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Full text of "Nouveau dictionnaire historique, ou, Histoire abrégée de tous les hommes qui se sont fait un nom ..."

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f 

i 


f  NOUVEAU 

Idictionnaire 

HISTORIQUE; 
HISTOIRE  ABRÉGÉE 

De  tous  les  Hommes  qui  fe  font  fait  un  nom  par  des 
Talens,  des  Vertus,  des  Forfaits ,  des  Erreiu-s ,  &c. 

Depuis  le  commencement  du  Monde  7vsq^*a  nos  jours. 

Et  dans  laquelle  on  expofe  avec  impartialité  ce  que  les 
Ecrivains  les  plus  judicieux  ont  penfé  fur  le  carac- 
tère, les  mœurs  &  les  Ouvrages  des  Hommes 
célèbres  dans  tous  les  genres  : 

AVEC 

Des  Tables  Chronologiques  pour  réduire  en  Corps  (ftiijloirt 
Us  Articles  répandus  dans  ce  Didîonnairem 

Par  une  Société  de  Gens -de -Lettres. 

Septième  Édition,  revue,  corrigée,  &  confidéra- 
blemeiit  augmentée. 

'^— —  ■     ■  ■      ■  .         -1  , 

Mihi  Galba  «  Otho ,   Vitellius  ,  née  hentficio  •   ntc  injuria  eognhu 

TAClT.Hift.lib.I.§Jl. 

TOME   IX. 


A  Caen^  chez  G.  LE  R  O  Y ,  feul  Imprimeur  du  Roî ,  ancien 

Hôtel  de  la  Monnoie ,  Grande-rue  Notre-Dame. 
A  Lyon  ,  chez  BRU  Y  SET ,  Frères ,  Imprimeurs-Libraires, 

Avec  Approbation  &  Privilège  duRok     1789; 


ff 


>0 


NOUVEAU 

DICTIONNAIRE 

H  I  s  T  O  R  I  Q  U  'E, 


ÇSffr- 


-«#• 


lABEftNA    ou     tÀ^ERNÎS    * 

(  Jean-Baptifte  )  né  à  Lille  en 
1612 /fc  fit  Jéfiiite  en  1640,  en* 
fôgna  long- temps  la  philofophie' 
&  la  théologie  avec  diâinâioni-^ 
La  ville  deDouay  ayant  été  affll*- 
gée  d*une  épidémie  meurtrieNi  Van 
♦1686  ,  Taberna  prodigua  fe$  foin*- 
aux  i^alades ,  &  fut  la  viâime  de' 
fe  cha^hé.  On  a  de  lui  :  Syaàp/ui 
tktol&f^:  pmcUta  ,  3  vol.  in- 11  ^> 
txcelleritî  abrégé  de  théologie  mo-i 
wlc ,  bien  écrit ,  clair  ,  précis  & 
éloignt  lies  deux  extrêmes  ,  dtl 
rclâchanei*t  &  de  la  rigidité.  / 
TABOP  ,  (  Jean-  Odxon):  né  i6 
Bautien  en  Luface  ,  l'ait  1604  ,• 
voyagea  en  France  ,  &  s'y  ik 
connoîlre  par  fon  érudition»  Ldï 
guerres  d'Allemagne^  ayant  iéàiSaà 
en  cendres  ia  patriei,  xiùjil  ^^sÈÀtk 
çoit  la  charge  d'avocat  as  de  fyndio 
de  la  villt  »  il  fe  retira, -oto  «65 aV 
à  Gieflea^  où  il  fut  confciil^r^dp 
Tome  IX. 


latidgfaV6de>^H^fl^^-Daiihf(àd,  6i 
eb  1667  à  Franefô.rTi  'i>à  fes  cha- 
grins le'{aivirQnt,.il  3Fm<nirut  ea 
1^74.  Ses  éàvéts  ^uvpoffes  fur  le 
DroU  ont.  été  pubtfés^en  1688  t 
en  1  voh  ia-M,'  frafchius  ,  {on 
gendre  ,  €  écrit  Î^Vic,^]^  fut  ceUo 
d'un  bon  citoych  et  d'un  ûtvantj 

^pliqué.    ~     «  , 

,T ABOUET ,  (  Julien  )  né  dans  le: 
Maine  ,  derint  procureur  générait 
ésx  rénac  dé  Chambéry^  Sa  conduite^ 
équivoque  l«i  vaiut\me  forte  mcr-s 
cUjriale-de  l»î)ilf  du  premier  préfi-- 
dent ,  RaymohdPéitffon,  >  qui  la  lui 
fit  par  ordre  de  faCwnpagnie.  Pour, 
s'en.  y.^gfiti^iTabofiit  ^'avi£a  d'ac-<, 
cufer  le  premier  préiident  de,  mal-, 
veifations.-^/V^i/^  fat  condamné  à 
tthe  peine  mfamante  (  à  l'amende^ 
'  fy^iorahle  àk  àl'a^nde  burfaU)  par 
le"parleittew  d^e  Dijon  ,  en  1552^ 
Mais,  ayant  obtenu  que  fon  procès 

A  .   " 


%  T  A  B 

il  fut  abfous  en  1 5  j  6 ,  &  foft  a€8u- 
fafexir  condamné  à  la  peine  qu'il 
avoit  ûihie.  Il  fut  depuis  mis  au 
pilari  &  banni.  Il  mourut  en  1^62* 
On  a  de  lui  :  !•  Sabaudî»  Prlncîpum 
^etualogîa  ,  verfibus  &  Latîa'i  dîaUcio 
digefta  ,  traduite  en  françois  ,  en 
prpfe  &  en  vers ,  par  PUrrc  Trehcdan^ 
II.  Une  Hîftoîre  de  France  dans  le 
même  goût ,  imprimée  avec  rou* 
vrage  précédent  en  1 560 ,  in-4**. 

TABOUREAi;  PES  RÉAUX , 
(N.)  fils  du  grand-maître  des  eaux 
&  forêts  du  Lyonnois ,  fut  d'abord 
cdnfeiller  au  "prlement  de  Paris ,  ' 
81  enfuite  inteèdant  de  cette  pro* 
vince  »  qu'il  adminii^ra  pendant  10 
ans  en  père  tendre  &  en  magiilrat 
éclairé,  h^ms  XP^Iy  in%uit  de  ie» 
lumières  ,  de  fon  équité  &  dé  fôn 
afHduité  aux  affaires  ,  le  nomma 
contrôleur  tàsxértdu.  Il  garda  peu  de 
temps  cette  place,  qui  ne  contribua 
en  rien  à  fa  fortune ,  &  mourut  -^ 
confeiller  d^état  le  50  Mai  1781, 
Regretté  de  tous  les  gens  de  bien* 
ifiiùs  -  Phiiipfâ  Tàhweaà  de  VtlU" 
ftitour  ioalterr,'Heut*nant  gé&éral 
des  années  ^.  roi  .»  commandeur 
éè  l'Ordre  de  Saint-Louis ,  infpeo» 
teur  général-  -ée  l'artiUerie  ^  étok 
iiKM<  à  Bèfoi»  Huit  iBo»  avantluir, 
le  9  S^embîe'  17S1  ,  .à  62  ans  ; 
<^étoiiun  oficitr  brave)  intelligent, 
aftif ,  expérimenté.  Il  fe  diftingua 
dam;  diverlés  àâions  d'éclat ,  '  & 
Hnvtoue  à  Saint-Cafl  en  Bretagne»^ 
li»rfque  les  Anglois  y  firent  une' 
ftefcente  en  1760.  Il  mourut  cou- 
irait  de  Meffures,  êtlaiffant  à  fes» 
^is  le  (bu  venir  d'un  homme  dont 
la  bonté ,  la  feAfibrlité  &  les  au&ei 
^a^lités^  faciale»  égaloient  la  bn- 
♦otn^. 

I.  TABOUROt ,  (  Ican  )  <Aa- 
éoine  ^  efàciat  de  Langres ,  fe  fitf 
«tn  nom  par  divets  Ouvrages,  hè 
éfalendrier  des  Bergers ,  i  çSt^  ,  în-S°% 
àc  la  Méthode  pour  apprendre  tonus 
fifrui  de  Danfes  ^1589  ,  in-^f  {Vm 


TAC 

8c  Tautrtf  fous  le  nom  de  Tkofnoê 
Arbeau  )  fent  encore  recherchés^ 
Il  mourut  en  1595  *,  il  étoit  osdë 
du  fuivant. 

II.  TABOUROT,  (  Etienne  ) 
plus  connu  fous  le  nom  de  Sieuf 
Des  Accords^  procureur  du  roi  au 
bailliage  de  Diion  ,  né  en  1547» 
s'eft  fait  un  nom  par  quelquesr 
Ouvrages  finguliers.  Le  moin» 
mauvais  efl  celui  qui  efl  intitulé  : 
Bigarrures  &  Touches  du  Seigneur  DEg 
Accords  ,  dont  on  a  pluûeurs  édi- 
tions, une  entre  auures  avec  les 
Apapkthegmes  de  Coulard  &ies  Ef^ 
cnùgriis  Dijonoifes  ,  à  Paris  ehe« 
Mocroi ,  in-  12.  Il  enfanta  cette 
produâion  à  Tâge  de  18  ans;  mai» 
illa  revit  &  l'augmenta  ,  en  ayant 
plus  de  35.  Son  ouvrage  ,  tiim^ 
primé  pluiieurs  fois ,  entre  autre» 
en  1662  r  itt'  12  )  reâferme  de» 
règles  fur  les  différentes  manières 
de  plaifanter  &  même  fur  les  calenw 
bours.  Cet  auteur  mourut  en  1590^ 
à  43  ans. 

.  TACFARINAS  ,  chef  d'ânnte 
contre  les  Romains  en  Afrique ,  ai» 
temps  de  Tihert ,  éioft  Numide  der 
natiomU  fervit  d'abord  dans  le» 
trofipes  auxiliaires  des  Romains^ 
&  ayant  déferté ,  il  afTembla  untf 
bande  de  vagabonds  &  de  brigands  » 
&  fe  mit  à  faire  des  courfes  qiù  lut 
réuffireint.  Il  devint  chef  des  l^uzu* 
lains , .  nation  puiâanee  pro^  le» 
déferts  d!Afiriqne  ,  &  il  Ce  ligua 
avec  les  Maures  du  vpiinages» 
Ceux-ci  étoient*  comm»  s  pa» 
Mfiiippa  ^  &  formèrent  ■  camp 
volant,  qui  portoit  le  '  ;le  fe» 
êi  la  terreur  de  tons  cot  pendant 
que  Tacfarini^s  ^  avec  l'éitie  de$ 
troupes,  canîipoit  à  la  manière  de» 
Romains ,  &  accoutumoit  les  gen» 
à  la  difcipline  militaire;  Les  Qni* 
thîens ,  :  autre  .nation  confidéràble  » 
•mrerent  dans  les  mêmes-  intérêts» 
Furius-  Camliies,  proconful  d'Afirfi* 
^jae  I.  àvertL  de  ces  mQuvemefls  ^ 


TAC 

ÉHIfdiâ  tontre  lui  &  le  v^ift^ft 
I  l'an  17  de  J.  C.  Tacf armas  renou- 
vela fes  brigandages  quelque  temps 
^  feprès  :  il  affiégea  même  un  château 
ou  Décrias  commandoit ,  &  défit  la 
gamifon  qui  étoit  fortie  pour  fe 
battre  en  rafe  campagne^  Decrîus 
templit  les  devoirs  d'un  guertiet 
très-brave  &  très-expérimenté.  Les 
blefTures  qu'il  avoit  reçues  ,  dont 
l'une  lui  avoit  crevé  un  oeil  ,  ne 
l'empêdierent  pas  de  faire  tête  à 
l'ennemi  ;  mais  fes  foldats  ayant 
pris  la  fiiite  »  il  perdit  la  viâôire 
h.  la  vie.  Sa  mort  fut  vengée  par 
Jipromus ,  fuceefleur  de  Camille  dans 
le  proconfulat  d'Afrique.  Ce  géné- 
ral,  à  la  tête  de  cinq  cents  vété- 
rans ,  chafia  l'ennemi  de  devant  la 
^Ue  de  Thala  qu'il  affiégcoit* 
Jmlus  ^(^f ,  fucceileur  à^Apronius^ 
remporta  au^  divers  avantages  fur 
Jûtfatînas  ,  qui  avoit  changé  fa 
méthode  de  éif  e  là  guerre ,  &  ne 
fiifoit  plus  que  des  coutfes ,  à  la 
manière  des  Numides*  Ce  dernier  y 
ùm  être  abaou  par  fes  défaites 
réitérées,  envoya  un  ambaffadeuf 
à  l'emperetir  pour  lui  demander 
^cs  terres  ,  qu'il  promettait  de 
cultiver  en  paix.  Loin  de  lui  ac- 
corder fa  demande  ,  BUfus  reçut 
Drdre  de  le  pourfuivre  plus  vigou- 
reufement.  Après  avoir  tenté  vai- 
nement de  le  réduire  «  il  céda  cette 
gloire  au  proconful  Dolahlla,  Ce 
nouveau  général  lui  livra  bataille* 
&  le  brigand  y  fut  vaincu  ^  6c 
mouru|,ieJ^  armes  à  la  main. 

TAu  t^^RD,  (Gui)Jéfuite 
ftançoi^jneîf  ^*  *^  qualité  de  mif- 
fionnaireOP  '  chevaliet  de  Chaumont 
&  l'abbé  de  Choffi ,  ambâfiadeurs  à 
Siam.  Il  revint  en  Europe  en  1688 1 
^tourna  dans  l'Inde  i  &' mourut  à 
Bengale  d'une  maladie  contagieufe , 
dans  l'exercice  de  fes  travaux  apof- 
R>liques  >  vers  l'an  1694^  Ses  deux 
Voyages  a  Siam  ,  en  2  vol. ,  Paris  , 

iWt  &  1689 ,  réimprimé»  i  AmC- 


TAC  ) 

letdâliA  «à  1  vol.  in-il,  170b, 
font  moins  eftimés  que  la  Relation 
de  la  Loubere^  publiée  à  Paris  ^ 
1691 ,  2  vol.  in-i2.  Lts  Mémoires, 
de  celui«.ci,  moins  agréables  pouf 
le  (iyle  (  dit  l'abbé  tf<  Marfy ,  His- 
toire Moderne  »  tome  111 ,  page 
3  58  )  que  ceux  de  l'abbé  de  Choifi 
&  du  Père  Taehard ,  l'emportèrent 
infiniment  du  côté  de  l'ordre,  de 
l*exaûitude,  du  choix  des  matières» 
&  de  la  folidité  des  réflexions^ 
Choîfi  eft  fuperficiel  >  Taehard  eft 
âatteur.  L'un  &  l'autre  font  d'une 
crédulité  exceffive.  Le  Jéftiite  fur- 
tout  ,  flatté  des  honneurs  extraor* 
dinaires  qu'il  reçut  à  Siam ,  fe  laifl'i 
tromper  par  les  exagérations  arti- 
ficicufes  de  Confianu,  qui  ne  cher* 
choit  qu'à  en  impofer  aux  François 
par  une  oftentation  de  magnificence* 
Taehard  ^  élevé  dans  un  collège 
écrivoit  en  profefleur  de  rhétorique! 
qui  n'avoit  pas  oublié  l'amplifica* 
tion.  On  lui  fit  voir  une  cinquan* 
taine  d'éléphans  >  &  on  n'eut  pa* 
de  peine  à  lui  perfuader  que  le  roî 
en  enttctcnoit  an  moins  vingt  mille 
dans  le  refte  du  royaume.  Le  mi- 
ftiftre  lui  montra  rapidement  le 
tréfor  du  prince ,  &  lui  fit  croire 
qu'il  y  avoit  des  amas  d'or  ^  d'argent! 
&  de  pierreries.  On  fait  jufqu'où 
peut  aller  l'impofture  dans  la  montre 
de  ce  genre  de  richeflTes.  Il  le  con- 
duifit  dans  les  plus  belles  Pagodes  , 
lui  fit  voir  des  Idoles  coloflfaleî 
bien  dorées,  &  Soutint  hardiment 
qu'elles  étoient  d'or  maffif ,  &Ci 
Le  chevalier  de  Forbin  feit  voir  danî 
fes  Mémoires ,  combien  Taehard  & 
Choifi  ont  trompé  le  public* 

TACHON ,  (  Dom  Chriftophe  ) 
Bénédiékin  de  Saint  «^  Sever  au  dio- 
cefe  d'Aire ,  mort  en  1^693 ,  cultivai 
le  talent  de  la  dhaire  avec  fuccès. 
On  a  de  lui  un  livre  intitulé  :  De  U 
fainieté  fi»  des  devoirs  d'un  Prédicateur 
évangélique ,  avec  fArt  de  bien  prêcher^ 
^,  MttCXWU  Méthode  pour  catécfUfer  d 

Aîj 


4  TAC 

in*i2.  Cet  ouvrage  ne  renferme  que 
des  préceptes  triviaux. 

TACHOS  ou  Tachus,  roi 
d'Egypte  du  temps  à! Artaxercks- 
Ochus^  défendit  ce  royaume  contre 
les  PerCes ,  quf\fongeoient  à  l'atta- 
quer de  nouveau ,  malgré  les  mau- 
vais Tuccès  de  leurs  premiers  ef- 
fons«ll  obtint  des  Lacédémoniens 
un  corps  de  troupes  ,  commandé 
par  Agéfilas ,  qui  le  trahit  d'une  ma- 
nière indigne.  Tachos  ayant  donné 
à  Chabrlas  ,  Athénien  ,  le  comman- 
dement de  l'armée ,  &  n'ayant  laide 
a  Agéfilas  que  celui  des  troupes 
auxiliaires  ,  celui  -  ci  profita  de  la 
révolte  de  Necianebus,  avec  lequel 
il  fe  iignala.  Le  roi  d'Egypte  fut 
,  obligé  de  fortir  de  Ton  royaume , 
&  on  ne  fait  pas  trop  ce  que  de- 
vint ce  malheureux  prince.  Athénée 
donne  une  caufe  ûnguliere  au 
reflentiment  à*Agéfiias.  Il  prétend 
que  Tachos ,  le  voyant  de  petite 
taille ,  lui  appliqua  la  Fable  de  la 
Montagne  qui  accouche  d'une  fou- 
ris  *,  &  q{\Agéfil^  en  colère  lui 
répondit  :  Vous  éprouvcrei  un  jour 
que  je  fuis  un  Lion, 

I.  TACITE,  (C.  Cornélius- 
Tacl:us  )  historien  latin  ,  n'étoit 
point  de  l'ancienne  famille  des 
Cornéliens ,  mais  d'une  autre  beau- 
coup plus  nouvelle.  Il  étoit ,  à  ce 
que  conjeflure  TilUmont ,  fils  d'un 
chevalier  Romain,,  qiii  avoit  été 
intendant  de  la  Belgique.  Il  naquit 
a  la  fin  de  l'empire  de  Claude ,  ou  au 
commencement  de  celui  de  Néron, 
Vefpafien ,  qui  vit  en  lui  une  ame 
forte  &  un  génie  élevé  ,  le  prit  en 
afïe^iion ,  &  commença  à  l'élever 
aux  dignités  :  Tite  &  Domltlen 
eurent  toujours  .beaucoup  d'eflime 
pour  lui.  Ayant  été  fait  çonful  Tan 
97  de  J.  C. ,  à  la  place  de  Flrgîmusr 
j^ufus ,  fous  Nerva ,  il  prononça  le 
panégyrique  de  fon  illuftre  prédé- 
ceiTeur.  La  fortune  ,  toujours  pro- 
pice à  Vlrginlut  (  dit  Pline  le  Jeum  y, 


TAC 

^rddît  pour  dfemiere   favêiir  vd 
aufli  excellent  orateur  à  un  aufli 
excellent    homme.     Tacîu     avoit 
plaidé  plufîeurs  fois  à  Rome,  & 
fait  admirer  fon  éloquence;  Chargé 
de  la   caufe  des  Africains  contre 
Marîus'Prîfcusy  proconful   d'Airï- 
que  ,  il  le  fit  condamner.  Pline  U 
hune  &  lui ,  étoîent   étroitement 
liés.  »  Leur  amitié  (  dit  l'abbé  ic 
»  la  BUuerîé)  avoit    pour   bafe 
"  la  conformité  de  principes  &  de 
»♦  mœurs.  Comme  dans  l'efTentiel 
'»  ils  fereilembl oient  par^itement» 
»  d'aflez  grandes  différences    fur 
>»  tout  le  refte ,  ne  fervoient  qu'à 
*'  rendre  leur  amitié  plus  piquante 
»'  &  plus  utile.    On  faifit   ^ile-  ^ 
»  ment  le  caradlete  de  Plîne^  qui 
»  nous  a  laiilé  un  volume  deLettres.^ 
*»  Nous  fommes  moins  au  fait  de 
»>  Tacite^  dont  nous  n'avons  que 
>»  des  Ouvrages  d'apparat  ^  mais  ,  * 
>*  autant  qu'on  peut  connoitre  l'un 
>«  &  deviner  l'autre ,  la  probité  de 
>*  Pline    étoit  plus   douce  ,   plus 
"  liante  ,  afTaifonnée  de  tout  ce 
M  qui  fait  les  délices  du  commerce  ^ 
»*  celle  de  Tache  étoit  plus  franche  , 
»»  plus  naturelle,  fans  apprêt  »  ea 
*t  un  mot ,  vraiment  Romaine.  Le. 
"  premier  par  fes  qualités  aimables. 
"  gagnoit  tous  les  cœurs  >  le  fécond 
»  Its  fubjuguoit  par  la  force  de 
»  fon  mérite,  par  lafcendant  de  fa 
»  vertu.  L'un ,  courtifan  délié  fans 
»♦  baflefle ,  &  même  avec  dignité  » 
"  fembloit  fait  pour  vivre  fous  le 
"  gouvernement  fondé  par  ^a^/?^, 
"  &  pour  être  l'ami  d'un  prince  tel 
»♦  que  Trajan,  L'autre ,  républicaîa 
'»  fans  aigreur  &  fans  imprudence, 
"  avoit  droit  à  l'eflime  des  bons. 
"  princes  ;  mais  il  auroit  été  mieux; 
"  encore  fous   l'ancien  gouverne^, 
»  ment  :  il ,  eut  befoin  ,  fi  je  nei 
w  me  trompe  ,  de  prendre  fur  lui- 
»  même  pour  fe  façonner  au  nou*: 
»♦  veau  :,  &  ce  dût  être  l'ouvrage  de^ 
"  toute  fa  vie.îP/Waimoit  paffîea* 


TAC 

^  nément  la  vertu ,  lui  prodîguoît 

*  i*enceiis  par-tout  où  il  croyoit  la 

•  trouver  ;  &  peut-être  il  la  voyoit 
'  quelquefois  où  elle  n*étoit  pas  ; 
'  il  louoit  avec  une  profuiîon ,  qui 
'  pouvoit  rendre  problématique 
'  ion  difcernement  ou  fa  fincérité. 

•  11  mettoit  dans  fes  préventions 
'  les  plus  injufles ,  une  forte  de 

modération  &  d'équité  :  témoin 
la  demi-juftice  qu'il  rend  aux 
Chrétiens  ,  en  reconnoifirjnt  la 
pureté  de  leurs  mœurs  ,  tandis 
qull  les  regarde  comme  des  mal- 
heureux ,  aveuglés  par  une  folle 
fuperftition.  Tadtt  haïiToit  forte- 
ment le  vice.  Il  diftribuoit  les 
louanges  avec  économie  ,  & 
toujours  en  connoiâance  de 
caufe.  L'horreur  qu'il  avoit  de 

'  19^  flatterie  &  du  menfonge  ,  le 
poufToit  vers  les  excès  oppofés. 
Pn  voit  combien  ces  deux  amis 

'  étoient  néceiïaires  Tun  à  l'autre, 

*  Peut-être  que,  fans  la  douceur 
'  de  Pline  f  Taciu  ne  fe  feroit  pas 
'  préfervé  d'une  philôfophle  fau- 

*  vage ,  de  cette  haine  des  hommes 

•  qu'il  reprochoit  aux  Chrétiens  j 
»  fans  le  caraâ«re  mâle  de  Tacîu , 
'  la  bonté  d'ame  de  PUne  auroit 
»  pu  dégénérer  en  complaifance 
^  outrée  ,  en  adulation ,  en  fadeur. 
»  Ils  avoient  tous  deux  l'efprit 
'  vif,  folide  &)ufte ,  l'imagination 
»  féconde  ,  le  fentiment  délicat. 
»  Rien  de  la  furface  des  ob)ets 
'  n'échappoit  à  Pdne ,  tien  de  leur 

>  intérieur  à  Yùdil  perçant  de  Ta- 

*  cite.   L'un  avoit  en   partage  le 

>  brillant  ,  l'aménité  ,  les  grâces 

>  légères  >  il  favoit  même  fe  don- 
'  ner  ,  au  befoin  ,  de  Télévation 
'  &  de  la  force  :,  mais  c'étoit  un 

>  état  violent  pour  lui  -,  bientôt  il 

•  retomboit  dans  les  fleurs.  L'autre, 
<  plein  d'une  vigueur  foutenue, 
«  joignoit  à  la  chaleur  des  idées , 

*  à  1  énergie  de  l'expreffion  »  à  la 

•  vivacité   des  imag.es  >  un  fens 


TAC  5 

»  exquis  »  une  furéminence  de 
t»  raifon  ».  De  leur  temps  on  ne 
nommoit  guère  l'un  fans  penfer  à 
l'autre.  Tacite  s'étant  trouvé  aux 
fpe£tecles  du  Cirque  près  d'un 
chevalier  Romain  avec  lequel  il 
eut  une  converfation  favante  & 
diverfifiée,  le  chevalier  qui  ne  l« 
connoiiToit  point ,  lui  d^anda  s'il 
étoit  de  l'Italie  ou  de  quelque  autre 
province  de  l'Empire  }  Tacite  lui 
répondit  :  f^ous  me  eonnoiffei  ,  & 
yen  ai  l'obligation  aux  Lettres,  Auffî- 
tôt  le  chev  jler  repartit  :  Fous  êtes 
Tacite  ou  Pline...  Nous  avons  de 
Tacite  :  I.  Un  Traité  des  Mœurs  des 
Germains.  11  loue  les  mœurs  de  ces 
peuples  f  mais  comme  Horace  chan- 
toit  celles  des  Barbares  nommés 
Getes  :  l'un  &  l'autre  (.dit  Voltaire  ) 
ignoroient  ce  qu'ils  louoient ,  8c 
vouloient  feulement  faire  la  fatire 
de  Rome;  cependant,  ce  que  d'au- 
tres auteurs  nous  ont  appris  des 
Germains  ,  doime  lieu  de  croire 
qu'à  pluiieurs  égards  le  tableau  de 
Tacite^  quoique  embelli ,  eft  d'après 
nature.  II.  La  Vie  de  Cn.  JuHus» 
Agrîcola ,  dont  il  avoit  époufé  la 
fille  l'an  77  ou  78  de  J.  C  Cet  Ecrit 
cil  un  des  plus  beaux  &  des  plus  pré- 
cieux morceaux  de  l'antiquité.  Les 
gens  de  guerre ,  les  courtiiàns ,  les 
magiftrats ,  y  peuvent  trouver  d'ex- 
cellentes inflruâioàs.  IlL  Hlfloire 
des  Empereurs  \  mais ,  de  vingt-huit 
ans  que  cette  Hiftoire  contenoit, 
(depuis  l'an  69  jufqu'en 96,  ) il  ne 
nous  relie  que  l'année  69  &  une 
partie  de  70.  IV.  Ses  Annales  1 
elles  renfiérmoient  l'Hifloire  de 
quatre  empereurs  ,  Tibère ,  Caligula  , 
Claude ,  Néron,  11  ne  nous  refte  que 
l'Hifloire  du  premier  &  du  der- 
nier ,  à  peu  près  entière  -,  Caligula 
eil  perdu  tout  entier  ,  &  nous 
n'avons  que  la  un  de  Claude,  L'em^ 
pereur  Taclu ,  qui  fe  faifoit  hon- 
neur de  defcendre  de  la  famille  de  - 
l'hifiorien ,  ordonna  qu'on  nùtfes. 

A  ii  j 


't  TAC 

eft  à  croîn  qui  U  Sénat  a  un  tnél"  ' 
itur  choix  à  faln*  Il  ne  voulut  ja- 
nais  peraiettre  à  l'impératiice  de 
fe  parer  de  pierreries  ,  &  il  dé- 
fendit à  .qui  que  ce  fût  de  porter 
des  hs^its  bro4és  d'or.  Il  donna 
le  premier  Texemple  de  la  modeilie. 
Avec  cette  fimplicité  pour  lui- 
même  ,  il  montra  de  la  libéralité 
Se  de  la  magnificence  dans  les  dé- 
penfes  publiques.  11  préféroit  néan- 
moins les  bienfaits  durables  aux 
largefles  paiTageres  -/car  pendant 
fix  mois  qu'il  régna ,  à  peine  put-on 
citer  de  lui  une  feule  de  ces  dîAri- 
butions  de  vin  &  de  viande  uûtées* 
chez  les  Romains.  Mais  il  fit  abatnre 
ia  maifon,  pour  conflruire  en  la 
'  place  à  Tes  frais ,  des  bains  à  l'ufage 
«les  citoyens.  11  céda  au  temple  du 
Capitole ,  pour  l'entretien  &  la  ré- 
paration des  bâtimens ,  les  biens 
qu'il  pofTédoit  en  Mauritanie.  II 
confacra  aux  repas  de  religion  qui 
ie  célébroient  dans  les  Temples  » 
tout  ce  qu'il  avoit  d'argenterie  dans 

-  fon  buffet ,  tandis  qu'il  étoit  par- 
ticulier .^U  employa  à  payer  ce  qui 
ëtoit  dû  aux  foldats ,  les  fommes 
d'argent  qui  fe  trouvèrent  dans  fes 
cofires  lorsqu'il  fut  placé  fur  le 

•  trône.  Mais  }'ai  peine  à  croire  (  dit 

-  CrevUr  )  qu'ilait  abandonné  à  la  ré- 
publique fon  patrimoine ,  qui  étoit 
immenfe ,  &  dont  le  revenu ,  iî  nous 
en  croyons  Vopîfcus ,  montoità  35 
millions.  Ce  fàcrifice  auroit  réduit 
ies  héritiers  à  la  mifere  ,  fi  l'empire 

-  ne  fe  fitt  pas  perpétué  dans  fa  fa- 
mille... Il  aimoit  les  lettres.  Mais.fa 

.  journée  étant  trop  remplie  par  fes 
a£Faires ,  il  ptienoicfur  les  nuits  pour 
les  cultiver  ',  &  il  n'en  pafla  jamais 

•_  aucune  fans  en  donner  quelque 
partie  à  lire  ou  à  écrire.  La  litté- 
rature   né  Tavoit   cependant   pas 

.  guéri  dé  la  fuperftitioo.  Il  s'abâe- 
sioit.-de  toute  étude  le  fécond  jour 

'  lie  chaque  mois  ,  qui  étoit  marqué 

:>.^oininem9iheureuK  d|o$.le&X3len- 


T  A  C 

driers  Romains.  Au  comitientemenf 
de  fon  règne ,  les  Barbares  ie  jetè- 
rent )  lorfqu'on  y  penfoit  le  moins  , 
fur  les  terres  de  l'empire  ;  mais 
ils  en  fortirent  très-promptement, 
foit  qu'ils  y  fiijBfent  forcés  ,  folt 
qu'ils  euiîent  été  payés  pour  s'en 
retirer.  Le  4V  ou  le  5*  mois  de 
l'avènement  de  Tadu  au  trône  im- 
périal ,  il  entreprit  de  porter  la 
guerre  chez  les  Perfes  &  chez  les 
Scythes  Afiatiques  \  &  il  étoit  déjà 
à  Tarfe  en  Glide  ,  quand  il  fut 
attaqué  de  la  fièvre,  ou  plutôt  par 
fes  foldats  qui  lui  ôcerent  la  vie. 
Plufîeurs  hifloriens  ne  lui  donnent 

•  qu'environ  fix  mois  de  règne.  Cr«« 
vîer  lui  fait  tenir  le  fceptre  im<« 
périal  deux  cents  jours.  Voy,  I.  Ta- 
cite. 

TACONNET,  (  ToufTaînt-Gaf- 
pard  )  né  à  Paris  en  1730  ,  d'un 
menuifier ,  quitta  le  métier  de  fon 
père  pour  fe  livrer  à  fon  inclina- 
tion libenine.  U  fe  mit  à-Êiire  des 
vers-;  le  cabaret  fut  fon  Pamaffe. 
Etant  entré  dans  la  nroupe  des  Htf> 
trions  de  la  Foire ,  il  fut  à  la  fois 
aôeur  Ôc  poëte.  On  l'appela  le  Mo^ 

.  Uert  des  Boulevards,  \\  fit  pour  le 
fpeâade  de  Nîcolet ,  un  grand  nom-* 

'  bre  de  Parodies  ,  de  Farc:s  &  de  Pa* 
rades  ^  dont  on  peut  voir  la  liile 
dans  la  Franct  Littéraire,  Parmi  fes 
nombreufes  productions  faites  pour 
divertir  le  peuple  ,  les  honnêtes 
gens  voient  avec  quelque  plaifîr 
.les  Avtux  Indi/crets ,  le  Maifer  donné 
&  rendu.  Ses  héros  étoient.des  Sa^ 
vetiers  ,  des  Ivrognes.  »  des  Comnurts  , 
des  Barbouillards ,  des  Egrillards  ;  & 
il  mettoit  dans  fes  pièces  la  même 
gaieté  &  les  mêmes  charges  qu'il 
mettoit  dans  fon  jeu.  Il  mourut  à 

:  Paris  à  l'Hôpital  .de  la  Charité ,  le 
19  Décembre  1774  •  des  fuites  de 

.  fès  débauches.  Bacchus  fut  toujours 

•  fon  AppoUon  ;  &  Jorfqu'il  vouloit 

•  marquer  fon  dédain  pour  quel- 
qu'un ,  il  difoit  ordioaicemeot;-^ 


TAC 

ife  ie  méprifi  tomme  un  vtm  itùtu 
On  prétend  que  le  vin  qu'il  aiœolt 
tant,  accéléra  fa  mort;  &  comme 
Foinfinu  un  de  fes  rivaux ,  avoit 
trouvé  le  trépas  quelque  temps  au- 
paravant dans  le  Guadalquivir  « 
^  2>.  X.  P.  fit  les  vers  fuiyans  : 

O  mort!  m  vtux^tu  dans  ta 

rage 
jtux  plus  grands  Atoeurs  de  notre 

âge  ? 
Dans    trop  d'eau    s^éteint  Foin* 

finet, 
El  éUuis  trop  de  vin  Taconnet. 

TACQUET  ,  (André)  Jéfuite 
d'Aavers  ,  mort  en  1660 ,  fe  dif- 
■tîngua  dans  les  mathématiques  «  & 
donna  un  bon  Traité  d^AfitmomU. 
Ses  Ouvrages ,  imprimés  en  un  vol. 
în-fol.  ,  à  Anvers  en,  1669  &  1707 , 
ont  été  recherchés  autrefois. 

TAI^DA ,  (  François  )  fculpteur 
de  Florence,  fiorifToit  au  milieu  du 
'XI v^  iiecle.  CêmedchUdlels ,  grand- 
duc  de  Tofcane,  l'honora  de  fe  pro- 
•teâion  &de  fon  eftîme.  Ce  fculp- 
ttur  trouvant  plufieurs  morceaux 
de  porphyre  parmi  des  pièces  de 
vieux  marbre*  voulut  en  composer 
^  Bailin  de  Fontaine ,  qui  parût 
«tre  d'une  feule  pierre.  Il  fit  (  dit-on  ) 
itiftiller  certaines  herbes  ,  dont  il 
tira  une  eau  qui  avoit  tant  de  vertu , 
qu'en  y  trempant  plufieurs  mor- 
ceaux détachés  ,  elle  les  unifibit 
.&  leur  donnoit  une  dureté  ex- 
traordinaire. 11  répéta  cet  efiai  plu- 
fieurs fois  avec  un  égal  fuccès  ; 
mais  fon  fecret  fut  enterré  avec 
lui.  ^ 

TAFFI 9  (  André  )  peintre ,  natif 
de  Florence,  mort  en  1294,  âgé 
^  8x  ans,  apprit  (on  art  de  quà- 
ques  peintres  Grecs ,  que  le  fénat 
•de  Venife  avoit  mandés.  Il  s'appli- 
qua fur-tout  à  la  Mofàique  ,  forte 
de  peinture  dont  la  fecret  lui  fiit 
.montré  par  Apollonius  ,  un  de  ces 
i^Û^G^*  rtf^cnvaiUadc^çoiiii- 


TA  G  9 

ceft  avec  lui ,  dans  l'églife  de  Saint- 
Jean  de  Florence,  à  repréfenter  plu- 
fieurs Hiiloires  de  la  Bible.  Onad- 
miroit  fur-tout  un  Chrifit  delà  hau* 
teur  de  fept  coudées ,  compofé  avec 
un  grand  foin  par  Taffi,  On  repro- 
che à  ce  peintre  d*avoir  été  plus 
fenfible  au  profit  qu'à  l'honneur 
qu'il  retira  de  ce  b«»u  morceau  de 
peinture,  &  d'avoir  depuis  préci* 
pité  fon  travail  par  avidité  pour 
ion  gain. 

TAGEREAU ,{  Vincent  )  avocat 
au  parlement  de  Paris  au  xvit® 
ficde  ,  étoit  Angevin.  On  a  de 
lui  :  I.  Un  Traité  contre  le  Con-- 
grès ,  imprimé  à  Paris  en  1611  « 
in-8° ,  fous  ce  titre  :  Difeours  de 
fimpuijfance  de  tHomme  &  de  la 
Femme,  L'auteur  y  prouve  que  le 
congrès  efi  déshonnête  •  impoffible 
à  exécuter,  &  empêche  plutôt  de 
connoitre  la  vérité ,  qu'il  ne  fert 
à  la  découvrir.  Cet  ufage  abomi* 
nable  fat  aboli  eiî  1 677 ,  fur  un  plai- 
doyer de  Lamoignon  ,  alors  avocat 
général.  II.  Le  Vrai  Praticien  Ftan* 
çois^  in-8®, 

TAGLIACOCCI,  (Gafpar) 
profefiîeur  en  médecine  &  en  chi* 
rurgie  dans  Tuniverfité  de  Bologne 
fa  patrie  ,  mourut  dans  cette  ville 
en  1 5  5  3  ,  à  64  ans.  Il  s'eH  rendu 
très-fameux  par  un  livre  >  où  il  en- 
feigne  la  manière  de  réparer  les  dé- 
buts des  narines ,  des  oreilles  &  des 
lèvres  ,  dans  le  cas  de  mutilation 
ou  de  difformité  de  ces  parties. 
Mais  Mangtt  croit  que  tout  ce  qu'il 
dit  fur  cette  matière,  quelque  in- 
génieux qu'il  foit ,  n'a  jamais  pu 
exifier  que  dans  la  théorie,  &  que 
lui-même  ne  l'avoit  point  pratiqué. 
Quoi  qu'il  en  foit,  TagUacocei tsp- 
porte  des  exemples  de  nez  perdus , 
rétablis  par  fon  art.  Sa  Statue ,  dans 
la  falle  d'anatomie  de  Bologne ,  le 
repréfente  im.  nez  à  la  main.  Son 
Traité ,  plein  de  chofes  cutieufes  , 
divifé  «a  deux  livres ,  &  accom- 


iù       ,  T  A  H 

pagné  de  figures  «  parut  à  Franc- 
tort  en  1598  ,  in- 8^  ,  fur  rédition 
£ûte  à  Venife  l'année  précédente 
I597 ,  m-fol.,fous  ce  titre  :  De  Cur^ 
torum  chirurpa  per  infitlomm.  Un 
nommé  Vcrduin  a  renouvelé  l'idée 
de  Tagliacocci ,  dans  fon  livre ,  Dt 
novA  Artuum  dccurumdorum  radone , 
Amilçrdam ,  1666 ,  in-S^. 

TAHUREAU ,  (  Jacques  }  né  au 
Mans  vers  1527 ,  fit  quelques  cam- 
pagnes avant  de  fe  marier.  Il  a'étoit 
encore  fixé  à  aucun  état ,  quand  il 
mourut  en  15  5 5.  Ses  Poéfiits  furent 
imprimées  à  Paris  en  1574 ,  iii~8^. 
Ses  Dialogues  facjdeux^  iy<66  ,  ili-8**, 
prouvent  que  l'auteur  avoit  de  la 
gaieté  dans  le  caraâere,  6c  du  na- 
turel dans  Peiprit  ^  mais  (es  vers 
font  très-peu  de  choie. 

TAILLE ,  (  Jean  &  Jacques  de 
la)  poètes  dramatiques  Srançpis, 
étoient  deux  frères  qui  naquirent 
m  Bondaroi  dans  la  Beauce ,  près 
de  Pithiviers ,  d'une  Emilie  noble 
&  ancienne  :  Jem  en  15  0 ,  &  Jtu» 
ques  en  1541.  Le  premier  s'appli- 
qua d'abord  au  Droit  ;  la  leâure  de 
Kanfurd  &  de  iu  Btlùà  lui  fit  bien- 
tôt abandonner  les  Lois  pour  les 
Mufes.  11  infpira  (on  goût  à  fon 
frère ,  qui ,  avant  l'âge  de  20  ans , 
tcompofa  cinq  TrM^iMu  &  d'antres 
iPoéiies-,  mais  il  mourut  de  la  pefle 
en  1 5  62 ,  à laflevr  deibn  âge.  Jean  « 
fon  frère  aîné ,  prit  le  parti  des  ar- 
mes. U  fe  tvowQsa  -a  ia  bataille  de 
Dreux ,  &  fut  «fcangeicuiement  bleffé 
au  vifage  à  xeUe  d'Amai-Jke-Duc. 
Au  retour  du  combat ,  le  roi  de 
Navarre,  depuis  Haid  iK^  courut 
rembraf&r»  &  le  remit  à  fes  chi- 
rurgiens pour  être  panfé.  Il  mourut 
en  1608.  Osia^lui:!.  Des  Tra- 
*  %idies^  des  Comédies  y  des  EJégxs  & 
d'autres  Poéfies  «  imprimées  avec 
celles  de  fon  ùete Jacques j  en  1573 
€c  1 5  74 ,  2  vol.  in-8^.  il.  Une  G^'o- 
vuuicc,  IJ74,  in-4**.  ilL  Les  Sin^ 
^rîês  de  la  LiffiCr  X59f^  '^^^^  r  <^ 


TA  r 

dans  la  Satire  Menlppée,  IV.  bî/^ 
cours  des  Duels ^  1607 ^  in-  12.  Le 
guerrier  valoir  mieux  en  lui  que  Ici 
poète  &  le  profateur. 

TAILLEPIED ,  (  Noël)  rdîgîeux 
de  Saint-François ,  né  à  Pontoîfe^ 
mon  en  1 5  89 ,  fut  leâeur  «n  théo^ 
logie  &  prédicateur.  On  a  de  lui  r 
L  Une  TraduSion  françoife  des  VU»- 
de  Luther^  de  Çarlofiade  &  de  Fîfirre^ 
Martyr ,  in  r  8^.  II.  Un  TraiU  d^. 
l'ApjfarUioH  des  Efprîts  ,  1602  ,  in-.IO» 
fruit  d*un  efprit  fuperilitieux  &  cré- 
dule, m.  Un  Rtcuùl  fur  les  Anti- 
quités de  la  ville  deKouen ,  in-S**. 
Ceft  fon  meilleur  Ouvrage.  IV. 
VJTcfiùîrt  des  Druides  ,  Paris  ,  i  y  8y  , 
in  -  S^  :  livre  fiivant ,  rare  &  re- 
cherché. 

TAILLEURS  ,  (  Les  Frbuss  y 
Voy.  BucH£. 

TAISAND,  (  Pierre  )  avocat  fc 
iurifconfulte  au  parlement  de  Di- 
ion,  fa  patrie,  puis  tréfbrier  dc( 
f  rance  en  la  généralité  de  Bour* 
gogne ,  naquit  en  2644 ,  &  mourut 
en  1715  ,aimé  &  eftimé.  Ses  mett- 
leurs  ouvrages  font  :  I.  Les  FUs  dis 
plus  célèbres  Jurîfeonfultes,  La  plus 
•ample  édition  de  cet  ouvrage  cft 
celle  de  1737»  in -4^.  IL  Hlftoifti 
du  Droit  Romain  »  in- 12.  III.  CùtH 
tsant  gjuUraU  dt  Rourgopu^  «vec  ua 
Commentaire  j  1698,   in -fol. 

TAISNira,  (  Jean)  né  à  Ach 
jen  1509  «  fut  précepteur  des  pages 
de  Pemperenr  Charles»  Quint  i  mais 
cet  emploi  gênant  fon  goût  pour 
Je  travail  &  les  talens  agréables , 
il  alla^  fixer  à  X!}ologne ,  où  il  fiic 
maitre  de  mufîque  de  la  chapelle  de 
rélef^eur.  Il  pa€bit  pour  un  habile 
chiromancien.  On  a  de  lui  «  Opa$ 
Mathématkum  »  Cologne  ,  if6i>^ 
in-foL  Cefldans  cet  Ouvrage  qu'oo 
trouve  &  Chiromancie  &  fon  Aflrqr 
logie  judiciaire,     .. 

7.  T  ALX ,  (  Jean »feigneur  de ) 
d'une  famille  noble  de  Touraine-^ 
ùjx  gcaod^iualtre.de  raraU(ûC|.8i 


T  A  I 

fRinier  colonel  général  et  Tlnfan- 
terie  Françoife  en  1 544 ,  époque  de 
l'ififiitunon  de  cette  diarge.  Il  perdit 
dans  la  fuite  celle  de  grand-maitre 
de  l'artillerie ,  pour  avoir  tenu  quel- 
ques propos  indifcrets  fur  la  du- 
diefle  de  VaUntînoU  &  le  maréchal 
dt  Btiffac,  Il  fut  tué  dans  la  tran- 
chée au  iîége  de  Hefdin  en  1 5  5  3 . 

IL  TAIX ,  (Guillaume  de  )  cha- 
noine &  doyen  de  TégliTedeTroies 
en  Champagne»  &  abbé  de  BafTe- 
Fontaine,  naquit  au  château  de  Fref- 
oay  près  de Châteaudun  en  153^* 
de  la  àuiille  du  précédent ,  &  mou- 
nu  en  1599.  Il  a  donné  une  RtU" 
tton  curieufe  &  intcreflante  de  ce 
qui  s'eft  paffé  aux  Etats  de  Blois  en 
X576f  qu'on  trouve  dans  les  Mé* 
Unfju  de  Camufat  \  &  une  autre  de 
deux  aflembléei  du  Clergé ,  où  il 
ayoit  ai&fté  comme  député  :  celle- 
ci  parut  à  Paris  en  162,5  ,  in-4®. 

/.  TALBOT ,  (  Jean  )  comte  de 
Shrewsbury  &  de  Waterford  ^  d'une 
illuftre  maifon  d'Angleterre,  ori- 
ginaire de  Normandie,  donna  les 
premières  marques  de  fa  valeur 
lors  de  la  réduéUon  de  l'Irlande 
ious  Vobéiflance  du  roi  Henri  K, 
^i  le  fit  gouverneur  de  cette  ifle. 
p  fe  fignala  enfuite  en  France ,  où 
îl  étoit  pafféen  1417  ,  avec  l'armée 
Angloife.  Il  reprit  la  ville  d'Aleu- 
çon  en  1428  ,  puis  Pontoife  & 
Wal.  Il  commandoit  au  (lége  d'Or- 
léans ,  avec  les  comtes  dt  Sufilk  & 
d*Efcalti  ;  mais  la  PuulU  les  obligea 
de  le  lever.  Talbot  continua  de  fe 
diftinguer ,  jufqu'à  ce  qu'il  fiit  fait 
pniboaier  à  la  bataille  du  Patay 
en  Beauce.  Après  fa  délivrance ,  il 
emporta  d'affaut  Beaumont  -  fur- 
Oiîe ,  &  rendit  de  grands  fervices 
«u  roi  d'Angleterre,  qui  le  fit  maré- 
chal de  France  en  1441.  Deux  ans 
après,  ce  prince  l'envoya  en  qua- 
rté d'ambafiâdeur ,  pour  traiter  de 
^  paU  avec  le  roi  CharUs  VU;  il 
ttfflpUt  j[a  çommiffiga  avec  beau- 


T  A  L  Vt 

coup  d'intelligence.  La  Guîcnne 
ayant  tenté  de  fe  détacher  du  parti 
de  l'Angleterre ,  il  prit  Bourdeaux 
avec  plusieurs  autres  villes,  &  ré- 
tablit les  affaires  des  Anglois  *,  mais 
étant  accouru  vers  la  ville  de  Caf- 
tillon ,  pour  en  faire  lever  le  fiég» 
aux  François ,  il  fut  mé  dans  une 
bataille  le  17  Juillet  I4n*  ^I 
avoit  prié ,  quelques  momens  avant 
d'expirer,  im  de  fes  fils  qui  étoit 
à  (^  côtés ,  de  fe  retirer,  h  meurs 
en  combattant  pour  ma  patrie^  lui- dit- 
il*,  vlve\pourlafervlr.  Mais  le  jeune 
homme ,  acharné  contre  les  enne- 
mis ,  tomba  bientôt  fous  leurs 
coups.  Les  Anglois  appeloient  To/- 
hot  leur  Achille ,  &  il  étoit  digne  de 
ce  nom.  Aufli  brav«  qu'habile,  il 
étoit  le  plus  grand  général  qu'ils 
euiTent  alors.  Les  armes  n'étoient 
pas  fon  feul  talent-,  il  favoit  né- 
gocier ainfi  que  combattre.  Une 
piété  fincere  rehaufibit  fa  gloire  ^ 
&  cette  piété  étoit  accompagnée  de 
toutes  les  verms  fociales  :  fujet  fi- 
delle,  ami  fincere,  ennemi  géné- 
reux ,  &c. 

IL  TALBOT, (Pierre) né  en 
Irlande  en  1620 ,  d'une  branche  de 
l'illufire  maifon  de  Talbot ,  devint 
aumônier  de  la  reine  Catherine  de 
Portugal^  femme  de  Charles  II  roi 
d'Angleterre.  Son  zèle  pour  la  re- 
ligion Catholique  le  porta  à  quitter 
la  cour  &  à  repaifer  en  Irlande,  où 
il  travailla  fi  utilement  pour  TEglife^ 
que  le  pape  Clément  IX  le  fit  arche- 
vêque de  Dublin.  Arrêté  &  ren- 
fermé par  les  Protefians  dans  une 
étroite  prifon,  il  y  mourut  en 
odeur  de  fainteté ,  vers  1681.  On 
a  de  lui  :  1.  De  natura  Fidel  & 
Harefis ,  in  -  8°.  IL  PoUtlcorum  Ca^- 
tschifmus^  in-4°.  IIL  TraHatus  dû 
Rtâgione  5*  Reglmlne ,  in  -  4°.  IV, 
Hlftolrc  des  leonoclaftes ,  Paris ,  1674» 
in-4°  ;  &  d'autres  ouvrages. 

///.  TALBOT,  (  Richard)  duc 
dé  Tyrwul^but  du  précédant  |ft 


ix  T  A  L 

troura  dès  l'âge  de  i^  ans  à  une 
liataille ,  où  il  reila  trois  jours  parmi 
les  morts.  Après  la  mort  de  Crom- 
wcil  y  il  s'attacha  à  Charles  11  roi 
é^Angleterre ,  &  fut  laifle  vice-roi 
dlrlande  par  Jacques  11 ,  lorfque  ce 
dernier  paffa  eu  France.  Talhot  s'op- 
pofa  à  GiùUaumt  prince  d'Orange , 
&  fe  préparoit  à  donner  bataille» 
lorfrfu'il  mourut  en  1692.  SonOrai- 
fcn  funèbre  ,  prononcée  à  Paris 
|iar  l'abbé  Anfclme ,  &  publiée  in-4°, 
donne  une  grande  idée  de  fa  va- 
leur &  de  fon  zèle  pour  la  religion 
Catholique,  &  pour  les  Stuarts,y  oy. 

COVRTILZ. 

IK  TALBOT.  (Guillaume)  de 
la  même  maifon  que  les  précédens  » 
mais  d'une  branche  Proteftante  éca- 
Meen  Angleterre,  mort  en  1730, 
avoit  été;  fucceflivement  évê^ue 
d^Oxford  ,  puis  de  Sarisbury ,  & 
co6n  de  Durham.  On  a  de  lui  un 
▼oitzme  de  Sermons,  &  quelques 
sutres  Ecrits  qui  n'ont  qu'un  mérite 
nediocre. 

y.  TALBOT,  (Charles)  fils  du 
précédent  »  &  lord  grand^chancelier 
d*Angleterre ,  naquit  en  1686 ,  & 
mourut  en  1736,  après  avoir  montré 
beaucoup  de  talent  pour  les  affaires 
d'état  &  pour  la  politique. 

TALESTRIS,  Foy.  Thaïes- 
tris. 

TALEYRAND,  (Elie  de) 
connu  fous  le  nom  de  Cardinal 
de  Pérîgordy  étoit  fils  d'Archambaud, 
comte  de  Pérîgord,  6i  de  Brtmiffende 
de  Foin  y  d'une  maifon  illufire,  qui 
tenoit  par  fes  alliances  à  plufieurs 
Souverains  de  l'Europe.  Le  roi  de 
France  ,  Chartes  V  ,  appel  oit  le 
Cardinal  de  Pérîgord ,  fon  Coufin  ; 
&  ce  prélat  avoit  une  fœur.mariée 
à  Jean ,  duc  de  G  ravina  ,  huitième 
fils  de  Charles  le  Boiteux  ,  roi  de 
Sicile  »  &  grand-père  de  Charles  de 
Duras ,  qui  pofTéda  la  même  çou- 
îronne  de  la  reine  Jeanne  /.  Tous 
ces  princes  I   descendus  en  ligne 


T  A  L' 

directe  de  Charles ,  fi-ere  de  S.  Louts^ 
étoient  de  la  maifon  de  France. 
Elle  de  Taleyrandy  né  vers  130!  * 
d'une  famille  bien  alliée,  dut  par- 
venir de,  bonne  heure  aux  pre- 
mières dignités  de  l'Eglifc.  Evêque 
de  Limoges  à  14  ans  ,  il  fut  tranf- 
féré  à  Auxcrre  à  28 ,  &  fait  car— 
dinal  à  30,  c'eft-à-dire,  en  133  i» 
Depuis  cette  époque ,  il  parut  dans 
toutes  les  grandes  affaires  de  fon 
temps.  Il  fe  rctidit,  en  1356,  dans 
le  camp  du  roi  lean  ,  &  dLans  celui 
du  prince  de  Galles ,  pour  empêcher 
la  bataille  de  Poitiers.  Mais  il  ex- 
horta en  vain  des  guerriers  à  dé- 
pofer  les  armes.  Le  roi  Jean  ayant 
été  fait  prifonnier  dans  cette  funefte 
journée  ,  le  cardinal  dt  Pérlgord 
paffa  en  Angleterre  pour  ménager 
fa  délivrance.  De  retour  en  France  , 
ce  prélat  s'occupa  de  bonnes  œu- 
vres, &  mourut  en  1364,  à  Avi- 
gnon ,  laiffant  un  nom  refpeâé. 
TALEYRAND,  Voye^CaK^ 

LAIS. 

TALHOUET ,  (N...)  maître  des 
requêtes ,  fiit  convaincu  de  préva- 
rication dans  l'adniiniffration  des 
.  affaires  de  la  Banque  &  de  la  com- 
pagnie des  Indes.  Ayant  été  con- 
damné à  mort  en  17^3  >  fous  le 
Régent,  cette  peine  fut  commuée 
en  une  prifon  perpétuelle  à  l'ifle 
Sainte-Marguerite.  Il  mourut  fort 
âgé.  C'étoit  un  homme  de  plaifîr , 
qui  n'amaffoit  que  pour  diffiper. 
Dans  fa  vieilleffe  il  avoit  confervé 
fon  efprit  &  fa  mémoire  *,  mais  foi» 
imagination  frappée  lui  avoit  laiffé 
un  tic  fingulier.  Comme  on  l'avoit 
accufc  d'avoir  ordonné  des  chofes 
repréhenfibles,  fa  têtes'étoit  échàu6* 
fée  de  cette  idée ,  &  à  chaque  phrafc 
il  plaçoit  ces  mots  :  et  ordonner  des 
chofes.  Ce  refrein  caufoit  quelque- 
fois des  équivoques  plaifantes. 

TALL  ARD ,  (  Camille  d'Hoftun , 
comte  de  )  maréchal  de  France  » 
naquit  le  14  Février  i6j2  ^  de  Rog/Sg 


T  A  t 

iRofiun^  marquis  àt  la  Baamt^  H 
de  Cathaînt  de  Bonne  ,  fille  &  uni- 
que héritière  de  Bonne  d'Aurîac  ^ 
vicomte  de  Tallcrd ,  en  Dauphiné. 
il  eut ,  à  l'âge  de  i6  ans ,  le  régi- 
ment royal  des  Cravates ,  à  la  tête 
duquel  il  Te  fignala  pendant  dix  ans. 
Il  Advit  Louis  Xiy  en  Hollande , 
l'an  i67'2.  Turenne ,  inftruit  de  fon 
mérite  ,  lui  confia,  en  1674,  le 
corps  de  bataille  de  Ton  armée  *  au 
coinbac  de  Mulhaufen  &  de  Tur- 
keim.  Après  s'être  diflingué  en 
diveries  occaûons  »  il  fut  élevé 
au  grade  de  lieutenant  général  en 
1693.  Sachant  également  manier  le 
caducée  &  le  glaive,  il  fut  envoyé 
Tan  1697  ,  en  qualité  d'ambaifa- 
deor  9  en  Angleterre  >  où  il  conclut 
le  traité  de  partage  pour  la  fuccef- 
fion  de  Charles  II.  La  guerre  s 'étant 
rallumée,  il  commanda  fur  le  Rhin 
en  1702.  Le  bâton  de  maréchal  de 
Fradce  lui  fiit  accordé  l'anuée  da- 
près.  Il  prit  le  vieux  Brifach ,  fous 
les  ordres  du  duc  de  Bourgogne , 
&  mit  le  fiége  devant  Landau.  Les 
Impériaux  ,  commandés  par  le 
prince  de  Heâfe-Cailel ,  étant  venus 
l'attaquer  dans  £es  lignes ,  (le  14 
Novembre  1703 ,)  il  alla  au-devant 
d'eux,  les  joignit  fur  les  bords  du 
Spirback ,  les  attaqua  la  baïonnette 
au  bout  du  fufll,  les  battit,  & 
obtint  tous  les  trophées  qui  fui* 
vent  la  viâoire  la  plus  décidée. 
Son  caraâere  avantageux  lui  fit 
gâter  une  aâion  û  brillante,  par 
une  Lettre  hyperbolique.  Nous  avons 
pris  plus  de  drapeaux  &  d'étendards  ^ 
écrivit-il  à  Louis  XIV  »  que  Votre 
Majeftc  n*a  perdu  defoldats,  La  prife 
de  Landau  fut  le  fruit  de  cette 
yiâoire.  Le  maréchal  de  Tallard 
fot  envoyé  en  1704 ,  avec  un  corps 
d'environ  yopoo  hommes ,  pour 
s'oppofer  à  Marlchorough  ,  &  fe 
joindre  à  Téleâeur  de  Bavière.  Les 
deux  armées  fe  rencontrèrent  à  peu 
jprès  dans  les  mêmes  campagnes  où 


T  A  L  ij 

le  maréchal  de  Vdlars  avoît  rem* 
porté  une  viâoire  un  an  aupan-  ^ 
vaut,  c'efl-à-dire  ,  dans  la  plaine 
d  Hochftet.  Le  général  Anglots  « 
auquel  s'étoit  pint  le  prince  Eugène;^ 
eut  tout  l'honneur  de  cette  journée. 
Le  maréchal  de  Tallard  ,  courant 
pour  rallier  quelques  efcadrons ,  la 
foibleiTe  de  fa  vue  lui  fit  prendrtt 
un  corps  eimemi  pour  un  corps  de 
nos  troupes  ;  il  fut  fait  prifonnier 
&  mené  au  général  Anglois,  qui 
n'oublia  rien  pour  le  confoler.  Le 
maréchal ,  fatigué  de  tous  les  lieux 
communs  qu'on  lui  débitoit  fuc 
l'inconflance  de  la  fortune  ,  dit  à 
MarlcboTûugh ,  avec  une  impatience 
très-déplacée  :  Tout  cela  nempide 
pas  que  votre  Grandeur  n'ait  battu  les 
plus  braves  troupes  du  monde,  —  fef' 
père  ,  répliqua  Milord  ,  que  votre 
Grandeur  exceptera  celles  qui  les  «rc 
battues.  Le  maréchal  de  Tallard^ 
(  dit  l'abbé  de  Salnt^Plerre ,  )  commit 
une  faute  coniidérable  en  dégar- 
niflant  fon  corps  de  bataille  pont 
fortifier  fa  droite.  La  raifon  qu'il 
donna  pour  fe  juftifier ,  c'eft  qu'oa 
n'avoit  jamais  perdu  de  bataille  par 
le  centre  d'une  armée.  Il  efi  vraî^ 
lui  répondit-on;  mais  cUft  qu'on  se. 
sUtoit  pas  encore  avifi  de  dégarnir  pat 
le  centre,,,  Tallard  fut  conduit  en 
Angleterre  ,  où  il  fut  prifonnier 
pendant  fept  ans.  Louis  XIV  le  con- 
fola  de  fon  malheur ,  en  le  nom- 
mant ,  l'année  même  de  fa  déten-  ' 
tion ,  gouverneur  de  la  Franche- 
Comté.  Son  féjour  en  Angleterre 
ne  fiit  pas  inutile  à  fa  patrie.  Il 
fervit  beaucoup  la  France ,  en  dé- 
tachant la  reine  Anne  du  parti  des 
Alliés ,  &  en  faifant  rappeler  Mar^ 
leborough.  De  retour  à  Paris  en  17 1 2, 
il  fut  créé  duc.  En  1726  ,  il  fut 
nommé  fecrétaire  d'état  -,  place  qu'il 
ne  conferva  pas  long-temps ,  étant 
mort  le  3  Mars  1728 ,  à  76  ans. 
Il  étoit  parvenu  à  cet  âge  ,  fans 
^ue  fa  faaté  eût  été  beaucoup  al* 


14  T  A  L 

téréc,  nî  par  les  travaux  du  corps, 
ni  par  ceux  derefprit,  ni  par  toute 
Tagitation  des  divers  événemens 
de  fa  vie.  Le  maréchal  de  Tallard 
avoit  des  lumières.  L'académie  des 
Sciences  fe  Tétoit  aiTociéen  1713. 
Sa  préfomption  ternit  la  gloire  qu'il 
«uroit  pu  retirer  de  l'ardeur  de  Ton 
courage,  &  de  Ta^Uvité  de  fon 
caraûere.  L'abbé  de  Saint^PUnt  le 
peint  comme  un  hon  eoumfan  , 
comme  un  efprit  fin  »  &  comme  im 
homme  très'amhUUux  &  inquiet.  Il 
eut  un  fils ,  Matitrjofepk  de  Hojhm , 
duc  de  Tallard ,  dont  le  duché  fut 
érigé  en  pairie  en  171 59  &  dont 
répoufe»  Marie'I/abelle'Gaèrielle  de 
Rokan ,  née  en  1699 ,  fuccéda  à  fon 
alieule  Mad®  de  Vantadoury  dans  la 
charge  de  gouvernance  des  Enfans 
de  France. 

I.  TALLEMANT,  (François  ) 
abbé  du  Val- Chrétien  ,  prieur  de 
Saînt-Irenée  de  Lyon ,  &  Tun  des 
Quarante  de  l'académie  Françoife, 
naquit  à  la  Rochelle  vers  1620.  Il 
fiit  aumônier  du  roi  pendant  vingt- 
quatre  ans ,  &  enfuite  de  la  Dau- 
phine ,  à  laquelle  il  ,plut  par  fon 
amour  pour  les  belles  -  lettres.  Il 
mourut  fous-doyen  de  l'académie 
Françoife,le  6  Mai  1693  ,  à  73  ans. 
L'abbé  TalUmant  pofledoît  les  lan- 
gues mortes  &  les  vivantes ,  mais 
il  écrivoit  avec  beaucoup  de  né- 
gligence dans  h  iienne.  Nous  avons 
de  lui  :  l.  Une  TraduEiion  firançoife 
dés  Vies  des  Hommes  illuftres  dç 
Plutarquty  en  9  vol.  in- II.  L'abbé 
Talltmam ,  fec  traduéleur  du  fran- 
çois  A*Amyot ,  (fuivant  Texpreffion 
de  BoîUau^)  n'offre  dans  cette  ver- 
fion  ,  ni  fidélité  ,   ni   élégance. 
Louis  XIV ^  qui  avoit  quitté  Amyot 
pour  la  lire ,  en  revint  bientôt  à 
ce  naïf  écrivain.  La  verfion  de  Tal- 
iemant  fut  imprimée  fept  fois  du 
vivant  de  l'auteur  ;  tant  il  eft  vrai  ' 
«que  le  débit  d'un  livre  n'en  prouve 
jpas  toujours  Je  mérite.  II,  Une 


T  AL 

TraduBton  de  THiftoire  de  Venift« 
du  Procurateur  Nanni,  1681,  en 
4  vol.  in-i2 ,  qui  vaut  mieux  que 
la  précédente. 

IL  TALLEMANT,  (Paul  )  pa- 
rent du  précédent,  né  à  Paris  en 
1641 ,  devint  membre  de  l'académie 
Françoife,&fecrétaire  de  celle  de» 
Infcrtptions.  Le  grand  Colbert  lia 
obdnt  des  penâons  &  des  béné-' 
fices-,  il  eut  beaucoup  de  part  à 
VHlfiûirc  de  Louis  XIV,  par  les 
Médailles.  On  a  encore  de  lui  de» 
Haranptes  &  des  Difccurs ,  qui  ne 
font  pas  des  chef-d'oeuvres  d'élo-* 
quence  ;  &  un  Voyage  de  Vlfic  d*a'^ 
moufy  1663  ,  in-i2,  qui  eft  un  pett 
iniîpide.  11  mourut  le^  30  Juillec 
17 12.  Aux  richeffes  dont  il  avoit 
embelli  fon  efprit,  il  }oignoit  le 
tréfor  plus  précieux  de  la  vertu. 
Sa  fociété  étoit  douce  &  aifée  ;  il 
fut  fe  faire  des  amis ,  &  les  con* 
ferver.  Il  plaifoit  par  fa  gaieté  ^ 
fes  faillies  6c  fes  impromptu. 

h  TALON  ,  (  Omer  )  avocat 
général  au  parlement  de  Paris  , 
d'une  Emilie  diftinguée  dans  la  robe^ 
en  foutint  la  gloire  par  fon  inté« 
grité  autant  que  par  fes  talens*  Il 
mourut  le  29  Décembre  1652  >  à 
57  ans,  regardé  comme  l'oracle  du 
barreau ,  &  refpefïé  même  de  fes 
ennemis.  On  a  de  lui  8  voL  in-ix 
de  Mémoires' îwt  différentes  affaires 
qui  s'étoient  préfentées  au  parle- 
ment pendant  les  troubles  de  la 
Fronde,  Ils  commencent  à  l'an  1630^ 
&  finiffenten  Juin  1653. 

IL  TALON,  (Denis)  fils  du 
précédent,  lui  fuccéda  dans  la  charge 
d'avocat  général.  Il  fut  digne  de  foix 
père  »  &  fe  iignala  pas  le»  mêmes 
vertus  &  les  mêmes  talens.  II  mou-> 
rut  en  1698  ,  préfident  à  mortier.  / 
Nous  avons  de  lui  quelques  Pièces 
imprimées  avec  les  Mémoires  de  fonj 
père  ,  qu'elles  ne  déparent  point.. 
Le  Traité  ds  t  autorité  des  Rois  dans 
le  gouvernement  de  l'BfUfe  ,  qu'09 


TAU 

idittttih^t,  n*tû  point  érHu  Ce- 
Traiié  eu.  de  Roland  U  Vayet  dt 
BiMtipù ,  mort  istendant  de  SwiToQs 
co  16S5. 

TAMATO  ,  (  Martin  )  foldat  Ef- 
paf^flEol ,  ietvoit  en  AUemagoe  dans 
Tannée  de  Fempereur  CharUs»  Çjmnt  « 
Tan  1546.  U  fe  rendit  cékbre  par 
une  aâion  de  bravoure ,  &  par  la 
fcdition  dont  il  penTa  être  la  caufe 
iimoeente.  Uarmée  dereni^reur» 
plus  foibte  que  celle  des  Prottihns, 
coomaiidée  par  le  landgrave  de 
HsSêt  »  étoit  campée  en  pi'éfence 
des  ennemis  ^  près  d'Ingolfiad  *,  un 
tebdle  d*une  taille  de  géant ,  & 
qptt  fe  croyoît  le  héros  defbn  fie^ 
de ,  s'avançofit  diaque  )our  entre 
les  deux  camps  ,  armé  d'une  halle- 
barde ,  &  provoquoit  au  combat  les 
plus  braves  des  Impériaux.^  CharUs" 
i^uint  fit  faire  des  dé£enfes  ,  fous 
peine  de  la  vie  »  à  tous  les  fîens 
d'accepter  le  défi.  Ce  fanfaron  re* 
Benoit  tous  les  jours  ^  &  s'appro- 
Cliam  du  quarder  des  Espagnols  « 
leur  reprodioit  leur  lâcheté  dans  t» 
termes  les  plus  injurieux*  Tamayo  ^■ 
^ple  fantaffîn  dans  un  régimenc 
de  fa  nation ,  ne  put  fou&br  l'infb* 
lence  de  ce  nouveau  GoUatlu  II  prit 
'Sa  hallebarde  d'un  de  &s  camara- 
des ,  &  fe  laiiTant  couler  le  long 
des  retranchemens  ,  il  alla  Tatea- 
^er  y  &  iâns  avoir  été  blefie ,  lia 
porta  un  coup  de  hallebarde  dans 
^  gorge  &  le  jeta  fur  le  carreau» 
Jl  prit  enfuîte  Tépée  de  ce  malhcu- 
feus  ,  dont  il  lui  coupa  ktête>  8c 
Tappc^rta  dans  le  camp.  II  la  fut  pré^ 
femer  à  Sa  Majefté  ,  &  fe  jetant 
a  fes  pieds  y  il  Itd  demanda  la  vie. 
Charles-  Quint  la  lui  refufa ,  malgré 
les  prières  des  principaux  officiers 
de  l'armée;  mais  voyant  les  trou- 
pes Efp^pnoles  prêtes  à  en  venir 
aux  dmiieres  extrémités  pour  qu'on: 
leur  rendit  leur  illufire  camarade , 
il  le  remit  entre  les  mains  du  'duc 
Jl^4lh€  y  ^i  lut  accorda  £1  g>^ace«. 


T  PL  W  15 

^AMBXmiNI ,  Si  en  frâncois  « 
Tambourin  »  (  Thomas }  naquit 
en  S^it  d'une  famille  illufire,  fe 
fit  Jéfuite ,  exerça  divers  emplois 
dans  cette  compagnie  ,  &  mourut 
vers  1675.  Ses  Ouvrages ,  qui  r ou-* 
lent  tous  fur  la  Tkéolope  Morale  , 
ont  été  recueillis  à  Lyon ,  1659  , 
in-foU  11  y  explique  le  Décalogue 
&  les  Sacremens.  Beaucoup  de  tliéo* 
logiens  y  o«t  trouvé  des  propoll-* 
tions  repréhenfibles  ;  &  le  parle- 
ment  de  Paris  les  a  fupprimés  le  6» 
Mars  17624 

T AMERLAN  ^  aptpdé  par  let 
/^eas  Telmur^Leat  <m  Teimur  le  Boim 
tettjt ,  étok  fils  d'un  berger,  fuivani 
les  uns ,  &  i^  du  (ang  royai ,  fui* 
vant  les  autres.  11  naquit  en  1331^ 
dans  la  ville  de  Kefch ,  territoire  do 
l'ancienne  Sogdiane,  où  les  Greca 
pénétrèrent  autrefois  fous  AU%An^ 
dft  ^  &.  oii  ils  fondèrent  des  colo* 
oies.  Son  courage  éclata  de  bonne 
heure.  Sa  première  conquête  fut 
celle  de  Balk  »  capitale  du  Khora- 
ian ,  fur  les  frontières  de  la  Perfe» 
De  là  il  alla  fe  rendre  maître  d^ 
la  province  de  Cindahar.  11  fub- 
jugua  touee  l'ancienne  Perfe  ,  dt 
retournant  fiur  ies  pas  pour  (bumet* 
tre  les  peuples  de  )a  Traafoxane  ^ 
il  prit  Bagdad*  Lorque  la  valeuir 
ne  fufnfoit  poim  à  Taourian  pour 
féconder  fes  projets ,  il  £iifoit ,  à 
l'exemple  des  plus  grands  capitaine^ 
de  l'antiquité ,  parler  le  ciel  en  f^ 
feveur.  Il  fufcitottà  propos  im  de 
ces  hommes  puifians  en  paroles  , 
qu'il  avoit  à  fes  gages»  pour  repré* 
fenter  à  fes  fu jets  leur  devoir.  Lorf- 
qu'après  la  prife  de  Bagdad ,  il  eut 
entrepris  la  conquête  des  ludes  , 
les  foldats  fatigués  refufoxent  de  1© 
fuivre.  Tout  d'un  coup  s'élève  ait 
milieu  d'eux  un  enthoufiafie  ,  qui 
reproche  fortement  à  Tamerlan  1^ 
foiblefie  avec  laquelle  il  cède  atix 
cris  des  foldats  :  il  pont  en  même 
temps  av6&  des  Ç9ii^s  &  nvei  1^ 


t«         T  A  M 

konte  Se  le  danger  de  la  fuite  :  îl 
exagère  tellement  la  lâcheté  &  Tin- 
dîfcipline  des  Indiens  ;  il  promet 
enfin  avec  tant  de  confiance  une 
viâoire  facile  &  décifive ,  qu'auffi- 
tôt  les  Tar tares,  comme  s'ils  euf- 
ient  entendu  la  voix  d'un  Dieu , 
paroiiTent  d'autre^  hommes.  Ils 
demandent  avec  des  cris  redoublés, 
qu'on  les  mené  fur  le  champ  à 
Fennemi,  afin  d'eiïacer  dans  fon 
ùng  l'ignominie  dont  ils  venoient 
de  fe  couvrir  en  fe  foulevant.  L'em- 
pereur profite  habilement  du  fuccès 
de  fon  flratagême,  &  fans  laifTer 
refroidir  l'ardeur  de  fes  troupes, 
les  conduit  à  l'ennemi ,  s'ouvre  le 
pafTage  des  Indes ,  &  fe  faifit  de 
Peli ,  qui  en  étoit  la  capitale.  Vain- 
queur des  Indes  ^  il  fe  jette  fur  la 
Syrie»  il  prend  Damas.  Il  revole 
à  Bagdad  qui  vouloir  fecouer  le 
joug  ,  il  la  livre  au  pillage  &  au 
glaive.  On  dit  qu'il  y  périt  plu* 
de  800  mille  habitans  ;  elle  fiit 
entièrement  détruite.  Les  villes  de 
ces  contrées  étoient  aifément  rafées, 
&  fe  rebâtifibient  de  même  -,  elles 
n'étoient  que  de  briques  féchées  au 
foleil.  Ce  fut  au  milieu  du  cours  de 
ces  viftoires  ,  que  l'empereur  Grec, 
qui  ne  trouvoit  aucun  fecours  chez 
les  Chrétiens  ,  s'adreffa  au  héros 
Tartare.  Gnq  princes  Mahométans, 
que  Bajaiet  avoit  dépoffédes  vers 
les  rives  du  Pont-Euxin ,  impld- 
roient  dans  le  même  temps  fon 
fecours.  TtfWirAm  fut  fenfible  à  ce 
concours  d'ambafladeurs  ;  imais  il 
Be  les  reçut  pas  également.  Ennemi 
déclaré  du  nom  Chrétien ,  &  admi- 
rateur de  Bajaiet ,  il  ne  voulut  le 
combattrequ'après  lui  avoir  envoyé 
des  députés ,  pour  le  fommer  d'a- 
bandonner le  âége  de  Conftanti- 
nople  ,  &  de  rendre  juilice  aux 
princes  Mufulmans  dépoffédés.  Le 
fier  Bajaiet  reçut  ces  proportions 
avec  colère  &  avec  mépris.  Tamer^ 
daa^  furieux  d&ipa  côté ,  fe  pré* 


T  AM 

p9ti  à  marcher  contre  lui.  kptW 
avoir  traverfé  l'Arménie ,  il  prit  kl 
ville  d'Arcingue,  &  fit  pafTer  au 
fil  de  l'épée  les  habitans  &  leê 
foldats.  De  là  il  klla  ibmmer  U 
gamifoii  de  Sébafte  de  fe  rendre  ^ 
mats  cette  ville  ayant  re&fé  ,  if 
permit  de  maflacrer  tout  ,  à  kl 
réferve  des  principaux  citoyens  ^ 
qu'il  ordonna  de  hii  amener  pour 
les  punir  comme  les  premiers  au* 
teurs  de  la  réfiftance.  On  corn** 
mença  par  leur  lier  la  tête  aux 
cuifTes.  ËnfuSte  on  les  îeta  dans» 
une  fofie  profonde ,  que  l'on  ferm^ 
de  poutres  &  de  planches ,  recou« 
vertes  par-deifus  de  terre  ,  sfin 
qu'ils  foufFriflent  plus  long-temps 
dans  cet  af&eux  abyme ,  &  ^'ils 
fentiflent  toutes  les  horreurs  du 
défefpoir  &  de  la  mort.  Après  avoir 
lafé  Sébafte,  il  s'avança  vers  Damas 
&  Aleg  qu'il  traita  de  la  même, 
manière,  enlevant  des  richefTes  infi- 
nies ,  &  emmenant  une  multitude 
innombrable  de  captifs.  Ayant  de«' 
mandé  inutilement  au  fuhan  d'E- 
gypte de  lui  abandonner  la  Syrie 
&  la  Paleitine»  il  s'en  empara  à 
mainsgrmée.  Il  entra  enfuite  dans 
i'^yp^.  y  porta,  fes  armes  vido-' 
rieufes  jufqu'à  Memphis  ,  a^lors 
nommée  Alcatr  ou  le  Caire ,  dont- 
il  tira  des  tréfocs  immenfes.  Cepen-^ 
dam  il  s'approchoit'de^a/tf^ct:  le» 
deux  héros  fe  rencontrèrent  dans 
les  plaines  d'Ancyre  en  Phrygie  » 
l'an  1402»  On  livre  la  bataille  qui 
dïlre  trois  jours^  Sl  Bajaiet  eiï  vaincu 
&  ^t  prifonnier.  Le  vainqueur- 
l'ayant  envifagé  attentivement,  dit^ 
à  fes  foldats  :  E/l-ce  là  ce  Bajaiet 
quinaus  ainftdtés?  —  Otdy  répon- 
dit le  captif»  c*€fi  moi  i  &  il  vous 
fied  mal  d'outrager  ceux  que  là  for* 
taneia  humiliés^  Il  y  a  des  hiftbriens 
qui  prétendent  que  Tam:rlaa  hà- 
reprocha  fon  orgueil ,  fa  cruauté- 
&  fa  préemption  :  Ne  devoisHujfo» 
favoif  »  lui  dit-il  »  qu*il  rCyaqu» 

les 


T  A  M 

^s  thfani  des  infortunés  qui  ojfmt 
i*oppoftr  à  notre  Inyindhle  puijfance  ? 
»»  D'autres  écrivains  difentau  cou* 
>♦  traire  que  Taimr/an  le  reçut  fort 
>*  honnêtement  *,  qu'il  le  conduiiit 
**  dans  fa  propre  tente  y  qu'il  le  fit 
^  manger  avec  lui  ;  &  que ,  pour 
"  leconfoler,  il  ne  rentrctint  que 
"  des  viciifitades  &  de  l'inconf- 
^  tance  de  la  fortune.  On  ajoute 
"  qu'il  lui  envoya  un  équipage  de 
M  chaiTe  >  foit  par  un  motif  de  €om>* 
»•  paffîoa.,  foit  peut-être  par  une 
"  îorte  dé  mépris  -,  &  que  le  fier 
"  Tartare  fut  bien  aife  de  lui  faire 
"  fentir  qu'il  le  croyoit  plus  propre 
'^  à  la  fuite  d'une  œèute  de  chiens 
"  courans ,  qu'à  la  tête  d'une  grande 
>*  armée.  C'eftau  moins  Texplica*. 
"  tion  que  Baja\ct  donna  lui-même 
^  à  ce  préfent  myfiérieux  de  Ton 

*  ennemi.  Ce  malheureux  prince 
"  n'étant  pas'majtre  de  fon  ref* 
*•  fentinrent ,  &  plein  d'un  chagrin . 
"  farouche  \. Dites  à  Tamerlan ,  (  ré*- 
"  pondit-il  ^érement  à  Celui  qui. 
«  étoit  venu  de  fa  part)  quilnes'efi: 
»  pas  tr«npé  en  fninvlttnt  à  tui  esfCf't 
»'  du  quia  toujours  fait  U  plfllfir  4^^, 
**  Souverains ,  ^  qm  cçnvUnt  mleuss 
**  à  Bajazet ,.  né  du  grjnd  Amurat». 
»  fis  d'Orcan  ,  quà  un  Aventuriet 
^' comme  lui\    &  a  un  Chef  4&  bnr^ 

.    -' gonds, i..  Tanmrian  revint  bie||-l 

*  tôt' à  fon.cara£tere;  &  cç  bar-i 
»  bare ,  .irfité  d'tine  téponfe  fi  inju- 
>*  rieufe  »  commanda  iiir  le  champ 
"  qu'on  mit  Baja^tt  fans  fell^.  fyt 

.  »  quelque  vieux  cheval  de  ceu;tqiçi 
H  fervoient  à  porter  le  bagage  ,  6e, 
n  que  dans  cet  état,  on  Texpofàt 
»  dans  le  cantp  aux  mépris  Çc  aux 
>'  railleries  de  fes  foldats  -,  ce  qui 
"  fut  exécuté  auflS-tôt  :  &  au  re* 
H  tour  on  ramena  le  malheureux 
u.Baja^  devant  fon  vainqueur  *u 
[Vertot ,  HjsT.  dcMaithe  ,  Liy.  vj.] 
:TamerIan' lui  ayant  denjandé  com- 
ment il  Tauroit  traité  fi  la  fortune 
lui  avoit  été  favorable  ?  Jt  vçus  4M^ 

Tom€  1X9 


Tau        t7 

rots  mfirmé ,  lui  répondit^il ,  dans, 
une  cage  de  fer  ;  &aufii-tôtillecon'^ 
danuia  à  la  même  peine  ,  fi  Toa 
en  croit  les  Annales  Turques.  Les 
auteurs  Arabes  prétendent  que  ce 
prince  fe  faiibit  verfer  à  boire  par 
l'époufe  de  Baja^u  à  demi-nue  ; 
&  c'eft  ce  qui  a  donné  lieu  à  la 
fable  reçue,  que  ies  fultans  ne  fe 
marièrent  plus  depuis  cet  outrage» 
Il  eft  difficile  »  dit  Voiture ,  de  con- 
cilier la  cage  de  fer  &  Taffrom  bru- 
tal fait  à  la  femme  de  Baja\et  ^  ave6 
la  générofité  que  les  Turcs  jittri* 
buent  à  Tamtrlan^  \\%  rapportent 
que  le  vainqueur ,  étant  eiur.é  dans 
Burfe ,  capitale  des  Ètat>  Turcs  | 
Afidtiques  ,  écnvit  à  Soliman ,  fils 
de  Bajaiet ,  une  lettre  qui  eût  'fait 
honneur  à  Alexandre^  %»  Je  veux  ou* 
hUer ,  (  dit  Tamsrlan  dans  cette  let- 
tre^ )  que. j'ai  été  remtemiiieBèi.^Zfti 
je  fen^lraidi  pere\àfçs  enfahs\'"pourvu 
qu^iU  attendent  les  effets  dp  ma  cU-» 
tnence.  Mes  vonquêtes  me  fuffifent\  fi»' 
di  nouvelles  faveurs  de  l*inc6njlanté- 
fonme  nt  me  tenteru point  «,  Suppofé 
qu'une  telle  lettre  ait  été  écrite.,' 
elle  pouvoit  n'être  qu'un  artifice.' 
Les  Turcs  difent  encore  que  ramer-^ 
lan  n'étant  pas  écouté  de  Soliman  ^ 
déclara  fultan  un  autre  fiU  de  Baja*^ 
%et ,  &  lui  dit  :  Reçois  l héritage  de 
tanjtere  ;  me  ame  royale  faix  conquérit 
les  Royaumes  6»  Us  rendre.  Les  hiîfto- 
tiens  Orientaux,  ainfi  que  les  nô- 
tres ,  mettent  fouVent  dans  la  bou« 
che  des  hommes  célébrés  ,  des 
paroles  qu'ils  n'ont  jamais  pronon* 
cées.  La  prétendue  magnanimicéf 
de  Tamerhn  n'étoit  pas  fans  doute 
de  la  nlodération.  On  le  voit  bien- 
tôt aprè^  piller  la  Phrygie,  llo- 
ttic ,  là  Bithynie.,  Il  repaffa  enfuitâ 
ï'Euphrate  ,  &  retourna  dans  Sa- 
markande,  qu'il  regardoit  comme 
la  capitale  de  Tes  vaftes  ^ts.  Ce 
fut  dans  cette  ville  qu'il  reçut iVoni 
mage  de  plufieurs  princes  de  TAfijô 
$c  l'ambafiade  de  plufieurs  fouv« 

B 


I?  T  A  M  TAN 

rain  S.  Non  -  feulement  l'empereur  perfan  par  un  auteur  contemporain  ; 
Grec ,  Manuel  Paléologue  ,  y  envoya  &  traduite  par  Petis  de  la  Croix  , 
fes  aitfljaffadeurs -,  mais  il  en  vint  1722  ,  en  4  tomes  in- 11.  [  Voye^ 
de  la  part  de  Henri  III,  roi  de  Brumoy.]  L'impératrice  de  Rui£e 
Caftille.  Il  y  donna  une  de  ces  a  fait  préfent  dernièrement ,  le  17 
fêtes  qui  reifemblent  à  celles  des.  Mai  1780,  au  roi  de  Pologne,  d'un 
premiers  rois  de  Perfe.  Tous  les  parchemin  très-fin ,  ^'environ  cinq 
ordres  de  TEtat ,  tous  les  artifans  pieds  de  long ,  fur  une  largeur  pro« 
pafferent  en  revue  ,  chacun  avec  pordonnée ,  où  ce  femeux  empe^ 
"  '^       "  reur  d'Afie  ,  qui  fe  faifoit  appeler 

h  Fils  de  Dieu ,  écrivit-  de  fa  main- 
en  langue  arabe  VHlftoire  de  fa  Vie» 
TANAQUESIUS  »Voy.  i.  Tho* 

MASIUS. 

TANAQUILLE  ,   appelée  auflî 
CÂCU.IE  r  femme  de  Tarquln  l'An-* 


les  marques  de  fa  profeffion.  11  ma- 
ria tous  fes  petits-fils  &  toutes  {e& 
pctites-'ftlles  le  même  jour,  Enfin  , 
réfolu  d'aller'  faire  la  cdnqiiêt^  de 
fa  Chine  ,  il  mourut  le  i*"^  Avril- 
1405  ,  dans  fa  71*  année ,  à  Otrar 
dans  le  Turqueftan  ,   après  avoîr^ 

régné  36  gns.  S'il  fut  plus  heureux;  cien  ,  née  à  Tarquinie  «   ville  de 
par,ia  longue  vie  &  psr  le  bonheur    Tofcane ,  fiit  mariée  à  LÎicumon ,  fils 
de   fes   defcendans  ,    qu'Alexandre    d'un  homme  qui  s'étoit  réfugié  dans 
auquel  les  Orientaux  le  compa-    cette  ville,  après  avoir  été  chafTé 
rent,.il.^t  fort  inférieur  au  Ma-    de  Corinthe  fa  patrie.  Les    deux 
cédonien  ,  en  ce  qu'il  naquit  chez'  époux  dévorés Tun  &  l'autre  d'une 
une  nation  Barbare  ,&  qu'il  détrui-    ambition   égale  y  allèrent    tenter 
£t  beaucoup  de  villes ,  comme  Gtn-    fortune  à  Rome,  hicumçn  y  prit  le 
^uskan  ,  fans  en  bâtir.   Je  ne  crois    nom  de  Tarquin,  11  gagna  l'cftime  ôc 
poinVd*aitréurs',  dit  l*hiftorien déjà-   Initié  des  Romains,  &  s'infinua 
cité  ,  que  Tamerlan  fût  d'un  naturel    tellement  dans  les  bonnes  grâces 
plus  violent  c[a' Alexandre,  Un  fa-'  du  roi  i  qu'il  fiit  revêtu  ^cs   plus 
ihéux  poëte  Perfan ,  ctânt  daiis  le   grands  emplois^  &•  qu'il  devint  roi 
même  bain  que  lui  avec  plufieurs    lui-même.  Ce  prince  ayant  été  af- 
courtifans  ,  &  jouaAt  à  un  jeu  d'ef-    faffiné  la  3S*  année  de,  fon  règne  » 
prit  qui  conflAoit  à  efiimer  en  ar-    TanaqtdUe  fit  tomber  la  couronne 
gent  ce  que  "valoit  chacun  d'eux  :•  fur  SèrvlusTulUus  fon  gendre*  Elle 
Je  vous  efilme  trente  afpres  ,  dit-îr  l'^da  dans  radminiûration .  des  af* 
au  grand-kan.  —  ta  jervietu  dent    faires ,  &  fiit  fon.  confell  i  ainfi 
je  mcffide  Us  vaut ,  répondit  le  nft>-    qu'elle  avoit  été  celui  de  fon  époiix, 
narque.  —  Mais  c*efl  anjji  eh  comp-    La  mémoire  de  cette  femme  illuftre 
tant   la  f muette  y  repartit  Homédî.,,'   ftit  en  fi  grande  vénération    dans- 
['  Voyei  aujfî  Ata  ].  Peut-être  qu'un    Rome  pendant   plufieurs   fiecles , 
prince  qui  laiffoit  prendre  ces  in-    qu'on  y  confervoit  précieufeménr 
nocentes  libertés  ,  n'avoît  pas  uii    les  ouvrages  qu'elle  avoit  filés ,  fa 
fonds   de  naturel  entièrement   fé-    ceinture ,  ôc  une  robe  royale  qu'elle 
roce,;'màis  on  fè  famiUarîfe  avec    avoit  faite  pour  5erw«x-7ir/A'ttf.  C'efii 
les.  petits  ,  &  on  égorge  les  autres^    eKe  qui  fit  la  première  de  ces  tuni* 
Il  difoit  ordinairement  qu*un  Mo-    qùes  nfliies ,  que  l'on  doonoit  aux 
varque  jiào'it  jamais  en  fureté ,  Jî  le    jeunes  gens ,   quand  ils  ie  déCai- 
vlèd  i<fcJjb;i.fro/i«  ne  nagcolt  dans  le    fdient  de  la  prétcjita  pour  prendra 
fang.  Ses  fils  partagèrent  entre  eux    la  robe    virile  ;  &  de  celles  dont 
£ès  cçiTiquçtes.  Nous  avons  une  Wf-    on  revêtoit  les  fiUe$  qui  fe*  ma» 
toire  de  ' Tamerlan ,    compofée  eh    rioirtt. 


TAN 

TANCHEtIN  ou  Tanch£imé  ,' 
fenatique  du  xii*^  fiecle,  né  à  An- 
vers ,  prêcha  publiquement ,  diin9< 
les  Pays-Bas  &  dans  la  Holiande  i 
quelcsfacrensens  de  rEgUfe,étoifint 
<lcs  abominations  j  que  lcs:prêtrss, 
les  évêques  &  le  pape  même 
n'éçoient  rien,  &  n'avoient  rien 
déplus  que  les  laïques  -,  que  l'Eglife 
n  etoit  renfermée  que  dans  fes  dif- 
ciples,  &  qu'il  ne  falloit  pas  payer 
la  dixme.  II  gagna  d'abord  les  fem- 
mes ,  &  par  elles  il  féduific  les 
hommes.  Cet  impofteur  avoit  tel- 
lement fafciné  Us  efprits ,  qu'il 
abufoit  des  filles  en  préfence  de 
leurs  mères ,  &  des  femmes  en  pré- 
fence de  leurs  maris.  Bien  loin  que 
les  uns  &  les  autres  le  trouvaient 
mauvais.  Us  fe  croy  oient  tous  ho- 
norés de  l'amour  du. prétendu  pro- 
phète. Tanchelin  prêcha  d'abord  dans 
les  ténèbres  &  dans  l'intérieur  des 
maifons.  Mais  dès  qu'il  eut  formé 
wi  certain  nombre  de  profèlytes , 
jj  parut  en  public ,  efcorté  de  3000 
nommes  armés  qui  le  fuivoient 
par-tout*  Il  marcha  -avec  la  magni* 
ficence  d'un  roi ,  &il  fe  fervi't  de  fon 
wnatifme.même  pour  fub venir  il 
fes  dipenfes.  Un  jour  qu!il  prêchoit 
aune  grande  foule  de  peuple,  il 
ni  placer  à  côté  de  lui  un  tableau 
de  la  Sainte  Vierge,  &  en  mettant 
ijmain  fur  celle  de  l'Image ,  il  eut 
|»niprudeftce  de  dire  à  la  Mère  de 
^^^',  Vierge  Marie,  je  vous  prendi 
«sjOMrdAui  pour  mon  épou/e.  Puis  fe 
tournant  vers  le  peuple  :  Foilà^ 
««•il ,  que  j'ai  épori/é  la  Sainte  Vierge  $ 
^jfi  à  vous  à  fournir  aux  frais  des 
Pnçàxlhs  &  des  noces.  En  même- 
J^psilfitplaçer  à  côté  de  l'Image 
*^«ux  troncs  ,  l'un  à  droite  &  l'au- 
î'«  a  gauche  :  Que  Us  Hommes,  ^it- 
^K  mettent  dms  l'un  ce  quib  veulent 
««  donner,  &  Us  Femmes  dans  l'autre  ; 
y^'^^  V«/  des  deux  fexes  a  Up/us 
^mît'ié  pçur  moi  &  pour  mon  époufe. 

***  femmes  s'arrachèrent  jufqu'à 


leurs  cofliei-S  &  leurs  pendan's 
d  oreilles  pour  les  lui  donner.  Cet 
enthoufiafte  d'une  efpece  finguHere 
fit  de  grands  ravages  dans  la  Zé- 
lande,  a  Ucrecht,  &  dans  plufieurs 
vil  es  de  Fandres,  fur- tout  à  Anvers 
maigre  le  zèle  de  Saint  Norbert ,  qui' 
le  confondit  plufieurs  fois.  II  s'avifa 
dalier  a  Rome  en  habit  de  moine  ' 
precnant  par-tout  fes  erreurs  ;  maii 
a  fon  retour ,  il  fut  arrêté  &  mis- 
en  prifon  par  Frédéric,  archevêque 
deCoiogne.  Ils'échappa-defapri- 
fon,  &  un  prêtre  crut  faire  une 
bonne  œuvre  de  lui  donner  la  mort 
en  1 125:  fonhcréfie  ne  mourut 
pus  avec  lui. 

/.  TANCREDEdeHaute- 

JitLE .  feigneur  Normand  ,  vaflal 
At  Robert  duc  de  Normandie,  fe 
voyant  chargé  d'une  grande  famille 
avecpeu debiens ,  envoya  plufieurs 
de  fes  fils ,  entre  autres  Guifcard  & 
Ko^r,  tenter  fortune  en  Italie.  Ils 
prirent  Palerme  en  1070  ,  &  fe 
rendirent  maîtres  de  la  Sicile,  où 
leurs  defcendans  régnèrent  dans  la- 

KA^^T'^?^^^^^''°î<le  Sicile, 
bûtard  de  Roger,  Voy.  Henri  iv ^' 

de  Bologne  au  xiii«  fiecle  .  eft 

CLfon  1  a  donnée  au  public  avec 
des  notes  utiles. 

^^/.TANCREDE,  prétendu Z?.. 
de  Rohan  ,  fut  porte  jeune  en  Hol- 
lande  par  un  capitaine,  qui  le  donna 

aunpayf.n.  Oneneutenruifefi 
peu  de  foin ,  que  manquant  de  tout, 
il.fut  fur  le  point  d'apprendre  un 
mener  Ma,s  en  1645 ,  Marg:.rit. 
de  Bechme ,  ducheffe  d,  Rohan  ,  vou- 
lant  déshériter  fa  fille,  qui  s'étoié 
mariée  malgré  elle  à  Hmri  Chabot 
Ttconnm  Tancr,4e  pour  fo„  fiu: 
Le  foi-difant  duc  rf.  /2^W  vint  à 
Fans  ou  le  parlement  ie  déclara 
Uippofe ,  par  un  célèbre  arrêt  rendu' 

Bij 


40  T  Al^ 

fèn  1646.  Cet  impodeur  fut  tu^  foiîc 
jeune  en  1649  «  ^'^^  coup  de  pif- 
tolet ,  pendant  la  guerre  civile  de 
Paris  *,  il  avoit  donné  des  marques 
fingulieres  de  bravoure. 

TANEVOT  ,  (  Alexandre  )  an- 
cien  premier  commis  des  finances^ 
naquit  à  Verfailles  en  1 69 1 ,  &  mou- 
rut à  Paris  en  1773.  Il  joignit  les 
calculs  de  PItuus  à  l'iûirmonie  d*j4poU 
Ion.  Ses  Ouvrages  ,  recueillis  en  3 
yol.  in- 12  en  1766,  confiftent  en 
deux  Tragédies  non  repréfentées , 
&  qui  n'auroient  guère  fait  d*eifet 
au  théâtre,  quoiqu'il  y  ait  des  tira- 
'  des  bien  verfifîées.  L'une  cft  inti- 
tulée ,  Scthos }  l'autre ,  Adam  &  Eve, 
On  trouve  encore  dans  fon  Re- 
cueil ,  des  Fiiblcs ,  des  Contes  ,  des 
Epitres  y  des  Chanfons ,  &c.  Son  mé- 
rite principal  e  la  pureté  &  la 
douceur  du  ilyle  >  qui  dégénère 
quelquefois  en  foibldSe ,  &  l'atta- 
chement aux  bons  principes  de  la 
morale  &  du  goût.  Quoiqu'il  eût 
occupé  des  places  qui  enrichifTent, 
il  ne  laiiTa  préciTément  que  ce  qu*ii 
falloit  pour  payer  Tes  dettes  &  pour 
récOmpenfer  fes  domeftiques.  Plus 
il  avoit  ^  eu  de  focilité  d'obtenir 
des  grâces ,  plus  il  s'étoit  tenu  en 
garde  contre  la  cupidité  baffe  & 
sn)ufte  qui  porte  à  les  demander. 
C'étoit  un  homme  iincérement  reli- 
gieux, &  un  véritable  philofophe 
Chrétien. 

TANNEGUY    du  Chatel 
Voyei  I.  &  II.  Chatel. 

7.  TANNER,  (  Adam)  Jéfuite 
d'Inrpruck ,  enfeigna  la  théologie 
â  Ingolftad  &  à  Vienne  en  Autri- 
che. Son  (avoir  lui  procura  la  place 
de  chancelier  de  Tuniverfité  de  Pra- 
gue-, mais  Tair  de  cette  ville  étant 
contraire  à  fa  fanté,  il  réfolut  de 
retourner  dans  fa  patrie.  Il  mourut 
en  chemin  le  25  Mai  1632 ,  à  60 
ans.  On  a  de  lui  :  I.  Une  Relation 
de  la  Difpùte  de  Ratisbonne  en 
1601  s  à  laquelle  il  s'étoit  trouve  i 


TAN- 

Muhidi,  1601,  in-fol.  It.  Et  ùit 
grand  nombre  d'autres  Ouvrages 
en  latin  &  en  allemand ,  parmi  ief^ 
quels  on  diftingue  fon  Aftrologia 
yiicra,  Ingolftad,  162 1 ,  in-fol.  IL 
montre  dans  cet  ouvrage  commenc 
un  Chrétien  peut  juger  >  par  les 
aftres,  des  chofes  cachées.  Tantur 
étoit  un  iàvant  laborieux  &  ardent* 

IL  TANNER,  (  Mathias)  né  à 
Pilfen  en  Bohême,  l'an  1630  ^  fe 
fit  Jéfuite  en  1646»  enfeigna  les 
belles- lettres  ,  la  philofophie ,  la 
théologie  &  l'Ecriture  -  Sainte ,  & 
fut  envoyé  à  Rome  en  qualité  de 
procureur  en  1675.  On  a  de  lui; 
I.  Cruentum  Chr{fil  Sacrificlum  incruauQ 
Aîtjfx  Saaificîo  expUcatum  y  Prague» 
1669.  ^^*  -Contra  omncs  impie  agenteê 
in  loùsfasrisy  en  latin,  &  enfuite 
en  bohémien.  III.  SocUtas  Jtfu  u/qué 
ad  fanpâms  &  vita  profiifioacm  miii* 
ttuuy  Prague,  1675 ,  in-fol.,  avec 
de  belles  figures.  C'eil  l'hiftoire 
des  religieux  de  ion  Ordre  qui  ont 
foufiert  pour  la  Foi;  elle  eft  écrite 
avec  pureté  &  élégance.  IV.  Wftoria 
Soûetatis  Jefu ,  fiye  vittt  &  fffta  pr^t* 
clora  Fatrum  Soduaiis  ^  &c. ,  Pra-* 
gue,  1694,  in-£ol.,  avec  figures, 
écrite  avec  la  même  élégance. 

TANQUELIN,  Voye^  Tan- 
CRELIN. 

TANSILLO  «  (  Louis  )  né  à  Noie 
vers  l'an  i$io,  s'attacha  de  bonne 
heure  à  la  maifon  de  Tolède.  Il 
pafla  une  grande  partie  de  (a  vie 
auprès  de  D.  Pierre  de  ToUde,  mar^ 
quis  de' Vi/latranca ,  qui  hit  loi^-* 
temps  vice-roi  de  Naples ,  &  de  D. 
Gardas  de  Tolède ,  général  des  ga- 
lères du  même  royaume.  On  ignore 
l'année  de  (a  mort.  SàpionAmnù* 
rato  dit  qu'il  étoit  juge  de  Gaïette 
en  1569 ,  que  ia  famé  étoit  alors 
très-foible ,  &  qu'il  mourut  peu  de 
temps  après.  TanfiUo  acquit  très- 
jeune  la  réputation  d'excellent 
poète  \  mais  ayant  fait  un  Ou? 
vrage  1  oà  «a  t»^9iu  U  tafal«au  des 


^  T  A  K 

piàfis  £ct  de  la  licence  qui  re- 
gn«ient  pendant  les  vendanges  dans 
les  campagnes  de  Noie,  il  blefibit 
les  bonnes  moeurs ,  rinquifitîon 
mit  à  l'indev  toutes  fes  Foifics,  Le 
Poème  qui  occafionna  cet  ana- 
thême ,  avoit  paru  fous  le  titre  de 
//  Vendanùuon  ,  (  U  Vendan^tur  ,  ) 
Nîq>les^  iî34»&  Venife,  1549» 
în-4**.  Ccft  pour  réparer  en  qud.- 
que  ibrte  îa  faute ,  qu'il  fit  depuis 
un  Poëme  intitulé  :  Le  l^grime  4î 
San  Pîctro  ,  ou  as  Larmes  de  S, 
pierre.  Ce  Poëme  a  été  donné  en 
françois  par  Malherbe ,  &  en  ef- 
pagnol  par  Jean  GedçnJo  &  par 
pamUn  Alyorès,  Le  pape  Paul  IV^ 
auquel  Tanfillo  préfenta  cet  Ou- 
vrage, avec  une  requête  pour  le 
"prier  de  Êiire  lever  la  condamnation 
prononcée  contre  fes  autres  pro.- 
du^OBSv  les  fit  tirer  d^  l'index^. 
&  n*y  laifi[Â.que  le  Vendangoir.  Nous 
avons,  encore  de  TanfiMQ.dea  Corné*-, 
dies ,  des  Sonnets  ,  des  Chanfonf  ^ 
des  Stances  ^  &c. ,  genre  de  poifie 
où  il  a  tellement  réu(fi  ,.  que  plu- 
6eurs  prétendent  qu'il  a  furpaifé 
Pétrarque.  Mais  ce  n'eft  pas  le  fen- 
^ment  des  gens  de  goût.  Tanfillo. 
cft  plein  de  Concettl  &  de  ces  poin- 
tes qu'on  reproche  avec  raUbn  au^ 
poètes  Italiens  modernes.  Quoi 
qu'il  en  foit ,  on  a  réuni  fes  Poéfies 
dherfes ,  é  Bologne  ,  1711  >  in-iji, 
TANTALE  ,  fils  de  JupUer  & 
d'une  N3rmphe  appelée  Plota^  étoit 
roi  de  Phiygie ,  &  félon  quelques- 
uns  de  Corinthe.  II  enleva  Gatii' 
mede ,  pour  fe  venger  4e  Trx>s , 
qui  ne  Tavoit  point  appelé  à  la 
première  fol^inité  qu'oa  fit  à 
Troye.  Pour  éprouver  les  Dieux» 
qui  vinrent  un  jour  chez,  lui ,.  il 
leur  fervit  à  fouper  les  membres 
de  fon  fils  Pe/ops ,  [  Voyei  ce>mot ,  ] 
&  Juinter^  condamna  ce  barbare  à 
une  fiiim  fie  à  une  foif  perpétuelles. 
M.rofre  l'enchaîna  ,  &  l'enfonça 
jufqii^a)»  meatflio  an  tnitiev  d'un 


T  A  R         ir 

hc  dans  les  Enfers ,  dont  Teau  fe 
retiroit ,  lorsqu'il  en  vouloit  boire. 
Il  plaça  auprès  de  fa  bouche  une 
branche  chargée  de  fruits ,  laquelle 
fe  redrefibit  dès  qu'il  en>  vouloit 
manger.  Il  y  eut  un  autre  Tantals  » 
à.  qui  Cfytemnefire  avoit  été  promife 
en  mariage ,  ou  même  mariée  avant 
qu'elle  épousât  Agamcmnon, 

TAPHIUS,,  ou  TA7HUS  ,  fils  de 
Neptune  &  dHippothaë  ,  fut  chef 
dune  troupe  de  brigands,  avec 
Jefquels  il  alla  s'établir  dans  une 
itle  qu'il  appela  Taphlu/e  ,  de  fon 
nom. 

XAPPEN  >  (  Silveftre  )  minifbe 
Proteftam  •  né  à  Hildesheim  ,  en 
1670,  mort  en  1747»  cû  auteur 
de  divers  Ecrits  en  allemand,  fur 
la  Théologie  ,  l^- Morale  &  VHlfiolre^ 
Le  plus  connu,  efl  une  petite  Géà-^ 
graphie  en  vers  latins  «  fous  le  titre; 
de  Po'êta  Geopaphus, 

TAPPER,  (  Ruard)  d'Enchuy-. 
fen,  en  Hollande,  mort  à  Bruges, 
en  15.59,,  fiit  doûeur  de  Louvain« 
Il  y  enieigna  la  théologie  avec  ré- 
putation ,  &  y  fut  fait  chancelier  de 
l'univerfité^  &  doyeade  l'Eglife  de 
Saim-Pierre.  L'empereur  Charles-^ 
Quim,  &  Philippe  II,  roi  d'Efpagne  «^ 
l'employèrent  dan$  les  affaires  de 
religion.  On  a  de  lui  plufieurs. 
Ouvrages  de  Théologie  ,  Cologne  «, 
1582 ,  in-fol.  ,,qu'on.ne  lit  plus. 

TARAISE^  fils  d'un  des  prin- 
cipaux magifirats  de  Conflantino- 
ple,  fut  élevé  à  la  dignité  de  conful  ^ 
puis  choifi  pour  être  premier  fecré- 
taire  d'état,  fous  le  règne  de  Conf^ 
tantîn  &  d'irene, qui  lev firent  enfuite 
élire  patriarche  de  Conftantinpple  , 
l'an  784.  Il  n^accepta  cette  place* 
qu'à  condition  qu'on  afTembleroic 
un  concile  général  contre  les  Ico- 
noclafies.  Eu  effet ,  après  avoir 
écrit  au  pape  44rîen ,  il  fit  célébrer 
Jle  II"  concile  général  de  Nicée  ,, 
l'an  787,  en  faveur  des  faintes 
Images*  Il  étoit  la  bonne  odeur  4q 

Biii 


la  T^A  R 

fon  Eglife  &  la  luroîefé  dé  fon 
clergé ,  lorfqu'il  mourut  en  806. 
Nous  avons  de  lui ,  dans  la  Col- 
leâion  des  Conciles,  une  Epkre 
écrite  au  pape  Adrien. 

TARAUDET,  VoyexVhASSkVS, 
TARDIF,  (Guillaume)  origi- 
naire  du  Puy  en  Velay ,  profeffeur 
en  belles-lettres  &  en  éloquence  au 
collège  de  Navarre,  &  lecteur  de 
CharksVlU^  a  vécu  jufqu'à  la  fin 
du  XV*  fiecle.  Il  s'elt  fait  connoître 

•par  plufieurs  Ouvrages  ,  dont  le 
plus  curieux  cft  4in  Traité  de  la 
ChaiTe ,  fous  ce  titre  :  VAn  de  Faul- 
eànnme  Odéduytdes  Chiens  de  chajfe, 
réimprimé  en  15^67,  avec  celui  de 
Jean  de  Francieres,  La  première  édi- 

■  tion  eft  fans  date. 

TARENTE,  (  Louis ,  prince  de  ) 
Vcye^   Lovis,  n*'  xxvii....  & 

rV.  Jeanne» 

^  TARIN ,  (  Pierre  )  médecin ,  né 
a  Couitenai,  mort-  en  T761  ,  eft 
connu  par  des  EUmens  de  Phyfiw 
iogie,  ou  Traité  de  la  ftmclure,  des 
itjages    &    des    différentes   parties   du 

•  Corps  humain  ,  traduit  du  latin  de 
llalUr^  1752,  in-S^  On  a  encore 
de  lui  :  I.    Adverfaria    Anatomica  , 

•  1750  *  in-4**  »  avec  figures.  11  n'y 

•  parle  que  du  cerveau  &  du  cer- 
velet. IL  Dictionnaire  Anatomlque , 
1753  '  «-4**.  Il  eft  fuivi  d'une  Bi- 
bhotheque  anatomique  &  phyfio- 
logique.  La  partie  bibliographique 
jeft  extraite  de  l'Ouvrage  de  Haller^ 
intitulé  :  Methodus  Studii  medicl.  III. 

■  Oftéographîe  ;  Paris,  1753,  in- 4°, 
avec  fig.  Ce  n'eft  qu'une  compila- 
tion. IV.  Anthropotomîe  ,  ou  l'Art 
de  difféquery  1750, '2  vol.  in-Il. 
M.  Portai  en  parle  svec  éloge.  V. 
Dèfmographie^  ou  Traité  des  ligamens 
eu  Corps  humain  ,  iri-8** ,  I75  2.  C*eft 
une  traduâion  du  latin  de  fFell- 
Irechty  profeffeur  en  médecine  à. 
Pétersbourg.  VI.  Ohfervatlons  de 
Médecine  &  de  Chirurgie  y  1758 ,  3  vol. 
in- 12  :  elles  font  extraites  de  difFé« 


T  A  R 

fcns  auteurs.  VII.  Myo^aphî'c  ,  cm 
Defcription  des  MuJ'cles  ,1753,  in-4% 
avec    des  fig.  copiées   é'^/bîaus , 
mais  mal  rendues.  VIU.  Les  arti- 
cles d'anatomic  dans  ÏEncycloyédîc 
&  le  Dif cours  qui  y  eft  inféré  fur 
l'origine   &  les  progrès  de   Cette 
partie  de  la  médecine.  Ce  médecia 
rappelle  l'idée  de  Jean  Takin^ 
profeffeur  de  Paris,  &  précepteur 
de  l'infortuné  de  Thou ,  que  Gui-' 
Patin  appelle  un  abyme  de  fcience» 
&  qu'il  regardoit  comme  un    des 
plus  favans  hommes  du  monde.  Il  étoit 
d'Angers. 

TARISSE,  (Dom   Jean -Gré- 
goire) né  en  1575  ,  à  Pierre-Rue, 
près  de  Ceffenon ,  petite  ville   du 
bas  Languedoc ,  fut  le  premier  gé- 
néral de  la  Congrégation  de  Saint- 
Maur,  qu'il  gouverna  depuis  1630 
jufqu'en  1648,  année  de  fa  mort. 
On  a  de  lui  des  Avis  aux  Supérieurs 
de  fa  Congrégation  ,  in-12  ,  1632. 
Ils  font  d'autant  plus  judicieux  , 
que  l'auteur  avoit  connu  le    fort 
&  le  foible  de  fon  Ordre.  Il  l'éclaira 
par  ÎÇ&  lumières ,  &  l 'édifia   par 
^^s   exemples.    Rien~  n'égala  fon 
zèle   pour  rétablir  les  études.    II 
eut  beaucoup  de  part  à  la  publi- 
cation des  Conjiitutions  de  fa  Con- 
grégation. ,  imprimées  par  fon  or- 
dre en  1645. 

TARLAT,  Voyei  Ribiena. 

TARPA  ,  {Spurlus-Mctius  ,  ou 
Maclus  )  critique  à  Rome  du  temps 
de  Jules- Cé/ar  &  ^Aupijie ,  avoit  fon 
tribunal  dans  le  temple  à^ Apollon  » 
où  il  examinoit  les  pièces  des 
poëtcs-avec  quatre  autres  critiques. 
On  ne  repréfentoii  aucune  Pièce 
de  théâtre,  qui  n'eût  été  approuvée 
de  Tarpa ,  ou  de  Tun  de  (es  quatre 
collègues.  Les  connoiffeurs  n'é- 
toient  pas  toujours  fatisfaits  de  fon 
jugement  ,  &  les  auteurs  encore 
moins.  Cicéron  &  Horace  en  font 
cependant  une  mention  honorable. 

TARPEIA,  fille  de  Tarpeius^ 


T  A  R 

gouverneur  du  Caphole  fous  Ro- 
mulus ,  livra  cette  place  à  Tatîus , 
général  des  Sabins ,  u  à  condition 
H  que  fes  foldats  lui  donneroient 
»  ce  qu'ils  portoient  à  leur  bras 
»>  gauche  «  ,  dcfignant  par-là  leurs 
.  braflelecs  d'or.  Mais  Tatltu ,  maître 
de  la  fortereâe,  jeta  fur  Tarpeïa 
fes  brafîelets  &  fon  bouclier  qu'il 
avoit  au  bras  gauche  -,  &  ayant 
été  imité  par  fes  foldats,  Tarpeia  fut 
accablée  fous  le  poids  des  boucliers 
Tan  746  avant  J.  C.  Elle  fin  enterrée 
fur  ce  Mont ,  qui ,  de  fon  nom  , 
fut  appelé  Mont  Tarpéiai.  Il  fut  en- 
fuite  deftiné  au  fupplice  de  ceux 
qui  étoient  coupablet  de  trahifon 
ou  de  faux  témoignage.  On  les 
précipitoit  du  haut  de  la  Roche 
Tarpeïennc* 

!•  TARQUIN  PAnâm  ,  roi  des 

Romains ,  monta  fur  le  trône  après 

leroi  Ancu$'Martltts ,  l'an  615  avant 

I.  C.  U  étoit  ori^naire  de  Grèce  -, 

mais  né  en  Ëtrurie  dans  la  ville  de 

Tarquinium,  d'où  tl  prit  fon  nom. 

{  Voye^^   II.  Demarate.  ]  Une 

grande  ambition  «  foutenue  d*im- 

menfes  richeiTes ,  l'avoit  conduit  a 

Rome.   11  iê  dîAingua    tellement 

fous  le  règne  A'Aif€us  -  Munîus  , 

qu'on  le  jugea  digne  de  devenir 

fon  fucceileur.  On  remarque  qtle 

Tarqmn  fut  le  premier  qui  int^o- 

duiût  dans  Rome  la  coutume  de 

demander  les  charges ,  &  de  faire 

des  démardies  publiques  pour  les 

obtenir.  Pourfe  faire  des  créatures , 

&  récompenfer  ceux  qui  l'avoient 

fervi  en  cette  occaûoo ,  il  créa  ceht 

nouveaux  Sénateurs»'  Il  les  choifit 

parmi  les  familles  plébéiennes,  & 

par  cette  raifon  41s  furent  nommés 

Sénateurs  du  fécond  ordre  «  Patres  - 

mînorant  gentiam  ;  ^ûn  de  les  diftin-  < 

guer  de  ceux  de -l'ancienne  ctéa-  > 

tion ,  qu'on  nomm&it  Sénateurs  du 

premier  Ordre,  Patres  majorum  gen-  ' 

t'ium  :  mais  ils  étoiéné  p^aitement  ' 

égaux  en  autoiitéi  Après  s'être 


T  A  R  25 

fighalé  par  ces  établiiTenif as ,  il  fe 
i.dfflingua  contre  les  Latins  &  les 
Sabins  ,  fur  qui  il  remporta  une 
grande  vidloire aux  bords  del'Anio. 
Un  fbatagême  la  lui  prociura.  Les 
Sabins   avoient  derrière  eux   un 
.pont  de  bois ,  par  lequel  ils  tiroient 
leur  fubfiilancf ,  &  qui  favorifoit 
leur  retraite.  Tarquîn  fit  mettre  le  feu 
pendant  la  bataille  à  une  grande 
quantité  de  bois  qu'il  fit  jeter  dans 
la  rivière ,  &  qui ,  portée  contre  le 
pont ,  le  mit  bientôt  en  flammes» 
Les  Sabins  effrayés  voulurent  pré- 
venir fa  ruine  ;  mais  le  plus  grand 
nombre  fe  noya.  Plufieurs  autres 
avantages    lui    procurèrent    trois 
triom^^es.  11  profita  du  loifir  de 
la  paix  ,  pour  faire   reconfïruire 
f  magnifiquement  les  murs  de  Rome« 
Il  enviconna  la  place  publique  de 
galeries ,  &  loroa  de  Temples  &  de 
Salles  deâinées  aux  tribunaux  de 
>iiftice   &   aux  écoles    publiques. 
Rome  ^  dans  (es  temps  les  plus 
fefhieux^  ne  trouva  pcefque  qu'à 
admirer  dans  ces  ouvrages.  Pllne^qvi 
vivoit  Sûo  ans  après  Tarqwn ,  ne 
parle  qu'avec   étonnement    de  I4 
.beauté  des  Aqueducs  fouterrains 
qu'il   fit  conAruire  pour  purger 
Rome  de  fes  immondices ,  &  pro« 
'  curer  un  écoulement  aux  eaux  des 
montagnes  que  cette  ville  renfer- 
moit  dans  fes  mui^.  U  introduifit 
au^  la  coutume  des  faifceaux  de 
verges  qu'on  lioit  anitoiur  des  haches 
des  Magiflrats ,  les  robes  des  Rois 
&  des  Augures ,  les  chaires  di voire 
des  Sénateurs ,  avec  les  anneaux  & 
les  ornemens  des  Chevaliers  &  des 
enÊins  des  familles  nobles.  Il  fut 
aiTaffiné  par  les  deux  fils  A^Ansus" 
Martius  ,Van  577  avant  J.  C,  à.go 
ans ,  après  en  avoir  régiié  3S.  Koj, 
Tanaqvîxie.  • 

IL  TARQUIN  U  Superbe ,  parait 
du  précédent,  époufa  TulTia ,  fille 
du  toi  Servius'  TuWas,  La  foif  de 
régnes  luifitôter  la  vie  à  fonbeau- 

B  iv 


V4  T  A  R 

père ,  l'an  533  avant  J.  C.  Il  s'em- 
para du  trône  par  violence,  &  fans 
aucune  forme  d'éleâion.  Il  fe  défit, 
Ibus  divers  prétextes ,  de  la  plus 
g|rande  j^rtie  des  fénateurs  &  des 
riches  atoyens.  Son  orgueil  &  (a 
cruauté  lui  firent  donner  le  nom 
de  Superbe.  Tarqu^  s'appuya  de 
l'alliance  des  Latins,  par  le  ma- 
riage de  fa  fille  avec  Manilius ,  le 
plus  confidérable  d'entre  eux.  On 
renouvela  les  traités  faits  avec  ces 
peuples.  Tarquln  iignala  Ton  règne 
par  la  conftruftion  d*un  Temple  de 
Juplur,  dont  Tarqmn  l'Ancien  avoit 
Jeté  les  fondemens.  [  Foy.  Amal- 
THÉE. }  Il  étoit  fitué  fur  un  mont 
ou  colline.  Dans  le  temps  qu'on 
y  travailloit,  les  ouvriers  trouver 
rent  la  tête  d'un  certain  Tolus  , 
encore  teinte  de  fang  :  ce  qui  fit 
donner  le  nom  de  Capholc  (  Çaput 
Toll  )  à  tout  l'édifice.  Les  dépenfes 
<ie  Tarqt^n  ayant  épuifé.le  tréfor 
public  &  la  patience  du  peuple ,  il 
le  flatta  que  la  guerre  fer  oit  ceÎTer 
les  murmures.  11  la  déclara  aux 
Rutules.  Il  étoit  occupé  au  iiége 
d'Ardée ,  capitale  du  pays ,  lorfque 
la  violence  que  fit  Sextus  à  Lucrèce , 
fouleva  les  Romains.  Us  fermèrent 
les  portes  de  leur  ville  ,  renverfe- 
rent  le  trône  Tan  509  avant  J.  C. , 
&  Tarqmn  n'y  put  jamais  jremonter. 
Il  fe  retiva  chez  les  Etruriens ,  dont 
les  armes  lui  furent  inutiles.  Après 
une  guerre  de  i^  ans,  la  paix  fut 
condMe  1^  &  le  tyran  fe  vit  aban- 
-  donné  de  tous  ceux  qui  l'avoient 
fecouru.  Il  feroit  mort  errant  & 
vagabond ,  û  Arlflodemt ,  prince  de 
Cumes  dan$  la  Campanie ,  ne  l'eût 
enfin  reçu  chez  lui.  Il  mourut 
bientôt  après ,  âgé  de  90  ans;  Il  en 
.^yoit  régné  14*  Les  hifloriensî  on( 
beaucoup  déprimé  ce  prince  ;  mais. 
on  ne  peut  niçr  que  ce  ne  fàt  un 
tyran  habile  ,  qui  augmenta  ù^n 
pouvoir  par  ^  vi^loires;  On  d,oit . 
1 4it  JM^  Vahbf  J)4AUot  )  Ijui  reprg-r 


T  A  R 

cher  des  inîuflices ,  mais  non  lui 
refufer  la  gloire  du  génie  &  des 
taléns.  Malheur  (  dit  Mqnxe&- 
QVIEV  )  à  la  réputation  de  tout 
Pànce  qui  eft  opprimé  par  un  pAWtl 
qui  devient  le  dominant^ 

III.  TARQUIN-COLLATIN  » 
Voyei  Collât  IN  US. 

TARTAGLIA  ou  Tartalea  , 
(  Nicolas)  mathématicien  deBrefTe^ 
dans  l'Etat  de  Venife  ,  mort  fort 
vieux  en  15  57,  pafloit  avec  raifoji 
pour  un  des  plus  grands.géometr^s 
de  fon  temps.  Nous  avons  de  lui 
une  Verfion  italienne  d'EucUde  ,  avec 
des  Commentaires ,  Venife  »  15  43  % 
in-folio  V  un  Traité  de»  Nombres  €^ 
des  Mefures  ;  &  d'autres  ouvrages 
imprimés  en  j  vol.  in-4°  »  i6o6. 

11  s'efl  fait  un  nom  par  Tinvention 
de  la  méthode  de  réfoudre  les  Equa- 
tion%  cubiques  ,  que  l'on  attribue 
ordinairement  à  Cardan.  C'eilauffî 
le  premier  auteur  qui  a  écrit  expref- 
fément  fur  la  théorie  du  mouvemesil 
des  bombes  &  des  boulets  :  fujec 
qu'il  examine  dans  fa  Nova  Scientia  » 
imprimée  à  Venife  en  153?  i  ^ 
dans  fes  Qtiefitiedinveaùonedlverfe^ 
Venife ,  IÇ46.  Voy,  I,  Cardan. 

TARTAG  NI,  (Alexandre) 
jurifconfulte ,  furnommé  d'Iu9iA , 
parce  qu'il  étoit  natif  de  cette  ville  , 
enfeigna  le  droit, à  Bologne  &  à 
Ferrare  avec  tant  de  réputation  , 
qu'on  le  npnima  le  Monarque  dtA 
Droit  &  le  PerA  des  Jurifconfulte^^ 
On  a  de  lui  des  Commentitires  fur  les 
Clémentines  &  fur  le  Sexte  ^  &  d'au- 
tres Ouvrages  dont  H  y  a  eu  plu- 
fieuFs  éditiotis  autrefois.  Ce  jurif- 
confulte  mourut  à  Bqlogne  en 
4587  ,  à  53  ans, 

TAPTERON,  (Jérôme)  Jéfuite 
de  Paris ,  mort  dans  cette  ville  le 

12  Juin  1720,. à  75  ans  ,  profeiTa 
aveçdiflinôion  au  collège  àeLou^s 
le  Grand,  Il  ,eft  auteur  ;  I.  D'une 

,%raduâiQn  ffapçpjfe.,  ÀQ,S  (Euvr^s- 
l*Iion^e ,  4oïjU.î^  ffieill^ive  éditiQ^ 


T  AR 

eft  celle  d*Amfterdam  en  1710 ,  2 
vol.  in  - 12.  II.  D'une  TraduSion 
.des  Sattns  de  Perft  &  de  Juvenal , 
dont  la  dernière  édition  eil  celle  de 
1752  ,  in- 12.  Le  Pcre  Tarteron  a 
fupprimé  les  obfcénités  groilleres , 
dont  il  eft  étrange  que  Juvenal^  & 
fur^tout  Horace ,  aient  fouillé  leurs 
Ouvrages.  Il  a  ménagé  en  cela  la 
jeunefle ,  pour  laquelle  il  croyoit 
travailler  ;  mais  £1  Verûon  n'efi  pas 
afièz  littérale  pour  elle  :  le  fens 
cft  rendu,  mais  non  pas  la  valeur 
des  mots. 

TARTINI  ,  (  Jofeph  )  l'un  des 
-plus  grands  muficiens  de  notre 
fiede  ,  naquit  au  mois  d'Avril 
1692,  à  Pirano  en  Ulrie.  Après 
difiFérentes  aventures  ,  qui  prou- 
voient  une  îeuneiTe  bouillante ,  il 
fe  fixa  à  la  muiique  vers  Tan 
1714.  Il  y  fit  des  progrès  étonnans. 
En  1721 ,  il  fut  mis  à  la  tète  de  la 
mûfique  de  Saint-Antoine  dePadoue 
Son  nom  étoit  très-célebre  en  Eu- 
rope ,  lorfqu*il  mourut  en  Février 
1770.  On  a  de  lui  :  I.  Des  Sonates^ 
publiées  en  1734  &  1745  »  &  reçues 
avec  traniport  par  tous  les  maîtres 
de  l'art.  II.  Un  TraUe  de  Mufique , 
imprimé  en  1754 ,  dans  lequel  il  y 
a  un  fyfiême  qui  fait  autant  d'hon- 
neur à  fon  (avoir  dans  la  théorie 
de  la  mufique ,  que  celui  de  la  bafie 
fondamenôle  en  fait  à  l'illufire 
Rameau. 

I.  TASSE ,  (Le)  Torquato  Tasso  , 
poète  Italien,  né  à  Sorrento ,  ville 
du  royaume  de  Naples,  le  11  Mars 
1544  *  compofa  des  vers  n'étant 
encore  âgé  que  de  7  ans.  Le  père 
du  Tajife  étoit  attaché  en  qualité  de 
fecrétaire  au  prince  de  Salerne  , 
San'Scverino ,  qui  s'étant  chargé  de 
repréfenter  à  Charles-Quint  rinjuf- 
nce  du  vice-roi  de  Naples ,  lequel 
vouloir  établir  l'Inquiûtion.dans  le 
royaume ,  fu(  obligé  de  prendre  la 
fuite,  BemardotTaffo  (  c'étoit  le  nom 
d^foo  père ,  Foy,  U,  Tasse)  fuivit 


TAS  IÇ 

ce  prince ,  &  fut  condamné  a  more 
comme  lui.  La  même  fentence  fut 
prononcée  contre  fon  fils ,  quoi- 
qu'il n'eût  que  9  ans ,  &  ils  n'échap- 
pèrent au  fuppllce  que  par  la  fuite. 
L'enfant  poète  fit  des  vers  fur  fa 
difgrace ,  dans  lefquels  il  fe  com- 
pare au  jeune  Afcagne  fuyant  avec 
Enée,  Rome  fut  leur  premier  afile. 
Le  jeune  Tajfo  fut  envoyé  enfuite 
à  Padoue  étudier  le  droit.  Il  reçut 
même  fes  degrés  en  phlloipphie  & 
en  théologie.  Mais  ,  entraîné  par 
rimpulfion  irréiifiible  du  génie , 
il  enfanta,  à  l'âge  de  17  ans,  fon 
Poëme  de  Renaud ,  qui  fut  comme 
le  précurfeur  de  fa  Jérufaiem,  Il 
commença  ce  dernier  ouvrage  à 
Page  de  22  ans.  Enfin ,  pour  ac- 
complir la  defiinée  que  fon  père 
avoir  voulu  lui  faire  éviter ,  il  alla 
fe  mettre  en  1565  fous  la  proteâion 
du  duc  de  Ferrart,  Ce  prince  le  logea 
dans  fon  palais*  &  le  mit  par  (es 
libéralités  en  état  de  n'avoir  d'autre 
foin  que  celui  de  s'entretenir  avec 
les  Mufes.  Il  penfa  même  à  le  ma- 
rier avantageufement,  &  il  lui  en 
fit  Élire  la  propofition  par  fon  fe- 
crétaire intime  qui  étoit  un  vieux 
garçon.  Le  Tajfe  répondit  à  celui- 
ci,  comme  Epîëtue  avoic  lépondu 
autrefois  à  l'un  de  fes  amis  :  Je  me 
marierai  ior/que  vous  me  donnere\uae 
de  v^s  filifs.  Le  pape  Grégoire  Xlll 
ayant  envoyé  en  1572  le  cardinal 
Louis  de  Ferrare,  firere  du  duc  ,  en 
France ,  en  qualité  de  légat,  le  TaJfe 
Vy  accompagna  :  il  fut  reçu  du  roi 
Charles  JX  avec  les  diflinéHons 
dues  à  fon  mérite.  De  retour  en 
Italie ,  il  fut  amoureux ,  à  la  cour  de 
Ferrare,  de  la  fœur  du  duc.  Cette 
paffion,  jointe  aux  mauvais  traite- 
mcns  qu'il  reçut  dans  cette  cour, 
fut  lafource  de  cette  humeur  mélan- 
colique qui  le  copfuma  pendant  20 
années.  Le  refie  de  fa  vie  ne  fut 
plus  qu'une  chaîne  de  calamités  & 
d  humiliations.  Perféc^^té  par   les 


2t 


TAS 


'  ennemis  que  lui  fuJcitoIent  (é&  td- 
lens  ;  plaint ,  mais  négligé  par  ceux 
qu'il  appeloit  fes  amis  ,  il  fouflrit 
l'exil  ,  la  prifoii,  la  plus  extrême 
pauvreté ,  la  faim  même  :  &  ce  qui 
Revoit  ajouter  un  poids  iiifup- 
]M>rtableà  tant  de  malheurs ,  la  ca- 
lomnie l'attaqua  &  l'opprinia.  Il 
s'enfuit  de  Fcrrare ,  où  le  protefteur 
qu'il  avoit  tant  célébré,  Tavoit  fait 
mettre  en  prifon.  11  alla  couvert  de 
haillons  ,  depuis  Ferrare  jufqu'à 
Sorrento  dans  le  royaume  de  Ha- 
pics  »  trouver  une  fœur  qu'il  y 
avoit,  11  eft  £aux  qu'il  n'en  obtint 
aucun  fccours ,  comme  le  prétend 
Voltaire,  Le  Père  Nîccron  ,  mieux 
înfiruit  y  dit  que  fa  fœur  le  reçut 
avec  toute  la  joie  &  toute  la  ten- 
dreté imaginable,  &  il  pufTa  tout 
tm  été  avec  elle.  Mais  le  défir  de 
Tetourner  à  Ferrare  le  tourmentoit 
toujours.  11  y  alla  de  nouveau.  Le 
fïuc  le  croyant  malade ,  l'exhorta 
à  ne  plus  penfer  qu'à  une  vie  douce  , 
&  à  la  jouiflance  de  la  tranquillité 
qu'il  vouloit  lui  procurer.  On  avoit 
perfuadé  à  ce  prince  que  le  poè'te 
avoit  jeté  tout  J'en  feu ,  &  que  loin 
^e  pouvoir  rien  produire  de  bon, 
il  n'étoit  propre  qu'à  gâter  ce  qu'il 
avoit  déjà  produit.  Le  Tajfe ,  voyant 
que  fcs  talens  n'étoient  plus  appré- 
ciés comme  autrefois  à  la  cour  de 
Ferrare  ,  fe  jeta  dans  les  bras  du 
Aie  i*Urb'in ,  qui  avant  que  de  l'ad- 
inettre  à  fa  cour ,  voulut  le  mettre 
^ans  les  remèdes.  Il  le  fît  enfermer 
dans  l'hôpital  de  Sainte- Anne  \,  où 
la  folitùde  &  fa  détention  forcée  le 
jetèrent'  dans  des  maladies  vio- 
lentes &  longues ,  qui  lui  ôterent 
quelquefois  l'ufage  de  la  raifon.  11 
prétendit  un  jour  avoir  été  guéri 
par  le  fecours  de  la  Ste,  VUrge  &  de 
5a.  Scholajlîque  y  qui  lui  apparurent 
idans  un  grand  accès  de  èevre.  Ce 
ne  fut  qu'à  la  prière  du  duc  Vincent 
Âe  Gon\ague  ,  que  fa  liberté  lui  fut 
rendue  au  commencement  de  1586. 


TAS 

'Potir  comble  d'infortune ,  ft  gloire 
poétique,  cette  confolation  imagi- 
ginaire  dans  dt%  malheurs  réels  , 
avoit  été  attaquée  de  tous  côtés.  L*e 
nombre  de  fes  ennemis  éclipfa  pour 
im  temps  fa  réputation  :  il  tut  preT- 
que   regardé   comme  un  mauvais 
poète.   Enfin   après    10   années  « 
l'envie  fut  laffe  de  l'opprimer  ;  fon 
mérite  furmonta  tout.  Las  de  la  vie 
.  orageufe  qu'il  avoit  menée  à  la  cour 
Aes  princes ,  il  avoit  été  chercher 
le  repos  à  Nsples.  Il  y  jouifToit  de 
la  tranquillité  &  du  bonheur ,  lorf- 
qu'il  fîit  appelé  à  Rome  par  le  pape 
Clément  VIII ,  qui ,  dans  une  con- 
grégation de  cardinaux,  avoit  ré- 
solu de  lui  donner  la  couronne  de 
laurier  &  les  honneurs  du  triomphe. 
Le  Tajfe  (iit  reçu  à  un  mille  de  Rome 
par  les  deux  cardinaux  neveux ,  & 
par  un  grand  nombre  de  prélats  & 
d hommes  de  toutes  conditions.  On 
le  conduiât  à  l'audience  du  pape  r 
Je  défire  ,  lui  dit  le  pontife ,  que  vous 
honoric^  la  Couronne  de  Laurier  ^  qui 
a  honoré  jufqulcî  tous  ceux  qui  L'oru 
portée.  Les  deux  cardinaux  ALcobran-' 
dins ,  neveux  du  pape ,  qui  a.moient 
&  admiroient /.j  Taffe^  fe  chargèrent 
de  l'appareil  de  ce  couronnement  : 
iV'^yt\  Pétrarque.  ]  11  devoir  fe 
faire  au  Cspitole.  Lt  Tajfe  tomba 
malade  dans  le  temps  de  ces  prépa- 
ratifs ,  & ,  comme  ii  la  fortune  a\  oit 
voulu  le  Q-omper  jufqu'au  dernier 
moment  ,  il  mourut  la  veille  du 
jour  deftiné  à  la  cérémonie ,  le  1  ç 
Avril  1 5  9  5 1  à  J I  ans.  Le  Tajj't  avoit 
la  taille  haute,  droite  &  bien  pro- 
portionnée \  &   un  tempérament 
vigoureux   &  propre  à  tous   les 
exercices  du  corps.  Il  parloir  pom- 
ment ,  &  ne  montroit  point  dans  la 
converfation  tout  le  feu  qui  brilloit 
dans  fes  Ecrits.  Il  rioit  peu  &  fans 
éclats.  Il  manquoit  d'action ,  &  dans 
(es  difcours  publics  il  fe  foutenoit 
plutôt  par  les  chofes  que  par  les 
grâces  extérieures.  Bon   parent , 


TAS 

bonsmi,  il  exceiloit  par  les  qua- 
lités du  cœur.  Jamais  poëte  w^a  été 
aufli  indulgent  &  aufïl  honnête  dans 
h  fociété.  Peu  fatisfaic  ordinaire- 
lûent  des  produâions  defon  efpnt , 
ilétoit  touiours  content  de  Ton  état, 
lors  même  qu'il  manquoit  de  tout. 
II  s'abandonnoit  entièrement  à  la 
Providence ,  &  il  fe  ûiifoit  un  fcru- 
pule  de  recevoir  ou  de  garder  ce 
qui  ne  lui  étoic  pas  abfolument 
nécefTaice.  Sa  fin  fut  très-chrétienne, 
&  dès  qu'il  la  fentit  approcher ,  il  fe 
fit  porter  au  couvent  de  Saint- 
Onuphre ,  pour  être  plus  à  portée 
des  fecours  fpirituels.  On  l'enterra 
fans  pompe,  comme  il  l'avoit  défiré. 
Mais  le  cardinal  BcvUaque  lui  fit 
enfuite  élever  un  monument  dans 
TEglife  du  monaftere  où  il  étoit 
mort.  Ses  principaux  Ouvrages 
font:  L  La  JéTufaUm  délivrée^  dont 
Mirabaud  &  M.  U  Brun  nous  ont 
donné  de  bonnes  Traductions  :  le 
1^'  en  2  vol.  in-i2  ,  [  Voy.  Mira- 
BA.UD-,  ]  &  le  fécond  en  2  volum» 
in -12  &  in -8^.  Ce  Poëme  offre 
autant  d'intérêt  que  de  grandeur  : 
il  cft  parfaitement  bien  conduit , 
prefque  tout  y  eft  lié  avec  art.  L'au- 
teur amené  adroitement  les  aven- 
tures ;  .il  diflribuè  fagcment  les 
iuraieres  &  les  ombres.  11  fait  paffer 
le  lefteùr  des  alarmes  de  la  guerre 
aux  délices  de  l'amour  ,  &  de  la 
peinture  des  voluptés  il  le  raniene 
aux  combats.  Son  ftyle  eft  par-tout 
clair  &  élégant  ;  Se  lorfque  fon 
fujet  demande  de  Télévation ,  on 
eft  étonné  comment  la  mollefte  de 
h  langue  Italienne  prend  un  nou- 
veau caràélere  fous  {es  mains ,  & 
fe  change  en  majefté  &  en  force. 
Mais  avec  de  grandes  beautés ,  ce 
Pocrae  a  de  grands  défauts.  Le 
forcier  îfmene  qui  fait  un  talifman 
'avec  une  image  delà  Vierge  Marte; 
l'hiftoire  d'Ollnde  &  de  Sophronîe  , 
perfonnages  qu'on  croiroit  les 
principaux  du  Poëme,  &  qui  n'y 


TAS  tlJ 

tiennent  point  du  tout  ;  les  dix 
princes  Chrétiens  ïnctamorphofés 
en  poîâ'ons;  le  Perroquet  chantant 
des  chanfons  de  fa  compoûtion; 
ce  mélange  d'idées  païennes  6c 
chrétiennes  ;  ces  jeux  de  mots  êc 
les  Conceuî  puérils ,  tout  cela  dé- 
pare fans  doute  ce  beau  Poëme. 
[  Voyei  BoRGHESE.  ]  Le  Taffe 
fembla  reconnoître  lui-même  qu'il 
i'avoit  rempli  de  chofes  qui  cho- 
queroient  les  leâeurs  judicieux. 
Pour  fe  juftifier  il  publia  une  Pré- 
face ,  dans  laquelle  il  tâcha  dé 
prouver  que  tout  fon  Poëme  étoit 
allégorique.  L'armée  des  princes 
Chrétiens  repréfentoit ,  félon  lui , 
le  corps  &  l'ame.  Jérufalem  étoit 
la  figure  du  vrai  bonheur  qu'on, 
acquiert  par  le  travail  &  avec 
beaucoup  de  difficulté.  Godefroiçû. 
l'ame  *,  Tancrede  ,  Renaud ,  &  le^ 
autres  héros  en  font  les  facultés. 
Le  commun  des  foldats  font  les 
membres  du  corps.  Les  diables 
font  à  la  fois  figUres  &  figurés, 
Armide  &  Ifmene  font  les  tenta- 
tions qui  afnv;gent  nos  âmes.  Les 
charmes ,  les  illufions  de  la  Forêt 
enchantée  repréfentent  les  faux 
raifonnemens  dans  lefquels  nos 
pafiions  nous  entraînent.  Telle  eft 
la  clef  que  le  Tajfe  donna  de  fon 
Poëme  :  il  y  a  apparence  qu'il  la 
trouva  dans  le  temps  de  fes  vapeurs, 
II.  La  Jérufalem  Conquîfe  ,  I593  , 
in-4°.  III.  Renaud^  15 62,  in-4*' ; 
Poëme  en  douze  chants  ,  plein  de 
faux  brillans  ,  de  tours  aft^sftés , 
•d'images  recherchées.  Nous  en 
avons  une  plate  Traduôion  en 
profe  ,  par  le  fieur  de  la  Ronce ,  ien 
1620 ,  réimprimée  fans  changement 
en  1624.  III.  Amînte  ,  Paftorale  , 
qui  refpire  cette  molleffe  ,  cette 
douceur  &  ces  grades  propres  à  la 
poéfie  Italienne.  On  a  reproché  à 
l'auteur  d'avoir  chargé  fon  Poëme 
de  trop  de  récits,  qui  ne  laiftcnt 
prefque  rien  à  la  repréfcntation  j 


i8  TAS 

mais  on  oublie  facilement  cedéâwt 
en  faveur  des  beautés  toudiantes  de 
l'ouvrage.  PequaVn,  traduit  enprofe 
firançoife  en  1734.  IV.  Lu  Sept 
hunUis  d*  la  Création  du  Monde  » 
1607,  in-S**.  V.  La  Tragédie  de  Torif- 
mond^  IÇ87  »  in- S®  j  mauvais  ou- 
vrage »  indigne  de  Tauteur.  Les 
produûions  du  Taffe  ont  été  im- 
primées en  6  vol.  in-£oI.  à  Flo- 
rence en  1714 ,  avec  les  Ecrits  faits 
pour  &  contre  fa  Jémfalem  délivrée^ 
La  conteftation  oui  s'étoit  émue , 
fur  la  fin  du  xvi*  fiecle  &  au  com- 
mencement du  XVII*,  entre  les  par- 
tifans  du  Tajfe  &  ceux  de  VAriofte, 
touchant  la  préférence  fur  le  Par- 
naffe  Italien ,  femble  être  entière- 
ment finie.  Malgré  le  jugement  des 
académiciens  de  la  Cn^ca  ,  &  de 
quelques  rimailleurs  jaloux  &  .in- 
quiets ,  le  Taffe  efl  aujourd'hui  en 
poffeflîon  du  premier  rang  fur  tous 
les  poètes  de  fa  langue.  On  peut 
voir  l'hiftoire  de  la  difpuce  dont 
nous  parlons ,  dans  le  4*  volume 
des  Qtiercllcs  littéraires.  Les  éditions 
les  plus  recherchées  de  la  JémfaUm , 
font  :  CeWe  de  Gênes  ,1^90,  in.4° , 
avec  les  figures  de  Bernard  CaftUli , 
&  les  Notes  de  divers  auteurs*, celle 
de  l'Imprimerie  royale  à  Paris  , 
1644  ,  grand  in-folio  ,  avec  les 
planches  de  Tempefta  ;  celle  de 
Londres  ,  1724  ,  2  vol.  in-4**  , 
avec  les  Notes  de  plufîeurs  littéra- 
teurs Italiens  •,  celle  de  Vcnife  , 
1745  »  in-folio  ,  avec  figures-,  & 
enfin  l'édition  portative  &  élégante 
^esElievirs^  1678,  a  vol.  in-31, 
avec  les  'figuées  de  Séhafien  le  Clerc, 
IJJmlnte  a  été  donnée  par  les 
mêmes  ,  1678,  in-a4."  La  Vie  de 
ce  grand  poëte  a  été  écrite  en  italien 
par  le  marquis  Mania  ^  &  publiée 
à  Venife  en  i6ii.  Nous  en  avons 
une  en  françois  »  par  de  Chames  ^ 
à  Paris  en  1690 ,  in-li. 

II.    TASSE,   (Le)    Eemardo 
Ja  s  s  o  >  père  de  Torquato  ,  fe  fit 


TA  S 

auffi  beaucoup  de  réputation  par 
fes  ouvn^es  poétiques  :  le  plus 
connu  &  le  plus  recherché  eft 
VAmadls ,  poëme  en  100  chants  • 
dont  la  première  édition  ^  faite  à 
Venife  par  Giollto eni 560,  in-4*, 
eft  très-eftimée ,  &  peu  commune. 
Les  Italiens  font  aufll  beaucoup  de 
cas  du  recueil  de  fes  Lettres  y  im- 
primées à  Venife  en  I5>| ,  in-S**. 
L'édition  la  plus  complète  eft  celle 
de  Padoue ,  1753  »  ^^  3  vol.  in- 8^. 
On  y  a  joint  fa  Vie  par  Legheni, 
Benu  Taffo  mourut  à  Rome  en 
1575  ,  au  couvent  de  Saint- Onu- 
phre  i  où  il  s*étoit  •  retiré  fur  la.  fin 
de  fes  jours.  On  a  encore  de  lui  : 
//  Floridante ,  1 5  60  ^  in-IX. 
,  III.  TASSE ,  (  Auguftin  )  peintre 
Bplonois  du  xvix^  fiecle  ,  réuffîc 
dans  le  Payfage,  dans  les  Perfpec-. 
tives  &  dam^  les  Tempêtes. 

TAS  S  IN,  (René-Profper  ) 
Bénédiâin  de  la  Congrégation  de 
Saint-Maur ,  né  en  1697  à  Lonlai, 
bourg  du  diocefe  du  Mans ,  mourut 
à  Paris  en  1777*  Ce  religieux  ,  aufii 
recommandable  par  fa  piété  que 
par  fon  érudition ,  continua  la  Now 
velle  Diplomatique  de  Dom  Tou/iaim 
ion  ami.  [  Voye^  TousTAiN. }  On 
a  encore  de  lui,  VHiftoire  Littéraire 
de  la  Congrégation  de  Saint' Maur  « 
Bruxelles ,  1770  ,  in-4®.  Ce  livre, 
beaucoup  plus  exaé^  &  plus  étendu 
que  la  bibliothèque  de  Dom  le  Cerf  y 
eft  un  monument  de  rattachement 
de  Dom  Tajjin  pour  la  fociété  doxtt 
il  étoit  membre.  On  y  trouve  la  vie 
&  les  travaux  des  auteurs  qu'elle  a 
produits  depuis  fon  origine  en 
1618  ,  jufqu'à  nos  jours.  On  y  dé- 
taille avec  foin  les  titres  &  les  diffé- 
rentes éditions  de  leurs  livres ,  & 
les  jugemens  que  les  favans  en  ont 
portés.  On  y  voit  en  même  temps 
la  notice  de  beaucoup  d'ouvrages 
manufcrits,  compofcs  par  des  Bé- 
néiliitins  du  même  corps.  Il  fe- 
.  roit  à  fouhaiter    que    toutes.  1^ 


Tas 

Riftoires  littéraires  fuffcnt  faites  fur 
ce  modèle  &  avec  la  même  exac- 
titude. 

TASSONI ,  (  Alexandre)  né  à 
Alodene  eni  56  5 ,  membre  de  Taca* 
demie  des  Humoriftes,  fuivit  en 
Efpagne,  l'an  1600,  le  cardinal 
Afcapgt  Coiorme ,  en  qualité  de  pre» 
ixiier  fecrétaire  *,  mais  fes  traits  fa- 
tiriques  contre  les  Efpagnols  ,  lui 
firent  perdre  fa  place.  11  fe  retira 
à  Rome,  où  il  partagea  fon  temps 
cotre  la  culture  dcis  Heurs  de  fon 
iardin  &  des  fruits  du  Pamafie. 
François  I ,  duc  de  Modene ,  l'ap- 
pela à  fon  fervice  &  llionora  ties 
titres  de  gentilhomme  ordinaire  & 
du  confeiller  d'état  Taffonl  bril- 
loit.  dans  cette  cour  ,  lorfqu*il 
mourut  en  1635,  à  71  ans.  Ce 
poëte  avoit  un  caraâere  enjoué  & 
un  efprit  aimable  t  mais  il  ctoit  trop 
porté  à  la  fatire.  Ce  fut  pour  imiter 
Ton  génie  caultique ,  autant  que  pour 
rendre  hommage  à  la  vérité ,  qu'on 
le  repréfenta  après  fa  mort ,  une 
figue  à  la  main,  avec  ce  diftique 
^u  bas  de  fon  portrait  : 

•    Dextera  car  ficum  quarts  mea  gefict 
inancm  ? 
Jxmgl  operls  merces  hac  fuit  :  aula 
dédit, 

Pe  Tajfoni  pourquoi  la  main  bon- 

teufe 
Tîent-eilc  ce  fruit  enfantin'? 
C'eftle  digne  préfcnt,  qii»une  Cour 

génère ufe  , 
Pour  prix  d'un  lortg  travail,  lui  fit 

un  beau  raatin* 

On  le  regardoit  comme  un  des  pre- 
miers favans  de  fon  fiecle,  &  le 
favoir  (  dit  M.  GroJUy)  étoit  fon 
moindre  mérite.  On  a  de  lui  quel- 
ques ouvrages.  Les  principaux  font  : 
\.Vn  Poème  Héroï-Comique  ,  fur 
la  guerre  entre  les  Modénois  &  les 
Bolonois ,  au  fujet  d*un  Sceau  -qui 
avoit  été  pris,  &  qu'il  intitula  : 
La  Secchîa  raplta.'  L*édition  la  plus 

mherçhçç  çft  ççUc  de  J^çn^gUm^ , 


TAS  10' 

1614-,  &  la  plus  récente,  celle  de 
1678  ,  inia.  Ce  Poëme  a  été  tra- 
duit en  françois  par  Piern  Perrault , 
1678,  2  vol.  inii;  &  par  M.  de 
Cedors,  I7J9 ,  3  vol.  in-i2.  L'une 
&1  autre  vetfîonfom  avec  le  texte 
Italien.  Ce  Pocrae  eft  un  agréable 
mélange  de  comique,  d'héroïque 
.  !ii  *'"^"*  »  "•««  ^a  décence 
^  ^J^  toujours  obfervée.  II. 
l^es  Obfiryatlons  fur  Pétrarque,  dont 
quelques-unes  font  curieufes.  111. 
Vn^ffl^oirt  EccUfiafitque  ,  dans  la- 
qu'elle  il  contredit  fouvent  Baro^ 
nius.  lY  Son  Tefiamnt,  Ceft  ime 
pièce  pleme  de  fel  &  d'enjoué- 
ment  ;  en  voici  un  échantillon. 
"  ^fouffigné.  rf.W/,  faîn  de  corps 
"  &  d  efprit  ,  f,  l>on  excepte  W 
»  fièvre  commune  de  l'ambition 
>♦  humaine  qui  porte  fes  vues  au* 
»  delà  du  trépas,  voulant  déclarer 
"  ma  dernière  volonté  :  I.  Je  laiÔe 
»  mon  Ame  au  Principe  qui  V^ 
»♦  créée.  Pour  mon  Corps  ,  il  r© 
"  feroit  bon  qu  à  être  brûlé  ;  mais 
•'  comme  lufage  de  la  Religion 
»♦  dans  laquelle  je  fuis  hé  ,  ne  le 
»»  permet  pas,  je  prie  les  maîtres  de 
»♦  la  maifon  où  je  mourrai ,  (  n'en 
^  ayant  aucune  à  moi  )  ;  ou  fi  je 
"  mourois  en  plein  air,  je  prie  les 
»•  voifins  ou  les  paflans  ,  de  mf^ 
»  faire  enterrer  en  lieu  faint ,  dé- 
»  darant  que  pour  tout  appareil 
"  d'enterrement ,  je  ferai  content 
H  d'un  fac,  d'un  porte-faix ,  d'un 
»♦  prêtre,  d'une  Croix  &  d'une 
»  chandelle.  II.  Je  laiffe  à  1  Eglife 
••  où  je  ferai  inhjimé ,  12  écus  d'or , 
n  fans  exiger  ni  obligation ,  ni 
"  reconnoilTance  pour  une  fi  pe- 
"  tite  fomme,  que  je  ne  laifferat' 
**  d'ailleurs  ,  de  même  que  toyxt 
H  mon  bien,  que  parce  que  je  ne 
»»  pourrai  pas  l'emporter.  III.  Je 
»  laiffe  à  Aftfq;©,  moh  fils  na* 
>»  turel,  né  de  Lucie  Grafagulna  ^ 
w  cent  écus  en  carliiis  ,  afin  qu'il 
^  puiiTç  s'en  âôte  honneur  auca^ 


^d  TAS 

^  baret ,  &c  m.  Ce  ûls  naturel  du 
Tajfoni  étoit  un  libertin ,  qui  lui 
donna  beaucoup  de  chagrin  ,  &  qui 
le  voloit  de  temps,  en  temps.  La 
Fie  de  ce  poëte  a  été  écrite  par  le 
lavant  Muratorl,_ 

TASTE,  (  bom  Louis  la  )  fe- 
lOeux  Bénédiâin ,  né  à  Bordeaux  de 
parens  obfcurs  ,  fut  élevé  comme 
domeftique  dans  le  monaftere  des 
fiénédiûins  de  Sainte-Croix  de  la 
même  ville.  On  lui  trouva  de  Tef- 
prit  &  on  le  revêtit  de  l'habit  de 
Siint-Benoît.  Devenu  prieur  des 
BlmcsManteaux  à  Paris ,  il  écrivit 
contre  les  fameufes  convulfions  & 
contre  les  miracles  attribués  à  Paris. 
Ceux  de  fes  confrères  qui  refpec- 
toient  la  mémoire  de  ce  pieux 
diacre ,  fe  préparoient  à  faire  flétrir 
(on  ennemi ,  lorfqu'ii  fut  élevé  à 
révêché  de  Bethléhem  en  i738.0n 
le  nomma ,  environ  dix  ans  après , 
vifiteur  général  des  Carmélites.  Sa 
conduite,  tour-àtour  artificieufe 
ii  violente  envers  les  divers  me-' 
nafteres  de  cet  Ordre,  fouleva  (dit- 
on  )  plufieurs  perfonnes  contre  lui  : 
On  le  regardoit  comme  un  homme 
faux  y  qui  avoit  fait  fervir  la  reli- 
gion à  fa  fortune  ;  comme  un  ca- 
raÛere  tortueux,  qui  favoit  plier 
ÏA  façon  de  penfer  fuivant  le  temps 
éi.  les  circonftances.  Nous  n'avons 
pas  alfez  connu  Dom  la  Tajle^  pour 
décider  il  ce  portrait  n'ell  pas  trop 
chargé.  H  y  a  apparence  que  les 
couleurs  ont  été  fournies  par  ceux 
que  ce  prélat  Bénédiftin  combattit,' 
&  dès-lors  on  dpit  fct méfier  de  la 
rçiTemblance.  D.  la  Tajie  mourut  à 
3aint-Denis  en  1754  »  à  69  ans.  Ses 
ouvrages  font  :  1.  Lettres  JJkéologU 
^ue^^  contre  les  convylfions  «Se  les 
liiracles  attribués  à  TârU  ,  in-4°  y 
a  vol.  Cet  ouvrage  contient  xxi 
teures;  on  y  trouve  dés  faits  fu- 
rieux ,  mais  peu  de  critique  pour 
ècmêler  les  vrais  d'avec  les  faux,, 
^  point  de  faine  théolc^^e  fur  Vss^ 


T  AT 

tîcîe  des  miracles.  Domii  Tûfiey 
fputient  que  les  Diables  peuvent 
faire  des  miracles  bienfaifans  Ôc  des 
guérifons  miraculeufes ,  pour  intro- 
duire ou  autorifer  l'erreur  ou  1» 
vice  :  fentimcnt  contraire  à  la  reli-* 
gion  &  au  bon  '  fens.  L'atSfoé  dé 
Pradcs  l'ayant  adopté  dans  fa  fa- 
meufe  thefe ,  elle  fut  cenftirée  par 
la  Sorbonne.  La  19*  Lettre  de  U 
Tafle  contre,  le  livre  de  Montgeron 
fut  fupprimée  par  Arrêt  du  parle- 
ment. Les  18  premières  furent  atta- 
quées par  les  Ami  -  Conftitution- 
nairès,  qui  dans  leurs  Ecrits  appel- 
lent honnêtement  l'auteur  :  Bête  éU 
PApocalypfe  ,  •  Blafphémateur ,  Diffà-^ 
moteur  ,  mduvaîfe  Bête  de  l'tJU  dc 
Crue  ;  Moine  impudent ,  boirffî  d'or- 
gueil ;  Ecrivain  forcené  ;  Auteur  aho" 
minable  d'impojïures  atroces  ^  d^ow^ 
vragei  mon/irueux  :  voilà  le  fel  dé- 
licat qu^on  a  répandu  fur  les  pra- 
durons  de  V AntU  Convulfionnaîrc, 
II.  Des  Lettres  contre  les  Carmé- 
lites de  Saint- Jacques  à  Paris.  IH; 
Une  Réfutation  des  fameufes  Lettres 
Pacifiques. 

.  TATIEN ,  difciple  de  5.  luftin  , 
étoit  Syrien  de  naiiTance.  Il  fut 
d'abord  élevé  dans  les  fciences 
des  Grecs  &  dans  la  religion  des 
Païens.  lî  voyagea  beaucoup,  & 
trouva  par-tout  la  religion  païenne ,  * 
abfurde ,  &  les  philofophes  de  fon 
£ecle  flottant,  comme  ceux  du  nôtre^ 
entre  une  infinité  d'opinions  &  de 
fyftêm^s  'contradiâ:oires.  Il  étoit 
dans  cette  perplexité ,  lorfque  les 
livres  des  Cliréiiens  lui  tombèrent 
entre  les  mains  ;  il  fut  frappé  de 
leui^  beauté.  »»  Je  fus  perfuadé 
>»  (  diÇril  )  par  la  lefture  de  ces  U- 
»  vres ,  pour  plufieurs  raifons.  Les 
V  paroles  en  font  plus  fimples  -,  les 
"  auteurs  :en  paroifilent  finceres  & 
♦»  éloignés  de-  toute  afFeftation  \  les 
*'  choîes  qu'ils  difent  fe  compren- 
»»  nent  aifëment  -,  on  y  trouve  plu- 
)»  fieu£5  .prédiûions   accomplies  ^ 


T  A  T 

^  les  préceptes  qu'ils  donnent  , 
»  (ont  admirables ,  &  ils  établiiTeat 
»  Un  feul  Maître  de  toutes  chofes  ; 
•»  &  cette  doftrinc  nous  délivre 
M  d^'un  grand  nombre  de  maîtres  Ôc 
**  de  tyrans ,  auxquels  nous  étions 
"  a^ujettis  »».  C'étoit  donc  en  quel- 
que îbrte  par  laditude  »  &  non  pas 
p»r  con vision  forte  ,  que  Tatlen, 
avait  embraiTé  le  ChriAianifitie  ^  il 
reftoit  encore  au  fond  de  fon  ef- 
prit  des  idées  Platoniciennes.  Après 
avoir  utilement  fervi  rEglife,  il 
eoTeigaa  des  erreurs  dang^ereuCes» 
12  admit  avec  Marclon  deux  Dieux 
ditféreiis,  dont  le  créateur  étoit  le 
fécond.  Il  attribuoit  l'ancien  &  le 
nouveau  Teflament  à  ces  deux  Êtres 
divers,  &  rejetoit  quelques-unes 
des  Epîtres  de  S^  PatU.  Il  devint 
le  chef  de  la  feâe  des  Encratîtes  o\x 
Contmcns.  Il  condâmnoit  Tufage  du 
vin ,  défendoit  le  mariage  »  &  don- 
noit  encore  dans  d'autres  excès. 
Cécoit  un  homme  très-iàvant ,  & 
qui  écrivoit  aifémem.  Ses  talens  , 
Joints  à  Tauftérité  de  Tes  maximes , 
donnèrent  à.£bn  école  beaucoup  de 
réputation.  De  Méfppotamie eiltît. 
répandit  à  Amioche ,  à:m%  la  Cili-' 
cie,  dans  TAôe-MineUre  &  même 
en  Occident.  Tatîat  était  aateur 
Â^uaeHarmome  des  iv  Evat^éliAes, 
&  d'un  grand  nombre  d'autres  ou- 
vrages; mais  il  ne  nous  reiUque 
fon  j9<ycour^.  contre  les  Gefltils  en 
£iveur  des  QiréiienÀ;  caxAa  Cort" 
eordèqm.  porte foii  nom,  n'eft  point 
de  lui  ,  non  plus  que.  lei  autres 
ficrits-qu'oninâ  attkibue*  L'édition 
h  plus  eftimée  defda  dpaiûgftdà. 
celle  d'Oxford  ,  1700  ,.  in-8*^, 
Voyt\  ^  diitertanon  du  favant  abbé 
ic  Longuerue ,  fur  cet  écnyain. 

TATiSTCHEF,  Ru&,x6afeiUer 
privé  fous  le  règne  de  l'impéra- 
trice Jntu ,  au  camaieBcemem  du 
XYzil^  iîecle ,  a  traînaillé  peodaac 
30  ans  à  VHifioire  aie  fa  hdtion  ^ 
qu'il  avait|uauffée:julquài2ffinkdtt: 


TAV^        5f 

Xti^  iîecle;  il  en  a  péri  uneparne 
dans  un  incendie.  Ce  qui  eÛ  im- 
primé ne  s'écend  pas  bien  avant 
dans  le  XIII*  iiede  ,  &  forme 
3  vol.  in-4**. 

I.  TATIUS .  roi  des  Sabins  ,  fit 
la  guerre  à  Romulus ,  pour  venger  " 
l'enlcvement  des  Salines.  Dans  un, 
combat  où  Romulus  étoit  près  de 
fuccoraber,  ces  femmes  fe  jetant, 
au  milieu  des  combattans  ,  qi^i 
étoient  leurs  pères  ou  leurs  frère» 
&  leurs  époux  ,  vinrent  à  bout  de 
les  féparer.  La  paix  fut  conclue  l'an 
750  avant  J.  C. ,  à  condition  qu'il 
partageroit  Iç  trône  de  Rome  avec 
1^  fondateur  de  cette  ville  ,  qui  , 
fâché  de  ce  partage  ,  fit  tuer  Toims 
ilx  ans  après.  Sa  fille  Tatia  £iit 
mariée  à  Numa  PomplUus, 

II.  TATIUS  ,  (  Achilles)  d'A- 
lexandrie ,  renonça  au  Paganifme 
&  devint  Chrétien  &  évêque.  Nous 
avons  de  lui  deux  ouvrages  fur  les 
Phénomitus  dAratus  »  traduits  par 
li  P.  Petau  ,  &  imprimés  en  grec 
&  en  latin  dans  ï  Uranologlum,  On 
attribue  encore  à  Tatîus  le  Roman 
grec  des  Amours  de  Leudppt  ^  4e. 
Câtopjion  ,  dont  Saumalfn  a  donné 
une  belle  édition  en  grec  &  en 
latin,  av4»c  des  notés  ,  Leyde  » 
1540,  in*i2  ,  que  Baudoin  a  pla* 
temeat  traduit  en  françois eni63 f , 
in -8°  ,  &  qui  l'a  été  beaucoup 
mieux  par  du  Perron  de  Caftera^ 
173  î»  io-i2..  Cet  ouvrage  ed.écrit 
d'un  Wftyic  peu  naturel.  Il  y  règne, 
une  morale  licencieufe ,.  &  en  gé* 
néral  c'eâ  une  produâion .  mé- 
diocre. :  .t 

.  TATrEMBACH.     Foye{    Na- 

DASTM  \  n**    II. 

I.  TAVANES  ,  (  Gafpar  de» 
Sattlx.de)né  en  mars  1909.,  fotr 
apptlé  .Tavarus  ,  du  nom  :  dé  Jean 
de  Tavmes  ,  fon  oncle  maternel  « 
qui  avoitrenduà  l'Etat  des  fervsiees . 
fignalés.  U  fut  élevé  à  la  cpur  en. 
^atâé  de<^jpage.  du  roi  ^  (,&  fais, 


31         ,T  A  V 

prifonnter  avec  François  /  à  la 
iTialheureufe  journée  de  Pavie.  De- 
venu guidon  de  la  conipagnie  du 
grand-écuyer  de  France ,  U  fervit 
dans  les  guerres  de  Piémont  où 
il  fe  diftingua.  Le  duc  d*  Orléans  , 
fécond  fils  de  Françcfis  1 ,  charmé 
des  agrémens  de  fon  càra£lere ,  le 
nomma  lieutenant  de  fa  compagnie , 
&  fe  l'attacha  pardculiéremenc. 
Comme  ils  étoicnt  l'un  &  l'autre 
vi£i ,  ha-dis  &  çntreprenans  ,  ils 
fe  livrèrent^  à  toute  l'impétuofité 
de  leur  âge,  &  firent  différentes 
folies ,  dans  lefquelles  ils  couroient 
Ordinairement  rifque  de  la  vie.  Ils 
paffoient  à  cheval  à  travers  des 
bûchers  ardens  -,  ils  fe  promenoient 
i\ir  les  toits  des  maifons ,  &  (àu- 
toient  quelquefois  d'un  côté  de  la 
me  à  l'autre.  Une  fois ,  on  dit  que 
Tavoms,  en  préfence  de  la  cour 
qui  étoit  alors  à  Fontainebleau, 
fauta  à  cheval  d'un  rocher  à  un 
autre,  qui  en  étoit  diftant  de  trente 
pieds.  Tels  étoient  les  amufemens 
de  Tayaau  ,  ôc ,  en  général  ,  des 
jeunes-gens  de  qualité  qui  étoient 
attachés  au  duc  A^  Orléans,  La  guerre 
mit  fin  i  ces  extravagances  ,  di- 
gnes des  héros  des  fiecles  barbares. 
Tavants  fe  fignala  par  des  a£kions 
plus  nobles.  Il  &t  envoyé  a  la 
Rochelle ,  qui  sëtoit  révoltée  en 
1541,  à  l'occafion  de  la  Gabelle*, 
&  il  ramena  les  rebelles  à  leur 
devoir.  En  1544,  il  eut  beaucoup' 
de  part  au  gain  de  la- bataille  de 
Cériibles.  Le  duc  d'Orléans  étant 
mort  Tannée  fuivante,  le  roi  donna 
à  Tavaius  la  moitié  de  la  com- 
pagnie de  ce  prince  ,  &  le  fit  fon 
diambeiian.  Hmrî  U ,  héritier  des 
fentimens  de  François  1  pour  Ta- 
vanes^  le  nomma  en  1552  maré« 
chai  de  camp  :  place  d'autant  plus 
honorable  >  qu'alors  il  n!y  en  avoit 
que  deux  dans  une  armée,  Notre 
héros  fe  montra  digne  de  fon  em- 
ploi dans  les  différentes  guéries 


T  A  V 

qu'eut  le  roi  avec  rempcreur  C5UW 
les»  Quint ,  fur-tout  à  la  bataille  dà 
Renti  en  1554.  Le  comte  <^  VuUn^ 
fim ,  qui  commandoit  le  corps  des 
Reitres ,  appelés  Us  DlabUs^Noirs 
à  caufe  de  leur  intrépidité ,  s'étoit 
vamé  qu'avec  ce  feul  corps  il  dé-* 
feroit  entièrement  toute  lar  gendar^ 
merie  Françoife.  Il  en  étoit  û  pcr- 
fuadé ,  qu'il  avoit  îak  peindre  fur 
fon  enfeigne ,  un  Redard  déyoranc 
un  Coq  :  figure  allégorique  ,  qui 
défignoit  que  les  Allemands  taille* 
roient  en  piecies  les  François ,  re- 
préfentés  fous  la  figure  du  Coq^ 
par  une  allufion  au  root  GaUus» 
Tavanes ,  qui  portoit  un  Coq  dan^ 
les  armes  de  fa  mère,  s'imagine 
.qu'il  eft  perfonnellement  inténsÛTé 
à  enlever  aux  Impériaux  un  mo- 
nument qui  paroît  bleiTer  fa  gloire. 
Cène  idée  finguliere  femble  ajou» 
ter  à  la  bravoure  qui  lui  étoit  na- 
turelle; &  il  fit  des  efforts  prodi- 
gieux, qui  décidèrent  la  défaite  des 
Reitres,  &  enfuite  de  toute  l'armée» 
Quoique  Tavatus  ne  commandât 
qu'une  compagnie  de  cent  hommes 
d'armes,  il  s'attribua  avec  raifoit 
tout  l'honneur  de  cette  ioumée* 
Il  le  fit  bien  fentir  au  duc  dt  Guift^ 
lorfque  ce  général  lui  dit  :  Man» 
Juur  de  Tavanes  ^  nous  avons  fiai  l^ 
plus  belle  charge  qui  fat  jamais, '■^Mon'^ 
fi  ury  Iqrrépliqoa  Tavanes ,  vmirnCa" 
ye\  fon  hienfottumi.  Le  roi  le  voyant 
venir  tout  couvert  de  fang  fie  de. 
pouffiere  à  la  fin  de  cette  bataille  ^ 
arracha  le  collier  de  Saint-Michel 
qu'il  portoit- à  fon  cou,  &.le  jeta 
fur  celui  de  Tavatus ,  après  l'avoir 
embra£e.  U  fe  trouva»  en  15^8, 
au  fiége  &  à  la  prife  de  Calais  fie  de 
Thionrille.  Pendam  les/egnes  ora» 
geux  de  Frattçois  i/fic  de  Charles  IX  ^ 
Tavanes  àppaifa  les  woubles  du 
Dauphiné  fie  de  la  Bourgogne ,.  ic 
montca  en  tente  occafion  beau* 
coup  d'averfion  pour  les  Protef- 
tans.  U  Comia in&nççoiiire  eux« 

en 


r 


T  A  V  ■ 

•n  1567  »  une  Xigue ,  qui  fiît  ap- 
j^ée,  U  ConfrérU  du  SaintrEfprlt; 
mais  cette  Ligue  ïuc  Aipprimée  par 
b  cour,  comme  une  innovation 
-dangereufe.  Il  ^t  enfuite  chef  du 
confeil  du  duc  ^  Anjou  ,  &  décida 
la  viûoire  à  Jarnac ,  à  Moncon- 
tour,  &  en  plufieurs  autres  ren- 
contres. Le  bâton  de  maréchal  de 
France  îat  la  récompenfe  de  fes  Ter- 
^iccs  en  1570.  Tavanes  s*oppofa  « 
2  ans  après  >  au  deflein  que  l'on 
avoit  d'envelopper  le  roi  de  Na- 
varre &  le  prince  de  Condé  dans  le 
mafiacre  de  la.  Samt-Banhélem!  ;  & 
l'on  a  eu  raifon  de  dire  »*  ^ue  c'eft 

*  à  lui  que  la  maifon  dt  Bourbon 

•  a  Tobligation  d'être  aujourd'hui 
•»  fur  le  trône  »♦.  Cependant  il.fe 
fignala  cruellement  dans  cette  £ei- 
tale  journée.  Brantôme ,  qui  le  re- 
gardoit  comme  l'un  des  principaux 
auteurs  du  projet  d'exterminer  les 
Galviniftes ,  dit  qu'il  fe  promena 
dans  Paris  pendant  tout  le  Jour  de 
Saint- Barthélemi^  &  qu'il  crioit  au 
peuple:  Saigne^!  faiffie\l  Us  Mddc^ 
ans  dlfeni  que  lafaipiU  èfi.  aujp  bonne. 
en  Août  qu^en  Mai,  Peu  de  temps 
après  ,  il  dirigea  les  opérations  du 
fiége  de  la  Rochelîe  qi4  s'étoit  ré* 
voltée.'  Le  fiége  traînant  en  lon- 
gueur ,  le  roi  l'engagea  à  s'y  tranf- 
poner.  Il  obéit ,  quoique  conva- 
lescent; mais  s'étant  mis  en  mar- 
che ,  il  retomba  malade ,  &  mou- 
lut en  chemin  dans  Ton  château 
de  Sully,  le  29  Juin  1573,  (& 
non  75  comme  àXx.Ladvocat)  gou- 
verneur de  Provence  &  amiral  des 
Mers  du  Levant.  Tavernes  eut  une 
îeuneiTe  emportée ,  &  une  vieilleffe 
ûi.^e.  Il  ne  lui  reiîa,  du  feu  de  Ces 
premières  années  ,  qu'une  a£^ivité 
de  courage  toujours  prête  à  éclater, 
m-us  à  qui  la  prudence  fut  imposer 
un  frein.  Il  donna  en  mourant  les 
ordres  néceffaires ,  pour  que  fa  mort 
fut  cachée ,  jufqu'à  ce  que  Tes  en* 
§as  eufient  le  temps  d'être  pourvus 

Tome  IX. 


T  A  V  3î 

des  charges  qu'il  avoit  fôUicitées 
pour  eux.  Voyt\  les  Hommes  Uiufiret 
de  France  par  l'abbé  Pérou ,  tome  16* 
II.  TAVAN£S ,  (  Guillaume  de 
Saulx,  feigneur  de)  fils  du  précé-^ 
dent  »  étoit  lieutenant  -  de  -  roi  en 
Bourgogne.  Nous  avons  des  Mil^ 
moires  imprimés  à  Lyon,  in-fol.» 
fous  fon  nom»  &  d'autres  fous  le 
nom  de  fon  père  le  niaréchal  de  Ta>» 
vanes ,  Paris ,  1574 ,  in-8** ,  &  qui 
fe  trouvent  auffi  dans  l'in-fal.  U 
raconte  dans  les  uns  ,  ce  qui  s'eft 
pafle  en  Bourgogne  pendant  la  Xi* 
gué;  &  dans  les  autres,  beaucoup* 
plus  amples  ,  ce  que  fon  père  a  fait 
de  glorieux.  On  a  peu  de  plaiiir  à 
lire  les  uns  &  les  autres ,  non-feule* 
ment  parce  qu'ils  font  écrits  d'un 
ftyle  fec  &  languiflant,  mais  en-* 
core  parce  qu'on  n'y  apprend  riea 
de  conûdérable.  L'auteur  eH  un 
Caton  qui  moralife  à  tout  moment  » 
&  qui  voudroit  par  fes  préceptes 
apprendre  aux  rois  à  gouverner ,  & 
aux  fujetsà  obéir.  Mais  dans  ce  qui 
le  regarde,  il^i'eil  point  du  tout 
Cuton,  U  fe  loue  fouvent>  &  ne 
cefTe  d'exalter  fon  père  qu'il  juftifie 
en  tout,  &  fa  famille,  dont  il  a  fait 
remonter  l'antiquité  jufqu'au  troi-^ 
iieme  fiecle.  Elle  defcend  ,  à  ce 
qu'il  croit,  d'un  feigneur  appelé 
Faufius ,  qui  vivoit  l'an  214  ;  & 
d'un  autre  Faufius^  qui,  environ 
deux  fiedes  après ,  reçut  chez  lui 
les  (aints  Martyrs  qui  plantèrent 
la  foi  en  Bourgogne.^  £n  mémoire 
de  ce  fer  vice,  continue  l'auteur^ 
)•  il  ne  meurt  perfonne  de  fa  mai- 
>»  fon ,  qu'on  ne  voie  des  bluettcs; 
»  de  feu  dans  la  chapelle  du  châ- 
vt  teau  de  Saplx  «.  Sa  poftérité 
fubfide...  II.  ne  faut  pas  confondre 
Guillaume  de  Tavanes^  avec  Jacques 
de  Saulx ,  comte  DE  Tavanes  » 
lieutenant  gépéral,  mort  en  16S3  » 
dont  nous:a^ons  de$  Mémoires  con» 
tenant  les  ,pierfes  de  Paris  depuis  la. 
prlfon  des  PrHiM{<^  i6iio)jufqu6n. 

c 


J4         T  A-  tj' 

ttjf?;  Pari9  6c  Cologne,  1691  ^  m-iil 
•  TAUBMAN,  (Frédéric)  de 
Franconie,  mort  en  161 3  ,  pro- 
feffa  la  poéfic  &  les  belles-l étires 
'  à  Wittemberg  avec  réputation.  Son 
érudition  le  fit  rechercher  par  les 
fevans ,  &  l'enjouement  de  fon  ef- 
prit  par  les  princes.  Naturellement 
|»orté  à  la  raillerie,  il  fut  renfermer 
ce  dangereux  penchant  dans  dt 
fv^es  bornes,  il  étoit  d'ailleurs 
dfHcîetix  &  bon  ami.  On  a  de  lui  r 

I.  Des  Commentaires  fur  PlauUy 
in-4** ,  &  for  VlrgîU ,  in-4^ ,  qui 
lbnt<eftimés,  &  fur-tout  le  premier. 

II.  Des  Pùéfits ,  i6ia  ,  in-S^.  III. 
Des  Saiiâis^  fous  le  titré  de  Tauin 
mamand  ,  Lipjias,  I705  ,  in-^°. 

TAVERNIER,  (  Jean-Baptifte) 
naquit  à  Paris  en  1605  ,  où  ion 
père  ,  qui  étoit  d'Anvers  ,  étoit 
Tenu  s'établir,  &  fisifoit  un  bon 
ttrafic  de  Cartes  Géographiques.  Le 
lî'ls  contraéla  une  ô  forte  inclina* 
rîon  pour  les  voyages ,  qu*à  11  ans 
il  avoit  dé)à  parcouru  la  France, 
l'Angleterre^  les  Pays-Bas»  l'Aile- 
magne,  ta  Pologne,  la  Sm(ï«,  la 
Hongrie  &  l'Italie.  La  curiofité  le 
^orta  bientôt  au-dejà  de  l'Europe. 
Pendant  l'eC])ace  de  40  ans  il  fit  iix 
voyages  en  Turquie,  en  Perfe  & 
aux  Indes  ^  par  «^utes  les  routes 
^e  l'on  feut  tenft*.  Il  ^ilbit  un 
grand  commttce  de  pierreries ,  & 
ce  cominerce  lui  procura  une  for- 
aine coniidérabte.  Il  voulut  en 
jfouir  dans  un  pays  libre  *,  il  acheta 
en  1688  ïa  barpnie  d'Aubonne» 
proche  le  lac  de  Genève.  La  mal- 
f  erfatidn  d'un  de  fe$  neveux  qui-diri' 
g(eoic  dans  le  Levant  une  cargaifon 
éonfidérablc ,  l'crpértmce  de  remé- 
^er  à  ce  défôrdt'e ,  le  défir  de  voir 
la  Mofcovie^iTengagerent  à  entre- 
prendre urf  feptieme  vayage.  Il 
partit  pour  Mofcow^  ,^  à  peine 
y  fut-il  altfivéi  qu'il  yi  termina  fa 
vie  ambulante  en  }vSSAtî^%^ ,  'à  84 
9isà,  louis  XiFs  ^^r'éfmvLZ  des  iet- 
J 


T  A"  U^ 
ti«s  de  hoble^e,  quoiqufil  fôf  de  hh 
Religion  Prétendue- Réformée  i  mai*, 
il  rsgardoit  moins  en  lui  le  Chrér 
tien,  q«e  l'hotnnie  qui  avoit  porté 
fon  nom  aux  extrémit<;s  de  i'Aiie. 
Nous  avons  de  T^ivemier  un  Recaeîi 
de  Voyages ,  réimprimé  en  (\  voU 
in-i  2.  On  y  troUvc  des  chofes  cu- 
neufeSt  &  ii  eft  plus  exact  qu'oa 
nepenfe.  Nous  n'ig^iorons  pas  qu'if 
ment  quelquefois-,  mais  quel  voya- 
geur dit  toujours  vrai  }  Ses  Voya- 
ges fonr  for-tout  précieux  aux  joail- 
liers ,  pour  le  détail:  qu'ils  reafer« 
ment  ftir  le  commerce  ées  pierre** 
rîes.Cotnme  il  n'avoit  pointde  fty  le» 
Samuel  Chjppuieau  lui  prêta  fa  plume 
pour  les  deux  premiers  vol.  in-4** 
de  fcs  Voyages;  &  la  Chaptlle ^ 
fecrétaire  du  premier  préfidenr  de 
LamiHgnoti,  pour  le  troilicme  :  & 
avec  tous  ces  fecours  il&  ne  font 
pas  bien  écrits. 

TAULERE,  Voyei  Thaulere. 

TAVORA,  royeiAvEiKO. 

TAUVRl ,  (  Daniel  )  doOeuiNC» 
médecine  de  la  factilté  de  Paris, 
naquit  en   1669  d'un  médecin  de 
Laval ,   qui  fut  fon  précepteur.  Il 
fit  des  progrès  û  rapides ,  que  dès^ 
l'âge  de   18  ans ,  il  donna  au  pu* 
blic  fon  Anatomie  rai/onnée ,  &  à  21 
fon  Traité  des  Médicamens ,  %  vol. 
in- II.    AiTocié  à  l'académie'   des- 
Sciences  en  1699  ,    il  s'engagea 
contre  Méri  dans  la  fameufb  dif* 
pute  de  la  Circulation  du  fangdans- 
le  Foetus.  Il  cOfiipofa  à  cette  occa- 
fton  fon   Traîté  de  la  géoéràtion  & 
de^  la  nourriture  du  Fatus,  Cette  dif*     • 
pute  abrégea  fes  j^urs.  L'applica- 
tion que-  demandoient  les  réponfe» 
qu'il  prépavoit  À  fon  adv«rfaire  , 
aiigméma  ia  difpoficion  qu'il  avoir 
à.  devenir  aC^hnisRique ,  &  ie  ietai 
dem  «me  plnhiâe  dont  il  mourut 
l'an  1701  dans  fa  trente- deuxième 
annécOutrc  lesOuvrages  dontnous. 
avons  parlé , 'on  a  de  lui  une  Nou" 
veik'Pet^que  des  Maladies  aiguës  ,  âi>. 


éi  timus  eiUts  qui  dépaiJent  de  Éë 
fermattatton  da  LLqûsurs,  C'étoit  Ufl 
homme  d'un  eC^it  vif  &  pénétrant, 
qui  a  voit  le  talent  d'imaginer  dés 
idées  '  nouvelles  ,  dont  la  plupart 
dtoient fyftématiques.  Une  fut  pas 
auffî  répandu  qu'il  auroit  pu  l'être , 
parce  qu'il  n*avoit  pas  le  talent  de 
ft  faire  valoir*»  &  l'homme  d'étude 
fiiiroit  ton  en  lui  au  médecin  pra- 
ticien. 

I.  TAYLOR,  (  Jérémîe  )  Âls 
^'un  barbier  de  Cambridge,  devint 
profefleur  de  théolo^e  à  Oxford. 
Il  fouffrit  beaucoup  pour  la  caufe 
du  roi  Charles  /,  auquel  il  demeura 
toujours  fidelle,  &  dont  il  étoit 
chapelain.  A  l'avènement  de  Char- 
Us  II  kl?i  couronne ,  T^ylor  fut  fait 
évêque  de  DoTirne  &  de  Connor  en 
Irlande  :  place  qu'il  remplit  avec 
édification.  On  a  de  lui  :  I.  Un 
livre  intitulé  :  DuHor  Dttbîtanùum, 
II.  Une  Hiftoire  des  Antiquités  de 
rUnlverfiti  ^Oxford  ,  &•  d'autres 
Ouvrages  où  Ton  trouve  des  re- 
cherches. Ce  (avant  prélat  mourut 
en  1667. 

n.  TAY  L  O  R ,  (  Jem  )  appelé 
le  Poète  d'Eau ,  naquit  dans  le  comté 
et  Glocefter ,  &  ne  pouila  jamais 
plus  loin  Ces  études  qu'à  la  gram- 
iQairc.  Son  père  lemiten  apprentif- 
fagechez  un  cabarefier  de  Londres  ; 
€t  au  milieu  du  •  tumulte  &  des 
dégoûts  de  Ton  art,  il  compofa  des 
Keces  de  poéfie  affei  agréables. 
Après  la  mort  de  Châties  i ,  à  qui 
il  les  avoit  dédiées ,  il  exerça  Ton 
métier  à  Londres ,  &  prit  pour  en- 
feigne  de  fon  cabaf  et ,  une  Couronne 
notre  ou  dd  deuU ;  mà\s\  pour  ne 
pas  fe  rendre  fufpeû  ,  il  mit  au 
delTus,  (on  Portrait ,  avec  deux  vers 
aftglois  dont  le  fens  étoit  :  On  voit 
pendre  aux  Cah,:rUs ,  pour  enfeignes  , 
dit  Têtes  de  Rois  &  même  de  Saints  ; 
pourquoi  n'y  mettrois-jepas  la' mienne  ? 
11  n^urut  vers  1654 ,  avec  la  repu- 


TÊf  tf 

télîoH  d*nn  bon  aiAerglfte  &  d'urif 
poëte  médiocre: 

*  TEBALDEO    da    Verv^kûa.  , 

Voyei  AqUIHNO. 

TEGULA  ,  Voy.  II.  LiciNiuS; 

TEISSIER,  (Antoine)  né  à 
Montpellier  en  1632  ,  fut  cle\é 
dans  le  Calviniûne ,  &  fè  retira  et* 
Pruffe  après  la  révocation  de  l'Ediff 
de  Nantes.  L'élefteur  de  Brande-* 
bourg  lui  donna  le  titre  de  con- 
feiller  d'ambaffade  ,  &  le  nomma 
fon  htitoriogrâphc ,  avec  une  {)en- 
fion  annuelle  de  500  écus,  qui  fut 
augmentée  dans  la' fuite.  Cçt  écri- 
vain mourut  à  Bérîfn/i#  171 5 .  à 
S^  ans.  Sa  probité  &  it?*  mœurs  lui 
firent  un  nom  refpedhble  dans  fon 
parti  v  fon  érudition  ne  le  fît  paà 
moins  connoître.  On  a  de  lui  plu- 
fieurs  Ouvrages,  dans  lefquels  ort 
trouve  des  recherches  ;  mais  le 
flyle  n'en  eft  pas  adez  pur.  Les 
principaux  font  :l.  Les  Eloges  des 
Hommes  Savons ,  tirés  de  l'Hifloirè  ^ 
du  préfident  de  Tkou  ,  dont  on  a 
quatre  éditions.  La  dernière  eft  dé 
Leyde  ,  ryij  *  en  4  vol.  in- 12  ^ 
par  les  foins  de  la  Faye ,  qui  a  joint 
des  remarques  &  des  additions  aux 
Eloges.  Ce  livre ,  qui  pouvoir  être 
utile  avant  que  le  Père  Niceron 
donnât  fes  Mémoires  ,  n*cft  prefque  ' 
phw  d'aucun  ufage.  Il  ell  d'ailleurs 
écrit  pefamment.  IL  Catalogus  Auc-^ 
torum  qui  Ltbronim  Catalogos ,  Indices^ 
BibUothecas  ;  Virorum  Litteratorum 
Elogîa ,  Vitjm  ant  Orationcs  funèbres 
fcnptis  confignârunt ,  à  Genève  ea 
1686  ,  in-4°.  III.  Des  Revoirs  de 
l'Homme  &  du  Citoyen  ,  traduit  du 
latin,  de  Puffendorf  y  1690.  IV.' 
lûfituciions  de  l'Empereur  Charles-  • 
Quint  à  Pliilippe  XI  ^  &  de  Phi-' 
lippe  II  On  prince  Philippe /on  jî/j ,  ' 
avec  la  Méthode  tenue  puur  ."éducation 
des  Enfans  de  Prnce.  V.  Inftruclion  s^' 
Morilles  &  PoHti^iuts  ,  X700  V'^'^^" 
Ahrégé  de  l'Hlftoire  da  Otintre  MJnaf 


s 


36  T  E  I 

ghles  du  Monde  ^  de  SUidd/t  ^  1700. 

VII.  Lettres  choîfies  de,  Calvin ,  tra- 
duites en  françois  ,  1702  ,  in  -  S*', 

VIII.  Ahré^i  de  la  Vie  des  Princes 
îUufius  ,  1700  ,  in- II.  Le  grand 
défaut  de  Ttijjier  dans  Tes  Livres 
hifloriques  ,  A  de  n*avoir  pas  fu 
difcerner  les  chofes  edentielles  , 
édaircir  les  faits  en  les  débrouil- 
lant ,  rac;:ourcir  &  refîerrer  fa  profe 
traînante  &  incorreâe. 

TEISSIER,  (Jean)   Voy:^ 

TlXIER. 

T  E  K  EL  I ,  (  Emmerlc  »  comte 
tt)  naquit  en  1658  d'une  famille 
îlluftrc  de  Hongrie.  Son  pcre  , 
Etknne  T^htU,  avoit  été  mêlé  dans 
la  funeûe  ai&ire  des  comtes  de 
Serin  &  de  Franglpani^  qui  périrent 
par  le  dernier  fuppliceen  1671.  Le 
général  Spark ,  à  la  tête  des  troupes 
de  Tempereur ,  l'alla  aifiéger  dans 
ies  forterefTes }  il  capitula  ,  après 
avoir  fait  évader  fon  fiU  déguifé  en 
payfan ,  &  mourut  peu  de  temps 
c^rès.  Emmeric  Tckeli  fonit  alors  de 
fa  retraite  de  Pologne ,  pour  pafTer 
en  Tranfîlvanieavec  quelques  autres 
chefs  dts  mécontens  de  Hongrie. 
Son  efprit  &  fon  courage  le  rendi- 
rent fi  agréable  au  prince  Abaffi^ 
qu'il  devint  en  peu  de  temps  fon 
premier  miniflre.  On  l'envoya  au 
fecours  Ats  mécOntens,  qui  le  re- 
connurent pour  généraliffime  :  fes 
armes  eurent  un  fuccès  heureux. 
La  cour  de  Vienne  fiit  alarmée  » 
mais  n'ayant  pas  voulu  fatisfaire 
à  toutes  les  demandes  de  TchU^ 
les  mécontens  recommencèrent  la 
guerre  en  16S0.  Les  étendards  de 
ce  héros  rebelle  pprtoient  cette 
infcriptlon  :  Copi:s  Tekeli  ,  qui  pro 
peo  &  Patria  pupiat.  Son  armée  fut 
renforcée  par  les  Turcs  &  lesTran- 
fil vains.  Il  fe  lia  avec  le  bafTa  de 
Bude«  qui  lui  fit  ôter-  fon  bonnet 
,  i  la  Hongroife  «  &  lui  en  fit  mettre 
"imià  la  Turque  ,  enrichi  de  pier- 
reries »  dont  il  le  gratiia  de  la  part 


T  E  L 

du  grand-feigneur ,  avec  un  fabre; 
une  mafTe  d'armes  &  un  drapeau* 
Quelques-uns  difent  qu'il  lui  mit 
la  couronne  de  Hongrie  fur  la  tête, 
&  le  revêtit  des  habits  royaux  par 
ordre  étMuhomet  IV^  qui  fe  croyoît 
en  droit  de  difpofer  de  cet  état. 
tekeli  f   ayant  ainû    iatisùit  foft 
ambition  y  fong«a  à  contenter  foa 
amour.  11  époufa  la  princefie  R<i' 
gotijki ,  fille  du  comte  de  Serin  »  au 
commencement   d'Août  1682.    11 
ie  joignit  aux  Turcs  armés  contre 
l'Empire  ,  &  répandit  par-tout  la^ 
terreur.  Après  avoir  tenté  dans  une 
diète,  tenue  l'amiée  d'après  à  Caf- 
fovie  ,  de  fe  raccommoder  avec* 
l'empereur  ,   il  unit  fes  armes   à' 
celles  du  grand-vifir  Mufiapha ,  qui 
avoit  affiégé  Vienne.   Ce  minifire 
fut  vaincu  &  obligé  de  fe  retirer.' 
Dans  fon  défefpoir  il  attribua  le 
mauvais  fuccès  d?  la  campagne  au 
comte  <ié  Tekeli\  qu'il  rendit  fufpedt 
à  Mahomet,  TekcH  part  pour  Andri-*- 
noplc  ,  fe  juftifie ,  &  s'affure  de 
plus  en  plus  ta  proteâion  du  grand» 
feigneur,  qui  le  nomma  prii^ce  de^ 
Tranfilvanie ,  après  la  mort  dé  Michel^ 
Abaffi^anivée  en  1690.  Ce  nouveau 
prince  ne  put  jamais  fe  faire  recon* 
noitrcy  quoiqu'il  fit  des  prodiges 
de  valeur  contre  le  général  HeuJUr^ 
qui  défendoit  cette  province  pour 
la  cour  de  Vienne.  11  fe  retira  alors 
à  Conflantinople ,  où  il  vécUt  en 
particulier  jufqu'au  15  Septembre 
170  j ,  qu'il  mourut   Catholique- 
Romain  ,  près,  de  Nicomédie.  Le 
comte  de  Tekeli  avoit  plus  de  cou* 
rage  que  de  conduite. 

TEfLAMON,  fils  d'£^M  ; 
époufa  PMée ,  dont  il  eut  le  fa- 
meux Ajax,  Il  monta  le  premier  à 
rafiautflorfqu'/^erfu/eprit  la  ville  de 
Troye  fous  le  règne  deLaomédtta; 
&  il  eut  pour  récompenfe  Héfione  , 
qui  fut  mère  de  Tcmer.  Il  fut  auûi' . 
du  nombre  des  Arg:;nautes, 

FELCHINS  :  Cétoiem  des  09- 


TEL 

pâeas  &  des  enchanteurs  ,  à  qui 
on  attribuoit  Finvention  de  plu- 
£eurs  arts.  On  les  mit  au  nombre 
des  Dieux ,  après  leur  mort.  On 
<Toic  que  c'eft  d'eux  qii*Apoliom  eu 
lefurnomde  Te/chinîus,  Lei^r  culte 
itoit  célèbre  >  fur-tout  daiis  Tifle 
•de  Rhodes ,  qui  a  été  aufli  nommée 

L  TELEGONE  &  THMOLUS , 
Foye^  1.  Prothée. 
.  II.  TELEGONE  .  fils  à'Ufyffc 
^  de  Cird,  L'Oracle  ayant  prédit 
<fx*UfyJfe  périroît  de  b  main  de 
Télégone^  il  céda  ion  trône  à  Té/é- 
moque ,  &  fe  confina  dans  un  défert. 
Télépnc  étant  devenu  grand  ^  obtint 
de  Circé  la  permiffion  d'aller  voir 
fon  père  ;  &  lorfqu'il  débarquoit , 
Vlyjfe  ramaiTa  dans  la  campagne 
quelques  gens ,  à  la  tète  defquels  il 
fe  mit,  pour  s'oppoier  à  la  descente 
de  Té/égone^  qu'il  croyoit  être  un 
ennemi  qui  venoit  Airprendre  TiHe 
d'Ithaque.  Ce  malheureux  prince 
.ne  pat  éviter  fa  deftinée  ;  car  il  fut 
tué  par  foA  propre  fils  ,  qui  ne 
connut  fon  cfime  qu'après  avoir 
époufé  Pénélope  fa  belle-mere  »  fans 
la  connoitre  auifî. 

TELEMAQUE,  fils  unique 
i^Ufyffe  &  de  Pénélope  ,  n'étoit 
encore  qu'au  berceau ,  lorfque  fon 
père  partit  pour  le  fiége  de  Troye. 
Dès  qu'il  eut  atteint  l'âge  de  15 
ans ,  il  alla  courir  les  mers ,  accom- 
pagné de  Minerve  ^  fous  la  iigure 
de  Mentor  fon  gouverneur  ,  pour 
-diercher  fon  père.  Pendant  ce 
voyage  ,  il  courut  beaucoup  de 
ffifques  ,  &  retrouva  enfin  Ulyjfe  , 
loifqu'il  arriva  dans  l'ifle  d'Idiaque. 
Quelque  temps  après  quf  fon  père 
fe  fut  démb  de  la  couronne ,  il  alla 
voir  Circé  ,  &  l'époiifa  à  peu  près 
dans  le  temps  que  Télégone  époufoit 
Pénélope,  après  avoir  tué  fon  père. 
Voyei  l'article  précédent. 

TELEPHE,  fils  d'HercuU  & 
d*Ausé^  ayant  été  abandonné  par 


TEL  37 

fa  mère  aufiî-t6t  après  fa  naîfiknce» 
fut  trouvé  fous  une  biche  qui 
l'alaitoit.  Teuthras  ,  roi  des  My- 
fiens ,  l'adopta  pour  fon  fils  ;  6c 
lorfqu'il  fut  en  âge  de  porter  les 
armes ,  il  fe  mit  en  devoir  de  s'op- 
pofer  aux  Grecs  qui  alloient  à 
Troye  ;  mais  Achille  le  blefia ,  & 
l'oracle  lui  confeilla  de  faire  aU 
liance  avec  ce  héros  ,  &  l'afiiira 
qu'enfuite  il  guériroit  9  en  fuivant 
les  remèdes  de  Chiron, 

TELESILLE,  femme  illuftra 
d'Argos  dans  le  Péloponnefe,  fe 
fignala ,  l'an  557  avant  J.  C. ,  envers 
fa  patrie,  par  un  fervice  pareil  à 
celui  que  la  fameufe  Jeanne  Hachçue 
rendit  long-temps  après  à  Beauvais« 
La  ville  d'Argos  étant  afiiégée  par 
Cléomene^  roi  de  Sparte,  cette  hé- 
roïne fit  armer  toutes  les  femmes 
à  la  place  des  hommes  ,  ta  les  pofia 
fur  les  remparts  pour  réfiiler  aux 
ennemis.  Les  Spartiates ,  plus  fur- 
pris  qu'efiirayés  d'avoir  affaire  à  de 
tels  combattahs,  &  perfuadés  qu'il 
leur  feroit  également  honteux  de 
les  vaincre  ou  d'en  être  vaincus , 
levèrent  le  fiége  fur  le  champ.  C'cft 
ainfi  qw  Téléfille  délivra  fa  pao-ie 
d'un  ennemi  piùfiant  &  redoutable  ; 
&  fes  concitoyens,  par  reconnoif- 
fancCf  lui  érigèrent,  dans  une  des 
places  publiques  d'Argos,  une  ftatue 
qui  la  repréffntoit  tenant  un  cafque 
à  la  main  &  ayant  à  fes  pieds  un 
monceau  de  volumes.  En  effet  cette 
femme  forte  manioit  la  lyre  des 
Mufes  avec  autant  de  dextérité  que 
l'arc  de  Bellone,  On  pofTede  des 
fragmens  de  fes  Pûéfus  dans  le 
Recueil  :  Camùna  novem  Poetarun 
Feminarum  ,  Hambourg  ,  I734  9 
in-4**. 

TELESIUS ,  Foy.  TitESio. 

I.  TELESPHORE ,  ou  Eycmerion^ 
médecin,. qui  fut  célèbre  dans  fon 
art  &  dans  celui  de  deviner,  hu 
Grecs  en  firent  un  Dieu. 

II.  TELESPHORE,  (  S.  )  aé 

C  iij 


^8         TEL 

^ans  la  Grèce  j  monea  for  le  tron^ 
de  Saint-Pierre,   après  le  pape  5. 
.  Sîxtt  1,  fur  la  Âa  de  l'an  127  >  & 
fut  martyrifé  le  2  Janvier  139. 

TELL,  (  Guillaume)  eft  l'un  d€$ 
principaux  auteurs  de  la  révolution 
des  SuiiTes  en  1307.  Grlfler  ^  gou- 
verneur de  ce  pays  pour  l'egipereur 
4^bert,  l'obligea ,  dit-on ,  fous  peine 
de  mort  ,  d'abattre  daflez  loin  , 
fi'un  coup  de  ileche  ,  une  pomme 
placée  fur  la  tête  d'un  de  fes  enfan9. 
il  eut  le  bonheur  de  tirer  A  ]uût , 
qu'il  enleva  la  pomme  fans  faiHs 
de  mal  à  Ton  fils.  Après  ce  coup 
d  adrdie  »  I2  gouverneur  ayant 
apperçu  une  autre  flèche  cachée 
Cous  l'habit  de  Tell ,  lui  demanda 
.  ce  qu'il  en  vouloit  faire  :  Je  V avais 
fùfc  exprès ,  répondit-il ,  afin  de  t'en 
gercer ,  fi  j'eujfe  eu  le  maUitur  de  tuer 
pion  fils»  Il  faut  convenir  que  l'hif- 
toire  de  la  Pomme,  qu'on  avoi£ 
déjà  contée  d'un  foldat  Godi  , 
nommé  Tocho  ,  eft  bien  fufpedie. 
Il  femble  qu'on  ait  cru  devoir 
orner  d*une  fable  le  berceau  de  la 
liberté  Helvétique  j  mais  on  tient 
pour  confiant  que  Tell ,  ayant  été 
ynis  aux  fers  ,  tua  enfuhe  le  gou- 
verneur d'un  coup  de  flèche  ,  & 
que  ce  fut  le  iignql  des  conjurés. 
P'oy.  Melctal. 

TELLES,   Voyei  Eleonor- 
Tell^s. 

T  £  L  L  £  Z  ,  (  £mmanuel-Gon- 
pialez  )  profefleur  de  droit  à  Sala- 
manque  ,  floriflbit  au  milieu  du 
xvii^  fiecle.  On  a  de  lui  ,  un 
Commentaire  fur  les  Décréta  les  ^  en 
4  vol.  in-folio  ,  dont  l'édition  la 
plus  eftimée  eft  de  l'an  1693. 
TELLIAMED ,  Voy,  Maillet. 
7.  TELLIAS  ,  poète  &  devin 
de  TElide  dans  le  Péloponnefe  , 
fuggéra  un  ftratagême  nouveau  aux 
Phocéens  ,  lorf qu'ils  faifoient  la 
guerre  aux  Theflaliens.  Il  leur  con- 
ifeilla  de  choifir  fix  cents  homines 
^s  plus  vdilUns,  de  hlauçhiriçurs 


TEL' 

habits  &  leurs  strmes  avee  du  plâ» 
tre>  &  de  les  envoyer  vers  la  nuit 
dans  le  camp  des  Tfaeflaltens,  leur 
ordonnant  it  tuer  tous  ceux  qui 
ne  leur  paroionoient  point  blancs. 
Cet  artifice  eut  un  fuccès  mer- 
veilleux ;  car  les  Theiï^Uens ,  épou* 
vantés  par  un  fpeftacle  û  extraor- 
dinaire ,  ne  flrent  aucune  rêflftance^ 
.&  eurent  3000  hommes  tués  fur  I9 
place. 

//..TELLIAS,  d'Agrigente  ; 
a  immertalifé  fon  nom  par  inm 
libéralité  prefque  incroyable.  La 
porte  de  fa  mAÏfon  étoit  toujours 
ouverte  aux  étrangers ,  Ôc  on  n'y 
refufoit  Titrée  à  perfonne.  Il  reçut 
un  jour  en  hiver  500  cavaliers ,  & 
les  voyant  mal  vêtus  ,  il  donna  un 
habit  à  chacun  d'eux.'  uiehénée^  qui 
nous  a  ^it  connoitre  cet  homme 
bienfaisant  ,  ne  dit  pas  en  quel 
temp&  il  vivoit. 

L  TELLIER ,  (  Michel  le  )  ûU 
d'un  confeiller  à  la  cour  des  Aides  , 
naquit  à  Paris  le  19  Avril  1603, 
•Son  premier  emploi  dan;s  la  robe» 
fut  celui  de  confeiller  au  grand- 
confetl ,  qu'il  quitta  l'an  1631 ,  pour 
exercer  la  charge  de  procureur  du 
roi  au  Châtelet  de  Paris.  De  ce  pofte 
il  pafla  à  celui  de  maître  des  re^ 
quêtes.  Nommé  intendant  de  Pié^ 
mont  en  1640,  il  gagna  les  bQiine$ 
grâces  du  cardinal  Maiarbi ,  qui  le  . 
propofa  au  roi  Louis  Xlil  pour 
remplir  la  place  de  fecrétaire  d'ctat« 
Les  diviftons  qui  décfairoient  la 
France  après  la  n^prt  de  ce  prtnc? , 
lui  donnèrent  lieu  de  fîgnaler  foq 
zèle  pour  l'Etat.  Tout  ce  qui  fut 
négocié  avec  M.  le  duc  d* Orléans  & 
avec  M.  le  Prince ,  paiTa  par  fes 
mains.  Il  eut  la  plus  grande  part 
au  Traité  de  Ruel  -,  &  ce  fut  à  lui 
que  la  reine -régente  &  le  cardinal 
.M.:\aTÎn  donnèrent  leur  principale 
coniîance  ,  après  les  brouilleries 
dont  la  France  fut  agitée  depuis  ce 
Twité/Lç  pani-des^içivx  ayqoi 


TEL 

|>révalu  en  i6  5 1 ,  Maiarin  fe  retint , 
&  fat  bientôt  rappelé.  Pendant 
l'abieiice  du  cardinal ,  ie  Tuilier  fut 
chargé  des  foins  du  miniâeré ,  que 
la  fitiiadon  des  aitaires  rei;idoit  trèèn 
épineux.  Après  la  mort  de  ce  rni- 
•ûiArfr,  il  continua  d'exercer  la 
diarge  de  fecrétcire  d'état  jufcu'en 
i666,  qu'il. la  remit  entièrement  au 
siarquis  de  Loavols  foa  H  h  aîné, 
qui  ea  avoit  la  furvivance.  Sa  àà- 
miffîon  volontaire  ne  l'cloigna  pas 
du  G>nfeil.  £à  i677,ilfut  élevé  à  la 
^lignixé  de  chancelier  &  de  garde 
des  fceaux.  Il  avoit  pour  Icrs  74 
ans  ;  &  en  remerciant  Louis  XJy, 
il  lui  dit  :  Sjr£  y  vous  mv:\  voulu 
couronner  mon  tombeau.  Son  grand 
âge  ne  diminua  rien  de  {o\\  zèle 
▼xgilant  &  aâif.  Ce  zèle  ne  fut  pas 
touiours  prudent.  Le  Tclli.r  fervit 
beaucoup  à  animer  Lùuis  XIV 
contre  les  Proteftans  \  il  fiu  un  des 
prificipaux  moteurs  de  la  revoca- 
tion del'Ëdit  de  Nantes  -y  révocaûon 
qui  auroit  pu  être  utile ,  fi  elle  avoit 
été  faite  à  propos  &  accompagnée 
de  moins  de  cruautés.  Il  s'écria,  en 
figaant  l'Edie  révocatif  :  Nunc  di- 
miiûs  fervum  tuum  ,  Domine  ,  qu'a 
v'.dirunt  ocuG,  nui  faiutare  tuum»  Il 
mourut  peu  de  jours  après,  le  28 
Odobre  1685  ,  à  S3  ans.  Boffuu 
prononça  fon  Oraifon  fun;bre.  Si 
on  lit  cette  piece>  ce  chauceli.>r 
paroît  un  juile  &  un  grand  homme. 
Si  on  confulte  les  Annales  de  l'abi>é 
de  Saint 'Pierre  y  c'eft  un  lâche  & 
dangereux  courtifan^  un  calomnia- 
teur adrc^it ,  dont  le  comte  de  Gram- 
mont  difoit  ,  en  le  voyant  fortir 
d'un  entretien  particulier  avec  le 
roi  :  Je  crois,  voir  une  fouine  qui  vient 
^H**^^^  ^^  />t>«/«j,  en  fe  léchant  le 
mufeau  teint  dt  leur  fmg^  Il  eft  certain 
que  ce  mîniilre  étott  extrême  dans 
fes  amitiés  &  dans  fos  haines  »  & 
qu'il  abufa  fouvent  de  la  conâance 
du  roi,  pour  obtenir  des  places \ à 
<4ics  aïois  fans   mérite  »  ou  pour 


TEL-  3 

p^ért  d'illuftres  ennen^iiL  Dans 
vie  privée ,  il  fut  fimple  Jk  auder^; 
.&  il  Cuchoit,  fous  les  d^iofs  /de  la 
modc(^ie ,  la  fineâe  de  fa  politiqiie^, 
l'inflexibilité  deibn  cajraé^crevôc  fon 
penchant  ati  defpotifme.  Son  habi|- 
Ibté  dans  les'  affaires  fut  le  premier 
fondement  de  la  gfaôdeur  de  fa  fa- 
mille ,  que  le  marquis  dt  Louvois  fon 
iiis  accrut  encore. 

II.  TELLIER,  (Françoise 
Michel  le  )  marquis  de  Louvois. ^ 
.fils  du  précédent,  naquit  à  Paris 
le  18  Janvier  1641.  il  fut  revêt» 
en  furvivance  de  là  charge  de  rai*- 
niflre  de  la  guerre ,  l'an  1664.  Son 
aâivité ,  fon  application  &  fa  vigi» 
lance  lui  méritèrent  la  coùtiance  du 
roi ,  &  lui  procurèrent  tous  les  jourki 
de  nouvelles  faveurs.  Nommé  fur- 
intendant  général  des  Poâes  en 
1668  , ,  chancelier  des  Ordres  du 
roi ,  grand- vicaire  des  Ordres  de 
^àint-Lazare  &  de  Mont-Carracl , 
il  remplit  ces  différentes , places  ea 
homme  fupérieur.  Un  grand  nom^r 
hre  d* Hôpitaux  ,  démembrés  A% 
l'Ordre  de  Saint-Lazare  ,  y  fîireqt 
réunis  par  fes  foins ,  &  deftinés  en 
1680  à  former  cinq  grands  prieuré 
&  pluileurs  commanderies ,  dontfe 
roi  gratifia  près  de  200  officie» 
efiropiés  ou  vétérans.  Les  foldats 
qiie  les  difgraces  de  la  guerre  met» 
toient  hors  d'état  de  fervir ,  furent 
aflez  heureux  pour  reffentir  lej 
eHets  de  la  proteéHon  du  roi  y  par 
l'établifTcment  de  l'Hôtel  royal  des 
Invalides  »  qui  fut  bâti  par  les  foinf 
du  marquis  de  Louvois.  Son  zele 
pour  l'éducitlon  de  la  Nobleffe  , 
lui  fit  encore  obtenir  de  Sa  Majeflc 
rinflitution  de  quelques  académief 
dans  les  places  frontières  du  royaui- 
me  ,  où  grand  nombre  de  jeunes 
gentilshommes  ,  élevés  gratuite* 
meiu ,  apprenoient  le  métier  de  la 
guerre.  Après  la  mort  de  Colbert , 
arrivée  en  1683,  il  fut  pourvu  de 
la  cliarg^  de  furititendèim  des  Bàii« 

C  iv 


40         T  E  t 

.jnens  ,  Arts  &  Manufedhires  de 
France.  Là  vafte  étendue  de  fon 
génie  rétevoit  au-defTus  de  cette 
multitude  d'emplois  ,  qu*il  exerça 
toujours  par  lui-même;  mais  fes 
grands  talens  éclatèrent  fur  -  tout 
dans  les  affaires  de  la  guerre.  Il 
introduifit  le  premier  cette  mé- 
thode avantageuse,  que  la  foibieile 
du  gouvernement  avoit  jufqu'alors 
-rendue  impraticable,  de  faire  fub- 
iiiler  les  armées  par  magaûns  *, 
quelques  ûéges  que  le  roi  voulût 
faire ,  de  quelque  côté  qu'il  tournât 
fes  armes ,  les  fecours  en  tout  genre 
étoient  prêts  ,  les  logemens  des 
troupes  marqués  ,  leurs  marches 
réglées.  La  difcipline ,  rendue  plus 
févere  de  jour  en  jour  par  l'auilérité 
inflexible  du'  miniftre  ,  enchaînoit 
tous  les  officiers  à  leur  devoir.  Il 
avoit  fi 'bien  banni  la  mollefle  des 
armées  Franco)  fes  ,  qu'un  officier 
ayant  paru  à  une  alerte  en  robe  de 
dfiambre ,  fon  général  la  fît  brûler 
à  la  tête  du  camp  ,  comme  une 
fuperfluité  indigne  d'un  homme  de 
guerre.  Un  feigneur  (  Nogaret  ) 
avoit  levé  une  nouvelle  troupe  ; 
le  févere  miniflre  n'en  ait  pas 
contem  :  Monfieur ,  lui  dit-il  publi- 
quement y  votre  Compagnie  efi  en  fort 
mauvais  état.  —  Monfieur ,  je  ne 
le  favois  pas.  —  1/  faut  U  fnvo^r, 
Vavci'vous  vue  ?  —  Non ,  Monfieur  ; 
j'y  donnerai  ordre.  —  //  faudrait 
lavoir  donné,,»  Il  faut  prendre  parti  , 
Monfieur  i  oufe  déclarer  Courtifan ,  ou 
s'acquitter  de  fou  devoir ,  ^uand  on  eji 
Officier^  Le  marquis  de  Saint- André 
follicitoit  un  petit  gouvernement. 
Louvois  ,  qui  avoit  reçu  quelques 
plaintes  contre  lui ,  le  refufa  :  Si  je 
reeonftnençois  âfervir^  je  fais  bien  ce 
fuejefercis ,  repartit  cet  officier  en 
colère.  —  Et  que  firiei-vous  ,  lui 
demanda  le  miniflre  d'un  ton  bruf- 
que  ?  —  y«  régUroù  fi  bien  ma  con- 
duite «  que  vous  n*y  trouverie:^  rien  à 
rtdirt.  U  n'y  eut  que  cette  faillie 


TEL 

inattendue  qui  pût  l'engager  à  ae« 
corder  ce  que  Saint- André  lui  de- 
mandoit.  L'arnllerie  »  dont  il  exerça 
lui-même  plus  d'une  fois  la  charge 
de  grand  -  maître  >  fiit  fervie  avec 
plus  d'exaâitude  que  jamais  ;  &  des 
magaiins  établis  par  fes  confeils 
dans  toutes  les  places  de  guerre»- 
furent  fournis  d'une  quantité  pro- 
digieufe  d'armes  &  de  munitions, 
entretenues  &  confervées  avec  le 
dernier  foin.  Dans  ce  grand  nombre 
de  fortifications  que  le  roi  fit  élever 
ou  réparer  pendant  fon  miniflere  » 
on  n'entendoit  plus  parler  dé  mal- 
verfations.  Les  plans  étoient  levés 
avec  toute  Texa^itude  poffible  >  fie 
les  marchés  exécutés  avec  une 
ennere  fidélité.  D'ailleurs ,  rien  de 
plus  jufle  &  de  mieux  concerté» 
que  les  régtemens  publiés  pour  les 
étapes ,  pour  les  marches ,  pour  les 
quaniers  &  pour  le  détail  des 
troupes.  La  paye  des  officiers  &  des 
foldats  étoit  confhunment  afTurée 
par  des  fonds  toujours  prêts ,  qui 
fui  voient  &  devançoient  les  armées. 
La  force  de  fon  génie  &  le  fuccès 
de  fes  plus  hardies  cntrepriCes  ,  lut 
acquirent  un  afcendant  extrême  fiT 
l'efprit  de  Louis  XIV  -,  mais  il  abufa 
de  fa  faveur.  Il  traitoit  ce  prince  avec 
une  hauteur  qui  le  rendit  odieux. 
Au  fortir  d'un  confeil  où  le  roi 
l'avoit  très-mal  reçu ,  il  rentra  dans 
fon  appartement*  &  expira»  cor- 
fumé  par  l'ambition  ,  la  douleur  & 
le  chagrin,  le  i6  Juillet  1691,  à 
51  ans.  La  manière  dont  Madame 
de  Sévîffié  annot^ça  cette  mort  à 
Coulanges ,  peut  beaucoup  fervir  à 
nous  faire  connoître  ce  que  les 
contemporains  penfoient ,  &  ce  que 
la  poflérité  doit  penfer  de  Louvois» 
»  Le  voilà  dor.C  mort,  ce  grand 
»  miniflre  ,  cet  homme  Ci  confidé- 
*»  rable ,  qui  tenoit  une  fî  grande 
"  place ,  dont  le  Moi  (  comme  dit 
H  M.  Nicole  )  étoit  fî  étendu  ;  qui 
H  étoit  le  centre  de  tant  de  chofft^  ^ 


r 


TEL 


•^  QfJt  à*z(biuts ,  que  de  deffelns  ; 
"  qae  de  projets ,  que  de  fecrets  » 
»  que  d'intérêts  à  démêler  !  Que 
«  de  guerres  commencées  ,  tque 
»  d'intrigues  »  que  de  beaux  coups 
»  d'échecs  à  faire  &  à  conduire  ! 
M  —  Ah ,  mon  Dieu  !  donnez-moi 
»  un  peu  de  temps  *,  }e  voudrois 
»  bien  donner  un  échec  au  duc 
»  de  Savoie  ^    un  mat  au  prince 
M  ^Orange.  —  Non  ,  non  ,  vous 
*•  n'aurez   pas   un  ieul  moment» 
M  —  Faut- il  raifonner  fur  cette 
n  étrange  aventure?  Non,  en  vé- 
»  rite.  Il  y  faut. réfléchir  dans  fon 
M  cabinet...  «  JLouFoîr  n^fut  regretté 
ni  par  le  roi  »  ni  par  fes  courtifans^ 
Son  efprit  dur ,  fon  caraûere  hau- 
tain avoient  indifpofé  tout  le  monde 
contre  lui.  Avant  lui  les  fecrétaires 
d'état  donnoient  du  MonfiigfuurSLux 
.ducs  en  leur  écrivant-;  Lf^uvois  fup- 
prima  ce  titre.  Il  Ht  plus ,  il  l'exigea 
pour  lui-même  de  tous  ceux  qui  ne 
le  lui   donnoient  pas  auparavant. 
•  Be.bons  ofEcîers  furent  obligés  de 
quitter  le  fervice»  parce  qu'ils  ne 
voulurent  pas  fe  foumettre  à  cette 
loi.  Les  philofophes  dévoient  être 
encore  plus  mécontens  de  lui  que 
.les  courtifans  :  ils  pouvoient  lui 
reprocher  les  cruautés ,  les  ravages 
exercés  dans  le  Palatinat  *,  le  projet 
d'exciter   le  duc  dt  SavoU  &  les 
SuKTes  à  déclarer  la  guerre  à  la 
France  ,  en  manquant  à  tous  les 
traités   faits  avec  eux.  11  penfolt 
Êiuflement  qu'il  falloit  faire  une 
guerre  cruelle,  û  l'on  vouloit  éviter 
les  repréfailles.  Le  feul  moyen  de 
£i;re  cefler  les  incendies  &  les  cruau- 
tés, étoit, fclon  lui,  d'enchérir  fur 
celui  qui  commençoiL  Aufli  écri- 
voit-il  au  maréchal  de  Bvuflers  :  Si 
tauumi  hrûU  un  vUIagi  de  votre  Gou- 
vtmemmt ,  hrulei^en  dix  dufien.  Mars 
quelques  reproches  qu'on  ait  £iits 
à  fa  mémoire ,  fes  talens  ont  été 
encore  plus  utiles  à  la  patrie  ,  que 
fts  âuies  ne  lui  ont  été  funeftes. 


