
TOURNET , ( Jean ) avocat Pa-
fifîen, fe distingua moins par fon
éloquence que par des compilations
utiles. Les principales fpnt les fui-
Tantes : I, *La réduâion du Code
d'Henri III , i6ai, in-foUo. II. Un
Kecueil d'Arrêts fur les matières
Sénéâcialeft, 1631 ,eaiV9l,i|bf«l,
T O U
m. Des Notes fur la Coutume
de Paris. IV. Une Notice des Dio-*
cefes, en 162 ^ , qui avoit déjà paru
avec fa Police Eccléfiafiique. V. Il
traduifît en françois les Œuvres
de Chopin i^i^ Traduâion publiée
en 163 5 , fut réimprimée avecpluf
de foin & des augmentations en
1662» 5 vol. in-fol. II fe piquoit
auffi de poéfie » & on a quelques
vers de lui.
TOURNEUR , ( Pierre le ) né à
Valagnes en Normandie , en 1736 •
mort à Paris le 14 Janvier 1788 ^
à y 2 ans, compoia d'abord pour
les prix Académiques , & obtint
des couronnes à Mautauban & à
Befançon. Les Difcours qui lui mé^
riterent cet honneur, réimprimés
â Paris chez Léroi , font remplis
d'éloquence & de philofophie , &
écrits d'un fiyle harmonieux &
noble. Mais ce qui contribua le
plus à le faire connoitre» fut fa Tra-
duâion, où plutôt fon imitation
des Nuits d^Young, ( Voyez Fouag, )
Le traduâeur marchant toujours à
côté de foo modèle , lorfqu'il eil
digne d'être iUivi , le corrige quand
il fe perd dans des lieux communs
ou des répétitions , & fubftitue des
idées & des images à celles qui
n'auroient aucune grâce dans notre
langue. Cet Ouvrage qui refpiro
une morale faine & quelqucibis
fublime, fit la plus grande fen-
/ation. Plusieurs prédicateurs de
province & même de la capitale»
en détachèrent des lambeaux pour
en orner leurs Sermons. Le fuccès
des Nuits dToung engagea M. lé
Tourneur k faire pafîer dans notre
langue , piufieurs autresproduéHons
angloifes. Il tradmfitfucceniveincnt
les Méditations d'Heryeyf \n'ii,UHiJ^
toirc de Richard Savage ; Offian «
fis de Pingal ; Us Poéfies Galli»
ques^ Les Œuvres de Shahfpear.i
lis Vues de Pévidencede U ÈUUgion^
ÇbrétUnne^ Çlariç4 , ^c, &c. Les dif-
(;our&
I6iîrs ou préfaces qui précèdent la
plupan de ces verrons font pleines
il'idées fortes , & les verûons elles-
mêmes ont le mérite , aujourd'hui
bfiaiment rare , d'un Ây le arrondi ,
iié & foutenu. M. le Toumair qui
s'étoit prefque borné au travail de
la traduâion, auroit pu être un
excellent écrivain original; mais
fa modeftie lui infpiroit la défiance
de Tes talens. Sa vie a été un cours
de vertus privées & de philofophie
pratique. Laborieux , patient , ren-
fermé dans fon cabinet , il fut
étranger aux rivalités littéraires ,
te aux agitations de la capitale. Il
avoit dans la fociété la can(fèur &
la timidité d'un en£un. Sa conver-
fiition étoit douce , comme Tes
mœurs. Sa maifon fut l'image du
calme & du bonheur. Confrère
officieux , bon maître i époux &
père tendre , ami fur , confiant &
zélé , il connut tous les fentimens
iionnétes , & ne mécoinnut que
Ceux qui font le tourment de la
vie , tels ^ue le défir dé la renom-
mée & le tourment de l'envie. Sa
Traduâion àtShakefpear lui procura
des injures & même des tracaÛe-
ries -, il fut être infenfible aux unes
& aux autres 9 quoique Voltaire fût
à la tète du parti qui cherchoit à
d^rimer le poëte Anglois , & fon
interprète; Le filence lui parbifToit
la meilleure réponfe à la critique
littéraire , jufte ou injuile.
TOURBEUX , ( Nicolas le ) na-
quit à Rouen le 30 Avril 1640 ,
de parens obfcurs. L'inclination
I 4^'il fit paroitre dès fon en6snce ,
pour la vertu & pour l'étude, en-
gagea du Foffé^ maître des comptes
a Rouen , de l'envoyer à Paris au
collège des Jéfuites. 11 y fit des
progrès fi rapides , qu'on le donna
pour émule à le ttllîer , depuis ar-
chevêque de Rheims. Après avoir
&t fa philofophie au collège des
&âffins fous Herfmt ^ 'û devint
Tom€ IXé
TOU lyi
vîeaire (te la paroifTe de Saint-
Etienne des Tonneliers à Rouen 4
où il fe diflingua par îts talens pour
la chaire & pour la direâion. En
1675 il remporta le prix de l'aca-
démie Françoife *, & ce triomphé
lui fit d'autant plus d'honneur , qu'il
ne.compofa fon Difcoiirs que là
veille du jour qu'on devoit exa-
miner les pièces. Il quitta bientôt
la province pour la capitale , où
tl obtint un bénéfice à la Sainte-^
Chapelle , & une penfîon du roi ,
de 300 écus. Son éloquence la lui
piérita. Louis XIV demandant un
jour à Boileau , qui étoit-ce qu*un
prédicateur qu'on nommoit le Tour^
neux , & auquel tout le monde cou-
roit ? SiRM y répondit ce poëte ^
Votre MiijefU fait qà*on court tou*
jours à la nouveauté : c'cji un Pré-»
dicateur qui friche l' Evangile. Le roi
lui ayant ordonné de lui en dire
férieufement fon avis , il ajouta :
Quand il monte en chaire , il fait fi
peur par fa laideur, quon voudrait ten *
voir fortir ; & quand il à commencé
à parler , on craint qu'il n'en fortes
{«éclat dès applaudiflemens lui fuf«
cita des envieux & ne lui infpirai
que de l'humilité. Pour fe dérober
à ces applaudifTemens , il pafTa lea
dernières années de fà vie dans fon
prieuré de Villers-fur-Fére , en
Tardenois , dans le diocefe de Soif«i
fons. Il y vécut enfolitairefludieux
& mortifié. Il chantoit tous les
jours l'office avec des jeunes gens
qu'il formoit pour l'état ecdéfiaf-
tique. Il employoit à cette bonne
œuvre les revenus de fon bénéfice #
& les bienfaits du roi. Ce pieux
écrivain mourut fubitement à Paris
le 2S Novembre 1689 , à 47 ans*
Son attachement aux fentimens da
M" de Port-Royal , lui attira quel-
ques mortîH cations , que fes vertus
auroient dû lui épargner. Ses Ou-^
vrages font ; I. TraJté de U Prom
vldmti fur le miracle des Sept PainsM
M
17» TOU
II. Prînctpes & Règles de iaVU Chré-
tienne i avec des Avis falutaires &
très-importans pour un Pécheur
converti à Dieu, in-ii ; ouvrage
rempli des plus fages maximes de
la piété éclairée, lll. InfiruHîons
& Extrcîcis de fiété durant la Sainte"
Mejfe. IV. La Fie de Jefus-Chrîfi,
V. L'Année Chrétienne , 1683 &
années fui vantes , 3 vol. in- 12. VI.
Traduction du Bréviaire Romain en
françois, 4 vol. in- 8°. VIL £*-
flication littérale & morale fur
l'Epitre de 5. Paul aux Romains.
VlII. Office de la Vierge en larin &
en françois. IX. L'Office de la Se-
maine falnte en latin & en françois ,
avec une Préface , des Remarques
& des Réflexions. X. Le Catéchlfmc
de la Pénitence , 6rc. Sa Traduélion
françoife du Bréviaire fut cenfurée
par une Sentence de Cheron , offi-
ciai de Pai'is , en 1688 *, mais Ar-
nauld en prît la défenfe. On attri-
bue encore à U Towneux un Abrégé
des principaux Traités de Théoiogie ,
in-4°. Ces différens Ouvrages font
dignes d'un prêrre nourri de 1 *Evan-
^le. Il ne dit que ce que la force
de fon fujet lui infpire , & il le
dit avec cette fimplicité noble qui
Tant mieux que tous lesomemens.
On y défireroit feulement un peu
plus de cette chaleur douce & pé-
nétrante qui £alt lire les Ecrits pieux
de Pénelon avec tant de plaiilr. L^
lumières de U Toumcux furent utiles
à Saci Sa à du Pofféy dont il revoyoit
les Ouvrages-, à S^nteuil , auquel il
fournit le canevas de fes plus belles
Hymnes -, à Devert, qui le confultoit
fur les matières Liturgiques. Voye^
r. Brvn.
TOURNI , ( N. de ) Intendant
de Bordeaux , fe rendit recomman-
dable dans cette ville qui lui doit
en partie le Port qui l'embellit
& qui l'enrichit , ainix que pref-
que tous Ls écablidfemcns qui ont
«tendu fon commerce dans les deux
TOU
Mondes. Un grand nombre (PfiK»
fices élégans & utiles furent élevés
par fes foins. H n'éprouva cepen-
dant que des obftacles v mais il fut
les vaincre. Son aâivité étoit ex-
trême. Sa lampe étoit conflammenr
allumée deux ou trois heures avant
le jour. Au milieu des affaires, il
conferva tou:s la fenfîbilité de ton
coeur. Il voulou être aimé de ceux
qu'il enrichifToit -, il ne put y réuffir*
Le chagrin vint épuifer des forces
déjà afFoiblies par le travail. U
mourut loin de Bordeaux , en tfe-
grettant de n'avoir pu remplir tous
fes plans de bienfinfance. Aujotir-
d'hui fa mémoire eft honorée dans
cette même ville où il effuya tant
de contradiâions de fon vivant*
TOURBIERES . { Robert) pein-
tre, né à Caen en 1676 , vint jeune
à Paris » & fe mit fous la conduit»
de Bon de Boullongne , pour fe per-
feé^ionner dans fon art. Il s'attacha
principalement au Portrait , & le fit
avec un fuccès merveilleux. Il s'ap-
pliqua cnfuite à peindre en petit des
Portraits hifiuriés, ou des Sujets dt
caprice , dans le goût de Schalk.n &
de CSard Dow^ Dans fes Portraès
en grand la reflemblance égale te
coloris , & l'harmonie de renfa»"
bîe y eft mieux obfervée. Dans
les petits , il imite très-bien le beau
ton de couleur de fes modèles»
leurs reflets féduifans. , & ce pré-
cieux fini qu'on ne peut trop ef-
timer. M. le duc d^ Orléans ^ régent,
l'honoroit de temps en temps de ft»
viiites. h m*amufe auffi à peindre
quzlquefois , lui diibit ce prinoe*
mais jt ne fuis paxfi- habile que votts»
Ce prince trouvoit cependant qu'il
avoit un peu trop d*amour-propre#
Un jour que ce peintre montraT).'»-
fieurs de fes Ouvrages au régent,
il les vanta beaucoup à fon ordi-
naire. Dès que l'artifte fut parti,
le duc d Orléans dit en plaifanranf :
J'aime à vvi/ Us Tableaux de Tout-
T O U
stères , U épargne la peine de Us louer,
T^ur/Hcres écant vieux , & n'ayant
pas d'enfans de deux mariages qu'il
afoit contractés , fe retira dans fa
patrie en 17 5 o , & y mourut deux ans
«près d'une manière très-édifiante.
I. TOURNON, (François de)
d'une famille illuftre, enora dans
l'Ordre de Saint- Antoine de Vien-
nois , & s'y iigna a par fa capicité
dans les afiBaires & par fon zc!e pour
la religioft Catholique. Son mérite
lui fraya le chemin de la fortune.
Il fiit l'un des principaux confeil-
1ers du roi François Ii Archevêque
d'Embrun en 1 5 17 , de Bourges en
içiç , d'Auch en 153?» ^* Lyon
eo 1 5 ^ I ; abbé de Tournus , d'Aoï-
bouraai, delà Chaife-Dicu , d'Aî-
mi , die Saint-Germain-des-Prés , de
Saint-Antoine, &c. Ces différens
bdnéftces pro iuir oient auj aurd'h ai
plus d*un million de rente. U avoit
cependant pris pour devife , ce mot
ëe Seùnt Paul : Non quxfupcr terram ;
& cette devife ne parut pas une
fttire, parce qu'il fit toujours un
bon ufagc de fes revenus. tV/wMat Vil
l'honora de la pourpre en 15 30 , &
le roi l'envoya ambaffadcur en Italie,
ea Ëfpagne & en Angleterre. U ne
fe distingua pas moins par fes fuocès
dans les négociations , que par fon
amour pour les fciences. 11 avoit
toujours auprès de lui , ou Muret
t)u Lambin , ou quelques autres
kommes doues. Il fonda un coK
Icgc à Tonmon en Vivarez , qu'il
donna depuis aux Jéfuites. Ce pré-
lat mourut le 21 Avril iy6i, à 73
ans. H Homme ( dit le préfîdent àt
* Thou )^d*une prudence , d'une ha-
* bileté pour les affaires, & d'un
* amour pour f» patrie , prcfque
»» au-dçffus de tout ce qu'on peut
» penfer. François 1 l'avoit mis à
** la tête des affaires. Après la mort
•* de ce prince , l'envie le fit chaf-
•^ fer de la cour -, mais il fut tou-
T O U 179
» peâé de tous , même de fes en^
" vieux. On le vit toujours d'au-
>• tant plus oppofé aux Proteftans 9
y qu'il étoitperfuadé qu on ne pou-
•• voit rien changer ou innover ea ,
H matière de Religion , fans trou-
>t bler la paix & la tranquillité de
» l'Etat. D'ailleurs , il étoit très-
M éloigné de toutes les fa£Uons qui
» ont déchiré la France. Ce qui le
»♦ rendit fi cher à nos rois , eft que»
** pendant plus de 30 années d'un
»» miniflere dont il s'accquitta avec
» un applaudifTement général, il
>♦ n'eut jamais en vue que le fer-.
>• vice du roi & le bien des peuples «.
Après avoir préfidé au colloque de
PoifTy, où fon éloquence éclata
contre Be^e , qui fe permettoit de
mauvaifes plaifanceries fur le Sacrer-'
meiît de TEuchariftie , ce minillre
fit une mauvaife Epigr;\mme contre
lui, où il ]ui difoit, InàoHus doHos
pa/cls».. Mais on n'exige pas d'un
grand feigneur qu'il foit favant à
la manière des érudits -, mais qu'il
protège les favans : & c'eft ce que
fît le cardiml de Tournon^ avec au-
tant de générofité que de zèle. Mal-
gré fon goût pour les gen«-de lettres,
il empêcha Fr.^nççl I d'appeler Af*-
hncthon en France. Il fe préfenta
un jour devant ce prince , les oeu-
vres de Saint Irinéc à la main. Le
roi lui demanda quel étoit ce Livre,
" C'cfl, Sire, répondit-il, l'Ou»
*» vrage d'un des premiers évêqucs ^
" de votre Royaume. Voici un
'» endroit où il rapporte que Saln$
f> Jean TEvangélifte étant entré dans
»» un bain public, & y voyant
« l'Hérétique Ceilnth , fur le champ
»♦ il fe retira, comme d'un liei*.
»♦ empcfté. Cependant, Sire, vous
H qui n avez pas les lumières d'un
» Apôtre, & qui malgré votre puif-
« fance , pouvez fi aifément être
w trompé , Vous avez promis , dit-
»» on, une audience publique à un
» des dl^ du Luthcraniixne u. X,
i8o TOU
ces raifons il en ajouta d'autres
pour prouver que la politique même
lui déifendoit d'appeler un chef de
îtùe dans Tes Etats -, & le roi ré-
voqua les paffeports.
IL TOURNON , ( Oiarlçs-Tho-
mas Maillard de ) iflii d*une an-
cienne famille originaire de Savoie ,
naquit à Turin en 1668. Il embrafia
rétat eccléfiaftique de bonne heure ,
& fut élevé à Rome dans le collège
de la Propagande. Clément XI ^ inf-
truit de fes vertus , le facra patriar-
che d*Antioche en 1701 , & l'en-
voya à la Chine en qualité de légat
apoftolique , pour régler les diffé-
rens furvenus entre les MifHon*
naires. Il arriva dans cet empire
en 1705. Son premier foin fiit de
défendre, par un Mandement, de
mettre dans les Eflifes des tableaux
avec cette infcription:
ADOREZ x£ Ciel!
Le culte que les Qiinois rendent
à leurs ancêtres , à Confudus &
aux Planètes , lui parut tenir de
ridolâtrie ; il le défendit. Il alla
enfuite à Pékin, où l'empereur lui
£t im accueil favorable , & eut
même la bonté de lui expliquer le
feus des paroles qu'il avoit prof-
crites dans les Eglifes ; mais cette
faveur ne fut que pafTagere. Peu de
temps après il fut conduit à Ma-
cao, & l'évêque de Conon , Ton
vicaire apoflolique, fut banni. Tour*
non publia, un Mandement le 25
Janvier 1707 , pour fervir de Rè-
glement à la conduite que dévoient
garder les Miifîonnaires quand ils
font interrogés fur le ciilte des
Chinois , & ce Mandement ne rac-
commoda pas fes afiEaires. CU'
ment XI lui envoya le chapeau de
cardinal la même aimée \ mais il
n'en mourut pas moins en prifon
le 8 Juin 17 10. Cétoit un homme
d'une piété fervente , d'un zèle ar-
dent : il avoit des intentions pures ;
TOU
maïs les boimes intentions n'exco^
fent pas les démarches précipitées.
Les tiennes le furent , & on ne peut
nier qu'il garda trop peu de mé-
nagement avec les Jéfuites^ dont
le crédit étoit au-deiTus du fien. Oi|
prétend qu'il difoit » dans l'amer-
tume des mauvais traitemens qu'il
efluya , que Quand ^Efprît infernal
feroU venu à la Chine , il n*y aurait
pas fait plus de mal queux, A fa mort ,
parut une Eflampe fatiriqift , où l'on
repréfentoit un JéAiite , qui , auprès
du cardinal mourant, s'emparoit de
la barrette , avec cette infcription :
La dépouille , de droit ^ appartient
' au Bourreau,
It faut favoir qu'on accufoit Xiuf-
fement les Jéfuites de l'avoir em-
poifonné *, mais le véritable poifoa
qui l'enleva à TEglife, fut la difettc
& les déiàgrémens de la captivité,
la plus dure. Un Miffionnairc
nommé Mei^abatia, ayant été obligé,
de quitter la Chine, emporta avec
lui le corps du cardinal de Toumon ,
qui fut enterré foletuiellement en
1713 , dans le collège de la Pro-
pagande. Voltaire parle de ce car->
dinal comme d'un prêtre Savoyard ,
nommé Maillard^ qui avoit pris
le nom de Toumon. Il n'a voit pas.
befoin d'ufurper ce nom , puifque
fon grand-pere , fon père & fon.
firere l'avoient toujours porté. Fé/ÎM
Emmanuel , marquis de Tournon ,
frère aîné du àirdinal , capitaine
des Gardes du duc de Savoie , &
lieutenant général de fes années ,
étoit un feigneur diftingué non-
feulement par fa naifiance, mais
encore par la confiance dont fon
prince l'honoroit.
. III. TOURNON , ( Qaude <m
Claudine de la Tour de Turenne^
comteile de } fille de François tU la
Tour V du nom, vicomte de 7v
renne, & à.* Anne de la Tour de Bo-
logne, fa féconde f^qwe, fut jg^,
TOU
née en 1535 ^ Jufi comte ée Tour"
mon. Elle écoit parente de Catherine
de Médias ; & fon courage héroï-
que parut à la défenfe de la ville
de Tournon , affiégée deux fois par
ks Proteftans , l'une en 1567, &
l'autre en IJ70. Mad^ de Toumon
leur fit lever le fiége honteufement.
Elle mourut le 6 Février, 15 91 »
avec la réputation d*une Héroïne.
Elle a eu fon hiftorien dans Jean
Villemîn ^ «{ui a Êiit en vers latins :
ffifioria JBelâ , quod cum hétretîcls r«-
helilbus gejjit , anno tjCj , Claudia de
Turenne , domina Turnonia ; auchre
Joanne Filleminoiïn'4^y Paris, 1569.
TOURON, (Antoine) Domi-
micain , né à Graulhet , dans le
diocefe de Cafhes, en 1686 , mort
à Paris le 2 Septembre 1775 ,
étoit tombé dans Ven£uice. Mais
jniqu'à Tâge de 85 ans , fa famé
ka vigoureufe & fon efprit fe
foutinc II étoit très - eftimé dans
ion Ordre , comme religieux &
<k>mme favant. Dans un voyage
qu'il fît à Rome, le pape Benoit
Xiy lui donna des preuves du cas
qu'il Êûfoit de fon mérite. Ce
pontife n'eiHmoit pas moins les
Ouvrages du P. Tourvn. Les princi*
paux font : I. Vie de 5. Thomas
d'Aqtdn » in-4°. U. VU de S, Do--
mlnique & de fâs premiers difciples ,
Paris, 1739, in- 4^. III. Hifioirc
des Hommes lUufires de l* Ordre de Saint»
Dominique ^ 6 vol. in-4^. On voit
dans ces trois Ouvrages des re«
cherches, de l'érudition, & fur-tout
beaucoup de zèle pour la gloire de
l'Ordre dont le P. Tcuron étoit
membre. Ce zèle le porte à donner
quelquefois comme illudres , des
hommes à peine conniû. Il montre
d'ailleurs dans plufieurs morceaux ,
de la candeur & de l'impartialité.
IV. UVie& r efprit de S. Charles
Borromée , 3 vol. in- 12. V. ^^
toîre dt C Amérique , en XIV vol.
ta* 12. Cet ouvrage, diffus & en*
TOU 181
nuyeux, ne renferme prefque eue
l'iuftoire des MifHonnaires Jacobins
dans le nouveau Monde. L'auteur
vouloir le publier *fous le titre
d'Amérique Chrétienne ; c'étoit le
plus convenable. Mais les libraires
défefpérant » dans un fiecle tout
profEine, de vendre un long ou-
vrage dont le titre étoit pieux , le
firent intituler : jfif7/?o*r« Générale de
r Amérique ; & il n'a guère eu plus
de fuccès. On n'y trouve rien de
neuf, & le ftyle eil lâche & pro-
lixe. VI. Quelques Ecrits contre
les incrédules , qui font folides.
TOURREIL, (Jacques de) né
à Touloufe le 18 Novembre 1656 »
du procureur général du parlement,
fit paroitre dès fa jeuneffe beaucoup
d'inclinstion pour l'éloquence. La
capitale lui fembla la plus propre
à le perfeâionner dans le droit &
dans les belles- lettres. U s'y rendit,
& remporta le prix de l'académie
Françoife, en 1681, & en 1683.
Cette compagnie lui ouvrit fes
portes, à l'exemple de l'académie
des Belles-Lettres qui l'avoit déjà
reçu dans fon fein. Pontchartrain ,
contrôleur général , l'attira chez
lui , comme un homme de mérite
& de confiance , dont le commerce
& les foins pouvoient être utiles
au comte fon fils. Lorfque l'aca-
démie Françoife préfenta au roi
fon IHâionnaire » Tourreil étoit à
la tête de ce corps ; il fit à cette
occafion 28 Complimens difFérens «
qui eurent tous des grâces parti-
culières. Son principal ouvrage eil
une TraduêHon françoife de pluiieurs
Harangues de Démoflhcnes , qu'on a
imprimée avec fes autres Ouvrages,
en 1721 , en 2 vol. in-4**, & en
4 vol. in- 12. On trouve à la tête
de fa vcriion deux excellens Dlf-
cours fur l'état de la Grèce. U efl
le premier qui ait fait fentir aux
François ce que valoitce grand
orateur. U eil fâcheux qu'en voulant
M iij
1^ T O U
lui donner les ornetneas de Vsrt i
il ait quelquefois étouffé les grâces
iimples & naïves de la nature. Il
tâche de donner de refpnt à yn
homme qui brilloit principalement
par fon génie : c'eil ce que l'auteur
A'jithalU lui reprochoit , en le trai-
tant de Bourreau, Si Tourrcil ne
rendit pas exaâement Ton modèle
dans Tes Ecrits , il en prit du moins
les mœurs & les fentimens : Ame
droite & fincere , à l'épreuve de
la crainte & de l'imérét , fans
autre plaliir que celui de l'amour
des lettres , fans autre ambition que
celle de remplir les devoirs d*une
cxaôe probité. On l'accufoit d e?rc
lin peu rude & trop brufque; mais
ces déÊiuts tenoient de près au
caractère de fes vertus. Il, empêcha ,
par fes intrigues, la réception de
l'abbé de ChaulUu. à l'académie
Françoife. Tuurrdl eft un de ceux
qui ont le plus contribué au RscuU
de Médailles fur les principaux éycne^
mens du règne de Louis XIV y réim-
primé en 1702. Cette édition lui
valut une augmentation de la penfion
que la cour lui avoit accordée. Il
mourut le II Octobre 171 ç, à 5 9 ans.
TOURVILLE , ( Anne-Hilarion
de Coilentin de ) né au château
de Tour ville , diocefe de Cou-
tances , en 1642 , fut reçu chevalier
de Malthe à quatre ans -, mais il
ii*eti fit point les vœux, quoiquil
eût fait (es caravanes avec beau-
coup de didin^bion. Ayant armé
un vaiffeau en courfe avec le che-
valier d'Hocgtùncùurt , ils firent des
prifes conTidérabîes , & ce qui eft
' encore plus glorieux , ils doime-
rent des preuves du courage le plus
intrépide. Ils mirent en fuite fix
navires d'Alger , & comra^nirent
à une honteiife retraite 36 galères.
I ' Le roi l'attacha à la marine royale ,
en lui donnant le titre de capitaine
de vaiiTeau. Il commanda fous le
xnaréchal de Vlvonae au combat de
♦ T o U
Falerme , où il fe fignab. Honoré
du titre de chef defcadre en 167/,
il combattit fous du Qu^Jne , & mé-
rita de remplacer ce ^rand homme.
Lieutenant général en j6Si , il
pofta. en pkin jour la première
galiote pour bombarder Alger :
opération qui ne s'étoit encore
faite que de nuit. Il cueillit de
nouveaux lauriers en forçant au
falut , en i6$9 , l'amiral d Efpagne,
quoiqu'il n'eût que 350 hommes
& 5 4 canons , & que fon ennemi eût
500 hommes forts de 70 pièces
de canon. I-'année d'après , il
paffa le dénroit de Gibraltar avec
une efcadre de 20. vaifîipaux de
guerre , pour fe i^jîn^ire au refle
de l'armée navale qui étcit à Brcft i
& il fit cette jontiion importante ,
à la vue même des ennemis. On
le chargea du commandement de
toute l'armée navale -, il chercha
la flotte navale ennemie pour la
combattre, mais elle prit le parti
de la refaite. Enfin le roi le fit
vice-amiral & général de fes ar-
mées navales , l'an 1690 , avec une
permiffipn d'arborer le pavillon
d'amiral. Ce fut cette même année
qu'il remporta une viôoire fignalée
fur les Angiois & les HoUandois ,
jufqu'alors maîtres de l'Océan.
Dix-fept de leurs vaiffeaux , brifés
éfi démâtés , allèrent échpuer & fe
brûler fur les côtes -, le refte alla
fe cacher vers la Tamife ou entrp !
les bancs de la HoUaiide.L'ilIuftre
vainqueur fut vaincu à fon tour ,
en 1692 , à la funcfte journée de
la Hogue ou la Hougue , fur les
cotes de Normandie. Il attaqua , i
fuivant les ordres de la cour , une
flotte de 90 vaiffeaux Angiois & i
HoUandois , quoique la fienne fut
très - inférieure en nombre. Les
V4ents contraires & la fupériorité de
l'ennemi le forcèrent de fç retirer,
après avoir perdu 14 vaifîeaux du
premier rang. Ji^rvilU dpnna oot
T O U T O U i8j
4e preuves de valeur dans cette d'une autre efpece le }eta depuis
«lalheureufe journée , que fa dé- dans le parti philofophique. U
faite n'afFoiblic point fa gloire. II donna Ton Livre des Mœurs , qui
ne lui relloit plus à défircr que le parut en 1748, in- 11. Ce livre,
bâton de maréchal ; il en fut ho- plein de choCes hafardées en mé-
noré en 170 1 -, mais ce héros ne taphyfique & en morale , eft en
ilirvécut guère à cette nonvelle général bien écrit , & £e fait lire
dignité , étant mof t le 23 Mai de avec plaifir. Il n'en eft pas de
la même année, à Paris , âgé de même de l'apologie , ou plutôt
j9 ans. De fon mariage avec^/û/i- de la rétractation que l'auteur ea
Soîje Laugcoîs , fille d'un fermier publia en 1764 , in- 11 , fous le
fénéral , il eut un fils , tué en 1712, titre 6! EclaircJffcmzns Jur Its Maurs^
^ c une fille , mariée au comte de Le ftyle de cet Ouvrage reffembic
£raffûc , de la ma fon de Gallard peu à celui des Mœurs, Quoi qu'il
en Béarn. On a imprimé fous fon en foit , cette dernière produdVioii,
aom, des Mémoires^ en 3 vol. in- il, fut condamnée par le parlement de^
^ui ne font ni de lui , ni dignes de Paris à être brûlée par la ma m du
lui. Voy^i Margon. bourreau. Elle eut même aflez de
I. TOUSSAINT peSaint-» célébrité pour qu'on la lui difputât.
Luc , ( le Père ) Carme réformé L'extrême fiitiplicité de l'auteur ^
^es Billetes ». de la province de l'aridité de fa converfation , l*ef-
Èretagne , s'occupa toute fa vie pece de léthargie dans laquelle fon
de recherches d'hiftoire & de gé- efprit fembloit plongé , pouvoient
néalogies. On a de lui : L Mémoires ( dit M. Palîjfot ) donner lieu de
/ur l'état du Clergé & de la JNobleff'e douter qu'il eût compofç cet Ou-
^ Bretagne^ 1691, 2 vol/1n-8*^ , vrage. On doit convenir cependant
en trois parties : une pour le que ces indices ne forment aucune
Clergé , deux pour la Nobleffe ; preuve. On a yu des gens bien
ouvrage curieux & peu commun. Supérieurs à Touffjînt , s'annoncer
H. VHiftolre de f Ordre du Mont- dans la fociété fous un extérieur
Carmel & de Salnt-Laiare , Paris ^ moins favorable encore» Cet éçri-
1666, in-ii. m. Mémoires fur le vain ayant quitté Paris pour fe
même, 168 1 , in- 8®. IV* Hiftoîre retirer à Bruxelles , y travaiUoit
We Conan MérJadec , fouverâin de aux Nouvelles publiques, lorfque
Bretagne , 1664, in- 12. V. Vie le roi de Pruffe l'attira à Berlin
iSe Jacques Cochols ^ dit J.ifmm o^ ^n 1764 , pour être profeffeur
le Bon Laquais^ 1675 , in-i2. Ce d'éloquence dans l'académie de la
favam mourut en 1694 , regardé Noblefl'e. Il y publîa la Ttaduc-
^lutôt comme un compilateur la- tion des Fables de GcLlert , qui ,
ftoricux , que comme un critique à bien des ^ards , peut être re-
judicieux & exa(a. gardée comme un original. On a
IL TOUSSAINT, (François- de lui plufieurs Mémoires \ dans
Vincent ) avocat de Paris fa patrie, lés derniers volumes de l'académie
mort à Berlin en 1771,3 5 7 ans, de Berlin. 11 a traduit de Tanglois
abandonna le barreau pour cultiver quelques plats Romans , tels que
la littérature. Il commença par des le Pet't Pompée , in- 1 1 , qui p'eft
Hymnes à la louange du diacre guère plus intéreflant que le Petit
Pans : ce qui prouve que fa jeu- Pouffct : les Aventures de tP^iWamt
«leffe ne fût pas exempte d'une Plckle , 4 vol. in- 12. HlfioUc des
lorte de fanatifme. Un endioufiafme Paffions^ 2 vol. in-12. Il a fourn|
M iv
'|84 T O U
^ VEncydopédîe les articles de Juiif-
prudence des deux premiers vol.
il a eu part au Dictionnaire de Méde-
fine , 6 vol. in-foUo. Il travailloît
à un DiSionnalre de la Léuigue Fran^
çoife^ lorfau'il mourut.
TOUSTAIN, ( Charles - Fran-
çois ) Bénédi^n de la Congréga-
tion de SaintrMaur, naquit en
1700 dans Iç diocefe de Séez ,
d'une famille noble & ancienne.
Après avoir appris l'hébreu & le
grec , il voulut acquérir des no-
tions de toutes les langues Orien-
^les. Il étudia même afifez l'italien ^
Tallemand , Tanglois & le hollan-
jdois , pour fe mettre en état d'en-
tendre les auteurs dé ces difiPërens
pays» Ses fupérieurs , infiruits de
(es talens , le chargerenjt de tra:*
vaiiler conjointement avec fon ami
Dom TaJJîn , à une Edition des
Œuvres de 5. Théodore Studite , qu'il
abandonna pour ne s'occuper que
fde fa nouvelle Diplomatique y don;
le premier volume parut en 1750 ,
fin-4**. Après fa mort , arrivée en
1754, Dom Taffin entreprit la
continuation de cet ouvrage im-
portant. Il en a fait imprimer , en
1755, ^^ ïi* volume-, en 1757^
Jem^jei^i759,le iv*; en 1762,
le v*i en 1765 , le vi* & le der-
nier , fans s'écarter àxi plan tracé
(dans la Préface. On a. encore de
Pom Toufiain , en faveur de la
Conftitution , U Vprlté perfécutéç
Îar CEmur ^ '73?» ^ ^^^* in- 12.
Jne piété éclairée ^ une modeftie
profonde , une grande douceur de
mœurs» & beaucoup de ppliteiTe
ta de patience , malgré Un grand
fonds de vivacité \ tputes ces gran*
des parties formoient le portrait
(de ce pieux & favant Bénédiâin^
TOUTAIN DE LA Mazubie ,
(CharljBS ) lieutenant général de
la vicomte de Falaife, vivoit eh-
' (pore en 1584. tes fondions de fa
ÇfeaffÇ »? r^ippêçhçrçnt pas df
T O U
cultiver auffi^ les fleurs de la poéfii^j
Il fit imprimer un Livre des Chants
de la, Philofophie , & un des Chanta
d^ Amour, Ce dernier ouvrage étoiç
le fruit de la jeuneiTe de ce poète ,
& le premier firuit de fon âge mûr^
On a encore de lui une Tragédie
A*Agamemnon, Pari^, 1557,^1-4%
Toutes ces pièces ne font bonnes
qu'à occuper une place dans la
BîhlîotheqM bUue^
TOUTIN, ( Jean ) habil^
orfevre de Châteaudun dans le
Blaifois • découvrit , en 1632 , le
fecret de peindre en émail épais z
car l'émail clair remonte juâ^u'au
temps de Porfenna , qui avoit de$
vafes émaiUes «n diverfes figures^
U communiqua fon fecret à d'au*
très artifles , qui le perfeâionne*
rent. Dubié , orfèvre qui travailloif
dans les galeries du Louvre, fiit
un des premiers qui s'appliqua ^
cette manière de peindre. Henri
TovTifi , fils de Jean , excella dan^
cet art délicat. Il copia, pour I^
ia reine Anne d'Autriche , le fameux
Tableau de U Brftn , repréfentant I^
famille de Darius , fans altérer au-p
cune des beautés de l'original ^ dç
forte que fur une plaque d'or de $
pouces , on voyoit les reines dç
Perfe , avec toute leur fuite , aux
pieds du conquérant Macédonien,
TOUTTÉE , ( Dom Antoine^
Auguilin) Bénédiâin de la Con^
grégation de Saint -Maur, né 4
Riom en Auvergne l'an 1677 ,
mort à Paris en 1718 , fe rendit
recommandable par fa piété & foa
application. Il apprit les langues
avec ardeur , & donna des preuve^
de fon favoir & de fon érudition ,
par une Edition , en grec & en
latin , des Œuvres de 5, Cyrille de
Jérufalem , imprimée par les foin^
de pom Prudent Maran , à Pari$
en 1720 , in - folio , où l'on
trouve beaucoup d'exaâitude dans
}ç Tç^tç^ & bçawçoup de ftyçif
T O W
h de fagadté dans les Notés &
les DifTertations. L'auteur alHoit
ime érudition diftinguée à une
grande fimplicité de moeurs, &
ime morale févere à des maiiieres
^iiees avec fes confrères.
^ TOWE , ( N. ) célèbre poète tra-
l^que Angloîs, n'a étéfurpafféque
|»r Shàhtfpemr & Otwai , dpnt il a
ibuvent le pathétique.
TOZZI , ( Luc ) né à Averfa
^bns le royaume de Naples vers
1640 , fe rendit habile dans la
médecine , à laquelle il s'appliqua
uniquement & qu'il exerça avec
lîiccès. 11 mourut en 1717 • âgé de
77 ans , avec le titre de premier
médecin général du royaume df
Naples. CharUs // , roi d'ETpagne ,
le fit appeler pour le fecourir dans
la dernière maladie *, mais il mou-
rut lorfque Toi\i étoit en chemin^
CUmmt JT/ voulut le fixer à Rome
par des places avantageufes ; ce cé-
lèbre médecin aima mieux iacrifîer
la fortime à l'amour de la patrie.
On a publié fes divers Ouvrages à
Venifc, 1711, en 5 vol. in -4®,
On trouve de plus grands détails
|ur ce favant, dans les Mémoires
0u Père Nlceron , tome 17.
TRABEA, ( Quintus ) poëce
comique de Tancienne Rome ,
ifloriflbit du temps à*Auillus Re-
pdus. Il ne refte plus de fes Ou«>
vrages que quelques fragmens ,
dans le Corpus Poetarum de Maittaire^
TRACHALUS , ( M. GaUrîus )
fut conful Romain Tan 68 de J. C. ,
}a dernière anpée de l'empire de
Néron, Il étoit connu par les talens
4e fon efprit , & avoit une répu-
tation comme orateur -, mais c'étoit
^'éloquence du corps qui dominoit
/m lui , en forte qu'il perdoit beau-
coup à être lu. Il poiTj^doit dans un
degré éminent , tous les avantages
^tétieurs : une grande & riche
gUle, des yeux pleins de feu ^ un
PPf myAvLÇXJi (px en impofoit ,
t R A i8ç
un gefte cxpreffif , & fur-tout le
plus beau fon de voix , le plus
plein, le plus moelleux qu'il foit
pofilble de défirer. QidniiHen rap-
porte , comme un £iit donc il avoit
îbuvent été témoin , que lorfque
Trofhalus plaidoit dans la Baéli-
que Julienne , où quatre tribunaux
rendoient la juftice à la fois, on
Tentendoit , on le fuivoit , & «
ce qui étoit mortifiant pour fes
confrères , on lui applaudifibit des
quatre tribunaux en même temps»
Son fiyle répondoit à l'emphafe
du débit. Il aimoit la pompe des
paroles , les mots fonores , les
phrafes qui remplirent la l)ouche*
Cefi. QmntUUn & Taàu qui nous
ont ^t connoitre cet orateur.
TRAGON, Foytfç Metezeau;
* TRAJAN , ( Ulpinus TraJakx^s
Crînltus ) empereur Romain fur-
nommé Opdmus , c'eft - à - dire ,
Très-Bon , naquit à Italica , près
de Séville en Efpagne , le iS
Septembre de Tan 52 de J. C. S9
Emilie , ori^naire de la mêm^
ville , étoit fort ancienne -, mais
elle ne s*étoit point lUufirée. Le
père de Trajan avoit eu les hon-
neurs du triomphe fous Vtfpafim ,
qui l'avoit mis au nombre des fé*
nateurs , & l'avoit admis à la di-
gnité de conful. Son fils fut digne
de lui. Ses fervices militaires , les
lalens de fon efprit & les qualités
de fon cœur , engagèrent Ntrva 4
l'adopter. Cet empereur étant mort
quelque temps après. Tan 98 «dans
le temps que Trajan étoit à Co-
logne , il fut unanimement reconnu
par les armées de la Germanie, &
de la Mœfie. Il fit fon entrée à
Rome à pied , pour montrer aux
jlomaîns le mépris qu'il faifoit des
vaines grandeurs. Ses premiers
foins furent de gagner le peuple -,
il fit diilribuer des fonimes d'ar-
gent, & abolit tous les crimes de
}efe-ma;efiç. Il alloit au-devant de
t86 T R a
ceux qui le venoient fa'uer & les
enibraflbit j au lieu que Tes prédé-
ceiTeurs ne fe levoient pas de leur
fiége. Ses amis lui reprochant un
jpur qu'il ttoit trop bon & trop
civil , il leur répondit : Je veux
faire Cl que je voudrais qu'an empereur
fie â mon égard, fi j*étois particulier.
Il fit mettre fur le frontifpice du
Palais impérial : Palais Public ;
pirce qu'il ^ vouloit que tous les
citoyens le regardaient comme
une ticmeure qui leur étoit com-
ipiine. Son but étoit de fe faire
aimer de fçs fujets , & il y réuffit.
Il haïiToit le fade & les diflinc-
tions , ne permettoit qu'avec peine
qu'on lui érigeât des dames ^ & fe
inoquoit des honneurs qu'on rçn-
doit à des morceaux de bronze
ou de marbre. Lorfquc Trajan
fortoit , kl ne vouloit pas qu*on
allât devant lui , pour faire retirer Iç
inonde. Il n'étoit point fâché d'êttf
quelquefois arrêté dans les rues
par des voitures. Son humeur gaie,
^ fa converfation fpirituelle &
polie , faifoient les principaux
^iTaifonnemens de fa table. Ses.
délaiTemens ordinaires confuloient
à changer de travail , à aller à la
chaffe , à conduire un vaiffeau , ou
a ramer lui-même fur une galère.
Il prenoit ces divcrtiffemens avec
fes amis ; car il en avoit , tout
prince qu'il étoit. Fidelle à tous les
devoirs de l'amitié, il leur rendoit
fouvent vifite , les faifoit monter
dans fon char , & montoît dans le
leur. Il aîloit manger chez eux ,
afTidoit même aux aiîemblées ou
ils ne traitoicnt que de leurs af-
faires domediqvies* Sa confiance
pour eux étoit extrême. Quelques
courtifans , jaloux du crédit de Sum.
fon favori , Vaccuferent de tramer
des deiTeins contre fa vie. Il arriva
que , ce jour-là même , Sura invita
l'empereur à fouper chez lui ;
Trajan y alla , & renvoya fes
T R A
gardes. Il demanda aufli-rôe !•
chirurgien & le barbier de Sura p
& il fe fit exprès couper les four-
cils par le premier & raf;ir la barbe
par l'autre. 11 defcendit aux bains ,
puis fe plaça tranquillement à table
au milieu de Sura & des autres
convives. Le monarque ne fut pas
moins grand en lui que le parti-
culier. Dès qu'il eut mis ordre aux
affaires publiques » il tourna fes
armes , ran ici , contre DécebaU ,
roi des Daces , qui fut vaincu
après une bataille long-temps dif-
putée. Elle ftit fi meurtrière , que
dans l'armée Romaine on manqua
de linge pour bander les plaies
des bleffés. Les Daces furent obli-
gés de fe foumettre , & leur roi
Déubale fe tua de défefpoir , Tai»
10 ç de J. C. Trajan entra erifuite
dans l'Arménie , & s.'avança dans
l'Orient pour faire la, guerre aux
Parthes. Il fpumit fans beaucoup
de peine ,^la Diabene , l'Aflyrie^
& le lieu nommé Arbelles , fi
célèbre par les victoires qu*j</c-
xandre y avoit autrefois remportées
fur les Perfes. Les Parthes , épuifés
par leurs divifions continuelles ^
n'avoient point de troupes à lui
oppofer : Trajan entra l'en 1 1 2 dans
leur pays , fans prefque trouver de
réfiftance , prit Séleucie , Ctéfi-
phon , capitale du royaume des
Parthes , & obligea Chofroës à
quitter fon trône & fon pays ,
l'an 115 de J. C. Il fournit enfuite
toutes les contrées des environs ,
& pouffa fes conquêtes jufqu'aux
Indes. 11 aiTiégeoit Atra , fituéc près
du Tigre ; mais les chaleurs excef-
fives de ce pays le forcèrent à
lever le fiége » ( uoiqli'il eût d^à
fai^ brèche à la mu taille. Trajan
eut à combattre vers le même
temps , les Juifs de la Cyrénaïque ,
qui , irrités contre les Komains &
contre les Grecs , pouiTcrent la
rage jufqu'à dévorer leur chair &
TR A
fcuts entraînes , à Ce teindre de
Irjr fang & à fe couvrir de leurs
peaux. On dit qu'ils en firent
mourir plus de loo mille; & les
Jui£s d'Egypte , en proie à la même
fureur , exercèrent des barbaries
non moins an'oces. Ces horreurs
furent punies comme elles le mé-
ritoient. On ne foufirit plus de
Jui£s fur ces côtes , & on y égor-
geoit même ceux que la tempête
y jetoit. Trajan , ufé par les ùl-
tigues , mourut quelque temps
^rès à Sélinunte , appelée depuis
Tri^anopoiîs , le lo Août de l'an 1 17
de J. C. Quoiqu'il n'eût penfé nul-
lement à adopter Adrien , celui-ci
lui fuccéda , en vertu d'une adop-
tion , fuppofce par Plotme fon
époufc. Elle envoya l'avis de cette
prétendue adoption au fénat , & el?e
fut crue fur fa parole ; parce que
s'étant rendue mattrefle des derniers
nomens de fon époux , elle fiit
l^we de feindre ce qu*eUe voulut.
Cependant la lettre iignée de Plotlne^
& non pas de Trajan , décéloit la
fupercherie. Elle auroit pu contre-
dire la main de fon mari , comme
elle lui avoit prêté le miniftere
d'une voix étrangère ; car on afTure
qu'elle joua une fcene comique,
en apodant un fourbe qui fît le
perfonnage de l'empereur malade ,
& qui , d'une voix foible & mou-
rante , déclara qu'il ido^oit ÀdrUn.
Pour donner une couleur de vrai-
ibnbiance à la pièce, on tint la
«on de Trajan cachée pendant quel-
que temps ; ainii nous en ignorons
la date précife. On fait feulement
qa* Adrien , qui étoit à Antiodie ,
reçut le 9 d'Août la nouvelle de
fon adoption , & le 11 celle de la
mort de Trajan, Ainii ce grand em-
pereur, ce conquérant redouté, qui
airoît ieté des ponts fur le Danube
& fur Iç Tigre , qui avott conquis
la Dacie & mis l'empire des Parthcs
fiir le peochant de fa ruine , mou-
• T R A ig/
rat en laiflant un fuccelTeur qui
n'étoit pas de fon choix. Ses cen-
dres furent portées à Rome , où oh
les plaça fous la Colonne Trajane ,
élevée des dépouilles faites fur les
Daces. Trajan n'étoit pas exeript
de défauts. Il aima trop la gloire ,
la guerre , le vin , les femmes , &
fut fujet à des habitudes monflrucu-
fes , qu'on ne peut exprimer fans
voile i mais fes vices furent cachés
fous l'éclat de (es vertus. Son exté-
rieur étoit digne d'un prince. Il
étoit grand , bien fait , robu(le , &
avoit une figure régulière & majef-
tueufe. Pline lui donne tous les
talens militaires. Vigilant, infati-
gab'e, dormant peu; il marchoit
à pied à la tête de fes troupes , &
traverfoit ainfi de vaftc> pays, fans
fe fervir ni de chariot , ni de cheval.
Il accoutumoit les foldats à fup-
porter la faim & la foif , en la
fouf&ant comme eux , en fe con-
tentant de lard & de fromage. Il
partageoit tous leurs exercices ,
tous leurs travaux , les confoîant
dans leurs peines, les fecourant
dans leurs maladies, 8c ne rentrant
dans fa tepte , qu'après avoir vifîté
celles des autres. Il fut non-feuTè-
mcnt le père des foldats , il mérita
encore le nom dePtRSde/a Patrtc.ll
ne pou voit fonftrir ni approuver
les cxaftions outrées. Il difoit , que
k ¥'fc royal rtffemhlolt à U rate ,
qtd , à mefurt qu'elle enfle , fiit fé»
cher les autres membres du corps. , . .
[ Foy, une autre belle parole de ce
prince, à l'article Saburanus,] Le
métier de délateur fut non-feule-
ment déclaré infam'e fous fon rè-
gne , mais il fut encore défendu
fous les peines les plus rigoureufes.
Il chériiïbit & honoroit tous les
hommes à talens pour la paix &
pour la guerre ; mais il oublioit
l^ raéchans fans les avancer , fans
les irriter , fe contennnt «le les
mettre hors d'état de faire du mal.
iM T R A
5a mémoire fut fi chère aux dtoyenf
^ue dans les acclamations du peu-
ple & des foldats aux nouveaux
empereurs, on leur difoit : Sis feu^
ciOR Auguûo , MELiotL Trajano»
Soyci plus heureux ^u'Augufte , &
meilleur que Trd)3n. Rome» lltalie,
êi les principales Tilles de l'empire
teçurent des embelliflemens confi-
dérables, par tous les édifices pu»
Wics que ce prince y fit élever. Il
bâtit des villes & accorda des pri-
vilèges à celles qu'il en jugea dignes.
Le grand Cirque , renouvelé par
Ini , devint plus beau & plus vaile,
& on y m;t pour infcrifÂion : Afia
4pt*'il foît plus digne du Peuple Rw
tmain. Il efi impofiîble de marquer
en détail les ponts , les grands che-
snins , les levées qu'il fit faire pour
ladtiter la communication des villes
entre elles , ou p#ur les ailurer
contre les inondations des rivières
ta des torrens. Ce fut fous lui qu'on
bâtit à Rome» l'an 114, cette fa-
meuse place , au milieu de laquelle
on mit la Colonne Trajane, Pour
la former , on abattit une montagne
de 144 pieds de haut , dont on fit
une plaine unie. La Colonne Tra-
jane marque , par fa hauteur , celle
de cette montagne. Ce fut le fa-
meux Apollodore qui en fiit l'archi*
teâe. Rome avoit extrêmement
iouffert par les incendies : il falloit
rebâtir les édifices détruits : mais ^
afin que ces réparations fufient
moins à charge au public , il or-
donna qu'aucun partieulier ne pour*
roit donner plus de 60 pieds de
hauteur à chaque maifon. Nous ne
nous arrêteront point à réfuter un
conte qu'on a fait au fujet de ce
prince. On a dit que S, Grégoire
le Grand , ayant vu une fiatue de
Trajan , qui defcendoit de cheval
au milieu de fes expéditions mili-
taires pour r^dre joûice à une
femme, demanda à Dieu de retit^er
des Enfers l'ame d'un prince û
T R A
é<{ultable :- grâce qu'il obtînt , S
condition de n'en plus demander
de pareille. Cette fable , tapporcée
en premier lieu par 5. Jean DamaJ^
cent y & crue dans les fîecles d*igno->
rance, efi rejetée aujourd'hui par
les hommes les moins éclairés.
TRAJAN-DECE , Voy. Dece.
TRALLIEN , Voye^ xxiv. Ale-
xandre... & Phlegon.
TRANQUILLINE » {Putia Sa^
hîna Tranquiliîna ) femme de Gordiert
le Jeune ^ étoit fille de Mifithée ^
homme aufii recommandable par
Ton éloquence, que par fa probité»
La figure de cette impératrice étoit
très-belle , fon caraâere doux , fes
mœurs pures. Comme elle ne cher-
choit qu'à obliger , les dames Ro-
maines lui élevèrent une flatue , &
les provinces divers monumens*
Gordien ayant été tué pat ordre de
Philippe en 144 , Tranquilline rentra
dans la vie privée , avec la confo-
lation de a'avoir occupé le trône»
que pour faire des heureux.
TRANSTAM ARE» ( Henri, comte
de ) fils naturel ^Alphonfe XI ^
roi de Caftille , & kEUonore de
Gufman fa maîtreàe , fut un prince
plein de feu & de courage , brave-
guerrier , & excellent politique.
Après la mort de fon père , arrivée
en 1350, Pierre le Crutl , fon frère »
monta fur le trône » & aliéna tous>
les cœurs par fon naturel féroce.
Tranfiamare réfolut de mettre ea
œuvre la haine publique , pour lui
enlever la couronne. Il forma plu-*
fieurs entreprifes , que Pierre le
Cruel eut le bonheur de difiiper
par le fecours du fameux Prince
Noir, Enfin il fuccomba à la der-
nière. Tranjiamare , fécondé de la
France , de l'Aragon & de plufieurs
rebelles de Cafiille > ayant le fa-
meux du Guefclin à la tête de fes
troupes, vainquit fon frère auprès
de Tolède en 1368. Pierre, retiré
& àfiiégé dans un château après à
J
flder
ipir
CE.
:5i-
•iJff-
:,i
ri.
TR A
iîéôitc , fiit pris , en voulant s*é-
chapper , par un gentilhomme Fran-
çois, nommé le Beguc de Vilaines»
On le conduit dans la tente de ce
chevalier. Le premier objet qu'il y
voit , eft le comte de TranftMnare»
On dit que tranfporté de fureur, il
fe jeta , quoique défarmé , fur fon
frère , qui lut arracha la vie d'un
coup de poignard. Alors le vain-
queur fut reconnu roi de Caflille
fous le nom de Henri IL 11 gagna
les grands par des largefTes , & le
peuple par des manières af&bles. Il
mourut en 1379 , après un règne
de 10 ans. Ceft de lui que font
defcendus les rois de Caftille qui
ont régné en Efpagne iUfqu'à Jeanne^
qui fit paffer cefceptre dans la mai-
foû d'Autriche, par fon mariage
avec Philippe U Beau , père de l'em-
pereur Charles-Quîtu,
TRAP , ( Jofeph ) écrivain An-
glois , fut profeâfeur en poéfie i
Oxford. Ses talens lui méritèrent
les places de reâeur à Harlington,
& de prédicateur de TËglife d«
Chrift & de Saint-Laurent à Lon*
dres. Ce favant mourut en 1747,
à 66 ans , cinq jours après s'être
marié. U eft connu par une Tra-
duâion en vers latins du Paradis
feràu de MUton , & par quelques
Ouvrages fur TArt poétique , qui
ne donnent pas tme grande tdé^de
ks talens.
TRASYBULE, oaTHRASiBULE,
illuftre citoyen d'Athènes , fe réfu-
gia à Thebes avec les autres bannis,
pour fe fouftraire à la cruauté des
50 Tyrans établis par les Lacédé-
noniens. S 'étant mis à la tête de
f 00 foldats , levés aux dépens de
l'orateur Lyfias , il marcha vers le
Pyrée , dont il fe rendit maître. Les
trente ayant accouru, furent hattus
& égorgés. Ceft ainfi que Tra/ybulc
«établit la liberté dans fa patrie. Il
mit enfuite le dernier fceau à la
lr|pqi4Uité ^ubU(jue ^ &i ivAuvt
T R E 1^
prononcer dans une aflemblée du
peuple , que perfonne ne pourroi»
être inquiété au fujet des derniers
troubles , excepté lefs Trente &
les Decemvirs. Par ce fage décret ^
il éteignit toutes les étincelles de
diviiion. Il réunit toutes les forces
de la République auparavant divr-
fées , & mérita la^ couronne d'oli-
vier, qui lui fut décernée conlme
au reftaurateur de la paix. Sa valeur
éclata ehfuité en Thrace *, il prit
pluûeurs villes dans l'iile de IVlé-
telin , & tua en bataille rangée «
Thérimaque^ capitaine des Lacédé--
moniens, l'an 394 avant J. CL
Douze ans après il fut tué dans là
Pamphylie par les Afpendiens , qui
favorifoient les Lacédémoniens.,.*
11 faut le diftinguer de Trasybi/le;
fils & fucce^eur d'H'érôn , roi de
Syracufe , qui fut à fon père , câ
que l'empereur Tibère fut à Aupifte.-
TREBATIUS - TESTA , ( C )
favant jurifconfulte , fut exilé par
Jtdcs Cifar , pour avoir pris le parti-
de Pompée ; mais Cicéron , fon ami ,.
obtint fon rappel. C'étoit , dit cet
orateur , un grand homme de bien
& un bon citoyen. Céfar connut
fon mérite, le prit en afFeâioix.,
au point qu'il lui demandoit pref-
que toujours fon avis , avant de
porter aucun jugement. Trebatlus
l'accompagna dans qudques-unès
de fes expéditions ; & quoiqu'il ne
fît pas les fondions de tribun àçi
foldats , Céfar lui en donnpit les
appoimemens. AuptfU n'eut pas
moins d'eftime pour ce jurifçon>-
fuite, & par fon coi^feil introduidt
l'ufage des Codicilles. Horace lus
adrefia deux de fes «Satires. Ce
favant homme avoir compofé pin-
ceurs Ouvrages fur le Droit, Il eft
cité en divers endroits du Digefle.
TREBELLIEN , ( Càius Anniut
TrebelUanus ) fameux pirate , fe fit
doimer la pourpre impériale dans
l'ifauiie au coHun^ncement de ïdm^
I90 T R E
364. 11 conferva la fouveratne ptitf*
fance jufqu'au temps où Gallîtn^ qui
régnoit alors , envoya contre lui
CaufifoUc avec une année. Ce gé-
néral ayant eu l'adreife d'attu-er
TrébcUlen hors des montagnes &
des détroits de llfaurie , lui livra
daas Iaplaine,une bataille fanglanie.
Le brigand la perdit .& y fut tué ,
après avoir régné environ un an.r.
11 ne fnut pas le confondie avec
Rufus TRiBEiLiEH , qui ayant été
accufé du crime de leTe-majefté
fous Tibère « Te tua lui-même.
TREBELLIUS-POLUO, hifto-
rien Latin , floriffbit vers l'an 2.98
de J. C. Il avoir compofé la VU dis
Em^crau-s \ mais le commencement
en eA perdu , & il ne nous eft
refté que la fin du règne de Falé-
Tien , avec la VU des deux GaUUns
& des trente Tyrans : c'eft à- dire ,
des ufurpateurs de l'empire , de-
puis Phiàppe indufîvement , jufqu'à
QmntllU , frère & fucceûeur de
Claude IL On trouve ces fragmens
dans VBîftûTut Augufia Scriptares,
Qnaccufe cet écrivain d*avoir rap-
porté avec trop de détail des faits
peu intéreflans , & d'avoir pàfTé
trop rapidement fur d'autres beau-
coup plus imporrans. On lui repro-
che encore , comme aux autres au-
teurs de l'Hiftoire à*Augufte^ d'avoir
un (Ivle plat & rampant.
TREBONIUS, citoyen Romain,
confpira contre /«/« Cé/ar , avec
Bmtus & Cajpus. II fut cruellement
aiTailiné en Aûe par la trahifon de
DolabMa.
TREMBLAY , Voyei Frain , &
Joseph , n** xii.
TREMBLEURS ou QUAKERS,
Voyei Çarclat , n® 11 ; Fox ;
III. Fischer -, Farnsworth \
& Penn.
TREMELLIUS . ( Emmanuel ) né
a iFerrare de parens Juifis , £e rendit
habile dans la langue hébraïque.
Il embroila en feaec la reli^oa
T R E
Prôteftatite , & devint profeâeur
d'hébreu à Heidelberg ^ d'où il pafTa
à Metz, puis à Sedan. 11 fe ât
connoitre pac une Verfion latine du
Nouveau T'ftamtnt fyriaque , & par
une autre de VAncUn Teftament ,
faite fur Ihébreu. Il avoit afibcié
à ce dernier travail , François Juaîus
ou du Jon ^ qui le publia in-folio ,
après la mort de Trtmellhu , arrivée
en 1 5 80 , avec des changemensquî
ne firent que le rendre plus mau^
vais. Le ilyle de TremclUus eft
lourd , plat , afFeâé ; & ia Verûon
fent le Judaifme. .
L TREWOILLE, ou Tri-
MOUILLE (l«ôui$ de la) vicomte
de Thouars , prince de Talmond g
&c. naquit le 20 Septembre 1460 ^
d'une des plus anciennes' & des plus
illuftres maifons du royaume , fé-
conde en grands hommes. Il fit
fes premières armes fous Georges de
la TrimouUU , fire de Craon , foi»
oncle* Il fe iignala tellement » que
dès l'âge de 18 ans il fiit nomme
général de l'armée du roi , contre
François duc de Bretagne , qui avoit
donné retraite dans fes états, à LouU
duc d'Orléans , & à d'autres princes
ligués, la TfimoulUe remporta fur
eux une viâoire ûgnalée à Saint-*
Aubin-du-Cormier , le 18 Juillet
1488. Il y fit prifonnier le, duc
d'Olrléans , depuis Louis XU , & le
prince d'Orange. La prifede Difiant
& de Saint-Malo furent les fuites de
cette journée , qui auroit été £1
Çlorieufe, û U TrimouUle n'avoit
ordontié le maflacre des capitaines
faits prifonniers. Egalement habile
dans le cabinet & à la tète des
armées , il contribua beaucoup à la
réunion de la Bretagne à la cou-
ronne , en faifant conclure le ma-
riage de la ducheife Anne de Bre-
tagne , avec le roi Charles VIIL II
fut envoyé en ambafTade vers Af j«*-
mllîen , roi des Romains , & vers
Iç pape Alexandre VL II avoh été-
I
i
TR Ê
fait dievalier de l'Ordre du roi &
fon premier chambellan ; & la ba-
taille de Fornoue, en 1495 ; loi
Aiérita la charge de lieutenant gé-
nérai des provinces de Poitou ,
Angouinois , Saintonge, Aunis ,
Anjou , & Marche de Bretagne.
Lom XII , à fon avènement à la
couronne , auroit pu fe Couvenir
^«e la TripiouîlU Tavolt vaincu ,
& qu'une longue captivité avoit
été la fuite de fa défaite. Mais
louis XU^mo'it a oublier les torts
qu'on avoit eus avec le duc d^Or-
iéans. Il^onna le coîAmaniemcnt
de Tarmée d'Italie à U TrîmoulUc ,
qui conquit toute la Lomhardie ,
& obligea les Vénitiens de lui re-
mctrre entre les mains Louis S force ,
duc de Milan , & le cardinal Ton
frère. Le roi récompenfa fes fer^
vices , en lui donnant le gouverne-
ment de Bourgogne , puis la charge
d'amiral de Guictine en 1501 , &
peu après celle d'amiral de Breta-
gne. Il le choisit encore pour com-
mander le corps de bataille où il
étoitjàla journée d'Aignadel , Tan
1509. La. TrlmotùlU fut malheu-
reux au combat de Novare s donné
contre les Suiffes l'an 1515 , où il
fot battu & bleflé -, mais il foutint
vaillamment contre eux le fiége de
Dijon , l'efpace de fî^ femaines. Il
fe trouva encore la même année à
la bataille de Marignan , donnée
contre les Suiû'ei , défendit la Pi-
cardie contre les forces Impériales
& Angioifes ; & s'étant rendu en
Provence , il fit lever le fiége de
Marfeille , que le connétable ie
Bougon , général de l'armée de l'em-
pereur , y avoit œi» , l'an 1523.
Enfin , ayant fuivi le roi François 1
dans fon malheureux voyage d'I-
talie , il finit glorieufement {es
jours à la bataille dePavi<;<le24
Février 1525 , âgé de 6 5 ans. Ce^e
journée fut funciïeaux vieux géné^
«ux; ils y périrent |>refque tous.
TRE 191
Le corps de U TrlmouUU fut apporté
dans l'égUfe collégiale de Notr««
Dame de Thouars , qu'il avoit fon-
dée. On ri^onora du beau nom de
Chevalier sans reproche, ,»^
Guiehardln lui donne celui de prcmîfr
Capitaine du monde ^ & Paul lokè
ajoute qu'il fut la gloire de funfic^
cU , 6* rurittnunt de la MonarchU
Françoife, Ce grand homme prit
pour devife , une roue , avec ces
mots : Sass sortir dèl*orniere.
11 avoit époufé GabrieJle de Bourbon,i
[ Voye\ l'article Gab&i£LL£. ] Sa
Vu fut publiée par Jean B^uchet ,
Paris, 1527 , in -4** ; & le même
livre imprimé dans VHlfioire, de
Charles FUI , publiée par Denis
Goàzfroi , Paris , 1684 , in-folio.
Cette Vie eft précieufe par l'atten-
tion qu'a eu l'hiilorien, de recueillir
des détails ignorés & qui peignent
les moeurs de fon fiecle. Son ftyle
eft naïf, quoiqu'il emploie quel-
quefois des tournures poétiques.
II.TREMOILLE, (François de
la ) petit-fils du précédent, fut fait
prifonnier à la bataille de Pavie ,
& donna des marques d'attache-
ment à François L Ce prince le char-
gea de recevoir l'empereur Charles^
Quint , à fon paffage par Poitiers , en
1529. Il mourut dans fon château
de Thouars en 1541, âgé de 39
ans. n avoit époufé , en 1^21,
Anne de Laval , fille de Gui xr de
Laval , & de Cturlotu d'Aragon ,
princefie de Tarente , qui apporta
dans la maifonxle la TrlmouUU^ fes
prétentions fur la couronne de
Naples. Ce mariage a donné lieu à
fes defcendans de faire valoir leurs
droits au congrès de Munfier, de
Nimégue & de Ryfvick , & de de-
mander le titre d' AltefTe , qui leur
a été accordé dans les pays étran-
gers. Voyez le Traité, du Droit hU
réditalrt , , appartenant au Duc de la
Trimouille, au Royaume de Njples^
par David ÈLndcl , à }?ari5 , 164$ «
icri T R É
în-4^ •, et lés Tur€s jufifica^fs At ù
droit , par le même BlondU^ Parts »
1654» iD-4**.
m. TREMOILLE, (Louis lïl
4e U ) fe fignala par fes fervices ,
fous Henri 11^ Charles IX ^ Henri
III, Ce dernier prince le fît fon
lieutenant général en Poitou , on
il enleva quelques villes aux re-
])elles.Mais ayant mis le fiége devant
Melle , il tomba malade , & mourut
le jour de la réduction de cette
, place , le 25 Mars 1 5 77, Charles IX
avoit érigé fon vicomte de Thouat^
en duché , l'an 1563 , & Henri IV
l'érigea en pairie, l'an 1^95 , en fa^
"ireur de Claude ds, la Tremoiljle ,
fon fils y mort en 1604 , à 38 ans ,
après avoir fervî avec diftinétion.
IV. TREMOILLE, (Henri-
Charles de la ) prince de Tarente ,
étoit pedt-fils de Claude, Son atta-
chement au prince de Condéy lui fit
abandonner le parti de la cour , dans
le temps des guerres de la Fronde,
Il fuivit ce prince en Flandres , &
pafia de là en Hollande , d'où il
revint en 16 5 5 , après avoir obtenu
:fon amnifiie. L'évêque deMuniler
ayant déclaré la guerre aux Hol-
landois , en 1664 , la Tremoille ,
qui vint leur o^ir Ces armes , défit
un parti de huit cents hommes ,^. qui
étoient au fervice de ce prélat
guerrier *, & il reçut en récompenfe
la place de général de la cavalerie
des Etats. Il mourut à Thouars , en
3^71, 354 ans. Nous avons de lui
des Mémoires , dans le Recueil im-
l^imé à Liège , 1767 , in-12 , fous
c» titre : Hifiaire de Tancrede de
Rohan » avec quelques autres Pièces
toncernant l*Hlftoire de fronce &
PHîfloîrè Romaine,
TREMOLLIERiE, (Pierre-
Charles ) peintre , né en 1603 , à
Chollet en Poitou , mort à Paris
en 1739 , remporta plufieurs prix
à l'académie , & jouit de la penfion
gue le rai afiçprdç gux ^unes élevés
f R É
qui fe difUnguent. II ^xin ibi^i
pour l'Italie > &y reftafix années.-
On remarque de l'élégance & du'
génie dans fes compofitions , de '
la correâlon dans fes defiins, vàk
beau choix dans fes attitudes. U-
vécut trop peu de temps. Ses der-
niers Tableaux font d*un coloris*
plus foible.
ITIENCHARD, (Jean) d'une
maifon ancienne d'Angleterre , na-
quit en 1669 , & exerça des em-
plois importans. Il mourut en 1723,
avec la réputation d'un homme'
habile dans le droit civil .& dans H
politique ; il avok des fentimens-
hardis en matière de religion. Ses
principaux Ouvrages font : I. Arg»-
ment qui fait voir qu^une Armée fubfif»
tante eft incompatible avec un Gouver^
nement libre , & détruit abfolumeni'
la conftîtudon de la Monarchie An-^
gloife. II. Une petite Hiftoire des'
Armées fubfifiantes en Angleterre, IIL
Une fuite de Lettres^ fous le noa»^
de Caton , conjointement avec TA.
Gordon , fon amr. Tous ces EcritS'
font en anglois»
TRESSAN , Voy. Veiujne.
TREVIÉS, (Bernard de) Ber^
nardus de Tribus Vîis , chanoine de'
Maguelone , fa patrie , dans le xii^
fiecle , s'occupa à des ouvrager
frivoles , peu dignes de fon état y
mais conformes au goût de fon
fiecle , & que la même frivolité faiif
renaître dans le nôtre. Nous vou*
Ions parler de fon Roman , im-
primé fans indication de ville, en-
1490 , in-4** , fous ce titre : Le Ro^
man du vaillant Chevalier , PimrrM-
DE Protenoe , & de la belle Mjr
GUELONE. Les amateurs de ce^
bagatelles les trouveront dans 1er
Bibliothèques à papier bleu.
TRE VILLE, ( Henri-Jofeph dC
Peyre , comte de ) étoit fils dir
comte de Troisville ( que Ton pro-
nonce Tréville , ) capitaine - lieute-
nant de$ MoufqMetaif es .fous Lotd^
TRfe
Xîll lï fut élevé avec Lotus XIV ,
devint cornette de la première
compagnie des Moufquetwres , puîs
colonel d'inÊsinterie, & gouverneur
du comté de Foix. Il fervit en Can-
die , fous le commandement de
Coâpiy ; il y reçut deux coups de
feu. Henriette d'Angleterre , pre-
mière femme de Monfieur , frère
nnique de Louis XIV ^ goûta beau-
coup fon efprit , & l'admit dans fa
confidence & dans fon amitié. T«-
vilU fut fi frappé de la mort fubite de
cette princeâe , ( arrivée à Saint-
Cloud, le lo Juin 1670, ) qu'il
quitta le monde. Il fut dès - lors
uniquement occupé de la prière &
de l'cwde. Cétoit un jKimme de
beaucoup d'efprit ; il f^arloitavec
tant de jufteffe & d'exadkitude ,
qu'on dîfoit que ce proverbe , //
parU comme un Livre ^ fembloit être
fait pour lui. TrévilU fut en grande
Îîaifon avec RAticé , abbé de la
i'rappe i avec Bollcau - Defpriaux \
avec Arnauld^ Nicole , Lalane^ Sainte-
Mkfthcy Sacyy qui trouvoient en lui
on Juge févete & délicat de leurs
Productions. Il mourut à Paris le 13
Aoûè 1708 ,367 ans.
TRpUL , ( Sébafiien du ) prêtre
de l'Oratoire, né à Lyon en 1684,
mort le 30 Juillet 1754 > laiflades
Sermons , qu'on a publiés après fa
mort, en 2 vol. in- 11 , & qui n'ont
f pas eubeaucoilp de lefieurs.
I TRfeUVÉ , ( Simon - Michel )
I doâeiir en théologie , fils d'un pro-
curcui de Noyers en Bourgogne ,
entra , l'an 1668 , dans la Congré-
gation de la do£^rine Chrétienne ,
qu'il quitta en 1673. Après s'être
I formé, pendant quelqne temps , en
province , il vint à Paris, où il
fut aumônier de Mad* de Lefdlgule-
ns, li devint enfuitc vicaire de la
pâroiife de Saint- Jacques du Haut-
Pas , puis de Saint- André des Arcs.
Il fe livroit fans réferve aux fonc-
tions du miniflere , lorfquç le ff^i
Tom^ IX.
T R t I9Î
Sofuet l'attira à Meaux, & lui
donnaja théologale & un cano*
nicat de fonEglife. Le cardinal de
Bîffy , ( û l'on en croit M. iaJ-
vocat^) ayant eu des preuves que
Treuvé étoit Flagellant , mcme à
l'égard des Religieufes fes péni-
tentes, l'obligea de fortir de foa
diocefe , après y avoir demeuré
22 ans. Quoi qu'il en foit de cette
anecdote qui paroît calomnieufe,
l'abbé, Treuvé îe retira à Paris , où
il mourut le 22 Février 1730,
à 77 ans. On a de lui : I. Dtjcours
de Piété , 1696 & 1697 , 2 vol,
in- 12. II. InfiruclSbns fur les di/pojt»
dons qu'on doit apporter aux Sacre"
mens de Pénitence & d'Euchari/îîe , vol. .
in- 12 ; ouvrage qu'il enfanta à
24 ans , & dont les principes ne
font point relâchés. III. Le Direc^
teur Spirituel pour ceux qui iCen ont
points in- 12. IV. La Vie de M.
Duhamel , curé de Saint - Méri ,
in- 12. r«ttv« étoit un homme auC-
tere , partifân des Solitaires de
Port-royal , & très-oppofé à la cons-
titution Uaigenhus : ce fut-là, fans
doute, la véritable raifon qui l'o-
bligea de quitter le diocefe de
Meaux.
TRIBBECHOVIUS , (Adkm)
natif de Lubeck , & mort en 1687 »
devint cohfeiller cccléfiaftique du
duc de S axe- Gotha , & furintendant
gé^ral des Fglifes de ce duohé. On
a de lui un grand nombre d'ou-
vrages eftimés en Allemagne. Le
principal eft : De DoHoribus Scholaf"
ticis , deque corruptâ pcr eos divinarum
humanarumque rerum fclentiâ. On l'a
réimprimé en 17 19. On cite aufS
fon Hlftoria Naturalifmî^ lennas ,
1700 , in-4^.
TRIBONIEN , étoit de Side en
Pamphylie ; Jufiinien conçut tant
d'eftime pour lui , qu'il l'éleva aux
premières dignités , & le chargea
de diriger & de mettre en ordre
Iç Droit Romavi. Cet ouvrage eft
■ N
194 T R t ,
«{Hmé ta général ; mais les }vânt*
^ confuhès y trouvent de grands dé-
buts. On le fuit encore aujour-
d'hui , dans ce qu'on appelle en
Frapcc le Pays de Droit - Ecrit*
TrlbonUn ternit l'éclat de fa répu-
tation par foil avarice , par fes baf-
fe^es & par fes lâches flatteries.
Chrétien au dehors t il étoit Païen
dans le fond du coeurs & il refte
^elques traces de fes fentimens
dans le Digtfte , qu'il entreprit pat
oidtt du même empereur^ vers
TRI
prit de làarcher loi-méràe â îa litt
de fes troupes dans la malheureufe
campagne de 1^25 ^ où il fut fait
prifonnier à Pavie , Trihwdet fd
trouva préfent k un entretien où
Ton cherchoit le moyen de fe faire
un pafla^ en Italie. On en pro^
pofa plufieurs ; il ne s'agiflbit plut
qile de fe détenniner fur le choies»
Tnbouta prenant alors la parole:
l^ous croye^^ , MtJfUtrirs , dit-Û , avoîr
défilai à tiurveilU; mais ces avis ne
ttupùùfait point : voi^s ne pcnfii point
à VeJjfemUL -u Eh ? qud efi ce point
TRIBOUtEÏi îoMÂtLotdsXlî e/<itttW,luidcmanda-t-on? — Cefi^
^ de François /^ acquit quelque cér reprît-il » U moyen de, fonîw , dont
lébrité fous le règne de ce dernier
prince. Ce fut lui qui dit que , » fi
Charles- Quint paiToit en France p6ur
£ei rendre dàni les Pays-Bas , & pour
fe fier à un ea'aeini qu'il avôit û
per/onne ne parle,
TRIBUNUS, médecin renommi
dans le rix^ fiecle^ du temps de
Che/roës / , ro! de Pcrfe , étoit de.
la Paleiline. U eut tant de part i
maltraité « il lui donneroit fon. l'àitaitié de ce prince , qu ayant été
bonnet u. Le roi ayant demandé &it prifonnier par les troupes de,
ce qu'il ieroitû renq>eFeurpa0bit» JuftînUn^ Ckofroes ne voulut ac-
comme sli étoit dans fes. prqpires. corder aucune trêve , à moins que
états-, Tribottàt répondit : SiKKi Trlhunns ne lui fût rendu. Elle fut
tn ce cas-là , je lui reprends mon conclue à cette condition ; mais
honnet , & vous en fais préfent^ Je. ce fayant homme ne demeura qu*iui.
n'examine potm ici fi ^'<^<>"^^ avoir an à la cour. Pendam le temps
raifon ; je ne rapporte que le. bon
mot. On dit que ce même Triboulet
fijit menacé., par un grsmd fp-
gneur., de Coups de. bâton , pour
avoir parlé de lui avec trop de,
bardiffic* Il alla s'en, plaindre^
François I , qui lui dit de ne r^a
craindre *, que fi quelqu'un étoit
sifTez hardi de le tuer ^ il le feroit
pendre un quart-d'heure après* -^h !
Sire , dit Triboulet , s'il plai/olt à
Kctrc MajejU de le faire pendre un
. ^uan-d*heurt avant?,. Il pafibit avec
un feigneur fur un pont i où il n'y
avoir point de parapet, ni d'accou-
doir. Le feigneur en colère , de-
manda pourquoi on avoit confiruit
ce pont fans y mettre de garde-
fous > Cefiy lui répondit Triboulet,
qi^on ne favou pas, fi nous y paffe"
riçnt. Avant que FmçoU J encre-
qu'il y refta , Choftoës voulut l'en-
richir par dies préfens confidéra*
bles ; Tribunus , par une fupériorité
dame digne de fon grand coeur ,
les refiifa , & ne demanda pour 19010
récompenfe de fes fervices , à fon.
libérateur , que la délivrance des
Romains détenus en activité; Sa
prière lui fut accordée*, on renvoya
les foldats de JufUnien « de quelque
nation qu'ils fufTent^ s
TRICALET , ( Pierre- Jofeph >
prêtre , doâeur en théologie de
Tuniverfité de Befançon , diredeur
du féminaire de Saint-Nicolas du
Chardonnet à Paris , naquit à Dole
en Franche • Comté le 30 Mars
1696 , d'une funille honorable »
alliée à des confeillers , &c. U eut
une jeuneiTe orageufe ; mais^ la lec-
ture de quelques bons livr^ le.
TRI
nfflMa à une vie plus réglée. Sa
eonverfarion fut vraie & durable.
Ayant teçù les ordres (acres, il
vint à Paris , où fes talens 6c Tes
vertus lui firent une réputation qu'it
ne cherchoit pas. La duchdTe <f*Or-
Uans, douairière « le choifit pour
fon confeffeur *, elle kii offrit une
abbaye, & le preiTa inutilement de
l'accepter. TrUalct ne fut pas moins
coofidéfé du duc ^OrUans ; ce
prince rhônora divcrfes fois de fes
lettres fit de fes vifites. L'abbé Trî-
cûltt y accMé d'iûfiimités , fe retira
en 1746 à Ville-Juif. 11 y vécut *
<m plutôt il y fou6frit pendant i;
ans les douleurs les plus violentes.
Au milieu de ces tourmens » il com*>
pofa plusieurs livres utiles , à l'aide
d'an copifte ({ui , n'ayant point de
fliains , écrivoit avec les deux
moignons , & qui portoit l'adreiTe
joiqu'à tailler fes plumes. Il étoit
retiré à Bicètre , fit il en fortoit tous
les matins pour fe rendre à Ville-
Juif auprès defonprotefteur. L'abbé
TnVtf/^ mourut le 30 Oâobreiyél,
dans la 66^ année de fon âge. Ses
pHndpaUX ouvrages font : 1. Abrégé
àt Traité àt CAmout de Dieu , de
Séint François de Sales , I756 ^
in- II. II. Blbrwthtqut portadvc des
Fera de fEgllfe, 9 vol. in-g**, 1758
à 1761. m. Précis hifiorîquc dtla VU
de Jefus^Chrift ^ in- 12, 1760. iV-
Année Spirituelle , contenant, pour
ekàqtte jour , tous les eateràces éCunt
Amt Chrétienne , 1760 , 3 vol. in- 12.
V. Ahré$é de la PerfeHion Chré-
tienne de Rodriguex, 176 1 t 2 vol.
iil-I2. VI. Le Livre du Chrétien ,
1762, în-11. Tous ces ouvrages
ne font que des Abrégés , où des
Compilations -, mais on y remarque
de Tordre fie de l'exaâitude. On a
trouvé fmgulier qu'un homme à
qui fes infirmités ne permettoient
pas de parle^ un quart-d'heure de
fuite , ait pu diôer tant de livres.
}Aû$ Vétonfimtat cefle , lorfcju'on
T R t î5)Ç
(ait e|ue Icis Ecrits de l'abbé Trîcalei
ont été copiés > en grande partie «
fur les Ouvrages dont ils font ex-
traits.
TRIGAN ^ ( Charles ) dofteuf
dé Sorbonne, CUré de Digoville, à
trois lieues de Valognes , né à Quer«
queville près Cherbourg en baiTc'^.
Normandie le 20 Août 1694 , mou-
rut à fa cure le 12 Février 1764^
dans la 70® année de fon âgei
L'étude fut fa pafiîon r mais ce fut
fur-tout à fa patrie fie à fon état
qu'il confacfa fes veilles. Plein dé
tele fie de charité t il aima ten«
dfement fa paroifife , fie il en fit
rebâtir à fes dépens l'églife , une
di^s plus régulières du canton. Les
ouvrages qu'il a donnés au public «
font : h La Fie d'Antoine Paté^
Curé de Cherbourg^ mort en odeur de
fàinteté , petit in-S®. II. VHifiolré
Eccléfiaftlque de la province de Nor-^
mandie , 4 vol. in*4°. Cet ouvragé
finit au XI i^ ficelé. L'auteur en a
laiffé Ja continuation jufy^u'aù xi v%
Ces ouvrages , mal écrits fié aflez
mal digérés , fe font remaï-quer paf
une critique judicieufe fie des recher-
ches profondes.
TRIGAULT, ( Nicolas) Jéfuite,
natif de Douay . obtint de fes {\i^
périeurs la permiflion d'aller ent
qualité deMiiîîonnaireàla Chine,
où il aborda en i6iô« Confidérant
le petit nombre d'ouvriers qu'il
y avoit pour une fi abondante
moifibn , il repaffa en Europe, afia
d'y follicitfr du fecours , ôc fit
prefque 'tout ce long voyage par
terre. Ayant rafiemblé quarante-
quatre Compagnons de différentes
nations , il alla de nouveau avec ce
renfort travailler à la propagation
de la Foi dans ce vafie empire où
il mourut le 14 Novem'bre 1628.
On a de ce zélé Miffionnaire : L
Là Vie de Gajpar Bar\éç , com-
pagnon de S, Xavier, Anvers, 16 lo,
II, Z>f Ckrifiiana expeditione apu4
Nij
196 TRI
Sinas ex Mattfutl Ricci eotimentarus f
Ausbourg ,1615» in-4** -, Cologne ,
1617 , in-8^ Il y affurc que l'im-
primerie a été en ufagt à la Chine
avant d'être connue en Europe ;
mais il ne fait pas atteimon que
cette prétendue impreillon Chinoise
ne fe fuifoit qu'avec des caraâeres
gravés fur des planches & non des
caraûeres mobiles. ÏII. De Ckrlf-
tîanis apud Japonicos trlumphls , Mu-
iûch^ 1623 > ^"^^ ^^* additions du
P. Radtms & des figures de SudeUr :
c'eft l'hiftoire de ceux qui ont
foufFert la mort pour la Foi , au
Japon. IV. Un DîcUonnalre Chinois ,
3 vol. imprimés à la Chine , &c.
TRIGLAND» ( Jacques ) né à
Harlem en 1652, fe rendit habile
dans les langues Orientales & dans
la connoiffance de l'Ecriture-fainte ,
qu'il proteffa à Leyde où il mou-
rut en 1705 , à 54 ans. On a de lui
divers ouvrages , qui peuvent in-
téreffer la curiofité des érudits ;
entre aun-es, des Dlffartatlons fur la
Seûedes Cardius : Voy. SCALIGER
(Jofeph).
TRIGNAN , ( Bonpar de Mc-
lignan , comte de ) naquit en 1543 ,
au château de Trignan près de
Mezin en Guicnne , de François de
Mellgnan & d'Anne de Mar/an, Sa
. famille , Tune des plus anciennes &
des plus diflingucesdu Condomois ,
tient par fes alliances à plufieurs
maifons illuftres de Guienne. 11
fut fucceflivement guidon ou lieu-
tenant des compagnies de cent
hommes d'arme* , fous Bernard de
la VaUut & le duc d'Epsrnon , fes
coufîns, qui laimoient comme un
parent vertueux & fenfible , & qui
l'employèrent comme un homme
également brave & habile. Lorfque
Jean de la Vaiau leur père , fut
nommé commandant de la Guienne
çn 1571 , il fe débarrafla fur 1«
comte de Trignan fon neveu , d'une
^ande partie des foias de la guerre.
TRI
Le vicomte àt Twrtnne s'étant
paré , en 1575 , de Damafe, Tw-
gnan afTemble à la hâte une petite
armée, reprend cette place & «n
confie la garde au vicomte <f« Tri"
pian fon frère. Henri 111 inftruit de
ce fervice , le nomma chevalier
de fon Ordre & gouverneur de
Bayonne. Jean de la Valette mourut
peu de mois après ; & la Guienoe
fe trouvant comme fans chef, étoic
fur le point de tomber entre les
mains des rebelles. Dans cette cir-
conftance critiques Trignan folli-
çité par Daffis premier préiident
du parlement de Touloufc , & par
Senjac archevêque de Bordeaux^,
d écarter les malheurs qui mena-
çoient la Guienne, féconda puif-
famment le zèle du maréchal de
Montluc^ & de concert avec lui ,
maintint la province dans Tobéif-
fance. Son courage fut bientôt né-
ceflairç ailleurs. La Provence étoit
livrée à une guerre civile , & ex-
pofée à des incurfions étrangères.
Le comte de Trignan eut ordre de
s'y rendre, en 1586, en qualité
de gouverneur de Sifteron -, place
qui étoit alors dé la plus grande
importance. Deux ans après» Bernard
de la Valette , gouverneur de Pro-
vence » ayant porté la • guerre en
Dauphiné pour s'oppofer kLe/dî^
guieres , emmena avec lui une partie
des croupes de. la province. Le
comte de Trignan qui y commanda
à fa place , eiit à combattre le. mat-*
quis de Vins qui , par de favantes
diverfîons , tachoit de faire revenir
la Valette en Provence. Mais fes
efforts furent vains. 7r£j[n^ii pourvut
il bien à la fureté des places , &
fit la petite guerre fi à propos,
que /a Valette eut le temps de raf-
furer le Dauphiné & de mettre en
déroute une petite armée de Suiffes
commandée par ChâLÎllqn. Le gou-
verneur de Provence ayant . été
tué en 1592, au fiége de Ro({ue^.
TRI
fcnme , ffenn IV écrivît à Trîgnan i
pour lai adoucir cette perte -, »♦ Vous
»♦ ayez lieu de vous confoler , lui
» difoit ce prince , parce que fi
" Dieu vous a ôté un bon ami ,
" il vous a confervé un bon maître
" qui vous aime & efitme, &qui
• ne vous laifTera jamais dépourvu
1» d'honneurs & de biens a. Le
comte de Trtpian ne furvécut que
quelques mois à fon coufin -, il
mourut la même année 1592 à
Siftcron. Henri III & Htnrî IV
virent toujours en lui un fu jet fidelle
& un capitaine expérimenté. Ces
deux princes lui écrivirent un grand
nombre de lettres , témoignage de
leur eftime ou de leur recon-
noiflance. Des grands généraux &
les minières célèbres de ce temps-
là , tels que le duc de Guîft , le
connétable de Mommorenci , les
aiaréchaux de Blron , de Matignon
& étOmano , l'amiral dt VilUrs &
VîMeroî partagèrent les fenrimens
de Henri III & de Henri IV. La
valeur & le patriotisme joints à
un cœur humain & aflTeâueux ,
firent le caraâere du gouverneur
de Sifteroo. On peut appliquer à
fes defcendans , qui exiftent avec
honneur en Gnieime , les vers d'un
poëte célèbre ;
la honte , fiair de la vaîUanee ,
Pajfa de lui dans /es enfans,
Plufieurs ont fervi avecdiftinâion ,
uns que la profeifion militaire ait
affoibli en eux la fenfibilité de
Tame & les agrémens de la fo-
dété.
TRIGNANO, Foy.FALETi.
TRIMOSIN,<Salomon )préccp-
teur de Paracelfe , fe fit un nom par
fes eonnoifiances^au commencement
du XIV* ûede. On a de lui quelques
ouvrages , entre autres la Toi/on
d^Or, Paris , 1602 & ï6l2 , in-8*.
Ccft un Traité d'alchimiejrccherché
pour fa rareté. .
TRI 197
TRIMOUILLE , Voye^ TiiE-
MOItLE... UrSINS... & OlONNE.
TRINITAIRES, Voy, Jean de
Matha, n*^ XIV,
TRlPTOLÊME,fil$ de Celeus^
roi d'Eieufis ^ & de Méhaline , vi-
voit vers Pan 1600 avant Jefus»
Chrifi. Cerès , en reconnoifiTance des
bons offices de CeUus , donna dt
fon lait à Triptoiéme , qu'elle voulut
rendre immortel en le £aifantpafler
par les flammes ; mais Méhafiné,
effrayée de voir ion fils dans le
feu , l'en retira avec précipitation^
Cette imprudence empêcha l'effet
de la bonne volonté de la.Déefîet
qui par dédommagement lui apprit
l'art de cultiVer la terre. TrîptoUmt
Tenfeigna le premier dans la Grèce 9
en donnant aux Athéniens , des lois
qui fe réduifoietat au cuUe des Dieux ,
à V amour des Parens^ & à Vahfiinenee
de la Chair.,. Voy. Demthon,
TRISMEGISTE , Voye^ Her-
mès.
TRÏSSINO,(Jean-Georgcs) poëte
Italien, né à Vicence en 147 S,
pafia à rage de 22 ans, à Rome^
où il fe fit connoître des fa van»
de cette capitale. Ayant étudié de
bonne heure les principes de litté-
rature des grands maîtres de Tan-
tiquité y il les .configna dans une
Poétique , Vicence, 1 5 80 , in-4°» qui
n'eft pas commune.^ Mais ce qui lut
donna le plus de célébrité , fut un
Poëme Epique en 27 chants» Le
fujet eft Vltalie délivrée des Gotks
par Béli/aire , fous l'empire de Ju/^
tinien. Son plan tù fage & bien ddf*
fine ; & on y trouve du génie & de
l'invention, un flylepur & délicat»
une narration fimple , naturelle &
élégante. 11 a faifi le vrai goût de
l'antiquité , & n'a point donné dans
les pointes & les jeux de mots , fi>
ordinaires à la plupart des auteur»
Italiens. Il s'eft propofé Homerepova
modèle , fans être un fervile imita-
teur i mais (es détails font trop
Nui
i9« T- 1( Y
longs , 9c fouvent bas & in£pîdes ;
fa poéfie languit quelquefois. Le
Tr'^jpno étoit un homfne d'un fa*
voir très-étendu, & habile négo-
ciateur. LéonXtcCUment F7/ rem-
ployèrent dans pluûeurs affaires
importantes. Il fut envoyé fouvent
en ambaflade vers les empereurs
MaximlIUn , Charlts-Quint & Ferdl"
nand fon frère , qui lui donnèrent
le titte de comte. 11 paâa une par*
ne de fa vie à Vicence , Ce l'autre
à Rome. Ceft dans cette dernière
ville qu'il mourut en 1550 » à 71
ans. Voltaire l'appelle très-fouvent
le prélat TiiJ^o -, mais il eft cer-
lain qu'il étoit laïque , & qu'il ait
marié deux fois. Sa vieillefTe fut
inême troublée par un procès que
lui intenta Jula^ fils de f^ pre-
mière femme , pour avoir le bien de
ia mère. Trîjfmo aimoit tous les
arts, & fur*tout l'architeâure. Le
célèbre architeûe André Paiiaj}10 ,
( Voy, fon article. ) eut beaucoup à
ic louer de fes confeils. Confîdéré
comme poëte, Trjjino a inventé
les vers libres, VcrfifdoUi^ c'eft-
à-dire , les vers aflEranchis du joug
de la rime. Il tSt encore auteur de
la première Tragédie régulière ^s
Italiens , intitulée, 5o/7Aonû^«, 1924,
in-4^. Cette pièce , que le pape
lÂon X ût rcpréfenter à Romej, eft
dans le goût du Théânre Grec »
qui , depuis la na^^ce du Théâtre
François , adopté aujourd'hui dans
toute 1 £urope , n'eft guère fup-
portable. Trijfino y introduifit le
chœur des anciens. Rien n'y man-
quoit, que ]eur génie. C'efl une
longue déclamation j mais pour
ion temps c'étoit une efpece de
prodige. L'Edition de toutes fes
CEuyres a été donnée par le mar-
quis Majffd vers 1729, 2 volumes.
)B-folio. La première édition de
ion Poëme Epique donnée à Ve-
fiife en 1 547 & 1 54$ , ed très-rare.
ëUq cft çn } tomes io-l^.^ „ divisés
TRI
chacun en ix chants. Oo doit y.
trouver le Camp de BéUfalrt au
i*^' volume , & le Plan de Rome au
1^ y l'un & l'autre gravés en bois*
Ce Poëme a été réimprimé à Paris
en 1719 «3 vol.in-V.
I. TRISTAN , ( Louis ) fut l'inf-
trument des vengeances & des
cruautés de Louis XL II étoit pré*
vot des maréchaux , ou , félon d'au*
très , grand-prévdt de l'hôtel. ^ Il
V devint fi exécrable à tous les
>* gen&de bien , (jdit VarîlUs^ dans
" VHifioln de LouU XI, L. lo, )
» qu'ils n'ofoienc le nommer,.. Q
» ne fe contentoit pas d'obéir *
>f quand on lui commandoit d'ôter
» la vie à ceux qui n'avoient pas
** été convaincus d'aucun crime ,
» mais , de plus ^ il le iatfott avec
»* une précipitaôon qui n'auroit
M point été CKCuÊtble dans les per-
n fonnes les plus barbares. Il arri«
V voit de là , qu'afin de réparer
» la faute qu'il avottcommife enfe
n méprenant , il falloit qu'il tuât
f* deux perfonnes pour une «. Le
comte de DwtoLSj généraltffime du
roi Charles ^i/> l'avoit feit cheva-
lier fur la brèche de Fronfac avec
quarante-neuf autres feigneurs , lei
29 Juin 145 1. Son fils » ¥lerrt Trif^
uai tUcrmht^ fut père de Jean. tHtr^
mu , qui montra un iour au cof-
mographe Thtva , dauns la maifoo
de Mortagne • ( à ce que nous ap-
prend P. Mattfùeu dans VHifioirt
de Lotus XI , ) plufieurs vieux TU
trts , dMs U/qu<ls étoit contenue, l^al-*.
Wtnce que les Setgneuxs d^i^elle malfom
avoient sue avec Us anciens Romains i
ce qui £ait voir la folie des tradi-
tions qui fe confervent dans les
anciennes familles. On ditque LouU
Trifian laifla de grands biens »
entre aujtres la principauté de Mor*
taglïe.
H. TRISTAN, (François) fur-
nommé VBermlu^ né au château de
Souliers dans la province de.kMac»
TRI
^e, en 1601 , conratoit parmi k»
sïeux le femeux Pîem VHtrmiUy
tuteur de la 1'* Croifade. Placé au-
près du marquis d^ Vitmeuil , bâ-
tard de itotrt iK, il eat le mal-
heur de tuer un gardc-du-corps »
avec lequel il ie battît en duel. U
paflaen Angleterre , & de là dans U
Poitou, où ScévoU de t^ûïnte-MaXr
^ le pritcheï lui. Ceft dans cette
école qu*il puifa le goût des let-
tres. Le maréchal /f^«wrM l'ayant-
vu à Bordeaux , le préfenta i l^ouu
XIU, qtâ lui accorda (a grâce , ^
Gafion d*Orlé4Pt. It prit pour untle
fes gentilshommes ord^air6s. Le
}eu , les femmes & les vers rem-^
ptirent fies iours-, mais cespaffions ,
comme on l'ima^ne bien , ne ûrest
pas ia fortune, li fut toujours pau-
vre » $c « fî Fon. en croit BoUeau , il
fajfoit VEté fans Unge , & P Hiver
fins mvium, ( Voy» l'article deQui-^
NAULT. ) Ce poète mourut le 7
Septembre 16.5 $ , à 5,4 ans » aivès
avoir mené une vie agitée 6c rem-i
plie dr'événemens , dont il a £ait
tonnoître une grande partie dans
fon P-ge àïl^MU, 1645, in -8^:
Eoman qu'oiv peut regarder comme.
€es Mémoires. Tnfian s'eil fur-tout
diftingué par Ces Pièces dramatiques,.
Elles eurent toutes, de fon temps*
teaucoup de fucc^» mais il n'y a
que la Tragédie de UofUmnfi , qui
fouiienne aujourdlim la réputation
de fon auteiur. Mondori , célèbre
comédien » jowit le rôle à*Héfode
avec tant de paifion, que le peu-
ple fortoit toujours de ce {][>eâacle ,
TRI 199
5(^«^e» celle du Qrini Ofman, Tr^
gédies; la Foiîc du Sagt, Tragi-co^
médie; le Parafitc , Comédie. Là
Marîamne de T«/«a acte retouchée
par le célèbre Roujftau. Voici fon
£pita]]lhe qu'il compofa lui-même :
gbloul de VicUt 4c la, fflaidaik
mondaine ^
U mefiaaai toujov' d'une efpéranù
va^ne %
F^ifant le ^Un-couçhant attprkt fm
grand Seîgheim,
J^imt '¥U toujourt pauvre^ 0 t^chû
de paroître.
Je vécus dans Uk ptîne aucnd^nt U
bonheur ,
Et moumfur un co^ en:attend4nâ
mon Maitre.
Çç poëte avôit dans Tame le germé
de la philosophie', mais il ne ùr*
voit pas que , pour vivre en fage^,
il ne fau$ pas être aupr^ des grands»
Il auroit été plus heureux , s'il
s'étoitbornéàculôver paiûbleffiena
dans £on château , le bien de fes
pères. 11 ne ceife de k plaindre de
(on indigence. Il l'attribue à hi
vertu ^ dont il Ê^foitj^rofeffion..
Elevé dans la Cour dès ma tenértk
jamejfe ,
Pabordai^ la Fertunfit ^ h*en ti^
jamais rien i
Car yalmoj la Verm, cemlngroiê.
maitrtffe ,
Qui fait chercher Ja ffùirt & méprif»:
le bien.
On a mis ççs vers «u ba« de fos
portrait. On auroit pU y joindra
ceux-ci, dans le(x{uels ap«è$ s'être
fèveur&penfif, pénétré de cequ'ît plaint de ^^o» d'Orléans ^ il di$.:
venoit de voir. On, dit auffi que la *^
ique
force du rôle caufa la mort à Vzt*
<eur. Nous avons de Trifian \. vol
în-4'' de vers françois : le i'^' con-
tient Des Amours ^U 2® h Lyte^ le 3*
fes Vers Héroïques, Il a fait encofqs
des Odes 6c des Vers fur des fujets
de dévotion. Ses Pièces de théâtre
iOBi^Marismna Pamkifip la, Mffrt 4à
irois'je voir en bacbe grffe
TotJùf ceux quUil frvori/è ,
Epier leuf réveil &troukUr leur repos f
Irçis'je m'abaljffr en miUe & milU^
fortes i
Et rnettrt lefié^ à vingt porta «
Fifut arracher du pain q^utniM lllf
tisnÂroitpt^?
400 T R I
On voit Ici le langage d'uni homme
qui demanderoit , s'il ne craîgnoit
qu'on ne lui dît : DUu vous ajpfte !
III. TRISTAN l'Hermite-
Souliers » ( Jean-Bs^tiile } gen-
tilhomme de la chambre du roi,
avoit du goût pour J'hiftoire & la
fcience héraldique. On a de lui : I.
"VHifioîre généalogique de la Nobleffe
ée Touraïne , 1669 , în-fol. II. La
Tofcane Françolfe , 1 66 1 , in-4®. III.
Les Cor/es François f 1 662 > in- 12.
IV. Naples Françoîfe^ 1663 , in-4° ,
&C. Ces trois derniers Ouvrages
font rhiftoire de ceux de ces pays
qui ont été attachés à la France. V.
On lui attribue auffi le Cabinet de
lotds XT, 1661, Il.étoit frère du
précédent.
IV. TRISTAN , ( Jean ) écuycr ,
fieùr de Saint - Amand & du Puy»
é* Amour , fils d'un auditeur des
comptes à Paris, s'attacha à Gaf-
ton de France, duc d'OrUans, Cet
écrivain mourut après l'an 1656.
On a de lui un Commentaire Hljlo"
rîquefurles Vies des Empereurs ,1644 ,
3 vol. in-£ol. : Ouvrage qui mar-
que une grande connoi^ace de
l'antiquité & des. médailles. Ce
Commentaire finit à Valentlnîcn.An"
geloni^ antiquaire Italien, & le P»
Sîrm9ndy om relevé plufieurs fautes
de cet Ouvrage ; & Trlfian leur ré-
pondit avec femponement d'un
erudit qui n'a pas eu d'éducation.
Xe Jéfuîte & l'Italien le laifïerent
triompher, ne jugeant pas à pro-
pos de fe mefurer de nouveau avec
un adverfaire auffi brutal.
TRITHÊME , ( Jean ) né dans im
village de ce nom près de Trêves
en 1462, & mort le 13 Décem-
bre 15 16, fut abbé de Saint- Jac-
ques de Wirtzbourg.Ordre de Saint-
Benoit. Quoique chargé du tem-
porel de fon monaftere , il ne né-
gligea point la difcipline , cultiva
l'étude & la fit cultiver. Il avoit
«me vafle érudition » & pofTédott
TRI
les langues grecque <& lattne. If ^
compofé un très^- grand nombre-
d'Ouvrages d'hiiloire , de!moralei
*& de philofophie. Les plus connus
font : I. Un Catalogue des Ecrivàins^
EccUfiafllques , à Cologne , 154^ »■
in-4**. Il contient la vie & la lifte
des (Euvres de $70 auteurs, que
Trithime ne juge pas toujours avec
goût. II. Un autre des Hommes-
illuftres d'Allemagne , & un troi«-
fieme de ceux de V Ordre de Sainte
Benoit y 1606 , in-4** -, traduit ett
françois» 1625, in-4**, llh Six IS"
vres de Polygraphle , 1601 , in-fol. »
traduits en.é-ançois : ( Voye^ CoL-
LA.NGE. ) IV. Un Traité de Stega-^
nographîe , c'eft-à-dire , des diverfes-
manières d'écrire en chif&es , 1621 ^ ,
in-4*'i Nuremberg, 1721. Il y a
fur cet Ouvrage un livre attribué à
Augufie ducdeBrunfwick, quin'eft
pas commun X intitulé : Gw/^avi Se^
Uni Enodatio Stcganographia Jo. Tri-
themii, 1624, in-fol. Trîshéme ^v oit.
cherché toute fa vie l'art d'eave-
lopper ce qu'on veut cacher, & de
deviner ce que les autres nous
veulent cacher. Il aimoit les ficiences.
feaetes. Il croyoit ( dit-on ) pou-
voir difiinguer les Génies^ parleur»*
difïérens ordres & leurs divers em^
plois , & £e fiattoit même de con<^
noître leiurs bonnes & leurs mau*»
vaifes qualités. Il parle de Spiritus
dlumi , Spiritus noSumi, Mais ceux
qulTont juftifié du foupçon de ma-
gie , prétendent que par ces mots il
voiiloit marquer obCcurément les
lettres ou les mots qui ne fîgni-
fioient rieii, ou qui (igniôoient queU
que chofe dans l'art des chif&es. V.
Des Chroniques , dans Trithemii Opéra
hijîorica , i6qi , in-fol. , 2 parties»
VI. Ses Ouvrages de piété , l6oy>
in-fol. Parmi ceux-ci , on trouve
un Commentaire fur la Règle de Saint^
Benoît , des Gém'.Jfemens fur la déca-
dence de cet Ordre, & des Tmtéjt.
fur les difEiérens devoirs de U v^e
J
TRI
icitlgî^fe. On a auffi de lui les^a-
Molts Hirfaupénfis ^- 2*v<)I. in-fol.*.
Ouvrage qui rôiferme dans un ^ez
grand détail pluiîeurs faits importans
it l'Hiftoire de France & de celle
d'Allemagne. On lui à attribué
encore un Traité , intitulé : Vttt-
rum SophoTum figUU & imagines ma'
§îca. Quoiqu'on ait prouvé que
cette pièce n'étoit pas de lui, quel-
ques auteurs fans iugement en ont
pris occafion de le foupçonner de
magie , & de foutenir qu*il avoit
commerce avec les Démons...
Voye^ HUDEKIN.
TRITON , Dieu Marin, fils de
Neptune & d'ArrtphitrUe , & , félon
quelques mythologiiles , de la
nymphe Salacéc, fervoit de trom-^
pette à fon père. Il eft peint avec
une coquille ou une conque en
forme de trompette. 11 avoit la
panie fupérieure du corps fem-
blable à l'homme , & le reiVe fem-
blable à un poiflbn. La plupart
des Dieux Marins font au{& appelés
Tritons , & font peints de la forte
avec des coquillages.
TRIVERIUS , Foy. Drivere.
!• TRIVULCE, (Jean- Jacques)
marquis de Vigevano , d'une an-
cienne famille de Milan , montra
tant de paiHon pour les Guelfes ,
qu'il fut chaifé de fa patrie^ Il
entra au fervice de Fefdînand I
d'Aragon , roi de Naples , & paffa
depuis à celui de Charles Vlll ^
roi de France» lorfque ce prince
fîit à la conquête de Naples. Ce fi^t
lui qui lui livra Capoue l'an 149;' ,
& qui eut le commandement de
Tavant-garde de l'armée , avec le
maréchal de GU , à la bataille de
Fomoue. L'Ordre de Saint-Michel
fut la r^compenfe de fa valeur,
& on ajouta à cette grâce , celle
de le nommer lieutenant général de
l'armée Françoife en Lombardie.
Il prit Alexandrie de la Paille ,'&
àé&t les troupes de Lotiù S foret ,
TRI 201
duc de Milan. Lows XII étant
entré en Italie l'an 1499, fat fuivî
par Trîvulce à la conquête du duché
de Milan. Il fe fignala auprès de ce
prince , qui l'en établit gouverneur
eh 1 500 , & qui l'honora du bâton
de maréchal de France. TrlvuUc
accompagna le monarque fon bien-
faiteur , à l'entrée folennelle qu'il
fit dans Gênes le 19 Août 1504 »
& acquit beaucoup de gloire à la
bataille d'Aignadel en 1 509. Quan«
ans après , il fut caufe que les Fran-
çois furent battus devant Novare »
pendant que Louis de la Trtmvullle ^
homme d'une grande réputation y
faifoit le ficge de cette place. 11
avoit été arrêté daiis le confeil de
guerre, que Trîvulce iroit avec la
cavalerie au-devant d'un fecours
qu'on appréheadoit ; mais ce
n etoit point l'avis de cet homme
vain & jaloux. Il fe pofta fi mal ,
qu'il laifi'a pafîier le renfort , & ne
put arriver à temps pour foutenir
les aflicgeans , lorfqii'ils fîirent at-
taqués d'un côté par lagarnifon., &
de l'autre par les nouvelles troupes.
Une (i grande faute diminua beai^
coup la réputation & la faveur dé
Trîvulce ; mais il recouvra l'une &
l'autre fous François I , par les
fervices qu'il rendit au pafiage des
Alpes en 15 15. Ce fiit lui qui ,
avec des peines ' incroyables , fit
guinder le canon par le haut des
montagnes. 11 fe furpaffa à la jour-
née de Marignan. Il difoit que.
Vingt autres allons où îl s'étoh
trouvé , nUtoletit que des jeux iPenfans
auprès de celle-là , qu'il appeloit une
Bataille de Géans. Sa faveur ne fe
foutint pas , & il mourut à Châtre ,
aujourd'hui Arpajon , le j Dé-
cembre 1518, des fuites de quel-
ques tracafieries de cour. Trîvulce^
toujours dévoré d'ambition , avoit
cherché des protections étrangè-
res , & paroiâbit vouloir fe faire
craindre > il avoit déjà procuré le
loi TRI
commandement ' des troupes de 1«
république de Venire à Théodort
Trîvulcc Ton ^reiu^ il avoit Êiic
paHuer fecrétement un dé fes fU&
naturels au fervice de l'empereur*
Il pofledoit des terres conûdérables
enclavées dans le territoire des
Bernois & des Qrifons ; il prit des
lectres de bourgeoifie dans ces deux
républiques. I^ns le traité qu'il fit
avec elles « il déclara qu'il poffëdoit
à titre d'engagement la ville & le
comté de Vigevano , qu'il recon*
fioifibit pour un démembrement du
domaine ducal : it eut la précau-
tion de fiipuler que les ducs n'y
pourroient rentrer fous quel pré-
texte que ce fût , ûins payer , à lui
ou à les héritiers ^ la Comme de
cent cinquante mille ducats » doni
les cinquante mille appartiendroient
«ux deux républiques» pour prix
de la proieéHon qu'elles lui auroient
accordée. Les ennemis ûtJrivulu
étant parvenus à ie procuver une
copie de cet a£U , ne manquèrent
pa^ de la iaire paiTet à la cour
de France > où ils le peignirent
comme un homme remuant & dan-
gereux, dont on ne pouvoit trop
tôt s'aiTurer. TrîvuUt apprit par Tes
amis ce qui fe paiToit , U à l'âge
de 82 ans « dans le mois le plus
rigoureux de Thiver ^ il traverCe
tes Alpes , & fe rend à la cour fans
avoir donné avis de fou départ..
Mais lorfqu'il fe préfenta devant
François i, ce prince détourna la
tête , & ne répondit rien. Ce trait
de mépris fut un coup mortel » que
le repentir du monarque ne put ja-
mais guérir. Le maréchal répondit
à celui qui le vifita enfuite de fa
part ^ qu'// »'<W< fi^s, temps, Lç
dédain que U Rqî m'a témoigné %
aJQcta'^t-il , & mon e/prit , ont delà.
fait leur opération i je ftds mont. Il
ordonna qu'on gravât fur fon
tombeau cette courte Epitaphe »
^ui exprimoit bien fon caractère:
TRI
HuiEyiT i » Ici repofe, qui ae Ia
- rcpofii jamais «*. Louis XII vou-
lant faire la guerre au duc 4o
Milan , demandoit à Tthulat c»
qu'il falloit pour la Cadre ai^o
fuccès ? Trois chofcs font ahfolumat^
néceJfalHs , lui répondit le Maré-
chal : Premièrement de l'argent y f^
condemcnt de Cargtnt » troifiémemenB
de l'atgent^ Ce héros étoit le parti-
culier le plus riche d'Italie , 1^ plus
avare d'inclination , & quelquefois,
le plus prodigue par oflentation*
Louis Xil étant à Milan en 15 07 «
le fbnlptueux TrlwUe lui dotma
un feflin d'une dépeafe étiorme*
Il s'^r trouva , fuivant SAmom ^
1200 dames , qui eurent chacune
un écuyeff-tranchai^pout les iervir.
Il y avoit ^. pour ordonner un il
prodigieux repas , 160 nudtres^-
d'hôtel , qui portoietu à la mais
un bâton couvert de velours bleu ^
femé de fUsurs-de-lys d'or. Le roi
fîit fervi en vaUTelle d'or , & lea
autres convives en vaiflelle d'ar-
gent > vaiâfelle toute neuve , 9e
toute aux armes du Maréchal. Le
Roi & quatre cardinaux , mandè-
rent dans de& chambres à part , fit
toutes les dames dans une (aile
que TriviUee avoit Êiit faire dans^
la rue où. il demeuroit. Il y eut
bal dans cette f^le, avant que de
fc mettre à table. La prefTey étoit
fi grande , que n'y ayant plus de
place pour pouvoir danfer , le ro»
fe leva de fon fauteuil , prit la
hallebarde d'ua de fes gardes , &
fit lui-même ranger le monde ci»
frappant à droite & à gauche*.
11. TRIVULCE, ( Théodore >
couân du précédent, maréchal de
France » mérita le bâton par ie.
courage qu'il montra à la bataille
d'Aignadel en 1509 , ^ à la jour-
née de Ravenne en i$X2. i>4jf
çois l le pourvut du gouvernemena
de Gênes » doat il dâcadû le cbà-
TRÏ
teau contre les habitans en X5i9.
Obligé de fe rendre , faute de
vivres > il alla mourir en 15 31 à
Lyon , dont il étoit gouverneur,
m. TRTVULCE ( Antoine )
frère du précédent, fe déclara pour
les François lorfqu'ils fe rendirent
maîtres du Milanois. Il fut honoré
du chapeau de cardinal , à la prière
du roi , par le pape Alexandre VI,
en I500. Il mourut en 1508 » 351
an$> de douleur d'avoir perdu un
de fes frères. Il y. a eu quatre
autres cardinaux de cette maifon ,
dont nous parlerons dans lés ar^*
tides fuivans.
IV. TRIVULCE, (Scarammîa)
mort en 1 5 27 , & neveu de han*
Jacques , fut confeiller d'état en
France fous Làuls XI J, & fuccef-
iivement évèque de Côme & de
Plaifance. Son mérite lui valut la
pourpre.
V. TRIVULCE , ( Auguftin )
abbé de Froidmont en France , &
camérier du pape Jules II ^ puis
fucceifivement évêque de Bayeux ,
de Toulon , de Novare, & arche*
vèque de Reggio , mourut à Rome
en 1548. Après la prife de cette
vUle par les troupes de CkarUs'^
Suint , il fut enunené en otage à
aples , où il fe iignala par une
fermeté héroïque. Bembo & Sadola
faifoient grand cas de fes talens &'
de fes vertus 9 dont le cardinalat fut
la récompenie. 11 avoit compofé
une ayioin des Papes Ct des Cardi--
uaux , que la mort ne lui permit
pas de faire imprimer.
VI. TRIVULCE, (Antoine)
évêque de Toulon , & enfutte vice-
légat d'Avignon , s'oppofa avec
vigueur à l'entrée des Hérétiques
dans le comtat. Envoyé légat en
France , il fît conclure le Traité
de Cateau - Cambrefis. Il mourut
d'apoplexie , à une journée de
Paris I le 26 Juin 1559 > comme
T R O 103I
il retoumoit en Italie. U fut élevé
à la dignité de cardinal.
VIL TRIVULCE , ( Jean-Jac-
ques*Théodore) étoit de Tilluflre
famille des précédens. Après avoir
fervi avec gloire dans les armées du
roi Philippe III , il embraffa Tétat
eccléfiaAique , & fut honoré de
la pourpre Romaine en 1629. 11
mourut à Milan en 1657 , après
avoir été vice-roi d'Aragon , puis
de Sicile & de Sardaigne, gouver-
neur général du Milanois , & am-
bafTadeur extraordinaire d'Efpagne
à Rome. C'étoit un prélat éclairé
& un homme éloquent.
TROGUE-POMPÉE . natif du
pays des Vocontiens , dont la
capitale étoit Vaifon , eft compté
parmi les bons hiftoriens latins*
11 avoit mis au jour une Hifloire
en 44 livres , qui comprenoit toue
ce qui s'étoit paflé de plus impor-
tant dans l'Univers juiqu'à Augufie^
Juftîn en fît un Abrégé , fans y
changer ni le nombre des livres »
ni le titre à'BtJioire PhiRppique ,
ainfi appelée • parce que l'auteur
avoit raconté dans uç grand détail
les exploits de PhiRppe , père ai Aie-
sandre. On croit que c'eft cet Abrégé
qui nous a fait perdre TOuvrage de
Trogue-Pompée , dont le ftyle étoit
digne des meilleurs écrivains. Le
père de Tropte-Pompée , après avoir
porté les armes fous Céfar , devint
fon fecrétaire & le garde de foa
fceau •, le fils eut fans doute auHl
des emplois honorables.
TROILE , fils de Priant & d'^-
tube. Le deftin avoit réfolu que
Troye ne feroit jamais prife tant
qu'il vivroit. 11 fut aiTez téméraire
pour attaquer Achille , qui le tua *»
& peu de temps après la ville fiit
prife.
TROIS CHAPITRES, {U,
DisTUTE fitt les ) Voye^ Ibas »
Théodore de Mopfuefte » &
Théodoret.
i04 T R O
TRbMMlUS , ( Abraham } théo-
logien Proteftant , né à Groninguc
en 1633 , fut pafteur dans Ta pa-
trie , où il mourut en 1719* On a
Âe lui , une Concordance Grecque de
l'Ancien Teilamenc , de la Verfion
fies Septante ,1718, % vol. in-fol. ;
& une autre Concordance du même ,
en flamand , qu'il conûnua après
/. M.irtlnuu de Dantzig.
I. TkOMP, ( Martin Happertz)
amiral Hollandois, natif de la Brille,
s'éleva par fon mérite. 11 s'embar-
qua à huit ans pour les Indes , fut
pris Tucceâivement par des pirates
Ajiglois & Barbareiques , & apprit
ioMs eux toutes les rufes des com-
bats de mer. Il fîgnala fur- tout fon
courage à la journée de Gibraltar
€n 1607. Elevé à la place d'amiral
de Hollande, de l'avis même du
prince d* Orange y il défit» en cette
qualité , la nombreufe flotte d'Ef--
pagne en 1639 , & g^gi^^ 3^ autres
iatailles navales. 11 fut tué fur fon
f illac , dans un combat contre les
Anglois , commandés par le duc
SAlbtrmaU^ le lo Aeût 1653. Les
Etats-Généraux ne fe contentèrent
pas de le faire enterrer folennelle-
inent dans le Temple de Deift ,
avec les héros de la République ,
ils firent encore frapper des mé-
dailles pour honorer fa mémoire.
Lé mérite & les profpérjtés deTami-
f al Tiomp lui avoient attiré des en-
vieux i mais il avoit fu les dompter
par fes bx>ns offices & fes bienéiits.
Il futmodefle au milieu de fa for-
tune. De tous les titres d'honneur
dont on voulut le qualifier , il
n'accepta que celui de Grand-Pere
des Matelots ; & parmi ceux de foa
pays , il ne prit jamais que la qua-
lité de Bourgeois,
II. TROMP , ( Corneille, dU
le .comte de ) fils du précédent ,
marcha dignement fur les traces de
fon père. Il fe fignala contre les
corfaires de Barbarie en 1650 »
TR o
contre les Anglois en i6f $ 5c eil
1665. Il y. eut en 1673 deux com-
bats- entre les flottes de France &
d'Angleterre, & celle de Hollande^
Tromp fe diflingua dans l'un &
dans l'autre. Enfin , après la' mort
du célèbre Ruytcr , arrivée en 1676 »
il lui fuccéda dans la charge de
lieutenant' amiral-général des Pro-
vinces-Unies , & mourut le 21 Mai
1691 , à62 ans. Il étoitné à Ro«
terdam le 9 Septembre 1629. Sa
Vte a été donnée au public , à la
Haye , 1694 , in-12 ; & quoique
moins brillante que celte de foa
père , elle ne laifle pas d'intéreffer, ^
TRONCHINi (Théodore)
^toyen de Genève , naquit dans
cette ville en 1709. Il quitta fa
patrie de bonne heure , & fe rendit
en Angleterre auprès de Milord
BoUngbrokt fon parent par alliance^
pour obtenir quelqne emploii^ Mais
ce feigneur étant alors fans crédit ,
ne lui rendit d'autre fervice que de
lui faire connoitre les beaux génie»
de Londres , & {\)X'to\xt Swift &
Pope, Le Jeune Tronchin voyant
rimpoflîbilité d'avancer fa formne
par quelque place , fe tourna dvt
côté de l'émde des fcicnces. Il alU
à Cambridge ^ & la Chimie de Boër^
kaave qui lui tomba entre les mains,
lui donna la plus grande envie de
coimoitre l'auteur. 11 court à Leyde»
émdie la médecine fous cet habile
maître , & devient un de - fes dif-
ciples les plus diilingués. Ayant
reçu le bonnet de doâeur dans
luniverfité de Leyde , il pratiqua
avec fuccès à Amflerdam , où il
fut Infpedbeur des hôpitaux & du
collège des médecins. Il revint .à
Genève en 17;^ 4, après avoir re-^
* fufé la place de premier médecia
du prince d'Orange , & y profefîa
la médecine. La méthode de l'Ino-
culation commençoit à s'accréditer \
Tronchin l'adopta & la fit valoir. Il
vint à Paris en 1756 , & le fuccès
J
TRO
ftvec1e<iuel il inocula M. le duc âe
Ckartris & plufieurs feigneurs , lui
donna la plus grande vogue. Il
augmenta Tenipreflemem qu'on
avoit de le voir Se de le confuher,
Car une converfation douce & mo-
oefte, par un ton agréable & poli ,
|»r une phyfionomie noble &
heureufc. Les Vaporeux , dont la
capitale abonde , s'empreflerent
fur-tout de le vifiter ; & plufieurs
curent à fe louer de 4a fageiTe de
fes ordonnances ; il ne fatigua
point leur tempérament par la
violence des remèdes -, & s'il n'en
guérit qu'un petit nombre , il en
foulagea plufieurs en leur donnant
le confcil fage de Texercice & de
la fobriété. M. le duc d*OrUans le
nomma quelque temps après fon
premier médecin. Lorfque madame
la Dauphine , mère du roi , fut
attaquée de la maladie 'dont elle
mourut , il fît fes pronoftics fur
les caufes i6c les fuites de cette
maladie > avec une fagacité & une
jufteffc qui prouvèrent qu'il avoit
le coup d'oeil excellent. Différen-
tes académies l'agrégèrent à leurs
corps ; entre autres , celles de
Londres , de Berlin, de Stockholm,
d'Edimbourg, &c. &c. Il mourut
à Paris en 17S1 , à 73 ans. Le
célèbre Lorry étant auprès de lui
dans fa dernière maladie , s'écria
avec douleur : Ah ! fi ce grand homme
pouvait nous entendre, ilfeguériroit. Les
pauvres le pleurèrent , parce qu'ils
trouvoient en lui des confeils , de
la pitié & des fecours. Il montoit
jûfqu'au cinquième étage pour cher-
cher & confoler la maladie & l'in-
fortune. Tous les foirs il recevoit
chez lui tes pauvres malades qui
venoient le confulter -, c'eft ce qu'il
appeloit ion Bureau d^humanUé. Un
de fes amis lui recommandant un
infirme hors d'état de payer fes
foins : Pauroîs bien mauva'fe oplwon
dt-moi, répondit-il ^fi à mgn âgeU
TRO loç
faîloît tti avertir de faire mon devoitm
Les titres qui lui méritèrent la re*
connoifiance publique, font d'avoir
été l'un de ceux qui ont le plus
contribué à répandre Tufage utile
de V Inoculation ; d'avoir introduit
un nouveau fyftême de traitement
pour la Petite- Vérole y en fubftituant
aux boiffons échauffantes un ré-
gime rairaichiffant -, d'avoir em-
pêché les progrès de certaines niala«
dies , en rendant l'air aux malades
qu'on étouffoit dans un atmofphere *
empefté *, d'avoir appris à guérir
les vapeurs des femmes du grand
monde , par le travail & l'exercice
plutôt que par les remèdes -, enfin ,
de leur avoir perfuadé de fiireufage
de leur lait pour leurs enfans , 6c
d'être nourrices après avoir été
mères. Tronchin a laiffé plufieurs
Ouvrages manufcrits fur ces diffé-
rens objets , ainfi que fur les maux
vénériens , fur l'art des accouche-
mens , les maladies des yeux , des
poumons , &c. &c. Il donna aufH
divers articles de médecine pour
r£/içyr/i>/7e<frc,& un Traité : DeCoRcA
Piclonum , Amfterdam , 1757 , in-8*^.
qui ne foutient pas fa brillante répu«
tation , quoiqu'il renferme quelques
bonnes observations. Il donna en
1762. , une Edition des (Suvres de
Baîllcu , & y joignit une Préface p
qui eft une efpece de cenfure de la
médecine. En effet , il comptoic
moins fur cette fcience que fur ui^
régime fimple & approprié au ma-
lade. Il ne penfoit qu'à laiffer agir
la nature , quand il lui croyoit
affez de forces ; & il ne cherchoit
à l'aider, quelorfqu'il foupçonnoit
qu'elle en manquoii. Cette méthode
n'efi pas celle des médecins à or-
donnances & à vifites , qui tra-
vaillent plus pour les apothicaires
que pour les malades.
TRONSON , ( Louis) né à Paris
d'un fecrétaire du cabinet , obtint
une place d'aum^nicr du roi , qu'il^
io6
T R O
TËO
quitta en 165$ , pour entttr au nîtts fierî<»tent pluslereile dctme
Séminaire de Saint-Sulpice, dont il vie. De la le proverbe qu'on app]i-*
fut élu Supérieur en 1676, &fflou« quoit aux peKbnnes férieufes: lit
rut le 26 Février 1700 , à 79>ans* antrv Trophonii patUinatur c/t. >♦ Il a
C etoit un homme d'un grand Tens , prophécifé dans l'antre de Tropho^
d*un favoir alTez étendu & d'une nius ««. Ceux qui cherchent quelques
piétéexemplaire. Ila(nfiaeni694, vérités hiftoriques dans les men«
avec les évêques de Meaux & de fonges de la fable , préittndent que
Châlons , aux conférences d'Ifly , Trophonlus avoit été Tua dés pre-
où les Livres de Madame Guyon , &
ceux de l'abbé dt Féadon Ton ami ,
furent examinés. On a de lui deux
ouvrages aâez eftimés, quoiqu'il
miers architoâes Grecs , fils d'un
roi de Thebes , & frère à*Agamcde^
avec lequel il étoit lié d'une tendr«
amitié. Us s'i}luftreredt par divers
y ait quelques petiteiïes <lans le édifices, entre autres par le Temple
^ — \^ r^\..\.r\ r»,.;,^/*.,..»;^-. ^^ Neptune près de Mantinée, &
par celui à* Apollon à Delphes.
tROSNE , ( Guillaume-Françob
le ) avocat du roi à Orléans , fa
patrie , mort le 26 Mai 1780, croit
un magiftrat éclairé & un orateur
aflez éloquent. Nous avons de lui
diverfes Èrochura fur des difcuffîons
économiques , ou fur des matières
de jurirprudence , tels que foa
Mémoire fur Us yagahondt ; la Ubertd
du commerce des grains; Dlfcours/uf
premier. Celui-ci , qui a pour titre
Etamtns pardcuIUrs , fut imprimé
in-i2 , en 1690, à Lyon , pour la
première fois. Il y en a aujourd'hui
2 vol. Le fécond , intitulé Forma
Clerî , eft une Colleélion tirée de
l'Ecriture, des Conciles &des Peres^
touchant la vie & les moeurs des
eccléfîa(liques.Il n'en avoit d'abord
paru que 3 vol. in- 12; mais on a
imprimé, en 1724 , à Paris , l'Ou-
vrage entier , in- 4*"
TROPHIME, né à Ephefe, aydnt ^état aauU de U Magîftrature ; Vueâ
été converti à la foi par S, Paul, fur la JuJUce Criminelle , &c,
s'attacha à lui , & ne le quitta plus.
Il le fuivit à Corimhe , & de la à
Jérufalem. On croit que Trophlme
fuivit l'apôtre à Rome , en fon i*'
voyage ; & 5. Paul dit dans fon
Epitre à Tlmotkéc^ qu'il avoit laiffé
TROUIN, J^. Guay-Trouin.
/. TROY , ( François de ) pein-
tre, né à Touloufe en 1645 , mort
à Paris en 1750, apprît les pre-
miers principes de fon art fous fon
père & fous le Fivre, Il s'appliqua
Trophltne malade à Milet. Ce fut fur-tout au portrait, qui eft un genre
l'an 65. C'eft tout ce qu'on fait fur lucratif, & fîit reçu à l'académie
ce Saint -, & tout ce qu'on a raconté
de plus fur lui, paroit Cîibuleux.
TROPHONIUS , fils &' Apollon ,
( d'autres difent de Jupiter , ) rendoit
des oracles dans un antre aflFreux,
Ceux qui vouloient le confulter «
dévoient fe purifier. Après bien des
cérémonies , ils entroient dans la
en 1674. Il devint fuccefllvemenc
profeffeur , adjoint du reâeur , &
enfin diredleur. Ce maître donnoit
beaucoup d'expreilîon & de no-
bleiis à fes Figures. Son d^n étoit
correâ ; il étoit grand colorifte •
& finifibit extrêmement (& Ouvra*
ges. La famille royale &les grands
caverne , & s'y étant endormis , ils feigneurs de la cour , occupèrent
voyoient ou entendoient en fonge fon pinceau. Louis XIV l^nvoya
ce qu'ils demandoient. On nerévé-
loit jamais ce qui leur avoit été
découvert. On dit que ceux qui
ay oient reçu la rép<>iûe dç Tropi^^
en Bavière pour peindre Mad' U
Dauphine. Ce célèbre artifle favoic
ajouter à la beauté des dames qu'il
repr^remoic, fans alcérer leurs ttiits^
TRO
!i avott en cela un fi grdnd talent ,
que l'on difolt de lui ce que Boilcau
ft dit à' Homère | <j}X*îl fembloU avoir
iérohé la ceinture de Vénus, Ce talent »
joint à une probité exaâe r à une
belle phyfionomie, à un efprit en-
foué & à une vive fenfibitité pour
fes amis , le mit dans un grand
trédit. Ses deffins , comparables
pour la beauté à ceux de Fan-Dyck ,
(ont très>recherchés.
i/. TROY, ( Jean-Franç©isde)
fils du précédent, dievalier de
l'Ordre de Saint- Michel , fecrétaire
du roi , mourut à Rome en 1752 ,
âgé de 76 ans. Son mérite le fit
choifir pour 6tre reâeur de raca*»
demie de Peinture de Paris , &
depuis direâeur de celle <{ue Sa
Majeilé entreuent à Rome. Il eft
un des bons peintres de l'école
Françoife. On admire dans ies Ou-
vrages , un grand goût de deffin ,
un beau fini., un coloris fuave &
piquant , une magnifique ordon^
nance , des penfées nobles & heu^
reufenent exprimées , beaucoup-
d'art à rendre le Tentiment & les
divenes pafiîonsderame, des fonds
d'une fimplicité maieftueure -, enfin ,
lia génie créateur, qui communique
fi)a feu &■ Ton aâivité à toutes fes
compofitions.
TRUAUMONT , ( N... la ) né à
Rouen d'un auditeur des comptes ,
étoit un jeune -homme perdu de
dettes & de débauches. Il fiu Tinf-
, tigateur, .en- 1674, d'une révolte
contre Louis XIV, Cette conjura-
tion n'auroit eu aucun effet , i\ elle
n'avoit été embrafifée par le che-
valier Louis de Rohan , fils du duc
àe Montba\&n. Il avoit été exilé
par Louis XIV t qui le foupçonnoit
d'entraîner dans la débauche , le duc
dOrléaas Ton frère : il étoit mécon^
tent du. marquis de Louvois : il crut
r>uvoir fe venger , en fe mettant
la tête d'un parti. On fit entrer
im ce complet un ckevaliier 4c
T R U 207
Prioùx i neveu de la Truaumont: fé-
duit par fon oncle , il féduifit fa
maîtrefie , Lomft de BelUau , fille
d'un feigneur de VilHers , autre-
ment BordevîUe j les conjurés s'af-
focierent un maître d'école, nommé
Vanden-Ende^ Leur but étoit de li-
vrer au comte </e Moncerey ,Honfieur,
le Havre , & quelques autres pla*
ces de Normandie. Cette trame mal*
ourdie fut découverte. Lefupplice
de tous les coupables fut le feul
événement que produifit ce crime
infenfé & inutile > dont à peine oa
fe fouvient aujourd'hui. Ils furent
tous décapités à la Bafiille , le 27
Novembre 1674 > à l'exception de
Vanden-Ende qui fut pendu , & de
la Truaumont , qui fe fit tuer par
ceux qui vinrent rarréter. On dit
que le bourreau, fier d'avoir coupé
la tête d'un prince , d'une marquife
& d'un chevalier , dit à fes valets
en leur montrant le maître d'école t
Vous autres y penda^ eelui'la. Des-
quatre coupables , la marquife fut
celle qui mourut avec le plus de
fermeté. [ Voye^ vi. Rohan. ]
TRUBLET, (Nicolas-Charles-
Xofeph ) de l'académie Françoife
& de celle de Berlin , tréforier de
PEglife de Names , & enfuite archi-
diacre &' chanoine deSaint-Malo fa
patrie , naquit en 1697. Il étoit pa-
rent du célèbre Aijupertuis , qui lui
dédia le 3 * vol. de fes Œuvres. Dès
1717 , il ofa être auteur. Il fit im-
primer dans le Mercure de Juin , des
Réflexions fur Télémaque^ qui le firent
connoître de la Motte & de Fonte^
nelU, Ces aimables philofophes trou-
vèrent en lui ce qu'ils cherchoient
dans leurs amis , un efprit très-fin ,
& un caraûere très-doux. L'abbé
Truhlet fut attaché pendant quel-
que temps au cardinal de Tencln «
&il fit avec lui le voyage de Rome.
Mais préférant la liberté aux avan-
tages que la proteflion du cardinal
iui faifoic efpérer , il revim à Paris « .
>«
io8 T R U
où il vécut iafque vers l'an -1767.
Accablé des vapeurs qu'on con-
traâe dans prefque toutes les gran«
des villes , il fe retira à Salnt-Malo,
pour y jouir de la famé & du re-
pos -, mais il mourut quelque temps
après , au mois de Mars 1770. Une
conduite irréprochable» des prin-
cipes vertueux «des mœurs douces,
lui avoient afTuré les fuffrages de
tous les honnêtes gens. { Voy^ III.
Palme. ] Sa converfation étoit inf-
truftive \ quoiquHl penfàt âtiement,
il s'expritnoit avec fîmplicité. Ses
principaux Ouvrages font : I. Ejfais
de Vttéraùire & de Morale , en 4 vol.
ÎB-ia, pluûetu>s fois réimprimés,
& traduits en plufieurs langues.
L'auteur a laifle des matériaux pour
un 5 ^ volume. Quelques critiques
qu'on ait faites de cet ouvrage , où
il y a quelquefois des chofes com-
munes dites d'un air de décou-
verte , on ne peut s'empêcher d'y
reconnoitre l'efprit d'analyfe , la
faç;acité , la fineffe , la précifîon ,
qui caraftérifent tous les Ecrits de
l'abbé TrubUt. Plufieurs de fes
réflexions font neuves -, & toutes
înfpirent la probité , Thumanité ,
la fociabilité. II. Panégyriques des
Saints y langui ffamment écrits, pr/-
cédés de Réflexions fur l'Eloquence ,
pleines de chofes bien vues & fine-
ment rendues. Dans la féconde édi-
tion de 1764 , en 2 vol. , Tauteur
a ajouté divers Extraits de livres
d'éloquence. Ces analyfes avoient
été faites pour le Journal des Savons
éi pour le Journal Chrétien , auxquels
il avoit travaillé pendant quelque
temps. La manière dont il s'ex-
prima fur Foliaire dans ce dernier
Ouvrage, lui attira (dans la Pièce
fur-tout, intitulée le Pauvre Diable )
des Epigrammes très-mordantes de
la part de ce célèbre poète , qui lui
avoit écrit auparavant des lettres
très-âatteufes. III. Mémoires pour
fervU à CHiftoU» dt Mejpeurs de la
TRU
Motte & de Fomenelle, à Amiler«
dam , 1761 , in-i2. Ces Mémoires ,
fouvent mifiutieux , of&ent tout ce
qu'on peut favoir fur la Vie & les
Ouvrages de ces deux illuftres amis
de l'abbé Truhla, Il y a des anec«
dotes intérefïantes&des réflexions
ingcnieufes.
TRUCHET , ( Jean ) né à Lyon
en 16 57, d'un marchand, entra dans
rOndre des Carmes. Il fut envoyé
à Paris pour y émdier en philo-
fophie & en théologie ; mais il s'y
livra tout entier à la mécanique,
pour laquelle la nature l'avoit fait
naître. Charges II ^ roi d'Angleterre »
ayant envoyé à Louis XIV deux
montres à répétition, les premières
qu'on ait vues en France , ces mon«
très fe dérangèrent , & il n'y eut
que le Père Truchu qui pût les rac-
commoder. Colbert , charmé de fes
talens & de fon adrefle , lui donna
600 livres de penûon, dont la i'®
année fut payée le même iour. Il
n'a voit alors que 19 ans. Le Père
SébaJUen ( c'étoit fon nom de reli-
gion) s'appliqua dès-lors à la géo-
métrie & à l'hydraulique , & il ne
s'eft guère Êiit de grand canal ea
France, pour lequel on n'ait pris
fon avis. Sa réputation fe répandit
dans toute l'Europe; U fut employé
dans tous les Ouvrages importans,
reçut la viflte du duc de Lorraine*
de Pierre le Grand,. czaa de Mofco«
vie , & de plufieurs autres princes ,
& enrichit les manu&â:ures de plu-
fleurs belles découvertes. Il tra-
vailla pour perfectionner les filières
des tireurs d'or de Lyon , le blan-
chiflTage des toiles à Senlis , les ma-
chines des monnoies , &c. Cefl lui-
qui a inventé la Machine à traaf*
porter de gros arbres tout entiers
îans les endommager. Ses Takleawt
mouvans ont été encore un des or-
nemens de Marly. Le premier , que
le Roi appela /o« petit Opêw, chau-
geoit trois fois de décpratipos à un
coup
TRU
toup de fifllet ; car ces Tabj eaux
avoient auffi la propriété des ré-
fonaans ou fonores. Le deuxième
Tableau qu'il préfenca au Roi , plus
grand & encore plus ingénieux ,
re{)réfeatoit un payfage où tout
étoit animé. Comme il poiTédoit à
fond la conftruûion des pompes
& la conduite des eaux, il eut part
à quelques aqueducs de Verûiîles.
Il ne fe fit ou ne fe projeta guâre
en France de grands cdnaux de
communication de rivières , pour
kfquels on ne prit ou Tes idées ou
îes confeils -, & Ton doit lui tenir
compte , dit FontcntlU^ non-feule-
ment de ce qui fut exécuté fur fes
vues, mais encore de ce qui ne le fut
pasfur des vues fauffes. Le Roi inC-
trùit par lui-même de tout ce que le
P. Sébaftltn vâloit , le nomma pour
être un des honoraires de l'acadé-
mie des Sciences, au renouvelle-
ment de cette académie en 1699 ,
& l'on trouve plufieurs Mémoires
de fa compoiition dans le Recueil
de cette Société. Les dernières an-
nées de fa vie fe paiTerenc dans des
infirmités continuelles , qui l'enle-
vcreut aux fciences , le j Février
1729. Quoique fort répandu au
dehors, le Père Sébaftkn fut un
très-bon religieux , très-6 délie à fes
devoirs, extrêmement défintéreffé,
doux , modefte , & , félon Texpref-
£on dontfe fer vit feu M. le Prince,
en parlant de lui au Roi , auJJifimpU
qut fcs Machines. Il conferva tou-
jours , dans la dernière rigueur ,
tout l'extérieur convenable à fon
habit. Il ne prit rien de cet air que
donne le grand commerce du mon-
de, & que le mondé ne manque pas
de défopprouver. Quoique des per-
ibnnes pulfTantes lui .offrifTent de
le faire fortir de fon Ordre , il pré-
féra la contrainte où il vivoit à
une liberté qui auroit inquiété fa
tonfcience.
TRUDAINE, (Jean-Ovarles-
T-R U 209
Philibert de) né en 1753 â Cler-
mont , où fon père étoit intendant
de la province, reçut une excel-
lente éducation. M. de Tmdatne père
étant devenu intendant-général des
Finances , fon fils fut ion adjoint
en 1757. Il eut dans fon départe-
ment les fermes -générales , lecom->
merce , les manufaôures , les ponts
& chauiTées , & il adminiilra ces
différentes parties , avec autant de
zèle que de lumières. Sa charge
ayant été fupprimée en 1777 , il
fut enfin rendu à lui-même, à l'ami-
tié , & aux fciences ; mais ù fan-
té , chancelante depuis long-temps,'
fùccomba enfin, & il mourut le
5 Août 1777. Ses vertus égaloient
fes lumières. Il fut défintérefTé , &
il le fut fans faiie. A la mort de
fon père , ayant été nommé à fes
places dans le confeil des finances
6 dans celui du commerce , il de-
manda à Louis XV la permiflion ^
de ne pas en recevoir les appoin-
temens. On me demande fi rarement
de pareil/es grâces ,' dit le Roi, que
pour lafingularité je ne veux pas vous
rcfufer, h M. de Trudaine^ (dit M.
» de Condorcety ) fiit bon ami , bbn
>» ^\s , bon mari • bon père. Aux
>* vertus du citoyen & du magif-
» trat , il joignit \t& agrémens de
» l'homme du monde. Aimable &
»♦ doux dans fa vie privée , fe
y livrant avec plaifir à la fociété »
»• on eût pu Taccufer de trop de
" facilité & d'amour pour la diP
» ûpation -, mais le goût de la dif-
** fipation ne lui a fiait négliger
» aucun devoir. Peu d'hommes en
») place, peu de particuliers même
V ont réuni des connoiiTances auili
» étendues, aufli variéesv Enfin, la
» facilité de fon cara£lere ne Ta
» jamais fait confentir à une chofe
» injufle M. Il étoit membre de
Tacadémie des Sciences, & ce fut en
cette qualité qu'il répandit d&s fleurs
fvir Ij î9U\{ïçic fon père; Cvt Elo^e^
c5
2IO T R y
( dit encore M. dt Condorctt ) »• ccrît
** avec nobleiTe & avec élégance ,
M cil im monuinent précieux pour
M racadémie, & le feul ouvrage
»> imprimé de M. de Tmêaîne : la
" piété filiale pouvoit feule lui
M dérober àes rnibns dus à la Pa^
« trie .. .Son père méritoit leséloges
qu'il lui donne. Ecant au lit de la
mort , fon fils le confoloif en lui
ilifant qu'il emportoit les fufi&ages
^es citoyens & l'eflime des gens
ée bien. Hé bien , lui répondit le
tnpribond enfouriant , je te Upte tout
4da. Le fils recueillit en fSSsx cette
précieufe fucce/Hon.
TRYPHIODORE , poète Grec,
florifîbit dans le vi^fiecle. Il com-
pofa une nouvelle Odyffée en 24
livres; &, par une puérilité auffi
pénible que finguliere ,, il obferva
de ne point mettre iA dans le
prenûer livre, point de B dans le
îecond, retranchant ainfi une let-
tre à chaque livre. Cette gêne ne
contribua pas peu à rendre fa poé-
fie dura & obfcure. Nzstor , qui
vlvoit fous Septîme Sévère ^ lui
avoit donné l'exemple de ces baga-
telles difficiles , eh cOmpo(ânt une
Aade où H s'étoit imp<^é la même
gène.
^ TRYPHON ou DiODOTE , de la
ville d'Apamée, général des troupes
^'Alexandre Baies i fervit bien fon
maicré dans les guerres qu'il eut
contre Demetrkis Nîcanor. Après la
mort de Baies , il alla en Arabie
chercher le fils de ce prince , & le
£t couronner roi de Syrie, malgré
les efforts de Dcmetrîm fon com-
pétiteur , qui fiu vaincu & mis en
fuite Tan 144 avant J. C. Mais le
perfide Tryphon , qui méditoit de
s'emparer de la couronne > ne penfa
plus qu'à fe défaire A* Antiochus \^
craignant oue Jonathas-Maeh^ée se
mit obftacle à ££s deffeins , il cher-
cha l'occafion de le tuer. Il vint
pour cela à Beth£ui » au hnathas le
TRr
joignit avec une nombreufe efcorlV&
T'yphon le voyant fi bien accom-^
pagné , n'ofii exécuter fon deflein»
& eut recours à la rufè. Il reçut
Joruahas^wtc de grands honneurs ,<
lui fit des préfess , & ordonna s
toute fon année de lui obéir comme
a lui-même. Quand il eut ainfi ga-*
gué fa confiance , il lui perfuada de
rtnvoyer fa troupe ^ & de le fui-
yre à Ptolémaïde , lui promettant
de remettre cette place entre fc»
mains. Jonmkas qui ne foupçon*
noit aucune trahifon, fit tout ce
que Tryphon lui propofoit. Mai»*
étant entré dans la vùle de Ptolé^
maïde, il y fiit arrêté, 8c les genr
qm l'accompagnoient fiirent pafTéS'
au fil de l'épée. Après cette infigne
trahifon, T/yphon)^sLiï^ dans le pay»
de Juda avec une nombreufe armée,
& vînt encore à bout de tirer de»
mains de Simon les deux fils de /o-
nathas , avec cent talens d^argent»
fous prétexte de délivrer leur père.
Mais mettant le comble à fa per«
fidie, il tua le père & les deux
fils, & reprit le chemin de fbs
pays. Ces meurtres n'étoient que
les préludes d'un plus grand , qui
devoit lui mettre fur la tête la cou-
ronne de Syrie. U ne tarda pas k
achever fon barbare projet , en af-
fafSnant le jeune Ant'wchus , dont
il prit la place ; & il fe fit décla-
rer roi d'un pays qu'il défola par
{es cruautés. Mais il' ne garda pas
long-temps le royaume que ies cri-»
mes lui avoient acquis. Le CucceC'^
feur légitime du trône entra dans
fon héritage ; & toutes les troupes «,
lafles de la tyrannie de Tryphon^
vinrent auffi-tôt fe rendre au pre-
mier. L uAirpateur fe voyant ainfi
abandonné, s'enfuit à Dora, ▼îllc
maritime , où le nouveau roi 1#
pourfuivit , & l'affîégea par mer &
par terre. Cette place ne pouvant
tenir long-temps contre une aufii
puiilante arm^e» Tryph^if, trouva I9
Aôyén^tes'eafiiîrà Ortho{îadé,&
£e là il gagna Apaméê fa patrie , où
il croy<5î^ trouver un i&lc ; mais
V ayaot été pris , il fut mis à mort
l'an 1^8 avant J. C.
TSCHIRN AUS , ( Emfroi Wal-
ier de) habile mathématicien , na-
quit à Kiflingfwald, feigneuriede
ion père, dans la Luface, le lO
Avril i6^i , d'une famille axi-
. tienne. Après avoir fcrvi dans les
troupes de HoUandé, en Qualité de
Volontaire , l'an 1671 , il voyagea
ta Allemagne , en Angleterre , en
trance & en Italie. Il vint à Paris
i^oar la troiiieme fois en i6Si , H
il propofa à l'académie des Sciences
la découverte de ces fameufes
Caoftiques , û connues fous le nom
ée Cauftiques dt Af. de t/chirnaûs.
Cette Compagnie, en les approu-
vant , mit 1 inventeur parmi fes
membres. De retour en Allemagne >
îl voulut perfectionner l'optique,
ti établit trois Verreries d'où l'on
yit fortir des nouveautés merveil-
icufes de dioptrique & de phyfi-
^ue, êc entre autres , le Miroir ar-
dent qu'il préfenta à M. le duc
ttOriéans, régent du royaume. Ceft
à lai auffi que la Saxe eil princi-
palement redevable de fa porce*
iaine. Content de jouir de fa gloire
littéraire^ il refufa tous les honneurs
•uxquels on vouloir TéleVer. Les
lettres étoîent fon feul plaiiir. U
âierchoii des gens qui éuffent des
ialens , foît pour les fciences utiles ,
foit pour les arts : il les tiroir des
ténèbres i & étoit eii même temps
leur compagnon , leur guide ^ leur
lnen£riteUr. Il fe chargea aifez fou-
lent de la dépenfe de faire impri-
mer les livres d'autrui , dont il éf-
péroit de l'utilité pour le public.
Cette géfiérofité ne venoit point
d'oftematioiiv il £iifoit du bien à
fes ennemis i avec ardeur & fans
qu'ils le fufTent. Ce favanc edima-
kk mourut le xi Oâotiic zjqS,
Lé roi Àupifit fît les frais de fe^
funérailles. On a de lui un livr4
intitulé : De Medeclna mentis & cor^
porîs , à Amflerdam , 16Ô7 < in-4***
Cet Ouvrage cÛ. â peine connu
aujourd'hui; On y fent , dit Fontc^
mllt f cette chaleur & cène audace
qui appartiennent au génie de l'in*
vention. Il promet trop & ne tient
pas aïïez. D'ailleurs fa théorie eft
fuivie de préceptes de pratiques très-
minutieufes g & dont la plupart n0
pouvoient guère convenir qu'à luii
tSCHOUDI , ( Jean - Baptifte-
Louis-Théodore , baron de) ancieit
bailli & chef de la noblefle du Pays
Meifin^ chevalier de Saint-Louis «
mort à Paris le 7 Mars I784 , si
beaucoup écrit fur l'Hiftoire natu-
relle des arbres & des végétaux. Il
a donné fur ce fujet divers articles
pour l'Encyclopédie, où l'on trouvé
quelquefois des Obfervatîons nou*
velles *, mais ils font défigurés pai^
fon fiyle amphigourique & empha-^
tique. L'auteur fe mêloit de poé-
fie ', il auroit fort bien fait de gar<^
der pour fes Odes , les images qu'il
prodiguoit dans fa profe.
TUBALCaIN, ûlsdeLamechlè
Bigame , & de Sella ^ fîjt l'inventeur
dé l'art de battre & de forger le
fer, & toutes fortes d'ouvrages
d'airain. On pourroit croire que le
Vulcdln dés Païens a été calqué
fur ce patriarche.
TUBERO , ( Louis ) abbé , rfe U
Dalmatie , e(V connu par des Corn-
mcnuîrts ou Recueils des chofes as*
rivées de fon temps dans la Hon-
grie , la Turquie & les pays circon-
voifins. Cette HiAoire très-intéref-
famé, divifée en xl livres, conw
mence à l'an 1490 , & finit à l'an
If 12. Elle eft écrite en latin d'un
Ûyïe net ' & coulant. On l'a im-
primée à Francfort en 1603^ mai»
les noms propres des Hongrisis y
font étrangement défigurés. Elle eft
inférée, dans le. deuxième valufiMy
211 T U B, T U L
des Scnptores rerum Hungancarum de Une belle copie du Êunenx eroq
Schwandaurus , Leipzig , 1746 , avec de Laocoon»
une Préûce, des corrections, des 1VQQKy{Plautms)^xrl à'Hon,
fommaires , &c. , par Bellus, Plu- & de Virale , culdva la podl
fieurs critiques croient que le nom latine, &* revit l'Enéide avec V\
de Tubtro eft fuppofc , & que Tau- nus , par ordre à'Augufle^
teurde ces Commentaires s'eft ca- TUDESCHI , ( Nicolas ) pli
' ché fous ce nom pour avoir plus
de liberté de dire fran^iement le
vrai.
TUBERON,(2.^/«ii)Ro-
connu fous le nom de Panorm
& appelé auffî Nicolas de Slciâ
VAtbé de PaUrme , & VAbbé Pond
mîiain , étoit de Catane en Sicile
■ main fort confidéré , & qui remplit U fe rendit û habile dans le Droj
' avec diftin£iion ' la dignité con- canonique , qu'il fut furnômfll
' fulaire. Il étoit gendre du vaillant Lucema Juris, Son mérite lui vali
Paul-EmlU ; mais très - pauvre , l'abbaye de Sainte - Agathe , d
comme tous les autres Tubdrons. Il l'Ordre de Saint-Benoît , puis l'ai
y en eut 16 de cette famille qlii lo- chevêche de Palerme. U aflifta a
gèrent enfemble avec leurs femmes concile de Bâie » & à la création d
& leurs enfans , dans une même mai- l'antipape FeÛx , qui le fit cardinj
fon affez petite , & n'ayant entre en 14^.0 , & ion légat à laureyt
eux qu'un feul bien de campagne » Allemagne. Il perfifla quelque temp
fitué dans le territoire des Veien- dans le fchifme -, mais y ayant n
tins. La première pièce de vaifTelIe nonce j-il fe retira à Palerme, e
d'argent qui ait jamais été entre 1443 • & y mourut en 1445. ^
les mains d'un Tubéron , fut une a de lui un grand nombre d'Oo
coupe de ce métal , que Paul-EmlU yrages , principalement fur le Droi
avoit rapportée du butin de la Ma- canon, dont l'édition la plusic
i^édoine , & dont il Ht préfent à fon cherchée eft celle de Venife , e
gendre , vers l'an î68 avant J. C 1617 , 9 vol. infol. Son flyle à
Au refte, il paroît que rwA^ron fai- barbare , & fes matériaux font dl
foit fort peu de cis de ces fortes trop grand nombre pour être bioL
de chofes , puifqu'il refufa d'accep- digérés.
ter un riche préfent en vaifLlle TUDOR, Voyei CatherikbJ
d'arjgent,que les ambaffadeuis d'E- "° T»f
tolie lui offrirent. Ceft ce même
Tubéron à qui fon beau-pere, Paul-
Emile y remit le foin de garder Fjr-
Ilï.
TUILLERIE, TuiLLiER , Fayti
Thu, &c. "
^ TULDEN,roy.VAN.TuLDE!r.;
fée, roi de Macédoine, qu'il avoit L TULLIE, fille de Ser^îus-TolJ
TV- i^„^„ //ttJ,fixieme roi des Romains, fut
mariée à Tarquîn le Supzrbe , apiès
avoir donné la mort à fon premier
époux. Tarquîn ayant voulu monter
fur le trône de Sirvms^TuUlus , elk
confentit au meurtre de fon père»
l'an 533 avant Jel'us- Chrift. Dès
qu'elle eut appris l'exécution d«
ce crime « elle accourut au fénat ,
& fut la première qui falua (otk
mari , roi. Après quoi , retournant
à fon palais , lorfqu'eUe fut ju iiv4t
vaincu /^y. Chopin.
T U B I , dit le Romain , ( Jcan-
Baptille ) fculpteur , de l'académie
royale de Peinmre & de Sculpture,
mort à Paris en 1700, âgé de 70
ans , tient un rang, diftingué parmi
les excellens artifles qui ont paru
fous le règne de Louîs XIV, On
voit de lui , dans les Jardins de
Vei-fâiîles , une Fiptre repréfentant
le Poëme Lyrique. 11 a encore
-çmbeUi le Jardin de Trianon, par
TU L
liant de la nie Cyprîeimâ » o&
îus'-Tullîus avoit été aiTafliné,
fit paffer fon char par-defTus
corps tout fanglant de fon père,
is cette aâion déteilable, la
le porta le nom de SUUratc. Ce
^' oiibe fiit chafle de Rome avec
^^^ >n mari , auprès duquel il finit fa
^\ îteftable vie.
^fc; n. TULLIE, ( TuUla ) fille de
o; ! scéroa , fut le premier fruit de fon
'^^ triage avec Ttraiûa, Son père
f^ fleva avec beaucoup de foin -, &
*^ te répondit parfaitement à fon
i^_ iucation. £lle fiit mariée trois
f i$ : d'abord à Caius Plfon , homme
i ^ im grand mérite y plein d'efprit
:0 d'éloquence , très-attaché à fon
il'* au-pere : puis elle épouCi Furlus
i^ tijfipcs i & enfin F ublUu- Cornélius
^^ olabclla , pendant qaeCicérûn étoit
ij^ mvcmeur de Cilicic. Ce troiiieme
^ jiriage ne fut point heureux ; &
:J^ S troubles que DolabeUa , homme
c(| rbuleot & difiSpateur, dont les
[t hûxts étoient fort dérangées ',
i(^ Ecita dans Rome , cauferent de
^ [ands chagrins à Cîcéron & à Tullle,
^ ètte femme illuÔre mourut Tan 44
; ^ rant Jefus-Chrifl. Cîcéron , incon-
lable d une telle perte , fit éclater
douleur û vive , que les malins
x>ient qu'il y avoit eu plus que
la tendrefie paternelle entre le
e â( la fille ; mais cette cenjec-
odieufe fut re}etée par les
de bien. C'eft à Toccafion de
mort de Tullîe, que Cîcéron com-
iâ un Traité, De Confolatlone , que
us n'avons plus. On a prétendu
t fous le pape Paul 111 , on
uva , dans la Voie Appienne ,
ancien tombeau , avec cette
fcciption : Tullîolce filîa mcn. Il y
i^tvoit , dit-on , un corps de femme ,
f fui , au premier fouffle d'air , fut
i réduit en poufilere, avec une lampe
\- encore allumée , qui s'éteignit à
i l'ouverture du tombeau, après avoir
[ fctûlc près de 1500 ans \ mais c'eft
I
' T U R lîV
un conte ridicule. Voye^en la Réfu-
tation dans l'ouvrage d*OHave Fer^
rarl , intitulé : De Lucernîs /epul^
chra/ibus,
TULLÎUS - SERVIUS , Voyei
Servius-Tullius.
TULLIUS , furnommé Cîmher ,
fils d'un ai&andii , fut chafTé du
fénat par Cé/ar^ parce qu'il avoit
fuivi le parti de Pompée, Mais
ayant obtenu fa grâce» après la
bataille de Pharfale , il fut du nom-
bre des aûJiffins du prince qui la lui
avoit accordée. Après la mort de
Cé/ar y Brxatis & Cajpus l'envoyè-
rent en Bithynie pour équiper une
fiotte; il étoit alors tribun du peu- ^
pie. Ce TuWus étoit le plus fameux
ivrogne de fon temps , & ce n'étoit
pas fon feul vice.
TULLUS - HOSTILIUS , troi-
fieme roi des Romains , fuccéda à
Numa PomplUus ^ l'an 671 avant
Jefus-Chriil, Ce prince guerrier fit
ouvrir le temple de Janus , fit mar-
cher devant lui des gardes qui por-
toient des faifceaux de verges , &
tâcha d'infpirer à fes peuples, du
refpeû pour la majefté royale. Les
habitans d'Albe fiirent les premiers
qui reffentirent Teffort de fes ar-
mes. Après le combat des Horaces
& des Curlaees , il fit rafer la ville
d'Albe , & entranfporta les rîchefies
^ les habitans dans celle de Rome.
Enfuite il fit la guerre aux Latins ,
'& à d'autres ptuples , qu'il défit en
diverfcs rencontres , & dont il
triompha. Il périt avec toute fa fa-
mille , d'une manière tragique, Tan
640 avant JefusChrift. Quelques
hiftorienf prétendent qu'ayant tenté
une opération magique , dans la-
quelle il n'obferva pas les cérémo-
nies néceffaires , le ciel irrité lança
la foudre fur lui & fur fa maifon.
D'autres , avec plus de vraifem-
blance, rejettent le foupçon de fa
mort fur Ancus - Martîus , petit-'fils
de Numa , qui fut fon fuccefleur au
O iij
^14 T U R
irône. Selon eux , le coup de Foudre
pe fut qu'un incendie, procuré par
Ancus , qui efpéroit faire tomber
l'éleûion fur lui , fi Tulbis mouroit
iDins poflérité*, ce qui arriva en effet..
Voy«\ Met I US.
TURCHT , Voy. IL V^RONESE.
TURENN]E, ( Jean le Meingre,-
vicomte de ) Voy^i Boucicaut.
TURENNE, ( Henri r^ la To^/r,
vicomte de) maréchal-général des
camps & armées du roi , colonel-
général de la cavalerie légère', étoit
lîecond fils de Henri de la Tour é^At^
fcrgne , duc de Bouillon , & à'Ellfa*
feth ic Naffju^ fille de Guillaume I
4t Najfau y prince d'Orange. Il nar
quit à Sedan , te 1 1 Septembre 1611.
La nature & l'éducation concouru-
rent également à former ce grand
homme. Ayant, dès l'âge de dix ans,
icntendu répéter plufieurs fois que
la confiitution étoit nrop foible
^our qu'il pût jamais foutenir les
travaux de la guerre , il fe déter-
^na , pour i^ire tomber cette
opinion , à pafler une nuit d'hiver
fur le rempart de Sedan. Comme il
n'admit perfonne dans fa confi-
dence, on le chercha long-temps
inutil' ment . ; on le trouva enfin
fur 1 aâEûf d'un canon , où il s'étoit
endormi. Son goût pour les armes
augmenta par l'étude de la vie des
grands capitaines. Il étoit fur-tout
^appé de Théroifine à* Alexandre ,
& îifoit avec tranfport Quinte- Curçe,
On l'envoya apprendre le métier de
}a guerre » fous le prince Maurice de
Najfau , fon oncle maternel , un
fdes plus grands généraux de Ton
fiecle. Après s'être formé dans
^ette école , il fiitmis à la tête d'un
régiment François,avec lequel il fer-
vit , en 1 634 , au fiége de la Motte.
Cette ville de Lorraine fut vail-
lamment & favamment défendue.
f^c maréchal de la Force , qui com-
pandoit les ailîégeans , fit attaquer
Wî ^^^^ %^l devoit dçcidçr du
T UR
fort de la place. Tonniens , fon AU^
chargé de cette opération , échofur,
Turenne^ nommé pour le remplacer,
réu^t par des coups de génie qui
étonnèrent tout le monde. La Force
eut la probité de rendre à la cour
un compte exaâ de tout ce qui
s'étoit pafTé : aétion difficile 8ç
généreufe, donr Turennelvâ, fut tant
de gré, que pour cette ndfon il
époufa dans la fuite fa fille. Ce goûf
pour la vertu fe manifeftoit dan^
toutes les oçcafions. Le vicomte^
chargé en 1637 , de réduire le châ-
teau de Solre, dans le Hainaut , l'atta-
qua fi vivement, qu'en peu d'heuref
il réduifit une garnifon de 2000
hommes à fe rendre à difcrétion.
Les «premiers foldats qui entrèrent
dans la place , y ayant trouvé unç
très-belle perfonne, la lui amené?
rent , comme la plus précieufe por?
tion du butin. Turenne ^ feignant
de croire qu'ils n'avoient cherché
qu'à la dérober à la brutalité do
leurs compagnons, les loua beau-
coup d'une conduite fi honnête. U
fit tout de fuite chercher Ion mari «
^ la remit entre fes mains , en lu}
difant publiquement : Fous deve^ 4
la retenue de mes foldats^ l^ honneur dt
votre femme. L'année fuivante, 163S,
il prit Brifach , & mérita que 1$
cardinal de Richelieu lui olErit une
de fes nièces en mariage ; mais
Turenne , né au fein du Calvinzfine •
pe voulut pas l'accepter. Envoya
en Italie , l'an 1639 , il fit lever le
fiége de Cafal , 6t fervit beaucoup
à celui de Turin , que le maréchal
iTHarcourt entreprit par fon confeil^
Turenne défit les ennemis à Mootf
calier , tandis qu'on prefibit la ville
afiiégéej mais une blefiTure qu'il
reçut , penfa fitire manquer l'entre?
prife. Il ne fe fignala pas moin^
à la conquête du Rouffillon ei|
1642-, & en Italie en 1643. |1 avoif
été fait maréchal de camp i 23 ans.
Çl il obdnt le bâton 4ç fPIT^Ç!^
TUR
ée France a 32 ^ en 1644 , après
avoir fervi dix - fept ans (bus
difSerens généraux. Ce ûit alors
qu'on lui confia le commandement
de l'année d'Allemagne « ({ui man-
^loit de chevaux & d'habits .* il la
mit en état à fes dépens. Il paiTa
k Rhin avec 7000 hommes, défit le
frère dn général Merci , & féconda
le duc if£nghicn , depuis le Grand
Condé, Il eut le malheur d'être battu
au combat de Mariendal , Tan 1645 ^
mais il eut fa revanche à la bataille
de Nortlingue , trois mois après.
Ce fut cette même année qu'il réta-
blit l'éleâeur de Trêves dans fes
états ; Tannée fuivante il fît la fa-
meufe jonâidn de l'armée de Fr^ce
avec l'armée Suédoife , commandée
par le général JTrangel , après une
marche de 140 lieues , & obligea le
duc de Bavière à demander la paix.
Lorfque ce prince eut rompu le
traité qu'il avoit fait avec la France,
le vicomte de Tureane gagna contre
lui la bataille de Ziimarthaufen , &
le chafla entièrement de fes états ,
en 1648. La guerre civile com-
mença à éclater alors en France*
Le duc de Bouillon l'engagea dans
le parti du parlement -, mais , las
de combattre contre fon roi, il
paiTa en Hollande , d'où il revint
en France , dans le defTein de fervir
la cour. Maiarm lui ayant refufé
le commandement de l'armée d'Al-
lemagne » il fe tourna du côté des
princes , & fut fur le pohit de les
tirer de leur prifon de Vincennes,
On ]uioppo(a le maréchal du PUJJis-
PraJUn , qui le battit en 1650, près
deRhetel. Le maréchal d* Turenne^
interrogé long - temps après , par
un homme également borné &
indifcret , comment il avoit perdu
cette bataille ? répondit amplement:
P^r ma faute. Mais quand un homme
n'a pas fait de fautes à la pierre ,
H ne ta pat j^te long - temps. , , , , ,
TmnMy quoique vaincu à Rhjetel ,
T U R 2ï5
paroifToît fi grand aux Efpagnol^
qu'ils lui donnèrent pouvoir de
nommer à tous les emplois qui
vaquoient à la mort des officiers
tués dans le combat , & lui en-
voyèrent cent mille écus à compte
4e ce qu'ils lui avoient promis.
Mais cet homme , vertueux jufque
dans fes égaremens, averti qu'on
travailloit efficacement à la liberté
des Princes , renvoya les cent mille
écus , ne croyant pas devoir pren-
dre l'argent d'une puifTance avec
laquelle il voit que fon engagement
va finir. U fît effedivement fi paix
avec la cour en 165 1. Devenu
général de l'armée royale , il em-
pêcha les troupes de Condé de pafTer
la Loire fur le pont de Gergcau,
Le maréchal dHocqulncoun , avec
qui il conunandoit, ayant laiilé
enlever fes quartiers à Gien, quoi-r
qu'il l'eût averti du danger qu'il
couroit de les laifTer éloignés »
on voulut parler de ce confeil dans
la relation de cette journée-, mais
Turtnne s'y oppofa , en difant qu'u/t
homme aujfi affligé que le Maréchal ,
d&voît avoir au moins la liberté de /«
plaindre» Le vainqueur pourfuivit
enfuite le prince de Condé jufqu'aa
faubourg Saint • Antoine y où il
lattaqua , & il alloit le fuivre juf-
que dans Parts , fi MadcmoîfelU
n'eût fait tirer fur l'armée du roi^
le canon de la BaftiUe^ qui l'obligea
de faire retraite. Le prince de Condé
tenta d'enfermer l'armée royale à
Villeneuve-Saint-Georges , entre la
Seine & la Marne-, mais Turennc
fut lui échaper. L'année 1654, il
fit lever le fiége d'Arras aux Espa-
gnols , prit Condé , Saint-Guillain ,
& plufieurs autres places en 165 5^
L'année fuivante il fit une retraite
Honorable au fiége deValenciennes;
il fe rendit maître enfuite de la^
Capelle. La prife de Saint- Venant
& du fort de Mardicfc , fure.-t fes
exploits de Ton 16 5 7, avec CromwtU^
, O iv
ii6 T U R
proteâeur de l'Angleterre. Turauit
fm chargé d'entreprendre , avec les
troupes des deux nations, le fiége
de Dunkerque. Les Efpaggols furent
entièrement défaits aux Dunes, &
cette viûoire fut fuivie de la prife
de Dunkerque. Après une aûion fi
glorieuTe , Turenne écrit amplement
à fa fiemme : Les ennemu font venus à
nous ; Us ont été battus : Dieu en foît
loué! Toi un peufadpU toute la jour-
née ; je vous donne le bon foir , & je
vais me eoueher. La viâoires des
Dunes & la prife de Dunkerque
curent un fi grand édat « que Ma-
^ann , premier minifire de France ,
voulut que le vainqueur écrivît une
Lettre pour lui en attribuer toute
la glpire. Le vicomte re&fa , en
répondant qu*/7 lui étoU Impojphle
Hautanfer.une fauffeti par fa fignature.
La prife des villes d'Oudenarde ,
d'Ypres , & de prefque tont le refie
de la Flandre, furent la fuite des
vîâoires de Turenne -, Se ce qui eft
encore plus avantageux /elles pro»
curerem , en 1659 , la paix dqs
Pyrénées entre TEfpagne & la
France. Les deux rois de ces gran-
des monarchies le virent dans l'ifle
des Faifans , 6c fe préfenterent mu-
tuellement les gens confidérable»
de leur cour. Comme Turenne , tou-
jours modefle , ne fe montroit pas
<c étoit confondu dans la foule,
Philippe demanda à le voir. Il le
regarda avec attention , & fe tour-
nant vers Anne SAutriÂe , fa (beur :
Voilà , lui dit-il , un homme qui m*a
fait pajfer bien de mauvaifes nuits !
La guerre s'étant renouvelée en
1667, le roi fe fervit de lui par
préférence à tout autre , pour
faire fon apprentifiage de l'art mi-
litaire. Il l'avoit honoré du titre
de maréchal général de fes armées ;
Turenne en parut digne par de noii-^
veaux Atccès. 11 prit tant de pla-
ces en Flandres , que les Efpagnols
furent obligés, l'année fuivante, de
TU R
ééfûSaAits la paix. Ce fut alors qu^
fit abjuration du Calvinifme , pfitt
par conviûlon que par intérêt : car
on n'avoit jamais pu le lui (aire
abandonner auparavant , même en
lui £iifant entrevoir la charge de
Connétable. Lcuis XÎV ayant ré-
folu la guerre en Hollande, lui
confia le commandement de fes ar-
mées. On prit 40 villes fur les Hol-
landois en 12 jours, en 1671. L'anr
née fuivante il pourfuivit jufque
dans Berlin , Téle^eur de Brande-
bourg , qui étoit venu au fecours
des Hollandois -, & ce prince, quoi-
que vaincu, n'en prit pas moins
d'intérêt à fon vainqueur. Inftruit
qu*un fcélérat étoit pafié dans le
camp de Turenne à deÛbin de Tem-
poifonner, il lui en donna avis.
On reconnut ce miférable, que le
vicomte fe contenta de chafler de
fon armée. Ce ne fut pas le feul
exemple de générofité qu'il 'donna.
Un officier général lui propofà un-
gain de 400,000 francs, dont la cour
ne pouvoit rien favoir ; h vous
fuis fort obligé , répondit-il. Mair
comme j'ai fouvent trouvé de ces oc»
cafions , fans en avoir profité ^ je ne
crois pas devoir changer de conduite
a mon âge, A peu près dans le même
temps une ville fort confidérable
lui offrit 100 mille écus , pour qu'il
ne pafîat point fur fon territoire*
Comme votre Ville , dit-il aux dé*
pûtes , n'efi point fur la route oàj'aî
réfoùi de faire marcher P Armée , je
ne pms pas en confcitnce prendre Par-
gent que vous m*cjfre[,.. Après que
Turenne eut forcé Téleâeurde Bran-
debourg à demander la paix , il
fdvorifa en 1674 l^ conquête dels
Franche-Comté , & empêcha les
Suifles , par le bruit de fon feul
nom , de donner paffage aux Au-
trichîens. La conquête de la Franche-
Comté par Louis XIV ^ & fes au-
tres fuccès , furent Toccafîon d'une
Ligue redoutable contre ce mc^
TUR
teq[ue dans l'Empire. Pour pré-
venir la réunion de tant de forces
difperfées , Tuntme , qui ctoit en
Alface, p^a le Rhin à la tête de
dix mille hommes , fît 30 lieues
en 4 jours', attaqua à Seinsheim ,
petite ville du Palatinat , les Alle-
mands commandés par le duc de
Lorraine & par Caprara , les battit ,
& les poùiTa tufqu'au-delà du Mein.
Après l'aôion , on s'affembla au-
tour de lui pour le féliciter d'une
viûoirc qui étoit vifiblement le
fruit de fes favantes manœuvres.
Avec des gens comme vous , Mejjieursy
on doit , leur répondit-il , attaquer
hardiment , parce quon eft sur de
vaincre,,. Quoique Turenne fût dans
Tu&ge devifiter fouventfon camp,
fa vigilance redoubloit lorfqae les
foins devenoient plus néceiTaires.
Durant l'expédition rapide dont
nous parlons , il s'approche un jour
d'une tente où pluficurs jeunes fol-
dats , qui mangeoient enfemble , fe
plaîgnoient de la pénible 6c inutile
inarche qu'ils venoient de taire. Vous
ne connoîffe^ pas notre père , leur dit
un vieux grenadier \ tout criblé
de coups \ il ne nous aurolt pas ex-
pofés à tant de fatigues , s'tl n'avoît
pas de grandes vues que nous ne /au-
rions pénétrer encore. Ce difcours fit
cefier toutes les plaintes , & on fe
mit à boire à la fanté du général.
Ttatnne avoua depuis , qu'il n'avoit
Jamais fenti de plaiiir plus vif...
Les âtigues inféparables d'une û,
rude guerre cauferent de grandes
maladies dans l'armée Françoife.
On voyoit par-tout Turenne tenant
aux foldats des difcours paternels,
tu toujours la bourfe à la main.
Lorfque l'argent, étoit fini , il em-
pruntoit du premier officier qu^il
rencontroit , & le renvoyoit à fon
intendant pour être payé. Celui-ci ,
^i foupçonnoit qu'on exigeoit
quelquefois plus qu'on n'avoit
prêté à fon maître » lui inûnua de
TUR air
dontïèr à l'avenir des billets de ce
qu'il empruntoit. Non , nmi , dit le
Vicomte I donne\ tout ce qu'on vous
demandera. Il n'efi pas pojjtble qu*utt
Officier aîlU vous demander unefommt
qu'il na point prêtée , à moins quil
ne f oit dans un extrême hefoin ; d»
dans ce cas , // efi jufie d^ l^ajjifier,.»
Les Allemands ayant reçu des ren«
forts très-coniîdérables après l«ur
défaite de Sinsheim , pafTerent \t
Rhin & prirent des quartiers d'hi-
ver en Alface. Turenne , qui s^étoit
retiré en Lorraine , rentra au mois
de Décembre par les Vofges , dans
la province qu'il feignoit d'aban-
donner , battit les Impériaux à Mul-
haufen, les défit encore mieux à
Turkem quelques jours après ; &
les força de repaiTer le Rhin le 6
Janvier 1675. Un événement fi peu
attendu étonna l'Europe. La fur-
prife fit place à l'admiration , lorf-
qu'on fut que tout ce qui étoit ar-
rivé , avoit été prémédité deux mois
auparavant , & qu'il avoit tout fait .
malgré la cour & les ordres réité-
rés de Louvois , animé d'une baffe
jaloufie contre le héros qui faifoit
triompher la France. Le confeil de
Vienne lui oppbfa un rival digne
de lui , Montccuculi, Les deux gé-
néraux étoient près d'en venir aux
mains, & de commettre leur ré-
putation au fort d'une bataille au-
près du village de Saltzbach , lorf-
que Turenne , en allant choifir une
place pour dreffer une batterie ,
fut tué d'un coup de canon , le 27
Juillet 1675 , 764 ans. On fait les
honneurs que le roi fit rendre à
fa mémoire. II fut enterré à Saint-
Denys , comme le connétable du
Guejdin , au-deffus duquel la voix
publique l'élevé , autant que le
îîccïe de Turenne eft fupérieur au
fiecle du connétable. ( Voy. GuEs-
CLiN. ) Parmi le grand nombre
d'Epitaphes qu'on deftina à orner fa
tombe , on ne fe fouvient guère
ai8 TUR
4que de oetle-â , où la fimpHôté 8c
la vérité Te donnent la main pour
feonorer le héros :
TURSHNE a fon tomitau parmi
ceux de nos Rois :
MlohtUt ut hoiuuur parfis famai»
€XploiU,
hovis voulut ainfi eottronner fa
vaiUancà ,
Afn d'apprmdn au* fitcUs à
venir
Çu*U ne met point Ht différence
Emre porter Ufieptrc & le bien fotf
tenir,
Ct héros n'avoît f»s toujours eu
(des fttccès i la guerre -, il avoit
été hatm à Mariendal , à Rhetel ,
à CambraL II ne fit jamais de con-
ifuêtes éclatantes , & ne donna
point de ces grandes batailles ran-
gées, dont la dédûon rend une
jiation maitrefle de l'autre. Mais ,
ayant toujours réparé fes défaites ,
& fait beaucoup avec peu , il paflk
pour le plus habile capitaine de
TEurope, dans un temps où l'art de
la guerre étoit plus approfondi que
jamais. De même , quoiqu'on lui
eût reproché fa défeâion dans les
guerres de la Fronde-, quoiqu'à
f âge de près de 60 ans , l'amour
jui eût Eut révéler le iecret de
l'Ecat't quoiqu'il eût exercé dans
le Palatinat des cruautés qui ne
fembloient pas nécefiaires , il con«
ferva la réputation d'un homme
de bien , fage & modéré. Ses
vertus & its grands talens, qui
n'étoient qu'à lui , firent oublier des
loiblefies & des fautes qui lui
étoientcommunes avec tant d'autres
hommes. Si on pouvoitle comparer
jB quelqu'un, on oferoit dire que ,
de tous les généraux des fiedes
pafies » Goniapte de Cordoue , fur-
pommé le Grand Capitaine , eft
celui auquel il reflfembloit davau-
TUR
tage. On va recueillir quelqnef^
Êdts propres à achever de peindre
les mœurs militaires de Turenne,
Quoiqu'il ae fut pas riche, il étoit
né généreux. Voyant plufieurs
régimens fort délabrés , & s'étant
fecrétement afiuré que le défordre
venoit de la pauvreté & non de
la négligence des capitaines , il leur
difiribua les Tommes nécefiaires
pour l'entier rétablifiement des
corps. Il ajoma à ce bienfait Pat-
lention délicate de laifier croir«
qu'il venoit du roi... Un officier
étoit au défefpoir d'avoir perdu ,
dans un combat , deux chevaux ,
que la fituation de fes affaires ne
lui pcrmettoit pas de remplacer»
Turenne lui en donna deux des
fiens , en lui recommandant forte-
ment de n'en rien dire à perfonne.
D'autres^ lui dit-il , viendraient m'en
detnander , & je ne fuis pas en état
^en donner à tout le monde* Cet
homme modefte vouloit cacher
fous un air d'économie , le mérita
d'une bonne aâion... Condd , avertt
cpi'on étoit mécontent de la bou«
chérie horrible de Sénef : Bon »
dit-il , e'efi tout au plus une nuit de
Paris,,. Turenne penfoit avec plus
'd'humanité , quand il difoit » qu'il
** falloit 30 ans pour faire un fol*
» dat «. Selon lui , une Armée qui pafi
fait fo mille hommes étoit incommoda
au Général qui la c'ommandoît & aux
foldats qui la eompofoient.,, Turenne
étoit parvenu à être le maître
abfolu de fes plans de campagne*
Louis XIV dit à un officier gêné-
rai, qui alloit joindre l'armée en
Alface : Dites à M, de Turenne •
que je f crois eharmé Rapprendre un
peu plus fouvent de fes nouvelles, ^
que je le prie de rninflnàre de ce quit
aura fait. Ce n'efi qu'avec ce pou*
voir fans bornes qu'oh peut faire
*de grandes chofes à la guerre. Le
Grand Condê demandoit un jour à
Turenne , quelle conduite il VOU;
TUR
ilrolt tenir dans la guerre de flan-
4res ? Faire peu if fiigu , répondit
(Cet illuftre général , O donner U^U"
£oup de combats, Qjumd vous aure\^
rendu votre ArpUe fupérUure à celle
des ennemis par le nombre & pjor la
honte des troupes ; quand vous ferei
maître de la Campagne , les Villages
nms vaudront des places. Mais on
put fon honneur à prendre une VîlU
iorUyhîen plus quà chercher le moyen
4e conquérir aifément une Province. SI
le Roi d'E/pagne avo'u mis en troupes
4ce qulla dépenfé en hommes & en argent
pour fiùre des fiéges & fortifier des
places » il ferait le plus confidérable de
sous les Rçisn Quant à l'extérieur «
Turentie étoit un homme entre deux
tailles , large d'épaules & les hauf*
lant de temps en temps ; ayant les
iourcils gros^Ôc aiïemblés , ce qui
lui donnoit une phyiionomie rude ;
n'ayant rien de grand dans T^ir ,
^oiqu'il eût Tame grande. Il étoit
snodefte en habits, & le paroifloit
même en expreifions , quoique
l'amour-propre perçât quelquefois à
travers cette modeftie. Il aimoit les
bons mots & s'y connoiffoit. Il étoit
naturellement gai -, il avoit lu les
Poètes latins ôc françois. Cepeni-
dant fa converfationn'étoît pas.bril-
lante *, il parloit peu , & n'écrivoit
|)as bien. Nous avons fa Vie pap
^AMSAY : ( Voyei l'article de cet
écrivain & ceux de Covrtilz &
deMARSOLLiER.) M, le Cardinal
de Rohan , prince-évêqt|e de Stras-
bourg , a fi^nalé fon admiration
pour Twenne , en ùifant élever en
17$ I , à fa gloire , un fuperbe
Trophée à Saltzbach, à l'endroit
même où le héros a été tué ; il
eft au milieu d'un efpace planté de
lauriers , & environné d'une grille
de fer. Un invalide du régiment de
Turenne , fera entretenu à perpé-
^ité à Saltzbach pour faire voir
f.è monument aux étrangers. M.
faJbW^ d'Symàr f yiçmc-^é^^l dç
t U R 11^
^ttajfbourg , le célébra ^ans cet
quanae Vers :
Tu RENNE enféveÛdansle tomlem
des Rois ,
Du Roi qui ty plaç^ fait ehérîr.'ùf
mémoire j
Mais dans ce monument on célthr$
à la fois
Turenne, fes vertus^ fon trépas ^
JfL ^oire^
TURGOT , ( Michel-Etienne )
aé à Paris en 1699 , mort dans I9
retraite en 17 51, paiTa de la place
de préfident au parlement, à celle
de prévôt des marchands , & fut
fait confeiller d'état» puis préfi*
dent du grand<onfeil. Les égouts
immenfes qui entourent tout uit
côté de Paris & le débarraflent
d'immondices peftilentielles , 8c
la fontaine de Grenelle , font
Içs monumens dé l'adminiftratioQ
du préfident Turgot, Son zèle vi-*
niant & aéBf fîit très - utile aux
Parîiiens , qui lui ayant dû l'aboir-
dance dans les temps les plus diffi-
ciles , ne prononcent fbn non^
qu'avec vénération. 11 laiffa troi$
fils f dont le plus jeune ( Anne-»
Robert- Jacques ) ci -devant contrô-
leur général des finances fous
Loms XVI ^ né à Paris le 10 Mal
1727 , eft mort le 18 Mars 1781.
Il avoit été pendant 12 ans înten-^
dant de Limoges. On n'oubliera
jamais dans cette province l'èfprit
d'équité 6c de bien&ifance avec
lequel il Ta adminifirée. Pendant
une longue & cruelle difette , il
répandit des aumônes abondantes.
Les denrées de première néceflîté
manquoient; il fe donna des foins
infatigables pour les procurer. Le
Limouûn éprouvoit une furcharge
énorme dans fes impofitions , pat
une erreur de calcul , qu'un long
ufage avoit confacrée; il parvint
à éclairer le minifïere fur ce point
Vfùf9xpffiu II n'exiiloit que quçl-
*iô T U R
%ues roates^ il en ouvrit un grand
nombre de nouvelles *, & par ces
canaux de communication , il vi-
vifia fa généralité , fans accabler le
pauvre de travaux , dont l'homme
Hche recueille prefque tout le fruit.
La corvée fut convertie en argent*
Les mêmes fentimens de juitice
l'animèrent pendant fon court mi-
nîilere. Les droits d'entrée fur les
denrées de première nécelBté furent
beaucoup modérés , (ans que le roi
y perdît. La caiiTe de Poifli qu'on
difoit onéreufe au peuple , fut fup-
primée , & le prix de la viande di-
minua. Les laboureurs & les gens
de la campagne dévoient être fou-
lages en mettant, par une impoû-
tlon, les corvées à la chargé de
toutes lesdaâesdes citoyens, hts
jurandes & les corporations qui
«lettent Aes entraves à l'induftrie ,
furent abolies. Les droits de féoda-
lité étant une fource de procès , il
forma le projet de commuer ces
droits d'une maniçre qui pût être
«vantageufe .- aux ' vaiTaux & aux
teigneurs. U vouioit aufli rendre le
. iel libre & marchand , & réformer .
lathaifon domeftique du roi; mais
fon z^l^ eut plus d'afbiyité que de
V . jfuccès ; & (es idées , contredites par
des perfonnes pjiiffantes, reftcrent
^ fans exécution. Tout le fruit qu'il
en recueillit , c'ed qifon le ridicu-
*lifa : c'èft la monnoie dont les
François payent quelquefois ceux
qui veulent leur faire du bien. On
** invema de petites tabatières qu'on
^ appela des Turgotlnes ou des Plati-
tudes. Ces fobriquets fervirent â
idécréditer toutes fes opérations.
Le contrôleur général fe retira de
Ta cour avec la réputation d'un
jninîftre vertueux, que l'élévation
n'avoit ni corrompu , ni enor-
gueilli. On a de lui quelques Ecrits ,
dont on peut voir la notice daiis
"les Mémoires fur fa Vit & fes
Ouvrages, 1781 , in-8®. Un poëte
T U R
mit m bas de fon portrait , qnandT
il eut été iàii contrôleur général ,
ces quatre Vers :
// aime à faire des heureux ;
Du fort la faveur le féconde.
Il ne doit plus former des vaux ;
Il fait le bien de tout le monde»
TURINI , { André ) médecin des
papes CUment Fil & PaullII , &
des rois Louis XU & François /,
étoit né dans le territoire de Pife ,
& vivoit encore vers le milieu du
xvi^ iiecle ; mais on ignore le
temps de ik mort. 11 s'acquit une
grande réputation par fa pratique
6c par fes Outrages , publiés en
1544, à Rome* in-folio. *
TURLUPINS,Voy.YKU>0.
L TURNEBE, (Adrien) né ea '
I y 1 2 à Andeli , près de Rouen , îwt
profeffeur royal en langue grecque
à Paris. Il fe fit imprimeur , & eut
pendant quelque temps la direâion
de l'Imprimerie Royale » fur-tout
pour les Ouvrages grecs. La con-
noiffance qu'il avpit des belles-
lettres , des langué's & du droit ,
une mémoire prodigieufe, un ju-
gement admirable & une grande
pénétration , \\xi firent des admi-
rateurs à Touloufe & à Paris , où
il profefTa. Ce favant mourut dans
cette dernij[:re ville, en 1565 , âgé
de j y ans. La douceur de fon vi-
fage témoignoit celle de fon ame.
Ses aftions étoient innocentes , fes
mœurs irrépréhenfibles , & toutes
^es vertus étoient accompagnées
d une modeflie fans exemple. Henri
Etienne a dit de lui :
Hic placuit cunâis , qubd fihi non
placuit.
Son cabinet a voit tant de charmes
pour lui , que le jour de fes noces
il y paffa plufieurs heures. Les Ita-
liens , les Efpagnols , les Anglois
& les Allemands lui offiriient des
T UR
avantages confidérables pour l'attv-
rer chez eux *, mais il aima mieux
vivre pauvrement dans fon pays ,
que d'être riche ailleurs. Ses prin-
cipaux Ouvrages ont été imprimés
à Strasbourg, en 3 vol. in-folio «
1606. On y trouve : I. Des Notes
fur CîUron^ fur Varron , fur Thu-
tydùU , fur Platon, II. Ses Ecrits
contre Ramus, III. Ses Traduciioms
d'Artfiote , de Tkéophrafte , de Pùi-
targue , de Platon , &c. IV. Ses
Poéfics latines & grecques. V. Des
Traités particuliers. VI. On a en-
core de lui un Recueil important,
intitulé : Adverfaria , 1 5 80 , in-fol. ,
en 30 livres , dans lequel il a ra-
maiTé tout ce qu'il a trouvé d'inté-
refTant dans fes ieâures.
II. TURNEBE, (Odet) fils du
précédent fut avocat au parlement
de Paris , & premier préfident de la
cour des Monnoies. Il eft auteur
d'une Comédie , pleine d'obfcé-
uités , intitulée : Les Contens, Paris ,
1584, ia-8°. Il mourut en 15 Si ,
à 28 ans.
/. TURNER , (Robert) théo-
logien Anglois , quitta fon pays
pour la Foi Catholique , & trouva
un afile auprès de Guillaume , duc de
Bavière , qui l'employa dans plu-
£eurs négociations importantes *,
mais il perdit dans la fuite la faveur
de ce prince. Il devint chanoine
de Breîlaw » & mourut à Gratz en
1597. On a de lui des Commen'
taires fur l'Ecriture-fainte, &d'au«
très Ouvrages.