TEL  4t 

On  ne  trouva  dans  aucim  des  fujets 
qu'on  efiaya  depuis,  cet  efprit  de 
détail ,  qui  ne  nuit  point  à  la  grar- 
deur  des  vues  ;  cette  prompte  éxe- 
cution ,  malgré  la  multiplicité  des 
renforts  •,  cette  fermeté  à  maintenir 
la  difcipline  militaire  ;  ce  profond 
fecret  ,  qui  avoit  fait  pafTer  de  fi 
cruelles  nuits  à  l'ombrageux  Giùl» 
liume;  ces  inftruâions  favantes,  qui 
dirigeoient  tm  général,  &  qui  nç 
gênoient  que  Turenne  ;  cette  con« 
noiifance  des  hommes ,  qui  fa  voit 
les  approfondir  Ôc  les  employer  à 
propos,  £n  un  mot ,  on  ne  retrouva 
plus  cet  enfant  de  Machlapel^  moitii 
courtifan ,  moitié  citoyen  ;  né ,  ce 
feAible ,  pour  l'oppreilion  &  poi?r 
la  gloire  de  fa  patrie.  LouvUs  étoît 
connu  de  tous  les  feigneurs  de  la 
cour  pour  un  miniftre  impéné- 
trable. 11  étoit  près  de  partir  pour 
un  grand  voyage  «  &  il  feignit  àfi 
dire  où  il  devoit  aller.  Monfijur^ 
(  lui  die  le  comte  de  Grammont  )  ne 
nous  dites  point  où  vous  alU\  :  aujp 
nous  n'en  croirons  rien.  Il  ne  fuppor- 
toit  pas  les  mauvais  fuccès  à  la 
.  guerre  avec  autant  de  fermeté  que 
Louis  XIV,  Après  la  levée  du  ûége 
de  Coni ,  il  alla  porter  cette  nou- 
velle à  ce  prince ,  les  larmes  aux 
yeux*  Vous  êtes  abattu  pour  peu  de 
chofe ,  lui  dit  le  roi  ;  on  voit  bien  que 
vous  êtes  trop  accoutumé  aux  fyccès  : 
pour  moi  qui  me/ouviens  d'avoir  vu  les 
troupes  Éfpagnoles  dans  Paiis ,  je  né 
m^ abats  pas  fi.  aifémcnt.  Noiis  avons 
fous  fon  nom  un  T&fiament  P^Uti* 
^ue,  1695 ,  in-i2  }  &  dans  le  Recueil 
de  Tejiamens Politiques ,  4  vol.  in-12. 
C'eft  C*urtils  qui  A  l'auteur  de  cette 
rapfiodie  politique ,  d'après  laquelle 
il  ne  faut  pas  juger  le  marquis  de 
Louvois,  Après  fa  mort ,  il  parut  une 
efpece  de  Drame  fabrique  contre 
lui  ,  intitulé  :  Le  Marquis  heLoU' 
rois  fur  lafelletîe ,  Cologne ,  1 69  5  , 
in*  12.  C'eil  une  pièce  pitoyable  , 
qui  vaut  encore  moins  que  le  7V* 


»4a  T  E  t 

:  umtnè  dd  Courtih.  Le  mai^cfu'd'  ii 
Louvoîs  laiâfa  des  biens  immeiifies , 

-  qtû  venoient  en  partie  de  ik  fénme , 
uf/i/fe  de  Souyré,  mârquifet/^  Courttn- 

*Tau3t  ,  la  plus  riche  héritière  du 
'  foyaume.  Il  en  eut  plufieurs  enfans , 

entre  autres  Ftanfols-  Micntl  &e 
^Telleer  ,  marquis  de  Cnunenvaux  ^ 
•mwt  efi  1711  ,  &  père  de  Louis- 
i  Cf/ar,  marquis  de  Courtewauit.  Celui- 
'cî  prit  le  nom  &  les  îTrmes  de  la 

Maifon  d'Efiréss  :  [-V^^  B^trées, 
'  n*  VI.  6»  Ba^besieux  ], 

-  -HI.  TELLIER,  (  Charle$-Mau- 
^fUËe  le  )  archevêque  de  Rhdms, 
'€Ofnniandeiir  de  l'Ordre  dli  Seint- 

Kfpri*  ,  dodeur  &  provifcur  de 
'Sotbonne  ,  coofeiEer  d'état  ordi- 
-itaire,  &c.  né  à  Paris  en  16^2 ,  étoit 
•firerc  du  précédent.  11  fe  cliftingua 
par  /on  zèle  pour  les  'Sciences  & 
pour  robfervation  de  la  difcipline 
«ccIé/iaAique.  II  moiU'Ut  fubitcment 
'à  Paris,  le  21  Février  1710,3  78 
ans*  II'  défendit  qu'on  ouvrit  fan 
corps  ,  ni  qu'on  lui  fit  aucune 
Oraifon  funèbre.  11  lajffa  aux  Cha- 
noines Réguliers  de  l'abbaye  de 
Sainte  -  Geneviève  de  Paris  ,  fa 
belle  bibliothèque  compofee  de  5-0 
mille  volumes.  Ce  prélat  tenoit 
beaucoup  du  caraftere  dur  &  in- 
flexible de  fon  père  &  de  fon  frère. 
IV.^  TELLIER,  (Le)  Foyex 

MONTMIRAIL. 

V,  TELLIER ,  (  Michel  )  Jcfuite , 
né  auprès  de  Vire,  en  baffe-Nor- 
mandie ,  le  16  Décembre  1643  , 
profeffaavec  fuccès  les  humanités 
&  la  philoibphie.  On  l'appela  à 
Paris  pour  former  une  fociété  de 
faVans  qui  rappelèrent,  dans  le  col- 
lège de  Ioim*  le  Grandyla.  mémoire  des 
Slrmonds  &  des  Pétaux.  Mais  le  Père 
'  TelRer  s'étant  engagé  dans  la  guerre 
qîje  les  Jéfuites  faifoicm  aux  Jan- 
féniftes,  abandonna  l'érudition,  fc 
•parvint  aux  premiers  emplois  de  la 
•Compagnie.  Il  devint  provineiâl 
de  la  province  de -Paris.  Cétoit  un 


TEr 

liomme  de  moeurs  pures  &  CévéteêTi 
mais  ardent ,  inflexible  ,  couvranc^ 
fes  \'iolences  fous  un  flegme  appâ* 
rent  ,  auffi  attentif  i  ca^er  f«s 
menées  ,  qu'à  les  £aire  réulHr.  It 
ftit  long- temps  le  dénonciateur  àts 
Jaafônâes»  en  attendant  qu-'il  ûXk 
devint  Icj- perfécuteur,  C'eft  à-  lui 
qu'oft  attribue  la  première  id«e  ée 
la  fouriMrie  de  Douay ,  fi  relTeiiv- 
blfinte  à  une  perfidie.  Le  Perc  àc  ta  ' 

Xkcdfo  étant  mort  en  1709 ,  le  Père 
feliUr  fut  fon  fucceffeur  dans  ^ 

-plaire  dé  *  cOnfeifeur  ^e  Lotis  XlV. 

•  Voici  comment  il  obtint  cet  emploi 
délicat ,  fuivant  l'auteur  de  la   Vie 

.de  '  M,  de  CàylHS  ,  éve^ue  d^Juxerrc 

•(T.  i.-p.  39.)  »\L  de  Caylus  tenoit 

■  **  de  Madame  de  Maîntmon,  qu'après 
*>  la  mort  du  Père  de  la  Chaî/e,  \qs 
^  Jéfuites    préfenterent  trois    dos 

•"  leurs,  lis  parurent  en  même  temps 
'»  devant  le  roi.  Deux  tinrent  ta 
»  meilleure-contenance  qu^îls  pti- 
»»  rent,  Ôfi  dirent  ce  qu'ils  crurent 
"  de  mieux  pour  parvenir  au  poâe 
"  émincnt  qui  faifoit  tant  de  jaloux. 
»♦  Le  Père  TeÙîer'  fe  tint  derrière 
»»  eux,  les  yeux  baiffés  ,  portant 
»  fon  grand  chapeau  fur  fes  deux 
M  mains  jointes  ,  &  ne  difant  mot* 
»  Ce  faux  air  de  modeftie  réuHîrv 
»•  le  Père  Teltler  fut  choifi.  Il  a  voit 
»  raifon  de  baiffcr  les  yeux ,  car 
«  il  avoit  quelque  chofe  de  louche 
w  ou  de  travers  dans  fon  regard. 
»  On  le  fit  remarquer  au  roi  *,  &  00 
«  lui  dit  qu'il  pourroit  y  avoir  du 
»  danger  pour  Mad^  la  ducheiTe  de 
n  Bourgof^né ,  de  voir  cet  objet  pen- 
»»  dant  fa  groffeffe.  Le  roi  balança 
»»  quelque  temps  pour  le  renvoyer  ; 
»  mais  enfin  il  paffa  par-deffus  «#  ^ 
&  le  Père  TellUr  refta  confeffeur.  U 
fit  tout  le  mal  qu'il  poiivoit  faire 
dans  cette  place ,  oii  H  eft  trop  aifé 
à  un  homme  vindicatif  ou  faufle- 
raeat  zélé ,  d'infpirer  Ce  qu'il  veut 
^  de  perdre  fes  ennemis.  On  peut 
•voir  dans  les  artkicft  du  carditui 


r 


T  E  r 

^e'Nojêtzlbs  &  de  Qysskttytei 
«efforts  qu'il  fit  jouer  pour  perére 
.xet  acchei^que,  &  pour  faire  recd^ 
'voir  la    Buller  qui  profcrivott  ïe 
iivre  de  cet  Oratorien.   Il  fetigua 
.Létds  XîV^  iuftiiie  <feinf  (es  det- 
4£ers  mom«iis ,  pour  lui  feire  don- 
4ier  des  édits  en  Êiveur  de  cette 
•Coxiftitutiofl.    Apfès-  la   morr  de 
Lùtds  XIV  ^  foficon&ileur  £iit*exilé 
k  Amiens,  puis  à  la  Flèche,  où  il 
^mourut  ie  2    Septembre  17x9,  à 
«7e  ans.  Ce  Jéiuite  s'étoit  acquis  de 
I4  confidcration  dans  fon.  Ordre  , 
jio&*lealei]itot  pav  Ta  régularité  de 
fes  mœurs,  par  fé)n  zelepour  le  main- 
4iea  de  la  dircipline ,  niais  encore  par 
•fes  conooiiTances.  Il  étoit  membre 
de  l'académie  des  Belles-Lettres.  On 
41  de  lui  plusieurs  ouvrages  :I.  Une 
I        édition  de  Qmnte-'Curfe ,  à  l'uûge  du 
i        iOauphin  ,  in-4®,  iOj%,  U.  Défmfe 
•des  nouveaux  Chrétiens  6c  des  Mif- 
.$oanâres  de  la  Chine ,  du  Japon  & 
.des  Indes  ,  in- 12.  Ce  livre  excita 
•   .beaucoup  de  clameur  s,,  fut  réfuté 
par  le  dodeur  Antoitu  AmmUd ,  & 
cenfuré  à  Rome  par  un  décret  de 
rinquiâtion.  III  Obfervatîoni  fur  U 
HowtlU  Défijrft  dt  la  Verfion  Fran- 
ç<^e  du  Nouveau  Teftanwu^  imprimée 
'.À  Mfonsy  (Rouen  )  1684,  in  -  S*. 
.rV.  Plusieurs  Ecrits  Foléwiiques ,  qui 
ne  mértient  pa$  d'être  tifés  de  I'oup 
bli.  [  P^oyei{  rart.  IHjmas.  ]  Le  car* 
dinal  de  Poll^ac  contott  (  fuivant 
réditeur  4es  Lettra  de  Momefquleu  ,  ) 
.  une  anecdote  qui  eft  digne  d*être 
rapportée.  Le  P.  TelUer  alla  un  jour 
le  trouver,  &  lui  fe  que,  »  le 
»  R<H  étant  déterminé  de^reCou- 
»  tenir  dans  toute  la  France  1'/a-' 
n  faiWhilhé,  il  le  prioit  d'y  donner 
f»  la  main  i<.   Le  cardinal  lui  ré- 
pondit :  Mon    Père  ,  fi  vous    entre" 
frene\  une  pareille  chofe  ,  vous  fere^ 
hUntik  mourir  le  Roi.  Ce  qui  fit  iuf- 
-  pendre  le»  démarches  &  les  intrt- 
'  gués  du  confefTeur  à  ce  fujet.  Ceft 
-à  ce  JéCuite  que  fa  SoG^ii  4oit 


t  E  m'  45 

attribuer  une  partie  de  fesmaDieuiis 
La  charrue  qu'il  iit  pa£er  fur  les 
ruines  du  Port-royal  ,  a  produit 
vraifemblablemcr.t ,  les  fruiis  ameris 
qu'elle  n  recueillis  depuis  en  France. 

TEMPESTA,  (Antonio)  peintre 
&  graveur  de  Fi  orencc ,  né  en  1 5  5  5', 
&  mort  en  1630.  Strada ,  qui  fiât  ' 
fon  maître ,  lui  donna  du  goût  pour 
peindre  les  auimaux,  genre  dans 
lequel  il  a  exceHé.  Son  deffin  eft  uti 
peu  lourd  -,  mais  fes  compofitioties 
prouvent  la  beauté  &  fe  éciFité  djt 
ioTk  génie.  Sa  gravure  eftinferieuris 
è  fa  peinture.  On  a  de  lui  «  tant  en 
tableaux  qu'en  eftompes»  beaucoup 
de  fumets  et  BaifilllesH^^  Chaffes.u 
Vof.  Galloîtius  ,  &  I-  fjSSM.  ' 

TEMPLE,  (Guiîlanme)  nci  - 
•Londres  en  1618 ,  &  petit-fils  d'uù 
Secrétaire  du  comte  éP£Jfex\  voya- 
gea eh  France,  en  Hollande  &  eH 
Allemagne.  De  retour  dans  fa  p^ 
tri«,  gouvernée  par  rufurpateur 
Cromwell ,  il  fe  retira  en  Llande ,  où 
il  fe  confacra  a  l'étude  de  la  ]^ùlo* 
-Ibj[>hie  &  de  la  politique.  Après  que 
Xkarks  II im  remonté  for  le  trône  4c 
fes  pères,  le  chevalier  Temple  re- 
tourna à  Londres,  6e  (nt  employé 
dans  des  affaires  importantes.  Uiie 
des  négociations  qui  fit  lé  jAvts 
d'honneur  à  fon  habileté;,^  celle 
de  la  triple  ailiauce  qui  fut  conclue 
en  1662  ,  entre  l'Angleterre  ,  la 
Hollande  ôc  la  SueJc.  Cçs  trois  puif- 
iances'  étoleiit  pour  lors  amies  de 
la  France;  cependant ,  par  fes  intrl* 
gués  &  £es  clameurs ,  il  parvint  à 
les  réunir  contre  elle,  U  avoit  formé 
lui-môme  le  plan  de  cette  ligpe.  Le 
chevalier  Temple ,  qoi  reg^rdoit 
cette  confédération  comme  le  falut 
de  l'Europe,  pafia  enfuite  en  Aile* 
magne,  pour  inviter  Feropereurôc 
les  princes  à  y  accéder  -,  mais  il  eut 
bientôt  le  chagrin  de  voir  que  f^ 
cour  ne partageoit  pas  fon  zele,  ^ 
qu'elle  étoit  même  fur  le  point  de 
*Qjnprc  avec  U  iioU^ixle;  U  luttionç 


44         T  E  M 

lappélé ,  &  on  rcfpefta  fi  peu  (on 
ouvrage ,  ({ueChurUs  11  Ce  ligua  avec 
Louis  Xly  pQur  écrafer  les  Provin- 
ces-Unies. Il  te  trouva ,  en  1668  , 
aux  conférences  d'Aix-la-Qiapelle, 
en  qualité  d'ambailadeur  extraor- 
dinaire ;  &  à  celles  de  Nimegue  en 
167s.  Après  avoir  conclu  ce  der- 
nier traité ,  il  retourna  en  Angle* 
terre ,  où  il  fut  admis  au  confeil  du 
roi ,  &  dirgracié  peu  de  temps  après. 
JS'ayant  plus  4e  rôle  à  jouer  fur  la 
fcene  du  monde ,  il  fe  tit  auteur.  Il 
fe  retira  dans  une  tc^re  du  comté  de 
Suiïex>  &  y  mourut  en  Février 
1698 ,  âgé  de  70  ans.  Par  une  daufe 
aftcz  bizarre  de  Ton  Teftament,  il 
ordonna  que  {on  Cour  ferait  dépofi 
dans  une  boiu  d'argent ,  &  quon  tenter» 
rcroufcus  le  Cadran  f claire  dcfon  J&r^ 
din.  Il  faut  convenir  que  cet  homme 
célèbre  avoit  de  grands  talens ,  des 
vertus  éminentes ,  du  zèle ,  une  rare 
habileté,  avec  de  grands  défauts.  II 
étoit  fort  vain  &  fort  violent ,  & 
quoiqu'il  fût  naturellement  vif  & 
gai,  fon  orgueil  rendoit  fon  hu- 
meur fort  inégale.  Quand  il  haïflbit 
quelqu'un ,  c'étoit  au  point  de  ne 
pouvoir  le  rencontrer  fans  fe  trou- 
bler. S'il  étoit  ennemi  ardent»  il 
étoit  ami  chaud.  Il  évitoit  les  plain- 
tes avec  ceux  qu'il  aimoit  :  Elles 
peuvent /ervir,  difoit-il ,  entre  amans  , 
mais  raremmt  entre  amis.  Son  amour 
pour  la  lib'ertc  ne  pouvant  fe  plier 
à  la  fervitude  des  cours»  il  ne 
voulut  jamais  d'autre  emploi  que 
celui  de  miniilre  public.  Quelques 
pédans  l'attaquèrent  par  des  Ecrits 
peu  mefurés ,  &  il  leur  répondit 
dans  le  même  ilyle.  Nous  avons  de 
lui.'I.  Des  Mémoires  depuis  1671 
jufqu'en  1692 ,  in  -  12 ,  1692*  Ils 
font  utiles  pour  la  connoiiTance  des 
,  affaires  de  fon  temps.  II.  Remarques 
fur  Cétat  des  Provinces' Unîts ,  1697  , 
in- 12  ',  affez  intéreifantes ,  mais  plei- 
nes de  penfées  libres  fur  la  Religion, 
m.  Introdu^n  à  l'Hiftoire  d^AngU- 


TE  N, 

terre  f  1695 ,  xn-12.  Ceft  une  éiian^ 
che  d*une  Hiftoire  générale.  Y.  Des 
Lettres  «  qu  il  écrivit  pendant  Ces 
dernières  ambaffades.  Elles  font  eu- 
rieufes ,  &  on  les  a  traduites  ea 
.firançois,  1700^  5  vol.  in-12.  VI» 
Des  (Euvres  miUts^  i^3  >  in-12  , 
dans  lefquelles  on  trouve  quelque* 
bonsmoT)ceaux.L*auteur  pcnfoit  pro- 
fbndément ,  de  écrivoit  avec  force  ^ 
mais  ii  '  ne  faut  pas  juger  de  fon 
génie  pat  lestraduâions  françoifes  : 
elles  font  plates  &  incorrcûes.  Voy^ 

SVIFT. 

TEMPLIERS ,  Voy*  Geoffrot* 
de  Saint-Omer,  &  Molay. 

TEMPS,  (  Le)  f^cy.  Saturhb. 

TENA , (Louis ) de  Cadix ,  doc« 
teor  &  chanoine  d'Alcala,  puis  évê^ 
que  de  Tortofe,  mourut  en  1622. 
On  a  de  lui  :  I*  Un  Commentaire  fur 
l'Epître  aux  Hébreux.  U  excelle  par- 
ticulièrement dans  les  préludes^ 
mais  le  fonds  de  cet  ouvrage  n'eft 
qu'une  compilation  indigefte.  II* 
Ifagogeînfacram  Scripturam  t'vDriol^z 
ouvrage  favant  &  diffus. 

I.  TENCIN^(  Pierre  Guerin  de  > 
né  à  Grenoble  en  1679 ,  d'une  fa- 
mille originaire  de  Romans  en 
Dauphinéi  devint  prieur  de  Sor- 
bonne,  dofteur  &  grand-vicaire  de 
Sens.  Ses  liaifons  avec  le  toeux 
Law  ,  dont  il  reçut  l'abjuratioa  , 
^rent  auffî  utiles  à  fa  fortune  que 
nuifibles  à  fa  réputation.  Il  accom*. 
pagna ,  en  1711 ,  le  cardinal  de  Bîjfy  - 
à  Rome,  en  qualité  de  conclavifte  i 
&  après  l'élection  à! Innocent  XIÙ  ^ 
il  fut  chargé  des  affi^ires  de  France  à 
Rome.  Ses  fervices  le  firent  nom- 
mer archevêque  d'Embrun  en  1724-^ 
il  y  tint  en  1727  un  fameux  concUe 
contre  Soanen^  évêque  de  Senea: 
concile  qui  lui  a  fait  donner  tant 
d'éloges  par  un  parti ,  &  tant  de  ma- 
lédiûions  par  l'autre.  Ayant  obtenu 
la  pourpre  en  1739,  fur  la  nomi- 
nation du  roi  Jacques^  il  devint  ar- 
chevêque de  Lyon  ea  174O9  minif- 


T  E  N    .    ,    ^. 

éi4'€tat  deux  ans  après.On  croyoït 
^u'Uavoit  été  appelé  à  la  cour  pour 
templacer  le  cardinal  de  f/eury  ; 
nais  fes  efpérances  &  celles  du 
public  ayant  été  trompées ,  il  fe  re- 
lira dans  fon  diocefe ,  où  il  fe  fit 
ai^er  par  d'abondantes  aumônes. 
Il  y  mourut  en  1758^,  à  80  ans. 
Qui  croire  fur  le  compte  de  ce  car- 
dinal >  Les  uns  en  font  un  génie , 
un  homme  d'état,  un  politique  con- 
fommé  ;  d'autres  lui  difputent  ces 
talens ,  &  attribuent  fon  élévaûon 
moins  à  fon  mérite  ,  qu'à  celui 
d'une  foeur  ambitieufe  &  bel  efprit. 
Oa  trouvera  peut-être  la  vérité ,  en 
prenant  le  milieu  entre^^ces  deux 
extrémités.  Vers  la  ^n  de  fes  jours , 
ies  chofes  pour  lefquelles  il  a  voit 
montré  le  plus  d'ardeur ,  fé  préfen- 
terent  à  lui  fous  un  autre  point  de 
vue.  Ses  fentimens  allèrent  iufqu'à 
une  efpece  d'indulgence  pour  ces 
mêmes  Janfénijles  qui  le  regardoient 
comme  un  perfécuteur.  Dans  le 
temps  d%i  difputes  occafionnées  par 
les  billets  de  confeffion  ,  il  fe  con- 
duifit  avec  modération  &  avec 
fageûe.  Une  guerre  plus  cruelle 
ayant  défolé  la  France  en  17^6 , 
le  cardinal  de  Tencin  entra  en  cor- 
refpondance  avec  Madame  la  Mot' 
grave  de  Barelth ,  pour  ménager  la 
paix  avec  les  puiilances  belligé- 
rantes-, mais  il  mourut  avec  la  dou- 
leur de  n'avoir  pas  pu  réuiCr.  On 
a  de  lui  des  Mandemens  &.des  Infiruc» 
tons  Pafiorales 

11.  TENON,  (  Oaudine-Alexan- 
drine  Guerin  de)  fœur  du  précé- 
dent »  prit  rhabit  religieux  dans  le 
monaAere  de  Montfleury\,  près  4e 
Grenoble.  Dégoûtée  du  cloître,  elle 
rentra  dans  le  monde;  &  vint  à 
Farts.  Les  grâces  de  fon  efprit  lui 
firent  des  amis  illuftres  ;  elle  prit 
part  à  la  folie  épidémique  du  fyf- 
tème  \  &  cette  folie  fut  avantageufe 
à  fa  fortune ,  ainif  qu'à  celle  de 
fon  frère.  Elle  fongea  dès-lors  à 


TEN         ~4< 

demander  à  la  cour  de  Rome  us 
Bref,  qui  la  rendit  au  monde  qu^elle 
avoit  quitté.  Elle  l'obtint  en  e6Fet 
par  le  crédit  de  FontenclU',  mais, 
comme  le  bref  avoit  été  rendu  fur 
un  Eaux  expofé^ ,  il  ne  fut  point, 
fulminé.  Madame   de    Tencîn  n'eit. 
refia  pas  moins  dans  la  capitale, 
où  elle  cultiva  la  littérature  avec 
fuccès.  Benoit  XIV  ,  avec  lequel. 
elle  étoit  en  cbrrefpondance,  lors- 
qu'il n'étoit  que  le  cardinal  Lam-» 
hewnî ,  l'honora  de  fon  Portrait  dès 
qu'il  fut  pape.  Senfible  à  un  tel  bon* 
neur ,  Madame  de    Tencin  lui  ré- 
pondit par  une  lettre  ingénieufe, 
où  elle  lui  difoit  :  Votre  affuhîllti^ 
Votre  bonté  ^  votrfi  fidélité  dans  ramîtU^ 
vous  avotent  fait  de  tendru  Amîs  it 
ceux  qui  font  devenus   vos  Enfans» 
Depuis  long'temps  mes  vaux  plaçoieat 
V,  5.  fur  la  Chaire  de  Saint-Pierre, 
Pétois  par  mes  difirs  votre  fille  fpi-^ 
rituelle ,  avant  que  vous  fujfie^  le  Père, 
commun  des  fîdelles,  La  maiCon  de 
Madame  de  Tencin  devint  le  rendez- 
vous  des  gens  les  plus  fpirituels 
de  Paris.  On  la  voyoit ,  au  milieu 
d'un  cercle  des  beaux  efprits  &  des 
gens  du  monde  qui  compofoient 
fa  cour  ,  donner  le  ton  &  fe  faire 
écouter  avec  attention.  Sa  petite 
fociété  fut  troublée  de  temps  en 
temps  par  quelques  aventures  afifez 
trifteff.  La   Frefnaye  ^  confeiller  au 
grand -confeil ,  fut  tué  dans  fon 
appartement ,  &*elle  fut  pourfuivie 
comme  ayant  trempé  dms  ce  meur- 
tre. On  la  transféra  d'abord  au  Châ- 
telet ,  enfuite  à  la  Baftille  ;  enfin 
elle  eut  le  bonheur  d'être  déchar- 
gée de  Vaccufation  intentée  contre 
elle.  Cette  dame  célèbre  mourut  à 
Paris  en  1749 ,  dans  un  âge  avancé , 
vivement  regrettée   par   plufieurs 
gens   de   lettres ,    qu'elle  appeloit 
ironiquement  fes  Bêtes,  L^envie  dit 
beaucoup  de  mal  de  cette  Ménagerie 
fpirituîlle  i  mais  elle  étoit  bien  pré- 
férable à  tant  d'autres  fociétés  or 


%6         T.  È  H 

lV>it  ne  peut  exIAér  fans  )eu  .&  fans 
ihédifance.  Nous  avons  âe  Madame 
et  '  Tencîn  i  \.  Lt  SUge  dt  Calais , 
îfi-ii.  C'eft  un  Rotnaïi  écrit  avec 
délicateffe  ,  &  plein  de  peafées 
fines.  Certaines  idées  d'une  licence 
enveloppée  *,  des  portraits  aimables 
éc  l'un  &  de  l'autre  fe-^:e,  mais 
qui  auroient  dû  être  plus  con- 
tiraftés  ;  de  la  tendrelTe  dans  les 
élpreffions-,  le  ton  de  la  bonne 
Compagnie  ;  voilà  ce  qui  en  fit  le 
fuçcès.  On  ferma  les  yeux  fur  fes 
défauts ,  fui:  la  multitude  des  épi- 
Ibdes  &  des  pcrfonnages  ,  fur  la 
complication  des  événemens  ,  la 
plupart  peu  vraifembl^bles  *,  enfin  , 
to  la  conduite  «  n)oins  judicieufe 
^e  fpirituelle ,  de  ce  Roman.  II. 
iîétnolresde  Commmges  ,  in-i2  ,  qui 
se  font  bons  que  pour  la  forme. 
M.  de  Pottt'dc'vejle ,  fon  neveu ,  eut 
part  à  cet  ouvrage ,  ainli  qu'au  pré- 
cédent, m.  Les  Malheurs  de  f  Amour , 
1  vol.  in-:i2  :  Roman  dans  lequel 
on  à  prétendu  qu'elle  traçoit  fa 
propre  hiftoire.  IV.  Les  Anecdotes 
iPEdouird  II  ^  in-i2  ,  1776  :  ou- 
vrage pofihume.  On  a  recueilli 
toutes  fes  CEavrcs  en  1 786  ,  à  Paris  » 
7  vol.  petit  in- 12. 

TENDE  ,  (  Gafpar  de  )  petit- 
fils  de  Claude  de  Savoie  ,  comte  de 
Tende  &  gouverneur  de  Provence , 
fervit  aVec  diftinâiion  en  France 
dans  le  régiment  d*Aumont.  If  fit 
cnfuite  deux  voyages  en  Pologne , 
où  il  acquit  beaucoup  de  connoif- 
fance  des  aflEbires.  On  a  de  lui  : 
I.  Un  Tnùié  de  la  Tradcciîon  fous 
le  nom  de  tEfian^,  in-S*».  II.  Re- 
lation hifiorîque  de  Pologne  ,  fous  le 
corn  àt  HautevUle  ^  iii-ix.  Ces  deux 
<yuvrages  eurent  quelque  cours.  L'au- 
teur mourut' à  Paris  en  1697 ,  à  79  . 
ans.  Ildefcendoit  de  P^enê  de  Savoie  , 
&  de  Villars  ,  comte  db  Tende  , 
fils  naturel  de  Philippe  duc  de  Savoie. 
Le  comte  de  Tende  s'attacha  à  Fran-» 
fois  /,  qui  le  fit  grand-maltie  de 


t  E  N 

France»Il  mourut  des  blef&ires'qu^îl^ 
avoit  reçues  à  la  fiinefle  journée  de^ 
Pavie  en  1525.  Il  eut  d*Aane  haf-^. 
caris  comteâe  de  Tende ,  (a  femme  »- 
Honorât  maréchal  de    France ,    & 
pourvu  de   la  diarge  d'amiral  eo- 
1572.  Il  mourut  en  1580  »laiffant" 
une  fille ,  mariée  au  duc  de  Mayenne. 
Son  ^rere   Claude ,  gouverneur  d'ef 
Provence,  mort  en  ij66  ,  eut  unT. 
fils  légitime  ,  Honorât ,  qui  mourur- 
en  1572  ;  &  un  fils  naturel ,  -An-- 
m^tf/,.qui  fervit  dans  les  troupic» 
de  France ,  &  qui  fut  père  de  celui- 
qui  fait  robiet  de  cet  article. 

TENDILLA ,  Voyei  MEND02A  ^ 
n*>  III. 

TENÉS  ou  TENNts  ,  fils  de' 
Cygnus ,  ou  félon  d'autres.  A* Apollon^ 
Ayant  été  accufé  d'incefte  par  fa 
beHe-niere  Phllonomé  ^  il  fut  ex- 
pofé  dans  un  coffre  fur  la  mer  avec 
fa  fûeur  Hemhhée ,  qui  ne  voulut  ja-' 
mais  Tabandooner.  Le  coffre  aborda 
dans"  rifle  de  Leucophrys  ,  qui  dtf 
Tenes  ,  prit  le  nom  de  Ténédos.^ 
Tenis  y  régna  ,  &  y  établit  ^e$' 
lois  très-féveres ,  telle  qu^étoit  celle 
qui  condamnoit  les  adultères  à  per- 
dre la  tête  :  lois  qu'il  fit  obfervef 
en  la  perfonne  de  fon  propre  fîls. 
Tenes  fiit  tué  par  Achille ,  avec  îovt 
père  Cygnus  ,  pendant  la  guerre  de 
Troye  ;  &  après  fa  mort ,  i!  fut  ho- 
noré comme  un  Dieu  dans  Tiile  àé 
Ténédos. 

L  TENIERS  ,    dit   U   Vieux  , . 
(  David)  peintre,  né. à  Anvers  tn 
1 5S1 ,  mort  dans  la  même  ville  eti'> 
1649  ,  apprit  les  principes  de  la'. 
peinture  fous  Rubcns,  Le  défit  de  - 
voyager  le  6t  fortir  de  cette  école, 
t<  il  alla  à  Rome ,  où  il  demeura 
durant  dix  anaées.   Ce   peintre  a 
travaillé  en  Italie  dans  le  grand  & 
dans  le  petit.  U  a  peint  dans  le  goût 
de  Ces  deux  maîtres  -,  mais  à  fonr 
retour  à  Anvers,  il. prit  pour  fu- 
j^s  de  fes  Tableaux  y  des  Buveurs  , 


r 

I  im  'CUAlpics  8c  des  Payfans  y  -qw'iî 
I  nadoie  avec  beaucoup  de  vérité. 
-  II.  TiENIERS  U  jfunc  ,  (  David  ) 
né  à  Attv&s  ça  i^io  ,,mort  dans  la 
Hlênie  ville  enîi6p4 ,  étoit  fils  du 
précédent  &  Ton  élevé  .s  mais  il  fur', 
pââà  fon  père  par  foft  gpôt  &  par  Tes 
calens,  T«aîvs  U  J  uru  jouit ,  de  Ton 
vivsfit,  de  toute  la  réputation,  des 
KMneurs  &  de  la  fortune  dus  à  foa 
lOérite&à  Tes  bonnes  qualités.  LJar- 
<MncLéopold'GuU/aume  lui  donna 
f^fl  portrait  attaché  à  une  chaîne 
dî>r  ,  &  1^  fît  gentilhomnie  de  fa 
ckambre.  La  reine  de  Suéde  donna 
auffî  Ton  portrait  à  TeriUrs,  Les  fu- 
jets  ordinaires  de  Tes  Tableaux ,  (bi»t 
des  icenes  réjouiiTantes.llarepré-  . 
fente  des  Buveurs  &  des  Chimiâes , 
des  Noce»  &  des  Fêtes  de  village , 
plufieurs  Tentations  de  S.  Antoine  « 
des  Corps-de-gardes ,  Ou:.  Ce  pein- 
tre manioit  le  pinceau  avec  beau- 
coup de  facilité.  Ses  ciels  font  trcs- 
hîen  rendus ,  &  d'une  couleur  gaie 
&  lumincufe.  Il  touchoit  les  arbres 
avec  une  grande  légèreté ,  &  doa- 
soit  à  fes  petites  ûgures ,  une  ame , 
une  expreâîon  &  un  caractère  ad- 
mirables. Ses  tableaux  font  comme 
le  miroir  de'  la  nature  ;  elle  ne  peut 
4tre  rendue  avec  plus  dé  vérité.  On 
e^me  iînguliérement  fes  petits  ta- 
bleaux ;  il  y  en  a  qu'on  appelle  des 
Aprcs'foupers ,  parce  que  ce  peintre 
les  commençoit  &  les  finiâbit  le 
foir  même.  On  ne  doit  pas  oublier 
ion  talent  à  imiter  la  manière  des  ' 
iseilleurs  maîtres  ,  qui  l'a  fait  fur- 
nommer  le  Sîn^e  de  la  peinnire.  Il 
9  quelquefcHS  donné  dans  le  gris 
&d»ns  le  rougeàtre  >  on  lui  repro- 
che aui&  d'avoir  f^<  des  âgure» 
trop  courtes,  &  de  n'avoir  pas  afîez 
varié  fes  compofitions.  Lmls  XIV 
n'aintoxt  pot^tfongenre  depamure. 
On  avoit  un  jour  orné  fa  chambre 
4e  plufieurs  Tableaux  de  Tcwtrs  ; 
mais  aufll-^tot  que  ce  prince  les  vit  : 
^uon  m'ête  j.  dit-il  ^  469  MagaLt  de>0 


V      TE  il-        47s 

devant  tés  yiux.  On  a  beaucoup  gravé 
d'après  les  ouvrages  de  Tenltrsm^ 
Il  a  lui-même  gravé  plufieurs  mor- 
ceaux. 

L  TENTZELIUS ,  (  André  )  fa- 
meux méi^ecin  Allemand  du  xvii.* 
fiecle,  publia  un  Traite  curieux, 
dans  lequel  il  décrit  fort  au  long,  . 
n©n-feule!Tîent  la  matière  des  Mo*- 
mies ,  leur  vertu  &  leurs  propriétés  , 
mais  aufii  la  manière  de  les  cosh 
pofer  &  de  s'en  fervir  dans  les  ma- . 
ladies. 

II.  TENTZEUUS ,  (  Guillaume-  ' 
Erneil  )  né  à  Arnûad  en  Thurin^ 
en  i6ç9  ,  mourut  en  1707 »  à  49 
ans.  Cétpit  un  homme  entiéremem 
livré  à  l'étude  &  à  la  littérature  »  ^ 
&  qui  fe  confoloit  avec  les  Mufe^, 
des  rigueurs  de  la  fortune.  Quoi-  ' 
qu'il  fût  aiTez  pauvre ,  il  parut  tou- 
jours content  de  fon  fort.  On  a  de 
lui  im  grand  nombre  d'Ouvrages  , 
parmi  Icfquels  on  diilingue  :  L 
Saxonia  Numlfmatica  ,1705  ,.in-4*^. 
4  Vol. ,  en  latin  &  en  allemand.' 
Il,  SuppLmsntam  Hlfiorlee  Gothana  , 
1701  &  1716,  3  vol.  in-4**.  Il  j 
a  beaucQup  d'érudition  dans  cet 
deux  livre'!  -,  mais  l'auteur  n'a  pis 
l'art  d'être  précis  &  de  ne  choiiir 
que  l'utile.  Voy.  Scheelstratje, 

TERAMO ,  (  Jacques  de)  Foyci 
Palladino. 

TERBURG ,  (  Gérard  )  peintre, 
né  en  1608  à  Zwol  dans  la  pro- 
vince d'Over-YlTel ,  mort  à  De- 
venter  en  16S1  ,  voyagea  dans  les 
royaumes  les  plus  florifians  de  l'Eu- 
rope. Le  Congrès  pour  la  paix, 
qui  fe  -  teiioit  a  Mun(ler ,  l'attira 
en  cette  ville  ,  ov^  fon  mérite  le 
produiiit  auprès  des  miniftres.  Oa 
le  chargea  de  plufieurs  Tableaux , 
qui  ajoutèrent  à  fa^  fortune  &  à  fa 
réputation.  L'ambafTadeur  d'£f. 
pagne  l'emmena  avec  lui  à  Madrid  ♦ 
,&  Ttriurg  y  fit  des  ouvrages  qui 
charmèrent  le  roi  Se  toute  la  cour. 
Ce  maître  reçut  d^  /iqhes  préfeos. 


4?         TER 

6:  fut  fiait  chevalier.  Londres ,  Pzns , 
Deventer,  lui  fournirent  de  nou- 
velles occaiions  de  Ce  fignaler.  Sa 
réputation,  &  fur-tout  fa  probité 
&  fon  efprit ,  le  firent  choiiir  pour 
ê.re  un  des  principaux:  magtilrats 
de  cette  dernière  ville.  Tcrhurg  con-^ 
fiiltoit  toujours  la  nature  :  fa  touche 
eft  précleufe  &  très-finie.  On  ne 
peut  porter  plus  loin  que  ce  peintre 
l'intelligence  du  clair-obfcur.  On 
lui  reproche  quelques  attitudes 
roides  &  contraintes.  Les  fujets 
qu'il  a  traites  font,  pour  l'ordi- 
naire ,  des  Bamhochaics  &  des  Galon- 
1  terUs  i  il  excelloit  encore  à  peindre 
le  portrait.  Netfchtr  a  été  fon  dif- 
ciple. 

TERaER,  (  Jean  PierreO  né  à 
'  Paris  le  7  Odobre  1704,  fuivit 
le  marquis  ic  Monti  dans  fon  am- 
bafTade  de  Pologne ,  &  connut 
psîrticuliérement  le  roi  S  tonifias  à 
Dantzig  ,  où  l'ambafTadeur  de 
France  &  fon  fecrétaire  furent  re- 
tenus prifonniers  pendant  18  mois. 
Les  fervices  qu'il  rendit  dans  cette 
occafion,  &  fur*  tout  au  Congrès 
d'Aix-la-Chapelle  en  1748^,  lui 
méritèrent  la  place  de  premier 
commis  des  aâaires  étrang  res  : 
place  qu'il  perdit  pqur  avoir  ap« 
prouvé  «  en  qualité  de  cenfeur 
royal,  le  dangereux  livre  de  !*£/'- 
frit.  Il  mourut  le  II  Janvier  1766 , 
laiffant  quelques  Mémoires  dans  ceux 
de  l'académie  des  Belles-Lettres  dont 
il  étoit  membre.  C'étoit  uri  homme 
doux ,  poli  &  éclairé  ,  qui  jouit  de 
l'eflime  publique ,  même  ^rès  fa 
difgrace.  On  a  de  lui  en  manuf- 
ciit ,  dansle  dépôt  des  affaires  étran- 
gères ,  des  Mémoires  hiftoriques  fur 
les 'négociations  ,  qu'il  avoit  com- 
posés pour  l'inflrudbion  de  M.  le 
Dauphin.  Il  étoit  marié  -,  &  il  laifTa 
deJx  fils  "&  uiie  fille. 

TERÉE  ,  Voy,  Philomele. 

TERENCE  ,  (  Publius  Tcrauîus 
'4fr  )  né  à  Carthage,   Tan  1S6 


TER 

avant  J.  C ,  fut  enlevé  par  la  Kiih? 
mides  dans  les  courfes  qu'ils  taM" 
foient  fur  les   terres  des  Cartha^ 
ginois.  Il  fut  vendu  à  Tsrentîus  Lit— 
canus  ,  fénateur  Romain  ,  qui  le  ^C 
élever  avec  beaucoup  de  foin  ,   8e 
l'affranchit  fort  )eune.  Ce  fénateur 
lui  donna  le  nom  de  Tirenu  «  fiii« 
vant  la  coutume  qui  vouloit  que 
l'affranchi  portât  le  nom  du  maître 
dont  il  tenoit  fa  liberté.  Son  efpric 
le    lia   énroitement  avec  Utimi  8c 
Sdpion  C  Africain,  On  les  foupçoniUi 
m^e  d'avoir  travaillé  à  fes  Comé- 
dies -,  en  effet  ils  pouvoient  doimer 
lieu  à  ces  foupçotis  avantageux, 
par  leur  rare  mérite ,  par  la  finefle 
de  leur  efprit  ,   &  la  délicateffi? 
exquife  de  leur  goût.  Nous  avons 
fjx  Comédies  de  Tércnu  ;  on  admire 
dans  ce  poëte  l'art  avec  lequel  il 
a  fu  peindre  les  mœurs  &  rendre 
la  nature.  Rien  de  plus  fimple  & 
de  plus  naturel   que  fon    ftyle  i 
rien ,  en  même  temps ,  de  plus  élé- 
gant &  de  plus  ingénieux.  De  tous 
les  auteurs  latins,  c'efi  celui  qui 
a  le  plus  approché  de  VAttlclfme^ 
c'eft-à-dire  ,  de  ce  qu'il  y  a  de  plus 
délicat  &  de  plus  fin  chez  les  Grecs  , 
foit  dans  le  tour  des  penfées  ,  foit 
dans  le  choix  de  Texpreflion  \  mais 
on  lui  reproche  de  n'avoir  été  le 
plus  fouvent  que  leur  traduâeur. 
Madame  D.iclcr  trouvoit  Plaute  plus 
original ,  &  le  mettoit  à  bien  des 
égdrds  au-defliis  de  Tércnce,  »  Ce 
»  poète ,  (  dit-elle  ) ,  a  beaucoup 
"  plus  d'art ,  mais  il  me  femble  que 
»»  l'autre  a  plus  d'efprit.  Térmcehk 
»»  beaucoup   plus  parler  qu'agir  ; 
»»  l'autre  &it  plus  agir  que  parler,  &       1 
»»  c'efl  le  véritable  caraftere  de  la       | 
»  Comédie,  qui  efl  beaucoup  plus       | 
»  dans  l'action  que  dans  le  difcours.       { 
»  Cette  vivacité  me  paroit  donner 
*'  encore   un   grand   avantage    à 
M  PAutf^ic'efl  que  fes  intrigues  font      ^ 
»  toujours  conformes  à  la  qualité 
»»  des  a^eurs  \  que  fesincidens  font 

»  bien 


TER 

D  biea  variés ,  &  ont  toujours  quel- 
ft  que  chofe  qui  furprend  agréable- 
•»  ment  :  au  lieu  que  le  théâtre  fem- 
9t  hk  languir  quelquefois  dans  T/- 
r  rmce ,  à  qui  la  vivacité  de  Tac- 
»>  tioQ  &  le  nœud  des  incidens  6c 
9t  des  intrigues  manquent  manifefte- 
»*  ment  ».  C'eft  le  reproche  que 
iui  avoit  déjà  fait  Céjar ,  dans  des 
y«s ,  où  il  s'exprime  ainû  ,  en 
«'adreâknt  â   Térence: 

Tu^aoquèf  &  în  fummis  y  6  dimU 
dlatc  Menander , 
'   Fauns ,  &  merîto  y  puri  fermonis 


Laùhùs  'Otquc  tuinàm  fcnpùs  ai" 

juncta  font  vis 
dnmcA,  ut  ttquato   virtus   polkra 

honore  ! 
Cum  Gracls ,  ntque  in  kac  defptSus 

païujacerts  ! 
Umun  hoc  maeeror^    &  doUo  tihi 

duffc ,  Terenti. 

*»  Toi  auiH,  deml'Ménandre  ^  tu  es 
M  mis  au  nombre  des  plus  grands 
n  poètes,  &  avec  raifon,  pour  la 
V  .pureté  de  ton  ftyle.  Eh  !  plût 
»  aux  Dieux  que  la  douceur  de  ton 
«  langage  fût  accompagnée  de  la 
»  force  comique ,  afin  que  ton  mé- 
»  rite  fût  égal  à  celui  des  Grecs, 
»  &  qu'en  cela  tu  ne  fuiles  pas  fort 
»  au-deflbus  des  autres  !  Mais  c'efl 
9*  ce  qui  te  manque  ,  Térence  ^  & 
M  c'eft  ce  qid  fait  ma  douleur  m. 
Mais  s'il  eft  inférieur  (  dit  M.  />«- 
roule  fils)  à  Plante  pour  la  viva- 
cité de  l'intrigue  &  Tenjouement  du 
dialogue  «  il  a  bien  plus  de  dé- 
cence ,  de  noblefTe  &  de  goût.  Sts 
caraâ:eres  font  plus  vrais, Tes  pein- 
tures de  mœurs  plus  fidelles.  Il  rend 
beaucoup  mieux  la  nature ,  &  at- 
tache bien  davantage  par  le  grand 
fond  d'intérêt  qui  domine  dans  fes 
pièces.  S'il  n'égayé  pas  Tes  leâeurs 
par  cette  foule  de  bons  mots  que 
P/aute  répand  avec  profuiion ,  ^ 
^ui  fouvent ,  au  jugement  àiHomce  f 
Tome  /X 


TER  49 

font  aflez  infîpides ,  il  fait  les  d^^ 
dommager  par  la  juilefTe  &  la  fo- 
lidité  des  penfées ,  la  délicatefle  des 
fentimens ,  la  douceur  des  images  * 
par  ce  moelleux  &  cette  fuavité  de 
ftyle  qui  fait  éprouver  un  plaifîr 
toujours  iiouveàu  dans  la  leâure  de 
fes  Comédies.  La  première  fois  qu'oa 
entendit  prononcer  à  Rome ,  fur  1^ 
fcene ,  ce  beau  vers  ; 

Homo  sVM^HuuAsiifii,  Aiuk 

AllLSUH  FUTO  , 

il  s  éleva  (  dit  Saint  Augufin  )  dans 
l'amphithéâtre  un  applaudiffertent 
univerfel  :  il  ne  fe  trouva  pas  un 
feul  homme,  dans  une  affemblée  Q 
nombreufe ,  compofée  des  Romain» 
&  des  envoyés  de  toutes  les  nationsï 
déjà  foumifes  ou  alliées  à  leur  em- 
pire ,  qui  ne  parût  fenfible  à  ce  cri  de 
la  nature.  Térence  îonït  de  Rome 
n'ayant  pas  encore  35  ans;  on  ne 
le  vit  plus  depuis.  Il  mourut,  feloa 
la  plus  commune  opinion  ,  vex^ 
l'an  IJ9  avant  J.  C,  àStympale- 
ville  de  l'Arcadie.  Il  s  etoit,  dit-on^ 
amufé  dans  fa  retraite  à  traduire  les 
Pièces  de  Ménandre^  &  à  compofée 
de  fon  propre  fonds  ;  &  ce  fut^ 
dit-on,  la  douleur  d'avoir  perdit 
ces  différentes  Pièces  ,  qui  lui  caufa 
la  mort.  D'autres  prétendent  qu'il 
périt  fur  mer  en  paffant  de  Grèce  es 
Italie.  Il  n'eut  qu'une  fille  qui  fut 
mariée  après  fa  mort  à  un  chevalieff 
Romain ,  &  à  laquelle  il  ne  laiffa 
qu'une  maifon  avec  un  jardin  de  deux 
arpens  iîtué  fur  la  voie  Apienne, 
t  Foyei  I.  ApjOLLINAIRE  &  ME- 
NAGE. ]  Nous  avons  une  Fie  de 
Térence ,  écrite  par  Suétone.  Les  édi- 
tions les  plus  recherchées  des  yi 
Comédies  de  ce  poète,  font  les  fui- 
vantes  :  De  Milan,  1470,  in-fol, 
— Venife,  1471 ,  in-foL  —  £/.^ 
vif,  1635  ,  in-i2.  (A  l'édition  ori- 
ginale ,  la  page  104  eft  cotée  108.  ) 
—  Au  Louvre ,  1642,  in-fol.  —  xd 
ufum  J?f/£hinif  1671,  in-4^  ^  Çff^ 


^ù       Te  ïi 


ftods  Varîorum ,  i686,m-S^.— Caift- 
1)ridge,  1701 ,  in-4°.  —  Londres, 
Ï724,  in-4** — Urbin,  i736,in-fol., 
figures.  —  Londres ,  Sandby  ,  17 5 1 , 
1  vol.  in- 8® ,  figures.  Celle  de  Bir- 
mingham ,  BasktrvilU ,  1 771 ,  in-  4**, 
eft  d'une  grande  beauté.  Madame 
Dacur  eii  donna  en  1717»  uire 
l)elle  édition  latine ,  avec  fa  Tra- 
du£Hon  françoife  &  des  Notes ,  en 
^  vol.  in-8^.  M.  l'abbé /e  Afo/MÎcr 
en  a  publié  une  nouvelle  traduc- 
£on  ,  17^1  j  î  vol.  in-8°  &  3  vol, 
5n-i  2 ,  qui  a  eu  du  fuccès. 

TERENTIAjfemme  de  Clctron  , 
éfoit  d'une  humeur  bruique ,  im^ 
périeufe  &  prodigue ,  qui  obligea 
fon  époux  de  la  répudier  :  fon  nom , 
fes  grandes  richefles  &  une  fœar 
veftale  prouvent  qu'elle  devoit  être 
^'uûe  grande  maifon.  CcWroiz  ayant 
été  obligé  de  lui  rendre  fa  dot,  Te 
trouva  embalrrâiîë  *,  mais  il  aimoit 
mieux  la  paix  que  l'argent.  Il  avoit 
vécu  plus  de  30  ans  avec  eîle  &  en 
avoit  eu  deux  enfians.  Terenùa  époufa 
«n  fécondes  noces,  SalluJU^  l'ennemi 
de  Cicéron ,  dont  il  vouloit  favoir 
les  fecrcts  -,  Meffala ,  en  troifiemes 
noces ,  de  Vihlus  Rufus ,  conful  fous 
Tîhett^  en  iquâtriemes.  Ce  Vihiusit 
▼antoit  d'avoir  pofTédé  deux  chofes 
qui  avoient  appartenu  aux  deux 
jplus  grands  hommes  de  fon  temps , 
la  femme  de  Cicéron ,  &  la  chaife  fur 
laquelle  Céfar  fut  aflafliné.  Tgrauia 
vécut  103  ans ,  félon  Pline  &  Valeri 
Maxime, 

TERE^^^ANUS  maurus  , 
Voyei  Maurus. 

TERME,  Divinité  qui  préfidoit 
aux  limites  des  champs.  Après  que 
Saturne  eut  quitté  le  Larium  pour 
retourner  au  Ciel ,  le  Dieu  Terme 
«lit  fin  à  toutes  les  qjierelles  qui 
s'élevèrent  fur  les  limites  des  terres. 
Lorfque  les  Dieux  voulurent  céder 
la  place  du  Capitole  à  Jupîur ,  ils 
fe  retirèrent  dans  les  environs  par 

»tfjeicft4  Tom  U  J^  T^rnH  fie- 


TER 

meurà  à  fa  place  fans  bouger.  Oit. 
le  repréfentoit  fous  la  forme  d'une 
tulle  ou  d'une  pierre  carrée ,  (  Voy^ 

QUADHATUS  DeUS.  )oU  d'utipîam 

fiché  dans  la  terre  ,  ou  enfin  d'uiK 
Homme  fans  pieds  &  fàni  mains, 
TERPANDRE,  Ko/.Ther- 

PANDRE. 

TERPSICHORE ,  Tune  des  neuf 
Mufes ,  déeâe  de  la  Mufiqae  &  de 
la  Danfe.  On  la  repréfente  fous 
la  figure  d'une  jeune  fille  couron- 
née de  guirlandes  r  tenant  une  \arpm 
&  des  infirumens  de  inufique  autour 
d'elle. 

TERRACA»  Voyei  u.  LULI.S* 
I.  TERRASSONS  André)  prê- 
tre de  l'Oratoire,  étoit  fils  aine 
d*un  confeiller  en  la  fénéchauiTéc 
&  préfidial  de  Lyon,  fa  patrie^  U 
parut  avec  éclat  dans  la  chaire  :  il 
prêcha  le  Carême  de  17 17  devant 
le  roi ,  puis  a  la  cour  de  Lorraine  » 
&  enfuite  deux  Carêmes  dans  !'£« 
glife  métropolitaine  de  Paris,  & 
toujours  avec  lefuccès  le  phis  flat- 
teur. Il  joignoit  à  une  belle  décla* 
mation,  une  figure  agréable.  SoÀ 
dernier  Carême  dans  cette  cathé^ 
drale ,  lui  caufa  un  épuifement  dont 
il  mourut  à  Paris  le  25  Avril  1723» 
On  a  de  lui  des  Sermons ,  imprimés 
en  1726,  &  réimprimés  en  1736, 
en  4  vol.  in-i2.  Son  éloquence  â' 
.  autant  de  noblefie  que  de  fimplicité* 
&  autant  de  force  que  de  naturel 
B  plah  d'autant  plus  qu'il  ne  cher* 
die  point  à  plaire.  Qn  ne  le  voit 
point  employer  éles  penfées  qui 
n'ont  d'autre  mérite  qu*un  hux 
brillant;  ni  ces  tours  recherchés^ 
fi  firéquens  dans  nos  orateurs  mo* 
dernes,  &  plus  dignes  d'un  Romai^ 
que  d'un  Sermon. 
,  IL  TERR ASSON ,  (  Jean  )  fi^te 
du  précédent ,  né  à  Lyon  en  1670,^ 
fiit  envoyé  par  fon  père  à  la  Mai*  1 
fon  de  l'inftimtion  de  l' Oratoire  «  | 
à  Paris.  Il  quitta  cette  Cengrégatioa  1 
prefque  auidl-tôt  ^u'U  v  ât  cntté^      1 


TER 

9  y  rentra  de  nouveau,   &  il  (& 
fbnit  pour  v>uiours.  Son  père ,  ir- 
rité de  cette  inconftance ,  le  rédui- 
fit  par  Ton  teilament  à  un  revenu 
très -médiocre.  Tcnrajfon  ^  loin  de 
s'en  plaindre ,  n*en  parut  que  pln^ 
gai.  L'abbé  Bîffion  ,  inflruit  de  Ton 
mérite,  lui  obtint  une  place  à  l'aca- 
démie des  Sciences  en  1707 ,  &  en 
1711  la  chaire  de  philofophie  grec- 
^e  &  ladne.  L'abbé  Terrcgon  s'en- 
richit par  le  £imeux  Syfiême;  mais 
cette  opulence  ne  fut  que  paiTagere. 
La  fortune  étoic  venue  à  lui  fans 
qu'il  l'eût  dierchée  ;  tM^  le  quitta 
fans  qu'il  fongeât  à  la  retenir  :  Mt 
voilà  ÙTc  d^ affairé i  (dit- il,  lorfqu'il 
fe  trouva  réduit  pour  la  fecondfiT 
fois  au  iimple  néceffaire ,  )jt  nvl^ 
yràî  de  peu  f  cela  m'eft  plus  commode. 
Quoiqu'il  eût  confervé ,  au  milieu 
des  richeâes  ,   la    fimplicité   des 
moeurs  qu'elles  ont  coutume  d'ôter, 
il  n'étotc  pas  fans  défiance  de  lui- 
même:  7e  réponds  de  moi  ^  difoit-il, 
jufqu*à  un  million  ;  ceux  qui  le  con- 
noiffoient,  auroient  répondu  de  lui 
par-delà.  Sa  philofophie  étoit  fans 
bruit ,  parce  qu'elle  étoit  fans  effort. 
U  n'étoit  ni  l'efdave  de  fou  amour- 
propre»  ni  le  complaifant  de  l'amour- 
propre  ies  autres.  Un  homme  qui 
penfoic  comme  lui ,  ne  devoit  guère 
£>lliciter  de  grâces ,  même  pure- 
ment littéraires,  Sun  mérita  feul 
avoit  brigué  pour  lui  celles  qu'on 
lui  avoit  accordées.  Ce  qui  Toccu- 
poit  le  moins ,  étoit  les  démêlés 
des  princes  &  les  affaires  d'état.  Il 
avoit  coutume  de   dire,   qu'iV  ne 
finit  point  fe  mêler  du  gouvernail  dans 
un.  vaifffau  oà  l'on  n\fi  que  paffager. 
L'ignorance  où  étoit  Tabbé  Terra/-^ 
fon  fur  la  plupart  des  chofes  de  la 
vie ,  lui  donnoit  une  naïveté  que 
bien  des  gens  taxoient  de  âmpli- 
cité  ;  ce  qui  a  fait  dire  qu'tV  n'étoit 
homme  d*efprit  que  de  profil.  Madame 
la  marquife  de  Laffai^qv  étoit  de- 
fi  fodété,  répétoit  volontiers  qu'i/ 


TER  51' 

n*y  avoït  qu^un  homme  de  beaucoup 
d*e/prit  ,  qui  pût  être  d^une  pareilU 
imbécillité.  Quand  la  vieilleiTe  &  les 
infirmités  commencèrent  à  le  rendre 
inutile  à  la  fociété ,  il  difparut  de 
deiTus  la  fcene.  Il  fe  montroit  tout 
au  plu^  dans  les  lieux  publics  «  o(k 
il  ne  pouvoit  être  à  charge  àper- 
fonne.  Je  calculais  ce  matin  (difoit-il 
dans  fes  derniers  jours  à  M.  Falconeù 
fon  ami  )  que  fol  perdu  les  quatre  cin" 
qulemes  des  lumières  que  je pouvois  avoir 
acquifes.  Si  cela  continue  ,  il  ne  me 
rcjlera  pas  mime  la  réponfe  que  fit  à 
l* agonie ,  ce  bon  Af,  de  Lagny  à  Af. 
de  Maupertuîs.  [  Voye^  Lagn^.  } 
L'efpece  de  Stoïcifme  dont  M. 
l'abbé  Terrajfon  faifoit  profeflion  ^ 
ne  l'empêchoit  pas  d'avoir  des  amis  s 
mais  ils  étoient  en  petit  nombre;  & 
il  étoit  perfuadé  que  ceux  qui  ont 
tant  d'amis,  ont  très-peu  d'amitié* 
Ce  philofophe  mourut  à  Paris  le 
15  Septembre  1750.  Ses  Ouvrage» 
font  :  L  Differtation  critique  fut 
y  Iliade  d!  Homère,,  en  i  vol.  in-12  « 
pleine  de  paradoxes  &  d'idées  . 
bizarres.  Egaré  par  une  fauffe  méta« 
phyfique ,  il  analyfe  froidement  ce 
qui  doit  être  fenti  avec  tranfport. 
II.  Des  Réflexions  enfiveurduSyftcmû 
de  Law,  III.  Sethos ,  Roman  moral  , 
en  2  voîum.  in-ii.  Cet  ouvrage  , 
quoique  bien  écrit  &  edimable  par. 
beaucoup  d'endroits ,  ne  fit  cepen* 
dant  qu'une  fortune  médiocre.  Le 
mélange  de  phyfique  &  d'érudition  , 
que  l'auteur  y  avoit  répandu ,  ne  fut 
point  du  goût  des  François ,  quoi- 
que plein  d'un  grand  nombre  de 
caraâeres,  de  traits  de  morale,  de 
réflexions  fines  ,  &  de  difcours 
quelquefois  fublimes.  Il  n'y  a  rien 
de  plus  beau  ,  peut-être ,  que  1« 
Portrait  de  la  Reine  d'Egypte ,  qui 
fe  trouve  dans  le  premier  volume. 
IV.  Une  Traduction  de  Dîodore  de 
Sicile  j  en  7  vol.  in-12 ,  accompa- 
gnée de  préface*  de  notes.  &  de 
Ijagmens ,  qui  ont  paru  depuis  ij^TL 

Dij 


,2  TER 

îufqu'cn  1744.  Cette  vcrfion  eftauffi 
iideUe  qù'cltgamc.  On  prétend  que 
rabbé  Terrajfon  ne  l'entreprit  que 
pour  prouver  combien  les  anciens 
étoient  crédules.  ,  ^  ^       ^ 

III.  TERRASSON,  (  Gafpar) 
£rere  d'y^a^ri  &  de  Jean,  naquit  a 
Lyon  le  5  Oaobrei68o.  A  l'âge 
de  18  ans .  il  enora  à  l'Oratoire ,  ou 
il  s'appliqua  d'abord  à  l'étude  de 
l'Ecriture  &  des  Pères.  Après  avoir 
profeffé  les  humanités  &  la  philo- 
sophie ,  il  Ce  confacra  à  la  prédica- 
tion ,  &  s'acquit  bientôt  une  répu- 
tation fupérieure  à  celle  dont  ton 
frère  avoit  joui.  Il  prêcha  à  Pans 
pendant  cinq  années.  11  brilla  fur- 
tout  pendant  un  Carêmedansl'Eghfe 
métropolitaine  ,  &  il  ne  brilla  que 
par  l'Evangile  &  les  Pères.  Il  ne 
cherchoit  pas  les  applaudiffemens. 
Le  feul  éloge  qu'il  ejdgeoit  de  fcs 
auditeurs,  étpit  qu'ils  fecorrigeaf- 
fent.  Différentes  circonftances  lo- 
bUgerent  enfuite  de  quitter  en  même 
temps  la  Congrégauon  de  1  Ora- 
toire &  la  prédication.  Ses  fentt- 
mens  excitèrent  contre  lui  le  zeic 
perfécuteur  des  Conftituuonnaires 
outrés-,  mais  fes  vertus  auroicnt 
mérité  plus  d'égards.  ILmourut  a 
Paris  le  1  Janvier  175 ^-^^J » ?« ^"^  * 

I  Des  Sermons .  en  4  vol.  m- 12  , 
publiés  en  1749.  Ce  Recueil  con- 
tient XXIX  Difcours  pour  le  Ca- 
rêrae,  des  Sermons  détaches ,  trois 
Panégyriques ,  &  l'Oraifon  ftmebre 
du  Grand  Dauphin.  Tout  y  refpire 
lafublime  fimplicité  de  l'Evangile. 

II  Un  livre  anonyme  ,  intitule  : 
Lettres  fur  la  Juft'ce  Chrétienne,  cen- 
fiirées  par  h  Sorbonne.       ,.    ,    , 

IV.  TERRASSON,  (Matthieu)  né 
à  Lyon  le  13  Août  1669,  deparens 
nobles ,  &  de  la  même  famille  que 
les  prccédens,  vint  à  Pans,  ou  il 
fe  fit  recevoir  avocat  en  1691.  Il 
plaida  quelques  caufes  d  éclat  qui 
furent  le  premier  fondement  de  fa 
grande  réputaupn.   Profondémenr 


T  E  t 

vcrfé  dans  Vétude  du  Droit  ècnt^ 
il  devint  en  quelque  forte  l'Oracle 
du  Lyonnoîs ,  &  de  toutes  les  autres 
provinces  qui  fuivent  ce  Droit.  La 
Jurisprudence  n'éteignit  point  ca 
l^ine  goût  de  la  littérature.  Il  fut 
affocié  pendant  cinq  ans  au  travail 
du  Journal  des  Savons ,  &  il  exerça 
pendant  quelques  années  les  fonc- 
tions de  Cenfeur  royal.  Cet  homme  ^ 
auffi  eftimable  par  fes  connoiffance» 
que  par  fa  douceur  &  fon  définté- 
reffement ,  mourut  à  Paris  le  30 
Septembre  1734»  à  66  ans.  On  a 
de  lui  pn  Recueil  de  fes  Difcours  » 
Plaidoyers  ,  Membres  &  Confuàa^ 
dons  ^  fous  le  titre  &*(Suvres  de  M tft- 
thîeu  Terraffon  ,  &C,  in-4'*.  Voyei 
l'article  fuivant. 

V.   TERRASSON,  (  Antoine > 
fils  du  précé^nt  &  avocat  comme 
lui,  naquit  à  Paris  le  1*^  Novembre 
1,70c.  Il  fe  livra  d'abord  à  la  plai- 
doirie ,  &  eut  quelques  fuecès  ^mais 
les  travaux  du  cabinet  ayant  plus 
d'attraits  pour  lui ,  il  compofa  par 
ordre  du  chancelier  d*Agueffeau ,  foa 
Htfloire  de  la  Jurifprudence  Romaine  , 
fuivie  d'un  Recueil  de  contrats  » 
teftamens  &  autres  adtes  qui  nous 
reftent  des  anciens  Romains  ,  in- 
folio ,  1750.  Ce  livre,  rempli  de 
recherches  &  qui  prouve  autant 
de  fagacité  que  d'érudition ,  eft  écrit 
d'un  ftyle  clair  &  quelquefois  élé- 
gant. L'auteur  fut  nommé  la  même 
année  Cenfeur  royal ,  confeiller  au 
Confeil  fouverain  de  Dombes  ea 
175  a,avocat  du  Clergé  de  France  ea 
175  3  ,  profeffeur  au  Collège  Royal 
en  1754.  Dans  le  préambule  de  fes 
provifions ,  Lo»ùs  XF  parle  de  lui, 
"  comme  d'un  homme  diftinguè 
»  par  des  talens  recommandables 
**  &  qui  font  comme  héréditaires 
rt  dans  fa  famille ,  &  qui  réuniffoii 
»>  à  l'application  la  plus  aflidue  les 
)♦  qualités  qui  caraftérifent  le  fujet 
»/  fidelle  &  le  citoyen  vertueux  *«. 
Ces  qualités  lui  procurèrent  toi 


T  ER 

rj^  la  place  de  chancelîer  et 
2>ombes ,  dont  il  remplit  les  fonc- 
tions iufqu'au  temps  que  cette  prin- 
cipauté fut  réunie  à  la  couronne. 
Accablé  d'infirmités  ,  il  fe  démit  de 
ia  place  de  profefîeur  royal ,  & 
mourut  le  50  O^obre  1781 ,  à  77 
ans.  Il  avoit  époufé  en  1759  la . 
.£lle  du  marquis  dt  Termes ,  dont  il 
n'eut  point  d*en£at)s.  Ouo'e  fon 
Hiftoire  de  la  Jurifprudence  Ro- 
maine f  on  a  de  lui  des  Mélanges 
^hîftoîre ,  de  Rttirature  ,  de  junfprw 
dencej  de  critique  ^  &c.  I768  ,  inil , 
&  quelques  autres  Ouvrages.   ^ 

TERRAY,  (l'abbé  Jofeph- 
Marie  )  naqiût  en  171  ^  dans  la  petite 
ville  de  Boen,  près  de  Roanne  en 
Forez.  Jean  Tcrray  fon  père ,  avoit 
été  fermier  général  au  commence- 
ment du  iîecle.  Marx-Anne  Dumas 
ià  mère ,  étoit  fille  d'un  officier  qui 
le  diftingua  à  la  bataille  de  Ner- 
winde ,  &  fut  récompenfé  par  des 
lettres  de  nobleiïe. 

Un  oncle  fort  riche ,  qui  devoit 
«ne  grande  partie  de  fa  fortune  aux 
bontés  du  duc  dt  Orléans  ,  régent , 
fit  élever  le  jeune  Terray  au  collège 
de  Jully.  Ses  fuccès  dans  fes  étucks 
pré&gerent  ceux  qu'il  devoit  ob- 
tenir dans  la  carrière  àts  affaires» 
U  acheta  une  charge  de  confeiller- 
derc  au  parlement  de  Paris  -,  mais  il 
ne  fut  jamais  prêtre',fon  éloignemem 
înfurmontable  pour  les  afluiettiffe- 
mens  de  l'état  ecdéfiaÛique,  l'obli- 
gea à  fe  borner  au  fous-diaconat.  Un 
caraâere  décidé ,  un  jugement  droit , 
une  conception  prompte»  l'amour 
&  la  féicilité  du  travail ,  cette  fureté 
de  taâ  qui  fait  faifir  à  l'inftant  le 
i^oint  de  la  difficulté  des  affaires  les 
plus  épineufes ,  ne  tardèrent  pas  à 
lui  mériter  une  grande  confidération 
dans  fa  Compagnie.  La  nature  qui 
lui  avoit  refuie  les  grâces  extérieu- 
Te% ,  &  même  celles  de  la  parole  » 
Ten*  avoit  dédommagé  par  une 
clarté  laconique»  plus  impérieufe  % 


TER  n 

fouVtot  que  l'éloquence.  La  cour  le 
choifu  pour  fon  rapporteur.  Let 
grâces  dont  l'état  eccléiiaflique  le 
rendoit  fufceptible ,  ajoutèrent  à  la 
fortune  déjà  confidérahle  qu'il  te* 
noit  de  l'oncle  qui  lui  avoit  fervi 
de  père.  Il  devint  chef  du  confeil 
de  M.  le  prince  de  Condé^  Contrôleur 
général  au  mois  de  Décembre  1769^ 
Miniflre  d'état ,  Secrétaire-comman- 
deur des  Ordres  du  Roi  en  1770 ,  & 
Dire£leur  général  des  bâtimens  en 

1773. 

Peu  de  minières  fe  font  trouvés 
dans  une  pofîtion  pli^s  difficile  Se 
plus  otageufe.  Lafienne  l'étoit  d'au- 
tant plus  ,  que  le  public  jugea  les 
opéradons  qu'il  fit  pour  en  fortir  ; 
fans  coniSoitre  toute  l'étendue  du 
mal  auquel  il  avoit  à  remédier  : 
cependant,  fes  mefures  furent  prifes 
avec  tant  de  prévoyance  &  des 
calculs  fi  jufies ,  qu'elles  prévinrent 
toutes  les  révolutions  fàcheufes  qui 
pouvoient  en  réfulter  ,&  qu'aucune 
banqueroute  particulière  ne  fut  la 
fuite  de  redit  qui  fufpendit  les  ref- 
criptions.  On  voit  par  un  de  fes  Mé- 
moires ,  qu'il  regretta  de  n'avoir  pu 
fuivre  des  principes  plus  jufies  ; 
mais  dans  l'alternadve  d'employer 
les  moyens  dont  il  fit  ufage ,  ou  de 
laiiTer  manquer  tous  les  fervices  à  la 
fois ,  il  préféra  le  moindre  des  maux 
entre  lefquels  il  avoit  à  choifir. 

Il  déclara  cependant  au  roi  qu'on 
ne  pouvoit  augmenter  l'impôt-,  que 
c'étoit  par  les  réformes,  les  éco- 
nomies ,  la  fuppreffion  des  abus  » 
qu'il  falloit  maintenir  déformais  au 
même  niveau  la  recette  &  la  dé* 
penfe ,  &  prévenir  le  retour  des 
défordres  qu'il  avoit  réparés. 

S^s  Comptes  de  1770  ,  1772  & 
1774,  qui  viennent  d'être  impri- 
més dans  la  CollecUon  des  Comptes 
rendus  depuis  '  ijj8  juf qu'en  lySy  , 
font  des  modèles  d'ordre ,  de  pré- 
cifion  &  de  clarté.  Ces  qualités  dif- 
tin^ves  de  l'homme  d'état  £e  re- 
Diij 


54  TER 

trouvent  dans  tous  fes  Mcmoures 
fur  l'adminiûration  des  finances  , 
dont  la  plupart  ,  peu  connus  du 
public  ,  mériteroient  de  Têtre. 

Au  commencement  du  nouveau 
règne ,  il  rédigea l'Edit  delà  remife 
du  droit  de  )oyeux  avènement  que 
Lotus  XVI  voulut  bien  accorder  à 
fes  peuples.  Le  14  Août  1774  »  il 
donna  fa  démiflîon  ,  &  fe  retira 
dans  une  de  fes  terres  ,  où  il  vt  fut 
point  à  l'abri  des  effets  de  la  haine 
&  de  la  vengeance  de  ceux  dont  il 
avoit  bleffé  les  intérêts  particuliers , 
pour  fauver  la  fortune  publique.  Les 
arts,  qu'il  avoit  aimés  dès  fa  jeunefTe, 
firent  dans  fa  retraite  fa  plus  douce 
occupation." Il  mourut  à  Paris  le  iS 
Février  1778 ,  laiffant  une  mémoire 
contre  laquelle  le  fouvenir  des  ref- 
criptions  fufpcnduesanimoit  encore 
fes  détraâeurs,  mais  que  le  temps , 
la  vérité  ,  la  publicité  des  écrits  ojù 
font  confîgnés  i^s  principes  ,  ont 
prefque  généralement  réhabilitée. 

La  calomnie  n'épargna  pas  plus 
fes  moeurs  privées  que  fa  conduite 
dans  le  miniflere.  Ceux  qui  l'ont 
particulièrement  connu,favent  néan- 
moins qu'il  fut  économe  fans  ava- 
rice -,  que  fa  fermeté  froide ,  & 
même  accompagnée  de  fécherefTe , 
n'excluoit  point  en  lui  les  qualités 
fociales  ;  que  la  dureté  qu'on  re- 
procha fouvent  à  l'adminiftrateur , 
incapable  il  eft  vrai  d'abandonner 
ce  qu'il  avoit  entrepris  ,  n'etoît 
point  inhérente  à  l'homme ,  qui  fe 
montroit  facile  &  doux  avec  les 
fiens.  Il  eft  avéré  d'ailleurs  que 
pend  :nt  fon  miniftere ,  il  ne  fe 
vengea  d'aucun  ennemi  -,  qu'il  ne  fît 
donner  aucune  lettre  de  cachet  ; 
qu'il  ne  perfécuta  perfonne  :  d'où 
il  réfulte  qu'on  doit  être  étonné 
du  contrafle  qui  exifloit  entre  fon 
caraôere  &  la  réputation  que  fes 
ennemis  étoient  parvenus  à  lui 
faire. 

Kous  tennberofQ  cette  notice 


TER 

par  une  obfervation  qui  doit  trap^ 
per  tous  ceux  qui  chercheront  à 
examiner  Tadminiflration  de  IVC 
l'abbé  Terray  :  c'efl  que ,  placé  dans 
des  circonflances  plus  heureufes  , 
il  eût  fait  eflimer  fes  principes  d*ad- 
minifVration  autant  que  fes  lumières 
&  {t%  talens  ;  &  que  fi  le  moral 
d'un  adminiftrateur  efl  indépendant 
de  la  fituation  dans  laquelle  il  trouve 
les  intérêts  qu'on  lui  confie ,  il  n'en 
cft  pas  moins  forcé  d'y  conformer 
jufqu'à  un  certain  point  fa  conduite  , 
fur  laquelle  ori  prononce  toujours 
avec  trop  de  précipitation. 

TERRXDE,  (AntoincdcLo- 
magne ,  vicomte  de  )  d'une  des  plus 
illuftres  maifons  du  royaume ,  fe 
diflingua  au  fiége  de  Turin  ,  prit 
Montauban  ,  &  fut  capitaine  de 
cent  hommes  d'armes,  &  chevalier 
de  l'Ordre  du  roi.  en  1549.  Son  at- 
tachement à  la  religion  Catholique  ^ 
l'arma  contre  la  reine  de  Navarre  , 
dont  il  étoit  né  fujet.  Il  entra  tn 
I  ^69  dans  fes  états ,  &  les  conquit 
au  nom  du  roi  de  France.  Il  fut  fait 
gouverneur  &  commandant  du 
Béarn  &  de  la  Navarre.  Montgom^ 
mcri  l'affiégea  dans  Orthès ,  &  le 
fit  prifonnier  de  guerre.  On  mit  à 
mort  en  fa  préfence ,  contre  la  f©î 
des  traités ,  les  officiers  de  la  gar- 
nifon.  Il  eut  la  douleur  de  voir 
égorger  fous  fes  yeux  un  de  fes 
coufins-germains.  On  a  de  lui  des 
Mémoires  qui  n'ont  point  été  im- 
primés. Ce  guerrier  mourut  en 
1569. 

TERRIEN,  (  Guillaume  )  étott 
lieutenant  général  à  Dieppe ,  vers 
le  milieu  du  xvi*  fiede.  Ct^  le 
plus  ancien  jurifconfuite  Normand 
que  l'on  connoiiTe.  Il  donna  un 
Commentaire  fur  Us  Coutumes  anciennes 
de  Normandie ,  avant  leur  rédaâion , 
c'eft-à-dire  en  1574  ,  à  Rouen  , 
in-4®. 

TERTIUS  DE  Lanis  ,  (Plerre- 
FiaDçois  )  cft  auteur  d'un  Livre  qui 


TER 

%  pour  titre  i  Magïflenum  Natufa  & 
^rtis  ,  Frixix  ,  1684  ,  ^  voL  in- 
folio  «   iîg. ,  raie  &  curieux^ 

I.  TERTRE,  (Jçan-Baptiflc  du.) 
tié  à   Calais  en  idio,  quiua  Tes 
«études  pour  eattcr  dans  les  croupes , 
&  fit  divers  voyages  fur  terre  ôcfur 
«ner.  De  retour  en  France ,  il  fe  fit 
I>oiniiiicain.  à  Paris  en  1635.  Son 
zele  pour  la  converfion  des  âmes 
le  fit.  envoyer  en  miHîon  dans. les 
Ifles  de  rAméiic[ue,  où  il  travailla 
avec  fruit..  11  en  revint  en  16  f8  »  & 
«nourut   à  Caris  en   16S7  »  après 
•avoir  piiAlié  fon  Hîfioln. générale  des 
Aniil2es^_  habitées  par  les  François  » 
en   4  vol.  in-4**,   L667  &  167 1  : 
ouvrage  écrit  avec  plus  d  exafti- 
tilde  que  de  préciûon ,  de  chaleur 
6c  d'agrément.  Le  premier  volume 
renferme  ce  qui  s'efl  pafTé  dans 
l'ctablifTcment  des  Colonies  Fran- 
çoifes  ;  le  iiV^'Hifloirc  naturelle  j 
le  m®  &  le  iv*,  letabliflement 
&  le  gouvernement  des  Indes  Occi- 
dentales depuis  la  paix  de  Breda. 

IL  T E RT R É*  (  Fxançois- 
loachim  Duport  du  )  de  laïociété 
littéraire -militaire  de  Befançon  , 
&  membre  de  Tacadémie  d'Angers , 
vit  le  jour  à  Saint-Malo.  Il  entra 
chez  les  Jéfuites ,  où  il  profeiTa  les 
bumanités  pendant  quelque  temps. 
Rendu  au  monde  »  il  travailla  aux. 
J'euiiles.^ériodiques  avec  MM.  Ftù' 
Ton  ^  de  la  Forte,  Il  fe  fit  connoitre 
par  plufîeurs  Ouvrages.  Les  prin- 
cipaux font  :  I.  Jhrêgé  ^^  CHifiolfe 
d*Angluerre  ,  3  volum.  in- 11..  Cet 
ouvragé  fe  peut  lire  avec  plaifir 
ïaxis  interruption ,  &  il  a  les  avan- 
tages d'un  Abrégé  Chronologique , 
£ins  en  avoir  la  fécherefîe.  La 
narration  efl  fîdelle,  flmple^claire 
Se  afTez  rapide  ;  le  ilyle  eft  un  peu 
froid,  mais  en  général  pur  &  de 
bon  goût;  les  portraits  d'après  na- 
'ture,  &non  d'imagination.  Mais  ^ 
comme  ce  n'efl  au  fond  qu'une 
compilation  où  l'auteur  a  mii  peu. 


TER  çf 

dechofe»  oalui  préfère  VAhrégi  de. 
rHiJioirc  d* Angleterre  donné  par  M^ 
l'abbé  Miliot.  IL  Hîfioire  dis  Conju-- 
rations  &  des  Confplratlons  célèbres  , 
en  10  voL  in- 12.  C'eil  encore  une 
compilation  ,  dans  laquelle  tout 
n'efl  pas  égal,  mais  qui  offre  des 
chofes  intérelTantes.  III.  Les  deux, 
derniers  volumes  de  la  Blbuothequa 
amufante.  On  y  défîreroit  plus  de 
choix ,  '&  ils  ne  font  pas  dignes 
du  premier.  IV.  VAlmanach  des 
Beaux  -  Arts  ,  connu  depuis  fous 
le  nom.  dé  /a  France  Lutéraîre.  Cet 
ouvrage  ,  dont  il  donna  une  ef- 
quiiflJB  très-imparfaite  en  I7j2,efl 
aujourd'hui  en  3  vokin-8**,  V.  Cet 
auteur  a  publié  les  Mémoires  du 
Marquis  de  Choupes ,  175  3»  in-i2i 
&  a  eu  part  à  VAhrégide  fHifioir^ 
d*Efpagne ,  en  5  vol.  in-i2 ,  donné 
par  M»  Déjhrmaux.  Il  mourut  en 
1759 ,  à  44  ans ,  avec  la  réputation 
d'un  écrivain,  qui- devoit  plus  au 
travail  qu'à  la  nature. . 
m.  TERTRE,. (Du)  Voye^ 

ThO  RENTIER. 

TERTULLIEN ,  (  Quintus  Sepû-r 
mlus  Florcns  TenulHanus  )  prêtre  d9 
Cartilage ,  étoit  fils  d'un  centenier 
dans  la  milice ,  fous  le  proconful 
d'Afrique.  Sa  première  profeffioa 
fut  le. barreau.  Il  avoir  fait  uuq 
grande  étude  des  fyflêmes  des  dif- 
férentes feâes  de  la  Grèce  «  &  il 
joignit  la  philofophie  à  l'éloquence* 
La  conllance  des  Martyrs  lui  ayant 
ouvert  le^  yeux  fur  les  illufions  dit 
Paganifme  ,  il  fe  fît  Chrétien  ,  fiç 
défendit  la  Foi  de  J.  C.  avec  beau- 
coup de  courage.  Ses  vertus  &  fà. 
fctence  le  firent  élever  au  facerdoce.- 
De  Carihage  il  paiTa  à  Rome.  Ce 
fîit  dans  cette  ville  qu'il  publia  , 
durant  la  perfécution  de  l'empereur 
Sévère ,  fon  Apologie  pour  les  Chré- 
tiens ,  qui  efl  un  chef-d'œuvre 
d'éloquence  &  d'érudition  en  fon 
genre.  Après  avoir  montré  combien, 
il  étoit  injuile  de  punir  les  Chré^r 

Diy 


^6      Ter 

tiens  ,   uniquement    parce    qti*îfs 
'    étoient   Chtétiens  ,  il  les   juftifie 
des  crimes  qu'on  leur  imputoit  II 
examine  la  théologie  Païenne ,  & 
lui  oppofe  les  dogmes  des  Chré- 
tiens ,  adorateurs  d'un  Dieu  unique , 
créateur  du  ciel  &  de  la  terre ,  qui 
punira  les  roéchans  &  rccompen- 
fera  les  bons.  A  l'expofîtion  des 
myfter es  du  Chriftianifme  ,  il  joint 
le  tableau  de  la  vie  de  ceux  qui  le 
profeirent.  »»  Nous  faifons  un  corps 
"  (dit-iî) ,  parce  que  nous  avons  ia 
»«  même  religion,  la  même  morale , 
*  la  même  erpérance.  Nous  nous 
»  aâîemblons  pour   prier  &  pour 
>»  lire  l'Ecriture  -,  nous  nous  ex- 
*»  hortons,  nous  nous  corrigeons  , 
"  nous  nous  jugeons  avec  équité  » 
»♦  comme   Dieu  nous  jugera  ;  & 
»  tout  eft  à  crsdndre  pour  celui  qui 
»  aura  mérité  d'être  privé  de  la 
»  participation  aux  chofes  facrées. 
»  Ceux  qui  préfident  à  nosaffem- 
^  blées ,  font  des  vieillards  éprou- 
f»  vés,  La  vertu  feule  les  élevé  à 
9^  cet  honneur.  Les  chofes  faintes  ne 
«»  fe  vendent  pas  -,  &  fi  nous  avons 
^  une  efpece  de  tréfor ,  c*eft  le  fruit 
»'  d'une   contribution   volontaire. 
»»  Chacun  apporte  ce  qu'il  veut  , 
•»  &  quand  il  veut.  Les  biens  font 
9»  communs  entre  nous  ,  &  nous 
»  les  employons  à  entretenir  les 
«  pauvres  ,  Its    orphelins  ,    les 
*'  vieillards ,  les  infirmes  ,  à   fe- 
>'  courir  les  fidelles  relégués  dans 
»  des  Ifies ,  condamnés  à  travailler 
»  aux  mines  ,  ou  renfermés  dans 
M  les  prifons  pour  avoir  confefl*é 
*'  J.    C.    Nous    nous     regardons 
M  comme  frères  *,  nous  faifons  en 
»  commun  des  repas   de  charité  j 
»  nous  prions  avant  de  nous  mettre 
M  à  table  ;  nous  prions  après ,  & 
*'  nous  nous  féparons  fans  défordre 
w  &  avec  modeftie.  Telles  font  nos 
»  affemblées.  Cependant  fi  le  Tibre 
f»  inonde  les  terres,  &  fi  le  Nil 
^  ne  les  fertilife  point  ,  on  crie  ; 


T  E  r 

'"  Ilvrei  les  Chràuns  éutx  Itons^  Oift' 
»'  veut  que  nous  foyons  la*  caulé 
>»  de  tous  les  malheurs ,  comme  fi 
»»  avant  la  venue  de  J.  C.  il  n'étoir 
»  pas  arrivé  de  femblablcs  cala- 
"  mités.  Quetrouve-t^on  en  nous  ^ 
»  finon  des  vertus  fupéricures  à 
''  celles  de  tous  les  philofophes  > 
**  J'ajoute  même ,  &  plus  de  Science 
»»  à  certains  égards  :  car  û  Platon 
M  difoit  qu'il  étoit  difficile  de  trou- 
»  ver  l'auteur  de  l'univer:.,&  encore 
»♦  plus  difficile  d'en  parler  devant  le 
»  peuple  j  parmi  nous  le  moindre 
»♦  artifan  connoît  Dieu ,  &  ie  foit 
*»  connoitre.  Mais  quand  nos  opi- 
M  nions  feroient  fanffes  ,  au  moins 
n  font  -  elles    utiles  ,  puifqu  elle» 
w  nous  rendent  meilleurs.  Certain 
**  nement  elles  ne  nuifent  a  per- 
.»  fonne  :  &  s'il  felloit  les  punir  ^ 
»'  ce  fcroit  par  le  ridicule  »&  noa 
».  par  le  fer ,  les  feux  ,  les  croix  ^ 
n  les  bêtes.  Ces  perfécutions  pro* 
'»  duifent  un  effet  contraire  à  celui 
»  qu'on  attendoit.  Le  mépris  de  la 
»  mort  fe  montre  bien  mieux  dans- 
w  notre  conduite  ,   que  dans   les 
vt  difcours  des  philofophes.  On  dk 
«étonné  de  none   courage-,  oa 
»  veut  en  pénétrer  les  caufes  ,  & 
»»  bientôt    on    défire  de  fouffrir, 
H  Ainfi  le  fang  des  Chrétiens  de- 
I»  vient  une  fftnence  féconde  «„ 
On  ne  fait  fi  cette  Apologie  pro- 
duifit  un  effet  favorble.  La  perfé- 
cution  continua ,  &  fut  très-vive  à 
Carthage  ,  où  TtrtuHitn  avoit  publié 
cet  Ecrit  éloquent.  L'auteur  avoit 
un  génie  Vif ,   ardent    &  fubtil, 
Quoiquil    parle   avantagcufcment 
de  fes  études ,  fes  Livres  prouvent 
aflTez  qu'il  avoit  étudié  toutes  fortes 
de  fciences.Son  élocutîon  eft  un  pea 
dure,  fes  cxpreflicns  ohfcures,  fes 
ratfonnemens    quelquefois  embar- 
raflfés  ;  mais  il  y  brille  une  nobleflTc  ^ 
une  vivacité  &  une  force  qu'on  ne 
peut  s'empêcher  d'admirer.  On  voit 
qu'il  avoit  beaucoup  Iv  5.  /<#»  âc 


tÊR 

S.  Irenée,  Il  rendit  fon  nom  célébré 
dans  toutes  les  Eglifes  par  Tes  Ou- 
vrées. 11  confondit  les  Hérétiques 
de  fon  ûvcle  ;  il  en  ramena  pluiieurs 
à  la  Foi;  il  encouragea  par  Ces  ex- 
hortations les  Chrétiens  à  foufïrir 
le  martyre.  TertullUn  avoit  une 
levérité  naturelle,  qui  le  portoit 
toujours  à  ce  qu'il  y  avoit  de  plus 
rigoureux.  Il  trouva  que  Froclus  , 
difciple  de  Montan^  vivoit  d'une 
manicre  cotiforme  à  Ton  humeur. 
Ces  apparences  de  piété  le  fédui- 
firent ,  €c  il  embrafTa  le  Montanîfme» 
U  donna  aveuglément  dans  les  vi- 
fions  ridicules  de  cette  ît€tt»  Il  devint 
alors  auffî  nuifible  à  l'Eglife  qu'il  lui 
avoit  été  utile ,  &  les  Ouvrages  qu'il 
compofa  contre  les  Catholiques, 
cauferent  de  grands  troubles.  Il  ne 
paroît  point  qu'il  foit  revenu  de  fes 
égaremens.  Il  laiiTa  quelques  fec- 
tatenrs ,  auxquels  on  domia  le  nom 
de  TcrtuiUanlftes,  Saint  Auguftin  qui 
ta  parle ,  dit  que  de  fon  temps  cette 
feue  étoit  prefque  entièrement 
éteinte ,  &  que  le  petit  nombre  qui 
en  reftoit ,  rentra  dans  le  féin  de 
l'Eglife  Catholique.  Cet  homme ,  à 
la  fois  fi  illuftre  &  û  dangereux, 
mourut  fous  le  règne  d*Antonin' 
CarucaUa ,  vers  l'an  216.  Les  Ou- 
vrage* de  Tertullîm  font  de  deux 
genres  :  ceux  qu'il  a  uits  avant  fa 
chute ,  &  ceux  qu'il  a  enfantés  de- 
puis. Les  Ecrits  du  premier  genre 
font  :  I.  Les  Livres  de  la  Prîere , 
du  Baptimt  &  de  XOraifon,  IL  Son 
Apologétique  pour  la  religion  Chré- 
tienne. III.  Les  Traités  de  la  Pa- 
timce.  IV.  "L^Exkortqtwn  au  Martyre, 
V.  Le  Livre  à  Scapula.  VI,  Celui 
du  Témoignage  de  l*Ame,  VII.  Les 
Traités  des  SpcStacles  &  de  V Idolâtrie, 
VIII.  L'excellent  Livre  des  Pref- 
mpdons  contre  les  Hérétiques. . . 
Ceux  du  fécond  genre  font  :  I,  Les 
quatre  Livra  contre  Mai^clon.  II.  Les 
Traités  de  VAmt ,  de  la  Chair  de  Jefus'^ 
fhrift  &  de  la  RèJwrecUon  de  U  Chair. 


TER         Ç7 

in.  Le  Scorpiaque.  W,  Le  Livre  de 
la  Couronne,  V.  Celui  du  Manutuu 
VI.  Le  Traité  contre  les  Juifs.  VIL 
Les  Ecrits  contre  Praxée  &  contre 
Hermogene,  où  il  foutient  que  la  Ma- 
tière ne  peut  être  éternelle  >  mais 
que  Dieu  l'a  produite  de  rien ,  de 
nlhilo,  VIII.  Les  Livras  de  la  Pu» 
diclté;  de  la  Fuite  dans  la  perfécu-^ 
tion-,  dçsJeunes  contre  les  Pfychiques; 
de  la  Monogamie  &  de  V Exhortation 
à  U  Chaftcté,  Tous  les  autres  Ou- 
vrages qu'on  lui  attribue  font  fup- 
pofés.  Les  PP.  latins ,  qui  ont  vécu 
après  TertuiUen^  ont  déploré  fon 
malheur,  &  ont  admiré  fon  efprit 
&  aimé  fes  ouvrages.  Saint  Cypntn 
les  lifoit  affîduement  *,  &  loifqu'il 
demandoit  cet  auteur ,  il  avoit  cou- 
tume de  dire  :  Donnei^moi  U  M  Al' 
TRE,  Vincent  de  Lérins  dit ,  >*  qu'au* 
"  tant  de  paroles  qu'on  lit  dans  Ter» 
»  éulUen^  font  autant  de  Sentences; 
»  &  ces  Sentences  font  autant  de 
»  viûoires  ».  Vaffoul  a  donné,  en 
17 14  &  171 5  ,  une  Traduâion  de 
V Apologétique  pour  les  Chrétiens  , 
avec  des  Notes.  ManeJJîer  a  auffi  mis 
en  notre  langue  les  livres  du  Man^ 
teau ,  de  la  Patience  &  de  VExhorta^ 
tion  au  Martyre.  Un  Jéfuite  publia 
à  Paris  en  1729*  in- 12,  avec  des 
Remarques  ,  une  traduâion  du 
Traité  des  Prefcrîptlons .  Un  autre 
Jéfuite  (  le  P.  Caubere  )  traduiiit  en 
1733»  les  Traités  fur  rornément 
des  femmes ,  fur  les  fpeâades ,  fiir 
le  baptême  &  la  patience,  avec  une 
Lettre  aux  martyrs.  La  meilleure 
édition  des  Ecrits  de  TertulUen  ,  cft 
celle  qu'on  en  à  donnée  en  1746  ,  à 
Venife  ,  in  -  fol. ,  fous  ce  titre  : 
g.  S^timlî  Florentls  Tlrtuluanx 
Opéra ,  ad  petufifjjîmorum  Exemplarlum 
fidem  fedulo  emendata^  diligzntlâ  Ni'" 
colal  Rigaltii  Jur.  Conf, ,  cum  ejufdem 
adnotadonlbus  Integrls^  &  Vurîorum 
Commentant  feorfim  antchac  etUtls,,, 
Accedunt  Novatiani  Traciatus  de  Tri" 
nitatey  é"  de  Cibis  Judaiàey  cumN^* 


■*i}        T  ES 

cif*..  Et  TertuUiani  Carmlna  de  Jonâ 
&  N:nlve ,  &c.  Il  y  en  a  une  autre 
par  le  même  Rtgault ,  1664,  in-fol. 
Thomas ,  Teigneur  du  Fuffiy  a  donné 
\t&Vus  de  Ttrudlltn  &  (ÏOrîgene^ 
fous  le  nom  du  fieur  de  la  Motu  : 
€*efl  un  ouvrage  eflimé.».  II  ne  faut 
pas  confondre  TtrtulRen  avec  un 
Saint  de  ce  nom ,  qui  fcella  l'Evan- 
gile de  Ton  fang  vers  Tan  260. 

TES  AURO ,  (  Emmanuel  )  philo- 
ibphe  &  hifiorien  Plémontois  du 
XV 1^  fiedc.  H  mérita  par  fes  talens 
la  confiance  de  Tes  maîtres  ;  &  ce 
fut  par  leur  ordre  qu'il  entreprit 
VHiJhjlu  de  Piémont ,  &  enfuite  celle 
de  la  capitale  de  ce  petit  Etat.  La 
i*^^  parut  à  Bologne  en  1643  » 
în-4°  ;  &  celle  de  Turin ,  en  cette 
ville,  1679,  %  vol.  in  -  fol.  Les 
études  qu'il  fît  pour  ces  deux  Ou- 
vrages, lui  fournirent  Toccafion  de 
ramaiTer  des  matériaux  pour  une 
Hifloirc  générale  de  toute  lltalie. 
Il  la  réduifit,  &  en  forma  un  Abrég/i 
pôuf  les  temps  feulement  où  ce 
pays  fut  fournis  à  des  rois  Barbares, 
fl  fut  imprimé  à  Turin  en  1664, 
m-fol.  «  avec  des  Notes  de  VaUrlo 
tafiigKone,  Les  Hidoires  de  Tefauro 
font  utiles  *,  mais  elles  ne  feront 
jamais  comparables ,  pour  la  fidé- 
lité,  à  celles  de  Cuhhardîn^ 

TESCHENMaCHER  ,  (  Garnier) 
né  dans  le  duché  de  Bergues  à  Elver- 
feld ,  fat  miniâre  Calvinifte  à  San- 
ten  &  à  Cleves ,  &  mourut  à  "Wefel 
en  163 S.  Le  principal  de  fes  ou- 
vrages eft ,  Annales  des  Duchés  d:  CU" 
ves ,  Juliers  ,  Bergiits  &  pays  clrcon^ 
voifins,  en  latin,  Arnlieim,  1638, 
in-foL  Chaque  partie  de  ces  Annales 
eu.  précédée  d'une  de(cription  géo- 
graphique de  la  province  dont  il 
tait  rhiftoire.  Elles  font  écrites  de 
la  n^ême  manière  que  les  vieilles 
chroniques  ,  fans  liaifons  &  fans 
réflexions.  Ju/k-  Chriftophe  DiTR- 
iMARE  (  Voy,  ce  mot)  en  a  donné 
lue  édition,  Francfort  &  Leipzig, 


TE$ 

X711 ,  îii-fol.  Elle  eft  enrichie  d'ti 
Carte  qui  repréfcnte  le  pays  tel 
qu'il  étoit  au  moyen  âge,  de  Diplô- 
mes, &  de  Notes  favantes  qui  valent 
quelquefob  des  diflertations.   . 

TESSÈ  ,  (  René  Frouiai ,   comtt 
de  )  d'une  Emilie  ancienne»  d'abord 
aide  de  camp  du  maréchal  de  Crequi 
en  1669,  fervit  de  bonne  heure  & 
avec  diftinâion.  Devenu  lieutenant 
générai  en  1692,  il  fit  lever   le 
blocus  de  Pignerol  en   1693.,     & 
commanda  en  chef  dans  le    Pié- 
mont pendant  Tabfence  du  maré- 
chal de  Catlnat,A.y2nt  été  nonuné  ma- 
réchal lui-même  en  1703,  il  fe rendît 
Tannée  d'après  en  Efpagne  y  où  il 
eut  d'abord  des  fuccèsjmais  il  échoua 
devant  Gibraltar  &  devant  Barce- 
lone. La  levée  de  ce  dernier  iiége 
fut  très-avantageufe  aux  ennemis  : 
il  laifia  dans  fon  camp  des  provî- 
iions  immenfes ,  &  il  prit  la  fuite 
avec   précipitation  ,   abandonnant 
1500  blefTés  à  l'humanité  du  géné- 
ral Anglois,  le  comte  de  Peurhorough» 
Le  maréchal  de  Tejjfé  fut  plus  heureux 
en  1707  ;  il  chaifa  les  Piémontols 
du  Dauphiné.  Le  dégoût  du  monda 
lui  infpira  en  1721 ,  le  defTeîn  de  fe 
retirer  aux  Camaldules  ;  mais  il  fut 
obligé  de  quitter  fa  retraite ,  pour 
fe  charger  des  a£Faires  de  France  ei| 
Efpagne.  De  retour  en  172;  «  il 
rentra  dans  fa  folitud^ ,  &  y  mou- 
rut le  10  Mai  de  la  même  année* 
âgé  de  74  ans ,  avec  la  réputation 
d  un   excellent   courtifan  ,     d'un 
homme  poli  &  d'un  négociateui; 
iniinuant.   Les  fentimens  de  piété 
qui  animèrent  fes  derniers  jours  » 
prouvent  que  le  tumulte  des  armes 
&  des  affaires  n*avoit  point  afFoi- 
bll  fa  religion.  Il  laifTa  plufieurs 
cnfans.  Voye\  COSNAC. 

TESTAS,  (  Abraham } auteur 
François  ,  réfugié  en  Anglcterrt 
pour  y  profefTer  plus  librement  le 
Calvinifme  auquel  il  étoit  attaché, 
exerça  le  miniàere  dans  une  EgUfJÎ 


TES 

Trançoife  à  Londres  ,  &  siourut 
vers  1748.  Il  s'cft  Êdt  connoître 
par  quelques  €)uvrage$  dogmati- 
ques, dont  le  principal  parut  fous 
ce  titre  :  La  Connoiffan»  de  l*Amc 
par  PEcriture ,  i  vol.  in-S®.  Il  con- 
fidere  TAme  fur  les  di6Férens  états 
d'union,  de~^féparation  &  de  réu- 
nion avec  le  corps.  On  a  trouvé 
dans  cet  ouvrage  des  testes  dont 
rezplicatîon  eft  forcée. 

TESTE  ,  (  Pierre  )  peintre  &  gra- 
veur ,  natif  de  Lucques  ,  alla  jeune 
encore  à  Rome ,  fous  l'habit  de 
pèlerin ,  pour  apprendre  le  deflîn  \ 
mais  Ton  humeiur  fauvage  &  fon 
caraftere  timide  s'oppoferent  long- 
temps à  fon  avancement.  Il  vivoit 
miférable  »  paffant  prefque  tout  fon 
temps  à  deàiner  des  ruines  autour 
de  Rome.  Sandran  ,  peintre  &  gra- 
veur comme  lui ,  le  voyant  dans 
cet  état ,  le  recueillit  &  lui  pro- 
cura les  occaiions  de  faire  connoître 
fes  talens.  Ce  peintre  avoit  une 
grande  praûque  de  deffin^  &  ne 
xnanquoit  point  d'imagination  -,  mais 
îl  fe  laiiToit  trop  aller  à  fon  feu. 
Il  a  fouvent  outré  les  caraâeres  & 
les  attitudes  de  fies  figures.  Son 
pinceau  efl  dur ,  &  fts  couleurs 
font  mal  entendues;  fes  deffins^dont 
il  a  gravé  une  partie ,  font  plus 
cernés.  On  remarque  beaucoup 
d'efprit  &  de  pratique  ;  mais  on 
voudroit  qu'il  y  eût  eu  plus  d'intel- 
ligence du  clair-obfcur ,  &  que  fes 
figures  fulTent  plus  correfles  & 
fes  expreilions  plus  raifonnées.  So;i 
principal  talent  étoit  de  deiHner 
des  ei&ns.  Un  jour  que  ce  peintre , 
affis  fur  le  bord  du  Tibre,  étoit 
occupé  à  deffiner  ,  le  vent  em- 
porta fon  chapeau;  &  l'effort  qu'il 
fit  pour  le  retenir ,  le  précipita  lui- 
mâne  dans  ce  fleuve  où  il  fe 
noya ,  en  1648. 

I.  TESTELIN ,  (  Louis  )  peintre , 
né  a  Paris  en  161 5  ,  mOurut  dans 
h  même  ville  en  16^5*  Les  jeux 


TES 

de  fon  enCance  manifeflerertt  ton 
inclination  pour  le  dedîn.  Son  père 
le  fit  entrer  dans  la  célèbre  école 
de  Vûuet,  Tejhlîn  ne  fe  produifk  su 
grand  jour ,  qu'après  s'être  formé 
fur  les  tableaux  des  plus  excellens 
maîtres.  Le  tableau  de  la  réfurrec- 
tion  de  Tabîthe  par  Stùnt^Pauly  que 
l'on  voit  dans  TEglîfe  de  Notre- 
Dame  ,  fit  admirer  la  fraîcheur  & 
le  moelleux  de  fon  coloris,  les 
grâces  &  la  nobleffe  de  fa  com- 
pofition,  l'expreffion  &  la  har- 
dieffe  de  fa  touche.  Perfonnen'avoit 
plus  approfondi  que  ce  maître ,  les 
principes  de  la  peinture.  L'illuftrc 
le  Brun  le  confultoit  fouvent  ;  l'ef- 
time  &  l'amitié  qui  régnoient  en- 
tre eux/ont  l'éloge  de  leur  talent  & 
de  leur  c?iraâere.  TcfteUn  n'étoit  pas 
favorifé de  la  fortune;  il  reçut  plu- 
fieurs  bien£iits  de  fon  ami ,  qui  fe 
faifoit  un  art  de  ménager  fa  délica- 
teffe.  On  a  beaucoup  gravé  d'après 
fes  deffins. 

II.  TESTELIN ,  (  Henri  )  né  en 
1616,  mort  en  169^  ,  étoit  cadet 
du  précédent.  Il  fe  diûineua  dans 
la  même  profcÛion  que  fon  firere 
aîné.  Le  roi  l'occupa  quelque  temps, 
&  lui  accorda  un  logement  aux  Go- 
belins.  C'eft  lui  qui  adonné  les  Cou' 
férencts  de.  HAcaàimie ,  avec  Us  Sen" 
timens  des  plus  habiles  Pilntres  fur  la 
Peinture  ;  ouvrage  qui  reçut  des 
applaudiifemens  dans  fa  naiffance. 
Ces  deux  peintres  fe  trouvèrent  à 
la  naifiânce  de  l'Académie  >  où  ils 
furent  l'un  &  l'autre  nommés  pro* 
feifeurs. 

TESTI ,  (  Fulvio)  poëtc  Italien , 
né  à  Ferrare  dans  un  état  au-deflous 
du  médiocre ,  devint  par  fes  talens 
&  fes  intrigues ,  favori  &  minifbe 
de  François ,  duc  de  Modene ,  qui 
le  créa  comte  &  chevalier.  Ayant 
eu  le  malheur  de  déplaire  a  ce 
prince ,  il  fut  enfermé  dans  une  for- 
tereffe  où  il  finit  fes  jours  en  1646, 
On  a  de  lui  des  Odu  as.  d'autres 


Igo 


TES 


Foifits  y  Vcnife  ,1656,2  vol.  îil- 1 1  ; 
où  il  a  imité  avec  fuccès  les  meil- 
leurs poètes  d'Atlienes  &  de  Rome. 
On  lui  reproche  feulement  d'é- 
crire quelquefois  d'un  ftyle  trop 
cnfié.  Les  agrémens  de  fon  efprit 
le. firent  regretter  par  ceux  qui  le 
connoifibient. 

T£STU ,  (  Jacques  }  aimiônier  & 
prédicateur  du  roi ,  reçu  à  l'aca- 
démie Françoife  en  1665  ,  poëte 
François,  mourut  en  1706.  Il  a 
mis  en  vers  les  plus  beaux  en- 
droits de  l'Ecriture  &  des  Pcres  , 
fous  le  titre  de  Suncts  ChrétUnnes , 
1703  ,  in-i2.  Il  a  fait  auffî  diverfes 
autres  Poéfies  Chrétiennes  ,  dont  le 
fiyleeft  foible&  lâche.  L'abbé  Tcftu 
s'étoit  d*abord  confacré  à  la  chaire  ; 
mais  la  foibleffe  de  Ta  famé  l'obli- 
gea de  quitter  la  prédication.  Il 
avoit  ruiné  fon  tempérament  dans 
^ne  retraite  qu'il  fît  avec  Rancé  le 
réformateur  de  la  Trappe.  Cétoit 
un  homme  tour  à  tour  mondain 
&  dévot ,  que  fes  vapeurs  jetoient 
tantôt  dans  la  folitude ,  &  tantôt  dans 
le  grand  monde.   On  l'appeloit  , 

T£STU   TaIS'TOI.  \ 

TESTZEL ,  (  Jean  )  religieux  Do- 
minicain, &  Inquiiiteur  de  la  Foi  , 
né  à  Pirn  fur  TElbe  ,  fut  choifi  par 
les  chevaliers  Teutoniques  pour  prê- 
cher les  Indulgences  qu'ils  avoient 
obtenues  pour  la  guerre  contre  les 
Mofcovites.  Il  s'acquitta  fort  bien 
de  cette  commiffion.  Quelque  temps 
après  ,  l'archevêque  de  Mayence , 
nommé  par  le  pape  Léon  X  pour 
faire  publier  les  Indulgences ,  l'an 
1 5 17  ,  donna  cette  commifHon  au 
P.  Tefi\el ,  qui  s'ailocia  à  cet  em- 
ploi les  religieux  de  fon  Ordre. 
Ils  exagéroient  la  verm  des  Indul- 
gences, en  perfuadant  au  peuple 
ignorant)  >«  qu'on  étoitafliiré  d'aller 
n  au  Ciel  ,  auffi-tôt  qu'on  auroit 
»'  payé  1  argent  néceifaire  pour  les 
M  gagner-,  qu'elles  pourroient  ab- 
>'  foudre  un  homme  qui ,  par  im- 


TET 

"  pofiible,  auroit  violé  la  VLçré 
M  de  Dieu  *,  que  la  Croix  avec  les 
"  armes  du  Pape ,  étoit  égale  à  la 
M  Croix  de  JeJuS'Chrifl^  &c.  &C  •«. 
Ils  tenoient  leurs  bureaux  dans  des 
cabarets ,  où  ils  dépenfoient  en  dé- 
bauches une  par:ie  des  reVenus  fa- 
crés  qu'ils  recevoient.  Jean  Staupit^  , 
vicaire  général  à.es  Auguftins,  char- 
gea {çs  religieux  de  prêcher  contre 
le  Dominicain.  Luther  choifit  cette 
occafion  pour  mettre  au  grand  jour 
les  erreurs  qu'il  enfeignoit  en  fe* 
cret.  11  foutint  des  Thefes ,  que 
Teft\el  fit  brûler.  Les  difciples  de 
Luther ,  pour  venger  l'honneur  de 
leur  maître ,  brûlèrent  à  leur  tour 
en  public  celles  de  l'inquifiteur  à 
"Wittemberg.  Il  avoit  publié  contre 
l'héréfiarquenaiiTant,  106  propoû- 
dons,  dont  pluiieurs  font  faufles. 
Charles  MUùt\ ,  nonce  du  pape  au- 
près du  duc  de  Saxe ,  ayant  reproché 
à  cet  inquiiiteur  imprudent ,  qu*»/ 
étoît  en  partie  la  caufe  des  àéfajires  At 
CAlUmapte ,  ce  religieux  en  mourut 
de  chagrin,  Tan  15 19. 

TETHYS,  au  Tethis  »  dcefTe 
de  la  mer ,  étoit  fille  du  Ciel  &  de 
la  Tehe ,  &  femme  de  VOUan ,  qui 
en  eut  un  grand  nombre  de  Nym- 
phes ,  appelées  OciankiéUs  »  ou 
Océanies  f  du  nom  de  leur  père» 
C'eft  pour  cela  qu'on  l'appeloit 
la  mère  des  déefles.  Elle  fiit  auffî 
la  nourrice  de  Juncn.  On  confond 
cette  déefle  avec  Amphitrîte ,  &  on 
la  repréfente  ordinairement  fur  un 
char  en  forme  de  coquille ,  traîné 
par  des  dauphins...  Il  faut  diftin- 
guer  cette  Téihys ,  de  la  nymphe 
Thetis  i  (  Voy,  ce  mot.  )  celle-ci 
étoit  fille  de  Nérée. 

TETRICUS ,  dont  le  vrai  nom 
étoit  Pivefuvius  ou  Pefuvius ,  pré- 
iîdent  de  l'Aquitaine ,  homme  na- 
turellement grave  &  de  mœurs  fé- 
veres ,  fut  indigné  des  démarches 
de  Gal/ien  ,  &  fe  jeta  dans  le  pard 
de  Pcfinumc ,  élu  empereur  par  l'at- 


TET 

n^Ramaine  delHiiée  à  la  garde 
des  Gaules.  Pofihume  ayant  été  tué 
par  les  foldats  Tan  267 ,  on  élut 
à  ia  place  Viâoruu  ,  qui  bientôt 
après  eut  le  même  fort.  Sa  femme 
ViSonna^  accufée  d*avoir  trempé 
daos  ce  meurtre,  eut  le  crédit  de 
fiire  couronner  Marlus  ,  qui  fut 
tué  quelques  3ours  après  :  alors  elle 
&  déférer  Tempire  à  Tciricus  gou- 
verneur d'Aquitaine ,  qui  fut  pro- 
clamé empereur  a  Bordeaux  en  167. 
Maître  de  TEfpagne  &  de  l'Angle- 
terre ,  il  préferva  ces  provinces  des 
incurfions  des  Barbares ,  &les  battit 
plufieurs  fois.  Autun  s'étant  déclaré 
pour  Claude  U  Goth'ujue ,  il  la  prit 
après  ,un  fiége  de  fept  mois ,  & 
eut  beaucoup  d'autres  avantages.  Ses 
fuccès  nous  font  plus  connus  par 
iès  médailles  ,  où  Ton  voit  fou- 
vent  le  type  de  la  viftoire,  que 
par  les  Hiftoires  contemporaines 
dont  plufieurs  ne  font  pas  venues 
jufqu'à  nous.  Claude  ayant  été  tué 
Tan  270  ,  &  Qmnùlius  qui  lui  fuc- 
céda  ,  ayant  bientôt  éprouvé  le 
même  fort,  l'empire  échut  à  Au- 
rifUn ,  qui  battit  ZenohU ,  &  fe  dif- 
pofa  à  marcher  contre  Tetrlcus,  Inf- 
truît  par  les  revers  de  fes  prédé- 
ceffeurs»  celui-ci  écrivit  tout  natu- 
rellement à  AurélUn  :  »  Qu'i/  étoU 
"  pr^é  par  des  ennemis  foulevis  dans 
H  Us  Gaules ^Sc  le  pria  de  venir  àfon 
»  feeours  m.  AurélUa  s'avance ,  bien 
ékïéé  à  ne  partager  avec  perfonne 
le  titre  d'empereur.  Tetncus  ,  qui 
VQuloit  fe  conferver  en  facrifiant 
(a  légions  ,  les  fait  avancer  à  la 
rencontre  à^Auréâen^  pour  ne  pas 
Élire  foupçonner  fes  deiïeins.  Les 
deux  airmées  fe  livrèrent  bataille 
dans  les  plaines  de  Châlons-fur- 
Mame.  Le  combat  fut  rude  &  fan-  ' 
glant.  Dans  le  fort  de  la  mêlée , 
Tttnais  &  fon  fils  abandonnèrent 
les  leurs  &  payèrent  du  côté  à^Au- 
rUien  ;  fes  légions  fe  d^endirent  en- 
core opiniâtrement  ^  mais  fe  voyant 


T  E  u  61 

fans  chefs ,  elles  furent  contraintes 
de  mettre  bas  les  jirmes.  On  fixe 
l'époque  de  ces  événemens  à  l'an 
274 de  J,  C,  le  5.*  de  l'empire  de 
Tetncus,  Le  fuperbe  Auréllen  réferva 
les  deux  Taricus  &  Zenohie  pour 
fon  entrée  à  Rome  *,  fon  triomphe 
eft  un  des  plus  éclatans  dont  l'htf- 
toire  fdiTe  mention ',  &  Flavius- Vo* 
pîfcus  nous  en  a  laifTé  une  relation 
très-étendue.  Auréllen  rendit  aux 
deux  Tarlcus  la  dignité  de  fénateur , 
&  même  il  donna  au  père  le  gou-* 
vernement  de  la  Leucanie  •,  en  lui 
difant  qu'il  feroit  plus  honorable 
pour  lui  de  commander  à  une 
partie  de  T  Italie,  que  de  régner  par- 
delà  les  Alpes.  Il  l'appeloit  fouvent 
fon  collègue,  &  quelquefois  em« 
pereur.  Tetrlcus^  rentré  dans  la  tran* 
quillité  d'une  vie  privée ,  fe  fie 
aimer  par  fa  probité ,  fa  prudence  8c 
fon  équité.  U  agtflbit  envers  tout 
le  monde  avec  cette  fimplicité  qui 
accompagne  le  vrai  mérite.  Il  mou» 
rut  fort  âgé ,  &  il  fut  mis  au  rang 
des  Dieux  :  c'eil  une  chofe  remar« 
qupble  »  dans  un  homme  qui  avoit 
renoncé  depuis  plufieurs  années  à 
la  pourpre.  Il  laif&  un  fils  qui  fur 
digne  de  lui.  Le  règne  du  père 
avoit  été  d'environ  5  ans.  Voye^  ' 
BozE. 

TETZEL,  Foy.  Testzei. 

TEUCER  ,  fils  de  Télamon  roi 
de  Salamiae ,  &  ^'Héfione  ,  &  firere 
^'Ajax  ,  accompagna  ce  héros  ait 
fiége  de  Troye.  A  fon  retour ,  il  fue 
chafifé  par  fon  père ,  pour  n'avoir 
point  vengé  la  mort  d'Ajax ,  done 
l^lyffe  étoit  la  caiife.  Ce  malheur 
n'ébranla  poim  fa  confiance  ;  il  pafia 
dans  rifle  de  Chypre,  où  il  bâtit  une 
nouvelle  ville  de  Salamine...  Il  ne 
faut  pas  le  confondre  avec  Teucer  » 
fils  de  Scamandre ,  Cretois.  Il  régna 
dans  la  Troade  »  avec  Dardanuà  fon 
gendre ,  vers  l'an  5  28  avant  J.  C. 
Il  donna  le  nom  à!lda  à  la  montagne 
près  de  laquelle  Troye«  dans  la  fuiie^ 


«1         T  E  U 

fut  batte.  Ceil  defon  oom  que  cette 
ville  fut  appelée  TmcrU ,  &  les  peu- 
ples de  la  contrée  Teucrkns, 

TEUDAS  ,  Foyei  Theodas. 

TEUTATÈS ,  Theut  ou  Thot, 
Dieu  des  anciens  Gaulois ,  le  même» 
a  ce  qu'on  croit ,  que  Mercure  chez 
les  Grecs  &  les  Romains.  On  n'of- 
froit  à  cette  barbye  divinité  que 
des  viéHmes  humaines  ,  que  les 
Druides  lui  immolaient  au  fond 
des  forêts  par  le  fer  &  plus  fouvent 
par  le  feu.  Jules- Céfar  eut  bien  de  la 
peine  à  détruire  cet  horrible  culte, 
après  avoit  fût  la  conquête  des 
Gaules.  Voye^  ce  qu'il  dit  à  ce  fujet 
dans  fes  Commentaires. 

TEUTHRAS  ,  fils  de  Pandion  , 
roi  de  Myfie  &  de  Cilicie  dans  l' Afie 
mineure  ,  avoit  50  filles,  que  Her- 
cule époufa  toutes ,  &  qu*'il  rendit 
en  une  feule  nuit  mères  d'autant 
de  fils  :  ce  ne  fut  pas  un  de  fes 
moindres  travaux.  Voy.  Telefhe. 
Certains  Mythologifles  donnent  le 
nom  de  Thefpius  à  ce  beau -père 
à!Hercule, 

TEVIUS,  (Jacques)  profcffeiir 
de  belles-lettres  à  Bordeaux,  puis 
à  Coïmbre  en  15  47 ,  étoit  natif  de 
Prague.  C'efl  fous  fonreûoratque 
les  Jéfuites  prirent  poffeiHon ,  l'an 
15 55 ,  de  Puniverfîté  de  cette  der- 
nière ville.  Il  étoit  poëte»  orateur 
&  hiftorien*  Ses  Dîfeows  latins ,  fes 
Poéfuf ,  &  fon  Hlfloîre  aufli  latine 
éâ  la  conquête  de  Dieu  par  les  Portugais 
en  /;j/  (  Paris ,  1761 ,  in- 1 1  )  prou- 
vent qu'il  avoit  lu  les  bons  auteurs 
de  Tantiquité, 

TEXEIRA ,  (  Jofeph  )  Domini- 
cain Portugais ,  né  en  1543 ,  étoit 
prieur  du  Couvent  de  Santaren  en 
Ï578 ,  lorfque  le  roi  Sébaftien  entre* 
prit  en  Afrique  cette  malheureufe 
expédition  où  il  périt.  Le  cardinal 
Henri  qui  lui  fuccéda ,  étant  mort 
peu  de  temps  après ,  Texeira  fuivit 
le  parti  de  Dom  Antoine  ,  que  le 
peuple  avoit  proclamé  roi  >  ^  lui 


TH  A 

demeura  toujours  attaché.  Il  vsof 
l'an  15  81  avec  lui  en  France  y  où 
il  jouit  de  la  faveur  de  Henri  III  & 
de  Henri  IV^  U  mourut  vers  l'air 
1620.  Il  déteftoit  les  Efpagnols  »  de 
fur-tout  le  roi  d'Efpagne /'ihÂ/î/pe  //, 
qui  avoit  fait  la  conquête  du  Por- 
tugal. On  dit  que  prêchant  un  jour 
fur  l'amour  du  prochain  ,  il  dit 
que  >*  Nous  devions  aimer  tous  les 
»  hommes  i  de  quelque  feâe  &  de 
»  quelque  nation  qu'ils  fiifTent  , 
»  jufqu'aux  Caftlllans  „.  On  a  de 
lui  :  I.  De  Portugalllm  ortu ,  Parts  , 
1581,  in -4^,  affez  rare.  IL  Un 
Traité  de  t  Oriflamme  ^  I59^«  ili-l2. 
III.  Aventures  de  Dom  Sebafiien  ^ 
in-8°  ;  &  d'autres  Ouvrages  poli- 
tiques &  théologiques ,  qui  font 
trop  peu  connus  aujourd'hui  pour 
en  donner  la  Hfle. 

TEXTOR,  (Benoît)  médecitt 
du  Pont- de- Vaux  (iians  la  BrefTe  « 
efl  auteur  d'un  Trahi  fur  U  Ptfit  ^ 
qu'il  fit  imprimer  à  Lyon  en  I5  5 1 , 
in  •  8^.  On  a  encore  de  lui  :  De 
Cancro ,  Lyon  ,  I550  ;  &  Stirpium 
djfferentla ,  Strasbourg  1155^9  in-S^« 

TEXTOR,  (Rayifius)  Voye^ 
T1XIER. 

THADÉE .  Voye{  JuDE. 

thaïs  ,  fimeufe  courtifane 
Grecque  ,  corrompit  la  jeunefie 
d'Athènes  :  elle  fuivit  Alexandre 
dans  fes  conquêtes  ,  &  l'engagez 
à  détruire  la  ville  de  Perfépoîis. 
Après  la  mort  du  conquérant  Macé* 
donien ,  Thdis  fe  fit  tellement  aimer 
de  Ptolomêcy  roi  d'Egypte,  que  ce 
prince  l'épouià...  IL  y  eut  une  autre 
courtifane  de  ce  nom  en  Egypte» 
que  5.  Paphnuce  »  anachorète  de  la 
Tbébaïde ,  arracha  aux  charmes  fé« 
duûeurs  du  monde. 

I.  THÂLÉS ,  le  premier  des  Sept 
Sages  de  la  Grèce  ,  naquit  à  Milec 
vers  l'an  640  avant  L  C.  »  d'une 
famille  illuftre.  Pour  profiter  deft 
lumières  de  ce  qu'il  y  avoit  alors 
de  plus  habiles  gens  ^  il  6t  pluûe 


TH  A 

Toyages  félon  la  coutume  des  an- 
cens.  11  s'arrêta  long -temps  en 
Egypte  ,  où  il  étudia,  fous   les 
prêtres  de  Memphis,  la  géométrie  » 
l'afironomie    &    la    philofophie. 
Thaïes    profita   de  leurs   leçons , 
nais  en  génie  ftipérieur  ;  &  il  les 
iniiruiût  à  Ton  tour.  La  manière 
dont  il  mefura  la  hauteur  des  py- 
lamides ,    en   comparant   l'ombre 
({u*elles   formoient   à   midi   avec 
l'ombre    d'un    corps   exaâement 
connu  &  mcfuré  »  leur  parut  très- 
ingénieufe.   Proclus  aflure  qu'elle* 
donna  lieu  dans  la  fuite  a  la  4* 
proportion  du  vi*  livre  à'Eucllde, 
Mais  la  partie  que  Thaïes  cultiva 
avec  le  plus  de  foin ,  fiit  Taflro- 
nomie.  Il  découvrit  plufieurs  pro- 
priétés des  triangles  fphériques.  Il 
part^ea  la  fphere  en  cinq  cercles 
parallèles ,  d'où  s'enfuivit  la  divi- 
fion  des  cinq  zones.  Il  détermina 
le  diamètre  apparent  du  foleil.  Il 
fut  encore  le  premier  qui  donna  des 
raifons  phyiiques  des  éclipAss   du 
foleil  &  de  la  lune,  &  qui  détrui- 
fant  les  idées  ridicules  &  df&ayantes 
que  le  peuple  s'en  formoît,  les  fit 
regarder  comme  un  efïet  naturel  des 
révolutions  de  ces  aftres.  Amafis , 
alors  roi  d'^ypte,  donna  à  ThaUs 
des  marques  publiques  de  fon  ef- 
ôme.  Mais  avec  tous  fes  grands 
talens  ,  il  n'eut  pas   celui   de  fe 
maintenir^  à  lacoiu*.  Il  étoit  grand 
aftronome ,  grand  géomètre  ,  ex- 
cellent philofophe  >  mais  mauvais 
courtiûin.  Sa  liberté  philofophique 
déplut  à  Amafis ,  &  Thaïes  prit  le 
parti  de  fe  retirer  de  la  cour.  Il 
revint  à  Milet  répandre  ds^  le  fdin 
de  fa  patrie  les  tréfors  de  l'Egypte. 
Les  grands  progrès  qu'il  avoit  faits 
dans  les  fciences ,  le  firent  metnre  au 
nombre  des  Sept  Sages  dt  la  Grèce , 
û  vantés  dans  l'antiquité.  I>e  ces 
Sept  Sages  ,  il  n'y  eut  que  ^ui  qui 
fonda  une  Seâe  de  philofophes , 
appelée  la  S^  lom^ue^  U  recQnbr 


T  H  A  6f 

mandoît  fans  cefle  à  fes  difciples 
de  vivre  dans  une  douce  union. 
M  Ne  vous  haïâfez  point  (leur  dlfoU'^ 
»'  il  ) ,  parce  que  vous  penfez  diffé- 
**  remment  les  uns  des  autres  ; 
»  mais  aimez-vous  plutôt  ,  parce 
n  qu'il  eft  impoilîble  que,  dan$ 
»  cette  variété  de  fenrimens  ,  il  n'y 
*>  ait  quelque  point  fixe  où  tous  les 
»»  hommes  viennent  fe  réunir  «, 
On  lui  attribue  plufîeurs  fentences  ^ 
les  principales  font  :  L  //  ne  faut 
rien  dire  à  per/onne ,  dont  Upmffeje 
fervîr  pour  nous  nuire  ;  &  vivre  avec  fis 
amis  comme  pouvant  être  nos  ennemis» 

II.  Ce  qtiil  y  a  de  plus  ancien ,  c*efi 
Dieu ,  caril  efi  incréé  ;  dd  plus  beau  , 
ie  Monde,  parce  qu*U  efi  t  ouvrage  de 
Dieu  ;  de  plus  grand ,  U  Lieu  *,'  de  plus 
prompt  ,  /'Efprit  ;  de  plus  fort  ,  ùt 
Néccffité  ;  de  plus  fage ,  le  Temps. 

III.  La  chofe  la  plus  difficile  du  monde  ^ 
efi  de  fe  connoître  foi-même-,  Im 
plus  facile ,  de  confeiller  autrui  ;  6» 
la  plus  douce ,  raccompliâfementxie 
fes  déiirs.  IV.  Pour  bien  vivre  y  il 
faut  s'abflenîrdes  chofes  que  l'on  trouve 
repréhenfibles  dans  les  autres^  V.  L» 
félicité  du  corps  confifte  dans  la  famé  ^ 
&  celle  de  t  efprit  dans  U  f avoir.  Il 
avoit  établi  ^  d  après  Homère  ,  que 
l'eau  étoit  le  premier  prixK:>pe  de 
toutes  chofes.  L'un  8c l'autre  avoient 
emprunté  cette  doôrine  des  Egyp» 
tiens  \  qui  attribuoient  au  Nil  la 
produâiott  de  tous  les  êtres.  On  a 
accufé  Thaïes  d'avoir  nié  la  Divi* 
nité  ;  &  c'eft  un  reproche  grave 
qui  lui  eft  commun  avec  fes  di^ 
cîples  Anaximandre  8c  Anaximene,  U» 
croy oient  tous'que  la  matière  avoit 
la  force  de  s'arranger  elle-même. 
Ils  lui  donnoient  je  ne  fais  quelle 
ame  répandue  par-tout  »  qui  avoie 
la  acuité  d'organifer  fes  moindre* 
parties  :  faculté  qui  ne  diminuoit  rieii 
de  fon  propre  fonds.  Us  ajoutoient 
que  la  Matière  eft  dans  un  mouve- 
ment perpétuel ,  8c  pafle  par  toutes 
fgc^s  de  (Qrwfis  ',  que  chaque  cho% 


«4         T  H  A 

n'a  qu'une  exiftence  fifugitive^qu'on 
ne  peut  afliirer  précifément  qu'elle 
exifte.  TertiMUnrdp^orttque  Thaïes 
étant  à  la  cour  de  Crtfus ,  ce  prince 
lui  demanda  une  explication  claire 
&  nette  de  la  nature  de  Dieu^près 
plufleurs  réponfes  vagues ,  le  phi- 
lofophe  convint  qu'il  n'avoit  rien 
à  dire  qui  contentât.  £t  que  pou- 
voit  -  il  dire    dans  fon   tyllême  ? 
Malgré  fon  athéifme  >  il   croyoit 
que  tout  rUnivers  étoit  peuplé 
de  démons  &  de  génies ,  les  gar- 
diens des  hommes  &  les  guides  de 
leur  entendement.  Il  faifoit  même 
de  cet  article  un   des  principaux 
points  de  fa  morale  ,  en  avouant 
que  rien  n'étoit  plus  propre  à  inf- 
pirer  à  chaque  homme  cette  efpece 
de  vigilance  fur  lui  -  même  ,  que 
Pythagon  nomma  dans  la  fuite  le 
fel  delà  vie.  Quant  aux  opinions  de 
Thalts  fur  la  phyfique  ,  il  penfoit 
que  Teau  étoit  le  principe  de  toutes 
chofes.  U  enfeignoit  que  malgré  fa 
nature  homogène,  elle  étoit  difpofée 
à  prendre  toutes  fortes  de  formes  ; 
à  devenir  arbre ,  métal ,  os ,  fang  , 
vin  ,  blé ,  &c.  Il  ajoutoit  que  les 
vapeurs  étoient  la  nourriture  ordi- 
naire des  aftres  ,  &  l'Océan  leur 
échanfon.  Ce  philofophe  parvint  à 
une  longue  vie.  U  mourut  Tan  548 
avant  J.  C. ,  à  90  ans ,  fans  avoir 
été  marié.  Sa  mère  le  prefTa  en  vain 
de  prendre  une  femme.  U  lui  ré- 
pondit, lorfqu'il  étoit  encore  Jeune  : 
//  nUJi  pus  encore  temps  ;  &  lorfqu'il 
fut  fur  le  retour  :  Il  nefi  plus  temps. 
Sa  '  paflion   pour  Taftronomie   le 
îetoit  dans  des  diftraûions  ûngu-> 
lieres.  S'étant  un  jour  laiflié  tomber 
dans  une  fofle  pendant  qu'il  étoit 
occupé  à  contempler  les  afires ,  une 
bonne  vieille  lui  dit  :  Hé  !  comment 
eonaoàrei-vous  a  qui  efi  dans  le  Ciel^ 
fi  vous  ne  voyei  pas  ce  qui  -efi  à  vos 
pieds  ?    Il   avoit  compofé   divers 
TrdUés  en  vers  fur  les  Météores , 
(ur  l'Ëquinoxe  >  &c.  j  mais  fes  écrits 


T  H  A 

ne  font   point   parvenus   jufqu'i 
nous. 

II.  THALÉS,  poëte  Grec,  ami 
de  lycurgue ,  à  la  foUicitation  duquel 
il  alla  s'établir  à  Sparte,  excelloit 
fur-tout  dans  la  poéiie  lyrique.  Ses 
vers  étoient  remplis  de  préceptes  & 
de  maximes  admirables  pour  diriger 
la  conduite  des  hommes  &  leur  inf- 
pirer  le  véritable  efprit  de  fociété* 
THALESTRIS  ou  Minithye  , 
prétendue  reine  des  Amazones,  qui 
rechercha  l'alliance  d'Alexandre ,  à 
ce  que  difent  quelques  hiftoriens  » 
démentis  par  Arrien.  Il  n'y  avoit 
plus  alors  d'Amazones ,  &  s'il  c& 
vrai  qu'on  ait  amené  au  conquérant 
Macédonien  cent  filles  armées ,  elles 
étoient  du  pays  des  Scythes  appelés 
Sauromates ,  dont  les  femmes  étoient 
aufli  guerrières  qu'eux. 

THALIE ,  Tune  des  neuf  Mufes , 
félon  la  Fable,  préfide  à  la  Comédie* 
On  la  repréfente  fous  la  figure  d'une 
jeune  fille  couronnée  de  lierre  , 
tenant  un  mafque  à  fa  main  »  & 
chauffée  avec  des  brodequins.  L'une 
des  Grâces  fe  nommoit  Thalle^ 
C'étoit  auflî  le  nom  d'une  des  JV/- 
réldes ,  &  celui  d'une  autre  Nymphe. 
Voyei  Paliques. 

I.  THAMAR,  Cananéenne, 
époufa  Her^  fils  aine  de  Juda^  qui 
mourut  fubitementj  ainfi  que  fon 
fécond  époux  Onan  :  [  F6y,  ce  mot  ]• 
Juda ,  craignant  le  même  fort  pour 
SMa  fon  troifîeme  fils ,  ne  voulut 
point  qu'il  épousât  la  veuve  de  fes 
deux  frères ,  quoiqu'il  l'eût  promis. 
Ce  refus  chagrina  Thamar  ;  elle  fe 
voila  le  vifage,  s'habilla  en  courti- 
fane ,  alla  attendre  Juda  fur  le  grand 
chemin  ,  &  eut  commerce  avec  lui. 
Quelque  temps  après  fa  grofTefle 
ayant  éclaté  ,  elle  fut  condamnée  à 
être  brûlée  vive ,  comme  adultère  ; 
mais  ayant  repréfente  à  Juda  les 
brafTelets  qu'elle  en  avoit  obtenus 
pour  gage  de  fon'  amour  ,  ce  pa- 
tf iarche  étonné  &  repentant  de  lui 

avoir 


T  M  A 

«votrrefîiféfon  fils  StUa^  étcaffcr 
Tatrêt  de  fa  condamûadon.  Elle 
accoucha  enfuite  de  deux  jumeaux , 
fhûTÏs  &  Zara.  L'hiftoire  de  Thamar 
arriva  vers  Tan  1664  avant  J.  C. 

II.  THAMAR .  fille  de  Dayid  & 
'de  Maacha ,  princefTe  d'une  beauté 
accomplie ,  infpira  une  paffion  vio- 
lente à  (on  firere  Amnon,  Ce  jeune 
prince  défefpérant  de  pouvoir  la 
latis£aire,  feignit  d'être  malade.  Sa 
fœur  Thamar  vint  le  voir ,  &  Amnon 
profita  d'un  moment  où  ils  fe  trou- 
vèrent feuls  pour  lui  faire  violence. 
Ce  miférable  la  chafta  enfuite  hon- 
teufement  ,  Tan  1032  avant  J.  C* 
Ahfalon  y  fi-ere  de  Thamar ,  lava  cet 
outrage  dans  le  fang  A* Amnon* 

THAMAS,    Voy,   KoULIKAN. 

THAMYRIS  ,  petit  fils  à'Apol^ 
Ion  y  étoit  fi  vain  ,  qu'il  ofa  défie^ 
\tsidufis  à  qui  chanteroit  le  mieux. 
Il  convint  avec  elles  que  s'il  les 
furpalToit ,  elles  le  reconnoitroient 
pour  leur,  vainqueur  \  qu'au  con- 
traire ,  s'il  en  étoit  vaincu  ,  il 
s'abandonneroit  à  leur  difccétion. 
11  perdit  :  les  Mufcs  lui  crevèrent 
les  yeux ,  &  lui  firent  oublier  tout 
ce  qu'il  fa  voit. 

THARÊ,  fils  deNackor,  &  pcre 
^Abraham  ,  de  Nachor  &  d^Aram  , 
demeuroit  à  Ur  en  Chaldée  >  &  il 
en  fortit  avec  fon  fils  Abraham , 
pour  aller  à  Haran»  ville  de  Méfo- 
potamie  -,  il  mourut  âgé  de  275  ans. 
L'Ecriture  dit  clairement  que  Tharé 
étoit  idolâtre  •  lorfqu'il  habitoit 
dans  la  Chaldée  *,  mais  ayant  appris 
de  fon  fils  Abraham  le  culte  du  vrai 
Dieu ,  il  renonça  à  fes  idoles  pour 
l'adorer. 

THARGELÏE  ,  fameufe  Milé- 
fienne  ,  contemporaine  de  Xerccs  , 
à  qui  elle  gagna  beaucoup  de  partie- 
fans  dans  la  Grèce ,  lorfque  ce  prince 
voulut  en  faire  la  conquête.  Cour- 
tifane  à  la  fois  &  Sophiile ,  elle 
donna  la  première  l'idée  de  cet  afTor- 
iiment  inouï ,  que  la  célèbre  Affafn 

Tome  IX. 


THE  6f 

imita  dans  la  fuitew  Moios  belle  & 
moins  éloquente  que  ceUe-ei ,  TAnh* 
gtlle  fut  employer  fes  talens  &  fet 
charmes  avec  autant  de  fuccès.  Elle 
parcourut  plufieurs  pays ,  où  elle 
fe  fit  des  amans  &  des  admirateurs  y 
&  termina  fes  coutfes  en  Theffalie^ 
dont  elle  époufa  le  fouverain.  Ell« 
régna  pendant  30  ans* 

tHAULERE  ,  (Jean)  Domini- 
cain  Allemand,  brilla  dans  Texer^ 
cice  de  la  chaire  &  delà  direâion  , 
fur-tout  à  Cologne  &  à  Strasbourg^ 
où  il  finit  fa  vie  le  17  Mai  1 361* 
On  a  de  lui  :  1.  Un  Recueil  de  Ser* 
mons  ,  en  latin  ,  Cologne,  1695  , 
in-4®.  If.  Des  Infiuutions  ,  1623  « 
in-4°.  III.  Une  VU  de  hfus-Chr^^ 
1548,  in -8**.  Ces  deux  derniers 
ouvrages  fontaufH  en  latin.  Il  parut 
une  vcrfion  françoife  des  Infiltutions^ 
à  Paris,  1668  ,  in-l2.  [Yoye^  nu 
LoMENiE.  ]  On  lui  attribue  -un 
grand  nombre  d'autres  ouvrages  t 
mais  ils  paroiffent  être  fuppofés» 
Ceux  qui  font  certainement  de  lui  » 
prouvent  que  fon  efprit  n'étpit 
point  au>deffus  de  fon  fiecle.  La 
plupart  ont  été  traduits  de  l'aile*' 
man4  par  Surius  ;  on  a  une  édition 
de  cette  Verfion ,  Paris  ,  1623  , 
in-4** ,  &  Anvers  ,  16S5. 

THAUMAS  DE  LA  Thaumas- 
SIERE ,  (Gafpat)  avocat  au  parle- 
ment de  Paris ,  né  à  Bourges  ,  more 
en  1712  ♦  fe  diftingua  comme  Jurif- 
confulte  &  comme  favant.  Il  efl 
auteur  ;  I.  D'une  'Htfloîfé  de  Berty  # 
in-folio,  1689.  II.  De  Notes  fur  U 
Coutume  de  Berry  ^  I70t,  in-folio. 
III.  — fur  celle  de  Beauvôîfii^  1690  » 
in-folio,  qui  font  eflimées.  fv. 
D'un  Traité  du  Franc-Aleti  âe  Berry^ 
Ces  ouvrages  font  remplis  d'éru- 
dition. 

THEANO ,  prêtrefTe  d'Athènes  , 
donna ,  au  rapport  de  Plutarque.^  un 
bel  exemple  de  modération  &  de 
fermeté ,  qui  auroit  dû  être  fuivi 
plus  fouvent  par  les  prêtres  de  1% 

E 


(>6         T  H  È 

vrate  Religion.  Tkcano  étant  prefTée 
par  le  fénat  d'Athènes  de  prononcer 
des  malédiâions  contre  Alcihiade, 
^'on  accufoit  d'avoir  mutilé,  la 
ftuic  en  fartant  d'une  débauche  , 
des  Statues  de  Mercure ,  s'en  excufa 
en  difant  :  »  Qu'elle  étoit  mkiiftre 
^  des  Dieux  pour  prier  &  bénîr^  & 
"  non  pour  dé'efter  &  maudire  u, 
'  THEATJNS,  Voyei  Gaétan  , 
£•  P article  du  pape  Paul  IV. 

THEBUTE,  To^^tf^  Theobute, 
.  THECLE ,  (Ste;)  vierge ,  &  félon 
la  plus  commune  opinion,  martyre^ 
fut  un  des  omemens  du  iiecle  des 
ApôtreSi  Nous  n'avons  point  d*-r4c- 
$es  authentiques  de  cette  Sainte  » 
comme  l'a  prouvé  le  Père  Stlltlng, 
(  AHa  SanHorum  ,  tom.  6,  Sept.  p. 
547.)  5.  J-érôme  rapporte  d'après 
TertulUen  ,  qu'un  prêtre  d'Ephefe  , 
nommé  Jean^  fut  dépofé  pour  avoir 
febriqué  de  faux  Actes  de  5.  Paul 
&  de  Ste.  Thecle-,  &  le  pape  Gélafe 
condamna  un  Livre  qui  portoit  ce 
nom.  Les  circonftances  les  plus 
avérées  de  la  vie  de  cette  Sainte,- 
ont  été  recueillies  des  Ecrits  des 
Saints  Pères  ^  pat  Tillemont ,  tom.  2  , 
p.  60.  On  connoît  les  beaux  Vers 
et  S.  Grégoire  de  Naiianie ,  traduits 
ainû  en  latin: 

Quls  Thcclam  nects  eripiùt  ffiam- 

maque  ptrlilo  T 
Quis  validas   unffies   vinxh  ,  ra- 

bîemque  ferarum  ? 
Virginitas»   O  ru    omni  mirabilis 

avo  ! 
Virgimtas    fulvos    potuU    f^pirt 

leones  : 
Dcnu  nec  wipurù  generofos    Vir^ 

puis  anus 
Aufi  funt  premere  »  &  rig^da  dlfcer* 

père  morfu, 

—  Il  ne  faut  pas  la  confondre  avec 
Ste,  Thecle  qui  fouffi-itlc  martyre 
avec  Timothée  &  Agape ,  à  Gaze  en 
Paleftine ,  l'an  304. 
'  THEGAN,  co-évêque  de  Tre- 


TH  E 

ves  »  du  temps  de  Lcids  le  Déhonnaire^ 
écrivit  VHÎftolre  de  ce  prince,  au- 
près duquel  il  avoît  beaucoup  de 
crédit.  Pierre  Pithou  l'a  publiée  dans- 
le  Corps  des  auteurs  de  VHifioire  de 
France.  Cet  hiftorien  n'eftni  ezaâ, 
ni  fidelle. 

THEGLAT-PHALASSAK ,  roi 
des  Affyriens ,  Ibccéda  à  Phul^  l'aa 
747  avant  J.  C.  Achai  ^  roi  des 
Juifs  ^  fe  voyant  affîégé  dans  Jéru* 
falem  par  Rafin ,  roi  de  Syrie  ,  imp 
plora  le  fccours  de  The^t-Fkalaffar, 
Le  monarque  Afîyrien  marcha  auilî* 
tôt  contre  Rafin  ,  le  tua  y  ruin» 
Damas  -,  mais  U  n'épargna  pas  da- 
yantag'e  Phacée ,  roi  d'Ifraël ,  dont 
il  ravagea  les  Etats.  Il  tranfporrs 
auffi  en  Affyrie  les  Tribus  de  Rube» 
&  de  Gad ,  &  la  dcrai-Tiibu  de  M»- 
nafTés.  Après  avoir  fait  des  deux 
rois  de  Syrie  &  d'Ifraël,  un  exemple 
de  fa  juftice  ,  Dieu  tourna  contre 
Achai  lui-même,  les  armes  viûo- 
rieufes  de  fon  prétendu  proteâeur.^ 
Ce  prince  dont  il  avoit  acheté  il 
cher  le  fecours ,  acheva  de  le  ruiner. 
Non  content  de  ce  qu'-^cAaç  lui 
avoit  donné ,  il  entra-dans  la  Judée» 
qu'il  traita  en  pays  de  conquête^ 
Son  infatiable  avidité  obligea 
Acha\  de  faire  foridre  les  vafes  de 
la  maifon  du  Seigneur ,  pour  fe  déli- 
vrer ,  à  force  d'argent ,  d'un  ennemi 
redoutable ,  que  fa  fauife  politique 
lui  avoit  attiré  fur  les  bras.  Theglat^ 
Phalaffarmovaut  à  Ninive  Tan  728^ 
avant  J.  C.  »  après  un  règne  de 
ao  ans. 

THEIAS;  roi  des  Goths  ea 
Italie,  fut  élu  à  la  fin  de  l'an  5  52  ^ 
après  la  défaite  &  la  mort  de  Ba»  . 
duela.  Il  eut  à  combattre  le  générât 
I^arsès ,  capitaine  expérimenté  >  & 
fut  obligé  d'en  venir  aux  mains  près 
du  mont  Véfirve.  Cette  journée  fut 
une  des  plus  fanglantes  qu'il  y  ait 
Jamais  eu.  Theias  fe  défendit  en 
héros ,  &  tua  prefque  tous  ceux  qui 
s'avançoient  pour  lui  ôcer  i»  vk« 


TttÊ 

&ân ,  ayant  voulu  chimgér  dt  \}OVt* 
dier,  un  foidat  ennemi  faîfit  ce 
moment  pour  le  percer  de  fa  jave- 
-lifie,  &  le  renveria  mort.  C'eftainfi 
^w  pérît  TAaas  à  la  fin  de  Tannée 

m- 

THEMINES  ,  (Ponce  de  Lau- 
fieres,  marquis  de)  chevalier  des 
«rdres  du  roi  »  maréchal  de  France  • 
itoit  fils  de  Jean  de  Thimints ,  fei« 
foenr  dé  Laufieres  ,  d'une  famille 
noble  &  ancienne.   Il  fervit  avec 
diftinaion  fous  Henri  III  &.  Henri  IF, 
auxquels  il  £iit  toujours  fort  atta- 
ché ,  &  fe  fignala  en  1 591  au  com- 
hat  de  Villemur.  Ayant  été  honoré 
Hu  bâton  de    maréchal  de  France 
en  i6i6y  au  fiége  de  Montauban, 
'  par  Lutds  XIIl ,  il  prit  plufieurs  vil- 
les aux  Proteftans,  &  échoua  de- 
.Vant  Caffa-es  &  le  Mas  d'Azil.  En 
,x6i6  ,  il  eut  le  gouvernement  de 
Bretagne»  dont  le  cardinal  de  Riche- 
^  avoir  dépouillé  le  duc  de  Ven^ 
é&me ,  pour  ^f 'en  revêtir  lui-même. 
Mais  comme  ce  procédé  pouvoit 
paroître odieux,  il  donna  ce  gou^ 
▼emement  à  Thémines ,  qui  ne  pou- 
voir pas  pÀuffer  fa  carrière  fort 
loin.  Eu  effet    il  mourut  l'année 
^'après  ,  à  74  ans.  Quoiqu'il  eût 
tendu  quelques  fervices  à  la  tête 
des  armées ,  il  étoit  meilleur  cour- 
tiûm  qu'habile  guerrier.  On  prétend 
^'il  ne  parvint  au  grade  de  ma- 
téchal  de  France,  que  parce  qu'il 
■voit  arrêté  le  prince   de    Condi, 
Comme  vous  ne  pouvUi  rien  faire ,  lui 
dit  la  Reine-mere,  qui  flk  plus  utile 
«  CEtœ,  il  ^jufle  que  la  récompenfe 
fou  proportionnée  au  fervice,  [  Voy, 
MoNTiGHY.]  »  Cétoit  (félon  le 
M  Gendre)  un  homme   généreux, 
M  civil ,  afiTable,  magnifique^  grand 
"  difiipateur ,  fe  fouciam  fort  peu 
'^  qui  payeroit  fes  dettes;  moins 
M  habile  peut-être  que  brave  :  fort 
H  ou  foible ,  dès  qu'il  avoit  jeté 
.**  fon  coup  d'oeil  ,  il  attaquoit  ». 
&  poflérité  faafcuUae  fisut  dans  la 


T  M  Ê        «7 


përfonne  de  fon  peut-fils  »  mort  eà 
1646 ,  fans  s'être  marié. 

THEMIS,  fille  du  Ciel  &  de  la 
Terre  *  &  Déefie  de  la  Jufiice.  On 
la  repréfente  tenant  une  balancé 
d'une  main  &  un  glaive  de  l'autre  « 
avec  un  bandeau  fur  les  yeux.  Ayant 
refiifé  d'époufer  Jupiut^  ce  Dieu 
la  fournit  à  fa  volonté ,  &  eut 
d'elle  la  Loi  &  la  Taix,  Jupiter  plaça 
fa  balance  au  nombre  des  1%  fignei 
du  Zodiaque. 

THEMISEUL  ,,Voy€{  Saïnt-: 
Hyacinte. 

THEMISÔN  ,  médecin  célébré 
vers  l'an  4  avant  Jefus-Chrift,  dif« 
ciple  A*AfcUpiade ,  étoit  de  Laodi- 
cée,  dans  l'Aûe  mineure.  Il  chan» 
gea^  dans  fa  vieillefie^  quelque 
cl^ofe  au  fyfiême  de  foil  maître.  L^ 
feâe  qu'il  forma  fut  appelée  Métho^ 
dique ,  parce  qu'il  fe  mit  en  tête 
d'établir  une  méthode ,  pour  rendre 
la  médecine  plus  aifée  à  apprendre 
&  i  pratiquer.  Il  ne  faut  pas  le 
confondre  avec  un  autre  médecin 
auquel  Juvenal  donne  le  nom  de 
Themifon ,  &  dont  il  ne  parle  pas 
Civorablement  : 

Qttot  Themifon  agros  aatumno  oc^ 
ciderît  uno^  1. 

THEMIStE,  (  Themifilus)hmt}ài 
philofophe  ,  étoit  originaire  de 
Paphlagonie.  Son  père,  philofo-i^ 
phe  lui-même  ^  l'envoya  de  bonne 
heure  dans  un  petit  pays  auprès 
du  Pont<*Euxin,  où  il  étudia  l'élo- 
quence fous  un  habile  maître.  Il  y 
fit  de  fi  grands  progrès,  qu'on  lui 
donna  le  furnom  de  Beau  Parleur, 
Il  alla  à  Confiantinople ,  où  il  en- 
feigna  la  philofophie  avec  beau-r 
coup  d'applaudiiTement.  Confiance  le 
fit  fénateur  de  cette  ville  ,  &  4  ans 
après  il  lui  érigea  une  fiatue.  Dans 
une  occafion  importante,  le  fénat 
l'ayant  chargé  de  haranguer  Jovien, 
il  lui  dit  :  *>  Souvençz-vous  que 
>»  û  \u  gens  de  guerre  vous  «n( 

E  ij 


^         THE 

»  élevé  à  Tcmpirc ,  les  phîlofo*- 
•*  phes  vous  apprendront  à  le  gou- 
»•  verncr.  Le*  premiers  vous  ont 
r^  tlonné  la  pourpre  <fes  Cé&rs; 
"  apprenez  des  féconds  à  la  porter 
*>  dignement  «<•  Themîfle  fe  rendit  à 
Rome  l'an  576  \  mais  comme  cette 
ville  n'étoit  plus  que  la  féconde  de 
l'empire  ,    il,  ne  voulut  point  y 
demeurer,  quctqnes  oifres  qu'on 
-lut  fît.   thiodofe   k  Grand  conçut 
pour  lui  une  eAime  finguHere>& 
le  fit  préfet  de  Conjftantinople  Tan 
^^4. 11  étott  Païen ,  mais  £ins  fana- 
.  tifme  ',  &  il  fut  très-lié  avec  Saint 
Grégoire  de  Na^ianie  qui  lui    écri- 
voLt  :  »  Vous  favéz  philôfopher 
"  daiks  les  plus  hautes  places  ^  & 
•  »*  joindre ,  fnivent  le  précepte  de 
'  »»  Platon ,  l'étude  au  pouvoir ,  les 
»  dignités  à  la  icience  <«.  Or  ignore 
les  autres  circonftances  de  ùl  vie , 
ainfi  que  l'année  de  fa  mort.  Dès 
fa  ^euncife  il  compofa  des  Notes 
fur  la  phiiofophie   de  Platon    & 
é'AriJiote  ;  &  cet  ouvrage  fiit  fprt 
goûté.  Ce  qu'il  avoit  fait  fur  An/' 
tou  parue  à  Venife ,  1 5  70  &  1 5  87 , 
in- fol.  ;  &  Siobêe  cite  un  paiTage  de 
fon  Livre  fur  V  Immortalité  de  l'Ame, 
Il  nous  reât:  encore  de  lui  xxxiii 
DîfcQurs  grecs,  qui  font  pleins  de 
dignité  &  de  force.  Il  ofa  remon- 
trer dans  un   de  ces  Difcours ,  à 
l'empereur  Vakus ,  prince  qui  étant 
Arien  perfécutoit  les  Orthodoxes , 
qu'il  ne  failoit  pas  s'étonner  de  la 
diverûté  des  fentimens  parmi   les 
Chrétiens  ,  puifqu'elle  n'étoit  rieÀ 
.  en  cômparaifon  de  cette  multitude 
d'opinions  qui  régnoient  chez  les 
Grecs ,  c'eft-a-dire  chez  les  Païens , 
•  &  que  cette  dtverfité  ne  devoir  pas 
fe  terminer  par  l'effufîon  du  fàng. 
ThemîJU  avoit  principalement    en 
vue  d'engager  l'empereur  à  laiffer 
la  liberté  de   confcience,  &  il  y 
réuilît.  Dans  fes  autres  Difcours, 
ThemiJIes  prodigue  moins  l'encens 


THE 

autres  déclamateurs  ;  &  il  leta^ 
donne  fouvent  des  leçons  d'hum»' 
nité ,  de  clémence  &  de  îagefle»  Nous 
avons  deux  éditions  de  fes  i>î/^ 
cours i  l'une,  par  le  F;  Pétau  ,  lé- 
fuite  ;  &  l'autre ,  par  le  P.  Hard&uinz 
celle-ci  parut  eil  grec  &  en  latin  au 
Louvre,  en  i6S4,in-fol. 

THEMISTO, femme  A^Atharita^^ 
(ut  fi  piquée  de  ce  que  fon  marâ 
t'avoit  répudiée  pour  époufer //l<^, 
qu'elle  réfolut  de  s'en  venget  en 
maiTacram  Léàrqiu  &  Mélîcerte  ^  «b- 
faasd'/no.  Mais  la  nourrice >  avei- 
tie  de  ce  delTein,  donna  les  habits 
de  ces  deux  princes  aux  enÊms  de 
Themifto ,  qui  fit  périr  ainû  fes  pro>- 
pres  fils.  Elle  fe  poignarda  dès 
qu'elle  çut  reconnu  fon  erreur. 

THËMISTOCLE ,  célebre*gén^ 
rai  Athénien  »  eut  pour  père  NcotU^ 
citoyen  d'Athènes  ^  aufli  illuibe  par 
fa  naiflance  que  par  fes  vertus  :  foa 
iils/ie  l'imita  point.  On  le  vit  dans 
le  premier  feu  de  lajeuneili&rf* 
livrer  à  tous  les  écarts  d'un  tenapér 
rament  vicieux  &  emporté.  Oa' 
raconte  qu'un  jour  il  attela  à  ion 
char  quatre  courtifanes  nues  ,  & 
qu'il  fe  fît  traîner  par  elles  dans  la 
place  publique,  aumilieud'une  mul- 
titude affemblée  qu'un  tel  fpeâacle 
révoltott.  Son  libertinage  fut  â 
grand ,  que  fon  père  le  déshérita. 
Cette  iniamie ,  au  lieu  d'abattre  foa 
courage,  ne  fervit  quà  le  relever. 
Ponr  effacer  cette  honte ,  U  fe  coiv* 
facra  entièrement  à  la  République  « 
travaillant  avec  un  foin  extrême  à 
acquérir  des  amis  &  de  la  réputar- 
tion*  Il  prouva  bientôt  la  vérité  de 
ce  qu'il  avoit  dit  de  lui-même,  qutU$, 
poulains  les  plus  vicieux  deviennent  meU* 
leurs  chevaux^  lorfqu*ïls  font  domptés 
^  drejfés  par  un  éeuyer  habile.  Le  récit 
des  exploits  de  Miltîade  qu'il  enten- 
doit  célébrer,  échauffa  tellement  ea 
lui  le  défîr  de  les  effacer  ,  qu.'il 
s'arracha  entiérem^em  aux  plaifîrs  & 
l^  f^Çfi^  Loiique  les  comj^agpoa» 


THE 

hks  débauches  étonnés  d'un  chan* 
pmeatfi  extraordinaire  &  fi^  prompt, 
hii  en  demandoient  la  raiiba  ,  il 
leuriépondoit  que  Us. exploUs  dé^Mil" 
tiade  ne  Je  laîJfoUnt  pM  dormir.  Thé' 
mlJiocU  eut  fur-tout  le  talent  rare 
de  lire  dan*  l'avenir.  Il  fut  prévoir 
de  bonne  heure  que  la  bauille  de 
Marathon  n'étoit  que  le  prélude 
des  cflForts  des  Perfes  contre  la 
GrecevComrtke  il  vouloit  qu*  Athènes 
Jouât  le  premier  rôle  dans  la.  nou- 
velle fcene  qui  alloit  s'ouvrir,  & 
connoiffait  (a  Ibiblefle  par  terre , 
qui  ne  lui  permettoit  pas  de  réfifter 
même  à  fes  égaux,  il  chercha  à 
lui  donner  Pempire  de  la  mer.  11 
int  perfuader  au  peuple  d'abolir  les 
dtibtbutioas  annuelles  qui  fe  £ai-> 
fioient  du  revenu  des  mines ,  &  de 
l'employer  à  conâruire  des.  vaif- 
feaux.  11  l'engagea  enfuite  dans  de 
pentes  querelles  maritimes  avec  leurs 
voifins,  pour  l'exercer  à  de  plus 
grands  combats.  Il  étoit  à  la  tête 
de  la  république ,  lorfque  Xercès , 
roi.  de  Perfe  ,  marcha  contre  cette 
ville.  Il  fiir  élu  général.  On  arrêta 
que  les  Lacédémonieni  iroient  dé- 
fendre le  pafifage  des  TktrmopyUs  ^ 
Ott  ils  firent  des  prodiges  de  va- 
^r  \  &  que  les  Athéniens  condui- 
toient  la  flotte  au  détroit  d'Arte- 
«ife,  aurdcflus  de  l'Eubée.  Il  s'éleva 
ttie-  conteflation  entre  les  Lacédé- 
moniens  &  les  Athéniens  pour,  le 
commandement  général  de  Tannée 
wvale.  Les  alliés  voulurent  que  ce 
fôt  un  Lacédémonien.  Thémifiocle , 
qui  ayoit  droit  de  prétendre  à  cet 
honneur ,  perfuada  aux  Athéniens 
d'abandonner  ces  difputes  qui  au- 
ïoiênt  pu  perdre  la^  Grèce.  Cette 
déférence  fut  l'une  des  principales 
caufes  du^  falut^  de  la  Grèce..  Le 
courage  des  Grecs  &  une  tempête 
fcneufe  ruinèrent  une  partie  de  la 
flotte-  ennemie  -,  mais  il  n'y  eut  au- 
cunp  aâion  décifive.  Cependant 
uae  afinée^  de  t^rre  de  XcrcU^  à 


THE  *9 

force  de  ùcnûee  des  hommes  à  la 
valeur  des  Lacédémoniens ,  avott 
franchi  le  paffage  des  Thermopy- 
les  ,  &  fe  répandtMt  dans  la  Pho- 
cide  ,  mettant  tout  à  feu  &  à  fangi 
Dans  ce  défaffare  afireux  ,  Tkindf" 
tocU  remua  tout  pour  fecourir  fa 
patrie  :  il  employa  la  raifon  pour 
perfuader  les  Juges  ,  &  fit  parler 
îjas  Oracles  pour  entraîner  la  mul'* 
titude.  On  rappela  tous  les  ci- 
toyens exilés  \  Arifiidc  alla  au-de-* 
vant  de  ThémîftocU  qui  l'avoit  per- 
sécuté ,  (  Voy^i  Aristide  )  &  ils 
travaillèrent  tous  deux  au  falut 
de  la  République.  ThémiftocU  fait 
donner  un  faux  avis  à  Xerùs  que 
les  Grecs  veulent  s'échapper  ,  & 
<qu'il  doit  fe  hâter  de  faire  avancer 
ia  flotte ,  s'il  veut  leur  couper  la 
retraite  du  Péloponefe  ;  le  Perfan 
donna  dans  le  piège.  La  petite  flotte 
Grecque,  agii&nt  avec  tout  l'avan- 
tage poffible  contre  les  Perfes  , 
trop  reflerrés  dans  ce  détroit,  porte 
le  défordre  dans  leurs  premières 
lignes  ;  &  biehtôt  toute  la  flotte 
eft  difpcrfée»  Cette  viftoire  û  cé- 
lèbre >  fous  le  nom  de  la  bataille 
de  Salamine ,  coûta  aux  Giecs  40 
vaifleaux ,  &  les  Perfes  en  perdirent 
aoo.  Thémfioclt  eut  tout-  Fhonneut 
de  cette  fameufe  fournée  ,.  qu'on 
place  4S0  ans  avant  J^  C.  Quelques 
jours  avant  cette  fameufe  bataille 
qui  décida  de  la  Grèce ,  Thémlftock 
donna  un.  exemple  de  fôn  dé-, 
vouement  pour  la  xaufe  commune.  ' 
Ne  pouvant  dans  un^confeil,  dé- 
terminer- EttdhîadA  à  prendre  une 
réfolution  vigoureufe  ,  celui  -  ci 
£Éitigué  de  fès  repréfentations  ,  lui 
dit  :  On  châtie  ceux  quife  Uventfans 
ardre  dans  Us  combats  publics  :  Il  eji 
vrai,  répondit  Thémiftocle  ,  mais 
auffi  on  ne  couronne  j^maii  ceux  qià 
attendent  trop  tard  &  qui  démarrent 
derrière.  Sur  cela  le  lacédémonien 
ayant  levé  le  bâton  fur  lui  comme 
pour  le  frapper.  F/appc^  (lui  di( 

E  iij 


7Ô  THE 

modérément  JhémfioiU  )  mats 
4couu,  Surpris  de  tant  de  fermeté , 
de  douceur  &  de  patience ,  EurU 
hUde  revint  à  lui-même  ,  écouta 
}e5  confeilsde  Thémlftoeie^  &  prit 
enfin  le  ieul  bon  parti  qu'il  y  eût 
à  prendre.  Le  héros  de  Salamine 
profita  du  crédit  que  lui  donna 
cette  viéloire ,  pour  perfuader  à  Tes 
concitoyens  d'établir  une  marine 
puifTaate.  C'efl  par  Tes  foins  qu'on 
bâtit  le  port  de  Pyrée  ,  &  qu'on 
deflina  des  fonds  pour  condruirc 
des  vaifTeaux  toutes  les  années, 
3es  fervices  furent  mal  récom- 
penfés  -,  on  cabala  contre  lui ,  &  il 
hit  banni  par  la  loi  de  l'Oilracifsne« 
Après  5voir  erré  de  retraite  en 
retraite ,  il  fe  réfugia  auprès  du  roi 
de  Perfe,  qui  le  combla  de  biens, 
&  qui  voulut  lui  confier  le  com* 
mandement  général  de  fes  armées, 
f^  vertueux  Athénien  ne  voulant 
sii  porter  les  armes  contre  fa  patrie , 
|ii  déplaire  à  ^rtaxtrcis  ,  s'em* 
poifonna ,  l'an  464  avant  Jefus^ 
Chrifl ,  à  l'âge  de  6  3  *ans.  ThémfiocU» 
né  avec  une  ardeur  extrême  pour 
la  gloire ,  étoit  courageux  ,  entre^ 
prenant;  mais  n'étoit  pas  exempt 
des  foiblefTes  de  l'envie.  I^e  repos 
iembloit  l'inquiéter.  Grand  homme 
d'état ,  fon  génie  toujours  pré- 
voyant, toujours  fécond  en  ref* 
fources ,  le  rendit  fupérieur  îiux 
cvénemens,  Perfonne  n'a  pofTédé^, 
9  un  plus  haut  degré,  l'art  fi  fou- 
vent  néceflaire  de  rappeler  les 
hommes  à  leurs  paffions,  pour  les 
porter  à  ce  qu'ils  doivent  £aire.  On 
cite  de  lui  plufieurs  traits  honora- 
bles on  curieux.  Le  poète  Slmonldcs^ 
s'appuyant  fur  l'étroite  liaifon  qu'il 
avoit .  avec  ce  grand  homme ,  lui 
demanda  quelque  grâce  injufle.  Thé- 
pùftocU  la  refufa ,  &  lui  dit  :  Cher 
$imonides  ,  vqus  neferUi  pas  un  hou 
"Poëu ,  fi  vous  faîfiA\  des  vers  qui  pé' 
çhaffent  contre  Us  règles  de  VArt  poé- 
iipi^  9  ^  mot  je  ne  feroïs  .fos  hs 


THE 

M40rat  ,  fi  je  commette    ^mTqtm 
acUon  qui  fût  oppofée  aux  Lois  de  tm^ 
Patrie.,,,  JhémîfioçU^  après  une  ce-» 
lebre  viâoire ,  marchant  fur   les 
dépouilles  des  ennemis ,  dit  à  celui 
qui  le  fuivcit  :  Ramaffe  ces  dépoMsUUM 
pour  toi ,  car  tu  n*es  pas  TbemiS'»_ 
TOCLE,  Ce  général  avoit  un  fils, 
qui  avoit  beaucoup  d'empire  ûir  £9 
mère.  Ce  petit  garçon  que  vous  royei^ 
là ,  difoit-il  un  jour  en  riant  à  €ç9 
amis ,  çeft  ^arbitre  de  la  Grèce  $  caê 
il  gouverne  fa  mcre^  fa  mère  me  gou-m 
yeme^  je  gouverne  les  Athéniens  ,   S^ 
les  Athéniens  gouvernent  les  Grecs,  Ohl 
quels  petits  conduâeurs ,  ajoute  un 
auteur   moderne ,   on  tro\iveroit 
fouvent  aux  plus  grands  empires  , 
fi  du  prince  on  defcendoit  par  de« 
grés  jufqu'à  la  première  main  qui 
donne  le  branle  au  fecret  !  • .  •  «  . 
Thémiftoçle ,  chargé  par  les  Athé'r 
niens  de  lever  des  fubfides  confît 
dérables  fur  les  alliés  de  la  Repu* 
blique,  s'acquitta  facilement  de  fa 
commiffiop  fur  les  villes  riches  « 
parce  qu'on  pouvoit  leur  enlevé? 
une  contribution  plus  forte  que 
celle  qu'on  avoit  demandée.  Mais 
les  habîtans  d'Andros  ,  réduits   à 
l'indigence  ,  ne  craignirent  potn^ 
de  réfifler  à  fes  ordres.  Le  général 
Athénien  leur  déclara  :  Qu'il  ye* 
noit,  accompagné  de  deux  puifV 
famés   divinités  ,  le  Befoin  &  lé$ 
Force ,  qtd ,  difoit-il ,  entraînent  tou-r 
jours  la  Perfuafi^  à  leurfuiu,  —  Thé» 
mîfiocle ,  lui  répondirent  les  habi« 
tans  d'Andros ,  nous  nous  fownetm 
trions ,  comme  les  autres  alliés  ^  à  teâ 
ordres ,  fi  nous  n  étions  aujjî  protégée 
par  deux  divinités  non  moins  ptùffan^ 
tes  que  les  tiennes ,  V Indigence  &  I4 
Défefpoir ,  qui  méconnolffent  la  Forçe^ 
II  parut  à  Francfort  en  1619,  &  9 
Leipzig  en  1710 ,  des  Lettres  in-8% 
en  grec  &  en  latin ,  fous  le  nom 
d'un  Tbmmistoclm^  qui  n'eft  pa< 
le  général  Athénien. 
_THÊ0BALDE,  (  Tçoh4ldo  Gml 


THE 

0bf  de  Florence ,  mort  a  Paris 
en  17Z7  t  <laas  un  âge  avancé , 
occupa,  pendant  50  ans  »  une  place 
de  fyraphpniÛe  pour  la  bafle  de 
violon  dans  Torchcttre  de  l'Opéra. 
On  dk  que ,  charmé  de  la  mufique 
de  LuUy ,  qui  écoit  parvenue  jnCqu'à 
lui ,  il  quitta  fa  patrie  pour  en  féli- 
citer ce  célèbre  muficien.  Enfin  il 
(t  montra  digne  élevé  de  ce  grand 
homme  ,  par  deux  Opéra  qui  ont 
été  )oués  fur  notre  théâtre  :  Coro- 
nu^  Paftorale  en  3  àâe&  *,  &  Scyfla  « 
Tragédie  en  5  aûes  :  celle-ci  a 
été  repréfentée  à  trois  rcprifes  dif- 
férentes. 

THEO  BUTE  ou  Thkbute. 
Après  la  mort  de  5.  Jacques ,  fur- 
nommé  le  luût  >  Slmcou ,  (on  frère , 
fut  élu  évèque  de  Jérufalem ,  l'an 
61  de  Jefus-QirifL  Tfuohuu ,  qui 
afpiroit  à  cette  dignité,  fe  fépara 
de  TEglife  Qirétieime ,  réunit  les 
fentimens  des  différentes  fedles  des 
Juits  »  &  en  forma  le  corps  de  fes 
erreurs. 

THEOCRITE,  deSyracufe,  ou 
de  l'ifle  de  Co ,  floriiToit  fous  Pta* 
loméc  PhiUdtlphe  ,  roi  d'Egypte  , 
vers  Tan  285  avant  J.  C.  On  dit 
que  ce  poëte  eut  l'imprudence 
d'écrire  des  Satyres  contre  Hléron , 
tyran  de  Syracufe,  &  qu'il  fht  puni 
de  mort  par  ce  priiKe.  On  ajoute 
qu'il  aimoit  l'argeRt ,  &  qu'il  men- 
dioit  baiTement  des  récoropenfes 
pour  fes  vers.  Théocriu  s'efl  fait 
une  grande  réputation  par  fes  Idyl' 
Ics^  qui  ont  fervi  de  modèle  a 
Virale  dans  Ces  Eglo^s,  Théocriu  a 
employé  le  dialeâe  Dorien  ,  qui 
eft  très- propre  pour  ce  genre.  Les 
Idy/lu  de  ce  poète  pafTent ,  avec 
raifon ,  pour  une  des  plus  belles 
images  de  la  nature  :  on  y  trouve 
cette  beauté  iîmple  ,  ces  grâce» 
naïves ,  en6n  ce  je  ne  fais  quoi  « 
qu'il  eft  plus  fecile  de  fentir  que 
d'exprimer.  *<  Il  £iut  avouer  cepen- 
••  4ant«  (  dit  M.  Fréroa  le  fils,  ) 


THE  71 

*'  qu'on  peut  quelquefois  reprocher 
**  avec  juftice  à  Théocrîte ,  certains 
*«  détails  bas  &  grofliers.  La  cin- 
*•  quieme  Idylle^  par  exemple,  t 
"  des  endroits  qui  ne  font  pas  faits 
»  pour  plaire  à  notre  fiede  ;  &  je 
M  doute  qu'on  put  les  goûter  , 
w  dans  une  cour  polie  &  galante , 
"  telle  que  celle  d'Alexandrie.  On 
"  a  vivement  blâmé  dans  Humer* 
»•  les  injures  groflâeres  que  fe  di- 
>*  fent  Agamemnon  &  Achille  ;  mais 
^  la  fureur  qui  les  anime»  peut 
>•  en  quelque  forte  les  excufer.  Ici 
>*  deux  bergers  de  fang-fî-oid  s'ac- 
"  câblent  mutuellement  des  repro- 
>•  ches  les  plus  atroces.  Ce  laqgage« 
»•  il  eft  vrai,  paroit  plus  conve« 
*»  nable  à  leur  condidon  ;  mais  il 
"  n'en  eft  pas  moins  contraire  à 
»  la  nature  du  Poëme  paftoral  » 
**  qui  ne  doit  offrir  que  des  ima* 
M  ges  riantes,  &  ne  refpirer  que  la 
'♦  paix.  En  vain  les  Scoliaftes  pré- 
»»  tendent  -  ils  excufer  Théocrîte  , 
»  en  difant  qu'il  n'a  mis  les  dif- 
n  cours  qui  nous  choquent,  que 
»  dans  la  bouche  des  bergers  Se 
»»  des  chevriers ,  &  qu'il  s'eft  con- 
>*  formé  en  cela  aux  mœurs  con- 
»  nues.  L'homme  de  goût  répondra 
»  que  l'art  de  la  poéfie  ne  conlifte 
»  pas  à  imiter  la  nature ,  mais  là 
*»  belle  nature  \  qu'il  eft  un  milieu 
i>  entre  le  (impie  &  le  bas ,  le  naïf 
y>  &  le  groffieri  que  V Idylle  doit 
V,  nous  préfenter  l'image  touchante 
»»  du  bonheur  &  des  plaifîrs  des  ber- 
M  gers,  &  non  le  tableau  dégoûtant 
*>  de  leurs  vices,  de  leurs  quereller 
>♦  &  de  leur  groffiéreté.  >*  Longea 
pierre  a  traduit  en  françois  .xr 
Idylles  de  Théocrîte  :  (  Foye^  fon  art.  ) 
Les  meilleures  éditions  du  texte 
original  font  celle  d'Oxford  in-8°  » 
1699  ,  qu'on  joint  aux  Variorum  ; 
&  de  la  même  ville,  1770,  2  vol. 
in- 4°,  mife  au  jour  par  Thomas 
Warthon,  On  eftime  auftî  celle  de 
Rome»  IJ16  ,  in- 8** ,  en  grec.  Là 

É  iv 


-jx  T  H  E   _   . 

première  édition  de  ce  poète  eft  «fe 
Venife,  1495,  in-fol. 

XœODAMAS,  ^^^.'HyUs^ 
fif t  tué  par  Hercule. ,  à  qui  non-feu- 
lement il  avoit  refiiTé  rhofpitalit^» 
mais  qu'il  avoit  encore  ofé  ana- 
quer.  Le  héros  prit  foin  du  jeune 
orphelin  qu'il  avoit  privé  de  fon 
père  «  &  eut  pour  lui  une  tendre 
amitié» 

THEODAS  &  THEUDAS  :  Ce 
font  les  noms  des  deux  impof- 
teurs  qui  voulurent  chacun  fe  faire 
pafTer  pour  le  Mejfe,  L'un  fut  pris 
par  Saturnin ,  gouverneur  de  Syrie 
fous  l'empereur  Augufle  ;  &  l'autre 
par  Cufpîus  Fadus ,  prépofé  au  même 
gouvernement  fous  Claudi. 

THEODAT ,  roi  des  Goths  en 
Italie,  étoit  fils  à'Amaiaberge^  fœur 
4tt  roi  Théodor΀,  La  reine  Amala- 
fonte  ayant  perdu  fon  fils  Atalarlc^ 
mit  lur  le  trône  fon  neveu  Théoiat 
en  534 ,  ScTépoufa  peu  de  temps 
après.  Ce  qui  arrive  prefque  tou- 
jours ,  arriva.  Théodat  fut  ingtat  *, 
il  chaiTa  fa  bienÊÊiin'ice  du  palais 
de  Ravetme ,  fous  prétexte  d'adul- 
tère, Ôç  après  l'avoir  détenue  quel- 
que temps  en  prifon ,  il  la  fit  étran^i^ 
gler  dans  im  bain.  L'empereur  JuJK- 
nien ,  indigné  de  la  mort  de  cette 
princefTe  &  de  l'ingratitude  de  fon 
époux ,  lui  déclara  la  guerre.  Béli- 
faîrc  defcendit  en  Italie ,  &  lui  en-. 
leva  la  Dalmatie  &  la  Sicile.  Théodat 
envoya  le  pape  Agapu  à  Conflan- 
tinople  ,  pour  calmer  l'empereur. 
IMais  fes  foldats  voyant  les  pro- 
grès de  BélifalrCy  élurent  Vîtlges^ 
&  le  proclamèrent  roi  en  536.  Le 
nouveau  prince  fît  pourfuivre  fon 
compétiteur,  &  dès  qu'on  l'eut 
atteint ,  il  fut  immolé  à  la  haine 
des  Romains.  C'ed  ainii  que  la  Pro- 
vidence fe  fervit  d'un  traître  pour 
en  punir  un  autre^  Quoique  Théodat 
eût  tous  les  vices  d'un  ambitieux, 
il  aimoit  la  philofophie ,  &  fur- 
towtcçUç  de  fUîon.  Mais  riçn  n'cft 


THE. 

plus  commun  que  de  voir  la  (ageffô 

dans  les  paroles,  &  le  ctimc  clan^ 

les  adlions.  Voyei  Amalascntev 

THÉODEBALDE,  J^yt^  Thx- 

SAUD.  

THEODECTE ,  orateur  célèbre 
né  en  CilicJe  &  mort  à  Athènes  » 
341  ans ,  fut  difciple  de  Platon,^ 
à^lfocratc  ,  à.'ArtJiote ,  &  mit  en  vers 
les  préceptes  de  la  Rhétprique.  Il 
avoit  une  mémoire  û  prodigieuie 
qu'il  lui  ûi^oit  d'entendre  une 
feule  fois  la  leâure  d'un  poëme 
pour  le  retenir. 

/.  THEODEBERT  I,  roi  de 
Metz,  fuccéda  à  fon  père  Thierry 
l'an  ^34 ,  &  fut  placé  fur  lé  trône 
par  fes  vaiTaux ,  malgré  l'oppofî* 
tion  de  fes  oncles.  Il  les  aida  pour- 
tant dans  leur  féconde  expédition 
en  Bourgogne,  &  eut  part  au  par- 
tage  qu'ils  firent  de  ce  royaume.  It 
fe  joignit  à  Çhîldebçrt  ,  en  537» 
contre  Chtakeion  oncle  ;  mais  cette 
guerre  n  eut  pas  de  fuite.  Théode» 
Un  fecourut,  en  5  38 ,  Vidées  roi  de* 
Oflrogoths ,  &  encra  Im-même  ran- 
née  fuivante  en  Italie ,  d^où  il  re- 
vint chargé  de  dépouilles  ;  mais  1» 
plus  grande  partie  de  fon  armée 
périt  de  maladie.  11  mourut  lui- 
même  en  547 ,  lorfqu'il  fepréparort 
à  faire  la  guerre  .à  Jujiinîen ,  &  à  la 
porter  jufqu'aBXj)ortes  de  Conflan- 
cinople.  Sa  valeur ,  fa  libéralité,  ik 
prudence  &  fa  clémence  lui  mért« 
terent  l'éloge  de  fes  contemporains, 
II  eut  aiTez  d'ambition  pour  prendre 
le  titre  d'Augufte  ,  qui  lui  eft  donné 
dans  une  de  fes  monnoies.  Sa  mort 
arriva  a  la  chaffe ,  par  la  chute 
d'une  grofîe  branche  d'arbre  qu'un 
bœuf  fàuvage  lui  fit  tomber  fur  la 
tête ,  &  qui  l'abattit  de  fon  cheval* 
Voy.  Deuterie. 
,  /ATHEODEBERTII ,  roi  d'Auf- 
trafîe,  monta  fur  le  trônie  en  596  ^ 
après  la  mort  de  fon  père  Childt» 
bert ,  dont  il  partagea  les  états  avec 
fpa  frçre  Thkny ,  roi  d'Oriéans.Jl 


THE 

régna  d'abord  fous  la  tutelle  de  J?m- 
tukaut,  fon  aïeule-,  mais  les  grands 
d'Auftraiîe,  laffés  de  la  domination 
tyrannique  de  cette  princefTe ,  en- 
gagement fon  petit-fils  à  l'exiler  en 
5r99.  Théodebert^  qui  avoit  joint  fes 
forces  à  celles  de  fon  frère ,  défit 
fîicceffivement  Clotaîre  &  les  Gaf- 
cons.  Brunehaut ,  irritée  contre  lui , 
excita  Thierry  à  lui  déclarer  la 
guerre.  Ce  prince  le  vainquit  par 
deux  fois,  &  le  prit  prifonnier. 
Théodchert  fut  envoyé  à  Châlons- 
fur-Saône  ,  où  la  reine  Brunehaut 
lui  fit  couper  les  chevçux ,  &  le  fit 
mourir  peu  après  l'an  612.  On  cite 
de  lui  une  belle  réponfe  qu'il  fit 
a  l'évêque  Didier,  Ce  prélat  ayant 
rapporté  à  Théodebtrt  une  {omme 
confidérable,  que  le  prince  avoi^ 
prêtée  aux  habitans  de  Verdun ,  il 
refufa  de  la  reprendre.  Nous  fommes 
$rop  heureux  ,  dit-il  au  prélat  -:  Vous , 
de  tri  avoir  procuré  Coccafion  de  faire 
du  bien  ;  &  Moi  ^  de  ne  l'avoir  gas 
iaijfé  échapper. 

I.  THEODORA ,  (  Flavia  Maxi- 
miana)  étoit  fille  d'un  noble  Sy- 
rien &  à*Eutropîe ,  deuxième  femme 
de  MaximîUen-HercuU,  Cet  empereur 
ayant  fait  Céfar  Confiance- Chlore 
l'an  292  f  lui  fit  époufer  Theodora  ; 
&  fon  époufe  Hélène ,  mère  de  Conf- 
tantin ,  fut  répudiée.  Ses  médailles 
la  repréfentent  avec  une  phyfiono- 
mie  fpirituelle.  Sa  vie  fut  fans  doute 
irréprochable ,  puifque  le  vertueux 
Confiance' Chlore  la  rendit  mère  de 
pluûeurs  enfans. 

II.  THEODORA,  femme  de 
l'empereur  Juftinien  1 ,  étoit  fille 
d'un  homme  ciiargé  du  foin  de 
nourrir  les  bêtes  pour  les  fpeûa- 
cles.  Sa  mère  facrifia  (a  vertu  pour 
Ùc  l'argent;  &  la  jeune  Theodora 
s'abandpnna  bientôt  à  tout  le 
monde.  Un  certain  Hécébok  de  Tyr , 
gouverneur  de  la  Pentapole ,  l'en- 
tretint pendant  quelque  temps  ;  mais 
j;i  $'en  dégoûta  bientôt,  &  la  chafia 


THE  73 

de  chez  lui.  Elle  alla  à  Alexandrie, 
revint  à  Confiantinople  ,  n'ayant 
pour  fubfifier  que  fes  profiitutions. 
Juftinien  en  devint  pafEonnément 
amoureux.  Il  en  fit  fa  m^itrefie  » 
engagea  l'empereur  JuJHn  à  abroger 
la  loi  qui  défendoit  à  un  fénateur 
d'époufer  une  femme  débauchée  9 
&  l'époufa.  Cette  femme  fiit  le  fiéau 
du  genre  humain  «  fi  l'on  en  croit 
Procope ,  qui  en  fiit  une  peinture 
afFreufe  dans  fes  Anecdotes  ,  après 
l'avoir  louée  dans  fon  Hifioire.JLiic 
mourut  vers  Tan  565.  Elle  avoit 
eu  un  enfant  d'un  amant  qui  avoit 
précédé  Juftinien,  On  prétend  que 
pour  cacher  fa  naifiàncei  elle  le 
fit  mourir. 

III.  THEODORA  Despuna  , 
née  dans  la  Paphlagonie ,  d'un,  tri- 
bun militaire,  reçut  de  la  nature 
une  beauté  parfaite  &  un  génie  fu« 
périeur ,  qui  fut  perfedUonné  par 
une  excellente  éducation.  Euphro" 
fine ,  belle-mere  de  l'empereur  Théo- 
phlle^  ayant  fait  afiembler  les  plus 
belles  elles  de  l'empire  pour  lui 
donner  une  époufe ,  Theodora  eut 
la  préférence  fur  toutes  fes  rivales. 
Elle  embellit  le  trône  par  fa  piété 
&  fes  vertus.  Devenue  veuve  en 
842 ,  elle  prit  les  rênes  de  Tcm» 
pire  durant  la  minorité  de  fon  fils 
Michel,  &  gouverna  pendant  15 
ans  avec  fagefTe.  Elle  rétablit  le 
culte  des  Images,  conclut  la  paix 
avec  les  Bulgares  ,  fit  obferver  les 
lois  &  refpefter  fon  autorité  -,  mais 
comme  elle  gênoit  les  pallions  de 
Michel  ,  ce  fils  ingrat  «  indifpofé 
d'ailleurs  contre  fa  raere  par  de 
vils  courtifans  ,  la  fit  enfermer  en 
857  dans  un  monafierc  ,  ou  elle 
acheva  faintement  fes  jours.  Les 
Grecs  célèbrent  fa  fête  le  1 1  Février. 
En  quittant  l'empire ,  elle  laiffa  dans 
le  tréfor  public  des  fommes  très^ 
confîdérables ,  qu'elle  avoit  écono- 
mifées  fans  vexer  fes  fujets.  Voye^ 
Dandeui  fy  BOGORIS. 


74  T  H.E 

IV.  THEODORA»  txoîfitme  fille 
ée  CanftantlnXÎ  ^  fut  chafTée  de  la 
cour  par  fon  beau -frère  Romain 
■Aijyre,  qu'elle  avoit  voulu  faire 
defccndre  du  trône  pour  y  placer 
Frafim  (on  amant.  Elle  fut  enfer- 
mée dans  un  couvent  îufqu'à  la 
fin  du  règne  de  Michel  Calafatc  , 
en  1042.  Elle  fut  alors  proclamée 
impératrice  avec  fa  fœur  Zoé  , 
qui  époufa  Çonftantîn  Monomaqut, 
Après  la  mort  de  ce  prince  eïi 
IOJ4 ,  Theodora  gouverna  en  grand 
homme  *,  elle  fe  fit  craindre  des  en- 
nemis de  Tempire ,  qu'elle  maintint 
«Il  paix  *,  choifit  des  ininiilres  ha- 
biles ;  fit  fieurir  le  commerce  & 
les  arts  ,  &  diminua  les  impôts. 
Une  colique  l'emporta  en  1056  , 
à  76  ans  »  après  avoir  régné  envi- 
ron 19  mois.  £n  elle  périt  la  famille 
de  BaJîU  U  Macédonien ,  montée 
fur  !e  trône  en  867...  U  y  a  encore 
eu  plufieurs  autres  impératrices  de 
ce  nom. 

y.  THEODORA  ,  dame  Ro- 
maine ,  non  moins  célèbre  par  fa 
beauté  &  par  fon  efprit ,  que  par  fa 
lubricité  &  par  Tes  crimes ,  étoit  û 
puiflante  à  Rome ,  vers  l'an  908 , 
qu'elle  occupoit  le  château  Saint- 
Ange,  de  faifoit  élire  les  papes 
qu'elle  vouloit.  Jean  ,  un  de  fes 
amans',  obtint  par  fon  moyen  1  evê- 
ché  de  Cologne ,  l'archevêché  de 
Ravenne,  &  enfin  la  papauté, 
fous  le  nom  de  Jean  X.  Elle  étoit 
mère  de.  Marofie ,  qui  ne  lui  céda 
ni  en  attraits  ,  ni  en  débau- 
ches. 

I.  THEODORE  I ,  né  à  Jéruf». 
lem ,  fuccéda  au  pape  Jean  IV^  le 
24  Novembre  641.  Il  condamna 
Pyrrhus  &  Paul  ,  patriarches  de 
Conftantxnople  ,  qui  étoient  Mo- 
nothélites  ,  &  mourut  faintement 
le  13  Mai  649.  Sa  douceur,  fa 
charité  &  fes  vertus  laifferent  des 
regrets  très-viCs.  G'eft  le  premier 
pape  qu'on  ait   appelé    Souverain 


THE 

Pontife ,  &  le  dernier  que  les  évè<f 

ques  aient  appelé  Frère, 

II.  THEODORE  II,  pape  après 
Romain  en  898 ,  mourut  20  iours 
après  fon  éle^on.  Il  fit  reporter 
folennellement  dans  la  fépulture 
des  papes  «  le  corps  de  Formofe  * 
qui  avoit  été  jeté  dans  le  Tibre 
par  ordre  dt* Etienne  f7. 

III.  THEODORE  de  Caktor* 
BERT  ,  moine  de  Tarfe ,  fut  en-^ 
voyé  l'an  668  en  Angleterre  pour 
rtmplir  le  trône  épifcopal  de  l'Eglife 
de  Cantorbery.  Il  y  rétablit  la  fol 
&  la  difcipline  ecdéfîaftiques.  Ce 
qui  nous  refie  de  fon  Pénitencîd  & 
de  fes  autres  Ouvrages  ,  a  été  re* 
cueilli  par  Jacquet  Petit ,  &  imprimé 
à  Paris  en  1677  ,  en  2  vol.  in-4.°  ^ 
avec  de  favantes  Notes.  Ce  Re^ 
cueil  important  mérite  d'être  lu 
par  ceux  qui  aiment  à  chercher  les 
traces  de  l'ancienne  difcipline.  Théo* 
dore  mourut  en  690  ,  à  88  ans  ^ 
en  odeur  de  fainteté  »  après  avoir 
fondé  des  écoles  pour  xsdbuire  fes 
ouailles. 

IV.  THEODORE  DE  Mopt 
SUESTE  ,  ainfi  nommé  parce  qu'il 
étoit  évêque  de  Mopfuefie ,  ville 
de  Cilicie ,  fut  élevé  &  ordonné 
prêtre  dans  un  monafiere ,  &  mou^ 
rutf  l'an  418.  On  peut  le  regarder  \ 
(  dit  l'abbé  Racine ,  )  comme  le 
premier  auteur  de  l'héréfie  qui  dif^ 
tingua  deux  perfonnes  en  /s/uj- 
Chrijl,  Quand  on  étudie  fes  Ou^ 
vrages  »  on  voit  qu'il  avoit  dans  VdC^ 
prit  le  principe  qu'ont  eu  depuis 
les  Sociniens ,  »  qu'il  faut  déférer 
'*  tout  au  tribunal  de  la  raifon^ 
»♦  &  n'admettre  que  te  qu'elle  ap- 
>♦  prouve  »«...  Théodore  avoit  une 
grande  réputation  de  fcience  Se 
de  vertu ,  &  pafibit  pour  un  des 
plus  illuilres  doâeurs  de  tout 
l'Orient.  Il  avoit  écrit  contré 
5.  Jérôme ,  pour  défendre  l'héréfiç 
de  Pelage,  Le  fameux  Julien  d*£r 


THE 

dne ,  un  des  feâateurs  de  cet  Hé- 
céfiaique ,  ayant  été  cKaflé  de  fon 
£cge ,  fe  rrfugia  chez  lui ,  &  aug- 
menta le  nombre  de  fes  difciples. 
Théodore  cacha  lofig*teinps  fa  doc* 
trine  -,  mais  lorique  le  Neftoria- 
nifme  éclata ,  elle  étoit  déjà  répan- 
due dans  bien  des  efprits.  Les  Nef- 
foriens  fe  fervirent  en  5  3 1 ,  après 
la  tenue  du  Concile  d'Ephefe,  des 
Ouvrages  de  cet  Hérétique  pour  ap« 
puyer  leurs  erreurs.  Dans  le  v" 
Concile  général  «  tenu  en  5  5  3  ,  la 
perfonne  &  les  ouvrages  de  Th^^ 
ion  de  Mopfutflê  furent  anathéma* 
tifés.  Ses  principaux  ouvrages  font  : 
I.  Un  Comnunuùrt  fur  Us  Pfiûumes , 
dans  la  Chaîne  du  Père  Corder,  II. 
Un  Commentaire ,  en  manufcrit ,  fur 
ks  XII.  petits  Prophètes.  Ce  Com- 
mentaire prouve  que  l'auteur  étoit 
on  Déïfte.  IIL  Plusieurs  Fragmens 
dans  la  Bibliothèque  de  Photius, 

V.  THEOPORE-STUDiTE.Ait 
ttnfi  nommé ,  parce  qu'il  fîit  abbé 
du  monallere  de  Snide ,  fondé  par 
Studius ,  conful  Romain ,  dans  un 
des  £iubourgs  de  Conftantinople. 
11  vit  le  jour  en  659  ,  &  embrafla 
la  vie  monalHque  à  l'âge  de  i% 
ans.  La  liberté  avec  laquelle  il 
Blâma  l'empereur  Conftantin ,  fils  de 
^  léon  ly^  qui  avott  répudié  l'im- 
pératrice Marte ,  pour  époufer  Théo^ 
^m,  &  le  refiis  qu'il  fit.  fous 
J^W  t  Arminien  y  Michel  le  Bègue  & 
les  autres  empereurs  Iconodafles , 
d'anadiématifer  les  Images ,  lui  at^^ 
ùrerent  de  violentes  perfécutions. 
Il  répondit  à  Léon  F,  qui  le  pref- 
foit  d'erabrafler  fes  erreurs  :  Vous 
iies  chargé  de  tEiai  &  de  C Armée  ^ 
frene^-en  foin  ,  &  Idtjjfei  les  affaires 
de  SEglife  aux  Pafteurs  &  aux  Théo- 
hffens,  A  la  mort  de  ce  prince ,  il 
obtint  fa  liberté,  après  7  ans  d'exil. 
Cet  abbé  plein  de  zèle  finit  fa 
carrière  dans  l'ifle  de  Chaldde  , 
)c  11  Novembre  826,  à  67  ans. 
U  »9U$  r^^de  lui  dçs  Sirmnip 


THE  7t 

iei  Epttres  ^  9c  d'autres  ouvrages 
peu  lus. 

VI.  THEODORE  U  UHem^ , 
ainii  appelé  »  parce  qu'il  étoit  lec* 
teur  de  la  grande  Eglife  de  Conf- 
tantinople ,  avoit  compofé  une  Wf* 
toîre  de  PEgUfe  depuis  la  10^  an- 
née du  règne  de  Conftantin  le  Grand ^ 
îufqu'à  la  mort  de  ce  prince.  Cet 
ouvrage  étoit  divifé  en  1  livres. 
Il  l'avoît  tiré  des  Hifloires  de  Som 
crau ,  de  Soiomene  »  &  de  Théodcret^ 
ïl  efl  en  manufcrit  dans  quelques 
bibliothèques ,  &  n'a  pas  encore 
été  imprimé.  Théodore  avoit  encor« 
compofé  une  autre  Blfioirt  Eulé» 
fiafiique^  depuis  la  fin  du  règne  de 
Théodore  le  Jeune  ,  jufqu'au  com« 
mencement  du  règne  de  JuJHn.  Nous 
n'avons  que  des  extraits  de  cet  ou- 
vrage. Henri  de  Valois  nous  a  donné 
tout  ce  qu'il  a  pu  ramaiTer  de  Théo* 
dore ,  dans  Smdas ,  Théophanedi  Jean 
Damafcene. 

•vu.  THEODORE,  furnommé 
P Athée,  fut'  difdple  A*Arifiîpi^.  11 
adopta  tous  les  principes  de  fon 
maître,  &  enfeigna  de  plus  qu'il 
n'y  avoit  point  de  Dieux.  Les 
Cyrénéens  l'exilèrent  :  il  fe  réfugia 
à  Athènes ,  où  il  auroit  été  con- 
duit devant  l'Aréopage  &  con- 
damné ,  ^  Démetrias  de  Phalete  n'eût 
trouvé  le  moyen  de  le  fauver.  Pto" 
lomée ,  fils  de  Lagus,  le  reçut  chez 
lui ,  &  l'envoya  un  jour  en  qua- 
lité d'ambafTadeur  vers  Lyfimaque^ . 
Le  philoibphe  lui  parla  avec  tant 
d'ei&onterie  ,  que  l'intendant  de  < 
ce  prince ,  qui  fe  trouva  préfent , 
lui  dit  :  Je  crois ,  Théodore  ,  que 
tu  t'imapnes  qu'il  n*y  a  pas  de  Rois 
non  plus  que  de  Dieux,  On  prétend 
que  ce  philofophe  fut  à  la  6  n  con- 
damné à  mort ,  &  qu'on  l'obligea 
de  prendre  du  poifon. 

THEODORE,  Voye^  Meto-. 
CHiTE.,..  Bry....  n**  Lascaris..., 
Gaza...  Balzamok...-  Theodo- 
RVS...  Sajîtabaiiene* 


7«         THE 

THEODORE  «  roi  des  CôHb; 

Voyei  NeuhoFF. 

THEODORE  de  Beze  ,  Foye^ 
Beze. 

L  THEODORET,  Martyr,  Foy. 
iVé  Julien. 

U.  THEODORET,  né  «n  386 , 
fut  difciple  de  Théodore  de  Mop- 
Aicfie  &  de   S,  JuM-Chryfofiomc  ^ 
après  avoir  été  formé  à  la  vertu 
dans  un  monafiere.  Elevé  au  fa- 
cerdoce  >  &  malgré  lui  à  l'évêché 
de  Cyr ,  vers  420  ,  il  fît  paroître 
dans  fa  maifon ,  à  (a  table ,  dans  Tes 
habits  &  dans  fes  meubles ,  beau- 
coup de  modeftie  :  mais  il  étott 
magnifique  à  l'égard  de  la  ville  de 
Cyr.   U  y  fit  bâtir  deux  grands 
Ponts ,  des  Bains  publics  «  des  Fon* 
caines  &  des  Aqueducs.  U  travailla 
avec  tant  de  zèle  &  de  fuccès  dans 
fon  diocefe ,  compofé  de  800  pa- 
roifTes  ,   dont  un  grand  nombre 
étoient  infeâées  de  diverfes  héré- 
£es ,  qu'il  eut  le  bonheur  de  ren- 
dre orthodoxes  tous  fes  diocéfains. 
Son  zèle  ne  Ce  borna  point  à  fon 
Eglife  ;  il  alla  prêcher  à  Antioche 
&  dans  les  villes  voifines,  où  il 
£t  admirer  fon  éloquence  &  fon 
fa  voir,  &  où  il  convertit  des  mil- 
liers d'hérétiques  &  de  pécheurs. 
La  gloire  de  ce  grand  homme  fut 
scanmoins  obfcurcie ,  pendant  quel* 
que  temps,  par  l 'attachement qu'il 
eut  pour  Jean  d'Antioche  &  pour 
Neftorîus ,  en  faveur  duquel  il  écrivit 
contre  les  xii  Anadiêmes  de  5. 
CyrllU  d'Alexandrie  j.mais  il  ef&ça 
cette  tache  »  en  ie  réconciliant  avec 
ce  prélat,  &  en  anathématifant  l'Hé- 
réfiarque.  Le  malheur  qu'il  avoir  eu 
de  le  favorifer  «  étoit  bien  excu- 
fable  :  féduic  par  l'extérieur  mor- 
tifié des  Neftoriens>  il  s'aveugloit 
fur  le  fond  de  leur  doârine,  juûpi'à 
croire  que  le  Concile  d'Ephefe  & 
S.  Cyrille  enfeignoient  l'unité   de 
sature  en  J.  C.  ;  mais  dès  qu'il  eut 
ouvert  les  yeuxi  il  s'éleva  avec 


THE 

force   contre   ces  hypocrites;    H 
combattit  les  Eutychéens»  réiîfta 
aux  menaces  de  l'empereur  Thlo^ 
dofe  Il^tcfe  vit  tranquillement  dé- 
pofer  dans  le  faux  fynode  d'Ef^eiè. 
Sa  vertu  triompha  en  45 1 ,  dans  le 
Concile  gé;iéral  de  Calcédoine ,  où 
Ces  lumières  &  fà.  fagefle  brillèrent 
également.  Il  termina  faintement  fa 
carrière  ,  quelques  années  après  ^ 
il  la  finit  comme  il  l'avoit  com- 
mencée, dans  la  paix  &  dans  I2 
communion  de  l'Eglife.  Sa  poli- 
t^Se,  fon  humilité ,  (a  modération, 
fa  charité ,  font  peintes  dans  tous 
fes  Écrits  ,  qui  font  en  très-grand 
nombre.  L  Une  Hîfiotn  EeeU/Uf" 
tique  ^  qui  renferme  des  chofes  im- 
portantes ,  qu'on  ne  trouve  pas 
ailleurs ,  &  plufieurs  pièces  origi- 
nales. Elle  conuneoce  où  Eufdfe  a 
fini  la  fienne,  c'eft-à-d'ure ,  à  l'aa 
314  de  J.  Ç. ,  &  finit  à  l'an  429. 
Les  favans  y  remarquent  des  fautes 
de  chronologie.  Son  fiyle  eft  élevé  » 
clair  &  net  \  mais  il  y  emploie  des 
métaphores  un  peu  trop  hardies. 
U.  Un  ComnuntaÎH ,  par  demandes 
&  par  réponfesyfur  les  viii. pre- 
miers livres  de  la  Bible.  III.  Ua 
Commentaire  fur  tous  les  Pfeaumes, 
IV.    L'Explication   du    Cantique  des 
Cantiques,  V.  Des  Commentaires  fur 
Jérémie  ,  fur  E{échkl ,  fur  Daniel  » 
fur  les  XII  petits  Prophètes  &  fur 
les  Ëpîtres  de  5.  Paul,  Ce  ne  font 
que  des  compilatiofis  ,  mau  elles 
font  faites  avec  foin.  L'auteur  fe 
compare  aux  femmes  des   Juifs, 
qui  n'ayant  point  d'or  ni  de  pier- 
reries à  donner  à  Dieu  pour  la 
confiruéHon  du  Tabernacle  ,  ra* 
mafToient  les  poils,  les  laines  & 
les  lins  que  les  autres  avoient  don- 
nés, les  filoient  &  les  unifloient 
enfemble.   VI.  Gnq  Livres   des 
fables  des  Hérétiques.  VII.  Dix  Li- 
vres fur  la  Providence,  VIII.   Dix 
Dïf cours  fur  la  guérifon  des  fauflîes 
opinions  dss  Païens  «  (bus  le  titre 


THE 

ie  TnérapeuUque  ^  traduics  pdr  le 
P.  Mourguesf  Jéfuite.  IX.  Un  fur 
f«  CharUé.  X,  Un  fur  S.  Jean. 
XL  Quelques  Ecrits  contre  S, 
Cyrille,  XII.  Des  Semons.  On  y 
trouve  du  choix  dans  les  penfées, 
de  la  noblefle  dans  les  expreilîons, 
de  l'élégance  &  de  la  netteté  dans 
le  ftyle ,  de  la  fuite  5c  de  la  force 
dans  les  raifonnemens.  XIII.  Les 
yUs  des  5.  SoUtaires,  XIV.  Des 
Icures ,  fort  courtes  pour  la  plu- 
part ;  mais  il  y  peint  fon  caraâere 
au  naturel.  La  meilleure  édition 
de  fes  Couvres ,  cft  celle  du  P,  Sir- 
nond^  en  grec  &  en  latin,  1641, 
4  vol.  in-fol. ,  auxquels  le  P.  Gar- 
^r^  Jéfuite ,  a  ajouté  un  cinquième 
en  1684  y  qui  contient  divers  au* 
très  Traités  auffi  de  Tkéodont,  Quoi- 
que ce  Père  de  TEglife  eût  été  lié 
avec  les  Neftoriens ,  il  fut  reconnu 
pour  orthodoxe  par  le  concile  de 
Calcédoine ,  &  par  le  pape  5.  Léon» 
Le  cinquième  Concile  général ,  en 
condamnant  fes  ouvrages  contre 
S,  Cyrillt  ,  ne  toucha  point  à  fa 
perfonne ,  &  5.  Grimoire  le  Grand 
^déclara  depuis  qu'il  Thonoroit  avec 
le  concile  de  Calcédoine,    x 

I.  THEODORIC ,  premier  roi 
des  Goths  en  Italie ,  fils  naturel  de 
Thtodomir^  fécond  roi  des  Oflro- 
goths  >  fut  donné  en  otage  ,  Tan 
461 ,  par  WéUmlr ,  frère  &  prédé- 
ceffeur  de  Théodomîr ,  à  l'empereur 
Léon  I,  Il  rendit  de.  grands  fervices 
à  l'empereur  Zenon ,  chafle  de  fon 
trône  par  BafiUfque,  Ce  prince  lui 
fit  élever  une  Statue  équeftre  vis-à- 
vb  du  palais  impérial,  &  l'honora 
du  confulat  en  484.  Il  l'envoya 
enfuite  en  Italie  contre  Odoacre^ 
qu'il  battit  plufieurs  fois»  &  aVec 
lequel  il  fit  la  paix  en  493.  Quel- 
que temps  après ,  ayant  ^it  mourir 
Ce  prince  fous  divers  prétextes  , 
il  ^  vit  maître  de  toute  l'Italie. 
Pour  s'affermir  dans  fes  nouveaux 
^ts^  il  épQufa  en  $0^  une  Cçeias 


THE  77 

de  Clovis^  roi  de  France ,  fur  lequel 
il  avoir  eu  des  avantages  ,  con« 
traâa  d'autres  puifiantes  alliances  , 
&  fit  la  paix  avec  l'empereur 
Anafla/e  ,  &  avec  les  Vandales 
d'Afrique.  ThéodorU  ,  tranquille  » 
après  de  violentes  fecouifes ,  ne 
penfa  plus  qu'à  polker  fon  royaume. 
11  prit  pour  fecrétaire  d'état  le 
célèbre  Caffio^ore ,  qui  remplit  par- 
faitement fes  vues.  Quoique  ce 
prince  fût  Arien»  il  protégea  les; 
Catholiques.  Il  ne  vouloit  pas 
môme  qu'ils  fe  fiflent  Ariens  pour 
lui  plaire ,  &  il  fit  couper  la  tête  à 
un  de  fes  officiers  favoris,  parce  qu'il 
avoit  embrafie  l'Arianifme ,  en  lut 
difant  ces  paroles  remarquables  :  Se 
tu  n'as  pas  gardé  la  fol  à  Qleu ,  comr 
nunt  pounas'tu  me  la  garder  à  mot 
qui  ne  fuis  qu*un  Homme  ?  Sa  droi- 
ture le  fit  dioifir  par  les  Ortho- 
doxes »  pour  juge  dans  une  cauKe 
purement  eccléfiaddique.  Comme  il 
étoit  fouverain  de  Rome,  il  devint 
l'arbitré  de  l'éleâion  des  papes. 
Après  la  mort  du  pape  Anaftafe^ 
en  498  »  Laurent  &  Symmaque  fe  dif^ 
puterent  le  trône  pontifical  ;  on  «.'en 
remit  à  la  décifion  de  Théodonc^ 
qui  jugea  en  faveur  de  Symmaque. 
Rome  lui  fut  redevable  de  pluûeurs 
édifices  ,  &  de  la  réparation  de 
fes  murailles.  Il  embellit  Pavie  Se 
Kavenne.  Il  ajouta  150  Lpis  nou* 
velles  ^ux  anciennes.  11  régla  l'afîlc 
des  Lieux  faims ,  &  la  fucceffîoa 
des  Clercs  qui  meurent  fans  tefter. 
Enfin ,  il  fiit  pendan:  37  ans  le  père 
des  Italiens  &  des  Goths  -,  bienfai- 
teur impartial  des  uns  &  des  autres  » 
&  également  dier  aux  deux  nations. 
Il  fit  fleurir  le  commerce  dans  fes 
états.  La  police  s'y  faifoit  avec  tarte 
d'exaâimde ,  qu'à  la  campagne  on 
pouvoit  garder  fon  or  comme  dans 
les  villes  où  il  y  a  le  plus  d'ordre^ 
Il  protégea  &  cultiva  les  lettres.  Les 
états  qu'il  s'étoit  formés  ,  étoient 
çrè.s-y«àles.$a  domination  s'étendoi*  . 