IL TURNER , ( François ) théo-
logien Anglois , fut élevé par fon
mérite à Tévêché de Rochefter en
^683 , puis l'année fuivame à celui
d'Ely^ mais les intrigues l'ayant
hrouillé avec la cour d'Angleterre ,
il fut privé de fon évêché. On a
de lui quelques Ouvrages.
TURNUS, roi des Rutulcs , à
^ Lavink avoit été promife , fut
TU R ^^i
taé par Enie fon rival , dans U9
combat fingulier.
I. TUROCZI ou TuROTZX^
ou Thurocs , (Jean) Hongrois «
âoriiToit vers l'an 1490. On ado
lui une Hijloln des Rois de Hongrie ,
depuis Attila )ufqu'au couronne-
ment de Mathias Qorvin , Taa
1464 , en latin. Il a inféré dans
cette Hiftoire la Chronique de hatk
KikoUo , grand- vicaire de Strigonie«
depuis l'an 1342 jusqu'à Tan 1381,
& il dit que pour le reAe il a com-
pilé dans ce qu'il a trouvé de meil-
leur , mais il a bien mal choifî. On
le voit confondre la Catalogne avec
la ville dcChâlons-fur-Marne( Ca-
talaunia & Catalaunum }. Il fait dé-
river le mot Hîfpanla de Hifpan ,
qui en hongrois fignifie capitaine ,
quoique l'Efpagne eût ce nom dans .
le temps où Ton ne favoit encore
rien des Huns ni des Hongrois,
Tout ce qu'il dît A* Attila , eft plutôt
un Roman qu'une Hifioire. Cet
Ouvrage a été imprimé à Aus-
bourg, 1481; à Venife, 1488; &
dans les Scriptons reram Hungarican
rum de Schwandtnems,
IL TUROCZI ou TuROTzi,
( Ladiilas) né d'une famille noble
de Hongrie , fe fit Jéfuite , & fa
diflingua par fes vertus &fafcience.
On a de lui un Ahrégé de l'Hiftoirc
des Rois de' Hongrie f fous ce titre;
Hungaria cum fuis Regibus , Tirnau ,
1729 , in-folio-, avec des additions
par Etienne Katona , Tirnau , 1772 ,
in- 4°. On trouve dans cette Hif-
toire très-bien écrite en latin , unç
defcription géographique fort am-
ple de toute la Hongrie , de fes
villes , comtés , iilcs , lacs , fleuves ,
fontaines , montagnes , &c. *, de^
hits très-inréreifant omis par plu-
fieurs hiftoriens , des anecdotes.
étonnantes , incroyables , & cepen-
dant très- vraies , telle que celle de
la comtefie £athori , époufe d'uQ
lit T U R
f omte NéuUfti ^ qui immola plus ée
éoo filles à (a beauté » ridiculement
perfuadée que le Tang humain blan-
chtflbit le teint , & qui parvraiue à
un âge où la vanité des femmes
cefle d'avoir des prétentions, non-
feulement continua ces horreurs ,
mais prit plaifir à manger la chair
de ces infortunées.
TURPIN OM Tu LPiN, moine de
Saint-Denys » fut fait archevêque de
Rheims , au plus tard Tan 760 , &
reçut du pape Adrien /, le PalUum
en 774 , avec le titre de Primat. Il
mit en 786 des Bénédiâins dans
réglife de Saint-Remi , abbaye cé-
lèbre , au lieu de chanoines qui y
étoient; & mourut vers Tan 800,
après avoir gouverné ^on églife
plus dequarante ans. On lui atttibue
le livre intitulé : HlftorU & Vîta.
Carolx Magiii & RoUandl ; mais cette
Hiftoire, ou plutôt cette ^able, eft
l'ouvrage d'un moine du xvi*^ fie»
cle, qui a pris le nom de Jean Turp'm^
C'eft de ce miférable Roman qu'on
a tiré tous les contes qu'on a faits
fur Roland & fur CharUmagne, On
le trouve dans SchardU remm dr^
manîcarum quatuor yetuftlores Chrono' ,
ff^phi^ Francfort , .Ijç6, in-folio;
le il y en a une Verfion françoife g
par 6aj»m, Lyon, 1583 , in-S^.
TURQX7ET , f^oy. Materne.
TURRECREMATA, Voy. Tob/.
^VEMADA.
: I. TURRETIN, (Benoît) étoît
d'une illufire & ancienne &mille de
Lucques. Son père ayant embraffé
Fhéréfie Gilvinienne , fe retira à
Genève. Benoît Turruln y naquit
en 1588, & devint, à l'âge de 33^
ans , paileur & profefleur en théo-
logie. Sa fcience , ia modération 6c
idi prudence lui firent des admira-
teurs & des amis. On a de lui : 1.
Une Difirife des Verfions de Ge-
nevç, contre le Pert Cotton , in-
&Uo. IL Des Sermons ^ çaUcaoçoisr
T tJR
filf VUdlUé des CUtlmens, Ini^i
& d'autres Ouvrages aujourd'hui
peu connus. Il mourut le 4 Mart
1631.
IL TURRETIN , ( Françws) fil»
du précédent, né en 1613 , voya-
gea en Hollande & en France , o^
il augmenta fes connoiflances , &
où il fe lia avec divers favans. A
fon retour il devint profefiêur de
théologie à Genève en 1653 » &
fut député Tan i66x en Hollande ,
où il obtint la fomme de 75<)oo
florins , qui fervirent à la conftruc'^
tion du baftion de la ville , qu'otf
appelle encore aujourd'hui le Bafi
tion de Hollande, Ce favant mourut
le 28 Septembre 1687 , après avoir
publié divers Ouvrages. Les plur
connus font: I. Infiliutio Théologie
EUnchtica , 3 vol. in-4**. IL The/e*
de fatisfactiom J, C.,- l667,in-4%
IIL De SeeeJJione ai EccUfia Ro^
mana, 2 vol. IV. Des Strmons ^
d'autres Ouvrages^
m. TURRETiN\ (/ean-Af-r
phonfe) fils du précédent , né et
Genève en 1671 , fe livra tout
entier à l'étude de l'Hifioire de
l'Eglife. Ce fut en fa faveur qu'oiv
érigea à Genève une chaire d'Hii^
toire eccléfiaftique. Il avoir voyagé
en Hollande , en Angleterre & en^
Frantee , pour converfer avec lesi*
favans , & avoit eu l'art de profiter
de leurs entretiens. Ses Ouvrage»
font : L Plufieurs volumes de H^^
ranpies & de Diffenatlons , 17 3 7 ,
3 vol. in-4**. IL Plufieurs Ecrits^
fur là vérité de la Religion Judaï-
que, diffus, mai$ folides, traduit»
en partie du latin par M. Fhnet,-
f^ part. , in-8^. III. Des Sermons,
IV. Un Abrégé de rMfioirt Eccléfiaf"
tiqui, dont la 2^ édition eft de 1736»
in*8^i ouvrage favant & méthodi-'
que , mais trop rempli de décla*'
mations contre l'Eglife Romaine*
Twmôi mounvC' le i^' Mai ijyt^ -
TtTR
ibns fa 66^ année. Il étoit Tonie-
iiieot de (on Eglife & la lumière de
(es confrères. Il gémiflbit fur les
fbneftes querelles qui ont fouvent
^Ivifé les Proteilans entre eux ;
^erelles .auffî oppofées à la cha-
ijté, qu'à la fkine politique;
IV. TURRETIN , ( MicKel ) né
m 1646 , mort en 1711 , pàfteur &
prolieffeur «n langues orientales
à Genève , étoit de la même fa-
mille que les precédens. On a de
Id pluûeurs Sermons eftiraés des
Proteftans , deux entre avtres fur
Wtîihé des ajfUaîons, Sa piété &
fil candeur le Êiifoient chérir &
teipeâer.
V. TORREHN , ( Samuel ) fils
du précédent , profeiTeur en hébreu
& en théologie à Genève , né en
168S, mort le 27 Juillet 1717 , a
fonné des The/es fur lefq^elles a
<té compofé le TraUé intitulé :
fréfcrvaûf contre U Fanaùfmt & Us
prétendus Jn/plrés du dernier fiuU , à
Genève , 171 î » vci-^, U fut re-
gretté comme pafteur H. comme
profeûeur. Les lumières , le jugie-
Qcnt , l'affabilité & le zèle , £ai-
foient de lui un favant aimable y
^ un oMnifire refpeébhle.
TURRiEN-, ( François ) dont le
Vrai nom eft Torres , né à Herrera
en Erpagne,vers l'an 1504, parut
avec éclat au concile de Trente.
Ufe fit enfuite Jéfuite à l'âge de
plus de 60 ans , & alla en Albma*
gne , où il continua d'écrire avec
plus d'affiduité que de fucpès* Il
mourut à Rome le 11 Novembre
15S4. Cétoit un homme d'une
grande leâure ; mais il n'avoit pas
le goût fur , & étoh affez mauvais
critique , traduâeiur & controver-
fiâe. On Ta accufé de citer quantité
de (auiGes pièces pour défendre
fes opinions , & d'avoir forgé des
manufcrits. Ses Ouvrages font en
Sraad AQipbre *^iU roulent tous fuc
TUR iij
la théologie ; & les préjugés l/ltra-
montains y dominent.
TURSEUN , ( Horace ) Jéfuîtc »
naquit à Rome « où il enfeigna:
pendant 20 ans. U auroit continué
encore plus long-remps l'exercice
pénible de cet emploi , /i l'on n'eût
fugé à propos de le lui faire quitter^
pour lui donner le gouvernement
de quelques maifons. U fut donc
re^^eur du féminaire de Rome^
enfuite du collège de Flofence , 8c
enfin de celui de Lorette. U moumi
à Rome le 6 Avril if99tà y 4 ans«
^t& principaux Ouvrages font : l#
De vlta Franclfcî Xaverii , in-4\
^me , 1^96 , en 6 liv. II, WfiorU
Lauretana , in-»** \ écrite avec élé-
gance , mais fan$ critique. III. Ua
Traité des Particules de la Langue
Latine. IV, Un Abrégé de tHifloU*
VniverfelU , depuis le commence*
ment du Monde» îufqu'e» 159^^,
ii>-8^ ; continué par k VœPhlfippt
Brlet^ fufqu'en i66y. On lit cet
Abrégé avec plaifir , quand on aime
la belle latinité ; mais cette leâure
dégoûte bientôt , lorfqu'on veut dé
l'exaâimde dans la chronologie*
du difcernement dans les faits , de
ta judefiê & de la finefife dans les
réflexions. On voit que TurfeÛn
n'étoit qu'un rhéteur , qu'un Jéfuite
Italien , & non un hiHorien impar-
tial & un bon critique. On en ^
une Traduftion françoife en 4 voU
in-i2 , par M. l'abbé Lagneau. Le
IV* vol. n'eft pas de TurfcUn, Cette
Verfion offre des Notes abondantes
& infiru doives.
TURSTIN, archevêque d'Torck,
Voy. I. CoKi>â (Turftin de).
TUSCO, (Dominique} née
Rc^gio en Calabre , commença în
carrière par les armes , en qualité
de capitaine , ta continua dans le
facerdoce & les dignités eccléfiaftî*
ques , & l'eût finie après la mort
de Léon XI ^ par la tiare » uns les
114 TUT
vives oppofidoiis de Baronîm, Ce
pieux cardinal lui reprochoit quel-
ques paroles un peu trop libres,
dont Û cherchoit à égayer fa con-
▼erfadon. Tufco mourut en 1610 ,
à 90 ans, après avoir publié 8 vol.
in-fol. , où il a rédigé alphabéti*
qucment toutes les matières du Droit
civil & canonique.
TUTELA. Cctoit le nom qu'on
donnoit chez les Romains à la ila-
tue du Dieu ou de la DéeRe qu'on
mettoit fur la proue d'un vaifleau «
pour en être la divinité tutélaire :
de même que Tu lima étoit celle
qui préfidoit à la confervation des
grains recudllis & ferrés.
.TUTIA , Veflale Romaine , étant
accufée d'un crime , prouva , dit-on,
fon innocence , en portant, duTi*
bre au Temple de VtftA , de Teau
dans un crible.
TUTOLE , jeune Romaine , s'eft
illuflrée par im confeil prudent
qu'elle donna au féoat de Rome.
Les Latins demandoient Its armes
À la main , des filles Romaines en
mariage. Le fénat étoit fort cmbar-
râffé. Tutoie , quoique fort jeune ,
fe préfente , & ayant remarqué
beaucoup d'irréfolutton dans les
difcours de tant de vieux fénateurs ,
elle leur donna un avis auquel tout
le monde adhéra. Elle leur dit, qu'/7
falLoît accorder à ces Etrangers ce qu'ils
demandoîent , & donner en toute furaé
tes habits nuptiaux des Dames Romai-
nes à leurs Servanus , afin que les La-
iins s'amufant à fadsfalre leurs défirs
dérégUs , fujfent dlfiràUs du deffeîn,
fu*Ûs aroient de faire la guerre. Cela
réudit à merveille. Ces efclaves
voyant leurs prétendus maris plon-
gés dans un profond fommeil , leur
dérobèrent fubitement leurs armes ,
& avertirent les foldats Romains
par un flambçau allumé , afin qu'ils
yioiiHU fursceadr^ leurs enneinis
T Y P
qui étoienthors d'état de fe défeii4
dre. Article fourni à tlmprlnuur^
TYARD, Voye^TnuLKO,
TYDÉE, ûUd*(Snée^d*Àlthée *
fat envoyé par Polynice auprès
à^EthéocU , roi de Thebes ^ pour lo
fommer de lui rendre' fon royau-
me -, mais en ayant été mal reçu »
il le défia en toutes fottes de comr
bats, où il eut toujours l'avantage.
Ethcode indigné de fe voir toujours
vaincu , lui tendit pluûeurs pièges,
dont il eut l'art de fe tirer. Quel-
que temps après , Tydée fut enfin tué
au fiége de Thebes. Voye^ M&vx»
LIFFE , & I. POLYBE.
TYNDARE , roi d'<EbaKe, &
mari de Léda , pafîa pour père de
Ca/ior & de PoUux , qui furent gra-.
tuitement appelés Tyndarides^.
TYPHON , o« TrFHÉE , Géant ,
étoit fils du Tartare & de la Terre ,
félon Héfiode , ou plutôt de Junon
feule. Cette Dceffe , indignée de ce
que Jupiter fon époux avoit en£anté
Minerve fans aide ni compagnie ,
frappa la Terre de fa main , & reçut
les plus fortes vapeurs qui en for-
tirent : ce fut de ces vapeurs que
naquit , dit-on , Typhon, Sa taille
étoit prodigieufe ; car d'une main
il teuchoit l'Orient , & de l'autre
l'Occident. Sa tête s'élevoit juf-
qu'aux étoiles; fes yeux étoient
tout de feu ; il vomiiToit des. flam-
mes par' la bouche & par les na-
rines *, fon corps étoit couvert de
plumes entortillées de ferpens -, &
fes cuififes & fes jambes avoientla
figure de deux gros dragons. Ce
mouAre fe préfenta avec les au-
tres Géans, pour combattre & pour
détrôner les Dieux , auxquels il fit
fi grand*peur , qu'ils^ iiirént con-
traints de s'enfuir en Egypte , où
ils prirent de nouvelles formes.
Enfin Apollon le tua à coups de
flèches , & félon d'autres , Juplut
le foudroya^ & le précipita fous le
mont
t Y R
Éftônt Gîbel ou Etna. C'étôît aux
efforts terribles , mais impuIiTans ,
de Typhon^ pour s'affranchir de cette
maffe énorme , qu«^ les anciens attri-
bue iem lés éruptions de flammes
& de cendres calcinées qui en for-
toient.
TYPOT , ( Jacques ) de Dieftem,
ville de Brabant , né d'une bonne
femillc , cnfeigna le droit en Italie;
Il alla s'établir enfuite à wirtz-
Ijourg , d'où Jean III, roi de Suéde ,
rappela auprès de lui. Ce prince
s étant laiflîé prévenir contre lui ,
lè fit ihcttre en prifon. Il ne Ârè
élargi que fous Slglfmond, Typot fe
ittira enfuite à la cour de l'empereur
Rodolphe II , qui le fit fon hifto-
rîographe. On a de lui : I. Hîflorlà
JGothorum , in-8**. IL Hi/iorla rerum
h Suuîargeftarum , in.8**. III. Syni-
iola di^ma & humana Pontîficum ,
ïmperatorum , Éegum , cam îcombus ;
ft-agae , lôi^ , 3 tom* in-folio -, &
d'autres Ouvrages qui font écrits
avec plus d'érudition que d'élé-
gance. Typot mourut à Prague en
x6oi.
TYRANNIONi grammairien ,
natif d'Amife dans lé royaume de
Pont, s'appeloit d'abord Théopkrajîe -,
mais fa méchanceté envers fes
Condifciples , le fit nommer Tyraw
^on. Il fut difciple de Denys de
Thrace à Rhodes. Il tomba entre
les mains de Lacullus , lorfque cé
général eut mis en fuite Mlthrldau ,
& fe fut emparé de £q& états. Murma
l'affranchit. La captivité de tyran-^
nion ne lui fut point défavanta-
geufe ; elle lui procura l'occafion
d'aller à Rome , où Cîcéron , dont
il arrangea la bibliothèque , l'ho-
ttora de foil amitié. Il fe rendit illuf*-
. tre par fes leçons : il amaffa de
grands biens^ qu'il employa, à dref-
fer une bibliothèque de plus de
30 mille volumes^ Sa paifion pour
les livres contribua beaucoup à la
tfonfervation des Ouvrages d'^r//?.
Tom€ IX%
TYR il-
tou. II mourut fort vieux a Rome
miné par la goutte. Le mérite de
Tyrannion ne fe bornoit point à
arranger des livres -, il favoit en
faire ufage. Lorfque Céf.r étoit
en Afi-ique pour faire la guerre à
iuba , Cuéron & Auicus fe promirent
de convenir d'un jour, pfour affilier
a., la ledlure que TytannLh leui»
feroit d'un de fes Ouvrages, Atûcus
1 ayant entendu lire fans fon ami
en reçut des reproches : » Quoi»
« lui dit Ci«'r^«, j'ai refuféplufieuri
»♦ fois d'entendre ce^te lèdure
" parce que vous étiez abfent &
'* vous n'avez pas daigné hi'atten^
». dre , pour panager ce plaifir aved
». moi ! Mais je vous pardonne
» cette faute , en faveur de l'ad-
" miration que vous témoignez
*♦ pour cet Ouvrage .«. U falloû quô
Clccron fit un grand cas de Tyran^^
mon , puifqu'il lui avoit permi»
d'ouvrir dans U maifon , une école
de grammaire , où il donnoit des
leçons de cet art à quelques jeunes
Romams , & entre autres au fils de
fon frère ^mntus , & fans doute
auffi aujfils de Cltéron mêmci.. 11 y
a eu un autre Tyrasnion" ^x^
nommé , parce qu'il fiit difciple dit
précéd«nt , DlocUs étoit fon pre-
mier nom. Il étoit de Phénicie. Il
fut prifonnier dans la guerre de
Marc-Antomt & d'^«^> , & ac^gj^
par un affranchi de l'empereur •
nommé DymasAl fut enfuite donné
à Termtia^ qui l'affranchit. Elle avoit
été femme de CUéron, & en avoit
été répudiée. Ce fécond Tyrannion .
ouvrit une école dans Rome , &
compofa Lxvin Livre$.Ilen fit un
pour prouver que la langue latine
defcendoit de la langue grecque ;
& un autre qui contenoit une CorI
reaiondesPoëmesd'//e«ff«.., Voy
auffi Apelucom.
TYR ANUS. Tc^y^d l'article de
IirTTVT^TTC ^
P
JUCUNOVS.
i%6 T Y Ë
TYRCONEL. (UDiitdc)rc)y;
Iii.Talbot.
TYRESIAS , Foyei TîRfi-
«TAS.
TYRO , Tune des Nércïdcs, fot
in ère de Né/ce , de PéiUs , d'Efon ,
fAmlthaon & de PJurtu*,. Voyès
Énipée... ô'Tiron.
TYRRHUS, gardiéfi des troa*
peaux du roi La'.lnat, Un cerf qu'il
«voit apprivoifé , ayant été nié
par JfcAffit , fiit la preniiere caufe
de la guerre entre \^ Troyéns flc
les Latitts: hfçon<{ueles potentats
devroicnt fins ccffe aToir fous les
yeux.
TYRTHÉfi , poète Grec , né ( i
ce que l'on croit ) à Aliènes , où
H fut qn^oe temps tiiaicre dëcole ,
Ikune grande figure dans la féconde
guerre que les Macédoniens eurent
avec les Mcfieftîcns. 11 excelloit à
célébrer la valeur guerrière. Les
Spartiates qui affiégeoiem alors-
MeiTene , aboient reçu plûiieurs
échecs , qui leur avoient abattu
le cour^ge. L'Oracle de Delphes
leur ordonna de demander aux
Athéniens , un homme capable de
les aider de ies avrs & d^fes lumiè-
res. Tynhée leur fut envoyé. Il étoit
mal-fait , pçit , boitent & borgne.
On tk en voyant un pareil géné-
ral *, il fut battu dans trois forties
que firent les ennemis. Les rois de
Sparte etoient d'avis de lever le
fiége & de fe retirer -, mais Tyrthn
^eul fidelleà Tcracle , s'y oppofa,
& prononça à- la rête de l'armée
des vers pour reierer le courage
des foldats. A peine les Lacéde-
■ioniens les eurent-ils entendu , que
se refpirant que l'amour de la
patrie & le mépris de la mort , ils
attaquèrent les Mefféniens avec
&reur-, & la victoire qu'ils rem*
portèrent en cette occalion, & la
■Jrife de Meffene, terminèrent à
kur avantage une guerre qu'ils M
T2Ë
{Xmvtilefit plus Ibutenit. lïsaccè^
derem à Tynhée le droit de bour*
geoifîe -, titre qui ne fe prodiguoiif
pas à Lacédémone , 8c qui par-là
devenoît infiniment honorable. Lé
peu qui nous reile defes l^^él
dans le Recueil des Poëtes Grecs dtf
Ptantin , Anvers, 156S , in S°;
Éïft connditre que fon ftyle étok
plein de force & de noblefîe. Il
paroit lui-même tranfporté de Tar-
dtur dont il vouloit enflaffimer
l'cTprit de fes auditeurs :
Tyrt^trfqut mares ammos m MMrild
b€Ua
Vtrfihu txûcuu,
Horat. îft Art, Poêt;
Voyt^^ Traduéëon en vers françoîîf
des Fragmens deTyrthée,pai M. P#/n-
Jïnet {U Sîvry,
TYSIAS , rhéteur célèbre , qu«'
Qcéron regardoît commerînventeuf
de la rhétorique.
LtZETZÈS,(lfaac) lîttért-
teurGrec» vivoitvers l'an 1170,'
Il publia fous fon nbm^un Ouvrage*
dont fon frère h<m Tavoit gratifié.
Ce font les Commentaires fur Lyc9*
phron , que /. Potter a inférés tout
au long dans la belle Ëdîùon qu'il
donna de ce poëte , à Oxford , eo'
1697, in-fol. . & dont nous parlote
dans l'article fuivaat , n® r.
IL TZETZÉ&, (Jean) poëie
Grec , fi-ere du précédent , monmr
vers la fin du xii* fiecle. A l'âge
de i^ acs , on le mit fous des.'
martre» gui lui apprirent les belles»
lettres , la philofophii» , la géom^
ttis , & même la langue hébraïque.
On aflftire qu'il fa voit p« coeur
toute l'Ecriture- fjinte. Il dit loî-
même, que •» Dieu n'avoir pas aéé-
'* un honmie qui eût été dooé
»» d'ime mémoire plus excellente'
» que la iîenne *t *, miis peut-être'
y a-t-il là un peu d'emhoufiafiofr
OR de vamté pocoque. On adelui «f
1 T Z É , ^
ipe$ Ai/égorUs fur Homère , Paris ,
Î6i6 , in-8° , qu'il dédia à Irène ,
iemme de Tempercur Manuel Cent"
naieAl. Hîfioires mèUcs\ Bâlc, I546 ,
in-fol. en 13 chiliades, en vers li-
bres i pleines d'inutilités infipides ,
écrites d'un ftyle emphatique. 111.
i)es Eptgrammcs & d'autres Poéjîes
en grec , dans le Recueil des
Toctes Grecs, à Genève, 1606 &
i6i4, i voK ki-fol. IV. D«s D«.
T Z E 217
vrages dt Grammaire & de Criti-
que , & des Scholles fur Héfiode. V,
Des Commentaires fur le Poëme d«
Lycophron , appelé t Alexandre ou
/4 Caffandre, Il a renfermé dans cet
ouvrage,une infinité de chofes utiles
bour entendre l'Hiftoire & la Fable.
Ils peuvent fcrvir même à l'intel-
ligence de divers endroits obfcurs
b, difficiles , qui fe rencontrent dàas
lès autres auteur^
?»7
liS
u
UbaLDIS, ( Balde de) Voye^ I.
Balde.
U BERTI, {Fafio, c*eft-à.dirc,
Sonlfido de gli ) poète & géogra*
phe Florentin du xiv' ûede , a
fait un Poëme géographique ita-
lien , fous ce titre : DUta mtmdo ou
DlHa mundi, U fut imprimé à Vi-
cence, i474 » i" - ^ol. j à Venifc,
1501 , in- 4**, & plufieurs fois de-
puis -, mais il n'y a que la première
édition qui foit rare & recherchée.
UBIQUISTES, Voyez Bren-
TIUS.
UDALRIC, KayeiULRic.
UDEN , Voyex Van-Uden.
UDINE , < Jean d' ) Voyei }ib,kv ,
n" Lxxxiv.
UGHELLI , ( Ferdinand ) né à
Florence le 21 Mars 1595, d'une
bonne famille , eàcra chez les Cifler-
ciens. U eut divers emplois hono-
rables dans fon Ordre , & devint
abbé de Trois-Fontaines à Rome,
procureur de la province, & con-
îulteur de la Congrégation de Vin-
dtx. Son humilité lui ât refufer les
ëvêchés qui lui^furent offerts par
les fouverains pontifes ; mais il
accepta les penfiofts ^iviAUxan-
dn Vil & Clément IX lui donnèrent.
Ce favant mourut à Rome le 19
Mai 1670, à 7^ ans , auffi eftimé
pour fes connoiflances que pour fes
vertus. On a de lui un Ouvrage
important, & plein de recherches,
ibus le titre d*ltalla /ocra , dans
lequel il a exécuté , fur les évêques
d'Italie , ce que Sainte-Marthe avoit
fait pour les Eglifes de France. U y
en a deux éditions : Tune de Rome ,
in-fol. , en 9 vol. imprimés depuis
1641 jufqu'en 1661 -, l'autre de Ve-
nife , 10 vol. io-fol. « dont le pre-
mier eft de Tan I7i7f&ledcmîef
de 1721. Cette édition dt fort au-
gmentée & perfeâionnée , & on y
a ajouté une Table dans le x*
vol. *, mais elle eft remplie de ÊKites
d'impre/Hon.
UGONIUS, (Mathias) évcque
de ïamagoufte en Chypre , au com-
mencement du XV i^ fiede. On a
de lui : I. Un Traité de U dignité Po'
tnarchaU^ en forme de Dialogue»
imprimé à Bâle en 1507. II. Ua
Traité des Conciles, zpçelé . Syaoda.
Ugonia , imprimé à Venife Tan
1563 , in-fol ; approuvé par un
Bref de Paul 111 y du 16 Décembre
de l'an 15 n- ^^^ *^ ^^^ meil-
leurs Ouvrages & des plus rares
qui fe foient faits dans le xvi*
fiede fur ce fu)et. On prétend qu'il
fut fupprimé fecrétement par la
cour de Rome, parce qu'elle crut
appercevoir dans ce livre , des maxi-
mes quelquefois oppofées à fes
ufages , & des paffages favorables
aux libertés de TEglife de France*
Plufieurs bibliographes Tont an-
noncé fous ces différantes dates ,
1531 f 32, 34, 1565 & 68; mais
c'eff la même édition. Le feuillet
feul du titre a été changé , pour
des raifons particulières que l'oa
ignore.
ULACQ, ( Adrien) mathémati-
cien de Gand, a donné : I. Une
Trigonométrie latine , Gouda ^ i^3U
in-fol. 1 1. Logarithmarum Chiliades
centum , 1628 , in - fol. , traduites
en françois , in- 8°, & dont 0\anam
a beaucoup profité.
ULADISLAS, Voyei La-
DISLAS.
ULFELDoiiUlefeld, ( Cof-
aifix ou Corfits » comte d' ) étoi|
U L F
le dixième fils du grand chancelîn
deDanemarck, d'une des premières
maifons du royaume. ChrîftUm IV
le fit grand-maître de fa maifon ,
& vice-roi de Norwege , & lui fit
époufer fa fille naturelle -, mais Fr^*
éenc 111, fils & fuccelTeur de CAr//-
dcm IF, craignant fon ambition ,
lui fit effuyer plufieurs défagré*
mens. Le comte fortit (ecrétemeht
de Danemarck, & fe retira en Suéde.
La reine Chrifiint le reçut très-bien »
& l'employa dans plufieurs négo-
ciations importantes. Mais lorfque
cette princefiie eut abdiqué le trône ,
il tomba dans la difgrace des Sué»
dois, & (lit mis en prifon. Ayant
trouvé le moyen de s'évader , il
fe- retira à Copenhague , avant que
d'avoir obtenu l'abolition de ce
qu'il avoit Êiit contre fon fouve-
rata. FrédcHc 111 le fit alors ar-
rêter , & renvoya avec la comteffe
la femme» dans Tifle de Bernholm ;
mais peu de tem^s après , il leur
permit de voyager. A peine étoient*
ils partis, qu'on prétendit avoir
découvert une horrible confpira-
tion que le comte avoit tramée
contre fon prince. Il avoit , dit*
on , propofé à l'él^eur de Bran-
debourg de détrôner le roi de Da-»
siemarck , fie de faire paifer la cou-
ronne fur la tête de ce monarque.
Quoi qu'il en foit de cette accu-
fation , Ulftld fut condamné à être
écartelé le 14 Juillet de l'an 1663 ,
comme atteint du crime de lefe-
majeûé au premier chef. L'arrêt fut
exécuté fur une ftatue de cire , en
effigie. Il en reçut la nouvelle à
Bruges , d'où il partit aufli^tôt pour
ie rendre à Bâle. U vécut quelque
temps inconnu, avec trois de £ts
fils & une fille -, mais une querelle
fur venue entre un de fes fils & un
bourgeois de la ville , le fit recon-
sioître. Contraint d'abandonner cet
aiUe , quoique tourmenté par la
ii^vrei il defcendoit le Rhin dans
U L P 229
un bateau , lorfqu'ayant été faifi
du froid , il en mourut , âgé de 60
ans , en Février 1664 , & fut en-
terré au pied d'un arbre. Ses talens
auroient pu le rendre utile à fon
roi & à fa patrie; mais il ne s'en
fervit que pour perdre l'un & l'au-
tre , & pour fe perdre lui-même par
fon ambition, fon orgueil & fon
humeur inquiète.
ULLOA DETAURO,(Louîsd')
poëte Caftillan, fiorifToit fous le
roi Philippe IV, Bailla dit dans fes
Jugemens des Savons , que c'étoit un
de ces poètes facétieux & plaifans ,
dont la cour de Philippe étoit rem-
plie. Son talent pour, le comique
ou le burlefque , ne Tempêchoit pas
de s'exercer quelquefois dans le fé«
rieux & d'y rcuffir. Ses Ouvrages
ont été imprimés en Efpagne> in-4^.
Voyei la ÈihWotheque de Nicolas An»
, toîm , & les Jugtmens des Savons «
édition de Paris , in-4*^ , avec les
Notes de U Monnaye , tome v ,
page 215.
ULOLA , ( D. Antonio ) Voye^
m. Juan.
ULPHILASottGuLPHiLAs»
évêque des Goths qui habitoient
dans la Mœfîe, partie de la Da«
eie , floriflbit vers Tan 370, fous
l'empire de Valens, On croit qu'il a
été rinvemeur des lettres gothi-
ques *, au moins il efi certain qu'il
a été le premier qui ait traduit la
Bible en langue des Goths ; & c'eft
peut-être ce qui a donné lieu de lui
attribuer cette invention , parce
qu'avant cette Traduôion, les lettres
gotliiques n etoient connues que de
très-peu de perfonnes. On eft per-
fuadé qu'il n*cxifte de cette Tra-
duftion ^A*UlphlUs, que les feul»
Evangiles : c'eft ce qu'on nomma
\q. Codex Argintais d!l/lphilàs.j parce
qu'il eft écrit en lettres d'or & d'ar-o
gent. Ce rare & précieux Manufcrit
ta confcrvé dans la bibliothèque di»
roi de Suéde. Le célèbre Junitu en
*3<ï U L P.
t donfié une édiàon en çaraftovs
pareils à ceux de ce Manufcrtt. €e
fut mphilas qui obtim , l'an 376 » de
l*einpereur f^aiens , la penniiBoii ,
rtr les Goths, d'hftbiter laThrace ,
afin de l'obtenir, il emllrafia
l'Arianifffle.
VLPIEN, ( Domiiiùf Vlflanus)
célèbre jurircan^ultc , fm cuceur ,
tx. depuis fecrécaire & mintftre de
l'empereur Akxanârt Sévtrt, U
s'éleva jufqu'à la dignité de préfet
«hi Pfétoire, qui étoit la plus con-
jBdérable de l'empire. Son attache-
inent aux fuperAitions païennes lui
infpira une haine violente contre
Ses Chrétiens qu'il perfécuta cruel-
lement. U fut tue par les foldats
de la garde Prétorienne l'an 226.
{ Vqj, Er AGATHE. ) ^H nous fefle
de lui 19 titres de Frapmtu recueil*
lis patArUen^ qui fe tiouvent dans
quelques éditions du Droit civil *,•
ils fo;it curieux pour connoitre les
înœurs des Romaiiis.
• I. ULRlCCSOévêqued'Augs-
l^ourg , d'une maifon illuilre d'Alle-
magne, mort en 975, à 83 ans, fe
fignala dans fon diocefe par un zeîe
àpoftolique. Jean XV It mit dans le
catalogue des Saints au concile de
Latran, tenu en 993 ; & c'eft- le
premier exemple de canonifation
îiite par les papes.
' U. ULRIC ou Ud A t RI c, moine
de Cluni , né à Ratisbonne rers l'an
loi 8, & mort aii monaftcre de la
Celle le 14 Juillet 1093 , fut l'une
des plus grandes lumières de l'Or-
dre monaiHqu?. Il nous refte de lui *
^ans le SpUUégs de D. £Achtn , un
Recueil des Anciennes Coutumes 4i
Cluni , qui peut {efxijc à faire con-
lioître quelque^ ufages de fcn iiecle.
^ ULRIQUE ÊLÉONOREdkBa-
TiERE , féconde fille de ChatltvXI^
roi de Suéde * Î8c foeur de Ckàr-i
Us XU t naquît en z688.£II«gou-
■terna la Suéde, pendant l'abfence
^e (on fl«re , avec une fageile que c«
u L R
HUpttarque ne put s'empêcher d'a^:
mirer!i Àpr^ la mort àcCAUxànke^
du Nord , elle fut prodamée reine'
l'aii 1719, parles fuffrages unanîr'
mes de la Nation, fille céda la cou-
rotme à fon mari Frdàtm^ prince
héréditaire de Heffe-Oiâel, l'année
d'après j mais elle régna avec lui.
Les Etats aflemblés à Stockholm,
engagèrent cette prince0e à renon-
cer folennellemeBtàtoutdroithé*
réditairefur le trône, afin qu'elle
ne parût le tenir que des fuffirages
libres de la nation. Le pouvoir arbi*
traire fut alors àbolt ; les Etais pre£*
crivirent une forme de gouverne-*
ment qu'ils firent ratifier par la prin*
ceiTe ', l'autorité du trône 6tt tempe»
rée par cdle des Etats & du Sé«
nat , & le peuple £ut rétabli dane
fcs anciens droits , que CkarUs Xli
avoit tous violés. UlriqûA-EUonori
employa lesreflbutccs de fon génie,
pour rappèlet dans fon royaume laT
paix , 6r avec elle les ans, lecooi-
mérce & l'abondance. Elle mou-
rut le 6 Décembre 1741 , à 54
ans, chérie Ôc adorée de fes fujets^
qui la regardoient comme leur mère ,
U ne hwi pas la confondre avec
Vlrîquz'EUonore , fille de Frédéric ///,
tfoi de Danemarck , qui époi^'
Charlts A/, roi de Suéde , en l6$o /
de qui fut mère de Charles XII, Cette
princefievertueufemourut'en 1693,
d'une maladie caufée par les cfaa-'
grJns que lui donnbit fon époux.
Cfurles XI avoit dépouillé de leurs
biens un grand nombre de fes fumets ,
en éubliilànt contre eux une efpece
de cour de iuftice , nommée U
Chambre ^ts Liquidations. Une
foule de aioyens minés par cette
cotnnif&on, rcmplifibient les rues'
de Stockholm & venoient tons les
jours pouffer des cris inutiles à U
porte du palais. La reine fecoomt
ces malheureux de toét ce <|^'eUe
avoit. Elle leur donna fon argent ,
fcs pierreries , fes meubles, fes hui
VI Vf
iim xntmts. Quaad eU« nNeutpliv
riça à leur danger » cUe fe jeta en
laraics aux pieds d« foa nuu*i , pour
it ptior d'avoir compa.0iQa de les
f«i<t$. Le roi lui répondit grave*
meut : HiiiaiUmc , m»us vouf 4voru j^Hf
pour nous donner, des mfans ^ ^ a>^
1^ avU^ aioâ f^ nous l'avons
i:app<»rt« à l'arncie 4« CA«r^ X/.
ULUa^BfelG, prîpçc Perfaa ,.
«'attacha à i aftroaoïnt^. Son CWa-
iog^ des £,i(Hlcs fixes , re^iûç pour
Vaa»é« 1414 > fut publié pv le £a*
yaot ThQm04 Hyd^ ^ à Ox(oç4 , «0
|6<}i» m-4°î av«c des Ngw^i pWir
U9S d'érvi4itiQn. Ce pcinoe fuj: mi
par foa propre ^s «n 1449 •> ^r^
9VQxr régp4 à Samarcaod enviroçi
40 ao$* Outra rOiivrage dont nou^
gvon^.p^lé > PO lui e^ attrib^ u|i
a»itre fur la çlironologie, iiHïtwU :
ipt^chif cckbrîoHs Chfitaioriêfn , Syro»
Qr^M'tm, 4w4kkHm^f!i>rf4Tuin û- Cka-.^
rafmiorum. Il a été traduit ça l%ti^
par Jtau Çtéaves , £1 publié à i'On-
ûx^ avec l^Qt:igia4} Arabe 1 l^fo^
i»-4°.
, VLySSE,roidienfled'Ith?que,
^ans U^mer %é^, il! s de Xa<>;« &
^'AmiùUt t épauia Pénél^c « fille
dVcar^) qu'il aiipa pai&ofinément.
Craignant d'être Ql>ligé de laquiuer,
il contrent l'infenfé pour n^ poii^
aller au fiége de Troye. Mais Palé^
v»tdt décJOJ»Yrit cett£ rufe, en met-
tmt fon âU Tt^lciiytqus^ eqçore^fii-
faot, devant le foç d'uim çl^rrue
qu'il Ê^fqit threr par des boeufs.
Vlyfft^ de crainte de bleffer fo»
^U , le¥A la charrue. Cette atten-
tion découvrit fa feinte, & il fut
contraint; de partir v iaai$ gardant
au fond du. cœur , une haiiie im-
placable pour PaUmd^t ( f^>. CtX.
article.) qu'il ne tarda pas à^ fatis*
faire. Il rePiUt de grands fcrvices
aux Qrecs par fa.pri^cîiçe & fe«
actitiçe^. Ce. fut lui qui alla cher-
U t Y »>»
le trouva déguifé en (einine, U kl
d«couvri( , es; préfcntam aux dameti
de la cour , des bijoux , parnii lef-
qoels y il avoil des artnes > fur. leir
€{uelle3 ce jeuAe prince (a jeta aui&r
tôt, 11 l'aroe»2^ au fiége de Troye,.
Se y apporti^ en a^me-tcraps los
flèches d'/fTwa/tf que ce héros avoit
données à fon ami J^kiloc^u. Uiy£c
enleva \tf^«i£adiitin aytcDhvicdA ,
ttia ^h<ifus roi de Tlvacc dont il
amena 1^ chevaux hlanç^ au camp
des Grecs , & fut un de ceux qui
ç'çnfermerçnt dans le Cheval de
bois , & contribua par fo9 courage
à h prife de T.rpye. Pour prix de
Ces explcip ^ de fon éloquence,
les capitaine Grecs lui adjugèrent «
^xé& la raoït ^Àchihc ^ les armes.
de ce héros , qu'il difpma à -^iax,
( yoy. ce mot. i Troye ayant été
prife fie réduite en cendres , il tua.
Orfi/ognfii fils à*IdQmtHdt roi de Crête, •
qui s'oppofoit à ce qu'il eût paît,
au. butin. Il imaola Polixeu^jfiMc^
de Pri^i9% (ur le tombeau d'^(Ai//«»,
& précipita du haut d'une tour,
AJilanax fils. ùkH^cior, En retour-
nant à Ithaque, il courut pluâeuH^
dangers fur mer , & lutta pendant
dix années contre fa.mauyaifefor-,
tune. Il iir naufrage fur les côt^
d'Airique , & ayant remis à U
voile, fon yaifieau f« briCa auprès
de l'tAe des C>ç;lope« i où ^©/y-.
pkim^ dévora 4 diç f«s compii-
gnons , l'ei^f^rma avec le uÔlç dans,
fo9 antre *. d'où ce prince forttt
hôureufement après avoir crevé le
feul geil qu'eût, le monflre. De là.
l/lyg^ s'çniviic aux iftes Eolienes.
J£o/« ^ pour marque de fa bienveiU
lance » lui dox)na des.ou^es où lee
vents étoient enfermés* Mais fes
compagnons 1^ ayant ouverts par
curioûté, les vents s'échappèrent
& iir^t un défordre épouvantable.
L'orage jeta U'y^c fur les eôtOP.
d'AÂ-ique , chez les J^eArigons , peu^.
plç b%rbar«» qu'il qui^ l^çatp^
'45^ UNI
Ayant abordé dans l'iile de Cireé^
ptttt enchanterefle eut de lui un
£1$ appelé Té/égone ; & pour le re-
tenir, changea tous Ces compa-
gnons en pourceaux. Mais il la força
répée à la main , de les lui rendre
fous leur première forme. En for-
tant de Tifle de Cireé , il deTcenùit
aux Enfers , où il trouva fa mère
Annulée & le devin Tiréfias qui lui
apprirent une partie de fa devinée.
De retour fur la terre , les vents
le jetèrent fur Viùc des Sirènes ,
idontil évita les enchantemens ea
bouchant avec de la cire,les oreilles
de fes compagnons. Etant for# de
cette ide , il fit naufrage auprès de
celle de Id nymphe Cuâp/o^quï vou-
lut en vain fe l'attacher Neptune lui
ayant fufcité une nouvelle tempête •
il perdit fes vaifTeaux^fe fauva fur un
morceau de bois , & arriva à Itha-
que dans un état ft trifte , qu'il ne
^t reconnu de perfonne. Il fe mit
cependant parmi les amans de Pér-
fiélope , pour tendre l'arc qu'on
javoit propofé , & dont Péné/ope
devoit être le prix. 11 en vint à bout ,
le fît reconnoître» rentra dans le
fein de fa Camille, & tua tous fes
rivaux. ( Voy. l'art. Irus. ) Quclr
que temps après il fe démit de fes
Etats entre les mains de TéUmaque ^
parce qu'il avoit appris de l'Oracle
qu'il mourroit de ia main de fon
£ls. 11 ait en eiiet tué par TéUr
tant ^ qu'il avoir eu de drcé : ( Voy,
TÉLÉGONE, ) Il fut mis au nom-
bre des demi-£Heux. Les aventures
^^Ulyjje font le fujet de VOdy£ét
^* Homère qui le repréfente comme un
liéros brave dans les combats , pru-
dent dans les entreprifes , fage &
(éloquent dans les confeils. Virgile
%e peint au contraire , comme un
fourbe & un fcélérat.
UNITAUtS , Voy. UsSociy -,
pRELLIUS -, DaY IDIS ', &C.
UPTON , ( Nicolas) Anglois , fe
Ipouya au fiége d'Orléans en 1^28,
UR A
Il (îit depuis chanoine & préeé^
teur de Sarisbery. Edouard Biffouâ
publia un Traité de ce chanoine ;
De Studio mîikari , joint à d'autres
Ouvrages de même efpece , Lon-9
dres» 1654, in-fol. Upton vivoif
encore en 1453*
URANIE, l'une des ix Mufes^
pféfidoit à Taftronomie. On la re^
préfente fous la figure d'une jeune
il lie , vêtue d'une robe coi^euf
d''azur , couronnée d'étoiles, foutes
nant un globe avec les deux mains,
& ayant autour d'elle plusieurs inf*
trumens de mathématiques. Urajsim
fut auffi le nom de plufieurs Nym-
phes, & un fumom célèbre de Vénus^
Sous le nom é^l/ranle^ c'efl- à-dire ,
Cèlc/Uy on adoroit Vénus comme I4
DéefTe des plaifirs innocens de l'ef?
prit-, & on rappeioit , par oppofi->
tion , Vénus terhfirt , quand elle
^étoit l'objet d'un culte inÊime &
gro/Her.
URANUS , premier roi du peuf
pie , connu depuis fous le nom
d'Atlantes , fut père de Saturne &
d* Atlas, Ce prince raflembla dans les
villes , fuivant Diodort de Sicile ,
les hommes , qui avant lui étoienc
répandus dans les campagnes. Il le^
retira de la vie brutale & défor-
donnée qu'ils menoient. Il leur
enfeigna Tufage des fruits & I4
manière de les garder , & leur corn?
muniqua pluûeurs inventions uti-
les. Son empire s'étendoit prefqutf
par toute la terre *, mais fur^tout
du côté du Septentrion & de TOcr
cident. Comme il étoit foigneux
Obfervateur des aibes, il déterminii
pluâeurs circonftances de leur ter
volution. Il mefura Tannée par
le cours du Soleil , & les mois par
celui de la Lune -, 6c il défigna le
commencement & la fin des faifons.
Les peuples, qui ne favoient point
encore combien le mouvement de^
afires efi égal & confiant , étonnéf
de la juflâe 4ç ^ f >^4f^9fî§ '
UR B
ârareat qu'il étott d*une oaturè p!us
.^'humaine ; & après fa mort ils lui
jUcernerem les honneurs divins ,
à caufe de fon habileté dans TAf-
tronomie , & des bienfaits qu'ils
avoient reçus de lui. Ils donnèrent
fon nom à la partie fupérieure de
l'Univers , c'eft-à-dire , au Gel ,
tant parce qu'ils jugèrent qu'il con-
noiflbit particulièrement tout ce
qui arrive dans le ciel, que pour
marquer la grandeur de leur véné-
raôon par cet honneur extraordi-
aaire qu'ils lui rendoient. ( DiO"
fiORM de SUilc. ) Voy€[ Atlas &
Saturne.
I. URBAIN, ( S. ) di(cîple de
TApôtre 5. PW, fut évêque de
Macédoine ; mais on ne fait rien
de particulier fur fa vie.
II. URBAIN I. ( S. ) pape, après
CaRxu lylt 21 Oâobre 213 , eut
! ia tête tranchée pour la Foi de J. C,
I fous l'empire A'AUxandrt Sivercy le
I ^5 Mai de l'an 230. Il avoit rempli
fon miniflere en fiomn^ apofto-
lique.
IIL URBAIN II, appelé aupa-
ravant Ouon ou Oddon , religieux
de Quiii , natif de Châtillon-fur*
Marne , parvint aux premiers em-
plois de fon Ordre. Grégoire VU ^
Pénédiâin comme lui « ayant connu
ù piété & fes lumières , l'honora
de la pourpre Romaine. Après la
mort du pape V'^r 111, il fut
I placé fur la chaire de 5. Pierre , le
12 Mars 1088. Il fe condiûfit avec
beaucoup de prudence pendant le
fchifme de Tantipape Guibert. Il
dut , en 1095 , le célèbre concile
de Clermont .en Auvergne. Il y
Jut ordonné de communier en re-
levant féparément le Corps & le
^g de J. C. : ce qui prouve que
Uifage ordinaire étoit encore de
ftmmunier fous les deux efpeces.
Co y fit auffi la publication de la
pemiere Croifade pour le recou*
VfmftRt de ]a Tefré-fainte, Lç$
U R B 135
pèlerinages des Chrétiens d'Occi-
dent aux Lieux- faims , furent l'oc^
caiion de cette confédération. Les
pèlerins marchoient à la Terre*
fainte en grandes troupes > & bien
armés ; on le voit par Texemple
de 7000 Allemands qui firent ce
voyage en 1064 , & qui fe défcn»
dirent fi vaillamment contre les
voleurs Arabes, Les Mufulmâns
laiflbient, à la vérité, aux Chré»
tiens leurs fujets , le libre exercice
de la religion ; ils permcttoient les
pèlerinages , faifoient eux-mêmes
celui de Jérufalem , qu'ils nom*
ment la Maifott'Sainte , & qu'ils
ont en vénération ; mais leur haine
pour les Chrétiens éclatoit en mille
manières ; ils les accabloient de
tributs , leur interdifoient l'entrée
des charges & des emplois , &
les obligeoient de fe diflii^er,
^en portant un habit qui pafToit
pour méprifkble parmi eux-, enfin ,
ils leur défendoient de confiruire
de nouvelles Eglifes , & les te*
noient dans une contrainte qui
pouvoir être regardée comme une
perfécution perpétuelle. Ce furent
ces mauvais traitemens qui excitè-
rent le zèle à! Urbain 11\ mais les
Croifades ne fervirent pas beau-
coup aux Chrétiens de l'Orient , &
elles corrompirent ceux de rOcci-»
dent. ( Voyei le Difcours de l'abbé
Flmry , fur les Croifades. ) Urbain
mourut à Rome, le 29 Juillet 1099,
après avoir conduit le vaifleau de
l'Ëglife» dit le P.Longueval^ avec
autant de fagefTe que de courage.
Il combattit à la fois un antipape
violent & accrédité , un empereur
fchifmaâque , un roi de France peu
réglé dans fes moeurs , un roi
d'Angleterre violent & peu reli-
£^eux, & des prélats concubinai-
res & fimoniaques. On a de lui
zix Luttes , dans les Conciles du P.
Labbe, Dom Rninart a écrit fa Vit
en Ijitin : elle, efl ai;{& curieufe ^'ia-
>|4 U R B
tèrtfilime. On U trouva dUat la«
<Kuvrt» pofthumcs de D. Mski/iom,
IV. URBAIN UI , «ppclé aupa-
cavaps Hubtn Criv^Ui , archevêque
4e Milan , Ta patrie , fut élu pape
9près iiicMtf 111, à la fin de No-
vembre i\%%, il eut de grajidei
Gooteûatfoas avec Tempefeur , tour
jChant les terres laiâiées par la coin»
tefle Maûlde à l'églUe de Rome. 11
l'aurott excommunié , fi on ne lot
avoit £ût featir l'imprudence de
^ette démarche. Ce ponci£e: mourut
i Ferrare , le 19 Oâobre 1187 ,
après avoir appris la funeûe nou*
velle de la priTe de JérufiUem par
Saladiru Ce fut cette perte qui avança
ù dernière heure. Son iele étoii
ardent-, m^ il ne fiit pas toujours
éclairé.
y. URBAIN IV , { Jacques Pan-
MUoa, dit dd Court -faims) qé à
Troyes en Champagne , d'un fave-.
tjer , s'éleva par fon mérite. D'abord
archidiacre de («aon , enfuite de
Licge, il avoit été fait évèque de
- Verdun , légat apoiloliqixe en di*
verfes contrées , patriarche de Jéru*
(alem.Eniin, après la mort d'^/(s«ii^
dfe IV» il fut placé Air la chaise
pontificale le 19 Août 1161. Il
publia une Croxiade contre Maln^
froî , ufurpateur du royaume de
Sicile « en 1263; inititua la fèie
du Saine-Sacrement , qu'il célébra
pour la première fois le Jeudi
«Japrès rOÔave de la Pentecôte
1 164., Il fit comDofer l'Office de
cette Fête par S, à. humas d'Aquin \
c'eft le même que Aous récitons
encore. Mais le pape Uiéah étant
mort en cette même année , à
Peroufc, la célébration de cette
^ folennité fm interrompue pendant
plus de 40 ans. Elle avoit été orr
donnée dès Tannée 1146 , par Ro»
hdH dt Torou , cvèque de Liège, à
i'occafion des révélations fréquentes
qu'une fainte religieufe Hofpit^liere,
pomi^ JiàlUmu , recevoit depuis
URB
loof^amps. Url>»m a'ouWîa pas ^
patrie , lorfqu'il fut pape. Il of&i|
la Sicile à Ckarits d^Anfou , frète
de Saim Louis ; il fut toujours ai-
t Jché aux François , & Cur-tout aux
Champenois. Non-conteat d'avoia
condruit ou rétabli dans différentes
villes, des Tenples magnifiques » il
convertit fa maifoo paternelle da
Troyes, en une EgUfe dédiée à Saiiu
Urkaln, On a d'^ir&4m/f uziePara«
phrafe du Mi/wn , d^ns /a BihM^
êkâfue du Pens ; & LXZ Lecrts , daiu.
le Jréfor dâs AfuOotes du P. MéUf^
êtnnt. Elles peuvent fervir à l*Hî£>.
toire ecçléfiaftique & proÊKie de ca
temps-là. On \o^ dans ces Lettres,
un exemple remarquable de bonté..
Dans le temps qu'il ét^it archidiacre
à Liège, le pape /moom» /K étant i
Lyon» l'envoya en Allemagne,pout.
quelques afFaires de l'Eglife Ro»*.
maine. Là, ) gentilshommes du dio-
cède de Treves,le firent prendre & le
retinrent quelque temps prifonaier 1^
après lui^voir volé fes chevaux ^
ion argent Sç d'autres meubles,
•* Lorfqu'il fiit pape , ces gentils-
9 hommes ( dit Fleury) lui pfifri-
M rent de hù refiituer çequ*i^ lui
M avoient pris. & de lui faire fittis*
>? faâion pour l'infulte , demandant
»♦ feulement difpenfe d'aller en.
¥ perfonnerecevoîrl^abroluciondc.
>• l'excommunication qu'ils avoien^
M encourue , attendu les périls des.
n chemins , & les ennemis qu'ils.
» a voient. Le pape donna la per-
M miffiqn au prieur des Frerea«
" Prèdieurs de Coblens de les
H abfoudre , & de leur déclarer-
>» enfuite qu'il Uur remçttoit libd-.
» ralement , en vue de Dieu , tou^
" lejtort ^ l'injure qu'ils lui ayoiett
*> fait : leur enjoignant feulement
n de s'abfienir dé^rmats de pi*
" reiUes violences «'. La Lettre ék
du 9^ Juillet 1264. Ainfi le Pea*
tife oublia les injures faites m^,
légat, tandis que des çaràçuljeQi;
UR B
fb^urs cherdient à Te venger <l«
tom bien moins graves.
VI. URBAIN V , (Guillaume
ffe Grhnoald ) fils du baron du Rour$
& A'EjnphtRft de Sabra» foeur de
Satn'E/iear, né à Grifac, diocefe
à^ Me.'.de , dans le Cevaudan ; fe^(
Bénédiâin, & fut abbé de Saint-
Germain d'Auxerre , puis de Saint-
Viâor de Marfeille. Après la mort
é' Innocent F7, il obtint la papauté,
le 27 p£^obre 1361. Le Saint-
Siège étoit alors* à Avignon; i/'-
baln V le transféra à Rome en 1 367.
Il y fut reçu avec d autant plus de
|oie, q«e depuis i '^o/^si^tBtmit XI
fortit de cette ville , aucun pape
ny avoir réfi#é. L'an 1370 Urbain
Quitta Rome pour revenir à Avi-
gnon. Su, Brigim lui fit dire de
ne pas entreprendre ce voyage,
parce qu'il ne Tacheveroit pas. 11
L pmit <;ependant , & arriva le 24
Septembre à Avignon , où il fut
auffi-tôt attaqué d'une grande ma-
ladie qui l'emporta le 1 9 Déceihbre,
Le pape l/rbifln V avoit bâti plu-
fieurs Eglifes , & fondé divers cha-
' pitres de chanoines , & fignalé Ton
pectifîcat en réprimant la chicane ,
I ufure , le dérèglement dçs ecclé-
fiafliques, la fimonie, & la plura-
lité des bénéfices. 11 entretint tou-
jours mille écoliers dans diverfes
ùniverfités, & il les fpurniffoit 4es
\ fivres néceffaircs. 11 fonda à Mont-
\ pellicr un Collège pour 1 2 émdians
i en médecine. Pour avoir plus à
[ donner aux pauvres, il ne donna
\ rien à fes parens. A Texception de
k ^n frère qu'il décora de la pourpre,
E & d'un neveu qu'il fit évêque de
p Çaînt-PapouJ , il n'augmenta la
fortune d'aucun ; il ne fouffrit pas
ttême que fon père , qui vivoit.
èicore lorfqu'il fut élu pape, ac-
i C4cta du roi Jtt^ une penfîon de
^*o livres que ce prince vouloit
\pi faire à fa confidération. Tendre
^ç des pauvres , il diftribuoit des
URB x%\
remèdes 8e des alimens aok pai^«
vres , dontioit des confeiU à ccwi
que la chicane pourfuxvoit injufte*
ment , plaçoit des filles expofées ^
fe perdre, foutenoit les familles
honorables tombées dans la mifère.
Sa vie étoit d'un pénitent auilere ;
& quoiqu'il eût mis dans fa tible
la plus grande frugalité , il parta^
geoit encore avec \t% indigens le
peu de mets qu on lui fervoit. On
a de lui quelques Loina^ peu tm»
portantes,
VII. URBAIN Vï, ( Bar^eleml
Frtgnano ) ottifde Naplcs , & arcbc^'
vêque de Bari , fiit élevé fur la chaire
de Saint-Pierre contre les fonne^^
ordinaires , n^étant pas cardinal *
& dans une efpece de fédition du
peuple , le 9 Avril 1 378. Les car-
dinaux élurent , peu de temps après |^
le cardinal Robert de Genew , qui prit
•le nom de CMneruVIt Cette doublet
élection fut l'origine d'un lichifinc
aufll long que fâcheux , qui déchira
l'Ëglife. l/rbalu fut reconnu par la
plus grande partie de l'Empire ^ eii^
Bohème , en Hongrie, -en Angle-^
terre. L'an 13&3 , le pontife fit
prêcher une Croifâde en Angleterre
contre la France , & contre le pape
CUmefU Vil fon compétiteur *, &
pour la ifoutenir , il ordonna la
levée d'une décime entière fur'
toutes les Çglifes d'Angleterre :
Car , dit FroissARD , les gens de
guerre nefe payent pas de pardons. Un
évêque fut chargé de cette armée
ecciéfiaftique , qui fe battit égale-
ment contre les Ctémentins & les
Urbanifles , & qui finit par être
diflipée. VÀaîn , au défefpoir , fit.
arrêter lix de fes cardinaux , qui'
avoient , diîoit-on , confpiré de
le faire dépofer & brûler comme^
hérétique. Ce complot étoit réel ;
Urbain fit mourir les coupables ,
après leur avoir fait fubir la quef-
tion la plus cruelle. Il n'excepta
qu'un cardinal é vêque de Loadres y
13^ URB
qu'il délivra à la prière du roi
d'Angleterre. Une telle conduite
n'étoit guère propre à lui attirer
des amis i fes plus intimes l'aban*
donnèrent de )our en jour. Sa cour
étoit un défert. Il n'en devint que
plus dur & inflexible. Au/Iî fa
mort , arrivée en 1389 , fut une
iètt pour le peuple : il avoit ce-
pendant du mérite & des vertus.
Grand canonise , ami des gens de
lettres , ennemi de la fimonîe & du
b&e , dur à lui-même , portant
fans cefle le cilice , patient dans
Tadverfité , fenlible au malheur des
autres « en un mot , digne d'être
pape y s'il ne l'avoit jamais été.
Mais dès qu'il eut obtenu cette
dignité , il montra un zèle indifcret
qui aliéna les efprits. Le lendemain
de fon couronnement , il inveâiva
les autres prélats de fa cour , & quel-
ques jours après il ne traita pas
mieux les cardinaux. Ce furent tous
les jours de nouvelles fcenes , qui
marquoient dansfon caraâere autant
de bizarrerie que de dureté. Tan-
tôt affed^ant un grand mépris pour
les richeffes, il renvoyoit avec des
injures les coUeâeurs des revenus
du Satnt-Siége : tantôt affichant fa
Supériorité fur les premières têtes
de l'Europe, il difoit qu'il fauroit
bien fe faire juflice des rois de
France & d'Angleterre , dont le»
divifions ayoient caufé tant de
maux à la Qirétienté. Ces manières
fi déplacées , firent penfer aux car-
dinaux que le faîte des hoimeurs
avait éhranté U cenftau* de u Pontife»
i Hift. de l'Eglife Gallic. Liv. 41.)
Urbain avoitfait le 11 Avril 1389,
^ trois InÔitutions mémorables. La
1** fut de diminuer encore l'imer-
valle du Jubilé *, il le fixa à 33
ans , Te fondant fur l'opinion que
Jcfus'Chrift a vécu ce même nombre
d'années fur la terre. La a® Infti-
tution fut la fête de la Vifitation
d^ la SaUui Fierez, EoTm , il ftatua
URB
qu'à la flte du Saint • Sacrement^
on pourroit célébrer nonobftant
l'interdit •, & que ceux qui açcom»
pagneroient le Viatique depuis
l'Eglife jufque chez un malade ,
&de chez le malade à l'Eglife , ga-
gneroient cent jours d'Indulgence.
Vin. URBAIN VII, Romain ,
appelé auparavant Jean - Baptl/fe
Cajiignd , éc cardinal fous le titre
de Saint' Marcel , obtint la tiare
après Sixte- Quint , le 15 Septembre
1590. Ce pape qui Taimoit beau-
coup , l'avoit regardé comme foa
fuccefTeur. Il dit un jour aux car-
dinaux que les. poires ùoîent pourries ^
qu'il leur falloU des châtaines; &i-
fant alluiion aux poires qu'il por-
toit dans fes armoiries , & aux
châtaignes qui étoient celles de la
famille de Càftagna, La piété & la
fcience d'Urbain VU faif oient at-
tendre de grandes chofes de foi»
gouvernement; mais il mourut 12.
jours après fon éleâion , le 27 du
même mois. Sa réiignation éclata
dans fes derniers momens. Le 5m-
gnetw , dit-il avant que d'expirer •
me dégage des liens qui auroient p»
mètre f un' fies,
N IX. URBAIN VIII , de Flo-
rence ( Maffto Baihmno ) monta fur
le trône pontifical après le pape
Giégoire XV ,\ç.(y Août 1623. li
réunit le duché d'Urbain au Saint-
Siège V il approuva l'Ordre de la
Vifitation , confirma les Capucins
dans U pofTefîion du titre de yraHs
En fans de S, François , [ Voye*
Baschi. ] & fupprima les Jcfui-
tefTes en 163 1. Il donna en 1642
une Bulle qui renouvelle celles de
Pie V contre Bàius , & les autres
qui défendent de traiter des matierei
de la Grâce. La même Bulle d'£//^
bain déclare que ÏAugu/Bn deJ^»*.
fenîus renferme des propofitiou
déjà condamnées. Il publia la mênfi
année une Balle fur un objet diflÊ"
reût. Cette nouvelle conÔitutijA
U R B
€é{en<loît de prendre du tabac dans
l'Eglife , fous peine d'exconimuni-
cation. Ce fut à ce fujet qu'on vit
Paf^uîn^ fe plaignant de lafévérité
du pape, fe fervir de ce paflage de
Job : Contra foiîum quod vento rapitur,
oftmdls pountuim tuam, & ftipulam
ficcam perfequcrîs, >» Vous faites
^ éclater votre puifTance contre
^ une feuille que le vent emporte ,
^ & vous perfécutez une paille
*' feche ». Ce pontife mourut le
29 Juillet 1644, après avoir rem-
pli tout ce qu'on eft en droit d'at-
tendre d'un pape vertueux & éclairé.
U entendoit & bien le Grec , qu'on
l'appeloit VAheille Attiquc , & il
réuffiiToit dans la poéfie latine. U
corrigea les Hymnes de l'Eglife.
Ses V&rs latins f ocrés ont été im-
primés à Paris, au Louvre, in-folio,
avec beaucoup d'élégance , fous ce
titre : hiaffci BarBerlni Pocmata. Les
plus confidérables de fes Pièces
font : L Des Paraphrafcs fur quel-
ques Pfeaumts & fur quelques Can-
tiques de l'Ancien & du Nouveau
Teflament. IL l>ts Hymnes & des
Odes fur les Fêtes de Notre -Sei-
gneur, de la Sainte Vierge & de
piulieurs Saints. IIL Des Epîgram"
Jfus fur divers hommes illuftres.
Ces différens ouvrages ont de la
noblefle; mais ils manquent de cha-
leur & d'imagination. On, a encore
de lui des Poéfics Italiennes , Rome,
1640 , in- 12.. Ce fut Urbain VIU
qui donna le titre d^Emlnentlffime ,
aux cardinaux , aux trois éleâeurs
eccléfxaftiques , & au grand-maître
de Malthe... Voyci 11. Malachim,
X. URBAIN DE BfiLLUNO ,
( Urkanus Valerîanus ou Bol^^anus )
Coidelier & précepteur du pape
Léon X j mort en l$24, à S4 ans,
eft le premier , fçlon Vojfms^ qui ait
donaé une Grammaire grecque en
latin , qui mérite quelque eûime ,
îfl-4*' » Paris, 1543. Il a donné
fu^vuKf ÇoUçâioad'î^jieo»Gr|%
URÉ 137
maîriens , fous le titre de Thefauna
Cornucopîee^ Venife , 1496, in-fol.
URBANISTES, Koy. Claire.
URBIN , Vuyei Bramante.
URC£US , ( Antoine ) furnommé
CoDRus, né en 1446 à Herberia
ou Rubiera , ville du territoire de
Reggio i enfeigna les belles-lettres
à Forli , avec des appointemens
confidérables. De là il pafia à
Bologne , où il fut profeiTeur des
langues grecque & latine , & da
rhétorique. L'irréligion & le liber-
tinage déshonorèrent fa jeuneiTe i
& quoiqu'il fit l'efprit fort, il a)ou-
toit foi aux préfages les plus ridi«
cules ; mais il fe repentit de fes
impiétés & de îts égaremens , & it
mourut à Bologne > dans de grand»
fentimens de piété, en 1500, à 54
ans. On mit fur fon tombeau pour
toute épitaphe : Codrus eram^ Sa
famé avoir été toujours très-foible.
Avec un extérieur doux , il avoit
l'humeur bilieufe & févere. 11 étoit
avare de louanges , & prodiguoit
les critiques , fur- tout à l'égard des
auteurs modernes. On a de lui :
I. Des Harangues. II. Des Sylves ,
des Satires, des Eplg^ammes èc des
Eglogues en latin, dont il y a eu
pluûeurs éditions , quoique lé mau«
vais l'emporte fur Texcellent. Urceus
étoit cependant un liomme d'efprit,
plein de gaieté & de faillies. Le
prince de Forli s'étant un jour re-
commandé à lui : Les affaires vont
bien y répondit Urceus / Jmpiur fe
recommande à Codrus ; depuis ce
'mot , le nom' de Codrus lui fut
donné. Ses Ouvrages font afTez
rares , fur - tout de l'édition de
Bologne , 1 502. , in-fol. Bayle , qui
n'avoit pas eu occaûon de les voir»
a commis beaucoup de fautes dans
l'article d! Urceus Codrus,
URÈÊ , (Olivier) en latin Ure^
dius , iuriiconfulte' des Pays-Bas »
mort en 1642 , connoifToit Pliiiloire ,
guj(]jLl)ienc[uelaiurifprudçoc^ Q||
458 U R F
è de Itxî : I. La Généa/o^edes Comtes
ile Flandres , en lacin , Bruges , 1641
et 1643 , 2 volumes in-fol. II. Les
Sceaux des Comtes de Flundns , lè; 9 ,
Sa- folio. L'bo & l'jutfe ont été
inaufiadement craduks en françois ,
EL imprimés à Bruges , 1641 &
.1643 , 3 volum. in-folio. 111. Une
H'fioirt de Flandres^ en latin, Bruges ^
1650, 1 vol. in-&>lio. Le dernier
tome cft le plus rare à trottver.
Voye^ la Méthode pour étudier tHlf^
fdbt , de £en^ , tome xir , page
ft6i.
I. URFÉ , ( Honoré ^ ) comte
ée Château-nenf , marquis de Val-
romety i naquit à Marfeilie ta.
1567 , de Jacques d'Vrfi , d'une
illuftre «naifon de Forez , origi-
éiair« de Suabe. II fut le 5^ de fîx
fils , & leirere de fix fœurs. Après
tvMT fait fes études à Marfêille & à
Tourhon , il feit envoyé à Malthe ,
d'où il retourna dans le Forez ,
be pouvant pas fupporter les pri-
vations du célibat. Ajùie d'Urfé ion ■
frère , avoit époufé en m ^^ Diane
de ChevîltMC de ChdteawMorand ^ riche
& feule héritière de fa maifon. Ce
1i mariage ayant fubiifié pendant 22
fins , fut rompu pour caufe d'im-
pniffaoce , en I596. Anne embraâk
l'état ecdéfiaftique. Diane refia libre
pendant quelques années *, enûiite
éédamaux pourfuites &' Honoré , qui
ne vouloh pas laiiTer fortir de fa
ttreifon \ti grands biens qu'elle y
Wvoît apportés , elle confeniit à
l*épou&r. Ce mariage n'étant fondé
^çue fur l'intérêt » les deux époux
lie vécurent pas long-temps dant
tine parfaite inielligence. La mal-
propreté de Diane , toujours envi-
ronnée de grands chiens , qui cau-
fbient dans fa chànri>fe & même
dans fon lit » une faleté infupporta-
•ble , dégoûtereat bientôt fon mari.
D'ailleurs d'Urfévrort efpéré qu'il
«aitroit de ce mariage , des enfans
<t^ puifimt çoflfenrer data'famaifon
URF
ks biens que Diane y avoit appôf^
tés ; mais » au lieu d'enfens > elle
accouchoit tous les ans de môles
informes. 11 fe recira donc en Pié^
mont , où il coula des )ours heu«
rèux » dcbarraflé des épines dé
rhyn\|en & dé l'ennui du ménage*
U mourut à Ville - Franche efli
15 2^ , âgé de 58 ans. Sa maifon eft
éteinte. Ce £ik vraifemblablemenc
pendant ù retraite en Piémont , qu'il
compofa fon A/èrée; 4 vol. in-8® »'
augmentée d'un 5^ par Baro fon
iècrccàire Cette Paftorale fut la
folie de toute 1 Europe » pendant'
plus de |o années. C'eit un tableau
de toutes l<?s conditions de la via
kumainè , qui taifife peu à défirer
du côté de 1 invention , des moeitfa
& des caraâetes. Ce tableau n'eft
point à plaifir^ & tous les £iits«
couverts dua voile ingénieux ,
ont un fondement véritable dans
l'hifioire des amours de l'auteur
avec Diane de Château-Morand , ou
dans celle des galanteries de la cour
de Henri IV, U cft vrai que les carac*
*eres ne font pas touiours affortis'
au genre paftoral , & que les ber-
gers de VAJirée jouent le rôle , tantôt
d'un courtiiàn délicat & poli , &
tantôt d'un fophifle très-pointilleux;
" Ce livre , qui faifoit autrefois les
" délices des perfonnes les plus
» Spirituelles , & même des iavans
" ( dit NlceroA), n*eft plus lu main-
" tenant. Le gofit de ces Romans
" de longue haleine , & où les
«♦ aventures font entaiTées les unes,
" fur les autres , fans qu'on en voie
** jamais la lin , a fubfifté quelque
» temps *, mais il efl entièrement
" paifé. On n'eft plus d'humeur à
» fe prêter long-temps à des idées
» il éivoles; & ceux qui ont con-
» fervé le goût du Roinan, ne veu-
M lent plus que de ces hiftoires qui
» durent aflez pour les amufer,'
c mais non point aflez pour Icot^
f^ caufer de l'emiui^ M. ^eUm ti
ûitf
<^ iûHaé des éclairciftemÂis fur
^ VAflrte, o4 il découvre pluâeuri
^ perfoftne* , do« Hahoré iUrfé
>' a eu int^tion de parler fous dé*
>> noms empruntés *, nuds c'eft une
>» cMe qfui interne iHsfixitenam
rt peu depcrfonhes «. La to^Uettre
édition de cet ouvrage eft crfle de
Paris, i75î,eii lo vc4.in-ia,pat
fâlAé 5ottM4i ; [ Voy. SOUCMAi.]
Gn a encore de ^Vrfi : I. Un
i^oemé inûta\é:ia Si/tne ^ i6ïi ,
iR»8** i c'«ft le premier ouvrage de
fauteur, & il n'annoùçoit qu'un
po€te médiocre. II. Un autre
PÔcrae, fous le titre de /à Sàvoi'-
jkde , dont il n'y a qu*une partie
d'imprimé*. lU. Une Paftor^te en
vers non riinés , intitulée : la Syl-
tofùre , in-8*. ÏV. Des BpUns nto-
ntùssy in- Il , i6io. ïl n'y a rien
daîxs ce livre ( dit Nkeren ) que
de fort commun , & il n'eft pltis
gixett connu,
II. URFÉ, (Anne d' ) frère
àlaé ^tt précédent , fiit comte de
Lyon, & mourut en i6it , à 66
ans. Cétcnt un homme de lerfres ,
4ui avok avftm de venu que d'ef-
prit. On a de hii des Sanntts , des
Hyffuits & d'autres Pvéfiis, i6oS ,
iifif-4*' * qui étoiem médiocrement
iomies , même pour fon temps.
/. UKIÊ, mari de JBetfahéc, Sa
hxtittte étant enceinte ée l'adultère
qu'elle avott coinmls avec David,
en dx>nna avis à ce prince , qui ,
poinf cacher fo« Crime , engagea
&rte à revoir ik fetmne. Mai»
comme il téviÙL d'dler à fa itiai-
fon , Davîd le fcnvoyti au fiége
de Reblath , d'où il vetcait , avec
des lettres pour Joté' , qui eut
<rrdte éo le mettre dans ï'endroit
4e plus péraieux , puis de l'y abati-
donner pour y prérir. Cet ordre
tfjMi fat fideHcment exécuté , &
^ ia vertueux l/rîc fut la viftime de
l^mpudidts de ia iemioe & de don
. ù t ô ii^
IL URl£, Aicceflhir de Sa^
iùt II , dans la grande facrificaturé
des Juifs, vivoït (bus le rtfx Acha\^
Ce prince étant allé à Damas au-
devant de ftgUA - Phalaffar , 8t
ayant vu dans cette ville un autef
profane dont la formé lui plutv
en envoya aufii-t6t le deflln ank
gratïd-prêtre V^tU , èff lui ordon^-
nant de faite un autd pour lé
Temple , fur ce modèle. Le grand-
pî être exécuta ponûueîlement l'or-
dre du roi , & fe couvrit d'un op-
probre éternel , en trahiflatit ainÛ
fon miniftere.
IIL UftIE, û\é et Séfttit , pro-
p^tifoit au nom du Seigneur , eif
même temps que Jérémte , & prédi-;
fdit , contre lérufaleni' & tout l6'
pays de Juda , les mêmes chofer
que ce prophète. Lç roi Joahlm ^
les grands de f^^ cour l'ayant en*
tendu , voulurent fe faifir de lui y*
& le faire mourir : t/rîe^ qui en
fyt averti , fe fauva eh Egypte.;
lilais Joakim l'ayant fait pbiirfuivre ^
il fut pris ôc mené à Jérufaleiti , ou
te roi le fit mouAr par l'épéc , &
ordonna qu'on l'enterrât fans hon-
neur dans les f^pulchres des der-»"^
niers du peuple.
UROOAÎ , ( Henri - Corneille )
peintre, né à Harlem en 1566 ^
pafîa la plus grande partie de fa
vie à voyager. L'Italie ne fut J)a*
oubliée. 11 fit, dans cette grande
école , les études^ néceflaîres pour
fc perfeâionner. Paul Bril , qu'il
rencontra à Rome , lui fut fur-tout
d'un grand fecours. Utooth s'étarr
embarqué avec un grand nombrtf'
de fes Tableaux pour l'Êfpagne , eut
à effuycr une <rffreufe tempête ,
qui' le jeta fur des côtés inconnues ^
et lui enleva tout fon tl-éfor pitto-
refque. Quelques Hermites , ha-
bitans de ces demeures fauvages^
exercèrent envers lui l'hofpitalité»
de lui fournirent bientôt l'occaC^a
de retournée àaxLÈ 0r psftne, tt
1
140 U ft R
peintre , par reconnoiflance , fit
plusieurs Tableaux pour orner leur
Eglife. Ce maître avoit un rare ta-
lent pour repréfenter des Marines
& des Combats fur mer. L'Angle-
terre & les princes de Naffau l'oc-
cupèrent à confacrer , par fon
pinceau * les vidoires maritimes
que ces deux Puifiances avoient
remportées. On exécuu même des
tapiàéries d'après ies Ouvrages.
Nous ignorons l'année de fa mort.
UARACA ou Urraque, fille
& héritière d'Alphonfe VI , roi de
Léon & de GafUlle > époufa d'abord
Raimond de Bourgogne , qui ]a laifia
veuve en iioo. Elle fe remaria ûx
ans api«s , avec Dom Alphonfe roi
d'Aragon ta de Navarre j & par
cette union les couronnes de Léon»,
de Caftille & de Tolède furent fur
la même tête. Urraca étoit auffi
voluptueufe que belle : elle fe livra
^u penchant de fon cœur. Son
époux la fit enfermer ; mais elle
îe fauva de fa prifon , & demanda
â être féparéc de Dom Alphonfe,
L'évêque de Compoflel le, nommé
par la cour de Home pour juger
cette affaire , déclara \t mariage
fiul. Alphonfe , en abandonnant une
cpoufe qu'il méprifoit, auroit déiiré
de garder une partie de fa riche dot.
H vouloit retenir le royaume de
Caflille ; mais les Cadillaus don-
nèrent le trône Tan 1112,3 Alphonfe^
Èaimond de Bourgogne, fils d'(//--
raca & de Raimond de Bourgogne «
fon premier époux. Cette princeiTe
Continuant de Ce livrer à l'impé-
tuoiité de fês défirs , fon propre
ûïs fut obligé de l'afliéger dans le
château de Léon , & ne lui donna
lia liberté, qu'après l'avoir fait re-
iloncer à la couronne de Caûllle.
£Ile mourut peu de temps après > en
il2ç , après avoir pillé le tréfor
de l'eglife de Saint-Ifidoie de Léon.
On dit qu'une couche laborieufe
tçrmîna /es i9urs,4r Sa fœur Tsi^
tJRS
RSSÈ , fille naturelle éi'AIphimfe Pif
avoit époufé Hain de Lorraine y
roi de Portugal / qu'elle perdit en
1 112. Elle fe remaria avec Bermané
Paès de Tranftamare , & s'abandonna'
enfuite au firere de foa mari. Cetf
amours inceflueux cauferent une
guerre en Portugal. Thértfe appela
AIphonfe-Raimond de Caflille à foir
fecours , & lui céda le royaume de
Portugal , à l'exclufion de foû fils.-
Mais Alphonfe arma en vain pour
recueillir cet héritage: il fiit vainor
& blefTé. Ayant enfuite affiégé AU
phonfe-HmriqMs, fils de Thérefs, dans-
la ville de Guimanares , il fit la*
paix avec lui , à condition que ce
prince lui prêteroit ferment d»'
fidélité, comme à fon fouverain.
Mais il négligea entièrement les*
intérêts de Thércfe , & ne flipular
rien pour une tante qui avoit voulu*
être fa bienfaitrice , foit que fes^
mœurs déréglées lui fifTent hor-
reur^ foit qu'en prenant fadéfenfe*'
il n'eût écouté que lâr voijr dtf
^ambition.
URSATUS ,Voyex, ÔRSATO.
URSICïNoaURSiN, antipape /
fut élu évêque de Rome par unef
fanion en 3^4, le même jour que
fiit ordonné S, Damafe, Ces deux-
élefbions cauferent un fchifine. Les
deux partis prirent les armes , fit
ify eut pluiieurs Chrétiens tués de
part & d'autre. Urfidn fut banni do
Kome par l'empereur Gratien ; mais
étant revenu, il excita de nouveaux
troubles. Enfin il fui exilé pour
toujours , & Damafe maintenu fur
le trône pontifical.
L URSINS , ( Guillaume Jou-
venel des ) baron dit Traîfnel , fC
fignala à l'exemple des anciens
Romains, dans prefque tous les
emplois de la robe & del'épée^
Succeflivement confeiller au par-
lement, capitaine des Gendarmes,
lieutenant général du Dauphiné ,
bailli de Seas , il fut nommé chan«^
eelieç
r ■
Ù R S
jcèlîer d« France en 144^. LeuU XI
iCormam fur lui des (bupçons in-
îuftes , le dépofa & l'emprifonna
en 146 X ; mais ayant reconnu (on
innocence, il le rétablit avec éloge
eh 1465. Ce miniftre mourut en
1471 , avec la réputation dun
liômmc plus propre pour la guerre
que pour la robe. Son père étoit
un avocat de Paris , crui étant
devenu prévôt des marchands en
1388 , réprima l'inifolence des ge^
de guerre , & maintint les privilèges
des bourgeois de Paris. On lui
donna par reconnoiiTance , l'Hôtel
nommé des Urfins , dont il prit le
nom. Jouvtntl'ïiZ, été ni le premier «
ni le dernier qui a altéré A>n nom
roturier » pour s'enter fUr une fa-
mille noble. Celle dts Urfins en
Italie > dont quelques ignorans l'ont
cru, eA une des plus illuftres de
l'Europe. Elle a donné à TEglife
cinq papes , & plus de trente car-
dinaux. Voyei I. BoRGIA.
IL URSINS , ( Jean Jouvenel
des ) frère du précédent, s'éleva
par le crédit du chancelier. Il exerça
la charge de maître des requêtes
6e divers autres emplois , avec une
intégrité peu commune. Son goûi
pour la piété le porta à embraâer
l'état ecdéixaftique *, & il fu^ fuc-
cdfivement évêquc de Beauvais ,
de Laon , & eniin archevêque de
Rhetms en 1449 : en cette dernière
qualité il facra le roi Louis XI, Ce
prélat , également illuAre par fes
vertus épifcopales & par fes con-
noiffances littéraires , mourut le 14
Juillet 1473 ) ^ ^5 3<^ t après s'être
fignalé parmi les évêques qui revi-
rent la fentence injufte prononcée
par les Anglois contre la PucelU
d*OrUans, On a de lui une Hlftoirt
du règne de Charles VI , depuis l'an
13S0 jttf qu'en 1412 *, elle pafTe
pour afTez exafle, & elleeft écrite
avec naïveté. L'auteur penche beau-
coup plus pour le parti des Orléa-
Tome IX.
Ù R S , i4t
flots , que pour celui des Bqurgùi-''
gnons. II ne ménage point ceux-ci;
& il encenfe les autres. Son Hif-
toire eu écrite année par année »
fans autre liaifpn que celle des
faits. Les événemerts y font affea
détaillés ; Cependant , a Texceptioii
de quelques circonftânces , il n'y
a rien de bien paniculier. Thcodort
Godtfroi la fit imprimer en^i6i4»
in -4^ ; Se Dtnls fon fils la don na de-
puis, en lô^ 3 , in-fol. , avec des au-
gmentations.
III. URSINS , ( Marie - Félicité
des ) Voy, IX. MONTMORENCI i
à la An.
IV. URSIKS , ( Anne-Marie dk
U TrimoulUe , épéufe en fécondes
noces de Flévio des , ) duc de Brac-
ciano ; {Sfimme de beaucoup d'ef*
prit & d'ambition , joua un rôle i
Rome y & ne contribua pas peu à
la difgrace du cardinal de BoiâUon,
Devenue veuve , elle fut nommée
Camerera-M tyor de Low/e- Marie dé
Savoie , reine d'Efpdgne & première
femme de PkUlpfe V. Ce titre ré-
pond à celui de Dame- d'honneur
en France. Elle prit un tel empira
fur l'efprit du roi & de la reine ,
que Louis XIV , craignant qu'elle
n'engageât par fes intrigues foa
petit-fils dans de fauffes démarches ,
la fit renvoyer en 1704. La reine
d'Ef pagne « qu'elle gouvernoit , fut
inconfolable ; & fa dame-d'hon-
neur lui fut rendue, & eut plu$
de pouvoir que jamais. Elle préfi-
doit à toutes le; délibérations ,
fans être admife dans les confeils
où elles fe prenoient. Les ambafTa-
deurs traitoient avec elle , les mi-
nières lui rendoient compte de leurs
defrems.âc les généraux d'armée
même U confultoient. Ceux qui
ne plioient pas fous elle , étoienc
ou congédiés ou tracaifés. Elle ren-
dit les plus mauvais offices au duc
d'OrlUns^ qui faifoit triompher 1;»
armes de France en Efpagne. La
1
Ml U R S
reine étant morte en. 1711 , Pjb*-
Uppe V époufa en fécondes noces
£d'fabuhFamtfi^ fille & héritière
du duc de Parme , qui commença
ion règne en chaftant la princeite
. dds Uifins , accourue au - devant
d'elle. Forcée de fortir du royaume ,
fans même qu'elle Tût la raifon
d'une fi prompte difgrace , elle ne
put trouver un afile ni à Paris ,
m à Gênes. Enfin , elle fe retira
d^ns la ville d'Avignon , & de là
à Rome, où lepapeavoit d'abord
arefufé delà recevoir. Elle y mdu-
rut en 1712. >t Lts hifloriens, ( dit
AI. l'abbé Mlllot , ) « ont trop flétri
*' fa mémoire , & trop peu connu
M ce qu'dle pofTédoit de qualités
*' refpedbables. Elle avoit le talent
^ des affaires avec celui de l'imri-
»» gue ; de l'élévation dans les fen-
» timens , avec les petitefles de la
^ vanité \ beaucoup de zèle pour
^ Tes maîtres , avec la jaloufie dé
•» la faveur i moins de vertus &
VI d'agrémens que Madame <fe Maln-
yt tenon y mais plus de force d'ef-
19 prit & de caractère. Si elle fit
» quelques fautes , elle rendit au(H
>♦ de grande fervices -, car elle fut
» le confeil , le foutien d'une jeune
>» reine fans expérience , qui fe fit
}» adorer de fes peuples, qui anima
>» le roi dans Us circonfiances les
^ plus orageufes , qui le rendit fu-
périeur à toutes les tempêtes ,
» & qui fans cefTe fut expofée avec
V lui à fe perdre par de fatales im*
M prudences. L'E^;agne était alors
»r a difficile à gouverner , qu'une
>» grande partie des reproches faits
»♦ à la princeffe des l/rfins , femblcnt
>r devoir retomber fur les conjonc»
» tures. Elle fut intrigante , âltiere ,
»f ambitieufi:. Combien de miniftres
« célèbres l'ont été de même ?-Mais
n fon courage & fa réfolution au
»r milieu des périls extrêmes du
»' monarque, contribuèrent beau-
ff coup à le maintenir fuxkleuône«(.
u R s
Le roi 8c la reine d'Efpagne avofeâr
voulu , à fa foHicitation , réferver
un petit territoire dans les Pays-
Bas , qu'ils aiiroient fait ériger en
fouveraineté pour la princeffe -^*
Urfins i mais ce fut une chimère qui
l'occupa longtemps , & que famau-
vaife fortune diflipa.
URSINUS , ou Orsini , Voye^
Fuivius-Ursinus, n* II.
I. URSINUS , ( Zâcharie ) diéo-
logien Proteflant , né à Breflaiir en
15 54 , fe fit un nom en Allemagne «
& fut ami intime de Mélaachton^
Après la mort de cet homme cé-
lèbre, Urfinus étant perfécuté par
les théologiens de la confeflioa
d'Ausbourg , fortit de Breflav. Il
fe retira à Zurich > & mourut à
Neufhdt en 158 j , à 49 ans. On z
de lui plufieurs Ouvrages eftimés
des Proteflans, a Heidelberg, 16 1 1 ,
3 tomes iii-folio. Il» roulent pref-
que tous fur la controverfe... Il ne
faut pas le confondre avec Georges
Ursinus , théologien Danois »
qui s'efl fait un nom par fes Antî'' '
quais Hébraïques»
n. URSINUS , ( Jean-Henrî )
théologien Luthérien , furintendant
des E^lifes de Ratisbonne , où U
mourut le 14 Mai 1667 ^ étoit un
homme d'une grande érudition fa*
crée & profane. Ses principaux
Ouvrages font ; I. Exercîtationes
de ZoToafire\ Hermeu , Sanchonia»
tone^ Norimbcrga, 166 1 , in-8®. II.
Sylva Theoltigîa /ymbolyca , 1685 »
in- 12, III. DeEcclefiarum GcrmanUa;*
ram origine &progreffu^ 1664, in-S**»
ni. URSINUS, (Geoips-Henri>
fils du précédent , philologue &
littérateur, mourut le lo Septembre
1707 , à 160 ans. On a de lui : 1.
Diatribe de Taprobana , Cerne' &>
Ogyrlde vcterum. II. Di/putatio de
LocuJUs, III. Obfirvatîones phllo/o»
^cct de variis vocum etymologus £r
fignîficatlonlbus, IV. De primo &
proprîo AorifiùTwn ufu^ V, Des N^isf
r
trrtiques fur les Eglogaes de Vîrgîle ,
fur la Troade de Séncque le Tragique,
VI. Grammatlca Graca, VII. Z>/o-
<X/^' 7Vrr<« orèw Dsfcrlptlo cum notls.
Ces ouvrages prouvent qu'il avoit
hérité du favoir de fon père.
/. URSULE , intendant des lar-
gefTes fous l'empereur Confiance,
fut mis à mort au commencement
du règne de /«//en l'Apoflut , en
325. Confiance^ en envoyant Julien
•dans les Gaules , avoit expreffé-
ment recQmmandé qu'on lui ôtât
le moyen 'de faire des largeffes
aux troupes. Uifule , qui afFeâion-
noit ce prince , avoit donné des
ordres fecrcts pour lui remettre
autant d'argent qu'il voudroit -,
& par-là il lui avoit facilité Tac-
xompUiïement de Ces defleins. Son
fupplice expoÇa Julien à l'exécra-
tion publique. L'empereur , affec-
tant une compaffion politique , fe
défendit , en proteftant i[uUrJule
avoit été exécuté à fon infu , &
qu'on l'avoit immolé au reffenti-
ment des foldats irrités de la hau-
teur avec laquelle ce miniftre les
avoit traités au fiége d'Amide. Am-
mien avoue que l'apologie étoit
frivole , 88 que l'empereur dé-
mentit , en cette occaiion , ce carac-
^re d'équité & de douceur qu'il
avoît montré jufqu'alors.
//. URSULE, ( Ste.) fille d'un
prince de la Grande Bretagne , fut
couronnée de la palme du mar-
tyre par les Huns , auprès de Co-
logne fur le Rhin , avec plufieurs
autres filles qui l'accompagn oient ,
Vers l'an 384 , félon la plus com-
mune opinion. Plufieurs écrivains
otit dit que les compagnes de Ste.
Urfule étoîent au nombre de onze
mille, & les appellent les On\c
mille Vierges. Mais Ufuard , qui
vivoit au IX* fiecle , dit feule-
ment qu'elles étoient en grand nom-
bre ; & d'autres prétendent qu'elles
n*^oicAt que onze ea tout. Cette
U S S 245
opinion eft la plus probable -, mais
ce n'eft pas la plus fuivic; par les
auteurs des Légendes. On prétend
que l'erreur des onze mille Vierges
vient de Téquivoque du chiffre
Romain XI. M. V. qu'on a mal
inr ^rprété ; ou du mot UndeclmiUa ,
compagne de Ste. Urfule, Quelques
critiques ont même voulu prouver
qu'il n'y avoit jamais eu de Stu
Urfule ; mais l'autorité de l'Êglife ,
qui en fait la fête , doit convaincre
tout efprit raifonnable. En vain nous
oppofe-t-on le filence de Bede fur
cette fainte martyre & {es com-
pagnes ; on fait que cet hiftorieft
a omis plufieurs faits importans , &
qu'il faute quelquefois d'un fiçcle
à un autre , fans rien dire de ce qui
s'eft fait dans un intervalle de4:ent
ans. Il y a dans l'Eglife un ordre
de Religieufes qui prennent le nom
de cette Sainte. La bienheureufe
Angele de BreJJe établit cet Infiitut
en Italie l'an 1537; & le pape
Paul Jll le confirma en 1 5 44. yoy^
Angele-Merici , 6- Bus.
URSUS , ( Nicolas-Raymarus )
mathématicien Danois, garda les
pourceaux dans fa jeuneffe. Il ne
commença d'apprendre à lire qu'à
18 ans -, mais fes progrès furent
rapides , & il devint , prefque fans
maître , l'un des plus favans agro-
nomes & des plus habiles mathéma-
ticiens de fon temps. Uenfeigha les
mathématiques à Strasbourg avec ré'
putation , & fut ^enfuite appelé par
l'empereur pour enfeigner la même
fcience à Prague , où il mourut vers
l'an 1600. On a de lui quelques Ecrits '
mathématiques.Jll avoit eu l'impru- '
dence de lutter contre Tlcho-Brahc
qui le réduifit au filence.
USPERG, (l'Abbé) Foyei CoN-
RAD , n° III.
USSERIUS, (Jacques) en an-
gloisUsHER , né à Dublin en i j 80
d'une famille ancienne , apprit à
lire^ ou du mç'ms à épeler, de deux
444 , y S ^
taotes qm étoîem ayeaglcs. On Vén^
toya enfuite dans l'uni verfîté de Du-
blin, établie par Hatrî de Upta»
fon oncle , archevêque d'Armach.
La pénétration de fon eTprit lui £i^
tilita rétude de toutes les fciences.
Langues, poéiîe , éloquence, il
ii^oublia rien pour orner fonefprit.
** Une certaine inclination qu'il ie
M fentit pour les .charmes de la
» poéfie , & la paiQîoh du jeu qu'il
* coniraâa par le mauvais exemple
*' de (es tamarades , le retira ( dir
•* Nlccron ) pendant quelque temps.»
9* de 1 efude , & refroidu rardeùr
•' qu*il àvoit pour elle. Mais il
» revint biefKot de fon égarement.
>» La levure ie ces paroles de-
" CiCERON : ^ifciHqmdanuà quàm
9* noms JU accidtnt , hiefifemper tffc
M ptienm ; & le livre de Sceid ak ,
M Dt quatuor Imperus ^ qii'il par^
«*. courut avec beaucoupi^e plaifîr ^
M lui infpirerent une ardeur in-
» croyable poiur apprendre Thif^
V toire. Dès l'âge de 14 ans, il-
•I ÊiiCoit des extfaics des livres hif-
M toriques qu'il pouvoir trouver ,.
M- qu'il rangeoit par ordre chrono-
»f. logique «- aân de s'imprimer da-
M- vantage les faits dans la mé-
M moire «. L'étude de l'Hiftoire'
ne lui ùifoit point négliger celle
4ç la religion. Il embrafla l'état
«cdéfiaftiqiie , & U travailla comme
théologien & comme eontro'-
verûAe. £ii 161 f, il dreflà, dans
nue a^Iemblée du clergé d'Irlande,
* les articles touchant la religion &
la diicipline eccléiiailique -, & ces
articles furent approuvés par le roi
Jacques^ qupiqu'ils tufTentdiiférens
de ceux de TEglife Anglicane. Ce
monarque , pénétré de fon mérite »
lui donna l'évêché de Méath en
ï6^o , puis l'archevêché d'Armach
«n 1626. UjfcTÎùs pafla en Angle-
terre l'an J640 -, Ôc ne pouvant plus
retourner en Irlande déchirée par
ks guerses civiles », il Et U-anf-
porter fa bibliothèque 4 Lo^râ^
Tous fes biens lui furent enlevée
dans ce flux ft, reflux de Êi^ons;
L'univerfité de Leyde, induite dé
fon état , Im o&it utoe penfioti
confîdérable , avec le titré de pro-
fefieur honoraire y s'il vouloit fè
rendre en Hollande. Le cardinal
de RiduHeu lui envoya fa mé-
daille , & ajouta à ce pvéfent , des
ef&es avantageufes s'il venoit eiv
Frante » où- il auroit la liberté dé
profeiTer fa religion.^ Uffirms ainu.
mieux demeurer en Angleterre ,
où il continua de mettre au jour
plU£eurs Ouvrages , qui om£àit uit
honneur inHiii k l'étendue de foa>
érudition & à la juâiefie de fa cri*^
ttque. Les principaux font : I. Jn-
nâUs Veuris & Novi Tcftamtatl , à
Genève, 17 21, en 2 vol. in-fol.j
dans lefquelles il concilie lliif-
toire facrée & profane , & raconte
les piincipaux événemens de Tune
ic de l'auare, en fe fervant des
propres termes des auteurs orig-
naux. Ses calculs n'ont rien dla*
croyable. Il fit paroitre la chro^
nologie deS' Aflyriens fous une
forme plus régulière , en réduifantf
à cinq cents ans , avec Hérodote , la.'
durée de leur empire , que la plu-
part des hiftoriens , trompés par
Dlodore de Sicile , fiiifotent aller à*
14PO. ( Foyei III. LUBIN. ) n. Aati"
qykdtes EcùUfiarum BritsnnUantm ^
Londres « i6S*j , in-folio. Il fait re-^
monter la prédicadon de l'Evanf
gile en Angleterre , au temps de \m
miifion des Apôtres ; mais les
Aâes qu'il produit pour appuyer
cette prétention ,. font fort fuf-
peâs. III. Goufchalci hîjiona , Du^
blin, 1631^, in-4'*. Ceft le pre»
mier livre laùn imprimé en Irlande»
IV. Une édition des Epitrts de
5. Iffiace , de ^4 Barnabe , 8c de-
S^.Folyfarpe^^ avec des Notes pleines,
d'érudidon, Oxford, 1644; hc Lon-
dres^ 1647 ^x>.tom..en x voLin-^^
VSV:
fE€ IKecUjeîl ed ^ufE rate «lu'èftimé,
V. Un TralU de l'Edition des S€^
ioHtCf Londres t 1^55» in-4*fcCn
iatiii ; daas leifuel il a (butenu des
opinions particulières , quf tout le
jnondo n'adopte poifif^ Ce prélat
içut toutes les qualités d'un bon
citoyen* laviolablement attaché au
roi Charles /» il toinba en dé£|iV-
knce au premier appareil du fup^
plice de ce monarque* Sa vescu
fut refpeâée paç rufurpatcur , qm
avoit mis ce roi à mort en 1649 ;
Cromwiille fit venir à (^ cour , & Un.
promit de le dédommager d'une,
partie des pertes qti'il avoit faft(;s
en Irlande. U l'affura auffî qu'on ne
tourmentexoit plus le clergé épii^.
copal -f mais il ne4ui tintp^ parole. ^
i/Jeritts tomba maidde bientôt après ,
À mourut d'uite. pleuréâe U tt.
AÏars 161^ y âgé de 75 a«s. Sa^
conduite fut. toujours marquée an,
coin de la modération : auffî les
Anglicacks fanatiques l'ac€u(érent de
pencher vers 1^ feligioA Cadioîn
que. Le roi de Danemarck fit le
cardinal Haiarln voulurent acheter
U bibîiotheqiie j mais CrtmwfÛ la.
fit vendre à un prix fort mé-»
4iocre, pour en faire un préfent
à l'univerfité. de Dublin. Voyez
fa Vie par Richard Parr ^ à la
tête de fes Lfittr^ , Londres » 1686 ».
jn-fol.
USUARP, Bénédiaip du ix*«~
fiecle, eft auteur du Mârt^roiogi^
qu'il dédi^ à Charles le CJu^ve, Ctt
Ouvrage eft fort célèbre ; mais on,
ignore les particularités de la vie
de fon auteur. Les meilleures édi*?.
tions font celles dtMolanus^ àLou-
Jéfuite, in-foli, An^(JPri4, qui eft .
çès-curieufe & faite avec beaucoup
de foin, Molani^s a donné plusieurs
éditions du même ouvrage ; mais
çjcUe de 15^8 eâ la plus ample»,
parce que , dans les autres , fes cen-
fçwr% l'obligerenf de. retrai\cheç
V T E ui
beaucoup de Notes qui mérkoient
d'être confervées. il y a une édi-
tion du même M*nytJoge ^ à Parif ,
17 iS^ iil-4** « par Pom Èomllart^
Bénédi^n de $aiiH:Maur \ mais elle
eil inoins recherchée que celle de
Sollicr,
^SVM-CA$SAK, dit auffî;
0£tJM-As£Mfi£t , de la famille des
Affambléefts / étoit. ifel* è'^Alîhec ^
& devitit roi de Perfe. Oft affurçj
qu'il defcendoit de Xamerlan , 6c
qii'il fortôit de la branche nom-
mée du Bé^er htartè, U étoit gotl*
vemeur de l'Arménie ,,. lorfqu'tt
kra en 14^ , Tétendard de la ré^
rolte contre le roi de Perfe /o^n-.
dfctf. Après lui avoir btè la vie'ainâ,
qu'à fon fils 4<^en'Aliy il moitta fur
le trône , & fit la guefrre aiiiç.
Turcs , Uni ^vec les Chrétiens ->.'
mai* tes exploits n'apportèrent
aucun avantage à ccux-cr. Ce prince,
itiourmen 1478^, à 7^ an$ , avecfci,
réputation d'un homme reftraaïit,
ambitieux ^ cruet Qaoiqire Ma«
homéan , iï avoit époufé fa ftife
de l'empereur de Tyébironde , qui^
étoit Chrétidjtie.
X)TENBOGAERT„ (hatr) tme,
des principales colonnes des Ré-^
montrans , naquit à Utrecht ei^.
1,5 5 7 , & mourut à la Haye en 1 644. .
11 n'eut pas l'étendue & la pénétrai
tion de génie d'Ffifcoptus , fou ami
confiant^ mais il ïe furpafîbit eâ,.
netteté & en. (implicite de 2lyle«
tous les ouvrages qu'il publia en,
S'and nombre , font en IvoUandois..
es principaux font : I, Une Jdlf".
toîre Eccléjiàfilque , in-foUll. VHîf"
tolre defn JCic^ in-4°. Ceux qui voi»^
dront de plus grands détails ^ pour-
ront les y pui()pr, ou dans le Die?
tioiinaire de, M. ChaufepU , qui a-
fait fur cet auteur un article fort,
curieux.
VTENHO VE , X Charles ) né à^
Gând en 1 5 56 , fut élevé avec foin*
dans le^ belles^iettres ^ dans \f^
1
X46 U X E
fciences , par fon père , homme
diftingué par £9 vertu & par Ton
éloquence , non moins que par
Tanciennecé de fa famille. Envoyé
à Paris pour y achever fes émdes ,
il s'y lia avec Turtuht , qu'il fît
précepteur des trois favantes filles
de )tan Mord, De Paris , Vttnhovt
pafla en Angleterre , où il écrivit
en faveur de la reine Ellfahtth ,
qui lui donna des'?marques de fa
libéralité. Enfin, s'étant retiré à
Cologne , il y mourut d'apoplexie
en 1600. On a de lui des Poéfits
latines , & d'autres Ouvrages -, }çs
principaux font : I. Epl^rammata ,
EpUaphla , EpUhalamia graca & la^
tîna, II. Xtniorum Liber ^ à Bâle ,
IJ64, in-8°. \\\. Eplftolarum Cm-
turîa» IV. Myiholop.a ^fopîca ,
mctro tlt^aco , Steinfurt, i6o7,in-8°.
Tous ces ouvrages marquent un
efprit orné ; mais le latin n'en
eft pas toujours affez pur ni affez
élégant.
UXELLES, ( Nicolas Châlon du
. Blé , marquis d' ) porta d'abord le
petit collet *, mais fon frei^ aine
étant mort en 1669 « ^ ^^ confacra
aux armes» Pluûeurs beUes a£lioQs
u Z E
le dlftinguerent ; & il fe flgnalé
fur-tout dans Mayence » dont il
fo\itint le fiége pendant 56 jours.,
Lorfqu'il alla rendre compte au roi ,
de la capitulation , il craignoit les
reproches de ce prince , & fe jeta
à fes pieds : RtUve-^^vous , Mdnfieur
U Marquis , lui dit Louis XIV ^
vous avc\ défendu la place en homme
de ctzur , 6» capitulé en homme d'efprit.
Propre à négocier conune à com-
battre, il fut plénipotentiaire à Ger-
truidemberg & à Utrecht , & il fit
refpeéler la France aux yeux des
étrangers. Il mourut fans avoir été
marié , en 1730 , dans un âge
Séance. U avoit obtenu le bâton de
maréchal de France en 1703 , &
avoit été en 17 18 du confeil de
régence , où il n'ouvrit que de
bons avis , qui ne furent pas tous
fuivis. C'ctoit un homme froid , ta-
citurne , mais plein de fens. Soa
efprit étoit plus fage qu'élevé ^
hardi. L'abbé de Saint'Pierre le peinte
comme un homme de plaifer & un fat
courtifan.
UZEDA , ( le Duc d' ) Vo^^ l^
Giron ^ Lerme.
J
r
*47
V ACE , Voy. 'WkCB. ( Aoben ).
I. V ACHET , ( Jean- Antoine le )
^prêtre , inftitutcur des Sœurs de
l'Union Chrétienne^ & diref^eur des
Dames Hofpitalieres de Saint -Ger-
. Vais , étoit natif de Romans en
Dauphiné , d'une famille noble.
Après avoir didribué fon bien aux
pauvres , il fe retira à Saint-Sul*
pice , s'appliqua aux Miffions dans
les villages , & vifita les Prifons
it les Hôpitaux. Ses mortifications
& fes travaux lui caufcrent une
> tnaladie ^ont il mourut le 6 Fé-
vrier 1681 , âge de 78 ans. L'abbé
jRichard donna ia Vieen 1692. Nous
avons de lui : I. VExempUîre des
Enfans de Dieu, II. La Voie dejefus-
Chrift. IIL VAni/an Chrétien. IV.
Réglemens pour les Filles & les Veuves
^ui vivent déuis le Sémina'rê des Sœurs
et l* Union Chrétienne, Ces ouvrages
font écrits avec plus d'onûion que
de pureté.
IL VACHET , ( Pierre- Jofeph
de ) prêtre de l'Oratoire , natif
de Beauoe , & curé de Saint-
Martin de Sablon au diocefe de
Bordeaux, mort vers 16^5 , laifTa
ides Poéfies latines ^ Saumur, 1664,
in-i2,
VACQUËRIE ou Vaqueeie,
(Jean de la ) premier préiidem du
parlement de Paris, fous Louis XI ^
ie fit admirer par ùl probité , par fa
ferineté, par fon zèle à foutenir les
intérêts des citoyens. Le roi avoit
donné des édits , ddm le peuple
fluroit été incommodé *, la Vacquerie
vint , à la tête du parlement , trou-
ver Louis ^/ , & lui dit : SiRE , nous
tenons remettre nos Charges entre vos
maifts , & foî^rir tout et quil vous
gMra^ plutôt qutd^offenftr nos conf"
eiences. Le roî » touché de la gêné"
reufe intrépidité de ce magiftrat ,
révoqua fes édits. La VacqueriemoU"
rut en 1497. ^^ chancelier de l'Hô*
pliai fait de cepréfident , cet éloge :
{^uil ttolt beaucoup plus recomman^
dableparfa pauvreté y que Rolin , chan^
Ciller du Duc de Bourgogne , par fes
richcjfts,
VACQUETTE o«Vaquette^
( Jean ) écuyer , feigneur du Car^
donnoy , né à Amiens en 1658 , fut
confeiller au préiidiai de cette ville.
On reconnut en lui une fcience pro-
fonde des lois , dirigée par une par*
faite intégrité : double mérite , au-
quel il dut la mairie & lieutcnance-
générale de police, que lui déférè-
rent deux fois tous les fuf&ages.
Il remplit ces places avec autant
de zèle que d'intelligence. Il eut
l'honneur de complimenter Jac- "
quts II , roi d'Angleterre , lorf-
qu'allant à Calais, il pafia par
Amiens , le 19 Février 1696. Il fe
forma dans cette ville, en 1700, ,
une fociété de gens de lettres ;
M. du Cardonnoy en conçut la pre-
mière idée. Elle étoit compofétf
des amateurs de ce temps-là , dont
fa maifon étoit le Lycée, Cette fo-
ciété ne fubfifia que jufqu'à ryio ,
& fiit xefTufcitée 30 ans après par
cette Académie des Sciences , Belles»
Lettres Se Arts , établie à Amiensr
par lettres patentes de 1750» dont
quelques membres fe font rendus
célèbres. M. du Cardonnoy . faifoit
particulièrement fes délices de la
poéfie & de la mufique ; il culti-
voit\les bellesrlettres & la fcience
des médailles antiques & modernes ,
dont il avoit un cabinet curieux &
riche. Ses Poéfies font quelques
Q iv
1
>48 V A D
Çunus ea vers libres , & d'inu
poefit plus facile qu'énergique; tel*
i^ut : VExUé à VcrfaULcs ; Les Re^
ligUufcs qui voulount confiffer } Le
Singe ûbérali La Précaution inutile,.,
M* du Cazdonnoy mourut au mois
d'Qûobre 1739 , regretté de tous
ceux qui fe connoiiToiem en vrai
mérite. 11 ttoit daos la 8|*^ année
de Ton âge.
VADE, ( Jean-Jofeph ) né ea
Janvier 17^0 , à Hara en Picardie ,
fut amené à Paris , à l'âge de 5 ans ,
par Ton père qui vivoic d'un petit
commerce. Il eut une jeunefTe ù.
fougueufe &â diifîpée, qu'il ne fut
jamais poflible de lui faire faire les
études, 11 ne fut jamais que très-
peu de latin ', mais il corrigea le
défaut d'éducation par la levure;
de tous nos bons livres françois,
Va(U eft le créateur d'un nouveau
genre de Poé(ie , qu'on nomme U
genre Poiffard. Ce genre ne dok
point être confondu avec le Eur*
ïefque. Celui-ci ne peint rien i le.
PoiiTard au contraire peint la na-
ture , balTe à la vérité , mais qui
n'eft point fans agrémens. Un ta-
bleau qui repréfente ^ avec vérité ,
V03 guinguette , des gerts du peuple
danfans , des Ibldats buvans & fii^
xnans , n'eé point défagréable à
voir. Fade ell le Tcniers de 1%
poé/îe ; & Téniers eft compté parmi
les plus grands artiftes, quoiqu'il
n'ait peint que des Fêtes flamandes.
Les (Euvres de V^ ^ ( contenant
fes Opéra- Comiques , fis parodies ,
fes Chanfum , fes Buuquets , fes Let'
fr«s de la Grenouilkre , fon Poëme
de la P'pe cajfée > fes C^mpUmens des
^^lôtures des Foires dû S .int Germain.
^ de Saint-Laurent , \ ont éîé re-
cueillies en 4 vol. in-8°, chez
Duchefn:, On a çncore de lui un
vol. de Piiéfics pofthunus , contçiant
4es Contes en vers & en profc , des
]?akics , dei Epures , où il y a du natu-
rel & 4e la ûiçUité i d^s ÇoupUts ^ de^
Tot»powrîs , &c. Vadi étoit doux^
poli , plein d'honneur , de prohitA t.
généreux , fmcere , peu prévenu
en fa faveur, ei.empt de jalouiiea
iccapabl^ de. nuire , bon parent ^
bon ami , bon cito)ren. Il avoir
cette gaieté franche qui décelé la
candeur de l'ame. 11 étoit déiiré par-
tout. Son caraûere facile & fp»
goût particulier, ne lui permet-
toient pas de refufer aucune de^
parties qu'on lux propofoit : il y
portoit la )oie. U amufoit par fes;
propos , par iés chanfons , & fut*
tout par le ton Poiffard qu'il avoir
étudie , & qu'il poflédoit bien. Ce
n'étoit point une imitation , c'étoît;.
la nature. Jamais on n'a joué fes
Pièces aufli bien qu'il les récitoit , &
l'on perdoit beaucoup à ne pas,
l'entendre lui-même. Mais fa com-
plaifance exceiHve» fes veilles , fes
ùravaux , & lesplalfirs de tou^,
efpece auxquels il s'^ibandonnoit
fans retenue , prenoient fur f;^
fantét 11 aimoitles fcmn^esavec paf-^
(ion ;le jeu .& la lable n^ lui étoient
point indi£férens , & '4 abufoit dp,
fon tem^rament qui étoit robufte»
Il commença enfin à connoiire lc&
égaremeos & les dangers de fa con-
duite , & il mourut dans d^ fenti*
mens très-chrétiens ^ le 4 JKiiilei(
17^7» âgç de3'7 ans*
VAPIAN , { Joachim) VadhnuM ,
né à Saint-Gai en Suifle l'an 1484^
fe" rendit habile dans les belles-
lettres , la géographie , la philofo»
phie, les mathématiques & la mé«
decine. Il profefia les belles- lettres
à Vienne en Autriche , & m«rita la
couronne de laurier que les empe»
reurs donnoient alors à ceux qui
excelloient dans la poéfie. Il mou*
rut en 15 5 1 , à 66 ans, apcès avoU
exercé les premières charges dans
ia patrie. On a de lui 4es Cçmmm*
taires fur pBmponlus Mêla ^ I577 «
xn-fQl. i un Tr^té de Poéfi^^ Y 5 1^
r
V A D
Ia'4^ , fie d'autres ouvrages en ladfi ,
écrits peiàmmem.
VADINQ, Voy. ^àDTITG,
V^mUS, Voy. Venius.
I. VAILLANT DE GvELLis ,
{Gamanus FjtLfss GueUîus , Pim-
fantîus ) abbé de Paimpont , puis
érêque d'Orléans fa patrie , mort
à Meun-fur- Loire en 158-^ , mç-
rita par £00 go^t pour les belles-
lettres , la proteâion de François I,
Oa a de lui : I. Un Comnumatre
for P^rgilc, Anvers , 157c , in-folio,
p. Un Poëme qu'il compofa à l'âge
ie 70 ans , & qu'on troHve dans
jpcllcîét Poëiarwn G^dlortan, 11 y
prédit l'horrible attentat commis
lieuX' ou trois ans apr^ » fur le roi
fienri 112, & les déf ordre* qui £mz
virent ce JForiait,
II. VAILLANT , ( Jcan-Foy )
né à Beauvais le 24 Mai 1631 ,
fut élevé avec fom dans les fciences ,
^ar fon oncle maternel , & deiliné
a rétude de la médecine -, mats
fbn goût ne Te tourna point de
ce côté-là. Un laboureur ayant
trouvé, dans fon champs près de
Beauvais , un petit coffre plein
de médailles anciennes , les ports(
au jeune médecin , qui dès ce mo-
ment le livra tout entier à la re-
cherdie des monumens de l'anti-
quité. Il fe ibrma , en peu de temps ,
m cabinet curieux en ce genre,
& il ût plufieurs voyages dans les
fays étr^ngeri , d*où il rapporta
des médailles très-rares. Le àéût
d'augmenter Tes richeffes littéraiies
l'engagea de s'embarquer à Mar^
leilie, ponr aller à Rome ; mais il
fiftt pris par un corfaire, conduit
a Alger , de mis à la chaîne. En-
viron 4 mois après , on lui permit
et revenir en France , pour follî-
çkcr fa rançon. Il s'embarqua donc
|iir «ne firégate, qui ^ à fon tour
attaquée par un cor£nre de Ttaù^.
^AlU^iM^f à la vue de ee souveoi
V A I 149
malheut , afin de ne pas tout perdre,
comme il avoit fait dans le pre?
mier vaiffean , avala une quinzaine
de médailles d'or qu'il avoit fur lui*,
& après avoir failli périr plufieuri^
fois , il trouva enfi^ le moyen de
fe fauver avec refquif. Quelque
temps après , la nature lui rendit le
dépôt qu'U lui avoit confié. De reh
tour à Paris , il reçut des ordres
de la cour pour entreprendre ui^
sioùveau voyage. Vaillant pouflk
fes recherches jufque dans le fond
de TEgypte & de la Perfe 1 & y
trouva les médailles les plus pré-
cieufes & les plus rares. Au re«-
aoitvellemcnt de l'académie de^
Infcripdons & Kelles-Lcttrcs , Vailf
U^ y fut d'abord reçu en qualité
d'aflbcié » & peu de temps après il
Qbtint la place de penfionnaire. U
avoit été marié deux fois , & par
une difpenfe particulière du pape ,
il avoit. époufé fuccei&vement les
deux foeurs. Il mourut le 23 Oc-
tobre 170Ô , âgé de 74 ans» Set
Ouvrages font : 1. VHîfioiré des
Ctfarêy )uf<|u'à la chute dé l'empire
Romsdn , 1694 , 1 vol. in-4''«,
Cette Hiftoire a été réimprimée à
Rome y fous ce titre : NtanlfmattL
Impcratotumy &c. 1743 , cn 3 vol,
in-4** , avec beaucoup d'augmen-
tations qui font de l'éditeur (le
Père Françoh JBa/dhti ). II. SîUuci^,
damm l/riperlum , (ive Hifiofîa Regum
Syrue , ad fdtm Numtfmatam accum^
modsta , à Paris , i^i , in-4***
m. Hifior'a PtoUfiutorum , JEgypi
Rcgttm , adfidim Numîfmatum accom*
modata , à Amfterdam « 17^1 »
in-fol. IV. Nummi antljut fjml/ia'
rum Rùmanarum perpettâis ilù^ratio»
nîbus iUufratt , à Amilerdam , 1703 »
1 vol. in-^ol. V. Arfaddarum Impe*
fium^ five Refftm Parthorum Htfioria ,
adjid.//è Nums/matum accommodata^
à Paris; 1715 , in-4*. VI. Ath^m^
nidapum Imperntm , five Regum Pond ,
AVÏ^M TkfOM 6> SUhynm iffionê^
1
a^o y A I
4ti fiiem Numîfmatum aeeommodata ,
à Paris, 1715 , in-4°. VII. Numlf-
mata arca Impcrjtorum , 16S8 , 2
volum. in-folio. VIII. Numlfmata
Crttca , Amfterdara , 1700, in-folio,
IX. Une^feconde édition du Cabinet
tJe Si^um , 1684 , in-4°. X. Plu-
fieurs Diffcrtaùons fur 4tiFérentes
médailles. Tous ces ouvrages font
honneur à fon érudition , & ont
hea^icoupfervi à éclaircir l'Hiftoire.
On difoit de lui » «> qu'il lifoit auffi
«« facilement la légende des plus
•» anciennes médailles-, ^tt'tt» Man-
4» ctau lit un Exploit «• L'auteur
^toit non-feulement eftimable par
ion favoir , mais encore par fon
caraâere.
m. VAILLANT, ( Jean-
François-Foy ) fils du précédent,
naqoit à Rome le 17 Février 1665.
Son père l'emmena à Paris , & lui
fit faire un voyage en Angleterre ^
dans lequel il prit beaucoup de goût
pour la fclence numifoiatique. De
aretour à Paris , il fit fon cours de
médecine, & pendant qu'il étoit fur
les bancs » il compofa un Traité de
la nature & de l'ufa^e da Café, Eu
169 1 il fut reçu doâeur-régent de
la faculté de Paris. En 1702 on
l'admit dans l'académie royale des
Infcriptions. Il donna plusieurs
Vijfertatîons curieiifes fur des mé-
dailles ; Il compofa auflî une Ex-
plication de certains mots abrégés
ou lettres initiales , qui fe trouvent
à l'exergue' de prefque toutes les
médailles d'or du bas Empire*, au
moins , depuis les enfans du grand
Confiantin jufqu!à Léon Plfautien^
Il fit encore une Differtation fur
les \y\c\3x' Cahirts ^ par laquelle il
termina fa carrière littéraire. Il
n'eut, pendant les deux ans qu'il
furvécut â fon père , qu'une famé
fort dérangée , & mourut le 17
Novembre 1708 ,à 44 ans. Bon,
humain , ami ftdelle , plein de fran-
^ife êc de candeur ^ il embellit
V AT
ces qualités par l'éloignement éé
toute vue d'intérêt, d'ambition &
de fortune.
ly. VAILLANT , ( Sébaftien )
né à Vigny , près de Pontoife ,
en 1669 , fit paroître dès fa plus
tendre jeunefTcune paffi on extrême
pour la connoiflance des Plantes*
Il fut d'abord organifb chez les
religieufes Hofpitalieres de Pon-
, toife , puis chirurgien . & enfuite
fecrétaire de Fa^on , premier mé-
decin de Louis XIV. Cet habile
médecin ayant connu les talens de
Vaillant pour la botanique , lui
donna entrée dans tous les Jardins
du roi. Ce ne fiit pas le feul bien-
fait qu'il reçut de fon maître :
Fagon lui obtint la direâion da
Jardin royal , qu'il enrichit de
plantes curieufes , & les places de
profefTeur & fous-démonfirateur
des plantes du Jardin royal , & de
garde des drogues du cabinet du
roi. Le czar Pierre ayant voulu
voir les raretés^ de ce cabinet pré*
cieux , Vaillant répondit à toutes
les queiUonsdece monarque philo-
fophe , avec autant d'efprit que de^
fagacité. L'académie dQs Sciences
fe l'affocia en 1716. Il méritoic cet
honneur par fes Ouvrages. Les prin-
cipaux font: I. D'excellentes Re-
marques fur les Inflitutions de Bot^U
gue de Tournefort* IL Un Difcours fur
la flruâure des Fleurs & fur l'ufagc
de leurs différentes parties. III. Un
ÎJivre des Plantes qui naiilent aux
environs de Paris , imprimé à
Leyde« par les foins de Boërhaave,
en 1727 , in-folio, foiis le titre
de Botanicon Parifienfe , ou Dinom^ '
hrement par ordre alphabétique , des
Plantes qui fe trouvent aux environs
de Paris , &c. avec plus de 309
figures , par ^f/Met. Cet ouvrage» 1
fruit de 40 années de recherches 9
efi très-efHmé» IV* Un petit Bota*
»«<?«, Ley de, 1743 » îo-i^. ^^*
Hmt mourut le %% Mai 17^2 ^ de
I
J
r
V AI
l'afihme , laifTant une veuve , maïs
point d'eofans.
VAIR, (Guillaume du) fils de
itan du Vair^ cljevalier & procu-
reur général de la reine Catherine
de Midicîs , naquit à Paris le 7 Mars
1^56. Il fiit fucceffivement con-
feiller au ^rlement , maître des
requêtes , premier préfident au par-
lement de Provence , & enfin garde
des fceaux eh 1616. Il embrafia
enfuite l'état ecdéfiailique , & fut
facré évêque de Lifienx en 16 18.
Il gouverna fon diocefe avec
beaucoup de fagefle , quoique
DupUîx lui reproche d'avoir pçiTé
trois ans fans dire la meffe , & de
<e priver d'un myfitre divin pour
tm mînijhn polîtîqui. Mais -un prélat
peut fe négliger fur fes devoirs
particuliers, & cependant veiller
ou faire veiller avec foin fur fes
diocéfains. Si nous confidérons du
Voir comme miniftre , la fermeté
parut d'abord former fon carac-
tère ; il aima mieux quitter les
fceaux , que de fe prêter aux vues
du maréchal S Ancre , qui abufoit
de fa Civeur. Mais il fut plus com-
, plaifant fous le minîfiere du duc
-de Luynes, qui lui faifoit efpérer la
•poupre Romaine. Il n'^t plus de
volonté que celle du nouveau mi-
niftre. Ce changement fit beaucoup
de tort à fa réputation *, & plus il
avoit aiFeâé une vertu aufiere ,
comme Séneque , plus on le méprifa
quand on le vit courir après la
fortune. En 1620, il eut une dif--
pute avec les ducs & pairs fur la
préféance au confeil. Le duc ^'£-
pemtm foutint la caufe des ducs en
préfence de Louis XIÎl , avec fon
irapétuofité ordinaire. Vous êtes un
tmprudenf , dit-il à Di/ KtiR,., Et
^ous^ répliqua du Vair, vous êtes
tt que vous êtes, — Eh bien , pour-
iiiivit d^Epemon en s'adreiïant au
duc 17 £ Guise , vous allei combatirt
Uf PiraUt d» 'Mat , lorfquU faut
VA! ip'
chaffer Us Pirates de Terre, Cepen-
dant le confeil décida en faveur de
du Voir, Ce magifirat finit fa car-
rière à Tonneins en Agenois , où
il étoit à la fuite du roi durant le
fiége de Clerac , le 3 Août 1621 ,
à 6 j ans. Du Voir étoit d'une taille
avîmtageufe , avoit un port noble ,
une phyfionomie heureufe , animée
par des yeux vitis. CéJ'ar Nofiradamus
parle de fon luxe & de l'écîat fplen-
dide qui brilloit dans fa maifon.
D'autres ont dit qu'il y avoit beau-
coup d'ordre & de bienféance ,
fans avarice & fans fafte. Si les
hiftoriens parlent diverfement de
fes vertus , i^ls s'accordent afiez fur
■fes talcns. Du Vaïr étoit d'une
fagacité furprenante , & d'une élo-
quence peu commune pour ^fon
fiecle. Claude Robert lui appliqua
dans fa GalUa. Chri/Bana , ces Vers
de CUuidîen :
Oracula rsgîs
Eioquio crcvére tuo , nec dlgnlus
unquam
Majejias memlnlt Francorum fe effe
locutum.
Il eut , de fon temps , la même ré-
putation que le chancelier étApujfeau
a eue de nos jours. L'un & l'autre
ont compofé des Ouvrages. Ceux
de du Vaîr , très -inférieurs à tous
égards , aux produ^ions du chance-
lier de Louis XV ^ forment un gros
volume in-folio, Paris, 1641. On
y trouve des Harangues , des Tra-
duEllonSy qui font moins infeâées
que lès autres produdions de fort
temps , du mauvais goût qui régnoit
alors , mais qui n'en font pas tout-
à -fait exemptes. Pierre du Vair, fi-ere
du garde des fceaux , fut évêque de
Vence. C'étoit un prélat refpec-
table. Il garda fon époufe , quoique
pauvre , parce qu'il ne voulut pas la
répudier pour une plus riche. Il refufa
les meilleurs évêchés.
VAIRASÇE , r<y. l. ALLAIS!
I
ȕi VA!
VAISSETTE , ( Dom lofepK )
né à Gaillac ea Agenois, co i68f ,
^erça pendant quelque temps U
charge dejprocureur durci du pay^
Albigeois. Dégoûté du inonde • U
fe fît Qéncdiâin delà Congrégation
de Saint-Maur • dans le prieuré de^
la Daurade à Toulouie , en i7ii«
Son goût pour l'Hiftoire le fit ap-
peler à Paris, en 171 3» par (esfupci
rieurs , qui le chargèrent , avec
Dom Claudt de Vic^ de travailler
à celle de Languedoc Le premier
volume de cette Hidoire parut en
1730 , in-folio. Peu d'Hiftoires gé-
nérales. ( dit Tabbé des Fontaines )
font mieux écrites en notre langue:
l'érudition y eft profonde & agréa*,
hle. On a ajouté , à U fin, des Note%
très - favames fur difFérens points
de l'Hifloire de Languedoc -, ces
Notes font autant de diflertations
Air des matières çurieufes. Cç qui le
diftingue fur- tout» eft une grande
impartialité dans THilloire des Al-
|>igeois ISc des antres hérétiques,
qui ravagèrent cette province. Il
ne fe paffionne point -, il racotite
en homme qui, a confuké tous les
monumens. AuiE les Jéfuites qui ^
dans Vfiiflûlrc de ri^glîfi Gallicane ,
n'avoient pas montré la m^e mo»
«lératlony ne manquèrent pas de le
critiquer dans le Journal de JreVous.
Dom de Vie éunt mort en 1734»^
Dom Vaiffeue refta feul chargé de
(on grand ouvrage , qu'il exécuta
avecCuccès, & dont il publia les 4
autres volumes. Ce (avant çioiiru(
à Saint- Germain- deS'Prés le 10
Avril 17(6, regretté pas fes con-
frères & par le pubHc. Il prépacoit
lin 6* volume de fon Hiftoùre de
I^anguedoc » & Dom Bourottt foa
confrère , a été chargé de l'adiever.
Ses autres Ecrits font : I. Un Ahrégé
Àe fon Hifioire ds Lafiffudoc^ en 6
vol. inna , 1740^ Il peut fuiffire à
ceux qui ne (ont pas de cette pro*
vinçç î mps les LanjpedocMip^ It
V A t
tromreottrop fec & trop décinniéi
II. Une Géographie uaiverfelle 9 en 4
vol. in-4^ y & en II vol. in-iiJ
Quoiqu'elle se foît pas exemple
de &utes, on la regarde» avecrair
fon, comme une des pl^ détail-
lées , des plus médiodiques & des
plus exaôes que nous ayons. Oi\
peut feulement reprocher à Tauteur
cpi'il y a trop peu de détails fur le
commerce & les afts des pays qu'il
décrit. La (implicite & la candeur ,
îointes à beaucoup d'efprit & d'ém-
dition , fonnoient le çaraâere àe
Dom Vaîffettt... V6y. Lsibnxtz.
n^ XII de fes ouvrages.
VAL, ( Du ) Voy€\ DuvAV
VAL'Q^S-CHQUX, Vof.
VlARiX
VAL'DE-ORACE , Voye^
Akbouse.
VAL ART, (l'abbé Jofeph >
né à Freve^t dans le diocefe.
d'Amiens, mort en 1779 t avoic^
été profeiîeuc à l'Ecole royale mi-
litaire. C'étoit un bofi humanUle,,
& ila beaucoup écrit fuc les règles,
de la grammaire lanne. On a enr.
core de lui des Traduâions d»
Nouvel Teftament , de VInîtaMn dg,
l. C. , dont il avoit donné une
édition e^imée , chea Barbou ^
175 8 , ia-X% , & de ÇomeJUts Nepos^^
Ce (avant étoit ibst négligé fur ia.
peribnnc, & très-attaché à (es feor
ûmens-, d'aUleiifs bon homme 2(:
çiEcteuz.
VALBONAIS I Foy^t Bowa-
ÇHEliV.
VALDIVIESO ,( Pierre Bajuw-
KiWA ou) théologien Efpagnoli^
de l'Ordre de Sadia- François ,,
vivoit encore en i6o6« U le xeoi^
dit très*hatiile dans la diéologîet.
& il la profefTa long-temps» U «
léSé divers Ouinoges «qui fons Uk
preuve de fon (avois;.
VALDO, (Pierse> héréfiac^^
né au bourg de Vaux en pauphinéi^
d'au il ^ fon spqi ^ Ç9moi«a^4
V- À L
fer à Lyon vers ix86. Ses
^fciples furent appelés Vaudoh ,
éa nom de leur maître ; ou Gueux
ii Lydn » de k ville où cène feâe
' prit naiâahce ', ou Sabads , à caufe
de leur chaufTore ângûliere : ils ne
ponoient<|ue des fandales comme
les Apôtres. La mort d'un ami de
K/À/o , qui expira fubitement en fa
I ' préTence , le frappa tellement , qu'il
diftribua aufli-tôt aux pauvres ime
t grande fomme d'argent. Cette gé-i
i nérofifé e» attira une prodigieufe
quantité à fa fuite. Leur bienfaiteur
I voulut bientôt devenir leur maître.
Comme il étoit un peu lettré , il
leur expliquoit le Nouveau Tefta^»
I ment en langue vulgaire , & leur
prêchoit l'ëftime de la pauvreté
otfive. Les Eccléftaftlques ayant
bllmé 6i témérité , il fe déchaîna
_ totttre ^K & contre leur autorité, en
leur égalant les Laïques. Il y a des
stiiteurs qui prétendent que Va^ ne
ponila pas plus loin fes erreurs ;
mds que fes difetples s 'étant mêlés
avec les Amaldiftes & k$ Albi-
geois, adoptèrent plufieurs erreurs
de. ceux-ci. D*autres afîurent que
le. mépris de y'aldo po;ir les Ëcclé-
fiaftiques , fnt porté jufqu'à celui
pour les Sacremens , dont ils font
lés miniilres légitimes. M. Tabbé
P/uqaet prétend qu'Us renouvelè-
rent : I.** Les erreurs de Vigilance
for les cérémonies del'Eghfe, fur
le culte des Saints & des Reliques y
te fur U hiérarchie d« l'Ëglife :
a.** Les erreurs des Donatiftts fur
la nullké des Sacremens conférés
' par de liiauvais miniftres, & fur la
nature de TEglife : 'J.** Les erreurs
des ieonoclafies : 4.'' Ils ajoutèrent à
ces erreurs , que TEglife ne peut
pofîederaucundes biens temporels»
Comme cette doûrine favorifoit
les prétentions des (bigneurs , &
ttffidoit à remettre ehtre leurs mains
' les pofTeiHons des Eglifes , les Vaw
dM furent protégés par les feigneurs
^ , VA L ±n
dièz lefqiiels ils s'étoient réfugiés i
après avoir été chaiTés de Lyon;
Ces feigneurs , fans adopter leurs
erreurs , étoient bien aifes de les
oppofer au clergé , qui condamnoit
les grands ; déprédateurs des Eglifesi
Les Vaùdois , chaffc^ du territoire
de Lyon , trouvèrent donc des pro-
teftcurs , & fe firent un grand nom*
bre dfc proféiytes.*Z,oiu/5 VU fit
venir àes miffionnali^s pour les
convertir -, mais ils prêchèrent fan* "
fuccès ccAitre les erreurs des Vaù-
dois, Philippe- Auguflc {on fils ^ çut
recours à la force; il fit rafer ptusf
de trois cents maifons de gentils-
hommes, où ils s*affembIoîent,^ 6c
entra en fuite dans le Berry où
ces hérétiques commettoient d'nor*
ribles cruautés. Plus de fept mille
furent paffés au fil de l'épéc \
beaucoup d'autres périrent par les
flammes ; & de ceux qui purent
échapper , les uns qu'on nomm»
dans la fuite Turlupins , allèrent
dani les pays Vallons, les autres
en B<lhême; tandis que \t% feâa-
tfeurs de VaUio fe répandoient dans
le Languedoc & dans le Dauphinc*,
Ceux qui s'étoient jetés dans le-
Languedoc & en Provence > furent
anéantis ( dit M. l'abbé Pluquet >
dans les terribles croifades contre
les Albigeois & contre les Héréti-
ques , fi prodigieufement multiplié»
dans les provinces méridionales dé
la France. Ceux qui fe fauverent
dans le Dauphiné, fe voyant in-
quiétés par l'archevêque d*Embrun ,
fe retirèrent dans les vallées de
Piémont. Les ducs de Savoie ont
tâché en différens temps de les
chaflfer dç cet afile , fur-tout depuis-v
qu'ils s'étoient liés d'intérêt & de
religion avec les SuifTes & les
Genevois. On it^ pourfaivit vi-
vement en 15 60 -, irais ils réMe-
rem à la petite armée qu'on envoya
contre eux. Environ cent ans après »
•n 1655 , Charks- Emmanuel envoya
1
2Ç4 • V A L ^
dans les vallées , le marquis dt PU-
ueffa j qui traita avec la dernière
rigueur ceux qui ne voulurent pas
embraiTer la religion Catholique,
Malgré un grand nombre d'exé-
cutions effrayantes , les Vaudois ne
font pas entièrement éteints , & ils
confervent l'attachement à leurs
dogmes & une pureté de mœurs
qui infpire de ,1a pitié pour leurs
erreurs. Les Calvinifte^ les ont
adoptés comme leurs pères, quoi-
que leur croyance foit différente
dans quelques articles *, & la pro-
teâion fecrete que quelques prin-
ces Protedans leur ont accordée ,
n'a pas peu contribué à leur conier-
vation,
VALDEADE , foye^ iv. Lo-
THAIR£
VALEMBOURG, FoyciV/XL-
LEMBOVRG.
VALENÇAl, Voy, Estampes,
n® IV,
VALENCE, Foyti Parès &
VII. Thomas.
L VALENS , ( Flavîus ) empe-
reur , étoit fils puîné de Gratîm ,
furnommé U CordUr : [ Voyez L
G RAT j EN,] U naquit près de
Cibale en Pannonie , vers l'an 328,
& fut aiTocié à l'empire l'an 364,
par Ton frère Valentimen /, qui lui
donna le gouvernement deTOrient
en 365. Eifrayé par la révolte de
Procope , il voulut d'abord quitrer
la pourpre ; mais il &it plus heureux
Tannée fuivaote : car il défît fon
ennemi , & lui fit couper la tête.
Après avoir pacifié l'empire , il fe
fit conférer le baptême par Eudoxc
de Conftantinople , Arien , qui
l'obligea par ferment de foutenir
fes erreurs. Sa femme , Albla Domi-
nica , qui étoit hérétique, l'y en-
gagea auffi , & le rendit complice
de fon héréfie , ôt perfccuteur de
la Foi oithodoxe i dont il s'étoit
montré jufqu'alors un des plus
aélfis défenfeurs. U publia un édit
VAL
pour exiler les prélats Catholt-^
ques *, édit qui fut exécuté avec la
dernière rigueur. Il alla lui-même
à Céfarée de Cappadoce , pour en
chafi'er 5. BafiU ; à Antioche , où il
exila Mélece ; à Edefle & ailleurs ,
où il perfécuta cruellement les
Orthodoxes. [ Voye^ IL Isaac. ]
C'étoit après la guerre contre les
Goths, que Valens fe déclara contre
l'Eglife. Cette guerre avoit eu le
plus heureux fuccès. Les Barbares ,
effrayés des viâoires de Valens ^
forcèrent AthAlarîc leur roi , à de-
mander la paix. Valens voulut bien
la leur accorder en 370*, mais il
en prefcrivit les conditions. Il fut
défendu aux Goths de pader le
Danube , & de mettre le pied fur
les terres des Romains, à moins
que ce ne fut pour le commerce.
Ils n'eurent plus la liberté , comme
auparavant , de trafiquer indiffé-
remment dans tous les lieux fournis
à l'obéiffanoe de l'eiapereur. On
leur marqua deux villes frontières,
où ils ppurroient apporter leurs
marchandifes , & acheter celles
dont ils auroient befoin. Tous les
tributs qu'on leur payoit furent
fupprimés ; mais on confirma la
penfion A*AchalarU. Valens , plus
complaifdnt qu'il n'auroit di^ l'être ,
permit aux Goths de s'établir dans
la Thrace : ils y furent fuivis de
divers autres Barbares -, & comme
la province ne pouvoit fuôire pour
leur entretien , ils commencèrent
à ravager. les pays voifins. Lupîdn ,
général de l'armée Romaine , ayant
été banu , VaUns marcha en per-
fonne contre les ennemis. On
ei^gagea une bataille près d'Andri-
nople le 9 Août 378 , & il eue le
malheur de la perdre. La nuirle
fiirprit avant.qu'il fe fût décidé fur
le parti qu'il avoit à prendre v & les
foldats , qui s'étolent rangés autour
de lui , ^enlevèrent & le portèrent
dans une maifon , où les Gotbs
r
VAL
atreht le feu , & où il fut brûlé
vif, à l'âge de p ans, après en
avoir régné 15. VaUns fut un
prince timide , cruel & avare. Ses
<lcfauts furent plus pernicieux à
l'Etat que fes vices. 11 étoit igno-
rant , & il laiffoit languir les fciences.
Incapable de juger du mérite , il
o'élevoit aux grands emplois que
cetix qui appîaudiffoient à fes foi-
Weffes. Sa fuperftition étoit telle ,
qu'il fit mourir tous ceux dont le
nom commençoit par Thé^d , parce
«pi'un magicien lui avo.t dit que
fon fceptre tombcroit entre les
mains d'un homme dont le nom
commenccroit a'mfi -, & le comte
Tnéoâofty père de Théodofe le Grande
fc trouva de ce nombre malheurcu-
feraent. Protecteur de l'Arianifme ,
il fit autant de mal aux fidelles
que les plus ardens perfécut jurs de
l'Eglife. .
II. VALENS, {Valerius) étoit
proconful d*Achaïe , lorfqu'une
paniede l'Orient fe fouleva contre
GallUn & reconnut MacrUn. Le
nouvel empereur , craignant que
Valais n'armât contre lui , envoya
une petite armée, commandée par
Pi/on , pour le furprendre & lui
ôïer la vie. Valens fe voyant pour-
fuivi , fe fit reconnoître empereur
dans la Macédoine , & fe défît de
Pîfon, Cette mort fut fuivie de la
fknne , puifqu'il fut tué peu de
}ours après par fes foldats , en Juin
161 , après ûx femaines de règne.
m. VALENS , (Pierre) dont
le vrai nom eft Sturck , né à
Groningue en 1561 , s'appliqua
avec foccès à la poéfie , à l'élo-
quence , & à toutes les parties éts
belles- lettres. 11 fit un voyage à
Paris, où fes talens lui méritèrent
une place de profeffeur au collège
royal. Il mourut en 1641 , âgé
de 80 ans. Oh a imprimé fes
Harangues & fes Poéfics latines ,
i&-S® & in- 4**. Ces dernières of-
V A L 2^5
frcnt quelques vers heureux , m»is
peu démette imagination quiconf*
titue le vrai poèze,
VALENTIA , ( Grégoire )
Jéfuite>, né à Mediiia-del-Campo ,
dans la vieille Caftille , . profefla
la théologie dans l'uni verfité d'In^
golilad , & mourut à Naples en
1603 » à 54 ans , après avoir eu
de vives difputes avec Lcmos fur '
la Prédcûination. S^ adverfaires
dirent de lui , que »» s'il n'avoit
» pas eu d'autre Grâce que celle
" qu'il avoir défendue > il n'étoit
»» furement pas en Paradis *«. On
a de lui des Livns de controverfe »
& des Commentaires fur la Somme
de 5. Thomas. Ses Ouvrages , re-
cueillis en 5 gros vol. in-folio »
demandent beaucoup de patience -
de la part du ledbeur.
I. VALENTIN , Romain , pape
9près Eugène II , mourut le 21
Septembre 827 , le 40® jour aprçs
fon éleâion.
II. VALENTIN, fameux héré-
fiarque du Il*fiecle, étoit Egyptien
& leâateur de la philofophie de
Platon. H fe distingua d'abord paç
fon favoir & par fon éloquence;
mais , indigné de ce qu'on lui avoir
refufé l'épifcopat , il fe fépara de
l'Eglife , après avoir enfanté mille
erreurs. 11 les fema à Rome fous le
pontificat du pape Hygln^ & con-
tinua de dogmaiifer jufqu'à celui
d'AnUet , depuis l^n 140 jufqu'à
160. 11 avoh imaginé une généa-
logie d'jEons , dont il compofoit
la Divinité , qu'il appeloit Plérome
ou Plénitude , au-deffous de laquelle
étoient le fabricateur de ce monde ,
& les Anges auxquels il en attri-
buoit le gouvernement. Ces JSons
étoient mâles & femelles , & il les
pirtageoit en différentes claffes.
Valsntin eut beaucoup de difci-
ples , qui répandirent fa. do<5trine »
& formèrent des feâes qui éroient
fort. noQibreufes / & fur-tout dans
i5^ ^ À L
les Gaules» du temps de 5. Innée ^
qm nous a dontié le plus de lu-
mières fur ces hérétiques... Foye^
XT. Ptolomée.
III. Val EN TIN, (Bafile) :
Ceft fous ce marque que Ce cacha un
liabile chimifte du xvi^ fitfcle , que
quelques-uns ont préfumé être un
Bénédiâin d'Ërford , mais dont on
ignore le vrai nom. Ses Ouvrages
écrits en haut Allemand , ont été
imprimés à Hambourg en 16,77 ,
17 17 ou 1740 , in-8°. La plupart
font traduits en latin & en François.
Parmi les latins , le plus connu eft
' 'Cirrus triumphalit AntÎMonu , Amf-
terdam, 167 1| in- 11. On prétend
que ce chimifte dut au hafard la
ConnoifTance des propriétés de Tan-
timoinc. Ayant jeté hors de fon
laboratoire quelques fragmens xle
tetït matière , & des cochons en
ayant mangé, ils furent violem-
ment purgés. Cette obfervation lui
fit venir la penfee d'eflayer ce re-
mède fur le corps humain... On cite
parmi les Ouvrages françois du pré-
tendu Valentîn : l. VA^oth des Phi*
lofophts , avec les xii Clefs ds Phi-
lofophUy Paris, 1660, in-8°, & la
fig.uredeces \i Clefs. II. Révélation
àes Myjlerts des Teintures tffentUllcs
des fept Métaux , & de leurs Vertus
médicinales, Paris, 1646, in-4**. III.
Teftament de Bafile Valtntîn , Lon-
dres, 1671, in- 8**. I
IV. VALENTIN , né à Colo-
miers en Bric , Tan 1600 , mort aux
environs de Rome en 1632 , entra
fort jeune ^ans l'école de Vouet , &
peu de teMps après fe rendit en
Italie. Les Tableaux du Caravage le
frappèrent, & il l'imita. 11 s'atta-
cha fur- tout à repréfenter des Con-
€€rts , des Joueurs , des Soldats & des
Bohémiens. On voit auffi de ce maî-
tre, des Tableaux d'hiftoire 8c de
dévotion; mais ils font en petit
nombre , & , pour l'ordinaire , in-
férieurs à fes autres Ouvc'ages. Le
^
VAL
Vâîenttn trouva lin protéâeur danl
ie cardinal Barberln. Ceft à fa re-
commandation qu'il peignit , pour
l'Ëglife de Saint-Pierre à Rome,
le Martyre des SS. Proeeffe & Mar^
tînlin , morceau très- eftimé. U fe
lia d'amitié avec le Pougm , & l'oa
rctnarqùe qu'il a quelquefois. fuivi
la rhaniere de cet excellent artifte;
Le Valentln a toujours confuhé \t
nature -, fa touche eiï légère, fon
coloris vigoureux , fes figures bieit
difpofées. Il exprimoit tout aveÇ
force ; mais il n'a guère confulté
les grâces ; H entraîné par la rapi-
dité de fa main , il a fouvent péché
contre la corteétion. Ce petntref
s'étant baigné imprudemment , fut
faifi d'un SiiTon i qui lui cau(a pieu
de temps après la mort.
V. VALENTIN, ( Michel-Ber^
nard) profeiTeur en médecine à
Gieden , où il naquit le 26 No-
vembre 1657 , cultiva la botani->
qne avec beaucoup de fuccès , &
mourut le 13 Mars 1729. On a
de lui : I. Hifloiîa Sîmplicîum refor*
mata ^ Francfort, 1716, in -fol.*
16 planches-, 1723 , in -fol., 23
planches. II. Amphitheatrum ZootO"
mîcum t Francfort, 1720 , in- fol.,
figures. Cet Ouvrage avoir paru
en allemand , à Francfort , , 1764-
1714, 5 vol. in-fol, -, il a été tra-
duit en latin par Jean Conrad Bec*
hr. Aux Editions latines on a joint
un abrégé de la Fie de VaUnùn^
en vers, qu'il avoit compiofé luî-
mêmê. III. Mcdlclna nov ~ antlqua^
Francfort, 1713 , in -4**. Ceft un
cours de médecine. IV. Cynofura.
materla medlca , Strasbourg, 1726,
3 vol, in-4°. V. Virtdarlum refoT'-^
matum, Francfort, 1720 , infol.,
avec de belles figures. VI. Corpus
juris medîco'legjle , Francfort , 1722 ,
in-tbl. VII. Pkyfiologia hîbficx ca^
pua feUHa^ Gieffen , 17 n, in-4®.
VALENTIN GENTILIS,roye{
Gemtilis, n" IV.
VALENTINE , ^
- I
r
VAL
VALENTINÈ , femme de Loms
4e France, duc £ Orléans, affaffiné par
les ordres du^duc ât Bourgogne^
étoit fille de Jean GaUas^ duc de
Milan. Cette princcffe ayant inuti-
lement demandé juilice du meur-
ttier de fon époux , mourut le 5
Décembre 1408, de douleur d&
n'avoir pu vengct fa mort. Quel-
ques momens avant que d'expirer ,
elle fit approcher Tes enfans fur
lefquels elle répandit des larmes.
Eafuite confidérant Jtan , fils du
duc d* Orléans & de la dame eU Cany ,
£ célèbre depuis fous le ttom de
comte de Danois , elle dit par uneef-
pece depreffentiment de fa grandeur
fiiturei qu'il lui avo'u ctc dérobé ^ (ît
quiutcun de fcs tnfans n' étoit auji bien
taillé à venger la mort de fon père que
Càlui ' là. VALENTINE étoit auflî
fpirituelle que belle. Charles VI ^
dans les accès de fa folie, ne fe
laiffoitgouvernerquepar elle. De là
vint le bruit qu'elle! 'a voit enforcclc»
Les gens de bon fens étoient bien
perfuadés que û elle l'avoit charmé ,.
ce n'étoit que par fa beauté & fon
enjouement. Cependant, pour n'être
point expofée aux infultes de la
populs^ce, elle fut obligéede quitter
la cour pour quelque temps. C'eft
du chef de cette princefïe , que le
duc d Orléans , depuis roi de France,
fous le nom de Louis Xll , préten*
dit au duché de Milan , qui^coûta
tant de fang à la France dans le^
iîecle ûûvant.
L VALENTINIEN I", empe-
reur d'Occident, fils aîné de .(?r''r
tun furnommé U Cordier , de Çi-
bale en Pannonie , s'éleva , par fa
valeur & par (on mérite, fur le
uône impériaL II fut proclamé em-
pereur à Nicée, après la mort de
Jovin, le 26 Février 364. H affo-
cia Valcas fon frère , à l'empire , lui
donna l'Orient , & garda pour lui
rOccident , où il fe rendit redou-
t^le^par fon courage. U r^poufia
VAL 257
les Germains qui ravageoîent les
Gaules, pacifia T A firique révoltée»
dompta les Saxons qui s'étoient
avancés jufque fur le bord du Rhin »
& bâtit un grand nombre de forts
en diiFérens endroits de ce fieuve
& du Danube. Les Quades ayant
pris les armes en 374» il pafia dans
leur pays pour les diâtier. U met
tout à feu & à fang , ra£e les csltai<*
pagnes , brûle les villages, renverfe
les villes , laiife par-tout des traces
de fa fiireur. U repafie le Danube»
& va fe repofer à Bregetion , petit
château de la Pannonie^ La les Qua-
des lui envoient des ambafiadeurs
pour implorer fa clémence. Ces-
envoyés étoient des hommes grof-
fiers , pauvres & mal-^vênis. FWen-
tînicrt^ crpyant qu'on les lui avoie
envoyés pour Tinfulter , entra en
fureur , & leur parla avec tant
d'emportement, qu'il fe cafia une
v^e. Il expira peu de temps après»
le 17 Novembre 375. U étoit alors
âgé de 5 5 ans , & en avûit régné
12 , moins qudques mois. Si l'on
excepte quelques occafions p^i«
culieresjoù £a grande vivacité Tem-
portoit au-delà des bornes d&U
modération, VaUtttinîen montra dans
touie fa conduite, de l'efprit, du
courage, de la politefie & de la
grandeur. Il étoit zélé pour la reli-
gion Catholique, & Tavoit con-»
fefiée généreufement fous Julkn , au
péril de fa fortune & de fa vie.
-II. VALENTINIEN II, fils du
précédent , né en 37 1 , fut falué em-
pereur à Cinque en Pannonie , le
22 Novembre 375. U fuccéda à
Gr(^tlen » fon (tere , en 383 , & iitc
dépouillé de fes Etats en 387, par
le tyr^n Maxime, Il eut recours à
Tbéodofe , qui^ défit Maxime , lui fit
couper la tête en 388 , rétablit Td-
Uatinien , & entra triomphant dans
Rome avec lui. Le jeune empereur,
formé par les avis , les inilru£lions
& Texçinple dç Tkéodofe, quitta d«
1^8 VAL
Bonne heure le» impreffioQS que ft
mère JulUnt lui avoit données con*
tre la Foi Catholique. On le fonp*
çonna de quelques déréglemens or*
distaires à la jenneffe *, auffi-côt qu'il
le fut y il fe priva de tout ce cfui pou«
troit donner occaûon à ces faux
Bruits. On trouvoit qu'il fe piaifoxt
tftip aujt jeux du Cirque \ pour s'en
cortiger, il retrancha ceux-mêmes
^ ft. donnoieat à la naiflance des
«mperemrs. Ayant fu que quelques-
uns le blàinoient d'aimer trop les
^mbat^ des foêtes , il 6t tueir dan»
le même iour toutes celles qui
étotenr deftinées à cet uf^e. Ce
ne furent pas tes feules vertus. Les
cfae£i d'une famille diftin^ée ayant
été accufés d'une cdnfpiration , il
^ exathiha lui-même les preuves \
& fa clémence lui en ayant diffi-
inufé la force, il Rt: élargir les cou-
pfables , mépriùnt ces défiances &
ces foupçofiS , qui M tommenunt,^
éifoit-ily qut Us Tyrans. Plus oc-
cupé du bien de ibs fujets que du
âeîi propre , il mode» excréme-^
ment les impôts v & eomme fes
ofBciess voulotent qu'il les au*
gmentât , afin d'en profiter eux*
mêmes, il leur répondit : f^tdU
apparmuy op-tM qm j'impofc dt noii-
vUlcs charges à aux qui tnu bien de
inpiine à payer ks ancunnesT Ilfai-
Ibit fouir l'empire, de la paix , de
U juftice & de l'abondance, lorf-
0[d*Arbogafie , Gaulois d'origine, à
qui il avôtt codifié le commande-
ment de fci armées, <e révolta. Ce.
général s'étoit acqui», pat fa va-
leur , fa fcience dans l'art militaire
& fon déântéreiTement , la con-
fiance des troupes-, au point qull
régloit tout & tenott VaUntuùcn
fous fa dépendance. Le prince ou»
Trit enfin llbs yeux, & craignant
les fuites de fon pouvoir , il lui
ôta le commatidemént des années.
Mais ce traître mit le comble à
Ijbl crimes ,. & fit périr ce prince,
VA t
1
qu'il avoit dé}à depoutlié de f&n»
autorité. 11 fut étranglé à Vienne
en Dauphiné , le faraedi 1 5 Mar
39Z, âgé feulement de 20 ans,
après un règne de neuf.
MI. VALENXmiEN lU , ( Z:^
vius Pladdus VaUminixntts ) empe-
reur d'Occident, £ls du général
Ccnftanu & de FUciàiè fille de
Théodoft U Grand , naquit à Romr
en 419, & fut honoré du titre de
Céfkr à Theilalonique ; niais il ne
fut reconnu empereur que le 25
Oâobre 42f , à Rome, après la
d^aite entière de Jean , qui s'étoi»
emparé de l'empire. Ce fut d'abord
PiaâdU qui eut toute l'autorité *, &
la fageâfe de cette princefle ne pu&
prévenir la perte de l'Afrique, que
le comte Boniface livra en 428 , aux
Vandales,, qui y fondèrent un Etac
très-puiâant. Le général Aitîus con-
ferva par fa valeur les autres pro»-
vinces. Les Bourguignons., les>
Goths , les Alains , les Francs fu^
rtnt battus en diveries rencontres ».
& forcés à demander la paix ; il
n'y eut. que les Sueves de la Ga-
lice qui ne purent être domptés^
VklenùnUn reconnut mal.de û gratis-
dfes obligations. U immola ce gé-
néral,, de fa propre main , à 1»
haine jd'un^ de fes .eunuques -, mais^
il périt bientôt après lui. Ayant,
violé la femme de Pétrone-Maxime^
ce mari onoragé le fit tuer au milicir
de Rome le 17 Mars 495. Il avoir
alors 36 ans , & il fut le demies
de la race de Théodofe. Pétrone*
Maxime profita de fa raott pour fer
faifîr du fceptre impérial. Vaicati--
nlen étoit un prince fhipide ». qur j
facrifioit fa gloire & fes intérêts
à fbs paflions ; & £éi pafEom l'em^
portoiem toujours de crime ett
crime. Il n'excita aucun fentimenr
d'amour pendam fa vie, ni aucim-
regret après fa mort. Voyci iiu
EtlDbXlE.
VAl^iVriNOtt , Fày. 1. Bqh
r
VAL
êtÀ, eut de) & PoitiKttô,
duchefTe de )*
I. VALÊRE-MAXIME, ( Ta/*-
Hus'Maximus)Yti1konen Laûn , for<^
toit, feloft quelques auteurs, de
la famille des VaUrts & de celle des
Féblau, Son goût pour la littéra-
ture ne lui ota point celui des
fermes ; il foivit Seiue Pompée à la
guerre. A fotl retour^ il compofa
I Un Rcoiûl des aâions & des pa-
\ tôles remarquables des Romains &
I des autres hommes illuftres. Son*
travail eft en ix livres ; il le
dédia à tlhen^ & n'écrivit qu'après
k mort de Sejmi , dont il dit beaU'-
coup de mal. Plufieurs croient que
l'Ouvrage que nous avons, n'eft
qu'un abrégé du fieii , compofé par
ifepotien d' Afrique. Son Ayle eft bar-
hsare^ à quelques endroits près. Il in-"
téreffe plus par le fonds des choCes^
i «[ue par la manière dont il les rend.
La meilleure édition de cet auteur
\ eft celle de Leyde, 1670 , in-8*,
I ^m Nous Vanonan ^ & 1 716 , in- 4^4
On eftim.e auffî celle de Paris ,1679,
I in-4^ , à l'ufkge du Dauphin. Nous
en avons une TraducUon françoiAî
en a V9I. in- II.
n. VALÉRE,(Cyptîen de) au-
teur Proteflant. Nous avons de lui
tane Verfion efpagnole de toute la
Bible, que l'on peut regarder comme
Une féconde 'édition de ia Verfion
de CaJfiodoH Rxyna ^ Amfterdam 4
c6o2 , in- fol.
lli. VALÉRE , ( Luc ) enfeigna, à
la fin du XVI® fiecle, la géométrie
dans le collège de Rome , avec tant
4e réputanon , qu'il fut nommé
VArchîmeit de fon temps , par le
célèbre Galilée. On le connoît à
peifie aujourd'hui , quoiqu'il ait
publié deux Quvrages aflez bons;
l'un , I^c Centra gravUatîs Solldorum ,
10-4^, 1604 :& un autre, i>c Qua'
ératura Parabola per fimplex fotyuftt,
VALÉRE, ( André ) Fayei An-
t VALÉRIEN , {PuhSus Lià^
^lus VaUrianus) empereur Romain,
naquit en 190, d'un père fénateur*
Sa famille étoit illuftj«. Il pafia pai^
routes les charges, & le fénat le
revêtit de celle de Cenfeur , qu'au-
cun particulier n'avoif poffédéd
depuis le règne de Claude. Ce prince
étoit bien fait , & d'une |phyfiono-
mie qui en împofoit; il avoit cul-
tivé les fciences < & connoiflbit
l'art de la guerre. Ses mœursétoienf
fans reprodies. 11 fut toujours grave,
modéré, ami de la vertu, ennemi
des méchans, & il pafibit pout
l'homme le plus digne de 'com-
mander, lorfque l'armée aifembléé
dans la Rhétie i lé proclama empe-
reur peu de temps avant la mort
à*EmUim , dans le mois d'Août
15 3. Il étoit âgé de 63 ans. Le
fénat applaudit à fon éléâion, &
donna le ntre de Céfar à fon Ris
GalUai , que fon père aiTocia auffî*
tôt à l'empire , en le déclarant Au-»
gufte* Dans les premières années de
fon gouvernement > il téfhoigna
quelque affe£^ion pour les Çhré*
tiens ; mais Macrun^ un de fes gé-^
néraux, changea fes difpofitions ;
& il s'alluma une perfécution vio-
lente dans tout l'empire. Falérîen ,
obligé de réûfler aux Goths & aux
Scydies , fe relâcha un peu de fa
fureur* Une autre gUerre l'occupa
bientôt : il fallut qu'il tournât fes
forces contre Sapot, roi de Perfe,
qui faifoit des progrès prodigieux
en Syrie , en Cilicie & en Cappa*-
doce. Lés deux armées fe rencon^*
trerent en Méfopotamie, & Valé»
rien fut fait prifonnier en 160. Le
roi S'apot le^ mena en Perfe , où il
le traita avec indignité , juf ru'à
le Ikire fervir de marche*pied lorf-
qu'il montoit à <îheval , & à le ren-
dre témoin des indignes traitement
qu'il faifoit fubir à fa femme Ma*
rlnldna. Il mourut en captivité l'an
263 , âgé de 71 ans . après e0
Rij
léo VAL
avoir régné {eçt.Sapor le fit écor-
cher tout vif, & fit jeter du fel
fur fa '^chair fanglante. Après qu'il
fut mort , il ht corroyer fa peau y
la fit teindre en rouge , & la mit
dans un temple , pour* être un
monument étemel de la honte* des
Romains. VaUrUa parut mériter les
honneurs de la République', tant
qu'il fut particulier -, mais lorfqué ,
parvenu à la puifTance fuprême, il
lut en fpeâacle à tout le monde ,
i 1 parut avoir moins de vertus &
piusde défauts. Ilaimoit lajuftice,
ât il vouloit la faire rendre ; mais
il ne favoit pas juger du mérite,
& eut toujours de mauvais minif-
tres. Il abufoit fouvent de fa puif-
fance. Ses lauriers furent flétris par
plufieurs traits de lâcheté. Son im-
prudence fut la fource de fon mal-
heur. Lçs généraux qu'il avoir mis
à la tête des armées ,. profitèrent de
fa captivité pour fe révolter dans
toutes les provinces , où iU prirent
ie tiire d'Augufte , & jetèrent ainfi
l'emplie dans une confufion qui
hâta fa décadencj^... Il ne Êaut pas
confondre VaUrlen U Vieux y avec
Valérièn U Jeune y fon petit-fils,
fur lequel on peut voir l'article de
GalLIEN ( Publias Llcinîus Gai-
Utnus, )
II. VALÉRIÈN, évêque de Ce*
mêle , dont l'évêché a été tranf-
féré à Nice, afiifia au concile de
Riez Tan 439 > Se à celui d'Arles
, en 4^5. Il nous refie de lui xx
BomclUs , avec une Epitre adrefîeie
' aux Moines, Paris, 1612 , in-8®.
Il avoir autant de (avoir que de
piété.
VALERIEN MAGNI , Voyti
Magni.
/. VALÉRIO , ou plutôt Val-
LERio , ( Auguftiû ) né à Venife
le 7 Avril 1 5 3 1 , d'une des meil-
leures familles de cette ville , de-
vint doreur en théologie & en
ilroit canon , & fut fait profefTeur
VAL
de morale dans fa patrie ésii\^%
Défabufé des vains j)Iaifirs du
monde , il prîfniabitecdéfiaftique,
& fiit nommé évêque de Vérone
en i$65 , fur la démif&on du car-
dinal Bernard Navagero , fon oncle» ^
Son zèle apoftolique , fa vigilance
a£iive & fes connoiifances le lièrent
d'une étroite amitié avec S, Charles
Born^mée. Grégoire XIII l'appela à
Rome où il le mit à la tête dej)lu-
fieurs Coi^régations , après l'avoir
honoré de la pourpre Romaine.
VaUrio mourut faintement dans
cette ville, le 24 Mai 1606 , à 75
ans. Ses ouvrages les plus efiimés
font : I. La Rhétorique du Prédica-
teur , compofée par l'avis & fur le
plan de 5. Charles Borromée. Cet our
vrage foiMe & inftruûif , renferme
des réflexions judicieufes fur l'art
d 'exciter JîCs payons des auditeurs,
fur celui d'orner ou de fonifier la
diûion » fur les défaits dans lef-
quels les orateurs Chrétiens pcu^
vent tomber \ il eft en latin. Nous
en avons une Traduûion fran-
çoife par M. labhé Dlnouan ^ à
Paris, chez Nyon ^ l7$o> in-l2«
II. De cautione adhlbendj, Ip. cdendis
libris ^ 1719, in-4°. On trouvera
dans ce dernier livrer; le catalq*
gue de tous les aut^ Ouvrages
d-AuguJiin Palerlo , tant imprimés
que manufcrits : ils itôm en grand
nombre.
//. VALERIO VINCENTINI ,
dont le vrai nom cft Falmrio U
Belli y graveur fur pierres fines,
natif de Vicence, niourut en 154e.
C'cfi un des .graveurs modernes
qui a le plus approclié des anciens
qui fe font difiingués dans ce
genre. On remarque dans les Ou-
vrages , une dextérité & une pro-
preté qui ne laiffent rien à défirer.
Plus de fineile dans le défila &
plus de génie l'auroient rendu un
artiffe parfait. Il avoit une facilité
prQdigieufe \ & Ton a de lui un«
1
r
VAL
frande quantité de pierres pré-
cieufes embellies par fon travail.
Il sift aulfi exercé fur les criflaux ,
& il a gravé beaucoup de poin-
çons pour les médailles. C/é*
ment VII ^ qui l'eftimoit, l'occupa
long-temps ; entre autres Ouvrages,
il grava pour ce pape un beau coffre
de criilalde rocl|^, dont fa fain-
•eté fit prcfent à François l. Ce gra-
veur avoit amafTé de grands biens ,
qu'il employoit à acquérir des chef-
d*œuvres que l'art offre en tout
genre.
I. VALERIUS-PUBUCOLA.
' eu POPLICOL A , ( Publ'ius ) fut un des
fondateurs de la République Ro-
maine. Il Mompha , avec Brutus ,
de Tarquîn & des Tofcans , l'an 5 07
avant 3efus-Chrift. Comme il ne
fubrogea point de conful à Tricl-
pltînus fon collègue , qui étoit mort ,
& comme il avoit bâti une maifon
fur le fommet du Mont Palatin ,
•on crot qu'il vouloit ufurper la
royauté. Puhlîcola ofFenfé de ces
foupçons injurieux à fa gloire , fît
xafer fa maifon , ôta les haches des
£iifceauxconfulaires , qu'il ordonna
de baifier devant le peuple , en arri-
vant à l'Affemblée. Enfin il donna
une loi qui permettoit d'appeler
à ce même peuple, des jugcmens
des magiflrats. ^ Ces déférences lui
méritèrent le nom de Publicola^ ami
Au peuple» C'cft lui qui le premier
prononça l'oraifon fiinebre de
Brutus fon collègue, au milieu des
funérailles *, & depuis cette époque
on fit réloge des illuilres morts ,
dans Jes pompes funèbres. Publi-
^àia après avoir été quatre fois
conful , mourut fi pauvre , qu'il
* fallut que la république fdlimit aux
frais de fes funérailles. Les dames
Romaines portèrent fon deuil "pen-
dant un an. U ne faut pas le^con-
N fondre avec VaUrîus PopUcola
Potitus , Tun des décemvirs , qui
appaifa le peuple inité contre eux ,
VAL i6i
& fut fait conful Tan 449 avant
J. C. , après l'extindlion du dé-
cemvirat. Il remporta peu de
temps après , une viôoire fur les
Volfquer & les Eques -, mais 1«
fénat qui ne Taimoit point , lui
ayant refufé les honneurs du triom-
phe , il les fit demander au peuple
par le tribun Ici/ius , les obtint &
fut le premier qui triompha avec
fon collègue M, Horatlus , malgré
le fénat. 11 faut le difiinguer aufii
de VaUnus Torquatus , conful avec
Paul- Emile dans la guerre contre
Pyrrhus, vers.Pan 180 avant J. C.
Plutarque TSiConte qu'ayant appris en
fonge, la réponfe de l'oracle à Paul"
Emile , il fe dévoua.pour la patrie
& fut englouti dans la terre le jour
de la bataille. La viftoiré que rem-
porta fon collègue , fut, félon les
Romains , le fruit de ce dévoue-
ment.
II. VALEMUS - SORANUS ,
pocte Latin du temps 4e/«^« Cé/ati
l'an 50 avant J. C, fut mis à mort
pour avoir divul«ié des chofes
qu'il étoit défendu de dire. On pré-
fume qu'il ne reconnoiffoit point
d'auu-e Dieu que le Monde , ou
l'aiTemblage de tous les êtres de cet
Univers. Varron cite de lui deux
vers fur la nature de Dieu , qui
femblent le prouver. '
Jupiter omnipotens , Regum Re^te Ipfe ,
Deufque ,
Progenitor genîtrixque Deûm , Deut
unus 6* omnh.
IIL VALERIUS-CORVINUS-
MËSSALA , ( Marcus ) citoyen Ro-
main , également recomm'andable
par fa naifiance & par fon génie «
fut conful avec Augufte l'an 5 de
Jefus-Chrill. Il p«rdit tellement la
mémoire deux ans avant fa mort ,
qu'il ne fe fouvenoit pas même
de fon nom , fi Ton en croit Pline»
Meffala étoit connu par plufieurs
Ouvrages qui font perdus. II. ne
Riij
%6% VAL
faut pas le confondre avec f^aU"
Ttus Connu ou Corvinus , tribun mi-
litaire dans l'armée de Camille , lorT-
que ce général pourfuivoit les Gau*
lois Senonois qui avoient pillé &
brûlé Rome Tan 390 avant J. C'
I«e fumom de Continus (ut donné
à celui-ci , parce que , combattant
dans la mêlée contre un Gaulois ,
un corbeau vint s'abattre fur fon
cafque , & frappa , dh-oa ^ à coups
redoublés de fon bec & de fes ailes ,
fon adveriaire , qui ne put tenir à
l'attaque combinée de ces deux
, ennemis. Cette étymologie ne fatis-
/ fera guère les gens fenfés -, mais
il faut compiler les rêveries anti-
ques , pour ne pas paroitre laiiïer
de lacunes. Quoi qu'il en foit , Fa-
^lerlus Corvinus fut ûx fois conful ,
une fois di£lateur» & conferva
|ufqu*à cent ans , fon corps &ç fon
efprit dans toute leur vigueur.
IV. VALERIUS^- FLACCUS ,
( C. f^al. FI, Sctînus Balbus ) poëte
Latin , florinbit fous le règne de
V^fpafim, Il t|quffr , félon l'opi-
siion commun?, à Séba ville de
Campanie, & fixa fa demeure à
Padoue. Nous avons de lut un
Poëme héroïque « du voyage des
Argonautes t divifé en viii livres,
^ Bologne» 1474 » in-folio, & Leyde ,
27 14 , in-4^. Ce Poemt eft adrefle
à Vefpafien ; une mort prématurée
empêcha l'auteur de Tadiever. Son
ûyle eft froid & languiiTant , 6t les
règles de l'art y font très-fouvent
violées. Martial fon ami , l'exhorte
avec raifon à quitter la poéfie
pour le barreau , ou pour quelque
autre profeiïion plus lucrative, que
l'art des vers. FaUrlus mourut îur
la fin du règne de DomltUn , vers
l'an 93 ou 94 ic J« C. Il ne faut
pas le confondre avec Murcus Va^
Urius Fluccus , intime ami de Caton
a Ancien , avec lequel il fut confuK
H remporta pendant fon confulat,
«ne yiàoire %nalée » fur 1^ Gau-
V A L. ;
lois, les Ififubres & les Boïens , prâi
de Milan où il refta plus de dix
mille ennemis fur le champ de ha-^
tailla II plaida la caufe des dames
Romaines contre fon collègue , Se
la gagna en faifant abroger la loi
Ofpla,
V. VALERIUS, ( Comdlus ) n^
àUtrechten 151^, mort en 157S9
à 66 ans , profdfTa les belles-let«
très dans fa patrie & à Loûvain«
Il forma d'excellens difciples. On
a de lui une Rhùorîque, in'4^ ; une
Grammaire , in-4^ ; une FhilofophU,
in-fol. , écrites avec clarté & mé*
thode , mais que de meilleurs li«
vres , enfantés depuis , ont retidues
inutiles. On a encore de lui d'autres
Ouvrages.
VALERIUS -PROBUS, Voye{
Probus.
VALESIENS , Voye{ Vale-
Sius. ,
VALESIO , (François) médcdn
de Philippe II roi d'Efpagne , ob-
tint cette place pour avoir con»
feillé à ,ce prince de mettre fes
pieds dans un ba(Iîn deau tiède,
afin d'être foulage de la goutte v
remède fimple , qui eut un beo'
reux fuccès. On a de lui : I* Un
Traité De Methodo medeaiî , à Lou»
vain ^ 1647 , in-8** , qui pafiepour
excellent. 11. Controverfiarum MeH"
carum & Philôfopkicarum Uhridum^
Kyon, i6aj , in-4**. U y feit voir
iia préférence que doit avoir l'école
^grecque fur celle des Arabes. Ul
De Jofra phUofophia , five de ils fw*
fcrlpta ftmt phyfice in lîhrîs facfis^
Francfort, 1608 , in-S*». IV. D»
Commentaires fur Wppocrau & ^^ 1
lien , in-foL &c. I
VALESIUS , Arabe , hérétiqi» !
du m® iiecle, #toit né avec «nÇ ;
forte difpofition à l'amour. Pla|*
fous un climat brûlant, ne connoif '
fant point de plus grand ennemJ as \
fon falut, que fon tempérament» ;
. ni de moyen plus fagt pour coP*
J
VAL
fa vertu, que celui qu'Orî-
\pne avoit employé , il ft fit eiitm-
e. 11 prétendit que cet a£le de
prudence ôc de vertu ne devoit
|)as exclure des dignités eccléfiaiti-
I biques. On eut d'abord de l'indul-
gence pour cet égarement -, mats
^)i «omme il faifoit du progrès , on
, i|^ chafTa der£gUfe^ FaUJius âc £es dif-
0 «iples , qui fe retirèrent dans un
canton de TArabie. VaUfius n'avoit
j[>our parti fans , que (}es hommes
âun tempérament impétueux &
^'une imagination. vive, qui fans
<eife aux priiesavec réfprit ten-
tateur , Jugèrent que leur pratique
«toit lie ieul moyen d échapper au
▼ice : que tous l«s hommes qui ne
lé faifoient point eunuc.ues, étoiem
félon eux dans la voie de perdi-
]tion , & livrés au crime. L'Evan-
\\ ^le ordonne à tous les Chrétiens
de travailler au ialut de leur pro-
chain^ les Valifiens crurent qu'il
^'y avoit pas de moyen plus sûr
<ie remplir cette obligation, que
<le mettre leurs frères , autant qu'ils
le pourroient , dans l'état où ils
éroient eux • mêmes. Ils faifoient
4onc tous leurs efi^orts pour per-
suader aux autres iiommes la né-
celEté de fuivre leur pratique ; &
lorfqu'ils ne pourvoient les amener à
ce facriiice , ils les regardoient
comme des enfans , ou comme &qs
malades en délire , dont il y auroit
4e la barbarie à ménager la répu-
gnance pour un remède infaillible ,
quoique défagréable. Ils mutiloient
donc tous ceux qui paiToient fur
leur territoire , qui devint la terreur
<les voyageurs.
VALETTEPARISOT , ( Jean
de la ) grand-maitre de Malthe ,
après Claud* de la Sangle , en i ^ 5 7 ,
ir
f
donna tellement la chafîie aux Turcs
\r
qu'en moins de cinq ans il leur prit
plus de 50 vaifTeaux. SoCman II,
irrité de fes fuccès , entreprit de fe
tendre inaître de ^laldle ^ fi^ y en?
V A 1 iSj
voya une armée de plus de 80,000
■ hqmmes, qui en formèrent le fiége
au mois de Mai 1 5 65. La Valttu leUr
.réfifta pendant 4 mois, avec tant
de courage qu'ils âirent obligés
de fe retirer , après avoir perdu
plus de 20^00 hommes. Il 6it tixé
pendant le fi^e , 70,000 coups de
canon ûir Malthe : auffi fut>elle en-
tièrement ruinée s mais le grand->
maître répara tout« On bâtit une
Cité nouvelle , qui fut nommée U
Cité Valeue. Il y eut tous les jours
8000 ouvriers employés , jufou'en
i$6S qu'il mourut , le 31 Août»
avec autant de piété qu'il avoit
, fait éclater de courage & de prit-
deûce pendant fa vie* P*^ V avoit
voulu l'honorer de la pourpre ; mais
il l'avoic re^féi , regardant cette
dignité comme incon^atible avec
la pro/eflTion des armes. Bonr faci-
liter les payemens de ceux qui
avoient travaillé à i^ cité Valtiu^
il fit battre des pièces de monnoie
en cuivre, avec ces mots ; non as^
fed fidcs. Il tint compte de tout^
cette monnoie, aux marchands Se
aux ouvriers, & en rendit la valeur
en or & en argent.
I. VALETTE , ( Jean-Louis de
Nogaret de la ) duc d'Epemon , na-
.quit en 1554, d'une, m^ifon doiic
l'origine n'éroit pas fort ancienne.
Btubec le fait petit-fils d'un'Oo«>
taire ; mais l'abbé le Gendre dit qu'il
defcendoit d'un capit^ul de Tou-<
loufe. Son perc ./««» de l^ Valette^
lieutenant général de Guû^nne •
étoit cepepdaiit un feigneur di£-
tinguél 11 avoit époufé Jeanne de
Saint'Lary de Bellegarde , foeur da
m:iréchal de ce nom. Jcaa-Lms^
l'objet de cet article > fon &cond
fils , porta d'abord les armes au
fiége de la Rochelle en 1573 > &
s'attacha à Henri IV , alors roi de
Navarre» qu'il quitta peu de temps
après. La' guerre s'étam ^umée
eatce les Huguenots & les Catho-
Kiv
1^4 V A L
liques / il fe diftingua fous le duc
éCAUnçon , aux prifes de la Charité ,
d'IiToire & de Brouage. Henn III ,
dont il étoit devenu le favori ,
le créa duc & pair en i5Bx«
& le nomma cinq ans après ami-
ral. Le jour qu'il alla faire enre-
giArer fes letores au Parlement ,
l'avocat général Faye , ayant appelé
■ Henri III Saint en pleine au-
dience , un iatirique fit le diftique
fuivant :
Quu ntgu Henricum tiùracula pro-
dert mundo ,
^a» fccît Menum « qui mode
Faliis erat ?
VEpemon pofîédoit tant de charge»,
qu'on Tappeloit ta Garde-robe du
Roi. 11 avoir alors le gouvernement
de l'Angoumois, de la Saimonge»
de l'Aunis , du Limoufin , du Bou*
lonnpis, du Pays Meffim On le
.nomma gouverneur de Normandie
en 15 88. Le roi lui avott promis
de le rendre û puifTant ^ qu'tV ne
pourroît pas lut ôur ce quîl lui avoit
donné. Envoyé contre les Ligueurs,
il prit fur eux quelques places >
entre autres , Montereau & Pon-
toife. Après la mort de Henri III ,
il abandonna le parti de Henri IV ^
qui lui pardonna dans la fuite.
Ce monarque l'envoya en Pro-
vence , avec le titre de gouverneur^
jyEpemon fournit bientôt toutes les
villes de^fa province ; mais la haine
qu'il infpira aux Provençaux, fut il
forte , que , pendant un fejour qu'il
€tt^ Bripnole en 1^96 , on attenta
fur ik vie* On mit des facs pleins
de poudre fous la chambre où il
étoit ; mais le feu ne produisit pas
tout l'effet qu'on attendoit , & il
ne perdit que fes cheveux. Henri IV
lui ayant promis le gouvernement
^u haut & du bas Limoufin , il
quitta la Provence. D'Epcmon fut
m ployé enfuite dans le Languedoc
dans W Béam. Il fournit les villes
1
VAL
de Saint- Jean-d'Angeli , de Lunel &
de Montpellier. Henri 1 J^eut d'abord
de la peine à lui donner fa confiance.
Ce prince lui reprocha même un
jour , en colère , qu'i/ ne l'aimoit
point, Leduc , fans s'étonner , lui ré-
pondit avec fermeté : » Sire , Votre
Maicfté n*a point de plus fidelUfo'
viteur* Talnurois mieux mourir y que
de manquer au moindre de mes devoirs.
Maïs quant à V amitié y Votre JWtf-
iefié fait mieux que moi , qu*elU ne
s'acqiûert que par l* amitié n. Henri
accueillit depuis d'Epemon avec plus
de franchlfc & de bonté. ». Pendant
les querelles qui arrivèrent à la cour
après la mort fimefte de ce prince,
il favorifa le parti de la reine Marie
de Médicis , à laquelle il avoit fait
donner la régence. Cette princefie
ayant été exilée , il alla la tirer du
château de Blois où elle étoit re-
léguée , & la mena dans fes terres
à Angoulême , comme «n fouvc-
rain qui donneroic du fecours «
fon alliée. 11 fallut que Louis Xlll
traitât avec lui comme de Cour
ronne à couronne , fans, ofer faire
éclater ion refTcntiment. Le caC'
dinal de Richelieu même , ne lui par*
k>it qu'avec beaucoup de circonf-
peûion. Ce miniflre lui inûnua un
jour d'adoucir fon humeur altiere»
& de quitter fon accent Gafçon , en
le priant de ne pas le trouver mau-
vais. EJi ! Pourquoi le trouverois'je
mauvais ? lui répondit brufquemenc
d'Epernon ; j'c9 fouffre ifien autant da
fou du roi ^ qui me contrefait tous Us
jours en votre préfence. Le duc ^Epemon
fut moins ménagé fur la fin de fes
jours. Un démêlé qu'il eut avec
Sourdis , archevêque de Cordeaux »
remplit fa vieillefle d'amertume.
Us étoient très -épineux l'un &
l'autre , & très-}aloux des préro-
gatives attachées à leurs places. A
Ja fuite de beaucoup de petits dé-
mêlés , le duc d'Epemon , auiii fier,
mais plus entrepcenant que l'ar^
r ■
F VAL
chevèqat , fit arrêter Ton carrefîe
par fes gardes. L'archevêque en fort
auffî-tôt , excommunie les gardes ,
& indique à l'archevêché une affem-
blée des principaux eccléfîaftiques
de la ville, pour àvifer aux moyens
de fulminer fes cenfures. Z>*£/7rmo« ,
moins alarmé qu'irrité de cette
affemblée, fait inveftir l'archevêché ,
pour empêcher qu'ellene fe tienne.
L'archevêque fort aufli-tôt en criant :
A mol y mon Peuple , â moi l On
fait violence à. PÈglife ! D*Epernon
marche à la rencontre de l'arche-
vêque , lui donne deux ou trois fois
du poing dans l'cftomac , & de
fa canne lui jette fon chapeau à
bas. Pendant ce temps l'archevêque
crioît : Frappe , frappe , . Tyran ! Tes
coups font des fleurs pour moi 1 Tu es
excommunié! Dès qu'on fut à la cour
cette étrange nouvelle , on interdit
è d'Epemon l'exercice de toutes fes
charges, jufqu'à ce qu'il eût été
[ abibus. Ses amis -obtinrent fon
I pardon , mais à des conditions bien
dures pour un efprit û haut. 11 fut
[ obligé de donner la démiffion de
i fon gouvernement des Trois-Evê-
^ chés , d'écrire une lettre fort fou-
I mifc à l'archevêque, & d'écocter
à genoux la réprimande vive &
févere qu'il lui fit avant de l'ab-
foudrc , devant la grande Eglife
i de Coutras , où il étoit relégué. Le
t Maire, les Jurats de Bordeaux, &
I îç préfidens ou confeilîers , qui
I étoient préfens , en dreflerent
procès- verbal. Il mourut à Loches
le 13 Janvier 1641, à 88 ans. 11
I ëtoit gouverneur de la Guienne ;
& comme il ctoit aufîî avare par
I goût , qu'il étoit prodigue par ma-
gnificence , il retiroit de cette
province plus d'un million de re-
venu. Lorfqu'en 1598, Sully fit
donnet à Henri IV^ des déclarations
qui défendoient aux grends du
royaume de lever des contributions .
iur les provinces^ il fe rendit au
VAL ig$
confeîl où l'on devoit Us propofer.
Là au défaut de raifons , il eut re- /
cours aux infultes , & mifla main '
à la garde de fon épée. Sully fit
à rinfiant le même figne-, & la
fallc du confeil eut peut-être été
enfanglantée , fi l'on ne fe fût jeté
en foule au-devant d'eux;. Heml IV
inftruit de cette querelle , loua
beaucoup lé'zele intrépide de Sully ,
& lui écrivit pour lui cffirtr de lui
fervir de ftccnd contre d'Eferkon.
Mais cette leçon vigoureufe ne mit
pas la Guienne à l'abri de fes con-
cufifions. Tout chez lui étoit fplen-
deur & fafte. Sa vanité étoit fans
bornes , ainfi que fon ambition :
mais cette ambition n ctoit point
cdled'un courtifan fouple &pliant ; '
c'étoit un orgueil indomptable ,
une fierté féroce, un amour outré
de l'iodcpendance , infpiré par la
dureté du cœur & la mifànthropie.
11 ne vouloit point obtenir les
places & les dignités , il prétendoit
les emporter. Sa préfomption lui
faifoit croire qu'il étoit an-defi^u$
des égards & dts récompenfes ; ,
cependant fes talens étoient au-
t'efibus de fes prétentions. Ses-
gardes étoient obligés de faire les -
mêmes preuves que les chevajiers
de Malthe. C'eft îe premier feigneur
qui ait mis fix chevaux à fon car-
rofie. Sa poftérité mafculine finit
dans la pcrfonne de Bernard fon
fils , mort en 1661.
U. VALETTE, (Bernard de
Nogaret, feignçur de la ) frère aîné
du. duc d*Epemon\ chevalier des
Ordres du' roi , gouverneur du
pauphiné & de Provence , amiral
de Êrance, mefire-de-carap delà
cavalerie légère, naquit en 1553.
Après s'être fignalé dans le Pié-
mont en diverfes occafions , il fut
pourvu du gouvernement de Dau-
phiné en 1583. Secondé du maré-
chal d*Omano , il défit au pafiage '
de rifere , 400 arquebufiers Fran-
±66 VAL
çots, & 300 SulfTes. Devenu gou«
verncur de Provence en 1587, il
remît l 'année fuivante, (busTobéif-
Csnce du roi , deux villes de cette
. province , Valenfole & Digne , qui
fcnoient alors pour la Ligue. Il fut
bleiTé au ûége de Valenfole , qu'il
prit de vive farce , & il pardonna
amc habitans. Le duc de Savoie
ctam entré en Provence , il lui fit
lever le fiége de Barcelonette ,
battit fon armée près d'Efparron
en 1^91 , le mit encore en déroute
à Vinon , & l'obligea de rcpaffer
les Alpes. On regardoit la VûUm
comme un homme qui avoir fait
beaucoup , & qui promettoit da-
vantage , lorCqu'il fut tué d'un
coup de moufquet , au fiége de
Boquebrune , près de Fréjus , le
11 Février 15 91 , dans fa 39*
année , fans laifler de poftérité. Ce
l^énérai » dont de Thou dit , Jn perU
£ulis imptntrrîtus , in adverfis confions^
in^ prafperîs modiraïus , méritoit plus
d'être connu que fon frère , le duc
£Eptrnon , dont il n'avoit ni la
hauteur infultante , ni l'ambition
e6frénée. Mais les vices brillans en
ippofent plus au vulgaire , & même
a quelques hiftoriens ^ que les ver-
ius, modeAes. On mit ct& quatre
Vers au bas de fon portrait :
A Chonneur de mon Dieu , k tctat
de mon Roi ,
Je dévouai mon ame & confierai
ma vie;
Si le fort & la mon triomphèrent
de mol.
Mon courage & ma fol triomphent
de l'envie,
I
Foyei (a Fie par Mauroi fx)n fe-
crétaire , dans les Addltîotfs au Aie-
môlre Hlftorlque & Critiqué de la Vie
/& RoczR DE Bellbgahde , Paris,
1^67, in-i2.
iiî. Valette; (Louis de
Nogaret de la) fils du duc d^Eper-
non » naguit avec une forte incli-
V A t
nation pour les armes ; mais fe^
parens le deftinercnt à l'Églîfe ^
& lui obtinrent l'abbaye de Saint-
Viûor de Marfeille & l'archevêché
de Touloufe. Paul V l'honora de^
la pourpre en 1621 , (ans que
cette dignité pût lui faire perdre
fes inclinations guerrières. 11 con-
tribua à l'enlèvement de la reine
Marie de Médleîs , du château de \
Blois ; mais il abandonna enfuite |
fon parti , pour fe livrer entière*
ment au cardinal de Richelieu. Cç
minii^re lui donna les premiers
emplois de la guerre, le pourvut
du gouvernement d'Anjou, de celui
de Metz , & l'envoya commande^
en Allemagne avec le duc de Wel"
mar , puis en Franche-Comté conn'(
le général Galas , enfuite en Pi-
cardie 6c en Italie» où il mourut 9'
Rivoli , près de Turin , le 28 Sepr
tembrc 1639 , à l'âge de 47 ans.