78         T  H  Ë 

fur  rinlie,  la  Siâle ,  ia  Dalmâtie , 
la  Norique ,  la  Paanonie ,  les  deux 
Rhéties ,  la  Provence ,  le  Langue- 
doc &  une  partie  de  l'ETpagne.  Sa 
gloire  ne  fe  foudnt  pas  iufqu'à  la 
fin.  L'âge,  les  infirmités  le  rencti- 
tent  jaloux,  avare ,  inquiet,  foup- 
^onneux.  Les  adulateurs  profitèrent 
de  ces  difpoûtions  pour  perdre 
les  deux  plus  refp«ôables  fujets 
qu'il  y  eût  dans  la  République , 
Symmaque  ,  &  Boeee  Ton  gendre. 
Ils  périrent  tous  les  deux  par  le 
dernier  fupplice.  ThéodorU  né  fur- 
vécut  pas  long-temps  à  te  double 
homicide.  Un  jour  qu*on  lui  fervit 
à  table  une  tête  de  poifTon ,  il  s'ima- 
gina que  c'étolt  celle  de  Symmaque , 
qui  le  menaçoit  ;  &  fe  levant  faifi 
de  frayeur ,  il  fe  mit  au  lit ,  &  rendit 
lame  le  30  Aoutde  Van  516,  dé- 
chiré par  des  remords  queperfonne 
ne  put  calmer.  C'eft  du  moins  ce 
que  rapporte  Procope, 

II.   THEODORIC,    Voyei 

'TiE{I£RR.Y      n**  IV 

THEODORUS-PRODROMUS, 

auteur  grec ,  eft  connu  par  le  Roman 
des  Amours  de  Rhodarue  &  Doficles , 
imprimé  en  grec  &  en  latin ,  Paris , 
i6iy  ,  in-8® ,  &  traduit  en  françois 
par  BeauchMnps ,  1746  ,  in- il.  On 
ne  (ait  en  quel  temps  il  âoriiToit. 

I.  THEODOSE  LE  Grand  , 
-(  Flavltu  Theodofius  Magnus)  empe- 
reur ,  étoit  né  en  346  à  Cauca ,  ville 
de  la  Galice  en  ECpagne.  Son  père 
étoit  le  fameux  comte  Théodofe  , 
qui  avoit  fait  dé  fi  grands  exploits 
fous  VaUntînîen  / ,  &  qui  fut  déca- 
pité à  Carthage  en  376,  par  ordre 
de  VaUns  [  Voyez  ce  mot,  ]  prince 
crédule  &  barbare.  Ce  grand  homme 
avoit  illudré  le  nom  de  Théodofe, 
Son  fils  fe  retira  dans  fa  patrie  pour 
pleurer  fon  père  ;  mais  Gratlen  ,  qui 
connoifToit  fon  mérite ,  l'appela  à 
la  cour ,  &  TafTocia  à  Tempire  en 
379.  Il  lui  donna  en  partage  la 
Xhrace,  &  toutes  les  provinces  que 


T  H  Ë 

ValaiûnUn  avoit  pofledées  éàHê 
rOrient,  Peu  de  jours  après  fon 
éleûion ,  Théodofe  marcha  vers  la 
Thrace  «  &  ayant  formé  un  corps 
de  troupes,  il  tomba  fur  le  camp 
des  Goths,leur  enleva  leurs  femmes 
&  leurs  enfans ,  avec  4000  chariots 
qui  fervoiem  pour  les  conduire. 
Les  Barbares  furent  efiFrayés  paf 
cette  défaite.  Les  Alains  &  d'autres 
Goths  qui  ravageoient  les  provinces 
voifines ,  lui  envoyèrent  faire  des 
propofitions  de  paix  ,  &  acceptè- 
rent toutes  les  conditions  qu'il  leuC 
impofa.  [Voy,  Amphiloque  ,  &  L 
Arsène.]  L'année  d'après ,  en  380  4 
Théodofe ,  malade  à  Theiïalonique^ 
fe  fit  baptifer  par  Afeolc  ,  évêque 
de  cette  ville.  Pour  confacrer  fon 
entrée  dans  lé  Qiriflianifme  ,  il 
ordonna  a  tous  fes  fujets ,  par  une 
loi  du  18  Février,  de  reconnaître 
le  F«re,  le  Fils  &  USaùU'Efpnf  ^ 
comme  un  feul  Dieu  en  trois  Per^ 
fonnes.  A  cette  loi  contre  l'erreur  4 
il  en  joignit  d'autres  pour  le  main<» 
tien  de  la  poHce.  L'une  défendotc' 
aux  juges  de  connoître  d'aucune 
aâion  criminelle  durant  les  40  jours 
du  Carême.  Une  autre  ordonnoit 
de  très-grandes  peines  contre  les 
femmes  qui  contraâoiettt  de  fe^ 
condes  noces  pendant  le  deuil  de 
leur  premier  mari,  qUi  étoit  de  dii^ 
mois.  Par  une  loi  plus  fage,  il  or- 
donna qu'on  délivrât  les  prifon- 
niers  à  Pâques.  Ce  fiit  en  portant 
cette  ordonnance  qu'il  dit  ces  pa- 
roles mémorables  :  PWt  à  DîeuquU 
fût  à  mon  pouvoir  de  rejfufcker  les 
Morts  !  Il  couronna  tous  ces  régle- 
mensfalutaires,par  dèsEdits  féveres 
contre  le^  délateurs  convaincus  de 
menfonge.  Athalarïc ,  roi  des  Goths  ,- 
fe  réfugia  vers  ce  temps  auprès  de 
Théodofe ,  qui  le  traita  en  roi ,  & 
qui  lui  fit  après  fa  mort  dtô  funé** 
railles  magnifiques  -,  cette  générer 
fité  n'empêcha  pas  que  plufieurs 
Barbares  ne  fifi«at  des  irru^tioos 


THE 

iiaas  la  Thrace.  Théodofe  mardie 
contre  eiix  «  leur  livre  bataille  au 
mois  d'Août  381 ,  les  défait  &  les 
jPorce  à  repafier  le  Danube.  Son 
nom  pénétra  dans  les  pays  étran- 
gers. Sapor  III y  roi  de  Perfe,  lui 
envoya  des  ambaffadeurs ,  pour  lui 
demander  à  faire  alliance  enfemble. 
Ces  deux  princes  firent  un  traité  de 
îaix  qui  dura  long  -  temps.  L'an 
5S5  fiit  c^ebre  par  une  conjuration 
formée  contre  lui.  Il  défendit  de 
citer  en  juâice  ceux  qui ,  fans  être 
complices  ,  en  avoient  été  inftruits 
&  ne  Tavoient  pas  découverte,  il 
laiâa  condamner  les  conjurés ,  & 
leur  envoya  leur  grâce  lorfqu'on 
les  conduifoitau  fupplice.  Usèrent 
redevables  de  la  vie  à  Ste,  FLaccllU 
fa  femme ,  à  qui  la  religion  infpira 
ce  que  la  politique  avoit  infpiré  à 
UvU ,  femme  ^Auguftc^  à  l'égard  de 
C'mna,  La  clémence  de  thiodoft  fe 
démentit  dans  une  occaiion  plus 
importante.  Il  y  eut ,  en  590 ,  une 
féÀtion  à  Theilalonique  «  capitale 
de  la  Macédoine.  BoeherU^  gouver- 
neur de  riUyrie ,  avoit  fait  mettre 
en  prifbo  un  cocher  accufé  du  crime 
infâme  de  pédéraitie.  Lorfqu'on 
donna  dans  cette  ville  des  fpeâa- 
cles  en  réjouiffance  des  viftoires  de 
Théodofe  ,1e  peuple  demanda  qu'on 
init  ce  cocher  en  liberté  *,  &  fur  le 
refus  du  goirvremeur  on  prit  les 
armes ,  &  Ton  tua  pluâeurs  officiers 
He  la  garnifon.  Bothcrlc  vint  en  per* 
fonne  pour  appaifer  ce  tumulte  ; 
mais  il  ôic  lui-même  maâacré.  Tâ/o- 
ékfe  ,  à  cette  nouvelle  ,  n'éjcouta 
que  fa  colère,  &  fit  paiTer  tous  les 
habitans  au  fil  de  l'épée.  On  peut 
Voir  dans  l'article  de  S,  Jmbrojsi 
comment  cet  illuftre  prélat  lui  fit 
expier  cette  horreur ,  d'autant  plus 
révoltante  dans  Théodofe ,  qu'il  avoit 
pardonné  à  la  ville  d'Antioche  , 
coupable  du  même  crime.  Cepen- 
<dant  Maxime ,  qui  avoit  tué  GratUn 
P-  ^  s'étQÎc  ié^  décbrer  e^npereur^ 


THE  79 

preflbît  le  Jeune  Valentînien,  Théo^ 
doft  fit  la  guerre  à  ce  tyran ,  le  défit 
en  deux  batailles ,  dans  la  Hongrie 
&  en  Italie  •,  &  l'ayant  pourfuivi 
jufqu'a  Aquitée>  il  contraignit  les 
foldats  de  le  lui  remettre.  On  l'a- 
mena dans  le  camp  de  Théodofe^ 
qui  vouloit  lui  pardonner  *,  mais  les 
foldats  le  jugeant  indigne  de  fade* 
menée ,  le  tuèrent  hors  de  fa  terne 
&  lui  coupèrent  la  tête.  C'eft  ainâ 
que  finit  cette  guerre  ,  deux  ans 
avant  la  cruelle  fcene  de  Thefialo- 
nique  ,  &  que  Théodofe  ,  ayant 
pacifié  rOccident  pour  VaUntinicn  , 
s'afTura  la  pofîeffîon  de  l'Orient 
pour  lui  &  pour  ïts  enfans.  L'année 
îiiivame  389 ,  il  vint  à  Rome  pour 
y  recevoir  les  honneurs  du  triom* 
phe  y  &  y  fit  abattre  les  reûes  de 
l'idolâtrie.  Après  ce  triomphe  , 
Théodofe  retourna  à  Conflantinople  ^ 
&  défit  une  troupe  de  Barbares  qui 
pilloient  la  Macédoine  &  laThracç. 
Arhogaftt ,  Gaulois  d'origine ,  dé« 
pouilla  l'empereur  VaUmnîeu  de 
fon  autorité  ,  &  lui  donna  la  mort. 
Pour  éviter  la  peine  due  à  fon 
crime  ,  il  choifit  Eugène  ,  homme 
de  la  lie  du  peuple ,  qui  avoit  enfei- 
ghé  la  grammaire ,  &  le  fit  déclarer 
empereur  à  condition  qu'il  permet- 
troit  ridolâtrie.  Théodofeh  prépara 
à  lui  faire  la  guerre  ;  &  après  avoir 
été  battu  ,  il  défit  l'ufurpateur  ,  le 
6  Septembre,  à  Aquilée,  l'an  394* 
Eupne  eut  la  tête  nranchée,  &  Arho» 
gafie  fe  tua  lui-même.  On  Èiifoit  de 
grands  préparatifs  à  Con&antinople 
pour  recevoir  Théodofe  en  triom- 
phe.  Il  tomba  malade  à  Milan ,  &  y 
mourut  d^hydropiiie ,  le  17  Janvier 
^95. 11  étoit  âgé  de  50  ans,  &  ea  , 
avoit  régné  16.  Son  corps  fut  porté 
à  Confkntinople,  où^c^^efon  fils 
le  fit  mettre  dans  le  maufolée  de 
Conftantin,  Théodofe  doit  être  mis  au 
nombre  des  rois  qui  font  honneur 
à  l'humanité.  S'il  eut  des  paflions 
violem^  »  il  les  réprima  par  de 


8o  THE 

violens  e6Forts.  La  colère  &  la  ve.n* 
geance  furent  fes  premiers  mouve- 
mens  ;  mais  la  réflexion  le  ramenoh 
à  la  douceur.  On  connoit  cette  Loi 
û  digne  d'un  prince  Chrétien,  por* 
tée  en  393 ,  au  fujet  de  ceux  qui 
attaquent  la  réputation  de  leur 
monarque  :  Si  quelqu'un  ,  dit  -  il  « 
s*éehapp:  jufqu*à  diffamer  notre  Nom  , 
flocr«  gouvernement  &  notre  conduite , 
nous  ne  voulons  point  qu'il  foit  fujct  à 
la  peine  ordinaire  portée  par  Us  Lois , 
ou  que  nos  Officiers  Itâ  faffent  fouffrir 
au^un  traitement  rigoureux,  Carficeft 
par  légèreté  qu'il  ait  mal  parlé  de  Nous , 
il  faut  le  méprifer  ;  fi  c*efi  par  une 
aveugle  folie ,  il  eft  digne  de  compaffion  ; 
&  fi  cefi  par  malice ,  //  faut  lui  par» 
donner,  Plufieurs  écrivains  l'ont 
comparé  à  Trajan  dont  il  defcen- 
doit ,  &  à  qui  il  refliembloit  par  la 
figure  &  par  le  caraôere  ;  l'un  & 
l'autre  étoient  bienfaifans ,  magni- 
fiques ,  juftes ,  humains.  Tel  Théo^ 
dofe  avoit  été  à  l'égard  de  fes  amis 
dans  l'état  de  (impie  particulier  , 
tel  il  fut  envers  tout  le  monde  , 
après  être  monté  fur  le  trône.  Sa 
règle  étoit  d*en  ag'r  avec  fes  Sujets  , 
comme  il  avoit  autrefois  fouhaité  d* être 
traité  lui-même  par  f Empereur,  Il 
n*avoit  rien  de  la  fierté  qu*infpire 
le  fceptre.  S'il  accordoit  quelque 
préférence  honorable ,  c'étoit  aux 
favans  6c  aux  gens  de  lettres.  Jamais 
le  peuple  ne  fut  moins  chargé  d'im- 
pôts que  fous  fon  règne.  Il  appe- 
îoit  une. heure  perdue,  celle  où  il 
n*avoit  pu  faire  du  bien.  Il  fa  voit 
parler  à  chacun  félon  fon  rang ,  fa 
qualité ,  fa  profefiion.  Ses  difcours 
avoient  en  même  temps  de  la  grâce 
8t  de  la  dignité.  Il  pratiquoit  les 
exercices  du  corps ,  fans  fe  livrer 
trop  au  plaifir  &  fans  fe  fatiguer. 
11  aimait  fur-tout  la  promenade  -, 
mais  le  travail  des  affaires  précédoit 
toujours  le  délaffement.  Il  n*e?n- 
ployoît  d'autre  régime  pour  con- 
fervér  fa  fanté ,  qu'uoe  vie  fobre 


THE 

&  frugale;  ce  qui  ne  TempêchoilK 
pas  de  donner  dans  Toccafion  de» 
repas  où  l'élégance  &  la  gaieté 
brilloient  plus  que  la  dépenfe.  Il 
diminua  dès  le  commencement,cellô 
de  fa  table  -,  &  fon  exemple  tint  lieu 
dé  loi  fomptuaire  •,  mab  il  conferva 
toujours  dans  le  fervice  de  fa  mai- 
fon,cet  atr  de  grandeur  qui  convient 
à  un  puifiant  prince.  Les  libéralités 
qu'il  fit  aux  habitans  de  Confian- 
tinople ,  y  attirèrent  un  fi  grand 
nombre  de  citoyens ,  qu'on  déli- 
béra fur  la  fin  de  fon  règne ,  fi  l'on 
ne  feroit  point  une  féconde  en- 
ceinte ,  quoique  dix  ans  auparavant 
les  maifons  n'occupaffent  qu'une 
très-petite  partie  de  la  ville  ,  le  reila 
n'étant  que  des  jardins  ou  des  terres 
labourables.  C'eft  le  dernier  prince 
qui  ait  poiTédé  l'empire  Romain  en 
entier.  Il  laifiici  trois  enfans ,  Arcade  , 
Honorius  ,  &  Pulckerîe,  Arcade  fut 
empereur  d'Orient,  &  Honorius^ 
d'Occident. 

N,  B.  L'Editeur  du  DlHionnalre 
de  Ladvocaty  fait  naître  Théodofi 
vers  l'an  336 ,  &  lui  donne  60  ans 
de  vie.  M.  Beauvaîs  ,  dans  fon  Hif" 
toire  abrégée  des  Empereurs ,  place  la 
naiffance  de  Théodofe  en  346  ,  & 
le  fait  mourir  âgé  de  50  ans.  Nous 
avons  cru  devoir  donner  la  préfé- 
rence à  cet  auteur  ,  qui  eu  très- 
infiruit,  &  qui  a  fuivi  en  cela  les 
meilleurs  hifioriens. 

II,  THEODOSE  II,  le  Jeune ^ 
petit-fils  du  précédent,  né  le.it 
Avril  401 ,  fuccéda  à  Arcade ,  fon 
père ,  le  premier  Mai  408.  Ste,  Pul^ 
chérie ,  fa  fœur  ,  gouverna  fous  (on 
nom.  C'eft  elle  qui  lui  fit  époufer 
Athenaîs,  fille  du  philofophe  Léonce  ^ 
laquelle  reçut  au  baptême  le  nom 
d'Eudocîe,  Théodofe^  placé  fur  le 
trône,  ne  prit  prefque  aucune  part 
aux  événemens  de  fon  règne.  Les 
Perfes  armèrent  contre  lui  en  421  ; 
il  leva  des  troupes  pour  s'oppofer 
à  leurs  conquêtes,  Les  d'eux  arméeà 
qui 


r 


*r  ttÊ 


ffbï  ^  cherchoient  Vvûae  te  Tautré , 
iureat   toutes  les  deux  faifies  de 
crainte  lorfqu*elIes  s'approchèrent , 
&  fuirent  chacune  de   leur  côté. 
Les  Perfes  fe    précipitèrent   dans 
l'Euphrate ,  où  Û  en  périt  près  de 
cent  milles.  Les  Romains  abandon- 
itèrent  le  iîége  de  NlÂbe ,  brûlèrent 
leiB-s  machines  &  rentrèrent- daas 
les  terres  de  Tempire.  Il  envoya 
Ciifuite  une  armée  en  Afrique  contre 
Cmftiîc ,  roi  dès  Vandales ,  qui  fut 
encore    plus    malheureufe.   Il  fut 
obligé  de  la  rappeler  pour  l'op- 
pofer  aux  Huns  qai  ravageoient  la 
Thrace  fous  la  conduite  A* Attila» 
Ses  troupes  n'ayant  pu  arrêter  les 
tourfes  de  ces  Barbares ,  ce  nt  fut 
qu*à  force  d'argent  qu'il  les  fit  re- 
tirer. Thtodofc  11  fe  rendit  mépri- 
£ible  par  la  confiance  qu'il  donna 
â  Tes  eunuques.  Sa  foiblefïe  alloit 
jufqu'à  ligner  ce  qu'on  lui  préfen-^ 
toit ,  fans  prendre  même  la  peine 
de  le  lire.  La  vertueufe  PuUhcrie ,  fa 
foeur,  Tavoit  corrigé  de  plufieurs 
défauts  ;  elle  le  corrigea  encore  de 
celui-là.  Un  jour  elle  lui  préfcma 
Un  ade  à  figner ,  par  lequel  »  il 
w  abandonnoit    l'Impératrice  »    fa 
*»  femme,  pour  être  efclave  ".  11 
le  figna  fans  le  lire*,  &   lorfque 
FulcUrU  lui  «ut  fiiit  connoitre  ce 
que  c'étoit,   il  en  eut  une  telle 
confuôon  »  qu'il  ne  retomba  jamais 
dans  la  même  faute.   Ce  prince, 
particulier   eftimable  ,   mais   mo- 
narque méprifé  ,  a  voit  d'abord  &- 
vorifé  les  NtftorUns  &  les  £«0'- 
dJms  j  mais  il  les  condamna  fur  la 
fia  de  fa  vie.  Il  niourut  le  28  Jtfil- 
let450,  à  49  ans  4  ne  laifîarAlue 
L'claîa  Eudoxia ,  femme  de  VaUn-' 
tuiîcn  m.   Ce  prince  avoit  de  la 
douceur  &  du  goût  pour  les  art^. 
Ceft  lui  qui  publfa  >  le  1 5  Janvier 
438 ,  le  Code  dit  Théodofien  de  fon 
tic»m,  imprimé  a  Lyon  en  166  ç*, 
6  tomes  xn-foL  :  c'eft  un  recueil 
de  Lois  choifîes  entre  celly  que 
Tome  IX. 


T  H  Ê  U 

les  empereurs  légitimes  avoiene 
faites.  Après  fa  mort  de  ce  prince^ 
Pulchcrk  fît  élire  MarcUn, 

III.  THEOPOSE III ,  furnommé 
Tjidramitaia  ;  fut  mis,  malgré  lui, 
fur  le  trône  d'Orient,  l'an  716.  Il 
étoit  receveur  des  impôts  de  la  ville 
d'Adramite  ,  en  Natolie  ,  fa  patrie* 
lorfque  l'armée  d'Anj/iaJe  II  s'étant 
révoltée,  le  proclama  empereùr^^ 
H  fat  couronné  par  le  patriarche 
de  Conllancinople.  Maii  n'ayant  ni 
affez  de  termeté ,  ni  allez  de  génie 
pour  tenir  le  fceptre  impérial  dan» 
des  temps  difficiles  ,  il  le  céda  à 
Léon  ri/aurien  ,  vers  le  mois  de 
Mars  717  ,  &  fe  retira  dans  un 
monaftere  d'Ephefe.  II  y  mourut 
faintement.  Son  cara£tere  modéré 
&  la  nobleffe  de  fes  fentimens ,  le 
rcndoient  un  particulier  eftimable  ; 
mais  il  falioi:  un.  héros  pour  re- 
pouiTer  les  Barbares  qui  inondoient 
l'empire. 

THEODOSË,  moine  fa^ieux; 
Voy^i  EUTYCHÈS  ,^rs  la  fin, 

THEODOSE,  royei  Mauro-^ 
tico,  &  Gehasime. 

I.  THEODOTE  ,  le  VaUntlnlmi 
n'eft  connu  que  p.ir  fes  Eglogues  g 
que  le  Père  Cumb-fis  nous  a  don- 
nées fur  le  manufcrit  de*  la  Biblîo" 
thequc  des  Percs^  Ces  Eglogues  ne 
contiennent  qu'une  application  de 
l'Ecriture  au  fyiUme  de  Valentîn, 
Thiod^te  prétend  y  prouver  les 
différens  points  de  la  dodrine  de 
Ftf/irtf//i  i  par  quelques  pafiages  de 
l'Ecriture.  Cet  ouvragfe  a  été  com- 
menté par  le  Pcre  Combéfis ,  &  fe 
trouve  dans  la  BlhUoth^ui  Grecque 
de  Fabrîcîus. 

II.  THEODOTE  de  Bïzance, 

furnommé  U  Com^ycur,  du  nom  de 
fa  profefîion.  Pendant  la  perfécu- 
tion  qui  s*éleva.  fous  Marc-Aurde  , 
Théodou  fut  arrêté ,  avec  beaucoup 
de  Qirétiens  qui  confefférent  J.  C« 
&  ^remportèrent  la  couronne  du 
martyre.  Ce  miférable  renonça  ^ 

F 


ti         THE 

fon  Dieu  -,  les  fidellcs  lui  firent  tout 
les  reproches  que  méritoit  fon 
crime-,  &  pour  s'excufer ,  il  voulut 
prouver  que  Je/us  -  ChrlJI  n'étoit 
qu'un  homme.  Sa  doârine  fouleva 
tout  le  monde ,  &  Théodore  fut  ex- 
communié par  le  pape  Vtcior  ;  il 
trouva  cependant  des  difcipIes>qu'on 
nomma  tkéodoncns  «  &  Alo§îens,  Ils 
prétendoient  que  la  dofbine  de 
leur  maître  avoit  été  enfeignée  par 
les  Apôtres ,  )ufqu*'au  pontificat^ie 
Zèphirîn^  qui  avoit  corrompu  la 
dofb'ine  de  TEglife»  en  faifant  un 
dogme  de  la  Divinité  de  J.  C. 

III.  THEODOTE,  U  Banquier» 
tira  ce  nom  de  la  profeffion  qu'il 
exerçoit.  Il  fut  l'auteur  de  la  feâe 
des  MeUhijcdicîens ,  qui  prétendoieAt 
que  J.  C. ,  dont  ils  nioient  la  divi- 
nité ,  étoit  inférieur  à  Mekhîfedtch, 
s*  Voyant ,  (  dit  M.  Pluqtut,  )  qu'on 
"  appliquoit  à  J.  C,*oes  paroles  du 
>»  Pfeaume  :  Vous  êtes  Prêtre  félon 
'*  tordre  de  M^Uhifcdech  ;  il  crut  voir 
»  dans  ce  tesA  une  raifon  péremp- 
•'  toire  contre  la  divinité  de  J.  C.  ; 
"  &  tout  l'effet  de  fon  efprit  fe 
»»  tourna  du  côté  des  preuves  qui 
»♦  pou  voient  établir  que  Aîe/chî/edeck 
*'  étoitfupérieurà  Jesus-Christ, 
»  Ce  point  devint  le  principe  fon- 
»♦  damemaldufentimentdeTAcoiibrt 
»  le  Banquier  &  de  fes  difcipîes.  On 
>♦  rechercha  tous  les  endroits  de 
»  1  Ecriture  qui  parloient  de  Mel- 
»♦  chlfedech.  On  trouva  que  Moyft 
"  le  repréfentoit  comme  le  prêtre 
.»♦  du  Très-Haut  -,  qu'il  avoit  béni 
M  Abraham  ;    que  S,  Paul  alTuroit 
>♦  que  Mekhiftdech  étoit  fans  père , 
"  fans  mère ,  fans  généalogie  ♦  fans 
"  commencement  de  jours ,  &  fans 
"  fin  de  vie  ,    facrilicateur  pour 
>♦  toujours.  Théodote  &  fes  difcipies 
M  conclurent  de  là ,  que  Mdchlfedech 
"  n'étoit  point  un  homme  comme 
i>  les^  autres  hommes  ,  &  qu'il  étoit 
»  fupérieur  à  J.  C. ,  qui  avoit  c©m- 
i«  nwncé  &  qui  étoit  mort,  ^j^ên, 


THE 

M  qat  Melchtfedech  étoit  leprêft^ 
w  pontife  du  facerdoce  éternel  , 
>t  par  lequel  nous  avions  accès  aur 
»>  près  de  Dieu,  &  qu  il  devoit  être 
»  lobjet  du  culte  des  hommes.  Les 
"  diicipks  de  Théodote  firent  donc 
**  leurs  oblations  &  leurs  prières 
>♦  au  nom  de  Melchîfedech  ^  qu'ils 
i»  regardoient  comme  le  vrai  mé- 
**  diateur  entre  Dieu  &  les  hommes, 
"  &  qui  devoit  nous  bénir  comme 
»'  il  avoit  béni  Abraham.  HUrax  , 
»  fur  la  fin  du  troifieme  fiecle  . 
>»  adbpta  en  partie  l'erreur  de  Théo» 
V  dotc^  &  prétendit  que  Melch'ifcdeck 
»  étoit  le  Saint-Efpr'u»,  Mais  toutes 
ces  rêveries  tombèrent  peu  à  peu 
dans  l'abyme  de  l'oubli. 

IV. THEODOTE,  Teyc^  Pto- 

LOMÉE  ,   n°   IV. 

THÈODOTIEN  S, Voyelles 

articles  précédens. 

THEODOTION,  natif  d'Ephefc, 
fut  difciple  de  TatUn ,  puis  feéVa- 
teur  AtMarclon,  Il  pafTaenfulte  dan& 
la  fynagogue  des  «Juifs  ,  où  il  fut 
reçu  à  condition  qu'il  traduiroit 
l'Ancien  Teftament  en  grec.  Il  * 
remplit  fa  promefie  l'an  i8  5 ,  fous 
le  règne  de  Commode,  Il  ne  nous 
refie  de  lui  que  des-^ragme&s  de 
cette  Verfion.  Elle  étoit  plus  hardie 
que  celle  des  Septanie ,  &  que  celle 
d'Aquila  ,  qui  avoient  ét^  faites 
auparavant  ;  &  l'auteur  s'étoit  per- 
mis d'ajouter  ou  de  retrancher  des 
pafTages  entiers. 

THEODULE,  Voye[  I.  Nil. 
THEODULPHE,  étoit  origi- 
naire de  la  Gaule  Cifalpine.  Char- 
lenyigne ,  qui  l'avoit  amené  d'Italie , 
à  Afô  de  fon  favoir  &  de  fon  ef- 
prit, lui  donna  l'abbaye  de  Fleuri,  1 
puis  l'évêché  d'Orléans ,  vers  Pan 
793.  Ce  prince  le  choifit  pou» 
figner  f«n  tefiament  en  811.  Louis 
le  Débonnaire  hérita  de  l'eilime 
que  fon  père  avoit  pour  lui.  Maïs 
Théodulphe ,  ayant  été  accufé  d'avoir 
eu  pau  à  la  conjuration  de  Bernard^ 


THE  . 

roî  tf  Italie  ,  fut  mis  en  prlfon  à 
Angers.  Il  protefta  toute  f*  vie  qu'il 
ëtoit  innocent-,  &  peut-être  Tim- 
putadon  qu'on  lui  fit ,  ne  fut- elle 
qu'une  trame  de   l'envie  &  de  la 
méchanceté.  C'eft-là  qu'il  compofa 
3  Hymne  Gloria ,  laus  &  honor ,  dont 
on  chante   le   commencement  au 
|our  des  Rameaux.  On  prétend  que 
l'ayant  chantée  'd'une  fenêtre  de  la 
prifon ,  dans  le  temps  qiie  l'empe- 
reur piiToit ,  ce  prince  fut  û  charmé 
de  cette  pièce ,  (  dont  le  mérite  eft 
pourtant  très- médiocre,  )  qu'il  lui 
rendit  la  liberté.   Il  en  jouit  fort 
peu  de  temps.  On  croit  qu'il  mourut 
en  821 ,  en  retournant  à  fon  Eglife. 
C'ctoit ,  dit  le  P.    Longuevai  »   un 
pafteur  vigilant  &  laborieux,  & 
un  des  plus  beaux  efprits  de  Ton 
temps.  Il  ne  lui  manqua ,  pour  être 
vn  écrivain  poli  ,  que  d'être   né 
ëans  un  fiede  moins  barbare.  On 
a  de  lui  un  Traité  du  Baptême  ;  un 
autre  du   Saînt-E/prlt  ;  deux   Capi- 
tulaîres  adreiTés  à  fes  curés  ,  qu'on 
peut  regarder  comme  des  monu- 
mens  de  la  difcipline  de  foi»  temps. 
Il  avoir   été  envoyé  (iommiffaire 
pv  Charlemagne,  dans  les  provinces 
volfines  du  Rhône,  pour  y  admi- 
niftrer  la  juftice.  Dans  tous  les  lieuir 
où  il  arriw>it ,  r)ti  lui  offroit  des 
préfens    cq§lîdérables.     Il    fut  fi 
choqué  de  cet  ufage  ,  qu'il  fit  un 
poëme  de  près  de  mille  vçrs  pour 
exhorter   les  juges  à   refufer  des 
dons  qui  pouvoient  corrompre  leur 
équité.  Cet  Ouvrage  eft  plus  efti- 
Biable  par  fon  objet  que  par  l'élé- 
gance de  la  poéfie.  Le  Père  Sir" 
tnond ,  Jéfuite  ,  publia    en   1646  , 
in-S^,  une  bonne  édition  de  £es 
lEuvres. 

THEOGNÏS  ,^poëte  Grec ,  natif 

de  Mégare ,  fioriiToic  544  ans  avant 

J.  C.  Nous  n'avons  de  lui  que  des 

Frapnens^  Leipzig,  1576,  in-8® -, 

.  ^  tos  le  Corpus  pQetarum  ^r<vc,  « 


THE  8j' 

à  Gçneve,  1606  &  1614,  2  vol. 
in-fol. 

.  I.  THEON,  foplûfte  Grec  ,  eft 
avantageufement  connu  dans  le 
monde  littéraire  par  un  Traité  de 
Rhitoruiue ,  écrit  avec  goût  &  avec 
élégance.  Les  meilleures  éditions 
de  ce  livre  font  celles  d'Upfal , 
1670,  in-8"i  ôcde  Leyde,  1726, 
in-8° ,  en  grec  &  en  latin. 

II.  THEON  d'Alexandrie  , 
philofophe  &  mathématicien  du 
temps  de  Théodofe  le  Grand ^  fut  pfcre 
de  la  favante  Hypack,  Il  compofa 
divers  Ouvrages  de  Mathématiques^ 
Paris,  1644,  in-4°, 

I.  THEOPHANE  ,  fille  queNep^ 
turn  époufa ,  &  qu'il  métamorphofa 
en  brebis.  Elle  fut  mère  du  fameux 
bélier  de  la  Torfon  dOr. 

II.  THEOPHANE  ,  (  George  ) 
d'une  des  plus  nobles  &  des  plus 
riches  maifons  de  Conftantinople  , 
fut  marié  très-jeune,  &  vécut  en 
continence  avec  fa  femme.  Il  em- 
braffa  enfuite  l'état  monaftique,  & 
fe  fit  un  nom  refpeûable  par  fes 
vertus.  S'étant  trouvé ,  en  787 ,  au 
vil®  concile  général ,  il  reçut,  des 
Pères  de  cette  affemblée ,  les  hon- 
neurs les  plus  diftingués.  L'empe- 
reur lion  V Arménien  l'exila  dans 
rifle  de  Saraothrace  *  où  il  mourut 
en  818,  On  a  de  lui  une  Chronique^ 
qui  commence  où  finit  celle  de 
Syncellcy  &  qui  va  jufqu'au  régna 
de  Michel  Curopalate.  Elle  fut  im^ 
primée  au  Louvre  en  16  j  j,  in-fol. , 

'  en  grec  &  en  latin,  avec  celle  de 
Léon  le  Grammairkn  ,  cum  Notism 
On  y  trouve  des  chofes  utiles  j 
mais  on  rencontre  fouvent  les 
traces  d'un  efprît  crédule  &  d'un 
critique  fans  jugement....  Il  y  a  eu 
m^  autre  hiftorien  de  ce  nom ,  qui 
fuivit  Pompée  dans  fes  expéditions  , 
pour  les.  tranfmettre  à  la  poftérité. 
Celui-ci  étoit  de  Mitilene  ,  ville  à 
laquelle  on  rendit  la  liberté  CQi 
conj(^déraciQn  dé  fes  talens. 

F  ij 


U.        THE  THE 

Il  ne  faut  pas  le  confondre  arvec  în-foT.  L'ameur  s'attache  a  y  moi»^ 
T HÈOP  H  AN  i.  Cerameus ,  c'eû-k-àiret  trer  la  vérité  du  Chriôianifme  SL 
h  PuUr ,  évêque  de  Tauromine  ,••  l*abfurdité  de  l'idolâtrie. 


eh  Sicile  X  dans  le  xi*  Oecle.  On  a 
de  lui  des  Homélies,  imprimées  en 
grêc  &  en  latin  à  Paris,  en  1644. 
THEOPHANIE  ou  Theopha- 
V  UON  ,  fille  d'un  cabaretier ,  par- 
vint par  fes  intrigiies  &  fon  adreffe 
à  fe  faire  donner  la  couronne  im- 
périale. Romain  le  Jeune  ,  empereur 
d'Oiiont,  l'époufa  en  959.  Après 
la  niv  rî  de  ce  prince  en  963 ,  elle 
fut  déclarée  régente  de  l'empire; 
&  mal^gré  ce  titre,  elle  donna  la 
main  à  Nicéphore  Fhocas  ,  qu'elle 
plaça  fur  le  trône ,  après  en  avoir 
feit  defcendre  £/I./we  fon  fils  aîné. 
LafTe  bientôt  de  fon  nouvel  époux , 
elle  le  fit  affafliner  par  han  Zlmlf" 
€&s ,  en  Décembre  969.  (  Voy,  Je  A  N 


//.  THEOPHILE,  fameux  pa- 
triarche d'Alexandrie ,  après  Timo^ 
thés ,  Pan  28^5 ,  acheva  de  ruiner 
les  reftes  de  l'Idolâtrie  en  Egypte  ^ 
en  faifant  abattre  le  temple  Ôc  les 
idoles  des  faux  Dieux.  Il  pacî6a  les 
differens  furvenus  entre  Evagre  & 
fUvhn  ,  tous  deux  ordonnés  évê- 
ques  d'Antioche.  Mais  rambition. 
ternit  toutes  fes  vertus.    Meilleur 
politique  que  bon  évêque  ,  il  fe  dé^ 
cl  ara  ouvertement  contre  Saint  Jean» 
Chryfûftomty  le  fit  dépofcr  dans  le 
concile  du  Qiêne  ,   &    refufa  de 
mettre  fon  nom  dans  les    dipty- 
ques. Ce  prélit  intrigant  mourut 
en  412.  On  prétend  qu'étant  près 
d'expirer,  &  faifant  attention  à  la 


1.  n®  xtix.  )  Le  meurtrier  ayant  longue  pénitence  de  5a;/2f^A/ôie,  il 
été  reconnu  empereur ,  exila  Théo-  s'écria  :  Q««  vous  tus  heureux ,  Ar- 
phanU  dans  riiîfe  de  Proté ,  où  il  fene  ,  d  avoir  toujours  eu  cette  heure 
h.  laiffa  languir  pendant  le  cours  de  devant  les  yeux  !  11  nous  refle  de  lui- 
ion  règne.  Ce  prinee  étant  mort  quelques  Ecrits ,  dont  on  ne  fait  pas 
en  97  5  ,  l'impératrice  fut  rappelée  beaucoup  de  cas.  On  les  trouve  dans 
à  Conftantinople  par  fes  fils  Bajîle  la  Bibliothèque  des  Pères, 
&  Conftantin ,  qui  lui    donnèrent  ///.  THEOPHILE  ,     empereur 


beaucoup  de  part  au  gouvernement. 
On  ignore  l'année  de  fa  mort;  mais 
fen  fkit  qu'elle  étoit  d'un  efprit 
ferme ,  &  que  fon  cœur  étoit  capa- 
ble de  tous  les  crimes. 

THEOPHILACTE,  Voy.  Theo- 
ïHYLACTE  ,  &  II.  Michel  à  la 

I.  THEOPHILE  ,  vi«  évêque 


d'Orient,  monta  fur  le  trône  e» 
Oftobre  819 ,  après  fon  père  Michet 
U  Begae^  qui  l*avoit  déjà  affocié  à 
l'e.npire,  &  lui  avoit  tnfptré  fo» 
horreur  pour  les  faifpes  Images^ 
Cette  longue  &  fimeile  difpute- 
divifoit  toujours  l'empire  :  Tkéo^ 
phile  eut  la  foibleffe  de  s'en  mêler  *. 
&  la    cruauté  de  perfécuter  ceu:^ 


é'Antioche ,  fut  élevé  fur  ce  fiége  qui  ne  penfoient  pas  comme  lui,^ 

Fan  176  de  J.  C.  Il  écrivit  contre  H  commença  fon  règne  par  le  châ-« 

Marcion   &  contre  Hermogene  ,    &  tiraént  des   aiTa/Iins  de  Lion  VAr» 

gouverna  fagement  fon  Eglife  juf-  ménien;  il  fongea  enfuite  férietife*^ 

que  vers  l'an  186.  Il  nous  refte  de  ment  à  repouffer  lesSarrafins.  Il 

lui  iJi  Livres  en  grec  ,  adreffés  à  leur  livra  cinq  fois  bataille ,  &  fiit 

Autolycus ,  contre  les  calomniateurs  presque  toujours  malheureux.  Le 

de  la  re%ion  Chrétienne.  C'eft  dans  chagrin  que  lui  canfa  la  pette  de  I» 

cet  Ouvrage  qu'on  trouve  pour  la  dernière ,   le  toucha  fi  vivement  ^ 

première  fois  le  mot  de  Trinité.  Il  qu'il  en  mourut  de  douleur  en  Jan- 

a  éîé  imprimé  en  grec  &  en  latin ,  vier  842.  On  a  dit  beaucoup  de 

avec  les  Œuvres  de  Saint  JuJUn^i^j^z^  bien  &  beaucoup  de  mal  de  ce  princt* 


r 

I  Smvant  les  urrS ,  il  étoît  bon  polî- 
^  «ique  &  aimoic  la  juillce  *,  fuivant 
d'autres ,  il  n  avoit  que  des  vertus 
feintes  &  des  vices  réels;  ils  le 
font  <x)lere ,  emporté  »  vindicaûf , 
foupçonneux.  Les  Cadioliques  l'ac- 
cuferent  d'impiété.  Si  l'on  en  croit 
quelques  hifloriens  ,  il  reiecoit.  non- 
feulement  le  culte  des  Images  ,  mais 
encore  de  la  Divinité^de  Je  Ais-Çhrift, 
Texifience  des  Démons ,  &  la  Ré^ur- 
reôion  des  corps.  Il  eil  probable 
^ue,  s'il  avoit  penfé  ainfi,  il  au- 
Toit  pris  avec  moins  de  chaleur  la 
difpute  des  Iconoclaftes  ,  povr 
laquelle  il  ne  craignit  point  de 
répandre  le  ïang  des  Catholiques. 
Michel  fon  fils  lui  Tuccéda ,  fous 
la  tutelle  de  rimpératrice  Theodora 
Dcfpuna^  qui  rétablit  l'honneur  des 
Images.  Voye^  Théophobe...  m. 
Theodora...  &  Oanderi. 

ly.  THEOPHILE  ,  furnommé 
ViAUD ,  poète  François  ,  naquit 
vers  Tan  1 590 ,  au  village  de  Bouf- 
fiere-Sainte-Radegonde  dans  l'Agé- 
nois ,  d'un  avocat ,  de  non  pas  d'un 
cabaretier ,  comme  dit  le  déclama- 
teur.GaraJfe.  Il  avoit  l'imagination 
de  fon  pays,  &  étoit  d'une  fcciété 
agréable.  Ayant  quitté  de  bonne 
heure  la  province  pour  la  capitale , 
il  y  plut  par  fes  faillies  &  fes  im- 
promptu, parmi  lefquels  on  cite 
celui-ci  adreiTé  à  un  homme  qui 
lui  diibit  que  tous  les  poètes  étoient 
fous: 

Oui ,  je  l* avoue  avec  vous 
Que  tous  les  Poètes  font  fous  ^ 
MjIs  fâchant  ce  que  vous  êtes , 
Tous  les  fous  ne  font  pas  poètes» 

On  a  encore  cité  cet  Impromptu 
à  une  dame  qui  vouloit  être  com- 
parée au  foleil  : 

Que  me  veut  donc  cette  Importune  ? 
Que  je  la  compare  au  foleil, 
IL  eft  commun  ,  elle  efi  commune  ; 
Voilà  çc  quiis  ont  de  paieiU 


THE  85 

Théophile  auroit  pu  être  hanreux, 
s'il  s'étoit  borné  à  ces  failiie*  de 
fociété.  Mais  fa  conduite  &  fes 
Ecrits  trop  libres  lui  attirèrent  bien 
detchagrifiis.  Il  fut  oblige  de  pailier 
en  Angleterre  en  16 19.  Ses  amis 
lui  ayant  obtenu  fon  rappel ,  il  ab- 
jura le  Calvinifme.  Sa  converfîan 
ne  changea  ni  (ts  m,oeurs  peu  ré- 
glées^ ni  fon  efprit  porté  au  li- 
bertinage. Le  Pamuffc  Sat'rlque^ 
recueil. fali  par  une  lubricité  dé- 
gcûtante  &  par  une  in^piété  caré- 
née ,  ayant  paru  en  162Z  ,  on 
l'attribua  généralement  à  ThéophlU* 
L'ouvrage  fut  flétri,  l'auteur  dé- 
claré criminel  de Icfe-majefté divine, 
&  condamné  à  être  brûlé ,  ce  qui 
fut  exécuté  en  effigie.  On  le  pour- 
fuivit  vivement;  il  fut  arrêté  au 
Catelet  en  Picardie ,  i^mené  à  Paris  ^ 
&  renfermé  dans  le  même  cachot 
0\x  Raiaillac  avoit  été  mis.  Son 
affaire  fut  examinée  de  nouveaw , 
&  fur  les  proteftations  réitérées  de* 
fon  innocence  »  le  parlement  fe 
contenta  de  le  condamner  à  un 
banniiTement.  Ce  poëte  niourut  4 
Paris  en  1616  ,  à  36  ans ,  dans 
l'hôtel  du  duc  de  Montmorenci  cfui  l|ii 
avoit  donné  un  aille.  La  veille  de 
fa  mort,  Bolffat^  /on  ami,  étant 
allé  le  voir ,  Théophile  lui  témoi- 
gna une  grande  envie  de  manger 
des  anchois  ,  &  le  pria  inilamment 
de  lui  en  envoyer.  Mais  Boiffat  ^ 
perfuadé  que  ce  mets  étoit  fort  con- 
traire à  un  malade  «  refufa  de  le 
fatisfaire.  Il  fe  repentit  depuis  de 
ne  s'être  pas  prêté  aux  derniers  dé- 
firs  d'un  ami,  parce  que  la  nature 
demande  quelquefois,  des  chofes,  qui 
toutes  mal-faines  qu'elles  paroiiTent , 
peuvent  être  falutaires  par  la  difpo- 
fition  particulière  où  l'on  fe  trouve. 
♦♦  On  ne  peut  nier,  (dit  Nlceron) 
"  que  Théophile  n'ait  été  déréglé 
H  dans  fes  moeurs ,  libre  dans  fes 
»  difcours  ,  &  cynique  dans  fes 
»  vers  ;  mais  il  àl  difficile  de  (k 
F  iij 


H 


THE 


"  p^rfuad[er  qu'il  ait  été  âufS  C96- 
.  "  pàble  que  bien  des  gens  fe  l'ima- 
»  ginent ,  &  que  le  Père  Garajfc  le 
"  repréfcnte  dans  fa  Docirlm  eu- 
>♦  ricufc ,  fur-tout  lorfqu*on  a  Ifl  îts 
?*  Apologies.  Car ,  quoiqu'il  foit  à 
*'  prcfumer  qu'il  y  a  altéré  la  vé- 
w  rite  en  bien  des  chofes ,  il  n'eft 
»  pas  cependant  croyable  qu*il  n'y 
•#  ait  rien  de  vrai ,  &  que  tous  les 
»»  faits  qu*il  y  rapporte ,  foient  abfo- 
»»  lument  faux  ♦'.  [  Voyei  Racan, 
à  la  fin^  ]  Les  vers  de  Théophile  font 
pleins  d'irrégularités  &  de  négli- 
gences -,  mais  ony  remarque  du  génie 
&  de  l'imagination.  Il  eft  un  des 
premiers  auteurs  qui  ait  donné  des 
Ouvrages  mêlés  de  prqfe  &  de  vers. 
On  a  de  lui  ipti  Recueil  de  PoéficSy 
<jui  confiftent  en  Elégies  ,  Odes, 
Sonnets ,  &c.  ;  un  Traité  de  Clmtnor^ 
talité  de  l*Ame^  en  vers  &  en  profe  j 
Pyrame  &  Thishc  »  Tragédie  i  Socn^ 
hiourant ,  Tragédie  *,  Pafiphaé ,  Tra- 
gédie ,  1618  ,  très  "  médiocres  j 
trois  Apologies  ;  des  Lettres  ,  Paris  , 
-366a,  in- 12  -,  fes  Nouvelles  Œu- 
vres ^  Paris,  1641,  in-8**,  &c.  Ce 
poëte  avoit  des  Impromptu  fort  heu- 
reux. 

THEOPHILE  Raïnaud  ,  Voy. 
I.  Ratnaud. 

THEOPHOBE  ,  général  des 
armées  de  Théophile  empereur  dO- 
rient ,  étoit  né  à  Conftantinople , 
d'un  axibaiTadeur  Perfan ,  du  fang 
royal.  Po«r  fe  l'attacher  plus  étroi- 
tement ,  Théophile  lui  ht  époufer 
fa  fœur.  Théophobe  rendit  à  fon 
beav-ffere  ^t^  fervices  impor^ans. 
Son  courage  &  fa  bonté  lui  ga- 
gn  oient  les  troupes  ,  qui  furent 
quelquefois  viâorieùfes  fous  lui. 
Les  Perfes  qui  étoient  à  la  folde 
cle  l'empire ,  le  proclamèrent  deux 
fois  empereur  -,  mais  Théophobe  re- 
fiifa  le  diadème.  Théophile  ,  crai- 
gnant qu'il  ne  l'accaptât  enfin  , 
&  qu'il  n^enîevât  le  trône  à  fon 
fils  ,   le  fit   arrêter  ;  &  fe  voyant 


T  HË 

près  d'expirer  ,  il  lui  fit  trancher 
le  tête ,  quoiqu'il  fût  innocent  du 
crime  des  foldats.  On  dit  que  l'en»- 
percur  mourant, s'étant  fait  apporter 
iur  le  lit 'cette  tête,  fit  un  der- 
nier effort  pour  la  prendre  par  les 
cheveux.  Puis  la  regardant  avec  fu- 
reur :  Hé  bien ,  dit-il ,  je  ne  ferai 
plus  Théophile  ;  mais  toï-mémc  tu 
ne  feras  plus  Théophobe  ! .  ♦  C'cft  ainfâ 
que  périt  ,  en  842 ,  im  générai 
digne  d'un  meilleur  fort. 

THEOPHRASTE  ,  philofophc 
Grec ,  natif  d'Erefe  ,  ville  de  Lef- 
bos ,  éteit  fils  d'un  foulon.  Platon 
fut  fon  premier  maître.  De  cette 
école  il  pafi^a  dans  celle  ^Atijiotc  , 
où  il  fe  diftingua  finguliérement. 
Son  nouveai^  maître ,  charmé  de  la 
facilité  de  fon  efprit  &  de  la  dou- 
ceur de  fon  élocution ,  lui  change^ 
fon  nom  qui  étoit  Tyrtamc  ^  en 
celui  à'Euphrafie ,  quifignifie ,  Celui 
qui  parle  bien  -,  &  ce  nom  ne  ré- 
pondant point  afîez  à  la  haute 
cftime  qu'il  avoit  de  la  beauté  de 
fon  génie  &  de  fes  expreflîons, 
il  l'appela  Tiiéophrajh ,  c'cft-à-dire  , 
un  Homme  dont  le  langage  eft 
divin.  Arlfiote  difoit  de  lui  &  de 
Calltfthcne  (  un  autre  de  fes  difci- 
pies ,  )  ce  que  Platon  avoit  dit  la 
première  fois  6!Arifiou^  même  &  de 
Xénocrau  :  que  '♦  CalHjlhenc  étoit 
»♦  lent  à  concevoir  &  avoit  l'efprit 
»»  tardif  ;  &  que  Théophrafte  au  con- 
»  traire  l'a  voit  vit ,  perçant ,  péné- 
"  trant ,  &  qu'il  comprenoit  d'abord 
»»  d'une  chofe ,  tout  ce  qui  en  pou- 
»»  voit  être  connu  *».  Ârijîotc  obligé 
de  fortir  d'Athènes  ,  où  il  .crai- 
gnoit  le  fort  de  Socrate ,  abandonna 
fon  école  ,  l'an  3  i2  avant  Jefus- 
Chrift  ,  à  Théopiirafte ,  &  lui  confia 
fes  Ecrits ,  à  condition  de  les  tenir 
fecrets  ;  &  c'eft  par  le  difciple  que 
font  venus  jufqu'à  nous  le«j  Ou- 
vrages du  maître.  Son  nom  devint 
fi  célèbre  dans  toute  la  G'ecc  ,  qvi'il 
compta  dans  le  Lycée  jufqu'à  zooo 


T  hX 

Sffrts,  Ses  rares  qualités  fie  lui  ac- 
quirent pas  feulement  la'  bienveil- 
lance du  peuple  ,  nuis  encore  l'ef- 
time  &  la  familiariie  des  rois.  II 
fut  tmi  de  Cajfandrc ,  qui  avoit  fuc- 
cédé  à  Aridée  ,  (rere   d'Alexandre  le 
Grande  au  royaume  de  Macédoine  -, 
&  Ptolomcc  (ils  de  Lagus  ,  &  pre- 
mier roi  d'Egypte  ,  entretint  tou- 
jours un  commerce  étroit  avec  ce 
philosopher  Thcophraftc  mourut  ac- 
cablé d'années  &  de  fatigues,  & 
ne  ceâa  de  travailler  qu^en  cefTaiu 
de  vivre,  Cicéron  dit  qu'il  fe  plai- 
gnit ,  en  mourant ,  de  la  Nature  , 
»  de  ce  qu'elle  avoit  accordé  aux 
>*  cerfs   &  aux  corneilles  une  vie 
91  fi  longue  y  tandis  qu'elle  n'avoit 
»>  donné  aux  Hommes  qu'une  vie 
'  »  très-courte  «<  -,  mais  cette  plainte 
s  etoit  fondée  que  fur  une  erreur  ; 
il  feroit  tiès-diiRcile  de  citer  des 
cerfs  nonagénaires.  Parmi  les  maxi- 
mes de  ce  philofophe ,  on  diflingue 
celles-ci  :   I.  //    ne  faut  pas  aimer 
fes  Amis  pour  les  éprouver  ^  maïs  les 
éprouver  pour  les  aimer,  U.  Les  amis  dot' 
vent  lire  communj^  entre  les  frcres  , 
comme  tout  efi  commun  entre  Us  amis, 
ÏII.  Vhn  doit  plutôt  fe  fier  à  un  Cheval 
fans  frein  ^  qui   V Homme    qui  parle 
fans  jugement,  IV.    ha  plus  forte  dé' 
penfc  que  l'on  puiffe  faire ,  eft  celle  du 
Temps,  Il  dit  un  Jour  à  un  particu- 
lier <ftii  fe  taifoit  à   fa  table  dans 
un  fenin  :  Si  tu  es  un  habile  homme  ^ 
tu  as  tort  de  ne  pas  parler  ;  mais  fi  tu. 
ne  Ves  pas ,  tu  fais  beaucoup  en  fa» 
chant  ^tt  taire,  La  plupart  des  Ecrits 
de  Théophrafte  font  perdus  pour  la 
podérité  ;  ceux  qui  nous  reftent  de 
lui ,  font  :  I.  Une  Hlflolre  des  Pierres , 
dont  Hill  a  donné  une  belle  édi- 
tion à  Londres  en  1746 ,  in-fol. ,  en 
grec  &   en  anglois  ,  avec  de  fa- 
vantes    Notes,    IL   Un    Traité  des 
Plantes,  curieux  &  utile,  Amfter- 
dam,  1644',  in-fol.  ,&  traduit  en 
latin  par  Gara,  IIl.  Ses  Caractères  ^ 
ouvrage  qu'il   compofa  à  1  âge  de 


t  H  E  87 

99  ans ,  &  que  la  Bruyère  a  traduit 
en  françois.  Ifaac  Cafauhon  a  fait 
de  favans  Commentaires  fur  ce  petit 
Traité ,  Cambridge ,  1712  ,  in-S**  » 
qui  fe  joint  aux  Auteurs  cum  Notîs 
Varlorum,  U*  renferme  des  leçons 
de  morale ,  fort  utiles ,  &  des  détails 
bas  &  minutieux  ,  mais  qui  pei- 
gnent l'homme. 

L  THEOPHYLACTE  ,  Voye^ 
Michel  ,  n**  i/  ,  à  la  fin. 

II.  THEOPHYLACTE .  arche- 
vêque  d' Acride ,  métropole  de  toute 
la  Bulgarie  ,  naquit  8c  fut  élevé 
à  Conftantinople.  Il  travailla  avec 
zèle  à  établir  la  Foi  de  /-/««- 
Chrifl  dans  fo«  diocefe  ;  où  il  y. 
avoit  encore  un  grand  nombre  d« 
Païens«  Il  fe  fit  connôitre  des  fa- 
vans par  quelques  ouvrages.  Les 
principaux  font  :  I.  Des  Comment 
taires  fur  les  Evangiles  &  fur  les 
AÙes  des  Apôtres  ,  Paris ,  1631  , 
in-folio  ;  —  fur  les  Epîtres  de' 
S,  Paul  ,  &  fur  Hahacuc  ,  Jdnas  ^ 
Nahum &  Ofée ,  Paris ,  1636 ,  in-foU 
Ces  Commentaires  ne  fotit  prefque 
que  des  extraits  des  Ecrits  de  5.  Jean-^ 
Chryfoflomt,  IL  Des  Epitres  peu  in- 
téreffantes  ,  dans  la  Bibliothèque 
des  Pères,  III.  Inftltutio  Regia-,  au 
Louvre,  165 1,  in-4**  •,  réimprbné 
dans  Vlmperium  Orientale  de  Ban^ 
duri ,  8tc.  Ce  prélat  mourut  après 
l'atï  170 1. 

HI.  THEOPHYLACTE  SiMO- 
CATTA  ,  hiilorien  Grec,  floriffoit 
vers  l'an  611,  fous  Neraclius.  Nous 
avons  de  lui  une  Hîftoire  de  Tempe-  • 
reur  Maurice ,  imprimée  au  Louvre  , 
1647 ,  in>folio.  Elle  fait  partie  de 
la  Byzantine.  Le  Perc  Schotten  avoit  ' 
donné  une  édition  grecque  &  latine , 
1599,  in-8*^ 

THEOPOMPE,  célèbre  orateur 
&  h'iftorien  de  l'ifle  de  Chio ,  eut 
ïfocrate  pour  maître.  Il  remporta  le 
prix  qu*Arthemife  avoit  décerné  à 
celui  qui  feroit  le  plus  bel  Eloge 
funèbre  de  Maufolefoti  époux.  Tous 

F  iv 


:  n 


«8  THE 

fes  Ouvrages  fe  ibm  perdus.  On 
regrette  Ces  Hiftoires;  elles  étoient , 
fuivant  les  anciens  auteurs ,  écrites 
avec  exactitude  ,  quoique  Tauteur 
eût  du  penchant  à  W  fatire.'  /o- 
fephe  rapporte  que  Théopompe ,  ayant 
voulu  inférer  dans  un  de  fes  ou- 
vrages hifloriques ,  quelques  -en- 
droits des  Livres  faints ,  eut  Tef- 
prit  troublé  pendant  trente  jours  -y 
ia  que  ,  dans  iin  intervalle  lucide , 
ayant  réColu  de  quitter  Ton  defl'ein  , 
il  fut  guéri  de  fa  maladie.  Mais  il 
y  a  apparence  que  ce  conte  n'efl 
qu'une  fusion  du  faux  Arfiét. 

THÉOTIME,  (S.  )  évêque  de 
Tomes  en  Scythie  fous  Us  empe- 
reurs Théoéoft  &  Arcadt ,  s'étoit  fait 
connoître  auparavant  par  la  faga* 
cité  d'un  philofophe  &  la  modeftie 
d'un  Chrétien.  11  prit  le  parti  de 
S,  Jean-Chryfojlome  contre  ThiophîU 
d'Alexandrie,  quifoUicitoit  la  con- 
damnation d'Ortgent,  Il  vouloit 
qu'on  difUnguât  dans  les  Ecrits  de 
ce  père ,  le  bon  du  mauvais  ,  aînil 
qu^avoient  penfé  5,  Athann/t  & 
après  lui  5.  Augujiin, 

TH51ÔXENE,  fe  fignala  pa$  un 
courage  &  Mne  fermeté  héroïques, 
Titi'Live  y  de  qui  nous  emprun- 
tons cet  article ,  avoue  qu'en  écri- 
vant fon  Hiftoire  y  il  étoit  pénétré 
d'amour  &  d'admiration  pour  cette 
femme  illuftre.  Apt^ès  que  Philippe ,' 
roi  de  Macédoine ,  eut  fait  mourir 
.  les  principaux  feigjieurs  de  Thef- 
falie  ,  plufieurs  ,  pour  éviter  fa 
cruauté  ,  Riyoient  dans  les  pays 
étrangers.  Poris  &  Théoxene ,  prirent 
le  chemin  d'Athènes  pouj;  trouver 
la  ftireté  qu'ils  ne  pouvoient  avoir 
dans  leur  province  i  mais  ils  voguè- 
rent il  malheureufement ,  qu'au  li«u 
d'avancer,  les  vents  les  repoufferént 
dans  le  port  même  d'où  ils.avoienf 
faîit  voile.  Les  gardes  les  ayant  dé^ 
couverts  au  lever  du  fokil  ,  en 
avertirent  le  prince  ,  &  s'efforcèrent 
6^  hw  Qtsr  çene  Ubçrtç  <}u'ils  clU- 


T  HÉ 

m  oient  plus  que  leur  vie.  Dans  cette 
Gfuelle  extrémité  y  Port/  emploie  fes 
prières  pour  ippaifer  les  foldats, 
&  poiu*  appeler  les  Dieux  à  fon, 
fecoursimais  Théoxene  voyant' Ui 
mort  inévitable  ,  &  ne  voulant  pas 
tomber  entre  les  mains  de  ce  t}  ran  , 
faiiva  fes  enfans  de  la  captivité  par 
une  réfolution  extraordinaire.  Elle 
^réfenta  un  poignard  aux  plus  àgés« 
&  aux  plus  jeunes  un  vafe  de  pot- 
fon ,  afin  qu'ils  fe  donnaiîent  la 
mdrt.  Ses  enèins  lui  ayant  obéi ,  ello 
les  jeta  dans  l'eau  à  demi-morts« 
Puis  ayant  embrafle  fon  cher  Porîs  , 
elle  fe  précipita  dans  la  mer  avec 
lui ,  à  la  vue  des  foldais  attendris  8c 
admirateurs  de  fon  coursée. 

THERA.IZE.  (Michel)  doôeur 
de  Sorbonne ,  de  Chauni  en  Picar» 
die,  rfourut  en  1716,  à  58  ans, 
après  avoir  été  chanoine  de  Saint» 
Etienne  de  Hombourg ,  diocèse  d^ 
Mets  ,  puis  grand  -  chantre  ,  ch*» 
noine  &  officiai  de  Saint-Furfi  do 
Pcronne,  &  curé  de  la  paroiffe  do 
Saint- Sauveur  de  la  même  ville. 
On  a  de  lui  un  Ouvrage  plein  do 
recherches  ,  imprimé  ei  1690  , 
fous  le  titre  de  ,  iQiiefiions  fur  la 
MtjfepuhllqucfoUnaclle,  On  y  trouve 
une  explication  littérale  &  hiftori* 
que  des  cciémonles  de  la  MeiTe  fi( 
de  {fi  rubriques. 

THÉRAMENE  ,  Uluftre  Athc* 
nien  ,  fe  fignala  par  la  grandeur 
d'ame  avec  lanuelîe  il  méprifa  la 
riiort. Il  étoit  l'un  des  30 Tyrans» 
mais  il  avoir  de  Thonneur  &  aimoit  ' 
fa  patrie.  Quand  il  vit  les  violence! 
éc  les  excès  où  fe  portoie'nt  fes  col*» 
lègues  y  il  fe  déclara  contre  eu3( 
ouvertement  ,  &  par-là  il  s'attira 
leur  haine.  Les  Tyrans  ne  pouvant 
foucenir  fa  liberté ,  prirent  la  réfo* 
lutipn  de  le  faire  mourir.  CrUîas  ^ 
qui  d'abord  avoit  été  fort  uni  avec 
lui ,  fut  fon  délateur  devant  Iç  fénai. 
Il  Taccufa  de  troubler  l'Etat,  &  dqf 
YQulpir  rçQYçrfçr  le  goyYçrncmCUr 


THE 

fréfent  Quelques   citoyens  ver* 

tueiK  prirent  ladéfenfe  de  Thira- 

ramtné  ,   &   furent  écoutés    avec 

plaifir.  Cfutas  craignit ^|)ors  que, 

£  on  laiiToit  la  chofe  à  la  décifion 

dufénat,  il  ne  le  renvoyât  abfûus. 

Ayant  donc  fait  approcher  des  Mir- 

reauz ,  la  jeunefTe  qn'il  avoit  armée 

de  poignards  ,  il  dit  qu'il  croyoit 

que  c'étoit  le  devoir  d'un  fouve- 

«-ain  «lagiftrat  d'empêcher  que  la 

juftice  ne  fât  furprife,  &  qu'il  le 

vouloit  &ire  en  cette   rencontre. 

•*  Mais  ,  continua-t-il ,  puifque  la 

I»  loi  ne  veut  past[u'on  fafTe  mourir 

»*  ceux    qui   font  du    nombre  de 

**  3000,  autremeilt  que  par  Tavis 

••  dufénat  ,)'ef&ce  Théramencdt  ce 

*»  nombre  ,  &  je  le  condanine  à 

»  mort,  en' vertu  de  moft  autorité 

•>  &  de  celle  de  nos  collègues  <«. 

A  ces  mots  Thémmmt  fautant  fur 

i'autcl  :  »»  Je  demande  ,  dît-H ,  Athé- 

•*  niens,  que  mon  procès  me  foit 

M  £ait  conformément  à  la  loi  ,  & 

•  l'on  ne  peut  me  le  refufer  fans 

»  injufiice.  Ce  n'eft  pas  que  je  ne 

»»  voie  affez  que  mon  bon  droit  ne 

»  me  fervira  de  rien ,  non  plus  que 

«»  Tafile  des  autels  ;  mais  je  veux 

»  montrer  au  moins ,  que  mes  en- 

»  nemis  ne  refpeâant  ni  les  Dieux , 

- 1»  ni   les  hommes  ,   je  m'étonne 

M  fealemem   que   des  gens  fages 

H  comme  vous  ,    ne  voient  pas 

'm  qu'il  n'eft  pas  plus  difficile  d'ef* 

n  âcer  leur  nom  du  nombre  des 

9*  citoyens  ,  que  celui  de   Théra- 

M  mtnt  «(.  Alors  Çrîtîas  ordonna  aux 

officiers  de  la  juftice  de  l'arracher 

de  l'autel.  Tout  étoit  dans  le  filénce 

&  dans  la  crainte  à  la  Vue  des  foldatS 

armés  qui  environnoiem  le  fénat. 

Pe  tous  les  fénateurs  ,  le  feul  So- 

trate  (&o\it  Théramcne  avoit  reçu  des 

leçons ,  prit  fa  défenfe',  &  fe  mit  en 

devoir  de  s'oppofer  aux  officiers  de 

la  juftice.  Mais  fes  foibles  efforts  ne 

purent  délivrer  Théramtnt  ;  & ,  mal- 

j;rél«i,afuîÇ9adamoé,vçr«  1*30-405 


THE  ^ 

avant  J.  C. ,  à  boire  la  ciguë.  Après 
ravoir  avalée  comme  s'il  eût  voulu 
éteindre  une  grande  foif ,  il  en  jeta 
le  refte  fur  la  table ,  de  ^çon  qu'il 
rendit  un  certain  fon ,  &  dit  en  rianrt 
Ctd  éfi  a  la  fanté  du  htau  C'ritjas, 
Il  fe  conforma  ainii  à  la  coutume 
obfervée  chez  les  Grecs  dans  les 
repas  de  réjouifTance  ,  <ie  nommer 
celui  à  qui  Ton  devoit  tendre  le 
verre.  Ënfuite  il  donna  la  coupe  de 
poifon  BU  valet  qui  le  lui  avoit 
préparé ,  pour  la  prcfcnter  à  Crlùas, 
-Ce  héros  fe  joua ,  jufqu'au  dernier 
moment ,  de  la  mort  qu'il  portoir 
déjà  dans  fon  fein ,  &  prédit  celle 
de  Crtiias  f  qui  fuivit  de  près  la 
fiehne.  - 

I.  TIïÉRESE  ,  <  Sainte  )  née  I 
Avila  dans  la  vieille  Caftille  le  28 
Mars  I  $  I V  t  étoit  la  cadette  de  trois 
ftlles  A^Alphonfc'Sanchei  de  C^pttîe  , 
&  de  Biatnx  d^Ahumade ,  tous  decX 
auftî  illuftres  par  leur  piété  que  par 
leur  noblefte.  La  leâure  de  ta  Vie 
des  Saints  qu!A/phonfc  faifoit  tous 
les  jours  dans  fa  fasnille ,  infpîra  à 
Thérefe  une  grande  ef^vie  de  ré- 
pandre fon  fang  pour  J.  C.  Elle 
s'échappa  un  jour  avec  un  de  fes 
frères,  pour  aller  chercher  le  mar- 
tyte  parmi  les  Maures.  On  les 
ramena  ,  &  ces  jeunes  gens  ne 
pouvant  être  martyrs  ,  réfolisrent 
de  vivr©  eh  hermites.  Ils  dreffererrr 
de  petites  celhiles  dans  le  jardin  de 
leur  père ,  où  ils  fe  retirèrent  fou- 
vent  pour  prier.  TAeVic/e  continua  de 
fe  porter  ainfi  à  la  vertu  jufqu'à  la 
mort  de  fa  mère ,  qu'elle  perdit  à 
l'âge  de  la  ans.  Cette  époque  fut 
celle  de  fon  changement.  La  lefture 
des  -Ronuins  la  jeta  dans  la  diffîpa- 
tioB  ;  &  l'amour  d'elle-même  &  du 
plaiiir  auroit  bientv^>t  éteint  toute 
fa  ferveur  »  fi  fon  père  né  l'eût  mifô 
en  pAifîo^  dans  un  couvent  d'Au* 
guftines.  Elle  appcrçut  le  précipice 
auquel  la*  grâce  de  Dieu  venoit  de 
rarraçher^  6c pour  l'éviter  à  i'âvenir^  . 


^  THE 

«lie  fe  teiîra  dans  le  manafiere  de 
l'Incarnation  de  T Ordre  du  Moi^t- 
Cannel  »  à  Avila ,  &  y  prit  l'habit 
le  X  Novembre  1536,3  21  ans.  Ce 
couvent  étoit  un  de  ces  monafteres , 
où  le  luxe  &  les  plaifirs  du  monde 
ibnt  poufîes  aufH  loin  que  dans  le 
monde  même.  Théreje  entreprit  de 
le  réformer.  Après  avoir  cffuyc 
«ne  infinité  de  traverfes ,  «lie  eut 
la  confolation  de  voir  le  premier 
xnonaftere  de  fa  Réforme  fondé  dans 
Avila  en  1561.  Lefuccèsdela  ré- 
formation  des  Religieufes  l'en- 
gagea à  emreprendre  celle  des  Re- 
I^eux.  On  en  vit  les  premiers 
6iiits  en  x  56S ,  par  la  fondation 
d'i^^  monaûere  à  Dorvello  ,  diocefe 
4'Avila  t  où  le  bienheureux  Jean  de 
la.  Croix  fît  profefHon  à  la  tète  des 
Religieux  qui  embraâbient  la  Ré- 
forme. CtCt  l'origine  des  Carmes 
«téçhaufTés.  Dieu  répandit  des  béné- 
«iiâions  Cl  abondahtes  fur  la  famille 
àe  Thére/e ,  que  cette  fainte  vierge 
laiâa  30  monalleres  réformés,  14 
4i'hommes  &  16  de  filles.  Après 
.avoir  vécu  dans  le  cloître  47  ans , 
les  27  premières  dans  la  maifon  de 
l'Incarnation  »  &  les  20  autres  dans 
la  Réforme .  elle  mourut  à  Alve 
«n  retournant  de  Burgos  ,  où  elle 
venoit  de  fonder  un  nouveau  mo- 
joaflere  ,  le  4^0ûobre  1582 ,  à  68 
■ans.  Son  Inftitut  fut  porc^  de  fon 
vivant  jufqu'au  Mexique  »  dans  les 
Indes  Orientales,  &  s'étendit  en 
Italie.  Il  palTa  enfuite  en  France^ 
aux  PaysrBas ,  &  dans  tous  les  pays, 
de  la  Chrétienté.  Grégoire  XFIsl 
canonifa  en  1621.  L!ouverture  de 
fon  tombeau  fut  faite  lé  2  Odlobre 
1.750,  128  ans&  6  mois  depuis  fa 
canonifation.  L'Efpagne  Ta  adoptée 
pour  patronne.  Quelques  auteurs 
ont  décrit  la  beauté  de  fon  corps , 
dit  Bailla  ^  .mais  le  tableau  ^e  la 
beauté  de  fon  ame  tù.  bien  plus 
întérefTant.  Tendre  &  aâeâueufe 
^ufqu'a  répandre  les  larmes  les  plus 


THE 

abondantes; vive  &  toute  de  flamme 
fans  délire  &  fans  emportement  » 
cette  Sainte  porta  l'amour  divin  au 
plus  hàuwdegré  de  fenfibilité  donc 
ïoit  fufceptible  le  cœur  humain. 
On  connoit  fa  fcntence  favorite  , 
dans  fes  élans  de  tendrelTe  :  Ou 
fouffrir,  Sdgneur.y  ou  mourir  /  &  fa 
belle  penfée  au  fujet  du  Dcmon  : 
Ce  malh,ewiux  ,  difoit-elle  y  qui  ne 
fauroit  Mmcr,  Son  humilit4  étoit 
extrême.  Un  jour  un  religieux  de 
fa  Réforme  lui  difoit  bonnement  » 
qu'elle  avoir  la  réputation  d'être 
Sainte  :  On  dit  Ae  moi  y  répondit- 
elle,  trois  cho/es  i  que'fétois  a^fe^  hiett 
faite ,  que  j'avois  de  l'e/prit ,  &  que 
jUtois  Sainte,  Toi  cru  Us  deux  premières 
pendant  quelque  temps  y  &  je  me  fuis 
confcjfée  d'une  vanité  aujji  pitoyable  ; 
mais  pour  la  trêificme  y  je  n'ai  jamais 
été  ajfe\  folle  pour  me  le  perju&der  ua 
moment.  On  lui  a  reproché  qu'elle 
appel  oit  fon  confieiTeur ,  Mon  fi/s  ; 
mais  on  voit  bien  (  dit  l'abbé  de 
Chotfi  )  que  c'eft  par  obéiiiance  ; 
Mon  fils ,  lui  'dit-elle ,  pulfque  votre 
humilité  m'oblige  ^  peur  vous  obéir  ,  à 
vous  nommer  ainfiy  &c.  £t  quelques 
lignes  après ,  elle  ajoute  :  Je  vous 
conjure  ,  mon  Père  9  (  ^*^  étant  mon 
Ccnfjfeur ,  je  dois  bien  vous  nommer 
ûinfi  y  quoique  pour  vous  obéir  ,  je  ^oum 
aie  nommé  mon  Fils  )  je  vous  conjure 
de  me  détromper  fi  je  fuisjdans  V  erreur , 
&c.  £t  d'ailleurs  l'humilité  qui  pa- 
ToiiToit  dans  it%  Ecrits  &  dans 
toutes  fes  aôions  ,  la  juilifie  aflez* 
Nous  ne  devons  pas  ou];>lier  fa  pa- 
tience héroïque  dans  les .  maladies 
du  corps,  daîis  les  peines  defprit, 
dans  les  perfccutions  des  méchacs , 
dans  les  contradiâions  des  gens 
de  bien.  Au  milieu  de  tant  de 
maux ,  elle  ,eut  une  confiance  em 
Dieu,  (ans  réferve-,  &  une  union 
avec  lui  dont  rien  ne  put  la  déta- 
chée. On  a  de  Ste,  Thérefc  pluâeurs 
Ouvrages ,  où  l'on  admire  égale- 
ment la  piété  ^  Ténergie  des  femi-       y 


r 


THE 

iilèns ,  la  beauté  &  T  agrément  du 
%Ie.  Les  principaux  font  :  I.  yn 
volume  de  Lettres  ,  publiées  avec 
les  Notes  de  Don  Juan  de  Palafox  , 
évêque  d'Ofma.  II.  Sa  ^« ,  com- 
pofée  par  elle-même.  111.  La  Mankrt 
^de  YÎfitcr  les  Monafieres  des  Religieux. 

IV.  Les  Relations  de  fon  efp:  it  &  de 
fon  intérieur  pour  fes  Confeffeurs. 

V.  Le  Chemin  de  la  Peffection,\h  Le 
0idteau  de  l'Ame ,  traduit  par  Féilbi.ti, 
Ceft  une  fiftion  où  il  y  a  plus  de 
piété  que  de  bon  goût,  dans  laquelle 
«lie  reprcfente  l'ame  comme  un 
château  dont  l'oraifon  eft  la  porte. 
**  J'efpere  ,  mes  fœurs  (  dit-elle 
*»  en  s'adreffant  à  fes  Religieufes  ) 
»  que  vous  trouverez  de  la  confo- 
»  lation  dans  ce  château  intérieur , 
M  où  vous  pourrez,  à  quelque  heure 
>♦  que  ce  foit ,  entrer  &  vous  pro- 
'»*  mener  fans  en  demander  laper- 
»  miflîon  à  vos  fupérieurs  ♦<,  Ce 
ton  d'une  aimable  gaieté  ,  partage 
de  la  véritable  vertu  ,  fe  fait  fentir 
dans  fes  autres -Ecrits  ioùlenioue* 
ment  fe  fnêle  quelquefois  hu  langage 
de  la  plus  fublime  dévotion  -,  mais 
on  ne  doit  pas  les  menre  indiffé- 
remment entre  les  mains  de  tout  le 
monde.  Baîlletlts  compare  au  foleil 
qui  fait  un  bien  infini  à  ceux  qui  ont 
la  vue  bonne ,  mais  qui  éblouit  les 
yeux  foibles  ou  malades.  Amauld 
d'Andiily  a  tradtiit  prefque  tous  ces 
Ouvrages  en  notre  langue,  1670, 
în-4**.  La  Monnott  a  mis  en  vers 
françois,  VAcUon  de  grates  que  faifoit 
cette  Sainte  après  la  Communion... 
Voyei  la  Fie  de  6tê.  Thtrefe  par  VUk- 
fore^  qui  a  auûl  donné  quelques- 
unes  de  fes  Lettres, 

II.  THÉRÈSE  ,  fille  namrelle 
A^Alpkonfe  FI;  Foy,  fon  Hilloire 
à  C article  ^'UrRACA. 

IIL  THÉRÈSE  d'Avtriche  , 
Impératrice  -  Reine  de  Hongrie  -, 
yoy,  Marie-Thérese,  n°  vu. 

THÉRÈSE,  To^.Théraize. 

THERMES ,  (  Paul  de  la  Barthe , 


THE  91^ 

feSgneur  de  )  né  à  Confernns ,  d'une 
famlMe  ancieane  ,  mais  pauvre  « 
éprouva  des  jevcrs  aux  premier* 
pas  de  fa  carrière."  Une  aHaire  d'hon- 
neur l'obligea  de  ifortir  de  France 
en  1528.  Une  nouvelle  difgrace 
l'en  éloigna  encore  pour  quelque 
temps.  Au  moment  qu'il  ailoit  re- 
venir en  Fr  jnce ,  il  fut  pris  par  des 
Corfdires  ,  &  foufirit  beaucoup  dans 
fa  captivité.  S'ttantconfacré  aux  ar- 
mes dès  fa  jeuneffe ,  il  les  porta  avec 
diftinûion  fous  Françvis  /,  Henri  11 
&  François  IL  La  viftoire  de  Ceri- 
foles  en  1544  ,  où  il  combattit  en 
qualité  de  colonel  général  <de  la 
cavalerie  légère,  fut  due  en  partie 
à  fa  valeur  -,  mais  fon  cheval  ayant 
été  tué  fous  lui,  il  fut  fait  prifon- 
nier  ;  &  on  ne  put  le  racheter  qu'en 
donnant  en  échange  trois  des  plus 
illuilres  prifonniers  ennemis.  La 
prife  du  marquifat  de  Saluées  &  du 
château  de  Ravel  ,  J'une  des  plus 
fortes  places  du  Piémont ,  lui  acquit 
en  1 5  47  une  nouvelle  gloire.  En- 
voyé en  Ecoil'e  deux  ans  apçès ,  il 
répandit  la  terreur  en  Angleterre  v 
&:  la  paix  fut  le  fruit  de  cette  terreur. 
On  l'envoya  à  Rome  en  1 5  5 1  >  en 
qualité  d'ambaffadeur  ,raais  n'ayant 
pas  pu  porter  hUs  IJI  à  fe  con- 
cilier Farnefc^  duc  de  Parme,  que 
le  roi  jHotcgeoit ,  il  commanda  les 
troupes  Françoifcs  en  Italie ,  &  s'y 
fignala  jufqu'cn  15  5  S.  Ce  fut- dans 
cette  année  qu'il  obtint4e  bâton  de 
maréchal  deFrance,&  qu'il  prit  d'af- 
faut  Dunkerque  &  Saint -Venox. 
Il  fut  moins  heureux  à  la  journée  de 
Gravelines  :  il  perdit  la  bataille, 
fut  bleffé  &  fait  prifonnier.  Le  ma- 
réchal de  Thermes  ayant  recouvré  fa 
liberté  à  la  paix  de  Cateau  -  Cam- 
brefis  Tau  1 559,  continua  de  fe  dif- 
tinguer  contre  les  ennemis  de  l'Etat. 
Il  mourut  à  Paris  le  6  Mai  I562  , 
âgé  de  80  ans ,  fans  laiiler  de  poftc- 
rité  ,  &  après  avoir  inftitué  fon  hé- 
ritieri  RogerdeSaini-Lary^(ti^r.Qur  de 


1 


91  T  HE 

Bellegarde.  Le  maréchal  dâ  Thermes 
«ffuya  des  revers-,  mais  (a  valeur, 
fon  intrépidité,  fbn  zelepour  1  Etat, 
coirvrircm  fes  fautes ,  ou  plutôt  Tes 
malheurs.  11  dut  à  l'adverfité  qu'il: 
«prouva  dans  Tes  premières  annéçs  , 
la  fagefle  qui  le  diftingua  toute  fa 
vie.  C'étoit  un  proverbe.reçu  même 
chez  les«tnnemis  ,  de  dire  :  DUu 
nous  garde  de  /ajageffede  Thermes! 

^  THERPaNDRE,  poète  &  muû- 
cîen  Grec  de  l'iiîe  de  Lesbos ,  flo- 
riffoit  vers  Taa  650  avant  J.  C.  11 
fiit  le  premier  qui  remporta  le 
flrix^  de  mufique  aux  Jeux  Camiens 
mditâés  à  Laçédémone.  Il  fut  aufïî 
Calmer  une  fécUiion  dans  cette  ville, 
par  fes  chants  mélodieux ,  accom- 
pagnés des  fonsdela  cithare.  Ther- 
pandri  ,  pour  étendre  le  jeu  de  la 
lyre,  l'avoit augmentée  d'une  corde; 
mais  les  Ephoires  le  condamnèrent 
à  l'amende  »  à  caufe  de  cette  inno- 
vation ,  &  confifqusrent  foa  inôru- 
fiient.  On  propofoit  des  prix  de 
poéfie  &  de  mufique  dans  les  quatre 
grands  Jeux  de  la  Grèce,  fur- tout 
<ians  les  Pythiques.  Ce  fut  dans  ces 
Jeux  que  Tkerpanàre  remporta  quatre 
fois  le  prix  de  munque ,  qui  fe  dif- 
^ribuoitavec  une  grande  folennité. 
Ses  Poéfies  ne  font  pas  par vent^ 
jufqti'à  nous. 

THSRSITE  ,  le  plus  Ikfïorme 
de  tous  les  Grecs  qui  allèrent  au 
fiége  de  Troye ,  ofa  dire  des  injures 
à  Achille  y  Ôc  fut  tué  par  ce  héros 
d^in  coup  de  poing. 

THÉSÉE ,  que  la  Fable  met  au 
nombre  des  demi- Dieux ,  étoit  fils 
6! Egée ,  roi  d'Athènes  ,  &  à*yEthrd , 
fille  de  P'uhée,  Etant  monté  fur  le 
trône  ,  il  fit  la  gi'srre  aux  Ama- 
zones ,  prit  leur  reine  prifonniere , 
répoufa  enfuite  ,  &  en  eut  un  fils 
nommé  Hlppolyu.  11  battit  Oreon, 
roi  de  Thcbes  ,  tua  les  brigands  qui 
ravageoient  TAttique  ,  affomina  le 
Miaotaure ,  trouva  Tiffue  du  Laby- 
yiadie ,  par  le  fecours  à'^huidnc , 


THE 

fille  de  Mlnos  roi  de  Crète.  Cà 
héros ,  après  avoir  marché  fur  le» 
traces  d* Hercule  dans  fes  travaux 
guerriers  ,  l'imita  dans  fes  amours 
volages.  Il  enleva  plufieurs  femmes^ 
comme  Hélène ,  Phèdre  ,  Arîadne  î^ 
bienfaitrice  ,  qu'il  abandonna  en». 
fuite  ',  mats  il  lesrendoit,lotfqu'eIIe« 
ne  confentoient  pas  à  leur  enlève^ 
ment.  Il  fe  fignala  enfuite  par  di- 
vers établiflfemens.  Il  inftîtua  le» 
Jeux  li^hmiques  en  l'honneur  de 
Neptune,  ïl  réunît  les  douze  villes 
de  TAttique ,  &  y  jeta  les  fonde- 
mens  d'une  République ,  vers  Tam 
1236  avant  J.  C.  Quelque  temps 
après  ,  étant  allé  faire  un  voyage 
en  Epire ,  il  fut  arrêté  par  Aidoneus, 
roi  des  Moloflfes  ;  &  pendant  ce 
temps-là,  Mem/lée  fe  rendit  maître 
d'Athènes.  TA^ec  .ayant  recouvré 
fa  liberté ,  Ce  retira  à  Scyros,  où  Vtm 
dit  que  le  roi  Lycomedes  le,  fit  périr 
en  le  précipitant  du  haut  4*iia  rc^ 
cher.  On  connoîc  fon  amitié  pour 
Plrkhoûsj  avec  lequel  il  defcendic 
aux  enfers  pour  enlever  Proferpmc, 

THESI^IS ,  poëte  tragique  Grec, 
introduifit  dans  la  Tragédie  un  ac- 
teur ,  qui  récitoit  quelques  difcours 
entre  deux  chants  du  chœur.  Cette 
nouveauté  le  fit  regarder  comme 
l'inventeur  de  la  Tragédie , genre  de 
poéfie  très-gfolîîer  &  très-imparfait 
dans  fon  origine.  Thefpis  barbouiî- 
loit  de  lie  le  vifage  de  fes  auteurs, 
&  les  promenoit  de  village  en  vil- 
lage fur  un  tombereau ,  d'où  ils  ré- 
préfentoient  leurs  pièces.  Ce  poëee 
.îioriffoit  l'an  536  ^vant  J.  C.  "Sas 
Poéfies  ne  font  pas  venues  jufqu'i 
nous. 

THESSAtUS,  médecin  de 
Néron  ,  naquit  à  Traîles ,  en  Lydie, 
d'un  Cardeur  de  laine.  11  fut  s  in- 
troduire chez  les  grands  par  fon 
impudence  ,  ùl  baffeffe  ,  &  fes 
lâclies  complaifances.  Un  malade 
vonloit-il  fe  baigner  ?  il  le  baignoit  : 
avoit  ïï  '^Qvïi  dg  boire  frais }  il  hÀ 


r 

I  THE 

r  iltolt  donner  de  la  glace.  Autant 
1  étoic-il  rampant  avec  les  grands, 
autant  il  étoit  fier  avec  fes  con- 
!  ^eres.  Sa  préfomption  étoit  ex- 
trême *,  il  fe  vantoit  d'avoir  feul 
trouvé  le  véritable  fecret  de  la 
Médecine.  Cet  entêtement  le  porta 
à  traiter  d'ignorans  tous  les  mé- 
decins qui  lavoient  devancé ,  fans 
épargner  même  Hippocrate,  Il  écri- 
vit ,  contre  les  Jphori/tfKs  de  cet 
auteur,  un  Ouvrage  qui  eft  cité  par 
GalUen  &  par  les  anciens.  Il  eft 
cepeiKlant  fur  que  Thejfalas  n'avoit 
tien  inventé  de  nouveau  dans  la 
médecine  :  tout  ce  qu'il  fit ,  fut  de 
renchérir  lur  les  principes  de  Thé' 
njfon ,  chef  des  Méthodiques  ,  qui 
vivoit  environ  ço  ans  avant  lut. 
11  mourut  à  Ron^ ,  où  l'on  voit 
Ton  tombeau  dans  la  voie  Appienne» 
&  fur  lequel  il  ^voit  fait  graver  ce 
isiXt:  Vainqueur  des  Médccinsm 

THETIS,  fille  de  JNérée  &  de 
Dons ,  étoit  petite-fille  de  Téthys , 
femme  de  Y  Océan,  Comme  elle 
étoit  là  plus  belle  femme  de  fon 
ternes ,  Jupiter  vouloit  Tépoufer  i 
•nais  il  n*ofa  pas ,  parce  que  Pro- 
^•éthée  avoit  prédit  qu'elle  feroit 
mère  d'un  fils  qui  devoir  être  un 
jour  plus  illuftre  que  fon  père. 
On  b  maria  avec  Pelée,  Jamais 
noces  ne  furent  plus  brillantes  ni 
plus  belles  :  tout  l'Olympe  ,  Its 
I>ivimiés  infernales ,  aquatiques  & 
terreûres  siy  trouvèrent  ,  excepté 
la  Dlfcorde  qui  ne  fut  pas  invitée. 
Cette  Déeffe  s'en  vengea  en  jetant 
fur  la  table  une  pomme  d'or,  avec 
tetteinfcriptioa  :  A  la  plus  belle. 
imon ,  Pallas  &  Vénus  là  difpute- 
fcat,  &  s'en  rapportèrent  à  Paris  : 
i^oye^  I.  Paris.  ]  Théfis  eut  plu- 
*^  enfans  de  Péléc ,  qu'elle  met- 
tou,  apj.è5  leur  naifiance,  fous  un 
"J^er,  pendant  la  nuit ,  pour  con- 
fmier  ce  qu'ils  avoîent  de  mortel. 
"}'à\%  ils  périrent  tous  dans  cette 
^euvc,  cxccpt  j  Achille ,  parce  qu'il 


THE  95 

avoît  été  frotté  d'amtroifîe.  Lor^ 
qu'Achille  fut  contraint  d'aller  au 
fiége  de  Troye,  Thétls  alla  tiouvcr 
Vulcain  ,  &  lui  fit  faire  des  armes  & 
^un  bouclier,  dont  elle  fit  p'éfent  i 
elle-même  à  fon  fils.  Elle  le  garantie 
fouvent  de  la  mort  pendant  le  fiége. 
On  confond  fouvent  cette  Nymphe, 
avec  la  DqqS[^  Tethtsi  Voyei  ce  ^ 
mot.  ^ 

THEUDIS ,  gouverneur  général 
de  l'Efpagne,  avoit  de  grands  biens 
&  de  la  valeur.  Les  Viligoths  l'élu- 
rent unanimement  pour  leur  roi, 
après  la  mort  A*Amaliric  en  5  3i« 
Il  établit  fa  réfidence  au-delà  des 
Pyrenéesi&  fon  éloignement  donna 
à  Childebert  ,  roi  de  Paris ,  &  à  Clo» 
taire ,  roi  de  Solfions ,  la  facilité  de 
s'emparer  d'une  partie  de  ce  que 
les  Vifigcths  pofïédoient  dans  les 
Gaules.  Mais  ces  princes  s'étanti 
engagés  dans  l'intérieur  de  l'Ef- 
pagne,  Thcudifele^  général  de  Theu4is^ 
occupa  les  gorges  des  Pyrénées  pour 
leur  couper  la  retraite.  Ce  ne  fut 
qu*à  force  d'argent  qu'ils  pureat 
obtenir  la  liberté  du  paflage  dans  , 
quelques  défilés.  Tluudis  gouver- 
noit  en  paix  ,  lorsqu'un  fujet  mé- 
content contrefit  le  fou  pour  s'in- 
troduire dans  le  palais  &  lui  plonger 
le  poignard  dans  le  fein  ,  en  5  4$. 
Avant  que  d'expirer,rA«wtf5  défendit 
de  piinir  fon  meurtrier  ,  parce  qu'// 
regardoit  fa  mort  comme  un  jufte  châti" 
ment  d'un  pareil  crime  ^  dont  il  s'étoit 
rendu  coupable, 

THEUDISELE,  fils  d'une 
fœur  de  Totila  roi  d'Italie  ,  ob- 
tint la  couronne  a|>rès  la  mort  de , 
Theudis  tQi  des  Viîigoths.  11  avoit 
jufqu'alors  montré  de  la  valeur  & 
du  mérite  ;  mais  à  peine  fut-il  fur 
le  trône ,  qu'il  chercha  à  enlever 
toutes  les  femmes  dont  la  beauté 
avoit  ûxé  fes  regards ,  &'  n'épargna 
pas  même  celles  desf^rinciipaux  fei- 
gneurs  de  fa  cour.  Pour  en  abufer 
plus  librement  ,  il  £iii!bit  mourir 


F 


«>4  THE 

fecrétement  leurs  maris.  Qneîqws 
courtifans  qui  craignoient  le  même 
fort ,  éteignirent  les  luihieres  dans 
un  grand  repas  que  Thcudlfde  don- 
-noit  à  Sévillc  ,  &  profitèrent  de 
l'obfcuritc  pour  l'égergcr  ,  en  549. 
Il  n'avoit  régné  qu'environ  18 
mois. 

THEJiENEAU  »  Voy,  Imbert. 

I.  THEVENOT .  (  Jean  )  voya- 
geur ,  mort  en  1667  ;  le  mêœe  qui 
apporta,  dit-on ,  le  café  en  France , 
en  1656,  eft  auteur  d'un  Voyr.gz 
enAfie,  Arafterdam,  1717»  5  ^^^î* 
in-ii.  Il  y  en  a  une  ancienne  édi- 
tionigen  3  vol.  in-4°.  Ce  Recueil 
eft  eftimé  -,  &  quelques  auteurs  l'ont 
attribué  9  Mêlchlftdcch  Tkevmot ,  qui 
eft  l'objet  de  l'article  fuivant.  La 
pureté  de  la  diftion  n'eft  pas^  ce 
qu'il  faut  rechercher  dans  ces  deux 
voyageurs. 

II.  THEVENOT,  (  Meîchi- 
feȔech)  tiaquit  avec  une  paflion 
extrême  pour  les  voyages,. &  dès 
fa  jeuneffe  il  quitta  Paris ,  fa  pa- 
trie, pour  parcourir  l'univers.  11 

^  ne  vit  néanmoins  qu'une  partie  de 
l'Europe  -,  mais  l'étude  des  langues , 
&  le  foin  qu'il  prit  de  s'informer 
avec  exaé^itude  des  moeurs  &  des 
coutumes  des  diflGérens  peuples , 
le  rendirent  peut-être  plus  habile 
dans  laconnoiflancedes  pays  étran- 
gers, que  s'il  eût  voyagé  lui-même. 
Une  autre  inclination  de  Thevenot 
étoit  de  ramaffer  de  toute  part  les 
livres  &  les  manufcrîts  les  plus 
rates.  La  garde  de  la  bibliothèque 
du  roi  lui  ayant  été  confiée,  il 
^augmenta  d'un  nombre  confidé- 
rable  de  volumes  qui  manquoient 
à  ce  riche  tréfor.  Thevenot  aflifta  au 
coaclave  tenu  après  la  mort  d'In- 
nocent Xs  il  fut  chargé  de  négocier 
avec  la  républiaue  de  Gênes  ,  en 
qualité  d'envoyé  du  roi.  11  remplit 
cet  emploi  alfe:  fuccès.  Uae  fièvre 
double-tierce ,  qu'il  rendit  continue 

^    par  une  dicte  opiniâtre,  l'emporta 


T  H  I 

le  19  O^obre  1691 ,  4: 71  ans.  On 
a  de  lui  :  1.  Des  Vtyages^  1696  , 
•2  vol.  in-fol.  ,  <lans  lefqucls  il  a 
inféré  la  Defcrîptîon  d'nn  Niveau  de  " 
fon  invention ,  qui  eft  plus  sûr  8c 
plus  jufte  que  les  autres  Niveaujc 
dont  on  s'étoit  fervi  auparavant! 
IL  L'^rr  de  nager,  1696,  in-li.  Il 
faut  joindre  au  recueil  intéreffant 
&  curieux  de  fes  Voyages ,  un  petit 
vol.  in -8°,  imprimé  à  Paris  en 
1681.  Foyei  Charleval,  û* 
Greaves. 

THEVET ,  (  André  )  d'Angou- 
lême,  fe  fit  Cordelier ,  &  voyagea 
en  Italie ,  dans  la  Terre-Sainte ,  en 
Egypte ,  dans  la  Grèce  &  au  BréûL 
De  retour  en  France  en  1556,  il 
quitta  le  cloître  pour  prendre  l'habit 
eccléfiaftique.  La  reine  Catherine  de 
Médias  le  fit  fon  aumônier ,  &  lui 
procura  les  titres  d'hiftoriographe 
de  France  &-'de  cofmographe  du 
roi.  On  a  de  lui  :  I.  Une  Cofmo^ 
graphie.  IL  Une  Hifloire^des  Hommes 
Illuflres  ,  Paris  ,  1584 ,  in-fol.  »  & 
167 1  ,  in-i2  ,  8  vol.  :  compilation 
mauftade  ,  pleine  d'inepties  &  de 
menfonges.  II I.  Singularités  de  la 
France  AntarHique  ,  Paris  ,  1558, 
in-4**  i  livre  peu  commun.  IV.  Plu- 
fieurs  autres  ouvrages  peu  eftimés. 
L'auteur  s'y  montre  le  plus  crédule 
des  hommes  ;  il  y  entafle  «  fans 
choix  &  fans  goût,  tout  ce  qiû  fe 
préfente  à  fa  plume.  Ce  pitoyable 
écrivain  mourut  le  a  3  «Novembre 
X590  ,  à  88  ans. 
THEUTOBOCUS,  Voye^  Ha- 

BICOT. 

I.  THIARD  ,  ou  TYARD  de 
Bissi ,  (  Ponthus  de  )  naquit  à  BiflTy, 
dans  le  diocefe  de  Màcon ,  en  1 5  21, 
du  lieutenint  -  général  du  Mâcon- 
nois.  Les  belles-lettres  ,  les  mathé- 
matiques ,  la  philofophie  &  la  théo- 
logie Toccuperent  tour-à-tour.  Il 
fut  nommé  à  Tévêché  de  Châlons 
par  le  roi  Henri  UI,  en  1578  j  & 
il  s'en  démit  vingt  ans  après ,  en 


T  Hï 

ftvew  de  fon  neveu.  Recoflnolf- 
fant  eavers  ce  monarque  ,  il  fe 
roidit  lui  Teul  aux  Etats  de  Blois, 
en  1588,  contre  le  Clergé  qui  rie 
lui  était  pas  favorable.  On  a  de  lui  : 
L  Des  PoéJUs  françoifes  ,  in  -  4®  , 
Paris,  1573-  M'  I^cs  Homélies  y  & 
divers  autres  ouvrages  en  latin  , 
in-49.  Ronfard  dit  qu'il  fiit  l'intro- 
duâeur  des  Sonnets  en  France  j  mais 
il  ne  i\it  pas  celui  de  la  bonne  poéûe. 
Ses  vers  ,  iî  applaudis  autrefois , 
font  infupportables  aujourd'hui. 
Ce  prélat  mourut ,  dans  fon  châ- 
teau de  Bragny ,  le  23  Septembre 
160 y ,  à  84  ans.  11  conferva  juf- 
qu'à  la  fin  ^e  fa  vie  ,  la  vigueur 
de  fon  corps  &  la  force  de  fon  ef- 
prit.  Il  foutenoit  cette  ïorce  par  le 
meilleur  vin  qu'il  buvoit  toujours 
Êms  eau  ;  mais  il  n'étoit  pas  pour 
cela  intempérant  *,  cette  boiflbn  lui 
étoit  néceffaire  pour  foutenir  fes 
forces.  Il  fe  fit*  une  Epitaphe  qui 
commençoit  par  ces  deux  vers  : 

Non  uncor  longue,  duldsque  cupldlnt 
^  vlta  : 

Sai  vlxU ,  cul  non  yita  puisnda 
fuit, 

II:  THIARD  DE Bissy,( Henri 

de)  de  la  même  famille  que  le  précé- 
dent j  devint  doâeur  de  la  maifon 
&  fociété  de  Sorbonne,  puis  évê- 
que  de  Toul  en  1687,  enfuite  de 
Meaux  en  1704,  cardinal  en  1715; , 
8c  enfin  commandeur  des  Ordres  du 
roi.  Son  zèle  pour  la  défenfe  de  la 
Conftitution  Unîgcnltus,  ne  fut  pas 
inutile  à  fa  fortune.  On  a  de  lui 
plufîeurs  Ouvrages  en  £aveur  de 
cette  BuUei  Ce  cardinal  mourut  le 
19  Juillet  1737,  à  81  ans,  avec 
une  réputation  de  piété.  On'a  parlé 
de  lui  fi  diverfement,  qu'il  efl  bien 
difficile  de  le  peindre  au  naturel.  Son 
Traité  Thcologlque  fur  U  ConJVtutlon 
Unigenitus  ,  en  2  vçl.  in-4",  pafTe 
pour  un  des  plus  eilimés  &  des  plus 


T  H  !  9^ 

complets  fur  cette  matière.  Ses  /n/- 
truHlçns  PaftoraUs  ,  in-4^ ,  n'eurent 
pas  le  même  fuccès.  Voy,  Oejeimon. 

THIARINI  ,  (  Alexandre  )  dit 
tExpmJfif^  peintre  de  l'école  de  Bo- 
logne, enrichit  cette  ville  de  fes  Ta- 
bleaux. Sa  manière  eft  grande ,  mais 
quelquefois  indécife;  fon  coloris 
eu  ferme  &  vigoureux^i  a  rendu 
heureufement  les  différentes  paP- 
fions.  Ce  peintre,  né  à  Bologne 
en  1577,  mourut  âgé  de  91  ans, 
en  i66S{ 

THIBALDEI,  Voy.  Tibaldei; 

THIBAUD  ou  Theodebalde  , 
roi  d'Auflraiie  ,  monta  fur  le  trône 
en  548 ,  après  la  mort  de  fon  père 
Théodtben  L  JufiinUn  voulut  l'en- 
gager à  prendre  les  armes  contrs 
les  Goths  i  mais  Thlbaud  mourut 
peu  de  temps  après ,  âgé  d'environ 
20  ans,  fani  laifler  de  poflérîté. 
On  cite  de  lui  un  Apologue  ingé- 
nieux. Un  homme  de  fa  maifon 
qui  s' étoit  fort  enrichi  à  fes  dépens^ 
demandant  fa  retraite  pour  aller 
jouir  de  fes  larcins,  le  roi  le  fit 
venir  &  lui  dit  :  "  Ecoute ,  maître 
fripon  :  Un  ferpent  fe  gliiTa  ua 
jour  dans  une  bouteille  remplie  de 
vin ,  &  en  but  tant  qu'il  s'enfla  au 
point  de  n*en  pouvoir  plus  fortir. 
Alors  le  maître  de  la  bouteille 
adrefTa  ces  paroles  au  ferpent  grofïi 
outre  mefure:  Rends  ce  que  tu  as  pris  , 
&  tu  fortiras  enfuîte  tout  avffi  alfément 
que  tu  es  entré*  Voilà  le  fcul  fecm 
qui  te  re/ieti. 

I.  THIBAULT,  (S.)  ou  Thi- 
B AUD ,  prêtre ,  né  à  Provins  d'une 
famille  illuflre,  fe  fanûifia  par  les 
exercices  de  la  vertu  &  de  la  mor- 
tification. U  mourut  l^an  1066  ,  au- 
près de  Vicence  en  Italie,  où  il 
étoit  allé  fe  cacher  pour  fervir 
Dieu  avec  plus  de  liberté. 

II.  THIBAULT  IV ,  comte  de 
Champagne ,  &  roi  de  Navarre^  ni 


r 


$6         THr 

pofthiime  en  1 10^  ,  mort  à  Pampe- 
hine  en  1253  ,  monta  fur  le  trône 
de  Navarre  après  h  mort  de  San^ht 
le  Fort,  Ton  oncle  maternel,  en 
12.54.  Il  s'embarqua  •  uelques  années 
après  pour  la  Terre-fainte.  De  retour 
dans  (es  états  ,  il  cultiva  les  belles- 
lettres.  Il  aimoit  beaucoup  la  poéGe> 
te  répand^  fes  bien&its  fur  ceux 
qui  f  ;;  diumguoient  dans  cet  art.  Il 
a -réuilî  lui-même  à  faire  des  Chan- 
fons.  Ses  vertus  lui  méritèrent  le 
furnom'de  Grande  &  fes  ouvrages 
celiû  de  Fuîfiur  de  Chanfonf,  »  UJU 
même  pour  la  reine  Blanche  ,  des  Vers 
tendres^  (  dît  Boffuet)  qu'il  eut  UfolU 
de  publier  m.  Cependant  Livefque  de  Ia 
RavgUiere^  qui  a  publié  fes  Podfics 
avec  des  Obfervations,  en  2  voK 
in-i2 ,  1741,  y  foutiem  que  ce  que 
Ton  a  débité  fur  les  amours  de  ce 
prince  pour  la  reine ,  eft  une  fable. 
On  trouve  dans  cette  curieu&édt- 
t<  on  un  Gloi&ire  pour  l'explication 
des  termes  qui  ont  vieilli.  Thi- 
hxult  eu  principalement  connu  par 
fes  Chanfons,Le9  leâeurs  quipour« 
ront  s'accoutumer  au  langage  de 
fon  fiecle,  remarqueront  de  la  ten- 
drefTe  dans  fes  fentimens  ,  de  la 
délicatefie  dans  fes  penfées ,  &  une 
naïveté  admirable  dans  fes  expref- 
iions.  Ils  s'appercevront  que  l'au- 
tenr  ne  manquoit  pas  d*une  cer* 
taine  érudition.  On  trouve  dans 
plugeurs  de  fes  Chanfons ,  des  traits 
de  THiiloire  fainte  y  proÊme  & 
naturelle  -,  &  quelques-uns  tirés  de 
Il  fable  &  des  romans*  Il  méri- 
teroit  une  eftime  fans  réferve ,  (  dit 
Ij  RavallUre^  )  fi  fes  images  n'étoient 
pxs  Quelquefois  trop  découvertes 
&  trop  libres.  Ce  poëte  eft  le  pre- 
mier, fuivant  M.  l'abbé  Mafjitu^ 
qui  ait  mêlé  les  rimes  mafcalines 
avec  les  férrjnines,  &  qui  ait  fenti 
Usagrémens  de  ce  mélange.  Ce  mé- 
rite eft  d'autant  plus  grand ,  que , 
{ans  les  Cantiques  grodiers^de  ce 
lîmps-là ,  les  riates  françoifes  q^*oa 


T  Ht 

inouliMt  mettre  en  chant,  éioiefff 
toutes  mafculines.  Les  rimes,  fémi'» 
nines  ne  furent  chargées  de  noces 
que  long-temps  après. 

III.  THIBAULT,  avocat  dd 
Nanci ,  fa  patrie ,  né  en  1700 ,  & 
mort  en  Juillet  1774,  à  74  ans„ 
plaida  avec  fuccès.  On  a  de  lui 
quelques  Ouvrages,  dont  le  plus^ 
important  eft  fqn  Hlfioîre  des  iaL  & 
ufu^  de  la  Lorraine  &  du  Barrais 
dans  les  matières  hénéficlaUs ,  Nanci  , 
1763,  in-foU  II  faifoit  audi  des 
vers  ;  mais ,  il  ne  réuffiflbit  pas  eif 
poéiîe  comme  en  jurifprudence. 

THIBOUST,  (  Claude-Charles) 
né  à  Paris  en  1706,  êit  imprimeur, 
du  roi  &  de  l'univerftté.  Dégoûté 
du  monde,  il  emra  au  noviciar  àe& 
Chartreux-,  &  s'il  ne  fît  pas  pro-* 
fefEon  dans  la  règle  de  Saint-Bruno  « 
il  conferva  toute  fa  vie,  pour  cet 
Inftitut ,  r^tachement  le  plus  ten- 
dre. Cette  inclination  le  porta  à  faire 
une  Traduâion  en  profe  françoife  ,  - 
des  vers  latins  qu'on  lit  dans  Uur 
petit  clpitre  de  Paris.  Ces  vers  ren- 
ferment k  vie  de  Saint  Brunù ,  peinto 
par  le  Sueur  dans  21  Tableaux ,  qui 
font  l'admiration  des  artiftes  &  de< 
connoifteurs.  Thtboufl  fit  deux  édi-< 
tions  de  fon  ouvrage.   La  i'*^  eftv 
in-4°,  en  1756,  fans  gravures.  Cec 
imprimeur  travailloit  à  une  Tra^ 
du(^i6n  A* Horace   lorfqu'il  mourut 
le  27  Mai  1757, à  Bercy,  âgé  de 
5 1  ans.  On  a  encore  de  lui  la  Tra-» 
dudion  du  Poëme  de  V Excellente 
de  ^Imprimerie ,  qu'avoit   compofé 
fon  père  :il  la  fit  paroitre  en  1754, 
avec  le  htin  à  coté.  Son  père  (  Claude^ 
Louis  )  s'occupa  particulièrement  de 
l'impreffion  des  livres  de  clafTes  ;  & 
il  y  travailla  avec  beaucoup  de  fuc- 
cès. Il  pofTédoit  les  langues  grec" 
que  &  latine ,  &  avoir  pour  fon 
art  cette  eftime  &  cet  enthoufiafme» 
fans  lequel  il  eft  difficile  de  réuffir.        j 
Qa  verra  avec  pHûfir  uh  difUque 

de 


r 


T  H  t 


ile  Thikottft,  fur  la  prééminence  de 

rimprimerie  : 

ifohWtant  artis  mutas  as  »  marmo^ 
ra ,  faxum  ; 
PntÙÊM  ari^/axo ,  marmorlkup 
que  prœfl, 

L  THIBOUVIIXE,  (N.  bar<5n 
de)  né  à  Rouen  en  165^ ,  mort 
dans  la  terre  dont  il  portoit  le  nom 
en  1730 ,  fut  lié  dès  l'enfance  avec 
Fontaullt  fon  compatriote.  Aimable- 
comme  lui  dans  la  fodété,  il  fit 
des  Chanfons ,  des  Epigrammes ,  des 
Madrigaux  qui,  au  mérite  de  Tà-pro- 
pos  t  jôignoient  celui  de  l'agrément. 
11  avoit  compofé  dans  fa  jeuneffe 
u&  Poëme  en  trois  chants ,  intitulé  : 
L*ATt  dahncr  ,  qu'on  trouve  dans 
une  édition  fautive ,  en  4  vol.  i n- 1 2, 
des  Œuvres  de  l'abbé  de  Gr&court , 
dont  il  n'avoit  ni  la  licence,  ni 
l'efprit  iktirique.  Mais  on  défîre- 
roit  dans  cet  ouvrage ,  ainii  que  dans 
ceux  que  fa  famille  conferve  en 
•manufcrit,  un  coloris  plus  vif, 
moins  de  monotonie  dans  la  coupe 
des  vers  alexandrins,  des  images 
moins  communes  .&  un  flyle  plus 
correé^.  Le  baron  dcThibouvîUe  avoit 
prefque  toujours  vécu  en  province  » 
loin  de  l'intrigue ,  &  libre  de  toute 
ambition.  Il  s  etoit  marié  deux  fois , 
&na  laiiTé  des  enfans  que  de  fon 
fécond  mariage. 

IL  THIBOUVILLE ,  (Henri  de 
Lambert  d'Erbigny,  marquis  de)  an- 
cien colonel  du  régiment  de  la  Reine 
dragons ,  mort  à  Paris  le  16  Juin 
1784,  efl  auteur  de  deux  Romans , 
l'un  intitulé  :  V Ecole  de  fAmîtU^ 
1757»  ^  parties  in-12;  &  l'autre, 
le  Danger  des  PaJJîons  ,1758,2  vol. 
m-12.  On  a  aufli  de  lui  deux  Tra- 
gédies, Ramlr  &  Thélamire.  Quoique 
ces  deux  Pièces  ne  foientpas  excel- 
lentes ,  l'auteur  étoit  un  homme  de 
beaucoup  d'efprît. 

1.  THIERRIl",  roi  de  France. 
3*  fils  de  ciovis  II ,  Çc  fcere  de 
J'orne  I2Ct, 


t  H  I  97 

Ciotaire  111  Bi  de  Childtbtrt  U ,  monta 
fur  le  trône  de  Neuflrie  &  dé  Bour-» 
gogne ,  par  les  foins  dJEbroin  maire 
du  palais,en  670.  Mais  peu  de  teitips 
après ,  il  fiit  rafé  par  ordre  de  ChiU 
derlc  roi  d'Auilraiie,  &  renfermé 
dans  l'abbaye  de  Saint-Denis.  Après 
la  mort  de  fon  perfécuteur ,  en  67  3  , 
il  reprit  le  fcq>tre  &  fe  laifTa  gou» 
verncr  par  Ebroin  ,  qui  HErifîa  plu- 
iîeurs  têtes  illuilres  à  (es  paffions. 
Pépin  maître  de  ]'Au{lra(ie,lu;  déclara 
la  guerre ,  &  le  vainquit  à  Tefhi 
en  Vermandois,  Tan  687.  Ce  prince, 
que  le  préûdent  Hénauà  nomme 
Thierrllll  ^  mourut  en  691  ,  à  39 
ans.  Il  fut  père  de  Ciovis  III  ai  de 
Childcbert  111 ,  rois  de  France. 

II.  THIERRI  II  ou  IV ,  roi  de 
France ,  furnommé  de  Chelles ,  par cQl 
qu'il  avoit  été  nourri  dans  ce  mo«. 
naftere  ,  étoit  fils  de  Dagoben  III  g 
roi  de  France.  Il  fut  tiré  de  fon 
cloître  pour  êo-e  placé  fur  le  trône, 
par  Charles  Martel,  ca  710.  11  ne 
porta  que  le  titre  de  roi  ,  &  foa 
miniflre  en  eut  ,toute  Tautorité. 
Thierri  mourut  en  737  »  à  25  ans. 
Après  fa  mort  il  y  eut  un  interre-, 
gnc  de  5  ans,   jufqu'en  742. 

m.  THIERRI  I**',  ou  Theodo- 
Ric ,  roid'Auftraûe,  fils  de  Ciovis  1 
roi  de  France ,  cwt  en  partage.  Pan 
5 1 1 ,  la  ville  de  Metz  capitale  du 
royaume  d'Auilraiie,  l'Auvergne, 
le  Rouergue  &  quelques  autres 
provinces  qu'il  avoit  enlevées  aux 
Wiiîgoths  pendant  la  vie  de  Clotis 
fon  père.  En  5 1 5  ,  une  flotte  de  Da- 
nois ayant  débarqué  à  l'embouchure 
dela^Meufe,  pénétra  jufque  dans 
fes  terres.  Thdodebert  fon  fils ,  qu'il 
envoya  contre  eux ,  les  vainquit  ^ 
&  tua  Clochilaic  roi  de  ces  Barbares* 
U  fe  ligua  en  528  avec  fon  frère 
Clotairel,  roi  de  SoifTons ,  contre 
Hermenfroi ,  qu'ils  dépouillèrent  der*^ 
fes  états  &  qu'ils  firent  précipiter 
du  hfiut  des  murs  de  Tolbiac ,  où  ils 
ravQÎeRt  ^ttiïé  fous  la  promefie  de 

Q 


ç«         t  H  î 

ie  bien  traiter.  Dans  ces  entrefaites , 
Çhildtbtn  fon  frère,  roi  de  Paris,  fe 
jeta  fur  l'Auvergne.  TA/Vm  courut 
à  ia  défenfe ,  &  obtint  la  paix  les 
armes  à  la  main.  Il  mourut  au  bout 
de  quelque  temps  en  5^4 ,  après  un 
règne  de  23  ans  ,  âgé  d'environ 
j  1  zxi%ShUrri  étoit  brave  à  la  tcte  des 
armées  ,  &  fage  dans  le  confeil  ; 
mais  il  étoît  dévoré  par  l'ambition  ^ 
H  fê*  iêrvoit^  )dé  tout  pour  la  Tatis- 
faire.  Il  fut  le  premier  qui  donna 
'Ae&  lois  aux  Boïens ,  peuples  de 
Bavière,  après  les  avoir  faitdreffer 
par  dliabiles  iurifconfulres.  Ces 
lois  fervirent  de  modèle  à  celles 
île  rerapereur  Jufiîmen,^.  Voy,  Her- 

MENFROI. 

IV.  THIERRI  il,  d«f HÈoDô- 
KXG  U  Jeune  ^  roi  de  Èourgogne& 
4'Auilraiie ,  deuxième  âl&  de  Chîl" 
étbeti  ,  naquit  eh  587.  Il  pafTa 
avec  ThéoeUbert  lî ,  fon  frère ,  les 
premières  années  de  fa  vie  fous 
la  régence  de  la  reine  Btunthaut, 
leur  aïeule.  Théodém  lui  ayant 
été  le  gouvernement  du  royaume, 
cette  princeffe  irritée  _fe  retira  à 
Orléatis  vers  Thîem  ,  à  qui  elle 
perfuada  de  prendre  les  armes 
contre  fon  frère  ,  Taffurant  qu'il 
n'étoit  point  fils  de  Chiltkbtn ,  & 
qu'elle  l'avoit  fuppofé  à  la  place 
de  fon  fils  aine  qui  étoit  mort. 
Thîerrl  obligea  Théodeben  de  fe  ren- 
fermer dans  Cologne  ,  où  il  alla 
Tafiiéger.  Les  habitans  lui  livrèrent 
ce  malheureux  prince,  qui  fut  en- 
voyée Brunehata  ,  &  mis  à  mort 
par  les  ordres  de  cette  princefiTe 
inhumaine.  Thîerri  fit  périr  tous 
fes  ehfani  ,  à  la^Téferve  d'une  fille 
(d'une  rare  beauté  ,  qu'il  voulut 
epoufer.  Mais  Brunehaut  craignant 
qu'elle  ne  vengeât  fur  elle  la  mort 
ie  fon  père  >  dit  à  fon  petit  -  fils 
qu'il  ne  lui  étoit  pas  permis  d'é- 
poufer  la  fille  de  fon  frère.  Alors 
ThUrrl ,  furieux  de  ce  qu'elle  lui 


vàùiut  ia  pericet*  de  fon  e^) 
mais  on  l'arrêta ,  &  il  fe  récon« 
cilia  avec  fa  mère  qui  le  fit  em* 
poifonneren  61  ).  Cette  mort  d'un 
prince  foible  &  cruel  «  n'excita 
aucuns  regrets.  >  < 

V.  THIERRI  DE  NiEM .  natiÉ 
de  Paderborn  en  Weftphalie ,  fe- 
crétaire  de  plufieurs  papes  ,  paila 
environ  30  ans  à  la  cour  de  Rome» 
11  accompagna  Jean  XXII J  au  coo* 
eilede  Confiaace ,  61  il  mourut  pea 
de  temps  après  vers  l'an  1417  # 
dans  un  âge  avancé*  On  a  de  lui'r 
I.  Une  Hlfioîre  du  Schi/me  des  Papes  ^ 
Nuremberg  >  1592 ,  in-£ol.  Cet  ou-* 
vrage,  divifé  en  3  livres,  s'étend 
depuis  ia  mort  de  Grégoire  XI  ^ 
}ufqu'à  réleâion  &' Alexandre  V\  ii 
y  a  joint  un  "Traité  intitulé  :  Nemitâ^ 
wiionîs  ,  qui  contient  les  pièce» 
originales  écrites  dé  part  &  d'autrci^ 
touchant  le  fchifme.  II.  Un  autie 
livre  qui  rentérme  la  Vit  du  pape 
Jean  XXI2I ^  a  Francfort,  1626» 
în-4^.  IIL  Le  Journal  de  ce  qui  ' 
fe  paifa  au  concile  de  Confiance, 
jufqu'à  la  dépofition  de  ce  pape* 
IV..  Une  Inveàive  véhémente  contre 
cet  infortuné  pontife  ,  fon  bien* 
faiteur.  V.  Un  Livre  touchant  le^ 
privilèges  &  les  droits  des  empe-^ 
teurs  aux  invefiitures  des  évêques  , 
tlans  Schardxl  Syntagma  de  Jmperlali 
Juri/dlcHone ,  Argentorati  >  1609  , 
in-fol^  thlerrl  ,  homme  aufiere  & 
un  peu  chagrin  ,  lait  un  portrait 
aifreux  de  la  cour  de  Rome  &  dti 
clergé  de  fon  tempsw  II  écrit  d'un 
fiyle  dur  &  barbare;  mais  il  ae  dit 
malheureufement  que  trop  vrai 
fur  ie&  défordres  de  fon  fiecle. 

THIERS ,  (  Jean-bapêfte)  favane 
bachelier  de  Sorbonne  ,  naquit  k 
Chartres  vers  1636  ,.  d'un  caba* 
retier.  Après  avoir  profefiTé  le» 
humanités  dans  l'univerfité  de  Paris, 
il  fut  curé  de  Champrond  au  dio-* 
cefe  de  Chartres ,  où  il  eut  quel* 
ques  4éQi^léfi  avec  i'^chidiaoea 


j^ùr  les  droits  des  Curés  clet>or* 
ter  l'étole  dans  le  cours  de  fa  vi- 
&e.  Cette,  affaire  n  eut  pas  lefuccès 
tju'il  fouhaitoit.  L'abbé  Thiers  fe 
brouilla  avec  le  chapitre.  Le  fujet 
de  ce  démêlé  vint  de  Tavarice  des 
thanoines  de  Chartres ,  qui  louoient 
les  places  du  porche  de  i'égUfe  « 
pour  y  vendre  des  chapelets  & 
dcschemifes  d'argent.  L'abbé  Thîers 
défapprouva  cet  ufage ,  &  fe  fit  des 
tnnemis.  L'abbé  Robert ,  grand-ar- 
chidiacre &  grand-vicaire ,  &  Tabbé 
Patin-^  officiai ,  fe  montrèrent  les 
:plus  acharnés.  Ge  fut  contre  le  pr«- 
knier  que  Thiers  fit  une  Satire  en 
proie  ,  connue  fous  le  nom  de  la 
âaïue  -  Robert,  Cette  turlupinade 
groffiere  troubla  fon  repos.  On 
porta  plainte  devant  l'ofHcicd  ;  6c 
fur  les  informations,  Thîers  fut 
décrété  de  prife  -  de  -  corps.  Un 
huiffier  de  Chartres  fut  chargé  du 
décret ,  &  ^lla  chez  lui  bien  ac- 
totnpagné  &  avec  toutes  les  pré- 
cautions qu'il  auroit  prifes  pour  uit 
gouverneur  de  citadelle.  ThUrs  étoit 
alors  à  fa  cure  de  Champrond.  Il 
reçut  cette  compagnie  d'un  air  aifé  i 
la  combla  d'hoqnêtetés ,  lui  donna 
)nen  à  diner  ,  Se  s'engagea  à  fui- 
vrè,  fans  qu'oti  lui  fît  violence  « 
lliuifficr  &  le>  cavaliers  de  la  ma- 
réchauffée  qui  Taccompagnoient* 
Cc[>endant  il  avolt  ordonné^  fecré* 
iement  que ,  pendant  le  dîner ,  ort 
ferrât  à  glace  fa  jument.  Le  dîner 
fini ,  il  part  avec  fon  efcorte  ;  & 
quand  ils  furent  à  un  étang  glacé 
^ui  étoit  fur  la  route ,  il  fe  fépara 
d'eux  &  leur  édiappa  ,  fans  qu'ils 
Ofaffent  le  fuivre.  Il  £e  redra  au 
Wans ,  où  M.  de  la  Vergne  de  Trejfan , 
^ui  en  étojt  évéque ,  le  reçut  d'une 
winiere  diilinguée.  Il  appela 
Éomme  d'abus  de  la  procédure  cri- 
ninelle  faite  à  Chartres  ,  &  il  fut 
pleiRcment  déchargé  des  .accûfa- 
tiotis  intentées  contre  lui.  L'cvêque 
du  Man$  le  poHrvut  d«  la  cure  4.e 


Vibràle ,  &  écrivit  à  Tévêque  d4 
Chartres ,  »»  qu'il  lui  avoit  beaucoup 
d'obligadon  de  lui  avt)ir  envoya 
le  Thiers  de  fon  diocefe  ;  &  que  A/ 
les  deux  autres  parties  étoient  dit 
même  prix  ,  il  s'en  accommode-* 
roit  bien»».  C'eft  M.  VahhéExpllâ. 
qui  rapporte  ces  anecdotes  dans 
fon  Dlàlonnaîre  des  Gaules.  Thlerà 
mourut  à  Vibraie  le  28  Février 
1705  ,  à  6  j  ans.  Cet  écrivain  avoî* 
de  l'eiprit ,  de  la  pénétration  ,  un6 
mémoire  prodigieufe ,  &  une  éru»» 
dîtion  très- variée ')  iQaisfon  caraco 
tere  étoit  bilieux ,  faririque  &  in-* 
quiet.  Ce  que  fa  févéritc  avoit  d# 
bon ,  c'eft  qu'il  l'étendoit  fur  lui- 
même  comm0  fur  les  autres.  Il 
avoit  beaucoup  de  goût  pour  1# 
genre  polémique,  &  il  fe  plaifdit 
à  étudier  &  à  traiter  d^s  matières 
fingulieres.  11  a  exprimé  dans  fe» 
livres  le  fuc  d^ine  infinité  d'autres  % 
inais  il  ne  choifît  pas  toujours  le» 
auteurs  les  plus  autorifés ,  les  plus 
folides  6c  les  plus  exaûs  ;  Se  il 
paroît  qii'en  farfant  fes  livrés  il  n'^ 
été  quelquefois  occupé  qu'a  vide^ 
fes  porte-feuilles  ,  &  à  dégorger  f^ 
bile.  Ses  principaux  Ouvrages  fonts 
I.  Un  Traité  d:s  JuperftUî^ns  t^ul  re^ 
gardent  les  Sacremats  ^  en  4  V0I4 
in-z2  :  ouvrage  utile»  &  qui  auroii 
été  agréable  a  lire,  même  poujf 
ceux  qui  ne  font  pas  théologiens ,  fî 
l'auteur  avoit  été  moins  diffus  >  & 
i'étoit  |>ermLs  moins-de  digréflions^ 
Il  auroit  pu  encore  fe  difpenfer  dd 
i^maffer  toutes  les  pratiques  fuperf- 
litieufes  répandues  dans  les  livres 
défendus  ;  aufH  lui  rdproche-t  on 
d'avoir  tait  plus  de  nslades  qu'iH 
ft'en  a  guéri.  II.  Traité  /c  lUxpjC'fitiofà 
du  Saint-Sacrement  de  l* Autel  ^  Paris  ^ 
1665  ,  in-i2  -,  &  167^ ,  en  2  voJ* 
in- 12.  C'eft  ,  à  ce  qu'on  prétend  ^ 
fon  meilleur  ouvrag<î ,  du  moins 
celui  qu'il  a  écrit  avec  le  plus  d^ 
fageffe  &  de  méthode.  111.  L'Avocat 
des  pauvres  ,  ^m  fait  vUr  Us  êbll^ 

Q  il 


ioo        T  H  I 

nations  fu*ont  les  BénéficUrs  ie  faire 
vn  bon  ufagt    des  biens  de  VEgUfe , 
Paris ,    167$'  5  in-i2  :  livre  dont 
la  morale,  fondée    fur  la  }u{lice 
&  les  canons ,  paroîtra  effirayante 
à    beaucoup  de  bénéâciers    mo- 
dernes. IV.  Dijfcrtations  fur  les  Por- 
ches des  Eglifts  ,  Orléans,  1679  , 
in- 12.  V.  Traité  de  Clôture  des  Reli" 
^îto/Àr, Paris  ,  168 1,  in- 12.  Ce  n'eft 
qu'un  recueil  de  Décrets  des  Con- 
ciles ,  &  de  Statuts  fynodaux  fur 
cette  matière.  L'auteur,  qui  n'apref- 
quefait  que  cçmpiler ,  interdit  aux 
médecins  &  aux  évêques  mêmes 
rentrée  des  Maifons  de  filles.  VI. 
■Exerdtatio  adversns  Joannem  de  Lau- 
noy.  VU.   De  retinenda  In  Eccle- 
fiajîicîs    Uhris   vocç  PaRACLITUs  : 
(  Voy.  Sanrey.  )  VIII.  Be  Fefio- 
rum  dlerum  hnminutlone  liber.  Il  y  a 
dans  ce  livre  de  Pérudition  &  des 
vues  fages  don^  quelques  évêques 
ont   pro5té.   IX.    Differtadon    fur 
VInfcription  du  grand  Portail  du  Cout 
vent  des  Cordeliers  de  Rheims ,  conçue 
en  ces  termes  :  Deo^  Homini-^  & 
fi.  pRAif  CISCO  ,    utrîque  Crucifixo  , 
1670  ,  in-i2.  Ce  petit  ouvrage  , 
curieux  &  rare  ,  cft  divifé  en  huit 
chapitres.  Après  avoir   nettement 
établi  la  doôrine  de  l'Eglife  tou- 
chant le  culte  des  Saints ,  .l'auteur 
attaque  avec  force  les  fuperiUtions 
des  faux  dévots.  L*infcription  blaf- 
ph;^matoire   des  Cordeliers    vient 
cnfuite.   Il  l'examine   avec  beau- 
coup de  fagacité ,  &  d'une  manière 
non  moins  fenfée  qu'agréable.  Il 
la  trouve  plus  étrange  que  iî  l'on 
dédioit  ua  livre ,   un    tableau  ou 
une  thefe  au  pape  &  à  un  de  fes 
cameriers ,  en  y  ajoutant  ces  pa* 
rôles  :   Utrîque  Sunclîjjimo  ;  au  roi 
très-Chrétien  &  à  un  de  fes  minif- 
^res  ;  Utrîque  CbriJlian'Jfimù  ;  à  M.; 
le  cardinal  Antoine  Barherîn ,  arche- 
vêqu»;  de  Rheims ,  &  à  M.  Thuret,, 
Tun  de  fes  grands- vicaires  :  Utrîque  ' 
Smîneatîjpmo  j  à  un  évêque  6c  à  fon 


àumomef  :  Utrîque  IHuftrîJfhnû  ;  i 
un  préûdent  à  mortier  &'  à  fon 
fecrétaire  :  Utrîque  Infulato  \  &c.  X. 
Traité  des  Jeux  permis  &  défendus  , 
Paris»  1686,  in-12  :  livre  que  les 
gens  du  momde,  &  même  quel- 
ques eccléfiaftiquss  trouveront  bien 
févere  ,  fur-tout  aujourd'hui  que 
le  jeu  n'eft  pas  un  délaffement , 
mais  une  occupation.  IX.  Differta- 
tlonsfur  les  prlnclpatix  Autels  des  Egâ- 
fes ,  Us  Jubés  des  Eglîfes ,  &  la  Clôture 
du  Choeur  des  Eglrfcs  ,  Paris ,  1688  , 
in-Il.  XII.  HJ/loire  des  Perruques  ^ 
où  l'on  fait  voir  leur  origine  y  leur 
vfage  ,  leur  forme  ,  l'abus  &  rîr/égw 
larlté  de  celles  des  Eccléfiajiîques  , 
Paris,  1690,  in- 12.  Les  recherches 
de  ce  livre ,  &  les  traits  fatlrique^ 
contre  les  abbés  frifés  &  mufqués, 
l'ont  fait  lire  avec  plaifw.  XIII. 
Apologie  de  M.  l'abbé  de  la  Trappe 
contre  les  calomnies  du  Père  de  Sainte- 
Marthe  ;  Grenoble,  1694,  in-iz* 
Il  y  a  des  traits  très-piquans  contre 
les  Bénédîûins  de  Saint-Maur , 
mais  peu  de  bonnes  raifons.  XIV. 
Traité  de  l'Abfolution  de    VHérifi:^ 

XV.  Dijfertation  de  la  faînte  Larmt 
de  Vendôme  ,    Paris,  1699  ,  in-i2.    ■ 

XVI.  De  la  plus  f onde  ,  de  la  pLi* 
njctffaîre  O  de  la  plus  négligée  des 
Dévctions  ,   1702  ,    2  vol.  in-12, 

XVII.  Des  Obfervations  fur  le  nou^ 
yeau  Bréviaire  de  Cluny,  1704, 
2  voL  in-12  -,  pleines  de  minuties» 
dehiauvaifes  chicanes  »  &  qu'on  ne 
rechercheroit  pas ,  fi  elles  n'aboient 
été    fupprimées    dans    le    temps^ 

XV III.  Une  Critique  du  livre  des 
Flagellans  ,  par  l'abbé  Boileau  ^ 
in-12.  Cette  Réfutation  d'un  ou-v 
vrage  judicieux ,  eft  longue ,  foible 
et  ennuyeufe.  Ceft  le  jugement 
qu'en  porte  M.  l'abbé  P/uquu.  XIX» 
Un  Traité  des  Clochis^  1721,  in- II., 
XX.  Factum  contre  le  Chapitri^  dq^ 
Chartres,  in-12.  XXI.  La  Sauce-^ 
Robert  ^  ou  Avis  jalutaire  à  Mcjfîre 
Jean  Robert ,  grand-Arehidiacre  ,  l'^* 


r 


•  T  H  I 

parue ,  1/S76  ,  in-8°  ;  2*  partie  ,' 
1678 ,  in-8**.  La  Sauce-Robert  juf" 
tifiée  ,  à  Af .  de  Riantz ,  Procureur 
du  Roi  au  Châtdet  ;  ou  Pièces^  em- 
pioyées  pour  la  jufilficatîon  it  la 
Sauce-Rol>eTt,  1679,  in-S**.  Ces  trois 
ivochurcs  fe  relient  en  un  fcul  vo- 
lume ,  par  les  amateurs  des  pièces 
fatiriques. 

THIL,  ?^q[  Guerre. 

THIMOTHÉE  ,  Voytx  f  IMO- 

THÈE. 

THIOUL  ,  (  Antoine  )  habile 
horloger  de  Paris,  mort  en  1767  , 
s'eft  &k  ua  nom  par  un  favant 
TrcLiU  d^ Horloglographle  ,  I741  «  2 
vol.  în-4°  ,  avec  figures.  11  fut  k 
rival  de  JuUdn  le  Ray ,  pour  les  con- 
noiiiances  théoriques ,  &  pour  l'art 
de  les  mettre  en  pratique. 

THISBÉ.  F'o>'«lPïRAME. 

THOAS  ,  Voyei  Iphigénie. 

THOINOT  ARBEAU,  Voyti 
Tabourot. 

THOLA  ,  de  la  tribu  d'Iffachar , 
fat  établLjuge  du  peuple  dlfraël,  Tan 
U31  avant  J.  C,  &  le  gouverna 
pendant  28  ans.  C'eft  fous  ce  )ùge 
qu'arriva  l'hiftoire  de  Ruth. 

THOMjEUS  ,  furnom  donné  à 
iTicolas  Léonlc  ^  Voy.  LeonIC. 

THOMAN ,  (  Jacques-Erncft  ) 
habile  peintre ,  né  à  Hagelftein  en 
1588  ,  fut  élevé  d*Elshaîmer,  Il 
imita  fa  manière  ,  au  point  de 
tromper  les  connoilTeurs.  Il  tra- 
vailla pour  l'empereur  au  fervice 
duquel  il  s'^oit  mis  ;  &  termina  fes 
jours  à  Landan  ,  on  ne  fait  en 
quelle  année. 

I.  THOMAS ,  furnommé  Dy- 
DIME  ,  qui  veut  dire  Jumeau.^ 
Apôtre,  étoit  de  Galilée.  Il  fut 
appelé  à  r^oflolat  la  z^  année 
de  la  prédication  de  J.  C.  Le  Sau- 
veur ,  après  fa  réfurreftion  ,  s'étant 
fait  voir  à  fes  Difciples  ,  Thomas 
«e  fe  trouva  pas  avec  eux  lorfqu'il 
vint,  &  ne  voulut  rien  croire  de 
cette  apparition.  Il  «^outa  qu'il  ne 


T  H  O        101 

troîroU  point  que  Jefus-Chrift/ut  ref" 
fufclti ,  qu'il  ne  mUfa  main  dans  Vvu^ 
verturc  de  fon  c6té,  &  fes  doips  dans 
les  trous  des  clous.  Le  Sauveur  con- 
fondit fon  incrédulité  en  lui  ac- 
cor^lant  ce  qu'il  demandoit.  Après 
l'Afcenfion»  les  Apôtres  s'étant  dif- 
perfés  pour  prêcher  l'Evangile  par 
toute^  la  terre ,  Jhomas  porta  fa  lu- 
mière dans  le  pays  des  Par  thés , 
Aqs  Perfes ,  des  Medes ,  &  même  ^ 
fuivant   une   ancienne  tradition  , 
iufque  dans  les  Indes.   On  croit 
qu'il  y  fouffrit  le  martyre  dans  la 
ville  de  Calamine ,  d'où  fon  corps 
fut  tranfporté  à  Edeffe  où  il  a  toi^ 
jours  été  honoré.  D'autres  préten- 
dent que^  ^  fut  k  Meliapour  ou 
San-Thomé ,  autre  ville  des  Indes, 
que  ce  Saint  fut  mis  à  mort.  Les  PÔr- 
uigais  foutiennent  que  (on  corps 
y  ayant  été  trouvé  dans  les  ruines 
d*une  ancienne  Eglife  qui  lui  étoit 
dédiée^  on  le  tranfpora  à  Goa  , 
où  on  rhonore  encore  aujourd'hui. 
Mais  cette  découverte  eft  appuyée 
fur  des  raifons  trop  peu  décifives' 
pour  mériter  le  moindre  degré  de 
certitude. 

n.  THOMAS,  né  d*une  famille 
obfcure ,  parvint  de  l'état  de  fimple 
fbldat ,  à  celui  de  commandant  des 
troupes  de  l'empire  fous  Léon  tAr^ 
ménicn.  Cette  élévation  inefpérée 
lui  donna  l'idée  d'afpirer  au  trône 
des  Céfars.  Léon  ayant  été  afTailîné 
Tan  820 ,  il  prit  l^s  armes  fous  pré- 
texte de  venger  fa  mort.  Soutenu 
par  les  troupes  qu'il  commaridoit, 
&  par  l'armée  navale  qu'il  avoit 
eu  l'adrefle  de  gagner ,  cet  ambi- 
tieux fe  fit  paiTer  pour  le  fils  de 
l'impératri<ie  Irène  ,  &  fe  fit  cou- 
«"Onner  à  Antioche  par  le  patriar- 
che Job,  Déjà  il  vint  mettre  le 
fiége  devant  Conflantinople  ;  mais 
ayant  été  battu  à  diverfes  reprifes  , 
par  mer  &  par  terre  «  il  fe  fauva 
à  Andrinople ,  où  les  habitans  le 
livrèrent  à  Michel  le  Bègue ,  fuccef- 
Giij 


561        T  H  0 

feur  ée  léon^  qui  le  Ût  mourîfi 
dprès  lui  avoir  faitfouifrir  des  tour- 
mens  horribles,  l'an  $22.  Telle  Rit 
la  fin  cruelle,  mais  bien  méritée». 
4e  cet  ufurpateur. 

111,  THOMAS  v%  Cantor- 
SERT ,  (  Saint  )  dont  le  nom  de 
limille  étoit  Buquu  »  vit  le  }our  à, 
Londres  ,  le  21  Décembre  11 17. 
Après  avoir  Ê^itfes  études  à  Oxford 
&  à  Paris  «  il  retourna  dans  fa  pa^ 
irie ,  &  s'y  livra  à  tous  les  plaifirs 
4l*une  jeuneiTe  diiHpée  ;  mab  un 
Ranger  qu'il  courut  à  la  chaiTe ,  le 
£t  rentrer  en  lui-même.  La  iurifpru- 
clence  des  affaires  civiles  auxquel-t 
les  il  s'appliqua  avec  affiduité ,  lui 
£t  un  nom  célèbre.  Thihtud^  arche-? 
vêque  de  Cantorbery,  lui  donna 
Tarchidiaconé  de  Ton  églife ,  &  lui 
obtint  la  dignité  de  chancelier  d' An^ 
gleterre ,  fous  le  roi  Henri  II ,  qui 
réleva,  en  11 62,  après  bien  de 
iré/îfiance  de  fa  part ,  fur  le  fîége 
de  Cantorbery. TAowtfj  ne  vécut  pa& 
long- temps  en  paix  avec  fon  fou-» 
verain ,  comme  il  le  lui  avoit  pré-» 
dit.  Les  Anglois  prétendent  que  les 
firemieres  brouilleries  vinrent  d'un 
prêtre  qui  commit  un  meurtre  ,,  & 
que  l'archevêque  ne  punit  pas  affeîS 
rigoureufement  -,  mais  la  véritable 
•rigine  fut  fon  zèle  pour  les  pri- 
vilèges de  fon  Eglife.  Ce  zèle ,  qui 
paroifToit  trop  ardent  au  roi  &  à 
ics  principaux  (bjets  ,  lui  fit  bien 
4es  ennemis.  On  Taccufa  devant  les 
yairs  d'avoir  malverfé  pendant  qu'il 
occupoit  la  charge  de  chancelier, 
dont  il  venoit  de  fe  démettre  -,  mais 
îl  refufa  de  rép^ondre  à  ces  impu- 
terions ipjuftes  ,  fous  prétexte  qu'il 
ëtoit  archevêque.  Condamné  à  U 
srifoa.  par  Its  pairs  eccléfîaflîques 
çc  féculiers ,  il  fe  retira  à  l'abbaye 
de  Pontigni ,  &  enfuite  auprès  de 
JLouts  U  Jeune  ^  roi  de  France.  11 
excommunia  la  plupart  des  fei- 
gneurs  qui  compofcMent  le  cqnfeil 
jlç  ^SmK  H  lui  ç<;riy  it  :  h  tous  49U  ^ 


T  HO 

h  h  vhhi  9  révénnte  comme  i^  motk 
Roi  }  mais  je  vous  dois  châtiment  ^ 
fommeà  mon  fils  fpîrkueL  11  le  me- 
naça ,  dans  fa  lettre ,  d^être  changé 
en  bête  comme  Nahuchodonofor^ 
Louis  U  Jeune  ,  qui  avoit  d'al>Ord 
favorifé  Thomas ,  ayant  conclu  m» 
traité  avec  Hentt  II ,  tâcha  de-mé«^ 
nager  un  accommodement  entre  l# 
roi  d'Angleterre  &  le  prélat.  Henri 
acceptoit  les  proportions ,  avec  la 
çUufe ,  fauf  CautoTÎté  royale;  —  ÔÇ 
Thomas  ,  fauf  Pkonneur  de  Dieu  ^ 
les  libertés  de  r Eglife.  Cette  dernière 
reflri£lion  rompit  les  mefures.  L& 
monarque  Anglois  dit  un  jour,  eor 
préfence  àeLou^s  i  lly  a  eu^plufievrsi 
Rois  tC Angleterre  ;  U  y  a  en  plufieurs 
Archevpques  de  Cantoriery»  Que  Becqueib 
m* accorde  la  foumîffion  que  le  plusfaînt: 
4e  fes  prédécejfcurs  a  pratiquée  envers 
le  moindre  des  miens  ;  je  n'en  demandât 
pas  davantage  Enfin  cette  grande 
querelle  fut  terminée  par  un  com-< 
promis ,  très-favorable  à  rarchevê-^ 
que  de  Cantorbery.  Oa  ne  l'obligea 
point  de  renoncer  à  fes  préten-^ 
tions;  on  convint  de  laifTer  dans^ 
l'oubli  dts  queftions  délicates  qu^on 
n'auroit  peut-être  jamais  dû  agiter^ 
5.  Thomojs  revint  en  Angleterre 
l'an  1170,  &  la  guerre  ne  tarda 
pas  d'être  rallumée.  Il  excommunia 
quelques  eccléfîafliques ,  des  évê-» 
ques ,  des  chanoines  ,  des  curés  «. 
qui  s'étoient  déclarés  contre  lui ,  8c 
en  particulier  l'archevêque  dTorck,^ 
pour  avoir  facré  en  fon  abfence 
le  fils  aîné  de  Henri,  aïïbcié  à  la 
couroque.  On  fe  plaignit  au  roi« 
qui  ne  put  rien  gagner  fur  l'arche^ 
vêque ,  parce  qu'il  croyoit  foutenir 
la  caufe  de  Dieu,  Henri  II  étoi% 
alors  en  Normandie  ,dans  fon  châ- 
teau de  Bures  près  de  Caen ,  &  noiir 
près  de  Bayeux  ,  comme  le  dit. 
Smolat.  Fatigué  par  ces  dijfferens,, 
&  perfbnneUement  irrité  contre 
Thomas ,  il  s'écria ,  dans  un  excè^ 
de  çolçre:  Efi^îlpoffiblc  quat^im^ 


r 


T  HO 

(Mur  f itf  j^aî  comf>lés  de  hknfihs  »  ÎM 
me  venge  iPun  Pritre  qui  trouble  mon 
wwyavme  T  Auffî  -  tôt  quatre  de  fçs 
gentilshommes  paflent  U  mer  »  & 
vont  aiTommer  le  prélat^  coups 
4t  maflue,  au  pied  de  l'autel,  le 
»9  Déceimbre  1170  ,  la  5)^  année 
de  Ton  âge ,  &  la  9*  de  fon  épifo 
çopat.  Sa  piété  tendre ,  Ton  zèle  y 
its  vertus  épifcopales  ,  le  firent 
mettre  au  nombre  des  Saints ,  par 
^exûndte  111.  Henri  11  cratgnam  les 
foudres  de  Rome ,  )ura  qu'il  étoit 
innocent  da  meurtre  de  $^  Thoma». 
li  promit  de  ne  point  faire  obferver 
les  nouvelles  lois ,  contraires  aux 
immunités  ecdéfiaftiques  *,  de  ne 
point  empêcher  l'appel  au  faint^ 
£cge  ,  &  d'exiger  feulement  des 
fiiretés  fuffiiantes  de  ceux  qui  for- 
ùroienc  du  royaume*  Pour  calmer 
entièrement  le  pape  ,  il  alla  ,  en 
XI 74,  nu -pieds,  au  tombeau  de 
Thomas  ^  honoré  comme  un  mar- 
tyr &  un  thaumaturge»  &  reçut  des 
coups  de  verges  et  chaque  reli- 
gieux de  l'abbaye  où  le  Saint  étoit 
enféveli.  On  a  abufé  de  l'exemple- 
de  S.  Thomas  pour  excufer  les  en-t 
«eprifes  téméraires  &  les  démar- 
ches inconiidérées  de  quelques  pré- 
lats ;  on  auroit  dû  faire  attemion 
que  la  principale  gloire  de  S, 
ihomas  ne  vient  pas  d'avoir  fou- 
tenu  quelques  droits ,  fur  lefquels 
U  auroit  pu  fe  relâcher,  mais  d'avoir 
£ait  éclater ,  dans  tout  le  cours  de 
fa  vie,  la  charité  la  plus  ardente, 
&  la  vertu  la  plus  pure«.  On  a  de 
hii  :  I.  Divers  Traités ,  pleins  des 
préjugés  de  fon  iiecle.  11.  Pes 
Spitres.  111.  te  Cantique  à  la  Vierge, 
û  mal  écrit  &  fi  mal  rimé  »  fous  le 
titre  de  Gaude  flore  VirginaU,  Du 
loffi  à  écrit  fa  Vie,  in- 8^  La  Ktla^ 
tlon  de  fa  Mort,  paf  un  témoin  ocu- 
laire ,  fe  trouve  dans  le  Thefaurus 
de  Marunne,^,  Voyez  VHJftolre  de 
(es  4éméUs  avec  Henri  11,  par  l'abbé 
àtipQt ,  doâeur  de  ^orbonoc* 


T  H  O        toi 

ÏV.  THOMAS  D'AQUIN,  (SJ 

naquit  en  1117,  d'une  famille  il- 
luftre  ,  à  Aquin  »  petite  ville  dtt 
Campanie  au  royaume  de  Naples« 
LandtUche ,  fon  père  ,  l'avoit  en« 
voyé ,  dès  rage  de  \  ans  «^au  Mont<« 
Caffin ,  &  de  là  à  Naples ,  où  il 
étudia  la  grammaire  &  la  philofo-* 
phie.  Thomof  commençoit  à  y  faire 
paroitre  î^  talens ,  quand  il  entr;a. 
chez  les  frères  Prêcheurs ,  au  cou- 
vent de  Saint -Dominique  de  Na- 
ples ,  l'an  1 243 .  Sjcs  parens  s'op* 
poferenr  à  fa  vocation  j  pour  Tar-* 
tacher  à  leurs  perfécutionSt  fes  fupé* 
rieurs  renvoyèrent  à  Paris.  Comme 
il  étoit  en  chemin  ,  &  qu'il  fe 
repofoit  auprès  d'une  fontaine ,  fek. 
frères  l'enlevèrent,  &  renfermèrent 
dans  un  château  de  leur  père ,  où 
il  iux.  captif  pendant  plus  d'un  anr.^ 
On  employa  tout  pour  le  rendre- 
au  monde.  Une  £lie ,  pleine  d'ai- 
traits  &  d'enjouement,  fut  introduit)^ 
dans  fa  chambre  ;  mais  Thomas ,  in^ 
fendble  à  fes  carefîes ,  la  pourfuivii 
ayec  un.tifoil^rdent.  Ef»fin ,  quand. 
on  vit  qu'il  ét«ît  inébranlable  dans  ' 
fa  réfoiution ,  on  fouffrit  qu'il  iè: 
fauvât  par  la  fenêtre,  de  fa  chambre» 
Son  général ,  glorieux  d'une  telle, 
conquête  ,  l'emmena  avec  lui  à 
Paris ,  &  le  conduifit  peu  après  ^ 
Cologne ,  pour  faire  fes  études  ibus 
Mbert  U  Grand ,  qui  enfeignoit  avec 
un  fuccès  diftingué*  La  profonde 
méditation  du  jeunç  Dominicain  le^ 
rendoit  fort  tacimtne  -,  fes  compa- 
gnons le  croyant  ftupide ,  l'appel*, 
lolent  le  Bœuf  muet  \  mais  Albert 
ayant  .bientôt  reconnu  ia  grande 
capacité,  leur  dit  :  Que  Us  doêtes 
mugiffemens  de  ce  Bc^uf  retentiraient  un 
jour  dans  tout  r  Univers,  L'an  1146, 
fon  maître  fut  nommé  pour  expli« 
quer  les  Sentences  à  Paris  ,  où  il 
ûit  fuivi  du  jeune  TJiomas  ^  qat 
étudia  dans  l'univerfité  de  cette 
ville  jufqu'en  X14S.  Albert ,  alors 
doâ<.ur   «A  théologie,  étant  r^ 

G  iy 


104        T  HO 

tour»éà  Cologne  pour  y  cnfeîgîiéf 
cette  fcience  ,  fon  difciple  enfeigna 
^n  même  temps  la  phîlofophie, 
li^Ëcriture-fainte  &  les  Sentences, 
&  parut  en  tout  digne  de  fon  maître. 
Les  différens  qui  furvinrent  entre 
les  Séculiers  &  les  Réguliers  dans 
l'uaiyerfité  ,  retardèrent  fon  doc* 
torat.  Il  retourna  alors  en  Italie, 
&  fe  rendit  à  ,  Anagni    auprès  du 

Sape.  Alhrt  U  Grand  y  étoit  déjà 
epuis  un  an  avec  5.  Bonaventure, 
Ils  y  travaillèrent  tous  trois  à  dc- 
f endrç  leur  Ordre  contre  Gui/laume 
4c  Saint-Amour^  &  à  faire  condamner 
fon  livre  des  Périls  des  derniers 
Temps,  Elevé  au  doâorat  en  1257  , 
le  pape  Clément  IV  lui  offrit  l'ar- 
chevêché de  Naples  ;  mais  le  faint 
doâ:eur  ne  vonlut  point  fe  charger 
d*un  fardeau  û  pefant.  S,  Louis , 
siufli  feniible  à  fon  mérite  que  le 
ponûfe  Romain  ,  l'appela  fouvent 
à  fa  cour»  Thomas  y  portoit  une 
extrême  humilité  &  un  efprit 
préoccupé  de  fes  études.  Un  Jour 
qu'il  avoit  la  tête  remplie  àes  ob- 
îeflions^es  nouveaux  Manichéens , 
il  fe  trouva  à  la  table  du  roi ,  Tef- 
prit  entièrement  abforbé  dans  cet 
objet.  Après  un  long  filence ,  frap- 
pant de  la  main  fur  la  table ,  il  dit 
ailcz  haut  ;  Voilà  qui  efi  déclfif  contre 
les  Manichéens  !  Le  prieur  des  Frères 
Prêcheurs ,  qui  l'accompagnoit ,  le 
fit  fouvenir  du  lieu  où  il  étoit  ;  & 
Thomas  demanda  pardon  au  roi  de 
cette  diflraflion  -,  mais  5.  Louis  en 
fiit^  édifié  ,  &  voulut  qu'un  de  {es 
fecrétaires  écrivît  auffi-tôt  l'argu- 
ment. On  peut  placer  ici  une  ré- 
ponfe  que  fit  ce  Saint  à  Innocent  IV. 
Il  entra  un  jour  dans  la  chambre 
du  pape ,  pendant  que  l'on  comp- 
toit  de  l'argent.  Le  pape  lui  dit  : 
Vous  voye\  que  tE^lîfe  n'efl  plus  dans 
le  fieck  ou  elle  difoit  ;  /£  N*Ai  NI 
Or  ni  Argent,  A  quoi  le  doc- 
teur angélique  répondit  :  //  eftvrai^ 
Saint  Pete  i  maïs  aujji  elle  ne  peutpbts 


rVLO  , 

dire  aa  Paralytique  ,  X£rjE-r01  Et 
Marche.,,.  Thomas  fiit  toujours 
dans  une  grande  confidération  au- 
près des  pontifes  Romains.  Le  pape 
GrégolrSk ,  devant  tenir  un  con- 
cile à  Lyon  l'an  1274 ,  l'y  appela, 
Thomas  s'étoit  fixé  à  Naples,  où 
il  avoit  été  envoyé  en  1272 ,  après 
le  chapitre  général  de  l'Ordre /tenu 
à  la  Pentecôte ,  à  Florence.  L'uni- 
verfité  de  Paris  écrivit  à  ce  cha- 
pitre ,  demandant  inflamment  qu'oa 
lui  renvoyât  le  faint  doéteur  ;  mais 
CharUs ,  roi  de  Sicile  ,  l'emporta  , 
&  obtint  que  Thomas  vînt  enfei* 
gner  .dans  fa  ville  capitale  y  dont 
il  avoit  refufé  l'archevêché.  Ce 
prince  lui  afligna  une  penfion  d'une 
once  d'or  par  mois.  Ce  faint  doc- 
teur partit  donc  de  Naples  pour 
fe  rendre  à  Lyon,  fuivant  l'ordre 
du  pape  i  mais  il  tomba  malade  dans 
la  Campanie.  Comme  il  ne  fe  trou- 
voit  point ,  dans  le  voifinage ,  de 
couvant  des  Frères  Prêcheurs,  il 
s'arrêta  à  Fofle-neuve ,  abbaye  cé- 
lèbre de  l'Ordre  de  Cîteaux  dans 
le  diocefe  de  Terracine.  Ce  fut 
'  dans  ce  monaftere  qu'il  rendit  i'ame 
le  7  Mars  1274,  âgé  de  48  ans* 
Jean  XXII  le  mit  au  nombre  des 
Saints  en  1313.  Thomas  d*Aqum 
fut  pour  la  théologie ,  ce  que  De/- 
cartes  a  été  pour  la  philofophie  dans 
le  fiecle  dernier.  De  tçus  les  fco- 
lafiiques  des  temps  de  barbarie ,  il 
efl  fans  contredit  le  plus  profond  , 
le  plus  judicieux  &  le  plus  net.  Les 
titres  d'Ange  de  t  Ecole ,  de  Docteur 
angéCque ,  &  ^ Aigle  des  Théologiens  , 
qu'on  lui  donna ,  ne  durent  pas  pa- 
roitre  outrés  à  fes  contemporains. 
Certains  hérétiques  des  derniers 
temps  lui  ont  nlême  rendu  jufiice. 
Le  P.  Rapin  prétend  que  Buler  difoit  : 
Toile  Thomam^  &  Ecclcfiam  Roma» 
nam  fubvertam,  «  Otez  à  1  eglife  Ro- 
»>  maine  Thomas, ^  &  je  la  renver- 
»  ferai  »  (  Rapin  »  Réflexions  fur  la 
philofophie,  pag.  245*)  Tous  fiss 


T  Hd 

Ouvrages  ont  été  imprimés  pîu- 
fieurs  fois ,  &  entre  autres  en  1 5  70 , 
à  Rome  ,  18  tomes  en  17  vol. 
in-fol.  -,  mais  il  y  en  a  quelques- 
uns  qui  ne  font  pas  du  Saint  -,  & 
on  en  a  oublié  d'autres  qu'on  trouve 
imprîmés  feparément.  On  a  deux 
autses  éditions  de  Tes  Œuvres,  Tune 
en  12  vol.,  à  Anvers-,  &  l'autre 
«lirigée  par  le  P.  Nicolai ,  en  19  vol. 
On  a  imprimé  fous  Ton  nom  , 
Secrcta  AUhymUt  magnolia^  Cologne» 
1 J79 ,  in- 4°  j  ouvrage  qui  n'eft  ni 
'de  lui  >  ni  digne  de  lui.  Parmi 
ceux  qu*on  ne  lui  contefte  pas, 
ÙL  Somme  conferve  encore  aujour^ 
d'hui  la  grande  réputation  qu'elle 
eut  d'abord ,  &  qu'elle  mérite  en 
effet.  Dans  la  première  partie ,  pre- 
mière queilion ,  il  donne  une  idée 
de  la  doébine  facrée  en  général. 
Il  traite  ^enfuite  de  Dieu ,  de  Ton 
efience ,  de  les  attributs  &  de  fes 
opérations  ;  de  la  béatitude  *,  des 
trois  Perfonnes  divines  ,  de  lei#s 
proceflions  &  relations  ;  &  enfin 
de  Dieu  confidéré  par  rapport  aux 
créatures ,  comme  leur  créateur  3t 
leur  confervateur.  Dans  la  première 
partie  de  la  féconde  ,  il  parle  du 
mouvement  de  la  créature  rai- 
fonnable  vers  Dieu ,  de  fa  dernière 
fin  ,  de  la  qualité  des  aâions  par 
lefquelles  on  y  peut  parvenir  »  de 
leurs  principes;  des  vertus  &  des 
vices  en  général  ,  des  lois  &  de 
la  grâce.  Dans  la  féconde  partie  de 
la  féconde  ,  il  traite  en  particulier 
des  vertus  théologales  &  morales , 
&  de  tout  ce  qui  peut  y  avoir  quel- 
^ie  rapport.  Dans  la  troiiieme  par- 
tie, il  examine  les  moyens  par 
lefquels  on  parvient  à  Dieu ,  qui 
font  l'Incarnation  de  J.  C.  &  les  Sa- 
.cremens ,  qui  font  le  fujet  de  cette 
partie.  -Elle  finit  par  des  quef- 
tions  fur  les  quatre  fins  de  THomme. 
5.  Thomas ,  folide  dans  l'établiiTe- 
snent  des  principes ,  exzù  dans  les 
raifonnemens ,  clair  dans  l'exprei* 


T  H  O         lôÇ' 

fion  ,  pourroît  être  le  meilleur  mo- 
dèle des  théologiens  ,  s'il  avoir 
traité  moins  de  queflions  inutiles  , 
s'il  avoit  eu  plus  de  foin  d'écarter 
quelques  preuves  peu  folides  -,  enfin, 
s'il  étoit  plus  exaâ  fur  le  temporel 
des  Rois ,  fur  la  puifiance  du  pape, 
fur  le  droit  de  dépofer  un  prince 
infidclle  à  l'Eglife ,  &  fur  celui  defe 
défaire  d'un  Tyran.  U  faut  avouer 
auffi  que  fon  flyle  manque  de  pu- 
reté &  d'élégance  -,  &  ce  n'eft  pas 
de  ce  côté-là  qu'il  faudroit  l'imiter. 
Ses  OpufcuUs  fur  des  queflions  de 
Morale,  montrent  la  juftefTe  de  fon 
îugement  &  fa  prudence  chrétienne. 
On  les  reconnoit  encore  dans  fes 
Commentaires  fur  les  Pfeaumes  ,  fur 
les  Epitrcs  de  S,  faul  aux  Romains , 
aux  Hébreux  ,  &  fur  la  i'**  aux 
Corinthiens  ;  &  dans  fa  Craint 
dorée  fur  les  Evangiles.  Pour  les 
Commentaires  fur*  les  autres  Epîtres 
de  5.  Paul  ,  fur  Ifaie  ,  Jércmle  , 
S.  Matthieu ,  5.  Jean ,  ce  ne  font  que 
des 'extraits  de  fes  leçons,  faits 
p'âr  des  écoliers.  Ses  Scrmcns  ne 
font  auffi  que  des  copies  faites  par 
fes  auditeurs  après  l'avoir  entendu. 
Son  Office  du  Saint- Sacrement  efl 
un  des  plus  beaux  du  Bréviaire 
Romain, 

THOMAS,  archevêque 
d'Yorck  ,  yoyc[  Douvers  ,  n*"* 
I.  &  II. 

V.  THOMAS  DE  Catimpré, 
ou  DE  CantinfrÉ  ,  (  Cantîpra» 
tanus  )  né  en  1201  à  Leuves  près 
de  Bruxelles  ,  fut  d'abord  Cha- 
noine Régulier  de  Saint- Augufïin 
dans  l'abbaye  de  Catimpré  près 
de  Cambray  ,  puis  religieux  de 
l'Ordre  de  Saint-Dominique.  11  eft 
connu  par  un  Traité  des  devoirs 
des  Supérieurs  &  des  Inférieurs  , 
publié  fous  ce  titre  fîngulier  :  Bonum 
univerfale  de  Apibus.  La  meilleure 
édition  efl  celle  de  Douay ,  en  1627» 
in-8^.  Ce  favant  Jacobin  mourut  en 
1280. 


Vo6        T  H  a 

VI.  THOMAS  0E  Viitïs 

|9ËUV£,  (S.  ) prit  le  nom  de  Ville- 
neuve ,  du  tteu  de  ia.naiilance  ^  qui 
4Û  un  village  ainfi  nommé  dans 
It  dioceCe  de  Tolède.  Il  fm  élevé 
é  Alcala  »  où  il  devint  profefîeur  en 
théologie.  On  lui  ofFric  une  chaire 
ii  Salamanquc  ;maisilaima  mieux 
entrer  dans  TOrdre  dé  Saint- Aii- 

5;u(tim  Ses  Servions ,  Tes  diredHons , 
es  leçons  de  théologie  lui  firent 
l>ientôt  un  nom  célèbre.  L'empereur 
(ÇharUs"  Qmnt  &  Ifabellc  Ton  époufe  » 
voulurent  l'avoir  pour  leur  prédi- 
tcateur  ordinaire.  Ce  prince  le  nom- 
ma à  Târchevèché  de  Grenade  »  qu'il 
me  voulut  point  accepter  ;  maîsi 
ttlui  de  Valence  étant  venu  à  va- 
quer ,  Ckarles' Quint  le  lui  donna; 
éc  Tes  ûipérieurs  le  contraignirent 
de  le  recevoir»  Thomas  eut  toutes 
les  vertus  épifcopales  ;  mais  il  brilla 
fur -tout  par  U  charité  envers  les 
pauvres.  Il  leur  fît  diilribuer ,  avant 
que  de  mourir ,  tout  ce  qu'il  avoit , 
jufqu'au  lit  même  fur  lequel  il  étoit 
Couché  :  car  il  le  donna  au  geôlier 
des  prifons  épifcopales»  le  priant  de 
le  lui  prêter  pour  le  peu  de  temps 
'  qui  lui  reiloit  à  vivre.  Il  finit 
faintementia  carrière  en  Novembre 
X  5  n  •  ^  67  ans«  On  a  de  lui  un 
volume  de  Sermons  «  publié  à  Akala 
en  15  81. 

VII.  THOMAS  DE  Valence  , 
Pominicain  Efpagnol  «  dont  on  a 
un  Livre  en  fa  langue*  intitulé  : 
Conjoladàn  '  dans  fadverfiié  ,  &c.  » 
vivoit  dans  le  xvi®  ficde. 

VIIL  THOMAS  DE  Jésus  ,  né 
en  Portugal  d'une  maifon  illuiîre , 
cmbraiTa  l'Ordre  des  Hermites  de 
Saint-AugufHn ,  à  Tàge  de  15  ans. 
Ne  pouvant  engager  fes  confrères 
à  accepter  la  Reforme  qu'il  vouloit 
mettre  parmi  eux,  il  (uivit  le  roi 
Sébaftien ,  l'an  1378,  dans  fa  malheu- 
reufe  expédition  d'Afrique.  Tandis 
qu'il  exhortoit  les  foldats  à  com- 
iNittre  avec  valeur  contre  Its,  Infi- 


T  HO 

délies  dans  la  bataille  d'ATcacer,  if 
fut  percé  d'une  flèche  à  Tépaule^  fit 
fut  fait  prifonnier  par  cm  Maure,, 
qui  le  vendit  à  un  prêtre  MuTulman* 
11  en  fut  traité  d'une  manière  bar* 
bare ,  pour  n'avoir  pas  voulu  xei- 
noncer  à  fa  religion.  Les  feigneurs 
Portugais ,  la  comteffe  de  Signatis  fa 
fœur ,  le  roi  d'Efpagne,  voulurent 
en  vain  le  délivrer  de  fa  captivité  v 
il  préféra  de  demeurer  avec  les 
Chrétiens  compagaons  de  fon  in- 
fortune ,  auxquels  il  fît  des  biena 
infinis,  en  les  inftruifant  &  les  coor 
folant  dans  leurs  afBiâions.  Enfin  « 
après  avoir  pafTé  quatre  ans  dans 
ce  faint  exercice»  il  mourut  le  17 
Aviil  ifSx  »  âgé  de  n  a^^*  ^ 
avoit  compoie  dans  fa  prifoo  un 
Livre  t  traduit  en  françois  fous  ce 
titre  :  Le»  Souffrances  de  N.  S,  Jefus» 
Chifi^  4  vol.  in•I^;  bien  capable 
d'infpirer  à  fes  lefteurs  les  fent«- 
mens  de  zèle  ^  de  charité  dont  il 
4|oit  animé...  II  faut  le  difhnguer  de 
Thomas  de  Jésus  ,  plus  conna 
fous  le  nom  à'Andradd  :  Voye^  ce 
dernier  mot. 

IX.  THOMAS.  (Artus)  iîeur 
é£Emhry  ,  poète  littérateur  ,  cfl 
connu  :  I.  par  des  Epîgrammes  fur 
les  Tableaux  de  PhUoftrate  »  que 
Blalfe  de  Flgenere  a  placées  dans  fa 
Traduâiou  de  cet  auteur  &dc  Cal- 
lifirate  ,  imprimée  chez  rAngelUr^ 
in-fol.  II.  Par  des  Commentaires  fur 
la  Vie  d* Apollonius  de  Thyanes  par 
Philùftrate,  inférés  dans  la  Verfioa 
du  même  Vigenere  (i!Angelier}f  x 
vol.  in-4®.  III.  Par  une  mauvaife 
fuite  de  la  Traduction  de  THifloirc 
de  ChalconiyU ,  in-folio ,  VAngelîer* 
Cet  auteur  vivoit  dans  le  xvi* 
fiede. 

X.  THOMAS  DU  FOSSÉ  , 
(Pierre)  né  à  Rouen  en  1634, 
d'une  famille  noble  originaire  àt 
Blois  >  fut  élevé  à  Port-Royal- 
des-Champs  ,  où  Le  Maître  prit  foin 
de  lui  former   Tèfprit  &  le  «ftyl^ 


T  H  O 

Fompone ,  miniilre  d'état ,  xnAruît 
de  fa  capacité ,  le  foUicita  vaine- 
ment de  prendre  part  aux  travaux 
de  fes  ambaf&des  :  fon  amour  pour 
la  vie  cachée  l'empêcha  d'accepter. 
Jl  estretenoit  peu  de  commerce 
9vec  les  favans ,  de  peur  de  perdre 
en  converiâtions  inutiles  les  mû- 
mens  qu'il  deftinoit  à  la  prière  & 
à  l'étude  des  Livres  faims  :  U 
craignoit  fur-tout  d'altérer  par  de 
vaines  difputcs  cette  paix  qui  lui 
étoit  il  ^ere.  Sa  charité  n'étoit  pas 
moins  grande  que  fon  amour  pour 
la  paix.  Non-content  de  retran^ 
cher  de  fon  nécefTaire  pour  four- 
nir au  bofoin  des  pauvres ,  il  avoit 
encore  fait  quelques  études  particu- 
lières ,  pour  leur  fervir  de  médecin 
dans  le  befoin.  Ce  pieux  folitaire 
mourut  dans  le  célibat ,  le  4  No- 
vembre 1698,  à  64  ans.  On  a  de 
lui  :  I.  lâ  VU  de  S.  Thomas  de  Can-^ 
tQthery ,  in» 4®  &  in- 12.  Il,  Celles 
de  Terailûen  &  d'Origene ,  in- 8**. 
III.  Deux  volumes  in- 4**  des  FUs 
des  Saints.  Il  avoit  deflfein  d'en 
donner  la  fuite  -,  mais  il  interrompit 
xe  projet,  pour  continuer  les  £*- 
pUcaûons  de  la  Bible  de  Sacy,  Il 
eft  encore  auteur  des  petites  Notu 
de  cette  même  Bible ,  des  Mémoires 
de  Port-Royal  ^  in -12,  &  d'autres 
Ouvrages  écrits  avec  exaûitude  & 
avec  nobleiTe.  Il  rédigea  les  Mé-: 
moires  de  Pontîs  :  [  Voy.  Pontjs,  J 
Il  fit  imprimer  ces  Ouvrages  fans 
y  ruenre  fon  nom  ;  mais  on  en. 
reconnut  bientôt  l'auteur  à  la  pu- 
reté de  fon  ftyle  &  à  l'onûion  qui 
lui  étoit  particulière. 

XI.  THOMAS,  (François  de  ) 
feigneur  de  la  Valette  en  Provence , 
porta  les  armes  avec  diflinûion 
fous  Loms  XIV.  Il  avoit  80  ans , 
lorfque  le  duc  de  Savoie  vint  for- 
mer le  fiége  de  Toulon  ;  il  eut  la 
fn-meté  d^attendre  Tarmée  ennemie 
dans  fon  château  de  la  Valette.  Les 
ItuSirds.  9  çn  y  surrivant  ^  mirent 


T  H  o         107 

le  f^u  aux  maifons  ,  &  allereiit 
enfuite ,  le  piilolet  à  la  main ,  à 
la  porte  du  château  pour  le  faire 
ouvrir.  Mais  U  Valette ,  fans  s'é- 
pouvanter ,  dit  à  l'officier  :  Tufiréu 
bien  ,  non  de  me  menacer ,  mais  dâ 
me  faire  tuer  j  fans  quoi  ,  dès  que  ton 
Prince  fera  arrivé  ,  Je  te  frai  pendre^ 
.  Le  duc  de  Savoie  étant  arrivé  peti 
après  :  Je  vous  fais  bon  gré  ,  dit- il 
à  ce  vénérable  vieillard  ,  de  ne  rom 
être  pas  méfié  de  mon  arrifée.  En 
effet ,  il  eut  pour  lui ,  durant  & 
après  le  iiége  »  des  fentimens  d'ef- 
time  &  des  attentions  d'autant  plus 
f)atteufes  ,  qu'elles  furent  approu- 
vées par  Louis  XIV,  La  bravoure 
de  la  Valette  &  la  fupériorité  de 
fon  «fprît  avoient  éclaté  dans  plu* 
iieurs  autres  occaâons^  Ses  vert^A 
paflerent  au  Père  p£  lx  Vjietts , 
ion  fîls  ,  prêtre  de  l'Oratoire  ^ 
dont  il  fut  élu  feptieme  fupérieur 
général  en  1733  ,  &  qui  le  perdit 
en  1773 ,  dans  un  âge  très-avancé. 
Il  avoit  d'abord  fervi  dans  la  ma- 
rine -,  ayant  quitté  le  monde  malgré 
fes  parens ,  il  entra  dans  une  Con« 
grégation  qu'il  édifia  &  qu'il  inf- 
truiiit.  Sa  piété  ctdit  tendre  ,  fes 
lumières  étendues ,  &  fon  caraâere 
doux  &  modefte.  Sa  Congrégation 
dut  peut-être  fa  confervation  à  fon 
efprit  fage  6c  conciliant. 

THOMAS  A  KEMPIS  ,  Voye^ 
Kempis. 

THOMAS  WALDENSIS, 
•"••  Netter 

THOMAS  CAJETAN  ^ 
»- Vio. 

THOMAS,  (Paul)  —  Girac* 

THOMAS,  (Antoine)  d'abord 
profefleurde  troifieme  au  collège 
de  Be^uyais  ,  enfuite  fecrétaire  des 
Ligues  SuifTes  ,,  fecrétaire  ordi- 
naire de  Mg^  le  duc  d'Orléans  y  de 
Tacadémie  Françoife ,  étoit  né  dans; 
le  diocefe  de  Clermont ,  &  mourut 
le  17  Septembre  1785.,  dans  le 
château  d'Ouiios  près  de  lyoa  g 


loS       T  H  O 

avec  la  fermeté  d'un  fagc  &  la  ri- 
iîgnation  d'un  Chrétien.  Il  débuta  ; 
«n  1756,  par  des  Réflexions  hlfio" 
tiques  &  lîuérAÎres  fur  le  Poème  de  la 
RuC^'on  naturelle  de  Voltaire  ,  in- II. 
.  Dans  cette  critique  fage  &  mo- 
dérée ,  il  expoie  fon  jugement  fans 
fiatterie ,  ainfi  que  fans  aigreur  ^  il 
défend  la  religion  avec  force  » 
nais  fans  fanatifrae.  En  combattant 
«n  écrivain  célèbre  »  il  rend  hom- 
mage Q  ies  talcns  ,  plaint  fes  er- 
reurs &  ménage  fa  perfonne.  Cet 
Ouvrage ,  qu'il  craignoit  d'avouer 
lorfqu'il  eut  été  accueilli  par  les 
irfiilofophes  &  prôné  par  lui  ,  ne 
pouvoit  que  lui  faire  honneur. 
JL'année  1759  fut  une  époque  bien 
fiatteufe  pour  lui.  Son  Elo^t  du  Ma^ 
icchai  DE  Saxe  ,  couronné  par 
l'académie  Françoife,  annonça  à 
la  nation  un  oratenr  de  plus  ,  & 
im  orateur  qui  réunifToit  quelque- 
Ibis  la  précifion  de  Tacite  &  1  élé- 
vation de  Boffuet.  11  célébra  enfuite 
dAgutffeau ,  du  Guai-Tromn  ,  Sully  , 
Defcartes,  Ces  quatre  Eloges  obtin- 
rent les  fufftages  de  l'académie  & 
du  public.  Une  éloquence  abon- 
dante &  vive ,  des  réftexions  plei- 
nes de  chaleur  &  de  philofophie  , 
quelques  vérités  courageufes  for- 
tement exprimées,  des  traits  mâles 
&  énergiques»  prouvèrent  que  le 
îeuite  athlète  académique  poffédoit 
2  un  degré  égal\  renthoufîafme  de 
la  vertu  &  de  la  gloire  ,  l'amour 
des  lettres  &  de  l'humanité  *,  &  fon 
Eîoge  de  Marc -Au  RE  LE,  plein 
de  raifon  &  d*éloquence  ,  mit  le 
comble  à  fa  réputation.  [  V6ye\ 
C  o  G  £  R.  ]  On  défira  feulement 
qu*il  n'eût  pas  donné  fi  fouvent  à 
Ic^  phrafes  une  forme  métaphyfî-' 
que  ,  d'autant  plus  fatigante  ,  que 
les  idées  étoient  plus  accumulées  ; 
que  fes  élans  ,  fes  apoftrophes  & 
fes  figures  euiTent  un  air  moins 
ttniforme  -,  que  les  penfées ,  à  force 
de  vouloir  être  grandes  »  ne  fiif- 


T  H  o 

fent  pas  gîgamefques  -,  qu'il  etitaflîî 
moins  de  comparaifons  l'une  fur 
l'autre  -,  qu'il  n'affeftât  point  d'ufer 
de  quelques  termes  de  phyfique  » 
ingénieufement  appliqués  à  la  véri- 
té ,  tels  que   ceux  de  calcul ,  de 
choc^   de  frottement  ^  ûe  fnajfe  ^  mais 
trop   abfiraits   pour  beaucoup  de 
leâeurs  ,  &  qui  paroiiTent  biçn  fec» 
lorfqu'il  s'agit  de  morale ,  de  litté- 
rature &  d'éloquence.  En  publiant 
fes  Eloges  ,  M,  Thomas  les  enrichit 
de  Notes,  où  Ton  remarque  autant 
de  favoir ,  que  de  jugement  &  d'ef- 
prit.  Bien  des  le£^eurs ,  qui  vou- 
droient  un  fimple  Eloge  hiûorique 
mêlé  de  réflexions,  préfèrent  ces 
excellens  Commentaires  au  texte 
même.  Ils  font  perfuadés,  comme 
l'a  très-bien  dit  M.  Thomas  ,  que 
l'écrivain ,  borné  au  rôle  d'hiftorien 
philofophe  ,  doit  mieux  voir   & 
mieux  peindre  ce  qu'il  voit  ;  qu'en 
cherchant  moins  à  en  impofer  aux 
autres,  il  en  impoCe  moins  à  lui- 
même  ;  que  celui  qui  veut*embellir  » 
exagère  ;  qu'on  perd  du  coté  de" 
l'exafte  vérité  tout  ce  qu'on  gagne 
du  côté  de  la  chaleur  ^  que  pouc 
être  vraiment  utile ,  il  faut  préf^iiter 
les  foibleflfes  à  côté  des  vertus  -,  que 
nous  avons  plus  de  confiance  dans 
des  portraits  qui  nous  refiemblent  *, 
que  toute  éloquence  eft  une  efpece 
d'art  dont  on  fe  méfie  ;  &  que  l'ora- 
teur ,  en  fe  paffionnant ,  tient  en 
garde   contre   lui  les  efprits  fages 
qui   aiment  mieux  raifonner  que 
fentir ,  ou ,  pour  mieux  dire ,  dont 
le  fentiment  ne    veut  être  excité 
qu'à  propos.  L'imagination  de  M. 
Thomas  lui  a  fait  quelquefois  illu- 
fion  ,  non-feulement  dans  fes  Elo- 
ges ,  mais  encore  dans  fon  Ejfaifur 
U  caractère  y  les  maurs  &  l'e/prit  des 
Femmes  y  1771  ,  in -8®.  C'eft  un 
panégyrique  où  l'encens  n'ed  pas 
toujours  ofiFert  par  les   mains  de 
la   vérité.   L'auteur  conclut  trop 
du  particulier  au  générât.  Apper- 


TH  O 

çoît-îl  dans  un  fiecle ,  une  femme 
diiHnguée  pat  (es  vertus  ou  illuilre 
par  fes  talens  :  il  s'attache  à  Tob- 
iervér  &  à  la  peindre  -,  &  fur  le 
caraâere  particulier  de  cette  femme , 
il  établit  le  caractère  général  de 
tout  fon  fexe  dans  la  même,  épo- 
que. Ce  petit  défaut  eft  bien  com- 
penfé  par  les  tableaux  énergiques , 
Us  obfervatîons  profondes  &  les 
réflexions  fines  dont  cet  Eflai 
aj}onde.  Ceux  qui  aur oient  voulu 
que  Tauteiir  eût  fixé  nos  idées 
fur  la  véritable  deftination  origi- 
nelle des  femmes  ,  fur  l'étendue 
de  leurs  devoirs  &  de  leurs  pré- 
rogatives ,  ne  font  point  atten- 
tion que  le  but  de  M.  Thomas  étoit 
de  montrer  feulement  l'ufdge  ou 
l'abus  qu'on  a  voit  fait  de  l'éloge 
en  parlant  des  femmes.  Les  autres 
poiAts  de  critique  philosophique 
&  de  difcuffion  morale  dévoient 
plutôt  être  indiqués  que  développés. 
D'ailleurs  ^  l'auteur  penfe  &  fait 
penfer  ;  &  peu  de  mots  fuffifent 
au  grand  écrivain  &  au  leâeur 
intelligent.  UEJfai  fur  Us  Femmes 
devoit  faire  partie  de  VEJfaifur  les 
Eloges  ,  i  vol.  in-8®,  1775  :  autre 
ouvrage  de  M  Thomas,  Celui-ci  fe 
difHngue  par  des  images  brillantes , 
des  penfées  fortes ,  des  idées juiles , 
des  jugemens  fains,  des  connoif- 
iktices  variées  «  des  recherches  in- 
téreilàntes  fur  les  orateurs  anciens 
&  modernes.  Ces  deux  volumes 
offrent  une  foule  de  traits  éloquens 
&  de  portraits  tracés  de  main,  de 
maître.  C'efl  une  galerie  de  ta- 
bleaux où  tous  les  grands  hommes 
fe  trouvent  peints  avec  autant  de 
vérité  que  de  noblefle.  Il  fuffit 
qu'un  prince  ait  été  loué  une  fois 
dans  fa  vie,  pour  que  l'auteur  en 
prenne  occafion  de  tracer  fon  ca- 
raâcre,  de  peindre  fes  minières, 
d'efquifler  l'hiftoire  de  fon  règne. 
On  lui  a  reproché  ces  digredîons  : 
mais  û  ceft  un  défaut  «  il  nous  a. 


t  HO         109 

procuré  de^chofes  neuves  &  biea 
vues.  Dans  les  autres  livres  didac- 
tiques ,  les  auteurs  fe  bornent  à 
être  utiles  ;  ici  l'agrément  eft  joint 
à  l'inflrudlion,  &  l'éloquence  auX 
préceptes.  M.  Thomas  étoit  poëte 
ainû  qu'orateur.  Son  EpitreauPof 
fU ,  fon  Oàt  fur  Us   Temps   &  foa 
Poème  de  JumouvllU  ,  font  les  pro* 
dudtions  d'une 'imagination  noble 
&  élevée.  La  force ,  la  correction, 
le  vrai  génie  épique  cara^érifent 
ce  dernier  Poëme.  La  veriiâ cation 
en  eft  belle ,  mais  quelquefois  mo- 
notone &  emphatique.  On  y  défire 
plus  de  variété  dans  les  tours ,  de 
rapidité  dans  les  images ,  d'adrcflê 
&  de  chaleur  dans  la  liaifon  des 
détails.  On  doute  que  U  Péucade  ,. 
Poëme  qu'il  préparoii  fur  Pîem  U^ 
Grande  foit  exempte  de  ces  défauts,, 
du  moins  fi  l'on  en  juge  par  ce 
qu'en  difent  les  gens  de  gbût  qiu 
lui  en  ont  entendu  réciter  divers, 
morceaux.  Nous  ne  parlons  point 
de  fon  Ballet  d^Amphlofiy  en  trois 
aûes,  joué  en  X767  :  c'eft  un  des* 
moindres  fleurons  de  fa  couronne,. 
La  confidération  perfonnelle  dont 
jouiflbit  M.  Thomas ,  étoit  p^uc- 
être  encore  fupérieure  à  la   jufte 
eftime  qu'on  avoit  pour  fes  ouvra- 
ges. Il  avoit  dans  la  fociété  cette 
fimplicité  aimable  ,  qui  empêche 
fouvent  un  homme  d'efprit  de  con- 
noître  ce  qu'il  vaut,  ou  du  moins 
de  le  faire  trop  fentir  aux  aiitres. 
Il  étoit  jufte,  modéré,  doux,  en-- 
nemi,de  l'éclat  &  du  bruit;  bon- 
ami ,  tendre  fils ,  fenfibhs  a  l'éloge 
&  à  la  aitique  ;  mais  recevant  l'un 
fans  vanité ,  &  ne  repouffant  jamais 
l'autre  par  des   injures.    Quoique, 
peu  recherché  ,  %  même  un  peu 
contraint  dans  fes  manières  ëc  dans 
fon  extérieur  ,   il   avoit   tout   le  ' 
fonds  de  la  vraie  politeffe ,  qui  a 
fa  fource  dans  la  bonté  du  cœur 
&  dans  l'indulgence  du  caraûere. 
Moutard ,  librairç  de  Paris,  a  publié. 


tio        TttO 

le  recueil  de  Ces  Ouvragés  tti  prôfo, 
1773  ^  4  voL  in- 11. 

THOMAS,  Voy,  ThaumaS. 

THOMAS!,  THOMASINI, 

yoy.  TOMASI  ô»   TOMASINI. 

i.  .THOM ASIUS,  (Michel) 
qu'on  nommoit  auffi  Tanaquedus  ^ 
né  à  Majorque, ïecrétaire  &  con- 
feiller  de  Philippe  II  roi  d'Efpagne  » 
fut  élevé  à  l'évêché  de  Lériaa.  U 
joignoit  à  la  fciencc  du  droit ,  la 
connoiffancedelaphilofophie.  On 
lui  eft  redevablo  de  la  correction 
du  Décret  de  GratUriy  &  de  l'édition 

-  du  Cours  canonique  que  fit  Gré-^ 
goîre  XIII  a.vant  que  d'être  pape. 
Thomafius  a  laiflé  quelques  autres 
Ouvr^es^tels  que  \Dlfputcs  Ecdéfiuf* 

,  tiqwuy  à  Rome ,  1585  ,  in-4*'  ;  Com* 
mtntarlus  de  ratlone  Conclliorum  cclt^ 
hrandorumM  vivoit  encore  en  1 560* 
II.  THOM  ASIUS,  (  Jacques  ) 
profeffettr  en  éloquence  à  Leipzig , 
étoit  d'une  bonne  £unille  de  cette 
ville,  il  y  fut  élevé  avec  foin ,  & 
y  enfeigna  les  belles-lettres  &  la 
philofophie.  Le  céiehr  cLeibnlt^^  qui 
«voit  été  fon  difciple  en  cettç  der- 
rière fcience ,  difoit  que  "  fi  fon 
»  maître  avoit  ofé  s'élever  conurè 
H  la  philofophie  de  l'Ecole,  il  Tau- 
w  roit  fait  «  ;  mais  il  avoit  plus  de 
lumière  que  àê  courage.  C'étoit  un 
homme  doux ,  tranquille  &  inca- 
pable de  troubler  fon  repos  &  celui 
des  autres  par  de  vaines  querelles. 
Il  ne  concevoit  pas  comment  les 
hommes  pafioient  leur  vie  à  s'en- 
tre-déchirer ,  eux  qui  font  appelés 
à  la  vertu  &  à  la  paix.ll  mourut 
dans  fa  patrie  en  16S4,  à  61  ans. 
Ses  principaux  Ouvrages  font: 
L  Les  Origines  de  CHlftoire  PhUo/ophi" 
que&  EuUfiafiqup^  II.  Pltifieurs  £>i/- 
jfertations ,  (Hall,  Ï70O,  &  années  fui- 
vantes,  11  vol.  in-S'*,)  &  dans  l'une 
defquelles  il  traite  du  Plagiat  litté- 
jraire ,  &  donne  une  lifie  de  cent  Fia- 
giaires.Ces  Ouvrages  font  eu  latin  &^ 
renferment  beaucoup  deredietches. 


T  tt  O 

îtl.  TH0MASIUSi(dirfftîà6t 
fib  du  précédent ,  né  à  Leipzig  ca 
165  5 ,  prit  le  bonnet  de  doâeut  à 
Francfort- fur-l'Oder  en  1676^  Uit 
Journal  Allemand  qu'il  commença 
à  publier  en  168S,  &  dans  lequel 
il  femoit  plufieurs  traits  fatiriquet 
contre  les  fcolafiiques ,  lui  fit  beau-» 
coup  d'ennemis.  On  excita  Ma\îus 
à  l'accufer  publiquement  d'héréfie  « 
&  même  du  crime  de  lefemajefté* 
Thomafius  avoit  réfuté  un  Traité  de 
fon  dénonciateur  ^  où  il  prétendoit 
qu'il  n'y  avoit  que  la  Religion  Lu- 
thérienne, qui  fût  propre  à  main- 
tenir la  paix  &  la  tranquillité  de 
TEtat  :  ce  fut  la  femence  des  pcrfé* 
cutions  qu'on  lui  fufcita.  Il  fut 
obligé  de  fe  retirer  à  Berlin ,  où  le 
roi  de  Pruffe  fe  fervit  de  lui  pout 
fonder  l'univerfité  de  Hall.  La  pre« 
miere  chaire  de  droit  lui  futf  ac- 
cordée en  17 10.  Trois  ans  après  il 
fit  foutenir  des  Thefej  (  Anvers,  1 7 1 3* 
in- 4°.  )  dans  lefquelles  il  avança  que 
le  concubinage  n'a  rien  de  contraire 
au  droit  divin,  Ôt  qu'il eft feulemeae 
un  état  moins  parfait  que  celui  du 
mariage.  Cette  opinion  dangereufe 
fit  naître  beaucoup  d'Ecrits.  Thoma-* 
/ttj  mourut  en  1718,  regardé  comme 
un  efprit  bizarre  &  un  hommo 
inquiet.  On  a  de  lui  un  grand  nom- 
bre d'Ouvrages  en  latin  &  en  alle- 
mand. Les  principaux  font  :  I.  Une 
Introduction  à  la  Philofophie  de  la 
Cour,  II.  VHlJimlre  de  la  Sagsjfe  6* 
de  la  Folie,  111.  Deux  Libres  des 
Défauts  de  la  Jurlfprudence  Romaine^ 
IV.  Les  fondemens  du  Droit  natureà 
&  des  Gens,  V.  Hifioire  des  Dif^ 
putes  entre  U  Sacerdoce  &  t  Empire^ 
jufqu'au  XVI*  fiede. 

I.  THOMASSIN ,  {  Louis  )nc  è 
Aix  en  Provence ,  le  2S  Août  1619, 
d'une  famille  ancienne  &  difiinguée 
dans  l'Eglife  &  dans  la  robe,  fuc 
reçu  dans  la  Congrégation  de  1  Ora^ 
toire  dès  fa  quatorzième  année* 
Après  y  ^voir  enfeijgné  l€»  tHUDff 


TttÔ   ♦  TH  O        îti 

Ite  &  la  philofophîe,  il^f  Mi    tËgtife  ^  U  MoraU  Chritîennt  :  é^ 
profcffeur  de  diéologie  à  Saumur.    V Office  Dîvîn  ,  in  -  S**;  des  Fius  ^ 

in-8^  V  des  /<i^^,  in-S^;  de  /^ 
Vérité  &  du   Menfonge  ,  10-8**  ;  de 


L'Ecriture,  les  Pères,  les  Conciles 
prirent  dans  fon  école  la  place  des 
vaines  fubtilités  fcolaûiques.  Ap- 
pelé à  Paris  en  1654,  il  y  corn- 
nença,  dans  le  Séminaire  de  Saint- 
Magloire,  des  Conférences  de  diéo- 
logie  pofitive ,  félon  la  méthode 
qu'il  avoit  fuivie  à  Saumur.  Ses  fuc- 
<ès  dans  cet  emploi  lui  firent  des 


VAumônt  ,  in-8°  ;  du  Négoce  &  d«, 
tVfurt^  in- 8**.  Celui-ci  ne  fut  îm* 
primé  qu'après  (a  mort ,  aufll  bien 
quç^  Traxté  dogmatique  des  moyens 
dont  on  s*cfl.  fervi  dans  tous  les  tempA 
pour  maintenir  tî/ntté  de  fEgUfif 
1703 ,  5  vol.  iti-4°.  Ce  ne  fut  pas 


amis  illufh'es.  Péréfixe ,  archevêque    feulement  fur  ces  matières  que  brilU 
de  Paris  y  l'engagea  à  foire  imprimer    le  favoir  du  Peré  Thomaffin,  Il  poC- 


fes  Dîffertatîons  latines  fur  les  Con 
tila^  dont   il   n'y  a   eu    que    le 
premier  volume  qui  ait  paru  en 

1667 ,  in-4^  ;  &  fes  Mémoires  fur 
la  Grâce  ^  qui  furent  imprimés  en 

1668,  en  3  vol.  in  -  8°.  Le  Père 
Thomaffin  avoit  été  d'abord  du 
fentiment  des  Solitaires  de  Port- 
loyal  fur  la  'Grâce  ;  mais  il  les 
abandonna  après  avoir  lu  les  Pères 
de  l'E^life  Grecque  -,  6#  comme  il 
çtoit  perfuadé  que  la  traduâion  de 
lîglife  univerfellèn'avoit  pu  varier 


fédoit  parfaitement  les  belles-let« 
très»  &  il  voulut  enfeigner  aw^ 
autres  l'ufage  qu'on  en  pouvoitf 
£ûre.  Ainû  il  donna  au  public  des 
Méthodes  d'étudier  &  d'enfùgner  chré» 
tîennement  la  Philofophie ,  in- 8^  •,  les 
Hiftomns  profanes^  2  vol.  in-S^'j 
Us  Poètes^  3  vol.  in- 8°.  Le  pape 
Innocent  XI  témoigna  quelque  défîr 
de  fe  fervir  de  fon  ouvrage  de  1« 
Difçipline  pour  le  gouvernement  de 
TEglife  ,  &  voulut  même  attirer 
l'auteur  à  Rome.  L'archevêque  de 


fîir  des  matières  fi  iïhportantes ,  il  Paris  en  parla  au  roi  de  la  part  du 
s'appliqua  à  concilier  les  Pères  Grecs  cardinal  Cafanat^  ,  bibliothécaire 
avec  Saînt  Auguftîn.  C'eft  ce  qui  de  Sa  Sainteté -,  mais  la  réponfe  fut  »' 
donna  lieu  à  (es  Mémoires  fur  la  qu'un  tel  fujet  ne  devoit  pas  fortir 
Grâce  qui  ne  furent  pas  goûtés  de  du  royaume.  Thomajjpn  témoigna 
tous  les  théologiens    en  France;    au  Sainc-Pere  fa  gratitude  &  fon^ 


nais  qui  furent  bien  reçus  en  Angle- 
terre ,  en  Allemagne  &  même  en 
Italie.  Ils  reparurent  en  1682,  in-4**, 
augmentés  de  deux  Mémohes^, 
fous  les  aufpices  de  Harlay  ,  fuc- 
Cefleur  de  Péréfixe.  11  publia  audi 
trois  tomes  de  Pogmes  Théohglques  ^ 
^  latin,  le  i**  en  i6So,le  2*  en 
1684 ,  le  3*  en  1689  :  trois  autres 
tomes  en  françois ,  de  la  Difcifline 
fxcUfiaftlqne  fur  les  Bénéfices  &  les 
Bénéfîciers  ;  le  if  '  en  1678 ,  le  2*  en 
1679  ,  le  3*^  en  16S1.  Cet  Ouvrage, 
le  plus  efHmé  de  ceux  du  Père 
Thomaffin  ,  tut  réimprimé  en  1725  , 
te  traduit  par  lui-même ,  en  latin , 
1706  ,  3  vol.''  in  -  fol.   11   donna 


ïele»  en  traduifant  en  latin  les  3| 
vol.  de  la  Difçipline^  Ce  travail  feti-. 
gant  ne  fuf  pas  plutôt  fini ,  qu'il  eit 
reprit  un  autre  non  moins  péni- 
ble. Comme  il  s'étoit  apptiqué  k^ 
l'hébreu  pendant  50 années,  il  crut 
devoir  feîre  fervir  cette  étude  à 
prouver  l'antiquité  &  la  vérité  de 
la  religion.  Ainfi  il  entreprit  de 
faire  voir  que  la  langue  hébraïque 
ell  la  mère  de  toutes  les  autres ,  8c 
qu'il  fallait  par  conféquent  cher-^^ 
cher  dans  l'Ecrimre ,  qui  conferve 
ce  qui  nous  en  refle  ,  l'Hifloire  de 
la  vraie  religion  ,  aufli  bien  que 
la  premiers  langue.  Ce  fut  ce  qui 
l'engagea  de Tompofer  une  Méthoda 


%^%^  7s^i^>  feç  ^  9'i^¥'^^  ^  <^/»^<»*ç««>:  é^i^^nn^m.  4?  Qx^^f^. 


ïil         T  H  O 

ipa/rc  ou  les  Langues^  par  rapport  à 
tEcriturt-Sainu^  1  vol.  in-S^.  Elle 
£ut  fuivie   d'un   Gloffaîrc    univtrfel 
Hébraïque ,  dont  rimpreHlon  qui  fe 
faifoit  au  Louvre ,  ne  fut  achevée 
qu'après  fa  mort.  Cet  ouvrage  vit 
le  jour  en  1697,  in-fol.  »(  par  les 
Coins,  du  Pcre  Bordes  ,  de   FOra- 
toire,   &   de   Barat  ^  membre  de 
l'académie  des  Infcriptions  &  Belles^ 
Lettres , }  &  ne  répondit  pas  à  la 
réputation    de   l'auteur.    Le  Père 
ThorhjJ/tn  mourut  la  nuit  de  Noël 
de  1695  ,  âgé  de  77  ans.  Richard 
Simon   difoit  de  lui  »  qu'il   étoit 
«(  rhomme  de  1  Oratoire  qui  faifoit 
»  le  plus  d'honneur  à  fa  Congré- 
»»  gation,  après  fe  P».  Morin  «.  11 
ajoutoit  qu'il  n'y  avoit  perfonne 
qui  pût  réparer  fa  pd-te.  Quoique 
très-favant,  le  Père  Thomaffîn  avoit 
la  modeilie  d'un  homme  qui  ne 
i'auroit  pas  été.  Son   efprit  étoit 
fage  &  fon  cara£iere  modéré.  Il 
gémiiToit  des  difputes  de  l'Ecole , 
&  n'èntroit  dans  aucune.  Sa  cha- 
rite  étoit  fi  grande ,  qu'il  donnoît 
eux  pauvres  la  moitié  de  la  penfion 
que  lui  faifoit  le  Clergé.  11  em- 
ployoit  chaque  jour  fept  heures  à 
l'étude  -,  mais  il  ne  travailloit  jamais 
la  nuit,  ni  après  les  repas.  Nulle 
vifîte,  fi  elle  n'étoit  indifpenfable , 
lie  dérangeoit  l'uniformité  de  fa 
vie.  Il  ne  voulut  ni  charges ,  ni 
emplois.  La  nature  &  la  retraite  lui 
avoient  infpiré  une  telle  timidité , 
que,  lorfquHl  tenoit  Çqs  Conférences 
â  Saint-Magloire  ,  il  faifoit  mettre 
une  efpece  de  rideau  entre  fcs  au- 
diteurs &  lui.  On  ne  peut  l^i  refu- 
fer  beaucoup  d'érudition  -,  mais  il 
la  puife  moins  dans  les  fources, 
^e  dans  les  auteurs  qui  ont  copié 
les  originaux.  Sa  Dî/cipUne  Ecclé- 
fiaflique   oftre  beaucoup  de  fautes 
dans  tous  les  endroits  où  il  s'agit 
de  citations  d'auteurs  Grecs.  On 
en  a  un  •Abrégé  par  d^Hcrlcourt,  Le 
ûylç  du  Pei:e  Thomaffui  eft  un  peu 


.   T  HO 

pefant  ;  il  n'arrange  pas  toujours 
fes  matériaux  d'une  manière  agréa* 
ble  ;  &  en  général  il  eft  trop  dif^. 

IL  THOMASSIN  ,  (Philippe) 
graveur  célèbre ,  prit  à  Troyçs  eo 
Champagne  ,  lieu  djC  fa  naiffance  » 
les  premiers  principes  du  deffin.  Il 
voyagea  enfuite  en  Italie ,  où  après 
s'être  perfe^onné  fous  les  grands 
maîtres  qui  illuftrerent  la  fin  du 
XV i^  fiecle,  il  fe  fixa  à  la  gravure, 
s'établit  à  Rome  &  s'y  maria.  II 
donna ,  en  1600 ,  un  Recueil  in-4* 
de  Portraits  des  Souverains  les  plus 
difiingués ,  &  des  plus  grands  Ca- 
pitalnes  des.xv^  &  xvi^  fiedes.Ces 
Portraits  ,  au  nombre  de   cent  , 
gravés  d'après  les  originaux ,  font 
accompagnés  d'un  Sommaire  latin 
des  aÂions  les  plus  mémorables  de 
chacun  des  Princes  &  des  Capital* 
nés  qu'ils  repréfentent.  Cette  pre- 
mière édition  »  ornée  d'un  Frontif- 
pice  de  boA  goût,  a  été  fuivie  d'un 
grand    nombre   d'éJitions    pofté- 
rieures.  ThomaJJin  la  dédia  à  Henri 
IK  Sa  dédicace  eft  remarquable 
par  une  noble  fimplicité ,  qui ,  en 
Italie  fur-tout ,  fe  rencontre  rare- 
ment dans  ce  genre  de  compofition* 
Thomaffîa  s'exerça   principalement 
fur  des  fujets  de  dévotion ,  d'après 
Raphaël  ^ ,  Saiviati  ^   le  Baroche  ,  & 
autres  peintres  célèbres.  Il  fit  un 
grand  nombre  d'élevés  ,  parmi  lef- 
quels  on  compte  le  premier    des 
Cochlns ,  &  Michel  Dorigny^  fos  com- 
patriotes ',  mais  aucun  ne   lui   fit 
autant    d'honneur  que  le  fameux 
Callût ,  qui  apprit  de  lui  à  manier 
le  burin.    Callot  travailla  d'abord 
fous  fes  yeux,  d'après  les  Sadeleri 
il  copia  enfuite  quelques  Pièces  des 
Baffans  &  d'autres  peintres.  Enfin, 
il  donna  une  fuite  des  plus  beaux 
Autels  de  Rome ,  au  nombre  de 
vingt-huit.  Ces  premiers  effais  ne 
font  pas  merveilleux;  mais  ils  an- 
iloncent  la  rapidité  des  progrès  du 
jeune  artifiei&  le  maître  en  partage 

rhonneiir,' 


iliônncur.  Ces  travaux  furent  inter- 
rompus par  un  événement  aufli 
jdéfagréable  pour  le  maître  que  pour 
i'éleve.  Jeûne  ,  bien  fait ,  d'une 
phyfionomie  agréable ,  aurïi  enjoué 
que  fes  comportions  ,  Callot  plut 
â  Mad*  Thomajffîn  i  &  il  s  établit 
entre  eux  une  familiarité  qui  ne  fut 
pas  fans  doute  conduite  avec  toute 
ladifcrétion  qu'impoCent  les  moeurs 
Italiennes.  d/Iot  fut  forcé  de  quit- 
ter fa  maifon ,.  &  même  de  s'éloi- 
gner de  Rome.  Cela  arriva  vers 
f année  1612.  Thomaffin  paffa  le 
lefle  de  (a  vie  à  Rome ,  où  il  mou- 
hit,  âgé  de  70  ans.  La  date  de  ia 
inort  efl  ignorée. 

III.  THOMASSIN ,  (  N...  )  fii$ 
d'un  graveur  habile^  de  la  même 
lamille  que  le  précédent  ,^  entra  chez 
le  célèbre  Picard  ^  dit  U  Romain ,  où 
il  acheva  de  fe  perfe^onner.  Ce 
grand  artillé  ^s'étant  retiré  en  Hol- 
lande en  171Ô ,  fon  élevé  le  fuivit^ 
&  y  demeura  jufqu'en  171 3  ,  qu'il 
revint  à  Paris  ,  où  il  fut  reçu  de 
l'académie  Royale  en  171SI.  Sa 
inaniere  de  graver  étoit  lîelJe  & 
favante.  Il  entroit  parfaitement  dans 
i'efprit  du  peintre  dont  il  vouloir 
rendre  le  caraflere  ;  &  il  avoit  l'art 
d'en  faire  connoîtré  avec  finéffe  la 
touche  Se  le  goût  des  contours.  On 
cite ,  entre  autres  productions  de 
fon  burin  :  I.  La  Mélancolie ,  du  Fcû , 
jçélebre  peintre  Florentin.  II.  Le 
Magnificat ,  de  Jouvenet,  111.  Le  Corla 
tan ,  d'après  là  Foffc,  \V,  Le  Retour 
du  Sol,  de  Wateau,  V.  Les  Noces 
Àt  Cana  ,  d'agrès  Paul  Véronefe,.,, 
Thomajfm  étoit  né  avec  beaucoup 
de  jugement  &  d*efprit  -,  l'enjoué- 
meni  &  la  fincérité  faifoient  lé  fonds 
de  ion  caraâere  \  fa  coiiverfation 
étoit  légère  &  amufante  -,  &  fes  fail- 
lies avoient  le  fel  de  l'épîgramme , 
.fans  en  avoir  jamais  l'âcreté.  tl 
'mourut  le' premier  Janvier  1741 , 
âgé  de  53  ans. 
IV.  THOMASSIN,  (  Antoine 
Tome  /Xl 


..  T  H  O        ïif 

Armentini  ,  plus  connu  fous  le. 
liom  de)  célèbre  Aûeur  de  la  co- 
médie Italienne  ,  mort  à  Paris  en 
175. . .,  âgé  de  57  ans,  remplit  ^ 
pendant  près  de  40  ans ,  le  rôle 
fi  difficile  d' Arlequin  ,  avec  le  plu^ 
grand  fuccès.  Sa  fouplelTe ,  £ts  grâ- 
ces toujours  nouvelles,  fes  faillies 
piquantes ,  fon  jeu  vrai ,  naturel 
&  comiquç,  iaifoient  l'àmuferaenÉ 
de  tous  les  fpeûateurs.  Cet  homme, 
fi  gai  fur  le  théâtre ,  fur  attaqué  dû 
vapeur^  pour  lefquelles  il  confulta 
le  fameux  du  Moulîm  Ce  médecin 
qui  ne  connoifibit/pas  le  conful- 
taht ,  le  jrenvoya  pour  tout  remedd 
à  Arlequin^  Dans  ce' cas-là  ,  répondit 
ThoMassjn,  il  faut  donc  que  je  meurs 
de  ma  tnaladle  ;  car  je  fues  moi-même. 
Ut  Arlequin  auquel  vous  me  ren-' 
voye\i  6*  je  ne  pourrai  jamais  mû 
faire   rire, 

THOMASSINE  SPiNOLA,roy* 
III.  Spinola. 

THOMIN ,  (  Marc  )  habile  opti- 
cien  de  Paris ,  s'occupa  principale- 
ment à  régler  les  Lunettes  fur  dif- 
férentes vues.  Il  a  donné  fur  ce  fujet 
un  Vol.  in-i2 ,  çn  1749  ;&  un  Traité 
d'Optique  ,  1749  ,  in-8*^.  Il  raouruÉ 
en  1752 ,  à  45  ans. 

THOMPSOK  ,  {  Jacques  )  po^te 
Anglois  y  naquît  en  1700  ,  à  Ednaa 
en  Ecofie  ,  d'un  père  miniftre* 
Son  Poème  fur  l* Hiver ,  publié  ea 
1726 ,  le  fit  connoîtré  des  litté-. 
rateurs  ,  &  rechercher  des  per*- 
fpnnes  du  plus  haut  rang.  Le  lord 
Tàlbot ,'  chancelier  du  royaume ,  lui 
confia  fon  fils.  11  lui  fervit  de  guide 
dans  fes  voyages.  Le  poète  parcou- 
rut ,  avec  fon  illuftre  élev^ ,  la  plu- 
part des  cours  tx.  des  villes  princi- 
pales^ de  l'Europe.  De  retour  dans 
fa  patrie  ^  le  Chancelier  le  nomma 
fon  fecrétàire.  Là  mort  lui  ayant 
enlevé  ce  généreux  pf otefteur ,  il 
fut  réduit  à  vivre  des  fruits  de  foa 
génie.  Il  travailla  pour  le  théâtre 
jufiju'à  fi  mort  arrivée  çn  17^^ 

H 


tr4        t.HO 

Thompfon  empofta  dans  le  fomBeaii 
les  regrets  des  citoyens  &  des  gens 
de  goût.  Sa  phyfionomie  annonçoit 
la  gaieté  >  &  fa  converfation  Tinf- 
piroit.  Bon  ami ,  bon  parent ,  eX- 
tellent  patriote  ,  philofophc  paî- 
£ble  »  il  ne  prit  aucune  part  aux 
t^ierelles  de  Tes  confrères.  La  plu- 
part l'aimerem  ,  &  tous  le  refpec- 
terènt.  L'automne  étoit  fa  faifon 
favorite  pour  compofet  :  il  reflem- 
bloit  en  cela  à  MUton ,  dont  il  étoii 
admirateur  paflîonné.  La  poclîe 
tic  fut  ni  fon  feul  goût ,  ni  fan 
ïfeul  talent.  Il  fe  connoïÔôit  en  mu- 
liqne ,  eft  peinture  ^  eu  fculpture  r 
len  architeaure-,  J'Hiftoû'enafurelife 
&  Vamiquité  ne  lui  étoientpas  ncm 
plus  inconnues.  La  meilleure  édi- 
tion de  fes  Ouvrages  éft  celle  de 
Londres  en  ï7é^ ,  en  i  vol.  in-4^. 
Le  produit  en  fut  deftiné  à  lui  élever 
-*n  maufolée  dans  l'abbaye  deWeft- 
minfter.  M.  Murdoch  ,  qui  a  dirigé 
cette  magnifi({ue  édition,  l*à  ornée 
ëe  la  Vie  de  Tatiteur.  On  y  trouve  : 
I.  Lis  Quatre  Saîfons^  Poëme  auifi 
philofophiqne  que  pittoref^ue ,  tra- 
xiuit  en  françois  en  1759,  in- 8^, 
par  Madame  Bontems  ,  avec  de 
belles  edampeSi  C'eft  le  tableau  de 
1^  nature  dans  les  differens  temps 
'de  l'année.  Plufieurs  morceaux^de 
cet  ouvrage  prouvent  que  Thompfon 
étoit  un  poëte  du  premier  ordre. 
"  Il  a  des  défauts  fans  doute ,  (  dit 
M.  Roucher^c^ï l'a  quelquefois  hcu- 
TCufement  imité,  )  w  &  de  grands  & 
>»  nombreux  défauts.  Son  expref- 
•H  fion  efl  fouverit  obfcure ,  ver- 
»»  beufe ,  incohérente.  Trop  fou-» 
"  vent  elle  franchit  la  limite  qui 
»  fépare  le  fublime  du  gigantefque. 
»  Le  goût,  pour  dite  tout  en  lin 
»»  mot,  n'a  paiÇ  toujours  dirigé 
»  fon  piticçiîli.  Mais  ce  mérite  qu'il 
»  eft  facile  d'acquérir  par  l'étude, 
"  du  moins  jufqu'à  un  certain 
^  degré ,  étoit  remplacé  en  lui  par 
^  sa  autre  qui  ne  s'acc^uiert  point: 


r  H  o 

♦»  îe  génie  *«.  Sotï  tableau  de  Toii^ 
gine  des  fleuves  plaira  à  tous  ceux- 
qui  aiment  à  Voir  la  fublimité  dies» 
images  ,  la  hardiefTe  des  figures ,  le 
mouvement  du  ftyle,  afTociés  dans^ 
la  poéfie  à  la  vérité  phyfîque.  Le 
poëme   de    Thompfon  eft  d'autant 
plus  eftimable,  qu'il  eft  très-dif-^ 
ficile  qu'un  habitant  du  Nord  puîfiTe 
Jamais  chanter  les  Saifons,  auiÊ  bieDi' 
qu'un  homme  né  dans  des  clin;iat^ 
plus  heureux.  Lefujet,-  comme  Vx 
très-bien  obfcrvé  ua  philofophe^ 
manque   à   un  EcoiTois    tel    que 
Thompfon,  Il  n'a  pas  la  même  na^ 
tore  à  peindre.  La  vendange  chantée 
par  Théocriu ,  par  FirgiU ,  origine 
joyeufe  des  Premières  fêtes  &  des^ 
premiers  fpeSacles ,  eft  inconnue 
aux   hâbitans   du    54^    degré.  Ib 
cueillent  ttiflement   de  miférables 
pommes  fans  goût  tx.  fans  faveur  ^^ 
tandis  que  nous  voyons ,  foUs  nos 
fenêtres ,  cent  filles  &  ceht  garçons^ 
autour  des  chars  qu'ib  ont  chargée 
de  raiflns  délicieux.  Aulli  Thompfoit 
n'a  pas  touché  à   ce  fu)et ,  dont 
MM.  it  Saint' Lamhen  ,    Rouchcr  ^ 
Ddîltt  ont  fait  d's^rénbles  pein- 
tures. 11.  Le  Château  de  l'Indolence^ 
plein  de  bonne  poéfie  6t  d*excel*^ 
lentes  leçons  de  morale.  III.  ht- 
Poëme  de  la  Uherté ,  auquel  il  tra^ 
Vâilla  pendant  deux  ans  ,  &  qu'ii 
mettoitaudèfTus  de  fes  autres  pro^ 
dut^ions ,  moins  peut-être  pour  \kr 
mérite  de  l'ouvrage  »  qu'à  caufe  dti 
fujet  qui  étoit  du  goût  de  l'auteuTr 
ÎV.  Des  Tragédies ,  qui  forent  rC- 
préfentées  avec  beaucoup  de  fuccè^ 
en  Angleterre,  &  qui  en  auroiaxr 
peut-être  moins   en  France.  Nofc.  . 
oreilles  ,   accputumées  aux  chef* 
d'oeuvres  de  Cortullle  &  Ae ^Racine  ^ 
ne  pourroient  çuere  entendre  avefe 
plaifir  des  pièces  qui  f>echent  par  It 
plan  &  fouventpar  la  verfification  : 
M.  Saunn  en  a  mis  une  fur  nottî^ 
Théâtre,  fous  le    titre  ài^  Blanche 
6*  Gulfcard ,  qui  a  réufli  »  mais  ijl 


ï  H  Ô 

.  tl'ajjas  fuivi  dans  bien  des  éndroîis 

le  poëtc  Anglois.  V.  Des   Oàts  , 

au-deffous  de  celles  de  tiotre  Rouf" 

•    /m«,  pour  la  pbéfie  ,  &  de  celles 

dé&Morttf^  pour  la  itnefie.  Il  ne 

I    hsxx  pas  le  confobdre  avec  lecapi- 

i    taine  IsÀwirà  Thomp/'on  qui  a  fini 

fes  )ours  en    1786  fur  les  côtes 

;    d'Afrique.  Les  produâj^ons  Vitxi- 

,    taires  de  celui-ci  ne  font  pas  moins 

iiorabreufes   que  fés    expéditions 

,    taaridmes.  Les  p»rincipales  font  les 

f    Poèmes  intitulés  :  U  Soldat^  La 

i    Coarùfane^    La  cour  de    Cupldon,  11 

!    a  donné  trois  pièces  au  théâtre  i 

I    Lf  htUc  Quakre  j    Les    Syrtcs  ,  & 

'    Sùnu-Hdent  ou  L*ifle  d'Amour,  Ses 

'   Ecrits  en  profe  font  des  lettres  &  des 

ôbfervadons  fur  les  diVerfes  con- 

!   irées  qu'il  a  parcourues.  Thompjon 

\   inanquoit   de  correéèion  dans   le 

I   fiyle  ;  mais  il  avoit>  du  ieu  ^ .  de  la 

;  gaieté  &  une  imagination  aâive. 

THOMYRIS ,  reine  des  Scythes  j 

Voye{l.  CyRUS. 

THORENTIER ,  (  Jacques  )  do  w 
leur  de  Sorbonne ,  puis  prêtre  de 
l'Oratoire,  mort  en  171 3  ,  avoit 
eu  le  titre  de  grand-péniteticier  de 
Paris  t  fous  de  Harlay }  mais  il  n'en 
, ,  avok  jamais  exercé  les  fondions. 
La  chaire  &  la  direâion  l'occupè- 
rent principalement  V  &  il  opéra  de 
grands  fruits  dans  la  capitale  &  en 
^ovince.  On  a  <ie  lui  :  I.'  Les  Con- 
folatîons  contre  Us  frayeurs'  de  la 
Afort,in-i2.  II.  Une  Differtatton 
fur  la  Pauvreté  Rellgieufe  ,  17^6  , 
«1-8**.  HI.  UUfure  expliquée  &  con- 
édmaée  par  tt*  Ecritures  faîntes ,  &c. 
Paris ,  167  5  ,  in- 1  î  ,  fous  le  nom  de 
DU  Tertre  ;  ouvrage  affez  bien 
ratfonné  fuivant  lés  uns,  &  trop 
févere  fuivdot  d'autres.  11  fuit  ce- 
pcndatit  les  anciens  i)irincipfes.  IV. 
Des  Sermons ,  în-8*' ,  plus  folides 
^fariltans. 

l.  THORILLIERE  ,  {  N...  le 
Voit  de  la  )  gentilhomme ,  d'officier 
êè  «avalerie  i«  fît  çQji^édâen  pour 


¥  M  Ô  HÇ 

les  rpies  dt^Roi  &  de  Payfan  eit  \ 
1658  ,  &  mourut  en  1679  ,  après 
avoir  donné  au  public  une  Tra- 
gédie de  Marc-Antoine,  L'itlullrël 
MoUere  étant  mort  en  16^3  ,  la 
Thori/iiere  palfa  dans  la  troupe  dé 
THôpital  de  Bourgogne ,  où  il 
continua  de  jouer  ïes  deux  rôle* 
avec  le  même  fuccès. 

,IÏ.  THORILLIERE  ,•(  Pierre  W  , 
Noir  de  la  )  fils  du  précédent ,  em*  ' 
HralTa  la  profefiion  de  fon  père ,  dà 
fit  pendant  très-long-témps  l'agré-k 
ihent  du  théâtre  dans  les  rôles  dé 
Va/et  &  autres  comiques.  11  mou^i 
rut  doyen  des  comédiens  en  1^3 1  ^ 
âgé  de  7$*  ans4  II  avoit  époufé  Ca- 
thenne  Biancolellî  ,  connue  fous  Id 
nom  de  Colotnbms ,  fille  de  DomU 
nique ,  excellent  Arlequin  de  l'ancien 
théâtre.  Il  en  eut  pour  fils  Anne-^ 
Maurice  le  Noir  de  la  thorlUlcre  ^ 
comédien  médiocre  *  mort  en  1 7  j  9  ^ 
âgé  de  60  ans. 
THORISMONd,  Voy,  Attila*- 
THORIUS  ,  (  Raphaël  )  mé^ 
decin  ,  mort  de  la  pefte  en  1629 
à  Londres ,  fe  fit  eftimer  en  An* 
gleterre ,  fous  le  règne  de  Jacques  î^ 
plutôt  par  fes  connoiffances  qud 
par  fes  moetyis ,  car  il  aimoit  ex-» 
ceffivement  lef  vin.  On  a  de  lui  :  I.Uit 
Poème  eftiraé  fur  le  Tabac ,  Utrecht  ^ 
1644,  in- 12.  IL  X/ne  Lettre  ,  De 
caufa  morhi  &  mortis  Ifaàcl  Cafaubonu 
THORNIL ,  (  Jacques  )  peintre  , 
né  en  1676  dans  la  prpvînce  dtf 
Dorfet,  mourut  le  24  Mai  17 34, 
à  59  ans,  dans  la  même  maifon 
où  il  reçut  le  jour.  Il  étoit  fils  d'un 
gentilhomme  qui  ,  l'ayant  laiflé 
fort  jeune  &  fans  bien ,  le  mit  dans 
la  néceffité  de  cherchet  dans  fés 
talens  de  quoi  fubfifter.  Il  entra 
chez  un  peintre  médiocre ,  où  Icf 
défir  de  fe  perfeâ:ionner  ,  &  fon 
goût ,  le  rendirent  en  peu  de  temp9 
habile  dans  fon  art.  I^  reine  Anne 
fe  fervit  de  fa  main  pour  plufieur» 
grands  Quvrages  de  peinture,  Soa 

■      Hij 


ti6        T  H  O 

mérite  lui  fit  donner  la  phce  de  ' 
premier  peintre  de  Sa  Majefté  , 
avec  le  titre  de  chevalier.  Il  ac«  ' 
quit  de  grands  biens ,  6c  racheta  les 
terres, que  fon'pere  av oit  vendues. 
Il  fut  élu  membre  du  parlement  -, 
,mais  les  richeiTes  ,  ni  les  honneurs 
ne  l'empêchoient  point  d'exercer 
la  peinture.  Il  avoit  un  génie  qui 
embraftoit  tous  les  genres  \  il  pei- 
gnoir également  bien  l'Hidoire  , 
l'Ail fcgorie ,  le  Portrait ,  le  Payfage 
&  l'Aichiteâure.  On  admire  plu- 
iieurs'  de  fes  Tableaux  à  l'hôpital 
de  Greenwick.  Le  dôme  de  Saint- 
Paul,  de  Londres  eft  peint  tout  en- 
tier de  fa  main.  U  a  même  donné 
plusieurs  Plans  qui  ont  été  exécutés, 
11  lâifTa  un  fils  héritier  de  Tes  biens 
&  de  Tes  talens ,  &  une  fille  mariée 
au  célèbre  peintre  Hogarth.  Thomil 
avoit  toutes  les  qualités  d'un  bon 
citoyen ,  la  probité  ,  la  prudence , 
le  zèle  ;  &  il  y  joignoit  l'efprit  &  le 
favoir. 

I.  THOU ,  (.Nicolas  de  )  de  l'il- 
luAremaifon  de  Thou^  originaire  de 
Champagne  ,  fut  confeiller-derc  au 
parlement,  archidiacre  de  TEglife  de 
Paris ,  abbé  de  Saint-Symphorien 
de  Beauvais  ,  puis  évêque  de  Char- 
tres. Il  facra  le  toi* Henri  IV  en 
1594,  &  fut  diflingué  parmi  les 
prélats  de  Ton  temps  par  Ton  {avoir 
&  par  fa  piété.  Il  prêcha  avec  zele 
tf.  avec  fruit ,  &  mourut  en  1 598 , 
à  70  ans.  On  a  de  lui  :  I.  Un  Traité 

Se  Adminifiration  des  Sacremens, 
.  Une  Explication  de  U  Aîejfe  & 
de  fes  Cérémonies,  III.  D'autres  ou- 
vrages peu  connus. 

U.  THOU  ,  (  Chriflophe  de) 
frere'ainé  du  précédent,  feigneur 
de  Bonnœil ,  de  Celi ,  &c.  premier 
préfident  au  parlement  de  Paris, 
chancelier  des  ducs  d'Anjou  &  d!A- 
lençon  ,  fui  vit  Henri  II  ^  Charles  IX 
&  Henri  III ,  avec  un  zele  aftif ,  dans 
le  berceau  des  malheureux  troubles 
|le  la  France*  Ce  dernier  prince  le 


T  H  o 

regretta ,  le  pleura  même  à  fa  lad 
arrivée  en  1 5  S4 ,  à  74  ans  ;  il  li 
fit  faire  des  obfeques  folennelleft 
&  on  lui  entendit  fouvent  dire  av^ 
gémiifemem  :  »  Que  Paris  ne  fe  i 
»  jamais  révolté  ,  fi  Chrtftophe  < 
»  Thou  avoit  été  à  la  tète  du  Par 
»  lement  «.  C'efl  lui  qui  appliqu 
au  maiTaae  de  la  Saint-Barthélemi  ,^ 
ces  yers  de  Stact  :     / 

.  Excidat  lUa  dies  avo  ,  ncc  pofter* 

credant 
Sacula  -y  nos  certe  taceamus  y  &  ohruti 

multâ 
Nocle  tegi  proprue  patîam'ur  crimiaâ 

genus. 

Que  de  ce  jour  affreux  périfle  )i 

mémoire. 
Que    la  poûérité  refufe   de   le 

croire , 
Et  des  voiles  épais  d'un  fîlencc 

éternel , 
Couvrons  les  attentats  du  Franç(»t 

criminel  ! 

.  m.  THOU ,  (  Jacques. AÏ^fte  , 
de  )  3^  fils  du  précédent  ,  né  à 
Paris  en  15  5  3  ,  voyagea  de  bonoe 
heure  en  Italie ,  en  Flandres  &  en 
Allemagne.  Son  père  l'avoit  deftiné 
à  l'état  eccléfîaflique ,  &  Nicolas  à 
Thou  fon  oncle ,  évêque  de  Chartres, 
lui  avoit  réiigné  Cts  bénéfices  ;  mais 
la  mort  de  fon  frère  aîné  l'obligea 
de  s'en  démettre.  Il  prit  le  parti  de 
la  robe ,  &  fut  reçu  confeiiler  au 
parlement ,  enfuite  préfident  à  mor- 
tier. En  1586",  après  la  funefte 
journée  des  Barricades,  il  fortit  de 
Paris  &  fe  rendit  à  Chartres  auprèsdt 
Henri  III  y  qui  l'envoya  en  Nor- 
mandie &  en  Picardie  ,  &  enfuite 
en  Allemagne.  De  Thou  pafià  de  là 
à  yenife ,  où  il  reçut  la  nouvelle 
de  la  mort  de  ce  prince  afTaffiné  par 
un  Jacobin  fanatique.  Ce  fut  ce  qui  ^ 
l'obligea  de  reverir  en  France, 
Henri  /Kétoit  alors  à  Qiâteaudunà 
le  préfident  de  Thou  fe  rendit  auprès 
de  lui.  Ce  monarque ,  charmé  dç  {{^ 


r 


T  H  O     ^ 

kmx  &  de  fon  intégrité ,  Tappela 
plofieurs  fois  dans  foh  confeil ,  & 
l'employa  dans  plufieurs  négocia- 
tions importantes ,  comme  à  la  con- 
ierence  de  Surene.  Après  la  mort 
it  Jacques  Amyot  y  grand-maître  de 
b  bibliothèque  du  roi ,  le  préfident 
à  Thon  obtint  cette  place;'  digne 
de  fon  érudition.  Le  roi  voulut 
<ju'il  fut  un  des  commiffaires  Catho- 
fiques  dans  la  célèbre  conférence  de 
Fontainebleau ,  entre  du  Perron  &  du 
flfjfiS'Mùmai,  Pendant  la  régence 
de  la  reine  N^rU  de  Médîch ,  il  ftit 
un  des  dtreéieurs  généraux  des  Fi- 
nances. On  le  députa  à  la  confé- 
rence de  Loudun  ,  &  on  l'employa 
•dans  d'autres  affaires  très-épiaeufes , 
dans  Icfqaelles  il  ne  fît  pas  moins 
éclater  fes  vertus  que  fes  lumières. 
Tandis  qu'il  étoit  eni  5  98  à  Saiimur, 
où  il  finiflbit  l'afFaire  de  la  ibumif- 
fion  du  ducic  Mercaùr ,  il  lui  arriva 
nne  aventure  finguliere.  Une  nuit 
çi'il  dormoit  profondément ,  il  fut 
éveillé  tout  à  coup  par  le  bruit' qu'il 
entendit  dans  fa  ruelle.  Bientôt  il 
>^oit  au  clair  de  la  lune  une  figure 
blanche  ,  marchant  d'un  air  très- 
Srave.  De  TAou  fans  s'effrayer ,  lui 
^eniande  qui  elle  étoit  >  La  Reine  du 
C<  lui  répond  ce  fantôme.  Con- 
ûoiiïant  alors  à  la  voix  que  c'étoit 
ïine  femme ,  il  appelle  fes  dftmefti- 
ques  qui  la  mirent  dehors.  Le  lende- 
main il  apprit  que  c'étoit  une  folle 
^tti  fervoit  de  jouet  au  peuple ,  & 
<pii  ne  fâchant  où  pafTer  la  nuit, 
«oit  entrée  par  hafard  dans  fa 
diambre  qui  n'étoit  point  fermée  à 
^.  Le  préfident  de  Thou  fut  aufii 
^bargé  avec  le  cardinal  du  Puron  , 
de  trouver  les  .moyens  de  réformer 
l*Univcrfité  de  Paris ,  &  de  travailler 
3  la  conftruftion  du  CoUége-royal 
^i  fut  conunencé  par  fes  foins  ;  il 
s'en  acquitta  avec  zèle.  Enfin ,  après 
ïyoïr  rempli  tous  les  devoirs  du 
citoyen ,  du  magiftrat  &  de  l'homme 
4ô  leurcs ,  il  mtuiw  à  Paris  le  7 


T  H  O        117 

Mai  16 17  ,  à  64  ans.  Il  avoir  com- 
pofï  pov  lui-même  une  Epitaphe 
latine  ,  dont  voici  une  foible  imita- 
tion françoife  : 

Icîj* attends  le  jour  où  l* étemelle  Voix 
Dmh  commander  aux  Morts  de  revoir 

la  lumière  y 
Jour  où  Ujujie  Jufte  à  la  nature  entière 

Donnera  fes  dernières  lois. 
Ma  docile   ralfon   conferva  la  Fol 

f«'<.     * 
La  Fol  de  mes  Aïeux  &  leur  fimpll^ 

cité  ; 
Combattit  fans    orgueil  &  fouffrlt 
fans  murmure 
Les  défauts  de  Inhumanité, 
Contredit  &  perfécuté  , 
Je    n'oppofal   jamais  Je  reproche  à 
rinjure. 
Sénateur  de  la  Vérité  j 
Et  ma  plume  &  ma  voix  lui  fervlrent 

d* organe  ; 
Sans  mêler  à  fôn   culte  ou  l'Intérêt 

profane , 
Ou  la  haine  Indlf crête  ,  ou  la  tlmî" 

dite. 
France ,  fi  je  n*eus  rien  de  plus  cher 

que  ta  gloire  , 
Du  nom  de  Citoyen  fi  mon  caur  fut 
épris  , 
Donne  tes  pleurs  à  ma  mémoire  , 
Ta  confiance  à  mes  Ecrits, 

Le  préfident  de  Thou  s'étoit  nourri 
des  meilleurs  auteurs  grecs  &  la- 
tins ,  &  avoit  puifé  dans  fes  lèâures 
&  dans  fes  voyages,  la  connoifTanc* 
raifonnée  des  moeurs,  des  coutu- 
mes &  de  la  géographie  de  tous  les 
pays  difïérens.  Nous  avons  de  lui 
une  Hiftolre  de  fon  Temps  en  13^ 
livres  (  depuis  1 545  jufqu'en  1607  ) 
dans  laquelle  il  parle  également  bien 
de  la  politique  ,*de  la  guerre  &  des 
lettres.  Les  intérêts  de  tous  les 
peuples  de  l'Europe  y  font  déve- 
loppés avec  beaucoup  d'impartia- 
lité &  d'intelligence.  Il  ne  peint  ni 
comme  Tacite ,  ni  comme  Sallufle  ; 
mais  il  éoric  comme  on  doit  écare 

.        H  iij 


ii8        T  H  O 

une  Hiftoirc  générale.  Ses  réfle- 
scions ,  fans  être  fines ,  fo^  noHles 
&  judicieufés.  Il  entre  fouvemdans 
de  trop  grands  détails;  il  fait  des 
courfes  juiqu'aux  extrémités  du 
]Monde,  au  lieu  de  fe  renfermer 
dans  fon  objet  principal  -,  mais  la 
J>eauté  de  fon  fly  le  empêche  prefque 
qu'on  ne  s'apperçoive  de  ce  défaut. 
Jue  jugement  domine  dans  cette  Hif^^ 
toire ,  à  quelques  endroits  près ,  où 
l'auteur  ajoute  trop  ée  foi  à  des 
bruits  publics  (g.  à  des  prédirions 
d*aflrologues,  On  lui  a  encore  re- 
proché de  latinifer  d'une  manière 
étrange ,  les  noms  propres  d'hom- 
fnes ,  dç  villes ,  de  pays  :  il  a  fallu 
pjouter  à  la  fin  de  fon  Hifloire ,  un 
pidionnaire;fous  le  titre  de,  C/avU 
JTiftorU  Thuana ,  où  tous  ces  mots 
ibnt  traduits  en  françois.  La  liberté 
»vec  laquelle  l'illullre  hifltorien 
parle  fur  les  papes ,  fur  le  clergé , 
iur  la  maifon  de  Guife ,  &  une  cer- 
taine difpoiition  à  adoucir  les  fautes 
des  Huguenots ,  &  à  faire  valoir  les 
vertus  &  les  talens  de  cette  fefte , 
£rent  foupçonner  qu'il  avoit  des 
ientimens  peu  orthodoxes  ^  mais  il 
trouva  bien  des  défenfeurs  pendant 
fa  vie  &  après  fa  mort.  Ses  inten^ 
tions  étoient  pures,  fi  Ton  en  juge 
par  ce  qu*il  en  écrivit  au  préfident 
Jeannîn,  »»  Je  prends  Dieu  à  témoin , 
«  dit-il ,  que  je  n'ai  eu  en  vue  que 
«*  fa  gloire  &  l'utilité  publiqi^e  ,*  en 
♦'  écrivant  THiftoire  avec  la  fidélité 
»'  la  plus  exaÛeôç  la  plusincorrupr 
M  tiblc  dont  )*ai  été  capable,  fans 
w  me  laiffer  prévenir  par  l'amitié 
»»  ou  par  la  haine.  J'avoue  que 
»»  pluficurs  ont  fur  moi  l'avantage 
?'  de  l'agrément  du  fiyle ,  de  la  ma- 
M  niere  de  narrer ,  de  la  clarté  du 
7>  difcours ,  de  la  profondeur  des 
f>  réflexions  &  des  maximes  ;  mais 
•f  je  ne  le  cède,  en  fidélité  &  ?n 
vi  exaâitude ,  à  aucun  de  ceux  qui 
•I  ont  écrit  Phiftoire  avant 'moi. 
^  J'ai  jniewx  aimé   m^expofcr  à 


T  H  O 

»♦  pttàt^  la  faveur  de  la  cour ,  mÈ  ' 
>'  propre  fortune  &  même  roa  ré- 
"  putation  ,  que  de  fuivre  les  vues 
»  d'une   prudence   mal- entendue , 
M  en  taifant  mon  nom.  Cette  pré-^ 
M  caution  auroit  infpiré  des  doutes 
»  fur  la  fidélité  d'une  Hifioire  »  que 
*•  j'avois  travaillée  avec  tant  de  foin 
*•  pour  l'utilité  publique ,  &  pour 
»»  confervcr  à  la  poilérité  le  fou- 
'»  venir  de  tout  ce  qui  s'eft  pafle 
"  de  mon  temps.  Je  prévis  bien , 
"  que  je  m'attirerois  l'envie  de  beau* 
**  coup  de  gens  *,  &  l'événement  ne 
»  Ta  que  trop  juflifié.  A  peine  la 
>*  première  partie  de  mon  Hiftoin 
»  eut-elle  été  rendue  publique  en 
»♦  1604  ,  que  je  refTenris  l'anima»  # 
»»  fité  d'un  grand  nombre  de  jaloux 
"  &  de  faâieux.  Us  irritèrent  contre 
>•  moi  4  par  d'artificieufes  calpm-* 
>•  nies ,  plufieors  des  feigneurs  do 
"  la  cour ,  qui ,  comme  vous  favez , 
»  ne   font   pas  par  eux-mêmes 
»  au  fait  de  ces  fortes  de  chofes, 
•'  Us  portèrent  d'abord  l'affaire  à 
>•  Rome ,  où  après  m'avoir  décrié  « 
"  ils  vinrent  facilement  à  bout  de 
'*  faire  prendre  tout  en  mauvaifo 
"  part,  par  des  cenfeurs  chagrins  , 
H  qui  étant  déjà  prévenus  contre 
>»  la  perfonne  de   l'auteur  ,  con- 
*i  damnèrent  tout  l'ouvrage  dont 
*'  ils    n-avoient  pas  lu   le    tiers, 
»  Le  Roi  prit  d'abord  ma  défenfe, 
»  quoique  plufieurs  feigneurs  de  la 
9»  cour  me  fuffent  contraires;  mais 
»  peu  à  peu  il  fe  laiifa  gagner  par 
tf  l'arûfice  de  mes  ennemis  ».  Lji 
meilleure  édition  de  fon  Hifioin  eft 
ceMe  de  Londres  en    1733  ,  en 
fept  volumes  in-folio.  On  la  doit 
à  Thom:is  Cane ,   Anglois ,  connu 
à  Paris  fous  le  nom  de  Pki/ips  , 
homme    recommandable    par  foO 
favoir  &  par  fa   probité ,  qui  ffl 
donna  des  peines  extrêmes  pour  em- 
bellir  cet   ouvrage.   Ses    compa-» 
triotes ,  charmés  du  zèle  qu'il  faifoil 
paroître  pour  un  hUlpriçn  aui  Uw 


r 


TH  O 

tft  cher  ,  le  déchargèrent  de  tou- 
tes les  imporitions  qui  le  lèvent  en 
Angleterre  ,  fur  le,  papier  Sr  fur 
l'imprimerie.,  L'éditeur  a  jaiat  à 
VBfialn  du'préfident  âe  Thou^  la 
continuation  ,  par  R'gault ,  en  trois 
fivrfis^  depuis  1607  jurqu'eni6io. 
Oa  auroitdéâré  :  i.^  Qu'en  faifant 
réimprimer  le  meilleur  de  nos  hiC- 
conens  ,  il  eût  relevé  dans  des 
notes  quelques-unes  des  méprifes 
^ui  lui  font  échappées.  2.^  Qu'il  eût 
ajouté  les  endroits  retranchés  qui 
fe  trouvent  manuCcrits.  3.^  Qu'^^ 
«ût  mis  des  fomm9irc\s  marginaux  > 
qu'U  eût  divifé  l'ouvrage  par  nu- 
méro ,  &  qu'il  eût  fait  une  Table 
des  matières  relatives.  Le  texte 
«tant  continu  &  fans  divifions ,  l'ef- 
prit  du  ieâeur  ne  ùÀCit  pas  auffî 
xicilement  les  faits ,  que  lorfqu'on 
ajoute  une  courte  analyfe  aux  mar- 
ges. Quoi  ^'il  en  foit ,  ç  e^  fur 
fette  nouvelle  édition  que  l'abbé 
du  Fontmnes ,  aidé  de  plufieurs  fa- 
vans,  en  donna  une  Tradu£lion 
françoife  ,  en  xvi  vol.  in-4°  , 
j?aris,  1749  -,  &  Hollande ,  n  voL 
in-4®.  Après  «ne  Préface  Judicicufe, 
on  y  trouve  les  Mémoires  de  la 
Vie  de  l'illudre  hiftoricn,  com- 
pofés  par  lui-même ,  &  que  quel- 
ques auteurs  attribuent  à  Fîthou,  Ces 
Mémoires  avoient  déjà  paru  en 
françois  à  Roterdam  en  173 1 ,  in -4**, 
avec  une  Tradudion  de  la  Préface 
qui  eu  au-devant  de  la  grande  Hif* 
«oire  de  cet  auteur.  C'eft  cette  ver- 
£on  que  Ton  redonne  ici ,  un  peu 
retouchée  dans  ce  qui  e(l  en  profe  -, 
&  on  y  a  feulement  ajouté  à  la  fin 
les  Poéfics  Utîats  de  M.  i«  Thou  , 
rapportées  en  firançois  dans  les  Mé- 
moires. On  a  de  lui  des  Vers  latins , 
où  l'on  trouve  beaucoup,  d'élé- 
gance &  de  génie.  Il  a  fait  un  Po'énu 
fur  I9  Fauconnerie  :  De  re  acçlpUra- 
Wa,  1 5  84,in-4**  j  des  Poéfies  diverfes 
fur  le  Ckoii .  la  Violette  ,  le  Zij  , 

i6« ,  in-4** ,  <te«  Poéjkt  Chràlmi^>t 


T  H  O         11^ 

Paris,  1^99^  in- 8°,  ficc.  Durand  u 
écrit  fa  VU ,  in-8°.  Voyei  les  art. 

1.   MACHAULT  &  RiGAULT. 

IV.  THOU .  (  François- Augufte 
de)  ÛU  aine  du  précédent ,  hérita 
des  vertus  de  fon  père.  Nomm^ 
grand-maitre  de  la  bibliothèque  d« 
roi ,  il  fè  At  aimer  de  tous  les  fa- 
vans  par  fon  efprit ,  par  fa  dou- 
ceur &  par  fon  érudition.  Ilavoii 
été ,  jufqu'en  1638  ^  intendant  de 
J'armée  du  cardinal  de  la  VaUtte^ 
Dans  le  temps  qu'il  occupoit  cette 
place^  le  cardinal  de  Richelieu  dé- 
couvrit qu'il  entretenoit  de  fecretes 
iiaifons  avec  la  duchefTe  de  Che* 
*rcu/e  ,  ^  qu'il  faifoit  tenir  les 
lettres  qu'elle  écrivoit ,  dans  lès 
cours  étrangères.  Cette  complat- 
fance  à  l'égard  d'une  dame  peu 
aimée  du  miniftre ,  le  rendit  fufpeél 
au  cardinal ,  qui  l'éloigna  de  tous 
les  emplois  de  confiance.  Voyant 
qu'il  n'avoic  rien  à  efpérer  du  pre- 
mier miniilre ,  il  s'attacha  à  C*nf 
Mars  grand-écuyer^  $lans  l'efpérance 
de  s'avancer  par  le  crédit  '  d'un 
favori ,  regardé  à  la  cour  comme 
le  rival  de  la  faveur  de  Richellem, 
Cette  liaifon  avec  un  jeune-homme 
d'un  eiprit  évaporé  &  peu  réfléchi , 
fut  la  caufe  de  fa  perte.  Nous  avons 
parlé  à  l'article  de  Citiq-Mars ,  d'un- 
traité  qu'il  avoit  conclu  avec  l'£f- 
pagne.  De  TAo«,  foupiçonné  d'avoir 
étc  le  confident  de  tpus  les  iecrets 
des  confpirateurs ,'  &t  arrêté  &  conr 
damné  à  mort ,  pour  n'avoir  pas 
révélé  le  traité  dont  nous  venons 
de  parler.  Il  eut  beau  dire  à  fes 
juges»  "  qu'il  eût  fallu  fe  rendre 
»  délateur  d'un  crime  d'état  contre 
»'  Monsieur  ,  irere  unique  du 
»»  Roi ,  contre  le  duc  de  Bouillon.  » 
♦♦  contre  le  grand-écuyer  i  &  d'un 
>»  crime  dont  il  ne  pouvoit  four- 
9*  nir  la  moindre  preuve  ««•  Cinq* 
Mars  attendri  fur  le  fort  de  fon 
ami ,  8f  ne  fe  di/Timulaai:  point 
qu'il  étoit  la  caufe  de  ik  perte^ 

Hiv 


ïi>         T  H  U 

fentît  naitre  (es  talens  pour  l*Hif- 
loire  ,  en  entendant  lire  celle  6! Hé" 
wodote  à  Athènes,  pendant  la  fête 
^es  FoMothtnées,  On  a  ibuvent  com- 
|iarc  ces  deux  hiiloriens.  Hérodote 
€&  plus  doux ,  plus  clair  &  plus 
abondant  ;  Thutydlde  plus  concis  » 
plus  ferré ,  plus  preffé  d'arriver  à 
Con  but.  L'un  a  plus  de  grâces  , 
l'autre  plus  de  feu.  Le  premier 
renaît  dans  Texpoûtion  des  faits  , 
l'autre  dans  la  manière  forte  & 
vive  de  les  rendre.  Autant  de  mots , 
soxtant  de  pçnfées  *,  mais  fa  prçciûon 
le  rend  quelquefois  un  peu  obfcur, 
iur-tout  dans  fies  harangues,  la, 
fiiiipart  trop  longues  &  trop  mul- 
tipliées. Quant  à  la  vérité  des  faits, 
Thucydide  ,  témoin  oculaire  ,  doit 
l'emporter  fur  Hérodote ,  qui  fouvent 
adoptoit  les  Mémoires  qu'on  lui 
IbùmiiToit ,  fans  les  examiner.  Ce- 
fiendant  la  difcuffion  des  intérêts 
f>olitiques  de  la  Grèce,  &  les  opé- 
rations d'une  guevre  longue  & 
opiniâtre,  ne  peuvent  pas  attacher 
aufli  agréablement  dans  Thucydide  , 
jque  les  événemens  curieux  &  va- 
f^iés  qu  Hérodote  avoit  recueillis  de 
l'hiûoire  des  différentes  nations 
de  rUnivërs.  Cet  illufb-e  hiftorien 
mourut  félon  les  uns  à  Athènes  où 
a  avoit  été  rappelé ,  l*an  361  avant 
I.  C. ,  &  félon  d'autres  en  Thrace , 
4*011  l'on  rapporta  fes  os  dans  fa 
patrie.  Il  avoit  environ  80  ans. 
Farmi  les  hiftoriens  latins  qui  fe 
ïbnt  attachés  à  imiter  les  Grecs ,  on 
compte  Saiivfie  ,  qui  prit  Thucydide 
poHv  modèle  ,  non  précifémetu 
dans,  les  Ecrits  que  nous  avpns  , 
mais  dans  les  autres  Ouvrages  qu'il 
avoit  compofés ,  &  que  nous  avons 
perdus.  Mais»  en  irhitant  la  préci- 
£on  de  Thucydide  ^\\  lui  donne  plus 
de  nerf  &  de  force  -,  &  QuintUien 
Jui-même  faitfentir  cette  différence. 
*•  Dans  l'auteur  Grec  (  dit-il  )  quel- 
f>  <^ue  ferré  qu'il  fok,  vous  pour- 
»  U&z   encore  reorancher  quelquç 


THU 

M  chofe  ,  non  pas  fans  nuîre    C 
>»  l'agrément  de  la  diftion ,  mais  du 
»  moins  fans  rien  ôter  à  la  pléni* 
»  tude  des  penfées.  Mais  dans  Sa/» 
»  lufie  ,  un  mot  fupprimé  ,  le  ieos 
»  eft  détruit  :  &  c'eft  ce  que  n*a  pas 
>f  fenti  TiU'Uve ,  qui  lui  reprochoit 
>»  de  défigurer  les  penfées  des  Grecs» 
»  &  de  les  affoiblir ,  &  qui  lui  prç- 
»«  feroit  Thucydide^  non  qu'il  aimât 
»  davantage  ce  dernier ,  mais  parce 
»  qu'il  le  craignoit  moins ,  &  qu'il 
**  fe  âattoit  de  fe  mettre  plus  aifé* 
M  ment  au-deffus  de  Sallujle  ^   s'il 
"  mettoit  d'abord  Salluftc  au-dei*- 
**  fous  de  Thucydide.*,  «  De  toutes 
les  édidons  de  VHlftoire  de  Thucy» 
dide .,  les   meilleures    font  jçelles 
d'Amilerdam,  173 1,  in-folio^   en 
grec^  en  latin  -,  celles  d'Oxford  , 
1696  ,  in-folio  j  &  de  Glafgou  ^ 
175 9,  8  vol.  in-8**.  D'Ablancowt 
en  a  donné  une  Traduction  fi-an<- 
çoife  afLz  fidelle ,  imprimée  chez 
Billaiae  ,  en  3  vol.  in-i2« 

THUILERIES ,  (Gaude  de  Mou- 
linet ,  abbé  des  )  né  à  Séez  ,  d'une 
famille  noble  »  alla  achever  à  Paris 
Tes  humanités.  A  l'étude  des  mathé* 
matiques ,  il  joignoit  celje  du  grec 
&  de  l'hébreu-,  mais  quelque  temps 
après  il  renonça  à  ces  divers  genres 
de  connoiflances  ,  pour  ne  plus 
s'occuper  que  de  l'Hiftoire  de 
France.  U  mourut  à  Paris,  d'une 
hydropifie  de  poitrine,  en  1728. 
Outre  plufîeurs  Mémoires  fur  dilEç- 
rens  fujets ,  &  une  Hiftoîre  du  dîoceft 
de  Sée\  en  manufcrit ,  on  a  de  lui  : 
L  Dîjfenaûon  fur  la  mouvance  de 
Bretagne  par  rapport  à  la  Normandie , 
Paris,  171 1 ,  in-i2',  à  laquelle  eft 
jointe  une  autre  Pijfertaiion  tou- 
chant quelques  points  de  l'Hifioire 
de  Normandie.  IL  Examen  dt  U 
charge  de  Connétable  de  Normand, 
III.  Differtations  ,  dans  le  Mercurt 
de  France  &  dans  le  Journal  de 
Trévoux.  IV.  hsi  Articles  du  di^* 


lîï 

iàl 


T  H  U 

&k  Ae  Séez  dans  le  Dîcitonnalre 
tuùvcrfd  dt  la  Fratue ,  1716  ,  &C. 
THUiLLERlE,  (  Jcan-Juvcnon 
delà)  comédien  comme fon  père, 
au-iîecle  dernier,  ambicionna  à  la 
ibis  la  palme  de  Rofclus  &  celles 
d'EuripUc  &  A'Arîfiophane,  U  fut 
emportée»  1688,  à  35  ans,  d'vne 
fièvre  chaude ,  qu'il  dut  à  fes  excès 
d'incoiHÎneixce,  après  avoir  dontié 
4  Pièces  dramatiques  ,  qui  furent 
réunies  en  un  vol.  in- 12.  On  y 
trouve  :  I.  Crifpin  Précepteur^  &  Crlf-* 
fin  Bcl-e/prit ,  Comédies  en  unaâe 
&en  vers.  II.  Deux  Tragédies  ,5o- 
Hman  &  Hercule  ,  dont  on  con- 
hoitra  le  mérite  en  fâchant  qu*elles 
ont  été  attribuées  à  Tabbé  Abeille. 
Ceil  à  quoi  fait  allufion  TEpita- 
phe  qu'un .  plaidant  fit  à  la  Tfnùl^ 
itne  : 

>»  Ci  gît  un  Fiacre  nommé  Jean, 

f»  Qui  croyoit  avoir  fait  HerctiU  & 
9>  Soliman  m. 

I.  THUILLIER,  {  Dom  Vincent  ) 
staquit  à  Coucy ,  au  diocefè  de 
Laon,  en  168^.  Il  entra  dans  la 
Congrégation  de  Saint  -  Maur  en 
1703  ,  s'y ,  diftingua  de  bonne 
heure  par  fes  talens.  Après  avoir 
profefTé  long-temps  la  philofophie 
&  la  théologie  dans  l'abbaye  de 
Saint-Germain-des-Prés ,  il  en  de- 
vint fous -prieur.  11  occupoit  cet 
eptploi,  lorfqu'il  mourut  le  12 
Janvier  1736,  à  51  ans.  Dom 
ThuUlier  écrivoit  afTez  bien  en  latin 
&  en  firançois  *,  il  pofTédoit  les  lan- 
gues &  l'hifioire.  A  une  imagina* 
tion  vive,  il  Joignoit  une  vafte  lit- 
térature. Son  paraé^eré  étoit  porté 
à  la  (atire  *,  &  il  a  fait  voir ,  par 
diverfes  Pièces  qu'il  montroit  vo- 
lontiers à  fes  amis ,  qu'il  pouvoit 
réuffir  dans  ce  déteflable  genre.  On 
a  de  lui  des  Ouvrages  plus  impor- 
nns-,  les  principaux  font  :  1.  VHlf- 
foire  de  Polybc ,  traduite  du  grec  en 
fopçois  f  §vec  uo  Cmmntalrc  fur 


THU         îij 

tArt  Mi/îtaîre  f  par  le  chrfi^ier  de 
Folard,  en  6  vol.  in-4**.  Elle  eâ 
aiiiti  élégante  que  fîdelle.  Il,  Hif* 
toire  de  la  nouvelle  édition  de  Saint 
Auguftin ,  donnée  par  les  Bénédi<i- 
tins  de  la  Congrégation  de  Saint- 
Maur,  Ï736,  in  -  4**.  III.  Lettres 
d*un  ancien  Profeffeur  de  Théologk  de 
la  Con^rémion  de  Saitit-Maut ,  qui  a. 
révoqué  fon  appel  de  la  Canfiîtutioa. 
Unigenitus.  Dom  Thmllier,  ardent 
adverfaire  de  cette  Bulle  *  devint  un 
de  fes  plus  zélés  défenfeurs  *,  il  fe 
fignaU  par  plufieurs  Ecrits  en  fa- 
veur  de  ce  décret ,  qui  lui  firent 
beaucoup  d'ennemis  dans  fa  Con- 
grégation* Les  Êmatiques  du  parti 
qu'il  attaquoit,  ont  même  voulu 
que  fa  mort  ait  été  marquée  par 
des  fignes  funeftes.  L  auteur  du 
ÙîBîonnaîre  Criiique  dit,  »  que  fe 
»  fentant  fubitement  prefle  de  qucl- 
»  que  befoin ,  il  fe  mit  fur  le  fiége 
»'  &  expira  avec  un  grand  mouve- 
u  ment  d'entrailles  «.  On  a  dit  la 
même  chofe  à*Arius  ;  mais  l'unavolt 
ravagé  l'Eglife,  &  l'autre  avoir 
montré  feulement  im  zèle  incon* 
fidéré. 

IL  THUILLIER,  (René  )  Mi- 
nime François ,  mérita  par  {es  talens 
&  fa  probité  d'être  mis  plufieurs 
foi^^à  la  tête  de  fa  province.  II. 
efl  auteur  du  Dîarîum  patrum ,  fra- 
trum  &foroTum  ordlnîs  Minomm  pro- 
vinclz  francUb ,  Paris  ,•  I709 ,  2  vol. 
in-4° ,  écrit  d'un  ftylo  pur  &  même 
élégant ,  afiez  exaâ  pour  les  dates  ; 
mais  il  y  montre  quelquefois  un 
peu  trop  de  crédulité. 

THUMNE,  (  Théodore  )  pro- 
fefieur  Luthérien  de  théologie  à 
Tu^jinge,  s'eft  £ait  connoître  par 
quelques  Ouvrages.  Le  plus  recher- 
ché eft  le  Traité  hiftorique  &  théo- 
logique def  Fêtes  des  Juifs ,  des  Chré'* 
tiens  &  des  Païens^  in- 4**.  Cet  écri- 
vain mourut  en  1730. 

THUROT ,  (  N...  )  fameux  arma* 
tçur  François^  étoit  fils  d'un  mal- 


iî4        T  H  U 

de  poÛe  'de  Nuits  en  Bourgogne. 
Ses  parens  vouloient  en  faire  un 
religieux  -,  comme  il  fe  fcntoit  une 
autre  vocation ,  il  prit  la  fuite  & 
fe  rendit  à  Bologne  fur  mer,  où  il 
commença  par  être  mouiTe.  Ses 
talens  fe  développèrent  dans  l'école 
de  l'adverfité.  On  a  prétendu  que 
pendant  la  guerre'de  1741 1  il  fervit 
en  qualité  de  garçon  chirurgien 
fur  les  Corfaires  de  Dunkcrque.  Il 
€&  plus  vraifemblable  qu'il  com> 
ma^doit  un  de  ces  Corfaires.  Ce 
qu'il  y  a  de  fur ,  c'eft  qu'il  fut  fait 
prifonnier.  Le  maréchal  de  Bel/e- 
JJle  fe  trouvoit  en  ce  temps -là  en 
Angleterre.  Thurot ,  à  qui  on  laif- 
foit  apparemment  une  certaine  li- 
bené,  fit  fou  poflîble  pour  fe  ca- 
cher dans  le  yach  qui  devoir  re- 
conduire ce  feigneur  en  France  ; 
mais  il  fut  découvert.  Ne  pouvant 
s'embarquer  avec  le  maréchal ,  il 
forma  fur  le  champ  le  projet  de 
pafTer  la  mer  dans  un  bateau.  U 
en  voit  un  qui  n'étoit  gardé  de 
perfonne  r  il  s*en  empare ,  s'éloi- 
gne du  port  fans  autre  guide  que 
lui-même,  &  arrive  heiireufement 
à  Calais.  Le  bruit  de  cette  aventure 
parvint  au  maréchal  de  Bel/e-IJU, 
qui  fe  déclara  dèa-lors  fon  protec- 
teur. Dans  la  guerre  de  ly^  6,  Thurot 
fe  fignala,  par  plufieurs  expéditions 
glorieufes.  On  lui  confia ,  dans  le 
-mois  d'Oéiobre  1760  ,  cinq  fré- 
gates pour  alkr  faire  une  tdefcente 
en  Irlande.  Le  capitaine  Elliot 
l'ayant  atteint,  avec  une  flotte  An- 
gloife,  le  combat  fut  engagé,  & 
TJmrot  y  fiit  tué  au  milieu  de  fa 
'Carrière.  U  n'avoit  que  3  5  ans.  In-. 
telligence ,  aâivité ,  prudence ,  cou- 
rage ,  fermeté ,  amour  de  la  gloire 
&  de  la  patrie ,  voilà  les  qi^alités 
qui  le  difiinguerçnt.  Lorfqu'il  per- 
dit la  vie,  il  étoit  déjà  defcendu 
en  Irlande  &  y  avoit  eu  des  fuccès , 
<|ue  l'approche  de  la  flotte  Angloife 
J'oblïgea  d'interrompre.    On  a  I3 


THT 

Relation  dune  de  fes  campagnes^ 
I  vol  in- 12. 

THYESTE,  fils  de  Pélops  & 
d^ffyfpodamîe  y  Ôcfi-ere  à*Atrée^por^ 
toit  une  haine  fi  violente  à  celui» 
ci ,  que  ne  pouvant  lui  nuire  autre- 
ment ,  il  commit  un  incefte  avec  fa 
femme.  Atrée ,  pour  s'en  venger,  mit 
en  pièces  l'enfant  qui  étoit  né  de 
ce  crime ,  &  en  fervit  le  »fang  à 
boire  à  Thye/le,.  Le  Soleil  ne  parut 
pas  ce  jour-là  fur  l'horizon  ,  pour 
ne  point  éclairer  une  ad^ion  aufli 
déteftable.  Thyefie  ^  par  un  fécond 
incefte  ,  mais  involontaire ,  eut  un 
autre  fils  de  fa  propre  fille  Pélopée  j. 
Voy.  Egisthe. 

/.  THYRÉE ,  (  Herman  )  J^fuitp  , 
né  à  Nuys,  dans  l'archevêché  de 
Cologne,  en  ^531  ,  enfeigna  U 
théologie  à  Ingolftadt,  à  Trêves^ 
à  Mayence  ,  fut  reâeur  de  dif- 
férens  collèges  &  provincial  en 
Allemagne,  doyen  de  la  faculté 
/de  théologie  de  Mayence  où  il 
mourut  le  16  Oûobre  1591.  On 
a  de  lui  :  Confejfio  Auguftana ,  cum 
notls ,  Dilinge,  1567  ,  in  -  4**.  On 
Pa  réimprimée  depuis  in-fol. 

//.  THYRÉE ,  (  Pierre  )  Jéfuite , 
frère  du  précédent ,  né  a  Nuys , 
mourut  à  'W'urtzbourg  le  3  Décem- 
bre 1601,  à  5iÇ  ans  ,  après  s'être 
diflingué  dans  fa  Société  par  Tem-^ 
ploi  de  profeflicur  en  théologie, 
qu'il  exerça  long-temps  en  diffé7 
rens  collèges.  Ses  Ouvrages  con- 
fiflent  principalement  en  des  Thefes 
raifonftécs 'fur  des  matières  de  con<- 
troverfe ,  qui  font  autant  de  Traités^ 
affez  étendus.  Un  de  fes  Ouvrages 
des  plus  curieux ,  eft  celui  DeAppa- 
ritionibus  Jplrituum  ^  Coiogi^,  l6oo^ 
in-4°.  IJom  Calmet  &  langlet  dit 
Frefnoy  ont  profité  de  ce  Traité 
pour  compofer  ceux  -  qu'ils  ont 
donnés  fur  la  même  matière. 

THYSIUS  ,  (  Antoine  )  né  vers 
1603  à  Hardervyck  (  Mmrfius  le 
dit  natif  d'Anvers  ,  daas  Athcnm 


r 

I  T  H  Y 

■  Bawtt ,  page  332,  édition  162 5  ,  ) 

■  fut  profeffeur  en  poéiîe  &  en  élo- 
I         queace  à  Leyde ,  &  bibliothécaire 

■  de  l'univerûcé  de  ce|te  ville;  il 
I  mourut  en  1670.  11  s'auacla  avec 
I  fuccès  à  expliquer  les  anciens  au- 
teurs ,  &  nous  donna  de  bonnes 
Editions ,  dites  des  Variorum  :  1.  De 
Vcllcius- Pater culus  ,  à  Leyde,  1668, 
in  -  8^.  II.  De  Saliufii ,  à  Leyde, 
1665,  in-S'*.  III.  De  VaUn-Maximc^ 
à  Leyde,  in-8**.  IV.  Stneca  tragœdia^ 

1651.  V.  £.  Calil  LaHandi  opéra ^ 

1652.  VI.  Hiftorla  navalis.  C'eft 
une  Hiftoire  de  tous  les  combats 
qu'il  y  a  eu  fur  mer  entre  les  Hol- 
landois  &  les  Efpagnols  ,  1657  , 
în-4^,  belle  édition.  VII.  Compen- 
àlilm  Hîfiorlit  Batavicoty  1645.  VIII. 
Excrâtaùones  Mlfccllancet ,  1639, 
in- 12.  Ce  font  des  Differtations  fur 
des  fujets  de  TEcriture-fainte  &  de 
Mythologie.  IX.  GidlUlml  PoJklU 
de  Republica  ,  feu  Magijiratlbus  Athe- 
nienfium  ,  Leyde  ,  1645  ,  in-  12.  . 
Thyfius  y  a  ajouté  deux  Pièces  -,  la 
première  repréfente  le  gouverne- 
ment d'Athènes  depuis  la  naiiTance 
de  cette  république  jufqu  à  la  fin  ; 
la  féconde  eu  un  Recueil  de  diverfes 
lois  Attiqiies  recueillies  de  divers 
pafîages  des  anciens,  &  mifes  en 
parallèle  avec  it&  lois  Romaines  qui 

.  ont  le  même  obja.  Ces  deux  Pièces 
ont  reparu  dans  les  Antiquités  Grec^ 
qucs  de  OroBoviu/y  tome  5 .  X.  Une 
Edition  de  l'HfJiolre  d'AngUierre  de 
Po/ydore  VlrgÛe,  X\,  D'Aulu- Celle , 
à  Leyde ,  1661 ,  2  vol.  in-8^.  Il 
fut  aidé  dans  ce  dernier  travail  par 
Oi/elius„.  Frédéric  &  Jacques  Grono' 
nui  donnèrent  une  Edition  à*Aulu- 
GeUe€niyo6  yin-4^  ,  dans  laquelle 
ils  inférèrent  les  Notes  &  les  Com- 
mentaires raflemblés  en  celle  de 
Thyfius.  Le  Sallufie  de  cet  autçur 
fut  auffî  réimprimé  à  Leyde  '  en 
1677  ;  &  cette  édition  ,  quoique 
conforme  en  tout  à  celle  de  1665 , 
€0  pré^éf  par   lei  c^nnolileurs 


T  r  B        12^ 

à  caufô  de  la.l^auté  de  Hmpreéi 
iion. 

TIARINI,  r^^.  Thiarini. 
TIBALDEI ,  (  Antoine  )  natii  de 
Ferrare  ,  poëte  italien  &  latin, 
mort  en  1537,  âgé  de  80  ans ,  cul- 
tiva d'abord  la  poéûe  italienne  j 
mais  Bembo  &  SadoUt ,  fes  rivaux  , 
l'ayant  éclipfé ,  il  fe  livra  à  des 
Mufes  étrangères ,  â^  obtint  les 
fuffrages  du  public.  Ses  Poéfies  La- 
tines parurent  à  Modeneen  1500, 
in- 4°  \  les  Italiennes  avoient  été 
imprimées ,  ibid.  en  1498  ,  in-4°j 

I.  T I B  E  R  E ,  (  Claudius  Tiberius 
Nero.)  empereur  Romain,  defccn- 
doit  en  ligne  direûe  d'Applas  Cl^u* 
diusy  cenfeur.à  Rome.  Sa  mère  étoit 
la  fameufe  Lhîe  qu'Augufte  époufa 
lorfqu'clle  étoit  enceinte  de  Drufus, 
Tibère  étoit  déjà  né  l'an  42  avant 
J.  C.  Il  fut  élevé  dans  l'étude  des 
langues  grecques  &  latines  qu'il 
cultiva  toute  fa  vie  avec  foin* 
C'étoit  dès- lors  un  efprit  fombre  , 
mélancolique ,  dilSmulé ,  aimant  à 
être  feul ,  toujours  trifté  &  peniif  ; 
ne  parlant  jamais  qu'en  peu  de  mots 
&  lentement ,  &  fouvent  ne  difant 
rien  du  tout,  même  à  ceux  qui  étoient 
attachés  à  fon  fervice.  Suétone  i'ac- 
cufe  de  n'avoir  eu  ni  douceur ,  nî 
complaifance ,  pas  même  pour  Zm« 
fa  mère.  Ce  fut  cependant  par  les 
intrigues  de  cette  femme  artificieufe 
i\\x'Augu/U l'adopta  :  [Vo^,  L  Li v ie.] 
Ce  prince  crut  £ie  l'attacher  ,  en 
l'obligeant .  de  répudier  Vipfanla^ 
pour  époufer  Julie^  fa  fille ,  veuv« 
d*Agr'ppa  i  mais  ce  lien  fut  très- 
foibie.  Tibère  avoit  des  talens  pour 
la  guerre  :  Augufle  fe  fervit  de  lui  ^ 
avec  avantage.  Il  l'envoya  dans 
la  Pannonie  >  dans  la  Dalmatie  de 
dans  la  Germanie ,  qui  -menaçoient 
de.  fe  révolter.  Tibère  condui^t  ce» 
deux  guerres  avec  autant  d'habileté 
que  de  prudence.  Il  épargna  autant 
qu'il  put  le  fang  du  foldat ,  fe  re- 


ti6      r  I B 

^and^elles  dévoient  lui  coÂter  trop 
éc  inonde.  Il  tâcha  d*abord  de  ré- 
duire les  Dalmatcs  &  les  Panno- 
iiiens  qui  monaçoie^t  de  faire  une 
invafion  en  Italie,  après  avoir  ra* 
vagé  la  Macédoine.  La  guerre  qu'il 
leur  fit  dura  4  ans  ;  Tibcn  en  leur 
coupant  les  vivres ,  les  força  de  fc 
retirer  dans  les  montagnes ,  d'aban-» 
donner  le  plat  pays ,  &  de  fe  fou- 
mettre^  £<iioa ,  chef  des  Dalmates, 
^tant  venu  trouver  fon  vainqueur 
fur  la  promefie  que  fes  jours  iêroient 
en  fureté,  Tlhtrt  lui  demandâmes 
snoti£i  de  la- révolte  de  fes  corn- 
patriofiss  &  des  Pannonîens.  Fous. 
ne  dev«i^  Romaitts  ^  répondit-il  ,  en 
ticcufer  que  votU'tnêmes,    Que  u^en- 
9^oye{-vous ,  pour  garder  vos  troupeaux  , 
^s  bergers  &  non  des  loups  ?  Tihere 
à  fon  retour ,  Tan  9  de  J,  C. ,  ob- 
tint les  honneurs  du  triomphe.  Il 
s'étoit  déjà  £gnalé  contre  les  Ger- 
mains ;  il  y  fut  envoyé  de  nou*» 
veau  ,  Tan  11 ,  avec  Germanicus  ;  & 
dans. le  cours  d«  trois  campagnes, 
ils  rétablirent  la  réputation  des  ar-  * 
mes  Romaines  que  Farus^  battu  par 
Arminlus ,  avoit  fort  affbiblie.  Après 
la  mort  SAupifie ,  qui  l'avoit  nommé 
Ion  fucceffeur  à   Tempirc ,  Tihere 
prit  en  main  les  rênes  de  l'Etat  ; 
mais  ce  rufé  politique  n'accepta  le 
Souverain  pouvoir  qu'après  s'être 
beaucoup  (xA  foUiciter.  Ce  fut  le 
19  Août,  Tan  14  de  J.  C,  qu'il 
commeniça  à  régner.  En  paroifîant 
refiifer  la  fouveraîneté  ,  il  l'exer- 
çoit  hautement  d^ns  tout  l'empire. 
Cette  conduite  îi  contraire  au  lan- 
gage qu'il  avoit  tenu  dans  le  iénat , 
indigna  quelques  fénateurs  -,  &  â 
nous  en  croyons  Suétone^  l'un  d'«ux 
lui  dit  :  La  plupart  tardent  à  eccécuter 
ee  qu'ils  ont'pronils  \  mais  pour  vous , 
Céfar  ,  vous  tarde^  à  promettre  ce  que 
vous  txéatui^  d'avance.    Cependant 
Tthercy  à  l'exemple   d*Augufiet  re- 
)«ta^ou)Ours  le  nom  deSEiGi/£VR 
ou  3e  AU/»u«  U  dif^  figfiîveac  î 


Tï6 

fe  fuis  le  Maître  de  nus  EfitéPeJ-i' 
le  Général  de  mes  Soldats  ,  &•  le  Chef 
des  autres  Citoyens,  Ce  prince ,  dan» 
le  commegcement  de  fon 'régné, 
fit  paroitre  un  grand  zèle  pour  liail 
îttflice;  &  il  y  veilloit  par  lui- 
même.  Il  fè  rendoic  fouvent  aux 
tribunaux  affemblés  ;  &  fe  mettant 
hors  des  rangs  pour  ne  point  ôter 
au  préteur  la   place  de  préfident 
qui  lui  appartenoit ,  il  écoutoit  1» 
plaidoirie.  Tacite  dit  *»  que  Tihert 
M  en  faifaot  akiii  refpeâer  les  droite 
»  de  la  juflice  ^  albibliiToit  ceux 
M  de  hi  liberté  <*>  Son   caraâere 
vindicatifs  cruel  fe  développa  dès 
qu'il  eut  la  pmfTance  en  main.  Aif 
gufie  avoit  fait  des  legs  aU  peuple  / 
que  Tibère  ne  fe  preffoit  pas  d'ac- 
quitter.   Vn   particulier  ,    voyant 
.  pafTer  un  convoi  fur  la  place  pu- 
blique ,  s'approcha  du  mort  &  lut 
dit  :  Souvene\tvous ,  quand  vous  ferej^ 
aux  Champs  Elyfées ,  dfi  dire  à  Au- 
guile  que  nous  n*avons    encore  rien' 
eouché  des    legs  qu'il  noua  a  faits,, ^ 
Tibère ,  informé  de  cette  raillerie , 
fait  tuer  le  railleur  en  lui  adref-^ 
fant  ces  paroles  :.  Va  lui  apprendra 
toi-même  qu^lls  fSnt  acquittés,  (  Voy^ 
l.  Paconivs.  )'I1  donna  de  nou» 
velles  preuves    de   fa  cruauté  à 
l'égard  d'Archelaus ,  roi  de  Cappa^r 
doce.  Ce  prince  ne  lui  avoit  rendit 
aucun  devoir  pendant  cette  efpece 
d'exil  où  il   avoit  été  à  Rhodes^ 
fous  le  règne  é*AuguJle  ^  (  Foye^ 
l'article  Thr asile  ).  Tibère  l'inviti' 
de  venir  à  Rome ,  &  employa  le» 
plus  flatteuiês  promefies  pouF  l'y 
attirer,   A   peine  ce  prince  eû-ih 
arrivé,  qu'on  lui  interne  deuxfri-     ' 
voles  aceufations ,  &  qu'on  le  jettct 
dans   une    obfcùre  prifon    où  tt 
meurt  accablé  de  chagrin  &  de- 
mifere.   Ces   barbaries  ne    furent 
que  le  prélude  de  plus  grands  for* 
faits.  11  {it  mourir  Julie  fa  femme  ^ 
Agrippa  ,    Drufus   ,    Néron  ,  Séjan^ 

(  Voy^  Ge«maniçv«.  )  Ses-pa*^ 


T  I  H 

fats ,  (es  amis  ,  fcs  favoris ,  fu- 
rent les  vînmes  de  fa  jaloufe 
néiîaoce.  11  eut  honte  à  la  fin  de 
feder  à  Rome ,  où  tout  lui  retra- 
çoit  fes  crimes,  où  chaque  fa* 
mille  lui  reprochoit  la  mort  de  fon 
chef,  où  chaque  Ordre  pleuroit  le 
meurtre  de  fes  plus  illuftres  mem- 
bres. 11  fe  fetira  dans  Tifle  de 
Caprée  près  de  Kaples  Tan  27, 
k  s'y  livra  aux  plus  infâmes  dé- 
bauches. A  l'exemple  des  rois  bar- 
bares ,  il  avoit  tme  troupe  de  jeunes 
garçons  qu'il  faifoic  fervir  à  (es 
honteux  plaifirs.  Il  inventa  même 
des  efpeces  nouvelles  de  luxure , 
k  des  noms  pour  les  exprimer  ; 
tandis  que  d'infâmes  domeillques 
étoient  chargés  du  foin  de  lui  cher-  * 
cher  de  tous  côtés  des  objets  nou- 
veaux ,  &  d'enlever  les  enfans  juf- 
qoe  dans  les  bras  de  leurs  pères. 
Pendant  le  cours  d*une  vie  in- 
£ime ,  il  ne  penfa  ni  aux  armées , 
ûï  aux  provinces ,  ni  aux  ravages 
que  les  ennemis  pouvoient  faire 
fur  les  frontieres.il  TaifTa  les  Daces 
&  les  Sarmates  s'emps'er  de  la  ' 
Mœâe  ,  &  les  Germains  défoler 
les  Gaiùes.  11  fe  vit  impunément 
infulter  par  Anahan ,  roi  des  Par- 
ihes  >  qui  ,  après  avoir  Êiit  des 
incurfions  dans  l'Arménie,  lui  re- 
procha par  des  lettres  injurieufes, 
fes  parricides  ,  fes  meurtres  &  fa 
lâche  oiûveré  ,  en  l'exhortant  à 
expier ,  par  une  mort  volontaire  *  la 
haine  de  fes  fujets.  C'cft  au  règne 
de  Tîbin  que  commencèrent  le  vé- 
ritable defpotifme  des  empereurs , 
&  la  fervitude  du  fénat.  On  a 
affigné  trois  caufes  de  cette  im- 
t^ortante  révolution.  »  Dans  le 
>»  temps  de  la  république ,  les  ri- 
»»  chefes  des  particuliers  étoient 
♦»  immenfes ,  &  les  emj^ois  qui 
w  les  avoient  procurées»  les  en- 
"  ttetenoient  toujours ,  malgré  les 
^  dépenfes  énormes  où  le  luxe 
M  &  l'ambition   précipitoient  les 


T  I  B         117 

grands.  Mais  fous  les  empereurs  ^ 
la  fourcedes  richeffes  fut  tarie, 
parce  que  leurs  procurateurs 
(  Intendans  )  ne  laifTerent  rieof 
à  prendre  dans  les  provinces  y 
aux  particuliers.  Cependant  les 
mêmes  dépenfes  fubiiAant  tou- 
jours ,  on  ne  put  fe  foutenir  que 
par  la  farceur  de  l'empereur  & 
de  fes  minières  ,  auxquels  oa 
facriâa  tout.  Pendant  que  le 
peuple  nommoit  aux  magiâra- 
tures ,  il  fallut  quelques  vertus^ 
du  moins  extérieures ,  pour  les 
obtenir.  Mais  lar(que-  -le  prince 
difpofa  de  tous  les  emplois  » 
fon  choix  ne  fe  mérita  plus  que 
par  les  imrigues  de  la  cour.  L3 
complaifance  ,  l'adulation  ^  Is 
bafTeiTe  ,  iWamie  ,  la  reiïem- 
blance  au  fouverain  dans  tou» 
£ss  crimes  ,  devinrent  des  ans 
néceiSiairés  à  tous  ceux  qui  vou- 
lurent lui  plaire.  Ainfi  tous  lefr 
motifs  qui  font  agir  les  hommes  , 
détournèrent  de  la  vertu  ,  qui 
cefTa  d'avoir  des  partifans  auJE* 
tôt  qu'elle  commença  à  être  dan- 
gereux, il  y  avoit  une  loi  de 
majefté  contre  ceux  qui  commet-  \ 
'  toient  quelque  attentat  contre  le 
peuple  Romain.  Tiben  s'en  reu'- 

>  dit  l'objet  'y  &  j outrant  d'ailleurs^ 
•  comme  tribun  du  peuple»  (ma- 
'  giftrature    qu'il    s'étoit    appro-» 

priée  )   de   tous  les  privilèges 
r  qui  rendoient  ce  magiftrat  facré 

>  &  inviolable  ,  il   appliqua  ces 

>  lois  à  tout  ce  qui  put  fervir  £9 

>  haine  ou  (es  défiances.  Aâions  » 
r  paroles  ,  fignes  ,  les  penfées 
»  mêmes  tombèrent  dans  le  cas  dis 
r  châtimeat  porté  par  la  loi  *,  &  le 
r  crime  de  lefe-majeflé  devint  le 
i  crime  de  tous  ceux  à  qui  on  ne 

>  pouvoit  en  imputer.  D'un  autre 
'  côté ,  les  délateurs  furent  chéris  , 
'  honorés  &  récompenfés  *,  &  cet 
^  infâme  métier  étant  la  voie  la 
'  plus  sûre  &  même  Tumque  de 


tiÈ 


TÏ6 


>t  parvenir  aux  richeiTes  &  aux 
>«  honneurs ,  les  plus  illuftres  Té» 
>♦  nateurs  difputereni  entre  eux  de 
>t  fauâes  confidences ,  de  perfidie  & 
*»  de  trahifons.  Il  faut  encore  re-* 
'*  marquer  que,  depuis  les  empe- 
»  feurs,  il  fut  prefque  impoflihlc 
»  d  écrire  THiftoire.  Tout  devint 
'f  fecret  entre  les  mains  d*un  feul  ; 
"  rien  ne  tranCpira  dans  le  public , 
'>  du  cabinet  des  empereurs.  On  ne 
»»  fut  plus  que  ce  que  la  folle  har- 
>»  dieffedcs  tyrans  ne  voiiloit  point 
»»  cacher ,  ou  ce  que  les  hifto- 
>♦  riens  conjeéiburerent  *<.  { C'eft  ce 
que  dit  Tabbé  des  Fontaines  dans 
f on' Abrégé  de  l'Hiftoire  Romaine , 
<i'aprés  le  préfideht  de  Monte/quieu.  ) 
Voyei  auffil.  Tacite,  à  la  fin... 
Tibère  parvenu  à  la  23*  année  de 
fon  règne ,  &  fe  fentant  afTbiblipaf 
le  poids  de  l'âge,  nomma  pour  fon 
fuccefleur  à  Tempire ,  Caïus  CatU" 
^ula.  11  fut ,  dit-  on ,  déterminé  à  ce 
thoix  par  les  vices  qu'il  avoit  re- 
Siarqués  en  lui ,  &  qu'il  Jugeoit  ca- 
pables de  faire  oublier  les  fiens. 
Il  avoit  coutume  de  dire  qu'/V  ^e- 
volt  en  la  perfonne  de  ce  jeune  Prince , 
Tin  Serpent  pour  le  Peuple  Romain  , 
&  un  Phaëton  pour  le  rejie  du  Monde, 
C'eft  dans  ces  difpoiîtions  que  Tlhre 
mourut  à>  Mizene,  dans  le  palais 
du  célebfe  Lucullus ,  en  Campanie  , 
le  16  Mars ,  Tan  37^  de  Jefus-Chrift, 
âgé  de  78* ans,  aprèren  avoir  régné 
13.  On  accufa  Calâgulà  de  l'avoir 
étouffé.  Ce  prince  étoit  devenu, 
dans  fa  vieilteffe ,  chauve ,  courbé , 
maigre  &  fec.  Son  vifage ,  couvert 
d'emplâtres  à  caufe  àcs  boutons 
qui  le  rongeoient,  le  rendoient 
hideux  -,  &  ce  fut ,  félon  Suétone , 
nne  des  raîfons  qui  Tobligerent  de 
quitter  Rome.  Il  ëvoit  joui  juf- 
qu'alors  d'une  fanté  robufte ,  qui 
ne  fut  altérée  ni  par  fon  intempé- 
rance, ni  par  fes  débauches.  Il 
n'avoit  pas  eu  béfoin  du  fecours 
des  médecins  ^  dont  il  fe  moq^oft 


t  f  g 

affez  fouvent.  Confidéré  du  côrf 
de  l'efprit,  il  eut  un  génie  péné- 
trant &  étendu  ;  mais  il  avoit  Id' 
cœur  dépravé  ;  &  fes  taleiis  devin- 
rent des  armes  dangereufes  dont' 
il  né  fe  fervit  que  contré  fa  patrie^ 
Il  avoit  d'abord  montré  le  germé 
de  rinduîgence.  11  ne  répondit  pen- 
dant quelque  temps,  que  par  le' 
mépris  ,  aux  inveftives ,  auSc  bruits 
itijurieux  &  aux  vers  mordans  que 
la  fatire  répandit  contre  lui.  Il  fé 
contentoit  de  dire  :  Que  dans  une  ville 
libre,  la  langue  &  la  penfée  dzvolen€ 
Cire  llhres.  Il  dit  lin  jour  au  fénat , 
qui  vonloit  qu'on  procédât  à  l'ini' 
formation  de  ces  faitsv&  â  la  re- 
cherche des  coupables  :  Nous  navoris 
»  point  ajfei  de  temps  întàlU  pour  nous 
jeter  dans  t embarras  di  ces  fortes  ^af-' 
foires,  SI  quelquun  a  prrli  iiîdlfcréte' 
ihentfur  mon  compte ,  je  fuis  prêt  à  lui 
fendre  raifon  de  mes  démarches  &  dé 
mes  paroles,  Oû  cite  de  lui  plufîeurs 
traits ,  qui  annoncent  un  homme  dé 
beaucoup  de  fen's.  Un  certain  AL" 
lius ,  ancien  préteur ,  mais  qui  avoif 
diflipé  fon  bien  par  la  débauche  « 
fupplia  un  jour  l'empereur  de  paye^ 
fes  dettes.  Préteur  (  lui'  dif  Tibère  , 
qui  fenfoir  où  tout  cela  pouvoir 
aller  )  vous  vous  êtes  ^¥§^lé  bien  tard,, 
Cependant  il  ne  lui  rèfiifa  point  H 
demande  ;  mais  il  exigea  qu'il  lui 
femit  le  montant  de  Tes  dettes  i  & 
dans  l'ordonnance  qu'il  lui  délivra 
fur  fon  â^for ,  il  fit  exprimer ,  qu// 
donnait  telle  fommt  â  AUius  ,  Dljp'' 
pateur  :'  c'étoit  prudemment  joindre 
la  févérité  à  l'indulgence. . .  Lei 
fénateurs  en  corps  avoient  témoi- 
gné à  Tibère  leur  défir  de  donner 
fon  nom  ail'  mois  de  Novembre  » 
dans  lequel  il'  étoit  né.  Ils  lui  re« 
pré(^ntoient  que  deux  mois  de 
l'année  portoient  déjà  les  noms , 
Vutiàû  Jules- Céfar,  &  l'autre  d*^»- 
pfie  :  Juillet  ,  Août.  Tibère  ,  qui 
n'aimoit  pas  une  flatterie  trop  fer- 
vile,  leur  répondit  par  ce  mot  ég* 

ï(;meût 


T  I  B- 

lemem  vif  &  jplt^.ti  de  fetis  :  Que 
fini- vous  donc  ,  Sénateurs  ,  fi  vous 
ave^  irel[e  CÈSARS  ?...  ï>ts  ambalTa- 
deuisdilioa  étoient  venus  lui  faire 
des  compiimens  de  condoléance  fur 
iamort  de  Dm/us  fon  fiU«  Comme 
iisavoient  tardé  à  \ttdr  :  Je  prends 
A'fi  beaucoup  de  pan',  leur  dit  Tl-  * 
fi£A£ ,  â  la  douleut  que  vçus  a  caufée 
Il  perte  d' Hector.».  Le  luxes'étoit 
beaucoup  accru  à  Rome  du  temps 
de  Tibère,  &  les  Ediles  a  voient  pro- 
pofé  dans  le  fénat  le  rétabliiTement 
des  lois  fomptuaires.  Ce  prince  , 
qui  voyoit  bien  que  le  luxe  eft 
quelquefois  un  mal  nécefTaire ,  s'y 
oppofa.  L*E(at  ne  pourrolt  fuhfifter  , 
difoit-il,  dans  lafituadon  où  font  Us 
cho/es.  Comment  Rome  pourroit^dU 
vivre  7  Comment  pourroient  vivre  les 
Provinces  ?  Nous  avions  de  la  frug,a- 
^U  ,  lorfquc  nous  étions  Citoyens 
d*une  feule  ville  ;  aujourd'hui  nous 
fonfommons  les  richepè  de  tout  l*  Uni- 
vers :  on  fait  travailler  pour  nous  le* 
maîtres  &  les  efcUves,,,  Tibère  ,  dans 
les  premiers  temps  ,  fouffroit  la 
contradiôion  avec  plaifir.  On  con- 
noit  la  réplique  hardie  qu'il  entendit 
fans  colère  au  fujet  d'un  mot  bar- 
bare qu  un  âatteur  lui  arrogeoit  le 
droit  de  latinifer  :  [  Voyei  Ma- 
RULLE  ,  n°  I].  TOe«  changea  bien- 
tôt de  façon  depeofcr^  Quelqu'un 
lui  ayant  dit  :  Vous  fouvene\'Vùus  , 
Ttînce  ?  L'empereur ,  fans  permettre 
è  cet  homme  de  lui  donner  des  épo- 
ques plus  sûres  de  Tancienne  coii- 
Doiflance  qu'il  vouloit  lui  rappeler, 
répliqua  brufquement  :  Non ,  je  ne 
me  fouviens  plus  de  ce  que  j'ai  été,,. 
Quoique  cruel  à  Rome ,  il  ménagea 
cependant  quelquefois  fes  autres 
fujets.  11  répondit  aux  gouverneurs 
des  provinces,  qui  lui' écrivirent 
qu'il  falloit  les  furcharger  d'impofi- 
Ûons  :  Ou  un  bon  Maître  devoit  tondre 
&  non  pas  écorcherfon  troupeau.  Après 
l'horrible  tremblement  de  terre  , 
qui  ravagea,  l'an  ly^  l'Aûe  mineure» 


T  I  B  119 

les  malheureux  habltans  de  ces 
contrées  défolées  trouvèrent  dans 
la  libéralité  de  Tibère  un  foulage- 
ment  à  leurs  maux,  La  ville  de 
Sardes ,  qui  avoit  été  très-maltrai- 
tée.  obtint  dix  millions  de  feAerces , 
&  fut  exempte  de  tout  tribut  pen- 
dant cinq  ans.  On  accorda  la  même 
remife  aux  autres  villes ,  &  des  gra^* 
tifications  proportionnées  à  leurs 
pertes.  Pour  perpétuer  la  mémoire 
de  ces  bienfaits  ,  les  villes  d'Aile 
frappèrent  des  médailles ,  dont  quel* 
qucs-unes  fuhfiftent  encore. 

II.  TIBERE  ABSIMARE»  Foy. 
Absimare. 

III.  TIBERE  CONSTANTIN  , 
originaire  de  Thrace ,  fe  diftingua 
par  fon  efprit  &  par  fa  valeur  » 
&  s'éleva  par  fon  mérite  aux  pre- 
mières charges  de  l'empire.  Jujiin 
le  Jeune ,  dont  il  étoît  capitaine  des 
gardes,  le  choifit  pour  fon  collègue» 
&  le  créa  Céfar  en  y  74.  Il  donna , 
par  Us  qualités  cxtéiieures  ,  de 
l'éclat  au  trône  &  aux  ornemens 
impériaux.  Sa  taille  étoit  majef- 
tueule  &  fon  vifage  régulier.  De- 
venu feul  maître  de  l'empire  par  la 
mort  de  Jujiin  en  578,  il  foulagea 
tous  ceux  dont  les  affaires  domefti- 
ques  avoient  été  dérangées  par  les 
malheurs  des  temp^  ou  par  la  du- 
reté des  financiers.  Il  acquitta  leur» 
dettes ,  &  les  mit  en  état  de  vivre 
fuivant  leur  condition.  Il  mands 
aux  gouverneurs  des  provinces  « 
qu'il  ne  vouloit  pas  qu'on  vît  dé- 
formais des  pauvres  dans  fon  em- 
pire. Il  remit  une  année  entière  du 
tribut ,  &  le  diminua  confidérable- 
ment  pour  l'avenir.  Il  dédommagea 
en  même  temps  les  villes  frontières 
de  l'Afie ,  des  ravages  que  la  guerre 
de  Perfe  leur  avoit  occafionnés. 
Délirant  de  mettre  l'empire  à  cou- 
vert des  armes  Perfanes ,  il  défît , 
par  (es  généraux  ,  Hormlfdas  fils 
de  Chufroes,  L'impératrice  Sophie  , 
veuve  du  dernier  empereur,  n'ayant 


pas  pu  partager  le  Ut  &  le  trône  du 
nouveau,  forma  une  conjuration 
contte  lui.  Tlberc  enfutinftruit  -,  & 
pour  toute  punition  il  priva   les 
complices  de  leurs  biens  &  de  leurs 
dignités.  Ce  prince  mourut  le  14 
Août  5  82 ,  après  un  règne  de  4  ans. 
Ces  pleurs  que  les  peuples  verferent 
fut  fon  tombeau ,  font  des  trophées 
plus  glorieux  à  fa  mémoire  >  que 
l'éloquence  des  plus  habiles  écri- 
vains. 11  avoir  déftgné  le  général 
Maurice  fon  gendre,  pour  fon  fuc- 
ceffeur.  Avant  que  de  mourir,  il 
lui  donna  les  avis  les  plus  fages  : 
>»  Mon  cher  Maurice   (  lui  dit-il  ) 
»>  je  fie  vous  demande  point  d'autre 
>»  épitaphcque  votre  règne,  ta 
P  d'autfe  maufolée  que  celui  que 
«  m'élevcront  vos  vertus.  Je  ferai 
"  affez  grand  dans  l'efprit  des  Ro- 
«  mains  ,  fi  je  leur  ai  donné  un 
M  prince    qui  les   gouverne  avec. 
**  fageffe.  Modérez  votre  pmffance 
"  par  la  raifon ,  votre  févérité  jpar 
"  la  douceur,  &  votre  douceur  par 
»•  une  jufte  fermeté.  La  nature ,  en 
»»  donnant  un  aiguillon  aurw  des 
!♦  abeilles ,  l'a  armé  pour  fe  faire 
"  obéir  &  non   pour  fe  faire  dé- 
«  tefter.  Que  l'éclat  du  trône  ne 
>♦  vous  infpire  pas  un  vain  orgueil. 
»»  Préférez  les  remontrances  d'un 
?  fujet  zélé  ,  aux  flatteries   d'urf 
«  courtifan  perfide.  Ne  vous  ima- 
»»  ginez  pas  furpaffer  le  refte  des 
M  hommes    en  prudence  ,   parce 
P  que  vous  les  furpaffez  en  pou- 
M  voir,  &c.  •<. 

IV.  TIBERE ,  fameux  impotleur, 
prit  ce  nom  en  726^  &  voulut  faire 
croire  qu'il  étoit  de  la  famille  des 
empereurs  ,  pour  pouvoir  monter 
fur  le  trône.  11  avoit  déjà  féduit 
quelques  peuples  de  la  Tofcane 
qui  l'avoient  proclamé  Augufte  , 
lorfque  l'exar^'ue ,  fecouru'des  Ro- 
mains, affiégea  ce  fourbe  dans  un 
châtfau  où  il  s'étoit  retiré,  &  lui 


TIË 

fit  trancher  la  tête,  qu'il  envoyai 
Léon  tîfauritn. 

TIBERGE,  (  Louis  )  abbé 
d'Andres,  direaeur  du  Séminaire 
des  Miflions  étrangères  à  Paris  , 
mourut  dans  cette  ville  en  17  3f- 
11  fe  fignala  avec  BrlfacUr ,  fupé- 
rieur  du  même  féminaire,  lors  des 
difïérens  fur  l'afFaire  de  la  Chine  • 
entre  les  Jéfuites  &  les  autres  Mif- 
fionnaires.  Ses  Ouvrages  font  : 
1,  Une  Retraite  fplikutlU ,  en  2  vol« 
in -12.  IL  Une  Retraite  pour  les 
Eccléfiafilques ,  en  2  volum.  in- 12. 
III.  Retraite  &  Méditations  à  CuJagR^ 
d&s  RUlgieufes  &  des  perfonncs  qtd 
vivent  en  Communauté  ,  in- 12.  Ces 
Ouvrages  ,  écrits  avec  une  fimpli- 
cité  noble ,  font  lus  dans  pluûeurs 
Séminaires.  C'eft  ce  pieux  ccdé^ 
fiafiique  qui  joue  un  rôle  fi  tou- 
chant dans  le  Roman  des  Amours 
du  chevalier  des  Grieux. 

TlBVLLE,\AulusAlhiusTi^ 
BULLUs)  chevalier  Romain,  naquit 
à  Rome  l'an  43  avant  J.  C.  Horace^ 
Ovide  ,  Macer  &  les  autres  grands 
hommes  du  temps  d'Augufie  ,  furent 
liés  avec  lui.  11  fuivit  Mejfala  Cor- 
vinus  dans  la  guerre  de  Tifle  de  Gor- 
cyre  j  mais  les  fatigues  de  la  guerre 
n'étant  point  compatibles  avec  la 
foiblefie  de  fon  tempérament ,  il 
quitta  le  métier  des  armes  &  re- 
tourna à  Rome,  où  il  vécut  dans 
la  mollefie  &  dans  les  plaifirs.  Sa 
mort  arriva  peu  de  temps  après 
celle  de  Virale  ^  l'an  17  de  J.  C. 
Il  mourut  à  la  campagne  où  il 
s'étoit  retiré  pour  éviter  la  pour* 
fuite  de  itts  créanciers ,  à  l'âge  dt 
24  ans.  Les  grands  biens  de  fa 
famille  lui  furent  enlevés  par  las 
foldats  é'Augufie^  &  ne  lui  furent 
poiijt  reftitués ,  parce  qu'il  négligea 
de  faire  fa  cour  i  cet  empereur  , 
prince  bienfaifant ,  mais  qui  voùloit 
être  encenfc.  Son  premier  Ouvrage 
fut  pour  célébrer  fon  généreux 
proteûeur ,  Mejfala  ;  il  confocra 


r 


T  I  B 

énftttte  fa  lyre  aux  Amours.  Il  eut 
pour  première  inclination ,  une  af- 
frinchie.  Horace  devint  fon  rival  ; 
ce  qui  donna  Ji^u  à  une  difputc 
agréable  entre  ces  deux  hommes 
célèbres.  Quoiqu*/forjc«  fut  plus 
âgé  que  lui  d'environ  24  ans  ,  il 
aima  Tihulle  ,  dont  la  figure ,  la 
politeffe  ,  Tcfprit  &  le  goût  lui 
plaifoient  beaucoup.  Tlhuile  a  com- 
pofé  IV  livres  ^Elé^Us  \  remar- 
quables par  l'élégance  &  la  pureté 
du  Ayle ,  &  par  la  délicateâe  avec 
laquelle  le  fentiment  y  eft  exprimé. 
11  eft  plein  de  moUeâe  &  de  grâce. 
Son  expreilîon  eft  prefquc  toujours 
celle  du  fentiment.  TibuUt  eft  le 
poëte  des  amans  ,  dit  M.  de  la^ 
Harpe  ;  il  eft  dans  la  poéiie  tendre 
&  galante ,  ce  qu'eft  Virgile  dans  la 
poéfie  héroïque.  Mais  en  Ufant  de 
fuite  Tes  Elégies  ,  on  fent  un  peu 
de  monotonie.  Il  préfente  trop  fou- 
vent  les  mêmes  objets ,  les  mêmes 
idées ,  les  mêmes  images ,  les  mêmes 
comparaifons ,  les  mêmes  allufions 
aux  mêmes  nfages.  La  variété  &  le 
diarme  de  fes  expreffions  ne  purent 
cacher  cette  imiformité  dans  les 
penfées  &  les  fentimens.  C'eft  tou- 
jours la  préférence  donnée  à  l'amour 
fur  la  gloire  ou  la  fortune  ,  à  la 
pareffe  fur  Taftivité ,  à  l'obfcurité 
fur  réclat ,  à  la  médiocrité  fur  la 
richeffe.  C'eft  toujours  ou  la  pein- 
ture des  voluptés ,  ou  les  larmes 
dHme  amante  fur  le  tombeau  d'un 
amant.  Oi^ide  fon  ami ,  a  fait  fur  fa 
mort  une  très-belle  Elégie,  L'abbé  de 
MaroUes  a  traduit  Tihulle  -,  mais  fa 
Verfion  eft  très-foible  -,  & ,  pour 
nous  fervir  de  la  comparaifon  de 
l'ingénieufe  Sèvlgniy  ce  traduéleur 
refîemble  aux  DomeJEques  qui  vont 
fm  un  meffage  dé  la  pan  de  leur  Maître, 
Ils  difent  trop  ou  trop  peu  ,  Cf  f auvent 
^  whne  tout  le  contraire  de  ce  qu'on  leur 
a  ordonné.  Il  traduit  :  SoUto  memhra 
Jtvare  leclo ,  »  Délafter  mes  membres 
*/^r  ma  paillafte  ^couciunée  », 


TIC         131' 

M.  Tabbé  de  Langchamps  en  a  donné 
une  Tradufiion ,  1777 ,  in-8®.  11  en 
parut  une  autre  médiocre  ,  par  le 
marquis  de  Peial,  2  vol.  in- 8^  , 
avec  Catulle  &  Gallus;  &  une  troi- 
iîcmeàParis,  1784,  in-8°.  L'édi- 
tion de  ce  poëte  »  donnée  par  Broit» 
khufius ,  Amfterdam ,  1708 ,  in-4°  , 
eft  eflimée»  On  trouve  ordinaire- 
ment les  Poéfies  de  Tlbulle  à  la 
fuite  de  celles  de  Catulle,,.  Foye^  ^ 
Catulle  &  m.  Chapelle. 

TIBURTUS,  l'aîné  des  fil« 
d*AmpMaras  ^  vint  avec  fes  fireres 
en  Italie ,  où  ils  bâtirent  une  ville 
qui  fut  appelée  Tibur.  On  lui  érigea 
un  autel  dans  le  temple  d'Hercule 
en.  cette  ville,  un  des  plus  célèbre? 
d'Italie. 

TICHO-BRAHÉ  o«  Tyco- 
BrAhé,  fils  d'Othon-Brahé,  fei- 
gneur  de  Knud  -  Strup  en  Dane- 
marck ,  d'une  illuftre  maifon  ori- 
ginaire de  Suéde  ,  naquit  le  19 
Décembre  1546.  Une  inclination 
extraordii^aire  pour  les  mathéma- 
tiques ,  qui  parut  en  lui  dès  l'en- 
&nce  ,  annonça  ce  qu'il  feroit» 
A  14  ans ,  ayant  vu  une  éclipfe  do 
folcil  arriver  au  même  moment  que 
les  aftronomes  l'avoient  prédite  i^ 
il  regarda  auffi-tôt  l'aftronomie 
comme  une  fcicnce  divine ,  &  s'y 
confacra  tout  entier.  On  l'en-i 
voya  à  Leipzig  pour  y  étudier  1« 
droit  ',  mais  il  employa  ,  à  Tinfçu 
de  fes  maîtres ,  une  partie  de  foa 
temps  à  faire  des  observations  af« 
tronomiques.  De  retour  en  Dane*-  ' 
marck ,  il  fe  maria  à  une  payfanne 
de  Knud-Strup.  Cette  méfalliance 
lui  attira  l'indignation  de  fa  famille , 
avec  laquelle  néanmoins  le  roi  de 
Danemarck  le  réconcilia.  Après 
divers  voyages  en  Italie  6c  en 
Allemagne ,  où  l'empereur  &  plu- 
fieurs  autres  princes  voulurent  l'ar- 
rêter par  des  emplois  confidérables , 
il  obtint  de  Frédéric  II ,  roi  de  Dc- 
ncmarck.ryiedc  Veen,  avec  unç-  • 

lii 


tyi        TIC 

groiTe  penfion.  Il  y  bâtit  à  grands 
'  frais  le  château  d'Uranicmbourg , 
«'eft-à-dire  ï^i/lc  du  Ciel ,  &  la  Tour 
merveilleufe  de  Stellebourg,  pour 
&s  obfervations  ailronomiques  & 
^s  divers  inftrumens  &  machines. 
ChrîflUrn ,  roi  de  Danemarck  ,  & 
Jaques  FI  ,  roi  d'Ecoffe ,  l'hono- 
vcrent  de  leurs  vifites.  Ceft  dans 
cette  retraite  qu'il  inven»  Irfyf- 
(ême  du  monde  qui  porte  ton  nom  ; 
fyftéme  rejeté  aujourd'hui  par  les 
philofophes ,  parce  qu'il  (ait  revivre 
une  partie  des  abAîrdités  de  celui 
de  Ptoloméc  :  c'eft  ,  tout  au  plus  , 
une  chimère  ingénieufe.  Ce  qui 
doit  immortalifer  Ticho-Brahé ,.  c'eft 
Ibn  zèle  pour  le  progrès  de  l'afiro- 
somîe«  qui  lui  fitdépenfer  plus  de 
cent  mille  écas.  Il  détermina  la  dif- 
tance  des  étoiles  à^l'équateur,  &  la 
iituation  des  autres.  Il  en  obferva 
ainfi  777,  dont  il  forma  un  Cata? 
l<3!gue.  Il  fournit  au  calcul  les- réfrac* 
tions  aftroBomiques ,  &  forma  des- 
Tables  de  réfraôion  pour  difïe- 
rentes  hauteurs.  Mais  une  obliga- 
tion eflentielle  quic  nous  lui  avons  >. 
«ft  d  avoir  découvert  trois  mouvc- 
mcns  dans  la  Lune ,  qui  fbrvent  k 
expliquer  ia  marche.  Il  fit  encore- 
quelques  découvertes  fur  les  Co- 
mètes. Ce  favant  ailronome  fut  auffi 
un  habile  chimiile  -,  il  fit  de  ii 
rares  découvertes,  qu il  guérit  uit: 
l^rand  nombre  de  maladies  qui  paf- 
ibient  poi^r  incurables.  Sa  grande 
application  à  Tadronomie  &  aux 
fciences  abftraites ,  ne  l'empêchoifr 
point  de  cultiver  les  belles-lettres , 
far-tout  la  poéiie;  &  les  Mufes  le 
déiadoient  des  travaux  aftronomi» 
f[  ies.  Ce  qui  ternit  fa  gloire ,  c'eft 
qu  avec  tant  de  lumières ,  il  eut  le 
£.)ible  de  l'aftrologie  judiciaire.  Cet 
cfpric  fi  éclairé  étoit  pétri  de  mille 
petites  fuperftitions.  Un  lièvre  tra- 
veribit-il  fon  chemin:  il  croyoit 
que  la  jourcce  feroit  malheureufe 
Boun  lui.  Alâs  malgré  ces  errcur$  ^^ 


TTC 

alors  fi  communes ,  il  n'en  étoff  nf 
moins  bon  afironome  ,  ni  moins 
habile  mécanicien.»  Sa  defiinée  fut 
celle  des  grands  hommes  ;  il  fut  perr 
fëcuté  dans  fa  patrie;  Les  ennemis 
que  fon  caraélere  moqueur  &  colère 
lui  avoit  faits ,  l'ayant  dcffervi  au- 
près de  Ckrijfum  ,  roi  de  Dane- 
marck, il  fut  privé  de  îts  penfions» 
Il  quitta  alors  fon  pays  pour  aller 
en  Hollande  *,  mais  fiir  les  vives- 
infiances  del'empereur  Rodolphe  11^ 
il  £è  retira  à  Prague..  Ce  prince  le. 
dédommagea  de  toutes  fes  pertes^ 
&  de  toutes  les  injufiices  des  cours«. 
Ttcko  mourut  le  14.  Oâobre  1601 , 
à  5  5  ans ,  -l'une  rétention  d*urine  ». 
maladie  qu'une  fotte  timidité  lui 
avoit  £ùt  contraâer  à  la  table  d'un, 
grand  ou.  dans  Iccarrofie  de  Tem-^ 
pereur.  C'efi  ce  qui  a  £ût  dire  dr 
hii  : 

Jl  vécut  comme  un  fage  ,■ 
Et  mourut  comme  un  fou. 

Sa  taille  étoit  médiocre,  mab  fai 
f^re  étoit  agréable.  Il  avoit  le 
caraûere  bienàiiant  ;  &  il  guérit 
plufieurs  malades  ians  exigeraucune: 
rétribution.  Le  feu  de  fon  imagi« 
nation  lui  donnoit  du  goût  pour  lat 
poéfie  ',  il  faifoirdes  vers ,  mais  fans, 
s'âfiujetdr  aux  règles.  Il  a:moit  àr 
railler  -,  &  ,  ce  q^i  efi  afTez  ordi- 
naire, il  n'cntencTbit  point  raillerie*. 
Attaché  opiniâtrement  à  fes  fenti* 
mens  ,  il  fouffroit  avec  peine  la: 
contradiûion.  ^ts  principaux  Ou* 
vrages  font  :  I.  Progymnafmata  Af* 
tronomla  infiturata ,  1^98  ,  in-fol«. 
II.  De  Mundi  jEtherel  rectnûorîhu^ 
Phanomenis  ,1589,  in-4**.  III.  Epi/' 
tolarum  Afironomicarum  Liber,  1 596  ^ 
inT4°. . .  Sophie  Brahé  fa  fceur  *, 
cultivoit  la  poéfie*,  &  l'on  a  d'elle- 
une  Epitre  en  vers  latins. 

TICHONIUS ,  écrivain  Dona^ 
tifie  fous  Tempire  de  Théodofe  U. 
Grande  ^voit  beaucoup  d'efprit  &, 
d'érudition...  l^^ous   avons  de.  lub 


TIF 

h  Trahé  des  yJi  Règles  pour  eX- 
ptitpier  l'Ecriture  -  Sainte  ,  dont 
S.  Augu/Bn  a  fait  l'Abrégé  dans  fan 
Livre  m*  de  la  Doctrine  Chrétienne, 
On  le  trouve  dans  la  Bibliothèque  des 
feres,,,  Tichon'ius  «il  reconnu  au- 
jourd'hui pour  le  véritable  auteur 
^u  Commentaire  fur  5.  Paul ,  que 
l'on  avoir  attribué  à  5.  Amhroîfe, 
\  Voyei  VHJÛoire  Littc^'aire  de 
f  rance  ,  tome  12  ^  AvertiiTem^nc , 
page  7  ]. 

TIFERNAS  oiiTiPHERKAS, 
{  Grégoire  )  natif  de  Tiferno  en 
Italie ,  fe  rendit  très-habile  dans  la 
<onnoiflance  du  grec  ,  &  profeffa 
•cette  langue  avec  fuccès  à  Paris 
&  à  Venife^  Il  mourut  dans  cette 
dernière  ville.,  âgé  de  50  ans  >  vers 
1469 1  empoifonné  (  dit-on  )  par 
des  envieux  de  fa  gloire.  On  a  de 
iui  :  I.  Des  Poéfies  Latines  /  à  4a 
faite  d'un  Aufone  ,  &c.  Venife  , 
147Î  f  in-fol. ,  &  féparément ,  in-4**. 
Il-  La  Tradticiîon  des  vu  derniers 
livres  de  Strason ,  dont  les  x  pne- 
nûers  font  de  Guanno ,  Lyon,  1559, 
1  vol.  in- 16. 

TIGELLIN ,  Voyei  iv.  Apol- 

lOKlUS. 

TîGNONVILLEr",   (Madeœoi- 
ielje  de)  demoifclle  vertueufe ,  pour 
•qui  Htnri  IV  foupira  inutilement. 
£Ue  étoit,  fuivant  les  apparences , 
petite-fille  de  Lancelot  du  Montuan^ 
feigneur  de  TignonviHe ,  premier 
toaître  d'hôtel  de  la  reine  de  Na- 
varre ,  &  fille  de  la   baronne  dt 
^ignonvlllc  ,  gouvernante  de  Cathc^ 
"'«« ,  princeffe  de  Navarre ,  en  1 5  76. 
Mademoifelle  de  TignonviHe  avoit 
l'honneur  d'appartenir  à  Henn  IF 
par  la  maifon  d'Alençou.   Charles , 
bâtard    SAUnçon  ,     feigneur    de 
'^Ctmtl  au  pays  de  Caux ,   époufa 
"Cernaine  Ballue  ^  nièce  du  fameux 
cardmal   Ballm  ,  &   fut   père  de 
MarpufiU    d'Alençon  ,    femme    de 
lanulot  du  Montuan.   Henri  devint 
^perdument  amoureux  de  Made- 


T  I  G         T3t 

moifelle  de  Tignonville^pea  de  temps 
après  fon  évaiion  de  la  cour  avec 
le  duc  éCAUn^on  fon  beau-£rere .., 
c'eft-à-dire,  vers  l'an  1576.  Le  roi 
de  Navarre  {àxtSuliy)  s'en  alla  en 
Béam  ,  fous  préte?^e  de  voir  fa 
iûeur  y  mais  réellement  pour  fuh> 
juguer  la  jeune  TignonviHe,  Elie 
Téfida  fermement  aux  attJ^ues  du 
roi  de  Navarre  *,  &  ce  prince,  qui 
s'enflammoit  à  proportion  de  «  obf- 
tades  qu'il  trouvoit  au  fuccès  ^ 
employa  ,  auprès  de  la  jeune 
TignonviHe  ,  toutes  les  reiTources 
d'un  amant  palBonné.  Il  connoifToit 
l'efprit  adroit  &  etijoué  A'Agrippft 
d'Aubigné ,  qui  étoit  alors  en  faveur 
auprès  de  lui.  Il  voulut  l'engager  do 
parler  pour  lui  à  fa  maitreile  -,  il  l'ea 
pria  les  n;iains  jointes,  les  larmes 
aux  yeux ,  car  perfonne  de  plu£ 
foible  que  Henri  dans  ces  occaiion$. 
Mais  £Aubigné  refufa  de  faire  pour 
fon  maître^  ce  qu'il  auroit  fait  pour 
un  de  fes  égaux.  Mademoifelle  de 
TignonviHe  ,•  l'objet  de  cet  article -^ 
étoit  vraifemblablement  Marguerite, 
de  TignonviHe ,  qui ,  par  fon  mariage 
avec  François  dû  Pmnelé  ^  porta  le 
nom  &  la  terre  de  TignonviHe  dant 
la  maifon  de  PruneU.  Nous  igno- 
rons l'année  de  fa  mort  ;  mais  npis 
devions  faire  connoître  £a  vertu. 

T  I G  R  A  N  E ,  roi  d'Arménie  , 
ajouta  la  Syrie  à  fon  empire.  Les 
Syriens .,  laffés  des  dlverfes  révo*- 
lutions  qui  défoloient  leur  pays, 
s'étoient  donnés  à  lui  ,  Tan  Br- 
avant J.  C.  Il  foutint  la  guerre 
contre  les  Romains ,  en  faveur  de 
Mtliridate  fon  gendre  -,  mais  ayam 
été  vaincu  par  Lucullus  [  Voyes 
ce  mot  ]  &  par  Piompée ,  il  céda  aux 
vainqueurs  une  partie, de  iei  états  y 
&  s'en  fit  des  proteûeurs.  Il  vécut 
enfuite  dans  une  profonde  paix ,  jui^ 
qu'à  fa  mort.  Le fécond  de  fes  fils, 
nommé  auffi  Tigrane  ,.fe  révolta 
contre  lui  ;  &  ayant  été  vaincu  , 
il  ie  réfugia  chez  Phraofe, ,,  roi  dçs: 

l  iij 


134        TIL 

I^arthes  •  dont  il  avoît  époufé  lâ 
fille.  Ce  jeune  prince ,  avec  le  fe- 
cours  de  fon  beau-pere ,  porta  lei 
armes  contre  fon  père  ^  mais  crai- 
gnant les  fuites  de  fa  révolte  ,  il 
fe  mit  fous  la  proteâion  des  Ro- 
mains. Tlgrane  fuivit  fon  exemple. 
Pompée  lui  conferva  le  trône  d'Ar- 
ménie y  à  condition  de  payer  un 
tribut  pour  les  frais  de  la  guerre  , 
&  donna  à  fon  fils  la  province  de 
Sophene  -,  mais  ce  jeune  prince , 
mécontent  de  fon  partage ,  s'attira 
par    fes  murmures   la    colère  de 
Pompée ,  qui  le  fit  mettre  dans  les 
fers,  Tlgrane  le  père  ,  paflbit  pour 
un  prince  courageux ,  mais,  cruel. 
TIL,  (Salomon  Van-)  né  en 
3644  à  >^çfop  ,   à   deux   lieues 
ë'Amilerdam ,  fe  fit  connoitre  par 
fon  habileté  dans  la  philofophie , 
dians  rhifloire  naturelle  ,  dans  la 
médecine ,  dans  la  théologie  &  dans 
les  antiquités  facrées  &  profanes. 
On  lui  donna  en  1664  une  chaire 
de  théologie  à  Leyde  ,  où  il  lia 
une  étroite  amitié  avec  Coccems  , 
qui  rimbut  de  fa  do£lrine.  Van-TU 
s*appliqua  avec  ardeur  à  l'étude  de 
l'EÂriture-Sainte,  félon  la  méthode 
ëes  Coecéiens,  Comme  fa  mémoire 
n'étoit  pas  aifez  bonne  pour  retenir 
Hbs  Sermons ,  il  prêchoit  par  ana- 
lyfe  :  méthode  qu'il  rendit  publique. 
Cet   habile   Protefiant   mourut   à 
X^yde  en  T713 ,  après  avoir  publié 
plufieurs  Ecrits.   Sa  maifon    étoit 
toujours  ouverte  aux  favans,  qui 
trouvoient  des  refiburces  dans  fes 
lumières.  Il  avoit  cultivé  la  phyfi- 
que ,  la  botanique ,  l'anatomie ,  &c. 
Parmi  fes  Ouvrages,  les  uns  font 
en  flamand  &  les  autres  en  latin. 
Les  principaux  font  :  I.  Sa  Méthode 
d étudier ,  &  celle  dt  prêcher,  II,  'Dts 
Commentaires  fur  les  Pfeaumes.  Ili, 
—  fur  les  Prophéties  de  Moyfe^ 
é'Habacuc  &  de  Malachle.  IV.  Un 
Mrégé  de  Théologie.  V.  Des  Remar- 
^ue^  fur  les  Méditations  de  De/cartes. 


T  I  L 

TILEMANNUS  ,   Voye^    He«^ 

HUS1U9. 

TILESIO  oupltttStTELnsio^ 
(  Bernardin  )  en  latin  Telefius  ,  né  à 
Cofence  dans  le  royaume  de  Naples, 
efTuya  dans  fa  jeunefie  divers  mal- 
heurs. Ayant  pris  le  bonnet  de 
dofleur  en  philofophie  à  Padoue  , 
il  profeÛTa  cette  fcience  à  Naples , 
&  y  forma  une  fodété  littéraire 
qui  fubfîfta  quelque  temps  fous  le 
nom  d'AcADÉMiE  Télésjknus. 
Son  grand  âge  l'ayant  obligé  de 
quitter  Naples  ,  il  fe  retira  à  Co- 
fence  ,  ou  il  mourut  en  Oûobrc 
i 5 88,  dans  fa  80^  année.  11  avoit 
été  marié  •,-&  le  feul  fils^  qui 
lui  refta  ,  fut  affaffiné  du  vivant 
de  fon  père,  Telejîo* (ut  l'un  des 
premiers  favans  qui  fecouerentle 
joug  d*AriJiou  ,  contre  lequel  il 
marqua  même  trop  d'acharnement. 
Paul  /K,  inftruit  de  fon  mérite, 
avoit  voulu  ,  félon  de  Thou^  lui 
donner  Tévêché  de  Cofence  ;  mais 
il  le  refufa  ,  aimant  mieux  cultiver 
la  raifon  en  paix  ^  que  de  jouer 
un  rôle  dans  le  monde.  Nlceron 
révoque  en  doute  cette  anecdote; 
&  fon  doute  eft  fondé  fur  de  bonnes 
raifons.  On  a  de  Telefio  :  I.  Ih 
natura  Rerum  juxtà  propria  prine'ipla., 
Rome,  1565,  in-4**  ,  &  ij88, 
in-folio.  II.  Varu  Libel/t  de  rébus 
naturallbus ,  1 590 ,  in-4°.  Ces  Traités 
font  regretter  qu'il  ne  fût  pas  venu 
dans  un  temps  plus  éclairé.  U  y 
'  fait  revivre  la  philofophie  de  Par' 
ménide ,  en  l'appuyant  de  fes  pfo» 
près  l^entiraens  -,  mais  ce'  compofé 
bizarre  (  dit  Niceron  )  ne  fit  pas 
fortune.  On  a  ofé  publier  que  les 
Moines  y  qui  ne  pouvoient  (ouvrir 
le  mépris  qu'il  faifoit  ù'Arî/iote  dans 
fes  leçons  &  fes  Ecrits ,  lui  ôterent 
le  repos  &  la  vie, 

TILINGIUS ,  (  Matthieu  )  fa- 
vant  médecin  Allemand  du  xvii* 
fiecle,  eft  auteur  de  divers  Ouvrages* 
Les  principaux  font  ;  I.  Ve  ÉIa* 


T  I  L 

iarèaro  ,  1679  ,  în-V*.  lli  LUa 
ûlbî  itfcriftio  ,  1671  ,  in-8°.  III. 
DeLaudano  opiate  ,  in- 8^.  IV.  Opîo^ 
loff^  nova  y  in-4**,  1697.  V.VÂna- 
tome  dt  U  Rate  y  in-ix  ,  1673. 
Vh  Un  Traité  des  Flcvrts  malignes  ^ 
1677,  in-l2. 

TILLADET,  (  Jean-Mane  de 
la  Marque  de  }  né  au  château  de 
TUladet  en  Armagnac  ,  vers  1650 , 
fit  deux  campagnes ,  l'une  dans  l'ar- 
riere-ban,  l'autre  à  la  tête  d'une 
compagnie  de  cavalerie.  Après  la 
paix  de  Nimégue  ,  il  quitta  \^% 
armes  pour  entrer  chez  les  Pères  de 
rOratoire^  où  il  fe  confacra  à  la 
prédication  &  à  la  littérature.  Il  en 
ibrtit  enfuite  ,  &  mourut  à  Ver- 
failles  ♦  le  15  Juillet  1711 ,  à  6ç 
ans  ,  membre  de  l'académie  des 
Belles-Lettres.  La  douceur  de  fes 
manières ,  fa  modeilie  ,  fa  cir- 
.  confpeâion ,  fa  droiture ,  fon  ca- 
raftere  fenfible  &  officieux  lui 
firent  des  amis  illiiftres.  Son  goût 
&  fon  talent  pour  les  matières  de 
là  métaphyiique  ,  le  jetoienc  dans 
4les  diÂraâions  dont  il  fe  tiroit 
avec  beaucoup  de  franchife  &  de 
poiitefTe.  On  a  de  lui  un  Ruudl 
de  Dijfertations ,  I711 , 1  voL  in-12^ 
fur  diverfes  matières  de  religion 
&  de  philologie ,  qui  font  prefque 
toutes  du  iavant  Huet  ,  évêque 
d'Avranches  ,  avec  une  longue  Pré- 
£3ce  hiilori^equi  n'annonce  qu  un 
anédiocre  talent  pour  l'art  d'écrire. 
On  trouve  aufli  quelques  Pièces  de 
lui  dans  les  Mémoires  de  l'académie 
des  Belles-Lettres. 

TILLEMONT ,  Foy.  î.  Nain. 

I.  TILLET .  (  Jean  du  )  évêque 
de  Saint-Brieux  ,  puis  de  Meaux , 
jnort  le  19  Noven^bre  1570,  étoit 
frère  de  Jean  du  TUlet  greffier  en 
chef  du  parlement  de  Paris,  (  Voye:^ 
l'article  fuivant.  )  Il  fe  diflingua 
par  fon  érudition  &  par  fon  zèle 
pour  la  religion  Catholique,  à  la- 
quelle il  ramena  Louis  du  Tilla , 


TIL  135 

fon  frère ,  chanoine  d'Angoulême , 
qui  l'a  voit  abandonnée*  Ses  prin- 
cipaux Ouvrages  font  :  I.  Un  Traité 
de  la  Religion  Chrétienne,  II.  Une 
Réponfe  aux  Mirùftres^  1566  ,  in- 8®. 
III.  Un  Avis  aux  Gentilshomrftts 
fédults  ,  15^7  ,  in-8''.  IV.  Un 
Traité  de  t  Antiquité  &  de  la  Solen~ 
nltè  de  la  Meffe^  I567,  in- 16.  V. 
Un  Traité  fur  le  Symbole  des  Ap6* 
très,  1566,  in-S^  VL  Une  Edi- 
tion des  Œuvres  de  Lucifer  de  Ca- 
gliari ,  Paris ,  1 568.  VII.  Une  Chro- 
nique  latine  des  Rois  de  France ,  de* 
puis  Pharamûnd  jufqu'en  15474 
«lie  a  été^mife  en  frânçois,  & 
continuée  depuis  jufqu'cn  1604. 
Ceft  un  des. plus  favans  Ouvrages 
que  nous  ayons  fur  notre  Hiftoire. 
Les  faits  y  font  bien  digérés  &  dans 
un  ordre  méthodique  *,  mais  ils  maiv- 
quent  quelquefois  d'exaftitude.  On 
trouve  cet  ouvrage  dans  Je  Recueil 
des  Rois  de  France  ^  1618 ,  in-4**- 
VIII.  Les  Exemples  des  aciions  de 
quelques  Pontifes  ,  comparées  avu  celles 
des  Princes  Païens ,  en  latin,  Amberg, 
16 10 ,  in-8*.  Son  ilyle  ne  manque 
ni  de  pureté  ,  ni  d'une  certaine 
élégance. 

II.  TILLET ,  (  Jean  du  )  frère 
du  précédent ,  &  greffier  en  chef 
du  parlement  de  Paris  «  montra 
beaucoup  d'intelligence  &  d'inté- 
grité dans  cette  charge ,  qui  étoit 
depuis  long-temps  dans  fa  maifon. 
Sa  pollérité  la  conferva  jufqu'à 
Jean 'François  du  TUlet  ^  qui  y  fut 
*eçu  en  1689.  Cette  famille  a  eu 
aufli  plufieurs  confeillers  au  par- 
lement, &  maîtres  des  requêtes. 
On  a  de  Jean  du  Tll/et ,  mort  le  , 
2  Oûobre  1570  ,  pîufieurs  Ou- 
vrages. Les  plus  connus  font  :  L 
Un  Traité  pour  la  majorité  du  Roi 
de  France  (  François  II  )  contre  le 
légitime  confeil  malicleufement  inventé 
par  les  Rebelles ,  Paris,  içô® ,  in-4**« 
II.  Un  Sommaire  de  CHifioîre  de  la 
Guerre  faite  cotttn  les  Albigeois.^  1590.» 

I  iv 


136         TIL 

in- 12  ;  ouvrage  rare  &  recherché. 
III.  Un  Difcours  fur  U  Séance  des 
Rois  de  France  en  Lurs  Cours  de  Par- 
lement^ dans  le  fécond  tome  de  Gx^de- 
fro'i.  .IV.  UInfiltutlott  du  Prince  Chré" 
dtn  ,  Paris,  1563  ,  in-4°.  V.  Re- 
cueil dis  Rois  de  Frunce  :  ouvrage 
fort  exaf^ ,  &  fait  avec  beaucoup 
de  foin,  fur  la  plupart  des  titres 
originaux  de  notre  Hiftoire.  La 
meilleure  édition  de  ce  livre  eft 
celle  de  Paris  ,  en  1618 ,  in- 4®. 
Du  Ttllet  écrit  en  homme  qui  ne 
s'attache  qu'à  Texaftitude  des  re- 
cherches ,  &  qui  fe  foucie  fort 
peu  de  la  pureté  &  de  l'élégance 
du  ftyle. 

TILLET  ,     Voyex    TiTON    du 
TUleu 

■  I.  TILLI  ,  (  Jean  Tzcrclacs  , 
comte  de)  d'une  illuftre  maifon  de 
Bruxelles,  porta  d'abord  l'habit  de 
Jéfuite  qu'il  quitta  pour  prendre 
les  armes.  Après  avoir  iîgnalé  foa 
courage  en  Hongrie  contre  les 
Turcs ,  il  eut  le  commandement  des 
troupes  de  Bavière  fous  le  duc 
MaxlmilUn  »  &  fe  diilingua  à  la  ba- 
taille de  Prague ,  le  8  Novembre 
1620.  Il  défit  er  fuite  Mj/w[/ê/<f,  un 
des  chefs  des  rebelles,  &  le  con- 
traignit d'abandonner  le  haut  Pa- 
latinat  l'an  1622.  11  mit  fon  armée 
en  déroute  près  de  Darmftat,  & 
le  poufTa  hors  d'Allemagne.  11  avoit 
auparavant  fecouru  l'archiduc  Léo- 
fotd  à  la  prifc  de  Bréda ,  &  avoit 
pris  Heidelberg ,  ville  capitale  du 
Palatinat  du  Rhin.  Sa  valeur  éclata 
fiir-tout  contre  le  duc  iUaîberftatd^ 
qu'il  défit  à  Stavelo.  11  fallut  que 
Idlî  dans  cette  bataille  envoyât 
des  trompettes  par-tout ,  pour  faire 
cefler  le  carnage  :  2000  ennemis 
tefterent  fur  la  place ,  &  4  ou  5  000 
furent  faits  prifonniers.  Cette  vic- 
toire lui  fut  d'autant  plus  glorieufe, 
qu'il  n'eut  que  200  hommes  de 
tués  &  pref  ue  autant  de  bleâes.  Il 
ëoona  quelque  tonps  après  un  fe- 


TIL 

cond  combat,  qui  ne  lui  fut  guère 
moins  avantageux  que  le  i^''*,  il 
y  périt  beaucoup  d'ennemis  ,    & 
quantité  de  leurs  oijî^ers ,  illuftres- 
par  leur    valeur  &  par  leur  aatf- 
fance.  11  prit  enfuite   Minden  & 
plufieurs  autres  villes  ,  &  oblige» 
le  landgrave  de  Hefle   de  garder 
la  foi  à  TËmpire.  L'an  1626  ,  il 
défit  l'armée  de  Danemarck  ,  à  la 
journée  de  Lutter ,  dans  le  duch& 
de  Brunfwick ,  &  fe  rendit  maître 
de  21  canons  ,  de  8a  drapeaux ,  de 
plufieurs  étendards  .  &  de  tout  le 
bagage  des  ennemis.  Le  pape  Ur-^ 
bain  F/// lui  écrivit ,  pour  lui  mar- 
quer la  joie  que  toute  l'Eglife  avoit 
d'une  viûoire  fi  avautageufe  à  toù» 
les  Catholiques.  Til/i ,  né  avec  les 
talens  de  la  guerre. &  de  la  négo- 
ciation y.  alla  à  Lubeck  en  1629  » 
en    qualité  de    plénipotentiaire  , 
pour  la  conclufion  de  la  paix  avec 
le  Danemarck.  On  lui  donna  l'an- 
née d'après  le  commandement  gé- 
néral des  armées  de  l'Empire ,  à  la 
place  de  Walficîn,  Après  avoir  fe- 
couru Francfort-fur-î'Oder  contre 
les  Suédois,  il  prit  Brandebourg 
d'affaut ,  puis  Ms^debourg ,  qui  fut 
pillé   par   fes  foldats   &  prefque 
ruiné  par  un  incendie.  Ayant  jeté 
la  terreur  dans  la  Thuringe,  il  prit 
Leipzig  l'an  1631  ,-  mais  il  y  fut 
défait ,  trois  jours  après ,  par  GuJ- 
tave'Advlphe  roi  de  Suéde.  Il  rallia 
{es  troupes  ,   prit  quelques  villes 
dans  la  Hefle  ,  &  repouffa  Hom  > 
chef  du  parti  Proteftant,    Enfin  il 
fut  blefle  mortellement  en    défen- 
dant le  paflage  du   Lech  ,   à  In- 
golilad,  le  30  Avril  de  l'an  163  2» 
Il  fit  un  legs   fie  60,000  rifdales 
aux  vieux  régimens   qui  avoient 
fervi  fous   lui  ,  .afin  que  fa  mé- 
moire leur  fût  toujours  chère.  On 
a  remarqué,   qu'il    n'avoit    poirit 
connu  de   femme ,  &  n'avoit  ja- 
mais bu  de  vin.  Au  commencement 
du  XV  ix*^  fiecle  ,^  il  paffoit  pour 


T  I  L 

le  plus  grand  capitaine  de  l'Em- 
pire ;  il  avoit  encore  cette  réputa- 
tion un  an  avant  fa  mort  ^  Guftave 
la  lui  fit  perdre. 

II.  TILLI,  (  Ange  )  profeffeur 
de  botanique  à  Pife,  &  membre  de 
la  fociété  royale  de  Londres  ,  vit 
le  jour  à  Caiiro  dans  le  Florentin  , 
l'an  1653.  On  a  de  lui  en  latin  lé 
Cataioeuc  des  P/antes   du  Jardin  de 
Pife^  Florence,  1723  ,  in- fol. ,  avec 
50  figures.  Cet  ouvrage  eft  eftimé, 
TILLOTSON,  (  Jean  )  né  dans 
le  comté  d'Yorck ,  d'une  famille 
peu  relevée ,  reçut  une  éducation 
zu-defTus  de   (a  najfTance.  Il  fut 
d'abord    Presbytérien  -,    mais    le 
livre  du    doûeur    ChUtngworth  lui 
étant  tombé  entre  les  mains ,  il  em-' 
braila  la  communion  Anglicane ,  en 
confervant  cependant  toujours  l'ef- 
I      time  qu'il  avoit  conçue  pour  Ton 
I      ancien  parti.  La  force  de  Tes  rai- 
I      fonnemens  ôc  la  clarté  de  fes  pûn- 
I      cipcs  ramenèrent  pluiîeurs    Non- 
Conformiftes   dans   le   bercail  de 
TEglife  Anglicane.    TlUotfon  les  y 
attacha  plus  que  bien  d'autres  doc- 
!      teurs  ,  qui  avoient  plus   de  zèle 
que  de  prudence.  Il  ne  les  traita 
jamais  avec  mépris ,  ni  d'une  ma- 
nière qui  fentit  l'animoiîté.  Ce  qui 
acheva  de  perfeftioiiner  fes  talens , 
i      ce  fut  l'amitié  longue  &  étroite 
qu'il  eut  avec   l'évêque   Wîlkîru, 
Dès  qu'il  fe  fut  confacré  au  fer- 
vice  del'Eglife,  il  fe  forma  à  une 
éloquence  ïimple  que  la   plupart 
des  prédicateurs  ont  fuivie  en  An- 
gleterre.  Il  commença  à   émdier 
profondément  l'Ecriture ,  &  il  ne 
dédaignoit  pas  de  la  citer  comme 
los  Orateurs  petits -maîtres  pour 
^i  l'Evangile  femble  avoir  vieilli. 
I<  lut  enfuite  tous  les  anciens  phi- 
IcTophes ,  &  les  Traités  de  morale. 
S.BafiU^  S,  Chryfofiome  furent 
l«s  Pères  auxquels  il  s'attacha  de 
preérence.  Après  avoir  fait  une 
^I^e  moiflbn  dans    ces  champs 


fertiles  ,  il  compofa  un  grand 
nombre  de  Sermons  ,  modèles  de 
cette  fimplicité  noble  dont  nos 
prédicateurs  François  s'éloignent 
trop.  Plufieurs  écrivains  Anglois 
jetoient  alors  les  fbndemens  de 
l'Athéifme.  Il  s'oppofa  à  ce  torrent 
autant  qu'il  le  put ,  &  il  publia  en 
1665  fon  Traité  de  la  Rcg/e  de  la  FoU 
Quelques  fanatiques  voyant  qu'il 
n'avançoit  que  des  principes  fondés 
fur  le  Ample  raifonnement ,  voulu- 
rent le  faire  palTer  pour  un  homme 
qui  ne  croyoit  rien  que  ce  qui 
étoif  à  la  portée  de  la  raifon  -,  mûs 
il  méprifa  leurs  plates  critiques  » 
&  ils  furent  réduits  au  iilence.  Il 
fut  fait  doyen  de  Cantorbery ,  puis 
de  Saint-Paul ,  clerc  du  cabinet  du 
roi.  Il  n'afpiroit  poinr  à  une  plus 
haute  fortune ,  lorsqu'il  fut  inftallé , 
en  1691 ,  fur  le  fiége  de  Cantor- 
bery. Cet  illuftre  archevêque,  le 
premier  orateur  de  foû  pays ,  fe 
diflingua  également  par  fa  piété 
&  par  fa  modération.  Il  mourut  à 
Lambeth  le  22  Novembre  1694, 
à  65  ans.  11  ne  laifTa  a  fa  famille 
d'autre  fucceffion  à  recueillir  que 
le  manufcrit  de  fes  Sermons pojîhumcs  , 
vendus  2500  guinées.  Mais  le  roi 
d'Angleterre  donna  une  penfion  de 
600  livres  flerliftgs  à .  fa  veuve. 
»  TlUotfon  (  dit  Bumet-)  avoit  les 
"  idées  nettes  ,  l'efprit  brillant , 
»  le  flyle  plus  pur  qu'aucun  de  nos 
»  théologiens.  A  une  rare  pru- 
**  dence  il  joignoic  tant  de  can- 
»  deur,  qu'il  n'y  a  point  eu  de 
»•  de  miniflre  plus  univei-fellement 
M  chéri  &  eftimé.  Paroiflant  avec 
»  éclat  contre  la  Religion  Ro- 
»  maine ,  ennemi  de  la  perfécu- 
»♦  tion ,  terrafTant  les  Athées ,  per- 
M  fonne  ne  contribua  davantage  à 
»'  ramener  les  bourgeois  de  Lon- 
»  drcs  au  culte  Anglican  «<.  On  a 
de  lui  ;  I.  Un  Traité  de  la  Réglé 
de  la  Foi  j  contre  les  Athées  &  les 
Incrédules.  II.  Un  vol.  in-folia 


.158        TIM 

iô  Sermons ,  publiés  pendant  fa  vîe. 
Barbey rac  &  Beaufobre  les  traduiû- 
rent  d'anglois  eii  françois,  en  7 
Vol.  in- 8** ,  avec  plus  de  fidélité 
<iue  d'élégance.  111.  Des  Sermons 
pofthuraes ,  en  14  vol,  in-8®.  Les 
Anglois  regardent  Tiilotfon  comme 
un  homme  avec  lequel  les  ora- 
tieurs  François  ne  peuvent  pas  être 
mis  en  parallèle  ;  maïs  il  ne  feroit 
|>as  peut-être  difficile  de  montrer 
rinjuftice  de  cette  prétention.  Du 
moins  les  Verfions  françoifcs  ont 
fduvent  rendu  fon  éloquence  feche , 
trille  &  monotone.  Ses  Sermons 
attendent  encore  un  tradufteur. 

Ti'MAGENE,  rhéteur  d'Alexan- 
drie ,  étoit  fils  d'un  orfèvre.  Ayant 
été  fait  prifonnier  au  fiége  de  cette 
ville ,  il  fut  tranfporté  à  Rome  où 
le  fils  de  Sylla  l'affranchit  à  caufe 
de  fes  talens.  Réduit  d'abord  à 
être  cuifinier  &  porteur  de  chaife , 
il  reprit  quelque  temps  après  fa 
profeflion  de  rhéteur'  &  gagna  les 
bonnes  grâces  de  JuUs  Ctfar.  Mais 
il  ne  fut  pas. les  conferver.  Son 
cfprit  mordant  &  cauftique  lui  fit 
défendre  l'entrée  du  palais  du  difta- 
teur  ;  &  Tima^znt ,  piqiîé,  brûla 
Iliifioire  qu'il  avoit  £ûte  de  ce 
héros. 

TIMANDRIDÇ,  Spartiate,  cé- 
lèbre par  fa  vertu.  En  partant  pour 
un  voyage ,  il  abandonna  le  gou- 
vernement de  fa  maifon  &  de  fes 
Tbiens  à  fon  fils.  De  retour ,  ayant 
reconnu  que  par  fon  économie  il 
avoit  augmenté  fon  héritage,  il, 
lui  dit  :  Qu'£/  avoit  commis  une 
grande  Injuftîce  contre  les  Dieux ,  fes 
froches,  fes  amis  ,  fes  h$us  &  Us 
pauvres  ,  pmfquîl  devait  ,  à  V excep- 
tion des  befolns  de  ,la  vie ,  panagtr 
€ntre  eux  tout  ce  qui  lui  rejloît  defuperflu, 

TIMANTHE  ,  peintre  de  Si- 
cyone,  &,  félon  d'autres,  deCythne, 
l'une  des  Cyclades,  contemporain 
de  Pamphlle ,  vivoit  fous  le  règne 
de  Philippe  père  â!  Alexandre  le  Grand, 


T,r  M 

Ce  peintre  avoit  le  talent  de  l'îfi- 
ventioà.  C'eft  lui  qui  eft  l'auteur 
de  ce  fameux  tableau  d*Iphlgcnle , 
regardé,  comme  un  chef- d'oeuvre 
de  l'art.  Le  peintre  avoit  repré- 
fenté  Iphlgénle  avec  toutes  les  grâces 
attachées  à  fon  fexe ,  à  fon  âge^ 
à  fon  rang  ;  avec  le  caraûere  d'une 
grande  ame  qui  fe  dévoile  pour  le 
bien  public,  &  avec  l'inquiétude 
que  l'approche  du  f^crifiçe  devoit 
naturellement  lui  caufer.  Elle  étoit 
debout  devant  l'autel.  Le  grand- 
prêtre  Calchas  avoit  une  douleur 
majeftueufe ,  telle  qu'elle  convenoit 
à  fon  miniftere.  Ulyffe  paroiflbît 
aufli  pénétré  de  la  pltis  vive  dou- 
leur. L'art  s'étoit  épmfé  à  peindre 
l'afHidlion  de  Mentlas ,  oncle  de  la 
princeife,  6!Ajax  &  d'autres  pcr- 
fonnages  préfens  à  ce  trifte  fpec- 
tacle.  Cependant  il  reftoii  encore 
à  marquer  la  douleur  à!Agumem- 
non  y  père  iA*Iphlgénie,  Le  peintre  » 
par  un  trait  également  ingénieux 
&  frappant,  couvrit  fon  vifaged'un 
voile.  Cette  idée  a  été  heureufeitient 
employée  plufieurs  fois  depuis  , 
&  fur- tout  dans  le  Gcrmunicus 
du  Poiijpn.  Timantheic  couvrit  aufli 
de  gloire  par  la  victoire  qu'il  rem- 
porta fur  le  fameux  Parrhafius ,  vain- 
queur de  Zeuxis.  On  avoit  propofé 
un  prix  pour  celui  qui  exprimeroit 
le  mieux  la  colère  d'Ajax  ,  furieux 
de  n'avoir  pu  obtenir  les  armes  d'A^ 
chille,  La  fupériorité  fut  adjugée  à 
Timanthe  ;  &  le  vaincu  exhala  fon 
dépit  contre  fes  jugçs  en  ces  ter- 
mes :  Pauvre  Ajax/  ton  fort  en  vérité 
me  touche  plus  qu£  le  mien  propre.  Te 
voilà  donc  encore  une  fols  fur  le  point 
de  céder  la  palme  à  un  homme  qui  è 
beaucoup  près  m  U  vaut  pas  ? 

1.  TIMÉE  DE  LocRES  ,  vit  fe 
jour  à  Locres  en  Italie.  Pythagae 
fut  fon  maître.  Il  fuppofa  avec  ui 
une  matière  capable  de  prenlre 
toutes  les  formes ,  une  force  no- 
trice  qui  en  agitoit  les  parties,  ôc 


T  IM 

une  Intelligence  qui  dirîgeolt  la 
force  mon-ice.  Il  reconnut ,  comme 
ion  maître,  que  cette  intelligence 
avoit  produit  un  Monde  régulier 
&  harmonique.  Il  jugea  qu'elle  avoit 
vu  un  plan  fur  lequel  elle  avoit 
travaillé  &  fans  lequel  elle  n*aa- 
roit  fu  ce  qu'elle  vouloit  faire.  Ce 
plan  étoit  l'idée ,  l'image  ou  le  mo- 
dèle qui  aVoit  repréfenié  à  l'Intel- 
ligence fuprême  le  Monde  avant 
qu'il  exiftât  ,  qui  Tavoit  dirigée 
dans  Ton  aâion  fur  la  force  motrice, 
&  qu'elle  contemploit  en  formant 
les  élémens ,  les  corps  &  le  Monde. 
Ce  modèle  étoit  diftingué  de  l'In- 
telligence productrice  du  Monde , 
comme  l'architeâe  Tefl  de  fes  plans. 
Timéc  de  Locrcs  divifa  donc  encore 
la  caufe  productrice  du  Monde ,  en 
un  efprit  qui  dirigeoit  la  force  mo- 
trice ,  &  ei^  une  image  qui  la  déter- 
minoit  dans  le  choix  des  direâions 
qu'elle  donnoit  à  la  force  motrice  , 
&  des  formes  qu'elle  donnoit  à  la 
matière.  La  force  motrice  n'étoit, 
félon  Tlmce ,  que  le  feu.  Une  por- 
tion de  ce  £eu  dardée  par  les  aîlres 
fur  la  terre  ,  s'iniinuoit  dans  des 
organes,  produifoit  des  êtres  ani- 
més. Une  portion  de  l'Intelligence 
univerfeîle  s'uniffoit  à  cette  force 
motrice ,  &  formoit  une  ame ,  qui 
tenoit,  pour  ainfi  dire,  le  milieu 
entre  la  matière  &  l'efprit.  Âinii 
l'ame  humaine  avoit  deux  parties  : 
une  qui  n'étoit  que  la  force  mo- 
trice ,  &  une  qui  étoit  purement 
intelligente.  La  première  étoit  le 
principe  des  paflions  \  l'autre  étoit 
répandue  dans  tout  le  corps,  pour 
y  entretenir  l'harmonie.  Tous  les 
mouvemens  qui  entretiennent  cette 
harmonie ,  caufent  du  plaifir  ;  & 
tout  ce  qui  la  détruit ,  de  la  douleur, 
félon  Tlmée,  Les  paillons  dépen- 
doient  donc  du  corps  *,  &  la  vertu , 
de  l'état  des  humeurs  &  du  fang. 
Pour  commander  aux  pa/Hons ,  il 
Calloit,  félon  Tîméi ,  donner  au  fang 


T  IM  139  ' 

le  degré  de  fluidité  néceflaîre  pous 
produire  dans  le  corps  une  harmo- 
nie générale.  Alors  la  force  motrice 
devenoit  flexible  ,  &  l'intelligence 
pouvoit  la  diriger.  Il  falloit  donc 
éclairer  la  partie  ralfonnable  de 
l'ame ,  après  avoir  caln^é  la  force 
motrice  y  &  c  étoit  l'ouvrage  de  la 
philofophie.  Timée  ne  croyoit  point 
que  les  Ames  fuflent  punies  ou  ré- 
compensées  après  la  mort.  Les  Gé- 
nies^ les  Enfers^  lesFuriesn'étoient , 
félon  ce  philofophe,  que  des  er- 
reurs utiles  à  ceux  que  la  raifon 
feule  ne  pouvoit  conduire  à  la  vertu. 
On  'ne  fait  précifénlent  en  quelle 
année  mourut  Tîmén  -,  mais  il  efl  cer- 
tain qu'il  vivoit  avant  Socrate,  Il 
nous  refle  de  lui  un  petit  Traité  de 
la  Nature  &  de  VAme  du  Monde  ^  écrit 
çn  dialedte  Dorique.  On  le  trouve 
dans  les  Œuvres  «de  Platon ,  auquel 
ce  Traité  donna  l'idée  de  fon  Tlmés» 
Le  maïquis  d^Argcns'Va.  traduit  en 
françois  avec  de  longues  Notes, 
1703 ,  in-ii.  On  avoit  encore  du 
philofophe  Locrien  VHiflolre  de  la, 
VU  de  Pythagorcy  dont  parle  5wVa/» 
qui  eft  perdue. 

//.  TIMEÉ ,  rhéteur  de  Tauro* 
mine  en  Sicile  ,  2S5  avant  J.  C.« 
fut  chafTé  de  la  Sicile  par  le  tyraa 
Agathocles,  Il  fe  fit  un  nom  célè- 
bre par  fon  Hlfioîre  générale  de  Si^ 
elle ,  &  par  fon  Hifioîre  particulière 
de  la  guerre  de  Pyrrhus.  Dîodore  de 
Sicile  loue  fon  exaftitude  dans  les 
chofes  où  il  ne  pouvait  fatisfaire 
fa  malignité  contre  Agathocles  & 
contre  fes  autres  ennemis.  On  avoit 
encore  de  lui  des  Ouvrages  fur  la 
Rhétorique;  mais  toutes  ces  pro- 
ductions font  perdues  pour  la  pof- 
térité. 

111.  TIMÊE,  fophifle,  laiflaun 
Lexicon  vocum  Platonlcarum ,  qui  pa- 
rut à  Leyde ,  1754 ,  in-8°  ,  par  les 
foins  de  David  Ruhnhenîus, 

TIMOCLÊE  ,  dame  Romaine, 
fut  violée  dans  le  fac  de  Thebes, 


I40       T  I  M 

par  un  officier  Thrace  qui  lui  de- 
manda encore  fon  or.  TlmocUc  le 
mena  dans  fon  jardin  où  elle  ravoi|, 
difoit-eile,  caché  dans  un  puits.  Le 
capitaine  s'approcha  du  bord  &  fe 
baiiTa  pour  en^  fonder  la  profon- 
deur. AXoxsTimocUc  Tayant  pouiTé 
4dé  toutes  fes  forces,  le  précipita 
dans  le  puits ,  &  jeta  fur  lui  une 
Il  grande  quantité  de  pierres,  qu'il 
fut  bientôt  étoufFé. 

T I M  O  C  jR  A  TE,  philofophe 
Grec  9  parut  véritablement  digne  de 
ce  nom  par  Tauftérité  de  fes  moeurs. 
Il  s'étoit  d'abord  interdit  les  {pec- 
tacles  *,  mais  il  fe  réconcilia  enuiite 
avec  eux.  On  ignore  le  temps  au- 
quel il  vivoit. 

TIMOCREON,  poëte comique, 
Bhodlen,  vers  l'an  476  avant  J.  C. , 
«ft  connu  par  fa  gourraandife  & 
par  fes  vers  mordaifscontre  Simonlde 
&  ThémlfiocU.  On  n'a  de  ce  fatirique 
é[ue  quelques  fragmens  dans  le  Corps 
ées  Poètes  Grecs  ^  Genève,  1606  & 
1614,2  vol.  ia-fol.  On  lui  fit  cette 
Ëpithaphe  : 

Multabibms,  &  multa  vorans^  malè' 
ienîqut  diccns 
Multis ,  hic  jaceo  Timocreon  Rho~ 
dtus,. 

Ci  gît  fous  ce  tombeau  moins  un 
Homme  qu'un  Chien  : 
Avec  voracité,  mordre  ,  manger  & 
boire , 
Telle  eft  en  quatre  mots  l*hiftoire 
De  Timocréonle  Rhodien. 

TIMOLEON ,  capitaine  Coria- 
thien,  étoit  fil&^e  Tlmodeme^  d'une 
femille  diflinguée.  U  montra  de 
bonne  heure  qu'il  aimoit  paffion- 
némenc  fa  patrie.  Son  frère  Timo- 
phane  ayant  voulu  ufurrpcr  le  pou- 
voir ibuverain,  iliui  fit  perdre  la 
vie,  aidé  par  fon  autre  frère  5tffy«*. 
f  Toy.  TiMOPHANE.]Les  Syracu- 
fains  tyrannifés  par  Denys  U  Jmnt 
&  par  les  Carthaginois ,  s'adreffe- 
rent  »  vers  l'an  32  j  avaat  J.  C,  aux 


TI  M- 

Corifidiîéns ,  qui  leur  envoyèrent 
TîmoUon ,  avec  dix  vaifTeaux  feule- 
ment &  mille  foldats  au  plus.  Ce 
généreux  citoyen  marcha  hardi- 
ment au  fecours  de  Syracufe,  fuc 
tromper  la  vigilance  des  généraux 
Carthaginois,  qui  ,  avertis  de  fon 
départ  &  de  fon  delTein  par  let- 
tres ,  voulurent  s'oppofer  à  fon  paf- 
fage.  Les  Carthaginois  étoient  pour 
lors  maîtres  du  porc,  hetas  de  la 
ville,  Denys  de  la  citadelle;  mais 
Denys  fe  voyant  fans  reffource  y 
remit  à  Tîmoléon  la  citadelle  avec 
toutes  les  troupes ,  les  armes  &  les 
vivres  qui  y  étoient ,  &  fe  fauva 
à  Corinthe.  Magon,  général  Car- 
thaginois ,  le  fuivit  bientôt  après. 
Astnlhal  &  Amilcar ,  chargés  du  com- 
mandement '  après  lui ,  refolurent 
d'aller  d'abord  attaquer  les  Corin- 
thiens; mais  Tîmoléon  marcha  lui- 
même  à  leur  rencontre ,  avec  une 
poignée  de  foldats  qui  défirent 
les  Carthaginois  &  qui  s'emparè- 
rent de  leur  camp ,  où  ils  trouvè- 
rent un  butin  immenfe.  Cette  vic- 
toire fut  fuivie  de  la  prife  de  plu- 
fieurs  villes ,  ce  qui  obligea  les  Car- 
thaginois à  demander  la  paix.  Les 
conditions  furent ,  qu'ils  ne  poffë- 
deroient  que  les  terres  qui  font 
au-delà  du  fleuve  Halicus  près  d'A- 
grigente-,  que  ceux  du  pays  au- 
roient  la  liberté  de  s'établir  à  Sy-. 
racufe  avec  leur  famille  &  leurs 
biens,  &  qu'ils  n  auroient  aucune 
intelligence  avec  les  ,tyrans.  T/- 
moUpn  paflà  le  refle  de  fa  vie  à 
Syracufe  avec  fa  femme  &  fes  en- 
fans.  Il  vécut  en  homme  privé, 
fans  aucune  envie  de  dominer»  fe 
contentant  de  jouir  tranquillement 
de  fa  gloire.  Il  avoit  d'abord  voulu 
refufer  l'emploi  que  lui  doimerent 
les  Corinthiens,  en  le  nommant 
capitaine  général  des  troupes  en- 
voyées en  Sicile.  Mais  un  mot  plein 
de  fens  &  d'élévation  de  la  part 
du  magifif at  de  la  république ,  ré* 


T  r  M 

▼àHa  en  lui  rennemi  de  la  tyran - 
ne.   O  Timoléon  ,   lui  dit-il  ^  fi  tu 
Acceptes  eau  charge ,  nous  croirons  que 
tu  as  tué  un  Tyran  j^&  fi  tu/a  rtfufes  ; 
nous  ferons  perfuadés  que  tu  as  ajfaj[pné 
»n  Frère,  Les  Syracufains  ,  pleins 
de  reconaoiiTance  pour   ce  gran<t 
komme  leur  libérateur ,  le  regarde- 
rem  toujours  comme  leur  père.  Le» 
dédiions  fur    les   aflfeires  impor- 
tantes fe  régloient  toujours  fur  fes 
avis.  Ils  virent  un  jour  avec  indi- 
gnation deux  particuliers  l'accufer 
de  malverfation.   Le  peuple  étoit 
même  prêt  à  mettre  les  délateurs  ea 
pièces  ,  lorfque    TimoUon    arrêta 
cette  fureur^*  O  Syracufains ,   leur 
cria-t-il  ,.  qu'aile^  vous  faire?  Songe^ 
pe  tout  Citoyen  a' droit  de  m'accufer^ 
Gardez-vous ,  en  cédant  À  la  reconuolf" 
lance,  de  donner  atteinte  â  cette  même 
^ertéy.  qu'il  m'eji  fi  glorieux  de  vous, 
^voir rendue.  Il  fembloit  aux  Syracu- 
Éiins  qu'une  Divinité  tut^laire  veil- 
loitfur  les  jours  de  Timoléon,  Dans 
ie  moment  qu'après  une   célèbre 
viûoire ,  il  oifroit  un  faccifice  aux 
Dieux,  deux  affaffins  envoyés  par. 
les  ennemis  ,  trouvent  le  moyen 
de  s'approcher  de  lui  à  la  faveur 
de  leur  déguifement.  Uad'cux  avoit 
le  bras  levé  pour  le  frapper ,  lorfque 
cet  affaffin  eu  lui-même  cenverfé 
par  un  inconnu  qui  le  poignarde 
&  fe  fauve  auffi-tôt  dans  un  lieu 
«cane.  Le  camarade  du  mort,  ef- 
frayé de  ce  coup  imprévu ,  s'ap»- 
proche  de  l'autel  ^  l'embrafle   & 
demandant   grâce  à  Timoléan^  lui 
révéla  la  fuite  du  complot.  Cepen- 
dant on  va  à  la  pourfuite  de  l'in- 
connu ,  qui  crie  de  toute  fa  force 
qu*il  n'a  commis  d'autre  crime  que 
celui  d'avoir   vengé  la  mort  d'un 
pcre,  que  le  malheureux  qu'il  ve» 
noit  de  tuer,  avoit  autrefois  af- 
ÊdTmé  dans  la  ville  des  I^ontins.  Il 
prend  à  témoin  plusieurs  des  af&f- 
taas,  qui  confirment  la  vérité  du 
^>wai*  qui  n'en  admirent- gas 


T  r  M       141 

moins  la  manière  dont  la  provi^ 
dence  euchahie  fotrveiit  les  événe» 
mens  poiur   déconcener  le»  vains, 
projets- des  hommes.  C'eft  de  Plu'>» 
tarque  qu'on  a  tiré  ce  fait  &  cette: 
réflexion.  Après  la  mort  de  T/mo» 
léon  y  on  lui  éleva  un  fbperbe  mo» 
nument  dans  la  place  de  Syracufe  » 
qui  fut  appelée  la  place  Timoléonte,  Le 
décret  qui  fut  porté  à  l'occaflon  de 
ce  monument ,  étoit  conçu  en  ces 
termes  :.  »  Le  peuple  de  Syracufe  a» 
*'  voulu  que  Timoléon  de  Corinth^^ 
»•  fils  de  Timodeme ,  fût  enterré  aux 
**  dépens  du  public,.  &  qu'on  em- 
»  ployât  aux  frais  de  fes  funérailles 
*'  jufqu'à  la  fomme  de  deux  cents» 
n  mines  ;  &  pour  honorer  davan-^ 
M  tage  fa  mémoire ,  Il  a  ordonné 
'^  qu'à  l'avenir  toutes  les  années  ^ 
»  le  jour  de  fon  trépas,  oacélé- 
4(  brera  en  foa  honneur  des  jeux* 
>^  de  mufique  &  des  jeux  gymni^ 
»  ques  ,  &  qu'on  fera,  des  courfes 
"  de  chevaux.  Tout  cela»   parce 
».  qu'ayant  exterminé  les  Tyrans  * 
>*  dé&it  en  plufleurs  batailles  le& 
»  Barbares  ,.  &  repeuplé  les  plu^ 
>»  grandes  cités  qui  étoient  aban* 
n  données  &  défertes,  il  a  doiué. 
)*  à  des  Siciliens  de  très  -  bonnes. 
»»•  lois  *«.  Foyei  III.  Cephale. 

TIMOMAQUE,  peintre  célèbre 
de  Bizance ,  avoit  fait  une  Médée  6c 
un  Ajax  Ci  fupérieurement  peints^ 
que  Céfar  les  acheta  240,000  livres, 
pour  les  confacrer  dans  le  Temple 
de  Venus  à  Rome. 

TIMON  ,  le  Mlfanthrope ,  e'efl-»- 
dire ,  Qtd  hait  les  hommes ,  né  ^ 
Colyte  bourgade  de  l' Attique ,  very 
l'an  4^0  avant  X.  C. ,  étoit  l'ennemi 
de  la  fx>ciété  &  du  genre  humain  ^ 
&  il  ne  s'en  cachoit  pas.  Il  fîiyoit 
la  fbciété ,  comme  on  évite  un  bois 
rempli  de  bêtes  féroces.  11  alla  néan*- 
moins  un  jour  dans  l'affemblée  du 
peuple  ,  auquel  il  donna  cet  avis^ 
impertinent  :  J'ai  un  figuier  auquel  plu^ 
fitUTi  fcfont  déjà,  pendus  iji  veux  /# 


14*        T  I  M 

couper  peur  hâdr  en  fa  place,  Àlnfi^ 
ê*Uy  ta  a  qudqttun  parmi  vous  qui  s'y 
vétille  prendre  ,  qu'il  fe  dépêche.  Cet 
canemi  du  genre  humain  ne  laifla 
pas  d'avoir  un  ami  intime,  qui  fe 
nommoic  Apemante^  auquel  il  s'étoit 
attaché  à  caufe  de  la  conformité  du 
caraâere.  Soupant  un  jour  chez 
Timon  ^  &  s'étant  écrié  :  Cher  Ti- 
mon ,  que  ce  repas  me  paroU  doux  !  *— 
Sans  douu  »  lui  répartit*il  ,fi  tu  rCy 
itois  pas.  Le  même  Aptmante  lui 
demanda  un  jour  pourquoi  il  ai- 
moit  fi  tendrement  Aldblade^  jeune- 
homme  hardi  &  entreprenant  ?  C*efi^ 
lui  répondit- il ,  parce  que  je  prévois 
qu^ilfera  la  caufe  de  la  ndne  des  Athé- 
niens. Un  tel  original ,  à  (a  mort , 
ne  dut  pas  être  beaucoup  pleuré.  On 
lui  fit  une  Epicaphe ,  où  {on  carac- 
tère étoit  heureufement  rendu  ,  & 
qui  fe  trouve  dans  V Anthologie  ; 
la  voici  en  vers  françob  : 

Paffant ,  laiffe  ma  cendre  en  paix  ; 
Ne  cherche  point  mon  nom  ;  apprends 
que  je  u  hais  : 
Il  /affît  que  tu  fou  un   homme, 
Tkns ,   tu  vois  ce  tombeau    qui  me 

couvre  aujourd'hui  ; 
Je  ne  veux  rien  de  toi  :  u  que  je  veusi 
de  lut, 
Cefi qtiUfe hrife  &  qv^il  t^affomme. 

On  dit  qu'après  fa  mort  /,  la  mer 
indignés  de  baigner  fon  tombeau 
qui  étoit  fur  le  rivage  ,  le  repoufia 
bien  loin  dans  les  terres.    Voye[ 

I.   HERACLITE. 

//.  TIMON.  (Samuel)  né  à 
Thuma  dans  le  comté  de  Trenf- 
chin  en  Hongrie,  fe  fit  Jéfuite 
Tan  1693.  Après  .  avoir  enfeigné 
la  philofophie»  il  voulut  fe  con- 
faaer  aux  pénibles  fonâioss  dé 
miffîonnaire  dans  fa  patrie  *,  mais 
fa  mauvaife  ûinté  rattacha  à  fon 
cabinet  où  il  ne  cefTa  de  travailler 
a  l'hiftoire  de  fon  pays.  Il  mou- 
rut à  Caflbvie  le  7  Avril  1736, 
à  6x  ans.  Les  monumens  de  fon 


T  I  M 

application  font  :  I.  CeUbrîorum  Htoi^ 
gariét  urbium  &  oppidorum  chorogrU" 
phutf  Timau,  i7ol,in-4°.  Gabriel 
S^erdahelyi  ,  Jéfuite  ,  en  a  donné 
une  édition  augmentée»  Vienne, 
I718  ,  in-4**;  Ciffovie  ,  1732  ,  & 
Timau,  1770,  in-4®.  II.  Epizomc 
rerum  Httngarlcarum,CaSovit ,  1736, 
in-fol.  C'^  un  Abrégé  chronolo- 
gique des  royaumes  de  Hongrie  « 
Dalmatie  &  Croatie.  lîl.  Imago  an^ 
tiquée  Hungariét ,  Caflbvie  *  1734  » 
in-8^.  IV.  Imago  novte  Hungari^e^ 
Caflbvie,  1734»  in-8^.  Ces  deux 
ouvrages  ont  paru  réunis  à  Vienne  • 
X7Î4»  I  vol.  in-4*'. 

TIMOPHANE,  jeune -homme 
qui  n'écoiitoit  que  fon  ambition  & 
fes  plaifirs,  voulut  être  le  tyran  de 
Corinthe  fa  patrie*  vers  Tan  343 
avant  J.  C.  Le  célèbre  Timoléun  fon 
firere ,  auroit  pu  panager  avec  lui  la 
fouveraine  autorité  *,  mais  bien  loin 
d'entrer  dans  fon  complot ,  il  pré- 
féra le  ùlut  de  (es  compatriotes  à 
celui  de  fon  fang.  Après  avoir  em- 
ployé à  plufieurs  reprifes,  mais  en 
vain  >  fes  prières  &  fes  remon- 
trances ,  pour  engager  Timophane  à 
rendre  la  liberté  à  fes  dtoyens» 
il  le  fit  aflâflîner.  Plufieurs  admi- 
rerem  cette  aâion ,  comme  le  plus 
noble  effort  de  la  vertu  humaine  ; 
les  autres  jugerem  que  Timoléon 
avoit  violé  les  droits  les  plus  facrés 
de  l'amitié  fraternelle.  Le  cara^lere 
de  cet  inflexible  républicain  eu 
développé  avec  force  dans  la  Tra- 
gédie de  fon  nom«  par  M.  de  la 
Harpe. 

I.  TIMOTHÉE ,  capitaine  Athé- 
nien ,  fils  de  Conon  célèbre  génl^ 
rai,  marcha  fur  les  traces  de  fon 
père  pour  le  courage ,  ècïe  furpafla 
en  éloquence  &  en  politique.  Il  eut. 
des  ennemis  comme  tous  les  grands 
hommes.  Ses  jaloufies  le  firent  pein- 
dre dans  un  tableau  où  il  étoit 
reprefenté  dormant ,  &  la  Fortune 
à  fes  pieds  qui  prenoit  pour  lui  de$ 


T  I  M 

tilles  dansunfUet.  Mais  il  ût  voix 
qu.'il  ctoitbien  éveillé,  lorfqu'après 
avoir  ravagé  les  côtes  de  la  Laconie, 
il  s'empara  de  Tifle  de  Corcyre ,  & 
remporta  fur  les  Lacédémoniens 
une  célèbre  bataille  navale ,  l'an 
376  avant  J.  C.  Il  prit  enfuite 
Tome  &  Potidée,  délivra  Cyfique 
&  commanda  la  flotte  des  Athé- 
niens avec  Iphîcratt  &  Charcs,  Ce 
dernier  général  ayant  voulu  atta- 
cher les  ennemis  pendant  une  vio- 
lente tempête,  &  Tlmothée  ayant 
refiifé  ,  il  le  ût  condamner  par  le 
peuple  à  une  amende  de  cent  ta- 
iens.  L'illuih-e  opprimé ,  hors  d'état 
de  payer  une  fi  forte  amende.  Te 
retira  à  Chalcide  où  il  mourut. 
Ce  général  étoit  auffi  prudent  que 
courageux.  CA^r^j  montrant  un-jeur 
aux  Athéniens  les  blefTures  qu'il 
avoit  reçues  pendant  qu'il  comman- 
doit  les  armées ,  Timotkée  lui  répon- 
dit :  Et  moi ,  j'ai  toujours  rou^  dt  <t 
fi^m  trait  étoit  venu  tomba"  affe^  près 
ie  mot  ,  comme  m* étant  txpofé  en 
jaau'komme  ,  &  plus  qu*U  ne  conve* 
noit  au  Chef  d'une  fi  grande  armée. 
Son  défintéreflèment  étoit  extrême  ; 
il  rapporta  à  fa  patrie  1200  ta- 
leos  pris  fur  les  ennemis ,  fans  en 
ncn  réfcrver  ponr  lui-mêm^. 

II.  TIMOTHÉE ,  poëte  toufî- 
cien ,  né  à  Milet ,  ville  Ionienne 
dfr  Carie ,  excelloit  dans  la  poéâe 
Lyrique  &  Dithyrambique;  mais 
ce  fut  à  la  mufique  qu^ii  s'appliqua 
prindpalement.  Ses  premiers  eilàis 
ûe  réuflîrent  pas  ;  ayant  joué  en 
préfence  du  peuple,  il  fut  fîfflé.  Un 
tel  début  l'avoit  totalement  décou- 
lagé  i  il  fongeoit  à  renoncer  à  la 
ïftulîque,  pour  laquelle  il  ne  fe 
croyoit  aucune  difpoiition.  Mais 
Euripide  y  dont  la  vue  étoit  plus 
îufte  que  celle  de  la  multitude ,  re- 
marqua le  talent  de  Timothée  au  mi* 
lieu  de  fa  difgrace-,  il  l'encouragea  , 
&  Taffura  d'un  fuccèâ  éclatant ,  que 
IVenir  juâifia.  fin  effe^  Ttmothée 


T  I  M         i4i 

devint  le  plus  habile  joueur  de  ci- 
thare *,  il  ajouta  même  dos  cordes  4 
cet  inftrument ,  à  l'imitation  de  Thef 
pandre  i  ce  qui  fut  de  nouveau  con- 
damné par  un  décret  des  Lacédémo- 
niens,  que  Boèce  nous  a  confcrvé. 
Il  contient  en  fubftance  :  *'  Que  Th> 
**  mothée  de  Milet  étant  venn  dans 
»♦  leur  ville,  avoit  paru  faire  peu 
y*  de  cas  de  l'ancienne  mufique  & 
"  de  l'ancienne  lyre  -,  qu'il  avoit 
»  multiplié  les  ibns  de  celle-là 
'*  &  les  cordes  de  celle-ci  ;  qu'à 
»  l'ancienne  manière  de  chanter, 
»  fimple  &  unie  ,  il  en  avoit 
»  fubftituée  une  plus  compofée  , 
*•  où  il  avoit  introdmt  le  genre  chro- 
«•  matique  *,  que  dans  ioa  Poème 
M  de  VAccouehement  de  Sémélé  ^  il 
M  n'^voit  pas  gardé  la  décence 
»'  coïkvenable  ;  que  ,  pour  préve- 
*)  nir  les  fuites  de  pareilles  inno* 
»  valions ,  qni  ne  pouvoient  êtr# 
M  que  préjudiciables  aux  bonnes 
»  moeurs,  les  Rois  &  les  Ephoret 
M  avoient  réprimandé  publique* 
»t  ment  Timothée  ^  &  avoient  or- 
»  donné  que  fa  lyre  feroit  réduite 
M  aux  fept  cordes  anciennes  ,  fie 
"  qu'on  en  retrancheroit  toutet 
t»  les  cordes  nouvellement  ajou- 
»  tées,  &c.  *  On  fe  mettoit  ea 
devoir  de  couper  ces  nouvelles 
cordes  conformément  au  décret  , 
lorfque  Tlmothée  apperçut  une  petite 
ftatue  d' Apollon  ,  dont  la  lyre  avoit 
autant  de  cordes  que  la  iienne  ; 
il  la  montra  aux  juges,  &  il  fut 
renvoyé  abfous.  Sa  réputation  Iqi 
attira  un  grand  nombre  de  difciples. 
On  dit  qu'il  prenoit  une  fois  plus 
de  ceux  qui  venoient  à  lui  pour 
apprendre  à  jouer  de  la  flûte  ou  de 
la  cithare,  après  avqir  euim  autre 
maître.  Sa  raifon  étoit  qu'un  habile 
homme  qui  fuccede  à  ces  deml- 
favans  ,  a  toujours  deux  peines 
pour  une  -,  celle  de  faire  oublier 
au  difciple  ce  qu'il  avoit  appris , 
&  celle  de  riofbruire  de  nouveau. 


144        T  I  M 

11  floriiToit  vers  l'an  3.4a  avant 
J.  C.  fous  Alexandre  U  Grmd.  On 
connoit  la  belle  Ode  de  Drydm  , 
intitulée  :  JU  pouvoir  de  l*Harmonle  , 
mife  en  vers  françois  par  Dorât ,  où 
le  poëte  célèbre  avec  emhoufiarme 
les  talens  fublimes  de  Tîmothée, 

III.  TtMOTHÉE,  Ammonite, 
généra  des  troupes  d'AmLchus 
Eplphanks ,  qui,  ayant  livré  plufisurs 
combats  à  Judas  Machabée ,  fut  tou- 
jours vaincu  par  ce  grand  capitaine. 
Après  la  perte  de  la  dernière  ba- 
taille ,  où  fon  armée  fut  taillée  en 
pièces ,  Tlmothce  s'enfuit  à  Gazara 
avec  Chéreas  fon  frère ,  &  il  y  fut 
tué...  Il  y  en  avoit  un  autre  de 
même  nom  ,  auffî  général  des 
trompes  d*Antiochufy  qui,  ayant 
aiïemblé  une  puiflànte  armée  au- 
delà  du  Jourdain,  fut  vaincu  par 
Judas  Machabée  &  par  Jonathas  fon 
frère  ,  qui  défirent  entièrement 
fon  armée.  Tlmothée ,  étant  tombé 
entre  les  mains  de  Dofithée  &  de 
Sofipatre ,  les  conjura  de  lui  fauver 
la  vie  ,  &  s'engagea  à  renvoyer 
libres  tous  les  JuiS  qu*on  retenok 
captifs  :  ils  le  laifTerent  aller. 

IV.  TIMOTHÉE  ,  difciple  de 
5.  Paul ,  étoit  de  Ly ftres ,  ville  de 
Lycaonie ,  né  d'un  père  Païen  & 
d'une  mcre  Juive.  L'Apôtre  étant 
venu  à  Lyftres  ,  prit  Tlmothée  fur 
le  témoignage  qu'on  lui  en  ren- 
xiit  ,  &  le  circoncit  aân  qu'il 
pût  travailler  au  falut  des  Juifs. 
Le  difciple  travailla  avec  ardeur  à 
la  propagation  de  l'Evangile ,  fous 
Con  maître.  U  le  fuivit  dans  tout 
le  cours  de  fa  prédication  ,  &  lui 
rehdit  de  très-grands  ferviçes.  Lorf- 
qué  l'Apôtre  des  Gentils  revint  dé' 
Roike  en  64 ,  il  le  laiiTa  à  Ephefe , 
pour  ^voir  foin  de  cette  Èglife  , 
dont  i\  fut  le  premier  évêque.  U 
lui  écrivit  de  Macédoine  la  pre- 
mière £j>i^tre  qui  porte  fon  nom  , 
vers  Tan  ^-^dans  laquelle  il  lui 
prefçrit  en  génôaUç*  devoirs  de 


T  I  M 

fa  charge.  L'Apôtre,  peu  de  tempi 
après  étant  arrivé  à  Rome  ,  &  fe 
voyant  près  de  la  mort ,  écrivit  à 
fon  cher  difciple  la  2®  .Epîtrç,  que 
l'on  regarde  comme  fon  tedament. 
Elle  eft  remplie ,  comme  la  précé- 
dente ,  d'excellens  préceptes  pour 
tous  les  minières  de  l'Eglife.  On 
croit  que  Tlmothée  vint  à  Rome  » 
où  S,  Paul  l'appeloit  »  &  fut  témoin 
du  martyre  de  ce  faint  Apôtre.  U 
revint  enfuhe  à  Ephefe  ,  dont  il 
continua  de  gouverner  l'Eglife  en 
qualité  d'évêque ,  fous  l'autorité  de 
5.  Jean  ,  qui  avoit  la  dire£Hon  de 
toutes  les  Eglifes  d'Afie.  On  penfe 
qu'il  fut  lapidé  par  les  Païens  , 
lorfqu'il  vouloit  s'oppofer  à  la 
célébration  d'une  fête  impie  en 
l'honneur  de  Diane ,  vers  Tan  97* 

V.  TIMOTHÉE  ,  premier  du 
nom  ,  patriarche  d'Alexandrie  l'an 
380  ,  mort  5  ans  aprts,  eft«jConnu 
prindpalement  par  une  Epître  cano- 
nique :  Balfamon  nous  Ta  confervéc- 
On  lui  attribue  auiH  quelques  Vlts 
de  Saints,-     • 

VL TIMOTHÉE,  patriardiede 
Conilantinople  dans  le  vi'^fiecle, 
nous  a  laiiTé  un  bon  Traité  fur  les 
moyens  de  rappeler  les^Hérétlqties 
à  la  Foi  »  &  fur  la  manière  de  i« 
comporter  avec  ceux  qui  fe  font 
convertis.  CottelUr  a  inféré  cet  Ou- 
vrage dans  fes  Monumtnta  Grtua. 

TINDALL,  (Matthieu)  né  dans 
la  province  de  Devonshire  en  An- 
gleterre ,  le  10  Avril  1655,  émdia 
fous  fon  père  qui  étoit  miniftre 
dans  le  lieu  de  fa  naiffance  ,  & 
^  envoyé ,  à  l'âge  de  17  ans  f 
au  collège  de  Lincoln  à  Oxford* 
Après  s'être  fait  recevoir  doûeur 
en  droit ,  il  prit  le  parti  des  armes 
dans  les  troupes  du  roi  Jacques, 
Lorfque  ce  monarque  eut  été  dé- 
trôné ,  Tlndall  publia  un  grand 
nombre  ^  A*Ouvrages'  en  faveur  du 
Gouvernement  ,  qui  lui  procurè- 
rent une  penûoo  de  200  livre» 
fterlings, 


ffêrlings  ,  dont  il  îouît  îufqu^à  fa 
jnort ,  arrivée  à  Londres  le  16 
Août  1733.  Cctoit  une  aipc  vé- 
ùalc,  qui  prenoit  toujours  le  pTti 
du  plus  fort  ;  tour  à  tour  Catho- 
lique  &  Proteftant  -,  partifan  de 
Jacques  lorfqull  régnoit  »  Ôt  fon 
détraûcur  quand  on  lui  eut  enîtvé 
fciceptre.  On  a  de  lui  un  livre 
impie ,  intitulé  :  Le  Chrifiîanlfme  aujji 
anàm  que  U  ^fpndc  ou  V Evangile  , 
féconde  Publîcaton  de  la  Religion  de. 
Nuture,  1730,  in-^4**  &  in-S**.  Jean 
Conyhcare  ,  Jacques  Fofter  &  Jeun 
Leland  ont  écrit  «fortement  contre 
Cet  ouvrage ,  afTez  mal  raifonné  & 
auffi  mal  écrit.  Pope  a  encore  plus 
maltraité  l'auteur  dans  (a  Dunciade, 
n  avoit  dans  Tlndall  un  cenfeui^ 
împormn ,  qui  ne  lui  accordoit  que 
le  mérite  de  mettre  en  oeuvre  l'ef*- 
prit  des- autres.  Tmdall  étoit  d'ail- 
leurs ou  affeôoii  d'être  un  Roya- 
Me  ardent ,  &  P»pe  étoit  Jacobite» 
Ainfi  l'on  ne  doit  pas  adopter  tout 
ce  que  dit  le  Poète  Anglois.  Un 
éloge  qu*on  ne  put  refufer  à  Iï«- 
dail,  c'eft  que  malgré  Ton  goût  pour 
l'argent ,  il  fut  généreux  à  l'égard 
do  mérite  infortuné.  Il  laifla  une 
partie  de  ifon  bien  à  un  favant 
appelé  Eujtache  Budget  ,  en  difant 
qu'il  vouloir-  imiter  Alexandre  le 
irand^  dont  rhéritagé  devoir  être 
pour  le  plus  digne  ;  Dttur  dlgnijjimo^ 
fÇttiw.  Cun.  )  Un  aftrologue  avôit 
tiré  ITiorofcope  de  Tlndall  en  1 711 , 
&  avoit  prédit  qu'il  feroit  mal  in- 
tentionné pour  la  religion»  Cette 
prophétie  lui  coûta  d'autant  moins,  - 
qbe  Tmdall  ne  cachoit  pas  fes  fen- 
kimens  en  converfation.  On  a  en- 
core de  Tlndall  2  vol.  in-4®  ,  de 
tlhAiarques  fur  VRlftotre  d'An^urre^ 
par'  Rapin  Tholras, 

I.  TINtO'RET,  (  Jacques 
)bbufti ,  £t  le  )  très-célebre  peintre 
Ital&ea ,  naquit  à  Venife  en  1 5 12 , 
&  (ut  nommé  le  Tmtoret  ,  parce 
que  fon  p^e  étoit  teinturier.  Il 
Tome  I^% 


TIN  i4Ç 

s'amiifeit  9  dans  fon  enfance ,  a 
crayonner  des  figures-,  fes  parent 
jugèrent  ,  par  tet  amufement,  des 
talens  que  la  nature  avoit  mis  ea 
lui ,  &  le  deftinerent  à  la  peinture* 
tt  Tlntoret  fe  propofa  dans  fes 
études ,  de  fuivre  Michd-Ange  pour 
le  defEn ,  &  TUlen  pour  le  coloris  : 
îl  d^'figno  di  Michel  Angelo  ,  il  colo" 
rlto  di  Thtàno^  Ce  plan  lui  (it  une 
manière  où  il  y  avpit  beaucoup  de 
noblcffe ,  de  liberté  &  d'agrément. 
Ce  maître  étoit  fort  attaché  à  fon 
art,  &  n'étoit  jamais  fi  fatisfait  que 
lorsqu'il  avoit  fes  pinceaux  à  la  ^ 
main,  jufque'^là  qu'il  propofoit 
de  faire  des  tableaux  pour  le  dé-^^ 
bourfé  de  (es  couleurs  ,  &  qu'il 
alloit  aider  gratuitement  les  autres 
peintres.  Le  Tlntoret  fut  employé 
par  lefénat^e  Venîfe,  préférable- 
ment  auH^ûn^  à  François  Salviati^ 
Ce  peintre  a  excellé  dans  les  gran« 
des  ordonnances.  Ses  touches  font 
hardies,  fon  coloris  eft  frais.  Il  a  ^ 
pour  l'ordinaire  »  réuffi  è  rendre 
les  carnatttyis  ,  &  il  a  parfaitement 
entendu  la  ^atique  dû  clair-obfcurw 
Il  mettoit  beaucoup  de  feu  dans  fes . 
idées.  La  plupart  de  {es  fujets  font 
bien  caradérifés.  Ses  attitude^  font 
quelquefois  un  grand  effet  ;  mais 
fouvent  aufli  elles  font  contraftées 
à  l'excès ,  &  même  extfevagantes^ 
Ses  figures  de  femmes  font  gra- 
cieufes ,  &  fes  têtes  defHnées  d'un  - 
grand  goût.  Sa  prodigieulc  facilité 
à  peindre- lui  a  £aiit  entreprendre  un 
grand  nombre  d'ouvrages ,  qui  tous 
ne  font  pas  également  bons  -,  ce  qui 
a  feit  dire  de  lui,  qu'//  avoit  trois'  " 
pinceaux  »  tm  d*»R  ,  un  d*ARGBNT  ^ 
&  un  de  FER,  Le  Tinioru  mourut 
en  1 594  >  à  *82  ans.  Il  fut  aimé  & 
eftimé  par  toutes  les  perfonnes 
recommandables  de  fon  temps.  On 
a  gravé  d'après  lui.  Ses  printipaux: 
ouvrages  font  à  Veniffe.  On  a  une 
Vie  du  TiNTORET  par  Rïdolfi,  »  » 
ri>>q[- Aretin. 


14^        T  I  NT 

H.  TINTORET ,  (  Dominique  ) 
ûls  du  précédent»  mort  à  Venife 
en  Ï657  ,  âgé  de  75  ans  ,  réufàf- 
ioit  dans  le  Portrait  -,  mais  il  étoit 
inférieur  à  fon  père  pour  les  grands 
lîijets.  >  ' 

III.  TINTORET ,  { Marie  )  fille 
du  célèbre  peintre  de  ce  nom ,  na- 
quit en  1560,  &  mourut  en  1590. 
Née  avec  de  grandes  diTpoiitiosis 


T  IP 

Mruît  &  d'un  citoyen  zé!é»  Vi- 
Giphanthie  ,  1760  ,  2  vol.  in  -  8®  ^ 
trad^iite  en  anglois  &  imprimée  à- 
'  Londres  en  176 1.  U  a  adonné  auffi^ 
une  nouvelle  édition  du  DUlion^ 
nain  de  FuretUre  ,  £ameux  par  les^ 
débats  qu'il  excita  autrefois  dans 
la  république  des  lettres.  Les  Ou-  . 
vrages.  de  cet  eitimable  auteur  .font 
écrits  d'un  ftyle  éléganr  &  facile , 


pour  la  peinture,  Marie  reçut  de    mais  c[uin'eil  point^empt  de  cet^ 
ibn  père ,  qui  Taimoit  tendrement,    enthouAaime  ââice  qu'on  a  repro- 


feous  les  fecours  qu'elle  pouvoit 
ééCirex.  Elle  réufTifibit  finguliére- 
ment  dans  Uf  porcrait,  &  fut  fort 
«mployée  dans  ce  genre  ;  mais  la 
mort  la  ravit  à  la  fleur  de  Ton  âge^ 
&  laîfla  Ton  père  &  Con  époux  in^ 
eonfolables  de  fa  perte.  Sa  touche 
efi- facile  &  gcacieufe  v  elle  faifiT- 
fbii  pai^tement  la  refembiance; 
fi>n  coloris  étoit  admirable.  Elle 
^ccelloitauffî  en  mufique.  OtiVap' 
porte  que  fon  père  la  faifoit  ha- 
liiller  dans  £on  bas  âge  engarçonr, 
pour  pouvoir  la  proniener  par- tout 
avec  lui». 
•tlPH AIGNE  DE  LÀ  Roche  » 


ché  à  quelques  philofophes  mo- 
dernes. 11  s'étoit  retiré  depuis  quel-^ 
ques  années  dans  fa  patrie  ,  &  il 
y  vécut  plus  pour  les  autres  que- 
pour  lui. 

TIPHAINE,  (  Claude  )  Jefuite  ^ 
né  a  Paris  en*  1^71»  enfeigna  la> 
philofophie  &  la  théologie  dans- 
fa  Société.  Ses  vertus  &  fa  capa- 
cité le  rendirent  digne  des  pre* 
mieres  places  de  fon  Ordre.  II  fiir. 
reâeur  des  collèges  de  Rheims  ,  de; 
Metz  ^  de  la  Flèche  &  Pont -à* 
Mouflon ,  &  provincial  de  la  pro* 
vince  de  Champagne.  Il  eft  çonniv 
par  quelques  Ouvrages  favans  :  l^ 


(  Charles^François  )  médecin  de  la    Aviniff^mtm  aux  Hérétiques  de  Mu^^ 
faculté  de  Caen ,  &  de  l-académie  '  IL  Declaratîo  &  Definfio  Scholafiia^ 


de  Rouen ,  éioit  nati£  de  Monte- 
bourg  ,  au  diocefe  de  Coutances  ^. 
êi  mourut  Tan  1774 ,  dans  la  53* 
année  de  fbn  âge«  ireonnoiflbit 
bien  fon  art ,  &  aux  lumières  du 
médecin ,  il  joignoit  les  agrémens 
iHin  littérateur  ingénieux  &  en- 


£hcirîn^SS*  Patrum  &  DcHorîs  An* 
gelic* ,  de  Hypofiafi ,  /m  Perfona ,  Ôçc»- 
à  Pont-à-MouiTon ,  1634  ,  in-4^-. 
IH.  Un  TrMté  De  Ordîtu ,  /«  de. 
Priori  &  Po/leriori  ^k  Rheims ,  1640^ 
in-4°.  Quoique  Jéfuite^  il  foute-', 
noit  le  fentiment  des  Tkomifies  fur 


îqué«  Il  pafla  une  partie  de  fa  vie    la  Graoe,  &  il  n'en  fut.  pas  moin^, 
dans  la  capitale  ,  où  il  publia  di-    cflimé  dans  fa  Compagnie,  qui  le 


vers  Ecrits.  Les  principaux  font: 
'  L  V  Amour  dévoilé  ou  U  Syflénu 
dùf  Sympathies  ^  17^1  ,  inTi2.  IL 
Anilée  ou  la.  Graine  d^hommes^  1 75  4, 
in- 12  :  critique  ingénieiife  clés  ridi^ 
çules  des  artiites ,  des  favans  &  des* 
hï{eur&  de  fyftêmes.  III.  Éigarrures 
^hilofopkîques ,  1759  ^^'ivol.  in-IO. 
IV.  EJf.nfur  PHifldire  économique  des- 
Mers  çccîdéntales  dt  Frmuc^  1760  , 
m-S^  :.  ouvrage  d'un;  natucâUfle 


pçrdit  en  1641.  Il  mourut  à  Sens  » 
avec  la  réputation  d'un^  homme 
plein  de  piété  &  de  douceur.    , 
TIPHERNAS,  roy.TifERNAS^ 
TIPHYS ,  fils  de  Phorbas  &  d'^^- 
mane ,  fut  le  pilote  du  vaifTeau  ap» 
pelé  Ar^ ,  qui  cooduifit  les  Argo- 
nautes à  la  conquête  de  la  Tbiibn; 
d'or  en  Colchide.  Tous  les  ppë^s. 
ont  chanté  fon  habileté. 
TIJPOT ,  Voy^  TïROTV 


înfAQUEAU,  (  André)  Ueùtë- 
fcant  civil  de  îototenai-le-Comte 
h  patrie,  devint  confeiller  au  par- 
lement de  Bordeaux  ^  ptiis  enBn, 
au  parlement  de  Paris.  Il  travailla 
avec  zcle  à  purger  le  barreau  des 
chicanes  qui  s'y  étoi<*nt  idiroduites  > 
&  adminidra  la  juftice  avec  une 
intégrité  peu  commune.  François  l 
&  Henri  11  fe  fervirent  de  lui  dans 
plufieurs  alSair^  très-intérefTantes; 
Ses  occupations  ne  Tempêcherent 
^oint  de  donner  au  public  un  grand 
toombte  de  favans  Ouvrages.  11  eut 
20  eo&ns  félon  les  uns ,  &  3c  félon 
d'auffes  ;  &  Ton  difoit  de  lui  ''  qu'il 
*  donnoit  tous  lès  ans  à  l'Etat  un 
^  Enfant  tf.  un  Livre  u.  Il  mourut 
dans  un  âge  très-avancé ,  en  15  58 , 
après  avoir  honoré  fa  patrie  ôcfonr 
état.  Ses  Ouvrages  forment  5  vol. 
in-folio  ,  1574.  On  a  de  lui  :  I. 
Un   Traité  des    Prérogatives    de   la 
Nobiejfe,  1543  ,  in-folio.  M,  Un 
autre  du  Retrait  iignager.  .111.   Des 
Commentaires    fur    Aiexander    ah 
Alexandro^  Leyde  ^  1673  ,   1  vol. 
in-folio.  iV.  Un  Traité  des  Lois  du 
Mariage  •  15IJ  *  in-4**i  &  plufieurs 
autres  Livres  ]  dont  le  chancelier 
de  C Hôpital ,  fon  ami  i  faifoit  cas* 
On  lui   fit  cette  Epitaphe.   ;  Hic 
jacei  qui  ^  aquam  bibeiido  ,  vlgînti  U- 
héros  fufeeplt  ,  vlgînti  liberos  edtdlt. 
Si  meruin  bîbîffei^  iotum  orbem   im^ 
fleffet. 

9»  TirÀquetoi^  fécond  à  produire  ^ 
^  A  mis  au  monde  trente  Fils , 
9i  Tiraqueau ,  fécond  à  bien  dire  , 
*♦  A  fait  pareil  nombre  d'Écrits. 
H  S'il  n'eût  point  noyé  dans  les  tiu% 
>>  Une  femefkce  fi  féconde  , 
^11  eût  enfin  rempli  te  monde 
«De  Livres  &  de  Tiraqueaux  ««. 

TI^EST  AS ,  fameux  devin  <ie  la 
ville  de  Thebcs ,  vîvoit  avant  le 
fiége  deTroye  &  étoit  fils  d*£vére 
&  de  la  Nymphe  Çharlclo,  Ayant 
iin  Jour  va  deux  ferpex»  a^ouplés 


fur  lô  niont  Gtheroii ,  il  tuâ  lâ 
femelle ,  5c  fut  fur  le  champ  méta- 
morphofé'en  femme.  Sept  ans  après  « 
il  trouva  deux  autres  ferpens  de 
même  ,  tua  le  mâle  ,  &  redevint 
homme  auiE-lÉt.  Jupiter  &  Junon 
difputant  un  jour  fur  les  avantages 
de  l'homme  &  de  la  femme ,  prirené 
Tirefias  pour  juge  ^  qui  décida  en 
faveur  des  hommes  -,  mais  il  ajouta 
que  les  femmes  étoient  cependant 
plus  fenfiblës.  Jupiter  ^  par  rédon-» 
nolffartce^  lui  donna  la  faculté  dtf 
lire  dans  l'avenir.  Ce  devin  ayan^ 
un  jour  regardé  Pallas  pendant 
qu'elle  s'habilloit ,  devint  aveugle 
fur  le  champ.  Son  hiftoire  fabu-' 
leùfe  eft  détaillée  avec  élégance 
dans  le  Poëme  dé  Narcljfe  ,par 
Malfillâtre,,,  Strabon  rapporte  que  '^ 
le  Sépulchre  de  Tirefias  étoit  au- 
près de  la  fontaine  de  ïi^hufe  * 
oà  il  mourut  fort  âgé  <  fuyant  dd 
Thebes  ,  ville  de  Béotien  On  le 
regardoit  comme  l'inventeur  desi 
Aufpices  i  &  oh  l'honora  comme 
lin  Dieu  à  Orcomene  ,  où  foii 
oracle  avoxt  beaucoup  de  célc* 
brité.  ♦ 

TlRIDAtE ,  roi  d'Arménie ,  Ce 
révolta  contre  Phraaie  ,  &  s'em- 
para du  royaume  àes  Parthes.  Mais 
craignant  l'armée  formidable  que 
Phraaie  leva  contre  lui ,  il  implora 
la  proteftion  A*Auguh  ^  &  fé  ré- 
fugia auprès  dé  cet  empereur.. 

TIR  IN,  (  Jacques)  Jféfuite 
d'Anvers  ,  entra  dans  la  Société 
en  1580  i  &  mourut  en  1636  , 
dàiis  un  âge  avancé.  U  travailla 
avec  beaucoup  de  zèle  dans  les 
miffions  de  Hollande.  Il  eft  prin- 
cipalement connu  par  un  Comment  • 
taire  latin  fiir  toute  la  Bible,  dans 
lecjuel  il  a  recueilli  ce  qu'il  a 
trouvé  de  meilleur  dans  Ut  autres 
interprètes.  Ce  G)mmentaire  forme 
2  vol.  in-folio.  II  eft  plus  étendu, 
que  celui  de  Mcnochius ,  &  quoi- 
que moins  efiimé ,  il  eô  tjKile  à 

Kij 


/ 


148      T  i  R 

Ceux  qui,  fans  s'attacher  aux  va- 
"riantes  ,  veulent  feulement  enten- 
dre le  fens  du  texte  ,  tel  qu'il  a  été 
explique  par  les  Pères  &  les  Com- 
mentateurs* 

TIRON ,  (  TulUuj  Tiro  )  affran-' 
chi  de  Clcéron ,  m*tta  l'amitié  de 
ion  maître  par  fes  excellentes  qua- 
lités. Il  nous  refte  plufîeurs  Lenres 
de  cet  orateur  »  où  il  fait  bien  voir 
rinquictude  dans  laquelle  le  met- 
•  toit  la  fanté  de  Tîron ,  qu'il  avoit 
laiffé  malade  à  ParriV,  ville  d'A- 
cfiaïe  ',  combien  il  ménageoit  peu 
la  dépenfe  pour  "lui  ^  &  avec  quel 
:tele  il  le  recommandoit  à  fes  amis. 
«  Je  vois  avec  plaifir  (-écrit-il  à 
"  Attlcus  )  que  vous  vous  inté- 
>♦  reffez  à  ce  qui  regarde  Tîron, 
Vf  Qaoiqu'il  me  rende  toutes  fortes 
>v  de  fervices  &  en  grand  nombre, 
»'  )e  It^  fouUaite  néanmoins  une 
»»  prompte  convalefcence  ,  plutôt 
<'  à  caufe  de  fon  bon  naturel  & 
"  de  fa  modeiUe  ,  qu'à  caufe  des 
M  avantages  qu'il  me  procure  w. 
Il  inventa  chez  les  Latins  la  ma- 
nière d'écrire  en  abrégé.  Il  pafle 
pour  le  premier  auteur  de  ces  ca- 
ractères que  les  Romains  appel  oient 
Notci^  par  le  moyen  defquels  on 
ëcrivoit  auffi  vite  qu'on  parloit. 
Ceux  qui  écrivoient  de  cette  ma- 
nière s'appeloient  Notûrll ,  d'où' 
nous  eft  venu  le  nom  de  Notaires, 
Tiron  avoit  aufli  compofe*la  Vie 
de  Clcdron^  dont  îl  étoit  le  confi- 
dent &  le  confeil  ,  &  plufieurs 
autres  Ouvrages  qui  ne  font  point 
parvenus  jufqu'à  nous.  Pour  faire 
connaître  l'art  d'écrire  en  notes  , 
l'abbé  CarpentUr  »  de  l'académie  des 
Infcriptions  y  nous  a  donné  d'an- 
ciens Monumens  écrits  fuivant 
cette  méthode  ,  auxquels  il  a  joint 
fes  Remarques  &  un  Alphabet,  fous 
ce  titre  :  Alphahuum  TlronUnum  ,  feu 
Notas  Tironis  cxpUcandl  Mcthodus  : 
cum  plur'ibus  notis  ad  Hlfi^rl^m  & 
JufifdicHoncm  tant  eceUfiaJùcam  tùm 


TIS      .. 

civlUm  ptnîntndbus  ,  Paris  ,  1747  ^ 
in-folio.  [  Voye^  R'ÂMSAi ,  n°  x.  J 
Martial  parle  de  l'art  d'écrire  ea 
notes ,  dans  ce  diftiqué  énergique 
ù  cotuiu  :  Carrant  verba  ,  &c.  dont 
voici  une  foible  imitation  : 

Je  r!s  ,  tnjh  conteur^  de  èa  foug^à 

cmprcffde  ; 
Ta    langue  eft  mg^urdU  ,  &  mes 

doigts  fans  effort 
Devancent  en  jouant  ta  voix  em-* 

harraffét  : 
Elle  a  beau  fê  hâter  ;  plus  vive  e» 

fon  ejfor^ 
Ma  main  vole',  &  tandis  que  tA 

voix  bronehe  encor  ^ 
Ma  plume  prévoyanu  a  tracé  ma 

peafée^ 

TISIPHONE  ,  l'une  des  trois 
Furies ,  dont  le  nom  fignifîe  K^nge" 
reffe  de  Chomlclde  ,  avoit  une  voix 
de  tonnerre  qui  faifoit  trembler  le& 
fcélér^.  Elle  étoit  portière  du 
Tartare.  Voyei  Eumenidbs. 

TISSAPHERNE  ,  {Tlffaphetjfes ) 
un  des  principaux  fatrapes  de  Perfc 
du  temps  àArtaxcrces  Mnemon  ^ 
commandoit  dans  l'armée  de  ce 
prince ,  quand  Cyrus  ,  frère  d^Arta* 
xerces ,  lui  livra  bataille  à  Gunaxa. 
Il  eut  l'honneur  de  la  viûoire  ;  fon 
maître  lui  donna  le  gouvernement 
de  roussies  pays  dont  Cyrus  étoit 
auparavant  gouverneur  ,  &  lâ  fille 
en  mariage.  Sa  faveur  ne  dura  pas« 
Tijfaphemc  ayant  été  battu  par  Agi" 
filas  ,  général  des  Lacédémoniens 
dans  la  guerre  d'Afie ,  encourut  la 
difgrace  à' Àrtaxercès  ^  excité  contre 
lui  par  fa  mère  Parifatis ,  &  fut  tué 
par  ordre  de  ce  prince  à  Colofie  ea 
Phrygie.  Vuyei^  Clearque. 

TISSARD  ,  (  Pierre  )  prêtre  de 
l'Oratoire  ,  né  à  Paris  en  1666  y 
mort  dans  cette  ville  en  1740, 
enfeigna  les  humanités  &  la  théo- 
logie. On  a  de  lui  plufîeurs  Fïeces 
de  vers  f  les  unes  en  latin  &  les 
autres  en  françois  »  Se  .quelques 


T  IS 

Ecnts  anonymes  fur  les  contcfta- 
tions  qui  agicoi^nt  l'Eglife. 

TISSERAND,  (Jean)  religieux 
Cordelier  de  Paris ,  fe  fit  un  nom 
vers  la  fin  du  xv*  fiecle  par 
fon  talent  pour  la  chaire ,  &  par 
foa  zèle  pour  le  falut  des  âmes. 
»  Après  avoir  vivement  touché 
"  les  cœurs  l«s  plus  endurcis  (  dit 

*  le  continuateur  de  Flcury  )  & 
•'  converti  par  fes  Sermons  plu- 
H  fieurs  filles  &  femmes  d'une  vie 
"  déréglée  ,  il  établit  l'Inftitut  des 
»»  filles  Pénitentes ,  en  Thonneur  de 
>»  Su,  MagdeUlhe  ,  pour  retirer 
>»  celles  à  <ïui  Dieu  feroit  la  grâce 
"  de  quitter  le  péché.  Il  s'en  trouva 
«  d'abord  plus  de  loo.  Le  nombre 
»  s'en  accrut  extraordinairement 
»  en  peu  de  temps  ;  en  forte  qu'on 
M  iut  obligé  de  (buffiir  que  les  plus 
»•  fages  allaflent  faire  la  quête  par 
»  la  ville ,  Jufqu'à  ce  qu'elles  euf- 
»  fent  un  établiffement  folide  :  te 

*  qui  n'arriva  c(B'en  1500.  Le  duc 
»  d^ Orléans  ,  depuis  roi  de  France 
*t  fous  le  nom  de  Louis  XII ,  leur 
»  donna  pour  lors  fon  palais ,  fitué 
V  près  de  l'églife  Saint-Euftache , 
*♦  pour  -en  faire  un  Monaftere. 
»»  Simon ,  évèque  de  Paris  ,  leur 
N^  drefifa  dès  Statuts  &  les  mit  fous 
»»  la  règle  de  Saint- Auguftin.  On 
»  les  obligea,  eii  1550,  de  garder 
I»  la  clôture  -,  &  en  1572  ,  elles 
*>  furent  transférées  dans  l'ancien- 
»♦  ne  égUfe  de  Saint  -  Magloire  , 
H  qu'elles  occupent  encore  à  pré- 
»  fent  «.        ^ 

■  TITAN  ^  fils  du  Oel  &  de  Fe/la  : 
l  Voyâi  Saturne..  ]  Ses  enfens 
étoient  des  Géans  qu'on  appeloit 
auflî  Titans ,  du  nom  de  leur  père. 
Ils  efcaladerent  le  ciel  &  voulu- 
tent  déorôner  Jwpiter.  Voyei  ce 
mot. 

i.  TITE,  difcipîe  de  5.  Paul, 
Grec  &  Gentil ,  fut  converti  par 
cet  apôtre ,  à  qui.il  fetvit  de  fecré- 
tùre  &  d'incerprece**  U  le  mena 


T  I  T  Ï49 

avec  lui  au  concile  de  Jérufalem , 
&  l'Apôtre  ne  voulut  point  que 
Tite  fe  fit  circoncire  ,  pour  mar- 
quer que  la  Circoncifion  n'ctoit 
point  nécefTaire ,  quoique  dans  la 
fuite  il  fit  circoncire  Timothéc ,  en 
l'envoyant  à  Jérufalfem  ,  parce  que 
les  Juifs  l'auroient  regardé  ,  fans 
cette  précaution ,  comme  impur  Se 
corama  profane.  S,  Paul  l'envoya 
depuis  à  Corinthe  pour  calmer 
les  difputes  qui  partageoient  cette 
Eglife  *,  &  Tite  aUa  enfuite  le 
joindre  en  Macédoine,  pour  lui 
rendre  compte  de  fa  négociation. 
Peu  après  il  porta  aux  Corinthiens 
Ja  2*^  Lettre  que  S,  Paul  leur  adref- 
foit  i  &  vers  l'an  63  de  J.  C.  , 
l'Apôtre  l'ayant  établi  cvêque  de 
l'ifle  de  Cifete ,  il  lui  écrivit  l'année 
fui  vante ,  de  Macédoine,  une  Lettre 
dans  laquelle  il  expOfe  les  devoirs 
du  miniftere  facré.  Cette  lettre  qui 
eft  la  règle  de  la  conduite  des  évê- 
ques  ,  peut  être  regardée  comme 
'le  tableau  de  la  Vie  de  5.  Tite , 
dont  la  plupart  des'  actions  nous 
font  inconnues.  Mais  il  efi.à  croiro 
que ,  difcipîe  de  5,  Paul  y  il  obfèrva 
à  la  lettre  tout  ce  que  cet  Apôtre 
lui  avoit  prefcrit.  Tite  mourut  dans 
l'ifle  dç  Crète  ,  fort  âgé.  , 

II.  TiTE  ,  auteur  eccléfidfiique 
du  iv**  fiecle,  après  avoir  pafle  par 
tous  les  degrés  -  de  la  hiérarchie  y  . 
s'éleva  par  fon  mérité  à  l'évêché 
de  Boftre  dans  l'Arabie.  La  Bîblio^ 
thique  dés  Pères  nous  offre  de  cet 
auteur  ,  un  Traité  tontre' les  Manl-- 
chéens  ;  il  fait  honneur  à  fon  zèle. 

m.  TITE ,  (  Titus  Vefpafianus  ) 
n^  le  30  Décembce,  lan  40  de 
Jeftis-Chrift  ,  étoit  fils  de  Fe/pufien 
fon  prédécefTeur ,  &  de  Flavla  Do^ 
mîtîlla,  U  fervit  avec  diftindlion 
fous  fon  père ,  qui ,  ayant  été  re-  ^ 
connu  empereur  l'an  ^  de  J.  C. ,' 
renvoya  continuer  le  fiégé  de  Jé- 
rufalem ,  dont  il  '  n'avoit  pu  fe 
reâdre  maître.  La   pâque  appro- 

Kiij 


15©        TIT 

i:hoit,  &  un  peuple  innombrable  s^y 
(étoit  rendu  pour  cette  folennité. 
Le  peu  de  vivres  qu'il  y  avoir  dans 
la  ville  fur  bientôt  confommé^ 
&  quoique  la  famine  augmentât 
^ous  Ijes  jours,  de  faux  prophètes 
apoûés  par  les  chefs  des  féditieux 
qui  gouvemoient  les  âijiégés ,  leur 
annonçoient  une  prompte  délir 
vrance.  Leur  obftination  croiiToit 
^vec  leur  mifere  qui  étoit  extrême^ 
On  vit  une  mère  manger  fon  propre 
^Is.  T^tus  ayant  appris  cette  hor?> 
ireur ,  n'en  fut  que  plus  ardent  à 
pourfuivre  le  liège.  Après  de  longs 
travaux  &  de  vives  attaques ,  les 
Jlomains  s'étoient  emparés  de  tous 
les  poftes  ,  &  il  ne  reçoit  aux  Juifs 
que  le  temple  &  la  ville  haute^ 
fUus  maître  de  la  première  enceinte 
du  Temple ,  fut  forcé  de  mettre  le 
feu  aux  portes  de  la  féconde.  Il 
vouloit  çonferver  le  corps  de  ce 
iuperbe  édifice  9  mais  dans  un 
^fîaut  qu'il  y  donna ,  un  foldat  en 
^reur  jeta  dans  le  Temple  même  * 
quelques  pièces  de  bois  enfiam.- 
mées.  Le  feu  gagna  de  tous  côtés ,  Sç 
tous  les  bâdmensiurent  réduits  en 
fcendres  le  10  Août  de  Tan  70.  Totif 
pe  qui  Ce  trouva  fous  la  main  du 
vainqueur  fut  mafTacré  fans  diûinç- 
rion  d'âge,  de  ifexe  ou  de  condi- 
tion. Ceux  qui  étoient  échappés 
au  carnagjc  gagnèrent  le  Mont  de 
Sion ,  &  y  furetir  maâapré^  le  S  Sep- 
tembre de  la.  même  au^^ée.  .Tîius 
£t. mettre  le  feii  dans^  toutes  les 
parties  de  la  ville ,  acheva  de  faire 
abattre  ce  qui  reftoit  du  temple 
j8c  y  fit  palier  la  charrue.  Jofephc 
fait  monter  ji^fqu^a  1300  mille  les 
Juifs  qui  périrent  dans  cène  guerre , 
foit  par  le  fer,  :f oit  par  la  pefte  , 
fqii  par  la  famipç.  T.um  de  re-r 
tour  à  Rome  «.triompha 4e  la  Judée 
?vec  VffpajUif,  gin^n  &  Uan ,  chefs 
gles  féditieux,  qu'on  avoit trouvés 
cachés  dansun  égput,  ornèrent  le 


T  I  T 

elpaux  «captifs.  On  y  pot  ta  avec 
pompe  la  table ,  le  chandelier  d'o« 
à  fept  branches ,  le  livre  de  la  loi 
&  les  rideaux  de  pourpre  du  fanç-» 
tuaire.  L'arc  de  triomphe  élevé 
pour  conferver  la  mémoire  de  ce 
grand  événement ,  fubfiile  encore  » 
&  l'on  y  voit  en  bas  relief  la  table 
^  le  chandelier.  On  frappa  au^ 
àes  médailles  de  yefpafitn  &  de 
T'uus ,  où  l'on  vpit  imè  femme  affile 
au  pied  d'un  palmier»  couverte  d'un 
long  manteau,  la  tête  penchée  âç  f 
appuyée  fur  fa  main ,  avec  cette  inf-p 
çription  :  La  Judct  Conqmft.  Tltuf 
s'étant  autant  fait  côimer  des  Ro^ 
mains  par  fa  valeur  que  par  fou 
efprit ,  obtint  le  fcepire  impérial 
le  14  Juin  de  l'an  79  de  J.  C^ 
(  Voyt^  encore  quelques  détails  fuv 
la  guerre  de  Judée ,  à  l'article  vi. 
Joseph.  )  Ses  mœurs  avoient  été 
iufqu'alors  peu  réglées.  Sa  maifon  ^ 
tant  que  vécut  Vefpaficn  ,  étpit 
compofée ,  en  gvande  partie^  de 
pantomi^nes  ;  d'eunuques  &  d'une 
troupe  de  jeunes  efclaves ,  dont  une 
plume  chaire  n'ofe  exprimer  la  def» 
lination.  Ses  amours  pour  Bérénice  ^  i 
célébrées  par  le  plus  élégant  de  no% 
poëtes  tragiques ,  font  connues  de 
tout  le  monde  parmi  nous.  Cefl 
cette  paflîon  fi  impérieufe  qull 
eut  la  gloire  de  domp^r.  Un  de% 
premiers  ufages  qu'il  fit  de^l'auto» 
rite  fouveraine  ,  fut  de  renvoyé? 
Bérénice  j  qu'il  aimoit  &  dont  il 
étoit  aimé.  On  avoit  encore  blâmé 
la  profufion  de  fes  repas  ,  qu'il 
pouffoit  fouvent  jufqu'à  minuif 
avec  des  amis  de  table .&  de  bontie 
çhere  :  il  étendit  fa  refonte  fur  c^ 
point ,  comme,  ûir  les.  autres  :  if 
voulut  que  .  la  gaieté^  la  liberté 
régnafîçut  dans.  /es.  lepas  ^  mais 
fans  aucune  forte  d'excès  -,  &  1^ 
vertu  feulé  donn^  droit  à  fon  amitié, 
Enfin ,  quelques-uns  l'avoient  tax^ 
d'avidité  pour  l'argent,  &  Suétone 


J 


TIT 

4Uns  les  fôrdides  trafics  qu  exerçolt 
ion  père.  Mais  lorfqu'il  fut  le  maître , 

'  41  ef&ça  entièrement  cette  tache 
par  des  procédés  non-feulemeat 
«>iempts  de  toute  in] uûe  exaction , 
«nais  généreux  &  magniftqueV.  Tel 
«il  le  changement  que  la  fouve- 
faine  puifTance  opéra  dans  TUe,  Il 
Xe  perîuada  que  >«  la  première  place 
reftreignoit  fa  liberté  ,  &  qu'à  me- 

\  iure  qu'il  pouvoit  plus,  moins  de 
4:hofe$  lui  étoient  permifes  «.  C'eft 
ce  qu'il  répondit  à  un  l^omme 
étonne  de  ce  qu'il  lui  refufoit  ce 
^u'il  avoit  follicité  en  fa  faveur 
auprès  de  Vefpafien,.  »  Il  y  a  h'un. 
ée  la  différence ,  }ui  dit-il ,  entre  folll' 
<iur  un  autre  ,  ou  juger  fol-méfae  ; 
tntre  appuyer  une  demande  »  ou.  avoir 
À  l'accijrder  «.  Cependant  l'un  des 
premiers  aâes  publics  qu'on  vit 
de  lui,  fut  une  confirmation  des 
gratifications  &  des  privilèges  ac- 
cordés au  peuple  par  les  autres  em- 
pereurs. Sa  haine  pour  la  calomnie 
le  rendit  très-rigoureux  à  l'égard 
des  Délateurs.  Il  condamna  tous 
ces  accufateurs  de  profeffîon  à  être 
fufiigés  dans  la  principale  des  places 
publiques ,  à  être  traînés  de  là  de- 
vant les  théâtres ,  &  enfin  à  êwe  ~ 
vendus  comme  efclaves,  &  relégués 
dans  des  ifles  défertes.  Pour  remé- 
dier plus  efficacement  que  Ton  père 
n'avoit  fait,  à  la  corruption  des 
Juges  &  à  la  longueur  dés  procé- 
dures ,  il  ordonna  qu'une  même 
caufe  ne  feroît  jugée  qu'une  fois  , 
&  qu'il  ne  feroit  plus  permis ,  après 
un  nombre  d'années  déterminé ,  de 
plaider  pour  les  fucceffiens.  Il  eut , 
comme  Vefpafiea ,  un  foin  particu- 
lier de  réparer  les  anciens  édifices , 
ou  d'en  conflruire  de  nouveaux. 
Après  la  dédicace  du  fameux  Am- 
phithéâtre bâti  par  fon  père ,.  il  fit 
achever  «  avec  une  incroyable  dili« 
gence ,  tes  Bains  qui  étoient  auprès. 
11  donna  de  magnifiques  fpeâacles  y 
catrç  autres  un  c^iubat  n^vdl  dan» 


TÏT         151 

r^ncienne  Kaum^hie.  Cinq  mille 
bêtes  fauvages  furent  employées  ea 
un  feul  jour  à  divertir  le  peuple 
qu'il  confultott  toujours  avant  qufe 
de  lui  donner  i^ne  fête.  Sa  po- 
pularité étoit  telle,  qu'il  voulut 
que  ceux  qui  tenoîent  quelque 
rang  parmi  le  peuple ,  pufient  venir 
à  CCS  Bains  ,  &  s'y  trouver  en 
même  temps  que  lui.  Il  étoit  fi  porté 
à  fétt  du  bien  en  tout  temps ,  quft 
s'étant  fouveiui  un  jour  •  qu'il  ne 
s'étoit  rencontré  aucune  occafiofl 
pour  lui  d'obliger  quelqu'un  dans 
la  journée  «  il  dit  ce  beau  mot  A 
connu  :  Mes  amîs ,  voilà  un  jour  qut 
fai  perdu  /..*  S'il  avoit  fujet  de  fe 
plaindre  de  quelqu'un  ,  il  étoit' 
toujours  en  garde  contre  les  accu- 
fations  intentées  fur  cette  même 
perfonne,  lorfqu 'elles  avoienc  rap- 
port à  lui  :  Sljz.  ne  fais  rleiii  difoit- 
il ,  qui  fùîi  digfie  de  repréhenfion ,  pour* 
quoi  la  calomnie  me , mettrait-elle  eà 
Colère  ?„  Tue  ne  fe  fervit  jamais 
de  fon  autorité  pour  faire  mourir 
aucun  de  fes  fujets.  Il  ne  fe  fouilla 
point  de  leur  '  fang  ,  quoiqu'il  ne 
manquât  pas  de  juûes  fujets  de  v'èn- 
geance.  Il  affuroit,  qu'<7  aimeroit  , 
mieux  périr  lui-même ,  que  de  caufer 
la  pertù  d'un  homme,  Deux  féaateurs 
ayant  confpiré  contre  lui ,  &  nef 
pouvant  àier  le  ctime  dont  ils 
étoient  accufés ,  il  les  avertit  de  re^ 
n^ncerà  leur  defTcin^  leur  promit 
de  leur  accorder  tout  ce  qu'ils  ^q« 
haiteroient,  envoya  fur  le  champi 
içs  courriers  à  là  niere  de  Tûn  « 
pour  la  tirer  d'inquiétude  &  lui 
annoncer  que  fon  fils  vivoit.  11  les  \ 
admit  tous  deux  à  fa  ùble  ,  le  foir 
même  de  la  découverte  de  Icurabo* 
minable  complot.  Le  lendemain  il- 
les  plaça  auprès  de  lut  à  un  com- 
bat de  gladiateurs ,  &  leur  demander 
publiquement  leur  fentiment  fur  le 
choix  des  épées ,  lorfqu'on  les  lui 
apporta ,  félon  la  coutume ,  avant 
que  de  commencer.  (  On  attribue  U9 

Kiv 


i^î        T  I  T 

pareil  trait  de  clémence  à  Tempe- 
reur  Ncrva,  )  Il  tint  à  peu  près  la 
même  conduite  envers  DomltUn , 
fon  frère ,  qui  excitoit  les  légions 
à  la  révolte.  Sous  le  règne  de  ce 
bon  prince  ,  l'empire  fut  expofé  à 
plufieufs  calamités.  La  première 
îiit  lembrafement  de  la  plupart  des 
villes  de  la  Campanie  par  les 
éruptions  du  Mont-Véfuve  -,  la  fé- 
conde ,  Pincendie  de  Rome  *,  la 
demiete  enfin ,  ime  pefte  qui  em- 
porta iufqu'à  mille  perfonnes  en 
un  jour.  Durant  tous  ces  malheurs, 
Tite  fe  comporta  comme  un  prince 
généreux  &  comme  un  père  tendre  ; 
lï  vendit  les  ornement  dé  ion  pa- 
lais ,  pour  ÊEiire  rebâtir  les  édifices 
publics.  Rome  ne  jouit  pas  long- 
temps dé  fon  bienfaiteur.  Tiu ,  fe 
ientant  malade  ,  fe  retira  au  pays 
des  Sabins  ;  mais  il  fut  Curprls  >  en 
y  allant ,  d'une  fièvre  violente. 
Alors  levant  fes  yeux  '  languifTans 
au  Ciel ,  il  fe  plaignit  de  mourir  dans. 
un  âge  fi  peu  avancé ,  lui  qui  ne 
puifToit  de  la  vie  que  pour  faire 
du  bien.  Il  expira  le  13  Septembre , 
Tan  81  de  Jefus-Chrift ,  âgé  de  4I 
ans ,  après  un  règne  de  deux  ans  , 
2  mois  &  ao  jours.  On  dit  que  , 
lorfque  fon  frère  DomltUn  le  vit  à 
l'agonie ,  il  le  fit  mettre  dans  une 
cuve  pleine  de  neige  fous  pré- 
texte de  le  rafraîchir  i  il  y  rendit  le 
dernier  foupir.  L'idée  attachée  au 
nom  dç  Tlu  efl  fupérieure  a  tous 
les  éloges. 

TITE  LIVE-,  {Tim-Livîus)  de 
Padoue  ,  &  fuivant  d'autres  d'A- 
pone*  pafTa  une  parde  de  fa  vie, 
tantôt  à  Naples,  tantôt  à  Rome» 
où  Augufte  lui  fit  un  accueil  très- 
gracienx.  Il  eu  un  de  ces  auteurs. 
qui  ont  rendn  leur  nom.  immortel , 
mais^dont  la  vie  6c  les  a^ons  font 
pçu  connues.  Tue- Llve  mourut  à 
Padoue  ,  après  la  mort  d*Juguftt , 
le  même  jour  qu* Ovide  ,  l'an  17 
de  J.  C.  »  la  4*^  année  du  règne  de 


T  I  T 

Tthere.  Il  eut  un  fils  ,  auquel  iT 
écrivit  une  Lettre  fur  l'éducatioa 
&  les  études  de  la  jeuneiTe  »  dont  • 
QuintUen  fait  une  mention  hono-  , 
rable.  La  perte  doit  en  être  bien 
regrettée.  C'eft  dans  cette  Lettre  v 
ou  plutôt  dans  ce  petit  Traité  » 
qu'au  fujet  des  auteurs  dont  on 
doit  confeiller  la  leâure  aux  jeunes 
gens  ,  il  .difoit  qu'ils  doivent  lire 
Démofthene  &  Clcéron  ;  puis  ceux  qui 
reflembleront  davantage  à  ces  deux 
excellens  orateurs.  11  parloit  dans  1^ 
même  Lettre  d'un  maître  de  rhéto»- 
rique ,  qui  étoit  mécontent  des  comn 
portions  de  fes  difciples  ,  lorf- 
qu'elles  étoient  intelligibles  ,  6c  les 
leur  faifoit  retoucher  pQur  y  jetei^ 
de  l'obfcurité  »  &  quand  ils  les  rap- 
portoiçnt  dans  cet  état  :  Voilà  qui  ^ 
eft  h'un  mleujf  maintenant ,  difoit-il  ^ 
jfe  n*y  ^ntmds  rUn  mol-même.  Croi- 
roit-on  (  dit  RoUîn  )  un  pareil  tra- 
vers d'efprit  pofTible  ?  Tltz-Uvc 
avoit  compofé  aufli  quelques  Traitée 
phiiofophiques  y  &  des  Dialogues: 
mêlés  de  philofophie.    Mais  fon  | 

principal  Ouvrage  eft  VHîfiolie  Ro*  j 

màlne ,  qui  commence  à  la  fonda- 
tion de  Rome  ,  &  qui  finifToit  à 
la  iport.'de  Dmfus  en  Allemagne  ^ 
Hîffoire  qui  l'a  fait  mettre  au  pre-. 
mier  rang  des  grands  écrivains.  On 
rapporte  qu'un  Efpàgnol ,  après  la. 
letïure  de  cette  Hifloire ,  vint  ex- 
près de  fon  pays  à  Rome  pour 
en  voir  l'auteur  ,'  &  qu'après  s'être  \ 

enti:etenu  avec  lui  »,  il  s'en  retourna 
fans  faire  attention  aux  beautés  d^ 
cette  capitale  du  monde.  Cet  011- 
vrage  renfermoit  140  livres ,  dont, 
il  ne  nous  refte  que  3  5  >  .encore, 
ne  font-Us  pas  d'une  même  fuite.. 
Ce  n  eft  pas  la  4®  partie  de  fon  Hif-s 
toire.  Jean  Frelnshemim  a  tâché  de, 
çonfoler  le  public  de  cette  perte,, 
&  il  y  a  réufli ,  autant  que  la  chofe, 
étoit  poftible.  Il  règne  dans  toutes. - 
les  parties  de  l'Ouvrage  de  TUe^,  • 
iifc, un€'é%aQçc Qpçtij^xuc, U  «fc. 


T  I  T 

celle  également  dans  «les  récits» 
.  les  defcriptions  &  les  harangues. 
Le  ftyle  ,  quoique  varié  a  l*infiiii , 
fe  foutient  toujours  également  : 
£mple  r^ns  baàeiTc  ,  orné  fans 
afFeâation  ,  noble  fans  -  enflure  » 
étendu  au  ferré  ^  plein  de  douceur 
&  de  force ,  félon  l'exigence  des 
inaneresj  mais  toujours  clair  & 
îûteiligible.  «  On^reproche  cepen* 
"  dant ,  (  dit  l'abbé  des  Fontaines  ) 
•«  qudques  défauts  à  Tiu  -  Live. 
»»  Le  premier ,  c'eft  de  $*être  lailTé 
^  trop  éblouir  de  la  grandeur  de 
^  Rome ,  maîtrefle  de  l'Univers. 
»»  Parle-t-il  de  cette  ville  encore 
"  naiilante-:  il  la  fait  la  capitale 
**  d'un  grsnd  empire,  bâtie  pour 
*'  l'éternité,  &  dont  TagrandiiTe- 
"  ment  n'a  point  de  bornes.  11 
*'  tombe  quelquefois  dans  de  petites^ 
*  contradiâions  ; .  &  ce  qui  eft 
**  moins  pardonnable,  ilometfou« 
»  vent  des  faits  célèbres  &  im-» 
»  portans  i<.  On  lui  a  reproché 
encore  d*avoir  employé  quelques 
apreilions  provinciales  dans  fon 
Hiîloire,  Mais  Plgnorlus  croit  que 
cette  Pa$avînUé  dont  on  a  tant  parlé , 
regardoit  feulement  l'orthographe 
de  certains  mots, '^ où  Tlu-llve  ^ 
comme  Padopan  ,  employoit  une 
lettre  pour  une  autre,  à  la  mode 
de  fon  pays ,  écrivant  Slbe  &  Quafy 
pour  Sibi  &  Quafi,  Quelques-uns 
penfent  qu'elle  confîflok  iimple- 
inent  dans  la  irépétition  de  plu- 
iieurs  fynonymes  en  une  même 
période  \  redondance  de  %le  qui 
déplaifoit  à  Rome,  &  qui  faifoit 
connoitre  les  étrangers,  11  eft  peu 
d'hifioriens  qui  aient  raconté  au- 
tant de  prodiges  que'  Tue  -  Vve, 
Tan^  un  bœuf  a  parlé  i  tantôt 
uneinule  a  engendré ,j  tantôt  ]es 
)iommes  &  les  femmes  ont  changé 
de  fexe.  Ce  ne  font  que  pluies 
de  cailloux ,  de  chair ,  de  craie ,  de 
(ang.&de  lait;  maisr  TUe-JJve  ne 
np^ot^oijt,  f^nj^.dçute,  tQutes  c€s 


vaines  croyances,  que  comme  les 
opinions  du  peuple  &  des  bruits  in- 
certains ,  dont  lui-même  fe  moquoiiî 
le  premier.  11  protcfte  fouveut  qu  il 
n'en  fait  mention,  qu'à  caufe  de 
l'impreflion  qu'ils  faifoient  ùiv  la 
plupart  des  efprits.  Un  des  mérites 
de  Tlte  Uve^  c'eft  que  tout  irifpir* 
dans  fon  Ouvrage  l'amour  de  la  juf- 
tice  &  de  la  vertu.  On  y  trouve  » 
avec  le  récit  des  faits  ,  les  plus 
faines  maximes  pour  la  conduite  de 
la  vie.  On  y  voit  un  attachement 
*fingulier  pour  la  religion  établie  à 
Rome  lorfqu'il  écrvvoit,  &  une  gé« 
néreufe  hardieffe  à  condamner  avec 
force  les  fentimens  impies  des  in-> 
crédules  de  fon  temps.  »  Ce  mépris 
»  des  Dieux, ,  dit- il ,  û  commun 
M  dans  notre  iiecle,  h'étoit  point 
>«  encore  connu.  Les  fermens  &  la 
vt  loi  étoient  des  règles  inflexibles 
•*  auxquelles  on  conformoit  fa  coa- 
n  duice  ;  â^  Von  ignoroit  l'art  de  les 
»  accommoder  à  fcs  inclinations 
H.  par  des  interprétations  fraudu- 
»*  leufes  fi.  L'édition  de  Tuc-JUve  à 
Venife,  1470,  eft  fort  rare.  Les  méiU 
leures  font  les  fui  vantes  :  Etiévîr  , 
1634,  3  vol.  in- 12,  auxquelles  oq 
joint  les  Notes  de  Gnnoyius ,  i  vol.., 
Cum  ^notls  VarLrum  ,  1665  ,  ou. 
1679  ,  3  vol.  in-b"...  Ad  ufum 
Delphinî  ,  1676  &  1680 ,  6  voU 
in-4**...  Cellede  Drakenborch ,  1738  , 
7  vol.  in*4°...  de  le  Clerc,  Amf- 
terdam  ,  1710  ,  10  vol.  in- 11... 
A*H€arnei  Oxiotà,  1708,6  vol, 
in-8®.  £nfin ,  Çrdvîer  a  publié  une 
ériition  de  cet  hiflorien  en  iix  vol« 
in-4*' ,  1735  »  enrichie  de  Notes  fa- 
vantes  &  d'une  Préface  écrite  avec 
élégance.  On  l'a  réimpriitné  ea 
6  vol.  in- 12.  Guérîn  en  a  donné 
une  Traduûioa  affez  eftimée  :  Voyei 
fon  article. 

.  TITELMAN  ,  (François  )  né  à 
Aflel  dans  Je  diocefe  de  Liège,  de 
Cordelier  fe  fit  Capucin  à  Rome 
en  I  ][  3  5  ^  &  mourut  quelqu^  aa^ 


t.54        TIT 

fiées  après.  Ses  Ouvrages  font  :  L 
Une  Apologie  pour  redition  vul- 
^g9ire  de  la  Bible.  II.  Des  Com^ 
menialres  <ur  les  P/caumes ,  Anvers , 
JÇ7I ,  in-fol.  UL  —  fur  les  Bvan' 

/  f;/« ,  Paris,  1 546 ,  in-fol.  iV.  Un 
JScrit  fur  VEpUreM  S,  Paul  aux  Ro* 
«saifts ,  contre  Erafnu, 

TITI ,  (  Robert }  né  on  Tofcane 
vcss  le^milieu  du  xvi*  fiecle ,  fe  fit 
^  connoicre  de  bonne  heure  par  foh 
amour  pour  les  lettres  &  par  fes 
iiKxès.  Padoue  &  Pife  l'appelèrent 
fucceflivement  pour  y  profeffer  les 
belles-lettres ,  &  il  s'acquitta  de 
ion  emploi  avec  diftinâion.  11  nous 
reûe  de  lui  des  P.oifits  eôimées  de 
leur  temps,  peu  connues  au)our> 
^hui»  quoiqu'elles  ne  foient  pas 
<ans  mérite.  On  les  trouve  avec 
celles  de  (?A«r<ir</,  1571,  in-S®.  On 
.8  encore  de  cet  auteur  ,  des  Nott$ 
afîez  bonnes ,  fur  quelques  auteurs 
dailîques  *,  dix  Lhres  fur  des  paf* 
iâges  d'anciens  auteurs  »  fur  lef- 
quèls  les  littérateurs  ne  font  pas  d'ac- 
cord. Ce  Traité  ,  intitulé  :  Locorum 
fontroverforum  llbrl  dccem^  à  Flo- 
rence ,  1583  ,  in-4^,  fit  honneur  à 
foii  érudition ,  ^  excita  la  bile  de 
iofepfi  Scaliger^  qui  l'attaqtw  en  en- 
/  nemi  &  d'une  manière  violente. 
Tltl  défendit  fon  livre,  en  15 89  , 
«ïï  galant  homme  &  en  vrai  fa- 
,  vant^  &  répondit  à  la  critique  de 
Scaligtr^  fans  lui  rendre  injures 
pour  injures.  Il  mourut  en  160-9  «  ^ 
58  ans. 
TITIANE,  (  FlavU  Tituna) 

^  femme  de  l'empereur  Perdnax ,  étoit 
fille  du  fénateur  Flavius  SulpkU» 
nus.  Il  y  a  apparence  qu'elle  étoit 
belle,  car  elleeu^  un  grand  nom^ 
bre  d'adorateurs ,  Sx.  elle  pafTa  fa  vie 
dans  une  fuite  non  interrompue 
4'attachemens  criminels.  Ses  amours 
avec  un  bateleur  furent  le  fcandale 
de  Rome  -,  mais  Pertlnax'^  très-dé- 
réglé lui-même,  n'dfa  s'y  oppofer. 
Jidanc  ne  jouit  pas  long-iâmps  d» 


TIT 

rang  fuprème.  Pcmnax  fiit  tué  pai 
les  foldacs  Prétoriens  en  Mars  195  « 
&  l'impératrice  le  vit  poignarder 
fous  fes  yeux,  87  jours  après  foft 
éLe£Hon.  Cette  catafirophe  la  pré- 
cipita du  trône  dans  l'obfcurité 
d'une  vie  privée  ,  où  elle  finit  fes 
jours. 