A infi on vit un archevêque , ui^
prince de l'Eglife Romaine , mouriir
les armes à la main. En vain le
pape Urbain F/// l'avoit mcnacç de
le dépouiller du cardinalat , s'il .
ne quittoit ce métier de fang *, i|
fiit infenfible à tout. Sa promoiioii
au cardinalat avoir fait naître ui|
différent entre lui & fon père , qui
ne vouloit pas lui céder la main
comme cardinaU Après une longue
contedation , le p.ere fe voyant
forcé de fe conformer à l'aociea
ufage « s'avifa de donner la mai»
à fon fils^^avec une chaife-à-doç
fimplement , & de s'afTeoir , lui duc»
dans unr cliaife-àbras, pour con*
ferver ainfidansupe vifite publique
une marque de la puiilance patery
nelle. Le cardinal de Richelieu , aprc^
la perte de la Capelle , du Catelef
& de Corbie, effrayé par les cla-
meurs du peuple , vouloit abanr
dottner le gouvernement de l'état j
mais le cardinal de la Paleue^ qui
lui étoit entièrement dévoué y 2c
le Père Jofepk , raaimerem foa
F
V AL
tourage , & rempêchçrent d'exécu-
ter ce deflein. On a peint le cardinal
it la Valette , des mêmes traits
dont on peint fon père. Il en
av^t tous les vices , la fierté , Is^
cupidité « la prodigalité , Tamour
des plaiiîrs. Il almoit éperduement
la princeiïe de Condé , Charlotte de
Montmorençî , & lui faifoit des pré-
fens confidérables. Jacques Talon
fon fecrétaire, nous a donné des
Mémoîru intéreflans fur la vie de
ce cardinal , imprimés à Paris chez
Pierres^ 1772 , % vol. in-ia.
IV. VALETTE, Voye^ xi.
Thomas.
VALGULIO , ( Charles ) natif
de Brefie ea Italie ^ publia en 1 507
dans cette ville , chez Angélus Brita-
nicus , une Tradu£bion latine qu'il
avoit faite du Traité de la Mufique
de Plutarque , petit in-4° , à la tête
duquel fe lit une efpece de préam-
bule prefque auili long que l'ou-
vrage , & qui efl adreffé à un Titus
Pyrrhinus, Ce traducteur latin a
échappé à *l'exaô M. Fabriclus ,
qui , dans fa Bibliothèque grecque , fait
pafl^ en revue tous ceux qui fc
font acquis le titre d'interprètes de
Plutarque , par la veriion latine de
quelqu'un de Tes Ecrits. Il a traduit
encore en la même langue , l'Ou-
vrage de Plutarque , des Opinions
des Philofophes , recueillies avec
d'autres morceaux du même auteiu-
^ec, & imprimées à Paris en 1^14.
ûefner , dans fa Bibliothèque,, &
Slmler fon abbréviateur , parlent
de Valgulio , fans, nous apprendrje
iautre chofe, finon qu'il avoit tra-
duit du grec de Plutarque , les Pré-
£eptes conjugaux , le livre de la Vertu
morale ^ & celui de la Mufique ,
auquel il avoit joint des remar-
ques : toutes ces Verfions ont été
imprimées conjointement avec le
refte de MOpufcuUs , à Bâie, chez
fratander.
V À L 767
VALIDÉ , ( la Sultane ) Voyc^
IL Kara... G> il Mustapha.
VALIERE , Voyei Valliere*
V ALIN , ( René- Jofué) Rochel-
lois , avocat , procureur du roi d«
TAmirauté & de l'Hôiel-de- ville ,
membre de l'académie de ià patrie »
fe diflingua par fon favoir & la
probité. On a de lui : L Un Cbm*
mental re fur la Coutume de la Rochelle^
1768, imprimé en cette ville, J
vol. in -4**. IL lu Ordonnance de la
Marine de i68i , > vol. in-4'* »
1760. III. Traité des Prî/es , 1765 »
2 vol. in-S^. Cet efHmableéçriVaia
mourut en 176 c. '
VALINCOUR , ( Jcan-Baptifte-
Henri du TrouiTet de) naquit en
1653, d'une &mi11e noble, origi'^
naire de Saint-Quentin en Picardie»
Il fut fecrétaire général de la Ma*
rine , académicien de la Crufca , ho«
noraire de l'académie de$ Sciences ^
& reçu à l'académie Françoife en
1699. Il fit fesf émdes chez les
Jéfuites de Paris avec aflez peu de
fuccès ; mais fes humanités finies ,
fon génie fc développa , & fa péné-
tration parut avec éclat. Boffuct le
fit entrer, en 168^ , chez le comté
de Touloufe^ amiral de France. Il
étoit fecrétaire général de fes com-
mandcrmens , & même fecrétaire
de la Marine, lorfqu'en 1704 ce
prince gagna la bataille de Malaga
contre les flottes Angloîfe & Hol-
landoife. VaUncow fut toujours à
fe^ côtés , & Y reçut une blelTure.
Louis XIV l'avoît nommé fon
hiflorien , à la place de Racine
fon ami. Il travailla zvec Boileau
à PHiftbire de ce prince, qui fiit
fouvent commencée & jamais finie ;
mais l'incendie qui confuma fa mai-»
fon de Saint-Goud > la nuit du 1 %
au 14 Janvier 1725, fit périr »es
fragmens de cet ouvrage, ainfi que
plufieurs autres Manufcrits. Il fup»
porta cette perte avec la réfignatioil
d'un Chrétien 6c d'un Philofophe^
\4B
VAL
ie n'aurols guère profité de m:t Vvrtf^
ëifoit-il , yîy« nefavoîs pus Us perdre»
Cet homme eflimable mourut à
Paris le 5 Janvier 1730 , à 77
ans , regretté de tous les gens de
lettres. Ami paflîonné du mérite
fiches ulens , encore plus ami de
la paix entre les favans, Valincour
étoit le conciliateur de ceuxqu'avoit
pu défunir la diverûté d'opinions.
La candeur , la probit6 formoient
fon caraftere-,.& quoiqu'il eût été
à* la cour , il ne favoit ni feindre ,
ni flatter. . On s'appercevoit aifé-
ment dan^on commerce ordinaire
qu'il étoit plein de bonnes leâures.
Il enf ornoit volontiers fa cotiver-
fation & Ces lettres , mais à propos
ta avec agrément. Un certain fel
qu'il a voit dans l'efprit, l'eût rendu
fort propre à la raillerie; mais il
fut dompter un talent dangereux
pour foi , injufte à l'égard des
autres. Il eut des amis dans Its
premiers adminidrateufs de l'état,
qui le recherchoient non-feulement,
comme un homme agrûable , mais
comme un homme d'un grand fens.
On a de lui : I. Lutrc à Madame la
Marqulfe de.,, fur la Prlncejfe DE
Cleves , à Paris , 1678 , in- 12.
Cette critique eft le modèle d'une
cenfure taifonnable -, l'auteur biâme
avec modération,ficîoue avec plaifîr.
II. La VU de François de Lorraine
le Balafré , Duc de Gulfe , 1681 ,
in -Il : elle eft écrite avec affez
d'impartialité. 111. Dès Obfervations
trltiques fu« Y(Edîpc de Sophocle ,
in- 4**.' VaUncour , malgré fes occu-
pations férieufes , s 'eft fait quel-
tjuefois un amufement de la poéfie ,
pour laquelle il avoit du goût &
quelque talent. On a de lui des
Traduciions en vers de quelques
Odes d'Horace , des Stances , &
, plufteurs Contes , où Ton remarque
une imagination entouée.
I. VALLA , ( Georges) né à
Plaifance , médecin & profefifeur
1
VAL
de belles- lettres à Venîfe, firf
emprifonné pour la caufe des 7n-
vuLes. Ayant été mis en liberté,
il mourut vers l'an 1460. Son
livre , De expetendh & fûgiendls rebus^
Vcnife, içci, 2 vol. in-folio, cô
,curieux & peu commun. \ 1
H. VALLA on Val le,
( Laurent ) né à Plaifance en 141 5 ,
îiît l'un de ceux qui contribuèrent j
le plus à renouveler la beauté de
la langue latine , & à chafTer la ^
barbarie • Gothique. Son féjour à
Rome lui-val ut le droit de citoyen i
mais fon humeur cauftîque l'obli-
gea de quitter cette ville. Il fe retira
à la cour AAlphonfe , roi de Naples ,
proteûeur des lettres , qui vouhit j
bien apprendre de lui le latin à
l'âge de 50 ans. Valla ne fut pas
plus retenu à Naples qu'il n'avoit
été à Rome -, il s'avifa de cenfurer
le clergé , & de dograatifer fur le
myllere de la Trinité , fur le LUrre"
Arbitre ^ fur les Fœux de continence,
& fur plufieurs autres points impor-
tans. Ses ennemis le déférefcnt à
rinqui^ition , qui le Condamna à
être brûlé vif; mais le roi Alphonfe
modéra la rigueur de cette fentence.
Les Inquifiteurs fe contentèrent
de fouetter le coupable autour du !
cloître des Jacobins. Ceft du moins
ce que rapporte le Poggi , fon en-
nemi perfonnel -, & le témoignage
d'un adverfaire doit paroitre fuf-
. peft. Validant, pouvant demeurer à
Naples après cet outrage , retourna j
à Rome , où le pape Nicolas V
lui fit un accueil favorable. Il fut
honore d'une penfion , & il enfeigna ^
publiquement : ce qu'on ne ' lui
auroit pas fans doute permis , s'il
avoit été puni comme hérétique à
Naples, Quoi qu'il en foit , Valla
vécut avec plus de prudence, qu'au- , j
pa/avant *, mais il ne fe défit pas
entièrement de ce carafterc de mé-
chanceté dont U Fogge Taccufa à
la face de r£urope. Cei deux fg-
r
VAL
vans , la lumière de leur fiedc , fe
déchirèrent comme les plus vils
des hommes. Ils s'imputèrent mu-
tuellement un caraûere vain , in-
I quiet , fatirique -, ils avaient tous
[ ^eux raifon» & c*eft bien en vain
que l'abbé Vîgzrlnl a cherché à
iuftiâer Valla, Cet auteur mourut à
Rome le premier Août 1465 , à ^o
ans , après avoir enfèigné les belles-
lettres & la rhétorique , avec répu-
tation , à Gênes , à Pavie ;à Milan ,
à Kaples , & dans les autres .princi-
pales villes d'Italie. 11 fut enterré
I dans l'Ëglife de Saint- Jean de La-
i tran, dont on dit qu'il étoit.cha-
noine. On fit les Vers fuivans fur
fa mort :
Nunc poJiqu.im mânes defimHus
Valla petîvu ,
*Non audit Plato vaba latîna
loquî,
Jupiter hune coell dîgnatus parte
fuiffa, <
Cen/orem Hngua fid tlmet îllc
fua.
On a de lui : I. Si^ livres des
Elégances dc^la Langue Latine : ou-
vrage eilimible , imprimé à Venife
en 147 1 , in-folio -, à Paris en 157c ,
in-4* , & à Cambridge, in-8°. On
l'accufa faudement de l'avoir vole.
II. Un Traité contre la faujj'e Do-
nation de Conftantln. IIL h'hijioire
du règne de Ferdinand » roi d'Aragon ,
lç2i, in-4°. Cette Hiftoire prouve
que Laurent Valla étoit plus propre
à donner aux autres des préceptes
pour écrire , qu'à les pratiquer i
il .écrit en rhéteur. IV. Des Tra-
duâions de Thucydide^ 6! Hérodote,
& de miiade A'Homete. Ces Tra-
duûions font des Paraphrafes infi-
delles. VMla n^entendoit pa* fi bien
le grec que le latin. V. Des Notes
fur le Nouveau Teftament , qui
valent un peu mieux que fes Ver-
fions. VI « Des Fables^ traduites en
taa^oxs , $c imprimées fans dai<i ,
VAL i(Î9| ,
en lettres gothiques , in-foîîo. Vl£
Des Facéties , avec celles du Pogge^
in-4° ; fans date. VIII. Un Traité
Du Faux ^& du Vrai , qui offre
quelques bonnes réflexions. L'au-
teur , partlfan iVEpicute , fut l'en-
nemi déclaré A*Ariftote, Ses Ou-
vrages furent recueillis à Bàle »
1^540, in-folio.
VALLADIER, (André) né
f)rès de Montbrifon en Forez , paffa
23 ans chez les Jéfuites , que dex
tracafferies le forcèrent de quitter.
Il futenfuite abbé de Saint- Arnoul
de Metz , où il introduifit la ré-
forme , non fans des traverfes qull; '
a décrites dans fa Tyrannomanîe
étrangère y 16 26 , in- 4®. On a encore
de lui 5 volumes in-8° de SermOhsi
& une Vie^tk Dont Bernard de Mont*
gaillard , abbéd'Orval , in-4°. Val-^
ladier mourut en 1658 , à 68 ans.
VALLE, ( Pierre della ) gentil-
homme Romain , voyagea pendant
douze ans ( depuis 1614 jufqu'en
1626 ) en Turquie , en Egypte ,
dans la Terre-Sainte, en Perfe &
dans l'Inde, & fe rendit habile dans '
les langues orientales. De retour
à Rome , il publia fes Voyages ,
dont la Relation forme une fuite
de 54 Lettres , écrites des lieux
mêmes à un médecin Napolitain
fon ami. Ces L%res , quoique re-
touchées en 'quelques endroits ïori
de l'imprefiion , font d'un ftyle
vif, aifé & naturel , qui plaît & qui
attache le ledeur; elles n'ont ni la
féchereffe d'un Journal , ni l'apprêt,
d'une Relation qui auroit été ré-
digée fur des Mémoires. Il eft peu
de Voyages aufli intéreffans & auiîi
variés. Us font fur-tout très-curieux
pour ce qui regarde la Perfe , où
l'auteur ( homme d'billeurs fort
infiruit & rempli de connotfiances )
avoit fait un féjour de plus de qu'itre
ans. Il parpit croire trop facilement
au pouvoir de la magie Se des en-
chantemens ^mais il vivo.it dans un
170 VAL
lempS'OÙ les tribunaux condiani*
itoicat des Torciers au feu. Pîcm
idU Valu fe maria dans le cours de
fes voyages , & époufd à Bagdad
une jeune Syrienne , née de parens
Chrétiens , & d'une famille diûin-
guée. Il la perdit à Mina , fur le
Golfe Perfique , après cinq ans
de mariage. Une circondance ûn-
guliere qui prouve fan attachement
λour elle, c*eA qu'il fit embaumer
on corps , dans le deHein de le
tranfporter à Rome , & de le dépofer
dans la chapelle de fa famille *, & en
çâFet , après Tavoir emballé de façon
à éviter les embarras que ce cadavre
auroit pu lut caufer, il le tranf-
porta par-tout avec lui , pendant 4
, ans encore que durèrent fes voya-
ges ; il eut la fatis£a6lipn de lui
donner la fépulture à Rome , dans le
caveau où repofoient fes ancêtres.
Ce célèbre voyageur mourut en
1652 , âgé de 66 ans , après avoir
cpoufe en fécondes noces , malgré
les oppotitions dé fa famille , une
îêune Géorgienne qui avoit été
attachée à fa première femme, &
qu'il avoit conduite à Rome. La
meilleure édition de fes Voyages
eft celle de Rome, 1662 , en 4 vol.
in- 4°. Lé Père Canuau ^ CLleSàn 9
en doima une Traduâion françoife »
imprimée en 166^, auili en 4 vol.
în-4® , peu eflimée. Elle fut cepen-
dant réimprimée à Rouen ,1745 ,
S vol. in- 12.
VALLE , Voyei II. VxLtA.
VALLÉE ( Géofroi ) fameux
Déifie d'Orléans , néaueommen-
cernent du xvi^ fiecle, fut brûlé
en place de Grève à Paris ^ pour
avoir publié un Livre plein d'ab-
furdités & d'impiétés , en S feuilles
feulement, fous cetiure : La Béad-
tudc des Chrétiens ou U .Fléau de la.
FoL » Son erreur ( dit Garaffe )' étoit
»' entièrement contraire à celle des
*> dogmatifans *, car il foutenoit
H qu'il n'y avçic aucre Dieu a^
V A t
^ monde , que de maintenir tdA
^ corps (ans fouiUure : & en effet ,
»» à ce qu'on dit, il étoit Vierge # i
" ide la même £^on que les Frères
" de la Croix des Rofes,Si lesTof-
" l^qms de Turquie. II avoit autant |
" de chemifes qu'il y avoit de jour 1
" en l'année :lefquelles il envQyoic
" laver à une fontaine en Flandres «
^ renommée pour la clarté de fes
» eaux 4 & le blanchiiTemeot ex- J
»» celleat qui s'y faifoit. U étoit 1
" ennemi de toutes les ordures & '
** de^ fait & de paroles , mais encore
'' plus de Dieu s & iaifant femblanf
** d'aimer la pureté t il haiûbit
" Purijfimum Purijîmorum i c'eff
" ainil <[ue le grand Nippocrjtê
H définit la Divinité au Livre De
M Morbo facro,.. Il fiit imppffîblcf !
" à tous les doûeurs de rappeler |
>* cet homme en fon bon fens : il j
>» vomifToit d'étranges blafphêmesy j
" quoiqu'il les proférât d'une bou<^ |
»r che toute facrée & d'une mine
>* doucette ; mais non moins (Un**
>» gereufe en fon extrémité , que
» celle des beaux efprits préteadu»
>• parmi les ivrogneries. Le feu qui
)» purge tout , purifia par les flam^
» mes Içs puretés prétendues de
» cette impure créatiu-e «<^ Son^
ouvrage eft fort rare. Géofroi Vallée
étoit grand-oncle du fameux de»
Barreaux : ainii Tincrédulité étoit
héréditaire dans cette famille.r
VALLEMONT, (Pierre le
Lorrain de ) prêtre v naquit à
Pont - Audemer 1« 10 Septembre
1649 , & y mourut le ^o Décembre'
1721. Il avoir été chargé d'enfet-
gner l'Hiâoire à Courcillon ^ fils da
marquis de Dangeau -, & c*dft pour
lui qu'il fit fes Elémens. L'abbé
de Vallemont étoit im homme d'un
efprit fingulier & d'un caraâere ifi-
quiet , qui fe fit plofxeurs af&ures ,
& qui ne fut coiûferver aucun em«
pipi. On lui doit quelques Livres
q[ui ont eu du cours «Za Fhyfi^
I
VAL
Ihùilee ou Traité de la Baguette di-
vinatoire : ouvrage qui montre que
l'auteur n'entendoit rien en cette
matière , non phis que le Père U
^run qui l'a réfiité. II. Les Elémtns
é'e fHlftoire, L9 meilleure édition
èft celle de 1758 , en y vol. in-ii ,
' avec ptuiîeurs additions coniîdér
râbles. Les principes del'Hifloire,
de la Géographie & du Blafbn font
(xpoîés dans cet ouvrage avec aiTez
àt clarté* de méthode & d'exaéti-
iude *, maïs l'auteur a £ut plufîeurs
feutes fur la Chronologie, la Géo^^
graphie, & furies Médailles , dont
fi n'entendoit pas quelquefois les
légendes I û t'pn en croit Baudelot,
Son ftyle pourroit être plus pur
& plus élégam. HI. Cmofités de la
ÈJature &' de tAtt fur la Vigitnùcn
des Plantes , réimprimées en 175 3 ,
tn-I2 , 2 vol. IV. Dîfftrtaiîons Théo-
logiques & Hiftorlques touchant lefecrct
Mes Myfteru \ ou V Apologie de la
République des Mijfels , qui ordonne
de dire fecrétement le Canon de la
Meife, 2 vol. in-12. V. TraiU de
la Vtfibîrué de PE^fe.
VALLES, (François) Voye^
Valesio.
VALLETTË , Voy. Valette.
VALLIER , ( Saint- ) Voyc^ Co-
chet ^ Poitiers.
I. VAtLIERE, ( François
ée la Baume le BJanc de la )
chevalier de Malth€( , deicendoit
de Tandenne maifon de la Baume ,
originaire dû Bourbonnois. U porta
lès armes <ie bonne heure , & fitt
ouréchal de bataille à 2^ ans ,
ions le maréchal de Grammont, Il
remplit cet emploi av«a tant de
Accès , que le grand - maître de
Makhe & les Vénitiens , firent
cOns leurs efforts, pour l'attirer à
leur iervice. Il fe fignala^ dans
plufxeurs fiéges & combats , fur-
c<>ut à Lérida , où il reçut la mort
«n 1644. U étoit lieutenant général
4xf^ années du roi On a dé loi :
V Ah ift
I. Un Traité intitulé: Pratiques 6»
Maximes de la Guerre. II. Le GénérmH
^ Armée., Ces deux ouvrages prou-
vent qu'il étoit auflî profond dao»
la théorie de l'art militaire qu'ha*
bile dans la pratique. Son père ^
Laurent , Teigneur de la Vallicre.
& de Choifi, avoit été tué au ûégtf
d'Oftende.
H. VALLIERE, ( GiUes é»
la Baume le Blanc de la ) naquîr
au château de la Valliere en Tou-
raine , en 16 16. U fut d'abord cJuk
noine de Saint -Martih de Tours ,
& il fut élevé enfuite à l'évêdiê
de Nantes , dont il fe démit e»
1677. U mourut le 10 Juin 1709 ^
à 9S ans , avec une grande répu-
tation de favoir & de vertu, Om
a de lui un Traité intitulé : Ls
Lumkre du Chrétien , réimprimé à
Nantes en 1693 , 2 vol. ki-12.
IIL VALLIERE, (Louife-
Françoife de la Baume le Blanc y
ducheiTç de la ) étoit de la même
maifon que les précédens. Elle fut
élevée fille d'honneur d'Henriette:
d'Angleterre , 1'* femme de Philippe,
duc d'Orléans. Dès fes premières
années , elle fe diâingua par u»
earaâere de (ageffe marqué. Dans
une occafion où des jeunes per-
sonnes defon âge montrèrent beau-
coup de légèreté , Monfiew àk tout
haut : " Pour MU® de la Valllére ^
» je fuis alTuré qu'elle n'y aura pas
"de partielle eft trop fage pour
M cela «r. Elle fè fit aimer & eftimer
à la cour , moins encore par fe»
qualités extérieures , que par un ca-
ractère de douceur , de bonté & de
naïveté , qui lui étoit comme na^
turel. Quoique vemieufe , elle avoit
le cœur extrêmement tendre & fen^
fible. Cette fenfibilité la trahit -, elle
vit Louis XIV^ & elle l'ûma avec
tranfport. Le roi , inilruit de fes ^en-
timens , lui donna tout fon amour.
Elle fat , pendant deux ans , l'objet
cadvç 4e tous lec an^meo^ gaUn»
.«71 ' V A L
& de tontes les fêtes q\ie Loms XIV
doua oit. Eaân , lor^ue leurs fea-
àraens eurent udaté, il érigea pour
elle, en Mai 1667 , la terre de
Vauiour en duché-pairie, fous le
nom de U VaUîere. La nouvelle
'duchefle, recuôilie en elle-même
& to'dut renfiermée dans fa paHlon ,
ne Te mêla point des intrigues de
la cour, ou ne s'en mêla que pour
£ilre du bien. £lle n'oublia iamats
qu'elle Êûfoit mal -, mais elie eTpé-
roit toujours de faire mieux. C'dl
ce qui lui fit recevoir avec beau-
coup de joie le remercîment d'un
pauvre Religieux , qui lui dit, après
avoir reçu d'elle l'aumàoe : Ah!
VAL
Qu» at Im doanei - vous m emùr
commi U mUn ! '
Ou que -u'avii-yous fait le mica
cjmau Us autnsl
Enfin, en 1675 , elle fe fit Car-
mélite à Paris & perfévéra. Ma.
Men, dit-elle en entrant à la fupé-
rieure , j*ai fuit un fi mauvais ufage
de ma volonté! Mais je viens la rC'
mutre entre vos mains , pour ne la plus
reprendre^ Dans les commencsmeas
de fa converfion elle écrivit à un
de fes amis : Dieu efi. fi bon , qu*au
lieu des châtlmens que j'ai mérités ,
U m* envoie des eonfolatlons,^. Mal-
gré la grandeur de mes péchés qui me
Madame , vousfere^ fauvét ; cariln'efi Joru toujours préj'zns , ji fais que fon
pas po^le que Dieu laijfc périr une psr- amour aura plus de pan à mon far-
fonne qui donne fi Khéralement pour crifiic^ que lu crainte de fes lugemcns,
l'amour .de lui. Le cilebre Mign^rd Se couvrir d'un ciliée , marcher
l'ayant peinte dans ce teraps-î à , elle pieds nus , jeûner rigourcufement ,
voulut être au milieu de fes deux chanter la nuit au choeur dans une
€afani,{M.lV^deBlois6i[Q comte de langue inconnue; tout cela ne
Vermandois , ) tenant un chalumeau à rebuta point la délicatefie d'une
la main, d'où pend une bulle de fa- femme accoutumée a tant de gloire,
von, autour de laquelle eft écrit : Sic de mollclie & de plaifirs. Les grands
uanfit gloria mundi : image namrelle maux de tête auxquels elle étoit
de la vanité des pafllons des hommes,
& des feveurs des oours.Dieu fe fer-
vit de Itinconilance du roi pour la
ramener à lui. La ducheâfe de la
Valliere s^p^erçut , dès 1669, que
Mad* de Montefpan preiioît d2 l'af-
cendant fur le cœur de ce mo-
. narque. Elle fupporta avec une
tranquillité admirable le chagrin
d'être témoin long-temps du triom-
phe de fa rivale. On lui fit dire
au roi , dans un Sonnet > en parlant
de fon inconllance :
Tous ces défaut A^ L o U l S » font
tort à vos vertus;
Vous m'aîmie\ autrefois & vous ne
m*aim?\ plus ;
Mes fcntimcns , hélas ! d'iffirent hien^
des vôtres.
Amour , à qui je dois & mon tftal &
mon, bien 1 . . ,
fujete , l'obligeant de fermer les
yeux, on lui demanda fi cette fi-
tuation ne gênoit pas ià vue ? Point
du tout , répondit - elle ; cela me la
repofe. Je Juis fi laffe des chofes de
l3> Terre , que je trouve même duplaifir
à ne pas les regarder. Un grand
éryfipele à la jambe l'ayant £ût
beaucoup fouffi-ir fans qu'elle en
eût parlé , on lui fit des reproches
de porter fi loin l'efprit de péni-
tence : Je ne favois ce que c étoit ^
répondit elle j je n'y avoispas regardé,
£ le vécut dans <es aufiérités de-
puis 1675 jufqu'en 1710, année
de fa mort , fous le nom de Sctur
Loi/JsEdelaMiféricorde, Elle mou-
rut le 6 Juin, âgée de 66 ans. On
avoit voulu la retenir dans le
monde, pour l'édifier par fes exem-
ples. CeJ'eroitàmoi^ répondit- elle,
une horrible préfomptïon ^ de me cr^îr^
propre
I
r
VAL
fniprt à'tùder U prochain. Quand on
s'efi perdu foi-mèmc , on n*eft ni di^
pu- ni capable de fervir Us autres,
Lorfque le duc d& Vermandois fon
£ls mourut , elle répondit avec
courage à ceux qui lui annonce-
lent cccte perte : Qu'elle n'avoitpas
trop de larmes pour foi , & que
e'itoît fur elle - même quelle devoti
pleurer. Elle ajouta cette parole û
Couvent imprimée : Il faut que je^
pleure la nai^anee de ce fils ^ encore
plus que fa mort î Ce fut avec la
même conftance & la même réti-
jgnation qu'elle apprit, depuis, la
inori du prince de Conti , qui avoit
épouié MU^ de Bloîs{am\e. L'excès
4e fes auftérités la rendit très-in-
firme. Un mal de tête habituel , une
iciadque douloureufe , un rhuma-
fifme univerfel exercèrent fa pa-
tience , fans abattre fon courage:
On Texhortoit en vain de.prendre
. quelque repos. // ^e peut y en avoir
pour moi fur la Terre ^ répondit-elle.
Que mon eieil efi long , aioutoi^elle
quelquefois! . # . On a d'elle des^
Réflexions fur la mtfér'tcorde de Dieu ,
in-i2, qui font pleines d'ondion«
On fait que le Tableau de la Afa-
delelru pénitente , ^l'un des chef^
ë œuvres de le Brun , ( Voye^ Eu DE-
Z.INK } fut peint d'après cette femme
illoftre, qui imita fi ûncérement
, la PéchereiTe dans fes auileritésf
\ comme elle l'avoit fait dans îts
ioibleiïes... Voye^ AvvKr & Ben-
SERADE. Louis'C4far de la Baume le
Blanc , duc de la ValUere , grand-
yeaeur de France « né le 9 0£bo-
bre 1708 , mort le 16 O£lobre
1780, étoit de la même famille.
Sa douceur, fa bodté , fon amour
]K>ur les arts, le firent générale-
ment, regretter^ Il laiiTa l'une des
plus riches bibliothèques de Paris,
dont nous a^pons le Catalogue , par
M. de Bure, en 3 vol. in-8°.
ÎV. VALUERE, (Jean.Florcnt
4e }' lieutenant général des ^nxié<^$
Tomt ÎXt
Val 175
du roî , de l'académie des Sciences',
ne à Paris le 7 Septembre 1667 <
mort en 1759 , à 92 ans , avoii
acquis une telle expérience dans
l'Artillerie, qu'il en étoit regardé
comme le meilleur officier. Dans
la fociété , ce guerrier qui s'étoit
trouvé à plus de foixante fiéges &
de dix batailles , étoit le plus Am-
ple & le plus doux des hommes t
c'efi ce qui lui mérita ces vers dé
Funtendle :
De rates talens pour la guerre
En lui furent unis au cetur le pltà
humain,
Jupiter le chargea du foin de fo^
tonne&e ,
Minerve conduijtt fu main^
Cet homme fi doux étoit ferme dans
l'occafîon. Le maréchal de BelllJU
ayant envie de'féparer l'artillerie
du génie, le pria d'être feA^>rabIe
à ce projet, fi le roi lui en parloit*
& lui offrit le Gordon rouge. & la
Grand-Croix ; ValUere lui répondit
». que cette défunion lui paroifiant
» contraire. au fervice du roi, il
y ne fauroit diffimuler à ce prince
» fa façon de penfer »«, Son fils,
/o/>pA-F/brtfnxD£ Valliére, mai««
cha dignement fur fes traces , &
mourut au commencement de 1776»
à 59 ans , direéleur général de l'ar-
tillerie, & affocié libre de l'acadé-
mie des Sciences. Il fiit également
regretté de cette fociété & de la
patrie , qui chérifibiént en lui ua
(avant modefie & un excellent
citoyen,
VALLIS , Voye^ AX^ALlis.
VALLISNIERI, (Antoine) né
en 166 1 , dins le château de Tre«
fiiico près de Heggio , fut reçu doc-
teur en médecine dans fj patrie. La
république de Venife l'appela pour
remplir une^ première chaire extraor-
dinaire de profeiTeur en médecine-
pratique dans l'univerfité de Padoue.
Les académies d'Italie & la foâété
s
tf4 V A t
fojrale de Londres fe l'aflbciérenf ,
&L le duc àe Modene le créa , dé
fon propre mouvement » chevalier,
lui & tous fes defbendaa^ aines à
^rp«tuicé. Cet ilîaftre favant inou-
ftit le 28 Janvier 1730, à* 69 ans ,
tegrctté de plufieufs favans de
l'Europe , avec lef^uels il étoit en
«ommercè. Cétoit un homttie d'une
léonftitutton robu(!e , d'une taille
ttvantageuCe ^ d'une phyfionomie
prévenante i & d'une converfktioft
agr^al»le. Son fîU a recueilli fes
Ouvrage» en 3 vol. în-fol. , dont
le premier parut à Venife en 1733;
"Lts principaux font: !.. Dialogues
J[ur f origine deplufiturs InfecUs , in-S^,
Venife» 1700. IL Confidéradons &
Expériences fur la génératîou des Vers
•pHnûtres dans h Corps humain , con-
tre Andn^ médecin de Paris, qin^
Il écrit fiir là même matière. Ilî.
Un TraVté fnr l'origme dés Fontaines,.
IV. m/hlrt de la génération de
ff Homme & des Animaux , à Venife ,
1721, in -4®. Le myftere de la
génération a exercé 1^ . plus ^habiles
phyficiens : les œufs des animaux
ipivi pares , & des femmes même d'un
côté , & les vers fpcrmatiques de-
fautre^ ont partagé* la plupart des
^hilofophes <ïui ont tâché de l'é-
claircir. Tallîjhieri s'appliqua avec
beaucoup àt fbin ,. pendant plu-
iféuts années , à flaire^ des obftrva^
lions furies ovaires de différentes
fbifttlles fécondées tfej^tiîs un temps.
^uS ou hroins conlklérâblc , dt Ç^
-déclara d'abord pour l«s vers fé-
minaux. Mais après avoir pefé avet»-
attention les ârgumensdes paitifans
^s animalcules fpermatiques dans
iîi génération , il fe détermina en-
"fin à fuivre ceux qui penfent qoe
le principe de la génération eft dans
l^f. H dédia cet Ouvrage à Tem*-
■Jereur, qui lui «donna im collict
iVyr, & une patente où il le décla-
♦oit fon médecin honoraire. V. De
'^€fiff^ marinî , 0he fû Montl fi »r(^•
VAt
vatio, Venife, 1728/ in-4*^ ; tfHft»
vrage où il examine cette queftion ?
Corhmait la mer avoit pu porter tout
ces Corps dans les endroits oà on Ui ,
trouve. Comme elle lui paroifïbitr
tfès-épHieufe , ii s'eft contenté ^é
rapporter fidellement les fyftémes
qui lui écoient connus. II y ajouta:
les objeéHons qui lui étoient ve-
nues- dans Tefprit , pendant qu'if
tfiéditoit Air cette manière , fans ce-
pendant fe déterminer potir aucune^
opinioti. Tou| fes Ouvrages font
en italien. .
VA^LLIUS, Voyeiyf Kti.\vs.
VALMONT , Vojei VAttf*
MOHT.
VALOIS , ( Comtes de ) Voyé^
Ci¥ ARLES, t^ xxti... Diane «,
n" m... & I. MAiiiGNr.
VALOlS, (Félix de) roy«t
VÈRMAtirDOIS , £• XIV. Jeak.
VALOIS, (Marguerite de)-
reine de Navarre , Voytxl/iAVLOVW^
MTE, n° vil.
L VALOIS , (Henri de) né *?
Paris en 1603 , d'une famille noble^:
origin^re de Normandie , s*appU-
qua de bonne heure à la leôure*
des bons auteurs , des poètes gr?c«
& latins, des orateurs & des hif^^
coriens. H fut envoyé à Bourget
en 1622 , pour y appreiidiie le droit
civil. A fon retour il fe fit recevoir
avocat au parlement de Parin, pla«-
ibt par complai^nce potnr fon père ^.
que par ificli&ation. Après avoi^
ééquenté fépt ans le patab , il' .
reprit Tétude des belles-lettres Ik
travailla affidttemem fur les auteurs
grecs & l&tins% eccléûaftiqaes 8t
pro^nes. Sa grande application à-
la leâure lui ct^iblit â fort la vue«
qu'il perdit l'œil droit, & qu'il a*
voyoit prefque point de lautrew j
Les récompanfes que fo» mériic j
)tti ptVïcara, le dédommagèrent «Mt-
peu de cette perle. Elle ne l'en»*
péchoîf pas de compofer, parce 1
que fil. inémoite lui rap^oiLki^
V À L
psi&agcs de tons les livres <^*U
«voie lus. En 1633 > ^^ préfidentif
Me/me lui ikynna une penfion de
aoo liv. , à condition qu'il lui
céderoit (es CoUedUons & {fs$ Re-
marques ; & le Clergé de France
une de 600 , qui lut depuis aug-
mentée. En 16 1; S , il en obtint une
de 1500 du cardinal Ma jarm. Deux
•ns après, il fut honoré du tiire
fl'Hiftoriograpfee de Sa Majefté ^
avec une penfion considérable. Ce
fâvaot Ênlt fa carrière en 1676 , à
73 ans. Ses principaux Ouvrages
font : I. Une Ed'tion éc VHlfiulm
Ecciéfiafiîqut d^Eufehe » en grec , avec
une bonne Traduûiofl latine & de
favantes Notes. 1 1. VHlfioïrt dt
Socrtu & de So\om(ne^ en grec &
CD ladn , avec des Obfefvations
ûans lefquelles Téruditioo dk ré-
pandue à pleines mains. IIL Vff^'
t0k-c àt Tkéodorct , & celle d'EvA^rt
U $ckol(^B^, aufll en grec & en
latin 9 avec des Notes favantes,
IV. Une Aouv«lle édition d'Am-
mum M^ulttn^ avec d'excellences
Eemarques. V. "Des Remtrqutf
ai^edânées,» {vt Harpocratîim.Vh
^mené^dotwm Lihri r^à Amfterdam «
X74C « in - 4^. yululs excelloit çbns
l'art d'édaircif ce que les anciens
ont de plus obTcur. La faine cri-
tique , le iâvoir éclairé brillent
dnis fes Ouvrages *, mais l'auteur
fient «r0p les avantages qu'il avoit
ûur les favaas qui l'avoient précédé.
Comme les livres de fa*biblioilM-
fiH* ne luiiuflifoiefic^as y il en em^-
pruntoit de toutes parts. U avoit
coutwne de dire à œ fnjet , que Ut
Livre* futts étoUnt ceux dont U tlreh
k flus de fvofit , pûrçe ^juU Us llfuit
«ftfc fins de fçui , & quîl mt fiùfok
des ErtréMs ^ dans la crMttte d< m
fottvalr pùts les revoir, 11 ne fe
bomoit pas i ûdre des recherches
dans les livres , il confultoit auffi
des gens de lettres -, mats il ne latfoit
pas tou^Quct aSez de cas des Xoias
V A -L ^ 17Ç
qulls prenci^t pour Tini^ruire.
Ayant lu dans un ancien auteur
quelque chofe fur ie port de la
ville deSmyrnè, qu'il n'étoit guère
poilîble de comprendre fans a\ oir
vu ladifpoiiiion des lieux mêmes «
il écrivit au favanc Peir^c fa diffi-
culté i ce généreux proceâeur de$
fciences fît auài-tôt partir un peintre
fur un vaiiTeau de Marfeillé qui
alloit à Smyrne » pour prendre lé
plan & la vue de fon port. U en-
voya le fruit de fes recherches à
VaWts , qui le remercia de fes foins;
mais qui lui manda en n:éme temps
qu'<7 n'dtolt fus entîénmiru exUaircl
furee qu'il fouJi'tùiou.,\ Peir^Cj iaché
d'avoir fait inutilement une dépenfe
confîderable » lui écrivit qu'/V 0»'jie
ideJté de le /aiïsfaîre ^& que fi cela ne
fi^folt pas y U ne devoit s\n prendre
tii à lui ni à fon J^eîmre ^ fnais à fon
propre efprh qui n*étoit jamais content
de rien ...» V^elois ( dit Ificeron )
>* n'étoit pas prodigue de louanges,
** & peu d'Ouvrages àvoient l'avan-
M lage de lui plaire. Il réfervoit
>> toute fon dlime & fa complai^
» fance pour les fiens. Hardi à blâ^
^ mer cetix des autres , il né
" louifiroit pas patiemment qu'on
** reprît quelqlie chofe dans ce qui
>« venoit de lui. Ceux Qui's'âvi;*
H foiem de le Êwre, paffoient dans
» Ion efprit pour des igoorans.
» Quand il îk portoit bien , il
*f traitoit de ^âreHèi^x & fie gens
'» aimant le Ut, c««x de fes'parens/
" que la maladie ou les inâtmités
» obligeaient d'y reAer. Mais
» quand il étott lui-même malade,
» il alloit des précautions infinies
>« pou/ ce forint l'incomnoder. U
w ne vouloir voir pei/onae; il ne
» pouvokjDê«ieibutfcir la lumière.
»» Il pleiiroic^.ccioit, fe lamentoic
** comme un en&nt. La maladie
*» paâée^ il difoitque fon mal avoit
H été peu de choie ; & il falloit ^
n opur lui complaire , ne Ivu en
s i ;
17^ Val
** p!ar1er en aucune mmiert *, mus
/* le féliciter au contraire fttr (k
"^ bonne &nté. A Tàge de 70 ans
•• il vouloit encore paiTer pour
f* jeune. Mequts Gronovim lui ajant
n en ce temps -la écrit une lettre >
M où il lui fouhaitoit une langue
n & heureufe vieillefle, il en fut
* choqué, &-rejeta la lettre avec in-
«* dignation , en difanr que c etoit
f> un jeune étourdi. 11 avoua depuis ,
n qu*avant cela il n'avott jamab
y* penfé qu'il fût vieux. «<
II. VALOÎS, (Adrien de) frère
puîné du précédent « futvit l'exem-
ple dé fon frère, 3vec lequel il
fut uni par les liens du cœur &
de refpnt. Il fe conlacra à THif*
toire de France , dans laquelle il
fe rendit très-habile. Le roi l'ho-
nora du titre de fon Hiftoriogra-
phe, & lin donna une gatification
en 1664. Cet auteur mourut le 2
Juillet 1692, à 80 ans, laiflantun
iils , qui a publié le VaUfiana, . .
Valoîs employa pluûeurs années à
rechercher les mcnuoiens les plus
certains de notre Hiftoire » & à en
cclaircir les difficultés les plus épi-
neufes. U n étoit pas auffi habile
que fon frère dans la langue grec-
que , & n'avoit pas la même beauté
d'efprit ; mais il étoit laborieux ,
écrivoit purement en latin , & étoit
bon critique^ Ses Ouvrages les plus
eftimés font : I. GtfU Francorum ,
1658, 3 vol. in-fol. L'exaâitude
& l'érudition caraâérifent cette
Hiftoire de Franoe ; mais elle ne
va que jufqu'à la dépofitioa de
Ch'.ùUric, £lle eft écrite, félon le
Père ic CoinUj avec tant de foin ,
qu'elle peut fervir d*un excellent
Commentaire fur ce que Grégoire
dt Tours , Fréiepûrt & d'autres
anciens auteurs , avoient écrit de
notre Hiftoire, d'un ftyle rude &
-t<^ut-à-£ût barbare. L'abbé LmgUt
i^n pone le même jugement , de
même que l'abbé k Gmdrt , qui
VAL
ajoute que *' c*eft moios une VRf^
" toire, qu'un ouvrage de câttque
» rempli d*une grande érudition ^
w & que l'auteur Ta écrite en fe- *
>» vaiu , ce qui lait qu'elle n'efi
M goûtée que des favans «. VîffittU-
MarvllU dit t à l'occalion de cet
ouvrage-, que Valois étoit d'une
humeur difficile, & qu'il fembloit
qu'on lui arrachât les entrailles
quand on le prioit de produire
quelque choCe de nouveau. » Il
4* falloir le laifter faire, ajoute-t-
» il. M. Colbtrt le follicitant ua
» jour avec honnêteté , de vouloir
" condnuer fan HJJLire latine dt
n France , le bon homme , tout
M effrayé , fe recirant en arrière «
*• comme fi on vouloir Taflommer .
>* s'écria : Eh ! Monfieur , qtÊC wu
*» dcmande['Vous , à tâgt oà je /itis ?
•' Me demander ce pénîbU travail ,
n cefi me demandir la vie « / II.
Notltia Galliarum , Paris , 1675 ^
in-folio : livre très -utile pour
connoitre la France fous les deux
premières races. L'auteur e& fi
exaâ , qu'on diroit qu'il a vécu
dans ces temps- là. UI. Une édi*
tion in-8° de deux anciens Poëmes i
le I **' eft le Panégyrique de Bdranger ,
roi d'Italie ; & le fécond , une efpece
de Satire , compofée par Adalheron »
évêque de Laon , contre les vices
des Religieux & des Courtifans.
IV. Une 1^ & nouvelle Edition
d*Amien MarcclUn , & d'autres F.mft
excellens en leur genre. |
IIL VALOIS, < Louis le)
Jéfuite , né à Melun en 1639 , de- J
vint confefteur des princes petits-
fils de Louis XI y, & mourut à
Paris en 1700 , regardé comme ua
homme de Dieu. On a de lui des
Œuvres fpirltucUes , recueillies à
Paris en 1758 , en 3 vol.>in-ii ,
& un petit Livre contre les fenii- .
mens de Defcartes, Ses Ouvrages
myftiques font pleins de lumière
& d'onâion. Voy. lâ/^ ;. s# r a n-
V A L
Cl! E , n^ X. de fes Ouvrages,
IV. VALOIS, (Yves de )
né à Bordeaux ie 2 Novembre
1694 » fe fit Jéfuite , & fut pro-
felTeur d'hydrographie à la Ro-
chelle , où il doana des preuves
de fa fi^ieoce & de fes lumières.
On a de lui : I. La fcienci & la
pratique du PtlotM^t ^ 1735 > ^'À^*
II. ConjeBurts phyfiques fur U Sd
marin ^ 1751, in- 8**. III. Entretiens
fur les vérités fondamentales de la
ReUgloa , I747 , in- 12. IV. Obfer-
rations fur les Auteurs qui tachent
leurs noms par de mauvais motifs ,
1749, îï*"4**« V. Entretiens fur les
virités'pratiqucs de la Religion , I75 1 ,
4 vol. ia-ll* VI. Obfer votions cu^
rkufes fmr <» que la Rtl'pQn a à
aaindre ou^ à ejpirtr des Académies
Littéraires^ I7l6» in-ii. Vil. X«-
tru Sun Pere àfon Fils , fur Vlntré-
éJltd, 1756 , in-l2. V^IL JUBuresde
piété à tirage des hialfons Reâ^ti^es^
1764, îh-ii. IX'. Avis fur Cïncré-
ék^ité moderne, X. Recueil de Diffcr»
tations Littéraires , 1576, in «12.
Tous ces ouvrages font efiim^s ;
on découvre par-tout Tauteur hon-
nête homme qui ne cherche point
à Cnre illuiîon , qui faiât facilement
& furement le vrai , & le dit avec
fi^nchife. On i^ore Tannée de ià
mort.
VALLOMRREUSE : Voye^
GvALEE]E^T , qui eil le fondateur
é^ jEleligieux *, & Humilité ^ qui
a fondé les Religieufes.
VALSALVA, ( Antoine-
Marie ) médecin , né à ImoU en
16669 mort en 1725, âgé de 57
ans , fut difciple de Malpîghi , &
eofeigna Tanaiomie à Bologn«,av«c
une réputation peu commune. On
a de lui pluûeurs Ouvrages en
i^nn, imprimés à Venife , 1740 %
2. vqI. in-4°. Les Italiens en font
btaucoup de cas , & les Anatomiftes
tftiment fur -tout ioty Trsûté D^
VAN ^- 177
Ain kamma^ à Bologne « X707,
in-4''.
VALSTEIN, Voyei Wais-
TEI N.
VALTURIUS. ( Robert)
né à Rlmini dans le xv^fiecle, a
donné un Livre latin fur VAit
Militaire , Vérone , 1471 , in-fol.
L'édition de Bologne , X4S3 , moins
rare que l'autre , eil aufli plus cor-
reâe. La même année il en parut
une Traduâion italienne , à Vé-
rone , par Paul Ramufio , qui n'eâ
pas commune.
VALVERDE, Moiae Efpa-
gnol, Voy, Tarticle Pizarro.
VALVERDI, (Barthélemi)
théologien de Padoue , né vers
1540 , mort en 1600 , s'eil fait
connoitre dans la république dc.«
Lettres* par un Ouvragé fur le
Purgatoire , imprimé fous ce titre :
Ignis Purgatorlus pofi hanc ritam , ex
Graci* & Latinis Patrihus affertus ,
Patavii, ijSi , in-4** : livre très-
rare & recherché des bibliomanes
curieux. Cet ouvrage eut peu de
fttccès lorfqu'il parut ; le proprié-
taire , voulant y donner cours ;,
réimprima en 1590, le fromifpice,
fous le nom de Valgrifius de Venife j
£( la plus grande partie de Téditioa
fe débita fous ce mafque. .
VAN-AELST, Voy, AfiLST.
' VANBROUCK . Vi^ye^ Wan-
RROUCH.
VAN-BUYS, ( N... > peintre
HoUaodois du xvli® ûecle, a
travaillé dans la manière de Miéris.
& de Gérard D<m» Sa compofition
'e£b des plus fpiritueUes & des plus
gracteufes. li rendoit les étoiïes
avec une vérité frappante.. Son deilin
eil pur, fa touche unie fans êtto
froide. Ses Tableaux ne ibm guère
connus qu'en Hollande.
VAN-CEULEN, (Ludolphe )
mathématicien Flamand » au com-
mencement du xvii^ ilecle , tra-
vailla, beaucoup pour déterminer
S iij
>7» VAN
k rapport du cercle à la d^cÔA^
£jreace. Il exprima ce rapport en
36 chiffres: de forte que rerreur
qu'il y a emre le vjrai rapport du
cercle & celui q:i*il trouve, cft
moindre qu'une fra£^ioa , dont
l'unité feroit le numérateur , &
le dénominateur un nombre de 56
chiffres. Ce travail eft fans doute
«tonnant ^ car il fiallot qu'il fit des
extrafiions , jufqu'à ce qu'il trouvât
dans la circonférence du cercle , le
nombre de cliiffres rapporté. AulB^
pour en conferver la mémoire à la
poilérités dtpour immortalifer cet
homme laborieux , on a fait gQiver
ces chiffres fur fa tombe ^ qu'on
voit à Leyde dans TEglife de Saint-
Pierre. On a de lui : I. fundanunta
Geomctrta , traduits du hollandois
en latin par SncUua , & imprimée
in -4*^ en 1615. U. De Circulai &
a4/ertptts ,1619, in-4**.
VAN-DALE , (Antoine) né le
5 Novembre 16 jS , fit paroitre
dans fa jeuneiTe une paffion extrême
pour les langues *, mais fes paréos
lui firent laiHer cette étude pot^" le
commerce. 11 quitta cette profeffion
à l'âge de 30 ans, & prit des de-
grés en médecine. Il pratiqua cette
fc^ence avec fuccès, & fe fit une
véputacion dans l'Europe par fa
profonde érudition* Il mourut à
iiarlem, médecin de THôpital de
cette ville , le 18 Novembre 170S-
On a de lui : I. De favantes Dlffer'
tadùns fur Us Orsclts éts Païens^ IV
y fouticnt que c^ n*étoit que des
trotnperies des prêtres. La meilleure
édition de ces DiiTertatiôns^ft celle
d'Amilerdam^ en 1700 , in- 4**. Fort"
tutelle en a donné un Abrégé en
françois dans fon Traité des Oracles,
U a eu foin d'y mettre la méthode ,
la ,clané & les agrémens qui man-
quent à Van-DiLU ,favant profond ,
critique habile, mais écrivain lourd
6 pefanc en latin & en françois.
\ Voy, I, Bl-piïDILL. \ II, Un Traite
^ ^ V A' Nr
dt Pctipne & des progris de f Idolâtrie'^
i6t>6, in-4°. III. Differtailons fut
des ft^tts importons^ 170a & 174^ »
in'4*'. IV. DlffertAtîo fuptr Arijfea
dé Lxx Jnterpruîhus , à Amfterdam a
170 ç , in- 4**. y an - DaU étoit un
homme d'un carawtere doux & d'une
prohité exaéle. Il eatendoit plaifan-
tcrie fur fes Ouvrages -, ce qui n'eft
pas une petite qualité dans un érs-
dit. Sa fociété étoit agtéable. il
fa voit beaucoup d'hifloires plai-
fantes « qu'il racontoit fans apprêt.
U parloit d'ailleurs de tout avec
liberté.
VANDEN-ÇCKOUT, (Ger-
brant ) peintre , né à Amûetdam,
en 161 1, mort dans la même ville
en 1674 , fut élevé de Rcmbrant ^
dont il a fi bien faifî la manière ,,
que les curieux confondent leurs
Tableaux. U a peint avec fuçcès le
Portrait & des morceaux d'hifloire^
Son pinceau eil ferme, fa touchcv
fpirituelle , fon coloris Àjaye &^
d'un grand effet.
VANDEN - ^OJ^ŒRT . Voyt^
HONERT.
/. VANDEN-VELDE, (AdricnX
peintre , né à Amderdam en 1639 ,
mort en 1672 , a excellé à peindre-
des animaux. 11 réuflilToit dans le-
Payfage -, fon pincea^u ^ délicat Se.
moelleux , fon coloris fuavc &-
ondueux. Il mettoit tant de goût
& d'efprit dans fes petites figures ,
çue plufieurs bons maîtres s'adref-
fôient à lui pour orner leuri Ta»
bhaux. Cet aimable artîflea encore
traité quelques fujets d'biftoire. Oa'
a de lui une vingtMne éHEfiampts*.
IL VANDEN-VELDE , ( Ifjïe >
peintre Flamand, ièdiftingua dan»
le dernier (iecle par fes BamlUs^
peintes avec beaucoup de feu 8e
d'intelligence. Il vint a Harlem en
1626, & à Leyde en 1630. Jetai
VAiri>EN- Velue fon frère, s*eft
auffi rendu très-célebrc dans, l'art
de la çravutc.
VAN
IlL VANDENtVELDE , ( GmU
laumc ) furaomxaé U Vieux , frcrc
^IfaU^dt UAtiy mort à Lopdres
<rn i6,93, e^elloU à repréfeoterdes
Vms éc 4es Conrhau dt mer, S'étanc
«roiiv^ dans une bataille faus Ta-
/BÎTial Bstyt«r, il ddHiiQÛ tranquil-
lement , durant ra£Uon , ce qui 0»
imflbit Tous fcs yeux.
JK VANDEN-V^iLDE, (Çjuil-
4aume) U Jcvnt^ né à AmiWrdain
en 1663 .mort à Londres en 1707*
jhou ^Is dn précédent. Il aigrit la
f>eioture 4e A>n per«, & le Ajrpaâà
j>ar le goUt & l'art avec Içquel il
yepréi^toii des Marines. X^or/^J^
^ Jacques //, rois d'Angieterri^, l^i
accordèrent de« peofîons. Aucun
jpeintre n*a iu .rendra avec plus ^
véritié que lui, la tranquiUicé, le
iranfparent ^ les reflets 6c le limpide
é& Tonde , aiofi que ies ft^-eurs.
Son talent alloit jurqu'à Eairefentir
la légèreté de Tair, & les moindres
vapeurs. Il étoit auffi très - exa^
dans les fojrmes & dans les agrès
convenables, à cbaque efpeçe de
l?âiûnenc
VANPÇN , ZYPE , Voyei ^t-
«•CVS.
VANDEE-AA, Foy*x Aa.
VANOJÊR-BEJiEN , F^y. To*-
I. VANDER.DOÈS, poil» ,
^oyfiî Pou SA-
IL VANDER-DOÈS, (lacob)
peintre , né à Amfterdam en 161^ ,
raortà la Haye en 1675 , excdloàt
dans le Payiàgfl & à repréfènter
des anioata. Ses (Jeifins font d'un
«iîet très-piquant ^ & fo« recher--
.<hés,
. VANDER HELST, (Banthélcnii)
peintre, né à Hadem en 1631 , a
peiott , avec un égal Aiccës , le Por-
trait , de petits Suiecs d'biôoire ,
des Paysages. Son coloris eft fé-
diûfant , ion deflln e&çorgcGt^ foa
pinceau moelleux.
' VAMDCfll^HEyDJEN, (Jean)
VAN X79
p^mre^ né à Copcum en 1637,
mourut à Amftcrdam en ijii.So^
talent étoiv de peindre des Ruinu ,
des Vues , des Mai/çns de plaffance ^
des Templ&s , des P^yfages , des vtom-
idtn* , ic. On ne peut irop admirer
l'entente & l'harmoxûe de fon co*
ioris, fon intelirgence pour laperjC-
peûive , & le précieux fini de £bb
Ouvrages.
VANDER - HULST , ( Pierre i
peintre , né à ^Dort en Hollande
l'an i6;2, apeint avec beaucoufi
d'art & de goût , des Fieurs 8c dea
P*^/fgcs. Sa loushe eil d'une vérité
/éduifante *, il avoit couuune d'ea<-
richir fesTableaux de plantes rares^
& de reptiles ^ui femblent^ être
apimés.
VAND^R-KAB^Î-, ( Adrien)
peintre & graveur , né au château,
de Ryfwick , proche la Haye, en.
16^1 , mort à Lyon en 1695 , a eu
beaucoup de talent pour peindre
ées Marines & des rayfages qu'il
ornoit de figures & d'animaux def*
fines d'un bon goût. On remarque-
plufieurs manières dans fes Ouvra?
g es. Le Btnedute , Salvator Rofa ,^
MqU h Us Cantifihe^ font les peiu-^
très qu'il a le plus cherché à imiter*
Sa manière vague ék oppofée À
<elle des peintres Flamands , qui.
eA finie & recherchée. \\ Ce Tervoit:
de mauvaises couleurs, que le tejnps. ,
9 entièrement noircies. Adri^ k
aufii gravé plufieurs Efiampes , fur-
tout des Payfagçs eftiniés. Sa con-
ver&tion étoit gaie & amarante »
fon çaraftere frjuic & généreux ;
mais fon goût pour la débauche
l'égaroit fouyent. On le trou voit
toujours parmi des ivrognes *, Çc
l'amateur qui vouloit s»roir de £çs
Tableaux , étok obligéde le fuivt e
dans fes parties de plaifir.
VANDER-LINDEN , ( Jean- An-
tonides)né en 1609 à Enckuife\
dans le Nort - Hollande , proteflia.
avec fuccàs la médecine à FraQf^-
1
a8o VAN
fcer & à Leyde. Il mourut dans
cette dernière ville le 5 Mars 1664 ,
après avoir formé 4cf«iTans élevés.
6cs Ouvrages font : I. Une Êih/io'
theqm des LLi^rts de Médecine , Nurem-
berg, 1686 , in-4*'. [f^oy, Mer-
KLIN. ] II. t/nlver/k McdicUue Corn»
pendlum , Franeker , 1630 , in-4°.
lll. "Des. Editions exaâes d'anciens
médecins , entre autres d'HipjJocrate ,
Leyde, x66y, 1 vol. in-8**. "Vander"
" Linden ( dit le fatirique GuirPatîn )
*' étoit un bon homme & riche ,
>' mais <}ui étoit féru de la chimie
n êc de la pierre - philotophale .;
M n'eft-ce pas là pour faire un bon
M médecin ? AuiH hdïfîbit-il notrjc
»» bon Galien, Il louoit Hîppocrau ,
» Paracel/e & Van * liebnont ; >en
»' quoi il imitoit cet empereur qui
»* avoit dans Ton cabinet les porr
♦' traits de Je/tu-ChriJi , de Vénits,
» de Priapc & de Flora. 11 voyoit
'* peu dé malades , & ne faifoit
V jamais faigner. Il faifoit profcf-
»» ilon d*un métier qu'il n'entendoit
'* guère... Sans l'antimcine, Ton
*« Hlppocrate eût été encore meilleur.
»* J'en fuis pourtant fôché , le con-
V noiflant plus honnête homme
»' qu'il n'a été éclairé ». On voit
4ans ces paroles , plutôt la pré-
vention d<e Patin contre ceux qui
n'étoient point de fon fentiment en
médecine , que le véritable jug^
ment qu'on doit porter fur Vandef-
Linden^ qui étoit» à plufieurs égards,
un homme eftimable.
I. VANDER - MEER, ( Jean )
peintre , né à Harlem en 1618 ,
périt dans un petit voyage de mer
en 1690. Il excella à peindre des
Payfages & des Vues de Mer , qu'il
fDrnoit de figures & d'animaux
(deffinés avec beaucoup de goût. Sa
couche efi admirable , fes compofî-
pons pleines d'efprit , & pour l'or*
binaire fort gaies. On lui reproche^
fi-'avoir mis trop de bleu dans les'
fofïds dç fçs Taj^leayXf
V À N •
II. VANDER-MEER d^
loNGHE , frtee du précédent , né
à Harlem en 1650 y avoit un talem
fupérieur pçur peindre le Payfage
& des animaux , fur-tout des mon-
tons , dont il a repréfemé la laîne
avec un art féduifant-, fes Figures «
fes Ciels , fes Arbres font peints
d'une excellente manière. On ne
diftingue point fes touches *, tout
eft fondu & dun accord parfait
dans fes Tableaux.
VANDERMEULEN, (Amoiner
François) peintre, né en 1634 i
Bruxelles , mort à Paris en 1690 ,
avoit un talent particulier pour
peindre les chevaux; fon Payfage
eft d'une fraîcheur, & fon feuilier
d'une légèreté admirables ; fon
coloris j?ft fuave & des plus gra-
cieux-, fa touche eft pleine d'efprit «
& approche beaucoup de celle de
TénîtTs. Les fujets ordinaires de fes
Tableaux,fontdes Çhajfes^dçs Sièges^
dts Combats , des Marches ou des
Cumpemtns d'armées. Le Mécène de
la France, Co/ben^ le Axa près de lui
par les occupations qu'il lui donna*
Ce peintre îuivoit Louis XlVdans
fes rapides conquêtes , & deâinoit
fur les lieux les vill^ affiégées Se
leurs environs. Le célèbre le Bnm
eftimoit beaucoup cet excellent
artifte ; il chercha toujours les oc-*
caiîons de l'obliger , & lui donna
fa nièce en mapage. On a beau-
coup gravé d'après ce maître. Son
frère , Pierre Vander-Meulen ,
s'eft difiingué dans la fculpture. Il
paiTa en 1670 , avec fa femme , eii
Angleterre.
VANDER-MONDE, (Charles^
Auguftin ) né à Macao dans l^
Chine , mort à Paris en 1762 ,
d'une fuperpurgation , fe fit uner
réputation par fon habileté & par
fes Ouvrages. 11 {ut cenfeur royal
& membre de l'Inftitut de Bologne*
Nous avons de lui : I. Un Recueil
fOb/i^rvaûpns de Médeçme & de Çhiz
r
VAN
fm^'. ouvrage périodique, în-ll ;
f755. Ce fut le commencanent du
. humai de Médecine. II. Effaî/ur U
wutnîert de pcrfèHlohner CEfpece hu»
maint , 1756 , 1 vol. in- 11. lit.
DiSannain portatif de Santé ^ I761 f
2 vol. ki-ii : ouvrage qui eft un
Cours complet de Médecine- Pra-
tique en abrégé. 11 y en a eu plu^
fieurs éditions, & ce livre mérkoit
le fuccès qu'il a eu.
VANDER.NEER , ( Egîon )
peintre , né à Amfterdam en 1643 ,
fliort à DuiTeidorp en 1697. Son
pcre , Amovld Vander - Neer , eft
célèbre parmi les payfagiftes , fur-
tout par fes Tableaux , où il a
repréfenté un clair de lune. Son
lils hérita de Tes talens. Il rendoit
la nature avec une prédfion éton-
nante. Son pinceau eft moelleux,
Ton coloris piquant , Ta touche lé-
gère & rptrituelle.
VANDER-PIET, Foy.PiET.
VANDER - ULFT, ( Jacques )
peintre HoUandois , né i Gorcum
en 1627 , s'adonna à la peinture
par amulement , & ne la fit jamais
îervir à fa formne , qui étoit d'ail-
leurs coniîdérable. Ses Tableaux &
fes Deflîns (ont fort rares. On re-
marque beaucoup de génie & de
laâlité dans fes comportions. Son
coloris eft fua've & d'un effet ie-
duifant : (on deftîn forme celui des
peintres Italiens.
VAND-WERFF, Foy. Werff.
. VANDRILLE , ( S. ) Vandreg^
fiiux^ naquit à Verdun, du duc de
Falchifc & de la princefte Dodc «
lœur A'Anchife , aïeul de Charles
Martel» 11 parut d'abord fur le théâ-
tre du monde,, & fe maria ; mais
fa femme s'étant retirée dans un
Monaftere, il l'imita, ^ choifttpour
fa retraite le défert de ^ontenelU ,
à ôx lieues de Rouen. 11 y bâtit un
Monaftere , & y mourut le 22
Juillet avant Tan 689 , à 96 ans.
if Mçiiaftere 4c Fonteoj^llç porte
VAN î8r
aujourd'hui le nom dé fon fonda-
teur. I
VAN-DYCK, ( Antoine )
peintre , naquit è Anvers en 1599»
Sa mère qui peignoit le Payfage ,
s'amul'oit à le faire deftiner dès
fon enfîince. H prit du goût pour
cet an , & il entra dans i'tcole du
célèbre Rvbens , qui l'employoit k
travailler â fes Tableaux. On a dit
même qu'il faifoit la phis grande
partie de fes Ouvrages. Ua foir que
ce maître étoit forti poiu: aller
prendre l'air , Van-Dyck & fes cà^
marades entrèrent fecrétement daâs
le cabinet de Ruhens , pour y ob-
ïerver fa manière d'ébaucher & de
finir. Comme ils s'approchoientde
plus près pour mieux examiner ,
un d'entre eux , poufie par un autre ,
toqiba fur ce Table«i. Il effaça les
bras de la Magdeldne , la joue &
le menton de la Ste. Vierge, que
Rubens vesoit de finir. On craignit
les fuites de cette imprudence , &
tous les élevés jetèrent les yeujc
fur Van-Dyçk pour réparer ce qui
étoit eftacé. Van - Dyck cçdaiit k
leurs prières , & craignant lui-même
la colère de Rvbens , fe mit à l'ou-
vrage. Il réuf^t ft biep , que le len-
demain, Rtéens^ en examinant fon
travail de la veille , dit en pré<- •
fence de fes élevés qui trembioient
d^ peur: Voilà 'un bras & me tête qui
ne font pas ce que fal fait hier de.
moins bûn. Ce Tableau , qui eft un
des pluf beaux de ce maître , eft
une de&ente de Croix qui fe voit
encore aujourd'hui dansTEglifede
Notre - Dtoie d'Anvers. Quelques
années après que Fan - Vyck fut
forti de l^cole de Rubens , le cha-
pitre de Courtrai le chargea de
peindre le Tableau du grand- autel.
Il l'exécftta à Anvers , & partit lui-
m^me pour le placer. A fon arrivée,
les chanoines accoururent pour
voir le Tableau *, le peintre les pria
d'attendre qu'il fût en pl^ce; parce
%t% VAN
«pi'il o'étoît pas poffible d'ea Juger»
<iue lorfqu'iî feroit mis dans ToQ
^rai point de vue. On ne (f rendit
point à toutes ces rairoas. Le Td-
Meau fiit déroulé, & Van^pytk
ne fut pas peu furpris de tost le
chapitre entier le regarder , lui &
fon ouvrage , avec nocpris. K«i*
J^yck , malgré ce dédain, plaça ton
Tableau , & le lendemain il alla de
pone en porte prier ces meiZiettr^
de revenir. On ne daigna pas
feulement Técouner. Cependant
quelques connoi£eurs virent Cos
4>uvrage & en parlèrent, avec ad-
«niration. Bientôt on tint en foule
pour le confidcrer; les chanoines
ne pouvant réfuter une c^ce de
réparation , convoquèrent un cha-
pitre extraordinaire , dans lequel
îi fut arrêté (0e, fon premier Ta.^
i)Ieau étant fort beau , on le prieroit
d'en peindre deux autres pour di£-
férens autels. Mais VéoL-Dy^ leur
répondit , quV/ avoit rtfalu de ne
feindre défort/ude que pour des Hommes^
&non psipour des 4nu„. Van-Dydk
5 étant fait une grande réputation ,
fe mit à voyager. Il vint en France,
«& n'y fiéiouma pas long-temps. Il
pafia en Angleterre , où Charles I
le retint par {es bienùits. Ce prince
le fit chevalier du bain , lui donna
fon portrait enrichi de dtamans
avec une chaîne 4'or, unepcnâon ,
un logement, 6r une femme fixe &
confideriibie pour cMcun de fes
Ouvrages. Un ;our qu'il faifoit le
Portrait de Charles , te prince s'en-
tretenait avec le duc de tiorfjUk ,
6 fe plaignoit ai!êz bas 4de Tétat
<le fies finances. Van-Dyik paroi£-
foit attentif à cet entretien. Le roi
l'ayam remarqué, lui dit en rianr:
M Et vous , dievalier , âirez-vous
•* ce que c'eft que d'avoir befoio
** «de dnq ou ûx. «vile guuiées? «c
•— Oxû , SiRM, , répondit le peintre :
m Artifie qui tient iâkie à /es amis ,
*^U9ebotafepii»trteàfupiaUr^^nc
VAN
/dit ^ tf^p fyuvau U p'M di fim
coffre- fort. On rapporte de lui une
autre réponfe iîngnlierc. La reine «
époufe de ce monarque, fe bâùM
peindre \ elle avoit des mains ad*
lairables. Comme Véi/^^ Dyek s'y
arrêtoit long^temps , la reine qut
s'en appetçvt , lui demanda pour»
quoi U s'aitachost plus à rendre f#s
«uins, que fa tère^ Ctft^ dit-il»
Madame, quepc/peri de ces belles maîtf
M4 rUtm^tnfç diffie de ceiU qui ietporu^
Un travail trop a^ & trop co»-
tiiutel lui caufa des mcommpditéS4
qui l'enlevèrent aux beaux arts^
1641. Vat^^Vyck a ùk plMÂenis
Tableaux dans le genre hiftoriqueà
qui font £Drt efiûaé^, ^ il a mérité
d être nommé le JU)' du Portrait^
Ce peintre fe fit p^r ion »rt utic^
fortune brillante. U épouik la âU»
d'un jnilord \ il avoit des équi*-
pages magnifiques i fa tabl« étoit
fervie fomptncufement; il avoit à
fes gages à^ muficiens U des aU
4iimiâes. Pour fubvenir à «es
dépendes , il lui fallut augmenter ûm
gain par fon travail ; la précîpitar
don avec laquelle il peignoir alori,
€t bk appercevoir dans fes deniiees
Tableaux» qui ne font pas^ à beaa<
coup près, aufll cftimés que fespr^
miers , auxquels il donnoit plus de
tem(>s & de foin. On reconaok
dans lesConpoMons de Vaa-Dyei^
les principes par lesquels Rubent jie
«oiûiuifoit', cependant il n'otoit ni
auifi univerrel , px au0î favaat que
ce grand homme. Ce peimre' a
x[uelquefois péché contre la cor-
retHon du deâia ; mais les Tèms fc
fes Mains font, pour l'ordinaire,
parfaites. Aucun peintre n'a eu
mieux faiûr le moment où le carû-
tere d'une pcrfbime fe dévdoppe
d'une manière plus avantageufie^il
choififlbit des attitudes convena-
bles. On ne peut rendre la i
avec plus de grâce, d'efprk, ée
«obl^t ^ ^ m&merten^ aveQ
F
VAN
jftlaa de véritc. Son pînccflU eft
plus coulam de plus pur ()ue celui
de fon maître, Û a donné plus de'
Catcheur à fes carnations , & plus
d'élégance à fon deiHn. Van-Dyck
habilloit fes Portrait^, à la mode du
lemps, & il entendoic uès - bien
ra)tift>!mem.
VAN.EFFEN,( Jvifte)néà
Vtrecht y d'un capitaine réformé
d'in£amerie , mourut le iS Septeni*
bre 1735 , infpedieur des magaûns
de Bois-ie-Duc, dans un âge peu
aTaocé^ On lui avoit confié l'édu-
cation de quelques jeunes feigneurs \
èc il s'en étoit accquitté avec fuccès.
Cet auteur avoit de la facilité , afîez
d'iinaginafion ; mais il éçrivott trop
▼îte, & employoit quelquefois des
termes recherchés 2c bas. On a de
kû : I. La Jraducll<^ des Voyages
de Robînfon Cru/oé, i&meux Roman
aogtois^en 2 vol, tn-12. IL Celle
du Mentor modtnu , en 3 vol. in- 12.
III. Celle du conte du Tonneau ^ du
doéleyir SMififi , en 2 vol. in - 12.
IV. Celle des Ptnféts Lihns éeMart-
4tvUU, à la Haye, 1723, in-12.
V. Le Mlfanthmpe , 1726 , 2 vol.
in- 8^ : ouvrage fait fur le modèle
dn SpeSatewr Jng/ois ; mais écrit
avec moins de profondeur & de
)ufieâe. L'auteur afFeâc de fe fetvir
de termes recherchés , qui donnent
quelquefois du nerf. VI. La Baga^
uUe ou Dîf cours Ironique^ 3 vol.
in-S**. L'ironie n'y'çft pas toujours
foucenue avec affez de fineiTe; ell^
eô d'ailleurs monotone. VIL Pa-
Tollele à* Homère & de Chapelain i
morceau ingénieux qu'on attribue à
Fonundie ; on le trouve à la An du
Chefd^^vre £m Inconnu, Vlil. U
aVoit beaucoup travaillé au Journal
Zîttératre,
VANEL , ( N. ) confeiiler du roi
4leFra(Keen ùl chambre des com-
ptes de Montpellier , eft conmi :
I. Par un Ah/gé nouveau de l*HtJioire
^ Tmccs y Paris , 1 697, 4 vol. in- 13 ;
VAN »Sî
ouvrage fort défeûueux , où il y a
cependant des morceaux fidelles 6c
ezaôs , fuivant les fources qu'il a
confultées , ou qu'avoient confulté
les auteurs qu'il a compilés.lL^^r^e'
nouvel defUtJijire générale d^Efpaçie^
depuU fon origine [u/qn^à fréfent ^
Paris , 1689 , 3 vol. in - 1%, UI«
Abrégé nouveau de l'H'fftokt générale
d: Angleterre , d'Ecoffe & S Irlande^
Paris , 1689 , 4 vol. in - 1* : Ou-
vrages fuperficiels , qui ne font
S oint eftimés , & ne méritent point
e l'être.
VAN EICK, yoyt{ EiCK.
VAN-ESPEN, Fo^^EsJEN.
VANEVERDiNGEN. (Albert)
peintre & graveur Hollaodois , né
à Aicmaër en 1 62 1 > mort en 167 y »
eft un des meilleurs pay fagiftes de ce
pays. Ses Tableaux ont , la plupart »
un effet tràs-piquant. L'art , le goût »
& une touche libre & ailée les ren-
dent précieux. Us ne font guère
connus qu'en Hollande. Ses frères ,
ÇifarhiieJM VAN-Efr£RDlSGZH yifX^
Arent auiS connoitre avantageufe-
ment dans la peinture.
VAN-GALEN , Voy, GAlen.
VAN • HELMONT , — Hel-
MONT.
VAN-HEURN , VANHOOSTi»
Voy^ HOOST & Heurnivs.
VAN-HUYSUM, ( Jean >peitttre.
né à Amfterdam en 1682 , more
dans la môme ville en 1749* ^
goût le plus délicat, le coloris 1»
plus brillant, le pinceau le plus
moelleux, joints à une imitation
par£iite de la namre, ont rendu
les Ouvrages de cet ingénieux ar*
ttâe, d'un prix in^ni..!! s'étoif
d^abord adonne au Payfage avec
beaucoup de fuccès » & dans c»
genre , on peut régaler aux grands
maîtres qui s*y (ont difiingués ; mai&
il n'a point eu de rival dans l'art
de repréfemer des fleurs & de&
fruits. Le velouté des fruits , l'édat
des lleurs , le tranfpareot de 1^ rofée».
1
i84 V A N ^
le mouvement qu'il (avoît donner
aux infeûes , tout enchante dans les'
Tableaux de ce peintre admirable.
Van-Huyfum n'ignoroit point la fu-
périorité de fes talens. Il ufoit ,
plus que tout autre» du privilège que
les perfonnes d'un mérite diftingué
lemblént s'arroger trop communé-
ment , d'être fantafques & d'une
kumeur difficile. Ses Deflins font
recherchés ; pour Tes Tableaux , il
%*y a que les princes ou des parti-
culiers très-opulens » qui puiâient
les acquérir.
VANIERE , ( Jacques ) Jéfuite ,
naquit à Cauâês, bourg du diocefe
de Beziers, le 9 Mars £664, de
parens qui fatfoient leurs délices
des occupations de ïa campagne:
H hérica de leur goût. Cet homme
«élebre étudia Tous le VereJouberty
qui ne lui trouva d'abord aucun
goût pour les vers ; & l'élevé lui-
même prioit fon régent de l'exem-
pter d'un travail qui le rebutoit.
£(iiif» , Ton génie fe développa » &
ii approfondit en peu de temps l'art
^es Mufes. Les Jéfuites le reçurent
dans leur Congrégation , & le deT-
tinerent à prorelTer les humanités.
Son talent s'annonça à la France par
deuK Poèmes , l'un intitulé Stagna ,
& l'autre , Columha , qu'il incruil^
dans^ la fuite en fon grand Poëme.
Santeuil^ ayant eu occafion de les
voir , dit que » ce nouveau venu
* les avoit tous dérangés fur le
• Parnaffe «. Mais ce qui mit le
comble à la gloire du Père Van'un ,
ce fur Ton Pntdîum Ruftlaan , Poëme
en XVI chants , dans le goût des
GéorgiquQs de VtrgiU^Kien n'eftplus
agréable que la peinture naïve que
le Père Vanîen fait des amufemetis
champêtres. On eft '^également en-
chanté de la richefTe & de la vi-
vacité de fon. imagination , de
réclat & de l'harmonie de (à poé-
£e> du choix & de la pureté de
ie& .expreifioms* On lui reprocha
VAN
cependant des détails petits & f ntv^
tiles , des récits hors d'œuvre ,
des digreflîons peu intérefTantes ,
des images mal choifies y &c. Le
Père VanUre a trop ouMié que ,
dans nos Poèmes didaâiques les
plus courts , on trouve un long
ennui , fuivant Texpreffion de /*
Fontaine, Il auroit d , comme K/r-
^le & le P. Rapitiy ne choiGrdan»
ion fujet que ce qu'il ofïroit de
gracieux & d'intéreiTant. Peut-on
efpérer beaucoup deleâeurs, quand
on explique en xvi livres fort éten-
dus d'un Poëme en langue étran-
gère , tout le détail des occupation»
de la campagne? On n'exige pa$
d'nn poëte qu'il mette en vers la
Mai/on Rufilqitt; il falloit donc fe
borner , & c'eft ce que le Père Fa-
nîen » d'ailleurs, fi eftimable , n'a
pas fu faire : la préciûon a tou-
jours été récudl des imagination»
méridionales. La meilleure édition
du Pr^tdîunt Rufiîcum eft celle de
M. Btrland ée BoriaUt , à Pari%, en
I7ç6,in-ii. Nous avons encore
du P. VanUre un Recueil de Vers
latins, in- Il : on y trouve des
Egiogues , des Epures , des Epigram-^-
mes , des Hymnts , &c. Il a auffi
donné un DicHonnaire Poétique^ latin,
in- 4^ ; & il en avoit entrepris un
firançois & latin, qui devoir avoir-
6 vol. in-fol. Le Père FianUrcmovt-'
rut à Touloufe le 22 Août 1759»
à 76 ans ; & plufieurs poètes ;ome-
rent de âeurs fon tombeau. Sonca*'
raâere méritoit leur éloges autant
que Ces talens. M. Btrland de Remus
a publié , en 17^6 » une Traduâion
du Pradîum RÛfiicuaf , en 2 vol.
in - 12 , Tous le titre A* Economie
Rurale.
VANINA D'ORNANO , Foye^
Sak-PietHlo.
VANINI, (Lucilio) né à Tàt*.
rozano, dans la terre d'Otrante»
en 1 5 B 5 > s'appliqua avec ardeur à la
philofophie» à la mideciae>à U
V A N _
! ihéol ogie & à l'aftrologie judîcîaîré
dont il adopta les rêveries. Après
qu'il eut achevé fes études à Pa-
doue, il fut ordonné prêtre, & fe
mit à prêcher. Mais il quitta bien-
tôt la prédication y à 4aquelle il
I n'étoit point appelé , pour fe livrer
I de nouveau à Tétude. Se» auteurs
^ £ivoris étoient Ariflou , Averrois ,
I Curdan & Pow^onace». Il abufa des •
; idées de ces philofophes , & après
avoir roulé d'incertitudes en incer-
titudes , il fiuit par conclure qu'il
n'y avoir point de Dieu. De retour
à Naples , il y forma , félon le Père
Mtrftntu , le bizarre projet d'aller
prêcher PAthéifme dans le monde*
avec douze compagnons de fes im-
piétés. Mais cet étrange deffein pa-
i roît une chimère» d'autant plus que
le préiident Gramond, qui étoit à
Touloufe lorfque yanini fut )ugé,
ne dit point qu'il ait fait cet aveu
à fes iuges. La manière dont Vanini
fe conduiiit dans fes premiers voya-
ges, s'accorde bien peu avec l'anec-
[ dote racontée par Merfenne. Il dif-
puta prefque par-tout en Catholique
zélé. £n quittant TAUemagne ou il
étoit allé d'abord p il fe rendit en
Bohême, & s'y iignala contre les
Anabaptiûes. Il paffa de là en Hol-
lande, & n'y montra pas moins
d'attachement à la Foi Catholique.
Pendant le féjour qu'il fit enfuite à
Genève , il y trouva un homme
qui foutenoit que les mariages
qu'on nomme ince(hieux,n'étoient
défendus que par les lois politiques i"^
il appuyoit fon fentiment fur
l'exemple de Lotk , & fur le peu de
icrupule que fe faifoient les Païens
de contraàer de pareilles uijions.
Vttnîai répliqua que ^Moyfc n'avoit
permis des mariages qui font dé-
fendus aujourd'hui , t]u'afin de pré-
venir les divorces, â communs
cnure les Juifs. Il prouva que \ts
Païens avoiem regardé l'incefte
^oisae UA très'i^and crime. Vaniai
; VAS ±9^
aurott dû ne parler jamais que Ûir
ce ton la -, mais livré à une bizar<*
rerie d'efprit inconcevable , il at-
taqua à Genève même y où il afiec*
toit une fisçon de penfer û fage«
les lois dviLts & eceléfiaftiques^
qu'il i^gaxdoit comme les fruits de
l'hypocrifie & de VorgueiL Se» diiP-
cours , téméraires & infolens lui
auroient mérité un châtiment ezem-'
plaire , s'il ne fe lût iàuvé à Lyon.
Ce fut alors qu'il commença à tirer
le voile qui couvroit fon caraûerè
hypocrite.. Il laiffa échapper de»
propos impies , qui excitèrent ie
zèle de pluûeurs gens de bien. Crair*
gnant d'être arrêté, il paila à Lon^
dres, où il fe fît de nouveaux en«
nemis. Vanini fe montra en Angli-<
terre ce qu'il avoir paru en AUe-<
magne & en Hollande : il prût
l'aumônier de l'ambaifadeuF de»
Venife pour fon confeffeur, & ti
argumenta û virement contre les
théologiens Anglicans qu'il fut mis
en prifon en 1614, & traité avec
rigueur. Après une détenfion de
49 jours, çn le relâcha comme un
cerveau foible. 11 repafla la mer &
alla à Gênes , où il fe montra en€ir
tel qu'il étoit , efprit égaré & coeur
j;orrompu. Il tâcha d'infeâer la?
jeuneiTe de fes déteilables principes ^
^ cette nouvelle imprudente le fir
repayer à Lyon en 161 5 « Il y joua
le bon Catholique , & écrivit fon
AmphJthtstrttm contre Cardan, Quel-
ques erreurs femées adroitement
danscefte Produâipn, alloient exel*
ter un nouvel orage contre lui,lor^
qu'il retourna en Italie. Cet Athée
errant enfuite , revint en France , où
il fe fit Moine dans la Guienfie^
on ne fait en quel Ordre. Le dérè-
glement de fes moeurs le fit chafier
de fon monaflere, & il fe fauva à
Paris» Peu de temps après , en*i6i6 ,
il fit imprimer dans cette ville fes
Dialogue^, De admîrqndls Nature
4rcmU : U les. dédia au maréchal
i86 , VAN
4e Bafompurrc , qui l'at<Ht jpru
pour fon aumôniet. La cenfureque
la Sorboone fit /de cet Ouvrage in»
imdiigible , l'obligea d'abandonner
}a capitale. Après avoir promené
fon incoidbocé flc fon impiété de
ville en ville , il s'arrêta à Tou-
lottfe, où il prit des écoliers pout
la médedae , la philofophie & la
théologie. Il fut même aâêz adroit
pour s'ÎBcroduire chez le premier
prcfideot, qui le chargea de donner
quelques leçons à €zs en&ns. Va'-
mmi profita de la confiance qu'on
avoit ta lui pour répandre Coa
Adicïrme. Sa fiireur dognutifpie lui
ayant été prouvée , il fiit livré aux
flammes an mois de Février 1619,
âgé feulement de 34 ans , après
avoir en la langue coupée: Lorf-
qu'on lui ordonna de demander
pardon à Dieu, au Roi & à la luf-
tice, on prétend qu'il répondit:
QuU ne cr^yoh fùint de DlSV ; qu'il
uavoUJMmaJs offanféURoii & qu*U
éonnoit U Justice au Diable ; mais
s'il tint uii difcours fi infenfé, il
écoît plus fou que méchant \ &
dans ce cas il faUoic plu:dt l'en^
fermer que le brûler. On a de Vanùti :
I. Amp/ûtk^trum éuerna ProvUcnùàt ,
in-.S®, i^yon, 161 5. II. £^ câmii
ranMM Nantrét , ngifut deaqtie morU"
Hum, Areanis, Paris, i6f6,in«-8^.
m. Un Traité J'Afiroaomic , crui n'a
pas éoé imprimé. Plufieurs favans
ont tiché de juôtûer Vanlni fur fon
Athéiiime. On prétend même qu'au
premier ioterrogacoire qui lui fut
i^it^ on hxL demanda s'il croyoit
l'extAence d'un Dieu ? & que ^'étant
batiré , il leva de terre nn brin de
paiUe » en dtiànt : h nui hefoîn que de
cefàu p^ur me fwupcr feêcifitHce d'un
Étte Crtattur; & fit , dit - on » un
long «Scouts fur la Providence. Le
pnéfident Cnamoni , qai parle de
ce difcours , dit <^u'il le prononça
plutôt par crainte qne par perfua-
fion ; mais quand il ^e vit coodaauiijSY
VA W
il leva le mafipie , & nouhil
comme il avoit vécu. " Je le vis
*• dans le tombereau , ( ajoute cet
" hiflorien ) lorfqu'on le menoii
» au fupplice, fe moquant du Cor'>
» délier qu'on jbii avoit donné
» pour l'exhorter à la repentance ,
- & infiiltant à notre Sauveur pa^
» ces paroles impies z II /va di
• " crainte & dtfoAie/t , €t mùije meurs
n intrépide. Ce fcélérat n'avoit pas
** raifon de dire qu'il mouroit fdflti
n fiaycur ; je le vis fi>rt abaau , &
» fiiifant très-mauvais ufage de la
n pfadofopfaie dont il £idfoit pro-
w feffion*'. Quoi qu'il en foit de Tes
deniiers fenômens , il eft certain
que fes Ouvrages font pleins d'in-*
amies & d'impiétés» Cependant d
qui furprend ; c'efi que fon^Amphi^
thcntram menut Providentia pai3à
d'abord à la cenûire , & ne fut
fiipprimé exaâement qu'après une
révifion plus ferieufe. On fut plus
ea garde lorfqu'il donna Ces Dia-
logues, De admiranéis^ &,c, in-8^«
qu'on ancta dès leur naififance ; ce
qui a rendu ce dernier ouvrage bien
plus rare que le premier. Les U*
bertins Se les impies trouvent éga-'
lement à fe fattsfaire dans la lec-
ture de ces Dialognes. L'Athée qu'il
y fait parler, infiike à tout mo-
ment nos myâeres , détruit là pro*
videnoet anéamif la fpirituaiité de
l'ame. Toutes les objeâions (bnc
beaucoup pUis fortes que les ré-
ponfes -, & la dérifion fie mêlant au
laiibnncment , elles se pouvoient
hôte que des imprefCons très<fu«
nefies. Ces Dialogees prouvent en-
core , contre Baylt^ que Vauînl
étoit auffi licencieux dansCessaosurs
que dans fes £crits. Le 39^ « for les
devoirs du mariage , eft écrit av«c
une obfcénité révoltante. Il y «
certains morceaux^ que VAntin ^xy-
roit «craint .d'avouer. La folie de
Van'nl s'y montre autant que foa
imjpiétf, U4lt qu^ii fouhastoit d'Oise
r
té d'un coniiBcice illégitime^ pat^é
^e 1^ bâtards or.t plus d'efprit de
de «oùrage quti les autres. Il y a
ttfle foule d'autres idées non moins
ittfenfées » qui prouvent que s'il
A'ïvoitpas périîltaiis un bâcher»
il feroit mort vtaifemblablement
àix Petkes-Mdifoi». Ceux qui ont
comparé les Dialogues de Fanmi
aux Colloques ^Zmj'mt^ ont fait tf bp
d'iionneur au premier» & n'en ont
fas af&z fait à l'autre. Dnrttnâ »
donné fa Vîc^ Rotecdam , 1717 #
11-11. Fréétnc Ar^^îÀt imprimer
fon inutile Apologie , en latin , ibid. ,
I7ÎI, in-8®. Voye^ encore lesJl^e-
wioires de Nîceren , toitie. 16- ^ &
r le DîcHormairt AnH* Philo fophîytt »
1 lome 2.
I VAK-KEULEN , ( Jean ) û^vant
I Mollandois , s'eft fait connoitre
I dans le monde littéraire « par fon
Edition du ftimeux FUntbtaa dSe la
ifcr, Amâerdâm, 1687 , 5 vol. in-
folio. Il a donné depuis une ei^
pcce de Supplément de oe livre
utile » fous le titre dw Crand nouvel
àtUs et Is Mtr , ou le Monde Aqua-
^pte ^ ï69<r , in-fol. , lôa Cartes*.
Ce Recireil eft recheKké de peu
êommun.
î. VANLOO , ( Jean-Bafwifte)
peintre , d'une fkmille noble » ori-
ginaire de Nice, naquk à Aix en
1684 , 'et mourut dans la même
ville en 1745 , iouiffant de la plus
fraude réputation. Pluikurs pnnces
de l'Europe fe le difpwetent ; mais
Wdnlûo aima mieux fe fixer à Paris >.
©ù le prince dt Càrignan le logea
dans fon hôtel. Le duc d'Orlesné >
régcnr, occupa auflî fon pinceau.
Cet îllHftre artifle réwffiâbk très-
Ken  peindre ITiiftoi^-e ; mais
il eft , fur*tout, rccommandable
par fes Portraits. On y reïharque
*iïe touche favante , hardie , un
beau choix , une composition d'un
Ûyle noble & élevé , & un coloris
«flâueux. Il a è«t l^naeni^ 4ç
V A T^ ijy
pjâtidre lè roi Louh XV \ aînfi qu#
le roi Sianiflas & la reine foc»
époufie t le prince & la princefTedls
Galles ,«& lies princeiTes fes fœurs.
Ce maître joignoit à l'excellence
de fes talens , une figure avanta^
genfe , & un carà^ere doux &
bienfailànt v c'étoit l'obliger , que
de lui procurer Toccaflon de rendre
fervice. U travaillott avec une fa<«
cilité & une aflîduité proctigieuies.
Oir a phifieurs morceaujç gjravés
d'après lui. Louis^ Michel ^Charles*
Amédéit' Philippe Vahloo , font fcs^
fils & fes élevés -, celui-là , pre-r
mier peintre du roi d'Efpagne , &
eelui^i du roi de Prufie , ont fait
revivre avec di(Hnâiion les talen»
de leur père & leur maître.
II. VANLOO » ( Chkrles-An-
dré)^«re & élevé du précédent ,
naquit avec un talent fupérieur
pour la peinture. Après avoir fair
le voyage d'Italie , où il étudia les >
chef- d'œurres des peintres an-
ciens & modernes: , il vint fe fixer
à Paris. Ses talens y furent ac-»
cueillis comme ils méritoiem. Il
devint peintre du roi, gouverneur
des éX^^f^ protégés par ce mo*
narque,'profefi)eur de l'académie
dePeiatnre , Se chevalier de l'Ordre
de Saim-Michel. Ses Tableaux font
recommandahles par l'exaâitude dis
deifin , h ftiav4té , là fraîcheur & le
brillant du coloris. Quelques ati^^^
tifles affûtent que , quant à cenr
dernière partie , fes peintures ne
pourront fe foutenir , & qu'on eir
voit qui déià ont perdu de leur
luAre. Ses principaux Ouvrages
font : I. Un Boiteux guéri par
5. pierre, IL htLdvemau des pieds^
III. Jhifét Tamqueur du Taureau
de Marathon , pour les Gobelins-
IV. Les quatre Tableaux de la ch?»
pelle de la Vitrp ,. à Saint-Su)*-
pice. V. Un Tableau à l'Hôtel-
de- ville. VI. La Vie de S, Augu/Un ,
dans le cbceur des Fetits.-Perâs. Le
lÇ8 VAN
Tableau qui repréfente la dîfpute de
ce Saint Doûeur contre les Do-
Aatiftes , eft le plus remarquable.
VII. Deux Tableaux à Saini-Mé-
éeric , l'un repréfeatant la Fiérge &
ion Fllt^ Tautre 5, Charia^Borromée,
VIII. Le Tableau de Ste, ClotUdc ,
^3SÈs la chapelle du Grand-Commun
à Choify. IX. Le Sacrifice d'iphî^
fénU , que le roi de PruiTe a acheté.
X. Les Grâces > & pluûeurs autres.
Ce peintre étoit chargé de tra-
vailler aux nouvelles peintures de
la coupole des Invalides , & il ea
avoit déjà £iit les efqutffes i lorfque
^ la mort l'enleva , en 1765 > à 61
ans. Ce peintre étoh d'une figure
intéreiTame, & d'une- humeur en»
jouée. Laborieux , dur à lui-même^
il travaîHoit toujours debout &
fans t'eu , même durant les pluk
grands iroids. Une bonté naturelle,
tfai corrigeoit ordinairement les
iâilHes de ia vivacité , formoit le
caraâfere de foii cœur. II étoit
fincere , ingénu , liant , atiPedueux)
il virvoit avec fes élevés Comme
avec Ces enÊins ,< & avec ies eh£ïns
comme avec fes amis : auffi le
chériiïbient-ils tes uns & les au-
tres , comme leur ami & leur pere^
L'idée qu'il avoit de la perfeâion
de Ton art , le rendoit exttfêmemem
difficile à Àtisfaire. Cependant il
avoit une facilité extrênfe ; bien
peiiidie étoit un jeu pour lu». Il
avoit un foin particulier de bien
'arrondir, de terminer, de rendrie
tous le( détails dé Tes Ouvrages ,
& d'y rechercher tomes lesfineffes
Ile la namre. On l'a vu qudque^
fois fe livrer à une manière moins
careffée? , Contrefaire' le ftyle libre
& heurté de Rembrant i mais , à
l'imitation dé ce maître , il ne
s abandonnoit à rénthoufiafitfe des
touches , que. lorfqùé le» defTous
bien empâtés ^toient peints à fond ,
& ppuvoient recevoir dans' la cou-
leur tou^ k fouguç du jM^oe^iu
VAN . .
Vjye{ fa Vie , imprimée à ftïfe^J i
in-8^ , peu de temps après fa mort.' '
L'auteur . ( M. Daaâré Bardon , ) ar- I
tifte lui-même » connu par divers
Ecrits fur l'art' de la petiKure «a rendu
cette Vie intére%ate par l'hifloire ^
très-eirconflanciée des travaux , def
progrès , des peintures & des fuccè»
de ce peintre.
. VANLOOM , ( Gérard ) a trï^ ]
duit du HoUandois , VHlfioire MUaê^
Uqutdu Pays-Bas , la Haye, 175*
& aimées fui vantes , 5 Vol. in-fol.»
figures : Ouvrage recherché par le»
curieux.-
VANLOON,(Jean) eôPundcsf
Auteurs du FUmbeau de U Meté
Voyek Van-Keulek.
VANNES ou Vennes , ( Saim)
évêque de Verdun , vert Tan
498 , gouverna cette églife avec
zèle, & mourut faintementle 9 Sep-
tembre 5a f. Il a donné fon nonr
à une Réforme de Bénédiâins : Voy^
Cour.
L VANNIUS , ( Valcntin ) na^ 1
quit dans la Sualie vers 1 5 ^ , &f
mourut à la fin du même ficelé. It
étoit Luthérien , pafbur de Conf**
tadt ', & pour fe rendre récommatt'«
dable dans fon Pard , il compois
quelques Traités contre FEglife Ro-
maine. Le plus-^ohnu eft fon /»•
dUium de Aiijfa^ Tubinge, 1.557/
in-8**. 11 s'efforce d*y prouver»
par l'Evangile , les Apôtres & les
Pères , la nouveauté préfendue de
cet augufte facrifice. Cet Ouvr^ I
efl peu commun , & le fiel que Taw* 1
teur y a diflHlé , l'a fait rocher- J
cher de quelques curieux. Vm*
nius ayaot mérité par cet Ouvrage,
le fuérage dé ceux de fa commu*
lâon , il en compofa an autre fur
la môme matière V fous ce titre :
Mîffét HifiorU Integra, 15-63, in-4®.
L'auteur y (j^it la mêine méthode
que dans le précédent. Ce Traité efr
aufii peu.commu'u que le premier,^
& ^uÎË rçcherchétf 4
II.
i
fWïT .
VAN
tï. VANNIUS , ( François ) pcui-
1^, né à Sienne en 1563 , mort à
Rome en 1609 , s'eft attaché à la
lûaniere de Frédéric Baroche, C'eft à
r^ude de Tes Ouvrages & de ceux
Tdu Correge , qu'il^eft rtsdevable de
ce coloris vigoureur & de cette
touche gracieufe qu^on remarque
dans Tes Tableaux, Il inventoit fa-
cilement > &,mettoic beaucoup de
correûion dans Tes DeiHns. Les
iujets de dévotion étoient deux
qui^lui plairoient le plus , & dans
lefquelsil réuflîâbit davantage. Le
cardinal Baromus faifoit un cas fin-
gulier de ce peintre ; & ce fut par
les mains de cette Eminence que
le pape Clément Vllllm donna l'Or-
dre de Chrift. Vannius eut encore
l^onneur d'être le parrain de Fabio
Chlgi^ qui fut dans la fuite le pape
AUxandre VU, & qui le combla de
biens. Ce peintre avoit lié une
étroite^ amitié avec le Gulde^U joi-
gnit à Vexcellence de Tes talens ,
f beaucoup de connoifTances dans l'ar-
chitef^itre & dans la mécanique.
I Ses Deflîns f«nt dans le goût de Ba-
roche / il y en a à la plume , à
l'encre de la Chine , & au çrayoïi
rouge. Vanntas a gravé J^elques
morceaux à l'eau forte. '
VAN-OBSTAL, ( Gérard )fculp-
teur natif d'Anvers , mourut en
l668 âgé de 73 ans , dans l'exer-
cice de la charge de rêveur , dont
il avoit été pourvu à l'acadclknie
royale de Peinture & de Sculpture ,
d^ Paris. Cet excellent artifte ayant
. eu conteâation avec une perfonne «.
qui lui oppofoit la prefcription
pour ne point lui payer fon ou-
vrage, Lamolgnony avocat général ,
fou tint , avec beaucoup d'élo-
quence , que les arts libéraux
n'étoicnt pas a^ervis à la rigueur
de cette loi. Van-Ohftal avoit un
talent fupérieur pour les bas-re-
lieb ', il travailloit admirablement
btwi Pivolre.
Tome 1X9
VAN 2S9
VAN-OORT, ( Adam ) peintre
né à Anvers en 15 5 7 , mort dans la
même ville en 1641 , a peint des
fujets d'Hiftoire , le Portrait & le
Payfage. On remarque du génie
dans fes Comportions. Il étoitgrand
oolorifte , & donnoit à fes Figures
de beaux carafteres & une expref-
fion vive. Ses Tableaux font recher-
chés.
VAN-ORLAY, (Bernard)
pemtre, nauf de BruxcUcs, mort
en 1Ç50 , eut pour maître le célè-
bre Raphail, Ce peintre» a fait beau-
coup de Tableaux, qui ornent les
Eghfes de fon pays. L'empereur
Charlcs-Qulat lui fit faiço plufieurs
deffins detapifferiesi &cetoitlui
qu« le pape & plusieurs autres fou*
verains chargoient du foin des ta-
pifferies qui s'exécutoient fur les
deffins de Raphaël & d'autres grands
maîtres. Lorfque ce peintre avoit
quelque Tableau de conféquence
il couchoitdes feuilles d'or furVim-
prdaion de la toile , & pcignoît
deffus i ce qui n'a pas peu conn-i-
bue a conferver fes couleurs fraî-
ches , & à leur donner en cer-
tains endroits beaucoup d'éclaf H
a fur-tout excellé à repréfenter des
Chajfes,
I.VAN.OSTADE,( Adrien)
peintre & graveur , né à Lubeck
en 1610 , mort a Amfterdam en
i6Sj. On l'appelle communément
le Bon Ofiad , pour le diftinguer de
fon frère. Sts Tableaux repréfentent
ordinau-ement des Intérieur de ^tf-
harets^ de Tavernes, ^'H6telUncs'^
à'Hahitaûons ruftiques & ^*EcurUs^
Cet artifte avoit une parfaite intel-
ligence du clair-obfcur : fa touche
eft^ légère & très-fpirituelle. Il ^
rendu la nature avec une vérité
piquante -, mais fon goût de deffin
eft lourd , & fes figures font un peu
courtes. *^
II. VAN-OSTADE, (Ifaac )
trgre du précédent & fon élevé
T '
i90 VAN
ft'availla dans le même genre que
Con maître *, mai$ Tes Tableaux font
bien inférieurs & de moindre prix.
VAN^RYN, yoyi^ Rembrant.
^ VAN-SWIETEN, (Gérard) né
à Leyde le 7 Mai 1700, de pîtrens
V AU
r^Brcurité. Il fui pendant împ
temps contraire à l'Inoculation ^
mais un examen plus réfléchi » lu»
infpira des ..fentimens plus h-'
vorables pour cette pratique , fa-
lotaire avec des Dréeautions , &
Catholiques, 6it l'élevé de Boër- quin'eft nuiûble que par la négli-
haave , & un élevé diftingué. Reçu gence de celix qui admlniârent U
doâectr en médecine , il en donna
dts leçons que l'envie fit cefler ,
en alléguant fa religion* au ma-
giilrat Les Ai^lois lui of&ireat
alors un aûle *, mais il aima mieux
fe rehdre à Vienne , où l'impéra-
Qjice-reine l'appela eu 174 f. 11 ne
s'y rendit qu'à conditioB qu'it ne
ehangeroir pen ^ fon genre de
vie, nt même à' fes habillemens.
H parut long-t<anps à la cour av«c
1^ cheveux plats , & ians man-
chettes ; & pour lui faire porter ce
petit ornement, il fallut que 11m-
petite vérole. Van-Swiuen montra
autant de fagaché dans la médecine
•de Tame , que dans la médecine^
«orporelle. Sa plaee de bibliothé-
caire lui donnant la ceafure de»
livres, il profcrivit impitoyable-
ment les mauvais : Au(H quelques
philosophes Fi:ançois le traitèrent
de TyréLn dis tfprits & à^AffciJpn dtP
corps. Mais ce qu'il y a de vrai #
c'e^ que Vati'Swieun , inacceffible
à tout motif étranger à celui du^
bien , le fit avec difcememem, &
profcrivit le mal , fans aucun mé-
pératrice lui en fit préfent d'une* nàgement pour les noms & les ta-
pâire brodée de fa propre main- lens. Il ne ie fervit de fon crédit
.Kut'Swîctm profei& la ttédecine à à la cour , que pour procurer aux
Vienne» )ufqu>'en 1773,: avec un. iavans & à ceux qui vouloient le
Aiccès peu ccttnmuD. les étrangers- devenir ^ tous les fecours nécef-
couroient ea foule à fes leçons ; ^ires. Attaché principalement à l'art
& l'exaé^itude avec laquelle ri exa^ de guérir , il montra 'en ce genr»
minoitks preuves des afpirans /n'en une fupérîotité décidée. Une de
Cèifoit qu'augmenter le nombre^ fes cur jà les plus étoimantes ,. fîic:
Il prdtiquoit en même temp^ qu'il celle de 1 Impératrice en 1770. Cetta
enfeignoit. L'impératrice l'avoit pnnceffe eut la petite vérole à I9
nommé fon premier médecin .-place fuite de pluiieurs infirmités , Si fe
^jui lui donnoit celle de biblio- trouva dans le plus grand danger»
Àtcaire & de direOeur général des- H falloir les fecours de l'art, & d'un
études des Pays héréditaires. Dans, art fùpérieur : Van-Swîetm les em<*
ces deux places , il monfra la fierté ,, ploya, & la guérifon de la pria-
ta roidettr & l'inâexibilité qui for- cefiis fut regardée comme un mî«
moienif fon caraâere. Mais c'efi à rade;- Cet habile praticien recula le»
ces défauts qu'accompagnoient un bornes de la médecine par fes fa<->
grand zèle & une grande aâivîcé , vans C&x»»iea/ânâ m Hermanii Boet'*
que l'Autriche doit le bon état de haave Aphorlfmos de cogfiofcendis &r
la médecine & de la chirurgie dans curandis morhis^ Paris , 5 vol. in-4^
cette contrée. Cefi par fes foins
-que furent formés les grands mé-
diîcins , qui fieuriiTent à préfent à
Vienne* Tous les abus furent ex-
tirpés, les mauvais . fujets prof-
1771 & 1773» Différentes parties,
de ce grand Ouvrage ont été tra-
duites en françois. M. Favl, en 9.
traduit les Fuvrts inurmhtaïus ^
1766» in-i2; les Malaàiu des En—
«its» les gens d.e aérit» wé« d^ j^^'f 1769 % i^-u i U Tuùté d^
, V A N
ia Phuréfie , in- 12 ; & M. tovir,
les 4^fhonfmes de' Chirurgie , 1748 ,
"7 vol. in-ii. On avoit auffi com-
menté une f raduûion des Apho-
rijmes de Médecine , 1766 , 2 vol,
in-i2 , ^ui n'a pis été conrinuéc.
Van-Swieten a encore donné un
JralU de la Médeùne des Armées^
in-12. Faft-Swlaen mourut le 18 Juin
1772 * chéri & refpeaé. Il a laiffé
deux fils , Tun employé dans lei
ambaffades , & l'autre auditeur des
comptes à Bruxelles.
VAN-TULDEN , ( Théodore )
pemn-e & graveur , élevé de Ruhens ^
né à Bois-Ie-Duc vers l'an 1620 ,
a peint l'Hifloire avec fuccès. Mais
fon goût le ponoit à repréfenter
des Foires , des Marchés , des Fêtes
étvîUage , &c. Il donnoit, dans ces
fujets dîvertifîans , beaucoup d*ac-
tion à fes figuses. On admire auffi
la belle difpoiîtion de fes TaWéaux
dTiiftoire , la correftion de fon
dcffin , & fon intelligence du clair-
obfcur. Ces morceaux ont été de-
puis entièrement retouchés. Ce
peintre étoii d'un caradlere com-
piaifant , & avoit un génie fertile î
qualités qui faifoient fouvent re-
courir à lui pour avoir de fes
Deifins. l^ak'Tti/dm a gravé à 1 eau-
forte les Travaux d^Hereule^ peints
par Nicolo dans la galerie de Foh-
lainebleau , & quelques morceaux
d'après Ruhens fon maître.
VAN-TYL, Fo^^^Tît.
VAN-UDEN , ( Lucas ) peintre ,
né à Anvers en 159^, mort vers
l'an 1660 , eft au ran^ des plus cé-
lèbres payfagiftes. Une touche lé-
gère , élégante & précife carafté-
rifc fa nxaniere. Il donnoit beau^
coup d'éclat à fes Ciels -, les fîtes
de fes Payfages font agréables &
variés. La vue fe perd dans des
lointains qu'il a fu repréfenter;
on croit voir les arbres agités par
le vent. Des figurines , parfaitement
dclRnées » donnent un nouveau
. Van igt
pr« â fes Ouvrages. Le cél^rè
^cn, 1 employoïf fouvent à pein^
dre fesfoh^s «j les pay&ge, de fes
Tabl«iux : alors fran.C7dcn prenoit
le goût & le ton de couleur de ce
peintre, en forte que tout paroiffoit
être du même pince.^u.
VAN-VELDE, Foyer Vei.de
a Bruxelles en 161 y, prit à Lou-
vam le bonnet de doreur , & do*
vint préfident du collège du pape
Adrien ri, qu'il fit briller d'un
nouvel éclat. L'univerfîté le députa •
A 'll^ ^" '^77 , avec le P. Liwus .
Auguftm , pour y pourfuivre la con-
damnation dé plufieurs propofitions
de morale relâchée. Ils obtinrent,
au mois de Mars 1679, „„ décret
de 1 Inquifîtion , Çui condamna 6t
de ces propofirions. A peine fui
rent-ils de retour , qu'on les accufa
a la cour de Madrid , d'enfeigner
eux-mêmes des propofitions con*
traires a l'état Se à Ja Religion. Mais
le pape Innocent XI ût écrire à ïa
^^o*" ^'^^P3gne en leur faveur , en
1680 & 168 1 , par fon nonce ; & J^
coup qu'on Vouloit lui porter fut
détourné. Ce dofteur, le premier
delWerfîtédeLouvain^gSS
foit oppofe aux femimens de la Pro^
bahUiié.monnxtta 1693 . regardé
comme un modèle de vertu Ses
Ouvrages font: I. TraHatus tripUx
^on/.«^c,min-8^ir. Un Traité,
de Gratta Chnfii , qui n'a point été
impnmé. .
IT.VAK.yiANE,( Matthieu)
frère du précèdent, licencié de la
feculté de Louvain, mort dans cette
villeeni663 à40ans, eut la
confiance de l'archevêque de Ma
Imes. On ne connoît de lui que
( Frohihitio ) des livres de Cafa-^
mu^t, faite par rarchevôquè de Ma-
linesen 1655. L'autre , intitulé -
Jures naturaUs îgncrantia Notitia'
Cet 9uvrage a été traduit en fraa^
T ij
19^ VAR, ;
çois par Nicole , qui y a mis irne
' Préface & des Notes.
VARANANES , Voyi^ I. Pro-
mus.
VARANES, Voye^ II. HOR-
AtlSDAS.
VARCHI , ( Btnoît ) natif de
Tiefole , & mort à Florence le
18 Décembre 1566, à 63 ans, £ut
Un des principaux membres de
l'académie des Inflammatl à Pa-
(doue, où il profeffa la morale.
tome de Médîcls , fon fouverain ,
l'appela auprès de lui \ & les
offres du pape Paul III , qui vou-
loir lut confier l'éducation de fes
neveux , ne purent l'arracher à
fi patrie. " Varchî{ dit Niceron) a
" été un des foutiens de la langue
" italienne -, & îl la parloit avec
" tant de grâce & d'agrément, que
» les Italiens ont dit ; Que fi Jupiter
»' ' eût voulu parler Ita/Un , Il fefcrolt
*' fcrvl de celui de Varchi. Il avoit
a» d'ailleurs l'air grand & la voix
" fî agréable, qu'il charmoit fes au-
>• diteurs , lorfquUl parloit en pu-
» blic, Au refte, c'étoit un ami
>♦ tendre , qui ne poffédoit rien
» dont fes amis ne puffent dif-
* pofer auffi- bien que lui. Sajibé-
" ralité à leur égard l'a mis fou-
" vent à l'étroit , & il n'a pas
' n toujours eu le plaifir de les
" trouver , dans fes temps de be-
» foin , auifî reconnoiffans qu'il
" l'auroit fouh^ité. Seipion Amml-
n rato , Sc' Lorenio Craffo après lui,
.»» ont prétendu que fes bonnes qua-
*» Utés ont été obfcurcies par. de
p grands défauts. La groffiéreté dont
V ils Paccufent, ell avouée par.
»» Rai\Li Pour ce qui eft de l'attache-
\ " ment opiniâtre à {ts opinions, &
» des débauches infâmes quils lui .
»» reprochent , ils ont apparemment
" trop ajouté foi à ce qu'en ont
« dit fés envieux & fes «nnemis./
w On peut du moins y oppofer \e&
» louanges » gue pluûeurs auteurs
VAR
'K lui ont données «. On a de lui it$
Poéfies latines & italiennes ; mais
le plus rare & le plus iii^portant de
fes Ouvrages , eft une Uiftoire des
chofes les plus remarquables arrivées de
fon temps , principalement en ItaBe &
à Florence , Cologne , 1721 , in-fol..
Elle renferme des particularités
curleufes fur la révolution qui
conduiiît Alexandre de Médicls au
trône de Florence , & fur le règne
de ce prince. L'auteur écrit avec
une liberté qui tient de la licence ^
& quoiqu'il eût pris la plume par
ordre de Côme de Médicls , il ne
ménage point cette maifon. Ses
Poéfies f appelées CapltoU , mrent
imprimées avec celles du Bemî ,
du Mauro , & fupprimées à caufe
de leur obfcénité. On réimprima
cependant ce Recueil à Florence
en 1548 & 15; 5 5 ,.en 2 vol. in-8**.
Les Sonnets du Varchi , qui font
très-eftimés , furent imprimés à
part , 155J & i557»auifî en a
vol. in- 8**.
I. VA RE NI US, (Augufte)
théologien- Luthérien , né dans le
duché de Lunebourg en 1620 ,
mort en 1684 , fe rendit habile
dans la langue hébraïque. On le
regarde en Allemagne , /iprès les
Buxtorfs y comme celui de tous les
Proteftaas qui a porté le plus loin
l'étude de la fcieoce de l'hébreu &
àçs accens hébraïques. Il fayoic
par coeur tout le texte hébreu de j
ïaJBible , & il parloit plus facile- ' ,
ment ( dit*on ) cette langue /qua
la tienne propre. On a de lui u»
Commentaire fur Ifaïe , réimprimé à
Leipzig en 1708 , in- 4** , & d'autres
Ouvrages.
H. VARENIUS, (Bernard)
Hollandois , & habile médecin,
dont on a une Defcrlptlon du Japon
& du royaume de Slum , Cambridge »
1673 , in- 8°. Mais il eft plus connu
par îa Géographie qiû a pour titre:
Ceographia Unlverfatls kt qua ^ff^^
V A R
tîoncs générales TellurU explicantur ,
à Cambridge, ^672, in-8°. Son livre
renferme beaucoup de problêmes
géographiques ; il eft cependant
moins utile dans ce qui concerne
la pratique de cette icience. Nswton
la jugea digne d^être tranfportée
«(ans ia langue , & de Torner de
Notes de fa façon , auxquelles Jurîn
ajonta enfuite les ficnnes. C'eft fur
cette Traduction angloife qu'a été
faite, par M. de Pu'fieux , celle que
nous avons en françois , Paris ,
lyyç , en 4 vol. in-ii •, c'eft une
bonne Géographie générale phy-
fique.
VARENNE, ( La ) Voye^
FOUQUET.
VARENNES , ( Jacques-Philippe
de ) licencié de Sorbonne Ôf cha-
pelain du roi , eft auteur du Livre
' intitulé : Les Hommes ^z vol.in-12 ,
dont il y a eu trois ou quatre édi-
tions. On y trouve des vérités bien
exprimées , des moralités foHdes ,
un grand nombre de traits d'efprû ;
mais beaucoup de trivialités & de
lieux communs, ^
VARET, (Alexandre) naquit
à Paris en 16'^ i. Après avoir fait
fes études de ^théologie dans les
écoles de Sorbonne , ik voyagea
en Italie. Dé retour en France , il
s'appliqua à Pétude de l'Ecriture-
Sainte , & à la Icôure de S, Augu/ii/t,
Son mérite le fit choifir par Gon»
drîn , archevêque de Sens , pour
fon grand- vicaire. 11 n'accepta cette
place qu'avec peine , & refufa tous
les béoiiîces que fon illuftre bien*
faiteur voulut lui conférer. Après la
mort de ce prélat , il fe retira dans
la folitude de Port - Royal - des-
Champs, où il mourut en 1676,
à 43 ans. On a de lui : I. Traité
et la f rentière Education des Enfans ,
În-i2. IL Défenfe delà Relation de
la faix de Clément IX ^ 2 vol. III.
Latres fpÎTUuelles , en 3 vol. , pleines
«d'onOion, lY, Péfenje dç la Difil-^
V A R 295
ftine de Sens , fur la Pénitence ptihli"
que , in-8^. V. Préface de la Théà^
logie morale des Jéfiâtes , imprimée à
Mons en 1666 , & celle qui eft au
commencement du i*' vol. de leur
Morale pratique.,. Il ne faut pas le
confondre avec François Varet
fon frère , auteur d'une Traduélion
françoife du Catécbl/me du Concile
de Trente.
VARGAS^ro>'q 11. Perez.
L VARGAS , ( Aîphonfe ) reli-
gieux Auguftin , natif* de Tolède &
dofteur de Paris , fut fait évêque .
d'Ofma , puis de Badajox , & enfin
archevêque de Séville , où il mou-
rut vers l'an 1366. On a de lui
des Commentaires fur le I*^ livre du
Maître des Sentences , qu'il avpit
diôés à Paris en 13 45 ^ Venife,
1490 , in-folio.
IL VA R G A S , ( François )
jurifconfulte Espagnol , pofTéda
plufieurs charges de judicature fous
les règnes de Charles ~ Qiùnt &c de
Philippe IL Envoyé à Bologne en
I y 48 , il protefta , au nom de l'em-
pereur , corifte la tranflation du
concile de Trente en cette ville ;
deux ans après il ailifta à ce con-
cile , en qualité d'ambafl"adeur de
Charles- Quint, Philippe II l'envoya
rélider à Rome , à la place de l'am-
baffadeur. De retour ' en Efpagne ,
'^l fut nommé confeiller d'état. Dé-
trompé des plaifirs du monde &
des efpérances de la cour , il fe
retira au Monaftere de Ciffos , près
de Tolède. On a de lui : L Un
Traité en latin , De la Jurldicilon du
Pape & des Evéques , in-4°. IL Des
heures & des Mémoires concernant
le concile de Trente , que U Vaffor
donna en françois * en 1700 , in-8®. ^
On y trouve plufieurs traits contre
cette fainte aflfemblée , & contre
ceux qui la compofoient. Il mourut
vers 1560. Il ne faut pas le con-
fondre avec un autre jurifconfulte ,•
Jean de V^rgasi l'un des membres
Tiij
19<5 ; V A R
«iéâgurés , que des£aits évldenméiit
faiix , qu'une chronologie renver-
féc , enfin , qu'idées romaneiques.
Il ajoute que ceux qui voudront fe
donner la peine de confronter VUîf'
tolrt des HuiTites , de CoihUc , & la
fienne, n*y trouveront aucune dif-
férence, excepté quelques noms
propres eftropiés , qu'il tronque à
ton ordinaire, & quelques fauffetés ,
iur lefquelies il renchérit pour em-
bellir fon Roman. Lorfque cet
Ouvrage parut , on y trouva des
faufies fdns nombre. Méttage ayant
rencontré l'auteur , lui dit : » Vous
" avez donné une Ji'fioirc des Ht-
» réfics pleines d'héréûes m. On a
encore de lui : La Pratique de Pédw
cation des Princes , ou Vfiiftoire de
GuUlaume de Croy , Paris, 1684.,
în-4°. II. La PoUtiqae de Ferdinand
h Catholique , Paris, 1688 , in-4°.
III. La Politique de la Mai/on £ Au"
triche , in-4** & in- 12. IV. Les
Anecdotes de Florence , in-12. [ Foyci
Yves de Chartres , à la fin., ^]
VarUùîs jivoit tant lu dans fa jçu-
nefle , qu'il affoibiit beaucoup Va
vue. On la lui rétablit à force de
remèdes ; mais il l'avoit fi tendre ,
qu'il ne pouvoit Hre qu'au grand
jour. Ainfi, dès que le foleil bail-
ibit , il fermoit fes livres , & s'a-
bandonnoit à la compofition de
iés Ouvrages. Quelque bonne que
lut fa mémoire, il étoit difficile
qu'elle ne le trompât pas fouvent ;
& c'efi là une de^ raifons qu'on
peut rendre du nombre prodigieux
de fautes qu'il a faites : noms pro-
pres défigurés, faits évidemment'
£iux, chronologie inexaâe.' Il y en
a encore une autre , qui n'eft pas û
aifée à pardonner : c'efi que , plus
attentif à donner de l'agrément à
fes Hiiloires qu'à expofer la véri-
té, il a fouvent avancé des chofes
capables de furprendre le lefteur ;
mais la faufl^té en a été reconnue
depuis* Il a même afCez peu de
1
V A R
benne foî pour citer des Mémoire»
qui n'ont jamais exifié , pour accré-
diter des anecdotes inconnues aux
autres hiftoriens : il difoit , que de
dix chofes qu^il favi^ie , il en avoii
appris neuf dans La converfation, Vk
étoit cependant très - folitaire ; 6c
il fe vamoit d'avoir été 34 ans fans
avoir mangé Aine feule fois hors de
chez luL {
VARIN , Voyc^ WAiTlN. '
VARIUS , poète latin , ami de
Virple &• d'Hcrcce , eut beaucoup
de part à l'amitié de ces deux il*
lufires écrivains , Sceaux bontés de
l'empereur Augujie, II fut l'un des.
gens de lettres que ce prince char-
gea de revoir ï Enéide , en lui dé"^
fendant d'y rien ajouter. Varius ,
qui cultivoit avec fuccès la poéfie ^
épique & dramatique ,. laiila ées \
Tf^gédies qui ne font pas parvenues,
jufqu'à nous. On trouve quelques |
fragmens de fes Poéfies dans le-
Corpus Poëtarum de Mautaire»
l. VARL£T, ( Dominique-^
Marie) né à Paris en 1678, devinjt
doâeur de Sorbonne en 1 706 , & fe
confacra aux miflions étrangères..
II travailla avec zèle pendant fix
ans , en qualité de Miflîonnaire
dans la Louiiiane. Clément XI le
nomma en 17 18 évêque d'Afcalon.^
& coadjuteur de Pidou de Saint'
Olon , évêque de «Babylone , qui *
mourutpeu de temps après. A pein^
fut-il arrivé dans le lieu.de fa de£-
tination , que la cour de Rome ^
mécontente de ce qu'il avoir donné
la Confirmation aux Janfénifles de
Hollande , le fufpendit de tout 1
exercice de fon minifiere. Variet. '
fe voyant inutile en Perfe , fe retira
en Hollande, où il vécut avec le-
petit troupeau des Catholiques dç
ce pays- là , les édifiant & les inf-
triHfant. Il travailla à fe jufiifier
auprès d'Inno^nt XIII i mais,
n'ayant pas pu être écouté , H
appela au futuc concile généraU»
V A R
le îç Février 1723 , de ce déni de
juOice V & de la Bulle Uni^enltus
qui en étoit le prétexte. Dans ces
circonftanCes , le chapitre métropo-
litain d'Utrecht élut un archevêque ;
- & n'ayant pu engager les évêques
voifins à Ic/facrer, il s^&drefla à
l'évêque de Babylqne qui , après
avoir fait toutes les démarches de
bienféance envers le pape & envers
les évêques voifins , facra ce prélat.
. Ce fut encore lui qui impofa les
mains à trois de Tes fucceileurs.
Cette conduite efTuya des cenfures.
FarUi Ce juftifia par deux favantes
Apologies y qui , avec les Pièces judi-
£catives, forment un -gros volume
în-4**. Il mourut à Rhynwick , près
d'Utrecht, le 14 Mai 1742 , regardé
comme un rebelle par les Moli-
niftes , & comme un Chryfofiome^ par
les Janféniiles.
IL VA R LET , ( Jacques ) cha-
sioine' de Saint - Amé de Douay ,
mourut en 1736. On a de lui des
Lutrts fous le nom à\n Ecclefiafiiquc
de Flandres , adreiTées à Languet ,
cvêque de Soiffons.
VAROU , ( Conftaoce) habile
chirurgien & médecin de Bologne ,
où il naquit en 15439 mourut à
Rome à l'âge de 32 ans , médecin
de Grégoire XUl , & profeffeur d'a-
natomie. Quoique mort à la fleur de
fon âge, il s'eft immortalifé parmi
les Anatômiiles par fa découverte
des Nerfs Optiques,
VARREGE, Voyei PoLEM-
BURG. •
I. VARR G N , ( Marcus-Teren^
this ) conful Romain , étoit fils
d'un boucher, & avoit exercé lui-
même cette profeflîon fous, fon
père. Se fentant du talent pour
quelque chofe de plus élevé , il
s'attacha au barreau 6c y réuflit.
Ses fuccès lui frayèrent la carrière
des honneurs. Il obdnt fucceflive*
ment la queflure , les deux édilités ,
la préture , 6c en£s le confulat , l'an
V A R 297
fti6 avant X G. 11 eut pour collègue
Paul Emile. Mais Varron , auffîté--
méraire que fon confrère étoit
prudent , perdit par fa £iute la .
bataille de Cannes comte Annibal ^
l'an 216 avant J. C. Lorfqu'iï
Retourna à Rome , le peuple loi»
de ^ lui demander compte de cette '
défaite , lui rendit des aéHons de
grâces , de ce quiL n avoit pas défef-
péri du falxu de la République après
une fi grande ptrte.
II. VARRO N, (Marcus^Tmn^-
tîus ) né l'an 118 avant J. C. , ftit
lieutenant de Pompée dans la guerre
contre les Pirates, & mérita uno
couronne navale. Moins heureux
en£fpagne, il fut obligé de fe rendre
à Céfar, [ Voye^ III. Calenus. ]
Ce malheur le fit profcrire ; mais
il reparut enfuite. Il mourut l'an
29 avant J. C. Sa vie fut de 90
ans, &il la pafladans les travaux
de l'étude. QuintiTien le met non-
feulement au nombre des meilleurs
poètes- fatiriques , mais il le re-
garde comme le plus doôe des
Romains. Il affure lui-même qu'il
avoit compofé plus de 500 voK
fur différentes matières. S.Aigufiln^
qui fut un des plus ardens admira?
teurs du fa voir de Varron y nous a
confervé le plan de fon'grand Ou-
vrage fur les Antiquités Romaines ,
compofé de xti livres. C'ell de
cet ouvrage que parle Cicéron , en
s'adreflant à Varron même. " Nous
>♦ étions (lui dit- il ) auparavant
>» comme étrangers , & en quelque
" Corte égarés dans notre propre
>» ville. Vos livres nous ont, pour
»» aiiifi dire , ramenés chez nous ,
» en nous faifant connoitre qui
)» nous étions «<. Après le détail
que fait Cicéron des nombreux Ecrits
de Varron , S. Augufiin , plein d'ad-
miration , s'écrie : » Varron a lu
" un fi grand nombre de livres ,
»' qu'on efl étonné comment il a
» pu trouver le temps d'en corn»
1
^9* V A R
•* pofcr lui-même *, & il en a eom-
M pofé néamnoifis un fi grand
•• nombre. qu*à peine conçoit-on
. •» qu'un feul homme en ait pu lire
M autant w. Il étoit difficile que
cam d'ouvrages fuflîent écrits d*un
Ayle élégant & poli. Auffi le même
5. Attguflin remarquet-il qife Gcéron
loue Ftrrcn comme un homme d*un
ef^nt pénétrant , & d'un £avoii; pro«
fond , non comme un homme fort
difert & fort éloquent. Vàrron dédia
fon Traké et U langiu LaiiKe à cet
orateur. Il en compofa un autre de
la Vie RufHque , De re Ruftica , qui
cil fon eftimé. Ces deux derniers
ouvrages font parvenus jufqu'à
nous. Les meilleures éditions ^
premier font de Venife, 1474 ,
sn-folio , rare -, & de Rome » 1 5 57 ,
in «8^, avec les Notes d* Antoine
Auffiftin, Le Traité De rt^Ruftica^
parut à Venife , 1472 9 in-folio» 6c
flvec les autres Auteurs Ruftiques ,
dont l'édition la plus eftimée eft
de Leipzig , 1735 , i vol, in-4".
M. SahouHux de la Bonnetrîe en a
donné une Traduâion françoife»
à Paris « 1771 » in-8^, qui fait le
/econd vol. de VEconomU iurale^
6 vol. in-8°.
in. VARRON , ( U Gaulois ,
Terentîus ) poète latin fous Jules
Céfar , né à Atace fur la rivière
d'Aude dans la province de Nar-
bonne , compofa un Poëme , De
Bello Sequamco, U mit auffi en
vers latins le Poëme des Argonautes
à' Apollonius de Rhodes. On trouve
de lui quelques Fragmens dans le
Cérpus Poctarum.
VARVICK , Foyei Warwick.
I. VA RUS, ( Qùîntilius) pro-
conful Romain , d'une £cimille plus
diftinguée par fes places que par ûi
hoblefTe » fut d'abord gouverneur
de la Syrie , enfuite de la Germanie.
U imagina qu'il pourroit gigner les
Germains par «la douceur & la juf-
tice : il les traita plutôt en magiftrat
. • VAS . ^
équitable , qu'en généra! vigilante
Arminius « chef des Chérufques »
faifit cette occafion de donner la
liberté à fa patrie. Il tomba inopt-
némeht fur les troupes Romaines »
les défit complètement : trois lé-
gions entières , quelque cavalerie,
& &S. cohortes furent taillées en
f>ieces , Tan 9 de J. C. V^rut blefiTé «
ne voulut pas furv ivre à fa dé£a[ice »
& fe perça de fon épée. Le peu de
Soldats qui tomlserent au pouvoir
é*Amùnîttf périrent par le dernier
Supplice. Aupi/le , cruellement affligée
4f ce malheur , laiila croître pen-
dant plufieurs mois fa barbe & fes.
cheveux *, & dans les tranfports de
fa douleur^ il cria plus d*une fois
en fe frappant la tête : Varus ^
rends moi mes Légions,^, Varus ^ né
^vec un caraâere doux & im teia-
pérament indolent , étoit plus pro-
pre au repos d'un camp , qu'aux
£uigttes de la guerre. Il aimoit l'ar-
gent ; il entra pauvre dans le gou«
vernement de la Syrie , & en fortît
riche. Il gouverna d'ailleurs avec
iagefie. 11 eft difterent d'un autre
Qmnt. Vakvs , qui remporta une
viûoire fignalée fur Magop. , firere
é*Attmhal^ l'an 203 avant J. C
IL VARUS , ( Alfenus ) étoit
d'abord cordonnier à Crémone»
Dégoûté de ton métier , il alla t
Rome , & fe mit à l'école de Servuti
Severua, célèbre jurifconfulte. Il y
fit en peu de temps de ^ grands
progrès dans, le Droit, qu'il mérita •
d*êti« élevé aux plus grandes di^
gnités de la République , (ans ex-
cepterle confulat. C'étoit un infime
ami de Virgile , qui le chante dans
fa neuvième Eglogue fous le nom
de Varus, Il rétoit auffi de Catulle^
VASARI , (^Geotges) peintre, né
à Arezzo en Tofcane , l'an x pi »
mort à Florence en 1^74 , ne s'eft
fait qu'une réputation médic^re
dans la peinture.. 11 n'avoit aucun
goût décidé > la néceffité fut ^
IP— J
VAS ,
^ttcîpal motif qui l'engagea dans
l'escercice de ce bel art. Cependant
(on affiduité au travail , les avis
f d'André dd Sorte & de Mlchei-Ànge ,
fous qui il étudia, &rétud^ quU
fit d'après les pl^s beaux morceaux
antiques , lui donnèrent de la focilité
& du goût pour ledeffin; mais il
a trop négligé la partie du coloris.
Il entendoit fur- tout les omemens ^
& il avoir du talent pour i'architec-
I ture. La maifoa* de Miàicîs Pem-
I ploya long-temps , & lui procura
une fortune honnête. Ce peintre
avoit plufieurs bonnes qualités qui
le faifoient rechercher. Sa mémoire
étoit û heureufe , qu'à l'âge de 9 ans
il favoit par cœur toute V Enéide de
VirgîU, On a de lui les Vies des
meilleurs Peintres , Sculpteurs & Ar-
duiecUs Italiens , à Florence » 1568 ,
3 voL in-4® ; & Rome, 1759 ,
même format & même nombre de
I volumes. Elles font écrites en ita«
lien , avec âffez de politefTe *, mais
I l'auteur n'eft pas exaft j il a fait pltlr
I £eursméprifes. Comme il écrivoit
[ dans un ten^s , où pluiîeurs pein-
tres dont il parle , étoient encore
vivans , il a plus penfé à les louer ^
qu'à faire connoître leur véritable
mérite. Il affeâe d'élever toujours
ceux de ion pays & de les préférer
aux étrangers , fuivant la coutume
des Ultramontains. M.Bouari^ qui
a dirigé l'édition de Rome, y a
ajouté beaucoup du ûen , & a cor-
rigé pluiîeurs inexactitudes de Va^
fari. Le Traité de Peinture , publié à
Florence en 1Ô19, in- 4^ » eu de
Georges F!>/^a7,neveu du précédent,
quoique plus d'un bibliographe l'ait
attribué à l'oncle.
VASCONCELLOS, (Michel)
Portugais, fecrétaire- d'état auprès
de la vice-reine de Portugal » iilar-
pieriu de Savoy e , duchefîe de Man-
toue, étoit un miniftre abiblu &
indépendant. Il recevoit direâe-
meot les ordres du comte-duc d'Oïl"
VAS 199
varh » premier miniftre de PAi-
lippe IV roi d'ETpagne , dont il
étoit créatur^. C'^toit un homme
né avec beaucoup de génie pour
les afi^ires , d*un travail inconce^
vable^ fécond à inventer de nou-
velles manières de tirer de l'argent-
du peuple; au refte , impitoyable ,
inflexible & dur iuf<ju 'à- la cruauté;
fans parens , fans amis âc fans
égards; infeniiblemêne auxplaiiirs,
& incapable d'êt«e touché par au*^
eun mouvement de tendrdle. La
conrpiration des principaux fei*
gneurs de Portugal , pour mettre le
duc de Bragance fur le trône , ter-
mina fon bonheur & fa vie. X^'
jour de l'exécution de ce deiTein fut
fixé au 1^*^ Décembre de l'an 1640.
Les conjurés s'étantfaifis dii palais ,
entrèrent dans la chambre de Faf-
coneellos. Ils le trouvèrent dans une
armoire ménagée dans l'épaiâeur de
la mitraille 4 couvert de papiers. Ce
malheureux ayant été percé de
pluiieurs coups^ epée » les con-
jurés le jetèrent par la fenêtre , ea
criant ; Le Tyran eft. mort ! Vive U
Lihcrtéy & Dont Juan,/2oi de Portuptl l
VASCOSAN, ( Michel de ) im-
primeur de Paris , né à Amiens^
^oufa une des filles de Badius^
de devint ainfî allié de Robert
Etienne , qui avoit époufé r>autre«.
Vafçofan pafle, avec raifon, pour
l'un des premiers maîtres de ion
art. Prei^ue tous les livres qui font
fortis de fa prefTe , font eftimés ^
non -feulement pour- la beauté du *
caraâere, la boâté du papier, la
grandeur des marges > l'âcadHtude
de l'iiQpreffîon , mais auffi parce
qu'ils ont été compofés par de
favans hommes. Les curieux re«>
cherchent particulièrement les Vies ,
dts Hommes Illuftrcs ^ & les (Euvras
morales de Plutarque^ traduites du
greCf par Amyot , que cet imprimeur
donnai au public eu 1567, en i^
vol. in-$\
300 VAS
VASQUEZ, ( Luc ) Vo^. ArtOK.
VASQUEZGAMA, Voy,
Gama.
^ VASQUEZ, (Gabriel) Jéfuitc
Efpagnol , enr«(gna la théologie à
. Alcala avec réputation , ' & y ter-
mina fa carrière le 23 Septembre
1604. Ses Ouvrages ont été im-
primés à Lyon en 1610, en 10
tomes in-fol. .Ses confrères l'ont
appelé It Saint Augufiia de l'Efpa-
gic; mais les favans ont jugé que
ce Saint Auguftîn ne valoit pas celui
de l'Afrique. Ses gros livres font
pleins de propoiîtions pernicieufes.
Il y enfeignc que le Pape , comme
^uverain juge de la Foi , peut dé-
pofer nn Roi qui eft tombé en £iute
ou dans l'erreur , le priver de fcs
Etats , les donner à un autre, & l'en
mettre en poiTeffion , s'il eil befoin,
par la force des armes. Il foutient
aufli que lés Eccléiiafiiques ne foiu
pas fujets du roi. .
VASSÉ, ( Antoine-François de)
fculpteur du roi , membre de l'aca-
démie royale de Pemture & de Scul-
;pture de Paris , étoit né à Toulon ,
& mourut à Paris en 1736, âgé de
5 3 ans. Il a décoré plufieurs Eglifes
par fes Ouvrages , dont on peut
voir le détail dans le Mercure de
France^ 1736.
VASSÉE, ( Jean ) Vajfeus , de
Bruges , mort à Salamanque en
1 560 , eft auteur d'une Hlftoire d*Ef-
pagne , en latin , Salamanque , 1 5 5 1 ,
in-fol. , qui a très- peu de lefteurs.
On la trouve aufli dans VHifpanîa
Uluflrata du P. Schott,
VASSpR , (Michel le ) né à
Orléans , entra dans la Congréga-
tion de l'Oratoire, où il fe diftin-
gua par fon favoir & par la iin-
gularité de Ton caraâere. Ses opi-
nions lui ayant attiré quelques défa-
grémens,il quitta cette Congréga-
tion en 1690 , Te retira en Hol-
lande Tan 1^95 »puis en Angleterre,
où il embraâa la communion An-
VAS
glîcane , & obtint une pènfîon du
prince d* Orange , à la foliicitation
de Bumet , évêque de Salisbury. Cet
apoftat mourut en 1718 , âgé de
plus de 70 ans. Il avoit été mé-
priré pendant fa vie , & il fut peu
regretté après, fa mort. On a de
lui un Tra'tédcla manicre d'examtjKr
les dlfftrcns de Religion . in-i2. Mais
il cft principalement connu par une
HîJloUe de Louis XIIJ , pleine de
faits iinguliers & d anecdotes cu<
rieufes, qui parut en ao vol. in-iof,
depuis 1710 jufqu'en 1721 , à Amf-
"terdam. On l'a réimprimée en 1756,
en 7 vol. m- 4°, L'auteur étoit chez
Mi lord Portlarid , Jorfqu'il en com-
pofa le premier volume. Avant que
de le publier , il le communiqua à
Jacques Bafnagh , fon âmi , qui Iw
confeilla de ne point faire paroîtrc
cet Ouvrage, qui eft plutôt une
fatire violente contre les vivans &
les morts, qu'une hiftoire; & qui
cft d'ailleurs extrêmement diffus,
pefant & plein de maximes dan-
géreufes. Le Faffor mcpriCa cet avis*,
& publia fon livre. Mûord Port/and.
indigné , lé chafta de fa maifon , &
Bajnage rompit entièrement avec
lui. Ainfi , pour un mauvais Ou*
vrage, il perdit fa fortune, fes pro*-
teneurs & fes amis. Bayle difoic
qu*// aurait mieux fait de refUr où U
étoit. 'Les Produôions qu'il avoit*»
enfantées étant Catholique, font:
Un T. aité de 'la véritable Religion »
Paris, 1688 , in-4°, dans lequel on
trouve quelques opinions fingu-
îieres ; & des Paraphrafes fur Salni
Matthieu ^ fur Saint Jean , fur les
Epîtres de Saint PauU On lui doit
aufti une JraduHlon en françois;,
avec des Remarques , des Lettres &
des Mémoires , de T^argas , et Mat"
venda & de quelques évêques d'Ef-
pagne , touchant le concile de
Trente , in- 8**.
VASSOULT , ( Jean-BaptifteJ
aumônier de Mad^ la Dauphine, né
VAS
^ Village de Bagnolet près Pans ,
fe diÛingua par fon ra\v>ir & fa
piété. Il mourut à VerfaiUes en
1745 > âgé de 78 ans. On a de lui
une Traduction de l'Apologétique
de Tertullltn , imprimée in -4"* &
in - 12. Elle eft e^lmée pour fa
fidélité.
VAST, ( S.J) Voyei Wast.
VASTHÏ , femme d^Ajfuerus , roi
de Perfe , le même que Darius , fils
é'HyJiafpes, Ce prince ayant fait à
tout fon peuple un grand feftin
pendant fept jours, ordonna dans
la chaleur du vin , de faire venir
devant lui Ja reine Vajihi avec le
diadème fur la tête pour faire voir
fa rare beauté à tous les convives.
Mais la reine croyant qu'il n'étoit ,
xù de fa dignité , ni de fa modeftie
ifi fe donner en fpediacle fur la
fin du repas à une multitude pro-
digieufe de gens , dont plulieurs
avoient la tête échauffée par le vin ,
refufa d'obéir. AJfuems irrité la ré-
pudia pour époufer Eflher. Il eft
difficile de déterminer par l'hiftoire
profane, quelle étoit cette Fajihi.
Les uns veulent que ce fok la même
que Athoffc , fille de Cyrus , qui.
épouià à'^hovàCamhyfc fon" propre
firere , puis le Mage , & enfuite Da-
fins. D'autres Croient que Vafthi
étoit la propre fœur d*Aj[fueriis. Mais
on ne trouve rien qui puiffe tavo-
rifer Tune ou Tautre conjefhire.
VATABLE ou plutôt A^ate-
BLED ou Gastebled , (François)
profeffeur en langue hébraïque ,
çtoit natif , non pas d'Amiens,
comme l'a cru le préfidentif^ Thou,
ipais d'une petite ville de Picardie
nommée Gamraache. François I le
fit, en 1530 ou 15 31, profefleur
en hébreu au collège royal qu'il
yenoit d'établir. Il avoit une fi
grande connoiffance de cette lan-
gue , que les Juifs même afliftoient
ibuvent à {os leçons publiques. Le
gxec n'étoit pas moins familisr à
V A T foi
VatahU, Il s'adonna à l'étude de
l'Ecriture-fainte , & l'expliqua avec
beaucoup de fuccès. Robert Etienne
ayant recueilli les Notes qu'il avoit
faites fur l'Ecriture dans fes leçons
publiques , les imprima l'an 1545 ^
dans fon Edition de la Bible de Léon
de Juda\ en 2 vol. in-8^ i mais ces
Notes ayant été altérées, comme
on le croit, par cet imprimeur «^
elles furent condamnées par la fa-
culté de théologie de Paris. Les
doâ:eurs de Sala manque leur fu-
rent plus favdtables , & les firent
imprimer en Efpagne avec appro-
bation. Robert Etienne les défendit
contre Jes théologiens de Paris, >
qui ne les avoient cenfurées qu'à
caufë de l'endroit d'où elles for-
t oient. Il eft certain que , malgré
leurs anathêmes, les Explications
de Valable ont été très - eftimées ;
elles font claires , précifes & natu-
relles. La dernière édition eft de
'1729 , 2 vol. in- fol. On la doit
aux foins de Michel Henry , pro-
fefiTeur d'hébreu au collège royal.
Cet illuftre favant mourut en 1547 ,
laiffant vacante l'abbaye de Bel le -
zane , qui fut donnée au célèbre
Amyot, Sa piété égaloit fon érudi-
tion. On a encore de lui une Trc*
duHlon latine de quelques livres
d'Ariftote^ qu'on trouve dans l'édi-
tion de ce philofophe donnée par
puval. Ce fut Vatahli qui confeilla
à Marot de traduire les Pfeaumes
en vers. Il l'aida même dans ce
travail , qui ne fait guère d'hon-
neur aujourd'hui iii à l'un 'ni à
l'autre. Vatahle laifia deux difcipics
fameux, Jean de Saûgnac gentil-
homme de Périgord , & Jean^ Mercier
d'Ufez. Voyei GUALTERUS.
VATACE , Voy, Jean Duc as,
n.^ II.
VATEAU, FoyeiWATTEAV.
VA TER, (Abraham) né en
1684, devint par fon mérité prc-
fefTeur d'anatomie, de botanique.
1
30Ï V A T
& de médecine à '^iRëmberg, fa.
patrie. Il avoit voyagé en Allema-
gne , en Angleterre ôc en Hollande »
où le célèbre Ruyfch , profeâfeur à
Amflerdam, lui donna des inftruc-
tions particulières fur Tanatomie.
Il lui apprit fur<4out Tart de ces
belles injeâions , qui étoit fon
grand talent. Kc£«r profita û bien
As leçons de Ruyfch^ qu'après avoir
été (on diftiple , il devint fon
émule. Cet habile homme mourut
dans fa patrie en 17^ , membre de
l'académie des Curieux de la. Nature ,
de la Société royale de Londres &
de celle de Pruffe. On a de lui plu-
fieurs Ouvrages eftimables. Il a
laiflë des Préparations anatomiques,
qui ne cèdent en rien à celles de
R»yfih^ & qui compofent un ca-
binet magnifique. On en a donné
)a defcription fous ce titre : Va»
ttrî Muféeum Anatomlcum proprtum^
VATTEyiLLE,(rabbéde)
d'une famille illuftre deBerne\ dont
une branche s'établit en Franche-
Comté du temps de la réformation,
fbt d'abord colonel du Régiment de
Bourgogne , pour le roi d'Efpagne
PhinppeJV, & fe diftingua par plu-
fieurs aâions d'éclat. Un pafTe-droit
qu'on lui fit, l'obligea de prendre
l'habit de Chartreux. Mécontent
bientôt dé fon npuvel état, il s'évada
de fon monaftere , après avoir tué
le prieur. Il eut enfuite diverfes
aventures , & finit par fe retirer dans
les Etats du grand-feigneur, où il
prît le mrban. Etant entré dans le
fervice , il q^iontra fa valeur dans
quelques occafions , devint bâcha ,
& obtint le gouvernement de quel-
ques places dans laMorée, pendant
la guerre de la république de Ve-
nife contre la Porte Ottomane. Cette
circonihnce lui fît naître l'idée de
rentrer dans fa patrie. Il négocia
fecrétement avec les Vénitiens qui
obtinrent de Rome Tabfolucion de
V A T .
fon apoflafie « fa fécularifatioil Et
un bénéfi ce conddér^le en Franche*
Comté. Ce fut à ces conditions qu'il
leur livra les ^places dont il étoit le
maître. De recour dans fa province ,
au moment- où Louis XI F cher-
àkoit à l'envahie , il fervit afiefl
utilement la France , pour obtenu*
deux riches abbayes & le hauc
doyenné du chapitre dé Befançon*
Il y vivoit en grand feigneur , ayant
un équipage de chafle , une table
fomptueufe , craint & refpeûé , da
moins à l'extérieur. U mourut en
1710, âgé de plus de 90 ans. ?</■*
iîjjon le peint ainii dans fon Hif-
toire de la Conquête de U Franche*
Comté en 1668 : ^ Un tempérament
" froid & paidble en apparence «
» ardent & violent en effet ; beau-
»♦ coup d'efprit, de vivacité, d'ira-
» pétuoiité au dedans ; beaucoup
" de diffimulation & de retenue au
** dehors; des flanunes couvertes
" de neige & de glaces 1 un grand
»• filence , ou un torrent de pa-
" rôles propres à perfuaderv ren-»
» ferm.é en lui-même » mais commet
>» pour en fortir au befoin avec
M plus de force *, le tout exercé par
M une vie pleine d'agitations & de
»» tempêtes propres à donner plus
>» de fermeté & de fouplelTe à l'ef-
«« prit «. Le baron de VattevWe^.
qui fut arabaffadeur à Londres «
étoit fon frère ; c'étoit un homme;
adroit & habile -, rtiais fa vie ner
fut pas agitée comme celle dit
doyen de Befançon , dont il avoit
lé génie « fans en avoir Tempor*
tement.
VATTEVILLE, VoyeiUoTUT^
CHaESTIEK.
VATTIER K ( Pierre. ) naquit i
Lifieux dans le dernier fiecle , fefit
médecin , devint confeiller de G^p^
ton duc d'Orléans , & abandoans
la médecine poyr cultiver la lan*
gue arabe. Nous lui devons use
iTraduâion fraBçoife du Ttmur^^
j
VAU
taie ées Calîfis Mahoinétàns à'ÊU
mac:nus. Cette Verûon parut à paris
fea 1^57.
V A U , ( Loiûs le ) architeae
François, mort à Paris en 1670 ,
âgé de 58 ans , apportoit au tra«
vair une adiduité & un génie aâif,
qui lui furent entreprendre & ei^é-
curer de grandes chofes. Il remplit
avec diilinf^ion la place de premier
architeae du roi. Ce fut fur fes
Dcflins qu'on éle^a une partie dfs
Tuileries , la porte de l'entrée du
Louvre, & les deux grands corps
de bâtimens qui font du coté du
Parc de Vincennes. Il donna' les
plans de l'Hôtel de Colben , de
l'Hôtel de Donne ^ du Château de
Vau-le- Vicomte, & les deffins du
Collège des Quatre- Nations , exé-
cutés par Dorbay , fon élevé , &c.
VAVASSEUR, Voyei Masse-
ville.
VAVASSEUR, (François) Jé-
fuite, né en 1605 , à Paray, dans
le diocefe d*Autun> devint inter-
prète de l'Ecriture - fainte dans le
collège des Jéfuites à Paris , où il
finit Ces jours le 14 Décembre
1681, à 76 ans, avec la réputa-
tion d'un religieux plein d'une piété
folide & fans grimace, he P. Fa-
yaffcur , plein de la leâure des ai^
teurs du ficelé ^Aupilh , s^eil prin-
cipalement diftingué fur le ParnaiTe
latin**, mais il eft plus recomman-
ëabie par l'élégance & la pureté
dp .ftyle , que par la vivacité des
images 9l l'élévation des penfées»
Le Bere lM€as , fon confrère , pt»*
blia le Recueil de fes Poéfies,
1683 , in-S**. On /'trouve : I. Le
Poème héroïque de Job, II. Plu-
fieurs P^éfies faintes, III. Le Theur"
j^eon , en iv livres , ou les Mha-
cUs ât hfus'Chrift. IV. Un à^EUgîes.
V. Un autre de FUces Epiques^
VI. Trois livres à*Eplgirammes , dont
piufieurs manquent de fel. Ce qui
rend iès £pîg;ramn»es fades.» ç*^
V A u ~ 3oy
(lu^étlés roulent fur des louanges ^
& la fatire eft plus propre pour
1 Epigramme. Elle plait fur - tout
davantage au ledbur malin. Les.
bons critiques reprochent à fes au«
très Poéfies une exa£^itude trop
f:rupuleufe, qui eil plus d'^n gram*
mairien que d'un poëte. Ses vers
fentent quelquefois la contrainte.
Ses autres Ouvrages ont été recueil* .
lis à Amfterdam , 1705 , in-fol. Ils
renferment : I. Un Commentaire fur
Job. II. Une Dijfenatlon fur la
beauté deJefus-ÇhriJi , où l'on trouve
quelques puérilités : il prétend que
1. C. tenoit un milieu entre la lui*
deur & la beauté. III. Un Traité
De ludicra dîàîone , ou Du fty le Bur*
lefque, contre lequel il s'éleva avec
force, il y montre qu'aucun auteur ,
ni grec « ni latin , ne s'eft fervi de
ce ftyle. Il paffe en revue tous
les écrivains anciens dont les Ou*
vrages font femés de plaifanteries^
ôc il en ^ge avec beaucoup de fa-»
gacité. IV. Un Traité de Vfylgram^
me , qui offre quelques boiuiès ré*
flexions. V. Une Critique de la Pod-^
iique du P. Rapî/i^ pleine d'humeur
& même de mauvaife foi. Elle eft
en françois , & ce langage^à ne lui
étoit pas audl familier que le latin :
autant celui-ci efi pu^ & élégant »
autant l'autre eft défagréable. ^
VAUBAN, royei Prestre.
VAUCANSON , ( N... de ) da
Tacadémie des ScieiKes de Paris »
mort le 21 Novembre 1782, étoit
né à Grenoble en 1709. Le hafard
développa fon talent pour la mé-
canique. Ayant été enfermé encore
enfant dans une chambre , il fe mie
à examiner la Pendule avec tant
d'attention , qu'il parvint à en con*
cçvoir le mé^t^ljne. Dès- lors il
s^exerça à faire de 'petites machines ,
qui toutes fuppofoient du génie^
Mais ce qui fonda fa réputation en
ce genre, fut fon Flûteur. Cet auto*
maus loirQdttit réellemou diaas i^
^
iô4 V A U
flûce un fouffle que lemouveitieàt «les
doigts modifie aveciuftefTe, & il exé«
cute dix airs avec précifîon. Ceft en
1738, que l'auteur parut à Paris,
a^rec cet étonnant androïde, dont
* il donna^la defcription dans un Mé-
iftoire imprimé & approuvé avec
éloge par l'académie des Sciences.
Si ce Mémoire, au lieu d'être Tcx-
pofition d'une machine exécutée,
avoit été le projet d'une machine
à faire , combien de gens ne l'au-
roient - ils pas traitée de chimère !
Vaucanfon , animé par les éloges
encourageans du public , expofa en
1741 d'aubes automates qui ne
forent pas moins applaudis, i.^ Un
Caaai^d qui prend le grain , le digère
& le rend. 2.** Un Joueur de Tarn-
hourln , habillé en berger danfeur ,>
qui joue une vingtaine d'airs ,
menuets, rigodons ou contre-danfes.
L'habile mécanicien nefe borna pas
à des automates -, il dirigea fes talens
vers l'utilité publique. Il conftruif^t
des Moulins pour U Soie , qui , en
amplifiant la main-d'œuvre , don-
nent aux organfîns une préparation
plus par&ite & beaucoup, moins
dirpendieufe. Il perfeâionna aufG
les Tours à tirer la fmt » & inventa
un Métier fur lequel un enfant pou-
voit faire les plus belles étoffes
connues. Mais quelques-unes de îes
inventions économiques & ingé-
nieufes furent rejetées par TeTprit
de routine , & car la crainte de
rendre inutiles une foule de bras*
L'auteur de tant d'ouvrages curieux
& intéreffans , ajoutoit au don d'in-
vention , un caraâere doux « une
ame fenfible , & une fimplicité de
moeurs qui lui ont mérité les regrets
de fa famille & de fes amis. Il fut
bon maître, bon pei»s bon citoyen.
En 1740» il fut Ippelé par le roi
de Pruffe *, mais il refufa les offres
que lui faifoit ce prince , juge éclairé
du mérite. Peu de temps après , le
cardinal de Fleuri lui confia Tinf-
V A u ^
peâlon des manu^Ûure$ de foîé;
l'une des branches les plus impor*
tantes de notre commerce. Vau»
canfon , attaqué dans fes dernières
années d'une maladie douloi^eufe,
confefVa toute fonaûivité. Il s'oc-
cupoit encore peu de jours ayant
fa mort , d'une machine pour corn-
pofer une chaîne fans fin. Prejfei"
vous , difoit-il aux ouvriers , je ne
vivrai peut-êtn pas ajfeipour expliquer
mon idée en entier,
VAUCEL , ( Louis-Paul du ) fils
d'un confeiller d'£vreux , avoit
été avocat avant que d'embrafier
l'état eccléfiaftique. Ses connoif-
fances dans les langues , 4ans le
droit & dans les affaires , lui firent
un nom. Pavillon , évêque d'A.leth,
voulut l'avoir auprès de lui en qua-
lité de chanoine & de théologal de
fa cathédrale. VaucelÎMt d'un grand
fecours à ce prélat , & lui fervit
comme/ de fecrétaire ; mais tandis
qu'il l'aidoit dans fes dépêches &
dans les Mémoires touchant l'affaire
de la Régale, il reçut une lettre de
cachet qui le reléguoit à Saint-
Pourçain , dans l'extrémité de l'Au-
vergne. Après quatre années de
captivité , il paÎTa en Hollande ,
l'an 1681 , auprès à'Amauld , qui
l'envoya à Rome , où il fut fort-
utile à ce.doâeur & à fes amis.
Le pape le chargea, en 1694 , des
affaires de la Miffion de Hollande.
Du Vaucel quitta Rome après y
avoir demeuré près de duc ans.
Il parcourut la plupart des villes
d'Italie, & alla mourir à MaflJcht
le 22 Juillet 1715. On a de lui :
I. Un Tràké de la Régale , qu'il en-
voya à Favoriti , qui le fit traduire
en italien , puis en latin , fous ce
titre : TraHatus pneraUs de RegaHâ ,
è gallico latine reddùus , aucHor &
emendatior , 1689 , in-4''. II. Brèves
Confideratîones in doclrinam Micha'èSs
de Molînos , in- 12. 111. PlufieufS
Lettres , Mémoires , &c. fous le noiB
de
I
r
V AU
it VuyUîon , évêque d'AIeth , dans
le temps qu'il fervoit de fecrétaire
à ce prélat. IV, Plufieurs Ecrits
fous des noms Aipporés , dans des
ilecueils d'autres auteurs , &c.
VAUDEM O N T, (Antoine )
Voyei I. Guise -, & KEnt^i/iulo.
VAUGE^( Gilles ) prêtre
de l'Oratoire , natif de Bcric au
diocefc de Vannes , enfeigna les
humanités & la rhétorique avec
dlAindbion , puis la théologie au
féminaire de Grenoble. Le cardinal
le Camus , évêque de cette villes
& Mont' Martin Ton fuccefTeur ,
firent un cas particulier de fes
lumières & de fes vertus. Le Perc
y'aug^ , accablé par le travail & les
années , fe retira en la maifon de
l'Oratoire de Lyon, où il mourut
danspn âgé avancé, en 1739. Ses
Ouvrages font : l. Le Catéchljme de
CrtnohU, I L Le DinHatr des Ames
Fcnucntes ^ 2 vol. in-ii. llL Deux
Dialogues fur les affaires du temps.
IV. Un Traité dt tEfpérànce Chré-
ilermt , contre Tefpric de pufiUani-
inité & de devance , & contre la
crainte exceffive, in-ii. Cet ou*
vrage , profond & folide , a été tra-
duit en italien par Louis Rlccoboni,
VAUGELÀS, Voy, /j. Favre.
VAUGIMOIS , ( Claude Fyot
ide ) fupérieur du féminaire de
Saint- Irenée de Lyon « de la fociété
littéraire-militaire, mort en 1759 ,
ëtoit d'une bonne famille de Bour-
gogne. On a de lui quelques Ou"
vrages député^ qui ont affez'dc cours*
Cétoit un homme d'un caraâere
doux & d'une piété folide.
VAUPLAISANT, Ky, Dupré ,
11° I. %
VAUMORIEUE , ( Pierre
bortigue , lieur de ) -gentilhomme
d'Apt en Provence , vint à Paris ,
où fon efprit lui mérita la place de
fous-direfteur d'une académie , ou
plutôt d'un tripot littéraire formé
par l'abbé d'AubJgnac, Il mourut
Tome JX,
V A 1/ 30^
^1^9) » fort pauvre. Sa probité ^
fa politeffe & fon enjouement lui
firent plus de partifans que fea
livres. Mademoiselle de Scudérl ert
à fait un portait qui Teflemble un
peu à celui des héros de {ts Ro* '
mans. »» Sa moindre qualité < Axu
'* elle y étoit fon bel efprit, H
w brilloit par-tout -, mais il étoit
»* encore plus honnête homme,
" qu'il n'étoit homme de lettres*
»* 11 avoit lefprit vif, les fentimens
" naturels & nobles , les idées
'» juAes&diftinaes,iesexpreffions
'♦ gaies & hardies , les manières
» douces & engageantes , le cœur
" au-deflus de fon pouvoir & de
'♦' fon état. Généreux , empreffé*
»» noble , prévenant , ûe connoif-
<♦ fant d'autre intérêt que celui de
" fes artiis , & d'autre plaifir que
»♦ celui d'en faire < il n'avoit rien
" à lui-, tous ceux qui le connoif-
" fôient , étoicnt plus maîtres de
» fon bien que lui-même. Il difoif
" toujours , que t argent & U ccturne
»♦ font bons que lorfqu^on les donne -j
»♦ à quoi il ajoutoit , que c'était uti
» moindre mal d^itre dupe , que de
'» craindre toujours d!ttre dupé,,. Dans
" un âge fort avancé, il confervoit
" tout le feu d'une belle jeuneffe;
" il étoit enjoué & galant dans les
>• ruelles , modefte avec les gens
" d'efprit , réjouiffant & folide
»» avec les jeunes gens. Toujours
« doux , toujours poli , toujours
" agréable en toutes fortes de
»♦ fociété* , il portoit la joie & le
»» plaifir avec lui. Sa feule préfence
'* avoit l'art de réveiller une con-
M verfadorl affoupie «. On a de lui ;
L VArt de plaire dans la Converfatîon
în-i2 , affez bon. II. Un Recueil
affez mal choifi , en 4 vol. in»i2
de Karanguis fur toutes fortes dcfujctf
avec VArt de les compofer, \\\, JJ^
Recueil de Lettres , avec la Manlsre
de Us écrire^ 2 vol. in-12. IV. Ua
grand nombre de Romans , verbeux
V
«ÎW
joô Vax;
& fans vrairemblance. Le Grand
Scipîon , 4 vol. in - 8® i les cinq
derniers volumes du Pharamond ,
qui en a Ii in-8°. Diane de France ^
in- II. La Galanterie des Anciens ,
2 vol. in-Il. Adélaïde de Champagne ,
a vol. in- II. Agiatis, i vol. in- il.
Ce rival du fécond Scudérl , dont il
ctoit Tadmiraceur & l'ami , n'a pas
autant de réputation que lui. Il
âvpit deiTein de mettre THifloire
de France en dialogues , & de faire
parler chaque perfonnage fuivant
#on cara€^ere \ mais pour un tel
projet , il £illoit un écrivain moins
flsédiocre que Vaumorîere,
VAUQUELIN , Voye^ Fres-
MAYE (la), 6» IVETEAUX.
VAUQUER , ( Robert ) de Bloia,
célèbre peintre en émail ^ mort en
1670 , eut peu de rivaux , par l'ex-
cellence de fon deflîn & la beauté
des couleurs qu'il employa dans fes
Ouvrages.
VAUVENARGUES ,. ( le Mar-
quis de) d'une famille noble de
Provence , fervit de bonne heure ,
& fiit long -temps capitaine au
Régiment du Roi. La retraite de
Prague, pendant trente lieues de
glaces , lui caufa des Maladies
cruelles , qui lui firent perdre la
vue ) ta lui cauferem la mort en
1747 ou 1748. Dès rage de 1^
ans , il poitcdoit la vraie philo-
lophie & la vraie éloquence , fans
autre étude que le fecours de quel-
ques bons livresi Nous avons de
lui une JntroduBîon à la connoijfance
de r Ef prit humain ^fidvte de réflexions
. & de maximes : ouvrage qui vit le
jour en 1746 , in-ii , a Paris. La
folidité & la profondeur font le
caraûere de ce livre. 11 eft plein
d'excellentes chofes , à quelques
réflexions près qui tiennent du
paradoxe , ou qui , mal-entendues ,
pourroient ctre contraires à la re-
ligion.
VAUX» Foyei Devawx..
V E C
, VAUX-CERNAY, (Pierre de)
religieux de l'Ordre de Citeaux ^
dans l'abbaye de Faux-Cemay , près^
de Chevreufe, écrivit, vers l'aa
1216', VHificire des AlhlgeoLs, Nicolas
Camu/at , chanoine de Troyes *
donna une bonne éditio&en 161^ ^
de cet ouvrage, ^i ne donne pas
une grande idée de l'hiilorien. U
peut cependant être utile pour le*
cvénemens du xni* fiede.
VAUZELLE , ( Pierre ) Kyei
Honoré de Sainte-Marie , n*^ III.
VAYER; Koy. Mothe-Vaye»,
VAYRAC, ( l'Abbé de ) né Cft
Auvergne, eft auteur d'une bonne
Traduâion des Mémoires du car-
dinal Bentlvoglio , & d'une Defcrip*
tion de VEtat pré/ent de L^Efpapie , >
Amflerdam, 1719, 4 vol. in-ii :
ouvrage exaâ, où il prouve que
ce que madame d*Aunoy a écrit fur
l'Efpagne , eft trop mêlé de fables r
de railleries piquantes pour tourner
les Efpagnols en ridicule. Peu d*au-
teurs françois ont parlé de Tlnqui-
fition d'après des informations aufir
sûres & aufti impartiales ^ l'abbé
de Vayrac,
VECCHIETTI , ( Jérôme) favani^
Florentin du xv il* ùtd^ , embrafib
l'état eccléiiaftique , étudia la théo^
logie avec 1u*deur , £c en prit le»
degrés *, la chronologie roccu^a*
'enfuite. 11 eft principalement conmi»
dans la république des lettres par
un Livre dont voici le titre : OpàP
de anno primitive , in-folio. Cet.
ouvrage rare & plein de recherches
favantes, fut imprimé à Ausboui^
en 161 1 : il eft divifé en huit livrée*
L'auteur tâche d'accorder la Chro-
nologie Sainte avec la Période Ju«
Henné. Il mourut à l'âge de 80 ans»
dans les prifbns de l'Inquifttion ,
pour n'avoir pas voulu fe rétraâer
de ce qu'il avoit avancé dans {cm
Ouvrage , que Jcfus-Chrifi ne fit pat
la Pâ^e la dernière année de fa vie,
VECCUS , ( Jean j CanophyUa^^
J
r
V É C
É^fià-â-dîre , Garde dii tréfoi^ dés
Chartes de Sainte-Sophie , fut en-i
Voyé pac Teippereur Mîchtl PaUo^
I loffu au concile de Lyon , où la
! ,j«union de l'Eglifc Grecque & de
I r£glife Romaine fiit terminée , en
1274. 11 contribua beaucoup à la^
coacluûon de ce grand ouvrage^
|»r fon éloquence & fon efprit
I conciliant. Ufcph , patriarcl^e dé
Conftantinople , qui fomenioit le
i Ichiûne, ayant été dépofé, Vucus
\ ^ 6it élevé fur le fiége patriarchal eît
\ 117 ^ . Son zèle pour le maintien de
k féuiûoil lui attira la haine des
Ichtfmatiques Grecs « qui intente*
iieat contre lui des accUfations ici*
lomnieufes. Cette pâ-fécutiofl 1^
I porta en i479 i à envoyer la dé--
\ Éûffîofi de Ton patrtarchat à Teni-'
r pereur , de à ïe fttirer xlans un Mo-
naftef e ; mais ce piince le rappela
' j^u après. Michel PaUolopu étant
inoxt , AnÂtytilc , qui lui fuccéda ,
le laiiïant conduire par là ptinceâe
'Ëalopa fa tante , s'oppofâ à l'union'',
I fit dépofer P^eccns , & le fît enfermer
«ians une étroite prifon , où ce grand
ptélat moutut de mifere en 1298^
Il avoit cdmpofé plufieurs Ecrits
^ pour la défënfe de la vérité-, & il
inféra dans fon teftameiit une décla-
mation de Ùl croyance fur l'article
du Saint 'E/pr'u , conformé à là
éo£bine de l*Eglif<6 Latine, f^oye^
le Recueil d*Àlatiai^(\it la Proceflîon
du Saint- Efprity Rome, 1652 S:
1659 , 1 vol. in-4**.
VECELLI, Voyei^tirtus.
I. VECELLI, (François) frerè
4it Titien , peinire , mourut dans uii
âge fort avancé , mais avant fon
frerè. François f^ecelU s*adontia d'a-
bord à la profeHîon des armes ^ il
Vint enfuite à Venifé, où il apprit
la peinture fous fon frère. Il y fit
des progrès rapides. Le Titien ,
' traignaht en lui un rival qui le
furpaflât ou du moins qui l'égalât,
tâcha àt'U dégôSiêr dç çé bçl ^rC|
V È È 307^
& lui perfuada d'embralTer lé com^^
merce. François Vecelli s'appliqua à
faire des cabinets d'ébene , Ornés
de figures & d'archite61ure. Il pei«
gnoit cependant encore pour £es
amis. Plufieur» de fes Ouvrages ont
été attribués au Giurglqn,
IL VECELLI , ( Horace ) fils du
. Titien , peintre , mort fort jeune , dq
la pelle -en 15 764 faifoit des Por-
traits , qu'il étoit fouvent difficile
de ne pas confondre avec ceux de
ion père. Mais l'état d'opulence où
il étoit, & fur-tout fa folle pafiloii
pour l'alchimie , lui firent négligée
la peinture. v
VEDELIVS , ( Nicolas) du Pa-
làtinat, enfeigna la philofophie à
Qeneve i puis la théologie & llié*
breu à Deventet & à Franeker, &
fut enlevé à ces fciences en 1642 «
laiflant un fils miniftre comme lui *
more en 1705 . On a de lui un Traité
ûontre les Arminiens , intitulé : Dû
Arc4nU Apn'imanifmi ,i632&i6349
4 parties tn-4**.
VEDIUS , Voye^ P0L1.ZON i au
milieu de l'article.
. VEJBNHUSEN, (Jean) littéral
teiir Hollandois, vivoit fur la fin
du dernier fiecle. Il profefia^ les
belles- lettres avec fuccès , Se tra<»
yailla fui- divers auteurs claffiques«
Les principales éditibcs que nous
lui devons , font o^lles de Stace &
de Pline le Jeune.^ dites de Farlorunu
Le Stace fut imprimé à Leyde ,
în-i**, eii 1661; & le Pline, en
t669,ihidi,auffi in-8®.
VEENINX , ( Jean - Baptifte )
peintre, âé à Amfterdam en 162 1 ,
mort près d'Utrecht en 1660 , avoit
ttneiîà<îilité étonnante : fon pinceau
Àiivoit en quelque forte la rapidité
de fon génie. Il s'adonna à tous les
genres , hiftoire , portrait, pvHyfàge-^
marines , fieurs , aniinaux. Il réuâif-
foit principalement dans les grands
tableaux -, cependant il en a fait de
fçàxêf ay^la patience & letalem
/
jo? V E G
de ùérari'Dow & de ^âUrls, On
déilreroit plus d'élégance 'dans fes
Àgures ,'& de corre^on dans ion
deâln.
I. VEGA, (André) théologien
fcolaftique Efpagnol, de l'Ordre
de Saint - Dominique , mourut e»
1^70 « après avoir aflîÂéau concile
de Trente. On a de lui les Traités ,
De Jujiificaiîone ; de Gratta § de Flde |
Opcrlhus & Mifitis^ Complut», 1 564 ,
in-folio. Ces ouvrages font peu lus.
II. VEGA, ( Lopez de) poète
Eipagnol , appelé au(fî Lopc Félix de
Vega Carpîo , naquit à Madrid efî
1561 , d*une famille noble. Ses
talens liû méritèrent des places &
des diftinétions. Il fut fecrétaire de
l'évêque d'Avila, puis du comte àe
Lemos , du duc d^Alhe^^t, Après la
mort de fa 2*^ femme , il embraffa
l'état ecdéfiaftique , & entra comme
prêtre dans l'Ordre de Maltbe. Ce
poète fe fit rechercher à caufe de
îa douceur de fes mœurs & de l'en-
jouement de fon efprit. Jamais génie
Be iuï plus fécond pour compofer
des ComédUs, Celles qu'on a raf«
iîemblées» compofent 25 volumes,
dont chacun renferme 12 Pièces de
théâtre. L'on aflure même que ce
poète avoit fait jufqu'à 1800 Pièces
en vers. Voici comme il ezcufe
cette inconcevable fécondité , dans
fon Epitre fur le Nouvel An de foin
des Comédies :
L'ahus règne, V.an tombe ^ & U
raifort s'enfuit.
Qui veut écrire avec décence ,
Avu art , avee goût ^ nen recueille
aucun fruit ;
Il vit dans le méprisa meurt dans
tindlgence.
Je me vols ahUgé de fervir Plffio*
rance -,
P enferme fous quatre verroux
Sophocle, Euripide & Té-
rence i *
V E G
J'écris en infenfé , mais f écris pouf
des faux.
Le Puhâc eft mon maître, U fiud
bien le fervir;
Il faut pour fon argent UA donner eè
quil aime,
Pécrispour lui , non pour md*
mime^
Et cherche des fucees dont je
n*ai qifà rougfr.
Il étoit alors à £i 48^*^ Pièce de
théâtre. On a encore de cet auteur
d'autres Ouvrages , comme Vogt
del Pamajfo ; un Poème intitulé «
Jérufalem conguife ; diverfes Nou*
velles *, Lattre del ApoUo. Un auteur
i\ fécond n'a pas dih donner tou-
jours de l'excellent. Aufll fes Pièce»
dramatiques ont plufieurs déCauts »-
mais on y trouve de Tiavendon »
& eUes ont été fort udles à plu*
fieurs de nos poètes François. I^pe^
de Vega mourut le 27 Août 16 jj ^
à 73 ans.
III. VEGA , Voyei 11. Gar*
CI AS*
VEGECE , ( Flavius ' Vegetius^
Renaïus ) ai^teur qui vivoit dans
le ir^fîcde, du temps del'empe^
reur Falentinien , à qui il dédia fes
Inftitutions Militaires ; ouvi:age 0\|
il traite d'une manière fon médio-
dique & fort exaûe, de ce qui
concemoit la Milice Romaine. Cet
ouvrage eft d'une lannité pur&>
M.' Bourdon , qui l'a traduit, dit
que pluiîeurs manufcrits donnent
à l'auteur la qualité de Cornu, &
que Raphaël de Voherre le fait Corn»
de Conftaruinople ; mais le même tia-
duâeur ajoute qu il ne fait fur quel
fondement. Sa Verfion a paru en
un vol. in-i2, en 1743 , à Paris,
avec une Préface & des remarques i
& a été réimprimée à Amfterdam,
in-8°, en 1744. M. le comte Turpin
a donné un bon Commentaire fitf
les Inftitfttiofu i(Uliwra de Ftgtu^ -
r
t
I V E G
[ Pans, 1783, a vol. in-4'*. Vegece
i «I <k>nné auffi un Art Vétérinaire ,
-dans Rjd RufllcA Scrlptons , Leipzig ,
-173 y , 2 vol. in -4° , qui a été
l traduit par M. Sahourenx de la Bon-
nttrie^ Paris, 1775 ♦ '"•^** » ^ ^"*
I forme le tome vi* de V Economie
\ Rurale , 6 vol. in-8**. On a imprimé
f^ fes Infilmtlons Militaires avec les
autres Ecrivains de l'Art Militaire ,
<um nous Varlorum , Vefel , 1670 ,
% vol. in-8** ; & f^parément à Paris ,
1762* in- 12.
VÉGIO , V^yex i. Maffée.
I VEIL , ( Charles^Marie de ) fils
* d'un Juif de Metz , fut converti
par Boffuet. Il entra dans T Ordre
•its Auguftins , & enfui te chez les
i Chanoines Réguliers deSainte-Ge-
I nevieve. On l'env«ya à Angers,
où il prit le bonnet de doéleur ,
! & où il profefTa la tliéologie dans
; les Ecoles publiques. 11 quitta en-
fuite fa chaire pour la cure de
Saint- Ambroîfe de Mehin , & cette
cure pour le féjour de l'Angle-
gleterre , où il abjura la religion
Catholique vers Tan 1679. Il fe
maria bientôt après avec la fille
d'un Anabaptifte , & fè fit con-
' noître par, plufieurs Ecrits. On a
de lui de iavans Commentâmes fur
S, Matthieu & S, Mûre , Paris ,
1674 , iii - 4® ; fur les AfVes des
Apôtres , 1684 , in-8° j fur h'él ,
1676, in-i2j ftir le Cantîqife 4es
i Can'lques^ Londres, 1679, in- 8® *,
& fur les XII petits Prophètes ,
Londres , 1680 , in- 12. Cet apoftat
mourut à la fin du xvii** fiede.
I. VELA S QUE Z , ( Jean-
: Antoine ) Jéfuite , né à Madrid
en Efpagne Fan 1585 , mourut en
1669. Après avoir été plufieurs
fois reâeur ^ il fut fait provincial.
Le roi Philippe IF le fit venir à
fa cour , & le fit confeiller de la
Congrégation de la Conception Im-
macutéç. On a de lui : L Un Com-
mcntairc ianaiavïE^itfeaax fhilip-
VEL 309
pUns , en 2 vol. in - folio , aufîî
diffus que favant. II. Divers Ecrits
en feveur de V Immaculée Conception
de la Ste. Vierge.
IL VELASQUEZ, (Don
Diego de Silva ) peintre , né à
Séville en 1594, mourut' à Madrid
en 1660. Un génie hardi & péné-
trant » un pinceau fier , un coloris
vigoureux, une touche énergique,
ont fait de VéUfquci un artifte cé-
lèbre. Les Tablea«x de Caravane
le frappèrent vivement. 11 tâcha d^
l'imiter, & put lui être comparé
pour"fon art à peindre le Portrait.
Il fe rendit à Madrid , où fes talens
furent poiur lui une puifiante pro-
te£iiou auprès de U famille royi^ le.
Le roi d'Efpagne, Philippe IV, le
nom^ia fon premier ppintre , lui
accorda le logement & les penfions
attachées à ce titre , le décora de
plufieurs charges , & lui fit préfent
de la Qef d'or : difiinâion con-
fidérable » qui donne, à toutes
heures , les entrées dans le Palais.
Vélafque\ voyagea en Italie'. L am«
bafladeur du roi d'E{pagne le reçut
à Venife dans fon hôtel , & lui
donna des gens pour Tefcorter.
Le roi l'ayant chargé d'acheter de$
tahleaux de prix & des antiqutis
pour orner îon cabinet , c<Ste
commiifion hii fit entreprendre Un
fécond voyage en Italie , où tous
les princes lui firent un grand
accueil. C'étoit faire fa cour au
roi d'Efpagne, que d'honorer Vé"
lafqueru Ce prince Taimoit , il fe
plaifoit à fa compagnie , & pre^
noit un ptaifir finguiiçr à le. vcîc^
peindre. Il ajonèa aux honneurs
dont il TaVoit comblé , la dignité
de chevalier de Saint- jfacques , &
lui fit faire à fa mort de magni-^
fiques funérailles.
VELD , ( Jacques ) favant.
religieux Auguftin de Brd^es en
Flandres , mort à Saint-Omer epi,
1583 ou ij88; a compofé tia
Viii
L
1
310 V E L
Commentaire fur le Prophète DanUl^
auquel il a joint une Chronologie,
qui fert à foire entendre les Pro-
phéties de Jér^mie , d'E^échiel & de
Damel. Cet ouvrage prouve que
fon auteur ne manquoit ni d'éru-
dition , ni de fagacité.
VELDE, Voyc^ Vanden*
yELDE.
VELEZ, i- GuEVARA,
VELLE , — Devêlle.
VELLEIUS, PAT^RCULUS ,
né d'une famille illuftre, originaire
de Naples , fut tribun des foldats ,
puis préteur Tannée de la mort
6!Au^ufle , fous lequel il avoit fervi.
Il fit des campagnes dans différens
pays , & fuivit Tihere dans toutes
îes expéditions : il fut fon lieute-
nant en Allemagne. Nous avons
4e lui un Abrégé de l'Hifloire dç
la Grèce , de l'Orient , de Rome
& de l'Occident, Cet ouvrage ne
nous eu pas parvenu tout entier.
Nous n'avons qu'un fragment de
l'ancienne Hiftoire Grecque , avec
l'Hiftoire Romaine , depuis la dé-
faite de Ferfée jufqu'à la 6* année
de Tîhcre. On doit regretter la perte
du refte. Paterçulus eiî exaâ à mar-r
quer les dates des événemens. Il
femonte à l'origine des villes &
d^ nouveaux établifTemens, Il fait
l'éloge en peu de mots,des Hommes
célèbres dans la guerre, dans le
gouvernement ou dans la littéra-
ture. Cet auteur eft inimitable dans
ies portrait ; il peint d'un feul trait.
Il a écrit avec une iineffe & un
agrément qu'il eft difficile d'égaler.
Mais on lu*- reproche d'avoir trop
flatté Tibère & Séjan : il ne voyoit
en eux que les bienfaiteurs dç
Pi^urculus , tandb que le refte du
genre humain y voyoit des monf-
fres. Rhenanus publia cet auteur en
lyio, & depuis ce temps , il y en
p eu gf.and nombre d'éditions ,
f.lievîr ,' 1639 , in-l2. — Ad ufum
gelfhifu j 1675 , in-4% — Cm
V E L
nous yarior, , Leyde, 1668 , 1719 \
1744*. in -8°. — Oxford, 1711 ,
in-S°. [ Voyei Lacarry. J La
jolie édition* de Barbou , qui parut
en 1746 ^ in-ia ,eil due aux foins
de TA, Philippe , qui l'enrichit d'une
Table géographique > & d'un Ca«
talogue des éditions précédentes «
& d'autres ornemens littéraires,
Doujat le traduiiit en françois , \
avec des Supplémens qui c^al |
pas confolé les gens de goût. On
préfère à fa Verfion celle de4'abbé
Paul , publiée à Avignon en 1768 »
in-S*' & in-ii.
VELLERON, Voyei Cambis.
- VELLUTELLO , (Alexandre)
naquit à Lucques vers l'an 15199
& mourut dans la même vUIe , fui
la fin du xvi^ fiede. Il'compofai
fur les Poélies du Dante , .des Com^
menialres dont on fait cas en Ita-
lie , & r:ui font utiles pour en péné-«
trer le iens. On les imprima avec
ceux de Chrifiophe Landlnî , à Ve-;
nife , in-fol. , en 157^. U lut en-»
fuite les Ouvrages de Pétrarque , &
tout ce qu'on avoit écrit fur cet
auteur çélehre. Il crut que le comté
d'Avignon lui fournir oit des Méi
moires pour éclairâr l'Hidoire de
iâ vie & de îts Ouvrages, C'tft fur
des recherches fuperficielles & fuf
des ouï-dires , qu'il compofa la Vie
de PJtrari^ue , & des Commentaires
fur fes Poéfies. Ils ont été impri-
més plufieurs fois. Velluullo dk fort
inexaâ , mais moins que ceux qui
l'avoient précédé dans la même car-
rière. L'édition qu'on eflime le
plus de i^ Commentaires , eft celle
de Venife , in-4® , 1545. On lui
doit quelques autres ouvrages oaïui
le mêpe genre.
VELLY , ( Paul-François ) né
près de Fifmes en Champagne , I
entra dans la Société des Jéfuites^ {
& en étant forti 1 1 ans après , il
fe livra tout entier aux recher«.
çhçs hifloii^eSf Son fffoifi 44
J
r
VEL
france « dont il o'a pu donner qne
% vol. publiés par Dcjfalnt & 5a//-
lant , lui aflîgne un rang parmi nos
hifloriens. Il s'eft principalement
propofé de remarquer les commen-
cemens de certains ufages , les prin-
cipes de nos libertés , les vraies
Iburces & les divers fondemens de
notre droit public , l'origine des
grandes dignités , l'inftitution des
Parlemens , l'établiiTementdeàU^ii-
veriîtés, la fondation des Ordres
Religieux ou Militaires i enfin , les
découvertes utiles à la fociété. Son
ftyle, fans être d*une force & d'une
élégance à fe faire remarquer , cft
en générai aifé , Simple « naturel
& affez correft. Il refpire un air
de candeur & de vérité , qui plaît
dans le genre hiftorique. L'auteur
■commença à écrire dans le temps
où l'on exigeoit du Clergé la dé-
claration de {es biens. » Il nous
" femble , ( dit M. Pallffot ) qu'en-
* traîné par les çirconftances^ ,
■» l'abbé Velly diffimule fouvent les
» privilèges de ce corps avec une
w afFeûation trop marquée, & ^u'en
•♦ général il ne laiffe échapper au-
^> cune occafion de leur porter
« quelque atteinte. Il étoit cepen-
« dant trop éclairé , pour ne pas
«> fentir que ces anciens, privilèges
»♦ des grands corps , dont l'origine
» fe confond avec la monarchie «
M doivent être d'autant plus ref-
v> peclés , qu'ils, font en quelque
»♦ forte le dernier afile de nos li-
» bertés mourantes «<. Un autre
reproche qu'on peut lui faire , c'eft
d'avoir fouvent copié TEffal fur
l'Hifioîre Générale de Voltaire , non-
feulement fans le citer , mais fans
le foumettre , avant <|ue de fe fervir
de ce qu'il en empruatoit , à une
crinque exacte & judicieufe. L'abbé
Nonotu dit que l'abbé Fê/Zy^écrivit
une fois à ce poëte hiflorien , pour
favoir en quel endroit il avoit
puiCe un? axiecdote curieufe , mais
VEL 5u
liafardée. — Qu*impone , lui ré-
pondit Voltaire * que l* anecdote f oit
vraie ou faujfe ? Quand on écrit pour
amufer le Pui> lie ^ faut-il itre fi fcru-
puUux à ne dire que la vérîté ? Cette
réponfe , citée par l'abbé Nonotte^
e(l aiTez conforme à la façon dont
Voltaire a rendu certains taits. Ce
poëte a prouvé cependant qu'il
n'avoit jamais en aucune corref-
pondance > ni direâe , ni indirede
avec l'abbé Vdly, Mais fi cet hifto-
rien n'avoit pas reçu de fes lettres ,
il avoit beaucoup lu fes livres* , &
ils l'ont quelquefois égaré. VUlarei
a continué avec fuccès l'Ouvrage
de l'abbé Velly jufqu'au xvi* vol. :
( Voyei ViLLARET. } L'abbé VUly
mourut d'un coup de fang , le 4
Septembre 17 J9 , à 48 ans. Cétoit ^
un homme réglé dans fa conduite «
ûncere & folide dans l'amitié , ferme
dans les vrais principes de la reli-
gion & de la morale , aimable dans
le commerce de la vie. Il étoit
même d'une gaieté finguliere , pré-
fent que la nature fait rarement : il
rioit prefque toujours , & de bon
cœur. Cet écrivain s'étoît'annoncé
dans la littérature par une Traduction
françoife de la Satire du doâeur
Swift , intitulée : Jonh Bul , ou . /«
Procès fans fin , În-I2. Elle roule
fur la guerre tenninée par le traité
d'Utrecht.
VELSEN , ( Gérard ) Voyei
Florent V » comte de Hol-
lande , n° I.
VELSER , ( Marc ) Voyei Wei-
SER
VELTHUYSEN , ( Lambert )
VcUhuyfius , né à Utrecht en 1612 »
fe fit recevoir doûeur en méde-
cine ; mais il n'exerça jamais cette
profeffion. Livré à l'étude de laphi-
lofophie & de la théologie , il dé-
fendit avec zèle les opinions de Def-
cartes contre Voètius , ridicule en*
nemi de ce grand philofophe. VeU
thuyfen fut pendant quelques aané«&
V iv
jtx VEN
dans la magiftrature d^tredit *, mais
la chaleur avec laquelle il défendit
les droits des magiîlrats auv ailcm-
blées ecciéiiaftiques , lui fit des en-
nemis, qui trouvèrent le moyen
de le dépofTéder. Il vécue depuis
dans la retraite jufqu'à fa mort,
arrivée en 1685 , à 63 ans. Ses
Ouvrages ont été réunis en z
vol. ia-4®. Le premier contient
pluûeurs Traités théologiques-, le
îîecond volume renferme différens
Ecrits de philofophic , d'aûro-
nomie , de phyiîque & de méde-
cine.
VENANCE-FORTLJNAT,{ Fc-
fiamius Hunorîus CUmentianus For-
iunatus ) évêque de Poitiers , étoit
né en Italie près de Trévifo. C etoit
un homme d'un efprit vif , d une
politeile a^éable, dun cara^lere
doux , & d'une piété qui n'avoit
rien de rebutant. Après avoir étudié
à Ravenne , il alla à Tours. Ses
lalens & fes vertus le lièrent d'une
étroite amitié avec Grégoire ^ éyêque
de cette ville. La reine Radcgondc
rayant pris à Ton ferviçe en qua-
lité de fecrétaire , il donna des pré-
ceptes de politique à Sigeben , qui
en faifoit beaucoup de cas. Forcunat
ii^it fwntement (es jours vers 609 ,
& Ton célèbre fa fête à Poitiers le
14 Décembre. Nous ne parlerons
pas des indignes fpupçons que la
méchanceté forma dans le temp$
pu fujet de fes liaifons avec Rade-
^ondc, BailUt n'en fait mention
dans la VU de cette Sainte, que
' comme de bruits répandus par les
miniflres de Satan. Les monumens
de la liaifon de Fonunat avec Ra--
àcgondc fubfiftent dans fes Poéfies,
II faut être bien injufte pour y voir
autre chofe que les preuves d'une
foclété vertueufe & aimable , dont
la religion & une confiance entière
^ifoiént le lien. Radegonde faifoit
de petits préfens à Fortunat ; il lui
^ çnvo^oit de fon çôtc ; c'était
VEN
des fleurs , des fruits , du lait , dé
la crème , des pruneaux, des mar»
rons. Ces préfens , qui font bon»
neur à la frugalité Chrétienne de
ce temps- là , étaient accompagnés
par Fortunat , de petites pièces de
vers. Agnès , abbeffe de Saintç-Croix ,
raonaûere dans lequel Radegond^
s'étoit retirée » entroit prefque tour
jours dans ces amufemens. Fonunai
avoir quelquefois l'honneur de
manger avec la princefîe & Tab*
beffe , qui avoient l'une & l'autrQ
de l'efprit : elles l'cngagoient à com-r
pofer quelques petites Pièces , des
In-promftu , dont il rede quelques-
uns dans les Ecrits du poète. Pré-
tendre autorifer les bruits que J4
malignité irfventa dans le temps fut
les penfées ingénieufes , fur les ex-
preffions vives & recherchces de
deux ou trois Pièces qu'on peut
regarder comme de très-jolis Madri»
gaux , c'eft ignorer ( dit M. du Ra-»^
dur) jufqu'où la fécurité de i'in-?
nocence pour aller, ^'ailleurs ces
Pièces font accompagnées de beau-
coup d'autres , où refpirent le
Chriftianifme le plus pur & la
piété la plus confommée. Ajou-
tons , que le mot A'Amor qu'em-
ploie quelquefois Fortunat , offre
un ^ut autre fens en françois qu'en
latin , où cette expreâion ne défignç
que l'amitié & la charité Oiré*
tieniie. Çn a de lui un Po'èmt en
IV livrés de la vie de 5. Martin ,
& d'autres ouvrages , que le Père
Browcr publia en 1616 , in-4%
VenancC' Fortunat dit qu'il compofa
ce Poème, ( qu'on trouve auili dan$
le Corpus Poetarum , ) pour remer-
cier 5. Martin de ce qu'il avoif
été gyéri d'un mal d'yeux par fon
intercelBon. Quoique cet Ouvrage
faiTe plus d'honneur à fa piété,
qu'à fon efprit , il y a , icorome
dans îes autres Ecrits, quelques pcnr
fées délicates , & même quelques
vçrs hewreu^ \ Çc çtos Içs Ç^açr
J
r
VE N
[ teres qu*il trace , il fait dire beau-
coup de chofes en peu de mots.
Ses Lettres en profe font beaucoup
plus obfcures que fts vers. For-
tmat /femblable à quelques égards
9UX poètes de tous les temps , en-
Cenfa Brunehaud & Chîtderic. Il feroic
Cécile , dit l'abbé MUlot , de
I citer un plus grand abus de la
\ poéfie.
i VENCE , ( Henri-François de )
prêtre , doâeur de Sorbonne ,
prévôt de réglife primatiale de
Nanci» confeîller d'état de Léo»
[ pold ^ duc de Lorraine , & précep-
teur de fes enËans , fe fit un nom
par l'Edition qu'il donna des Com-
mentaires du P. de Carrures , à Nanci ,
1738 - 1743. L*abbé de ' Vencê y
ajouta 6 volumes d*Anafy/es & Di/'
fertatlons fur C Ancien Tefiament , &
deux volumes d'une Ànalyfe ou
ExpiicatîondesPfeûames.X}omCalmet
' ^imoit beaucoup ces Differtaùuns.
Elles font favantes, folides & écrites
arvec netteté. L'autçur avoit biea '
médité les livres faints , & fes
lumières s'étçndoient à pluûeurs
fciences. 11 mourut à Nanci le i
î^ovembre 1749. M. iî/antftf a inféré
la plupart de ces Dijfertatlçns dans
rédition qu'ita donnée de la Bible ,\
«n latin & en françois , Avignon ,
1767-1773 , 17 vol. in-4*' -, ce qui a
donné lieu de défigner quelquefois
jcette Bible fous le nom de la BîhU
^ CAbbé de Vence , aujourd'hui
plus connue fous le nom de BibU
^Avignon,
VENCESLAS.rcjy^qWEN-
CZSLAS.
I. VENDOME, ( Céfar, duc de )
fils de Henri IV & de GabrUUe étEf-
tîées^ mort en i66y , fut gouver-
neur de Bretagne , chef & furinten-
dant de la navigation. Le duché de
Vendôme , ancien apanage d'une
|>ranche de la maifon de Bourbon ,
^ant été réuni à la couronne dans «
\sL yerfopne de Henri IK , ce prince
V E N 31?
le donna i fon fiis , qu'il che'rIfl'oir«
& comme le fruit de fes amcHns»
& comme l'héritier de fon courage.
Voici la fuite généalogie^ de la
famille ducale de Vendônu. Céfar
eut* trois en&ns de fon marii^e
avec la fille de Phîiîppe Emmanuel
de Lorraine , duc -Ae Mercaatr : L
Loms , mort en 1669 , qui, épouJa
Lautt Aiamànî , morte en 16^7 ^
après lui avoir donné deux fils ,
Louis-Jofeph & Philippe qui fui-
vent , morts Tun & l'autre fans po^
térité. II. François , duc D£ BsAfT*
roRT , dont nous avons parlé fous
ce dernier mot , dans un article
particulier. HLIfabellej mariée i
Charles - Améâét duc ii Nemoars ,
mort en 1664.
II. VENDOME, (Louis. Jofeph.
duc de) arrieré'petitfils de Henri IV^
étoit fils de Louis duc de Ven»
dôme , & de Laure Mancîni ., nièce
d^ cardinal Èda\arin» Après la mort
de fon époufe , il obtint la pourpre
Romaine , & devint légat a latere,
LouîS'Jost.PH , fon fils , né le
I Juillet 1654 , fit fa première cam-
pagne à dix-huit ans , en Hollande ,
où il fuivit Lotiîs XIV en qualité
de volontaire. Il fe fignala à la
prife de Luxembourg en 16S4 , de
Mons en 169 1 , de Namur Tannée
fuivante, au combat de Steinkerque
& à la bataille de la MarfàiHe*
Après avoir paffé par tous les
grades comme un foldat de for-
tune , il parvint au généralat , & fiit
envoyé en Catalogne , où il gagna
un combat & prit Barcelone en
1697. Le roi le nomma, en 1702,,
pour aller commander en Italie à
la place de VllUroy qui n'avoit
efiuyé que des échecs. Vendôme
parut, & nous eûmes des avantages.
II remporta deux viâoires fur les
Impériaux à Santa- Vittoria & à
Luzara, fit lever le blocus deMan*
toue , chafia les Impériaux de Se-
ragUo 9 s'avança dans le Trentin
314 YEN
4i y prit pluiieurs places. La défec-
tion du duc de Savoie Tayant obligé
et marcher vers le Piémont , il fe
rendit maître d'Aft , de Verceil ,
. à'Yvtét , de Verrue , après avoir
défait l'arriere-garde du duc, près
âe Turin , le 7 Mai 1704. 11 battit
le prince Eugène à CelTano en 1705 ,
êc le comte' de Reventlau à Calci-
sxito en 1706. Il étoit fur le point
«le fe rendre maître de Turin ,
Iorfqu*on l'envoya en Flandres
pour réparer les pertes de VîlUroy.
Après avoir tenté vainement de ré-
tablir les affaires , il pafTa en £f-
pagne , & y porta fon cburage &
îbn bonheur. Les grands délibè-
rent fur le rang qu'ils lui donne-
font. Tout rang m*e/if>on , leur dit-il :
je. a* viens pas vous dlfputer le. pas ,
je viens fauvcT votre Roi, U le fauva
effeûivement. Philippe V n'avoit
plus ni troupes , ni général -, la
préfence de Vendôme lui valut une
• armée : fon nom feul lui attira une
foule de volontaires. On n'avoit
point d'argent'; les communautés
4ies villes , des villages , des reli-
gieux, en foumirent.Un efprit d'ea-
thoufiafâie faiût la nation. Le duc
de Fendôme , profitant dt cette ar-
deur , pourfuit les ennemis , ramené
le roi à Madrid , oblige les vain-
MfPixirs de fe retirer vers le Por-
•cugal , paffe le Tage à la nage ,
fait prifonnier Stanhope avec 5000
Anglois , atteint le général Sta-
nmberg , ^ le lendemain ( 10 Dé-
cembre 17 10) remporte fur lui la
célèbre viftoire de Villavîciofa.
Cette journée affermit pour jamais
la couronne d'Efpagnè fur la tête
de Philippe V, On prétend qu'après
Ja bataille , ce roi n'ayant point
délit, le duc de Vendqme lui dit :
3e vais vous faire donner le plus beau
fit fur lequel jamais Souverain ait
fouché ; & il fit faire un matelas
Ats étendards & des drapeaux pris
fyx les ennemis* Vendôme eut ,
V E N
pour prix de fes vidoires, les
honneurs de Prince du Sang. PAi-
lîppt V lui dit : Je vous dois la cou»
ronne /,. Vendôme , qui avoit des
jaloux , quoiqu'il ne méritât qut
des amis , lui répondit : Votre Ma*
jefté a vaincu fes enrumls ^ fai vaincu
Us miens,,, Louis XlV s*écria , en
apprenant la nouvelle de cette vic-
toire : Voilà ce que cefi quun homme
de plus î II écrivit tout de fuite au
général viftorieux , une lettre rem-
plie des expreffions les plus ho-
norables. XJn ofHcief général a la
lâche imprudence de 'dire que de
tels feryices doivent être récom-
penfés d'une autre manière. Vous
vous trompe^ , réplique vivement
Vendôme , les hommes comme moi «c
fe payent quen paroles & en papiers,
Philippe V combla Vendôme des
marques de fa reconnoiffance. H le
déclara premier prince de fon Sang «
& pi^leva çoo mille liVres fur fes
tréfors arrivés récemment de l'Amé-
rique , pour les lui offrir. Sire .
dit Vendôme y je fuis fenfible à votre
générofité ; mais je vous fuppUe de
faire dlflrlbuer eu or à ces braves Ef-
papiols dont la valeur vous a con*
fervé en un jour tant de Royaumes, ^
Philippe le traita en ami. Il lui par-
loit de même. Il lui difoit un jour :
// ejLfurprenant qiUtant le fils d'un
père aont le génie étolt bomi , vous ayu\
d*aujfi grands taUns militaires, — Mon
efprit , répondit Vendôme , vient de
plus loin. Il vouloit dire de Henri IV*
Ce grand général continuoit de
chaffer les Impériaux de plufieurs
pofles ^'ils occupoient encore ea
Catalogne , lorfqu'il mourut le il
Juin 1711, à Tignaros . d'une indi-
geflion ,358 ans. Philippe V vou-
lut que la nation Efpagnole prît
le deuil ; diflinAion qui étoit en-
core au-defîous de ce qu'il méri-
toit. Il fiit enterré au monsflere
de l'Efcurial , dans le tombeau des
infaos & infantes d'Efpagpe, Le du«
^'
■A
VEN
Hk Venââmt, amere-petît>iUs de
Benrî IV , étoit ( dit Vauieur du
SUcU de JfOuis JÇI^ ) intriépidc
comme lui , doux » bienfaiûint ,
faa$ £ifie ; ne xonnoiiTam m la
haine , ni Tenvte , ni la vengeance.
Il n*ét6it fier qu'avec dés princes ;
U Te rendoit l'égal de tout le refte.
Père des foldats , ils auroient donné
leur vie pour le tirer d'un mau*
vais pas , lorfque Ton génie ardent
Ty précipitoit. A Cafiarto, ayant re-
marqué un foldat d'une bravoure ex-
fraordinaire , il fat après le combat
le trouver dans fa tente , & lui donna
50 louis» U ne méditoit point fes def-
Ceins avec afTez de profondeur , né-
gligeok trop les détails , ^ laiâbic
périr la difcipline militaire. 11 comp-
toit trop peut-être fur cette voix
fecrete qui nous avertit Couvent à
propos de ce que nous devons faire
ou tenter. Il difoât plaifamment,
que dans la marche des armées , il
gvoit fouvent examiné les querelles
entre les mulets & les muletiers, &
qu'à la honte de l'humanité , la
laifon étoit prefque toujours du
côté des mulets. Sa mollefle le mit
plus d'une fois en danger d'être eo-
levé ', mais un jour d'aâion il ré-
paroit tout par une préfence d'ef-
prit & par des lumières que le
péril rendoit plus vives. Ce défordre
& cette négligence qu'il portoit
4afis les armées, il revoit à un
excès furprenant dans fa maifon
& itir fa perfonne même* A force
de haïr le faile » il en vint à une
mal-propreté cynique dont il o*y
^ point d'exemple. Tous fes gens
(itoient en pofTeffion de le voler.
U répondit à un de îts domefti-
ques fidelles , qui lui dénonçoit les
^iponeries d'un de fes camarades :
fh bien , laiffcU faire , & voU^moi
fomme lui. Son défintéreffement , la
plus noble des vertus , devint en
lui un défaut, qui lui fit perdre par
fi^g déraiij^emçm, beaucoup plus
V E ir 31^
qu^îl n'eût dépenfé en bienfiaits.
Cependant il fut bienÊiifant. ^
Provence, dont il obtint le go»»
vernement , lui' oflErit une fomm^
confidérable. Nm , dit-il ^ les Goum
vtmeurs font faits pour npréfaitit
aux Rois la mlfere des Peuflës, h ne
puis accepter un prifau ^«c , quoïjut vo*
hntaire , feroît onéreux au pays^ Le
maréchal de Villars , auquel on fit I4
même oflre , ne jugea pas à propos
de la refîifer j & lorfqu'on lui rappela
la générofité de VendSme^ dûis U
même occafion, jih , dit-il , Af. jqm
VENDOME étoit un homme inimitable.
Le duc de Vendôme avoit époufé»
en 1710 , une des filles du princf
de Condé , dont il n'eut point d'en-*
hns , & qui mburut en 1718. Le che«
valier de Bellerive a donné VHifioîr^
de fes Campagnes^ Paris, I7l4»in*i2,
III. VENDOME , (Philippe de )
grand-prieur de France , & înxe du
précédent, naquit à Pans le 2}
Août 16^5. Il fe fignala d'abord
fous le duc dk Bemiforty fon oncle»
qu'il accompagna à fon expédi-
tion de Candie. U fuivit enfuite
louis XIV y en 1672 , à la conquête
de la Hollande , & Te difiingua au
pafîage du Rhin , aux fiéges de
Maëfiricht , de Valenciennes & de
Cambrai «à la bataille deFleurus,
à celle de la Marfaille où il fut
bleiTé , & en plufieurs autres occa*
fions. Elevé au pofte de lieutenant
général en 1693 , il eut en 1695 le
commandement de la Provence, à
la place du duc de Vendôme y fotk
fîrere , qui paifoit en Catalogne. Il
le fuivit quelque temps après, &
. il fe montra uii héros au fiége de
Barcelone en 1697 , & à la dé*»
£aite de Dom François de Velafco^
vice-roi de Catalogne. Dans la
guerre de la fuccefiîon , il fut en-r
voyé en Italie , où il prit plufieurs
pkces fur les Impériaux \ mai^
après la bataille de CafTano « donnée
Iç 16 Août 170J , où il ne s'étoif
Îi6 V E N
point trouvé par un défaut de con« '
iuite , il fat difgracié. Il fe retira à
Rome après avoir remis la plu-
part de fes nombreux bénéfices.
Le roi lui adigt» une penfion de
24000 livres. Après un voyage à
Venife, il revint en France par les
terres des Qrifons. Thomas Mafncr ,
confeiller de Coire , le fit arrêter
le x8 Oûobre I710 ^{tn reprifaillts,
dbToit-il , dt ce qiufonfiU était retenu
pifonnier en France^ ) & le fit pafTer
iûr les terres de Tem^reur. L'am-
Itaffadeur de France en SuifTe fe
plaignit de cette infulte, faite par
va particulier à un prince du Sang«
Les Grifons firent le procès à Maf^
iKT , qui s'étoit iâuvé en Allemagne;
& as le condamnèrent à mort par
€ontumace,en 17 12. Le grand-prieur
clargi revint en France , & s*y livra
ifou&les plaiiirs-, il aimoit Âir-tout
ceux de Pefprit -, & fa cour étoit com-
posée de ce qu'il y avoit de plus dé-
licat. & dé plus ingénieux à l^aris.
£ Vay, CAMPISTRONi ChAULIEU^
Palaprat.]
Les Turcs ayant menacé Maldie
en 1715* il vola à (on fecours &
ftnnommé généraliflîme des troupes
de la Religion. Mais le fiége de
cette ifle n'ayant pas eu lieu , il r«-
viot en France au mois d'Otlobre
iSe la même année. Il fe démit du
fr»id-prieuré^en 1719, prit le titre
de Prieur de Vendôme , & mourut à
Parts le 24 Janvier 1717 , à 71 ans»
Les deux frères fe-reilembloîent par-
faitement dans leurs vertus & dans
leurs défauts* En peignant l'un »
nous avons tracé le portrait de
Fautre. £n lui finit la poAérité des
^cs de Vendôme y defcendans de
Ifenrl IK
XV. VENDOME, Voye^ 1.
GeOFFROI; & MATTHIEU.n® III.
L VENEL,(MagdeleinedeGail.
lard de)foeur de Gaillard de Lan ju-
kea0^ évêque d'Apt , d'une ancienne
iwniUe deprovençc; [ Foyei Gail»
V EN
LAsb ] naquit à Marfeille le 14
Janvier 1620. Elle époufa, à l'âge
de 16 ans, Ke»</, d'abord confeil-
ler au parlement de Provence»
enfuite maître -des -requêtes du
palais de la Rein« , & confeiller
d'état. Ayant mérité la confiance
d*Jnne d'Autriche , cette princefTe lui
fît , en 1648, don des Glacières de
Provence, qui appartenoient ai*
Domaine, & lui accorda le privi-
lège exdutif de faire débiter la glace
par bureau dans toute cette pro-
vince •, ce qui lui" valoit 2o,ot>o li-
vres de rente. Elle eut beaucoup de
part à la rupture de Louis XIV avec
Mil® Manclni , qu'elle conduifit à
Rome, lorfqu'ellc eut épôufé le
connétable Colonne. Elle devint en-
fuite dame de la Reine , & fous-
gouvernante deç ducsrffi Bourgogne^
de Berri & d'Anjou, Elle mourut au
château de Verfailles, le 24 No-
vembre 1687 , à 67 ans. C'étoit une
femme d'un caraâere ferme , pleine
d'eiprit , de jugement & de vertu.
//. VENEL, (Gabriel- E'rànçois)
né à Pézenas, fe diflingua dans la
profeflion de médecin , & emponà
au concours en 175^» une chaire
de médecine à Montpellier. Dès
1753 , il avoit été nommé infpec-
teur général des eaux minérales de
France. Il travailla pendant plu-
fieurs années à l'analyfe de ces
eaux, avec M. Bayen , arttfte célè-
bre , qui fut chargé de la partie
manuelle des opérations. Venel
prouva par fon travail qu^ exigea
beaucoup de courfes , qu'il étoit ha«
bile observateur & chimifte éclairé.
Il £e préparoit à faire de nouveaux
voyages pour continuer fes obfer-
vations , lorsqu'il mourut à Mont-
pellier en 1777 1 à ç4 ans. On a
de lui : I. Examen des Eau» minérales^
de Paffy , Paris, 1755. ^^' ^^^^ .
tions Jur l*ujage de la Houille , Avi-^
gnon , 1775 , g**^^ ^^' in-8**, avec
figurés, Les état&delaprovi|ice^
J
r
V E N-
languedoc Pavoicnt charge ^'eita-
miner la nature, les propriétés &
les ufages de la houille ; ce Livre
contient le réfultat de fes opéra-
tions : il y prouve que la hoidlle
fie nuit pas à la famé , con£ormé-
aieni à l'expérience de ceux qui
en font un ufage conûant. III. Ana^
lyft éUs Eaux de Seit^ , dans les Mé-
moires de l'académie des Sciences.
IV. Aquanan GalUa mineralium Âna-
lyfis ^jQdnxtfcxit^ en 2 vol. in-4**:
c'ejft le fruit de fes recherches &
4t fes couriîes.. Y. Une Madère midi'
dnàle^ea^ vol. in-8° : ouvrage
poilhume. VI. Le» articles qu'il a
fournis fur cette fcience , aux édi-
teurs de V Encyclopédie ^Çomtkom'
breux , & en général fort bien Ênts ^
mais l'auteur ne fe défendoit pas
affez de l'efprit fyil^matique. Cétott
un homme d'une imagination vive^
qui avoit des vues nouvelles , & le
coup d'oeil prompt , mais pas tou-
' Jours fur. Il s'éleva pluiieurs fois ,
& avec raifon , contre Tailemblage
informe de remèdes , qu'ont formé
plusieurs pharmacopoles : affem-
blage ^ empêche de conftater la
vertu de chacun en particulier. Il
comparoit les médecins entichés de
iXit&Foly-Fharm^de y à ArUquin ot*
donnant une charrette de foin à un
malade, " dans Tefpcrance que , fur
» la grande quantité des herbes qui
»' la compofent , il s'en trouvera
M 4{uelau'une appropriée à la ma-»
>* ladie. Foyeiïoti Èlage Hifiorique p
Grenoble, 1777, in- 8**^
VENERONI, ( Jean) né à Ver-
dun , s'appeloit VignçrQn : mais
comme il avoit étudié l'italien , &
qu'il vouloit en donner des leçons
à Paris , il fe dit Florentin , & il
itallam/a fon nom. La clarté de fes
principes lui procura beaucoup
d'écoliers. Il eu. un des auteurs , qui
ont le plus contribué, dans le XYii^
(ieçle , à répandre en France le goût
V E K 517
vrages font: I. Méthode pour apprett^
dre l' Italien y V^tis y I77O, în - tx.
Cette Grammaire , dont on à ùâi
pluûeurs éditions en différens for*
mats, eâ claire, maïs un peu pto^
lixe. On prétend que ce livre n'eft
point de lui, mais du fameux Rofelâ^
dont on a imprimé les aventures ea
forme de Roman. A fon pâiTage en
France , il alla prendre un dîner
chez Veneronly qui ayant vu quH
raifonnoit )ufte fur la langue its^
Henné, l'engagea a faire une Gram^
maire, pour laquelle il lui donni>
cent francs. Vexeroni ne fit qu'y
ajouter quelque chofe à fon gré,
& la donna fous fon nom. IL DU*
tîonnaire Italien- François & Franf^is»
Italien y 1768 , in-4®. Il a été effacé
par celui de M. l'abbé Alkertî , qi»
eft à la foi» plus clair & plus
abondant. IIL Fables cholfies , avec
la Traduôion italienne de cet
auteur. On en a une édition avec
une Verfion allemande & des
figures , Ausbourg , 1709 , in-4*,
IV. Lettres de, Loredano , traduites
en françois. V. Lettres du Cardinai
BENTirocLio , traduites démeniez
Son ftyle eft plus facile que pur;
VENETTE, (Nicolas) doôeur
ea médecine , mourut en 169$ ,
âgé de 65 ans , à la Rochelle , ûi
patrie. Il avoit étudié à Paris fous
Gtd'Patth & PUrre Petit \ & aprè$
avoir voyagé en Italie & en Por*
tugal , il s'étoit retiré dans foii
pays natal , où il fe confacra tout
entier à l'exercice de v^la médecinev
On a de lui divess Ouvrages ;
I. Traité duScorhut, la Rochelle,
1671 , in- 12. IL Traité des Pierres
qui s*engendrent dans le corps humain^
Amfterdam , 1701 , in-12. IIL Ta^
hleau de P Amour Conjugal , &c. %
vol. in -12, avec figures. Cet ou*
vrage efi celui qui a donné le plu$
de renommée à fon auteur -, mais 1^
lefluré en eft dang^eufe pour les
jeuiMis perfomiQi « & infajffifamg
5i8 VëN
pour celles qui veulent s*îfiftfuîi]e.
Ventttt aimoit les xnatieref fingu-
lieres , tu avott dea connoiflances
Variées.
VENIERO, ( Dominique )
noble Vénitien , mort en 1 5 8i ^ fe
^ftingua parmi les poëtes italiens
de (on temps. Ses Poéfies ont été
ë*abord* imprimées dans les Re-
cueils de Dolee & de R^fceUi , &
depuis à Bergame en 1750 , in-8®,
avec celles de Louis & Magh Vt^
meto ^es neveux. Domîmqut étoit
frère de Jér4m$ , François & Lùuis ,
connus aii^ que lui par divers
Ouvrages en profe & en vers. LouU
déshonora fa plume par un Poëme
d*une licence ef&énée , en trois
chants ,' intitulé : La PuUana erranu ;
à la fuite duquel en eft un autre ,
non moins obfcene ^ en un feul
chant «qui apour titre : // Trau'urio;
le tout imprimé à Venife en 1 5 3 1 «
in-S^.; Ces deux produâions in*
famés ont été mal à propos attrî*
buées à VAreiln par quelques bibiio'*
Îraphes ; & calomnieufement à
laffcc Vmitro , archevêque de
Cforfou , fils de ce même Louis ,
par un éditeur Proteftant , qui les
û{ imprimer à Lucerne en 16 51 :
imputation aiféjC à détruire , car
ce prélat n'étoit pas encore né ea
1^31 «lorfque fon père les mit au
yxat. Louis VenlercLmoutut en 15^0.
VENIUS, ( Othon ) peintre
de Leyde ^ naquit en 1 5 56. Il fut
envoyé à Rome avec des lettres de
' recommandation qui le firent bien
accueillir. Il travailU dans cette
ville fous Frédéric Zueeharo\ &
confiiîta l'antique. & les Tablesttx
des excellens peintres modernes ,
pendant fept ans ^u il demeiura en
Italie , où il fit plufieurs beaux
ouvrages. L'empereur , k duc de
Bavière & l'éledleiir de Cologne
occupèrent entuite tour à tour fon
pinceau. Fmius s étant retiré à
^vers ^ orn^ les ^Ufes de cet^.
■ V EN
vîtle , de plufieurs magnifiques fa^
bleaux. Enfin , ce peintre fut appelé
par l'archiduc Alien à finixelles 4
âmonmié^ intendant de la monnt>ié4
Louis XIII ^ toi de France, voulue
l'avoir à fonfervice -, mais Tamouc
de fon pays lui fit refufer les oi&es
de ce monarque. Fenius avoit unes
grandeintelligesce du clair-obfcur ^
il mettoit beam^oup de corseâioa
dans fon deifin , & jetoit bien fes
draperies ^ fes figurés Ont une belle
expreffion; il eft gracieux dans fes
airs de tète ; enfin l'on remarque
dans Ces Tableatix une veine fadle fiK
abondante, réglée par un iugemenf
fain & éclairé. On efiime fingulié^
rement fon Triomphe de Btcchus^
& la Cent qu'il peignit pour la ca«
thédrale d'Anvers. Venlus mourut
en 1634 4 laifTant deux filles qui
ont ai^ excellé dans la peinture*
11 a illuftré fa plume aufiî bien^que
fon pinceau y par divers Ecf^ , qu'il
a enrichis de figures & de portraits *
deffinés par lui- même. Ces ouvrages
font : 1. Beliiitn Bauricum cum Roman
nis ,tx Come/io Taciio ,1612 ,in-4^^
avec 36 figures gravées par Terttp^^
II. Hi/loTÎa Hifpamamnt Infiintum^
eum iconihtts, III. Conclufiotus Phyficé
& Theologica^ notiât& figuris difpofitMà
IV. Horatit Fiacci EmbUmatMy tinà
notis^ i6o7vin-4^. V. Amorum Em*
k/emata, 1608 ,in-4**. VI. FimSan^
Thomas Aquinatis , ^stimaginibus illuf*
tr0ita, Vll. Amorîs divini Eihfleméta'f
1615 , ia-4^4 Le célèbre RiAensiaf
fon élevé. €t/bert & Pierre FSNWS,
ies fi-eres , s'appliquèrent , l^un à 1«
gravure, l'autre à la peiitture, &
s'y dffiinguerent*
VEN^T^DOUR, Foy. Moths-»
HoVDAKCOtTRt j & V. RoHAW.
VENtlDlUSBASSUS, Romain^
de baâ^e naifiance , fut d'abord fflu«
letier. Il feretira de l'obfcurité paf
fon courage* Il brilla tellement foui
Jules- Céfar & fous Marc-Antoine ^
g^'iiiayimvAbm d» peuplé, fté^
r
V E N
<euf , ponnfe, & enfin coflfut. Il
vainquit les Parthes en 3 grandes
batailles, & en triompha l'an 38
avant J. C. Sa mort fut un deuil
pour Rome , & Tes funérailles fu-
rent faites aux dépens du public.
VENTIMIGLIA , ( Marianus )
Canne « de Naples , fe diftingua
dans fon Ordre par fes vertus &
fa fcience , & devint prieur^général
le 29 Mai 1762. On a de lui ,
Hljibria Chronoloff.ca Priorum Gène-
ralium Ordînis B. M^rix de Monte
Carmtlo , Naples , 1773 , inp-4® ,
avec figures. L*auteur y dotme un
Abrégé de la vie de chaque général
de fon Ordre , depuis S, Benhold,
fondateur de l'Ordre vers 1145 ,
& un Précis des chofes mémorables
arrivées fous leur gouvernement.
Il y règne beaucoup d'érudition-,
le (lyle eft net & coulant. L'auteur
mourut peu api^ la publication de
cet ouvrage,
V E N~ ji^
que Ton publioit de la Fénus d'un
pays, ont été attribuées auflt dans
la fuite à la Divinité à qui on don*-
noit ailleurs les mêmes fondions*
Clcéron (au m* livré de la Divînità
des Dieux ) dit que la Vénus la plus
ancienne étoit fille du Cidl & dé
la DéeiTe éa Jour; CeiLO et DiM
s ATA, " Il y a , dit-il , en Elide ;
» un temple de cette Venus, La
» féconde Vénus , pourfiiit-il , a été
» formée de Fécinne de la mer v
" c*eft d'elle & de Mercure qu'oft
•r dit que le fécond. Cuptàon eft nè«
»» La troisième eft née de hplter fk
»» de Dloné : c'eft elle qui fut I*
M femme de Vulcaïn f & c'eft d'elle
•» & de Mars qu'eft -né Antéros, La
» quatrième Vénus eft fille de \k
w Déeffe Syrie & de Tyrus ; elle eft
>» al)pelée Aflarté : c'eft elle o^&
f* époufa Adonis,,, <* Il y* zvoh
aufii une Vénus céWfte,Déeir« àt
Tamoitr pur ; & une Vénus qu'otfc
VENTS, Divinités poétiques , appdoit Vénus populaire , Déeffe d«
enÊms du Ciel & de la Terre , ou
félon d'autres d^Aftraus & A'Hérlbée,
Eole étoit leur roi , & les tenoit
enchaînés dans des cavernes. Il y
en avoit quatre principaux ; Borée ,
l'amour charnel \ & enfin Vénus
Apoftrophla , d'un mot grec qui
fignifie détourner , parce qu'elle
détournoît les coeurs de toute im-
pureté. La Vénus née de la mer ,
Burus^ Notas & Zépkire, Les autres eft appelée Vénus Mtaîne, Héfiode
étoient : Corus^Circîus^ Favonîus^ Afrî" dit qu'elle fut produite par le fang
ois , Aquilon , Vultume & Suhfolamts, qui découla de la plaie que Satumt
VÉNUS , Déeffe de l'Amour , fit à fon père C»lus en le frappant
des Grâces & de la Beauté. Le avec h, faux , & que ce fang mêlé
Paganifme n'ayant point éflé ren- avec Vécume de la mer forma cette
lermé dans une feule contrée , il Déeffe qui parut auffî-tôt fur une
n'eft pas étonnant qu'il fe trouve conque marine avec tout l'éclat de
tant de variété touchant le nom , la beauté. C'êft de l'écume de 1^
l'origine & l'hiftoire de cette Di- mer que les Grecs l'appelèrent
irinité. Par - tout on reconnoiffoit Aphrodite. Dès qu'elle fut defcendue
une Divinité qui préfidoit à la4>ro- à terre , les fleurs naquirent fous
priété qu'ont pre%ie tous les êtres y fes pas , les. Amours voltigeront
anitnaux , plantes , de reproduire autour d'elle , & les Zéphyrs paf
leurs' femblables. Mais les Latins leurs douces haleines , rafraichif*
Tappeloient Vénus , & leç Grecs /oient l'air qu'elle refpiroit. Des
Aphrodite, Ici elle étoit née de^quVlle eut vu le jour , les Heures
l'ccume de la mer -, ailleurs elle l'emportèrent avec pompe dans le
ctoit fille de %pUer & de Dloné. ciel, où tous les Dieux la trouve-
Il eft mên^e ^rivé que le$ hibftaircs tém $ belle > ^\h la noiQmâr^^it
S70 V Ë N
2>^/c derAmour FiUaM Vépoxtùt,
parce qull avoit forgé àcs foudres
à Jupiter contre les Géans. Cette
Déeflê ne pouvant foufirir foa
Biari« qui écoit d'une laideur hor-
rible , eut une infinité de courti-
lans , entre autres MeriMirt , Mets ,
&c yuiaita rayant furprife avec
ce dernier , entoura l'endroit d'une
petite grille imperceptible, & ap-
pela enfuite tous les Dieux , qui
fe,nioquerent de lui. Elle en eut
^upidon. , & aima dans la fuite
Aiotùs, Elle épouû auffi Anchife ,
prince Troyen , dont elle eut Enéc ,
pour qui elle fît fi'ure des armes par
Wukahi , lorfque ce prince alloit
fonder un nouvel empire en Italie.
Cehe Décile avoit une ceinture ,
qui infpiroit il InÊiiUiblement de la
tendreâe, que Junon la lui emprunta
pour fe îsàxt, aimer de Jupiter» Venue
ctoit toujours accompagnée des
Grâces , des Ris , des Jeux , des
Plaifirs & des Attraits. Paris ^ de-
vant, qui elle ie montra dans toute
la beauté , lui donnâla pomme que
Junon & Pallas difputoient avec
elle, & que la Dîfcorde avoit jetée
fur la table, aux noces de Tkétîs &
ëe Pelée, Elle préfidoit à tous les
plaifirs r & fes fêtes fe célébroient
par toutes fortes de débauches Oà
lui bâtit des Temples par-tout. Les
plus célèbres étoient ceux d'Ama-
thonte I de Lesbos , de Paphos , de
Gnide , de Cythere & de Chypre.
Elle voulut que la colombe lui fût
confacrée. [ Voye^ Peristere. ]
On la repréfente ordinairement
avec Cupidon foa fils , fiir un char
traîné par des pigeons ou par des
cygnes ou des moineaux , & quel-
quefbis^Bontée fur un bouc.
Cîcéron. prétend, dans fon Traité de
la nature des DUux , que le mot de
Vénus eft dérivé de Venirc^ parce
que la Déeâe des Grâces va à tout
le monde. Cette étymologie paroît
un peu forcée. On 4 donné le nom
VER
de yinus â Tune des trois pt^etei»
inférieures , défignée communément
par l'étoile du matin ^ ou l'étoile d»
foir ou du berger. Les Romains
l'appeloient Lucifer lorfqu'^le pré-
cédoit lefoleil/& Hefperus ou Vef*
per lorfqu'elle le fuivoit.
VENUSIUS,yoyqCARri9-
MANDA.
VERAN , Voyei Salonius.
VERARDO , ( Charhïs ) né à
Céfene dans la Romagne en 1440 «
mort le 13 Décembre 1500 , à 6cf
ans , fut camérier & fecrétaire des
Bre£s des papes Paul ÏJ , Sixte IV ,
Innocent VllI & Alexandre VI. On
a de lui un Ouvrage fingulier»
intitulé : Hlfiona Caroll Verardi
de urhe Gratmta ^ fengulari vlrtute ^
felîclbufque aufpîcus Ferdinandi â*
Elifabeth Re^b & Reglntb expugnatâ , I
Romae , 1495, in -4®, avec des
figures afiezbellesr Cette hiftoire» I
en forme de drame , eft dans va |
goût burlefque : wi&. elle mériter
peu d'attention.
VERAZZAm , ( Jean )gcndl-
homme Floremia,^toit au fervice
de François I y lorfqu'il découvrit,
en 1^14, la Nouvelle France dans
l'Amérique feptentrionale. Il vifita
& examina foigneufement les côtes
de cet immenfe pays ^ parvint juf-
qu'à Terre-Neuve , & envoya stf
roi une relation détaillée de fes
découvertes. On la trouve dans
la Colle£Uon de Ramufio & dans
ÏHiJioire générale des voyages. Rof
mufio dit dans (a Préface , que
Vera^ani étant defcendu , dans foa
dernier voyage , fur une des <^tcs
de l'Amérique feptentrionale «pour
obferver le local , fut tué avec fa
fuite par les iauvages. Les barbares
firent rôtir leurs cadavres , & les
mangèrent à la vue des compagnoitt
du célèbre navigateur qui étoient
refiés fur le vaifieau. Comme Rcf
mufio ne marque point la date de
ce malheurewti^ événement , quel^
ques
'VÈÎl
HfpBts Mftorîeos en <lQUtect ' On
%oof«rv^ à Florence^ dans la biblio-
thèque de Stroi\i , une Defcription
\porn10graphiq4e de toutes les côtes
& de toutes les contrées que
Vcra^i(ani avoit parcourues , & l'on
y voit qu'il avoît voulu chercha:
par le nord im pafiâge aux Indes
orientales.
I. VERDIER. ( Antoine du )
feigneur de Vauprivas, né le 11
Novembre 1544, à Mombrifon en
Forez , mon le 25 Septembre 1600 ,
à 56 ans , fitt hiftoriographe dé
France, & gentilhomme ordjnaifC
j du roi, U inonda lé public de Com-
! pilations , dont la moins mauvaife
I eft ia BihRothcf^uc Au Auteurs Prari'
foU , quoiqu'il n'y ait pas beaucoup
ke critique ni d'exavlitude. Elle fut
imprimée pour la première fois é
Lyon en 1^85. M« RÎgoUidi Juvîgvî
^sx a donné une nouvelle édition \
ainii que de la Blhlluthequt de I4
CfQtx 4m Ma'mà , à Paris, Ï772 ^
^77? > '5 ^^1- «* 4**- Les Notes da
\ favcsit éditeur reûifieot les eireujrs
■ d^ l'original s & rendit ce livre
néc^iliûre à ceux qui veulent cqh-
y sipUre notre ancienne littérature.
Je fie fais p9^ cependant, fi M^
Rigoitl n'auroit pas mieux &ii de
IK>U5 donner une Bibliothèque
ii^ùçoiX^ complète , qu» d'im«
l>rimer.k fatras 4e dm Ferdiâr^ Je dis
Éttras , -parée qu'il a rempli fon
iivre a&xtéu longs 9i ma) dioifis
dep plus mauvais auteurs* Cet écri^
vai n manquoit tibf olument de {(oCit.
$o9dyle eft infoutenable ; outré
j^s vices du terroir , ki le^re des
tivri^s ialieos $c latins , lui faifoit
employer des mots extraordinaires 4
qui gâtpient encore fa miférable
di^oa ifrançoir<e. Cependant il
h'entendoit <{ae médiocrement le
latin « & quoiqu'il alfeâ;àt des
*pur0Urçs & des expreffioos grec-
tpiLCSf à peine connoiâbitnil cette
^ecn^erf tai!g4^ Ce qui a&itd9on«
Tome IX.
V E iît . 3ii
la préférence à fa Bihliothqvc fuir
celle de /« Croix du M^lnc , c'eil v
1.^ Qu'il marque plus exaûement
les titres des livres , & la date ^
le Heu des éditions. 2.^ Il indiqué
les livres anonymes , la plupart
très - rares ^ 6c dont plufleurs nous
auroient été inconnus fans lui :
ce qui auroit peut-être été un mé-
diocre inconvénient; car , qu'im«-
porte de favoir c;u'un auteuooublié
a donaé un livre qui mérite de
rêtre ? 3;** U donhe le catalogue
des Ouvrages latins , que chaque
écrivain françoîs a compofés : chofe
à la vérité étrangère à fon livre ^
mais qui peut avoir fon utilité..*
Xiutdc DtJ VcïLDiEa, fils d'^«*
toms , avocat au parlement de Paris ^
cherdia à fe procurer du pain par fa
phime. Il publia plùfieurs Ouvragés
mal accueillis » & il traîna une vie
longue & obfcure \ après avoir di<^
.fipé les grands l)iens que fon pero
lui avoit laiflesi II mourût eh 1*649 1
k 80 ans ', il éteit favant \ mais mau «
Vais critique.
. II. VEADIER , { N... ) auteur
peu <ionnu du Roman des Romani ;
:en 7 vol. ifl-8° ; production auifi
plate qu infipide.
m. VERDIER , ( Céfap) chirur^
gieil & démonflratëûr royal à Saim:«
Cème à Paris, étoitné à Molieres ,
près d'Avignon. Ses leçons & fes,
cours d'anatomie lui atdrereni un
grand nombre d*auditeurs ; & il
tormi de bons difciples. Cet homme
câimable vécut dans le célibat , &
fiit toujoyrs animé par une piété
ûncere & fans aifeâation. Plein de
probité & de politeiTe, il fherchoic
car fes égards à ne déplaire à per«
tonne. Il prononçoit volontiers ce
mot , qui étoit comme fa devife :
Ami de tovt U monde i mais cette ami-
tié générale l'empéchoit de prendre
quelquefois le parti de fes àmispar^-
cicuHers. VerdUr mourticà Paris le
29 Mars 17^9, Il.^ll auàhu: d'ua
X .
511 VER
excellent Abrégé d*AfuuomU , 9àni ,
1770, 2 vol. in -II; & avec les
Notes de M. SahëtUr , I775 » ^ vol.
În-S®, & des Notes fur VAhrégé de
VAn àts Accouckêtnens , compofé par
Madame BourJUr du Coudray» On a
cneore de lui ( dans les Mémoins
de l'académie de Chirurgie ) des
Richerchej fur les hernies de la
•yeffie -, des Oh/ervaùotu fur une
Ploie au vennv , & fur une autre à
la gorge.
I. VERDUC , ( Laurent) chirur-
gien iuré de Saint-Côme à Paris ,
étoic deTouloufe. C'étoit un homme
plein de candeur & de charité. U
employa un grand nombre d'années
à profefier la chirurgie ; & il eft forti
de fon école beaucoup de difciples
habiles , qui avoient profité de fes
lumières & de fon expérience. Ce
fut en leur faveur- que Verdac publia
. àParis en 1689 , ion excellent Traité
intitulé : La. ManUie de guérir, par U
moyen des bandages , les fraclures & les
luxations qui arrivent au corps humain,
11 y remonte jufqu'aux principes de
la chirurgie , & à Thiftoire des Os.
.Cet ouvrage a été traduit en hoUatf-
dois » & imprimé à Amfterdam en
169 1 , in- 8^. Verduc mourut à Paris
«ni695..
//. VERDUC, { Jean-Baptiftè)
fils du précédent , doâeur en mé-
decine, confirma l'idée avantageufe
qu'on avoir de fa fcience , par l'ou-
vrage qu'il intitula : Les Opérations
de Chîrurfft , avec une Pathaio^e ,
1739 , 3 vol. in-8®. Ce livre un
traduit en allemand , & imprimé à
Leipzig en 17 12 , in-4®. Il avoit
entrepris auifi un Traité de VU/agp
des Parties , dans lequel il vouloit
expliquer les fondions du corps par
les principes les plus clairs. Mais
tent mort fans adiever ce Traité ,
Laurent Verduc fon frère , mort
en 1703 > chirurgien de la Commu-
nauté de Saint-Cômei revit ce qu'il
avoit fait, fuppléa à tout ce qui
VER
1
manquoît » en fit un excellât Oct-
vrage , & le publia à Paris en 169^ ,
en 2 vol. in-i2. On a de ce dernier*
le Maître en Chirur^e ou la Ckirurpe
de Gui de Chaulîac , 17O4 , in-12.
VERDURE, (Nicolas-}ofeph de
la) né à Aire, mort à Douay es
1717 , à 83 ans • étoit doôeur de
l'univerfité de cette ville , premier
profe^eur en théologie, & doyen
de l'églife de Saint-Amé. Cétoit uA
homme d'un (avoir profond , & d*u&
défiméreffement encore plus rare.
L'illuilre Fénelon l'honorott de fon
amitié. On a de lui un Traité de la
Pénitence »en latin , dont la meilleure
édition eft de 1698.
VERDUSSEN , ( Je^i - Pierre )
membre de l'académie de Peinture
de Marfeille , mort le 3 1 Mars 1763»
a été un ées plus célèbres peintres
dans le genre des batailles. Ses taieos
l'ayant aniré â la cour du roi d«
Sardaigne en 1744 , il accompagna
ce prince dans fes camp«^nes d'It»-
lie ,- & immortalifa la gloire qu'il
s'étoit acquife à Parme & à Guafialla.
Rendu à la France depub plus de 16
ans , liprès avoir parcouru diverfes
cours de l'Europe , il fe fixa à Avi-
gnon,-& s'y fignals par de nou-
ve^x chef-d'oeuvres. La vivacité
& 'le moelleux de fes dernières pro- '
dnûions , remportèrent fur celles
dont il avoit embelli 4'Italie H -
l'Angleterre.
VERELIUS, (Ohûs) hiâorien
Suédois», mort vers 1680 , a publié :
I. Runoeraphia Scaadica antiqua :
l'auteur qui avoit parcouru toute
la Suéde pour y découvrir les an^
ciennes Inicriptions , -avoue qu'elles
ne répandent prefque point de )Out '
fur i'hiiloire ancienne de ces coiw»
trées. II. Hifioria Gothnd& Ro^ômîs^
Wefirogothiét reguti , en langue go-
thique, avec une Traduâion filé-
doife, éc des Notes en ladn , Upfal ,
1664 , in-4*'. Ce célèbre commcn«
tateur a ^pliqué avec beauoM9-'
r
t -
VER
d^éradSfilbn , dans ces Notes , tout ce
^ regarde la retigîon des anciens'
peuples du Nord. III. Hifiorîa Htr-
vont , en langue gothique , avec une
Veffion latine & de longues Notes ,
^ UpfaI , 1671 , in-fol. IV. Supplément
! à THiftoire précédente , Ùpral ;
1674, in-fol. , &c. "
VEREMOND, Vùye^ Ber^
MVDE.
VERGENNES , ( Charles Gra-
vier» comte de) coitamandeur de
l'Ordre du Saint- Efprit*, chef du
confeîl royal des Finances, minif-
tre àts affaires étrangères , mort à
Verfailles le î 3 Février 1787 , à 68
I anSi étoit d'une famille noble dé
Bourgogne. Son efprit aâif & con-
ciliant l'ayant Êiit connoître à la
cour ; il îat nommé en 1 7 5 c ambaf-
fiideur à Confbintinople. Il trouva
dans cette place importante de nom-
breofes difficultés à vaincre -, mai^
il eut la gloire de les Airmonter ,'
& fe concilia l'eilime & la bien-''
veillance, non -feulement du roi
fon maître 6c du Grand-Seigneur,'
mais encore des deux impératri-
ces , MëM'Tkérefe & Catherine //.
Revenu à Paris , il fiit envoyé en
Tjjt ambafiadeur en Suéde , & eue
beaucoup de part à la révolution
dont ce royaume goûte à préfent
les fruits. Dès que Lonis XVI fut
fur le trône , il s'emprefla de l'ap-
peler auprès de lui, en le plaçant'
à la tête du département des affsdresf
étrangères , & en lut accordant la
plus grande confiance pour le gou-"
vemement intérieur du royaume;
Sous fon miniftere , la France reprit'
dans les pays étrangers une confi-
dératibn politique d'autant plus
foHde, qu'elle étoit fondée fur les
^vertus & TeTprit de bien&ifance du
comte de Vergtnnes. Son défir le
plus vif & fon zèle le plus ardent ,
forent toujours de prévenir l'effu-
âon du £i:tg humain, & d'accom-
aipder Icis différeos qui ^uroiffit-
VER 325
pti amener la guerre. Ceft à ce
pacificateur des nations que l'Eu-
rope dut la paix de Tefchen ,
celle de 1783 , & l'accommode-
ment des difputes entre l'empereur
& la Hollande. Ceft à lui que
la France eft redevable des Trai-
tés de cpmmerce avec l'Angle-
terre^ la Ruflîe, fruits d'une fage
politique & d'une heureufe paix.
Confidéré comme minière de l'in-
térieiur du royaume , le comte JU
Vcrgennes . joignit toujours à uno
prudence consommée « une aimable
franchife ; à la févérité pour lui-
même , beaucoup d'indulgenctt
pour les autres ; à l'opiniâtreté
d'un travail fouvent fec & fati-
gant , l'attention d'écrire de fai
main des lettres pour confoler de*
amb ou fecourir d^ malheureux.'
Donnant un accès libre & facile à
tout le monde» il écoutoit favora»
bleinent tous ceux qui cherchoienc
à l'approcher. Grand politique fie
homme de bien , il fe montra tou^
jours pcre tendre , bon époux ,
fidelle ami -, & il ne chercha à fo
délafTer de fes pénibles travaux
quaufein d'une Emilie chérie ou
avec des amis vemieux. Si fa vie fiit
un modèle pour ceux qui gouver-
nent la terre , fa mort leur oi&ic
encore des leçons. Lorfqu'il eut
reçu le Viatique , un de fes con-;
Ércres s'étant approché de fon* lit ,'
il lui dit : Je vîhs de rtmpûr. un devoir
^ nous devons tous remplir '^mais que
nous devrions répéter plus fouvent. Ce
grand homme plein du véritable
efprit dû chriftianifme , avoit eu ,
malgré fes talens , la veiuu qu'on
appelle moBefiic dans le monde , fie
que la religion nomme humilité^
Auffi avoitil demandé , pour la
pratiquer . même après fa mort ,
d'être inhumé dans le cimetière de
laparoiffe fur laquelle il mourroit.
Ses obfeques ne furent pas aiiffi mo«
ddWs qu'il §uroit voulu ^ ^ partie
}i4 V É ft
4es mifiîAnes .& des ^r^iuU feîgpsadPS
de la cour aâ&Aerect à Too coavoi ,
tes larmes aux yeux. Les divertiâe-
mens âu-eût défendus à Verfiûlks ,
|è le roi le plem«
VERGER dcHàvrAve, (Jeao
4u) r^aquit à Bayoene en «.j8i ,
d'une famHte Boble* A^s «voir
i»it fes étudies avee l€ plus grand
iuccès ^ Ffaoïte & à Louvniii ^ il
hn powvu e« i^ J^ 1 de Vabbtye di»
feintnCyrai^C&Kf/urÀ Sàtitf-&rad^
j^ir:$unnus\ éloQ l'ahbé ChâttlMi)
par la réâj^n^CtOQ dé ^<SRri - Louis
Châtalpner dcia RothcPa/ëy, évêqu6
de Peitidrf v doot il «toit grand-^
vicaire, l'tfbbé de SSfa-Cyrm s'ap-
^l.quaé Iff téâUre des Pires & des
Conciles, âcàut y trouver le germe
d'unnou^^éau Cyékèxnt Tur la Grâce >
tpi'il s'eflfoÀrça 4l*ifi(ptrer à fanfimm »
le à )iA gragkd nombre de-flhdoii»^
g îeas. Ce fyûâme n'écoic pokc de
lui ; U croyoic pouvotr , «ifirèa
6^ius^ «âSga^r un ^1 dans 4e iahy*
twthede la Touté-jWÎiTBttce dime
^ de la ItbiÉrté. Après la mort de
iaûfenms ^ Tabbé A ^alm-Cyrau *
inconfolablé de la pêne de fon
ami , tâcha de répandre ùl dotibine »
•u plutôt ce {[vlA troyoit être la
doârine des Petes. ^aris lui pamfi
h théâtre le plus odnvenablc à iotk
zck. 11 y <fit uiage dé £es ialefk&
pour accrésËtier VAufftJiui àeVéyè*
que d^Ypres.^on air Ompleâc mor-.
tiâé « fes parotes cfouces & ioii-
auantes , -fon iavoif » iîes vertus»
hà fireot beasscoup de parûCdXkA^
PeSopnscres vdes laïque%d» fibnimes
4e la "vdlle ^ de ia cciir , des reii-
g^eàx & fkr-tolit des jreH^ectfes »
■éopterent' £es idées. Voîâ quelles
ctoiènt ces idées , Aûvam Morcnof ^
qui n'eft cpie l'écho du Père ^JÊvrl-
pli , à'Jbcl/i , «de Coikt^ -qui ont
tous écrit avec trop de pa£on fur
l!âbbé dâ Saint' Cyran , pour que
leur té^^gnage ne paroiiTe pas
Sjij^eâ*7i^uiTaot la (tépoTitton d(f
V 1 1^
i i»abbé ^e Pr*ef«5, il dîfoiti
^ voir marquer dair^meatrépoqué
*> de la deiftrudion de l'Egtife, dont
>* Dieu mtoeéœit l'auteur. Selon
» loi» il étoit auffi inutile de s'ac*
** cufer des i^hcs véniels , que la
^ pratique ien étoit nouvelle ; que
^ c'étoit un a£le d'humilité » qui
» j>otiV|efe Ce ^ire à tout taïque-é
*^ Il n'étoit pas plus nécefTaine de
^ aari|iier le nontbre é}s& péchés
*' mortelsi oU les cireooftaacesqui
^ masquent l'el^ce. Le Conffffîoil
»» n'étoit qu'une oeuvré de furéro*
** gationX'abrotucioli n'étant qu'un
^ fig^e qu'ils font pardonnes » ne
*> remeccoil poklt les péchés^ H
>* exigeoit, comme une diippfidoil
>^ eflemieUe a la Confeflîon « une
" contrition parlote , £t ii Youloit
** que la (atlÀâHoa précédât l'ab*
>* ioluttoo. llttottvoitlaCoœmtti*
* mon l)eaucoMp plus prc^iire à
* dBUctt les pé^s, <tue la Con*
H feûiofti & rinvecattoa du Saint*
>* Nom de Iesu« , auffi cffiCKÉh
'' pour œt efo que la Comnm-
'- aion. De toui les Sactemens. In
>^ Coa^rmotion ivÀi eelm dont si
" «voie le plus haute idée. Il 1*
** préférott ^ Saptâne , iugeoie
» £es effets plu!ivi£i& plus prompts*.
>* Ce faorement n'cxigeoit poiné
>» d'ausré dl4MiiWion , lelon lui ,
>* que le Baptême :il vouk>it<pi'ott
** pût le recevoir en demandent
'*. ieulement parilpn à Dieu des
*». péchés monels dont .on s'éiok
** lendtt eoupable. Il débieeît unft
>» infinîcé d'autiss nuadmes » qa'il
" cfoyott égalemem londées fur
n fantiqnité ; U. mépàiànt fiwve»
>* jrainem«tt:les fenémensde^théo-
»*> logiens quiluiitoient oppcdës »
** il difott en &voir plus qu'eux*
Vf lln'avoitpaspliisderelpeâpour
H, S, Whowtss^ & pour le ûintcoa-
» oie de Trente. Cependant il ne
» dévelAppoit fies fimtunens qu'avec
» .paécaudsn *, U pour fenux J»
V Ç R
# boodte aux délateurs , il* difàtt
»• qu'il nieroît tout v c*eft ce qtts
** dépofa l'abbé rff Pw<rej » i qui it en
«» fit confidence en 1635, Comme
» il ezigeoit le fecrct de cçu^t à qui
«. y parloir de vive Voix^, il ne le
» recpmmandoie pa$ moiny daA$
» fes Lettres i. & on le voit par
f» quelques-unes <{ui fontreftées «.
M»s on n'y voit pas tes erreurs que
i4ormas lui^ attribue ici> d'après l'o-
dîeufe dépofitton d\»n homme qui
«voit dévoilé le^ forets, ou les
prétendus iipcrets qu'on Ini avoir.
confiés. Cependant- on fit paiTer.
Habbé dt S-amt" Cyran^ pour un.
homme dangereux *, & le cardinal
ifi Richelieu^ fiché (dft-on) d*sil-.
leors àeKt qu'il nevouloit pas fe
déclarer pour la nullité du mariage
de Gcfl0n d'Orléans avec Marguerite.
de Lorraine , le fit rjsnfermer en
1638. Aprèp lamort de ce minlflre »,,
il fortit de priCon -, mais il ne jouit
|»as long- temps de fa liberté, étant
inoTt à Paris le ii- Oôobre 1643 »^
4 6a at2s. On a de lui : 1. Lu Somme.,
4fis Fautes &,faujl[£tés Capitales ççn'f'
nfsts en la Somme Tjjiéologlque du Père
François G^raffc. II devoit y^avoir-
quatre volumes -, mais, il it'en a paru
qae les deux premiers , & T Abrégé
du 4* , i6i6 , 3 vol. in-4^. II. V^
i^tûtf fpîrituillu ^ i.voï» in-4® ou
in-S** -, téimprimées à Lyon en,-
1679, en 3 vol. in-ix.^ On y ajouta
Wi 4*^ vol.; qui renferme plufieurs .
netits 7ralt4fi de M. de Salf^t-Cyrân^
fihpriniés féparément : (avoir » la .
théologie fami^^re ^pi) BrUve .ExplU
eatîon des principaux l4yiUfe9 d^ la
Fpi r, ley Vtnjiies Chrùiennes fur^ la
Paurreté, Valfon. . «fc. Btmpuîs a ex-
trait èc.tas Lettres Ifes i^lnt^'iSE^rprin-
dpales, qu'iiafattimpri/neria-X2.
'4mauld' iÂn&Uy a , ai^gmcnté est
&^ueil,.& l'a publié , in 3^ 6c in-i ^,
fotu le ticre ^ Infirmons ilrifis des
Lettres de, M4.de Saint' Cyran^ III,
l/li<fiogu,ptur M; d«iaRi^(^P([»fay,
TER 5îç
Cûntfi Cfux qui Sfent qu*ilrt,ejtpaspef^
mîi aux Eccléfiafiîqiies d^avoir recours
^aux armts en cas de n<!ceffite\ imprimée
en 161 5 , in-»**. IV. Un petit Traité
puWié en iéo9 , fous te, titre de
Qttcftion Royale , ou l'on çxamine
en quelle extrémité U Sujçt pourroii
être obligé de cortferyer la vie du Pnne$
Ofix dépens de laficnae , 1^09 , în- il ^.
contre&it (bus la même date. Ct%.
deux ouvrages firent grand bruit ,.
le dernier fw-tout. Les léfuites.
l'annoncèrent par-tout cpmme uiv.
apôtre du fuici.àe;flc d'Ayrîgni donna.,
utx extrait fort malin dece li vre,dans
fcs Mémoires, Mais il eft évident que-
Saint ^Cyiran veut prouver feule-
ment, qu'il eft des occafions*. où.'
l'on .pçîit facrifier fa vie itf^$ ami*
eu à fa patjpie. V. Un gros vohune
txi-folio,. imprimé aux dépens du
Clergé de Franc? . /eus le. nom de-
Petms Aurellus, L'Affçmblée de 1641
en fit £iire une édition en 1641 , que-
les Jéfuites firent faifir» mai$ qui
n»a pas laiifé d'être diflribinée fur
l<rs remontrances du Clergé. On a.
dans cette édition deux Ecrits :~
Ci^nfutatio collccHcnis Locoam quos.
J^uita compilârunt , .& Convitia pettà%,
lantia, qui ne- ne fe trouvent pas .
dans la jf édition, laquelle, parut,
auffi aux frais du. Clergé en 1646.,
Mais à la. tète de cette même édi-
tion-, on Ht TEloge. que Godeau^,
éyêque de Vence, a fiiif-de rauteur»
Î>ar ordre du Clergé. Celivre d'ail-
eurs auroit pu être meilleur &.
mieux feit,.. A fon talent près pour
fa parole & la direÛion, l'abbé 4^
SfthrU'Cyran étQitMti homme ordi-
naire. Ecrivain foible & diffus » en .
l^tin contmeen franco is , fans agré-
ment, fans correèliAn &,(àns clarté :
il av:oit quelque chaleur dans l'ima*
gination^;^ mais c^te ch4eu< n'ét»;\t ;
pas dirigée par. le goût ^ Je jetoit..
quelque&is dans, le phébû$. Il y éd.
a beaucoup dai|S fes Lettres. La plu*
psn de ceux qui le louent tant aU"; .
^i6 V E R VER.
|ourd*hui , ne voudroient pas être abandonné par la France & Inquiété
condamnés à le lire. Sa plus grande par le pape ,.il apoftaûa ouverte-
gloire eft d'Uvoîr fait duMonaftere
de Port - Royal , une de fes con-
quêtes *, &. d'avoir eu les Amauld ,
les Nicole & les Pafcal pour difci-
pies... Voy, II. Lamcelot.
I. VERGERIO , ( Pierre-Paul )
philofophe, ittrifconfulte & orateur,
né à Opo-d'Hlria , fur le golfe de
Venife , aififta au concile de Conf-
tance. Les qualités de fon cœur & de
fon efprit le firent aimer & efHmer
de l'empereur Sîpfmoni , à la cour
duquel il mourut vers 143 1 , à Tâge
d'environ 80 ans. Murutor/ a publié
dans fa grande CoUcHion des Ecrivains
ment ,& fe retira chez lesGrifon;«. |
où il écrivit en vrai Luthérien. Cet
apoilat finit fes Jours à Tubingeen
1 5 6 5 . 11 efl auteur de pluûeurs Ou-
vrages, que les Proteftans mêmes
méprifent. Le fiel qu'il y a répandu
contre l'Eglife Romaine 9 les fait
rechercher des malins. La fuppref-
fion qui en fut faite, les rend pré-
cieux aux bibliomanes qui courent
après les raretés. Les principaux
font : I. Ordo eÙgendl Pontifias ,.
15^6, in^**. II. Quomodo Conciiit^
Chrlftianum dcheat ejfe liberum , l>; 37 9.
in-8*. L'édition de 1557 n'eft pa*
de l'Hiftoire d'Italie , tome xvi ,/ redie^chée. III. Operum advent»
in-folio» VWfioîredes Princes de la Papatftm , tomus / , 1563 » in-4^1
Mal/on de Canari^ écrite par VcT'
gerio , avec plufîeurs Difcours &
Lettres xlu même favant. Il a com-
pofé d'autres Ouvrages, dont quel
IV. De Natura Sacramentorum^ ^
1559, in-4°. V. ' Et d'autres Ecriu
en italien , moins connus... [ Voye^
Negro. ] /. B, Vbrg^erio fon
ques - uns font encore manufcrits. frère , évêque de Pola dans l'Iftrie »
On a donné des éloges à fon Traité, embrafTa comme lui le proteflac-
De ingenuis morihus & àheralîhus Ado-
Ufcentut^ fludUs^ 1493 , in-4^ ; & il
les mérite à quelques égards.
II. VERGERIO , ( Pierre-Paul )
parent du précédent , fut envoyé en
tifme. L'un & l'autre s'étoient
flattés pendant quelque temps »
d'obtenir le chapeau de cardinal*
' I. VERGI , (Alix de) ilTue d'une
des plus illuilres maifons de Bourr
Allemagne par les papes Clément VJl gogne , époufa en 1199 Eudes 111 ,.
&Ptftt////, aufujetdela tenued'un duc de Bourgogne , & mourut le
concile général. Il eut pour récom- 3 Mai 125 1. C'eft à la cour de ce.
penfe l'çvêché de Capod'Iflria fa pa- prince que l'auteur du Roman de la
trie , ifle fltuée à l'extrémité du golfe comtefTe de Vergi , fuppofe que iies
de. Venife. Comme il avoit eu de aventures fe font pafTées. L'hé-
fréquentes conférences avec les Hé- roïne du Roman ef^ Ldure , fille de
rétiques & avec Luther même , leur Matthieu 11 , duc de Lorraine , qui
commerce fut dangereux pour un avoit été mariée à Guillaume de
homme amateur de nouveautés. Il
ie remplit, d'idées peu favorables
au (aint - fiége -, il appuya les plain-
tes des novateurs. La cour de Rome
auroit voul^ l'éloigner des affaires ; dame veuve avant fon mariage,
snùs il fe ménagea des partifans à II. VERGI , (Antoine de ) comte
ceue de France, qui l'envoya, avec ^e Dammanin , fut très - attaché à
le titre d'ambaàadèur j à la diète de Jean , duc de Bourgogne , & aux
Spire, eiî 1540. Il s'y donna pour Anglois. Il étoit avec ce piînce «
l'agent du pape, ainii que du roi *, & quand il contraignit le Dauphin &
il ne ikrvit ni l'un ni l'autre. Enfin B Us pardians du duc dt Orléans k
Vergl , fénéchal de Bourgogne ,.
mort après 1272 fans podérité \
mais l'auteur n' étoit guece au fidc
dei époques , puifqu^l fuppofe cette
(
VER
^ femr de Momereait-Faut-YoQae »
> où ce même prince fut af&dlné eii
^ . I4i9« Créé Tannée fuivante m^iré-
; chai de France par le roi d'Angle-
terre , fe difant régent du royaume ,
' il, «défit les troupes ïrançoiies à la
journée de Crevant, près d'Auxerre.-
II fut fait chevalier de la Toifon
d'or ». & mourut en 1439 , fans
laiffer de poftéricé de fes femmes ,
Jtannc de Rîgnù & GuîUemau it
VUnrù*
* III. VERGI , ( Gabrielle de)
Voy. Faïel.
. VERGIER , ( Jacques ) né à
I^yon en lôjy , vii^t fort jeune à
Paris , où fpn efprit agréable & fes
manières polies le firent rechercher.
Il .portoit alors l'habit eccléfiaftî-
^e V mais cet état étant peu con-'
Corme à fon génie & à fon incli-
nation pour les plaifîrsr, il le quitta
pour prendre Tépée. Le marquis de
Seîgnelai ( Colbcrt ) fecrétaire d'état
delà marine « lui donna «en 1690,
une place de commifTaire ordonna-
teur» qu'il remplit pendant plufieurs
années. Il fut eniiiite préfident du
Confeil de commerce à Dunkerque ',
mais cette voluptueufe nonchalance
qui fit toujours fes délices, l'em*
pécha de monter à de plus hauts
emplois « & lui fit négliger même
d'amaffer de grands biens. Loin de
^.'occuper des affaires > il ne s'occu-
poit pas même à la poéfie qu'il
^imoît beaucoup , de peur que fes
divertiiTemens. ne devinffent une
occupation. Il menoit une vie libre
& tranquille , lorfqu'il fut aflafliné
d'un coup de piflolet dans la rue
. du Bout-du- Monde à Paria , fur le
minuit , en revenant de fouper chez
mi de {es amis : c'étoit le 23 Août
J720, Il étoit âgé de 63 ans. L'au-
teur de cet affaflinat étoit un voleur,
connu fous le nom de Chevalier
h Craqueur , avec deux autres com-
plices, tous camarades du fameux
iCâiioufh^ Le Chevalier le Cra^utur
VER 327
fut rompu à Paris , le 10 Juin 171a *
& avoua ce meurtre avec plufieurs
autres. Son deffein étoit de voler
Vcfper ; mais il en fut empêché par
un carfôiTe. C*efl donc fans fonde»
ment qu'on a attribué cette mort à
un prince qui vouloit fe venger
d'une Satire que le poète avoit
enfantée contre lux. Vergier n'étoit
pas capable de faire des vers contre
perfonne. » C'étoit un philofophe ,
" homme de fociété , ayant beau-
*> coup d'agrément dans l'efprit »
» fans apcun mélange de mifan-
» thropie, ni d'amertume». Rouf-^'
fiau y qui parle ainii de ce poëte ,
qu'il ayoit fort connu f ajoute :
" Nous n'avons peut-être rien dans
n notre langue , où il y ait plus de
»» naïveté , de nobleâe & d'élc-
" gance , que fes Chanfons de table ,
M qui pourr oient le faire paiTer , à
»» bon droit , pour VAnacréon fran"
» çoU M. A l'éeard de Tes autres
Ouvrages , lapoefie en efl négligée^.
à fon ftyle trop fouvent profaïque.
n a fait des Odes , des Sonnets , des
Madrigaux , des EpuhaUmcs, des EpU
grammes , des Fables ,* des Epitres ,
des Cantates, des Parodies. La meil-
leure édition de ces différens ou-
vrages eft celle de 1750, en 2 vol.
in- 12. »* Vergier (dit Vçltaîre ) eil à
" l'égard de U Fontaine , ce que
** Campyiron efl à Racine , imitateur
H foible , mais naturel «. En général
la narration de fes Contes efl un
peu découfue. Il eft moins obfcene
que Grécourr ; mais il l'efl plus que
la Fontaine, On a encore de lu^»
Zeila ou l'Africaine , en vers -, &
une Hifloriette en profe & en vers ,
hitituléè : Dom han ; & Ij'ahelle ,
Nouvelle Portugaifc.
• VERG^ , ( Pierre de Trcffan
de la ) né en 1618 , d'une ancienne
maifon de Languedoc , fut élevé
ians la religion Prétendue-Réfor-
mée , qu'il abjura à Tâge de 10 ans.
Après avoir pafîié quelques années
. Xiv
%i^ VER
i la/ cour , il fe retira auprb é^
faviUun , évêque d'Aleth. Il fît »
^vec Tagrément de ce prélat, un
voyage dan^ la Palcftine. Les mlf-
fions , & la direéHon des âmes ^
Toccuperenc entièrement à fon
setour. La part qu'il prit au Livre
de la Théo/ugU Morale ^ le fît exiler *,
mais peu 'de temps après , le roi lui
rendit la liberté. , dont il ne jouit
pas long- temps. Il fe noya près du
diàteau de Tarargues , en venant
à Paris, le ç AvfU 1684. Son prin-
^pal Ouvrage eft intitulé ; Exantça,^
gdoiral di tous Us états & conditions ,
2* des péchés qiCw y peut commettra ^
% vol. in-i2 , 1670 , fous le nom
du âeur de Sauit- Germain , avec un
3,^ vol. concernant les matchands
& les artifans. Ce livre , fort utile
à ceux qui fe- çonfacrent à la di-
région des âmes , eut beaucoup d&
iiiccgs,
' VÈRGNE , Voy. Fayette.
VERHEYEN. (Philippe) fîb
4'un laboureur du village de Ver-
^brouçq , au pays dc-Vacs , vit le
'jour en 164&. U travailla à la terre
^vec Tes parens jnCqu'à Tàge de 3^2;
^ns , que le- curé du lieu , lui trou-
vant beaucoup d'efpxit ». lui apprit
lie Rudtmenj; , & lui procura une
place dans un collège de la Trinité
^ Louvain. Le- ieunclaboureur y fii;
tant de progrès , qu'il fut déclaré Iç
;premier de fes condifciples. Après
avoir reçu le bonn^ décodeur en
médecine ^ il obtint la chaire de
pSofeiTeur. Qna.dçlui. : L Un ex«
çellent Traité , De Corporis humani
jànatomia , à Bruxelles , I710 , 7,
vol. in-4®; & Amfterdara, 17^1^
i vol. in-é:^. Cet ouvrage fut tra-»
duit en allemand. II. Un Traité ,
De Febrîhus^ Sui d^autres &vaotf$ PrOr
4uâions, Cet habile hommemoiirut
à Louvain le 18. Février 1710 , i
62 ans , après avoir rexnpli , durant
k cours de fa vie , tous les devoirs
QAi Oifétiçqt, de rhonnêtç homme
VER
et dû médecm. Il ne laifiâ gœri^
d'autre bien aux quatre enfans qu*il
avoit eus de fa féconde femme , quo^
fa réputation. Il voulut êtr^^entetré
dans le cimetière, de fa paroifie «.
ne Tempbim dehonefiara ^ aut noélviSf
kulitibus tnficeret , comme il le dit-
dans fon Epitaphe.
I. VÉiUN , ( Hugolin ) né à,
Florence en 1442. , mort vers l'an;
1*501» poëte latin , a cômpofé dif-
férent Ouvrage , qui ne lui ont
acquis qu*une réputaûon médiocre.
Nous ayons de ce poëte: Les Estpc'*,
âitlons de Charlemapie , la Prîfe de
Çrenade , une Sylve^ en l'honneur
de Philippe Benita, Les trois Livres
qu'il a ûtts à, la louange de <\
patrie, De ÏUuflratîone floraitia „
Paris, 1585 , in-4** , font pacmÇ
fes Ouvrages ce qu'il y a de plus^
^timé.
II. VÇRÏN , ( Mi^iel) fils det-
Jp^ln , natif de Florence, mourut-
Tan 1487 , âgé d'enviropi 19 ans.^
On dî: que ce jeune homme ne
voulut point fuiVre le confeil des.
médecins* qui. lui ordonnoient det-
(e marier, s'il vouloif recouvrer
fa fjuté ; facriHant ainû fa vie 4>
^'amour de la chaf^eté. Ce poctc>
s'efl rendu célèbre par fes DiJKquet,
moraux , dans leîquels il a fu ren-
fermer les plus^belles fentençes des.
philofopbes grecs & latin$ , & par-*
ticuliéremçnt celles de Salomon, Sa»
yerfitication eft facile & élégante.
S^s DiJUqws ( Florence , 1487 ) ont,
été réimprimés en France, in-8^j^
& traduits en vers françois & ea,
profe.
V Ea I N E , ( JEOa. VtRtsA}
{beur de Bafitifque & époufe de.
l'empereur Ùon^ ne s*occupaquê.
dç fe^ devoirs tant que fon mari
vécut*, mais après fa mort, ellefe
livra à l'ambition & à Tamour.
Ayant fait élire en 474 «fon gendre,
Zenon y empereur , elle conCpirâ
cûfuite contre lui , pour q^etuç. I^
VER
Mitiee tian , foa 9mam , i fit place.
\ ¥oyci IV, LioK.* ] Elle ne put
féuifir. Zinon , à la vérité , perdit
Tempire^ mais JBafiU/que^ frçrc de
Yirint^ qui £ut élu, fît donner \^
tnorc à Léon, Alo^s cette princçfle
intrigant fe vengea de k mort
de fon amant > en furiûint exiler
Bafilffyue^ & rcmpl^iç^ Zenon fur
le trône. Celui-ci la laifla d'abord
ÇOtivemer ; i^is Vtrne ayant cabale
fie nonveitt » il l'exila dans le fond
de la Thcace. Ceft là qu'elle mour
fut en 4S5 , après avoir tenté plu-
^e|in ibis de jouer quelque nout
yeau rôle.
VÉRITÉ , Divinité allégorique ,
fiUc de S^urne , & mère de la Vertu^
On la repréfcDte fous la figure
d'une femme , ayant un air majef-
Vieux, & habillée fimplement^ ou
même toute nue ,; & quelquefois
ibrtant du fond d'un puits qui eft
(on emblème. Elle a pour ennemie
la FabU y autre Divinité beaucoup
plus encenfée qu'elle, avec qui ce-
|>endant elle fait fouvent alliance ,
pour l'engager à adoucir fes traits
9ufteres 6c rebutans. Voye^ VAIU-
fQrîe de la Vérité , du fameux lyrique
VERKOLTE , ( Jean ) peintre &
Mveur Hollandois , fils d'un ferru-
fier , né à Amflerdam en 1 5 $0 ^
Inort à Delft en 1693 , eft fur- tout
|rès*célebre pour fes Morceaux en
étanîere notre, 11 fut heureux , parce'
qu'il îût Cà^e > & qull Ait profiter
4'un grand talent.
VERMANDER , { Charles)
peintre & poète, né à Meulebcck
en Flandres Tan i^jfi , mort en
1607 ,a fût beaticoup de Tableaux
dont îes fti}ets font la plupart tiréf
^ l'Hiftoire-fainte. G'cft lui qu'on
^argea à Vienne deôûre les Arcs-
ile*triomphe pour l'entrée de Tem-
peteur Rodolphe, Ce peintre a com-
Jofc un Trahi de Peinture , & il à
4QP.n4 la ^'< *» F^ntns Ixalkns &
VER iï^
fhmanés. On a auffi i^ts ComidUs H
beaucoup de P.oifics de Vermatfiler^
11 y adans-ies ouvrages, en géné-
ral ,.^beaucotip de feu & de génie n
ma» trop peu dç corrcâion.
I. VERMANDOIS,(Her^v
bert II , comte de ) arriere-petitt
fils de Bemqrà , roi dltalie , fu(
un piinçe diAingué par fon cou-t
rag<. Il fl^ Charles le Simple pri-
sonnier à Saint-Quemin , & l'en-
yoya prifonnier à Péronne » où
il finit fes jours. Hc^en mourut
çn 943. La branche de Verman-*
4ois , dont il étoit la tige , finit,
par Mâle , qui époufa Hugues de
France, 3* fils de Benri /, qui fe
fignala dans les Croifades » & mou-.,
rut de £cs bleflures à Tarfe, l'an
liox. Son fils fiit Raoul deVer-
MA^DOis y fénéchal de France , qui
eut la régence du royaume pendant}^
lé voyage d'Outremer de Lotus Vll^, ,
en 1147, de mourut en 1152. Il
avoit été excommunié en 1142,^
pour avoir répudié AUiaor de Chum^
pagne^ fa p|emiere femme, dont il
ayoit eu Hagites , qui fonda rOr<«
dre de la Trinité delà Rédemption
des Captifs , fous le nom de. Félix
44 Valois, De fon fécond mariage
avec Alix de^ Guknnt , naquirent deS|
fUles , & un fils mett fans poftérité»
II. VERMâNDOIS. (Louis d#
Bourbon, comte de) ^«y* Masqus
s£ Fer , & III. VALLiiRE*
VERMEYEN » ( Jean-Corneille )
peintre, né dans un village près.
d'Harlem , mort à Bruxelles en
1559, âgé de 59 atis. Cet artifle
avoit une barbe â longue , qu'elle
trainoit à terre , lors même qu'il
étoit debout , ce qui l'a fait fur*
tiommer Charles le Barhu, L^efflpc-
rcur CharltS'Qulnt l'aimoii , & il le
prit a fa fuite dans plufieurs voya-
ges , entre aucss , lors de fbn expé-
dition de Tunis , que Vernuyai
a peinte en plufieurs Tableaux,.
îjo VER
depms âcécutés en tapifliertes, qu'on
voU encore en Portugal.
VERMIGLI. Voy. xxy .PiERaB
Martïr.
VERMOKD, Voy. iVCohiv.
VERNEGUE, (Pierre de) gen-
tilhomme & poëte Provençal du
xii^ fiecle, palTa Tes premières
année? au fervice du Dauphin d'Au-
vergne. L'envie de revoir Ta patrie
lV>bligea de fe retirer fn* la fin de
ies jours en Provence f auprès de
la cpmteiTe femme ^Alphonfc fils de
MairÀond , qui lui fît drefTer un fu-
perbe maufoléc après fa mort. Fer-
lieguc à feit un^Poëme en rimes pro-
vençales, fur la prife de Jérufalem par
SaUdîn^, Ceft une produâion très-
inédiocre. ^
VERNEUIL, ( Catherine-Hen-
TÎette de Balzac- d'Entragues , mar-
quife de ) fille Ac François de Baliac-
d'Entraçues , gouverneur d'Orléans ,
& de Mark Toucha , qui avoit été
maitreife de Charles IX, La fille ref-
femb!a à la mère. Elle avoit des
grâces , de Tefprit & une coquetterie
adroite. Après la morft de la du-
chefTe de Beaufort , Henri IV tn
devint éperduement amoureux. Elle
irrita fa paflion par des refus , & dé-
clara qu'elle ne pouvoit la fatisfaire
^ns une promeâfe de mariage. La
promefTe fut (ignée; mais le duc
Ae Sully , à qui Htnn IV la montra y
{Vrlt 'ce papier & le déchira pour
toute réponfe. Le roi > dominé par
îotk amour, eut la foiblefîe de faire
une autre promeâe de mariage , &
d'acheter à fa maitrefle le marquifat
de Vemeuil. Cependant il époufa
Marie de Mé£cis, X9 marquife en fîit
fi irritée , que , par le coiifeil' du
duc d'AngouUme fon firere utérin,
& du comte iEntragues fon père *
elle fe ligua avec le roi d'Ëfpagne
pour détrôner Henri IV t & faire
proclamer roi le fils que la mar-
quife avoijt eu de lui , qu'ils trai-
taient de Dauphin. Ce fils fut dans
V EU
la fuite duc de Vehietdl;U f^QXl^
rut fans enfans en i68z. Sa mère
fut condamnée à être conduite, à
l'abbaye de Beaumont-les*Touvs»
pour y paiTer le refle de fa vie-
Le duc d'Angouléme & le comte
d'Entragues dévoient avoir la t^e
tranchée ; mais le roi changea .la
peine en une prifon perpétuelle.
On prétend que la marquife avçit
dit pendant le cours du procès cri-
minel contre elle & fes parens,
qu'elle ne demandoit au Boi qu'un,
pardon pour fon pere^ une corde pouf
fon frere^&jttjlice pour elle. Elle rentra,,
dit-on , en grâce , au point qu'elle
ne fortit du cœur de Henri IV , cpie
par l'amour qu'il prit pour la prin-
cefie de Condé. La cqnfpiration daptis
laquelle elle étoit entrée, fut con-
duite ( fuivant le préfident Hénauày
par un Capucin ,. fon confeiTeur.
La marquife lui avoit perfua^é
qu'elle ne s 'étoit livrée aux défîrs
du roi, qu'en confidération de /a
promeffe de mariage -, & ce bon
homme croyoit que fon falut étoic
întéreiTé à la faire tenir. Cette
femme intrigante & hautaine mou-
rut en 1633 , à 54 ans, peu efiimjée
& peu regrettée. Voici comxne
M. du _ Radier l'a peinte d'après les
auteurs contemporains. » Son ef-
« prît, étoit vifi fa converfatiop*
** légère & amufante , ne permet-
»♦ toit pas qu'on s'ennuyât un mo-
" ment avec elle. EUe avoit mêipe
y* de ces faillies qui fympathifoi^nt
» avec le goût de Henri IV i ctBce
H affilé, difentUs MémQÎres deSully^
" qui par fes bonnes rencontres lui ren*
" doit fa compagnie des plus agréabl^i
" cette cridque fine & maligne f
?» qui ne manque jamais d'amufec
" ceux qui n'en font pas les obje^,
" & qui fait ce qu'on appelle Je
M génie de la Cour. L'Hiftoire lit-
» tératre de fon temps nous ap-
" prend qu'elle n'avoit pas négligé
» les avantages , de l'âudittpn fi
J
VER
> d'une leâure folidb. Avec tous
»* ces talens, naturels & acquis, elle
« étoit méchante , emportée &
»' peu délicate , coquette & bien
w plus ambitieufe que tendre •, rien
» ne prouve que Henri en ait été
» jamais aimé : elle n'aima jamais
»' que le roi :& ce prince, râitiant
9* le plus paffionné , & le plus
" honnête homme de fon royaume,
» eut lieu de fe repentir plus d'une
- fois de fa foihleffe. Pour la fi-
" gure, Mademoifclle d'Entrantes^
» n*étoit pas û belle que la du-
» chefTe de Beaufon, Avec des traits
» moins réguliers , une bouche
r plus grande , moins d'éclat dans
» les yeux, une tête moins belle,
*' moins de blancheur", elle Pem-
» portoitparlajeunefle, lenjoue-
»» ment & un air vif, qui ani-
>• moit tous fcs traits , & en fai-
w foit difparoitre fes imperfec-
>» tions. u II en coûta une fois
cent mille écus à Henri IV, pour
un repentir ; auffi dit-il. à Sully:
Ventre'/aint'grh , voilà un» nuit qui
me coûte bien cher !
VERNEY , ( Guîchard- Jofcph
eu) membre de Tacadémie , profef-
fcur d'anatomie au Jardin-royal ,
naquit à Feurs en Forez , le ç
Août 1648 , d'un médecin. Son fils
vint de bonne heure à Paris , &
liit produit à la cour, où il donna
des leçons d'anatomie au grand
Dauplûn. Ses protefteurs lui pro-
curèrent des places , qu'il remplit
avec foin & avec fuccès. Lorfqu'il
parloit d'anatomie, ce n'étoit pas
feulement de la clarté, de la jufteffe
de l'ordre, c'étoit un feu dans les
expreffions, dans les tours & juf-
que dans fa prononciation , qui
Nfturoit prefque fuffi à un orateur.
JLes étrangers rapportoient la plus,
grande idée de lui dans leur patvi?.
TrèsTUlufire Dv Vernet, lui écrivit
le £imeux Pitcame en 1712, Voici
. €€ fue j'fçrit m hùt^m^ qui u doit
VER 3^1
heaucoup , & qui te rend grâces des dîj»
cours qtiil a entendus de toi il y a trente
ans , u recommande Thompfon f(M
ami y &c. Il rrourut à Paris le 10
Septembre 1730 , à 81 ans. On a
dt lui un excellent Traité de forgana
de POute , réimprimé à Leyde,en
1^3 1 , in - li. C'étoit un homme
très- vif , mais très-bon. H étoit paf-
iionné pour fon art. Quelque temps
avant fa mort , il avoit entrepris
un Ouvrage fur ^les InfeBes , qui
l'obligeoit à des foins très-péni-
bles. Malgré fon grand âge, il paffok
des nuits dans les endroits les plus
humides du jardin , couché fur le
ventre , fans ofer faire aucun mou-
vement , pour découvrir les allu*
res & la conduite des limaçons. Ss
famé en fouffroit -, mais il aurok
encore plus fouffert de rien négli-
ger. Sa religion alloit jnfqu'à la
piété la plus fervente ; & il fe re-
prochoit d'être trop occupé de fa
profeffion , de crainte de ne l'être
pas allez de l'Auteur de la nature.
On a imprimé , à Paris àiezJombert^
le Recueil de tous fes Ouvrages »
fous le titre d'iSuvres Anatomiques
de M. DV VERNEYy 1762 , 2 vol.
in-4**. On a fait entrer dtins cette
Colleaion tous les Mémoires de
ce célèbre^ Anatomîfte , répandus
dans la nomfceufe fuite des Mé-
moires de l'académie. On y trouve
auffi un Traité de la Génération; Il
y établit le fy ftême des Œufe, comme
le plus* probable.
VERNUL^US, (Nicolas) né
dans le duché de Luxeriibourg e^
IÇ70 ,mort à Louvain vers i649t
obttnt une place de profefTeur en
Tuniverfité de cette dernière villel ,
Il y fit fleurir le goût des belles^
lettres , pour lefquelles il en avoit
afTez loi-même. Il a laiiTé beaucoup
d'Ouvrages, dont la plupart ne reu*
pirent guère ni la délicateife , ni
i'exaé^itude. Les principaux fom :
Une Hifioîre latine de lUniverfité^
331 VER
]>ten des recherches, Ëll&vauc mieux
que ion Hifioria Aufirîê€^^ ia-8^,
^ui manque de fr>iiodc & d'or^
dre. Ses TrâgAiUs latines, 1635,
în-S^ , offrent afTez de ptireté» mats
preiSque point de génie. Ses InJM-
mitiuMes P^jlidcit , ié47« ùi^^ol. , ren-
ornent beaucoup d'idées- com-
munes.
VERON, (François ) Mtffion-.
flaire de Paris, entra chez les Jé-
fuites^ S( en fortit quelque temps
après. 11 fe consacra aux miiSons ,
& fut l'inArument du falutwde plu-
sieurs pécheurs* 11 mourut ratnte<t
ment en 1649 , curé de Charenton,
On rapporte qu'après la fameufe
conférence qu'il eut à Caen » fur la
religion» avec le miniilre ^oc Atfrt ,
(Tun & l'autre ayant un fécond
bien inférieur en force, ) un Catho-
lique, qui étoit préfent, fit cette
réponfeàdes Huguenots qui lui en
demandoiem des nouvelles : Pour
vous dire la virîtt , on ne peut pas tif*
furtr que votri Savant fois plus /avant
ijus notre Savant; mais «a rdcovi'
penfe , notre Ignorant efl dix fois pluf
ignorant que votre Ignorant, On a de
lui une excellente Méthode de Con^
iroverfty & fut- tout une Re^e de la.
Foi Catholique ^6i. d'autres Ouvrages,
(!ont la .plupart ont été imprimés
•en 2 vol. in-fol r^erort s 'étoit d'a-
bord annonce par un I^ivre iingu-»
lier 4 intitulé : JU Baîllon des Janfé-
nifies; Ouvrage qui fit dire à un
mauvais plaifant , que » l'auteur
•♦ méritoit le bâillon qu'il voit-
" loit mettre aux autres^ « »
1. VERONESEi ( Paul > peintre
célèbre, Voye^ î. Caliars.
IL VEROKESE , ( Alexandre
Turckl , furnommé ) autte peintre ,
paquit à Vérone en 1600, & mou-
rut en 1Ô70 , Uifftnt une fortune
^labrée. Il avoit épouTé une de-
moifelle Romane , qui le 'ruina en
^ofuûpq d^ luxe. Ses priacipaia
VER
Tbhlemix ^ttt à Vérone ft è RoméC
Quoique fa maniece fit foible 8t
lâche , elle étoit néanmoins agréai
bJe. Il excelloif plus par le colorist
que par le defiin. Sa féînrae & fes
filles étoietit fes mojieles v & i^ P^
gnit toutesies figures dans le natu«.
cel*, mais (es'^bleayx,, fiaitsTou*
vent à la hâte , ne peuvent entrer
tn comparai ton avec ceux des.
grands maîtres.
VÉRONIQUE : Ccft le nom
qu'on donne ordinairement à i9^//«
nlce^ femme Juive, qui , félon anfr
Tradition populaire , )eta un mou^
choir fur le vifage de J. C montaoi
au Calvaire , pour efluyer le Êtcg
& la fueur dont il étoit couvert.
L'impreffion de ces traits facrés du
Sauveur refta empreime fur ce
mouchoir , . que l'on appela Verti
Icon : d'où l'on a faiit par corruption.
Véroniqut^ c'eft-à-dire, véritable-
image. Tillemont a détruit cette Ttjk
dition &buleule. Selon ce judicieux
écrivain , il n'y a tien de la VérO"
uique dans Tanûquité > foit qu'on la
prenne pour une femme, foit qu'os
k prenne pour une txnage; & o
n'eft que dans le xi^ fiede , qnft
l'on a commencé à parler du Suaire ^
fur lequel on fuppofe qne la fece de
Jfisvs'C»AisT étoit imprimée. Msm.
rianus Scotus , qui vivoit aloo'S , eft
le premiet qui ait rapporté c^tte hii^
toire fur la foi d'un je ne fais quel
Methodius^ dont la narration eâ
pleine de &bles. Ce n'eft que dass
les derniers temps que l'on a fait
de ht Véronique vnt Sainte , doM
quelques-uns ont mis la fi&se au 4
Février -, mais ^le n'efi m dans
les anciens Martyrologes , ni même
dans le Romiin.
VERRAT, { Jeaft-Marie) G»ne«
natif de Ferrare, & mort en 156; %
a^ftmpofé une Contarde dtsÈpan*
^Its , èc d'autres Ecrits latins , re«
eueillis en 2 roL in-fol.
VëREI^, ( C. Ikinins.) ÔMfm
r
ItdmaîÀ , après avoir ' exerce la
charge de paréteur en Sicile , avtc
autant de violence que d'injuftice ,
fut accufé de concuffîoa par les
Sfidliens Tan Si avant J. C. CtV/noa
ût contre lui les belles Harangues
^enous avons, & qm ibnt nom-
mées Finines: 11 s'exiUl lui-même ,
(kiiB attendre ùl condamnation , 6c
lÉ^nferva de grandes richefles , quoi'*
qu'il eût j&it de magnifiques préfens
à tous ceux qu'il croyok pouvoir
.interner pour lui;
. VERRIUS - Ftxcccs , Foyei
\ Festus , n® I.
[ VERROCHIO ♦ ( Aodré > pein-
tre »mort en 148S, âgé de 56 ans^
lémiîâoit en lui plus d'une forte de
talens. Il étoit très-habile dans l'or*
1 fi^vrerie , ^ géométrie , la perfpec-
ttv« , la mufique ^ la peinture > la
ftulptuf^ & la grawK. Il avoir
aatffî l'art de fondre & de couler
les métaux. Il &iitâbit fort bieA
iîa teflisAblaiice desvdioies^ & il
fl^ en vogoe IHiià^ de mouler,
avec du^tre , les viiages des pa>
lonaes mortes & vivantes, pous
en ^ire les j^ttraîis. Ce fiit à Un
que i«s VénitieoQs s'adrefferent pour
' ckiger une âatue équ^âre à4 bronze
i Barthg&mi ék Bitgame ^ qui 4eur
> avoii iait «cAipo^ter ^luiieurs avan<»
tages^afuunegutm. yarochlo en
fit ie modèle «m dtt\ nuis comme
•n lui préiéra un autKr «tifte pour
fondre Vouvra^^, il gâta fon mo-
dule & «'cnfi^t. Le pUiceau de yer-
rochia étoit dur , & il entendoit très*
aval te colons -, mabce pebtre pof-
féàoflu j^aitemem la partie du deC-
fin. il y mk Une grande correâlon ,
& 4o3uia à les aits de tête beai^
cDÏip de ^jrace & d'elégaace»
, VËRSCUftlKa , ( Henri) pein-
tfie , né à Gotctun eu 1(^27 1. pàâa
à Home pour y fxit^ une étude fé-
xteuTc de Ton art. Son goût le por-
toit à peindre des Animaux , des
Ctefla^ fàm fiaiaiU««, il cé)#fil99
ûÀtîi \é Pàyfage , & favoît Torne^
de belles fabriques. Henn fui vit Tar-*
mée des Etats en 1672 , & y fit uœ
étude de toiis Tes divers campemens*
de ce qui fe paâe dans les arméeS|
dans les déroutes , dans les retraites^
dans les combats *, & il tira de ce&
connoiflances les filets ordinaire»
de fes Tableaux. Son génie étoif
vif & facile; il mettoit uà grand
feu dans Tes eompo6tioifts -, il va-» '
rioit à l'inâni les objets ; fes £•
gures ont du mouvement 8c de l'ex-*
pre(fioni & il a rendu très-bien 1»
nature» Ce pein»^ étoit i«comman-»
dable , non-/éulement pour fes ta-
lens, mais encore pour fon efprie
& pour it% mœurs. On lui propofa
d'occuper une place de magifiiaturc^
dans (a patrie^ honneur qu'il n'ac»
cep«, qu'après s'être afiiiré quci
cela ne l'obHg^eroit point de quitter
la peinture. Vafcunng périt futf
mer , d'un coup, de vent^ à ^ lieues
ék Dort, en 1690.
VERSÉ, (Noël Aubert de) né
au Mans , de parens ôtholiqucs^
£t ût C^viniâf » &fut quelque temp»
mituârede la religion; Prétendu^^
Réformée, à ÀmilerdamvDe ProceC»
tant il devint Socinien ; mais i&
rentra enAd daas l'Eglirc Çatholi-»^
que vers 1690% Le clergé de France
lui doma une petifson pouip le ré*
oompenfer de fes Ourrages, imi font
très-médiocres. On a ^ieluirl. Le
Pfeteflaiif pacifique, y Oix Trâîté is^l'E^
^t » dans lequel on fait voir ^ par
les principes des Réformés > que Ut
Foide VÉ%Uft Cuthoîlfie ne ckûat0
poau Us foHdemens dujaiut , & quiU
tUtivifU iolénr dans Uur Comniùnîork
t9tts les &iritîens du mondé , tts S4fcî-*
niités & les Quakers mime , Id^- il. II»
Un Man>f^e contre JùrUti , qui
a\'oit attaqué par un FaBum , TOu*
vrage précédent, publié en 1687 >
in-4° > & qui eft le ttieiîlôur^ivr^
qu'ait fait Auben de Verfi, 11 L L'/w-
pit fonratMu^ ou VîjfertéthtP tontm
334 VER
S/y/'nc/W, Amfterdam» 1684, in*S •
IV. La CUfdeCApocmlypfe àcS.Uan,
% ▼©!. io-ia. Cette dcf n'a pas
pu ournr ce livre myftérieux. V.
'VAnù'SoôutBi , ou Nouvelle Apo^
h>f^e Je la Foi CathoCque contre les
Soânîens. VI. Le Tombeau du So-
ùniamjmc , &c. Verfé mourut ea
1714, avec la réputation d'unef-
prit ardetit , fujet à prendre des
travers. Quelques-uns lui attribuent
nn livre impie , imprimé à Co-
logne en 1700 , in-S**, fous. ce
titre : Le Platonifnu dévoilé^ ou
Effat tduehaat le Vethe Platonicien ;
mais cet ouvrage eft plus vraifem-
blablement de Souverain i Voy, Sou-
YERAIir.
VERSORIS ou Versois , ( Jour-
dain Faure , St ) religieux Dau-
phinois , abbé de Saint Jean d'An-
geli , fit périr Charles de France, duc
de Guienne , dont il écoit aumô-
nier & coi^fiefîeur , avec |a dame
de Monforeau , maîtreiTe de ce
prince :[ r<>y. Louis XI, n® XVI.]
Qo affure que as fut par une pêche
empoifonnée qu'il leur préfenta;
mais on pourroit douter ( dit l'hif-
torienniodeme de Languedoc) s'il
y avoit alors des pèches en France.
Quoi qu'il en foit , Verfois , cité
par Arturde Mçntauban , archevêque
de Bordeaux , & commifTaire de
Sixte IV , reftifa de coraparoîtte ,
& fut dépofé par contumace. Il
mourut en prifon à Nantes, l'an
147a, avec tous les fymptômes
de poifon , la veille du jour où il
4evoit être jugé. » Louis XI ^ qu'on
» foupçonna ( dit d'Argentrd) d'être
>! l'auteur de la mort de fon &ere».
't ût périr aiofi l'inftrument de fon
n crune , pour en affurer le fecret «.
Ce qu'il y a de certain , c'eft que
Verfois avoit entretenu avec ce
prince un commerce épiilolaire ,
qui paroît très-fufpeâ. Nous l'ap-
prenons d'une Lettre que le mo-
oarque écrivit au comte de Dam^
VER
martin. » M. le Grand-Maître, àti^
M duis les dernières que vous ai
>* écrites , j'ai eu nouvelles qa9
»' M. de Guitnne fe meurt , &qu*il
X n'y a poim de remède en fon
M Élit ; & me le Êiit favoir un de
f* fes plus privés qu'il ait avec
*^ lui » par homme exprès , & ne
>* crois pas, ainfi qu'il dit , qu'il
» foit vif à quinze jours d'icL.. Et
M afin que vous foyez afiuré de
'* celui qui m'a fait ûvoir les nou-
" velles , c'eft le moine qui dit
n fes Heures avec M. de Guîemu ;
M dont je me fuis fort ébahi, &
M m'en fuis figné depuis la tête
» jufqu'anx pieds «<. Voyc^ HisTm
de Franu , de MM. Villara & Gar^
nier \ T. 17.
VERSOSA , ( Jean ) né à Sara-
gofle en 1528, profeflala langue
grecque à Paris , & parut avec éclat
au concile de Trente. Il fut enfuite
envoyé à Rome , pour faire la re-
cherche des Pièces & des principes
qui établifToient les droits du roi
d'Ëfpagne fur les divers royaumes
dont ce prince étoit en pofleffion.
U mourut dans cette ville en 1 5 74,3
46 ans. U avoit du goût & du talent
pour la poéûe latine. On a de lui
des Vers héroïques ai des Vers lyriques ^
dans lefquels on ne voit rien de
fort extraordinaire. Ses Epitres ont-
été plus eftimées ; mais il ne £aut
pas les comparer » comme on a
fait , à celles A'tiorace , qui lai£e
loin derrière lui» tous nos verûfica-
teurs modernes.
VERSJEGANUS ou Versthb-
GEN , ( Richard ) né à Anvers ,
fioriflbit fur la fin du xvi*^ ûede.
On a de lui : I. Theatrum cmdefîtatum
Hareticorum, Anvers 1591 ,in-4*' i;
ouvrage rare , orné d'eflampes 9
mêlé de profe & de très -beaux
vers latins. On y yoit de quelle
manière ceux qui fe plaignoient
de la févérité d'un duc ^Albe ^
ont traité les Catholiques-; & fiir^
VER
I tout les minières de la Fol antique.
I 11. AruîquUaus Belgtca^ Anvers,i6 1 3 »
în-i2. Ily foudeat que S, WllU-
hroi eft l'Apôtre de la Flandre &
du Brabant. III. Antîqultatcs Bri-
tahnica , 1606 , où il tâche de
prouver que les Anglois tirent leur
origine des Belges.
VERT , ( Dom Claude de ) reli-
*gîeux de l'Ordre de Quni , naquit à
' Taris le 4 Oûobre 1645. Après
fon cours d'études qu'U fît à
Avignon , la curiofité lui fit entre-
prendre le voyage d'Italie. Frappé
de rédat avec lequel les cérémo-
nies ecdéfiafHques fe font à Rome,
il réfolut dès -lors d'en chercher
j rbri^ne , & c'efl aux réflexions
I qu'il fit dès ce temps-là» qu'on
I doit fon travail fur cette matière.
De retour en France ♦ il acquit l'ef-
time 9c la confiance des premiers
fupérieurs de fon Ordre « par une
piété exemplaire , Jointe à une éru-
dition rare. Il contribua beaucoup
au rétabliffement des chapitres gé-
néraux, & parut avec éclat dans
celui de 1676. 11 y fut élu tréforier
de l'abbaye Ae Ôuni , & nommé
avec Dom Paul Rabuffon , fous-
chambrier de la même abbaye > pour
travailler à réformer le Bréviaire de
leur Ordre : ( Voy, Rabusson. )
Cet ouvrage parut en 1686, &,
inalgré les critiques de ThUrs , il
a été une fource abondante où les
auteurs des Bréviaires poftérieurs
ont puifé. Les fervices de Dom dt
Vert lui méritèrent , en 1694 , le
titre de vicaire-général du cardinal
Be Bomllon , & l'année d'après on
le nomma au prieuré de Saint-Pierre
d'Abbeville. Ce favant avoit pu-
blié > en 1689 , la Tradu^Uon de
la RcgU de Saint-Benoît , &ite par
Ranci ^ abbé & réformateur' de I4
Trappe ; & il y joignit une Pré-
face Se des Notes courtes,' mais
fe vantes. Son deifein étoit de feire
un plus long Commentaire. Çe^
H
VER
ouvrs^e même étoit prefque acheva
& imprimé in-4'^ , à Paris » chez
Muguet , jufqu'à l'explication du 4&^.
chapitre de la Règle , lorfque l'au-
teur fut obligé de quitter Paris pour
lesaf&ires de fon Ordre. 11 futlong^
temps fans donner de fes nouvelles
à . fon Libraire , qui , le croyant
mort , déchira les teuilles déjà im<i|
primées , & c'eflipar-là que le pu-
blic s'en ^ trouvé privé. £^.1690 «
Dom dt Vert publia fa Lettre 9
Jurieu^ OÙ il détend les cérémonies
de l'Eglife contre le mépris que ce
miniffare avoit montré pour elles*
Enfin » l'ouvrage par lequel il efl le
plus, connu , efl fon ExpUcaùom
fimple , littérale & hîfiorique des Ciré"
monies de l*Egli/e , en 4 vol. in-8^«
Le 1*^' volunie parut en i697,&
le 1 1* en.1698 i mais les 111* & iv*
n'ont été publiés qu'après la mort
de l'auteur. Quoique prefque toutes
fes explications foien^ aufli ingé-
nieufes que naturelles, quelquesr.
unes paroiflent tirées de trop loin ,
& on défîreroit plus d'ordre dans
l'arrangement des matériaux. Soa
flyle efi fimple &. net. Les deux
premiers volumes furent réimpri*
mes en 1720 avec des correâions»
L'auteur mourut à Abbeville le
I Mai 1708 , à 63 ans. C'étoit
un honyxie d'im caraâere grave Se
d'un efprit fôlide. Il avoit de I9
douceur & de la politefle. Il n'étoie
tyran , ni dans le doitre , ni dans
la fociété. Son air ouvert & fes
manières pplies le faifoient aimer ,
même de ceux qu'il étoit oblige
de reprendre'&dè contredire. Ses
Ouvrages prouvent fes profondes
recherches. .
VERTH , ( Jean de ) capitaine
partifân Allemand , qui fut quelque
temps redoutalble. Turenne le fit pri-
foniûer , & il fut le fujet des Faudew
villes de Paris. Ces Chanfons l'ont
rendu célèbre.
VERTOT ©'AUB«UF , ( Renà
5J^ VÊR
Aubert de ) tlé au château de fieià-
betot en Normandie, le ij No-
vembre 165 5 , d'une famille bien
alliée , entra chtài les Capucins »
"Ynalgré l'Oppofîtion de Tes parens*
Sa lanté ayant été dérangée par les
auftérités de cet Ordre , il paffa en
1677 chez les Chanoines-Réguliers
de Prcmontré. Las de vivre dans
Mes folitudes * il vint à t'aris en
'17CI , & prit l'habit ecdéfiaftique.
On sippeloit ces diflTéitns chan^
-gemens , les Révolutions de Pabté
D£ Vertot. tlfutaiïbdéen 176J à
racadémte d6s Belles-Lettres. Ses
talens lui firent de pulflans pro"
teâeurs. Il i^t honoré des titres de
fecrétaire des commandemens de
"Madame la ducheffe d* Orléans Bade^-
Badtn , de fecréfalre des langues
ichçz M. le duc d! Orléans , & il eut
un logement au Palais-royal. Le
grand-maître de Maîthe le nomma en
1715 , hiftoriographè de l'Ordre ,
Taffocia à tous fes privilèges , & lui ^
<ionna la pbrmiffion de porter la
Croix. Il (ut cnfuite pourvu de la
tommanderle de Santeny. On affure
tru'il avoit été nommç pour être
fous- précepteur du roi Louis XV;
inais que des raiCons particulières
le privèrent de cet honneur , dont
îl étoit fi digne par fes connoif-
iances &fon efprit. L*abbé def^cnot
C'^i les dernières années de fa vie
de grandes infirmités , au mi-
lieu defquelies il mourut y âgé de
iBo ans , le 15 Mrt i735.Cétoît
tin homme d'un carâdere aimable,
qui avoit cette douceur de moeurs ,
qu'on puife dans le commerce des
Compagnies choisies 6c des erprit$
bmés. Son imaginatioti étoit brii*
lante dans fa convei-fation comme
dans fes Ecrits. Ami fidellë , fin-
ccre, officieux , etopreffé à plaire ^
il avoit autant de chaleur dans le
Cœur que dans l'çfprit. Ses crin-
èlpaux ouvrages font : L VHiftolre
4ts évolutions ৠPolrtu^al ^ Paris ,
VÊR
1659 • i ^^^- in*ii « compo/éê
iiir des Mémoires infidelles , mai^
bien écrite. Le P. Boukours dîfoil
qu'il n'avoit rien vu en nooré
langue , qui , pour le ftyle , fut au-
defTus dé cet ouvrage & du fuivanti
C*ifi une plume taiHée pour la Vie du
Maréchal i)£ tt^ RENNE ^ dit un jour
Bojfuet au cardinal de Bouillon, lU
VMîfioire des Révolutions ds Suéde m
OÙ Ton voit les chartgemens arrivé!
dans ce royaume au fujet de la
religion & du gouvernement ,
1696 , en ^ vol. in-il. On ne
fauroit mieux peindre , que l'abbé
de Vertot ne faif dans ce li^e *, mai^
fes couleurs & {ts portraits tien-
nent du Roman. Itl. VWfioire des
Révolutions domaines , en 3 vol.
in-îi. C'eft le chef-d'œuvre de l'au-
teur. La chaleur de fon flyle n*étoit
point fadice , cortime celle de quel-
ques hiftoriens modernes. Il fe pé-
nétroit tellement de fon fujet, que
dans les It^ures qu'il faifoit à
l'académie des Infcriptions, de quel*
ques mptcelux dé fon ouvrage , on
l'a vu yerfer des larmes avec la
mère iie Corîolaa^ implorant à ge-
noux- la clémciicé de fon fils. A
l'exemple éts bons hiîloriens de
l'antiquité , il peint fes perfon-
nages , non en traçant des portraits
déjtachés, mais en les faifant agir*
IV. VUlfioirc de Maltke , 1 727 , en 4
vol. in-4** , & en 7 vol. iii-12. Le
flyle en èfi plus languiffant , moins
pur , moins naturel que celui de fes
autres ouvrages , & on l'a atraqué
folidement fur ptufieurs points qui
manquent d'exaftitudte. ( Voy, L
BoStO. } Y.. Traité de la Mouvance
de Bretapie , plein de parai ogifmes
êc d'erreurs. VI. Hlftoire critique ii
l*ÉtahltJf&ment des Bretons dans les
Gau/çs\ 1 voir in- 12. VIL Qripi4
dé lu candeur de la Cour de Rome^
în-l2 , 1753. ^^ïï* Pïï^eurs fa-
vantes DiJJertatlons dans lés Af«-
mmes dé raçadéxnic des Belles-
Lettresi
vër
lettres. L'abbé de Vmot peut ctf e
regardé comme notre Qulnte-Curce,
II a le ftyle brillant & léger , une
narration vive & ingénieufe. 11 pof*
fede Tart d'attacher le leÛeur , &
d*intéreffcr en feveur de £es per-
' fpnnages ; mais il n'eft pas affes
profond dans la connoiflance des
hommes & des affaires , & il man-
que prefque toujours du côté des
recherches... P^oy. HeiI^.
VERTU , Divinité allégorique ,
fille de la FérUé, On la repréfente
fous la figure d'une femme fimple ,
vêtue de blanc , affife fur une pierre
carrée. Et lorfqu'on la confidere
comme la Force , on la repréfefite
fous la figure d'un vieillard grave ,
tenant en fa main une maflue... Foy,
1, Prodicits.
VERTUMNE , Dieu de l'Au-
tomnc , & félon d'autres , des pen-
fées humaines & du changement. Il
pouvoit prendre toutes fortes de
figures. Il s'attacha fort à la DéeiTe
Pomone^ & prit la figure d'une
Yieilîe , pour lui confeiller d'aimer.
L'ayant .perfuadée, il fe nomma.
Lorfqu'iis furent dans un âge
avancé , il fe rajeunit avec elle ,
& ne viola jamais la foi qu'il lui
avoit promife.
VERTUS , ( Jean de ) fecré-
taire d'état fous Charles V^ eft un
lie ceux à qui l'on attribue le Songe
du Vergur\ 1491 1 in-f<|l. -, & dans
les lÀhcrtés <U CEglife Gallicane ,
I731, 4 vol. in-folio. Mais il y
a de fortes raifons de croire que
Raoul Je Prejles en eft le véritable
auteur. Cet Ouvrage fut enfanté
contre les entreprifes de la cour
de Rome, vers 1374, par ordre
tJe Chàr^'s F, roi de France, à
qui il eft dédié. On croit qu'il fut
écrit e^ latin , ou du moins tra-
duit en cette langue prefque aufiî-tôt
qu'il parut.
VERVILLE , Voy. II. Be-
JtOALD. .
Tome IX»
VER 3J7
VERVINS,.(Coucide) Voyc^
BlEZ.
VERULAM , ( le Baron de) V(fy.
Bacon, n** iv.
VERULANUS, Toy^fî Sulpi-
TIUS.
VERUS , ( Lucms Ceionîus Com^
modus ) empereur Romain , étoit
fils ^*jEIîus & de Domîùa Lucillam
Il n'ayoitque7ans, lorfqu'^irZen ^
qui aimoit fon père , fit adopter le
fils par Marc-AtarcU , qui lui donna
fa fille LucîlU en mariage, & Taffocia
à l'empire, . Ce prince 1 ayant en-
voyé en Orient contre les Parthes,
Luclus Verus les défit l'an 163 de
, J. C, Six ans après il mourut d'apo-
plexie à Altino , en 169 , âgé de
39 ans félon les uns, & de 41
fuivant les autres. Après fa mort ,
MarC'Awele alTocia Commode à l'em-
jire. Verus avoit peu des bonnes
qualités de fon collègue. On avoue
à la vérité qu'il étoit doux , franc
& bon ami -, il aimoit afiez la phi-
lofophie & les lettres , & avoit tou-
jours auprès de lui quelques fa-
vans. Mais, quoi^'il affeâât un
air grave & févere , & qu'il portât
une barbe très-longue , il avoit ce<^
pendant un penchant extrême aux
plaifirs. Son refpeâ pour Mare*
Aurele retint d'abord ce penchant
dans quelques bornes^ mais il éclata
enfuite avec excès. Il étoif d'ail-
leurs gouverné par {ç& affranchis ;
dont quelques-uns étoïent très-
vicieux & très - méchans. MarC"
Aurde étoit chargé feul du poids
des affaires, tandis quefon collègue»
oifif & voliiptueuab, ne gardoit ds
l'autorité » que ce qu'il lui en fal-
loit pour fatisfaire fes vices. Les
comédiens , les bateleurs , les
joueurs d'inftrumens étoient facom- *
pagnie ordinaire. Tous les jours,
après avoir foupé frugalement avec
fon frère, il alloit faire chez lui
un feftin fomptueux avec 4e jeunes
dçbs^uchésr Dans un de ces repas ,
jj8 VER
ce ne fiit pas adez pour Virtu de ùîre
fervir tout ce qu'il y avoit de plfis
délicieux & de plus rare en vins &
en viandes -, il étoit lui douzième à
table, & il donna à chacun defes con-
vives le jeûne échanfon qui avott-
#ervi à boire , un maître d'hôtel ^
avec up fcrvice de vaifTelle complètes
)es mêmes animaux vivans , foie
quadrupèdes , foit oifeaux , dont
les chairs avoieni paru fur la.table.
Tous les vafv-s dont on ufa pour
^oire étoiçnt précieux par la ma-
tière & par les ornemens , or »
^gent T criftaux » pierreries : oa
tn changea chaque fois que Ton
But , 6e toujours le vafe fut donné
à celui qui s'en étoit fervi. Il leur
dionna des couronnes de fleurs qui
J9 etoient point de (aifon , avec de»
pendans tififus d'or ; des vafes d'or ^
fempUs de parfums les plus exquis :
& pour les ramener chez eux , il leui-
4onna des voitures toutes brillantes
d'argent, avec l'attelc^e de mu-
lets • & Iç mv^etier pour les con-
duire; Ce repas coûta à Femt ( ou
plutôt au peuple } , fix millions^ (fe
^fterces , ou fept cents cinquante
miUe livres. Quelquefois on le vit
îpiiter les in4ignes amufemens de
Néron, La tète enfoncée dans un
capuchon qui lui couvroit une
partie du viiage , il couroit les
rues deiRome pendant la nuit, en-
ttoit dans les tavernci. & dans les
lieux de débauches , y prenoît que-
selle avec les gens de néant qu'il
y trouvôit , & fouvent il rem-
portoit au palais les marques des
coups qu'il avoit reçus dans ces-
combats indécens. Il ainroit k la
fureur les fpeâacles de la courfe
des cl^ariots , & il étoit fauteur
paffionné de la fa£Hon ï^ate. Il
s'intérefToit d'une façon û déclarée
& fi paniale pour les coureurs de
cette livrée , que fouvent ailis aux
Jeux du Cirque à côté de Marc-
j^^ , il s'attira des reproches Qc-
VES
des injures de la part des Blttcf'f
leurs advcrfaires. Emule des extra^
vagances de Calîgula , il affeûionmr
follement un chev^ qu'il nom-
moit VOtfeau » & qu'il nourriflbit
de raifins fecs & de piiteches... Foy^
Agagittus.
VERWEY, ( Jean^) favant hu-
manise HoUandois , connu au/fi
(bus le nom de Phorbaus , né vers
le milieu dàdix-feptieme fiede, fut
reâeur du collège de Goude , puis
de l'école latine à la Haye , & pro-
fefTeur en langue grecque. Il mou«
rut vers l'an 1690. Nous avons de
lui : I. MduUa Anftarchi Voffianî^
1670 ; c'eft une Grammaire latine^
tirée principalement de Vojjîm. \l^
Nova via docendi Graca , Goude ,-
1684, & Amfterdam, i7io,in-S\
C'eftunedes meilleuresGrammaires'
gvecques que nous ayions. Il y »
réuni tout ce qu'il y avoit de plus^
udle dans les Grammaires publiées^
avant la fienne » il eft malgré cela ,..
court & méthodique.
. VESAL r ( André ) célèbre mé-
decin , nadf de Bruxelles , & ori'
ginairQ de Vefel > dans le duché-
dp Clevcs, fit une étude particu-
lière de rânatomie. Il Tenfeigna^
avec une réputation extraordinaire «.
à Paris , à Louvain , à Bologne ^
à Pife & à Padoue. L'empereur
ÇharltS'Qulnt & PhîÛppt IL^ rois
d'Efpagne , l'honorèrent du titre-
de Leur médecin. Vcfal , ayant faît>
l'ouverture du corps d'un gentil-
Ivomme Ëfpagnol que Ton croyoit-
mort , & qui étoit encore vivant «
1^ parens lerdéférerent à llnqui-
fition ; mais le roi d'Efpagne le dé-
livra de ce danger , à conditioa*
que, pour expier^ fon efpéce de
crime, il feroit un pèlerinage è-
la Terre - fainte. Vefal paflk ea
Chypre, & de-là à Jérufalem. Le
fénat de Venife le rappela pjour
remplir, la place de F^Hope^ pro-
fefieuç à Padoue > mais à ^cti!
J
n
\ , . Vè§ ■..
I fotif , fon vaiffeaii ayant fait naii-
' frage , il fut jeté dans Tifle de
' 2ante , où il mourut de faim & de
I itiifere le 15 Octobre 1564,3 5$
l ans. On à de lui un Cours ê^Ana-
\ tomie en latin , fous le titre de
Vorporis humani Fahnca , Bâle, I 5 5 5 *
In-fol. i & Leyde 171J; , 2 vol.
in-foU Cette dernière édition , aug-
mentée & corrigée , eft ,due à Boér^
hûavr,,. Voy. ËgMONT.
VESPASIEN , ( raas-Flaviui )
topereur Romain , né i'an S ou
b de J. C, étoit ûh de Flaylus
j Sahlnus & de Vefpafia Polia , l'urt
! 6c l'autre' dans une petite mairon
de campagne près de Riti , d*uné
fccnille obfcure. 11 ne rougiffoit
j[K>int d*avouer fa flaifTancé , & Té
inoquoit de ceux qui < pour lé
I flatter , lui donnoient des ancêtres
iUuftres; Sa valeur & fa prudence,
& fur-tout lé crédit de Narcîffe 4
affranchi de Claude , lui procurèrent
ië confulat. 11 fuivit Néron dans fon
Voyagé de la Grèce *, mais il en-
courut là difgrace dé Ce prince i
pour s*être endormi pendant qu'il
técitoit fes vers. Les Juifs s'étant
Révoltés, Témpereu^ oublia cette
]i>rétendue faute , & lui donna une
armée pour les remettre ;à leur de-
voir. Il fit la guerre dans la Pa-
leitine avec fucccs, défit les re-
l3elles en diverfes rencontres , ptit
Àfcalon , lotapat , joppé , Gamala ,
écc. Toutes les autres places de la
Galilée fé^ fournirent par force ou
volontairement , 6c une foule de
capd£s furen|^ expofés en vente. Le
vainqueur fe prépara à mettre le
iïége devant Jérufalem ^ mais il ne
prit point cette ville ; la gloire en
ëtoit réfervée à Titus fon fils ,
qui s'en rendit mattre quelque temps
âpres : ( Voy, vi. Joseph.) p7iel'
lias étant mort , ii fut fdlué em-
pereur à Alexandrie, par fon armée
lé premier Juillet de l'an 69 de
Ji C, U commença par rétablir
.. . . ^ Ê § • jj^
l*ordrè parmi les gens de guerre *
dont les excès & les infolenccs dé-^
foloient les villes & les provinces*
Il eut foin fui^-tout de remédier à
la mollefle , recueil de la difci-»
pline militaire. Un jeune officier 4
qu'il avoit . honoré d'un emploi
tonfidérable , étant venu l'en re-
mercier , tout parfiimé j il lui diif
d'un ton févere : Paîmerols fnUuai^
que vous fentlffui rail qtu reffehcei
La réforme s'étendit fur tous le»
ordres de l'Etat ; il abrégea les
procédures-, il rendit inutiles leé
artifices de la chicane, jjar d'excel-»'
lentes lois. Après avoir travaillé
lui-même à cet édifice i il em-
bellit Rdme & les autres villes dé
Pempire. Il répara Ifes murs, for-
tifia les avenues i & les mit en
état de défenfé. Il bâtit aiifii quel-^
ques villes & fit des grands che-
mins. Il pourvut à la fureté des
provinces frontières. Mais ce qui
lé difiingua fur- tout des autres
princes , ce fut fa clémence. Loiit
de faire mourir ceUx qui étoient
finlpleitient foupçonnés de conf-
pîrer contre lui , il leur faifoît
refientir fes bienfaits^ Ses ^mis lut
ayant dit un jour de prendre garde
à Metîus Pompofianus , parce que le
bruit couroit . que fon horofcopè
lui promettoit Temptre, il le fit
conîul , & ajouta en riant ; S*ii
devient jamais Empereur , il fe fow
viendra que je lui ai fait du bien»,. Je
pluins , ajoutâ-t-il , ceux qui con/pi-»
rent contre mol , & qui voudroleni
occuper ma place ; ce font des fous ^
qui afpîrent a porter un fardeau bien
pefant. Ce fut par cette modération
& par fa vigilance , qu'il défarma
lés confpirateurs qui vouloient lui
enlever le trôné & ' là vie ; & le
feul Sabisus ( Voyei ce mot, n*^^
1/. ) eut à fe plaindre de la fé-
vérité vindicative de Vefpafien. Il
n'étoit point ambitieux de ces
grands tip:^ dont plufieurs de fesi
Yij
n
«J40 V E S
prédéceffeurs étoient û jaloux. TL
rtfufa même long-temps celui de
Père de la Pairie , qu'il méritoit à
fi bon droit. Le roi des Parthes lui
ayant écrit avec cette infcription ;
Arface\ Roi des Rois , à Vefpafien i-
au lieu de- réprimer cet orgueil,
il lui répondit iimplement : Fla-
vius Vefpafien à Arface , Roi des
Rois, 11 permettoit à fes amis de
railler; & lorsqu'on affichoit des
plaifanteries Tur lui , il en faifoit
afficher auffi poUr y répondre. Son
penchant à pardonner ne prit rien
fur fa juftice. Les ufuriers , ref-
V E s
psyaen prince , l'inventeuc ; âfl#
voiiloir pourtant qu'on fe fervît dé
l'invention : Il faut ^ dit-il, que les
pauvres vivent,,, [ Voy. Tart. vu.
Demetriu$. ] L'empire ftit auiH
floriiTant au dehots qû-au dedans.
Outre la Judée & la Comagene , it
affujettir encore les royaumes dé
Lycie & de Pamphylie en Afie , qui
jiàqu alors avoient eu leur* rois
particuliers , & les rendit provinces
de l'empire. L'Achaïe & la Thracé
en Europe , eurent un p^eil Coru
Les villes de Rhodes & de Samos».
la ville de Byzance , & d'autres
iburce cruelle de la jeuneffe qui auffî confi(j^rables , furent foumifes
cmpruntoit d'eux à un intérêt exor- aux Romains. Ses grandes qualités
Bitant, càufoient la ruine de pl^^
iieurs maifons : il ordonna que qui-
conque auroit prêté à un enfant
de famille à un gros intérêt , ne
pourroit, quand la fucceflion fe-
roit ouverte , f épéter ni Tintéfêt ,
furent ternies par une économie^
qui tenoit de l'avarice. N'étant en-
core que fimple particulier , il avoif
marqué beaucoup d'avidité pour
l'argent', il n'en témoigna pas moins
fiir le trône. Un eCchvt à qui il
lii le principal. Ennemi du vice , refufa de donner la liberté gratui-
il fut le rémunérateur de la vertu.
n fit fleurir fur- tout les arts & les
fçiencâs ^ par fes libéralités envers
ceux qui y excelloient , ou qui y
faifoient des progrlès ; & il deftina
çux feuls profeiTeursde rhétorique ,
100,000 fefterces , payables an-
nuellement fur le tréfor de rem-
pire. Il eft vrai qu'il bannit de
Rome divers phîlofophes , dont
l'infolence étoit extrême & les
principes dangereux; taah il n'en
eut ni moins d'amour pour les
lettres , ni moins de généroiîté à
regard des écrivains diftingués,. Il
donnoit des penfions , ou accor.
tement , tout empereur qu'il étoit ,
lui dit ; Le Renard change de poli ^
mais non de caractère. Les députés
d'une ville ou d'uneprovince étant
venus lui annoncer que, par délibé-
ration publique , on avait dedîné
un million de fefterces ( i^ 500a
livres ) à lui ériger une ftatue co-
loâale : Placei-ia ici fans perdre de
tentps , leur dit-il en préfent^nt fa
main formée en creux; voici la baft
toute prête.,, Vejpafien achetoit fou-
vent des marchandifes pour \t& re*
vendre plus cher. Mais il fît en forte
qu'une partie de fes extorfions fut
attribuée à Cénis^ une de fes coa-
doit des gratifications à ceux qui, cnbines. Cette femme ^roitl'efprir
faifoient des découvates , ou qui
perfeélionnoient tes arts méca«
niques , qui étoient atifîi pré-
cieux à fes yeux que les arts
libéraux. Un habile mathématicien
ayant trouvé une manière de faire
tranfporter , à peu de frais , dans
le Capitole , des colonnes d'une
pefanteur . prodigieufe » Vefpafien
d'intérêt , fi ordinaire aux per-
fonnes de fon état. Elle vendoif -
les charges & les commiilions à ceux
qui les follicitoient , les abfolu-
tions aux accufés innoc^ns ou cou*
pablej , & les réponfcs mêmes de
l'empereur. On imputoit encore à
Vefpafien , d'employer , à deffein ,
dans les fînanGes» leshiommes les
J
V E s
λ1us avidfis , pour les condamner
orfqu'ils fç feroient enrichis^ Ce
prince ne regardoit les financiers
que comme des éponges , qu'il vou-
loitpreiTer après qu'elles fe feroient
remplies. 7îto*ibn^fils, n'approu-
vant point je ne fais quel impôt fur
les urines , l'empereur lui préfenta
la première fomme qu'on en avoit
retirée , en lui demandant : Cet
argent fent-îi mauvais?,,, La dernière
maladie de Vcfpaficn , fut une dou-
leur dans les inteftins. Elle ne l'em-
pêcha point de travailler aux affaires
du gouvernement avec vivacité ; &
il répondoit aux, repréfentations
qu'on lui £ciifoit fur cela , qu't/
falloît, quun Empereur mourût debout^
Comme il fentoit que fa fin appro-
choit : Je crois , dit-il gaiement , gue
je vais bientôt devenir Dieu, Il mourut
âgé de 71 ans, le 14 Juin de Tan
79 de J. C. , dans le même lieu où
il étoit né, après un règne de dix
années. L'hiftoire ne lui reproche
que fa pailion pour les femmes &
pour l'argent. 11 pouffoitce dernier
vice jufqu à la petiteffei mais on l'ex-
cufe, en obfervant qu'il ne mit des
impôts que pour dégager le tréfor
Impérial , fort endetté lorfqu'il fut
nommé empereur. Voyei Zeno-
JDORE.
VESPUCE , r^yet Americ.
VESTÀ , DéefTe honorée par les
Grecs & les Romaine, étoit fille
de Saturne & A'Ops, Les anciens
diftinguoient deux Vefia i l'une mère
2c l'autre fille de Sétume ^ mais les
poètes les confondent. La première
repréfentoît la Terre , fous le nom
de Çybe/Ie; &la féconde, le Feu,
fous le nom de yefla. On croyoit
celle-ci vierge , parce que le feu
ne produit rien. Il n'ippanenoit
qu'à des Vierges de célébrer ^fes
myfleres. Leur unique foin étoit
de ne jamais laiiTer éteindre dans
fes temples le Feu éternel , gage de
I4 duréç d« rçmpke Romaùi ju&
VET 341
dont l'extînûion étoit le préfagfe
des plus grands malheurs. Quand
elles le laiâbient éteindre,ourquand
elles manquoient à leur voeu de
virginité , elles étoien: condamnées
à être enterrées toutes, vives, dans
une cavferne profonde où on'le$
lailToit mourir de faim. On les
appeloit Veftales, Leur nombrç
étoit fixé à fix *, la plus ancienne
s'appeloit la grande VefiaU, On lef
choifiiToit dans les meilleures fa- '
milles de Kome , depuis l'âge de
fix ans jufqu' à dix. Leur voeu
de chafleté nç les obligeoit que
pendant trente ans \ après quoi elles
pouvpient fe marier. Le feu qu'elles
emretenoient n'étoit point fur un
autel ou dans uh foyer, mais dans.
de petits vafes de terre. Lorfqu'il
s'éteignoit , on ne le rallumoit pa$
avec d'autre feu ; on en faifoit de
nouveau avec deux morceaux de
bois , qui s'enflammoient en les frot-
tant fortemem l'un contre 1 autre;
Le culte de Vefia , que les poëte$
font remonter jufqu'à Baiée , fut
rendu plus augufle par ï^uma Pom»
pilius. On croit qu'il fut k premier
qui fit bâtir à Rome un Temple à
cette DéelTe. On la repréfentoit
fous la figure d'une femme vêtue
d'une longue robe , avec uti voile
fur la tête , tenant d'une main une
javeline un pea penchée , & djB
l'autre un vafe à deux anfes , ou'une
lampe , & quelquefois un palladium
ou une pefite viûoire.
VETRANION, général de l'ar-
mée Romaine fous Confiance , hé
dans la haute-Mœfîe , avoit vieilli
dans le métier des armes. Regardé,
comme le père des foldî^ts , il fut
revêtu par fon armée, de la pourpre
impériale à Sirmiçh dans la Pan-^
nonie, le i** Mai -^^o, Magnence
s'étoit révolté dans le même temps.
Confiance marcha contre l'un &
l'autre -, & ayant eu une entrevue
#vcç Fùfamgn dans la Daâe , U 1%
y iij
J41 VET
^aita d*abord en fouveraln , 8c le
flétermiiia enfiiite à quitter le trône.
yétranion obtint de grands biens ,
pour qu*il pût mener une vie con-
venable au titre qu'il avoit porté.
Il fe retira à Prufe en Bithynie , où
^1 vécut encore ûx apnées dans un
exercice continuel de piété & de
bonnes oeuvres. Il avoit régné en-
viron fix mois. Son abdication
prouve allez quel étoit fon carac-
tère. On remarquoit en lui cette
itmplicité & cette grandeur d*ame
4es anciens Romains , dont il
livoit l'air \ mais il étoit fi peu
lettré , qu'étant parvenu à l'em-
pire , il fut obligé d'apprendre à
i^çrire pour favoir figner fon nom.
VETTORI , Voy. \. VjçTOr
fllUS.
VETUHIE , mère de. Corhlan ,
fut envoyée vers fon fils qui af-
fiégeoit Home , avec Volomnu fa
iemme^ & fes deux enfans. Le vainr
queur a voit été jufqu'alors infen-
fible aux prières-, mais dçs qu'il
uppercut fa mère : 0 Patrie ! s'écria-
t-il , vousm*ave:^ vaincu , & vous avei
i^é/ûrmé ma coUrc^ en employant Us
-prurzs de n\a mère, à qui jeule'f accorde
'le pardon de l'injure que vous m*ave^
^alte i & auilî-tôt il cefia fes hofii-
iités fur le territoire Romain,
VEUGLES, Koy, Vlevghels,
VEZINS, m.,. de) lieutenant
4e roi dans le Quercy , fe diftinguâ
^ans le temps de la Saint- Barthé-
iemi , par une a£lion de générofité ,
fligne d'être confervée dans l'Iiif-
toire. Il étoit pires de fortir de P^ri^
pour s'en retourner dans fa pro-
vince , au moment que commença
cette tragçdie horrible. Ayant appris
qu'un gentilhomme Calvinifte de
fon pays , avec lequel il étoit très-
^|>rouillé , alloit être çnveloppé dans
|e maffaçre , il va le* trouver le
piftolet à la main : Il faut obéir ,
}ui dit-il d'un air £aroudie *, fuivei"
j??f\ Çç gentilhomme ^ ^lu^ mort
11'
V I A
que vif, fuivit )iifque dans le Quetcyj
le lieutenant de roi , qui ne lui di|
pas un mot dans tout le chemin:
Alors de Ve\lns rompant le filence :
J'aurols pu me venger de vous , lui dit-
il tfij'euJJ'e voulu profiter de Hoccafion;
mais rkonneur & votre vertu m'en ont
çmpèché, Viye\ donc par la faveur que
je vous fais ; mais croyf^ que je ferai
toujours prêt à vider notre querelle par
la voie reçue ^ comme je Cal été à vous
garantir £une peru inévitable. £t dans
le moment y. fans attendre de ré-
fonfe, il pique & s'éloigne à toute
ride , laifiant au gentilhomme le
cheval qu'il lui avoit fourni pour
faire la route , fans vouloir le re«
prendre lorfqu'il lui ftit renvoyé,
ni même en recevoir le prix.
VEZOU » ( Louis - Claude de )
ingénieur, hifioriographe , généar
logifie du roi , de l'académie de
R,ouen, mort le 2$ Mai 1782 ^^
publia ^divers Ouvrages. Le plus
cpnnu efi fon Tableau génédo^
^q^e des trois races dçs Rois àe
France , qu'il publia en 17^2. U
donna deux ans après , en I774t
le Tableau généalogique de la Mai/on
4e Bourbon,
VIALART , ( Charles ) Voya
Charles de Saint - Paul , n •
XXXIII'
VIALART, ( Félix ) évêque de
Châlons, né q Paris en 1613, & i
mort faimement en 1680 > fiit uq
des plus illudres prélats du fiede
de Louis XIV, Sa venu étoit folide , \
mais fans grimace & fans amer-
tume. La paix de Clément JT/ fe fit
en 1669 » ^^ partie par fes foins,
On a de lui un Rituel , des Mander
mens & des înflruHlons PafioraUs,
\, VIARD ou WiÀrd . Oiaft
treux à ^gny , mon au commen-
cement cre XIII* fiçcle , fe retira
dans une folitude à quatrç lieues
de Langres. Un grand nombre de
difciples , auxquels il impofa une
Reçle trçs-^ufiçre ^ approuvée ^
J
VIA
ii/ioc<nr m , vinrent te ranger tans
•fa difcipline. Ces Hermites donne-
7«nt à leur Monailere le nom de
Notre-Dame du Val des Chou» , de-
venu chef-d'Ordre , & réuni depuis
tpielqués années' à l'abbaye de Sep^
Fonts , maxfon réformée comme la
Trappe.
lU VIARD, (Nicolas- André)
tnort en 177... Ses Epoques les plus
inrérejfantes de tWfioire de France^
in- 12, font utiles à la jeuneiTe ,
à laquelle il avoit confacré iê»
talens.
VI AS, ( Balthafar de ) poëte
latin, né à Marfeille l'an 1587,
mourut dans la même ville en 1^67.
Il marqua dès fon enfance une in-
clination particulière pour les Mufes
platines « qu'il cultiva dans toutes les
^mations de fa vie. £n 1617 , il ftit
fait conful de la nation Françoife à
Alger ; emploi qu occupoit fon
père , & qu'il remplit avec le plus
grand applaudiflement. Le roi le
récompenfa de fon zèle par les
places de gentilhomme ordinaire &
de confeiller d'état. Ses Ouvrages
font : L Un long Pané^rique de
Henri ù Grand. II. Des Vers élé-
giaquas.. IH. Des Pièces intitulées :
Les Grâces , ou Charîtum Rbrt très ,
Paris, 1660, in- 4*». IV. Sylvd
remise, Paris , 1613 , in-4®. V. Un
Poénu fur le pape Urbain FllJ, &c.
Il y a dans ces différentes pièces,
de l'eCprit , de la facilité *, mais fon
ûyle eft quelquefois obfcur par un
ufage trop fréquent delà Fable, $t
l'auteur ne fait pas s'arrêter où il
Êiudroit. Auffî fes Poéfîes ne font
guère que dans les grandes biblip-
cheques , avec une infinité d'autres,
abandonnées à la poufliere' & aux
vers. A la qualité de poëte * il
foignit celles de jurifconfulce &
d'aûronome -, il avoit formé un
cabinet curieux de Médailles &
d'Antiques , qui lui donna la répu-
lsion d'amaifiur«
VI.C 341
TIAUD , (Voyei III. Théo-
phile.
VIBIU^S Sequester , ancie«
, auteur , adrefla à Ton fils VirgUîen ,
un DiBionnake Géopr.xp1tique ^ où il
parloit des fleuves , des tontaines^ .
des lacs , des montagnes , des forêts
& des nations. Boeace a depuis
travaillé fur le même fujet ; âc
quoique fouvent, il ne /fafle que
tranfcrire ce qu'a dit V'ch'usSeqiufter^
il iie le cite cependant jamais. Oa
trouve le DiSlonnalre de VlbUa avec
Pomponuts Mêla ; àc féparément «
1575 , in- 12, édition donnée par
Jsjfias Simler 'y ^ enfin àRoterdÛi'^
l7ii,in-8®.
I. Vie, (£née> natif de Parme «
fe didingua parmi les knnquairet
du xvi^ fîecle. Onfa de lui les
jri/ Céfars , & d'autres Médailles
gravées proprement , Paris , 1619 ,
in- 4^. Gst antiquaire manc^oif de
difcernement; il a publié phifieuri
Médailles fauffes.
II. V I C , ( Dominique de >
gouverneur d'Amiens y de Calais ^
& vice-amiral de France , fe fignala
par fon affabilité & par fon huma-
nité , autant que par fa valeur. It
s'informoit , dans tous les lieux oûf
il commandoit, des marchands dt
des artifans qui jouifTotent ifun«
bonne réputation *, il les vi^oit
comme un ami , & alloit lui-mêm4
les prier à dîner. L'Hiftoi*e rap-
porte de lui deux traits bien tou-
chans. Ayant eu en 15 86 le gra»
de la jambe droite emporté d'un
coup de fauconneau , ôt ne pou-'
vant plus monter à cheval , fans^
reffentir les douleurs les plus vives-»-
il s'étoit retiré d^ns fes terres et»
Guienne. Il y vivoit depuis trois
ans , lorfqu'il apprit la mort de
Henri 111 , les embarras où étoie ^
Henri IV y & le befoin qu'il avoit
de tous fes bons ferviteurs. Il fe
fit couper la jambe , vendit une
partie de foa bien , alla trouver ce
Yiv
344 Vie
prince, de lui rendit des fervices
fignaléf à la bataille dlvri, & dans
plufieurs autres occaûons. Deux
jours après l'aflaffînat de ce bon
roi , de Fie pafTant dans la rue de
la Féronnerie, & regardant l'en-
droit où cet horrible attentat avoit
cté commis , fut û faifi de douleur
qu'il tomba prefque mort , & il
expira le furlendem^n 14 Août
1610... Son frère, Mérl de Vie ^
mort en 1621, fut garde des fceaux
fous Lotus XIIL Dominique DL VlG
ne laiiïa pas de poftéri(é.
m. Vie, (Dom Claude de)
Bénédiôin de la Congrégation de
Saint-Maur , naquit à Soreze > petite
ville du diocefe de Lavaur. Il prc-
fe£a d'abord la rhétorique dans
l'abbaye de Saint-Sever , en Gaf-
cogne. Ses fupérieurs , inûcuits de
fa ppacité, l'enroyerent à Rome
en 1701 , pour y fervir <ie com-
pagnon au procureur général de fa
Congrégation. Ses connoiiTances »
fà politeffe , la douceur de fon ca-
raâere & la pureté de (es mœurs »
lui concilièrent la bienveillance du
pape Clément XI , de la reine de
Pologne , & de pluiieurs cardinauac.
On le rappela en France en 171 5 ,
& il fiitchoiô avec Dom Vaîffute ,
pour travailler à VHlflolre de Lan-
guedoc^ Le premier volume de ce
iavant ouvrage étoit imprimé ^
lotfqu'il mourut, à Paris > le 23
Janvier 1734 > à 64 ans , après avoir
été nommé procureur général de fa
'^ Congrégation , à Rome. On a en-
core de lui une Traduction latine
de la Vie de Dom MabîUon , par
Rulnart, Cette Verfion fut imprimée
à Padoue en 17 14.
VICAIRE , ( Philippe ) doyen
^^ ancien profeffeur de théologie
dans l'univerfité de Caen fa patrie ,
curé de Saint- Pierre de la même
ville, naquit le 24 Décembre 1689 ,
& mourut le 7 Avril 1775. Il
parut dans rvzûverûté > lorfque lei
V ic
trUles querelles à l'occafioa des
matières de la 6race , y étoient
dans la plus grande effervefcence.
Son attachement à la Bulle Unlgc
nitus ne fut pas équivoques il donna
lieu, plus d'une fois, au parti op*^
pofé de lui en reprocher l'excès.
Il ne fît pas moins paroitre de ze!e
pour la réunion des Proteftaas à
TEglife Catholique , 8c gouverna f&
paroiile avec prudence. Nousavons
de lui : I. DlJ cours fur la Naiffance de
Monfeigneur le Dauphin , Caen ,
1729 , in-4**. IL Oral/on fimebre de
M. le cardinal de Fleury , 1743 »
în-4°. III. Demandes d'un Protefiant
faites à M, le curé de*** ^ avec les^
Rcponfes^ 1766, in- 12. IV^ Expo^
f.don fidelU & Preuves folldes de la
£>oclrlne Catholique , adrtffées aux
Protejlans , &c. Caen, 1770 , 4 vçU
in- 12.
VICECOMÈS ou VicoMTi ^
( Jofeph ) né à Milan vers la fin
du xvi^ fîecle , fut choiii par le
cardinal /7-£^/c Borromée, pour tra-
vailler dans la fameufe Bibliothèque
Amhrofienne , fondée à Milan par
ce favant prçlat. Vicuonùs , Rufca^
Collius , &c. avoient mérité , par
leur capacité , fes regards ; & afin
que fa Bibliothèque ne fût pas
oîlive, il leur diflribua à chacun
les matières qu'ils dévoient traiter-
Le premier eut pour lot les rits.
eccléiîafliques. Il remplit fa tâche
avec érudition , par un Ouvrage
imprimé à Milan , en 4 vol. in-4^ „
fous ce titre : Obfervatlones £«Zc-
firJHca. , de Baptifmo , Confinmatione
& de Mijfa, Cet ouvrage rare , ainfi.-
que tous ceux appelés Ambrofiens ,
parut en différentes années : le i*^''
volume en 1615,. le 11^ en 1618»
leiii'^en i620,&le iv^en i626«.
Le dernier contient ce qui regarde
les cérémonies de la Me£e. L'auteur
a eu foin de rafTembler dans cefr
ouvrage , tout ce qu'on peut dire
de plus curieux fur cette ipaùtteà
r
V ic .
Xes anciens ms uiités pendant le
Sacrifice , & ceux qui leur fervent
de préparation , y font détaillés
avec étendue. Il efi auteur de quel-
ques autres Ouvrages moins confi-
dérables.
y ICENCE , ( Jean de ) Domi-
nicain. Voy, E^EMN.
VICENTE , ( Gilles ) fameux
dramatiile du xvi*^ fiecle , qu'on
regarde comme le Vlauu de Por-
tugal , eut la facilité du poëte Latin«
11 a iervi de modèle à Loft\ dt Vt^a
& à Quévtào. %t& Ouvrages drama-
tiques virent le jour à Lisbonne en
1562 « in-folio , par les foins de
fes enÊins , héritiers dcstaleo» poé-
dques de leur perc. Cette Collec-
tion» partagée en cinq livres, com-
prend dans le I*', toutes les Pièces
au genre pieux \ dans le 1 1 % les Co-
médUs i dans le 1 1 1^ les Tragi-Comé-
dus; dans le IV*, les Farces^ & dans
le V*, les Pantomimes,,, Vlcente écri-
voit facilement , mais fans correc-
tion & fans goût. Son fel étoit fade
pout tout cequin'étoit pas peuple.
Oa prétend néanmoins f^uEra/m^
apprit exprès le portugais pour lire
fes ouvrages.
VICHARD DE Saint-Real ,
(Voy. Real , n® i.
VICOMTI , Voy. ViCECOMÈS.
VICTOIRE ou Njce , Dédie
du Paganifme , avoit un Temple à
Athienes & un autre à Rome. Elle
étoit fille de la DéefTe Styx & du
Géant P allai. On la repréfente fous
la figure d'une jeune fille toujours
gaie , avec des ailes , tenant d'une
main une couronne d'olivier ôc de
laurier , & de l'autre une branche
de palmier. Les Athéniens ne don-
noient point d'ailes à leur DéeiTe
Victoire y comme pour l'empêcher
par - là , de s'éloigner d'eux. Les
fêtes ou réjouiiTances qu'on doa-
noit après fes ^veurs , s'appeloient
Kiceterîa,
yiCTOIÏlE, Fi>>. ViCTORXNE.
Vie 345
VICTOIRE DE Bavière,
Dauphine de France , Voy, Marie >
n° xviïi. *
VICTOR, (AureHus) Voye[
AURELlUS-VlCTOR.
I. VICTOR , ( s. ) d'une illuftrc^
^mille de Marfeille , fe fignala dans
les armées Romaines jufqu'à l'an
303 , qu'il eut la tête tranchée
pour la Foi de J. C. Les fameufes ' .
Abbayes de Saint- Viûor à Mar-
feille & à Paris , ont été fondées
fous fon invocation.
II. VICTOR 1 , ( S. ) Afncain ,
monta fur la chaire de Saint-Pierre ^
après le pape Eleuthcre , le i*' Juin
193. Il y eut de îoii temps un grand
différent dans l'EgUfe pour- la
célébration de la fête de Pâques.
Il décida qu'on devoit toujours la
célébrer le Dimanche après le 14*^
jour de la lune de Mars. On ne
regarda point comme hérétiques ,ni
fchifmatiques , ceux qui obfervoient
une pratique contraire , jufqu'à ce
que la question eût été décidée par
le concile de Nicée. Le pape VfHor
fcella de fon ûng, laFoi de J.C. , fous
l'empire de Sévère , le 28 Juillet
202. Nous avons de lui quelques
EpUres'y & S, Jcrome le compte le
premier parmi les auteurs eccléûaf-
tiques qui ont écrit en latin.
III. VICTOR II , appelé auparav
vant Gebehard^ évêque d'Eichfiadt
en Allemagne , pape après Léon IX ^
le 13 Avril 1055 ,par la faveur de
l'empereur Henri 111^ n'accepta la . ^
tiare que malgré lui -, mais il Tilluflra
par fes vertus. Il dépofa plufieurs
évêques fîmoniaques , dans un con-
cile qu'il tint à Florence *, envoya
Hlldcbrand en France , en qualité de
légat \ & tint un concile à Rome
l'an 105 7. Le zèle de FZSorpour la
difcipline , lui attira des ennemis
implacables. Un fous-diacre attenta
à fa vie & mit du poifon dans le
calice V mais le pape découvrit ce
crime 1 les uns difent aatuielleioent»
1
546 Vie
les aua^ par lui miracle. Vîdor
mourut à Florence Taa 105 7 , latf-
fynt vacant le trône pontifical & le
fiége d'Eichftadt qu'il avoit auffî
fSjttdé )ufqu'à fa mort. '
IV. VICTOR m . appelé au-
paravant DidUt^ étoit cardinal &
isbbéduMonc-Caflîn, lorfqu'tl fut
placé y malgré fa réfiftance , fur la
ciiaire de Saint'Pterre , le 14 Mai*
10S6. Il aflembla, au mois d'Août
^ l'année fuivame, un concile des
iévêques de la I^ouille & de la Ca^
labre , à Béoevent ; il y prononça la
«diépofition de l'antipape Guibtn^
401 vouloit toujours fe maintenir
à Rome , & renouvela le décret
ccmtre les inveftitures. Victor tomba
maWe pendant ce concile, & il fiit
' obligé de retourner prompteraent
30 Mont - CafHn , où il mourut le
16 Septembre 1087. Hugties dtfU"
wîgniy très-prévenu contre ce poi>-
é{e , fuppofe que fa mort fut une
punition de Dieu. Plufieurs auteurs ,
dit le Père Longueval, ont écrit qu'il
étoit mort du poifon que les émif-
Ciires de Tempereur avoient fait
mettre dans le calice lorfqu'il célé-
broit la MeiTe. Mais ces fables n'ont
d'autre fondement que la brièveté
de fon pontificat. Grégoire Fil Fa-
▼oit défigné pour fon fuccefieur^
Vicior refferabloit à ce pontife par
fes vertus. Il s'étoit principalement
fignalé pat la magnifique ^life
qu'il fit élever au Mont-Cafiin. On
a de lui des Epttrcs , des Dialcgûes ^
& un Traité dif Miracles de S, Benoit ,
dans la Biblix>theque des Pères. . .
Il ne faut pas le confondre avec
Tantipape ViCTpR, nommé l'an
113$, après la mort à'Anaclet , &
qui prefqu'aufii-tôt quitta la chaire
pontificale. Foy. Innocent II,
V. VICTOR DE VlTB ou
dJUtique , étoit évêque de Vite
en Afrique. Le roi Hunneric , prince
Arien , alluma une perfécution
çqntre le$ Catholi<}ue3 , petidapt
V I c
laquelle Viâor eut beaucoup I
fouf&ir. Le faint évêque écrivit,
vers Tan 487 , VHifioire de cette
perfécution, avec plus d'exa^tude
que d'élégance. Son Ouvrage ( don-
né au public par le Père Chifflet^
Dijon, i66y , in 4° > & par Dom
Ruinart , Paris , 1694 , in-4** ) peut
fcfvir non - f<^lement pour l'Hif-
tOire de TEglife , mais même pour
celle des Vandales. L'auteur raconte
que ce tyran avoit fait couper 1«
langue iufqu'à h racine à plufieut*
Catholiques , qui parlèrent encore
après l'exécution. Il ci(l entre
autres un fous-diaçre nommé JU^
parât,
Vï. VICTOR DE Capoue »
évêque de cette ville , fe rendit
illufire par fa doctrine & par {t&
vertus, 11 compofa un Cycle Pa/chai
vers l'an 545 , & une Préface fur
V Harmonie des iv Evangélifies , par
Ammçnius. Cet ouvrage ^e trouve
dans la Bil>liotheque des Pères. Le
vénérable Bcda nous a confervé
quelques Fragmens de fon CycU
fafchaL
VIL VICTOR DE TUNONES.
évêque de cette ville en Afrique ,
fut l'un des principaux défenfettr$
des Trois Chapitres, La chaleur avec
laquelle il les défendit , le fit ex-
clure en 555. Après avoir effuyé
pluÇeurs mauvais traitemens , il fiii
renfermé 'dans un Monadere de
Conilantinople , où il mourut en
566. Nous avons de lui une Chrv-'
nique qui renferme les événemens
conôdérables arrivés dans l'Eglifo
& dans l'Etat. Le difcernemenr ^
l'exa^timde, le choix des matières
n'y prçfide pas toujours; mais elle
peut fervir pour les v* & vi^-fieçles
de TËglife. On la trouve dans la
Thefaurus Temporum de Sealîger y Sc
dans Canifius,
VICTOR, FoyAU.CLAVVivs^
XI. Martin i ^ L Maximb «
â la Jin^
I
J
V I c
Vni. VICTOR. AMEDÉE II ,
duc de Savoie & premier roi de
Sardaigne» naquit le 14 Mai 1666 ,
& fuccéda à fon père Charles- Em'
fnanuel , à l'âge de II ans , en 167 j.
Son mariage avec la fille puînée de
Monficur , frère de Lovls XIV ^ lui
aflura les armes de la France. Ce
fut en partie par le fecours du roi ,
qu'il chaiTa entièrement les Vaudois
4es Vallées de Luzerne & d'An-
grone. Mais à peine jouifToit-il de
la paix que Louis Xiy lui avoit
procurée , qu'il fe ligua contre ce
monarque. Catînat le battit , le 19
Août 1690 , à StafEu'de , & hii en-
leva toute la Savoie. ViHor fe jeta
(ur le Dauphiné deux ans après ,
tu fe rendit maitre de Gap & d'Em-
j)run ^ mais on' le força d'aban-
donner cette province. Catinat le
défit encorp dans la plaine de la
Marfaille en 1693 : [Voy. Chau-
LIEU.] Obligé de faire la paix en
1696 , il entra dans la guerre dç
1 701 , & il lui en coûta la Savoie
& Nice. Le duc éc la Feullladc l'afr
^égeoit dans fa capitale » lorfque
le prince Eugène vint dégager cette
place le 7 Septembre 1706. Victor
étant rentré dans fes états , alla
mettre le iiége devant Toulon , qu'il
fut obligé de lever. P^r la paix de
1713 , le roi d*£fpagne lui donna
)e royaume de Sicile. Le duc de
Savoie s'en démit depuis en faveur
lie l'empereur , qui !e déclara roi
^ Sard^gnê. ViEUr-Amidée , après
avoir régné 5 ; ans , laiTé des affaires
pC de lui-même , abdiqua par un
|:aprice en 1730 , à l'âge de 64 ans ,
la couronne qu'il avoit portée le
premier de fa famille , & s'en re?
pentit par un autre caprice. Un an
9près 9 il voulut remonter fur le
trône que fon inquiétude lui ayoit
biit quitter. Son fils le lui auroit
femis , H fon père feul lavoit re-
liemandé, & fi la con)on£hire des
IP»pf t>ût permis > m^q; ç'çtQiç
Vie 347
unemaftrefle ambitieufeqinvouloii
régoCer , & tout le confeil fut forcQ
d'en prévenir lès fuites fimefies, ^
de faire arrêter celui qui avoit étç
fon fouvcrain. Ce princemounit ai|
château de Rivoli > près de Turin «.
le 31 Oûobre 1732, âgé de 67
ans. C'étoit un habile politique &
un guerrier plein de courage» con-
duifant lui-même fes armées « s'ex-
pofant en foldat : entendant , dvf^
bien que pçrfonne, cette guerre de
chicane, qui fe fait f|u: des terrain^
coupés & montagneux , tels que fon
pays : aÔif , vigilant, aimant l'or^
dre ; mais £ûfant Ats îxutes , fie
comme prince , &xomme général,
VICrOWA, Voy. François,
H® XIII,
VICrORIN , ( Marois PUuvomUu
ViCTORiNf/s ) fils de la célèbre
Vlâorine , porta les armes de bonne
heure , & fe fit généralement eftimev
par fes talens politiques & mili*
taires. Il fut aâbcié à l'empire l'aii
265 , par Pofihume^ tyran des Gaules.
Viàorln fe maintint dans ce hattç
rai^ jufqu'en 268, qu'un greffier
nommé Atùàus , dont il avoit violé
la femme , le fît poignarder à Co-
logne. VlÇTORiN le Jeune fon filtf ,
qu'il avoit déclaré empereur, fut
aflafCné peu de temps après... Voye^
VlCTOtgXUS.
VI(gM|||ni£ <m Victoire ,
( AurelaKf^Êhrîna ) mère du tyraa
ViHorin, fut l'héroïne de l'Occident,
S'étant mife à la tête d'un certain
nombre de légions , elle leur infpira
tant de confiance , qu'elles lui don-
nèrent le titre de Mère des Armées,
Elle les conduifoit elle-même avec
cette fierté tranquille «qui annonce
autant de courage que d'intelli-
gence : Gallîcn n'eut point d'eimemi
plus redoutable. Ap^-ès avoir vu
périr fon fils & fon petit- fils Vicr
torln , elle fit doimer la pourpre
impériale à Marms , & enfuite au
fçp4teiM: Jetrk^s^ c^'ellç fit éUrf
34«' V I C
à Bordeaux Tan 268. Vlcforîtu ne
furvécut que quelques mois à la
nomination de ce prince. On a
prétendu que Tetrlcus , jaloux de fa
trop grande autorité , lui avoit ôté
la vie ', mais pluûeurs auteurs -adu-
vent que fa mort fiit naturelle.
VICrORINUS. (Marius) an-
cien rhéteur , dont les Ouvrages fe
' tronvcm dans Anûqui Rhaons La^
4ml, Paris , i Î99 , in-4^ ; redonnés
f>ar l'abbé CapperonnUr, à Strasbourg^
în-4**... Foy. VlCTORIN.
I. ViCTORIUS , (Pierre ) favant
Florentin , do m le nom italien eft
Vatorî , étoît très-habile dans les
belles-lettres grecques & latines.
11 iat choifi par Cême de Médlcit ,
pour être profefl*eur en morale &
' en éloquence. Vîciorîus s'acquit une
"graine réputation par (es leçons &
par Tes Ouvrages. Il forma d'il-
iuftres difciples , entre autres le
cardinal Farnefs & 1« duc d*[/rbm ,
•qui le comblèrent de bienfats. Vlc^
torius ne bornoit pas fes connoiP-
iances à la littérature , il avoit l'ef-
prit des aÔaires. Cômc de Médîcis
l'employa utilement dans plufîeurs
ambâifades , & Jules III le fît che-
valier , & lui donna le titre de
comte. Il mourut comblé de biens
& d'honneurs en 1585, à 87 ans.
5a réputation étoit fi^k|hdue ,
-qu'on venoit exprès >MHk voir
i Florence , & plufîett^mnces de
l'Europe tentèrent de l'attirer chez
eux par les offres les plus avanta-
•tageufes; mais il préféra Êi patrie
aux vaines efpérances des cours.
On le regarde comme l'un des
principaux reflaurateurs des belles-
lettres en Italie. Il avoit un talent
particulier pour corriger le Texte
des auteurs anciens -, il en eft peu
iut lefquels il n'ait porté le flam-
beau de la critique. On a de lui:
I. Des Notes critiques,& de$ Préfaces
fUr Ctccron , & fur ce qui nous refte
de Coton , de Farrott & de Columele,
- V I D
II. Trente -huit livres de HvtrfeM
Leçons , Florence , 1582 » in-folio ;
ouvrage dans lequel il compile ce
que l^i ont offert fes leâures. III«
Des Commentalns fur la Politique ,
la Rhétorique & la Philofophie
mArlfiote -, le I*' imprimé à Flo-
rence , 1576 » in-foL -, le 1* , 1 548 ,
in-fol.-, le 3*^, 1184, in-fol. IV,
Un Traité de la culture des Oli-
viers y qu'on trouve avec T Ouvrage
de Davan\atî fur la Vigne , Florence,
1734» in- 4*. 11 eft écrit en tofcan«
V. Un Recueil d'Epîtres & de Ha-
rangues latines. VI. Une TraduâUtn
& de9 Commentaires en latin , fur le
Traité de l'Eloeution , de Dcmctrms
de Phalere.
II. VICTORIUS , ou DE Vie-
TORiis ( Benoît ) médecin de
Faënza , floriffoit vers l'an 1540.
11 pofTéda la connoifTance théori-
que de fon art , & il excella dans
la pratique. On le prouve par les
Ouvrages que nous avons de lui.
Les principaux font : I. Sa Mêdednc
Empirique , in - 8®. II, La Grande
Pratique pour la guérifoh des ma*
ladies > à Tufage des commençans »
'in-fol. III. Des ConfdU de Médecine '
fur différentes maladies , in-4^ &
in-8^ IV. Demofèo Gal/lco Liber ^
in-8°. Il étoit neveu du précédent,
III. VICTORIUS , ou DE Vic-
TORiis , ( Léonel ) étoit un favant
profeffeur de médecine à Bologne ,
où il mourut en 1 5 20. On a de lui ;
I. Un bon Traité des Maladies des
Enfans , in-8° & in-i6. II. Une
Pratique de la Médecine ^ in - 4® &
in - 8®. III. Quelques autres Ou-
vrages , où il éclaire la théorie
incertaine , par le flambeau lumi«
neux de la pratique.
VIDA , ( Marc-Jérôme ) né à Cré-
mone en 1 470, entra fort jeune dans
la Congrégation des Chanoines-Ré-
guliers de Saint-Marc à Mantoue ;
il en fortit quelque temps après, et
fe rendit à Rome » où il éit teçx
r
V I I>^
ia.m celle des Chanoines-ftégiilîeri
^e Latran. Son calent pour la poé-
fie rayant fait coonoitre à Léon X ,
ce pape lui donna le prieuré de Saint*
Sylveftre à Tivoli. Ce fut- là qu'il
'\ travailla à fa Chrîftîade , que le pape
lui avoit demandée. Ce pontife
étant mort en IÇ2I, Clément Vil
I voulut ^uflî être fon proteé^eur» &
I le nomma à l'évêché d'Albe fur le
l Tanaro. Vida fe retira dans fon
! diocefe , où il fefignala par fa vigi-
lance padorale, & où il infiruiiît
fon peuple awaat par fon éloquence
que par l'exemple de fes vertus. Ce
prélat mourut le 17 Septembre 1 5 66,
à 96 ans. Parmi les différens mot-
\ ceaux de Poéfie que nous lui de-
vons , on diftingue : I. ISAn Poé-
I ûque^ qui parut à Rome en lyiy,
I in - 4^ , & qui a été réimprimé à
1 Oxford, dans \p même format , en
i 172.3- M. ^flWÉWJip a joint fa Poéti-
que à celles d*^r/72oa, d'Horace &
de Def préaux , fous le titre des Qua-
tre Poétiques^ 177 1 , ^ vol. in- 8^.
Une imagination riante, un ftyle
léger & facile rendent le Poëme
de Vida très-agréable; on y trouve
des détails pleins dç jufteitp & de
goût fur lés études du Poëte, fur
fon travail, fur let modèles qu'il
K doit fuivre. Ce qu'il dit et l'élo-
cution poétique, eft rendu avec au-
tant de force que d'élégance -, mais
fon ouvrage , ainfi que la Poétique
àeScailger, eft plutôt l'art d'imiter
Vîrgl/e , que l'art d'imiter la nature.
n. Un Toème fur les Vers à fok ,
imprimé à Lyon en i ç 37 , ô( à B|le
1^1 même année. Ceft le meilleur
Ouvrage de Vida. Il eft plus correâ:
& plus châtié que fes autres produc-
tions , & on y trouve plus de poé-
fie. III. Un Poème fur Us Echecs ,,
(Scacchia Ludus ) qui tient le fécond
rang parmi fes Poéfies : on le trouve
dans lëditon de fa Poétique y faite à
Rome en i J27. IV. Hymnl de rébus
J>ivînis » imprimées à Louvain » ^
v f Ê -Mgt
10-4°, «R 1552. V. Chrlfiiadoà Ubrl
fex , Crémone , en i ^ 35 , in-4°. Ce
Poëme a été fort applaudi ; mais
on a reproché à l'auteur d'avoir
mêîé trop^ fou vent le facré avec le
profane^ les fidiions de la My tho*
iogie avec les oracles des Prophètes.
' Sçs Ecrits en profe font : I.. Des DIa'
logues fur la dlffi'ué de la Répub/l-'
que » Crémone » 1 5 5 6 , in-^^. IL Plf"
cours e0ntre les Paysans, Vzrist 1562»
in - 8° , rare. III. Des Conftltutlons
Synodales , des Lettres & quelques
autres Ecrlu , moins intércflans que
fes Vers. L'Edition de fes Poéfies »
Crémone, 1550, 2 voL in-8° , eft
complète, ainli que celle d'Oxford^
1722, 2j & 33, 3 vol. in-8®, .
VIDEL, ( Louis) né à Briançoa
en 1 5 98 , d'un médecin , fut fecré-
taire du duc de Lefdlguîeres ^ puis dtt
duc de Créqui, & enAn du maré-
chal de PHôpltaL N'ayant pas fu
conferver les bonnes grâces de fes
maîtres » il fe retira à Grenoble »
il fut obligé, pour fibfi/ler, d'y cn-
feigner les langues latine, fran-
çoife & italienne. Il mourut T^a
167 5 •. à 77 ans, laiffant : I. UMif" ,
toîre du duc </e Lefdlguîeres ^ 1638*
in-fol, 1 1. VHlftoîre du chevalier
Bayard ^ 1651. III. La Mêlantes^
hiÂoire amoureufe , 1624 , in- 8**.
VIEILLEVILLE, (François de
Scepeaux , feigneur de ) maréchal
de France , d'une' ancienne maison
d'Apiou. Il fut d'abord lieutenant
de la compagnie de Gendarmes du
maréchal de Saint- André ^ qui le fit
connoîcre & le produisit à la cour«.
II fit fes premières armes en Ita-
lie , fe trouva aux prifes de Pavie
& de Melphe en 1528, aux iiéges
de Perpignan , de Landrecie , Saint*
Dizier, Hefdin & Térouanne , k
la bataille de Cerizoles en 1 544 , &
eut beaucoup de part au fiége & à
la prife de Thionville par le duc
de Gulfe^ en 1558. Il avoit obtenu »
^^ 'S 53 » ^^ gouvernement des
Uo V t É
Ttois-Evêchés , Mctt , Toul & Vcr-
iluii. Celui de Bretagne ayant vaqué
depuis par la mort du vicomte de
Mamguts , ( Séba/Etn de Luxembourg, )
i! y fut nommé ; mab le duc de
Mlmtpenfier étant venu le demander
du roi pour lui-même , ce prince ne
|>ut le lui refufer , & révoqua le
«ion qu'il en avoit îaiit à VielUevîlle ,
^{ui rendît fon Brevet fans murmurer ^
idifent les Mémoires de fa vie )
n'accepta 13000 écus que le roi
Itû envoya dans cette occasion ,
4ue fur une lettre de fa main » pat
laquelle il lui marquoit que s'il ne
les acceptoit , il ne voulait flus le
^to<r de fa vie. Il fut honoré du bâton
de maréchal de France en 1562.
Plellleville n'étott pas moins propre
pour les négociations que pour la
guerre. Il fut employé par Henri II
dans cinq ambafTades , tant en Aile-
tnagne , qu'en Angleterre & en
Suifle. Il mourut dans fon château
de Durtal en Anjou, le 50 No-
vembre 15 71. Les Mémoires de fa
Vie , cOmpofes par Vincent Carloix ,
fon fecrétaire t qui étôient reftés
tnanufçrits dans les archives de ce
âiâteau^ furent publiés à Paris en
17Ç7, en $ vol. in-8** , par les
foins du P, Grljjec» Jéfuite. Ils con-
tiennent des anecdotes & des par-
ticularités intérefTantes pour Thif*
toire de fon temps.
VlElKA, (N...)Sermonaire
Portugais , fumommé par fes com-
l>atriotes le Cîcéron Lufitaîn , dut ce
titre à Tignorance & au défaut des
bons modèles. Ses difcoûrs font
templis de fingularités , qu'à peiné
peut excufer la barbarie de fon fie-
cle. Dans un de fes Sermons , après
avoir fait un éloee pompeux dé la
t7ptre circulaire ; il continue ainfi ;
" Que fi leTout-puiffant étoitdans
" le cas d*apparoître fous une forme
*» Géométrique , ce feroit furement
" fous la Circulaire , préférablement
g à la Triangulaire | à ^ Carrée ,
VfË
«« à la Pentagonale\ à la Duoieèd^
" gonale , ou à toute autre connue
» des Géomètres, &c. Ôfc.
I. VIENNE , ( Jean de) en latîrf
de Viana , né à Bayeux , d'une an-
cienne famille , mais différente dit |
fuivant , fiit évêque d'Avranches ^ i
puis de Terouanne j enfin archevê-
que de Rheims en 1334. Ceft lé
premier archevêque qui foit par-
venu à ce fiége par les réfervai-'
tions papales. 11^ trouva à la ftH
nefte bataille dé Crecy en 1346 y
& accompagna fidellement le roi
Philippe de Valois dans fa retraite^
Il facra le roi han , fon fils , le 28^
Août 1350, & la reine Jeanne dé
Bourgogne, fon époufe, le xi Sep-
tembre fuivant « et mourtiten 13-5 1.-
n. VIENNE, (Jean de )feigneuf
de Rolahs , Clervaux , Montbis ^
firc. < amiral de Frati«e & chevalier
de l'Ordre de rAnnoncîadc, d'une
des plus anciennes maifons de Bour-
gogne. Les rois Charles V&i Char-
Us VI ^ fous lefquels il porta les
armes, eurent beaucoup à fe louer dé
fa bravoure. Il defcendit en Angle-
terre en 1377, prit & brûla la Rye/
faccagesP Tifle de ^igth & plufieuts
hutres villes avec dix lieues de pays,
& y fît im très-grand butin. Il padOfa
en Ecoife l'an 1 380 , avec 66 vait-
féaux , qui , joints à ceux des'Ecof*
fois, entrèrent dans la mer d'Irlande,
& brûlèrent la ville dé Penreth. Une
fi puifTante flotte eût pu feirc beau-
coup davantage , fi à quelques mois
de là l'amiral ne fefût brouillé avec
la cour Ècoffoife. De Vienne g amou-
reux juTqu'à la folie d'une parenté
du roi d'Ecoffe , fit des préfens &
donna une fêté à fa belle maîtrêffe.
*Cette cour ,' peu accoutumée à dé
pareilles galanteries,en fm tellement
ofFenfée , que l'amant eût couru
grand rifque , s'il ne fut retotim^
en France avec préciphation. La
guerre contre le Turc ayant été
tHolw y il âii du nombre de» ièi^
J
V ÏË
fatttn Franco» qui allèrent au (e-
. 4ours du roi de Hongrie. Il com-
ibanda l'avant - garde |à la bataille
^e Hicopolis, & y périt les armes
à la main, le 16 Septembre 1396 ,
avec 2000 gentilshommes. Françolfe
j}E Fie» Ni , époufe de CharUs de
ia yiatrille, morte en 1669 , a été
le dermet rejeton de cette Emilie
illuftre.
VlERZY.Fpy.JostAiN.
V I E T E , ( François ) maître des
requêtes de la reine Marguuîu , né
a Êomensâ en Poitou l'an 15 40,
tf'eft fait un nom immortel par fon
calei^t pour les mathématiques. Il
dk le premier qui fe fervit, dans
TAlgebre, des lettres de l'alphabet
pour défigner les quantités connues.
Il trouva que les folutions , de
propres qu'elles étoient à un cas
particulier , devenaient par fa mé-
thode abrohunenl générales , parce
que les lettres pouvoient exprimer
foutes fbftes de nombres. Cet avan-
tage étant reconnu , il s'attacha à
€icillter l'opération de la comparai-*
(on des quantités inconnues avec
les quantités connues , en les arran-
geant d*Uné certaine matûere , & en
ÊôTant évanouir les fraâions. Il itt<-
venta auffi une règle pour extraire
la racine de toutes les' équations
arithmétiques. Cette découverte le
eonduifit à une autre: ce fut d'ex-
iraire la racine des équations litté-
talcs par approximation , atnfi qu'il
ie failbit ptmr les nombres. Il nt
plus: comme l'algèbre, par la nou-
irelle forme qu'il venoit de lui don*
aer, éti>it extrêmement ûtttpXiîii ;
80 examinant les problêmes de près^
H découvrit l'art de trouver des
quantités ou des racines inconnues
par le moyen des lignes, ce qu'on
2^t\\zConfiyHîon. Céométrîque.Tou-
tas ces inventions donnèrent une
nouvelle forme à l'Algehrè , & l'en-
, richirent extrêmement. On lui doit
ppcore ia^ Géométrie des icSiioas
VIE î5f
angataîres , par laquelle on donner
la raifon des angles par la raifoai
des côtés. Il meditoit avec tant
d'application , qu'on le voyoit
fouvent demeurer trois purs en-
tiers dans fon cabinet (ans mai»*<
ger & même fans dormir, jidnm
Romain ayant propofé à tous le#
mathématiciens de l'Europe un pro-
blême difficile à réfoudre , VUu caf
donna- d'abord la folution , & le faâ
renvoya avec des correéHons Ile
une augmentation. U propbfa à fo»
tour un problême à Rowuùa , qoi
ne put le réfoudre que mécanique
ment. Le mathématicien Allemand^
ftirpris de fa fagacité , partit auffi-
tôt de "W^irabourg en Francome ofr
il demeuroit , & vint en France pour
le connoitre & lui demander fort
amitié. Vîtte ayant recoimu quef
dsuis le Calendrier Grégorien il y
avoit pluiîeurs foutes qui avoienc
été déjà remarquées par d'autres «
en fit un nouveau , accommodé aux
Fêtes & aux Rits de l'Eglife Ro-
maine. Il le mit au jour en 1600^
& lepréfenta dans la ville de Lyon,
au cardinal Aldohranâin , qui avoîc
été envoyé en France par le pape«
pour terminer les différens mus eB-*
tre Je roi de France ht le duc 4m
Savoie. L'habite mathématicien câ
âgnala bientôt par des découvertes
plus utiles que fon Calendrier , qiâ
étoit rempli d'erreurs. Comme lea
éta& du roi d'Efpagne étoient fort
éloignés les uns des autres , lorf-'
qu'il s'agiffpit de communiquer dca
deffeinsfecret$,onécrivoit en chif*
re» & en caraûerès inconnus , pen-'
dant les défordres de la Ligue *, ce
chiflire étoit compbfé de plus de
500 caraûeres différens^ & quoi-'
qtie l'on* eût fouvent intercepté des*
lettres , on ne put jamais venir ^
bout de les déchiffrer. Il n'y euir
que Vleu qui eut ce talent. Son
habileté déconcerta d'une telle mai>
ntere les Efpagnols^ p^dans> éea»
1
35* VIE
ans , quHls publièrent à Rome Se
dans une partie de l'Europe, que
le roi nfavoit découvert leurs chif-
fres que par le fecours de la ma-
g'ie. Ce grand géomètre mourut en
160 V Cctoit un homme (impie ,
modefte & fort appliqué : il paffoit
fouveot pluiieurs jours de fuite fans
fortir de fon cabinet , & il ^loit
le contraindre à prendre des ali-
mens; maïs il ne quittoit pas pour
cela ni fon fauteuil ni fon bureau.
Un repas étoit pour lui une corvée,
dont ilfc débarraffoit le plus promp-
• tement qu'il lui étoit poflible. Lors-
qu'il faifoit imprimer quelques-uns
defes Ecrits, il en retiroit tous les
exemplaires, qui étoient en petit
nombre, & il les diftribuoit à fes
amis & à des perfonnes capables
de les entendre. H 'jugeoit inutile
que le public les vit : les favans
feuls les coanoiffoient. Il a donné
le Trî^ité de Géométrie A' ApULonius
et Perge , avec fes Commentaires ,
fous le nom d'Apollonius Gallus^
x6io,in-4®. Ses Ouvrages furent
réunis en 1646 , en i vol. in-fol.,
par François Schooten,
VIEySSENS , ( Raymond de )
médecin , natif de Rouergue , de-
vint médecin du roi & membre de
l'académie des Sciences en i688;
il rétoit déjà de la Société royale
de Londres en 168 ç. On a de lui :
L Nevrographla unîverfalîs , Lyon ,
i68ç , in-fol.; 176 1 , in-fol. -, &
Touloufe, 1775 » ip-4**- La partie
anatomique de cet ouvrage eft très-
. eftimée rmais la phyffologie qui
comprend la moitié du volume,
ne l'eft guère , & ne mérite pas de
l'être. IL De Mlxtî prîncipus & de
natura Fermentadonis , Lyon , 1686 ,
in- 4° : Ouvrage qui a été «lal ac-
cueilli , & qui eft aujourd'hui ou-
blié. III. Dîjfertatlon fur fextraellon
du Sel acide du Sang^ 1688, in- 12.
IV. Novitm Vaforwn. Corporis humanl
Syfitma^ Axxifterdam, 1705 , inri2.
VI G
V. Trahis iii Catur^ de f Oreille ti
des Lîqiteursy chacun in-4°. VI. Expé"
riencesfurles Vifceres, Paris, 1755*
in-.il, VIL TruiU des Maladies in'
ternes , auquel on a joint fa Névro-
graphie & éon Traité des VaiiTeauz
du Corjfs humain, en 4 vol. in-4^.
Son petit-fils a été l'éditeur de ceC
Ouvrage .qui n'a paru qu'en 1774.
Ses derniers ouvrages montrent
qu'il s'étoit dépouillé de l'efprit
de fyftême qui l'avoit long-temps
dominé. L'auteur, tourmenté par '
la goutte , avoit quitté Paris , pour
vivre à Montpellier loin du fracas
de la capitale. II y mourut en 171 j. |
VIEUVILLE. VoyeiCEKF.,.n.
AsFÉLD... Aligre... iix. Plessis*^
Richelieu.
VIGAND, (Jean) né à Mans-
feld en 1^13, fut dtfciple de Luthsr
& de Melanchton , miniftre à Mans-
feld , & enfuite Surintendant des
Eglifes de Poméranie en Pruffc. On
a de lui un grand nombre d'Ou-
vrages , qui lui firent im nom dan»
fon parti. On le compte parmi les
auteurs des Centuries de Magdebowg «
Bâle, 15 61, 13 tomes in-folio. Ce
théologien mourut en 1587 , à 64
ans. Il étoit favant -, mais il n'avoir
ni Tart de comparer les faits, ^
celui de pefer les témoignages.
VIGENERE. (Blaifede) fecrét
taire du duc de Nevers , puis du roi
Henri III, né en ip2 àSaint-Pour-
çaih en Bourbonnois, mort à Paris
le 19 Février 1596 , à 75 ans, eft'
un tradudleur -auffi mauf&de quln-
fidelle. Ses Verrons eftimées de fon
temps y%font méprifées aujourd'hui;
on fait cas cependant des Notes qui
les accompagnent : elles manquent
d'art & d'efprit , mais l'érudition y
eft prodiguée. Les Ouvrées de
Vigenere font : I.Des Traductions d»
Commentaires de Céfar , de l'Hiftoire
de Tue-Live , de Chalcondyle , &c.
avec des Notes. II. Un Traité des
Chiffres , ou Secruu Manière d'écrire ,
1586,
J
V ÎG
i\i6, ui-4**. m. Un aùtr^ des Co-
fnctes , in-8®. IV. Un troifieme ,
du Feu & du Sel , in-4**. V. La
fuite de Philoftrace , contenant les
Images' ou Tableaux de plaU'ptînture
du jeune Philoftratc » les Héroïques,
de t ancien , & les Statues de Calif-
trate , Paris ^ 1596, in-4**. Cette
Suite , avec cç qui la précède , a
été revue & corrigée fur l'original ,
& hnprimée avec les Epigramnies
^Artus'Thcmàs fieur d*Embry fur
thaqué tableau , & des figures en
taille-douce, Paris, 1614 , in-fol.
ibid. , 1619 & 1637 , in-fol. ^ 11 eft
- affez probable ( dit Nlceron ) que
** Vigenere n'a fait fa Tradu^ion que
H fur la verfion latine , qui n'étant
** pas exaâe , eil caufe des fautes
^ qu'il a commifes. Les figures
»» qu'on a ajoutées dans les édi-
>' tions in folio , font paiTables
M pour la plupart, quelques-unes
» même font aâez belles ; mais il
)^ y a un défaut confidérable , qui
H confîfte en ce qu'elles ne font
** pas faites fur la feule defcription
^' dé Phllofirate, comme elles le
» dévoient être , mais fou vent fiii-
'*> vant la fiantaifié de celui qui les
» a deflînées ; ce qui fait qu'elles
>» ne fervent pas beaucoup à en-
« tendre Toriginâl m. VI. Phllof-
irau de la Vie d'Apollonius Thyanéin ,
trciiult du Grec ;7<xr Blaife de Vigé-
incre , avec les Commentaires d'ArtuS"
Thomas fieur dEmhry , Paris , 1611 ,
in- 4° , 2 tomes. De toutes les Tra-
durions de Vigenere, celle d*0/io-
fander , 160J , in-4**, «ft la plus
recherchée,
VIGEVANOi Voye-^ Tri-
TULCE.
I.VIGIEH, (François) Jéfuite
ic Rouen , mort en 1647 , fe fit
une jufte réputation de favoir par
fe* Ouvrages. On à de lui ; I. Une
excellente Traducllon latine de la
Préparation & de la Dêmonfiratlon
EvangiUque cf Eufebe , avic dis notes ^
Tome IX.
VIG 35I
Pans, 1618, m-foha, 2 vol. Ili
Un bon Traité De îdiotlfmls prtt^
cîpuîs Llnguct graca , 1632 , in<i2 3
&Leyde, I766, in-S'^. Cet 'au-
teur étoit habile dans cette der«
niere langue.
II. VICIER , ( Jean ) avocat au
parlement de Paris , forti d'une fa-
mille noble d'Angoumois , mourut
fort âgé vers l'an 1648. Il laifla
un Commentaire\C^[mé fur les Cou-
tumes d'Angoumois , d'Aunis , & dii
gouvernement de la Rochelle , &
augmenté par Jacques & François
ViGtERy fes fils & petits-fils, Paris, "
1720 , in-fol.
VIGIL A.NCE , ( Vlgllantlus ) étoît
Gaulois , ^ natif de Calaguri, petit
bourg près de Cominges. Il devint
curé d'une paroifTe du dioceft do
Barcelone dans la Catalogne. Sort
favoir & fon efprif le lièrent avec
S. Paulin , qui le reçut bien & qui
le recommanda à S, Jérôme. Ce Père
de l'Eglife étoit alors en Paleftme ,
où Vigilance avoit deflein d'aliei?
pour vifiter les faims lieux. Le pieux
& illufire folHaire ayant appris
qu'il répandoit des erreurs dan«
gereufes , prit la pli|pie contre luû
Voici ce qu'il en dit : »> On a vu
" dans le monde des monflres de
>♦ différentes efpeces ; Ifaie parle
" des Centaures , des Slrenet , &
»* d'autres femblables. /t.^ fait une
»» defcription myftérieufe de Lévia'
» than & de Behemoth : les Poëtes
'* content des fables de Cerbère , du
M Sanglier de la forêt d'Erimanthe,
»» de la ChlfJtzre ,* & de l'hydre à
>» plufieurs têtes. Vh-gllc rapporte
^ »♦ l'hifioire de Catus ; l'Efpagne a
»» produit Gérion qui avoit trois
« corps ; la France feule en avoit
»» été exempte , & .on n'y avoit
»' îamais vu que des hommes cou-
" rageux 6c éloquens , quand Vlgl^
M lance ou iplutàtDormitance a pÂa
w tout d'un coup , combattant ,
»> avéc un efprit impur, contre
z
1
354 VIO
» Terprît de Dieu. U founcnt qu cm
*i ne doit point hoiiorer les fé-
>f pUlcres des Martyrs , ni chanter
ti Aucluta qa au^ Fêtes de Pâques ^
M il condamne les veilles , il appelle
»> Ik célibat uile héréûé , & dit que
•> la virginité cû la iburcè de rim-
*i pureté «!• Vi^lance àfFeâoit lé bel
efprit : c'étoit un homifte qui aigui-
Ibit Un trait , & qui ne raifohnbit
pis, 11 préfcroit un bon moi à une
bonne raifdh ; il ne chefcboît qiie
la célébrité -, & il attaqua tous les
objets qui pûuvoiént fournir à la
l^tair^nterie.
i. VIGILE , Pape , & Romain de
nation > n'étoit encore que diacre ,
loriqu'il fut envoyé à ConAanii*
nople par A^apei, Thcodora , femme
de Temp'ereur Juft:nun , lui promit
de îe mettre fur \e ûégt de Saint-
Pierre , pourvu qtfil s'engageât
de cafler l^ Aùts d'ùù Concile
tenu i, CbnAantinopIé contré leè
prélats fépàrés de la communion
Romaine , qu'elle foutenoit. Vigl/c
promit tout • & fût élu pape lé
22 Novembre 537 , du vivant
Ihôme de SyUere , qui fut envoyé
en exil. Apf es' fa mort arrivée en
53g, Vigile paiHit d'abord approuver
U dodlrîné à.*Anthim & dés Acé-
phales , pour ràtts£iire rittipérafrice*,
mais peu après il alla à Conilan-
titiople , où il excommunia les hé-
rétiques & Theodord. Sa fermeté fe
démentit : il affembla un Concile
de 70 évêques , & le rompit après
^elques feflîons ; il aima mieux
prier les évêques de donner leur
avès par écrit , & etivoya tous ces
Icrift au Palais. Il en agfjfoit ainfi ,
difoit-it f pour épîter qti^on ne trouvât
quelquejoûr^iatts les Archives dtrEgCfk
Romaine, ces réfonÇes contnurts au Çon-
dit de ChaUlibîne, On doit remar-
quer que le pape n'étoit pas libre
k Conftantinople ; on Id voit par
Tjnè proceflation qu'il fit dans une
aiTemblée , où U voyant preiTé
V IG
avec la dernière violence de oon-«
damner les Trots Chapitres ,\ i^
s'écria : Je vous déclare que y quoique
vous me ume\ captif, vous ne terui
pas S. Pierre, Oh appelle les Troi^
Chapitres ^ trois fameux Ecrits qui
furent déférés au jugement de
fEglife , |c6mme remplis des blaf-
phêmes de Ncftorius. I. Les Ecrits
de Théodore , évêqudde Mopfuefte^
le maître de Neftorlus, IL La Lettre
d'ibas, évêque d'Edefie, à Maris*
in. Les Réponfes de théodoret , évê;
qfie de Cyr ^ aux Ecrits de 5. Cyrille
d'Alexandrie contre Nèfiorius. Vigile
condamna & approuva tour à tour
ces trois ouvrages, anathématifés |
par le concile de Conilantinople.
L'empereur Ju/liniea , mécontent dé
fi cooiduite , l'envoya en exil^
il n'y fut pas long-temps : à fon
retour en Italie , il mourut de la
pierre à Syracufé eii Sicile^ le 1$
Janvier 555. On si de lui xyjii
Epttres, Paris» 1641, în-g°.
U. VrClLE DE t A.PSE , cvêqué
de cette ville , dans la province dé
Bizacené en Afrique , fut enve-
loppé dans la perfécution ^uHu"
neric roi des Vandales , excita vers
Tan 48^4 conà-e les Catholiques.
La crainte d'aigrir lés perfécuteurs
lui fit cacher fon nom. 11 emprunta
ceux des Pères les plus illuftres,
pour donner plus de cours à fes
ouvrages 1 /principalement chez les
Vandales, & les autres Barbares
Ariens , peu favans dans la crioque.
" Ainû il compofa { dit Fleurit ]
« une Difputé entre S, Athanafc
rt & Arius , qu'if fuppofe s'être^
M pââee publiquement^ à' Laodicée,
•' par ordre dé l'empereur Cd«/V
M tantius , en préfence d'un jugé
»* Ikommé Probus ; & if y rapporte
>»^ tous le^s diicours » comme s'il
» en avoit tfo^vé les À&ts, Mais
" il recônnoit 4ùî-mème dans un
>* autre ouvrage , que ce n'etf
'» qu'une ii^oa. U compoû éi
Vî G
»» mdme fous le nom de S. Au*
n guflifi,un'Dïalo^e connre FéU"
M cUn Arien , touchant l'unité de
H la Trinité; & on lui attribue avec
*' ndCon 1 a fauffe Dispute de 5, Au^
" gufiin contre Pafcehùus , & 'le
" Symbole qui a pafTé û long-
** temps fous le nom de .5. Atha-
>» nàft. Cet artifice de Vigile de
*' Tapft , a produit de la confiifion
•' dans lés Ouvrages des Pères *,
*' car on à long «-temps aturibué
" les^ fiensaux auteurs dont il
«^ àvoit emprunté le nom ; & le;
» nouveaux critiques lui en ont
" attribué d'autres , . dont les au-
*> têurs font moitis certains. Enfin
" fon exemple peut avoir énliardl
" pluûeurs écrivains téméraires «
» à fùppofer fous de grands noms,
» de faulTes pièces ; de faux Aéles
»* de martyrs , & des . Vies des
o Saints ». Après la mort de yigiU
de Tapft on eut beaucoup dé peine
à reconnoltre les Ecrits qui étoient^
véritablement de lui. Les cinq Livres
Contre Eùtyckhs lui ont toujours ét^
ilttribués. Il les -compofa étant à
Conftantinople -, & comime il y
jouifToit d'une liberté entière, il
ne crut pas devoir déguifer fon
nom. Ses Ouvrages , & ceux qu'on
hri attribué ; furent imprimés à
Dijon, i66ç , in-4°.
L VIGNE, { Gacé de la ) Vo^t
BlGKE-, n** I. .
. IL VIGNE, (André delà) auteur
- François du xv* itede; fe rendit
sécommandable fous Charles VIII
par les armes & pai; les lettres.
Anne dé Bretagne , femme de ce
pflèce; le prit pour fon fecrétairé.
Ses exploits guerriers foàt moins
connus que fiss. Ouvrages. On lui
doit une HlftoUe dé Chàrhs VIII ^
qu'il comprofa avec lallgni ^ itû-
primée au Louvre , in-folio ^ par
les foins & avec les remarques
de Denis Godefroi, Il eft auffi au-
kùx du Vir^liT^ fKmwTi Paris «
14^5 , m-folio. Ceft une Hif*
toirc de Tentreprife fur Naples pac
CharUs Vin:, très^étailléè & très*
exaâe.
ill. VIGNE , ( Anne de la } dé
l'académie des Rlcoyrati dePadoue à
naquit d'un médecin de Vernon-
fur-Seine , habile dans fon art. Elle
ayoit.un frère, d'un génie afliez
borné *, âufll fon père difoit : Quand,
j'ai /ait ma fille , je pen/oU faire
mon fils '; 6* ^uand j'ai fait mon fils ^
j*al penfé faire ma filU, Cette ingé-
nieufe iittératrice mourut à Paris
eii 1684, à la fleur de fon âge»
des douleurs de 2a pierre que fon
application lui avoit procurée. Eilo
m éclater ^ dès la plus tendre en-
fance , fon goût & fes talens pour
la poéfie. On temarque . dans fe$
vers .de U grâce, & des tournures
agréables ; mais ils manquent quel^
quefois d'harmonie & de coloris.