TITIEN ,  (  Le  )  peintre ,  dont  1« 
nom  de  famille  «ft  f^ecelli ,  né  à  Ca« 
dore  dans  le  Frioul  en  1477  »  ""ort 
à  Veniie  de  la  pefte ,  en  1 576 ,  à 
99  ans  ,  montra  dès  fon  enfance 
une  £orte  inclination  pour  fon  arc.  , 
11  entra  a  l'âg^  de  10  ans  chez  Gen^ 
tîl ,  enfuite  chez  Jean  Bcliin ,  où  il 
demeura  long-temps.  La  réputatiot^ 
du  Giorgion  excita  dans  le  Tuiefi 
une  heureufe  émulation ,  ôc  l'enga* 
gea  à  lier  une  étroite  amitié  aveô 
9  lui  pour  être  à  portée  d'étudiet 
fa  manière.  Beaucoup  de  talent  dt 
de  foins  le  mirent  bientôt  en  état 
de  balancer  (on  maître*  Le  Gîor*^ 
f^on  s'apperccvant  des  progrès  r^ 
pides  de  fon  difciple  &  de  l'objet 
de  Ces  vifites  ',  rompit  tout  com* 
merce  avec  Im.  Ls  Thîai  fe  vit 
peu  de  temps  après  fans  rival ,  {khp 
la  mort  du  Giorgion.  Il  étoit  daté 
de  tous  côtés  i  on  le  chargea  dd 
Caire  les  ouvrages  les  plus  impor-* 
tans ,  à  Vtceoce,  à  Padoue,  à  Ve» 
nife  8c  à  Ferrare.  Le  talent  finguUet 
qu'il  avoit  pour  le  Portrait ,  le  mit 
encore  dans  une  haute  réputatiod 
auprès  des  grands  &  des  fouverains^ 
qui  tous  ambitionnoient  d'être 
peints  de  la  main  de  ce  grand 
homme.  Charles^  Quint  s*eû  fait  pein* 
dre  jufqu'à  trois  fois  par  U  Tîtitm 
Ce  prince  le  combla  de  biens 
&  d'honneurs  -,  il  le  fit  ehevalier  »  { 
comte  Palatin ,  &  lut  affigna  une 
penfioa  confidérable.  Un  jour  qu< 
cet  empereur  le  regardoit  peindre  1 
l'artiile ,  animé  par  la  préfence  dû 
monarque ,  laiiTa  tomber  un  de  fes 
pinceaux ,  que  le  prince  ne  dédaigna 
pas  de  rainaffer.  U  Titien  cosfiiSt 


T  I  T 

liH  ût  toutes  les  ezcufes  qu'il  liûL 
devoit.  Cet  empereur ,  Tans  aoire 
liérogcr  à  fi  grandeur ,  lui  répon- 
dit gracieufement ,  que  le  Titien  mé- 
thoU  d'être  fervî  par  Çifar,  Uae  telle 
çonfidérarion  lui  (ît  des  ialoux  v}i- 
près  de  Char/ds'Quînt  i  ce  fut  à  ces 
fortes  dépens  que  l'empireur  répon- 
dit ,  qu*Upojttrolt  faire  des  Ducs  o»  des 
Comtes  ;  mais  quîl  tCy  avait  que  Dieu 
qui  pût  faire  tin  hotttme  comme  le  Titien. 
Les  poètes  ont  beaucoup  célébré 
ies  taleiîs  fupérieurs ,  &  il  eft  un 
des  hommes  qui  a  le  plus  joui  de 
la  vie.  £n  efïet ,  (on  opulence  le 
mettoit  en  état  de  recevoir  à  fa 
table  les  grands  &  les  cardinaux 
avec  fplendeur.  Si  îon  caraélere 
doux  &  obligeant!  &  Ton  humeur 
gâe  &  enjouée ,  le  £ûfotent  aimer 
i&  rechercher ,  fon  mérite  k  ren- 
doit  refpeâable.  Une  famé  robufte , 
qu'il  conferva  jufqu'à  99  ans,  fema 
lie  fleurs  tous  les  inftans  de  fa  vie. 
Ce  grand  peintre  traxtoit  également 
tous  les  genres  *,  il  rendoit  la  na- 
ture dans  toute  fa  vérité»  Chaque 
chofe  recevoity  fous  fa  main ,  l'im* 
preflfion  convenable  à  fon  carac- 
\  çere.  Son  pinceau  «  tendre  U  déli- 
cat, a  peint  merveilleufement  les 
femmes  .&  les  en&ns  ;  fes  figures 
d'hommes  ne  foiit  pas  ^  bien  trai- 
tées. Il  a  pofTédé,  dans  un  degré 
fupérieur,  tout  ce  qui  regarde  le 
coloris  ;  &  perfonne  n'a  mieux  en- 
tendu le  payiage  -,  il  a  eu  auffi  une 
grande  intelligence  du  clair->obfcur. 
Les  reproches  qu'on  fait  à  ce  pein- 
tre ,  font  de  n'avoir  pas  afiez  étudié 
Tan  tique  ,  d'avoir  fouvent  manqué 
l'expreifion  des  pafHons  dtt  l'ame , 
ji-avoir  péché  contre  le  cofhime; 
de  s'êtrerépété  quelquefois  -,  enfin , 
4'avoir  mis  beaucoup  d'anachronif" 
fnes  dans  fes  ouvrages ,  c'efl-à- 
dire,  d'avoir  réuni  dans  fes  Ta- 
i>leaux^  des  perfonnages  dedifférens 
^cles;  on  attribue  ce  dernier  dé- 


TIT  15Ç  . 

qui  employaient  fbn  pinceau;  Ott 
rapporte  que  U  TuUn  \  après  5  ans 
de  féjour  en  Allemagne  »  étant  rc« 
tourne  à  Venife»  jrpe^^nitplufieur» 
Tableaux  bien  dâoféremmemdespre» 
miers ,  &  dans  lefquels  il  ne  fondoit 
point  fes  teimes.Ses  couleurs  éfoieai 
vierges  &  fans  mélange  :  auffi  fe  font* 
elles  confervées  fraîches  &  dans 
tout  leur  éclat  jufqu'à  ce  jour.  Let. 
Tableaux  de  ceae  féconde  maniero 
étoient  moins  finis,  &  ne  font  leur 
effet  que  de  loin-,  au  lieu  que  les 
premiers,  Êiits  dans  la  force  de 
l'âge  8c  d'après  nature,  étoient  tel* 
lement  terminés,  qu'on  peut  les  r^ 
garder  tie  «près  comme  d'une  dif* 
tance  plus  éloignée.  Son  grand  tra* 
vail  étoit  caché  par  quelques  toa* 
ches  hardies  »  qu'il  mettoit  après 
coup  pour  déguifer  lï  fatigué  8c 
la  peine  qu'il  fe  donnoit  à  perfec* 
tionner  fes  ouvrages.  Le  Titien  1aif« 
fbit  fon  cabinet  ouvert  à  fes  élevés 
pour  copier  fës  Tableaux ,  qu'il 
corrigeoit  enfuite.  Oâ  dit  que 
fur  la  fin  de  fa  vie ,  fa  vue  s'étanc 
affoi^lie ,  il  vouloit  retoucher  fes 
premiers  Tableaux  qu'il  ne  croyoit 
pas  d'un  coloris  aflez  vigoureux. 
Mais  fes  élevés  s'en  étant  apperçus, 
mirem  de  l'huile  d'olive,  qui  no 
feche  point,  dans  fes  couleurs,  8c 
eflBiçoient  ce  nouveau  travail  pen- 
dant fon  abfence  :  c'efl  par  ce 
moyen  que  plufieurs  de  fes  chefe- 
d'œnvre  admirables  ont  été  confer- 
vés.  Entre  un  nombre  infini  de  chef» 
d'œuvres  de  ce  grand  homme ,  dif-* 
tribués  dans  Ita  plus  belles  galeries  ~ 
de  l'Europe ,  on  remarque  ime  Re^ 
pi^éfentation  de  Saint  Pierre  Martyr , 
dont  la  çompofition,  Pexpteifion 
8c  la  force  lui  donnèrent  un  rang 
éminent  parmi  les  morceaux  les  plus  * 
recherchés.  Le  fond  de  ce  Tableau- 
repréfente  un  payfage  d'autant  plus 
admirable,  que  l'effet  foutient  la 
beauté  des  figures  ,  qui'  fcmblent 


H6       TIT 

CELLI...  PORDENON...  &  I.  SAK- 
SOVINO. 

TITIKNUS ,  Voye;^  Fansia. 

TITIUS ,  (  Gérard  )  théologien 
'Xuthérien,  né  à  Quedlimbourg  en 
1620  >  fut  difciple  de  ùcorg,t  Callxte^ 
H  devint  prqfefleur  en  hébreu  ,& 
en  théologie  à  Helmûadt  ,  où  il 
suntruten  1681  «  à  60  ans.  On  a 
de  iui  :  I*  Un  Traite  des  Conciles  , 
Helmûadt,  1656,  in-4^  II.  Un 
autre  Z>«  l'Infuffifance  de  la  Religion 
furement  naturelle  y  &  de  la  nieeffué  de 
la  Révélatiouy  1667,  in-4^. 

TITON  PU  TiLLET,( Evrard) 
né  à  Paris  en  1677 ,  d'un  fecrétaire 
i{u  roi-,  ^flt  Ces  études  au  collège 
^es  Jéfuites  de  la  rue  Saint- 
Jacques  à  Paris.  11  en  fortit  avec  van 
goût  vif  pour  les  belles  -  lettres , 
^a'il  conferva  jufqu  a  la  fin  de  Ces 
^  iours»  Deftiné  à  1  ccat  militaire ,  il 
eut»  à  l'âge  de  15  ans,  une  com- 
pagnie de  cent  FuiiJijr^,  qui  porta 
fbn.nom.  li  fiit  enfuite  capitaine 
4e  Dragons.  Ayant  été  réformé 
après  la  paix  de  RyiWick ,  il  acheta 
une  charge  de  maître  r  d'hôt^  de 
laDauphine,  mère  de  Louis  XV. 
I<a  more  prématurée  de  cette  prin- 
ceiTe,  le  rendit  à  lui-même.  H  fit  le 
voyage  d'Italie,  &  faifir les  beautés 
des  çlieî- d'oeuvres  fans  nombre  de 
peinture  âc  de  fcuipture,  qui  éga» 
lent  i'Itaiiç  moderne  à  l'ancienne. 
A  fon  t^ur  il  futcommiiTaire  pro- 
vincial des  guerres  i-  il  exerça  cette 
charge  avec  une  rare  générofité.  Son 
attachement  pour  Louis  Xiy^  6l 
fon  admiration  pour  les  hommes  de 
gdnie,  lui  infpirerent ,  dès  1708 , 
l'idée  d'élever,  un  Parnaffe  en 
bronze  V  à  la  gloire  de  ce  roi  &  des 
poëces  &  muûciens  qui  avoient 
illuflré  fon  règne.  Ce  beau  monu- 
ment fut  achevé  en  1718.  C'eft 
un  Parnaffe  ,  repréfenté  par  une 
montagne. d'une  belle  forme  fie  un 
peu  efcarpëe.  Louis  XIF  y  parole 
ious  la  figure  d'^^po^'^t  couronné 


TIT 

de  laurier  ,  &  tenant  une  lyre  I 
la  main.  On  voit  fur  une  cerrafTe  » 
au-deflbus  de  V Apollon  ,  les  trois 
Grâces  du  Parnaffe  François  »  Mef- 
dames  de  la  Suie  &  des  Houlieres  , 
&  Mademoifelle  de  Scuderi,  Huit 
poètes  célèbres  &  îin  excellent 
muficien  ,  tdu  règne  de  •Louis  U 
Qrand,  occupent  une  grande  ter« 
raffe  qui  règne  autour  du  Parnafffe* 
Ils  tiennent  la  place  des  neuf  Mu/es, 
Ces  hommes  font  J  Pierre  Corneille  , 
Molière ,  Racan  ,  Ségrais  ,  la  Fon^ 
taint ,  Chapelle  »  Racine  ^  De/préau» 
&  Lulfy,  Les  poètes  moins  célèbres 
ont  des  médaillons.  Du  Tillet  fuivit 
exaÛement  dans  l'ordonnance  de 
fon  PariKifre,  les  avis  de  Boileau, 
(on  illuftre  ami.  Il  auroit  été  à 
fouhaiter  que  ce  poète  eût  préfidé 
au  choix  des  favans  auxquels  da 
TiUet  a  donné  llmmortalité  :  on 
y  trouveroit  moins  de  fujets  mé- 
diocres ,  &  on  ne  verroit  pas  d  :n& 
le  même  endroit ,  de  grands  génies; 
&  de  plats  rimailleurs  ,  les  Verrieris 
&  les  Defprlmx ,  les  Folard  &  les 
Rac'nes,  Encouragé  par  le  fuccès 
de  fon  entreprife ,  du  Tillet  projeta 
de  fiire  exécuter  ce  monument  dans 
une  Place  ou  Jardin  public.  Il 
propofa  cette  idée  à  Desforts ,  qui 
étoit  à  la  tête  des  finances ,  en  lut 
demandant  un  bun  de  Fermier  gé- 
néral pour  l'exécution.  Celui  -  ci 
fe  contenta  d'admirer  fon  définté- 
reffemem.  En  1727  ,  il  donna  la 
Defcription  du  Monument  poétique 
qu'il  avoir  érigé,  avec  l'extrait  de 
la  Vie  &  le  catalogue  des  Ouvrages 
des  poètes  qu'il  y  avoit  placés ,  en 
un  vol.  in-ii.  Cet  Ouvrage  fut  bien 
accueilli  du  public.  Il  le  fit  réim^ 
primer  en  1731,  in-folio  ,  &  lé 
dédia  au  roi.  Depuis  cette  époque 
il  donnoit  des  Supplémens , tous  les 
dix  ans ,  des  hommes  morts  pen- 
dant cet  intervalle:  ces  Supplémens 
viennent  jufqu*en  1760.  Du  TilUt , 
né  avec,  le  tempérament -le  plus. 


T  I  T 

irobufie,  iat  exempt  des  Infirmités 
de  la  vieilteiTe.  Il  mourut  d'un 
çatarre  le  26  Décembre  1762  , 
âgé  de  près  de  S6  ans.  Cet  ami  des 
lettres  étoit  d'une  fociété  &  d'une 
converfation  aufli  utiles  qu'agréa- 
bles. Il  fe  faifoit  un  plaiîir  &  un 
devoir  d'accueillir  tous  ceux  qui 
culdvoient  les  lettres  ,  &  de  (e* 
courir  ,  Tans  fafte  &  fans  oftenta* 
tion  ,  ceux  d'entre  euXqui  étoient 
dans  le  befoin.  Il  -favoit  le  latin  , 
l'efpagnol  &  l'italien.  Prefque 
toutes  les  académies  de  l'Europe 
fc  Tétoient  aflbcié  ,  fans  qu*il  l'eût 
Sollicité.  On  peiit  voir  dans  le 
dernier  Supplément  du^Parnaffe^  le 
sombre  des  Souverains  auxquels  il 
a  fait  hommage  de  fes  Livres ,  de 
ks  Ëilampes,  de  fes  Médaillons, 
ainû  que  le  détail  des  riches  préfens 
qui  lui  ont  été  envoyés.  Parmi  les 
vers  qu'on  fit  en  fa  faveur  9  le 
public  didingua  les  fuivans  : 
Du  Titon  de  ^antiquité 

A  celui  de  nos  jours ^  voicila  dlffl^ 
rence  : 

Vun  reçut  &  perdît  fin  immortalité; 

Vautre  en  jouit ,  &  Ifi  difpenfe. 

On  a  encore  de  du  TUàt  ^  tm  Effal 
fur  Us  honneurs  accordés  aux  Savans , 
in- 12,  où  l'on  trouve  des  recher- 
ches -,  mais  dont  le  fiyle  eft  négligé 
&  monotone ,  ainû  que  celui  de  fa 
Defcriptîon, 

tirUSyVoyeiTm. 

TITYUS,  géant  énorme, fils  de 
Jupiter ,  &  à*ÈUra  fille  d^Ôrçhomene , 
naquit  dans  un  antre  fouterrain, 
où  fa  mère  s'étoit  cachée  pour  fe 
dérober  à  la  colère  de  Junon ,  6c 
pafîa  pour  fils  de  la  Terre.  Apollon 
&  Diane  le  tuèrent  à  coups  de 
âeches ,  ou  félon  d'autres ,  il  fut 
foudroyé  pour  avoir  voulu  faire 
violence  à  Latone  leur  mère.  Il  étoit 
attaché  comme  Promethée ,  dans  les 
Enfers,  où  un  vautour  infatiable 
rongeoit  fans  relâche  fes  entrailles 


T  O  B         t'^Tf 

fCnaîflantes.  Ce  gé^nt  couvroit  ^ 
arpens  de  terre  ,  de  fon  corps 
étendu.  -  ' 

TIXIER,  (  Jean  )  en  latin 
Ravi  s  lus  Textor  ,  de  Sâim- 
Saulge  dans  le  Nivernois ,  feigneur 
de  Ravify  dans  la  même  province  9 
tira  une  partie  de  fon  nom  de  cet» 
tçrre.  U  enfeigna  les  belles- lettres  , 
avec  un  fuccès  diftingué,  au  collège 
de  Navarre  à  Paris.  Il  fut  reâeur 
de  IHinivcrfité  de  cette  ville  en 
1500,  &  mourut  en  1522,  à  lliô-  ' 
pital ,  fuivant  quelques  auteurs.  On 
a  de  lui  :  I.  Des  .Lettres^  1560  , 
in-g^».  II.  Des  Dialogues.  III.  Des 
Epigrammes.  IV.  Officine  Epitom^^ 
1663 ,  i|^8^  V.  Une  édition  des 
Optra  Scrlptorum  de  '  cUris  Muûe-» 
ribus ^  Paris,  i6çi  ,  in-folio.  Ce» 
différens  Ouvrages  font  affez  biea 
écrits  en  latin ,  &  on  peut  mettre 
Tlxier  au  rang  des  habiles  huma^. 
miles  de  fon  iiecle. 

TLEPOLEME,  fils  à' Hercule  & 
^Aflyocle ,  étoit  d'une  grandeur  & 
d'une  force  extraordinaires.  S'étaflt 
fignalé  par  plufieurs  exploits,  il 
partit  de  Rhodes  où  il  régnott  , 
avec  neuf  vaiffeaux ,  pour  la  guerre 
de  Troye.  Il  y  fut  tué  par  Sarpedon  , 
fils  de  Jupiter. 

TOBIE ,  de  la^tribu  de  Nephtali , 
demeuroit  à  Cadèf  ,  capitale  de  ce 
pays ,  &  avoit  époufé  Anne  de  la 
même  tribu ,  dont  il  eut  un  fils  qui 
portoit  fon  nom.  Emmené  captif  à 
Ninive  avec  fa  femme  &  fon  fils  v 
il  ne  fe  foi|}lla  jamais  en  mangeant , 
comme  les  autres  Ifraélites  ,  des 
viandes  défen4ues  par  la  loi.  Dieu  4 
•pour  récompenfer  fa  fidélité  ,  lui 
fit  trouver  grâce  auprès  de  Salma^ 
nafir  ,  qui  le  combla  de  biens  & 
d'honneurs.  Tohle  ne  profita  des 
bontés  du  roi ,  que  pour  foulager 
fés  frères  captifs.  Il  alloit  les  vkiter, 
&  leur  difiribuoit  chaque  jour  ce 
qu'il  pouvoit  avoir.  Un  jour  à 
Rages  ,  ville  de$»Medes  «  Guh^lu^ 


fcçS       TOI 

fon  parent ,  ayant  befoîn  it  dit 
talens  ,  Tohie ,  qui  avoit  reçu  CH 
dix  mille  écus  de  la  libéralité  du 
toi ,  les  lui  prêta ,  (ans  exiger  de 
lui  d'autre  fureté  qu'une  obligation 
par  écrite  Sacl^ritéfut  récompensée 
dès  cette  vie  ;  Dieu  l'éprouva  par 
les  fouffirances.  Un  jour  ,  après 
svoir  enféveli  plufieurs  morts ,  il 
s'endorinit  ùaigué  au  pied  d'une 
muraille,  &  il  lui  tomba  d'un  pid 
d'hirondelle,  de  la  fiente  chaude 
fur  les  yeux ,  qui  le  rendit  aveuglé* 
Tohie,  ie  croyant  près  de  mourir, 
chargea  fon  fils  d'aller  à  Aagès 
retirer  l'argent  qu'il  avoit  prêté  à 
GaheluM,  Le  jeune  homme  partit 
auifi-fôt  avec  l'Ange  Rajmél^  qui. 
avoit  pris  la  figure  d'Aiarias,  Son 
guide  lui  ût  époufer  Sara  fa  cou- 
fine  f  veuve  de  feptj  maris  que  le 
Démon  avoit  étranglés.  TobU  fe 
mit  en  prières ,  &  chafià  l'Ange  de 
ténèbres^  RdphàU  le  ramena  enfuite 
chez  fon  père ,  à  qui  il  rendit  la 
Vue  avec  le  fiel  d'un  poifibn  que 
l'Ange  lui  avoit  indiqué.  Le  faint 
vieillard  mourut  l'an  663  avant 
J.  C. ,  à  102  ans.  Son  fils  parvînt 
suffi  à  une  longue  vieillefie.  On 
croit  aflez  Communément  que  les 
deux  Toh'tes  ont  écrit  eux-mêiites 
leur  Hifioîre,  ou  que,  du  moins, 
le  Livré  oui  porte  leur  nom  a  été 
compoféfur  leurs  Mémoires.  Nous 
n'avons  plus  l'original  de  cet  ou-* 
vtage,  qui  étoit  hébreu  ou  chaldéea. 
$.  Jérôme  le  traduifit  en  latin  fur  la 
chaldaïque ,  &  c'ed  fa  'C^aduâion 
que  l'Eglife  a  adoptée ,  comme  la 
plus  fimple ,  la  plus  claire  &  la 
.  plus  dégagée  de  circonfiances  étran- 
gères. Les  Juifs  rie  reconnoifTent 
pas  ce  livre  pour  canonique  ;  mais 
ils  le  lifent  avec  refpeél  ,  conune 
contenant  une  htfioire  vénérable  , 
ic  pleine  de  fentimens  touchans  8c 
d'excellentes  leçons  de  morale. 
C'ef^  le  par&it  modèle  d'un  père  & 
d'tm  fils  religieiocc 


TOÏ 

•f  OCHO  ,  Goth  très-adroïf'  é 
firer  de  l'arc ,  ne  manquoit  jamai» 
d'abattre  d'un  coup  de  flèche ,  une 
pomme  au  bout  d'un  bâton  ,  dan» 
quelque  éloignement  qjyi'on  la  mit 
à  la  portée  de  Tarcw  Cette  réputa-^ 
tion  le  fit  connohre  f  Haraud  îon  , 
roi  y  qui  voulut  en  voir  une  ex- 
périence i  &  qui  lui  commandai 
d'abattre  une  pomme  de  deifus  la 
tête  de  fon  fils.  11  obéit ,  après  s'être' 
armé  de  ^ois  fieches ,  &  perça  laP 
pomme  de  part  .en  pan.  Le  roi  lu» 
ayant  demandé  enfuite  pourquoi  if 
s'étoit  armé  de  trois  flèches  ?  Tochoi 
lui  répondit  ^  »  que  c'étoit  pou/ 
>•  décocher  les  dçux  autres  contre 
M  lui ,  en  cas  qu'il  eût  le  malheur 
>*  de  bleflfér  ou'  de  tuer  fon  fils  «<•  , 
On  conte  auffi  la  même  chofe  de 
TûU ,  qui  eut  tant  de  part  aux  pre-' 
miersfoulévemens  de  la  Suifle  con^ 
tre  la  maifon  é* Autriche  ;  mais  onr 
fait  quelle  foi  il  ÊHit  ajouter  à  tous 
ces  petits  contes,  dont  les  graves 
hifioriens  ont  chargé  leurs  compi'  j 
lations. 

TOO ,  (  André  }  né  à  Dieppe  /  \ 
doâeur  en  droit,  prêtre  de  l'Ora-* 
toire  ,  mort  en  1630  ,  éfl  connu 
par  la  tradu£(ion  des  Annales  de 
Baronittff  dont  le  i^'  vol.  parat  àr 
Paris  en  1614  ,  in-fol.  Son  ftyle 
efi  fort  pur  ,■  pour  le  temps  où 
il  écrivoit.  11  avoit  efpéré  d'en' 
donner  la  continuathm  *,  mais  iês 
voyages ,  fe*  emplois ,  les  occu- 
pation»  qui  en  font  inséparables  ^ 
ne  lut  en  laiïïerent  pas  le  loifif . 

TOICf,  (Nicblasdtt)  natif  de  Lille 
en  Flandres,  fe  fit  Jéfuite  en  1630. 
Il  follïdta  avec  empr  eflêmcnt  d'être 
envoyé  dans  les  miffions  étrange-^ 
res.  11  fut  deftiné  pour  les  miffionr 
du  Paraguai ,  où  il  déploya  tout  ce 
que  la  diarîté  la  plus  ^giflante  peut 
in(pirer  à  un  minifire  de  l'Évangile^ 
Il  fur  nommé,  fupérieur  des  Mit- 
fionnaires  dans  cette  province ,  Se 
mourut  conibsuaé  de  travaiux  ^ 


TOI 

Ail  léSo.  On  a  de  liui  VHïfioîn  ^ 
Mijpotts  dans  U  Parjguai ,  VUr^guai  y 
&c.  Liège,  1673  fin-folio,  en  latin^ 

TOINaRD  ,  Voy,  Thoynard. 

TOIRAS,  (Jeandn  Caylard  de 
$aint*Bonner,  marquis  de  )  ^é  à 
Saint- Jean-dé- Cardoftnenques  le  i 
Mars  1585  ,  étoit  de  l'anicienne 
ipaifon  de  Caylard  en  Languedoc. 
Après  avoir  été  page  du  prince  de 
ConMy  il  fervit  fous  Haut  IV ,  puis 
fpus  lAmU  Xlll  y  qui  le  fit  lieutenant 
de  ù  Vénerie ,  puis  capitaine  de  fa 
Volière.  U  esccelloit  dans  tout  ce 
^ui  regarde  la  chaâe;  il  n^y  avoit 
point  d'homme  qui  tirât  plus  jude , 
tu  c'efi  par  ce  talent  qu'il  fe  fit  con- 
nottre  à  la  cour:  Son  emploi  l'em- 
pêchant de  £itis£iire  fa  principale 
paiHon  ,  Celle  des  armes ,  il  prit 
une  compagnie  dafl$  le  régiment 
des  Gardes ,  &  il  donna  des  mar- 
ques de  là  bravoure  aux  iiéges 
de  Montauban  &  de  Montpellier. 
iUevé  au  po^  de  maréchal  de 
camp,  il  fe  trouva  à  la  prife  de 
Pifle  de  BQié ,  ^vx  il  eut  le  gouver- 
nement &  qu'il  défen^  contre  les 
Anglois ,  qui  furent  oMgés  de  lever 
le  fiégel  U  fut  enfuite  envoyé  en 
lolie  ,  où  il  cueilli^  de  nouveaux 
lauriers.  Il  commanda  dans  le 
Itfon^rac ,  &  défendit  en  1650 , 
Cafal  contre  le  marquis  it  SpîmU , 
général  Efpagnol ,  digne  de  le  com- 
battre. Ses  fervices  furent  récom- 
penfés  par  le  bâton  de  maréchal 
dp  France,  le,  i;  Décembre  de  la 
même  année  ,  malgré  les  oppoii- 
ttpQs  de  KichclUu, . .  On  préttnd  que 
S,  Ro€k  (  dit  à  cette  occaiion  le  duc 
df  Guîfi  )  e^  dtvenu  Saint  à  firce  de 
foin  des  Miracles ,  &  Toiras  Maréchal 
de  France  à  fora  de  faire  de  grandes 
aSion^,  La  défenfe  de  Cafal  lui  avoit 
fait  tant  de  réputation ,  qu'étant  à 
Rome  quatre  ans  après ,  le  peuple 
crioit  après  lui  :  f^^ve  Toiras  ,  U 
Hhérateur  de  ritaUe  t  Ses'  frères 
syaoi  «anliraiïé  ie  patdlpu   duc 


T  o  r      t^9 

d* Orléans  ,  ennemi  du  cardinal,  det 
Richelieu  f'û  fut  difgracié  en  i<i§3  1 
privé  de  fes^  penfîons  &  de  foo 
gouvernement.  Les  ennemis  de  U 
France ,  plus  éclairés  fur  fon  roé-  • 
^ite  que  les  François,  voulurent 
l'attirer  à  leur  fervice-,  mais  ^dlat- 
Bonnet  aima  mieux  être  malheureux 
qu'infidelle.  11  adoucit  les  chagrias 
de  fa  difgrace  par  un  voyage  en 
kalie*  Son  mérité*  reçut  à  Rome  » 
à  Naples,  à  Venife,  &ç.  tous  !e$^ 
honneurs  dont  il  étoit  digne.  FiSort 
Amédée  ,  duc  de  Savoie ,  lié  d'inté- 
rêts avec  l'Ëfpagi^e ,  le  fit  lieutenant 
général  de  foÀ  armée.  Il  rempliâbît 
ce  pofte  avec  fa  valeur  ordinaire ,, 
lorfqu'il  fut  tué  le  14  Juin  1636  ^ 
devant  la  forterefîie  de  Fontanecte 
dans  leMilanez.  Après  qu'il  eue 
expiré  »  les  foldats  trempèrent  leiirs>> 
mouchoirs  dans  lefang  de  fa  plaie  « 
en  difant  que ,  »  tant  qu'ils  le  por^ 
»  teraient  fur  eux ,  ils  vaincroient 
M  leurs  ennemis  ».  Le  maréchal  de 
Toiras  fut  »  fans  contredit ,  un  des^ 
plus  grands  hommes  de  guerre  de 
fon  temps.  Son  mérite  fut  fon  ieut 
crime  auprès  de  Richelieu ,  qui ,  mé» 
content  de  la  faveur  que  lui  don- 
iioient  fes  fervices ,  n'oublia  rien 
pour  le  noircir  auprès  de  l-oms  XIIL 
On  lui  donna  toutes  fortes  de  dé« 
goûts.  Lorfque  Toiras  follicita  des- 
grâces  pour  ceux  qui  avoient  com- 
battu fous  fes  ordres ,  le  garde  de$: 
fceaux  ,  MarilUc ,  qui  avoit  pénétré 
les  fentimensdu  premier  miniflre, 
rejetsravec  dédain  les  follicitadon» 
du  guerrier.  Monfieur  de  Toiras ,  lur 
dit- il ,  voue  parle\hien  haut  en  faveur  de 
cewt  qui  yo^  ont  fécondé.  Vous  ave^  hlea 
ferri  i- mais  cinq  cents  Gentilshommes 
en  auroient  fait  autant  que  vous,  siù 
avoient  été  à  votre  place,  -*  La  France 
ferait  lien  malheureufi  ,  Monfieur  ^ 
repartit  Toiras  ,  fi  elle  n' avoit  pas 
plus  de  foo  hommes  capables  de  fervir 
auffi  bien  que  moi.  Cependant  ils  ne 
tom  pas  fak  t  ^  pt  liai  pat  mal 


î6d 


T  O  L 


ttmpli  Us  Pfjtes  quon  tna  confiés. 
Il  j^a  en  France  plus  de  quatre  mille 
hommes  en  état  de  tenir  Us  Sceaux 
aujp  bien  que  vous,  S'en/uit'il  de  là 
'que  vous  ne  devie\  pas  récompenfer  ceux 
dont  vous  connoîjfei  U  mérite  ?  Les 
étrangers  lui  rendoient  plus  de  juf- 
tice  que  la  cOur.  Après  la  glorieufe 
défenfe  de  Cafal ,  Spînola  qui  Tatta- 
quoit ,  enchanté  de  fa  bravoure , 
s'écria  avec  admiration  :  Qu'on  me 
donne  cinquante  milU  hommes  aujji 
val  lions  &  auJp,  bien  dijclplînés  que  les 
troupes  que  Toi  ras  a  formées  ^  &  je  me 
rendrai  Maître  de  l Europe  entière/ S^ 
modeftie  étoit  encore  fupérieure 
à  fa  valeui^-,  lorfqu'il  ra.ontoit  fes 
exploits ,  il  parloit,^touiours  de  lui- 
itiême  à  la  troifieme  perfonne ,  en 
difant-:  Celui  qui  commandait  ,  &c. 
Le  feul  défaut  qu'on  lui  reproche  , 
cft  d'avoir  été  d'un  emportement 
cxceffif  -,  Mais  ,  co^me  difoit  le 
duc  de  Savoie,  il  avolt  tant  d'ex- 
cellentes qualités  ,  qu'on  pouvoit  bien 
lui  paffcr  une  chaleur  de  fang  ,  qui 
fouvent  n  étoit  pas  volontaire.  Cette 
vivacité  lui  foumiffoit  quelquefois 
des  faillies  agréables.  Un  jour  qu'il 
faifoît  fes  difpofitiôns  pour  livrer 
bataille ,  un  officier  lui  demanda 
la  permiffion  d'aller  chez  fon  père 
qui  étoit  à  l'extrémité  ,  pour  lui 
rendre  des  foins  &  recevoir  fa 
bénédiûion.  Alle^ ,  lui  dit  ce  gé- 
néral ,  qui  démêla  fort  aifément 
la  caufe  de  cette  retraite  :  Père  & 
Mère  honoreras  y  afin  que  tu  vives  lon- 
guement :  [  Voy,  m.  Gaston  de 
France  ].  Les  curieux  qui  voudront 
connoître  plus  particulièrement  ce 
grand  homme  i  pourront  confulter 
l'Hiftoire  de  fa  Vie  par  Michel 
Baudler  ,  in- II.  U  n'avoit  point 
été  marié. 

TOLAND,  (Jean)  né  le  30 
Novembre  1670  dans  le  vilbge 
de  Redcaftle  en  Irlande ,  fut  élevé 
dans  la  religion  Catholique.  11  fit 
fes  études  en  Tuniverûté  de  Çlaf* 


TO  L 

g<y«r,  puis  dans  celle  d*Edifflbourg  i 
où  il  embrafla  la  religion  Protes- 
tante. Après   avoir  paiTé  <fueique 
temps  à  Leyde ,  il  fe  retira  à  Ox- 
ford .y  recueillit  un  grand  nombre 
de  matériaux  fur  divers  fujets.  Son 
goût  pour  les  paradoxes   &   les 
nouveautés  ,  le  tira  de  robfcurité 
où  il  avoit  croupi  jufqu'alors.  U 
publia  divers  Ouvrages  fur  la  re* 
ligion  &  fur  la   polidque  ,  dans 
lefquels  l'impiété  ,  le    Déifme  y 
l'AthéiTme  même  paroiffent  à  dé* 
couvert.  Cet  impie  fit  divers  voya- 
ges dans  les  cours  d'Allemagne,  où 
il  fut  reçu  mieux  qu'il  neméritoit. 
De  là  étant  allé  en  Hollande ,  il  fut 
préfenté  au  prince  Eugène^  qui  lui 
donna  diverfes  marques  de  libéra-  . 
lité.  Toland  retourna  la  même  année 
en  Angleterre ,  où  il  fe  ruina  par 
fes  folles  dépenfes  &  par  fes  débau* 
ches.   Sa  conduite  auroit  dû  faiire 
beaucoup  de  tort  à  fes  opinions  : 
elles  fe  répandirent  pourtant  dans 
fa  patrie.  Toland  plaifoit  aux  An- 
glois ,  par  les  endroits  même  qui 
le  rendoient  ^dicule  aux  yeux  de» 
autres  nations  :  par  fon  animofité 
contre  les  François,   les  Catholi- 
ques &   les   Siuarts,   Cet   homme 
fingnlier  mourut  à  Londres  le  21 
Mars  1711,  à  52  ans,  après  s'être  . 
£ait  TËpitâphe  fuivante  : 

H.  S.  E. 

JOANlîES  TOLANDUS; 
Qui  in  Hibernia  prope  Derhm  natus  À 

In  Scotla  &  Hibernia  ftuduU\ 
Qttod^Oxomi  quoquefecit  adoUfcetu  ; 
Atque  Germaniâ  plus  femel  petitd  , 
Vitilem     clrca    Londlnum    tranfe^t  * 
atatim. 
Omnium  Litterarum  exaUtot  ^ 
Et^  Lingaarum  plus  decem  fciens» 
Veritatis  propugnator  » 
Llbertatis  affertor  ^ 
NulUus  autem  feclator  aut  cSens  | 
Nec  minis ,  nec  malis  efi  înfUxus , 
Quin  ftlm  el^  ^îam  pêragtrett 

UtUi 


^       T  O  L 

Vus  honcJbffH  antefertns, 

Spiritus  cum  ttthereo  Paire, 

A  quo  prodllt  oHm ,  conjungitur,  . 

ipfe  verh  mumum  tft  nfurrcâurus  i 

At  îdtm  futwus  Tûllandus  nunquam^ 

Natus  Nov.  30, 

Catera  ex  Scrlptis  pue. 

Cette  £p.itaphe  n'eft  pas  un  tableau 
fidelie  à\x  cara^^ere  de  ToUnd.  Il 
hxni  vain  ,  bizarre ,  iingulicr ,  re- 
jetant un  fentiment  ,  précifément 
parce  qu'un  auteur  célèbre  Tavoit 
foutenu  ou  embraffé.  Opiniâtre 
dans  la  difpute,  il  la  foutenoit  avec 
rd!ronterie  &  la  groffiéreté  d'un 
Cynique.  Ses  principaux  Ouvrages 
font:  I.  La  Religion  Chrétienne  fans 
Myfieres  ,  publiée  en  anglois  à 
Londres  en  1696  ,  in  -  8**.  Ce 
Livre  impie  fut  condamné  au  feu 
en  Irlande  l'année  fuivante  :  ce 
châtiment  n'empêcha  point  Toland 
d*cn  donner  une  Apologie»  [  Voye\ 
III.  BrOWN  ].  II.  Amyntor  y  ^ 
Vifenfe  de  la  Vie  de  Mllton  ,  > 
Londres  ,  1699  ,  in-8^  ;  ouvrage 
auffi  dangereux  que  le  précédent, 
m.  VArt  de  gouverner  par  parties , 
1701  ,  in-8®.  IV.  Le  Nazaréen  ou 
I  le  Chrlfiianîfme  Judaïque  ,  Païen  & 
Mahométan  ,  &C.  1718  »  in  -  8^ 
I  V.  Pantheiftîcon ,  feu  Formula  eeh" 
\  hrandx  foeiaatis  Socratica  ,  in  -  8**, 
I  Cofmopoli,  (Londres)  1720.  Ce 
I  '  livre  eà  le  triomphe  de  l'impiété 
le  plus  téméraire.  VI.  Adeijîdemon, 
five  TituS'Lhvlus  à  fuperftitiorA  vin- 
dicatus  :  annexx  funt  origines  Judaïca  , 
à  la  Haye  en  1709 ,  in- 8®.  11  y  fou- 
tientqueles  Athées  font  moins  dan* 
gereux  à  l'Etat  que  les  fuperftitieux , 
&  que  Moyfe  &  Spino/a  ont  eu  à 
peu  près  les  mêmes  idées  de  la 
Divinité.  Cette  impiété  fut  réfutée 
^ar  Huet  ,  évêque  d'Avranches, 
îbus  le  nom  de  Morin  ,  6c  par  Elle 
Benoit.  Les  Livres  de  Toland^  ex* 
cepté  les  deux  derniers ,  font  en 
I  ..anglois.  La  plupart  ont  »  cpmiBO 
\         Tomt  IXt 


T  O  L        ï6t 

Ton  a  vu ,  des  titres  extravagans  , 
&^  renferment  des  idées  encore 
plus  extravagantes,  llécrivoitd^une 
manière  confufe  •  embrouillée  & 
fatigante  :  auffi ,  en  voulant  nuire 
à  la  religion ,  il  ne  fe  lit  du  mal 
qu'à  lui-même  ^  6c  il  eut  encore 
moins  d'admirateurs  que  de  difci* 
pies.  VII.  L'Angleterre  libre  ^  1701 , 
in  -  8",  VIII,  Divers  McrUs  contre 
Us  François^  1716,  1  vol.  in-8*;, 
&  quelques  autres  Livres  de  po-^ 
litique  ,  moins  mauvais  que  feu 
Ouvrages  fur  la  religion,  IX.  Une 
Édition  des  (Kuvrzs  de  Jacques  Har* 
rlngthon^  &C.  &c. 

I.  T  O  L  E  D  E ,  (  Ferdinand- 
Alvarcz<  de  }  duc  d'Albe  ,  né  ea 
1508,  d'une  des  plus  illuftres  fa-« 
milles  d'Efpagne,  dut  fon  éduca* 
tion  à  Frédéric  de  Tolède  fon  grand* 
père  ,  qui  lui  apprit  l'art  militaire 
&  la  politique.  Il  porta  les  armes 
à  la  bataille  de  Pavie,  Se  au  fiége 
de  Tunis  »  fous  Tempereur  Charles^ 
Quinte  Devenu  général  des  armée» 
d'Efpagne  en  1558  ,  il  fervit  fa 
natiott  avec  fuccès  contre  la  France  ^^ 
dans  la  Navarre  &  dans  la  Cata^ 
logne.  Elevé  au  pofte  de  généra-* 
liûime  des  armées  Impériales  ,  il 
marcha  contre  les  Proteitans  d'Al- 
lemagne en  1546.  Il  gagna  l'année 
fuivante  ,  la  fameufe  bataille  de 
Mulberg ,  où  les  Proteftans  furent 
enûérement  déiàits.  L'éleâeur  de 
Saxe ,  leur  général  ,  y  fut  faic 
prifonnier  ,  avec  Emefi  ,  duc  de 
Brunfwick  ,  &  plusieurs  autres 
chefs.  Cette  victoire  fut  fuivie  de 
la  prife  de  Torgau  ,  de  Wittem- 
berg,  &  de  la  rédu^ion  de  tous 
les  rebelles.  Après  s'être  fignalé 
en  Allemagne,  il  fui  vit  l'empereur 
au  iiége  de  Mets  ,  où  il  fit  des 
prodiges  4e  valeur  que  le  courage 
des  afiîégés  rendit  inutiles.  PAi- 
lippe  II  ,  fuccefleur  de  Charles'- 
Qtdnt ,  fe  fervit  de  lut  avec  le 
Vlouc  ^vsAiage  que  fon  pexe,  £g 


têt       T  o  t 

B567 ,  les  habîtans  des  Pays- Bats , 
aigris  de  ce  qu'on  attcmoit  conti- 
Buellement  à  leur  liberté ,  &  de  ce 
^u'on  voul oit  '  gêner  leurs  opi- 
nions I  parurent  dirpofés  à  prendre 
les  armes,  Philippe  II  envoya  le 
duc  i'Albt  pour  les  contenir.  Ce 
choix  annonça  la  plus  grande  fé- 
▼érité ,  pour  ne  pas  dire,  barbarie^ 
On  fe  fouvenoit  que  CharUs-QuirUy 
^délibérant  fur  le  trairement  qu*il 
feroit  aux  Gantois  ,  qui  fe  révol- 
tèrent en  1 5  39 ,  avoit  voulu  favoir 
le  fentiment  du  duc  t  qui  répondit 
f[\xwie  Patrie  rebelle  ievo'u  être  ruinée» 
Xes  pfemieres  démarches  du  duc 
ét'Albe  confirmèrent  l'opinion  qu'on 
avoit  de  lui.  Il  fît  périr  fur  un  écha'» 
&ud  les  comtes  d^Egmont  &  de 
ffom.  Comme  quelques  per(bnnes 
lui  parurent  étonnées  de  cette  ré- 
JTolution  fanguinaire ,  il  leur  dit  que 
feu  dç  tttes  dfi  Saumons  valolent  mîiux 
qtu  pbifieurs  milliers  de  Grenouilles, 
Après  ce  trait  de  févérlté ,  il  mar- 
(die  a^x  Confédérés  &  les  bat.  Le 
plaiâr  d'avoir  remporté  une  vlc- 
jboîre  fignalée  e&  empoifonné  par 
}c  chagrin  de  voir  un  village  réduit 
en  cendres ,  après  Vaâion  ,  par  un 
^régiment  de  Sardaigne.  Ce  crime 
.fut  puni  comme  il  le  mérttoit.  Il 
iit  pendre  Tur  le  champ  les  auteurs 
de  l'incendie,  &  dégrada  toutes  les. 
.compagnies ,  excepté  unequi  n'écoit 
point  coupable.  Le  prince  d'Orange , 
chef  des  Confédérés  »  parut  bientôt 
à  la  têce  d'une  armée  confîdérable. 
Le  jeune  Frédéric  de  Tolède ,  chargé 
de  l'obferver ,  envoya  conjurer  le 
duc  d^Albe  fon  père ,  de  lui  per- 
mettre d'aller  attaquer  les  rebelles;. 
Xe  duc»  qui  eft  perfuadé  avec  raî- 
ibn ,  que  les  fubalternesne  doivent 
pas  fe  mêler  de  juger  s*il  hm  ott 
t'il  ne  faut  pas  combattre ,  répond  : 
/4l^  dire  à  mon  fils  ,  qut  fa  demande 
ne  lui  eji  pardonnée  qu*à  caufe  de  fon 
mexpérlence  &  defajeuneffe^  Qu^ll  fe 


T  o  L 

m^appfûciier  des  ennemis  'y  car  il  ent 
coûteroît  la  vie  à  celui  qulfe  chargeroit 
de  ce  mejfage.  Ses  fticcès  augmente^ 
rent  tous  les  jours  g  ainiî  que  ùt 
cruauté.  Après  la  prife  de  Harlem  ^ 
le  duc  d^Albe  quitta  les  Pays-Bas. 
[  f^oyei  II.  Hessels.  ]  U  y  avoir 
commencé  fon  adminiflration  eik 
faifant  conftruire  à  Anvers  une 
Citadelle  qui  avoit  cinq  baftions. 
Par  une  vanité  jufqu'alors  inconnue^ 
il  en  avoit  nommé  quatre  de  fon 
nom  &  de  fes  qu-illtés  ,  le  Duc  , 
Ferdinand ^  Tolède,  d'Albe,  Ondonnz 
au  jMe  nom  de  l'ingénieur  ;  i| 
n'étoit  fait  nulle  mention  da  ror 
d'Efpagne.  Lorfque  cette  dtadelle 
fut  achevée  ,  l'orgueilleux  duc 
d*Jlbe^  qui  avoit  remporté  degranite 
avantages  fur  les  Confédérés  ,  y 
fit  placer  fa  ilatue  en  bronze.  It 
étoit  repréfenté  avçc  un  air  mena* 
çant,  le  bras  droit  étendu  vers  lati 
ville  -,  à  fes  pieds  étoient  la  NobleâTè 
&  le  Peuple  ,  qui ,  profternés  ^ 
fembloient  lui  demander  grâce.  Les- 
deux  flatues  allégoriques  avoient 
des  écuelles  pendues  aux  oreilles  , 
&  des  befâces  au  cou ,  pour  rappe- 
ler le  nom  de  Gueux  que  l'on  avoir 
donné  aux  mécontens.  Elles  étoieat 
entourées  de  ferpens,  de  couleu*» 
vres  &  d'autres  fymboles  deftinéfr 
à  défîgner  la  fauueté ,  la  malice  & 
Tavarice  :  vices  reprochés  par  les 
Efpagnols  aux  vaincus.  On  lifoie 
au  devant  du  piedefbl,  cette  in£^ 
cription  faftueufe  :  A  la  gloire  de 
Ferdinand'Alvare^  de  Tolède  ,  Duc 
d'Albe ,  pour  avoir  éteint  lesfédltlons  ^ 
chajfé  les  Rebelles ,  mis  en  fureté  Ut 
Religion  ,  fait  obfervcr  la  jujiîce  ,  ^ 
aj0rmî  la  paix  dans  ces  Provinces^ 
Ce  vainqueur  fanguinaire  laifiâ  1» 
gouvernement  des  Pays-Bas  à  Doa 
Louis  de  Requefensy  grand- comman- 
deur de  Caftille ,  en  1574.  Le  duc 
iAlbe  jouit  d'abord,  à  la  cour ,  de 
la  faveur  que  méritoient  fes  fervi- 
çok\  maif&'étant  oppofé  aumariagj^b 


T  O  L 

defon  fik  ,  le  roi  PKiPppt  II, 
qui  avoit  projeté  cet  bymen ,  ren- 
voya prifonnier  à  Uzeda.  Il  obtint 
ù  libmé  deux  ans  après  ,  &  fut 
mis  à  la  têce  d  une  armée  que  Ton 
fit  entrer  en  Portugal  l'an  1581. 
Cet  habile  général  y  fit  autant  de 
conquêtes  que  d'entreprifes.  Il  défit 
Dom  Antoine  de  Crato  ,  qui  avoit 
cté  élu  roi ,  &  fe  rendit  maître  de 
Lisbonne.  Il  y  fit  un  butin  inefli- 
nable,  qui  fut  encore  augmenté 
par  l'arrivée  de  la  flotte  des  Indes 
dans  le  port  de  cette  ville.  Mais 
les  Efpagnols  y  commirent  tant 
d'injuâices  &  de  violences  ,  que 
PbWppe  11  nomma  des  commiflaires 
pour  rechercher  la  conduite  du  gé- 
néral, Acs  ofHciers  &  des  foldats. 
On  accufoit  le  duc  étAlbe  d'avoir 
détourné  à  Ton  ufage  l'argent  des 
vaincus  :  comme  on  lui  en  deman- 
doit  compte ,  il  répondit  qu'il  n'ar 
voit  à  en  rendre  compte  qu'au  roi. 
S'il  mt  le  demande  ^  je  lui  mettrai  tn 
Sffu  de  compte  des  Rvyaumes  confervés 
ou  conquis  ,  des  vîHoires  fignolées ,  des 
fiégu  très-difficiles  ,  &  foixante  &  dix 
ans  de /eryics,..,  Philippe^  craignant 
une  (éditioa ,  fît  ceiTer  les  pourfui- 
tes  ;  mais  le  duc  d'Athe  mourut  peu 
de  temps  après ,  le  1 2  Janyier  1 5  S2, 
i  74  ans,  fans  avoir  eu  le  temps 
^e  jouir  du  fruit  de  Tes  nouvelles 
^iâoires.  On  prétend  que  dans  fa 
dernière  maladie ,  il  eut  horreur 
des  torrens  de  fang  qu'il  avoit 
verfés.  Ses  remords  parvinrent  à 
fhilippe  IL  Ce  prince  lui  fit  dire , 
-pour  le  calmer,  »  qu'il  prendront 
"  fur  lui  le  fang  qui  avoit  été 
»  répandu  par  fies  arme»*,  mais  que 
»  le  duc  répondroit  de  celui  qu'il 
M  avoit  fait  couler  fur  les  écha- 
»  &uds  »».  Ceft  ce  qui  efl  rap- 
porté par  l'auteur  du  Recueil  à' Epi- 
uphes^  imprimé  à  Paris  en  178^*, 
mais  il  auroit  dû  rapporter  les  au- 
torités fur  lefquelles  eft  appuyée 
cette  anecdo^  finguUere.  Qugi  qu'il 


T  o  L        165 

en  foît ,  le  duc  d*Alhe  laîfTa  la  ré« 
putation  d'un  général  expérimenté 
&  d'un  politique  habile  -,  mais  d'un 
homme  cruel ,  vindicatif  &  vain  à 
l'excès.  Il  donna  d'abord  peu  d'idée 
de  fes  talens.  Charles -' Quint  lui- 
même  en  avoit  (i  mauvaife  opinion, 
que  lui  ayant  accordé  les  premiers 
grades ,  par  des  confidérations  par- 
ticulieres  ,  il  ne  lui  confia  de  long- 
temps aucune  forte  de  comman- 
dement. L'opinion  de  fon  inca- 
pacité étoit  fi  bien  établie,  qu'un 
Efpngnol  très-confidérable  ofa  luî 
adreffer  cette  lettre  avec  cette  inf- 
cription  :  A  MonfJgncur  Le  Duc 
d'Albe ,  général  des  Armées  du  Roi 
dtns  le  duché  de  AfeVa/i,  en  temps  de 
paix  ,  &  Grand-Maitre  de  la  Mai/on 
dé  Sa  Majtfié  en  temps  de  gume.  Ce 
trait  de  mépris  perça  le  cœur  du 
duc  dAibe ,  le  tira  de  fon  afToupif- 
fement  &  lui  fit  faire  des  chofes 
dignes  de  la  poflérité.  Vuyei  fa  Fie  ^ 
Paris,  1698,  2  vol.  in- 12. 

II.  TOLEDE,  (Don  Pedrede) 
homme  aufTi  fier  que  le  duc  d'Albe , 
&  de  la  même  famjule.  Il  fut  ambafTa- 
deur  de  Philippe  lîl^  vers  Henri  IV ^ 
Ce  prince  lui  dit  un  jour,  que  s'il 
vivoit  encore  quelques  années ,  il 
iroit  reprendre  la  partie  du  royaume 
de  Navarre ,  envahie  par  l'Espagne. 
Don  Pedrt  répondit ,  que  Philippe  lll 
avoit  hérité  de  ce  royaume  *,  que  la 
pifiice  avec  laquelle  il  le  pofTédoit, 
lui  aideroit  à  le  défendre.  Le  roi 
lui  répliqua  :  Bien ,  bien  l  votre  rai/on 
efi  bonne ,  jufqu*â  ce  que  je  fois  devant 
Pamptlune;  mais  alors  nota  verrons 
qui  entreprendra  de  la  défendre  contré 
moi,  L'ambafladeur  fe  leva  h-def- 
fus ,  &  s'en  alla  avec  précipitation 
vers  la  porte  ;  le  roi  lui  demanda 
où  il  allait  fi  viu  ?  —  Je  m'en  vais  , 
dit  Don  Pedre  ,  attendre  votre  Majefti 
à  Pampelune ,  pour  la  défindre,  (  Voy, 

l'article  d'HENRi  IV.) Un 

autre  Don  Pedre  de  Tolède^  d'une 
ÊuniU^hi^n  moins  illuflre  que  cellf 


t64       T  0  L 

des  ducs  étAlh^  ftit  nommé  gou- 
verneur de  Milan  par  PMlîppe  IV, 
À  peine  fut- il  arrivé  dans  fon  gou- 
Vernemeht ,  qu'un  feigneur  lui  en- 
voya un  beau  préfent  de  tout  c« 
qu'il  y  avoic  de  plus  rare  en  gibier. 
f>on  Ptdrt  le  fît  bien  apprêter ,  & 
le  renvoya,  tout  prêt  à  être  fervi , 
i  celui  qui  le  lui  avoit  eavoyé; 
tu  par  cette  adreffe  gcnéreufe  ,  il 
prouva  aux  Milanois  ,  qu'ils  ne 
Rroit  pas  facile  de  le  corrompre 
par  des  dons. 

III.  TOLEDE,  (Jean de)  Voyei 

MONNEGRO. 

TOLET ,  (  François  )  né  à  Cor* 
floue  en  Efpagne,  l'an  1532,  eut 
pour  profefieur  dans  l'univeriité  de 
Salamanque ,  Dominique  Soto  ^  qui 
Tappeloît  un  prodige  (te/prit.  Il  entra 
dans  la  Société  des  Jéitntes  ,  &  fut 
envoyé  à  Rome,  où  il  enfeigna  la 
philofophie  &  la  théologie,  &  où 
il  plut   au   pape   PU   V  ^  qui  le 
nomma  pour  être  Ton  prédicateur. 
Le  JcAiite  exerça  auffi  cet  emploi 
fous  les  pontifes  fes  fucceiTeiU's. 
Grégoire  XÎII  le  fit  lui-même  juge 
&  cenfeur  de  fes  propres  Ouvrages. 
Grégoire  XÏV^  Innocent  JX  Si  Clé» 
ment  VIII^  qui  l'éleva  au  cardina- 
lat ,  lui  confièrent  plufieurs  affaires 
importantes.  Les  Jéfuites  n'avoiem 
point  encore  eu  de  cardinal  de  leur 
Société  avant  lui.  Tolet^  quoique 
Jéfuite  &  Ëfpagnol ,  travailla  ar- 
demment  à   la  réconciliation  de 
fîenrî  IV  avec  le  Saint-Siège,  mal- 
gré Philippe  II y  qui  n'ouUioit  rien 
pour  s'y  oppofct.  Henri  faifit  tou- 
^  ces  \t%  occafions  de  lui  témoigner 
fa  reconnoifiance.  Lorfqu'il  eut  ap- 
pris fa   mort ,  arrivée   en  15  96, 
dans  la  64*  année  de  fon  âge ,  il 
}ui  fit  £ixre  un  fervice  folennel  à 
Paris  &  à  Rouen.  Les  emplois  du 
cardinal  ToUt  ne  rattachèrent  pas  fi 
éortement ,  qu'il  ne  fe  réfervât  tou- 
jours quelque  temps  pour  travailler 
ilkh»ivrm^  QHvrage$,  Lfs  prinjfi- 


TO  L 

paux  font  :  I.  Des  Ci*mmmtains  0u 
S.  Jean ,  Lyon  ,1614,  in-folFo  \  fur 
S,  Luc  y  Rome,  1600 ,  in-fol.  \  fax 
l'Epitre  de  5.  Paul  aux  Romains  ^ 
Rome,  i6oi,  in-4**.  II.  Une  Sommi 
des  Cas  de  Confcience^  ou  V Infime» 
tion  des  Prêtres ,  Paris  ,1619,  in-4"  ; 
traduite  en  françois,  in-4°.  Il  y 
foutient  que  les  fujets  ne  doivent 
point  obéir  à  un  prince  excommu^* 
nié.  Il  y  enfeigne  encore  V^quivo* 
que  &  les  refiriâions  mentales. 

I.  TOLLIUS  ,  (  Jacques  )  nari£ 
d'Inga ,  dans  le  territoire  d'Utrccht» 
mort  en  1696  >  ésoit  doûeur  en 
médecine  &  profeffeur  ordinaire 
en  éloquence  &  en  grec  dans  l'uni* 
verfité  de  Duisbourg.  On  a  de  lui: 
I.  Epîfiola  Itlncnirlm^  Amfierdam, 
1700 ,  in- 4°  -,  Recueil  curieux ,  qui 
avoit  été  précédé  quatre  ans  aupa- 
ravant d'un  autre ,  intitulé  t  T^IlS 
mfignia  Itinernrll  Itallci^  Utrecht  , 
in-4®.  L*auteur  y  raconte  ce  qu'il  a 
obfervé  de  plus  remarquable  dan» 
fes  voyages  d'Italie  ,  d'Allemagne 
&  de  Hongrie.  IL  Fortmta  facra  , 
Amfterdam ,  1687  ,  in-8°.  lU.Une 
Edition  de  Longin  ,  en  1 694 ,  in-4®  ; 
plus  efiimée  que  l'ouvrage  précé* 
dent ,  lequel  efi  rempli  d'idées  vai» 
ses  fur  la  Pierre  philofophak.  L'au- 
teur avoit  plus  d'érudition  que  d« 
jugement. 

II.  TOLLIUS, (Corneille)  frcm 
du  précédent ,  fut  fecrétaire  d'^/ôor 
Vojffius^  qui  fut  obligé,  dit- on  , 
de  le  chaffer  de  chez  lui.  Il  devint 
enfuite  profefiear    en  grec  &  en    > 
éloquence  à  Hardewick ,  &  fecré« 
taire  des  curateurs  de  l'umverfité 
de  cette  ville.  On  a  de  lui:  L  Un 
Traité  Ve  infcUcltau  Utteratorum , 
que   Jean    Burchard  Menckc  a  fait 
réimprimer  à  Leipzig   en   1707 , 
dans  le  Recueil  intitulé:  AnakSa 
de  calamitau  Utteratorùm,   II.  Un* 
Edition  de  Palepkate  ;    &  quelques 
autres  Ecrits ,  où  l'on  trouve  »  wiA. 
^«  dm  1^  F^^cé^eoi^^  <ies  chote 


T  O  L 

tttfînfes  &  recherchées.  Nous  ne 
iàvons  pas  l'année  de  fa  mort. 

m.  TOLLIUS,  (Alexandre) 
frère  des  précédens ,  mort  en  167  5 , 
ift  connu  par  fon  édition  d'Appicn  1 
Cûi  vol.  in-S^:  elle  efteftimée» 
pour  la  fidélité  &  la  beaaté  d^l'im- 
prefion. 

TOMASI,  (Jofeph-Marîe)  fils 
et  hilts  Tomafi  ,  duc  de  Parme  , 
naquit  à  Alicate  en  Sicile  Tan  1649. 
QuoxquHl  fût  l'aîné  d'une  famille 
îHuftre  »  il  Ce  confacra  à  la  Sainte- 
Vierge  dès  fa  plus  tendre  jeunefle  , 
fît  voeu  de  chailcté  &  entra,  dans 
rOrdre  des  Théatins.  Sa  modelHe 
&  fes  autres  vertus  le  rendirent 
le  modèle  de  fes  confrères,  &  foa 
vafte  favoir ,  Tadmiration  des  litté- 
rateurs Italiens.  Il  apprit  le  grec  , 
ITiébreu  ,  le  chaldéen  ,  fe  rendit 
habile  dans  la  théologie,  &  fur-tout 
«lans  la  connoiffance  de  l'Ecriture- 
Sainte ,  &  dans  cette  partie  de  la 
fcicnce  eccléûaftique  qui  règle  l'Of- 
fice Divin.  Le  pape  CUmem  XI 
l'honora  de  la  pourpre  Romaine  en 
1 7 12 ,  &  il  fallut  lui  faire  violence 
pour  la  lui  Êiire  accepter.  Le  nou- 
vtau  cardinal  répandit  dans  Rome 
d'abondantes  aumônes  ,  &  contri- 
bua beaucoup  ,  par  (q&  fermons  & 
par  fon  zele,à  la  réforme  des  mœurs 
de  cette  ville.  Il  mourut  faintemenc 
le  I  5;)nvîer  1715  ,  à  64  ans.  Mo- 
dcÛ3  juiqn'au  tombeau ,  il  avoit 
Voulu  être  emerré  fans  pompe  dans 
un  cimetière  ;  mais  oe  défir  ne  fut 
point  écouté,  &  onlui  érigea  dans 
une  égîife  un  monument  de  mar- 
bre ,  digne  de  fon  rang  &  de  fes 
vertus.  On  a  de  lui  :  I.  Tkeolo^a 
fatrun  ,  1709  ,  3  vol.  in- 8**.  lï. 
Codices  Sacramentoriim  nongentîs  annU 
ntu/Uores ,  in-4<* ,  1680.  lïl.  F/aU 
Urutmjuxta  dupIUem  Edlùonem  Ro» 
ntfUim  &  Galiîcanam,  1633  ,  in-4*'. 
IV.  Pfalurlum  cum  Caatlcis ,  vcrfihus 
frifcp  mort  dlJUnBum  ,  1697 ,  in-4°  ; 
&  plofieurs  Ouvrages  de  LUurgU 


TON         i^î 

anclrâne ,  réunis  à  Rome  en  174 1 , 
2  tomes  in-fol^qui  prouvent  beau- 
coup d'érudition ,  &  une  éruditiofi 
très-variée, 

TOMASINI,  (  JacqucsPhilippe) 
né  à  Padoue  en  1597,  mourut  à 
Ùitta-Nova  en  Ifh-ie,  dbntilétoh 
évêque,  en  1654,  à  ^7  ans.  Les 
lettres  dont  il  6t  prefque  fon  occu- 
pation journalière ,  furent  en  quel» 
que  forte  la  caufe  de  fon  élévation 
à  la  dignité  épifcopale.  Il  eut  le 
courage  de  s'oppofer  au  mauvais 
goût  de  fon  temps  ,  &  fur- tout  à 
celui  de  Marlnl  ,  pour  rappeler 
celui  de  Pétrarque.  Il  recueillit  fans 
choix  &  avec  peu  d'ordre  ,  tout  ce 
qu'il  trouva  fur  cet  auteur  célèbre , 
&  le  publia  fous  ce  titre  :  Pctrar» 
chi  ndivîvMs  ,  en  i  vol.  in-4®.  Il- 
préfenta  fon  travail  à  Urbain  VIU^ 
Ce  pontife  Tagréa  ,  &  regardant  Jo- 
9iii///2/comm*  fon  parent  «  lerécom- 
penfa  par  l'évêché  de  Citta-Nova. 
L'auteui*  corrigea  fon  Ouvtage ,  & 
en  donna  une  nouvelle  Edition  en 
1650.  Nous  avons  encore  de  lui  : 
I.  Une  bonne  édition  des  Epîtret 
de  Caffandre  FidtUe^  avec  fa  Vu,  IL 
Les  VUs  de  plufieurs  perfonnages 
illuftrcs,  1630  &  1644,  vqI*  in-4®. 
III.Les  Annales  des  Chanotnts  de  Saint« 
Georges /n  tf/^<» ,  Congrégation  de 
Prêtres  ftculier»  dont  il  avoit  été 
membre  :  ce  livre  eft  en  latin.  IV. 
Agri  Paiavînl  Infcrtptlones ,  1696  , 
in-4^.  V.  GymnaJuofL  Patavinum  ^ 
1654,  in -4*^. 

TOMASIUS ,  Voyei  TttOMA- 
sivs. 

TOMYRIS ,  Voy,  i.  Cyrus. 

TONSTAL  ,  (  Cutbert)  doaeur 
d'Oxford ,  naquit  à  Tacford ,  dans 
THertfordshire  ,  en  1646 ,  d'une 
Éamilleilluilre.  Après  avoir  fortifié 
ion  efprit  par  l'étude  des  mathéma- 
tiques ,  de  la  philofophie  &:  de  la- 
jarifprudence ,  il  devint  feerétaire 
du  cabinet  du  roi  d'Angleterre^ 
Henri  FUI  l'ayant  envoyé  dans 
L  iij 


i66        T  O  R 

plufieurs  ambaiTades  ,  fut  fi  fatisfaît 
ie  fes  fervices  ,  qu'il  lui  donna 
Icvêché  de  Londres  en  1511,  &; 
celui  de  Durham  en  1530.  Tonftal 
approuva  d'abord  ta  diflolutton  du 
mariage  de  Ton  bien£aiteur  avec 
Ca  hcrlnt  d'Efpagne ,  &  fit  même  un 
Livre  en  faveur  de  cette  diffolu- 
tion  ;  mais  dans  la  fuite  il  condamna 
ion  Ouvrage,  &  finit  fes  jours  dans 
une  prifon ,  pour  la  défenfe  de  la 
Foi ,  en  I ^  59  ,  à  84  ans.  On  a  de 
lui  :  I.  Un  Traité  de  VAndtcompttri 
Londres,  1511,  in -fol.  II.  Un 
autre  de  la  Réalîti  du  Corps  &  du 
Sang  de  /.  C.  dms  PEucharîftlt  , 
PariS  ,  t5Ç4,  in-4^  tll.  Ua  Abrégé 
4e  la  Morale  d'Arlftote ,  Paris ,  1 5  54r 
în-S**.  IV.  Confra  impîos  Blafphema- 
tons  Dû  Prade/Bnationls  ,  Antuer- 
piae,  IÇ55  ,  in-4^ 

TORBERN ,  Voyei  Febourg. 

TORCY.^oyq  CoLBERT, 
n*"  IV. 

TORELLI  ,  (Jacques)  gentil- 
homme de  la  ville  de  Fano ,  &  che- 
valier de  l'Ordre  de  Saint-Etienne^ 
naquit  en  1608.  Ses  rares  talens  pour 
l'arcliiteâure  &  la  décoration  théâ- 
trale ,  le  firent  appeler  en  France  par 
Louis  XIV^  qui  lui  donna  le  titre 
de  fon  architeâe  &  de  fon  machi- 
nifte.  Il  exécuta  plulîeurs  pièces  à 
machines  ,  entre  autres  V Andromède 
de  Cornet l'e\  &  il  étonna  les  fpec- 
tateurs.  On  crut  voir  des  prodiges  ; 
mais  Servandonl  a  fait  depuis  des 
chofes  plus  merveilleufes.  ToreîH 
$*étant  enrichi  à  Paris  &  à  la  cour , 
alla  mourir  en  1678  à  Fano  ,  où  il 
conflruifit  le  magnifique  Théâtre 
qu'on  y  voit. 

^  TORFÉE ,  (  Thormond)  de  Mif- 
nîe  ,  vivoit  dans  le  xvii®  fiecle.  Il 
cfl  connu  par  fon  Wfiolre  des  Orca- 
<icj ,  1 7 1 5  ,  in-fol.  •,  &  par  celle  de  Icl 
^onv.ge  y  en  4  vol.  in-folio ,  171 1. 
Ces  deux  ouvrages  eHimés  font  en 
latin.  L'auteur  mourut  vers  Taa 
X720t  âgédeSxaos» 


T  O  R 

TORNHItL ,  Voy.  Tôornile; 

J.  TORNIEL,  homme  cruel,  plus 
redouté  par  fes  bnrbaries  que  par  fa 
valeur ,  défendit  Kovare  fa  patrie , 
en  1 5  zi ,  contre  le  maréchal  de  Lef' 
cun.  Ce  miférable  mangeoit ,  dit-on, 
le  foie  des  François  qui  tomboient 
entre  fes  mains.  La  ville  ayant  été 
prife  ,  il  fut  pendu  avec  les  bour- 
reaux qull  employoit  à  fes  exécu* 
tions. 

II.  TORNIEL ,  (  Auguftin)  reU- 
gieux  Bamabite,  ne  à  Novareen 
1 543 ,  mort  en  1612 ,  efl  avantageu- 
fement  connu  par  fes  Annales  Sacrî 
&  Profunî  ,  depuis  le  commence- 
ment du  monde  jufqu'à  J.  C,  en 
2  vol.  in-folio ,  à  Anvers  ,  i6ao. 
On  peut  les  regarder  comme  un  bon 
Commentaire  des  livres  hiftoriquss 
de  l'Acclen  Teflament.  Il  cft  un 
des  premiers  qui  ont  éclairci  les  dif- 
ficultés de  chronologie  &  de  géo- 
graphie qui  fe  trouvent  dans  les 
.Livres  faints  &  dans  les  Hifloriens 
profanes.  Son  Ouvrage  eft  fait  avec 
méthode  ,  &  écrit  avec  autant  de 
clarté  que  de  naturel.  On  peut  lui 
reprocher  d'être  feulement  quelque* 
fois  trop  crédule. 

TORQUATO  -TASSO  ,  Voye{ 
I.  Tasse. 

TORQUATUS,  Foy.MANLius- 
Torouatus,  n**  m. 

TORQUEMADA  ,  (Jean  de) 
religieux  Dominicain ,  plus  connu 
fous  \e  nom  àçTurrecremata^  naquit 
à  Valladolid ,  d'une  famille  illuflre. 
II  eut  divers  emplois  importans 
dans  fon  Ordre  »  devint  maître  du 
facré  palais  ,  &:  fut  envoyé  par 
le  pape  Eugcne  IV  au  concile  de 
Bafle.  Il  avoit  déjà  af&flé  à  celui 
de  Conftance  en  1414.  11  fe  fignala 
dans  1  un  &  dans  l'autre  par  fon 
zeîe  contre  les  hérétiques.  »*1I  avoir 
»  été,  dit  M.  FUchkr^  [Hlfi.  àc 
>»  Xtmcnh]  confefleiud'i/fl*«i/cdcs 
)>  fon  enfance ,  &  lui  avoit  fait  prp'> 
M  mtctre  que  ti  Dieo  i'élevoit  uft 


T  O  R 

r  îour  fur  le  trôoe  ,  elle  feroît  fa 
^  principale  affaire  du  châtiment  & 
«  de  la  deflruâion  des  hérétiques  , 
**  lui  remontrant  que  la  pureté  &  la 
"  fimplidté  de  la  Foi  catholique, 
n  étoit  le  fondement  &  la  bafe  d'un 
"  règne  chrétien,  &  que  le  moyen 
"  de  maintenir  la  paix  dans  la  mo- 
»'  narchie  ,  étoit  d'y  établir  la 
"  religion  &  la  jufiice  »«,  Il  reçut 
«0  1439  le  chapeau  de  cardinal.  On 
a  de  lui  :  L  Des  Commentaires  fur  le 
Décret  de  Gradcn  ,Vtn\£e^  IÇ78» 
y  tomes.  II.  Un  TrmU  de  tEgUfe  & 
de  t  Autorité  du  Pape ,  Venife ,  i  j  6x. 
în-folio.  in.  Expofitlo  In  ?falmos , 
Mayence,  1474»  in-fol.  ÏV.  Dt 
torpore  Chrîfil  contra  Bohemos,  V, 
Expofitlo  ht  regulam  fanHi  BmedlHî  « 
Cologne  ,  1575  >  in-foL,  avec  le 
G)ramentairede5mjrtf^^*,  &c.  Ce 
cardinal  mourut  à  Rome  le  26  Sep- 
tembre 146S ,  à  80  ans ,  avec  1» 
réputation  d'un  homme  habile  dans 
la  théologie  de  récole>&  iasis  le 
droit  canonique. 

TORRE ,  (  Philippe  de  Ui)  né  à 
dudad  deFrioulen  KS57 ,  montra 
beaucoup  de  goût  pour  l'étude  des 
monumensdc  l'antiquité.  Il  le  fatisfit 
à  Rome ,  où  il  fe  fixa.  Son  favoir 
lui  concilia  l'cflime  &  la  bienveil- 
lance des  cardinaux  ImpcrlaU  & 
Norit  ^  &  des  papes  Innocent  XII 
&  Clément  XI}  ce  dernier  lui  don- 
na ,  en  1701 ,  l'évêché  d'Adria.  Le 
peu  de  reÎTources  qu'il  avoit  pour 
la  littérature  dans  une  petire  ville  , 
ne  purent  diminuer  fon  zèle  pour 
l'étude.  On  a  de  lui  :  I.  Monumenca 
veteris  Antii  ,  1700 ,  in -4**  ;  livre 
très-favant.  II.   TaurohoUlum   antU 


auno  1704  rspertum  , 
€um  expllcatlone.  Il  fe  trouve  dans 
la  Blbhothtque  cholfie ,  tpme  xvii^. 
m.  De  annis  Imperîi  M,  Antonli  Aw 
rtUi  Heliogahali,  I714  ,  iii-4®.  La 
Torre  avoit  les  connoi^nces  d'un 
^dic  profond  &  les  vertus  d'un 


T  o  R        167 

évêque.  Il  mourut  çn  odeur   de 
fainteté  en  1717  ,  à  60  ans. 

I.  TORRENTIUS  ,  (  Hcrman  ) 
naquit  à  Swolles  dans  rOver-YfTel, 
vers  le  milieu  du  xv"  fiede  ,  fut 
profeffeur  de*  rhétorique  à  Gro- 
ningùe,  &  enfeigna  les  belles-lettres 
dans  fa  ville  natale  jufque  dans  fa 
^ieillefTe  *»  il  le  fit  même  long- temps 
étant  aveugle.  Il  mourut  vers  l'an  / 
1  y  10.  On  a  de  lui  :  I.  Des  SchoHes 

fur  Us  Evangiles  des  Dimanches  & 
Fêtes  y  Devtnttr ,  1599,  in-8®.  II. 
Un  Commentaire  fur  les  Georges  de 
Virifle ,  Anvers ,  1 5^41.  III.  Dlc  " 
tlonnalre  Hifiorlque  &  Poétique ,  Paris^ 
1541.  Il  a  été  augmenté  fucceffive- 
ment  par  Charles- Etienne  &  Frédéric* 
Morel. 

II.  TORRENTiyS,  {Uvlnus}. 
né  a  Gand  le  8  Mars  1525  >  alla  i 
Rome,  &  s'acquit  les  bonnes  gracer 
des  perfbnnes  les  plus  didinguces 
par  leur  rang  &  leurs  talens.  Do 
retour  dans  les  Pays-Bas,  Georges 
d^ Autriche  ^  évêque  de  Liège  ,  le 
pourvut  d'un  ridie  bénéfice.  Il 
mérita  de  nouvelles  dignités  pa^ 
la  manière  dont  il  s'acquitta  d'une 
commifnon  à.  la-  cour  de  Rome, 
Se  fut  fait  fuccefHvement  chanoine- 
de  la  cathédrale  de  Liège  «  archi- 
diacre &  vicaire-général  de  l'évê* 
que  Gérard  de  Groësbeck,  Philippe  II 
le  nomma  à  l'évêché  d'Anvers  en 
1576.  Il  s'appliqua  avec  zèle  à 
réparer  les  maux  que  Théréfie  avoit 
caufés  dans  fon  diocefe.  En  1594» 
il  fait  nommé  à  l'archevêché  de- 
Malines  ;  mais  la  mort  Tenleva  à 
Bruxelles ,  le  26  Avril  1595 ,  avant 
d'avoir  reçu  les  bulles.  Il  laifTa  par 
fon  tedament  fa.  bibliothèque  aux 
Jéfuites  ,  &  de  quoi  fe  former  un 
établifïement  à  Louvain.  Les  occu- 
pations de  fon  état  ne  puirent  éteîn? 
dre  en  lui  fon  goût  pour  les  belle»-, 
lettres.  On  a  de  lui  plufîeurs  pièces, 
de  Poéfies ,  qui  ont  été  recueillies^^  ' 
fous  le  titre  de  Eoemata  ft^cra,^^ 

L  iv 


léS        T  O  R 

Anviers  ,  1594^  titre  qui  ne  répond 
pas  à  ce  que  le  livre  contient,  car 
toutes  les  pièces  n'en  font  point 
facrées.  Les  Poéfies  de  T^rremius  ont 
beaucoup  de  mérite  *,  fes  OdM  qrpen- 
dant  ne  font  point  animées  de  cet 
enthoufiafme  qui  fait  le  cataâere 
de  ce  genre  de  poéûe.  Sts  Com-' 
mentairts  fur  Horace  &  fur  Suitàne^ 
1610  ,  in*foUo  9  tiennent  un'ràng 
parmi  ceux  des  meilleurs  philo- 
logues. 

III.TORRENTIUS.  (Jeun)  pein- 
tre ,  natif  d'Âmfterdam  en  15S9 , 
j^eignoit  ordinairement  en  petrt ,  & 
mettoit  dans  fes  Q^ivràges  beaucoup 
de  force  &  de  vérité.  Il  auroit  pu 
vivre  par  fon  mérite  dans  une  for- 
tune honnête  &  avec  l'eilime  des 
honnêtes- gens ,  fi  fon  goût  pour 
la  débauche ,  &  le  libertinage  de 
fon  efprit ,  ne  l'euffent  perdu.  En 
effet  il  faifoit  des  Peinmres  fi  dif- 
folues  ,  qu'elles  furent  brûlées  par 
la  main  du  bourreau  en  1640.  11 
devint  aufli  Tauteur  d*une  héréfie , 
qui  le  fit  arrêter  &  mourir  dans  les 
tourmens  de  la  quefiion ,  la  même 
année. 

^  TORRICEIXI,  (Evangélifte) 
né  à  Faënza,  le  15  Oâobre  1608, 
montra  beaucoup  de  génie  pour  les 
mathématiques.  Envoyé  à  Rome 
pour  s'y  perfeûionner  ,  il  y  fut 
difciple  du  Père  Bmoit  CcfitlU  , 
«bbé  du  Mont-Caffin  ,  qui  le  fit 
connoitre  à  GahUe,  Ce  célèbre 
mathématicien  ayant  vu  le  Treùté 
du  Mcuvtmiîit  du  jeune  TorricclU  ^ 
l'appela  auprès  de  lui  à  Florence , 
comme  l'homme  le  plus  capable  de 
Tocueillir  les  obfervations  que  fon 
âge ,  fes  infirmités  &  la  perte  de 
ia  vue  l'empêchoient  de  mettre  au 
Jour.  Galilée  étant  mort  en  1641 , 
Torrîceili  eut  une  chaire  de  profef- 
feur  en  mathématiques  à  Florence , 
&  il  cultiva  également  la  géométrie 
&  la  phyfique.  Il  perfeâionna  les 
JliDetces  d'approche  ^  il  fit  le  prc-> 


T  OS 

mîer  ^  des  microfcopes  ,  avec  éÊm^ 
petites  boules  de  verre  travaillées  ^ 
à  h  lampe  ;  il  inventa  lès  «xpé- 
fîences  du  vif-argent,  avec  le  tuyau 
de  verre  dont  on  fe  fert  pour  les 
faire ,  &  qui  porte  fon  nom  *,  enfin  , 
on  attehdoit  de  nouvelles  merveilles 
de  te  grand  homme  y  lorfque  ta 
mof^  l'enleva  aux  fciences  le  25 
O^bré  1647  ,  à  39  ans.  Outre 
fon  Traité  du  Mouvement ,  on  a  de 
lui  :  I.  Ses  Leçons  Académiques ,  en 
italien,  in -4^,  1715-  II»  OperA 
Geometrlca ,  Florence ,  1644,  in^4^. 
On  lui  doit  finon  la  découverte , 
du  moins  la  théorie  de  la  pefanteur 
de  l'air  ,  que  le  tube  qui  porte  foa 
nom,  a  fait  connoitre  d'une  manière 
précife  Se  graduée. 

TORTEBAT,  (  François)  fameux 
peintre  de  Portraits ,  du  dernier  fie- 
cle ,  a  auffi  gravé  à  l'eau-forte  , 
entre  autres  les  figures  anatomiques 
d'après  les  tailles  de  bois  de  VAna^ 
tomic  de  Fefal,  Il  ctoit  gendre  de 
Fouet,.,  Voy.  Piles. 

TORY ,  (  Geoffroy  )  imprimeur 
à  Paris ,  natif  de  Bourges ,  &  mort 
en  1550  ,  avoit  d'abord  été  pro- 
fefiJeur  de  philofophie  au  collège 
de  Bourgogne  à  Paris.  Il  contribua 
beaucoup  à  perfeéiiotmer  les  carac* 
teres  d'imprimerie.  Il  donna ,  fur 
la  proportion  des  lettres ,  un  livre 
fous  le  titre  de  Champ  Fleuri ,  Paris , 
1 5 19  ,  in-4®  ,  &  depuis  in- 8° ,  qui 
fut  très-utile  aux  typographes.  Il 
eft  encore  autetur  d'ime  TraduBhn. 
des  Hiéroglyphes  d*Horus  -  Apollo  , 
in-S"  -,  &  d'un  ouvrage  intimlé  : 
jEdtloquium  »  feu  Dîfffia  ctrcà  Màa 
afcribenda  ^  in-8". 

TOSTAT,  (  Alphonfe  )  doôeur 
de  Saiamanque,  devint  enfuîte  évê- 
que  d'Avila ,  parut  avec  éclat  au 
concile  de  Bafie  •  &  mourut  en 
1454 ,  à  40  ans.  On  a  de  lui  :  I» 
Des  Commentaires  fur  la  Chronique 
d^Eufcbe ,  Salamanque ,  i  ço6 , 5  vol# 
ÎQ-folio.  IL  D'autres  Commentairet 


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ftr  l'Ecrimre-fainte.  HI.  Tous  feft 
Xîuvragesfurentimprimés  à  Venife, 
IJ96  ,  en  13  vol.  in-fol.  On  ne 
peut  nier  qu'il  n'ait  enfafle  beaucoup 
de  paflages  -,  mai^'il  feroit  difficile 
de  fe  perfuader  qu'il  les  ait  bien 
digérés.  On  lui  ût  pourtant  cette 
Epitaphe  : 

Mie  Jbtpor  efi  mundi  ,  qm  fcîhtie  dtf' 
cudt  omat^ 

Des  Savans  à  la  fois  prodige  6c 

dëfçfpoir  , 
Ci  gît  qui  dlfcuta  tout  ce  qu*on 

peut  ravoir. 

TOt.'j  Charles  de  Ferrare  du) 
co^eiller  au  parlement  de  Rouen , 
ioignoit  à  une  vivacité  d'imagina- 
tion ,  &  à  une  étendue  d'efprit  fur- 
prenantes,  une  vafte  le^re,  que 
h  mémoire  fidelle  lui  rendoit  tou- 
jours préfente.  Il  aimoit  &  con- 
noiiToit  les  beaux-arts.  Ses  talens 
lui  acquirent  le  commerce  de  pref- 
que  tous  •  les  favans  de  fon  temps. 
11  mourut  en  1694.  On  a  de  lui 
plufieurs  Picus  inférées  dans  divers 
Journaux  ;  &  féparément  la  Rtloilon 
it  la  Cour  de  Rome ,  qu'il  donna  fous 
le  nom  de  Angelo  Corraro ,  ambaf- 
ûdeur  de  Venife ,  à  Rome^.  Voye\ 
Melon. 

TOTILA,  dit  auffi  Badullla,  roi 
«les  Goths  en  Italie,  fut  mis  fur 
le  ttrône  après  la  mort  d*Evaric , 
^ers  541.  Son  courage  éclata  contre 
les  troupes  de  Jujilnkn  ,  fur  lef- 
çjelles  il  remporta  deux  viâoires 
fignalées.  Il  fe  rendit  maître  de  toute 
la  baâfe  Italie ,  &  des  iiles  de  Corfe , 
de5ardaigne&  de  Sicile.  Sonenu-ée 
4ans  Naples  ne  ûit  plus  marquée 
par  des  barbaries ,  comme  on  de- 
voit  s'y  attendre ,  mnis  par  des  a£te$ 
^  clémence  &  de  bonté.  Comma^a 
&un  avoit  épuifé  les  forces  des 
affîégés,  &  qu'il  étoit  à  craindre 
fpi'iU  ne  s'incommodafïent  en  pre- 
mm  tout-à*coup  4e  la  nourriture  « 


T  O  U         169 

il  mit  des  gardes  aux  portés  pour 
les  empêcher  de  {ortir  y  &  après 
avoir  diftribué  lui-même  des  vivres 
avec  une  fage  économie,  il  leur 
permit  d'aller  où  ils  voudroient» 
Il  tourpa  enfuite  fes  armes  vers 
Rome,  qu'il  prit  en  546 ,  de  qu'il 
traita  avec  beaucoup  moins  de  dou- 
ceur que  Naples.  Les  fénateurs  & 
les  plus  riches  citoyens  furent  obli- 
gés d'aller ,  couverts  de  haillotis  , 
demander  du  pain  à  la  porte  des 
Goths.  RuJiicUane ,  femme  du  célè- 
bre Boéce ,  qui  avoit  diftribué  tous 
fes  biens  aux  pauvres  durant  le 
fiége ,  fut  réduite  à  cette  extrémité. 
Toula  quitta  Rome ,  qu'il  ne  pou- 
voit  garder  ,  &  fut  défait  par  JSéil'^ 
faire  »  en  fe  tetirant  ;  mais  dès  que 
ce  général  eut  été  rappelé  à  Conf- 
tantinople ,  TotlU  affiégea  Rome  de 
nouveau,  y  entra  par  ilratagêrae 
en  549,  &  répara  les  maux  de  la 
guerre.  Juji'nien  envoya  contre  lui 
Narsès ,  qui  le  rencontra  au  pied 
de  l'Apeimin.  La  bataille  s'engage  » 
&  quelques  foldats  de  l'armée  im- 
périale ayant  rencontré  TodU ,  un 
d'entre  eux  lui  porta  un  coup  de 
lance ,  dont  il  mourut  peu  de  jours 
après,  en  552,  après  11  ans  de 
règne.  Ce  prince  avoit  du  courage  » 
de  la  hardielTeôc  de  ra6:ivité',  &, 
ce  qui  eu.  bien  plus  précieux ,  au- 
tant d'amour  pour  le  genre  hupain, 
que  ppuvoit  en  avoir  un  Goth  & 
un  conquérant. 

TOUCHE,  (Claude  Guymond 
de  la)  né  en  17 19,  jeune-homme 
auffi  eftimable  par  fon  caraÛere 
que  par  fes  talens  pour  la  poéfie» 
porta  ^  pendant  quelque  temps  , 
l'habit  de  Jéfuite  *,  mais  les  défagré- 
mens  que  lui  atnra  ,  de  la  part  de 
ces  religieux ,  une  Comédie  qu'il 
fit  jouer  en  1748 ,  l'indifpofa  contre 
eux.  Dans  les  premiers  mouvemerts 
de  fon  reiTentiment ,  il  produifitfon 
Epître,  publiée  en  1766,  fous  c» 
titre  :  Jm  Sot^irs  eu  CloUn ,  «u  Ji 


Î70       T  O  U 

Trlomphi  du  Fanaùfnu^  La  poéii€  en 
eft  noble  &  énergique  -,  mais  les 
JefLiites  y  font  peints  fous  des 
couleurs  bien  noires.  L'auteur  ne 
carda  pas  de  les  quitter ,  &  il  réTolut 
de  fe  confacrer  au  Théâtre ,  pour 
lequel  il  avoit  du  talent  &  du  goût, 
ïl  donna,  en  1757,  une  Tragédie 
fans  amour ,  intitulée  \  IphîgénU  en 
Tûurtdt ,  qui  eut  un  grand  fuccès , 
iSc  qui  eft  reftée  au  théâtre,  quoique 
la  vérification  &  le  ftyle  n'enfoient 
pas  moelleux,  &  que  le  dénoue- 
ment en  foit  manqué.  [  Foyei  III. 
CRjtNGE.]  On  excufe  ces  déèiuts, 
en  faveur  d'une  conduite  régulière, 
d'une  élo'^uence  vive  &rédui(ante, 
d'une  fcene  remplie  de  grandeur , 
de  tendreâê  &  de  pathétique  entre 
Crefte  &  Pllade  ;  &  fur  -  tout  en 
£3iveut  du  grand  intérêt  réfultant 
d'une  aâion  fimpie,  &  du  naturel 
qui  règne  dans  le  dialogue  &  les 
fentimens.  Notre  poète  préparoit 
une  Tragédie  de  Régulas  ,  lorfque 
la  mort  l'enleva  à  la  fleur  de  fon 
âge,  le  14 "Février  1760,  Il  mourut 
d'une  fluxion  de  poitrine.  Quelques 
inomens  avant  qu'il  expirât,  il  dit 
à  ceux  qui  Tenvironnoient ,  ces 
deux  vers  de  Voltaire  : 

Et  te  riche  &  U  pauvre ,  &  lefûihU 

&  Ufortf 
Vont  tous  également  des  douleurs  à 

la  mort. 

On  a  de  lui  quelques  Pièces  fugi- 
tives manufcrites  -,  &  on  a  donné  au 
public  fon  Epitre  à  f  Amitié ,  qui , 
quoique  un  peu  longue ,  eft  agréa- 
ble à  lire  :  on  y -trouve  pluâcurs 
vers  heureux. 

TOUCHES,  roy.DESTOUCHBC. 

TOULOUSE ,  (  Comtes  de  )  Voy. 
Aaimokd,  n***  I  6»  II.  ^ 

1.  TOUR ,  (  Henri  de  la  )  duc  de 
Bouillon,  prince  de  Sedan ,  &  ma- 
réchal de  France ,  naquit  en  1 5  5  |f . 
Il  fervit  avec  diitinéHon  fous  Char" 
les  IX  &  Henri  III.  Le  vicomte  de 


T  O  U 

Tare/me ,  fon  père ,  a^oit  époufé  Is 
fille  du  connétable  de  Montmorenci^ 
qui  apprit  à  fon  petit-fils  le  métier 
de  la  guerre.  Ayant  embraffé  le 
Calvinifme ,  il  s'attacha  tt  Henri  de 
Navarre ,  dont  il  féconda  la  valeur, 
à  la  bataille  de  Coutras  &  au  fiége 
de  Paris ,  en  1 590.  Le  roi  l'employa 
dans  diverses  négociations ,  &  l'en- 
voya à  la  reine  d'Angleterre  &  à 
quelques  princes  Proteftans,  pour 
lolliciter  des  fecours.  En  1592  «  il 
obtint  le  bâton  de  maréchal  de 
France,  &  il  avoit  dé&it»  cette 
même  année ,  les  troupes  du  duc  de 
Lorraine  ,  près  de  Beaumont-en- 
Argonne ,  où  il  fut  blefTé  de  deux 
coups  d'épée.  Après  s'être  ixgnalé 
dans  d'autres  occaiions ,  il  mourut 
en  1623 ,  à  67  ans  &  demi.  Henri 
IV  lui  avoit  fait  époufer  Ckarlotu 
de  la  Mark  y  fouveraine  de  Sedan, 
morte  en  1594.  Il  en  eut  un  fils* 
qui  mourut  ;  mais  la  fouveraineté 
lui  demeura.  Il  époufa  en  fécondes 
noces  Elifabeth  de  Najfau ,  fille  de 
Guillaume ,  prince  d'Orange  »  &  de 
Char  loue  de  Bourbon,  Une  ,ô  grande 
alliance,  fa  valeur,  fes  talens  mi- 
litaires &  fes  négociations ,  en  firent 
un  homme  très  -  important  dans 
l'Etat.  Marie  de  Médias  le  craignoît, 
le  ménageoit,  &  eut  fouvent  befoia 
de  lui.  Il  ne  voulut  cependant  pas 
entrer  dans  le  parti  de  cette  prin- 
ceâie ,  &  lui  fit  dire  qu'il  étoic  trop 
vieux  pour  fe  mêler  d'affaires  fi 
épineufes.  Uniquement  occupé  à 
embellir  &  à  fortifiei^  la  ville  de 
S^dan,  il  y  établit  une  académie, 
où  la  jeune  nobleile  Calvinifle  de 
France  &  d'Allemagne  venoit  faire 
fes  études  &  fes  exercices.  On  y 
appienoit.  l'art  militaire  ,  fous  les 
yeux  d'un  héros.  Sa  bibliothèque 
étoit  nombreufe  *,  6c  quoique  le 
connétable  Arme  de  Montmorenci , 
fon  grand'pere ,  qui  ne  favoit  ni 
lire  ,  ni  écrire ,  ne  l'eût  pas  fait 
élever  daos  le  goût  des  beUe$-let« 


T  OU 

trçs  ,  îl  avoit  toujours  aimé  les 
^ens  favans ,  &  il  fe  plaifoû  à  leur 
converfation.  La  fin  de  fa  vie  fut 
troublée  par  le  chagrin  de  voir 
Fréderte,  roi  de  Bohême ,  fon  neveu, 
dépouillé  de  tous  fes  états.  Il  laifTa 
pluiieiirs  en&os  de  fa  féconde 
femme ,  Elîfabuh  dû  Najfau  ^  morte 
en  1642  :  entre  autres  deux  gar- 
çons ;  FridtriC'  Maurice^  duc  de  Bouil- 
loti ,  [  Voyei  Tarticle  fuivant  ;  ]  6c 
Kenrî,  v  icomte  de  Turennâ.  [  Voy, 
ce  dernier  mot.  ] 

II.  TOUR  ,  (  Frédéric-Maurice 
de  la  )  duc  de  Bouillon  >  fils  du  pré- 
cédent ,  &  frère  aîné  du  vicomte 
^  Turmne ,  commença  à  porter  les 
armes  en  Hollande ,  fous  le  prince 
if  Orange,  fon  oncle  ,  &  s'acquit  un 
nom  »  en  peu  d  années  ,  par  Ces 
lalens  militaires.  Ayant  enlevé  un 
convoi  confidérable ,  &  fait  prifon- 
nier  le  commandant  de  Tefcorte ,  il 
contraignit  Bois-le-Duc  à  fe  rendre 
peu  de  jours  après.  Etant  gouver- 
neur de  Madricht ,  il  força  les  Efpa- 
gnols  à  en  lever  le  fiége,  par  des 
forties  fréquentes  &  meurtrières.  11 
s'attacha  au  fervice  de  France  en 
1655.  Ce  royaume  étoit  alors  rem- 
pli de  mécontens ,  que  le  minidere 
impérieux  du  cardinal  de  RîchdUu 
avoit  foulevés  *,  le  duo  d€  Bouillon 
fe  laiiTa  entraîner  au  torrent,  & 
contribua  beaucoup  à  la  viâoire 
qu'ils  remportèrent  au  combat  de 
la  Marfée.  Réconcilié  avec  la  cour, 
jï  fut  nommé  lieutenant  général  de 
l'armée  d'Italie  ;  mais  ayant  été  ac- 
cufé  d'avoir  fevorifé  le  complot  de 
Cinq-Mars  contre  le  cardinal ,  îl 
fut  arrêté  à  Cafal ,  &  ii'«btint  fa 
liberté  qu'en  cédant  fa  fouveraineté 
de  Sedan.  L'efpoir  de  la  recouvrer 
peut-être  ,  le  rengagea  ,  bientôt 
après ,  dans  la  guerre  civile ,  fous 
la  régence  de  la  reine-mere.  Il  de- 
vint l'ame  de  fon  parti.  Soit  dégoût» 
foit  amour  du  repos ,  il  mit  bas 
les  armes  au  bout  de  quelque  temps, 


171 


T  O  U 

&  lit  fa  paix  avec  le  roi ,  qui ,  en 
échange  de  Sedan ,  lui  donna  en 
propriété  les  duchés-pairies  d*Al- 
bret  &  de  Château  -  Thierri  ,  les 
comtés  d'Auvergne  &  d'Evreux, 
&c.  U  mourut  l'an  1651,  dans  fa 
48*  année.  Brave  ,  aâif ,  vigilant , 
le  duc  de  Bouillon  étoit  digne ,  païf 
fon  mérite  perfonnel  &  par  fa  naif- 
fance ,  de  parvenir  au  faite  des  bon* 
neurs  militaires  -,  mais  fon  attache- 
ment aux  intérêts  des  princes  l'enr-^ 
pécha  d'y  monter.  Il  avoit  époufé  • 
en  1634 ,  Elionore^Catherlnê  FehronU 
de  Bergh ,  dont  il  eut  divers  enÊins  s 
les  plus  connus  font  >  Godefioi'- 
Maurice  de  la  Tour ,  grand  chambel- 
lan de  France  »  mort  en  X711 ,  à 
82  ans  *,  Frédtrlc-Maurtce ,  lieutenant 
général ,  mort  en  1707 ,  à  6G  ans, 
qui  a  formé  la  branche  des  comtes 
d'Auvergne;  Emmanuel -Théodofe^ 
plus  connu  fous  le  liom  de  Cardinal 
DE  BoviLLOS  ;  Voye\  ce  mot. 
TOUR,  (Henridela)ri>yeç 

1*17  RENNE 

T  O  U  R ,  (  Claudine  de  la  )  Vùye^ 

III.  TOURNON. 

III.  TOUR ,  (Georges  de  la)  pro- 
fefieur  de  botanique  dans  l'univer- 
iité  de  Padoue  ,  more  en  16S8 ,  k 
81  ans ,  eft  connu  par  deux  Ouvra- 
ges redierchés.  I.  Une  Hiftoire  des 
Plantes  fous  ce  titre  :  Dryadum  , 
Hamadryadum  ,  Chloridlfque  Trium" 
phus ,  Patavii ,  1685 ,  ^n 'folio.  II« 
Catalogus  Plantarum  Horti  Patavlnl^ 
1661 ,  in-i2. 

IV.  TO  U  R ,  (  Bertrand  de  la  ) 
doûeur  de  Sorboime ,  de  l'académie 
de  Montauban ,  &  doyen  du  cha- 
pitre de  cette  ville  >  naquit  à  Tou- 
loufe  au  commencement  de  ce  £ec1f , 
Ce  mourut  à  JVfontauban  en  1781. 
Cétoit  un  homme  de  bion ,  donnant 
l'exemple  des  vertus  qu'il  prêchoit, 
&  qui.  ne  reffembloit  pas  à  ces  aux 
dévots  dont  on  a  dit ,  qu'ils  étoxent 
Mollnlfies  pour  eux  >  mômes  »  & 
Janfénljlu  pour  ks  autres*  So«  édt 


T7Î      Toir 

lui  fit  entreprendra  des  Aiiilioftt 
élans  des  pays  loitmins  •,  fa  charité 
fe  répandj^  en  abondintes  aumô- 
nes ;  fon  amour  pour  les  lettres 
V,ftngagea  à  fonder  le  prix  annuel 
«le  2)o  livres ,  pour  les  fumets  pro- 
pofés  par  Tacadénûe  de  Montauban. 
On  troilve  feulement  un  peu  de 
fy!Re  dans  la  légende  de  la  médaille: 
£x  munîfictntU  Domîni  D  E.  la  Toitr; 
comme  s'il  étoit  («ueftion  d'un 
Aqueduc  des  Romains ,  ou  de  la 
Voie  Appiennc  !  Nous  av^ns,  de 
l'abbé  /kfla  Tour  :  h  Des  Sermons 
en  plnlieurs  vol.  in-12.  Dans  les 
Difcburs  de  morale,  il  e(l  abondant, 
œab  peu  méthodique»  &  trop  fou- 
vent  lâdie  &  diffus.  Dans  les  Pané- 
gyriques ,  c'eft  de  la  poéfie  plutôt 
que  de  l'éloquence  1  tant  il  prodigue 
le:s  images  &  les  figure^.  Dans  les 
uns  &  dans  les  autres  ,  on  voit  un 
«crivain  nourri  de  l'Ecriture  &  des 
Pères.  II.  Des  Réflexions  fur  U  Théâ- 
tre ,  in-12.  Ce  font  plufieurs  bro- 
chures qu'il  publia  fucceffivement 
Cq^fifte  la  Comédie ,  &  même  contre 
les  Comédiens.  Il  a  rafî*emblé  tout 
ce  qu'on  a  dit  fur  cette  matière  ^ 
mais  il  fe  permet  des  digreifions 
qui  l'emrainent  loin  de  fon  fujet , 
À  il  fe-  livre  à  une  humeur  fati'- 
rique  6c  emportée ,  qui  affoiblit  la 
bonté  de  fes  raifons.  Ce  caraâere 
cauftique,  que  la  piété  de  l'abbé  tU 
}a  Tour  ne  réprima  pas  toujours , 
imimidoit  jufqu'à  fes  fupérieurs. 
III,  Pes  Dîf cours  &  des  Diffmaùonsy 
«lans  }es  Mémoires  de  l'académie  de 
Montauban  ,  dont  il  fut  un  des 
.  membres  les  plus  diûingués.  Il  pro- 
pofoit  ordinairement  le  fujet  des 
prix;  &  ce  fujet  étoit  toujours  une 
vérité  morale  oti  rcligieufe.  On  l'a 
blâmé  de  forcer  par-là  les  conciy> 
re^  à  entaiTer  dans  leurs  Difcours , 
des  lieux  communs  mille  fois  re- 
l)attus  ',  mais ,  fon  but  étant  princi- 
palement d'exciter  l'émulation  des 
jeuofs  prédicateurs ,  il  valoit  mieux 


T  O  U 

encore  les  engager  à  traiter  éfsê^ 
fujets  moraux  ,  que  de  leur  pro« 
pofer  de  Êiire  l'éloge  d'un  homme 
médiocre,  en  phrafes  bourfoufléet 
&  emphatiques. 

V.  TOUR ,  (  N.  de  la  )  l'un  des 
plus  célèbres  peintres  de  portraits 
de  ce  fiede ,  mourut  à  Saint-Quen-* 
tin  ,  fa  patrie ,  le  17  Février  1788  , 
à  85  ans.  Il  étoit  non-Yeulement 
un  grand  artifte»  mais  un  homme 
aimable.  Il  peignit  nos  gens  de-  letr  ' 
très  les  plus  difiingués ,  &  vécut 
avec  eux  en  homme  capable  de  les 
entendre  &  de  les  apprécier.  St 
converfation  étoit  gaie  y  vive ,  fail- 
lante  »  &  quelquefois  un  peu  caus- 
tique. S'étant  retiré  »  fur  la  fin  de  ' 
fes  jours ,  à  Saint-Quentin ,  il  forma, 
plusieurs  établifTemens  utiles  ,  qui 
atteilem  le  bon  uûge  qu'il  faifott 
de  fa  fortune  ainfi  que  de  Tes  talens, 

TOUR-BRULÉE ,  Voye^  ToR- 

QVEMADA. 

TOUR.DU-PIN,  (Jacques-Fran- 
çois'René  de  la  )  né  en  Dauphiné 
en  1721»  abbé  d'Ambournai ,  Se 
grand" Vicaire  de  Riez  ,  fe  iignala 
de  bonne  heure  dans  la  chaire.  Il 
prêcha  TAvent  à  la  cour ,  en  17^5  • 
Son  aâion  étoit  noble  &  affec* 
tueufe.  Elle  auroit  eu  plus  de  di- 
gnité, peut-être,  s'il  y  étoit  entré 
moins  de  jeu  *,  mais  c'étoit  le  ton 
de  l'auteur.  Il  avoit  commencé  à 
publier  fes  Panégyriques ,  6  voliiknes 
in-12  ,  lorfqu'une  attaque  d'apo- 
plexie l'emporta  le  26  Juin  1765  , 
à  44  ans.  '(  Plans  fimples  &  preA 
"  que  toujours  pris  dans  le  cœur 
''  du  fujet  :  ftyle  facile ,  uni ,  cou- 
»  lant,  allez  concis,  mais  fansfé- 
*•  cherefîe;  plus  délicat  que  re- 
M  cherché  ;  ne  s'éîevant  qu'avec 
"  les  chofes  qu'il  traite ,  ôc  n'cm-> 
)t  pruntant  jamais  fa  force  que  de 
»  l'énergie  même  éts  objets  ;  & 
>»  coloris  en  général  auHi  doux 
n  qu'égal  :  voilà  ,  dit  Querlon  ^ 
n  ridée  que  nous  donnerions  de 


T  O  U 

1)  foft  genre  »>.  Nous  ajouteron»  à 
te  jugement ,  que  Tabbé  de  la  Tour* 
Ju'Fin  emploie  trop  fou  vent  l'an- 
tithefe;  que  fes   applications  de 
l'Ëcriture  font  ingénieufes ,  mais 
qu'elles  ne  font  pas  toujours  juftes. 
Cet  orateur  avoit  prêché  le  Pané- 
gyrique de  S,  Louis ,  devant  l 'aca- 
démie  Françoife  ,  en   1751  ,    & 
avoit  fatisfait  cette  compagnie.  Il 
étoit  de  l'académie  de  Nand. 
TOUREIL,  roy«î  TouRREit. 
TOURNEFORT,  (  Jofeph  Pitton 
de  )  né  à  Aix  en  Provence ,  le  5  Juin 
1^56 ,  d'une  famille  noble ,  fe  fentit 
botanifte  ,  dit  Fontaulk^  dès  qu'il 
vit  des  plantes.  Quelquefois  il  man- 
^loit  à  fa  daâe  pour  aller  herbo- 
€i(tr  à  la  campagne  ,  &  pour  étu- 
dier la  nature ,  ajj  lieu  de  la  langue 
des  anciens  Romains.  Ses  parens  le 
deôinerent  à  Tétat  eccléfiaftique  ; 
Tnais  la  mort  de  fon  père  »  arrivée 
^  1677,  le  laifla  entièrement  maître 
de  fuivre  fon  inclination.  Il  pro« 
ifita  aulli-t^  de  fa  liberté ,  &  par- 
courut ,  en  1678 .»  les  montagnes  du 
Dauphiné  &  de  Savoyc.  En  1679  » 
il  alla  à  Montpellier ,  où  il  fe  per- 
fecHonna  beaucoup  dans  Tanatomie 
&  dan»  la  médecine.  Un  Jardin  des 
Plantes ,  établi  dans  cette  ville  par  - 
Henri  iF,  lui  fut  d'un  grand  fecours. 
De  Montpellier  il  paââ  aux  Pyré- 
nées «  où  il  fut  dépouillé  deux  fois 
par  les  Miquelets  Efpagnols ,  fans 
que  ces  acçidens  puaient  diminuer 
ion  ardeur.  Les  rochers  af&eux  8c 
prefque    inacceffîbles    qui  l'enyi* 
ronnoient  de  toutes  parts ,  s'étoient 
changés  pour   lui  en.  une  magni- 
fique bibliothèque ,  où  il  avoit  le 
pkifîr  de  trouver  tont  ce  que  fa 
çuriofité  demandoit.  Un  jour  une 
méchante  cabane  où  il  couehoit, 
tomba  tout  -  à  -  coup.  Il  fiit  deux 
heures  enféveli  fous  les   ruines, 
&  il  y  auroit  péri ,  fi  on  eftt  tardé 
encore  quelque  temps  a  le  retirer. 
}l  :ïi|Yiqt  à  MontpeUjg:  à  la  fin  4tt 


T  O  U        175 

16S1 ,  &  de  là  il  alla  xhez  lui  ft 
Aix ,  où  il  rangea  dans  fon  Herbier, 
toutes  les  Plantes  qa^il  avoit  ra- 
maffées ,  de  Provence ,  de  Langue- 
doc ,  de  pauphiné  t  des  Alpes  & 
des  Pyrénées.  Fagon^  premier  mé- 
decin de  la  rône  ,  l'appela  à  Parijs 
en  1683 ,  &  lui  procura  la  place  de 
profefieur  en  botanique  au  Jardin 
royal  des  Plantes.  Cet  emploi  nf» 
l'empêcha  pas  de  faire  plufieuvt 
voyages  ei  Efpagne ,  en  Portugal  > 
en  Hollande  &  en  Angleterre.  U 
trouva  par- tout  des  amis  &  des 
admirateurs.  Hennin ,  profefieup  de 
botanique  à  Leyde,  voulut  lui  ré- 
figner  fa  placer  &  pour  Tengagec 
à  l'accepter,  il  lui  fit  entrevoir  una 
penfion  de  4000  liv.  des  Etats-gé- 
néraux.  Mais  Tt/nme/lrr  préféra  fa  ' 
patrie  à  des  offres  fi  fiatceufes.  La 
France  ne  fut  pas  ingrate  j  Tacadé* 
mie  des  Sciences  lui  ouvrit  fon  fein 
en  1691 ,  &  le  roi  l'envoya  l'an 
1700 ,  en  Grèce ,  en  Afie ,  non-feu- 
lement pour  chercher  des  Planteî  » 
mais  encore  pour  y  recueillir  des 
.obfervations  fur  toute  THifioire  na« 
turelle,  fur  la  Géographie  ancienne 
&  moderne»  &  même  fur  les  Màeurs» 
la  Religion  &  le  Commerce  des  peu^ 
pies.  Il  vouloit  aller  en  Afrique  y 
mais  la  pefic  qui  étoit  en  Egypte»  ^ 
le  fit  revenir  de  Smyrne  en  France' 
au  bout  de  deux  ans.  Ses  cpxu-fi^ 
&  fes  travanx  avoient  beaucoup, 
altéré  fa  faute)  &  ayant  reçu  par 
hafard  un  coup  fort  violent  dans  la 
poitrine ,  il  mourut  le  iS  Décem- 
bre 1708.  Il  laiffa  par  fon  tèftament^ 
fon  Cabinet  de  curiofité&  au  roi  « 
pour  l'ufage  des  fa  vans,  &  fes  Li- 
vres de  botanique  à  l'abbé  Blgno/im 
C'étoient  deux  préfens  confidéra* 
ble^  Tourne/on  étoit  d'un  tempe'*  ' 
rament  vif ,  laborieux ,  robùfie.  Un 
grand  fond  de  gaieté  namrelle  It 
foutenoit  dans  le  travail  ;  &  fon 
corps  auifi  bien  que  fon  efprit  avoit 
4té  farjiv?  pour  la  Jiotaniqu^  $ei|< 


174        T  O  U 

principaux  Ouvrages  font  :  I.  EU- 
mens  de  Botanique^  ou  Mdthode  pour 
tonnottrt  les  Planter  ;   imprimés  au 
Louvre»  en  3  vol.  in-8®,  1694» 
avec  451  figures.  Cet  Ouvrage, 
fait  pour  mettre  de  Tordre  dans  ce 
nombre  prodigieux  de  Plantes  fe- 
méesfi  confufémentfur  la  furface  de 
là  terre»  les  réduit  toutes  314  claâTeSt 
par  le  moyen  defqueUes  on  deTcend 
à  673  genres ,  qui  comprennent  fous 
eux  8S46  efpeces  de  Plantes ,  foit 
de  terre  »  foit  de  mer.  Il  règle  les 
genres  des  Plantes  par  les  âeurj  & 
par  les  fruits  pris  enfemblç.  Toutes 
les  Plantes  femblables  par  ces  deux 
parties,  doivent  être  cenfées  du 
même  genre,  hcs  différences ,  ou 
de  la  racine ,  ou  de  la  tige  ou  des 
feuilles,  font  leurs  différentes  efpe* 
ces.  Ce  fyftême  qui  a  fouffert  des  con- 
tradidions ,  a  ccpendanc  l'avantage 
de  faciliter  l'étude  de  la  Botanique* 
Toumefort  donna,   en  1700  ,  une 
Edition  plus  ample  de  fon  Ou- 
vrage ,  en  latin ,  fous  le  titre  de 
Ihftktulonts  Rd  Hcrhané ,  en  3  vol. 
in-4** ,  avec  25  planches  de  plus  ; 
inais  la  première  édition  cft  plus 
recherchée,  parce  que  les^gutçs 
font  moins  ufées  que  dans  la  ft- 
conde.  II.  Corollarîum  ^Injîkmonum 
rtl  HerharU  ,  imprimé  en    1703  ^ 
cfacs  lequel  il  fait  part  au  public 
des  découvertes  qu'il  avoit  fiaites 
fat  les  Plantes  dans  fon  voyage 
d'Orient.  IIÏ.  Son  Voyage  du  Levant^ 
imprimé  au  Louvre,  1717»  ^^ol. 
in-4®j  ScTéimpriméà  Lyon,  3 
v*ol.  in-iS**.  Ce  livre  curieux  ren- 
feriîie  non -feulement  des  décou- 
vertes de  Botanique-,  on  y  trouve 
cticore  des    défcriptions  exaâes, 
tout  ce  qui  a  rapport  aux  mœurs 
des  peuples,  &  une  grande  c«n- 
noîffâïce  de  Ifli^oire  ancienne  & 
moderne.  L'abbé  de  la  Porte  a  pris 
dansxét  'Ouvrage,  ce  qu'il  y  a  de 
plus  întérelTant  dans  les  dçux  pre- 
ïtiKx%  vçlumes    de  fon  Voy^è^ur 


T  O  U 

François»  IV.  Hifioire  des  Plantes  de* 
environs  de  Paru ,  imprimée  au  Lou« 
vre,  1698 ,  in-i2  ;  réimprimée  ea 
1725  ,  2  vol.  in- 12.  Ce  livre  eft 
utile  par  l'attention  qu'a  l'auteur  de 
marquer  l'ufage  qu'on  peut  faira 
en  médecine,  de  chaque  Plante.  V. 
Traité  de  matière  Médicale,  17 17» 
2  vol.  in-l2.  VI.  Toumefort  avoij 
fourni  à  l'académie  des  Sciences, 
pluiieurs  Mémoires  inférés  parmi 
ceux  de  cette  compagnie.  On  lui 
doit  fur-tout  le  renouvellement  de 
rhypothefe  de  la  végétation  des 
pierres ,  oubliée  depuis  long-temps  » 
&  appuyée  fur  des  preuves  nou« 
velles. 

TOURNELLE ,  (  la  Mârquifc  de 
la  )  Voye\  111.  Maillï. 

TOURNELY  ,  (Honoré)  doc- 
teur  de  la  Maifon  &  Société  de  Sor- 
bonne  ,    naquit  à  Antibes  le  2S 
Août  16^8,  de  parens  obfcurs.U 
gardoit  les  pourceaux  comme  Sixte* 
Quint  ,    lorfqu'ayant   apperçu  un 
carrofle  dans  la  route  de  Paris ,  il 
lui  prit  envie  d'aller  voir  un  de 
fes  oncles  qui  avoit  une  petite  place  ' 
à  Saint  -  Germain  -  l'Auxerrois.  Ce 
fiit  à  ce  bon  prêtre  qu'il   dut  foa 
éducation.  La.  vivacité  de  fon  ef- 
prit  &  fes  talens  lui  firent  des  pro* 
testeurs.  La  plupart  de  ceux  qui 
ont  excellé  dans  quelque  genre  n'y 
ont  point  eu  de  maître  ;  par  la 
facilité  avec  laquelle   tournely  fit 
fon  cours   de  philofophie  &  de 
théologie ,  on  auroit  dit  qu'il  étoit 
né  pour  ces  deux  fciences.  Ayant 
été  reçu  doreur  de  Sorbonne  en 
1686 ,  il  devint  profeffeur  de  théo- 
logie à  Douay  en  1688.  La  com<^ 
plaifance  qii'iî  eut  (  dit-on  )  de  fe 
charger  de  tout  Topprobre  de  l'in- 
trigue  du   faux  Amauld ,  lui  mé* 
rita  la  proteéiion  des  Jéfuites.  On 
fait  que  quelques-uns  de  ces  Pères 
écrivirent  fous  le  nom  du  doéleur 
Amauld  à  plufieurs  profeffeurs  de  ' 
de  l'univerûté  de  Douay  ^   qui 


T  OU 

«nrcnt  la  fimplîcité  de  répondre 
comme  s*ils  avoient  écrit  à  un 
Janf«nifte ,  &  qui  s'cxpoferent  par 
cet  excès  de  confiance  à  des  per- 
fécutions.  Cette  tournure  ayant 
para  très-odieiife ,  ils  en  rejetèrent 
la  plus  grande  partie  fur  Touraely , 
qui  leur  dut  fon  avancement»  Ses 
protefteurs  lui  procurèrent  un  ca- 
fionicat  à  la  Sainte  -  Chapelle  de 
Paris,  une  abbaye,  &  enfin  une 
chaire  de  profeffeur  en  Sorbonne» 
L'abbé  Toum'ely  la  remplit  pendant 
24  ans  avec  beaucoup  de  fuccès» 
A  il  ne  la  cpiitta  cfu'en  1716.  Ce 
douleur  joua  un  grand  rôle  dans  let 
querelles  de  la  Conftitution  Unî^e- 
aitus,  à  la  défenfe  de  laquelle  iî 
confacra  fa  plume.  11  travailloit 
pour  elle,  loriqu'une  attaque  d'apo- 
plexie le  priva  de  la  vue ,  &  le 
conduifit  au  tombeau  le  16  Dé* 
cembrc  1729,  à  71  ans.  Ce  théo- 
logien avoit  de  l'efprit ,  de  la  fa- 
cilité, du  favoir;  &  il  s*en  fer  vit 
pour  faire  fe  fortune.  Sts  ennemis 
font  accufé  (  &  ce  n'eft  pas  peut- 
être  fans  ratfon  )  'ffaroir  eu  un 
çaraâere  ambitieux  6c  fouple.  Us 
prétendent  même  qu'il  ne  fe  faifoit 
pas  une  difficulté  d'écrire  contre  fa 
penfée.  Mais  de  tels  )agemens  font 
fouvcnt  înjuftes ,  &  prefqiie  tou- 
lours  téméraires  ;  &  il  eft  plus  fage 
àt  juger  des  opinions  d'un  auteur; 
par  celles  qu'il  a  confignées  dans 
les  livres ,  que  par  les  fentimens 
Jue  fes  advcrfaires  oitt  quelquefois 
intérêt  de  luj  fuppofer.  On  peut 
avoir  le  caraftere  polîdque  en  fait 
«e  formne ,  fans  porter ,  dans  les 
inatleres  théologiques  qu*on  traite» 
nn  efprit  de  politique.  On  a  de  Toitr* 
nely  un  Cours  de  ThUlogU  en  latin ,  en 
16  vol.  in-S^ ,  dans  lequel  oh  trouve 
Aeuxvol.  fur  la  Grâce ,  deux  fur  les 
Attributs ,  deux  fur  les  Sacremens  » 
4eux  fur  TEglife  i  deibc  fur  la  Péni- 
tence&  rExtrême-On£Hon,dcux  fur 
TEufibatiftie»  lin  fut  le  Baptême ,  m 


T  O  U        17c 

fur  ritieamatton,  on  fur  l'Ordre  & 
un  fur  le  Mariage.  Cette  théologie^ 
une  des  plus  méihodicpies  &  des  plus 
claires  que  nons  ayons,a  été  réimpri» 
méeà  Venife  en  16  vc^l.  in-4°^<>ri 
en  a  trois  Abrégés  :  TuneMeMon- 
ttgne  y  doékeur  de  Sorbohne ,  prêtre 
de  Saint-Sulpice  »  qui  n*a  travaillé 
que  fur  quelques  Traités.  Le  fécond» 
moins  étendu,  eft  de  Robbc,  Le  3* 
a  paru  depuis  1744-,  on  le  doit  à 
Colla  ^  prêtre  de  la  Congrégarioit 
de  Saî/u-La[are  :  c'efl  le  plus  ea 
ufàgie  dans  les  Séminaires. 

TOURNEMINE,  (  René- Jofeph 
de)  Jéfuite ,  né  le  x6  Avril  1661 , 
à  Rennes ,  d'une  des  plus  anciennes 
maifons  de  Bretagne,  travailla  long-' 
temps  au  Journal  ds  Trévoux  ,.  ôc  fiit 
Inbliotbécaire  des  Jéfuites  de  la  Mat>> 
fon-pro&fiîe  à  Paris.  La  plupart  des 
Cav'àns  de  cette  capitale  le  regar* 
doient  comme  leur  oracle.  Toufe 
étoit  de  fon  reiTort  :  £criture*fainte  ^ 
théologie  ,  belles  -  lettres  ,  anti» 
quiiéfacréc  &  profane,  critique», 
éloquence,  poéfie  même.  Il  eflicer-» 
tain  qu'à  utts  imagination  vive ,  il 
ioignott  une  éruditioir  peu  com*^ 
mune  fi  variée.  Il  étoit  d'un  ca* 
raâere  fort  comniunicatif ,  fur-tout 
à  l'égard  des  étrangers  *,  mais  Ix 
plupart  de  fes  confrères,  fur-tout 
ceux  qui  Croient  du  pani  du  P.  /t 
TaUer  ,  raccufoient  d*êtte  vain» 
fier»  rempli  de  prétentions.  Oa 
connoit  le  diftique ,  dans  lequel  l» 
P.  Buffier  le  perfifia. 

Quàm  hmè  de  fade  vcrfâ  t!hi  nomen  , 

amlcîs 
7àm  eltb  qui  facUm  vents  »  amict  ^ 

tuîs  l 

Trop  prévenu  en  faveur  de  fba 
ûivoir  &  encore  plus  de  fa  naif* 
fance,  il  (ie  plàignoit  quelquefois 
qu'on  le  confondît  avec  un  fiiuple 
religieux.  Le  préfident  de  Montef-^ 
quleu  ayant  eu  à  fe  plaindre  de  lui  » 
ae >'en  vengea  qu'en,  demandait; 


lyé        T  O  U 

Qu'^'Ctqttc  U  P.'deToiunemîce? 
Je  nt  U  connoU  pas.  Cependant  Mon* 
ufquuu  ne  dévoie  pas  rougir  de  con* 
noltre  un  homme  du  nom  &  du 
mérite  du  P«  de  Toumemine*  Ce  Je* 
fuite  mourut  à  Paris  .le  i6  Mai 
1739  «  ^  7'  ^^*  ^^  a  de  lui  :  L 
Un  ^and  nombre  de  Dîfftrtations 
répandues  dans  le  Journal  de  Trc' 
vaux.  Il  illuftra  cet  ouvrage  *  non- 
feulement  par  Tes  DiÛertations , 
mais  encore  par  de  favantes  Ana- 
lyses. Le  ftyle  étoit  net ,  prcds  & 
élégant.  On  fe  plaignit  cependant  « 
de  Ton  temps ,  que  la  louange  & 
le  bUme  n'étoient  pas  dirpenfés 
avec  équité  *,  qu'on  revenoit  trop 
fouveqt  fur  les  matières  polémi- 
^es ,  &  qu'on  y  voyoit  trop  les 
préventions  d'un  JéTuite  &  celles 
4'un  théologien  de  parti»  Le  Journal 
de  Trévoux  a  eu  le  fort  des  Je- 
fiiites  ;  il  efl  tombé  avec  eux ,  & 
les  efforts  que  quelques  écrivains 
ée  mérite  ont  Êuts  jufqu'à^préfent 
pour  le  reffufcxter,  n'om  abouti 
qu'à  lui  donner  une  vie  foible  • 
bientôt  fuivie  de  la  mort  :  tant  le 
public  étoit  prévenu  dans  les  der- 
niers temps  contre  ce  Journal.  Il, 
Une  excellente  Edition  de  Af^o- 
chlut  y  en  2  vol.  in-folio ,  17 19. 

III.  Une  Edition  de  VWftoîre  des 
Juifs  de  P rideaux  j  en  6  voU  in-i2. 

IV,  Un  Traité  ,  manu&rit ,  contre 
les  Rêveries  du  Perc  Hàrdown , ,  qui 
«voit  voulu  le  choifir  pour  être  un 
de  Ces  apôtres ,.  &  dont  il  fut  un 
des  plus  ardens  adverfaires.  Foy, 
tes  articksBsRRUYER;  II.  Meko- 
CHivs  -,  &  Leibnitz  ,  a®  xii..  de 
fes  ouvrages. 

TOURNET ,  (  Jean  )  avocat  Pa- 
fifîen,  fe  distingua  moins  par  fon 
éloquence  que  par  des  compilations 
utiles.  Les  principales  fpnt  les  fui- 
Tantes  :  I,  *La  réduâion  du  Code 
d'Henri  III ,  i6ai,  in-foUo.  II.  Un 
Kecueil  d'Arrêts  fur  les  matières 
Sénéâcialeft,  1631  ,eaiV9l,i|bf«l, 


T  O  U 

m.  Des  Notes  fur  la  Coutume 
de  Paris.  IV.  Une  Notice  des  Dio-* 
cefes,  en  162  ^  ,  qui  avoit  déjà  paru 
avec  fa  Police  Eccléfiafiique.  V.  Il 
traduifît  en  françois  les  Œuvres 
de  Chopin i^i^  Traduâion  publiée 
en  163  5 ,  fut  réimprimée  avecpluf 
de  foin  &  des  augmentations  en 
1662»  5  vol.  in-fol.  II  fe  piquoit 
auffi  de  poéfie  »  &  on  a  quelques 
vers  de  lui. 

TOURNEUR ,  (  Pierre  le  )  né  à 
Valagnes  en  Normandie ,  en  1736  • 
mort  à  Paris  le  14  Janvier  1788  ^ 
à  y 2  ans,  compoia  d'abord  pour 
les  prix  Académiques  ,  &  obtint 
des  couronnes  à  Mautauban  &  à 
Befançon.  Les  Difcours  qui  lui  mé^ 
riterent  cet  honneur,  réimprimés 
â  Paris  chez  Léroi  ,  font  remplis 
d'éloquence  &  de  philofophie ,  & 
écrits  d'un  fiyle  harmonieux  & 
noble.  Mais  ce  qui  contribua  le 
plus  à  le  faire  connoitre»  fut  fa  Tra- 
duâion,  où  plutôt  fon  imitation 
des  Nuits  d^Young,  (  Voyez  Fouag,  ) 
Le  traduâeur  marchant  toujours  à 
côté  de  foo  modèle ,  lorfqu'il  eil 
digne  d'être  iUivi ,  le  corrige  quand 
il  fe  perd  dans  des  lieux  communs 
ou  des  répétitions ,  &  fubftitue  des 
idées  &  des  images  à  celles  qui 
n'auroient  aucune  grâce  dans  notre 
langue.  Cet  Ouvrage  qui  refpiro 
une  morale  faine  &  quelqucibis 
fublime,  fit  la  plus  grande  fen- 
/ation.  Plusieurs  prédicateurs  de 
province  &  même  de  la  capitale» 
en  détachèrent  des  lambeaux  pour 
en  orner  leurs  Sermons.  Le  fuccès 
des  Nuits  dToung  engagea  M.  lé 
Tourneur  k  faire  pafîer  dans  notre 
langue ,  piufieurs  autresproduéHons 
angloifes.  Il  tradmfitfucceniveincnt 
les  Méditations  d'Heryeyf  \n'ii,UHiJ^ 
toirc  de  Richard  Savage  ;  Offian  « 
fis  de  Pingal  ;  Us  Poéfies  Galli» 
ques^  Les  Œuvres  de  Shahfpear.i 
lis  Vues  de  Pévidencede  U  ÈUUgion^ 
ÇbrétUnne^  Çlariç4 ,  ^c,  &c.  Les  dif- 

(;our& 


I6iîrs  ou  préfaces  qui  précèdent  la 
plupan  de  ces  verrons  font  pleines 
il'idées  fortes ,  &  les  verûons  elles- 
mêmes  ont  le  mérite  ,  aujourd'hui 
bfiaiment  rare ,  d'un  Ây le  arrondi , 
iié  &  foutenu.  M.  le  Toumair  qui 
s'étoit  prefque  borné  au  travail  de 
la  traduâion,  auroit  pu  être  un 
excellent  écrivain  original;  mais 
fa  modeftie  lui  infpiroit  la  défiance 
de  Tes  talens.  Sa  vie  a  été  un  cours 
de  vertus  privées  &  de  philofophie 
pratique.  Laborieux  ,  patient ,  ren- 
fermé dans  fon  cabinet  ,  il  fut 
étranger  aux  rivalités  littéraires  , 
te  aux  agitations  de  la  capitale.  Il 
avoit  dans  la  fociété  la  can(fèur  & 
la  timidité  d'un  en£un.  Sa  conver- 
fiition  étoit  douce  ,  comme  Tes 
mœurs.  Sa  maifon  fut  l'image  du 
calme  &  du  bonheur.  Confrère 
officieux ,  bon  maître  i  époux  & 
père  tendre ,  ami  fur ,  confiant  & 
zélé ,  il  connut  tous  les  fentimens 
iionnétes ,  &  ne  mécoinnut  que 
Ceux  qui  font  le  tourment  de  la 
vie ,  tels  ^ue  le  défir  dé  la  renom- 
mée &  le  tourment  de  l'envie.  Sa 
Traduâion  àtShakefpear  lui  procura 
des  injures  &  même  des  tracaÛe- 
ries  -,  il  fut  être  infenfible  aux  unes 
&  aux  autres  9  quoique  Voltaire  fût 
à  la  tète  du  parti  qui  cherchoit  à 
d^rimer  le  poëte  Anglois ,  &  fon 
interprète;  Le  filence  lui  parbifToit 
la  meilleure  réponfe  à  la  critique 
littéraire ,  jufte  ou  injuile. 

TOURBEUX ,  (  Nicolas  le  )  na- 
quit à  Rouen  le  30  Avril  1640 , 
de  parens  obfcurs.  L'inclination 
I  4^'il  fit  paroitre  dès  fon  en6snce , 
pour  la  vertu  &  pour  l'étude,  en- 
gagea du  Foffé^  maître  des  comptes 
a  Rouen ,  de  l'envoyer  à  Paris  au 
collège  des  Jéfuites.  11  y  fit  des 
progrès  fi  rapides ,  qu'on  le  donna 
pour  émule  à  le  ttllîer ,  depuis  ar- 
chevêque de  Rheims.  Après  avoir 
&t  fa  philofophie  au  collège  des 
&âffins  fous  Herfmt  ^  'û  devint 
Tom€  IXé 


TOU        lyi 

vîeaire  (te  la  paroifTe  de  Saint- 
Etienne  des  Tonneliers  à  Rouen  4 
où  il  fe  diflingua  par  îts  talens  pour 
la  chaire  &  pour  la  direâion.  En 
1675  il  remporta  le  prix  de  l'aca- 
démie Françoife  *,  &  ce  triomphé 
lui  fit  d'autant  plus  d'honneur ,  qu'il 
ne.compofa  fon  Difcoiirs  que  là 
veille  du  jour  qu'on  devoit  exa- 
miner les  pièces.  Il  quitta  bientôt 
la  province  pour  la  capitale ,  où 
tl  obtint  un  bénéfice  à  la  Sainte-^ 
Chapelle ,  &  une  penfîon  du  roi , 
de  300  écus.  Son  éloquence  la  lui 
piérita.  Louis  XIV  demandant  un 
jour  à  Boileau ,  qui  étoit-ce  qu*un 
prédicateur  qu'on  nommoit  le  Tour^ 
neux  ,  &  auquel  tout  le  monde  cou- 
roit  ?  SiRM  y  répondit  ce  poëte ^ 
Votre  MiijefU  fait  qà*on  court  tou* 
jours  à  la  nouveauté  :  c'cji  un  Pré-» 
dicateur  qui  friche  l' Evangile.  Le  roi 
lui  ayant  ordonné  de  lui  en  dire 
férieufement  fon  avis  ,  il  ajouta  : 
Quand  il  monte  en  chaire  ,  il  fait  fi 
peur  par  fa  laideur,  quon  voudrait  ten  * 
voir  fortir  ;  &  quand  il  à  commencé 
à  parler  ,  on  craint  qu'il  n'en  fortes 
{«éclat  dès applaudiflemens lui fuf« 
cita  des  envieux  &  ne  lui  infpirai 
que  de  l'humilité.  Pour  fe  dérober 
à  ces  applaudifTemens ,  il  pafTa  lea 
dernières  années  de  fà  vie  dans  fon 
prieuré  de  Villers-fur-Fére  ,  en 
Tardenois ,  dans  le  diocefe  de  Soif«i 
fons.  Il  y  vécut  enfolitairefludieux 
&  mortifié.  Il  chantoit  tous  les 
jours  l'office  avec  des  jeunes  gens 
qu'il  formoit  pour  l'état  ecdéfiaf- 
tique.  Il  employoit  à  cette  bonne 
œuvre  les  revenus  de  fon  bénéfice  # 
&  les  bienfaits  du  roi.  Ce  pieux 
écrivain  mourut  fubitement  à  Paris 
le  2S  Novembre  1689  ,  à  47  ans* 
Son  attachement  aux  fentimens  da 
M"  de  Port-Royal ,  lui  attira  quel- 
ques mortîH cations ,  que  fes  vertus 
auroient  dû  lui  épargner.  Ses  Ou-^ 
vrages  font  ;  I.  TraJté  de  U  Prom 
vldmti  fur  le  miracle  des  Sept  PainsM 

M 


17»       TOU 

II.  Prînctpes  &  Règles  de  iaVU  Chré- 
tienne i  avec  des  Avis  falutaires  & 
très-importans  pour  un  Pécheur 
converti  à  Dieu,  in-ii  ;  ouvrage 
rempli  des  plus  fages  maximes  de 
la  piété  éclairée,  lll.  InfiruHîons 
&  Extrcîcis  de  fiété  durant  la  Sainte" 
Mejfe.  IV.  La  Fie  de  Jefus-Chrîfi, 
V.  L'Année  Chrétienne  ,  1683  & 
années  fui  vantes  ,  3  vol.  in- 12.  VI. 
Traduction  du  Bréviaire  Romain  en 
françois,  4  vol.  in- 8°.  VIL  £*- 
flication  littérale  &  morale  fur 
l'Epitre  de  5.  Paul  aux  Romains. 
VlII.  Office  de  la  Vierge  en  larin  & 
en  françois.  IX.  L'Office  de  la  Se- 
maine falnte  en  latin  &  en  françois , 
avec  une  Préface ,  des  Remarques 
&  des  Réflexions.  X.  Le  Catéchlfmc 
de  la  Pénitence ,  6rc.  Sa  Traduélion 
françoife  du  Bréviaire  fut  cenfurée 
par  une  Sentence  de  Cheron ,  offi- 
ciai de  Pai'is ,  en  1688  *,  mais  Ar- 
nauld  en  prît  la  défenfe.  On  attri- 
bue encore  à  U  Towneux  un  Abrégé 
des  principaux  Traités  de  Théoiogie , 
in-4°.  Ces  différens  Ouvrages  font 
dignes  d'un  prêrre  nourri  de  1  *Evan- 
^le.  Il  ne  dit  que  ce  que  la  force 
de  fon  fujet  lui  infpire ,  &  il  le 
dit  avec  cette  fimplicité  noble  qui 
Tant  mieux  que  tous  lesomemens. 
On  y  défireroit  feulement  un  peu 
plus  de  cette  chaleur  douce  &  pé- 
nétrante qui  £alt  lire  les  Ecrits  pieux 
de  Pénelon  avec  tant  de  plaiilr.  L^ 
lumières  de  U  Toumcux  furent  utiles 
à  Saci  Sa  à  du  Pofféy  dont  il  revoyoit 
les  Ouvrages-, à  S^nteuil ,  auquel  il 
fournit  le  canevas  de  fes  plus  belles 
Hymnes  -,  à  Devert, qui  le  confultoit 
fur  les  matières  Liturgiques.  Voye^ 
r.  Brvn. 

TOURNI  ,  (  N.  de  )  Intendant 
de  Bordeaux ,  fe  rendit  recomman- 
dable  dans  cette  ville  qui  lui  doit 
en  partie  le  Port  qui  l'embellit 
&  qui  l'enrichit ,  ainix  que  pref- 
que  tous  Ls  écablidfemcns  qui  ont 
«tendu  fon  commerce  dans  les  deux 


TOU 

Mondes.  Un  grand  nombre  (PfiK» 
fices  élégans  &  utiles  furent  élevés 
par  fes  foins.  H  n'éprouva  cepen- 
dant que  des  obftacles  v  mais  il  fut 
les  vaincre.  Son  aâivité  étoit  ex- 
trême. Sa  lampe  étoit  conflammenr 
allumée  deux  ou  trois  heures  avant 
le  jour.  Au  milieu  des  affaires,  il 
conferva  tou:s  la  fenfîbilité  de  ton 
coeur.  Il  voulou  être  aimé  de  ceux 
qu'il  enrichifToit  -,  il  ne  put  y  réuffir* 
Le  chagrin  vint  épuifer  des  forces 
déjà  afFoiblies  par  le  travail.  U 
mourut  loin  de  Bordeaux ,  en  tfe- 
grettant  de  n'avoir  pu  remplir  tous 
fes  plans  de  bienfinfance.  Aujotir- 
d'hui  fa  mémoire  eft  honorée  dans 
cette  même  ville  où  il  effuya  tant 
de  contradiâions  de  fon  vivant* 
TOURBIERES .  { Robert)  pein- 
tre,  né  à  Caen  en  1676 ,  vint  jeune 
à  Paris  »  &  fe  mit  fous  la  conduit» 
de  Bon  de  Boullongne  ,  pour  fe  per- 
feé^ionner  dans  fon  art.  Il  s'attacha 
principalement  au  Portrait ,  &  le  fit 
avec  un  fuccès  merveilleux.  Il  s'ap- 
pliqua cnfuite  à  peindre  en  petit  des 
Portraits  hifiuriés,  ou  des  Sujets  dt 
caprice ,  dans  le  goût  de  Schalk.n  & 
de  CSard  Dow^  Dans  fes  Portraès 
en  grand  la  reflemblance  égale  te 
coloris  ,  &  l'harmonie  de  renfa»" 
bîe  y  eft  mieux  obfervée.  Dans 
les  petits ,  il  imite  très-bien  le  beau 
ton  de  couleur  de  fes  modèles» 
leurs  reflets  féduifans. ,  &  ce  pré- 
cieux fini  qu'on  ne  peut  trop  ef- 
timer.  M.  le  duc  d^ Orléans  ^  régent, 
l'honoroit  de  temps  en  temps  de  ft» 
viiites.  h  m*amufe  auffi  à  peindre 
quzlquefois  ,  lui  diibit  ce  prinoe* 
mais  jt  ne  fuis  paxfi-  habile  que  votts» 
Ce  prince  trouvoit  cependant  qu'il 
avoit  un  peu  trop  d*amour-propre# 
Un  jour  que  ce  peintre  montraT).'»- 
fieurs  de  fes  Ouvrages  au  régent, 
il  les  vanta  beaucoup  à  fon  ordi- 
naire. Dès  que  l'artifte  fut  parti, 
le  duc  d  Orléans  dit  en  plaifanranf  : 
J'aime  à  vvi/  Us  Tableaux  de  Tout- 


T  O  U 

stères ,  U  épargne  la  peine  de  Us  louer, 
T^ur/Hcres  écant  vieux ,  &  n'ayant 
pas  d'enfans  de  deux  mariages  qu'il 
afoit  contractés ,  fe  retira  dans  fa 
patrie  en  17  5  o ,  &  y  mourut  deux  ans 
«près  d'une  manière  très-édifiante. 
I.  TOURNON,  (François  de) 
d'une  famille  illuftre,  enora  dans 
l'Ordre  de  Saint- Antoine  de  Vien- 
nois ,  &  s'y  iigna  a  par  fa  capicité 
dans  les  afiBaires  &  par  fon  zc!e  pour 
la  religioft  Catholique.  Son  mérite 
lui  fraya  le  chemin  de  la  fortune. 
Il  fiit  l'un  des  principaux  confeil- 
1ers  du  roi  François  Ii  Archevêque 
d'Embrun  en  1 5 17 ,  de  Bourges  en 
içiç  ,  d'Auch  en  153?»  ^*  Lyon 
eo  1 5  ^  I  ;  abbé  de  Tournus  ,  d'Aoï- 
bouraai,  delà  Chaife-Dicu  ,  d'Aî- 
mi ,  die  Saint-Germain-des-Prés ,  de 
Saint-Antoine,  &c.  Ces   différens 
bdnéftces  pro  iuir oient  auj  aurd'h  ai 
plus  d*un  million  de  rente.  U  avoit 
cependant  pris  pour  devife ,  ce  mot 
ëe  Seùnt  Paul  :  Non  quxfupcr  terram  ; 
&  cette  devife  ne  parut  pas   une 
fttire,  parce  qu'il  fit  toujours  un 
bon  ufagc  de  fes  revenus. tV/wMat  Vil 
l'honora  de  la  pourpre  en  15  30 ,  & 
le  roi  l'envoya  ambaffadcur  en  Italie, 
ea  Ëfpagne  &  en  Angleterre.  U  ne 
fe  distingua  pas  moins  par  fes  fuocès 
dans  les  négociations ,  que  par  fon 
amour  pour  les  fciences.  11   avoit 
toujours  auprès  de  lui ,  ou  Muret 
t)u  Lambin  ,   ou  quelques    autres 
kommes  doues.  Il  fonda  un  coK 
Icgc  à  Tonmon  en  Vivarez ,  qu'il 
donna  depuis  aux  Jéfuites.  Ce  pré- 
lat mourut  le  21  Avril  iy6i,  à  73 
ans.  H  Homme  (  dit  le  préfîdent  àt 

*  Thou  )^d*une  prudence ,  d'une  ha- 

*  bileté  pour  les  affaires,  &  d'un 

*  amour  pour  f»  patrie ,  prcfque 
»»  au-dçffus  de  tout  ce  qu'on  peut 
»  penfer.  François  1  l'avoit  mis  à 
**  la  tête  des  affaires.  Après  la  mort 
•*  de  ce  prince ,  l'envie  le  fit  chaf- 
•^  fer  de  la  cour  -,  mais  il  fut  tou- 


T  O  U        179 

»  peâé  de  tous ,  même  de  fes  en^ 
"  vieux.  On  le  vit  toujours  d'au- 
>•  tant  plus  oppofé  aux  Proteftans  9 
y  qu'il  étoitperfuadé  qu  on  ne  pou- 
••  voit  rien  changer  ou  innover  ea  , 
H  matière  de  Religion ,  fans  trou- 
>t  bler  la  paix  &  la  tranquillité  de 
»  l'Etat.  D'ailleurs  ,  il  étoit  très- 
M  éloigné  de  toutes  les  fa£Uons  qui 
»  ont  déchiré  la  France.  Ce  qui  le 
»♦  rendit  fi  cher  à  nos  rois ,  eft  que» 
**  pendant  plus  de  30  années  d'un 
»»  miniflere  dont  il  s'accquitta  avec 
»  un  applaudifTement  général,  il 
>♦  n'eut  jamais  en  vue  que  le  fer-. 
>•  vice  du  roi  &  le  bien  des  peuples  «. 
Après  avoir  préfidé  au  colloque  de 
PoifTy,  où  fon  éloquence  éclata 
contre  Be^e ,  qui  fe  permettoit  de 
mauvaifes  plaifanceries  fur  le  Sacrer-' 
meiît  de  TEuchariftie ,   ce  minillre 
fit  une  mauvaife  Epigr;\mme  contre 
lui,  où  il  ]ui  difoit,  InàoHus  doHos 
pa/cls»..  Mais  on  n'exige  pas  d'un 
grand  feigneur  qu'il  foit  favant  à 
la  manière  des  érudits  -,  mais  qu'il 
protège  les  favans  :  &  c'eft  ce  que 
fît  le  cardiml  de  Tournon^  avec  au- 
tant de  générofité  que  de  zèle.  Mal- 
gré fon  goût  pour  les  gen«-de  lettres, 
il  empêcha  Fr.^nççl  I  d'appeler  Af*- 
hncthon  en  France.  Il  fe  préfenta 
un  jour  devant  ce  prince ,  les  oeu- 
vres de  Saint  Irinéc  à  la  main.  Le 
roi  lui  demanda  quel  étoit  ce  Livre, 
"  C'cfl,  Sire,  répondit-il,  l'Ou» 
*»  vrage  d'un  des  premiers  évêqucs  ^ 
"  de   votre  Royaume.  Voici  un 
'»  endroit  où  il  rapporte  que  Saln$ 
f>  Jean  TEvangélifte  étant  entré  dans 
»»  un  bain   public,  &    y   voyant 
«  l'Hérétique  Ceilnth ,  fur  le  champ 
»♦  il   fe  retira,  comme  d'un   liei*. 
»♦  empcfté.  Cependant,  Sire,  vous 
H  qui  n  avez  pas  les  lumières  d'un 
»  Apôtre,  &  qui  malgré  votre  puif- 
«  fance  ,  pouvez  fi  aifément  être 
w  trompé ,  Vous  avez  promis ,  dit- 
»»  on,  une  audience  publique  à  un 
»  des  dl^  du  Luthcraniixne  u.  X, 


i8o       TOU 

ces  raifons  il  en  ajouta  d'autres 
pour  prouver  que  la  politique  même 
lui  déifendoit  d'appeler  un  chef  de 
îtùe  dans  Tes  Etats  -,  &  le  roi  ré- 
voqua les  paffeports. 

IL  TOURNON ,  (  Oiarlçs-Tho- 
mas  Maillard  de  )  iflii  d*une  an- 
cienne famille  originaire  de  Savoie , 
naquit  à  Turin  en  1668.  Il  embrafia 
rétat  eccléfiaftique  de  bonne  heure , 
&  fut  élevé  à  Rome  dans  le  collège 
de  la  Propagande.  Clément  XI  ^  inf- 
truit  de  fes  vertus ,  le  facra  patriar- 
che d*Antioche  en  1701 ,  &  l'en- 
voya à  la  Chine  en  qualité  de  légat 
apoftolique ,  pour  régler  les  diffé- 
rens  furvenus  entre  les  MifHon* 
naires.  Il  arriva  dans  cet  empire 
en  1705.  Son  premier  foin  fiit  de 
défendre, par  un  Mandement,  de 
mettre  dans  les  Eflifes  des  tableaux 
avec  cette  infcription: 

ADOREZ  x£  Ciel! 

Le  culte  que  les  Qiinois  rendent 
à  leurs  ancêtres  ,  à  Confudus  & 
aux  Planètes ,  lui  parut  tenir  de 
ridolâtrie  ;  il  le  défendit.  Il  alla 
enfuite  à  Pékin,  où  l'empereur  lui 
£t  im  accueil  favorable ,  &  eut 
même  la  bonté  de  lui  expliquer  le 
feus  des  paroles  qu'il  avoit  prof- 
crites  dans  les  Eglifes  ;  mais  cette 
faveur  ne  fut  que  pafTagere.  Peu  de 
temps  après  il  fut  conduit  à  Ma- 
cao,  &  l'évêque  de  Conon  ,  Ton 
vicaire  apoflolique,  fut  banni.  Tour* 
non  publia,  un  Mandement  le  25 
Janvier  1707 ,  pour  fervir  de  Rè- 
glement à  la  conduite  que  dévoient 
garder  les  Miifîonnaires  quand  ils 
font  interrogés  fur  le  ciilte  des 
Chinois ,  &  ce  Mandement  ne  rac- 
commoda pas  fes  afiEaires.  CU' 
ment  XI  lui  envoya  le  chapeau  de 
cardinal  la  même  aimée  \  mais  il 
n'en  mourut  pas  moins  en  prifon 
le  8  Juin  17 10.  Cétoit  un  homme 
d'une  piété  fervente ,  d'un  zèle  ar- 
dent :  il  avoit  des  intentions  pures  ; 


TOU 

maïs  les  boimes  intentions  n'exco^ 
fent  pas  les  démarches  précipitées. 
Les  tiennes  le  furent ,  &  on  ne  peut 
nier  qu'il  garda  trop  peu  de  mé- 
nagement avec  les  Jéfuites^  dont 
le  crédit  étoit  au-deiTus  du  fien.  Oi| 
prétend  qu'il  difoit  »  dans  l'amer- 
tume des  mauvais  traitemens  qu'il 
efluya ,  que  Quand  ^Efprît  infernal 
feroU  venu  à  la  Chine  ,  il  n*y  aurait 
pas  fait  plus  de  mal  queux,  A  fa  mort , 
parut  une  Eflampe  fatiriqift ,  où  l'on 
repréfentoit  un  JéAiite ,  qui ,  auprès 
du  cardinal  mourant,  s'emparoit  de 
la  barrette ,  avec  cette  infcription  : 

La  dépouille  ,  de  droit  ^  appartient 
'    au  Bourreau, 

It  faut  favoir  qu'on  accufoit  Xiuf- 
fement  les  Jéfuites  de  l'avoir  em- 
poifonné  *,  mais  le  véritable  poifoa 
qui  l'enleva  à  TEglife,  fut  la  difettc 
&  les  déiàgrémens  de  la  captivité, 
la  plus  dure.  Un  Miffionnairc 
nommé  Mei^abatia,  ayant  été  obligé, 
de  quitter  la  Chine,  emporta  avec 
lui  le  corps  du  cardinal  de  Toumon  , 
qui  fut  enterré  foletuiellement  en 
1713 ,  dans  le  collège  de  la  Pro- 
pagande. Voltaire  parle  de  ce  car-> 
dinal  comme  d'un  prêtre  Savoyard , 
nommé  Maillard^  qui  avoit  pris 
le  nom  de  Toumon.  Il  n'a  voit  pas. 
befoin  d'ufurper  ce  nom ,  puifque 
fon  grand-pere ,  fon  père  &  fon. 
firere  l'avoient  toujours  porté.  Fé/ÎM 
Emmanuel  ,  marquis  de  Tournon  , 
frère  aîné  du  àirdinal  ,  capitaine 
des  Gardes  du  duc  de  Savoie  ,  & 
lieutenant  général  de  fes  années  , 
étoit  un  feigneur  diftingué  non- 
feulement  par  fa  naifiance,  mais 
encore  par  la  confiance  dont  fon 
prince  l'honoroit. 
.  III.  TOURNON ,  (  Qaude  <m 
Claudine  de  la  Tour  de  Turenne^ 
comteile  de  }  fille  de  François  tU  la 
Tour  V  du  nom,  vicomte  de  7v 
renne,  &  à.* Anne  de  la  Tour  de  Bo- 
logne, fa  féconde  f^qwe,  fut  jg^, 


TOU 

née  en  1535  ^  Jufi  comte  ée  Tour" 
mon.  Elle  écoit  parente  de  Catherine 
de  Médias  ;  &  fon  courage  héroï- 
que parut  à  la  défenfe  de  la  ville 
de  Tournon ,  affiégée  deux  fois  par 
ks  Proteftans  ,  l'une  en  1567,  & 
l'autre  en  IJ70.  Mad^  de  Toumon 
leur  fit  lever  le  fiége  honteufement. 
Elle  mourut  le  6  Février,  15 91  » 
avec  la  réputation  d*une  Héroïne. 
Elle  a  eu  fon  hiftorien  dans  Jean 
Villemîn  ^  «{ui  a  Êiit  en  vers  latins  : 
ffifioria  JBelâ ,  quod  cum  hétretîcls  r«- 
helilbus  gejjit ,  anno  tjCj ,  Claudia  de 
Turenne ,  domina  Turnonia  ;  auchre 
Joanne  Filleminoiïn'4^y  Paris,  1569. 
TOURON,  (Antoine)  Domi- 
micain  ,  né  à  Graulhet  ,  dans  le 
diocefe  de  Cafhes,  en  1686 ,  mort 
à  Paris  le  2  Septembre  1775  , 
étoit  tombé  dans  Ven£uice.  Mais 
jniqu'à  Tâge  de  85  ans ,  fa  famé 
ka  vigoureufe  &  fon  efprit  fe 
foutinc  II  étoit  très  -  eftimé  dans 
ion  Ordre  ,  comme  religieux  & 
<k>mme  favant.  Dans  un  voyage 
qu'il  fît  à  Rome,  le  pape  Benoit 
Xiy  lui  donna  des  preuves  du  cas 
qu'il  Êûfoit  de  fon  mérite.  Ce 
pontife  n'eiHmoit  pas  moins  les 
Ouvrages  du  P.  Tourvn.  Les  princi* 
paux  font  :  I.  Vie  de  5.  Thomas 
d'Aqtdn  »  in-4°.  U.  VU  de  S,  Do-- 
mlnique  &  de  fâs  premiers  difciples , 
Paris,  1739,  in- 4^.  III.  Hifioirc 
des  Hommes  lUufires  de  l*  Ordre  de  Saint» 
Dominique  ^  6  vol.  in-4^.  On  voit 
dans  ces  trois  Ouvrages  des  re« 
cherches,  de  l'érudition,  &  fur-tout 
beaucoup  de  zèle  pour  la  gloire  de 
l'Ordre  dont  le  P.  Tcuron  étoit 
membre.  Ce  zèle  le  porte  à  donner 
quelquefois  comme  illudres  ,  des 
hommes  à  peine  conniû.  Il  montre 
d'ailleurs  dans  plufieurs  morceaux , 
de  la  candeur  &  de  l'impartialité. 
IV.  UVie&  r efprit  de  S.  Charles 
Borromée  ,  3  vol.  in- 12.  V.  ^^ 
toîre  dt  C Amérique  ,  en  XIV  vol. 
ta*  12.  Cet  ouvrage,  diffus  &  en* 


TOU        181 

nuyeux,  ne  renferme  prefque  eue 
l'iuftoire  des  MifHonnaires  Jacobins 
dans  le  nouveau  Monde.  L'auteur 
vouloir  le  publier  *fous  le  titre 
d'Amérique  Chrétienne  ;  c'étoit  le 
plus  convenable.  Mais  les  libraires 
défefpérant  »  dans  un  fiecle  tout 
profEine,  de  vendre  un  long  ou- 
vrage dont  le  titre  étoit  pieux  ,  le 
firent  intituler  :  jfif7/?o*r«  Générale  de 
r  Amérique  ;  &  il  n'a  guère  eu  plus 
de  fuccès.  On  n'y  trouve  rien  de 
neuf,  &  le  ftyle  eil  lâche  &  pro- 
lixe. VI.  Quelques  Ecrits  contre 
les  incrédules ,  qui  font  folides. 

TOURREIL,  (Jacques  de)  né 
à  Touloufe  le  18  Novembre  1656  » 
du  procureur  général  du  parlement, 
fit  paroitre  dès  fa  jeuneffe  beaucoup 
d'inclinstion  pour  l'éloquence.  La 
capitale  lui  fembla  la  plus  propre 
à  le  perfeâionner  dans  le  droit  & 
dans  les  belles- lettres.  U  s'y  rendit, 
&  remporta  le  prix  de  l'académie 
Françoife,  en  1681,  &  en  1683. 
Cette  compagnie  lui  ouvrit  fes 
portes,  à  l'exemple  de  l'académie 
des  Belles-Lettres  qui  l'avoit  déjà 
reçu  dans  fon  fein.  Pontchartrain , 
contrôleur  général  ,  l'attira  chez 
lui ,  comme  un  homme  de  mérite 
&  de  confiance ,  dont  le  commerce 
&  les  foins  pouvoient  être  utiles 
au  comte  fon  fils.  Lorfque  l'aca- 
démie Françoife  préfenta  au  roi 
fon  IHâionnaire  »  Tourreil  étoit  à 
la  tête  de  ce  corps  ;  il  fit  à  cette 
occafion  28  Complimens  difFérens  « 
qui  eurent  tous  des  grâces  parti- 
culières. Son  principal  ouvrage  eil 
une  TraduêHon  françoife  de  pluiieurs 
Harangues  de  Démoflhcnes  ,  qu'on  a 
imprimée  avec  fes  autres  Ouvrages, 
en  1721 ,  en  2  vol.  in-4**,  &  en 
4  vol.  in- 12.  On  trouve  à  la  tête 
de  fa  vcriion  deux  excellens  Dlf- 
cours  fur  l'état  de  la  Grèce.  U  efl 
le  premier  qui  ait  fait  fentir  aux 
François  ce  que  valoitce  grand 
orateur.  U  eil  fâcheux  qu'en  voulant 

M  iij 


1^       T  O  U 

lui  donner  les  ornetneas  de  Vsrt  i 
il  ait  quelquefois  étouffé  les  grâces 
iimples  &  naïves  de  la  nature.  Il 
tâche  de  donner  de  refpnt  à  yn 
homme  qui  brilloit  principalement 
par  fon  génie  :  c'eil  ce  que  l'auteur 
A'jithalU  lui  reprochoit ,  en  le  trai- 
tant de  Bourreau,  Si  Tourrcil  ne 
rendit  pas  exaâement  Ton  modèle 
dans  Tes  Ecrits ,  il  en  prit  du  moins 
les  mœurs  &  les  fentimens  :  Ame 
droite  &  fincere  ,  à  l'épreuve  de 
la  crainte  &  de  l'imérét  ,  fans 
autre  plaliir  que  celui  de  l'amour 
des  lettres ,  fans  autre  ambition  que 
celle  de  remplir  les  devoirs  d*une 
cxaôe  probité.  On  l'accufoit  d  e?rc 
lin  peu  rude  &  trop  brufque;  mais 
ces  déÊiuts  tenoient  de  près  au 
caractère  de  fes  vertus.  Il,  empêcha , 
par  fes  intrigues,  la  réception  de 
l'abbé  de  ChaulUu.  à  l'académie 
Françoife.  Tuurrdl  eft  un  de  ceux 
qui  ont  le  plus  contribué  au  RscuU 
de  Médailles  fur  les  principaux  éycne^ 
mens  du  règne  de  Louis  XIV  y  réim- 
primé en  1702.  Cette  édition  lui 
valut  une  augmentation  de  la  penfion 
que  la  cour  lui  avoit  accordée.  Il 
mourut  le  II  Octobre  171  ç,  à  5  9  ans. 
TOURVILLE ,  (  Anne-Hilarion 
de  Coilentin  de  )  né  au  château 
de  Tour  ville  ,  diocefe  de  Cou- 
tances  ,  en  1642 ,  fut  reçu  chevalier 
de  Malthe  à  quatre  ans  -,  mais  il 
ii*eti  fit  point  les  vœux,  quoiquil 
eût  fait  (es  caravanes  avec  beau- 
coup de  didin^bion.  Ayant  armé 
un  vaiffeau  en  courfe  avec  le  che- 
valier d'Hocgtùncùurt ,  ils  firent  des 
prifes  conTidérabîes  ,  &  ce  qui  eft 
'  encore  plus  glorieux  ,  ils  doime- 
rent  des  preuves  du  courage  le  plus 
intrépide.  Ils  mirent  en  fuite  fix 
navires  d'Alger  ,  &  comra^nirent 
à  une  honteiife  retraite  36  galères. 
I  '  Le  roi  l'attacha  à  la  marine  royale , 
en  lui  donnant  le  titre  de  capitaine 
de  vaiiTeau.  Il  commanda  fous  le 
xnaréchal  de  Vlvonae  au  combat  de 


♦     T  o  U 

Falerme ,  où  il  fe  fignab.  Honoré 
du  titre  de  chef  defcadre  en  167/, 
il  combattit  fous  du  Qu^Jne  ,  &  mé- 
rita de  remplacer  ce  ^rand  homme. 
Lieutenant  général  en  j6Si  ,  il 
pofta.  en  pkin  jour  la  première 
galiote  pour  bombarder  Alger  : 
opération  qui  ne  s'étoit  encore 
faite  que  de  nuit.  Il  cueillit  de 
nouveaux  lauriers  en  forçant  au 
falut ,  en  i6$9 ,  l'amiral  d  Efpagne, 
quoiqu'il  n'eût  que  350  hommes 
&  5  4  canons ,  &  que  fon  ennemi  eût 
500  hommes  forts  de  70  pièces 
de  canon.  I-'année  d'après  ,  il 
paffa  le  dénroit  de  Gibraltar  avec 
une  efcadre  de  20.  vaifîipaux  de 
guerre  ,  pour  fe  i^jîn^ire  au  refle 
de  l'armée  navale  qui  étcit  à  Brcft  i 
&  il  fit  cette  jontiion  importante , 
à  la  vue  même  des  ennemis.  On 
le  chargea  du  commandement  de 
toute  l'armée  navale -,  il  chercha 
la  flotte  navale  ennemie  pour  la 
combattre,  mais  elle  prit  le  parti 
de  la  refaite.  Enfin  le  roi  le  fit 
vice-amiral  &  général  de  fes  ar- 
mées navales  ,  l'an  1690  ,  avec  une 
permiffipn  d'arborer  le  pavillon 
d'amiral.  Ce  fut  cette  même  année 
qu'il  remporta  une  viôoire  fignalée 
fur  les  Angiois  &  les  HoUandois  , 
jufqu'alors  maîtres  de  l'Océan. 
Dix-fept  de  leurs  vaiffeaux  ,  brifés 
éfi  démâtés ,  allèrent  échpuer  &  fe 
brûler  fur  les  côtes  -,  le  refte  alla 
fe  cacher  vers  la  Tamife  ou  entrp  ! 
les  bancs  de  la  HoUaiide.L'ilIuftre 
vainqueur  fut  vaincu  à  fon  tour  , 
en  1692 ,  à  la  funcfte  journée  de 
la  Hogue  ou  la  Hougue ,  fur  les 
cotes  de  Normandie.  Il  attaqua  ,  i 
fuivant  les  ordres  de  la  cour ,  une 
flotte  de  90  vaiffeaux  Angiois  &  i 
HoUandois ,  quoique  la  fienne  fut 
très  -  inférieure  en  nombre.  Les 
V4ents  contraires  &  la  fupériorité  de 
l'ennemi  le  forcèrent  de  fç  retirer, 
après  avoir  perdu  14  vaifîeaux  du 
premier  rang.  Ji^rvilU  dpnna  oot 


T  O  U  T  O  U        i8j 

4e  preuves  de  valeur  dans  cette  d'une  autre  efpece  le  }eta  depuis 

«lalheureufe  journée  ,  que  fa  dé-  dans    le   parti    philofophique.    U 

faite  n'afFoiblic  point  fa  gloire.  II  donna  Ton  Livre  des  Mœurs ,   qui 

ne  lui  relloit  plus  à  défircr  que  le  parut  en  1748,  in- 11.  Ce  livre, 

bâton  de  maréchal  ;  il  en  fut  ho-  plein  de  choCes  hafardées  en  mé- 

noré  en  170 1  -,  mais  ce  héros  ne  taphyfique  &  en  morale  ,  eft  en 

ilirvécut  guère   à  cette   nonvelle  général  bien  écrit  ,  &  £e  fait  lire 

dignité ,  étant  mof t  le  23  Mai  de  avec   plaifir.    Il   n'en  eft   pas  de 

la   même  année,  à  Paris  ,  âgé  de  même  de   l'apologie  ,   ou  plutôt 

j9  ans.  De  fon  mariage  avec^/û/i-  de  la  rétractation  que  l'auteur  ea 

Soîje  Laugcoîs  ,  fille  d'un   fermier  publia  en    1764  ,  in- 11  ,  fous  le 

fénéral ,  il  eut  un  fils ,  tué  en  1712,  titre  6! EclaircJffcmzns  Jur  Its  Maurs^ 

^  c  une  fille  ,  mariée  au  comte  de  Le  ftyle  de  cet  Ouvrage  reffembic 

£raffûc ,  de  la  ma  fon  de   Gallard  peu  à  celui  des  Mœurs,  Quoi  qu'il 

en  Béarn.  On  a  imprimé  fous  fon  en  foit ,  cette  dernière  produdVioii, 

aom,  des  Mémoires^  en  3  vol.  in- il,  fut  condamnée  par  le  parlement  de^ 

^ui  ne  font  ni  de  lui ,  ni  dignes  de  Paris  à  être  brûlée  par  la  ma  m  du 

lui.  Voy^i  Margon.  bourreau.  Elle  eut  même  aflez  de 

I.  TOUSSAINT  peSaint-»  célébrité  pour  qu'on  la  lui  difputât. 

Luc ,  (  le  Père  )  Carme  réformé  L'extrême  fiitiplicité  de  l'auteur  ^ 

^es  Billetes  ».  de   la  province    de  l'aridité  de  fa  converfation ,  l*ef- 

Èretagne  ,  s'occupa  toute  fa    vie  pece  de  léthargie  dans  laquelle  fon 

de  recherches  d'hiftoire    &  de  gé-  efprit  fembloit  plongé ,  pouvoient 

néalogies.  On  a  de  lui  :  L  Mémoires  (  dit  M.  Palîjfot  )  donner  lieu  de 

/ur  l'état  du  Clergé  &  de  la  JNobleff'e  douter  qu'il  eût  compofç  cet  Ou- 

^  Bretagne^  1691,  2  vol/1n-8*^ ,  vrage.  On  doit  convenir  cependant 

en    trois    parties    :  une   pour  le  que  ces  indices  ne  forment  aucune 

Clergé  ,  deux  pour  la  Nobleffe  ;  preuve.  On  a   yu  des   gens  bien 

ouvrage  curieux  &  peu  commun.  Supérieurs  à  Touffjînt ,  s'annoncer 

H.  VHiftolre  de  f  Ordre  du  Mont-  dans  la  fociété   fous  un  extérieur 

Carmel  &  de  Salnt-Laiare ,  Paris  ^  moins  favorable  encore»  Cet  éçri- 

1666,  in-ii.  m.  Mémoires  fur  le  vain  ayant   quitté   Paris   pour  fe 

même,  168 1 ,  in- 8®.  IV*  Hiftoîre  retirer  à  Bruxelles  ,  y  travaiUoit 

We  Conan  MérJadec  ,  fouverâin   de  aux  Nouvelles  publiques,  lorfque 

Bretagne  ,   1664,    in- 12.  V.   Vie  le   roi  de  Pruffe  l'attira  à  Berlin 

iSe  Jacques  Cochols  ^  dit  J.ifmm  o^  ^n    1764  ,   pour   être    profeffeur 

le  Bon  Laquais^  1675  ,  in-i2.  Ce  d'éloquence  dans  l'académie  de  la 

favam  mourut  en  1694  ,  regardé  Noblefl'e.  Il  y  publîa  la  Ttaduc- 

^lutôt  comme  un  compilateur  la-  tion  des  Fables  de    GcLlert ,  qui , 

ftoricux ,  que  comme  un  critique  à  bien  des  ^ards ,  peut  être  re- 

judicieux  &  exa(a.  gardée  comme  un  original.  On  a 

IL    TOUSSAINT,   (François-  de  lui  plufieurs  Mémoires \  dans 

Vincent  )  avocat  de  Paris  fa  patrie,  lés  derniers  volumes  de  l'académie 

mort  à  Berlin  en  1771,3  5 7  ans,  de  Berlin.  11  a  traduit  de  Tanglois 

abandonna  le  barreau  pour  cultiver  quelques  plats  Romans  ,  tels  que 

la  littérature.  Il  commença  par  des  le  Pet't  Pompée ,  in- 1 1 ,  qui  p'eft 

Hymnes    à    la   louange  du  diacre  guère  plus  intéreflant  que  le  Petit 

Pans  :  ce  qui  prouve  que  fa  jeu-  Pouffct  :  les  Aventures  de  tP^iWamt 

«leffe  ne   fût  pas   exempte   d'une  Plckle  ,  4  vol.  in- 12.  HlfioUc  des 

lorte  de  fanatifme.  Un  endioufiafme  Paffions^  2  vol.  in-12.  Il  a  fourn| 

M  iv 


'|84       T  O  U 

^  VEncydopédîe  les  articles  de  Juiif- 
prudence  des  deux  premiers  vol. 
il  a  eu  part  au  Dictionnaire  de  Méde- 
fine ,  6  vol.  in-foUo.  Il  travailloît 
à  un  DiSionnalre  de  la  Léuigue  Fran^ 
çoife^  lorfau'il  mourut. 

TOUSTAIN,  (  Charles  -  Fran- 
çois  )  Bénédi^n  de  la  Congréga- 
tion de  SaintrMaur,  naquit  en 
1700  dans  Iç  diocefe  de  Séez  , 
d'une  famille  noble  &  ancienne. 
Après  avoir  appris  l'hébreu  &  le 
grec  ,  il  voulut  acquérir  des  no- 
tions de  toutes  les  langues  Orien- 
^les.  Il  étudia  même  afifez  l'italien  ^ 
Tallemand ,  Tanglois  &  le  hollan- 
jdois ,  pour  fe  mettre  en  état  d'en- 
tendre les  auteurs  dé  ces  difiPërens 
pays»  Ses  fupérieurs  ,  infiruits  de 
(es  talens  ,  le  chargerenjt  de  tra:* 
vaiiler  conjointement  avec  fon  ami 
Dom  TaJJîn  ,  à  une  Edition  des 
Œuvres  de  5.  Théodore  Studite ,  qu'il 
abandonna  pour  ne  s'occuper  que 
fde  fa  nouvelle  Diplomatique  y  don; 
le  premier  volume  parut  en  1750 , 
fin-4**.  Après  fa  mort ,  arrivée  en 

1754,  Dom  Taffin  entreprit  la 
continuation  de  cet  ouvrage  im- 
portant. Il  en  a  fait  imprimer ,  en 

1755,  ^^  ïi*  volume-,  en  1757^ 
Jem^jei^i759,le  iv*; en  1762, 
le  v*i  en  1765 ,  le  vi*  &  le  der- 
nier ,  fans  s'écarter  àxi  plan  tracé 
(dans  la  Préface.  On  a. encore  de 
Pom  Toufiain  ,  en  faveur  de  la 
Conftitution  ,    U   Vprlté  perfécutéç 

Îar  CEmur  ^  '73?»  ^  ^^^*  in- 12. 
Jne  piété  éclairée  ^  une  modeftie 
profonde ,  une  grande  douceur  de 
mœurs»  &  beaucoup  de  ppliteiTe 
ta  de  patience  ,  malgré  Un  grand 
fonds  de  vivacité  \  tputes  ces  gran* 
des  parties  formoient  le  portrait 
(de  ce  pieux  &  favant  Bénédiâin^ 
TOUTAIN  DE  LA  Mazubie  , 
(CharljBS  )  lieutenant  général  de 
la  vicomte  de  Falaife,  vivoit  eh- 
'  (pore  en  1584.  tes  fondions  de  fa 
ÇfeaffÇ  »?   r^ippêçhçrçnt   pas  df 


T  O  U 

cultiver  auffi^  les  fleurs  de  la  poéfii^j 
Il  fit  imprimer  un  Livre  des  Chants 
de  la,  Philofophie ,  &  un  des  Chanta 
d^ Amour,  Ce  dernier  ouvrage  étoiç 
le  fruit  de  la  jeuneiTe  de  ce  poète  , 
&  le  premier  firuit  de  fon  âge  mûr^ 
On  a  encore  de  lui  une  Tragédie 
A*Agamemnon,  Pari^,  1557,^1-4% 
Toutes  ces  pièces  ne  font  bonnes 
qu'à  occuper  une  place  dans  la 
BîhlîotheqM  bUue^ 

TOUTIN,  (  Jean  )  habil^ 
orfevre  de  Châteaudun  dans  le 
Blaifois  •  découvrit ,  en  1632  ,  le 
fecret  de  peindre  en  émail  épais  z 
car  l'émail  clair  remonte  juâ^u'au 
temps  de  Porfenna  ,  qui  avoit  de$ 
vafes  émaiUes  «n  diverfes  figures^ 
U  communiqua  fon  fecret  à  d'au* 
très  artifles  ,  qui  le  perfeâionne* 
rent.  Dubié ,  orfèvre  qui  travailloif 
dans  les  galeries  du  Louvre,  fiit 
un  des  premiers  qui  s'appliqua  ^ 
cette  manière  de  peindre.  Henri 
TovTifi ,  fils  de  Jean  ,  excella  dan^ 
cet  art  délicat.  Il  copia,  pour  I^ 
ia  reine  Anne  d'Autriche ,  le  fameux 
Tableau  de  U  Brftn  ,  repréfentant  I^ 
famille  de  Darius ,  fans  altérer  au-p 
cune  des  beautés  de  l'original  ^  dç 
forte  que  fur  une  plaque  d'or  de  $ 
pouces ,  on  voyoit  les  reines  dç 
Perfe  ,  avec  toute  leur  fuite ,  aux 
pieds  du  conquérant  Macédonien, 

TOUTTÉE  ,  (  Dom  Antoine^ 
Auguilin)  Bénédiâin  de  la  Con^ 
grégation  de  Saint -Maur,  né  4 
Riom  en  Auvergne  l'an  1677  , 
mort  à  Paris  en  1718 ,  fe  rendit 
recommandable  par  fa  piété  &  foa 
application.  Il  apprit  les  langues 
avec  ardeur ,  &  donna  des  preuve^ 
de  fon  favoir  &  de  fon  érudition  , 
par  une  Edition  ,  en  grec  &  en 
latin ,  des  Œuvres  de  5,  Cyrille  de 
Jérufalem ,  imprimée  par  les  foin^ 
de  pom  Prudent  Maran  ,  à  Pari$ 
en  1720  ,  in  -  folio  ,  où  l'on 
trouve  beaucoup  d'exaâitude  dans 
}ç  Tç^tç^  &  bçawçoup  de  ftyçif 


T  O  W 

h  de  fagadté  dans  les  Notés  & 
les  DifTertations.  L'auteur  alHoit 
ime  érudition  diftinguée  à  une 
grande  fimplicité  de  moeurs,  & 
ime  morale  févere  à  des  maiiieres 
^iiees  avec  fes  confrères. 

^  TOWE ,  (  N.  )  célèbre  poète  tra- 
l^que  Angloîs,  n'a  étéfurpafféque 
|»r  Shàhtfpemr  &  Otwai  ,  dpnt  il  a 
ibuvent  le  pathétique. 

TOZZI ,  (  Luc  )  né  à  Averfa 
^bns  le  royaume  de  Naples  vers 
1640  ,  fe  rendit  habile  dans  la 
médecine ,  à  laquelle  il  s'appliqua 
uniquement  &  qu'il  exerça  avec 
lîiccès.  11  mourut  en  1717  •  âgé  de 
77  ans  ,  avec  le  titre  de  premier 
médecin  général  du  royaume  df 
Naples.  CharUs  // ,  roi  d'ETpagne , 
le  fit  appeler  pour  le  fecourir  dans 
la  dernière  maladie  *,  mais  il  mou- 
rut lorfque  Toi\i  étoit  en  chemin^ 
CUmmt  JT/ voulut  le  fixer  à  Rome 
par  des  places  avantageufes  ;  ce  cé- 
lèbre médecin  aima  mieux  iacrifîer 
la  fortime  à  l'amour  de  la  patrie. 
On  a  publié  fes  divers  Ouvrages  à 
Venifc,  1711,  en  5  vol.  in -4®, 
On  trouve  de  plus  grands  détails 
|ur  ce  favant,  dans  les  Mémoires 
0u  Père  Nlceron ,  tome  17. 

TRABEA,  (  Quintus  )  poëce 
comique  de  Tancienne  Rome  , 
ifloriflbit  du  temps  à*Auillus  Re- 
pdus.  Il  ne  refte  plus  de  fes  Ou«> 
vrages  que  quelques  fragmens  , 
dans  le  Corpus  Poetarum  de  Maittaire^ 

TRACHALUS  ,  (  M.  GaUrîus  ) 
fut  conful  Romain  Tan  68  de  J.  C. , 
}a  dernière  anpée  de  l'empire  de 
Néron,  Il  étoit  connu  par  les  talens 
4e  fon  efprit ,  &  avoit  une  répu- 
tation comme  orateur  -,  mais  c'étoit 
^'éloquence  du  corps  qui  dominoit 
/m  lui ,  en  forte  qu'il  perdoit  beau- 
coup à  être  lu.  Il  poiTj^doit  dans  un 
degré  éminent ,  tous  les  avantages 
^tétieurs  :  une  grande  &  riche 

gUle,  des  yeux  pleins  de  feu  ^  un 
PPf  myAvLÇXJi  (px  en  impofoit , 


t  R  A        i8ç 

un  gefte  cxpreffif  ,  &  fur-tout  le 
plus  beau  fon  de  voix ,  le  plus 
plein,  le  plus  moelleux  qu'il  foit 
pofilble  de  défirer.  QidniiHen  rap- 
porte ,  comme  un  £iit  donc  il  avoit 
îbuvent  été  témoin ,  que  lorfque 
Trofhalus  plaidoit  dans  la  Baéli- 
que  Julienne ,  où  quatre  tribunaux 
rendoient  la  juftice  à  la  fois,  on 
Tentendoit  ,  on  le  fuivoit ,  &  « 
ce  qui  étoit  mortifiant  pour  fes 
confrères ,  on  lui  applaudifibit  des 
quatre  tribunaux  en  même  temps» 
Son  fiyle  répondoit  à  l'emphafe 
du  débit.  Il  aimoit  la  pompe  des 
paroles  ,  les  mots  fonores  ,  les 
phrafes  qui  remplirent  la  l)ouche* 
Cefi.  QmntUUn  &  Taàu  qui  nous 
ont  ^t  connoitre  cet  orateur. 

TRAGON,  Foytfç  Metezeau; 
*  TRAJAN ,  (  Ulpinus  TraJakx^s 
Crînltus  )  empereur  Romain  fur- 
nommé  Opdmus  ,  c'eft  -  à  -  dire  , 
Très-Bon  ,  naquit  à  Italica ,  près 
de  Séville  en  Efpagne  ,  le  iS 
Septembre  de  Tan  52  de  J.  C.  S9 
Emilie ,  ori^naire  de  la  mêm^ 
ville  ,  étoit  fort  ancienne  -,  mais 
elle  ne  s*étoit  point  lUufirée.  Le 
père  de  Trajan  avoit  eu  les  hon- 
neurs du  triomphe  fous  Vtfpafim , 
qui  l'avoit  mis  au  nombre  des  fé* 
nateurs  ,  &  l'avoit  admis  à  la  di- 
gnité de  conful.  Son  fils  fut  digne 
de  lui.  Ses  fervices  militaires ,  les 
lalens  de  fon  efprit  &  les  qualités 
de  fon  cœur ,  engagèrent  Ntrva  4 
l'adopter.  Cet  empereur  étant  mort 
quelque  temps  après.  Tan  98  «dans 
le  temps  que  Trajan  étoit  à  Co- 
logne ,  il  fut  unanimement  reconnu 
par  les  armées  de  la  Germanie,  & 
de  la  Mœfie.  Il  fit  fon  entrée  à 
Rome  à  pied ,  pour  montrer  aux 
jlomaîns  le  mépris  qu'il  faifoit  des 
vaines  grandeurs.  Ses  premiers 
foins  furent  de  gagner  le  peuple  -, 
il  fit  diilribuer  des  fonimes  d'ar- 
gent, &  abolit  tous  les  crimes  de 
}efe-ma;efiç.  Il  alloit  au-devant  de 


t86        T  R  a 

ceux  qui  le  venoient  fa'uer  &  les 
enibraflbit  j  au  lieu  que  Tes  prédé- 
ceiTeurs  ne  fe  levoient  pas  de  leur 
fiége.  Ses  amis  lui  reprochant  un 
jpur  qu'il  ttoit  trop  bon  &  trop 
civil  ,  il  leur  répondit  :  Je  veux 
faire  Cl  que  je  voudrais  qu'an  empereur 
fie  â  mon  égard,  fi  j*étois  particulier. 
Il  fit  mettre  fur  le  frontifpice  du 
Palais  impérial  :  Palais  Public  ; 
pirce  qu'il  ^  vouloit  que  tous  les 
citoyens  le  regardaient  comme 
une  ticmeure  qui  leur  étoit  com- 
ipiine.  Son  but  étoit  de  fe  faire 
aimer  de  fçs  fujets ,  &  il  y  réuffit. 
Il  haïiToit  le  fade  &  les  diflinc- 
tions ,  ne  permettoit  qu'avec  peine 
qu'on  lui  érigeât  des  dames  ^  &  fe 
inoquoit  des  honneurs  qu'on  rçn- 
doit  à  des  morceaux  de  bronze 
ou  de  marbre.  Lorfquc  Trajan 
fortoit ,  kl  ne  vouloit  pas  qu*on 
allât  devant  lui ,  pour  faire  retirer  Iç 
inonde.  Il  n'étoit  point  fâché  d'êttf 
quelquefois  arrêté  dans  les  rues 
par  des  voitures.  Son  humeur  gaie, 
^  fa  converfation  fpirituelle  & 
polie  ,  faifoient  les  principaux 
^iTaifonnemens  de  fa  table.  Ses. 
délaiTemens  ordinaires  confuloient 
à  changer  de  travail ,  à  aller  à  la 
chaffe  ,  à  conduire  un  vaiffeau  ,  ou 
a  ramer  lui-même  fur  une  galère. 
Il  prenoit  ces  divcrtiffemens  avec 
fes  amis  ;  car  il  en  avoit  ,  tout 
prince  qu'il  étoit.  Fidelle  à  tous  les 
devoirs  de  l'amitié,  il  leur  rendoit 
fouvent  vifite  ,  les  faifoit  monter 
dans  fon  char  ,  &  montoît  dans  le 
leur.  Il  aîloit  manger  chez  eux  , 
afTidoit  même  aux  aiîemblées  ou 
ils  ne  traitoicnt  que  de  leurs  af- 
faires domediqvies*  Sa  confiance 
pour  eux  étoit  extrême.  Quelques 
courtifans ,  jaloux  du  crédit  de  Sum. 
fon  favori ,  Vaccuferent  de  tramer 
des  deiTeins  contre  fa  vie.  Il  arriva 
que ,  ce  jour-là  même ,  Sura  invita 
l'empereur  à  fouper  chez  lui  ; 
Trajan   y  alla  ,  &  renvoya    fes 


T  R  A 

gardes.  Il  demanda  aufli-rôe  !• 
chirurgien  &  le  barbier  de  Sura  p 
&  il  fe  fit  exprès  couper  les  four- 
cils  par  le  premier  &  raf;ir  la  barbe 
par  l'autre.  11  defcendit  aux  bains  , 
puis  fe  plaça  tranquillement  à  table 
au  milieu  de  Sura  &  des  autres 
convives.  Le  monarque  ne  fut  pas 
moins  grand  en  lui  que  le  parti- 
culier. Dès  qu'il  eut  mis  ordre  aux 
affaires  publiques  »  il  tourna  fes 
armes  ,  ran  ici ,  contre  DécebaU  , 
roi  des  Daces  ,  qui  fut  vaincu 
après  une  bataille  long-temps  dif- 
putée.  Elle  ftit  fi  meurtrière  ,  que 
dans  l'armée  Romaine  on  manqua 
de  linge  pour  bander  les  plaies 
des  bleffés.  Les  Daces  furent  obli- 
gés de  fe  foumettre ,  &  leur  roi 
Déubale  fe  tua  de  défefpoir  ,  Tai» 
10  ç  de  J.  C.  Trajan  entra  erifuite 
dans  l'Arménie  ,  &  s.'avança  dans 
l'Orient  pour  faire  la, guerre  aux 
Parthes.  Il  fpumit  fans  beaucoup 
de  peine  ,^la  Diabene  ,  l'Aflyrie^ 
&  le  lieu  nommé  Arbelles  ,  fi 
célèbre  par  les  victoires  qu*j</c- 
xandre  y  avoit  autrefois  remportées 
fur  les  Perfes.  Les  Parthes ,  épuifés 
par  leurs  divifions  continuelles  ^ 
n'avoient  point  de  troupes  à  lui 
oppofer  :  Trajan  entra  l'en  1 1 2  dans 
leur  pays ,  fans  prefque  trouver  de 
réfiftance  ,  prit  Séleucie  ,  Ctéfi- 
phon  ,  capitale  du  royaume  des 
Parthes  ,  &  obligea  Chofroës  à 
quitter  fon  trône  &  fon  pays  , 
l'an  115  de  J.  C.  Il  fournit  enfuite 
toutes  les  contrées  des  environs  , 
&  pouffa  fes  conquêtes  jufqu'aux 
Indes.  11  aiTiégeoit  Atra ,  fituéc  près 
du  Tigre  ;  mais  les  chaleurs  excef- 
fives  de  ce  pays  le  forcèrent  à 
lever  le  fiége  »  (  uoiqli'il  eût  d^à 
fai^  brèche  à  la  mu  taille.  Trajan 
eut  à  combattre  vers  le  même 
temps ,  les  Juifs  de  la  Cyrénaïque  , 
qui ,  irrités  contre  les  Komains  & 
contre  les  Grecs  ,  pouiTcrent  la 
rage  jufqu'à  dévorer  leur  chair  & 


TR  A 

fcuts  entraînes  ,  à  Ce  teindre  de 
Irjr  fang  &  à  fe  couvrir  de  leurs 
peaux.  On  dit  qu'ils  en  firent 
mourir  plus  de  loo  mille;  &  les 
Jui£s  d'Egypte ,  en  proie  à  la  même 
fureur  ,  exercèrent  des  barbaries 
non  moins  an'oces.  Ces  horreurs 
furent  punies  comme  elles  le  mé- 
ritoient.  On  ne  foufirit  plus  de 
Jui£s  fur  ces  côtes ,  &  on  y  égor- 
geoit  même  ceux  que  la  tempête 
y  jetoit.  Trajan  ,  ufé  par  les  ùl- 
tigues  ,  mourut  quelque  temps 
^rès  à  Sélinunte  ,  appelée  depuis 
Tri^anopoiîs ,  le  lo  Août  de  l'an  1 17 
de  J.  C.  Quoiqu'il  n'eût  penfé  nul- 
lement à  adopter  Adrien  ,  celui-ci 
lui  fuccéda  ,  en  vertu  d'une  adop- 
tion ,  fuppofce  par  Plotme  fon 
époufc.  Elle  envoya  l'avis  de  cette 
prétendue  adoption  au  fénat ,  &  el?e 
fut  crue  fur  fa  parole  ;  parce  que 
s'étant  rendue  mattrefle  des  derniers 
nomens  de  fon  époux  ,  elle  fiit 
l^we  de  feindre  ce  qu*eUe  voulut. 
Cependant  la  lettre  iignée  de  Plotlne^ 
&  non  pas  de  Trajan  ,  décéloit  la 
fupercherie.  Elle  auroit  pu  contre- 
dire la  main  de  fon  mari ,  comme 
elle  lui  avoit  prêté  le  miniftere 
d'une  voix  étrangère  ;  car  on  afTure 
qu'elle  joua  une  fcene  comique, 
en  apodant  un  fourbe  qui  fît  le 
perfonnage  de  l'empereur  malade , 
&  qui ,  d'une  voix  foible  &  mou- 
rante ,  déclara  qu'il  ido^oit  ÀdrUn. 
Pour  donner  une  couleur  de  vrai- 
ibnbiance  à  la  pièce,  on  tint  la 
«on  de  Trajan  cachée  pendant  quel- 
que temps  ;  ainii  nous  en  ignorons 
la  date  précife.  On  fait  feulement 
qa* Adrien ,  qui  étoit  à  Antiodie  , 
reçut  le  9  d'Août  la  nouvelle  de 
fon  adoption  ,  &  le  11  celle  de  la 
mort  de  Trajan,  Ainii  ce  grand  em- 
pereur,  ce  conquérant  redouté,  qui 
airoît  ieté  des  ponts  fur  le  Danube 
&  fur  Iç  Tigre ,  qui  avott conquis 
la  Dacie  &  mis  l'empire  des  Parthcs 
fiir  le  peochant  de  fa  ruine ,  mou- 


•    T  R  A        ig/ 

rat  en  laiflant  un  fuccelTeur  qui 
n'étoit  pas  de  fon  choix.  Ses  cen- 
dres furent  portées  à  Rome ,  où  oh 
les  plaça  fous  la  Colonne  Trajane , 
élevée  des  dépouilles  faites  fur  les 
Daces.  Trajan  n'étoit  pas  exeript 
de  défauts.  Il  aima  trop  la  gloire , 
la  guerre ,  le  vin ,  les  femmes ,  & 
fut  fujet  à  des  habitudes  monflrucu- 
fes  ,  qu'on  ne  peut  exprimer  fans 
voile  i  mais  fes  vices  furent  cachés 
fous  l'éclat  de  (es  vertus.  Son  exté- 
rieur étoit  digne  d'un  prince.  Il 
étoit  grand  ,  bien  fait ,  robu(le ,  & 
avoit  une  figure  régulière  &  majef- 
tueufe.  Pline  lui  donne  tous  les 
talens  militaires.  Vigilant,  infati- 
gab'e,  dormant  peu;  il  marchoit 
à  pied  à  la  tête  de  fes  troupes  ,  & 
traverfoit ainfi  de  vaftc>  pays,  fans 
fe  fervir  ni  de  chariot ,  ni  de  cheval. 
Il  accoutumoit  les  foldats  à  fup- 
porter  la  faim  &  la  foif ,  en  la 
fouf&ant  comme  eux ,  en  fe  con- 
tentant de  lard  &  de  fromage.  Il 
partageoit  tous  leurs  exercices  , 
tous  leurs  travaux ,  les  confoîant 
dans  leurs  peines,  les  fecourant 
dans  leurs  maladies,  8c  ne  rentrant 
dans  fa  tepte ,  qu'après  avoir  vifîté 
celles  des  autres.  Il  fut  non-feuTè- 
mcnt  le  père  des  foldats ,  il  mérita 
encore  le  nom  dePtRSde/a  Patrtc.ll 
ne  pou  voit  fonftrir  ni  approuver 
les  cxaftions  outrées.  Il  difoit ,  que 
k  ¥'fc  royal  rtffemhlolt  à  U  rate  , 
qtd ,  à  mefurt  qu'elle  enfle  ,  fiit  fé» 
cher  les  autres  membres  du  corps. , . . 
[  Foy,  une  autre  belle  parole  de  ce 
prince,  à  l'article  Saburanus,]  Le 
métier  de  délateur  fut  non-feule- 
ment déclaré  infam'e  fous  fon  rè- 
gne ,  mais  il  fut  encore  défendu 
fous  les  peines  les  plus  rigoureufes. 
Il  chériiïbit  &  honoroit  tous  les 
hommes  à  talens  pour  la  paix  & 
pour  la  guerre  ;  mais  il  oublioit 
l^  raéchans  fans  les  avancer ,  fans 
les  irriter  ,  fe  contennnt  «le  les 
mettre  hors  d'état  de  faire  du  mal. 


iM        T  R  A 

5a  mémoire  fut  fi  chère  aux  dtoyenf 
^ue  dans  les  acclamations  du  peu- 
ple &  des  foldats  aux  nouveaux 
empereurs,  on  leur  difoit  :  Sis  feu^ 
ciOR  Auguûo ,  MELiotL  Trajano» 
Soyci  plus  heureux  ^u'Augufte  ,  & 
meilleur  que  Trd)3n.  Rome»  lltalie, 
êi  les  principales  Tilles  de  l'empire 
teçurent  des  embelliflemens  confi- 
dérables,  par  tous  les  édifices  pu» 
Wics  que  ce  prince  y  fit  élever.  Il 
bâtit  des  villes  &  accorda  des  pri- 
vilèges à  celles  qu'il  en  jugea  dignes. 
Le  grand  Cirque  ,  renouvelé  par 
Ini ,  devint  plus  beau  &  plus  vaile, 
&  on  y  m;t  pour  infcrifÂion  :  Afia 
4pt*'il  foît  plus  digne  du  Peuple  Rw 
tmain.  Il  efi  impofiîble  de  marquer 
en  détail  les  ponts ,  les  grands  che- 
snins ,  les  levées  qu'il  fit  faire  pour 
ladtiter  la  communication  des  villes 
entre  elles  ,  ou  p#ur  les  ailurer 
contre  les  inondations  des  rivières 
ta  des  torrens.  Ce  fut  fous  lui  qu'on 
bâtit  à  Rome»  l'an  114,  cette  fa- 
meuse place  ,  au  milieu  de  laquelle 
on  mit  la  Colonne  Trajane,  Pour 
la  former ,  on  abattit  une  montagne 
de  144  pieds  de  haut ,  dont  on  fit 
une  plaine  unie.  La  Colonne  Tra- 
jane  marque ,  par  fa  hauteur ,  celle 
de  cette  montagne.  Ce  fut  le  fa- 
meux Apollodore  qui  en  fiit  l'archi* 
teâe.  Rome  avoit  extrêmement 
iouffert  par  les  incendies  :  il  falloit 
rebâtir  les  édifices  détruits  :  mais  ^ 
afin  que  ces  réparations  fufient 
moins  à  charge  au  public  ,  il  or- 
donna qu'aucun  partieulier  ne  pour* 
roit  donner  plus  de  60  pieds  de 
hauteur  à  chaque  maifon.  Nous  ne 
nous  arrêteront  point  à  réfuter  un 
conte  qu'on  a  fait  au  fujet  de  ce 
prince.  On  a  dit  que  S,  Grégoire 
le  Grand ,  ayant  vu  une  fiatue  de 
Trajan ,  qui  defcendoit  de  cheval 
au  milieu  de  fes  expéditions  mili- 
taires pour  r^dre  joûice  à  une 
femme,  demanda  à  Dieu  de  retit^er 
des  Enfers  l'ame  d'un  prince  û 


T  R  A 

é<{ultable  :-  grâce  qu'il  obtînt  ,  S 
condition  de  n'en  plus  demander 
de  pareille.  Cette  fable ,  tapporcée 
en  premier  lieu  par  5.  Jean  DamaJ^ 
cent  y  &  crue  dans  les  fîecles  d*igno-> 
rance,  efi  rejetée  aujourd'hui  par 
les  hommes  les  moins  éclairés. 

TRAJAN-DECE ,  Voy.  Dece. 

TRALLIEN ,  Voye^  xxiv.  Ale- 
xandre... &  Phlegon. 

TRANQUILLINE  »  {Putia  Sa^ 
hîna  Tranquiliîna  )  femme  de  Gordiert 
le  Jeune  ^  étoit  fille  de  Mifithée  ^ 
homme  aufii  recommandable  par 
Ton  éloquence,  que  par  fa  probité» 
La  figure  de  cette  impératrice  étoit 
très-belle  ,  fon  caraâere  doux  ,  fes 
mœurs  pures.  Comme  elle  ne  cher- 
choit  qu'à  obliger ,  les  dames  Ro- 
maines lui  élevèrent  une  flatue ,  & 
les  provinces  divers  monumens* 
Gordien  ayant  été  tué  pat  ordre  de 
Philippe  en  144  ,  Tranquilline  rentra 
dans  la  vie  privée  ,  avec  la  confo- 
lation  de  a'avoir  occupé  le  trône» 
que  pour  faire  des  heureux. 

TRANSTAM  ARE»  (  Henri,  comte 
de  )  fils  naturel  ^Alphonfe  XI  ^ 
roi  de  Caftille  ,  &  kEUonore  de 
Gufman  fa  maîtreàe ,  fut  un  prince 
plein  de  feu  &  de  courage ,  brave- 
guerrier  ,  &  excellent  politique. 
Après  la  mort  de  fon  père ,  arrivée 
en  1350,  Pierre  le  Crutl ,  fon  frère  » 
monta  fur  le  trône  »  &  aliéna  tous> 
les  cœurs  par  fon  naturel  féroce. 
Tranfiamare  réfolut  de  mettre  ea 
œuvre  la  haine  publique ,  pour  lui 
enlever  la  couronne.  Il  forma  plu-* 
fieurs  entreprifes  ,  que  Pierre  le 
Cruel  eut  le  bonheur  de  difiiper 
par  le  fecours  du  fameux  Prince 
Noir,  Enfin  il  fuccomba  à  la  der- 
nière. Tranjiamare ,  fécondé  de  la 
France ,  de  l'Aragon  &  de  plufieurs 
rebelles  de  Cafiille  >  ayant  le  fa- 
meux du  Guefclin  à  la  tête  de  fes 
troupes,  vainquit  fon  frère  auprès 
de  Tolède  en  1368.  Pierre,  retiré 
&  àfiiégé  dans  un  château  après  à 


J 

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TR  A 

iîéôitc ,  fiit  pris ,  en  voulant  s*é- 
chapper ,  par  un  gentilhomme  Fran- 
çois, nommé  le  Beguc  de  Vilaines» 
On  le  conduit  dans  la  tente  de  ce 
chevalier.  Le  premier  objet  qu'il  y 
voit ,  eft  le  comte  de  TranftMnare» 
On  dit  que  tranfporté  de  fureur,  il 
fe  jeta ,  quoique  défarmé ,  fur  fon 
frère  ,  qui  lut  arracha  la  vie  d'un 
coup  de  poignard.  Alors  le  vain- 
queur fut  reconnu  roi  de  Caflille 
fous  le  nom  de  Henri  IL  11  gagna 
les  grands  par  des  largefTes  ,  &  le 
peuple  par  des  manières  af&bles.  Il 
mourut  en  1379  ,  après  un  règne 
de  10  ans.  Ceft  de  lui  que  font 
defcendus  les  rois  de  Caftille  qui 
ont  régné  en  Efpagne  iUfqu'à  Jeanne^ 
qui  fit  paffer  cefceptre  dans  la  mai- 
foû  d'Autriche,  par  fon  mariage 
avec  Philippe  U  Beau ,  père  de  l'em- 
pereur Charles-Quîtu, 

TRAP ,  (  Jofeph  )  écrivain  An- 
glois  ,  fut  profeâfeur  en  poéfie  i 
Oxford.  Ses  talens  lui  méritèrent 
les  places  de  reâeur  à  Harlington, 
&  de  prédicateur  de  TËglife  d« 
Chrift  &  de  Saint-Laurent  à  Lon* 
dres.  Ce  favant  mourut  en  1747, 
à  66  ans ,  cinq  jours  après  s'être 
marié.  U  eft  connu  par  une  Tra- 
duâion  en  vers  latins  du  Paradis 
feràu  de  MUton  ,  &  par  quelques 
Ouvrages  fur  TArt  poétique ,  qui 
ne  donnent  pas  tme  grande  tdé^de 
ks  talens. 

TRASYBULE,  oaTHRASiBULE, 
illuftre  citoyen  d'Athènes ,  fe  réfu- 
gia à  Thebes  avec  les  autres  bannis, 
pour  fe  fouftraire  à  la  cruauté  des 
50  Tyrans  établis  par  les  Lacédé- 
noniens.  S 'étant  mis  à  la  tête  de 
f 00  foldats ,  levés  aux  dépens  de 
l'orateur  Lyfias  ,  il  marcha  vers  le 
Pyrée ,  dont  il  fe  rendit  maître.  Les 
trente  ayant  accouru,  furent  hattus 
&  égorgés.  Ceft  ainfi  que  Tra/ybulc 
«établit  la  liberté  dans  fa  patrie.  Il 
mit  enfuite  le  dernier  fceau  à  la 
lr|pqi4Uité  ^ubU(jue  ^  &i  ivAuvt 


T  R  E         1^ 

prononcer  dans  une  aflemblée  du 
peuple ,  que  perfonne  ne  pourroi» 
être  inquiété  au  fujet  des  derniers 
troubles  ,  excepté  lefs  Trente  & 
les  Decemvirs.  Par  ce  fage  décret  ^ 
il  éteignit  toutes  les  étincelles  de 
diviiion.  Il  réunit  toutes  les  forces 
de  la  République  auparavant  divr- 
fées ,  &  mérita  la^  couronne  d'oli- 
vier, qui  lui  fut  décernée  conlme 
au  reftaurateur  de  la  paix.  Sa  valeur 
éclata  ehfuité  en  Thrace  *,  il  prit 
pluûeurs  villes  dans  l'iile  de  IVlé- 
telin  ,  &  tua  en  bataille  rangée  « 
Thérimaque^  capitaine  des  Lacédé-- 
moniens,  l'an  394  avant  J.  CL 
Douze  ans  après  il  fut  tué  dans  là 
Pamphylie  par  les  Afpendiens ,  qui 
favorifoient  les  Lacédémoniens.,.* 
11  faut  le  diftinguer  de  Trasybi/le; 
fils  &  fucce^eur  d'H'érôn  ,  roi  de 
Syracufe ,  qui  fut  à  fon  père  ,  câ 
que  l'empereur  Tibère  fut  à  Aupifte.- 

TREBATIUS  -  TESTA  ,  (  C  ) 
favant  jurifconfulte ,  fut  exilé  par 
Jtdcs  Cifar ,  pour  avoir  pris  le  parti- 
de  Pompée  ;  mais  Cicéron ,  fon  ami ,. 
obtint  fon  rappel.  C'étoit ,  dit  cet 
orateur ,  un  grand  homme  de  bien 
&  un  bon  citoyen.  Céfar  connut 
fon  mérite,  le  prit  en  afFeâioix., 
au  point  qu'il  lui  demandoit  pref- 
que  toujours  fon  avis  ,  avant  de 
porter  aucun  jugement.  Trebatlus 
l'accompagna  dans  qudques-unès 
de  fes  expéditions  ;  &  quoiqu'il  ne 
fît  pas  les  fondions  de  tribun  àçi 
foldats  ,  Céfar  lui  en  donnpit  les 
appoimemens.  AuptfU  n'eut  pas 
moins  d'eftime  pour  ce  jurifçon>- 
fuite,  &  par  fon  coi^feil  introduidt 
l'ufage  des  Codicilles.  Horace  lus 
adrefia  deux  de  fes  «Satires.  Ce 
favant  homme  avoir  compofé  pin- 
ceurs Ouvrages  fur  le  Droit,  Il  eft 
cité  en  divers  endroits  du  Digefle. 

TREBELLIEN  ,  (  Càius  Anniut 
TrebelUanus  )  fameux  pirate  ,  fe  fit 
doimer  la  pourpre  impériale  dans 
l'ifauiie  au  coHun^ncement  de  ïdm^ 


I90        T  R  E 

364. 11  conferva  la  fouveratne  ptitf* 
fance  jufqu'au  temps  où  Gallîtn^  qui 
régnoit  alors ,  envoya  contre  lui 
CaufifoUc  avec  une  année.  Ce  gé- 
néral ayant  eu  l'adreife  d'attu-er 
TrébcUlen  hors  des  montagnes  & 
des  détroits  de  llfaurie  ,  lui  livra 
daas  Iaplaine,une  bataille  fanglanie. 
Le  brigand  la  perdit  .&  y  fut  tué  , 
après  avoir  régné  environ  un  an.r. 
11  ne  fnut  pas  le  confondie  avec 
Rufus  TRiBEiLiEH ,  qui  ayant  été 
accufé  du  crime  de  leTe-majefté 
fous  Tibère  «  Te  tua  lui-même. 

TREBELLIUS-POLUO,  hifto- 
rien  Latin  ,  floriffbit  vers  l'an  2.98 
de  J.  C.  Il  avoir  compofé  la  VU  dis 
Em^crau-s  \  mais  le  commencement 
en  eA  perdu ,  &  il  ne  nous  eft 
refté  que  la  fin  du  règne  de  Falé- 
Tien ,  avec  la  VU  des  deux  GaUUns 
&  des  trente  Tyrans  :  c'eft  à- dire  , 
des  ufurpateurs  de  l'empire  ,  de- 
puis Phiàppe  indufîvement ,  jufqu'à 
QmntllU  ,  frère  &  fucceûeur  de 
Claude  IL  On  trouve  ces  fragmens 
dans  VBîftûTut  Augufia  Scriptares, 
Qnaccufe  cet  écrivain  d*avoir  rap- 
porté avec  trop  de  détail  des  faits 
peu  intéreflans  ,  &  d'avoir  pàfTé 
trop  rapidement  fur  d'autres  beau- 
coup plus  imporrans.  On  lui  repro- 
che encore ,  comme  aux  autres  au- 
teurs de  l'Hiftoire  à*Augufte^  d'avoir 
un  (Ivle  plat  &  rampant. 

TREBONIUS,  citoyen  Romain, 
confpira  contre  /«/«  Cé/ar ,  avec 
Bmtus  &  Cajpus.  II  fut  cruellement 
aiTailiné  en  Aûe  par  la  trahifon  de 
DolabMa. 

TREMBLAY  ,  Voyei  Frain  ,  & 
Joseph  ,  n**  xii. 

TREMBLEURS  ou  QUAKERS, 
Voyei  Çarclat  ,  n®  11  ;  Fox  ; 
III.  Fischer  -,  Farnsworth  \ 
&  Penn. 

TREMELLIUS .  (  Emmanuel  )  né 
a  iFerrare  de  parens  Juifis ,  £e  rendit 
habile  dans  la  langue  hébraïque. 
Il  embroila  en  feaec  la  reli^oa 


T  R  E 

Prôteftatite  ,  &  devint  profeâeur 
d'hébreu  à  Heidelberg  ^  d'où  il  pafTa 
à  Metz,  puis  à  Sedan.  11  fe  ât 
connoitre  pac  une  Verfion  latine  du 
Nouveau  T'ftamtnt  fyriaque  ,  &  par 
une  autre  de  VAncUn  Teftament  , 
faite  fur  Ihébreu.  Il  avoit  afibcié 
à  ce  dernier  travail ,  François  Juaîus 
ou  du  Jon  ^  qui  le  publia  in-folio  , 
après  la  mort  de  Trtmellhu  ,  arrivée 
en  1 5  80 ,  avec  des  changemensquî 
ne  firent  que  le  rendre  plus  mau^ 
vais.  Le  ilyle  de  TremclUus  eft 
lourd ,  plat ,  afFeâé  ;  &  ia  Verûon 
fent  le  Judaifme.  . 

L  TREWOILLE,  ou  Tri- 
MOUILLE  (l«ôui$  de  la)  vicomte 
de  Thouars ,  prince  de  Talmond  g 
&c.  naquit  le  20  Septembre  1460  ^ 
d'une  des  plus  anciennes'  &  des  plus 
illuftres  maifons  du  royaume ,  fé- 
conde en  grands  hommes.  Il  fit 
fes  premières  armes  fous  Georges  de 
la  TrimouUU ,  fire  de  Craon  ,  foi» 
oncle*  Il  fe  iignala  tellement  »  que 
dès  l'âge  de  18  ans  il  fiit  nomme 
général  de  l'armée  du  roi ,  contre 
François  duc  de  Bretagne ,  qui  avoit 
donné  retraite  dans  fes  états,  à  LouU 
duc  d'Orléans ,  &  à  d'autres  princes 
ligués,  la  TfimoulUe  remporta  fur 
eux  une  viâoire  ûgnalée  à  Saint-* 
Aubin-du-Cormier  ,  le  18  Juillet 
1488.  Il  y  fit  prifonnier  le,  duc 
d'Olrléans ,  depuis  Louis  XU ,  &  le 
prince  d'Orange.  La  prifede  Difiant 
&  de  Saint-Malo  furent  les  fuites  de 
cette  journée  ,  qui  auroit  été  £1 
Çlorieufe,  û  U  TrimouUle  n'avoit 
ordontié  le  maflacre  des  capitaines 
faits  prifonniers.  Egalement  habile 
dans  le  cabinet  &  à  la  tète  des 
armées ,  il  contribua  beaucoup  à  la 
réunion  de  la  Bretagne  à  la  cou- 
ronne ,  en  faifant  conclure  le  ma- 
riage de  la  ducheife  Anne  de  Bre- 
tagne ,  avec  le  roi  Charles  VIIL  II 
fut  envoyé  en  ambafTade  vers  Af  j«*- 
mllîen  ,  roi  des  Romains ,  &  vers 
Iç  pape  Alexandre  VL  II  avoh  été- 


I 

i 


TR  Ê 

fait  dievalier  de  l'Ordre  du  roi  & 
fon  premier  chambellan  ;  &  la  ba- 
taille de  Fornoue,  en  1495  ;  loi 
Aiérita  la  charge  de  lieutenant  gé- 
nérai des  provinces  de  Poitou  , 
Angouinois  ,  Saintonge,  Aunis  , 
Anjou  ,  &  Marche  de  Bretagne. 
Lom  XII ,  à  fon  avènement  à  la 
couronne  ,  auroit  pu  fe  Couvenir 
^«e  la  TripiouîlU  Tavolt  vaincu  , 
&  qu'une  longue  captivité  avoit 
été  la  fuite  de  fa  défaite.  Mais 
louis  XU^mo'it  a  oublier  les  torts 
qu'on  avoit  eus  avec  le  duc  d^Or- 
iéans.  Il^onna  le  coîAmaniemcnt 
de  Tarmée  d'Italie  à  U  TrîmoulUc , 
qui  conquit  toute  la  Lomhardie  , 
&  obligea  les  Vénitiens  de  lui  re- 
mctrre  entre  les  mains  Louis  S  force , 
duc  de  Milan ,  &  le  cardinal  Ton 
frère.  Le  roi  récompenfa  fes  fer^ 
vices ,  en  lui  donnant  le  gouverne- 
ment de  Bourgogne ,  puis  la  charge 
d'amiral  de  Guictine  en  1501 ,  & 
peu  après  celle  d'amiral  de  Breta- 
gne. Il  le  choisit  encore  pour  com- 
mander le  corps  de  bataille  où  il 
étoitjàla  journée  d'Aignadel ,  Tan 
1509.  La.  TrlmotùlU  fut  malheu- 
reux au  combat  de  Novare  s  donné 
contre  les  Suiffes  l'an  1515  ,  où  il 
fot  battu  &  bleflé  -,  mais  il  foutint 
vaillamment  contre  eux  le  fiége  de 
Dijon ,  l'efpace  de  fî^  femaines.  Il 
fe  trouva  encore  la  même  année  à 
la  bataille  de  Marignan ,  donnée 
contre  les  Suiû'ei ,  défendit  la  Pi- 
cardie contre  les  forces  Impériales 
&  Angioifes  ;  &  s'étant  rendu  en 
Provence ,  il  fit  lever  le  fiége  de 
Marfeille  ,  que  le  connétable  ie 
Bougon ,  général  de  l'armée  de  l'em- 
pereur ,  y  avoit  œi» ,  l'an  1523. 
Enfin ,  ayant  fuivi  le  roi  François  1 
dans  fon  malheureux  voyage  d'I- 
talie ,  il  finit  glorieufement  {es 
jours  à  la  bataille  dePavi<;<le24 
Février  1525  ,  âgé  de  6 5  ans.  Ce^e 
journée  fut  funciïeaux  vieux  géné^ 
«ux;  ils  y  périrent  |>refque  tous. 


TRE         191 

Le  corps  de  U  TrlmouUU  fut  apporté 
dans  l'égUfe  collégiale  de  Notr«« 
Dame  de  Thouars ,  qu'il  avoit  fon- 
dée. On  ri^onora  du  beau  nom  de 
Chevalier  sans  reproche,  ,»^ 
Guiehardln  lui  donne  celui  de  prcmîfr 
Capitaine  du  monde  ^  &  Paul  lokè 
ajoute  qu'il  fut  la  gloire  de  funfic^ 
cU  ,  6*  rurittnunt  de  la  MonarchU 
Françoife,  Ce  grand  homme  prit 
pour  devife ,  une  roue ,  avec  ces 
mots  :  Sass  sortir  dèl*orniere. 
11  avoit  époufé  GabrieJle  de  Bourbon,i 
[  Voye\  l'article  Gab&i£LL£.  ]  Sa 
Vu  fut  publiée  par  Jean  B^uchet  , 
Paris,  1527  ,  in -4**  ;  &  le  même 
livre  imprimé  dans  VHlfioire,  de 
Charles  FUI ,  publiée  par  Denis 
Goàzfroi  ,  Paris  ,  1684  ,  in-folio. 
Cette  Vie  eft  précieufe  par  l'atten- 
tion qu'a  eu  l'hiilorien,  de  recueillir 
des  détails  ignorés  &  qui  peignent 
les  moeurs  de  fon  fiecle.  Son  ftyle 
eft  naïf,  quoiqu'il  emploie  quel- 
quefois des  tournures  poétiques. 

II.TREMOILLE,  (François  de 
la  )  petit-fils  du  précédent,  fut  fait 
prifonnier  à  la  bataille  de  Pavie  , 
&  donna  des  marques  d'attache- 
ment à  François  L  Ce  prince  le  char- 
gea de  recevoir  l'empereur  Charles^ 
Quint ,  à  fon  paffage  par  Poitiers ,  en 
1529.  Il  mourut  dans  fon  château 
de  Thouars  en  1541,  âgé  de  39 
ans.  n  avoit  époufé  ,  en  1^21, 
Anne  de  Laval ,  fille  de  Gui  xr  de 
Laval ,  &  de  Cturlotu  d'Aragon  , 
princefie  de  Tarente  ,  qui  apporta 
dans  la  maifonxle  la  TrlmouUU^  fes 
prétentions  fur  la  couronne  de 
Naples.  Ce  mariage  a  donné  lieu  à 
fes  defcendans  de  faire  valoir  leurs 
droits  au  congrès  de  Munfier,  de 
Nimégue  &  de  Ryfvick ,  &  de  de- 
mander le  titre  d' AltefTe  ,  qui  leur 
a  été  accordé  dans  les  pays  étran- 
gers. Voyez  le  Traité,  du  Droit  hU 
réditalrt  ,  ,  appartenant  au  Duc  de  la 
Trimouille,  au  Royaume  de  Njples^ 
par  David  ÈLndcl ,  à  }?ari5 ,  164$  « 


icri       T  R  É 

în-4^  •,  et  lés  Tur€s  jufifica^fs  At  ù 
droit ,  par  le  même  BlondU^  Parts  » 

1654»  iD-4**. 

m.  TREMOILLE,  (Louis  lïl 
4e  U  )  fe  fignala  par  fes  fervices , 
fous  Henri  11^  Charles  IX  ^  Henri 
III,  Ce  dernier  prince  le  fît  fon 
lieutenant  général  en  Poitou ,  on 
il  enleva  quelques  villes  aux  re- 
])elles.Mais  ayant  mis  le  fiége  devant 
Melle ,  il  tomba  malade ,  &  mourut 
le  jour  de  la  réduction  de  cette 
,  place ,  le  25  Mars  1 5  77,  Charles  IX 
avoit  érigé  fon  vicomte  de  Thouat^ 
en  duché ,  l'an  1563 ,  &  Henri  IV 
l'érigea  en  pairie,  l'an  1^95 ,  en  fa^ 
"ireur  de  Claude  ds,  la  Tremoiljle  , 
fon  fils  y  mort  en  1604 ,  à  38  ans , 
après  avoir  fervî  avec  diftinétion. 

IV.  TREMOILLE,  (Henri- 
Charles  de  la  )  prince  de  Tarente , 
étoit  pedt-fils  de  Claude,  Son  atta- 
chement au  prince  de  Condéy  lui  fit 
abandonner  le  parti  de  la  cour ,  dans 
le  temps  des  guerres  de  la  Fronde, 
Il  fuivit  ce  prince  en  Flandres  ,  & 
pafia  de  là  en  Hollande ,  d'où  il 
revint  en  16  5  5 ,  après  avoir  obtenu 
:fon  amnifiie.  L'évêque  deMuniler 
ayant  déclaré  la  guerre  aux  Hol- 
landois  ,  en  1664  ,  la  Tremoille  , 
qui  vint  leur  o^ir  Ces  armes ,  défit 
un  parti  de  huit  cents  hommes  ,^. qui 
étoient  au  fervice  de  ce  prélat 
guerrier  *,  &  il  reçut  en  récompenfe 
la  place  de  général  de  la  cavalerie 
des  Etats.  Il  mourut  à  Thouars ,  en 
3^71,  354  ans.  Nous  avons  de  lui 
des  Mémoires ,  dans  le  Recueil  im- 
l^imé  à  Liège ,  1767 ,  in-12 ,  fous 
c»  titre  :  Hifiaire  de  Tancrede  de 
Rohan  »  avec  quelques  autres  Pièces 
toncernant  l*Hlftoire  de  fronce  & 
PHîfloîrè  Romaine, 

TREMOLLIERiE,  (Pierre- 
Charles  )  peintre ,  né  en  1603 ,  à 
Chollet  en  Poitou ,  mort  à  Paris 
en  1739 ,  remporta  plufieurs  prix 
à  l'académie ,  &  jouit  de  la  penfion 
gue  le  rai  afiçprdç  gux  ^unes  élevés 


f  R  É 

qui  fe  difUnguent.  II  ^xin  ibi^i 
pour  l'Italie  >  &y  reftafix  années.- 
On  remarque  de  l'élégance  &  du' 
génie  dans  fes  compofitions  ,  de  ' 
la  correâlon  dans  fes  defiins,  vàk 
beau  choix  dans  fes  attitudes.  U- 
vécut  trop  peu  de  temps.  Ses  der- 
niers Tableaux  font  d*un  coloris* 
plus  foible. 

ITIENCHARD,  (Jean)  d'une 
maifon  ancienne  d'Angleterre ,  na- 
quit en  1669 ,  &  exerça  des  em- 
plois importans.  Il  mourut  en  1723, 
avec  la   réputation   d'un  homme' 
habile  dans  le  droit  civil  .&  dans  H 
politique  ;  il  avok  des  fentimens- 
hardis  en  matière  de  religion.  Ses 
principaux  Ouvrages  font  :  I.  Arg»- 
ment  qui  fait  voir  qu^une  Armée  fubfif» 
tante  eft  incompatible  avec  un  Gouver^ 
nement  libre ,    &  détruit  abfolumeni' 
la  conftîtudon  de  la  Monarchie  An-^ 
gloife.   II.  Une  petite  Hiftoire  des' 
Armées  fubfifiantes  en  Angleterre,  IIL 
Une  fuite  de  Lettres^  fous  le  noa»^ 
de  Caton ,  conjointement  avec  TA. 
Gordon ,  fon  amr.  Tous  ces  EcritS' 
font  en  anglois» 
TRESSAN ,  Voy.  Veiujne. 
TREVIÉS,  (Bernard  de)  Ber^ 
nardus  de  Tribus  Vîis ,  chanoine  de' 
Maguelone ,  fa  patrie ,  dans  le  xii^ 
fiecle  ,  s'occupa  à  des  ouvrager 
frivoles ,  peu  dignes  de  fon  état  y 
mais  conformes  au  goût  de  fon 
fiecle ,  &  que  la  même  frivolité  faiif 
renaître  dans  le  nôtre.  Nous  vou* 
Ions  parler  de  fon  Roman  ,  im- 
primé fans  indication  de  ville,  en- 
1490 ,  in-4** ,  fous  ce  titre  :  Le  Ro^ 
man  du  vaillant  Chevalier ,  PimrrM- 
DE  Protenoe  ,  &  de  la  belle  Mjr 
GUELONE.   Les  amateurs  de  ce^ 
bagatelles  les  trouveront  dans  1er 
Bibliothèques  à  papier  bleu. 

TRE VILLE,  (  Henri-Jofeph  dC 
Peyre ,  comte  de  )  étoit  fils  dir 
comte  de  Troisville  (  que  Ton  pro- 
nonce Tréville ,  )  capitaine  -  lieute- 
nant de$  MoufqMetaif  es  .fous  Lotd^ 


TRfe 

Xîll  lï  fut  élevé  avec  Lotus  XIV , 
devint  cornette  de  la  première 
compagnie  des  Moufquetwres ,  puîs 
colonel  d'inÊsinterie,  &  gouverneur 
du  comté  de  Foix.  Il  fervit  en  Can- 
die ,  fous  le  commandement  de 
Coâpiy  ;  il  y  reçut  deux  coups  de 
feu.  Henriette  d'Angleterre  ,  pre- 
mière femme  de  Monfieur  ,  frère 
nnique  de  Louis  XIV ^  goûta  beau- 
coup fon  efprit ,  &  l'admit  dans  fa 
confidence  &  dans  fon  amitié.  T«- 
vilU  fut  fi  frappé  de  la  mort  fubite  de 
cette  princeâe ,  (  arrivée  à  Saint- 
Cloud,  le  lo  Juin  1670,  )  qu'il 
quitta  le  monde.  Il  fut  dès  -  lors 
uniquement  occupé  de  la  prière  & 
de  l'cwde.  Cétoit  un  jKimme  de 
beaucoup  d'efprit  ;  il  f^arloitavec 
tant  de  jufteffe  &  d'exadkitude , 
qu'on  dîfoit  que  ce  proverbe ,  // 
parU  comme  un  Livre  ^  fembloit  être 
fait  pour  lui.  TrévilU  fut  en  grande 

Îîaifon  avec  RAticé  ,  abbé  de  la 
i'rappe  i  avec  Bollcau  -  Defpriaux  \ 
avec  Arnauld^  Nicole ,  Lalane^  Sainte- 
Mkfthcy  Sacyy  qui  trouvoient  en  lui 
on  Juge  févete  &  délicat  de  leurs 
Productions.  Il  mourut  à  Paris  le  13 
Aoûè  1708 ,367  ans. 

TRpUL ,  (  Sébafiien  du  )  prêtre 
de  l'Oratoire,  né  à  Lyon  en  1684, 
mort  le  30  Juillet  1754  >  laiflades 
Sermons ,  qu'on  a  publiés  après  fa 
mort,  en  2  vol.  in- 11 ,  &  qui  n'ont 

f      pas  eubeaucoilp  de  lefieurs. 

I         TRfeUVÉ  ,  (  Simon  -  Michel  ) 

I  doâeiir  en  théologie ,  fils  d'un  pro- 
curcui  de  Noyers  en  Bourgogne , 
entra ,  l'an  1668  ,  dans  la  Congré- 
gation de  la  do£^rine  Chrétienne , 
qu'il  quitta  en  1673.  Après  s'être 

I  formé,  pendant  quelqne  temps  ,  en 
province  ,  il  vint  à  Paris,  où  il 
fut  aumônier  de  Mad*  de  Lefdlgule- 
ns,  li  devint  enfuitc  vicaire  de  la 
pâroiife  de  Saint- Jacques  du  Haut- 
Pas  ,  puis  de  Saint- André  des  Arcs. 
Il  fe  livroit  fans  réferve  aux  fonc- 
tions du  miniflere ,  lorfquç  le  ff^i 

Tom^  IX. 


T  R  t  I9Î 

Sofuet  l'attira  à  Meaux,  &  lui 
donnaja  théologale  &  un  cano* 
nicat  de  fonEglife.  Le  cardinal  de 
Bîffy ,  (  û  l'on  en  croit  M.  iaJ- 
vocat^)  ayant  eu  des  preuves  que 
Treuvé  étoit  Flagellant ,  mcme  à 
l'égard  des  Religieufes  fes  péni- 
tentes, l'obligea  de  fortir  de  foa 
diocefe  ,  après  y  avoir  demeuré 
22  ans.  Quoi  qu'il  en  foit  de  cette 
anecdote  qui  paroît  calomnieufe, 
l'abbé,  Treuvé  îe  retira  à  Paris ,  où 
il  mourut  le  22  Février  1730, 
à  77  ans.  On  a  de  lui  :  I.  Dtjcours 
de  Piété  ,  1696  &  1697  ,  2  vol, 
in- 12.  II.  InfiruclSbns  fur  les  di/pojt» 
dons  qu'on  doit  apporter  aux  Sacre" 
mens  de  Pénitence  &  d'Euchari/îîe ,  vol.  . 
in-  12  ;  ouvrage  qu'il  enfanta  à 
24  ans ,  &  dont  les  principes  ne 
font  point  relâchés.  III.  Le  Direc^ 
teur  Spirituel  pour  ceux  qui  iCen  ont 
points  in- 12.  IV.  La  Vie  de  M. 
Duhamel ,  curé  de  Saint  -  Méri  , 
in- 12.  r«ttv«  étoit  un  homme  auC- 
tere  ,  partifân  des  Solitaires  de 
Port-royal ,  &  très-oppofé  à  la  cons- 
titution Uaigenhus  :  ce  fut-là,  fans 
doute,  la  véritable  raifon  qui  l'o- 
bligea de  quitter  le  diocefe  de 
Meaux. 

TRIBBECHOVIUS  ,  (Adkm) 
natif  de  Lubeck ,  &  mort  en  1687  » 
devint  cohfeiller  cccléfiaftique  du 
duc  de  S  axe- Gotha ,  &  furintendant 
gé^ral  des  Fglifes  de  ce  duohé.  On 
a  de  lui  un  grand  nombre  d'ou- 
vrages eftimés  en  Allemagne.  Le 
principal  eft  :  De  DoHoribus  Scholaf" 
ticis  ,  deque  corruptâ  pcr  eos  divinarum 
humanarumque  rerum  fclentiâ.  On  l'a 
réimprimé  en  17 19.  On  cite  aufS 
fon  Hlftoria  Naturalifmî^  lennas  , 
1700 ,  in-4^. 

TRIBONIEN ,  étoit  de  Side  en 
Pamphylie  ;  Jufiinien  conçut  tant 
d'eftime  pour  lui ,  qu'il  l'éleva  aux 
premières  dignités ,  &  le  chargea 
de  diriger  &  de  mettre  en  ordre 
Iç  Droit  Romavi.  Cet  ouvrage  eft 

■  N 


194        T  R  t        , 

«{Hmé  ta  général  ;  mais  les  }vânt* 
^  confuhès  y  trouvent  de  grands  dé- 
buts. On  le  fuit  encore  aujour- 
d'hui ,  dans  ce  qu'on  appelle  en 
Frapcc  le  Pays  de  Droit  -  Ecrit* 
TrlbonUn  ternit  l'éclat  de  fa  répu- 
tation par  foil  avarice ,  par  fes  baf- 
fe^es  &  par  fes  lâches  flatteries. 
Chrétien  au  dehors  t  il  étoit  Païen 
dans  le  fond  du  coeurs  &  il  refte 
^elques  traces  de  fes  fentimens 
dans  le  Digtfte ,  qu'il  entreprit  pat 
oidtt  du  même  empereur^  vers 


TRI 

prit  de  làarcher  loi-méràe  â  îa  litt 
de  fes  troupes  dans  la  malheureufe 
campagne  de  1^25  ^  où  il  fut  fait 
prifonnier  à  Pavie ,  Trihwdet  fd 
trouva  préfent  k  un  entretien  où 
Ton  cherchoit  le  moyen  de  fe  faire 
un  pafla^  en  Italie.  On  en  pro^ 
pofa  plufieurs  ;  il  ne  s'agiflbit  plut 
qile  de  fe  détenniner  fur  le  choies» 
Tnbouta  prenant  alors  la  parole: 
l^ous  croye^^ ,  MtJfUtrirs ,  dit-Û ,  avoîr 
défilai  à  tiurveilU;  mais  ces  avis  ne 
ttupùùfait  point  :  voi^s  ne  pcnfii  point 
à  VeJjfemUL  -u  Eh  ?  qud  efi  ce  point 


TRIBOUtEÏi  îoMÂtLotdsXlî    e/<itttW,luidcmanda-t-on?  —  Cefi^ 
^  de  François  /^  acquit  quelque  cér    reprît-il  »  U  moyen  de,  fonîw ,  dont 


lébrité  fous  le  règne  de  ce  dernier 
prince.  Ce  fut  lui  qui  dit  que ,  »  fi 
Charles- Quint  paiToit  en  France  p6ur 
£ei  rendre  dàni  les  Pays-Bas ,  &  pour 
fe  fier  à  un  ea'aeini  qu'il  avôit  û 


per/onne  ne  parle, 

TRIBUNUS,  médecin  renommi 
dans  le  rix^  fiecle^  du  temps  de 
Che/roës  / ,  ro!  de  Pcrfe  ,  étoit  de. 
la  Paleiline.  U  eut  tant  de  part  i 


maltraité  «  il    lui   donneroit  fon.  l'àitaitié  de  ce  prince ,  qu  ayant  été 

bonnet  u.  Le  roi  ayant  demandé  &it  prifonnier  par  les  troupes  de, 

ce  qu'il  ieroitû  renq>eFeurpa0bit»  JuftînUn^  Ckofroes   ne   voulut  ac- 

comme  sli  étoit  dans  fes.  prqpires.  corder  aucune  trêve ,  à  moins  que 

états-,  Tribottàt  répondit  :  SiKKi  Trlhunns  ne  lui  fût  rendu.  Elle  fut 

tn  ce    cas-là  ,  je    lui  reprends  mon  conclue  à    cette  condition  ;   mais 

honnet ,  &  vous  en  fais  préfent^  Je.  ce  fayant  homme  ne  demeura  qu*iui. 

n'examine  potm  ici  fi  ^'<^<>"^^  avoir  an  à   la  cour.  Pendam  le  temps 


raifon  ;  je  ne  rapporte  que  le.  bon 
mot.  On  dit  que  ce  même  Triboulet 
fijit  menacé.,   par   un  grsmd  fp- 
gneur.,  de  Coups  de.  bâton ,  pour 
avoir  parlé  de    lui   avec  trop  de, 
bardiffic*  Il  alla  s'en,  plaindre^ 
François  I ,  qui  lui  dit  de  ne  r^a 
craindre  *,  que  fi  quelqu'un  étoit 
sifTez  hardi  de  le  tuer  ^  il  le  feroit 
pendre  un  quart-d'heure  après*  -^h  ! 
Sire  ,  dit  Triboulet ,  s'il  plai/olt  à 
Kctrc  MajejU  de  le  faire  pendre  un 
.    ^uan-d*heurt  avant?,.  Il  pafibit  avec 
un  feigneur  fur  un  pont  i  où  il  n'y 
avoir  point  de  parapet,  ni  d'accou- 
doir. Le  feigneur  en  colère ,  de- 
manda pourquoi  on  avoit  confiruit 
ce  pont  fans  y  mettre  de  garde- 
fous  >  Cefiy  lui  répondit  Triboulet, 
qi^on  ne  favou  pas,  fi  nous  y  paffe" 
riçnt.  Avant  que  FmçoU  J  encre- 


qu'il  y  refta  ,  Choftoës  voulut  l'en- 
richir par  dies  préfens  confidéra* 
bles  ;  Tribunus ,  par  une  fupériorité 
dame  digne  de  fon  grand  coeur  , 
les  refiifa ,  &  ne  demanda  pour  19010 
récompenfe  de  fes  fervices ,  à  fon. 
libérateur ,  que  la  délivrance  des 
Romains  détenus  en  activité;  Sa 
prière  lui  fut  accordée*,  on  renvoya 
les  foldats  de  JufUnien  «  de  quelque 
nation  qu'ils  fufTent^  s 

TRICALET  ,  (  Pierre- Jofeph  > 
prêtre  ,  doâeur  en  théologie  de 
Tuniverfité  de  Befançon ,  diredeur 
du  féminaire  de  Saint-Nicolas  du 
Chardonnet  à  Paris ,  naquit  à  Dole 
en  Franche  •  Comté  le  30  Mars 
1696 ,  d'une  funille  honorable  » 
alliée  à  des  confeillers  ,  &c.  U  eut 
une  jeuneiTe  orageufe  ;  mais^  la  lec- 
ture de  quelques   bons  livr^  le. 


TRI 

nfflMa  à  une  vie  plus  réglée.  Sa 
eonverfarion  fut  vraie  &  durable. 
Ayant  teçù  les  ordres  (acres,  il 
vint  à  Paris ,  où  fes  talens  6c  Tes 
vertus  lui  firent  une  réputation  qu'it 
ne  cherchoit  pas.  La  duchdTe  <f*Or- 
Uans,  douairière  «  le  choifit  pour 
fon  confeffeur  *,  elle  kii  offrit  une 
abbaye,  &  le  preiTa  inutilement  de 
l'accepter.  TrUalct  ne  fut  pas  moins 
coofidéfé  du  duc  ^OrUans  ;  ce 
prince  rhônora  divcrfes  fois  de  fes 
lettres  fit  de  fes  vifites.  L'abbé  Trî- 
cûltt  y  accMé  d'iûfiimités ,  fe  retira 
en  1746  à  Ville-Juif.  11  y  vécut  * 
<m  plutôt  il  y  fou6frit  pendant  i; 
ans  les  douleurs  les  plus  violentes. 
Au  milieu  de  ces  tourmens  »  il  com*> 
pofa  plusieurs  livres  utiles ,  à  l'aide 
d'an  copifte  ({ui ,  n'ayant  point  de 
fliains ,  écrivoit  avec  les  deux 
moignons  ,  &  qui  portoit  l'adreiTe 
joiqu'à  tailler  fes  plumes.  Il  étoit 
retiré  à  Bicètre ,  fit  il  en  fortoit  tous 
les  matins  pour  fe  rendre  à  Ville- 
Juif  auprès  defonprotefteur.  L'abbé 
TnVtf/^  mourut  le  30  Oâobreiyél, 
dans  la  66^  année  de  fon  âge.  Ses 
pHndpaUX  ouvrages  font  :  1.  Abrégé 
àt  Traité  àt  CAmout  de  Dieu ,  de 
Séint  François  de  Sales  ,  I756  ^ 
in- II.  II.  Blbrwthtqut  portadvc  des 
Fera  de  fEgllfe,  9  vol.  in-g**,  1758 
à  1761.  m.  Précis  hifiorîquc  dtla  VU 
de  Jefus^Chrift  ^  in- 12,  1760.  iV- 
Année  Spirituelle  ,  contenant,  pour 
ekàqtte  jour  ,  tous  les  eateràces  éCunt 
Amt  Chrétienne ,  1760 ,  3  vol.  in- 12. 
V.  Ahré$é  de  la  PerfeHion  Chré- 
tienne de  Rodriguex,  176 1  t  2  vol. 
iil-I2.  VI.  Le  Livre  du  Chrétien  , 
1762,  în-11.  Tous  ces  ouvrages 
ne  font  que  des  Abrégés ,  où  des 
Compilations  -,  mais  on  y  remarque 
de  Tordre  fie  de  l'exaâitude.  On  a 
trouvé  fmgulier  qu'un  homme  à 
qui  fes  infirmités  ne  permettoient 
pas  de  parle^  un  quart-d'heure  de 
fuite ,  ait  pu  diôer  tant  de  livres. 
}Aû$  Vétonfimtat  cefle ,  lorfcju'on 


T  R  t        î5)Ç 

(ait  e|ue  Icis  Ecrits  de  l'abbé  Trîcalei 
ont  été  copiés  >  en  grande  partie  « 
fur  les  Ouvrages  dont  ils  font  ex- 
traits. 

TRIGAN  ^  (  Charles  )  dofteuf 
dé  Sorbonne,  CUré  de  Digoville,  à 
trois  lieues  de  Valognes ,  né  à  Quer« 
queville  près  Cherbourg  en  baiTc'^. 
Normandie  le  20  Août  1694 ,  mou- 
rut à  fa  cure  le  12  Février  1764^ 
dans  la  70®  année  de  fon  âgei 
L'étude  fut  fa  pafiîon  r  mais  ce  fut 
fur-tout  à  fa  patrie  fie  à  fon  état 
qu'il  confacfa  fes  veilles.  Plein  dé 
tele  fie  de  charité  t  il  aima  ten« 
dfement  fa  paroifife ,  fie  il  en  fit 
rebâtir  à  fes  dépens  l'églife ,  une 
di^s  plus  régulières  du  canton.  Les 
ouvrages  qu'il  a  donnés  au  public  « 
font  :  h  La  Fie  d'Antoine  Paté^ 
Curé  de  Cherbourg^  mort  en  odeur  de 
fàinteté ,  petit  in-S®.  II.  VHifiolré 
Eccléfiaftlque  de  la  province  de  Nor-^ 
mandie ,  4  vol.  in*4°.  Cet  ouvragé 
finit  au  XI  i^  ficelé.  L'auteur  en  a 
laiffé  Ja  continuation  jufy^u'aù  xi  v% 
Ces  ouvrages  ,  mal  écrits  fié  aflez 
mal  digérés ,  fe  font  remaï-quer  paf 
une  critique  judicieufe  fie  des  recher- 
ches profondes. 

TRIGAULT,  (  Nicolas)  Jéfuite, 
natif  de  Douay  .  obtint  de  fes  {\i^ 
périeurs  la  permiflion  d'aller  ent 
qualité  deMiiîîonnaireàla  Chine, 
où  il  aborda  en  i6iô«  Confidérant 
le  petit  nombre  d'ouvriers  qu'il 
y  avoit  pour  une  fi  abondante 
moifibn ,  il  repaffa  en  Europe,  afia 
d'y  follicitfr  du  fecours  ,  ôc  fit 
prefque  'tout  ce  long  voyage  par 
terre.  Ayant  rafiemblé  quarante- 
quatre  Compagnons  de  différentes 
nations ,  il  alla  de  nouveau  avec  ce 
renfort  travailler  à  la  propagation 
de  la  Foi  dans  ce  vafie  empire  où 
il  mourut  le  14  Novem'bre  1628. 
On  a  de  ce  zélé  Miffionnaire  :  L 
Là  Vie  de  Gajpar  Bar\éç  ,  com- 
pagnon de  S,  Xavier,  Anvers,  16 lo, 
II,    Z>f    Ckrifiiana  expeditione   apu4 

Nij 


196        TRI 

Sinas  ex  Mattfutl  Ricci  eotimentarus  f 
Ausbourg  ,1615»  in-4**  -,  Cologne , 
1617  ,  in-8^  Il  y  affurc  que  l'im- 
primerie a  été  en  ufagt  à  la  Chine 
avant  d'être  connue  en  Europe  ; 
mais  il  ne  fait  pas  atteimon  que 
cette  prétendue  impreillon  Chinoise 
ne  fe  fuifoit  qu'avec  des  caraâeres 
gravés  fur  des  planches  &  non  des 
caraûeres  mobiles.  ÏII.  De  Ckrlf- 
tîanis  apud  Japonicos  trlumphls ,  Mu- 
iûch^  1623  >  ^"^^  ^^*  additions  du 
P.  Radtms  &  des  figures  de  SudeUr  : 
c'eft  l'hiftoire  de  ceux  qui  ont 
foufFert  la  mort  pour  la  Foi ,  au 
Japon.  IV.  Un  DîcUonnalre  Chinois , 
3  vol.  imprimés  à  la  Chine ,  &c. 

TRIGLAND»  (  Jacques  )  né  à 
Harlem  en  1652,  fe  rendit  habile 
dans  les  langues  Orientales  &  dans 
la  connoiffance  de  l'Ecriture-fainte , 
qu'il  proteffa  à  Leyde  où  il  mou- 
rut en  1705 ,  à  54 ans.  On  a  de  lui 
divers  ouvrages ,  qui  peuvent  in- 
téreffer  la  curiofité  des  érudits  ; 
entre  aun-es,  des  Dlffartatlons  fur  la 
Seûedes  Cardius  :  Voy.  SCALIGER 
(Jofeph). 

TRIGNAN  ,  (  Bonpar  de  Mc- 
lignan ,  comte  de  )  naquit  en  1543  , 
au  château  de  Trignan  près  de 
Mezin  en  Guicnne  ,  de  François  de 
Mellgnan  &  d'Anne  de  Mar/an,  Sa 
.  famille ,  Tune  des  plus  anciennes  & 
des  plus  diflingucesdu  Condomois , 
tient  par  fes  alliances  à  plufieurs 
maifons  illuftres  de  Guienne.  11 
fut  fucceflivement  guidon  ou  lieu- 
tenant des  compagnies  de  cent 
hommes  d'arme*  ,  fous  Bernard  de 
la  VaUut  &  le  duc  d'Epsrnon  ,  fes 
coufîns,  qui  laimoient comme  un 
parent  vertueux  &  fenfible ,  &  qui 
l'employèrent  comme  un  homme 
également  brave  &  habile.  Lorfque 
Jean  de  la  Vaiau  leur  père  ,  fut 
nommé  commandant  de  la  Guienne 
çn  1571  ,  il  fe  débarrafla  fur  1« 
comte  de  Trignan  fon  neveu ,  d'une 
^ande  partie  des  foias  de  la  guerre. 


TRI 

Le  vicomte  àt  Twrtnne  s'étant 
paré  ,  en  1575 ,  de  Damafe,  Tw- 
gnan  afTemble  à  la  hâte  une  petite 
armée,  reprend  cette  place  &  «n 
confie  la  garde  au  vicomte  <f«  Tri" 
pian  fon  frère.  Henri  111  inftruit  de 
ce  fervice  ,  le  nomma  chevalier 
de  fon  Ordre  &  gouverneur  de 
Bayonne.  Jean  de  la  Valette  mourut 
peu  de  mois  après  ;  &  la  Guienoe 
fe  trouvant  comme  fans  chef,  étoic 
fur  le  point  de  tomber  entre  les 
mains  des  rebelles.  Dans  cette  cir- 
conftance  critiques  Trignan  folli- 
çité  par  Daffis  premier  préiident 
du  parlement  de  Touloufc ,  &  par 
Senjac  archevêque  de  Bordeaux^, 
d  écarter  les  malheurs  qui  mena- 
çoient  la  Guienne,  féconda  puif- 
famment  le  zèle  du  maréchal  de 
Montluc^  &  de  concert  avec  lui , 
maintint  la  province  dans  Tobéif- 
fance.  Son  courage  fut  bientôt  né- 
ceflairç  ailleurs.  La  Provence  étoit 
livrée  à  une  guerre  civile ,  &  ex- 
pofée  à  des  incurfions  étrangères. 
Le  comte  de  Trignan  eut  ordre  de 
s'y  rendre,  en  1586,  en  qualité 
de  gouverneur  de  Sifteron  -,  place 
qui  étoit  alors  dé  la  plus  grande 
importance.  Deux  ans  après»  Bernard 
de  la  Valette ,  gouverneur  de  Pro- 
vence »  ayant  porté  la  •  guerre  en 
Dauphiné  pour  s'oppofer  kLe/dî^ 
guieres ,  emmena  avec  lui  une  partie 
des  croupes  de.  la  province.  Le 
comte  de  Trignan  qui  y  commanda 
à  fa  place ,  eiit  à  combattre  le. mat-* 
quis  de  Vins  qui ,  par  de  favantes 
diverfîons ,  tachoit  de  faire  revenir 
la  Valette  en  Provence.  Mais  fes 
efforts  furent  vains.  7r£j[n^ii  pourvut 
il  bien  à  la  fureté  des  places ,  & 
fit  la  petite  guerre  fi  à  propos, 
que  /a  Valette  eut  le  temps  de  raf- 
furer  le  Dauphiné  &  de  mettre  en 
déroute  une  petite  armée  de  Suiffes 
commandée  par  ChâLÎllqn.  Le  gou- 
verneur de  Provence  ayant .  été 
tué  en  1592,  au  fiége  de  Ro({ue^. 


TRI 

fcnme ,  ffenn  IV  écrivît  à  Trîgnan  i 
pour  lai  adoucir  cette  perte  -,  »♦  Vous 
»♦  ayez  lieu  de  vous  confoler ,  lui 
»  difoit  ce  prince ,  parce  que  fi 
"  Dieu  vous  a  ôté  un  bon  ami , 
"  il  vous  a  confervé  un  bon  maître 
"  qui  vous  aime  &  efitme,  &qui 
•  ne  vous  laifTera  jamais  dépourvu 
1»  d'honneurs  &  de  biens  a.  Le 
comte  de  Trtpian  ne  furvécut  que 
quelques  mois  à  fon  coufin  -,  il 
mourut  la  même  année  1592  à 
Siftcron.  Henri  III  &  Htnrî  IV 
virent  toujours  en  lui  un  fu jet  fidelle 
&  un  capitaine  expérimenté.  Ces 
deux  princes  lui  écrivirent  un  grand 
nombre  de  lettres  ,  témoignage  de 
leur  eftime  ou  de  leur  recon- 
noiflance.  Des  grands  généraux  & 
les  minières  célèbres  de  ce  temps- 
là  ,  tels  que  le  duc  de  Guîft ,  le 
connétable  de  Mommorenci  ,  les 
aiaréchaux  de  Blron  ,  de  Matignon 
&  étOmano  ,  l'amiral  dt  VilUrs  & 
VîMeroî  partagèrent  les  fenrimens 
de  Henri  III  &  de  Henri  IV.  La 
valeur  &  le  patriotisme  joints  à 
un  cœur  humain  &  aflTeâueux  , 
firent  le  caraâere  du  gouverneur 
de  Sifteroo.  On  peut  appliquer  à 
fes  defcendans  ,  qui  exiftent  avec 
honneur  en  Gnieime ,  les  vers  d'un 
poëte  célèbre  ; 

la  honte ,  fiair  de  la  vaîUanee , 
Pajfa  de  lui  dans /es  enfans, 

Plufieurs  ont  fervi  avecdiftinâion , 
uns  que  la  profeifion  militaire  ait 
affoibli  en  eux  la  fenfibilité  de 
Tame  &  les  agrémens  de  la  fo- 
dété. 

TRIGNANO,  Foy.FALETi. 

TRIMOSIN,<Salomon  )préccp- 
teur  de  Paracelfe ,  fe  fit  un  nom  par 
fes  eonnoifiances^au  commencement 
du  XIV*  ûede.  On  a  de  lui  quelques 
ouvrages ,  entre  autres  la  Toi/on 
d^Or,  Paris ,  1602  &  ï6l2  ,  in-8*. 
Ccft  un  Traité  d'alchimiejrccherché 
pour  fa  rareté.    . 


TRI         197 

TRIMOUILLE  ,    Voye^  TiiE- 

MOItLE...  UrSINS...  &  OlONNE. 

TRINITAIRES,  Voy,  Jean  de 
Matha,  n*^  XIV, 

TRlPTOLÊME,fil$  de  Celeus^ 
roi  d'Eieufis  ^  &  de  Méhaline ,  vi- 
voit  vers  Pan  1600  avant  Jefus» 
Chrifi.  Cerès ,  en  reconnoifiTance  des 
bons  offices  de  CeUus ,  donna  dt 
fon  lait  à  Triptoiéme ,  qu'elle  voulut 
rendre  immortel  en  le  £aifantpafler 
par  les  flammes  ;  mais  Méhafiné, 
effrayée  de  voir  ion  fils  dans  le 
feu  ,  l'en  retira  avec  précipitation^ 
Cette  imprudence  empêcha  l'effet 
de  la  bonne  volonté  de  la.Déefîet 
qui  par  dédommagement  lui  apprit 
l'art  de  cultiVer  la  terre.  TrîptoUmt 
Tenfeigna  le  premier  dans  la  Grèce  9 
en  donnant  aux  Athéniens ,  des  lois 
qui  fe  réduifoietat  au  cuUe  des  Dieux  , 
à  V amour  des  Parens^  &  à  Vahfiinenee 
de  la  Chair.,.  Voy.  Demthon, 

TRISMEGISTE  ,  Voye^  Her- 
mès. 

TRÏSSINO,(Jean-Georgcs)  poëte 
Italien,  né  à  Vicence  en  147 S, 
pafia  à  rage  de  22  ans,  à  Rome^ 
où  il  fe  fit  connoître  des  fa  van» 
de  cette  capitale.  Ayant  étudié  de 
bonne  heure  les  principes  de  litté- 
rature des  grands  maîtres  de  Tan- 
tiquité  y  il  les  .configna  dans  une 
Poétique ,  Vicence,  1 5  80 ,  in-4°»  qui 
n'eft  pas  commune.^  Mais  ce  qui  lut 
donna  le  plus  de  célébrité ,  fut  un 
Poëme  Epique  en  27  chants»  Le 
fujet  eft  Vltalie  délivrée  des  Gotks 
par  Béli/aire ,  fous  l'empire  de  Ju/^ 
tinien.  Son  plan  tù  fage  &  bien  ddf* 
fine  ;  &  on  y  trouve  du  génie  &  de 
l'invention,  un  flylepur  &  délicat» 
une  narration  fimple ,  naturelle  & 
élégante.  11  a  faifi  le  vrai  goût  de 
l'antiquité ,  &  n'a  point  donné  dans 
les  pointes  &  les  jeux  de  mots ,  fi> 
ordinaires  à  la  plupart  des  auteur» 
Italiens.  Il  s'eft  propofé  Homerepova 
modèle ,  fans  être  un  fervile  imita- 
teur i  mais  (es  détails  font  trop 

Nui 


i9«        T- 1(  Y 

longs ,  9c  fouvent  bas  &  in£pîdes  ; 
fa  poéfie  languit  quelquefois.  Le 
Tr'^jpno  étoit  un  homfne  d'un  fa* 
voir  très-étendu,  &  habile  négo- 
ciateur. LéonXtcCUment  F7/ rem- 
ployèrent dans  pluûeurs  affaires 
importantes.  Il  fut  envoyé  fouvent 
en  ambaflade  vers  les  empereurs 
MaximlIUn  ,  Charlts-Quint  &  Ferdl" 
nand  fon  frère ,  qui  lui  donnèrent 
le  titte  de  comte.  11  paâa  une  par* 
ne  de  fa  vie  à  Vicence ,  Ce  l'autre 
à  Rome.  Ceft  dans  cette  dernière 
ville  qu'il  mourut  en  1550  »  à  71 
ans.  Voltaire  l'appelle  très-fouvent 
le  prélat  TiiJ^o  -,  mais  il  eft  cer- 
lain  qu'il  étoit  laïque ,  &  qu'il  ait 
marié  deux  fois.  Sa  vieillefTe  fut 
inême  troublée  par  un  procès  que 
lui  intenta  Jula^  fils  de  f^  pre- 
mière femme ,  pour  avoir  le  bien  de 
ia  mère.  Trîjfmo  aimoit  tous  les 
arts,  &  fur*tout  l'architeâure.  Le 
célèbre  architeûe  André  Paiiaj}10  , 
(  Voy,  fon  article.  )  eut  beaucoup  à 
ic  louer  de  fes  confeils.  Confîdéré 
comme  poëte,  Trjjino  a  inventé 
les  vers  libres,  VcrfifdoUi^  c'eft- 
à-dire ,  les  vers  aflEranchis  du  joug 
de  la  rime.  Il  tSt  encore  auteur  de 
la  première  Tragédie  régulière  ^s 
Italiens ,  intitulée,  5o/7Aonû^«,  1924, 
in-4^.  Cette  pièce  ,  que  le  pape 
lÂon  X  ût  rcpréfenter  à  Romej,  eft 
dans  le  goût  du  Théânre  Grec  » 
qui ,  depuis  la  na^^ce  du  Théâtre 
François ,  adopté  aujourd'hui  dans 
toute  1  £urope  ,  n'eft  guère  fup- 
portable.  Trijfino  y  introduifit  le 
chœur  des  anciens.  Rien  n'y  man- 
quoit,  que  ]eur  génie.  C'efl  une 
longue  déclamation  j  mais  pour 
ion  temps  c'étoit  une  efpece  de 
prodige.  L'Edition  de  toutes  fes 
CEuyres  a  été  donnée  par  le  mar- 
quis Majffd  vers  1729,  2  volumes. 
)B-folio.  La  première  édition  de 
ion  Poëme  Epique  donnée  à  Ve- 
fiife  en  1 547  &  1 54$ ,  ed  très-rare. 
ëUq  cft  çn  }  tomes  io-l^.^  „  divisés 


TRI 

chacun  en  ix  chants.  Oo  doit  y. 
trouver  le  Camp  de  BéUfalrt  au 
i*^'  volume ,  &  le  Plan  de  Rome  au 
1^  y  l'un  &  l'autre  gravés  en  bois* 
Ce  Poëme  a  été  réimprimé  à  Paris 
en  1719  «3  vol.in-V. 

I.  TRISTAN ,  (  Louis  )  fut  l'inf- 
trument  des  vengeances  &  des 
cruautés  de  Louis  XL  II  étoit  pré* 
vot  des  maréchaux ,  ou ,  félon  d'au* 
très ,  grand-prévdt  de  l'hôtel.  ^  Il 

V  devint  fi  exécrable  à  tous  les 
>*  gen&de  bien ,  (jdit  VarîlUs^  dans 
"  VHifioln  de  LouU  XI,  L.  lo,  ) 
»  qu'ils  n'ofoienc  le  nommer,..  Q 
»  ne  fe  contentoit  pas  d'obéir  * 
>f  quand  on  lui  commandoit  d'ôter 
»  la  vie  à  ceux  qui  n'avoient  pas 
**  été  convaincus  d'aucun  crime , 
»  mais  ,  de  plus  ^  il  le  iatfott  avec 
»*  une  précipitaôon  qui  n'auroit 
M  point  été  CKCuÊtble  dans  les  per- 
n  fonnes  les  plus  barbares.  Il  arri« 

V  voit  de  là ,  qu'afin  de  réparer 
»  la  faute  qu'il  avottcommife  enfe 
n  méprenant ,  il  falloit  qu'il  tuât 
f*  deux  perfonnes  pour  une  «.  Le 
comte  de  DwtoLSj  généraltffime  du 
roi  Charles  ^i/>  l'avoit  feit  cheva- 
lier fur  la  brèche  de  Fronfac  avec 
quarante-neuf  autres  feigneurs  ,  lei 
29  Juin  145 1.  Son  fils  »  ¥lerrt  Trif^ 
uai  tUcrmht^  fut  père  de  Jean.  tHtr^ 
mu ,  qui  montra  un  iour  au  cof- 
mographe  Thtva  ,  dauns  la  maifoo 
de  Mortagne  •  (  à  ce  que  nous  ap- 
prend P.  Mattfùeu  dans  VHifioirt 
de  Lotus  XI ,  )  plufieurs  vieux  TU 
trts  ,  dMs  U/qu<ls  étoit  contenue,  l^al-*. 
Wtnce  que  les  Setgneuxs  d^i^elle  malfom 
avoient  sue  avec  Us  anciens  Romains  i 
ce  qui  £ait  voir  la  folie  des  tradi- 
tions qui  fe  confervent  dans  les 
anciennes  familles.  On  ditque  LouU 
Trifian  laifla  de  grands  biens  » 
entre  aujtres  la  principauté  de  Mor* 
taglïe. 

H.  TRISTAN,  (François)  fur- 
nommé  VBermlu^  né  au  château  de 
Souliers  dans  la  province  de.kMac» 


TRI 

^e,  en  1601 ,  conratoit  parmi  k» 
sïeux  le  femeux  Pîem  VHtrmiUy 
tuteur  de  la  1'*  Croifade.  Placé  au- 
près du  marquis  d^  Vitmeuil ,  bâ- 
tard de  itotrt  iK,  il  eat  le  mal- 
heur de  tuer  un  gardc-du-corps  » 
avec  lequel  il  ie  battît  en  duel.  U 
paflaen  Angleterre ,  &  de  là  dans  U 
Poitou,  où  ScévoU  de  t^ûïnte-MaXr 
^  le  pritcheï  lui.  Ceft  dans  cette 
école  qu*il  puifa  le  goût  des  let- 
tres. Le  maréchal /f^«wrM  l'ayant- 
vu  à  Bordeaux ,  le  préfenta  i  l^ouu 
XIU,  qtâ  lui  accorda  (a  grâce ,  ^ 
Gafion  d*Orlé4Pt. It  prit  pour  untle 
fes  gentilshommes  ord^air6s.  Le 
}eu ,  les  femmes  &  les  vers  rem-^ 
ptirent  fies  iours-,  mais  cespaffions , 
comme  on  l'ima^ne  bien ,  ne  ûrest 
pas  ia  fortune,  li  fut  toujours  pau- 
vre »  $c  «  fî  Fon.  en  croit  BoUeau ,  il 
fajfoit  VEté  fans  Unge  ,  &   P Hiver 
fins  mvium,  (  Voy»  l'article  deQui-^ 
NAULT.  )  Ce  poète  mourut  le  7 
Septembre  16.5  $  ,  à  5,4  ans  »  aivès 
avoir  mené  une  vie  agitée  6c  rem-i 
plie  dr'événemens  ,  dont  il  a  £ait 
tonnoître  une  grande  partie  dans 
fon  P-ge  àïl^MU,  1645,  in -8^: 
Eoman  qu'oiv  peut  regarder  comme. 
€es  Mémoires.  Tnfian  s'eil  fur-tout 
diftingué  par  Ces  Pièces  dramatiques,. 
Elles  eurent  toutes,  de  fon  temps* 
teaucoup  de  fucc^»  mais  il  n'y  a 
que  la  Tragédie  de  UofUmnfi ,  qui 
fouiienne  aujourdlim  la  réputation 
de  fon   auteiur.  Mondori  ,  célèbre 
comédien  »  jowit  le  rôle  à*Héfode 
avec  tant  de  paifion,  que  le  peu- 
ple fortoit  toujours  de  ce  {][>eâacle , 


TRI  199 

5(^«^e» celle  du  Qrini  Ofman,  Tr^ 
gédies;  la  Foiîc  du  Sagt,  Tragi-co^ 
médie;  le  Parafitc ,  Comédie.  Là 
Marîamne  de  T«/«a  acte  retouchée 
par  le  célèbre  Roujftau.  Voici  fon 
£pita]]lhe  qu'il  compofa  lui-même  : 
gbloul  de  VicUt  4c   la,  fflaidaik 

mondaine  ^ 
U  mefiaaai  toujov'  d'une  efpéranù 

va^ne  % 
F^ifant  le  ^Un-couçhant  attprkt  fm 

grand  Seîgheim, 
J^imt  '¥U  toujourt  pauvre^  0  t^chû 

de  paroître. 
Je  vécus  dans  Uk  ptîne  aucnd^nt  U 

bonheur , 
Et  moumfur  un  co^  en:attend4nâ 
mon  Maitre. 
Çç  poëte  avôit  dans  Tame  le  germé 
de  la  philosophie',  mais  il  ne  ùr* 
voit  pas  que ,  pour  vivre  en  fage^, 
il  ne  fau$  pas  être  aupr^  des  grands» 
Il  auroit  été  plus  heureux  ,  s'il 
s'étoitbornéàculôver  paiûbleffiena 
dans  £on  château ,  le  bien  de  fes 
pères.  11  ne  ceife  de  k  plaindre  de 
(on  indigence.  Il  l'attribue  à  hi 
vertu  ^  dont  il  Ê^foitj^rofeffion.. 

Elevé  dans  la  Cour  dès  ma  tenértk 

jamejfe  , 
Pabordai^  la  Fertunfit  ^  h*en  ti^ 

jamais  rien  i 
Car  yalmoj  la  Verm,  cemlngroiê. 

maitrtffe , 
Qui  fait  chercher  Ja  ffùirt  &  méprif»: 

le  bien. 

On  a  mis  ççs  vers  «u  ba«  de  fos 
portrait.  On  auroit  pU  y  joindra 
ceux-ci,  dans  le(x{uels  ap«è$  s'être 


fèveur&penfif,  pénétré  de  cequ'ît   plaint  de  ^^o»  d'Orléans  ^  il  di$.: 
venoit  de  voir.  On,  dit  auffi  que  la    *^ 


ique 

force  du  rôle  caufa  la  mort  à  Vzt* 
<eur.  Nous  avons  de  Trifian  \.  vol 
în-4''  de  vers  françois  :  le  i'^'  con- 
tient Des  Amours ^U  2®  h  Lyte^  le  3* 
fes  Vers  Héroïques,  Il  a  fait  encofqs 
des  Odes  6c  des  Vers  fur  des  fujets 
de  dévotion.  Ses  Pièces  de  théâtre 
iOBi^Marismna  Pamkifip  la,  Mffrt  4à 


irois'je  voir  en  bacbe  grffe 
TotJùf  ceux  quUil  frvori/è , 
Epier  leuf  réveil  &troukUr  leur  repos  f 
Irçis'je  m'abaljffr  en  miUe  &  milU^ 
fortes  i 
Et  rnettrt  lefié^  à  vingt  porta  « 
Fifut  arracher  du  pain  q^utniM  lllf 
tisnÂroitpt^? 


400        T  R  I 

On  voit  Ici  le  langage  d'uni  homme 
qui  demanderoit ,  s'il  ne  craîgnoit 
qu'on  ne  lui  dît  :  DUu  vous  ajpfte  ! 

III.  TRISTAN  l'Hermite- 
Souliers  »  (  Jean-Bs^tiile  }  gen- 
tilhomme de  la  chambre  du  roi, 
avoit  du  goût  pour  J'hiftoire  &  la 
fcience  héraldique.  On  a  de  lui  :  I. 
"VHifioîre  généalogique  de  la  Nobleffe 
ée  Touraïne ,  1669 ,  în-fol.  II.  La 
Tofcane  Françolfe ,  1 66 1 ,  in-4®.  III. 
Les  Cor/es  François  f  1 662  >  in- 12. 
IV.  Naples  Françoîfe^  1663  ,  in-4° , 
&C.  Ces  trois  derniers  Ouvrages 
font  rhiftoire  de  ceux  de  ces  pays 
qui  ont  été  attachés  à  la  France.  V. 
On  lui  attribue  auffi  le  Cabinet  de 
lotds  XT,  1661,  Il.étoit  frère  du 
précédent. 

IV.  TRISTAN ,  (  Jean  )  écuycr , 
fieùr  de  Saint  -  Amand  &  du  Puy» 
é* Amour ,  fils  d'un  auditeur  des 
comptes  à  Paris,  s'attacha  à  Gaf- 
ton  de  France,  duc  d'OrUans,  Cet 
écrivain  mourut  après  l'an  1656. 
On  a  de  lui  un  Commentaire  Hljlo" 
rîquefurles  Vies  des  Empereurs  ,1644 , 
3  vol.  in-£ol.  :  Ouvrage  qui  mar- 
que une  grande  connoi^ace  de 
l'antiquité  &  des.  médailles.  Ce 
Commentaire  finit  à  Valentlnîcn.An" 
geloni^  antiquaire  Italien,  &  le  P» 
Sîrm9ndy  om  relevé  plufieurs  fautes 
de  cet  Ouvrage  ;  &  Trlfian  leur  ré- 
pondit avec  femponement  d'un 
erudit  qui  n'a  pas  eu  d'éducation. 
Xe  Jéfuîte  &  l'Italien  le  laifïerent 
triompher,  ne  jugeant  pas  à  pro- 
pos de  fe  mefurer  de  nouveau  avec 
un  adverfaire  auffi  brutal. 

TRITHÊME ,  (  Jean  )  né  dans  im 
village  de  ce  nom  près  de  Trêves 
en  1462,  &  mort  le  13  Décem- 
bre 15 16,  fut  abbé  de  Saint- Jac- 
ques de  Wirtzbourg.Ordre  de  Saint- 
Benoit.  Quoique  chargé  du  tem- 
porel de  fon  monaftere ,  il  ne  né- 
gligea point  la  difcipline ,  cultiva 
l'étude  &  la  fit  cultiver.  Il  avoit 
«me  vafle  érudition  »  &  pofTédott 


TRI 

les  langues  grecque  <&  lattne.  If  ^ 
compofé  un  très^- grand  nombre- 
d'Ouvrages  d'hiiloire  ,  de!moralei 
*&  de  philofophie.  Les  plus  connus 
font  :  I.  Un  Catalogue  des  Ecrivàins^ 
EccUfiafllques  ,  à  Cologne  ,  154^  »■ 
in-4**.  Il  contient  la  vie  &  la  lifte 
des  (Euvres  de  $70  auteurs,  que 
Trithime  ne  juge  pas  toujours  avec 
goût.  II.  Un  autre  des  Hommes- 
illuftres  d'Allemagne  ,  &  un  troi«- 
fieme  de  ceux  de  V  Ordre  de  Sainte 
Benoit  y  1606  ,  in-4**  -,  traduit  ett 
françois»  1625,  in-4**,  llh  Six  IS" 
vres  de  Polygraphle  ,  1601 ,  in-fol.  » 
traduits  en.é-ançois  :  (  Voye^  CoL- 
LA.NGE.  )  IV.  Un  Traité  de  Stega-^ 
nographîe ,  c'eft-à-dire ,  des  diverfes- 
manières  d'écrire  en  chif&es ,  1621  ^ , 
in-4*'i  Nuremberg,  1721.  Il  y  a 
fur  cet  Ouvrage  un  livre  attribué  à 
Augufie  ducdeBrunfwick,  quin'eft 
pas  commun  X  intitulé  :  Gw/^avi  Se^ 
Uni  Enodatio  Stcganographia  Jo.  Tri- 
themii,  1624,  in-fol.  Trîshéme  ^v oit. 
cherché  toute  fa  vie  l'art  d'eave- 
lopper  ce  qu'on  veut  cacher,  &  de 
deviner  ce  que  les  autres  nous 
veulent  cacher.  Il  aimoit  les  ficiences. 
feaetes.  Il  croyoit  (  dit-on  )  pou- 
voir difiinguer  les  Génies^ parleur»* 
difïérens  ordres  &  leurs  divers  em^ 
plois ,  &  £e  fiattoit  même  de  con<^ 
noître  leiurs  bonnes  &  leurs  mau*» 
vaifes  qualités.  Il  parle  de  Spiritus 
dlumi ,  Spiritus  noSumi,  Mais  ceux 
qulTont  juftifié  du  foupçon  de  ma- 
gie ,  prétendent  que  par  ces  mots  il 
voiiloit  marquer  obCcurément  les 
lettres  ou  les  mots  qui  ne  fîgni- 
fioient  rieii,  ou  qui  (igniôoient  queU 
que  chofe  dans  l'art  des  chif&es.  V. 
Des  Chroniques ,  dans  Trithemii  Opéra 
hijîorica  ,  i6qi  ,  in-fol. ,  2  parties» 
VI.  Ses  Ouvrages  de  piété  ,  l6oy> 
in-fol.  Parmi  ceux-ci ,  on  trouve 
un  Commentaire  fur  la  Règle  de  Saint^ 
Benoît ,  des  Gém'.Jfemens  fur  la  déca- 
dence de  cet  Ordre,  &  des  Tmtéjt. 
fur  les  difEiérens  devoirs  de  U  v^e 


J 


TRI 

icitlgî^fe.  On  a  auffi  de  lui  les^a- 
Molts  Hirfaupénfis  ^-  2*v<)I.  in-fol.*. 
Ouvrage  qui  rôiferme  dans  un  ^ez 
grand  détail  pluiîeurs  faits  importans 
it  l'Hiftoire  de  France  &  de  celle 
d'Allemagne.  On  lui  à  attribué 
encore  un  Traité  ,  intitulé  :  Vttt- 
rum  SophoTum  figUU  &  imagines  ma' 
§îca.  Quoiqu'on  ait  prouvé  que 
cette  pièce  n'étoit  pas  de  lui,  quel- 
ques auteurs  fans  iugement  en  ont 
pris  occafion  de  le  foupçonner  de 
magie  ,  &  de  foutenir  qu*il  avoit 
commerce  avec  les  Démons... 
Voye^  HUDEKIN. 

TRITON ,  Dieu  Marin,  fils  de 
Neptune  &  d'ArrtphitrUe ,  &  ,  félon 
quelques  mythologiiles  ,  de  la 
nymphe  Salacéc,  fervoit  de  trom-^ 
pette  à  fon  père.  Il  eft  peint  avec 
une  coquille  ou  une  conque  en 
forme  de  trompette.  11  avoit  la 
panie  fupérieure  du  corps  fem- 
blable  à  l'homme ,  &  le  reiVe  fem- 
blable  à  un  poiflbn.  La  plupart 
des  Dieux  Marins  font  au{&  appelés 
Tritons ,  &  font  peints  de  la  forte 
avec  des  coquillages. 

TRIVERIUS ,  Foy.  Drivere. 

!•  TRIVULCE,  (Jean- Jacques) 
marquis  de  Vigevano  ,  d'une  an- 
cienne famille  de  Milan ,  montra 
tant  de  paiHon  pour  les  Guelfes , 
qu'il  fut  chaifé  de  fa  patrie^  Il 
entra  au  fervice  de  Fefdînand  I 
d'Aragon ,  roi  de  Naples  ,  &  paffa 
depuis  à  celui  de  Charles  Vlll  ^ 
roi  de  France»  lorfque  ce  prince 
fîit  à  la  conquête  de  Naples.  Ce  fi^t 
lui  qui  lui  livra  Capoue  l'an  149;' , 
&  qui  eut  le  commandement  de 
Tavant-garde  de  l'armée ,  avec  le 
maréchal  de  GU ,  à  la  bataille  de 
Fomoue.  L'Ordre  de  Saint-Michel 
fut  la  r^compenfe  de  fa  valeur, 
&  on  ajouta  à  cette  grâce  ,  celle 
de  le  nommer  lieutenant  général  de 
l'armée  Françoife  en  Lombardie. 
Il  prit  Alexandrie  de  la  Paille  ,'& 
àé&t  les  troupes  de  Lotiù  S  foret , 


TRI         201 

duc  de  Milan.  Lows  XII  étant 
entré  en  Italie  l'an  1499,  fat  fuivî 
par  Trîvulce  à  la  conquête  du  duché 
de  Milan.  Il  fe  fignala  auprès  de  ce 
prince ,  qui  l'en  établit  gouverneur 
eh  1 500 ,  &  qui  l'honora  du  bâton 
de  maréchal  de  France.  TrlvuUc 
accompagna  le  monarque  fon  bien- 
faiteur ,  à  l'entrée  folennelle  qu'il 
fit  dans  Gênes  le  19  Août  1504  » 
&  acquit  beaucoup  de  gloire  à  la 
bataille  d'Aignadel  en  1 509.  Quan« 
ans  après ,  il  fut  caufe  que  les  Fran- 
çois furent  battus  devant  Novare  » 
pendant  que  Louis  de  la  Trtmvullle  ^ 
homme  d'une  grande  réputation  y 
faifoit  le  ficge  de  cette  place.  11 
avoit  été  arrêté  daiis  le  confeil  de 
guerre,  que  Trîvulce  iroit  avec  la 
cavalerie  au-devant  d'un  fecours 
qu'on  appréheadoit  ;  mais  ce 
n  etoit  point  l'avis  de  cet  homme 
vain  &  jaloux.  Il  fe  pofta  fi  mal , 
qu'il  laifi'a  pafîier  le  renfort ,  &  ne 
put  arriver  à  temps  pour  foutenir 
les  aflicgeans ,  lorfqii'ils  fîirent  at- 
taqués d'un  côté  par  lagarnifon.,  & 
de  l'autre  par  les  nouvelles  troupes. 
Une  (i  grande  faute  diminua  beai^ 
coup  la  réputation  &  la  faveur  dé 
Trîvulce  ;  mais  il  recouvra  l'une  & 
l'autre  fous  François  I ,  par  les 
fervices  qu'il  rendit  au  pafiage  des 
Alpes  en  15 15.  Ce  fiit  lui  qui  , 
avec  des  peines  '  incroyables  ,  fit 
guinder  le  canon  par  le  haut  des 
montagnes.  11  fe  furpaffa  à  la  jour- 
née de  Marignan.  Il  difoit  que. 
Vingt  autres  allons  où  îl  s'étoh 
trouvé ,  nUtoletit  que  des  jeux  iPenfans 
auprès  de  celle-là  ,  qu'il  appeloit  une 
Bataille  de  Géans.  Sa  faveur  ne  fe 
foutint  pas ,  &  il  mourut  à  Châtre , 
aujourd'hui  Arpajon  ,  le  j  Dé- 
cembre 1518,  des  fuites  de  quel- 
ques tracafieries  de  cour.  Trîvulce^ 
toujours  dévoré  d'ambition ,  avoit 
cherché  des  protections  étrangè- 
res ,  &  paroiâbit  vouloir  fe  faire 
craindre  >  il  avoit  déjà  procuré  le 


loi        TRI 

commandement  '  des  troupes  de  1« 
république  de  Venire  à  Théodort 
Trîvulcc  Ton  ^reiu^  il  avoit  Êiic 
paHuer  fecrétement  un  dé  fes  fU& 
naturels  au  fervice  de  l'empereur* 
Il  pofledoit  des  terres  conûdérables 
enclavées  dans   le  territoire   des 
Bernois  &  des  Qrifons  ;  il  prit  des 
lectres  de  bourgeoifie  dans  ces  deux 
républiques.  I^ns  le  traité  qu'il  fit 
avec  elles  «  il  déclara  qu'il  poffëdoit 
à  titre  d'engagement  la  ville  &  le 
comté  de  Vigevano ,  qu'il  recon* 
fioifibit  pour  un  démembrement  du 
domaine  ducal  :  it  eut  la  précau- 
tion de  fiipuler  que  les  ducs  n'y 
pourroient  rentrer  fous  quel  pré- 
texte que  ce  fût ,  ûins  payer ,  à  lui 
ou  à  les  héritiers  ^  la  Comme  de 
cent  cinquante  mille  ducats  »  doni 
les  cinquante  mille  appartiendroient 
«ux   deux  républiques»  pour  prix 
de  la  proieéHon  qu'elles  lui  auroient 
accordée.  Les  ennemis  ûtJrivulu 
étant  parvenus  à  ie  procuver  une 
copie  de  cet  a£U ,  ne  manquèrent 
pa^  de  la  iaire  paiTet  à  la  cour 
de  France  >  où  ils  le  peignirent 
comme  un  homme  remuant  &  dan- 
gereux, dont  on  ne  pouvoit  trop 
tôt  s'aiTurer.  TrîvuUt  apprit  par  Tes 
amis  ce  qui  fe  paiToit ,  U  à  l'âge 
de  82  ans  «  dans  le  mois  le  plus 
rigoureux  de  Thiver  ^  il  traverCe 
tes  Alpes ,  &  fe  rend  à  la  cour  fans 
avoir  donné  avis  de  fou  départ.. 
Mais  lorfqu'il  fe  préfenta  devant 
François  i,  ce  prince  détourna  la 
tête ,  &  ne  répondit  rien.  Ce  trait 
de  mépris  fut  un  coup  mortel  »  que 
le  repentir  du  monarque  ne  put  ja- 
mais guérir.  Le  maréchal  répondit 
à  celui  qui  le  vifita  enfuite  de  fa 
part  ^  qu'//  »'<W<  fi^s,  temps,  Lç 
dédain  que  U   Rqî    m'a  témoigné  % 
aJQcta'^t-il ,  &  mon  e/prit ,  ont  delà. 
fait  leur  opération  i  je  ftds  mont.  Il 
ordonna  qu'on    gravât    fur    fon 
tombeau  cette  courte   Epitaphe  » 
^ui  exprimoit  bien  fon  caractère: 


TRI 

HuiEyiT  i  »  Ici  repofe,  qui  ae  Ia 
-  rcpofii  jamais  «*.  Louis  XII  vou- 
lant faire  la  guerre  au  duc  4o 
Milan  ,  demandoit  à  Tthulat  c» 
qu'il  falloit  pour  la  Cadre  ai^o 
fuccès  ?  Trois  chofcs  font  ahfolumat^ 
néceJfalHs ,  lui  répondit  le  Maré- 
chal :  Premièrement  de  l'argent  y  f^ 
condemcnt  de  Cargtnt  »  troifiémemenB 
de  l'atgent^  Ce  héros  étoit  le  parti- 
culier  le  plus  riche  d'Italie ,  1^  plus 
avare  d'inclination ,  &  quelquefois, 
le  plus  prodigue  par  oflentation* 
Louis  Xil  étant  à  Milan  en  15  07  « 
le  fbnlptueux  TrlwUe  lui  dotma 
un  feflin  d'une  dépeafe  étiorme* 
Il  s'^r  trouva  ,  fuivant  SAmom  ^ 
1200  dames ,  qui  eurent  chacune 
un  écuyeff-tranchai^pout  les  iervir. 
Il  y  avoit  ^.  pour  ordonner  un  il 
prodigieux  repas  ,  160  nudtres^- 
d'hôtel  ,  qui  portoietu  à  la  mais 
un  bâton  couvert  de  velours  bleu  ^ 
femé  de  fUsurs-de-lys  d'or.  Le  roi 
fîit  fervi  en  vaUTelle  d'or  ,  &  lea 
autres  convives  en  vaiflelle  d'ar- 
gent >  vaiâfelle  toute  neuve  ,  9e 
toute  aux  armes  du  Maréchal.  Le 
Roi  &  quatre  cardinaux  ,  mandè- 
rent dans  de&  chambres  à  part ,  fit 
toutes  les  dames  dans  une  (aile 
que  TriviUee  avoit  Êiit  faire  dans^ 
la  rue  où.  il  demeuroit.  Il  y  eut 
bal  dans  cette  f^le,  avant  que  de 
fc  mettre  à  table.  La  prefTey  étoit 
fi  grande ,  que  n'y  ayant  plus  de 
place  pour  pouvoir  danfer ,  le  ro» 
fe  leva  de  fon  fauteuil  ,  prit  la 
hallebarde  d'ua  de  fes  gardes ,  & 
fit  lui-même  ranger  le  monde  ci» 
frappant  à  droite  &  à  gauche*. 

11.  TRIVULCE,  (  Théodore  > 
couân  du  précédent,  maréchal  de 
France  »  mérita  le  bâton  par  ie. 
courage  qu'il  montra  à  la  bataille 
d'Aignadel  en  1509 ,  ^  à  la  jour- 
née de  Ravenne  en  i$X2.  i>4jf 
çois  l  le  pourvut  du  gouvernemena 
de  Gênes  »  doat  il  dâcadû  le  cbà- 


TRÏ 

teau  contre  les  habitans  en  X5i9. 
Obligé  de  fe  rendre  ,  faute  de 
vivres  >  il  alla  mourir  en  15  31  à 
Lyon ,  dont  il  étoit  gouverneur, 

m.  TRTVULCE  (  Antoine  ) 
frère  du  précédent,  fe  déclara  pour 
les  François  lorfqu'ils  fe  rendirent 
maîtres  du  Milanois.  Il  fut  honoré 
du  chapeau  de  cardinal ,  à  la  prière 
du  roi  ,  par  le  pape  Alexandre  VI, 
en  I500.  Il  mourut  en  1508  »  351 
an$>  de  douleur  d'avoir  perdu  un 
de  fes  frères.  Il  y.  a  eu  quatre 
autres  cardinaux  de  cette  maifon , 
dont  nous  parlerons  dans  lés  ar^* 
tides  fuivans. 

IV.  TRIVULCE,  (Scarammîa) 
mort  en  1 5  27 ,  &  neveu  de  han* 
Jacques  ,  fut  confeiller  d'état  en 
France  fous  Làuls  XI J,  &  fuccef- 
iivement  évèque  de  Côme  &  de 
Plaifance.  Son  mérite  lui  valut  la 
pourpre. 

V.  TRIVULCE  ,  (  Auguftin  ) 
abbé  de  Froidmont  en  France ,  & 
camérier  du  pape  Jules  II  ^  puis 
fucceifivement  évêque  de  Bayeux , 
de  Toulon ,  de  Novare,  &  arche* 
vèque  de  Reggio  ,  mourut  à  Rome 
en  1548.  Après  la  prife  de  cette 
vUle  par  les  troupes  de  CkarUs'^ 

Suint ,  il  fut  enunené  en  otage  à 
aples  ,  où  il  fe  iignala  par  une 
fermeté  héroïque.  Bembo  &  Sadola 
faifoient  grand  cas  de  fes  talens  &' 
de  fes  vertus  9  dont  le  cardinalat  fut 
la  récompenie.  11  avoit  compofé 
une  ayioin  des  Papes  Ct  des  Cardi-- 
uaux ,  que  la  mort  ne  lui  permit 
pas  de  faire  imprimer. 

VI.  TRIVULCE,  (Antoine) 
évêque  de  Toulon  ,  &  enfutte  vice- 
légat  d'Avignon  ,  s'oppofa  avec 
vigueur  à  l'entrée  des  Hérétiques 
dans  le  comtat.  Envoyé  légat  en 
France ,  il  fît  conclure  le  Traité 
de  Cateau  -  Cambrefis.  Il  mourut 
d'apoplexie  ,  à  une  journée  de 
Paris  I  le  26  Juin  1559  >  comme 


T  R  O         103I 

il  retoumoit  en  Italie.  U  fut  élevé 
à  la  dignité  de  cardinal. 

VIL  TRIVULCE  ,  (  Jean-Jac- 
ques*Théodore)  étoit  de  Tilluflre 
famille  des  précédens.  Après  avoir 
fervi  avec  gloire  dans  les  armées  du 
roi  Philippe  III ,  il  embraffa  Tétat 
eccléfiaAique  ,  &  fut  honoré  de 
la  pourpre  Romaine  en  1629.  11 
mourut  à  Milan  en  1657  ,  après 
avoir  été  vice-roi  d'Aragon ,  puis 
de  Sicile  &  de  Sardaigne,  gouver- 
neur général  du  Milanois ,  &  am- 
bafTadeur  extraordinaire  d'Efpagne 
à  Rome.  C'étoit  un  prélat  éclairé 
&  un  homme  éloquent. 

TROGUE-POMPÉE .  natif  du 
pays  des  Vocontiens  ,  dont  la 
capitale  étoit  Vaifon ,  eft  compté 
parmi  les  bons  hiftoriens  latins* 
11  avoit  mis  au  jour  une  Hifloire 
en  44  livres ,  qui  comprenoit  toue 
ce  qui  s'étoit  paflé  de  plus  impor- 
tant dans  l'Univers  juiqu'à  Augufie^ 
Juftîn  en  fît  un  Abrégé  ,  fans  y 
changer  ni  le  nombre  des  livres  » 
ni  le  titre  à'BtJioire  PhiRppique  , 
ainfi  appelée  •  parce  que  l'auteur 
avoit  raconté  dans  uç  grand  détail 
les  exploits  de  PhiRppe ,  père  ai  Aie- 
sandre.  On  croit  que  c'eft  cet  Abrégé 
qui  nous  a  fait  perdre  TOuvrage  de 
Trogue-Pompée ,  dont  le  ftyle  étoit 
digne  des  meilleurs  écrivains.  Le 
père  de  Tropte-Pompée ,  après  avoir 
porté  les  armes  fous  Céfar ,  devint 
fon  fecrétaire  &  le  garde  de  foa 
fceau  •,  le  fils  eut  fans  doute  auHl 
des  emplois  honorables. 

TROILE ,  fils  de  Priant  &  d'^- 
tube.  Le  deftin  avoit  réfolu  que 
Troye  ne  feroit  jamais  prife  tant 
qu'il  vivroit.  11  fut  aiTez  téméraire 
pour  attaquer  Achille ,  qui  le  tua  *» 
&  peu  de  temps  après  la  ville  fiit 
prife. 

TROIS  CHAPITRES, {U, 
DisTUTE  fitt  les  )  Voye^  Ibas  » 
Théodore  de  Mopfuefte  »  & 
Théodoret. 


i04         T  R  O 

TRbMMlUS ,  (  Abraham  }  théo- 
logien Proteftant ,  né  à  Groninguc 
en  1633  ,  fut  pafteur  dans  Ta  pa- 
trie ,  où  il  mourut  en  1719*  On  a 
Âe  lui ,  une  Concordance  Grecque  de 
l'Ancien  Teilamenc ,  de  la  Verfion 
fies  Septante  ,1718,  %  vol.  in-fol.  ; 
&  une  autre  Concordance  du  même , 
en  flamand  ,  qu'il  conûnua  après 
/.  M.irtlnuu  de  Dantzig. 

I.  TkOMP,  (  Martin  Happertz) 
amiral  Hollandois,  natif  de  la  Brille, 
s'éleva  par  fon  mérite.  11  s'embar- 
qua à  huit  ans  pour  les  Indes ,  fut 
pris  Tucceâivement  par  des  pirates 
Ajiglois  &  Barbareiques  ,  &  apprit 
ioMs  eux  toutes  les  rufes  des  com- 
bats de  mer.  Il  fîgnala  fur- tout  fon 
courage  à  la  journée  de  Gibraltar 
€n  1607.  Elevé  à  la  place  d'amiral 
de  Hollande,  de  l'avis  même  du 
prince  d* Orange  y  il  défit»  en  cette 
qualité  ,  la  nombreufe  flotte  d'Ef-- 
pagne  en  1639  ,  &  g^gi^^  3^  autres 
iatailles  navales.  11  fut  tué  fur  fon 
f  illac  ,  dans  un  combat  contre  les 
Anglois  ,  commandés  par  le  duc 
SAlbtrmaU^  le  lo  Aeût  1653.  Les 
Etats-Généraux  ne  fe  contentèrent 
pas  de  le  faire  enterrer  folennelle- 
inent  dans  le  Temple  de  Deift , 
avec  les  héros  de  la  République , 
ils  firent  encore  frapper  des  mé- 
dailles pour  honorer  fa  mémoire. 
Lé  mérite  &  les  profpérjtés  deTami- 
f  al  Tiomp  lui  avoient  attiré  des  en- 
vieux i  mais  il  avoit  fu  les  dompter 
par  fes  bx>ns  offices  &  fes  bienéiits. 
Il  futmodefle  au  milieu  de  fa  for- 
tune. De  tous  les  titres  d'honneur 
dont  on  voulut  le  qualifier  ,  il 
n'accepta  que  celui  de  Grand-Pere 
des  Matelots  ;  &  parmi  ceux  de  foa 
pays  ,  il  ne  prit  jamais  que  la  qua- 
lité de  Bourgeois, 

II.  TROMP  ,  (  Corneille,  dU 
le  .comte  de  )  fils  du  précédent  , 
marcha  dignement  fur  les  traces  de 
fon  père.  Il  fe  fignala  contre  les 
corfaires   de  Barbarie  en  1650  » 


TR  o 

contre  les  Anglois  en  i6f  $  5c  eil 

1665.  Il  y.  eut  en  1673  deux  com- 
bats- entre  les  flottes  de  France  & 
d'Angleterre,  &  celle  de  Hollande^ 
Tromp  fe  diflingua  dans  l'un  & 
dans  l'autre.  Enfin ,  après  la'  mort 
du  célèbre  Ruytcr ,  arrivée  en  1676  » 
il  lui  fuccéda  dans  la  charge  de 
lieutenant' amiral-général  des  Pro- 
vinces-Unies ,  &  mourut  le  21  Mai 
1691 ,  à62  ans.  Il  étoitné  à  Ro« 
terdam  le  9  Septembre  1629.  Sa 
Vte  a  été  donnée  au  public  ,  à  la 
Haye  ,  1694  ,  in-12  ;  &  quoique 
moins  brillante  que  celte  de  foa 
père ,  elle  ne  laifle  pas  d'intéreffer,   ^ 

TRONCHINi  (Théodore) 
^toyen  de  Genève ,  naquit  dans 
cette  ville  en  1709.  Il  quitta  fa 
patrie  de  bonne  heure ,  &  fe  rendit 
en  Angleterre  auprès  de  Milord 
BoUngbrokt  fon  parent  par  alliance^ 
pour  obtenir  quelqne  emploii^  Mais 
ce  feigneur  étant  alors  fans  crédit  , 
ne  lui  rendit  d'autre  fervice  que  de 
lui  faire  connoitre  les  beaux  génie» 
de  Londres  ,  &  {\)X'to\xt  Swift  & 
Pope,  Le  Jeune  Tronchin  voyant 
rimpoflîbilité  d'avancer  fa  formne 
par  quelque  place  ,  fe  tourna  dvt 
côté  de  l'émde  des  fcicnces.  Il  alU 
à  Cambridge  ^  &  la  Chimie  de  Boër^ 
kaave  qui  lui  tomba  entre  les  mains, 
lui  donna  la  plus  grande  envie  de 
coimoitre  l'auteur.  11  court  à  Leyde» 
émdie  la  médecine  fous  cet  habile 
maître  ,  &  devient  un  de  -  fes  dif- 
ciples  les  plus  diilingués.  Ayant 
reçu  le  bonnet  de  doâeur  dans 
luniverfité  de  Leyde  ,  il  pratiqua 
avec  fuccès  à  Amflerdam  ,  où  il 
fut  Infpedbeur  des  hôpitaux  &  du 
collège  des  médecins.  Il  revint  .à 
Genève  en  17;^ 4, après  avoir  re-^ 
*  fufé  la  place  de  premier  médecia 
du  prince  d'Orange ,  &  y  profefîa 
la  médecine.  La  méthode  de  l'Ino- 
culation commençoit  à  s'accréditer  \ 
Tronchin  l'adopta  &  la  fit  valoir.  Il 
vint  à  Paris  en  1756 ,  &  le  fuccès 


J 


TRO 

ftvec1e<iuel  il  inocula  M.  le  duc  âe 
Ckartris  &  plufieurs  feigneurs ,  lui 
donna  la   plus  grande  vogue.  Il 
augmenta    Tenipreflemem    qu'on 
avoit  de  le  voir  Se  de  le  confuher, 
Car  une  converfation  douce  &  mo- 
oefte,  par  un  ton  agréable  &  poli , 
|»r  une   phyfionomie   noble   & 
heureufc.  Les  Vaporeux  ,  dont  la 
capitale  abonde  ,    s'empreflerent 
fur-tout  de  le  vifiter  ;  &  plufieurs 
curent  à  fe  louer  de  4a  fageiTe  de 
fes   ordonnances  ;    il   ne  fatigua 
point   leur    tempérament   par   la 
violence  des  remèdes  -,  &  s'il  n'en 
guérit  qu'un  petit  nombre ,  il  en 
foulagea  plufieurs  en  leur  donnant 
le  confcil  fage  de  Texercice  &  de 
la  fobriété.  M.  le  duc  d*OrUans  le 
nomma  quelque  temps  après  fon 
premier  médecin.  Lorfque  madame 
la  Dauphine  ,  mère  du   roi ,  fut 
attaquée  de  la  maladie  'dont  elle 
mourut ,  il  fît  fes  pronoftics   fur 
les  caufes  i6c  les  fuites  de  cette 
maladie  >  avec  une  fagacité  &  une 
jufteffc  qui  prouvèrent  qu'il  avoit 
le  coup  d'oeil  excellent.  Différen- 
tes académies  l'agrégèrent  à  leurs 
corps  ;  entre  autres  ,   celles    de 
Londres  ,  de  Berlin,  de  Stockholm, 
d'Edimbourg,  &c.  &c.  Il  mourut 
à  Paris  en  17S1  ,  à  73  ans.  Le 
célèbre  Lorry  étant  auprès  de  lui 
dans  fa  dernière  maladie  ,  s'écria 
avec  douleur  :  Ah  !  fi  ce  grand  homme 
pouvait  nous  entendre,  ilfeguériroit.  Les 
pauvres  le  pleurèrent ,  parce  qu'ils 
trouvoient  en  lui  des  confeils ,  de 
la  pitié  &  des  fecours.  Il  montoit 
jûfqu'au  cinquième  étage  pour  cher- 
cher &  confoler  la  maladie  &  l'in- 
fortune. Tous  les  foirs  il  recevoit 
chez  lui  tes  pauvres  malades  qui 
venoient  le  confulter  -,  c'eft  ce  qu'il 
appeloit  ion  Bureau  d^humanUé.  Un 
de  fes  amis  lui  recommandant  un 
infirme   hors  d'état  de  payer  fes 
foins  :  Pauroîs  bien  mauva'fe  oplwon 
dt-moi,  répondit-il  ^fi  à  mgn  âgeU 


TRO        loç 

faîloît  tti  avertir  de  faire  mon  devoitm 
Les  titres  qui  lui  méritèrent  la  re* 
connoifiance  publique,  font  d'avoir 
été  l'un  de  ceux  qui  ont  le  plus 
contribué  à  répandre  Tufage  utile 
de  V Inoculation  ;  d'avoir   introduit 
un  nouveau  fyftême  de  traitement 
pour  la  Petite-  Vérole  y  en  fubftituant 
aux  boiffons  échauffantes  un  ré- 
gime rairaichiffant  -,   d'avoir  em- 
pêché les  progrès  de  certaines  niala« 
dies  ,  en  rendant  l'air  aux  malades 
qu'on  étouffoit  dans  un  atmofphere  * 
empefté  *,  d'avoir  appris  à  guérir 
les  vapeurs  des  femmes  du  grand 
monde ,  par  le  travail  &  l'exercice 
plutôt  que  par  les  remèdes  -,  enfin  , 
de  leur  avoir  perfuadé  de  fiireufage 
de  leur  lait  pour  leurs  enfans ,  6c 
d'être  nourrices  après   avoir   été 
mères.    Tronchin  a  laiffé  plufieurs 
Ouvrages  manufcrits  fur  ces  diffé- 
rens  objets ,  ainfi  que  fur  les  maux 
vénériens ,  fur  l'art  des  accouche- 
mens ,  les  maladies  des  yeux ,  des 
poumons ,  &c.  &c.  Il  donna  aufH 
divers  articles  de  médecine  pour 
r£/içyr/i>/7e<frc,&  un  Traité  :  DeCoRcA 
Piclonum ,  Amfterdam ,  1757 ,  in-8*^. 
qui  ne  foutient  pas  fa  brillante  répu« 
tation  ,  quoiqu'il  renferme  quelques 
bonnes  observations.  Il  donna  en 
1762. ,  une  Edition  des  (Suvres  de 
Baîllcu ,  &  y  joignit  une  Préface  p 
qui  eft  une  efpece  de  cenfure  de  la 
médecine.   En  effet  ,  il  comptoic 
moins  fur  cette  fcience  que  fur  ui^ 
régime  fimple  &  approprié  au  ma- 
lade. Il  ne  penfoit  qu'à  laiffer  agir 
la  nature  ,   quand  il  lui  croyoit 
affez  de  forces  ;  &  il  ne  cherchoit 
à  l'aider,  quelorfqu'il  foupçonnoit 
qu'elle  en  manquoii.  Cette  méthode 
n'efi  pas  celle  des  médecins  à  or- 
donnances &   à   vifites  ,   qui  tra- 
vaillent plus  pour  les  apothicaires 
que  pour  les  malades. 

TRONSON ,  (  Louis)  né  à  Paris 
d'un  fecrétaire  du  cabinet  ,  obtint 
une  place  d'aum^nicr  du  roi ,  qu'il^ 


io6 


T  R  O 


TËO 


quitta  en  165$  ,  pour  entttr  au  nîtts  fierî<»tent  pluslereile  dctme 

Séminaire  de  Saint-Sulpice,  dont  il  vie.  De  la  le  proverbe  qu'on  app]i-* 

fut  élu  Supérieur  en  1676,  &fflou«  quoit  aux  peKbnnes  férieufes:  lit 

rut  le  26  Février  1700 ,  à  79>ans*  antrv  Trophonii  patUinatur  c/t.  >♦  Il  a 

C  etoit  un  homme  d'un  grand  Tens ,  prophécifé  dans  l'antre  de  Tropho^ 

d*un  favoir  alTez  étendu  &  d'une  nius  ««.  Ceux  qui  cherchent  quelques 

piétéexemplaire.  Ila(nfiaeni694,  vérités  hiftoriques  dans  les  men« 

avec  les  évêques  de  Meaux  &  de  fonges  de  la  fable ,  préittndent  que 

Châlons ,  aux  conférences  d'Ifly ,  Trophonlus  avoit  été  Tua  dés  pre- 


où  les  Livres  de  Madame  Guyon ,  & 
ceux  de  l'abbé  dt  Féadon  Ton  ami , 
furent  examinés.  On  a  de  lui  deux 
ouvrages  aâez  eftimés,  quoiqu'il 


miers  architoâes  Grecs  ,  fils  d'un 
roi  de  Thebes  ,  &  frère  à*Agamcde^ 
avec  lequel  il  étoit  lié  d'une  tendr« 
amitié.  Us  s'i}luftreredt  par  divers 


y  ait  quelques  petiteiïes  <lans  le    édifices,  entre  autres  par  le  Temple 
^ — \^  r^\..\.r\    r»,.;,^/*.,..»;^-.    ^^  Neptune   près  de  Mantinée,  & 

par  celui  à* Apollon  à  Delphes. 

tROSNE ,  (  Guillaume-Françob 
le  )  avocat  du  roi  à  Orléans  ,  fa 
patrie  ,  mort  le  26  Mai  1780,  croit 
un  magiftrat  éclairé  &  un  orateur 
aflez  éloquent.  Nous  avons  de  lui 
diverfes  Èrochura  fur  des  difcuffîons 
économiques ,  ou  fur  des  matières 
de  jurirprudence  ,  tels  que  foa 
Mémoire  fur  Us  yagahondt  ;  la  Ubertd 
du  commerce  des  grains;  Dlfcours/uf 


premier.  Celui-ci ,  qui  a  pour  titre 
Etamtns  pardcuIUrs ,  fut  imprimé 
in-i2 ,  en  1690,  à  Lyon ,  pour  la 
première  fois.  Il  y  en  a  aujourd'hui 
2  vol.  Le  fécond  ,  intitulé  Forma 
Clerî ,  eft  une  Colleélion  tirée  de 
l'Ecriture,  des  Conciles  &des  Peres^ 
touchant  la  vie  &  les  moeurs  des 
eccléfîa(liques.Il  n'en  avoit  d'abord 
paru  que  3  vol.  in- 12;  mais  on  a 
imprimé,  en  1724 ,  à  Paris ,  l'Ou- 
vrage entier  ,  in-  4*" 


TROPHIME,  né  à  Ephefe,  aydnt    ^état  aauU  de  U  Magîftrature  ;  Vueâ 
été  converti  à  la  foi  par  S,  Paul,   fur  la  JuJUce  Criminelle  ,  &c, 


s'attacha  à  lui ,  &  ne  le  quitta  plus. 
Il  le  fuivit  à  Corimhe ,  &  de  la  à 
Jérufalem.  On  croit  que  Trophlme 
fuivit  l'apôtre  à  Rome ,  en  fon  i*' 
voyage  ;  &  5.  Paul  dit  dans  fon 
Epitre  à  Tlmotkéc^  qu'il  avoit  laiffé 


TROUIN,  J^.  Guay-Trouin. 

/.  TROY ,  (  François  de  )  pein- 
tre,  né  à  Touloufe  en  1645  ,  mort 
à  Paris  en  1750,  apprît  les  pre- 
miers principes  de  fon  art  fous  fon 
père  &  fous  le  Fivre,  Il  s'appliqua 


Trophltne  malade  à  Milet.   Ce  fut    fur-tout  au  portrait,  qui  eft  un  genre 
l'an  65.  C'eft  tout  ce  qu'on  fait  fur    lucratif,  &  fîit  reçu  à  l'académie 


ce  Saint  -,  &  tout  ce  qu'on  a  raconté 
de  plus  fur  lui,  paroit  Cîibuleux. 

TROPHONIUS ,  fils  &' Apollon , 
(  d'autres  difent  de  Jupiter ,  )  rendoit 
des  oracles  dans  un  antre  aflFreux, 
Ceux  qui  vouloient  le  confulter  « 
dévoient  fe  purifier.  Après  bien  des 
cérémonies  ,  ils  entroient  dans  la 


en  1674.  Il  devint  fuccefllvemenc 
profeffeur  ,  adjoint  du  reâeur ,  & 
enfin  diredleur.  Ce  maître  donnoit 
beaucoup  d'expreilîon  &  de  no- 
bleiis  à  fes  Figures.  Son  d^n  étoit 
correâ  ;  il  étoit  grand  colorifte  • 
&  finifibit  extrêmement  (&  Ouvra* 
ges.  La  famille  royale  &les  grands 


caverne ,  &  s'y  étant  endormis ,  ils    feigneurs  de  la  cour  ,  occupèrent 
voyoient  ou  entendoient  en  fonge    fon  pinceau.  Louis  XIV  l^nvoya 


ce  qu'ils  demandoient.  On  nerévé- 
loit  jamais  ce  qui  leur  avoit  été 
découvert.  On  dit  que  ceux  qui 
ay  oient  reçu  la  rép<>iûe  dç  Tropi^^ 


en  Bavière  pour  peindre  Mad'  U 
Dauphine.  Ce  célèbre  artifle  favoic 
ajouter  à  la  beauté  des  dames  qu'il 
repr^remoic,  fans  alcérer  leurs  ttiits^ 


TRO 

!i  avott  en  cela  un  fi  grdnd  talent , 
que  l'on  difolt  de  lui  ce  que  Boilcau 
ft  dit  à' Homère  |  <j}X*îl  fembloU  avoir 
iérohé  la  ceinture  de  Vénus,  Ce  talent  » 
joint  à  une  probité  exaâe  r  à  une 
belle  phyfionomie,  à  un  efprit  en- 
foué  &  à  une  vive  fenfibitité  pour 
fes  amis  ,  le  mit  dans  un  grand 
trédit.  Ses  deffins  ,  comparables 
pour  la  beauté  à  ceux  de  Fan-Dyck , 
(ont  très>recherchés. 

i/.  TROY,  (  Jean-Franç©isde) 
fils  du  précédent,  dievalier  de 
l'Ordre  de  Saint- Michel ,  fecrétaire 
du  roi ,  mourut  à  Rome  en  1752 , 
âgé  de  76  ans.  Son  mérite  le  fit 
choifir  pour  6tre  reâeur  de  raca*» 
demie  de  Peinture  de  Paris  ,  & 
depuis  direâeur  de  celle  <{ue  Sa 
Majeilé  entreuent  à  Rome.  Il  eft 
un  des  bons  peintres  de  l'école 
Françoife.  On  admire  dans  ies  Ou- 
vrages ,  un  grand  goût  de  deffin , 
un  beau  fini.,  un  coloris  fuave  & 
piquant  ,  une  magnifique  ordon^ 
nance ,  des  penfées  nobles  &  heu^ 
reufenent  exprimées  ,  beaucoup- 
d'art  à  rendre  le  Tentiment  &  les 
divenes  pafiîonsderame,  des  fonds 
d'une  fimplicité  maieftueure  -,  enfin , 
lia  génie  créateur,  qui  communique 
fi)a  feu  &■  Ton  aâivité  à  toutes  fes 
compofitions. 

TRUAUMONT ,  (  N...  la  )  né  à 
Rouen  d'un  auditeur  des  comptes , 
étoit  un  jeune -homme  perdu  de 
dettes  &  de  débauches.  Il  fiu  Tinf- 
,  tigateur,  .en- 1674,  d'une  révolte 
contre  Louis  XIV,  Cette  conjura- 
tion n'auroit  eu  aucun  effet ,  i\  elle 
n'avoit  été  embrafifée  par  le  che- 
valier Louis  de  Rohan  ,  fils  du  duc 
àe  Montba\&n.  Il  avoit  été  exilé 
par  Louis  XIV  t  qui  le  foupçonnoit 
d'entraîner  dans  la  débauche ,  le  duc 
dOrléaas  Ton  frère  :  il  étoit  mécon^ 
tent  du.  marquis  de  Louvois  :  il  crut 

r>uvoir  fe  venger ,  en  fe  mettant 
la  tête  d'un  parti.  On  fit  entrer 
im  ce  complet  un  ckevaliier  4c 


T  R  U  207 

Prioùx  i  neveu  de  la  Truaumont:  fé- 
duit  par  fon  oncle ,  il  féduifit  fa 
maîtrefie ,  Lomft  de  BelUau  ,  fille 
d'un  feigneur  de  VilHers ,  autre- 
ment BordevîUe  j  les  conjurés  s'af- 
focierent  un  maître  d'école,  nommé 
Vanden-Ende^  Leur  but  étoit  de  li- 
vrer au  comte  </e  Moncerey  ,Honfieur, 
le  Havre  ,  &  quelques  autres  pla* 
ces  de  Normandie.  Cette  trame  mal* 
ourdie  fut  découverte.  Lefupplice 
de  tous  les  coupables  fut  le  feul 
événement  que  produifit  ce  crime 
infenfé  &  inutile  >  dont  à  peine  oa 
fe  fouvient  aujourd'hui.  Ils  furent 
tous  décapités  à  la  Bafiille ,  le  27 
Novembre  1674  >  à  l'exception  de 
Vanden-Ende  qui  fut  pendu ,  &  de 
la  Truaumont  ,  qui  fe  fit  tuer  par 
ceux  qui  vinrent  rarréter.  On  dit 
que  le  bourreau,  fier  d'avoir  coupé 
la  tête  d'un  prince ,  d'une  marquife 
&  d'un  chevalier ,  dit  à  fes  valets 
en  leur  montrant  le  maître  d'école  t 
Vous  autres  y  penda^  eelui'la.  Des- 
quatre  coupables ,  la  marquife  fut 
celle  qui  mourut  avec  le  plus  de 
fermeté.  [  Voye^  vi.  Rohan.  ] 

TRUBLET,  (Nicolas-Charles- 
Xofeph  )  de  l'académie  Françoife 
&  de  celle  de  Berlin ,  tréforier  de 
PEglife  de  Names ,  &  enfuite  archi- 
diacre &' chanoine  deSaint-Malo  fa 
patrie  ,  naquit  en  1697.  Il  étoit  pa- 
rent du  célèbre  Aijupertuis  ,  qui  lui 
dédia  le  3  *  vol.  de  fes  Œuvres.  Dès 
1717 ,  il  ofa  être  auteur.  Il  fit  im- 
primer dans  le  Mercure  de  Juin ,  des 
Réflexions  fur  Télémaque^  qui  le  firent 
connoître  de  la  Motte  &  de  Fonte^ 
nelU,  Ces  aimables  philofophes  trou- 
vèrent en  lui  ce  qu'ils  cherchoient 
dans  leurs  amis ,  un  efprit  très-fin  , 
&  un  caraûere  très-doux.  L'abbé 
Truhlet  fut  attaché  pendant  quel- 
que temps  au  cardinal  de  Tencln  « 
&il  fit  avec  lui  le  voyage  de  Rome. 
Mais  préférant  la  liberté  aux  avan- 
tages que  la  proteflion  du  cardinal 
iui  faifoic  efpérer ,  il  revim  à  Paris  « . 


>« 


io8        T  R  U 

où  il  vécut  iafque  vers  l'an  -1767. 
Accablé  des  vapeurs  qu'on  con- 
traâe  dans  prefque  toutes  les  gran« 
des  villes ,  il  fe  retira  à  Salnt-Malo, 
pour  y  jouir  de  la  famé  &  du  re- 
pos -,  mais  il  mourut  quelque  temps 
après  ,  au  mois  de  Mars  1770.  Une 
conduite  irréprochable»  des  prin- 
cipes vertueux  «des  mœurs  douces, 
lui  avoient  afTuré  les  fuffrages  de 
tous  les  honnêtes  gens.  {  Voy^  III. 
Palme.  ]  Sa  converfation  étoit  inf- 
truftive  \  quoiquHl  penfàt  âtiement, 
il  s'expritnoit  avec  fîmplicité.  Ses 
principaux  Ouvrages  font  :  I.  Ejfais 
de  Vttéraùire  &  de  Morale  ,  en  4  vol. 
ÎB-ia,  pluûetu>s  fois  réimprimés, 
&  traduits  en  plufieurs  langues. 
L'auteur  a  laifle  des  matériaux  pour 
un  5  ^  volume.  Quelques  critiques 
qu'on  ait  faites  de  cet  ouvrage  ,  où 
il  y  a  quelquefois  des  chofes  com- 
munes dites  d'un  air  de  décou- 
verte ,  on  ne  peut  s'empêcher  d'y 
reconnoitre  l'efprit  d'analyfe  ,  la 
faç;acité ,  la  fineffe  ,  la  précifîon , 
qui  caraftérifent  tous  les  Ecrits  de 
l'abbé  TrubUt.  Plufieurs  de  fes 
réflexions  font  neuves  -,  &  toutes 
înfpirent  la  probité  ,  Thumanité  , 
la  fociabilité.  II.  Panégyriques  des 
Saints  y  langui ffamment écrits,  pr/- 
cédés  de  Réflexions  fur  l'Eloquence  , 
pleines  de  chofes  bien  vues  &  fine- 
ment rendues.  Dans  la  féconde  édi- 
tion de  1764 ,  en  2  vol. ,  Tauteur 
a  ajouté  divers  Extraits  de  livres 
d'éloquence.  Ces  analyfes  avoient 
été  faites  pour  le  Journal  des  Savons 
éi  pour  le  Journal  Chrétien ,  auxquels 
il  avoit  travaillé  pendant  quelque 
temps.  La  manière  dont  il  s'ex- 
prima fur  Foliaire  dans  ce  dernier 
Ouvrage,  lui  attira  (dans  la  Pièce 
fur-tout,  intitulée  le  Pauvre  Diable  ) 
des  Epigrammes  très-mordantes  de 
la  part  de  ce  célèbre  poète ,  qui  lui 
avoit  écrit  auparavant  des  lettres 
très-âatteufes.  III.  Mémoires  pour 
fervU  à  CHiftoU»  dt  Mejpeurs  de  la 


TRU 

Motte  &  de  Fomenelle,  à  Amiler« 
dam  ,  1761 ,  in-i2.  Ces  Mémoires  , 
fouvent  mifiutieux ,  of&ent  tout  ce 
qu'on  peut  favoir  fur  la  Vie  &  les 
Ouvrages  de  ces  deux  illuftres  amis 
de  l'abbé  Truhla,  Il  y  a  des  anec« 
dotes  intérefïantes&des  réflexions 
ingcnieufes. 

TRUCHET ,  (  Jean  )  né  à  Lyon 
en  16  57,  d'un  marchand,  entra  dans 
rOndre  des  Carmes.  Il  fut  envoyé 
à  Paris  pour  y  émdier  en  philo- 
fophie  &  en  théologie  ;  mais  il  s'y 
livra  tout  entier  à  la  mécanique, 
pour  laquelle  la  nature  l'avoit  fait 
naître.  Charges  II  ^  roi  d'Angleterre  » 
ayant  envoyé  à  Louis  XIV  deux 
montres  à  répétition,  les  premières 
qu'on  ait  vues  en  France ,  ces  mon« 
très  fe  dérangèrent ,  &  il  n'y  eut 
que  le  Père  Truchu  qui  pût  les  rac- 
commoder. Colbert ,  charmé  de  fes 
talens  &  de  fon  adrefle ,  lui  donna 
600  livres  de  penûon,  dont  la  i'® 
année  fut  payée  le  même  iour.  Il 
n'a  voit  alors  que  19  ans.  Le  Père 
SébaJUen  (  c'étoit  fon  nom  de  reli- 
gion) s'appliqua  dès-lors  à  la  géo- 
métrie &  à  l'hydraulique ,  &  il  ne 
s'eft  guère  Êiit  de  grand  canal  ea 
France,  pour  lequel  on  n'ait  pris 
fon  avis.  Sa  réputation  fe  répandit 
dans  toute  l'Europe;  U  fut  employé 
dans  tous  les  Ouvrages  importans, 
reçut  la  viflte  du  duc  de  Lorraine* 
de  Pierre  le  Grand,. czaa  de  Mofco« 
vie ,  &  de  plufieurs  autres  princes  , 
&  enrichit  les  manu&â:ures  de  plu- 
fleurs  belles  découvertes.  Il  tra- 
vailla pour  perfectionner  les  filières 
des  tireurs  d'or  de  Lyon ,  le  blan- 
chiflTage  des  toiles  à  Senlis ,  les  ma- 
chines des  monnoies ,  &c.  Cefl  lui- 
qui  a  inventé  la  Machine  à  traaf* 
porter  de  gros  arbres  tout  entiers 
îans  les  endommager.  Ses  Takleawt 
mouvans  ont  été  encore  un  des  or- 
nemens  de  Marly.  Le  premier  ,  que 
le  Roi  appela /o« petit  Opêw,  chau- 
geoit  trois  fois  de  décpratipos  à  un 

coup 


TRU 

toup  de  fifllet  ;  car  ces  Tabj eaux 
avoient  auffi  la  propriété  des  ré- 
fonaans  ou  fonores.  Le  deuxième 
Tableau  qu'il  préfenca  au  Roi ,  plus 
grand  &  encore  plus  ingénieux  , 
re{)réfeatoit  un  payfage  où  tout 
étoit  animé.  Comme  il  poiTédoit  à 
fond  la  conftruûion  des  pompes 
&  la  conduite  des  eaux,  il  eut  part 
à  quelques  aqueducs  de  Verûiîles. 
Il  ne  fe  fit  ou  ne  fe  projeta  guâre 
en  France  de  grands  cdnaux  de 
communication  de  rivières ,  pour 
kfquels  on  ne  prit  ou  Tes  idées  ou 
îes  confeils  -,  &  Ton  doit  lui  tenir 
compte  ,  dit  FontcntlU^  non-feule- 
ment de  ce  qui  fut  exécuté  fur  fes 
vues,  mais  encore  de  ce  qui  ne  le  fut 
pasfur  des  vues  fauffes.  Le  Roi  inC- 
trùit  par  lui-même  de  tout  ce  que  le 
P.  Sébaftltn  vâloit ,  le  nomma  pour 
être  un  des  honoraires  de  l'acadé- 
mie des  Sciences,  au  renouvelle- 
ment de  cette  académie  en  1699 , 
&  l'on  trouve  plufieurs  Mémoires 
de  fa  compoiition  dans  le  Recueil 
de  cette  Société.  Les  dernières  an- 
nées de  fa  vie  fe  paiTerenc  dans  des 
infirmités  continuelles ,  qui  l'enle- 
vcreut  aux  fciences  ,  le  j  Février 
1729.  Quoique  fort  répandu  au 
dehors,  le  Père  Sébaftkn  fut  un 
très-bon  religieux ,  très-6 délie  à  fes 
devoirs,  extrêmement  défintéreffé, 
doux ,  modefte ,  & ,  félon  Texpref- 
£on  dontfe  fer  vit  feu  M.  le  Prince, 
en  parlant  de  lui  au  Roi ,  auJJifimpU 
qut  fcs  Machines.  Il  conferva  tou- 
jours ,  dans  la  dernière  rigueur  , 
tout  l'extérieur  convenable  à  fon 
habit.  Il  ne  prit  rien  de  cet  air  que 
donne  le  grand  commerce  du  mon- 
de, &  que  le  mondé  ne  manque  pas 
de  défopprouver.  Quoique  des  per- 
ibnnes  pulfTantes  lui  .offrifTent  de 
le  faire  fortir  de  fon  Ordre ,  il  pré- 
féra la  contrainte  où  il  vivoit  à 
une  liberté  qui  auroit  inquiété  fa 
tonfcience. 
TRUDAINE,    (Jean-Ovarles- 


T-R  U         209 

Philibert  de)  né  en  1753  â  Cler- 
mont ,  où  fon  père  étoit  intendant 
de  la  province,  reçut  une  excel- 
lente éducation.  M.  de  Tmdatne  père 
étant  devenu  intendant-général  des 
Finances ,  fon  fils  fut  ion  adjoint 
en  1757.  Il  eut  dans  fon  départe- 
ment les  fermes -générales ,  lecom-> 
merce ,  les  manufaôures ,  les  ponts 
&  chauiTées ,  &  il  adminiilra  ces 
différentes  parties ,  avec  autant  de 
zèle  que  de  lumières.  Sa  charge 
ayant  été  fupprimée  en  1777 ,  il 
fut  enfin  rendu  à  lui-même,  à  l'ami- 
tié ,  &  aux  fciences  ;  mais  ù  fan- 
té ,  chancelante  depuis  long-temps,' 
fùccomba  enfin,  &  il  mourut  le 

5  Août  1777.  Ses  vertus  égaloient 
fes  lumières.  Il  fut  défintérefTé ,  & 
il  le  fut  fans  faiie.  A  la  mort  de 
fon  père ,  ayant  été  nommé  à  fes 
places  dans  le  confeil  des  finances 

6  dans  celui  du  commerce  ,  il  de- 
manda à  Louis  XV  la  permiflion  ^ 
de  ne  pas  en  recevoir  les  appoin- 
temens.  On  me  demande  fi  rarement 
de  pareil/es  grâces  ,'  dit  le  Roi,  que 
pour  lafingularité  je  ne  veux  pas  vous 
rcfufer,  h  M.  de  Trudaine^  (dit  M. 
»  de  Condorcety  )  fiit  bon  ami ,  bbn 
>»  ^\s ,  bon  mari  •  bon  père.  Aux 
>*  vertus  du  citoyen  &  du  magif- 
»  trat ,  il  joignit  \t&  agrémens  de 
»  l'homme  du  monde.  Aimable  & 
»♦  doux  dans  fa   vie   privée  ,  fe 

y  livrant  avec  plaifir  à  la  fociété  » 
»•  on  eût  pu  Taccufer  de  trop  de 
"  facilité  &  d'amour  pour  la  diP 
»  ûpation  -,  mais  le  goût  de  la  dif- 
**  fipation  ne  lui  a  fiait  négliger 
»  aucun  devoir.  Peu  d'hommes  en 
»)  place,  peu  de  particuliers  même 
V  ont  réuni  des  connoiiTances  auili 
»  étendues,  aufli  variéesv  Enfin, la 
»  facilité  de  fon  cara£lere  ne  Ta 
»  jamais  fait  confentir  à  une  chofe 
»  injufle  M.  Il  étoit  membre  de 
Tacadémie  des  Sciences,  &  ce  fut  en 
cette  qualité  qu'il  répandit  d&s  fleurs 
fvir  Ij  î9U\{ïçic  fon  père;  Cvt  Elo^e^ 

c5 


2IO      T  R  y 

(  dit  encore  M.  dt  Condorctt  )  »•  ccrît 
**  avec  nobleiTe  &  avec  élégance , 
M  cil  im  monuinent  précieux  pour 
M  racadémie,  &  le  feul  ouvrage 
»>  imprimé  de  M.  de  Tmêaîne  :  la 
"  piété  filiale  pouvoit  feule  lui 
M  dérober  àes  rnibns  dus  à  la  Pa^ 
«  trie ..  .Son  père  méritoit  leséloges 
qu'il  lui  donne.  Ecant  au  lit  de  la 
mort ,  fon  fils  le  confoloif  en  lui 
ilifant  qu'il  emportoit  les  fufi&ages 
^es  citoyens  &  l'eflime  des  gens 
ée  bien.  Hé  bien  ,  lui  répondit  le 
tnpribond  enfouriant ,  je  te  Upte  tout 
4da.  Le  fils  recueillit  en  fSSsx  cette 
précieufe  fucce/Hon. 

TRYPHIODORE ,  poète  Grec, 
florifîbit  dans  le  vi^fiecle.  Il  com- 
pofa  une  nouvelle  Odyffée  en  24 
livres;  &,  par  une  puérilité  auffi 
pénible  que  finguliere  ,,  il  obferva 
de  ne  point  mettre  iA  dans  le 
prenûer  livre,  point  de  B  dans  le 
îecond,  retranchant  ainfi  une  let- 
tre à  chaque  livre.  Cette  gêne  ne 
contribua  pas  peu  à  rendre  fa  poé- 
fie  dura  &  obfcure.  Nzstor  ,  qui 
vlvoit  fous  Septîme  Sévère  ^  lui 
avoit  donné  l'exemple  de  ces  baga- 
telles difficiles ,  eh  cOmpo(ânt  une 
Aade  où  H  s'étoit  imp<^é  la  même 
gène. 

^  TRYPHON  ou  DiODOTE ,  de  la 
ville  d'Apamée,  général  des  troupes 
^'Alexandre  Baies  i  fervit  bien  fon 
maicré  dans  les  guerres  qu'il  eut 
contre  Demetrkis  Nîcanor.  Après  la 
mort  de  Baies ,  il  alla  en  Arabie 
chercher  le  fils  de  ce  prince ,  &  le 
£t  couronner  roi  de  Syrie,  malgré 
les  efforts  de  Dcmetrîm  fon  com- 
pétiteur ,  qui  fiu  vaincu  &  mis  en 
fuite  Tan  144  avant  J.  C.  Mais  le 
perfide  Tryphon  ,  qui  méditoit  de 
s'emparer  de  la  couronne  >  ne  penfa 
plus  qu'à  fe  défaire  A* Antiochus  \^ 
craignant  oue  Jonathas-Maeh^ée  se 
mit  obftacle  à  ££s  deffeins ,  il  cher- 
cha l'occafion  de  le  tuer.  Il  vint 
pour  cela  à  Beth£ui  »  au  hnathas  le 


TRr 

joignit  avec  une  nombreufe  efcorlV& 
T'yphon  le  voyant  fi  bien  accom-^ 
pagné ,  n'ofii  exécuter  fon  deflein» 
&  eut  recours  à  la  rufè.  Il  reçut 
Joruahas^wtc  de  grands  honneurs  ,< 
lui  fit  des  préfess ,  &  ordonna  s 
toute  fon  année  de  lui  obéir  comme 
a  lui-même.  Quand  il  eut  ainfi  ga-* 
gué  fa  confiance ,  il  lui  perfuada  de 
rtnvoyer  fa  troupe  ^  &  de  le  fui- 
yre  à  Ptolémaïde ,  lui  promettant 
de  remettre   cette  place  entre  fc» 
mains.  Jonmkas  qui   ne  foupçon* 
noit  aucune   trahifon,  fit  tout  ce 
que   Tryphon  lui  propofoit.    Mai»* 
étant  entré  dans  la  vùle  de  Ptolé^ 
maïde,  il  y  fiit  arrêté,  8c  les  genr 
qm  l'accompagnoient  fiirent  pafTéS' 
au  fil  de  l'épée.  Après  cette  infigne 
trahifon,  T/yphon)^sLiï^  dans  le  pay» 
de  Juda  avec  une  nombreufe  armée, 
&  vînt  encore  à  bout  de  tirer  de» 
mains  de  Simon  les  deux  fils  de  /o- 
nathas ,  avec  cent  talens  d^argent» 
fous  prétexte  de  délivrer  leur  père. 
Mais  mettant  le  comble  à  fa  per« 
fidie,  il  tua  le  père  &  les  deux 
fils,  &  reprit  le  chemin  de  fbs 
pays.  Ces  meurtres  n'étoient  que 
les  préludes  d'un  plus  grand  ,  qui 
devoit  lui  mettre  fur  la  tête  la  cou- 
ronne de  Syrie.  U  ne  tarda  pas  k 
achever  fon  barbare  projet ,  en  af- 
fafSnant  le  jeune  Ant'wchus ,  dont 
il  prit  la  place  ;  &  il  fe  fit  décla- 
rer roi  d'un  pays  qu'il  défola  par 
{es  cruautés.  Mais  il'  ne  garda  pas 
long-temps  le  royaume  que  ies  cri-» 
mes  lui  avoient  acquis.  Le  CucceC'^ 
feur  légitime  du  trône  entra    dans 
fon  héritage  ;  &  toutes  les  troupes  «, 
lafles  de  la  tyrannie  de  Tryphon^ 
vinrent  auffi-tôt  fe  rendre  au  pre- 
mier. L  uAirpateur  fe  voyant  ainfi 
abandonné,  s'enfuit  à  Dora,  ▼îllc 
maritime  ,  où  le  nouveau  roi  1# 
pourfuivit ,  &  l'affîégea  par  mer  & 
par  terre.  Cette  place  ne  pouvant 
tenir  long-temps  contre  une  aufii 
puiilante  arm^e»  Tryph^if,  trouva  I9 


Aôyén^tes'eafiiîrà  Ortho{îadé,& 
£e  là  il  gagna  Apaméê  fa  patrie ,  où 
il  croy<5î^  trouver  un  i&lc  ;  mais 
V  ayaot  été  pris ,  il  fut  mis  à  mort 
l'an  1^8  avant  J.  C. 

TSCHIRN AUS ,  (  Emfroi  Wal- 
ier  de)  habile  mathématicien ,  na- 
quit à  Kiflingfwald,  feigneuriede 
ion  père,  dans  la  Luface,  le  lO 
Avril  i6^i  ,  d'une  famille  axi- 
.  tienne.  Après  avoir  fcrvi  dans  les 
troupes  de  HoUandé,  en  Qualité  de 
Volontaire ,  l'an  1671 ,  il  voyagea 
ta  Allemagne ,  en  Angleterre ,  en 
trance  &  en  Italie.  Il  vint  à  Paris 
i^oar  la  troiiieme  fois  en  i6Si ,  H 
il  propofa  à  l'académie  des  Sciences 
la  découverte  de  ces  fameufes 
Caoftiques ,  û  connues  fous  le  nom 
ée  Cauftiques  dt  Af.  de  t/chirnaûs. 
Cette  Compagnie,  en  les  approu- 
vant ,  mit  1  inventeur  parmi  fes 
membres.  De  retour  en  Allemagne  > 
îl  voulut  perfectionner  l'optique, 
ti  établit  trois  Verreries  d'où  l'on 
yit  fortir  des  nouveautés  merveil- 
icufes  de  dioptrique  &  de  phyfi- 
^ue,  êc  entre  autres ,  le  Miroir  ar- 
dent qu'il  préfenta  à  M.  le  duc 
ttOriéans,  régent  du  royaume.  Ceft 
à  lai  auffi  que  la  Saxe  eil  princi- 
palement redevable  de  fa  porce* 
iaine.  Content  de  jouir  de  fa  gloire 
littéraire^  il  refufa  tous  les  honneurs 
•uxquels  on  vouloir  TéleVer.  Les 
lettres  étoîent  fon  feul  plaiiir.  U 
âierchoii  des  gens  qui  éuffent  des 
ialens ,  foît  pour  les  fciences  utiles , 
foit  pour  les  arts  :  il  les  tiroir  des 
ténèbres  i  &  étoit  eii  même  temps 
leur  compagnon ,  leur  guide  ^  leur 
lnen£riteUr.  Il  fe  chargea  aifez  fou- 
lent de  la  dépenfe  de  faire  impri- 
mer les  livres  d'autrui ,  dont  il  éf- 
péroit  de  l'utilité  pour  le  public. 
Cette  géfiérofité  ne  venoit  point 
d'oftematioiiv  il  £iifoit  du  bien  à 
fes  ennemis  i  avec  ardeur  &  fans 
qu'ils  le  fufTent.  Ce  favanc  edima- 
kk  mourut  le  xi  Oâotiic  zjqS, 


Lé  roi  Àupifit  fît  les  frais  de  fe^ 
funérailles.  On  a  de  lui  un  livr4 
intitulé  :  De  Medeclna  mentis  &  cor^ 
porîs ,  à  Amflerdam ,  16Ô7  <  in-4*** 
Cet  Ouvrage  cÛ.  â  peine  connu 
aujourd'hui;  On  y  fent ,  dit  Fontc^ 
mllt  f  cette  chaleur  &  cène  audace 
qui  appartiennent  au  génie  de  l'in* 
vention.  Il  promet  trop  &  ne  tient 
pas  aïïez.  D'ailleurs  fa  théorie  eft 
fuivie  de  préceptes  de  pratiques  très- 
minutieufes  g  &  dont  la  plupart  n0 
pouvoient  guère  convenir  qu'à  luii 

tSCHOUDI  ,  (  Jean  -  Baptifte- 
Louis-Théodore ,  baron  de)  ancieit 
bailli  &  chef  de  la  noblefle  du  Pays 
Meifin^  chevalier  de  Saint-Louis  « 
mort  à  Paris  le  7  Mars  I784 ,  si 
beaucoup  écrit  fur  l'Hiftoire  natu- 
relle des  arbres  &  des  végétaux.  Il 
a  donné  fur  ce  fujet  divers  articles 
pour  l'Encyclopédie,  où  l'on  trouvé 
quelquefois  des  Obfervatîons  nou* 
velles  *,  mais  ils  font  défigurés  pai^ 
fon  fiyle  amphigourique  &  empha-^ 
tique.  L'auteur  fe  mêloit  de  poé- 
fie  ',  il  auroit  fort  bien  fait  de  gar<^ 
der  pour  fes  Odes ,  les  images  qu'il 
prodiguoit  dans  fa  profe. 

TUBALCaIN,  ûlsdeLamechlè 
Bigame ,  &  de  Sella  ^  fîjt  l'inventeur 
dé  l'art  de  battre  &  de  forger  le 
fer,  &  toutes  fortes  d'ouvrages 
d'airain.  On  pourroit  croire  que  le 
Vulcdln  dés  Païens  a  été  calqué 
fur  ce  patriarche. 

TUBERO  ,  (  Louis  )  abbé ,  rfe  U 
Dalmatie ,  e(V  connu  par  des  Corn- 
mcnuîrts  ou  Recueils  des  chofes  as* 
rivées  de  fon  temps  dans  la  Hon- 
grie ,  la  Turquie  &  les  pays  circon- 
voifins.  Cette  HiAoire  très-intéref- 
famé,  divifée  en  xl  livres,  conw 
mence  à  l'an  1490  ,  &  finit  à  l'an 
If  12.  Elle  eft  écrite  en  latin  d'un 
Ûyïe  net  '  &  coulant.  On  l'a  im- 
primée à  Francfort  en  1603^  mai» 
les  noms  propres  des  Hongrisis  y 
font  étrangement  défigurés.  Elle  eft 
inférée,  dans  le.  deuxième  valufiMy 


211         T  U  B,  T  U  L 

des  Scnptores  rerum  Hungancarum  de  Une  belle  copie  du  Êunenx  eroq 

Schwandaurus ,  Leipzig ,  1746 ,  avec  de  Laocoon» 

une  Préûce,  des  corrections,  des  1VQQKy{Plautms)^xrl  à'Hon, 

fommaires ,  &c. ,  par  Bellus,   Plu-  &  de   Virale  ,   culdva  la    podl 

fieurs  critiques  croient  que  le  nom  latine,  &*  revit  l'Enéide  avec  V\ 

de  Tubtro  eft  fuppofc ,  &  que  Tau-  nus ,  par  ordre  à'Augufle^ 

teurde  ces  Commentaires  s'eft  ca-  TUDESCHI  ,  (  Nicolas  )  pli 


'  ché  fous  ce  nom  pour  avoir  plus 
de  liberté  de  dire  fran^iement  le 
vrai. 
TUBERON,(2.^/«ii)Ro- 


connu  fous  le  nom  de  Panorm 

&  appelé    auffî  Nicolas  de  Slciâ 

VAtbé  de  PaUrme  ,  &  VAbbé  Pond 

mîiain  ,   étoit  de  Catane  en  Sicile 


■  main  fort  confidéré ,  &  qui  remplit    U  fe  rendit  û  habile  dans  le  Droj 

'  avec   diftin£iion  '  la  dignité   con-  canonique  ,    qu'il   fut  furnômfll 

'  fulaire.  Il  étoit  gendre  du  vaillant  Lucema  Juris,  Son  mérite  lui  vali 

Paul-EmlU  ;   mais  très  -  pauvre ,  l'abbaye   de   Sainte  -  Agathe  ,  d 

comme  tous  les  autres  Tubdrons.  Il  l'Ordre  de  Saint-Benoît ,  puis  l'ai 

y  en  eut  16  de  cette  famille  qlii  lo-  chevêche  de  Palerme.  U  aflifta  a 

gèrent  enfemble  avec  leurs  femmes  concile  de  Bâie  »  &  à  la  création  d 

&  leurs  enfans ,  dans  une  même  mai-  l'antipape  FeÛx  ,  qui  le  fit  cardinj 

fon  affez  petite  ,  &  n'ayant  entre  en  14^.0  ,  &  ion  légat  à  laureyt 

eux  qu'un  feul  bien  de  campagne  »  Allemagne.  Il  perfifla  quelque  temp 

fitué  dans  le  territoire  des  Veien-  dans  le  fchifme  -,  mais  y  ayant  n 

tins.  La  première  pièce  de  vaifTelIe  nonce j-il  fe  retira  à  Palerme,  e 

d'argent  qui    ait  jamais   été  entre  1443  •  &  y  mourut  en  1445.  ^ 

les  mains  d'un  Tubéron  ,   fut  une  a  de  lui  un  grand  nombre  d'Oo 

coupe  de  ce  métal ,  que  Paul-EmlU  yrages  ,  principalement  fur  le  Droi 

avoit  rapportée  du  butin  de  la  Ma-  canon,  dont  l'édition  la  plusic 

i^édoine ,  &  dont  il  Ht  préfent  à  fon  cherchée  eft  celle  de  Venife ,  e 

gendre ,  vers  l'an  î68  avant  J.  C  1617  ,  9  vol.  infol.  Son  flyle  à 

Au  refte,  il  paroît  que  rwA^ron  fai-  barbare  ,  &  fes  matériaux  font  dl 

foit  fort  peu  de  cis  de  ces  fortes  trop  grand  nombre  pour  être  bioL 

de  chofes ,  puifqu'il  refufa  d'accep-  digérés. 

ter  un  riche  préfent  en    vaifLlle  TUDOR,  Voyei  CatherikbJ 

d'arjgent,que  les  ambaffadeuis  d'E-  "°  T»f 
tolie  lui  offrirent.  Ceft  ce  même 
Tubéron  à  qui  fon  beau-pere,  Paul- 
Emile  y  remit  le  foin  de  garder  Fjr- 


Ilï. 


TUILLERIE,  TuiLLiER ,  Fayti 

Thu,  &c.  " 

^  TULDEN,roy.VAN.TuLDE!r.; 

fée,  roi  de  Macédoine,  qu'il  avoit        L  TULLIE,  fille  de  Ser^îus-TolJ 

TV-     i^„^„  //ttJ,fixieme  roi  des  Romains,  fut 

mariée  à  Tarquîn  le  Supzrbe ,  apiès 

avoir  donné  la  mort  à  fon  premier 

époux.  Tarquîn  ayant  voulu  monter 

fur  le  trône  de  Sirvms^TuUlus ,  elk 

confentit  au  meurtre  de  fon  père» 

l'an   533  avant  Jel'us- Chrift.  Dès 

qu'elle  eut  appris  l'exécution  d« 

ce  crime  «  elle  accourut  au  fénat , 

&  fut  la  première  qui  falua  (otk 

mari ,  roi.  Après  quoi ,  retournant 

à  fon  palais ,  lorfqu'eUe  fut  ju iiv4t 


vaincu /^y.  Chopin. 

T  U  B I ,  dit  le  Romain ,  (  Jcan- 
Baptille  )  fculpteur  ,  de  l'académie 
royale  de  Peinmre  &  de  Sculpture, 
mort  à  Paris  en  1700,  âgé  de  70 
ans ,  tient  un  rang,  diftingué  parmi 
les  excellens  artifles  qui  ont  paru 
fous  le  règne  de  Louîs  XIV,  On 
voit  de  lui ,  dans  les  Jardins  de 
Vei-fâiîles ,  une  Fiptre  repréfentant 
le  Poëme  Lyrique.  11  a  encore 
-çmbeUi  le  Jardin  de  Trianon,  par 


TU  L 

liant  de  la  nie  Cyprîeimâ  »  o& 
îus'-Tullîus  avoit  été  aiTafliné, 
fit  paffer  fon  char  par-defTus 

corps  tout  fanglant  de  fon  père, 
is  cette  aâion  déteilable,  la 

le  porta  le  nom  de  SUUratc.  Ce 
^'  oiibe  fiit  chafle  de  Rome  avec 
^^^  >n  mari ,  auprès  duquel  il  finit  fa 
^\  îteftable  vie. 

^fc;  n.  TULLIE,  (  TuUla  )  fille  de 
o;  !  scéroa  ,  fut  le  premier  fruit  de  fon 
'^^  triage  avec  Ttraiûa,  Son  père 
f^  fleva  avec  beaucoup  de  foin  -,  & 
*^  te  répondit  parfaitement  à  fon 
i^_  iucation.  £lle  fiit  mariée  trois 
f  i$  :  d'abord  à  Caius  Plfon ,  homme 
i  ^  im  grand  mérite  y  plein  d'efprit 
:0  d'éloquence ,  très-attaché  à  fon 
il'*  au-pere  :  puis  elle  épouCi  Furlus 
i^  tijfipcs  i  &  enfin  F ublUu- Cornélius 
^^  olabclla  ,  pendant  qaeCicérûn  étoit 
ij^  mvcmeur  de  Cilicic.  Ce  troiiieme 
^  jiriage  ne  fut  point  heureux  ;  & 
:J^  S  troubles  que  DolabeUa ,  homme 
c(|  rbuleot  &  difiSpateur,  dont  les 
[t  hûxts  étoient  fort  dérangées  ', 
i(^  Ecita  dans  Rome  ,  cauferent  de 
^  [ands  chagrins  à  Cîcéron  &  à  Tullle, 
^  ètte  femme  illuÔre  mourut  Tan  44 
;  ^   rant  Jefus-Chrifl.  Cîcéron ,  incon- 

lable  d  une  telle  perte ,  fit  éclater 
douleur  û  vive ,  que  les  malins 

x>ient  qu'il  y  avoit  eu  plus  que 
la  tendrefie  paternelle  entre  le 

e  â(  la  fille  ;  mais  cette  cenjec- 
odieufe  fut  re}etée  par  les 
de  bien.  C'eft  à  Toccafion  de 

mort  de  Tullîe,  que  Cîcéron  com- 

iâ  un  Traité,  De  Confolatlone ,  que 

us  n'avons  plus.  On  a  prétendu 
t  fous  le  pape  Paul  111 ,  on 

uva ,  dans  la  Voie  Appienne , 
ancien  tombeau  ,  avec  cette 

fcciption  :  Tullîolce  filîa  mcn.  Il  y 
i^tvoit ,  dit-on ,  un  corps  de  femme , 
f  fui  ,  au  premier  fouffle  d'air  ,  fut 
i  réduit  en  poufilere,  avec  une  lampe 
\-  encore  allumée ,  qui  s'éteignit  à 
i  l'ouverture  du  tombeau,  après  avoir 
[  fctûlc  près  de  1500  ans  \  mais  c'eft 


I 


'  T  U  R        lîV 

un  conte  ridicule.  Voye^en  la  Réfu- 
tation dans  l'ouvrage  d*OHave  Fer^ 
rarl ,  intitulé  :  De  Lucernîs  /epul^ 
chra/ibus, 

TULLÎUS  -  SERVIUS  ,   Voyei 
Servius-Tullius. 

TULLIUS ,  furnommé  Cîmher  , 
fils  d'un  ai&andii ,  fut  chafTé  du 
fénat  par  Cé/ar^  parce  qu'il  avoit 
fuivi  le  parti  de  Pompée,  Mais 
ayant  obtenu  fa  grâce»  après  la 
bataille  de  Pharfale  ,  il  fut  du  nom- 
bre des  aûJiffins  du  prince  qui  la  lui 
avoit  accordée.  Après  la  mort  de 
Cé/ar  y  Brxatis  &  Cajpus  l'envoyè- 
rent en  Bithynie  pour  équiper  une 
fiotte;  il  étoit  alors  tribun  du  peu- ^ 
pie.  Ce  TuWus  étoit  le  plus  fameux 
ivrogne  de  fon  temps ,  &  ce  n'étoit 
pas  fon  feul  vice. 

TULLUS  -  HOSTILIUS  ,  troi- 
fieme  roi  des  Romains ,  fuccéda  à 
Numa  PomplUus  ^  l'an  671  avant 
Jefus-Chriil,  Ce  prince  guerrier  fit 
ouvrir  le  temple  de  Janus ,  fit  mar- 
cher devant  lui  des  gardes  qui  por- 
toient  des  faifceaux  de  verges ,  & 
tâcha  d'infpirer  à  fes  peuples,  du 
refpeû  pour  la  majefté  royale.  Les 
habitans  d'Albe  fiirent  les  premiers 
qui  reffentirent  Teffort  de  fes  ar- 
mes. Après  le  combat  des  Horaces 
&  des  Curlaees ,  il  fit  rafer  la  ville 
d'Albe ,  &  entranfporta  les  rîchefies 
^  les  habitans  dans  celle  de  Rome. 
Enfuite  il  fit  la  guerre  aux  Latins  , 
'&  à  d'autres  ptuples ,  qu'il  défit  en 
diverfcs  rencontres ,  &  dont  il 
triompha.  Il  périt  avec  toute  fa  fa- 
mille ,  d'une  manière  tragique,  Tan 
640  avant  JefusChrift.  Quelques 
hiftorienf  prétendent  qu'ayant  tenté 
une  opération  magique  ,  dans  la- 
quelle il  n'obferva  pas  les  cérémo- 
nies néceffaires ,  le  ciel  irrité  lança 
la  foudre  fur  lui  &  fur  fa  maifon. 
D'autres  ,  avec  plus  de  vraifem- 
blance, rejettent  le  foupçon  de  fa 
mort  fur  Ancus  -  Martîus  ,  petit-'fils 
de  Numa ,  qui  fut  fon  fuccefleur  au 
O  iij 


^14        T  U  R 

irône.  Selon  eux ,  le  coup  de  Foudre 
pe fut  qu'un  incendie,  procuré  par 
Ancus  ,  qui  efpéroit  faire  tomber 
l'éleûion  fur  lui ,  fi  Tulbis  mouroit 
iDins  poflérité*,  ce  qui  arriva  en  effet.. 
Voy«\  Met I US. 

TURCHT ,  Voy.  IL  V^RONESE. 

TURENN]E,  (  Jean  le  Meingre,- 
vicomte  de  )  Voy^i  Boucicaut. 

TURENNE,  (  Henri  r^  la  To^/r, 
vicomte  de)  maréchal-général  des 
camps  &  armées  du  roi ,  colonel- 
général  de  la  cavalerie  légère',  étoit 
lîecond  fils  de  Henri  de  la  Tour  é^At^ 
fcrgne ,  duc  de  Bouillon ,  &  à'Ellfa* 
feth  ic  Naffju^  fille  de  Guillaume  I 
4t  Najfau  y  prince  d'Orange.  Il  nar 
quit  à  Sedan ,  te  1 1  Septembre  1611. 
La  nature  &  l'éducation  concouru- 
rent également  à  former  ce  grand 
homme.  Ayant,  dès  l'âge  de  dix  ans, 
icntendu  répéter  plufieurs  fois  que 
la  confiitution  étoit  nrop  foible 
^our  qu'il  pût  jamais  foutenir  les 
travaux  de  la  guerre  ,  il  fe  déter- 
^na ,  pour  i^ire  tomber  cette 
opinion ,  à  pafler  une  nuit  d'hiver 
fur  le  rempart  de  Sedan.  Comme  il 
n'admit  perfonne  dans  fa  confi- 
dence, on  le  chercha  long-temps 
inutil' ment .  ;  on  le  trouva  enfin 
fur  1  aâEûf  d'un  canon ,  où  il  s'étoit 
endormi.  Son  goût  pour  les  armes 
augmenta  par  l'étude  de  la  vie  des 
grands  capitaines.  Il  étoit  fur-tout 
^appé  de  Théroifine  à* Alexandre  , 
&  îifoit  avec  tranfport  Quinte- Curçe, 
On  l'envoya  apprendre  le  métier  de 
}a  guerre  »  fous  le  prince  Maurice  de 
Najfau  ,  fon  oncle  maternel ,  un 
fdes  plus  grands  généraux  de  Ton 
fiecle.  Après  s'être  formé  dans 
^ette  école ,  il  fiitmis  à  la  tête  d'un 
régiment  François,avec  lequel  il  fer- 
vit ,  en  1 634  ,  au  fiége  de  la  Motte. 
Cette  ville  de  Lorraine  fut  vail- 
lamment &  favamment  défendue. 
f^c  maréchal  de  la  Force ,  qui  com- 
pandoit  les  ailîégeans ,  fit  attaquer 
Wî  ^^^^  %^l  devoit  dçcidçr  du 


T  UR 

fort  de  la  place.  Tonniens ,  fon  AU^ 
chargé  de  cette  opération ,  échofur, 
Turenne^  nommé  pour  le  remplacer, 
réu^t  par  des  coups  de  génie  qui 
étonnèrent  tout  le  monde.  La  Force 
eut  la  probité  de  rendre  à  la  cour 
un  compte  exaâ  de  tout  ce  qui 
s'étoit  pafTé  :  aétion  difficile  8ç 
généreufe,  donr  Turennelvâ,  fut  tant 
de  gré,  que  pour  cette  ndfon  il 
époufa  dans  la  fuite  fa  fille.  Ce  goûf 
pour  la  vertu  fe  manifeftoit  dan^ 
toutes  les  oçcafions.  Le  vicomte^ 
chargé  en  1637  ,  de  réduire  le  châ- 
teau de  Solre,  dans  le  Hainaut ,  l'atta- 
qua fi  vivement,  qu'en  peu  d'heuref 
il  réduifit  une  garnifon  de  2000 
hommes  à  fe  rendre  à  difcrétion. 
Les  «premiers  foldats  qui  entrèrent 
dans  la  place ,  y  ayant  trouvé  unç 
très-belle  perfonne,  la  lui  amené? 
rent ,  comme  la  plus  précieufe  por? 
tion  du  butin.  Turenne  ^  feignant 
de  croire  qu'ils  n'avoient  cherché 
qu'à  la  dérober  à  la  brutalité  do 
leurs  compagnons,  les  loua  beau- 
coup d'une  conduite  fi  honnête.  U 
fit  tout  de  fuite  chercher  Ion  mari  « 
^  la  remit  entre  fes  mains ,  en  lu} 
difant  publiquement  :  Fous  deve^  4 
la  retenue  de  mes  foldats^  l^ honneur  dt 
votre  femme.  L'année  fuivante,  163S, 
il  prit  Brifach ,  &  mérita  que  1$ 
cardinal  de  Richelieu  lui  olErit  une 
de  fes  nièces  en  mariage  ;  mais 
Turenne ,  né  au  fein  du  Calvinzfine  • 
pe  voulut  pas  l'accepter.  Envoya 
en  Italie  ,  l'an  1639 ,  il  fit  lever  le 
fiége  de  Cafal ,  6t  fervit  beaucoup 
à  celui  de  Turin ,  que  le  maréchal 
iTHarcourt  entreprit  par  fon  confeil^ 
Turenne  défit  les  ennemis  à  Mootf 
calier ,  tandis  qu'on  prefibit  la  ville 
afiiégéej  mais  une  blefiTure  qu'il 
reçut ,  penfa  fitire  manquer  l'entre? 
prife.  Il  ne  fe  fignala  pas  moin^ 
à  la  conquête  du  Rouffillon  ei| 
1642-,  &  en  Italie  en  1643.  |1  avoif 
été  fait  maréchal  de  camp  i 23  ans. 
Çl  il  obdnt  le  bâton  4ç  fPIT^Ç!^ 


TUR 

ée  France  a  32  ^  en  1644 ,  après 
avoir   fervi    dix  -  fept    ans    (bus 
difSerens  généraux.   Ce  ûit  alors 
qu'on  lui  confia  le  commandement 
de  l'année  d'Allemagne  «  ({ui  man- 
^loit  de  chevaux  &  d'habits  .*  il  la 
mit  en  état  à  fes  dépens.  Il  paiTa 
k  Rhin  avec  7000  hommes,  défit  le 
frère  dn  général  Merci ,  &  féconda 
le  duc  if£nghicn ,  depuis  le  Grand 
Condé,  Il  eut  le  malheur  d'être  battu 
au  combat  de  Mariendal ,  Tan  1645  ^ 
mais  il  eut  fa  revanche  à  la  bataille 
de  Nortlingue  ,  trois  mois  après. 
Ce  fut  cette  même  année  qu'il  réta- 
blit l'éleâeur  de  Trêves  dans  fes 
états  ;  Tannée  fuivante  il  fît  la  fa- 
meufe  jonâidn  de  l'armée  de  Fr^ce 
avec  l'armée  Suédoife ,  commandée 
par  le  général  JTrangel ,  après  une 
marche  de  140  lieues ,  &  obligea  le 
duc  de  Bavière  à  demander  la  paix. 
Lorfque  ce  prince  eut  rompu  le 
traité  qu'il  avoit  fait  avec  la  France, 
le  vicomte  de  Tureane  gagna  contre 
lui  la  bataille  de  Ziimarthaufen ,  & 
le  chafla  entièrement  de  fes  états , 
en  1648.    La  guerre  civile  com- 
mença à  éclater  alors  en  France* 
Le  duc  de  Bouillon  l'engagea  dans 
le  parti  du  parlement  -,  mais ,  las 
de  combattre  contre  fon  roi,  il 
paiTa  en  Hollande ,  d'où  il  revint 
en  France ,  dans  le  defTein  de  fervir 
la  cour.  Maiarm  lui  ayant  refufé 
le  commandement  de  l'armée  d'Al- 
lemagne »  il  fe  tourna  du  côté  des 
princes ,  &  fut  fur  le  pohit  de  les 
tirer  de  leur  prifon  de  Vincennes, 
On  ]uioppo(a  le  maréchal  du  PUJJis- 
PraJUn ,  qui  le  battit  en  1650,  près 
deRhetel.  Le  maréchal  d*  Turenne^ 
interrogé  long  -  temps  après ,  par 
un  homme   également  borné    & 
indifcret ,  comment  il  avoit  perdu 
cette  bataille  ?  répondit  amplement: 
P^r  ma  faute.  Mais  quand  un  homme 
n'a  pas  fait  de  fautes  à  la  pierre , 
H  ne  ta  pat  j^te  long  -  temps.  , , , ,    , 

TmnMy  quoique  vaincu  à  Rhjetel , 


T  U  R        2ï5 

paroifToît  fi  grand  aux  Efpagnol^ 
qu'ils  lui  donnèrent  pouvoir   de 
nommer  à  tous  les  emplois  qui 
vaquoient  à  la  mort  des  officiers 
tués  dans  le  combat ,  &  lui  en- 
voyèrent cent  mille  écus  à  compte 
4e  ce  qu'ils  lui  avoient  promis. 
Mais  cet  homme ,  vertueux  jufque 
dans  fes  égaremens,  averti  qu'on 
travailloit  efficacement  à  la  liberté 
des  Princes ,  renvoya  les  cent  mille 
écus  ,  ne  croyant  pas  devoir  pren- 
dre l'argent  d'une  puifTance  avec 
laquelle  il  voit  que  fon  engagement 
va  finir.  U  fît  effedivement  fi  paix 
avec  la  cour  en   165 1.   Devenu 
général  de  l'armée  royale ,  il  em- 
pêcha les  troupes  de  Condé  de  pafTer 
la  Loire  fur  le  pont  de  Gergcau, 
Le  maréchal  dHocqulncoun ,  avec 
qui  il  conunandoit,  ayant  laiilé 
enlever  fes  quartiers  à  Gien,  quoi-r 
qu'il  l'eût  averti  du  danger   qu'il 
couroit  de  les    laifTer   éloignés  » 
on  voulut  parler  de  ce  confeil  dans 
la  relation  de  cette  journée-,  mais 
Turtnne  s'y  oppofa ,  en  difant  qu'u/t 
homme  aujfi  affligé  que  le  Maréchal , 
d&voît  avoir  au  moins  la  liberté  de  /« 
plaindre»   Le  vainqueur  pourfuivit 
enfuite  le  prince  de  Condé  jufqu'aa 
faubourg   Saint  •  Antoine  y   où  il 
lattaqua ,  &  il  alloit  le  fuivre  juf- 
que   dans   Parts  ,    fi  MadcmoîfelU 
n'eût  fait  tirer  fur  l'armée  du  roi^ 
le  canon  de  la  BaftiUe^  qui  l'obligea 
de  faire  retraite.  Le  prince  de  Condé 
tenta  d'enfermer  l'armée  royale  à 
Villeneuve-Saint-Georges ,  entre  la 
Seine  &  la  Marne-,  mais  Turennc 
fut  lui  échaper.  L'année  1654,  il 
fit  lever  le  fiége  d'Arras  aux  Espa- 
gnols ,  prit  Condé ,  Saint-Guillain  , 
&  plufieurs  autres  places  en  165  5^ 
L'année  fuivante  il  fit  une  retraite 
Honorable  au  fiége  deValenciennes; 
il  fe  rendit  maître  enfuite  de  la^ 
Capelle.  La  prife  de  Saint- Venant 
&  du  fort  de  Mardicfc ,  fure.-t  fes 
exploits  de  Ton  16  5  7,  avec  CromwtU^ 

,     O  iv 


ii6       T  U  R 

proteâeur  de  l'Angleterre.  Turauit 
fm  chargé  d'entreprendre ,  avec  les 
troupes  des  deux  nations,  le  fiége 
de  Dunkerque.  Les  Efpaggols  furent 
entièrement  défaits  aux  Dunes,  & 
cette  viûoire  fut  fuivie  de  la  prife 
de  Dunkerque.  Après  une  aûion  fi 
glorieuTe ,  Turenne  écrit  amplement 
à  fa  fiemme  :  Les  ennemu  font  venus  à 
nous  ;  Us  ont  été  battus  :  Dieu  en  foît 
loué!  Toi  un  peufadpU  toute  la  jour- 
née ;  je  vous  donne  le  bon  foir ,  &  je 
vais  me  eoueher.  La  viâoires  des 
Dunes  &  la  prife  de  Dunkerque 
curent  un  fi  grand  édat  «  que  Ma- 
^ann ,  premier  minifire  de  France , 
voulut  que  le  vainqueur  écrivît  une 
Lettre  pour  lui  en  attribuer  toute 
la  glpire.  Le  vicomte  re&fa  ,  en 
répondant  qu*/7  lui  étoU  Impojphle 
Hautanfer.une  fauffeti  par  fa  fignature. 
La  prife  des  villes  d'Oudenarde , 
d'Ypres ,  &  de  prefque  tont  le  refie 
de  la  Flandre,  furent  la  fuite  des 
vîâoires  de  Turenne  -,  Se  ce  qui  eft 
encore  plus  avantageux  /elles  pro» 
curerem ,  en  1659 ,  la  paix  dqs 
Pyrénées  entre  TEfpagne  &  la 
France.  Les  deux  rois  de  ces  gran- 
des monarchies  le  virent  dans  l'ifle 
des  Faifans ,  6c  fe  préfenterent  mu- 
tuellement les  gens  confidérable» 
de  leur  cour.  Comme  Turenne ,  tou- 
jours modefle ,  ne  fe  montroit  pas 
<c  étoit  confondu  dans  la  foule, 
Philippe  demanda  à  le  voir.  Il  le 
regarda  avec  attention ,  &  fe  tour- 
nant vers  Anne  SAutriÂe ,  fa  (beur  : 
Voilà  ,  lui  dit-il ,  un  homme  qui  m*a 
fait  pajfer  bien  de  mauvaifes  nuits  ! 
La  guerre  s'étant  renouvelée  en 
1667,  le  roi  fe  fervit  de  lui  par 
préférence  à  tout  autre  ,  pour 
faire  fon  apprentifiage  de  l'art  mi- 
litaire. Il  l'avoit  honoré  du  titre 
de  maréchal  général  de  fes  armées  ; 
Turenne  en  parut  digne  par  de  noii-^ 
veaux  Atccès.  11  prit  tant  de  pla- 
ces en  Flandres ,  que  les  Efpagnols 
furent  obligés,  l'année  fuivante,  de 


TU  R 

ééfûSaAits  la  paix.  Ce  fut  alors  qu^ 
fit  abjuration  du  Calvinifme ,  pfitt 
par  conviûlon  que  par  intérêt  :  car 
on  n'avoit  jamais  pu  le  lui  (aire 
abandonner  auparavant ,  même  en 
lui  £iifant  entrevoir  la  charge  de 
Connétable.  Lcuis  XÎV  ayant  ré- 
folu  la  guerre  en  Hollande,  lui 
confia  le  commandement  de  fes  ar- 
mées. On  prit  40  villes  fur  les  Hol- 
landois  en  12  jours,  en  1671.  L'anr 
née  fuivante  il  pourfuivit  jufque 
dans  Berlin ,  Téle^eur  de  Brande- 
bourg ,  qui  étoit  venu  au  fecours 
des  Hollandois  -,  &  ce  prince,  quoi- 
que vaincu,  n'en  prit  pas  moins 
d'intérêt  à  fon  vainqueur.  Inftruit 
qu*un  fcélérat  étoit  pafié  dans  le 
camp  de  Turenne  à  deÛbin  de  Tem- 
poifonner,  il  lui  en  donna  avis. 
On  reconnut  ce  miférable,  que  le 
vicomte  fe  contenta  de  chafler  de 
fon  armée.  Ce  ne  fut  pas  le  feul 
exemple  de  générofité  qu'il 'donna. 
Un  officier  général  lui  propofà  un- 
gain  de  400,000  francs,  dont  la  cour 
ne  pouvoit  rien  favoir  ;  h  vous 
fuis  fort  obligé ,  répondit-il.  Mair 
comme  j'ai  fouvent  trouvé  de  ces  oc» 
cafions  ,  fans  en  avoir  profité  ^  je  ne 
crois  pas  devoir  changer  de  conduite 
a  mon  âge,  A  peu  près  dans  le  même 
temps  une  ville  fort  confidérable 
lui  offrit  100  mille  écus ,  pour  qu'il 
ne  pafîat  point  fur  fon  territoire* 
Comme  votre  Ville  ,  dit-il  aux  dé* 
pûtes  ,  n'efi  point  fur  la  route  oàj'aî 
réfoùi  de  faire  marcher  P Armée ,  je 
ne  pms  pas  en  confcitnce  prendre  Par- 
gent  que  vous  m*cjfre[,..  Après  que 
Turenne  eut  forcé  Téleâeurde  Bran- 
debourg à  demander  la  paix ,  il 
fdvorifa  en  1674  l^  conquête  dels 
Franche-Comté  ,  &  empêcha  les 
Suifles ,  par  le  bruit  de  fon  feul 
nom ,  de  donner  paffage  aux  Au- 
trichîens.  La  conquête  de  la  Franche- 
Comté  par  Louis  XIV ^  &  fes  au- 
tres fuccès ,  furent  Toccafîon  d'une 
Ligue  redoutable  contre  ce   mc^ 


TUR 

teq[ue  dans  l'Empire.  Pour  pré- 
venir la  réunion  de  tant  de  forces 
difperfées  ,  Tuntme  ,  qui  ctoit  en 
Alface,  p^a  le  Rhin  à  la  tête  de 
dix  mille  hommes  ,  fît  30  lieues 
en  4  jours',  attaqua  à  Seinsheim , 
petite  ville  du  Palatinat ,  les  Alle- 
mands commandés  par  le  duc  de 
Lorraine  &  par  Caprara ,  les  battit , 
&  les  poùiTa  tufqu'au-delà  du  Mein. 
Après  l'aôion ,  on  s'affembla  au- 
tour de  lui  pour  le  féliciter  d'une 
viûoirc  qui  étoit  vifiblement  le 
fruit  de  fes  favantes  manœuvres. 
Avec  des  gens  comme  vous ,  Mejjieursy 
on  doit ,  leur  répondit-il ,  attaquer 
hardiment ,  parce  quon  eft  sur  de 
vaincre,,.  Quoique  Turenne  fût  dans 
Tu&ge  devifiter  fouventfon  camp, 
fa  vigilance  redoubloit  lorfqae  les 
foins  devenoient  plus  néceiTaires. 
Durant  l'expédition  rapide  dont 
nous  parlons ,  il  s'approche  un  jour 
d'une  tente  où  pluficurs  jeunes  fol- 
dats ,  qui  mangeoient  enfemble ,  fe 
plaîgnoient  de  la  pénible  6c  inutile 
inarche  qu'ils  venoient  de  taire.  Vous 
ne  connoîffe^  pas  notre  père ,  leur  dit 
un  vieux  grenadier  \  tout  criblé 
de  coups  \  il  ne  nous  aurolt  pas  ex- 
pofés  à  tant  de  fatigues  ,  s'tl  n'avoît 
pas  de  grandes  vues  que  nous  ne /au- 
rions pénétrer  encore.  Ce  difcours  fit 
cefier  toutes  les  plaintes ,  &  on  fe 
mit  à  boire  à  la  fanté  du  général. 
Ttatnne  avoua  depuis ,  qu'il  n'avoit 
Jamais  fenti  de  plaiiir  plus  vif... 
Les  âtigues  inféparables  d'une  û, 
rude  guerre  cauferent  de  grandes 
maladies  dans  l'armée  Françoife. 
On  voyoit  par-tout  Turenne  tenant 
aux  foldats  des  difcours  paternels, 
tu  toujours  la  bourfe  à  la  main. 
Lorfque  l'argent,  étoit  fini ,  il  em- 
pruntoit  du  premier  officier  qu^il 
rencontroit ,  &  le  renvoyoit  à  fon 
intendant  pour  être  payé.  Celui-ci , 
^i  foupçonnoit  qu'on  exigeoit 
quelquefois  plus  qu'on  n'avoit 
prêté  à  fon  maître  »  lui  inûnua  de 


TUR        air 

dontïèr  à  l'avenir  des  billets  de  ce 
qu'il  empruntoit.  Non ,  nmi ,  dit  le 
Vicomte  I  donne\  tout  ce  qu'on  vous 
demandera.  Il  n'efi  pas  pojjtble  qu*utt 
Officier  aîlU  vous  demander  unefommt 
qu'il  na  point  prêtée ,  à  moins  quil 
ne  f oit  dans  un  extrême  hefoin  ;  d» 
dans  ce  cas ,  //  efi  jufie  d^  l^ajjifier,.» 
Les  Allemands  ayant  reçu  des  ren« 
forts  très-coniîdérables  après  l«ur 
défaite  de  Sinsheim  ,  pafTerent  \t 
Rhin  &  prirent  des  quartiers  d'hi- 
ver en  Alface.  Turenne ,  qui  s^étoit 
retiré  en  Lorraine ,  rentra  au  mois 
de  Décembre  par  les  Vofges  ,  dans 
la  province  qu'il  feignoit  d'aban- 
donner ,  battit  les  Impériaux  à  Mul- 
haufen,  les  défit  encore  mieux  à 
Turkem  quelques  jours  après  ;  & 
les  força  de  repaiTer  le  Rhin  le  6 
Janvier  1675.  Un  événement  fi  peu 
attendu  étonna  l'Europe.  La  fur- 
prife  fit  place  à  l'admiration  ,  lorf- 
qu'on  fut  que  tout  ce  qui  étoit  ar- 
rivé ,  avoit  été  prémédité  deux  mois 
auparavant ,  &  qu'il  avoit  tout  fait . 
malgré  la  cour  &  les  ordres  réité- 
rés de  Louvois ,  animé  d'une  baffe 
jaloufie  contre  le  héros  qui  faifoit 
triompher  la  France.  Le  confeil  de 
Vienne  lui  oppbfa  un  rival  digne 
de  lui ,  Montccuculi,  Les  deux  gé- 
néraux étoient  près  d'en  venir  aux 
mains,  &  de  commettre  leur  ré- 
putation au  fort  d'une  bataille  au- 
près du  village  de  Saltzbach ,  lorf- 
que Turenne  ,  en  allant  choifir  une 
place  pour  dreffer  une  batterie  , 
fut  tué  d'un  coup  de  canon ,  le  27 
Juillet  1675 ,  764  ans.  On  fait  les 
honneurs  que  le  roi  fit  rendre  à 
fa  mémoire.  II  fut  enterré  à  Saint- 
Denys ,  comme  le  connétable  du 
Guejdin ,  au-deffus  duquel  la  voix 
publique  l'élevé  ,  autant  que  le 
îîccïe  de  Turenne  eft  fupérieur  au 
fiecle  du  connétable.  (  Voy.  GuEs- 
CLiN.  )  Parmi  le  grand  nombre 
d'Epitaphes  qu'on  deftina  à  orner  fa 
tombe ,  on  ne  fe  fouvient  guère 


ai8        TUR 

4que  de  oetle-â  ,  où  la  fimpHôté  8c 
la  vérité  Te  donnent  la  main  pour 
feonorer  le  héros  : 

TURSHNE  a  fon  tomitau  parmi 
ceux  de  nos  Rois  : 

MlohtUt  ut  hoiuuur  parfis  famai» 

€XploiU, 

hovis  voulut  ainfi  eottronner  fa 
vaiUancà  , 

Afn  d'apprmdn  au*  fitcUs  à 
venir 

Çu*U  ne  met  point  Ht  différence 

Emre  porter  Ufieptrc  &  le  bien  fotf 
tenir, 

Ct  héros  n'avoît  f»s  toujours  eu 
(des  fttccès  i  la  guerre  -,  il  avoit 
été  hatm  à  Mariendal  ,  à  Rhetel , 
à  CambraL  II  ne  fit  jamais  de  con- 
ifuêtes  éclatantes  ,  &  ne  donna 
point  de  ces  grandes  batailles  ran- 
gées, dont  la  dédûon  rend  une 
jiation  maitrefle  de  l'autre.  Mais , 
ayant  toujours  réparé  fes  défaites , 
&  fait  beaucoup  avec  peu ,  il  paflk 
pour  le  plus  habile  capitaine  de 
TEurope,  dans  un  temps  où  l'art  de 
la  guerre  étoit  plus  approfondi  que 
jamais.  De  même  ,  quoiqu'on  lui 
eût  reproché  fa  défeâion  dans  les 
guerres  de  la  Fronde-,  quoiqu'à 
f  âge  de  près  de  60  ans ,  l'amour 
jui  eût  Eut  révéler  le  iecret  de 
l'Ecat't  quoiqu'il  eût  exercé  dans 
le  Palatinat  des  cruautés  qui  ne 
fembloient  pas  nécefiaires ,  il  con« 
ferva  la  réputation  d'un  homme 
de  bien  ,  fage  &  modéré.  Ses 
vertus  &  its  grands  talens,  qui 
n'étoient  qu'à  lui ,  firent  oublier  des 
loiblefies  &  des  fautes  qui  lui 
étoientcommunes  avec  tant  d'autres 
hommes.  Si  on  pouvoitle  comparer 
jB  quelqu'un,  on  oferoit  dire  que  , 
de  tous  les  généraux  des  fiedes 
pafies  »  Goniapte  de  Cordoue  ,  fur- 
pommé  le  Grand  Capitaine  ,  eft 
celui  auquel  il  reflfembloit  davau- 


TUR 

tage.   On  va   recueillir  quelqnef^ 
Êdts  propres  à  achever  de  peindre 
les  mœurs  militaires   de   Turenne, 
Quoiqu'il  ae  fut  pas  riche,  il  étoit 
né  généreux.    Voyant    plufieurs 
régimens  fort  délabrés  ,  &  s'étant 
fecrétement  afiuré  que  le  défordre 
venoit  de  la  pauvreté  &  non  de 
la  négligence  des  capitaines ,  il  leur 
difiribua    les   Tommes   nécefiaires 
pour   l'entier    rétablifiement    des 
corps.  Il  ajoma  à  ce  bienfait  Pat- 
lention  délicate  de  laifier   croir« 
qu'il  venoit  du  roi...  Un  officier 
étoit  au  défefpoir  d'avoir  perdu , 
dans  un  combat ,  deux  chevaux  , 
que  la  fituation  de  fes  affaires  ne 
lui  pcrmettoit  pas  de  remplacer» 
Turenne  lui  en    donna    deux    des 
fiens ,  en  lui  recommandant  forte- 
ment de  n'en  rien  dire  à  perfonne. 
D'autres^  lui  dit-il ,  viendraient  m'en 
detnander  ,  &  je  ne  fuis  pas  en  état 
^en   donner   à  tout  le  monde*    Cet 
homme    modefte   vouloit   cacher 
fous  un  air  d'économie ,  le  mérita 
d'une  bonne  aâion...  Condd ,  avertt 
cpi'on  étoit  mécontent  de  la  bou« 
chérie  horrible  de  Sénef  :  Bon  » 
dit-il ,  e'efi  tout  au  plus  une  nuit  de 
Paris,,.  Turenne  penfoit  avec  plus 
'd'humanité ,  quand  il  difoit  »  qu'il 
**  falloit  30  ans  pour  faire  un  fol* 
»  dat  «.  Selon  lui ,  une  Armée  qui pafi 
fait  fo  mille  hommes  étoit  incommoda 
au  Général  qui  la  c'ommandoît  &  aux 
foldats  qui  la  eompofoient.,,  Turenne 
étoit   parvenu   à  être    le  maître 
abfolu  de  fes  plans  de  campagne* 
Louis  XIV  dit  à  un  officier  gêné- 
rai,  qui  alloit  joindre  l'armée  en 
Alface  :  Dites  à  M,  de  Turenne  • 
que  je  f  crois   eharmé  Rapprendre   un 
peu  plus  fouvent  de  fes  nouvelles,  ^ 
que  je  le  prie  de  rninflnàre  de  ce  quit 
aura  fait.  Ce  n'efi  qu'avec  ce  pou* 
voir  fans  bornes  qu'oh  peut  faire 
*de  grandes  chofes  à  la  guerre.  Le 
Grand  Condê  demandoit  un  jour  à 
Turenne  ,  quelle  conduite  il  VOU; 


TUR 

ilrolt  tenir  dans  la  guerre  de  flan- 
4res  ?  Faire  peu  if  fiigu  ,  répondit 
(Cet  illuftre  général ,  O  donner  U^U" 
£oup  de  combats,  Qjumd  vous  aure\^ 
rendu   votre  ArpUe  fupérUure  à  celle 
des  ennemis  par  le  nombre  &  pjor  la 
honte  des  troupes  ;  quand  vous  ferei 
maître  de  la  Campagne  ,  les  Villages 
nms  vaudront   des  places.  Mais  on 
put  fon  honneur  à  prendre  une  VîlU 
iorUyhîen  plus  quà  chercher  le  moyen 
4e  conquérir  aifément  une  Province.  SI 
le  Roi  d'E/pagne  avo'u  mis  en  troupes 
4ce  qulla  dépenfé  en  hommes  &  en  argent 
pour  fiùre  des  fiéges  &  fortifier  des 
places  »  il  ferait  le  plus  confidérable  de 
sous  les  Rçisn  Quant  à  l'extérieur  « 
Turentie  étoit  un  homme  entre  deux 
tailles ,  large  d'épaules  &  les  hauf* 
lant  de  temps  en  temps  ;  ayant  les 
iourcils  gros^Ôc  aiïemblés  ,  ce  qui 
lui  donnoit  une  phyiionomie  rude  ; 
n'ayant  rien  de  grand  dans  T^ir  , 
^oiqu'il  eût  Tame  grande.  Il  étoit 
snodefte  en  habits,  &  le  paroifloit 
même   en  expreifions  ,    quoique 
l'amour-propre  perçât  quelquefois  à 
travers  cette  modeftie.  Il  aimoit  les 
bons  mots  &  s'y  connoiffoit.  Il  étoit 
naturellement  gai  -,  il  avoit  lu  les 
Poètes  latins  ôc  françois.  Cepeni- 
dant  fa  converfationn'étoît  pas.bril- 
lante  *,  il  parloit  peu ,  &  n'écrivoit 
|)as  bien.  Nous  avons  fa  Vie  pap 
^AMSAY  :  (  Voyei  l'article  de  cet 
écrivain  &  ceux  de  Covrtilz  & 
deMARSOLLiER.)  M,  le  Cardinal 
de  Rohan ,  prince-évêqt|e  de  Stras- 
bourg ,  a  fi^nalé  fon  admiration 
pour  Twenne ,  en  ùifant  élever  en 
17$ I  ,  à   fa  gloire  ,   un  fuperbe 
Trophée   à  Saltzbach,  à  l'endroit 
même  où  le  héros  a  été  tué  ;  il 
eft  au  milieu  d'un  efpace  planté  de 
lauriers ,  &  environné  d'une  grille 
de  fer.  Un  invalide  du  régiment  de 
Turenne ,  fera  entretenu  à  perpé- 
^ité    à  Saltzbach  pour  faire  voir 
f.è  monument  aux  étrangers.   M. 
faJbW^  d'Symàr  f  yiçmc-^é^^l  dç 


t  U  R         11^ 

^ttajfbourg  ,  le  célébra  ^ans  cet 
quanae  Vers  : 

Tu  RENNE  enféveÛdansle  tomlem 

des  Rois , 
Du  Roi  qui  ty  plaç^  fait  ehérîr.'ùf 

mémoire  j 
Mais  dans  ce  monument  on  célthr$ 

à  la  fois 
Turenne,  fes  vertus^  fon  trépas  ^ 

JfL  ^oire^ 

TURGOT  ,  (  Michel-Etienne  ) 
aé  à  Paris  en  1699 ,  mort  dans  I9 
retraite  en  17  51,  paiTa  de  la  place 
de  préfident  au  parlement,  à  celle 
de  prévôt  des  marchands  ,  &  fut 
fait  confeiller  d'état»  puis  préfi* 
dent  du  grand<onfeil.  Les  égouts 
immenfes  qui  entourent  tout  uit 
côté  de  Paris  &  le  débarraflent 
d'immondices  peftilentielles  ,  8c 
la  fontaine  de  Grenelle  ,  font 
Içs  monumens  dé  l'adminiftratioQ 
du  préfident  Turgot,  Son  zèle  vi-* 
niant  &  aéBf  fîit  très  -  utile  aux 
Parîiiens ,  qui  lui  ayant  dû  l'aboir- 
dance  dans  les  temps  les  plus  diffi- 
ciles ,  ne  prononcent  fbn  non^ 
qu'avec  vénération.  11  laiffa  troi$ 
fils  f  dont  le  plus  jeune  (  Anne-» 
Robert- Jacques  )  ci -devant  contrô- 
leur général  des  finances  fous 
Loms  XVI  ^  né  à  Paris  le  10  Mal 
1727  ,  eft  mort  le  18  Mars  1781. 
Il  avoit  été  pendant  12  ans  înten-^ 
dant  de  Limoges.  On  n'oubliera 
jamais  dans  cette  province  l'èfprit 
d'équité  6c  de  bien&ifance  avec 
lequel  il  Ta  adminifirée.  Pendant 
une  longue  &  cruelle  difette  ,  il 
répandit  des  aumônes  abondantes. 
Les  denrées  de  première  néceflîté 
manquoient;  il  fe  donna  des  foins 
infatigables  pour  les  procurer.  Le 
Limouûn  éprouvoit  une  furcharge 
énorme  dans  fes  impofitions  ,  pat 
une  erreur  de  calcul ,  qu'un  long 
ufage  avoit  confacrée;  il  parvint 
à  éclairer  le  minifïere  fur  ce  point 
Vfùf9xpffiu  II  n'exiiloit  que  quçl- 


*iô        T  U  R 

%ues  roates^  il  en  ouvrit  un  grand 
nombre  de  nouvelles  *,    &  par  ces 
canaux  de  communication ,  il  vi- 
vifia fa  généralité  ,  fans  accabler  le 
pauvre  de  travaux  ,  dont  l'homme 
Hche  recueille  prefque  tout  le  fruit. 
La  corvée  fut  convertie  en  argent* 
Les   mêmes  fentimens   de  juitice 
l'animèrent  pendant  fon  court  mi- 
nîilere.  Les  droits  d'entrée  fur  les 
denrées  de  première  nécelBté  furent 
beaucoup  modérés ,  (ans  que  le  roi 
y  perdît.  La  caiiTe  de  Poifli  qu'on 
difoit  onéreufe  au  peuple ,  fut  fup- 
primée ,  &  le  prix  de  la  viande  di- 
minua. Les  laboureurs  &  les  gens 
de  la  campagne  dévoient  être  fou- 
lages en  mettant,  par  une  impoû- 
tlon,  les  corvées  à  la  chargé  de 
toutes  lesdaâesdes  citoyens,  hts 
jurandes   &  les  corporations   qui 
«lettent  Aes  entraves  à  l'induftrie  , 
furent  abolies.  Les  droits  de  féoda- 
lité étant  une  fource  de  procès  ,  il 
forma   le  projet  de  commuer  ces 
droits  d'une  maniçre  qui  pût  être 
«vantageufe .-  aux  '  vaiTaux  &   aux 
teigneurs.  U  vouioit  aufli  rendre  le 
.    iel  libre  &  marchand ,  &  réformer  . 
lathaifon  domeftique  du  roi;  mais 
fon  z^l^  eut  plus  d'afbiyité  que  de 
V  .   jfuccès  ;  &  (es  idées ,  contredites  par 
des  perfonnes  pjiiffantes,  reftcrent 
^      fans  exécution.  Tout  le  fruit  qu'il 
en  recueillit ,  c'ed  qifon  le  ridicu- 
*lifa  :  c'èft  la   monnoie  dont  les 
François  payent  quelquefois  ceux 
qui  veulent  leur  faire  du  bien.  On 
**  invema  de  petites  tabatières  qu'on 
^         appela  des  Turgotlnes  ou  des  Plati- 
tudes.  Ces  fobriquets    fervirent  â 
idécréditer   toutes  fes    opérations. 
Le  contrôleur  général  fe  retira  de 
Ta   cour  avec   la  réputation   d'un 
jninîftre  vertueux,  que  l'élévation 
n'avoit    ni    corrompu  ,  ni  enor- 
gueilli. On  a  de  lui  quelques  Ecrits , 
dont  on  peut  voir  la  notice  daiis 
"les     Mémoires   fur  fa    Vit    &    fes 
Ouvrages,  1781 ,  in-8®.  Un  poëte 


T  U  R 

mit  m  bas  de  fon  portrait ,  qnandT 
il  eut  été  iàii  contrôleur  général , 
ces  quatre  Vers  : 

//  aime  à  faire  des  heureux  ; 
Du  fort  la  faveur  le  féconde. 
Il  ne  doit  plus  former  des  vaux  ; 
Il  fait  le  bien  de  tout  le  monde» 

TURINI ,  {  André  )  médecin  des 
papes  CUment  Fil  &  PaullII ,  & 
des  rois  Louis  XU  &  François  /, 
étoit  né  dans  le  territoire  de  Pife  , 
&  vivoit  encore  vers  le  milieu  du 
xvi^  iiecle  ;  mais  on  ignore  le 
temps  de  ik  mort.  11  s'acquit  une 
grande  réputation  par  fa  pratique 
6c  par  fes  Outrages  ,  publiés  en 
1544,  à  Rome*  in-folio.  * 

TURLUPINS,Voy.YKU>0. 

L  TURNEBE,  (Adrien)  né  ea  ' 
I  y  1 2  à  Andeli ,  près  de  Rouen ,  îwt 
profeffeur  royal  en  langue  grecque 
à  Paris.  Il  fe  fit  imprimeur ,  &  eut 
pendant  quelque  temps  la  direâion 
de  l'Imprimerie  Royale  »  fur-tout 
pour  les  Ouvrages  grecs.  La  con- 
noiffance  qu'il  avpit  des  belles- 
lettres  ,  des  langué's  &  du  droit  , 
une  mémoire  prodigieufe,  un  ju- 
gement admirable  &  une  grande 
pénétration ,  \\xi  firent  des  admi- 
rateurs à  Touloufe  &  à  Paris ,  où 
il  profefTa.  Ce  favant  mourut  dans 
cette dernij[:re  ville,  en  1565 ,  âgé 
de  j  y  ans.  La  douceur  de  fon  vi- 
fage  témoignoit  celle  de  fon  ame. 
Ses  aftions  étoient  innocentes ,  fes 
mœurs  irrépréhenfibles  ,  &  toutes 
^es  vertus  étoient  accompagnées 
d  une  modeflie  fans  exemple.  Henri 
Etienne  a  dit  de  lui  : 

Hic  placuit  cunâis ,  qubd  fihi  non 
placuit. 

Son  cabinet  a  voit  tant  de  charmes 
pour  lui ,  que  le  jour  de  fes  noces 
il  y  paffa  plufieurs  heures.  Les  Ita- 
liens ,  les  Efpagnols ,  les  Anglois 
&  les  Allemands  lui  offiriient  des 


T  UR 

avantages  confidérables  pour  l'attv- 
rer  chez  eux  *,  mais  il  aima  mieux 
vivre  pauvrement  dans  fon  pays , 
que  d'être  riche  ailleurs.  Ses  prin- 
cipaux Ouvrages  ont  été  imprimés 
à  Strasbourg,  en  3  vol.  in-folio  « 
1606.  On  y  trouve  :  I.  Des  Notes 
fur  CîUron^  fur  Varron  ,  fur  Thu- 
tydùU  ,  fur  Platon,  II.  Ses  Ecrits 
contre  Ramus,  III.  Ses  Traduciioms 
d'Artfiote  ,  de  Tkéophrafte  ,  de  Pùi- 
targue  ,  de  Platon  ,  &c.  IV.  Ses 
Poéfics  latines  &  grecques.  V.  Des 
Traités  particuliers.  VI.  On  a  en- 
core de  lui  un  Recueil  important, 
intitulé  :  Adverfaria ,  1 5  80  ,  in-fol. , 
en  30  livres ,  dans  lequel  il  a  ra- 
maiTé  tout  ce  qu'il  a  trouvé  d'inté- 
refTant  dans  fes  ieâures. 

II.  TURNEBE,  (Odet)  fils  du 
précédent  fut  avocat  au  parlement 
de  Paris  ,  &  premier  préfident  de  la 
cour  des  Monnoies.  Il  eft  auteur 
d'une  Comédie  ,  pleine  d'obfcé- 
uités  ,  intitulée  :  Les  Contens,  Paris , 
1584,  ia-8°.  Il  mourut  en  15 Si  , 
à  28  ans. 

/.  TURNER  ,  (Robert)  théo- 
logien Anglois  ,  quitta  fon  pays 
pour  la  Foi  Catholique ,  &  trouva 
un  afile  auprès  de  Guillaume ,  duc  de 
Bavière  ,  qui  l'employa  dans  plu- 
£eurs  négociations  importantes  *, 
mais  il  perdit  dans  la  fuite  la  faveur 
de  ce  prince.  Il  devint  chanoine 
de  Breîlaw  »  &  mourut  à  Gratz  en 
1597.  On  a  de  lui  des  Commen' 
taires  fur  l'Ecriture-fainte,  &d'au« 
très  Ouvrages. 

IL  TURNER ,  (  François  )  théo- 
logien  Anglois ,  fut  élevé  par  fon 
mérite  à  Tévêché  de  Rochefter  en 
^683  ,  puis  l'année  fuivame  à  celui 
d'Ely^  mais  les  intrigues  l'ayant 
hrouillé  avec  la  cour  d'Angleterre  , 
il  fut  privé  de  fon  évêché.  On  a 
de  lui  quelques  Ouvrages. 

TURNUS,  roi  des  Rutulcs ,  à 
^  Lavink  avoit  été  promife ,  fut 


TU  R         ^^i 

taé  par  Enie  fon  rival ,  dans  U9 
combat  fingulier. 

I.  TUROCZI  ou  TuROTZX^ 
ou  Thurocs  ,  (Jean)  Hongrois  « 
âoriiToit  vers  l'an  1490.  On  ado 
lui  une  Hijloln  des  Rois  de  Hongrie  , 
depuis  Attila  )ufqu'au  couronne- 
ment de  Mathias  Qorvin  ,  Taa 
1464  ,  en  latin.  Il  a  inféré  dans 
cette  Hiftoire  la  Chronique  de  hatk 
KikoUo ,  grand- vicaire  de  Strigonie« 
depuis  l'an  1342  jusqu'à  Tan  1381, 
&  il  dit  que  pour  le  reAe  il  a  com- 
pilé dans  ce  qu'il  a  trouvé  de  meil- 
leur ,  mais  il  a  bien  mal  choifî.  On 
le  voit  confondre  la  Catalogne  avec 
la  ville  dcChâlons-fur-Marne(  Ca- 
talaunia  &  Catalaunum  }.  Il  fait  dé- 
river le  mot  Hîfpanla  de  Hifpan  , 
qui  en  hongrois  fignifie  capitaine  , 
quoique  l'Efpagne  eût  ce  nom  dans . 
le  temps  où  Ton  ne  favoit  encore 
rien  des  Huns  ni  des  Hongrois, 
Tout  ce  qu'il  dît  A* Attila ,  eft  plutôt 
un  Roman  qu'une  Hifioire.  Cet 
Ouvrage  a  été  imprimé  à  Aus- 
bourg,  1481;  à  Venife,  1488;  & 
dans  les  Scriptons  reram  Hungarican 
rum  de  Schwandtnems, 

IL  TUROCZI    ou  TuROTzi, 

(  Ladiilas)  né  d'une  famille  noble 
de  Hongrie  ,  fe  fit  Jéfuite ,  &  fa 
diflingua  par  fes  vertus  &fafcience. 
On  a  de  lui  un  Ahrégé  de  l'Hiftoirc 
des  Rois  de' Hongrie  f  fous  ce  titre; 
Hungaria  cum  fuis  Regibus  ,  Tirnau  , 
1729  ,  in-folio-,  avec  des  additions 
par  Etienne  Katona ,  Tirnau  ,  1772  , 
in- 4°.  On  trouve  dans  cette  Hif- 
toire  très-bien  écrite  en  latin  ,  unç 
defcription  géographique  fort  am- 
ple de  toute  la  Hongrie  ,  de  fes 
villes ,  comtés ,  iilcs ,  lacs ,  fleuves  , 
fontaines  ,  montagnes  ,  &c.  *,  de^ 
hits  très-inréreifant  omis  par  plu- 
fieurs  hiftoriens  ,  des  anecdotes. 
étonnantes ,  incroyables ,  &  cepen- 
dant très- vraies ,  telle  que  celle  de 
la  comtefie  £athori ,  époufe  d'uQ 


lit        T  U  R 

f  omte  NéuUfti  ^  qui  immola  plus  ée 
éoo  filles  à  (a  beauté  »  ridiculement 
perfuadée  que  le  Tang  humain  blan- 
chtflbit  le  teint ,  &  qui  parvraiue  à 
un  âge  où  la  vanité  des  femmes 
cefle d'avoir  des  prétentions,  non- 
feulement  continua  ces  horreurs  , 
mais  prit  plaifir  à  manger  la  chair 
de  ces  infortunées. 

TURPIN  OM Tu LPiN,  moine  de 
Saint-Denys  »  fut  fait  archevêque  de 
Rheims ,  au  plus  tard  Tan  760 ,  & 
reçut  du  pape  Adrien  /,  le  PalUum 
en  774 ,  avec  le  titre  de  Primat.  Il 
mit  en  786  des  Bénédiâins  dans 
réglife  de  Saint-Remi ,  abbaye  cé- 
lèbre ,  au  lieu  de  chanoines  qui  y 
étoient;  &  mourut  vers  Tan  800, 
après  avoir  gouverné  ^on  églife 
plus  dequarante  ans.  On  lui  atttibue 
le  livre  intitulé  :  HlftorU  &  Vîta. 
Carolx  Magiii  &  RoUandl  ;  mais  cette 
Hiftoire,  ou  plutôt  cette  ^able,  eft 
l'ouvrage  d'un  moine  du  xvi*^  fie» 
cle,  qui  a  pris  le  nom  de  Jean  Turp'm^ 
C'eft  de  ce  miférable  Roman  qu'on 
a  tiré  tous  les  contes  qu'on  a  faits 
fur  Roland  &  fur  CharUmagne,  On 
le  trouve  dans  SchardU  remm  dr^ 
manîcarum  quatuor  yetuftlores  Chrono'  , 
ff^phi^  Francfort ,  .Ijç6,  in-folio; 
le  il  y  en  a  une  Verfion  françoife  g 
par  6aj»m,  Lyon,  1583  ,  in-S^. 

TURQX7ET ,  f^oy.  Materne. 
TURRECREMATA,  Voy.  Tob/. 

^VEMADA. 

:  I.  TURRETIN,  (Benoît)  étoît 
d'une  illufire  &  ancienne  &mille  de 
Lucques.  Son  père  ayant  embraffé 
Fhéréfie  Gilvinienne  ,  fe  retira  à 
Genève.  Benoît  Turruln  y  naquit 
en  1588,  &  devint,  à  l'âge  de  33^ 
ans ,  paileur  &  profefleur  en  théo- 
logie. Sa  fcience ,  ia  modération  6c 
idi  prudence  lui  firent  des  admira- 
teurs &  des  amis.  On  a  de  lui  :  1. 
Une  Difirife  des  Verfions  de  Ge- 
nevç,  contre  le  Pert  Cotton  ,  in- 
&Uo.  IL  Des  Sermons  ^  çaUcaoçoisr 


T  tJR 

filf  VUdlUé  des  CUtlmens,  Ini^i 
&  d'autres  Ouvrages  aujourd'hui 
peu  connus.  Il  mourut  le  4  Mart 
1631. 

IL  TURRETIN ,  (  Françws)  fil» 
du  précédent,  né  en  1613 ,  voya- 
gea en  Hollande  &  en  France ,  o^ 
il  augmenta  fes  connoiflances ,  & 
où  il  fe  lia  avec  divers  favans.  A 
fon  retour  il  devint  profefiêur  de 
théologie  à  Genève  en  1653  »  & 
fut  député  Tan  i66x  en  Hollande  , 
où  il  obtint  la  fomme  de  75<)oo 
florins ,  qui  fervirent  à  la  conftruc'^ 
tion  du  baftion  de  la  ville ,  qu'otf 
appelle  encore  aujourd'hui  le  Bafi 
tion  de  Hollande,  Ce  favant  mourut 
le  28  Septembre  1687  ,  après  avoir 
publié  divers  Ouvrages.  Les  plur 
connus  font:  I.  Infiliutio  Théologie 
EUnchtica  ,  3  vol.  in-4**.  IL  The/e* 
de fatisfactiom  J,  C.,-  l667,in-4% 
IIL  De  SeeeJJione  ai  EccUfia  Ro^ 
mana,  2  vol.  IV.  Des  Strmons  ^ 
d'autres  Ouvrages^ 

m.  TURRETiN\  (/ean-Af-r 
phonfe)  fils  du  précédent ,  né  et 
Genève  en  1671  ,  fe  livra  tout 
entier  à  l'étude  de  l'Hifioire  de 
l'Eglife.  Ce  fut  en  fa  faveur  qu'oiv 
érigea  à  Genève  une  chaire  d'Hii^ 
toire  eccléfiaftique.  Il  avoir  voyagé 
en  Hollande ,  en  Angleterre  &  en^ 
Frantee  ,  pour  converfer  avec  lesi* 
favans ,  &  avoit  eu  l'art  de  profiter 
de  leurs  entretiens.  Ses  Ouvrage» 
font  :  L  Plufieurs  volumes  de  H^^ 
ranpies  &  de  Diffenatlons  ,  17  3  7  , 
3  vol.  in-4**.  IL  Plufieurs  Ecrits^ 
fur  là  vérité  de  la  Religion  Judaï- 
que, diffus,  mai$  folides,  traduit» 
en  partie  du  latin  par  M.  Fhnet,- 
f^  part. ,  in-8^.  III.  Des  Sermons, 
IV.  Un  Abrégé  de  rMfioirt  Eccléfiaf" 
tiqui,  dont  la  2^  édition  eft  de  1736» 
in*8^i  ouvrage  favant  &  méthodi-' 
que  ,  mais  trop  rempli  de  décla*' 
mations  contre  l'Eglife  Romaine* 
Twmôi  mounvC'  le  i^'  Mai  ijyt^  - 


TtTR 

ibns  fa  66^  année.  Il  étoit  Tonie- 
iiieot  de  (on  Eglife  &  la  lumière  de 
(es  confrères.  Il  gémiflbit  fur  les 
fbneftes  querelles  qui  ont  fouvent 
^Ivifé  les  Proteilans  entre  eux  ; 
^erelles  .auffî  oppofées  à  la  cha- 
ijté,  qu'à  la  fkine  politique; 

IV.  TURRETIN ,  (  MicKel  )  né 
m  1646 ,  mort  en  1711 ,  pàfteur  & 
prolieffeur  «n  langues  orientales 
à  Genève ,  étoit  de  la  même  fa- 
mille que  les  precédens.  On  a  de 
Id  pluûeurs  Sermons  eftiraés  des 
Proteftans ,  deux  entre  avtres  fur 
Wtîihé  des  ajfUaîons,  Sa  piété  & 
fil  candeur  le  Êiifoient  chérir  & 
teipeâer. 

V.  TORREHN ,  (  Samuel  )  fils 
du  précédent ,  profeiTeur  en  hébreu 
&  en  théologie  à  Genève  ,  né  en 
168S,  mort  le  27  Juillet  1717  ,  a 
fonné  des  The/es  fur  lefq^elles  a 
<té  compofé  le  TraUé  intitulé  : 
fréfcrvaûf  contre  U  Fanaùfmt  &  Us 
prétendus  Jn/plrés  du  dernier  fiuU  ,  à 
Genève ,  171  î  »  vci-^,  U  fut  re- 
gretté comme  pafteur  H.  comme 
profeûeur.  Les  lumières  ,  le  jugie- 
Qcnt ,  l'affabilité  &  le  zèle  ,  £ai- 
foient  de  lui  un  favant  aimable  y 
^  un  oMnifire  refpeébhle. 

TURRiEN-,  (  François  )  dont  le 
Vrai  nom  eft  Torres ,  né  à  Herrera 
en  Erpagne,vers  l'an  1504,  parut 
avec  éclat  au  concile  de  Trente. 
Ufe  fit  enfuite  Jéfuite  à  l'âge  de 
plus  de  60  ans ,  &  alla  en  Albma* 
gne  ,  où  il  continua  d'écrire  avec 
plus  d'affiduité  que  de  fucpès*  Il 
mourut  à  Rome  le  11  Novembre 
15S4.  Cétoit  un  homme  d'une 
grande  leâure  ;  mais  il  n'avoit  pas 
le  goût  fur  ,  &  étoh  affez  mauvais 
critique  ,  traduâeiur  &  controver- 
fiâe.  On  Ta  accufé  de  citer  quantité 
de  (auiGes  pièces  pour  défendre 
fes  opinions ,  &  d'avoir  forgé  des 
manufcrits.  Ses  Ouvrages  font  en 
Sraad  AQipbre  *^iU  roulent  tous  fuc 


TUR        iij 

la  théologie  ;  &  les  préjugés  l/ltra- 
montains  y  dominent. 

TURSEUN ,  (  Horace  )  Jéfuîtc  » 
naquit  à  Rome  «  où  il  enfeigna: 
pendant  20  ans.  U  auroit  continué 
encore  plus  long-remps  l'exercice 
pénible  de  cet  emploi ,  /i  l'on  n'eût 
fugé  à  propos  de  le  lui  faire  quitter^ 
pour  lui  donner  le  gouvernement 
de  quelques  maifons.  U  fut  donc 
re^^eur  du  féminaire  de  Rome^ 
enfuite  du  collège  de  Flofence ,  8c 
enfin  de  celui  de  Lorette.  U  moumi 
à  Rome  le  6  Avril  if99tà  y 4  ans« 
^t&  principaux  Ouvrages  font  :  l# 
De  vlta  Franclfcî  Xaverii ,  in-4\ 
^me ,  1^96 ,  en  6  liv.  II,  WfiorU 
Lauretana ,  in-»**  \  écrite  avec  élé- 
gance ,  mais  fan$  critique.  III.  Ua 
Traité  des  Particules  de  la  Langue 
Latine.  IV,  Un  Abrégé  de  tHifloU* 
VniverfelU  ,  depuis  le  commence* 
ment  du  Monde»  îufqu'e»  159^^, 
ii>-8^  ;  continué  par  k  VœPhlfippt 
Brlet^  fufqu'en  i66y.  On  lit  cet 
Abrégé  avec  plaifir ,  quand  on  aime 
la  belle  latinité  ;  mais  cette  leâure 
dégoûte  bientôt ,  lorfqu'on  veut  dé 
l'exaâimde  dans  la  chronologie* 
du  difcernement  dans  les  faits  ,  de 
ta  judefiê  &  de  la  finefife  dans  les 
réflexions.  On  voit  que  TurfeÛn 
n'étoit  qu'un  rhéteur ,  qu'un  Jéfuite 
Italien ,  &  non  un  hiHorien  impar- 
tial &  un  bon  critique.  On  en  ^ 
une  Traduftion  françoife  en  4  voU 
in-i2 ,  par  M.  l'abbé  Lagneau.  Le 
IV*  vol.  n'eft  pas  de  TurfcUn,  Cette 
Verfion  offre  des  Notes  abondantes 
&  infiru doives. 

TURSTIN,  archevêque  d'Torck, 
Voy.  I.  CoKi>â  (Turftin  de). 

TUSCO,  (Dominique}  née 
Rc^gio  en  Calabre ,  commença  în 
carrière  par  les  armes ,  en  qualité 
de  capitaine  ,  ta  continua  dans  le 
facerdoce  &  les  dignités  eccléfiaftî* 
ques  ,  &  l'eût  finie  après  la  mort 
de  Léon  XI  ^  par  la  tiare  »  uns  les 


114         TUT 

vives  oppofidoiis  de  Baronîm,  Ce 
pieux  cardinal  lui  reprochoit  quel- 
ques paroles  un  peu  trop  libres, 
dont  Û  cherchoit  à  égayer  fa  con- 
▼erfadon.  Tufco  mourut  en  1610  , 
à  90  ans,  après  avoir  publié  8  vol. 
in-fol. ,  où  il  a  rédigé  alphabéti* 
qucment  toutes  les  matières  du  Droit 
civil  &  canonique. 

TUTELA.  Cctoit  le  nom  qu'on 
donnoit  chez  les  Romains  à  la  ila- 
tue  du  Dieu  ou  de  la  DéeRe  qu'on 
mettoit  fur  la  proue  d'un  vaifleau  « 
pour  en  être  la  divinité  tutélaire  : 
de  même  que  Tu  lima  étoit  celle 
qui  préfidoit  à  la  confervation  des 
grains  recudllis  &  ferrés. 

.TUTIA ,  Veflale  Romaine ,  étant 
accufée  d'un  crime ,  prouva ,  dit-on, 
fon  innocence ,  en  portant,  duTi* 
bre  au  Temple  de  VtftA ,  de  Teau 
dans  un  crible. 

TUTOLE ,  jeune  Romaine ,  s'eft 
illuflrée  par  im  confeil  prudent 
qu'elle  donna  au  féoat  de  Rome. 
Les  Latins  demandoient  Its  armes 
À  la  main ,  des  filles  Romaines  en 
mariage.  Le  fénat  étoit  fort  cmbar- 
râffé.  Tutoie  ,  quoique  fort  jeune  , 
fe  préfente  ,  &  ayant  remarqué 
beaucoup  d'irréfolutton  dans  les 
difcours  de  tant  de  vieux  fénateurs  , 
elle  leur  donna  un  avis  auquel  tout 
le  monde  adhéra.  Elle  leur  dit,  qu'/7 
falLoît  accorder  à  ces  Etrangers  ce  qu'ils 
demandoîent ,  &  donner  en  toute  furaé 
tes  habits  nuptiaux  des  Dames  Romai- 
nes à  leurs  Servanus  ,  afin  que  les  La- 
iins  s'amufant  à  fadsfalre  leurs  défirs 
dérégUs ,  fujfent  dlfiràUs  du  deffeîn, 
fu*Ûs  aroient  de  faire  la  guerre.  Cela 
réudit  à  merveille.  Ces  efclaves 
voyant  leurs  prétendus  maris  plon- 
gés dans  un  profond  fommeil ,  leur 
dérobèrent  fubitement  leurs  armes  , 
&  avertirent  les  foldats  Romains 
par  un  flambçau  allumé ,  afin  qu'ils 
yioiiHU  fursceadr^  leurs  enneinis 


T  Y  P 

qui  étoienthors  d'état  de  fe  défeii4 
dre.  Article  fourni  à  tlmprlnuur^ 
TYARD,  Voye^TnuLKO, 

TYDÉE,  ûUd*(Snée^d*Àlthée  * 
fat  envoyé  par  Polynice  auprès 
à^EthéocU ,  roi  de  Thebes  ^  pour  lo 
fommer  de  lui  rendre'  fon  royau- 
me -,  mais  en  ayant  été  mal  reçu  » 
il  le  défia  en  toutes  fottes  de  comr 
bats,  où  il  eut  toujours  l'avantage. 
Ethcode  indigné  de  fe  voir  toujours 
vaincu ,  lui  tendit  pluûeurs pièges, 
dont  il  eut  l'art  de  fe  tirer.  Quel- 
que temps  après  ,  Tydée  fut  enfin  tué 
au  fiége  de  Thebes.  Voye^  M&vx» 

LIFFE  ,  &  I.  POLYBE. 

TYNDARE  ,  roi  d'<EbaKe,  & 
mari  de  Léda  ,  pafîa  pour  père  de 
Ca/ior  &  de  PoUux ,  qui  furent  gra-. 
tuitement  appelés  Tyndarides^. 

TYPHON ,  o« TrFHÉE ,  Géant , 
étoit  fils  du  Tartare  &  de  la  Terre  , 
félon  Héfiode ,  ou  plutôt  de  Junon 
feule.  Cette  Dceffe ,  indignée  de  ce 
que  Jupiter  fon  époux  avoit  en£anté 
Minerve  fans  aide  ni  compagnie  , 
frappa  la  Terre  de  fa  main ,  &  reçut 
les  plus  fortes  vapeurs  qui  en  for- 
tirent  :  ce  fut  de  ces  vapeurs  que 
naquit  ,  dit-on  ,  Typhon,  Sa  taille 
étoit  prodigieufe  ;  car  d'une  main 
il  teuchoit  l'Orient ,  &  de  l'autre 
l'Occident.  Sa  tête  s'élevoit  juf- 
qu'aux  étoiles;  fes  yeux  étoient 
tout  de  feu  ;  il  vomiiToit  des.  flam- 
mes par'  la  bouche  &  par  les  na- 
rines *,  fon  corps  étoit  couvert  de 
plumes  entortillées  de  ferpens  -,  & 
fes  cuififes  &  fes  jambes  avoientla 
figure  de  deux  gros  dragons.  Ce 
mouAre  fe  préfenta  avec  les  au- 
tres Géans,  pour  combattre  &  pour 
détrôner  les  Dieux ,  auxquels  il  fit 
fi  grand*peur  ,  qu'ils^  iiirént  con- 
traints de  s'enfuir  en  Egypte ,  où 
ils  prirent  de  nouvelles  formes. 
Enfin  Apollon  le  tua  à  coups  de 
flèches  ,  &  félon  d'autres ,  Juplut 
le  foudroya^  &  le  précipita  fous  le 

mont 


t  Y  R 

Éftônt  Gîbel  ou  Etna.  C'étôît  aux 
efforts  terribles ,  mais  impuIiTans , 
de  Typhon^  pour  s'affranchir  de  cette 
maffe  énorme ,  qu«^  les  anciens  attri- 
bue iem  lés  éruptions  de  flammes 
&  de  cendres  calcinées  qui  en  for- 
toient. 

TYPOT ,  (  Jacques  )  de  Dieftem, 
ville  de  Brabant ,  né  d'une  bonne 
femillc ,  cnfeigna  le  droit  en  Italie; 
Il  alla  s'établir  enfuite  à  wirtz- 
Ijourg ,  d'où  Jean  III,  roi  de  Suéde , 
rappela  auprès  de  lui.  Ce  prince 
s  étant  laiflîé  prévenir  contre  lui , 
lè  fit  ihcttre  en  prifon.  Il  ne  Ârè 
élargi  que  fous  Slglfmond,  Typot  fe 
ittira  enfuite  à  la  cour  de  l'empereur 
Rodolphe  II ,  qui  le  fit  fon  hifto- 
rîographe.  On  a  de  lui  :  I.  Hîflorlà 
JGothorum  ,  in-8**.  IL  Hi/iorla  rerum 
h  Suuîargeftarum  ,  in.8**.  III.  Syni- 
iola  di^ma  &  humana  Pontîficum  , 
ïmperatorum  ,  Éegum  ,  cam  îcombus  ; 
ft-agae ,  lôi^  ,  3  tom*  in-folio -,  & 
d'autres  Ouvrages  qui  font  écrits 
avec  plus  d'érudition  que  d'élé- 
gance. Typot  mourut  à  Prague  en 
x6oi. 

TYRANNIONi  grammairien  , 
natif  d'Amife  dans  lé  royaume  de 
Pont,  s'appeloit  d'abord  Théopkrajîe  -, 
mais  fa  méchanceté  envers  fes 
Condifciples  ,  le  fit  nommer  Tyraw 
^on.  Il  fut  difciple  de  Denys  de 
Thrace  à  Rhodes.  Il  tomba  entre 
les  mains  de  Lacullus ,  lorfque  cé 
général  eut  mis  en  fuite  Mlthrldau , 
&  fe  fut  emparé  de  £q&  états.  Murma 
l'affranchit.  La  captivité  de  tyran-^ 
nion  ne  lui  fut  point  défavanta- 
geufe  ;  elle  lui  procura  l'occafion 
d'aller  à  Rome ,  où  Cîcéron ,  dont 
il  arrangea  la  bibliothèque  ,  l'ho- 
ttora  de  foil  amitié.  Il  fe  rendit  illuf*- 
.  tre  par  fes  leçons  :  il  amaffa  de 
grands  biens^  qu'il  employa,  à  dref- 
fer  une  bibliothèque  de  plus  de 
30  mille  volumes^  Sa  paifion  pour 
les  livres  contribua  beaucoup  à  la 
tfonfervation  des  Ouvrages  d'^r//?. 
Tom€  IX% 


TYR         il- 

tou.  II  mourut  fort  vieux  a  Rome 
miné  par  la  goutte.  Le  mérite  de 
Tyrannion  ne  fe  bornoit  point  à 
arranger  des  livres  -,  il  favoit  en 
faire  ufage.  Lorfque  Céf.r  étoit 
en  Afi-ique  pour  faire  la  guerre  à 
iuba  ,  Cuéron  &  Auicus  fe  promirent 
de  convenir  d'un  jour,  pfour  affilier 
a.,  la  ledlure  que  TytannLh  leui» 
feroit  d'un  de  fes  Ouvrages,  Atûcus 
1  ayant  entendu  lire  fans  fon  ami 
en  reçut  des  reproches  :  »  Quoi» 
«  lui  dit  Ci«'r^«,  j'ai  refuféplufieuri 
»♦  fois  d'entendre  ce^te  lèdure 
"  parce  que  vous  étiez  abfent  & 
'*  vous  n'avez  pas  daigné  hi'atten^ 
».  dre ,  pour  panager  ce  plaifir  aved 
».  moi  !  Mais  je  vous  pardonne 
»  cette  faute  ,  en  faveur  de  l'ad- 
"  miration  que  vous  témoignez 
*♦  pour  cet  Ouvrage .«.  U  falloû  quô 
Clccron  fit  un  grand  cas  de  Tyran^^ 
mon  ,  puifqu'il  lui  avoit  permi» 
d'ouvrir  dans  U  maifon  ,  une  école 
de  grammaire ,  où  il  donnoit  des 
leçons  de  cet  art  à  quelques  jeunes 
Romams ,  &  entre  autres  au  fils  de 
fon  frère  ^mntus  ,  &  fans  doute 
auffi  aujfils  de  Cltéron  mêmci..  11  y 
a  eu  un  autre  Tyrasnion"  ^x^ 
nommé  ,  parce  qu'il  fiit  difciple  dit 
précéd«nt ,  DlocUs  étoit  fon  pre- 
mier nom.  Il  étoit  de  Phénicie.  Il 
fut  prifonnier  dans  la  guerre  de 
Marc-Antomt  &  d'^«^> ,  &  ac^gj^ 
par  un  affranchi  de  l'empereur  • 
nommé  DymasAl  fut  enfuite  donné 
à  Termtia^  qui  l'affranchit.  Elle  avoit 
été  femme  de  CUéron,  &  en  avoit 
été  répudiée.  Ce  fécond  Tyrannion  . 
ouvrit  une  école  dans  Rome ,  & 
compofa  Lxvin  Livre$.Ilen  fit  un 
pour  prouver  que  la  langue  latine 
defcendoit  de  la  langue  grecque  ; 
&  un  autre  qui  contenoit  une  CorI 
reaiondesPoëmesd'//e«ff«..,  Voy 
auffi  Apelucom. 

TYR  ANUS.  Tc^y^d  l'article  de 

IirTTVT^TTC  ^ 

P 


JUCUNOVS. 


i%6        T  Y  Ë 

TYRCONEL.  (UDiitdc)rc)y; 
Iii.Talbot. 

TYRESIAS  ,    Foyei  TîRfi- 

«TAS. 

TYRO  ,  Tune  des  Nércïdcs,  fot 
in  ère  de  Né/ce ,  de  PéiUs ,  d'Efon  , 
fAmlthaon  &  de  PJurtu*,.  Voyès 
Énipée...  ô'Tiron. 

TYRRHUS,  gardiéfi  des  troa* 
peaux  du  roi  La'.lnat,  Un  cerf  qu'il 
«voit  apprivoifé ,  ayant  été  nié 
par  JfcAffit ,  fiit  la  preniiere  caufe 
de  la  guerre  entre  \^  Troyéns  flc 
les  Latitts:  hfçon<{ueles  potentats 
devroicnt  fins  ccffe  aToir  fous  les 
yeux. 

TYRTHÉfi ,  poète  Grec ,  né  (  i 
ce  que  l'on  croit  )  à  Aliènes ,  où 
H  fut  qn^oe  temps  tiiaicre  dëcole , 
Ikune  grande  figure  dans  la  féconde 
guerre  que  les  Macédoniens  eurent 
avec  les  Mcfieftîcns.  11  excelloit  à 
célébrer  la  valeur  guerrière.  Les 
Spartiates  qui  affiégeoiem  alors- 
MeiTene  ,  aboient  reçu  plûiieurs 
échecs  ,  qui  leur  avoient  abattu 
le  cour^ge.  L'Oracle  de  Delphes 
leur  ordonna  de  demander  aux 
Athéniens  ,  un  homme  capable  de 
les  aider  de  ies  avrs  &  d^fes  lumiè- 
res. Tynhée  leur  fut  envoyé.  Il  étoit 
mal-fait ,  pçit ,  boitent  &  borgne. 
On  tk  en  voyant  un  pareil  géné- 
ral *,  il  fut  battu  dans  trois  forties 
que  firent  les  ennemis.  Les  rois  de 
Sparte  etoient  d'avis  de  lever  le 
fiége  &  de  fe  retirer  -,  mais  Tyrthn 
^eul  fidelleà  Tcracle  ,  s'y  oppofa, 
&  prononça  à-  la  rête  de  l'armée 
des  vers  pour  reierer  le  courage 
des  foldats.  A  peine  les  Lacéde- 
■ioniens  les  eurent-ils  entendu ,  que 
se  refpirant  que  l'amour  de  la 
patrie  &  le  mépris  de  la  mort ,  ils 
attaquèrent  les  Mefféniens  avec 
&reur-,  &  la  victoire  qu'ils  rem* 
portèrent  en  cette  occalion,  &  la 
■Jrife  de  Meffene,  terminèrent  à 
kur  avantage  une  guerre  qu'ils  M 


T2Ë 

{Xmvtilefit  plus  Ibutenit.  lïsaccè^ 

derem  à  Tynhée  le  droit  de  bour* 
geoifîe  -,  titre  qui  ne  fe  prodiguoiif 
pas  à  Lacédémone  ,  8c  qui  par-là 
devenoît  infiniment  honorable.  Lé 
peu  qui  nous  reile  defes  l^^él 
dans  le  Recueil  des  Poëtes  Grecs  dtf 
Ptantin ,  Anvers,  156S  ,  in  S°; 
Éïft  connditre  que  fon  ftyle  étok 
plein  de  force  &  de  noblefîe.  Il 
paroit  lui-même  tranfporté  de  Tar- 
dtur  dont  il  vouloit  enflaffimer 
l'cTprit  de  fes  auditeurs  : 

Tyrt^trfqut  mares  ammos  m  MMrild 

b€Ua 
Vtrfihu  txûcuu, 

Horat.  îft  Art,  Poêt; 

Voyt^^  Traduéëon  en  vers  françoîîf 
des  Fragmens  deTyrthée,pai  M.  P#/n- 
Jïnet  {U  Sîvry, 

TYSIAS ,  rhéteur  célèbre  ,  qu«' 
Qcéron  regardoît  commerînventeuf 
de  la  rhétorique. 

LtZETZÈS,(lfaac)  lîttért- 
teurGrec»  vivoitvers  l'an  1170,' 
Il  publia  fous  fon  nbm^un  Ouvrage* 
dont  fon  frère  h<m  Tavoit  gratifié. 
Ce  font  les  Commentaires  fur  Lyc9* 
phron  ,  que  /.  Potter  a  inférés  tout 
au  long  dans  la  belle  Ëdîùon  qu'il 
donna  de  ce  poëte ,  à  Oxford ,  eo' 
1697, in-fol. .  &  dont  nous  parlote 
dans  l'article  fuivaat ,  n®  r. 

IL  TZETZÉ&,  (Jean)  poëie 
Grec ,  fi-ere  du  précédent ,  monmr 
vers  la  fin  du  xii*  fiecle.  A  l'âge 
de  i^  acs  ,  on  le  mit  fous  des.' 
martre»  gui  lui  apprirent  les  belles» 
lettres ,  la  philofophii» ,  la  géom^ 
ttis ,  &  même  la  langue  hébraïque. 
On  aflftire  qu'il  fa  voit  p«  coeur 
toute  l'Ecriture- fjinte.  Il  dit  loî- 
même,  que  •»  Dieu  n'avoir  pas  aéé- 
'*  un  honmie  qui  eût  été  dooé 
»»  d'ime  mémoire  plus  excellente' 
»  que  la  iîenne  *t  *,  miis  peut-être' 
y  a-t-il  là  un  peu  d'emhoufiafiofr 
OR  de  vamté  pocoque.  On  adelui  «f 


1  T  Z  É ,         ^ 

ipe$  Ai/égorUs  fur  Homère ,  Paris , 
Î6i6  ,  in-8°  ,  qu'il  dédia  à  Irène  , 
iemme  de  Tempercur  Manuel  Cent" 
naieAl.  Hîfioires  mèUcs\  Bâlc,  I546  , 
in-fol.  en  13  chiliades,  en  vers  li- 
bres i  pleines  d'inutilités  infipides , 
écrites  d'un  ftyle  emphatique.  111. 
i)es  Eptgrammcs  &  d'autres  Poéjîes 
en  grec  ,  dans  le  Recueil  des 
Toctes  Grecs,  à  Genève,  1606  & 
i6i4,  i  voK  ki-fol.  IV.  D«s  D«. 


T  Z  E         217 

vrages  dt  Grammaire  &  de  Criti- 
que ,  &  des  Scholles  fur  Héfiode.  V, 
Des  Commentaires  fur  le  Poëme  d« 
Lycophron  ,  appelé  t  Alexandre  ou 
/4  Caffandre,  Il  a  renfermé  dans  cet 
ouvrage,une  infinité  de  chofes  utiles 
bour  entendre  l'Hiftoire  &  la  Fable. 
Ils  peuvent  fcrvir  même  à  l'intel- 
ligence de  divers  endroits  obfcurs 
b,  difficiles ,  qui  fe  rencontrent  dàas 
lès  autres  auteur^ 


?»7 


liS 


u 


UbaLDIS,  (  Balde  de)  Voye^  I. 
Balde. 

U BERTI,  {Fafio,  c*eft-à.dirc, 
Sonlfido  de  gli  )  poète  &  géogra* 
phe  Florentin  du  xiv'  ûede  ,  a 
fait  un  Poëme  géographique  ita- 
lien ,  fous  ce  titre  :  DUta  mtmdo  ou 
DlHa  mundi,  U  fut  imprimé  à  Vi- 
cence,  i474  »  i"  -  ^ol.  j  à  Venifc, 
1501 ,  in- 4**,  &  plufieurs  fois  de- 
puis -,  mais  il  n'y  a  que  la  première 
édition  qui  foit  rare  &  recherchée. 

UBIQUISTES,  Voyez  Bren- 

TIUS. 

UDALRIC,  KayeiULRic. 

UDEN ,  Voyex  Van-Uden. 

UDINE ,  <  Jean  d'  )  Voyei  }ib,kv  , 
n"  Lxxxiv. 

UGHELLI ,  (  Ferdinand  )  né  à 
Florence  le  21  Mars  1595,  d'une 
bonne  famille ,  eàcra  chez  les  Cifler- 
ciens.  U  eut  divers  emplois  hono- 
rables dans  fon  Ordre ,  &  devint 
abbé  de  Trois-Fontaines  à  Rome, 
procureur  de  la  province,  &  con- 
îulteur  de  la  Congrégation  de  Vin- 
dtx.  Son  humilité  lui  ât  refufer  les 
ëvêchés  qui  lui^furent  offerts  par 
les  fouverains  pontifes  ;  mais  il 
accepta  les  penfiofts  ^iviAUxan- 
dn  Vil  &  Clément  IX  lui  donnèrent. 
Ce  favant  mourut  à  Rome  le  19 
Mai  1670,  à  7^  ans  ,  auffi  eftimé 
pour  fes  connoiflances  que  pour  fes 
vertus.  On  a  de  lui  un  Ouvrage 
important,  &  plein  de  recherches, 
ibus  le  titre  d*ltalla  /ocra  ,  dans 
lequel  il  a  exécuté ,  fur  les  évêques 
d'Italie ,  ce  que  Sainte-Marthe  avoit 
fait  pour  les  Eglifes  de  France.  U  y 
en  a  deux  éditions  :  Tune  de  Rome , 
in-fol. ,  en  9  vol.  imprimés  depuis 
1641  jufqu'en  1661 -,  l'autre  de  Ve- 
nife ,  10  vol.  io-fol.  «  dont  le  pre- 


mier eft  de  Tan  I7i7f&ledcmîef 
de  1721.  Cette  édition  dt  fort  au- 
gmentée &  perfeâionnée ,  &  on  y 
a  ajouté  une  Table  dans  le  x* 
vol.  *,  mais  elle  eft  remplie  de  ÊKites 
d'impre/Hon. 

UGONIUS,  (Mathias)  évcque 
de  ïamagoufte  en  Chypre ,  au  com- 
mencement du  XV  i^  fiede.  On  a 
de  lui  :  I.  Un  Traité  de  U  dignité  Po' 
tnarchaU^  en  forme  de  Dialogue» 
imprimé  à  Bâle  en  1507.  II.  Ua 
Traité  des  Conciles,  zpçelé . Syaoda. 
Ugonia  ,   imprimé  à    Venife  Tan 
1563  ,  in-fol  ;  approuvé  par  un 
Bref  de  Paul  111  y  du  16  Décembre 
de  l'an  15  n-  ^^^  *^  ^^^  meil- 
leurs Ouvrages  &  des   plus  rares 
qui  fe  foient  faits  dans  le  xvi* 
fiede  fur  ce  fu)et.  On  prétend  qu'il 
fut   fupprimé  fecrétement    par    la 
cour  de  Rome,  parce  qu'elle  crut 
appercevoir  dans  ce  livre ,  des  maxi- 
mes   quelquefois   oppofées   à   fes 
ufages ,  &  des  paffages  favorables 
aux  libertés  de  TEglife  de  France* 
Plufieurs   bibliographes   Tont  an- 
noncé fous  ces  différantes  dates , 
1531  f  32,  34,  1565  &  68;  mais 
c'eff  la  même  édition.  Le  feuillet 
feul  du  titre  a  été  changé  ,   pour 
des  raifons  particulières  que  l'oa 
ignore. 

ULACQ,  (  Adrien)  mathémati- 
cien de  Gand,  a  donné  :  I.  Une 
Trigonométrie  latine ,  Gouda  ^  i^3U 
in-fol.  1 1.  Logarithmarum  Chiliades 
centum  ,  1628  ,  in  -  fol.  ,  traduites 
en  françois ,  in- 8°,  &  dont  0\anam 
a  beaucoup  profité. 

ULADISLAS,    Voyei    La- 

DISLAS. 

ULFELDoiiUlefeld,  (  Cof- 
aifix  ou  Corfits  »  comte  d'  )  étoi| 


U  L  F 

le  dixième  fils  du  grand  chancelîn 
deDanemarck,  d'une  des  premières 
maifons  du  royaume.  ChrîftUm  IV 
le  fit  grand-maître  de  fa  maifon , 
&  vice-roi  de  Norwege ,  &  lui  fit 
époufer  fa  fille  naturelle  -,  mais  Fr^* 
éenc  111,  fils  &  fuccelTeur  de  CAr//- 
dcm  IF,  craignant  fon  ambition , 
lui  fit  effuyer  plufieurs  défagré* 
mens.  Le  comte  fortit  (ecrétemeht 
de  Danemarck,  &  fe  retira  en  Suéde. 
La  reine  Chrifiint  le  reçut  très-bien  » 
&  l'employa  dans  plufieurs  négo- 
ciations importantes.  Mais  lorfque 
cette  princefiie  eut  abdiqué  le  trône , 
il  tomba  dans  la  difgrace  des  Sué» 
dois,  &  (lit  mis  en  prifon.  Ayant 
trouvé  le  moyen  de  s'évader ,  il 
fe-  retira  à  Copenhague ,  avant  que 
d'avoir  obtenu  l'abolition  de  ce 
qu'il  avoit  Êiit  contre  fon  fouve- 
rata.  FrédcHc  111  le  fit  alors  ar- 
rêter ,  &  renvoya  avec  la  comteffe 
la  femme»  dans  Tifle  de  Bernholm ; 
mais  peu  de  tem^s  après ,  il  leur 
permit  de  voyager.  A  peine  étoient* 
ils  partis,  qu'on  prétendit  avoir 
découvert  une  horrible  confpira- 
tion  que  le  comte  avoit  tramée 
contre  fon  prince.  Il  avoit  ,  dit* 
on ,  propofé  à  l'él^eur  de  Bran- 
debourg de  détrôner  le  roi  de  Da-» 
siemarck ,  fie  de  faire  paifer  la  cou- 
ronne fur  la  tête  de  ce  monarque. 
Quoi  qu'il  en  foit  de  cette  accu- 
fation ,  Ulftld  fut  condamné  à  être 
écartelé  le  14  Juillet  de  l'an  1663 , 
comme  atteint  du  crime  de  lefe- 
majeûé  au  premier  chef.  L'arrêt  fut 
exécuté  fur  une  ftatue  de  cire ,  en 
effigie.  Il  en  reçut  la  nouvelle  à 
Bruges ,  d'où  il  partit  aufli^tôt  pour 
ie  rendre  à  Bâle.  U  vécut  quelque 
temps  inconnu,  avec  trois  de  £ts 
fils  &  une  fille  -,  mais  une  querelle 
fur  venue  entre  un  de  fes  fils  &  un 
bourgeois  de  la  ville ,  le  fit  recon- 
sioître.  Contraint  d'abandonner  cet 
aiUe  ,  quoique  tourmenté  par  la 
ii^vrei  il  defcendoit  le  Rhin  dans 


U  L  P         229 

un  bateau  ,  lorfqu'ayant  été  faifi 
du  froid ,  il  en  mourut ,  âgé  de  60 
ans ,  en  Février  1664 ,  &  fut  en- 
terré au  pied  d'un  arbre.  Ses  talens 
auroient  pu  le  rendre  utile  à  fon 
roi  &  à  fa  patrie;  mais  il  ne  s'en 
fervit  que  pour  perdre  l'un  &  l'au- 
tre ,  &  pour  fe  perdre  lui-même  par 
fon  ambition,  fon  orgueil  &  fon 
humeur  inquiète. 

ULLOA  DETAURO,(Louîsd') 
poëte  Caftillan,  fiorifToit  fous  le 
roi  Philippe  IV,  Bailla  dit  dans  fes 
Jugemens  des  Savons ,  que  c'étoit  un 
de  ces  poètes  facétieux  &  plaifans , 
dont  la  cour  de  Philippe  étoit  rem- 
plie. Son  talent  pour,  le  comique 
ou  le  burlefque ,  ne  Tempêchoit  pas 
de  s'exercer  quelquefois  dans  le  fé« 
rieux  &  d'y  rcuffir.  Ses  Ouvrages 
ont  été  imprimés  en  Efpagne>  in-4^. 
Voyei  la  ÈihWotheque  de  Nicolas  An» 
,  toîm ,  &  les  Jugtmens  des  Savons  « 
édition  de  Paris ,  in-4*^ ,  avec  les 
Notes  de  U  Monnaye  ,  tome  v , 
page  215. 

ULOLA ,  (  D.  Antonio  )  Voye^ 
m.  Juan. 

ULPHILASottGuLPHiLAs» 
évêque  des  Goths  qui  habitoient 
dans  la  Mœfîe,  partie  de  la  Da« 
eie  ,  floriflbit  vers  Tan  370,  fous 
l'empire  de  Valens,  On  croit  qu'il  a 
été  rinvemeur  des  lettres  gothi- 
ques  *,  au  moins  il  efi  certain  qu'il 
a  été  le  premier  qui  ait  traduit  la 
Bible  en  langue  des  Goths  ;  &  c'eft 
peut-être  ce  qui  a  donné  lieu  de  lui 
attribuer  cette  invention  ,  parce 
qu'avant  cette  Traduôion,  les  lettres 
gotliiques  n  etoient  connues  que  de 
très-peu  de  perfonnes.  On  eft  per- 
fuadé  qu'il  n*cxifte  de  cette  Tra- 
duftion  ^A*UlphlUs,  que  les  feul» 
Evangiles  :  c'eft  ce  qu'on  nomma 
\q.  Codex  Argintais  d!l/lphilàs.j  parce 
qu'il  eft  écrit  en  lettres  d'or  &  d'ar-o 
gent.  Ce  rare  &  précieux  Manufcrit 
ta  confcrvé  dans  la  bibliothèque  di» 
roi  de  Suéde.  Le  célèbre  Junitu  en 


*3<ï        U  L  P. 

t  donfié  une  édiàon  en  çaraftovs 
pareils  à  ceux  de  ce  Manufcrtt.  €e 
fut  mphilas  qui  obtim ,  l'an  376  »  de 
l*einpereur  f^aiens ,  la  penniiBoii , 

rtr  les  Goths,  d'hftbiter  laThrace , 
afin  de  l'obtenir,  il  emllrafia 
l'Arianifffle. 

VLPIEN,  (  Domiiiùf  Vlflanus) 
célèbre  jurircan^ultc  ,  fm  cuceur , 
tx.  depuis  fecrécaire  &  mintftre  de 
l'empereur  Akxanârt  Sévtrt,  U 
s'éleva  jufqu'à  la  dignité  de  préfet 
«hi  Pfétoire,  qui  étoit  la  plus  con- 
jBdérable  de  l'empire.  Son  attache- 
inent  aux  fuperAitions  païennes  lui 
infpira  une  haine  violente  contre 
Ses  Chrétiens  qu'il  perfécuta  cruel- 
lement. U  fut  tue  par  les  foldats 
de  la  garde  Prétorienne  l'an  226. 
{  Vqj,  Er AGATHE.  )  ^H  nous  fefle 
de  lui  19  titres  de  Frapmtu  recueil* 
lis  patArUen^  qui  fe  tiouvent  dans 
quelques  éditions  du  Droit  civil *,• 
ils  fo;it  curieux  pour  connoitre  les 
înœurs  des  Romaiiis. 
•  I.  ULRlCCSOévêqued'Augs- 
l^ourg  ,  d'une  maifon  illuilre  d'Alle- 
magne, mort  en  975,  à  83  ans,  fe 
fignala  dans  fon  diocefe  par  un  zeîe 
àpoftolique.  Jean  XV  It  mit  dans  le 
catalogue  des  Saints  au  concile  de 
Latran,  tenu  en  993  ;  &  c'eft-  le 
premier  exemple  de  canonifation 
îiite  par  les  papes. 
'  U.  ULRIC ou Ud A t RI c, moine 
de  Cluni ,  né  à  Ratisbonne  rers  l'an 
loi 8,  &  mort  aii  monaftcre  de  la 
Celle  le  14  Juillet  1093 ,  fut  l'une 
des  plus  grandes  lumières  de  l'Or- 
dre monaiHqu?.  Il  nous  refte  de  lui  * 
^ans  le  SpUUégs  de  D.  £Achtn ,  un 
Recueil  des  Anciennes  Coutumes  4i 
Cluni ,  qui  peut  {efxijc  à  faire  con- 
lioître  quelque^  ufages  de  fcn  iiecle. 
^  ULRIQUE  ÊLÉONOREdkBa- 
TiERE ,  féconde  fille  de  ChatltvXI^ 
roi  de  Suéde  *  Î8c  foeur  de  Ckàr-i 
Us  XU  t  naquît  en  z688.£II«gou- 
■terna  la  Suéde,  pendant  l'abfence 
^e  (on  fl«re ,  avec  une  fageile  que  c« 


u  L  R 

HUpttarque  ne  put  s'empêcher  d'a^: 
mirer!i  Àpr^  la  mort  àcCAUxànke^ 
du  Nord ,  elle  fut  prodamée  reine' 
l'aii  1719,  parles  fuffrages  unanîr' 
mes  de  la  Nation,  fille  céda  la  cou- 
rotme  à  fon  mari  Frdàtm^  prince 
héréditaire  de  Heffe-Oiâel,  l'année 
d'après  j  mais  elle  régna  avec  lui. 
Les  Etats  aflemblés  à  Stockholm, 
engagèrent  cette  prince0e  à  renon- 
cer folennellemeBtàtoutdroithé* 
réditairefur  le  trône,  afin  qu'elle 
ne  parût  le  tenir  que  des  fuffirages 
libres  de  la  nation.  Le  pouvoir  arbi* 
traire  fut  alors  àbolt  ;  les  Etais  pre£* 
crivirent  une  forme  de  gouverne-* 
ment  qu'ils  firent  ratifier  par  la  prin* 
ceiTe  ',  l'autorité  du  trône  6tt  tempe» 
rée  par  cdle  des  Etats  &  du  Sé« 
nat ,  &  le  peuple  £ut  rétabli  dane 
fcs  anciens  droits  ,  que  CkarUs  Xli 
avoit  tous  violés.  UlriqûA-EUonori 
employa  lesreflbutccs  de  fon  génie, 
pour  rappèlet  dans  fon  royaume  laT 
paix  ,  6r  avec  elle  les  ans,  lecooi- 
mérce  &  l'abondance.  Elle  mou- 
rut le  6  Décembre  1741  ,  à  54 
ans,  chérie  Ôc  adorée  de  fes  fujets^ 
qui  la  regardoient  comme  leur  mère , 
U  ne  hwi  pas  la  confondre  avec 
Vlrîquz'EUonore ,  fille  de  Frédéric  ///, 
tfoi  de  Danemarck  ,  qui  époi^' 
Charlts  A/,  roi  de  Suéde ,  en  l6$o  / 
de  qui  fut  mère  de  Charles  XII,  Cette 
princefievertueufemourut'en  1693, 
d'une  maladie  caufée  par  les  cfaa-' 
grJns  que  lui  donnbit  fon  époux. 
Cfurles  XI  avoit  dépouillé  de  leurs 
biens  un  grand  nombre  de  fes  fumets , 
en  éubliilànt  contre  eux  une  efpece 
de  cour  de  iuftice  ,  nommée  U 
Chambre  ^ts  Liquidations.  Une 
foule  de  aioyens  minés  par  cette 
cotnnif&on,  rcmplifibient  les  rues' 
de  Stockholm  &  venoient  tons  les 
jours  pouffer  des  cris  inutiles  à  U 
porte  du  palais.  La  reine  fecoomt 
ces  malheureux  de  toét  ce  <|^'eUe 
avoit.  Elle  leur  donna  fon  argent , 
fcs  pierreries ,  fes  meubles,  fes  hui 


VI  Vf 

iim  xntmts.  Quaad  eU«  nNeutpliv 
riça  à  leur  danger  »  cUe  fe  jeta  en 
laraics  aux  pieds  d«  foa  nuu*i ,  pour 
it  ptior  d'avoir  compa.0iQa  de  les 
f«i<t$.  Le  roi  lui  répondit  grave* 
meut  :  HiiiaiUmc ,  m»us  vouf  4voru  j^Hf 
pour  nous  donner,  des  mfans  ^  ^  a>^ 
1^  avU^  aioâ  f^  nous  l'avons 
i:app<»rt«  à  l'arncie  4«  CA«r^  X/. 
ULUa^BfelG,  prîpçc  Perfaa ,. 
«'attacha  à  i  aftroaoïnt^.  Son  CWa- 
iog^  des  £,i(Hlcs  fixes ,  re^iûç  pour 
Vaa»é«  1414  >  fut  publié  pv  le  £a* 
yaot  ThQm04  Hyd^  ^  à  Ox(oç4  ,  «0 
|6<}i»  m-4°î  av«c  des  Ngw^i  pWir 
U9S  d'érvi4itiQn.  Ce  pcinoe  fuj:  mi 
par  foa  propre  ^s  «n  1449  •>  ^r^ 
9VQxr  régp4  à  Samarcaod  enviroçi 
40  ao$*  Outra  rOiivrage  dont  nou^ 
gvon^.p^lé  >  PO  lui  e^  attrib^  u|i 
a»itre  fur  la  çlironologie,  iiHïtwU  : 
ipt^chif  cckbrîoHs  Chfitaioriêfn ,  Syro» 
Qr^M'tm,  4w4kkHm^f!i>rf4Tuin  û-  Cka-.^ 
rafmiorum.  Il  a  été  traduit  ça  l%ti^ 
par  Jtau  Çtéaves ,  £1  publié  à  i'On- 
ûx^  avec  l^Qt:igia4}  Arabe  1  l^fo^ 

i»-4°. 