Rivale de Sapho dans la poéâe,
elle eut plus de vertu qu'elle. Elle
répondit à un homipe d'efprit qui
vouloit être aimé d'elle :
Ah ! fur mon càur ùffe^ de rim
prétendre ;
Cejfe{ de le faire foujfnrl
Le ciel né Ca pas fait fi fenfihÙ
& fi tendre
Pour àlmêf ce qiâ doit périr^
Ses principales Pièces font : L Une
Ode , intitulée : Monfeigneut U Dau^
phûi où Roi:, Va indonnujui en-
voya', pour récompenfe une boîte,
de . coco ,' où éto'it. une. lyre
d or émaillée , avec des vers à fa
louange, il. Une autre Ode à Ma- '
demoifelle de Scudéry ,. foii amie*
III. Une Riponfe à MadémoifeUe
Vcf canes i nièce du célèbre philo-
fophe : Mâdemoifelle dt ,la yignt
goûtoit btraUi;oup fes principes. IV.
Quçl ues autres petreès Pièces de
verf, qu'on a reaieilliesà Paris dans,
ua peut io-$^ , & qu'où' rettouvdi
1
J56 V r G
dans le Parnaffc dis Dames par M,
de SauvipiL
IV. VIGNE , ( Malcrais de la )
Fbyei DëSFORGES.
ViGNEROD, Voyci AX^igne-
&OD.
VIGNES , (Pierre dés ) né à
Capoue , s'éleva de la caiitance la:
pius bn^ev à la charge de chan-
celier de Vem^sr eut Frédéric Ik On
ignore qui étoit fon pcre -, la mère
ni'ïndioit fon pnin pour elle &
pour fon âls. Il iit fcs études à
Bologne , par le fecours de quel-
ques perfonnes charitables , char-
mées de la vivacité de fon efprtt.
Le hafard Fa^^ant conduit auprès de
Fenipereur, il plut par fon génie,
obtint une place dans le palais , âc
ne tarda pas à s'avancer. Devenu
habile dans la jurifprudence & ayant
Pefprit des afï^ircs , il gagna entiè-
rement les bonnes grâces ^de fon
maître. Son élévation fut rapide ;
il fut protonotaire , confeiller,' chan-
celier , &< entra dans toutes les
affaires fecretes de Frédéric, Il
fervit avec zèle ce prince > dans
les différens qu'il eut avec les
papes Grégoire IX & Innocent IV i
& fut député, en 1245 , au con-
cile de Lyon , pour empêcher que
ce prince n'y fût condamné. Il
jouit long-temps d'une faveur dif-
tinguée, qui lui fit beaucoup de
jaloux. Us l'accuferent d'avoir
voulu empoifonner l'empereur par
les mains de fon médecin. Les hif-
toriens varient fur l'année de cet
événement, & cette variété peut
caufer quelque foupçon. Quelques-
uns croient que Fitrrt du Vignes
étdit véritablement coupable. Eft-
il croyable que le premier des ma-
giftrats de l'Europe, vieillard vé-
nérable, le confeil, l'ami de fon
hiaître , ait tramé un aufli abomi-
nable complot ? Etpourqqoi } Pour
plaire au pape fon ennemi. Où
potivoit-il efpérè: uD« plus grande
fortune.? Qud meilleur pofte le*
médecin pouvoit-il avoir , que celiH
de médecin de l'eAipereur ? Quoi
qu'il en foit , il efl certain que Pitrre
des Vigies eut les yeux crevés. i«-
deric^ après l'avoir fait promener
dans plûfîeurs villei d'Italie, le
livra aux Pifans qui le haïiToient-
morteilement. Plufieurs autres Ita-
liens pritendent qu'une intrigue d&'
cour fut la caufe de ta difgrace ,
& porta Frédéric II à cette cruauté ;
ce qui cft plus vraifemblable. L'in-
fortuné chancelier , ks de fe voir
dans une dure prifon , fe caffa la^
tête , en- 1249 , contre une co-
lonne à laquelle on i'avoit attaché.
Pierre des Vignes , dit M. Lundi ^
p^ui palTer pour un fécond Caf-
fiodorc. Il y eut une reffemblance
marquée entre ces deux miniilres ^^
leur génie , leurs inclinations , leur
pouvoir , leurs aventures & leurs
ouvrage!!. Ce ne fiit que leur fin
qui fut très-différente. Cajfiûdote fe
retira fagement de la cour , au liea
que Pierre , ayant vpulu feire têce-
àfeseânemis , fuccomba aux efforts
qu'iU firent pour le perdre. On ai-
de lui : I. Epiflol^ , dont la moins
mauvaifb édition eft celle de Bâle •.
par IfeUn^ 1740 , 2 vol. in-S** \
& la plus rare, celle de la même
ville, 1539, in- 8*. Ces Lettres^
écrites la plupart au nom de Fré"
deric II , font une preuve de Isr
mauvaife latinité de fon fiede -, &
il Êiut plutôt y chercher les évé-
nemens qui ont rapport à ce prince »<
que les grâces du flyle & la pu-
reté du langage. Au relief Téditioa
de Baie eil défeâueufe à pluû^rs
égards. 11 y manque pluiieurs Let-
tres imprimées ailleurs. Il y en a
d'apocryphes. On n'a pas obferv4
l'ordre- chronologique , & l'on
trouve plufieurs pafïages fi défi-
gurés , qu'ils font inintelligibles»
II. Un Traité De Pouâate ImperimlU-
m. Une autre Dt Ç^Jplaùon^^ &c«^
1
i
r
VI G
t>n a attribué à Iréâcflc U & 4,
fUrre des Vignes^ le livre imagi-
naire De tribus bnpofiorlbus. Ce cui
a pu y donner lieu , eft la Lettre
de Grégoire 'IX , que nous avons
' citée ( article de Frédéric II ) ; mais
ni cet empereur , ni fon chancelier ,
ni aucun de ceux à qui cette pro-.
dufbion a été attribuée, n'en e(l
j'autcur. Du moins elle a échappé
k la recherclie des fa vans. Le livre
jqui a paru fous la date de M. D, lie
in-8** , compofé de 46 pages fans
titre , eft une impofture moderne.
On attribue cette fraude à Strau-
Mus ^ qui fît imprimer ce livre à
Vienne en Autriche , en 1753. La
prétendue ancienne édition fans
date y d'après laquelle celle-là a été
feiie , n'a jamais fté viie de qui
que ce foit.
VIGNEUL DE MARVILLE >
Foyei ArgÔNNIE.
I. yiGNIER, ( Nicolas ) né en
1530 à Troyes en Champagne,
mort à Paris en 1595 , s*acquit
beaucoup de réputation dans la
. pratique de là médecine. Il s'ap-
pliqua aulîî à rjîiftoire & devint
lîiftôriographe de France. On a
fie lui un grand nombre d'ouvrages
e^ latin & en françois , qu'on ne lit
plus y mais que les favans confultent
avec fruit. Le plus curieux eft fon
TraJté de Tori^ne & demeure des anciens
François , à Troyes , chez GamUr ,
1582 , in-4**. Le laborieux compir
lateur , André du Chefné , traduifit çc
livre en latin,pour Iç mettre à la tête
de fa Colleâtîon des anciens hifto-
riens François. On a encore de lui :
I. Rerum Burpindlcnum Chronlcon ,
Bâle, 15 75 , in-4°. Cette Chronique
4e Bourgogne s'étend, depuis le
commencement du v* fiecle jufque
vers la fin du xv^. IL Frefféance
4:ntre I4 France & l'Êfpagne , in-8*,
in. Faftes des anciens hébreux , Grecs
ù Romains, 1588, in-4**. IV. BU
^iwihe^ue hîjioriale , en 4 vol, in-fol.
Quoique ce livre ne (bit pas exempt
de fautes , & qu'il foit affez niai
écrit , l'abbé Lmglet dit^ju'il ^ affez
cftimé, & qu'il peut tenir une place
dans les Bibliothèques* V. Recueil
de CBlftolre Jie PEgllfe , in ^ folio ,
léoi , peu eftimé , & dans lequel
fes fils qui le publièrent , ont fourré
( dit NUeron ) tout ce ce qu'ils ont
voulu.
IL VIGNIER. { Nicolas.) fils
du précédent, fut miniilre à Blois
au commencement du xvi* fiecle,
& rentra, après l'an 1631, dans
l'Eglïfe Catholique , comme avait
fait fon pcre avant de mourir. U a
fait plufieurs Ecrits de Controverft.^
entièrement oubliés.
IIL VIGNIER , { Jérôme ) fils
du précédent, né à Blois en 1606,
fut cicvé dans le Calvinifme , &
devint bailli de Baugency. Ayant
en fuite abjuré la religion Protef-
tante , il entra dans la Congréga-
tion de ^Oratoire , & fut fupérieur
de diffcrent^.î Maifons , où il édifî* .
autant p^r fa piété îqtl'il étonna par
la variété de fes lumières. 11 exceHa
fur -tout dans la connoifTance. des
Langues , à^s Médailles & des An-
ciquitcs , & de l'origine des Maifons
fouverainc» de l'Europe. Ce favant
mourut à la Maifon de Sairtt-Ma-
gloire à Paris.le 14 Novembre 166 1,
355 ans. Tout ce que nous avons
de lui , eft plein de grandes re-
cherches -, mais le Ôyle de fes Ou-
vrages eft rebutant. Les principaux
font : I, La véritable origine de la
Maifon JtAlface , de Lorraine , d'Au"
triche, &c. Paris, 1649, in-folio*
L'auteur juftifie les faits par les titres
& les Chartres ; mais y a bien dçs
fautes de chronologie. IL Un Sup-
plément aux Œuvres de 5. Auguftîn ,
Paris , 1654 , in-folio, dont il
trouva des manufcrits à Clairvaux ,
• qui n'avoient point encore été im- .
primés. III.' Une Concordance ft-an-
çoife des Evangiles. IV. V Origine des
Z iij
1
1^8 V I G
Jlou di Bourgogne*' V. La GMalûgjle
aes Cofktt* de Champagnt. VI. Summa
jiufirîacum , 165 o , in -fol. On lui
cft encore redevable de deux vol.
£e VHiftoîn EceUfiafiiqm Gallleant ;
de plufîeurs Pièces de PoéJU ; de
quelques Paraphrafis des P{eaumes
en latin ; d'une Oraîfcn funèbre , Sic, .
'^ VJGNQLE, (Jacques Baro?-
zio , furnommé ) (avant arcluteâe ,
vit le jour en 1507 à Vignola ,
au duché de Modene « d'un gentil-
hommé Modenois, que les diicordès
civiles avoiént obligé de quitter t^
patrie. Il s'aionna d*abord à ta
peinture ; ce fut cet art qui le fit
fubiîfier dans fa jeuneiTe. Entraîné
far fori inclination pour l'ardii-
teâure , il' alla à Rome pour y
étudier les plus beaux reftes de
l'antiquité. Son travail Sr les leçons
qu'il prit des meilleurs architcâes
de fon temps & des amateurs éclai-
rés y lui donnèrent une intelligenée
parfaite dç l'ar^ dé bâtir'. Il vint en
France foiîs le règne de François Z,
où il donna lies plans pour pi ufieurs
édifices -, quelques-uns même pré-
t'endent que le château de Cham-
$ord fut conftruit'fur ics deil^s.
VîgnoU s'attacha à Ftançois Pùmathe,
s(rchitçâe& peintre Bolonois, qui
ét^it au ièrvice du roi. Il le fecourut
dans tous Tes ouvrages , & l'aida à
jeter en' bronze les Antiques qui
font à Fontainebleau. Xe cardinal
Fdrrtefe choiilt VignoU pour or-
donner lé bâtiment dç Ton magni-
fique pal;iis de Cajprardle , à uAe
journée de Rome. Vtgnàlc mourut
dans cette ville le 7 Juillet 1575,'
à 66 ans , après avqir reçu plufieuts
Àatques d'eftime de la part des
Souverains pontifes. Outre les édi-
tées , foit ^ubUcs , foit pardculiers,
que VignoU z. Conduits, & quiïbnt
en (rès-grand, nombre , il a encore
Compore tfti Traité des cinq Ordfis
ê^ Archîuclure , qui lui a fait beaucoup
d'houneur > & qui a^ i%i traduit &
V I G
commenté par DavîlUr^ Pans. , 1 6^ i ;
3 vol. in-4® ;& 1738 , 2 vol. gran4'
în-4^ •,... & un autre dans fa langue,'
fur la PerfpecUvt Pratique^ commente'
par U Danti,
I. YIGNOLES. (Etienne de)
plus conn u fous le nom de la Hirm^
étoit de l'illùfire maifon des barons
de VlgnoUs , qui étant chaâ^s de
leurs terres par lés Anglob , s'étà>
blirent en Languedoc II (ut l'un dés
plus fameux capitaines François du
règne de ekarUs VIL Ce fîit lui qm
£t lever le ifiég^ de Montargis au
duc dt Bidford , & qui accompagna
la £imeufe PuulU , Jeanne 'd*Arc , ail
iîége d'Orléans , 6ù il fe iîgnala
avec cette héroïne. La jilfe ûm$
fç$ purs à Montaubân en 1447.
Il tient un rang diflîngué parmi les
héros qui rétablirent Charles Vii
fut le trône. Voy, à l'article de ce
monarque une réponfe^énéreufe d^
la Hire,
II. VIGNOLES , (Alphonfe de)
fils d'un maréchàl-de-camp , d'une
funille andetme , naquit au château
d'Aubais en Languedoc , en 1649 ,
dans le fein du Calvinifinè. Après
avoir porté les antie^ pendant quel-
que temps , il étudia à Saumiir pour
pouvoir ex^cer le miniftcre. H fut
d'abord minière à Aubais , puis à
CailàtfOii il reila )u{qu*à la révo-
cation de i'Edit de Nantes en 1685.
Réfugié dans le Brandebourg , il fut.
bien accueilli par Pclcé^eur, &
Revint fuccefCvement minifhre de
$ch\f edt , de HjU & de Brande-
bourg, près de Berlin. Son favoir
profond le fit mettre dans la liflcdes
membres de l'académie des Scierxâ
de Berlin , lors de rétablifTemenj:
de cette compagnie en 1701. î^.
célébré Leânîti , ami de VlgnoUs^
dont il étoit capable dç fentir le
;nérite , engagia le rolde PrufTe à le
fiiire vet\ir à Berlin. Il s'y rendit eQ
1703 , & y demeura les 40 dernières
années, de (a vi^ , auffî eiHnié ^K
/
VI G
ies talens de Vefprit qu*aimé pour
les qualités du cœur. It fut élu
diredeur de l'académie Toyale des
Sciences de Berlin , en 1717 *, place
qu'il remplit avec diftinÛtion. yi»
ptolts s'étoit annoncé dar^s la x^'
publique des Lettres par plufieurs
I Ouvrages.JLe plus coniiu eft la
Chronologie de tHiftoln Sainte & des
Hifioîhu étran^res que la concernant ,
depuis la fortle' d'Egypte , jufqu*à la
captivité de Bahylone , Berlin , 1738 ,
en 2 vol. in-4**. Ce livre fuppôfe
une léé^ure prodigieufe , yn travail
incroyable , 6e les plus, profondes
recherches. [ On en troi^ve des
extraits dans la. nouvelle édition
' des TakUues de l'abbé LaigUt du
Frefnoy,] On a encore de Fignoles
'r nn grand nombre à-Ecrits & de
piffenations dans la Bibliotheqj^ Ger-
maniqtu; dans les Afémolres de là
Société royale d& Berlin *, dans
VH'floire critiqua dç la République des
Lettres , par idaffon , &c. On eftime
iUr-tout fon Eplfiola Chroiiologica
aâverfus liàrdutnum , &. Tes Conjec^.
mres fur la iv* Egloguede Virgile ^
intitulée. Po//ron. Gp illuftre favant
soourut à Berlin le 24 Juillet 1 744 ,
après' avoir, fourni une carrière de
^5 ans. Quoiqu'il n'eût quç des
revenus modiques , il trouva dans
une fage économie le moyen de,
ibcourir les indigenSt La frugalité
étott Ton tréfor. Lç précieux idon
de la tranquillité d'ef prit contribua,
Isns doute , à prolonger (es jours.
¥oy. li- Lenfant.
. I. VIGOR , (Simon) fit fcs.
études à Paris , &&it reâeur, de
Vuniverfité en 1 540. 11 devint en-
faite pénitencier d'Ëvreux (a patrie^.
Il accompagna l^évêque de cette,
ville au concile de Trente, où il
piérita l'e(time des Pères par fon
favoir. Nommé curé de Saint-Paul
à Paris , il prêcha avec tant de zèle
contre les Calvinifies , qu'il fut fa^t
^ 9(çhfiv4f(u^^:^atboniiçen^Z)70..
. VIL 359
ïl continua de s*y fignaler,& comme
controverfifte Ù. comme prédica-
teur. Ses Sermons ont été imprimé^
en 1584., 4, vol. in-i^**. Ils ne fer-
vent aujourd'hui qu'à prouver danf
quel trifte çtat fe trouvpit rélQ<i
q'uence Françoifç au xyi** fiede^
Cj'eft lui & Claude de Saintes , quj
eurent, en 1 566 , une fameufe con^r
férenôî de coniroverfe avec les
niiniflces de CEfpint H Surrau du
Rofier, Les Acîes de cette conférence
parurent en 15^8 , in-8**. Lefavant
Pierre Plthou^ ï\x% unç des conquêtes
de cej; ijhiftre préiaî,qi:i ijiourut à
Carcaffonne le I Novembre 157$,.
II. VIGOR , ( Simon ) oeveu dn
précédent, mourut le 29 Fcvrier
1624 , ^ 68 ans , confeillér au
grand-confidl. Oi\ lui attribue une
lUiftoire curieufe &peu commune ,
imprimée fousi.. ce ^tre, .' Hiftorla
eorùm qua acla funt intsr Philip*
pum PulChrum , Regem ChrijUanif-r
Jim{fm , & Qoni^acium V! III , / <î 1 5 ,.
în-4''. 11 fe diftingua par fon zelç
pour les libertés de l'Êglife Gaï-
Ijcane. Il prit 1;^ déf&nfe du doâeur
Richèr avec heaqcoup de chaleur..
On a de liiv quelques Ouvrages fur
ces deux objets , & f\jr l'autorité
des Conciles généraux Se, des Papes.-
On les a recueillis, en un volumq,
in-4°,i683. * *
VlLÏROy , Voy. ViLLEFROr.
VILLAFAGNE , ( 7ean Arphct
de ) auteur Espagnol , e^ficonnu par
un Livre auffî rare que recherché.^
Il çft intitulé : Qwlatadordela Plaia ,
Qto\ y Piedras , Valladolid , 1 572' k
in- 4**; L'édition de Msidrid, 159^».
in-8** , moins rare , eft ^^mentée.
d'un livre. /
h VILL^tPANDE , ( Jçaq.
Baptifte ). Jéfuite, de Cordoue ,.
habile dans l'intelligence derEcri-*
ture fainte , mourut le 22 Mat
i6pS ', après avoir publié un Com"
mentaire , aufiî favant que diffus , fur.^
E^chUl i cni 3 tomes in-folio^
■i6o VIL
Rome , 1 596. La Defcrlptîon de la
ville & du Temple de Jérufalem ,
eft ce qu'il y a de mieux dans cet
ouvrage , quoiqu'à cet égard il y
ait bien des conjeâures hafardécs.
L'auteur a épuifé fa matière-» mais
il eft très- difîiâle d'être auffi patient
à le lire , qu'il fut confiant à le corn-
pofer. La figure du Temple ne fe
prouve pas dans tous les exem-
plaires... Voy. Prado.
II. ViLLALPANDE,(Gafpar)
théologien controverfifte de Sé-
^ovie , & doâeur dans l'univerfité
d'^lcala , parut avec éclat au con-
cile de Trente , & mit au jopr divers
Ouvrages de Controverfe , dont on np
fe fouvient plus.
III. VlLLALPANDE,(Françoîs
Torreblanca) eft auteur d'un Traité
tare , intitulé : Epîtome DcUciorum ,
feu De Invocatlom Damonum^ Hif-
pâli, 1618 , in-foUo. Il y a à la
fin , Defen/a en favor de los Ubros de
la Magia,
VILL AMENE, (François)
graveur , élevé d*Auguftin Canache ,
naquit à Afiîfe en Italie , vers l'an
1588 , & mourut à Rome âgé d'en-
viron 60 ans. Ce maître efi recom-
inandable par la correâion de Ton
deifin , & par la propreté de fon
travail -, mais on lui reproche
d'être' trop maniéré dans fes con-
tours. Cela, n'empêche pas que Tes
ffi^mpes n* f oient très - recher7
chées.
VILLANDON , Voyti héri-
tier, n** II.
V1LLANI,( Jean,Matthieu & Phi-
lippe ) auteurs. Florentins du XIV®
fiecle. Les deux premiers étoient
frères , & le dernier çtoit fils de
Matthieu, Une même profeflîon ,
celle du commerce , & un même
goût d'étude , celui de l'Hiftoire ,
les occupèrent tous trois & les
fendirent célèbres , fur -tout les
deux frères. Nous avons de Jean
Ut|e Chronique en italien , en xii
VI L
livres , depuis la Tour de Babf] ^
jufqu'en 1348. Elle eft écrite avec
beaucoup de fimplicité & de can-
deur i mais l'auteur paroît crédule.
Rtmigio de' Florence y a joint des
Notes marginales & des Remar-
ques (avantes. Matthieu la poufia
jufqu'en 1364. .Cette concinuatioi^
eft auflî divifée en xii livres, que
Philippe augmenta & corrigea. Le
tout fut imprimé par les Junus à
Venife, en 1559, 1561 , 15S1 , \
3 vol. in- 4**. 11 eft très-difiicilc dç
trouver ce corps d'Hiftoire de cette
édition , & il eft fort cher , même
en Italie. On l'a réimprimé à Mi-
lan en* 1738, en 2 vol. in-folio.
Il mérite d'être confulté , fur-tout
pour les événemens, des xiii' &f.
xiv* fieçles, qui y font détaillés
avec affez d'ordre.
I. VILLARET , ( Foulques de )
grand-maître de l'Ordre de Saint*
Jeaiî de Jérufalem l'an 1307 , entre-
prit d'exécuter le defiejn que Guîl"^
laume de Villaret , fon frère &
ion prédécefieur , avoit formé de.
s'emparer de l'ifle de Rhodes. A
l'aide d'une c^fade qu'il obtint
de Clément V,\\ en vint à bout
Tan 13 10 y chafia lesSarrafîns, &
fe rendit encore maître ^e plufieurs.
ifles de l'Archipel. Le Couvent de
l'Ordre fut transféré à Rhodes, &
les Hofpiuliers furent depuis apT
pelles Rhodîens , ou Chevaliers de.
Rhodes. Les Turcs ayant afiîégé.
cette ifie en 1 3 15 ,1e grand-maîtreieé
obligea de fe retirer. Malgré les fer;
vicê^ qu'il avoit rendus à i Ordre»
il fut accufé de négliger les intéiêrsi
publics , pour ne fonger qu'aux
fiens propres. Les chevaliers , in-
dignés dç fon defpotifme & de fon
luxe , l'obligèrent à fe démettre
l'an 1 319 entre les mains du papea
pour éviter la honte d'une .dépo-
iition. Oh lui donna pour dédom-
magement le prieuré de Capoue^ il
préféra d'aller demçurer CQ Frapcç
J
vit
iMprès de fa fœur , dame de Tiran ;
en Languedoc , où il mourut l'an
II. VILLARET . ( CFaude ) né à
Paris en 171 5 de parens honnêtes ,
fit de bofines études. Les palfions
de la jeuneiTe, qui l'agitèrent aifez
' long- temps, l'empêchèrent d'abord
I d'en profiter. Il débuta dans le
I monde littérairç par un Roman
I |rès - médiocre , intitulé : La BtlU
Allemande. Il fit enfuite en fociété
une Pièce, qui fut jouéç fans fuccès
au théâtre François. Des affaires do-
meftiques l'obligèrent , en 1 748 , de
{ ^'éloigner de Paris « & de prendre
le parti du théâtre. Il alla à Rouen ,
I «ù, fous le nom de Dorvaly il débuta
par les tôles d'Amoureux -, il y joua
! ienfuite le Glorieux , le Mijfanthrope ,
V Enfant Prodigue , &c. Il fut fou vent
applaudi à Compiégne pendant les
voyages de la cour. Il fentit bien-
tôt les dégoûts d'un état pour
lequel il n'étoit pas né , & qu'il
! Il 'a voit embraffé que par néceffité;
En 1756, il renonça au théâtre à
I ^ t*iége , où il étoit à la tête d'une
troupe de comédiens , qui ne fe
1 foutenoient.que par fes talens i & il
ie retira à Paris^ où il avoir arrangé
|es affaires qui l'avoient obligé de
s'en éloigner. 11 fut nommé pre-
mier commis de la chambre des
Comptes , & contribua beaucoup à
mettre de l'ordre dans cet intérff-
fant dépôt , qui avoit été la proie
des flammes en 1738. Ce travail
l'arracha à {ts diflîpations-, & lui
îit connoitre les vraies foùrces de
l'Hifloire de France. L'abbé VtUy
étant mort en 1759 , Vtllaret fUt
çhoiii pour continuer fon Ouvrage.
On le nomma prefque en même
temps fecrétaire de la Pairie & des
Pairs. Ces diverfes , occupations
alFoiblirent entièrement fa com-
plexion , naturellement délicate.
Une maladie de Turethre , dont il
^toit afHigé , l'emporta au mois de
VIL 3<î|
Mars 1766. Son caraûere étoit
excellent. Quoiqu'il fût extrême?
ment timide , & par conféquent mi
peu fombre , il étoit avec fes anus ,•
. doux ^ honnête, poli & d'an bon
commerce. Sa continuation de VHîf4
toirt de France , commence au Viii*
vol. par le règne de Philippe Ki, 8c
& finit à la page 348 du xvii%
Elle eil pleine de rec^ierches' îmé-
refîantes & d'anecdotes cimeufes;^
mab il n'efl pas affez concis. On
lui reproche des préfeces , des Ion-*
gueurs , des écarts , des détaifar'
rebattus dans toutes les Hiftoiie^
• générales , & qui l'éloigooient de
l'objet primitif, qui étoit l'Hif^
toire de la nation. Son flyle, élé-
gant & plein de fieu, eft quelque**
^is trop abondant « trop poétique ,
& s'écarte de temps en temps de
la grave fimplidté de l'Hifloire. Oa
a encore de lut des Confidératùms:
fur Tari du Thédtre^ 17^8, in -8*:
ouvrage où il y a peu de iHcfiexion^
neuves ; & V^prù de Fo/taîre^,
j7j9,in-8^
VILLARS,(Du) Foy. Boiviw,
n*> I.
I. VILLARS, (André DE Brak*
CAS , feigneur de) d'une famille
ancienne , originaire de Naples ^
mais établie en France vers le mi--
lieu du xiv' fiecle. S'étant latfle'
féduire par les partilkns de la ligue
& de TËfpagne , il foutint le fiége '
de Rouen contre Henri IV y en 1 592.
Mais après l'abjuration de ce prince
en 1594 > il lui remit la ville. Sully "
av<Mt été chargé de négocier avec lui ^
pour le détacher de la Ligue. Cette
négociation étoit fur le point d'être
conclucylorfqu'on perfuada à r/ZAir^
. que Sitl/y avoit . formé le projet de
s'emparer de fa perfonne pour le
faire affafîîncr. VUlars arrache fur le
champ le traité des mains de Sul/y
& le jette au feu. La modératioii
de l'un calma les emportemens de
l'autre. Jour fut éclairçi , & VUlars '-
î6» VIL
après ivoîr fait pendre l'auteur d<
rimpofture , figna fon traité. La
charge (i*amiral fut le prix de Ta
foumiifion ^ de Ton courage. Ayant
été battu & fait prifonnier a h ba-
taille 4ç Pourlens » le 24 Juillet
X59Tt P3' ^^s Efpagnols , il fut
tpc d# ùng-froid , fçlon Tubage de
ce peuple, qui maÎTs^prou alors fans
pitié ceux qui les quittoient après,
avoir été à leur folde. Villars etoit
I^rave , déiintéreiTé * p^eiti d'audace,
* incapable de diffimulat.on, indigi^
contre tout artifice , fnais fier &
emporté. Il avoit pl\ifieurs traits
de reflemblance avec Htnri IV
qui l'eitimoît beaucoup. L'amiral
o'ayant pas été marié , un de (es
frères forma la brançhç des ducs d€
Villars Brancas,
IL VILLARS!, (Louis-Heaor,
marquis^ puis duc de ) pair & ma-
réchal de France, Grand d'Efpagne,
chevalier des Ordres du roi 6c de la
ifoifon d'or , gouverneur de Prq-
Tence, &c. naquit à Moulins eii
Bourbonnois, en 1653, d'une fa-
mille originaire de Lyon , qui a
ifonné cinq archevêques de fuite \
l'églife de Vienne, & des hommes
diAingués dans la robe &(. dai^s
l'épée. Louis - HeHor étoit fils de
PUrre de Villars , chevalier dçs Or-
dres du roi , qui fervit l'éta^ avec
diflinâion, & comme militaire &
comme ambafladeur dans diverfes
cours. Il porta les armes fort jeune *,
fon courage & fa çapicité annon-
cèrent dçs-lors à la France un dé-
fenfeur. Il fut d'abord aide-de-
camp du maréchal de BeîUfons , fon
CQufin. II. fervit enfuite, Tan 1672»
en Hollande 9 & fe trouva au paf«
fage du Rhin. Il fe fîgnala l'année,
d'après au fiége de Mafb-icht.
Ls>uîsXlV , charmé de fon ardeur
naifîante , l'honora de fes éloges.
llfemhU y dit ce monarque , gue dès
qtfe Pcn tire en quelque endroit , ce petit
VIL
La valeur qu'il montra au eombal
de Senet\ en 1674 < où il fut blefië,
lui valut un régiment de cavaleriç.
Après s'ê<re trouvé à plufîeurs fié-
ges fie à dilfércns combat, il atca-^^
qua; Cous les ordres du maréchal
de Criqul , Tarriere-garde de l'armée
de l'empereur , dans la Vallée de-
Quekembacq au paiTage de Kinche
en 1678. U fit de fi belles chofes.
dans cette campagne, que Créqul lui
dit devant tout le monde : Jetme-
homme t fi Dieu teUiJfe vivre ^ iu auras,
ma place plutôt qiu perfontu, 11 fa
tcou^ra U môme année au fié^e & à
la prilè du fort de Kell , où il juf-
tifia cet éloge. Honoré du titrcde.
marcchal-de-camp en 1690 » il fe.
dilUngua Tannée d'après à«J^eufe«.
où 28 de nos efcadrons triom-
phèrent de 60 i fie l'année fuiva«té.
à. Phortfein, où le duc de ÏViuem^.
herg i\x% pris fie fon armée déÊiite.
Après la paiiç de Ryfvick , il alU
à Vienne , en qualité d'envoyé
eiçtraordinaire*, mais il en au rap-..
pelé en 1 70 1 , On l'envoya en ïtahe,
où dès fon arrivée il fe fignala par-
la débite d'un corps de troi4>es
qui vouloit l'enlever. Delà il pafTa
en Allemagne. A peine efl-il arrivé^
qu'il pafife le Rhin à la vue des einne-v
mis, s'empare de Neubpurg» &rem«
porte à Fridelinghen panm mouvez,
ment habile, le uQÛobxie 1702,
une viftoira complète fur le prince
de Bdde , qui y perdit trois mille,
hommes tués, fur la place. L'année,
d après il gagna une bataille à Hoch-
fiçt , de çoncen avec l'éleûeur de.
Bavière. Cet. éleveur n'avoir pas
voulu d'abord combattre. 11 vou-
loit conférer avec fes généraux fie
avec fes minières. C'eft moi qui fuis,,
votre Miaifire & votre Çç^é/O^plui.
dit Villars: Vous faut-il d^ autre con-
feîl que moi , qtfqnd il s*4fgit de donnet.
bataiUe?. Il la dqâna en efl^etficfut
vainquciur. De retour en France^
il fu| envoyé^ au o^oi^ de V?^
]
VIL
17041 coramandei; en Languedoc/
pù depuis deux ans les fanatiques,
^Ppuyés par des puîiTances étran-
gères, a voient pris \e\ armes,& com-
jfnettoieut des violences extrêmes.
»» Je tâcherai, dit-il à Loués XÎV ^
M de terminer par la douceur , des
l» malheurs , où la févérité me
; y> paroît non - feulement inutile 1
>« mais dangereufe «. En effet Iç
marédial ât VîÙars eut le bon*
heur de réduire les rebelles autant
I par la prudence que par la force ,
& forcit du Languedoc au commen-
cement de 17c j , avec La confola-
\ lion d'y savoir remis le calmé. [ Voy,
' CA.VALIER.] F*7/tfw,nécefrair€cn
1 Allemagne pour réJfiiler à MarUbo-
I rougjk viâorieux , eut le commande-
I ment des troupes qui étoient fur
la Mofelle , où il déconcerta tous
les projets de»; ennemis. Après les
îivoir obligés de lever le blocus du
I Fort-Louis , il remporta une vic-
toire en 1707, à StolhofFen^ & y
trouva 166 pièces de canon. Il
traverfa enfuite toutes les gorges
i des montagnes, & tira de l'empire
plus de 18 millions de Contribu-
tion. Le Dauphiné fut , en 1708 ,
le théâtre de fes exploits -, l'habile
général fit échouer tous les def-
feins du duc de Savoie. // faut ,
^oit un Jour ce prince éclairé , qut
le maréchal 6e VUlsTS fou forcUr ,
pour /avoir tout ce que je dais faire ;
jamais homme ne m'a 4onné plus de
peine , ni plus de chagr'n. Après la
Campagne. Louis JCty dit à Villars:
Vous m' avlei promis ^i défendre Lyon
^ le Dauphiné; vous êtes homme de
parole , & je vous en fc^s bon gré.'—
Sire, répondit le maréchal, j'au-
rois pu mieux faire , fi j'avois été plut
fort. Rappelé en Flandres » il bat-
toit les ennemis k Malplaquet près
^e Mons en 1709, lorfqu'il fut
bleifé aiTez dangereufement pour fie
<aire adminiftrer le Viatique. On
^opofa de faire cette cérémonie en
VIE 363
lecret. Non , dit le maréchal , puif^
que V armée na pas pu voir mourif
Villars en brave , il cfl bon qu*elU
le yoie mourir en Chrétien, On prétend
que, lorfqu'il partit pour rétablir
les a6Eairef de la France , Madame
la duchefife ie Villars voulut. 1«
diiTuader de fe charger d'un fardeau
fi dangereux. Le Maréchal rejeta ce
confeil timide. Si j'ai , dit-il , U
malheur d'être bauu , j'aurai cela de
commun avec les Généraux qui ont
commandé en Flandres avant moi : Si
je reviens vainqueur y ce fera une gloire
que je ne partagerai avec perfonne. Il
eut bientôt cette gloire fi flatteufe.
Il tomba) inopinément, le 24 Juillet
17 11 , fur un camp de 17 bataillons
retranchés à Penain fur l'Efcaut,
pour le forcer. La chofe étoit diffi-
cile ; maïs Villars ne défefpéra pas
d^en venir à bout. M^JJieurs , dit-ii
k ceux, qui étoient antour de lui »
les ennemis font plus forts que nous ;
ils fon^ mime retranchés. Mais nous
fommes Fràngoifi i il y va de l'honneur
de la Nation :. il faut aujourd'hui
vaincre ou mourir , &je vais moî-memt
vous en donner l'exemple. Après avoir
ainfi parlé « il fe met à la tête des
troupes , qui , excitées par fon
exemple , font des prodiges , &
battent le^ Alliés commandés par
le prince Eugène, Villars fut vainae
& profiter de fa viûoire. Il emporta
avec la plus grande célérité Mar-
chiennes, le Fort de Scarpe, Douay,
le Quefnoy , Bouchain. Ses fuccès
hâtèrent la paix. Elle fut conclue à
Rafiadt le 6 Mai 1714, & le Mar-
réchal y fut plénipotentiaire. Après
la mort de Louis XIV , le vainqueur
de Denain conferva d'abord foa
ctédit à la cour , qui avoit befoin
de fes talens & de fes lumières. Il
fîit fait préfident du confeil de guerre
en 171 5 , & admis au confeil de ré*
gence en 171 S. Au milieu des intri«
gués qui agitèrent ce temps ora-
geux, Villars garda une neutralité
1
364 VIL
qui augmenta la confidératSon dont
«1 )ouiiroit & niiiiît à fa faveur.
Mais quand le bouleveifement oc-
caiionné par le fyûèmc de Law , eut
liffligé la moldc de la France , Ki/-
Jurs crut devoir mettre Tous les yeux
4iu régent , la fortune incroyable
^une foule de traitans, la cherté
affreuCe des Vivres, la diminution
des revenus de l'état * la perte du
crédit public. Le premier auteur de
cous ces maux , JUw , avoit tâché de
gagner l'efprit du Maréchal & n'a-
voit pu réuffir. Il fut enfin ren-
voyé , & FU/ars contribua au choix
ée fon fucce(reur,i'e/^£/er de la Houf'
f»ty le.fepticme adminiflrateur des
feances depuis Louis XlV , & dans
Tefpace de cinq ans. Lorfqu'après
fa mort du duc diOrUans^ en 1723 ,
le gouvernement général des affaires
l^âa entre les mains du duc d^
Bniirhon , Villars entra dans tous
les eonieils. Sa fortune à cette épo^
icpie fembloit ne pouvoir plus s'ac-
croître. Maréchal de France 1 duc
& pair , gouverneiu* de Provence ,
gfand d'Ëfpagne , chevalier de U
Toifon d'Or , membre des confeils
& académicien , il avoit tout ce qui
peut fatisfâre l'ambition & irriter
l'envie. 11 eut part à toutes les af-
feires de ces temps- là- J marqués
principalement par les défiances
iemées enure la cour de France &
celle d'Ëlrpàgne, par les liaîfons de
celle-ci avec la maifon d'Autriche,
par les intrigues pour l'en détacher,
par les contrariétés dans le confeil.
Tous ces mouvemens aboutirent
en 173 1, à un traité entre l'cmpe-
pereur, l'Angleterre & l'Efpagne ;
& la France fe trouva abandonnée
lie tous fes alliés. Enfin la guerre
aj'ant été allumée en 1733 , VîUars
fuc envoyé en Italie, après avoir
^té déclaré général des camps âç
âirmées du roi. Ce titre n'avolt
point été accordé depuis le maré-
chal ic r«rân/ié, qui paroit en avpir
VIL
été honoré le premier. A Si si»;
Villars partit pour le Milanois. U
arriva au camp de Kfighitone le ii
Novembre 1733 , & fe rendit mal»
tre de cette place par capitulation »
après II jours de tranchée ouverte.
Un officier coniidérable lui repré*
Tentant pendant ce fîége , qu'il s'ex»
pofoit trop : Vous auric^ raèfon^fi
j'étois à vôtre âge , répond le MaC
réchal -, mais à Vâ»e ou jtfuls , fat fi,
peu de jours à vivre , que je ne dois pas
les ménago'y ni négliger les occafions
qui pourroii^itt me procurer une mort
glorieuje, L'aflFoibliflfement de fes
forces ne lui permît de faire qu'une
campagne ; mais cette campagne
fraya le chemin de la viftoirç.
Comme il s'en retournoit en Fran-
ce , une maladie mortelle l'arréra à
Turin. Son confeffeur l'exhortant
à la mort , lif i dit que Dieu lui avoit
fait de plus grandes grâces qu'au
maréchal de Benvick , qui venoit
d'être tué d'un coup de canon au .
fiége de Philipsbourg. Quoi ! répon^
dit le héros mourant , il a fini de
cette manière ! Je Cai toujours dît ,
qi^il étoit plus heureux que moi. Il
expira peu de temps aprè8,le 17 Juin
1734, âSi ans. C'efî un bruit po-
pulaire , qu'il foit né 9? qu'il foii (
mort dans la même ville & dans le
même appartement. Lorfque le
prince Eugène apj)rit cette mort , U
dit ; La France vient dt faire une
grande perte , quUlle ne réparera pas
ife long-temps. Le maréchal de F il/an
étoit un homme plein d'audace &
de confiance , & d'un génie feît
pour la guerre. Il avoit été l'artifan
de fa fortune , par fon opiniâtreté à |
faire au delà de fon devoir. 11 déplut
quelquefois à Louis XIV y fie çc qui
étoit plus dangereux , à Louvoîi ^
parce qu'il leur parloit avec la même
hardieffe qu'il fer voit. On lui re-
prochoifde n'avoir pas eu une mo-
deftie digne de fa valeur. 11 parloît
de lui - nicme , çommç il méritoil
VIL
fàe les autres en parlafTent. Il dit
tmjour au roi devant taute la cour ,
iorfquil ptcnoit congé pour aller
commander toute l'armée : >* Sire ,
^ " je vais combattre les ennemis de
»» Votre Majefté , & je vous laiffc
» au milieu des miens i<... Il dit aux
courtifam du duc d'Orléans régent
du royaume , devenus riches par le
bouleverfement de l'état , appelé
SyfiétfK : »» Pour moi , je n'ai jamais
» rien gagr^é que fur les ennemis
'^ de l'état ». Il écrivit à Chamlllard:
" J'apprends que le roi vient de
• faire dix Maréchaux de France *,
M je fouhaiterois qu'il eût fait au-
** tant de bons Généraux d'armée.
»• Vous avez une tâche plus diffi- .
n cile que de gérer les finances y
** c'efl d'étudier les hommes qui
M n'approchent jamais du roi & de
» vous qu'avec un mafque fur le
» vifage.... Les ferviteurs Adelles
» grondem fouvent , écrivoit*il à
n Madame de Ménunon ; les cour"
n tifans feiUs approuvent tout u.
Ses difcours , où il mettoit le même
courage que dans Tes aâions , ra-
baiflbit trop les autres hommes,dé}à
alTez irrités par fon bonheur. Auffi ,
avec de la probité & de l'efprif , il
n'eut jamais l'art de fe faire valoir ,
ni celui d« fe faire des amis. Dès fon
entrée au fervice , il s'étoit fait re-
marquer par une bravoure à toute
épreuve. On le preffoit inutilement,
en 1677 , de prendre une cuirafle
pour une aâion qui, félon toutes
fes apparences , devoit être vive
& meurtrière. Je ne croîs pas ^ ré-
pondit-il tout haut en préfence de
fon régiment, m j vie plus pnicîeufe
fie celle dt ces braves gens-lâ,,. Villars
regarda toujours comme un devoir
• de fe trouver aux endroits les plus
* dangereux , pour encourager les
autres par fon exemple. Il dit, en
1703 , à quelqu'un qui l'exhortoit
a fe ménager , qu'u/i Géniretl devoit
^êxpojer autant qullexpo/oit Us autres^
VIL 3^f
Le maréchal de Vîllars étoit d^
l'accadémie Françoife , où il fut
reçu en 17 14. H avoit été préfiderft
ducofifeil dé Guerre fous la Ré-
gence. On a imprimé en Hollande
les. Mémoires du Maréchal de VlUars^
en 3 vol. in- 12. Le 1*' cft abfolu-
ment de lui , les deux autres font
d'une autre main : [Voy. Margon.} .
Mais on a quelque Chofe de meil^
leur dans la Vie du Maréchal de Vll^
lars , écrite par lui-miau & donàée 4m
public par Af. Anquecil , 4 volum.
in-ii , 1784* On trouve dans ce
Recueil iïitéreflant , les Leures , !e»
fouvenirs & le journal même d'tfor-
tor de VîUars , que l'habile éditenr
n'a communiqué au public qu'aprè»
les avoir nûs en . ordre. [ Voye^
Vendôme , n® II. } Le duc JU
Villars fon fils , gouverneur de-
Provence, eftmort fans poftérité
mafculine.
m. VILLARS, (TabbédeMont-
faucon de ) d'une famille noble &M,
Languedoc , étoi( parent du délebre
Dom de Montfaucon, Il embraiTs
l'état eccléiiaftique, & vint à Paris,
où fon talent pour la chaire lui
donnoit des efpérances. Il y plue
par les agrémens de fon csraétcre
& de fon efprit. Il fe fit fur- tout
connoître par fon Comte de Cahalis ,
1742, 2 vol. in- 12. Villars n'y »
mis que la façon*, le fonds a été
puifé dans le livre de Barri , inti-
tulé : La Chiave del Gabîneto, Cette
petite produâion eft écrite avec
alTez de finefle. L'auteur y dévoile
agréablement les myileres de la pré-*
tendue cabale des Frères de la Rojc^
Croix. Cet ouvrage lui fit interdire
la chaire^ Cet auteur fut mé d'ua
coup de piflolet , à l'âge d'environ
3*5 ans , vers la fin de l'année 167 5 ,
par un de fes parens , fur le che-
min de Paris à Lyon. On a encore
de lui un afiez mauvais Traité de la
DélUateJfe , în-i2 , en faveur du
Père Bouhours , & un Roman es
1
}66 VIL
3 vol. in-ii , fous le titre ô! Amour
fans foibkjfc^ qoi n'eft pas graod'-
chofe.
, 1. VILLE, (Antbîlic de) ne â
Touloufe en 1596, chevalier de»
Ordres de Saint - Maurice & de
Sainte-Lazare; fe diftlngua dài)s le
génie & dans les fortificatio&s. On
a de loi : L Un Uvre it Fonifaaùûns^
id-ia. IL Le Siège de Corhit^ eh
latin , Paris, 1637 , in f<Slio. IIL
tpi S'Ugi d*Hefdln; 16^9 , in-folio ,
&c. Ces ouvragés étoient fort eâi«
mes avant \ts découvertes du ma-
réchal dcFauban:
il. VILLE , ( iérôme-François ,
iharquis de ) Piémontois , fervit
fous lé duc de Savoie , où il ûgnalat
Con courage & fes lumières. H avoit
le grade de lieutenant général au
fèrvice de France fous le prince
Thomas, lorsqu'il fut recherché par
la république de Vemfe pour allet
cTOmmàndér dafis Candie, en 1665.
Il foutint lés efforts des Turcs juf-
qu'à ce que le duc de Savoie le rap-
. pda en 1678. Il quitta l'ifle le il
Avril , au grand regret des foldats
& des officiers , qui comptôient au-
tant fur fa valeur que fbrfa capacité.
JOfAlqtdé^ traduit fes Mémàim fut
le iiége de Caudie , Amflerdam ,
1671, en 2 vol. in-i2. Ct^ un
Journal intérei&nt de ce iiége fa-
lAèux.
^ ÏIL VïtLÉ^ ( Arnold de) dd
pays de Liège, fît exécuter l'an
1687 la Mgjchliu de Marly, On
prétend qu'il avoit furpris le fecret
de cette machine d'un de fes compa-
triotes ^ nommé RendequinSuàlem.
Ce dernier ; mort en 1708 , âgé de
64 ans , efl qualifié feûl inventeur
de la machine de. Mârly dan^ foii
Ëpitaphe, qui fe voit dans l'Eglife
de Bougival , près de Marly. 11
peut en avoir con^u les premières
idées , qui ont été perfeâionnéès
par Ahiold de FUle.
. vil , ,
IV. VILLE i ( l'Abbé dé ta) ^oy:
II. Malebranche, n^x. de fe^
Ouvragesi^S^ m. Grand.
VILLEBÈON , ( Pierjre de ) dimé
fnaifon illuflrc de France » devint
chambellan par la mort defon frère
aine , Gautier de Vlllebton , & fut
enfuite miniflre d'état du roi 5dm<
Louis. II rendit a ce prince les fer^'
vices lès plus importans , le fuivit
dans fes voyages .d'Otitre-iner , &
fut nommé l'un de i^ exécuteurs
teflamentaire& Il fit dks prodiges d^
valeur dans les guerres d'Outre-
mer , & mourut à Tunis en 1270 ,'
(ans avoir été marié.
VILLEDIEU, f^i>y. Jardins.
. VILLEFORE , ( Jofeph-François
Boorgoin de) d'une famille noble'
de Paris , vit le jour le 24 Décembre
1652. Pour fe livrer plus librement
à fon goût pour la vie «rahquillé
& pour l'étude ; il pafia quelques
années dans la Communauté desi
gentilshommes établie fur la pa-
roifiè de Sainf-Sulpice ; mais foit
mérite le décela , & il fut admis en'
1706 dans Tacadémiç des Infcrip-
tions. 11 s en retira d^ hii-même en
1708 i fous prétexte que la foibleiTe
de fon tempérament ne lui permet-
toit pas d'en fuivre les exercices y
mais réellement parce que ces exer-
cices le gênotent. U alla enfuite fe
cacher dans un petit appartement dit
cloître de l'Eglife métropolitaine »
où il paâa le refle de fa yie ^ qu'une
mort chrétienne termina 1^ 2 Dé-
cembre 1757 ♦ à 85 ans^ On a de
lui un grdnd nombre d'Ouvrages^
hiftoriques , 4^ TraduÀions , d'O-
pufcules, Ses Ouvrages du i" genre'
font : I. Là VU de S. Bernard ,-
in^4^. Èlleeft écrite avec une te-
plicité noble. II. Les Vies des S5^
P très des Déferts d^ Orient i en deux '
vol. f puis en trois in-12. III. Les
Vies des SS, Pères des Défens d^Oed-,
dent , en 5 vol. in-12. Ces deioc
ouvcages n'ont pas éclipfé cés^
r
i &de^
.. ^ U^ V I L
9r7imaùldà'M^ny dails le mèmt négligences dans la dî^ion i
genre IV. La VU d^Salnu Thinf., périphrafes languiffant^
avec de$ W cholfics de la même VILLEFROY . ( Guillaume de 1
&u>te, in.4- , & en i vol. in-i.. prêtre , doûeur 'À So^e . ni
fu; 1. r^^AîJ"" ^^^/'^ ^"'^' «n 1690 mourut profefleu? d'Jié-
vol fn??^'^'*^'' ^m^en/W, 3 ^reu au CoUcgerc^al e«i 1777. H
joi.1n.12 Cet ouvrage, entrepris avoit été fecrétaire du duc i'Or*
ala pnere du cardinal de NoailUs , U^s , qui lui fit donner l'abbavè
5 ?* if ^^P^^'^^ «"<^és avec <te Blafimont en 1721. Cëtoit II
allez de^fi^ehte^ Les menées du Homme d'étudft& laborieux On»
Jefuite ^ Tdlitr pour deffervîr ce de lui : Lcuns de M l'Mé de ♦*î^
font bien dénotées. Le ftyle , ^l'in^eia^mce des Saintes EcrU^
quoique Un peu négligé , ett en gé- Paris , 1751 , ^ volum. in-iT^ÔC
neral agréable & coulant. II y a d'auires Ecrlis, . *^ * «
quelques faits qui parofffcnt hafar- VILLEG AONON.VNicolajf
des d autres trop fatiriques : auffi Durand de) chevalier de MalthT!
ces Mémoires forennls fupprimés n<^ à Provins en Brie, féfignalald
• fa Zr?.-" ^o?^«l.<le même que i Hi .; à l'entrcprife d'Alglr. Il Té
la Refuioiionq^x en a été feite par ^^ di^ingua pas moins à la défenft
^fi^^. évêque de Sifteron. Au de Malche .dont il e donne' une
ïefte, les anecdotes de la Conftrtu- R^iadon françoife , içn in-go -
non ne font , en plufieurs endroits , o" en latin iu.4«. Né pour les en'
T^.ÎI%% /" ^^î*"^'^ ^"^^^^^^ T^"^^' Singulières, il tenta de fe
^0,Janne Yl La Vu d^Anne-Gene^ former une fouveraineté vers le
^«.e de Bourbon, rf«A./. de Lori^ Bréfil , en Amérique. Il s'établit
^Zlu: ^Ta T"^^^'^ ^^'^'^^ "^^ ï'^' ^* ^«g"y- Ayant an-
eft celle d Amfterdam , 1759 , en i nonce qu'on vouloit en faire un«
vo petit in.8 ...LesTraduaionsdc retraite pour les Prétendus- Réfor-
r.//ç/i«font:I. Celles deplufîeurs «é*, il eut d'abord beaucoup de
Ouvrages de S. Augufiin , des Livres colons ; mais s'étant avifé de les
t ^''f'A"'/*^T*' ^"-^^i ^^ contredire fur leur croyance , il*
f^ux Je l'Ordre & du Uhre-arbitre , l'abandonnèrent. Les Portugal^
f'^ id9Strois Livres contre les Phi.^ s'emparèrent du fort qu'il avoit
lofoph^s Academderu ; du Traité de f^t bâtir pour protéger f» eolonie.
ï f T ^j^ ,^'*--rto. , in-ia ; VilUs^Snor. , après avoir fait jeîS
&du7^rWJ«/<tf^,eA<«r«/i,in.ii. dans la mer le miniftre Protefhn^
II. Celles de plufieurs Ouvragesde '" ' "
i". Bernard-, des Lettres ^ 1 \olUra.
in-8** ; & des Semons ehoîfis , in-8^,
avec des Notes qui fervent à éclair-
qr le texte. III. Celles de plufieurs
& quelques mutins , abandonna
liile; & après une navigation fort
perilleufe , il aborda vers la fin de
Mai 1558, fur lescôtes de Bretagne.
Il fe montra alors auflî zélé pour la
_^ , . ^^»«, uc piiuicurs *» *^ inunn-a aiors aum zélé pour la
Uuvragesde CUéron^àts Entraîens religion Catholique,- qu'il l'avoit
/nr /es Orateurs *'//«>«, in- 1 2 ; & d'abord paru pour l'héréfie U
d» tout^ les Oraifons^ en 8 voh mourut en Décembre icyi , danr
*"■,'?: ^^ différentes verfions ont facommanderie deBea^v«iscnGa-f
ete bien accueillies. Elles ontpref- tinois. Qn a de lui plufieurs Eerltt
4ue tou|ours le mérite de la fidélité contre les Proteftarts , qui prouvent
& quelquefois celui de l'élégance ; qu'il avoit plus de talent pour il
ma» on reprocha au tiraduaeurdes guerre, que pour 1» controvorfc.
iéi V i t
VILLEGAS . Koy. Quevedo.
VILLEHARDOUIN , (Géofroi
dt) chevalier, maréchal de Cham-
p9g^ en I200 , porta les armes
avec diflinâion , & cultiva les
lettres dans un fiécle ignorant &
bdrliare. On a de lui VHlfiolrc de U
fnft de OmfmndnopU par Us Fran.'
fois en 1204 , dont là meilleure
cdidon eft celle de du Cdngc , itï-
folio, 16$ 7. Les exemplaires en
grand papier font préférés au petit.
Cet ouvrée eft écrit avec un air
dâ naïveté & de fincérité qui plaît -,
mais l*auteur n'eil pas aÂçz judi-
cieux dans le choix des fsàts & des
circonllancesw
. VILLENA, Foy, Pacheco.
. VILLENEUVE , ( Arnaud de)
Voy. Arnaud , n° II.
. VILLENEUVE, /oj^e^ Bran-
cas, n° III , & Luco.
L VILLENEUVE , ( Helion de )
grand-maître de TOrdre de Saint-
Jean de Jérufalem qui réfidoit alors
à Rhodes , fut élu â la recomman-
datiofadu pape Jean XXII, qui le
connoiflbit également courageux
&habile< Son éleâion fe fit à Avi-
gnon CQ 1319. Le premier foin
du nouveau grand-maitre fut d'af-
fembler un chapitre général à
Montpellier. On prétend que ce
lut dans cette aâemblée qu'on
divifa le corps de TOrdre en
différentes langues ou nations , &
iqu'on attacha à chaque langue des
dignités particulières ■ & les com-
manderies de chaque nation. Fiiie'
neuve ayant terminé ce chapitre , fe
rendit à Rhodes vers l'an 1331,
& il y vécut en prince qui fait
:gouverner. La ville & l'ifle entière
lui furent redevables d'un baflion ,
qu'il fit élever à (es dépens à la
tête d'un faubourg. A cette fage
-précaution , le grand-maître ajouta
le fecours d'une garnifon nom-
breufe , qu'il enoretint toujours de
&s propres deniers, P'^iÛçurs ik
Mît
préfence , & fur-t6ut fes biefifa5«5^;
attirèrent à Rhodes un grand nom-
bre de chevaliers -, cette ifle devint
an boulevard redoutable. Il arma
enfuite û% galères , pour féconder la> I
ligue des princes Chrétiens contré |
les Infidelles. Différens abus s'c- '
toient glifTés dans l'Ordre , & le ^
pape C/em(»ir FI tn avoit été inf-
truit. ViUeneuve fit différens régie- ;
mens pour la réforme des moeurs.
Il fut défendu aux chevaliers dé
porter des draps qui coûtaient plus
de deux florins l'aune fit demiei*
On leur interdit la pluralité des
mets & l'ufage des vins délicieux.
Il envoya peu de temps après des j
députés au pape -, ils tinrent utt
chapitre à Avignon , où les régie-;
mens faits par le grand -maître 1
furent confirmés. L'Ordre pcrdtt
bientôt Villeneuve ; il nïourut a
Rhodes en 134^. « Prince recoffl*
mandable(dit Vertot ) par fon éco-
nomie , & qui pendant fon magîf- ' ' j
tere acquitta tomes les dettes dé
la Religion «. Sa prudence fe fignalà
plufieurs fois autant que fa valeur»
& fur-tout lorfqu'il réduifit V'iûë
de tango , révoltée contre l'Ordre-
Sa févérité le fit appeler Manlius^
parce qu'il dépouilla dé l'habit de
chevalier , Dieu - donné de Ge^on »
qui, contre fa défenfe , avoit com*^
battu & terraffé un monfbe qui
infefloit Rhodes. 11 fit éclater fai
magnificence par les édifices qu'il
fit élever dans i'ifle , uYie Eglife où
il fonda deux chapelles magiilrales »
& un Château qui portoitfon nom.
Il fut aufli le fondateur d'un Mo-
naftere de Chartrei^fes , dans le dio-
cefe de Fréjus , où fa fœur RofoCnc
de Villeneuve , morte en odeur de
fainteté , fut prieure. La maifbn
dont étoit le grand -maître de
Rhodes , alliée à la Maifon royale ,
6e diftinguée par l'illuflradon des
grandes dignités , a produit un
gnuid nombre de perfonâages .re»
commandàbles ^
i
r
VtL ,
iortftnaiidables *, tels que , Romit dé
ViLLENEUTE , premier miniftre
de Raimond BéHnger ^ cûmte de
Provence, mort en iiço. Ç'eftà
lui ({u'on doiit le mariage de Béatrice
Je Province avec ChdtUs de France ,
comte d* Anjou , qui procura là
réuoion du comté de Provence à
r la couronne. Gmllaurtie-LoÉiîs d1
ViLLENEWE ; feigneUr de Sore-
Bon , premier marquis de Trans ;
étoit chambellan de ÇharUs Vlil ,
& un des généraux de Tes armées
navales. Sa Êimille fubfiflê encore i
& s'efl divifée en plufieurs braïf^
thés , dont les principales font cotf-^
jiues par les dénominations dcTrans^
de Barge/mont , de Flayofc , d'Efcla-
pon; Enfin , l'Ordre de Malthe
doit à la niaifon de VUUnèuve
plus dé cent chevaliers , & rËglifé
un grand nombre de prélats , dont
les lumières ont égalé les vertus.
/ II. VILLENEUVE > ( Gabrielle-
Sufanné Bakbot ^ veuve de Jean*
Baptifle de Gaalon de ) morte
le 29 I)écembre 1755 > avoitde
'refprit & âe l'aménité. Son mari
ëtdit lieutenant-colonel â'in£uitërié.
Elle s'exerça dans le genre Roma[<^
Befque , & elle eut à cet égard
quelques fuccès. On a d'elle. : I. La
îmnc Américaine , OU les Conter Ma-
rfiis , quatre parties in-12. II. Le
Phénix ; Conjugal , in'- 12. Ilh Le
Jt^ prévenu t in*- 12. IV. Les Conus
de cette année ; in - i %* Les BUUt
Solitaires , en g parties in-ii. VI.
JLe Beau ' frère fuppofé , 4 parties
in-12. VIL MeficmoîfclUf de Mari-
fange , încii. VIII: Le Temps & I4
Patience y 2 vol. in- 12. IX. La Jar^^
^siinUre de Vinccnnts , en ^ brochures
ifi^ 1 i. Ce dernier Roman eft le plus
lu^ Ceft un tableau des captices de
l'amour &d^ la fortune, fans force
&fans coloris', mais lés fituations
anendriâàntesi la liobleiTe des fen-
flimens i là jufleiTè des réflexions
jpchetent le défaut de l^ iofSfMSl^
Jomt IXi
X
VIL 36^
& de rincorteéHon dii %le. , Sef
autres Romans 6nt à peu près les
«nêmes^ qualités & les mêmes dé-
fàuts^ Les plans n'oOt rien de neuf i
les événcméns n'y font pas tou«
jouts vraiifemblables ; & l'auteur
lès chargeant de détails minutieux
& de réflexions longuement éxpri*
mééS , àffoiblit l'intérêt qu'on y;
frouveroit en les Jifant.
VILLH^ATGUR, Voytx Xa-,
fiÔUREAU.
VILLER i (Michel) prêtre du
diotefe de Laufanne , mort le 30
Mars 17J7 , âgé de plui de 80 ans,
èft Connu par des, Anetdotes fur Tétoà
de la Religion dans la Chine ^ 17^2 &
1742 , en 7 vol. in-12 i où il n'«
pas le mérite de iâ préciûon.
VILLEROI, r<>y. AubesîpineV
ti!* IV... & Neufville.
VILLETHIERY. (Jean Girari
de) Fô^.GlRARt>DEVlI.LETH.;.
ï; VILLIERS DE l'Isle-Adam ;
( Jean dé ) chevalier , ieigneur dd
l'ifle - Adam , d'une des plus an-
ciennes & des plus iliuftres maifons
de France, s'engagea dans la fa^ipii
de ' Bourgogne k à laquelle 4I fut
fort utile psir fes intrigues & par
fon courage. 11 (iit fait maréchal de
France en 141S. Devenu fufpeâ;
à Henri V , roi d'Angleterre , il fut
renfermé à là Raâille par ordre de
ee prince , & n'en fortit qu'en 1422*
Il fer vit encore les ducs de Bour-
gogne & les Anglois jufqu'en 143 5 1
mais peu de temps après , il rentra
ôtt fervice du roi Charles VII ^ pri«
Péntoife , & facilita la rédu^ioa
de Paris. Ce héros fe préparoit à
d'autres exploits , lorfqu'il fut tiié
à Bruges i dans une fédition popu-
laire « en 143 7, honoré des regrets
de fon roi.
IL VILLIERS DE L'ISLE-
AbAM , (Philippe de ) élu en
15 21 grand-maître de l'prdre de
Saint- Jean de Jérufalem» étoit de
]g Aêm« mi^os.que le précéd«i^
570 Vit
Il commandoit dans TiAe 6t Rhô-
des , lorfque cette ifie ftw affiégée
par loo mille Turcs en 1511. Les
«ifons de cettrimiltttude ayant été
Inutiles , Solhman vkit la comman-
der , & prefla Ife fi^e avec tant de
Vivacité, xjue le grand-nattre , trahi
^'aifle«rs par tfAtnarai^ chancdier
^ l'Ordre, fat obligé de fe rendre
le 20 Décembre de la même année»
ie vdnqutur-, plfcifl d'cftirtc pour
le vaincu , rendit une vifite a»
grand- maître» ^1 étoit encore
^Lam fon palais. U lé «taita avec
i)eaucoup d'honneur , jttfiqu'à l'ap-
peler fon pcre ♦ & l'exhorta à
ne ft taifier point kicaMer par la
trifteffe^ & à ftipportèr avec cour
Tage le changement de fortune^
Qudques aotcurs difent, que le
grand-feigncur étoit fans garde &
fans efcor* , & qu'en prenant
congé du grand-maitre , il lui dit t
Qkoiqueie focs vMu fini ici, ne xroyei
fas tftK jt inanqtU di homte tfcone j
THr/'âi aveé mot u que.j^efiinu mieux
Ètt'une armée entîen: La iparok & la
foi d'un fiHàtftn Grand'Maitrt , &
)fe taht iehravts Chevaliers; & en ib .
Yctîrant il dit ai général Achmet
^i l'wcompagnoît : Ccn'eflyas/an*
■fusique peint que f oblige ce Chrétien , à
fon agt^ dt fortirdefa maifàn. On
prétend ^Hl loi fit les oflfres le»
plus flattcufcs pour l'engager 4
Yfeftcr avec lui v m»» Ufle^Adam
l^èféra les îmérêts de fon Ordre à
Ca formne. Après avoir erré pen-
4ant 8 ans , avec fes chevaliers , fans
retraite affitrée, Tempercur Charkes^
hnint lui dotma en 15 30 , Malthe,
tGozo & Tripoli de Barbarie , &
le-grand^fnaîttc de infie-Adum en
prit poffèffion au mois d'Oûobre
de la même année. C'eft depuis «e
teihps qut les chevaliers de Saint»
lean de lérùfalem ont pris le noth
^ CHEVALTÉKSDtMALTXB. Llfis-
Adam mourut le %t Août 1 j 34 . *
y «as ^pHûré tk fes chevalliers^
VIL
dontilavoit été le défisiilêiir & lé
père. On grava fur fon tombeâit
ctt peu de mots qui renfiermeUt on
éloge complet : C'est ici qus
REPOSE LA Vertu » victo-
rieuse DE LA FORTUKE. SoU
petit - neveu', Charles , mort en
I535 , donna coutesi fes terres è
fon coufin le connétable Anm iA
Moatmoremy cà 1517 » du coà*
femefftent de fon frère puiné Claude^
qui avoit cependant plufieurs es^
fans.
, III. VILLIERS , ( Fierf e de ) né
â Cognac fur la Charente en 1648 ^
entra diez les Jéfintes en 16661
(Après s'y être difUngué & dans
Ifiis collèges & dans la d\aire , 3
en fortit en 1689 y pour remrer
dans rOtdre de Cluni non réformé*
Il devint prieur de Saint-Taurin^
& mourut à Palis le 14 Oflobrt
2718, à 80 ans. Cet écrivain «
ap^lé par Boileau . It Màiamort dt
Ùunîy parce qu'il avoit l'air auda^
cieux & la. parole impérieufe ».étoà
d'ailleurs un homme très-dlimafalev
On a de lui un reûi^ de Poéfesh
L'abbé de ailiers âûfbit peu die cai
de fes vers , & il fe svndoit iuf^^
tice, quoique poëte & auteur. S«
pôéûe > exaâe Se nararelle , eft trop
laRguiâànte. Ses Ouvrages poétio
ques ytecueillîs par ^donéat , 1728 ^
in-i2, font ; I. h* Art de prêcher \
Poëme qui Ten£erme lesprincipalei
règles de l'éloquence. U. De PAmi^
tlé. IH. Dt ^éducation des Rois deaé
kùr enfance. Ces trois Poëmes fonfc
fur de grands «fujets ^ x^âmplis dt
{bHdes préceptes & do iages înf^
truâions : mais le flyle eft fin^e v
dénué d'harmonie H d'itea(^ y 9l
plein de petits décatis ^e l'es*
preilxon ne relevé Jamais : à ptiaè
s'éWe*t-il iufqu'au irasig de veift^
£cateur. IV. Deux Livres ^BpimÈk
-V. Pieees diyérfes , &c. L'abbé ^
VUUers s'eft ai^ diftingué par pli»
fteni Sermone , & par d^fiFérans «4^
(
r
vit
I %2ges eft profe. Ues principdusf
font : I. Pmféts & Réflexions fur Ut
épinmefu des hontfrtis dans la voie du
' (oiut , à Paris , 1731 , 3 vol.
in-i2. IL Nouvelles Réflexions fur les
défauu i autrui , & fur les fruits que
€hûcm en peut - retjftr pour fa con^
^tf, in- 12 » 4 vol. m. Vérités
fatîrîques , en 50 Dialogues in-ix.
IV. Entretiens fur les Çdntes des
Fées & fur quelques Ouvrages de cg
■ ^^s , pour fervir de préftrvatif contre
h mouvais goût , 1699 , in-J2. U
«*éleve , dans ce livre , contre
^'uûge de ne mettre que de l'amour
! dans ces pièces. Ces difiTérens ou-
; vrages reipirent uxie bonne morale ;
■nais ils manquent ibuvent de pro-
fondeur, de chaleur & d'éna-gie,
& offrent trop d'idées communes.
Cependant/a diâion , pure & faine ,
«Û bien préférable à l'emphafe pé-
dantefque de nos moraliiles d'au-
jourd'hui.
IV. VIIXIERS , { Cofme de
Saint-^tiecuie de ) né à faris , entra
chez les Cacmes de la province de
Tours , fut déiifiitsur , & mouri t
«près le milteu du xviii* fiecle.
On a -de lui BUdiothcca Cftrmelitana ,
Orléans , -1751 , a vol. in-folio. La
diôion eft inette & coulante -, l'au-
teur eft autant réfervé dans fes
éloges, .qu'on peut l'attendre d'un
frère qui loue fes frères. Cet ou*
▼rage plein de recherches, eft dé-
luré par im grand nombre de
Qutes typographiques , ou peut-
être d'inadvertance de la part du
compttateur , dîArait par la grande
Wlété des choÇes qui font l'objet
de ces fortes de coUefkions. Il y
a à la tètQ : Diffmaûo prteyla de
MM monafiicit origine^ U lait re-
monter la vie monaûique au temps
àt S, È/U 9 6c prétend prouver de
iiecle en fiecle que l'Ordre des
Cirmes tire fon origine de ce faim
prophète.
VIN 371
}fXM,R0VSS£VILL£ , ^TruAU-
MONT.
VILUÇ, Voye^^lLtlC.
VILLON, Voyei CoRBUEit;
VILLOTTE , ( Jacques) né à
Bàr-le-Duc le i Novembre 1656»
fe fit Jéfuite , & fut envoyé par (es
Tupétieurs dans l'Arménie pour ▼
travailler à la propagation de la Fof.
Il revint en Europe en 1709 , gou-
verna plufieurs collèges de la Lor-
raine, & mourut à Saint-Nicolas,
près de Nanci, le 14 Juin 1743.
U a donné en langue arménienne
plufieurs Ouvrages qui ont été im-
primés à Rome à l'imprimerie de '
la Propagande. I. tJne Explication. .
de la Foi Catholique^ I7ÎI , in- 12.
II. U Arménie Chrétienne ^ ou Cata^
lùgue des Patriarches & Rois Armé*,
nisns depuis J. C, /ufqu*à l'an tpz ^
Rome, 1714, in-fol. lU. Abrégf '
de U Doctrine Chrétienne , Romis
I713 , in-I2. IV, Commentaires fur les
Evangiles, 17x4, in-4^. V. DicOott*
noire Latin' Arménien , où on trouve
bien des chofes fur Thiftoire , U
théolope, la phyfique, les ma-i
thématiques , 1714 , in-fol. Lç
même auteur a donné en françois y
Voyage en Turquie y Arménie, Arabie
& Barbarie , Paris ,1714, in-foJ.
VINCART , ( Jean ) Jéfuite, né
à Lille en 1^93 , mort le , y Fé-
vrier 1679, ^'eft fait çonnoître par
des Poéfies latines. I. Sacramm He^
roïdum EpifioUy Toarnai, 1639 J
réimprimées àMayence, 1737. II.
De Cultu Dûipartt , Lille, 1648, in-l2.
Ce font des Elégies fur le cujte do.
la Sainte- Vierge , où Ton retrouve
Texceffive fécondité d'Ovide; çè
qui donxia lieu à cette janagramme :
Joannes Vincàrtius : Nasonj artk
riClNUS, Wi.P'ita Sti^ Joannis Chry^,
fpflomiy Touraîû, 1639.4V. Vita
Saricii Joannis JElaemofynarii , Cil»
maci & Damafceni ^1650,
i ViiNCEI^T , ( Saint ) diacte d«
Aa iî
371 VIN
Sarragofle, reçut la couronilé du
martyre à Valence en 305.
II. VINCENT DE LtRiNS , cé-
lèbre religieux du motiaftere dt ce
nom , étoit natif de Toul , félon I3
plus ^mmune opinion; Après avoir
' pafîé une partie de fa vie dans les
agitations du (îecle y il (e retira au
monaflere de Lérins , où il ne s'oc-
cupa que de la grande affaire du
Yalut. 11 compofa en 434 foh Com~
monîtor'um , dans lequel il donne
des principes pour réfuter toutes
les erreurs , quoique fon but prin-
cipal foit d'y c(^mbattre Théréiie
de Neftorlus que l'on venoit de
Condamner. Sa règle eft >f de s'en
» tenir à ce qui a été enfeigné par
> tous , dans tous les lieux & dans
V tous les temps ». Ce Mémoire «
plein d'excellentes chofes & de
principes rendus avec netteté , étoit
divifé en deux parties , dont la fé-
conde traitoit du Concile d'Ephefe.
Cette partie lui fiit volée , & il ne
lui refta que l'Abrégé qu'il en avoit
fait , & qu'il a mis à la fin de fon
Mémoire. Cet illuibe folitaire mou-
rut en 4^6. La meilleure édition de
fon excellent ouvragé efl celle que
Bàluic en a donnée avec Salvîcn ,
^684 , in-8°'. Cette édition , enrichie
de notes , a reparu augmentée à
Rome, 17 3 1 , in-4® . Nous avons une
TradudHon françoife du Cofnmoni*
lorium , in- il.
^ III. VINCENT DE Beauvais ,
Dominicain , ainii appelé du lieu
de fa naiffance , s 'acquit l'eftime du-
roi S, Loids & des princes de fa
cour. Ce monarque Thonora du
titre de fon leâeur , & lui dotma
infpeâion fur les éttldes des princes
fes enfons. ^/w:«i^ ayant fort aifc-
ment des livrés par la libéralité
du roi , entreprit : I. L'ouvrage qui
a pour titre : Sptadum majus , à
Douay , 1614', 10 tom. en 4 vol.
in-folio. C*eft un ample recueil ,
(•AteuAiu 4es cx^^ts d'écriv^uo*
VI
facres & profanes
rafiemblé dans im feul corps , toin
ce qui a paru de plus utile à rau^*
teur. Cette coUeàion , aflez ma)
choiûe & auffi mal digérée , eft
pleine d'erreurs les plus grof- ,
fieres. L'autem^b l'a divifée en 4 |
parties. La i^® eft intitulée : 5^pt- \
€ulum nautraU j la 11^ , Spéculum ^
doctrinale ; la IIl" , Spéculum nuh
raie; & la iv^ , Spéculum hiftonaUt
L'Abrégé de cet ouvrage eft attri-
bué à Dotîngck : ( Voye^ ce mot, )
II. Une Lutte à S, Louis fur la mort
de fon fils aîné. III. Un Traité de
VEduCiiùon dis Princes , & d'autres
Traités en latin , écrits d'un ôyle j
barbare. Ce (avant religieux mourut {
en 1264.
IV. VINCENT FERRIER, (5.) j
religieux de l'Ordre de Saint-Do^
minique , né à Valence en Ef*
pagne le 23 Janvier 1^57', fo*
reçu doreur de Lérida en 1384*
Ses misons en^pagne » en France,
en Italie., en Angleterre , en Ecoâe «
firent éclater fon zèle dans une
partie de l'Europe. Il l'exerça iur-
tout pendant le fchiûne qui àéàâ^
roit l'EgUfe. Il At un grand nombre
de voyages pour engager les princes
& les prélats à travaxller à la réu*
nion. Il fut « pendant plnfieurs an*
nées , confefieur de Benoit XIII y &
fon plus ardent défenfeur. Mais
rebuté pcir l'opiniâtreté de ce fchif-
matique , ennemi déclaré de la paix
& de l'union de TEglife , il difpoik
le roi d'Efpagne te les aun-es foo-
veraiQs à foiSraire tous leurs éott
à fon obéifîance ; il s'atucha a»
concile de Conftince , & abaa-,'
donna fon pénitent. En 14 17 > U
alla prêcher en Bretagne • & sioOp
rut à Vanûes en 1419 , âgé de^
ans & quelques mois , apffès avoiC
porté grand nombre de pécheutè^
à la pénitence. Nous avons de lois
pluûeurs Ouvrages , publiés à V»«
iflBÇf ^ l^rpagnç,. 101 » »^
r
VI N
On trouve dans ce recueil : T. Un
TroJté de la Vie fpîruucllc , ou de
l*Humme intérieur. II. Celui de la
Fin du Monde , ou di la ruine de la
dignité Eccléjiaftlquc ^^ de la Fol Ca»
thollque. 111. Un Traité intitulé :
Des deux avéaemens de CAnuchrlft,
IV. Une Explication de l*OTjlfon
Z^omlnUale, V. Des Sermons , pleins
de faux miracles & d'inepties : on
doute qu'ils foient de lui.
V. VINCENT DE PAUL , ( S. )
lé à Poy au dipcefe d'Acqs le
24 Avril 1576 , de parens obfcurSf
bc d'abord employé à la garde
de leur petit troupeau v mais la pé-
nétration & l'intelligence qu'on re-
iqarqua en lui, engagea fes parens
à l'envoyer à Touloufc. Après
avoir fini fes études, il fut é:evé
au facerdoce en 1600. Un modique
héritage l'ayant appelé à Mar-
feille I le bâtiment fur lequel il s'en
I revenoità Narbonne, tomba entre
les mains des Turcs. Il fut efçlave
à Tunis fous trois maîtres diifé-
Tcns , dont il convertit le dernier ,
iHii étoit renégat & Savoyard,
S'étant fauvé^ tous les deux fur
un efquif , ils abordèrent heurcu-
fcment à Aigues-Mortes en 1607^
Le VicerLégat d'Avignon , Pierre
Montorlo , inftruit de fon mérite .
l'emmena à Rome, L'eilime avec
laquelle il parloit du jeune prêtre
François , Tayant fait connoître à
tv miniftrc à* Henri IV ^ il fut chargé
d*une affaire imponante auprès de
ce prince en 1608. Louis ^III ré-
compenfa dan^ la fuite ce fervice
par l'abbaye de Saint-Léonard de
Çhaulme. Après avoir été quelque
têidps aumônier de la reine Mar-
pierlu de Valois , il fe retira auprès
4e Bérulle fon dire£leur\ qui le fit
filtrer en qi;alité de précepteur dans
I9 xnaifon à' Emmanuel de Gondy ,
eéoéral des galères. Madame de
iQondy , mère de ces illuflres élevés ,
tek Uia prodige de piété.. Ce fu^
VIN 37Î
elle ^uî lui infpira le déf&in de
fonder une Congrégation de Prê-
tres qui iroient faire des Mifïïons
à la campagne. Vlntcnt , connu à la
cour pour ce qu'il étoit, obtint par
fon feul mérite la place d'aumônier ,
général des galères en 1619. Le.
nijpiflere dezeh & de chirité qu'il
y exerça , fiit long-temps célèbre à
Marfeille , où il étoit dé}à connu .
par de belles actions. Ayant vu un
jour un malheureux forçât incon-
folable d'avoir laifle fa femme &
fes enfans dans la plus extrême mi-
fere^ Vincent de Paul avoit offert
de fe mettre à fa place -, & ce qu'on
aura peine fans doute à concevoir «
l'échange fut accepté. Cet homm»
vertueux fut enchaîné . dans U
chiourme de^ galériens , ^ fes pieds
refierent enflés , pendant le refte
de fa vie , du poids des fers hono' .
râbles qu'il avoit portés. 5. Fran-
çois de Sales , qui ne connoljfolt pas
dans PEgllfe un plus digne Prêtre que
kl^ le chargea en 1620 d^ ^upé-^
riorité des filles de la Viiîtation.
Apres la mort de Mad* di Gondy ,
il fe retira au collège des Bons-
^nfans , dont il ctoit principal , &
d'où il ne fortoit que pour faire
des Mifïïons avec quelques Prêtres .
qu'il avoit aifociés à ce travail..
Quelques années après il accepta la
maifon de Saint-La^are , qui devin:
le chef- lieu de fa Congrégation*
» Sa vie ne fut plus qu'un tiffu
'* de bonnes oeuvres , ( dit l'abbé
»» Ladvocat. ) MlJJions dan5 toutes,
»r les parties du royaume , aufîi-
»» biep qu'en Italie , en EcofTe , en.
» Barbarie , à Madagafcar , &c. :
»» Conférences Eçoléjiafiiques ^ où fe-
*y trouvoient les pius grands évé»
>» ques du royaume : Retraites fpl-
». rituelles „ & ^ même temps gra»^
n tuites : EtahUJfement pour les En-^
'» fans-Trouvés , à qui, par un dif-
»♦ cours de fix lignes , il procura
w 40,000, liv, de rente : FonciwA
1
374 VIN
*» des FilUs ic la ChariU pOUr fe
>» fervide des Pauvres malades ; ce '
>» n*cft-là qu'une efquiffe des icr-
M vices qu'il a rendus à l'Eglife &
w à l'Etat. Les Hôpitaux de Biectrt ,
»• de la Salpétrierc, de la PuU ; ceux
'* de Marftilk pour les Forçats , de
M Saînu-Rcinc pour les Pèlerins , du
>» Saint Nom d: Je/us pour les Vieil-
. w lards , lui doivent la plus grande
«• partie de ce qu'ils font. 11 en-
»» voya en Lorraine , dans les temps
w les plus fâcheux , jufqu'à deux
»' millions en argent & en effets ».
Avant rétabliilement pour les En-
fans-Trouvés , on vcndoit ces in-
nocentes créatures dans la rue
Saint-Landri , ao fols la pièce, &
on les donnoit par charité , difoit-
on« aux femmes malades qui en)
avoient befoin pour leur faire fucer
un lait corrompu. Vincent de Paul
fournit d'abord des fonds pour
nourrir douze de ces etifans : bientôt
fa diarité foulagea tous ceux qu^on
trouvoit expofés aux portes^ des
Eglifes ', mais' les fecours lui ayant
manqué , il convoqua une afTem»
blée extraordinaire de Dames cha-
ritables. Il fit placer dans l'Eglife
un gtand nombre de ces malheu-
aeux enfians ; & ce fpeâacle « joint
à une exhortation auiH courte que
pathétique , arracha dès larmes j &
le même jour , dans la même Eglife ,
au même indant , l'Hôpital des
-Enfans-Trouvés fut fondé & doté.
Pendant dix années qu'il fut à la
tête du cofifeîl de confcience fou^
jinne d^ Autriche , il ne fit nommer
aux béoéfices que ceux qui en
étoieat les plHs dignes. ( Voy, m.
Harlat. ) L'attention qu'il eut
d'écarter les partifans deJanfimus,
l'a fait peindre par les hiftoriens
de Port-royal ôômme un homme
. d'un génie borné \ mais ils n'ont pu
lui remfer une vertu peu commune.
Tl travailla efficacement à la Ré'*
forme de Grammont , de Prémontré %
V I N
de l'abbaye de Saînte-Genevïevr;
aufli-bien qu'à VEtahVJftment da
grands Séminaires. Vincent accablé
d'années , de travaux , de mortifi-
cations, finit fa fainte carrière le
27 Septembre 1660 , âgé de près
de 85 ans. Benoit XIII lé mit au
nombre des Bienheureux le 13 Août
1729 , & ClétfAnt XII au nombre
éts Saims le 16 Juin 1737. Ceux
qui voudront connoître plus par-
ticulièrement S. Vincent de Paul ^
peuvent lire la Vie que Colla en
a donnée en 2 voU in-4°. On ne
peut qu'admirer Vincent en lifant
cet ouvrage , & quoique ce foii le
portrait d'un père fait par un en-
fant , il n'efl que très-peu flatté. Sa
Congrégation pofiede aujourd'hui
environ 84 Maifons , divifées en
neuf provinces. Elle ne s'eft pas
illufltée , comme d'autres y dans la
littérature : ce n'étoit pas le bui
de fon fondateur , homme plus pieux
que favant v mais elle fert utiles
ment l'Eglife dans les Séminaires
& dans les Miflîons. L'éditeur de
Ladvocat cite à la fuite de l'article
de Vincent de Paul , Vjiyocat dià
Diable y 3 VOl. in-12 i mais il au- .
roit dû avenir que ce livre eft vêl..
libelle , où le fondateur des L an
rifles eil traité dOnfunt: délateur &
à.* exécrable boute feu. Il y a tant d'em-
portement dans cet ouvrage , que
l'auteur paroît réellement avoir
été infpiré par celui dont il fo dit
l'avocat,
VINCENTINI , Voyei Tho-
MASsiN, n** IV ^ & Valerio ,
n** /i,
VINCI > ( Léonard de ) peintre »
vît le joiir de parens nobles , dans
le château de Vinci près de Flo-
rence » en 1445. Les fctences & les
ans étoient familiers à ce peintre*»
il avoit ifiventé une forte de lyre
dont il tonchoit par6ntemei;it. Il
'connoiffoit l'architedhire & l*hy-
draulique» Peu de temps après avw
J
r
VIN
•enffleacé à audier la pelntare «
V'frofhto\ foo maître^ le crut en
4tat de travailler à un Ange qui ref*
toit à peindre dans un de îes Ta-
bleaux , dont le ru}et étoit le Bap-
t^e de Notr^-Seigneur. Le jeune
Léonard ' le fit avec tant ^'art , qu^
* cette figure effaçoit toutçs les au-
t très. Verrochio , piqué de fe voi*
«inû furpaffé , ne voulut plus ma-
nier le pinceau. Un det plus ma-
gnifiques ouvrages de léonard, efl
la Repréfentaticm de la Cène de
Kotre-Seigneur , qu'il peignit dans
le réfeâoire des Dominicains à
Milan , ( ville où il fonda VEcok
de peinturé qui y fleurit. } Il avoit
commencé par les Apôtres ; mais
s'étant épuiîë par l'expreâiofi qu'il
leur donna dans les airs de tête , il
ne trouva riei^ d'aiTe; beau pour
leChrifl* & le laiffa ébauché. Ce-
pendant le prieur du couvent ,
homme inquiet , le tourmenroit
dans ceffe. Léonard y pour fe venger
de ce moine impatient , le peignit
à la place de Judas , dont la figure
reftoit auffî à fiqtr. Ce fut avec ce
\ peintre que Michel-Ange travailla ,
' par l'ordre du Sénat, à orner la
grand'feUe du confeil de Florence;
4k ils firent enfemble ces Cartons
cui fom devenus depuis fi fameuse.
Il efl rare que la jaloufîe ne dé-
truire point l'union qui fembleroit
devoir régner entre les perfonnes
à talent. Cette cruelle paffîon força
Léonard de quitter l'Italie , où M/-
€hel-Ang€ partageoit avec lui Tad-
«niration publique. Il vint donc en
France, à la cour de François 2;
mais étant déjà vieux & infirme ,
il n'y fit que très-peu d'ouvrages.
II mourut vers Tan 1510, à Fon-
tainebleau , entre les bras du roi ,
^ui rétoit venu vifitér dans fa der-
nière maladie. Senfible à cette fa-
veur , il fe fouleva pour témoigner
<a reconnoiflance au monarque*,
coais il Uû prit une foiblefie, & îl
vin; 37f
expira à Vâge de 75 *as- Aux grâces
de la figure, aux charmes de lef-
prit, il fut allier tous les talens
agréables, qu'il po^édoit à un de-
gré fupéri^r. DÏoué d'une force de
corps prodigieuie, il fit dans ce
genre, des chofes qui auroient mêm^
étonné le maréchal de Saxe. Si nous
le confidérons comme peintre , foa
coloris efl fbible, fes carnations
font d'un rouge de lie. Il fintÛbit
tellement ce qu'il Êisfoit, que fou-»
vent fon ouvrage en deveaoit fec.
21 avoit aufli une exactitude trop
fîervile à fuivre la nature jufquc
dans fes minuties ; mais ice peintre
a excellé à donner à chaque chofe
Te caraâere qui lui convenoit. Il
avoit fait une étude particulière des
flïouvemcns produits par les paf*
fions. Il y a une Correôion & un
goiît exquis dans fon deilin. Qa
remarque aufii beaucoup de no« /
blefle , d'efprit & de fagefTe daiu
fes comp<ïfitio&s. Le Traité de U
Peinture , en italien , Paris , 165 1 ,
in>fo]. , que ce peintre a laifTé , eft .
eflimé. Nous en avons une Traduc»
tion françoife , àannip par Cham*
hray , Paris , 165 1 , in-fol. i & unf
de 1716, in-i^ Nous avpp^ eur
core de lui , Des Titts & des Chfltf
ges, 1730, in-4^
VINET , ( Elie ) naquit d'un iîm-
ple cultivateur du village des Vi-
nets , près de Barbexicux en Sain-
tonge. jéndré Govea , principal dtt
collège de Bordeaux , l'appela dans '
cette ville, où il luifuccéda. Après
avoir fait un voyage en Portugal ,
il remplit cette place avec un fuccè(
diflingué. Il fut pour Bordeaux ce
que RolUn a été depuis pour Paris. .
C'efl lui qui forma cette pépinière
de Savans qui fe diflinguerent ,
foît au barreau , foit dans le parle-
ment. Sa réputation attira dans le
collège de Guienne prefque toute
la jeuneiTe de la province. C'étoit
un homine grave, infatigable ttl
Aa ÎY
1
^7^ VIN
travail » & aimant tellement Tétude »
que dans ûi dernière maladie il ne
cefla de lire, & de £ûre des obfer-
vations fur ce qu'il liibtt. Son af-
Cibilité & la candeur de fes moeurs
(égal oient fon ardeur laborieufe.
Il mourut à Bordeaux en 1587* à
78 ans, regardé dans la républi-
que des lettres comme un favant
firofond & un c^tique habile. Ses
principaux ouvrages font : I. VAn-
êiqmté 4e Bordeaux &. de, Bourg , I ^ 74 ,
$n-4^. II. Celle de Sainus fy de Bar-
theiîeux , 1571 , ia-4?. Ces deux
livres font eiiimés à caufe des re-
cherches. III. La Manière 4e faire
^des Solaires ou Cadrans , in • 4^,
IV. VArpcnterie ^ in -4°. V. Des
Traduclions Françolfts de la Sphère
et Produs , & de la Vie de Char-
lemagne écrite par Effnard, VI. De
bonnes Editions de Théognis , de
Sidonius ApoUinaris ^ du livre de
Suétone fur les Grammairiens &
les Rhéteurs, de Per/e^ &Etarope\
^*Aufone , de Florus^ Ôtc-, avec des
potes & des Commentaires pleins
id'é^dition.
VWGBOONS , ( N... ) archi-
teâe HoHandois du dernier fiecle ,
s'eft rendu célèbre par le grand
hombre de beaux édifices qu'il a
hit conftruire dans fa patrie. Ses
nOuvrages ont été imprimés à la Haye,
11736, in-folio.
"^ VIN I US , favori de Galba ;
iFoy, Tarticie de cet empereur , vers
Je milieu.
/ VINNIUS, { Arnold ) célèbres
Çrofefleur de droit à Leyde , mou-
ut en i<S57, à 70 ans. On a de
lui un Commentaire fut les In/Httaes
^e Juftinien , Elzévir , 1665 , in -4^ ;
réimprimé fous ce titre : Arnuldi
Y IN su JunfconfuUi y in quatuor U-
fros Inflîtutîonum Jmperialium > Com,"
mmtarius academîcus & fonnfis ^ &c.
Çul accédant ejufdem Vinnii Quitftio-
fesfuns/«iea^,?SLxis^ 1778, » vol.
VIN
in-4^M le im autre Commetiu^ filf
lesandens ^urifconfultes , leyde ^
1677 « in-8^. Celui-ci fait fimc dcf
Auteurs cumnatis Variorum,
VJNOT, (Modefte) prêtre d«
rOratoire, né à Nogcnt-iUr-Aube,
d*un avocat, profe£i la rhétorique
à Marieille , où il fe diûingua par
fes Harangues & par fes Poéûes la?
tines. La Uttérature n'étoit pas'foq
ieul talent. Ses fupérienrs l'ayant
envoyé à Tours, pour y £dre des
Conférences publiques fur l'Hiftoirç
leccléûaftique , il mérita que d*Herr
yaux^ archevêque de Tours , le nomr
mâc chanoine de Saint-Qatien. Le P«
V^not conferva ce canonicat le reile
de fes jours , fans fortir de la Con?
grégation , qui le regarda touiour^
comme un de fes p^us illuftres mem?
bres. On a de lui : I. Une Tradue»
$ion , en beaiix vers latins » des Fa-:
blés choifies de la Fontaine, con^
jointement avec le P. Xijf^i H
d'autres Poéfies latines , imprimée!
à Troyes , en deux petits vol. in-ii^
& réimprimées à H^^uen fous I9
nom d'Anvers*, par les foins d«
l'abbé Saas^ en 1738, in- 12. II.
Une Dérkonclatlop. raifonnde d*unf
Tfhefe de Thiolope fouitenue à Tours
le 10 Mai 17 17. Le P. Vinot mour
yut àTours le 20 Décembre Î731 #
à 59 ans! Il avoir de Tefprit, dé
rimagination , & le génie de 1?
Satire. Quelques écrivains lui ont
fauflfement attribué le PhilotaniUm
( Voyex QrÉCDVRT & JoyiN.)
VINTIMILLE. ( Charles -Gafr
pacd-GuilIaume de ) d'une des pluf
anciennes familles du royaume,
fut fucceffivement évoque de Mar^
feille , archevêque d'Aix en 1708*
& de Paris en I729. Il mourut I9
13 Mars 1746 , à 91 ans. L'amour
de la paix fut fon principal mérittw
Les difputes du Janfénifine , qni
troubler^t fon dioccfe , n'alté-
rèrent point la tranquillité de fof
çaraélere. Il fut le premier à V».
1
r
VI Ô
i» fatSres que les pardfans Mtt
^cre Parts publièrent contre lui.
Son firere ^ le comte du Luc, mort en
X740, a 87 ans, laiffa desen£int.
VIO , ( Thomas de ) célèbre caft-
iînal , plus connu (bus le nom de
Cajmtan , naquit à Çaïette dans le
royaume de Naples , le ^o Février
1469. L;Ordre 4e Saint-Dominique
le reçut dans fon fein en 14S4. Il
y brilla par fon efprit & par fon
favoir , devint doâeur & profef-
feur en ' théologie > puis procureur»
général de fon Ordre , & enfin gé-
néral en 1508, Il rendit des fer-
vices importans aux papes Jules II
%L Lion X , qui l'honora de la pour«>
pre en 1517, & le fit l'année fuir
vante fon légat en Allemagne. Le
carcSnal C^étan eut plufîeurs con-
férences zveç. Luther-, mais fon zèle
& fon éloquence ne purent ramener
dans le bercail cette brebis égarée.
Elevé en 1 5 19 à l'évéché de Gaïette,
îl fut envoyé légat en Hongrie l'an
1523. Après y avoir fait beaucoup
de bien , il retourna à Rome , où
il mourut le 9 Août i ]f 34 » à 67
ans. Malgré les affaires importantes
dont il étoit chargé , il s'étoit fait
pn devoir de ne laiffer pafler au<p
pm jour fans donner quelques
heures à l!étude. Cefl ce qui lui
fit - compofer un fi grand nombre
d'ouvrages. Les principaux font^
I. Des Cçmmentalres fur l'Ëcriture-
faintCy imprimés à Lyon en 1639 ,
fa 5 vol. in-fol. II. De auSloruau
Fapit & ConcUu ^fivê Eccltfitt , eom^
parâta , en ^S chapitres : livre où
domine rUltramontanifme. III. Des
J^-aiUs fur diverfes matières. IV.
Pes Commentaires fur la Somme de
^aînt Thomas , qu'o^ trouve dans
les éditions de cette Somme, de
1541 & 16 12. Ce» différens Ou-
vrages font une fource d'érudition.
Le cardinal Cajétan avoit beaucoup
fij fiç j^eaiicoup compilé-, ms^s fes
V I R . 377
livres font trop volumineux pour
croire qu'il l'eût toujours Êi t avef
difcemement.
VIOLE, (Le) peintre Italien ,
mourut à Rome en 1622 , âgé de
50 ans. Annîbal Caraehe lui dpnn^
des leçons , & perfectionna fes ta-
lens pour le payfage, dans lequel
ce maître a excellé. Le pape Gri--
goirc XV , charmé de fon mérite «
l'attacha à fon fervice; mais le*
bientiaits de Êi Sainteté , loia de
l'animer au travail , lui firent em-
brafTer une vie oifive. On doit le
djilinguer de Viole Zas^ni , qu}
cultiva rarchiteCkure , & qui éciif
vit fur cet art.
VIOLETTE, (La ) r^y^
Çresne, n^ III.
VIONNET, ( Georges) Jéfuit»
de Lyon , d'un caraâere aimable,
étoit un bon littérateur & un poète
foible. Npus avons de lui une Tra-?
gédie de Xtrùs^ en V af^es & et|
vers, 1749 » & quelques Pocfics la-,
tînes fur difFérens fu}ets. Il termina
fa carrière en 1754, à 42 ans.
VIPERANI, ( Jean - Antoine)
chanoine de Girgenti, puis évêque
de Giovenazzo en 1 588 , eft auteur
d'une Poétique, de Poéfies latines^
& d'autres Ouvrage , Naples , 1606 ,
3 vol^in-fol. Us eurent du fuccès.
L'auteur mourut en 16 lo.
VIRET , (Pierre ) miniflre Cal-»
vinifie, né à Orbe en SuifTe Tan
1 5 1 1 , s'unit avec Farel , pour aller
prêcher à Genève les erreurs de
Calvin. Les Genevois les ayant
écoutés avec avidité» chafîerent les
Cadiolîques de la ville en 1536.
Vîret fut enfuite ftiiniffare à Laufanne
& dans plufîeurs autres villes. Il
mourut à Pau en 1^71 , à 60 ans.
Le zèle lui avoit donné une efr
pece d'éloquence; mais elle brille
peu dans les ouvrages que nous
^vons de lui en latin & en françoi« :
1
378 V I R
I. OpufcuU^ 155) > in-(b1. II. Dtf-
futatlousfur l^état des Trépajj[is^ '55^»
in-8**. 111. La Phyfiqud PapaU ,1552
in-8^ , que les efprks , amis de la
fadre, rechercheac , ainfi que fa Hi^
tromana PapaU , Genève , 1 5 n t
tn-8^. IV. Le JÙquU/cat lu pau du
Vurgatoire. Les écrivons de fon
parti on peint VU^ comme im
liomroe d'un (avoir profond , dont
Its mœurs étoient douces & po-
lies , & qui fe feifoit écouter avec
plaiiîr, foit lorsqu'il parloit, foit
larfqu'il écrivoit. C^'étoit moins à
<aufe de fon éloquence que , parce
^u'U mêloit à ît% difcoûrs , comme
à fes écrits , des boulfonneries qui
amufoient ia multitude , toujours
plus entraînée par les grolTes plai-
fanteries , que par les raifonnemens
& les autorités. ,
VIRGILE, {Ptiblius Vir^lîus
Marô ) fumommé le Prma âts Poiuts
Latins , naquit à Andes , village '
près de Mantoue , le 15 Oûobre
âe Tan 70 avant J. C. , d'un potier
de terre. Les Ides d'Odiobre, qui
étoient le 15 de ce mois « devinrent
à jamais faraeufes par fa naiilànce.
Il paiïa les premières années de fa
vie à Crenione , où il commença
fes études à l'âge de 17 ans. Après
avoir pris la robe virile, il alla
à Naples , pour cultiver les lettres
grecques & latines. Il s'appliqua
cnfuite aux mathémadques & à la
médecine» qu'il facrifia bientôt aux
charmes de la poéfie^ Ayant été
chaiTé de fa maifon & dépouillé
é\in petit champ, fon feulbien^
par la diftribution faite aux foldats
vétérans , des terres du Mantouaa
<& du Crémonois , il vint à Rome ,
pour expoiêr fes malheurs. Il
s'adrefla à Méeme 6ç à PollUm , qui
lui firent rendre fon patrimoine par
Augufte. Ce fut pour remercier ce
prince qu41 compofa fa première
Eglogue, Cette pièce fit connoitre
fon grand talent pour la poéfie«
VI R
8e devînt la fource de £1 femme;
Il linh fes Buco/i^uu au bout de
trois ans : Ouvrage précieux par les
grâces ûmples & naturelles , paf
l'élégance & la délicatefTe, & par
la pureté de langage qui y régnent.
Peu de temps après, Fifple entre**
prit les Géorpquis , à la prière de
Mécetu. 11 paroit que pour que îm
mufe fût moins diâraitef^ii fe re*
tira à Naples. Ceft lui-même qui
nous apprend cette particularité 1 4
la fin de cePoëme, le plus travaillé
de tous ceux qu'il nous a laifies ,
& qu'on peut appeler le chef-d'oeii*
vre de la poéûe latine. » Aucua
«■ poète , à mon avis , ( dit M. Rou"
- cher) n'a eu, ail même degré que
M VlrglU , le talent d'intérefÊier.
M J'éprouve , en liiant certains mor-
*• ceaux de its Eglogues & de fes
» GéorgiquiM , un atteadrifiTement
>* qui ne fe manifede point, il eft
** vrai , par des larmes , mais qui
*' peut-être en eil plus doux , parce
w qu'il me fait tomber comme dans
*' une rêverie amoureufe. Lucnu
m avoit , plus que lui , de cette pro-
>« fondeur de génie qui donne beau-
u coup à penfer*, Horace , de cette
w philofophie pratique, qui rend
M tous les jours de notre vie égale-
» ment heureux : mais ni l^im ai
w l'autre ne pénètrent l'ama de cette
M fenfibi^ité du moment, qui reT-
I» femble aux émotions de l'amour.
«* Les deux premiers ont vanté le
M bonheur de la vie champêtre}
» mais il me femble toujours que ce
» fentiment eft en eux le fruit de la
M réflexion : dans Vlrp^h , c'efi ua
M mouvement involontaire de fon
" ame , une efpece d'infiinâ , le
M cri de la nature. Il fait aimer ce
»» qu'il chante, parce qu'il Ta aimé
» le premier u. Les Géorgiqiits lui
coûtèrent fept aos de travail. Après
les avoir lues à Augu/b , il com-
mença ÏEnéidi, Ses différens Ou-
vrages lui acquirent les fuffirages
& Pamitié de l'empereur , de Mc-
€m€ y de Tucca » de PoUlon , d*J5fo-
ra^e , de Gallus, La vénération qu'on
avoit pour lui à Rome, ëtoit telle,
qu'un jour » comme il vint au théâ-
tre, après qu'on y eut récité quel-
ques-uns de fes vers , tout le peu-
ple s'éleva avec des acclamations :
honneur qu'on ne rendoit albrs
qu'à l'empereur. Tant de jgloire lui
£t des jaloux, à la tête defquels
étoient Bavlus & Naviui, On atta-
qua fa naifTance, on déchira fes
ouvrages , on ne refpedta pas même
ies mœurs *, on lui prêta des goûts
iii£unes, ainfi qu'à Socrau , PU-
ton y &c. Ce qui encourageoit les
critiques , c'étoit (a modeftie , qui
dégénéroit en timidité. Sa gloire
l'embarrafToit en bien des occaiions-,
quand la multitude accouroit pour
le voir , il fe déroboit en rougiÔant.
Il négligeoit fes habillemens & fa
perfonne. Cette iimplicité cachoit
beaucoup de génie *, mais ce n'étoic
pas aux fots à le voir. Un cenain
i7/î/?iii , bel-efprit de cour , prenoit
plaifir , dit-on , à l'agacer continuel-
lement, même en préfence d'^u-
gufie,.,] Vous eus mtut , lui dit-il un
Jour > & quand vous aum^ une lan^
pie , vous ne vous défendrU^ pas
mUux.,. Virgile , piqué , fe contenta
de répondre : Aies ouvrages parlent
pour moi. — Augufte applaudit à
^ repartie, & dit à Fdifius -. Sî
vous connoiJfie[ tavantage^Ju filence ,
yous le gardtrlei toujours^,, Cornifi»
€ius , autre Zoïle , déchiroit Virgile,
On en avertit le poète , qui ré-
pondit iîmplement : Cornifidus m'^-
êonne. Je ne l*ai jamais off^nfé^ je
ne le hais point > mais il faut que
l*Artifie porte envie à l*Artifte ^ &
ic Poète au Poète, Je ne me venge de
mes ennemis^ qu'en m* éclairant par
leur critique. Vfk de ceux dont il
fiit le moins bleifé, c'eft Bathille;
Virgile avoit attaché pendant la
Auit; à la parce du palais d^Àu*
V I R ,379
pifie , ce Diftiqtic où il le iàit égal
à Jupiter : '
NoBe pluît t^ ; redetmt fpeSbcuU
mane :
Dlvifum imperîum cum Jqvm Cafar
kahet.
L'empereur voulut connoître l'au-
teur de cette ingénieuCe bagatelle \
personne ne fe déclara. BàthîlU ,
profitant de ce filence , fe fait hon-
neur du Diflique > & en reçoit la
récompenfe. Le dépit de Virgile lui
fuggéra une idée heureufe: ce fut
de mettre au bas du Diftique , ce
vers:
Hos ego verfieulos fecî , tulit sUer Ao*
nwres;
& le commencement du fuxvantr
Sic vos non vohis , répété 4 fois.
L'empereur demanda qu'on en ache-
vât le fens ; mais perfonne ne pue
le faire » que celui qui avoit enfanté
le Diflique. BatfUlle devint la fable
de Rome , & Virale fut au comble
de fa gloire , fur- tout lorfqu'on eut
vu quelques échantillons de fon
Enéide. Quand Auguftdiut de retour
de la guerre contre les Câmabres ,
VtrpU lui fitlalefture duir, IV*
& VP livres de ce Poëme , en pré-
fence d'OHavie fa fœur , qui venoit
de perdre M. Claudius Marcellus fon
fils unique. Le poëte avoit placé
l'Eloge de ce îeune prince à la fin
du Vï* , avec tant d'an , & l'avoit
tourné d'une manière iî touchante,
que ce morceau fit fondre en larmes
l'empereur & OBavie, On dit que
cette princefTe récompenfa Virgile^
en lui faifant compter dix grands
feflerces pour chaque vers : ce qui
faifoit une fomme de près de 32,50a
livres. On ajoute même qu'elle
s'étoit évanouie à ces mots : Tu
Marcellus £RIs. Virale , après
avoir achevé fon Enéide , fe pro-
pofoit de fe retirer pendant trois ans
îSo V I R
. dans vmtùAitaéfi y pour la revoir &
la polir. Il partit dans ce deffeÎQ
pour la Grèce ; mais ayant rencontré
é Athènes , Augujie , qui revenoit de
rOrient, il prit le parti de le fuivre
è Rome. Il fut attaqué en chemin
de la maladie dont il mourut. Il a voit
employé onze ans à la compolîtioa
de VEné'de j mais voyant approcher
fa fin , fans avoir pu y faire les
diangemens qu'il méditoit , il or«-
donna par Ton teftament , qu'on la
}ctàt au feu. Ses amis Tufca & Varias
lui dirent qu'jéugufie ne perraettroit
pas qu'on exécutât un ordre fi
rigoureux. Alors il leur légua fon
Poëme j à condition qu'on le laif-
ftroit tel qu'il étoit : de là vient
qu'on y trouve tant de vers impar-
éits. L'auteur dç cet Ouvrage unir
que mourût à Brindes en Calabre,
©ù il s'étoit arrêté , le 21 Septembre
deraA.19 d« J. C, à p ans. Quoi-
que} yirgUe ne foit venu qu'après
/iofmre,qu"i\ l'ait imité dans le plan
de fon Poëme , & qu'ij n'ait pu
jnettrela dernière main à fon Ou-
vrage, cependant c'eft une queftion
indécife , & qui le fera vraifembla-
blemfnt toujours, def^voir lequel
des deux poètes a le mieux réufll
dans la Poéûe épique : J Voy. dans
l'article à* Homère le Parallèle de
pes deux grands hommes.] Ce Paralr
lèle nous difpenfe de tracer ici le
^araâ:ere de V Enéide & de fon auteur.
Comme les talens font bornés , Vir-
gile n'étoit plus le même lorfqu'il
çcrivoit en profe. Séneqt^ le Philo^
fophe nous apprend , qu'il n'avoit
pas mieux rjuffien profe , que Cî-
€eron en vers. Lofante de ce poëte
9voit toujours été foible & chance-
lante ; il étoit fujet aux maux d'ef-
tomac & de tête , & aux crachemens
de fahg : aufli mourut-il d'une coli?
que à laquelle il étoit fort fujet ,
?iu milieu de fa carrière. Il laiiTa des
fommes confidérables à Tucca , à
y^lus ., à Méçcae , à l'empereur •
V IR
même. On aflure qu'il a volt teç\$
' de ce prince 8c de fes amis plus de-
1200 mille livres. Peu de poëte*.
ont fait une pareille fortune. Soa
corps fut porté près de Naples ; ôc
l'on mit fur fon tombeau çesî vers,
qu'il avoit faits en mourant:
Mantua me genult^ Calabri rapuére ^'
tenet nunc
Pank&nope : cmlnl Pafuia , Rura ^
Dùcest
Andes m*a donné la naifTance ,
J'ai vécu chez les Calabroîs ;
Parthenopeà préfent me tient fou$
fa puiflfance
J'ai chanté les Bergers , la Campagne
& iecRois.
Les éditions les plus recherchée*
des Ouvrages de Virgile , font celles
de 1470, 1471 , 1472, in-fol. ; -^
du Père la Çerda^ Lyon, 1619 , 3
vol. in-folio ; — » de Sedan , 1 62 5 ^
in- 5 2 ; — d*£/îfi>fV, 16 36, in- 1 2 ; —i
du Louvre , 164 1 , in-folio i — dç
I^ondres^ 1663 , in-fol, donnée paf
OgllH , avec 10^ figures & une
carte; — Cum nous Varlorum , 1680 ^^
j vol. in-8° ; — Ad i^fum Dclphlnî ^
Paris, 1682 , in-4** ; — dç Lewarde^
1717 , in-4** -, —Florence , 1741 ,
în-4** ; — Amfterdam , I746 , 4 Vol,
in-4*' ; — Rome , 1741 , in-folio ,
faite fur un ancien manufcrit dont
on a figuré l'écriture *, — Ibid. 1763 ,
en 3 vol. in-fol. avecfîg. ital. &
lac. -j—r de Londres , Sandby ^ 1750» '
2 vol. in-S** , fig. ,• —Birmingham ^
BasUrvîlU^ 1757 » ^-4**« La plu-
part de ces éditions , & fur- tout U^
dernière , font fuperbes ; mais ceux
qui ne cherchent dans les livres,
que la commodité du format 8ç. .
l'exaûitude de l'impreflÎQn , peu-
vent fe borner à TécÛtion A*EL{éylr ^
en obfervantque dans l'édition ori-.
ginale, les Bucoliques & VEnéideîotii
précédées d'une page dont les ca-*
pitales font en rou^e ; ou à l'édvt
çiQn4c Çouftdlsr^ ^745 a ÇRJ VqU
J
VI R
tn»i2 , que M. Philippe dirigea. Il
le revit exaâement fur celle de
Florence , donnée en 1741 , fur un
snanufcritde 1300 ans. Quant aux
Bombreufes Tradufiions françoîTes ,
dont on a furchargé notre littéra-
ture 9 il n'y a que celle de Tabbé
I ides Fontaines qui foit fupportable.
I Voyei fon article , & celui d'-^«-
i nibal Caro à qui nous devons une
bonne Traduâion italienne. Voye^
^ auffi dans c« DlHlonnalrc les articles
Catrou -, Mallemans ; Ma-
&OLLE ; xr. Martin -, Gresset v
J^i. RlCHER^SCARRON, &C.&C.
I VIRGILE, Voyei PoLÏDORE.
VIRGILE , né en Irlande , paOa
par la France en allant en Alle-
magne. Le roi Pepln le goûta telle-
ment^ qu'il le retint pendant quel-
que temps auprès de lui > & lui
donna des lettres de recomman-
dation pour OdlUon , duc de Ba-
vière : Virgile fut élevé à la prêtrifc
& fe fixa à Saltzbourg. S, Bonlfacc ,
apôtre d'Allemagne , le déféra au
pape Zacham , comme enfetgnant
des erreurs ; entre autres ; » qu'il y
•> avoit un autre monde , d'autres
^9» hommes fous la terre , un autre
» foleil , une autre lune *«. Quoi
mllus mundus , & alli hotmnes fvb tcrrâ
fau , /eu alîusfol & lutta, ( Blhliothe^ .
que des Pères , dans les Lettres de
S.Bonlfiue , & Lettr. 10 du tom. 6*^
des Conciles. ) Zacharle répondit'
<pi*'û falloit le dépofer s'il perfîftoit <
'à enfeigner de femblables erreurs ,
ordonna à Virgile de venir à Rome »
afin qu'on y examinât fa doârine.
Quelques auteurs modernes , entre
autres ^d'Aàmbert , ont conclu de là «
mais très-mal à propos, que Zacharie
condamnoit le fentiment de ceux
qui admettoient les Antipodes *, car
â ne s'agiiToit point d'Antipodes
dans l'imputation de S. Bonlfjce ,
mais des hommes d'un autre monde,
qui ne defcendoient point à' Adam ,
% qui n'^Y^^t p9)^,( ç^ f achetés
V I R ^ jSi
par J. C. *, & voilà ce qiu pouvoit
être condamné.
VIRGINIE, jeune fille Romai-.
ne , dont Àpplus Çlaudlus , l'un des
décemvirs , devint paillonnémenfe
amoureux. Pour en jouir plus faci-
lement , il ordonna qu'elle feroit
remife à Mareus Claudius , avec le*
quel il s'entendoit , jufqu'à ce que
Vlrglnlus fon père fût de retour do
l'armée. Ce vénérable vieillard ,
ayant été averti de la violence
qu'on voul oit faire à fa fille, vint
et la hâte à Rome , & demanda à la
voir. On le lui permit *, alors ayant
tiré Virginie à part , il prit un cou-
teau qu'il rencontra fur la boutique
d'un boucher : Ma chsre Virginie ,
lui dit-il , voilà enfin tout ce qui nu
refle pour te eonferver l'honneur & la>
liberté. Il lui porte à l'inAant le
couteau dans le cœur , & la laiile
expirante; Il s'échappe de la mul-
titude , & vole dans le camp , avec
400 hommes"" qui l'avoiênt fuivî.
Les troupes , plus indignées contre
le ravifîeur que contre le père ,
prirent les armes , & marchèrent
à Rome , où elles fe faifirent du
Mont Aventin. Tout le peuple fou-
levé contre Applus , le fit mettre
en prifon , où il fe tua pour pré-
venir l'arrêt de fa mort. Spurlus
Oplus ^ autre décemvir, qui étoità
Rome , & qui avoit fouffert le
jugement tyrannique de fon collé*
gue , fe donna la mort ; Se Alarms
Claudius , confident à* Applus , fut
condamné au dernier fupplice. Ce
crime fit abolir les décemvirs « Pas
449 avant J. C.
VIRGINIUS, (André) favant
théologien Luthérien, néàSchiref-
fin V d'une famille noble de Pomé-
ranie , mort en 1664 , évêque d'Ef-
thon , à 68 ans , laif& divers Ecrits
Théolo^ques^
VIRIATE, aventurier de Lufi-
tanie , aujourd'hui le Portugal , de
beirger dçvim chi(;13«ur, ^ de çhâffeur
jSi V I R
brigand. S'étam mis à la tète d'une
armée , il s'empara de la Lufitanie ,
et prifoomer le préteur Vinùims ,
êc imc fef troupes en fuite. Le pré-
teur PUncms eut peu de temps après
le ffiênieibft. Les Romûns envoyè-
rent contre Im le conful ServUius
Xepîon , <|ut ne pouvant le réduire
avec une armée , le fit aiTafliner par
trahffon , l'an 140 avant J.C. Ses
troupes <iont il ^oît adoré, lui firent
ées ftméraîHes magnifiques.
VIRIPLACA, Déefieainfi appelée
en mot nr^ liomme , & de pl^an ,
appaHer. Elle préfidott au roccom-
fflodement des maiis avec leurs
femmes, qnand il y avott des brouil-
leries dans le ménage. Cette divinité
avoit un temple à Romefur le Mont
Palatin , où fe rendoiem ceux qui
arvoient quelque iltfférent entre eux ;
& après s'être expliqués en préfence
de la Déefle , ils s'en retoumoient
bons amis'.
VIROTTE , Tûy. Lavi«otte.
ViRSUNGUS,— WïRSVNG.
VISCA, ( Chartes <le) écrivain
Flamand de l'Ordre de Citeaux,dans
* le xr 1 ï* "fiécle , a laiflé une Biblio-
thèque lies Auteurs de fon Ordre ,
Cologne , 1656 , m-4^ affez «uâe»
mais écrite tian^ un latin barbare ,
flr pleine de jugemens faux & d'élo-
ges emjftiatiques.
VÎSŒU-INUS, Voyt^ i. Cas-
srpvs,
VlâCLEDE , ( Antoine - 'Louis
Chelamont de la) naquit a Taraf-
coneniHrovence» «n 1691 , d'une
finmlle noble , éc mourut à Mar-
feille en 1760 , à 68 ans. -11 rem-
Iflitavec dàlinâion, ^ndant |riu-
fieurs années, la f^ace de Cecrétaire
perpétuel de l'académie de cette
ville. 'Il en avoit ^té pour ainfi
dire le fondateur , & cM à fes foins
& à fon zèle qu'elle dut une partie
de ifa gloire. La Vîfiàdc étoit le
#<mMiK/Ze de Provence « par fes ta-
knt , «uMnt que par fon caraâere.
VIS
Doux , poli , affable, ofl^cteux j
fen(ible à l'amitié , il eut beaucoup
d'amis , 6c ne mérita aucun ennemi.
Les traits qu'on lui lança ne par*
vinrent pas juCqu'à lui \ il profita
de la critique , & ignora l'tnfulte*
Son goût n'étoit pas aufi Car que
fon efprit étoit fin ; êc il auroit
volomiers préféré les Fables de U
M^ttc à celles de U fontahu. Aree
beaucoup de fineffe dans l'efprit,
il en avoit très-peu dans le carac-
tère : & peu <d'liommes de lettres
ont eu une Simplicité de moeurs
plus aimable. Sa converfation ne
brittoit pas par les ùàllies ; mais
fen oommerce étoit sûr & utile à
cenxquieniouiflbient. Les jeunes*
gens avoient en lui un ami , nn
confeil fie un confolatcur. ta Vîf^
cUAt eft principalement connu par
le grand nombre de prix littéraires
qu'il remporta. L'académie Fran->
çoife & les autres compagnies du
ro5nume le couronnèrent plufîeurs
feis ; & (fuivant la penfée d'un
homme d'efprit ,) 11 aurôit'^eu de
quoi former un MédaiHier , des dif-
férons prix qui lui furent adjugés.
Ses Ouvrages font : L Bes Dif cours
Acadénùquât , répandus dans les dif-
férons Recueils des feciétés litté-
raires de la France. Ils Ibnt bien
penfés & bien écrits ; mais il y a
plus d'^efprit que d'imaginaticwi ,
ajnii que dans fes autres produc-
tionsw II. Des Odes morales , dignes
d'un poëte philofophe. l^es plus
eftimées font celles qui ont pour
{ujtt^VImmortalUédetAme; lesPaf"
fiions ; Its Coturadiâîons de t Homme ;
le Chagrin^ ill. Diverfes PUcts de
Poéfie , manufcrites , & quelques an-
tres imprimées dans ies (Euvres iW
ver/es , publiées en 1727, en 2 vol.
in- 12. Ce Recueil e^uya beaucoup
de critit^ues.
î. VISCONTI , ( Aaao) Koy^t
AcTiuS; n^ II.
4L ViSCONXI.» (MmUcu } II*
V 15
iu noiti , feuxréraiti dô Mîlati , étsnï
mort fans enfuis màl^s «n ^35 5 »
lies éevA îttvts , {de tion ^ fils ^
comme le dit le contiâuateut de
iMdvocat,) pal-tageretit fn fucceiliofi.
Btmaho régnoit dans Milao , tandis
^ae G«/mj tégtooit à Pavie. Celui-ci
mourut en I ^78 , kiiflam pour Als
hmi CeUeas qm Int fuceédi. Btrtuthoi^
%étàt ambitieux êc homme per6de ,
voulut Ce rendre mattre de tout le
duché > en mariant Cat^perSiw fa tîlle
i fon neveu, veufd'7/ït6«^deïVan-
ce , & en Tatûrant à fa cour , où il
èfpéroit s'en déêûre aiÉément.^<a«-
Galtas de Ton côté formoit le projet
de s'emparer de la fuceeffion de (on
oncle , qu'il égaloit en ambition ,
& qu'il furpaâoit en rufes & en
ardÂces. Il avoit toujours le mafque
tfe la religion itir le vifage , ôt f*^
aâioos n'eurent jamais tm dehors
f\MH pf«ux , que lo^qu*!! méditoit
quelque crime. Un jour il alla en
pèlerinage k une cliapelle dédiée à la
Vierge, auprès de Milan, avec fa
gtffde ordinaire de looo hommes:
BiinAho ) q«n ne fe méfioit de rien «
va au-devant de lui ; mai«i on l'at*
fêta ^ llÉiAant aVec les deux fils ,
qttifiniremieurs ^ours ddns la prîToti
avec leur perè. /. Gàkat , pat cette
perfidie, étendit (a. domination fur
tout leMilanois. L'an 139^ ilob«
étikét l^0i<r^, roi des Romains «
le m'e de duc de Milafi. "Ce iùt
alors qu'il quitta le titre de comte
deV€rtus, qu^l a<roit porté jafque-
là du dièf à'IfibeiU de France , îa
pfemière femme ^ de laquelle fortit
luia ^4le unique y ViUenthte , mariée
à Louk duc i*OrU0ns , qui devoit
Ibccéder aududié de Milan , après
rakdfit^tion de la poftérité mafcn-
Kh«des Vlftoml, 11 termina fa Car*
n^eeti «402 , laiâam de (Vfeconde
femme ^ Jeén-idane & Philtppe^Marîe,
Le premier gouverne Milan comme
Kérom régnoît à Rome. Il faifoit
dévotur par dat -ehiens lasiiKdkatL^
rêttx qui lui avoient déplu. Ses peu-^
plesl'ailaiiinerenten t ^11.. Philippe,^
Marie qui régnoit à Pavie , devenia
fouverain de tout le Milanois ^
[^o>«t Carmagnole] laiira,à.
ia mort , arrivée en 1447 > und
fille ( Blanchi " Marie ) qu'il maria
à Sforcê. éelui*>ci s'empara du duché
de MQan , au préjudice du due
dOrltafa , qui le réclama comm»
l'héritage de fa mcrc. Telle fut la
fource des guerres du Alilanois »
qui fut pendant long-temps le tom^.
beau des Franco».
VISDELOU, ( Oaude de ) né eo
Bretagfte au mois d'Août 1656 »
d'une famille ancienne , entra fort
)eune dans la Société des Jéfuites.
Sa vertu & Tes comxoiffances litté-^
faîjies t mathématiques & théologie
ques, le firent choiiir en i^S; pae
Louis XIV y potir aller en. qualité
de Miifionnaire à la Chine , avec
cinq autres Jéfuites. Arrivé à Ma-
cào en i68'7 , il apprit avec une
facilité furprcnante l'écriture & Ici •
caraâeres Chinois. Ses progrès fu«
rent fi étonnansdc fi rapides, que
le fils du^and empereur Camftt^
héritier préfoitiptff du trône, fur-
twis de l'îdfattce fingulierft avec la-
quelle le P. Vlféelou expliquoii lea
Kvres les plus o1>fcurs des Chinois*
lui en donna de hiimême tme attef-
tation des plus authentiques 5c dea
plus fiatteufes. f^daht plus dft
ao ans que le P. Vîfdslou féjourna
dans le vafte empire de la Chine ,
il y travailla fans relâthe à la pro-
pagatioTi de l'Evangile. Le cardinal
8t Toumon , légat du Saint-Siège «
le déclara en tyoZ vicaire apofto»
lique , adminiihateur de plufieura
provinces, & le nomma à l'évè-
ché de Claudiopotis. Le nouvel
évêque fut le d^iple , l'ami • le
coopérateur de ce célèbre cardinal ,
partagea fts difgraces , & s'unit
avec lui contre les léfui:es fes con«
frétas , potir former deaOurédebs ,
I
s«4 y I S
àon fuîvant la politique mdiMlalne «
mats félon l*Evaiigîle. Son zèle dé-
plut à fon Ordre , & on obtint de
Louis XlVunt lettre-de-cachet pour
le tirer de Pondichery , où le cardinal
iê Toumon l'avoit placé : Vifd&lou
tte crut pas devoir obéir à cet
ordre extorqué par la veng;c»nce \
& le Régent , auprès de qui il fc
Juûifîa après la mort de Louis XIV^
approuva fa conduite. Cet homme
apoftoiique mourut (aintement à
Pondichery le il Novembre 1737*
On a de lui plufieurs Ouvrages
manuTcrits , qui mériteroient d'être
imprimés. Les principaux font :
I. Une Hlftoîre àc la Chine , en latin.
M. U Vu de Confuelus. III. Les Eh-
fis des /ept Phl/o/ophes Chinois, IV.
Une Traduâion latine <i<< Rituel Chi»
nois, V. Un Ouvrage fur les Céré-
monies & fur Us Sacrifices dts CHinoîs,
VI. Une Chronolo^e Chinol/e, VU.
tJne Hîftolre abrégée du Japon,
VISÉ, ( Jean Donneau^ fieur
de ) poète François , né à Paris en
1640 , étoit cadet d'une Camille
noble. Ses par ens le deftinerent à
fétat eccléiiaÛique. lien prit Thabiti
& obtint quelques bénéfices \ mais
famour lui fit quitter cet état : il
fe maria à la fille d'un peintre ,
itoalgré l'oppoiition de fes pal«ns:
Des~ Nouvelles galantes & des
Comédies Toccuperent dès Tâge de
iS ans. Il commença en 1671 , &
continua )ufqu'au mois de Mai 1710,
un Ouvrage périodiqne>fous le titre
de Mercure Galant » 488 Volumes :
Journal qui lui fit quelque admi-
rateurs en provincey& qu'on a bien
perfectionné depuis. Si la Bruyère
eût vécu de nos jours . il ne fe feroit
certainemâit pas avife de mettre cet
ouvrage at^deffous dit rien. Le Théâ-
tre fut encore une des reflources de
Vifé, fi donna plufieurs Comédies ,
doàt on peut voir le catalogue dans
, ïe tome ri* du DtStwnnaire des Théâ-
«»f« La première ibis q^'^ft ^ijjré^
VIT
fenta fa Cdmédie intitulée , le Ceâ^
tilhomme Guefpin ,Qule Campagnard 4
il y avoit fur le théâtre beaucovp
de gens de condition, ami de rau«
teur , qui rioieiu à chaque endc<Mt;
Le Panerre ne fut pas de leur avis'^
& ûffla de toute fa force. Uh desf
rieurs s'avança tar le bord du théâ*
tre , & dit : Mejfîeurs , fi vous n'keà
pas iofiuns ^on vous rendra votre argent
à la porte g mais ne nous emphhe\ poiné
d^ attendre des chofes ^ nous font plai^
fir. Un plaifant lui répondit :
Prince , navé^cfai rien à nous dkë
de plus Z
Et un autre ajouta r
Non ; £en avott tant dit , il ^ ménf
confits^
Vif é tom^oùi d^î^ &t& Mémoires î}xit^ ^ .
lercgne de Louis XIV^ depuis 163^
}ufqu'en 1688^ en 10 vol. in-fol. ^
qui ne font prefque que des extraits !
de fon Mercure, Enfin il emlMrafi[ia
plufieurs genres , toujours avec de
talens médiocres. Cet auteur perdift
la vue 4 ans avant f»mort » arrivée
à Paris en 1710. Il avoifrde refpritr
de k politefiev il connoififoit lé
monde , & lui pli^foit par les agré*
mens de fon caraÛere.
riSlÔN BÈATiriouE f Voya
/ean XXII.
VISITATION, ll^Vi^giexxi»
delà) roy.XM.FliANçois<ie5i/tf,
& Fremiot.
VITÀKER, ou Whitaker,
( Guillaume ) profefleur en théolo-'
gte dans Tuniverfité de Cambridge ,
naquit à Holme en Angleterre »
dans le comté de Lancafbe, &
mourut à Cambridge en 1595 ^ »
47 ans. Son principal ouvn^e eft
la Réfiaation de Bellarmùt. On "f
remarque beaucoup d'éruditiott ^
mais trop d'animofité contre 1er '
Catholiques- & contre l'auteur qu'it
réfute. Ses (Euvres furent imprimées
Oh
J
VIT
On y trouve une Réponfe aux xrni
Raijons de Campitu,
VITAL, né à Tierceville, en
Normandie, fc rendit célèbre à la
fin du xiii^ fîecle, par fa piété & le
fucccs de ieai prédications. Ayant
quitté un canonicat qu'il avoit dans
la collégiale de Monain^ il fe retira
en un lieu peu fréquenté. Mais la
ûinteré de Ta vie lui ayant attiré un
grand nombre de difciples , il fonda
l'abbaye de Savigny l'an iiii, &
un nouvel Ordre de religieux ,
nommé , à ce qu'on croit , de la
SaînU'TrînUi» Cet Ordre fe donna
depuis à S. Bernard; (Voy. Serlon.)
& c'eft ainfi qu'il a pafTé dans la
filiation de Cîteaux , où il fe trouve
i aujourd'hui. K/ta/ mourut en odeur
^ de fainteté , l'an 1 1 1 9.
VITAL , Voyt^ Ordric.
ï. VITALIEN , Scydie de na-
tion , & petit-fils du célèbre gé-
néral A/par , eut le rang de maître
de la milice , fous l'empereur Anaf-
taft. Ce prince rejetoit le concile
<lfc Chalcedoine , & perfécutoit ceux
qui Tadmettoient. r/ra/^Vn prit le
partf des Orthodoxes , & s'étant
; rendu mainre de la Thrace , de la
Scythie & de la Mœfie , il vint
Jusqu'aux portes de Conilantino-
ple avec une armée formidable , qui
rarageoit tout fur fon pafTagè. Anaf-
tdfe , dépourvu de fecours , & dé-
téflé de fon peuple , eut recours à
< la négociation. Il promit de rappe-
ler les évêques exilés , & de ne
pas inquiéter les Catholiques.' Ce
fat à ces conditions que VltaUcn
renvoya fon armée , & vécut tran-
quille à la cour. Il jquit d'un grand
crédit fous Juflîn ; mais JuflînUn ,
neveu de ce prince, craignant que
fon pouvoir ne l'etapêchâf de par-
venir à l'empire , prévint fon on-
cle contre lui. L'empereur redou-
tant le pouvpir qu'il avoit fur les
troupes , ne crut pas devoir le faire
arrêter avec éclat. Illui écrivit €»
Tome IX.
..VIT 385
"Thrace, où il étoit retiré^ de ve-
nir à Conftantinople recevoir îe^
inftruûions, pour aller négocier une
affaire importante dans une coût
étrangère. VltaUm fe rendit prôm-
ptement auprès du prince , qui le
combla de carefTes, & le défigna
conful pour l'année fuivante, afin'
de pouvoir éclairer fa conduite.
Mais ayant reconnu que cette di-
gnité lui donnoit plus de crédit , &
le rendoit plus dangereux, il Je fit
mourir en Juillet y 20, le feptiemo
mois Me fon confulat. Le prétexte
de ce meurtre, fût l'extrême ambi-
tion de VîtaUui^ qui l'avoir engagé ,
tantôt de prendre la défenfe des
Catholiques opprimés, pour fe foire
un parti ; tantôt de fe mettre à la tête
des Eutychiens , qu'il difpofoit, dit-
on , fecrétement à prendre les arme»
au premier iîgnal.
II. VITALIEN, de Ségni en
Caropanie , pape après 5. Eurent /,
le 30 Juillet 6ç 7, envoya de^ Mif-
iîonnaires en Angleterre, s'employa
avec zèle à procurer> le bien de
l'Eglife, & mourut çn odeur de
fainteté le 27 Janvier 672. On a
de lui quelques Epines, On célébra
divers conciles fous ce pontife , auffi
favant que pieux. C'eft auffi de fOn
temps que commença l'ufage des
orgues dans Ita égli(bs.
yiTEL , ( Jean de ) poète Fran-
çois , né à Avranches , fut orphelin
de bonne heure. Deux fi-eres lui
leftoient, qu'il eut encore le mal-'
heiv de perdre. Le premier , après
avoir parcouru l'Italie, Jf 'Allema-
gne , l'Efpagne , vint mourir k Paris .
Le fécond , qui étoit le* plus jeune ,
& dont les talens donnoient des*
cfpérances , fut enlevé à la fleur de
fon âge , à Rennes* en Bretagne.L a*
contagion s'étant répandue dans
cette ville, où VltU fe trouvott,
'il fut obligé dé fe retirer à Condac»
Ses amis Iiu confèîUoient d'embraf- )
/cr l'étude du droit;- mais- féduic
B
^86 Vit .
par les charmes de la potfe, toute
9utre occupatioa Itti paroiffoit fe-
iche , itérile Se rebutf me. Il vint à
Paris, où il veriifia , Tan 15 7j.
Dmoûchu , gentilhomme ProteAant
^e Normandie , ayant fu que la
gamifoii & les habitans du Mont
Saint-Michel dévoient faire, le jour
de la Magdeleine» uo pèlerinage,
y fit glifTer trente foldats déguifés
en pèlerins. Ils pénétrèrent dans la
ville & daiis le château où eft Tab-
baye , taereni le prêtre t]ui avoit
tèlèbré la MeiTc en leur préiîpnce ,
& fe f^ârent du gouverneur de la
place. L'alarme fe mit aufli-tôt dans
1^ baflè-ville. M. d€ Fîqua , lieu*
tenaat du maréchal de Mâtîgnoh, fe
hâu de fecourir les affiègés). Les
ï^oteÀans furent obligés de fe ren-
dre , & on leur accorda la vie , à
l'exception de trois des principaux ,
q[ue M. de ASilttfftï>n fit pendre. Notre
Verfificateur fit» de cet événement >
lé ft^et d'un Poëme* qui ne çianquè
ni de feu , ni d'invenëpin. C'eû. ce
qu'il y a dé mieux dans fes Exer*
cices PûétiqMs^ Paris v 1588 , in- 8°,
Nous ignorons Tannée de fa mort*
. VlTELLÎ, ( Ciapîô ) marquis de
Cetone , étoit un brave capitaine
Italien , qui avoit d'abord porté les
armes pour C6m6 , grand >^ duc de
*]tofcane. Etant entré au fervice de
rÉCpagne, Ph'll'ppf II It fit maréchal
de camp de l'armée des PayS'-bas ^
fouis le duc d'Aibe, Il féconda puif-
famment ce général * & mourut quel-
que temps.après lui. Il étoit û gros
& fi gras qu'il falloit échancrer la
table où il mangeoi^. Les Protef-
,tans de Flandres qui n^avoient pas
4 fe louer de VlulU , lui firent cette
^itaphe fatirique :
0 Dfus offini^otms » çtaji' mt/inre
Viielli ,
Qfum mors pncrfnUnt non finît
Vit
Corpus in Itmâm tfi % tenu Inufinà
Brabantus.
Aft anlmntn ndna* Ctir? qtùd
ngn "habuît,
yiTELLIp Oïl ViTEi.o,Polo-
nois du XII i^ fiede. On a de lui un
TrMié it Optique , dont la ineilleurè
édition eft celle de Bâle, 1572»
in-fbU Cet ouvrage ne peut être
que d'une, utilité miédiocre aujour-
d'hui , quoique l'auteur fut dé fon
temps un homiùe très-efiimable. Son
livre n'eft proprement que l'Op-
tique A*Alha^a , tnifs dans un mol-
leur ordre*
VlTELtlÙS , ( Aulus ) né l'an iç
de J. C. t de L, ViuUius -, qui avoit
été trois fois conful> pafia Icsl det*
nieres années de fon enfance^ &
les premières années de fa jeunefle «
à Caprée v féjour dont le nom an^
nonce la conduire qa'il y dnt. On .
crut quHl avoit acheté^ par fes in-
-famés complaifances , les grâces quÊ
Tibtre accorda à fon pere> le con-
fulat & le gouvesnement dé Syrie.
Toute (à vie répondît à de fi hoo-
:teux commencemens j & les traits
les plus marqués de fon earaâere ^
font des débauches de toute efpece^
& une gourmandife qu'il portoit juf-
qu*à Tufage habituel 4e fe fiiire vo-
mir > pour fe redonner lé plaifîr de
manger. Son nom hti ouvroit les
entrées à la cour, & il plût à CalU
pda par le mérite die bon cociier»
& à Claudc^y par fa pafiion pour \t
jeu. Ces mêmes recommandations
le rendirent agréable à Nêroni mais
fur-tout un fervice d'un genre fin-
gulier & bien conforme à« goût de
ce prince, lui en acquit toute la
faveur. Néron fbuhaitoit palfionné^
inent de monter , comme mufiden^
fur le théâtre , dt un reôe de pudair
le reténoit. Ptefie par les cris du
peuple, qui le fbllicitoit dechantef»
il s'étoit même retiré d- fpeûade,
comme pour fe dérober à des inf-
■_ .vî f ... ...
lancés trop importunes. VadHas ;
i({ui préûdôit aux jeux où fe paf-
. iToit cette fcenè , fe fit le député
'des fpeâateurs, pour le prier de
kveûir & de fe laif&r fléchir -, &
îfiran lui fut trè$-bon çré de cette
douce Violeûcc. C'eft ainfi que VI»
uUius , aimé & Êivorifé confécu*
tivement de trois pnnces , jparcou-
rut la carrière des ma^iftiratures ^
réunifiant toutes lés dignités avec
tous les vices. Il commandolt les
légions de la bafle^Germanie ; lôrf-*
que les cohortes Prétbrienines pro-
Uamerent Othoh empereur; Van 69.
iSon armée > qu'il s*étoit attachée
^r des prétens , lui décerna en
inêiiie temps rèmpire, & il fut obligé
de marcher contre fon rival. Il
perdit trois batailles; ihais il fut
vainqueur dans la quatrième , li-
vrée «ntre Ctémoiie ft Mantouei
près de Bédrtac. Â la (în de la jour*
née , îl voulut s'arrêter fiir le champ
fie bataille ., iiniquèment pour fe
repaître de là vue des corps morts ;
4es membres épars & déchirés , de
la terré , encore teuité de fang , &
inân de tout ce qui excite dans lès
fimes fenfibles lliorreuf & la pitié;
Le plaiiir que lui caufa ce fpeâaclé
i*empècha dé s'app'ercevoir djd'in-
feûion de l'air , fentié vivement
par ceux qui racCompa^noiént. Il
leur dit, quand ils s'en plaignirent,'
^é Codeur d'un ennemi ûiort étoli tou*
Jours agrir^hki & fur le Champ il fit
diflribùer du vin aux foldais , &
è'enivra avec eux. II né croyoit
être fouvérain que pour tenir table.
$a grande occupation ét'oit de dé-
jeûner , dincr , fouper , & quelque-
fois d'y njontèr une collation. 11
s'exdtoit à vomir entre chaque re-
pas , pour fe préparer au fuivant.
Gloutbn plutôt que gourmand , il
fe rémplifibit audl bien des mets
les plus grcfHers que des plus deli-
éats. Plufieurs de ceux qui étoient
àr â €our ^ fiiteot riuoés pyr U vo^
... V i r 38^
raclté, qu'ils youloient fatis&ir«;
pour fatisfairé à leur tour leur am-
bition* £ucitf«, fon frert, ayant voulii
lut donner un repas , on fervit deuk
mille poiiTons , tous exquis ; & fept
mille oiseaux de prix. Mais ViuU
Uns dépenifa encore davantage pour-
iin feul pUt qu'il fit remplir da
ifbies , dé cervelles ; de langues fie
de laites des poiiTons & des bifeaux
tes pltis rares« À JForce de boire
& de thahger , il devint û abruti ;
(lue la feule facilité qu'il trouvoit
à fatisfairé (ts hbnteUfes paffiohs ^
t>otivoit lé faire fou venir qu'il étoit
empereur. Sa cirùauté ne fit qu'au«
gmenter avec fa gourmandife. Il fit
tuer en fa préfence ; fur une faufTè
accufatioîi ; Junlûs Btafiu ) pour
afibuvir fes yeux de la mort d'uit
ennemi. Etant particulier , il avoic
èmpoiroiihé dn fils qu'il av^it eii
de fa première femme Pétrontar^
pour jouir de fes biens. Parvenu
au trône, il fit mourir de Êiim fà
ttiértSextWa'^pirCt qu'on lui ayoit
prédit qu'il rignéf oit long-témp<
s'il lui futviVoit: Cène femme infoiv
tunée le fa voit (ans doùtè capable
d'utie àdiofl dénamréé; Car lorf^
qu'elle avoit appris qu'il étoit pro-
damé empereur ; elle n'avbit pi^
retenir fes larmes. Lés excès dé
yudlîus étant montés à leur corn*
ble, le peuple fit lés légions fé
foulcVcrent ÔC élurent V^pàfien.
Lorsque leftionftre viti*rtOTifc> , lieu-
tenant dû nouvel empereur, niaîtr»
de Rome\ il alla fe cacher chez le
portier du palais, dans la loge at2X
chireas. Oh l'en tira pou^lépro-
menei^ par h ville tont nu , lerf
maiâas Iféeis derricfre lé dos , une
ép^e'fous le menton pour le faire/
tenir difoi|; ; de là otf ^e conduiût auf
lieu des fuppli'ces , où il fut tué à
petits coups , l'an ^9 dé J. C. , aprè?"
un règne de huit mois. Son corp!^
fut trame ^vec un croc » & ]txé
dadi le Tibre, Ijudùs VÏT£uaus4
388 VIT
fon père , itoît parvenu à la fortune
par Tes bafleffes. Il ùm le premier
qui adora l'infenré CaJîguIa comme
un Dieu*, il prodigua les mêmes
hommages à Claude y & obtint «
comme une grâce particulière , de
l'impératrice Mejfjfne , l'honneur
de la déchiuffer. ^I avolt foin de
porter fous fa robe des fouliers de
cette princeffe , qu'il baifoit fouvent.
, A fa mort, arrivée vers 1 an 49 , le
fénat lui éleva une ftatue avec cette
' infcription. A celui qui àou d'unt
j^tité inalUrabU à regard de /«n
Frince.
VITELLIUS om Telle, ( Re-
. gnier ) né à Ziriczée en Zélande ,
vers l'an I5f8 « parcourut une
grande partie de l'Europe ; rendu
a fon pays , il fut rêveur du col-
lège de fa ville natale, & mourut
à Amfterdam en i6i8 , après avoir
donné : I. Une Tradudion en latin
de la Dcfcr'iption de la -G.rrtianle tn-
férUun d: Louis Guichardin , avec des
additions, Amfterdam , 1 6 1 j, info I. ,
& 163c , 1 vol. in-ii , chez CuU'
iatime Blaeu , avec figures. ^ Cette
yerfion vaut mieux que l'original.
Le ftyle en eft pur & coulant , &
les additions curieufes & impor-
tantes. II. Un Abrégé du Brîtannii
de Camhden , Amfterdam , 1617 ,
in S**, bien fait. Vltellius a confervé ,
autant qu'il a pu , les expreillons
'de fon auteur., & n'a retranché que
des faits qui n*avoient point de
rapport à la géographie. Sa Tra-
duàion en flamand du livre de la
Trinité^ de Michel Servet , prouve
qu*il Hvoit peu de religion.
VITERBE , Voyei ANNIUS... v.
Gilles... 6- GoDEFRoi de Vuerbe,
ViTERlC , roi des Vifigoths , fe
plaça fur le trône après la mort de
Uuva , qu'il afl*affina vers l'an 603.
Comme il n'étoit point du fang
royal , il voulut fe rendre recom-
mandablc à la nation , en privant
les empereurs d'Orient de ce qu ils
VIT
poffédoîent encore en EfpagnéJ
Après bien des mauvais fuccès , il
eut quelque avantage fur eux dans
une bataille près de Siguença. £m«m«
W^e, fa fille, avoir été deftinée à
TAieni, roi 'de Bourgogne. Elle vint
en France pour confomnfer ce ma-
riage; mais Brutuhaut s'y étant op-
pofée, elle fut obligée de repafler
en Efpagne. ^<Vericmouruten6io«
VITIGÈS, Foyei BÉIISAIRE.
VITIKIND, — WlTIKIND.
VITIZA, roi des Vifigoths
d'Efpagne > régna cinq ans avec foa
père Egica , & gouverna feul pen-
dant neuf autres années , depuis
701 jufqu'en 710. Son naturel em-
porté & féroce excita de fréquens
murmures. K/t/ça, craignant que des
plaintes on en vînt à une rebel*
lion ouverte , défarma une partie
de fes fujets , & fit abattre les mu-
railles de plufieurs villes. Ptr cette
condUHe il forçoic à robéiftance^
mais il fe privoit de fecours & de
défenfe contre les ejfihemis étran*
gers. Auili fit-il fortifier en même
temps quelques places ; mais il in-
timiia fans fe farie aimer.
VITRÉ , ( Antoine ) imprimeur
de Paris, s'eft immortalifé par le
fuccès avec lequel il a fait rouler U
prefte. C'eft lui qui a imprimé U
Polyglotte de le Jay , le chef-d'oeuvre
de l'imprimerie. Ses autres éditions
foutiennent parfiiitement la réputa-
tion qu'il s'étoit acquife, d*ètre le
premier homme de France pour foa
art. Il auroit furpafté même Rohen
Etienne , s'il eût été auffi f^vart &
auftl exa£l que lui ; mais à peine
fa. oit-il traduire en fi-ançois les
auteurs les plus faciles. Il ternit fa
gloire , par le caprice qu'il eut de
faire fondre en fa préfence les beaux
caradleres des langues Orieiuales»
qui avoient fervi à Timprefiion dt
la Blhlc de à /ay,p6ur ôter le moyen
d'imprimer à Paris ^ après' fa mort , i
aucuns livres en ces langues. Elle
,
i VIT
amva en 1674 ; îl étolt alors îm-
]primeur du clergé. C'étoit un hom-
me religieux.* Dans le temps qu*il
étoit marrguillier de la paroiiTe de
S^inc-Séverin , il fit mettre cette
infcription au Cimetière :
Tous CCS mous ont vicu ; toi qui vis^
tu mourras,
'* L*înjlant fatal cfi proche , & tu ny
pc^fis pas.
Un défaut de Vttré^ ce même im-
primeur , étoit de ne pas difttnguer
la confonne d'avec la voyelle dans
les lettres' J. & V. Son Corps de
Droit ^ Paris , 1638 , 2 voL in-fol. ,
& far Bible Laûnt , in-fol. , 1666 ,
in-4^,&i652,8 vol. in-i 2 , font
au nombre de fes meilleures Edi-^
tioa%
VITRING A , ( Campege ) né en
1659 à Lenrarde dans la F rife , fiit
l'ornement de Tuniverfité de Fra-
aeker , où il mourut le 3 Mars
1 1712 , d une attaque d'apoplexie.
On a de lui : I. Un (avant Commcrf
taire latio fur J/aïe , 2 vol. in- folio.
II. Apocalypfeoê anachrîfis , 17I9,
in-4®. in. Ty^us Theolofftt P/'ac
ilat , în-8®. IV. Synagoga vêtus ,
în-4®. Y* Archi/ynagogus , în-4*'.
W, De Dtcemvîris otlofis Synagogst ^
în-4°. VII. Ob/ervatwttesfacra^ijlî^
in- 4^. Ces ouvrages théologiques
manquent de précifion pour la plu-
part. Campée y iTKlv G A ion fils,
né à Franeker en 1695 , mort
en 1723 , à 31 ans , profeiTeur en
théologie , fe fit aufiî connoitre
avantageufement par un Abrégé de la
Théologie nature , Franeker, 1720,
în-4^
VITRUVE , ( M. VjTRi/rws
PolÛo ) né à Formie , aujourd'hui
Je M6/e de Gaïeu ( non à Vérone >
ni à Plaifance , comme l'ont cru
quelques hifh>rieos ) fut élevé avec
foin par fes parens. Il s'appliqua à
toutes les fciences utiles , & pafTa
powt pofliiéder ce qu'il appelle hû-
V I T 3S9
même V Encyclopédie , c*eft-à-dire «
la connoifTance des fept arts libé*
raux. Jules Céjar le connut & l'cf-
tima. Après la mort de ce prince,
OSavle le recommanda à Augufte ,
qui lui donna rinfpefbion des ba-
lilles , des fcorpions, des béliers &
desr autres machines de guerre. Le»
foins de Vltruve furent récompenfés
par une forte penfion. Encouragé
par les libéralités à! Augufte , il coni-
pofa un Corpe tfArchlteclure y qu'il
dédia à cet empereur. C'eft le îeul
Traité en ce genre qui nous foit
venu des anciens. Il donne une,
idée avantageufe du génie de Ton
auteur , & même de la hobleiTe de
Ton caraé^ere. La meilleure édition
de ce livre eft celle d'Amilerdam »
1649 » in-fol. Il y en a eu une Ver-
fion italienne avec les Commentaires
du marquis Galûani , Napks , 17 58 ,
in-fol. figures. Nous en avons une
bonne Traduâion françoife , par
Perrault , in-fol. , Paris, 1684.
VITRY , Voy. HosPiTAt , ( Ni-
colas ) Cf Jacques, n*^ xvi.
VITTEMENT , ( Jean ) d'une
famille obfcure de Dormans en
Champagne , l'illudra par fon efprit
& par fes vertus. Il naquit en 1655,
& après avoir fait fes études au col-
lège de Beau vais à Paris , il fuccéda
à fon profefieur même, dans la chaire
de philofophie. Il enfeijgna enfuite
cette fcteace à l'abbé de Louvois ,
fils du miniflre d'état , qui fut dif- .
tingiier fon mérite. Ayant eu l'hon-
neur de complimenter Luuls XIV ^
en qualité de reôeur de l'univerfîté-
de Paris , fur la Paix conclue en
1697, ce monarque en fut fi fatis-
fait , qu'il dit : Jamais Harangue ni
Orateur ne m* ont fait tant de pla'fir,,,
Louis XIV ne fe borna pa^ à des
éloges ; il le nomma , à la fin de la
même année 1697 , fous-précepteur
des ducs de Bourgogne ^ à' Anjou SC
de Berrt^ fes petits-fils. Le duc d^Au'^
j ^ , devenu roi d'Efpagne en 1700 ,
Bb iij
1
?.
^ VIT
enimena tvecluî, fie lui oËnt Wa*
çhevêd^é 4c Biugos & une penfion
ie 8000 ducats pour le fixer à fa
^ur ', mais il reiuù Tun 6c l'autre
avec la fermeté d'un philofophe
ChrétieQ,& repeflaen France. Nom-
mé foys-précepteurde Loms XV^wt
U duc iOrUjtis , il né voulut ac-
cepter ni abbayes » ni bénéfices ,
ni même une place i Tacadémie
Françoife. Ce prêtre défintére^'é ,
avoir fait voeu dç ne recevoir aucunj
bien de l'Egli/ff , tant qu'it a^uroit de
Î[uoi fubriAer. La cour étôit pour
ui un exil ; il la quitta en 17.11 9
& alla mourir dans la patrie e:n
1731 , à 77. ans. Le célèbre Coffin
honora ion tombeau d'une j^pi-
taphe , où il cébbrc dignement le^
qualités de foq ame. L'abbé Vlut'
ment a lailTé pluûears Ouvrages
manufcrit?; Les principaux font:
Des Cummi^titVej Air plu (leurs livrer
de l'Ancien Tefiament ; une Réfu'
fatLn'dnx fy^^ême impie de Spinofa^
éc quelques Ecrits philofophique^
& tbéologiaues.
VITTÔ^IA ,( Alexandre) né a
Trente eA 1 ^ 15 , apprit la (culpture
& l'arcbiteâure à l'école. (ïe Sanfo*
ytno. Il excella ûir-toiit dans la. icuf*
pture , & ne le cedoit.de Ton tempt
<^'à riiluibe Miche/ .4nge Buonaroù-»
Qn voit qiumlté de Ces ouvrage^
à Venife » tant dans les édifices
^bjics , que dans les palais des
^obles de Padoue, Vérone , BreiTe ;
^'autres villes d^ltalie en poiledent
auffi plufieurs. Cet. artifie a. beau*
coup travaillé. Il mourut en 160$^
4 S3 ans. Ses buvraçci d'arctîitec-
turé n'ont <^'un mente médiocre.
' VITULA, Déeffe de la joie ,
Celon quelques-uns. D'autres dijtetit
éu*e]le préfidpit î^ux alimens qui
Vnrvent à l'entretien de 1^ vie. Il y
^ a qui prétendent que ce n^^ovt
«u*un (Urnom de la VlÛoIre,
1, Vivaldi, ( Jean-Louîs)
]g(Hmftic9În , nadf d^ Momlojvt oi
V I V^
Kémont , d^une Cnntlle noble dft
Gènes , devint évêque d'Arbe , uni
des iûes Adriatiques , en 15 19. On
a dajtû : I. Un Traité eftimé , Dti
rerttate ContrUionls { ou Vtra Cpotri^
ùorùs Prétupta^ yii^, IL Sept autres
petits Tuùtds , recueillis & imprimés
fous It titre de Ofus regale , Lug-^
duni, i^oS » in-4^. Ce pieiuc &
fâvant prélat niio^rut dans fj^n dîo-
çefe . qu'il a voit édiné & éclairé.
* II. VIVALDI /'(Antonio) ce-
lebrç muficien Italien, mort versi
1743, écoit maitre de nwfique de[
la Pieta à Venife. Son nom A
célèbre parmi les Vhuto/es » par fon
talent pour le violon -, & parmi le^
compoûtçurs , par Tes Symphonies ,
entre auQYS , par fes Quatre Saîfons^
Vivant . ( Franç^ois) doÛeut
de la maiCon & foçiété de Sor-
bonne , curé de Saint - Leu , puis
pénitencier , grand - vicaire , cha*
noine , grand-chantre » & chancelier,
de l'univerûté de Paris fa patrie «
naq^'iit en i688v II contribua beau«»
coup à la defiruâion de Port^
Royal , & à rétablifliemeat de^
Prêtres de; Sai^t- François de Sales
à Paris. Ou a de hii : I. Un Tra'ui^
contre U pàtraSté ^ Bénéfices , en'
£itin, 17 10 , in*ii. II. Un Traité-
Contre U vaRélté des Ordinations Jn*
gUcanes, IlL II eut auilî beaucoup^
de part au BréviaJlrt & au, SAlffel di^
cardinal de Noailles, U eft auteur de.
beaucotip.daPA)/£5 , de Collfiâù^tn
4e Quelques Hymnes^ L'abbé Vivant
mourut à Paris le ^o Noyemlye^
17»39 , à 77 ans » après- avoir joui
pendant €a vïfi d une grande rép«K
tation de piété & de Cavoir.
VIVES » ( Jean-Low ) né à
Valence^ en E£pagne» en 1491*
enfeigna les belles -lettres a Lou«
vain avec un applaudijlemcnt gé*
néral. De là il pafla en Angleterre,
& eut l'honneur d'enCeigner le
latin à Marie ^ reine d Angleterre^
fille ^HmiynU Cepinu^^ii
r
V r y
ism de C3$ du favant Erpagnol ,,
qu'il ail oit exprès à Oxtor.d avec
! h reine Coq. époufe • pour entendre
fes leçons -, mais jnatgré foa efUme ^
il !e retint en prifon pendant fix
mois, parce qu'il avojtoCé défapf
prouver , de vive voix &. par cc^it ,.
fon divorce ayec Catherine d'Ara*
gon. K/vc/ ayant recouvré fa liber*.
[. Ip , repaffa en Efpagne , fe maria à.
! Burgos , & niourut à Bruges , bon
, Catholique, Iç 6^ Ma. 1540. à 48^
ans. On a.d9 lui : l. Des Comment
ialfis fur les livres delà Cîté di Dieu
dcS.Augufiln^ dont les dod^eurs de.
Ikouvain cenfurereat quelques en-
droits trop hardis & trop libres.
H. Un rrj/t^iudkieux & favaiu fur
^ Corruption., U^ Décadence de» Arts.
■ ^ des Sclentts. III, Un TtMté de U
JS^fUgion, IV. Pluiieurs autres Ou-
vrages , recueillis à Bâle en i j 5 j ,
tn 2 vol. in-£oI. £r^/m<, Budé û.
ffim ,pa0bientpour les plus fa vans
bpmmes de leur iiecf e , &. étplent
I comme les Triumvirs de la répu-
;. blique df s Lettres ; mais Vlvh étoî;.
k ioférieurau premier, en.efprit., &
i in fécond, en.érudition» Soti iîyltr
^ tft adez pur , mais dur & fec, fie fa
critique eftfouvencharardée.Quel-
qnes - ups de^ fes Livres ne font
^ qu'un amas de palTages ramaiTés
fous difFétens titres, & de vrais^
lieux, communs.
VIVIAN! , (Vincent ) né à
Florence le î.Àyril. i6^i , d'une-
Êimille noble, vécut, depuis Tâge
de 17 ans jiifqu'à 20, avec GallUe ,
qui le • regarda comine un difciple
digne de lui. [ V'oy. Galilée. \
Après la .mort d'un (î grand tnaitre.,
il pafla encore deux ou trois ans
dans la géométrie f^saucuneinter-
ruption ; & ce fut en ce temps-là
qu'il forma le deiiî^a de fa Dlvîn/ir
îton fur AnflU. Cet ancien géomètre
avoit compofé cinq -livres fur les
Sautons coniques , qui fe font
pl^^^. qu'il çptrcprit dç^fair^
r r V 39t^
wviVré par la force de fon génie%.
Son nom fe répandit dans toute-
l'Europe ; if reçut çn 1664 undi
penAon de Louis XlVyd'un princâ
dont il n'étoit point fujet, &.à qui
il étoit inutile. Vhlanl résolut de
dédier a|3 roi le Traité qu*il avoîf
autrefois médité Air les* lieux îo^
lides d'Arifiéi ; mais il pn fut dé^
tourné par des ouvrages publics ,
6c. même par des négociations <fae
fon fouverain [Ferdinûnd //, grand*
duc de Tofçane ) lui confia. Ea
1666 ,^ il fut honoré par ce prince
du titre de premier mathémasicien '
de fon Alteffe. Cet homme iHuftrè
mourut le 22 Septembre 1703 , à,
S2 ans, membre. de l'académie des
Sciences. »« 11 avoit, dit Fontenelie ,
»• cette innocence. & cette fimpîî-
»» cité de moeurs que l'on çonfei-ve
>* ordinairement, quand on a moins
"de commerce avec les homm<;$
w qu'avec les. livres-, & il n'avoié
" point cette rûdefîe, & uo^e certaine
M fierté fauvage , que donne affc*
w (bu vent le commerce des livres
*'. fans celui des hommes. Il étoit
w a^ble , modeAe , ami fur &
" fidelle-, & ce qui renferme bean-
»♦ coup de vertus ed une feule , re*
•' connotliTant an fouverain degré >'..
Po)if s'acquitter envers Louis XÎV^,^
il fit rebâtir fa itaifon fut uit.
deffin très -agréable , 6c. aui& ma-
gnifîque qulK pouvoit çpnveuir'à-
un particulier. Il appela cette mai-
fon JEdes à Déo datir; elleporte ce
titre fur fon frontifpice : aUufion
hpureufe, & au premier nom qu'oii
avoit donné au roi , 8c à ta maniei'é »
dont -elle fut acquife. Ses Ouvrage?* .
font : L Un Traité inï'tulé : DîvU '
fuuîon fur Arlfiit^ I701, ïn-folto ;
ouvrage plein de recherches pro-
fondes fur les Coniques. Ce fut fà
dernière pcodu^ion , & ce n'eô pa$
la moins fa vante. II. De MaximU
& Minitnis. Gcomtftriça dlvinatlo , </t,
fuintum Cmùcorum Apollonii Perg«^
B b. iv.
1
39» V ! V
adhuc dtfiétratum , X659 , îo-foUo.
m. Enodatîo ProbUmatum umverfis
Geomuris fropofitorum à Claudio
Commiers, 1677, in-4°. IV. Un
Traité Des Proportions , 1674 ,
in -4**. Ce livre , entrepris pour
édaircir le v® livre é^Èuelidc qui
ne paroît pas s*être expliqué nette-
ment fur ce fujet, eft fur- tout re-
marquable , dit FontiiulU , par les
ientimens de (on cœur , qu'il y a
répandus en divers endroits.
VIVIEN, VoytiCnKTi.KV'
BRUN.
VIVIEN, (Jofeph) peintre, né
à Lyon en 1657 » mourut à Bonn ,
ville d'Allemagne dans l'élef^orat
de Cologne, en 1735. Il ^°^'^ ^^°^
récole de l'illuffre U Brun , qui
connut en peu de temps que le
(aient de fon difciple étoit pour le
portrait. VlvUn fe rendit à fes con-
seils : cherchant à fe diftinguer, il
Joignît au paflel. Il mettoit beau-
coup de vérité dans fes ouvrages -, il
faifiâbit très-bien la refîemblance.
Son art alloit jufqu'à repréfenter
non-feulement les tr^ts extérieurs ,
mais encore les imprefiions de Tame
qui animent le vifage & cara£^érifent
une perfonne. Il a peint en paftel
des Portraits en pied. L'on voit
quelques Tableainc. de lui , oi»
l'Hifioire , la Fable & l'Allégorie
concourent à embellir fa composi-
tion. Il eut pl.ufieurs fois l'honneur
de repréfenter la famille royale.
L'aéadémie le reçut dans fon corps »
& le roi lui donna un logement
aux Gobelins. Les éleâeurs de Co-
logne & de Bavière le nommèrent
leur premier peintre. Ce maître
s'eft fouvent exercé à manier le
pinceau , & à peindre à l'huile des
Portraits hifloriés , où l'on admire
la fécondité & la beauté de fon
imagination , jointes à l'excellence^
de fon talent pour Texécution.
On a plufîeurs Pçrtraits gravés
'd*après lui«
V L E
VIVIER, (François du) Voye^
I. MONtHOLON.
VIVIER, ( Jean du ) jié à Liège
eii 1687, mdtt à Paris en 176 1»
s'eft rendu recommandable dans la
gravure. Son goût pour cet an
l'çntraina à Paris , où il le perfec-
tionna» U s'adonna principalement
à la gravure des Médailles ; &
foq mérite en ce genre lui mérita
bientôt des récompenfes. Il fut
nommé graveur du roi , obtint un
logement au Louvre, & fiit reçu
de l'académie de Pèintpre & de
Sculpwrc. C'ell le graveur qui a le
mieux trouvé la reflemblance de
Louis XV, La douceur & la force
brillent dans fes gravures. La mo-
dération & la bonté forraoient fon
canaâere.
VIVIERS , ( le Cardinal de )
Foy.BROGNI.
VIVONNE , Voyet^ Chatei-
GNjERAr. . , Rambouillet. . t
ROCHECHOUART.
VLAPERACCUS , ( Chriftophe)
favant grammairien du XV i^ iîecle«
né à GefFen , près de Bois-le- Duc >
enfeigna le latin , le grec & l'hé-
breu pendant 40 ans , à Bois-le-Duc*
& eut autant de foin de former fes
difciples à la religion qu'aux belles-
lettres. Il mourut le 15 Juillet 1 601.
Nous avons de lui : I. Polyonima.
Clceroniana y 'Rovtn , 1625. C'eftun
recueil de phrafes tirées de CUéron,
II. Flçres Plautî cumfchoHis,—}EAIf
8c Pierre , fes fils & héritiers de
festalens^ ont donné pluûeurs Ou-
vrages qui font également honneur
à leur favoir & à leur piété.
VLEUG^ELS , qu on prononce
Veugles , .( Nicolas > peintre »
natif de Flaiidres, vint enFrancew
Ce mbître n^a guère peint que de
petits Tableaux de chevalet. Ses
compoiitiorts font ingénieufes. U
s'efl particulièrement attaché à la
manière de Paul Vcrontfe, Ses talens»
fon efprit & fon érudition» qui le
J
*'
VO E
nettoient en commerce aveb les
favans & les gens de lettres, le firent
nommer , par le roi , direâeur de
l'académie royale de Saint -Luc
cnblie à Rome , & chevalier de
l'Ordre de Saint-Michel. Il mourut
dans cette ville le lo Décembre
1737 » âgé de 68 ans. Il eft l'au-
teur d'une Traducilon, infidelle &
peu élégante , du Dialogue italien
îur la Peinture , de Lodovlco Dolce ,
intitulé , VAretino -, précédé d'Une
Préface* où Ton combat les juge-
mcns de Rîchardfon , père & fils ,
fur les ouvrages de Raphaël.
VOEL , Voy€{ JuSTEt,
VOESIN, — POPELINIERE.
VOET , ( Gishert ) Voétlus , né
à Heufden le 3 Mars 1589 , exerça
le miniilere dans fa patrie , qu'il
quitta queUiuefois , pour fuivre les
armées & instruire les foldats. En
1634 , il fut choifi pour enfeigner à
Utrecht la théologie & les langues
Orientales ; il le fit avec fuccès.
Après av,oir profeiTé dans cette
ville pendant 41 ans , & y avoir
exercé quelque temps les fondions
de pafteur , il mourut à l'âge de
S7 ans , le I Novembre 1677.
Cétoit l'ennemi déclaré de la phi-
lofophie & de la perfonne de Def-
canes , qu'il ofa accufer d'Athéifme
dans des thefes foutenues contre
lui. Les magiftrats d'Utrecht furent
allez imbécilles pour approuver les
impertinences du théologien , &
pour condamner deux Lettres apo-
logétiques du philcfophe. On a du
fanatique Voët : Dîfputàtîonts Theo^
lofcte , à Utrecht , 1648 , 5 vol.
xn-4^. Ses ouvrages ne font remar-
quables que par des injures grof-
iieres & des raifonnemens abfurdes.
Ses feâateurs furent appelés Foè-
liens , & ont toujours été les plus
grands adverfaires des Coccélens,
Voit eut deux fils, Danîd & Paul ^
dont on a auili plufieurs ouvrages*
V O I 395
Jean VoET , fils de Paul^ doôeur
& profcfieùr en droit à Herbe m,
laiâa un Commentaire fur les Pan."
icâf«,HagaB,.i754» 1 vol. in- fol. ;
& 4'a^'r^ ouvrages fur la jurif-
prudence , remplis d'érudition. Il
mourut en a[7i4..« Voye^ Vouet,
VOGLERUS, (Valentin-Henri)
profefleur de médecine à Helm-
âadt , naquit dans cette ville l'an
1622 , & y mourut en 1677 , avec
la réputation d'un favant profond.
On a àt lui : I. Une Notice des
bons Ecrivains en tout genre , en latin.
Ce livre eft imparfait *, mais Meibo^
mius en a donné une édition , -
Helmftadt, 169 1 & 1700, xn-4" ,
avec des remarques & des additions
qui peuvent le rendre utile. II. Infti-'
tutionum phyfiologîcarum liber, 1661 ,
in-4®. III. Diaticorum copimentarius ,
1667 , in-4°. IV. De naturali in
Bonarum doHr'narum fiuàia fropexi"
fione , deleHu ingemorum , ftudipTtan
hodiemorum corruptelis , earumque caufis^
Dijfertationes qulnque , 1^672 , in-4**.
"V , Phyfiûlogla li'Jioria Pajponis )efu
Chifil, 1673, in.4°. VI. De Va-
lerudine hominis cog^ofeendâ Liber ^
1674 , in-4°. Vil. De relus natw
ralîbus & medicis quarum in Scnpturis
Sacris fit mentio , Commemarius ^
1682 , in-4^
VOIGT, (Godefroi) théolo-
gien Luthérien , natif de Mifnie »
fut reÛeur de l'école de Guftrow ,
puis de celle de Hambourg « &
mourut à lafieur de fon âge en
1682. On a de lui un Traité fur les
Autels des anciens Chrétiens, Ham-
bourg, 1709, in- 8®, & plufieurs
autres ouvrages en latin. On voit
qu'il n'avoit rien laiflfé échapper
de ce qu'il avoit trouvé dans les an-
ciens auteurs fur les matières qu'il
traite.
VOÏSENON , ( Claude-Hcnrî
de Fufée de ) abbé de l'abbaye du
Jard , membre de l'académie Fran-
çoife ; aé au château ^e Voifenon
1
J94 V p I
près Melun en 1708 » mort
dans un château voifin de fon
abbaye le %% Novembre 1775; i
dvoit le ôtre de minière pléni-
potentiaire de févêque de Spire.
C'étoit un de c^ èfprîts délicats ^
&dles, qui malgré quelques petits
ridicules , font lesi omonens des
meilleures fociétçs. Il avoit com-
mencé i^ar être grand-riçaire de
révôçHé de Boulogne. Mais il aban-
donna btent6t les dignités^ ecdé^
fiailiques , fe connoiffant peu propre
à les bien remplir. Il çtoit né.
ptucot poi^r récat militaire « dit
M, de la Place , puifqu'ayant plai-.
fanté un officier , qui le trouva maun
▼aïs , il fe battit avec lui , le bleflCi
& le défarma. Depuis cette époque,
fiaguliered^s lliiftoiced'un ecclc-
fiaSique , il fe livra entièrement
au mpnde 8c au thçâtre. Il fut fout
vent l'objet de la farire ; & il la
dédaigna. Vn poëte lui porta un
Jour une Epigramme contre lui, ^
lut aflTez impudent pour lui en
demander fontivis* Qn ne nom-
moit point l'auteur contre qui la
Pièce étoit dirigée. L*abbé de ^1-
fenon écrivît au haut. Contre Pabbi
de Vbîfenon i enfuite la rendant an
fatirique , il lui dit : Vous pouve^
à préfent faire courir votre Epigramjme ;
lis petits changemens que jy ai faits
la rendront plus piquante. Ce trait de
modération déconcerta lliomme
à PEpigramme ^ qui la déchira en
mille pièces , après avoir demandé
beaucoup 4e pardons à l'abbé de
Voîfenon, Cet écrivain , qui avoit
reçu de la nature beaucoup d'ef-?
prit & même du talent , ne fut point
tout ce qu'il pouvoit être *, parce
^e les, applaudiâemens précoces
qu'il reçut dans des fociétés bril-
lantes , par fes gentillefles , fes,
faillies , fon ton badin, lui per-
fiiaderent qu'il pouvoit s'épargner
de travailler fes ouvrages. Au^ la
littérature n'ayant été pour lui (;[u'u^.
V o f
amufeiâent-, fa ré(>utation littéraire
nç fiit pas mohis fluette > dit M«
Paliffot , que (a comples^ton , de refr
fembla parfaitement à<fâ petite fanté.
Defmahls l'a trop loué lorfqu'il 4
dit de lui :
Arhitre des taleas qu'il culûve 6^
pojfede ,
$»n efptlt efi toiqpurs d^accord avei
le pût.
Toiqpurs nouveau , fatu çfife 4 Id*.
mime il fuccede^
Ztfa/u prétendre à lien il a des droh»,
fur tout.
L'abbé de Volfenùn donf» au pu^
blic (tirvers Romans , en 4 petits,
vol.. in- Il , dont le pins connu
eft une efpece de conte moral i in-
titulé : VHlfiotre de la FéCi^cuél Le
cadre eft peu de chofe -, m,ais l'au-
teur conte joliment » & il mêle è
fon récit de petites réflexions ifto-
rales , finement exprimées. L'abbé»
de Volftaan travailla aofll pour le
théâtre. Ses Comédies des Mariait*
agonis^ publiée en 1744, & de Is(
Coquette fixée y en 1746 , font dii|
bon genre -, c'eft-à-dire , de celui
que Mpâere n'eût point défap-
prouvé. Le tour dp fçs vers eft
heureux. Il eft fertile en tirades &
en maximes -, mais il a l'art de les.
placer & de leur domi^ de la iaillie..
La Çoquetu fixée prouve qu'il fa-
voit former un plan « peindre leit
mœurs & tracer des caraâeres. Oa
a de lui beaucoup d'auffes Pièces,,
applaudies dans leur nouveauté ^
& aujourd'hui peu lues 8t point
du tout repréfentées. L'abbé de Voi-^
fenon fe difliD^uâ encore p9r \xtk
grand nombre de Poéfies fauves i.
produâ^ons faciles d'un homtfle^
répandu dans le grand monde «^
dont la mufe eft aufli légeie que
piquante. Son feul défaut eft de
tomber quelquefois dans l'affeé^a^
tion , hs pointes, les équivoques,.
en dierçhsuit tcop la flnj;fft ^ I4
V O I
leietp qu^on vm doit paf chercher.
r«mi iç% Piec«» ^ il y en a quel-
ques-unes de chantantes : telles
que le Poëme lyrique des IfraéUtcs
fï /a montage d*Opeb , qui fut mi&
en mufiquc en 1758 , & applaudi.
S^ Œuvres ont été reqieilUes en
1781, en 5 vol. in-8®i il y en a
quan-e de trop. Il CalloU fe borner
aux Comiédies que nous avons
ptées , à deux où trois Oratorio ,
à une demi-douzaine de Pièces fu-
gitives & à VHifioirê dt U FéOM;
pu lieu qu'on y a fait tout entrer »
TUfqu'à des ^iMciofe^ Ltuéralrts ,
j ( Kiy. PoiNSlNET , & VI. OH-
UANS ) & à des Brafpnent ISfioA-
9^ y rui ne font qu'un reaiôl de
pointes 9c de calèmboqrgs. M. le
duc<*« CAoi/êtt/ lui avoit fait donner
6000 livres de peniion pour s'oc-
!»per de THiftoire de France ; & fcs
fragmens Hlfiorîquu furent le fruit
de fon travail.
I I. VOISIN, ( Jofephde) né
ï Bordeaux , d'une famille noble &
dîAinguée dans la robe , fut d'abotd
fOi>feiller au parlement de cette
; ville. Son goût pour les exercices
de piété lui fit embralTer Tétat
iKcIériadique. Il fut élevé au façer-
doce » & devint prédicateur & au-
Mkàntcr d* Armand iu BjMtrban^ prince
de Carah On a de lui : L Une
Tkdolope des Jurfs , 1647 , i»-4**,
fn ladn. U. Un TrulU latin de I9
l» dirhu , in-8^ III. Trahi latin
fhi JubiU Uion les Juifi , in*8''. IV.
pe favaotes Nous fur le?«cco Fidel
dé Raymond Martin y i6yi. V. Une
Ddfinjê du Traité de M. le prince
4t Çonu contre la Comédie , que
l'abbé ^Aubiffîde a^oit attaqué ,
1672 , in«4**, VI. Une TrdduShn
françoife du Miffel Romain, en
4 vol. in»ii« 1660. Elle fut con-
damnée par l^aflSemblée du clergé ,
& profcrite par un Arrêt du con-
leiL Cette Verfion n'en a pas moina
i^ çéii|ip»née depms^ &en raaa-
VOÎ 39f
thémadfant on voulut feulement
condamner l'intention de l'au*
teur , qui étoit^ dit-on, de Étire
dire la Meffe en françois. C'étott
une calomnie ; mais les enne*
vnis de Foifin avoient intérêt de
la faire valoir. Ce pieux écri-
vain mourut en 1685 ; c'étoit un
homme d'une^ grande érudition ^
ta., ce qui cft plus précieux , il fa^
voit en faire ufage. Les langues
vivantes &.les langues mortes lui
étoient funilieres ^ & il connoif-
fbit affet bien les finefies de I4
nôtre. Sa piété égaloit fon ^«s^
voir.
n. VOISIN , ( Daniel-Françoi« )
confeiller au parlement de Paris,
devint maître des requêtes de l'Hôtd
en Novembre 1684, intendant des
armées de Flandres en Mars i688{
co|ifetller 4'état»en Septenpbre,i 694,
miniffare & fecrétaire d'état en Juin
ijo^j^aiûn garde des (ceaux & chan-
celier de France le 1 5 Juillet 1714. U
mourut fubitement la nuit du i ^' au i
Février 1718 , âgé de 6x ans , avec
la réputation d'un magiflrat in-
tègre & intelligent. LouU JT/Kayant
promis fa grâce à un fcélërac in-
ûgne, Foifii refufa de fcéller les
lettres. Le roi demanda les fceaux »
& les rendit au chancelier après
en avoir fait ufage. . Ils font pol-
lués ^ dit Foifia en les repouàam
fur la tablé ; je ne Us reprends
plus, — Louis XIV s'écrie : (J««^
Aomme / & )ette auifi*tôt les let-
tres au feu. — * Je reprends Usfuau^ ^
dit le chancelier ; U feu purifie
tout. Ce n'efl pas la feule occa-
sion où il réfifta aux volontés de
ce prince.
VOISIN , ( Catherine des Hages ^
veuve du fîeur de Mont-Voifîn,
& plus connue fous le nom delà)
s'unit vers l'an 1677 avec la VI»
goureux, un ecdéfiaflique nommé
le Sage ^ d'auffes (célérats obf-
curs» pour trafiquer des poifent
59^ V o r
4 un Italten nominé Extft , qiiS
avoit fait dans ce genre , 4e triftes
découvertes. Ils cachoiem leur in-
fiune commerce par <1 s prédirions
& ées apparuions d'erprits dont ils
«mufoient les âmes fotbles & cu-
rieufes. Pluiîeur^ morts iubites fai-
lact foupçonner des crimes fe-
crets, une chambre 'ardente futé a-
blie àl^Arfenalen i6So. La Voîfin
convaincue de divers empoifon-
si?mens , fut brûlée vive le ii
Juillet de la même année. L'envie
cie Êûre idie grande depenCe, l'avoit
portée à ces attenuts , autant que
la perverfité de fon cara^ere. Un
b jn caroâe » un SuifTe à Ta porte ,
& un appartement fuperbe qu'elle
occupa pendant quelque temps ,
exigeoienc beaucoup d'argent; elle
en trouva en difanc la bonne aven-
ture, en promettant de faire voir
le diable , enfin , en vendant chérv
ment des poifons. Son fupplice
rallentit les redierches qui furent
^tes dans ce temps-là contre plu-
fieurs grands feigaeurs* tels que
le maréchal dt Luxtmbourg^ la du-
clielTe tU Boml/on , la comtefîe de
Coiffons. Mais fes crimes laifiertnt
dans les efprits un p.nchaot fu*
nsile à foupçonner bien des morts
naturelles d'avoir été violentes.
. VOITURE , ( Vmcent ) né à
Amiens en 1598 , reçu à laça-*
4Jlémie Françoife en 1634 , dut
le jour à un marchand de vin ; &
comme il avoit la petitefTe de
rougir de Ci na (Tance , & d erre
icniible aux p'aiianteries que fa va-
nité occaHônnoit , on le badiooit
ibuvent. Madame *t^efiogei -ui dib
un jour en jouant aus proverbes:
/Celuî là ne vaut rien , percei-m us-en
d'un ^utre. Un ofÇcier lui fit à
table cet impromptu » le verre à
la main :
Quo? t Voiture , tu dé^n re !
.. Sors d*Ui , maugreki de toi i ,
vo I
Ta ne vaudras jamais ton pen 9
Tu tu vends du vin ^ m iCen hat,
V étoit û feniîble à ces plaifame-
ries , que Bajjompurrc difoit : Levîn^
qui fuit revenir le eteur aux autres , U
fait perdre à Voiture... Les agrémens
finguliers de l'eTprf c & du caraâere
de ce poëte , lui donnèrent entrée à
rhôtel de Rambouillet , où il brilla
beaucoup par fes faillies. Gafipn
^Orléans , frère de Louis XIV^
voulut l'avoir en qualité d'in-
trodu£èeur des ambafiadeurs & de
maître des cérémonies. Il fut aufli
interprète de la reine-mere. Il fit
dire un jour à un ambaiikdeur
étranger, de belles chofes qui
n etoient point dans fon difcours.
On le fit remarquer à Foiture qui
reprit bruCquement : S*il ne U dit
pas , il duit U dire. Ce bel efprit fut
envoyé en Efpagne pour quelques
affaires , d'où il paila en Afrique y
pour obferver les mœurs de cette
partie du monde. La cour de Ma-
drid lui donna plufiturs marques
d'eilime. U y cpmpofa des vers
efpagnols , que tout le monde crut
ê:re de Lope^ de Vega , tant 1^ diâiom
étoit élégante. Voiture ne fut pas
moins bien accueilli à Rome dans
deux voyages qu'il y fit. De retour
en France, il fut maître-d'hôtel chez
le roi , Ôc.obtint plufieurs penfions
qui l'auroieut dû merti e dans l'opu-
lence, mais qui ne fervirent qu'à
hâter fa mort , en foumiiTant des
alimens à fa paffion pour le jeu
& pour les femmes. Il fe vantoit
d'en avoir conté à toutes fortes
de femmes, depuis le fceptre jnfquà
U houlette. Ce poëte mourut le 27
Mai 1648, à ^o ans, & l'acadé-
mie Françoife prit le deuil : hon-
neur qui n'a été renouvelé depuis
pour aucun de fes membres , qubt-
qp*un gr >nd nombre aient efi beau-
coup plus de titre pour le mériter.
Le commctce d€& grands Tavoii
!
VO I
rendu fort vain , & en lui donnant
les agrémens d'un homme de cour »
lui en a voit communiqué tous les
vices. Jl aimoit à railler i mais il
nalmoit pas Its réponfes qu'on
,oppofoit quelquefois à fes rail-
leries. Ayant offenfé un feîgneur
-4le la cour par un traiit piquant ,
celui-ci voulut lui faire mettre
l'épéc à la main. " La partie n*cft
»» pas égale , ( lui dit Voiture ) ; vous
»• êtes grand, je fuis petit-, vous
•» êtes brave , je fuis poltron ; vous
*• vouiez me tuer ; hé bien! je me
•• tiens pour mort «. Il fit rire fon
ennemi -& le défarma. Foiture ^voit
d'ailleurs le cœur généreux. Buliac
iui envoya demander 400 écus à
emprunter : Voîtun prêta galam-
ment la fomme -, & prenant la pro-
mefle de Ba/^ac^ que lui remit le
valet qui faifoit la çommiflion , il
mit au bas cfe l'afVe : »♦ Je fouf-
è-*» figné confeffc devoir à M. Ba/iac
" la fomme de 800 écus , pour Je
>♦ plaifir qu'il m'a fait de m'en em-
" prunter 400». Il donna enfuite
cette promeffe au vaîet, afin qu'il la
portât à fon maître. 11 éprouva de
^ amis la même générofité qu'il
a voit pour eux. Ayant perdu 1400
louis fur fa parole , & n'ayant qu'un
jour pour dégager fon honneur , il
écrivît à Cofiif avec lequel il étoit
tendrement lié : »♦ Es) voyez-moi, Je
» vous prie , promptemenc deux
•*• cents louis dont j'ai befoin pour
." achever la fomme de 1400 que
» }e perdis hier au Jeu. Vous favez
." que je ne Joue pas moins fur
*• votre parole que, fur la mienne.
*' Si vous ne les avez pas , em*
*• pruntez-les : û. vous ne trouvez
**^ perfonne qui veuille vous les
.** prêter, yendez tQUt ce que vous
» avez , jufqu'à votre l>on ami»
f* M. Paucq^iti car abfo^ment il me
n faut aoo louis. Voyez avec quel
f empire parle mon amitié ; c'eft
/' ^'ell^ eft, fon« s U, y^xrq qui
V o r 797
91 eft encore foiblei dîroît : /« vou$
» JupplU de me prêter 2Q0 louîs , fi
»» vous le pouve\ fans vous incom-
>* modcr ; je vous demande pardon fi
>« j'en ufe fi librement *>..• Coft r lui
envoya les 200 louis , avec îa ré-
ponfe qui fuit : ** Je n'aurois ja«
» mais cru avoir tant de plaifie
"pour Çx peu d'argent. Puifque
- vous jouez fur ma parole, je
» garderai toujours un fonds pour
y> la dégager. Je vous aiTure de plu«
» qu'un de mes parens a toujours
» looo louis dont Je puis dif*
H pofer , comme s'ils- etoient dans
»♦ votre caffctte : je ne voudrois
" pourtant pas vous expofer par»
>* là à quelque perte confidcrable«
n Un de mes amis me dit hier que
«* feu fon bien avoitété le n>eilleMr
" am» quM eût au monde : je vous
H confeille de garder le vôtre. Je
»> vous renvoie votre promefie. Je
» fuis furpris que vous en ufies
f* ainii avec mot , a^rès ce q^e je^
»» vous vis faire l'autre jour pour
'* M. ie Bal\ac u^ Voilà un billet
qui fait plus d'honneur à Voiture.
que fes plus belles Letti:es. De/"
préaux difoit qu'il ne faut pas tou-
jours )uger du cara^lere des au-
teurs par leurs Ecrits. » La fo»
n cieté de Bal\a€ , ( ajoutoit-il )
>» loin d'être guindée & épineufe
»• cqmme fes Lettres , étoit remplie
!«» de douceur & d agrémens ♦«. Voîm
ture , au contraire, faifoit le puU
Souverain- diVtC fes égaux. Accou-
tumé à fréquenter des Aluffes , il
ne fe contraignoit qu'avec le«
grands. La feuk chofe par où fe
reifembloient' ces deux auteurs ».
c'eft dans la compoûtion de leurs.
Letn^s, dont la plus courte leur
coûtoit fouvent iç jours de.tra*
vail. On a recueilli fes Ouvrages ^
à Paris , i7i<y, en 2 vol. ia-i2.
On y trouve des Lettres en profe ,
dans lesquelles il y en a quelques-
unes d'un çara£^ere déiîfat U. d uii
1
59» V Q t .
goût tfès-fin ; maïs ell^s fe réduîfîeiit
à un très-petit nombre^ Li con-
trainte, l'afFet^tion , les jeux d«
mots puérils , les plairanteries froi^
des . les alludons trop recherchées y
en aéparent la plupart. Elles font
plus propres à former un bel efprit
aianîéré , qulin homme de goût.
Ce qu'il j a de plus t^cheux , c eÀ
que la petite & méprifable envie d«f
Inontrer de TeTprit » lui fait dire des
thofes dom la décence & i'honnê*
teté même peuvent être alarmées^.
^On peut appliquer ce môme juge-
ment à Tes PÔé/Us françoifes , ita^
liennes & efpagnoles ; il y a de la
Jegéreté de temps en temps ^ quel-
ques-unes même font d'une tour-
nure piquante • & n'ont pas été
inutiles à Voltain , qui en a mb
en oefuvre les pènfées les plus déli<^
eates : mais on remarque dans le-
plus grand nombre , 1 abus de l'ef^
prit , la recherche des idées , &
rinobf.*rvatio& des règles les plus
communes. Ses Poéfies éonfiftem
en Efitret , EltgUs , Sonnets\ Ron*
deaux , BtUUécs Hg, Chan/oiis, L'hom-
me de lettres qui a rédigé en ttn voU
les Lettres ehoîfies de Vùîturt , & fes
meilleures Puéfics , a rendu un
double Ugrv'iet , & au public déli^
tiat & pareflfeux * & à Voiture lui-
même qui étoît défà bien oublié.
Voy. BenSE&ADE, LoirGflETIL£B
& COSTAR.
VOLATiERRAN» Voyt^ Mâ-
chée. ^
VOLCA'tlUS Epioivs , gram-
mairien ée 6[ome , qutcomptapar-
tii fes difciples Mmtc - Jnicmg &
Augufte. Il écrivit l^ Fù et PompU
k Grand & de foA ptfre : ouvrage»
qui ne font pas parvenu» iufqu'à
i^>iis. Ce fut le premier affranchi
qui fut hiftorîeo-, avant loi lliif*
foire avoit été l'occupation des
perfonnes les plus iUufbres » félon
< V ô L
I. VOLCièAMER , ( JeantSëoï: \
ges ) de Nuremberg » membre de Và^
cadémie des Curieux de U Naïun i
mourut en i6f93 , à 77 ans. Ond
de lui : I. Opcialfami examen^ 1^44^
ï[k'l^Ali Fioré Nùribergmfii ^ l'jlZi
in -y.
II. VOLCKTAMER, (Jean-
Chriftophé) botanifb de Nurem'^
berg, publia en allemand f^Nurem^
hurgenjes Hefperidu ^ 1708, în-£oU
<tut furent traduites en latin » 171^ /
2 volumes tn-folio , avec figures ;
ouvrage efliméft L'auteur mourut
en 1710.
V0LDÏ;R, (Eurchri dé) né i
Amflerdam le 16 Juillet 1643 , de-
vint profeâeur de philofopbie , puisf
de mathématiques à Leyde , & s'y
acquit une grande réputation. Ce
^t le premier qui introduisit Vk
philpfoptue àt D^cartis^àaMi l'unî-
verfitc d. cette ville. Il réfuta daor
des Thefes, la Cenfure de cette phi-
lofophie , qu'en avoif faite Hueim ,
Ce mathématicien mourut en 1709 v
avec \vt réputanon d*nn hon ck
toyen , d'tm ami fidelle , d'un phî-
lofophe humain & généfeùz. I^
étoit régulier dahs fa conduite 4
doux , aâable , modèfle v n'ayant
iamais deffein de choquer perfon-i^
ne / circonfpeâ dans- toutes fes ma-*'
ttieres » fùivant toujours le parti de
la ittflîcc 6t de la vérité , autanr
qu'il lui étoi| conïm ; mai^ (ans enK
portement tontre ^\ur qû' étbienf'
d'une autre opinion ou dans d'âù«
trëst principe» que lui. Il inftruifbif
fes difciple^ d'une manière claire tk
avee un ordre très - méthodique»
Plufieurs habiles-genr fortirent d» •
fon école , & ils honorèrent toir«
îours leur maître. Il étoir fonvenr
confulté fur des qnéftions impor-
tantes ^ & fes réponfesétoient re-*'
çues comme dés oracles* , parcn
qu'elles étoient fondées flir révt»
dence. Ce fut lui qui cohieilla der'
£9iRl« dani l'académie dç LeydoT
i
VOL
^tt efpece de théâtre où i'oh et
toutes les expériences de phyfique
\ oéceSsàrts -, & afin qu'il n*y man-
XfjiÀt rien ^ ^il eut ordre d'aller en
îrance pour y acheter tous les inf-
mimens qu'il jugeroit convenables.
11 y vint pour remplir cet objet en
i6St , comme il avoit été en An-
gleterre en 1674. p<i a de lui plu-
imrs Harangues ^ & différentes J^if"
firtatîons in-S®* en latin, fur des fu*
jets pbilofophiques. Elles font aâez
hka écrites , & l'on y'trottVe des
traifonaemens judicieux.
VOLFAKD, {S,) f^oy. IL Hknei
empereur.
yOLKELIUS , ( Jean ) mîniflrtf
Socinien , natif de Grimma dans
la Mifnie « mourut vers 1630. 11
lia amitié avec Socln^ embrafîafes
erreurs , & devint l'un df fes apô-
tres. Son principal Ouvrage eft un
Traité en v livres , qu'il a intitulé i
De. v£ra Rellgwne, Cette produ^on
renferme le fyftême complet de
Î9 dod^rine Sodnienne , avec un
Précis de ce que les Socîniens ont
dit de mieux pour l'établir. Il fut
ibrûlé à ApAerdadlv La meilleure
édition de ce livre efi celle qui eft
in-^^^ iffl^imée à Cracovie ea
1630 , précédée du Traité de Crêl-
H» « Z>Jk Pm & cjus Mtrikutis» Ofl
a encore de VolkcHus une Réplique
4 Smlg^cctus , intitulée : Noéï Gordlî^
à Martino Smiglecio'Kxs Digolmlo.
V O L K I tt DE SERON VILLE ,
( Vicolas ) fecré;taire d^AntoÎM duc
it Lortaiiie , au xr i* fiecle * s'eft
&tt coûnoîtra p« divers Ouvrages
âfleiS rares. I. Chrotûqiti tU* Rois
iAufltdfic^ envers, i$,fo , ia-4^.
II. "Troué de la Dtfaeratio» de, Jean
CaûellaA^ Hérédqdt^ 1554^ in^4^
m. HjftûiH de U Victoire du Due
Antoine, contre let LuthérUm 9'Park ^
1.5 z6 , îtt-fol.
VOLPILIERE , ( N.,. de la ) doc-
f^UF en théologie » étoit né près de
I4 vfiie d'AUaii«he>cn Auvergne*
VOL 599
t^é avec des talens pour la chaire ^
il fe coniacra à la prédication <
& mourut au commencement du
XV 1 1 1® iiede. On a de lui : iTOes
Sermons , 1689 » 4 vol. ia-8^. II. Des
Dif cours Synodaux i 1704, 2 voU
in- 12. m. ThéologU nwraie ^ 7 vol«
in-i2, oùilgraite méthodiquement
d<!s cas de confcience & des obli*-
gâtions du chrétien dans les divers
états de la vie. IV. La Vie réglée
dans le Matideé htV.dela VoipUiere ,
Jéfuite , fon frère , ou du moins Ton
patent , a auili publié quelques Ou*
vrages de piété.
VOLTAIRE, (Marie-François
Arouet de ) genttlhonune ordinaire
de la chambre du roi» ancien cham*<
bellan dit roi de^^^Pruffe , des aca-*
demies de Paris, ^Rome, Florence j
Boulogne , Londres , &c. naquit à
Paris le 20 Février 1694, de Fran*
fois Arouet , ancien notaire au Châ-
telet, tréforier de la chambre-des*
Comptes j & de Marie - Marguerite
Daumart, A la naiflancede cethom-<
me célèbre , qui a vécu 8^ ans ^
quelques mois , on déiefpéra de fa
Vie ; & fa fanté fot long-temps foible«
Il .annonça , dès fés premières an^
nées , la èicilité de ion génie & l'ac^
tivtté de fon imagination. Il a dit
lui-même» qu'au fonlr du ber^au ii
hêgaym des Vers, L'abbé d* Châtea^m
nei^ ion parrain , lui faifoit réciter
dès l'âge de trois sm$ les Fables de
la Fontaine , & lui apprit par cœtiir
un petit Poëme afleaà médiocre g
intitulé la Mot/ode ^ quifut'vial«'
femblablemenc la première fource
de fon- incrédulité. U fif Tes étudee
au (collège de toms (e Grand i fou»
le P. F^rée ; & elles furent brillao^
tes. On a de lui qudques morceaux
écrits à l'âge de 12 à 14 ans, qui
ne £e fjsntent point de Tenfance. La .
célèbre Ninon g à qui l'on préfent»
cet enfant ingénieux , lui légua une
fomme de 2000 livres, pour fe
former tee peûte hihlicrtbequev
1
400 VOL
VOL
Ayant été envoyé aux écoles de avoU hUn de f obligation de ce qu^ltlm
Droit au fortir du collège , il fut fi
rebuté par la féchereffe de la jurif-
pnidence , qu'il fe tourna entière-
ment du côté de la poèûcé [ Vbyei
Jarry.] Admis dans la focièté de
l'àbbé de Chaulleu , du ' marquis dé
la Fare^ du duc dt Sully , du grand-
prieur de Vendômi , du maréchal
de VîUara , du chevalier de BouU-
/on , il y puifa ce goût naturel &
cette plaifanterie fine , qui diftin-
confaerou fes veilles — Elu m'en
auroît bien davantage , répondit vive-
ment le jeune poëte , fi je favo'u
écrire comme vous f-ivei agir. Son
père , qui vouloit que fon fils fût
avocat , & qui l'avoit même chafié
de fa maifon parce, qu'il vouloit
être poëte , vint à une des reprè-
fentatîons de là nouvelle Tragédie,
Il fut touché jufqu'aux larmes. U
embraila fon fils au milieu des féli-
guoient la cour de Louis XIV. Cette citations des femmes de la cour ; &
fociété ne le corrigea pas du pen- il ne fiit plus queftion de faire du
chant à la fatire , qui s'étoit dé- ieune Arouet un jurifconfulte. Ce
veloppé en lui de bonne heure : fut en 1722 qu'il fit un voyage i
penchant qui lui caufa bien des Bruxelles avec Mad^ de Rupelmonde,
défagrémens ^ des difgraces & des Le malheureux & célèbre Roujfcau
chagrins. Les cometirs d'Anecdotes étoit alors dans cette ville. Les deux
difent, que s'étant plaint au duc d'Or' poëtes fe virent , & conçurent biea-
iéans , régent^ d'un ouu-age, &lui tôt une afilz forte averfion l'un poac
ayant demandé juflice , I9 régent l'autre. Voltaire dit un jour à Rouf^
lui répondit : Elle efi faite. Mais feau, qui lui montroit une Ode à
cette réponfe fi énergi(^e eft vrai- la poilérité : Voilà une Lutre qui ne
lèmblabtement un impromptu fait parviendra pàku à foriadreffe ; & une
à loifir par les ennemis du jeune autre fois le célèbre lyrique lui
Atoua. Quoi qu'il en foit , on Tac- ayant lu une Satire qu'il trouva
cufa d'avoir fait une Pièce intitulée, fort mauvaife, il lui confeilla de
les Pai vu , & d'avoir dit des bons fupprimer cet Ouvrage , parce qu'il
mots contre le gouvernement & les paiTeroit pour avoir perdu fon talent
chefs du gouvernement. Il fut en- 'fi* conftxvé fon venin : De telles ré-
fermé plus d'un an à la Baflille. ponfes ne dévoient pas rapprocher
Il avoit déjà compofé fa Tragédie
d*(Edipe,qyn fut repréfentée en 171S,
& qui eut le plus grand fuccès.
[Foj'. Saint-Hyacinthe.] Le duc
deux coeurs , que la rivalité com«
mençoit à éloigner. [ Voy, II. Rous-
seau.] Voltaire de retour à Paris »
donna en 1721 la Tragédie de
d^ Orléans ayant vu repréfenter cette Mariamne , empoifonnée par Hdrode*
Pièce, en fut fi charmé , qu'il per- Lorfqu'elle but la coupe, un plaî-
mit au poëte exilé à Sulli- fur-Loire faut cria , La Reine boit ; c'étoit vers
après la fortie de la Baftille , de le temps d^ (lois ',& ce mot fit tom-
revenir à Paris. Son premier em- ber la Pièce. Sa Tragédie d'Artêmîrt
prefTement fut d'aller remercier le avoit déjà éprouvé le même fort
prince , qui lui dit : Soye^ Cagt , ^ en 1720 , quoiqu'elle eût £rappé les
f aurai foin de vous, — h vous fuis . connoifiîeurs par des tirades bril-
infiniment obligé , répondit le jeune- lantes & de beaux vers. £n 1726»
homme ; mais jefupplie Votre Altejfe
de ne plusfe charger de mon logement ,
ni de ma nourriture. Le maréchal de
Vtllars , en fortant d'une des repré-
featations , lui dit que U nation lui
une nouvelle détention à la BaAiile
ajouta aux défagrémens que lui pro-
curoit 'quelquefois la littérature.
Ayant btefTé U chevalier de « » ♦
par quelques propos indifcrets-,
* celui-ci
J
Vol
iélui-cl le fit maltraiter eh pîeîn
, jour. Vohaîrc »» au lieu de prendre
w la voie «le la juftice , ( difent les
»» Mémoires de ViUars) eftima la
^ vengeance plus noble par les
" armes. On prétend qu'il chercha
»* fon adverfaire avec ifoin, trop
» indifcrétement. Le cardinal de
n R** demanda à M^ le Duc dé
'' Je faire mettre à la Bailllle. L'or-
» dre en fut donné & exécuté* Lé
» malheureux 'poëte » après avoir
" été battu , fut encore empris-
** fonné ". Ces monifications ,
jointes à celles que fon génie indé'^
pendant & fa façon de penfer fur
la Religion lui occafionnerent , l'o-
l)ligerent bientôt après de pafler eh
Ai^leterre , où il fit imprimer \t
ticnrlaiU. Lé roi Georges J , & fur-
tout la princefTe de Galles qui depuià
fut reine » lui accordèrent des gra-^
tifications , & lui procurèrent beau*
coup defoufcripteurs. Ce fut le com-
mencement de fa fortUn/e , augmen*
tée depuis confidérablementparles
rétributions de fes Ouvrages , par
h faveur des princes, par le com-
merce ,^ par rêfprit d'ordre, & par
une économie qu'on traitoit d'ava-
rice , avant les dépenfes nobles par'
lefquelles il fignaU fes dernières
années. Etant revenu en France en
1728 , il mit l'argent qu'il avoit
rapporté d'Angleterre , aune loterie
établie par M. Des forts, contrôleur-
général des î*inances. 11 s'afTocia
pour cette opération avec une com-
pagnie nombreufe , & fut heureux*
Les fpéculations de finance ne l'em-
pêchèrent pas de cultiver les belles-
lettres , qui étoient fa paflion domi-
nante, il donna en 1730 fon Brutus^^
celle de toutes fes Tragédies , qui
efl la plus fortement écrite. Cette
Viece fut plus eftimée par les con-
noiffeuf-s , que fuivie par les fpec-
tateurs. Vohcûre mêlant alors refprit
éé commerce à la culture des Let-
ires , avoit envoyé en Barbarie w
Tome IX^
V .0 t 40t
vàifleàu appelé le Brutus , pour ache^
ter des blés. Le bruit s'étoit ré*,
pandu qu'il avoit hk naufrage « il
apprend un foif en fortant d'une
repréfentation de fa nouvelle Tra*.
gédie , qu'il eft arrivé à MarfeUle*
Fui/que lé Brutus de Barhaiie e/f
retrouvé , dit-il à Dumouân , fon fac-
teur à Paris ^ confolons-nous du peà
St accueil qu*on fait au Brutus de toH"
cîenne Rofhe, On lui rendra peut-étft
jufilce un jour» Ce temps h'étoit pas
encore arrivé , & les beaux efprits
de ce temps-là , FohunelU , la Motte^
lui confeillérent de renoncer au
geni^e dramatique t qiii , ^eloneux ,
n'étoit pas le fién. Il répondit à ce
confeil en donnant ^^/re : Zaîr^ »
l'ouvrage le plus touchant qu'on
ait vu au théâtre depuis Phèdre, Ses
Lettres philc/ophiques ^ pleines dé
traits hafardés & de plaifanteries
contre la Religion, ayant été brûlées
far arrêt du parlement de Paris, fit
auteur décrété de prife de corps ^
Voltaire prit le parti de la retraité.
11 étoit lié alors avec la marquife
du Châtelet , & ils étudioient enfem-
blë les fyfiêmes de Leibnit^ & les
principes de Newton, Il fe retira pen-
dant plùûeurs années à Cirei, terre
de cette dame célébré , près de Yaïïx
en Champagne , & y fit bâtir una
galerie où l'on fit toutes les expé-»
riences fur la lumière & l'éleftricité*
Il travailla en même temps à fes
Elémens de Phtlofophie de Newton i
philofophie qu'alors on ne conhoif-
foîf guère efi France , & que le»
nombreux partifans de De/cartes f#
foucioient très - peu de connôitrc#
Auffi l'interprète du philofophe An-
glois écrivoit-il à un de fes amis :
On croit que les François aiment la
nouveauté, mais c'efien fait de cuifinc
& de modes. Ce fut au milieu de ces
occupations philofpphiques , qu'il
donna en 1736 fa Tragédie à' Al-
:{}re , dont le but , confme celui d'un
grand ttombf e de îcs Pièces ^ e^
Ce
J
461 VOL
d'adoucir les âmes dures ; & qui
téuflit au-delà de fes efpérances. II
étoit dans la force de fon âge &
de fon génie , 8t il le prouva bien
^ar fa Tragédie AtMahoma , reprc-
fentée en 1741. Cette Pièce pleine
de traits hardis & d allufîons qui
pouvoient êtredangereufes , efliiya
prefque autant de contradictions que
le héros en avoh éprouvé à la Mec-
que. On la dénonça au procureur-
j;cncral, comme un Ouvrage contre
la Religion ; & Tauteur , par le
Confeil du cardinal de FUmy ^ la
retira du théâtre. Métope^ )ouée deux
années après , en 1 74 j, avec pref-
que autant de fuccès f{\x* Attire, donna
l'idée d*un genre de Tragédie » dont
il exiftoit peu de modèles j elle fiit
cependant beaucoup critiquée , lorf-
qu'elle eutétémife fous preiTe, &
FonuntlU dit finement : La repréfen"
tation de Mérope a fait beaucoup
d'honneur à Voltaire , & tîmpnjfion
à MIP Dumefnil. C'eft à cette Pièce
que le parterre & les loges deman-
dèrent à voir l'auteur : honneur
accordé d'abord à un grand écri-
vain , & qui a été prodigué juC"
qu'à Portchùielle, C'eft après Mérope
qu'il obtint les feveurs de' la cour ,
par le crédit de Mad® d'Etiolé ,
depuis marquife de Pompadour, Il fut
chargé de travailler aux fêtes que
l'on devoit célébrer pour le ma-
riage du dauphin; il fit la Prlncejfe
de Navarre, Cette Piec« , quoique
très-peu applaudie, parce qu^on n'y
trouve ni le plaifant de la Comé-
die , ni le pathétique de la Tragé-
die y lui attira de nouvelles récom-
penfes. C'efi à cette occaiioa qu'il
fit cet impromptu :
Mon Henri IV & ma Zaïre »
£f mon Américaine Alzire ,
Ne m*ont jamais valu un feul regard
du Roi,
pavois mille ennemis ^ svcf tr$S'g*ude
V Ôt
tes iomieurs & les hîens pleuvtni tnf^
fur moi
Pour une farce de la Foire,
On lui donna la charge degentil-^
homme ordinaire , & la place d'hif-
toriographc de France. Dès qu'il
eut ce dernier emploi , il ne vou-
lut pa« que ce fut un vain titre, &
qu'on dît de lui^ ce qu'un commis
du Tréfor royal avoit dit de Soi'-
Icau & de Racine : Nous n* avons en*
eorevu de ces MeJJseurs que leurfigna*'
tare. Il éerivit, fous la dire^io»
du comte dArgenfon^ VHifiolrede Ut
Guerre de ty^t , qui étoit alors dan»
t6ut€ fa force. Ce miniftre l'em-
ploya dans plufîeurs affaires confi-^
dérables pendant les années I745>
1746 & 1747. L*entreprife d'une
defcente en Angleterre , en 1746,.
lui ayant été confiée , il fut chargé
de faire le manifefle du roi de France
en faveur du prince CharUs-Edouard^
Il avoit tenté pluiieurs fois d'être
reçu de l'académie Françoife ; mais
les portes ne lui furent ouvertes-
que cette même année 1746;. Il fiir
le premier qui ne fe conforma poinr
à Tufage falHdieux de ne remplir
un DifcoUrs de réception, que de»
louanges rebattues du cardinal d^
Richelieu : exemple fuivi & perfec-
tionné depuis par d'autres acadé«
miciens. Les fatires dont cette ré-
ception fut l'occafioa, l'inquiétèrent
tellement, qu'il fe retira avec IVfad*
la marquife 2ti Chdulet, à Luneville»
auprès du roi Stamfias, Cette dame
illuftre étant morte en 1749, ii
revint à Paris , & n'y demeura pa»
long-temps. Quoiqu'il eût un grand
nombre d'admirateurs , il £è plai*
gnoit fans celTe d'une cabale formée
pour lui enlever cette gloire donc
il étoit infatiable. On parle , difoic« |
il ^ de la jaloufie & des manauvres de»
Cours ; il y en a plus cklei les Gens da,
lettres. En vain fes parens & fcs
amis tâchoient de calmer fono»^ |
Ijolétade , en lui prodiguant des élo-
ges & en exagérant fes. fuccès , il
crut trouver loin de fa patrie , plus
d'admiration , plus de tranquillité,
plus de récompenfes « & augmenter
à la fois fa gloire & fa fortune , qui
étoit pourtant déjà confidérable. Le
toi de Pruffe , qui n'avoit ceffé dé
l'appeler à fa cOUr , & qui auroit
toiu cédé pour t avoir , hors la Siléfie^
l'attacha enfin à fa perfcnne , par
tone penfîôn de 22000 livres , & par
i'efpérânce de la plus haute faveur;
yohaîn arriva à Potfdam , au mois
de Juin 1750. Des attentions fingu-
"ères, un appartement au-deffouK
de celui du rôi ; la petmiffion de le
voir à des heures réglées ; lui firent
^'abord efpérer dés jours agréables.
^ Afiolphc i dit-il lui-même , ne fut
^ pas mieux reçu dans le palais
*' A*Alcïru. Etre logé dans Tapparte-
^ ment qu'avoit eu le maréchal de '
^ Saxe \ avoir à ma difpqfitiôn lés
" cuifiniers du roi , quand je vou-
*' lois manger chez moi , & lés
^* cochers qiianrl je voulois me pro-
^ mener \ c'étoierit les moindres fa-
** veurs qu'on me faifoit. Les fou-
■• pers étoient très - agréables. Je
** ne fais fi je me trompe : il me
*• fémble qu'il y avoit bien de Tef-
** prit. Le roi eti avoit & en faifoit
*• àvo'in Et ce 'qu'il y a de pluj
** extraordinaire , c'cft que je n'ai
** jamais fait de repas fi libres; Je
*♦ travaillôis deux heures par jour
" avec fa majefté. Je corrige© is tous
** fes Ouvrages, ne manquant jamais
** de louer ce qu'il y avoit de bon ,
*' iorfque je raturois tout ce qui
"• ne valoit rien, je lui rendois
*» raifon par écrit de tout , ce qui
* com|>ofa une rhétorique & une
" poétique à fon ufage. Il en pro-
•• fita , & fon génie le fervit encore
** mieux que mes leçons. Je n'avois
M nulle cour à faire , nulle vifite
» à rendre , nul devoir à remplir*
» Je m*étois fait une vie libre ^ fi(
VOL 40J
»» je né concevois rien de plui
« agréable que cet état. Alcine Fré^
» dcrlc , qui me voyoit déjà la tèt^
»» un peu tournée , redoubla fes
H potions enchantées pour m'eni-
» vrer toui-à-fait. La dernière fé-
»* duftion fut une lettre qu'il m'é*
» crivit de fon appanement au
" mien -, une maîtreffe ne s'expli-
»» que pas plus tendrement. Il s'ef^
H forçoit de diffiper dans c-tté
" lettre, la crainte que m'infpiroit
" fon rang ; elle portoit ces mots
»i finguliers : Comment pourroîs -je
» jamais caufer Cinfortane d'un homme
» queftfiime^ que faîme^ & qui ma
•* fàcrfic fa patrie & tout ce que,
» Inhumanité a de plus cher ? Je vous
» rtfpeBt comme mon maître m élo^
»» quence ; je vous aime comme un ami
»i vertueux, Quel efclav âge ^ quel maU
»» heut , quel changement y a-t-il à
" craindre dans un pays où l'on vous
» efiime autant que dans votre patrie^
» 6- chei un ami qui a un caur recon-
» noijfane? ; . . . /é vous promets que
» vous ferex heureux ici tant que je
» vivrai , &c. Voilà une lettre
» comme j)eu dé majeftés en écri-
>♦ vent ; ce fut le dernier verre
" qui m'enivra ». La famille royale
ne s'empreffoit pas moins que Fré"
deric i à rendre le féjour de Berlin
agréable au poète François. Dans
les fêtes publiques, dans les repré-
fentations que les princes & les
princefles fâifoient quelquefois de
fes Tragédies , c'eft au milieu d'eux
qae yoltaire étoit placé. Lors du
mariage du prince Henri > frère da
roi , avec la princefle mihelmlne
de Heffe-Caffel , il eut l'honneu^
de dîner arec cette femille auguitc,.
Mais ce temps heureux ne fut pas
de longue durée j & Voltaire Vit
avec douleur, mais trop tard , que
quand on eft riche & maître de foa
fort , il ne faut facrifier ni fa li-
berté , ni fa famille , ni fa patrie
pour une penfion. Nous avonj
C c i j ^
4«4 V O t
taconté dans Tarcicle de Mauptrtms
& de Kantg^ l'hilloire du fameux
différent du poëte François avec
le préfident de racadénûe de Ber-
lin, fuivi de la difgrace la plus
complète. On a prétendu que le
toi de Prufle r «n lui donnant fon
congé > Tavok accablé de ces pa-
roles : Je ni vous chajfe point , parce
^ue je voia ai appelé^ je ne vous eu
point votre penfion , para que je vous
l*ai donnée : je vous défends de paroitre
devant moi» Rien n*efl plus faux.
Voltaire fut toujours libre de paroi-
tre à la cour. Il eft vrai que , dans
un premier mouvement , il renvoya
au Foi ÙL clef de chambellan &
la croix de fi>a Ordre » avec ces
.Vers;
Je Us reçus avec undreffe ;.
Je vous le» rends avec douUur ^
€omme un amant jalouct , d'ans fa
mauvaife humtur ^
Rend le Portrait de fa Maitreffe,
Mais le roi lui renvoya fa clef 8c
fon ruban. Les chofes changèrent
de face, loriqu'H fe fut rendu au-
près de la duchefSe de Gotha, Mou-
fertuls profita de fon abfence , à ce
que difoit Voltaire^ pour ledefler-
vir auprès du prince ; & il eut foin
( ajoutoit- il ) «< de répandre à la
»> cour , qu'rni jour , tandis que
» J'étois , avec le général ManfUîn ,
M occupé à revoir les Mémoires fur
9> la Rujfit , compofés par cet offi-
»» cier , le roi de Pruffe m'envoya
w une Pièce de vers de fa Éaçon à
" examiner , & que je dis au géné-
* rai : M.on aifù , d une autre fois.
*> Voilà U roi qui m'envoie fon linge
V fuit à blanchir , je blanchirai U vôtre
•t tnfmte », Quot qu'U en foit de
la vérité de cette anecdote > le roi
de Prufle le fit arrêter à Francfort
fur le Mcin., jufqu'à ce qu'il eût
remis le livre de fes Poéfîes. Sa
liberté lui ayant été tendue > il
4^a de négocier f«a retour à
VOL
Paris vnais n'ayant pas pu léu^r^
parce qu'un de fes Poèmes, àulfi
obfcene qu'impie , commençoit i
faire un bruit fcandaleux , il fe dé-
termina , après un féjour d'enviroa |
un an, à Colmar , de fe retirera ;
Genève. Il acheta une jolie maifoa
de campagite auprès de cette ville,
& y jouit des honunafges des Gène*
vois & des étrangers. Il fe plut
d'abord infiniment dans cette re-
traite. Kous avons vu uqib Lettre à
un académicien de Marfeille, dan»
laquelle il lui marquoit en fub-
fbnce : « Je me rendrob à vos invi-
>* rations , fi Qfarfeille ctoit encort
>^ république Grecque ; car j'aime
'» Beaucoup les Académies , mais
» j'aime encore plus les Républi-
» ques. Heureux les pays où nos-
9r maîtres viennent chez nous , S&
» ne (le fâchent point ii nous n'al-
^ Ions pas chez eux » ! hes que
telles qui agitèrent la petite répu-
blique de Genève , lui firent encore
perdre cet agréable aiile. Il fi» l
accufé de femer fourdement la dif- i
corde, de pencher pour le parti |
dominant »& de ridiculifer Jes deux
partis. Forcé de quitter les Z>e/f£^,
( c'étoit le nom de (a. maifon de
campagne) il fe fixa dans une terre
à une lieue de Genève , dans le
pays de Gex. C'étoit ua défert pref-
que fauvage ^ quH fertilifa. Le vil-
lage de Ferncy , qui ne renfermoit
'qu'une cinquantaine de payfans,
devint , par fes foins , une colonie
de I200 perfonnes,tra vaillant avee
fïiccès pour elle Se pour TËtat.
Divers artifles , & fur- tout des hor-
logers, établirent des manu&ûure»
(bus les aufpices de Voltairt , qui
envoyoit leurs ouvrages en Ruffiet
en Efp^ne , en Allemagne « en Hol-
lande, en Italie. Il illufhra encore
ià folitude , en y appelant la petite
nièce du grand Corneille , en fauvanr
de rignominiie & de l'oppreffion»
Syrr^ & hi fif^p^ilie <% UAtf ».d9p&
i
V O L
1 fit T^habilicer la mémoire. Dans
fa retraite , Voltaire s'érigea un tri-
bunal , où il jugea prefque tout lé
genre humain. Les hommes putlTans
craignant une pliime redoutable ,
cherchèrent à captiver fon ruârVage.
VArétîn , dans le xvï* fiecle, reçut
autant d'oucragjcs que de récompen-
fes-, Vohaîrt^ avec infiniment plus
de talent & plus d'adrefTe , n'ob*
tint guère que des hommages. Ces
hommages, & quelques aôions gé-
néreufes , qu'il célébra lui - même
plus dSine fois , foit pour les tranf-
mettre à la poftérité , foit pour
aire taire fes envieux , contribuè-
rent autant à fa réputation , que les
marques d'eftime & de bonté qu'il
obtint de plusieurs fouverains. Le
roi de Prufle , qui avoit entretenu
avec lui iine correfpondance fui-
Tie, fit exécuter fa fiatue «n por-
celaine, & la lui envoya avec ce
mot gravé fur la bafe : Imhortjh.!,
l'impératrice de Ruilie lui fit pré-
fent des plus magnifiques pelifies ,
d'une boite tournée de fa main
inême, ornée -de ion portrait & de
vingt diamans. Ces faveurs ne Pem-
pêchoient point de foupirer vers
l^is. Surchargé de gloire & de ri-
chefies, il n'étoit pas heureux, parce
qu'il ne fut jamais ^e contenter de
ce qu'il avoit : aiiffî EuntendU difoit-
tl fouvent, qu'// n'wiroU pas puis
tia/tgé avec lui de caraHerCy que de
ێpuiation. Enfin , au commencement
de l'année 177S , il fc détermina à
quitter le repos & la tranquillité de
Ferney , pour Pencené & le fracas
de la capitale. Il y reçut l'accueil
-le plus âatteur v les académies lui
décernèrent des honnqprs incon-
nus jufqu'à lui*, il fut couronné
en plein théâtre \ le public marqua
le plus violent enthoufiafme. Mais
\t philofophe oâogénatre fut bien-
tôt la viâime de cet empreiTement
indifcret : la fatigue des vifites &
des cépétixioas théâtrales 9 le chaA^
.VOL 405
gement dans le régime €c dans la
façon de vivre, édiaufferent fon
fang déjà très-altéré. Il eut , en arri-
vant , une forte hémorragie , qui
le laififa très-foible. Quelques jours
avant fa dernière maladie, l'idée de
fa mort prochaine l'occupoic & le
tourmentoit. Etant venu voir à
table M. le marquis dô Filleue chez
qui il étoit logé , tl lui dit , après
«quelques memens du recueillement
le plus fombre : Vous êtes comme ces
Rois d* Egypte y qui en mangeant avoient
Mine tête de Mort devant eux, 11 difoit
iur fon arrivée à Paris : Je fuis venu
chercher la Gloire & la Mort, Il dit à
un artifie , qui lui préfenta le Ta«
bleau de fon triomphe : C'eft mon
Tombeau qu'il me faut , & non pas mon
Triomphe. Bnfm y ne pouvant recou^
vrer le fommeil, il prit une forte
tlofe d'opium , qui lui ôta prefque
entièrement l'uâge de l'efprit. U
mourut le 30 Mai 177S , & fut en-
terré à Sellicr^s , abbay« de Ber-
Jiardins entre Nogent & Troyes.
Tout ce qu'on a répandu dans le
public fur fes derniers momens-.
mérite peu de croyance , parce que
fes parens & fes amis n'ont rien laifiTé
tranfjÀrer de ce qu il put dire alors
pour ou contre la iLeligion. LoriU
^'îl eut fon vomififement de fimgv.
il fe préfenta un «onfefifeur qu'il
fembla bien accueillir-, il fit même
une efpece de profefiîon de Foi-;
mais ^ces démarches, diâées par kr
politique, étoient auifî infuffifantee
qu'illu&ires. Elles fervent feule-
ment à faire connoître la foupleflis
de cet homme fingulier , frondeur
à Londres « courtifan à Verfailles^
Chrétien à Nanci, inci^^dule à Ber-
lin. Dans la fociété , il jouoit tour-
à - tour les rôles à'Jriftipe & de
Diogene, U recherchoit les plaifirs ^
les goûtoit & les célébroit , s'ea
lafToit & les frondoit. Par une fuite
de ce caraâere , il paiToit de lu
VkQi^^ à Uplaifantexie , de la pblf
C C ii j
^4o6 V O t
lofophie à renthoufiaûne » de la
4ouceur à remportement , de la
flatterie à la fadre , de l'amour de
l'argent à ramoiu* du luxe, de la
jnodellie d'un fage à la vanité d'un
grand feigneur. On a dit que, par
ics familiarités avec les grands , il
ie dédommageoit de la gêne qu'il
4éprouvoit quelquefois avec fes
^aux-, qu'il étoit ien^ible fans atta-
chement , voluptueux fans pailion »
ouvert fans franchife, & libcral fans
généroiî é. On a dit qu'avec les per-
sonnes jaioufes de le connoitre , il
fpommençoit par la politefTe» çonti-
liuoit par la froideur, & finifToit or:
dinairement par 1^ dégoût, à moins
que ce ne fiiiTent des littérateurs
accrédités ou des hommes puifians>
•qu'il avoit intérêt de ménager ou
de conferver. On a dit qu'il ne
tenoit à rien par fhoix , & tenoif
à tout par ' boutade. » Ces con-
*• traftes fingulieni ( dit M. Pàïîffot)
»* ne fe faifoient: pas moins apper-
^ cevoir dans Ton phyiique que dans
9* fon moral. J'ai cru remarquer que
M fa phyfionomie participoit à celle
^ de l'Aigle & à celle du Singe :
V & qui fai^ 6 ces contraires ne
V feroient pas le principe de fon
V goût favori pour les antithefes ^..
»» Quelle én'ange & continuelle al-
V ternative d'élévation & de petir
«* tefle, de gloire & de Hdicule!
«» Combien de fois ne s'eft-il pas per-
•} mis d'allier à la gravité de P/tf-
9* ton^ les lazzi à!ArUquin ! «< Aufii le
nom de Micromecas , qui fignifxe
Fait' Grand , & qui eft le titre d'une
de fes brochures, lui a-t-il été ap-
pliqué par un de fes critiques ( la
JBeatm^ic) 9 & confirmé par une
partie du public. Le portrait que
flous venons de tracer eft celui
^'un homme extraordinaire *, VoU
taire rétoit 'y & , comme tous le$
perfonnag^s qui font hors du çom-
tiun , il a fait des enthoufiailes ar-
& des critiques outrés. Chef
VOL
d'une feâe nouvelle , ayant Aih
vécu à tous its rivaux , & édipfi^.
fur la fin de fa carrière tous les.
poètes fes contemporains , il a eu <
par tous ces moyens réunis , la plus
grande influence fur fon iiede , & a
produit une trifle révolution dans
Tefprit & dans les mœurs ; car s'il
s'eà fervi quelquefois de fes talens
pour faire ai^er l'humanité & la
raifon, pour infpirer aux prince^
l'indulgence Çt Thorreur de U
guerre , il en a abufé bien plus
fouvent pour répandre des prinr
cipes d'irréligion & d'indépendance.
Cette fenfibUité vive & prompte,
qui anime tous fes Ouvrages, l|a
dominé dans fa conduite » & il 0'?
prefque jamais réfif^é aux impref-
Sons de fon efprit vif & bouillant,
& aux reffentimens de fon cœut^
Comme homme de lettres , il occur
pera fans contredit une des pre?
mieres places dans' ï'eflime de la
poflérité , par fon imagination brilr
lame, par fa facilité prodigieufe i|
par fon goût exquis, par la diver-
fité de fes talçns, par la variété de fes
çonnoiiTances *, & nous ferons en-
core mieux connoitre à quel degré
il mérite cette eflime , en détaillant
fes produdlions. Commençons pat
les Ouvrages en vers ; les prinôr
paux font : I. La Henrhade en X
chants : Poëme rempli de beaux &
de très- beaux morceaux , de vers
très-bien faits , très - harmonieux ^
de defcriptions touchantes , de porr
traits brillans. La mort de CoUffîi
eft admirable *, la narration de l'af-
faffinat de Henri III, vraiment épi*
que ', IsL bataille de Courras eft rat
contée avec Texa^itude de la profe
& toute la nobleiTe de la poéûe*,
le Tableau de Rome & de la puiflance
pontificale eft digne du pinceau d'uQ
grand maître ; la Bataille d'Ivri mé-
rite le même éloge*, l'Efqui&dn
ficelé de Loms XIV, dans le vu*
chant, eft d*un peintrç ^ercé; Iç
j
VOL
tx* refpire les grâces cendres U
touchantes : e'cft le pinceau du Cor-
r$gc & de l'Alhane. Mais malgré ces
beautés , on ne mettra jamais Fol-
fairt à côté de Vir^U, Un Poëme
François en vers Alexandrins qui
tombent pfefquc toujours deux à
deux ; un Poëme furchargé d'anti-
thefes & de portraits monotones;
Un Poëme f^ns Aé^ion, peuplé
d'êtres moraux que l'auteur n'a pas
perfonnifiés y un Poëme dont la /?//-
^orde eft la courriere éternelle \ un
Poëme privé prefque entièrement
du pathétique -, un Poëme qui a des
morceaux fupérieurement veriîfiés ,
mab qui pèche par l'invention $c
par l'enfemble*, enfin un Poëme de
pièces rapportées, & écrit dans
une langue peu favorable à la
poéfîe épique, ne fera comparé â
ïliiade & à VEnélde que par ceux
qui font hors d'état de lire Homère
& Virgile. La BeaumelU^ qui étott
loin de regarder la HeuAade comme
îe chef-d'œuvre de notre poéfie„ en
préparoit une édition lorfque la
mort le furprit. Cette édition , où
Ton trouve des remarques pleines
de iuflefle,'mais trop de minuties
ii. de chicanes, a paru en 1775 ,
çn 2 vol. in-8®. On trouve dans
le x^ vol. un plan de la H^nrîade ,
qui auront plus de chaleur , plus de
]uilefle« plus d'intérêt que celui de
VoUalre; mais il fer oit difficile dé
remplacer les détails brillans de
çelui-cL [ Voy, Monbron.] II. Un
grand nombre de Tragédies , diftin-
guées par un plus grand appareil
de repréfentation , par le tableau
des moeurs de différentes nations
qui n'avpient pas encore été mifes
fur la fcene , par dès iîtuations
neuves & frappantes , qui remuent
Hé cœur en frappant les yçux « par
de grandes vues morales, & par
les fentimens d'humanité mêlés ha-
bilement à l'intérêt du fpeâacle.
Qa uoiAVf dans u ftyle t^.Bmuf •
VOL 407
& de la Mort Ae Cifar^ la manière
de Cornel/le perCe6lionnée. Celle de
Racine ne pouvoit qu'être imitée ,
& non égalée. La Mufe tragique
n'infpira rien à Creblllàn de plus
mâle & de plus terrible que le iv*
aéle de AlaAow«^ . Semblable à cet
ordre d'archite^re qui emprunte
les beautés de tous les ordres , &
qui eft lui-même un ordre à part y
'Voltaire s'approprie les genres dif-
férens des poëtes fes prédéceffeurs;
mais il ne doit qu'à lui , ( dit M. Pa^»
UJfot qui nous fournit cette çompa*
raifon , ) fes belles Tragédies de
Mahomet & ^Al\ire ^ & dans les
Pièces même où il profite de l'ef-
prit des autres, il conferve la marque
particulière du fien. Lés critiques lui
reprochent cependant que i^ pef-
fonnages montrent trop de pen-
chant à débiter des fentences & des
maximes qui font illufion , mais qui
nuîfent quelquefois à l'intérêt : qu'il
parle trop fouvent par leur'bouche,
comme dans <ÏJ«pe , où la vieille
Joc-tfie déclame contre les prêtres
& les oracles; dans Zaïre ^ qui déi^
bute par une tirade fur l'indif-
férence des Religions-, dans -^/i<«»
où cette jeune Américaine étale un
ftoïcifme digne du Portique, &c.
Les mêmes cenfeurs difent que feai
plans manquent fouvent de juûefle ^
qu'il amené la cataârophe par de
petits moyens*, que le pathétique
p'efl point fon<ki ordinairement par
des nuances .ni conduit par gra-
dation dans, fes Tragédies -, que plu-
fieurs de fes reports tragiques font
fondés fur des invraifemblances^
comme dans ^aiW ; que le ftyle ,
quoiqu'impofant par le coloris & ^
par des tirades brillantes , eil non*
feulement trop coupé , mais Tefl
pre&[ue toujours de la même ma-
nière -, que pluficurs de U% vers no-
/ont que des contrefaçons de ceux,
de Corneille & fur-tout de Racine,,
MUS â Qes défauts ne rcodcot
C c iv
4o8 V O t
Yoltékt fupérieuis à ces doixgraiids
hommes, il jouit à la repréfena-
tion , d'un plus g;rand nombre de
ijpeébceurs. On joue prefque toutes
fes Tragédies *, les principales font :
iÊUpty repréfentée en 17x8 i Hi*
Todc & Marîamne , 171^ ^ JBnuiu ,
17 30 ; ^ain , 1733 ; AddùwU eu
Gutfilîn , 1734 i M^în, 173.6;
ZuUme , 1740 *, la Mon de Céjar ,
1741 ; le Faaati/mt ou Mghomtt U
Prophète , 1742 ; Mérope , 1743 ;
Sémiramls^ 1748; Orcftc ^ ^Tî^;
Romefauvie^ 17 5^; V Orphelin de U
Chine t 1755-, Tancredé, 1760 ; les
fcythes, I767; Ircne^ 1778. ( Voy,
Mairet , PiRON ', & Ronsard ,^
/a fil. ) m. Plufieurs Comédies «
dont les meilleures font Vlndlfcra ,
V Enfant Prodigue & ffanîne. Les ai^
très font preifque oubliées : car
Voltaire ne chauffa pas le brode-
quin avec le même fuccès que le
cothurne. Il ne brode prefque ja-
maîs que fur le canevas d'au^rui *,
il tombe dans le bas & le trivisd.
Quelques-uns de fes rôles font inû-
pides , ou nmuffademem plai£uis ,
comme la baronne de CroupUiac dans
VEn/ant pKodigue. Pïirmi d'excel-
lentes plaifantenes , des détails
heureux, des vers très-bien tournés»
des fcenes d'un pathétique touchant,
pn trouve des chofes d*un mauvais
ton , des railleries forcées , des
maximes hors d'œuvre ou mal
amenées. L'auteur mettoit trop peu
de temps à fes Comédies, pour
qu'elles fufifent boimes. Impatient
!c fougueux , il vouloit achever
ufli-tôt qu'il avoit conçu, conce-
voit enfemble plufieurs ouvrages ,
8c rempliîSbît encorç les i^itervalles
de l'un à l'autre par des produc-
tions différentes. U compofoit 3yec
çnthoufiafine , & çorrigeott avec
vîte^e. Cette méthode n'etoit guère
prQpre à le faire exceller dans des
ouvrages tels que les Comédies,
^ çxij|çnt \»nç çtude f rgfoftdç ^
VOL
Aiivie des ridicules & des carafe
teres. Il eft d'ailleurs bien plus plai-
fant dans fes Ouvragées (atiriques
que dans les Pièces comiques* oà
la raillerie demande à être amenée
avec plus d'art & de fineffie. IV. Des
Opér^, qui ne brillent pas par Vor
vention , & font d'u|i ftyle qui n'e^
pas celui de QuInauU, Samfon , Pan'
dore , le Temple de la Gloire » dont
IVchiteÔure , dit-il , ne parut guère
agréable, ne lui ont pas même me-
nte la 3* pla^ dans le genre Lyri-
que : 9.uffi eP convenoit - il lui-
même. *> J'ai fait , ( écrivoit - il à
» un de fes amis , } i'ai fait une
" ^ande fottife de aire un Opéra;
M mais l'envie de travailler pout
M un homme comme M. Rameau^
*' m'avoit emporté : je ne fongeois
» qu'à fon génie , & je ne m'appei^
>« cevois pas que le mien n'eft point
» fiait du tout pour 1^ geiure Lyri*!
n que... (« Ces Poëmes lui caufoiei^
cependant^ au momem de leur naif-
iance, une efpece d'enthoufiafine «
infpiré pv l'amour paternel. Lorl^
qu'op repréfenta le Temple de U \
Gloire où Loms XV étoit déiîgné
fous le nom de Trayon , il ne pi|i
tenir à fon raviffçmént -, & fbr la
fin de la Pièce, faififlant le mor
narque par ^e bras , l( lui dit : JSfi^
Vun^ Traisin, vous ttconno!ffe{'Voais^
là, V. Un grand noipbre de Pie^
fugitives en vers, d'une poéfie fupé-
rieure à celle des Chapelle , dei
Chaufieu Çc des Hamilton» Aucun
poëte n'a donné une tournure
plus ingénieufe à des b^telles.
n*a employé avec autant de grace^
de fintÂe , de^égéreté, les agrér
mens d'une Mufe touîours naturelle
& toujours brillante, ^alen^ent
Dropre à louei- & à, médire , il
donne à ies éloges & à fes fadres
un tour original , qui n'appartient
qu'à lui. Nous parlons ici de fes
Epitres légères , de {es Diatribes
ççi y^ : { Vo^. Xwi^% dç Ypl-^
V O L
TVRE. ) Quant à fcs Odes /il ftiffit
de les lire pour voir combien il
eft au-deffous de Roujfcau dans ce
genre. Mais' dans les Epîtres phi-
lofophiques ^ morales , il lui eft
certainement fupérieur. >* La Motu ,
»' (écriyoit Volmn^ en 1718, à
M M. de la FaU^ ) penfe beaucoup,
t» & ne travaille pas affez fcs vers.
•> Roujfcau ne penfe guère , mais il
«» travaille fes vers beaucoup mieux.
'» Le point feroit de trouver un
w poëte qui penfat comme la Motu
p & qui écrivit comme Roi^eau u.
Ce que Voltaire cherchoit eft tout
trouvé dans quelques-unes de fes
premières Epîtres *, car dans les der-
nières , où l'on rencontre cependant
plufîeurs vers heureux, il a pris une
manière trop lefle & un peu trop
négligée. Nous n'en citerons au-
cune. Nous pafTerons au(H rapide-
ment {ur quelques autres Pocmes ,
tels que la Guerre de Genève^ oîi il
paroit fouvent détremper du vçr-
inillondans la^boue pour peindre
JTcs tableaux. Quoiqu'ils offrent des
détails piquans, npus croyons fer*
Vir la gloire de Pauteur, en pa£ant ra-
pidement fur des ouvrages enfantés
par le délire de Tirréligion & de la
(débauche , ou par la fureur de la
vengeance & de la (atire. Le célè-
bre citoyen de Genève eft traité ,
flans le Poëmç fur la guerre de fa
patrie, d'une manière atroce. L'au*
teur lui reproche jufqu'à cette ma-
ladie de la dyfuiïe , dont lui-même
fA mort , ou du moins qui a avancç
fa mort. Quant à un autre Poème
que quelques admirateurs regardent
comme le plus beau i^euron de fa
çouroime poétique , nous n'en
rapporterons pas <nême le titre. Ce
Voémt devoit ayofe un grand fuccès
dans un iîecle corrompu. Beaucoup
d^cfprit , des morceaux de'poéfle
d'un coloris très-vif , des détails
agréables & voluptueux , des pein-
tures laf(;^ves ^ libertines , aftai«
VOL 409
fonnées de tirades impies ; voilà
fans contredit ( dit M. Fréron le fils)
fon plus grand mérite. D'ailleurs
c'eft un Ouvrage qui n'a ni plan ,
ni enfemble. C'eft un tiiTu de contes
détachés , fans iaucune efpece de
liaifon avec le fujet du Poème » qui
n'a ni commencement , ni milieu ,
ni fin. Prefque tous les héros y fom
avilis, couverts d^ turpitudes -, &
les gens de goût,ain(i que les âmes
honnêtes , ne peuvent regarder cette
produâion cynique que comme un
ouvrap;e fcandaleux & bizarre , où
l'héroifme eft dégradé par le mé-
lange continuel du bouffon & dvi
burlefque , où la vertu eft diffamée*
l'amour fouillé dé débauches , 5c
les grâces proftituées par une imagi^
nation aufti fale que brillante. Voilà
les produâions poétiques de Vol"
taire ; fes Ouvrages en profe font
encore plus nombreux : I. Effaî
fur tHlftoire Générale , qui , avec
les SluUs de Loms XIV 6i de
Louis XV , forme 10 vol. ip-8**.
Cette Hiftoire , ou plutôt cet Effsû
d'Hiftoire eft une galerie , dont
plufieurs tableaux font peints d'un
pinceau léger , rapide & brillant.
Sans détailler tous les événemens ,
l'auteur offre le réfumé général des
principaux , & rend ce réfumé inté-
reflant par les réflexions qu'il y
joint & par les couleurs dont il les
embellit. L'amour de l'humanité
& la haine de l'oppreflion , donnent
encore de la vivacité à fes couleurs.
Mais on s'eft plaint qu'il ramené
trop fouvent les faits à fonfyftême ^
qu'il ne préfente la ileligion que
comme le fléau des peuples -, qu'il
s'attadie trop à montrer la verti»
malheureufe & le vice triomphant ^
qu'il y a entaffé un grand nombre
d'erreurs , d'inexaé^itudes & de
raéprifes ; qu'il eft trop fouvent
amer dans {es cenfures , injufte
dans fes jugemens( Tcy. L Saint-
PZER,R,£ & 1, SAZ.OMO V ) , fur-tOUt
4IO VOL
lôrfqu'îl eft queftion de l'Eglîfe &
de Tes minUbes. Des cridques d^un
goût révère auroient encore fou-
liaité qu'il n'eût pas adopté la divi-
fion par chapitres , qui ne Tert qu'à
iibler les &its -, qu'il eût mieux lié ,
mieux préparé les événemens; qu'il
n'eût pas quelquefois Eatigué 1 ef-
prit du leâeur en pafiaot rapidement
dTun objet à un autre; qu'il êàî moins
coupé la narration par des maxi-
mes & des digreffîons , &c. &o &&
l Voj, Sleidan & Velly. ] Le
Suclt de Lotus XIV offre les mêmes
lieantés & les mêmes débuts. C'eft
«me efquifle, & non un tableau en
prand. L'Ouvrage n'eft qu'une fuite
de petits chapitres. L'auteur vole
fncceffivement en Allemagne » en
iXpagne, en Hollande, en Suéde,
pour raconter quelques traits , qui
n'ont fouvent qu'un rapport éloigné
90 fujet principal. Il préfefite aux
jreux du leâeur , avec une rapidité
incroyable , pluûeurs événemens
miportans qu'on voudroit connoltrc
â fond \ & l'on glifle fur chacun.
L'hidorien eft content , pourvu
qu'il ait eu l'oçcafion de placer une
maxime ou une fiiillie. C'eft une
foule d'éclairs, qui éblouiflent, &
qui laiftent dans les ténèbres. Ce
ne font^ point les Mémoires qui
ont manqué à l'hiftorien, ni l'art
de les employer ; car y a plufieurs
chapitres qui font des chef-d*œuvres
d'élégance ; c'eft l'efprit de difcuf-
£on f néceflaire dans un travail fi
long 6c fi pénible. [ Voye^ Beau-
MELLE.] Son Sîech de Loms XF ^
moins intérefiant que celui de
Louis XIV ^ eft écrit avec négli-
gence , & fouvent avec parpalité^
Si quelques événemens y font bien
fiétaillés , plufieurs autres y font
préfentés fous un faux jour. L'au-
feur rend ies peintures infidelles y
en voulant les ajufter à fa £içon de
penfer particulière, ou au befoin
gu'il a de flatter dçs |;rapds & de fç
VOL
ménagier des proteâeurs. Qa^qae*
fois même il altère la vérité , par U
manie qu'il avoir dans ia vieÛleffc ,
de mêler des plaifimteries à fes ou*
vrages les plus férieux. Il fe faifoîl
dans £1 folinide une gaieté artifi-
cielle , lorfque la naturelle lui
manquoit ; & cette néceffité de
charmer l'ennui d'une retraite qui
n'étoit pas toujours agréable » a
rempli fes Hiftoires de bons mots
déplacés, comme elle a procuré
des injures à plus d'un écrivain.
Le fonds de VBlftolrt du Parlemaa
et Paris eft prefque tout entier dans
YHîftoîn Générale^ & dans ItsSudes
de Lotds XIV & de Loms XV^
L'auteur défavoua cet Ouvrage »
comme un énorme foiras de doits ^
auquel il n'avoir pu , ni voulu
travailler. > Il y a cependant des
chapitres qui om-ent des difcofiîoos
bien fiâtes fur des points d'hiftoire
aftiez embrouillés ; mais ces cha-
pitres font en pedt nombre. Voàaîr$
dit dans fes déiaveux, que le com-
mencement eft fuperfidel 6c la fiil
indécente, L'Ouvrage lui paroifibit
informe , 6c l'auteur peu inftruit : le
fujet ( ajoute-t-il) méritoit d'être
approfondi par une très -longue
étude 6c avec une grande fag^e.
On peut lui reprocher encore 1
que fon ftyle qu'il veut trop fou<
vent rendre épigrammatique , s'é-
loigne quelquefois de la gravité de
lliiftoire. Ce défaut s'eft glifie juf-
que dans fes Annales de V Empire^
dans lefquelles on cherche vaine- ,
ment , dit M. de Luchet , la vigueur
de fon pinceau 6c la firaicheur de
fon coloris , 6c qui o&em orop de
faits étrangers , tandis qu'il en a
omis un très - grand nombre de
néceftaires. II. VHlfioire de Char*
les XJly bien faite & bien écrite,
qui a mérité à l'auteur le titre de
Quinte - Curce François. On s'eft
plaint cependant , que la conduite
du héros eft fouveQt , dans ççm
V o t
fKftoîre, d'une folie outrée ^ par U
fnute de Tauteur qui ne remonte
pas à la fourçe des faits , qui ne les
lie pas toujours , fie qui ne Te donne
preîque jamais la peinç d'expliquer
les caufes &, les mptifs qui font
agir fes perfonnages. III. VHlfiolrc
du C^ar Pierre I ; double emploi de
felle de Charles XII ^ mais n^oins
élégance & plus infidelle , parce
quec'eft uneproduéUon de fa vieil-
lerie & un ouvrage de comm4"def
La Préface eft p'us digne d*un
|9ouf¥bn que d*un hiftorien *, Tin-
p-oduâion a paru fort feche*, 1^
divifion par chapitres a déplu ; les
batailles font racontées avec né-
gligence. Si l*on vouloit examiner
^vec févérité les détails de cet
Ouvrage , la critique trouVeroif
^ncore de quoi s'exercer. L'auteur
«'etoit fait , à Tégard des circonv
(lances des événemens , des prin-
cipes conunodes. Pourvu que les
grandes figures du tableau fuiTent
peintes avec vérité , peu lui impor-
toit que les petites figures fuflen^
deilinées incorreâement. A Cégard
^s petites clrcanftancts ^ dit* il quel-
que part , je les abandonne à qtd vou"
^ra i je ne m* en fonde pas plus que
fie rHi/ioire des Quatre fils Aimon^
Mais quand on néglige les menus
£ûts , on peut faire penfer qu'on a
porté la même inexaâitude dans
les Êiits importans. Cependant les
f hapitres fur les révolutions que le
çzar Pierre a produites dans les arts
§c dans les mœurs , font aui^ vrais
qu'intéreilans , ainfi que le récit
4es voyage» qu'il fit pour peifecr
tionner fon génie... IV. Mélangef
4e Liuérature t, €nplv£evas volumes.
On parlera d'abord de fes Romans.
Perfonne n'a eu , comme Voltaire^
l'art de cacher une philofophie fou-
vent profonde fous des fiâions in«
génieufes & riantes : à cet égard il
^toit intarifiable. Zadig , Memnon ,
If M9^4f ^m'^i 'V ^<f 9 ûaitéf df
VOL 4'i
rAngloîs , ont l'air original, par
la finefie des critiques , par 1^
légèreté de la narration » par le«
agrémens d'un fiyle clair , élégant 5,
ingénieux fie naturel. Candide , la
Prlnceffs de Babylone , & quelque^
autres fiâions de ce genre , n'ap^
prochent pas à beaucoup près de
Menton , ni de Zadig. Elles ne prér
fentent qu'une fuite d'évcnemcn$
invraiferabkbles , trop fouvent ra-»
contés avec indécence, Ôc fcmés de
plaifanteries , dontplufieurs ne font
pas du meilleur ton. On y défi-
reroit moins de caricatures , momsi
d'imaginations folles fie bizarres ^
& plus de véritable gaietéi II feut
cependant excepter un petit nombre
de chapitres , où il a de bonnes
vues morales , des peintures ori<«
ginales fie faillantes de la cour de
Paris , des travers fie des ridicules,
de tous les hommes fie de tous lesj
états. Les autres Ouvrages qui
compofent les Mélanges , font de
petites DifTertations fur difiFérentesi
matières , prefque toutes écrites
avec intérêt fie avec goût : des
Critiques de differens écrivains , la
plupart plaifantes , mais fouillées
d'épithetes injuneufes , de farcafmes;
révoltans. Energumene , fanatique ^
çuifire y croquant , poRffon , gueux ,
tfcrocy fiec. : telles font les expref'
fions que le philofophe de Ferney
avoit au bout de la plume , toutes
Içs fois qu'on s'avifoit de toucher
à fes lauriers , ou même qu'on
paroifioit y toucher. Souvent même
des écrivains fages fie modérés ont
excité fa colère fans avoir cher-
ché à bleffer fon amour-propre;
tout leur crime à fes yeux étoit de
ne pas penfer comme lui :
Quiconque fait U guerre à fon aw;
dace impie y
Efi bientôt U martyr de la philofophie*
Son efprîtf fes vertus , fes Salens ,
(9¥^n*efincn-^
4« VOL
i?tjt unfot àfuytttx » fi^Ui fu*il
e/l ChritUn,
\ Fayti lUfiS ce DtSwnnûut les
ardclea Coger ; Feéeov ; des
Fontaines ,- II. Guyot ; Man-
KORi ; Mertillr -, Maufer-
Tuis ; //. & ///. Rousseau ;
Trublet ; Berthier. } On
trouve encore dans les Mélanges^
•des traits particuliers fur certaines
matières , comme la ToUrana» les
Lou CrimlntlUs , &c. ; mais en
général il lui manquoit , pour
approfondir ces fortes de fujets , ce
^ra^ere ferme & confé^nt pour
qui la vérité refte toujours à la
même place ; cet efprît de médita-
«on qui nous applique tout entier
fur un objet j cette logique qui ne
fe dément jamais. 11 it bomoit au
premier coup d'onl , & dès qu'il
avoit apperçu quelques raifons
plausibles , il s'attachoit non à les
creufer, mais à les embellir & à
les rq>roduire fous toutes fortes de
faces , qui leur donnoient quelque-
fois plus d'éclat que de îblidité.
Ceft en partie ce qu'avoue un de
fes plus grands partifans , en ajou-
tant , » qu'il a été médiocre dans
M tous les travaux qui exigent une
«* ame recuetllie , un jugement
«' que rien ne peut ni féduire > ni
•»' corrompre, & rhabitude d'une
«* difcufHon exaâe & profonde «<•
Cependant les différens petits Trai-
tés de Voltaire oùt été & font encore
beaucoup lus. " hes gens du monde
M ( dit M* Tabbé de RadonvUUers )
*^ veulent enrichir leur efprit , &
^ cependant ne fe xlonner aucune
«• peine. Les Ecrits de M. de Voltaire
M leur ofirènt des richeftes , dont
«• l'acquifition eft facile & agréa-
«•hle... Mille traits petillans d*ef-
« prit , des anecdotes curicufes,
•• des reflexions piquantes , des
•' maximes d'indulgence mutuelle ,
^ 4t j;énéroûté , de bienfaifance «
VOL
*• 8c des autres vertus humaines qui
M embdlifient le commerce de la
» vie. Le foin continuel de mêleir '
» l'utilité à l'agrément , lebadinage
*>* à la morale , a été un des fecrets
" de M. dt Voltaire , & peut-être la
n foitrce principale de fes grands
** fuccès u. Ajoutons qu'il publioit
à propos fes différentes Brochures ,
& qu'il faiûifoit habilement le mo-
ment de l'enthoufiaûne , ou de la
curiofité du public. V. DicUonnatrc
Philofophlquc i Pkilofophie de VH'tf-
toire , éiç, & beaucoup d'autres Ou-'
viages impies i car la ftureur anti-
direrienne étoit devenue chez lui
une véritable manie. Sa vieillefle
n'a preique été occupée qu'à dé-
truire. Il eil difficile de bien carac-
térifcr fes Ouvrages contre la Re-
ligion. L'éloquetice & le ridicule
font les armes qu'il y emploie. Il
prend tantôt le ton de Pafjuin , &
tantôt cdui de Pafcal\ mais il re-
vient plus fouvent au premier ,
parce qu'il lui eft plus naturel.
Ainfi {es Livres antichrétiens ne
font qu'une éternelle dérifion des
prêtres 5c de leurs fonôions , des
myûeres & de leur profondeur «
des conciles ISc de leurs décidons.
Il tourne en ridicule les^ moeurs
des Patriarches , les viiîons des
Prophètes, la phyfique de Moyfe^
les hiiloires , le ftyle , les expref-
fions de l'Ecriture, enfin toute la
Religion. Non-feulement il attaque
le Chriftianifme : il détruit tous les
fondemens de la Morale , en infi-
nuant les principes du Matéria-»
lifme; en vantant le luxe comme le
Î^lus grand bien d'pn état , malgré
a corruption dont il eft la fource^
en traitant avec mépris l'innocence
des prenûers temps & les mœurs
antiques , &c. &c. Saillies iogé-
nieuîes , bons mots piquans , peiti-
tures riantes , réflexions hardies «
expreilions énergiques : ilemploi^
toutes les grâces du ftyle j & toute»
V o t
V rdîources du bel efprlt pot»
itiieiix préparer fon poifon. Ce
qu'il y a de plus odieux ^c'efl qu'il
altère fouveat les £aits , tronque
lès pafiages , Cuppofe des erreurs >.
imagine des contradi^ions pour
donner plus de fel à les platfan-
ttries & plus de force à Tes raifon*
nemens. Cependant , malgré les in-
fidélités continuelles qui défigurent
fes Ecrits irréligieux » ils ont fait de
funeAes ravages. Doué d'une hâf
lîté prodigieuCe à Caiiir tous Its
tons , & à parler à tous les efprits ,
n réduifoit quelquefois les gens
g:raves par des raifons fpécieufes ^
& prefque toujours les hommes
frivoles par fes plai(anteries. Ceux-
ci n'ont pas examiné fi « en citant
TEcriture-fainte , il ne Ta pas cor*
rompue ; & Ils ont oublié ce mot
du préfident de Monufqmeu : torfquc
Voltaire Kt un ÙvrCy il le fait i puis
il écrit êontrc ce ,qu*îl a fait. Us vou-
loient être amufés> 8c ils l'ont été.
VI. Théâtre dtV'ien^ & Thoma»
Corneille , avec des morceaux înti*
rtjjansy 8 vol, ïn-4®, & 10 volum..
in-i2. Ce Commentaire, entrepris
pour doter la petite* niece du grand
CornelLU , eft un fervice rendu à
la littérature. On peu^ y trouver
quelques remarques plus fîibtiles
que juftes « quelques analyfes înfi*
délies, des crifiques minutieufes)
des obfervatîons grammaticales
trop révères , un fonds de mauvaife
humeur contre CorruîUe ; mais la
plus grande partie de TOuvrage eft
dirigée par le iugemeiu & le goût.
11 eft écrit d'aîUevrsd'un fiiyle con-
venable ', & le commentateur n'a
pas la ridicule manie de nos écri-
vains modernes, celle d'employer
die grands mots pour exprimer de
petites chofes. Un éloge qu'on ne
peut lui refufer, c'eftque, jufqu'à
•f <m extrême vîeilteffe , il a confervé
la clarté , la préciûon & te naturel
éaas les ni^tkres q^ui o'exigeQiçDt
V G i, 4r|
pas d'autres orneraens : exemple
bien peu fuivi aujourd'hui , ou
l'on dénature tous les genres, &
où l'on mêle tous les fiyles. VU.
Commentaire hlfiorique fur Us QLuvre»
de l* Auteur de la Henriade , avec /m
pUces origjinales & les preuves , in-8®»
Monument élevé à Voltulrty pat
Voltaire lui-même» Il eft à la fois
le {acrificateur & le Dieu. Il s'étoit
déià mis au-defiiis de tous les écri-
vains François >dans fa Counolffanc^
des beautés & des défauts de la Poéfi^
& de r Eloquence ^ 1749 » in- 12 \
brochure qu'on lui a vainement
conteftée , puirqu'eîle a été entiè-
rement fondue dans fa Poétique
in-8® » faite avec fon agrément ^
& qi^ d'ailleurs il eft impoffîble
d'y , méconnoître fon ftyle. C'eft
ici 4u'tl £3Ut appliquer ce qu'a dit
un critique célèbre. » Après avoix^
» lu Homère , difoit Bouehardon ,
" tous les honmies me femblent
H des géans *» mais , après avoir In
»j la brochure de VHomere Fran-
'f çois ^ tous les grands hommes
>*. de k Httérature paroiiïent des
>^ nains <«. Quant au Commentaire
infionque » c'eft le détail des hom-
niages accordés à l'auteur \ c*eô le
tableau <!fes aâions généreufes &
même del charités qu'il a faites \
C car il en ^oit & de feogetes
même) c'efi un Mémoire hiitôri-
que , écrit avec fimplicité & avec
grâce. On 7 voit les faits -, mais-
on n'en voit pas tes reiTorts : ce
fera aux hiiforiens de Voltaire à
expliquer fes motifs. A la fuite du
Cortimentaire , on trouve quelques
Lettres , dont la plupart méritoient
d'être confervées. On en recueil-
lera fans doute un plus grand
nombre ; car l'auteur en a beau-
coup écrit, & il avoit un talent
marqué pour ce genre. Le ton pi-
quant & original de fon flyle épi(-
tolaire , étoit à peu près celui de fa..
COAV«r&tion ^ fur -<rout quand ^
414 . V O t .
écoit ammé par l'envie de plaire,
00 par le défir de ùdsÊûre fon
animofité ; & quand il prenoit la
plume pour répondre àr fes amis ,
il écrivoit comme il avoit parlé*
n II n*eft point d'écrivain (dit M.
•» Palîfot ) qui ne fe fut acquis par
*> les Lettres feules de Voluîn , une
M réputation diftinguée «. U Êiut
pourtant excepter une partie de fes
Lutru fccrtus , publiées en Hol-
lande, in-8®, i76f«Cei'ecueil eft
très -peu de chofe -, & puifque
c'étoient des Lettres fecretes , il y
avoit de la mal- honnêteté à les
tendre publiques. Voltaire , Ôché
avec raifon de TimprelHon de ces
Chiffons ( c'eft ainfi qu'il s'exprime )
parodia cette ancienne Epigramme :
Voilà donc mes Lettres fetntu «
Si fecretes , que four labeur
Elles n'ont que leur Imprimeur ,
Et lu Mtjpeurs qui les ont faitts*
Ce qui diminue le plaifir qu'on
auroit à lire les autres Lettres de
Voltaire , c'eft qu'on y voit rarement
fa véritable Caçon de peûfer> fut les
princes, les miniilres ou tes écri-
vains à qui elles font adrefTées. S'a
louoit beaucoup les Saints du jour ,
comme on l'en a accufé^ il fe mo-'
quoit fouvent lui-même des brevets
d'ininortalité qu'il diftribuoit. Dans
la fociété même , un regard malin
& un foùrire amèf ^ défavouoient
fouvent ce que la flatterie lui infpi-»
roit : voilà pourquoi U lie réufHt pas
long-temps ni à la cour de Verfail-
les , ni à celle de Luneville , ni à celle
de Berlin. Perfonne n'exalta pins
de fon vivant ^tt Belloi^ mais dès
qu'il fut mort , il écrivit que le
Siège de Calais n'étoit plus eftime
qu'à Calais, (Lettre à Mr JV'alpole. )
M. Palîffotim a reproché la même
contradiâion. à l'égard à'Helvttius ,
qu'il avoit flatté à outrance , & dont
le livre de VEfprtt ne lui parut plus ,
'après la mon de l'auteur / qu*uA
Vot
Ouvrage plan étemars & âe vlritiè
triviales , d^itées aru empk'fc il
difiribua quelquefois aux écrivains
les plus médiocres , les éloges les
plus espérés ; & on étoit afiez bon
pour fe repaître d'un encens qui
n'étoit que la reconnoîfiacce d'un
amour -propre adroit & intéreflc.
Avouons cependant , que parmi lei
auteurs que Vohaire a célébrés , il
y en a plufieurs qui méritoient fes
louanges \ mais ce font ceux-là
même qui doivent être les plus
âchés qu'il en aitafiToibli le prix^
en les accordant plus d'une fois à 1^
médiocrité. Nous avons différentes
Colledtions des Ouvrages de Vol-
la/«,in-4** • iii-8i* & in-ia ; mais
toutes mal rédigées » toutes fur-
chargées d'Ecrits qui font peut-être
de lui , mais indignes de lui -, pleines
de répétitions continuelles & de
doubles emplois. Ce défaut vient
moins àai^ libraires , que de l'auteur^
qui , dans fes derniers jours , repro-
duifoit fans ceiTe les mêmes chofesr
& retoumoit continuellement fes
vieux habits. Il feroit à défirer ^
pour plufieurs raifons , qu'on fît uni
choix de ceux de fes Ouvrages qui
mériteirt d'être confervés , en écar«
tant ceux qui n'en font qu'une répé<*
tition,* & fur-tout les produûions
impies ou indécentes. " Efpérons
» ( dit M. l'abbé ie kadonvllûers }
» que bientôt une main amie y enf
*> retranchant des Ecrits publiés
»» fous fon nom , tout ce qui bleiTé
» la religion , les mœurs & les lois ,
»^ effacera la tache qui terniroit fa*
** gloire. Alors V au lieu d'une col-
»» leftton trop volumineufe , nous
*» aurons Un Recueil d'Œuvreis ckoi'
» fies , dont la fageflfe pourra faire
» ufage fans inquiétude & îans
u danger «<. M. le marquis dt latcha.
a publié fon Hlfioire Littéraire , 178 ly
6 vol. in-8**.
VOLTERRE , ( Raphaël â« }
Voy\ VOLATEIIRÀK.
j
VOL
VOttËRRE , ( Daniel RicciA-
àElLi de ) peintre & fculpteur ^
lié en 1609 à Volterre , ville de U
Tofcane , mourut à Rome en 1666.
U fiit deftiné par fes parens à la
peinture. B^Uthayir P6ru\il & Michel'
An^c lui montrèrent les (ecrets de
leur art.Un travail long & opiniâtre
acquit à Daniel des connoifTance»
& de la réputation. Ce peintre fut
très^employé à Rome, & pour la
peinture & pour la rculpture.Le che-
val qui porte la flatue de Louis XIII
dans la Place Royale à Paris , fiit
fondu d'un feul jet par DanicL II a
dediné dans la manière de Mkhd^
Ange, On a gravé Ta Defcente de
Croix , peinte à la Trinité du Mont;
€ eft Ton chef-d'œuvre^ & un des plus
jbeaux Tableaux qui foiem à Rome.
VOLUMNIE, Voy. CoRiOLAN.
VOLUMNIUSj (Titus) cheva-
lier Romain , fe iignala par fon
amitié héroïque pour Marcus Lu*
€ullus. Le triumvir Antoine ayant
&it mettre à mort celui-ci , parce
qu'il avoir fuivi le parti de Cëjjîus Si
de Brutus , Volumnlus ne voulut
point quitter fon ami , quoiqu'il
pût éviter le même fort par la fuite.
U fe livra à tant de regrets & de
larmes , que fes plaintes furent caufis
^u on le traîna aux pieds à* Antoine,
f Ordonnez que )e fois conduit
>» fur le champ vers le corps de
M LucuUus ( lui dit'il ) & que j'y
M fob égorgé V car \t ne peux pas
« furvivre à fa mort, étant moi*
i f> même la caufe de ce qu'il a
9* pris malheureufement les arnies
^ contre vous ««. Il n'eut pas de
peifie à obrénii' teete grâce ^e
ce tyran fanguinaire. Lorfqu'il fîit
arrivé à la place^u fùpplice, il
baifa avec empreuément la maiii
de LucuUus , & appliqua fa tête ,
qu'il ramaiTa par terre., fur fa poi-
trine , puis préfeiita la iienne au
boutreau. **
VOLUSIEN, tV^ rplus
Volufianus ) aflbcié à l'empire pai*
fon père Gallus » fut tué par les îoU
dats , comme nous l'avons raconté
dans l'article de Vibius TrebonianuÉ
Gallus : Fvyci ce dernier mot , &
Emiliek.
VONDEL , ( Jufte ou Joffe du )
poëte Hollandois , né le 17 Novem-
bre 1587, de parens Anabaptifies y
quitta cette fe£^e , & mourut dans
le fein de l'Eglife Catholique , Ut
5 Février 1679^3 91 ans. U drefla
à Amfierdam une boutique de bas>
mais il en laifTa te foin à fa femme «
pour ne s'occuper prefque que dv la
poéûe. La nature lui aVoit donné
beaucoup de talent. Vondel n'eue
pour maître que fon génie. 11 avoic
déjà enfanté pluficurs Pièces en vers,
non- feulement fans fuivre aucune,
règle , mais même fans foupçonner
qu'il y en eût d'autres que celletf
de la verfification & de la rime«
Inftruit , à l'âge d€ ^o ans , ém
l'avantage qu'on peut retirer des
anciens , il apprit le latin , pour
pouvoir les lire. Enfutte il s'adonna^
à la leéluredes écrivains "François*
Les fruits de (a Mufe offrent dans
quelques endroits , tant de génie 8C
une imagination (i noble & li poéti<«
que , qu'on fouffire de le voir tom"
ber il fouvent dans l'enflure & dan»
la baiTeife. Toutes fes Poéfies ont
été imprimées en 9 vol. in -4®*
Celles qui ornent le plus ce recueil,
font : I. Le Héros de Dieu, U. Le
Parc des Animaux. III. L^ Définie»
Hon de Jérufalem , Tragédie. IV. L»
Prî/e d'Amfierdam , par Florent V,^
comte de Hollande. Cette pièce ed
dans le goût de celle de Shakeft^
reir : c'a une bigarruife brillante-
ph; y voit des anges, dés évê;
qfics^ des abbés, des mpines/4es
religieufes , qu; difent tous de fort
belles chofes ,' mais déplacié^s. V;
l^a Magalficmce de Salomàn,'^l, Pa-^
*iamede , ou VInnoeenee opprimée. C'eâ
la iQort dsB4mcveldi^ fouf U nbxg^
4i6 V O P
de faUmcit^ Êiuffcmeot accufé par
Vlyffc. Cece Pièce irrita le prince
Maurice , inltigateur de ce Aieiirtre.
On voulut ùixe le procès à l'au-
teur ; mais il en Ait quitte pour une
amende de 300 livres. Toutes ces
Tragédies pèchent , & du c^ dû
plan , & du cdté des règles. L'au-
teur ne méritoit pas d'être mis en
parallèle avec Séneque le Tragique,
auquel on Fa comparé , & encore
moins avec VirgUe, VU. Des Sati-
res , pleines de fiel , contre les
minières de la religion Prétendue-
Réformée. VIILUn Pocme en faveur
de l'Eglife Catholique , indtulé : Lu
Myflcrts , ou Us Secrets de P Autel,
IX. Des Ckan/ons, &c^ Ce poëce
négligea Ta fortune pour les Mufes «
qui lui cauferent plus de chagrin
que de gloire.
VOPISCUS , ( FUvms ) hidorien
Latin , né à Syracuie , fous DUxU"
tien , fe retira à Rome vers Tan 304. -
Il y compoûi lUiftoire d'AurélUn^
de Tacite f de FlorUn , de Probe , de
firme y de Carus , de Carîn & de
Kumérîen , &C. &c. Quoique ce ne
foit pas un bon auteur , il eÛ ce-
pendant moins mauvais que tous
les autres dont on a fait une com-
pilation pour compofer VHîftorla
Auguftit Scrlptores, Leyde , 1671 ,
à vol. in-8**, avec les remarques
Varîorum. Voy. Tart. Ane en ne.
VORAGINE . Voyci JACQUES
ic Fçragîne, n** XV.
L VORSTIUS, (Conrad) na-
quit à Cologne le 19 Juillet 1569 »
d'un teinturier. Après avoir étudié
dans les univerfités d'Allenu^ne &
voyagé eh France , il s'arrêta à
Genève,' ou Thiodou de Be\c lui
offrit une chaire de profefleur , qu'il
né voulut point accepter. Il fuc-
céda en 16 10 à Armîmus ^ profef-
fe^r dans rumverfité de Leyde»
'mais 1^. minîftres Anti- Arminiens
employèrent le crédit de Jacques I,
r pi d'Angleterre, & demai^ereat foà
ticittàon k la république. Vct/bm \
obligé de céder à leurs perféoH
tions « fe retira à Gonde ou Ter-
gow, où il demeura dqNiis 1612
îufqu'en 1619» uniquement occi^
de Tes affaires & de fb études. Le
fynode d6 Dordrechc le déclara
indigne de proCeflèr la^ théologie ^
& cet anathême » prononcé par des
Êinatiques , ei^^a^ea les états de la
province à le bannir à perpétuités
II fut obligé de fe cacffaer comme
un malfaiteur *, enfin il chercha oit
afile dans les états du duc ic Holf"
teui , en 1612 > où il mourut , lel
X9 Septembre de la même année.
On a de lui un grand nombre d'ou-
vrages, tant contre les Catholiques
Romains , que conere les adverfinres
qu*il eut dans le parti Proteftanb
Les plus recherchés font celui , I>t
Deo , Steinfiirt , x6io , in-4^ , que
le roi Jacques fit brûler par la main
du bourreau *> & {on Amîca ColUtlo
atm J. Pi/catore, à Coude* 1613 ^
in-4^. Sa conduite , & quelques-uns
de fes Ecrits , prouvent qull pen-
choit four le Socinianifme -, & fi i
fes adveriaires n'avoieitt ùàt valoir
que cette raifon, on n'auroît pas
pu les accufér d'injufiice.
//. VORSTIUS , ( Guillaume-
Henri) fils du précédent , minifire j
des Arminiens , à NTarmond , dans
la Hollande , compofa plafieors
livres. Les plus confidérables font :.
L Sa Tradition latine de la Clro-
nologU de David Gani, II. Celle do
Pîrkc Avoth^ du Rabbin EIU\tr, 1644*
in-4**. m; Celle du livre de Af«-
monîdes , Des Fondcmcns de la Fol , 1
163S , in-4^ » avec da. remarques
favantes.
211, VORSTIUS, (.EfittsErer-
hard ) né à Ruremonde » en 1565 » ,
mort en 1624 » à Leyde , où à oc- ,
cupoit utie chaire de profeffeur de
médecine 9 laîfla divers Ouvrage»
de littéranire , demédedne & d'Ut
toire aatiistUe, qui furem rccher-
ch4
V6R
étés pour leur érudition. Les priff-
tipaux font : I. Un Commentaire
De Annulonm ori^t , dans un Re-
cueil de GorUus, fur cette matière ,
1599 » in-4**. II. Un Voyage hifto^
tique & phyfique de la grëàde Grèce ,
de la Japigie , Ijieanîe^ des Bmtîens &
des peuples voifins , en latin. III. Des
Poiffons de U Hollande, IV. Des
Remarques latines fur le livre De
te medUa , de Celfe,
IV. VÔRStiUS , ( Adolphe )
fils du précédent , fut auffî pro<-
feffeur en médecine à Leyde , où
il mourut en 1663 , a 66 ans. Il
a donné un Catalogfte des Plantes du
Jardin Botanique de Leyde , & de
celles qui nailSent aux environs de>
cette «ville. Cet Ouvrage, imprimé
a Leyde , 1636 « in-4® , eft afîez
bien fait.
V, VORStiUS , ( Jean) né dans
le Dithmarfen , embraffa le Calvin
niûne , fut bibliothécaire de l'élec^
teur de Brandebourg , & mourut
ta 1676. On a de lui : I. Une Phi*
Ufo^facrée ^ où il traite des Héhrdif'
mes du Nouveau Tcftament, II. Une
Diâertacion de Synedrîis Hehntorum^
Rofioch, 1658 & 1665 i 2 vol<
în-4^. IlL Un Recueil intitulé :
■Fafcîculus Opufadorum hîfioricorum
& phUologUontm^ RotcrAàm^l6<)^'i
S vol. in-8°. On trouve dans cette
«oUeâion les Ouvrages fuivans :
De Adagils Novi Teftanunti ; De vou
Sefach , hrem. xxri des Dljfenatwns
latines fur les 70 ans de la capti-
vité des Hébreux ^ fur les 70 femai-*
^es de Daniel , fur la Prophétie de
Jacob y &c. &c. Tous ces Ouvrages
prouvent une grande érudition ,
ûicrée & profane. Vorfiiusétoit trcs-
.verfé dans la connoiiTance des lan<^
^ues , & fur-tout de Thébreu.
Y OS i ( Martin de ) peintre , né
vers l'an 1534 « à Anvers , mourut
dans la même ville en 1604. C'eâ
au foin qu'il prit à Rome de copier
les magnifiques Ouvrages des plus
Tom€ IX^
vos 4t^
•c^élires maîtres , & à la liaifoii
qu'il fit à Venife avec U Tmtoret i
que Vos doit la haute réfiutatioil
où il eft parvenu. Il a réuffi éga-*.
lement à peindre l'hiftoire , le
payfage & le portrait. Il avoit uit
génie abondant : fon coloris eft
frais , fa touche fadile ; mais foâ
déffîn eft froiid , quoique correél
& aiTez gracieux. On a beaucoup
gravé d'après {es Ouvrages*
L VOSSIUS, (Gérard) d*untf
famille confidéràble des Pays-Bas ^
Jont le nom eft P^os , prévôt de
tongres, habile dans le grec Se
le latin , demeura plufieurs annéeii
à Rome, Il profita de ce féjour pouiî
fouiller dans les bibliothèques Ita^
liennes *, il fiit le premier qui eit
tira & traduifit en latin plufieurs
anciens moriumens dés PP. ërecs,
entfe autres les Ouvrages de 5. Gré'*
goire Thaumaturge & de 5. Ephrem^
Il mourut à Liège fa patrie , eo
1609 f aimé & mméi
IL VOSSIUS^ (Géfârd*Jean)
parent du précédent , naquit eii
1577, dans le Palatinat , auprès
d'Hddelberg. U fe rendit très-habiltf
dans les belles-lettres, dans Thif*
toire & dans l'antiquité facrée 6^
profane. Son mérite lui valut la
direftion du collège de Dordrecht*
& il remplit cette place avec applau<-
diftement. On lui <îonfia enfuite la
chaire d'éloquence & de chronolo*
gie à Leyde; & il la dut plutôt à
fa réputation & à fon mérite, qu'à
fes intrigues. Appelé en 1643 à
Amflerdam , pour y remplir une
chaire de profeiTeur en hiftoire i
il sy fit des admirateurs & des
amis. S/cs principaux Ouvrages
font : I. De\orîgmeldololatrîte, II. Da
Hifioricis Gracis.,. De Hiftor. Latlals^
ni. De Poetis Gracls , De Latlnts^
IV. De Scîendis Mathemaùcis, V*.
De quatuor Artlhus populanhus, VI»'
Bifioria Pilaaiana, VIL Inftitutîonu
Dd
4i8 VOS
RhêiorieM > GrammatUs , Poiidcét^
VUI. Thmfu Chronologie» & ThtoU^
me». 1^. Èiym&iopcon Limgus Latin».
A. De yitiis Sirmonis , te. Tous cas
Ecrits ont été imprimés à Amfter-
<lam« 1695 à 1701» 6 vol. in- fol.
La plupart font remplis d'un favoir
profond & de remarques folides.
On eftime iur-tout ce qu'il a écrit
fur THiftoire , fur lorigine de l'Ido-
lâtrie, & fur les hiiloriens Latins
& Grecs. On lui reproche feule-
ment d'avoir trop compilé , & de
m'avoir rien voulu facrifîer de ce
^'il avoit amafle : femblable aux
gens riches y mab mauvais écono-
mes, qui avant de bâtir font de^
grands amas dt matériaux , & qoi^
«iment mieux gâter leurs édifices ,
^ue de ne pas mettre en œuvre ce
iqu'ils ont entaffé. Vojfms auroit pu
^quelquefois fe prefcrire une mé-
^ode plus naturelle & plus exaâe,
is*il n'avoit pas voulu nous dire
'touf ce qu'il favoit fur les fujets
qu'il' traitoit. Enfin il n'a pas tou-
<^ours raifonné bien îufle , & a pris
louvcRt de fimples probabilités pour
derfeifons convaincantes <& folides.
U eft cependant peu de livres où Ton
puifTe plus apprendre que dans les
£ens. Gç (avant mourut en 1649 ,
A 72 ans , laifiam cinq fils. On
frouvé le caraûere de Gérsrd''Jean
VoJfiûs,hvai peint, dans le Parallèle
Ique les îoumali#es ée Trévoux ont
Ait entre lui & fon fils Ifitéc. u Rien
>* de phis oppQfé , di£ent-ils , qutt
*» les caraéberes du perc & du fils ;
" rien de plus différent que leurs
»« efprits. Dans le père , le jugement
«* dominoit; l'imaginatios domi^
H noit dans le fils. Leper« travail*
tt loit lentement -, le fils travailloit
M facilement. Le père fe méfioit des
H conîeâures les mieux établies \
n ]e fils n'aimoit que les conjeâures
M hardies. Le père formoit tes opi*
9 nions fur ce quHl lifoit ; le fils
n preaoit une opinion , & lifoit
VOS
M cafidie. Le père s'attadiott à pé»
«' nétrer la pràfée des auteurs qu'il
» citoit , à ne leur nen impcfer,
*• & les regardott comme ks toai'
» tresilefibft'applîqaoitàdonaer
*> fies propres penfées aux auteurs
» qu'il dtoic , & ne fe piquoit pas
M d'une fidélité exaûe en les dtant:
» H 1» regardoit comme des efda-
» ves • qu'il avoit droit de Êdxe
*' parler à fon gré. Le père dier-
M choit à infiruire *, le fils i £âre du
¥* bruit. La vérité étoit le diarme
>t du père *, la nouveauté étott le
» charme du fils. Dans le père on
M admire une érudition vafl^ > msûs
M exprimée avec tant de clarté, que
t» tout s'entend, tout fe retiemi
n on admire dans le fila un tour
» éblouifijint » des peafée» fing»
*• lieres , une vivacité qui fe fon^
n tient tottîôurs » & qui plaît too-
m jours , même dans la plus maii-
«> vaifecaufe. Lepereafintdebooi
M livres^ le fils a €nt des livres
•• curieux. Leurs cœurs ont été
n aufii difFérens que leurs efpriti.
M Le père, homme de probité, réglé
» dans fes mœurs , né par malheur
n dans la feâe Calviniile , a eu tos-
>' jours en vue la religion dansfei
M études *, il s'efi détrompé debeati-
ti coup d'erreurs, dt il a a(^»roché
M de la foi , autaiu que la raifos
>' ^ feule en peut approcher. Le fils,
»' libertin de cœur & d'efprtt y l
V regardé la religion comme la
•» matière de fes triomphes; il ne
M l'a étudiée que pour en chercher
n le foible. {Mèm. dt TrivonM^
n Janvier 171 3 «<.)Koxc^ les articles
fuivans.
m. VOSSIUS, (Dems)fils du
précédent , auâfi favant que fon
père, mort en 1633 , à ax ans«
étoit un prodige d^érudicioa \ mats
fon favoir lui fut fiiiiefie\ car il
accéléra fa mort. On a de lui de
favantes Noies fitf lé livre de l'Ido-
lâtrie du Rabbin MoyfeMm-Maimm^
vos
inférées dans l'Ouvrage de foâ père,
fur U même matière.
IV. yOSSlUS, ( François ) frcre
du précédent , mourut en 1645 ,
après avoir publié un Poëme fur une
viâoire navale remportée par Tami-
ral Tromp,
V. VOSSIUS, ( Gérard ) troi-
(emc ÛU de Gérard- Jean , fut Tun
des plus favans critiques du xvii^
fiede. U mourut en 1640. On a de
lui une édition de Vdltius Patercw
ius^ avec des Notes, à Leyde, 1639,
in- 16.
VI. VOSSIUS, ( Matthieu ) mort
«n 1646, iî-ere des précédens, a
donné une bonne Chronique de Hol-
lande & de Zéùmde , en latin , Amf* ,
terdam, 1680, in-4^.
VII. VOSSIUS , ( lÉiac) le der-
nier des en£ins du célèbre Foffius ^
& le premier en érudition , né à
Leyde en 1618 , pafik en Angle-
terre , où il devint chanoine de
"Windibr. Ses Ouvrages répandirer.t
fon nom par toute l'Europe. Louis
XIV^ inftruit de fon mérite, char«
gea Colhert de lut envoyer une let«
tre de diange , comme une marque
4e fon efime & un gagfi de /a proue-
non. Ce qui dut le plus flatter
Vogius^ ce fut la lente dont ce
miniftre accompagna ce préfent. U
lui difoit que , « quoique le roi ne
V fût pas Ton fouverain , il vou-
» loàt néanmoins être fon bien-
9 faiteur , en confidération d'un
«» ncMn que fon père avoit rendu
» illuilre, & dont il confervoit la
» gloire M. V^vu fe rendit fur-
tout célèbre par fon zèle pour le
fyllème de la chronologie des Stf^
tante , qu'il renouvela & qu'il
foutsnt avec chaleur. Il devoir
donner une nouvelle édition de la
Verfion de ces célèbres interprètes ;
mais il en fut empêché par fa mort ,
arrivée le xi Février 1689 , dans
£i 7X^ année. Ce- favant avoit une
mémoire prodigieufe » maisLil inaa^
vos 419
quoh de jugement. Son penchant
étoit extrême pour le merveilleux.
Rempli de doutes fur les objets de
la révélation , il ajoutoit foi aux
contes les plus ridicules des voya^
gieurs. U s'entêta de la prétendue
antiquité de la Chine , & mit l'hif-
toire de ce peuple au-deffus de celle
des Hébreux , fans s'embarrafler des
conféquences que les incrédules en
tireroient, ou plutôt pour leur
fournir le moyen de tirer ces dan*-
gereufes conféquences. Charles 11^
roi d'Angleterre , difoit de lui : Ce
Théologien efi un homme Htn éton-^
nanti il croît à tout ^ excepté à la.
BiSLM, » Madame Ma^arin , ( dit
^ Mai\taux dans la Vie de Saint».
'Evremond) » fe plaifoit beaucoup à
>* la converfation de ce favanc
*> homme i il mangeoit fouventches
« elle. Elle lui faifoitdes queflions
» fur toutes fortes de .fujets. Voici
>» quelques traits de fon câraâerew
f^ U emendoit prefque toutes lef
*' langues de l'Europe, ât n'en par*
*• loit bien aucune. Il connpiàbix
« à fond le génie Se les coummes
" des anciens , & il ignoroli les
•» manières de fon fiecle. Son im«
>* poHtefle fe répandoit jufque fur
» fes expreffions \ il s'ocprimoît
» dans la converfation , comme il
» auroit fait dans im Commentaire
n fur Juvenal Ou fur Pétrone, \\ pu-
n blioit des livres pour prouver
» que la Verfion des Septante eft
H divinement infpirée , & il té*
» moignoit par fes entretiens par*
vt ticuliers qu'il ne croyoit point
» de révélÀon. La manière peu
>* édifiante dont il eft mort, ne
n nous permet pas de douter de fes
» fientimens... Le Doreur Hafcard «
M doyen de Windfor , l'étant allé
*• viflter ( à la mort ) avec le doc«
» teur JFichard^ un des chanoines»
w ne put jamais l'engager à com-
>9 munier , comme c'eft l'ufage dis
*f l*Eglif€ anglicane, quelque for*
Dd ij
410 VOS
*» tement qu'il en prefl^t, Jufqu'à
♦» lui dire, que s il ne le faî/oit
n pas pour f amour de Dieu ^ îl ie
w fit du moins pour Pkonneur du 'Cha^
•> pitre «. Malheureufcmentpourliii
robfcénité de fes Remarques fur jCi-
tulU y & certains traits de. 4- con-
duite , prouvèrent quels épient les
principes de fes iinpiétcs , & cela
ne fervit pas à accréditer fa façon
de penfer auprès des gens fages.
On a de lui : 1. Des biotts fur les
géographes S:ylax & i^mponius'
Mêla.., I/aac Fcjpus , ( dit un bon
juge en cette matière , ^DUlffle le
géographe , ) » eft un de ceuix qui
» dans ces derniers temps c^> tra-
»♦ vaille le'-plus utilement à l*géo-
* graphie \\9i' quoique fa prétendue
» réforme des longitudes nerlui ait
n pas fait honneur , il ne laiife pair
» d'y avoir d'excellentes, recher^
** ches dans fes Ouvrages gédgra-
«I phiques ««. II. Comménialrts fur
Catulle , publiés cn 1684 , in-4^ ,
pleins d'expreflions libres & ûrdu-
rieres. On prétend même qu'il j
fit entrer le Trmté De PtofilbuUs*
veterum de Beverland , avec lequel
H étoit trés-lié. III. Des Obferva"
àîons fur l'origine du Nil & des au-
tres fleuves. IV. Un Traité DtSh-
iyllinis , alîlfque , ^ua Chrifti nota*
km prttcejfere , Oraculîs , Londres ,
1685 ♦ in-4®. V. Des £crtf5 contre
Riâhard SlMON. VI. De Poëmatum
4antu & viribus Rithmî , à Oxford «
1675 , in-8**. VII. Variarum Ob/cr-
ifatîonum liber, VIII. Une édition
&es Lettres de 5. Ifftace, martyr.
IX. Plufieurs Dîffertatîons philofo-
phiques & philologiques. Il aflfec-
toit , connue la coutume des favans ,
de citer fort peu , fur-tout lorfqu'il
âvançoit quelque nouveau para-
doxe, quoique ce foit dans ces oc-
cafîons qu'il faut citer fes témoins.
( ^oyei fon caraf^ere tracé dans l'ar-
ticle de Gérard-Jean Vossws fon
père. )
V o u
VOSTERMAN , ( Lucas ] g«^
▼eur Hollandois, mort à Anvers
au milieu du XV II" fiecle. Sts Ef'
tampes font très-recherchées , & tei
' afiîgnent un rang parmi les plus ex-
celîens arnftes. Il a beaucoup con-
tribué à faire connoître le mérite
du célèbre Kubehs , & à multiplier
fes belles comportions. On adnire«
dans le« Ouvrages de Voftermâm »
une manière expreffive 2c beaucoup
d'intelligence. Il ne faut pas le con-
fondre avec Lucas VosTERMjy î
furnommé le Jeune : c'étoit le fils
du précéda At rm^ais- il fut bien infé*
rieur à (on père. . ''
VOÛÉT , (Simon ) peîntrè> nft'
à Pins en 1^82 , mort dans b
mêfmê ville vers 1649, âgé de y9
ans, n'en avoit que 14 , lorfqu'on
le chargea d'aller peindre uite dame
qui s ^toit retirée en Angleterre. A
l'âge ^<^ao ans , il accompagna Har*
lay baron de Sancy , ambafiadeiirà
Conftantinople, Ce peintre vit une
fois legrand-feigneur Achmet /,;&
cela lui fuffit pour le 'JgÛÉf^'^
mémoire , très - rcfieîmlm! Tôm»
paffa en Italie » où il demeura plu«
fieurs années. Il y fit une étude
particulière des Ouvrages de K^-
lentin & du Caravage, Plufieurs car-
dinaux voulurent avair des ûens, &
lui {HTocurerent la placé de peinte
de l'académie de Saint-Luc à Rome;
Le roi Louh Xlll , qui lui avoit
déjà accordé une penfion , le fit
revenir « le nomma fon premier
peintre, & le logea au^ galeries
du Louvre. Ce prince goûcoit beau-
coup de plaifir à lui voir manier
le crayon , lorfqu'il peignoit efl
paftçl. U prit même des leçons de
lui , & il réufiit en peu de temps
à £^ire des Portraits re0enib1^
Voutt s'étoit &it une nÂxiife06^
expéditive. On a li^u d*être étonné '
de la prodigieufe quantité d'Ou-
vrages qu'il a laifies. Accablé de
tt4Yiyil I il i^ «oiitçnjKoù fauveat
. vo u
et ne faire que les deifîns fur lef-
^uels fes élevés travaiUoient , &
qu'il retouchoitenfuite ic'eft pour-
quoi on voit plufieursde fes Ta-
bleaux peu eftixnés. Ce maitte in-
ventoic facilement & confultoit U
nature. On remarque dans quelques-
uns de fes Ouvrages , un pinceau
frais & moelleux -, mais la trop
grande aâivité avec laquelle il tra-
, vailloit , Ta fait , pour l'ordinaire y
tomber dans le gris. Il peut être re-
gardé comme le fondateur de l'Ecole
Françoife. La plupart de nos meil-
leurs maîtres prirent de {es le-
çons. On compte parmi fes-éleves,
à Sueur , U Brun , Molle , Perrier ,
A£gnart, Dorigny le père , Tefielin ,
Dufrefnoy , & plufieurs autres. Saitu*
Aubin VouET étoit fon frère &f on
difciple. Les principaux Ouvragés
de Simon Voua font à Paris*,. Voy«i
VOET.
VOUGN Y, ( Louis-Valcntin de )
confeiller f clerc au parlement de
Paris « (^ patrie , & chanoine de
Notre-Oame , mort en 1754 , à 49
ans , a traduit une partie du Spac
fio de/la Beftia de Jordatfo Bruni,
fous ce titre : Le Ciel réformé ,1754,
in>i2. La Traduâion ne donne pas
grande envie de recourir à l'ori^
ginal , quoique les curieux le re-
cherchent.
VOV^^ERMANS, Voy.WAV-
ITERMANS.
VOYER, Cherckei LlGNE«.OL-
Les
I.' yOYER DE Pauimy ,
( René de ) chevalier , feigneur
d'Argenfon , étoit fils de Pierre dç
Foyer chevalier , feigneur d*Ar*
gtnfon f (terre entrée dans fa maifon
pat^ grand *mere paternelle , ) gen-
tilhomme ordinaire de la chambra
du roi , d'une ancienne maifon ori-
ginaire de Touraine. ^ naquit en
1596 , & alla d'abord apprendre
k métier de la guerre en Hollande,
Aon h ineiliçur? Ecole mili».
V O Y 41Î
taire de l'Europe. Mais l'autorité -
de fa mère Elîfahah ThérauU de *
Chivemi , niece du chancelier de ce
nom , les conjonâures des affaires
générales â^es fiennes , des efpé- ^
rances flatteufes & prochaines , lui W
firent quitter l'épée pour la robe.
U devint confeiller au Parlement
de Paris en 1619 , puis maître des
requêtes & intendant de plufieurs
provinces; hts befoins de l'état
le firent encore changer de pofle ; ^
6c on lui confia toujours les plus
difficiles. Quand la Catalogne fe
donna à la France , il fut mis à la
tête de cette nouvelle province»
dont l'adminiflration demandoit ui\
mélange finguUer & prerque uni-
que , de hauteur & de douceur ,
de hardieile & de circonfpeâion^
Dans un grand nombre de mar*
ches d'armées , de retraites , d^
combats , de fiéges , il fervit au<»
tant de fa perfonne , & beaucoup
plus de fon efprit, qu'un homme
de guerre ordinaire. L'enchaîne*
ment des affaires l'engagea aufli dan^
des négociations délicates avec des
PuifTances voifînes , fur- tout avec
la maifon de Savoie , alors divifée.
Enfin , après tant d'emplois & de
travaux , fe croyant quitte envcri
fa patrie , il fongea à une retraite
qui lui fût plus utile que tout ce
qu'il avoit fait. Comme il étoit
veuf, il embrafTa l'état eçcléfiLi-
tique ; mais le deffein que la cour
fprma de ménager la paix du Turc
avec Venife , le fit nommer am-
baiTadeur extraordinaire vers cettt
république. U n'accepta cet emploi
que par un motif de religion , à
condition qu'il n'y feroit pas plus
d'un an , &: que quand il en for*
tiroit, fon fils , que l'on Esifoit;
dçs-lors confeiller d'état , lui fuc-*
céderoit. A peine étoit-il arrivé à •
Venife le 14 Juillet 165 1 , qu'il fut
pris, en difant la Méfie > d'une fièvre
violente dont il mourut. Ôq a
D d U] •
411 V O Y
ëe lui un Tréîtd de U Sapfft Chri»
tienne , & une Traduûion de Vlmi»
ution ie 7. C
IL VOYER DE PAULMr ,
^ ( René tle ) fils du précédent , che-
" Tôlier , feigneur 4^' ^r^/i/bn , comte
de Rouffiac , fut confeillier au par-
lement de Rouen , puis makre des
requêtes , confeiller d'état ordi-
naire. Il fuccéda à Ton pcre dans la
qualité d'ambafladeur,<pi*tl remplit
jusqu'en 165 5 , & mourut en 1700 ,
âge de 70 ans. Le fénat de Venife
lui accorda & à f es defcendans , la
permiffion d'ajouter fur le tour de
îes armes, celles de la république ,
avec le lion de S. Marcpouxàmics,
IlL VOYER jDE Paulmï ,
'( Marc -René de ) chevalier &
marquis à*Argen/on, vicomte de
Mouzé , &c. , étoit fils du précé-
dent. U vit le jour à Venife en 16 5 2.
La république, qui voulut être fa
marraine, le fit chevalier de Saint-
Marc , & lui donna le nom de cet
Apôtre. Après avoir occupé une
charge de maître des requêtes, le
foi lui donna celle de lieutenant-
général de police de Paris. Sous
lui la propreté » la tranquillité ,
, l'abondance , la fureté de la ville fii-
fent portées au plus haut degré.
Auffi Louis XÏV fe repofa-t-il en-
éérement de ià capitale fur fes
foins j il lui auroit rendu compte
d'un inconnu qui s'y feroit gliflé
dans les ténèbres. Pendant la chené
cxc^ve des denrées en 1709 , le
magifbat Au pourvoir aux befokis
du peuple» & calmer fes émotions
paflageres. Un jour étant affiégé
dans une maifon à laquelle une
troupe nombreufe vouloit mettre
le £bu » il en fit ouvrir la porte ,
fe préfenta, parla , & <q>paifa tout.
Soa courage & fii présence d'ef-
prit ne paroifloient pas moins dans
les incendies. S'y trouvant toujours
des premiers , il donnoit des ordres
pour Içs fecQurs , & des exemples
VOT
de bravoure qui engag^oîenr li^
plus timides à braver le péril A
l'embrafement des chantiers de la
porte SaiotBemard à Paris , il &!'
loit pour prévenir un incendie gé*
néral , traverfer un efpace de chc
min occupé par les fiammes. Des
détachemens du régiment des Gardes
héfitoient à tenter ce pafiage ; ^Ar*
fUmfon le firaochit le premier, fefit
fuivre , & l'embrafement cefia- 11
eut une partie de fes habits brûlés
& fiit plus de vingt heures dans
une aâion continuelle. Son zeU
dans l'adminiflration de la police
fut récompenfé par la dignité do
confeiller d'état. U entra enibita
dans les affaires les plus inrpoi>
tantes \ & enfin au commencement
de 1718 , il fut fait garde des fceaux»
préfidcnt du confeii des finances»
& en 1720 rainifire d'état. Oblige
de remettre les fceaux la mêint
année » il fe confola dans la re-
traite , de la perte de fes places ^
en méditant en Chtérien fur le néant
de la grandeur. Il mourut l'année
fiiivante « ( le 8 Mai ) membre d«
l'académie Ftançoife & de celle des
Sciences , âgé de 69 ans. Ce nû*
nifire étoit une homme d'un grand
courage dans les difficultés , d\inf
expédition prompte , d'un travibl
inéitigable , défintérefiTé , ferme %
mais dur » fec & defpotique. Con-
fidéré comme homme de fodété ;
il étoit plus aimé & plus aimable»
Il avoit une gaieté namrelle.une
vivacité d'efprit heureufe & fé-
conde en traits qui feuk auroienè
fiùt une réputation à u&i homme
oifif. Il diôoit à trob ou quatre
iècrétaires à la fois *, & fouvem
chaque lettre eût mérité parïa ma-
tière , d*être faite à part, & icmbloir
l'avoir été.
IV. VOYER DE Pavlmt»
( Marc-Pierre ) comte éArptifcn »
fils du précédent, & àé^Mar^funA
U Fcvu ie Catméutin , naquis à PtfÂ
V O Y
en i$96. Après avoir pâiTé par
difFérens emploie, où il prouva Ton
exaûitude & Ton intelligence, il
fot nommé lieutenant • général de
police, & chef du confeil du duc
^OrUat^^ régent. ( V^y, IL CoR-
siN£LLi. } Les occupadons de
cette dernière charge Toblig^wit
deie démettre de la première^ &
le roi , en acceptant fa démiffion ,
le nomma en 1724, confeiller d'état;
Le chancelier étAçueffcau travailloit
;^ors à la rédaéHon des Ordon-
nances & ^es Lois» avec plufieurs
magiffarats diflingués , au ' nombre
defquds il admit M. éCArgmfon,
L*admini(lration de la Librairie lui
fut confiée peu de temps après ; &
dans cette place il travailla en même
temps à fa propre gloire & à celle
des lettres. Il pa(fa enfuite au mi-
fixAere ; il eut le département de
la Guerre « la furintendance des
Poftes. La fameufe campagne de
Bohème avoit anéanti , pour ainfi
dire , Tarmée Françoife. Le nou-
veau miniflre remédia , par fes foins
& par fon adHvité , à tous les maux
^ue les troupes avoient éprouvés.
11 compléta les régimens, il en
augmenta le nombre , il forma les
Grenadiers royaux j enfin , il établit
l'Ecole militaire. Difgracié en 17 5 7 ,
par les intrigues de Madame d^
Pompadour , il donna la démiffion
de fa place de fecrétaire d'état &
de la furintendance des Pofles. U
fe retira à fa terre àti Ormes, où
il oublia , dans le fein de la phf-
lofophie , les honneurs & les di-
gnités qu*il avoit perdus. Il y mou-
rat en 1764. Pluûeurs gens de lettres
le viûterent dans fa retraite. Il les re-
cevott avec une honnêteté qui étoit
encore moins celle d'un homme du
grand monde , que d'un homme
naturellement ^bon. Sahs avoir une
vafte littérature, il avoit l'efprit
orné & une heureufe fecilité de
parler. On g rapporté fuelques-
V R A 4if
unes de fes faillies. Lorfque Mow
m/, auteur de VHîftoirt des Chats ^
voulut l'engager à demander» après!
la retraite de VoUaîn en Pruffe , fa
place A'Hlftoriographei — tiîflono^
papU , lui dit le miniflre en plai-
fantant , Feus voule^ dire : Hifiorio^
grîpht. Son frère René-Louis , mar-
quis d'Argenson , miniflre des
affaires étrangères, étoit mort en
17 5 6. Celui-ci étoit un bon poli-
tique & un excellent citoyen. It
avoit un efprit agréable , qu'il à voie
perfeâionoé par la leâure. Commç*
Il avoit la fagefTe de ne pas le pro*
diguer aux jeux de quelques cour-
tifans , ils f'appeloient , auiH fotte-
ment qu'iniufîement , d'Argenfon la
Béte, Nous avons de lui des Con^
fiiératlonsfurU Gouvernement , 1765 ;
in- 8® & in-ii , qui font d'un phi*
lofophé éclairé & d'un miniflre
humain.
VRAC bu Bozssov , ( fean ) n^
à Paris en 1704 , d'une famille
originaire d* Alface , étudia d*a(bo^d
les mathémadques dans la vue
d'ejptrer dans le Corps du Génie §
mais il s'attacha enfuite à l'archi^*
teéhire , par le confeil de Bof^
/rofli, premier ingénieur-des Ponts
& Chauffées de France. Afluré d«
la capacité 6c des talens de fofi
f levé , cet habile maître lui confia
la conduite du fameux Pmti dit
Bicêtre-, il fut fi content de foft
coup d'efTai , qu'il le fit nommer
à la place d'infpei^eur , & peu dé
temps après à celle d'entrepreneiU?
dà bâtimens des Hôpitaux. Frak
du Buiffon eut alors lieu de tra-
vailler d'après lui-même. Parmi léi
opérations de ce génie inventif,
on ne doit pas oublier la Cîter/îe
de Port - royal , qu'on regarde
comme un chef - d'oeuvre en fon
genre , par la £»cilité que. Tarchi-
teâe a donnée aux eaux du ciel
de s*y rendre , malgré l'es inéga-
lités du terrain : fecours d'autant
4M V R I .
plus impoftaot , qu'il ferait très-
difpcndieux de çreufer des puits
4ans cet endroit le plus élevé de
la capitale , & plus difficile encore
d'en tirer de l'eau pour les befoins
de cette abbaye & de Tes jardins.
11 fe diftii^ua fur-tout par la fo-
lidité de ia bâtifie & par fon éço-
9i0)mie, deux pardes eflentielles
fdans rarchiteôure. la folidité de
^ bâtiffe fe fait remarquer dans
)es vaftes édifices aioutés à l'Hô-
pital général , dans ceux des Emt
JârU'Trouyés , au Parvis Notre-Dame
Si au faubourg Saint - 4ntoinef
3Le goût popr l'économie domi-
fioit en luji au point , qu'avant dç
produire au grand jour quelques-
unes de fes npuvi^lles inventions ,
il en ^ifoit exçcuter les modeleç
â fes frais^ Ç'eft d'après des eflajs
finû répétés , qu'il fit conftruire ,
dans une forme nouvelle & plus
avantageiife, les Fours à cuire le
V U L
Franeker, & de 136 profeffeuis
qu'elle a eus depuis fon étabhfb-
mentjufqu'à l'an 17 ^S.
VULCAIN , ou MuLciBEH ,
Dieu du Feu , fils de Jupiter & de
Junon, Comme il étoit extrêmement
l^id & mal-Êôt, auff-tôt qu'il fiit
né » Jupiter lui donna un coup de
pied , & le Jeta du haut en bas du
ciel. VuUàin fe cafla la Jambe en
tombant. Cet accident le rendit
boiteux \ mais il ne Temp^a pas
d'époufer Vénus , qui ne lui fii|
guère fidelle. Vulcaln fiit le for-
?;eron des pieux : il foumiflbit de$
budres à Jupiter , des armes à Mars ,
^ tenoit fes forges dans les ifles
4e Lypare , de Lemnos , & au fond
du Mont-Etna. Les C^ dopes y fe^
forgerons , qui n'avoient quui|
oeil au milieu du firon$, travailr
}oient cqntintteUement fous lui.
On lui donna le nom d^ MUr
çlber , parce qu'Jl amoUiffpit le fer*
pain djes Pauvres, dans la Maifotp dans le feu. Les Vulcanales étoien$
4t Sciplon du Êiubourg Saint- des fêtes en fon honneur , penr
l^iarce^u^ fy les Moulins de THô- dant Içfquelles on couroit dans
pital général. Ce( habile arehiteûç les rues avec des torches allumées >
louifToit de la plus brillante repu- Çc l'on faifoit dans les places pur
fation parmi les grands maîtres de bliques , de grands feux où l'oa
l'art , lorfque la mort l'enlev^ en
iX762 , après une faigi^ée légère-»
fnent demandée,
VRIEMOÉT , ( Emo'Lufiuf )
~ Frotefiant , né à Embden dans la
Trife, en 1699 , fiit miniftr«,puis
profeiTeur des langues orientales
pi des antiquités hébraïques, à
Franeka*^ où il mourut en 17.64.
Ses principales produâions font :
I. Un Recueil aObfervations Phi-
fo/op/iiques & fhéologlques , en latin ,
l^euvarde , 1740 , in-4^. IL ^ra- ^
fi/mus , exhibent Grammaticam arabi'
fdm» Acceffere monumenta arabica^ &c,
^raneker, 1733» in-4°. III. Tiro-
finium Hebrdifmi^ Franeker, 154:^ ,
^n-i2. IV. Athenarum Frifiacarum
fjhri duo , Leuvarde , 1758 , in-4**.
f -fft l'hfft9ij:ç dç l'univerfiiç dç
jetoit des pLnimaifx vivans , pouç
fe rendre ce Dieu favorable. Voy^
Mars , Vénus 6» Junon.
VyLCANIUS, (Bonaventurc)
né à Bruges , & mort en 16 14 , âgé
ide 77 afts , à Leyde où il étoit
profeâeur de grec, fut un affe^
bon littérateur pour fon temps. U
fe laifia entraîner par les erreurs
du Isuthéranifme , ^ il employ?i
quelquefois fa plume pontre l'Eglife
Catholique. Ses principaux Our
vrages font : L Une Verfion mé-
diocre de CalUmaque , de Mo/ch^t
& de Bien y in- 12. U. Unebomve
édition d*Arrien ^ qui a été enfuie
corrigée & augmentée par Nicole
Blanchard ^ c'é^ celle qui eft C0I(-
nue fous le nom de Fariorum, II).
Une . édition d'Agat/ùat le Sc^
J
V u t
laftique > fur le règne & la vie de
JujBnim^ avec un bon Commen-
taire : elle a été imprimée au Louvre
en 1660, in-foK
VULSON, (Marc de) fieur it
la ColombUn , de la religion Pré-
tendue-Réformée , & gentilhomme
ide la chambre du roi , mourut en
1658. Ayant un jour furpris fa
' femme en adultère , il la tua , elle
ta fon galant ; puis il vint en pofte à
jParis folliciter fa grâce , qu'il ob-
tint. Cet événement arriva à Gre-
noble en 161 8. Depuis, on mena-
içoit dans cette ville les femmes
coquettes > de la Vulfonadcp Ses Ou- '
yrages font : I. X^ Science héroïque ,
fraitant de la Ifohleffe , iU l^orî^ne
des Armes , &c. in-fol. , Paris , chez
Cramoîfy , 1644. Cet ouvrage fiit
augmenté & réimprimé dans la
jnême ville en 1669. C'eil la plus
j^Ue $ la meilleure édition de ce
V u L 41Ç
livre, l'un des plus finrans que
nous ayons pour la fidence du
Blafon. IL RÙaûlde pbfaas Pteas
^ fS"^^ d'Armûties, în-foL , Finis ,
1689. m. Le rhé£aeX1ummar& it
Cavalme , ou iis Mîwoir Ufiùt^ptt de
la Nobl^tf commmu Us eaméais^
Ui trîoa^kes, les tammoîs , lespmus^
les armes ^ Us, tamm/ds ^ les eamfea
de haffies , Us gages des hmtmlUs »
Us cartels^ Us isds^ lesd^rudmkms
de NchUgk» &iC.P^, 1^> X
vol. in-foUo : onviage cmîeinc &
très-utile pour coonoitre le oété*
monial de l'ancieiiiie Clievalâne«
& pour limclligeiice et nos vieocc
Romans.
WLTC7RNE, Ventqa'on cxoit
(tre le même <|a*£Jm. Cctoit
auiH le nom d'un Diea adoré a
Rome, en llionnenr duquel il y
avoit des Cites qa'on netomoit Vvi^
4^6
mimmm
w
w.
^ ACE ou ▼aice , ( Robert )
poète François , de l'tik de Jerfey ,
fiit clerc de la chapelle &Henri II,
loi d'Angleterre, & chanoine de
Bayetiz. Il vivoit vers le milieu
du douzième ficelé. Il eft auteur
db Roman de Rhou & dis Ducs àt
JNormandU , écrit en vers françois.
Ce livre eft utile pour connoitrc
les ufageS , la propriété & la figni-
ficacion de beaucoup de termes i
enfin, pour certains éits hiftoriques
de (on tempSé 11 éft iioanufcrit dans
la Bibliodieque du i^oi de France »
fous le ticre cî-defiTus défigné ; &
dans celle du roi de la Grande-
Bretagne , fous le titre de 'Roman
des Rois iTAngieunt, ( Voyez A*-
hGottuca BibUothu, Mjf, de Dom
de Montfaucon^ tonu 1. pag. 617.)
I. WADING. ( Pierre ) naquit
à >X^aterford en Irlande , l'an 1 5 86 ,
À fe fit Jéfuite à Tournai en i6oj.
Il enfeigna la théologie, paride à
Prague, partie àLouvain , pendant
16 ans ; & fut chancelier des Uni-
verfités de Prague 6c de Gratz en
Stirie. Il vécut tong-temps en Bo-
hême , & dans d'autre! lieux des
pays héréditaires He l'empereur ;
& par-tout fon (avoir & fa piété
lui attirèrent une vénération fin-
guliere. Il mourut à Gratz en 1644 «
laiiTant divers ouvrages en latin.
II. WADING , ( Luc de) Corde-
lier Irlandois , fe fixa à Rome ,
a'y fit eftimcr par fa probité , &
mourut dans cette ville vers Tan
1655. Il eft auteur : I. Des An^
pta/es de fon Ordre, dont la meil-
leure édition efi celle de Rome ,
173 1, & années fuivantes, en 17
vol. in- fol. II. De la Bibûotheque des
Ecrivains qui ont été Cordeliers,
1650 , in-fol. , parmi lesquels oA
en trouve plufieurs qui s'ont pai
porté l'habit de Saint - François^
Cet Ouvrage eft cependant urile ^
ainfi que (es Annales, quoiqu'on
reptoche quelques Êiutes â Tauteun
L'enthou(îa(me pour fon Ordre lui
a £ait répéter plufieurs febles , di-
gnes des fiecles d'ignorance. Il avoit
plus de piété que de critique. Lé
Père CaJIel , RécoUet , a donnéun.
ailez bon Abrégé des Annales , en
4 voL Le Père François HanU ^
Cordelier, aVoit dé)à donné vn»
Continuation & un Abrégé de cel
Ouvrage , en 2 vol. in-folio. Le
même écrivain a continué & corrigé
la Bibliothèque de JTading.
\l^A£RB£K, FoyeiVzKKivs.
WAGENSEIL, (Jcan-ChriÔo-
phe) né à Nuremberg le 26 No«
vembre 1635 , fiit choifi pour gou-
verneur de quelques gentilshommes»
11 Voyagea avic eux en France, en
Efpagne, dans les Pays-Bas, en
Angléteire & . en Allemagne, & {
par - tout il fe ût des amis zélés. '
Louis XIV lui donna , en diverfes
occafions , des marques de Ton
efiime , & lui fit trois préfens con-
fidérables.ï>e retour eu AUenu^e,
il devint profefieur en hiftoire > en
droit & en langues orientales, à
Altorf , & bibliothécaire de l'uni-
verfité de cette ville. On r ùl Fie^
imprimée à Nuremberg , 17 19 »
in -4^. Ses principaux Ouvrages
font : I. Un Traité plein de recher^
ches : De Uthe Noriberga , in - 4**,
II. Fera Librorum juyailîum j in-12:
c'efi un Cours d'Etude pour [les
En&ns. III. Tela ignea Satanée »
Amfterdam , 168 1 , en 2 voLin-4^*
Ceft un recueil des Ouvrages des
W AG
5in& contre k ChriilittnUiiit , avec
la réfatation ; il eft curieux & mile.
Ce (avant mourut le 9 Oâobre
1707 * à 71 ans.
'WAGNER , (Jean -Jacques)
médecin Suifle , né en 164 1 , fut
i3ibIiotfaécaire de la ville de Zu-
rich , & membre de l'académie des
Curieux de la Nature , à laquelle il
communiqua beaucoup de Mémoi-
res. Il mourut en 1695 , après avoir
publié Htfiorta N:uuralis HtlvetU
£unofa^ Zurich, x6So» in- 12. Ray
en a profité dans quelques-uns de
fes Ecrits*
U^AGSTAFFE, ( Thomas ) chan^
cèlier de l'Eglife cathédrale de lich*
£eid , & habile médecin Anglois ,
né en 1645 , mort en 17 12 , devint
Itiffragant d'Ipfwicl^. On a de lâi
plufièurs Ouvrages » eilimés des
Anglois.
WAlCE,rfly«^WACE.
>»^AK£, (Guillaume) arche-
vêque de Cantorberi , né en 1657 «
& mon à tambeth en 1737 , ei
connu par divers Scrmans^^ & par
plufieurs JEcrÂcr de controverfe con«
tre Boguu, Cet auteur avoit du favoir
& du zcle.
WAL^US, (Antoine) né à
Gand le 3 Oôobrc Ij73 , d'une
fiimille illuftre dans la magiflrature ,
mort le 6 Juillet 1639 , parcourut
les principales villes de France , de
Suifle & d'Allemagne. De retour en
Hollande , il y ftit pefteur en divers
Keux. Il fe déclara en faveur des
Contré ' Remontrans , & obtint une
chaire de profefleur de théologie à
Lieyde. On a de lui pHiiieurs Ou-
vrages de théologie & de contro-
verse. Ceft lui qui a fait la plus
grande partie de la Tradition fla-
mande delà Bible , qui fiitentreprife
par ordre des Etats , & qui parut
pour la i'* fois en 1637. Prefque
tout le Nouveau Teftament eft de la
tradttôion de WaUut. On a encore
de tin : Compendium Etfuùt Arîjlow
fieit , Leyde , 1636 , in^». ^
\rALDEMAR , ( Marguerite de)
F4>yq[ MAEpVEaiTE, n'^ IL
^ALDENSIS, (Thomas) f^>r^
Nette».
WALEF , (BlatTc-Henri de
G>rte, baron de }• lieutenant gêné»
rai au fer vico d'Angleterre en I7r4 ;
& quelque «emps aptes colonel de»-
Dragons en Hollao^, né proba^
Elément à Liège en 1652 4 comme
il l'infinue dansun de fes Ouvrages,
& mort dans cecfe viHe le 22 JAillet
1734; avoit de grandes difpcfi-
tions pour la poéfie ; mais il m^n-«
quott d'un ami ou d'uit xnaîtce
rigide * pour régler les écarts d'une-
imagination féconde & prefque tou»
jours gigantefque; II' voulut em«
brafler tous les geiu-es de poéfie »
& ne réuffit dans aucun *, on trouve
eependant dans fes Ouvrages, de
très-beaux vers ; mais il ne fe fouf
tient pas ; & la feule de fes poéfiea
qu'on puiffe lire entiéremetK , eft
une Satire contre fa femme ; encore
faut-il la lire dans le Recueil de fds
Œuvres choîfiêt : Féditeur de ce Re^
cueil Ta élaguéedequanwédevert
qui la déparoient. Le baron Je Walef
favoit prefque toutes les langues
vivantes: le latin , le' grec ne lut
étoiempas auffi incoimus. Il avoî(
voyagé dans prefque toute i'Enrope.
Ses Ouvrages ont été imprimes à
Liège en 173 1, en 5 voU in-8**'*i
édition très-fautive. A ces ç vof.
il faut en ajouter deux autres ii^S^ »
ifçprîmés ijuVlquetempsauparavarà:
ces 2 vol. contiennent les Poëmes^
des TUûns & des Gémeaux: Oà a,
encore de lui im Reaieil de Satires
qu'il fit imprimer féparémebt à
Cologne , fous ce titre bicarré*:
CathoÛcon delà haffe Germante, M. ie.
yuienfagne , chanoine s a donné au
public fes GEurres ehoijUsy avec un
Abrégé de la Fie de Tauteur , Liège ,
1779 , in-12.
4îi8 VAL
WALEMBOURG.WAtCAC-
BURCH , OuWaLLIEMBOVKG , ( ICS
frères Adrien H PUm de ) naquirent
à Roterdam» de parens Catholiques.
^près avoir pris d^s degrés à Paris ,
ils €t rendirent à Duffeldorp , où ils
t'appliquèrent avec ardeur à l'étude
fies controveries. Leur mérite les
£t appeler è Cologne. ^<//îen , l'aîné
des deux » fut nommé chanoine de
TEglife métropolitaine , puis (acre
cvêque d'Andrinople » pour être
fuf&agant de Cologne. A Tégard de
Pierre , après avoir été le compa-
gnon inféparable de Ton îrereAdrîen,
il le quitta pour aller à Mayence ,
ott il fut £ait chanoine & doyen de
Saint-Pierre , & fuf&agant de cette
ville • fous leûtxie'dfEvêqtu de Myfie,
Mais dans la ûii^e les infirmités de
fofi frère l'obligèrent de retourner
à Cologne , & d*y exercer les fonc-
tions de fufïragani à fa place. ^tfr/<a
mourut à Cologne le ii Septembre
1669 , après avoir mis en ordre le
1^*^ volume de leur important Ou-
vrage. Pierre en acheva l'édidon ,
qui parut a Cologne en 1670 , en
a vol. in-folio. Il fe difpofoit à
donner au public cinq autres Traités
tmportans » lorfqu'il mourut le 11
Décembre 1675. Ces deux frères,
également illuilres par leur piété
^exemplaire , par leur favoir & par
leur union , fondèrent iix bouffes à
Cologne poui; de jeunes Hollandois
qu'on jugeroit capables de faire des
études folides. Les deux volumes de
leurs Controverfes font dignes-^ dit
Arnauld , d*être entre Us mains dz tous
éeux qui étudient la Théologie, Cet
Ouvrage eft peu commun , fur-tout
avec la Rtgula Fldei , qui doit {Je
trouver à la 6n du fécond volume ,
& qui y manque quelquefois. On
en a un excellent Abrégé fait par
fiux-mêmes , imprimé à Cologne en
*éSa , in-iz , & réimprimé en 1768.
WALHORN , Voy. i. DzcKER.
VAUGFORD, (Richard) abbc
W A t
de Ssunc-Alban en Angleterre « fia«
riiToit Tan 1326. Quelques auteurs
le croient l'inventeur des horloges
à roues. D'autres attribuent cette
invention à Pacifiais^ archidiacre de
Vérone , vers l'an S40 ; mais ce
n'eft que depuis Waiigford (ja^ cexX9
ingénieufe machine commença à être
généralement connue.
WALL A CE ou Valleys ,
( Guillaume ) feigneur Ecoâbîs ,
d*une famille ancienne , mais pau-
vre , étoit également diftingué par
fon courage & par fa force gigan-
tefque. H s'en fervit pour délivrer
fa patrie de la tyrannie d'Edouard /,
qui vouloit la tenir fous le joug. IL
rafiembla , en 1298 , les vagabonds^
les fugitifs. S'étam mis à la tête
d'une petite armée , il défit 40,000
Ânglois , commandés par le comte
Warrenne GrcJJîn^a , tréfoiier &
déprédateur de l'EcofTe, lequel fiic
tué dans cette aâion , & écorchépar
les Ecoflbis , qui firent de fa peau
des felles & des ceintures. WalUoe
révéré comme le fauveur de ta
nation , fut nommé régent du
•royaume pendant la captivité du
roi Jean Èalîol , qui avoit ufurpé
la couronne d'Ecofle par le fecours
d*Edouard I. Il pénétra hardiment
en Angleterre , porta le fer ia le fem
jufqu'au voifînage de Durham, &
revint chargé de gloire & de dé*
pouilles. Edouard , qui étoit alors
en Flandres , revint promptemem
en Angleterre , marcha contre les
EcolTois à la tête d'une puiffantc
armée , qui défit celle de JTallace.
Le héros vaincu fe retira avec les
débris de fes troupes derrière les
marais du Nord , où il n'étoit pas
pof^le delepourfiiivre. La jaloidie
des feigneurs EcolTois fut une des
principales caufes de fa défaite,
Wallace , indigné de leur ingrate»
tude > f» démit de la régence , &
vécut en fimple particulier. Cepenr
dant l'imqur dç U ii3;>çrté \sxm
VAL
tou}oiirs les Ecofîbis en armes , Si
Edouard I lui«'attribùort tous leurs
profets. Il apoila des traîtres , qui
lui livrèrent WAUa€e en 1303, Ce
brave homme fut exécuté comme
coupable de haute trahifon , & les
quatre quartiecs de fon corps furent
expofés dans quatre des principales
villes d'Angleterre.
WALLAFRID-STRABON , Bé-
n^diéHn du ix* fiecle, fut élevé
dans lemonailere de Fulde , fous la
difcipline A'Hlncmar, Il deviiu en-
fuite abbé de Richenoue dans le
dioceiie de Confiance. Sa piété exem-
plaire & fon favoir profond , lui
concilièrent Teftime générale. Les
principaux Ouvrages qui nous ref-
tent de lui, font: I. De Officlis dl'
vmîs , feu De exordiU & incrementU
remm EccUfiaJUcarum, On le trouve
dans la BihUotheque des Pens &
autres Recueils. II. Poëmata, dans le
êanîfius de Bafna§t ; imprimés fépa*
rément en 1604 , in-4'*. III. Glâffa
ordiaarla in/acram Scrlpiuram , Paris,
1590, 7 vol. in-fol. -, Anvers, 1634,
6 vol. in-folio. Ces Ouvrages font
fort utiles , du moins le premier ,
pour connoître l'ancienne difci-
pline de l'Ëglife. Il mourut vers
l'an 849.
WALLER , ( Edmond ) naquît en
160 5 , d'une famille de Bu^ingham-
shire « qui lui laifla 60,000 'liv. de
rente. H fut élevé à Cambridge , &
ût paroître de bonne heure beau^*
coup de goût pour les bons écri-
vains d'Athènes & de Reme. Les
talens que la nature lui avoit donnés
pour la poéfie , l'ayant £ait con-
noître à la cour , Charlts I lui fit
un accueil favorable.. Il s'attacha à
ce prince , & entra , en 1643 , dans
le deiTéin de réduire la ville & la
tour de Londres en ion pouvoir ;
mais ce deflein ayant été découvert»
îl fut mis en prifon , & condagasé à
une groflfe amende. Dès qu'il, j^ut
obtenu ffi Ube<:Aé % il p^ en Françci
VAL 419
où > dans lefeindes Mufes Se loin .
des orages , il coula des jours heur
reux pendant pluâeiirs années. De
retour en Angleterre , il flatta le
proteâeur & en fut très-bien ac-
cueilli. Charlts II ne lui marqua pa»
moins de confidéranon. Salnt-Evrc^
mont , la duchcfTe de Ma^arln , & ce
que la cour avoit alors de plus
poli & de plus ingénieux , fe fît
un plaifir d'être lié avec lui. Cet
Anacréon d'Angleterre mourut ea
1687 , avec une grande réputatioa
de probité. Mais s'il avoit des fen-
timens d'honneur , il n'avoit pas
l'ame forte *, il changeoit de faço9
de penfer félon les temps &les cii^
confiances. Il eft peu de poètes qui
aient autant flatté leurs fouverains»
Ce défaut efl d'autant plus remat^
quable en lui » qu'il n'en efl peut-
être point qui aient vécu fous tant
de princes différens. Dans îes Ou-
vrages > Jacques / efl le plus grand
des roîSjXharlesI^ fon fils, luifuc-
cede à peine , qu'il l'efface j Crom^
well efl encore plus grand qu'aucun
d'eux. Charles II efl-il rétabli fur
le nrône ? il éclipfe le protedeur , &
^*efl lui-même éclipfé par Jacques II
fon frère. Waller avoit tait un
Eloge funèbre de CromwcU , qui ,
avec fes défauts » pafle pour un
chef-d'œuvre. Charles 11^ qu'il avoit
loué dans une Pièce faite exprès ,
lui reprocha qu'il avoit mieux fait
pour CromwcU. Waller répondit i
Sire , nous auues Poëus , nous réufm
Jijfons mieux dans .les fiBlons qnc dans
les vérités,.. Les Ouvrages de Waller
ne roulent prefque que fur l'amour
& le plaifir. Il fit cependant , fur
la fin de fa Vie, qui fut très-lon-
gue , un Poème fur V Amour divin ,
en ri chants , éc quelques autre»
Poéfies pieufes. Au nûlieu même
de la cour libertine de Charles 11^
il s'éleva avec force contre le duc d»
BucJàngham qui prêchoit l' Athétfme ;
Afflord^ lui dit-il un jour , je fm
'4^9 . "T'A t
heameoup plut âfjiifiAvomi , ^ }t cNi^
ayoîrentâidupiuÊ'd'Mrpimms enfavmr
de PAthBfmt fm poas i mais foi WOi
Tttffe{ long-un^ pcmr ncomuftn fuUt
nt fipùfatt rim ^ & fefpae qu'il «I
'anlptrm aatata à Fout Grandeur. Il
t^ écrit qu'en anglois -, il eut à pea
^près à Londres la mèine répucaiioA
«pie Voitmt eut à Paris -, & il la mé-
riioit mieux ; mais il d'étott pas
encore parCût. Ses Ouvrages galans
"xerpirent les grâces ; mais la négli-
gence les Êdt languir , & fouvent
des penfées Êiuffes les; défigurent.
'On avoue cependant que c'eft le
^premier des poètes Anglois qui ait
confulté l'harmonie dans l'arran-
gement des mots , & la raifon dans
, le choix des idées. Ses Poé/Us ont
été recuetllies ta 1730, in-iî.
WAIXEYS, Fo^ WAtLACE.
WALLK, (Jean) né en 1616 k
'Ashford ; dan» la province de Kent,
te d'abord miniftre de Téglife de
'Saint'Martîn , puis d'une autre églife
à Londres. Son talent «pour les m»-
'diématiques lui procura , en 1649 >
la- chaire de profeffeur en géomé-
trie à Oxford , & huit ans après »
la charge de garde des archives. Il
-lut Tun des premiers membres de
la fociété royale de Londres, à
l^établiffement de lacmelle il con-
tribua beaucoup. Il réfolut les pro-
blâmes propofés par Pafcal fur la
Cycloïde ; & s*il n*eût pas les 40
proies que ce célèbre mnthématî-
'loienavoitpromires à celui qui les
réibudrott , ce fut parce qu'il ne
Vafluiétit pas , dans l'envoi de fa
"Soludon , aux conditions preTcrîtes.
11 le fignala par d'autres décou-
'vates -, il détermina la vitefle que
reçoivent les corps par le choc ;
il détermina encore le centrèd'of-
cillation ; il donna une méthode
d'approximation; & paffant à éey
conhoîlTances encore plus relatives
à l'homme , il apprit à parler à plu-
feirs fourds & muets. Waliis s'a^
V A E
pliqvai auffi à l'art de dédit&er4<l
lettres écrites en ctiiéifes , pouf
lequel il avoit un talent particulier»
L'éleûeur d« Afandebmirg , auquel
il avoit été utile en ce genre , loi
envoya par recontioi£im:e , en
1693 , une chaîne d'or avec uns
Aédaille. Cctillufbe mathématicien
mourut à Oxford le aS Oâobrc
1703 , i 87 ans. II étoit petit, mais
bien èiit , & d'un caraâere vif 8c
enjoué. Il jouit, pendant (a longue
vie » d'une fanté vigoureuse fie d'un
cTprit ferme que rien ne troubloit.
St% Ouvrages ont été recuôllis à
Oxford, 169$ à 1699 , en 3 vol.
in-folio. Les principaux font : L
Arithmaiea. II. De SccUonibus eotùds*
III. Aritkmctica bifiaitonm. Cette
produâion ingénieufe a cùnduit
aux plus belles découvertes de géo^
métrie. IV. Plofieurs Trmtét dt
Théologfa , les plus foibles de ici
Ecrits. V. Des éditions d'^c&cmeir;
de V Harmonie de Ptahméc ; du Traita
de la diftance du Soleil & de la
Lune, par^rZ/farfuedeSaiiios} des
Commentaires de Porpkym ùsr YVar*
monie , dcc. VI. Une GMmmattt
angloife. VII. Divers Eeriu contre
Hohbe\ Ce favant embrafla tcop
d'objets , & il n'eut unerépticatîott
iufteinent méritée que dans les ma-
thématiques.
>^ALLIUS, (Jacques) Jéfuitc
Flamand , né à Courtrai en 1)99.,
mort vers Tan 1680 , fe diftit^aa
par fes Poéiîes latines. Onyremar»
que beaucoup de facilité , un ftyle
pur & élégant « des penfées nobles
6c bien exprimées. On a recueilU
fe^ Ouvrages en un volume in-is*
Il ^ compofé àe% Piecu héroïques %
des Paraphtafti en vert hexametrtt
{mv Horace ; des£/ej^i, des Odes^ &c.
"WALPOLE , ( Robert ) cotma
fous le nom de Comu d'Oxford 9l
pair de la Grande - Bretagne , fiit
minilftre principal d'Angleterre fom
les rois GeorptJtx, Gew^ IL Forcé,
i
VAL
tar.cdmmenceinent de la gueire de
1741 , de Te démettre de fes emplois,
parce qu'il avoit été pacifique , il
mourut en Mars 1745 « à 61 ans.
Ses plus grands ennemis conve--
noientque jamais miniftre n'avoit
takaoL remué et» grandes compa-
gifies de commerce , qui font la bafe
jda crédit des Anglois« ni mieux
ménagé les partemens. Mais Tes plus
grands amis étoient forcés d'avouer ,
que perfonne avant lui ne s'étoit
pins fervi de l'argent deia nation
pour gouverner le parlement. 11 ne
l'en cachoit pas , |8c on lui a entendu
dire: I^y a um étrogueaPec'la^ueUc
m adoucit toutes les mauvaîfes hàmturs ;
tlhneft verni ici que dans ma boutique»
Ces paroles , qui ne font ni d'un
efprit , fiî d*un ftyle élevé , cxprî-
moîent fon caraâere. H fe fervit
foùvent de petites rttfeS , qui ne
, iaifferent pas d'avoir leur eff't.
Dans un moment où il s's^lloit
de faire pûfkr un Bill important ,
il s'avià du ftifatagême Ativant ,
pour engsger les évèques à lui être
Çivorables. Il va trouver l'arche-
vêque ideCantorberi, & le prie de
feindre une maladie férienfe. Le
prélat fe prête à cette idée. Le
bruit de fa mort prochaine & iné-
vitable fe répand. Les yeux de
tous les évêques fe fixent fur le
nche iiége qui va être vacant : c^eft
à qtri fera mieux fa cour pour l'ob-
tenir. Le Bill ^affe à la pluralité
'îles voix. L'ardievêque reffnfcite,
6c le rufé JTalpole rit de fes dupes.
Ce imniftre éprouva néanmoins
que , dans les temps même les plus
corrompus , il eft des âmes fortes ,
ti qui , au milieu d'une ville riche ,
iaveat réfîfter è la tentation per-
pétuelle des fuperflukés. La cour
avoir intérêt d'attirer dans fon parti
un feigiieur Anglois diflmgué par
<cs vertus êcfes lumières. W^alpoîe
Blia le trouver : Je riens , lui dit-il ,
de * ÙB part du . Rifî , roms ^Junr et
flrpfoêâlion , vous marquer U regtei
qu'il dâe n'^oir encore rieH fuit pout
vous , & V4US cffrir un emploi plus
convenable â "votre mérite, •— Mîlord ^
lui répliqua ie feigneur Anglois »
avant de répondre à vos offres , per^ -
^»ettei^*moi de faire apport» monfoupet
devant vous. On lui fert au même
inflant un hachis , fait d'un refle de
gtgot dont il avoit diné. Se tour-
nant alors vers le minière : Mllord
ajouta-t-il , penfii-votts quun homme
qui fe contente d'un partÛ repas , foît
un homme que la Cour puijfe aifément
gagner ? Dites au Roi ce que voua
«ïv«( vu i c'eft la feule réponfe que
fou à vous faire, La guerre n'avoit
janlais été du goût de ce miniilre ;
il avoit toujours penfé qu'elle fe*
roit l'écueil de fa fortune. Je ré*
fonds, difOft-il , de gouverner un Par^
lement eh Èemps de paix ; je n*en ri'»
fonds pas en temps de guerre. Le car*
dinal de Fleary avoit fouvent pro*
fité de cette crainte « & confervé
la fupériorité dans les négocia-
tions : c'étoit ce que le parti en*
nemi de Robert WalpoU lui repro-
choit. On ne ceilbit encore de fe
plaindre des délais qu^l avoit mis
\ dédarèr la guerre à l'Efpagne.
Le mitiiilre WalpoU, qui s'étoif^
foutenu 20 an contre tant d'en-
nemis , vît quHi étoit temps de
^éder. Le roi le fit Pair de I9
Grande-Bretagne , fous le nom de
Cotmed Oxford^ & trois jours après
il fe démit de tous fes emplois.
On le pourfuivit alors juridique-
ment. On hû demanda compte
d'environ 30 mêlions de nos li-
vres , dépenfés pendant dix ans
pour le fervîce fecret , parmi lef-
quels on comptoit 1100 mille francs
donnés aux écrivains des Gazettes •
ou à ceux qui avoient employé leur
plume en &veur du miniflre. Le
roi , outragé par cette accufation ,
réluda , en prorogeant le parle-
ment , c'eft à-iÛre , en fuTpendaot ^
4n VAL
fcaocei. JTalpoU , à l'abri de rotagé»
•pafla fcs deraters jours dans une
retraite honorable, & emporta les
icgrets de fes amis. On a publié
depuis peu VHîfioin de fon minif-
. tere... Foy. les ardcles de Benoit
XIV, o? XVII i Georges, n° vi ;
& NSUH0FF«
ir ALSH , ( Guillatmitt ) poëte
Anglois, mort âgé de 49 ans , en
170S , apprit au célèbre Pope l'art
de la verflfîcadon. On remarque
dansfesOuvrages beaucoup d'exao
titude» jointe à un air libre & né-
gligé y qui donne à (à poéfie une
grâce & une douceur finguliere.
Ceft le jugement qu'en porte Tabbé
du Refnel^ dans fes Notes fur le
Poëme de VEffai fur la Critique ^
par Pope^ Nous avons deux Odes
de Walsh , traduites en François ,
par M. l'abbé Tan dans fon Idée
de ia Poéfie Jngloi/e fVaxïs, 1749, 9
▼ol. in-iz-, & un Dialogue ingé-
nieux &philofophique , intitulé :
VHôpital des Fous , traduit égale-
ment en £rançois, 1764, in-8°... Il
y a eu un fameux Socinien Anglois ,
du parti des Wi^ , qui portoit le
même nom.
Ll^TALSINGHAM, (Jean) théo-
logien Anglois , mort à- Avignon
en 13^0, entra dans l'Ordre des
Carmes, après avoir profefle en
Sorbonne. On a de lui un Traité en
ktin De la Puîffance EccUfiafiique
contre Occham, Ce fut par l'ordre de
Jean XXII qjd'il lecompofa.
II. WALSINGHAM ,( Thomas )
fiénédiâin Anglois du monaftere
de Saint- Alban vers 1440 , futhifto-
riographe du roi. On a de lui
VHifloire de Henri VI f & d'autres
ouvrages hiftoriques , dans lef^
quels on voit qu'il avoit recher-
àié avec foin les antiquités de fon
pays. On les trouve dans le Re-
cueil des Hiftoriens Anglois de Sa-
W//; & féparement, Londres» 1 5 74,
TT Ât
m. ^ALSINGHAM , ( FVai^
çois ) d'une ancienne famille d'Aiii'
gleterre, ajouta aux connoiflancet
qu'on puife dans les collèges , celles
qu'on acquiert par les voyages. La
reine EMfabeih l'envoya- deux fois
en France , en qualité d'ambafla''
deur. Il eut la (k>uleur d'être té^
moin , dans fon premier voyage^
du maflacre de la Saiat-Barthé-
lemi , & manqua lui-même de s'y
trouver enveloppé. Il s'acquitta 6
bien de fa double ambailade , que'
la reine le fitfecrétaire d'état. Wal»
fngham fervit beaucoup à affermif
cette princeâe fur le trône » par fes
intelligences dans les cours étran*
gères. 11 l'avertit de l'entreprife des*
E^agnols, deux ans avant qu'elle'
n'éclatât. Il trouva moyen de tiref
du cabmet du pape »• la copie de la
lettre par laquelle Philippe 11^ rot
d'Ëfpagne , lui confioit le fecret def
ce fameux deflein. C'étoît , en utf
mot , ( dit-un auteur } le cardinal
de Richelieu de la reine EUJabethé
Il entretint jufqu'à ^ 3 agens & iS
efpions dans les cours étrangères ;
il en fuc toujours fervi exaâement-
& avec fidélité. M^ûs ^ avec de û
grandes qualités r il eut le malheur
d'être oppofé aux Catholiques , &
de jeter en Angleterre les fonde-
mens du gouvernement Protefiant*
Il eut aufii beaucoup de part aust
guerres^ des Pays-Bas , & et par c«
moyen une grande diverfipn des
forces des ETpagaols. Ses fervices
ne purent empêcher fa chute *» il
fut difg^acié & obligé defe retirer.
Lorfqu'il mourut en if90, il étoit
réduit à une telle pauvreté, qu*à
fa bibliothèque près , à peine £9
trouya-t-il de quoi faire fès funé-
railles. Ce miniilre étoit pour I2
politique , ce que CeciU étoit pour
l'Hiftoire. Le principal de fes Ou-
vrages a été traduit en franco!»
fous le tiare de Mémoires & Inf-
tmcUons pour les Aflihajfadeurs ^ 4 vol.
in-ii y
i
W AL
in^ii , i Amfterdam , eft i7l{. të
traduâeur BonUfids îk la Contk en
bk un grand éloge , & les place avec
raifon a côté des Lentes du cardinal
A'OJfat, On a traduit àuffi feà
Maximes poûtiques « ou le 5<frei </ef '
Cours , Lyon , 169 J , in-ii. Ce Se-
cret des Cours n'en eft plus un
faujourdliuî , & Càn livre eft dti
nombre de ceux que le temps a
rendus inutiles.
W ALSTEIN , ( AlbeH ) batôn de
Bohême i duc de Fridland> naquit
en 1584 d'une ancienne maifoni
Son averfion pour l'étude le fit
placer , en qualité de page « che£ le
tnarquis de Burgaw » fils de Tar-
chiduC Peféïnànd d'Infpruck. Après
avoir demeuré quelque temps dîez
tt prince « il êmbr^ la religion
Catholique , 8t voyagea en Efpa-
{;ne , en France « en Angleterre &
en Italie* Arrivé à Padoue , il J
prît du goût poUr l'étude 4 & il s'y
appliqua, iur-toutà la politique &
à l'aftrologié. De retour dans fa
patrie , il plut à l'archiduc Ferdinand ,
qui le fit Colonel des milices de
Poméranieé Les troubles de Bohême
étant f ufvenus , il s'offrit à l'empe^
teur avec une armé de 3000 hom-^
imes« à condition qu'il la comman-
deroitt Le nouveau général fub)u>
gua le diocefe d'Halberfiadt & l'évê*
Ché de Hall. 11 rav^ea les terres
de Magdebourg & d'Anhalt , défit
Mansfild en deux batailles « reprit
toute la Siléfie, vainquit le marquis
é*Urlachy conquit l'archevêché de
Brème & l'Holface , ie tendit maitre
de tout ee qui eft entre l'Océan ^
la Mer Baltique & l'Elbe, & chafia
de la Poittétîinie le roi de Dane-
«narck , auquel il ne laifia que
Gliikftadt. Ses conquêtes avant fait
Conclure le traité de Lubeck^rem<-
perc»ir l'en rédompenfa par les ti-
tre» H la dépouille du duc dcMeè^
kelhourgffivÀ s'étoit révolté. Lèpre-
pûxË foin de ITâlJUtn fut de ia^t
W AL 4iJ
fétiittt dans Tes états les. biens ec^
défiaftiques enlevés par les Protêt-»
tans , qui , redoutant fon courage «
appelèrent à leur fecours Gûfiav$*
Adolphe^ roi de Suede^ Cette démar**
che intimida tellement l'empereur «
qu'il accorda la dépofition de WaU
ftem , & n'oppofa à Guftave que le
feul Tilfy. Ce général ayant été
battu par les Suédois à Leipzig , le
vainqueur pénétra ÔÉnà l'AIlema*
gne comme Un torrent. L'einpe*
reur alarmé rappela ITalfieuif au-»
quel il donna la qualité de généra»
iiffime* Ce héros entra alors en lice
avetleroi dé Suéde,* il le battit &
en fut battu, & lui enleva prefqué
toute la Bohême par la prife de Pra-
gue. Son eouràge ne put empêcheif
cependant la perte de la batulle de
Lutzen, donnée lé 15 Novembre
16324 Les Suédois remportèrent
une viâoire complète^ 9l WalfttUt
fut obligé de fe retirer en Bohême*
Ce héros , las de combattre pour udL
empereur qui étoit touiours en dé«
fiance de Tes généraux , s'occupa dtt
projet de fe rendre ihdépendanr*
On prétend qu'il négocioit , à la
fois , avec les princes Protefians *
avec là Suéde 6c la France-, mais
ces intrigues dont on l'accufa , ne
furent jamais manif<^es. La confpi^ti
ration de Walfteîn efl au rang des
hifloires reçues , & 6n ignore ab*
folument quelle étoit cette confpi*
ration. Son véritable crime étoit
d'anasheribn armée à fa perfonne^
& de Vouloir s'en rendre le maitre
abfolu ! le temps & les occafions
eufiènt fait le refie. L'empereur, qui
craignoit l'exécutidn de fes defieins^
le déclara déchu de tout fon pou«' .
voir j & donna le commandement
àGalast Walftein^ alarmé par cette
nouvelle, fe fit prêter, à Pilfen, le
ferment de fidélité , |^ar les officiers
de fes trouves , le il Janvier 1634,
Ce ferment confifloit à promettre
46 déleadre ia perfonne & de s^a>
'4U ^ A t
tacher à (à fomme. Use télk d^«
laarche devoît alanver le confeil
de Vienne. IFMfiùn avott contre
lui» dans cette cour, le parti de
l'Etpagne & le parti Bararois. fer-
Snani prend U réfoludon de £ûre
Éflkifiner ce général & fi» princi-
paux amis. On charge de ce meurtre*
ButUr , Irlandois, à qui IFaifitin
avoir donné un tégiment de Dra*
gons; un Ecoflbb* nommé Ltfd^
qui étoit le capitaine de fes gardes ;
& un autre Scoflbis« nommé Got"
don. Ces trois étrangers ayant reçu
leur commiifion dans Egra » où
. Walfiàn étoit dors , font égorger
d'abord dans un fouper quatre offi«
ders, qui étoient les principaux
amis du duc \ & à l'inHant ils mon-
tent â l'appartement de WtUfUm^
dont ils enfoncenc la porte. Ils le
trouvent en diemife ^ & comme h.
fiauteur de l'étage oà il étoit «ne
W At
dans fes obfervatioiis aâronom^*
ques 'j & lorfqu'il partit pour Romef
il continua d'obfervcr pendant plus
de 30 ans. Les infirumens dont il
fe fervoit étoient fort beaux , &
il fairott ufage, pour mefurer le
temps , d'une efpece dliorloge qui
marquoit fur-tout l'heure du midi
très-exaâcment. Ses foins & fda
affiduité au travail lui valurent une
découverte ; ce fiit la Réfraâion di
la lumière & des aftres à traveit
l'aimofphere. Deux mathémati-
ciens avoient déjà écrit fur cet
écart de la lumière v mais Waltha
ne connoiflbit point ces Ecris. Os
ne ûit à quel âge moarut cet homme
de mérite. Ce n'étoit point un ma-
thématicien du premier onh^; mais
perfonne n'apeut-tee tu autant dt
zèle que lui pour raftronomio^
Après la mon de lUgfO'Mouum , il
acheta tous fes papiers & fes inf*
lui avoit pas permis de fe jeter par trumens. On s'attendoie qu'il ren-
ia fen^e, on le tua d un coup de droit publics les Ecrks de cet illul^
pertuifane,le if Février 1634, à
l'âge de 50 ans. Ce meurtre d'un
héros , le feul homme qui pût réta-
Iblir les armes & le trône de fenlh-
namd, ne fit qu'aigrir davamage les
cfprits en Bohême & en Siléfie. Lès
tre mathématicien.; mais il en étoit
fi jaloux « qu'il ne vouloît les Êiire
voir à perfonne ; & ce ne iiit
qu'après fa mort ^pie ces £cri»
Âireot imprimés.
IL NTALTHER. (Michel) née
Bohémiens ne lemuerem pas , parce Nuremberg en 15 96 « fut profieffeur
qu'on fut les contenir par une
Irraée; mais les Siléfiens fe révol*
terent & s*naîrent aux Suédois. Foy.
Sarasin. (I. F. )
!. ITALTMER, ( N...) eél^te
madiématicien , qui flbnflbit au
commencement du xvi* fiede,
paflfe pour Tautcur delà découverte
delà RéfraSUon AJhonomiqmi & cette
découverte lui a mérité un rang
à Uelmftadt» & prédicateur de la
dudieflfe douairière dt Bnmfwuk"
Lunebourg, Après la more de cette
princeâê , le comte d'Oofi • fr^g
l'appela à fa cour , pour remplir
la place de (urintendant ^aml dt
de premier prédicateur. Ce iavant^
mort en 1662, laiffii plnfieurs os*
vragei : L Hmmtmià BîhlUa , réin^
primée pour la fêpdeme fou m
parmi ceux qm ont cultivé les 1654* Nuremberg, in-A^. IL Q^-
fdeaces exaâes. Cétoit un riche twa BMca,, 1668 « iii-4^ 11 y*
ftitoyen de Nuremberg, qui n'étoit
qu'amateur, mats qui devint afbo*
nome par l'exemple de Rc^Mou'
traité der£criture-6ilâe en générait
& en particulier de chaque livie
canonique èc apocryphe UL AU*
M. Il fut touché de fon zèle & de fiiot FofiSiU^ IV. mn^fmm TUo*
fon ardeur pour les progrèsdes coii> iogtca, Y. Cùmmauaftiu im Efî/Mm
\ï^ AL
iiiem 9 163S , io - 4^ ^^ ^^*
ternes difficultés qui peuvent naî-
tre fur les Livres faints , font
aplanies dans ces Ouvrages , où le
Civoir n'eft pis toujours bien mé*
m. VALTHEK . ( Michel ) fils
duBrëcédem, ne le 3 Mars 16381
doûeur en théologie à 'Wittembere»
& profieâeur de nuthématiques «
de chéolc^e, a compofé plufieurs
Om^ngu fur les matveres qu il pro*
IV. VALtHER,( Georges^
Quifiophê ) direûeur de la chan«
ceUcrie de Rofembourg , fa patrie «
né en x6oi , mourut en x6<6«
après avoir publié une Métkodt
latine pour apprendra le Droit , &
quelques autres Ouvrages peu
Connus.
V. WALTHER , ( Chriftophe-
Théodofe) né à Schildeberg en
1699 9 fut envoyé en qualité de
Miffionnaire dans k Tranguebar»
vers l'an 17 10. Il en revint t^
1740. On a de lui Doârma ttmpomm
UdUa^ dsins Hifiotia refoi BaHridni
de Bayer, Petropoli, 1738, in-4^*
il fît imprimer a Tranquebar , une
U^ire Sucrée en langue Malabare*
Sa fàsué étoit très-dérangée • lorf«
qu'il quitta ce pays. Il mourut peu
4^ temps après à Drefde» en 1741*
VI. ^ALTHER » ( Auguflitt.
Frédéric ) médecin » fut nommé à
la chaire d'anatomie de Leipzig «
Tan 1723 , & mourut après Tan
1735. On a de lui : L De Ungua
Humana^ Leipzig^, 1714 1 in-4^«
Il y donne une defcripcion fort
ample & très-exa£le des glandes
i^livaires. IL DcArùaMs^ L^mend*
^ MufatUs^ 1728, in-4^,«ftimé«
UL Dêfcription de fon Jardin bota-
ni^ , avec figures » 1735 , in - 8^,
IV. Grand nombre dé /^i/crtAi/oAi
Jcadémîquet intérelTaotes ^ mais le
âyle en eft obfcur & embrouillé.^*
une liut pu Je,€90feadre qvec
Cûnréâ^Louu fr^tTHMM^ de qui
on a Thefauna Medtco'ChlrurgUttrum
ch/erraiioatim « Le^Ûg « I7II1 in-8^|
HaUer.cxk fait peu de cas.
ISirALTHËR, Foy. Sl vsb.
I^AlTON , ( Briand ) évêque
de Qiefler en Angleterre! mort ea
1661 , étoit un prélat aufB favant
que modéré. Il s^efl immortalifé
par l'édition de la Bible en plu*
lieurs langues* connue fous le nom
de Pofygiom d'Angleterre « Lon<
drés » 1^57 , & années fuivantes»
6 vol. in - £oL Quoique plufisurs
autres favans y aieiu travaillé
avec lui, on ne laifle pas de hii
attribuer ce grand Ouvrage* â la
tête duquel oft a mis fon nom &
même fon portrait* Outre le grand
nombre de verfions Orientales qui
(ont dans ce Recueil » & qui étoient
déjà dans la grande Fible de le Jay^
Il Y a , au commencement, des
Ùifier^tions fur toutes ces Bibles j
c'efl ce qu'.oo appelle ordinaire-
ipien^ les Prolégomènes de Walun.
Ils ont été imprimés (eparémenf
à .^urich 9 en 1673. On en a donné
à Xyon une Tradtiaion libre &
abrégée, in-8^;eUe fourmille de
fautes. Ces préliminaires fontplu*
tôt l'ouvrage de Pear/on & de quel-
ques autres Anglois ^ que ceux de
tPalton. Dans le choix qu'on a £ût
des écrivains qu'on cite , on né
fuit point aveuglément le fimti*
ment des théologiens Pro]teflans«
Les auteurs donnent cependant trop
d'autorité k certaines verfions d«
PEcnuiie , & trop peu à d'au«
très. On a joint quelquefois à fi
Poly§fotu^ le Lexicun Hepta§Uuon
de Ce^fid, 1686 « % voL Uh'iol.
^AMBA, Koy^BAMBA.
^AM£L£ , ( Jean ) iunfconûike
4e Liège, enfeigna le droit à Lou^
vain avec réputation. Il mourut en
1590, à 66 ans. Dom Juate 4CJi^
triche voulut l'attirer dans le coq*
fÔM'ittt '^ W9i ce favant préttr^
Eeij[
436 ^ A N
à tout , le repos de la vie prxtr je &
les douceurs du (îabîiiec. On a de
lui des Riinarpièt curieufes fur
divers titres de rim & de loutre
Droit.
* WAN«ROUCK , (N...) poëte
comique Afi^loiS|inounit vers 1705 ^
Il y a beaucoup de plaifanteries
& de faillies dans fes Coiû'édUs\
mais il y a peu /de ces traits fins 8c
délicats , qui font*, s'il eft permis de
s'exprimer ainfî , foùrire l'efprxt ea
le furprenant agréablement. Ce
poëte fit en France un voyage,
pendant lequel il fUt mis à la Baf-
ttUe. On n'a jamais ûi le fujer de
fa diigrace. Wanhrouek fe mêloît
auifi d'Archiceéhire ^ mais il bâtif-
ibit avec autant de groffiéreté qu'il
ccrivoit avec élégance. Le château
deBleînheim, qu^ilabâti en mé-
moire de la &meufe bataille d'Hoch-
Het , ne fait point honneur à ion
goût. Si les appartemens étoiéht ,
a-t-on dit , aum larges que les mu-*
railles font épaifTes, alors ce chà-
feau feroit commode. Sts Œuvnx
Poétifues ont été imprimées à Lon-'
drcs, I7Î0, 1 vol. in-X2.
WAI^DELBERT, diacre fit
moine de l'aUiaye de Prum,fous
Tempire de Lothaîre, Son Mmityro--
loge en vers héroïques, imprimé
avec celui é^U/nard , Louvain ,
1568, in-S^ , of&e plus de Êiitf
qiie de pcéfîe.
lXrANLEY,(Hum&oî) né i
Cowentiy, mort en 1726, è 5$
ans, parcourut les difllerentes bi-
bliodieques d'Angleterre, pour y
rechercher des livres d'anciennes
langues Septentrionales. 11 en a fait
le âtalogue dans Aiuiqua lÀturatur^
SeptentrîonaUs ^ à Oxford, 1703 &
170 V • ^ parties in-folio,
\(/^ANSLEB , ( Jean-Midiel ) né i
Erford eA Thuringe , le i Novem-
bre 1635 , de P^rofu Luthériens,
fut difciple dé Luiolf^ . fie devint
habile jdans la langue Éthiopieniie.
W A R
Leduc <& Saxe-Gctha^ l'envoyarai
Egypte fie en Ethiopie , pour exa^
miner les dogmes & les rits de cef
pays- là, If^anflécy les ayant trouvét
conformes à ceux de l'Eglife Ro-
maine , alla à Rome en 1665»
renonça à l'héréfie, 8c fe fit Domi-
nicain. Son goût poorlesvoya^ef
ra3''am amené à Paris en 1670,
Co/h<n le renvoya en Egypte, pour
y faire de nouvelles découvertes*
Cette courfe procura à la biblio-
theque du roi, 3 34 numufaits Ara-
bes, Turcs fie Perfans. De retour
â Psûis , il fe vit réduit à être vicaire
d'une paroifTeprèsdeFomainebleau,
où il mourut le 12 Juin 1679. Ce
iavant auroit pu obtenir des chaires,
fie la mitre même; mab fa mauvaife
conduite t'éloigna de tous les em«
plois que lui méritoit fon pro-
fond favoir. Si Ludolfiax fon maîtte
pour la laTigue Ethiopienne , il au*
roit pu être fon lâfciple pour bien
d'anges chofes. On a de lin : L
Une Htfioîre tk CEgpfe d'AUxandrU ,
in- 12. IL Une Defcription de l'Etat
de l'Egypte, tn-i2« IlL Une Rdé'
tîon de fon fécond voys^e, in- 12.
Tous œs Ouvrages fatiSfoni éga-
lement la curiofité du leâeur orr
dinaire fie celle du favant.
WARBECK, Koy.PERKINS.
^ARBURTON, ( Guillaume)
évêque de Glocefter, né à Neirark
fur la Trent, le 24 Décembre 1698,
d'un procureur de cène ville,
mort le 7 Juin 1779 » fe fit de
bonne heure une grande réputa-
tion, comme favant fie comme
théologien. Il parvint cependast
fort tard aux honneurs fie aux
places. En 17^4 « la fortune le
regarda d*un œil plus favorable* U
fe vit en très-pep de temps di^
pelain dii roi d'Angleterre & cha*
noine de Durham. Le doyenné de
Briik>l ayant vaqué, il enliit pour-
vu, fie l'aiinée même de fa prift
dç pQâeSeo» l^Ycché deGlastf;
W À R
ter mit le comblé à fou avance-^
neot. Les travaux de l'épifcopat
taleattrent un peu £es occupations
littéraires.» D'ailleurs l'âge affoi-
Uit Ton efprit. Comme Swlfe, il
tomba par degrés dans un abatte-
ment, qui ne lui laiffoit pas même
la Êiculté de prendre part* à la con-
verfationî & <© n'étoit que rare-
ment & devant un petit nombre
d'amis qu'il recouvroit fon énergie
accoutumée. Son entretien avoit été
îufqu'alors aulfi inftruâif qu'àmu-
6nt. Ayant une mémoire excellente,
il étoit riche en anecdotes qu'il
contoit avec £eu. Autant fon amitié
^oit communicaôvei franche , ac-
tive , autaiu fa haine étoit violente
& emportéeJIl eft vrai que fon ref-
fentimem ne duroit pas * & la moin-
<)te avance fuffifoit pour le calmer.
U étoit de «haute taille, gros & for^
tement cooflitué ; en le voyant , on
auroit jugé qu'une bonne table
étoit pour lui un luxe nécefiaire.
Mais le goût de Tétude lui avoit
iofpiré celui de la fobriété. On a
de lui un grand nombre d'ouvrages ;
des Sermons, des Traités dogmati-
ques, dont le plus connu eft fa
P'ivlne mijjlon de Moyfe^ en ç vol.
in-8®. L'érudition n'y eft pas tou-
jours bien digérée , ni les raifon-
nemens bien concluans. On y dé-
fireroit plus de méthode. A ces
dé£iuts près » les amateurs des
recherches antiques liront toujours
ce livre avec plaifir & même avec
fruit. Soa Ouvrage intitulé : Julien
ou Dif cours concernant le tremblfiment
et terre & t éruption de feux qui firent
ichouer Us untatives que fit eu empt"
rear de rebâtir le Temple de Jimfalem ,
eft rempli d'un favoir qui lui étoit
ordinaire , & d*une modération qui
malheureufement ne lui étoit pas
auili comçiune. Il prit avec tous
fes adverfaires , le langage de
l'orgueil & de la fupériorité. Ami
éa Po]^e y il avoit fon caraôere bi-
V À R 437
Ket» 8t cabftique *, & ce caraàiert
lui' atdra de la part de Voltaire^
qu'il avoit vivement taitaqué , une
foule de plaifanterie», d'injures &
de farcafmes. Quoique • Warhurton
aimât beaucoup les matières de
cootroverfe , il n'étoit point en-
nemi des Ouvrages de pur agré-
ment. Il donna , en 1747 , une édi-
tion de Shahtfpcar; & il prélida à.
l'impreftion de divers Ecrits da:
Pope. Il avoit époufé la fille de
Raphdllen , gentilhomme fort riche.
Il en eut un fils qui donnoit les
plus belles efpérances * & dont la
mort hâta le dépérifteracnt de l'ef-
prit de fon pcre,
WARD , ( Seth ) habile mathé-
maticien Anglois, né à Bunting-
ton dans le Héréfordshire en 16 17»
devint fucceftivement profeâèur
d'aftronomie, chantre , doyen &
évêque d'Excefter ; il fut transféré ,
Van 1667 , à l'évêché de Satisbury «
où il eftuya quelques tracafteries. Il
mourut à Londres en 16S9 > dans fa
67^ année , après avoir contribué
à l'établiflement de la Société royale
de cette ville. La douceur de fon
caraâere contribua beaucoup à fa
fortune ; mais, comme toutes les
perfonnes douces , il fut foible.
Royalifte fous Charles I , républi-
cain lorfque le parlement prévalut «
il redevint royalifte fous CAar/i» 77.
Il fit même valoir ce qu'il avoit
d'abord fouftert pour le père, aâa
que le fris oubliât qu'il avoit enfuite
abandonné ce prince infortuné*
JTiird étoit grand politique & théo-
logien médiocre. Son goût pour les
mathématiques le fit pénétrer bien
avant dans cette fcience. Il donna
une Méthode d'approxhnation , qui
lut applaudie. Il réuiBt moins dans
fes autres études. Il eft auteur : I.
De quelques Ecrits contre Hohhes ^
Oxford, 1656 , in-8\ IL D'ua
Traité des Comètes , Oxford , 165 3 ,
in-4°, UL D'une Tngonpmétrie , Ox-,
E e iij
'438 V A R
«a ngloui Londres, 1670 , iii-4®.
XTARÉ, (Jtcqoes) dwvalkr de
la Jarretière* mort à DubUn fa pe-
tMeai667« aimé 8( «ftûiié* lai^a :
I. XTn Tfâki 4m MmpmUs rir-^
ioÊiàt^tXk latifl , imprimé è Dublin
en 1639, in<4^ Ce poât livre eft
iidle auic B>bUograp)îet} mais Tau-
feufi pâgsam fies compatriotes,
S9 diHrifafue pas toDÎou» fçs élo-
pes avec économie. Il rejette cepen-
dant les écrivains fabuleux ^ les
ouvragesrqppotts , & p«oit en gé-
ril im bon & favam critique.
Lts AmuUês iltluiMy fous les
fiçdtMark^ 1658, in-S®, en latin.
III. Vm/Êoire iu Erlpies ^ Irlande ,
166 { , in-folio , &c.
VARGÇNTIN, ( V. ) fecrétaîre
de racadémie des Sciences de
Suéde , & affocié de celle de P^s ,
mourut à Stockholm fa patrie, le
i Septembre 17^) « « ^^ ansy
'aftronomie lui doit une décou-
verte irapommte, çeVe de^ Equa-
tions empiriques des Satellites de
JtÊpUtr, L*académie de Suéde lui fit
(repper une médaille , & obtint
une penfioo pour (es eofans , le
père ayant été plitt occupé du
progrès des fcijences que de Taug-
mentarion de fa fortune.
\(^ARHAM, (Guillaume) natif
d'Oakley dans (e Hampshire en
Angleterre , devint doâeur en
droit à Oxford , puis profeffeur.
Son talent pou^ les affaires le fit
envoyer , par le roi ffenri VII ^
en ambaâde vers Philippe , duc de
Bourgogne. A ion retour , il fut
fiommé évéfue de Londres , en«
^uite cbancelier d'Angleterre , &
enfin archevêque de Cantorberi.
il mourut de douleur , en i n^ x
de voir la religion Catbolique ren-v
Yerféf dans f^ patrie.
VARIN , ( Jean } fculpteur &
tpwrwir^n^àLjréjççi i6o4^ciijpfa
V AR
CMUM pige, au|fervtce du eonn
dt Ro€hâ/on , «rince du Satota
Empire. Il fit , dei ù jenncfie , fon
amufement du dçffin , & s*y rendit
très-babile ; il s'exerça zuB à la
gnvure 8( à la fculpture. Plufien»
macfames très - ingénieufes , qu U
inventa pour monnoyer les Mér
dailles qu'il avoit gravées, lui
firent une grande réputation. Le
roi fyms XIII Uû donna la charge
de garde des Monnoies dé France^
Ce fiit en ce temps-là que Wérin fit
le fceau de l'académie Françoife ,
où il a repréfemé le cardinal ic
Richelieu d'une manière A frappante^
que cet o.uvrage pajSSa t à )ufte fitre ,
pour un chef-d'oeuvre. Ce fiit en-
core lui fui grava les poinçons des
Monnoies, lors de la converâon
général^ de toutes les efpeces Icgr-
rès d'or & d'argent , que Louis XUI
fit finre dans tout le royaume. Ce
travail mérita à Jf^arîn une nou*
velle charge , cellç de graveur gêné-,
rai pour les Monnoies. La roonnoie
fabriquée pendant la minorité de
louis XIV ^ eft auifi de cet habile
artifte *, il a de plus travaillé à quan-
tité de Médailles eftimées. On lui
doit encore des éloges pour fet
ouvrages de fculpture. Il a £ût
deux fiUifies de Lotâs XIV \, & celui
du cardinal de Richelieu, qui fom
dignes d*être mis en parallèle avec
ce que l'antiquité nous a laifie de
mieux en ce genre. Cet artjlfie mou-
rut i Paris en 1671 , du poiTon
que des fcélérats , à qui il avoit
refîifé des poinçons de monnoie ,
lui donnèrent. Ce fut du moins
alors un bruit public ; mais on
ignore s'il étoit fondé. JVarîn étois
d'une avarice fordide. Ayant forcé
fa ^Ue i époufer un homme fort
richfs , mais boiteux , bofTu & rongé
par les écrouelles , elle s'empoi-
fonna, en 165I, avec du fubUmi
qu'elle avala dans un oeui.Si IVark
moyaça^vM (M| (oi^9Q.s comme on
W A R
le dît , Ml ne peut s'empêcher de
recoiiiioître un des coups de la
Providence.
WARNEFRIDE. Voyei xiv,
Paul, ^ui s'appeloit ainû de foa
fiom de 4miUe.
I.- WARTHON . ( Thomas ) ne
étt^ le Yorckshire en 16 lo , mon
à Condresen 1673 , profeiTeur en
médecine dans le collège de Grès-
lumi, ei| très-connu des médecins ,
pa^ ion Adatop^aphU, in-8''. Ceft
une deCcription très-exaâe des
glandes maxillaires, par lefquelleii
la iklive paiTe dans, la bouche»
II. WARTHOK, ( Henri ) né à
Worftéadt dans le comté de Nor-
folck, vers 1664, mort en 1694,
fut curé de Minfter , place qu'il*
lemplit avec zèle. Quoique très-*
occupé par les fondions de fon.
ttîniilere, il a beaucoup écri^, &
la i^upart de fes Ouvrages contien*
sent bien des recherches. Lesprin«*u
«îpaux font : I. Anglia S ocra ^ Lon-
dres , 169 1 , 2, vol. in-fol. C'eft
«ne éivante H^Âoire des Archevé^
^es d'Angleterre « iufqu'en l'année
3540. La moft Tempècha depouâèr
ce bon Ouvrage plus loin. IL Wf^
toria de. Epifiopt» Ct Dccagiis Londh'
funfihus & Àfftttenfibus , ai annum
êj4^^ Londres, 1695 , in-4®« UL
Peux Traités en anglois : l\in pour
défendre le mariage des Pritres ,
I^ndres , 16S8 , in-4** ; & l'autre^,
la phralhé des Bénéfias , Londres ,
^694, in-8^ B plaidoit 6 propre
caufe, car il en avoit pluiieucs.
Voy. Lavd.
WARVICK.^ Voy. EpovA:R]>,
a®* VII 6* XI i £• Beavcrabcp.
WASA , Vay. L GUSTATE,
"W^ASER , ( Gafpard ) aitiquaire
Allemand , mort> en 1615 , à 60
«os , Ce fit connoître de fon temps
par quelques Ouvragçs prefque
oubliés. Le feul dont on Wit
quelque mention , quoique inexad ,
■ft indtulé : Ut atitiquls NummU
VAT 4)9
lleirêtêrum , ChaiduQmtm & Syrorum «
quorum fan^a JBikUa & Rakbinorum
Sçfipta meminerunt , in- 4®,
V^ASSEBOURG , ( Richaxd )
hiftoriographe François du xK^i*
£ecle » pafla la plus grande partie
de (a vie à étudier notre Hiftoire ,
& à parcourir le royaume & le^
pays circonvoifins. Ses études éc
Ces voyages fîtrent mis à profit dans
• les Antiquités de la Gaule Belgique^
in-folio. Cet Ouvrage , curieux &
recherché , fût imprimé à Paris ea
1549; il contient, outre les And-
quités delà Gaule Belgique, cellen
de France» d'Auflraûe ,.de Lorraine,
l'origine du,Brabant , de la Flandre »
&c. depuis Jules Gl/ar iufqu'*à
Henri IL
WAST, ( S. }j redafiw ,, évêqu«
d'Arras, natif de Toul , inftruifit
Clovis des principes de iai religion
Chrétienne ^ apcàs la bataille àd
Tolbiac , de concert SLvec 5. Remî»
U mourut faintement le 6 Février
%40, pleuré de fes ouailles , qu^il
avoit gouvernées avec autant dr
^ele que de fagefTe.
WASTBLAIN,, ( Charles ) né i
Maroilles dans le Hainaut en 1694 «.
ennra chez les Jéfuites, £c fe dif-
tingua par la culture des belles^
lettres , dans lefquelles il exerça ^
durant 10 ans, les jeunes religieux
de la Société , pay fon érudition^
les connoiâances des langues , fut^
tout du gsec & de l'hébreu , & plus,
encore par fa modeftie, fatcinquil-
lité & fa candeur. U mourut i Lille
le 24 Décembre 1781, à l'âge de
8S' ans , après avoir publié U Def-^
mptton de lét Qaule Belgique , félon-
ies trois âges dé Ckffioire ^ avec dit
tants géog^apkiqufs ^ Lijle , 1761»
uÀvol. in-4**.
WATELCT , ( Claude - Henri y
receveur généîal des Finances»
l'un des quarante de Tacadémie
Françoife , membre de plufieors.
aadémic» étrangères , n^purut à
É ê. iv
44© WAT
Paris fa patrie, le 15 Unvkttj^é.
Jl cultiva de bonne heure les lettres
& les arts avec avantage» parce que iâ
formne lui afluroit tous les fecours
propres à cette culture. Ses voyages
étendirent fes connoiffances Qc dé-
veloppèrent fon goût Fixé dans la
capitale » après avoir embelli Ton
çTprit, il fit un emploi utile de Tes
richeiles , tant que les richefles lui
reîlerenr ; car un revers qui précéda
^ mort de quelques années , lui
donna lieu de montrer une philo*
Cophie qu'on acquiert rarement
dans Tabondance. Le îairdin char-
mant de Moulin-Joli , fur les bords
de la Seine , qu'il deilina lui-même,
cft un témoignage de fon goût & de
fes moeurs douces. Parmi les Infcrip«
rions dont il orna ce beau payiâge ,
nous remarquerons le quatrain fui-
Vant , qui peint » à quelques égards ,
}'éfprit & le cœur du pofle^feur ;
Çonfafrer dans Pohfatntd
Sts loifirs à Cétuie , i V amitié fa vie i
Voilà Us jours dignes £ envie»
Etre chéri , vaut mieux qt^ftre vanté ^
91. WateUt avoit acquis a^lez d'ex-
périence & de lumières fur les arts
ipour en tracer les principes. Dans
jbn Poëme/vi- 1^ An de pondre^ il a
i^is un ordre qui contnbue autant
que ^a netteté même du %-le « k
(éclaircir fes préceptes. *» Poëte &
•» peintre eommie Dufrefnoy , il
. vt s'eft étendu fur la partie la moins
** agréable, la partie technique \
M ijl a même pouiTé les détails
»* beaucoup plus loin que fon mo*
#' dele. Mab il n'a pas Ai , comme
n Dufrefnoy , mêler la critique 3
»t l'inâru^ion. Il n*a pas fu jeter
») fur fçs leçons « ce fel piquant
»» qui les fait retenir. Aucune ti^
V flexion profonde & raifonnée,
«p aucun trait qui rdle dans l'efprit,^
n Son fiyle , en général , ed foible ,
n fans conâftance. ,11 n'cfi point
C qMxj^ $9nMxa«f^ déplacés ^
V A T
>' mais ii eft auffî trop dénué dé
» poéiie. Nulle verve , nulle force ,
M nulle élévation , ùulle chaleur :
M par-tout des idées communes »
y> revêtues de couleurs vulgaires*
n L'él^^ance mène , quand elle s'y
M trouve , y eft médiocre. Une
>• profe foutenue & foignée » fe-
w fait lire avec plus de plaiâr m,
( C'eft ainii qu'en juge M. Ciémaa
dans fes Obfervations critiques fur la
traduéHon des Géorpqucs par M,
l'abbé de Lille, ) Auffi préfere-t-on
généralement les obdervations dont
M. JTatelet a accompagné foo
Poëme : obfervations qui peuvent ~
être lues avec fruit par nos jeunes
artiftes. Son EJfai fur les Jardins ,
accueilli par la plus grande parti»
du public , fut comme la fourcQ
d'une foule d'Ecritis , les uns fages «
les autres bizarres , fur la compoû-
don & Tomement des habitadons
rurales. M. WauUt avoit entrepris
de traduire en vers la JérufaUm £>é^
livrée du TaS^ , & avoit lu divers
Chants de fa Tradu£lion , dans les
f éançes de l'académie. Mais des gens
de lettres qui ont aififté à ces lec*
tures, nous aiïiirent que cet Ouvrage
prouvera plus le goût de l'auteur
pour le Taffe , qu'un véritable talent
poétique. Le plus utile des Ou*
vrages pofthumes de M. Waula^
a été un Dictionnaire de Peinture^ de
V Sculpture & de Gravure ^ïmpnmé dans
VEneyclopédie méthodique. Les art!«
des font rédigés^ en général avec
méthode & prédiion , & le rédao
teur s'y montre un amateur au$
paffionné qu'édatré.
WATERLAND» ( Daniel) ch*»
noine de Saint-Paul , archidiaa9
du comté de Middlefex, & çha*
pelain ordinaire du roi d*Aflg(^
terre , s'eft fignalé par fes ïx^^
contre, les ennemis de la Coo^^
ftantialité du Verbe^ On a de luit
I. Une Défenfe de VEciiture contre k
ÇhrificRûfm de TynM Uf l*
J
V A T
\èim^onance du, Dogme de la Trïntti ;
^iKdéfeaduêAlL Differuuion fur les Af
tà^ttcies fimdémmêauM de la Re^pon
ji^ Chrétienne, IV. Plufieurs autres On-
TBig*vrages théologiques & moraux. 11
isdciltiut enlevé à l'Egltfe Anglicane le
Qot'a Janvier I74Z.
N^, WATTEAU , ( Anbine) peintre,
I pbiir oé à Valenciennes en 1684 , mort
li ûf au village de Nogent , près Paris ,
'^btfk 1711 , étoit mâànthrope & mé-
tt pv laocolique -, cependant Tes Tableaux
tljgt^ ne préfement , pour l'ordinaire «
pf0t que des fcenes gaies & divertiiTantes.
j^ Ce goût fi comradiâoire avec fes
^p^ moeurs, peut venir de l'habimde
^f qu'il avoir dans fa jeuneffe , d'aller
^/^ deffiner, fur la place» Tefpece de
^ f fpeûade que les charlatans donnent
]2 if. au peuple, pour l'affembler autour
.^tr d'eux & vendre leurs marçhandifes.
2(^ Waueau entra dans plufieurs écoles
^ médiocres , plus capables de dé-
•^^ truire les talens que de les perfec-
^ donner. CbmAt Audran , célèbre
vjg^ pour les omemens , fut fon dernier
^ maître. Il forma fur les Tableaux de
'■0, Biée/u , fon goût & fon coloris. Le
^0 défîr de le perfeâioimer lui fit mé-
' j^ diter un voyage en Italie. U foUicita
^ pour cela la penfion du Roi , & pré-
^ fenta» pour l'obtenir , deux de fes
^ Tableaux. On fiit frappé de (es Ou-
I f; vrages * & on le reçut à l'acadjémie
L de Peinture, fous le titre de Peintre
j des Fêtes galantes. Vers ce même
\ temps , fon inconAance le fit partir
pour l'Angleterre » où fon mérite
^ pe fut pas fans récompenfe. Il revint
^^ à Paris , & fe trouvant fans occupa-
^ tion , il peignit pour le fieur Ger*
faint fon ami , marchand fur le
^ pont Notre-Dame , le plafond de (a
^ iïoutique. JTatteau a fuivi le goût des
Bambochades ; il rendoit la nature
avec une vérité frappante. Ses ca-
^ raâeres de tête ont une grâce mer-
veilleufe; fes expreffions font pi-
«juames, fon pinceau coulant , &
A touche légère Çc fpirituelle« U
W A T 441
flièttoît beaucoup d'agrémem dans
fes compofitions ; ferfigures fe font
admirer pour la légèreté , & pour
la beauté des attitude *, fon coloris
eft tendre , & il a parÊsiitement tou-
ché le Payfage. Les defiSns de fon
bon temps font admirables , pour la
fineiTe, les grâces,, le fvelte, la cor-
rection, la £icilité &;rexpreffion.«,
Fûy.Jl. ¥ATt,K.
VATTEL, ( N. ) natif de Neu-
chatel en Suifle» efi auteur de quel-
ques Traités de phyûque& de jurif-
prudence. Sonprincipal Ouvrageeft
le Droit des Gais , ou les Principes de
la Loi naturelle appliqués à la conduite
des Nations 6* des Souverains , 175S ,
2 vol. in-4^ ; ouvrage fuperfidel &
dangereux » où la religion eft traitée
comme une affaire de politique.
Fier des applaudiflèmens qUe cette
produâion lui attira , il vint a Bru-
xelles vers l'an 1765 , s'ofiErit à des
gens en place, de travailler à changer
la iégtdation & les notions natio-
nales *, mus Marie Thirefe le ren-
voya peu de temps après. Nous
ignorons Tannée de fa mort.
WATEVILLE, Fiy. Vatte-
TILLE.
I. WATTS , ( Guillaume ) litté-
rateur &hifiorien Anglois, vivoit
dans le dernier fiecle. Ses Ouvrages
de philologie ne lui ont pas fait un
nom femblable à celui qu'il s'eft
acquis par fa belle édition de VHîf'
toire de Matthieu Paris , imprimée à
Londres en 1640 , en 2 vol. in-fol.
U a ajouté à cet important Ouvrage,
une Continuation^ dont la fidélité ei^
moindre que celle de fon auteur \
des Variantes pleines 4e recherches,
& un Gloffaire important pour fixer
la fignifîcadon des mots barbares
employés par Matthieu Paris,
IL WATTS, (Ifaac) doûeur
eikthéologie, mérita , par fes talens
& fes excellentes qualités , la place
de pafieur ordinaire dans TÉglife
Presbytérienne de BéryAréet à
44» W A U
Londres. 11 la remplit arec amant
de zèle que de lumières. Il eft prin-
cipalement conmi en France par
un Ouvrage îudicieux» imitulé :
La Cttltan et PEffriâ^ traduit en
françois im 1762 , in-12. Il en
publia la 1'^ partis en 1741 ; mais
It mort l'empêcha d'achever la
féconde. Ce livre peut fervir à ùd-
liter Tacquiiftion des connoiflances
néiles \ & ce n'eft pal la feule pro-
duâion qui foit forde de û plume.
On a publié le Recueil de Tes Ou-
vrages , en 6 vol. in-4*'»On y trouve
des Traités de Mcrale , de Gram-
mmn , de GiopaphU , A'Afironomc ,
de Lofitptt & de Métaphyfiqtte, Il
«voit du talent pour la poéfîe ,
S fil cultiva dès (a tendre jeuneàe.
n a de lui une Imitation des
TftMtmu dt David , des Cantiques
fit des Hymnss , dont Tofage a été
introduit dans l'Office public de
^Ittfieurs EgUfes Presbytériennes.
WAUWERMANS, (Philippe)
peintre , né à Harlem en 1620 ,
mort dans la mtee ville en 1668 ,
excella dans les Payfages, Il les
ornoit ordinairement tle chaiTes «
de haltes , de campemens d'armée ,
d'attaques de villages , de petits
combats y & d'autres fumets dans
fefquels il pouvoit placer des che-
vaux , qu*il deffînoit dans la der»
niere perfeéHon. Les Tableaux de
ce maître , qaoi^'en très - grand
nombre, font remarquables par la
beauté du travail , l'élégance , la
correélton , le tour fin & fpirituel
des ^gures ; par la fonte , l'accord
& la vivacité des couleurs *, par un
pinceau féduiûim ; -par un beau
choix , une touche délicate & moël-
leufe , l'entente du clair - obfciu: ,
un colons oâueux -, enfin par un
précieux fini. Il a poufle même ce
fini trop loin dans quelques-uns
de fes ouvrages. Les Tableaux faits
dans fon dernier temps , donnent
un peu trop dans le gris ou^dans le
VED
bleu. H^aumrmoMs eau k feplaindrf
de l'oubli de la forrane. Il avbi(
un fils ; mais il aima mieux lut
donner le goût du cloître que celui
de la peinture. Il fit même brûler en
fa préfcnce > étant au lit de la mort ,
une cafiette remplie de fes études
& de fe^ deffîns. On a bdRicoup
eravé d'après lui. Il a auffi gravé
a Teau-forte. han Gnffier fut fon
élevé. Pttnt & kan Wavwek-
MANS lits frères , ont peint dans fo»
genre , mais avec moins de fuccès«
WECHEL , ( Chrétien & André >
célèbres imprimeurs de Paris 6e
de Francfort , dont les Edidons
font correâes êc fort eftimées. Ut
durent principalement la perfe^oa
de leur art , au (avant frédtrîe
Sylburg^ correâeur de leur impri-
merie, Ckréûm vivoit encore en
1552. Jndré fon fils , mourut en
1581^ On imprima à Francfort en
1 5 90 , in-8^ , le CataUgue des livres
fortis de leurs prefies.
VEDEL »( Georges- Volfgang )
né à Goltzen dans 1« Luface en
1^4$ , mort le 6 Septembre 172 1 «^
à 76 ans , devint profefleur en mé^
decine à lene en 1672 , puis con<«
feiiler & premier médecin des ducs
de Saxe. L'académie de Berlin &c
celle des CurUusf de U Natttrt fe
l'afloçierent. On a de lui un très-
grand nombre d'Ouvrages , qui
offrent des recherches utiles. Les
principaux font : I. WhypoloWi
mediea^ I704t in- 4^. II. Phyfio*
hgia reformatai. ^ 1688 « ili-4^. III«
De Sale rolatUi Plantarum , in-12.
IV. Theoremata medica , in-12. V.
Exercitattonum Medieo <• Philolopca^
rum Décades XX , 1686 à 1720 , |
in«4*. VI. Theoria Saporum medica^ ' \
in-4'». VII. De MorbU Infantâm ,
in - 8*. VIII. Opîolopa , 1682 ♦
in-4°. IX. Pharmacia in artisfirmam
redaHa, 169^ , inr4°. X. De MidU
i^amentorum facultatibus copiofceaUt
& applicandis^ 1696 , ia»4*. XI. X>*
V E H
fMteamsntoTum compofiéicni i^fUm"
forûitta, 1693, in-4^*
fiivam voyageur Anglois du xni*
^ecle. Son Voyagt ât DûtmatU^ et
Grèce & du Levant ^ fe trouve avec
celui de Spon , à la Haye » 17^4 • 2
yol. vDri% \ & féparémcQt « 1689 , %
Toi. m«i2. 11 eft exad, fincere , &
a'attache aux diofcs qui peuvent
imérefler la curiofité du leâew.
^9(nE:iMAR « ( Bernard ) dpc de
Saxe , le dernier fils de han , duc
4e Saxe - W»mar , defcendolt de
l'ancienne branche éleâorale dc-
poflëdée par Charles- Qubu. Sa(
liaine pour la maifon d^Antridie
le fit ranger fous 1^ drapeaux de
Cuftave-Aâolpke, Il perdit d'abord
la bataille de NordUngu^ \ mais
ayant été niis à la tète d'une puif-
fante année en Allemagne , par le
roi Louis XIU , [ Voy, fon article. ]
il y gagna des viâoires fignalées,
Il pritSaveme* chafla les Impériaux
de Bouigogne , 8( fe rendit maître
de Jonvelle dans la Franche-Comté.
L'an 1638» il força JUieinsfeld ,
après avoir défait 6500 Impériaux ,
qui étoient venus au fecours de
cette place. Il alla enfuite affiéger
Brifiàch , & ne l'affiégea pasen yain.