,  VLySSE,roidienfled'Ith?que, 
^ans  U^mer  %é^,  il!  s  de  Xa<>;«  & 
^'AmiùUt  t  épauia  Pénél^c  «  fille 
dVcar^)  qu'il  aiipa  pai&ofinément. 
Craignant  d'être  Ql>ligé  de  laquiuer, 
il  contrent  l'infenfé  pour  n^  poii^ 
aller  au  fiége  de  Troye.  Mais  Palé^ 
v»tdt  décJOJ»Yrit  cett£  rufe,  en  met- 
tmt  fon  âU  Tt^lciiytqus^  eqçore^fii- 
faot,  devant  le  foç  d'uim  çl^rrue 
qu'il  Ê^fqit  threr  par  des  boeufs. 
Vlyfft^  de  crainte  de  bleffer  fo» 
^U ,  le¥A  la  charrue.  Cette  atten- 
tion découvrit  fa  feinte,  &  il  fut 
contraint;  de  partir  v  iaai$  gardant 
au  fond  du.  cœur ,  une  haiiie  im- 
placable pour  PaUmd^t  (  f^>.  CtX. 
article.)  qu'il  ne  tarda  pas  à^  fatis* 
faire.  Il  rePiUt  de  grands  fcrvices 
aux  Qrecs  par  fa.pri^cîiçe  &  fe« 
actitiçe^.  Ce.  fut  lui  qui  alla  cher- 


U  t  Y         »>» 

le  trouva  déguifé  en  (einine,  U  kl 

d«couvri( ,  es;  préfcntam  aux  dameti 
de  la  cour ,  des  bijoux ,  parnii  lef- 
qoels  y  il  avoil  des  artnes  >  fur.  leir 
€{uelle3  ce  jeuAe  prince  (a  jeta  aui&r 
tôt,  11  l'aroe»2^  au  fiége  de  Troye,. 
Se  y  apporti^  en  a^me-tcraps  los 
flèches  d'/fTwa/tf  que  ce  héros  avoit 
données  à  fon  ami  J^kiloc^u.  Uiy£c 
enleva  \tf^«i£adiitin  aytcDhvicdA , 
ttia  ^h<ifus  roi  de  Tlvacc  dont  il 
amena  1^  chevaux  hlanç^  au  camp 
des  Grecs ,  &  fut  un  de  ceux  qui 
ç'çnfermerçnt  dans  le  Cheval  de 
bois ,  &  contribua  par  fo9  courage 
à  h  prife  de  T.rpye.  Pour  prix  de 
Ces  explcip  ^  de  fon  éloquence, 
les  capitaine  Grecs  lui  adjugèrent  « 
^xé&  la  raoït  ^Àchihc  ^  les  armes. 
de  ce  héros ,  qu'il  difpma  à  -^iax, 
(  yoy.  ce  mot.  i  Troye  ayant  été 
prife  fie  réduite  en  cendres ,  il  tua. 
Orfi/ognfii  fils  à*IdQmtHdt  roi  de  Crête,  • 
qui  s'oppofoit  à  ce  qu'il  eût  paît, 
au.  butin.  Il  imaola  Polixeu^jfiMc^ 
de  Pri^i9%  (ur  le  tombeau  d'^(Ai//«», 
&  précipita  du  haut  d'une  tour, 
AJilanax  fils.  ùkH^cior,  En  retour- 
nant à  Ithaque,  il  courut  pluâeuH^ 
dangers  fur  mer ,  &  lutta  pendant 
dix  années  contre  fa.mauyaifefor-, 
tune.  Il  iir  naufrage  fur  les  côt^ 
d'Airique  ,  &  ayant  remis  à  U 
voile,  fon  yaifieau  f«  briCa  auprès 
de  l'tAe  des  C>ç;lope«  i  où  ^©/y-. 
pkim^  dévora  4  diç  f«s  compii- 
gnons ,  l'ei^f^rma  avec  le  uÔlç  dans, 
fo9  antre  *.  d'où  ce  prince  forttt 
hôureufement  après  avoir  crevé  le 
feul  geil  qu'eût,  le  monflre.  De  là. 
l/lyg^  s'çniviic  aux  iftes  Eolienes. 
J£o/«  ^  pour  marque  de  fa  bienveiU 
lance  »  lui  dox)na  des.ou^es  où  lee 
vents  étoient  enfermés*  Mais  fes 
compagnons  1^  ayant  ouverts  par 
curioûté,  les  vents  s'échappèrent 
&  iir^t  un  défordre  épouvantable. 
L'orage  jeta  U'y^c  fur  les  eôtOP. 
d'AÂ-ique ,  chez  les  J^eArigons ,  peu^. 
plç  b%rbar«»  qu'il  qui^  l^çatp^ 


'45^        UNI 

Ayant  abordé  dans  l'iile  de  Cireé^ 
ptttt  enchanterefle  eut  de  lui  un 
£1$  appelé  Té/égone  ;  &  pour  le  re- 
tenir, changea  tous  Ces  compa- 
gnons en  pourceaux.  Mais  il  la  força 
répée  à  la  main ,  de  les  lui  rendre 
fous  leur  première  forme.  En  for- 
tant  de  Tifle  de  Cireé ,  il  deTcenùit 
aux  Enfers ,  où  il  trouva  fa  mère 
Annulée  &  le  devin  Tiréfias  qui  lui 
apprirent  une  partie  de  fa  devinée. 
De  retour  fur  la  terre ,  les  vents 
le  jetèrent  fur  Viùc  des  Sirènes , 
idontil  évita  les  enchantemens  ea 
bouchant  avec  de  la  cire,les  oreilles 
de  fes  compagnons.  Etant  for#  de 
cette  ide ,  il  fit  naufrage  auprès  de 
celle  de  Id  nymphe  Cuâp/o^quï  vou- 
lut en  vain  fe  l'attacher  Neptune  lui 
ayant  fufcité  une  nouvelle  tempête  • 
il  perdit  fes  vaifTeaux^fe  fauva  fur  un 
morceau  de  bois ,  &  arriva  à  Itha- 
que dans  un  état  ft  trifte ,  qu'il  ne 
^t  reconnu  de  perfonne.  Il  fe  mit 
cependant  parmi  les  amans  de  Pér- 
fiélope ,  pour  tendre  l'arc  qu'on 
javoit  propofé  ,  &  dont  Péné/ope 
devoit  être  le  prix.  11  en  vint  à  bout , 
le  fît  reconnoître»  rentra  dans  le 
fein  de  fa  Camille,  &  tua  tous  fes 
rivaux.  (  Voy.  l'art.  Irus.  )  Quclr 
que  temps  après  il  fe  démit  de  fes 
Etats  entre  les  mains  de  TéUmaque  ^ 
parce  qu'il  avoit  appris  de  l'Oracle 
qu'il  mourroit  de  ia  main  de  fon 
£ls.  11  ait  en  eiiet  tué  par  TéUr 
tant  ^  qu'il  avoir  eu  de  drcé  :  (  Voy, 
TÉLÉGONE,  )  Il  fut  mis  au  nom- 
bre des  demi-£Heux.  Les  aventures 
^^Ulyjje  font  le  fujet  de  VOdy£ét 
^* Homère  qui  le  repréfente  comme  un 
liéros  brave  dans  les  combats ,  pru- 
dent dans  les  entreprifes ,  fage  & 
(éloquent  dans  les  confeils.  Virgile 
%e  peint  au  contraire ,  comme  un 
fourbe  &  un  fcélérat. 

UNITAUtS  ,  Voy.  UsSociy  -, 

pRELLIUS  -,  DaY  IDIS  ',   &C. 

UPTON  ,  (  Nicolas)  Anglois ,  fe 
Ipouya  au  fiége  d'Orléans  en  1^28, 


UR  A 

Il  (îit  depuis  chanoine  &  préeé^ 
teur  de  Sarisbery.  Edouard  Biffouâ 
publia  un  Traité  de  ce  chanoine  ; 
De  Studio  mîikari  ,  joint  à  d'autres 
Ouvrages  de  même  efpece  ,  Lon-9 
dres»  1654,  in-fol.  Upton  vivoif 
encore  en  1453* 

URANIE,  l'une  des  ix  Mufes^ 
pféfidoit  à  Taftronomie.  On  la  re^ 
préfente  fous  la  figure  d'une  jeune 
il  lie  ,  vêtue  d'une  robe  coi^euf 
d''azur ,  couronnée  d'étoiles,  foutes 
nant  un  globe  avec  les  deux  mains, 
&  ayant  autour  d'elle  plusieurs  inf* 
trumens  de  mathématiques.  Urajsim 
fut  auffi  le  nom  de  plufieurs  Nym- 
phes, &  un  fumom  célèbre  de  Vénus^ 
Sous  le  nom  é^l/ranle^  c'efl- à-dire  , 
Cèlc/Uy  on  adoroit  Vénus  comme  I4 
DéefTe  des  plaifirs  innocens  de  l'ef? 
prit-,  &  on  rappeioit ,  par  oppofi-> 
tion  ,  Vénus  terhfirt  ,  quand  elle 
^étoit  l'objet  d'un  culte  inÊime  & 
gro/Her. 

URANUS ,  premier  roi  du  peuf 
pie ,  connu  depuis  fous  le  nom 
d'Atlantes ,  fut  père  de  Saturne  & 
d* Atlas,  Ce  prince  raflembla  dans  les 
villes ,  fuivant  Diodort  de  Sicile , 
les  hommes ,  qui  avant  lui  étoienc 
répandus  dans  les  campagnes.  Il  le^ 
retira  de  la  vie  brutale  &  défor- 
donnée  qu'ils  menoient.  Il  leur 
enfeigna  Tufage  des  fruits  &  I4 
manière  de  les  garder ,  &  leur  corn? 
muniqua  pluûeurs  inventions  uti- 
les. Son  empire  s'étendoit  prefqutf 
par  toute  la  terre  *,  mais  fur^tout 
du  côté  du  Septentrion  &  de  TOcr 
cident.  Comme  il  étoit  foigneux 
Obfervateur  des  aibes,  il  déterminii 
pluâeurs  circonftances  de  leur  ter 
volution.  Il  mefura  Tannée  par 
le  cours  du  Soleil ,  &  les  mois  par 
celui  de  la  Lune  -,  6c  il  défigna  le 
commencement  &  la  fin  des  faifons. 
Les  peuples,  qui  ne  favoient  point 
encore  combien  le  mouvement  de^ 
afires  efi  égal  &  confiant ,  étonnéf 
de  la  juflâe  4ç  ^  f >^4f^9fî§  ' 


UR  B 

ârareat  qu'il  étott  d*une  oaturè  p!us 
.^'humaine  ;  &  après  fa  mort  ils  lui 
jUcernerem  les  honneurs  divins , 
à  caufe  de  fon  habileté  dans  TAf- 
tronomie  ,  &  des  bienfaits  qu'ils 
avoient  reçus  de  lui.  Ils  donnèrent 
fon  nom  à  la  partie  fupérieure  de 
l'Univers  ,  c'eft-à-dire ,  au  Gel , 
tant  parce  qu'ils  jugèrent  qu'il  con- 
noiflbit  particulièrement  tout  ce 
qui  arrive  dans  le  ciel,  que  pour 
marquer  la  grandeur  de  leur  véné- 
raôon  par  cet  honneur  extraordi- 
aaire  qu'ils  lui  rendoient.  (  DiO" 
fiORM  de  SUilc.  )  Voy€[  Atlas  & 
Saturne. 

I.  URBAIN,  (  S.  )  di(cîple  de 
TApôtre  5.  PW,  fut  évêque  de 
Macédoine  ;  mais  on  ne  fait  rien 
de  particulier  fur  fa  vie. 

II.  URBAIN  I.  (  S.  )  pape, après 
CaRxu  lylt  21  Oâobre  213  ,  eut 

!        ia  tête  tranchée  pour  la  Foi  de  J.  C, 

I        fous  l'empire  A'AUxandrt  Sivercy  le 

I        ^5  Mai  de  l'an  230.  Il  avoit  rempli 

fon  miniflere  en  fiomn^  apofto- 

lique. 

IIL  URBAIN  II,  appelé  aupa- 
ravant Ouon  ou  Oddon  ,  religieux 
de  Quiii  ,  natif  de  Châtillon-fur* 
Marne ,  parvint  aux  premiers  em- 
plois de  fon  Ordre.  Grégoire  VU  ^ 
Pénédiâin  comme  lui  «  ayant  connu 
ù  piété  &  fes  lumières ,  l'honora 
de  la  pourpre  Romaine.  Après  la 
mort  du  pape  V'^r  111,  il  fut 
I  placé  fur  la  chaire  de  5.  Pierre ,  le 
12  Mars  1088.  Il  fe  condiûfit  avec 
beaucoup  de  prudence  pendant  le 
fchifme  de  Tantipape  Guibert.  Il 
dut ,  en  1095 ,  le  célèbre  concile 
de  Clermont  .en  Auvergne.  Il  y 
Jut  ordonné  de  communier  en  re- 
levant féparément  le  Corps  &  le 
^g  de  J.  C.  :  ce  qui  prouve  que 
Uifage  ordinaire  étoit  encore  de 
ftmmunier  fous  les  deux  efpeces. 
Co  y  fit  auffi  la  publication  de  la 
pemiere  Croifade  pour  le  recou* 
VfmftRt  de  ]a  Tefré-fainte,  Lç$ 


U  R  B         135 

pèlerinages  des  Chrétiens  d'Occi- 
dent aux  Lieux- faims ,  furent  l'oc^ 
caiion  de  cette  confédération.  Les 
pèlerins  marchoient  à  la  Terre* 
fainte  en  grandes  troupes  >  &  bien 
armés  ;  on  le  voit  par  Texemple 
de  7000  Allemands  qui  firent  ce 
voyage  en  1064 ,  &  qui  fe  défcn» 
dirent  fi  vaillamment  contre  les 
voleurs  Arabes,  Les  Mufulmâns 
laiflbient,  à  la  vérité,  aux  Chré» 
tiens  leurs  fujets ,  le  libre  exercice 
de  la  religion  ;  ils  permcttoient  les 
pèlerinages ,  faifoient  eux-mêmes 
celui  de  Jérufalem  ,  qu'ils  nom* 
ment  la  Maifott'Sainte  ,  &  qu'ils 
ont  en  vénération  ;  mais  leur  haine 
pour  les  Chrétiens  éclatoit  en  mille 
manières  ;  ils  les  accabloient  de 
tributs ,  leur  interdifoient  l'entrée 
des  charges  &  des  emplois ,  & 
les  obligeoient  de  fe  diflii^er, 
^en  portant  un  habit  qui  pafToit 
pour  méprifkble parmi  eux-,  enfin , 
ils  leur  défendoient  de  confiruire 
de  nouvelles  Eglifes  ,  &  les  te* 
noient  dans  une  contrainte  qui 
pouvoir  être  regardée  comme  une 
perfécution  perpétuelle.  Ce  furent 
ces  mauvais  traitemens  qui  excitè- 
rent le  zèle  à! Urbain  11\  mais  les 
Croifades  ne  fervirent  pas  beau- 
coup aux  Chrétiens  de  l'Orient ,  & 
elles  corrompirent  ceux  de  rOcci-» 
dent.  (  Voyei  le  Difcours  de  l'abbé 
Flmry  ,  fur  les  Croifades.  )  Urbain 
mourut  à  Rome,  le  29  Juillet  1099, 
après  avoir  conduit  le  vaifleau  de 
l'Ëglife»  dit  le  P.Longueval^  avec 
autant  de  fagefTe  que  de  courage. 
Il  combattit  à  la  fois  un  antipape 
violent  &  accrédité ,  un  empereur 
fchifmaâque ,  un  roi  de  France  peu 
réglé  dans  fes  moeurs  ,  un  roi 
d'Angleterre  violent  &  peu  reli- 
£^eux,  &  des  prélats  concubinai- 
res  &  fimoniaques.  On  a  de  lui 
zix  Luttes ,  dans  les  Conciles  du  P. 
Labbe,  Dom  Rninart  a  écrit  fa  Vit 
en  Ijitin  :  elle,  efl  ai;{&  curieufe  ^'ia- 


>|4        U  R  B 

tèrtfilime.  On  U  trouva  dUat  la« 
<Kuvrt»  pofthumcs  de  D.  Mski/iom, 
IV.  URBAIN  UI ,  «ppclé  aupa- 
cavaps  Hubtn  Criv^Ui  ,  archevêque 
4e  Milan ,  Ta  patrie ,  fut  élu  pape 
9près  iiicMtf  111,  à  la  fin  de  No- 
vembre i\%%,  il  eut  de  grajidei 
Gooteûatfoas  avec  Tempefeur ,  tour 
jChant  les  terres  laiâiées  par  la  coin» 
tefle  Maûlde  à  l'églUe  de  Rome.  11 
l'aurott  excommunié ,  fi  on  ne  lot 
avoit  £ût  featir  l'imprudence  de 
^ette  démarche.  Ce  ponci£e:  mourut 
i  Ferrare  ,  le  19  Oâobre  1187 , 
après  avoir  appris  la  funeûe  nou* 
velle  de  la  priTe  de  JérufiUem  par 
Saladiru  Ce  fut  cette  perte  qui  avança 
ù  dernière  heure.  Son  iele  étoii 
ardent-,  m^  il  ne  fiit  pas  toujours 
éclairé. 

y.  URBAIN  IV ,  { Jacques  Pan- 
MUoa,  dit  dd  Court -faims)  qé  à 
Troyes  en  Champagne ,  d'un  fave-. 
tjer ,  s'éleva  par  fon  mérite.  D'abord 
archidiacre  de  («aon  ,  enfuite  de 
Licge,  il  avoit  été  fait  évèque  de 
-  Verdun  ,  légat  apoiloliqixe  en  di* 
verfes  contrées ,  patriarche  de  Jéru* 
(alem.Eniin,  après  la  mort  d'^/(s«ii^ 
dfe  IV»  il  fut  placé  Air  la  chaise 
pontificale  le  19  Août  1161.  Il 
publia  une  Croxiade  contre  Maln^ 
froî  ,  ufurpateur  du  royaume  de 
Sicile  «  en  1263;  inititua  la  fèie 
du  Saine-Sacrement ,  qu'il  célébra 
pour  la  première  fois  le  Jeudi 
«Japrès  rOÔave  de  la  Pentecôte 
1 164.,  Il  fit  comDofer  l'Office  de 
cette  Fête  par  S,  à.  humas  d'Aquin  \ 
c'eft  le  même  que  Aous  récitons 
encore.  Mais  le  pape  Uiéah  étant 
mort  en  cette  même  année  ,  à 
Peroufc,  la  célébration  de  cette 
^  folennité  fm  interrompue  pendant 
plus  de  40  ans.  Elle  avoit  été  orr 
donnée  dès  Tannée  1146 ,  par  Ro» 
hdH  dt  Torou ,  cvèque  de  Liège,  à 
i'occafion  des  révélations  fréquentes 
qu'une  fainte  religieufe  Hofpit^liere, 
pomi^  JiàlUmu  ,  recevoit  depuis 


URB 

loof^amps.  Url>»m  a'ouWîa  pas  ^ 
patrie ,  lorfqu'il  fut  pape.  Il  of&i| 
la  Sicile  à  Ckarits  d^Anfou ,   frète 
de  Saim  Louis  ;  il  fut  toujours  ai- 
t Jché  aux  François ,  &  Cur-tout  aux 
Champenois.  Non-conteat  d'avoia 
condruit  ou  rétabli  dans  différentes 
villes,  des  Tenples  magnifiques  »  il 
convertit  fa  maifoo  paternelle  da 
Troyes,  en  une  EgUfe  dédiée  à  Saiiu 
Urkaln,  On  a  d'^ir&4m/f  uziePara« 
phrafe  du  Mi/wn ,  d^ns  /a  BihM^ 
êkâfue  du  Pens  ;  &  LXZ  Lecrts  ,  daiu. 
le  Jréfor  dâs  AfuOotes  du  P.  MéUf^ 
êtnnt.  Elles  peuvent  fervir  à  l*Hî£>. 
toire  ecçléfiaftique  &  proÊKie  de  ca 
temps-là.  On  \o^  dans  ces  Lettres, 
un  exemple  remarquable  de  bonté.. 
Dans  le  temps  qu'il  ét^it  archidiacre 
à  Liège,  le  pape  /moom» /K  étant  i 
Lyon» l'envoya  en  Allemagne,pout. 
quelques  afFaires   de  l'Eglife  Ro»*. 
maine.  Là,  )  gentilshommes  du  dio- 
cède  de  Treves,le  firent  prendre  &  le 
retinrent  quelque  temps  prifonaier  1^ 
après  lui^voir  volé  fes  chevaux  ^ 
ion  argent    Sç  d'autres    meubles, 
•*  Lorfqu'il  fiit  pape ,  ces  gentils- 
9  hommes  (  dit  Fleury)  lui  pfifri- 
M  rent  de  hù  refiituer  çequ*i^  lui 
M  avoient  pris.  &  de  lui  faire  fittis* 
>?  faâion  pour  l'infulte ,  demandant 
»♦  feulement  difpenfe    d'aller    en. 
¥  perfonnerecevoîrl^abroluciondc. 
>•  l'excommunication  qu'ils  avoien^ 
M  encourue ,  attendu  les  périls  des. 
n  chemins ,  &  les  ennemis  qu'ils. 
»  a  voient.  Le  pape  donna  la  per- 
M  miffiqn   au   prieur    des  Frerea« 
"  Prèdieurs  de   Coblens  de    les 
H  abfoudre  ,   &  de  leur  déclarer- 
>»  enfuite  qu'il  Uur  remçttoit  libd-. 
»  ralement ,  en  vue  de  Dieu ,  tou^ 
"  lejtort  ^  l'injure  qu'ils  lui  ayoiett 
*>  fait  :  leur  enjoignant  feulement 
n  de  s'abfienir  dé^rmats  de  pi* 
"  reiUes  violences  «'.  La  Lettre  ék 
du  9^  Juillet  1264.  Ainfi  le  Pea* 
tife  oublia  les   injures    faites  m^, 
légat,  tandis  que  des  çaràçuljeQi; 


UR  B 

fb^urs  cherdient  à  Te  venger  <l« 
tom  bien  moins  graves. 

VI.  URBAIN  V  ,  (Guillaume 
ffe  Grhnoald  )  fils  du  baron  du  Rour$ 
&  A'EjnphtRft  de  Sabra»   foeur  de 
Satn'E/iear,  né  à  Grifac,  diocefe 
à^  Me.'.de ,  dans  le  Cevaudan  ;  fe^( 
Bénédiâin,  &  fut  abbé  de  Saint- 
Germain  d'Auxerre ,  puis  de  Saint- 
Viâor  de  Marfeille.  Après  la  mort 
é' Innocent  F7,  il  obtint  la  papauté, 
le  27  p£^obre    1361.  Le  Saint- 
Siège  étoit  alors* à  Avignon;  i/'- 
baln  V  le  transféra  à  Rome  en  1 367. 
Il  y  fut  reçu  avec  d  autant  plus  de 
|oie,  q«e  depuis  i  '^o/^si^tBtmit  XI 
fortit  de  cette   ville ,  aucun  pape 
ny  avoir  réfi#é.  L'an  1370  Urbain 
Quitta  Rome  pour  revenir  à  Avi- 
gnon. Su,  Brigim  lui  fit  dire  de 
ne  pas   entreprendre  ce  voyage, 
parce  qu'il  ne  Tacheveroit  pas.  11 
L        pmit  <;ependant  ,  &  arriva  le  24 
Septembre  à  Avignon ,  où  il  fut 
auffi-tôt  attaqué  d'une  grande  ma- 
ladie qui  l'emporta  le  1 9  Déceihbre, 
Le  pape  l/rbifln  V  avoit  bâti  plu- 
fieurs  Eglifes ,  &  fondé  divers  cha- 
'         pitres  de  chanoines ,  &  fignalé  Ton 
pectifîcat  en  réprimant  la  chicane , 
I  ufure ,  le  dérèglement  dçs  ecclé- 
fiafliques,  la  fimonie,  &  la  plura- 
lité des  bénéfices.  11  entretint  tou- 
jours mille  écoliers  dans  diverfes 
ùniverfités,  &  il  les  fpurniffoit  4es 
\        fivres  néceffaircs.  11  fonda  à  Mont- 
\        pellicr  un  Collège  pour  1 2  émdians 
i        en  médecine.  Pour   avoir  plus  à 
[        donner  aux  pauvres,  il  ne  donna 
\        rien  à  fes  parens.  A  Texception  de 
k      ^n  frère  qu'il  décora  de  la  pourpre, 
E      &  d'un  neveu  qu'il  fit  évêque  de 
p       Çaînt-PapouJ ,    il    n'augmenta   la 
fortune  d'aucun  ;  il  ne  fouffrit  pas 
ttême  que  fon  père  ,  qui  vivoit. 
èicore  lorfqu'il  fut  élu  pape,  ac- 
i         C4cta  du  roi  Jtt^  une  penfîon  de 
^*o  livres  que  ce  prince  vouloit 
\pi  faire  à  fa  confidération.  Tendre 
^ç  des  pauvres ,  il  diftribuoit  des 


URB         x%\ 

remèdes  8e  des  alimens  aok  pai^« 
vres ,  dontioit  des  confeiU  à  ccwi 
que  la  chicane  pourfuxvoit  injufte* 
ment ,  plaçoit  des  filles  expofées  ^ 
fe  perdre,  foutenoit  les  familles 
honorables  tombées  dans  la  mifère. 
Sa  vie  étoit  d'un  pénitent  auilere  ; 
&  quoiqu'il  eût  mis  dans  fa  tible 
la  plus  grande  frugalité  ,  il  parta^ 
geoit  encore  avec  \t%  indigens  le 
peu  de  mets  qu  on  lui  fervoit.  On 
a  de  lui  quelques  Loina^  peu  tm» 
portantes, 

VII.  URBAIN  Vï,  (  Bar^eleml 
Frtgnano  )  ottifde  Naplcs ,  &  arcbc^' 
vêque  de  Bari ,  fiit  élevé  fur  la  chaire 
de  Saint-Pierre  contre  les  fonne^^ 
ordinaires  ,  n^étant  pas  cardinal  * 
&  dans  une  efpece  de  fédition  du 
peuple ,  le  9  Avril  1 378.  Les  car- 
dinaux élurent ,  peu  de  temps  après  |^ 
le  cardinal  Robert  de  Genew ,  qui  prit 
•le  nom  de  CMneruVIt  Cette  doublet 
élection  fut  l'origine  d'un  lichifinc 
aufll  long  que  fâcheux ,  qui  déchira 
l'Ëglife.  l/rbalu  fut  reconnu  par  la 
plus  grande  partie  de  l'Empire  ^  eii^ 
Bohème  ,  en  Hongrie,  -en  Angle-^ 
terre.  L'an  13&3  ,  le  pontife  fit 
prêcher  une  Croifâde  en  Angleterre 
contre  la  France ,  &  contre  le  pape 
CUmefU  Vil  fon  compétiteur  *,  & 
pour  la  ifoutenir  ,  il  ordonna  la 
levée  d'une  décime  entière  fur' 
toutes  les  Çglifes  d'Angleterre  : 
Car  ,  dit  FroissARD  ,  les  gens  de 
guerre  nefe  payent  pas  de  pardons.  Un 
évêque  fut  chargé  de  cette  armée 
ecciéfiaftique  ,  qui  fe  battit  égale- 
ment contre  les  Ctémentins  &  les 
Urbanifles  ,  &  qui  finit  par  être 
diflipée.  VÀaîn  ,  au  défefpoir  ,  fit. 
arrêter  lix  de  fes  cardinaux  ,  qui' 
avoient  ,  diîoit-on  ,  confpiré  de 
le  faire  dépofer  &  brûler  comme^ 
hérétique.  Ce  complot  étoit  réel  ; 
Urbain  fit  mourir  les  coupables  , 
après  leur  avoir  fait  fubir  la  quef- 
tion  la  plus  cruelle.  Il  n'excepta 
qu'un  cardinal  é  vêque  de  Loadres  y 


13^       URB 

qu'il  délivra  à  la  prière  du  roi 
d'Angleterre.  Une  telle  conduite 
n'étoit  guère  propre  à  lui  attirer 
des  amis  i  fes  plus  intimes  l'aban* 
donnèrent  de  )our  en  jour.  Sa  cour 
étoit  un  défert.  Il  n'en  devint  que 
plus  dur  &  inflexible.  Au/Iî  fa 
mort ,  arrivée  en  1389  ,  fut  une 
iètt  pour  le  peuple  :  il  avoit  ce- 
pendant du  mérite  &  des  vertus. 
Grand  canonise ,  ami  des  gens  de 
lettres ,  ennemi  de  la  fimonîe  &  du 
b&e  ,  dur  à  lui-même  ,  portant 
fans  cefle  le  cilice  ,  patient  dans 
Tadverfité ,  fenlible  au  malheur  des 
autres  «  en  un  mot ,  digne  d'être 
pape  y  s'il  ne  l'avoit  jamais  été. 
Mais  dès  qu'il  eut  obtenu  cette 
dignité  ,  il  montra  un  zèle  indifcret 
qui  aliéna  les  efprits.  Le  lendemain 
de  fon  couronnement ,  il  inveâiva 
les  autres  prélats  de  fa  cour ,  &  quel- 
ques jours  après  il  ne  traita  pas 
mieux  les  cardinaux.  Ce  furent  tous 
les  jours  de  nouvelles  fcenes ,  qui 
marquoient  dansfon  caraâere  autant 
de  bizarrerie  que  de  dureté.  Tan- 
tôt affed^ant  un  grand  mépris  pour 
les  richeffes,  il  renvoyoit  avec  des 
injures  les  coUeâeurs  des  revenus 
du  Satnt-Siége  :  tantôt  affichant  fa 
Supériorité  fur  les  premières  têtes 
de  l'Europe,  il  difoit  qu'il  fauroit 
bien  fe  faire  juflice  des  rois  de 
France  &  d'Angleterre  ,  dont  le» 
divifions  ayoient  caufé  tant  de 
maux  à  la  Qirétienté.  Ces  manières 
fi  déplacées ,  firent  penfer  aux  car- 
dinaux que  le  faîte  des  hoimeurs 
avait  éhranté  U  cenftau*  de  u  Pontife» 
i  Hift.  de  l'Eglife  Gallic.  Liv.  41.) 
Urbain  avoitfait  le  11  Avril  1389, 
^  trois  InÔitutions  mémorables.  La 
1**  fut  de  diminuer  encore  l'imer- 
valle  du  Jubilé  *,  il  le  fixa  à  33 
ans ,  Te  fondant  fur  l'opinion  que 
Jcfus'Chrift  a  vécu  ce  même  nombre 
d'années  fur  la  terre.  La  a®  Infti- 
tution  fut  la  fête  de  la  Vifitation 
d^  la  SaUui  Fierez,  EoTm  ,  il  ftatua 


URB 

qu'à  la  flte  du  Saint  •  Sacrement^ 
on  pourroit  célébrer  nonobftant 
l'interdit  •,  &  que  ceux  qui  açcom» 
pagneroient  le  Viatique  depuis 
l'Eglife  jufque  chez  un  malade  , 
&de  chez  le  malade  à  l'Eglife  ,  ga- 
gneroient  cent  jours  d'Indulgence. 
Vin.  URBAIN  VII,  Romain  , 
appelé  auparavant  Jean  -  Baptl/fe 
Cajiignd  ,  éc  cardinal  fous  le  titre 
de  Saint' Marcel  ,  obtint  la  tiare 
après  Sixte- Quint ,  le  15  Septembre 
1590.  Ce  pape  qui  Taimoit  beau- 
coup ,  l'avoit  regardé  comme  foa 
fuccefTeur.  Il  dit  un  jour  aux  car- 
dinaux que  les. poires  ùoîent  pourries  ^ 
qu'il  leur  falloU  des  châtaines;  &i- 
fant  alluiion  aux  poires  qu'il  por- 
toit  dans  fes  armoiries  ,  &  aux 
châtaignes  qui  étoient  celles  de  la 
famille  de  Càftagna,  La  piété  &  la 
fcience  d'Urbain  VU  faif oient  at- 
tendre de  grandes  chofes  de  foi» 
gouvernement;  mais  il  mourut  12. 
jours  après  fon  éleâion ,  le  27  du 
même  mois.  Sa  réiignation  éclata 
dans  fes  derniers  momens.  Le  5m- 
gnetw ,  dit-il  avant  que  d'expirer  • 
me  dégage  des  liens  qui  auroient  p» 
mètre  f un' fies, 

N  IX.  URBAIN  VIII ,  de  Flo- 
rence  (  Maffto  Baihmno  )  monta  fur 
le  trône  pontifical  après  le  pape 
Giégoire  XV  ,\ç.(y  Août  1623.  li 
réunit  le  duché  d'Urbain  au  Saint- 
Siège  V  il  approuva  l'Ordre  de  la 
Vifitation ,  confirma  les  Capucins 
dans  U  pofTefîion  du  titre  de  yraHs 
En  fans  de  S,  François  ,  [  Voye* 
Baschi.  ]  &  fupprima  les  Jcfui- 
tefTes  en  163 1.  Il  donna  en  1642 
une  Bulle  qui  renouvelle  celles  de 
Pie  V  contre  Bàius ,  &  les  autres 
qui  défendent  de  traiter  des  matierei 
de  la  Grâce.  La  même  Bulle  d'£//^ 
bain  déclare  que  ÏAugu/Bn  deJ^»*. 
fenîus  renferme  des  propofitiou 
déjà  condamnées.  Il  publia  la  mênfi 
année  une  Balle  fur  un  objet  diflÊ" 
reût.   Cette   nouvelle  conÔitutijA 


U  R  B 

€é{en<loît  de  prendre  du  tabac  dans 
l'Eglife ,  fous  peine  d'exconimuni- 
cation.  Ce  fut  à  ce  fujet  qu'on  vit 
Paf^uîn^  fe  plaignant  de  lafévérité 
du  pape,  fe  fervir  de  ce  paflage  de 
Job  :  Contra  foiîum  quod  vento  rapitur, 
oftmdls  pountuim  tuam,  &  ftipulam 
ficcam  perfequcrîs,  >»  Vous  faites 
^  éclater  votre  puifTance  contre 
^  une  feuille  que  le  vent  emporte , 
^  &  vous  perfécutez  une  paille 
*'  feche  ».  Ce  pontife  mourut  le 
29  Juillet  1644,  après  avoir  rem- 
pli tout  ce  qu'on  eft  en  droit  d'at- 
tendre d'un  pape  vertueux  &  éclairé. 
U  entendoit  &  bien  le  Grec ,  qu'on 
l'appeloit  VAheille  Attiquc  ,  &  il 
réuffiiToit  dans  la  poéfie  latine.  U 
corrigea  les  Hymnes  de  l'Eglife. 
Ses  V&rs  latins  f ocrés  ont  été  im- 
primés à  Paris,  au  Louvre,  in-folio, 
avec  beaucoup  d'élégance  ,  fous  ce 
titre  :  hiaffci  BarBerlni  Pocmata.  Les 
plus  confidérables  de  fes  Pièces 
font  :  L  Des  Paraphrafcs  fur  quel- 
ques Pfeaumts  &  fur  quelques  Can- 
tiques de  l'Ancien  &  du  Nouveau 
Teflament.  IL  l>ts  Hymnes  &  des 
Odes  fur  les  Fêtes  de  Notre -Sei- 
gneur, de  la  Sainte  Vierge  &  de 
piulieurs  Saints.  IIL  Des  Epîgram" 
Jfus  fur  divers  hommes  illuftres. 
Ces  différens  ouvrages  ont  de  la 
noblefle;  mais  ils  manquent  de  cha- 
leur &  d'imagination.  On, a  encore 
de  lui  des  Poéfics  Italiennes ,  Rome, 
1640  ,  in- 12..  Ce  fut  Urbain  VIU 
qui  donna  le  titre  d^Emlnentlffime  , 
aux  cardinaux  ,  aux  trois  éleâeurs 
eccléfxaftiques ,  &  au  grand-maître 
de  Malthe...  Voyci  11.  Malachim, 

X.  URBAIN  DE  BfiLLUNO  , 
(  Urkanus  Valerîanus  ou  Bol^^anus  ) 
Coidelier  &  précepteur  du  pape 
Léon  X j  mort  en  l$24,  à  S4  ans, 
eft  le  premier ,  fçlon  Vojfms^  qui  ait 
donaé  une  Grammaire  grecque  en 
latin ,  qui  mérite  quelque  eûime , 
îfl-4*'  »  Paris,  1543.  Il  a  donné 
fu^vuKf  ÇoUçâioad'î^jieo»Gr|% 


URÉ  137 

maîriens ,  fous  le  titre  de  Thefauna 
Cornucopîee^  Venife  ,  1496,  in-fol. 

URBANISTES,  Koy.  Claire. 

URBIN ,  Vuyei  Bramante. 

URC£US ,  (  Antoine  )  furnommé 
CoDRus,  né  en  1446  à  Herberia 
ou  Rubiera ,  ville  du  territoire  de 
Reggio  i  enfeigna  les  belles-lettres 
à  Forli ,  avec  des  appointemens 
confidérables.  De  là  il  pafia  à 
Bologne  ,  où  il  fut  profeiTeur  des 
langues  grecque  &  latine  ,  &  da 
rhétorique.  L'irréligion  &  le  liber- 
tinage déshonorèrent  fa  jeuneiTe  i 
&  quoiqu'il  fit  l'efprit  fort,  il  a)ou- 
toit  foi  aux  préfages  les  plus  ridi« 
cules  ;  mais  il  fe  repentit  de  fes 
impiétés  &  de  îts  égaremens ,  &  it 
mourut  à  Bologne  >  dans  de  grand» 
fentimens  de  piété,  en  1500,  à  54 
ans.  On  mit  fur  fon  tombeau  pour 
toute  épitaphe  :  Codrus  eram^  Sa 
famé  avoir  été  toujours  très-foible. 
Avec  un  extérieur  doux ,  il  avoit 
l'humeur  bilieufe  &  févere.  11  étoit 
avare  de  louanges  ,  &  prodiguoit 
les  critiques ,  fur- tout  à  l'égard  des 
auteurs  modernes.  On  a  de  lui  : 
I.  Des  Harangues.  II.  Des  Sylves , 
des  Satires,  des  Eplg^ammes  èc  des 
Eglogues  en  latin,  dont  il  y  a  eu 
pluûeurs  éditions ,  quoique  lé  mau« 
vais  l'emporte  fur  Texcellent.  Urceus 
étoit  cependant  un  liomme  d'efprit, 
plein  de  gaieté  &  de  faillies.  Le 
prince  de  Forli  s'étant  un  jour  re- 
commandé à  lui  :  Les  affaires  vont 
bien  y  répondit  Urceus  /  Jmpiur  fe 
recommande  à  Codrus  ;  depuis  ce 
'mot  ,  le  nom'  de  Codrus  lui  fut 
donné.  Ses  Ouvrages  font  afTez 
rares  ,  fur  -  tout  de  l'édition  de 
Bologne ,  1 502. ,  in-fol.  Bayle ,  qui 
n'avoit  pas  eu  occaûon  de  les  voir» 
a  commis  beaucoup  de  fautes  dans 
l'article  d!  Urceus  Codrus, 

URÈÊ  ,  (Olivier)  en  latin  Ure^ 
dius  ,  iuriiconfulte'  des  Pays-Bas  » 
mort  en  1642 ,  connoifToit  Pliiiloire  , 
guj(]jLl)ienc[uelaiurifprudçoc^  Q|| 


458        U  R  F 

è  de  Itxî  :  I.  La  Généa/o^edes  Comtes 
ile  Flandres ,  en  lacin  ,  Bruges  ,  1641 
et  1643 ,  2  volumes  in-fol.  II.  Les 
Sceaux  des  Comtes  de  Flundns ,  lè; 9 , 
Sa- folio.  L'bo  &  l'jutfe  ont  été 
inaufiadement  craduks  en  françois , 
EL  imprimés  à  Bruges  ,  1641  & 
.1643  ,  3  volum.  in-folio.  111.  Une 
H'fioirt  de  Flandres^  en  latin,  Bruges  ^ 
1650, 1  vol.  in-&>lio.  Le  dernier 
tome  cft  le  plus  rare  à  trottver. 
Voye^  la  Méthode  pour  étudier  tHlf^ 
fdbt ,  de  £en^ ,  tome  xir ,  page 
ft6i. 

I.  URFÉ ,  (  Honoré  ^  )  comte 
ée  Château-nenf ,  marquis  de  Val- 
romety  i  naquit  à  Marfeilie  ta. 
1567  ,  de  Jacques  d'Vrfi  ,  d'une 
illuftre  «naifon  de  Forez  ,  origi- 
éiair«  de  Suabe.  II  fut  le  5^  de  fîx 
fils ,  &  leirere  de  fix  fœurs.  Après 
tvMT  fait  fes  études  à  Marfêille  &  à 
Tourhon ,  il  feit  envoyé  à  Malthe , 
d'où  il  retourna  dans  le  Forez  , 
be  pouvant  pas  fupporter  les  pri- 
vations du  célibat.  Ajùie  d'Urfé  ion  ■ 
frère  ,  avoit  époufé  en  m ^^  Diane 
de  ChevîltMC  de  ChdteawMorand  ^  riche 
&  feule  héritière  de  fa  maifon.  Ce 
1i  mariage  ayant  fubiifié  pendant  22 
fins  ,  fut  rompu  pour  caufe  d'im- 
pniffaoce ,  en  I596.  Anne  embraâk 
l'état  ecdéfiaftique.  Diane  refia  libre 
pendant  quelques  années  *,  enûiite 
éédamaux  pourfuites  &' Honoré ,  qui 
ne  vouloh  pas  laiiTer  fortir  de  fa 
ttreifon  \ti  grands  biens  qu'elle  y 
Wvoît  apportés  ,  elle  confeniit  à 
l*épou&r.  Ce  mariage  n'étant  fondé 
^çue  fur  l'intérêt  »  les  deux  époux 
lie  vécurent  pas  long-temps  dant 
tine  parfaite  inielligence.  La  mal- 
propreté de  Diane ,  toujours  envi- 
ronnée de  grands  chiens ,  qui  cau- 
fbient  dans  fa  chànri>fe  &  même 
dans  fon  lit  »  une  faleté  infupporta- 
•ble ,  dégoûtereat  bientôt  fon  mari. 
D'ailleurs  d'Urfévrort  efpéré  qu'il 
«aitroit  de  ce  mariage ,  des  enfans 
<t^  puifimt  çoflfenrer  data'famaifon 


URF 

ks  biens  que  Diane  y  avoit  appôf^ 
tés  ;  mais  »  au  lieu  d'enfens  >  elle 
accouchoit  tous  les  ans  de  môles 
informes.  11  fe  recira  donc  en  Pié^ 
mont ,  où  il  coula  des  )ours  heu« 
rèux  »  dcbarraflé  des  épines  dé 
rhyn\|en  &  dé  l'ennui  du  ménage* 
U  mourut  à  Ville  -  Franche  efli 
15  2^ ,  âgé  de  58  ans.  Sa  maifon  eft 
éteinte.  Ce  £ik  vraifemblablemenc 
pendant  ù  retraite  en  Piémont ,  qu'il 
compofa  fon  A/èrée;  4  vol.  in-8®  »' 
augmentée  d'un  5^  par  Baro  fon 
iècrccàire  Cette  Paftorale  fut  la 
folie  de  toute  1  Europe  »  pendant' 
plus  de  |o  années.  C'eit  un  tableau 
de  toutes  l<?s  conditions  de  la  via 
kumainè  ,  qui  taifife  peu  à  défirer 
du  côté  de  1  invention  ,  des  moeitfa 
&  des  caraâetes.  Ce  tableau  n'eft 
point  à  plaifir^  &  tous  les  £iits« 
couverts  dua  voile  ingénieux  , 
ont  un  fondement  véritable  dans 
l'hifioire  des  amours  de  l'auteur 
avec  Diane  de  Château-Morand ,  ou 
dans  celle  des  galanteries  de  la  cour 
de  Henri  IV,  U  cft  vrai  que  les  carac* 
*eres  ne  font  pas  touiours  affortis' 
au  genre  paftoral ,  &  que  les  ber- 
gers de  VAJirée  jouent  le  rôle ,  tantôt 
d'un  courtiiàn  délicat  &  poli  ,  & 
tantôt  d'un  fophifle  très-pointilleux; 
"  Ce  livre  ,  qui  faifoit  autrefois  les 
"  délices  des  perfonnes  les  plus 
»  Spirituelles  ,  &  même  des  iavans 
"  (  dit  NlceroA),  n*eft  plus  lu  main- 
"  tenant.  Le  gofit  de  ces  Romans 
"  de  longue  haleine  ,  &  où  les 
«♦  aventures  font  entaiTées  les  unes, 
"  fur  les  autres ,  fans  qu'on  en  voie 
**  jamais  la  lin ,  a  fubfifté  quelque 
»  temps  *,  mais  il  efl  entièrement 
"  paifé.  On  n'eft  plus  d'humeur  à 
»  fe  prêter  long-temps  à  des  idées 
»  il  éivoles;  &  ceux  qui  ont  con- 
»  fervé  le  goût  du  Roinan,  ne  veu- 
M  lent  plus  que  de  ces  hiftoires  qui 
»  durent  aflez  pour  les  amufer,' 
c  mais  non  point  aflez  pour  Icot^ 
f^  caufer  de  l'emiui^  M.  ^eUm  ti 


ûitf 

<^  iûHaé  des  éclairciftemÂis  fur 
^  VAflrte,  o4  il  découvre  pluâeuri 
^  perfoftne*  ,  do«  Hahoré  iUrfé 
>'  a  eu  int^tion  de  parler  fous  dé* 
>>  noms  empruntés  *,  nuds  c'eft  une 
>»  cMe  qfui  interne  iHsfixitenam 
rt  peu  depcrfonhes  «.  La  to^Uettre 
édition  de  cet  ouvrage  eft  crfle  de 
Paris,  i75î,eii  lo  vc4.in-ia,pat 
fâlAé  5ottM4i  ;  [  Voy.  SOUCMAi.] 
Gn  a  encore  de  ^Vrfi  :  I.  Un 
i^oemé  inûta\é:ia  Si/tne  ^  i6ïi  , 
iR»8**  i  c'«ft  le  premier  ouvrage  de 
fauteur,  &  il  n'annoùçoit  qu'un 
po€te  médiocre.  II.  Un  autre 
PÔcrae,  fous  le  titre  de  /à  Sàvoi'- 
jkde ,  dont  il  n'y  a  qu*une  partie 
d'imprimé*.  lU.  Une  Paftor^te  en 
vers  non  riinés ,  intitulée  :  la  Syl- 
tofùre ,  in-8*.  ÏV.  Des  BpUns  nto- 
ntùssy  in- Il  ,  i6io.  ïl  n'y  a  rien 
daîxs  ce  livre  (  dit  Nkeren  )  que 
de  fort  commun ,  &  il  n'eft  pltis 
gixett  connu, 

II.  URFÉ,  (Anne  d'  )  frère 
àlaé  ^tt  précédent ,  fiit  comte  de 
Lyon,  &  mourut  en  i6it ,  à  66 
ans.  Cétcnt  un  homme  de  lerfres  , 
4ui  avok  avftm  de  venu  que  d'ef- 
prit.  On  a  de  hii  des  Sanntts ,  des 
Hyffuits  &  d'autres  Pvéfiis,  i6oS  , 
iifif-4*'  *  qui  étoiem  médiocrement 
iomies ,  même  pour  fon  temps. 

/.  UKIÊ,  mari  de  JBetfahéc,  Sa 
hxtittte  étant  enceinte  ée  l'adultère 
qu'elle  avott  coinmls  avec  David, 
en  dx>nna  avis  à  ce  prince ,  qui , 
poinf  cacher  fo«  Crime ,  engagea 
&rte  à  revoir  ik  fetmne.  Mai» 
comme  il  téviÙL  d'dler  à  fa  itiai- 
fon  ,  Davîd  le  fcnvoyti  au  fiége 
de  Reblath ,  d'où  il  vetcait ,  avec 
des  lettres  pour  Joté' ,  qui  eut 
<rrdte  éo  le  mettre  dans  ï'endroit 
4e  plus  péraieux ,  puis  de  l'y  abati- 
donner  pour  y  prérir.  Cet  ordre 
tfjMi  fat  fideHcment  exécuté  ,  & 
^  ia  vertueux  l/rîc  fut  la  viftime  de 
l^mpudidts  de  ia  iemioe  &  de  don 


.  ù  t  ô      ii^ 

IL  URl£,  Aicceflhir  de  Sa^ 
iùt  II ,  dans  la  grande  facrificaturé 
des  Juifs,  vivoït  (bus  le rtfx  Acha\^ 
Ce  prince  étant  allé  à  Damas  au- 
devant  de  ftgUA  -  Phalaffar  ,  8t 
ayant  vu  dans  cette  ville  un  autef 
profane  dont  la  formé  lui  plutv 
en  envoya  aufii-t6t  le  deflln  ank 
gratïd-prêtre  V^tU ,  èff  lui  ordon^- 
nant  de  faite  un  autd  pour  lé 
Temple  ,  fur  ce  modèle.  Le  grand- 
pî  être  exécuta  ponûueîlement  l'or- 
dre du  roi ,  &  fe  couvrit  d'un  op- 
probre éternel ,  en  trahiflatit  ainÛ 
fon  miniftere. 

IIL  UftIE,  û\é  et  Séfttit ,  pro- 
p^tifoit  au  nom  du  Seigneur ,  eif 
même  temps  que  Jérémte ,  &  prédi-; 
fdit  ,  contre  lérufaleni'  &  tout  l6' 
pays  de  Juda  ,  les  mêmes  chofer 
que  ce  prophète.  Lç  roi  Joahlm  ^ 
les  grands  de  f^^  cour  l'ayant  en* 
tendu ,  voulurent  fe  faifir  de  lui  y* 
&  le  faire  mourir  :  t/rîe^  qui  en 
fyt  averti  ,  fe  fauva  eh  Egypte.; 
lilais  Joakim  l'ayant  fait  pbiirfuivre  ^ 
il  fut  pris  ôc  mené  à  Jérufaleiti ,  ou 
te  roi  le  fit  mouAr  par  l'épéc  ,  & 
ordonna  qu'on  l'enterrât  fans  hon- 
neur dans  les  f^pulchres  des  der-»"^ 
niers  du  peuple. 

UROOAÎ ,  (  Henri  -  Corneille  ) 
peintre,  né  à  Harlem  en  1566  ^ 
pafîa  la  plus  grande  partie  de  fa 
vie  à  voyager.  L'Italie  ne  fut  J)a* 
oubliée.  11  fit,  dans  cette  grande 
école  ,  les  études^  néceflaîres  pour 
fc  perfeâionner.  Paul  Bril ,  qu'il 
rencontra  à  Rome ,  lui  fut  fur-tout 
d'un  grand  fecours.  Utooth  s'étarr 
embarqué  avec  un  grand  nombrtf' 
de  fes  Tableaux  pour  l'Êfpagne ,  eut 
à  effuycr  une  <rffreufe  tempête  , 
qui'  le  jeta  fur  des  côtés  inconnues  ^ 
et  lui  enleva  tout  fon  tl-éfor  pitto- 
refque.  Quelques  Hermites  ,  ha- 
bitans  de  ces  demeures  fauvages^ 
exercèrent  envers  lui  l'hofpitalité» 
de  lui  fournirent  bientôt  l'occaC^a 
de  retournée  àaxLÈ  0r  psftne,  tt 


1 


140        U  ft  R 

peintre  ,  par  reconnoiflance  ,  fit 
plusieurs  Tableaux  pour  orner  leur 
Eglife.  Ce  maître  avoit  un  rare  ta- 
lent pour  repréfenter  des  Marines 
&  des  Combats  fur  mer.  L'Angle- 
terre &  les  princes  de  Naffau  l'oc- 
cupèrent à  confacrer  ,  par  fon 
pinceau  *  les  vidoires  maritimes 
que  ces  deux  Puifiances  avoient 
remportées.  On  exécuu  même  des 
tapiàéries  d'après  ies  Ouvrages. 
Nous  ignorons  l'année  de  fa  mort. 
UARACA  ou  Urraque,  fille 
&  héritière  d'Alphonfe  VI ,  roi  de 
Léon  &  de  GafUlle  >  époufa  d'abord 
Raimond  de  Bourgogne ,  qui  ]a  laifia 
veuve  en  iioo.  Elle  fe  remaria  ûx 
ans  api«s ,  avec  Dom  Alphonfe  roi 
d'Aragon  ta  de  Navarre  j  &  par 
cette  union  les  couronnes  de  Léon», 
de  Caftille  &  de  Tolède  furent  fur 
la  même  tête.  Urraca  étoit  auffi 
voluptueufe  que  belle  :  elle  fe  livra 
^u  penchant  de  fon  cœur.  Son 
époux  la  fit  enfermer  ;  mais  elle 
îe  fauva  de  fa  prifon ,  &  demanda 
â  être  féparéc  de  Dom  Alphonfe, 
L'évêque  de  Compoflel le,  nommé 
par  la  cour  de  Home  pour  juger 
cette  affaire  ,  déclara  \t  mariage 
fiul.  Alphonfe ,  en  abandonnant  une 
cpoufe  qu'il  méprifoit,  auroit  déiiré 
de  garder  une  partie  de  fa  riche  dot. 
H  vouloit  retenir  le  royaume  de 
Caflille  ;  mais  les  Cadillaus  don- 
nèrent le  trône  Tan  1112,3  Alphonfe^ 
Èaimond  de  Bourgogne,  fils  d'(//-- 
raca  &  de  Raimond  de  Bourgogne  « 
fon  premier  époux.  Cette  princeiTe 
Continuant  de  Ce  livrer  à  l'impé- 
tuoiité  de  fês  défirs  ,  fon  propre 
ûïs  fut  obligé  de  l'afliéger  dans  le 
château  de  Léon ,  &  ne  lui  donna 
lia  liberté,  qu'après  l'avoir  fait  re- 
iloncer  à  la  couronne  de  Caûllle. 
£Ile  mourut  peu  de  temps  après  >  en 
il2ç ,  après  avoir  pillé  le  tréfor 
de  l'eglife  de  Saint-Ifidoie  de  Léon. 
On  dit  qu'une  couche  laborieufe 
tçrmîna  /es  i9urs,4r  Sa  fœur  Tsi^ 


tJRS 

RSSÈ ,  fille  naturelle  éi'AIphimfe  Pif 
avoit  époufé  Hain  de  Lorraine  y 
roi  de  Portugal  /  qu'elle  perdit  en 
1 112.  Elle  fe  remaria  avec  Bermané 
Paès  de  Tranftamare ,  &  s'abandonna' 
enfuite  au  firere  de  foa  mari.  Cetf 
amours  inceflueux  cauferent  une 
guerre  en  Portugal.  Thértfe  appela 
AIphonfe-Raimond  de  Caflille  à  foir 
fecours ,  &  lui  céda  le  royaume  de 
Portugal ,  à  l'exclufion  de  foû  fils.- 
Mais  Alphonfe  arma  en  vain  pour 
recueillir  cet  héritage:  il  fiit  vainor 
&  blefTé.  Ayant  enfuite  affiégé  AU 
phonfe-HmriqMs,  fils  de  Thérefs,  dans- 
la  ville  de  Guimanares  ,  il  fit  la* 
paix  avec  lui ,  à  condition  que  ce 
prince  lui  prêteroit  ferment  d»' 
fidélité,  comme  à  fon  fouverain. 
Mais  il  négligea  entièrement  les* 
intérêts  de  Thércfe  ,  &  ne  flipular 
rien  pour  une  tante  qui  avoit  voulu* 
être  fa  bienfaitrice  ,  foit  que  fes^ 
mœurs  déréglées  lui  fifTent  hor- 
reur^ foit  qu'en  prenant  fadéfenfe*' 
il  n'eût  écouté  que  lâr  voijr  dtf 
^ambition. 

URSATUS  ,Voyex,  ÔRSATO. 

URSICïNoaURSiN,  antipape  / 
fut  élu  évêque  de  Rome  par  unef 
fanion  en  3^4,  le  même  jour  que 
fiit  ordonné  S,  Damafe,  Ces  deux- 
élefbions  cauferent  un  fchifine.  Les 
deux  partis  prirent  les  armes  ,  fit 
ify  eut pluiieurs  Chrétiens  tués  de 
part  &  d'autre.  Urfidn  fut  banni  do 
Kome  par  l'empereur  Gratien  ;  mais 
étant  revenu,  il  excita  de  nouveaux 
troubles.  Enfin  il  fui  exilé  pour 
toujours  ,  &  Damafe  maintenu  fur 
le  trône  pontifical. 

L  URSINS  ,  (  Guillaume  Jou- 
venel  des  )  baron  dit  Traîfnel ,  fC 
fignala  à  l'exemple  des  anciens 
Romains,  dans  prefque  tous  les 
emplois  de  la  robe  &  del'épée^ 
Succeflivement  confeiller  au  par- 
lement, capitaine  des  Gendarmes, 
lieutenant  général  du  Dauphiné  , 
bailli  de  Seas ,  il  fut  nommé  chan«^ 

eelieç 


r  ■ 


Ù  R  S 

jcèlîer  d«  France  en  144^.  LeuU  XI 
iCormam  fur  lui  des  (bupçons  in- 
îuftes  ,  le  dépofa  &  l'emprifonna 
en  146  X  ;  mais  ayant  reconnu  (on 
innocence,  il  le  rétablit  avec  éloge 
eh  1465.  Ce  miniftre  mourut  en 
1471  ,  avec  la  réputation  dun 
liômmc  plus  propre  pour  la  guerre 
que  pour  la  robe.  Son  père  étoit 
un  avocat  de  Paris  ,  crui  étant 
devenu  prévôt  des  marchands  en 
1388  ,  réprima  l'inifolence  des  ge^ 
de  guerre ,  &  maintint  les  privilèges 
des  bourgeois  de  Paris.  On  lui 
donna  par  reconnoiiTance ,  l'Hôtel 
nommé  des  Urfins ,  dont  il  prit  le 
nom.  Jouvtntl'ïiZ,  été  ni  le  premier  « 
ni  le  dernier  qui  a  altéré  A>n  nom 
roturier  »  pour  s'enter  fUr  une  fa- 
mille noble.  Celle  dts  Urfins  en 
Italie  >  dont  quelques  ignorans  l'ont 
cru,  eA  une  des  plus  illuftres  de 
l'Europe.  Elle  a  donné  à  TEglife 
cinq  papes ,  &  plus  de  trente  car- 
dinaux. Voyei  I.  BoRGIA. 

IL  URSINS  ,  (  Jean  Jouvenel 
des  )  frère  du  précédent,  s'éleva 
par  le  crédit  du  chancelier.  Il  exerça 
la  charge  de  maître  des  requêtes 
6e  divers  autres  emplois ,  avec  une 
intégrité  peu  commune.  Son  goûi 
pour  la  piété  le  porta  à  embraâer 
l'état  ecdéixaftique  *,  &  il  fu^  fuc- 
cdfivement  évêquc  de  Beauvais  , 
de  Laon  ,  &  eniin  archevêque  de 
Rhetms  en  1449  :  en  cette  dernière 
qualité  il  facra  le  roi  Louis  XI,  Ce 
prélat ,  également  illuAre  par  fes 
vertus  épifcopales  &  par  fes  con- 
noiffances  littéraires ,  mourut  le  14 
Juillet  1473  )  ^  ^5  3<^  t  après  s'être 
fignalé  parmi  les  évêques  qui  revi- 
rent la  fentence  injufte  prononcée 
par  les  Anglois  contre  la  PucelU 
d*OrUans,  On  a  de  lui  une  Hlftoirt 
du  règne  de  Charles  VI ,  depuis  l'an 
13S0  jttf qu'en  1412  *,  elle  pafTe 
pour  afTez  exafle,  &  elleeft  écrite 
avec  naïveté.  L'auteur  penche  beau- 
coup plus  pour  le  parti  des  Orléa- 

Tome  IX. 


Ù  R  S       ,  i4t 

flots ,  que  pour  celui  des  Bqurgùi-'' 
gnons.  II  ne  ménage  point  ceux-ci; 
&  il  encenfe  les  autres.  Son  Hif- 
toire  eu  écrite  année  par  année  » 
fans  autre  liaifpn  que  celle  des 
faits.  Les  événemerts  y  font  affea 
détaillés  ;  Cependant ,  a  Texceptioii 
de  quelques  circonftânces  ,  il  n'y 
a  rien  de  bien  paniculier.  Thcodort 
Godtfroi  la  fit  imprimer  en^i6i4» 
in -4^  ;  Se  Dtnls  fon  fils  la  don  na  de- 
puis, en  lô^  3 ,  in-fol. ,  avec  des  au- 
gmentations. 

III.  URSINS  ,  (  Marie  -  Félicité 

des  )   Voy,  IX.   MONTMORENCI  i 

à  la  An. 

IV.  URSIKS ,  (  Anne-Marie  dk 
U  TrimoulUe ,  épéufe  en  fécondes 
noces  de  Flévio  des ,  )  duc  de  Brac- 
ciano  ;  {Sfimme  de  beaucoup  d'ef* 
prit  &  d'ambition ,  joua  un  rôle  i 
Rome  y  &  ne  contribua  pas  peu  à 
la  difgrace  du  cardinal  de  BoiâUon, 
Devenue  veuve ,  elle  fut  nommée 
Camerera-M  tyor  de  Low/e- Marie  dé 
Savoie ,  reine  d'Efpdgne  &  première 
femme  de  PkUlpfe  V.  Ce  titre  ré- 
pond à  celui  de  Dame- d'honneur 
en  France.  Elle  prit  un  tel  empira 
fur  l'efprit  du  roi  &  de  la  reine , 
que  Louis  XIV ,  craignant  qu'elle 
n'engageât  par  fes  intrigues  foa 
petit-fils  dans  de  fauffes  démarches , 
la  fit  renvoyer  en  1704.  La  reine 
d'Ef pagne  «  qu'elle  gouvernoit ,  fut 
inconfolable  ;  &  fa  dame-d'hon- 
neur lui  fut  rendue,  &  eut  plu$ 
de  pouvoir  que  jamais.  Elle  préfi- 
doit  à  toutes  le;  délibérations  , 
fans  être  admife  dans  les  confeils 
où  elles  fe  prenoient.  Les  ambafTa- 
deurs  traitoient  avec  elle ,  les  mi- 
nières lui  rendoient  compte  de  leurs 
defrems.âc  les  généraux  d'armée 
même  U  confultoient.  Ceux  qui 
ne  plioient  pas  fous  elle ,  étoienc 
ou  congédiés  ou  tracaifés.  Elle  ren- 
dit les  plus  mauvais  offices  au  duc 
d'OrlUns^  qui  faifoit  triompher  1;» 
armes  de  France  en  Efpagne.  La 


1 


Ml        U  R  S 

reine  étant  morte  en.  1711 ,  Pjb*- 
Uppe  V  époufa  en  fécondes  noces 
£d'fabuhFamtfi^  fille  &  héritière 
du  duc  de  Parme ,  qui  commença 
ion  règne  en  chaftant  la  princeite 
.  dds  Uifins  ,  accourue  au  -  devant 
d'elle.  Forcée  de  fortir  du  royaume , 
fans  même  qu'elle  Tût  la  raifon 
d'une  fi  prompte  difgrace ,  elle  ne 
put  trouver  un  afile  ni  à  Paris , 
m  à  Gênes.  Enfin ,  elle  fe  retira 
d^ns  la  ville  d'Avignon ,  &  de  là 
à  Rome,  où  lepapeavoit  d'abord 
arefufé  delà  recevoir.  Elle  y  mdu- 
rut  en  1712.  >t  Lts  hifloriens,  (  dit 
AI.  l'abbé  Mlllot ,  )  «  ont  trop  flétri 
*'  fa  mémoire ,  &  trop  peu  connu 
M  ce  qu'dle  pofTédoit  de  qualités 
*'  refpedbables.  Elle  avoit  le  talent 
^  des  affaires  avec  celui  de  l'imri- 
»»  gue  ;  de  l'élévation  dans  les  fen- 
»  timens ,  avec  les  petitefles  de  la 
^  vanité  \  beaucoup  de  zèle  pour 
^  Tes  maîtres ,  avec  la  jaloufie  dé 
•»  la  faveur  i  moins  de  vertus  & 
VI  d'agrémens  que  Madame  <fe  Maln- 
yt  tenon  y  mais  plus  de  force  d'ef- 
19  prit  &  de  caractère.  Si  elle  fit 
»  quelques  fautes ,  elle  rendit  au(H 
>♦  de  grande  fervices  -,  car  elle  fut 
»  le  confeil ,  le  foutien  d'une  jeune 
>»  reine  fans  expérience  ,  qui  fe  fit 
}»  adorer  de  fes  peuples,  qui  anima 
>»  le  roi  dans  Us  circonfiances  les 
^  plus  orageufes ,  qui  le  rendit  fu- 
périeur  à  toutes  les  tempêtes  , 
»  &  qui  fans  cefTe  fut  expofée  avec 
V  lui  à  fe  perdre  par  de  fatales  im* 
M  prudences.  L'E^;agne  était  alors 
»r  a  difficile  à  gouverner ,  qu'une 
>»  grande  partie  des  reproches  faits 
»♦  à  la  princeffe  des  l/rfins ,  femblcnt 
>r  devoir  retomber  fur  les  conjonc» 
»  tures.  Elle  fut  intrigante ,  âltiere , 
»f  ambitieufi:.  Combien  de  miniftres 
«  célèbres  l'ont  été  de  même  ?-Mais 
n  fon  courage  &  fa  réfolution  au 
»r  milieu  des  périls  extrêmes  du 
»'  monarque,  contribuèrent  beau- 
ff  coup  à  le  maintenir  fuxkleuône«(. 


u  R  s 

Le  roi  8c  la  reine  d'Efpagne  avofeâr 
voulu ,  à  fa  foHicitation ,  réferver 
un  petit  territoire  dans  les  Pays- 
Bas  ,  qu'ils  aiiroient  fait  ériger  en 
fouveraineté  pour  la  princeffe -^* 
Urfins  i  mais  ce  fut  une  chimère  qui 
l'occupa  longtemps ,  &  que  famau- 
vaife  fortune  diflipa. 

URSINUS  ,  ou  Orsini  ,  Voye^ 
Fuivius-Ursinus,  n*  II. 

I.  URSINUS ,  (  Zâcharie  )  diéo- 
logien  Proteflant ,  né  à  Breflaiir  en 
15  54 ,  fe  fit  un  nom  en  Allemagne  « 
&  fut  ami  intime  de  Mélaachton^ 
Après  la  mort  de  cet  homme  cé- 
lèbre, Urfinus  étant  perfécuté  par 
les  théologiens  de  la  confeflioa 
d'Ausbourg ,  fortit  de  Breflav.  Il 
fe  retira  à  Zurich  >  &  mourut  à 
Neufhdt  en  158 j ,  à  49  ans.  On  z 
de  lui  plufieurs  Ouvrages  eftimés 
des  Proteflans,  a  Heidelberg,  16 1 1 , 
3  tomes  iii-folio.  Il»  roulent  pref- 
que  tous  fur  la  controverfe...  Il  ne 
faut  pas  le  confondre  avec  Georges 
Ursinus  ,  théologien  Danois  » 
qui  s'efl  fait  un  nom  par  fes  Antî''  ' 
quais  Hébraïques» 

n.  URSINUS  ,  (  Jean-Henrî  ) 
théologien  Luthérien ,  furintendant 
des  E^lifes  de  Ratisbonne  ,  où  U 
mourut  le  14  Mai  1667  ^  étoit  un 
homme  d'une  grande  érudition  fa* 
crée  &  profane.  Ses  principaux 
Ouvrages  font  ;  I.  Exercîtationes 
de  ZoToafire\  Hermeu ,  Sanchonia» 
tone^  Norimbcrga,  166 1 ,  in-8®.  II. 
Sylva  Theoltigîa  /ymbolyca  ,  1685  » 
in- 12,  III.  DeEcclefiarum  GcrmanUa;* 
ram  origine  &progreffu^  1664,  in-S**» 

ni.  URSINUS,  (Geoips-Henri> 
fils  du  précédent  ,  philologue  & 
littérateur,  mourut  le  lo  Septembre 
1707 ,  à  160  ans.  On  a  de  lui  :  1. 
Diatribe  de  Taprobana  ,  Cerne'  &> 
Ogyrlde  vcterum.  II.  Di/putatio  de 
LocuJUs,  III.  Obfirvatîones  phllo/o» 
^cct  de  variis  vocum  etymologus  £r 
fignîficatlonlbus,  IV.  De  primo  & 
proprîo  AorifiùTwn  ufu^  V,  Des  N^isf 


r 


trrtiques  fur  les  Eglogaes  de  Vîrgîle , 
fur  la  Troade  de  Séncque  le  Tragique, 
VI.  Grammatlca  Graca,  VII.  Z>/o- 
<X/^'  7Vrr<«  orèw  Dsfcrlptlo  cum  notls. 
Ces  ouvrages  prouvent  qu'il  avoit 
hérité  du  favoir  de  fon  père. 

/.  URSULE ,  intendant  des  lar- 
gefTes  fous  l'empereur  Confiance, 
fut  mis  à  mort  au  commencement 
du  règne  de  /«//en  l'Apoflut  ,  en 
325.  Confiance^  en  envoyant  Julien 
•dans  les  Gaules  ,  avoit  expreffé- 
ment  recQmmandé  qu'on  lui  ôtât 
le  moyen 'de  faire  des  largeffes 
aux  troupes.  Uifule ,  qui  afFeâion- 
noit  ce  prince ,  avoit  donné  des 
ordres  fecrcts  pour  lui  remettre 
autant  d'argent  qu'il  voudroit  -, 
&  par-là  il  lui  avoit  facilité  Tac- 
xompUiïement  de  Ces  defleins.  Son 
fupplice  expoÇa  Julien  à  l'exécra- 
tion publique.  L'empereur ,  affec- 
tant une  compaffion  politique ,  fe 
défendit  ,  en  proteftant  i[uUrJule 
avoit  été  exécuté  à  fon  infu ,  & 
qu'on  l'avoit  immolé  au  reffenti- 
ment  des  foldats  irrités  de  la  hau- 
teur avec  laquelle  ce  miniftre  les 
avoit  traités  au  fiége  d'Amide.  Am- 
mien  avoue  que  l'apologie  étoit 
frivole  ,  88  que  l'empereur  dé- 
mentit ,  en  cette  occaiion ,  ce  carac- 
^re  d'équité  &  de  douceur  qu'il 
avoît  montré  jufqu'alors. 

//.  URSULE,  (  Ste.)  fille  d'un 
prince  de  la  Grande  Bretagne ,  fut 
couronnée  de  la  palme  du  mar- 
tyre par  les  Huns  ,  auprès  de  Co- 
logne fur  le  Rhin ,  avec  plufieurs 
autres  filles  qui  l'accompagn oient , 
Vers  l'an  384  ,  félon  la  plus  com- 
mune opinion.  Plufieurs  écrivains 
otit  dit  que  les  compagnes  de  Ste. 
Urfule  étoîent  au  nombre  de  onze 
mille,  &  les  appellent  les  On\c 
mille  Vierges.  Mais  Ufuard  ,  qui 
vivoit  au  IX*  fiecle  ,  dit  feule- 
ment qu'elles  étoient  en  grand  nom- 
bre ;  &  d'autres  prétendent  qu'elles 
n*^oicAt  que  onze  ea  tout.  Cette 


U  S  S  245 

opinion  eft  la  plus  probable  -,  mais 
ce  n'eft  pas  la  plus  fuivic;  par  les 
auteurs  des  Légendes.  On  prétend 
que  l'erreur  des  onze  mille  Vierges 
vient  de  Téquivoque  du  chiffre 
Romain  XI.  M.  V.  qu'on  a  mal 
inr ^rprété  ;  ou  du  mot  UndeclmiUa , 
compagne  de  Ste.  Urfule,  Quelques 
critiques  ont  même  voulu  prouver 
qu'il  n'y  avoit  jamais  eu  de  Stu 
Urfule  ;  mais  l'autorité  de  l'Êglife , 
qui  en  fait  la  fête ,  doit  convaincre 
tout  efprit  raifonnable.  En  vain  nous 
oppofe-t-on  le  filence  de  Bede  fur 
cette  fainte  martyre  &  {es  com- 
pagnes ;  on  fait  que  cet  hiftorieft 
a  omis  plufieurs  faits  importans ,  & 
qu'il  faute  quelquefois  d'un  fiçcle 
à  un  autre ,  fans  rien  dire  de  ce  qui 
s'eft  fait  dans  un  intervalle  de4:ent 
ans.  Il  y  a  dans  l'Eglife  un  ordre 
de  Religieufes  qui  prennent  le  nom 
de  cette  Sainte.  La  bienheureufe 
Angele  de  BreJJe  établit  cet  Infiitut 
en  Italie  l'an  1537;  &  le  pape 
Paul  Jll  le  confirma  en  1 5  44.  yoy^ 
Angele-Merici  ,  6- Bus. 

URSUS ,  (  Nicolas-Raymarus  ) 
mathématicien  Danois,  garda  les 
pourceaux  dans  fa  jeuneffe.  Il  ne 
commença  d'apprendre  à  lire  qu'à 
18  ans  -,  mais  fes  progrès  furent 
rapides  ,  &  il  devint ,  prefque  fans 
maître ,  l'un  des  plus  favans  agro- 
nomes &  des  plus  habiles  mathéma- 
ticiens de  fon  temps.  Uenfeigha  les 
mathématiques  à  Strasbourg  avec  ré' 
putation ,  &  fut  ^enfuite  appelé  par 
l'empereur  pour  enfeigner  la  même 
fcience  à  Prague ,  où  il  mourut  vers 
l'an  1600.  On  a  de  lui  quelques  Ecrits  ' 
mathématiques.Jll  avoit  eu  l'impru-  ' 
dence  de  lutter  contre  Tlcho-Brahc 
qui  le  réduifit  au  filence. 

USPERG,  (l'Abbé)  Foyei  CoN- 
RAD  ,  n°  III. 

USSERIUS,  (Jacques)  en  an- 
gloisUsHER ,  né  à  Dublin  en  i  j  80 
d'une  famille  ancienne ,  apprit   à 
lire^  ou  du  mç'ms  à  épeler,  de  deux 


444    ,     y  S  ^ 

taotes  qm  étoîem  ayeaglcs.  On  Vén^ 
toya  enfuite  dans  l'uni verfîté de  Du- 
blin, établie  par  Hatrî  de  Upta» 
fon  oncle ,  archevêque  d'Armach. 
La  pénétration  de  fon  eTprit  lui  £i^ 
tilita  rétude  de  toutes  les  fciences. 
Langues,  poéiîe  ,  éloquence,  il 
ii^oublia  rien  pour  orner  fonefprit. 
**  Une  certaine  inclination  qu'il  ie 
M  fentit  pour  les  .charmes  de  la 
»  poéfie ,  &  la  paiQîoh  du  jeu  qu'il 
*  coniraâa  par  le  mauvais  exemple 
*'  de  (es  tamarades ,  le  retira  (  dir 
•*  Nlccron  )  pendant  quelque  temps.» 
9*  de  1  efude ,  &  refroidu  rardeùr 
•'  qu*il  àvoit  pour  elle.  Mais  il 
»  revint  biefKot  de  fon  égarement. 
>»  La  levure  ie  ces  paroles  de- 
"  CiCERON  :  ^ifciHqmdanuà  quàm 
9*  noms  JU  accidtnt ,  hiefifemper  tffc 
M  ptienm  ;  &  le  livre  de  Sceid ak  , 
M  Dt  quatuor  Imperus  ^  qii'il  par^ 
«*.  courut  avec  beaucoupi^e  plaifîr  ^ 
M  lui  infpirerent  une  ardeur  in- 
»  croyable  poiur  apprendre  Thif^ 
V  toire.  Dès  l'âge  de  14 ans,  il- 
•I  ÊiiCoit  des  extfaics  des  livres  hif- 
M  toriques  qu'il  pouvoir  trouver ,. 
M-  qu'il  rangeoit  par  ordre  chrono- 
»f.  logique «-  aân  de  s'imprimer  da- 
M-  vantage  les  faits  dans  la  mé- 
M  moire  «.  L'étude  de  l'Hiftoire' 
ne  lui  ùifoit  point  négliger  celle 
4ç  la  religion.  Il  embrafla  l'état 
«cdéfiaftiqiie ,  &  U  travailla  comme 
théologien  &  comme  eontro'- 
verûAe.  £ii  161  f,  il  dreflà,  dans 
nue  a^Iemblée  du  clergé  d'Irlande, 
*  les  articles  touchant  la  religion  & 
la  diicipline  eccléiiailique  -,  &  ces 
articles  furent  approuvés  par  le  roi 
Jacques^  qupiqu'ils  tufTentdiiférens 
de  ceux  de  TEglife  Anglicane.  Ce 
monarque ,  pénétré  de  fon  mérite  » 
lui  donna  l'évêché  de  Méath  en 
ï6^o  ,  puis  l'archevêché  d'Armach 
«n  1626.  UjfcTÎùs  pafla  en  Angle- 
terre l'an  J640  -,  Ôc  ne  pouvant  plus 
retourner  en  Irlande  déchirée  par 
ks  guerses  civiles  »,  il  Et  U-anf- 


porter  fa  bibliothèque  4  Lo^râ^ 
Tous  fes  biens  lui  furent  enlevée 
dans  ce  flux  ft,  reflux  de  Êi^ons; 
L'univerfité  de  Leyde,  induite  dé 
fon  état ,  Im  o&it  utoe  penfioti 
confîdérable ,  avec  le  titré  de  pro- 
fefieur  honoraire  y  s'il  vouloit  fè 
rendre  en  Hollande.  Le  cardinal 
de  RiduHeu  lui  envoya  fa  mé- 
daille ,  &  ajouta  à  ce  pvéfent ,  des 
ef&es  avantageufes  s'il  venoit  eiv 
Frante  »  où-  il  auroit  la  liberté  dé 
profeiTer  fa  religion.^  Uffirms  ainu. 
mieux  demeurer  en  Angleterre  , 
où  il  continua  de  mettre  au  jour 
plU£eurs  Ouvrages ,  qui  om£àit  uit 
honneur  inHiii  k  l'étendue  de  foa> 
érudition  &  à  la  juâiefie  de  fa  cri*^ 
ttque.  Les  principaux  font  :  I.  Jn- 
nâUs  Veuris  &  Novi  Tcftamtatl ,  à 
Genève,  17 21,  en  2  vol.  in-fol.j 
dans  lefquelles  il  concilie  lliif- 
toire  facrée  &  profane ,  &  raconte 
les  piincipaux  événemens  de  Tune 
ic  de  l'auare,  en  fe  fervant  des 
propres  termes  des  auteurs  orig- 
naux. Ses  calculs  n'ont  rien  dla* 
croyable.  Il  fit  paroitre  la  chro^ 
nologie  deS'  Aflyriens  fous  une 
forme  plus  régulière  ,  en  réduifantf 
à  cinq  cents  ans ,  avec  Hérodote ,  la.' 
durée  de  leur  empire ,  que  la  plu- 
part des  hiftoriens ,  trompés  par 
Dlodore  de  Sicile ,  fiiifotent  aller  à* 
14PO.  (  Foyei  III.  LUBIN.  )  n.  Aati" 
qykdtes  EcùUfiarum  BritsnnUantm  ^ 
Londres  «  i6S*j ,  in-folio.  Il  fait  re-^ 
monter  la  prédicadon  de  l'Evanf 
gile  en  Angleterre ,  au  temps  de  \m 
miifion  des  Apôtres  ;  mais  les 
Aâes  qu'il  produit  pour  appuyer 
cette  prétention  ,.  font  fort  fuf- 
peâs.  III.  Goufchalci  hîjiona ,  Du^ 
blin,  1631^,  in-4'*.  Ceft  le  pre» 
mier  livre  laùn  imprimé  en  Irlande» 
IV.  Une  édition  des  Epitrts  de 
5.  Iffiace  ,  de  ^4  Barnabe ,  8c  de- 
S^.Folyfarpe^^  avec  des  Notes  pleines, 
d'érudidon,  Oxford,  1644;  hc  Lon- 
dres^ 1647  ^x>.tom..en  x  voLin-^^ 


VSV: 
fE€  IKecUjeîl  ed  ^ufE  rate  «lu'èftimé, 
V.  Un  TralU  de  l'Edition  des  S€^ 
ioHtCf  Londres  t  1^55»  in-4*fcCn 
iatiii  ;  daas  leifuel  il  a  (butenu  des 
opinions  particulières ,  quf  tout  le 
jnondo  n'adopte  poifif^  Ce  prélat 
içut  toutes  les  qualités  d'un  bon 
citoyen*  laviolablement  attaché  au 
roi  Charles  /»  il  toinba  en  dé£|iV- 
knce  au  premier  appareil  du  fup^ 
plice  de  ce  monarque*  Sa  vescu 
fut  refpeâée  paç  rufurpatcur ,  qm 
avoit  mis  ce  roi  à  mort  en  1649  ; 
Cromwiille  fit  venir  à  (^  cour ,  &  Un. 
promit  de  le  dédommager  d'une, 
partie  des  pertes  qti'il  avoit  faft(;s 
en  Irlande.  U  l'affura  auffî  qu'on  ne 
tourmentexoit  plus  le  clergé  épii^. 
copal  -f  mais  il  ne4ui  tintp^  parole.  ^ 
i/Jeritts  tomba  maidde  bientôt  après , 
À  mourut  d'uite.  pleuréâe  U  tt. 
AÏars  161^  y  âgé  de  75  a«s.  Sa^ 
conduite  fut.  toujours  marquée  an, 
coin  de  la  modération  :  auffî  les 
Anglicacks  fanatiques  l'ac€u(érent  de 
pencher  vers  1^  feligioA  Cadioîn 
que.  Le  roi  de  Danemarck  fit  le 
cardinal  Haiarln  voulurent  acheter 
U  bibîiotheqiie  j  mais  CrtmwfÛ  la. 
fit  vendre  à  un  prix  fort  mé-» 
4iocre,  pour  en  faire  un  préfent 
à  l'univerfité.  de  Dublin.  Voyez 
fa  Vie  par  Richard  Parr  ^  à  la 
tête  de  fes  Lfittr^ ,  Londres  »  1686  ». 
jn-fol. 

USUARP,  Bénédiaip  du  ix*«~ 
fiecle,  eft  auteur  du  Mârt^roiogi^ 
qu'il  dédi^  à  Charles  le  CJu^ve,  Ctt 
Ouvrage  eft  fort  célèbre  ;  mais  on, 
ignore  les  particularités  de  la  vie 
de  fon  auteur.  Les  meilleures  édi*?. 
tions  font  celles  dtMolanus^  àLou- 

Jéfuite,  in-foli,  An^(JPri4,  qui  eft . 
çès-curieufe  &  faite  avec  beaucoup 
de  foin,  Molani^s  a  donné  plusieurs 
éditions  du  même  ouvrage  ;  mais 
çjcUe  de  15^8  eâ  la  plus  ample», 
parce  que ,  dans  les  autres ,  fes  cen- 
fçwr%  l'obligerenf   de.  retrai\cheç 


V  T  E       ui 

beaucoup  de  Notes  qui  mérkoient 
d'être  confervées.  il  y  a  une  édi- 
tion du  même  M*nytJoge  ^  à  Parif , 
17  iS^  iil-4**  «  par  Pom  Èomllart^ 
Bénédi^n  de  $aiiH:Maur  \  mais  elle 
eil  inoins  recherchée  que  celle  de 
Sollicr, 

^SVM-CA$SAK,  dit  auffî; 
0£tJM-As£Mfi£t ,  de  la  famille  des 
Affambléefts  /  étoit.  ifel*  è'^Alîhec  ^ 
&  devitit  roi  de  Perfe.  Oft  affurçj 
qu'il  defcendoit  de  Xamerlan  ,  6c 
qii'il  fortôit  de  la  branche  nom- 
mée du  Bé^er  htartè,  U  étoit  gotl* 
vemeur  de  l'Arménie  ,,.  lorfqu'tt 
kra  en  14^  ,  Tétendard  de  la  ré^ 
rolte  contre  le  roi  de  Perfe  /o^n-. 
dfctf.  Après  lui  avoir  btè  la  vie'ainâ, 
qu'à  fon  fils  4<^en'Aliy  il  moitta  fur 
le  trône  ,  &  fit  la  guefrre  aiiiç. 
Turcs ,  Uni  ^vec  les  Chrétiens  ->.' 
mai*  tes  exploits  n'apportèrent 
aucun  avantage  à  ccux-cr.  Ce  prince, 
itiourmen  1478^,  à  7^  an$ ,  avecfci, 
réputation  d'un  homme  reftraaïit, 
ambitieux  ^  cruet  Qaoiqire  Ma« 
homéan ,  iï  avoit  époufé  fa  ftife 
de  l'empereur  de  Tyébironde ,  qui^ 
étoit  Chrétidjtie. 

X)TENBOGAERT„  (hatr)  tme, 
des  principales  colonnes  des  Ré-^ 
montrans  ,  naquit  à  Utrecht  ei^. 
1,5  5  7 ,  &  mourut  à  la  Haye  en  1 644. . 
11  n'eut  pas  l'étendue  &  la  pénétrai 
tion  de  génie  d'Ffifcoptus ,  fou  ami 
confiant^  mais  il  ïe  furpafîbit  eâ,. 
netteté  &  en.  (implicite  de  2lyle« 
tous  les  ouvrages  qu'il  publia  en, 

S'and  nombre ,  font  en  IvoUandois.. 
es  principaux  font  :  I,  Une  Jdlf". 
toîre  Eccléjiàfilque ,  in-foUll.  VHîf" 
tolre  defn  JCic^  in-4°.  Ceux  qui  voi»^ 
dront  de  plus  grands  détails  ^  pour- 
ront les  y  pui()pr,  ou  dans  le  Die? 
tioiinaire  de,  M.  ChaufepU  ,  qui  a- 
fait  fur  cet  auteur  un  article  fort, 
curieux. 

VTENHO VE ,  X  Charles  )  né  à^ 
Gând  en  1 5  56 ,  fut  élevé  avec  foin* 
dans  le^  belles^iettres  ^  dans  \f^ 


1 


X46        U  X  E 

fciences ,  par  fon  père  ,  homme 
diftingué  par  £9  vertu  &  par  Ton 
éloquence  ,  non  moins  que  par 
Tanciennecé  de  fa  famille.  Envoyé 
à  Paris  pour  y  achever  fes  émdes , 
il  s'y  lia  avec  Turtuht  ,  qu'il  fît 
précepteur  des  trois  favantes  filles 
de  )tan  Mord,  De  Paris ,  Vttnhovt 
pafla  en  Angleterre ,  où  il  écrivit 
en  faveur  de  la  reine  Ellfahtth  , 
qui  lui  donna  des'?marques  de  fa 
libéralité.  Enfin,  s'étant  retiré  à 
Cologne ,  il  y  mourut  d'apoplexie 
en  1600.  On  a  de  lui  des  Poéfits 
latines  ,  &  d'autres  Ouvrages  -,  }çs 
principaux  font  :  I.  Epl^rammata , 
EpUaphla ,  EpUhalamia  graca  &  la^ 
tîna,  II.  Xtniorum  Liber  ^  à  Bâle  , 
IJ64,  in-8°.  \\\.  Eplftolarum  Cm- 
turîa»  IV.  Myiholop.a  ^fopîca  , 
mctro  tlt^aco  ,  Steinfurt,  i6o7,in-8°. 
Tous  ces  ouvrages  marquent  un 
efprit  orné  ;  mais  le  latin  n'en 
eft  pas  toujours  affez  pur  ni  affez 
élégant. 

UXELLES,  (  Nicolas  Châlon  du 
.  Blé ,  marquis  d'  )  porta  d'abord  le 
petit  collet  *,  mais  fon  frei^  aine 
étant  mort  en  1669  «  ^  ^^  confacra 
aux  armes»  Pluûeurs  beUes  a£lioQs 


u  Z  E 

le  dlftinguerent  ;  &  il  fe  flgnalé 
fur-tout  dans  Mayence  »  dont  il 
fo\itint  le  fiége  pendant  56  jours., 
Lorfqu'il  alla  rendre  compte  au  roi , 
de  la  capitulation  ,  il  craignoit  les 
reproches  de  ce  prince ,  &  fe  jeta 
à  fes  pieds  :  RtUve-^^vous ,  Mdnfieur 
U  Marquis  ,  lui  dit  Louis  XIV  ^ 
vous  avc\  défendu  la  place  en  homme 
de  ctzur ,  6»  capitulé  en  homme  d'efprit. 
Propre  à  négocier  conune  à  com- 
battre, il  fut  plénipotentiaire  à  Ger- 
truidemberg  &  à  Utrecht ,  &  il  fit 
refpeéler  la  France  aux  yeux  des 
étrangers.  Il  mourut  fans  avoir  été 
marié  ,  en  1730  ,  dans  un  âge 
Séance.  U  avoit  obtenu  le  bâton  de 
maréchal  de  France  en  1703  ,  & 
avoit  été  en  17 18  du  confeil  de 
régence ,  où  il  n'ouvrit  que  de 
bons  avis ,  qui  ne  furent  pas  tous 
fuivis.  C'ctoit  un  homme  froid ,  ta- 
citurne ,  mais  plein  de  fens.  Soa 
efprit  étoit  plus  fage  qu'élevé  ^ 
hardi.  L'abbé  de  Saint'Pierre  le  peinte 
comme  un  homme  de  plaifer  &  un  fat 
courtifan. 

UZEDA ,  (  le  Duc  d'  )  Vo^^  l^ 
Giron  ^  Lerme. 


J 


r 


*47 


V  ACE ,  Voy.  'WkCB.  (  Aoben  ). 
I.  V  ACHET ,  (  Jean- Antoine  le  ) 

^prêtre  ,  inftitutcur  des  Sœurs  de 
l'Union  Chrétienne^  &  diref^eur  des 
Dames  Hofpitalieres  de  Saint -Ger- 

.  Vais  ,  étoit  natif  de  Romans  en 
Dauphiné  ,  d'une  famille  noble. 
Après  avoir  didribué  fon  bien  aux 
pauvres  ,  il  fe  retira  à  Saint-Sul* 
pice ,  s'appliqua  aux  Miffions  dans 
les  villages  ,  &  vifita  les  Prifons 
it  les  Hôpitaux.  Ses  mortifications 
&  fes  travaux    lui  caufcrent  une 

>  tnaladie  ^ont  il  mourut  le  6  Fé- 
vrier 1681 ,  âge  de  78  ans.  L'abbé 
jRichard  donna  ia  Vieen  1692.  Nous 
avons  de  lui  :  I.  VExempUîre  des 
Enfans  de  Dieu,  II.  La  Voie  dejefus- 
Chrift.  IIL  VAni/an  Chrétien.  IV. 
Réglemens  pour  les  Filles  &  les  Veuves 
^ui  vivent  déuis  le  Sémina'rê  des  Sœurs 
et  l*  Union  Chrétienne,  Ces  ouvrages 
font  écrits  avec  plus  d'onûion  que 
de  pureté. 

IL  VACHET  ,  (  Pierre- Jofeph 
de  )  prêtre  de  l'Oratoire  ,  natif 
de  Beauoe  ,  &  curé  de  Saint- 
Martin  de  Sablon  au  diocefe  de 
Bordeaux,  mort  vers  16^5  ,  laifTa 
ides  Poéfies  latines  ^  Saumur,  1664, 
in-i2, 

VACQUËRIE  ou  Vaqueeie, 
(Jean  de  la  )  premier  préiidem  du 
parlement  de  Paris,  fous  Louis  XI ^ 
ie  fit  admirer  par  ùl  probité ,  par  fa 
ferineté,  par  fon  zèle  à  foutenir  les 
intérêts  des  citoyens.  Le  roi  avoit 
donné  des  édits ,  ddm  le  peuple 
fluroit  été  incommodé  *,  la  Vacquerie 
vint ,  à  la  tête  du  parlement ,  trou- 
ver Louis  ^/ ,  &  lui  dit  :  SiRE ,  nous 
tenons  remettre  nos  Charges  entre  vos 
maifts ,  &  foî^rir  tout  et  quil  vous 
gMra^  plutôt  qutd^offenftr  nos  conf" 


eiences.  Le  roî  »  touché  de  la  gêné" 
reufe  intrépidité  de  ce  magiftrat  , 
révoqua  fes  édits.  La  VacqueriemoU" 
rut  en  1497.  ^^  chancelier  de  l'Hô* 
pliai  fait  de  cepréfident ,  cet  éloge  : 
{^uil  ttolt  beaucoup  plus  recomman^ 
dableparfa pauvreté  y  que  Rolin ,  chan^ 
Ciller  du  Duc  de  Bourgogne  ,  par  fes 
richcjfts, 

VACQUETTE  o«Vaquette^ 
(  Jean  )  écuyer ,  feigneur  du  Car^ 
donnoy ,  né  à  Amiens  en  1658  ,  fut 
confeiller  au  préiidiai  de  cette  ville. 
On  reconnut  en  lui  une  fcience  pro- 
fonde des  lois ,  dirigée  par  une  par* 
faite  intégrité  :  double  mérite  ,  au- 
quel il  dut  la  mairie  &  lieutcnance- 
générale  de  police,  que  lui  déférè- 
rent deux  fois  tous  les  fuf&ages. 
Il  remplit  ces  places  avec  autant 
de  zèle  que  d'intelligence.  Il  eut 
l'honneur  de  complimenter  Jac-  " 
quts  II  ,  roi  d'Angleterre  ,  lorf- 
qu'allant  à  Calais,  il  pafia  par 
Amiens ,  le  19  Février  1696.  Il  fe 
forma  dans  cette  ville,  en  1700,  , 
une  fociété  de  gens  de  lettres  ; 
M.  du  Cardonnoy  en  conçut  la  pre- 
mière idée.  Elle  étoit  compofétf 
des  amateurs  de  ce  temps-là ,  dont 
fa  maifon  étoit  le  Lycée,  Cette  fo- 
ciété ne  fubfifia  que  jufqu'à  ryio , 
&  fiit  xefTufcitée  30  ans  après  par 
cette  Académie  des  Sciences ,  Belles» 
Lettres  Se  Arts  ,  établie  à  Amiensr 
par  lettres  patentes  de  1750»  dont 
quelques  membres  fe  font  rendus 
célèbres.  M.  du  Cardonnoy  .  faifoit 
particulièrement  fes  délices  de  la 
poéfie  &  de  la  mufique  ;  il  culti- 
voit\les  bellesrlettres  &  la  fcience 
des  médailles  antiques  &  modernes , 
dont  il  avoit  un  cabinet  curieux  & 
riche.  Ses  Poéfies   font  quelques 

Q  iv 


1 


>48        V  A  D 

Çunus  ea  vers  libres  ,  &  d'inu 
poefit  plus  facile  qu'énergique;  tel* 
i^ut  :  VExUé  à  VcrfaULcs  ;  Les  Re^ 
ligUufcs  qui  voulount  confiffer }  Le 
Singe  ûbérali  La  Précaution  inutile,., 
M*  du  Cazdonnoy  mourut  au  mois 
d'Qûobre  1739  ,  regretté  de  tous 
ceux  qui  fe  connoiiToiem  en  vrai 
mérite.  11  ttoit  daos  la  8|*^  année 
de  Ton  âge. 

VADE,  (  Jean-Jofeph  )  né  ea 
Janvier  17^0 ,  à  Hara  en  Picardie , 
fut  amené  à  Paris ,  à  l'âge  de  5  ans , 
par  Ton  père  qui  vivoic  d'un  petit 
commerce.  Il  eut  une  jeunefTe  ù. 
fougueufe  &â  diifîpée,  qu'il  ne  fut 
jamais  poflible  de  lui  faire  faire  les 
études,  11  ne  fut  jamais  que  très- 
peu  de  latin  ',  mais  il  corrigea  le 
défaut   d'éducation  par  la  levure; 
de  tous  nos  bons  livres  françois, 
Va(U  eft  le  créateur  d'un  nouveau 
genre  de  Poé(ie ,  qu'on  nomme  U 
genre   Poiffard.  Ce    genre  ne  dok 
point  être  confondu  avec  le  Eur* 
ïefque.  Celui-ci  ne  peint  rien  i  le. 
PoiiTard  au  contraire  peint  la  na- 
ture ,  balTe  à  la  vérité ,  mais  qui 
n'eft  point  fans  agrémens.  Un  ta- 
bleau qui  repréfente  ^  avec  vérité , 
V03  guinguette ,  des  gerts  du  peuple 
danfans ,  des  Ibldats  buvans  &  fii^ 
xnans ,  n'eé    point    défagréable   à 
voir.    Fade    ell    le    Tcniers    de  1% 
poé/îe  ;  &  Téniers  eft  compté  parmi 
les  plus  grands  artiftes,  quoiqu'il 
n'ait  peint  que  des  Fêtes  flamandes. 
Les  (Euvres  de  V^  ^  (  contenant 
fes  Opéra-  Comiques  ,    fis  parodies  , 
fes  Chanfum  ,  fes  Buuquets  ,  fes  Let' 
fr«s  de  la  Grenouilkre  ,   fon  Poëme 
de  la  P'pe  cajfée  >  fes  C^mpUmens  des 
^^lôtures  des  Foires  dû   S  .int  Germain. 
^  de  Saint-Laurent ,  \  ont  éîé    re- 
cueillies   en  4   vol.   in-8°,  chez 
Duchefn:,  On  a  çncore  de  lui  un 
vol.  de  Piiéfics  pofthunus ,  contçiant 
4es  Contes  en  vers  &  en  profc  ,  des 
]?akics ,  dei  Epures ,  où  il  y  a  du  natu- 
rel &  4e  la  ûiçUité  i  d^s  ÇoupUts  ^  de^ 


Tot»powrîs ,  &c.  Vadi  étoit  doux^ 
poli ,  plein  d'honneur ,  de  prohitA  t. 
généreux  ,  fmcere ,  peu  prévenu 
en  fa  faveur,  ei.empt  de  jalouiiea 
iccapabl^  de.  nuire  ,  bon  parent  ^ 
bon  ami  ,  bon  cito)ren.  Il  avoir 
cette  gaieté  franche  qui  décelé  la 
candeur  de  l'ame.  11  étoit  déiiré  par- 
tout. Son  caraûere  facile  &  fp» 
goût  particulier,  ne  lui  permet- 
toient  pas  de  refufer  aucune  de^ 
parties  qu'on  lux  propofoit  :  il  y 
portoit  la  )oie.  U  amufoit  par  fes; 
propos ,  par  iés  chanfons ,  &  fut* 
tout  par  le  ton  Poiffard  qu'il  avoir 
étudie ,  &  qu'il  poflédoit  bien.  Ce 
n'étoit  point  une  imitation  ,  c'étoît;. 
la  nature.  Jamais  on  n'a  joué  fes 
Pièces  aufli  bien  qu'il  les  récitoit ,  & 
l'on  perdoit  beaucoup  à  ne  pas, 
l'entendre  lui-même.  Mais  fa  com- 
plaifance  exceiHve»  fes  veilles ,  fes 
ùravaux  ,  &  lesplalfirs  de  tou^, 
efpece  auxquels  il  s'^ibandonnoit 
fans  retenue  ,  prenoient  fur  f;^ 
fantét  11  aimoitles  fcmn^esavec  paf-^ 
(ion  ;le  jeu  .&  la  lable  n^  lui  étoient 
point  indi£férens  ,  &  '4  abufoit  dp, 
fon  tem^rament  qui  étoit  robufte» 
Il  commença  enfin  à  connoiire  lc& 
égaremeos  &  les  dangers  de  fa  con- 
duite ,  &  il  mourut  dans  d^  fenti* 
mens  très-chrétiens  ^  le  4  JKiiilei( 
17^7»  âgç  de3'7  ans* 

VAPIAN ,  { Joachim)  VadhnuM , 
né  à  Saint-Gai  en  Suifle  l'an  1484^ 
fe"  rendit  habile  dans  les  belles- 
lettres ,  la  géographie ,  la  philofo» 
phie,  les  mathématiques  &  la  mé« 
decine.  Il  profefia  les  belles- lettres 
à  Vienne  en  Autriche ,  &  m«rita  la 
couronne  de  laurier  que  les  empe» 
reurs  donnoient  alors  à  ceux  qui 
excelloient  dans  la  poéfie.  Il  mou* 
rut  en  15  5 1 ,  à  66  ans,  apcès  avoU 
exercé  les  premières  charges  dans 
ia  patrie.  On  a  de  lui  4es  Cçmmm* 
taires  fur  pBmponlus  Mêla  ^   I577  « 

xn-fQl.  i  un  Tr^té  de  Poéfi^^  Y  5 1^ 


r 


V  A  D 

Ia'4^  ,  fie  d'autres  ouvrages  en  ladfi , 
écrits  peiàmmem. 

VADINQ,  Voy.  ^àDTITG, 

V^mUS,  Voy.  Venius. 

I.  VAILLANT  DE  GvELLis  , 
{Gamanus  FjtLfss  GueUîus ,  Pim- 
fantîus  )  abbé  de  Paimpont ,  puis 
érêque  d'Orléans  fa  patrie  ,  mort 
à  Meun-fur- Loire  en  158-^  ,  mç- 
rita  par  £00  go^t  pour  les  belles- 
lettres  ,  la  proteâion  de  François  I, 
Oa  a  de  lui  :  I.  Un  Comnumatre 
for  P^rgilc,  Anvers ,  157c  ,  in-folio, 
p.  Un  Poëme  qu'il  compofa  à  l'âge 
ie  70  ans  ,  &  qu'on  troHve  dans 
jpcllcîét  Poëiarwn  G^dlortan,  11  y 
prédit  l'horrible  attentat  commis 
lieuX'  ou  trois  ans  apr^  »  fur  le  roi 
fienri  112,  &  les  déf ordre*  qui  £mz 
virent  ce  JForiait, 

II.  VAILLANT ,  (  Jcan-Foy  ) 
né  à  Beauvais  le  24  Mai  1631  , 
fut  élevé  avec  fom  dans  les  fciences , 
^ar  fon  oncle  maternel ,  &  deiliné 
a  rétude  de  la  médecine  -,  mats 
fbn  goût  ne  Te  tourna  point  de 
ce  côté-là.  Un  laboureur  ayant 
trouvé,  dans  fon  champs  près  de 
Beauvais  ,  un  petit  coffre  plein 
de  médailles  anciennes  ,  les  ports( 
au  jeune  médecin ,  qui  dès  ce  mo- 
ment le  livra  tout  entier  à  la  re- 
cherdie  des  monumens  de  l'anti- 
quité. Il  fe  ibrma ,  en  peu  de  temps , 
m  cabinet  curieux  en  ce  genre, 
&  il  ût  plufieurs  voyages  dans  les 
fays  étr^ngeri ,  d*où  il  rapporta 
des  médailles  très-rares.  Le  àéût 
d'augmenter  Tes  richeffes  littéraiies 
l'engagea  de  s'embarquer  à  Mar^ 
leilie,  ponr  aller  à  Rome  ;  mais  il 
fiftt  pris  par  un  corfaire,  conduit 
a  Alger ,  de  mis  à  la  chaîne.  En- 
viron 4  mois  après ,  on  lui  permit 
et  revenir  en  France ,  pour  follî- 
çkcr  fa  rançon.  Il  s'embarqua  donc 
|iir  «ne  firégate,  qui  ^  à  fon  tour 
attaquée  par  un  cor£nre  de  Ttaù^. 
^AlU^iM^f  à  la  vue  de  ee  souveoi 


V  A  I  149 

malheut ,  afin  de  ne  pas  tout  perdre, 
comme  il  avoit  fait  dans  le  pre? 
mier  vaiffean ,  avala  une  quinzaine 
de  médailles  d'or  qu'il  avoit  fur  lui*, 
&  après  avoir  failli  périr  plufieuri^ 
fois ,  il  trouva  enfi^  le  moyen  de 
fe  fauver  avec  refquif.  Quelque 
temps  après ,  la  nature  lui  rendit  le 
dépôt  qu'U  lui  avoit  confié.  De  reh 
tour  à  Paris ,  il  reçut  des  ordres 
de  la  cour  pour  entreprendre  ui^ 
sioùveau  voyage.  Vaillant  pouflk 
fes  recherches  jufque  dans  le  fond 
de  TEgypte  &  de  la  Perfe  1  &  y 
trouva  les  médailles  les  plus  pré- 
cieufes  &  les  plus  rares.  Au  re«- 
aoitvellemcnt  de  l'académie  de^ 
Infcripdons  &  Kelles-Lcttrcs ,  Vailf 
U^  y  fut  d'abord  reçu  en  qualité 
d'aflbcié  »  &  peu  de  temps  après  il 
Qbtint  la  place  de  penfionnaire.  U 
avoit  été  marié  deux  fois  ,  &  par 
une  difpenfe  particulière  du  pape , 
il  avoit. époufé  fuccei&vement  les 
deux  foeurs.  Il  mourut  le  23  Oc- 
tobre  170Ô  ,  âgé  de  74  ans»  Set 
Ouvrages  font  :  1.  VHîfioiré  des 
Ctfarêy  )uf<|u'à  la  chute  dé  l'empire 
Romsdn  ,  1694  ,  1  vol.  in-4''«, 
Cette  Hiftoire  a  été  réimprimée  à 
Rome  y  fous  ce  titre  :  NtanlfmattL 
Impcratotumy  &c.  1743  ,  cn  3  vol, 
in-4** ,  avec  beaucoup  d'augmen- 
tations qui  font  de  l'éditeur  (le 
Père  Françoh  JBa/dhti  ).  II.  SîUuci^, 
damm  l/riperlum ,  (ive  Hifiofîa  Regum 
Syrue ,  ad  fdtm  Numtfmatam  accum^ 
modsta  ,  à  Paris  ,  i^i  ,  in-4*** 
m.  Hifior'a  PtoUfiutorum  ,  JEgypi 
Rcgttm ,  adfidim  Numîfmatum  accom* 
modata  ,  à  Amfterdam  «  17^1  » 
in-fol.  IV.  Nummi  antljut  fjml/ia' 
rum  Rùmanarum  perpettâis  ilù^ratio» 
nîbus  iUufratt ,  à  Amilerdam ,  1703  » 
1  vol.  in-^ol.  V.  Arfaddarum  Impe* 
fium^  five  Refftm  Parthorum  Htfioria , 
adjid.//è  Nums/matum  accommodata^ 
à  Paris;  1715  ,  in-4*.  VI.  Ath^m^ 
nidapum  Imperntm ,  five  Regum  Pond  , 
AVÏ^M  TkfOM  6>  SUhynm  iffionê^ 


1 


a^o         y  A  I 

4ti  fiiem  Numîfmatum  aeeommodata , 
à  Paris,  1715 ,  in-4°.  VII.  Numlf- 
mata  arca  Impcrjtorum  ,  16S8  ,  2 
volum.  in-folio.  VIII.  Numlfmata 
Crttca  ,  Amfterdara ,  1700, in-folio, 
IX.  Une^feconde  édition  du  Cabinet 
tJe  Si^um  ,  1684  ,  in-4°.  X.  Plu- 
fieurs  Diffcrtaùons  fur  4tiFérentes 
médailles.  Tous  ces  ouvrages  font 
honneur  à  fon  érudition  ,  &  ont 
hea^icoupfervi  à  éclaircir  l'Hiftoire. 
On  difoit  de  lui  »  «>  qu'il  lifoit  auffi 
««  facilement  la  légende  des  plus 
•»  anciennes  médailles-,  ^tt'tt»  Man- 
4»  ctau  lit  un  Exploit  «•  L'auteur 
^toit  non-feulement  eftimable  par 
ion  favoir ,  mais  encore  par  fon 
caraâere. 

m.  VAILLANT,  (  Jean- 
François-Foy )  fils  du  précédent, 
naqoit  à  Rome  le  17  Février  1665. 
Son  père  l'emmena  à  Paris ,  &  lui 
fit  faire  un  voyage  en  Angleterre  ^ 
dans  lequel  il  prit  beaucoup  de  goût 
pour  la  fclence  numifoiatique.  De 
aretour  à  Paris ,  il  fit  fon  cours  de 
médecine,  &  pendant  qu'il  étoit  fur 
les  bancs  »  il  compofa  un  Traité  de 
la  nature  &  de  l'ufa^e  da  Café,  Eu 
169 1  il  fut  reçu  doâeur-régent  de 
la  faculté  de  Paris.  En  1702  on 
l'admit  dans  l'académie  royale  des 
Infcriptions.  Il  donna  plusieurs 
Vijfertatîons  curieiifes  fur  des  mé- 
dailles ;  Il  compofa  auflî  une  Ex- 
plication de  certains  mots  abrégés 
ou  lettres  initiales ,  qui  fe  trouvent 
à  l'exergue'  de  prefque  toutes  les 
médailles  d'or  du  bas  Empire*,  au 
moins ,  depuis  les  enfans  du  grand 
Confiantin  jufqu!à  Léon  Plfautien^ 
Il  fit  encore  une  Differtation  fur 
les  \y\c\3x' Cahirts ^  par  laquelle  il 
termina  fa  carrière  littéraire.  Il 
n'eut,  pendant  les  deux  ans  qu'il 
furvécut  â  fon  père ,  qu'une  famé 
fort  dérangée  ,  &  mourut  le  17 
Novembre  1708  ,à  44 ans.  Bon, 
humain ,  ami  ftdelle ,  plein  de  fran- 
^ife  êc  de  candeur  ^  il  embellit 


V  AT 

ces  qualités  par  l'éloignement  éé 
toute  vue  d'intérêt,  d'ambition  & 
de  fortune. 

ly.  VAILLANT ,  (  Sébaftien  ) 
né  à  Vigny  ,  près  de  Pontoife  , 
en  1669  ,  fit  paroître  dès  fa  plus 
tendre  jeunefTcune  paffi  on  extrême 
pour  la  connoiflance  des  Plantes* 
Il  fut  d'abord  organifb  chez  les 
religieufes  Hofpitalieres  de  Pon- 
,  toife ,  puis  chirurgien .  &  enfuite 
fecrétaire  de  Fa^on ,  premier  mé- 
decin de  Louis  XIV.  Cet  habile 
médecin  ayant  connu  les  talens  de 
Vaillant  pour  la  botanique  ,  lui 
donna  entrée  dans  tous  les  Jardins 
du  roi.  Ce  ne  fiit  pas  le  feul  bien- 
fait qu'il  reçut  de  fon  maître  : 
Fagon  lui  obtint  la  direâion  da 
Jardin  royal  ,  qu'il  enrichit  de 
plantes  curieufes  ,  &  les  places  de 
profefTeur  &  fous-démonfirateur 
des  plantes  du  Jardin  royal ,  &  de 
garde  des  drogues  du  cabinet  du 
roi.  Le  czar  Pierre  ayant  voulu 
voir  les  raretés^  de  ce  cabinet  pré* 
cieux ,  Vaillant  répondit  à  toutes 
les  queiUonsdece  monarque  philo- 
fophe  ,  avec  autant  d'efprit  que  de^ 
fagacité.  L'académie  dQs  Sciences 
fe  l'affocia  en  1716.  Il  méritoic  cet 
honneur  par  fes  Ouvrages.  Les  prin- 
cipaux font:  I.  D'excellentes  Re- 
marques fur  les  Inflitutions  de  Bot^U 
gue  de  Tournefort*  IL  Un  Difcours  fur 
la  flruâure  des  Fleurs  &  fur  l'ufagc 
de  leurs  différentes  parties.  III.  Un 
ÎJivre  des  Plantes  qui  naiilent  aux 
environs  de  Paris  ,  imprimé  à 
Leyde«  par  les  foins  de  Boërhaave, 
en  1727  ,  in-folio,  foiis  le  titre 
de  Botanicon  Parifienfe ,  ou  Dinom^  ' 
hrement  par  ordre  alphabétique  ,  des 
Plantes  qui  fe  trouvent  aux  environs 
de  Paris  ,  &c.  avec  plus  de  309 
figures , par ^f/Met.  Cet  ouvrage»  1 
fruit  de  40  années  de  recherches  9 
efi  très-efHmé»  IV*  Un  petit  Bota* 
»«<?«,  Ley de,  1743  »  îo-i^.  ^^* 
Hmt  mourut  le  %%  Mai  17^2  ^  de 


I 

J 


r 


V  AI 

l'afihme ,  laifTant  une  veuve  ,  maïs 
point  d'eofans. 

VAIR,  (Guillaume du)  fils  de 
itan  du  Vair^  cljevalier  &  procu- 
reur général  de  la  reine  Catherine 
de  Midicîs ,  naquit  à  Paris  le  7  Mars 
1^56.  Il  fiit  fucceffivement  con- 
feiller  au  ^rlement  ,  maître  des 
requêtes  ,  premier  préfident  au  par- 
lement de  Provence ,  &  enfin  garde 
des  fceaux  eh  1616.  Il  embrafia 
enfuite  l'état  ecdéfiailique  ,  &  fut 
facré  évêque  de  Lifienx  en  16 18. 
Il  gouverna  fon  diocefe  avec 
beaucoup  de  fagefle  ,  quoique 
DupUîx  lui  reproche  d'avoir  pçiTé 
trois  ans  fans  dire  la  meffe ,  &  de 
<e  priver  d'un  myfitre  divin  pour 
tm  mînijhn  polîtîqui.  Mais -un  prélat 
peut  fe  négliger  fur  fes  devoirs 
particuliers,  &  cependant  veiller 
ou  faire  veiller  avec  foin  fur  fes 
diocéfains.  Si  nous  confidérons  du 
Voir  comme  miniftre ,  la  fermeté 
parut  d'abord  former  fon  carac- 
tère ;  il  aima  mieux  quitter  les 
fceaux ,  que  de  fe  prêter  aux  vues 
du  maréchal  S  Ancre  ,  qui  abufoit 
de  fa  Civeur.  Mais  il  fut  plus  com- 
,  plaifant  fous  le  minîfiere  du  duc 
-de  Luynes,  qui  lui  faifoit  efpérer  la 
•poupre  Romaine.  Il  n'^t  plus  de 
volonté  que  celle  du  nouveau  mi- 
niftre. Ce  changement  fit  beaucoup 
de  tort  à  fa  réputation  *,  &  plus  il 
avoit  aiFeâé  une  vertu  aufiere  , 
comme  Séneque ,  plus  on  le  méprifa 
quand  on  le  vit  courir  après  la 
fortune.  En  1620,  il  eut  une  dif-- 
pute  avec  les  ducs  &  pairs  fur  la 
préféance  au  confeil.  Le  duc  ^'£- 
pemtm  foutint  la  caufe  des  ducs  en 
préfence  de  Louis  XIÎl ,  avec  fon 
irapétuofité  ordinaire.  Vous  êtes  un 
tmprudenf  ,  dit-il  à  Di/  KtiR,.,  Et 
^ous^  répliqua  du  Vair,  vous  êtes 
tt  que  vous  êtes,  —  Eh  bien ,  pour- 
iiiivit  d^Epemon  en  s'adreiïant  au 
duc  17  £  Guise  ,  vous  allei  combatirt 
Uf   PiraUt  d»  'Mat  ,  lorfquU  faut 


VA!  ip' 

chaffer  Us  Pirates  de  Terre,  Cepen- 
dant le  confeil  décida  en  faveur  de 
du  Voir,  Ce  magifirat  finit  fa  car- 
rière à  Tonneins  en  Agenois ,  où 
il  étoit  à  la  fuite  du  roi  durant  le 
fiége  de  Clerac ,  le  3  Août  1621  , 
à  6  j  ans.  Du  Voir  étoit  d'une  taille 
avîmtageufe ,  avoit  un  port  noble , 
une  phyfionomie  heureufe ,  animée 
par  des  yeux  vitis.  CéJ'ar  Nofiradamus 
parle  de  fon  luxe  &  de  l'écîat  fplen- 
dide  qui  brilloit  dans  fa  maifon. 
D'autres  ont  dit  qu'il  y  avoit  beau- 
coup d'ordre  &  de  bienféance  , 
fans  avarice  &  fans  fafte.  Si  les 
hiftoriens  parlent  diverfement  de 
fes  vertus ,  i^ls  s'accordent  afiez  fur 
■fes  talcns.  Du  Vaïr  étoit  d'une 
fagacité  furprenante  ,  &  d'une  élo- 
quence peu  commune  pour  ^fon 
fiecle.  Claude  Robert  lui  appliqua 
dans  fa  GalUa.  Chri/Bana ,  ces  Vers 
de  CUuidîen  : 

Oracula  rsgîs 

Eioquio  crcvére  tuo  ,    nec   dlgnlus 
unquam 

Majejias  memlnlt  Francorum  fe  effe 
locutum. 

Il  eut ,  de  fon  temps ,  la  même  ré- 
putation que  le  chancelier  étApujfeau 
a  eue  de  nos  jours.  L'un  &  l'autre 
ont  compofé  des  Ouvrages.  Ceux 
de  du  Vaîr  ,  très -inférieurs  à  tous 
égards ,  aux  produ^ions  du  chance- 
lier de  Louis  XV ^  forment  un  gros 
volume  in-folio,  Paris,  1641.  On 
y  trouve  des  Harangues  ,  des  Tra- 
duEllonSy  qui  font  moins  infeâées 
que  lès  autres  produdions  de  fort 
temps  ,  du  mauvais  goût  qui  régnoit 
alors ,  mais  qui  n'en  font  pas  tout- 
à -fait  exemptes.  Pierre  du  Vair,  fi-ere 
du  garde  des  fceaux ,  fut  évêque  de 
Vence.  C'étoit  un  prélat  refpec- 
table.  Il  garda  fon  époufe ,  quoique 
pauvre  ,  parce  qu'il  ne  voulut  pas  la 
répudier  pour  une  plus  riche.  Il  refufa 
les  meilleurs  évêchés. 
VAIRASÇE  ,  r<y.  l.  ALLAIS! 


I 


ȕi         VA! 

VAISSETTE  ,  (  Dom  lofepK  ) 

né  à  Gaillac  ea  Agenois,  co  i68f , 
^erça  pendant  quelque  temps  U 
charge  dejprocureur  durci  du  pay^ 
Albigeois.  Dégoûté  du  inonde  •  U 
fe fît Qéncdiâin  delà  Congrégation 
de  Saint-Maur  •  dans  le  prieuré  de^ 
la  Daurade  à  Toulouie  ,  en  i7ii« 
Son  goût  pour  l'Hiftoire  le  fit  ap- 
peler à  Paris,  en  171 3»  par  (esfupci 
rieurs  ,  qui  le  chargèrent  ,  avec 
Dom  Claudt  de  Vic^  de  travailler 
à  celle  de  Languedoc  Le  premier 
volume  de  cette  Hidoire  parut  en 
1730 ,  in-folio.  Peu  d'Hiftoires  gé- 
nérales. (  dit  Tabbé  des  Fontaines  ) 
font  mieux  écrites  en  notre  langue: 
l'érudition  y  eft  profonde  &  agréa*, 
hle.  On  a  ajouté ,  à  U  fin,  des  Note% 
très  -  favames  fur  difFérens  points 
de  l'Hifloire  de  Languedoc  -,  ces 
Notes  font  autant  de  diflertations 
Air  des  matières  çurieufes.  Cç  qui  le 
diftingue  fur- tout»  eft  une  grande 
impartialité  dans  THilloire  des  Al- 
|>igeois  ISc  des  antres  hérétiques, 
qui  ravagèrent  cette  province.  Il 
ne  fe  paffionne  point  -,  il  racotite 
en  homme  qui, a  confuké  tous  les 
monumens.  AuiE  les  Jéfuites  qui  ^ 
dans  Vfiiflûlrc  de  ri^glîfi  Gallicane , 
n'avoient  pas  montré  la  m^e  mo» 
«lératlony  ne  manquèrent  pas  de  le 
critiquer  dans  le  Journal  de  JreVous. 
Dom  de  Vie  éunt  mort  en  1734»^ 
Dom  Vaiffeue  refta  feul  chargé  de 
(on  grand  ouvrage ,  qu'il  exécuta 
avecCuccès,  &  dont  il  publia  les  4 
autres  volumes.  Ce  (avant  çioiiru( 
à  Saint- Germain- deS'Prés  le  10 
Avril  17(6,  regretté  pas  fes  con- 
frères &  par  le  pubHc.  Il  prépacoit 
lin  6*  volume  de  fon  Hiftoùre  de 
I^anguedoc  »  &  Dom  Bourottt  foa 
confrère  ,  a  été  chargé  de  l'adiever. 
Ses  autres  Ecrits  font  :  I.  Un  Ahrégé 
Àe  fon  Hifioire  ds  Lafiffudoc^  en  6 
vol.  inna  ,  1740^  Il  peut  fuiffire  à 
ceux  qui  ne  (ont  pas  de  cette  pro* 
vinçç  î  mps  les  LanjpedocMip^  It 


V  A  t 
tromreottrop  fec  &  trop  décinniéi 
II.  Une  Géographie  uaiverfelle  9  en  4 
vol.  in-4^  y  &  en  II  vol.  in-iiJ 
Quoiqu'elle  se  foît  pas  exemple 
de  &utes,  on  la  regarde»  avecrair 
fon,  comme  une  des  pl^  détail- 
lées ,  des  plus  médiodiques  &  des 
plus  exaôes  que  nous  ayons.  Oi\ 
peut  feulement  reprocher  à  Tauteur 
cpi'il  y  a  trop  peu  de  détails  fur  le 
commerce  &  les  afts  des  pays  qu'il 
décrit.  La  (implicite  &  la  candeur , 
îointes  à  beaucoup  d'efprit  &  d'ém- 
dition  ,  fonnoient  le  çaraâere  àe 
Dom  Vaîffettt...  V6y.  Lsibnxtz. 
n^  XII  de  fes  ouvrages. 

VAL,  (  Du  )  Voy€\  DuvAV 
VAL'Q^S-CHQUX,  Vof. 

VlARiX 

VAL'DE-ORACE  ,  Voye^ 
Akbouse. 

VAL  ART,  (l'abbé  Jofeph  > 
né  à  Freve^t  dans  le  diocefe. 
d'Amiens,  mort  en  1779  t  avoic^ 
été  profeiîeuc  à  l'Ecole  royale  mi- 
litaire. C'étoit  un  bofi  humanUle,, 
&  ila  beaucoup  écrit  fuc  les  règles, 
de  la  grammaire  lanne.  On  a  enr. 
core  de  lui  des  Traduâions  d» 
Nouvel  Teftament ,  de  VInîtaMn  dg, 
l.  C.  ,  dont  il  avoit  donné  une 
édition  e^imée  ,  chea  Barbou  ^ 
175  8 ,  ia-X% ,  &  de  ÇomeJUts  Nepos^^ 
Ce  (avant  étoit  ibst  négligé  fur  ia. 
peribnnc,  &  très-attaché  à  (es  feor 
ûmens-,  d'aUleiifs  bon  homme  2(: 
çiEcteuz. 

VALBONAIS  I   Foy^t  Bowa- 

ÇHEliV. 

VALDIVIESO ,(  Pierre  Bajuw- 
KiWA  ou)  théologien  Efpagnoli^ 
de  l'Ordre  de  Sadia- François  ,, 
vivoit  encore  en  i6o6«  U  le  xeoi^ 
dit  très*hatiile  dans  la  diéologîet. 
&  il  la  profefTa  long-temps»  U  « 
léSé divers Ouinoges «qui  fons  Uk 
preuve  de  fon  (avois;. 

VALDO,  (Pierse>  héréfiac^^ 
né  au  bourg  de  Vaux  en  pauphinéi^ 
d'au  il  ^  fon  spqi  ^  Ç9moi«a^4 


V-  À  L 

fer  à  Lyon  vers  ix86.  Ses 
^fciples  furent  appelés  Vaudoh  , 
éa  nom  de  leur  maître  ;  ou  Gueux 
ii  Lydn  »  de  k  ville  où  cène  feâe 

'  prit  naiâahce  ',  ou  Sabads  ,  à  caufe 
de  leur  chaufTore  ângûliere  :  ils  ne 
ponoient<|ue  des  fandales  comme 
les  Apôtres.  La  mort  d'un  ami  de 
K/À/o ,  qui  expira  fubitement  en  fa 

I  '  préTence ,  le  frappa  tellement ,  qu'il 
diftribua  aufli-tôt  aux  pauvres  ime 

t     grande  fomme  d'argent.  Cette  gé-i 

i  nérofifé  e»  attira  une  prodigieufe 
quantité  à  fa  fuite.  Leur  bienfaiteur 

I  voulut  bientôt  devenir  leur  maître. 
Comme  il  étoit  un  peu  lettré ,  il 
leur  expliquoit  le  Nouveau  Tefta^» 

I  ment  en  langue  vulgaire ,  &  leur 
prêchoit  l'ëftime  de  la  pauvreté 
otfive.  Les  Eccléftaftlques  ayant 
bllmé  6i  témérité  ,  il  fe  déchaîna 

_  totttre  ^K  &  contre  leur  autorité,  en 
leur  égalant  les  Laïques.  Il  y  a  des 
stiiteurs  qui  prétendent  que  Va^  ne 
ponila  pas  plus  loin  fes  erreurs  ; 
mds  que  fes  difetples  s 'étant  mêlés 
avec  les  Amaldiftes  &  k$  Albi- 
geois, adoptèrent  plufieurs  erreurs 
de.  ceux-ci.  D*autres  afîurent  que 
le. mépris  de  y'aldo  po;ir  les  Ëcclé- 
fiaftiques  ,  fnt  porté  jufqu'à  celui 
pour  les  Sacremens ,  dont  ils  font 
lés  miniilres  légitimes.  M.  Tabbé 
P/uqaet  prétend  qu'Us  renouvelè- 
rent :  I.**  Les  erreurs  de  Vigilance 
for  les  cérémonies  del'Eghfe,  fur 
le  culte  des  Saints  &  des  Reliques  y 
te  fur  U  hiérarchie  d«  l'Ëglife  : 
a.**  Les  erreurs  des  Donatiftts  fur 
la  nullké  des  Sacremens  conférés 

'  par  de  liiauvais  miniftres,  &  fur  la 
nature  de  TEglife  :  'J.**  Les  erreurs 
des  ieonoclafies  :  4.''  Ils  ajoutèrent  à 
ces  erreurs  ,  que  TEglife  ne  peut 
pofîederaucundes  biens  temporels» 
Comme  cette  doûrine  favorifoit 
les  prétentions  des  (bigneurs ,  & 
ttffidoit  à  remettre  ehtre  leurs  mains 

'  les  pofTeiHons  des  Eglifes ,  les  Vaw 
dM  furent  protégés  par  les  feigneurs 


^  ,     VA  L      ±n 

dièz  lefqiiels  ils  s'étoient  réfugiés  i 
après  avoir  été  chaiTés  de  Lyon; 
Ces  feigneurs  ,  fans  adopter  leurs 
erreurs ,  étoient  bien  aifes  de  les 
oppofer  au  clergé ,  qui  condamnoit 
les  grands  ;  déprédateurs  des  Eglifesi 
Les  Vaùdois ,  chaffc^  du  territoire 
de  Lyon ,  trouvèrent  donc  des  pro- 
teftcurs  ,  &  fe  firent  un  grand  nom* 
bre  dfc  proféiytes.*Z,oiu/5  VU   fit 
venir  àes  miffionnali^s  pour  les 
convertir  -,  mais  ils  prêchèrent  fan*  " 
fuccès  ccAitre  les  erreurs  des  Vaù- 
dois, Philippe- Auguflc  {on  fils  ^  çut 
recours  à  la  force;  il  fit  rafer  ptusf 
de  trois  cents  maifons  de  gentils- 
hommes, où  ils  s*affembIoîent,^  6c 
entra  en  fuite  dans  le   Berry     où 
ces  hérétiques  commettoient  d'nor* 
ribles  cruautés.  Plus  de  fept  mille 
furent    paffés  au  fil  de  l'épéc  \ 
beaucoup  d'autres  périrent  par  les 
flammes  ;  &  de  ceux  qui   purent 
échapper  ,  les  uns  qu'on  nomm» 
dans   la   fuite  Turlupins  ,  allèrent 
dani  les  pays  Vallons,  les  autres 
en  B<lhême;  tandis  que  \t%  feâa- 
tfeurs  de  VaUio  fe  répandoient  dans 
le  Languedoc  &  dans  le  Dauphinc*, 
Ceux   qui  s'étoient  jetés  dans  le- 
Languedoc  &  en  Provence  >  furent 
anéantis  (  dit  M.  l'abbé  Pluquet  > 
dans  les  terribles  croifades  contre 
les  Albigeois  &  contre  les  Héréti- 
ques ,  fi  prodigieufement  multiplié» 
dans  les  provinces  méridionales  dé 
la  France.  Ceux  qui  fe  fauverent 
dans  le  Dauphiné,  fe  voyant  in- 
quiétés par  l'archevêque  d*Embrun  , 
fe  retirèrent  dans  les  vallées  de 
Piémont.  Les  ducs  de  Savoie  ont 
tâché    en    différens  temps  de  les 
chaflfer  dç  cet  afile ,  fur-tout  depuis-v 
qu'ils  s'étoient  liés  d'intérêt  &  de 
religion    avec   les   SuifTes    &   les 
Genevois.  On  it^  pourfaivit  vi- 
vement en  15  60  -,  irais  ils  réMe- 
rem  à  la  petite  armée  qu'on  envoya 
contre  eux.  Environ  cent  ans  après  » 
•n  1655  ,  Charks- Emmanuel  envoya 


1 


2Ç4     •    V  A  L    ^ 

dans  les  vallées ,  le  marquis  dt  PU- 
ueffa  j  qui  traita  avec  la  dernière 
rigueur  ceux  qui  ne  voulurent  pas 
embraiTer  la  religion  Catholique, 
Malgré  un  grand  nombre  d'exé- 
cutions effrayantes ,  les  Vaudois  ne 
font  pas  entièrement  éteints ,  &  ils 
confervent  l'attachement  à  leurs 
dogmes  &  une  pureté  de  mœurs 
qui  infpire  de ,1a  pitié  pour  leurs 
erreurs.  Les  Calvinifte^  les  ont 
adoptés  comme  leurs  pères,  quoi- 
que leur  croyance  foit  différente 
dans  quelques  articles  *,  &  la  pro- 
teâion  fecrete  que  quelques  prin- 
ces Protedans  leur  ont  accordée , 
n'a  pas  peu  contribué  à  leur  conier- 
vation, 

VALDEADE  ,  foye^  iv.  Lo- 

THAIR£ 

VALEMBOURG,  FoyciV/XL- 

LEMBOVRG. 

VALENÇAl,  Voy,  Estampes, 
n®  IV, 

VALENCE,  Foyti  Parès  & 
VII.  Thomas. 

L  VALENS ,  (  Flavîus  )  empe- 
reur ,  étoit  fils  puîné  de  Gratîm  , 
furnommé  U  CordUr  :  [  Voyez  L 
G  RAT  j  EN,]  U  naquit  près  de 
Cibale  en  Pannonie ,  vers  l'an  328, 
&  fut  aiTocié  à  l'empire  l'an  364, 
par  Ton  frère  Valentimen  /,  qui  lui 
donna  le  gouvernement  deTOrient 
en  365.  Eifrayé  par  la  révolte  de 
Procope ,  il  voulut  d'abord  quitrer 
la  pourpre  ;  mais  il  &it  plus  heureux 
Tannée  fuivaote  :  car  il  défît  fon 
ennemi  ,  &  lui  fit  couper  la  tête. 
Après  avoir  pacifié  l'empire ,  il  fe 
fit  conférer  le  baptême  par  Eudoxc 
de  Conftantinople  ,  Arien  ,  qui 
l'obligea  par  ferment  de  foutenir 
fes  erreurs.  Sa  femme  ,  Albla  Domi- 
nica  ,  qui  étoit  hérétique,  l'y  en- 
gagea auffi ,  &  le  rendit  complice 
de  fon  héréfie  ,  ôt  perfccuteur  de 
la  Foi  oithodoxe  i  dont  il  s'étoit 
montré  jufqu'alors  un  des  plus 
aélfis  défenfeurs.  U  publia  un  édit 


VAL 

pour  exiler  les  prélats  Catholt-^ 
ques  *,  édit  qui  fut  exécuté  avec  la 
dernière  rigueur.  Il  alla  lui-même 
à  Céfarée  de  Cappadoce ,  pour  en 
chafi'er  5.  BafiU  ;  à  Antioche  ,  où  il 
exila  Mélece  ;  à  Edefle  &  ailleurs  , 
où  il  perfécuta  cruellement  les 
Orthodoxes.  [  Voye^  IL  Isaac.  ] 
C'étoit  après  la  guerre  contre  les 
Goths,  que  Valens  fe  déclara  contre 
l'Eglife.  Cette  guerre  avoit  eu  le 
plus  heureux  fuccès.  Les  Barbares  , 
effrayés  des  viâoires  de  Valens  ^ 
forcèrent  AthAlarîc  leur  roi ,  à  de- 
mander la  paix.  Valens  voulut  bien 
la  leur  accorder  en  370*,  mais  il 
en  prefcrivit  les  conditions.  Il  fut 
défendu  aux  Goths  de  pader  le 
Danube  ,  &  de  mettre  le  pied  fur 
les  terres  des  Romains,  à  moins 
que  ce  ne  fut  pour  le  commerce. 
Ils  n'eurent  plus  la  liberté ,  comme 
auparavant  ,  de  trafiquer  indiffé- 
remment dans  tous  les  lieux  fournis 
à  l'obéiffanoe  de  l'eiapereur.  On 
leur  marqua  deux  villes  frontières, 
où  ils  ppurroient  apporter  leurs 
marchandifes  ,  &  acheter  celles 
dont  ils  auroient  befoin.  Tous  les 
tributs  qu'on  leur  payoit  furent 
fupprimés  ;  mais  on  confirma  la 
penfion  A*AchalarU.  Valens  ,  plus 
complaifdnt  qu'il  n'auroit  di^  l'être , 
permit  aux  Goths  de  s'établir  dans 
la  Thrace  :  ils  y  furent  fuivis  de 
divers  autres  Barbares  -,  &  comme 
la  province  ne  pouvoit  fuôire  pour 
leur  entretien  ,  ils  commencèrent 
à  ravager. les  pays  voifins.  Lupîdn , 
général  de  l'armée  Romaine ,  ayant 
été  banu  ,  VaUns  marcha  en  per- 
fonne  contre  les  ennemis.  On 
ei^gagea  une  bataille  près  d'Andri- 
nople  le  9  Août  378 ,  &  il  eue  le 
malheur  de  la  perdre.  La  nuirle 
fiirprit  avant.qu'il  fe  fût  décidé  fur 
le  parti  qu'il  avoit  à  prendre  v  &  les 
foldats  ,  qui  s'étolent  rangés  autour 
de  lui ,  ^enlevèrent  &  le  portèrent 
dans  une  maifon  ,  où  les  Gotbs 


r 


VAL 

atreht  le  feu  ,  &  où  il  fut  brûlé 
vif,  à  l'âge  de  p  ans,  après  en 
avoir  régné  15.  VaUns  fut  un 
prince  timide  ,  cruel  &  avare.  Ses 
<lcfauts  furent  plus  pernicieux  à 
l'Etat  que  fes  vices.  11  étoit  igno- 
rant ,  &  il  laiffoit  languir  les  fciences. 
Incapable  de  juger  du  mérite  ,  il 
o'élevoit  aux  grands  emplois  que 
cetix  qui  appîaudiffoient  à  fes  foi- 
Weffes.  Sa  fuperftition  étoit  telle , 
qu'il  fit  mourir  tous  ceux  dont  le 
nom  commençoit  par  Thé^d ,  parce 
«pi'un  magicien  lui  avo.t  dit  que 
fon  fceptre  tombcroit  entre  les 
mains  d'un  homme  dont  le  nom 
commenccroit  a'mfi  -,  &  le  comte 
Tnéoâofty  père  de  Théodofe  le  Grande 
fc  trouva  de  ce  nombre  malheurcu- 
feraent.  Protecteur  de  l'Arianifme , 
il  fit  autant  de  mal  aux  fidelles 
que  les  plus  ardens  perfécut  jurs  de 
l'Eglife.    . 

II.  VALENS,  {Valerius)  étoit 
proconful  d*Achaïe  ,  lorfqu'une 
paniede  l'Orient  fe  fouleva  contre 
GallUn  &  reconnut  MacrUn.  Le 
nouvel  empereur  ,  craignant  que 
Valais  n'armât  contre  lui ,  envoya 
une  petite  armée,  commandée  par 
Pi/on  ,  pour  le  furprendre  &  lui 
ôïer  la  vie.  Valens  fe  voyant  pour- 
fuivi ,  fe  fit  reconnoître  empereur 
dans  la  Macédoine ,  &  fe  défît  de 
Pîfon,  Cette  mort  fut  fuivie  de  la 
fknne  ,  puifqu'il  fut  tué  peu  de 
}ours  après  par  fes  foldats  ,  en  Juin 
161 ,  après  ûx  femaines  de  règne. 

m.  VALENS  ,  (Pierre)  dont 
le  vrai  nom  eft  Sturck  ,  né  à 
Groningue  en  1561  ,  s'appliqua 
avec  foccès  à  la  poéfie ,  à  l'élo- 
quence ,  &  à  toutes  les  parties  éts 
belles- lettres.  11  fit  un  voyage  à 
Paris,  où  fes  talens  lui  méritèrent 
une  place  de  profeffeur  au  collège 
royal.  Il  mourut  en  1641  ,  âgé 
de  80  ans.  Oh  a  imprimé  fes 
Harangues  &  fes  Poéfics  latines , 
i&-S®  &  in- 4**.  Ces  dernières  of- 


V  A  L         2^5 

frcnt  quelques  vers  heureux ,  m»is 
peu  démette  imagination  quiconf* 
titue  le  vrai  poèze, 

VALENTIA  ,  (  Grégoire  ) 
Jéfuite>,  né  à  Mediiia-del-Campo , 
dans  la  vieille  Caftille , .  profefla 
la  théologie  dans  l'uni verfité  d'In^ 
golilad  ,  &  mourut  à  Naples  en 
1603  »  à  54  ans  ,  après  avoir  eu 
de  vives  difputes  avec  Lcmos  fur  ' 
la  Prédcûination.  S^  adverfaires 
dirent  de  lui ,  que  »»  s'il  n'avoit 
»  pas  eu  d'autre  Grâce  que  celle 
"  qu'il  avoir  défendue  >  il  n'étoit 
»»  furement  pas  en  Paradis  *«.  On 
a  de  lui  des  Livns  de  controverfe  » 
&  des  Commentaires  fur  la  Somme 
de  5.  Thomas.  Ses  Ouvrages  ,  re- 
cueillis en  5  gros  vol.  in-folio  » 
demandent  beaucoup  de  patience  - 
de  la  part  du  ledbeur. 

I.  VALENTIN ,  Romain ,  pape 
9près  Eugène  II  ,  mourut  le  21 
Septembre  827  ,  le  40®  jour  aprçs 
fon  éleâion. 

II.  VALENTIN,  fameux héré- 
fiarque  du  Il*fiecle,  étoit  Egyptien 
&  leâateur  de  la  philofophie  de 
Platon.  H  fe  distingua  d'abord  paç 
fon  favoir  &  par  fon  éloquence; 
mais  ,  indigné  de  ce  qu'on  lui  avoir 
refufé  l'épifcopat ,  il  fe  fépara  de 
l'Eglife  ,  après  avoir  enfanté  mille 
erreurs.  11  les  fema  à  Rome  fous  le 
pontificat  du  pape  Hygln^  &  con- 
tinua de  dogmaiifer  jufqu'à  celui 
d'AnUet ,  depuis  l^n  140  jufqu'à 
160.  11  avoh  imaginé  une  généa- 
logie d'jEons ,  dont  il  compofoit 
la  Divinité ,  qu'il  appeloit  Plérome 
ou  Plénitude ,  au-deffous  de  laquelle 
étoient  le  fabricateur  de  ce  monde , 
&  les  Anges  auxquels  il  en  attri- 
buoit  le  gouvernement.  Ces  JSons 
étoient  mâles  &  femelles ,  &  il  les 
pirtageoit  en  différentes  claffes. 
Valsntin  eut  beaucoup  de  difci- 
ples  ,  qui  répandirent  fa.  do<5trine  » 
&  formèrent  des  feâes  qui  éroient 
fort.  noQibreufes  /  &  fur-tout  dans 


i5^       ^  À  L 

les  Gaules»  du  temps  de  5.  Innée ^ 
qm  nous  a  dontié  le  plus  de  lu- 
mières fur  ces  hérétiques...  Foye^ 
XT.  Ptolomée. 

III.  Val  EN  TIN,  (Bafile)  : 
Ceft  fous  ce  marque  que  Ce  cacha  un 
liabile  chimifte  du  xvi^  fitfcle ,  que 
quelques-uns  ont  préfumé  être  un 
Bénédiâin  d'Ërford ,  mais  dont  on 
ignore  le  vrai  nom.  Ses  Ouvrages 
écrits  en  haut  Allemand  ,  ont  été 
imprimés  à  Hambourg  en  16,77  , 
17 17  ou  1740  ,  in-8°.  La  plupart 
font  traduits  en  latin  &  en  François. 
Parmi  les  latins ,  le  plus  connu  eft 
'  'Cirrus  triumphalit  AntÎMonu ,  Amf- 
terdam,  167 1|  in- 11.  On  prétend 
que  ce  chimifte  dut  au  hafard  la 
ConnoifTance  des  propriétés  de  Tan- 
timoinc.  Ayant  jeté  hors  de  fon 
laboratoire  quelques  fragmens  xle 
tetït  matière  ,  &  des  cochons  en 
ayant  mangé,  ils  furent  violem- 
ment purgés.  Cette  obfervation  lui 
fit  venir  la  penfee  d'eflayer  ce  re- 
mède fur  le  corps  humain...  On  cite 
parmi  les  Ouvrages  françois  du  pré- 
tendu Valentîn  :  l.  VA^oth  des  Phi* 
lofophts ,  avec  les  xii  Clefs  ds  Phi- 
lofophUy  Paris,  1660,  in-8°,  &  la 
fig.uredeces  \i  Clefs.  II.  Révélation 
àes  Myjlerts  des  Teintures  tffentUllcs 
des  fept  Métaux ,  &  de  leurs  Vertus 
médicinales,  Paris,  1646,  in-4**.  III. 
Teftament  de  Bafile  Valtntîn  ,  Lon- 
dres, 1671,  in- 8**.  I 

IV.  VALENTIN ,  né  à  Colo- 
miers  en  Bric ,  Tan  1600 ,  mort  aux 
environs  de  Rome  en  1632 ,  entra 
fort  jeune  ^ans  l'école  de  Vouet ,  & 
peu  de  teMps  après  fe  rendit  en 
Italie.  Les  Tableaux  du  Caravage  le 
frappèrent,  &  il  l'imita.  11  s'atta- 
cha fur- tout  à  repréfenter  des  Con- 
€€rts ,  des  Joueurs ,  des  Soldats  &  des 
Bohémiens.  On  voit  auffi  de  ce  maî- 
tre, des  Tableaux  d'hiftoire  8c  de 
dévotion;  mais  ils  font  en  petit 
nombre ,  & ,  pour  l'ordinaire ,  in- 
férieurs à  fes  autres  Ouvc'ages.  Le 


^ 


VAL 

Vâîenttn  trouva  lin  protéâeur  danl 
ie  cardinal  Barberln.  Ceft  à  fa  re- 
commandation qu'il  peignit ,  pour 
l'Ëglife  de  Saint-Pierre  à  Rome, 
le  Martyre  des  SS.  Proeeffe  &  Mar^ 
tînlin  ,  morceau  très-  eftimé.  U  fe 
lia  d'amitié  avec  le  Pougm  ,  &  l'oa 
rctnarqùe  qu'il  a  quelquefois. fuivi 
la  rhaniere  de  cet  excellent  artifte; 
Le  Valentln  a  toujours  confuhé  \t 
nature  -,  fa  touche  eiï  légère,  fon 
coloris  vigoureux ,  fes  figures  bieit 
difpofées.  Il  exprimoit  tout  aveÇ 
force  ;  mais  il  n'a  guère  confulté 
les  grâces  ;  H  entraîné  par  la  rapi- 
dité de  fa  main ,  il  a  fouvent  péché 
contre  la  corteétion.  Ce  petntref 
s'étant  baigné  imprudemment ,  fut 
faifi  d'un  SiiTon  i  qui  lui  cau(a  pieu 
de  temps  après  la  mort. 

V.  VALENTIN,  (  Michel-Ber^ 
nard)  profeiTeur  en  médecine  à 
Gieden ,  où  il  naquit  le  26  No- 
vembre 1657 ,  cultiva  la  botani-> 
qne  avec  beaucoup  de  fuccès  ,  & 
mourut  le  13  Mars  1729.  On  a 
de  lui  :  I.  Hifloiîa  Sîmplicîum  refor* 
mata  ^  Francfort,  1716,  in -fol.* 
16  planches-,  1723  ,  in -fol.,  23 
planches.  II.  Amphitheatrum  ZootO" 
mîcum  t  Francfort,  1720  ,  in- fol., 
figures.  Cet  Ouvrage  avoir  paru 
en  allemand  ,  à  Francfort , ,  1764- 
1714,  5  vol.  in-fol,  -,  il  a  été  tra- 
duit en  latin  par  Jean  Conrad  Bec* 
hr.  Aux  Editions  latines  on  a  joint 
un  abrégé  de  la  Fie  de  VaUnùn^ 
en  vers,  qu'il  avoit  compiofé  luî- 
mêmê.  III.  Mcdlclna  nov  ~  antlqua^ 
Francfort,  1713  ,  in -4**.  Ceft  un 
cours  de  médecine.  IV.  Cynofura. 
materla  medlca ,  Strasbourg,  1726, 
3  vol,  in-4°.  V.  Virtdarlum  refoT'-^ 
matum,  Francfort,  1720  ,  infol., 
avec  de  belles  figures.  VI.  Corpus 
juris  medîco'legjle ,  Francfort ,  1722 , 
in-tbl.  VII.  Pkyfiologia  hîbficx  ca^ 
pua  feUHa^  Gieffen ,  17  n,  in-4®. 

VALENTIN  GENTILIS,roye{ 
Gemtilis,  n"  IV. 

VALENTINE ,     ^ 


-  I 


r 


VAL 

VALENTINÈ ,  femme  de  Loms 
4e  France,  duc  £  Orléans,  affaffiné  par 
les  ordres  du^duc  ât  Bourgogne^ 
étoit  fille  de  Jean  GaUas^  duc  de 
Milan.  Cette  princcffe  ayant  inuti- 
lement demandé  juilice  du  meur- 
ttier  de  fon  époux  ,  mourut  le  5 
Décembre  1408,  de  douleur  d& 
n'avoir  pu  vengct  fa  mort.  Quel- 
ques momens  avant  que  d'expirer , 
elle  fit  approcher  Tes  enfans  fur 
lefquels  elle  répandit  des  larmes. 
Eafuite  confidérant  Jtan  ,  fils  du 
duc  d*  Orléans  &  de  la  dame  eU  Cany , 
£  célèbre  depuis  fous  le  ttom  de 
comte  de  Danois ,  elle  dit  par  uneef- 
pece  depreffentiment  de  fa  grandeur 
fiiturei  qu'il  lui  avo'u  ctc  dérobé  ^  (ît 
quiutcun  de  fcs  tnfans  n' étoit  auji  bien 
taillé  à  venger  la  mort  de  fon  père  que 
Càlui  '  là.  VALENTINE  étoit  auflî 
fpirituelle  que  belle.  Charles  VI ^ 
dans  les  accès  de  fa  folie,  ne  fe 
laiffoitgouvernerquepar  elle.  De  là 
vint  le  bruit  qu'elle!  'a voit  enforcclc» 
Les  gens  de  bon  fens  étoient  bien 
perfuadés  que  û  elle  l'avoit  charmé ,. 
ce  n'étoit  que  par  fa  beauté  &  fon 
enjouement.  Cependant,  pour  n'être 
point  expofée  aux  infultes  de  la 
populs^ce,  elle  fut  obligéede  quitter 
la  cour  pour  quelque  temps.  C'eft 
du  chef  de  cette  princefïe ,  que  le 
duc  d  Orléans ,  depuis  roi  de  France, 
fous  le  nom  de  Louis  Xll ,  préten* 
dit  au  duché  de  Milan ,  qui^coûta 
tant  de  fang  à  la  France  dans  le^ 
iîecle  ûûvant. 

L  VALENTINIEN  I",  empe- 
reur d'Occident,  fils  aîné  de  .(?r''r 
tun  furnommé  U  Cordier  ,  de  Çi- 
bale  en  Pannonie ,  s'éleva ,  par  fa 
valeur  &  par  (on  mérite,  fur  le 
uône  impériaL  II  fut  proclamé  em- 
pereur à  Nicée,  après  la  mort  de 
Jovin,  le  26  Février  364.  H  affo- 
cia  Valcas  fon  frère ,  à  l'empire ,  lui 
donna  l'Orient ,  &  garda  pour  lui 
rOccident ,  où  il  fe  rendit  redou- 
t^le^par  fon  courage.  U  r^poufia 


VAL         257 

les  Germains  qui  ravageoîent  les 
Gaules,  pacifia  T A firique révoltée» 
dompta  les  Saxons  qui  s'étoient 
avancés  jufque  fur  le  bord  du  Rhin  » 
&  bâtit  un  grand  nombre  de  forts 
en  diiFérens  endroits  de  ce  fieuve 
&  du  Danube.  Les  Quades  ayant 
pris  les  armes  en  374»  il  pafia  dans 
leur  pays  pour  les  diâtier.  U  met 
tout  à  feu  &  à  fang ,  ra£e  les  csltai<* 
pagnes ,  brûle  les  villages,  renverfe 
les  villes ,  laiife  par-tout  des  traces 
de  fa  fiireur.  U  repafie  le  Danube» 
&  va  fe  repofer  à  Bregetion ,  petit 
château  de  la  Pannonie^  La  les  Qua- 
des lui  envoient  des  ambafiadeurs 
pour  implorer  fa  clémence.  Ces- 
envoyés  étoient  des  hommes  grof- 
fiers ,  pauvres  &  mal-^vênis.  FWen- 
tînicrt^  crpyant  qu'on  les  lui  avoie 
envoyés  pour  Tinfulter  ,  entra  en 
fureur  ,  &  leur  parla  avec  tant 
d'emportement,  qu'il  fe  cafia  une 
v^e.  Il  expira  peu  de  temps  après» 
le  17  Novembre  375.  U  étoit  alors 
âgé  de  5  5  ans ,  &  en  avûit  régné 
12  ,  moins  qudques  mois.  Si  l'on 
excepte  quelques  occafions  p^i« 
culieresjoù  £a  grande  vivacité  Tem- 
portoit  au-delà  des  bornes  d&U 
modération,  VaUtttinîen  montra  dans 
touie  fa  conduite,  de  l'efprit,  du 
courage,  de  la  politefie  &  de  la 
grandeur.  Il  étoit  zélé  pour  la  reli- 
gion Catholique,  &  Tavoit  con-» 
fefiée  généreufement  fous  Julkn ,  au 
péril  de  fa  fortune  &  de  fa  vie. 

-II.  VALENTINIEN  II,  fils  du 
précédent ,  né  en  37 1 ,  fut  falué  em- 
pereur à  Cinque  en  Pannonie ,  le 
22  Novembre  375.  U  fuccéda  à 
Gr(^tlen  »  fon  (tere ,  en  383 ,  &  iitc 
dépouillé  de  fes  Etats  en  387,  par 
le  tyr^n  Maxime,  Il  eut  recours  à 
Tbéodofe  ,  qui^  défit  Maxime ,  lui  fit 
couper  la  tête  en  388  ,  rétablit  Td- 
Uatinien ,  &  entra  triomphant  dans 
Rome  avec  lui.  Le  jeune  empereur, 
formé  par  les  avis ,  les  inilru£lions 
&  Texçinple  dç  Tkéodofe,  quitta  d« 


1^8        VAL 

Bonne  heure  le»  impreffioQS  que  ft 
mère  JulUnt  lui  avoit  données  con* 
tre  la  Foi  Catholique.  On  le  fonp* 
çonna  de  quelques  déréglemens  or* 
distaires  à  la  jenneffe  *,  auffi-côt  qu'il 
le  fut  y  il  fe  priva  de  tout  ce  cfui  pou« 
troit  donner  occaûon  à  ces  faux 
Bruits.  On  trouvoit  qu'il  fe  piaifoxt 
tftip  aujt  jeux  du  Cirque  \  pour  s'en 
cortiger,  il  retrancha  ceux-mêmes 
^  ft.  donnoieat  à  la  naiflance  des 
«mperemrs.  Ayant  fu  que  quelques- 
uns  le  blàinoient  d'aimer  trop  les 
^mbat^  des  foêtes ,  il  6t  tueir  dan» 
le  même  iour  toutes  celles  qui 
étotenr  deftinées  à  cet  uf^e.  Ce 
ne  furent  pas  tes  feules  vertus.  Les 
cfae£i  d'une  famille  diftin^ée  ayant 
été  accufés  d'une  cdnfpiration  ,  il 
^  exathiha  lui-même  les  preuves  \ 
&  fa  clémence  lui  en  ayant  diffi- 
inufé  la  force,  il Rt: élargir  les  cou- 
pfables ,  mépriùnt  ces  défiances  & 
ces  foupçofiS  ,  qui  M  tommenunt,^ 
éifoit-ily  qut  Us  Tyrans.  Plus  oc- 
cupé du  bien  de  ibs  fujets  que  du 
âeîi  propre  ,  il  mode»  excréme-^ 
ment  les  impôts  v  &  eomme  fes 
ofBciess  voulotent  qu'il  les  au* 
gmentât ,  afin  d'en  profiter  eux* 
mêmes,  il  leur  répondit  :  f^tdU 
apparmuy  op-tM  qm  j'impofc  dt  noii- 
vUlcs  charges  à  aux  qui  tnu  bien  de 
inpiine  à  payer  ks  ancunnesT  Ilfai- 
Ibit  fouir  l'empire,  de  la  paix ,  de 
U  juftice  &  de  l'abondance,  lorf- 
0[d*Arbogafie ,  Gaulois  d'origine,  à 
qui  il  avôtt  codifié  le  commande- 
ment de  fci  armées, <e révolta.  Ce. 
général  s'étoit  acqui»,  pat  fa  va- 
leur ,  fa  fcience  dans  l'art  militaire 
&  fon  déântéreiTement  ,  la  con- 
fiance des  troupes-,  au  point  qull 
régloit  tout  &  tenott  VaUntuùcn 
fous  fa  dépendance.  Le  prince  ou» 
Trit  enfin  llbs  yeux,  &  craignant 
les  fuites  de  fon  pouvoir ,  il  lui 
ôta  le  commatidemént  des  années. 
Mais  ce  traître  mit  le  comble  à 
Ijbl  crimes ,.  &  fit  périr  ce  prince, 


VA  t 


1 


qu'il  avoit  dé}à  depoutlié  de  f&n» 
autorité.  11  fut  étranglé  à  Vienne 
en  Dauphiné ,  le  faraedi  1 5  Mar 
39Z,  âgé  feulement  de  20  ans, 
après  un  règne  de  neuf. 

MI.  VALENXmiEN  lU ,  (  Z:^ 
vius  Pladdus  VaUminixntts  )  empe- 
reur d'Occident,  £ls  du  général 
Ccnftanu  &  de  FUciàiè  fille  de 
Théodoft  U  Grand ,  naquit  à  Romr 
en  419,  &  fut  honoré  du  titre  de 
Céfkr  à  Theilalonique  ;  niais  il  ne 
fut  reconnu  empereur  que  le  25 
Oâobre  42f ,  à  Rome,  après  la 
d^aite  entière  de  Jean ,  qui  s'étoi» 
emparé  de  l'empire.  Ce  fut  d'abord 
PiaâdU  qui  eut  toute  l'autorité  *,  & 
la  fageâfe  de  cette  princefle  ne  pu& 
prévenir  la  perte  de  l'Afrique,  que 
le  comte  Boniface  livra  en  428 ,  aux 
Vandales,,  qui  y  fondèrent  un  Etac 
très-puiâant.  Le  général  Aitîus  con- 
ferva  par  fa  valeur  les  autres  pro»- 
vinces.  Les  Bourguignons.,  les> 
Goths ,  les  Alains ,  les  Francs  fu^ 
rtnt  battus  en  diveries  rencontres  ». 
&  forcés  à  demander  la  paix  ;  il 
n'y  eut.  que  les  Sueves  de  la  Ga- 
lice qui  ne  purent  être  domptés^ 
VklenùnUn  reconnut  mal.de  û  gratis- 
dfes  obligations.  U  immola  ce  gé- 
néral,, de  fa  propre  main  ,  à  1» 
haine  jd'un^  de  fes  .eunuques  -,  mais^ 
il  périt  bientôt  après  lui.  Ayant, 
violé  la  femme  de  Pétrone-Maxime^ 
ce  mari  onoragé  le  fit  tuer  au  milicir 
de  Rome  le  17  Mars  495.  Il  avoir 
alors  36  ans ,  &  il  fut  le  demies 
de  la  race  de  Théodofe.  Pétrone* 
Maxime  profita  de  fa  raott  pour  fer 
faifîr  du  fceptre  impérial.  Vaicati-- 
nlen  étoit  un  prince  fhipide  ».  qur  j 
facrifioit  fa  gloire  &  fes  intérêts 
à  fbs  paflions  ;  &  £éi  pafEom  l'em^ 
portoiem  toujours  de  crime  ett 
crime.  Il  n'excita  aucun  fentimenr 
d'amour  pendam  fa  vie,  ni  aucim- 
regret  après   fa  mort.   Voyci  iiu 

EtlDbXlE. 

VAl^iVriNOtt ,  Fày.  1.  Bqh 


r 


VAL 

êtÀ,  eut  de) &  PoitiKttô, 

duchefTe  de  )* 

I.  VALÊRE-MAXIME,  (  Ta/*- 
Hus'Maximus)Yti1konen  Laûn ,  for<^ 
toit,  feloft  quelques  auteurs,  de 
la  famille  des  VaUrts  &  de  celle  des 
Féblau,  Son  goût  pour  la  littéra- 
ture ne  lui    ota  point  celui  des 
fermes  ;  il  foivit  Seiue  Pompée  à  la 
guerre.  A  fotl  retour^  il  compofa 
I       Un  Rcoiûl  des  aâions  &  des  pa- 
\      tôles  remarquables  des  Romains  & 
I       des  autres  hommes  illuftres.  Son* 
travail   eft    en    ix  livres  ;  il  le 
dédia  à  tlhen^  &  n'écrivit  qu'après 
k  mort  de  Sejmi ,  dont  il  dit  beaU'- 
coup  de  mal.  Plufieurs  croient  que 
l'Ouvrage  que  nous  avons,  n'eft 
qu'un  abrégé  du  fieii ,  compofé  par 
ifepotien  d' Afrique.  Son  Ayle  eft  bar- 
hsare^  à  quelques  endroits  près.  Il  in-" 
téreffe  plus  par  le  fonds  des  choCes^ 
i       «[ue  par  la  manière  dont  il  les  rend. 
La  meilleure  édition  de  cet  auteur 
\       eft  celle  de  Leyde,  1670  ,  in-8*, 
I        ^m  Nous  Vanonan  ^  &  1 716  ,  in- 4^4 
On  eftim.e  auffî  celle  de  Paris  ,1679, 
I       in-4^ ,  à  l'ufkge  du  Dauphin.  Nous 
en  avons  une  TraducUon  françoiAî 
en  a  V9I.  in- II. 

n.  VALÉRE,(Cyptîen de) au- 
teur Proteflant.  Nous  avons  de  lui 
tane  Verfion  efpagnole  de  toute  la 
Bible,  que  l'on  peut  regarder  comme 
Une  féconde 'édition  de  ia  Verfion 
de  CaJfiodoH  Rxyna  ^  Amfterdam  4 
c6o2 ,  in- fol. 

lli.  VALÉRE ,  (  Luc  )  enfeigna,  à 
la  fin  du  XVI®  fiecle,  la  géométrie 
dans  le  collège  de  Rome ,  avec  tant 
4e  réputanon  ,  qu'il  fut  nommé 
VArchîmeit  de  fon  temps  ,  par  le 
célèbre  Galilée.  On  le  connoît  à 
peifie  aujourd'hui  ,  quoiqu'il  ait 
publié  deux  Quvrages  aflez  bons; 
l'un  ,  I^c  Centra  gravUatîs  Solldorum  , 
10-4^,  1604  :&  un  autre,  i>c  Qua' 
ératura  Parabola  per  fimplex  fotyuftt, 
VALÉRE,  (  André  )  Fayei  An- 


t  VALÉRIEN  ,  {PuhSus  Lià^ 
^lus  VaUrianus)  empereur  Romain, 
naquit  en  190,  d'un  père  fénateur* 
Sa  famille  étoit  illuftj«.  Il  pafia  pai^ 
routes  les  charges,  &  le  fénat  le 
revêtit  de  celle  de  Cenfeur ,  qu'au- 
cun particulier  n'avoif  poffédéd 
depuis  le  règne  de  Claude.  Ce  prince 
étoit  bien  fait ,  &  d'une  |phyfiono- 
mie  qui  en  împofoit;  il  avoit  cul- 
tivé les  fciences  <  &  connoiflbit 
l'art  de  la  guerre.  Ses  mœursétoienf 
fans  reprodies.  11  fut  toujours  grave, 
modéré,  ami  de  la  vertu,  ennemi 
des  méchans,  &  il  pafibit  pout 
l'homme  le  plus  digne  de  'com- 
mander, lorfque  l'armée  aifembléé 
dans  la  Rhétie  i  lé  proclama  empe- 
reur peu  de  temps  avant  la  mort 
à*EmUim  ,  dans  le  mois  d'Août 
15  3.  Il  étoit  âgé  de  63  ans.  Le 
fénat  applaudit  à  fon  éléâion,  & 
donna  le  ntre  de  Céfar  à  fon  Ris 
GalUai ,  que  fon  père  aiTocia  auffî* 
tôt  à  l'empire ,  en  le  déclarant  Au-» 
gufte*  Dans  les  premières  années  de 
fon  gouvernement  >  il  téfhoigna 
quelque  affe£^ion  pour  les  Çhré* 
tiens  ;  mais  Macrun^  un  de  fes  gé-^ 
néraux,  changea  fes  difpofitions  ; 
&  il  s'alluma  une  perfécution  vio- 
lente dans  tout  l'empire.  Falérîen  , 
obligé  de  réûfler  aux  Goths  &  aux 
Scydies ,  fe  relâcha  un  peu  de  fa 
fureur*  Une  autre  gUerre  l'occupa 
bientôt  :  il  fallut  qu'il  tournât  fes 
forces  contre  Sapot,  roi  de  Perfe, 
qui  faifoit  des  progrès  prodigieux 
en  Syrie ,  en  Cilicie  &  en  Cappa*- 
doce.  Lés  deux  armées  fe  rencon^* 
trerent  en  Méfopotamie,  &  Valé» 
rien  fut  fait  prifonnier  en  160.  Le 
roi  S'apot  le^  mena  en  Perfe ,  où  il 
le  traita  avec  indignité  ,  juf  ru'à 
le  Ikire  fervir  de  marche*pied  lorf- 
qu'il  montoit  à  <îheval ,  &  à  le  ren- 
dre témoin  des  indignes  traitement 
qu'il  faifoit  fubir  à  fa  femme  Ma* 
rlnldna.  Il  mourut  en  captivité  l'an 
263  ,  âgé  de  71  ans  .  après  e0 

Rij 


léo        VAL 

avoir  régné  {eçt.Sapor  le  fit  écor- 
cher  tout  vif,  &  fit  jeter  du  fel 
fur  fa  '^chair  fanglante.  Après  qu'il 
fut  mort ,  il  ht  corroyer  fa  peau  y 
la  fit  teindre  en  rouge ,  &  la  mit 
dans  un  temple  ,  pour*  être  un 
monument  étemel  de  la  honte*  des 
Romains.  VaUrUa  parut  mériter  les 
honneurs  de  la  République',  tant 
qu'il  fut  particulier  -,  mais  lorfqué , 
parvenu  à  la  puifTance  fuprême,  il 
lut  en  fpeâacle  à  tout  le  monde  , 
i  1  parut  avoir  moins  de  vertus  & 
piusde  défauts.  Ilaimoit  lajuftice, 
ât  il  vouloit  la  faire  rendre  ;  mais 
il  ne  favoit  pas  juger  du  mérite, 
&  eut  toujours  de  mauvais  minif- 
tres.  Il  abufoit  fouvent  de  fa  puif- 
fance.  Ses  lauriers  furent  flétris  par 
plufieurs  traits  de  lâcheté.  Son  im- 
prudence fut  la  fource  de  fon  mal- 
heur. Lçs  généraux  qu'il  avoir  mis 
à  la  tête  des  armées ,. profitèrent  de 
fa  captivité  pour  fe  révolter  dans 
toutes  les  provinces ,  où  iU  prirent 
ie  tiire  d'Augufte ,  &  jetèrent  ainfi 
l'emplie  dans  une  confufion  qui 
hâta  fa  décadencj^...  Il  ne  Êaut  pas 
confondre  VaUrlen  U  Vieux  y  avec 
Valérièn  U  Jeune  y  fon  petit-fils, 
fur  lequel  on  peut  voir  l'article  de 
GalLIEN  (  Publias  Llcinîus  Gai- 
Utnus,  ) 

II.  VALÉRIÈN,  évêque  de  Ce* 
mêle ,  dont  l'évêché  a  été  tranf- 
féré  à  Nice,  afiifia  au  concile  de 
Riez  Tan  439  >  Se  à  celui  d'Arles 
,  en  4^5.  Il  nous  refie  de  lui  xx 
BomclUs ,  avec  une  Epitre  adrefîeie 
'  aux  Moines,  Paris,  1612  ,  in-8®. 
Il  avoir  autant  de  (avoir  que  de 
piété. 

VALERIEN  MAGNI  ,  Voyti 
Magni. 

/.  VALÉRIO  ,  ou  plutôt  Val- 
LERio  ,  (  Auguftiû  )  né  à  Venife 
le  7  Avril  1 5  3 1  ,  d'une  des  meil- 
leures familles  de  cette  ville ,  de- 
vint doreur  en  théologie  &  en 
ilroit  canon  ,  &  fut  fait  profefTeur 


VAL 

de  morale  dans  fa  patrie  ésii\^% 
Défabufé  des  vains  j)Iaifirs  du 
monde ,  il  prîfniabitecdéfiaftique, 
&  fiit  nommé  évêque  de  Vérone 
en  i$65 ,  fur  la  démif&on  du  car- 
dinal Bernard  Navagero  ,  fon  oncle»  ^ 
Son  zèle  apoftolique ,  fa  vigilance 
a£iive  &  fes  connoiifances  le  lièrent 
d'une  étroite  amitié  avec  S,  Charles 
Born^mée.  Grégoire  XIII  l'appela  à 
Rome  où  il  le  mit  à  la  tête  dej)lu- 
fieurs  Coi^régations ,  après  l'avoir 
honoré  de  la  pourpre  Romaine. 
VaUrio  mourut  faintement  dans 
cette  ville,  le  24  Mai  1606  ,  à  75 
ans.  Ses  ouvrages  les  plus  efiimés 
font  :  I.  La  Rhétorique  du  Prédica- 
teur ,  compofée  par  l'avis  &  fur  le 
plan  de  5.  Charles  Borromée.  Cet  our 
vrage  foiMe  &  inftruûif ,  renferme 
des  réflexions  judicieufes  fur  l'art 
d 'exciter JîCs  payons  des  auditeurs, 
fur  celui  d'orner  ou  de  fonifier  la 
diûion  »  fur  les  défaits  dans  lef- 
quels  les  orateurs  Chrétiens  pcu^ 
vent  tomber  \  il  eft  en  latin.  Nous 
en  avons  une  Traduûion  fran- 
çoife  par  M.  labhé  Dlnouan ^  à 
Paris,  chez  Nyon  ^  l7$o>  in-l2« 
II.  De  cautione  adhlbendj,  Ip.  cdendis 
libris  ^  1719,  in-4°.  On  trouvera 
dans  ce  dernier  livrer;  le  catalq* 
gue  de  tous  les  aut^  Ouvrages 
d-AuguJiin  Palerlo ,  tant  imprimés 
que  manufcrits  :  ils  itôm  en  grand 
nombre. 

//.  VALERIO  VINCENTINI  , 
dont  le  vrai  nom  cft  Falmrio  U 
Belli  y  graveur  fur  pierres  fines, 
natif  de  Vicence,  niourut  en  154e. 
C'cfi  un  des  .graveurs  modernes 
qui  a  le  plus  approclié  des  anciens 
qui  fe  font  difiingués  dans  ce 
genre.  On  remarque  dans  les  Ou- 
vrages ,  une  dextérité  &  une  pro- 
preté qui  ne  laiffent  rien  à  défirer. 
Plus  de  fineile  dans  le  défila  & 
plus  de  génie  l'auroient  rendu  un 
artiffe  parfait.  Il  avoit  une  facilité 
prQdigieufe  \  &  Ton  a  de  lui  un« 


1 


r 


VAL 


frande  quantité  de  pierres  pré- 
cieufes  embellies  par  fon  travail. 
Il  sift  aulfi  exercé  fur  les  criflaux , 
&  il  a  gravé  beaucoup  de  poin- 
çons pour  les  médailles.  C/é* 
ment  VII  ^  qui  l'eftimoit,  l'occupa 
long-temps  ;  entre  autres  Ouvrages, 
il  grava  pour  ce  pape  un  beau  coffre 
de  criilalde  rocl|^,  dont  fa  fain- 
•eté  fit  prcfent  à  François  l.  Ce  gra- 
veur avoit  amafTé  de  grands  biens  , 
qu'il  employoit  à  acquérir  des  chef- 
d*œuvres  que  l'art  offre  en  tout 
genre. 

I.  VALERIUS-PUBUCOLA. 

'  eu  POPLICOL  A ,  (  Publ'ius  )  fut  un  des 
fondateurs  de  la  République  Ro- 
maine. Il  Mompha  ,  avec  Brutus  , 
de  Tarquîn  &  des  Tofcans  ,  l'an  5  07 
avant  3efus-Chrift.  Comme  il  ne 
fubrogea  point  de  conful  à  Tricl- 
pltînus  fon  collègue ,  qui  étoit  mort , 
&  comme  il  avoit  bâti  une  maifon 
fur  le  fommet  du  Mont  Palatin , 
•on  crot  qu'il  vouloit  ufurper  la 
royauté.  Puhlîcola  ofFenfé  de  ces 
foupçons  injurieux  à  fa  gloire ,  fît 
xafer  fa  maifon ,  ôta  les  haches  des 
£iifceauxconfulaires ,  qu'il  ordonna 
de  baifier  devant  le  peuple ,  en  arri- 
vant à  l'Affemblée.  Enfin  il  donna 
une  loi  qui  permettoit  d'appeler 
à  ce  même  peuple,  des  jugcmens 
des  magiflrats.  ^  Ces  déférences  lui 
méritèrent  le  nom  de  Publicola^  ami 
Au  peuple»  C'cft  lui  qui  le  premier 
prononça  l'oraifon  fiinebre  de 
Brutus  fon  collègue,  au  milieu  des 
funérailles  *,  &  depuis  cette  époque 
on  fit  réloge  des  illuilres  morts , 
dans  Jes  pompes  funèbres.  Publi- 
^àia  après  avoir  été  quatre  fois 
conful ,  mourut  fi  pauvre  ,  qu'il 
*  fallut  que  la  république  fdlimit  aux 
frais  de  fes  funérailles.  Les  dames 
Romaines  portèrent  fon  deuil  "pen- 
dant un  an.  U  ne  faut  pas  le^con- 

N  fondre  avec  VaUrîus  PopUcola 
Potitus ,  Tun  des  décemvirs ,  qui 
appaifa  le  peuple  inité  contre  eux , 


VAL         i6i 

&  fut  fait  conful  Tan  449  avant 
J.  C.  ,  après  l'extindlion  du  dé- 
cemvirat.  Il  remporta  peu  de 
temps  après ,  une  viôoire  fur  les 
Volfquer  &  les  Eques  -,  mais  1« 
fénat  qui  ne  Taimoit  point ,  lui 
ayant  refufé  les  honneurs  du  triom- 
phe ,  il  les  fit  demander  au  peuple 
par  le  tribun  Ici/ius ,  les  obtint  & 
fut  le  premier  qui  triompha  avec 
fon  collègue  M,  Horatlus  ,  malgré 
le  fénat.  11  faut  le  difiinguer  aufii 
de  VaUnus  Torquatus ,  conful  avec 
Paul- Emile  dans  la  guerre  contre 
Pyrrhus,  vers.Pan  180  avant  J.  C. 
Plutarque  TSiConte  qu'ayant  appris  en 
fonge,  la  réponfe  de  l'oracle  à  Paul" 
Emile ,  il  fe  dévoua.pour  la  patrie 
&  fut  englouti  dans  la  terre  le  jour 
de  la  bataille.  La  viftoiré  que  rem- 
porta fon  collègue  ,  fut,  félon  les 
Romains ,  le  fruit  de  ce  dévoue- 
ment. 

II.  VALEMUS  -  SORANUS  , 
pocte  Latin  du  temps  4e/«^«  Cé/ati 
l'an  50  avant  J.  C,  fut  mis  à  mort 
pour  avoir  divul«ié  des  chofes 
qu'il  étoit  défendu  de  dire.  On  pré- 
fume qu'il  ne  reconnoiffoit  point 
d'auu-e  Dieu  que  le  Monde  ,  ou 
l'aiTemblage  de  tous  les  êtres  de  cet 
Univers.  Varron  cite  de  lui  deux 
vers  fur  la  nature  de  Dieu  ,  qui 
femblent  le  prouver.     ' 

Jupiter  omnipotens ,  Regum  Re^te  Ipfe , 

Deufque  , 
Progenitor  genîtrixque  Deûm ,  Deut 

unus  6*  omnh. 

IIL  VALERIUS-CORVINUS- 
MËSSALA ,  (  Marcus  )  citoyen  Ro- 
main ,  également  recomm'andable 
par  fa  naifiance  &  par  fon  génie  « 
fut  conful  avec  Augufte  l'an  5  de 
Jefus-Chrill.  Il  p«rdit  tellement  la 
mémoire  deux  ans  avant  fa  mort , 
qu'il  ne  fe  fouvenoit  pas  même 
de  fon  nom ,  fi  Ton  en  croit  Pline» 
Meffala  étoit  connu  par  plufieurs 
Ouvrages  qui  font  perdus.  II.  ne 

Riij 


%6%        VAL 

faut  pas  le  confondre  avec  f^aU" 
Ttus  Connu  ou  Corvinus ,  tribun  mi- 
litaire dans  l'armée  de  Camille ,  lorT- 
que  ce  général  pourfuivoit  les  Gau* 
lois  Senonois  qui  avoient  pillé  & 
brûlé  Rome  Tan  390  avant  J.  C' 
I«e  fumom  de  Continus  (ut  donné 
à  celui-ci ,  parce  que ,  combattant 
dans  la  mêlée  contre  un  Gaulois , 
un  corbeau  vint  s'abattre  fur  fon 
cafque ,  &  frappa  ,  dh-oa  ^  à  coups 
redoublés  de  fon  bec  &  de  fes  ailes , 
fon  adveriaire ,  qui  ne  put  tenir  à 
l'attaque  combinée  de  ces  deux 
,  ennemis.  Cette  étymologie  ne  fatis- 
/  fera  guère  les  gens  fenfés  -,  mais 
il  faut  compiler  les  rêveries  anti- 
ques ,  pour  ne  pas  paroitre  laiiïer 
de  lacunes.  Quoi  qu'il  en  foit ,  Fa- 
^lerlus  Corvinus  fut  ûx  fois  conful , 
une  fois  di£lateur»  &  conferva 
|ufqu*à  cent  ans ,  fon  corps  &ç  fon 
efprit  dans  toute  leur  vigueur. 

IV.  VALERIUS^-  FLACCUS  , 
(  C.  f^al.  FI,  Sctînus  Balbus  )  poëte 
Latin  ,  florinbit  fous  le  règne  de 
V^fpafim,  Il  t|quffr ,  félon  l'opi- 
siion  commun?,  à  Séba  ville  de 
Campanie,  &  fixa  fa  demeure  à 
Padoue.  Nous  avons  de  lut  un 
Poëme  héroïque  «  du  voyage  des 
Argonautes t  divifé  en  viii  livres, 
^  Bologne»  1474  »  in-folio,  &  Leyde , 
27 14 ,  in-4^.  Ce  Poemt  eft  adrefle 
à  Vefpafien  ;  une  mort  prématurée 
empêcha  l'auteur  de  Tadiever.  Son 
ûyle  eft  froid  &  languiiTant ,  6t  les 
règles  de  l'art  y  font  très-fouvent 
violées.  Martial  fon  ami ,  l'exhorte 
avec  raifon  à  quitter  la  poéfie 
pour  le  barreau ,  ou  pour  quelque 
autre  profeiïion  plus  lucrative,  que 
l'art  des  vers.  FaUrlus  mourut  îur 
la  fin  du  règne  de  DomltUn ,  vers 
l'an  93  ou  94  ic  J«  C.  Il  ne  faut 
pas  le  confondre  avec  Murcus  Va^ 
Urius  Fluccus ,  intime  ami  de  Caton 
a  Ancien  ,  avec  lequel  il  fut  confuK 
H  remporta  pendant  fon  confulat, 
«ne  yiàoire  %nalée  »  fur  1^  Gau- 


V  A  L.  ; 
lois,  les  Ififubres  &  les  Boïens  ,  prâi 
de  Milan  où  il  refta  plus  de  dix 
mille  ennemis  fur  le  champ  de  ha-^ 
tailla  II  plaida  la  caufe  des  dames 
Romaines  contre  fon  collègue ,  Se 
la  gagna  en  faifant  abroger  la  loi 

Ofpla, 

V.  VALERIUS,  (  Comdlus  )  n^ 
àUtrechten  151^,  mort  en  157S9 
à  66  ans ,  profdfTa  les  belles-let« 
très  dans  fa  patrie  &  à  Loûvain« 
Il  forma  d'excellens  difciples.  On 
a  de  lui  une  Rhùorîque,  in'4^  ;  une 
Grammaire ,  in-4^  ;  une  FhilofophU, 
in-fol. ,  écrites  avec  clarté  &  mé* 
thode ,  mais  que  de  meilleurs  li« 
vres ,  enfantés  depuis ,  ont  retidues 
inutiles.  On  a  encore  de  lui  d'autres 
Ouvrages. 

VALERIUS -PROBUS,  Voye{ 
Probus. 

VALESIENS  ,  Voye{  Vale- 
Sius.  , 

VALESIO ,  (François)  médcdn 
de  Philippe  II  roi  d'Efpagne  ,  ob- 
tint cette  place  pour  avoir  con» 
feillé  à  ,ce  prince  de  mettre  fes 
pieds  dans  un  ba(Iîn  deau  tiède, 
afin  d'être  foulage  de  la  goutte  v 
remède  fimple  ,  qui  eut  un  beo' 
reux  fuccès.  On  a  de  lui  :  I*  Un 
Traité  De  Methodo  medeaiî  ,  à  Lou» 
vain  ^  1647 ,  in-8** ,  qui  pafiepour 
excellent.  11.  Controverfiarum  MeH" 
carum  &  Philôfopkicarum  Uhridum^ 
Kyon,  i6aj  ,  in-4**.  U  y  feit  voir 
iia  préférence  que  doit  avoir  l'école 
^grecque  fur  celle  des  Arabes.  Ul 
De  Jofra  phUofophia  ,  five  de  ils  fw* 
fcrlpta  ftmt  phyfice  in  lîhrîs  facfis^ 
Francfort,  1608  ,  in-S*».  IV.  D» 
Commentaires  fur  Wppocrau  &  ^^  1 
lien  ,  in-foL  &c.  I 

VALESIUS  ,  Arabe ,  hérétiqi»  ! 
du  m®  iiecle,  #toit  né  avec  «nÇ  ; 
forte  difpofition  à  l'amour.  Pla|* 
fous  un  climat  brûlant,  ne  connoif  ' 
fant  point  de  plus  grand  ennemJ  as  \ 
fon  falut,  que  fon  tempérament»  ; 
.  ni  de  moyen  plus  fagt  pour  coP* 


J 


VAL 

fa  vertu,  que  celui  qu'Orî- 
\pne  avoit  employé ,  il  ft  fit  eiitm- 
e.  11  prétendit  que  cet  a£le  de 
prudence  ôc  de  vertu  ne  devoit 
|)as  exclure  des  dignités  eccléfiaiti- 
I biques.  On  eut  d'abord  de  l'indul- 
gence pour  cet  égarement  -,  mats 
^)i  «omme  il  faifoit  du  progrès ,  on 
,  i|^  chafTa  der£gUfe^  FaUJius  âc  £es  dif- 
0  «iples ,  qui  fe  retirèrent  dans  un 
canton  de  TArabie.  VaUfius  n'avoit 
j[>our  parti  fans  ,  que  (}es  hommes 
âun  tempérament  impétueux  & 
^'une  imagination. vive,  qui  fans 
<eife  aux  priiesavec  réfprit  ten- 
tateur ,  Jugèrent  que  leur  pratique 
«toit  lie  ieul  moyen  d  échapper  au 
▼ice  :  que  tous  l«s  hommes  qui  ne 
lé  faifoient  point  eunuc.ues,  étoiem 
félon  eux  dans  la  voie  de  perdi- 
]tion ,  &  livrés  au  crime.  L'Evan- 
\\  ^le  ordonne  à  tous  les  Chrétiens 
de  travailler  au  ialut  de  leur  pro- 
chain^ les  Valifiens  crurent  qu'il 
^'y  avoit  pas  de  moyen  plus  sûr 
<ie  remplir  cette  obligation,  que 
<le  mettre  leurs  frères ,  autant  qu'ils 
le  pourroient ,  dans  l'état  où  ils 
éroient  eux  •  mêmes.  Ils  faifoient 
4onc  tous  leurs  efi^orts  pour  per- 
suader aux  autres  iiommes  la  né- 
celEté  de  fuivre  leur  pratique  ;  & 
lorfqu'ils  ne  pourvoient  les  amener  à 
ce  facriiice  ,  ils  les  regardoient 
comme  des  enfans ,  ou  comme  &qs 
malades  en  délire  ,  dont  il  y  auroit 
4e  la  barbarie  à  ménager  la  répu- 
gnance pour  un  remède  infaillible , 
quoique  défagréable.  Ils  mutiloient 
donc  tous  ceux  qui  paiToient  fur 
leur  territoire ,  qui  devint  la  terreur 
<les  voyageurs. 

VALETTEPARISOT  ,  (  Jean 
de  la  )  grand-maitre  de  Malthe , 
après  Claud*  de  la  Sangle ,  en  i  ^  5  7 , 


ir 

f 


donna  tellement  la  chafîie  aux  Turcs 


\r 


qu'en  moins  de  cinq  ans  il  leur  prit 
plus  de  50  vaifTeaux.  SoCman  II, 
irrité  de  fes  fuccès ,  entreprit  de  fe 
tendre  inaître  de  ^laldle  ^  fi^  y  en? 


V  A  1  iSj 

voya  une  armée  de  plus  de  80,000 
■  hqmmes,  qui  en  formèrent  le  fiége 
au  mois  de  Mai  1 5  65.  La  Valttu  leUr 
.réfifta  pendant  4  mois,  avec  tant 
de  courage  qu'ils  âirent  obligés 
de  fe  retirer ,  après  avoir  perdu 
plus  de  20^00  hommes.  Il  6it  tixé 
pendant  le  fi^e ,  70,000  coups  de 
canon  ûir  Malthe  :  auffi  fut>elle  en- 
tièrement ruinée  s  mais  le  grand-> 
maître  répara  tout«  On  bâtit  une 
Cité  nouvelle ,  qui  fut  nommée  U 
Cité  Valeue.  Il  y  eut  tous  les  jours 
8000  ouvriers  employés ,  jufou'en 
i$6S  qu'il  mourut ,  le  31  Août» 
avec  autant  de  piété  qu'il  avoit 
,  fait  éclater  de  courage  &  de  prit- 
deûce  pendant  fa  vie*  P*^  V  avoit 
voulu  l'honorer  de  la  pourpre  ;  mais 
il  l'avoic  re^féi  ,  regardant  cette 
dignité  comme  incon^atible  avec 
la  pro/eflTion  des  armes.  Bonr  faci- 
liter les  payemens  de  ceux  qui 
avoient  travaillé  à  i^  cité  Valtiu^ 
il  fit  battre  des  pièces  de  monnoie 
en  cuivre,  avec  ces  mots  ;  non  as^ 
fed  fidcs.  Il  tint  compte  de  tout^ 
cette  monnoie,  aux  marchands  Se 
aux  ouvriers,  &  en  rendit  la  valeur 
en  or  &  en  argent. 

I.  VALETTE ,  (  Jean-Louis  de 
Nogaret  de  la  )  duc  d'Epemon ,  na- 
.quit  en  1554,  d'une,  m^ifon  doiic 
l'origine  n'éroit  pas  fort  ancienne. 
Btubec  le  fait  petit-fils  d'un'Oo«> 
taire  ;  mais  l'abbé  le  Gendre  dit  qu'il 
defcendoit  d'un  capit^ul  de  Tou-< 
loufe.  Son  perc  ./««»  de  l^  Valette^ 
lieutenant  général  de  Guû^nne  • 
étoit  cepepdaiit  un  feigneur  di£- 
tinguél  11  avoit  époufé  Jeanne  de 
Saint'Lary  de  Bellegarde ,  foeur  da 
m:iréchal  de  ce  nom.  Jcaa-Lms^ 
l'objet  de  cet  article  >  fon  &cond 
fils  ,  porta  d'abord  les  armes  au 
fiége  de  la  Rochelle  en  1573  >  & 
s'attacha  à  Henri  IV ,  alors  roi  de 
Navarre»  qu'il  quitta  peu  de  temps 
après.  La'  guerre  s'étam  ^umée 
eatce  les  Huguenots  &  les  Catho- 

Kiv 


1^4         V  A  L 

liques  /  il  fe  diftingua  fous  le  duc 
éCAUnçon ,  aux  prifes  de  la  Charité , 
d'IiToire  &  de  Brouage.  Henn  III , 
dont  il  étoit  devenu  le  favori  , 
le  créa  duc  &  pair  en  i5Bx« 
&  le  nomma  cinq  ans  après  ami- 
ral. Le  jour  qu'il  alla  faire  enre- 
giArer  fes  letores  au  Parlement  , 
l'avocat  général  Faye ,  ayant  appelé 
■  Henri  III  Saint  en  pleine  au- 
dience ,  un  iatirique  fit  le  diftique 
fuivant  : 

Quu  ntgu  Henricum  tiùracula  pro- 
dert  mundo , 
^a»  fccît  Menum  «    qui  mode 
Faliis  erat  ? 

VEpemon  pofîédoit  tant  de  charge», 
qu'on  Tappeloit  ta  Garde-robe  du 
Roi.  11  avoir  alors  le  gouvernement 
de  l'Angoumois,  de  la  Saimonge» 
de  l'Aunis ,  du  Limoufin ,  du  Bou* 
lonnpis,  du  Pays  Meffim  On  le 
.nomma  gouverneur  de  Normandie 
en  15  88.  Le  roi  lui  avott  promis 
de  le  rendre  û  puifTant  ^  qu'tV  ne 
pourroît  pas  lut  ôur  ce  quîl  lui  avoit 
donné.  Envoyé  contre  les  Ligueurs, 
il  prit  fur  eux  quelques  places  > 
entre  autres ,  Montereau  &  Pon- 
toife.  Après  la  mort  de  Henri  III , 
il  abandonna  le  parti  de  Henri  IV ^ 
qui  lui  pardonna  dans  la  fuite. 
Ce  monarque  l'envoya  en  Pro- 
vence ,  avec  le  titre  de  gouverneur^ 
jyEpemon  fournit  bientôt  toutes  les 
villes  de^fa  province  ;  mais  la  haine 
qu'il  infpira  aux  Provençaux,  fut  il 
forte ,  que ,  pendant  un  fejour  qu'il 
€tt^  Bripnole  en  1^96 ,  on  attenta 
fur  ik  vie*  On  mit  des  facs  pleins 
de  poudre  fous  la  chambre  où  il 
étoit  ;  mais  le  feu  ne  produisit  pas 
tout  l'effet  qu'on  attendoit ,  &  il 
ne  perdit  que  fes  cheveux.  Henri  IV 
lui  ayant  promis  le  gouvernement 
^u  haut  &  du  bas  Limoufin ,  il 
quitta  la  Provence.  D'Epcmon  fut 
m  ployé  enfuite  dans  le  Languedoc 
dans  W  Béam.  Il  fournit  les  villes 


1 


VAL 

de  Saint- Jean-d'Angeli ,  de  Lunel  & 
de  Montpellier.  Henri  1  J^eut  d'abord 
de  la  peine  à  lui  donner  fa  confiance. 
Ce  prince  lui  reprocha  même  un 
jour ,  en  colère  ,    qu'i/  ne  l'aimoit 
point,  Leduc ,  fans  s'étonner ,  lui  ré- 
pondit avec  fermeté  :  »  Sire  ,  Votre 
Maicfté  n*a   point    de  plus  fidelUfo' 
viteur*  Talnurois  mieux  mourir  y   que 
de  manquer  au  moindre  de  mes  devoirs. 
Maïs  quant   à  V amitié  y  Votre  JWtf- 
iefié  fait  mieux   que  moi  ,    qu*elU  ne 
s'acqiûert  que  par  l* amitié  n.    Henri 
accueillit  depuis  d'Epemon  avec  plus 
de  franchlfc  &  de  bonté.  ».  Pendant 
les  querelles  qui  arrivèrent  à  la  cour 
après  la  mort  fimefte  de  ce  prince, 
il  favorifa  le  parti  de  la  reine  Marie 
de  Médicis ,  à  laquelle  il  avoit  fait 
donner  la  régence.  Cette  princefie 
ayant  été  exilée ,  il  alla  la  tirer  du 
château  de  Blois  où  elle  étoit  re- 
léguée ,  &  la  mena  dans  fes  terres 
à  Angoulême ,  comme  «n  fouvc- 
rain  qui  donneroic   du    fecours  « 
fon  alliée.  11  fallut  que  Louis  Xlll 
traitât  avec  lui   comme   de  Cour 
ronne  à  couronne ,  fans,  ofer  faire 
éclater  ion  refTcntiment.  Le  caC' 
dinal  de  Richelieu  même  ,  ne  lui  par* 
k>it  qu'avec  beaucoup  de  circonf- 
peûion.  Ce  miniflre  lui  inûnua  un 
jour  d'adoucir  fon  humeur  altiere» 
&  de  quitter  fon  accent  Gafçon ,  en 
le  priant  de  ne  pas  le  trouver  mau- 
vais.   EJi  !  Pourquoi   le  trouverois'je 
mauvais  ?  lui  répondit  brufquemenc 
d'Epernon  ;  j'c9  fouffre  ifien  autant  da 
fou  du  roi  ^  qui  me  contrefait  tous  Us 
jours  en  votre  préfence.  Le  duc  ^Epemon 
fut  moins  ménagé  fur  la  fin  de  fes 
jours.  Un  démêlé  qu'il  eut  avec 
Sourdis  ,  archevêque  de  Cordeaux  » 
remplit  fa   vieillefle  d'amertume. 
Us  étoient  très -épineux    l'un  & 
l'autre ,  &  très-}aloux  des  préro- 
gatives attachées  à  leurs  places.  A 
Ja  fuite  de  beaucoup  de  petits  dé- 
mêlés ,  le  duc  d'Epemon ,  auiii  fier, 
mais  plus  entrepcenant  que  l'ar^ 


r  ■ 

F  VAL 

chevèqat ,  fit  arrêter  Ton  carrefîe 
par  fes  gardes.  L'archevêque  en  fort 
auffî-tôt ,  excommunie  les  gardes , 
&  indique  à  l'archevêché  une  affem- 
blée  des  principaux  eccléfîaftiques 
de  la  ville,  pour  àvifer  aux  moyens 
de  fulminer  fes  cenfures.  Z>*£/7rmo« , 
moins    alarmé   qu'irrité    de   cette 
affemblée,  fait  inveftir  l'archevêché , 
pour  empêcher  qu'ellene  fe  tienne. 
L'archevêque  fort  aufli-tôt  en  criant  : 
A  mol  y  mon  Peuple  ,    â  moi  l    On 
fait  violence  à.  PÈglife  !   D*Epernon 
marche  à  la  rencontre  de  l'arche- 
vêque ,  lui  donne  deux  ou  trois  fois 
du   poing  dans  l'cftomac ,  &    de 
fa  canne  lui  jette  fon  chapeau  à 
bas.  Pendant  ce  temps  l'archevêque 
crioît  :  Frappe  ,  frappe , .  Tyran  !  Tes 
coups  font  des  fleurs  pour  moi  1  Tu  es 
excommunié!  Dès  qu'on  fut  à  la  cour 
cette  étrange  nouvelle ,  on  interdit 
è  d'Epemon  l'exercice  de  toutes  fes 
charges,  jufqu'à  ce  qu'il  eût  été 
[         abibus.    Ses   amis  -obtinrent   fon 
I         pardon  ,  mais  à  des  conditions  bien 
dures  pour  un  efprit  û  haut.  11  fut 
[         obligé  de  donner  la  démiffion  de 
i         fon  gouvernement  des  Trois-Evê- 
^        chés ,  d'écrire  une  lettre  fort  fou- 
I         mifc  à  l'archevêque,  &  d'écocter 
à  genoux   la  réprimande  vive  & 
févere  qu'il  lui  fit  avant  de  l'ab- 
foudrc  ,  devant  la  grande  Eglife 
i        de  Coutras ,  où  il  étoit  relégué.  Le 
t         Maire,  les  Jurats  de  Bordeaux,  & 
I         îç  préfidens  ou  confeilîers  ,    qui 
I         étoient    préfens  ,    en    dreflerent 
procès- verbal.  Il  mourut  à  Loches 
le  13  Janvier  1641,  à  88  ans.  11 
I         ëtoit  gouverneur  de  la  Guienne  ; 
&  comme  il  ctoit  aufîî  avare  par 
I         goût ,  qu'il  étoit  prodigue  par  ma- 
gnificence ,    il    retiroit    de   cette 
province  plus  d'un  million  de  re- 
venu.   Lorfqu'en   1598,  Sully   fit 
donnet  à  Henri  IV^  des  déclarations 
qui    défendoient    aux   grends    du 
royaume  de  lever  des  contributions  . 
iur  les  provinces^  il  fe  rendit  au 


VAL         ig$ 

confeîl  où  l'on  devoit  Us  propofer. 
Là  au  défaut  de  raifons ,  il  eut  re-  / 
cours  aux  infultes  ,  &  mifla  main  ' 
à  la  garde  de  fon  épée.  Sully  fit 
à  rinfiant  le  même  figne-,  &  la 
fallc  du  confeil  eut  peut-être  été 
enfanglantée  ,  fi  l'on  ne  fe  fût  jeté 
en  foule  au-devant  d'eux;.  Heml  IV 
inftruit  de  cette  querelle  ,  loua 
beaucoup  lé'zele  intrépide  de  Sully , 
&  lui  écrivit  pour  lui  cffirtr  de  lui 
fervir  de  ftccnd  contre  d'Eferkon. 
Mais  cette  leçon  vigoureufe  ne  mit 
pas  la  Guienne  à  l'abri  de  fes  con- 
cufifions.  Tout  chez  lui  étoit  fplen- 
deur  &  fafte.  Sa  vanité  étoit  fans 
bornes ,  ainfi  que  fon  ambition  : 
mais  cette  ambition  n  ctoit  point 
cdled'un  courtifan fouple  &pliant  ;  ' 
c'étoit  un  orgueil  indomptable  , 
une  fierté  féroce,  un  amour  outré 
de  l'iodcpendance ,  infpiré  par  la 
dureté  du  cœur  &  la  mifànthropie. 
11  ne  vouloit  point  obtenir  les 
places  &  les  dignités ,  il  prétendoit 
les  emporter.  Sa  préfomption  lui 
faifoit  croire  qu'il  étoit  an-defi^u$ 
des  égards  &  dts  récompenfes  ;  , 
cependant  fes  talens  étoient  au- 
t'efibus  de  fes  prétentions.  Ses- 
gardes  étoient  obligés  de  faire  les  - 
mêmes  preuves  que  les  chevajiers 
de  Malthe.  C'eft  îe  premier  feigneur 
qui  ait  mis  fix  chevaux  à  fon  car- 
rofie.  Sa  poftérité  mafculine  finit 
dans  la  pcrfonne  de  Bernard  fon 
fils  ,  mort  en  1661. 

U.  VALETTE,  (Bernard  de 
Nogaret,  feignçur  de  la  )  frère  aîné 
du. duc  d*Epemon\  chevalier  des 
Ordres  du'  roi  ,  gouverneur  du 
pauphiné  &  de  Provence ,  amiral 
de  Êrance,  mefire-de-carap  delà 
cavalerie  légère,  naquit  en  1553. 
Après  s'être  fignalé  dans  le  Pié- 
mont en  diverfes  occafions ,  il  fut 
pourvu  du  gouvernement  de  Dau- 
phiné  en  1583.  Secondé  du  maré- 
chal d*Omano ,  il  défit  au  pafiage  ' 
de  rifere ,  400  arquebufiers  Fran- 


±66         VAL 

çots,  &  300  SulfTes.  Devenu  gou« 
verncur  de  Provence  en  1587,  il 
remît  l 'année  fuivante,  (busTobéif- 
Csnce  du  roi ,  deux  villes  de  cette 
.  province ,  Valenfole  &  Digne ,  qui 
fcnoient  alors  pour  la  Ligue.  Il  fut 
bleiTé  au  ûége  de  Valenfole ,  qu'il 
prit  de  vive  farce ,  &  il  pardonna 
amc  habitans.  Le  duc  de  Savoie 
ctam  entré  en  Provence ,  il  lui  fit 
lever  le  fiége  de  Barcelonette  , 
battit  fon  armée  près  d'Efparron 
en  1^91 ,  le  mit  encore  en  déroute 
à  Vinon  ,  &  l'obligea  de  rcpaffer 
les  Alpes.  On  regardoit  la  VûUm 
comme  un  homme  qui  avoir  fait 
beaucoup  ,  &  qui  promettoit  da- 
vantage ,  lorCqu'il  fut  tué  d'un 
coup  de  moufquet  ,  au  fiége  de 
Boquebrune  ,  près  de  Fréjus  ,  le 
11  Février  15 91  ,  dans  fa  39* 
année ,  fans  laifler  de  poftérité.  Ce 
l^énérai  »  dont  de  Thou  dit ,  Jn  perU 
£ulis  imptntrrîtus ,  in  adverfis  confions^ 
in^  prafperîs  modiraïus  ,  méritoit  plus 
d'être  connu  que  fon  frère  ,  le  duc 
£Eptrnon  ,  dont  il  n'avoit  ni  la 
hauteur  infultante  ,  ni  l'ambition 
e6frénée.  Mais  les  vices  brillans  en 
ippofent  plus  au  vulgaire ,  &  même 
a  quelques  hiftoriens  ^  que  les  ver- 
ius,  modeAes.  On  mit  ct&  quatre 
Vers  au  bas  de  fon  portrait  : 

A  Chonneur  de  mon  Dieu  ,  k  tctat 
de  mon  Roi , 
Je  dévouai  mon  ame  &  confierai 

ma  vie; 
Si  le  fort  &  la  mon  triomphèrent 

de  mol. 
Mon  courage  &  ma  fol  triomphent 
de  l'envie, 

I 
Foyei  (a  Fie  par  Mauroi  fx)n  fe- 
crétaire ,  dans  les  Addltîotfs  au  Aie- 
môlre  Hlftorlque  &  Critiqué  de  la  Vie 
/&  RoczR  DE  Bellbgahde  ,  Paris, 
1^67,  in-i2. 

iiî.  Valette; (Louis de 

Nogaret  de  la)  fils  du  duc  d^Eper- 
non  »  naguit  avec  une  forte  incli- 


V  A  t 

nation  pour  les  armes  ;  mais  fe^ 
parens  le  deftinercnt   à  l'Églîfe  ^ 
&  lui  obtinrent  l'abbaye  de  Saint- 
Viûor  de  Marfeille  &  l'archevêché 
de  Touloufe.  Paul  V  l'honora  de^ 
la  pourpre  en   1621  ,    (ans    que 
cette  dignité  pût  lui  faire  perdre 
fes  inclinations  guerrières.  11  con- 
tribua à  l'enlèvement  de  la  reine 
Marie   de  Médleîs ,  du  château   de        \ 
Blois  ;  mais  il  abandonna  enfuite        | 
fon  parti ,  pour  fe  livrer  entière* 
ment  au  cardinal  de  Richelieu.  Cç 
minii^re   lui    donna  les    premiers 
emplois  de  la  guerre,  le  pourvut 
du  gouvernement  d'Anjou,  de  celui 
de  Metz ,  &  l'envoya  commande^ 
en  Allemagne  avec  le  duc  de  Wel" 
mar ,  puis  en  Franche-Comté  conn'( 
le  général  Galas  ,  enfuite  en  Pi- 
cardie 6c  en  Italie»  où  il  mourut  9' 
Rivoli ,  près  de  Turin ,  le  28  Sepr 
tembrc  1639  ,  à  l'âge  de  47  ans. 
A  infi  on  vit  un  archevêque ,  ui^ 
prince  de  l'Eglife  Romaine ,  mouriir 
les   armes  à  la  main.  En  vain  le 
pape  Urbain  F/// l'avoit  mcnacç  de 
le  dépouiller  du  cardinalat ,  s'il . 
ne  quittoit  ce  métier  de  fang  *,  i| 
fiit  infenfible  à  tout.  Sa  promoiioii 
au  cardinalat  avoir  fait  naître  ui| 
différent  entre  lui  &  fon  père  ,  qui 
ne  vouloit  pas  lui  céder  la  main 
comme  cardinaU  Après  une  longue 
contedation  ,   le   p.ere  fe  voyant 
forcé  de  fe  conformer  à  l'aociea 
ufage  «  s'avifa  de  donner  la  mai» 
à  fon  fils^^avec  une  chaife-à-doç 
fimplement ,  &  de  s'afTeoir ,  lui  duc» 
dans  unr  cliaife-àbras,  pour  con* 
ferver  ainfidansupe  vifite  publique 
une  marque  de  la  puiilance  patery 
nelle.  Le  cardinal  de  Richelieu ,  aprc^ 
la  perte  de  la  Capelle ,  du  Catelef 
&  de  Corbie,  effrayé  par  les  cla- 
meurs du  peuple  ,  vouloit  abanr 
dottner  le  gouvernement  de  l'état  j 
mais  le  cardinal  de  la  Paleue^  qui 
lui  étoit  entièrement  dévoué  y  2c 
le  Père  Jofepk  ,  raaimerem   foa 


F 


V  AL 

tourage ,  &  rempêchçrent  d'exécu- 
ter ce  deflein.  On  a  peint  le  cardinal 
it  la  Valette  ,  des  mêmes  traits 
dont  on  peint  fon  père.  Il  en 
av^t  tous  les  vices  ,  la  fierté ,  Is^ 
cupidité  «  la  prodigalité  ,  Tamour 
des  plaiiîrs.  Il  almoit  éperduement 
la  princeiïe  de  Condé  ,  Charlotte  de 
Montmorençî ,  &  lui  faifoit  des  pré- 
fens  confidérables.  Jacques  Talon 
fon  fecrétaire,  nous  a  donné  des 
Mémoîru  intéreflans  fur  la  vie  de 
ce  cardinal ,  imprimés  à  Paris  chez 
Pierres^  1772  ,  %  vol.  in-ia. 

IV.  VALETTE,  Voye^   xi. 
Thomas. 

VALGULIO ,  (  Charles  )  natif 
de  Brefie  ea  Italie  ^  publia  en  1 507 
dans  cette  ville ,  chez  Angélus  Brita- 
nicus  ,  une  Tradu£bion  latine  qu'il 
avoit  faite  du  Traité  de  la  Mufique 
de  Plutarque ,  petit  in-4° ,  à  la  tête 
duquel  fe  lit  une  efpece  de  préam- 
bule prefque  auili  long  que  l'ou- 
vrage ,  &  qui  efl  adreffé  à  un  Titus 
Pyrrhinus,  Ce  traducteur  latin  a 
échappé  à  *l'exaô  M.  Fabriclus  , 
qui ,  dans  fa  Bibliothèque  grecque ,  fait 
pafl^  en  revue  tous  ceux  qui  fc 
font  acquis  le  titre  d'interprètes  de 
Plutarque  ,  par  la  veriion  latine  de 
quelqu'un  de  Tes  Ecrits.  Il  a  traduit 
encore  en  la  même  langue ,  l'Ou- 
vrage de  Plutarque ,  des  Opinions 
des  Philofophes  ,  recueillies  avec 
d'autres  morceaux  du  même  auteiu- 
^ec,  &  imprimées  à  Paris  en  1^14. 
ûefner  ,  dans  fa  Bibliothèque,,  & 
Slmler  fon  abbréviateur  ,  parlent 
de  Valgulio  ,  fans,  nous  apprendrje 
iautre  chofe,  finon  qu'il  avoit  tra- 
duit du  grec  de  Plutarque  ,  les  Pré- 
£eptes  conjugaux  ,  le  livre  de  la  Vertu 
morale  ^  &  celui  de  la  Mufique  , 
auquel  il  avoit  joint  des  remar- 
ques :  toutes  ces  Verfions  ont  été 
imprimées  conjointement  avec  le 
refte  de  MOpufcuUs ,  à  Bâie,  chez 
fratander. 


V  À  L         767 

VALIDÉ ,  (  la  Sultane  )  Voyc^ 
IL  Kara...  G>  il  Mustapha. 

VALIERE ,  Voyei  Valliere* 

V ALIN ,  (  René- Jofué)  Rochel- 
lois  ,  avocat ,  procureur  du  roi  d« 
TAmirauté  &  de  l'Hôiel-de- ville  , 
membre  de  l'académie  de  ià  patrie  » 
fe  diflingua  par  fon  favoir  &  la 
probité.  On  a  de  lui  :  L  Un  Cbm* 
mental re  fur  la  Coutume  de  la  Rochelle^ 
1768,  imprimé  en  cette  ville,  J 
vol.  in -4**.  IL  lu  Ordonnance  de  la 
Marine  de  i68i  ,  >  vol.  in-4'*  » 
1760.  III.  Traité  des  Prî/es ,  1765  » 
2  vol.  in-S^.  Cet  efHmableéçriVaia 
mourut  en  176  c.  ' 

VALINCOUR ,  (  Jcan-Baptifte- 
Henri  du  TrouiTet  de)  naquit  en 
1653,  d'une  &mi11e  noble,  origi'^ 
naire  de  Saint-Quentin  en  Picardie» 
Il  fut  fecrétaire  général  de  la  Ma* 
rine ,  académicien  de  la  Crufca ,  ho« 
noraire  de  l'académie  de$  Sciences  ^ 
&  reçu  à  l'académie  Françoife  en 
1699.  Il  fit  fesf  émdes  chez  les 
Jéfuites  de  Paris  avec  aflez  peu  de 
fuccès  ;  mais  fes  humanités  finies  , 
fon  génie  fc  développa ,  &  fa  péné- 
tration parut  avec  éclat.  Boffuct  le 
fit  entrer,  en  168^  ,  chez  le  comté 
de  Touloufe^  amiral  de  France.  Il 
étoit  fecrétaire  général  de  fes  com- 
mandcrmens  ,  &  même  fecrétaire 
de  la  Marine,  lorfqu'en  1704  ce 
prince  gagna  la  bataille  de  Malaga 
contre  les  flottes  Angloîfe  &  Hol- 
landoife.  VaUncow  fut  toujours  à 
fe^  côtés ,  &  Y  reçut  une  blelTure. 
Louis  XIV  l'avoît  nommé  fon 
hiflorien  ,  à  la  place  de  Racine 
fon  ami.  Il  travailla  zvec  Boileau 
à  PHiftbire  de  ce  prince,  qui  fiit 
fouvent  commencée  &  jamais  finie  ; 
mais  l'incendie  qui  confuma  fa  mai-» 
fon  de  Saint-Goud  >  la  nuit  du  1  % 
au  14  Janvier  1725,  fit  périr  »es 
fragmens  de  cet  ouvrage,  ainfi  que 
plufieurs  autres  Manufcrits.  Il  fup» 
porta  cette  perte  avec  la  réfignatioil 
d'un  Chrétien  6c  d'un  Philofophe^ 


\4B 


VAL 


ie  n'aurols  guère  profité  de  m:t  Vvrtf^ 
ëifoit-il ,  yîy«  nefavoîs  pus  Us  perdre» 
Cet  homme  eflimable  mourut  à 
Paris  le  5  Janvier  1730  ,  à  77 
ans  ,  regretté  de  tous  les  gens  de 
lettres.  Ami  paflîonné  du  mérite 
fiches  ulens ,  encore  plus  ami  de 
la  paix  entre  les  favans,  Valincour 
étoit  le  conciliateur  de  ceuxqu'avoit 
pu  défunir  la  diverûté  d'opinions. 
La  candeur  ,  la  probit6  formoient 
fon  caraftere-,.&  quoiqu'il  eût  été 
à*  la  cour  ,  il  ne  favoit  ni  feindre , 
ni  flatter. .  On  s'appercevoit  aifé- 
ment  dan^on  commerce  ordinaire 
qu'il  étoit  plein  de  bonnes  leâures. 
Il  enf  ornoit  volontiers  fa  cotiver- 
fation  &  Ces  lettres ,  mais  à  propos 
ta  avec  agrément.  Un  certain  fel 
qu'il  a  voit  dans  l'efprit,  l'eût  rendu 
fort  propre  à  la  raillerie;  mais  il 
fut  dompter  un  talent  dangereux 
pour  foi  ,  injufte  à  l'égard  des 
autres.  Il  eut  des  amis  dans  Its 
premiers  adminidrateufs  de  l'état, 
qui  le  recherchoient  non-feulement, 
comme  un  homme  agrûable ,  mais 
comme  un  homme  d'un  grand  fens. 
On  a  de  lui  :  I.  Lutrc  à  Madame  la 
Marqulfe  de.,,  fur  la  Prlncejfe  DE 
Cleves  ,  à  Paris  ,  1678  ,  in- 12. 
Cette  critique  eft  le  modèle  d'une 
cenfure  taifonnable  -,  l'auteur  biâme 
avec  modération,ficîoue  avec  plaifîr. 
II.  La  VU  de  François  de  Lorraine 
le  Balafré  ,  Duc  de  Gulfe ,  1681 , 
in -Il  :  elle  eft  écrite  avec  affez 
d'impartialité.  111.  Dès  Obfervations 
trltiques  fu«  Y(Edîpc  de  Sophocle  , 
in- 4**.'  VaUncour ,  malgré  fes  occu- 
pations férieufes ,  s 'eft  fait  quel- 
tjuefois  un  amufement  de  la  poéfie , 
pour  laquelle  il  avoit  du  goût  & 
quelque  talent.  On  a  de  lui  des 
Traduciions  en  vers  de  quelques 
Odes  d'Horace  ,  des  Stances  ,  & 
,  plufteurs  Contes  ,  où  Ton  remarque 
une  imagination  entouée. 

I.  VALLA  ,  (  Georges)  né  à 
Plaifance  ,  médecin  &  profefifeur 


1 


VAL 

de  belles-  lettres  à  Venîfe,  firf 
emprifonné  pour  la  caufe  des  7n- 
vuLes.  Ayant  été  mis  en  liberté, 
il  mourut  vers  l'an  1460.  Son 
livre ,  De  expetendh  &  fûgiendls  rebus^ 
Vcnife,  içci,  2  vol.  in-folio,  cô 
,curieux  &  peu  commun.       \  1 

H.  VALLA  on  Val  le, 
(  Laurent  )  né  à  Plaifance  en  141 5  , 
îiît  l'un  de  ceux  qui  contribuèrent  j 
le  plus  à  renouveler  la  beauté  de 
la  langue  latine  ,  &  à  chafTer  la  ^ 
barbarie  •  Gothique.  Son  féjour  à 
Rome  lui-val  ut  le  droit  de  citoyen  i 
mais  fon  humeur  cauftîque  l'obli- 
gea de  quitter  cette  ville.  Il  fe  retira 
à  la  cour  AAlphonfe ,  roi  de  Naples , 
proteûeur  des  lettres  ,  qui  vouhit  j 
bien  apprendre  de  lui  le  latin  à 
l'âge  de  50  ans.  Valla  ne  fut  pas 
plus  retenu  à  Naples  qu'il  n'avoit 
été  à  Rome  -,  il  s'avifa  de  cenfurer 
le  clergé ,  &  de  dograatifer  fur  le 
myllere  de  la  Trinité ,  fur  le  LUrre" 
Arbitre  ^  fur  les  Fœux  de  continence, 
&  fur  plufieurs  autres  points  impor- 
tans.  Ses  ennemis  le  déférefcnt  à 
rinqui^ition  ,  qui  le  Condamna  à 
être  brûlé  vif;  mais  le  roi  Alphonfe 
modéra  la  rigueur  de  cette  fentence. 
Les  Inquifiteurs  fe  contentèrent 
de  fouetter  le  coupable  autour  du  ! 
cloître  des  Jacobins.  Ceft  du  moins 
ce  que  rapporte  le  Poggi ,  fon  en- 
nemi perfonnel  -,  &  le  témoignage 
d'un  adverfaire  doit  paroitre  fuf- 
.  peft.  Validant,  pouvant  demeurer  à 
Naples  après  cet  outrage ,  retourna  j 
à  Rome  ,  où  le  pape  Nicolas  V 
lui  fit  un  accueil  favorable.  Il  fut 
honore  d'une  penfion ,  &  il  enfeigna  ^ 
publiquement  :  ce  qu'on  ne  '  lui 
auroit  pas  fans  doute  permis ,  s'il 
avoit  été  puni  comme  hérétique  à 
Naples,  Quoi  qu'il  en  foit ,  Valla 
vécut  avec  plus  de  prudence,  qu'au-  ,  j 
pa/avant  *,  mais  il  ne  fe  défit  pas 
entièrement  de  ce  carafterc  de  mé- 
chanceté dont  U  Fogge  Taccufa  à 
la  face  de  r£urope.  Cei  deux  fg- 


r 


VAL 


vans ,  la  lumière  de  leur  fiedc ,  fe 
déchirèrent  comme  les   plus  vils 
des  hommes.  Ils  s'imputèrent  mu- 
tuellement un  caraûere  vain ,  in- 
I        quiet ,  fatirique  -,  ils  avaient  tous 
[     ^eux  raifon»  &  c*eft  bien  en  vain 
que  l'abbé    Vîgzrlnl  a   cherché  à 
iuftiâer  Valla,  Cet  auteur  mourut  à 
Rome  le  premier  Août  1465 ,  à  ^o 
ans ,  après  avoir  enfèigné  les  belles- 
lettres  &  la  rhétorique ,  avec  répu- 
tation ,  à  Gênes ,  à  Pavie  ;à  Milan , 
à  Kaples ,  &  dans  les  autres  .princi- 
pales villes  d'Italie.  11  fut  enterré 
I       dans  l'Ëglife  de  Saint- Jean  de  La- 
i       tran,  dont  on  dit  qu'il  étoit.cha- 
noine.  On  fit  les  Vers  fuivans  fur 
fa  mort  : 

Nunc    poJiqu.im    mânes     defimHus 
Valla  petîvu  , 
*Non  audit  Plato    vaba  latîna 
loquî, 
Jupiter    hune    coell    dîgnatus  parte 
fuiffa,  < 
Cen/orem   Hngua  fid  tlmet  îllc 
fua. 