Une viûoirc importante fut la fuite
de cette conqaète. Toute l'Alface fe
fournit â lui ; & il eût remporté de
plus grands avanage^ ^ns la mort
qui le furprit le lé Jmllet 1639,
Il dîfpofa en fouversûn de te (Jti'il
crut lui appartenir » 6c déclara fes
frères indignes de luifuccéder dans
l'héritage des pays conquis , s'ils
ne demeuroient dans l'alliance &
au fervice de la France. Elevé de
Cnftave-Adofphe , il étoit auffi ca-
pable déformer de grands projecs,
que de les faire exécuter. Le pou-
voir du cardinal de RUkeâeu ne put
Jamais l'engager à flatter ce miniftr? ,
fiifes favoris. Un jour que le Père
foffh^ Gafucin« qui ei^tendoit k
W E L 44?
^rrê comme un honime 4e fon
état peut l'entendre , montroit fur
la carte, des places qu'il fidloit pred*
dre pendant la premicre campagne
de 163^ : ToiU cela feroit bien , Fin
JosETB , lui dit Weiuar , fi,0tl
prenoit les villes avec U bout du doigta
XI^EINMANN » ("Jean-Iacques^
Çuillaume ) apothicaire deRatis*
bonne » mort en 1734* a donn^
un Ouvrage ionfidérable fur le*
plantes , intitulé : Phytoatc/a lee^
nograpkîca , five ConfpéSas aS^itûn
mUSum plantamm , Radsbonne «
173 j -1745 , 4 vol. in-folio, avec
1025 planches enlomtoées , mû
qui ne le font pas également bien
dans tous les exemplaires.
VEISS, ^oy«^ I. Albin , & Uk
Albinus.
WEISSÊKBpRN , (Ifate-Fréde^
rie) théologien Luthérien , né à
$malkaide en 1674, fîiè profefleur
en^diéologie 6c (ùrintendantà lene»
où il mourut en 1750. On a de lui :
1. AîufMtm PhUoJophim ^ in-4^. II.
Par^doxorum Lofjicorum Dteodes «
in-4^. IH. c6ar2sUr verte Religîbnts
bi do&rina de Pide in CSRJsrvM ,
pÊfilfifanu, IV. Des Sermons en
allemand.
lX^£ITZIUS,(Jean)moi«eft
1642 , eft connu par des Commen-
taires fur Térenee^ fur les Triflu
A* Ovide , fur VerrîuS'Flaecus , Çc fur
Prudence* On y trouve plus de
favoir que de goût.
WELLENS, ( Jacques-Thomas-
Jofeph ) évèque d'Anvers , doôeut
en théologie dans l'univerfité de
Louvain, né i Anvers en 1716»
& mort dans cette ville en 1784»
s'eft diiHngué par fa charité , fon
eele, fes lumières , fon défiméref-
fement , par des vues vraiment
patriotiques , confiamment diri<;ées
vers ie foulagement & le bien-être
de fes diocéfaini. On a de lui ut»
Livre très-utile aux eccléfiaftiques ,
publié fous ce titre : Meihortatîoms
W E L
famUUns de vocoûotu fâerorum m!^
miftrwum & vartis eorum officus ,
Anvers, 1777 & 1783, in-8^
1. W£LLER , ( Jérôme) théolo-
^en Protefianc , né à Freyberg en
Mlhie, Tan 1499 « ^t très-ataché
à Luther^ qui le garda huit ans dans
£1 maiibn. W^eller devint enfiiice
{vofeflêur de théolo^e à Freyberg »
où il mourut en 1571 , à 73 ans^
On a de loi : L Comnuntarîa In Ubros
Samuel & Regum. 11. ConfiUum de
fiadio Theologia reclè- inJiUuendo» III.
Commentaria InEprfiolas ad Ephefios ;
& d'autres Ouvrages, imprimés à
I<ipzig , en 2 vol. in-fol.
IL >Ï^ELI.ER, (Jacques) théo-
logien Allemand , naquit à Neukirk,
ibns le Voifgland , en i6oz. Après
avoir profefle quelques années la
tliéologie & les langues orientales
à Vï^ittemberg , il fiit appelé par
réle€beur de Saxe , pour être fon
. prédicateur auliquct Ses principaux
Ouvrages font : SpiciUgutM qudtfiio-'
nmm Hebr^o-Syrarum \ & une bonne
Grammaire grecque. Il mourut en
1664.
WELLS, (Edmond) littérateur
Anglois y (avant dans la langue
grecque, qu'il profefTa à Oxford,
mourut vers 17 30. Il eft connu prin-
cipalement par une bonne Edition
■de Xénuphon , revue fur pluHeurs
Manufcrits , ornée de Cartes géogra-
phiques & chronologiques , impri-
mée à Oxford , en 5 vol. in- 8®.
WELSER , ( Marc) né à Ausbourg
en 1 5 5 8 , de parens nobles , mourut
lé 13 Juin 16 14. Il fut élevé à
Rome fous le célèbre Muret , qui
lui iafpira un goût vif pour l'étude
des belles-lettres , latines 6t grec-
ques, & pour les antiquités. De
retour en fa patrie , il parilt avec
éclat dans le barreau. Ses fuc:ès
lui méritèrent les places de préteur
& de fénateur d' Ausbourg. JFcifer
\fe fit un nom, non-feulement par
la proteâion qu*il accorda aux fa-
V E N
▼ans , nuôs encore par les Owmg^
dont il enrichit le monde littéraire.
On a de lui : I. Renan Augafio'Fînde'
ficarum Ubri y m , à Venife » 1 594 »
în-fol. : ouvrage plein de recherches ,
& écrit avec affez dégoût. II. Rerum
Botarum ûhi r, in -4®, à Aus*
bourg , 1601. On lui attribue encore
le Squutmio delU libena Veaeto , que
d'autres donnent à Alf. de la Cuera »
marquis de Bedmar -, ( Voy» CuKVA ,
n® I.) Tous les Ouvrages de ce
lavant écrivain furent recueillis à
Nuremberg, en 1681, in-fol.
WENCESLAS, fils de Chartes JV^
empereur d'Allemagne , eut le trône
impérial après la mort de ce prince ,
en 1378 , à l'âge de 15 ans. Son père
avoir réglé , par la Bulle ^or, l'âge
néceffaire au roi des Romsûns ; il
fut le premier à violer ce règlement
en £iveur de ce fils , qui fiit un
moniire de cruauté & de débauches.
Comme Nérçn , il donna d'abord de
grandes efpérances. Mais la pefte
rayant chaflë de Bohême , U fe
retira à Aix-la-Chapelle. Ceft dans
cette ville que les a£Eaires commen-
cèrent à lui pefer. Le goût d'u&
Êifie ruineux » le commerce des
femmes, & les prodigalités qu'il
entraine , lui fît bientôt perdre de
vue, au milieu d'une troupe de jeu-
nes débauchés des deux fexes , les
devoirs & là ma)efié du trône*
Amolli par la volupté » il devint
lâche & cruel. Ayant voulu défen-
dre les Juifs contre fes fujets de
Bohême, ^ s'étant fignalé par des
aâes de fureur* les Bohémiens l'en-
fermèrent dans une étroite prifon ,
l'an 1394. Dans un de iÎBs accès de
frénéiie , il avoit fait jeter dans la
Moldaw , S, Jean Népomucene , parce
qu'il n'avoit pas voulu lui révéler
la confeilion de la reine fon époufe.
On dit qu'il marchoit quelquefois
dans les rues,accompagné d'un bour-
reau , & qu'il faifoit exécuter fur le
champ ceux qui lui déplaifoient»
i
W E N
Ce furent toutes ces raifoos qui
forcèrent les magiilrats de Prague
. 4e le détenir dans un cachot , d'où
il {^ Tauva quatre mois après. Un
pêcheur lui fournit une corde , avec
laquelle il s'échappa , accompagné
d'une fer vante, dont il fît fa mai-
trèfle. Dqs qu'il fut en liberté, un
parti fe forma en fa faveur dans
Prague. Les magiftrats de cette ca-
pitje le traitant toujours comme
un prince infenfé & furieux , Tobli-
gèrent de s'enfuir de la ville. C'étoit
une occafion pour Slgîfmond fon
frère , roi de Hongrie , de fe foire
reconnoitre roi de Bohême : il ne
la manqua point -, mais il ne put
que fe foire déclarer régent. Il fit
enfermer fon firere dans une tour,
à Vienne en Autriche. Wenceflas
s'échappe encore de fa prifon , &
de retour à Prague, il fe fait des
partifans , condamne au dernier fiip-
plice ceux qui l'avoient mis en pri-
ù>n , & ennoblit le pêcheur qui lui
avolt donné le moyen de fe fauver.
Cependant les tra verfes qu'il efTuya ,
le forcèrent d'aliéner le refle des
domaines de l'Empire en Italie. Les
éleÛeurs en prirent occafion de le
dépofer en 1400, pour les griefo
fuîvans. '» Il a vendu à la France
«» Gênes & fon territoire ; malgré
f l'oppofition des états de l'Empire *,
t il a livré à GaU^s Vifcom , le
M Milanois & la Lombarde*, il a
» aliéné plufîeurs domaines , qui ,
, n par- la mort des propriétaires ,
» étoient dévolus à l'empire *, il a
M -accordé aux voleurs & aux bri-
M gandf l'impunité de leurs crimes*,
>• il a mailacré , noyé , ^ brûlé des
*• prélats, des prêtres & pluâoirs
'« perfonnes de diâinâion , &c.
» Nous donc , ayant invoqué le
*> SaintNom.de Dieu,& étant afiîs
M dans notre çribuhaluie Juflice,
» niu8>parltt^Fie£54almec^OBoés,
>» . avons dépofé , par notre préfente >
W E N 44Ç
» comme diffipateur du Corps Ger-
» manique, comme membre i-nu-
»* tile; & comme chef indigne .de
»♦ gouverner; & comme tel, l'avons
>« privé des dignités & des hoa-
M neurs qui lui appaniennent. Nous
n faifons {avoir aux princes, po-
» tentais, chevaliers, villes, terres
» & peuples du Saint-Empire , qu'ils
M font absous du ferment de^délité
» & de l 'hommage qu'ils lui dévoient
»» en fa qualité d'empereur». On dit
que quand on lui annonça fa dépo->
fition , il écrivit aux villes impé-
riales d'Allemagne, qu'il n-exîgeoh
dédies d'autres preuves de leur fidélité^
que quelques tonneaux de leur meilleim
vin, 11 ne renonça toutefois au
fceptre impérial qu'en 1410 , & il
mourut roi de Bohême en 1419 ,
âgé de, 58 ans. Il ne laifla point
d'enfons', quoiqu'il eût été marié
deux fois. Sa première femme fut
Jeanne , fille à' Albert de Bavîen ^
comte de Hollande; fa féconde,
Sophie^ fille d'Etienne U Frîfé^ duc
de Bavière. » Il fembloit que la
» nature , en formant Fencefias , ( dit
" M. d£ Montigny) , fe fût épuifée
n à raifembler dans fa perfbnne
» l'exceffîve prodigalité A* Antoine ,
» l'infâme lâcheté d'HéliogahaU ,
'» & l'ame cruelle de Tibère, Tout
n lui devenoit« permis pour fatîf*
/* foire fes paf&ons; point d'équité < <
V dans fes jugemens, point de re-* 4 .^
'» tenue dans fes vexations , point -4:**
*f de ménagement dans fes débatt*^* ;
» ches. Fier dans la bonne fortune, '{
n il rampoit dans l'adverfité. Mal-
'» heur à quiconque l'ofFenfoit ; il
»» n'accordoit de pardon qu'à ceux'
» qui pouYoient l'acheter à prix
" d'argent, ne rougi£^nt jamais de
>» mettre fa «lémence aux enche«
>v res , & de faiire un honteux tra«
H. £c de la plus belle verju:de$-
»* rob >»• ' •
WENDELIN , ( Godefroi ) naquit
diM i^ 9r%b«Q$^.i$S9 , voyagea
446 W E P
en France , profefià là
à Digne , & mourut à Tournai , où
il étott dianoinCf en 1660. La phi-
losophie & la îutiipnl4ence pa<^-
gerem {t$ (oins ; fie l'Une êc l'au*
tre lui firent un n<}m célèbre. 11
donna au public plufieurs Ouvra-
ges , parmi lefq^els on diftingueunc
EdiùiM des Lois SaUquu , imprimée
à Anvers, 1649» in-fol. Cette édi^
tion eft enrichie de favantes Notes
èc d'un âloflaire très - utile pour
rintelUgeoce de ces lois. Jatquù
Chifflet en a orné Ton Riattil PqHùco»
h/ftoriquê,
^£PP£R , ( Jean Jacques ) né à
Schaifoufe le 2) Décembre 1610 ,
médecin du duc de Wuumherg^ du
marquis 4^ Dourlac & de 1 éldSieur
Palatin , mourut en 169$ , à 74 ans.
On a de lui : !• Hiftorin ApopltOU
corum,, 1710 , in-S**. IL Caint a^tm*
Hem I^Qna , 17 16. in-4**. UL ObfeT-
t^uîonu » 1717 , in-4**. Sa Fm eft
9 la tète de ce dernier Livre • qui eft
fiUmé » ainfique les précédens.
L^ER£KF£LS , ( Jean-Jacque$)
paûeur 4^ £âle (a patrie , mourut
en 1655, après 9voir publié des
i^emoiu en allemand , &des^oin^«>
(/es en latin , fur, VEtcUfiafiê, Elles
offrent plus de favoir que d'élo-
quence.
IL WERENFELS , ( Pierre ) fils
du précédent , archidiacre de Bàlé ,
né à Liecbcal en 1617 » fignala £bn
zele pendant la pefte qui défola
cette ville en 1667 & 1666. Son
ipérite lui procura la chaire de
profefieur de théologie en 1675 «
qu'il remplit avec ap^audifiement.
U mourut le 23 Mai 1703 » à 76
ans, avec une réputation de piété
& die favoir îuflement méritée. On
a de lui un grand nombre de Di/tr^
uttùmâ^ des Sermons^ & quelques
autres Ouvrages plein# d'érnditioa,
' IIL WERENFELS, ( Samuel )
fils du précédent , naqint à Bâie
V W È R
likéntes fciences dans £1 patrie^
Il voyagea en Hollande, enAllèM
magne & ^ France. Pendant troiâ
mois de féîour qu'il fit à Paris i il
eut de fréquentes converlâtions
avec les Pères MaUbrMntht & dé
Moatfauion « & avec Variffum, Il
retourna à Bâle en X701 , & l'aimée
ûii vante il fuecéda à fon père dans
la chaire dé diéologie. Il fiit af^
grégé en 1706 , à la fociété An<>
gl^ife de la Propagation de la Foi,
& en 1708 à la fociété royale de».
Sciences de Berlin. Sa réputation »
qui croifibit de jour en Jour, lui
procura la correfpondance des plus
iilufires ÛLvans de l'Europe , &
attira à Bâle une multitude d'étu«
dians , à l'infiruâion defquels il
s'a|>pliqua avec zele. Il converfoit
familièrement avec eux, & s'atta*
choit à leur cultiver le iugemént
• beaucoup plus que la mémoire.
Son foin principal étoit de leur
inipirer les fentimens de douceur ,
de tolérance & de modération dont
il étoit pénétté, & de les conduire
dans les routes de la vertu & de la
probité • qu'il fuivit lui-mtoe toute
fa vie. Il mourut à Bâle le premier
iuti^i740. Tous fes Ouvrages ont
été recueillis en 2 voL iâ-4®. La
plus ample édition eA celle de
6eneve 8c de Lauùnne en 1739.
Ils roulent fur la philologie , le
eiilofophie & la théologie. Son
vre le plus connu eft celui. Dé
l^Qgomac^ Emditorum , 170^ , in>8^*
Le Clen dit , dans ùl BihUotkequê
wùvetfUk , que ce Traité fera lu
avec plaiihr par les favani » fi ce
n'eft par ces favans refix>gnés &
de mauvaife humeur , qui , fem-
hiafales â certaiiu malades , loin
de vouloir qu'on les. guérifle , ne
veulent pas même qu'on conaoiflê
leur auladte. Le Recueil de fes
Ouvrages renficrme di vertes Po^ktf
qui moatreat que l'auseur n'étoit
eo 1657» & 61^ pr^feÂMT de 1^ Pffi «1$ ^WP9Cte quJ^ilepU-
Wophe & favam théologien. On
a encore de lui un voL m- 8^ de
Semons»
WERFF I ( Adrien Vaoder- )
peintre, né a Rotcrdam en 16)9,
mourut dans cette ville en lyiy.
Le précieux £ni de ik» OuvragesT,
& leur rareté » les rendent très»
chers. L'éleûeur Palatin, qui^Koûa
beaucoup fa manière , le eréa che-
valier, ainfi que fes defcendans.
11 lui permit d'ajouter à fes armes
une partie des éleâorales , & lui
fit préfent de fon portrait enrichi
de diamans. Tous les princes qui
venoient à Roterdam lui rendoient
viâte , & payotettt chèrement fon
pinceau. Vander - Wuff terminoit
ic% Ouvrages avec un foin éton-
nant. Son deffin eft affei correû ,
fa touche ferme & précieufe* Ses
figures ont beaucoup de relief;
nais fes carnations approchent de
rivotre, & ne font pas aflla vives.
Ses compoikions manquent auffî
^e ce feu préférable au ^rand fini.
Il a peint des Portraits & des fujets
d'hiftoire. Ses princtpaox Ouvragiçs
font â Duâeldorp « dans la ridie
colleâion de Téleâeur Palatin.
On y admire fes quinze JahUêim
touchant les Myâeres de not^e
religion.
VËENERU5» ny. Irmerivs
6* ROLLWXlîCK.
WëSEL 0» Van Haiorbit m
AAVOLDVS VESAtlfiMS», (At-
aold) né à Wefel vers 14S0, fe
rendit habile dans les langues 1^-
tiae t grecque & hébraïque , fut
-«hasoine de la métropole de Co-
logne, où il mourut le 30 Oâobre
x^ 34. Il reAe de lui : L Macrùhiuê^
muSmrio iompl^tuut ^ amMtatioiùhu
. if/ifimw , Cologne » 1 5 «7 , in-ii.
IL ProefifU OraùofUi (k Jufiidtmi
Ja^pffi^Àfcâê ladnè ruUUm, Bàle,
15 $E « in-foUo; & plufieurs Ou*
9T9get de coatroverfe*
W ES 447
ÂnvetsiUi ty^i, fut reçu doàeur
en droit à Louvain à 19 ans .-
honneur que peifonne n'avoit eii
à cet âge. 11 enfeigna la jurifpru-
denoe avec réputation à lene , puis
à Wittemberg , où il mourut efii
15^6, à J5 ans, après ?*voir cm-
brafie la religion ProteOante. On
a de lui uit grand nombre d'Ou-
vrées. On eilime fur - tout fes
Ohjetyations fm Us PandeSUs & U
Cadt^ Amftetdan ,1665 , in-4*^ .
en latin ; & fes ParatUlesy dans
lefqueis il explique avçc brièveté
& clarté ce qu'il y a vie plus diffi*
cile dansées hx litrres du Dîgefie.
WESSELUS ^ ( Jean ) né à Gro-
nîngue vers 1419 , étudia d'abord
à Z»wool 6c eafuîte à Cologne. 11
traverfoit fouveot le Rhin , pour
aller lire les Ouvrages de l'abbé
Rup^ dans le Monaibre de Duyts.
De Cologne il . pafla à Paris , où 'û
trouva les difputes, de philofophie
très-échauffées entre les Rêmx » les
Formaux & les Nominaux» Comme il
M\ok opter ennre ces infenfés, il
fe déclara pour ceux-ci. SÎ%ulV ^
. qui iWoit coxmu lorfqu'il étoit gé-
néral des Cordeliers ,lul fit (dit-on)
les offires les plus fiatieufes , dès
qu'il eut obtenu la Âare. Wtgclm
î& borna à deniander.un éxemplsâre
de la Bible en hébreu & en grec
Pourquoi^ lui dît le Pape , ncdemaU"
jdcif^vousfos fiuiât une mitre , ou quelque
€hoft dtfemhUhU ? — Parée que jt
n'm ai pas befoîm , répQifdit le défin-
.téreâCé JPeffeius, De retour dans fa
patrie, il y mourut le 4 Oâobre
. 1489. Ce favanc eut des opinions
particulières , qui approchoient
beaucoup de celles de ÎMther^ dont
on le regarde comme le précurfeur.
La plupart de fes Ouvrages furent
livrés aux flammes, à l'exception
de quelques Traités qui parurent à
Leipzig en 1521» & à Groningue
en x6i4.in-4^« fous le titre.de
f^n^ r<^wo Thwtoficarm, Ce Rf;
448 V E S
cueil prouve que l'auteur ne mé*
ritoît guère le titre de Lumître du
monde , qu'on lui avoit donné fi
libéralement.
WESTPHALE, (Joachim)
théologien Luthérien » né à Ham-
bourg en I po , mort dans la même
ville en 1574, fe (îgnala par fes
Ecrits contre les deux patriarches
d'une des branches de la Prétendue-
Réforme , Calvin & Be^e, On a de
lui , Epijhlx de Reli^onîs pernîciofis
mutadonîbus , & plulieurs autres
Ouvrages.
I. WETSTEIN, (Jean-Rodolphe)
né à Bâle en 1647 9 d'une famille
fertile en grands hommes , fuccéda
a ion père de même nom que lui ,
daiis la chaire de pro&ffeùr en
grec , puis en celle de théologie »
& mourut dans fa patrie Fan 17 11.
On a de lui pluiieurs Ouvrages de
littérature, & te Dialogue d*Orîgene
•contre les Marcionites , qu'il pu-
blia en 1675 , avec V Exhortation au
Martyre , &C.
II. WETSTEIN, (Jcan-Hcûri)
frère du précédent , fe fit aufiî un
nom parmi les favans » par fes con-
noiiTances des langues grecque &
latine. Il alla s'étabtir en Hollande ,
où il devint imprimeur célèbre. Il
y mourut en 1726, à 77 ans. Les
favantes Préfaces dont il orna dif-
férens Ouvrages , prouvent qull
étoit aufïî propre à con^ofer de
bons livres qu'à les imprimer. Il
ctoit aimé ôt eftimé des grands , &
il entretenoit une correfpondance
' fuivie avec plufieurs gens de lettre»»
Ses deVçendans fubfifient en Hol-
lande, où leurs preffes font en
honneur , & où ils ne fe font pas
bornés à trafiquer des penféesdes
*îiommes.
m. WETSTEIN , ( Jeaiï-Jacques)
vit le jour à Bâle en 169^ , de la
"^ raêrne famille que fes précédens,
^11 parcourut la Suiffe , la France 9
W HE
ékctchaot & examinant par^Mif
les manufcrits du Nouveau îttàst*
ment , pour en donner une nouvelle
édition avec les Variantes. Revenu
* dans ùt patrie • il fiu Eût diacre de
l'Eglife de Saint -Léonard; &pu«
l>lia , en 1730 , les ProUg6menâs du
Nouveau Tefiament qu'il ptéparoit*
Cet eflat fut vivement attaqué. On
dénonça ratuteur au confeil de BâlCf
comme un Sodnien , comme un
novateur ; & H fut dépofé la mèms
année par l'afiemblée ecdéfiafiique }
& contraint de paf&r en Hollande,
Les Remontrons lui firent tm accueil
difiingué , & le nommèrent à la
chaire de philofoptee de U Clere , à
condition néanmoins qu'il fe )vSâi'
fieroit. On le vit biaitôt à Bèle,
où il obtint la cafiation du décret
porté contre lui j & il revînt k
Amfierdam prendre poffiefiioa de
fa chaire , qu'il remplit avec dif'
tinéHon jufqu'a fa moit y arrivée en
'i754« à 6z ans. Son Edition du
Nouveau Tefiament grec, avec les^
Variantes & des remarques critiqoes#
a paru en 17^1 & I7f 2, en 2 vol* 1
in-lolio. Il y a inlëré deux Epicrtsàs^
S, Clément , Romain, qui n'avoienf '
pas encore paru , & dont il prétend
démontrer rauthentické. Elles fom
en fytiaque, avec la Verfion iatiiie
de l'auteur* Elles ont été tradiûieft
en firançois par M» da Prémapiy , de
Façadémie de Ronen , & imprimée»
en 1763 ïorW^^ Ce travail lui méri»
une place (feins les académies de
Berlin & de Londres.
WEYMAR , Vo^ei WsiMAR.
*WHARTON , Voyti WAft-
THON.
\rHEAR , { Degoreus } né k
Jacobflow , daiB la province éor
Comoukillé, fut le premier proM-
leur de la chaire d'Hî ftoîie» fondée
à Oxford par le célèbre CamUm^ Ce
lavant , mort en 1647, eft auteur {
des RelecUones hytmalu de Modo k' i
ouvngi
"W H E
ouvrage qui fut bien reçu ^ quôiqu*îl
manque de précifion. On l'a réi-Ti-
primé plufieurs fois , & la meilleure
édition eft celle qu'en donna Ntw
à Tubinge, 1700 à 1708, 3 vol.
"WHELER.roy^^VÉHLER.
WHICHCOT , ( Benjamin )
ne dans le Shropshire en -1609 ,
fit.fes études à Cambridge,* & fut
cnfuite préfet du collège du Roi,
à la place du doreur CollJns qui
avoit été dépofé , & avec lequel il
partagea volontairement le revenu
de fa charge. 11 s'acquit beaucoup
de réputation à Cambridge, par fon
talent pour inftruire la jeuneffe , &
à Londres, par îes prédications. Ce
double mérite lui procura la cure
de Mitthon. Ce favant mourut à
Cambridge en 1683. C'était un
homme défintéreffé , charitable ,
modeile, d'un jugement folide ,
d'une converfation douce & agréa*
ble. Il fe Tignala fur- tout par fa
modération , qui le portoit à ad-
mettre la liberté de confcience. Ses
Sermons & fes autres Dîfcoûrs ont
été recueillis en 4 vol. in-8°..
WHISTON, ( Guillaume) i?é à
Nol^thon dans le comté deLeicéfler
en 1667 , montra dès fa jeuneiTe
beaucoup de goût pour la philo-
fophie & pour la théologie. 1.^%
progrès qu'il y fit ne tardèrent pas
â lui acquérir une grande réputa^
txon, fur-tout lorfqu'il eut publié,
en 1696 , fa nouvelle Théom de la
Terre, Newton , dont il avoit aâopté
les principes , conçut tant d'eftime
pour lui , qu'il le choifit pour fon
fubftitut , & qu'il le recommanda
enfuite pour fon fucceffeur dans la
place de profeffeur des mathéma-
tiques à Cambridge* WKifton fe dé-
mit alors d'un bénéfice qu'il avoit
pofiTédé pendant deux ans , & il ne
s'eçcupa plus que des fciences. Il
fe montra digne du choix & de la
chaire de Newton -, non pour s'èire
Tomt IX.
^ ., W H I 449
alloae au projet infenfé de Dit-
ton ( Voye:^ ce mot ) , mais par fes
Lutrcs Àftronomlquts qu'il publia
en 1701 , & qui trois ans après
tarent fuivies de fes Uçons Phyfico^
Mathématiques. Ses occupations phi*
lofophiques ne lui firent pas né-
gliger la théologie. En 1702, il
publia un vol. in.4«, fur la Chrono^
lo%ie & fur VHarmonU des ir Evan-
giles. On lui fit l'honneur , en
1707 » cle le choifir pour prêcher
les Sermons de Ja fondation de
Boyl^, U prit pour fon fujet ÏAc-.
compUJfcmsnt des ProphétUs , & fon
livre fut imprimé la même année
en un volume in-S^. La gloire de
Jrhijlon fut fans tache jufqu'en
1708 , qu'il commença à avoir des
doutes fur le dogme de la Trinité.
11 crut voir de la différence entre
la Doftrine de l'Eglife des trois
premiers ;fiecles , & celle de l'Eglife
Anglicane, fur la Trinité, llfemic
combiçnce point étoit important,
& refolut d'approfondir tout ce que
I antiquité Divine & Ecdéfiaftique
fourniflbit de lumière fur cefujet.
II lut deux fois le Nouveau Tefta-
ment, tous les Auteurs Eccléfiafti-
ques & tous \t^ fragmens , jufqu'à
la fin du deuxième fiecle ; il en tira
tout ce qui avoit rapport à la Tri-
mte. mfthoti, avant de commencer
fon examen , avoit jugé ; il avoit
cru voir de la différence entre la
Doanne des premiers fiedes , &
celle de l'Eglife Anglicane, fur la
Trinité. Sans qu'il s'en apperçût,
tout fepréfentoità lui fous la tace
qui fevorifoit ce premier jugement 5
& le refultat de toutes fes levures
fut i'Arianifme, qu'il enfeigna dans
fon Chriftianlfme primitif rétabli A
peine eut-il embraffé le parti qui
paroiffoit le plus anden à fon efprit
fafciné, qu'il réfoIut d'en être le
reftaurateur ou le martyr. Son en-
thoufiafme fe répandit bientôt au
dehors. Il écrivit aux archevêques
Ff
450 WH!
de Cantorbcri & d'Yorck , quil
croyoit devoir s'écarter de rEglife
Anglicane fu»le dogme de la Tri-
nité. Il foutint cette démarche par
une multitude de Livres , qu'il ne
ceiTa de publier en faveur de Ton
fyfiême. Son entêtement , & la
fureur qu'il avoit de vouloir faire
des profélytes , le firem chafTer de
luniveriité. On le pourfuivit à
Londres devant la cour eccléiiaf-
tique du h^ut & du bas clergé. Ses
Livres furent condamnés , & l'on
Vouloit le punir d'une manière
exemplaire-, mais quelques amis
puiiTans firent en forte qu'après cinq
«ns de procédures , onlaif& tomber
toute cette afïaire. Whlfion ne dif-
continua pas de foutenir l'Âria-
nifme , de vive voix & par écrit.
Ce n'étoit pas la feule opinion
hétérodoxe qu'il eût embrafiiée.
Il n*étoit pas plus orthodoxe fur
V Eternité des Peines^ & fur le Bap-
ûnu des petits Enfans, Il embraâa
aufli l'opinion des MllUnaires , &
s'ayîïa même de fixer l'époque
làvL retour des Jui& , du rétablifle-
ment de leur Temple, & du règne
de mille ans , au 14 Mars 1714.
L'événement ayant été contraire
à fa prédiâion , il marqua Tannée
1736 -, & fe voyant. encore trompé ,
il fit de nouveaux calculs, & pré-
tendit que la grande révolution de-
voit fe îaÎTt infailliblement en 1766*
iToutes CCS rêveries ne l'empêchè-
rent pas de publier fans interrup-
tion , un grand nombre d*excellens
Ouvrages de philofophie , dé criti*
que & de théologie. On peut en
voir les titres dans les Mémoires
qu'il fit lui-même , en 1 749 , de fa
vie & de fes Ecrits. Quoique ces
Mémoires fe reflentent de la vieil*
lefie de leur auteur, ils ne laifient
pas d'être curieux , & ils renfer-
ment des partlcularitésjfouventaflez
hardies , fur plufieurs grands hom-
mes qu'il avoic connus. Il mourut
W HT
dans la pauvreté «n I7n- ^ s*étoic
joint cinq ans auparavant* aux Ana-
baptiiles , & avoit montré dans tout
le cours de fa vie, des vertus dignes
d*un meilleur efprit.
WHITAKER, roy. y ITAKKU.
WHITBY, (Daniel) né à Ruf.
den , dans le Northampcon , vers
Tan 1638, devint doâeur en théo-
logie , & reâeur de Saint Edmond
de Salisburi. Son efprit , plein
d'idées fiagulieres , le jeta dans une
haine furieufe contre l'Ëglife Ro-
maine. Il fe déclara avec la même
chaleur contre les Sociniens *, mais
fon zèle fe démentit , & il fut fur la
fin de fes jours un des Apôtres de
l'Arianifme. Il le foutint de vivt
voix & par écrit , jufqu'à fa mort»
arrivée en 1726 , à 88 ans. Cet
écrivain dangereux ne coimoiâToit
prefque que fon cabinet. II avoit
cette fimplicité de mœurs , que
réloignement des affaires» du monde
& du commerce de la vie civile «
infpire prefque toujours. Ses nom-
breux Ouvrages font pleins d'éru*
dition & de réflexions judicieufes*
Il faut pourtant en excepter fes
Traités en faveur des Ariens » & fes
Ecrits contre l'Ëglife Romaine. On
a de lui : I. Un Traité de la ccrdusde
de la Religion Chrétienne en générai\ &
de la Ré/urrecUon de JesUs-Curjst
en particulier, 167I, in-8°. IL Dèf-
cours fur la vérité & la certitude de im
Foi Chrétienne. IIL Paraphra/es &
Commentalrefur le Nouveau Teftameru «
en 2 vol. in-folio. IV. Dlfcours de
U nécejfué & de HutUité de la Révéla-'
tion ChrJtienne^tn an^lois, V.Exanum
variantium lecUonum Jfoannis MtUti
in Novum Tefiamentum , Londres 9
1710 , in-folio. VI. DîJfertatÈo de
SS. Scripturarum interpretatione /e»
cundùm Patrum Commentdrios , I-on*
dres , 1714 , in-S®. Il eft vraifem*
blable que l'auteur fe propofoit de
tourner les Pères en ridicule « car
il a ramaifé dans ce Livre tout g«
I
i
Vhï
^e leurs Ouvrages offirent de plus
fingulicr & de plus foible. VU.
Sermons ou ton prouve que la Raîfon
àbh itre notre guide dans le choix
^une Religion , & qu'on ru doit rien
admettre comme article de Foi , qui
répugne aux principes communs de la
Rayon , iti-8° ; difcours dont les
raifonnemens ont été copiés par
plufieurs incrédules modernes.
VIII. Dernières Penfées de Whitby,
contenant différentes correBlons de
divers endroits de Jes Commentaires fut
h Nouveau Tefiament , avec r Dlf*
£ours. Cet auteur impie s'y rétrade
de tout ce qu'il avoit dit de fenfé ,
dans fes premiers Ouvrages , eh
faveur du myftere de la Sainte-
Trinité.
WHITELOKE, (Bulftrodc) né
à Londres en 1605 , mort en 1676 ,
fe iignala dans le pstrlement d'An-
gleterre , fut g^rde de la bibliothè-
que & des Mé.dailles du Roi en
1649 , ambaiTadeur en Suéde en
1653 , & préfident du confeil d'état
ei i6j9. On a de lui: I. Dtes Ha-
rangues, II. Des Mémoires fur les
* affaires d'Angleterre, III. Plufieurs
aatrei Ecrits qu'on ne lit plus,
WHITGIST , ( Jean ) né à Griras-
by , dans la province de Lincoln ,
en ly 30 , étoit Proteftant & Protef-
tant fanatique. Il ne garda aucune
mefure dans fes leçons ni dans fes .
Thefes. Son zèle lui fraya le chemin
de la fortune ; il fut fucceflîvement
principal du collège de Pembrok &
de celui de la Trinité, profeffeur
royal en théologie , prébendaire
irf'EIy , doyen de Lincoln , puis évê-
que de "Worcefter» & enfin arche-
Vêq'ie de Cantorberi en 1583. Il
foutinR avec chaleur les droits du
clergé , contré la cour d'Angleterre.
'Ce prélat, ennemi ardent des Pu-
ritains & des- Catholiques, mourut
en 1604 , après avoir pouffé le
fcinatifme jufqu'à l'emportement.
On a de lui : I. Une longue Lcur^
W î C 451
â Êexe, II. Plufieurs autres Ecrits^
dans lefquels il traite le pape à*An^
techrlft ^ & PEglife flomaine de
Proflhuie. Avec ces deux mots , on
opéroit alors de grandes chofes fus
les fanatiques du parti Proteftant.
WIARD, roy. ViARD.
WIBALDE 011 WiBOLDE, ëvê»
que de Cambrai , mort en 966 ,
inventa , dans le deffein de guérir
fon clergé de la pafiion du ieuties
dés , un jeu compofé de ); 6 vertus « ^
toutes relatives à la charité. On*
trouve ce jeu dans Baudry , avec
les Notes de Colvenerlus.
WICELIUS , ( Georges) dit
Major ou Senior ^ pour le difiinguer
de fon fils , naquit à Fuldeen i^oi,
& fe fit religieux fort jeune *, mais à
l'âge de trente ans , il quitta la vie
monafiique pour embraffer les er«
reurs de Luther.Rentsé dans la com-
munion de l'Eglife , il fut pourvu
d'une cure , & devint confeiller dei
empereurs Ferdinand & Maxlmlllen^
Il travailla toute fa vie avec zèle 1
mais en vain, pour réunir les Cadio-
Hques & les Proteftans. On a de
lui : I, Fia Re^a , Helmfiadt. i j^o*;
II. Methodus Concordla , Leipzig ^
1537 , in-i2. lU. Un très-grand
nonibre d'autres Livres^ , la plupart
en allemand, qu'on a traduits en
latin & imprimés plufieurs fois.
Wicellus mourut à Mayence en
1593. Georges Wiçelws fon fils^
donna auffî quelques Ouvrages au
public , tels que VHlfioire de S, Bo"
nlface , en vers latins , Cologne «
i553,in-4«.
WlCHCOT, Voy. Whichcot*
'WICHERLEI, — WycHERLEi.
WICKAM,( Guillaume) naquit
au village dé Wicham, dans le comté
de Southampton , en 1324. Son
efprit , cultivé par les belles-lettres ,
lui donna la facilité de parler Se
d'écrire avec autant de pureté que
d'élégance. Edouard 111 le prit à fon
fervice , & l'honora de Tintcndancà
Ff ij
451 WIC
des bâtimens , & de la charge ie
grand-foreftier. Cefiitlui qui dirigea
la con(lru6tiondu palais de fP^tndJor.
Quelque temps après il devint pre-
mier fecîétaire d'état , évêque de
'U^indiefter, grand-chancelier, puis
préfident du confeil privé. Il veilla
autant fur la pureté des moeurs que
fur l'adminiilration de la juilice. Sa
févérité lui fit des ennemis , & fon
crédit des jaloux. Edouard ^ prévenu
contre lui pat le duc de Lancafirt ,
le difgracia. Après la mort de ce
prince » il fut rappelé à la cour en
13S9. De nouvelles tracaâeries
l'obligèrent de fe retirer trab ans
après. Rendu à fon diocefe , & à
l'abri des agitations qui fecouoient
alors l'Angleterre « il travailla à
perfeûionner Its deux Collèges
qu'il avoit fondés ^ l'un à Oxford »
& l'autre à Winchefter. Une cathé-
drale , prcique auili (uperbe que
celle de Saint-Paul de Londres ,
fut élevée à grands frais. 11 fonda
des retraites pour les pauvres &
.pour les orphelins-, enfin, il ne
s'occupoit que du bien de l'huma-
nité , lorfque fes ennemis l'accu-
ierent de crime d'Eut ^ en plein par-
lement f l'an 1 397 9 mais il fe lava
de cette imputation odieufe. Cet
illufhre prélat , accablé d'années &
épuifé par fes immenfes^ travaux ,
termina en paix une carrière trop
long -temps agitée , en 1404. Il
montra un zèle ardent contre Wl^
cltfy qu'il fit chaffer de l'univerfîté
d'Oxford. On a publié dans cette
dernière ville, en 1690 , in-4° , la
yîe de ce digne évêque.
WICLEF , (Jean) ou db Wiclif,
naquit à Wiclif , dans la province
d'Yorck, vers Tan 1314. Il étudia
au collège de la Reine à Oxford ,
& y fît de grands progrès dans
l'étude de la philofophie & de la
théologie. 11 occupoit dans cette
Uhiverfité une petite place, qu'on
ôta à des moines pour la lui donner,
w ic
& qu'on lui enleva a foa Mm\
pour la rendre à ceux à qui on
l'avoit prife. JFlcUf ta appela au
pape i qui décida en &veur des
religieux. 11 ie déchaîna dès-lors
contre la cour de Rome, dont il
attaqua d'abord le pouvoir tem-
porel, & enfuite le fpirituel. Les
démêlés vi& & fréquens des pon-
tifes Romains & des rois d* Angle*
terre , depuis Jtan Sans - Tcrn »
avoient indifpofé lesefprits contre
la première cour. On ne fe rappe-
loit qu'avec beaucoup de peine
l'excommunication & la dépoûtion
de ce prince j fa couronne mife aux
pieds du légat , & remife par ce
miniflre Air la tête du roi -, la
ceffion de l'Angleterre au pape , &
k tribut impofé par le pape fur
ce royaume. Enfin, les Anglois
voyoient avec chagrin les béné-
fices de leur ifle donnés par les
pontifes aux étrangers» Comme
dans ces démêlés le clergé avoit
ordinairement pris le parti de la
cour de Rome , il s*étoit attiré la
haine d'une partie du peuple, qui
d^ailleurs regardoit avec envie les
richeiTes des ecdéliaftiques. Wïcltf
trouva donc dans les efprits des
difpofitions fevorables ; mais les
évêques le dénoncèrent à Rome.
L'archevêque de Cantorberi.lecita
à un concile qu'il tint à Londres
en 1^77. L'héréfiarque y vint »
accompagné du duc de Lancafirt^
qui àvoit alors la plus grande part
au gouvernement du royaume ; il
s'y défendit, & fut renvoyé abfous»
,Grégoîn IX ^ averti delà proteôioo
que WUUfvfovt trouvée en Angle-
terre , écrivit aux évêques de le ,
faire arrêter. On le cita à u« con-
cile tenu à Lambeth -, il y comparu^
& évita encore d'être condamné*
Les évêques , intimidés par les
f^igneurs & le peuple , fe contenu
terent de lui impofer filence. Les
troubles qui arrivèrent en Anglct
vie.
terre ^ous la minorité de Richard 11^
dbnneremoccaiion à /i^c/i(/de femer
Ces erreurs. Il prêcha , il écrivît.
Ses Livres , quoique grolHers &
obfcurs , fe répandirejit , par la
feule curiofité qu'inCpiroit & le
fajet de la querelle & la hardielTe
de l'auteur, dont les mœurs irré-
jprdhenfibles donnoient du poids i
îes opinions. Cétoitdans ce temps-
là qvCUrhaln VI & Clément VU fe
dîfputoient le fiége de Rome. L'Eu-
rope étoit partagée entre ces deux
pontifes -, l'un étoit reconnu par les
Anglots, & l'autre par les François.
VrbcUn fit prêcher en Angleterre
une Croifade contre la France > &
accorda aux croifés les mêmes in-
dulgences que l'on avoit accordées
pour les guerres de la Terre-Sainte.
JVicUf faifit cette occafion pour
foulevcr les cfprits contre Tauto-
rbé du pape y & compofa contre
cette Ooifàde, un Ouvrage plein
d'emportement & de force. » Il eft
" honteux ( dit-il ) que la croix de
"- Jefus-Chrlfi ,. qui eft un monument
*» de paix , de miféricorde & de
-• charité ; ferve d'étendard & de
»* fignal à tous les Chrétiens pour
n- les fntérêcs de deux faux Prêtres
•^ qui ifontmanifeftement des Ante-
» chrifts , afin de les conferver dans
M la grandeur mondaine , en oppri-
» maiu la Qirétienté plus que les
-■ Juifs n'opprimèrent Jefus - Chrlfi
»»■ lui-même & fes Apôtres.J'Pour-
>» quoi eft - ce que l'orgueilleux
* Prêtre de Rome ne veut pas
>^ accorder à tous les hommes
M Indulgenu pUtiitrc , à ■ condition
» ^'ils vivent en paix & en cha-
» rite ««pendant qu'il la leur ac-
« cor (te pour fe battre, & pour f»
'* détruire «« ? Guillaume de Cour*
tmal^ archevêque de Cantorberi ,.
vi»ulànt arrêter ce défordre , afièm-
bh à Londres, en 13S2 , un con-
cile , qui condamna xxiv Propofi^
tiofWi les unes comme absolument
W I C 4Ç3
héréûques , les autres comme erro-
nées , & contraires aux déciiions de
l'Eglife. Voici celles qui furent
>ugées hérétiques, ^s La fubftance
** du Pain & du Vin demetire au
V Sacrement de l'Autel après la
♦♦ confécration; & les accidens n'y *
y» demeurent point fans fubfiance.
•» hfus'Chtîfi n'eft point dans ce
»♦ Sacrement vraiment & réelle-
** ment. ./. Si un Evêqae ou un
" Prêtre eft en. péché mortel , il
»»■ n'ordonne , ne confacre, lii ne
" baptife point... La Confefiîon ex-
H térieure eft inutile à un homme
» fuififamment contrit... On ne
»* trouve point dans l'Evangile
** que hfus'Chrifl ait ordonné la
9« Méfie. . . Dieu doit obéir an
« Diable... Si le Pape eft un im-
*t pofteur & un méchant > & par
*> conféquent membre du Diable ,
>t il n'a aucun pouvoir fur les
»» Fidelles , fi ce n'eft- peut -être-
*• qu'il Tait reçu de l'Empereur...
»♦ Après Urbain VI ^ on ne doit-
» point reconnoître de Pape , mais
»' vivre comme les Grec^ > chacun
*t fous {es propres lois. . . Il efir
>t contraire à l'Ëcriture - Sainte
M que \e& Ecdéfiaftiques aient des^
" biens temporels «i. L'auteur dé-
cès erreurs mourut peu de temps,
après, le % Décembre 1384, d'une*
apoplexie, à Lutter^ord, où ï\
fe tenoit caché. Il laifia un grand
nombre d'Ecrits , en latin & en
aaglois. Le principal Ouvrage ,
parmi ceux du premier genre , eft^
celui qu'il nomma Trlaluguc ovl
Dialogue , en IV livres ^ in-4° ^
1^25 , fans nom de ville V n'im-
primeur , & réimprimé en "i^ 5 3 »
in-4°» Dans cet Ouvrage , qui eft
fort rare, il fait parler trois per-'
fonnages :. la Vérité, le Men/onge &
la Prudence, C'eft comme' un corps
de théologie , qui contient tout le
venin de fa do£trine , dont le fondL
conûftç à admettre une Néceffué abr-
Ff uj
454 W I C
folut en toutes diofes , même dans
les allions de Dieu. WîcUf fou-
dent cependant que Dîcu efi libre ;
& qu'î/ eût pu faire autrement , s* il
tût voulu i mais il foutient en même
temps , qu't/ efi de fon ejfence de
ne pouvoir vouloir autrement. Les
livres de cet héréfîarque furent por-
tés en Allemagne , & pénétrèrent
en Bohême. Jtan Hus adopta une
p^nie de fes erreurs , & s'en fervit
pour fçulever les peuples contre
le clergé. Lorfqu'on eut abattu la
feâe des Huilîtes , on n'anéantit pas
dlans les efprits la doârine de JFl'
€lef^ & cette doârine produisit ces
différentes feâes^d'AnabaptlAes qui
défolerent T Allemagne, lorfque Lu-
ther eut donné le fignal de la ré-
volte contre l'Eglife. Une des prin-
cipales erreurs de WlcUfta de fes
cnthoufiailes, étoit de vouloir éta-
blir VégallU & V indépendance entre
les hommes. Cette prétention ex-
cita , en 1 379 & en 13S0 , un fou-
lévement général de tous les pay-
fans & des gens de la campagne»
qui , fuivant les lois d'Angleterre »
étoient obligés de cultiver les terres
^ de leurs maîtres. Ils prirent les
armes au nombre de plus de 100
mille hommes , & commirent une
infinité de déTordres, en criant par-
tout : Ljmsrté^ Liberté ! Voyci
la Vie de WUdef , Nuremberg.»
1546, in-8**; ou Oxford» i6i2«
I. WICQUEFQRT, (Abraham)
écrivain HoUandois > plut par fon
efprit à l'éleàeur de Brandebourg »
qui renvoya à la cour de France »
où il fut fon réfident pendant .^x
ans. Le cardinal Ma^arin lui mar-
qua d'abord une coiÀdération dif-
Ànguée. Mais fes ennemis l'ayant
accufé auprès de ce miniflre, d'avoir
écrit en Hollande plufieurs hifto-
riettes de la cour, il le fit mettre
à la BaHiile eiî 1658. Son plus
grand crime étoit fon attachement
a 1^ mïùyfga d« Cçndc, ^ue le car*
W I c
final n'aimoit pas. JFlcquefort né.
fortit de fa prifon., que fous U pro-
mefle qu'il quitteroit le rdyaume.
Mais Maiarin ayant eu befoin de
lui , le rappela trois mois après , &
lui accorda une peniion de mille
écus. La guerre qui s'alliuna entre
la France & la Hollande, Tobligea
de retourner dans fa patrie , où il
fut utile au miniflere François.
Accufé d'une correfpondance fe-
crete avec les Anglois , il fut con-
damné à une prifon perpétuelle en
1675. Il foulagea l'ennui de la fo-
litude en compoûmt VHl/loîre dei
Provinces ' Unies ^ dont il n'a paru
que le i*' vol. in-fol.. 1719. Son
efprit , irrité contre les auteurs de
fa difgrace , & contre le prince tf'O-
range qui y avoit beaucoup de
part , fema fon Ouvrage de traits
îatiriques contre ce prince* & fes
partifans. Il demeura en prifon jut-
qu'en 1679 , qu'une de fes filles le
délivra, en lui donnant fes habits
&' prç^nt les iiens. Wlcquefon fe
réfugia alors à la cour du duc de.
Zé/7, qu'il quitta en 16S1 , pour re-
tourner en Hollande. Il y vécut
libre ^ mais privé des poftes qu'il
occupoit auparavant. Ces places
étoient celles de réiident des ducs
de Brunfwich - Lunebourg» & de
fecrétaire-interprete des Etats-géné-
raux. JFÎcquefort avoit de l'a&vité
dans le génie ; mais fa conduite,
fouvefit équivoque , prouve . qu'il
n'avoit pas autant de prudence
dans le caraûere. On a de lui : L
ÎJAmhaJfadeur & fes FonSions , dont
la meilleure édition eft celle de la
Haye, 1724, 2 vol, in -4** : Ou-
vrage intérefTant , mais conÀ^, pea
méthodique » mal digéré > & qui
dx>it être lu avec difcemement. IL
Traduction françoife du Foyage de
Mofcovle & de Perfe^ écrit en al-
lemand par Jdatn Olearlus , dont la
meilleure édition efi celle de Holi-
hodc» X727 > ^ ^ voU inrfol» XIL
wrc
Traéi^n firançoife de la Relation
sllemande du Voyage de Jean Albert
de Mandâfio, aux Indes Orientales,
On la trouve à la fuite de l'ouvrage
précédent , dont elle compofe le
a* vol. IV. Celle du Voyage de
Per/e & des Indes Orientales , par Tho*
mas Herhen^ 1663 , in-4^. V. Enfin,
celle de PAmbaffade de Dom Gardas
de Sîlva - Fîgueroa en Perfe , 1667,
in-4**.
II. WICQUEFORT , (Joachim
de ) chevalier de l'Ordre de Saint-
Michel , confeiller du landgrave
dç HefTe, & Ton réfident auprès des
Etats-généraux des Provinces-Unies,
eil connu par fa Correfpondance avec
Cafpar BarUc , c'eft-à-dire , par un
Recueil de leurs Lettres réciproques,
imprimées à Amderdam en 1696»
in- 12.
WIDMANSTADIUS , fumom
donné à Jean Albertl , célèbre ju-
riiconfulte Allemand. Voy, IIL Al-
BERTi. (Jean) .
WIER , ( Jean) dit Pîfcînarlus ,
né , en 1^15,3 Grave fur la Meufe
dans le duché de Brabant , fit di-
vers voyages , & poufia même iuf-
qu'en Afrique. De retour en Europe»
il devint médecin du duc de Clevesi
place qu'il exerça avec beaucoup
de fuccès pendant 30 ans. Son
tempérament étoit fi robufle , que ,
quoiqu'il paâ'àt fouvent trois ou
quatre jours (ans boire ni manger,
il n'en était nullement incommodée
»I1 mourut fubitement , en 1^88, à
Teklembourg. Ses Œuvres ont été
imprimées à Amfterdam , en 1660 ,
en I vol. in-4^. On y trouve fon
Traité de Pneftiffis & Incantatlontbus ,
traduit en françois par Jacques Gre-
W«, Paris, 1577, in- 8°. 11 y pré-
tend que ceux qu'on accuCoit de
fonilége , étoîent des perfonnes à
qui la mélancolie avoit troublé le
cerveau ; mais en rejetant les opi-
nioas populaires fur les forçiers,
W I G 4ÇÇ
îl adopte pluiîeurs autres cqntei
indignes d'un philofophe.
WIGAND KAHLER, Voye^ ce
dernier mot.
WIGGERS, ( Jean) dofteur de
Louvain , né à Dieft en 1 57 1 , pro-
fefTa la philofophie dans le col-
lège du Lys à Louvain., Il fut ap*
pelé à Liège pour préûder au fé-
minaire de cette ville, & pour y
enfeigner la théologie. Il fe ne
tant d'honneur dans ce double em-
ploi , qu'il fut rappelé à Louvain ,
où il fut d*abord préf'dent du
collège d'Arras, puis fécond prér
iident du féminaire au collège de
Liège, fondé à Louvain. JViggers
fit âeurîr la fcience & la vertu, &
finit par une mort fainte , une vie
laborieufe, en 1639, à 68 ans.
On a de lui des Commentaires la-
tins fur la Somme de S, Thomas ,
4 vol. in-fol. Les éditeurs y ont
corrigé quelques opinions faufîes
fur la Probabilité. Ces Commen-
taires font écrits avec plus de fo-
lidité que d'agrément,* l'auteur fe
contente de mettre dans fon ilyle »
de la clarté & de la netteté.
L WIGNERODoK ViGNEROD,
(François de) marquis de Pont-
Courlai en Poitou & gouverneur
du Havre-de-Grace • étoit fils de .
René deWignerod , feigneur de Pont-
Courlai & de Glainai, gentilhomme
ordinaire de la chambre du roi,
mort en 1625, & de Françoife du
PleJJis , fœUr du cardinal de Riche-'
Km, Le crédit de ce miniftre fer-
vit autant à fa fortune , que fon
. mérite perfonnel. Il devint cheva-
lier des Ordres du roi en 1633 ,
& général des galères de France
en 1635. Il remporta unevifVoire
fur la flotte d'Efpagne , près de
Gênes, le i*' Septembre 1638. Ce
feigneur mourut à Paris en 1646 ,
à 37 ans , laifTant de Marie- Fran^.
foije de Gutmadeuc , fon époufe , Ar*
mand'Jeaa de Wignerod^ qui futfub-
Ffiy
A'^6 W I G
ilitué au nom & aux armes de
PUJJis'BXckcUiUy par le cardinal </«
JUcfuiUu^ fon grand- oncle. Celui*
ci mourut 5 mois ^yfant Louis X^F^
à 86 ans. Il fut père de Louis- Fràn-
ÇoU' Armand du tU[[is , duc de RI'
ehcHcu , maréchal de France , pre-
mier gentilhomme du roi , de l'aca-
démie Françoife &'de celle des
Sciences , aâuellement vivant ( en
Décembre 1787 ) quoique né le 13
Mars 1696. Son grand âge & la
manière brillante dont il a parcouru
une longue carrière, (emblent excu-
ser le tableau raccourci que nous
allons tracer de Ta vie. Aide-de-
camp du maréchal de VllUrs dans
la guerre de 1701 , il fe diftingua
<le bonne heure par fon courage &
fes agrémens. Envoyé ambaiTa-
deur à Vienne en 17IÇ » il remplit
cette importante commiilion en
homme qui avoit l'cfprit des af-
faires & des négociations. Dans la
guerre de X741 , il fe trouva en
qualité de lieutenant - général &
«faide-de-camp de Louis XV ^ à la
bataille de Fontenoi, où il char-
gea la colonne Angloife à la tête
de la Maifon du roi. Ce fut lui
qui donna le confeil de cette ma-
noeuvre militaire qui décida du gain
de la bataille. Lorfque le mariage
de M. U Dauphin avec la princeSe
d€ Saxe^ eut été réfolu, en 1746 >
il fut nommé ambaffadeur à Drefde,
& y étala beaucoup de magnifi-
cence. I«'année d*après ayant été
envoyé à Qênes comme général
& plénipotentiaire , il contribua au
falut de cette république , qui lui
dlecerna une ilatue placée àan^ le
fénat. Il fut élevé au grade de
maréchal de France Tannée fui-
vante. La guerre s 'étant allumée,
en I756 , entre les François & les
Anglois, il conquit cette même
^nnée , l'Iile deMinorque, & força ,
en 175 7 j Tarmée combinée, com-
mandée par le duc ^ Qff«iirkndé à
W I G
capituler à Clofter-Sheyen > près dé
l'Ëlbe. U étoit gouverneur & com-
mandant en Guienne , depuis 175 5 «
& il eft devenu doyen des mare*
chaux de France en 178 1. Il a été
marié trois fois & fous trois règnes
différehs. U époufa « en 17 1 3 » fous
Louu XIV, Mll^ de Noailles ^ en
1734* fous Louis XV y la princeffe
de Gul/e- Lorraine i & en 1780 , fous
Louis XVI ^ la comteffe de Lavaulx^
C'eâ du 2^ mariage qu'eft venu
M, le duc de Fron/ac ^ c'eft Armand'
Jean de Wigrterod qui fit imprimer
la Bible latine , dite de Richelieu ,
i656,in-ii. ^oye{ PtESSis - Ri-
chelieu.
II. WIGNEROD , ( Marie-Ma-
gdeleine de ) ducheife d^ Aiguillon ,
fœur du précédent » fiit produite à
ta cour par fon oncle le cardinal
de Richelieu, Elle devint dame-d'a-
tour de la reine Marie de Médlcîs ^
& fut mariée à Antoine de Beauvoir
du Roure de Combalet ^ dont elle
n*eut point d'enfans. Mais fon on-
cle s'étant brouillé avec la reine
Marie de Médkis , elle perdit en
1630 fes places & fa faveur auprès
de cette princefTe vindicative. Pour
perdre le cardinal Ôc fa nièce 1 elle
tâcha de perfuader au roi que le
cardinal vouloir lui ôter fa cou«
ronne » pour la donner au comte da
Soijfons qui épouferoit Mad^ de
Combala» Louis XII2 n'en voulut
tien croire , & fe livra entièrement
aux infînuations 4iu cardinal. Il fut
toujours perfuadé au contraire que *
fa mère même ayoit voulu faire
paffer ù couronne fur la tête de
Gafion fon frère, en faifant épouier
Anne d* Autriche k ce dernier, préfé*
rablement à lui-même à qui fa main
écoit deilinée. Le cardinal aimoit
beaucoup fa nièce , parce quelle
avoit comme lui de la hauteur , de
la générofité , le goût des plaiûzs
& des arts. Ayant tenté en vain de
lia m^ier au frère du duc de Lor*
W 1 L
raine , il lui acheta le duché d* Ai-
guillon, &ren fit recevoir ducheffe
& paire en 1638. Après la mort
de fon oncle , elle fe mit fous la
direâion de Saint Vincent de Faute ,
& féconda toutes fes bonnes œu-
vres. Elle répandit des biens im-
menfes pour doter des hôpitaux ^
pour racheter des efdaves, pour
entretenir des Miffionnaires dans
les pays lointains & en France
m^e. Dans un feul jour elle en-
gagea par contrat cent quatre-vingt
mille livres de fonds , parce qu'on
l'avoir aflurée que dix mille livres
de rente feroient revenir à TEglife
Catholique la moitié des minuftres
ffroteihns du Royaume. Cette dame
illufhre par fôn efprit , fes venus
& fes bienfaits , mourut en 1675 ,
& légua fon duché d'Aiguillon à
fa nièce Marie - TfUnfe , fœur du
duc de Richelieu , qui mourut reli-
gieufe en 1704, à 68 ans, fans
alliance. Elle fubilitua à Marier
Thérefe , fon neveu Lotàs , marquis
de Richelieu , dont le fils fut déclaré
duc d'Aiffdllon « par un Arrêt du
Parlement en 17 31. Ainfi ce duché
a pafle dans la branche cadette des
ducs de Richelieu.
WILDENS, (Jean) peintre, né
à Anvers en 1600 , mort vers
1644 , efl un des plus fameux Pay*
fagifles. Rubens employoit fouvent
Ion pinceau. Ses Payfages font pré-
cieux par les iites agréables, les
belles £gibriques , les animaux &
4es figures dont ils font la plupart
ornés. Il a repréfenté les xii Mois
de Tannée , d'une manière ingé-
nieufe & élégante. Ces fujets ont
été gravés par pluiieurs artifles.
On eAime auffi beaucoup fes def-
Hns faits ordinairement à la pierre
noire , enfuiie arrêté:^ à la plume
^ laines à l'encre de la Chine.
I. AFILKINS, (Jean) fils d'un
orfèvre d'Oxford , naquit à Faufley
dans le Norâiampton , en 1614. U
. w I L 457
fe rendit habile dans les mathéma-
tiques & dans la théologie. Sa ré-
putation lui mérita la place de prin-
dpàl du collège de la Trinité à Cam-
bridge. Il devint enfuite membre
de la Société royale de. Londres,
puis évêque de Chefler. Ce prélat
avoit époufé une foeur de CromwelL
U mourut en 1672, à 58 ans. Ses
ouvrage^ principaux font : I. La
Lune habitable , Londres , 163$ ,
in-4° j livre très-médiocre. IL Plu-
iieurs Sermons, III. Deux livres fur
les Devoirs & les Principes de la Re»
ligion naturelle, IV. Effai/ur le Lan»
gage Philofophique , 1668 , in - fol. ,
avec im Diâionnaire conforme à
cet ËfTar. La folie de l'auteur étoit
de former une langue univerfelle.
Tous ces ouvrages ont été impri-
més à Londres , en anglois, en 1708,
in-8** ; & ils ne renferment guère ,
fuivant Niceron , que des chofes
communes. On y trouve cependant
quelques opinions fingulieres.
II. WILK.INS, ( David ) cha-
noine de Cantorberi i & archidiacre
de Suifolck , étoit un favant pro-
fondément verfé dans les antiquités
profanes & eccléfiafHques. On a
de lui : I. Les Conciles de la Grande--
Bretagne y Londres , 1737 , 4 vol.
in-fol. II. Leges Anglo - Saxonica ,
Londres, 1721, in-fol. Ces deux
CoUeôions font eflimées,
WILLEMANN , Foye^ GuiL-
LIMAN.
WILLIAMS , (Filtz) fit paroître
une ame grande fitreconnoiffante
lors de la difgrace du cardinal de
JFbl/ey fon bienfaiteur r ( yoye{ '
JToLsBr)... fVJLLiAMs étoit aufll
lé nom de la femille Angloife , qui
produifit dans le ûede dernier , l'af-
falHn de fon roi , avant que ce ,
fcélérat illuûre l'eût échangé con-
tre celui de Cromweil : Voyez ce
dernier mot.
WILLIS , ( Thomas ) médecin ,
né en 1662 , a Gréat-Bedxrin dans
458 W I t
le comté de ^ilt, fit (es études à
Oxford , où il prit les armes avec
plufieurs autres écoliers en faveur
du roi. Il fe livra enûiite tout en-
der à l'étude de la médecine. Char"
les II étant monté fur le trône eo
1660, lui ptocura la place de pro-
lefleur de philofophie naturelle dans
la chaire fondée par Guillaume S^d-
ley, Wlllis fut l'un des premiers
membres de la Société royale de
Londres. 11 quitta Oxford en 1666 ,
6c vint exercer fon art dans la
capitale, où il donna la famé &
excita l'envie. Les tracaiTeries que
fes ennemis lui fufciterent • abré-
{;erent Tes jours. Il mourut à Lon-
flres le 21 Novembre 1675 , à 54
ans. On a de lui : ' Un Traité an-
glois , intitulé : Moyen fur & faciU
four' préferver & guérir de la pefie &
de toute maladie contagUufe ; ou-
vrage pofthume , compofé en 1666
& imprimé en 1690. Il ne fe trouve
pas dans la CoUeâion de fes Œu-
vres en latin , recueillies & im-
primées à Amflerdam en 1682 , en
2 vol. in -4°, dont les médecins
font cas, £lles embraflent prefque
tous les objets de l'art.
WlLLUGHBEl. (François ) na-
turalifte Anglois du xvii^ iiecle«
s'eft fait connoître par deux bons
Ouvrages d'hiiloire naturelle en
latin. Le premier eft intimlé : Or-
nUhologU Ubritres^ Londres, 1676 ,
in-fol. -, le 2* : De Hîfloria Plfcîum
Llbri quatuor 9 Oxford, 1686, in-fol.
Ces deux Traités , qui font peu
communs & oriiés de figures bien
exécutées » ont été- publiés par EUy^
qui les revit, & qui y corrigea
quelques fautes échappées à l'au-
teur.
WILMONT , Foyei RocHES-
TER.
WÏMPHELINGE , ( Jacques ) né
a Schleftadt en 14^0 , prêcha à Spire
en )i494 avec réputation. Il fe re-
tira çnfuite à Heidelberg « où il
W IM
s*appliqtia à étudier les Livres faînl»
& à inflruire des jeunes ders.
L'envie l'y pourfuivit. Les Auguf-
tins , fâchés de ce qu'il avoit dit
que Saint Augufiîn n'avoit jamais été .
Moine ou Frère Mendiant « le ci-
tèrent à Rome. Il fe défendit par
une apologie, & le pape Jules 11
aiToupit ce différent ridicule. Tri'
thème liii avoit confeillé » ( dit le
continuateur de FUury) de ne point
s'ingérer dans ces fortes de dif*
putes, parce qu'il importoit peu, lui
difoit-il , que Saint Auguftin eût été
en robe ou en capuchon. ÏTimphe^
linge étoit un efprit libre, qui reje-
toit les préjugés , & qui cenfuroît
les vices fans refpeâ humain. Il fit
une mort iainte à Schledadt en
1528 , à 79 ans. On a de lui : I.
Catalogus Epi/coporum Argentinen-*
fium , l6ji , in-4**. H. Des Poéfies
latines , 1492 & I494 , in-4^. III«
Un Traité fur l'éducation de la Jew
ruffey Argentor.t ijoo , in-4®. IV.
Llbelius Grammaticaâs , I497 > in-4°«
V. Rhttorica ^ IJIÇ » in-4*'. VI.
Un Traité fur les Hymnes , in-4®.
VII. Un excellent Traité De Inte^
gritace , ou de la Pureté , 1503 »
in' 4°. CcA le plus éloquent & le
plus utile de fes Ouvrages : il
radreiTe à Stumîus , & s'y juflifie
du reproche qu'on lui fait de ne
s'être élevé contre les Bénéficiers,
que parce qu'il n'avoit .pu avoir de
bénéfice. Il dit qu'il avoit rehifé
deux prébendes , que Bertholde .
archevêque de Mayence , lui avoit *
offertes; qu*il détefteroit toute fa vie
ces abus , d'avoir trois ou quatre
Eglifes dans la même ville » plu-
fieurs prébendes , dignités ou per-
fônats , & quelquefois d'en polTéder
d'autres fous le nom de perfonnes
interpofées. Il ajoute , qu'il a connu
des eccléfiafliques qui avoieni juf*
qu'à 23 & 24 bénéfices. 11 fe défend
enfuite contre ceux qui Taccufoient .
d'être l'ennemi des Ordres Reli*
W I M
gleux. Il prot^e qu'il aîine &qu*il
^ime tous les bons religieux ; mais
qu'il ne peut avoir les mêmes fen-
timens pour certains moines , qui
xi'ont de leur état que le capuchon
& la couronne ; qui font pleins
d'orgueil & d'aîmbition -, qui fédui-
Cent le peuple en prêchant une voie
facile pour aller au Gel ; qui enfei-
gnent qu'on ne doit faire qu'une
légère pénitence pour les grands
péchés j qui flattent les riches ; qui
abufent les religieufes ; qui médi-
fent de tous les théologiens fé?
culiers , &c. &c. VIII. Un grand
nombre d'autres Ouvrages , qui
contiennent des réflexions judi*^
cieufes , appuyées fur les autorités
les plus refpeélables.
WIMPINA ou WVMPNA»
( Conrad ) natif de Buchen. Son
mérite lui procura un canonicat
dans l'Eglife cathédrale de Brande-
bourg. L'éleâeur le nomma à la
chaire de» premier proCefTeur de
théologie en l'univerfité « qu'ii
a voit fondée à Francfort Tan 1506»
Wlmpina donna beaucoup d'éclat
à cette école« Lorfque lliéréfiarque.
Luther eut publié fes erreurs , on le
choifit pour les ré&iter. Ce favant
théologien mourut en 1 531. On a.
de lui: l. Dïfférens Traités Jhloio-
piques , dont les plus connus font
ceux , Dt ScHh , Etrorîbus ac ScfiJ/-
matibus , Francfort , 152.S ,. trois
tomes in-folio ; & De Dîvinatlonc »
Coloniae , 1531» iâ-foliov.H. Di-
verfes Harangues ,, qui ne difént
rien. lU. DesPoéfies , aflez. plates».
IV. Des Epitr^s ,.qujl imécdleot
fort peu,
. WINANTS, Tpy.WïNAîïïtfi.
WINCHELSEA , ( Ai^né » corn-
teffe de ) dame- d'honneur de la
duche{& 4*rprck^ fecon'de! fentme
de Jacques //, mourut faiWupQfté-
rité em,720. Elle eut quelque Répu-
tation fur le^Parnaâê .Anglais'^ où>
c^e peut occuper., uae J^^^acfi. au.
WIN 4^^
fécond ou au troifieme rang. Oa>
edime fur- tout fon Poëme fur /»
Rau, qu'on trouve dans le Recueil
de fts Poéfies , publié à Londres
en 1713.
WINCHESTER , ( Le cardinal
de) Koy. I. Beaufort,
I. WINCKELMANN , ( Jfcan )
né à Homberg en Heûe, mort en
i;6ià , e^ auteur de différens Ou-
vrages polémiques 5 qu'on trouve
aujourd'hui dans la poudre des
bibliothèques. On a encore de lui :
I. Un Commentaire , in-folio > fur
les Evangiles, de S, Mare & de Sm
Luc, II. Un Commentaire fur les
petits Prophètes *, & d'autres Ou«
vragcs.
II. WINCKELMANN , ( l'abbé j
Jean) né à Stendal, dans la vieille r-
Marche de Brandebourg, liit pen*
dant fept ans profefTeur des belles-
lettres au collège de Sechaufen »
près de Salfvredel % il pafîa de là
en Saxe » o ù il fut bibliothécaire du
comte de Bunau à Nothnitz , près,
de Drefde,^ y acquit de grande»
connoifïances en divers gentes de
littérature. En 1754, il fe rendit à
Drefde > où il. fe fit catholique \.
après y avoif demeuré pendant un
an , il pardt pour Rome, & devine
préfident des antiquités de cette-
ville , membre de la Société royal»
& des Anti<^tés de Londres , de
l'acadénûe de. Peinture de Saint-
Luc à Rome , de l'académie Êtruf-
que de Cortone. Jrînchlmann étoit
un amateur plein de goût , de fenti-
n:ient,& de chaleur. Il revenoit de.
Vienne , où l'empereur & l'impéra*
trice*reiue l'avoient accueilli d'une*
manière, difting^ée ,»lorfqu'il fut
affafTiijé l,e 8 Juin 1768 à Trieûe,
par un fcélérat nommé Arean^U^
qui fe dîfoit connoifleur , & auquel
il avoit montré imprudemment di«
verjPeis fnédaille$ d'or & d'argent v
il lui reftà encore affez de -force^
ppurdemiindçr & recevoir U9 ù^y
46o ..WIN
cours fpmcuels, &pourdîâerfon
tefiament, par lequel il nomma le
cardinal AUxânàrt Albanlj^ Ton léga-
taire univerfel. Nous avons de lui :
I. UHifioîrt de tAn ch<\ Us Anciens ,
traduite de l'allemand en françois ,
1766 , 2 vol. ii>8^ , & 1782 , 5
▼ol. in-4**. On en a donné auffi
une Traduâion en italien à Milan ,
& une en anglois. Ce Livre, Tua
des meilleurs qu'on ait écrits depuis
long-temps fur les arts , a été reçu
avec un égal empreflement en Alle-
magne, en Angleterre & en Hol-
lande^ par les curieux & les artiftes.
La dernière Traduâion firançoife ,
iniîniniem préférable à la première ,
a été &ite d'après l'édition très*
augmen«6e de l'original , donnée à
Vienne , 1776 , fur un manufcrit
laiffé par l'auteur. Ce qu'il y a de
touchant, c'eft que ce manufcrit eft
teint de fon fang. L'auteur étoit
occupé à le revoir , lorfque fon
afîaifin lui porta le coup mortel.
MM. H^ne , Braccl , Falconee , en
ont critiqué plufîeurs endroits. II.
JEclairclffemens des points difficiles de
la Myûvolope , en italien , in-folio,,
avec nombre de figures» IIL AIÙ"
§on€ ptmr Us ArtlJUs , Drefde, 1766 ,
în-4^ ; ouvrage purement didaûi-
que. IV. Remarques fur rArchîtecbwe
des Anciens^ L'auteur qui écoic d'un
tempérament bouillant ;* a^ donné
fou vent dans les extrêmes ;^ porté
aaturellement à l'enthoufiafme , il
«"eft laifle entraîner à une.admira^
tion^ outrée. Par la tféâipe de fon
eifprît & la négligence de fon édu-
cation , la réferve & la circonfpec-
fîon étoieiit des qualités <pi'il con-
lioiiToit peu. S'il eft hardi dans fes
jugemens , la ^plume à la'main , il
l^ekâf bien davantage dans les
difpU!^ de vive voix , où fes amis
ont treAblé plus d'une fois pour
lui. Trop épris du genre d'éttidc'
qu'il cultivoit, il ne fongeoit'pas
àtéprimtr les faiHies-de fon amour*.
W I N
propre , qui étoit extrême. » Te fiûs
*' ( dit- il lui-même ) comme une
n plante fauvage : j'ai pris ma
*« croiflance , abandonné à mon
>• propre inftinâ. J'aurob été ca-
" pable de facrifier ma vie , fi
» i'avois fu qu'on éiigeoit des
" flatues aux meurtriers des ty-
*• rans ». 11 étoit d'ailleurs franc,
fincere , d'un commerce (ur , boa
ami & honnête homme. On a publié
fes [Leurci familières , Paris , 1782 ,
2 vol. in-8**. On voit à la tête VBdo^t
de' Winchdmanny par M. Htyne.
WINSEMIUS , ( Pierre ) hifto-
rien Hollandois , né à Leuwarde ,
vers 1585 , après avoir &it fes.
études dans fon pays, parcourut
l'Allemagne > la Suéde & la France.
De retour dans fa patrie , il cultiva
les mufes , retiré à la campagne. En
1^16 , il fut fait hiftoriographe des
éuts de Frife, & choifi en 1636,
pour êcre profeffeur d'hiftoire &
d'éloquence à Franeker. lly mourut-
en 1644. Nous avons de lui : I«
ChriMÎque ou Hiftoîre de la Frife ,
depuis Van du monde ^6^y , j^fj'''*
l'an 1622 de ttre vulgaire , en fla-
mand f Franeker ; 1622 , in-folio»
L'auteur la prend de trop haut pour
ne pas raconter bien des fables.
II. Vîta illujirijpmi Mamitu ^ Prln*
dpis Auriaciy Franeker, 1625 , in-4**.
m. Rerum /ùf Philippo II , per Fri^
fiam Geflurum ,ah anno tjjy ad an*
num ij8i , lihri feptem , Leuwarde » '
1^46 j in-folio.' Malgré tous les
éloges que Orotms^ HeinJUu ^ Fon»
tonus , Scnverius ^ Nicolas -Blancarê
ont donnés àcette^iiftoûre, elleeâ
mal écrite : l'auteur a cru bien écrire
en ib fervant de mots pompeux &
peu uûtés , & (ie phrafes enibroûll-
léesr L'impanialité qu*il affeâe ; ne
l'empèthe pas de maltraiter les Ca-
tholiques ic leur religion. Winf^
mitiJt a inCôVé donné pilufîeurs Dîf^
firtddoHs , des Hofongues , des Eloges
fimcbm if. u)uaniiY4 de Putts de
WIN
foéGe, ^Menelas JTiNSlHIUs îoti
frère, né à Leuwarde vers 1 5 9 1 > pro-
feiTeur en médecine à Franeker ,
mourut le if Mai 1639. On a de
lui , Compendlum Anatomltt , Fra-
neker , 1615 , in-4®.
WINSLOW , ( Jacques-Bénigne)
Danois , & petit-neveu du célèbre
Sunon , foutint la réputation de
fon oncle. Il vit le jour en 1669 >
à Odenzée dans la Fionie, d'un
miniftre Luthérien. L'envie de Te
perfeâionner le conduifit à Paris ,
où il étudia fous le célèbre ^u Ver'
ntfj', maître habile, qui trouva dans
ce jeune homme un difciple digne
de lui. Wînflow avoit le malheur
d^être Proteftant , & il dut au grand
Bojfutt fa converfîon. Sa réputation
fe répandant de plus en plus , il
devint médecin de la faculté de
Parb , démonibrateur au Jardin du
roi , interprète de la langue Teu-
tonique à la bibliothèque du roi , &
membre de l'académie des Sciences.
Sts Ouvrages font : I. Un Cours
SAnatomU , fous ce titre : Expofi'
tlon anatotnlque du Corps humain ^
in- 4** , & 4 vol. in-ii : Livre élé-
mentaire qui eft très-recherché. II.
Une Dîjfcrtatîon fur ^incertitude des
fignesde la Mort , 1742 , 2 volumes
in- 12. Ce Livre eft très -bien rai-
sonné. III. Une Leure fur un Traité
des maladies des Os. IV. Des jRé-
marques fur la Mâchoire, V. Plusieurs
fa vans Ecrits dans les Mémoires de
l'académie des Sciences. Winjlow
mourut en 1760 ,391 ans , avec la
réputation d'un des plus honnêtes
hommes & d'un des plus habiles
anato'miftes de la. France.
WINTER , ( Georges - Simon)
écuyer Allemand du dernier fiecle,
.fît une étude profonde de fon art.
Il en donna des leçons à divers
feigneurs & princes d'Allemagne ,
Se en publia deux Traités eftimés &
peu communs en France. Le 1*'
parut à Nuremberg en 1672, in-
WJR 461
folio » en latin , en allemand & en
françois , fous ce titre : TraSatla
nova de re Equaria, L'auteur y traite
en détail des écuries , du régime,
de l'âge, du pays, des qualités &
des marques des chevaux -, de U
'manière de les dreHer , de les éle*
ver & de les dompter -, de leurs
haras » de leurs maladies» & des
remèdes qui leur font propres ; des
devoirs & des qualités des palefre-
niers & des écuyers. Le fécond ,
imprimé dans la même ville en
1678 , 2 vol. in-folio , en latin 6c
en allemand , ne traite que de^ l'arc
de monter à cheval -, il eft intitulé ;
Eques peritus , & Hippiator expertus,
WION , ( Arnould ) Bénédiain ,
né à Douay en 1554* prit Thabit
dans l'abbaye d^Ardembourg au
diocefe de Bruges. Pendant les
guerres civiles de religion il fs
retira en Italie , & fut reçu parmi
les Bénédiàins de Sainte- Juftine
de Padoue , dits du Mont-Caffîn«
Il s'y fignala par quelques Ou-
vrages , où les abfùrdités & les
ÊBibles font entaftees. Les principaux
font : I. La Généalogie de la famille
des Anices , d'où il faifoit defcendre
S. Benoît & la maifon d'Autriche»
[ Voy. Strein. ] II. Une Hifioirt
des Hommes illuftres de fon Ordre »
fous le titre de Lignum vita. C'eft
dans ce fécond Ouvrage , imprimé
à Venife en 1595 , 2 vol. in-4® ,
qu'on trouve les impertinentes
prédirions fur les éleàions des
papes , attribuées à 5. Malachie ^
évêque d'][rlande. L'oubli du fens
commun s'y fait fentir à quelque
page.
WIRLEM-BAUR, Voy. Baur.
WIRSUNGUS ou WiRSUN-
Givs > ( Jeanr Georges ) Bavarois ,
profefleur d'anatomie à Padoue •
découvrit en 1642 le Conduit pan*
créatique. Son mérite lui fufcita des
envieux , qui , à ce que l'on croit ,
gagnèrent par argent un Italien
46i W I S
pour VaSMner. JFîrfunps fut tué
dans fon étude par ce fcélérat ,
d'un coup de piftolet, avant que
d'avoir bât imprimer aucun de Tes
Ouvrages.
Dt^lSCHER ou WlSSECHER ,
( Corneille ) dèffinateur & graveur
Hollandob du xvii* dccle , laiiTa
des fujets & des Portraits , d'après
des peintres Flamands. On ne peut
graver avec plus de flneiTe , de
goût , d'efprit & de vérité. Son
burin eft en même temps favant ,
pur & gradeux. Les £{lampes qu'il
a inventées lui-même , font hon-
neur à fon goût & à fon génie.
Jean WiscsiR fon frère y ainfi
que Lambert & Nicolas WisCHER
de la même famille , fans avoir
des talens éminens « font admirer
leur goût & leur mérite , dans
les Mampes qu'ils ont gravées
d'après Berghem & Wauwermans,
WISSO WATIUS , ( André ) né
en 1608 , à Philippovie dans la
I^ithuanie , d'une Êunille noble «
étoit petit - fils , par fa mère , de
FauJU Socm, Il hérita des erreurs
de fon grand-pere , & les répan-
dit en Hollande, en France tk en
Angleterre. De retour en Pologne,
il éit l'un des principaux chefs des
Sociniens , & foutint les intérêts
de cette fefte au péril de fa vie.
Enfin » contraint de fe retirer en
Hollande par l'arrêt qui profcrivit ,
en 1658 , les Unitaires, il y tra-
vailla à l'édition de la BlbUotheque
4es Frens Polonois , qu'il mit au
|our peu de temps après , en neuf
vol. in-fol. On a encore de lui un
Traité intitulé : Religîo rathnaiis ,
feu De Ratioms judlçîo , in Contre
verjus edam theologfcis , ac religioJU
adhibendo ^ Traclatus , 16S5 , in- 16...
& pluiieurs autres Ouvrages très-
dangèreux , qu'il fit pour fes pro-
félytes. Ce feâaire mourut en
llollande en 1668.
VISTON» Kay«x JTutsTOH.
W IT
WIT, ( Jeande) fils de Jneoh de
WU^ bourgmefire de Dordrecht,
naquit en 1625 d'une Êarmille noble
& ancienne. Après s'être perfec-
tionné dans la jurifprudence , les
mathématiques & la théolo^e , la
curiofité le porta à voyager dans
les cours étrangères. Il s'y fit des
amis par les qualités de fon cœur
& de fon efprit. De retour dans (a
patrie , il s'Âeva de grade en grade
jufqu'à celui de penfionnaire de
Hollande : emploi qu'il exerça dans
des temps très-difficiles. La guerre
avec les Anglois , qui ne fut pas
toujours heureufe pour la Répu-
blique , exerça fon habileté. On ad-
mira fur-tout avec quelle prompti-
tude il travailla au rétablifiement
de la flotte , prefque ruinée dans
un combat contre les Anglois i &
la réfolution qu'il prit & qull
exécuta , de fe mettre lui-même
fur la flotte avec d'autres députés
de l'Etat. Cependant les malheurs
de la patrie en Êùfoient foupirer
plufieurs après un Stathouder. Quoi*
que Guillaume III fut encore en£ant,
on £aifoit de grands efforts pour
l'élever à cette charge. Jean de WU
s'oppofoit de tout fon pouvoir à
cette éle£Hon , contraire félon lui
à la liberté de fon pays. Ce zde
pour la patrie fut la fource de fes
malheurs. Soupçonné d'être d'intel-
ligence avec l'ennemi , il fut attaqué
par quatre aflâflîns qiù manquèrent
leur coup , & dont l'un fiit puni de
mort. La crainte d'un pareil danger
lui fit demander fa retraite , & il
l'obtint. Le parti du prince £Oranp
ayant prévalu en 1672 , dans le
temps que laitance preffoit la Hol-
lande, où accufa ComéXUât Wu^
firere de Jean , d'avoir voulu 6ire
aflaifiner ce prince , & on le mit ea
prifon à la Haye. Faute de preu-
ves , il ne put êôre condamné qu'au
banniflement-, mais comme le Pen-
fit>cmaire le faifoit fortir de prifoa
w 1 1
pour ùdsfaire à lafemenee de ban-
ni^ement , Id populace ef&énée les
maflacra tous deux > parce qu'ils
avoient voulu là paix. Ainfi péri-
rent deux frères , dont l'un avoit
gouverné l'Etat pendant 19 ans
avec vertu, & l'autre l'avoit fervi
de Ton épée. On exerça fur leurs
corps fanglans toutes les fureurs
dont le peuple eft capable. Jean d&
Wlx s'étoit fignalé autant par fes
talens que par fa modération. AfTu-
Jetti à la frugalité & à la modeftie
<ie fa République , il n'avoir qu'un
laquais & une fervante. U alloit à
pied dans la Haye , tandis que dans
les négociations de 'l 'Europe , fon
nom étoit compté avec les noms
des plus puifTans Rois : homme
infatigable dans le travail , plein
d'ordre , de fageffe , d'induflrie dans
les affaires , excellent citoyen ,
grand polinque, & digne d'un meil-
leur fort. " Perfonne ( dit Bumu )
»» n'employa jamais mieux que lui
»♦ l'algèbre à toutes les affaires du
" commerce. Il pofTédoit à fond
v> l'état de la Hollande , fes revenus,
M les fommes qu'on y pouvoit
*' lever pour les befoins publics ,
n & la méthode dont il s'y falloit
H prendre. Tout cela étoit digéré
>» dans un petit livre de poche ,
V* où par le moyen de quelques
♦♦ tables , il trouvoit d'un coup
>♦ d'œil tout l'argent que la Répu-
" blîque pouvoit fournir. Franc &
» fîncere » il ne connoifToit d'autre
w fineiîe que celle du iilence; &
» on ne pouvoit pas aifément
v> favoir quand il fe taifoit , s'il le
y» faifoit à defîein ou par coutume.
w D'une intefiigence prompte &
M nette , quknd on lui propofoît
» quelque chofe de nouveau , après
M vous avoir écouté patiemment
><» & fait quelques queftions inci-
9» dentés , il avoit compris Taffoire
»» avec autant de jufteffe , que le
99 pouvoit faire la perfonne même
"W î T 46Î
>• qui lui en £dfoit rouverture«
»» Ne connoiflant en aupiie fa-
» çon^l'hifloire moderne, ni Xkxàx
M des cours étrangères , il faifoit
» les plus groflieres fautes fur le
>» cérémonial. Sa grande maxime
}> étoit, ({Ut tous lis Princes & que
» tous les Etats fe règlent fur leurs
>> intérêts , & que des que ton fah
V e« quoi leurs vrais intérêts confiftent^
» on peut favoir quzls en font les
» projets. Il ne vouloit pas que l'on
>« recourût au foldat étranger , à
n i^oins que la confervation du
» fujet ne le rendît néceifaire.
i> Quant à l'adminidration de la
)t juÇice , au foutien du commerce .
M à l'entretien des flottes , la Ré-
» publique n'eut jamais de plus
» habile miniftre. Quoiqu'il fût fort
f* oppofé à la maifon 6! Orange^
n il prit un grand foin des biens
M du jeune Guillaume 111. II veilla
» fur fon éducation , & lui donna
» de juiles notions de tout ce qui
»» concernoit l'état, croyant que
» l'intérêt public demandoit qu'on
» le rendît propre à gouverner «<«
On a de lui : I. Des Négociations ^
Amfterdam , 1715 , 5 vol. in-i2«
IL Des Mémoires^ Ratisbonne, 1709 ,
in-i2. Ces ouvrages renfernfent des
faits intéreffans, & méritent d'être
lus. Voyti fa rïe en 2 vol. in-12 »
Utrechi, 1709.
WITASSE , (Charles ) né à
Chauny dans le diocefe de Noyon,
le II Novembre 1660, fut élevé
à Paris , où il fe rendit habile dans
les humanités , dans là théologie
& dans les langues. Devenu prieur
de Sorbonne en 1689 , & docteur
en 1690 , il obtint tous les fuffrages
pour la chaire de profeffeur royal
en théologie , à laquelle il fut
nommé en 1696. Il rempliiToit cette
place avec autant d'exaâitude que
d'applaudiffement , lorfque la Bulle
Unigenitus parut. Le re&s qu'il fît
de recevoir ce décret , lui atdr4
464 VIT ;
une lettre de cachet qui Tcxiloit i
Noyon-, mais il échappa à la pcr-
fécution par la fuite. Après la mort
de LouU XIV , il reparut à Paris,
où il mourut d'apoplexie le 10
Avril 17 16, à 56 ans. Son carac-
tère rcpondoit à fes lumières. Plein
de douceur & de gravité ♦ il eut
toujours un nombreux concours
de difciples » qui le préféroient à
la plupart des autres profeffeurs.
Quoiqu'il pût attendre de fa ré-
putation & de l'eftimc générale
qu'elle lui avoitacquife, des places
confidérables , il borna fon ambi-
tion à fervir le public dans fon
emploi. C'eftàluiqu*on doitl'éta-
bliflêment de la Maifon des Prêtres
de Sain^François de Sales , où les *
pauvres Curés & les prêtres in-
valides , fur-tout du diocefe de
Paris , trouvent une retraite & une
fubfiftance honnête. Lorfque le car-
dinal de NoailUs , qui entra avec
chaleur dans fes vues charitables,
demanda des lettres patentes pour
cette fondation, à Louis XIV ^ le roi
les lui accorda auffi-tôt , en difant :
» Il eft bien jufte que , mes foldats
*» ayant une retraite , ceux de
« Jefus'Ckrlft n'en manquent pas «.
Il éto*t fort lié avec ce cardinal -,
& on lui attribua communément les
fentimens que ce prélat fit paroître
contre la Bulle. Les ouvrages de ce
dofteur font : I. Plufieurs Uttrtsjur
la. Pâquç, II. VExamen de TEdition
des Conciles du P. Bardouin. U fit
cet Examen à la follidtation du
parlement de Paris. III. Une par-
tie des Traités qu'il avoit diaés en
Sorbonne; favoir, ceux de la Pé-
nitence , de l'Ordre, de TEucha-
riftie , des Attributs , de la Trinité
& de rincamation. Celui de la
Confirmation , qu'on lui a attribué ,
n'eft point de lui , mais d'un Père de
l'Oratoire. Chacun de ces Traités
eft en 2 vol. in-ii ,^ excepté celui
des Atoibuts qui eft en trois^ L'éru-
VIT
ditlon & la netteté les cxaStén*
fent. Son ftyle convenoit au genre
didaâique : pur fans affecbtion »
fimple uns barbarie , net & concis
fans féchereffe, il ne lui manquoit
qu'un peu plus de délicatefie dans
le choix de fes preuves , & plus de
foin à ne pas s'aftujettir aux formes
& aux queftions que la tyrannie d«
Tufagea introduites.
W1TH8Y, ^ojr. v^HiTBr... &c.
I. WITIKIND U Grand, duc de
Saxe» étoit fils du prince Wemt"
km , dont la famille étoit très-con-
fidérée parmi les Saxons. Quoique
Wltikind ne fût pas roi de cette
nation , mais feulement l'un de fes
chefs , il eut le commandement gé-
néral des troupes. Généreux dc-
fenfeur des reftes de la Germarâe,
il excita fes compatriotes à fou-
tenir leur liberté contre Charlemagne ,
qui arma pour les jréduire , & qui
ne pouvoit en venir à bout; Enfin
ce monarque , las de faire la guerre
aux Saxons , & de répandre du
fang , envoya à Wîtîhxnd , un de fes
feigneurs , pour l'exhorter à renr
trer dans fon devoir à des condi-
tions très-avantageufes. Le prince
Saxon s'y foumit , & alla trouver
Tempereur à Attigny en Cham-
pagne. Ce conquérant le reçut avec
douceur , lui donna le titre de duc
de Saxe, avec le duché d'Engem,
& rengagea à fe faire inftruire de
la religion Chrétienne. Wîtlfdnd en
fit profefiîon l'an 807 , & fut tué ,
quatre ans après , par Gerold duc de
Suabe. Sa poftérité, ( dit PafqvUr,}
commença de s'établir en France , 6»
fia deftînée pour la fit & clôture àt
ulUdeCharlemag^,., JTitikjndII^
fon fils, qui prit au baptême le
nom de Robert > fiit père de Robert
le Fort , marquis de France , bifaïeul
de Hugues Captt ^ auteur dç la ^
race de nos rois.
II. WITIKIND , WiTUKiHD,
ou WlTEKIlîDE , Bénédiain de
Tabbayc
W I T
l'abhayc de Corbic fur le Werer,
au X® fiecle, avoit conpofé plu-
jficws Ecrits , dont il ne nous rcfte
que l'Hiftoirc des Othons^ publiée
psrMeibomius^ fous ce turc : AnnaUs
de gefiU Othomtm^ dans le Recueil des
Hifloriensd'AUemagne, Helmftadt,
1688, in-fol. Wîdklnd fit fleurir la
piété & les lettres dans le monaftere
de Corbie.
WrrSl^N , ( Nicolas ) favant
Hollandois du dernier fiede , em-
brafïa le négoce, la politique & les
fciences. Il réufiît dans tous ces
genres; car il s'enrichit par des
voies honnêtes , fe diftingua dans
la magiftramre d'Amfterdam , &
prouva fes progrès dans la littéra-
ture , par un Traité favant & cu-
rieux , fur rArchîtecUrc Navale des
Anciens,
WITSÏUS, (Herman)doaeur
Prote^ant , né à Enckhuyfen dans
le Nort-HoUande en 1616 , de-
vi/it profeffeur de théologie à
Franeker , puis à Utrccht T & enfin
à Leyde , où il mourut en 1708,
Ses principaux Ouvrages font :
I. Hiftoiîa Hîerofolymitana. II. Egyp-
tîaca 0 Decaphylon , cum Dîatrîbâ
de Legione fulminatrlce Chrtfiî^orum,
11 fait voir dans cet Ouvrage, dont
la meilleure édition eft celle de
1683, ln-4**, que les Juife n*ont
point emprunté des Egyptiens leurs
loi* & leurs cérémonies , comme
l'avoit prétendu Spencer & Marf-
iiam. III. Mtfcellaneorum Sacrorum
jCîhri duo, IV. Maleumata Leyden-
fia , &c. Ces différens Ouvrages
dénotent une^ érudition peu com-
xnune. On yïôuhaiteroit plus de
choix.
WiTTlCHIUS , ( Chriftophe )
sik à Brieg dans la baffe Siléfie,
«0 ^625 , fut profeflieur de mathé-
xnatiques à Hefborn, d'où il fut
aippelé à Duisbourg , pour y en-
^^gaer la théologie. QP là il paffs(
WL Q 465
i Nîmégue , où il occupa une chair»
de théologie pendant 16 ans. Enfin »
il eut le même emploi à Leyde , en
1 671 « & il y finit fa fa vante car^
riere en 1687. Seâ ouvrages font:
I. Theologîa paclfica , Leyde, 1671-^
in- 4^, II. Anù^Splnofa, III. Bt Dt<*
& qus Attribuds , Amfterdam, 1690 ,
in-4^. JPTmcftttts eft > de tous les
Proteftans , l'un de ceux qui a le
mieux fu accorder les principes phi-
lofophiques de De/cartes avec la ,
théologie , dans fon Con/en/us veri*
tous , Leyde » 1682 » in-4^,
WLODOMIR, duc de Rufiîe»
embraffa le Qirifiianiûne en 989 ,
& c'eft-là proprement l'époque de
rétabliffementde la foi Chrétienne
dans ces vafies régions. Il efi vrai
que dèJ le fiede précèdent elle y
avoit péiiétré par les foins de
5. Ignace , patriarche de Conûanr
tinople ', mais elle y fit alors peu
de progrès. La fille de BoUfias^
duc de Pologne , qui époufa le fils
de Wlodomlr , amena avec elle en
Rufiie^/Seûn^em, évêque de Colberg«
Ce mifiionnaire , après s'être con-
cilié k vénération des Païens par
fon extrême abfiinence , fes vertus ,
fes veilles & fes oraifons êontw
nuelles , leur fit brûler leurs tem<*
pies , & abolit les fuperfiitions'aux*
quelles ils étoiènt le plus attaehés.
Les mœurs de Wlodomir ne répor.«i
dirent pas toujours à fa croyance.
On lui reprodie de grandes cruau-
tés,^ beaucoup d'emportemenc
dans fa pafiion pour les femmes :
- mais il en fit une pénitence exem-
plaire , & ne ceffa dès-lors de ra-
cheter fes péchés par des aumônes
prodigieafes jufqu'à ce qu'il mou-
rut dans une extrême vieilleffe. Il
fut enterré dans la grande ville do
Kiovie ; on lui dreffa un tombeau
fort élevé dans l'églife de Saint-
Clément, comme un objet pro-
pofé à la vénération des peuples^
4è6 W O D
Les Mofcovites comptent en eAét
ce priace entre les Saim$, & le
regardent comme l'Apôtre de leur
aation.
WODVARD, Vayt^ WoOD-
WA&I>.
WOLDlKÊ,(Marc) né Tan
1699 à Sonmerfted en Dnemarck ^
fut minore d'une égUfe , puis pro-
feffeur de théologie en 17^1 « à Co-
penhague, où il mourut en 1750.
Il s'etl tait connoitre par piulieurs
TraduSlons latines : I. Des Traité»
de Moyf* Malmônuks touchant les
viandes défendues , avec des Notes.
II. De plufieurs chapitres du Tahnud
de lérnfalem& du Talmad de Baby-
lone. On a encore de lui quelques
Traitts de Controverfe.
. I, WOLFF , ( J. Ciriftierti de )
J^oLfws , né à Breilau le 24 Jan-
vier 1679 , d'un braffeur , homme
de lettres. Son père remarquant
dans ioTk fils les plus heureuTes
difpofittons , les cultiva avec foin ,
& lui donna d'habiles mainres. L'uni-
veriité d'Iene , où il ie rendit en
1699 , &it le premier théâtre de fes
talens. Après avoir achevé fon
cours dans cette ville » il alla en-
feigner à Leipzig en 1703 , & s'y
annottça par une Dlffartatlon fur la
mankre itnfùpar la Plulofophîc. Sa
méthode étoit en partie celle de
Dtfcftu» , à laquelle il ajouta fes
propres idées. Son nom pénétra
dans les différentes parties de l'Al-
lemagne ; & les univerfités de
Gie£n & dé Hall le demandèrent
en même temps pour profeâeur de
mathématiques. Cette dendere ville
eut la prâérence en 1707. Il y
enfeigna avec tant d^^îSidmté &
d'applaudiflement , qu'on Thonora
^u titre de confeiller de cour » &
on augmenta fes appointcmens. La
rage de Tenvie & du Êuiatifme vint
troubler fon bonheur « & voulut
éclipfer fa gloire. Une Harangue
qu*il prononça en 17ZI , fiu I4
morale des Chinois , dans laquelle
il comparoit les principes de Cotf
fuàus avec les Tiens , excita le issix,
zèle des théologiens de Hall. La
acuité théologique de cette ville
réfolut d'examiner tous les Ou-
vrages de notre philofopfae. Wolff
en porta fes plaimesT au confôl
académique, & obtint même un
ordre , portant défenfc à <;ui que ce
fût d'écrire contre lui. Cette défcnfe
tyrannique ne lit qu'échanger les
efprits. On écrivit en cour : le
doyen & plufieors membres de
la faculté philofophique expofe-
rent combien fa doârine étoît
dangereufe. Enfin , après de grands
flots d'encre , & de vives alterca-
tions , la cour le condamna , le
ij Novembre 1713 , à fortir de
Hall & des Etats dans Tefpace de
14 heures , fous les peines les plus
rigoureufes. LHIIuftre opprûné fe
rendit à Caflel , où il obont la
chaire de mathématiques & de phi-
ïofophie dans Tuniverûté de Mar-
' pourg , avec le titre de confeiller
aulique du landgrave de HefTe, &
nne bonne peiâon. Il ie remit
auifi-tôt à fes travaux avec une
nouvelle ardeur -, & c^eft dans ce
fciour qu'il a publié la meilleure
partie de fes Ouvrages. La flétrifilife
qu'il avoit fubie , n'avoir fait qu'au-
gmenter fa réputation. Il fut dé-
claré, en 172$, profefleur hono-
raire de l'académie des Sciences de
Pétersbourg', & en 1733 , il ob-
dnt l'aflociation de Facadémie des
Sciences de Paris. Le roi de Suéde
le déclara auf]& confeiller de ré-
gence. Wolffy attaché à Marpourg
par les liens du* devoir & de la
reconnoiflance , refufa des places
très-avantageu£es , entre autres celle
de préfident de l'ac^énûe à Pé-
tersbourg. Le roi de Pruffe^ re-
venu des préjugés qu'on lui avoit
fait concevoir contre lui , voulut
\% sendrc 4 l'uaivçdirà do Hall
VOL
W Î75 5 , & fit une féconde tenta*
tive à cet égard en 1739, qui fut
aufli inutile que la première. Ce
prince étant mort le 31 Mai 1740»
Charles-Frédéric , fon fils , philo-
fophe couronné , & ami de Wolffs
le rappela à Hall en 1741 , avec
les titres de confeiller privé , de
vice- chancelier & de profeffeur du
Droit de la 'Nature & des Gens.
11 réleva enfuite à la dignité de
chancelier de l'univerfité. L'élec-
teur de Bavière , pendant le vi-
cariat de l'Empire qu'il exerça , le
promut à celle de Baron de l'Em-
pire , fans que le philofophe l'eût
recherché , ni prévu. Il jouiffoit
paifiblement de fa gloire & du fruit
de fes travaux , lorfque des atta-
ques fréquentes de goutte le con-
duifirent par degrés à un marafme
qui lui annonçoit fa fin. Elle ar-
riva le 9 Avril 1754, dans fa 76*
année. II mourut avec Tintrépi-
dite de la philofophie & de la reli-
gion. C'étoit un fage. Les honneurs
& les difgraces^ la fanté & la ma-
ladie , altérèrent peu la tranquillité
de fon ame. Il traitoit ordinaire-
xnent fes ennemis avec douceur ,
de quelquefois avec générofité. La
{implicite de fes mœurs le rendoit
content de ce qu'il avoit -, il vivoit
f obrement , mangeoit peu , & ne bu-
voi't point de vin. Il n'avoit d'autre
ambition « que celle de la fcienée
tk. de la vertu. Le roi de Suéde «
qui en faifoit un cas infini , le
prefifant fouvent de lui demander
des grâces, il répondgit toujours :
Je, n'ai befout dt rien ; bien différent
de tant d'hommes de lettres , in-
dignes de ce nom , qui font baf-
fement , & prefque toujours inu-
tilement , la cour aux laquais ou
à la maitrefie d'un grand « pour
avoir tme petite penfion , arrachée
par rimportunité à une avarice faf-
titeufe. Ses principaux Ouvrage?
0iit : L Un Cours de M^thimatl^utf ,
>^ O L 467
en lâtîn , d'abord en 1 vol; b-4**,
puis en 5 in-4** , Genève , 1731 &
1741. C'efile Cours de Mathéma-
tiques le plus complet que nous
ayons jufqu'à préfent. Un Béné-
didkin de la Coûgrégation de Saint-
Maur l'çr abrégé , en 3 vol.in-8°;
& c'eft un fervice qu'on devroit
rendre à tous les Ouvrages de
W'olffy trop longs au moins de la
moitié. Il a noyé ( dit un écri-
vain illuftre ) le fyftême de Lelbnlti ,
dans un fatras de volumes, &dàn$
un déluge de paroles , d'arguinensi,
de corollaires & de citations. II,
Une Philosophie , en plufieurs
vol. in.4° , que l'auteur divife
en Théorétîque & en Pratique, Oit
trouve dans la première : i.° La
Logique , qu'il a intitulée , Philo-
fophîa ratîonalls , five Loglca , in-4**.
On en a un Abrégé in-8° , plu-
fieurs fois imprimé , fous le titre
de Ptnfées fur les forces de VEnien»
dentent humain , traduit par M. Z>^yl
champs, 11°. La Métaphyfique , dont
les parties font i Philofophla prima ^
five Ontologfa , 1735 , '^^'4^ *> ^^A
molo^ generalls , in-4** ; Pfychologia
Empîrica , in-4® \ Pfychologjia ratio*
nalis , in-4'*. Theologifl naturalls ,
2 vol. in-4°. III®. La Phyfique ^
dont les parties foot la Phyfiquè ex»
pérlmentale & la Phyfiquè dogmatU
que.,. Sa PHILOSOPHlE'PRjlTiqyS
comprend Philofophla pracUca uni"
verfalls , en 2 vol. in-4** ; Philofo-^
phla moralls,five Ethica, en 5 vol.
in-4°. Ces noinbreux volumes ren-
ferment de bofines chofes ; mais il ^
faut les chercher à travers beaucoup
de chofes médiocres ou alongées.
III. Jus Naturct , ou Traité du Droit
naturel , en 8 vol. ih-4**. IV. Jus
Gentîum , 111-4°. L'auteur a abrégé
les deux Ouvrages précédens, foi^s
ce titre : Infiltialones Jurls Natura\
Gentium , in-8®. Nous en avons ua
autre Abrégé en fi-ançois par M.
Porm^ , qui 9 paru en 175 8 , fo^f
G g i;
1
468 VOL
ce titre : Principes du Droit de U
Nature & des Gens , en 3 vol, in-ll.
V. Hor* fubcefiva Marh'ur^njes , en
neuf parties.. Ce fom des Diflerta-
âoiis fur diverfes matières de Phi-
lofophie , de Droit naturel & de
Théologie. VI. Un grand nombre
d'Ecrits , dans les Aâa ErudUorum
de Leipzig. VU. Un DlcUonnaire
de Mathématiques , in-8** , en alle-
mand. Vin. Spécimen Phyfica ad
Theologiam naturalem appUcata^ÏQ-^^,
IX. Une foule d*autres Eaits, dont
il feroit trop long de donner la
lifte-, c» le baron de Wuiff en-
fantoit les gros volumes ,. comme
nos auteurs François d'à préfent
produifent les Romans & les- Alma-
ïiachs. Ce qui caraâérife princi-
palement les Ecrits philofophiques
de ce favant homme , c'eft fa mé-
thode. Defcartes , de qui il la tenoit,
s'étoit borné aux .parties fpécula-
livcs de la philofophie, (ans tou-
cher à la partie pratique. Volffîe
propdfa de fuppléer à cette omif-
iion , & de commencer , ppur ainû
diré^ où le philofophe "François
s'étoit arrêté. I-a méthode des
géomètres , qtli marchent à pas
comptés, & ne pofent un pied
^u*après ^vpit bien affermi Tantre »
lui pirut la plus propre ^i le con-
duire à fon i)ut. Il a donc entre-
pris de faire de toutes les connoif-
fances philofophiques , un vrai fyf-
tême, qui procédât de principes
en conféquences , & où toutes les
-propofitions fuffent déduites les
unes des autres avec une évidcncfe
démonftrative. Le ftyle du baron
de Wolff eft barbare en latin \ les
expreffions font ou louches ou
mal choifies ; les phra(fes mai Conf-
truites -, les mêmes termes fouvent
répétés. On prétend qu'il écrivoit
mieux en allemand , fi toutefois
l'on peut bien écrire dans une lan-
gue auffi rude.
IL WOLFF, ( Icrôme) dune
ancienne famille du pays des Gcî-
fons , fit paroitre j dès fon en-
fance, une inclination finguliere
pour l'étude *, mais fon père crai-
gnant qu'elle n'altérât fon tempé-
rament naturellement délicat, l'em-
pêcha de s'y appliquer. Le ieune
/^(///f s'échappa de la maifon pa-
ternâle , & s'en alla à Tubinge «
où il fe mit au fervice des éco-
liers. Son indigence ne l'empêcha
point de fe rendre habUe dans les
langues grecque & latine. Il les
enfeigna quelques aimées , & de-
vint enfuite bibliothécaire fi^ prin*
cipal du collège d'Ausbourg , où
il mourut de la pierre en 15 81»
â 64 ans. On a de lui : I. Des
Traduâions latines de Dèmofthaus ,
à'Ifocrau^ & de quelques autres
auteurs , avec des Notes. II. Un
Traité De vero & ficito Afirolo^ut ufa,
III. Un autre , De expedita utriufquc
Lingua difcendit ratione, IV. Lekîo^
nés memoralnlcs , 1600 , 1 tomes
in-folio.
IH. VrOUf , ( N, ) général An-
glois , après s'êpre diftingué dans
plufieurs pccafions, commandoit
les troupes Ue fa nation , à la ba-
taille de Québec en 1759 , lorfqu'il
eut le malheur d'être tué à la fleur
de fon âge , fur le champ de ba-
taille, il vécut encore allez pour
avoir la fatisfaûion d'apprendre -
l'heureux: fuccès de ce combat, ht
roi lui fit ériger un magnifique
maufolée dans l'abbaye de Wefi-
n^infter. Ce qui n'a pas peu con-
tribué à rendre fon nom célèbre,
c'eft la magnifique Eftampe qui le
repréfente mourant , environné
d'un grand nombre de perfonnes
peintes d'aprèi nature.Cette Eftampe
eft gravée par JFooiUtt , d'après le
Tableau de W^l» & a été publiée
en 1776.
' WOLFHART, Vaje^ Lycos-
THËNES.
VOL
WOLKELIUS , Voyei VoilCB-
LIUS.
WOLLASTON, ( Guîllaimie)
prêtre Anglican « né à Caton-Clan-
ford dans le StafFordshire , le 26
Mars 165 9 , d'une famille ancienne ,
fe vit rédiiit , par la médiocrité de
ia ?ortime , à accepter la place de
ibus-maitre , puis cellç de fécond
maitre dans l'Ecole publique de
Birmingham. Une riche fucceffion
le mit , en 168S , dans une fituation
opulente» dont il fit ufage pour
aifiiler un grand nombre de maU
heureux. Peu de temps après, il
alla s'établir à Londres, & il s'y
maria Tannée ftii vante. Il vécut
dans la plus par£iite union avec
fon époufe cpie la mort lui enleva
«a 1710, après en avoir eu onze
cnfans , dont fepc lui furvécurent.
Woliafion concentré dans le fein
d'une £unille qui le rendoit heu-
reux , refiifa conftamment toutes
]es places conûdérables qu'on lui
offrit, pour fe livrer tout entier
à l'étude des langues , de la philo-
fophie , des madiématiques , de la
philofophie naturelle , de l'hiftoire
ancienne & moderne, & de la théo-
logie* L'art de flatter , de diflnnuler ,
d^ cacher Tes fentimens lorfqu'il les
croyoit fondés , lai étoit inconnu.
Il parloit , il penfolt en philofo-
phe. , & il agiflbit de même.
L'amour de la vérité, qui le do-
minait , lui fit préférer la retraite
à une vie diifipée, & la méditation
à la leâure & à un favoir d'em-
prunt. La folitude & la réflexion
ne le rendirent pas mifanthrope;
il étoit au contraire extrêmement
afFable , & fe Eûfoit un vrai plaifir .
de £ûre part defes lumières. Il fe
récréoit dans la compagnie de quel-
ques amis choifis. •* Sa conver-
M fation vive & enjouée , fon na-
•» turel firanc & ouvert, joint à fon
V profond favoir , le faifoient re-
M chercher des perfonnes du pre-
W O L 469
»• mîcr mérite ; mais il n*aimoit
» pas le grand monde^, & fe fou-
" çioit encore moins des applau-
» diffcmens & des honneurs de fon
"^ fîecle. Son indifférence à cet égard
" alloit fl loin , qu'il refufa long-
** temps avant fa mort , une des
•» premières dignités de l'Eglife-
» qu'on lui offroit & qu'on le pref-
" foit d'accepter. Quoiqu'il lût
" beaucoup , il méditoit davan-
" tage *, & comme il penfoit libre-
" ment , auflî difoit-il librement
» fa peiifée. Il regardoit avec hor-
» reur toute forte de difiimulation;
" l'art de flâner lui étoit inconnu ^
" & bien qu'il n'ignorât pas que
» fa franchife ne pouvoit manquer
p de lui faire des ennemis , il ne
M s'en départoit jamais pour quel-
" que confidération que ce fût. La
H douceur & la compaflion fe fai-
» foient remarquer dans toute fâ
•* conduite, & lui'étoicnt natu-
» relies : par l'une , il fouffroit
» tout , il s'accommodoit & fe
H prêtoît à tout 't par l'autre , il
n fentoit vivement les miferes du
n prochain , & s'empreflbit à y por-
>» ter du remède. Il ne connoiflbit
M pas la colère ni le reflentiment :
» û quelquefois il lui échappoit de
M parler avec un peu trop de viva-
» cité , cela pafToit dans un mo-
» ment ; & il étoit plus fâché contre
M lui-même, que contre les per-
n fonnes qui lui avoient donné
9* fujet de fe fâcher «. ( MiM. de
Nlceron , To. 42. ) Son principal
ouvrage efl une Ebauche de la Rc»
ligLn tuuureile\ qui a été traduite en
françois , & imprimée à la Haye
eu 1716 , in-4^. Le traduâeur a
aflez bien débrouillé les nombreuf^s
Notes de l'original i mais il £ût
quelquefois dire à l'auteur ce qu'il
ne dit point. » Si la funplicité ,
»» la fécondité , la nouveauté des
»* principes fuffifeot pour faire la
M fortune d'un ouvrage ^ ( difent les
G g ii j
47© W O L VOL j
» auteurs de THiftoire littéraire de J*Etat. Après lui avoir donné fiic-^
•' l'Europe ) nous répondons à ceffivemem plufieurs évêchés , il
le fit archevêque d'Yorck & girand*
cteuicelier du royaume. Le pape
Léon X l'honora de la pourpre en.
I515 , & du titre de légat à latcrc
dans tout le royaume. On le vit
morale. Il y a pourtant quelques alots augmenter fon fafte & Ces
principes dont les incrédules pour- prétentions. L'archevêque de Can*
torberi lui ayant écrit Votrt crèx-
AffeSionné Frcrc , il s'en plaignît ,
comme d'une injure. L'archevêque»
informé de Tes plaintes , dit froide-
ment : " Ne voyez-vous pas que
" celui-ci de l'approbation uni ver-
•* Telle M. Ce n'eft point , ajou-
tent-ils , une ébaudie groffiere ,
ainû que l'auteur l'appelle modef-
tpment, mais un cours achevé de
roient abufer. L'auteur paroit ac-
. corder aux fauiTes religions , des
avantages qui les rendroient , ûnon
égales , du moins peu inférieures
au Qiriilianifroe. WoUafian jeta au
leu preCque tous Tes autres Ecrits ,
avant fa mort , arrivée en Oâobre
I7;i4 , dans fa 64*^ année : la dé-
licatefle de fon goût lui fit £iire
ce Çicrifice.
cet homme eft ivre d'un excès
» de profpérité ? » Bientôt Volfty
établit une cour eccléfiaftique, dont
l'autorité arbitraire refiemhloit fort
à celle de l'inquifition *, & quoique
WOLMAR , ( Melchior ) natif décrié par la licence de Tes moeurs ,
, de Rctv^eil en Suiffe , apprit la il s'érigea en réformateur rigide <U
langue grecque à Calvin & à Bc^ , . celles des laïques même. On fe plai-
^ leur infpira l'envie d'être ré- gnti hautement de fes entrq>ri£es, &
formateurs. UUic , .duc de Wittem- Henri FUI lui ordonna de
-berg , l'attira dans (es états , & le
: £t profefleur de Droit à Ttibinge.
. Après avoir rempli ces emplois
avec diitinâion , il f e retira à Eife-
nach , où il mourut d'apoplexie en fens. Le dernier le traitoit tantôt de
1561 , à 64 ans« Ce favant avoir coofin & tantôt de père , & le flâna
une telle réputation de probité , que même du trône pontifical. Le Saiiu*
des bornes à'ia iuridiâion. Fronfoû /
& Charlts - Quint , qui regardoient
Wolfty comme arbitre de F£urope«
le comblèrent de carefles & de pré-
ciuelques gens de lettres ne l'ap-
. peloient que MtUor^ au lieu de M/d-
chioT, La Pré£ice qu'il a mlfe à la
tête de la Grammaire Grecque de
JDemetrius CkalcoudyUf a paâe au-
. trefois pour un chefd'œuvre en ce
genre -, mais on ne la regarde plus
aujourd'hui du même œiL On a
auifi de lui des Commentaires fur
les deux premiers livres de VlUadc
à'Homere,
WOLSEY, (Thomas) fils d'un
boucher d'Ipfwîch en Angleterre,
enfeigna la grammaire dans l'utû-
verfité d'Oxford. Ses talens lui
procurèrent la place d'aumônier
Siège vaqua deux fois. L'empereur 1
loin de pcnfer à remplir fes ei^
gemens , fit agir pour d'autres.
Wolfty rompit aufiî-tôt le lienqa^
avoir ibcmé entre ce prince & fon
maître , & il réunit les forces de
l'Angleterre & de la France, pour
accabler, s'il étoit poffible, fon
ennemi. Il imagina peu après use
autre guerre de vengeance , qa'il
crut plus propre à humilier Charltf
Qtùnt : ce fut le divorce de B*"'
avec la ràne Catherine iArap^t
tante de cet empereur ; ou du niofltf»
s'il n'infpira pas la penfée de œ di-
vorce , il entra dans toutes les vues
du roi Henri VlÛ,, qui le fit entrer du prince qui vouloir le feire. Ja*
dans le confwl , &*qu» ^« déchar- ât BoaUn^ époufe de Heati fii{
gea fur lui du gouvernement de sqirès Cathmine ^ (ut l^ première*
W O L
.iîgrir le roi contre un mîntdre' iA«-
***jrolenc, qui avoit révolte tout le
^'Viondçpar fon faûe & par Tes hau-
Pleurs. Dans le temps de fa faveur ,
' P^ ne parloit qu'en defpote* Pour
^^dhciàet les citoyens de Londres à
*^tin emprunt général lait en xp5»
^^it leur déclara nettement >* qu'a
& * *» valoit mieux que q,uelques^n«
le 0*. d'entre eux fpuffriffem Tindi-
ttt»»* gence, que de laifler manquer
iif ♦• le roi. -r Prenez gard« , ( ajou-
e^ •' toit-il ) à ne faire aucune réûf-
^ M tance ni aucun murmure, ians
pal' «f quoi il pourra en coûter quel*
D a n ques tôtes *«. Bemn K/i/ ayant vu
J' les plaintes de Ton épouse çoa«
t.* armées par celles de tous iu
iiiti £u)çts, confiiqua tous (es biens,
s^ le dépouilla de les charges, &
érf le relégua dans ^on arcbevêéhé
■^ 4Torck. On lui ordonna de quit-
ùi> ter fon palais de l^ondres , qui de-
p^ vint la demeure des reis fous le
: ^ oom de 'Wliithal. On trouva chez
'^ lui un bu^ de vaiâjelie d'or, les
tf i;iieubles les plus fomptueux , Sk
\p }urqu'à mille pièces de fine toile
[$■ de Hollande. Ce fevori difgracié ie
^ vit tout-à-coup méprifé des grands
; ^ haï du pe^ple. FUt^ Williams , lu»
ji de Tes protégés , fut le Teul qui
^ oÙL défendre fa caufe , & fair«
>: l'éloge des talens & des grandes
■) qualités du miniflre di%racié. U fia
i plus -, il offrit fa maifoo de cam-
pagne à fTolfy, 6ç le confura d'y
venir du moins pafier un jour« Le
cardifkal, fenâble a ce zele^ alU
chex FiUi fp^ams, qui le reçut avec
Les marques les plus dîQinguées du
ffeipe£^ éc de la reconnoi^ance. Le
roi , inftruit de l'accueil que ce
particulier n'avoit pas craint de
faire à un homme tel que Wolfey ,
Hx venir WîlUaw^. l\ lui demanda
d'un air H d'un ton irrités \ par
fjuel motif il avoit eu. l'audace de
recevoir chez lui le cardinal ac^
cufé ^, déclaré coupable de haut^
VOL 47Ï
trahîfbn ? $jm.e , ( répondît ITil^
ifiAMs) ce n*efi point U criminel d'Etat
que fal refu ckei mai , c*efi mon Pro'
tecUur , celui qui m* a donné du pain «
&\dù qui je tiens U fortune dont je
jouis i j*aurois été U plus ingrat des
hommes , fi je Cavoîs abandonné. Le
roi , plein d'admiration , conçut
dès cet inilant une haute eftime
pour le généreux Fllt{ Williams,
Il le fit chevalier fur le. champ,
& peu de temps après il le nomma
fon confeiller privé. Cependant
Wolfey n'ayant qiie cet ami dans fa
difgrace , fe vit accablé d'une foule
d'accufations , d'opprobres & de
malheurs. Le duc de Northunéer^
Imd eut ordre de l'arrêter pouf
crime de lefe-Ma)efté. On leçon*
duifoit à la Tour de Londres pour
lui faire fon procès ; mais il Aie*
comha à fes infortunes , & mou^
rut eo chemin d'une dyÛènterie »
à Leicefter , en. 1533 , à 6a ans,
U dit , ua peu avant fa mort ,. ces
paroles remarquables, : Bêlas l fi
favols fervl avec Ut mime fidélité U
Roi du Ciel, qui j*4i fervl le Roi mon
Maître fur la terre , il ne m^ abandon*
niroit pas dans ma vieîUeffey comme
Pion Prince m'abandonne' aJijourd'hui.S^
fTic a été donnée eo angloîs , in-4®,
Qa a bien débité des fau^iés fur
ce fameux cardinal , que l'abbé de
(.vn^ueme a très-bien réfutées dans
fes favantes & iudicieu£es Acmsrques
fur la Vie de de ce prélat Infor*»
tuné : ( On les trouve dans 1#
tome VI XI des Mémoires de Lit*
iérature du Père Defmolets. ) Wolf^
étoit d'une naifiance baffe, mais
d'un génie élevé. Sa des mœurs
dépravées commencèrent fa fortuné,
il l'augmenta par beaucoup d'au-
dace à d'habileté. Il fe fervit de
la confiance des grands qu'il avoix
gagnée , pour s'avancer , $1 de la
connoiâance qu'il avoit- de leur
politique, pour les détruire. Heu^
ttvûL k pénétrer les hommes ^ les
G§ iv
47» . W O t
chofes , il fe reddît abfolu en talt^
tant les paffions de Ton maître ; &
il auroit joui long- temps de Ton
• pouvoir , fi un Ciivori pouvoit tenir
contre une maitreffe. Son princi-
pal talent étoit celui de préparer
les événemens, & de profiter de
ceux que le hafard lui préfemoit.
Après fa mort , Henri FUI ne parla
éc lui qu'avec éloge -, & la fuite
de ce -règne, moins heureufe que
}e commencement , paroit juftifier
fa mémoire d*une partie des impu-
. tations dont elle fiit ch^gée. Son
caraâere né fut pas auffi bon que
ia politique. Il- étoit né jaloux,
inquiet , foupçonneux & vindicatif
( Voy. PacZ & POLYDORE. ) ,• &
c^ différens vices furent la pre-
mière fource de fa chute. Rien n'eft
plus fingulier qu'un des chefi d'ac-
cdfation qu'on intenta contre IPol*
fiy : c'eft qu'ayant le mal de Na-
ples, il avoit eu l'infolence de
s'approcher de trop près de l'oreille
du j-oi. Il £iUoit que la haine fût
bifcn acharnée contre lui , pour lui
Éûre un crime de cette nature. On
trouve un petit Recueil des Lett^s
de ce cardinal» dans le tome iii^
de la ColUSlo ampliffima des Pères
Manent & Durand^ Bénédiôins.
Elles peuvent fervir pour l'Hiftoire
' de ce temps-là.
WOLZOGUE ou W0LZO6EN ,
*^ ( Louis de ) né à Amersfort en 163 2,
de parens nobles , originaires d'Au-
triche, ne doit pas être confondu
avec un écrivain Soctnien de même
nom , dont les Ouvrages forment
a vol. de la Bihltûtheque des Frères
Polonois. Après avoir été élevé
lous fon père* habile mathémé^ti-
cicn , & dans 1 univerfité de fa pa-
trie-, il vint en France pour s'y
perfeûionner dans la connoifTance
de notre langue. De la il alla à
Genève , parcourut la Suiffc &
l'Allemai^e en voyageur curieux
sU intelligent. De retour dans ia
w 00
patrie, il fut fucceffivemem nû*
nif^re de l'Eglife Wallone à Gro-
ningue • à Middelbourg en Zélande ,
à Utrecht-À à Amfterdam. Il rem-
plit tous les devoirs de ces dtfFë-
rens poftes., avec autant de zcle
q^e d'intelligence. Il mourut le
13 Novembre 1690, à ^Sans, à
Amflerdam , où il occupoit la chaire
de profefTeur en Hiftoire ecdéfiar-
tique. Cet écrivain étoit auffi So-
dnien , & il eut de vives querelles
avec le fanatique Lahadîc. Ses prin->
cipaux Ouvrages font : 1. Orator
Sacety five De ratione concîonandî,
Utrecht, 1671, in-S**.!!. DiffenatUr
CritlcO'Tkeolo^ea de correcHone Sert"
harum in oHodecim Scrlpturtt dîelio»
nthus aUdhUa^ Hardewich « 1689,
in- 4® III. Une TraduRîon françoife
du Diûionnaire hébreu de Làgh^
Cet Ouvrage parut à Amfterdam ,
en 1730, in-4**. IV. De Scrîptunt^
rum Inurpttte . contra Exercltatùrem
paradoxum y î669 y in* II. Fojre^les
Lettres fur la vie & la mort de
Woliopte^ Amfterdam, 1692 , in- 8®.
WOOD ,( Antoine de» ) anti-
quaire Anglob , naquit à Oxford
en 1632 , & y prit le degré de
maitre-ès-arts. Ennemi du ùnatifme
& des difptttes eccléfiafHques , il fe
renferma dans fon cabinet, étu-
diant les antiquités , fur-tout celles
de fa patrie & de l'univerfité d'Ox-
ford , tandis que des endioufiafles
défoloient l'Aiigleterre. Il avoit
fait paroitre beaucoup de penchant
pour la religion Catholique*, mab
il mourut zélé Anglican, en 1695 ,
à 63 ans , d'une rétention d'urine.
On a de lui : I. Hlftoria & Anû"
qmtates Univerfitatis Oxommfcs % ou-
vrage plein de recherches profondes,
écrit d'abord en anglois , & que
Tuniverfîté fit traduire & imprimer
en latin, 1674 & 167^ , 1 vol.
in-folio. II. Athenét 'Oxonkpfes^ %
vol. in-fol. ^ood y parle de toutes
le& perfonnes iilufbes qui fooi
j
r
w o o
Ibrtîes de runivcrfitc d'Oxford,
depuis Tan 1500 Jufqu'en 1690.
C'eft une excellente Hiiloire litté-
raire de rAngtéterre -, & les biblio-
graphes y ont beaucoup puifé.
WOODWARDatt WoDVARD,
(Jean) naquit en i66y , dans le
comté de Derbi en Angleterre.
S'étant rendu profond dans l'ana-
tomie & la médecine , il choiiit
Londres pour le théâtre de fes
talens. Il devint, en 1692, pro-
feffeur de médecine dans le col-
line de Gresham , à la plaoe du
doâeur Stliingfiet , fut reçu mem-
bre de la Société royale de Londres
en 1693 , & mourut', félon les
Journaliiles de Trévoux , le 15
Avril 1718, dans le, fein de la
religion Romaine. Ses principaux
Ouvrages font : I. Un EJfal fur
rHiftoir^ naturelle de la Terre y Lon-
dres , 169 j , in-8°. Cet Ouvtage a
été traduit de l'anglois en françois ,
par M. Noguesy fous le titre de
Géographie Phyfiquey OU Effai fur^
tWftolre naturelle de la Terre , Paris,
1735 , in-4°i en latin, par Jean'
Jacques Scheuch\er , fous le titre de
Spécimen de Terra ,' Zurich , 1704 ,
în - 8® i autre Verfion en latin »^
Rotterdam , 1714 , in-8® -, en alle-
mand, Erfurt, 1745. Ily a d'excel-
lentes obfervations , & en même
temps quelques idées fingulieres &
haiardées. II. VEtat de la Médecine
& des Malades y en anglois» 1718,
ia - 8° ; en latin , Zurich , 1720 :
c'eft une fatire contre les Médecins
de fon temps. III. Traité fur les Fof-
files y & Méthode de les claffer^ Lon-
dres, 1728, in - 8^. IV. Catalogue
des FojiUs d^ Angleterre ^ 1729, 2
vol.
WOOLSTON, ( Thomas) né
en 1660 à Northampton , étudia
dans l'univerfité de Cambridge. Il
paiTa enfuite au collège de Sidnei,
I0Ù il prit des degrés en théologie.
W O O 47J
& d'où îl fe fit exclure par îes im-
piétés. De Cambridge il fe rendic
à Londres , où il étoit connu par
VI Dîfcours fur les Miracles de Je*
fus-Chrlft ^ 1727 à 1729, in -8®.
Sous prétexte de les faire pafler
pour des allégories , il s'e£S^ce de
les détruire dans cet Ouvrage per-
nicieux. »• On ne peut porter plus
M loin, (dit Nîceron) l'impiété ,1a
» profanation & la mauvaffe ioi ,
a* que Woolfion l'a portée dans fes
w Difcours. Il ^ foutient exprefle-
» ment , que les quatre Evangéliftes
n n*ont pas fait une Hilloire litcé-
** raie de la vie de J. C. -, mais que
» ce qu'ils en difent n'eft qu'une
» repréfentation emblématique de
» fa vie fpirituelle dans l'ame de
'* rhomme \ èc que les miracles
»» qu'ils lui attribuent ne font que
M des figures de fes opérations myf-
w térieufes fur l'Eglife & fur les
M Elus. Mais s'il montre autant
» d'emportement que 'C(c//«, que ///-
,* lîen l*Apoftàt & Porphyre , il pa-
>9 roit enchérir fur evx' par la ma-
»9 lignite avec laquelle il efTaiede
M jeter du ridicule (tir "les mira-
» clesdeJ£S,us-CHRisT & fur fa
»» perfonne facrée ♦*. Comme cet
cfprit-fort continuoit d'écrire con-
tre les vérités fondamentales de là
Foi , il {ut déféré au tribunal fé-
culi^. La cour du ban du roi le
condamna, en 1729, à payer 25
liv. fterlings d'amende pour cha-
cun de fes Difcours , à fubir une
année de priion, & à donner cau-
tion pour fa bonne conduite pen-
dant le refte de fes jours. Il mou-
rut ^ Londres le 27 Janvier 1733 ,
du rhume épidémique qui fe fît
fentir cette année dans prefque
toute l'Europe. Demi-heure avant
fa mort, il iÀx\ Voilà un affamquU
faut que tout le monde foutienne, Woolf '^
ton attaqua la Religion autant par
manie que par impiété. On trouve
dans le tour de (es penfées & d«
474 w o a
fa cxpreffionsy un air de vaine
joie, qui décelé une inclination cri^
aunelle. On a de lui plufieurs Ou-
inrages, écrits d'un ftyle clair, fans
être élégant, & dans lefquels il
« abofe des pafiages des SS. Pères,
4ont il parok qu'il s'écoit noivri.
Les principaux font : I. Apolopc
mÊeUnmt pour U vérité de U Relipo»
Chrétunne^ renouvelé* contre Us Juifs^
& ies Qentiis , réimprimée à Lon-
, iAres en 1732 , in-S^. II. Défenfe des
IKfcoms de M. Voolfton , fur les
Miracles de hC,^ contre Us Eviques dé
SnùU'Davld ^ del^ndres^ & contre fit.
mnres nàverf tares , 17^0 : brochure
m - S^» Cette apologie d'un pu-
mrage qui ne pouvoit être défendu »
ne fit iilnûon a perfonne. Oux qui
pottâem trop loin U liberté de
pcnfer, en Angleterre & en France,
oBt prodigué à cet écrivain les
éloges les plus outrés ; mais les
sens de bien Tont eu en horreur.
Parmî les réfutations qu'on a £ûtes
de fes livres impies , on dtftingue
odiequi a été traduite «n françois
6ms ce titre : Les Témoins de la Rér
fmrreeUon de /. C. examina & jugés
félon Us reffts du Barreéu^ in - S^«
Un de fes amis a compote fa ^/«,
dans laquelle il le flatte beaucoup.
. II l'y repréfente comme un homme
de bonnes mœurs, & en particu-
lier d'une extrême fobriété > d'un
grand déiintérefTement , d'une pa<-
tience & d'une douceur furpré-
siames. Tout ce qu'on peut dire à
ist louange fur cela , ( dit Niceron )
€*€Û qu'il n'a jamais été accufé du
contraire. Ayant été calomnié par
im auteur, fes amis le preflerent
de mettre l'écrivain fatirique en
iufticeiil leur répondit : Je p^rw»-
érois peut'itre à U ruiner^ & j*auroU
beaucoup plus de chagrin de voir fa mifere^
iftieje naurois eu de plaifir defatisfalre
wea vengeance',
h WORMIUS , ( OiaUs ) roé-
decto Danois^, né à Arhus en Jut^
V O R
land Tan 158S > voyagea en Alle^
magne , en SuiiTe , en Italie & en
Angleterre , en' homme qui ne -
court pas feulement pour voir »
mais pour profiter des fecrets des
favans & de ceux de la nature. De
retour à Copenhague , il obtint
en 1624 la chaire de médecine,
après Gafpar BarehoUn, Il pofiTédoit
parfaitement cette fcience , & fon
habileté lui mérita la place de
médecin du roi CkrîfiUm V. Il fit
de nouvelles découvertes dans
l'anatomie , & mourut redeur do
l'académiesde Copenhague en 16^4,
Il s'étoit marié trob fois , & il fe
vit père de 18 en£ins. On a de lui
plufieurs Ouvrîmes fur lliiftoire
de Danemarck , & d'autres Ecrks,
Les principaux font : I. Les Fafies
& les Monumens de Dan:marck , in*
folio , 1645. '^' ^'f^fioire de Nor*
wége , 2 vol. m* Danica Utteratura
antiqmfpma , five Gothiia , 16^1 ,
in-fol. Ces Ouvrages font en latin :
ils font écrits avec plus d'«xaâî«
tude que d'élégance.
II. WORMIUS , ( Guillaume >
fils aîné du précédent , né à Co-^
penhague en 1633 , exerça la mé-»
dedne comme fon père , & fes fuc*
ces fiirent aufiî bien récompenfés.
Il devint profefieur de phyfiqu»
expérimentale, hiftoriographe dur
roi & bibliothécaire royal , préfi-'
dent du tribunal fuprtoe de )uÎHce ,
confeiller d'état , & confeiller des
conférences. C'eft lui qui publia la
Defcriptioii des Curlofités de fon
père , fous le titre de , Mufaune
Wornùanum , à Leyde,en 1655 ,
in-folio. Cet Ouvrage eu curieux.
Gàillaume Wormius mouxvxtn 1724,
à 71 ans.
IlL WORMIUS , ( OlaûPi fils
aine du précédent , profeifieur en
éloquence , en hiftoire & en n|éde-v
cine à Copenhague , finit fa carriett^
en 1708 , à 41 ans. . On a de lui ;
l. De Renum officia in n Venere^ p
W O R ,
împrîmé dans le Recueil de BduhùUn :
pe ufuflaffrorum , Francfort , 1670 ,
m- 12. II. De GloJfopetrU. III. De
vlribits Meàicamentorum fpecificis ; &
d'autres Ouvrages de phyfique & de
littérature.
IV. WORMIUS, ( Chriftian ) %^
fils de Guillaume , doûeur & proCef-
feur en théologie , puis évêque de
Seélande & de Cop^enhague» movirut
«n 1737. Sa fcience, fa régularité ,
foa zèle pour le bien public, lui
méritèrent tous les fuf&ages pea*
dant fa vie, & to,us les regrets après
fa mort. On ^ de lui pUifieurs fa*
vans Ouvrages. Les principaux font:
I. De cormptis Antlquitatun^Hebraï''
€arum vefii^ , apud Tacitum &
A^Iartialem. II. DiJJenaùones quatuor
de veifs caufis cur deleàatos Hominu
c^irnîbus Ct protnifcuo concuhltu Chrlf*
tîanos calumniati fint Ethnicu UI^
Hlflorla Sabellùnifmi ^ in-S*^, &C.
Une érudition profonde rend ces
Ouvrages très*recommandables.
WORTH , ( Guillaume ) auteur
-Anglois, favam dans l'antiquité ec-
cléfiaflique & dans les langues, flo«
ciffoit au commencement du xViii^
fiecle, & étoit archidiacre de Wor-
cefter. On a plufieurs Ouvrages de
lui, entre autres une bonne Edition
(ks (Suvres de S. JujUn , & du
JDl/cours contre les Gentils de Ttf-
tlcn , Oxford , 1700 , avec des
Notes & des Differtations.
/. WOTTON, (Edouard) mé-
liecin d'Oxford» mort à Loadres
en I55>5, à 63 ans, exerça fon
art avec diflinétion. On a de lui un
Ouvrage intitulé : De la Différence
des Animaux. Ce livre rempli d'é-
rudition ,- écrit en latin, & imprimé
à paris chez Vafcofan^ in-fol. ,1552»
acquit à Wotton une grande répu-
tation parmi les favans. L'auteur
y ramafle & y concilie avec art
les pafTages des anciens fur la ma-
tiei;e qu'il traite. 11 avoit auffi com-
m^n^é le TkMtnm InfiSbrum , que
.V O T 47Ç
Monfit donna à Londres ài 1634 ,
in-fol. avec fig.
//. WOTTON , ( Antoine) théo.
logien Anglois , natif de Londres,
mort en 1626 , avoit été nommé
en 1596 profefleur de théologie
au collège deGresham. U eft le
premier qui ait rempli cette chaire^
qu'il fut enfuite obligé de quitter^
parce que,^ contre les réglemens du
fondateur » il s'étoit marié. On à
de lui quelques Ouvrages de con-
troyerfe, qu*on eftime* dit-on «
en Angleterre , & qu'on ne con-
noît pas en France.
///. WOTTON, (Henri) né à
Bockton-Hall , dans le comté de .
Kent en Angleterre', en 1 568 , an-
nonça de bonne heure fon goût
pour Tanatomie ,& il le perfeâibn»
na en France , en Allemagne & eil
Italie. Revenu en Angleterre après
9 ans , il devint fecrétaire de Ro»
bert comte d'Êffex » qui fut déclaré
coupable de haute-trahifon quel-
que temps après. Wcuon , obligé àt
fe réfugier à Flosence, ftit envoyé
fecrétement en Ecofie par le grand-
duc , pour avertir le roi Jacques VI
d'une confpiration tramée contré
fa vie. Ce monarque, affermi! fur le
trône d'Angleterre « le fit cheva-
lier, l'honora de fa confiance, &
l'envoya dans diverfes cours pour
des afiBûrcs importantes. Wouon
mourut en 1639 , prévôt d'Exton.
On a de lui pilleurs Ouvrages dont
l'utilité eft fort médiocre , fi Ton
en excepte fon Etat de la Chrétîenié^
en anglois , qui ne plut pas à tout
le monde ; & un Recueil d'autres
Ecrits, intitulé: Reliquîa JTottcmà-
nee , Londres, 1651, in-8®. '
ly, WOTTON, (Guillaume)
né dans le comté de Su^Tolck en
1666, mort en 1726, oft moins
connu par le projet fmgulier qu'il /
eut de traduire rOrtf//ôn DomlnicaU
dans toutes les langues connues^,
( projet qu'il étoit cependant, di^
47« V O U
pn , en état d'exécuter ) que par les
Ouvragesfuiv. : 1. Lois civîUs& tccU'
fi^tjBquei au Pays At Galles , en an-
gjois, avec des Notes & un Glof-
îatre. IL Hlfloln Romaine , depuis
la mort <f' AntoniiT le Pieux , jufquà
la mort /Alexandre Sévère , in-8®,
en anglois. Les antiquaires en font
cas , parce que l'auteur y fixe l'é-
poque des événemens confidéra*
blés, par l'autorité des Médailles.
IIL Dif COUTS fur Us traditions & la
ttfagu des Scribes & des Pharifiens ^
2 vol. in-8®, en latin.
WOUVERMANS, ri>>.WAU-
I^ERMANS.
WOWER, (Jean) né à Ham-
bourg, mort à Gottorp, dont il
étoit gouverneur, en 1612, âgé de
08 ans, allia l'étude de la politique
avec celle de la littérature facrée &
profane, & fut un guide fur pour les
littérateurs & les critiques. Il étoit
Proteilant, Son teinpérament étoit
porté à la colère. Il eut beaucoup
d'envieux ou d'ennemis. Son amour
pour la gloire étoit extrême. Il
laifTa 60 écus à celui qui feroit fon
Oraifon funèbre. On a de lui : I.
Un Recueil favant , intimlé : Poly-
• mathia, 1603 , in-4°. II. D^ Notes
lur Julîus Flrmlcus^ Apuldt , Sidoine ^
Apollinaire & Minutius Fclîx, III.
Une bonne Edition de Péirone. IV.
Plufieurs Latres^ Hambourg , 1609 ,
in-8**, où l'on trouve des juge-
mens fur plufieurs Ouvrages, & de
bonnes remarques fur diverfes ma-
tières de littérature. Mais l'auteur
s'y livre un peu trop à fon hu-
meur emportée. V. D'autres Ouvra^
ges^ dans lefquels on remarque» com-
me dans les précédeos , une gran-
de afFeâation d'imiter les anciens:
auffi fop ftyle» quoique élevé & or-
né , eft fouvent froid & prefque
toujours peu naturel. Il étoit pa-
rent d'un autre Jm/i Boiter, ami
de Lipftt mort à Anvers en 1635 «
WR E
à 66 ans , qui laifTa auffi quelques
produâions«
WRANGEL, (Oiarlcs-Guftave )
maréchal général & connétable de
Suéde, mort en 1676, fe fignala
fur mer & fur terre. Il brûla les
vaiffeaux de l'amiral deDanemarck
en 1644, défit , prèsd'Ausboorg,
les Impériaux & les Bavarois en
1648 , & batdt l'armée navale des
HoUandois,au paflage du Sunu,en
1658. C'-étoit un homme de tète&
de main.
L WREN, (Chriftophe) mathé-
maticien Anglois , naquit à Eafi-
Knoyle , dans le Wilt^re , le
ao Oâbbre 1632 , fit fes études
à Oxford, & sy diftingiçi telle-
ment , qu'à l'âge de 16 ans il avoii
déjà fait des découvertes importan-
tes dans l'afironomie , dans la gno*
monique, dans la ilatique & dans les
mécaniques. Il devint profeiTeur en
agronomie au collège de Gresham
à Londres , & enfuite au collège de
Savilien à Oxford. Son talent pour
l'architeâure lui mérita, en 1668»
la place d'architeûe du roi. 11 eut
la direâion d*un grand nombre d'^
difices publics. Le Théâtre dOx-
ford,l'£glife de Saint-Paul & celle da
Saint Etienne de Londres , le palais
de Hamptoncourt , le collège de
Chelféa, l'Hôpital de Gréeawich,
font autant de monumens qui Tim-
mortaiif«;nt.Si l'on eût fuivi fon plan
lorfqu'on rebâtit Londres après
rincendie de 1666, ç'auroit été
une ville fuperbe. En 1680, il fut
élu préfidânt de la fociété royale;
& il y a plufieurs Pièces de lui
dans les Mémoires de cette Com-
pagnie. Cet habile homme n'a ja-
mais rien fiiit imprimer *, mais plu-
fieurs de fes Ouvrages om été pu-
bliés par d'autres, & bien reçus
du public éclairé. Il finit fa carriè-
re le 2Ç Février 1713 , à 91 ans,
honoré du titre de chevalier qu'il
avoit obtenu en 1674. Les Anglois,
1
W RE
voulant récompenfer d'une maniè-
re dilHnguée le mérite de cet hom-
me célèbre ; lui accordèrent le pri-
vilège exclufif, ainii qu'à fa fa-
' mille • d'être inhumés dans !'£-
glife de Saint-Paul. ÎFrtn y a fa
fépulture. On s'eft contenté de
graver fon nom fur une pierre avec
ces mots : ** Tu cherches un ihona-
M ment, regarde autour de toi. «*
Si monununtum guarls^ circum/plce. Il
commença ce fuperbe édifice en
1670, & il ne fut achevé que deux
ans après fa mort en 1725.
Excepté l'Egiife de Saint-Pierre de
Rome , d'un tiers plus grande que
Saint-Paul , il n'y a rien de compara-
ble en Europe à cette églife de
Londres. Elle coûta un million 400
mille livres fterlings. Sa longueur
eft de 550 pieds, & fa circonfé-
rence de 2192. J^ren copia tant
qu'il put , le deilin de Saint-Pierre de
Rome ',mais Saint-Paul eft d'un tiers
plus petit ', la largeur des bas-cô-
tés n'«il pas en proportion avec
le tot^l de l'édifice-, Jk la hau-
teur démefurée du dôme lui don-
ne moins l'air d'un dôme que
d^une tour.
- II. WREN , ( Chriftophe ) fils du
précédent, mort en 1747, à 72 ans ,
publia en 1708 : Numîfmatum anti-
quorum Sylloge^ in-4**: ouvrage qui
lui coûta bien des recherches.
WUILLEMAINN, Foyei GuiL-
LIMAN.
WULSONT, VoyeiYvLSOV.
WYCHERLEY , ( Guillaume )
poëte Anglois, né en 1640 à Clive
en Angleterre, pafia quelques an-
nées en France dans fa première
jeunefie. U y erabraffa la religion
Catholique ^ mais , dès qu'il fut de
retour a Londres, il redevint Pro-
teftant; & dans ta fuite il .quitta
l'Héréfîe pour la Catholicité • ou
plutôt il n'eut point de religion fixe.
Après s'être appUqué à l'étude du
W Y Ç 477
plus conformes à fon génie & à
celui du temps, Chariss II était fur le
trône d'Angleterre -, c'étoit le règne
des plaifirs & de l'efprit. Ce monar-
que , inftruit du talent de Wjçhtrlty
pour la poéfie, lui fit un accueil
diftingué. Le poëte lui plaifoit par
la vivacité de fon imagination &
par les agrémens de fon carad^ere.
ÎTychcrhy eut le bonheur de gagi^et
le coeur de la comte^e de Droghe»
da , qu'il époufa , & qui le fit maî-
tre de tout fon bien-, mais la mort
la lui ayant ravie, fon droit lui fut
contefté , ^ les trais du procès ;
joints à d'autres accidens, le mirent
hors d'état de fatisfaire àf^l'iiapa*
tience de fes créanciers. Il pafia 7
ans en prifon, & y feroit peut être
demeuré plus long-tems fans la gé«
nérofité du roi Jacques 11^ qui, au
fortir de la repréfentation d'une de
fes Pièces , ordonna que fes dettes
fuâent payées, & accompagna cette
grâce d'une penfion annuelle de 200
livres fierlings , qui lui fut payédb
jufqu au temps de la retraite de C9
prince. 'Ces bienfaits n*ac:[uitterent
pas JTychcrley \ il fe maria une fé-
conde fois , en 171 5 , à l'âge d'en- .
viron 80 ans, onze jours feulement
avant (k mort. C'étoit un homme
d'un commerce aifé , qui n'avoit
rien de la mifanthropie dont on
auroit pu le foupçonner, fi on avoit
jugé de lui par l'efprit fatirique
& dur qui cara6iérife fes Pièces de
théâtre. Il étolt bon ami , zélé pour
ceiix qu'il affeâionnoit -, mais il
avoit beaucoup de penchant pour
le libertinage , & fes Ecrits ne s'en
refientent que trop. WychcrUy vi-
voit dans le grand monde-, il en
connoiiToit parfaitement les vices
& les ridicules , & les peignoit du
pinceau le' plus ferme & des cou-
leurs les plus vraies. On a de lui
quatre Pièces de théâtre , Londres ,
173 1, in-i2. I. Le Mî/anthrope^
droit, il fe livra à des occupations qu'il a imité de Molicn, Toits
47» W Y C
les traies de Wyclurley font plus
forts & plus hardis que ceux 'de
notre Mifanthrope; maisaufH ils
•nt moins de finelTe. L'auteur An-
glois a corrigé le feul défaut qui
ibit dans la Pièce de MoBcre ; le
manque d'intrigue & d'intérêt. La
Pièce angloife eft intéreflante , &
l'intrigue en eft ingénieufe. IL Une
autre Pièce non moins finguliere &
non moins hardie , qu'il a aufii imi-
tée du poëte François : c'eft une
«ipece à*EcaU du Femmes , qui eft
bien l'école du bon comique , mais
non celle de l'honnêteté & de la
décence. Ses deux, autres Pièces
ont pour titre ( en françois) VA'
weour dans un Bois , & le GentOhom"
me Maître à danfer, La i'^ futre-
préfentée en 1671. On imprima à
Londres en 1718, in-ii, fes (Sk-
rres Pofthwncs, On avoit publié, en
1720 , un volume fous le même ti-
tre. Ses vers manquent ,• en général ,
de douceur & d'harmonie-, on n'y
remarque pas aflez ce tour vif, ori-
ginal & ingénieux» qui caradiérife
W l N
le vrai poëte. L'auteur aime à
s'exprimer avec force , 8e fouvent
il y réuilît; mais fouvent aufli l'ex-
preilion, pour être forte, devient
outrée, ou trop laconique.
WYELIUS , { Alard ) licencié
en théologie à Cologne, s'appliqua
avec fuccès à l'étude de l'antiquité
eccléiiàftique. C'eft principalement
à fes foins que l'on doit la Blbûc
îhequc des Pères , en 14 volimi«
in-fol., Cologne, 1 618. C'eft la Col-
leéHon de Marguerîn de la Blpe
(Voyez ce nom) augumentée de plus
fie cent auteurs & arrangée fdoa
l'ordre chronologique.
WYMPA, VoyeiWiMtlVA.
WYNANTS, (Jean) peintre Hol-
landois, né à Harlem en 1660, a
un nom célèbre parmi les payfagif-
tes. U utûftbit une touche ferme &
vigoureufe à un pinceau délicat &
moelleux. Il auroit porté fes ta-
lens plus loin , ii le jeu & la dé-
bauche ne lui avoient pas emporté
la plus grande partie de fon temps.
On ignore l'année ûl mort.
47?
X ACCA , philofophe Indien , eft
regardé par les Japonois comme
leur législateur. Il leur petfuada
que , pour gagner le ciel , il fuffiroît
de prononcer fouvent ces cinq
mots : Nama , Mlo , Foren , Qui ,
^uîo ; mais il n*y a pas eu un leul
interprète , qui ait pu encore deviner
le fens de ces paroles. Ce peu-
ple , auquel Xàcca apprit la Métem-
piycofe & la Théologie idolâtrique
des Chinois , lui a donné un rang
parmi les Dieux du premier ordre.
Il y a même une Teéle de Bonzes ,
dans laquelle Xa«:a eft regardé
comme le premier Dieu de l'empire*
L'hifloire que l'on fait de fa vie »
dit que fa mère étant grofTe de lui ,
Cfutea fonge qu'elle mettoit au
inonde un éléphant blanc par le
côté gauche. Cette fable eft le motif
de la paftion extraordinaire qu'ont
les rois de Siam , de Tonquin & de
la Chine pour les élépfians de ce
genre. Les Brachmanes difent que
ce philofophe a fouffert quatre-vingt
mille fois la Métempfycofe , & que
fon ame a paiTé en autant d'animaux
de différentes efpeces.
I. X ANTIPPE , femme de Socrau,
étoit d'un caractère aufti emporté
que celui de fon mari étoit doux.
Ce {thilofophe , avant de la prendre
pour fa compagne , n'ignoroit pas ,
iUt-on , fa mauvaife humeur. Xéno-
fhon lui demandant poiurquoi donc
il Tavoit épouféc ? Parce qu'elle exerce
ma patience , répondit Soçrate , fr
^uen la/ouffrant Je puis /apporter tout
fpe qui peut m arriver de la part des
autres,,,, Voy. l'article deSoGRATE ,
fi«. I.
IL XANTIPPE, général Lacé-
diéxnojsj^p, ( 4ifffirc0j; de çjf ^M^
TiVVE qui fit condamner te vail-
lant Miltiade à être précipité « ) étoit
un vrai Spartiate , par 2'aujilérité
de fes moeurs & par la grandeur
de fon courage. Il fut envoyé Taa
155 avant L C. > par ceux de fon
pays , au fecours des Carthaginois.
Les Romains , fous la conduite
d'^<t//ittj-i?£^ttx« avoient déià battu
Amilcar & Us deux AfdnàMls^ Ce
brave capitaine arrêta la prospérité
de leurs armes, & les^ déftten plu-
fieurs rencontres. Malgré la vsdeur
active de Kegulus , il remit la ré-
publique de Carthage fur l'ofeiâve.
Les- Carthaginois le renvoyèrent,
après lui avoir donné de grands
témoignages de recohnoîfîance:
Mais, par une ingratitude auiS
grande que fes fervices ^ ils ordon-
nèrent au commandant du vaifTeau
fur lequel il s'étoit embarqué , de
le précipiter dans la mer.
XAVIER, Toy^i François-
Xj^vier, n®. X,.
1. XENOCRATE, l'un des plu»
télebres philofophes de l'andquité ,
naquit à Chalcédoine. Il fe mit de
très-bonne heure fous la difcipHn»
de Platon , qui lui donna fon amitié
& fon eftime. Il l'ac^iompagna en
Sicile i & comme Denys U Tyran
menaçoit un jour Platon , en lui
difaiît que quelqu'un lut couperait la,
tête. — Per/onne , répondit Xs.uç^
CRJTB , ne le fera avant^ que Savoir
coupé la mienne. Il étiidia fous Platon
en même temps qu*Arifiûte^ mais
non pas avec les mêmes talens ; car
il avoic Pefprit lent & la concep-
tion dure, au lieu c[a* Arifioce avoit
l'éfprit vif & pénétrant. Cette diffé-
rence dans les difpofitions des deux
48o X E N
que U pnmUr arok htfoln'^iftron &
Vtidn àt bride. Ce philofophe fuc-
céda» dans racadémie d'Achenes ,
à Speufippef fucccBTeur de Platon,
l'an 339 avant J. C II exigeoit de
fes dxfciples qu'ils fuflent les ma-
thématiques avant que de venir fous
lui , & il renvoya un jeune homme
qui ne les favoit point , en difant
qa'Uii'avoîtpasla clef tU la Philo/o'
phti. Le changement qu'il opéra dans .
les moeurs de PoUmon , jeune liber-
Â>i« {^oy» t* Polemon) fît tant
d'impreflion , que quand ce philo-
ibphe paroiOToit dans les rues , la
îeunefle débauchée s'écartoit pour-
éviter fa rencontre. Les Athéuiens
l'envoyèrent en arabaffade vers
PhîUppe , roi de Macédoine , &
long-temps après vers Antlpater;
ces deux princes ne purent jamais
le corrompre par leurs préfens.
Alexandre le Grand eut uot d'eflime
pour lui, qu'il lui envoya 50 ta-
lens » c*eft-à-dire , plus de yo.coo
écus. Les députés du conquérant
Macédonien étant arrivés, il les
invita à fouper. Le repas fut celui
d*un philofophe fobre & auftere.
Le lendemain , comme ils lui de-
mandoient à qui il vouloit qu'ils
comptaient les cinquante taléns ?
Le fouper d'hier , leur répondit-il ,
ne vous a-t-il pas fait comprendre que
je tCai pas befoin d'argent ? Votre
Maître doit le garder pour lui , parce
qu'il a plus de monde â nourrir que
moi. Les députés à* Alexandre lui
firent néanmoins de fi grandes inf-
tancei, qu'il prit 30 mines, c'eil-
â-dire« 15 liv., comme un gage
de la proteâion du monarque &
du cas qu'it^faifoit de fes dons.
«« Ainfi un grand roi ( dit Valere-
» Maxime ) voulut acheter l'amitié
" d'un philofophe, & le philofophe
>» refufa de vei^dre fon amitié au
*• toi »• Xénocrau mourut vers l'an
314 avant J. C. , âgé de Si ans »
d*une blefTûre qu'il s'étoit Êïite en
X E NT
heurtant contre un vafe de cuivre;
U avoît compofé , à I2 pnere
A* Alexandre : h Un Traité de Catt
de riffur, II. Six Livnâ de la Nature.
III. Six Uvres de U PhikfophU. IV.
Un des Richeffes. Mais ces Ouvmges
ont été détruits par le temps. Aide
a imprimé fous fon nom un Traite
de U Mon , avec JambUque , Venîfe »
1497, in -fol. Ce plulofophe ne
recoanoiflbit point d'autre Divinité
que le Gel & les ru Planètes, U prie
un tel afcendant fur fes paffions ,
qu'il fembloit en quelque forte au*
deiTus de Thumanité. Il étoit grave ,
& d'un caraûere fî férieux & û
éloigné de la politefle des Athé-
niens , que Platon l'exhortoit fou-
vent à faerifcr aux Grâces, Il fouf-
firoit très-patiemment les répriman-
des de ce philofophe , & lorfqu'on
l'excitoit à fe défend^ i II ne ma
traiu ainfi, répondoit-il , que pour mon
profit,,, Xénocrau brilla fur-tout par
fa chafleté. U avoit acquis un tel
empire fur lui - même » que Lais ,
la plus belle courtiûne de la Grèce,
ayant parié de le faire fuccomber ,
n'en put jamais venir à bout ,
quoiqu'elle eût employé tous les
moyens imaginables. Comme 00
fe moquoit d'elle, en voulam Tobli-
ger de payer la gageure , elle ré-
pondit : Quelle n avoit point perdu ,
parce qu'elle avoit parié de faire fuc
eomber un Homme , & non pas une
Statue.,, Xénocrau fit paroître dans
fa conduite toutes les autres parties
de la tempérance. U n'aima ni le^
plaifirs , ni les richefles , ni les
louanges. Il falloit que fon défin-
térefTement Teût réduit à une grande
pauvreté » puifqu'il ne put payer
certain tribut que les étrangers
étoient tenus de payer chaque année
au trtfor de la ville d'Athènes.
P/uiârçue raconte qu'un jour, comme
on le trainoit en prifon , £iiute *■
d'avoir fatisfait à ce paicanem »
l'orateiur Lycurptc acquitta £a dette ^
&
X E N
%i le ^ra des mains ées fermiers /
ordinairement peu fenfibles au mé-
rite littéraire. Quelques jours après,
Xénacratc ayant rencontré le fÛs de
fon libérateur , lui dit : Je paye avec
Mfrre à votre père k pltùfir qu'il m'a
fait -, car je fuis caufe qu'il eft loué dt
tout le mùnde. II haïfToit fouveraine-
~ ment la médifance. Dans une com-
pagnie où l'on déchiroit les abfens,
il demeura toujours muet. Quel-
qu'un lui demandant raifon de ce
profond filence-, il répondit : Ceft
que je me fuis f auvent repenti tC avoir
parlé 9 & jamais de m' être tu,.,. Il avoit
une fort bonne maxime fur l'édu-
cation des jeunes gens. Il vouloir
que, dès leur plus tendre enfance,
de fages & vertueux difcours , ré-
pétés fouvent en leur préfence,
mais fans afiFe£Ution, s'emparai&nt,
pour ainfi dire , de leurs oreilles ,
comme d'une place encore vacante ,
à travers laquelle le bon & le mau-
vais puiTent également pénétrer
jofqu'au fond du cœur. Il croyoit
que ces fages difcours, fidelles gar-
Àens de la vertu , en tiendroient
l'entrée févérement fermée à toutes
les paroles capables d'altérer la
pureté des moeurs , jufqu'à ce que ,
par une longue habitude, ils euflfent
mis en garde leurs oreilles contre
le fouffle empefté des mauvaifes
converfations. Selon Xénocrate , il
n'y avoit de véritables philofophes,
que ceux qui faifoient de bon gré
& de let^r propre mouvement, ce
que les autres ne faifoient que par
la crainte des lois & de la punition.
Si probité étoit tellement recon-
nue , qu'il fut le feul citoyen que
les magiftrats d'Athènes difpen-
ferent de confirmer fon témoignage
par le ferment.
II. XENOCRATE , médecin , qui
vivoît dans le premier fiecle , fous
l'einpirede Néron, Nous apprenons
de GAllen , qu'il étoit d'Aphrodifias
mt Cilicie , & qu'ayant écrit fut ids
Tome IX.
X EN 481
médlcaïnehs, il n*avoit rempli (ki
Ouvrages que de remèdes, la plu-
part impraticables. Xéndcratc avoit
encore rendu publiques diveriès
recettes , également pernicieuf^s &
fuperftitieufes , pour donner de
Tamour, pour faire haïr, pour
envoyer des fonges,&c. Ce n'eft'
pas que ce médecin n'eût mêlé
quelques bons remèdes parmi tant
de mauvais-, il avoit trouvé une
Thériaque , & quelque? autres Com-
pofitions utiles. Il nous refte encore
aujourd'hui un petit Livre; qui
porte le nom de Xénocrate^ & qut~
traite De la nourriture des Ânimau»
aquatiques. Cet ouvrage a été im-
primé à Zurich, dès Tan 1559,
in-8® , avec les Notes, de Gefnir
XENOPHANES,philofophe
Grec , natif de Colophon , difciple
d'Archelaus, étoit contemporain de
Socrate , fuivant la plus commune
opinion. Sa vie fut de près de
cent ans. Il fe fignala par plufieur»
Poèmes fur des matières de philofo-
phie ,fur la fondationde Colophon,'
& fur celle de la colonie d'Eïée,
ville d'Italie. Ses opinions philo*
fophiques lui firent un grand nom.
Il croyoit que U lune efi un pays
habité; qu'il efi impoJfihU de prédire
naturellement les chofes futures ^ &
que U bien furpaffe U mal dans
tordre <fc- la nature. L'idolâtrie étoit
à fes yeux un culte monftrueux.
Se trouvant un jour aux Fêtes des •
Egyptiens , & leur voyant faire
des lamentations, il leur dit ea
plaifantant : 5/ Us objets de votre
culte font des Dieux , ne les pleurer-
pas ; s'ils font des Hommes , ne leur
offrei point de facrifices, La libené
aveclaquelle-Xf/K^Adrt« s'exprimoit
fur la Divinité , l'ayant foit bannir
de fa patrie, il fe retira en Sicile,
& demeura à Sancle, (aujourd'hui
Meffine, ) & à Catane. 11 y fonda
IdL Secle Eléatique^ feue qui pro-
duire pluiieurs hommes y^ûeii^
1
4»t X E N
Xinfiphâius ne leur prêcha pas
touioius d*exemple. Ce philofophé
If plaignoit de ùl pauvreté , &
4iiànt un jour à Hldron « roi de
Syracufei 9a'<V itoit fi pauyrty qu'il
navoU pas U moyen d'entrtitmr deu»
ftrvttairs,; ce princ^ ^ répondit:
Tu ékvToiê dlMU attaquer mains fouvent
SiOmere , qui , tout wton qu'il e/l y
fait vivre plus de dix nûlU hommes,,,,
$pia fyfième (itr la Divinité étoit f
à ce que penfent quelques auteurs ,
peu différent du Spinofifme, Cepen-
^Utt $• Clément d'Alexandrie cite
im paflagc de ce philofophé , qui
éit que U fouverain Dieu des hommes
6> dits hahitans des eieun , eft unique ,
éç qu'U n*eft femhlahU aux hommes ,
ni dét eorps , ni defprit i ce qui eft
Mi peu différeat des opinions de
Spinofa, Qs qu'on peut dire de4>lus
certain , c'eft qu'il s'éleva plufieurs
Ibis contre ce içà* Homère & Héfiode
«or dit éts Dieux du Pagamfme.
U n^ pas mfiins impie , difoit-il ,.
d» foutenir que lef Dieux natjfenty
qtfi defoutemrqt^ils meurent ; puifqu*en
Vum 6 l^autredeus'deux cas y îljeroit
dgaiement vrai quils rCexlfient pas tou-i
jou/tf. Il ajoutoic que fi les baufs &
les lions- avaient des mains , ils doU'^
neroient à leurs Dieux des figures de
lions au de haufs , pour prouve*
combien les hommes avoieot tort
de peindre la divinité fous la figure
humaine. Les Fragmens de fes Vers
lurent imprimés in-S^^ , en 1 573 ».
par Henri Etienne , dans un Recueil-
intitulé : Vaefis Ph'iUxj'ophioa.
l, XENO^HON , filsde Gryllus^
B/é à Athènes , ftit quelque temps
diiciple de Socrate < fous lequel il'
apprit la philosophie & la politique.
U prit le parti des armes , & alla^
au fecours de Cyrus le Jeune ^ dans
ipn expédition contre fon frère
driaxercès. Ce philofophé guerrier
^ immortalifa- par la part qu'il eut
À la fameufe retraite des Dix mille.
9e xetour dans ût patrie ,.il fejfoHU»
leeœitf & i'efprit» & s'attad» é#
fuite à Àgéfilas , roi dé Lacédémoae^
qui commandoit pour lors en Afîe«
Ce prince l'emmena avec lui au
fecours de Sparte , où il fe dif-
fÎDgua également par fon efpriit
& par fon courage. 6ès que la
guerre fut terminée , il fe retira à
Corinthe , ou il paila le refte de
fes îours dans les doux travaux à€
l'efprit. U y mourut vers l'an 36e
avant J. C. Xénopkbny difciple &
ami de Socrate , eut les grâces d'u»
Athéniei» & la force d*efprit d'un
^artiate. C'étott un philofophr
intrépide , fupérieur à tous le&
événemens de la vie. U avoit uà
fils nommé Gryllm , qui , quoique
bleffé i mort en combattant vail-
lamment i la; bataille de Manti*
née, 36^ ans avan» J. C. , eut le
courage, malgré fa bleffure, de
porter un coup mortel à EpaMÛ*
nondas y général des Thébains, &
mourut peu de temps après. L»
nouvelle de cette mort ayant été
portée à Xinophon , tandis qu'il'
&crifioit , il ôta la coitfonne def
âeurs qu'il avoit fur la tête. Mais»-
lorfqu'on eut ajouté que ce fil»
étoit mort en homme de cœur, i£
remit auffi-tôt £1 couronne fur &
tète , en- diiant : h fayoîs bien que
mon fils étoit mortel^ ^ fa mort mérita
des marques de joie plutôt que de deuiU
Ses principaux Ouvrages font ;
!.. La Cyropédie. Ceft PHiftoite d»
grand Cyrus , renfermée en viil
Livres. Quoique cet Ouvrage ne
foit pas écrit dans Texaûe vérité »
[ Foye^ Cykvs , ] il eft digne d'uni
homme qui étoit à la fois boa
écrivain & homme d-étac; & les
préceptes qu'il mêle à £a narra*
tion , peuvent être tr^utiles : om
y trouve des vues faines de poé-
tique ; il refpire Tamour des loti »
des hommes & de la vertu. D'ail-
leurs , Xénophon fait de la vie de
Cyrutf, un Eomaxi moial » à peu
XEN .
j^rès femblabte à notre Tclimàqui,
CyrusilU , dit Cicëron > à XenO'
moNTEf non ad hlJiorUfikm fcriptus
tfi, fià ai tffigîan jufli împeriL II
tommence par fuppofer » pour
£iire valoir réducation mâle &
vîgoureufe de fon kéros , que les
Medes étoient des voluptueux,
plongés dans la mollefTe ; & que
les habitans de l'Hyrcanict province
ifue les Tartares ( alors nommés
Scythes ) avoient ravagée pendant
50 années , étoient des Sybarites :
ce qui n'eft guère vraifemblable;
Tout ce qu'on peut affûter de
Cyrtu , c'eft qu'il fut un gnlnd con-
quérant , par conféguent un fléau
de la terre. CharptntUr a donné une
ïraduâion Françoise de la Cyro*
pcdîc. IL Vttfiolrc de Texpédi-
doa de Cyms U Jauu contre fon
frère Artaxtrcu , & de cette mé-
morable retraite des Dix mille ,
dont il eut prefque tout Thon-^
neur. Cette Hiftoire , ( dit M. l'abbé
Mlllot ,, ) paroh cependant fufpaûd
à quelques égards. Il exagère trop
les qualités de Cyrus U Jeun* , qui
n'étoit qu'un ambitieux; & peut-
être même trouvera-t-on qu'il vanté
trop les Grecs , compagnons de fon
expédition. Xénophon s'y borne d'ail-
leurs à raconter les faits avec fim-
pllcité & fans ornement. D'Ablan-
tourt & M. Ldrcher ont traduit cet
ouvrage; mak la traduâion du
dernier , Paris, 1778 , 2 vol. in-ii,
plus exaâe , plus élégante , a fait
oublier tout-à-fait celle de d'Ablan-
€ourt. III. UHlfioirc Grc/que^ en vii
livres. Elle commence où Thucydide
a fini la fiehne; elle a auffi été
traduite eit françois par d*Ahlan»
èourt , & elle forme le 3*^ vol. de
Ion Thucydide, Quelques modernes ,
accoutumés au Oyle emphatique
de quelques-unes< de nos Hiûoires ,
trouveront celui de Xénophon trop
iîinple & trop nu. Il ne fe dif-
^M^ue çie par ce goût féverc , cette
XEN 48t
précifion Attique û vantée des àn«
ciens. IV. Zss Dits mémorables dà
Socrate , en iv livres, V. Un ex-
teilent petit Traité, intitulé : VEco^^^
ftomigue, VI. LEloge d*Agéfilas^
VII. V Apologie de Socrate. VIII. Vd
Dialogue intitulé , Hiéron , ou Ia
Tyran , entre Aléron & Simonide^
IX. Un petit Traité des Revenus ou
iUs Produits de tAttiqâe, X. Un autre
de VArt de monter & dreffer les Che-i
vaux , Ôt bn 2^ fur la M.niere de lei
nourrir, XI. Un petit Traité de là
Chajfe, XII. Un excellent Dialogue é
intitulé : Le Banquet des Phllofo^
phes, XlIIi Detix perîts Jraités ^
l'un du gouvernement dés Lacédé-
moniens « & l'autre du gouverne-'
ment des Athéniens. Les Ùvres de»
Equivoques , q}i*Anmus de Vîuihe tC
d'autres lui ont attribués , ne font
ni de lui , ni dignes de lui. Les
meilleures édition^ de fes (Eu-
▼res font oelles : De Paris, 1625 i
în-fol.5 de Leipzig, 1763, 4 vol.
in-S**. —. d'Oxford , 1703 , en grec
& en latin , 5 vol. in-8** ; — 1727
& 1^35 , 2 vol. in-4** : tes deux
vol. ne contiennent que la Cyro-»
pétUe^ la Retraite dee Dix mille &
VElo^ SAgéfilas, ^ enfin, de Glaf-
cow, 1764, 12 vol. în-8**. On a
imprimé eii 1745 4 2 vol. in-12 «
divers Ouvrages de ^émphon, en
françois , la Retraite des Dix mille 4
les Chofes mémorables , la Fie is
Soerate^ Hiéron',,^ Toutes les pro«
durions de ce philcfophe mili-
taire (ont très-propres à former
des hommes d'état ; Sciphn TAfri-
cain & Lucullus les liîbtent fans
cefle. Comme Cé/ar^ ce philofophe
fiit grand capitaine & gfand hifto-
rîcn ; tous deux fe font exprimés
avec autant d'élégance que de pu*
reté , fans art & fans rffedbtion^ .
Le dialefte Attique qu'il emploie ^
refpire une douceur il aimable ,
•qu'on diroît (dit un rhéteur) que
les Grafi<4 repofoîent fur fis Uyfçfm
Hbij
484 X E N
Z« Grecs lui donnèrent le funiom
À*Jb£JLLE Grecque & de MusE
Athénienne. Ce fut Xénçphon qui pu-
blia rHiftoire de Thucydide.
II XEKOPHON LE Jeune .
écrivain d'Ephefe, vivoit, félon
«uelques-uns , avant Héàodore
£'eft-à-dire. au jplus tard , vers le
commencement du iv; û^de II
nM connu que jpar fes Ephefia^
^«.,Romangrec en V livres, qm
contient les amours dAbrocome ôc
iAnthia. Ce Roman a été imprime
en grec & enlaûn, à Londr^,
en 1716, in-4^,édîtion deCorcA*;
& M. Uurdan de Marfeale en a
donrté une Traduaiori françoife
-n 174S , in-ix. 11 fut long-temps
inconnu, & on le décousit enfin
chez lesBénédiains de Florence.
Le fentimep.ty cft aflcz bien rendu i
« ^?/r.. Aac ovi^ntures n Clt
niais le tiffu des aventures n'
pas touiours bien ourdi.
III XENOPHON , meaecm de
^empereur Claude , natif de rifle
de Cos , te difoit de la race des A/-
c/,W«.ll fut û avant dans /a fe-
vcurde ce prince, que Claude ,
aorès avoir fait en plein fenat ,
réloge d^culape & de (es defcen-
dans^ditqueMefavoir&lanaif.
„ fonce de Xénophon meritoient que
>, les habitans de Cos fuffent , en
H fa 'confidération , exempts de tous
. les impôts. i ce qui leur fut ac-
cordé. Xénophon, par une horrible
Ingratitude . fe laiffa gagner par
Z>/,rn..& hâta (dii-on) la mort
^rempereur, en lui mettant dans
le eofier , comme pour le faire
vomir, une plume enduite d un
poifon très;prompt. •
/XERCÈSr\5!>^o^^^M^
& fécond ûlsée Darius, fueceda
à ce prince Van 4S5 avant J. C
Il fut préféré à Anabuyne.£on
aîné, parce que celui-ci avoit vu
ieiour dans le temps que P.r/n.
ti'éoit q"'uî^ ^o"""'^ P""""^' ^!^
X^eu que Xcf.è* fut mis au moûue
X E R
pu fa. mère Atojfa, petitt-fille <fa.
Cyrus , lorfque iTanus étoit foi.
Son premier foin fut de condnucf
les préparatifs que fon père avoit
faits contre TEgypte. 11 la réduifit
fous fa puiflance, & y laifla fon
frère Achentenes pour gouverneur.
Encouragé par ce premier fuccès ,
il marcha contre les Grecs avec
uqe armée de 800,000 hommes ,
& une flotte de 1000 voiles. ( Voye^
Thargelie. ) RoUin d'après Héro-
dou , dit l'abbé MiUot , fait monter
l'armée de Xercts â plus de cinq
millions deux cents mille hommes ,
en y comprenant les gens de mer
& toute la fuite de Tarroée. Du>^
dore de Sicile diminue beaucoup
le nombre de ces troupes , ainfi
que Pline , Ellen & tant d'auti«
auteurs. Quelque abfurde que foit
évidemment le calcul dHiérodote^
c'efl, dit- on, Thiftorien le plus
croyable, parce qu'il vivoit dans
le fiecle de l'expédition. " M^s
»♦ il ne faut qu'examiner fon récit,'
" les difcours , les fonges , les^dr-
»» confiances qu'il y ajoute, pour
M fe défier de fon témoignage. 11
» femble avoir imité HoTTwri plutôt
»» que d'écrire en hiftorien. U fait
» de Xercès , tantôt un philofophe
» qui verfe des larmes à la vue
» de cette multitude infinie • dont
» il nereûera pas un feul homme
»• dans l'efpace de cent ans-, tantôt
»♦ un furieux & un infenfc qui or-
»♦ donne de fouetter la mer parce
»♦ que la tempête a rompu le pont
>♦ de bateaux, fur lequel fes orou-
„ pes dévoient paffer l'Hellefpont.
»♦ ( aujourd'hui les Dardanelles. )
»» Tous les entrepreneurs de Tou-
>» vrage font condamnés au fup-
>» pli ce , comme s'ils avoient ptt
». enchaîner les vents & les vagues.
»♦ Selon le même Hérodote , Xerces
« fit percer le mont Atfios pour
» ouvrir un paflage à fa flotte;
u cepeîiiiat les voyageurs m9-
X E R
h derncs atteftent que le mont Athos
>♦ n'a jamais été percé *<. Quoi
qu'il en foit de ces fables ou de
ces vérités hiftoriques , Xcrcè^ avec
fa puiffante armée } arrive au dé-
troit des Thermopiles , défilé fort
étroit entre la Theffalie & la
Phocide, où Tattendoient quatre
mille hommes fous lei ordres de
Léonlâas roi de Sparte. Ce prince
réduit bientôt a 300 foldats , lui
en difputa long-tcmps le paffage ,
& s'y fit tuer avec les fiens , après
avoir fait un horrible carnage d'une
inuljtitude de Perfes. Les Athé-
niens gagnèrent enfuite fur Xtnes ,
la faraeufe bataille navale de Sa-
lamine i & cette perte fut fuivie de
divers naufrages des Perfes. Xerctf^,
contraint de fe retirer honte ufe-
ment dans îqs états, laiffa dans la
Crcce , Mardonîus fon général , avec
le refte dç l'armée. Dégoûté de
la guerre par les fatigues qu'il
avoit cffuyées dans les difFérentes
expéditions, il s'abandonna aux
charmes du luxé & de là mol-
Icffe^ Anaban , Hyrcanien de naif-
fance & capitaine de fes gardes ,
confpira contre fa vie , & ayant
gagné fon grand chambellan , le
tua pendant fon fommeil, l'an 465
avant J. C X^rchs n 'avoit que l'ex-
térieur & l'appareil de la puif-
lànce i il manque it de ces qualités
perfonnelles qui rendent les rois
vraiment puiffans. Maître du plus
vaile empire qui fût alors fur la
terre , chef d'armées innombrables ,
il fe regardoit comme le fouve-
rain de la nature. 11 prétendoît
maitrifer & punir les élémens ;
mais il vit fes forces & fon or-
gueil fe brifer contre une poignée
d'hommes dirigés par un général
lubile , & finit honteufement une
carrière qu'il avoit commencée avec
gloire. 11 reffcntit de temps en
temps quelques fe^timens d'huma-
wké. Un jour ^ confidérant la grande
X I M 4?f
armée qu'il avoit préparée contre ^
les Grecs , il fe mit à pleurer.
Aitaban, l'un de fes favoris, s'ea
apperçut& lui en demanda la ràifon.
En examinant tant dt milliers dt Sol"
djts ^ répondit yietcés ^/aî penfi
que dans cent ans il n*en rcfleroit pas
uafjuly & cate réflexion m'a fait ré"
pondre des larmes, — Hé bien , lui
répliqua Artaban , pwfqu'U n*tjlpas
ai votn pouvoir de prolonger leur vie \^
tâchei an moins de la leur rendre fup"
portable,
77. XERCÈS II, roi de Perfe
après fon père Artaxetch Lfingue"
main, l'an 425 avant J. C. , fiu
afiafiiné un an après par fon frère
Sogdien , qui s'empara du trône,
Xcrcès n'avoit tenu le fceptre que
d'une main foible.
Xï , Voyei ChinG , n^ 11.
XILANDER , Voyei XrLAN-
PER.
I. XIMENÈS , ( Roderic ) Nar
varrois, archevêque de Tolède,
vint en 1 247 à Lyon , pour dé-
fendre devant le pape Innocent IX ^
au concile général , les droits Ôç
les privilèges de fon églife , contrç
l'archevêque de Compoftelle, qui
prétendoit la prîmatie , parce quQ
fon églife conferve le corps de
S. Jacques apôtre des Efpagnes |
mais elle fut adjugée à l'archevêque
de Tolède. Il mourut fur le Rhône ,
en s'en retournant. On lui doit une.
Hijiolri d'Efpagine y divifée en. neuf
livres , que nous avons dans le Re-f
cueildes hiftoriens de ce royaume,
avec des Remarques du P. ^dre^
Schott, Elle manque d'exa£^itude ^
de britique.
II. XIMENÈS, (François) ne
à Torrelaguna dans la vieille Caf-
tille, en 1437 , fit fes études à
Aicala & à Salamanque. On ne lu{
apprit qu'une Scolaftique aufiî
feche qu'infipide. Dégoûté de ce
fatras , il fe rendit à Rome *, maisL
ayant été volé dans fon voyage 3^
H h \\\
486 XI M
il n'en remporta qu'une Bulle pour
]a première prébeode qui vaque-
roit. L'archevêque de Tolède la
lui refufa , & le fit mettre dans la
tour d'Uzcda i en prîfon. Un prêtre >
qui y étoit détenu , & qui fe mê-
Joit de prophétifer , lui prêdh qu'il
feroit un jour archevêque de To-
lède. Ayant été mis en liberté «
il obtint un bénéfîct dans le dio-
cefe de Siguença ; & le cardinal
Conialei de Menio\a , qui en étoi^
^vêque , le fit Ton grand-vicaire.
^dmcncs , dégoûté du monde, ei^tra
quelque-temps après chez les Cor-
fleliers de Tolède, & fit Tes vœux,
$es talens lui procurant une foule
^e vifites , il fe retira dans une
Çolimde nommée Cafiantl, & s'y
livra à Tétude des langues orien-
tales & de la théologie. Ses fupé-
rieurs l'en tirèrent pow le confa-
çrer a la direâion & à la chaire,
La reine IfahtUe^ qui l'avoit choifi
Îtour fon confefieur , le nomma à
'archevêché de Tolède en 1495.
JliIffiOT^j n'accepta qu'après un ordre
ipcprès du pape , en 1498. Sa vie
lie fut plus dès ce moment qu'un
tiiTu de bonnes œuvres. Les portes
de Ton palais fureiit toujours ou*
Vertes aux ^ndigens -, il les écoutoit
avec bonté , lifoit leurs requêtes »
Çt les foulageoit avec une charit^
libérale. Il vifita les. Eglifes , les
Collèges, les Hôpitaux , & em-
ploya fes revenus à les réjjarer
fc à les orner. Il purgea (on dio*
çefe des nfuriers & des Ucux de
^ébauches :; caâfa les Juges qui rem-
■ pUfibient mal leurs charges , &
înit en leur place des perïbnnes
^ont il connoiiToit Tintégrité & le
défintéreiTement. Il tyit u0 Synode
^ Alcala , 3ç un autre à Talavçra %
où a fit des réglemens très-fages
pour le clergé régulier' & ieculier,
Ferdinand & IfahtUt lui confièrent
\^ foin ^e réformer les Ordres Re-
ligieux , dont le 4éfordre étoit
X IM
f xtrlme. Les Cordeliers ewent f^
cours à toutes fortes de moyens
pour perdre le réformateur , iufqu'i
mettre un poignard entre les mains
de fon propre, frère pour le Êiire
périr. Leur général vint de Rome «
pour détruire Xiaunh dans l'efprif
de la reine. Ce moine fougueux,
dans une audience qu'il obtint d'.(/a-
^tUt , parla avec tant d'impru-
dence, que la princefTe lui répondit ;
Save^fvous qui vous it€s & à ^i vous
parUi ? — Ouï , Madiime , répHqu%
l'infolent Cordelier : Jt fais que />
parfe à IsABEil^U , ^ 1^ commt moi n*tl{
que cendre & pouffiere. Malgré les
traverfes qu'on mfcita à Xlmenès^
il vint à bout de la réforme , &
fon zèle ne tarda pas d'être récOm-
penfé. Le pape Jules 11 l'honora dç
la pourpre Romaine en 1507 , ^
le roi Ferditumd le Catholique lui
confia l'admimibration des affairç^
d*état. Son premier foin fut de dé-
charger le peuple du fubfide oné-
reux I nommé Aeavale. Ses vues fe
toumerem enfuite du côté des Ma-
hométans , qu'il voulut ramener 4
la religion Chrétienne. Il en bap<.
. tifa plus de )ooo dans une place
fpBcieufe , où il fit briller tous les
livres de VAlcoran. L'ambition en-
troit pour beaucoup dans fon zele^
il vouloit étendre la domination
d'Efpagne chez les Maures : il le
fit en ç^t par la conquête de la ville
d'Oran dans le royaume d'Alger ,
qu'il entreprit en i509« Comme
l'archevêché de Tolède & les em-
plois qu'il avoit à la cour , produi-
foient de grands revenus, il réfolui
de faire lui-même cette conquête
à fes dépens j mais il eut plus d'un
qbfiacle à^urmonter. Les ofikiers ^
mécontens ^'avoir pour chef un
général qui portoit la foutane fous
fa cuira& , refuferent de s'embar-
quer. Les efprits étoient difpoiles
a la révolte : X^mencs fort de fa
tçme ^oqr les ramener v nuis à ^ eioç.
XI M
k^H commencé de parler vit te^
belles, qu'un foldat l'interrompit
infolemment , en criant : De Vof
•gmt ! point de harangue ! Xlmenh
s'arrête pour le chercher des yeux.
L'ayant reconnu , il le Êiit arrêter
4e pendre fur le champ en fa pré-
sence ; puis il cpminua à parler*.
La rébellion étant calmée par cet
exemple de fi^véricé « fa flotte com-^
po{ee de Sa vaiâTeaux , fortU de
Carthagene le i6 Mat , & débarqua
heureusement fu»les côtes d'Afrique.
Le jour de l'ouverture du fiége
étant arrivé, le cardinal guerrier
«lonta à cheval , revêtu de fes oc-
nemenspontificauiic, & accompagné
des eccléfiaftiques & des religieux
4[ui l'avoient fuivi. Il létoit pré-
«édé d'uii Cordelier, qui portoit
«levant lui la croix archiépifcopale^
& qui avoit l'épée au côté , de-
même que tous les autres prêtres
ieculiers & réguliers. 11 y eut un
combat , foutenu de part & d'autre
avec fureur, Allont , mes Knfans «
^it-i| aux foldats, je marcherai à
roire tête, Un Prêtre doit fe faire hoU"
neur éCexpofer fa vie pour fa Religion j.
j*em ai reçHp exemple de plufieurs Ar^
€h€veqttes de Tolède^ mes prédiceffeurs».
JUa cavalerie des ennemis qui étoit
fort fupérieure, attaqua plus d'une
lois l'infanterie Efpagnole , &. ne
put jamais l'entamer. £nân , les
âeux mille chevaux qui épient
demeurés fur les vaifTeaux , &.qui
A'avoient pu débarquer d'abord au-
près d'Oran , arrivent , mettent en
fuite la cavalerie des Maures , &
taillem en piec^is toute leur in&n-
terie. Alors toute l'armée marche
à Oran, & y entre prefquefans ré-
iîfbnce. Un Juif & deux Maures ,
avec qui Ximenps avoit inielli-
l^ence , ouvrirent une porte *, le fol«
4at furieux maflacra tout , hommes ,
femmes & enfans , 6c piiti une des
pilus riches villes de l'Afrique. Le
«urdina} y fittfoocmréeie kaiU!;
X I M 4«7
. main , en difant : Ce n*e/l pas à
nous , Seigneur ^ ce n'e/ipas à nous ^
mais à votre nom ^u*il faut rendre
gloire. Tant de morts qu'il trouva
fur fon chemin , lui firent verfer des
larmes : C'étoient ^es înfidelles , il efi
vrai , dit'il ; mais citaient des hommis
quon auroit pu f»re Chrétiens :. leur-
mort me ravit U principal atafuage de
la victoire, il veilla eniliite à hi
police de la vilU» dont iltrafa
les nouvelles fortifications , dian^
gea. les Mofquées en Sglifes, &
dédia lui-mênie la plus grande à
Notre-Dame de la Viâoire. Ayant
enfuite £iit diflribaer aux officiers
& aux foldats tout l'or & l'argent^
quç les généraux avoiént Csit mettre
à. pact , pour les dédommagef des.
frais de l'entreprife , il ne s^6à té*
ferva.que la gloire« De recour en.
Efpagné , le roi Ferdinand allia à fa:
rencontre jufqu'à quatre Heues de
, Séville , & mit pied à terre pour
l'embraiTer. Ces marqués d'ami<ié
n'étoient guere^ inceres : Ferdinand:
*craignoit le potnroir de Ximenès , il:
lui avoit refiifé^o/i/«/n^OHr fon
général. Le cardinal choifit Pierre.
Navarre^ à qui le monarque £f«
pagnol écrivoit : EfHpithe!{ le hn^
homme de yepafer f^iôt en Efpapu ^
Ufautttftry amant qu!on le poufrê,fA.
perfonne€r fon argent» Le cooquéraiil
d'Oman rendit des fervioès plus
efientiels à fa nation. Frévoyatic
une (lérilité extraoMlimHre , il lit
.feire des greniers publics à Toledt».
à Atcata 6c à Totrél^na, 6c lt&
fit remplir de blé à fes dépens..
Cebiei&it fit une. telle iknprefRoa
fur les cgeurs , que pour en coil-
ferver la mémoire , on en fit graver
l'éloge dans la falle du fénat de
Tolède 6c *dans la place publique.
Le roi Ferdinand , midgré la haine
fecrete qu'ilavoit pour fon minifire,
le nommk en mourant > régent de la
Caftille Y en 1 5 16. Ximznes prefia?
U|;uene.de Navarre -, mais iX& déf>
Hh iy
\
4S8 X I M
honora, en ordonnant i VUlah^l
général Efpagnol , de mettre le feu
dans ce royaume en cas de malheur,
& d'en £nre tin vafie défert. Doit-
on être furpris , qu'avec un carac-
tère fi cruel , il s'opposât à la r^
forme die l'Inquifition ; qu'il fit
Aire , de temps en temps , des
exécutions fanglantes des Juifs &
des Mahométans qui renonçoient
à la religion Chrétienne , qu'ils
«voient embrafTée par force > Son
defpotifine étoit extrême. Il fe van-
toit de ranger avec fon cordon ^ tous
Us Grands à leur devoir^ & AUcrafer
leur fierté fous fes fandaUt, Les pre-
miers feigneurs d'Efpagne , révoltés
d'une telle conduite, fe liguant
contre lui, demandèrent hautement :
M De quel droit il gouver^oit le
«% ro3raume u} En verat du pouvir
f itt m'ft été confié ( répondit>il ) par
U Teftûtnent du Roi mon^ & qui a
été confirmé par U Roi régnant : [ e étoit
Charles-Quint... ] » Mais Ferdinand,
H lui dirmt'ils , fimple adminiAra-
«» teur du royaume , pouvoit-21
H conférer la qualité de Régent ?
»». La Reine feule a cedroit ««• — Eh
iien , ( dit Ximenes » flf^les faifant
approcher d'un balcon d'où on
Toyoit une batterie de canons «
dont il fit faire une furieufe dé-
charge : ) VoUà Us pouvoirs avec
UfqueU je gouverne & je gouvernerai :
Hmc mstultimmratio Regum.,,
Les mécontèns députesent en Flan-
dres pour fe plaindre du régent.
Ximenes , pour toute juftification ,
. demande au roi des pouvoirs fans
bornes , & les obtient. U s'en fervit ,
ta -commanda avec plus -de fierté
& de hauteur qu'auparavant. L'ufage
d'Efpagne n'étoit point d*eAtretenir
des troupes en temps de paix.
Ximents , pour Jiumilier les grands
& la noblefîe , permit à la bour-
geoifie de porter les armes , de
.^ire des compagnies » & l'exer-
cice les jwas de fêté, & lui ac-
X r M
corda de grands privilq^. Am&f
fans tirer un feul laboureur de
la charrue, il eut une armée de
30,000 hommes. Il retrancha les
penfions & les officiers inu-
tiles , retira tout ce qui avoit
été ufurpé ou aliéné du domaine
royal,èc fit rendre ccmipie auxfinan*
ciers. On tira d'eux des fommes
immenfes, avec lefquelles il ac-
quitta les dettes de l'Emt» & fit
des établififemens utiles. Tandis qu'il
travailloit pour la gloire de fa pa-
trie , il fut empoifonné , à ce qu'on
croit , en mangeant un pâté de
truites. On foupçonna les minières
Flamands d'avoir fait le coup. U
eft certain que le régent avoit écrit
au roi, contre eux, avec beaucoup de
force , & fur-tout contre Chievrt ,
qui étoit détefié en Efpagne. Ximents
traina pendant deux mois une vie
languiffante , & mourut le S No-
vembre 1(17, <iifgracié, à Tâge
de 81 ans , avec la réputation du
plus grand homme & du meilleur
citoyen qu'eût produit l'Efpagne.
Son tombeau, qui eu au collège
de Saint- Ildefonfe d'Al^ala qu'il
avoit fait bâtir , fut orné de cette
Epitaphe :
Condideram Mufis Francifcus grande
Lycctum ;
Condor in exiguo nunc ego Sareo»
pkago.
Prauxtam junxi facco , gaUamqae
gaiero ,
Frater y Dux, Prafuly CarSnais^
que Pater.
Qttin virtute meâ jun&um eft dla»
dema caeidlo , •
Cùm mihi regnand parmi Hefperla»
Auffi habile que le roi Ferdinand^
dans l'art de gouverner les hommes ,
Xirnenès le furpafia par les qualités
du cœur. On vit en fa perfonne
un fimple particulier faire plus de
bien à fa patrie , que tous les rois
qui avoie&t gouverné. Noble y.
XIM
iBàgttlfique, grand , généreux , |»ro-
ced&ur de l'innocence , de la vertu
êc du mérite , il ne conçut & n'exé-»
cuta que des projets utiles à l'hu-
manité. Pendant 21 ans qu'il fut
snaçhevêque de Tolède, ilemploya
près de 20 millions pour les be-
ibins de l'Etat & du peuple. Per-
fonne n'ignore qu*il forma dans fa
villearchiépifcopale , en féiveurdes
Filles, de condition , un étabUfTe-
ment que Louis XlVa imité depuis
pour le foulagemenc de la pauvre
Noblefle. Il nomma cette Maifon
Je Monafiere ^IfabelU , en mémoire
de la reine fa bienfaitrice ,. & lui
laifTa de grands biens par Ton teda-
xnent. Par les arratigemens qu**!! prit ,
cette Maiibn devoit avoir toujours
une année de revenu d'avance;
& ,c*eft fur ce fonds ^u'étoient do-
tées tous les ans , un certain nombre
jde Demoifelles qui y avoient été
élevées. Philippe 11 , entrant dans
les vues généreufes du cardinal, y
fonda cinquante places de plus pour
les Filles de la première nobleâe
d'Ëfpagne. Ximenks fut encore le
fondateur de l'univerfité d' Alcala ,
& publia dans cette ville la BlbU
Poly^otu^ qui a fervi de modèle
a tant d'autres. ( Voy. Jay O Wal-
TON. ) L'impreilion enfiit commen-
cée en 15 14, & achevée en 15 17,
en 6 vol. in-fol. & eii 4 langues.
Elle eô fort rare. On y trouve, le
Texte hébreu, tel que les Juifs le
lifent ; la Verfion grecque des Sep-
tante ; la Verfion latine de S, J«-
TÔnu , que nous appelons VtOgau ;
& la Paraphrafe Chaldaïcue d^OnU"
los fur les 5 livres de Moyfe feule-
ment. Il y a dans le dernier volume,
un Vocabulaire de phrafes & de mots
hébreux , qui a fait l'admiration des
fa vans ; mais il manque dans la
plupart des exemplaires , par la
négligence de ceux qui les firent
relier. On travailla à cette Po/y glotte
pendant plus de X2 ans , C9r elle fut
- X I M 4^
Commencée dès l'an 1 5 01 ; Ximmès
s'y appliqua lui-même avec beau-
coup de foin & en fit la dépenfe. 11
acheta fept exemplaires en hébreu,
4000 écus , ( 45 00 liv. de France , )
'& donna tout ce qu'on voulut poui^
des anciens manufcrits grecs & latins.
Il fit encore imprimer le Mlffel &
le Bréviaire Mofarabe , dirigés par^
Ortii ; & pour conferver la mémoire
de ce rit , il fit bâtir une chapelle
auprès de l'Eglife métropolitaine de
Tolède , tg»y fonda des chanoines
& des clercs , qui célébroient jour*
nellement l'OfRce en cette langue :
[ yoy^l Ôrtiz. ] Quoique Xlmenès
écrasât l'orgueil des grands, il favoit
fermer les oreilles à leurs mur-
murés. Il répondit à de; perfonnea
qui vouloient qu*on recherchât les
auteurs de quelques difcours qui
avoient été tenus contre lui : Qu*
lor/qu'on étoii élevé en dignité , & qu^on
n* avait tien à fe reprocher , on devoit
lalfftr aux inférieurs la mijérable con»
foiation de venger leurs chagrins par des
paroles. L'éclat de tant de qualités^
brillantes fut un peu terni par quel»
ques défauts. Ce prélat fut fier , dur «
opiniâtre, ambitieux , & d'une
mélancolie fi pro^nde, qu'il étoit
prefque toujours infupportable dans
la fociété , & afiez fouvent a charge
à lui-même. Cette triÔeffe pouvoir
venir de la conformation de fon
crâne , compofé d'un feul os fans
future.. D, Alvaro Gome\siécntîdL Vie
ia-£olip. Voyei Flechier & Mar-
SOLIER.
III. XrMENÈS,(Sébaflien)
habile jurifConfulte Efpagnol , mort
vers 1600 , s'efi fait un nom par un
bon Ouvrage fur l'un & fur l'autre
Droit; fous ce titre : Concordantiét
utriufque Juris , à Tolède, I596 &
1619 « en 2 volumes in-folio. Cet
Ouvrage eft eftimé. Le fécond vol.
qui n'efi pas de Ximenès^ efi; le moins
commun.
IV. XIMENÈS, (JofephAIbctt)
490 X I S
Espagnol , né en 1719 d'une fiuntlle
noble « fe fit Carme en 1734, cn-
feigaa dans Ton Ordre la théologie,
& fiit £ùt doâeur en 1760. 11 ne
fe diftingua pas moins par (es talent
pour la diaire. Il fiit emuite nommé
théologien du nonce en ETpagne.
Ayant rempli di£férens emplois diC-
lingués dans fon Ordre , il en fiit
nommé prieOr-général en 1768 , &
mourut dans l'exercice de cette
charge l'an 1774. On lui doit les
4eux derniers volumes* du BulUdn
tUs CArmts , in-fol. Dans Tun il a
recueilli les Bulles & anciens mo*
numens omis dans les volumes pré-
cédens \ dans l'autre il a inféré
les Bref^, Bulles, &c. depuis 17 18
juâfu'en 176S.
XISITHRUS, ott XisuTHRUS :
Ayant été averti par Saturne , d'un
Déluge qui devoit ihonder toute la
terre « il conftruiât un gr^d vaif*
feau , par le moyen duquel il en
fut garanti avec fa famille. Quand il
Ibnit de ce vaiifeau » il difparut &
îat mis au rang des Dieux.C'eft l'hif-
tCHre de Noé^ de DtucaUon^ fous
4'autres npms.
XISTE, Koy«^ Sixte.
XYLANDER ^(Guillaume ) né
& Ausbourg en I532 , fe fit une
réputation par fon (avoir. Il obtint
X Y P
une chaire de profefleur en grec è
Heidelberg. Son extrême pauvreté
& fa grande application à l'étude
hii firent contrader une maladie ,
dont il mourut à Heidelberg en
1576 • à 44 an^ On a de 1»
une TraduBion latine de Dion Ccf-
pus , de Marc-AurtU , &c... & un
grand nombre d'autres Ouvrages fon
inexaôs a parce qu'il écrivoitpour
vivre.
XYPHILIN, (Jean) de Trebî-
sonde , fut élevé dans un monaf-
tere. Sa piété & fon favoir Itû
obtinrent le patriardiat de Confiant
tinopleen 1064. Il mourut en 107;»
& laifia un neveu qui portoit fon
nom. Ceft de ce dernier que nous
avons un Âhégé âcCHîfioiTc de Diom.
Cajfiot , en grec , Paris , 15 9» , in-
folio , traduit en françois par le pré*
fident Caufin, Cet Abrégé commence
BU 34^ livre , & au temps de Pompée^
Il dl affez bien fait-, mais le ftyle
manque de pureté & d'él^ance , iSc
l'auteur , quoique Chrétien , copie
tous les prodiges que rapporte fon
auteur. Il femblemême qu'il donne
la préférence à ces puérilités : ce
qui ne donne pas une grande idée
de la iufisâfe de fon efprit. XyphUU^
l'oncle, n'a laiHé qu'un SermoUi dan^
la BibUoihequc dts Parts»
IW II II'
49i
1 AO f «mperçur de 1^ Qiîne »
monta, die- on, fur le trône, l'an
2357 avant JeCus-Oirift , & eut Chun
pour Ton fuccefTeur. Les Chinois
le regardent comme leur légiHateur ,
^ le modèle des princes & des
hommes. On prétend que c'eft à Vao
que PHiûoire de la Chine commence
à être certaine , & que tout ce qui
précède ce prince , eft rempli de
labiés ou de faits incertains. Mais
€'tà encore trop dire ; car il n'y a
de certain dans Tiiiiloire , que ce
qui nous efl tranfmis par des Eaits
& pardesmonumens. Or les Ecrits
ti lesmoQumens Chinois ne remon-
tent , tout au plus , qu'à l'an Soo
avant J. C
YOUNG , ( Edouard ) poëce An,
glois , naquit en 1684 , à Upham
dans le comté de Hampt , où ion
père étoit reâeur. Après avoir étu-
dié en Droit > fcience pour laquelle
il avoit très -peu de goût, il fe
tourna du côté de la théologie &
de la morale , & réu(Ct beaucoup
mieux, Il prit les Ordres, fut nommé
chapelain du rçi , & enfuite curé
de Wettwin dans le Herfordshire.
Sa vie fut fort occupée & afiez trifte.
Jl fe maria en 17 31 avec la fille du
comte (U Uchtfiildy veuve du colonel
JJe , dont elle avoit eu deux enfans.
Son époufe étoit vertueufe 6ç ten-
dre , & il trouva dans (es deux fils
deux véritables amis. Peux maladies
inattendues les lui enlevèrent. Toung
9v6it pafTé en France, efpérant de
rétablir la famé du dernier par la
douceur du climat ; mais ce voyage
(fut inutile. Xoung repafla la mer ,
le défefpoir dans le coeur. U n'arriva
chez lui que pour fermer les yeux
9 îon époufe ^ui ne fi^rvécut pas à '
fes eqfans. Ainfi dans TeTpaee de
trois mois , Toun$ perdit tout ce
quil avoit de plus cher fur la terre.
Un fils unique confola un peu Toun^
de fes pertes , mais ne le retira pas
de cette profonde mélancolie , dont
les accès nous ont valu fon Poëme
des Nmts. , traduit en français avec
tant de force & d'élégance, par
M. U Tourneur , à Paris , chez U Jal ,
2 vol. in-8^ & in-ia, 1769, &
dont on a quelques imitations en
vers françois par Colardeaut Cet
Ouvrage eft le plus original de ceux
qui font fortis de fa plume. On y
admire le fombre, le terrible d'une
partie de fes tableaux , la hardieiTe
de fon pinceau , la marche rapide
de fes idées. Mais le faux bel-efprit,
le gigantefque , le trivial , gâtent
prefquetouiours les beautés que ce
génie original a répandues dans fea
Nuits^ M. le Tourneur a corrigé une
parne des défauts de fon original*
11 a élagué le texte & raflemblé à la
lin de chaque Nuh , fous le titre de
Notes , tout ce qui lui a paru fu«
perflu , bizarre « bas y mauvais &;,
déjà préfenté fous des images beau*
coup, plus belles. 11 a réparé un
défaut plus important : le peu d'or-
dre qui fe trouvoit dans Taflémblage
des différens morceaux dont chaque
AWteûcompofée. [ f^v. v. Rémi.}
On a de lui d'autres produâiona
poétiques : trois I>r«nes , Bufiris ^
h. yengiance , & les Frères ( Demetrîu»
& Perféc ) ; des Satires , des Poéficft
morales , dont M. U Tourneur nous
a donné égalemenr la traduâion «
(Paris , 1770 , 2 vol. in-8° & in-i2,>
fous le titre t'dtuvres dlverfcs du^
dod^eur Yow^ , qui font la fuite de
fiçs Nms^ L'auteur des j^/wt^ mourut
%^i Y O U
en 176^ , au mois d'Avril , dans fà
maifon presbytéralc de Wettwin.
Comme chrétien & comme ecclé-
Êaftiqiie , il fe montra toujours fous
un jour propre à infpirer lerefpeâ.
Il fut un modèle de piété. Il aimoit
les hommes & les foulageoit -, il ne
Ixaïifoit que leurs vices. 11 les
reprenoit avec force , & prêchoit
la vertu par fon exemple. On ne
plaiCmtoit point impunément devant
lui fur les mœurs ou fur la reli-
gion V & l'on connoit une Ep'gramnu
^nglante contre un poëte François
très-célebre( yo/talre)qm avoit pris
avec lui ce ton de raillerie impie
qu'il a dans tous fes Ouvrages.
toung fut enterré dans l'Eglife de fa
pnroiiTe , fous Tautel , à coté de fa
femme. Son tombeau efi un des
plus ûnguliers qu'il y ait dans toute
l'Angleterre. Il cft couvert & orné
d'une très-belle pièce de broderie,
travaillée des jpropres mains de fa
femme. Au milieu de Tétofte, on
lit en lettres capitales , la Sentence
fuivante ; Je fuis le Puîn dt vu. Au
côté fcptentrional on .a gravé cette
infcription : Aux Vierges : Crolf-
/c( en efprît & en f'gcffe ; & au ccté
méridional , cette autre: Aux Jeu-
KES-Gens ; Croîffe\ en grâce devant
Dieu O devant les Hommes. Oii dit
que c'eil Yvung lui-même qui or-
donna qu'on gravât ces maximes
fur fon tombeau. 11 arriva à ce
poëte, ce qui arrive ordinairement
à tous ceux qui paiTent du grand
inonde dans la folitude ; on Toublia
au/îi parfaitement que s'il n'avoit
jiamais exidé.
Ja plus long fouvenîr sufe & cède
à rouhlî» ■
Ce vers , qui eft de Totmg pour le
iens , renferme en douze fyllabes ,
là propre hiito ire. Ou cefîa déparier
de lui , dèN qu il ceiTa de vivre dans
la capitale. 11 fut négligé jufque
dans fa retraite même. Les Mufes
Y RI
ne le pleurèrent point *, tui filenoe ;
tel que l'humilité & la dévotioii
Teuflent exigé, Iç fuivit Jufqu'au
fein de la terre qui devoit le cou-
vrir. Là cloche , poun fon enter-
rement » ne commença à iotmer
qu'au moment où fon corps fut
tranfporté hors de la maifon pref-
bytérale •,' & quoique fon zde paf-
toral ait fondé & doté une maifoA
de Charité dans fa paroiffe , ni le
maître , ni les enfians de cette maifon
n'aflifterent à fes funérailles. Quel-
que temps avant fa mort , il donna
ordre que tous fes manufcrits fiiflent
brûlés. On ne doutera pas que ce
ne foii là une perte , quand an
faura «^l'il n'écrivott jamais fur des
fujets frivoles , & qu il ferroit ex-
trêmement fes idées dans fes moin-
dres comportions. Mais ce qui
ajoute à la gloire de l'auteur , prefj
i{ut autant que ce trait de modeftie ,
c'cft qu'il fut l'ami ioxvBR^à^AddJJfon ,
& qu'il travailla au SpcHauur. . . •
[ Voy. HedeRIC. ] .
, YRl ARTE , ( Dom Jean de ) né à
rifle Ténériffe en 170a , vint faire
îçs études à Paris & à Rouen ,^ &
les fit avec fuccès. Après s*ctre
nourri des fruits de la littérature
ancienne & moderne , il fe retira
à Madrid , y fut bibliothécaire du
roi , membre de Tacadémie royale
de la langue efpagnoîe , & inter-
prète de la première fecrétaireiie
d'état. Ses principaux Ouvrages
font : I. Une Paléographie Grecque ,
in- 4®. II. Des Œuvres diverjes en
efpagnol , Madrid , 1774 , a vol.
in-4". On y trouve des Poéfies lati-
nes , qui ne font pas la partie prin-
cipale de ce Recueil , ni la plus dif-
tinguée. III. Le 1*' vol. in-fol. du
Catalogue des Manufcrits Grecs it l»
Bibliothèque royale. IV. Le Catalùpte
des Manufcrits Arabes de CEfcuntU $
2 volumes in-folio. 11 mourut en
177 1 » regretté des iavans & de {et
amis.
Y s E
ySÈ» ( Alexandre de) de Greno-
ble , profeffeur Proteftant-de théo-
logie, à Die en Dauphins, fou^ Louis
XIV j fut privé de fa chaire pour
avoir paru pencher vers la religion
Romaine, dans un DIJ cours qu'il corn-
pofa pour réunir les Proteftans
& les Catholiques. Il fe retira dans
le Piémont , où il mourût. On lui
attribue : Propofition pour la réunion
dis deux Religions ai France , 1677 ;
in - 4"*.
Y VAN, (Antoine) naquit à
Rians , petite ville de Provence ,
en 1576 , d'une famille très-obfcure.
Après avoir fait fes études avec
beaucoup de peine à caufe de fa pau-
vreté, il entra dans la Congrégation
de r Oratoire ,. & alla demeurer à
Aix. C*eft-là qu'il connut NUrU-
MagdelcincdelaTrlnîté. [Koj'. M ARIE,
n** xxiii.] 11 fonda avec elle , en
1637 , l'Ordre des Rcligieufet de Notre-
Dtime de la Mlférlcordi , dont il fut
le premier direôeur & le premier
^ confeffeur. Cet homme apoftolique
joignit aux travaux d'un miniftre
d* l'Evangile , les auftérités d'un
anachorète. Il contribua beaucoup
à la réformatîon des moeurs , par fes
Sermons , ôc fur-tout par fes exem-
ples. Sa modeftie étoit telle , qu'il
ne voulut jamais garder aucun bé-
néfice. Ce faim homme mourut en
1653. On a de lui: I. Des Lettre/,
II. Un Livre de piété , intitulé:
Conduite à la perfeMion Chrétienne :
III. Quelques autres Ouvrages, qui
donnent une foible idés de fes talens
& de fon jugement.
YVAN-BERUDA, (Dom Mar-
tin ) grand-maître d' Alcantara , vers
la en du XIV* fiecle , étoit Portu-
gais, Il prit beaucoup de part aux
guerres d'Efpagne , & fe montra
toujours zélé pour le parti de la Caf-
til'3. Vers Tan 1394, trompé par
un Hermite vifionnaire , nommé
Jean Sugo , il fe crut deftiné de
Dieu p9ur faire la conquête de
. Y V E 49Î
Grenade ; , & fur cette folie imagi-
nation , il fit une irrupuon dans le
royaume. 11 fut défait & tué fur la
place , avec un grand nombre de
gens de condition , trompés comme
lui. Cependant les Maures permirent
que le corps à*Yvan fût porté à Al-
cantara , où ce feigneur avoit or-
donné que l'on gravât fur fon tora-N
beau , ces mots , monument de fa
vanité : Ci git T'y as , dont U cœur fut
exempt de crainte au milieu des dan^
gers. On dit que Charles- Quint ^ ayant
oui raconter l'hifloire de ce grand-
maitre , & réciter l'Epitaphe , dit
qu'î/ ne croyolt pas que ce fanfaron eût
jumAs éteint une chandelle avec Us
doî&s,
YVEL, (Jean) Voy,Uw^u
I. YVES , ( Saint ) naquit à Ker-
martin , à un quart de lieue de Tré-*
guier, en 1153 , d\me famille noble.
Il étudia à Paris enphilofophie, en
théologie & en droit-canon , & alla
enfuiie faire fes études de droit-
civil à Orléans. De retour en Bre-
tagne , il fe rendit à Rennes pour,
fe nxcttre fous la difcipUne d'un
pieux & favant religieux , & devint,
peu de temps après , officiai du
diocefe d2 cette ville. Il exerça cet
emploi avec tant de fageffe & de
défintéreffement , que l'évêque d,e
Tré^uier le rappela , le fit fon offi-
ciai , & le chargea de la cure de
Trefdrets , puis de celle de Lohanec.
5/ Yves s'y montra un pafteur aélé
& un bienfaiteur libéral. Il termina
fa fainte carrière en 1 303 , à 5 o ans,
& fut canonifé par Clément Vi en
1347. Les favans doutent qu'il ait
exercé la profeflion d'avocat.
'II. YVES DE Paris, nèdans
cette ville, y exerça d'abord la fonc-
tion d'avocat. Détrompé des vains
plaifirs du fiecle , il fe fit Capucin ,
& fe confacra à la converfîon des
pécheurs & des hérétiques. Après
avoir rempli pendant 60 ani cette
noble & pénible carrière » il mou-
494 Y V É
rut ea 167J , à 8y ans. Le Père
Yvu avoit plus de zèle que de lu-
fliieres. Son enth#liiiarme pour l'é-
tat religieux & fur-tout pour ce-
lui de Capucin , étoit extrême. On
a de luiplufîeurs Ouvrages de piété
dont le ftyle eft fort guindé, &
quelques autres produûions qui
érent du bruit dans le tems. I«
Hturemx Succis de la piété ^ & Trlont"
fhe de U vît ReUpeufe : cet ouvra-
ge, dans lequel l'auteur élevé le^
Qergé régulier fur les débris du^
féculier» fut cenfuré. II. On lui
attribue VAfirologîit nova, Methodus ^
fous le nom 6!AUaust Arabe Chré*
«en, Rennes, 1654, in-folio. 111.
Fatum Un'iverfi , fous le même nom
êc même date. IV . Enfin, une Dljfef
Éotîon fur le livre du Deftî/iy 165 ^ ,
in-fbl. Tous ces Ecrits font pleins
d'idées bizarres & extravagantes.
Il prédit dans le fécond Traité ,
une grande défolation en Angle-
ttrre pour l'année i 7 J 6. Cette
vaine prédi^ion fe trouve dans
l'édition de 1654, qui eft rare. Il
y 9 des correâions & des retran-
vvo
cliemefls dans les éditions fuivMf-'
tes , £siites fur les plaintes des Puif-
fances maltraitées dans cet Oa<*
vrage.
YVES, Foy.SAINT^YvES.
YVES DE Chartres, f^oye^
IVES.
YVETAUX, Toy.IvETEAux.
YVON, (Pierre) étoit de Mon-
tauban en Languedoc , où le vi-
fionnaire Lahadîe avoit été minif-
tre de l'Eglife Prétendue-Réfor-
mée. Il le fuivit en fiollande ^ & ftr
trouva à Middelbourg dans le temps
que cet infenfé y étoit minifire*
Celui-ci ayant été chaiTé de cette!
Eglife , fe retira en Hollande , où
rvon le fuivit. Après la mort do
Labadu , il fut chef des Labadiftes^
& s'établit à "Wiéirert en Frife.
Il y prêcha à fon petit troupeau,
& devint fur la fin de fes jour»
feigneur de ce village. On ignore
l'année de fa mort, n laiila plo-
fieurs Ouvrages remplis de fon fa-»
natifme, & dont aucun ne métkê
d'être cité.
495
]&»
;»
a*
ce
f,(
1^
f
f
4
I. ZaBAKELIA, (Fratiçoîs) 0<
ZAMARM.LL1S , pluS COOIIU fôUS
le nom de Cardinal de Flormu^ étu-
dia à Bologne, le Droû-canonique i
qu'il profeffa à Padoue fa fntrie.
Cette ville, affiégée par les Vé-
nitiens en 1406, députa Zahartlla
au roi de France , pour lui de-
mander du (ecours *, mais il ne put
pas en obtenir. De Padoue il pafTa
à Florence. Le fuccès avec lequel.
il profefia le droit , le iit élire ar-
chevêque i mais le pape prévint
cette éleôion, & ZabanUa demeu-
ra fimple particulier, jufqu'à ce
que Jean XXIII l'appela à fa cour.
Ce pontifie lui donna ce même ar-
chevêché, l'honora de la pourpre,
& l'envoya en 141 3 vers l'empe-
reur Stgifmond, qui demandoit la
convocation d'un concile. On con-
vint qu'il fe tiendroit à Confiance.
Le cardinal de Florence iignala ion
zèle & fes lumières dans cette af-
iemblée , dont il fut un des plus il-
luftres membres. On croit que^
s'il eût vécu îafqu'à TéledHon d'un
pape , on auroit ieté les yeux fur
lui ', mais il mourut dans le cours
du concile, le 16 Septembre 1417,
à 78 ans , un mois & demi avant
Téleâion de Martin V, L'empereur
& tout le concile affîfterent à fes
funérailles, & U Pogge prononça
fon Oraifon funèbre* On Z de Za^
harelia : 1. Des Commcmtairts fur
Us Décrétalcs & fur les CUmoui-
iM^, en 6 vol. in-folio* II. Déé
Q>nfàls en un vol. III. Des Ha-
rangues & des Lcttret en un vol.
in- fol. IV. Un Traité di Horis fan»'
nicis, V. De ftUcitate llbri très, VI.
Varim Ufftm repetidones, VU. Opttf"
€ùU dt Ambiu ûbtraUbut. VUl. Dt
natttra Refam dîverfarum, IX. Corn*
meotaru in natwralem & moralem
Philofopfdam, X. Nîflon^fuî tempo*
tis^ XL Jâa in Conci/iis Plfano &
Confiantienfi, Xll. Des Notes fur
l'Ancien & le Nouveau-Teftament.
Xin. Un Traité du Sehi/me, 1565,
in- fol. Les Protetlans ont fou vent
fait imprimer ce Traité du Schifmef
parce que ZabareUa y parle avec
beaucoup de liberté » des papes &;
de la cour de Rome*, & c'eft auOS
pour cette raifon que ce livre a
été mis à V Index. Il attribue tous
les maux de l'Egltfe de fon temps, à
la ceflation des Conciles , & ce der-
nier défordre à Tambidon des papes
qui , dans le gouvernement de l'E-
glife, imitant plutôt la conduite det
princes temporels que celle de»
Apôtres, ont voulu tout décider
par leurs propres lumières.
II. ZABAR£LLA,(Bardiélemi>
neveu du précédent , profefla 1«
Droit>canon à Padoue avec beau- .
coup de réputation» Il fut enfuittf
archevêque de Florence, & référen-
daire de l'Eglife fons le pape Eugène
IK U mourut en 1442 , à 46 ans ^
avec une grande réputation àk fa-,
voir & de pfété.
m. ZABARELLA>, (Jacques)
6Is dn précédent, vit le jour à Pa-'
doue en 1533 , & y mourut en
Oûobre 15 89,, à 56 ans. U acquit
une connoiflance profonde de la
phyfique & de 1» morale à*Arifiote^
& devint profeffeur de philofo-
phie à Padoue en 1564. Il refiifa
les offres que Slgl/moad^ ror de
Pologne ", Ui fit pou> l'attirer
dans fon royaume. On a de Z<2-
harella des Commentaires fur Arlf"
tQêe^y qu'on range dans l'ordre fui-.
49^ Z A B
vanc: Lopca^ 1597* in-fbl. -, iê
Anîmâ^ 1606, in-foIio; Pkyfica ^
1601 , 2n-fol.» de Rctus naturallbiu,
1594 , in-4^. Zabarclia foudenc
<lans ces Commentaires , mais plus
pardculiéremem dans un pedt Trai-
té De învenùotu éuemi Motorts , qui
fait parde de (es Œuvres , (Francfort
x6i8, in- 4^.) que , par les prin-
cipes à'Ariftou on ne peut donner
' de preuves de Timmortalité de
l'ame. Son efprit étoit capable de
débrouiller les grandes difficultés , &
de comprendre les quêtions les plus
obrcures -, mais il dcnnolt fouvent
dans le Êiux , & on ne peut excufer
fa paiSon pour Tadrologie & fa
manie de tirer à^s hororcopes.
ZABATHEl-SCEVI , ou Saba-
TEI-5EVI , né à Smyrne en 1626,
du courder de la faâorerîe An-
gloife, fut élevé avec foin. La
ieâare de l'Ecriture- fainte lui fit
naître des idées fingulieres -, il abu-
£1 de quelques paiTages mal -inter-
prétés, pour fe perfuader qu'il étoit
le libérateur promis à fa nation de-
puis tant de fiecles. Il étoit d'une
figure avantageufe , favant , élo-
quent» afïeâant la modeilie, re-
commandant la "julHce, & /citant
à propos les Livres faims pour in-
iinuer l'opinion qu'il vouloit té-
pandre. Il alla d'abord à Conibn-
dnople« d'où il fut chaiTé par les
Rabbins i de là il fe rendit à Jé-
rufalem, où il reçut un accueil
tout contraire. Il fe fît dès parti-
y fans, qui l'envoyèrent dans divers
pays pour recueillir les aumônes
de leurs frères. En paffant par Gaza,
il' trouva un Juif nommé Nathan ,
homme de quelque confidéradon ,
qui l'annonça comme le Rédem-
pteur d'Ifraël. La populace Juive
fe déclara pour eux -, mais ceux
qui avoient quelque chofe à per-
dre, les anathémanferent. Le four-
be , pour échapper à l'orage , fe re-
tira dans iâ patrie. Ns:han Livi lui
z ÀB
envole auffi-côt quatre députés , qui
le reconnoiiTent & le (aluent publia
quemeat en qualité de Messie^
Cette ambaflade en impofa ^u peu-
ple, & même a quelques doâeurs «
qui déclarèrent Zahathd roi * des
Hébreux , tandis que la Synagogue
de Smyrne portoit contre lui un»
fentence de mort. Une parde de la
nation Hébraïque étant difpofée à*
le reconnoitre, il prit le dtre de
Roi des ToU , & donna à Jofeph
Sévi fon frère » celui de Roi de Juda.
Ce fiit alors que Zabathei & fon
héraut Nathan , s'aviferent de vou-
loir Élire des miracles. Aux prelti-
ges , rinipofteur ajouta les prophé-
ties. Il eut rinfQlence de prédire ,
que dans peu le Meffie paroîtroit
devant le grand-feigneur , lui ôte-
roit la couronne, & le meneroit
enchaîné comme un capdf ; qu'en-
ifuite il feroit reconnu monarque de
l'univers ^ que le faint Temple
defcendroit du ciel tout bâti , orné
fuperbement^ & que le peuple chéri
y offriroit fes facrifîces jufqu'à la
fin du monde. Les Juifs écrivoieat
de toutes les parties de l'Europe
& de l'Afrique, qu'ils fe difpofoient
à venir trouver leur Meffîe, &
que la feule Barbarie fourniroit
cent mille hommes. Les plus in-
fenfés , ( & c'eft toujours le plus
grand nombre dans une nadon fu-
perflitieufe) abandonnoient le com-
merce, fe flattant de ne manquer
de rien , quand leur Meffîe auroit
achevé i^ triomphes.. Afin que fes
prophéties fufîent plutôt accom-
plies , Zahathèi pardt pour Conilan-
dnople, où il devoit être folen-
nellement reconnu par fes princi-
paux fujets. Mais, en approchant
des Dardanelles , il fut arrêté &
mis en prifon dans un des châ-
teaux. Le gouverneur , qui l'avoit
fous fa garde , s'enrichit des pré*
fens que les Juifs lui prodiguèrent
pour vifîter leur roi. Le fultan Ma»
Iwmet
Z A B
k0ma voulut le vokf frappé du
2)ruit que faifok Timpodurç du
&UX Me^e & l'enthoufiafme de fa
cation. 11 le fit venir à Andrino-
ple où il tenoit alors fa cour. Le
?ultan Tinterrogea lui-même. Il lui
dit que, pour avoir une preuve de
fa million , il alloit le faire atta-
cher tout nii à un poteau pour
fervir de but à fes plus habiles ar-
chers , & que fi fon corps étoit
Impénétrable à leurs flèches , il
le rcconnoîtroit pour le véritable
Mefiie. Zahathtî n'ofa s'expofer à
une pareille épreuve ; & pour évi-
ter la mort dont il étoit menacé ,
il embrafia leMahométifme. Sa con-
verfion n'étoit pas fincere. Le ful-
tan ayant eu avis que , malgré fon
changement de religion , il ne laif-
foit pas d'affifier fecrétement auv
lêces des juifs, le fit conduire <
avec fa femme, au château deDul-
cigno fur les confins de l'Albanie.
CeA dans cette prifon qu*il mou-
lut en 1676 , à rage de cinquante
ans, méprifé des Miifulmans, tx.
détefté des Juifs que fon aventure
avoit couverts de confufion. L'au-
teur du ^meUX DîHîonnaîrc Philo^
fophiquc , dit que Zabathà eft le
dernier £aux Meifie qui ait paru.
il aiuroit dû dire, que c'efi le der-
nier' qui ait fait un certain bruit v
car on vit après lui un autre im-
poÛew de €e genre dans le dernier
£ecle, Se on en a vu même dans
celui-ci. •
ZABlflLON , 6* fils de Jacoh &
i^e Xitf t naquit dans la Méfopota-
mie vers l'an 174S avant Jefus-
Chriû. Jacoi , donnant au lit de la
inort fsf dernière bénédi£tion à fes
cnÊKis » dit à Zabulon , qu'il ha-
iîteroh fur le hord de la Mer & dans
U Port des VaiJfeaUXf & qu\îl séten,"
àroU jufqu*à Sîdon. La Tribu de Za-
iulon eut en effet fon partage dans
le pays qui s'étend depuis la Mer
de Galilée à rOrient y jufqu'à U
Tome IX.
, Z A C 49f
Mer Méditerranée à TOctidenn
ZACAGNI, ( Laurent -Alexan*
dre) critique & littérateur Italien «
mort à Rome vers 17I0, eut un
goût décidé pour l'étude eccléfiad
tique. Il entra de bonne heure dans
les ordres > qui , en le débarraflané
des foins du fiecle , lui laiiOToient
plus de loifir pour vaquer à Té-
tude. Il regarda les langues com^
me un moyen pour réuffir , les ap-
prit i & ayant fait connoàtre fon
érudition par quelques Ouvrages k
il fut placé en qualité de garde dans
la bibliothèque Vaticane. Cet em-
ploi le mit à portée de déterrer plu-
fieurs monumens eccléfiafiiques ^
dont il publia le Recueil fous ce ti-
tre: Colleclanea Monumtntorum vête*
rum EccleJU Grcec» & Latina, in-4%
komse, 169S.
ZAÇCHIAS , ( Paul ) médecin du
pape Innocent X^ mort à Rome fa
patrie en 1659» à 75 ans, culti-
va les belles-lettres, la poéfie,la
mufiquei la peinture, & toutes les
fciençes. La variété de fes connoif-
fances ne nuifit point à fon appli-
cation à la médecine. On a de iui^
I. Un livre intitulé ; QuajUones Me-
dico-Lsgales ^ dont il y eut plufieurs
éditions , & Tune entre autres de
Lyon en 1716 , en j tom. in-foU
Cet ouvrage, trop diffus , offre
beaucoup d'érudition , de jugement
& de folidité; & il efl néceffaire
?ux théologiens qui s'appliquent
à l'étude des cas de confcienCe. IL
Un Traité en italien , intitulé : td
Vie Quadragéfimale ^ Rome, 1673 ^
in-8°. Ce livre roule fur les dif-
penfes de l'abfiinence du Carême.-
lÏL Trois Livres, en italien, fur
les Maladies hypocondriaques , &C..4
, Veaife, 1663 , in-4^.
I. ZACHARIÈ , fils de Jéra^
hoam II, roi d'Ifraël» fuccéda A
fon père l'an 770 avant J. C. ; mai^
fan règne ne dura que fix mois^
S*éta&t rendu criminel aux you^
Xi
49^ Z A C
du Seigneur , comme les pertSf
Sdlmn , fils de Jabh , conTpira con-
tre lui , le tua à la vue du peu*
pie, & prit fa place.
II. ZACHARIE, 61s àeJoUda,
grand-prêtre des Ju^ «fie de Jocaha^
fille de hram roi de ^da , fuccéda
â fon père dans la fouveraine fa-
crificature. 11 fut imitateur du zèle
^ue cet illuftre pontife avoit pour
la gloire de Dieu. Après la mort de
ee fatnt homme, qui par fa piété
& fa fermeté avoit contenu h^u
dans îoxkr devoir , ce prince , fë-
duit par les difcours flatteurs de fe»
^ourtifans , confentit au rétablifle-
snent de l'Idolâtrie. Zacharlt , rem*
pli de l'ETprit divin , voulut s'op-'
pofer à ee culte facrilége; mais le
peuple , excité par Joas lui-même»
l'aÛbmma^ à coups de pierres.
III. ZACHARIE, l'un des xiz
petits Prophètes , flls de Baraehiat
& petit-fils d'Addo , ^t envoyé de
Dieu en même temps qti'A^^, pour
encourager les Jui& à bâûr le tem-
ple , & ce (ut la ix^ année du règne
de Darius , fils ^Hyfiaffts , l'an 520
avant J. C On ignore le temps & le
lieu de la naifiance de ZacharU» Le
filence de l'Ecriture fur ces deux
points , rend fu(peâ tour ce que les
commentateurs etk difent. La Pro-
phétie àtZackarie efi divifée en xiv
chapitres , & ce qu'il dit touchant
le Meffie efi fi clair, qu'il en parle
en Evangélifte plutôt qu'en Pro-
phète : Exulta fatîs , fiUa Sîon ; ju"
iiUk , filia Jeru/alem ^ EccE lUx
rUUS VENIET TlBt^juflus & Soi--
rotor: îpfc pauper , & afcendms fupcr
afinam & Juper pullum filîum afirut,
IV. ZACHARIE, prêtre de la
Êimilie A^jlhia , étoit époux de
Saînu Elifabeth , coufine de la Sainte
Vierge. Ils n'avoient point eu d*en-
fans , quoique déjà avancés en
âge; mais un Jour que Zacharît
vfaifoitfes fondrions au temple, un
Aagje lui apparut » & lui annonça
IkC
qulî auroît un fils. Comme 9 6$'
foit difficulté de croire à la parole^
de l'Ange , celui-ci lui prédit qu'en
punition de fon incrédulité , // alloti
devenir muet , jufqu à l'entier accom-"
p1tfi[(ement de la promefie qu'il
lui Êiîfoit de la part deDieu.L'évé*
nement s'éfant accompli , au ma*
ment même fa langue fe d^lia,
& il fe fervit du prodige qui
s'opéroit en lui , pour chanter
le fiiblime Canti:|ue BeneMSus^
Voilà tout ce que TËvangile nous
apprend du père de S, Jeau-B^
ûfit. Les autres particularités que
l'on apute fur û vie &> fur £f
mort, font tirées de fources trop^
fiifpeâes pour mériter que Toa ca
fefle mention.
V. ZACHARIE, (S.) Grec dr
naifTance , monta fur la chaire de
Saint-Pierre après Grégoire 111 , cf»
741. Il célébra divers conciles pour
rétablir la difcipline eedéfiaftique.
Il racheta beaucoup d'efclaves, que
des marchands Vénitiens vouloieni
mener en Afrique pour les vendre
auxlnfidelles, & établit unedifiri*'
budon d'aumônes aux pauvres 6t
aux malades. Son amour pour le
dergé & le peuple Romain étoit 6
vif , qu'il expofa plufieurs fois fir
vie dans les troubles qui agîtoienr
alors l'Italie. Ce pontife mourut le
14 Mars 75 2 , & fut pleuré comme
un père. Sa clémence étoit telle»
qu'il cpmbla d'honneurs ceux qut
Tavoient le plus perfëcuté avatf
ion pontificat. Ce fiit Zacharîe qui
commença la Bibliothèque dite ^i- J
ticanc, devenue depuis fi célèbre» '
Nous avons de lui : I. Des Epitretm
II. Quelques Décrets, III. Une Trà"
duciion de latin en grec, des Diilo'
gués de Saint Grégoire , dont la plnl
belle & la plus ample édinon eft
celle de Canlfius, avec des Notes
utiles.
VL ZACHARIE de Lisievx,
Capucia» ni«n çn i66x » âgé de 72 ^
2 Ae
tts , -éft auteur de quelques tr^tis ,
imoUié moraux , moitié fatiriques ,
qui proilvent que les écrivains La-
tins lui étoient familiers. Trois
entre autres de ces produâions
font fort connues. I. Saculi Genius «
imprimé pluiîeurs fois. II. Gyges
Gal/us. Dans l'un & l'autre le
Père ZacharU a pris le nom de
Parus Firmîams, Le Gy$cs GailusA
été imprimé à Paris en 1658, in-4**^
avec un autre Ecrit de lai , intitulé i
Somma SapîMtls, En 17^9 , un Al-
lemand t nommé GabrUl Lclbhtt,
épris des beautés qu'il crut trou-
Ver dans lé Gygcs Gal/us, le fit
téimprimer avec des Notes , à Ra*
tisbonne , in-S^i. L'éditeur le re'-
garde dans la Préface comme un
chef-d'oeuvre de bon fens, de ju-
gement & de latinité. Il ne manque
à cet éloge que d'être diâé par le
. goût. Il y a quelques agrémens dans
le ilyle 4u Capucin ; mais ces livres
iie font pas des chef- d'oeuvres. On
a encore de lui , Rt/adon du pays
dt Janfénît , Paris, 1660 , in- 8,^ Il
y a dans ce livre quelques bonnes
plaifanteries ; il le publia fous le
nom de Louis Fontaines,
ZACHÉE , princtf des Publicains,
demeuroit à Jéricho î il ofïrit à Jefus-
Chrifià^ donner la moitié de Ton bien
aux pauvres , & de rendre le qua-
druple à ceux à qui il avoit £ait
ton. Ceft à quoi les lois Romaines
condamnoient les Publicains con-
vaincus de concuffion. L'Ecriture
lie nous apprend rien de plus fur
Zackée} on ne fait s'il étoit Juif
ou Gentil avant fa converfion^
ZACHt-LÉEVEK, (Herman)
peintre, né à Roterdam en 1609 ,
mort à Utrecht eo 16SI5. Ce maître,
un des meilleurs payfagiftes, fit
des Tableaux très-piquans, par le
choix agréable des fîtes , par fon
coloris enchanteur , par l'art avec
lequel il y a repréfenté des loin-
faim clairs & légers qui femblent
2 A Ô 4^
mit & s'échapper à la vue. Sçs def-
fms au crayon noir font très-re-^
cherchés. Il eut pour élevés , Jean
Griffier & Corneille Zacht - Ueven
fon frère, mort à Rotterdam;
ZACUtUS , dit Lufitanus ^ parç<j
^U'il étoit de Lisbonne en Portu-^
gai i où il naquit eh 157c ^ fut
élevé dans la Religion Chrétienne,
émdia en médecine 4 & flit reçii
doûeur dans l'Univerfité dé Si-
guenra* En 161 J , le roi PldUppt iV
ayant ordonné de feirc fbrtir tou^
les Juifs de Portugal , Zacut qui
avoit cependant fait profefîion à
Textérieur, de la Religion Catho*
lique , faifi de Crainte * fé retira à
Amflerdam où il fe fit circoncire*
Il mourut en 1642 , à 67 ans. Nous
avons de lui divers Ouvrages dé
Médecine, en 2 vol. in^foL, à Lyon
en 1649. I^ I; ' vol* Contient fix
livres De MeMcohm principum hifi
iorid. On y trouve du fâvoir fit
plufieurs obfervations curieufes^
dont les médecins peuvent profiter %
mais il y. en a quelques-unes dd
hafardées. Cette coUeôion n'cfl pai
complète: on y a omis plufieurs
de fes Ouvrages intéreflans , in^pri*
mes à Amflerdam en 1641 & 174a*
Il étoit arriei^^petit-iils âiAbraham
ZjtGUT , né à Salamanque , qui fe
diftingua en Portugal par fon ha*
bileté dans la chronologie^ dans
Thifloire & dans l'aflronomie , &
qui efl auteur du livre Juchafit^ ,
chronologie judaïque depuis la
création jufqu'à l'an J260 ou 1 5 09
de TEre vulgaire.
Z A G A-C R I S t, prétendu roi
d'Ethiopie i étoit iiTu , à ce qu'il
difoit, du prince Jacques^ fils na-
turel du roi d'Ethiopie. On voîl-
fon hiftoire dans le Recueil dcà
împofieurs à}iî\eaxdeRocoUs, Il pafià
de r Abyffînie en Egypte 4 d'Egypie
à Jérufalem, de là à Rome, & de
Rome à Paris, avec M. de Créqui, qui
avoit été ambafTadeur' de France ^
Il ij
^ôo 2 A H
Kome. Il en partit après uli lëjouf
'ë'environ deux ans » véctic trob
ans à Paris , & mourut à Ruel , en
163S , âgé de 18 ans , des fuites
de fes débandies. On fit courir ces
▼êrs à fa mort :
Ci ^ da Roi d* Ethiopie f
L'original ou la copie»
Fut-il Koi , tie le fia-Il pas ?
La mon termine les déîats^
ZkKS , ( Jean ) Prémontré , prc-
^bt de la Celle près 'Wurtzbourg ,
s'occupoit d'expériences phyfiques
dans Tes loiiîrs daufiraux. On a de
lui : I. Spécula notàbiHam ac mira*'
hilium Scîentiarum « Norîfflbergae ,
- 1696, 3 vol. in-fol. II. Ocuùts Tefe-
dioptricûs , 1701 , in-fol. Il rejetoit
follement le fyftême de Copemte,
(& étoit fort attaché aux anciennes
idées. Il mourût en ijoj,
ZALEUCUS , &méux légiililteur
des Locriens, peuple d'Italie « vi-
'iroit (oô ans avant JeTus-Chrxift. Il
s'eft fait un nom immortel par la fa*
' {eiféde fes Lois , dotit il ne nous
' refle prefque plus que le préambule.
Son but étoit de conduire les hom-
mes plutôt par Thonneur que par
- la crainte. Il fit auifi ptuiîeurs ré-
' glemens fort fages au fu}et des pro-
' ces & des contrats. Pythagore avoit
été fon maître, & il avoit en lui
lin difciple y qui enfeignoit la vertu
lutam par fcs exemples qtie par fes
• leçons. Une de fes Lois condam-
noit à avoir les yeux crevés pour
un adultefe. Quelque temps après,
fon fils étant convaincu de ce crime,
& le peuple voulant lui faire graçe ,
Zaleueus s y oppofa. Mais à la fois
' bon père 8c légiilateur équitable ,
il fe priva d'un de fes yeux ponr
- éviter la moitié de la peine à ion
£ls. Cet exemple de juflice fit une
fi forte impreféon dans les efprits ,
^u'on n'entendît plus parler de ce
vice pendant le règne de ce légtf-
loteur. Elien dit qu'il dé£eadit le
2 A M
▼h aux malades , fous pône êè
mort , à moins que le médecin ne
l'ordonnât. 11 fut* dit-on , fijaloux
des Lois qu'il avoit établies , qu'il
ordonna que » Quiconque veu-
** droit y changer quelque chofe«
^ feroit obligé , en propo£mf £i
• nouvelle Loi, d'avoir la corde
M an cou , afin d'être étrai^lé for
>> le champ , au cas que la fienne
» valût beaucoup mieux que Tau-
» ire M. Dioiore ie Siàle attribue la
même chofe à Chaiwiéas , légiila-
teur des Sybarites.
ZALUSKI, (André<hryfofiome>
naquit en Pologne & parcourut les
Pïtys-Bas , la France & lltalie-, à
fon retour il obtint un canonictt
à Cracovie, puis l'évèché de Plo-
ckho. Quelque temps après il fiit
nommé ambaftadeur en Portugal &
en Ëfpagne. Après avoir été cn»-
playé dans plufieuts a£Eaires aufi
épineufos qu^embarraflantes, il mou-
rut évêque de Varmie & grande
chancelier de Pologne en 171 1 , â
61 anSk Ce prélat eft piincipalemeat
ciélebre par ^ vol. in-fol. ésLeuru
Latines , imprimées depuis 1709
Jtifqu'à 1711 » dans lefquelles oa
trouve une îhfinité de faits très-
intéreflâns fur THiftoire de Pdo*
gne, & même fur celle de l'Europe.
I. ZAMBRI , fils de Salu, &
dief de la tribu de Siméon , éta»t
entré , à la vue de tout le mondes
dans ime tente où étoit une fomme
Madianite , nommée Coihi » y fit
fuivi par Pkmées , fils du grand-
prêtre EUaiar\ qui perça ces deux
infâmes d'un feul coup.
II. ZAMBRI , officier du roi BU^
commandoit la moitié de la cava-
lerie# S'étant révolté cotitre foa
maître , il l'aflaifina pendant qu'il
buvoit à Therfa dans la maifon du
gouverneur,& s'empara du royaune
l'an 918 avant Jefus-Chrifi. Diev»
qui l'avoit clioifi pour être Tinfiru-
ment de ùk vengeance cootte ht
Z A M
affiplétés de Ba^fa ^ ffi fervit de £ba
nliaifterè pour exterminer tout qe
qui reftoit de la famille de ce roi.
Zambrî , après avoir accompli les
diefièins de Dieu fur des criminels
^e fa jufliceavoit condamnés, ne
jouit pas long-temns du fruit de fa
révolte & de fa trahifon» Sept jours
après fonufUrpaûony l'armée d'If-
irgel établit pour roi Ami , & vint
affiéger ZAtn^ri dans la ville (^
Therfa. Cet ufurpateu» fe voyant
for le point d'être pris ,. fe brûia
dans le palais avec toutes fes rt-
chefTes» & mourut dans (les ini-
quités.^
ZAMET, (Sébaûien) riche fi-
nancier fous le règne éUiHfnrl IV ^
étoit de Lucques en Italie*. Il fut
<|'abord le confident du- duc dt
Mayenntii mais il fe rangea enfuite
du parti du rôi , qui l'aima, beau-
coup. On prétend qu'il avoit été
cordonnier de ^«ïri///. Il fit une
fortune rapide & prodigieufe. D^s
l'an 1^85., il éfoit intérefTé dans
I45 ifel pour 70 mille içm. Il mourut
% Paris le 14 Juillet 1 614, âgé de
62 ans ,, avec les titres de confeiller
du roi en {es confeils , gouverneur
de Fontainebleau , furintendant de
la maifon de la rein0»mere , baron
de Murât & de Billy. Il laifTa deux
£,1$ de Magdcletne le Clerc du Tremblai,
L'aîné Jean , maréchal de. camp ,
Inrnommé le graad Mahomet par les
Huîgueaiots qu'il perfécuçoit, fut
tjué d'un coup de ca.npa au^ fiége
de Montpellier , le 8 Septembre
1^12. lie cadet Sébafllen^ mourut
le 2 Février 165 f, évêque - duc
de Lang^res & premier aumônier
de la reme. Ce fut Sébfiftien Zamtt^
leur père , qui, répondit froide-
ment aU' notaire qui ^paflbit Je con*
trat de mariage d'une de fes filles ,
Zf. lui. demandoit la qualité qu'il
vouloit prendre au contrat ? 't Qu'il
« n'av^oit qu'à lui donner celle de
j» Stiff^m. de, dl»'fej^t Qwu mîMi
Z A M $01
»> icus », Ce trait a été fort hea-.
reufiement copié par des Touches
dans fa Comédie du Glorieux, Za-
met faifoit un ufage magnifique de.
fes richeffes; il avoit les premiers
/eigneurs de la cour à fà table i 6c
Henri IV même mangeoit quelque-
fois chez lui. Un jour qu'il montroit
à ce prince une maifon qu'il ve-.
noit de faire bâtir ,, il faifoit remar-
quer tous les coins & recoins. Sire ,
difoit-il », y ai ménagé ici ces deux
f ailes » là eu . trois cabinets qyt volt
Votre Majefiév de ce coté,,^.,, Ouî^^
om^ reprit le toi, ^ de la rognure
j'en ai fait des gants,,,, Henri IV ne
l'appeloit que Bastien. Horace Sl.
Jean-Antoine Zamet^ furent natu-
ralifés François , & fe relfentirent
de fa fortune éc de îqvl crédit.. &
Voyei iv:. EsTRÉES (Gabriel).
ZAMOLXIS, efclavc de Pytha^
gore^G^ç de nation, accompagna
fon maître en Egypte. Après avoir,
appris les coutumes des Egyptiens ^
il revint dans fpn pays , où il ci-
vilifa les Getes 6c les Thraces. Poue
leur faire croire ce qu'il leur avoit
prêché , il fe bâtit une maifon fou-
tetraine , dans laquelle il fe cach^
pendant 3. aos. On le croyoit mort;;,
il reparut la 4* année. Les Thraces
crurent apparemment qu'il étoit
reffufcitc. , & ils n'oferent douter de^
tout ce qu'il leur avoit dit. Héro-^
dou bkt vivre. Zamplxis avant
Pythagore \ les auteurs fe contre*
difent fur l'hiàoire de ce philofor
phe, qui paroit un peu fabuleufe.
Z A M O R A, ( G^fpard) qui a
donné une bonçe édition de la Con-
cordofice.. de la Bible , Rouen , 1627 ^
in-fol., eâ plus connu par cette
édition,, que par les particularités
de fîi vie.
ZAMOBA, VoyeiXiFQixsE n*
XII... & Sancio.
ZAMOSKJ,(JeanOfîls de 5m.
ni/Za j , caflelan de Chelme, ville d^
la.EufHc rouge , homme à*]ijL
Il "I
50t Z A M
l^rand mérite , fut ëlev^ avec foin
par Ton père. Envoyé i Paris &
cnTuite à Padoue» il y parut avec
tant de diftin6tion, qu'il fut élu
reâeur de l'univerfité. Ce fîit dans
cette fonâton honorable qu'il com-
pofa , eh latin , fes Livres du Sénat
Jtomain & du Sénateur Parfait, Dç
imour en Pologne, il fut élevé
{lux emplois les plus confidéra-
•blés de l'Etat , & fut l'un des am-
bafladeurs envoyés à Paris au duc
4* Anjou en i 5^7 3 , pour porter à
Ce prince l'aâe de Ton éleâion k
la couronne de Pologne. Etienne
fiatfrî , prince de Tranfylvanie ,
étant monté fur le trône de Po-
logne, lui donna fa nieçe en ma-
riage, le fit grand chancelier du
royaume , & peu après général de
fes armées. Zamoskl remplit ces
emplois en grand capitaine & en
tsûzâ^e habile. Il réprima l'arro-
gance de BafiUde^ czar de Mofco-
vie-, délivra la Poléfiç, la Voléfie
& la Livonie , du joug de ce
redoutable voiûn *, lui fit une cruelle
guerre , & affiégea, dans le plus
fort d'un rude hiver , la ville de
Ple&kow , en Mofcovie. Etienne
fiattori étant mort en 1 5 86, un
{;rand nombre de feigneurs Polo«>
liois voulurent déféret la couronne
i. Zanfoski ', mais il la refu£i , & fit
élire Siglfmond ^ prince de Suéde,
qu'il établit fur le trône de Pologne.
11 mourut en 1605 , honoré du
titre de Défenfcur de la Patrie 6ç de
froteSieur des Sciences, Il y établit
plufieurs Collèges , y attira , par
des penfions les plus favans
hommes de* l'Europe , & fonda
}ui-mêmç une Univerfîté dans la
ville qu'il fit bâtir, & qui porte
(on nom.
ZAMPIEHI , peintre célèbre «
Yoyei DOMINIQUIN,
ZAMPINI , ( Matthieu ) Jurif-
confulte Italien , mais établi en
Tr^OÇÇ depuis long-temps , ^é4i4 a«
Z A N
roi Henri ///, en 1 5 S x , un puvra|^
intimlé : De Origine & Mavls HugonU
Capett ; c'eil*à'dire , des Aieux 4c
Hugues Capet, L'auteur prétend y
montrer que les rois de la m*
race defcendent en ligne mafcuHne «
d*Arnoul , fouchc de la féconde «
& qu'ArnotU vient en même ligne,
de la tige d'où eft forti Clovlsi
idée plus belle que folide, à CQ
que penfent bien des fiivans.
I. ZANCHIUS , ou Zancus ,
( Bafile ) de Bergame, prit l'habûi
de Chanoine-Régulier. Ses çonnoif-
fances dans les humanités , la phi«
lofophie & la théologie » lui méri«
terent la place de garde de I9
bibliothèque du Vatican. Après
avoir exercé cet emploi avec fuccès,
il mourut i Home d^ns de grands,
fentimens* de piété , l'an 1 560. On
a de lui plufieurs Ouvrages. Lest
principaux fom : I. Des Poefits
latines , qui ne font pas dans le
premier rang. On les trouve dans
De/lcU Poëtarum Italorum, IL Un
DlcUonnalrcPoëtlquç en latin. HI. Des
Quefions latines fur les Livres des
Rois & des Pt^rallpomenes , Rome •
1553 , in-4®. Ce lavant, regretté
après ta mort « efTuya plufieurs
tracafieries , qui empoifonnerenf'
(a vie.
IL ÏANCHIVS, (Jérôme) né
en 1 5 16 , à Alzano en Italie, entr^
dans la congrégation des Chanoines-
Réguliers de Latran ^ à l'âge de 17
ans , & il s'y diflingua. Mais Pierr$^
Martyr , chanoine de la même con«
gréganon , ayant embrafifé les
erreurs duProte^dntifme, les com-
muniqua à plufieurs de fes Con-
frerçs. Zanchlus fut du nombre 1
il fe retira à Strasbourg, en 15 n t
& il y enfeigna rEcriture-fainte &
la philofophie ^Arlftou, Quoique
Apofiat, il aimoit la paix , & dé-
tdloit les guerres théqlogiques. Il
ne put néanmoins les éviter. Les
PrQ;çft^U§ l'aççtfçrçnt 4'errcur, ft
Z A N
Ce vtt obligé , pour avoir la paîx ,
de quitter Strasbourg en 1563. Il
«xerça le miniflere à Qiiavene«
chez les Grifons , îufqu'en 1568 ,
4{u'il alla à Heidelberg , où il fut
^dieur & profefleur ca théologie.
Il mourut ea cette ville le 19
Novembre 1590. On a de lui un
Commentaln fur les Ëpitres de
S, Paul , à Neuftadt , 1 595 • in-fol/;
& un gros Ouvrage contre les AntU
Trinltalrti , qu'il compofa à la fol-
licitation de FrJderU III ^ éleâeur
Palatin. Zanchlus eft auteur d'un
grand nombre d'autres Livres , qui
prouvent beaucoup d'érudition. On
les a recueillis à Genève , 161 3 «
«n 8 tomes in-fpL II n'y parle de
l*£glife Romaine que comme de
fa mère, prêt k y rentrer , lorf-
qu*elle aura réformé les abus qu'il
croit s'y être gliâfés.
ZANNICHELLI , ( Jean-Jérôme )
médecin, né à Modene, en 1662 ,
voyagea dans une partie de l'Italie
pour s'indruire dans fon art. Il fe
£xa à Venife , & l'y exerça avec
iuccès jufqu'à fa mort, arrivée le
Il Janvier 1729. Dans fes momens
de loifir , il parcourut les environs
de cette république , examina avec
foin tout ce qui a rapport a l'hif-
toire naturelle , fur-tout à la bota-
nique, & forma une riche col lésion
en ce genre , dont il publia le cata-
logue fous ce titre : CataLgus Pian-
iarum u,nftrîum, marînarum , &C.
Venife , 17 1 1. On a encore de lui :
I. Promptuarîum rcmediorum chyml"
4orum , 1701 , in 8°. II. De Myrio*
fhillo PelagUo, Ilï, U^hographia
duorum montlum Veronenfium , vulgQ,
Monte di Boricolo & di Zoppica ,
X721. IV. De Kufco eju/que pm-
paratlone^ 1727, in- 8®. V. Opufcula
Botanîca , Venife, 1730, in- 4®. VI,
Htfiolre des Plantes qui naijfent aux
tnvirons de Venife^ 173 1 » in-fol. ,
en italien, avec figures , qui' ne
font pas aâiez e^aâes. Cette Hiftoirt
7 A.N 50 j
I^fie encore beaucoup à défîrer.
Ces deux derniers ouvrages ont été
publiés par fon fils Jean- Jacques ,
qui a fuivi la route que ton père
lui avoit tracée ; il a donné une
édition augmentée , du Catalogue
du cabinet d'hiftoire naturelle df
fon père, Venife, 1736 , in-4*'.
Zannicheili étoit un homme d'un
tempérament vif & fec , d'une
phyfionomie fine , d'une converfa*
tion agréable. Son cœur , plein de
bonté & de fentimens nobles , le
faifoit aimer & refpe£ter. Ses con*
noiiTances étoiem fupérieures à
celles des pharmaciens ordinaires ,
& il étoit confulté comme le plus
habile médecin. Divers remèdes «
qu'il inventa , étendirent fa répu-
tation en Italie , & fon favofr le
mit en commerce avec les chimiftes
& les botanifles les plus célèbres de
fon pays,
ZANNONI, (Jacques) né à
Bologne , vers le commencement
du xv 1 1 1*^ ûecle, exerça la médecine
avec fuccèsy & fut connu pour
un des plus habiles botaniftes Ita-
liens. Safagacité & fes obfervations
lui firent découvrir que plufieurs
Plantes , décrites par divers auteurs
fous des noms difFérens , fom les
mêmes. Il étudia les anciens & les
modernes qui ont écrit fur cet art »
les compara enfemble, & les accorda
fur pluiieurs points. Il mourut eu
16^2. Les fruits principaux de fes
veilles font : I. Hiftorîa. Botanîca ,
à Bologne, in-fbl,, 1675. II. /Jario-
rum Stîtplum Htftorla , Bologne »
in-fbl., 1742. Ceft Cajetan Monti
qui a procuré cette édition , la plus
complète de cet Ouvrage.
ZANZALE , (Jacques) dit Baradée
ou Bardai^ moine îimple & igno-
rant, au VI*' iiecle , fut ordonné
par les évèques oppofés au concile
.de Calcédoine, évêque d'ËdelTe ,
& nommé leur métropolitain œcu-
ώxiique* Si Jacques avoit peu de
li iv
^04 Z A Nf
favoir , il avoit beaucoup de sele
^ d'enthou^aûne. U compenfâ, par
fou aâivité, & par l'auftérité de
fks moeurs , tout ce qui lui man-
quoit du côté des talens. Couvert
de haillons , & en impofant au
peuple par cet extérieur humilié , il
parcourut impunément tout l'Orient,
tcunit toutes lés feâes des Euty-
chiens , ordonna des prêtres & des
évèques , & fut le reftaurateur
de TEutychianirme dans TOrient.
Voilà pourquoi le nom de Jacoblus
■ été do;xné à tocus les partifans de
cette héréfie. Après la mort de
^tfVerc , évêque d'Antioche , ZaniaU
plaça fur cefiôge, Puul , à qui d'au^
très évêques ont fucccdé iufqu'à
nos jours. Les évêques ordonnés
par lui ne réiîderent point dans
cette ville, mais dans Amida, tant
que les ^empereurs Romains furent
maîtres de la Syrie. Les Jacohu&s ,
perfécutés par ces princes , fe répan-
dirent en Perfe , où ils fomentèrent
la haine du nom Romain chez ces
peuples. Mais ils dominèrent fur-
tout en Egypte & en Abyffinie,
Ils ont auffi des églifes dans tous
les lieux ou les Ncfiofiai^ fe font
établis ; & ces deux fentes , qui
pendant tant de âedes remplirent
l'Empire de troubles & de édi-
tions , vivent en paix aujro.urd'hui
& communiquent enfemble. Les
Jacohhes rejettent le concile de Cal-
cédoine « ne reconnoifient qu'une
çature & une petfonne en Jésus-
Christ, fans croire néamnoins
que la nature divine & la nature
humaine foient confondues. Ils
Ibnt confifier toute la perfeâion
de l'Evangile dans Tobfervance des
îeûnes , qu'ils pouiTent à l'excès. Ils
<>nt tous les facremens de l'Egliiè
Catholique, & n'en différent que
lur quelques pratiques dans l'ad-
riftration de ces fignes facrés.
3nt , par exemple , confervé la
çiçcçqafloo^ ^ ils mofc^t d'uç
Z A P
fer rouge l'enfant après qu'il eft
baptifé. La prière pour les morts
eil en ufage parmi eux. On leuc
a fauffement imputé quelques er-
reurs fur la Trinité , fur Toriginc
des âmes , &c. 'Ni. dt la Cro\e le^
accufe encore de croire l'impana-
tion; mais M. l'abbé Pluquet penfe
que cette imputation n'eft pas aâes
prouvée. Il eft affez ordinaire de
multiplier les erreurs de ceux qui
ont dés fen^imens erronés fur queK
ques points, & qui ont foutenu
ces opinions .avec une chaleur
opiniâtre & un zèle odieux,
ZAPGL , ou Zapolski , { Jean)
vBivode de Tranfylvanie , fut élu
roi de Hongrie , l'an 1516 , par les
Etats, après la more funefte dii
roi Louis 11 ; mais fon élaéHon fuc
troublée par Ferdinand ^Amrlche ,
qu'un parti de Hongrois proclanui
roi à Presbourg. Zapol , obligé
de fe retirer en Pologne , implora
le fecours de Solhnan 11^ qui entra
dans la Hongrie , & mit Zapol eo
poâeffion de la ville de Bude. Enfin,
après une guerre de plufîcurs an-
nées , mêlée de fuccès divers , les
deux contendans firent entre eux »
l'an 1536, un accord , qui affura \
Vun & à Taun-e la poâeffion de ce
que les armes leur avoient acquis.
Zapol eut pour principal minifbm
le fameux Mantnufius ^ auquel il
confia en mourant , l'an 1540 , 1«
tutelle de fon fils Jtan-Sigîfmond ^
né peu de Jours avant fa mort. Ce
pripce avoir en partage de grands
talens pour la guerre, qu'il neut
que trop d'occaiioad'exercer ; mais
il n'en pofTédoit pas moins poiu?.
le bon gouvernement d'un état. •
?APPI, (J«an-Baptifte-Félix)
néàlmok en 1667, fit naître, ai^
milieu des épinçs de la jurifpru*
dence, les fleurs de la poéfîe, ait
pour lequel il avoit beaucoup de
talent. Il fe rendit à Rome pour, y
fx^cer 1^ f^n^ion ^^oç^^^ daô^
Z A R
laquelle il s'acquit quelque répu-
tation. Il fît connoi&nce en cette
ville avec le fameux Carlo Maratu -,
Zx. l'analogie de leurs talens unit
le peintre & le poëte. Celui-ci
découvrit dans Faufllne , fille du
peintre , un talent marqué pour la
poéfie : il l'époufa. Enfuite il s'unit
avec plufieurs beaux efprits de
Rome , & ils fondcrent enfemble
l'Académie degU Arcadi, Il mourut
à Rome , en 17 19. On trouve Tes
Vers dans divers Recueils.
ZARATE , ( Auguftin de ) Efpa-
gnol , fut envoyé au Pérou , en
I 543 , en qualité de tréforier gé-
néral des Indes. A fon retour , il
fiit employé aux Pays-Bas , dans les
affaires de la Monnoie. Pendant
fon féjour aux Indes , il recueillit
des Mémoires pour VHlftolre de la
Découverte & de la Conquête du Pérou «
, dont la meilleure édition , en efpa-
gnol , efl celle d'Anvers, en ly j 5 ,
in- 8^. Cette Hidoire a été traduite
en françois , & imprimée à Amfler-
dam & à Paris, en 2 vol. hi-12 ,
3700. Quoiqu'on ne puifle pas
toujours compter fur l'exaâitude de
cet auteur Efpagnol , fon Ouvrage
peut être utile.
ZARINË , monta fur le trône des
Scythes - Saccs après la mort de
Murmures ^ que Cyaxafe , roi des
Mecfes , fît égorger dans un fefHn ,
pour fecouer le jqug fous lequel
les Scythes tenoient les Medes
aiTervis depuis 28 ails. Cette reine
commanda fon armée en perfonne
contre celle de Cyaxarey conduite
par le gendre de ce prince, nommé
Sttyangée^ jeune feigneur Mede,
bien f^it , généreux & bon capi-
taine. Après deux années d'une
guerre contre-balancée , Zarine fut
. vaincue *, & fon vainqueur , devenu
amoureux d'elle, fe tua de défef-
poir , n'ayant jamais pu corrompre
. îa vertu , quoiqu'il eût touché fon
(cpur^. Ç^ç ftmceÇt « rendue à
Z E G 5of
fes fujets , fe conduifit en grand
homme. Elle fit défricher des ter-
res , civilifa des nations fauvages ,
fît bâtir un grand nombre de villes ,
en embellit d'autres , fe fit craindre
au dehors, en fe faifant aimer &
refpeâer au dédans.
ZARLINO, (Jofeph)de Chioggîa,
dans l'Etat de Venife , s'eft rendu
célèbre par la connoifTance qu'il
avoit de la mufîque. Au jugement
du Père Merfenne & à* Albert Bannu»,
Zarlinô eu, le plus favant de tous
les auteure qui ont écrit fur cet
art -, mais on ne coanoiiToit alors
ni les Rameau , ni les Roujfeau,
Toutes fes Œuvres ont été impri-
mées en 4 vol. in-fol. , 1589 &
1602 , à Venife , où il mourut en
M99.
ZAZIUS , ( Huîric ) né à Conf-
tance en 1461 , fit des progrès fi
rapides dans le Droit , qu*en peu
de temps il fut jugé capable d'en
donner des leçons en public » &
de remplacer fon maître. Il mourut
en 1539, à Fribourg, où il pro»
fefToit , âgé de 74 ans. On a de
lui : I. Epîtorru în m/us Feudale*»
II. InteUeHus Legum jingulares ^ &
d'autres ouvrages recueillis à Franc-
fort en 1590 , en 6 tomes in-folio.
Jean-Hulric Zaziûs , fon fils, mort
en 156^ , profefTa à Bâle la jurif<
prudence , fur laquelle il laifia quel-
ques ouvrages.
ZEB, prince des Madîanites,
ayant été vaincu par Gédeon^ ftit
trouvé dans un preflbir où il fe
ca choit. Les Ephraïmites lui ayant
coupé la tête , la portèrent au vain*
queur.
ZEBINA, Toy. IV. Alexandre.
ZEGEDIN, ou SZEGEDIN»
(Etienne de) né en IÇ05, à Zégé-
din, ville de la baffe Hongrie , mort
à Keven en 1572, âgé de 67 ans,
fut un des premiers difcîples de
Luther, Il prêcha le Luthéraniftne
dans plufieurs villes de Hopgâc » Se
Ko6 Z E G
«K fait prifonnier par les Tores %
qai le traitèrent avec inhumanité.
A^nt recouvré Ta liberté » il devint
flitniilre à Bude & en diverfes
autres villes. On a de lui : Upeculum
Bomanorum Pontîfcum tùftoriatm ,
i6oz, tn-8^ : ouvrage rempli de
Ênatifioe fie de contes abfurdes.
II. Tûbulm jinaiytlcm in Prophctas ,
PfcUmos & Novum Tcfiamentum ,
ftc, 1592 1 in-fol. III. Ajfertio d$
Trinuau^ ÏÏ73 » in-8**.
ZEGERS, ( Tacite-Nicolas ) Coi^
délier de Bruxelles , compilateur
mauffade & mauvais critique, mou-
fut à Louvain en 15 $9. On a de lui :
I* Des CorreHîons fur la Vuîgatt ,
1 S n > '^^•^^' n* Des Nous ou s colles
fur les endroits les plus difficiles
du Nouveau Teftament. On les
trouve dans les Cridci Jacri de Péar'
fon, III. Une Concordance du Souvetm
T<!fi-im€nt,
ZEILLER, ( Martin) natif de
Syrie, d'un miniftre à Vlm , de-
vint infpeâeur des Ecoles d'Alle-
magne , & mourut à Ulm en 1661 ,
^ à 7) ans. Quoiqu'il fût borgne ,
il compo{a un très-grand nombrç
d'Ouvrages. Les plus eftimés font
ceux qu'il a faits fur la Géogra-
phie moderne d'Allemagne: l.L'lù'
néraîre d' Allemagne, II. La Topogra»
phie de Bavière, III. Celle de la Suahe ,
<iui paiTe pour très-exaûe. IV. Celle
d'Alfact. V. Celle </« Etats de Brmf-
Wîek & du pays dt Hambourg, Tous
ces Ouvrages font en latin , in-fol. ,
& les difficultés principales y font
bien difcutées. On les a rafTemblées
dans la Topographie de Mcrian, 31
vol. in-fol.
ZENCHI, ro>. Emadeddiw.
L ZENO, (arlo) célèbre
Vénitien d'une famille aacienne ,
entra d'abord dans l'état ecdéfiaf-
tique , qu'il quitta pour porter les
armes. Il ilgnala fa valeur dans
diverfes expéditions v on récom-
penTa (es fervices par le gQuver*
ZEN
Bcmeni du Milanois. Propre i té
|;uerrc de mer comme à celle de terre»
il eut plufieurs fois le commande-
ment de la âotte des Vénitiens, &
remporta fur les Turcs des avan*
tages confîdérables. Malgré fes vic-
toires , il fîit accufé d'avoir violé les
lois de la république , qui défendent
i Tes fufets de recevoir ni pendoa
ni gratification d'un prince étranger.
On le mit en prifon ; mais fon innch
cence & les murmures des pi>nci«
paux citoyens , lui firent rendre la
liberté deux ans après. Zeno continua
de fervir fa patrie avec le même
zèle. Il facrifia fouvent fa fortune
pour payer les foldats & les ramener
à leur devoir. Il auroit été élevé à
la place de Doge, fi Ton avoit pu
le remplacer à la tête des arméet.
Réfolu enfin de confacrer le refte de
fa vie au repos , il paiTa fes derniers
jours à Venife, dévoué entière-
ment à l'étude , à la méditation,
recherchant avec empreflement U
fodété des gens de lettres , & les
aidant de fes confeils & de fon cré*
dit. U mourut le 8 Mai 1418 , n
84 ans. Léonard Juftinlanî , orateur
de la république , prononça fon
Eloge funèbre, Venife, 1731* U
avoit été marié deux fois.
II. ZENO , ( Apofiolo ) né ea
1669 , defcendoit d'une illufire mai*
fon de Venife , mais d'une branche
établie depuis long-temps dans Tifie
de Candie. Il s'adonna dès fa jea-
neâe à la poéfie & à l'hiftoire, fie <
devint un homme illufire dans la
république des Lettres. Il établit i
Venife l'académie degû Animofi , en
1696 , & le Giomale de Leiterati , en
17 10. Il en publia 30 vol. qui vont
jufqu'en 17 19 exclufivement. Com«
me il étoit aufli alors très- célèbre
par fes Poéfies dramatiques , il fut
appelé à Vienne par l'empereur
Charles VL 11 y reçut d'abord le
titre de Poëte , & enfuite celui
d'Hiûoriographi de la cour Imp^
ZEN
riale : deux emplois qui lui pro«
curèrent des pendons , & beaucoup
de crédit auprès de l'empereur qui
l'aimoit. Zeno pafla onze ans dans
cette cour y tout occupé de la corn-
pofîtion de Tes Pièces. Qiaque an-
née il en donnoit au moins une. Ce
fi'étoient pas toujours des Tragé*
dies profanes : il publioit de temps
en temps des Drames ou I^alogues
fur des fujets facrés , connus fous
les noms d'Ailoni /acre , ou d'Ortf-
$orio, Apofiolo Zeno revint à Ve-
nife en 1729 , & fut remplacé •
peut-être même ef&cé à la cour de
l'empereur , par l'admirable Métaf"
taft. Quand nous difons effacé, nous
ne voulons pas faire entendre que
Métnftafc obfcurcit toute la gloire
fie Zeno ; mais feulement que le ftyle
mchanteur du premier lui attira
plus de partifans , que l'autre n'en
avoit jamais eu. On a comparé Z&io
à Corneille , tl Métaftaft à Rddne ;
fx. l'un & l'autre ont imité, & quel-
quefois copié nos deux tragiques
François.Quoique les Opéra àtZcno
ibient en général un amas confus
d'intrigues entadées , d'événemens
multipliés , d'épifodes fînguliers , il
attache l'efprit par fon invention ,
par fa fécondité , par la vérité de
iè$ tableaux , par l'intelligence de
l'art dramatiqi^e , par la force du
dialogue , par la vigueur du pinceau.
Mais il a bien moins de grâce , de
douceur & d'harmonie queAf^^/-
tafe , vers lequel tous les cœurs fen-
fibles de la cour de Vienne fe tour-^
perent. L'empereur continua néan-
moins d'honorer Zeno de fes bonnes
Ipraces , & de lui faire payer les
penûons dont il jouiiToic à titre de
Poète & d'Hiiloriographe Impérial,
^eno paiïa les il dernières années
de fa vie à Venife , d'où il entre-
tint un commerce avec tous les
favans d'Italie & des pays étrangers.
II étoit grand connoiffeur en fait
jfl^pi^uités, !t)onçr|ti<jue, cxcçjlçi»;
ZEN 507
comptlateur d'anecdotes littéraires •
d'un commerce fortaifé, d'une can*'
deur d'ame qui rendoit ù focîété
très-agréable. Cet homme fi efiima*
ble mourut le 11 Novembre 1750,
On a donné en 1758 untTra4u3îo»
françolfc des Couvres dramatiques d'A* '
pofiolo Zeno , en 1 vol. in- 12. Ces
2 vol. ne contiennent que 8 pièces.
Zeno en a faXx un bien plus grand
nombre,imprimées en 10 vol. in-8*^,
en italien, Venife, 1744. Ce Recueil
contient 63 Poèmes tragiques , co«
miques , ou dans le genre paftoraU
Le premier efl de 1695 , & le der*
nier de 1737. On a encore de Zen^
un grand nombre d'Ecrits fur les
Antiquités, des Dîjfertatîons CutVof*
fius , 3 volumes in- 8° ; des Lettre* «
Venife , 1752 i des Dijfertations fur
les Hiftoriens Italiens , 2 volumes
in-4°, 1752, Zeno efi le premier
poëte Italien , qui ait appris à Tes
compatriotes , à ne regarder la mu*
fique que comme l'accefibire de la
tragédie lyrique , & qui leur ait
donné dans les Opéra une image d#
nos bonnes Tragédies,
^ I. ZENOBIE , femme de /ÎAtfifa-
mlfle , roi d'Ibérie , fuivit fon mari
chafl'é de fes états par les Armé-
niens -, mais comme l'état de grof-
feiTe oà elle étoit alors , la forçoic
de refier en chemin , fon mari la
poignarda à fa prière, & la jeta
dans la rivière d'Araxe. Quelques-
uns difent qu'elle en mourut -, d'au-
tres , que fa bleffure n'étant pas .
mortelle , & que fes habits l'ayant
foutenue quelque temps fur l'eau ,
des bergers qui * l'apperçurent , U
retirèrent de la rivière & panferent
la plaie. Lorfqu'ils eurent appris
fon nom & fa triile aventure > ils
la menèrent a Tîridate , qui la traita
en reine. Ce fait , qui paroît un peu
fabuleux , quoique rapporté par
Tacie , eft de l'an 5 1 de J. C.
II. ZENOBIE, reine dePalmyre,
ftnwçdWfWi ftdifoitiiTucd'mi
5o8 ZEN
des Ptolomû & de CUcfâtn. Stelle
ne leur dut pas foa origine , elle
hérita de leur courage. Après la
mon de fon mari , en 267 , dont
on l'accufa d'être l'auteur , [ Kay«{
Hérodick ] ^fle prit le titre d' Au-
gure, fie poflféda plufieurs années
l'empire d'Orient, dtf vivant des
Galilen , & de Claude II fon fuc-
cefleur. Elle foutint d'un coté avec
gloire la guerre contre les Perfes ,
& Ce défendit de l'autre contre les
forces des Romains. Tous leshifto*
riens de fon temps ont célébré fes
vertus, fur-tout fa chafteté admi-*
rable , & fon goût pour les fdences
& pour les beaux-arts. Le philo-
fophe Longin fut fon maître, & il
lui apprit à placer la philofophie
ftir le trône. Elle favoit parfais
tement Thiftoire Orientale , & en
avoit ùât elle-même un Abrégt avec
Thiftoire de la ville d'Alexandrie.
L'empereur Aurilîen ayant réfolu de
la réduire , marcha jufqu'à Antio-
che , où ZénçbU s'étoit rendue avec
la plus grande partie de fes forces »
^i montoient à 600 mille hommes.
Cette princeâfe fe mit à la tête de
fes troupes , allant à pied lorfqu'il
ctoit befoin , comme un fimple
foldar. Les deux armées fe rencon<* '
trerent -, on combattit avec fureur
de part & d'autre. AuréHen eut
d'abord du défavantage , & fut fur
le point de perdre la bataille; mais
la cavalerie des Palmyréniens s'étant
trop avancée*, l'infanterie Romaine
tomba fur l'infanterie Palmyré-
nienne, l'enfonça & remporta la vie**
toire. ZénobU, après avoir perdu une
grande partie de fes troupes dans
cette bataille , s'alla renfermer dans
la ville de Palmyre. Le vainqueur
l'afliégea , & elle fe défendit avec
le courage d'un homme & la fureur
d'une femme -, Auréllm commençant
â fe laifer des fatigues du fiége »
écrivit à, Zénobît pour lui propofer
de fe rénettrç çQcre fç$ mains, en
ZEN
lui offrant la vie , me cetrmte
agréable & la confervacion des
privilèges des PalmyTéniens.Z<6u>^£e
lui fit cette célèbre réponfe. » Ze-
H m^h'te , reine de l'Orient à Tem^
- pereur AurtlUn, Avant toi « per-
M fonne ne m'a fait une demande
M pareille à la tienne. C'eft la verra
H qui doit tout faire à la guerre ;
M & tu m'ordonnes de me remettre
'* entre tes mains, comme fî tu
y* ignorois que C/fopatrc aima mieux
" mourir en reine , que de vivre
M avec toute autre qualité. Nous
» attendons les fecours des Perfes *,
» les Satrafins & les Arméniens
*• arment pour nous. Une troupe
M de brigands a défait ton armée
n dans la Syrie. Que fera-ce donc
M quand toutes ces forces feront
M réunies } Tu rabattras de cet or-
>t gueil avec lequel , comme maître
H abfolu , tu me commandes de mt
» rendre». ^W/iCTt ayant reçu cette
lettre , n'en prefla le iiége qu'avec
pins de vigueur. 11 alla au-devant
des Perfes , les défit & engagea par
promefTes ou par menaces , les Ar-
méniens & les Sarrafins à fe joindre
à lui. Enfin , ZénobU fe voyant fans
reflburce , fortit pendant la nuit
de la ville , qui fe rendit en 273 ,
& monta fur fes chameaux pour fe
fauvèr en Perfe. AuréUen, fit courir
après elle : on l'atteignit au moment
qu'elle alloit pafTer l'Euphrate.
Aurcliea ne fe crut véritablement
maître de TOrient , que lorfque
cette prinçefTe fut entre fes mains.
Il lui demanda ce qui lui avoit
infpiré la. hardieflie d'attaquer les
empereurs Romains. Je n*aî point
vu d'empereurs , lui répondit - elle ,
dans Gallien 6* dans fes femblabies ;
maïs tu fais comment il faut vaincre ^
&jeu reconnois véritablemeru dipuiu
nom d'empereur* Les foldats deman»
derent fa mort ; mais le vainqueur
la réferva pour fon triomphe qui
fut fuperbet Zinohîe y parut lié<
ZEN
S^ee dec chaînes d'or que des èf-
daves Toutenoient , & fi chargée
de perles , que ne pouvant les por-
ter, elle étoit fouvent obligée de
s'arrêter pour fe repofer. On blâma
AurélUn d'avoir triomphé avec tant
de faile d'une femme*, mais cette
femme valoit un héros \ & il répara
cet outrage par la manière dont il
la traita. Il lui donna une terre
2 E N^ 5f09
lofeplûque fe démentoit quelque-
fois. On rapporte qu'il entra dans
une grande colère contre un homme
qui lui difoit des injures *, & comme
il vit qu'on trouvoit étrange foa
indignation , il répondit : SI fétoîs
mfenfible aux injures , je le ferais aujp
aux louanges^ Il montra plus de cou-
rage dans une occafion importante.
Ayant entrepris de rendre la liberté
magnifique à Tivoli , près du palais %à fa patrie opprimée par le tyran
Adrien , où elle pafla le refte de fes Ndarque , & cette entreprife ayant
jours , honorée & chérie. Ses vertus
furent ternies par fa paffion pour le
vin , par fon fofte & par fa cruauté*
Quelques auteurs ont cru qu'elle
avoit embraiTéla religion des Juifs ;
mais il eft plus probable que fa
religion étoit une efpecede Déifine.
On ignore ce que devinrent les fils
de Zénohie, Les hifioriens ne difent
pas s'ils moururent de maladie, ou
fi AurélienUs fit périr. Ce qu'il y a
de fur , c'eft que les Palmyréniens
s'étant révoltés, il fit rafer leur ville.
Le Père Jouve a publié en 17^^»
in- 12 , une Hiftoîre intérefiante de
Zénohie, [Koy. VII.PauI.]
ZENODORE, fculpteur du temps
de Néron , fe difiingua par une Star
tue colofiale de Mercure , & enfuite
par le colofie de Néron , d'environ
110 pieds de hauteur , qui fut con-
facré au Soleil. Vefpafien fit dans
la fuite ^er la tête de Néron , &
pofer à la place celle à!ÀfoUon ornée
de fept rayons.
Z£NODOT£, grammairien
d'Ephefe , fiit chargé par le premier
Ptohmée , de l'éducation de fon fils
& de la bibliothèque d'Alexandrie.
Il fiit le premier qui corrigea les
frutes qui s'étoient gUfiees dans les
Poëmes d* Horace, & qui les mit
dans l'ordre où ils font aujourd'hui.
I. ZENON D'ÉLKE , autrement
. Velie , en Italie , né vers l'an 504
avant J. C. , fiit difdphede Parme"
niât , & même , félon quelques-uns ,
fon tf s adopfif» Sa modéprattoo phi-
été découverte, il fouffrit, avec
une fermeté extraordinaire » les
tpurmens les plus rigoureux. II
fe coupa la langue avec les dents
& la cracha au nez du tyran , de
peur d'être forcé , par la violence
àts tourmeiK , à révéler fes com-
plices. Quelques-uns difent qu'il
fut pilé tout vif dans un mortier.
Zenon pafie pour l'inventeur de
la dialefhque , mais d'une dialeâi-
que deftinée à foutenif le pour & le
contre , & à tromper par des fophif-
mes captieux. 11 avoit à peu près
les mêmes fentimens que Xénopha»
nés & Parménide touchant l'unité «
l'incompréhenfibilité 6c l'immuta-
biiité de toutes chofes. Il n'y a ce-
pendant aucime apparence qu'il ait
foutenu qu'i/ n*y a rUn dans PUnî"
vers , comme quelques auteurs îe
lui reprochent. Quoi qu'il en fojt ,
il propofoit des argumens très-
embarrafians fur l'exifience du mou*
vement.Commeil vivoit long temps
avant Diogene le Cynique , il eft
confiant que tous ceux qui ont dit
que ce philofophe avoit réfiité les
argumens de Zenon , en fe prome*
nant , ou en fiiiiânt un ou deux tours
dans fon école, fe font trompés.
n. ZENON, fondateur delà
Mte des Stoïciens : nom qui fut
donné à cette Ctùe, de celui d'un
Portique où ce philofophe fe plai*
foit à difcourir. Il vit le jour i
(Stium dans l'ifie de Chypre. II fut
d'abord commerçant Urevendt
«o 2 E N
Cacheter de la pourpre de PhénScie^
lorfqu'il fut ieté â Athènes par un
naufrage. Il regarda toute fa vie cet
accident comme un grand bonheur ,
louant les vents de ce qu'ils Tavoient
lait échouer fi heureufement dans le
port de Pirce. Un jour qu'il fe pro-
snenoit , on vint lui annoncer qu'un
des vaifleaux de fon père venoit
de périr. Pour fe confoler , il entra
dans la boutique d'un Libraire &|
ouvrit le premier Livre qui lui
tomba fous la main. C'étoit un
Tndté de Xénophon. Cette ledure
lui fit tant de phifir , qu'il dit au
Libraire : Ou trouveraî-je quclquun de
teux qui tnfùputu une doârincfi confo»
lantt? Le Libraire apperçut alors
CraUs , & le montrant à ' Zenon ,
Suiv€\ ca homme-à , lui répondit-il >
ifous ne pouveiprendre un metlàur guide.
Il fe mit donc fous fa difcipiine.
Après avoir étudié dix ans fous
Crazès le Cynique , & dix autres
fous Sùlpon , Xénoçrau & PoUmon ^
il ouvrit une école qui fut très-
fréquentée. Zenon étant fort vieux
& fort infirme, tomba par hafard
& fe cafia un doigt. Comme fes
amis s*empre0bient à le relever, il
s'écria froidement : O mon! je fuis
prêt â te f vivre , tu pouvais t* épargner
la peine de ni en arenir, Aufiî-tôt il
rentra dans fa chambre & prit du
poifon , dont il mourut vers Tan
264 avant J.C. Sts difciples fuivi-
rent fouvent cet exemple de fe don-
ner la mort. Zinon vécut jufqu'à
l'âge de 98 ans , fans avoir jamais
eu aucune incommodité. Il y avoit
48 ans qu'il enfeignoit (ans inter-
ruption , & 68 qu'il avoit commencé •
de s'appliquer à la philofophie.
Quand Antigone , roi de Macédoine «
apprit (a mort, il en fut fenfible-
ment touché. Les Athéniens lui
firent ériger un tombeau dan» le
bourg de Céramique. Par un décret
public , où ils fitifoient fon éloge »
«omm* d^un philofophe dont I4 vk
ZëM
avoit été conforme à fes précejtfél^
&qui avoit perpétuellement excité
à la vertu les jeunes-gens mis dana
fon école , ils lui décernèrent un«
couronne d'or , & lui firent ren-*
dre des honneurs extraordinaires^
afin , difoit le décret , que tout U
monde faehe que Us Athéniens ontfoîA
d^ honorer les gens iun mérite dîfiitt^
gfté , & pendant leur vie , & après leaf
mon,,; Zenon ^ femblàble à ces lé-
giflateurs rigides , qui diûent pour
tous les hommes , des lois qui oa
peuvent convenir qua eux feuls«
forma fon Sage d'après lui-même*
Un vrai Stoïcien ( dit un homms
d'efprit , } vit dans le monde coiO'
me s'il n'y avoit rien eu propre^
Il chérit fes fcmblables *, il chérif
même fes ennemis* Il n'a point
ces petites vues de bien£ufance
étroite , qui difiinguent un homme
d'un autre. Ses bienfaits, conuotf
ceux de la nature * s'étendent fur
tous. Son étude particulière eft Vé*
tude de lui*mdme. Il examine le foîf
ce qu'il a fait dans la journée , pour
s'exciter de plus en plus à Êiire
mieux. U avoue fes fiiutes. Le
témoignage de fa confcience eft le
premier qu'il recherche. Comme la
vertu efi £1 feule récompenfis , il
fiiit les louanges & les honneurs ,
& fe plait dans l'ob&urité. Les paT-
fions , les afFeâipns même , n'ont
aucun empire fur lui. Tel étoit Zé*
non. U prétendoit qu*av«c la Vertu
on pouvoit Itre heureux ^ au miliem
mime des tourmeru les plus affreux ,
& maigri les dîfg^aces de la fortuMm
Ce philofophe avoit coutume de
dire : Que fi un Sage ne dtvoie pas
aimer , tomme quelques-uns le fom*
tiennent^ il ny auroît rien de plat
mijifahU que les per/onnes belles &
vertuettfes , puifqu*elles m feroienê
aimies que des fou. U difoit auffi ,
qu'i0W parue da la Science confifit i
ignorer les chofes qui ne doivent pat
^ fms^ qa'ua Àmi efi m mtit
ZEN
iÊMt'mlmes , que peu de ekofe éonm
ia perfeHion à un Quvrage, quoique
iéiperfiâion ne f oit pas peu de cho/e i
que /a Nature nous a donné deux
oreilles & une feule bouche , pour
nous éprendre qu'il faut plus écouter
fue parler. 11 comparoit ceux qui
patient bien & qui vivent mal,
À la monnoîe d'Alexandrie , qui étoit
èelle p mais eompofée de faux métal» Il
iaifoit confiner le fouverain bien
À vivre conformément à la Nature ,
félon Pujagc de la droiu raîfun. Il
ae reconnoifibit qu'tm Dieu , qui
m'étoit Outre ehofe que Vame du Monde ,
qu'il confidéroic comme fon corps ^
& les deux enfemble conune un
animal parfait, C'eft ce tout , où le
Monde» qui étoit le Dieu des Stoï-
ciens. Il admettoit en toutes chofes
une DefHnée înévitabU. Son valet
▼oulant inrofîter de cette dernière
opinion , & $*écriant , tandis qu'il
le battoit pour un larcin : J'étois
defiUU à dérober. •— Oui , répondit
Zenon, & à être battu. Sa fe^e a été
fiéconde en grands hommes & en
srandes vertus , dont quelques-unes
lurent outrées. Plutarque compa-
roit les Stoïciens à des enfans qui
tâchent de fauter au-delà de leur ombre,
Ilsfonc à la vérité des efforts inutiles;
mais ces efforts même augmentent
leur force & leur agilité. Après la
mort de Zenon , les Stoïciens fe relâ-
chèrent un peu. 11 y en eut qui aban-
donnèrent le portique pour fe livrer
aune philorophie plus douce. Auffi
les railleurs difoient-ils : Les StoU
m^ns deviennent voluptueux , hrfque
les autres hommes cejfent de l'être. Ils
donnent au plaifir le temps qu'on donne
ordinairement au repentir,
III. ZENON, philofophe Epi.
curien de Sidon , enfeigna la phi-
lofophie à Ctcéron & à Pomponlus
Attkcus, Le mérite des élevés prouve
celui du maître. 11 avoit des lu-
mières » ixuûs çacore pli» d'or-
ZEN çrt
gueil. Il traitoit fes adverfaîres aveo
beaucoup de mépris.
IV. ZENON, dit nfaurien.tùir^
pereur , époufa en 45 S Ariadnep
fille de Léon I , empereur d'Orieoc»
11 en eut un fils , qui ne vécut que
dix mois après avoir été déclara
Auguâe. Le bruit courut queZ^non ,
défirant régner feul, avoit employé
le poifon pour s'en délivrer. Dès
qu'il commença d'être m^tre, Taa
474 , il fe plongea dans toutet
fortes de voluptés. Sa vie déréglée
le rendit fi odieux, que Véiine^ ùl
belle-mere > & BafiUfque frère de
Vérine^ travaillèrent à le détrôner*.
Zenon i\xt chaiTé en 475 par Bafb»
Ûfque , qui s'étant emparé du trône ,
en fiit renverfé lui-même Tannée
fuivante par celui qu'il avoit fup*-
planté. ( Foyei Marcien.) Cet em-
pereur ainfi rétabli n'en fiit pas plus
fage. Il devint le perfécuteur des
Catholiques. Sous prétexte de ré*
tablir l'union , il publia un fameux
édit fous le nom d'Hénotique , qui
ne contenoit riei» de contraire à Im
doârine Cadiolique fur l'Incarna*
don *, mais on n'y faifoit aucune
mention du Concile de Calcédoine-
Il emj^oya toute fon autorité pour
faire recevoir fon édit , & tnaU
traita tous ceux qui étoient atta*
chés à ce concile , qui étoit le
dernière règle de ht Foi ortho^
doxe. Sa vie difiblue le }eta dans
des dépenfes exceffives , qui flur*
paffoient de beaucoup les revenut
de ia couronne. U fit d'auffi grande»
levées d'argent , que s'il eût en à
foutenir une guerre contre toutet
les Puifiances de l'Europe & de
l'Afie. 11 établit le tribut fcanda-
leux , nommé Chryfargyrum , qui
s*étendoit fur toutes les perfonnee
de l'empire , de tout âge» de tout
fexe, de toute condition , nom«
mant dans fon édit les femmes dé*
bauchées, celles qui étoient fépa«
rées de leurs maris , les efcUvc»
511 ZÊN
& les mendians. 11 n'eut pas hanté
de mettre un impôt fur chaque
dieval , fur les mulets , les ânes , les
hatuh i les chiens & le fumier
même* Par un abus encore plus
Criant , il rendit toutes les charges
vénales. Les tribunaux ne furent
remplis que par des âmes intéref-
fées & in)ufies, qui cherchoient à
fe dédommager du prix de leurs
charges fur les opprimés , & ven-
doient la faveur de leurs jugemens
à celui qui la payoit le plus cher*
Zdnon mourut d'une manière digne
de fa vie, eii 491. Zonarc dit,
qu'un )our qu'il étoit extrêmement
aiToupi après un excès de vin ^
Arîadru fa femme, le fit mettre dans
un fépulcre , difant qu'il étoit mort.
Lorfqu'il fut revenu de fon afTou-
pifTement & qu'il vit fon état , il
cria qu'on vint le fecourif . Mais
tous fes eourtifans furent fourds à
lés cris y & ce prtnce qui avoit faie
mourir tant de monde pour s'enri*
chir , fe vit réduit , en périfîantf , à
n'avoir pour nourriture & pour
breuvage que fes membres & fon
lang. Il avoit 65 ans « & en avoit
r^né 17 & 3 mois.
ZENONIDE, femme de Tem-
pereur BafiUfque , étoit d'une beauté
éclatante & d'une figure pleine
de charmes & de grâces. Elle favo-
rifa l'Eutychianifme g & aux or-
teurs elle joignit les vices. Ses
amours avec HermMU neveu de fon
époux , furent le Vandale de Conf*
tantinopîe. Dangereufe dans fes
amours , elle étoit implacable dans
les haines , & elleperfécuta les Ca-
tholiques avec fureur. Comme elle
avoit été complice des crimes de
BafiRfquc , elle fut enveloppée dans
ies malheurs. Le peuple de Conf-
tandnople s'étant révolté , elle fe
vit arracher du pied des autels où
fon mari_& elle s'étoient réfugiés ,
par Acau patriarche de Confian-
tinople» qui les a}:*andQnna à la
ZÉU
Irengeaîicé de Zenon. Ce pvîhce Ué
envoya en exil , où ils terminèrent
leurs jours en 476 , par la fiûm &
le froid.
ZEPHIRIN, ( S. ) pape après
ViHûr / ^ le 8 Août 201 , gouverna
faintement l'Eglife , & mourut de
même le 20 Décembre 2718. Les
deux Epitrcs qu'on lui attribue , on»
été ^briquées long-temps après lux.
Ce fut fous fon pontificat que corn-*
mença la 5 '^ perfécution , qui fut
û cruelle , qu'on crut que YAnt^
èhrlft étoit proche. C'efl à lui
qu'on attribue la première condam^
nation de Thcrétique Praxeas,
ZEPHYR ou Zeph YRE , Dieu du
Pagaoifme , fils de V Aurore , & amant
de la Nymphe Chlorls , félon le»
Grecs , ou de fiore , félon les Ro-
mains , préfîdoit à la naiâiance de»
fleurs & des fruits de la terre , ra*
nimoit la chaleur naturelle de»
plantes , & par ua fouâle doux &•
agréable donnoit la vie à tous
les êtres. On le repréfentoit fou»
la forme d'un jeune homme , d'un-
air fort tendre , ayant Cur la tête
une couronne compofée de toutes-
fortes de fleurs.
I. ZEPPER , (GuiUaume) Zeppt^
rus , théologien de la religion Pré-
tendue-Réformée , minifke à Her^
born au xvii^ ûeclcy publia ua>
livre intitulé : Ltgum Mofaicdra»
forenfium ExpUeatloy réimprimé en^
16 14, in-8^. Il y examine ù le»
lois civiles des Jui£s obligent en-
•core, & quand elles ont été abo-
lies. Ce livre prouve, beaucoup-
d'érudition;
IL ZEPPER , ( Philippe ) dona»
les Lois civlUs de Moyfe compara
avec les Romaines , à Hall en 1632 »
in- 8* : O uvrage plein de profonde»
recherches. Ce favant étoit con-
temporain du précédent.
ZEUXIS , peintre Grec , y&%
l'an 400 avant J. C. ^ étoit nad£
d'Hé^adée > oais-cQmneil y avoit
un
tÈtJ
tià grand nombre de villes die ce
nom , on ne Tait point au jnfte de
laquelle il étoit. Quelques favans
conjeâurent néanmoins qu'il étoit
d'Héraclée proche Crotone , en
Italie. Zeuxls ^c difciple d'Apol-
(odorc'y mais il porta à un plus
haut degré que fon maître , Tintel-
ligence & la pratique du coloris
&duclair>obicur. Ces parties eflen-
tielles , qui ^ont principalement la
magie de l'art, firent rechercher
fes oi^vrages avec empreiTement.
Ses Cuccès le mirent dans une telle
opulence i » qu'il ne vendoit plus
^ £es Tableaux , parce que ( difoU-
0 il) aucun prix n'étoit capable de
f» les payer «u ApoUodore fut mau-
vais gré à Ztuxis de la- réputation
l|u'il fe faiCoit par fes talens , & ce
jrival indigné ne put s'empêcher
de le décrier vivement dans une
fatire. L'élevé ne At que rire de
la colère de (on maître. Ayant fait
lin Tableau repréfentànt un Athlète
avec la dernière vérité « il Te
contenta de mettre au bas ; On U
erhîquera. plus facilement qu*on tu
limitera* Les anciens ont aufli beau*
Coup vanté le tableau d'une Hèlent
que ce peintre fit pour lés Agri-
gentinsk Cette nation lui avoit en-*
voyé les plus belles filles d'Agti-»
gente. Zmxis en retint cinq -, &
c'eft en réunififant les grâces & les
charmes particuliers à chacune ,
qu'il conçut l'idée de la plus belle
jperfonne du monde , ^e ion pitt^
ccau rendit parfeitement. Les Cro-
toniates , jaloux dç/a belle Grecque
que le pinceau de Ztuxis avoit fait
naître parmi eux, ne la firent
d'abord voir que difficilement &
pour de l'argent. Ce qui donna
Meu à quelque mauvais plaifant, d'ap-
peler ce Portrait Hélène la Courti*
fane,., Nicomaque rie pôuvoit fe
laffer d'admirer ce chef-d'œuvre.
21 paffoit régulièrement une heure
#tt deux . chaqite jour à le «onâ-»
"" Tome iXt
21 e Pt
iitér, Vn de ces hommes froids t
incapables d'éprduver la moindre
émotion à l'afpeft du beau, re-
;narquoit des défauts dans ce fa-
meux Tableau. Prenei mes yeux ^
dit un admirateur au cenfeur , &
Vous verrei que e*efl une Divinité, Ce
peintre faififibit la nature dans
toute fa vérité. Il avoit repréfeîité
des raifins dans une corbeille , mais
avec un tel artj que les oifeaux
féduits venoient pour béqueter les
grappes peintes. Une autre fois il
fit un Tableau où un jeune garçon
portoit un panier aufii rempli de
raifins \ les oifeaux vinrent encore
pour manger ce fruit. Zeuxis en fut
mécontent , & ne put s'empêcher
d'avouer qu'il falloit que le por-
teur fût mal repréfenté , puifqu'il
n'écartoit point les oifeaux. Zmxis
avoit des talens fupérieurs, mais il
n'étoit pas fans compétiteurs. Par-'
rhafius en fut un dangereux pour
lui. Il appela un jour ce peintre
en défi* Zeujgis produifit fon Ta*
bleau aux raifins , c(ui avoit trompé
les oifeaux mêmes -, mais Parrhafius
ayant montré fon Ouvragé , Zeuxis
impatient s'écria : Tirei donc ce
rideau l & Ce rideau étoit le fujet
de fon Tableau. Zeuxis s'avoga
vaincu t »♦ puifqu'il n'avoît trompé
H que des oifeaux, & que Par^,
>» rhafius l'avoit féduit lui-même «.
On reprochoit à Zeuxis de ne fa-
voir pas exprimer les paffions de
Tame , de faire les extrémités
de fes figures trop prononcées. Si
l'on en croit Peftus , ce peintre
ayant repréfenté une vieille avec
un air extrêmement ridicule , ce
Tableau le fit tant rire qu'il en mou*
rut : Conte extraordinaire & in-
croyable. Voyei fa Vie par Carlo
r>dtti , Florence, i667,in-4°, avec
celles' de quelques autres Peintres
Grec?,
I. ZIEGLER, (Bernard) théo-
logien Luthérien, né en Mifnîe
Kk
^14 7. I E
l'an 1496 , d'une famille noble ,
mort en 1556 , deviot profeffeur
de théologie à Leipzig* Luther &
Mélanchtx^n reftimoient beaucoup ,
& ne l'airaoient pas moins. Oa a
de lui un Traité de U Mtffc , &
d'autres Ouvrages latins de théo-
logie & de controverfe , qu'on
laiiTe dans la pouffiere des biblto-
ifaeques.
II. ZIEGLER , ( Jacques ) ma-
^ématicien & théologien, natif,
fuivant le Dmcaùanay deLindau en
Suabe , mort en 1549* enfeigna
long-temps à Vienne en Autriche. U
ie retira enfuite auprès de l'évêque
de Paflau. On a de lui plufieurs
Ouvrages. 1. Des Notts fur quel-
ques paifages choifîs de TËcrirure-
!fainte,Bàle,i548,in-fol.II. Dtf-
ctiption de U Terrc-falnti , Stras-
bourg , 1 5 36 , in-fol. -, elle eil aflez
cxa^e. m* Oc conftpicUone fo/îda
Sphera, in- 4® : ouvrage dlimé^
IV. Il a fait un Commentaire fur If
Second Livre de PlUie , qui n'eft
point à méorifcr.
III. ZIEGLER» (Gafpard)né
â Leipzig en 161 1 , devint pro*
fefTeur en droit à Wittemberg ,
puis confeiUer des Appellations &
du conMoire. 11 mourut à Wit-
temberg en i6c)o. On a de lui :
I. De Nnilte Epifcopo. II. De DU-
tonis &~de Dlaconîffis , Wittemberg-,''
1678 , in^**. m. De Clero rem-
tente, IV. DeEpî/copisy Nuremberg,
a686 , in-4**- V. Des Notes Critl-
fues fur le Traité de Grotius , du
Droit de la Guerre û* de li Paix y
& d'autres ouvrages (avans. Cet
auteur av<Mt été employé par la
cour de Saxe dans des allures im-
portantes.
ZICABENUS, Vayei EiTTHY-
Mius , n® II.
ZlLLETtl , ( François ) (avant
jurifconfulte du xvi^ iiecle. U pu-
blia le Recueil des Commentaires
lîir le Droit canonique» fou» le
Z IN
titre de TraHatus Traâataum , V«;
netiis, 1548 , 16 tomes; 1584, 18
tomes, qui fe relient quelqudbis
en 29. On ne les confulte guère
aujourd'hui.
ZIMISCÈS, Voyei JeanI, «n-
pereur, n° xlix.
ZIMMERMANN , ( Mathias )
né à Eperies Pan 162^ , miniâre
à Meiflen , &funntendant, mourut
en 1 689 , après avoir donné plu-
fieurs Ouvrages au public : I. Ama'^
nitates hîftoriee ecclefiaftlcét , avec
figures , MeiiTen , 16S4, in- 4°.. U
y a des chofes curieufes. II. Une
DifTertation fur ces paroles de Ter-
tullen : fiunt , non nafcuntur Chrif"
eîani , où ce Père fait remarquer
que U Foi chrétienne étoit l'effet de
laconviâion , & non d'un préjugé
de naifTance. III. Florileglam philo»
log'cj - hîfiorlcum , Meiffen , 16S7 »
in*4^ , avec figures* U y a beau«
coup d'érudidon i les Journaux de
Leipzig en ont Êiic un grand éloge«
Cet ouvrage par ordre alphabétique,
traite des arts & des fciences , &
l'auteur indique à chaque article
les ouvrages où chaque madère eft
traitée au long.
Z I N G H A , reine d'Angola ,'
étoit foènr de Gola-Bendi , fouve-
rain de ce royaume dans le der-
nier fiecle. Ce defpote A^cain
avoit immolé à fa défiance preT-
que toute fa famille. Zingfut , dont
il avoit fait mafiacrer le fils , &
une autre fœur , étoient les feules
qu'il eût épargnées. Gola^Bendl
ayant été entièrement dé£ait par
les Portugais , qui ont des établif-
femens voifins d'Angola > s'ein-
poifonna , ou fiit empoifonné par
Zin^a, Quoi qu'il en foit, l'am-
bttieufe princefle s'empara du trône
après la mort de fon frère ; &
pour mieux s'y affermir, elle poi-
gnarda fon neveu , fils de Ben£ «
qui auroit pu le lui difputer. Bicii-
tôt détrônée elle-même par ks
1
Â
Z IN
Portugais , elle fe vit obligée de
fuir, & de s'enfoncer feule dans
<ks déferts horribles. Après y
avoir rcfté quelque temps , elle pé-
nétra jufque dans l'intérieur de
l'Afrique Méridionale , chez une
nation féroce & anthropophage ,
appelée les Giagues ou Jagas , dont
elle adopta les ufages barbares ,
dans la vue de s'en faire recon-
noitre fouveraine , & de les em-
ployer à fes projets de vengeance.
En effet elle parvint à fe faire
déférer l'autorité fuprême par les
Giagues , en fe dépouillant comme
eux de tout fentiment d'humanité ,
en fe nourrifTant de la chair
de fes fujets > & en égorgeant
elle-même les viâimes humaines
qu'ils of&oient à leurs idoles. Après
les avoir gouvernés ainiî pendant
30 ans , cette princeffe plus que
feptuagénaire , fe repentit des atro-
cités auxquelles le défîr de fe ven-
ger & de régner, l'avoient entraînée
comme malgré elle. Elle réfolut
d'abolir les coutumes affreufes , &
iur-tout le culte abominable des
Giagues , & de retourner fincére-
ment au ChriiHanifme«({u'elle avoit
autrefois embraffé par politique. Le
viceroi Portugais de Loando^ in-
formé de fon changement , lui en-
voya un Capucin , nommé le Père
Jntoine de Gaïette, Ce Miilionnaire
reçut fon abjuration , & la déter-
tnina à céder au roi de Portugal
l'es prétentions fur le royaume
d'Angola. Zlngkà publia enfuite des
Edits pour l'abolition des viôimes
humaines & des autres fuperilidons
des Giagues , & s'appliqua avec
ardeur à étendre le Chriftianifme
dans fes Etats. Mais fon grand âge
ne lui laiffa pas le temps d'achever
fon ouvrage. Elle mourut avec de
frrands fentimens de pénitence , à
Si ans, le 17 «Décembre 1664,
laiffant fa nation à demi policée ,
^ incoflfolabie de ùt perto. Tel ^
Z I N 515
lè précis d'un Ouvrage moitié hif*-
torique & moitié romanefque, tra-
duit en partie de l'anglois, & public
en 1769 , par M, Cafiilhon , fous ce
titre : Zihgha Rdne d: Angola , Nou»^
vclU Afrkaîne, Les principaux font
puifés dans des Mémoires qu'a laifTés
le Capucin Antoine et Oaïetu En
frémiflant des forfaits que la ven-
geance & la barbarie de fa nadon
lui firent commettre , on admire
dans Zingha un courage invincible,
une fermeté au-deffus des revers»
une certaine empreinte de grandeur
• & d'héroïfme qui règne dans toute
fe conduite. Nous terminerons cet
arddeparun trait qui la caraâérife.
Btndl fon frère , roi d'Angola»
ayant efliiyé plufieurs échecs contre
les Portugais, fe vit réduh à défirer
la paix. Zingha fiit chargée de la
négociation auprès du viceroi Por«
tugais. Celui-ci lui donna audience,
fuivant l'ufage , affis fur une efpece
de trône dans une falle où il n'y
avoit point d'autre fiége pour elle
qu'un couifin fur un tapis qui cou-
vroit le parquet. La fiere princefle
d'Angola ordonna à une de fes fem->
mes de fe pofer fur les genoux Se
les mains, & fe fît un fiége de fon
dos.C'eft à l'occafion de cette ambaf-
iade que, pour fe concilier la na-
don Portugaife , Zingha avoit feint
de l'inclinadon pour le Chrifiia-
nifme, & qu'elle s'étoit hk bap-
dfer. On trouve dans le Morérl l'ar-
ticle de cette reine Africaine , fous
le nom défiguré de Xingt : il a été
compofé fur les Reladons £abu-
leufes de Daper & de Ludolf^
ZINZENDORF, ( Nicolas-Louis,
comte de ) d'une famille originaire
d'Autriche, étoit fils de Georges»
Louis di Ziniendorf^ chambellan du
roi de Pologne , éleâeur de Saxe.
Il s'eft rendu fimeux dans ce fiecle ,
par la fondation de la (tùe des Her-
nuters ou Hemhuters , qui com-
mença à fe former à Bartclsdorf .
Kk ij
f i6 z r K
dans I4 haute Lufiice, tn 1712. tl
bâtit pour eux une maîfoii dans
une forêt voifine , & à la fin de
1732» il y eut affez d'habitations
pour faire un village conAdérable'
qu'on nomma Hemuth ou Hemhiuh,
La rapidité avec laquelle cette fe^
fidicuie danc Tes dogmes, & fuf-
pe£ie dans Tes mosurs , s'eft répan*
due en Bohème ôc fur- tout en Mo-
ravie , Ta tait conûdérer comme
un reile des Adamites. Coyer^ Bu/-
0hing^ 6c iîir-tout A<g)ter,Hernhuteff
lui-même , c»nt donné de grands
cloges à cette feâe ; mab ceux qui
Font étudié à fond y ta ont porté
vn jugement un peu oppoCé. On a
tût voir par l'extrait des Sermons
même du' comte de Zin\enéorf^ qu'il
•xigeoit de Ces difciplèi plus de reP
peâ & de confiance en Ton juge-
ment qu'à l'autorité de l'Ecriture \
pu ce qui revient au même, il vou-
loit qu'ils ne priiTent point d'autre
guide que lui pour fon interpré*
tation. Parmi fes dogmes , on trou-
voit ceux-ci : n Que l'on doit un
•* refpeâ religieux à ChriA , à l'ex-
il cluûon du Père-, que Chrift peur
yt changer la vertu en vice , & le
M vice en vertu \ que toutes les
«) idées & toutes les avions qui
n font généralement cônfidérees
M comme fénfuelles & impures,
•i changent de nature parmi les
9* frères, & deviennent des fym-
*» boles myftiques & fpirttueU «•
En 1775 ' ^ * P**^ "** ouvrage
anglois , intitulé : Dttaîi hlfiotiqut
fur U ConftUiition préjcnu de la jfo*
tiétt des îrtrts EyoéigéUques. L'auteur
cil un Hemhuter qui tâche de iuf-
tifier fa feâe , mais i\: ne réuifit
pas : A» yérîeé perce à travers /es 'arti-
fices , dit le Joumalifte anglois qui
rend compte de cet Ouvrage. M.
Crevenna , û connu par fa riche bi-
bliothèque, dont on a publié le Ca-
talopte ralfofuié , Amfterdam, 1775 ,
J776 » 6 vol. in - 4° , poffede un
manufcrîf y intitulé :JFâ<2s^ HiamJuÊt^
torum & ReUgh ex variîs contra eo&
edltis fcmptls compendlofè defcripea^-
manufcrit ,. in • 4^. M. Crevenna
ajoute : » Ce manufcrit efl très-
>» curieux , & fi ce que l'auteur
» anonyme rapporte de la croyance
» & de la religion des Hernuhuttes,.
** eft vrai, il faut convenir que
«I c'efi la plus déteftable feue qui
" ait jamais pu exifter , & qu'elle
» eft remplie des plus horribles abo^
« minatiofls qui furpafiem même
n toute croyance »*,Câi4i^giier<ixyba'-
«1/, &c., 1 vol. pag. 114. Lecomtr
de Dohna a fuccédé au comte de
Zîniendorf^ dans la primatie de U
fede. On a la Vie de ce fameux
fondateur écrite en allemand» par
Augufle Spangenberg , imprimée à
Barby, 1777, 8 vol, in-8®. L'cn-
thouûaûne de Thiftorien égale celui
du héros.
Zr I P È ^ ( Vandcn ) Foyci Zr-
rcEUs.
Z I S K A, ( Jean ) gentilhomme
Bohémien, fut élevé à la cour de
Bohême , .du temps de Wenccfas^
Ayant pris le parti des armes fort
jeune r il fe fignala en diverfes
occafions,'& perdit un œil dans
un combat-, ce qui le fit appelet
Ziska^ c-efirà-dire borgne^ Les Huf-
fites» outrés de la mort de Jecat
Hus , le mirent à leur tête pour
la venger. Il aflembla une armée
de payfans , & il les exerça fi bien^
qu'en peu de temps il eut des trou-
pes aufii bien difciplinées que cou-
rageufes. JTenceJlas étant mort en-
1414, il s'oppofa à l'empereur Sig{f^
mond , à qui appartenoit lé royaume
de Bohême. U aifiégea la ville de
Rabi, où il perdit fon autre œil
d'un coup de flèche , & ne Jat^
pas néanmoins de faire, la guerre.
11 fe donna un grand combat de*
vaut AuiTig fur l'Elbe, que Zîsha
ailiégeoit, où neuf mille Catholi-
ques demeurèrent fiir la place« Cette
21S
^idoîre le rendit maître de la Bo*
liême *, il mit tout à feu & à fàng ,
f uina les monafteres & brûla les
campagnes. Son armée groilifibit
«ous les jours. Pour éprouver la
valeur de Ces troupes , il les mena
à la petite ville de Rkiekan , qui
avoit une JForterefle ; il emporta
jPune & l'autre, & condamna aux
Gammes fept prêtresu De là il fe
rendit à Prachaticz , la fomma de
le rendre, & de chaffer tous les
Catholiques. Les habitansrej itèrent
4:es conditions avec mépris ; Zlskd
Ht donner l'affaut , prit la ville ,
& la réduiik en cendres. 5i$tfoiond ,
alarmé de fes progrès , lui envoya
desambafladeurs, lui offrit le gou-
'vemement de la Bohême avec des
^conditions les plus honorables &
les plus lucratives , s'il vouloit ra-
fnener les rebelles à l'obéifiance.
La pdle fît échouer ces négocia-
Âons ; Zîska en fut attaqué , & en
mourut l'an 1424. C'eft une fable ,
ique l'ordre qu'on raconte qu'il
<lonna en mourant , de faire un tam-
ho}xt de Ta peau. Theohaldt témoigne
■qu'on lifoit encore , au temps où
il écfivoij, cette Epitaphe fur foa
îombcau :
" Ci gît han Ziska, qui ne le
f^ céda à aucun Général dans l'art
" militaire. Jligoureux vengeur de
•' l'orgueil & de Tavariçe des Ec-
" cléfiaftiques, & ardent défenfeur
** de la patrie : ce que fît en faveur
»» de la République Romaine , Ap^
•» plus Claudîus l'aveugle, par fes
>♦ confeils , & Marçus funus C^miU
" lus , par fa valeur , ]e Tai fait en
»» faveur de ma patrie. Je n*ai ja-
»» mais manqué à la fortune, &
** elle ne m'a jamais manqué ; tout
" aveugle que j'étois , j'ai toujours
>* bien vu les oçcafîons d'agir. J'ai
)» vaincu onze fois en bataille ran-
f* gée ; j'ai pris en main la caufe
«» des malheureux & celle des in-
f* dij^çns , çomre des Prêtres fea-
2 I Z 517
»9 fbéis & chargés de graiflie, &
» j'ai éprouvé le iecours de Dieu
» dans cette entreprife* Si leur
» haine & leur enVie ne m'en
^ avoienc empêché , j'aurois été
» mis au rang des plus illufires
» perfonnages; cependant, malgré
» Je pape« mes os repofent dans
w ce lieu facré ««. yoyai les anUU&
PROCOPjt,n°* IV (y v.
ZIZiM ou Z£M , fuivant la pro*
nonciation Turque, (nom qui fî-
gnifîe Amour en -cette langue) fils
de Mahomet 11 empereur des Turcs ^
& frère de Bajaiet Jl, eft l'un des
princes Ottomans dont nos hiflo-
riens ont le plus parlé. Mahomet II
craignoit que l'amitié de ces deux
frères ne les réunit contre lui , ou
que la jaloufie ne mît de la divifion
entre etix. Il donna à Zî\im le goo-
vernement de la Lycaonie, danli
l'Afie mineure , & à Èajaiet celui dt
laPaphlagonie , & les tint toujours
fi éloignés Tun de l'autre, qu'ils ne
s*étoient vus qu'une feule fois , lor^
qu'il mourut le 3 Mai 1481. Après
fa mort , Bajaiet ^qm étoit l'aîné ,
devoit naturellement lui fuccéder ,
& fut en effet déclaré empereur le
premier. Mais Ziilm prétendit que
l'empire lui appartcnoit , parce
qu'il étoit né depuis que fon père
avoit pris le fcepare » au lieu que
Baja^et étoit venu au monde dans
le temps que Mahomet n 'étoit en-
core qu'un homme privé. 11 s'em*-
para de Prufe, ancienne demeure
des empereurs Ottomans , & fe fit
un parti confidérable. Mais ayant
été défait par Achemet-Geduc , gé-
néral de l'armée de Baja^et^ \i fe
retira en Egypte , puis en Ciiicie «
$c -de là en Lycie. Ne trouvant au-
cun afile afiiiré , il demanda une
retraite au grand^maitre de Rho-
des , où il fut reçu magnifiquement
au mois de Juillet 1482. ( Voy^
l'art. 1. AuBUssoN. ) Il en panit
le l^^ de Septembre fuivant, pour
Kk uj
pS ZIZ
▼enir en France. Il demeura pen^
dant fix ans dans la commanderie
de Bourgneuf , itir les confins du
Poitou & de la Marche» toujours
gardé à vue, traité néanmoins avec
konneur , mais ne voulant pas fe
£ûre Chrétien , quoiqu'on Ten
preflat beaucoup. Le pape Inno^
€tnt nu le demanda à Charles f^Ill
qui l'accorda très-aifément » mal-
^ les of&es avantageufes que
B^jaict lui avoit faites pour ne
pas fe deflaiûr d'un prifonnier de
cette importance. Outre des reli-
ques précieufes & des préfens
conâdérables , il promenoir de re-
mettre les Chrétiens en poiTeffion
de Jérufalem envahie par les
Sarraûns d'Egypte. Mais Charles
VllI avoir donné (a parole au
pape; il voulut la garder. L'in-
fortuné Zî\im fut donc livré aux*
députés du pape & conduit à Ro«
me. CharUs V lll s'étant rendu
dans cette capitale en 1495 1 ^^
redemanda à Alexandre « qui , après
beaucoup de difficultés le rendit
au roi. Zl\iin mourut peu de jours
après. Comînes , auteur contempo-
rain & attaché au fervice du roi
de France, allure que ce prince
étoit déjà empoifonné, quand il
fut remis entre les mains de Char^
les FUI, Mais les kifioriens fe par-
tagent Sut les auteurs de cet em-
poiConnement. Les uns veulent que
ce fuit le pape ; les autres accufent
les Vénitiens. Ce qui fait foupçon-
ner que ceux*ci n'étoient pas en-
tièrement innocens, c'eft une cir-
confiance rapportée par Comhtts:
*i Que le jour que les Vénitiens
** furent la mort du frère du Turc ,
M que le pape avoit baillé entre
" les mains du roi , il^ délibére-
M rent de la Êdre favoir au Turc
w pac un de leurs fecrétaires, &
M commandèrent qu'aucun navire
M ne paisât la nuit entre deux châ-
n teaux. qui font l'entrée du golfe
ZIZ
M de Venlfe , & ils firent finre
»* guet. » (^ Mémoires Je Cornâtes ,
L. VIL c. 14. ) Cet emprefliemenc
à informer Baja^et de la mort de
fon frère , & ces précautions pour
n^ètre pas prévenus , ne donnent-
elles pas quelque lieu de foup-^
çoimer les Vénitiens d'avoir en
part à l'empoifonnement de Zi»
l<m?.. Mènerai met cette aôion an
nombre de celles dont quelques
hiftoriens ont accufé ces repu-
blicain; ^ il l'impute en même temps
au pape, a La jaloufie des Ve-
>t nitiens & du pape fit avorter
»* fes belles efpérances : ils avoient
M «mpoifonné ce prince, avant que
M de le mettre entre les mains des
»» François «. {Abrégé Chronologique^
tom. IV, p. 386. ) Le témoignage
de Mènerai , hillorien bilieux & mi-
fanthrope, qui croyoit trop £aici-
lement les crimes , n'efl pas d'un
grand poids; & malgré tout ce que
nous avons dit , il faut avouer qu'il
en eft de cet événement comme de
tant d'autres, fur lefquels lesfages
fufpendent leur jugement.ll fe peut
que Venife & Alexandre VI fefoient
fouillés par le meurtre de Zi\lm \
mais il fe peut très-bie^ ^re aufi
que l'envie & la haine que l'on
portoit à ce pontife & à cette ré-
publique, leur ait £iit attribuer une
foule de crimes' qu'ils n ont point
conunis. Quoi qu'il en foit > Zi\in^
laifla un fils , nommé Amurat^ qUi
fe réfugia a Rhodes. Après la prife
de la place , ce prince infortuné
s'étoit caché dans Tefpérance de
fe fauver dans le vaiiTeau du grand-
maître. Il fiit découvert & mené
à l'empereur Soliman^ qui le £t
auffî-tôt étrangler en préfence de
toute fon armée, avec fes deux
en£ins mâles. Deux filles qu'il a voit»
furent conduites au férail à Con«
flantinople. Ziiim avoit l'efprit vif»
Tame noble 8c généreufe , de la
paffion pour les lettres auffi-bico
Z I z
49ift pour 1^ armes » & quoique
zélé Mufulman , il «iinok les cheva-
liers de Ehodes que foa pece dé-
xcftoit.
ZIZIME, fut élu,ran 824, par la
aobleiTe Romaine, pour fuçcéder au
pape Pafchal 1, tandis que le cler«
gé & le peuple nommoient Eu^e*
ne lli ce quiauroit caufé un Tchif-
me, û Tempereur Lothalre n'écoît
venaà Rome» où il appuyai* élec-
tion à' Eugène^ & obligea Zîiîmc à Te
retirer.
I. ZOÉ Carbonopsi.ne, 4^ fem-
me de l'empereur Léon VI ^ avoit
une vertu mâle , un efprit élevé, un
difcemement )uile , & la connoif-
fance des affaires. £lle accoucha
en 907, de Cenfiantm Porphyrogenc'
u. Ce prince étant devenu empe-
reur en 911, Zoé^ chargée de la
tutelle de fon fils & de Tadminif-
tration de l'état, choi£t desminif-
tres & des généraux capables de la
féconder. Après avoir diilipé la ré-
volte de Confimtîn Dueas^ elle fit
la paix avec les Sarrafins, & força
les Bulgares,par des. viâpires, à ren-
trer dans leur pays. Elle ne fut pas
suffi heureufe contre les cabales des
^ounifansi elle futeodlée de la cour
par fon fils» & elle mourut dans fa
Retraite.
II. ZOÉ, fille de Conftantîn Xl^
née en 97S » fi\t également ambi-
tieufe , débauchée & cruelle. On
la donna en mariage à Argyrty qui
obtint le trône impérial après la
mort de fon beau-pere en 1028.
Zoé s'étant dégoûtée de fon époux,
le fit étraoeler dans le bain, & mit
fur le trône un orfèvre, nommé MU
€h<l PaphlagonUriyqvk* cllt avoit épou-
fé. Ce prince abandonna le gouver-
nement de l'empire à fon fi-ere Jean^
qui le détrôna & le fit enfermer
dans un monaftere. Zoé eut le mê-
me fort. Mais, en 1042, elle fut
tirée de fa retraite pour régner avec
ù, fœur Theodçra. Elle partagea fa
Z 01 519
couronne avec Confiantîu Mononuf
que, fon ancien amant, l'homme
le plus fcélérat $l le plus débau*
ché de fa cour, & Tépoufaen 3'*
noce$,.i l'âge de 64 ans. Elle niou-
rut 8 ans après» ea 1050, après
avoir travaillé de concert avecMo-
nomaque à ruiner l'empire. Elle égala
dans le crime la mère de Néron , 6c
n'efiuya point fes malheurs... Il y
a eu quelques autres princefies de
ce nom. Nous ne parlerons que de
Zoé que l'empereur Léon le Phi-
lofophe époufa & couronna impé-
ratrice, pendant la vie de Théopha--
ne fon epoufe. Elle étoit veuve de
Théodore , qui avoit été empoifon»
né, & fille du généial Stylî^n, qui
profita du crédit de fa fille pour
gouverner l'empire à fon gré. Zoé
ne )ouit pas long* temps de fa fa^
, veur. Elle mourut le 21* mois de
fon mariage en 893 , & fon corps
fut mis dans un cercueil qui ie
trouva par hafard^ fur lequel étoïent
gravées ces paroles d'uaPfeaumei
Maihcureufi Fillt dt Babyfotul Ces
mots marquoient le alnàut de
fa vie.
ZOILE, diéteur,, natif d'Amphi-
polis , ville de Thrace, fe rendit
fiimeux par fes Cridques des Ou-
vrages à'Jfocrau & des vers d^Ho^
mcre , dont il fe faifoit appeler le
F/éau, Il vint de Macédoine à Ale-
xandrie, où il difbibua fesr Cenfu*
res de Vléîade^ vers l'an 270 avant
J. C U les préfeiua i Ptolomée^
qui en fut indigné. ZotU lui ayant
demandé le prix de fes imperti-
nences , parce qu'il mouroit de
faim , ce prince lui répondit à peu
près comme Wéron avoit fait au
philofophe Xénophanes : Que pu!/"
que Homère, qui étoît mort depuis.
mille ans ^ nourriffoU plt^urs milliers
deptrfonncs; Zoïle y qui /e vantoUf
d avoir plus d*efprît ^u'Homere » d^
voit bien avoir l'indujhie de Je nour*-
rir bd-mimc, La mort.de ce miféca-«>
Kkiv
5î« Z O M
h\e Oitîriqiie eft racontée dîverfe-
inent. Les uns diCenc que Pto/omdi
le fit même en croix-, d*autres qu'il
fiit lapidé, 8c d'autres qullfut brû-
lé tout vif à Smyme. Le nom de
foiU a refté aux mauvais criti-
ques-, mais les Ouvrages de cet au-
teur ont difparu , tandis qiCHomere
fubitftera éternellement.
ZONARE, (Jean) hiftorien Grec,
exerç9 des emplois coniîdçrables
à la cour des empereurs de Con-
ftantinople. LaiTé des travers du
monde , il fe fit moine dans l'Ori*
dre de Saint-Bafile , & mourut avant
le milieu du xxi' fieçle. On a de
]ui des Annales^ qui vont jufqu'à
la mort ^AUxls Comnene , en 1 1 i8r
C'eft une compilation indigeile ,
telle qu'on pouvoit Tattendre d'un
moine Grec audl crédule qu'igno-
rant. Il eft infupportable lorfqu'il
ne copie pas Dion; cependant il
peut être utile pour l'hiiloire de
ion temps. La meilleure édition dé
fon Ouvrage eil celle du Louvre ,
î686 & 1687, 2 vol. in-folio. Le
préfident Coujin en a traduit en
françois ce qui regarde l'hiiloire
Romaine. On a encore de Zonare
des Commentaires fur les Cernons des
Apôttes & 4cs Conciles ^"Paris^ 1618 ,
in-folio j & quelque» Tw^-f peu
eftimés,
ZONCA, (Victor) habile ma,
thématicien d'Italie, du xvii^ fie-
cle , fe livra particulièrement à I9
mécanique Ça à l'architefbure , û
y réufîît. Il avoit un talent fin-»
gulier pour inventer de nouvelles
machines. On dit que la ledlure
des Ouvrages de RameUl lui infpira
ce goût. Il publia fes Inventions
dans un ouvrage imprimé à Padoue,
J621, in-fol. , fous ce titre: Novo
J'eatro dî Machine & Edifiai,
I. ZOPYRE , l'un dcs courtifans
lie Darius fils à'flyfijfpe^ vers l'an
f 20 avant J, C, , fe rendit fameux
p3r îç ftratagçmç dpRt U fç ftryit
Z O R
pour foumettre la ville de Bihyi<fi
ne , affiégée pa^ ce monarque. S'é«
tant coupé le nex & les oreilles, il
fe préfenta en cet état aux Baby-
loniens, en leur difant« que » c'é-
*' toit fon prince qui l'avoit û cnich
» lement maltraité.** » Les Babylo-
mens , ne doutant point qu'il nç
fe vengeât , lui confièrent enriére*
ment la défenfe de Babylone , dont
il ouvrit enfuite les portes à Don
nia, après un fiége de 20 mois«
Ce prince lui donna en récompenfe
le revenu de la province de Baby-
lone , pour en jouir pendant toutQ
(à vie i ce ne fut pas afiez des ré-
compenfes , il y ajouta des diftinc*
Àons & des çareiTes. Il dit Couvent
qu'i/ aîmeroît mieux avoir Zopyre
non mutilé, q^e vingt Bahyl&nts*
II. ZOPYRË , médecin , qui
communiqua à Muhridau^ roi dQ
Pont, la defcription d'un antidote*
comme un remède affuré contre
toutes fortes de poifons. Ce prin?
ce en fit faire diverfes expériences
fur des criminel s condamnés àmort»
qui réuflirent toutes. Cdfe parle
d'un antidote appelé Ambrofia ,
çompofé par un médecin du même
nom , pour un roi Ptolomce, Quei-?
que cet antidote foit un peu diffé*
rent du premier, il pourroit être
du même médecin qui l'auroit pré*»
fente à un des premiers Ptolomées ,
contemporain de MUhridatt. On
trouve un autre Zo^t^z , auffi m&r
decin , qui vivoit dans le 11*^ fiede,
du temps de PUaarque,
ZORO ASTRE, philofophe de
l'antiquité , fut ( dit-on ) roi des
Bad^riens. Il s'acquit une grande
réputation parmi les Perfes, auzf
quels il donna des lois fur la re«
ligion. Quelques auteurs le font
plus ancien q\i* Abraham , & d'au-
tres le reculent jufqu'à Darius qui
fuccéda à Cambyfe\ enfin d'autres
difiinguent plufieursZorotfj?rM.Quo}
^U'il çn f9i$ dç ççs dxft'çrçntçs ppii
Z OR
91S011S , on ne peut guère doutei"
qu'il n'y ait eii dans laPerfe,long-
f ems avant Platon , un fameuxphi-
lofophe nommé Zoroaftn , qui de-
vint le chef des Mages , c'eft-à-dire,
de ces philofophes qui joignoient
à rétude de la religion , celle de la
métaphyfique , de la phyfique &
de la fcience naturelle. Après avoir
établi fa dodhine dans la Baâriane
& dans la Médie > Zoroaftn alla à
Suze fur la fin du règne de Darius,
dontil fit un profélyte de fa reli-
gion. Il fe retira enfuite dans une
ipaverne , & y vécut long-temps'en
reclus. Les feftateurs de Zoroaflrc
fubfiftent encore en Afie , & prin-
cipalement dans la Perfe *& dans
les Indes. Ils ont pour cet ancien
philofophe^ la plus profonde véné*
ration, & le regardent comme le
grand Prophète que Dieu leur avoit
envoyé pour leur communiquer fa
loi. Ils lui attribuent même un Li-
vre qui renferme fa doârine. Cet
Ouvrage , apporté en France par
Finfatigable & favant M. Anquetll ,
3 été traduit par le même dans le
Recueil qu'il a publié en 1770,
fous le nom de Zend-Avefta , 2
vol. in-4**. L'original a été dépofé
- à la bibliothèque royale. €e livre
eft divifé en cent articles. Voici
Jes principaux: w i. Le décret du
»• très-jufte Dieu eft , que les hom-
»• mes foient jugés par le bien &
f* le mal qu'ils auront fait. Leurs
>f actions feront pefées dans les ba«
'' lances de l'équité. Les bons ha-
»• biteront la lumière -, la foi les dé-
»\ livrera de Satan, 1. Si les ver-
»» tus l'emportent fur les péchés ,
»» le Gel eft ton partage \ fi les pé-
»• chés l'emportent , l'Enfer eft
f* ton châtiment. 3. Qui donne Tauf
M mône, eft véritablement un hom-
if me. 4. Eftime ton père & tamerei
>♦ fi tu veux vivre à jamais. 5,
M Quelque chofe qu'on te préfente,
^ ^ixm Piçu, ^, Mariç-tQt iw9 u
ZOR 5lf
>» jcunefle ; ce monde n'eft qpi'un
'* pafiage ; il îam qae ton fils . to
» iuive , & que la chaîne des êtres
" ne foit point interrompue. 7. U
»» eft certain que Dieu a dit à Zo*
y» roaftre : Quand on fera dans le
»* doute fi Une aâion eft bonne
» ou mauvaife , qu'on ne la îaSe
» pas. 8. Que les grandes libérali-
» tés ne foient répandues que fut
«* les plus dignes; ce qui eft con*
» fié aux indignes , eft perdu. 9*
» Mais, s'il s'agit du nécefiîûre,
H quand tu manges , donne auffi à
»» manger aux chiens. 10. Quicon-
M que exhorte les hommes a la pé«
** nitence» doit ên'e uns péché;
M qu'il ait du zèle, & que |e zèle
»> ne foit point trompeur , qu'il ne'
f> mente jamais *, que fon caraÔcre
» foit bon , fon ame fenfible à Ta*
n mitié, fon cœur & îà. langue
)* toujours d'intelligence; qu'il ibîc
>< éloigné de toute débaudie , de
M toute injuftice» de tout péché ;
)» qu'il foit un exemple 4^ bonté»
)« de juftice devant le peuple de
*• Dieu. II. Ne mens jamais: cela
» eft infâme , quand même le men^
M fonge feroit utile. 12. Point de
" familiarité avec les courtifanes.
>t Ne cherche à féduire la femme
)* deperfoime. 13. Qn'ons'abfiîen*
n ne de tout vol , de toute rapine*
» 14. Que ta vasàn, ta langue & ta
I» penfée foient pures de tout pé*
M ché. 15. Dans les affligions ,of-
» fre à Dieu ta patience; dans le
» bonheur, rends-lui des aôions
" de grâces. 16. Jour 8c nuit penfe
I' à faire du bien; la vie eft courte.
" Si , devant fervir aujourd'hui ton
» prochain, tu attends à demain,
M fais pénitence. » Ces préceptes
de morale font mêlés d'obfervauf
ces , les unes raifonnables , les au-
tres ridicules, & de dogmes plus
abfurdes encore ; nous ne nous
fommes arrêtés qu'aux réglemens
fur l€$ mœurs I comme plus im^:
ifii Z O R
portans 8c plus faciles à entendre*
Le nom de Guurc ou Gui.br*, que
portent les feâateurs de Zoroajirt^
êft odiejx en Perle: il fignifîe en
vabe • InfidtlU , & on le donne a
ceux de cette feue comme un nom
tde nation. Ils ont à Ifpahan un
faubourg appelé Gauraaard , ou
la VUU du Goura , & ils y font
employés aux plus baflîes & aux
plus viles occupations. Les Gaures
ibnt ignorans • pauvres , fimples •
patiens « fuperftitieu.v , d'une mo«
raie rigide , d'un procédé franc À
fincere , & très-zélés pour leurs
riis. Ils croient la Réfurreâion des
morts , le Jugement dernier , &
n'adorent que Dieu feul. Quoi-
qu'ils pratiquent leur culte en pré-
lence du Feu , en fe tenant vers le
Soleil y ils proteficnt n'adorer ni
l'un ni l'autre. Le Feu & le Soleil
étant les fymboles les plusfrappar.s
de la Divinité » ils lui rendent hom-
mage en fe tournant vers eux. Les
Perfans & les autres Mahométans
les perfécutent par- tout , & les trai-
tent à peu près comme les Chré-
tiens traitent les Juifs. Le^ Guebres
ne fe marient qu'à des femmes
élevées & qui perfcverent dai s
leur Religion. Si dans les neuf pi e-
miers mois de mariage elles fcnt
ftériles , ils peuvent en prendre une
féconde. lU ont enfin un goût par-
ticulier pour les mariages incef-
tueux.
ZOROBABEL , de la famille des
rois de Juda , fils ou petit-fils de
Salatld , joua un rôle à Baby lone ,
©ù fes frères étoient en captivité.
Cyrus , pénétré d'eftime pour Zotc^
èabel\ lui remit les vafes facrés
du Temple , qu'il renvoyoit à Jéru-
falem ,* & ce vertueux Ifraélite fut
le chef des Juifs qui retournèrent
en leur pays. Quand ils furent ar-
rivés, Zorobahel commença à jeter
les fondemens du Temple , l'an 535
avant ^J. C. *, mais les Samaritains
z os
firent tant par leurs intrigues auprès
des miniôres de la cour de Perfe»
qu'ils vinrent a bout d'interrompre
l'ouvrage. Le zcie des Juifs s'étant
ralenti , ils furent pums de leiir
indifférence , par plufieurs fléaux
dont Dieu les frappa» La leconde
année du règne de Dmrius , fils
éHiyflafpa^ il leur envoya les pro*
phetes Agg/le & Zacharit , pour leus
reprocher le mépris qu'ils laiibicnt
de fon culte , & leur négligence i
bâtir fon Temple. ZorohaUf. & tout
le peuple reprirent, avec une ardeur
incroyable, ce travail , interrompu
depuis 14 ans. Zorchahtl préfidoit i
l'ouvrage, quiftit achevé l'an 5x5
i|||^r J. C . La dédicace s'en fit fo*
iennellement la même année.
I. ZOSIM£ , ( S. ) Grec de naif-
(ance , monta fur la chaire de Saint-
Pierre p après Innouru / » le 18 Mars
417. Ceiefttus^ difciple de PéU^t^
lui en impofa d'abord *, mais dans
la fuite , ce pape ayant été détrompé
par les évèques d'Afrique , il con-
firma le jugement rendu par foa
prédécefiieur contre cet hérétique,
& contre Pilagt fon maître. Il obtint
de l'empereur un Refcrit pour chaâfer
les Pélagiens de Rome : [ Voye^ ce
mot. ) Zofimt décida le différent
qui ctoit entre les Eglifes d'Arles
& de Vienne , touchant le droit de
métropole fur les provinces Vien»
noife 6i Narbonnoife , & fe déclara
en faveur de PatrocU , évéquc
d Arles. Ce pontife , également fa-
vant & zélé, mourut Iç 26 Décembre
418. On a de lui xvi EpUrts ^
écrites avec chaleur & avec force.
Elles fe trouvent dans le recueil des
EpîJioUt Romanorum Ponùficum , de
Dom €ouflant , in-fol«
II. ZOSIME. comte & avocat
du Fifc , fous l'empereur Théàdofc
U Jeune ^ vers Tan 410 , compofa
une HJfialrt des Empereurs , en TI
livres , depuis Auptfte jufqu'au
y ^ fiede , dont il ne nous reffe que
1
z o s,
les V premiers- livres Ôt le com-
mencement du VI®. La plus belle
édition eft celle d'Oxford, 1679,
in-8°. Cellarîus en donna une bonne
en 1696, en grec & en latin , in-8° ;
Lamc/avius l'a traduite en latin , &
le préûdent Coufin en fîrançois.
Zofime , zélé Païen , peint avec
des couleurs fort noires l'empereur
Conftantîn, 11 ne laiiTe échapper au-
cune occafion de fe déchaîner contre
les Chrétiens. Son Ouvrage eil
écrit avec plus d*élégance que de
.vérité.
UI. ZOSIME , fupérîeur & abbé
'd*un monaftere iitué au bord du
Jourdain , vers l'an 437 , porta
l'Ëuchariftie dans le défert à 4^
JAatU l'Egyptienne.
ZOUCH / ( Richard ) de la pa-
roiiTe d* Anfîey , dans le Wilshire ,
d'une famille ancienne , mort en
1660 , devint doâeur & profefieur
en droit , & exerça pluiieurs autres
emplois importans. On a de lui un
grand nombre de favans Ouvrages ,
dont la plupart font en latin. On ne
les lit prefque plus.
I. ZUCCHARO,(Thaddée)
peintre, né à San-Aguolo-in-vado ,
dans le duché d'Urbin , en 1 5 29 ,
snort en 1566. Les Ouvrages du
céltht^ Raphacl , firent de Thaddée
un excellent artide. Le cardinal
Famefcy qui l'occupa long- temps,
lui faifoit une peniion confidérable.
Cet état d'opulence entraîna cç
peintre dans des parties de débau-
che , qui jointes à (es pénibles tra-
vaux , avancèrent fa mort. Cet
anifte était maniéré. Il a peint de
pratique *, mais il entendoit par-
faitement à difpofer Tes fu) ets -, il
avoit des idées nobles , &^fon pin-
ceau çtoit affez moelleux. Il a mis
de l'efprit dans fes defiins arrêtés à
la plume & lavés au biilre ; mais
ii y a peu de noblefie dans fes
airs de têtes ; trop de rdTemblance
cotre ell^ , & de fingularité dans
z U f 5ï3f
les extrémités des pieds & des
mains de Tes figures.
II. ZUCCHARO , ( Frédéric )
peintre , né dans le duché d'Urbin .
en 1543 , mort à Ancône en 1609 »
fut élevé de Thaddée Zhuccharo , fon
frère . qui lui procura bientôt les
occaivons de fe diflinguer. Il fe
fixa à Rome , par l'ordre du pape
Grégoire Xlll. Frédéric eut alors
quelques différens avec les officiers
de ce potitife. Il emprunta de fon
art les traits de fa vengeance. Il
fit un Tableau de la Calomnk , oà
il repréfenta fes ennemis avec des
oreilles d'âne , & alla expofer cette
peinture fur le portail de Saint-Luc ,
le jour de la fête de ce Saint. Ce
trait irrita le pape, qui obligea
frédcric de quitter Rome ^ mais il y
retourna quelque temps après. Fré"
diric vint en France , & paffa auffi
en Hollande, en Angleterre & en
Efpagnc. Les Ouvrages qu'il fit
dans la falle du grand-confeil , à
Venife , lui méritèrent des éloges
du fénat , qui voulant marquer à
Frédéric fon cflime , le créa chevalier.
Enfin il entreprit d'établir à Rome
une académie de Peinture, dont il
fut élu chef, fous le nom de prince.
Frédcrlc a compofé des Livres fur la
peinture. Cet artifle avoit beaucoup
de facilité pour inventer. Il étoit
bon coloriile , & auroit été par^t
deffinateur » s'il eût été moins ma-
niéré. Il a coifïc fes têtes d'une
manière fingulicre *, fes figures font
roides , elles ont les yeux pochés \
{çs draperies font mal jetées.
ZUCCHUS. Koyei ACCIVS.
ZUERIUS BOXHORN, Voye^
BOXHORN.
ZUINGLE, ( Ulric) né à Vilde-
haufen, en Suifle , le 1^' de Janvier
1487 , apprit les langues à Berne,
& continua fes études à Rome , à
Vienne & k Bâle. Après avoir £ùt
fon cours de théologie, il fut curé
à QjariSy en i jo6 , & enfuite dans
\
514 2 U I
m gros bourg , nommé Notre-
Aune des Hermites. C'étoit un lieu
de dévotion fort fameux, où les
yélcrins vcnoient en foule & £ii-
Ment beaucoup d'offrandes. Zn/i^/e
J découvrit d'étranges abus , & vit
^|Be le peuple étoit dans des erreurs
Çoflîeres , fur Tefficadté des péle-
mages & fur une foule d'autres
yranques : il fe déchaîna contre ces
abus. Tandis qu'il s'occupoit de
cette reforme , Uon X faifoit pu-
Mieren Allemagne , des indulgences
far les Dominicains » 8c en Suiile ,
far un Cordelier Milanois. ZulngU^
fâché que ce moine lui eût été
frçfcré , commença à déchirer le
voile qui couvroit quelques prati-
<SKs. fuperftitieufes. Il attaqua en-
suite , non-feulement Tautorité du
pape, le facrement de Pénitence,
2c mérite de la Foi , le péché
Or^inel, l'effet des bonnes œuvres;
mais encore l'invocation des Saints»
le ficrifîce de la Mefle, les Lois
ecdéfiailiques , les vœux , le célibat
<fes Prêtres & l'abitinence des vian*
des. Zu/ngU s'attira les inveûives
du clergé de fon pays par ces nou«
veautés -, mais il avoit pour lui I3
magiilrature. 11 engagea le fénat
de Zurich à s'afTembler , le 19 Jan-
vier 1513, pour conférer touchant
la Religion. On alla aux voix ^ la
pluralité fut pour la réformation.
On attendoit en foule la fentence
rfu fénat, lorfque le greffier vint
atuioncer que ZulngU avoir gagné
£i caufe. Tout le peuple fut , dans
le moment , delà religion du fénat.
Ce changement fut confirmé dans
plusieurs autres aifemblées. Les ma-
giârats abolirent fucceilîvement la
MefTe & toutes les cérémonies de
l'Eglife Romaine. Ils ouvrirent les
cloîtres ; les moines rompirent leurs
vœux ; les curés fe marièrent , &
Zuingle lui-même époufa une riche
veuve. Voilà le premier effet que
produiût, dans le canton de Zurich»
Z U I
fa réforme de Zuîngle. Il étoitf
fort occupé de la difEcidté de con-
cilier le fentiment de Carlofiad fur
TEuchariftie, avec les paroles de
hfus'Chiift , qui dit expreiTément ;
Ctci MST Mos Corps. Il eut un
ibnge , dans lequel il croyoit dif-
puter avec le fecrétaire de Zurich ^
qui le preffoit vivement fur les
paroles de l'inflitution. Il vitparoi-
tre tout à coup un fantôme blanc
ou noir , qui lui dit ces mots :
Loche ^ que ru riponiU-tu ce, qui efi
écrit dans t Exode : L'Agneau EST
LA Paque y pour dire qu'il en efi
U figne. Cette réponfe du fintôme
fut un triomphe, & Zuingle n'eut
F^s de difficulté fur l'Euchariflie,
11 enfeigna qu'elle n'étoit que la
figure du Corps & du Sang de J. C,
Il trouva dans l'Ecriture» d'autres
exemples , où le mot est s'em-
pîoyoit pour le mot sjçnifimi
tout lui parut alors facile dans let
fentiment de Carloftad. L'explica-
tion de Zuingle , favorable aux fens
& à l'imagination , fe répandit eq
Allemagne, en Pologne , en Suifie»
en France , dans les Pays-Bas , 6c
forma la fedte des Sacramentairrs^
Plufieivs Cantons reilerent conf-
tamment attachés à la Religion
Romaine , & la guerre fut fur le
point d'éclater plus d'une fois entre
les Catholiques & les Proteflans,
Enfin les Cantons de Zurich, de
Schaffoufe , de Berne & de Baie,
défendirent de tranfporter des vi«»
vres dans les cinq Cantons Catho*
liques , & on arma de part &
d'autre. Zuingle fit tous fes efforts
pour éteindre le feu qu'il avoit
allumé. 11 n'étoit pas brave , & il
falloit qu'en qu'alité de premier paf-^
teur de Zurich , il allât à l'arme'e;
Il fentoit qu'il ne pbuvoit s'en dif"
penfer, & il ne doutoit pas qu'il
n'y périt. Une Comète qui parut
alors , le confirma dans la perfua-
ilon qu'il feroit tué. U s'en plaignii
tvî
Hûïie manière lamentable , & publia
^ue la Comète annonçoit fa mort
& de grands malheurs fur Zurich.
Malgré les plaintes de ZuingU , la
guerre fut réfolue , & il fut obligé
d'accompagner une armée de vingt
mille hommes. Les Catholiques fe
mirent derrière un dé^^, par où
ies ennemis ne pou^S^t pafTer
que l'un après l'autre. La plus grande
partie de l'armée des Zuingliens ,
périt les armes à la main , & l'autre
fut mife en fuite. ZtùngU fut du
nombre des morts j ce fut le ii
O6iobre i ^ 3 1 , il avoir environ 44
ans. Les Catholiques brûlèrent fon
corps , tandis que fon parti le regar-
doit comme un martyr. Ce réformar
teur n'étoit ni favant ni grand théo-
logien y ni bon philofophe , ni
excellent littérateur ; il avoit l'ef-
prit juile , mais, borné : il expofoit
avec aiTez d'ordre fes penfées j mai»
il penfoit peu profondément, fi
l'on en juge par fes Ouvrages ,
recueillis à Zurich, 15 81, 3 vol.
in fol. ZumgU âdreffa , /quelque
temps avant fa mort , une Confeffion
de Foi à François 1, En expliquant
l'article de la vie éternelle , il dit
à ce prince qu'il doit efpérer de voir
l'afl'emblée de tout ce qu'il y a eu
d'hommes faints , courageux &
vertueux , dès le commencement
du monde : « Là , vous verrez g
ff dit-il , les deux Adams , le racheté
»» & le rédempteur j vous verrez
M un Ahel, un £hoch ; vous y ver-
»^ rez un Hercule , un Théfée , un
wf Socrau , un Arîftldc > un Antîgonus ,
*' &c »♦. La Réforme introduite en
Suiiïe par Zuîngie , fut adoptée dans
pluiieurs autres pays; on féconda
fes efforts à Berne , à Bâle, à Conf-
iance, &c. Genève la reçut en par-
tie, ôc la différence qu'il y avoit
entre les dogmes de Zuîngle & ceux
de Calyin , n'altéra jamais la com-
munion de leurs pairtifans»
ZUR 5if
ZUINSKI, Foyei Demetriu»,
o? X.
ZUMBO , ( Gafton - Jean ) f^ul^
pteur, né à Syracufe en 1656, moif
à Paris en 1701 ,^ demeura long^
temps à Rome, & paiTa de là à
Florence , où le grand-duc de Xaf«
cane le reçut avec des marques ée
diilinâion. Il s'arrêta aufH à G'ênes^
& y donna des preuves de fon rane
mérite. Une Nativité du Sauveur^
& une Defcenu de Croix qu'il £|
dans cette ville , paffent pour des
chef-d'oeuvres de l'art. I^ France
fut le terme de fes voyages -, il tra-
vailla à plusieurs pièces d anatomie#
Philippe^ duc d'Orléans, qui avoii;
un goût , fi grand & fi éclairé «
honora plufieurs fois Zumho de fe»
vifites. On parle d'un fu)et exécuté
par ce fculpteur , appelé la Corr»»
\iontî ouvrage admirable pour ia
vérité , l'intelligence & les comioif-'
fances qui s'y font remarquer. Ce
font cinq figures coloriées au i>a^
turel. La première repréieme ua
Homme mourant ; la féconde » ua
Corps mort ; la troifieme , un Corps
qui commence âfe corrompre ; la qua«
trieme, un Corps qui efi, corrompu %
la cinquième > un Cadavre plein de
pourriture & mangé des vers.
ZUMËL , ( François ) de Palencta
en Ëfpagne ; mort en 1607 » fut
profefieur de théologie à Salaman-
que , & général des Religieux de la
Merci. U compofa contre Molma «
qui avoit attaqué fa doârine, plu-
fieurs Ecrits Apologétiques^ que Bow
ne{ s'engagea à défendre devant
rinquifition.
ZUNCA , Voyei ZoNCA«
ZURITA , — SuRiTA.
h ZUR-LAUBEN, (Béat de)
de l'ancienne maifon de la Tour^
Chdtillon , en Valais , mort à Zug
en 1665 , âgé de 66 ans , fut le
chef du Canton de Zug & capitaine
au régiment des Gardes-Suifiesfous
Louis XllI, Il fut en 1634 , l'ua
]
^i6 Z U R
ées tfoîs ambafiadcurs Catholique»
envoyés à ce monarque. Le Canton
de Luceme reconnut fc$ fervices ,
en accordant, à lui & à la poftc-
rité , le droit perpétuel de bour-
«oifie dans fa ville capitale. Les
Cantons Catholiques lui avoient
donné les êtres de P^re de la Fa-
fm & de Colonne de U RiTighn.
On' a de lui le détail de toutes fes
lUegoàaùons , depuis 1629 JufÇ»'«»
* ILZURLAUBEN, (Béat- Jac-
ques de ) fils aîné du précédent,
chef du Canton de Zug, & capi-
taine général de la province libre
de r Argew , fervit en Fr Ace avec
diftin6tion. U occupa les princi-
pales charges de £a patrie, & con-
tribua beaucoup , par fes expédi-
tions, à foumettre les payfans ré-
voltés du Canton de Lwifcrne, en
i6n Ce Canton & fes confédérés
lui durent, en 1656. la viaoire
de Vilmergen contre les Bernois,
fur lefquels il prit lui-même deux
drapeaux & trois pièces de canon,
llmourut à Zug en 1690 , à 74 ans ,
avec une réputation bien méritée
de valeur & de prudence.
m. ZUR-LAUBEN, (Beat-Jaç-
«ues de) neveu du précédent , fut
élevé au grade de lieutenant gé-
néral des armées du roi de France.
Il s'acquit beaucoup de gloire en
Catalogne , en Irlande , en Flandres
& en Italie. H contribua a fixer la
viôoire de Nerwinde; fit, avec
le comte dt Tejfé , lever au prince
Eugène, le long blocus de Mantoue-,
& fut lefeul des officiers généraux,
qui repouffa les ennemis , à la fa-
meufe bataille deHochftet, en 1704.
U y reçut fept bleffures , & en mou-
rut à Ulm en Suabe , le 11 Sep-
tembre , à 4B an*- !-« »^°' ^*^^^.'*
gratifié , en 1687 , de la Baronnie
de Ville en haute-Alface, réver-
fiblc à la couronne après la mort
4e Conrad , baron de Zur-Lauben ,
z V I
înfpeâeur général de rînÊmterîd
dans le département de la Catalogne
& du RouffîUon.
IV. ZUR . L AUBEN , ( Placide
de ) coufin-germain du précédent ,
fut élu abbé de l'abbaye de Mûri ^
Ordre de Saint-Benoit , en Suifle ,
l'an i683^mérita par fes travaux
& fes acqlHions , le titre de Second
Fondateur oe cette abbaye. Il la
rebâtit avec magnificence, en accrut
cottfidérablement les revenus, & ob«
tint en 1701 , de l'empereur Léopold^
pour lui & les abbés fes fucœffeurs ,
le rang & le titre de Prince de l'Em-
pire. Il mourut à Sandegg , l'un de
fes châteaux , en Turgovie « l'an
J1723 , dans fa 78* année. On a de
lui : I. Spintus duplex HumllUatls â*
Obedientiét» II. Conclones Panegyrico-'
Morales, La maifon de la Tour Zur-
Lauben a produit un grand nombre
d'autres perfocmages difiingués dans
l'Eglife & dans l'Etat.
ZUSTRUS, (Lambert) peintre
Flamand. On ne fait point préci-
fément le temps de fa naiffance , ni
celui de fa mort. Il étoit élevé de
Chnfiopke Schowarts , peintre du duc
de Bavière , & le Tiden lui donna
des leçons de fon art. Ce peintre
peignoic avec beaucoup de âcilité.
Il traitoit affez bien l'Hiftoire , &
excelloit dans le Payfage qu'il tou-
choit d'une grande manière. L*£ff-
Uvement de Proferpine , qu'on admire
au Palais-royal , efi un des fruits de
fon pinceau.
. ZWICKER, (Daniel) Socinien
du XVII* fiecle, après s'être atta-
ché fortement aux erreurs des Frè-
res Polonois , fe rapprocha infenfi-
blement des Remontrans, qui , en
attaquant plufieurs dogmes princi-
paux de la Religion , empruntoient
le voile de la conciliation & de la
paix. Un fonds d'humanité & de
douceur , dit-on , jeta Zwlcker dans
le fyftême de la Tolérance , tant
célébré par les Arminiens. U crut
Z W I
que la Raîfon , VEcrimre-faînu & la
Tradition dévoient être le point de
réunion des Chrétiens de tous les
partis. Il propofafon fyfiemedans
ion Irtnîcan IrtnUorum , qu'il publia
en 1658, in-8\ Cet Ouvrage fou-
leva tous les Proteftans. L'auteur
détendit fon fentiment dans un autre
in S° , publié en 1661 , fous ce
titre : Irtnîcomaftix vîcbis 6» conJlrlHus.,
C^menius , Hoombuk & les autres à
qui il répondoit dans ce dernier Ou-
vrage, ne fe crurent pas vaincus ,
& répliquèrent. 11 crut les réduire
au fîlence par un 3* volume , qu'il
publia en 1677 , & qu'il intitula;
Irenlcomaftix victus & conflrîclus , Imb
cbmutefiens , in-8®. Ses adverfaires
fc turent en effet , ennuyés appa-
remment du combat. Ces trois Pièces
réunies font regardées comme le
Corps de doctrine des Conciliateurs.
Elles font peu communes , fur-tout
la dernière. Elles forment , étant
raiTemblées , 2 vol. in-8®.
I. ZWINGER , ( Théodore ) fa-
vant médecin , naquit à Baie d'une
fœur d^ Jean Oporln , fameux im-
primeur. Il enfeigna dans fa patrie
le grec, la morale, la politique &
la médecine. Son nom a été long-
temps célèbre par une énorme com-
pilation intitulée : Le Théâtre de la
y le humaine , Lyon, 1656, 8vol.
in-folio. Elle avoit été commencée
par Conrad Lycofih&ne , ton beau-
père ; & elle fut augmentée par Jac
qucs Sttinger , Ton fils. Ce favant
mourut en 1588, à 54 ans, & fon
iils en 16 10.
n. ZWINGER, (Théodore) fils
dd Jacques , né en 1 5 97 , eut d'abord
du goût pour la médecine *, mais
après être revenu d'une grande ma-
ladie > il fe détermina à la théolo-
gie. En 1627 , il fut fait pafteur de
Saint-Théodore. Ileutoccafion d al-
lier ces fondions avec celles de mé-
decin , durant la pefte qui affligea la
ville de Baie en 1629. Ce favant
Z Y P Ç27
mounit en 165 1 , après avoir pir*
blié plusieurs Ouvrages de contro-
verfe qu'on ne lit plus. Son fils
J an ZwiNGER , profeffeur en grec
& bibliothécaire deBâle , mort ei&
1696 , marcha fur les traces de fon
père.
III. ZWINGER , ( Théodore) fils -
de Jean , fiit profeffeur d'éloquence,
de {^fique & de médecine à Bàle ,
où il finit fa carrière en 1724. On
a de lui : I. Theatrum Botanicum ,
Balileas , 1690 , in-fol. en allemand.
II. Fafàailus Dîffertatîonum , 1710 ,
in- 4°. m, Triga Dijfertationum. ,
1616 , i».4°. IV. Le Théâtre deU
Pratique MédlànaU, V. Un Diction^
naîre latin & allemand. VI, Une
Phfiq^ expérimentale. VII. Un
Abrégé de la Médecine d'EumulUr^
Vlll. Un Traité des Maladies des
En/ans. Ges ouvrages font en latin.
IV. ZWINGER, (Jean-Rodol- ^
phe ) frère du précédent , né à Baie
en 1660, mort en 1708, profefï^
long-temps la théologie. Il étoit
fort verfé dans rhiftoire , & affez
habilethéologien,mais très-prévenu
en faveur des opinions de fa fe£le.
Outre quelques Thefes & quelques
Sermons^ on a de lui un Traité alle-
mand , intitulé : VEfpolr dlfnéL
ZUYLICHEM, (Conftanrin
Huy^hens , feigneur de ) mort en
J6S7. Voy, HuifGHENS, n° I.
L ZYPŒUS, ou Vanden-'
Zy PE , ( François ) naquit à Malines
en 1580. Ses fuccès dans l'étude
du Droit, le firent appeler par /«wi
U Mire , évêque d'Anvers , qui le
fit fon fecrétaire ^particulier , en-
fuite chanoine , officiai , & archi*
diacre de fa cathédrale. C'étoit ua
homme d'efprit , de mœurs douces »
& très - profond dans la connoif-
fance du Droit civil & canonique.
Il a compofé fur ces matières plu-
fieurs Ouvrages latins , eftimés ,
que l'on a recueillis en 2 volumes
in-fol. , à Anvers , chez Jcrâmc &
«18 z r p
Jtan»Bépttflt Vtrduffm , ttl i . 4'
Zypma mourut en 16^0, 371 ans.
IL ZTPŒUS, (Henri) freredu
précédent» né à Malines en 1^77 »
cmbrafia la Règle de Saint-Benoit
dans le monaftere de Saint-Jean à
Tpres. En 1616, il fiit £ût abbé de
Saint- André « près de Bruges , avec
le droit de porter la mitre , qu'il
obtint le premier en 1613. Zyptau
rétablit la difcipline dans fon nuH
siaAerey & répara les défordres que
les hérédques y avoient caufés. Sa
inort Y arrivée en 1659, dans la 83®
année de fon ^ , fut digne d'un
Chrétien & d'un Religieux. Son
principal Ouvrage cft indtulé : Sanc»
ims GregoblIUS Magaus , Ecdtfim.
SMor, primat ^ nomînU Ponûfix
ZYP
\fi.oiiliamts ^ ex nQhtRffimtt & amiqmf"
^mi in EcéUfia DùftmiM BentMcU
oTumdiu , à Ypres , 161 1 , in-8**.
Ce livre en Ênreur du monachiûne
de Samt Grégoire , eft contre Baro-
nims, Il'y a die l'érudition ; mais fe*
preuves ne fom pas fiou)ours coup
duantes. L'auteur s'éduuffie autant
fur cette qoefti^n» inutile , qu'un
gentilhomme campagnard fur les
illuftrations de fa race. II import»
aflez peu que 5« Grégoire ait - été
Bénédiâin , ou non , pourvuj|n;i'â
ait fervi l'Eglife avec zèle éclou*
lagé l'indigence avec ardeur. Le»
hommes font recommandables aux
yeux du Sage , non par l'habit qu'iis
portent , mais p« les vertas qu'ils
pratiquent*
1
FIN*
Jkticle^
4^=
Articles furvenus pendant Vlmprejjion.
L'HASTëLLUX, (François- Jean,
aiarqiûs de) maréchal des camps &
armées du roi , de l'académie Fran-
' çoife,& de diverses autres fociétés
littéraires, mort à Paris le %4 Oâo-
bre 17S8, étoitd'uqe ffimille illuflre,
ipi'il illi^a encore par (es talens
militaires & littéraireSvpar Taménité
de foacaraâere & par fes Ouvrages.
Les principaux font : I. De la FéiUiU
Publique^ in-8^. Lorfque ce Livre
parut pour la première fois , il ne
fit point cette fenfation qui an-
nonce un grand fuccès. Le titre
' parut vague', le fiyle quelquefois
aégligé', le but de l'auteur ne fem*
' bloit pas afiez déterminé. On ne
vit pas d'abord qu'il s'étoit propofé
ée tracer un tableau du genre hu-
Biain, & d'examiner dans quel fiede,
^ans quel pays , fous quel gouver-^
mcment il auroit été plus avanta-
geux aux hommes d'cxiâer. Quel-
ques chapitres de cet examen font
âiperficiels *, mais d'autres fe diftin-
guent par la fageffe des principes
Hc la profondeur des recherches.
Il ne 4ut pas pourtant mettre la
iitlicité PuhliqutiaX'deSvis de ÏÊ/pru
ékt Lois , cottime à j^t Voitaîn,
trop févere envers MomtfquUu qui
fi'exiftoit plus , & trop indulgent
^vers le marquis de ChaJUllux , qui
«^iiloit, & qui paff^^t pour avoir
du crédit à la cour. IL Voyafjt dans
P Amérique Septentrionale y en lyio^
fySi &fySz^ î».S^ Ce Voyage
C^ inftniâif ,. agréais -, mais les
Apglo- Américains fe font plaints
Hjl^e Tanteur amufoit quelquefois
les leâeurs à leurs d^ens. Le mar-
^ms de ChafltUitM avoir fervi en
^Unériqne , & avec diâiaôion, U
Tom IX.
\
avoît été accueilli par-tout comme
il le méritoitv & ce devoit être
une raifon pour lui de ménager ua
peu les ridicules de ies hôtes. Il
eft vrai qu'il ne deftinoit point ce
Livre à l'impreffion, & que divers
morceaux lui ayant été dérobés &
livrés à un JournaliAe étranger,
cette infidélité l'obligea de com-
muniquer au public ibn manufcrît
original.
DU PATY , (N. )d'abord avocat .
général au parlement de Bordeaux»
enfuite préûdent a mortier au même
parlement , né à la Rochelle , mort
à Paris en 178S , dans un âge peu
avancé 5 étoit un magifirat intégre «
éclairé & éloquent. U fe fit beau**
coi^ d'honneur par fon courage
dans la révolution de la magidre*
ture en 177 1. U s'en fit davantage
en arrachant au fupplice trois mal-
heureux de Chaumont , condamnés
à la roue. Le Mémoire qu'il publia
pour les dé£endrei eft plein de forc«
& defenfibilité. Ses Réflexions Hlfio*
riquuj'ur les Lois Criminelles , méri*
tent le même éloge , & préparent
peut-être une révolution utile dans
le -Code Criminel de toutes les
.nations. Le préfident du Paty s'oc*
çupa long-temps de cette réforme ,
& il montra , dans les obftacles qu'il
éprouva pour détruire d'ancien*
préjugés, autant de lumières que 4m
zèle. On, a de lui, comme littéra-
teur , des Difcours Académiquee ^
des Lettres fur l'Italie , % vol. in-S^«
1788. L'auteur avoit voyagé en
homme fcnûble aux chef-d'oeuvres
des arts & aux beautés de la nature.
Son Livre 9 iauvent ailiaié pv 1^
11
n
çjo G E R
fenciment & l'enthoufiafme , eft plus
fouvcnt encore défiguré par des
phrafes emphatiques, par des re-
cherches d*efprit , par des tournures,
dont quelques-unes font orig^ales ,
& dont la plupart touchent de trop
près à la bizarrerie & à l'affeétation.
Le préfident du Paty , ( il JEaur
l'ayoucr» ) manquoit un peu de
yoût, & il avoit trop cherché à
imiter DUtrot & Thomas , qui lui
I fourni fouvent plnfieurs de Tes
phrafes. Ses ennemis ont répandu
que Voitaîrt , confulté'/ur fes talens ,
comme magiftrat , avoit répondu :
Ctfi SM bon Uitifàttur', & que quand
on voulut le faire expliquer fur
fes difpoûttons pour les lettres &
les arts , il dit : Ctft un bon Magifirat,
II fe peut £sire que Voltaire ait (ait
cette épigramme , parce que ce poète
plaifuntoit.
GERBIER, ( Pierre- Jean-Bap-
tifte ) avocat au parlement de Paris ,
mort dans cette ville le 8 Mars
tjW , écoit né à Rennes , d*un
avocstt, le 19 Juin 172^. Ayant
prêté ferment è l'âge de vingt ans ,
h eut bientôt des occafions de dé**
velopper les dons qu'il avoir re^
de la nature. Les caufes les phi^
extraordkiaires femblerent fe pré*
fenter pour lui ùikt une grande
réputation *, mais aucune ne fervit
autant à raccroitre, que le prdcèi
des Lloné , négoctans de^Marfetllei
contre les Jéfuites. Ce Mt ak>rs'qiie
Kon vit au barreau prefqtte tous les
talens réunis-, Tonâion à la ibrcei
le pathétique à la grâce, la modé-^
fteîon » l'énergie, la raillerie fineft
décente avec la majefté del'audienceù
Il plaidé)! toujours fans- cahier ;
ikvais eii f e livrant aux mouveiâens
qui dénient la vie au di¥lÊ:éurs , il
ne s'écàrtoit point du plan fage &
lumineux qu'il avoîc tracé dans fa
tête. U ne fuffiibit pas de Fentendre
t^arleci ii Cklloic If YÔir-^ pour
LOU
fentir cCMnbien les grâces extérieur
res font £ivorables à l'arc oratoire*
Sa taille , au-deflus de la médiocre;
toute lliabitude de fon corps ;
noble & fans gène ; un front dé-
couvert, des yeux éttncelans, un
nez aquilin , une bouche agréa*
ble , une phyfionomie vive &
mobile , ajoutoient beaucoup aux
charmes de fon organe fonore •
enchanteur & flexible. Ceux qui
n'ont pas été à portée de iouir
de cet enfemble«fédni£ant , n'omf
pu que fe former nne idée impar-
faite de cet orateur ; car la pluma
à la main , il n'avoir pas les mêmes
avantages qu'en parlant. Ce qui
augmentoit le mérite de Gerbîtr ^
c*A qu*il étoit auifi fimple dana.
la fociété , ^ue brillant dans 1«
tribune. Au milieu de fes amis , oa
le voyoit facile jufqu'à Tabandon,
confiant , modeâe» doux , ienfibls
& généreux. 11 poufila même trop
loin cette deirniere qualité , & il
fut un temps où il eut bcfotn de
mettre plus d'économie dans fes
dépend. Comme tous les hommes
à grands talens , il eue des ennemis^
mais il ne les combattit point ave<
les armes trop ordinaires à certains
avocats , avec des injures. Il fs
conttntoit de dire : Us font plus 4
flaindre que mot ; la haiàe dévore Imr
caur, & le mîen' tfi trmqulUe, Ses
amis chériffent fa mémoire ; il leur
rendit plus d'une fois des Services
importans. ێ fut lut qui procnrl
nne abbaye à l'abbé Atnmud^ lïm
des admirateurs de Ion éloquence i
& qui fut lui-même qu^qucfoii
éloquent.
LOUl^MARIE DE FRitNCVS
fille de Lùuîi JTIT , & de Msnà
lec^tn^ibr, naquit è Verûolies le if
Juillet 1737. Elrrée dès Venfimce
•dans Tabbaye ^e Fontevrault , elte
y putfa des fetttimens de piété
qu'elle conférvâ à la coiur. Apfèi
MON
Il mort de fa vertueufe mère, elle
réfolut de fe foire Carmélite , &
die fit profeffion dans le couvent de
Saint-Denys, le i*' Oûob>e 1771.
Ce fut un fpeâade touchant pour
la religion , de voir la fille d'un
Hoi, obéiâbnt à la voix d'une fupé-
iieure de Religieufes , n'ayant plus
d'autre lit qu'une efpece de cercueil,
le fou mettant aux pratiques les plus
sigoureufes de la Règle , & répon-
dant toujours: Pour être fUc de
Hoi , je n*en fuis pas moins obligée de
faire comme tes autres. Devenue mal-
treffe des Novices , elle leur difoit :
Mes Saurs , peut-être ne fauraî-je pas
90US parltr , mais je /aurai agir,
L'auftérité de fa vie n'altéra pas
l'aménité de fon caraâere. Son ef-
prit de dpuceur & de fagefTe la fit
élire Supérieure le 25 Novembre
1773 1 &elle fotpour les compagnes
de fa retraite , un parfait modèle de
toutes les vertus de leur état. Elle
mourut d'hydropiiîe , le 23 Dé-
cembre 1787, à 51 ans. On a mis
iîir fon tombeau cette Epitaphe :
Son faerifce honora fa relîpon ,
Son courage prouva fa fol;
Sa naiffana releva fon humilité.
Son \ele maintint la Règle ^
Sa ferveur en înfplra P amour ,
Son exemple en adoucit Cohfervance,
MONTAZET, { Antoine de
Calvin de) né en 171 2 , dam le
diocefe d'Agen, fut nommé évêque
d'Autun en X74S , Archevêque de
Lyon en 1758, & mourut à Paris
le 2 Mai 1788. L'académie Fran-
çoife le mit au nombre de fes mem-
bres en 1757 « & il ne dut pas ce
choix à fes dignités 1 mais a fes
calens. Une mémoire heureufe , une
imagination brillante , un dprit
également propre aux affaires &
aux belles-lettres, le diflinguerent
de bonne heure. Son éloquence
étoit élevée» noble ; éaei:gique &
bien nourrie. Ce caraâere fe montre
dans fes différens Ouvrages. Les
principaux font : 1. heure à M. tAf*
ehevêque de Paris , 1760 , in - 4® &
in- 12. IL InfiruSlion Pafiorale fur les
fourees de Plncrédulité & la fondemens
de la Rellpon^ in-4®, 1776, lue
avec fruit & avec plaifir par les
incrédules mêmes.' Cet ouvrage re-
marquable par la force du raifon-
nement , & par divers traits d'élflK-
quence , l'eft encore par la fagefie
et la modération avec laquelle il
efl écrit. III. Des Mandemens ^
des InflruSions Pafiorales , un
Catéchlfmt & d'autres Ecrits à
l'ufage de fon diocefe , qu'il gou-
verna en pafleur charitable » jimruk
& zélé.
RISBECK , ( Gafpard ) né en
1750, dans une petite villt, près
de Mayecce , étoit fils d'un riche
négociant. 11 énidia d'abord en
droit , quoique une imagination
ardente , un caraâere impétueux ,
le rendiflent peu propre à l'étude
aride , mais nécdSTaire des lois.
Occupé de littérature & de philc^-
fophie , plus que de jurifprudence »
il s'enrôla dans la SeHe des Génies
par excellence. Cétoit ainfi que s'ap«
peloit une Société , dont le prin-
cipe fondamental étoit le mépris
fduverain des convenances fociales.
Ces nouveaux Diogenes , n'aimant
que la liberté & l'indépendance*
regardoient tous les emplois poli-
tiques» toutes les fondions civiles «
comme au-deiTous d'eux. Rhheck
s'étant rangé fous la banniçre de
ces dangereux feâaires , diflîpa le
bien que fon père lui avoit laifiié ,
& fe vit bientôt réduit , pour fub«
Mer, à fe mettre- aux gages d'un
Libraire. U s'établit à Saltzbourg :
enfuite il fe mit à voyager , & fe
fixa pendant quelque temps à Ziurich
en SuiiTe , d'où il fe redra dans le
village d'Arau. Une noire oélan^
Ll ij
55* ROC
CDlie Vtvoit icfé cUns ose tTpeea
de miùatfaffopie , qui l'éloigna dd
toutes les fodétés j.il ne conaut plus
que celle des cabarets. Il mourut à
Arau, le 5 Février 1786. Nous
avons de lui un Voyage d*AlUatapu ,
qui a été traduit en françois , & une
biflwn d^AlUmapu^ dont M. Dony
ée Longruis prépare la traduÛioo*
Il y a dans ces deux Ouvrages
et la hardiefle dans les vues &
eu nerf dans le ftyle ; mais l'obCer-
▼ateur ne fe méfie pas toujours de
fon caraâere chagrin & cauftique.
^ ROCHEFORT, (Guillaumede)
ée l'académie des Infcriptions &
BellesrLettres,naquit à Lyon enX75 1.
Il eut d*abord un petit emploi dans
les finances. Mais né pour la belle
littérature , plutôt que pour les
calcul^, il quitu la province & fe
fixa i Paris. Il aimoit le grec &
les vers : il entreprit une TraduéHon
complète d'Homen , dont les dif-
, cours préliminaires font écrits avec
Bne clarté élégante , & les notes
iaftruâives fans pédantiûne. Quant
• U verfion elle-même , on trouve
de la grâce , de la facilité , de la
fenfibilité dans divers morceaux;
mais le plus grand nombre manque
d'harmonie , de précifion , d'éner-
gie ; & les grandes images d'Homtre
y font trop fouvent rendues par
des images communes. Cependant,
comme les efforts de Tauteur étoient
louables « & quelquefois heureux ,
le roi lui permit de donner à l'Im-
primerie royale, en 1781 » in-4^ ,
ROC
une fort belle édition de fit TrsduC*
tton de VlûoiU & de YOdyffét. Plein
des anciens , Rodufon compofii
trois Tragédies « Ulyjft , Jnùgone &
EieSre , où il imita trop la fimplidté
des tragiques Grecs. Sa Comédie
des datx Fnns , donnée au diéâtre
François , n'y réuffit point , parce
qu'elle eft fbible d'ino-igue 8c de
caraâeres. Ses Ouvrages en profe
eurent un meilleur fuccès. Nous
avons de lui : L Une Rifuuulon dv
trop fimieux Syftime de U Nature ,
in- 12. II. Hl/toire CrUiquedes Opinions
des Anciens fur le Bonheur^ 1^773 «
in-8®. IIL La TraduBlon complète et
Thédtrt^dt Sophocle , qu'il a rendu
avec fidélité, avec élégance, &
orné de notes qui refpirem le goût
.& la (aine critique. tV, Divers
Mémoires dans ceux de l'académie
des Belles-Lettres , où l'on trouve
le littérateur infiruit & l'écrivain
exercé. Cette compagnie le perdit
en 1788. Une ame franche , loyale »
généreufe, inacceffible à l'envie,
jointe à une politefle prévenante ,
pleine d'attentions & d'égards, à
l'envie de plaire & au défir d'obli«
ger , rendent fon fouvenir précieux
à fes confrères & à fes amis. Il
avoir, pour réuffir dans la fociété*
ce qui manque à la plupart des
favans * l'art d'oublier fes Livres
& de s'occuper des autres « fans
exiger qu'ils s'occupaflent de lui.
Il avoit époufé , en 1776 , une
femme aimable , dont il eut deux
en£uis , qu'il perdit prefqud au bcc;
ceau.
1
PRiriLEGE GÉNÉRAL,
JLOUIS , PAR LA GRACE DE DiEU , ROIDE FRANCE ET Dlf
NAVAkRE : A nos amés & féaux Confeilleri , les Gens tenant
nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de
notre Hôtel , Grand-Confeil , Prévât de Paris ^ Baillis ;
Sénéchaux, leurs Lie utenans Civils & autres nos Juftiders
Ju'il appartiendra ; Salut. Nos amés les Sieurs Bruyset
RERES , Imprimeurs-Libraires à Lyon , Nous ont fait expofe^
qu'ils défireroient faire imprimer & donner au Public : Lt
Di&ionnaire Hifiorique des Grands- Hommes , par une Société
de Gens de Lettres. Maîtn Italien , ou Grammaire bâlîennt
& Françoife , par VÉNÉRONI , nouvelle Edition , revue « corrigée
& augmentée i s'il Nous plaifoit leur accorder nos Lettres de
Privilège pour ce néceflaires. A ces causes , voulant favo-;
rablement traiter les Expofans , Nous leur avons permis 8t
permettons par ces préfentes ^ de faire imprimer lefdits Ou-^
▼rages autant de fois que bon leur femblera , & de les vendre ;
faire vendre , & débiter par-tout notre Royaume , pendant le
temps de dix années confécutives , à compter de la date de^
Prélentes , & encore pendant la vie defdits Sieurs Bruyset ^
. s'ils furvivent à l'expiration du préfent Privilège , conformément
à l'Article IV de l'Arrêt du Confeil du 30 Août 1777 , portant
Règlement fur la durée des Privilèges en librairie, raifom
dè^nfes à tous Imprimeurs , Libraires & autres perfonnes de
3uelque qualité & condition qu'elles foîent , d'en introduire
'impreffion étrangère dans aucun lieu de notre obéiflance ;
tomme auifi d'imprimer ou faire imprimer , vendre , faire
vendre , débiter ni contrefaire lefdits Ouvrages , fous quelque
prétexte que ce puîffe être , fans la permiffion exprefle & par
écrit defdits Expofans , leurs hoirs ou ayans caufe , à peine
de faifie & confifcation des Exemplaires contrefaits, de fix
imille livres d'amende qui ne pourra être modérée pour la
première fois , de pareille amende & de déchéance d état en
cas de récidive , & de tous dépens , dommages & intérêts ,
conformément à l'Arrêt du Confeil du 30 Août 1777 , concernant
les contrefaçons : A la charge que ces Prélentes feront en-
régifirées tout au long fur le Regiftre de la Communauté des
Imprimeurs & Libraires de Paris , dans trois mois de la date
d'icelles ; que l'impreiBo^ defdits Ouvrages fera faite dans
^otre Royaume & non ailleurs , ea beau papier 6c beaux
I
1
Cftraâeres l conformément aux Rédemens de ta Librairie , t
peine de déchéance du préfent Privilège ; qu'avant de les
expofer en vente » les manufcrits qui auront fervi de copie
it Timpreffion defdits Ouvrages , feront remis dans le même
état ou l'Approbation y aura été donnée , es mains de notre
très- cher âcléal Chevalier Garde- des- Sceaux de France , le
Sieur DE Lamoignon ^ Comnundeur de nos Ordres ; qu'il en
fera enfuite remis deux exemplaires dans notre Bibliothèque
publique, un dans, celle de notre Château du Louvre, un
dans celle de notre très- cher & féal Chevalier Chancelier de
France, le Sieur de Maupeov, Stun dans celle dudit Sieur
DE Lamoignon ; le tout à peine de nullité des Préfentes :
bu CONTENU defquelles vous mandons 8c enjoignons de
faire jouir lefdits Éxpofans & ayans caufe , pleinement &
paifiblement , fans' fouâfrir quil leur foit fait aucun trouble oti
cmpêchenent. Voulons que la copie des Préfentes » qui fera
imprimée tout au long , au commencement ou à la fin defdifs
Ouvrages , foit tenue pour duement fignifiée , & qu'aux copies
collationnées par l'un de nos amés & féaux Conieillers-Secré-
tairas 9 foi foit atoutée comme à l'original Commandons au
Kemier notre HuiflSer ou Sergent fur ce requis, de faire pour
ïxécution d'icelles , tous aâes requis & néceffaires , fans
demander autre permiffion , & nonobflant clameur de Haro ,
Charte Normande , & Lettres à ce contcaires : Car tel efl
SK>tte plaifir. Donné à Verfailles le quinzième jour du mois
àe Novembre , l'an de grâce mil fept cent quatre-vîngt-fept ,
& de notre Règne le quatorzième. Par le Roi en fon Comei)«
Signé LEBEGUE.
Regîftré fur le Regîfln XXIII de U Chambre Royale &
Syndicale des Libraires & Imprimeurs de Paris , NJ^ i^St ,
fol. 4Sy , conformément aux dijpojitions énoncées dans le préfent
Prîvilégt ; & â la charge de remettre à ladite Chambre Us neuf
Exemplaires prefcrits par ^ Arrêt du Confeil du t6 Avril 178s*
A Paru ^ le premier Février 178S. Signé KNAPEN^ Syndic.
Nons fpuffignés reconnoi{&ns que M. Le Roy, Imprimeur-
libraire à Caisn , eft intheSè^ pour un quart dans le Privi-
lège que nous avops obtenu le 1 5 Novembre 1787 , pour le
piilionnaire hiftorique des Grands-Hommes , par une Société
de Gens de Lettres , en ce qui regarde cet Ouvrage' feuleovenk
i^yon-^ le 48 Avril 178&
Signé BRUYSET frerea^
n*'*
-^
AUC: 27 1930