On  a  de  lui  :  I.  Si^  livres  des 

Elégances  dc^la  Langue  Latine  :  ou- 
vrage eilimible ,  imprimé  à  Venife 
en  147 1 ,  in-folio  -,  à  Paris  en  157c , 
in-4*  ,  &  à  Cambridge,  in-8°.  On 
l'accufa  faudement  de  l'avoir  vole. 
II.  Un  Traité  contre  la  faujj'e  Do- 
nation de  Conftantln.  IIL  h'hijioire 
du  règne  de  Ferdinand  »  roi  d'Aragon , 
lç2i,  in-4°.  Cette  Hiftoire  prouve 
que  Laurent  Valla  étoit  plus  propre 
à  donner  aux  autres  des  préceptes 
pour  écrire  ,  qu'à  les  pratiquer  i 
il  .écrit  en  rhéteur.  IV.  Des  Tra- 
duâions  de  Thucydide^  6! Hérodote, 
&  de  miiade  A'Homete.  Ces  Tra- 
duûions  font  des  Paraphrafes  infi- 
delles.  VMla  n^entendoit  pa*  fi  bien 
le  grec  que  le  latin.  V.  Des  Notes 
fur  le  Nouveau  Teftament  ,  qui 
valent  un  peu  mieux  que  fes  Ver- 
fions.  VI «  Des  Fables^  traduites  en 
taa^oxs  ,  $c  imprimées  fans  dai<i , 


VAL         i(Î9| , 

en  lettres  gothiques ,  in-foîîo.  Vl£ 
Des  Facéties ,  avec  celles  du  Pogge^ 
in-4°  ;  fans  date.  VIII.  Un  Traité 
Du  Faux  ^&  du  Vrai  ,  qui  offre 
quelques  bonnes  réflexions.  L'au- 
teur ,  partlfan  iVEpicute  ,  fut  l'en- 
nemi déclaré  A*Ariftote,  Ses  Ou- 
vrages furent  recueillis  à  Bàle  » 
1^540,  in-folio. 

VALLADIER,  (André)  né 
f)rès  de  Montbrifon  en  Forez ,  paffa 
23  ans  chez  les  Jéfuites ,  que  dex 
tracafferies  le  forcèrent  de  quitter. 
Il  futenfuite  abbé  de  Saint- Arnoul 
de  Metz ,  où  il  introduifit  la  ré- 
forme ,  non  fans  des  traverfes  qull;  ' 
a  décrites  dans  fa  Tyrannomanîe 
étrangère  y  16  26  ,  in- 4®.  On  a  encore 
de  lui  5  volumes  in-8°  de  SermOhsi 
&  une  Vie^tk  Dont  Bernard  de  Mont* 
gaillard  ,  abbéd'Orval ,  in-4°.  Val-^ 
ladier  mourut  en  1658 ,  à  68  ans. 

VALLE,  (  Pierre  della  )  gentil- 
homme Romain ,  voyagea  pendant 
douze  ans  (  depuis  1614  jufqu'en 
1626  )  en  Turquie  ,  en  Egypte  , 
dans  la  Terre-Sainte,  en  Perfe  & 
dans  l'Inde,  &  fe  rendit  habile  dans  ' 
les  langues  orientales.  De  retour 
à  Rome  ,  il  publia  fes  Voyages , 
dont  la  Relation  forme  une  fuite 
de  54  Lettres  ,  écrites  des  lieux 
mêmes  à  un  médecin  Napolitain 
fon  ami.  Ces  L%res  ,  quoique  re- 
touchées en  'quelques  endroits  ïori 
de  l'imprefiion  ,  font  d'un  ftyle 
vif,  aifé  &  naturel ,  qui  plaît  &  qui 
attache  le  ledeur;  elles  n'ont  ni  la 
féchereffe  d'un  Journal ,  ni  l'apprêt, 
d'une  Relation  qui  auroit  été  ré- 
digée fur  des  Mémoires.  Il  eft  peu 
de  Voyages  aufli  intéreffans  &  auiîi 
variés.  Us  font  fur-tout  très-curieux 
pour  ce  qui  regarde  la  Perfe ,  où 
l'auteur  (  homme  d'billeurs  fort 
infiruit  &  rempli  de  connotfiances  ) 
avoit  fait  un  féjour  de  plus  de  qu'itre 
ans.  Il  parpit  croire  trop  facilement 
au  pouvoir  de  la  magie  Se  des  en- 
chantemens  ^mais  il  vivo.it  dans  un 


170        VAL 

lempS'OÙ  les  tribunaux  condiani* 
itoicat  des  Torciers  au  feu.  Pîcm 
idU  Valu  fe  maria  dans  le  cours  de 
fes  voyages  ,  &  époufd  à  Bagdad 
une  jeune  Syrienne ,  née  de  parens 
Chrétiens ,  &  d'une  famille  diûin- 
guée.  Il  la  perdit  à  Mina  ,  fur  le 
Golfe  Perfique  ,  après  cinq  ans 
de  mariage.  Une  circondance  ûn- 
guliere  qui  prouve  fan  attachement 

λour  elle,  c*eA  qu'il  fit  embaumer 
on  corps  ,  dans  le  deHein  de  le 
tranfporter  à  Rome ,  &  de  le  dépofer 
dans  la  chapelle  de  fa  famille  *,  &  en 
çâFet ,  après  Tavoir  emballé  de  façon 
à  éviter  les  embarras  que  ce  cadavre 
auroit  pu  lut  caufer,  il  le  tranf- 
porta  par-tout  avec  lui ,  pendant  4 
,  ans  encore  que  durèrent  fes  voya- 
ges ;  il  eut  la  fatis£a6lipn  de  lui 
donner  la  fépulture  à  Rome ,  dans  le 
caveau  où  repofoient  fes  ancêtres. 
Ce  célèbre  voyageur  mourut  en 
1652  ,  âgé  de  66  ans  ,  après  avoir 
cpoufe  en  fécondes  noces ,  malgré 
les  oppotitions  dé  fa  famille ,  une 
îêune  Géorgienne  qui  avoit  été 
attachée  à  fa  première  femme,  & 
qu'il  avoit  conduite  à  Rome.  La 
meilleure  édition  de  fes  Voyages 
eft  celle  de  Rome,  1662  , en 4  vol. 
in- 4°.  Lé  Père  Canuau  ^  CLleSàn  9 
en  doima  une  Traduâion  françoife  » 
imprimée  en  166^,  auili  en  4  vol. 
în-4® ,  peu  eflimée.  Elle  fut  cepen- 
dant réimprimée  à  Rouen  ,1745  , 
S  vol.  in- 12. 

VALLE  ,  Voyei  II.  VxLtA. 

VALLÉE  (  Géofroi  )  fameux 
Déifie  d'Orléans ,  néaueommen- 
cernent  du  xvi^  fiecle,  fut  brûlé 
en  place  de  Grève  à  Paris  ^  pour 
avoir  publié  un  Livre  plein  d'ab- 
furdités  &  d'impiétés  ,  en  S  feuilles 
feulement,  fous  cetiure  :  La  Béad- 
tudc  des  Chrétiens  ou  U  .Fléau  de  la. 
FoL  »  Son  erreur  (  dit  Garaffe  )'  étoit 
»'  entièrement  contraire  à  celle  des 
*>  dogmatifans  *,  car  il  foutenoit 
H  qu'il  n'y  avçic  aucre  Dieu  a^ 


V  A  t 

^  monde  ,  que  de  maintenir  tdA 
^  corps  (ans  fouiUure  :  &  en  effet , 
»»  à  ce  qu'on  dit,  il  étoit  Vierge #        i 
"  ide  la  même  £^on  que  les  Frères 
"  de  la  Croix  des  Rofes,Si  lesTof- 
"  l^qms  de  Turquie.  II  avoit  autant        | 
"  de  chemifes  qu'il  y  avoit  de  jour        1 
"  en  l'année  :lefquelles  il  envQyoic 
"  laver  à  une  fontaine  en  Flandres  « 
^  renommée  pour  la  clarté  de  fes 
»  eaux  4  &  le  blanchiiTemeot  ex-        J 
»»  celleat  qui  s'y  faifoit.  U  étoit       1 
"  ennemi  de  toutes  les  ordures  &        ' 
**  de^  fait  &  de  paroles ,  mais  encore 
''  plus  de  Dieu  s  &  iaifant  femblanf 
**  d'aimer  la   pureté  t  il  haiûbit 
"  Purijfimum     Purijîmorum  i     c'eff 
"  ainil  <[ue    le    grand    Nippocrjtê 
H  définit  la  Divinité  au  Livre  De 
M  Morbo  facro,..  Il  fiit  imppffîblcf        ! 
"  à  tous  les  doûeurs  de  rappeler       | 
>*  cet  homme  en  fon  bon  fens  :  il       j 
>»  vomifToit  d'étranges  blafphêmesy       j 
"  quoiqu'il  les  proférât  d'une  bou<^       | 
»r  che  toute  facrée  &  d'une  mine 
>*  doucette  ;  mais  non  moins  (Un** 
>»  gereufe  en   fon  extrémité ,  que 
»  celle  des  beaux  efprits  préteadu» 
>•  parmi  les  ivrogneries.  Le  feu  qui 
)»  purge  tout ,  purifia  par  les  flam^ 
»  mes  Içs  puretés  prétendues  de 
»  cette   impure   créatiu-e  «<^    Son^ 
ouvrage  eft  fort  rare.  Géofroi  Vallée 
étoit  grand-oncle  du  fameux  de» 
Barreaux  :  ainii  Tincrédulité  étoit 
héréditaire  dans  cette  famille.r 

VALLEMONT,  (Pierre  le 
Lorrain  de  )  prêtre  v  naquit  à 
Pont  -  Audemer  1«  10  Septembre 
1649 ,  &  y  mourut  le  ^o  Décembre' 
1721.  Il  avoir  été  chargé  d'enfet- 
gner  l'Hiâoire  à  Courcillon  ^  fils  da 
marquis  de  Dangeau  -,  &  c*dft  pour 
lui  qu'il  fit  fes  Elémens.  L'abbé 
de  Vallemont  étoit  im  homme  d'un 
efprit  fingulier  &  d'un  caraâere  ifi- 
quiet ,  qui  fe  fit  plofxeurs  af&ures  , 
&  qui  ne  fut  coiûferver  aucun  em« 
pipi.  On  lui  doit  quelques  Livres 
q[ui  ont  eu  du  cours  «Za  Fhyfi^ 


I 


VAL 

Ihùilee  ou  Traité  de  la  Baguette  di- 
vinatoire :  ouvrage  qui  montre  que 
l'auteur  n'entendoit  rien  en  cette 
matière  ,  non  phis  que  le  Père  U 
^run  qui  l'a  réfiité.  II.  Les  Elémtns 
é'e  fHlftoire,  L9  meilleure  édition 
èft  celle  de  1758  ,  en  y  vol.  in-ii , 
'  avec  ptuiîeurs  additions  coniîdér 
râbles.  Les  principes  del'Hifloire, 
de  la  Géographie  &  du  Blafbn  font 
(xpoîés  dans  cet  ouvrage  avec  aiTez 
àt  clarté*  de  méthode  &  d'exaéti- 
iude  *,  maïs  l'auteur  a  £ut  plufîeurs 
feutes  fur  la  Chronologie,  la  Géo^^ 
graphie,  &  furies  Médailles ,  dont 
fi  n'entendoit  pas  quelquefois  les 
légendes  I  û  t'pn  en  croit  Baudelot, 
Son  ftyle  pourroit  être  plus  pur 
&  plus  élégam.  HI.  Cmofités  de  la 
ÈJature  &'  de  tAtt  fur  la  Vigitnùcn 
des  Plantes  ,  réimprimées  en  175  3  , 
tn-I2 ,  2  vol.  IV.  Dîfftrtaiîons  Théo- 
logiques  &  Hiftorlques  touchant  lefecrct 
Mes  Myfteru  \  ou  V Apologie  de  la 
République  des  Mijfels ,  qui  ordonne 
de  dire  fecrétement  le  Canon  de  la 
Meife,  2  vol.  in-12.  V.  TraiU  de 
la  Vtfibîrué  de  PE^fe. 

VALLES,  (François)  Voye^ 
Valesio. 

VALLETTË ,  Voy.  Valette. 

VALLIER ,  (  Saint-  )  Voyc^  Co- 
chet ^  Poitiers. 

I.    VAtLIERE,    (  François 

ée   la    Baume   le   BJanc  de  la  ) 

chevalier  de  Malth€( ,  deicendoit 

de  Tandenne  maifon  de  la  Baume  , 

originaire  dû  Bourbonnois.  U  porta 

lès  armes  <ie  bonne  heure  ,  &  fitt 

ouréchal  de  bataille  à    2^  ans  , 

ions   le  maréchal  de  Grammont,  Il 

remplit  cet  emploi  av«a  tant   de 

Accès  ,  que  le  grand  -  maître  de 

Makhe  &  les  Vénitiens  ,   firent 

cOns  leurs  efforts,  pour  l'attirer  à 

leur   iervice.   Il    fe  fignala^  dans 

plufxeurs  fiéges  &  combats  ,   fur- 

c<>ut  à  Lérida ,  où  il  reçut  la  mort 

«n  1644.  U  étoit  lieutenant  général 

4xf^  années  du  roi  On  a  dé  loi  : 


V  Ah         ift 

I.  Un  Traité  intitulé:  Pratiques  6» 
Maximes  de  la  Guerre.  II.  Le  GénérmH 
^ Armée.,  Ces  deux  ouvrages  prou- 
vent qu'il  étoit  auflî  profond  dao» 
la  théorie  de  l'art  militaire  qu'ha* 
bile  dans  la  pratique.  Son  père  ^ 
Laurent  ,  Teigneur  de  la  Vallicre. 
&  de  Choifi,  avoit  été  tué  au  ûégtf 
d'Oftende. 

H.  VALLIERE,  (  GiUes  é» 
la  Baume  le  Blanc  de  la  )  naquîr 
au  château  de  la  Valliere  en  Tou- 
raine ,  en  16 16.  U  fut  d'abord  cJuk 
noine  de  Saint -Martih  de  Tours  , 
&  il  fut  élevé  enfuite  à  l'évêdiê 
de  Nantes ,  dont  il  fe  démit  e» 
1677.  U  mourut  le  10  Juin  1709  ^ 
à  9S  ans  ,  avec  une  grande  répu- 
tation de  favoir  &  de  vertu,  Om 
a  de  lui  un  Traité  intitulé  :  Ls 
Lumkre  du  Chrétien  ,  réimprimé  à 
Nantes  en  1693  ,  2  vol.  ki-12. 

IIL  VALLIERE,  (Louife- 
Françoife  de  la  Baume  le  Blanc  y 
ducheiTç  de  la  )  étoit  de  la  même 
maifon  que  les  précédens.  Elle  fut 
élevée  fille  d'honneur  d'Henriette: 
d'Angleterre ,  1'*  femme  de  Philippe, 
duc  d'Orléans.  Dès  fes  premières 
années  ,  elle  fe  diâingua  par  u» 
earaâere  de  (ageffe  marqué.  Dans 
une  occafion  où  des  jeunes  per- 
sonnes defon  âge  montrèrent  beau- 
coup de  légèreté ,  Monfiew  àk  tout 
haut  :  "  Pour  MU®  de  la  Valllére  ^ 
»  je  fuis  alTuré  qu'elle  n'y  aura  pas 
"de  partielle  eft  trop  fage  pour 
M  cela  «r.  Elle  fè  fit  aimer  &  eftimer 
à  la  cour ,  moins  encore  par  fe» 
qualités  extérieures ,  que  par  un  ca- 
ractère de  douceur ,  de  bonté  &  de 
naïveté  ,  qui  lui  étoit  comme  na^ 
turel.  Quoique  vemieufe ,  elle  avoit 
le  cœur  extrêmement  tendre  &  fen^ 
fible.  Cette  fenfibilité  la  trahit  -,  elle 
vit  Louis  XIV^  &  elle  l'ûma  avec 
tranfport.  Le  roi ,  inilruit  de  fes  ^en- 
timens ,  lui  donna  tout  fon  amour. 
Elle  fat ,  pendant  deux  ans ,  l'objet 
cadvç  4e  tous  lec  an^meo^  gaUn» 


.«71   '     V  A  L 

&  de  tontes  les  fêtes  q\ie  Loms  XIV 
doua  oit.  Eaân ,  lor^ue  leurs  fea- 
àraens  eurent  udaté,  il  érigea  pour 
elle,  en  Mai  1667  ,  la  terre  de 
Vauiour  en  duché-pairie,  fous  le 
nom  de  U  VaUîere.  La  nouvelle 
'duchefle,  recuôilie  en  elle-même 
&  to'dut  renfiermée  dans  fa  paHlon , 
ne  Te  mêla  point  des  intrigues  de 
la  cour,  ou  ne  s'en  mêla  que  pour 
£ilre  du  bien.  £lle  n'oublia  iamats 
qu'elle  Êûfoit  mal  -,  mais  elie  eTpé- 
roit  toujours  de  faire  mieux.  C'dl 
ce  qui  lui  fit  recevoir  avec  beau- 
coup de  joie  le  remercîment  d'un 
pauvre  Religieux ,  qui  lui  dit,  après 
avoir  reçu  d'elle  l'aumàoe  :  Ah! 


VAL 

Qu»  at  Im  doanei  -  vous  m  emùr 

commi  U  mUn  !   ' 
Ou  que  -u'avii-yous  fait    le    mica 
cjmau  Us  autnsl 

Enfin,  en  1675  ,  elle  fe  fit  Car- 
mélite à  Paris  &  perfévéra.  Ma. 
Men,  dit-elle  en  entrant  à  la  fupé- 
rieure ,  j*ai  fuit  un  fi  mauvais  ufage 
de  ma  volonté!  Mais  je  viens  la  rC' 
mutre  entre  vos  mains ,  pour  ne  la  plus 
reprendre^  Dans  les  commencsmeas 
de  fa  converfion  elle  écrivit  à  un 
de  fes  amis  :  Dieu  efi.  fi  bon  ,  qu*au 
lieu  des  châtlmens  que  j'ai  mérités , 
U  m* envoie  des  eonfolatlons,^.  Mal- 
gré la  grandeur  de  mes  péchés  qui  me 


Madame ,  vousfere^  fauvét ;  cariln'efi  Joru  toujours  préj'zns ,  ji  fais  que  fon 

pas  po^le  que  Dieu  laijfc périr  une  psr-  amour  aura  plus  de  pan   à  mon  far- 

fonne  qui   donne  fi  Khéralement  pour  crifiic^   que  lu  crainte  de  fes  lugemcns, 

l'amour  .de  lui.  Le  cilebre  Mign^rd  Se  couvrir  d'un  ciliée  ,   marcher 

l'ayant  peinte  dans  ce  teraps-î à ,  elle  pieds  nus  ,  jeûner  rigourcufement , 

voulut  être  au  milieu  de  fes  deux  chanter  la  nuit  au  choeur  dans  une 

€afani,{M.lV^deBlois6i[Q  comte  de  langue    inconnue;  tout   cela  ne 

Vermandois ,  )  tenant  un  chalumeau  à  rebuta   point  la  délicatefie    d'une 

la  main,  d'où  pend  une  bulle  de  fa-  femme  accoutumée  a  tant  de  gloire, 

von,  autour  de  laquelle  eft  écrit  :  Sic  de  mollclie  &  de  plaifirs.  Les  grands 

uanfit  gloria  mundi  :  image  namrelle  maux  de  tête  auxquels   elle  étoit 


de  la  vanité  des  pafllons  des  hommes, 
&  des  feveurs  des  oours.Dieu  fe  fer- 
vit  de  Itinconilance  du  roi  pour  la 
ramener  à  lui.  La  ducheâfe  de  la 
Valliere  s^p^erçut ,  dès  1669,  que 
Mad*  de  Montefpan  preiioît  d2  l'af- 
cendant  fur  le  cœur  de  ce  mo- 
.  narque.  Elle  fupporta  avec  une 
tranquillité  admirable  le  chagrin 
d'être  témoin  long-temps  du  triom- 
phe de  fa  rivale.  On  lui  fit  dire 
au  roi ,  dans  un  Sonnet  >  en  parlant 
de  fon  inconllance  : 

Tous  ces  défaut A^  L  o  U  l  S  »  font 

tort  à  vos  vertus; 
Vous  m'aîmie\  autrefois  &  vous  ne 

m*aim?\  plus  ; 
Mes  fcntimcns ,  hélas  !  d'iffirent  hien^ 

des  vôtres. 
Amour ,  à  qui  je  dois  &  mon  tftal  & 

mon,  bien  1  .      .      , 


fujete ,   l'obligeant   de  fermer  les 
yeux,  on  lui  demanda  fi  cette  fi- 
tuation  ne  gênoit  pas  ià  vue  ?  Point 
du  tout ,  répondit  -  elle  ;  cela  me  la 
repofe.   Je  Juis  fi  laffe  des  chofes  de 
l3>  Terre  ,  que  je  trouve  même  duplaifir 
à  ne   pas    les  regarder.    Un    grand 
éryfipele  à   la  jambe  l'ayant  £ût 
beaucoup  fouffi-ir  fans  qu'elle   en 
eût  parlé ,  on  lui  fit  des  reproches 
de  porter  fi  loin  l'efprit  de  péni- 
tence :  Je  ne  favois   ce   que  c  étoit  ^ 
répondit  elle  j  je  n'y  avoispas  regardé, 
£  le  vécut  dans  <es  aufiérités  de- 
puis   1675  jufqu'en  1710,  année 
de  fa  mort ,  fous  le  nom  de  Sctur 
Loi/JsEdelaMiféricorde,  Elle  mou- 
rut le  6  Juin,  âgée  de  66 ans.  On 
avoit   voulu  la    retenir    dans    le 
monde,  pour  l'édifier  par  fes  exem- 
ples. CeJ'eroitàmoi^  répondit- elle, 
une  horrible  préfomptïon  ^  de  me  cr^îr^ 

propre 


I 


r 


VAL 

fniprt  à'tùder  U  prochain.  Quand  on 
s'efi  perdu  foi-mèmc  ,  on  n*eft  ni  di^ 
pu-  ni  capable  de  fervir  Us  autres, 
Lorfque  le  duc  d&  Vermandois  fon 
£ls  mourut ,  elle  répondit  avec 
courage  à  ceux  qui  lui  annonce- 
lent  cccte  perte  :  Qu'elle  n'avoitpas 
trop  de  larmes  pour  foi  ,  &  que 
e'itoît  fur  elle  -  même  quelle  devoti 
pleurer.  Elle  ajouta  cette  parole  û 
Couvent  imprimée  :  Il  faut  que  je^ 
pleure  la  nai^anee  de  ce  fils  ^  encore 
plus  que  fa  mort  î  Ce  fut  avec  la 
même  conftance  &  la  même  réti- 
jgnation  qu'elle  apprit,  depuis,  la 
inori  du  prince  de  Conti ,  qui  avoit 
épouié  MU^  de  Bloîs{am\e.  L'excès 
4e  fes  auftérités  la  rendit  très-in- 
firme. Un  mal  de  tête  habituel ,  une 
iciadque  douloureufe ,  un  rhuma- 
fifme  univerfel  exercèrent  fa  pa- 
tience ,  fans  abattre  fon  courage: 
On  Texhortoit  en  vain  de.prendre 
.  quelque  repos.  //  ^e  peut  y  en  avoir 
pour  moi  fur  la  Terre  ^  répondit-elle. 
Que  mon  eieil  efi  long ,  aioutoi^elle 
quelquefois! .  # .  On  a  d'elle  des^ 
Réflexions  fur  la  mtfér'tcorde  de  Dieu , 
in-i2,  qui  font  pleines  d'ondion« 
On  fait  que  le  Tableau  de  la  Afa- 
delelru  pénitente  ,  ^l'un  des  chef^ 
ë  œuvres  de  le  Brun ,  (  Voye^  Eu  DE- 
Z.INK }  fut  peint  d'après  cette  femme 
illoftre,  qui  imita  fi  ûncérement 
,  la  PéchereiTe  dans  fes  auileritésf 
\  comme  elle  l'avoit  fait  dans  îts 
ioibleiïes...  Voye^  AvvKr  &  Ben- 
SERADE.  Louis'C4far  de  la  Baume  le 
Blanc  ,  duc  de  la  ValUere  ,  grand- 
yeaeur  de  France  «  né  le  9  0£bo- 
bre  1708  ,  mort  le  16  O£lobre 
1780,  étoit  de  la  même  famille. 
Sa  douceur,  fa  bodté ,  fon  amour 
]K>ur  les  arts,  le  firent  générale- 
ment,  regretter^  Il  laiiTa  l'une  des 
plus  riches  bibliothèques  de  Paris, 
dont  nous  a^pons  le  Catalogue ,  par 
M.  de  Bure,  en  3  vol.  in-8°. 

ÎV.  VALUERE,  (Jean.Florcnt 
4e  }'  lieutenant  général  des  ^nxié<^$ 

Tomt  ÎXt 


Val      175 

du  roî ,  de  l'académie  des  Sciences', 
ne  à  Paris  le  7  Septembre  1667  < 
mort  en  1759 ,  à  92  ans  ,  avoii 
acquis  une  telle  expérience  dans 
l'Artillerie,  qu'il  en  étoit  regardé 
comme  le  meilleur  officier.  Dans 
la  fociété ,  ce  guerrier  qui  s'étoit 
trouvé  à  plus  de  foixante  fiéges  & 
de  dix  batailles ,  étoit  le  plus  Am- 
ple &  le  plus  doux  des  hommes  t 
c'efi  ce  qui  lui  mérita  ces  vers  dé 
Funtendle  : 

De  rates  talens  pour  la  guerre 
En  lui  furent  unis  au  cetur  le  pltà 

humain, 
Jupiter  le  chargea  du  foin  de  fo^ 
tonne&e , 
Minerve  conduijtt  fu  main^ 

Cet  homme  fi  doux  étoit  ferme  dans 
l'occafîon.  Le  maréchal  de  BelllJU 
ayant  envie  de'féparer  l'artillerie 
du  génie,  le  pria  d'être  feA^>rabIe 
à  ce  projet,  fi  le  roi  lui  en  parloit* 
&  lui  offrit  le  Gordon  rouge.  &  la 
Grand-Croix  ;  ValUere  lui  répondit 
».  que  cette  défunion  lui  paroifiant 
»  contraire. au  fervice  du  roi,  il 
y  ne  fauroit  diffimuler  à  ce  prince 
»  fa  façon  de  penfer  »«,  Son  fils, 
/o/>pA-F/brtfnxD£  Valliére,  mai«« 
cha  dignement  fur  fes  traces  ,  & 
mourut  au  commencement  de  1776» 
à  59  ans ,  direéleur  général  de  l'ar- 
tillerie, &  affocié  libre  de  l'acadé- 
mie des  Sciences.  Il  fiit  également 
regretté  de  cette  fociété  &  de  la 
patrie ,  qui  chérifibiént  en  lui  ua 
(avant  modefie  &  un  excellent 
citoyen, 

VALLIS ,  Voye^  AX^ALlis. 

VALLISNIERI,  (Antoine)  né 
en  166 1 ,  dins  le  château  de  Tre« 
fiiico  près  de  Heggio ,  fut  reçu  doc- 
teur en  médecine  dans  fj  patrie.  La 
république  de  Venife  l'appela  pour 
remplir  une^  première  chaire  extraor- 
dinaire de  profeiTeur  en  médecine- 
pratique  dans  l'univerfité  de  Padoue. 
Les  académies  d'Italie  &  la  foâété 

s 


tf4       V  A  t 

fojrale  de  Londres  fe  l'aflbciérenf , 
&L  le  duc  àe  Modene  le  créa  ,  dé 
fon  propre  mouvement  »  chevalier, 
lui  &  tous  fes  defbendaa^  aines  à 
^rp«tuicé.  Cet  ilîaftre  favant  inou- 
ftit  le  28  Janvier  1730,  à*  69  ans , 
tegrctté  de  plufieufs  favans  de 
l'Europe ,  avec  lef^uels  il  étoit  en 
«ommercè.  Cétoit  un  homttie  d'une 
léonftitutton  robu(!e  ,  d'une  taille 
ttvantageuCe  ^  d'une  phyfionomie 
prévenante  i  &  d'une  converfktioft 
agr^al»le.  Son  fîU  a  recueilli  fes 
Ouvrage»  en  3  vol.  în-fol. ,  dont 
le  premier  parut  à  Venife  en  1733; 
"Lts  principaux  font:  !..  Dialogues 
J[ur  f  origine  deplufiturs  InfecUs ,  in-S^, 
Venife»  1700.  IL  Confidéradons  & 
Expériences  fur  la  génératîou  des  Vers 
•pHnûtres  dans  h  Corps  humain  ,  con- 
tre Andn^  médecin  de  Paris,  qin^ 
Il  écrit  fiir  là  même  matière.  Ilî. 
Un  TraVté  fnr  l'origme  dés  Fontaines,. 
IV.  m/hlrt  de  la  génération  de 
ff Homme  &  des  Animaux ,  à  Venife , 
1721,  in -4®.  Le  myftere  de  la 
génération  a  exercé  1^ .  plus  ^habiles 
phyficiens  :  les  œufs  des  animaux 
ipivi pares ,  &  des  femmes  même  d'un 
côté ,  &  les  vers  fpcrmatiques  de- 
fautre^  ont  partagé*  la  plupart  des 
^hilofophes  <ïui  ont  tâché  de  l'é- 
claircir.  Tallîjhieri  s'appliqua  avec 
beaucoup  àt  fbin ,.  pendant  plu- 
iféuts  années ,  à  flaire^  des  obftrva^ 
lions  furies  ovaires  de  différentes 
fbifttlles  fécondées  tfej^tiîs  un  temps. 
^uS  ou  hroins  conlklérâblc ,  dt  Ç^ 
-déclara  d'abord  pour  l«s  vers  fé- 
minaux.  Mais  après  avoir  pefé  avet»- 
attention  les  ârgumensdes  paitifans 
^s  animalcules  fpermatiques  dans 
iîi  génération ,  il  fe  détermina  en- 
"fin  à  fuivre  ceux  qui  penfent  qoe 
le  principe  de  la  génération eft  dans 
l^f.  H  dédia  cet  Ouvrage  à  Tem*- 
■Jereur,  qui  lui  «donna  im  collict 
iVyr,  &  une  patente  où  il  le  décla- 
♦oit  fon  médecin  honoraire.  V.  De 
'^€fiff^  marinî ,  0he  fû  Montl  fi  »r(^• 


VAt 

vatio,  Venife,  1728/  in-4*^  ;  tfHft» 
vrage  où  il  examine  cette  queftion  ? 
Corhmait  la  mer  avoit  pu  porter  tout 
ces  Corps  dans  les  endroits  oà  on  Ui , 
trouve.  Comme  elle  lui  paroifïbitr 
tfès-épHieufe ,  ii  s'eft  contenté  ^é 
rapporter  fidellement  les  fyftémes 
qui  lui  écoient  connus.  II  y  ajouta: 
les  objeéHons  qui  lui  étoient  ve- 
nues-  dans  Tefprit ,  pendant  qu'if 
tfiéditoit  Air  cette  manière ,  fans  ce- 
pendant fe  déterminer  potir  aucune^ 
opinioti.  Tou|  fes  Ouvrages  font 
en  italien.  . 

VA^LLIUS,  Voyeiyf Kti.\vs. 

VALMONT  ,  Vojei  VAttf* 
MOHT. 

VALOIS ,  (  Comtes  de  )  Voyé^ 
Ci¥ ARLES,  t^  xxti...  Diane «, 
n"  m...  &  I.  MAiiiGNr. 

VALOlS,  (Félix  de)  roy«t 
VÈRMAtirDOIS  ,  £•  XIV.  Jeak. 

VALOIS,  (Marguerite  de)- 
reine  de  Navarre ,  Voytxl/iAVLOVW^ 
MTE,  n°  vil. 

L  VALOIS ,  (Henri  de)  né  *? 
Paris  en  1603  ,  d'une  famille  noble^: 
origin^re  de  Normandie ,  s*appU- 
qua  de  bonne  heure  à  la  leôure* 
des  bons  auteurs ,  des  poètes  gr?c« 
&  latins,  des  orateurs  &  des  hif^^ 
coriens.  H   fut  envoyé  à  Bourget 
en  1622 ,  pour  y  appreiidiie  le  droit 
civil.  A  fon  retour  il  fe  fit  recevoir 
avocat  au  parlement  de  Parin,  pla«- 
ibt  par  complai^nce  potnr  fon  père  ^. 
que  par  ificli&ation.  Après  avoi^ 
ééquenté  fépt  ans  le   patab  ,  il' . 
reprit  Tétude  des  belles-lettres  Ik 
travailla  affidttemem  fur  les  auteurs 
grecs  &  l&tins%   eccléûaftiqaes  8t 
pro^nes.  Sa  grande  application  à- 
la  leâure  lui  ct^iblit  â  fort  la  vue« 
qu'il  perdit  l'œil  droit,  &  qu'il  a* 
voyoit  prefque  point  de   lautrew       j 
Les  récompanfes   que  fo»  mériic      j 
)tti  ptVïcara,  le  dédommagèrent  «Mt- 
peu  de  cette  perle.  Elle  ne  l'en»* 
péchoîf  pas   de   compofer,  parce      1 
que  fil. inémoite  lui  rap^oiLki^ 


V  À  L 

psi&agcs  de  tons  les  livres  <^*U 
«voie  lus.  En  1633  >  ^^  préfidentif 
Me/me  lui  ikynna  une  penfion  de 
aoo  liv.  ,  à  condition  qu'il  lui 
céderoit  (es  CoUedUons  &  {fs$  Re- 
marques ;  &  le  Clergé  de  France 
une  de  600  ,  qui  lut  depuis  aug- 
mentée. En  16 1;  S  ,  il  en  obtint  une 
de  1500  du  cardinal  Ma jarm.  Deux 
•ns  après,  il  fut  honoré  du  tiire 
fl'Hiftoriograpfee  de  Sa  Majefté  ^ 
avec  une  penfion  considérable.  Ce 
fâvaot  Ênlt  fa  carrière  en  1676 ,  à 
73  ans.  Ses  principaux  Ouvrages 
font  :  I.  Une  Ed'tion  éc  VHlfiulm 
Ecciéfiafiîqut  d^Eufehe  »  en  grec ,  avec 
une  bonne  Traduûiofl  latine  &  de 
favantes  Notes.  1 1.  VHlfioïrt  dt 
Socrtu  &  de  So\om(ne^  en  grec  & 
CD  ladn  ,  avec  des  Obfefvations 
ûans  lefquelles  Téruditioo  dk  ré- 
pandue à  pleines  mains.  IIL  Vff^' 
t0k-c  àt  Tkéodorct ,  &  celle  d'EvA^rt 
U  $ckol(^B^,  aufll  en  grec  &  en 
latin  9  avec  des  Notes  favantes, 
IV.  Une  Aouv«lle  édition  d'Am- 
mum  M^ulttn^  avec  d'excellences 
Eemarques.  V.  "Des  Remtrqutf 
ai^edânées,»  {vt  Harpocratîim.Vh 
^mené^dotwm  Lihri  r^à  Amfterdam  « 
X74C  «  in  -  4^.  yululs  excelloit  çbns 
l'art  d'édaircif  ce  que  les  anciens 
ont  de  plus  obTcur.  La  faine  cri- 
tique ,  le  iâvoir  éclairé  brillent 
dnis  fes  Ouvrages  *,  mais  l'auteur 
fient  «r0p  les  avantages  qu'il  avoit 
ûur  les  favaas  qui  l'avoient  précédé. 
Comme  les  livres  de  fa*biblioilM- 
fiH*  ne  luiiuflifoiefic^as  y  il  en  em^- 
pruntoit  de  toutes  parts.  U  avoit 
coutwne  de  dire  à  œ  fnjet ,  que  Ut 
Livre*  futts  étoUnt  ceux  dont  U  tlreh 
k  flus  de  fvofit ,  pûrçe  ^juU  Us  llfuit 
«ftfc  fins  de  fçui ,  &  quîl  mt  fiùfok 
des  ErtréMs  ^  dans  la  crMttte  d<  m 
fottvalr  pùts  les  revoir,  11  ne  fe 
bomoit  pas  i  ûdre  des  recherches 
dans  les  livres ,  il  confultoit  auffi 
des  gens  de  lettres  -,  mats  il  ne  latfoit 
pas  tou^Quct  aSez  de  cas  des  Xoias 


V  A  -L     ^   17Ç 

qulls  prenci^t  pour  Tini^ruire. 
Ayant  lu  dans  un  ancien  auteur 
quelque  chofe  fur  ie  port  de  la 
ville  deSmyrnè,  qu'il  n'étoit  guère 
poilîble  de  comprendre  fans  a\  oir 
vu  ladifpoiiiion  des  lieux  mêmes  « 
il  écrivit  au  favanc  Peir^c  fa  diffi- 
culté i  ce  généreux  proceâeur  de$ 
fciences  fît  auài-tôt  partir  un  peintre 
fur  un  vaiiTeau  de  Marfeillé  qui 
alloit  à  Smyrne  »  pour  prendre  lé 
plan  &  la  vue  de  fon  port.  U  en- 
voya le  fruit  de  fes  recherches  à 
VaWts ,  qui  le  remercia  de  fes  foins; 
mais  qui  lui  manda  en  n:éme  temps 
qu'<7  n'dtolt  fus  entîénmiru  exUaircl 
furee  qu'il  fouJi'tùiou.,\  Peir^Cj  iaché 
d'avoir  fait  inutilement  une  dépenfe 
confîderable  »  lui  écrivit  qu'/V  0»'jie 
ideJté  de  le  /aiïsfaîre  ^&  que  fi  cela  ne 
fi^folt  pas  y  U  ne  devoit  s\n  prendre 
tii  à  lui  ni  à  fon  J^eîmre  ^  fnais  à  fon 
propre  efprh  qui  n*étoit  jamais  content 
de  rien ...»  V^elois  (  dit  Ificeron  ) 
>*  n'étoit  pas  prodigue  de  louanges, 
**  &  peu  d'Ouvrages  àvoient  l'avan- 
M  lage  de  lui  plaire.  Il  réfervoit 
>>  toute  fon  dlime  &  fa  complai^ 
»  fance  pour  les  fiens.  Hardi  à  blâ^ 
^  mer  cetix  des  autres  ,  il  né 
"  louifiroit  pas  patiemment  qu'on 
**  reprît  quelqlie  chofe  dans  ce  qui 
>«  venoit  de  lui.  Ceux  Qui's'âvi;* 
H  foiem  de  le  Êwre,  paffoient  dans 
»  Ion  efprit  pour  des  igoorans. 
»  Quand  il  îk  portoit  bien  ,  il 
*f  traitoit  de  ^âreHèi^x  &  fie  gens 
'»  aimant  le  Ut,  c««x  de  fes'parens/ 
"  que  la  maladie  ou  les  inâtmités 
»  obligeaient  d'y  reAer.  Mais 
»  quand  il  étott  lui-même  malade, 
»  il  alloit  des  précautions  infinies 
>«  pou/  ce  forint  l'incomnoder.  U 
w  ne  vouloir  voir  pei/onae;  il  ne 
»  pouvokjDê«ieibutfcir  la  lumière. 
»»  Il  pleiiroic^.ccioit,  fe  lamentoic 
**  comme  un  en&nt.  La  maladie 
*»  paâée^  il  difoitque  fon  mal  avoit 
H  été  peu  de  choie  ;  &  il  falloit  ^ 
n  opur  lui  complaire  ,  ne  Ivu  en 

s  i ; 


17^     Val 

**  p!ar1er  en  aucune  mmiert  *,  mus 
/*  le  féliciter  au  contraire  fttr  (k 
"^  bonne  &nté.  A  Tàge  de  70  ans 
••  il  vouloit  encore  paiTer  pour 
f*  jeune.  Mequts  Gronovim  lui  ajant 
n  en  ce  temps -la  écrit  une  lettre  > 
M  où  il  lui  fouhaitoit  une  langue 
n  &  heureufe  vieillefle,  il  en  fut 
*  choqué,  &-rejeta  la  lettre  avec  in- 
«*  dignation ,  en  difanr  que  c  etoit 
f>  un  jeune  étourdi.  11  avoua  depuis , 
n  qu*avant  cela  il  n'avott  jamab 
y*  penfé  qu'il  fût  vieux.  «< 

II.  VALOÎS,  (Adrien de) frère 
puîné  du  précédent  «  futvit  l'exem- 
ple dé  fon  frère,  3vec   lequel  il 
fut  uni  par  les  liens  du  cœur  & 
de  refpnt.  Il  fe  conlacra  à  THif* 
toire  de  France ,   dans  laquelle  il 
fe  rendit  très-habile.  Le  roi  l'ho- 
nora du  titre  de  fon  Hiftoriogra- 
phe,  &  lin  donna  une  gatification 
en  1664.  Cet  auteur  mourut  le  2 
Juillet  1692,  à  80  ans,  laiflantun 
iils  ,  qui  a  publié  le  VaUfiana, . . 
Valoîs  employa  pluûeurs  années  à 
rechercher  les  mcnuoiens  les  plus 
certains  de  notre  Hiftoire  »  &  à  en 
cclaircir  les  difficultés  les  plus  épi- 
neufes.  U  n  étoit  pas  auffi  habile 
que  fon  frère  dans  la  langue  grec- 
que ,  &  n'avoit  pas  la  même  beauté 
d'efprit  ;  mais  il  étoit  laborieux , 
écrivoit  purement  en  latin ,  &  étoit 
bon  critique^  Ses  Ouvrages  les  plus 
eftimés  font  :  I.  GtfU  Francorum , 
1658,  3  vol.  in-fol.  L'exaâitude 
&   l'érudition    caraâérifent   cette 
Hiftoire  de  Franoe  ;  mais  elle  ne 
va  que  jufqu'à  la  dépofitioa  de 
Ch'.ùUric,  £lle  eft  écrite,  félon  le 
Père  ic  CoinUj  avec  tant  de  foin  , 
qu'elle  peut  fervir  d*un  excellent 
Commentaire  fur  ce  que   Grégoire 
dt   Tours  ,    Fréiepûrt    &    d'autres 
anciens  auteurs ,  avoient  écrit  de 
notre  Hiftoire,  d'un  ftyle  rude  & 
-t<^ut-à-£ût  barbare.  L'abbé  LmgUt 
i^n  pone  le  même  jugement ,  de 
même  que  l'abbé  k  Gmdrt ,  qui 


VAL 

ajoute  que  *'  c*eft  moios  une  VRf^ 
"  toire,  qu'un  ouvrage  de  câttque 
»  rempli  d*une  grande  érudition  ^ 
w  &  que  l'auteur  Ta  écrite  en  fe-  * 
>»  vaiu  ,  ce  qui  lait  qu'elle  n'efi 
M  goûtée  que  des  favans  «.  VîffittU- 
MarvllU  dit  t  à  l'occalion  de  cet 
ouvrage-,  que  Valois  étoit  d'une 
humeur  difficile,  &  qu'il  fembloit 
qu'on  lui  arrachât  les  entrailles 
quand  on  le  prioit  de  produire 
quelque  choCe  de  nouveau.  »  Il 
4*  falloir  le  laifter  faire,  ajoute-t- 
»  il.  M.  Colbtrt  le  follicitant  ua 
»  jour  avec  honnêteté ,  de  vouloir 
"  condnuer  fan  HJJLire  latine  dt 
n  France  ,  le  bon  homme  ,  tout 
M  effrayé  ,  fe  recirant  en  arrière  « 
*•  comme  fi  on  vouloir  Taflommer  . 
>*  s'écria  :  Eh  !  Monfieur  ,  qtÊC  wu 
*»  dcmande['Vous ,  à  tâgt  oà  je  /itis  ? 
•'  Me  demander  ce  pénîbU  travail  , 
n  cefi  me  demandir  la  vie  «  /  II. 
Notltia  Galliarum  ,  Paris  ,  1675  ^ 
in-folio  :  livre  très -utile  pour 
connoitre  la  France  fous  les  deux 
premières  races.  L'auteur  e&  fi 
exaâ  ,  qu'on  diroit  qu'il  a  vécu 
dans  ces  temps- là.  UI.  Une  édi* 
tion  in-8°  de  deux  anciens  Poëmes  i 
le  I  **'  eft  le  Panégyrique  de  Bdranger  , 
roi  d'Italie  ;  &  le  fécond ,  une  efpece 
de  Satire ,  compofée  par  Adalheron  » 
évêque  de  Laon ,  contre  les  vices 
des  Religieux  &  des  Courtifans. 
IV.  Une  1^  &  nouvelle  Edition 
d*Amien  MarcclUn ,  &  d'autres  F.mft 
excellens  en  leur  genre.  | 

IIL  VALOIS,  <  Louis  le) 
Jéfuite ,  né  à  Melun  en  1639 ,  de-  J 
vint  confefteur  des  princes  petits- 
fils  de  Louis  XI  y,  &  mourut  à 
Paris  en  1700  ,  regardé  comme  ua 
homme  de  Dieu.  On  a  de  lui  des 
Œuvres  fpirltucUes  ,  recueillies  à 
Paris  en  1758  ,  en  3  vol.>in-ii , 
&  un  petit  Livre  contre  les  fenii-  . 
mens  de  Defcartes,  Ses  Ouvrages 
myftiques  font  pleins  de  lumière 
&  d'onâion.  Voy.  lâ/^  ;.  s#  r  a  n- 


V  A  L 

Cl!  E  ,  n^    X.  de   fes  Ouvrages, 
IV.   VALOIS,  (Yves   de  ) 
né   à  Bordeaux  ie   2  Novembre 
1694  »  fe  fit  Jéfuite  ,  &  fut  pro- 
felTeur   d'hydrographie  à   la   Ro- 
chelle ,  où  il  doana   des  preuves 
de  fa  fi^ieoce  &  de  fes  lumières. 
On  a   de  lui  :  I.  La  fcienci    &  la 
pratique  du   PtlotM^t  ^   1735  >  ^'À^* 
II.    ConjeBurts  phyfiques   fur  U  Sd 
marin  ^  1751,  in- 8**.  III.  Entretiens 
fur   les   vérités  fondamentales    de  la 
ReUgloa  ,  I747  ,  in- 12.  IV.  Obfer- 
rations    fur  les  Auteurs    qui  tachent 
leurs  noms  par  de  mauvais   motifs  , 
1749,  îï*"4**«    V.  Entretiens  fur  les 
virités'pratiqucs  de  la  Religion ,  I75 1 , 
4  vol.  ia-ll*  VI.  Obfer votions  cu^ 
rkufes  fmr  <»  que   la   Rtl'pQn    a  à 
aaindre   ou^  à  ejpirtr  des  Académies 
Littéraires^  I7l6»  in-ii.  Vil.  X«- 
tru  Sun  Pere  àfon  Fils ,  fur  Vlntré- 
éJltd,  1756 ,  in-l2.  V^IL  JUBuresde 
piété  à  tirage  des  hialfons  Reâ^ti^es^ 
1764,  îh-ii.  IX'.  Avis  fur  Cïncré- 
ék^ité  moderne,  X.  Recueil  de  Diffcr» 
tations   Littéraires  ,    1576,  in «12. 
Tous  ces  ouvrages  font  efiim^s  ; 
on  découvre  par-tout  Tauteur  hon- 
nête homme  qui  ne  cherche  point 
à  Cnre  illuiîon ,  qui  faiât  facilement 
&  furement  le  vrai ,  &  le  dit  avec 
fi^nchife.  On  i^ore  Tannée  de  ià 
mort. 

VALLOMRREUSE  :  Voye^ 
GvALEE]E^T  ,  qui  eil  le  fondateur 
é^  jEleligieux  *,  &  Humilité  ^  qui 
a  fondé  les  Religieufes. 

VALSALVA,  (  Antoine- 
Marie  )  médecin ,  né  à  ImoU  en 
16669  mort  en  1725,  âgé  de  57 
ans  ,  fut  difciple  de  Malpîghi ,  & 
eofeigna  Tanaiomie  à  Bologn«,av«c 
une  réputation  peu  commune.  On 
a  de  lui  pluûeurs  Ouvrages  en 
i^nn,  imprimés  à  Venife  ,  1740  % 
2.  vqI.  in-4°.  Les  Italiens  en  font 
btaucoup  de  cas ,  &  les  Anatomiftes 
tftiment  fur -tout  ioty  Trsûté  D^ 


VAN     ^-  177 

Ain  kamma^  à  Bologne  «  X707, 
in-4''. 

VALSTEIN,  Voyei  Wais- 

TEI  N. 

VALTURIUS.  (  Robert) 
né  à  Rlmini  dans  le  xv^fiecle,  a 
donné  un  Livre  latin  fur  VAit 
Militaire  ,  Vérone  ,  1471 ,  in-fol. 
L'édition  de  Bologne ,  X4S3 ,  moins 
rare  que  l'autre ,  eil  aufli  plus  cor- 
reâe.  La  même  année  il  en  parut 
une  Traduâion  italienne  ,  à  Vé- 
rone ,  par  Paul  Ramufio  ,  qui  n'eâ 
pas  commune. 

VALVERDE,  Moiae  Efpa- 
gnol,  Voy,  Tarticle  Pizarro. 

VALVERDI,  (Barthélemi) 
théologien  de  Padoue  ,  né  vers 
1540  ,  mort  en  1600  ,  s'eil  fait 
connoitre  dans  la  république  dc.« 
Lettres*  par  un  Ouvragé  fur  le 
Purgatoire ,  imprimé  fous  ce  titre  : 
Ignis  Purgatorlus  pofi  hanc  ritam ,  ex 
Graci*  &  Latinis  Patrihus  affertus  , 
Patavii,  ijSi ,  in-4**  :  livre  très- 
rare  &  recherché  des  bibliomanes 
curieux.  Cet  ouvrage  eut  peu  de 
fttccès  lorfqu'il  parut  ;  le  proprié- 
taire ,  voulant  y  donner  cours  ;, 
réimprima  en  1590,  le  fromifpice, 
fous  le  nom  de  Valgrifius  de  Venife  j 
£(  la  plus  grande  partie  de  Téditioa 
fe  débita  fous  ce  mafque.  . 

VAN-AELST,  Voy,  AfiLST. 
'    VANBROUCK  .   Vi^ye^  Wan- 

RROUCH. 

VAN-BUYS,  (  N...  >  peintre 
HoUaodois  du  xvli®  ûecle,  a 
travaillé  dans  la  manière  de  Miéris. 
&  de  Gérard  D<m»  Sa  compofition 
'e£b  des  plus  fpiritueUes  &  des  plus 
gracteufes.  li  rendoit  les  étoiïes 
avec  une  vérité  frappante..  Son  deilin 
eil  pur,  fa  touche  unie  fans  êtto 
froide.  Ses  Tableaux  ne  ibm  guère 
connus  qu'en  Hollande. 

VAN-CEULEN,  (Ludolphe  ) 
mathématicien  Flamand  »  au  com- 
mencement du  xvii^  ilecle  ,  tra- 
vailla, beaucoup  pour  déterminer 

S  iij 


>7»        VAN 

k  rapport  du  cercle  à  la  d^cÔA^ 
£jreace.  Il  exprima  ce  rapport  en 
36  chiffres:  de  forte  que  rerreur 
qu'il  y  a  emre  le  vjrai  rapport  du 
cercle  &  celui  q:i*il  trouve,  cft 
moindre  qu'une  fra£^ioa  ,  dont 
l'unité  feroit  le  numérateur  ,  & 
le  dénominateur  un  nombre  de  56 
chiffres.  Ce  travail  eft  fans  doute 
«tonnant  ^  car  il  fiallot  qu'il  fit  des 
extrafiions ,  jufqu'à  ce  qu'il  trouvât 
dans  la  circonférence  du  cercle  ,  le 
nombre  de  cliiffres  rapporté.  AulB^ 
pour  en  conferver  la  mémoire  à  la 
poilérités  dtpour  immortalifer  cet 
homme  laborieux ,  on  a  fait  gQiver 
ces  chiffres  fur  fa  tombe  ^  qu'on 
voit  à  Leyde  dans  TEglife  de  Saint- 
Pierre.  On  a  de  lui  :  I.  fundanunta 
Geomctrta  ,  traduits  du  hollandois 
en  latin  par  SncUua ,  &  imprimée 
in -4*^  en  1615.  U.  De  Circulai  & 
a4/ertptts  ,1619,  in-4**. 

VAN-DALE ,  (Antoine)  né  le 

5  Novembre  16 jS  ,  fit  paroitre 
dans  fa  jeuneiTe  une  paffion  extrême 
pour  les  langues  *,  mais  fes  paréos 
lui  firent  laiHer  cette  étude  pot^"  le 
commerce.  11  quitta  cette  profeffion 
à  l'âge  de  30  ans,  &  prit  des  de- 
grés en  médecine.  Il  pratiqua  cette 
fc^ence  avec  fuccès,  &  fe  fit  une 
véputacion  dans  l'Europe  par  fa 
profonde  érudition*  Il  mourut  à 
iiarlem,  médecin  de  THôpital  de 
cette  ville ,  le  18  Novembre  170S- 
On  a  de  lui  :  I.  De  favantes  Dlffer' 
tadùns  fur  Us  Orsclts  éts  Païens^  IV 
y  fouticnt  que  c^  n*étoit  que  des 
trotnperies  des  prêtres.  La  meilleure 
édition  de  ces  DiiTertatiôns^ft  celle 
d'Amilerdam^  en  1700  ,  in- 4**.  Fort" 
tutelle  en  a  donné  un  Abrégé  en 
françois  dans  fon  Traité  des  Oracles, 
U  a  eu  foin  d'y  mettre  la  méthode , 
la  ,clané  &  les  agrémens  qui  man- 
quent à  Van-DiLU  ,favant  profond , 
critique  habile,  mais  écrivain  lourd 

6  pefanc  en  latin  &  en  françois. 
\  Voy,  I,  Bl-piïDILL.  \  II,  Un  Traite 


^  ^     V  A'  Nr 

dt  Pctipne  &  des  progris  de  f  Idolâtrie'^ 
i6t>6,  in-4°.  III.  Differtailons  fut 
des  ft^tts  importons^  170a  &  174^  » 
in'4*'.  IV.  DlffertAtîo  fuptr  Arijfea 
dé  Lxx  Jnterpruîhus  ,  à  Amfterdam  a 
170  ç  ,  in- 4**.  y  an  -  DaU  étoit  un 
homme  d'un  carawtere  doux  &  d'une 
prohité  exaéle.  Il  eatendoit  plaifan- 
tcrie  fur  fes  Ouvrages  -,  ce  qui  n'eft 
pas  une  petite  qualité  dans  un  érs- 
dit.  Sa  fociété  étoit  agtéable.  il 
fa  voit  beaucoup  d'hifloires  plai- 
fantes  «  qu'il  racontoit  fans  apprêt. 
U  parloit  d'ailleurs  de  tout  avec 
liberté. 

VANDEN-ÇCKOUT,  (Ger- 
brant  )  peintre ,  né  à  Amûetdam, 
en  161 1,  mort  dans  la  même  ville 
en  1674  ,  fut  élevé  de  Rcmbrant  ^ 
dont  il  a  fi  bien  faifî  la  manière ,, 
que  les  curieux  confondent  leurs 
Tableaux.  U  a  peint  avec  fuçcès  le 
Portrait  &  des  morceaux  d'hifloire^ 
Son  pinceau  eil  ferme,  fa  touchcv 
fpirituelle  ,  fon  coloris  Àjaye  &^ 
d'un  grand  effet. 

VANDEN  -  ^OJ^ŒRT  .   Voyt^ 

HONERT. 

/.  VANDEN-VELDE,  (AdricnX 
peintre ,  né  à  Amderdam  en  1639  , 
mort  en  1672 ,  a  excellé  à  peindre- 
des  animaux.  11  réuflilToit  dans  le- 
Payfage  -,  fon  pincea^u  ^  délicat  Se. 
moelleux  ,  fon  coloris  fuavc  &- 
ondueux.  Il  mettoit  tant  de  goût 
&  d'efprit  dans  fes  petites  figures  , 
çue  plufieurs  bons  maîtres  s'adref- 
fôient  à  lui  pour  orner  leuri  Ta» 
bhaux.  Cet  aimable  artîflea  encore 
traité  quelques  fujets  d'biftoire.  Oa' 
a  de  lui  une  vingtMne  éHEfiampts*. 

IL  VANDEN-VELDE ,  (  Ifjïe  > 
peintre  Flamand,  ièdiftingua  dan» 
le  dernier  (iecle  par  fes  BamlUs^ 
peintes  avec  beaucoup  de  feu  8e 
d'intelligence.  Il  vint  a  Harlem  en 
1626,  &  à  Leyde  en  1630.  Jetai 
VAiri>EN- Velue  fon  frère,  s*eft 
auffi  rendu  très-célebrc  dans,  l'art 
de  la  çravutc. 


VAN 

IlL  VANDENtVELDE ,  (  GmU 
laumc  )  furaomxaé  U  Vieux ,  frcrc 
^IfaU^dt  UAtiy  mort  à  Lopdres 
<rn  i6,93,  e^elloU  à  repréfeoterdes 
Vms  éc  4es  Conrhau  dt  mer,  S'étanc 
«roiiv^  dans  une  bataille  faus  Ta- 
/BÎTial  Bstyt«r,  il  ddHiiQÛ  tranquil- 
lement ,  durant  ra£Uon ,  ce  qui  0» 
imflbit  Tous  fcs  yeux. 

JK  VANDEN-V^iLDE,  (Çjuil- 
4aume)  U  Jcvnt^  né  à  AmiWrdain 
en  1663  .mort  à  Londres  en  1707* 
jhou  ^Is  dn  précédent.  Il  aigrit  la 
f>eioture  4e  A>n  per«,  &  le  Ajrpaâà 
j>ar  le  goUt  &  l'art  avec  Içquel  il 
yepréi^toii  des  Marines.  X^or/^J^ 
^  Jacques  //,  rois  d'Angieterri^,  l^i 
accordèrent  de«  peofîons.  Aucun 
jpeintre  n*a  iu  .rendra  avec  plus  ^ 
véritié  que  lui,  la  tranquiUicé,  le 
iranfparent  ^  les  reflets  6c  le  limpide 
é&  Tonde  ,  aiofi  que  ies  ft^-eurs. 
Son  talent  alloit  jurqu'à  Eairefentir 
la  légèreté  de  Tair,  &  les  moindres 
vapeurs.  Il  étoit  auffi  très  -  exa^ 
dans  les  fojrmes  &  dans  les  agrès 
convenables,  à  cbaque  efpeçe  de 
l?âiûnenc 

VANPÇN  ,  ZYPE  ,  Voyei  ^t- 
«•CVS. 

VANDEE-AA,  Foy*x  Aa. 

VANOJÊR-BEJiEN ,  F^y.  To*- 

I.  VANDER.DOÈS,  poil» , 
^oyfiî  Pou  SA- 

IL  VANDER-DOÈS,  (lacob) 
peintre ,  né  à  Amfterdam  en  161^ , 
raortà  la  Haye  en  1675  ,  excdloàt 
dans  le  Payiàgfl  &  à  repréfènter 
des  anioata.  Ses  (Jeifins  font  d'un 
«iîet  très-piquant  ^  &  fo«  recher-- 
.<hés, 

.  VANDER  HELST,  (Banthélcnii) 
peintre,  né  à  Hadem  en  1631  ,  a 
peiott ,  avec  un  égal  Aiccës ,  le  Por- 
trait ,  de  petits  Suiecs  d'biôoire  , 
des  Paysages.  Son  coloris  eft  fé- 
diûfant ,  ion  deflln  e&çorgcGt^  foa 
pinceau  moelleux. 
'    VAMDCfll^HEyDJEN,  (Jean) 


VAN  X79 

p^mre^  né  à  Copcum  en  1637, 
mourut  à  Amftcrdam  en  ijii.So^ 
talent  étoiv  de  peindre  des  Ruinu  , 
des  Vues  ,  des  Mai/çns  de  plaffance  ^ 
des  Templ&s ,  des  P^yfages ,  des  vtom- 
idtn* ,  ic.  On  ne  peut  irop  admirer 
l'entente  &  l'harmoxûe  de  fon  co* 
ioris,  fon  intelirgence  pour  laperjC- 
peûive  ,  &  le  précieux  fini  de  £bb 
Ouvrages. 

VANDER  -  HULST  ,  (  Pierre  i 
peintre ,  né  à  ^Dort  en  Hollande 
l'an  i6;2,  apeint  avec  beaucoufi 
d'art  &  de  goût ,  des  Fieurs  8c  dea 
P*^/fgcs.  Sa  loushe  eil  d'une  vérité 
/éduifante  *,  il  avoit  couuune  d'ea<- 
richir  fesTableaux  de  plantes  rares^ 
&  de  reptiles  ^ui  femblent^  être 
apimés. 

VAND^R-KAB^Î-,  (  Adrien) 
peintre  &  graveur ,  né  au  château, 
de  Ryfwick ,  proche  la  Haye,  en. 
16^1 ,  mort  à  Lyon  en  1695 ,  a  eu 
beaucoup  de  talent  pour  peindre 
ées  Marines  &  des  rayfages  qu'il 
ornoit  de  figures  &  d'animaux  def* 
fines  d'un  bon  goût.  On  remarque- 
plufieurs  manières  dans  fes  Ouvra? 
g  es.  Le  Btnedute  ,  Salvator  Rofa  ,^ 
MqU  h  Us  Cantifihe^  font  les  peiu-^ 
très  qu'il  a  le  plus  cherché  à  imiter* 
Sa  manière  vague  ék  oppofée  À 
<elle  des  peintres  Flamands  ,  qui. 
eA  finie  &  recherchée.  \\  Ce  Tervoit: 
de  mauvaises  couleurs,  que  le  tejnps.  , 
9  entièrement  noircies.  Adri^  k 
aufii  gravé  plufieurs  Efiampes ,  fur- 
tout  des  Payfagçs  eftiniés.  Sa  con- 
ver&tion  étoit  gaie  &  amarante  » 
fon  çaraftere  frjuic  &  généreux  ; 
mais  fon  goût  pour  la  débauche 
l'égaroit  fouyent.  On  le  trou  voit 
toujours  parmi  des  ivrognes  *,  Çc 
l'amateur  qui  vouloit  s»roir  de  £çs 
Tableaux ,  étok  obligéde  le  fuivt e 
dans  fes  parties  de  plaifir. 

VANDER-LINDEN ,  (  Jean- An- 
tonides)né  en  1609  à  Enckuife\ 
dans  le  Nort  -  Hollande ,  proteflia. 
avec  fuccàs  la  médecine  à  FraQf^- 


1 


a8o        VAN 

fcer  &  à  Leyde.  Il  mourut  dans 
cette  dernière  ville  le  5  Mars  1664 , 
après  avoir  formé  4cf«iTans  élevés. 
6cs  Ouvrages  font  :  I.  Une  Êih/io' 
theqm  des  LLi^rts  de  Médecine ,  Nurem- 
berg, 1686  ,  in-4*'.  [f^oy,  Mer- 
KLIN.  ]  II.  t/nlver/k  McdicUue  Corn» 
pendlum  ,  Franeker  ,  1630  ,  in-4°. 
lll.  "Des. Editions  exaâes  d'anciens 
médecins , entre  autres  d'HipjJocrate , 
Leyde,  x66y,  1  vol.  in-8**.  "Vander" 
"  Linden  (  dit  le  fatirique  GuirPatîn  ) 
*'  étoit  un  bon  homme  &  riche , 
>'  mais  <}ui  étoit  féru  de  la  chimie 
n  êc  de  la  pierre  -  philotophale .; 
M  n'eft-ce  pas  là  pour  faire  un  bon 
M  médecin  ?  AuiH  hdïfîbit-il  notrjc 
»»  bon  Galien,  Il  louoit  Hîppocrau  , 
»  Paracel/e  &  Van  *  liebnont  ;  >en 
»'  quoi  il  imitoit  cet  empereur  qui 
»*  avoit  dans  Ton  cabinet  les  porr 
♦'  traits  de  Je/tu-ChriJi ,  de  Vénits, 
»  de  Priapc  &  de  Flora.  11  voyoit 
'*  peu  dé  malades  ,   &  ne  faifoit 

V  jamais  faigner.  Il  faifoit  profcf- 
»»  ilon  d*un  métier  qu'il  n'entendoit 
'*  guère...  Sans  l'antimcine,  Ton 
*«  Hlppocrate  eût  été  encore  meilleur. 
»*  J'en  fuis  pourtant  fôché ,  le  con- 

V  noiflant  plus  honnête  homme 
»'  qu'il  n'a  été  éclairé  ».  On  voit 
4ans  ces  paroles ,  plutôt  la  pré- 
vention d<e  Patin  contre  ceux  qui 
n'étoient  point  de  fon  fentiment  en 
médecine ,  que  le  véritable  jug^ 
ment  qu'on  doit  porter  fur  Vandef- 
Linden^  qui  étoit»  à  plufieurs  égards, 
un  homme  eftimable. 

I.  VANDER  -  MEER,  (  Jean  ) 
peintre ,  né  à  Harlem  en  1618  , 
périt  dans  un  petit  voyage  de  mer 
en  1690.  Il  excella  à  peindre  des 
Payfages  &  des  Vues  de  Mer ,  qu'il 
fDrnoit  de  figures  &  d'animaux 
(deffinés  avec  beaucoup  de  goût.  Sa 
couche  efi  admirable ,  fes  compofî- 
pons  pleines  d'efprit ,  &  pour  l'or* 
binaire  fort  gaies.  On  lui  reproche^ 
fi-'avoir  mis  trop  de  bleu  dans  les' 
fofïds  dç  fçs  Taj^leayXf 


V  À  N  • 
II.  VANDER-MEER  d^ 
loNGHE ,  frtee  du  précédent ,  né 
à  Harlem  en  1650  y  avoit  un  talem 
fupérieur  pçur  peindre  le  Payfage 
&  des  animaux ,  fur-tout  des  mon- 
tons ,  dont  il  a  repréfemé  la  laîne 
avec  un  art  féduifant-,  fes  Figures  « 
fes  Ciels  ,  fes  Arbres  font  peints 
d'une  excellente  manière.  On  ne 
diftingue  point  fes  touches  *,  tout 
eft  fondu  &  dun  accord  parfait 
dans  fes  Tableaux. 

VANDERMEULEN,  (Amoiner 
François)  peintre,  né  en  1634  i 
Bruxelles ,  mort  à  Paris  en  1690  , 
avoit  un  talent  particulier  pour 
peindre  les  chevaux;  fon  Payfage 
eft  d'une  fraîcheur,  &  fon  feuilier 
d'une  légèreté  admirables  ;  fon 
coloris  j?ft  fuave  &  des  plus  gra- 
cieux-, fa  touche  eft  pleine  d'efprit  « 
&  approche  beaucoup  de  celle  de 
TénîtTs.  Les  fujets  ordinaires  de  fes 
Tableaux,fontdes  Çhajfes^dçs  Sièges^ 
dts  Combats  ,  des  Marches  ou  des 
Cumpemtns  d'armées.  Le  Mécène  de 
la  France,  Co/ben^  le  Axa  près  de  lui 
par  les  occupations  qu'il  lui  donna* 
Ce  peintre  îuivoit  Louis  XlVdans 
fes  rapides  conquêtes ,  &  deâinoit 
fur  les  lieux  les  vill^  affiégées  Se 
leurs  environs.  Le  célèbre  le  Bnm 
eftimoit  beaucoup  cet  excellent 
artifte  ;  il  chercha  toujours  les  oc-* 
caiîons  de  l'obliger ,  &  lui  donna 
fa  nièce  en  mapage.  On  a  beau- 
coup gravé  d'après  ce  maître.  Son 
frère  ,  Pierre  Vander-Meulen  , 
s'eft  difiingué  dans  la  fculpture.  Il 
paiTa  en  1670 ,  avec  fa  femme ,  eii 
Angleterre. 

VANDER-MONDE,  (Charles^ 
Auguftin  )  né  à  Macao  dans  l^ 
Chine  ,  mort  à  Paris  en  1762  , 
d'une  fuperpurgation  ,  fe  fit  uner 
réputation  par  fon  habileté  &  par 
fes  Ouvrages.  11  {ut  cenfeur  royal 
&  membre  de  l'Inftitut  de  Bologne* 
Nous  avons  de  lui  :  I.  Un  Recueil 
fOb/i^rvaûpns  de  Médeçme  &  de  Çhiz 


r 


VAN 

fm^'.  ouvrage  périodique,  în-ll  ; 
f755.  Ce  fut  le  commencanent  du 
.  humai  de  Médecine.  II.  Effaî/ur  U 
wutnîert  de  pcrfèHlohner  CEfpece  hu» 
maint ,  1756  ,  1  vol.  in- 11.  lit. 
DiSannain  portatif  de  Santé  ^  I761  f 
2  vol.  ki-ii  :  ouvrage  qui  eft  un 
Cours  complet  de  Médecine- Pra- 
tique en  abrégé.  11  y  en  a  eu  plu^ 
fieurs  éditions,  &  ce  livre  mérkoit 
le  fuccès  qu'il  a  eu. 

VANDER.NEER  ,  (  Egîon  ) 
peintre ,  né  à  Amfterdam  en  1643 , 
fliort  à  DuiTeidorp  en  1697.  Son 
pcre  ,  Amovld  Vander  -  Neer ,  eft 
célèbre  parmi  les  payfagiftes ,  fur- 
tout  par  fes  Tableaux  ,  où  il  a 
repréfenté  un  clair  de  lune.  Son 
lils  hérita  de  Tes  talens.  Il  rendoit 
la  nature  avec  une  prédfion  éton- 
nante. Son  pinceau  eft  moelleux, 
Ton  coloris  piquant ,  Ta  touche  lé- 
gère &  rptrituelle. 

VANDER-PIET,  Foy.PiET. 

VANDER  -  ULFT,  (  Jacques  ) 
peintre  HoUandois ,  né  i  Gorcum 
en  1627 ,  s'adonna  à  la  peinture 
par  amulement ,  &  ne  la  fit  jamais 
îervir  à  fa  formne ,  qui  étoit  d'ail- 
leurs coniîdérable.  Ses  Tableaux  & 
fes  Deflîns  (ont  fort  rares.  On  re- 
marque beaucoup  de  génie  &  de 
laâlité  dans  fes  comportions.  Son 
coloris  eft  fua've  &  d'un  effet  ie- 
duifant  :  (on  deftîn  forme  celui  des 
peintres  Italiens. 

VAND-WERFF,  Foy.  Werff. 
.  VANDRILLE ,  (  S.  )  Vandreg^ 
fiiux^  naquit  à  Verdun,  du  duc  de 
Falchifc  &  de  la  princefte  Dodc  « 
lœur  A'Anchife  ,  aïeul  de  Charles 
Martel»  11  parut  d'abord  fur  le  théâ- 
tre du  monde,,  &  fe  maria  ;  mais 
fa  femme  s'étant  retirée  dans  un 
Monaftere,  il  l'imita,  ^  choifttpour 
fa  retraite  le  défert  de  ^ontenelU , 
à  ôx  lieues  de  Rouen.  11  y  bâtit  un 
Monaftere ,  &  y  mourut  le  22 
Juillet  avant  Tan  689 ,  à  96  ans. 
if  Mçiiaftere  4c  Fonteoj^llç  porte 


VAN         î8r 

aujourd'hui  le  nom  dé  fon  fonda- 
teur. I 

VAN-DYCK,  (  Antoine  ) 
peintre  ,  naquit  è  Anvers  en  1599» 
Sa  mère  qui  peignoit  le  Payfage  , 
s'amul'oit  à  le  faire  deftiner  dès 
fon  enfîince.  H  prit  du  goût  pour 
cet  an ,  &  il  entra  dans  i'tcole  du 
célèbre  Rvbens ,  qui  l'employoit  k 
travailler  â  fes  Tableaux.  On  a  dit 
même  qu'il  faifoit  la  phis  grande 
partie  de  fes  Ouvrages.  Ua  foir  que 
ce  maître  étoit  forti  poiu:  aller 
prendre  l'air ,  Van-Dyck  &  fes  cà^ 
marades  entrèrent  fecrétement  daâs 
le  cabinet  de  Ruhens  ,  pour  y  ob- 
ïerver  fa  manière  d'ébaucher  &  de 
finir.  Comme  ils  s'approchoientde 
plus  près  pour  mieux  examiner  , 
un  d'entre  eux ,  poufie  par  un  autre  , 
toqiba  fur  ce  Table«i.  Il  effaça  les 
bras  de  la  Magdeldne ,  la  joue  & 
le  menton  de  la  Ste.  Vierge,  que 
Rubens  vesoit  de  finir.  On  craignit 
les  fuites  de  cette  imprudence ,  & 
tous  les  élevés  jetèrent  les  yeujc 
fur  Van-Dyçk  pour  réparer  ce  qui 
étoit  eftacé.  Van  -  Dyck  cçdaiit  k 
leurs  prières ,  &  craignant  lui-même 
la  colère  de  Rvbens ,  fe  mit  à  l'ou- 
vrage.  Il  réuf^t  ft  biep ,  que  le  len- 
demain, Rtéens^  en  examinant  fon 
travail  de  la  veille  ,  dit  en  pré<-  • 
fence  de  fes  élevés  qui  trembioient 
d^  peur:  Voilà  'un  bras  &  me  tête  qui 
ne  font  pas  ce  que  fal  fait  hier  de. 
moins  bûn.  Ce  Tableau  ,  qui  eft  un 
des  pluf  beaux  de  ce  maître ,  eft 
une  de&ente  de  Croix  qui  fe  voit 
encore  aujourd'hui  dansTEglifede 
Notre  -  Dtoie  d'Anvers.  Quelques 
années  après  que  Fan  -  Vyck  fut 
forti  de  l^cole  de  Rubens ,  le  cha- 
pitre de  Courtrai  le  chargea  de 
peindre  le  Tableau  du  grand- autel. 
Il  l'exécftta  à  Anvers ,  &  partit  lui- 
m^me  pour  le  placer.  A  fon  arrivée, 
les  chanoines  accoururent  pour 
voir  le  Tableau  *,  le  peintre  les  pria 
d'attendre  qu'il  fût  en  pl^ce;  parce 


%t%        VAN 

«pi'il  o'étoît  pas  poffible  d'ea  Juger» 
<iue  lorfqu'iî  feroit  mis  dans  ToQ 
^rai  point  de  vue.  On  ne  (f  rendit 
point  à  toutes  ces  rairoas.  Le  Td- 
Meau  fiit  déroulé,  &  Van^pytk 
ne  fut  pas  peu  furpris  de  tost  le 
chapitre  entier  le  regarder ,  lui  & 
fon  ouvrage ,  avec  nocpris.  K«i* 
J^yck ,  malgré  ce  dédain,  plaça  ton 
Tableau ,  &  le  lendemain  il  alla  de 
pone  en  porte  prier  ces  meiZiettr^ 
de  revenir.  On  ne  daigna  pas 
feulement  Técouner.  Cependant 
quelques  connoi£eurs  virent  Cos 
4>uvrage  &  en  parlèrent,  avec  ad- 
«niration.  Bientôt  on  tint  en  foule 
pour  le  confidcrer;  les  chanoines 
ne  pouvant  réfuter  une  c^ce  de 
réparation ,  convoquèrent  un  cha- 
pitre extraordinaire  ,  dans  lequel 
îi  fut  arrêté  (0e,  fon  premier  Ta.^ 
i)Ieau  étant  fort  beau ,  on  le  prieroit 
d'en  peindre  deux  autres  pour  di£- 
férens  autels.  Mais  VéoL-Dy^  leur 
répondit  ,  quV/  avoit  rtfalu  de  ne 
feindre  défort/ude  que  pour  des  Hommes^ 
&non  psipour  des  4nu„.  Van-Dydk 

5  étant  fait  une  grande  réputation  , 
fe  mit  à  voyager.  Il  vint  en  France, 
«&  n'y  fiéiouma  pas  long-temps.  Il 
pafia  en  Angleterre  ,  où  Charles  I 
le  retint  par  {es  bienùits.  Ce  prince 
le  fit  chevalier  du  bain  ,  lui  donna 
fon  portrait  enrichi  de  dtamans 
avec  une  chaîne  4'or,  unepcnâon  , 
un  logement,  6r  une  femme  fixe  & 
confideriibie  pour  cMcun  de  fes 
Ouvrages.  Un  ;our  qu'il  faifoit  le 
Portrait  de  Charles ,  te  prince  s'en- 
tretenait avec  le  duc  de  tiorfjUk  , 

6  fe  plaignoit  ai!êz  bas  4de  Tétat 
<le  fies  finances.  Van-Dyik  paroi£- 
foit  attentif  à  cet  entretien.  Le  roi 
l'ayam  remarqué,  lui  dit  en  rianr: 
M  Et  vous ,  dievalier ,  âirez-vous 
•*  ce  que  c'eft  que  d'avoir  befoio 
**  «de  dnq  ou  ûx.  «vile  guuiées? «c 
•— Oxû ,  SiRM, ,  répondit  le  peintre  : 
m  Artifie  qui  tient  iâkie  à  /es  amis , 
*^U9ebotafepii»trteàfupiaUr^^nc 


VAN 

/dit  ^  tf^p  fyuvau  U  p'M  di  fim 
coffre- fort.  On  rapporte  de  lui  une 
autre  réponfe  iîngnlierc.  La  reine  « 
époufe  de  ce  monarque,  fe  bâùM 
peindre  \  elle  avoit  des  mains  ad* 
lairables.  Comme  Véi/^^  Dyek  s'y 
arrêtoit  long^temps ,  la  reine  qut 
s'en  appetçvt ,  lui  demanda  pour» 
quoi  U  s'aitachost  plus  à  rendre  f#s 
«uins,  que  fa  tère^  Ctft^  dit-il» 
Madame,  quepc/peri  de  ces  belles  maîtf 
M4  rUtm^tnfç  diffie  de  ceiU  qui  ietporu^ 
Un  travail  trop  a^  &  trop  co»- 
tiiutel  lui  caufa  des  mcommpditéS4 
qui  l'enlevèrent  aux  beaux  arts^ 
1641.  Vat^^Vyck  a  ùk  plMÂenis 
Tableaux  dans  le  genre  hiftoriqueà 
qui  font  £Drt  efiûaé^,  ^  il  a  mérité 
d  être  nommé  le  JU)'  du  Portrait^ 
Ce  peintre  fe  fit  p^r  ion  »rt  utic^ 
fortune  brillante.  U  épouik  la  âU» 
d'un  jnilord  \  il  avoit  des  équi*- 
pages  magnifiques  i  fa  tabl«  étoit 
fervie  fomptncufement;  il  avoit  à 
fes  gages  à^  muficiens  U  des  aU 
4iimiâes.  Pour  fubvenir  à  «es 
dépendes ,  il  lui  fallut  augmenter  ûm 
gain  par  fon  travail  ;  la  précîpitar 
don  avec  laquelle  il  peignoir  alori, 
€t  bk  appercevoir  dans  fes  deniiees 
Tableaux» qui  ne  font  pas^  à  beaa< 
coup  près,  aufll  cftimés  que  fespr^ 
miers  ,  auxquels  il  donnoit  plus  de 
tem(>s  &  de  foin.  On  reconaok 
dans  lesConpoMons  de  Vaa-Dyei^ 
les  principes  par  lesquels  Rubent  jie 
«oiûiuifoit',  cependant  il  n'otoit  ni 
auifi  univerrel ,  px  au0î  favaat  que 
ce  grand  homme.  Ce  peimre'  a 
x[uelquefois  péché  contre  la  cor- 
retHon  du  deâia  ;  mais  les  Tèms  fc 
fes  Mains  font,  pour  l'ordinaire, 
parfaites.  Aucun  peintre  n'a  eu 
mieux  faiûr  le  moment  où  le  carû- 
tere  d'une  pcrfbime  fe  dévdoppe 
d'une  manière  plus  avantageufie^il 
choififlbit  des  attitudes  convena- 
bles. On  ne  peut  rendre  la  i 


avec  plus  de  grâce,  d'efprk,  ée 
«obl^t  ^  ^  m&merten^  aveQ 


F 


VAN 

jftlaa  de  véritc.  Son  pînccflU  eft 
plus  coulam  de  plus  pur  ()ue  celui 
de  fon  maître,  Û  a  donné  plus  de' 
Catcheur  à  fes  carnations ,  &  plus 
d'élégance  à  fon  deiHn.  Van-Dyck 
habilloit  fes  Portrait^,  à  la  mode  du 
lemps,  &  il  entendoic  uès  -  bien 
ra)tift>!mem. 

VAN.EFFEN,(  Jvifte)néà 
Vtrecht  y  d'un  capitaine  réformé 
d'in£amerie ,  mourut  le  iS  Septeni* 
bre  1735  ,  infpedieur  des  magaûns 
de  Bois-ie-Duc,  dans  un  âge  peu 
aTaocé^  On  lui  avoit  confié  l'édu- 
cation de  quelques  jeunes  feigneurs  \ 
èc  il  s'en  étoit  accquitté  avec  fuccès. 
Cet  auteur  avoit  de  la  facilité ,  afîez 
d'iinaginafion  ;  mais  il  éçrivott  trop 
▼îte,  &  employoit  quelquefois  des 
termes  recherchés  2c  bas.  On  a  de 
kû  :  I.  La  Jraducll<^  des  Voyages 
de  Robînfon  Cru/oé,  i&meux  Roman 
aogtois^en  2  vol,  tn-12.  IL  Celle 
du  Mentor  modtnu ,  en  3  vol.  in- 12. 

III.  Celle  du  conte  du  Tonneau  ^  du 
doéleyir  SMififi ,  en  2  vol.  in  -  12. 

IV.  Celle  des  Ptnféts  Lihns  éeMart- 
4tvUU,  à  la  Haye,  1723,  in-12. 

V.  Le  Mlfanthmpe  ,  1726 ,  2  vol. 
in- 8^  :  ouvrage  fait  fur  le  modèle 
dn  SpeSatewr  Jng/ois  ;  mais  écrit 
avec  moins  de  profondeur  &  de 
)ufieâe.  L'auteur  afFeâc  de  fe  fetvir 
de  termes  recherchés ,  qui  donnent 
quelquefois  du  nerf.  VI.  La  Baga^ 
uUe  ou  Dîf cours  Ironique^  3  vol. 
in-S**.  L'ironie  n'y'çft  pas  toujours 
foucenue  avec  affez  de  fineiTe;  ell^ 
eô  d'ailleurs  monotone.  VIL  Pa- 
Tollele  à* Homère  &  de  Chapelain  i 
morceau  ingénieux  qu'on  attribue  à 
Fonundie  ;  on  le  trouve  à  la  An  du 
Chefd^^vre  £m  Inconnu,  Vlil.  U 
aVoit  beaucoup  travaillé  au  Journal 
Zîttératre, 

VANEL ,  (  N.  )  confeiiler  du  roi 
4leFra(Keen  ùl  chambre  des  com- 
ptes de  Montpellier  ,  eft  conmi  : 
I.  Par  un  Ah/gé  nouveau  de  l*HtJioire 
^  Tmccs  y  Paris ,  1 697, 4  vol.  in- 13  ; 


VAN        »Sî 

ouvrage  fort  défeûueux ,  où  il  y  a 
cependant  des  morceaux  fidelles  6c 
ezaôs ,  fuivant  les  fources  qu'il  a 
confultées ,  ou  qu'avoient  confulté 
les  auteurs  qu'il  a  compilés.lL^^r^e' 
nouvel  defUtJijire  générale  d^Efpaçie^ 
depuU  fon  origine  [u/qn^à  fréfent  ^ 
Paris ,  1689 ,  3  vol.  in  -  1%,  UI« 
Abrégé  nouveau  de  l'H'fftokt  générale 
d:  Angleterre  ,  d'Ecoffe  &  S  Irlande^ 
Paris ,  1689 ,  4  vol.  in  - 1*  :  Ou- 
vrages fuperficiels ,  qui  ne  font 
S  oint  eftimés ,  &  ne  méritent  point 
e  l'être. 

VAN  EICK,  yoyt{  EiCK. 

VAN-ESPEN,  Fo^^EsJEN. 

VANEVERDiNGEN.  (Albert) 
peintre  &  graveur  Hollaodois ,  né 
à  Aicmaër  en  1 62 1  >  mort  en  167  y  » 
eft  un  des  meilleurs  pay  fagiftes  de  ce 
pays.  Ses  Tableaux  ont ,  la  plupart  » 
un  effet  tràs-piquant.  L'art ,  le  goût  » 
&  une  touche  libre  &  ailée  les  ren- 
dent précieux.  Us  ne  font  guère 
connus  qu'en  Hollande.  Ses  frères , 
ÇifarhiieJM  VAN-Efr£RDlSGZH  yifX^ 
Arent  auiS  connoitre  avantageufe- 
ment  dans  la  peinture. 

VAN-GALEN ,  Voy,  GAlen. 

VAN  •  HELMONT ,  —  Hel- 

MONT. 

VAN-HEURN ,  VANHOOSTi» 
Voy^  HOOST  &  Heurnivs. 

VAN-HUYSUM,  (  Jean  >peitttre. 
né  à  Amfterdam  en  1682  ,  more 
dans  la  môme  ville  en  1749*  ^ 
goût  le  plus  délicat,  le  coloris  1» 
plus  brillant,  le  pinceau  le  plus 
moelleux,  joints  à  une  imitation 
par£iite  de  la  namre,  ont  rendu 
les  Ouvrages  de  cet  ingénieux  ar* 
ttâe,  d'un  prix  in^ni..!!  s'étoif 
d^abord  adonne  au  Payfage  avec 
beaucoup  de  fuccès  »  &  dans  c» 
genre ,  on  peut  régaler  aux  grands 
maîtres  qui  s*y  (ont  difiingués  ;  mai& 
il  n'a  point  eu  de  rival  dans  l'art 
de  repréfemer  des  fleurs  &  de& 
fruits.  Le  velouté  des  fruits ,  l'édat 
des  lleurs ,  le  tranfpareot  de  1^  rofée». 


1 


i84        V  A  N    ^ 

le  mouvement  qu'il  (avoît  donner 
aux  infeûes ,  tout  enchante  dans  les' 
Tableaux  de  ce  peintre  admirable. 
Van-Huyfum  n'ignoroit  point  la  fu- 
périorité  de  fes  talens.  Il  ufoit  , 
plus  que  tout  autre»  du  privilège  que 
les  perfonnes  d'un  mérite  diftingué 
lemblént  s'arroger  trop  communé- 
ment ,  d'être  fantafques  &  d'une 
kumeur  difficile.  Ses  Deflins  font 
recherchés  ;  pour  Tes  Tableaux ,  il 
%*y  a  que  les  princes  ou  des  parti- 
culiers très-opulens  »  qui  puiâient 
les  acquérir. 

VANIERE ,  (  Jacques  )  Jéfuite , 
naquit  à  Cauâês,  bourg  du  diocefe 
de  Beziers,  le  9  Mars  £664,  de 
parens  qui  fatfoient  leurs  délices 
des  occupations  de  ïa  campagne: 
H  hérica  de  leur  goût.  Cet  homme 
«élebre  étudia  Tous  le  VereJouberty 
qui  ne  lui  trouva  d'abord  aucun 
goût  pour  les  vers  ;  &  l'élevé  lui- 
même  prioit  fon  régent  de  l'exem- 
pter d'un  travail  qui  le  rebutoit. 
£(iiif» ,  Ton  génie  fe  développa  »  & 
ii  approfondit  en  peu  de  temps  l'art 
^es  Mufes.  Les  Jéfuites  le  reçurent 
dans  leur  Congrégation  ,  &  le  deT- 
tinerent  à  prorelTer  les  humanités. 
Son  talent  s'annonça  à  la  France  par 
deuK  Poèmes ,  l'un  intitulé  Stagna  , 
&  l'autre ,  Columha  ,  qu'il  incruil^ 
dans^  la  fuite  en  fon  grand  Poëme. 
Santeuil^  ayant  eu  occafion  de  les 
voir ,  dit  que  »  ce  nouveau  venu 

*  les  avoit  tous  dérangés  fur  le 

•  Parnaffe  «.  Mais  ce  qui  mit  le 
comble  à  la  gloire  du  Père  Van'un , 
ce  fur  Ton  Pntdîum  Ruftlaan ,  Poëme 
en  XVI  chants ,  dans  le  goût  des 
GéorgiquQs  de  VtrgiU^Kien  n'eftplus 
agréable  que  la  peinture  naïve  que 
le  Père  Vanîen  fait  des  amufemetis 
champêtres.  On  eft  '^également  en- 
chanté de  la  richefTe  &  de  la  vi- 
vacité de  fon.  imagination  ,  de 
réclat  &  de  l'harmonie  de  (à  poé- 
£e>  du  choix  &  de  la  pureté  de 
ie&  .expreifioms*    On  lui  reprocha 


VAN 

cependant  des  détails  petits  &  f  ntv^ 
tiles  ,  des  récits  hors  d'œuvre , 
des  digreflîons  peu  intérefTantes , 
des  images  mal  choifies  y  &c.  Le 
Père  VanUre  a  trop  ouMié  que , 
dans  nos  Poèmes  didaâiques  les 
plus  courts ,  on  trouve  un  long 
ennui ,  fuivant  Texpreffion  de  /* 
Fontaine,  Il  auroit  d ,  comme  K/r- 
^le  &  le  P.  Rapitiy  ne  choiGrdan» 
ion  fujet  que  ce  qu'il  ofïroit  de 
gracieux  &  d'intéreiTant.  Peut-on 
efpérer  beaucoup  deleâeurs,  quand 
on  explique  en  xvi  livres  fort  éten- 
dus d'un  Poëme  en  langue  étran- 
gère ,  tout  le  détail  des  occupation» 
de  la  campagne?  On  n'exige  pa$ 
d'nn  poëte  qu'il  mette  en  vers  la 
Mai/on  Rufilqitt;  il  falloit  donc  fe 
borner ,  &  c'eft  ce  que  le  Père  Fa- 
nîen  »  d'ailleurs,  fi  eftimable  ,  n'a 
pas  fu  faire  :  la  préciûon  a  tou- 
jours été  récudl  des  imagination» 
méridionales.  La  meilleure  édition 
du  Pr^tdîunt  Rufiîcum  eft  celle  de 
M.  Btrland  ée  BoriaUt ,  à  Pari%,  en 
I7ç6,in-ii.  Nous  avons  encore 
du  P.  VanUre  un  Recueil  de  Vers 
latins,  in-  Il  :  on  y  trouve  des 
Egiogues ,  des  Epures ,  des  Epigram-^- 
mes ,  des  Hymnts  ,  &c.  Il  a  auffi 
donné  un  DicHonnaire  Poétique^  latin, 
in- 4^  ;  &  il  en  avoit  entrepris  un 
firançois  &  latin,  qui  devoir  avoir- 
6  vol.  in-fol.  Le  Père  FianUrcmovt-' 
rut  à  Touloufe  le  22  Août  1759» 
à  76  ans  ;  &  plufieurs  poètes ;ome- 
rent  de  âeurs  fon  tombeau.  Sonca*' 
raâere  méritoit  leur  éloges  autant 
que  Ces  talens.  M.  Btrland  de  Remus 
a  publié ,  en  17^6  »  une  Traduâion 
du  Pradîum  RÛfiicuaf  ,  en  2  vol. 
in  -  12  ,  Tous  le  titre  A* Economie 
Rurale. 

VANINA  D'ORNANO ,  Foye^ 
Sak-PietHlo. 

VANINI,  (Lucilio)  né  à  Tàt*. 
rozano,  dans  la  terre  d'Otrante» 
en  1 5  B  5  >  s'appliqua  avec  ardeur  à  la 
philofophie»  à  la  mideciae>à  U 


V  A  N         _ 

!  ihéol ogie  &  à  l'aftrologie  judîcîaîré 
dont  il  adopta  les  rêveries.  Après 
qu'il  eut  achevé  fes  études  à  Pa- 
doue,  il  fut  ordonné  prêtre,  &  fe 
mit  à  prêcher.  Mais  il  quitta  bien- 
tôt la  prédication  y  à  4aquelle  il 
I  n'étoit  point  appelé  ,  pour  fe  livrer 
I  de  nouveau  à  Tétude.  Se»  auteurs 
^  £ivoris  étoient  Ariflou  ,  Averrois  , 
I  Curdan  &  Pow^onace».  Il  abufa  des  • 
;  idées  de  ces  philofophes ,  &  après 
avoir  roulé  d'incertitudes  en  incer- 
titudes ,  il  fiuit  par  conclure  qu'il 
n'y  avoir  point  de  Dieu.  De  retour 
à  Naples ,  il  y  forma ,  félon  le  Père 
Mtrftntu  ,  le  bizarre  projet  d'aller 
prêcher  PAthéifme  dans  le  monde* 
avec  douze  compagnons  de  fes  im- 
piétés. Mais  cet  étrange  deffein  pa- 
i  roît  une  chimère»  d'autant  plus  que 
le  préiident  Gramond,  qui  étoit  à 
Touloufe  lorfque  yanini  fut  )ugé, 
ne  dit  point  qu'il  ait  fait  cet  aveu 
à  fes  iuges.  La  manière  dont  Vanini 
fe  conduiiit  dans  fes  premiers  voya- 
ges, s'accorde  bien  peu  avec  l'anec- 
[  dote  racontée  par  Merfenne.  Il  dif- 
puta  prefque  par-tout  en  Catholique 
zélé.  £n  quittant  TAUemagne  ou  il 
étoit  allé  d'abord  p  il  fe  rendit  en 
Bohême,  &  s'y  iignala  contre  les 
Anabaptiûes.  Il  paffa  de  là  en  Hol- 
lande, &  n'y  montra  pas  moins 
d'attachement  à  la  Foi  Catholique. 
Pendant  le  féjour  qu'il  fit  enfuite  à 
Genève  ,  il  y  trouva  un  homme 
qui  foutenoit  que  les  mariages 
qu'on  nomme ince(hieux,n'étoient 
défendus  que  par  les  lois  politiques  i"^ 
il  appuyoit  fon  fentiment  fur 
l'exemple  de  Lotk ,  &  fur  le  peu  de 
icrupule  que  fe  faifoient  les  Païens 
de  contraàer  de  pareilles  uijions. 
Vttnîai  répliqua  que  ^Moyfc  n'avoit 
permis  des  mariages  qui  font  dé- 
fendus aujourd'hui ,  t]u'afin  de  pré- 
venir les  divorces,  â  communs 
cnure  les  Juifs.  Il  prouva  que  \ts 
Païens  avoiem  regardé  l'incefte 
^oisae  UA  très'i^and  crime.  Vaniai 


;      VAS        ±9^ 

aurott  dû  ne  parler  jamais  que  Ûir 
ce  ton  la  -,  mais  livré  à  une  bizar<* 
rerie  d'efprit  inconcevable ,  il  at- 
taqua à  Genève  même  y  où  il  afiec* 
toit  une  fisçon  de  penfer  û  fage« 
les  lois  dviLts  &  eceléfiaftiques^ 
qu'il  i^gaxdoit  comme  les  fruits  de 
l'hypocrifie  &  de  VorgueiL  Se»  diiP- 
cours ,  téméraires  &  infolens  lui 
auroient  mérité  un  châtiment  ezem-' 
plaire ,  s'il  ne  fe  lût  iàuvé  à  Lyon. 
Ce  fut  alors  qu'il  commença  à  tirer 
le  voile  qui  couvroit  fon  caraûerè 
hypocrite..  Il  laiffa  échapper  de» 
propos  impies  ,  qui  excitèrent  ie 
zèle  de  pluûeurs  gens  de  bien.  Crair* 
gnant  d'être  arrêté,  il  paila  à  Lon^ 
dres,  où  il  fe  fît  de  nouveaux  en« 
nemis.  Vanini  fe  montra  en  Angli-< 
terre  ce  qu'il  avoir  paru  en  AUe-< 
magne  &  en  Hollande  :  il  prût 
l'aumônier  de  l'ambaifadeuF  de» 
Venife  pour  fon  confeffeur,  &  ti 
argumenta  û  virement  contre  les 
théologiens  Anglicans  qu'il  fut  mis 
en  prifon  en  1614,  &  traité  avec 
rigueur.  Après  une  détenfion  de 
49  jours,  çn  le  relâcha  comme  un 
cerveau  foible.  11  repafla  la  mer  & 
alla  à  Gênes ,  où  il  fe  montra  en€ir 
tel  qu'il  étoit ,  efprit  égaré  &  coeur 
j;orrompu.  Il  tâcha  d'infeâer  la? 
jeuneiTe  de  fes  déteilables  principes  ^ 
^  cette  nouvelle  imprudente  le  fir 
repayer  à  Lyon  en  161 5  «  Il  y  joua 
le  bon  Catholique ,  &  écrivit  fon 
AmphJthtstrttm  contre  Cardan,  Quel- 
ques erreurs  femées  adroitement 
danscefte  Produâipn,  alloient  exel* 
ter  un  nouvel  orage  contre  lui,lor^ 
qu'il  retourna  en  Italie.  Cet  Athée 
errant  enfuite ,  revint  en  France ,  où 
il  fe  fit  Moine  dans  la  Guienfie^ 
on  ne  fait  en  quel  Ordre.  Le  dérè- 
glement de  fes  moeurs  le  fit  chafier 
de  fon  monaflere,  &  il  fe  fauva  à 
Paris»  Peu  de  temps  après ,  en*i6i6 , 
il  fit  imprimer  dans  cette  ville  fes 
Dialogue^,  De  admîrqndls  Nature 
4rcmU  :  U  les.  dédia  au  maréchal 


i86     ,  VAN 

4e   Bafompurrc  ,  qui   l'at<Ht   jpru 
pour  fon  aumôniet.  La  cenfureque 
la  Sorboone  fit /de  cet  Ouvrage  in» 
imdiigible ,  l'obligea  d'abandonner 
}a  capitale.  Après  avoir  promené 
fon  incoidbocé  flc  fon  impiété  de 
ville  en  ville  ,  il  s'arrêta  à  Tou- 
lottfe,  où  il  prit  des  écoliers  pout 
la  médedae ,  la  philofophie  &  la 
théologie.  Il  fut  même  aâêz  adroit 
pour  s'ÎBcroduire  chez  le  premier 
prcfideot,  qui  le  chargea  de  donner 
quelques  leçons  à  €zs  en&ns.    Va'- 
mmi  profita  de  la  confiance  qu'on 
avoit  ta  lui  pour   répandre  Coa 
Adicïrme.  Sa  fiireur  dognutifpie  lui 
ayant  été  prouvée ,  il  fiit  livré  aux 
flammes  an  mois  de  Février  1619, 
âgé  feulement  de  34  ans  ,  après 
avoir  en  la  langue  coupée:  Lorf- 
qu'on   lui  ordonna  de  demander 
pardon  à  Dieu,  au  Roi  &  à  la  luf- 
tice,  on  prétend   qu'il   répondit: 
QuU  ne  cr^yoh  fùint  de  DlSV  ;  qu'il 
uavoUJMmaJs  offanféURoii  &  qu*U 
éonnoit  U  Justice  au  Diable  ;  mais 
s'il  tint  uii  difcours  fi  infenfé,  il 
écoît  plus  fou  que  méchant  \   & 
dans  ce  cas  il   faUoic  plu:dt  l'en^ 
fermer  que  le  brûler.  On  a  de  Vanùti  : 
I.  Amp/ûtk^trum  éuerna  ProvUcnùàt , 
in-.S®,  i^yon,  161 5.  II.  £^  câmii 
ranMM  Nantrét ,  ngifut  deaqtie  morU" 
Hum,  Areanis,  Paris,  i6f6,in«-8^. 
m.  Un  Traité  J'Afiroaomic ,  crui  n'a 
pas  éoé  imprimé.  Plufieurs  favans 
ont  tiché  de  juôtûer  Vanlni  fur  fon 
Athéiiime.  On  prétend  même  qu'au 
premier  ioterrogacoire  qui  lui  fut 
i^it^  on   hxL  demanda  s'il  croyoit 
l'extAence  d'un  Dieu  ?  &  que  ^'étant 
batiré ,  il  leva  de  terre  nn  brin  de 
paiUe  »  en  dtiànt  :  h  nui  hefoîn  que  de 
cefàu  p^ur  me  fwupcr  feêcifitHce  d'un 
Étte  Crtattur;  &  fit ,  dit  -  on  »  un 
long  «Scouts  fur  la  Providence.  Le 
pnéfident  Cnamoni  ,  qai  parle  de 
ce  difcours ,  dit  <^u'il  le  prononça 
plutôt  par  crainte  qne  par  perfua- 
fion  ;  mais  quand  il  ^e  vit  coodaauiijSY 


VA  W 

il   leva  le    mafipie  ,  &  nouhil 
comme  il  avoit  vécu.  "  Je  le  vis 
*•  dans  le  tombereau ,  (  ajoute  cet 
"  hiflorien  )  lorfqu'on  le  menoii 
»  au  fupplice,  fe  moquant  du  Cor'> 
»  délier   qu'on  jbii  avoit  donné 
»  pour  l'exhorter  à  la  repentance , 
-  &  infiiltant  à  notre  Sauveur  pa^ 
»  ces  paroles  impies  z  II  /va  di 
•  "  crainte  &  dtfoAie/t ,  €t  mùije  meurs 
n  intrépide.  Ce  fcélérat  n'avoit  pas 
**  raifon  de  dire  qu'il  mouroit  fdflti 
n  fiaycur  ;  je  le  vis  fi>rt  abaau ,  & 
»  fiiifant  très-mauvais  ufage  de  la 
n  pfadofopfaie  dont  il  £idfoit  pro- 
w  feffion*'.  Quoi  qu'il  en  foit  de  Tes 
deniiers  fenômens  ,  il  eft  certain 
que  fes  Ouvrages  font  pleins  d'in-* 
amies  &  d'impiétés»  Cependant  d 
qui  furprend  ;  c'efi  que  fon^Amphi^ 
thcntram    menut    Providentia    pai3à 
d'abord  à    la  cenûire ,  &  ne  fut 
fiipprimé  exaâement  qu'après  une 
révifion  plus  ferieufe.  On  fut  plus 
ea  garde  lorfqu'il  donna  Ces  Dia- 
logues, De  admiranéis^  &,c,  in-8^« 
qu'on  ancta  dès  leur  naififance  ;  ce 
qui  a  rendu  ce  dernier  ouvrage  bien 
plus  rare  que  le  premier.  Les  U* 
bertins  Se  les  impies  trouvent  éga-' 
lement  à  fe  fattsfaire  dans  la  lec- 
ture de  ces  Dialognes.  L'Athée  qu'il 
y  fait  parler,  infiike  à  tout  mo- 
ment  nos  myâeres ,  détruit  là  pro* 
videnoet  anéamif  la  fpirituaiité  de 
l'ame.  Toutes  les  objeâions  (bnc 
beaucoup   pUis  fortes  que  les  ré- 
ponfes  -,  &  la  dérifion  fie  mêlant  au 
laiibnncment ,  elles  se  pouvoient 
hôte  que  des  imprefCons  très<fu« 
nefies.  Ces  Dialogees  prouvent  en- 
core ,   contre  Baylt^  que  Vauînl 
étoit  auffi  licencieux  dansCessaosurs 
que  dans  fes  £crits.  Le  39^  «  for  les 
devoirs  du  mariage ,  eft  écrit  av«c 
une  obfcénité  révoltante.  Il  y  « 
certains  morceaux^  que  VAntin  ^xy- 
roit  «craint  .d'avouer.  La  folie  de 
Van'nl  s'y  montre  autant  que  foa 
imjpiétf,  U4lt  qu^ii  fouhastoit  d'Oise 


r 


té  d'un  coniiBcice  illégitime^  pat^é 
^e  1^  bâtards  or.t  plus  d'efprit  de 
de  «oùrage  quti  les  autres.  Il  y  a 
ttfle  foule  d'autres  idées  non  moins 
ittfenfées  »  qui  prouvent  que  s'il 
A'ïvoitpas  périîltaiis  un  bâcher» 
il  feroit  mort  vtaifemblablement 
àix  Petkes-Mdifoi».  Ceux  qui  ont 
comparé  les  Dialogues  de  Fanmi 
aux  Colloques  ^Zmj'mt^  ont  fait  tf  bp 
d'iionneur  au  premier»  &  n'en  ont 
fas  af&z  fait  à  l'autre.  Dnrttnâ  » 
donné  fa  Vîc^  Rotecdam ,  1717  # 
11-11.  Fréétnc  Ar^^îÀt  imprimer 
fon  inutile  Apologie ,  en  latin ,  ibid. , 
I7ÎI,  in-8®.  Voye^  encore  lesJl^e- 
wioires  de  Nîceren  ,  toitie.  16- ^  & 
r  le  DîcHormairt  AnH*  Philo fophîytt  » 
1     lome  2. 

I  VAK-KEULEN ,  (  Jean  )  û^vant 
I  Mollandois  ,  s'eft  fait  connoitre 
I  dans  le  monde  littéraire  «  par  fon 
Edition  du  ftimeux  FUntbtaa  dSe  la 
ifcr,  Amâerdâm,  1687 ,  5  vol.  in- 
folio.  Il  a  donné  depuis  une  ei^ 
pcce  de  Supplément  de  oe  livre 
utile  »  fous  le  titre  dw  Crand  nouvel 
àtUs  et  Is  Mtr ,  ou  le  Monde  Aqua- 
^pte  ^  ï69<r ,  in-fol. ,  lôa  Cartes*. 
Ce  Recireil  eft  recheKké  de  peu 
êommun. 

î.  VANLOO ,  (  Jean-Bafwifte) 
peintre ,  d'une  fkmille  noble  »  ori- 
ginaire de  Nice,  naquk  à  Aix  en 
1684 ,  'et  mourut  dans  la  même 
ville  en  1745 ,  iouiffant  de  la  plus 
fraude  réputation.  Pluikurs  pnnces 
de  l'Europe  fe  le  difpwetent  ;  mais 
Wdnlûo  aima  mieux  fe  fixer  à  Paris  >. 
©ù  le  prince  dt  Càrignan  le  logea 
dans  fon  hôtel.  Le  duc  d'Orlesné  > 
régcnr,  occupa  auflî  fon  pinceau. 
Cet  îllHftre  artifle  réwffiâbk  très- 
Ken  Â  peindre  ITiiftoi^-e  ;  mais 
il  eft  ,  fur*tout,  rccommandable 
par  fes  Portraits.  On  y  reïharque 
*iïe  touche  favante ,  hardie  ,  un 
beau  choix ,  une  composition  d'un 
Ûyle  noble  &  élevé  ,  &  un  coloris 
«flâueux.  Il   a  è«t  l^naeni^  4ç 


V  A  T^      ijy 

pjâtidre  lè  roi  Louh  XV  \  aînfi  qu# 
le  roi  Sianiflas  &  la  reine  foc» 
époufie  t  le  prince  &  la  princefTedls 
Galles  ,«&  lies  princeiTes  fes  fœurs. 
Ce  maître  joignoit  à  l'excellence 
de  fes  talens ,  une  figure  avanta^ 
genfe  ,  &  un  carà^ere  doux  & 
bienfailànt  v  c'étoit  l'obliger  ,  que 
de  lui  procurer  Toccaflon  de  rendre 
fervice.  U  travaillott  avec  une  fa<« 
cilité  &  une  aflîduité  proctigieuies. 
Oir  a  phifieurs  morceaujç  gjravés 
d'après  lui.  Louis^ Michel  ^Charles* 
Amédéit' Philippe  Vahloo  ,  font  fcs^ 
fils  &  fes  élevés  -,  celui-là ,  pre-r 
mier  peintre  du  roi  d'Efpagne ,  & 
eelui^i  du  roi  de  Prufie ,  ont  fait 
revivre  avec  di(Hnâiion  les  talen» 
de  leur  père  &  leur  maître. 

II.  VANLOO  »  (  Chkrles-An- 
dré)^«re  &  élevé  du  précédent , 
naquit  avec  un  talent  fupérieur 
pour  la  peinture.  Après  avoir  fair 
le  voyage  d'Italie ,  où  il  étudia  les  > 
chef-  d'œurres  des  peintres  an- 
ciens &  modernes: ,  il  vint  fe  fixer 
à  Paris.  Ses  talens  y  furent  ac-» 
cueillis  comme  ils  méritoiem.  Il 
devint  peintre  du  roi,  gouverneur 
des  éX^^f^  protégés  par  ce  mo* 
narque,'profefi)eur  de  l'académie 
dePeiatnre ,  Se  chevalier  de  l'Ordre 
de  Saim-Michel.  Ses  Tableaux  font 
recommandahles  par  l'exaâitude  dis 
deifin ,  h  ftiav4té ,  là  fraîcheur  &  le 
brillant  du  coloris.  Quelques  ati^^^ 
tifles  affûtent  que ,  quant  à  cenr 
dernière  partie  ,  fes  peintures  ne 
pourront  fe  foutenir ,  &  qu'on  eir 
voit  qui  déià  ont  perdu  de  leur 
luAre.  Ses  principaux  Ouvrages 
font  :  I.  Un  Boiteux  guéri  par 
5.  pierre,  IL  htLdvemau  des  pieds^ 

III.  Jhifét  Tamqueur  du  Taureau 
de  Marathon ,  pour  les  Gobelins- 

IV.  Les  quatre  Tableaux  de  la  ch?» 
pelle  de  la  Vitrp  ,.  à  Saint-Su)*- 
pice.  V.  Un  Tableau  à  l'Hôtel- 
de- ville.  VI.  La  Vie  de  S,  Augu/Un , 
dans  le  cbceur  des  Fetits.-Perâs.  Le 


lÇ8        VAN 

Tableau  qui  repréfente  la  dîfpute  de 
ce  Saint  Doûeur  contre  les  Do- 
Aatiftes ,  eft  le  plus  remarquable. 

VII.  Deux  Tableaux  à  Saini-Mé- 
éeric ,  l'un repréfeatant  la  Fiérge  & 
ion  Fllt^  Tautre  5,  Charia^Borromée, 

VIII.  Le  Tableau  de  Ste,  ClotUdc  , 
^3SÈs  la  chapelle  du  Grand-Commun 
à  Choify.  IX.  Le  Sacrifice  d'iphî^ 
fénU ,  que  le  roi  de  PruiTe  a  acheté. 
X.  Les  Grâces  >  &  pluûeurs  autres. 
Ce  peintre  étoit  chargé  de  tra- 
vailler aux  nouvelles  peintures  de 
la  coupole  des  Invalides  ,  &  il  ea 
avoit  déjà  £iit  les  efqutffes  i  lorfque 

^  la  mort  l'enleva  ,  en  1765  >  à  61 
ans.  Ce  peintre  étoh  d'une  figure 
intéreiTame,  &  d'une- humeur  en» 
jouée.  Laborieux ,  dur  à  lui-même^ 
il  travaîHoit  toujours  debout  & 
fans  t'eu  ,  même  durant  les  pluk 
grands iroids.  Une  bonté  naturelle, 
tfai  corrigeoit  ordinairement  les 
iâilHes  de  ia  vivacité ,  formoit  le 
caraâfere  de  foii  cœur.  II  étoit 
fincere ,  ingénu ,  liant ,  atiPedueux) 
il  virvoit  avec  fes  élevés  Comme 
avec  Ces  enÊins  ,<  &  avec  ies  eh£ïns 
comme  avec  fes  amis  :  auffi  le 
chériiïbient-ils  tes  uns  &  les  au- 
tres ,  comme  leur  ami  &  leur  pere^ 
L'idée  qu'il  avoit  de  la  perfeâion 
de  Ton  art ,  le  rendoit  exttfêmemem 
difficile  à  Àtisfaire.  Cependant  il 
avoit  une  facilité  extrênfe  ;  bien 
peiiidie  étoit  un  jeu  pour  lu».  Il 
avoit  un  foin  particulier  de  bien 
'arrondir,  de  terminer,  de  rendrie 
tous  le(  détails  dé  Tes  Ouvrages , 
&  d'y  rechercher  tomes  lesfineffes 
Ile  la  namre.  On  l'a  vu  qudque^ 
fois  fe  livrer  à  une  manière  moins 
careffée? ,  Contrefaire'  le  ftyle  libre 
&  heurté  de  Rembrant  i  mais  ,  à 
l'imitation  dé  ce  maître ,  il  ne 
s  abandonnoit  à  rénthoufiafitfe  des 
touches  ,  que.  lorfqùé  le»  defTous 
bien  empâtés  ^toient  peints  à  fond , 
&  ppuvoient  recevoir  dans'  la  cou- 
leur tou^  k  fouguç  du  jM^oe^iu 


VAN       .  . 

Vjye{  fa  Vie  ,  imprimée  à  ftïfe^J      i 
in-8^ ,  peu  de  temps  après  fa  mort.'       ' 
L'auteur .  (  M.  Daaâré  Bardon ,  )  ar-        I 
tifte  lui-même  »  connu  par  divers 
Ecrits  fur  l'art' de  la petiKure «a  rendu 
cette  Vie  intére%ate  par  l'hifloire       ^ 
très-eirconflanciée  des  travaux ,  def 
progrès ,  des  peintures  &  des  fuccè» 
de  ce  peintre. 

.  VANLOOM ,  (  Gérard  )  a  trï^  ] 
duit  du  HoUandois ,  VHlfioire  MUaê^ 
Uqutdu  Pays-Bas  ,  la  Haye,  175* 
&  aimées  fui  vantes ,  5  Vol.  in-fol.» 
figures  :  Ouvrage  recherché  par  le» 
curieux.- 

VANLOON,(Jean)  eôPundcsf 
Auteurs  du  FUmbeau  de  U  Meté 
Voyek  Van-Keulek. 

VANNES  ou  Vennes  ,  (  Saim) 
évêque  de  Verdun  ,  vert  Tan 
498 ,  gouverna  cette  églife  avec 
zèle,  &  mourut  faintementle  9  Sep- 
tembre 5a f.  Il  a  donné  fon  nonr 
à  une  Réforme  de  Bénédiâins  :  Voy^ 
Cour. 

L  VANNIUS ,  (  Valcntin  )  na^  1 
quit  dans  la  Sualie  vers  1 5  ^ ,  &f 
mourut  à  la  fin  du  même  ficelé.  It 
étoit  Luthérien  ,  pafbur  de  Conf** 
tadt  ',  &  pour  fe  rendre  récommatt'« 
dable  dans  fon  Pard ,  il  compois 
quelques  Traités  contre  FEglife  Ro- 
maine. Le  plus-^ohnu  eft  fon  /»• 
dUium  de  Aiijfa^  Tubinge,  1.557/ 
in-8**.  11  s'efforce  d*y  prouver» 
par  l'Evangile ,  les  Apôtres  &  les 
Pères  ,  la  nouveauté  préfendue  de 
cet  augufte  facrifice.  Cet  Ouvr^  I 
efl  peu  commun ,  &  le  fiel  que  Taw*  1 
teur  y  a  diflHlé ,  l'a  fait  rocher-  J 
cher  de  quelques  curieux.  Vm* 
nius  ayaot  mérité  par  cet  Ouvrage, 
le  fuérage  dé  ceux  de  fa  commu* 
lâon  ,  il  en  compofa  an  autre  fur 
la  môme  matière  V  fous  ce  titre  : 
Mîffét  HifiorU  Integra,  15-63,  in-4®. 
L'auteur  y  (j^it  la  mêine  méthode 
que  dans  le  précédent.  Ce  Traité  efr 
aufii  peu.commu'u  que  le  premier,^ 
&  ^uÎË  rçcherchétf  4 

II. 


i 


fWïT  . 


VAN 

tï.  VANNIUS ,  (  François  )  pcui- 
1^,  né  à  Sienne  en  1563  ,  mort  à 
Rome  en  1609 ,  s'eft  attaché  à  la 
lûaniere  de  Frédéric  Baroche,  C'eft  à 
r^ude  de  Tes  Ouvrages  &  de  ceux 
Tdu  Correge ,  qu'il^eft  rtsdevable  de 
ce  coloris  vigoureur  &  de  cette 
touche  gracieufe  qu^on  remarque 
dans  Tes  Tableaux,  Il  inventoit  fa- 
cilement >  &,mettoic  beaucoup  de 
correûion  dans  Tes  DeiHns.  Les 
iujets  de  dévotion  étoient  deux 
qui^lui  plairoient  le  plus  ,  &  dans 
lefquelsil  réuflîâbit  davantage.  Le 
cardinal  Baromus  faifoit  un  cas  fin- 
gulier  de  ce  peintre  ;  &  ce  fut  par 
les  mains  de  cette  Eminence  que 
le  pape  Clément  Vllllm  donna  l'Or- 
dre de  Chrift.  Vannius  eut  encore 
l^onneur  d'être  le  parrain  de  Fabio 
Chlgi^  qui  fut  dans  la  fuite  le  pape 
AUxandre  VU,  &  qui  le  combla  de 
biens.  Ce  peintre  avoit  lié  une 
étroite^  amitié  avec  le  Gulde^U  joi- 
gnit à  Vexcellence  de  Tes  talens , 

f  beaucoup  de  connoifTances  dans  l'ar- 
chitef^itre  &  dans  la  mécanique. 

I  Ses  Deflîns  f«nt  dans  le  goût  de  Ba- 
roche  /  il  y  en  a  à  la  plume ,  à 
l'encre  de  la  Chine ,  &  au  çrayoïi 
rouge.  Vanntas  a  gravé  J^elques 
morceaux  à  l'eau  forte.     ' 

VAN-OBSTAL,  (  Gérard  )fculp- 
teur  natif  d'Anvers  ,  mourut  en 
l668  âgé  de  73  ans  ,  dans  l'exer- 
cice de  la  charge  de  rêveur ,  dont 
il  avoit  été  pourvu  à  l'acadclknie 
royale  de  Peinture  &  de  Sculpture , 
d^  Paris.  Cet  excellent  artifte  ayant 

.  eu  conteâation  avec  une  perfonne  «. 
qui  lui  oppofoit  la  prefcription 
pour  ne  point  lui  payer  fon  ou- 
vrage, Lamolgnony  avocat  général , 
fou  tint  ,  avec  beaucoup  d'élo- 
quence ,  que  les  arts  libéraux 
n'étoicnt  pas  a^ervis  à  la  rigueur 
de  cette  loi.  Van-Ohftal  avoit  un 
talent  fupérieur  pour  les  bas-re- 
lieb  ',  il  travailloit  admirablement 
btwi  Pivolre. 

Tome  1X9 


VAN        2S9 

VAN-OORT,  (  Adam  )  peintre 
né  à  Anvers  en  15  5  7 ,  mort  dans  la 
même  ville  en  1641 ,  a  peint  des 
fujets  d'Hiftoire ,  le  Portrait  &  le 
Payfage.  On  remarque  du  génie 
dans  fes  Comportions.  Il  étoitgrand 
oolorifte ,  &  donnoit  à  fes  Figures 
de  beaux  carafteres  &  une  expref- 
fion  vive.  Ses  Tableaux  font  recher- 
chés. 

VAN-ORLAY,  (Bernard) 

pemtre,  nauf  de  BruxcUcs,  mort 
en  1Ç50 ,  eut  pour  maître  le  célè- 
bre Raphail,  Ce  peintre»  a  fait  beau- 
coup  de  Tableaux,  qui  ornent  les 
Eghfes  de  fon  pays.  L'empereur 
Charlcs-Qulat  lui  fit  faiço  plufieurs 
deffins  detapifferiesi  &cetoitlui 
qu«  le  pape  &  plusieurs  autres  fou* 
verains  chargoient  du  foin  des  ta- 
pifferies  qui  s'exécutoient  fur  les 
deffins  de  Raphaël  &  d'autres  grands 
maîtres.  Lorfque  ce  peintre  avoit 
quelque  Tableau  de  conféquence 
il  couchoitdes  feuilles  d'or  furVim- 
prdaion  de  la  toile  ,  &  pcignoît 
deffus  i  ce  qui  n'a  pas  peu  conn-i- 
bue  a  conferver  fes  couleurs  fraî- 
ches ,  &  à  leur  donner  en  cer- 
tains endroits  beaucoup  d'éclaf  H 
a  fur-tout  excellé  à  repréfenter  des 
Chajfes, 

I.VAN.OSTADE,(  Adrien) 
peintre  &  graveur  ,  né  à  Lubeck 
en  1610 ,  mort  a  Amfterdam  en 
i6Sj.  On  l'appelle  communément 
le  Bon  Ofiad ,  pour  le  diftinguer  de 
fon  frère.  Sts  Tableaux  repréfentent 
ordinau-ement  des  Intérieur  de  ^tf- 
harets^  de  Tavernes,  ^'H6telUncs'^ 
à'Hahitaûons  ruftiques  &  ^*EcurUs^ 
Cet  artifte  avoit  une  parfaite  intel- 
ligence du  clair-obfcur  :  fa  touche 
eft^  légère  &  très-fpirituelle.  Il  ^ 
rendu  la  nature  avec  une  vérité 
piquante  -,  mais  fon  goût  de  deffin 
eft  lourd ,  &  fes  figures  font  un  peu 
courtes.  *^ 

II.  VAN-OSTADE,  (Ifaac  ) 
trgre  du  précédent  &  fon  élevé 

T  ' 


i90       VAN 

ft'availla  dans  le  même  genre  que 
Con  maître  *,  mai$  Tes  Tableaux  font 
bien  inférieurs  &  de  moindre  prix. 
VAN^RYN,  yoyi^  Rembrant. 
^  VAN-SWIETEN,  (Gérard)  né 
à  Leyde  le  7  Mai  1700,  de  pîtrens 


V  AU 

r^Brcurité.  Il  fui  pendant  împ 
temps  contraire  à  l'Inoculation  ^ 
mais  un  examen  plus  réfléchi  »  lu» 
infpira  des  ..fentimens  plus  h-' 
vorables  pour  cette  pratique ,  fa- 
lotaire   avec  des  Dréeautions ,  & 


Catholiques,  6it  l'élevé  de  Boër-    quin'eft  nuiûble  que  par  la  négli- 
haave ,  &  un  élevé  diftingué.  Reçu    gence  de  celix  qui  admlniârent  U 


doâectr  en  médecine ,  il  en  donna 
dts  leçons  que  l'envie  fit  cefler , 
en  alléguant  fa  religion*  au  ma- 
giilrat  Les  Ai^lois  lui  of&ireat 
alors  un  aûle  *,  mais  il  aima  mieux 
fe  rehdre  à  Vienne ,  où  l'impéra- 
Qjice-reine  l'appela  eu  174 f.  11  ne 
s'y  rendit  qu'à  conditioB  qu'it  ne 
ehangeroir  pen  ^  fon  genre  de 
vie,  nt  même  à'  fes  habillemens. 
H  parut  long-t<anps  à  la  cour  av«c 
1^  cheveux  plats  ,  &  ians  man- 
chettes ;  &  pour  lui  faire  porter  ce 
petit  ornement,  il  fallut  que  11m- 


petite  vérole.  Van-Swiuen  montra 
autant  de  fagaché  dans  la  médecine 
•de  Tame  ,  que  dans  la  médecine^ 
«orporelle.  Sa  plaee  de  bibliothé- 
caire lui  donnant  la  ceafure  de» 
livres,  il  profcrivit  impitoyable- 
ment les  mauvais  :  Au(H  quelques 
philosophes  Fi:ançois  le  traitèrent 
de  TyréLn  dis  tfprits  &  à^AffciJpn  dtP 
corps.  Mais  ce  qu'il  y  a  de  vrai  # 
c'e^  que  Vati'Swieun ,  inacceffible 
à  tout  motif  étranger  à  celui  du^ 
bien ,  le  fit  avec  difcememem,  & 
profcrivit  le  mal ,  fans  aucun  mé- 


pératrice  lui  en  fit  préfent  d'une*  nàgement  pour  les  noms  &  les  ta- 
pâire  brodée  de  fa  propre  main-  lens.  Il  ne  ie  fervit  de  fon  crédit 
.Kut'Swîctm  profei&  la  ttédecine  à  à  la  cour ,  que  pour  procurer  aux 
Vienne»  )ufqu>'en  1773,:  avec  un.  iavans  &  à  ceux  qui  vouloient  le 
Aiccès  peu  ccttnmuD.  les  étrangers-  devenir  ^  tous  les  fecours  nécef- 
couroient  ea  foule  à  fes  leçons  ;  ^ires.  Attaché  principalement  à  l'art 
&  l'exaé^itude  avec  laquelle  ri  exa^  de  guérir ,  il  montra  'en  ce  genr» 
minoitks  preuves  des  afpirans /n'en  une  fupérîotité  décidée.  Une  de 
Cèifoit  qu'augmenter  le  nombre^  fes  cur  jà  les  plus  étoimantes  ,.  fîic: 
Il  prdtiquoit  en  même  temp^  qu'il  celle  de  1  Impératrice  en  1770.  Cetta 
enfeignoit.  L'impératrice  l'avoit  pnnceffe  eut  la  petite  vérole  à  I9 
nommé  fon  premier  médecin  .-place  fuite  de  pluiieurs  infirmités ,  Si  fe 
^jui  lui  donnoit  celle  de  biblio-  trouva  dans  le  plus  grand  danger» 
Àtcaire  &  de  direOeur  général  des-  H  falloir  les  fecours  de  l'art,  &  d'un 
études  des  Pays  héréditaires.  Dans,  art  fùpérieur  :  Van-Swîetm  les  em<* 
ces  deux  places ,  il  monfra  la  fierté ,,  ploya,  &  la  guérifon  de  la  pria- 
ta  roidettr  &  l'inâexibilité  qui  for-  cefiis  fut  regardée  comme  un  mî« 
moienif  fon  caraâere.  Mais  c'efi  à  rade;-  Cet  habile  praticien  recula  le» 
ces  défauts  qu'accompagnoient  un  bornes  de  la  médecine  par  fes  fa<-> 
grand  zèle  &  une  grande  aâivîcé ,  vans  C&x»»iea/ânâ  m  Hermanii  Boet'* 
que  l'Autriche  doit  le  bon  état  de  haave  Aphorlfmos  de  cogfiofcendis  &r 
la  médecine  &  de  la  chirurgie  dans    curandis  morhis^  Paris ,  5  vol.  in-4^ 


cette  contrée.  Cefi  par  fes  foins 
-que  furent  formés  les  grands  mé- 
diîcins ,  qui  fieuriiTent  à  préfent  à 
Vienne*  Tous  les  abus  furent  ex- 
tirpés, les  mauvais .  fujets  prof- 


1771  &  1773»  Différentes  parties, 
de  ce  grand  Ouvrage  ont  été  tra- 
duites en  françois.  M.  Favl,  en  9. 
traduit  les  Fuvrts  inurmhtaïus  ^ 
1766»  in-i2;  les  Malaàiu  des  En— 


«its»  les  gens  d.e  aérit»  wé«  d^  j^^'f  1769  %  i^-u  i  U  Tuùté  d^ 


,  V  A  N 

ia  Phuréfie ,  in- 12  ;  &  M.  tovir, 
les  4^fhonfmes  de'  Chirurgie ,  1748  , 
"7  vol.  in-ii.  On  avoit  auffi  com- 
menté  une  f  raduûion  des  Apho- 
rijmes  de  Médecine  ,  1766  ,  2  vol, 
in-i2 ,  ^ui  n'a  pis  été  conrinuéc. 
Van-Swieten  a  encore  donné  un 
JralU  de  la  Médeùne  des  Armées^ 
in-12.  Faft-Swlaen  mourut  le  18  Juin 
1772  *  chéri  &  refpeaé.  Il  a  laiffé 
deux  fils ,  Tun  employé  dans  lei 
ambaffades ,  &  l'autre  auditeur  des 
comptes  à  Bruxelles. 

VAN-TULDEN ,  (  Théodore  ) 
pemn-e  &  graveur ,  élevé  de  Ruhens  ^ 
né  à  Bois-Ie-Duc  vers  l'an  1620 , 
a  peint  l'Hifloire  avec  fuccès.  Mais 
fon  goût  le  ponoit  à  repréfenter 
des  Foires  ,  des  Marchés ,  des  Fêtes 
étvîUage ,  &c.  Il  donnoit,  dans  ces 
fujets  dîvertifîans ,  beaucoup  d*ac- 
tion  à  fes  figuses.  On  admire  auffi 
la  belle  difpoiîtion  de  fes  TaWéaux 
dTiiftoire ,  la  correftion  de  fon 
dcffin ,  &  fon  intelligence  du  clair- 
obfcur.  Ces  morceaux  ont  été  de- 
puis entièrement  retouchés.  Ce 
peintre  étoii  d'un  caradlere  com- 
piaifant ,  &  avoit  un  génie  fertile  î 
qualités  qui  faifoient  fouvent  re- 
courir à  lui  pour  avoir  de  fes 
Deifins.  l^ak'Tti/dm  a  gravé  à  1  eau- 
forte  les  Travaux  d^Hereule^  peints 
par  Nicolo  dans  la  galerie  de  Foh- 
lainebleau ,  &  quelques  morceaux 
d'après  Ruhens  fon  maître. 
VAN-TYL,  Fo^^^Tît. 
VAN-UDEN ,  (  Lucas  )  peintre , 
né  à  Anvers  en  159^,  mort  vers 
l'an  1660 ,  eft  au  ran^  des  plus  cé- 
lèbres payfagiftes.  Une  touche  lé- 
gère ,  élégante  &  précife  carafté- 
rifc  fa  nxaniere.  Il  donnoit  beau^ 
coup  d'éclat  à  fes  Ciels  -,  les  fîtes 
de  fes  Payfages  font  agréables  & 
variés.  La  vue  fe  perd  dans  des 
lointains  qu'il  a  fu  repréfenter; 
on  croit  voir  les  arbres  agités  par 
le  vent.  Des  figurines ,  parfaitement 
dclRnées  »  donnent  un  nouveau 


.  Van  igt 

pr«  â  fes  Ouvrages.  Le  cél^rè 
^cn,  1  employoïf  fouvent  à  pein^ 
dre  fesfoh^s  «j  les  pay&ge,  de  fes 
Tabl«iux  :  alors  fran.C7dcn  prenoit 
le  goût  &  le  ton  de  couleur  de  ce 
peintre,  en  forte  que  tout  paroiffoit 
être  du  même  pince.^u. 

VAN-VELDE,  Foyer  Vei.de 

a  Bruxelles  en  161  y,  prit  à  Lou- 
vam  le  bonnet  de  doreur ,  &  do* 
vint  préfident  du  collège  du  pape 
Adrien  ri,  qu'il  fit  briller  d'un 
nouvel  éclat.  L'univerfîté  le  députa  • 
A  'll^  ^"  '^77 ,  avec  le  P.  Liwus  . 
Auguftm ,  pour  y  pourfuivre  la  con- 
damnation dé  plufieurs  propofitions 
de  morale  relâchée.  Ils  obtinrent, 
au  mois  de  Mars  1679,  „„  décret 
de  1  Inquifîtion ,  Çui  condamna  6t 
de  ces  propofirions.  A  peine  fui 
rent-ils  de  retour ,  qu'on  les  accufa 
a  la  cour  de  Madrid ,  d'enfeigner 
eux-mêmes  des  propofitions  con* 
traires  a  l'état  Se  à  Ja  Religion.  Mais 
le  pape  Innocent  XI  ût  écrire  à  ïa 
^^o*"  ^'^^P3gne  en  leur  faveur  ,  en 
1680  &  168 1 ,  par  fon  nonce  ;  &  J^ 
coup  qu'on  Vouloit  lui  porter  fut 
détourné.  Ce  dofteur,  le  premier 

delWerfîtédeLouvain^gSS 
foit  oppofe  aux  femimens  de  la  Pro^ 

bahUiié.monnxtta  1693  .  regardé 

comme  un  modèle   de  vertu   Ses 

Ouvrages  font:  I.  TraHatus  tripUx 

^on/.«^c,min-8^ir.  Un  Traité, 
de  Gratta  Chnfii ,  qui  n'a  point  été 
impnmé.  . 

IT.VAK.yiANE,(  Matthieu) 
frère  du  précèdent,  licencié  de  la 
feculté  de  Louvain,  mort  dans  cette 
villeeni663  à40ans,  eut  la 
confiance  de  l'archevêque  de  Ma 
Imes.  On  ne  connoît  de  lui  que 

(  Frohihitio  )  des  livres  de  Cafa-^ 
mu^t,  faite  par  rarchevôquè  de  Ma- 
linesen  1655.  L'autre  ,  intitulé  - 
Jures    naturaUs    îgncrantia    Notitia' 

Cet  9uvrage  a  été  traduit  en  fraa^ 

T  ij 


19^        VAR,     ; 

çois  par  Nicole ,  qui  y  a  mis  irne 
'      Préface  &  des  Notes. 

VARANANES ,  Voyi^  I.  Pro- 
mus. 

VARANES,  Voye^  II.  HOR- 
AtlSDAS. 

VARCHI ,  (  Btnoît  )  natif  de 
Tiefole  ,  &  mort   à   Florence  le 
18  Décembre  1566,  à  63  ans,  £ut 
Un    des    principaux   membres  de 
l'académie   des    Inflammatl    à  Pa- 
(doue,  où  il   profeffa  la  morale. 
tome  de    Médîcls  ,  fon  fouverain  , 
l'appela    auprès    de    lui  \   &   les 
offres  du  pape  Paul  III ,  qui  vou- 
loir lut  confier  l'éducation  de  fes 
neveux ,    ne   purent   l'arracher  à 
fi  patrie.  "  Varchî{  dit  Niceron)  a 
"  été  un  des  foutiens  de  la  langue 
"  italienne  -,  &  îl  la  parloit  avec 
"  tant  de  grâce  &  d'agrément,  que 
»  les  Italiens  ont  dit  ;  Que  fi  Jupiter 
»'  '  eût  voulu  parler  Ita/Un  ,  Il  fefcrolt 
*'  fcrvl  de  celui  de  Varchi.  Il  avoit 
a»  d'ailleurs  l'air  grand  &  la  voix 
"  fî  agréable,  qu'il  charmoit  fes  au- 
>•  diteurs ,  lorfquUl  parloit  en  pu- 
»  blic,  Au   refte,  c'étoit  un  ami 
>♦  tendre  ,  qui  ne  poffédoit   rien 
»  dont  fes  amis   ne  puffent  dif- 
*  pofer  auffi- bien  que  lui.  Sajibé- 
"  ralité  à  leur  égard  l'a  mis  fou- 
"  vent  à  l'étroit  ,   &  il  n'a  pas 
'   n  toujours    eu   le   plaifir  de    les 
"  trouver ,  dans  fes  temps  de  be- 
»  foin  ,  auifî  reconnoiffans  qu'il 
"  l'auroit  fouh^ité.  Seipion  Amml- 
n  rato ,  Sc' Lorenio  Craffo  après  lui, 
.»»  ont  prétendu  que  fes  bonnes  qua- 
*»  Utés  ont  été  obfcurcies  par.  de 
p  grands  défauts.  La  groffiéreté  dont 
V  ils  Paccufent,   ell  avouée  par. 
»»  Rai\Li  Pour  ce  qui  eft  de  l'attache- 
\     "  ment  opiniâtre  à  {ts  opinions,  & 
»  des  débauches  infâmes  quils  lui . 
»»  reprochent ,  ils  ont  apparemment 
"  trop  ajouté  foi  à  ce  qu'en  ont 
«  dit  fés  envieux  &  fes  «nnemis./ 
w  On  peut  du  moins  y  oppofer  \e& 
»  louanges  »  gue  pluûeurs  auteurs 


VAR 

'K  lui  ont  données  «.  On  a  de  lui  it$ 
Poéfies  latines  &  italiennes  ;  mais 
le  plus  rare  &  le  plus  iii^portant  de 
fes  Ouvrages  ,  eft  une  Uiftoire  des 
chofes  les  plus  remarquables  arrivées  de 
fon  temps  ,  principalement  en  ItaBe  & 
à  Florence ,  Cologne ,  1721 ,  in-fol.. 
Elle  renferme  des  particularités 
curleufes  fur  la  révolution  qui 
conduiiît  Alexandre  de  Médicls  au 
trône  de  Florence ,  &  fur  le  règne 
de  ce  prince.  L'auteur  écrit  avec 
une  liberté  qui  tient  de  la  licence  ^ 
&  quoiqu'il  eût  pris  la  plume  par 
ordre  de  Côme  de  Médicls  ,  il  ne 
ménage  point  cette  maifon.  Ses 
Poéfies  f  appelées  CapltoU ,  mrent 
imprimées  avec  celles  du  Bemî  , 
du  Mauro ,  &  fupprimées  à  caufe 
de  leur  obfcénité.  On  réimprima 
cependant  ce  Recueil  à  Florence 
en  1548  &  15;  5  5  ,.en  2  vol.  in-8**. 
Les  Sonnets  du  Varchi  ,  qui  font 
très-eftimés  ,  furent  imprimés  à 
part  ,  155J  &  i557»auifî  en  a 
vol.  in- 8**. 

I.  VA  RE  NI  US,  (Augufte) 
théologien-  Luthérien  ,  né  dans  le 
duché  de  Lunebourg  en  1620  , 
mort  en  1684  ,  fe  rendit  habile 
dans  la  langue  hébraïque.  On  le 
regarde  en  Allemagne  ,  /iprès  les 
Buxtorfs  y  comme  celui  de  tous  les 
Proteftaas  qui  a  porté  le  plus  loin 
l'étude  de  la  fcieoce  de  l'hébreu  & 
àçs  accens  hébraïques.  Il  fayoic 
par  coeur  tout  le  texte  hébreu  de  j 
ïaJBible ,  &  il  parloit  plus  facile-  '  , 
ment  (  dit*on  )  cette  langue  /qua 
la  tienne  propre.  On  a  de  lui  u» 
Commentaire  fur  Ifaïe  ,  réimprimé  à 
Leipzig  en  1708 ,  in- 4** ,  &  d'autres 
Ouvrages. 

H.  VARENIUS,  (Bernard) 
Hollandois  ,  &  habile  médecin, 
dont  on  a  une  Defcrlptlon  du  Japon 
&  du  royaume  de  Slum ,  Cambridge  » 
1673  ,  in- 8°.  Mais  il  eft  plus  connu 
par  îa  Géographie  qiû  a  pour  titre: 
Ceographia  Unlverfatls  kt  qua  ^ff^^ 


V  A  R 

tîoncs  générales  TellurU  explicantur  , 
à  Cambridge, ^672,  in-8°.  Son  livre 
renferme  beaucoup  de  problêmes 
géographiques  ;  il  eft  cependant 
moins  utile  dans  ce  qui  concerne 
la  pratique  de  cette  icience.  Nswton 
la  jugea  digne  d^être  tranfportée 
«(ans  ia  langue  ,  &  de  Torner  de 
Notes  de  fa  façon ,  auxquelles  Jurîn 
ajonta  enfuite  les  ficnnes.  C'eft  fur 
cette  Traduction  angloife  qu'a  été 
faite,  par  M.  de  Pu'fieux ,  celle  que 
nous  avons  en  françois  ,  Paris  , 
lyyç  ,  en  4  vol.  in-ii  •,  c'eft  une 
bonne  Géographie  générale  phy- 
fique. 

VARENNE,    (  La  )    Voye^ 

FOUQUET. 

VARENNES ,  (  Jacques-Philippe 
de  )  licencié  de  Sorbonne  Ôf  cha- 
pelain du  roi ,  eft  auteur  du  Livre 
'  intitulé  :  Les  Hommes ^z  vol.in-12  , 
dont  il  y  a  eu  trois  ou  quatre  édi- 
tions. On  y  trouve  des  vérités  bien 
exprimées ,  des  moralités  foHdes  , 
un  grand  nombre  de  traits  d'efprû  ; 
mais  beaucoup  de  trivialités  &  de 
lieux  communs,  ^ 

VARET,  (Alexandre)  naquit 
à  Paris  en  16'^  i.  Après  avoir  fait 
fes  études  de  ^théologie  dans  les 
écoles  de  Sorbonne  ,  ik  voyagea 
en  Italie.  Dé  retour  en  France ,  il 
s'appliqua  à  Pétude  de  l'Ecriture- 
Sainte ,  &  à  la  Icôure  de  S,  Augu/ii/t, 
Son  mérite  le  fit  choifir  par  Gon» 
drîn  ,  archevêque  de  Sens  ,  pour 
fon  grand- vicaire.  11  n'accepta  cette 
place  qu'avec  peine ,  &  refufa  tous 
les  béoiiîces  que  fon  illuftre  bien* 
faiteur  voulut  lui  conférer.  Après  la 
mort  de  ce  prélat ,  il  fe  retira  dans 
la  folitude  de  Port  -  Royal  -  des- 
Champs,  où  il  mourut  en  1676, 
à  43  ans.  On  a  de  lui  :  I.  Traité 
et  la  f  rentière  Education  des  Enfans  , 
În-i2.  IL  Défenfe  delà  Relation  de 
la  faix  de  Clément  IX ^  2  vol.  III. 
Latres  fpÎTUuelles ,  en  3  vol. ,  pleines 
«d'onOion,  lY,  Péfenje  dç  la  Difil-^ 


V  A  R         295 

ftine  de  Sens ,  fur  la  Pénitence  ptihli" 
que  ,  in-8^.  V.  Préface  de  la  Théà^ 
logie  morale  des  Jéfiâtes ,  imprimée  à 
Mons  en  1666 ,  &  celle  qui  eft  au 
commencement  du  i*'  vol.  de  leur 
Morale  pratique.,.  Il  ne  faut  pas  le 
confondre  avec  François  Varet 
fon  frère ,  auteur  d'une  Traduélion 
françoife  du  Catécbl/me  du  Concile 
de  Trente. 

VARGAS^ro>'q  11.  Perez. 

L  VARGAS ,  (  Aîphonfe  )  reli- 
gieux Auguftin ,  natif*  de  Tolède  & 
dofteur  de  Paris  ,  fut  fait  évêque  . 
d'Ofma ,  puis  de  Badajox ,  &  enfin 
archevêque  de  Séville ,  où  il  mou- 
rut vers  l'an  1366.  On  a  de  lui 
des  Commentaires  fur  le  I*^  livre  du 
Maître  des  Sentences ,  qu'il  avpit 
diôés  à  Paris  en  13  45  ^  Venife, 
1490  ,  in-folio. 

IL  VA  R  G  A  S  ,  (  François  ) 
jurifconfulte  Espagnol  ,  pofTéda 
plufieurs  charges  de  judicature  fous 
les  règnes  de  Charles  ~  Qiùnt  &c  de 
Philippe  IL  Envoyé  à  Bologne  en 
I  y  48 ,  il  protefta ,  au  nom  de  l'em- 
pereur ,  corifte  la  tranflation  du 
concile  de  Trente  en  cette  ville  ; 
deux  ans  après  il  ailifta  à  ce  con- 
cile ,  en  qualité  d'ambafl"adeur  de 
Charles- Quint,  Philippe  II  l'envoya 
rélider  à  Rome ,  à  la  place  de  l'am- 
baffadeur.  De  retour ' en  Efpagne  , 
'^l  fut  nommé  confeiller  d'état.  Dé- 
trompé des  plaifirs  du  monde  & 
des  efpérances  de  la  cour  ,  il  fe 
retira  au  Monaftere  de  Ciffos ,  près 
de  Tolède.  On  a  de  lui  :  L  Un 
Traité  en  latin ,  De  la  Jurldicilon  du 
Pape  &  des  Evéques ,  in-4°.  IL  Des 
heures  &  des  Mémoires  concernant 
le  concile  de  Trente ,  que  U  Vaffor 
donna  en  françois  *  en  1700 ,  in-8®.  ^ 
On  y  trouve  plufieurs  traits  contre 
cette  fainte  aflfemblée  ,  &  contre 
ceux  qui  la  compofoient.  Il  mourut 
vers  1560.  Il  ne  faut  pas  le  con- 
fondre avec  un  autre  jurifconfulte  ,• 
Jean  de  V^rgasi  l'un  des  membres 

Tiij 


19<5  ;    V  A  R 

«iéâgurés ,  que  des£aits  évldenméiit 
faiix ,  qu'une  chronologie  renver- 
féc  ,  enfin ,  qu'idées  romaneiques. 
Il  ajoute  que  ceux  qui  voudront  fe 
donner  la  peine  de  confronter  VUîf' 
tolrt  des  HuiTites  ,  de  CoihUc ,  &  la 
fienne,  n*y  trouveront  aucune  dif- 
férence,   excepté  quelques  noms 
propres  eftropiés ,  qu'il  tronque  à 
ton  ordinaire,  &  quelques  fauffetés  , 
iur  lefquelies  il  renchérit  pour  em- 
bellir fon   Roman.    Lorfque   cet 
Ouvrage  parut ,  on  y  trouva  des 
faufies  fdns  nombre.  Méttage  ayant 
rencontré  l'auteur ,  lui  dit  :  »  Vous 
"  avez  donné  une  Ji'fioirc  des  Ht- 
»  réfics  pleines  d'héréûes  m.  On  a 
encore  de  lui  :  La  Pratique  de  Pédw 
cation  des  Princes  ,  ou  Vfiiftoire  de 
GuUlaume  de   Croy  ,  Paris,   1684., 
în-4°.  II.  La  PoUtiqae  de  Ferdinand 
h  Catholique  ,  Paris,  1688  ,  in-4°. 
III.  La  Politique  de  la  Mai/on  £ Au" 
triche  ,  in-4**  &    in- 12.  IV.    Les 
Anecdotes  de  Florence ,  in-12.  [  Foyci 
Yves  de  Chartres  ,  à  la  fin.,  ^] 
VarUùîs jivoit  tant  lu  dans  fa  jçu- 
nefle ,  qu'il  affoibiit  beaucoup  Va 
vue.  On  la  lui  rétablit  à  force  de 
remèdes  ;  mais  il  l'avoit  fi  tendre  , 
qu'il  ne  pouvoit  Hre  qu'au  grand 
jour.  Ainfi,  dès  que  le  foleil  bail- 
ibit ,  il  fermoit  fes  livres  ,  &  s'a- 
bandonnoit  à  la  compofition  de 
iés  Ouvrages.  Quelque  bonne  que 
lut  fa  mémoire,  il  étoit  difficile 
qu'elle  ne  le  trompât  pas  fouvent  ; 
&  c'efi  là  une  de^  raifons  qu'on 
peut  rendre  du  nombre  prodigieux 
de  fautes  qu'il  a  faites  :  noms  pro- 
pres défigurés,  faits  évidemment' 
£iux,  chronologie  inexaâe.'  Il  y  en 
a  encore  une  autre ,  qui  n'eft  pas  û 
aifée  à  pardonner  :  c'efi  que ,  plus 
attentif  à  donner  de  l'agrément  à 
fes  Hiiloires  qu'à  expofer  la  véri- 
té,  il  a  fouvent  avancé  des  chofes 
capables  de  furprendre  le  lefteur  ; 
mais  la  faufl^té  en  a  été  reconnue 
depuis*  Il  a  même  afCez  peu  de 


1 


V  A  R 

benne  foî  pour  citer  des  Mémoire» 
qui  n'ont  jamais  exifié  ,  pour  accré- 
diter des  anecdotes  inconnues  aux 
autres  hiftoriens  :  il  difoit ,  que  de 
dix  chofes  qu^il  favi^ie ,  il  en  avoii 
appris  neuf  dans  La  converfation,  Vk 
étoit  cependant  très  -  folitaire  ;  6c 
il  fe  vamoit  d'avoir  été  34  ans  fans 
avoir  mangé  Aine  feule  fois  hors  de 
chez luL  { 

VARIN  ,  Voyc^  WAiTlN.  ' 

VARIUS  ,  poète  latin ,  ami  de 
Virple  &•  d'Hcrcce ,  eut  beaucoup 
de  part  à  l'amitié  de  ces  deux  il* 
lufires  écrivains  ,  Sceaux  bontés  de 
l'empereur  Augujie,  II  fut  l'un  des. 
gens  de  lettres  que  ce  prince  char- 
gea de  revoir  ï Enéide ,  en  lui  dé"^ 
fendant  d'y  rien  ajouter.   Varius  , 
qui  cultivoit  avec  fuccès  la  poéfie       ^ 
épique  &  dramatique  ,.  laiila   ées       \ 
Tf^gédies  qui  ne  font  pas  parvenues, 
jufqu'à  nous.  On  trouve  quelques        | 
fragmens  de   fes  Poéfies  dans  le- 
Corpus  Poëtarum  de  Mautaire» 

l.   VARL£T,  (  Dominique-^ 
Marie)  né  à  Paris  en  1678,  devinjt 
doâeur  de  Sorbonne  en  1 706 ,  &  fe 
confacra  aux  miflions  étrangères.. 
II  travailla  avec  zèle  pendant  fix 
ans  ,  en  qualité    de  Miflîonnaire 
dans   la  Louiiiane.    Clément  XI  le 
nomma  en  17 18  évêque  d'Afcalon.^ 
&  coadjuteur  de  Pidou  de  Saint' 
Olon  ,  évêque  de  «Babylone ,  qui  * 
mourutpeu  de  temps  après.  A  pein^ 
fut-il  arrivé  dans  le  lieu.de  fa  de£- 
tination ,  que  la  cour  de  Rome  ^ 
mécontente  de  ce  qu'il  avoir  donné 
la  Confirmation  aux  Janfénifles  de 
Hollande  ,  le   fufpendit   de  tout        1 
exercice  de  fon  minifiere.  Variet.        ' 
fe  voyant  inutile  en  Perfe ,  fe  retira 
en  Hollande,  où  il  vécut  avec  le- 
petit  troupeau  des  Catholiques  dç 
ce  pays- là  ,  les  édifiant  &  les  inf- 
triHfant.  Il  travailla  à  fe  jufiifier 
auprès    d'Inno^nt    XIII  i   mais, 
n'ayant   pas  pu    être  écouté  ,  H 
appela  au  futuc  concile  généraU» 


V  A  R 

le  îç  Février  1723  ,  de  ce  déni  de 
juOice  V  &  de  la  Bulle  Uni^enltus 
qui  en  étoit  le  prétexte.  Dans  ces 
circonftanCes ,  le  chapitre  métropo- 
litain d'Utrecht  élut  un  archevêque  ; 

-  &  n'ayant  pu  engager  les  évêques 
voifins  à  Ic/facrer,  il  s^&drefla  à 
l'évêque  de  Babylqne  qui ,  après 
avoir  fait  toutes  les  démarches  de 
bienféance  envers  le  pape  &  envers 
les  évêques  voifins ,  facra  ce  prélat. 

.  Ce  fut  encore  lui  qui  impofa  les 
mains  à  trois  de  Tes  fucceileurs. 
Cette  conduite  efTuya  des  cenfures. 
FarUi  Ce  juftifia  par  deux  favantes 
Apologies  y  qui ,  avec  les  Pièces  judi- 
£catives,  forment  un  -gros  volume 
în-4**.  Il  mourut  à  Rhynwick ,  près 
d'Utrecht,  le  14  Mai  1742 ,  regardé 
comme  un  rebelle  par  les  Moli- 
niftes ,  &  comme  un  Chryfofiome^  par 
les  Janféniiles. 

IL  VA  R  LET ,  (  Jacques  )  cha- 
sioine'  de  Saint  -  Amé  de  Douay  , 
mourut  en  1736.  On  a  de  lui  des 
Lutrts  fous  le  nom  à\n  Ecclefiafiiquc 
de  Flandres  ,  adreiTées  à  Languet  , 
cvêque  de  Soiffons. 

VAROU ,  (  Conftaoce)  habile 
chirurgien  &  médecin  de  Bologne , 
où  il  naquit  en  15439  mourut  à 
Rome  à  l'âge  de  32  ans ,  médecin 
de  Grégoire  XUl ,  &  profeffeur  d'a- 
natomie.  Quoique  mort  à  la  fleur  de 
fon  âge,  il  s'eft  immortalifé  parmi 
les  Anatômiiles  par  fa  découverte 
des  Nerfs  Optiques, 

VARREGE,  Voyei  PoLEM- 
BURG.  • 

I.  VARR  G  N  ,  (  Marcus-Teren^ 
this  )  conful  Romain  ,  étoit  fils 
d'un  boucher,  &  avoit  exercé  lui- 
même  cette  profeflîon  fous, fon 
père.  Se  fentant  du  talent  pour 
quelque  chofe  de  plus  élevé  ,  il 
s'attacha  au  barreau  6c  y  réuflit. 
Ses  fuccès  lui  frayèrent  la  carrière 
des  honneurs.  Il  obdnt  fucceflive* 
ment  la  queflure ,  les  deux  édilités , 
la  préture ,  6c  en£s  le  confulat ,  l'an 


V  A  R        297 

fti6  avant  X  G.  11  eut  pour  collègue 
Paul  Emile.  Mais  Varron  ,  auffîté-- 
méraire  que  fon  confrère  étoit 
prudent ,  perdit  par  fa  £iute  la . 
bataille  de  Cannes  comte  Annibal  ^ 
l'an  216  avant  J.  C.  Lorfqu'iï 
Retourna  à  Rome  ,  le  peuple  loi» 
de ^  lui  demander  compte  de  cette  ' 
défaite  ,  lui  rendit  des  aéHons  de 
grâces  ,  de  ce  quiL  n  avoit  pas  défef- 
péri  du  falxu  de  la  République  après 
une  fi  grande  ptrte. 

II.  VARRO  N,  (Marcus^Tmn^- 
tîus  )  né  l'an  118  avant  J.  C. ,  ftit 
lieutenant  de  Pompée  dans  la  guerre 
contre  les  Pirates,  &  mérita  uno 
couronne  navale.  Moins  heureux 
en£fpagne,  il  fut  obligé  de  fe  rendre 
à  Céfar,  [  Voye^  III.  Calenus.  ] 
Ce  malheur  le  fit  profcrire  ;  mais 
il  reparut  enfuite.  Il  mourut  l'an 
29  avant  J.  C.  Sa  vie  fut  de  90 
ans,  &il  la  pafladans  les  travaux 
de  l'étude.  QuintiTien  le  met  non- 
feulement  au  nombre  des  meilleurs 
poètes-  fatiriques  ,  mais  il  le  re- 
garde comme  le  plus  doôe  des 
Romains.  Il  affure  lui-même  qu'il 
avoit  compofé  plus  de  500  voK 
fur  différentes  matières.  S.Aigufiln^ 
qui  fut  un  des  plus  ardens  admira? 
teurs  du  fa  voir  de  Varron  y  nous  a 
confervé  le  plan  de  fon'grand  Ou- 
vrage fur  les  Antiquités  Romaines  , 
compofé  de  xti  livres.  C'ell  de 
cet  ouvrage  que  parle  Cicéron  ,  en 
s'adreflant  à  Varron  même.  "  Nous 
>♦  étions  (lui  dit- il  )  auparavant 
>»  comme  étrangers ,  &  en  quelque 
"  Corte  égarés  dans  notre  propre 
>»  ville.  Vos  livres  nous  ont,  pour 
»»  aiiifi  dire ,  ramenés  chez  nous , 
»  en  nous  faifant  connoitre  qui 
)»  nous  étions  «<.  Après  le  détail 
que  fait  Cicéron  des  nombreux  Ecrits 
de  Varron ,  S.  Augufiin  ,  plein  d'ad- 
miration ,  s'écrie  :  »  Varron  a  lu 
"  un  fi  grand  nombre  de  livres , 
»'  qu'on  efl  étonné  comment  il  a 
»  pu  trouver  le  temps  d'en  corn» 


1 


^9*        V  A  R 

•*  pofcr  lui-même  *,  &  il  en  a  eom- 
M  pofé  néamnoifis  un  fi  grand 
••  nombre.  qu*à  peine  conçoit-on 
.  •»  qu'un  feul  homme  en  ait  pu  lire 
M  autant  w.  Il  étoit  difficile  que 
cam  d'ouvrages  fuflîent  écrits  d*un 
Ayle  élégant  &  poli.  Auffi  le  même 
5.  Attguflin remarquet-il  qife Gcéron 
loue  Ftrrcn  comme  un  homme  d*un 
ef^nt  pénétrant ,  &  d'un  £avoii;  pro« 
fond ,  non  comme  un  homme  fort 
difert  &  fort  éloquent.  Vàrron  dédia 
fon  Traké  et  U  langiu  LaiiKe  à  cet 
orateur.  Il  en  compofa  un  autre  de 
la  Vie  RufHque ,  De  re  Ruftica  ,  qui 
cil  fon  eftimé.  Ces  deux  derniers 
ouvrages  font  parvenus  jufqu'à 
nous.  Les  meilleures  éditions  ^ 
premier  font  de  Venife,  1474  , 
sn-folio ,  rare  -,  &  de  Rome  »  1 5  57 , 
in  «8^,  avec  les  Notes  d* Antoine 
Auffiftin,  Le  Traité  De  rt^Ruftica^ 
parut  à  Venife ,  1472  9  in-folio»  6c 
flvec  les  autres  Auteurs  Ruftiques , 
dont  l'édition  la  plus  eftimée  eft 
de  Leipzig  ,  1735  ,  i  vol,  in-4". 
M.  SahouHux  de  la  Bonnetrîe  en  a 
donné  une  Traduâion  françoife» 
à  Paris  «  1771  »  in-8^,  qui  fait  le 
/econd  vol.  de  VEconomU  iurale^ 
6  vol.  in-8°. 

in.  VARRON ,  (  U  Gaulois  , 
Terentîus  )  poète  latin  fous  Jules 
Céfar  ,  né  à  Atace  fur  la  rivière 
d'Aude  dans  la  province  de  Nar- 
bonne  ,  compofa  un  Poëme ,  De 
Bello  Sequamco,  U  mit  auffi  en 
vers  latins  le  Poëme  des  Argonautes 
à' Apollonius  de  Rhodes.  On  trouve 
de  lui  quelques  Fragmens  dans  le 
Cérpus  Poctarum. 

VARVICK ,  Foyei  Warwick. 

I.  VA  RUS,  (  Qùîntilius)  pro- 
conful  Romain ,  d'une  £cimille  plus 
diftinguée  par  fes  places  que  par  ûi 
hoblefTe  »  fut  d'abord  gouverneur 
de  la  Syrie ,  enfuite  de  la  Germanie. 
U  imagina  qu'il  pourroit  gigner  les 
Germains  par  «la  douceur  &  la  juf- 
tice  :  il  les  traita  plutôt  en  magiftrat 


.  •       VAS       .  ^ 

équitable ,  qu'en  généra!  vigilante 
Arminius  «  chef  des  Chérufques  » 
faifit  cette  occafion  de  donner  la 
liberté  à  fa  patrie.  Il  tomba  inopt- 
némeht  fur  les  troupes  Romaines  » 
les  défit  complètement  :  trois  lé- 
gions entières ,  quelque  cavalerie, 
&  &S.  cohortes  furent  taillées  en 
f>ieces ,  Tan  9  de  J.  C.  V^rut  blefiTé  « 
ne  voulut  pas  furv  ivre  à  fa  dé£a[ice  » 
&  fe  perça  de  fon  épée.  Le  peu  de 
Soldats  qui  tomlserent  au  pouvoir 
é*Amùnîttf  périrent  par  le  dernier 
Supplice.  Aupi/le ,  cruellement  affligée 
4f  ce  malheur ,  laiila  croître  pen- 
dant plufieurs  mois  fa  barbe  &  fes. 
cheveux  *,  &  dans  les  tranfports  de 
fa  douleur^  il  cria  plus  d*une  fois 
en  fe  frappant  la  tête  :  Varus  ^ 
rends  moi  mes  Légions,^,  Varus  ^  né 
^vec  un  caraâere  doux  &  im  teia- 
pérament  indolent ,  étoit  plus  pro- 
pre au  repos  d'un  camp  ,  qu'aux 
£uigttes  de  la  guerre.  Il  aimoit  l'ar- 
gent ;  il  entra  pauvre  dans  le  gou« 
vernement  de  la  Syrie ,  &  en  fortît 
riche.  Il  gouverna  d'ailleurs  avec 
iagefie.  11  eft  difterent  d'un  autre 
Qmnt.  Vakvs  ,  qui  remporta  une 
viûoire  fignalée  fur  Magop. ,  firere 
é*Attmhal^  l'an  203  avant  J.  C 

IL  VARUS ,  (  Alfenus  )  étoit 
d'abord  cordonnier  à  Crémone» 
Dégoûté  de  ton  métier  ,  il  alla  t 
Rome ,  &  fe  mit  à  l'école  de  Servuti 
Severua,  célèbre  jurifconfulte.  Il  y 
fit  en  peu  de  temps  de  ^  grands 
progrès  dans,  le  Droit,  qu'il  mérita  • 
d*êti«  élevé  aux  plus  grandes  di^ 
gnités  de  la  République ,  (ans  ex- 
cepterle  confulat.  C'étoit  un  infime 
ami  de  Virgile ,  qui  le  chante  dans 
fa  neuvième  Eglogue  fous  le  nom 
de  Varus,  Il  rétoit  auffi  de  Catulle^ 

VASARI ,  (^Geotges) peintre,  né 
à  Arezzo  en  Tofcane ,  l'an  x  pi  » 
mort  à  Florence  en  1^74 ,  ne  s'eft 
fait  qu'une  réputation  médic^re 
dans  la  peinture..  11  n'avoit  aucun 
goût  décidé  >  la  néceffité  fut  ^ 


IP—  J 


VAS         , 

^ttcîpal  motif  qui  l'engagea  dans 
l'escercice  de  ce  bel  art.  Cependant 
(on  affiduité  au  travail  ,  les  avis 
f  d'André  dd  Sorte  &  de  Mlchei-Ànge  , 
fous  qui  il  étudia,  &rétud^  quU 
fit  d'après  les  pl^s  beaux  morceaux 
antiques ,  lui  donnèrent  de  la  focilité 
&  du  goût  pour  ledeffin;  mais  il 
a  trop  négligé  la  partie  du  coloris. 
Il  entendoit  fur- tout  les  omemens  ^ 
&  il  avoir  du  talent  pour  i'architec- 
I  ture.  La  maifoa*  de  Miàicîs  Pem- 
I  ploya  long-temps  ,  &  lui  procura 
une  fortune  honnête.  Ce  peintre 
avoit  plufieurs  bonnes  qualités  qui 
le  faifoient  rechercher.  Sa  mémoire 
étoit  û  heureufe ,  qu'à  l'âge  de  9  ans 
il  favoit  par  cœur  toute  V Enéide  de 
VirgîU,  On  a  de  lui  les  Vies  des 
meilleurs  Peintres ,  Sculpteurs  &  Ar- 
duiecUs  Italiens ,  à  Florence  »  1568  , 
3  voL  in-4®  ;  &  Rome,  1759  , 
même  format  &  même  nombre  de 
I  volumes.  Elles  font  écrites  en  ita« 
lien ,  avec  âffez  de  politefTe  *,  mais 
I  l'auteur  n'eft  pas  exaft  j  il  a  fait  pltlr 
I  £eursméprifes.  Comme  il  écrivoit 
[  dans  un  ten^s ,  où  pluiîeurs  pein- 
tres dont  il  parle ,  étoient  encore 
vivans ,  il  a  plus  penfé  à  les  louer  ^ 
qu'à  faire  connoître  leur  véritable 
mérite.  Il  affeâe  d'élever  toujours 
ceux  de  ion  pays  &  de  les  préférer 
aux  étrangers ,  fuivant  la  coutume 
des  Ultramontains.  M.Bouari^  qui 
a  dirigé  l'édition  de  Rome,  y  a 
ajouté  beaucoup  du  ûen ,  &  a  cor- 
rigé pluiîeurs  inexactitudes  de  Va^ 
fari.  Le  Traité  de  Peinture ,  publié  à 
Florence  en  1Ô19,  in-  4^  »  eu  de 
Georges  F!>/^a7,neveu  du  précédent, 
quoique  plus  d'un  bibliographe  l'ait 
attribué  à  l'oncle. 

VASCONCELLOS,  (Michel) 
Portugais,  fecrétaire- d'état  auprès 
de  la  vice-reine  de  Portugal  »  iilar- 
pieriu  de  Savoy e ,  duchefîe  de  Man- 
toue,  étoit  un  miniftre  abiblu  & 
indépendant.  Il  recevoit  direâe- 
meot  les  ordres  du  comte-duc  d'Oïl" 


VAS         199 

varh  »  premier  miniftre  de  PAi- 
lippe  IV  roi  d'ETpagne  ,  dont  il 
étoit  créatur^.  C'^toit  un  homme 
né  avec  beaucoup  de  génie  pour 
les  afi^ires  ,  d*un  travail  inconce^ 
vable^  fécond  à  inventer  de  nou- 
velles  manières  de  tirer  de  l'argent- 
du  peuple;  au  refte ,  impitoyable , 
inflexible  &  dur  iuf<ju 'à- la  cruauté; 
fans  parens  ,  fans  amis  âc  fans 
égards;  infeniiblemêne  auxplaiiirs, 
&  incapable  d'êt«e  touché  par  au*^ 
eun  mouvement  de  tendrdle.  La 
conrpiration  des  principaux  fei* 
gneurs  de  Portugal ,  pour  mettre  le 
duc  de  Bragance  fur  le  trône  ,  ter- 
mina fon  bonheur  &  fa  vie.  X^' 
jour  de  l'exécution  de  ce  deiTein  fut 
fixé  au  1^*^  Décembre  de  l'an  1640. 
Les  conjurés  s'étantfaifis  dii  palais , 
entrèrent  dans  la  chambre  de  Faf- 
coneellos.  Ils  le  trouvèrent  dans  une 
armoire  ménagée  dans  l'épaiâeur  de 
la  mitraille  4  couvert  de  papiers.  Ce 
malheureux  ayant  été  percé  de 
pluiieurs  coups^  epée  »  les  con- 
jurés le  jetèrent  par  la  fenêtre ,  ea 
criant  ;  Le  Tyran  eft.  mort  !  Vive  U 
Lihcrtéy  &  Dont  Juan,/2oi  de  Portuptl  l 
VASCOSAN,  (  Michel  de  )  im- 
primeur  de  Paris ,  né  à  Amiens^ 
^oufa  une  des  filles  de  Badius^ 
de  devint  ainfî  allié  de  Robert 
Etienne ,  qui  avoit  époufé  r>autre«. 
Vafçofan  pafle,  avec  raifon,  pour 
l'un  des  premiers  maîtres  de  ion 
art.  Prei^ue  tous  les  livres  qui  font 
fortis  de  fa  prefTe ,  font  eftimés  ^ 
non  -feulement  pour-  la  beauté  du  * 
caraâere,  la  boâté  du  papier,  la 
grandeur  des  marges  >  l'âcadHtude 
de  l'iiQpreffîon  ,  mais  auffi  parce 
qu'ils  ont  été  compofés  par  de 
favans  hommes.  Les  curieux  re«> 
cherchent  particulièrement  les  Vies , 
dts  Hommes  Illuftrcs  ^  &  les  (Euvras 
morales  de  Plutarque^  traduites  du 
greCf  par  Amyot ,  que  cet  imprimeur 
donnai  au  public  eu  1567,  en  i^ 
vol.  in-$\ 


300        VAS 

VASQUEZ,  (  Luc  )  Vo^.  ArtOK. 

VASQUEZGAMA,  Voy, 
Gama. 

^  VASQUEZ,  (Gabriel)  Jéfuitc 
Efpagnol ,  enr«(gna  la  théologie  à 
.  Alcala  avec  réputation ,  '  &  y  ter- 
mina fa  carrière  le  23  Septembre 
1604.  Ses  Ouvrages  ont  été  im- 
primés à  Lyon  en  1610,  en  10 
tomes  in-fol.  .Ses  confrères  l'ont 
appelé  It  Saint  Augufiia  de  l'Efpa- 
gic;  mais  les  favans  ont  jugé  que 
ce  Saint  Auguftîn  ne  valoit  pas  celui 
de  l'Afrique.  Ses  gros  livres  font 
pleins  de  propoiîtions  pernicieufes. 
Il  y  enfeignc  que  le  Pape ,  comme 
^uverain  juge  de  la  Foi ,  peut  dé- 
pofer  nn  Roi  qui  eft  tombé  en  £iute 
ou  dans  l'erreur ,  le  priver  de  fcs 
Etats ,  les  donner  à  un  autre,  &  l'en 
mettre  en  poiTeffion ,  s'il  eil  befoin, 
par  la  force  des  armes.  Il  foutient 
aufli  que  lés  Eccléiiafiiques  ne  foiu 
pas  fujets  du  roi.  . 

VASSÉ,  (  Antoine-François  de) 
fculpteur  du  roi ,  membre  de  l'aca- 
démie royale  de  Pemture  &  de  Scul- 
;pture  de  Paris ,  étoit  né  à  Toulon , 
&  mourut  à  Paris  en  1736,  âgé  de 
5  3  ans.  Il  a  décoré  plufieurs  Eglifes 
par  fes  Ouvrages  ,  dont  on  peut 
voir  le  détail  dans  le  Mercure  de 
France^   1736. 

VASSÉE,  (  Jean  )  Vajfeus ,  de 
Bruges  ,  mort  à  Salamanque  en 
1 560 ,  eft  auteur  d'une  Hlftoire  d*Ef- 
pagne ,  en  latin ,  Salamanque ,  1 5  5 1 , 
in-fol. ,  qui  a  très- peu  de  lefteurs. 
On  la  trouve  aufli  dans  VHifpanîa 
Uluflrata  du  P.  Schott, 

VASSpR  ,  (Michel  le  )  né  à 
Orléans ,  entra  dans  la  Congréga- 
tion de  l'Oratoire,  où  il  fe  diftin- 
gua  par  fon  favoir  &  par  la  iin- 
gularité  de  Ton  caraâere.  Ses  opi- 
nions lui  ayant  attiré  quelques  défa- 
grémens,il  quitta  cette  Congréga- 
tion en  1690  ,  Te  retira  en  Hol- 
lande Tan  1^95  »puis  en  Angleterre, 
où  il  embraâa  la  communion  An- 


VAS 

glîcane ,  &  obtint  une  pènfîon  du 
prince  d*  Orange ,  à  la  foliicitation 
de  Bumet ,  évêque  de  Salisbury.  Cet 
apoftat  mourut  en  1718  ,  âgé  de 
plus  de  70  ans.  Il  avoit  été  mé- 
priré  pendant  fa  vie  ,  &  il  fut  peu 
regretté  après,  fa  mort.  On  a  de 
lui  un  Tra'tédcla  manicre  d'examtjKr 
les  dlfftrcns  de  Religion .  in-i2.  Mais 
il  cft  principalement  connu  par  une 
HîJloUe  de  Louis  XIIJ  ,  pleine  de 
faits  iinguliers  &  d  anecdotes  cu< 
rieufes,  qui  parut  en  ao  vol.  in-iof, 
depuis  1710  jufqu'en  1721 ,  à  Amf- 
"terdam.  On  l'a  réimprimée  en  1756, 
en  7  vol.  m- 4°,  L'auteur  étoit  chez 
Mi  lord  Portlarid ,  Jorfqu'il  en  com- 
pofa  le  premier  volume.  Avant  que 
de  le  publier  ,  il  le  communiqua  à 
Jacques  Bafnagh  ,  fon  âmi ,  qui  Iw 
confeilla  de  ne  point  faire  paroîtrc 
cet  Ouvrage,  qui  eft  plutôt  une 
fatire  violente  contre  les  vivans  & 
les  morts,  qu'une  hiftoire;  &  qui 
cft  d'ailleurs  extrêmement  diffus, 
pefant  &  plein  de  maximes  dan- 
géreufes.  Le  Faffor mcpriCa  cet  avis*, 
&  publia  fon  livre.  Mûord  Port/and. 
indigné ,  lé  chafta  de  fa  maifon ,  & 
Bajnage  rompit  entièrement  avec 
lui.  Ainfi ,  pour  un  mauvais  Ou* 
vrage,  il  perdit  fa  fortune,  fes  pro*- 
teneurs  &  fes  amis.  Bayle  difoic 
qu*//  aurait  mieux  fait  de  refUr  où  U 
étoit. 'Les  Produôions  qu'il  avoit*» 
enfantées  étant  Catholique,  font: 
Un  T.  aité  de  'la  véritable  Religion  » 
Paris,  1688 ,  in-4°,  dans  lequel  on 
trouve  quelques  opinions  fingu- 
îieres  ;  &  des  Paraphrafes  fur  Salni 
Matthieu  ^  fur  Saint  Jean  ,  fur  les 
Epîtres  de  Saint  PauU  On  lui  doit 
aufti  une  JraduHlon  en  françois;, 
avec  des  Remarques ,  des  Lettres  & 
des  Mémoires ,  de  T^argas ,  et  Mat" 
venda  &  de  quelques  évêques  d'Ef- 
pagne  ,  touchant  le  concile  de 
Trente ,  in- 8**. 

VASSOULT  ,  (  Jean-BaptifteJ 
aumônier  de  Mad^  la  Dauphine,  né 


VAS 

^  Village  de  Bagnolet  près  Pans , 
fe  diÛingua  par  fon  ra\v>ir  &  fa 
piété.  Il  mourut  à  VerfaiUes  en 
1745  >  âgé  de  78  ans.  On  a  de  lui 
une  Traduction  de  l'Apologétique 
de  Tertullltn  ,  imprimée  in -4"*  & 
in  -  12.  Elle  eft  e^lmée  pour  fa 
fidélité. 

VAST,  (  S.J)  Voyei  Wast. 

VASTHÏ  ,  femme  d^Ajfuerus ,  roi 
de  Perfe ,  le  même  que  Darius ,  fils 
é'HyJiafpes,  Ce  prince  ayant  fait  à 
tout  fon  peuple  un  grand  feftin 
pendant  fept  jours,  ordonna  dans 
la  chaleur  du  vin ,  de  faire  venir 
devant  lui  Ja  reine  Vajihi  avec  le 
diadème  fur  la  tête  pour  faire  voir 
fa  rare  beauté  à  tous  les  convives. 
Mais  la  reine  croyant  qu'il  n'étoit , 
xù  de  fa  dignité ,  ni  de  fa  modeftie 
ifi  fe  donner  en  fpediacle  fur  la 
fin  du  repas  à  une  multitude  pro- 
digieufe  de  gens  ,  dont  plulieurs 
avoient  la  tête  échauffée  par  le  vin , 
refufa  d'obéir.  AJfuems  irrité  la  ré- 
pudia pour  époufer  Eflher.  Il  eft 
difficile  de  déterminer  par  l'hiftoire 
profane,  quelle  étoit  cette  Fajihi. 
Les  uns  veulent  que  ce  fok  la  même 
que  Athoffc ,  fille  de  Cyrus  ,  qui. 
épouià  à'^hovàCamhyfc  fon"  propre 
firere ,  puis  le  Mage ,  &  enfuite  Da- 
fins.  D'autres  Croient  que  Vafthi 
étoit  la  propre  fœur  d*Aj[fueriis.  Mais 
on  ne  trouve  rien  qui  puiffe  tavo- 
rifer  Tune  ou  Tautre  conjefhire. 

VATABLE  ou  plutôt  A^ate- 
BLED  ou  Gastebled  ,  (François) 
profeffeur  en  langue  hébraïque , 
çtoit  natif  ,  non  pas  d'Amiens, 
comme  l'a  cru  le  préfidentif^  Thou, 
ipais  d'une  petite  ville  de  Picardie 
nommée  Gamraache.  François  I  le 
fit,  en  1530  ou  15 31,  profefleur 
en  hébreu  au  collège  royal  qu'il 
yenoit  d'établir.  Il  avoit  une  fi 
grande  connoiffance  de  cette  lan- 
gue ,  que  les  Juifs  même  afliftoient 
ibuvent  à  {os  leçons  publiques.  Le 
gxec  n'étoit  pas  moins  familisr  à 


V  A  T        foi 

VatahU,  Il  s'adonna  à  l'étude  de 
l'Ecriture-fainte ,  &  l'expliqua  avec 
beaucoup  de  fuccès.  Robert  Etienne 
ayant  recueilli  les  Notes  qu'il  avoit 
faites  fur  l'Ecriture  dans  fes  leçons 
publiques  ,  les  imprima  l'an  1545  ^ 
dans  fon  Edition  de  la  Bible  de  Léon 
de  Juda\  en  2  vol.  in-8^  i  mais  ces 
Notes  ayant  été  altérées,  comme 
on  le  croit,  par  cet  imprimeur «^ 
elles  furent  condamnées  par  la  fa- 
culté de  théologie  de  Paris.  Les 
doâ:eurs  de  Sala  manque  leur  fu- 
rent plus  favdtables  ,  &  les  firent 
imprimer  en  Efpagne  avec  appro- 
bation. Robert  Etienne  les  défendit 
contre  Jes  théologiens  de  Paris, > 
qui  ne  les  avoient  cenfurées  qu'à 
caufë  de  l'endroit  d'où  elles  for- 
t  oient.  Il  eft  certain  que  ,  malgré 
leurs  anathêmes,  les  Explications 
de  Valable  ont  été  très  -  eftimées  ; 
elles  font  claires  ,  précifes  &  natu- 
relles. La  dernière  édition  eft  de 
'1729 ,  2  vol.  in- fol.  On  la  doit 
aux  foins  de  Michel  Henry ,  pro- 
fefiTeur  d'hébreu  au  collège  royal. 
Cet  illuftre  favant  mourut  en  1547  , 
laiffant  vacante  l'abbaye  de  Bel  le - 
zane ,  qui  fut  donnée  au  célèbre 
Amyot,  Sa  piété  égaloit  fon  érudi- 
tion. On  a  encore  de  lui  une  Trc* 
duHlon  latine  de  quelques  livres 
d'Ariftote^  qu'on  trouve  dans  l'édi- 
tion de  ce  philofophe  donnée  par 
puval.  Ce  fut  Vatahli  qui  confeilla 
à  Marot  de  traduire  les  Pfeaumes 
en  vers.  Il  l'aida  même  dans  ce 
travail ,  qui  ne  fait  guère  d'hon- 
neur aujourd'hui  iii  à  l'un  'ni  à 
l'autre.  Vatahle  laifia  deux  difcipics 
fameux,  Jean  de  Saûgnac  gentil- 
homme de  Périgord ,  &  Jean^  Mercier 
d'Ufez.  Voyei  GUALTERUS. 

VATACE ,  Voy,  Jean  Duc  as, 
n.^  II. 

VATEAU,  FoyeiWATTEAV. 

VA  TER,  (Abraham)  né  en 
1684,  devint  par  fon  mérité  prc- 
fefTeur  d'anatomie,  de  botanique. 


1 


30Ï        V  A  T 

&  de  médecine  à  '^iRëmberg,  fa. 
patrie.  Il  avoit  voyagé  en  Allema- 
gne ,  en  Angleterre  ôc  en  Hollande  » 
où  le  célèbre  Ruyfch ,  profeâfeur  à 
Amflerdam,  lui  donna  des  inftruc- 
tions  particulières  fur  Tanatomie. 
Il  lui  apprit  fur<4out  Tart  de  ces 
belles  injeâions  ,  qui  étoit  fon 
grand  talent.  Kc£«r  profita  û  bien 
As  leçons  de  Ruyfch^  qu'après  avoir 
été  (on  diftiple  ,  il  devint  fon 
émule.  Cet  habile  homme  mourut 
dans  fa  patrie  en  17^ ,  membre  de 
l'académie  des  Curieux  de  la.  Nature , 
de  la  Société  royale  de  Londres  & 
de  celle  de  Pruffe.  On  a  de  lui  plu- 
fieurs  Ouvrages  eftimables.  Il  a 
laiflë  des  Préparations  anatomiques, 
qui  ne  cèdent  en  rien  à  celles  de 
R»yfih^  &  qui  compofent  un  ca- 
binet magnifique.  On  en  a  donné 
)a  defcription  fous  ce  titre  :  Va» 
ttrî  Muféeum  Anatomlcum  proprtum^ 

VATTEyiLLE,(rabbéde) 
d'une  famille  illuftre  deBerne\  dont 
une  branche  s'établit  en  Franche- 
Comté  du  temps  de  la  réformation, 
fbt  d'abord  colonel  du  Régiment  de 
Bourgogne ,  pour  le  roi  d'Efpagne 
PhinppeJV,  &  fe  diftingua  par  plu- 
fieurs  aâions  d'éclat.  Un  pafTe-droit 
qu'on  lui  fit,  l'obligea  de  prendre 
l'habit  de  Chartreux.  Mécontent 
bientôt  dé  fon  npuvel  état,  il  s'évada 
de  fon  monaftere ,  après  avoir  tué 
le  prieur.  Il  eut  enfuite  diverfes 
aventures ,  &  finit  par  fe  retirer  dans 
les  Etats  du  grand-feigneur,  où  il 
prît  le  mrban.  Etant  entré  dans  le 
fervice ,  il  q^iontra  fa  valeur  dans 
quelques  occafions ,  devint  bâcha , 
&  obtint  le  gouvernement  de  quel- 
ques places  dans  laMorée,  pendant 
la  guerre  de  la  république  de  Ve- 
nife  contre  la  Porte  Ottomane.  Cette 
circonihnce  lui  fît  naître  l'idée  de 
rentrer  dans  fa  patrie.  Il  négocia 
fecrétement  avec  les  Vénitiens  qui 
obtinrent  de  Rome  Tabfolucion  de 


V  A  T      . 

fon  apoflafie  «  fa  fécularifatioil  Et 
un  bénéfi  ce  conddér^le  en  Franche* 
Comté.  Ce  fut  à  ces  conditions  qu'il 
leur  livra  les  ^places  dont  il  étoit  le 
maître.  De  recour  dans  fa  province , 
au  moment- où  Louis  XI F  cher- 
àkoit  à  l'envahie  ,  il  fervit  afiefl 
utilement  la  France ,  pour  obtenu* 
deux  riches  abbayes  &  le  hauc 
doyenné  du  chapitre  dé  Befançon* 
Il  y  vivoit  en  grand  feigneur ,  ayant 
un  équipage  de  chafle ,  une  table 
fomptueufe ,  craint  &  refpeûé ,  da 
moins  à  l'extérieur.  U  mourut  en 
1710,  âgé  de  plus  de  90  ans.  ?</■* 
iîjjon  le  peint  ainii  dans  fon  Hif- 
toire  de  la  Conquête  de  U  Franche* 
Comté  en  1668  :  ^  Un  tempérament 
"  froid  &  paidble  en  apparence  « 
»  ardent  &  violent  en  effet  ;  beau- 
»♦  coup  d'efprit,  de  vivacité,  d'ira- 
»  pétuoiité  au  dedans  ;  beaucoup 
"  de  diffimulation  &  de  retenue  au 
**  dehors;  des  flanunes  couvertes 
"  de  neige  &  de  glaces  1  un  grand 
»•  filence  ,  ou  un  torrent  de  pa- 
"  rôles  propres  à  perfuaderv  ren-» 
»  ferm.é  en  lui-même  »  mais  commet 
>»  pour  en  fortir  au  befoin  avec 
M  plus  de  force  *,  le  tout  exercé  par 
M  une  vie  pleine  d'agitations  &  de 
»»  tempêtes  propres  à  donner  plus 
>»  de  fermeté  &  de  fouplelTe  à  l'ef- 
««  prit  «.  Le  baron  de  VattevWe^. 
qui  fut  arabaffadeur  à  Londres  « 
étoit  fon  frère  ;  c'étoit  un  homme; 
adroit  &  habile  -,  rtiais  fa  vie  ner 
fut  pas  agitée  comme  celle  dit 
doyen  de  Befançon ,  dont  il  avoit 
lé  génie  «  fans  en  avoir  Tempor* 
tement. 

VATTEVILLE,  VoyeiUoTUT^ 

CHaESTIEK. 

VATTIER  K  (  Pierre.  )  naquit  i 
Lifieux  dans  le  dernier  fiecle ,  fefit 
médecin ,  devint  confeiller  de  G^p^ 
ton  duc  d'Orléans ,  &  abandoans 
la  médecine  poyr  cultiver  la  lan* 
gue  arabe.  Nous  lui  devons  use 
iTraduâion  fraBçoife  du  Ttmur^^ 


j 


VAU 

taie  ées  Calîfis  Mahoinétàns  à'ÊU 
mac:nus.  Cette  Verûon  parut  à  paris 
fea  1^57. 

V  A  U ,  (  Loiûs  le  )  architeae 
François,  mort  à  Paris  en  1670  , 
âgé  de  58  ans ,  apportoit  au  tra« 
vair  une  adiduité  &  un  génie  aâif, 
qui  lui  furent  entreprendre  &  ei^é- 
curer  de  grandes  chofes.  Il  remplit 
avec  diilinf^ion  la  place  de  premier 
architeae  du  roi.  Ce  fut  fur  fes 
Dcflins  qu'on  éle^a  une  partie  dfs 
Tuileries ,  la  porte  de  l'entrée  du 
Louvre,  &  les  deux  grands  corps 
de  bâtimens  qui  font  du  coté  du 
Parc  de  Vincennes.  Il  donna'  les 
plans  de  l'Hôtel  de  Colben  ,  de 
l'Hôtel  de  Donne  ^  du  Château  de 
Vau-le- Vicomte,  &  les  deffins  du 
Collège  des  Quatre- Nations ,  exé- 
cutés par  Dorbay ,  fon  élevé ,  &c. 

VAVASSEUR,  Voyei  Masse- 
ville. 

VAVASSEUR,  (François)  Jé- 
fuite,  né  en  1605 ,  à  Paray,  dans 
le  diocefe  d*Autun>  devint  inter- 
prète de  l'Ecriture  -  fainte  dans  le 
collège  des  Jéfuites  à  Paris ,  où  il 
finit  Ces  jours  le  14  Décembre 
1681,  à  76  ans,  avec  la  réputa- 
tion d'un  religieux  plein  d'une  piété 
folide  &  fans  grimace,  he  P.  Fa- 
yaffcur ,  plein  de  la  leâure  des  ai^ 
teurs  du  ficelé  ^Aupilh  ,  s^eil  prin- 
cipalement diftingué  fur  le  ParnaiTe 
latin**,  mais  il  eft  plus  recomman- 
ëabie  par  l'élégance  &  la  pureté 
dp  .ftyle ,  que  par  la  vivacité  des 
images  9l  l'élévation  des  penfées» 
Le  Bere  lM€as ,  fon  confrère ,  pt»* 
blia  le  Recueil  de  fes  Poéfies, 
1683  ,  in-S**.  On  /'trouve  :  I.  Le 
Poème  héroïque  de  Job,  II.  Plu- 
fieurs  P^éfies  faintes,  III.  Le  Theur" 
j^eon ,  en  iv  livres ,  ou  les  Mha- 
cUs  ât  hfus'Chrift.  IV.  Un  à^EUgîes. 

V.  Un    autre    de    FUces  Epiques^ 

VI.  Trois  livres  à*Eplgirammes ,  dont 
piufieurs  manquent  de  fel.  Ce  qui 
rend  iès  £pîg;ramn»es  fades.»  ç*^ 


V  A  u     ~  3oy 

(lu^étlés  roulent  fur  des  louanges  ^ 
&  la  fatire  eft  plus  propre  pour 
1  Epigramme.  Elle  plait  fur  -  tout 
davantage  au  ledbur  malin.  Les. 
bons  critiques  reprochent  à  fes  au« 
très  Poéfies  une  exa£^itude  trop 
f:rupuleufe,  qui  eil  plus  d'^n  gram* 
mairien  que  d'un  poëte.  Ses  vers 
fentent  quelquefois  la  contrainte. 
Ses  autres  Ouvrages  ont  été  recueil* . 
lis  à  Amfterdam ,  1705 ,  in-fol.  Ils 
renferment  :  I.  Un  Commentaire  fur 
Job.  II.  Une  Dijfenatlon  fur  la 
beauté  deJefus-ÇhriJi  ,  où  l'on  trouve 
quelques  puérilités  :  il  prétend  que 
1.  C.  tenoit  un  milieu  entre  la  lui* 
deur  &  la  beauté.  III.  Un  Traité 
De  ludicra  dîàîone ,  ou  Du  fty le  Bur* 
lefque,  contre  lequel  il  s'éleva  avec 
force,  il  y  montre  qu'aucun  auteur  , 
ni  grec  «  ni  latin ,  ne  s'eft  fervi  de 
ce  ftyle.  Il  paffe  en  revue  tous 
les  écrivains  anciens  dont  les  Ou* 
vrages  font  femés  de  plaifanteries^ 
ôc  il  en  ^ge  avec  beaucoup  de  fa-» 
gacité.  IV.  Un  Traité  de  Vfylgram^ 
me ,  qui  offre  quelques  boiuiès  ré* 
flexions.  V.  Une  Critique  de  la  Pod-^ 
iique  du  P.  Rapî/i^  pleine  d'humeur 
&  même  de  mauvaife  foi.  Elle  eft 
en  françois  ,  &  ce  langage^à  ne  lui 
étoit  pas  audl  familier  que  le  latin  : 
autant  celui-ci  efi  pu^  &  élégant  » 
autant  l'autre  eft  défagréable.    ^ 

VAUBAN,  royei  Prestre. 

VAUCANSON ,  (  N...  de  )  da 
Tacadémie  des  ScieiKes  de  Paris  » 
mort  le  21  Novembre  1782, étoit 
né  à  Grenoble  en  1709.  Le  hafard 
développa  fon  talent  pour  la  mé- 
canique. Ayant  été  enfermé  encore 
enfant  dans  une  chambre ,  il  fe  mie 
à  examiner  la  Pendule  avec  tant 
d'attention ,  qu'il  parvint  à  en  con* 
cçvoir  le  mé^t^ljne.  Dès-  lors  il 
s^exerça  à  faire  de 'petites  machines  , 
qui  toutes  fuppofoient  du  génie^ 
Mais  ce  qui  fonda  fa  réputation  en 
ce  genre,  fut  fon  Flûteur.  Cet  auto* 
maus  loirQdttit  réellemou  diaas  i^ 


^ 


iô4        V  A  U 

flûce  un  fouffle  que  lemouveitieàt  «les 
doigts  modifie  aveciuftefTe,  &  il  exé« 
cute  dix  airs  avec  précifîon.  Ceft  en 
1738,  que  l'auteur  parut  à  Paris, 
a^rec  cet  étonnant  androïde,  dont 
*  il  donna^la  defcription  dans  un  Mé- 
iftoire  imprimé  &  approuvé  avec 
éloge  par  l'académie  des  Sciences. 
Si  ce  Mémoire,  au  lieu  d'être  Tcx- 
pofition  d'une  machine  exécutée, 
avoit  été  le  projet  d'une  machine 
à  faire ,  combien  de  gens  ne  l'au- 
roient  -  ils  pas  traitée  de  chimère  ! 
Vaucanfon ,  animé  par    les  éloges 
encourageans  du  public ,  expofa  en 
1741    d'aubes  automates  qui  ne 
forent  pas  moins  applaudis,  i.^  Un 
Caaai^d  qui  prend  le  grain ,  le  digère 
&  le  rend.  2.**  Un  Joueur  de  Tarn- 
hourln ,  habillé  en  berger  danfeur  ,> 
qui  joue  une   vingtaine    d'airs  , 
menuets,  rigodons  ou  contre-danfes. 
L'habile  mécanicien  nefe  borna  pas 
à  des  automates  -,  il  dirigea  fes  talens 
vers  l'utilité  publique.  Il  conftruif^t 
des  Moulins  pour  U  Soie  ,  qui ,  en 
amplifiant  la  main-d'œuvre ,  don- 
nent aux  organfîns  une  préparation 
plus  par&ite  &  beaucoup,  moins 
dirpendieufe.  Il  perfeâionna  aufG 
les  Tours  à  tirer  la  fmt  »  &  inventa 
un  Métier  fur  lequel  un  enfant  pou- 
voit  faire  les  plus  belles  étoffes 
connues.  Mais  quelques-unes  de  îes 
inventions   économiques  &  ingé- 
nieufes  furent  rejetées  par  TeTprit 
de  routine  ,  &  car  la  crainte  de 
rendre  inutiles  une  foule  de  bras* 
L'auteur  de  tant  d'ouvrages  curieux 
&  intéreffans ,  ajoutoit  au  don  d'in- 
vention ,  un  caraâere  doux  «  une 
ame  fenfible ,  &  une  fimplicité  de 
moeurs  qui  lui  ont  mérité  les  regrets 
de  fa  famille  &  de  fes  amis.  Il  fut 
bon  maître,  bon  pei»s  bon  citoyen. 
En  1740»  il  fut  Ippelé  par  le  roi 
de  Pruffe  *,  mais  il  refufa  les  offres 
que  lui  faifoit  ce  prince ,  juge  éclairé 
du  mérite.  Peu  de  temps  après ,  le 
cardinal  de  Fleuri  lui  confia  Tinf- 


V  A  u       ^ 

peâlon  des  manu^Ûure$  de  foîé; 
l'une  des  branches  les  plus  impor* 
tantes  de  notre  commerce.  Vau» 
canfon  ,  attaqué  dans  fes  dernières 
années  d'une  maladie  douloi^eufe, 
confefVa  toute  fonaûivité.  Il  s'oc- 
cupoit  encore  peu  de  jours  ayant 
fa  mort ,  d'une  machine  pour  corn- 
pofer  une  chaîne  fans  fin.  Prejfei" 
vous  ,  difoit-il  aux  ouvriers ,  je  ne 
vivrai  peut-êtn  pas  ajfeipour  expliquer 
mon  idée  en  entier, 

VAUCEL ,  (  Louis-Paul  du  )  fils 
d'un  confeiller  d'£vreux  ,  avoit 
été  avocat  avant  que  d'embrafier 
l'état  eccléfiaftique.  Ses  connoif- 
fances  dans  les  langues  ,  4ans  le 
droit  &  dans  les  affaires ,  lui  firent 
un  nom.  Pavillon  ,  évêque  d'A.leth, 
voulut  l'avoir  auprès  de  lui  en  qua- 
lité de  chanoine  &  de  théologal  de 
fa  cathédrale.  VaucelÎMt  d'un  grand 
fecours  à  ce  prélat  ,  &  lui  fervit 
comme/ de  fecrétaire  ;  mais  tandis 
qu'il  l'aidoit  dans  fes  dépêches  & 
dans  les  Mémoires  touchant  l'affaire 
de  la  Régale,  il  reçut  une  lettre  de 
cachet  qui  le  reléguoit  à  Saint- 
Pourçain ,  dans  l'extrémité  de  l'Au- 
vergne. Après  quatre  années  de 
captivité  ,  il  paÎTa  en  Hollande  , 
l'an  1681  ,  auprès  à'Amauld ,  qui 
l'envoya  à  Rome  ,  où  il  fut  fort- 
utile  à  ce.doâeur  &  à  fes  amis. 
Le  pape  le  chargea,  en  1694 ,  des 
affaires  de  la  Miffion  de  Hollande. 
Du  Vaucel  quitta  Rome  après  y 
avoir  demeuré  près  de  duc  ans. 
Il  parcourut  la  plupart  des  villes 
d'Italie,  &  alla  mourir  à  MaflJcht 
le  22  Juillet  1715.  On  a  de  lui  : 
I.  Un  Tràké  de  la  Régale ,  qu'il  en- 
voya à  Favoriti ,  qui  le  fit  traduire 
en  italien ,  puis  en  latin ,  fous  ce 
titre  :  TraHatus  pneraUs  de  RegaHâ  , 
è  gallico  latine  reddùus  ,  aucHor  & 
emendatior ,  1689 ,  in-4''.  II.  Brèves 
Confideratîones  in  doclrinam  Micha'èSs 
de  Molînos  ,  in- 12.  111.  PlufieufS 
Lettres  ,  Mémoires ,  &c.  fous  le  noiB 

de 


I 


r 


V  AU 

it  VuyUîon  ,  évêque  d'AIeth ,  dans 
le  temps  qu'il  fervoit  de  fecrétaire 
à  ce  prélat.  IV,  Plufieurs  Ecrits 
fous  des  noms  Aipporés ,  dans  des 
ilecueils  d'autres  auteurs ,  &c. 

VAUDEM  O  N T,  (Antoine  ) 
Voyei  I.  Guise  -,  &  KEnt^i/iulo. 

VAUGE^(  Gilles  )  prêtre 
de  l'Oratoire  ,  natif  de  Bcric  au 
diocefc  de  Vannes  ,  enfeigna  les 
humanités  &  la  rhétorique  avec 
dlAindbion  ,  puis  la  théologie  au 
féminaire  de  Grenoble.  Le  cardinal 
le  Camus ,  évêque  de  cette  villes 
&  Mont'  Martin  Ton  fuccefTeur  , 
firent  un  cas  particulier  de  fes 
lumières  &  de  fes  vertus.  Le  Perc 
y'aug^ ,  accablé  par  le  travail  &  les 
années ,  fe  retira  en  la  maifon  de 
l'Oratoire  de  Lyon,  où  il  mourut 
danspn  âgé  avancé,  en  1739.  Ses 
Ouvrages  font  :  l.  Le  Catéchljme  de 
CrtnohU,  I L  Le  DinHatr  des  Ames 
Fcnucntes  ^  2  vol.  in-ii.  llL  Deux 
Dialogues  fur  les  affaires  du  temps. 
IV.  Un  Traité  dt  tEfpérànce  Chré- 
ilermt ,  contre  Tefpric  de  pufiUani- 
inité  &  de  devance  ,  &  contre  la 
crainte  exceffive,  in-ii.  Cet  ou* 
vrage  ,  profond  &  folide ,  a  été  tra- 
duit en  italien  par  Louis  Rlccoboni, 

VAUGELÀS,  Voy,  /j.  Favre. 

VAUGIMOIS  ,  (  Claude  Fyot 
ide  )  fupérieur  du  féminaire  de 
Saint- Irenée  de  Lyon  «  de  la  fociété 
littéraire-militaire,  mort  en  1759  , 
ëtoit  d'une  bonne  famille  de  Bour- 
gogne. On  a  de  lui  quelques  Ou" 
vrages  député^  qui  ont  affez'dc  cours* 
Cétoit  un  homme  d'un  caraâere 
doux  &  d'une  piété  folide. 

VAUPLAISANT,  Ky,  Dupré  , 
11°  I.  % 

VAUMORIEUE  ,  (  Pierre 
bortigue  ,  lieur  de  )  -gentilhomme 
d'Apt  en  Provence ,  vint  à  Paris  , 
où  fon  efprit  lui  mérita  la  place  de 
fous-direfteur  d'une  académie ,  ou 
plutôt  d'un  tripot  littéraire  formé 
par    l'abbé   d'AubJgnac,  Il  mourut 

Tome  JX, 


V  A  1/        30^ 

^1^9)  »  fort  pauvre.  Sa  probité  ^ 
fa  politeffe  &  fon  enjouement  lui 
firent  plus  de  partifans  que  fea 
livres.  Mademoiselle  de  Scudérl  ert 
à  fait  un  portait  qui  Teflemble  un 
peu  à  celui  des  héros  de  {ts  Ro*  ' 
mans.  »»  Sa  moindre  qualité  <  Axu 
'*  elle  y  étoit  fon  bel  efprit,  H 
w  brilloit  par-tout  -,  mais  il  étoit 
»*  encore  plus  honnête  homme, 
"  qu'il  n'étoit  homme  de  lettres* 
»*  11  avoit  lefprit vif, les fentimens 
"  naturels  &  nobles  ,  les  idées 
'»  juAes&diftinaes,iesexpreffions 
'♦  gaies  &  hardies  ,  les  manières 
»  douces  &  engageantes ,  le  cœur 
"  au-deflus  de  fon  pouvoir  &  de 
'♦'  fon  état.  Généreux  ,  empreffé* 
»»  noble  ,  prévenant ,  ûe  connoif- 
<♦  fant  d'autre  intérêt  que  celui  de 
"  fes  artiis ,  &  d'autre  plaifir  que 
»♦  celui  d'en  faire  <  il  n'avoit  rien 
"  à  lui-,  tous  ceux  qui  le  connoif- 
"  fôient ,  étoicnt  plus  maîtres  de 
»  fon  bien  que  lui-même.  Il  difoif 
"  toujours ,  que  t argent  &  U  ccturne 
»♦  font  bons  que  lorfqu^on  les  donne  -j 
»♦  à  quoi  il  ajoutoit ,  que  c'était  uti 
»  moindre  mal  d^itre  dupe  ,  que  de 
'»  craindre  toujours  d!ttre  dupé,,.  Dans 
"  un  âge  fort  avancé,  il  confervoit 
"  tout  le  feu  d'une  belle  jeuneffe; 
"  il  étoit  enjoué  &  galant  dans  les 
>•  ruelles  ,  modefte  avec  les  gens 
"  d'efprit  ,  réjouiffant  &  folide 
»»  avec  les  jeunes  gens.  Toujours 
«  doux ,  toujours  poli  ,  toujours 
"  agréable  en  toutes  fortes  de 
»♦  fociété* ,  il  portoit  la  joie  &  le 
»»  plaifir  avec  lui.  Sa  feule  préfence 
'*  avoit  l'art  de  réveiller  une  con- 
M  verfadorl  affoupie  «.  On  a  de  lui  ; 
L  VArt  de  plaire  dans  la  Converfatîon 
în-i2  ,  affez  bon.  II.  Un  Recueil 
affez  mal  choifi  ,  en  4  vol.  in»i2 
de  Karanguis  fur  toutes  fortes  dcfujctf 
avec  VArt  de  les  compofer,  \\\,  JJ^ 
Recueil  de  Lettres ,  avec  la  Manlsre 
de  Us  écrire^  2  vol.  in-12.  IV.  Ua 
grand  nombre  de  Romans ,  verbeux 

V 


«ÎW 


joô      Vax; 

&  fans  vrairemblance.  Le  Grand 
Scipîon  ,  4  vol.  in  -  8®  i  les  cinq 
derniers  volumes  du  Pharamond  , 
qui  en  a  Ii  in-8°.  Diane  de  France  ^ 
in- II.  La  Galanterie  des  Anciens  , 
2  vol.  in-Il.  Adélaïde  de  Champagne , 
a  vol.  in- II.  Agiatis,  i  vol.  in- il. 
Ce  rival  du  fécond  Scudérl ,  dont  il 
ctoit  Tadmiraceur  &  l'ami ,  n'a  pas 
autant  de  réputation  que  lui.  Il 
âvpit  deiTein  de  mettre  THifloire 
de  France  en  dialogues ,  &  de  faire 
parler  chaque  perfonnage  fuivant 
#on  cara€^ere  \  mais  pour  un  tel 
projet ,  il  £illoit  un  écrivain  moins 
flsédiocre  que  Vaumorîere, 

VAUQUELIN  ,   Voye^    Fres- 

MAYE  (la),  6»  IVETEAUX. 

VAUQUER ,  (  Robert  )  de  Bloia, 
célèbre  peintre  en  émail  ^  mort  en 
1670 ,  eut  peu  de  rivaux  ,  par  l'ex- 
cellence de  fon  deflîn  &  la  beauté 
des  couleurs  qu'il  employa  dans  fes 
Ouvrages. 

VAUVENARGUES ,.  (  le  Mar- 
quis de)  d'une  famille  noble  de 
Provence  ,  fervit  de  bonne  heure , 
&  fiit  long -temps  capitaine  au 
Régiment  du  Roi.  La  retraite  de 
Prague,  pendant  trente  lieues  de 
glaces  ,  lui  caufa  des  Maladies 
cruelles ,  qui  lui  firent  perdre  la 
vue  )  ta  lui  cauferem  la  mort  en 
1747  ou  1748.  Dès  rage  de  1^ 
ans  ,  il  poitcdoit  la  vraie  philo- 
lophie  &  la  vraie  éloquence ,  fans 
autre  étude  que  le  fecours  de  quel- 
ques bons  livresi  Nous  avons  de 
lui  une  JntroduBîon  à  la  connoijfance 
de  r Ef prit  humain  ^fidvte  de  réflexions 
.  &  de  maximes  :  ouvrage  qui  vit  le 
jour  en  1746  ,  in-ii ,  a  Paris.  La 
folidité  &  la  profondeur  font  le 
caraûere  de  ce  livre.  11  eft  plein 
d'excellentes  chofes  ,  à  quelques 
réflexions  près  qui  tiennent  du 
paradoxe ,  ou  qui ,  mal-entendues , 
pourroient  ctre  contraires  à  la  re- 
ligion. 

VAUX»  Foyei  Devawx.. 


V  E  C 

,  VAUX-CERNAY,  (Pierre de) 
religieux  de  l'Ordre  de  Citeaux  ^ 
dans  l'abbaye  de  Faux-Cemay ,  près^ 
de  Chevreufe,  écrivit,  vers  l'aa 
1216',  VHificire  des  AlhlgeoLs,  Nicolas 
Camu/at  ,  chanoine  de  Troyes  * 
donna  une  bonne  éditio&en  161^  ^ 
de  cet  ouvrage, ^i  ne  donne  pas 
une  grande  idée  de  l'hiilorien.  U 
peut  cependant  être  utile  pour  le* 
cvénemens  du  xni*  fiede. 

VAUZELLE  ,  (  Pierre  )  Kyei 
Honoré  de  Sainte-Marie ,  n*^  III. 

VAYER;  Koy.  Mothe-Vaye», 

VAYRAC,  (  l'Abbé  de  )  né  Cft 
Auvergne,  eft  auteur  d'une  bonne 
Traduâion  des  Mémoires  du  car- 
dinal Bentlvoglio ,  &  d'une  Defcrip* 
tion  de  VEtat  pré/ent  de  L^Efpapie  ,  > 
Amflerdam,  1719,  4  vol.  in-ii  : 
ouvrage  exaâ,  où  il  prouve  que 
ce  que  madame  d*Aunoy  a  écrit  fur 
l'Efpagne  ,  eft  trop  mêlé  de  fables  r 
de  railleries  piquantes  pour  tourner 
les  Efpagnols  en  ridicule.  Peu  d*au- 
teurs  françois  ont  parlé  de  Tlnqui- 
fition  d'après  des  informations  aufir 
sûres  &  aufti  impartiales  ^  l'abbé 
de  Vayrac, 

VECCHIETTI ,  (  Jérôme)  favani^ 
Florentin  du  xv  il*  ùtd^ ,  embrafib 
l'état  eccléiiaftique ,  étudia  la  théo^ 
logie  avec  1u*deur  ,  £c  en  prit  le» 
degrés  *,  la  chronologie  roccu^a* 
'enfuite.  11  eft  principalement  conmi» 
dans  la  république  des  lettres  par 
un  Livre  dont  voici  le  titre  :  OpàP 
de  anno  primitive  ,  in-folio.  Cet. 
ouvrage  rare  &  plein  de  recherches 
favantes,  fut  imprimé  à  Ausboui^ 
en  161 1  :  il  eft  divifé  en  huit  livrée* 
L'auteur  tâche  d'accorder  la  Chro- 
nologie Sainte  avec  la  Période  Ju« 
Henné.  Il  mourut  à  l'âge  de  80  ans» 
dans  les  prifbns  de  l'Inquifttion  , 
pour  n'avoir  pas  voulu  fe  rétraâer 
de  ce  qu'il  avoit  avancé  dans  {cm 
Ouvrage  ,  que  Jcfus-Chrifi  ne  fit  pat 
la  Pâ^e  la  dernière  année  de  fa  vie, 

VECCUS ,  (  Jean  j  CanophyUa^^ 


J 


r 


V  É  C 

É^fià-â-dîre  ,  Garde  dii  tréfoi^  dés 
Chartes  de  Sainte-Sophie ,  fut  en-i 
Voyé  pac  Teippereur  Mîchtl  PaUo^ 
I      loffu  au  concile  de  Lyon  ,  où  la 
!    ,j«union  de  l'Eglifc  Grecque  &  de 
I      r£glife  Romaine  fiit  terminée ,  en 
1274.  11  contribua  beaucoup  à  la^ 
coacluûon  de  ce  grand  ouvrage^ 
|»r  fon  éloquence  &  fon   efprit 
I     conciliant.  Ufcph  ,  patriarcl^e    dé 
Conftantinople  ,  qui  fomenioit  le 
i      Ichiûne,  ayant  été  dépofé,  Vucus 
\  ^  6it  élevé  fur  le  fiége  patriarchal  eît 
\     117  ^ .  Son  zèle  pour  le  maintien  de 
k  féuiûoil  lui  attira  la  haine  des 
Ichtfmatiques  Grecs  «  qui  intente* 
iieat  contre  lui  des  accUfations  ici* 
lomnieufes.   Cette  pâ-fécutiofl   1^ 
I      porta  en  i479  i  à  envoyer  la  dé-- 
\     Éûffîofi  de  Ton  patrtarchat  à  Teni-' 
r     pereur ,  de  à  ïe  fttirer  xlans  un  Mo- 
naftef e  ;  mais  ce  piince  le  rappela 
'      j^u  après.  Michel  PaUolopu  étant 
inoxt ,  AnÂtytilc  ,  qui  lui  fuccéda  , 
le  laiiïant  conduire  par  là  ptinceâe 
'Ëalopa  fa  tante ,  s'oppofâ  à  l'union'', 
I      fit  dépofer  P^eccns ,  &  le  fît  enfermer 
«ians  une  étroite  prifon ,  où  ce  grand 
ptélat  moutut  de  mifere  en  1298^ 
Il  avoit  cdmpofé  plufieurs  Ecrits 
^     pour  la  défënfe  de  la  vérité-,  &  il 
inféra  dans  fon  teftameiit  une  décla- 
mation de  Ùl  croyance  fur  l'article 
du  Saint 'E/pr'u  ,   conformé    à   là 
éo£bine  de  l*Eglif<6  Latine,   f^oye^ 
le  Recueil  d*Àlatiai^(\it  la  Proceflîon 
du  Saint- Efprity  Rome,  1652  S: 
1659  ,  1  vol.  in-4**. 

VECELLI,  Voyei^tirtus. 
I.  VECELLI,  (François)  frerè 
4it  Titien ,  peinire ,  mourut  dans  uii 
âge  fort  avancé  ,  mais  avant  fon 
frerè.  François  f^ecelU  s*adontia  d'a- 
bord à  la  profeHîon  des  armes  ^  il 
Vint  enfuite  à  Venifé,  où  il  apprit 
la  peinture  fous  fon  frère.  Il  y  fit 
des  progrès  rapides.  Le  Titien  , 
'  traignaht  en  lui  un  rival  qui  le 
furpaflât  ou  du  moins  qui  l'égalât, 
tâcha  àt'U  dégôSiêr  dç  çé  bçl  ^rC| 


V  È  È         307^ 

&  lui  perfuada  d'embralTer  lé  com^^ 
merce.  François  Vecelli  s'appliqua  à 
faire  des  cabinets  d'ébene  ,  Ornés 
de  figures  &  d'archite61ure.  Il  pei« 
gnoit  cependant  encore  pour  £es 
amis.  Plufieur»  de  fes  Ouvrages  ont 
été  attribués  au  Giurglqn, 

IL  VECELLI ,  (  Horace  )  fils  du 
.  Titien ,  peintre ,  mort  fort  jeune ,  dq 
la  pelle  -en  15  764  faifoit  des  Por- 
traits ,  qu'il  étoit  fouvent  difficile 
de  ne  pas  confondre  avec  ceux  de 
ion  père.  Mais  l'état  d'opulence  où 
il  étoit,  &  fur-tout  fa  folle  pafiloii 
pour  l'alchimie ,  lui  firent  négligée 
la  peinture.  v 

VEDELIVS  ,  (  Nicolas)  du  Pa- 
làtinat,  enfeigna  la  philofophie  à 
Qeneve  i  puis  la  théologie  &  llié* 
breu  à  Deventet  &  à  Franeker,  & 
fut  enlevé  à  ces  fciences  en  1642  « 
laiflant  un  fils  miniftre  comme  lui  * 
more  en  1705 .  On  a  de  lui  un  Traité 
ûontre  les  Arminiens ,  intitulé  :  Dû 
Arc4nU  Apn'imanifmi  ,i632&i6349 
4  parties  tn-4**. 

VEDIUS ,  Voye^  P0L1.ZON  i  au 
milieu  de  l'article. 
.  VEJBNHUSEN,  (Jean)  littéral 
teiir  Hollandois,  vivoit  fur  la  fin 
du  dernier  fiecle.  Il  profefia^  les 
belles- lettres  avec  fuccès  ,  Se  tra<» 
yailla  fui-  divers  auteurs  claffiques« 
Les  principales  éditibcs  que  nous 
lui  devons ,  font  o^lles  de  Stace  & 
de  Pline  le  Jeune.^  dites  de  Farlorunu 
Le  Stace  fut  imprimé  à  Leyde  , 
în-i**,  eii  1661;  &  le  Pline,  en 
t669,ihidi,auffi  in-8®. 

VEENINX  ,  (  Jean  -  Baptifte  ) 
peintre, âé  à  Amfterdam  en  162 1 , 
mort  près  d'Utrecht  en  1660  ,  avoit 
ttneiîà<îilité  étonnante  :  fon  pinceau 
Àiivoit  en  quelque  forte  la  rapidité 
de  fon  génie.  Il  s'adonna  à  tous  les 
genres , hiftoire ,  portrait,  pvHyfàge-^ 
marines ,  fieurs  ,  aniinaux.  Il  réuâif- 
foit  principalement  dans  les  grands 
tableaux  -,  cependant  il  en  a  fait  de 
fçàxêf  ay^la  patience  &  letalem 


/ 


jo?         V  E  G 

de  ùérari'Dow  &  de  ^âUrls,  On 
déilreroit  plus  d'élégance  'dans  fes 
Àgures  ,'&  de  corre^on  dans  ion 
deâln. 

I.  VEGA,  (André)  théologien 
fcolaftique  Efpagnol,  de  l'Ordre 
de  Saint  -  Dominique  ,  mourut  e» 
1^70  «  après  avoir  aflîÂéau  concile 
de  Trente.  On  a  de  lui  les  Traités , 
De  Jujiificaiîone  ;  de  Gratta  §  de  Flde  | 
Opcrlhus  &  Mifitis^  Complut»,  1 564 , 
in-folio.  Ces  ouvrages  font  peu  lus. 

II.  VEGA,  (  Lopez  de)  poète 
Eipagnol ,  appelé  au(fî  Lopc  Félix  de 
Vega  Carpîo  ,  naquit  à  Madrid  efî 
1561  ,  d*une  famille  noble.  Ses 
talens  liû  méritèrent  des  places  & 
des  diftinétions.  Il  fut  fecrétaire  de 
l'évêque  d'Avila,  puis  du  comte  àe 
Lemos  ,  du  duc  d^Alhe^^t,  Après  la 
mort  de  fa  2*^  femme ,  il  embraffa 
l'état  ecdéfiaftique ,  &  entra  comme 
prêtre  dans  l'Ordre  de  Maltbe.  Ce 
poète  fe  fit  rechercher  à  caufe  de 
îa  douceur  de  fes  mœurs  &  de  l'en- 
jouement de  fon  efprit.  Jamais  génie 
Be  iuï  plus  fécond  pour  compofer 
des  ComédUs,  Celles  qu'on  a  raf« 
iîemblées»  compofent  25  volumes, 
dont  chacun  renferme  12  Pièces  de 
théâtre.  L'on  aflure  même  que  ce 
poète  avoit  fait  jufqu'à  1800  Pièces 
en  vers.  Voici  comme  il  ezcufe 
cette  inconcevable  fécondité ,  dans 
fon  Epitre  fur  le  Nouvel  An  de  foin 
des  Comédies  : 

L'ahus  règne,  V.an  tombe  ^   &  U 
raifort  s'enfuit. 
Qui  veut  écrire  avec  décence  , 
Avu  art ,  avee  goût  ^  nen  recueille 

aucun  fruit  ; 
Il  vit  dans  le  méprisa  meurt  dans 
tindlgence. 

Je  me  vols  ahUgé  de  fervir  Plffio* 
rance  -, 
P enferme  fous  quatre  verroux 
Sophocle,  Euripide  &  Té- 
rence  i  * 


V  E  G 

J'écris  en  infenfé ,  mais  f  écris  pouf 
des  faux. 

Le  Puhâc  eft  mon  maître,  U  fiud 
bien  le  fervir; 
Il  faut  pour  fon  argent  UA  donner  eè 
quil  aime, 
Pécrispour  lui  ,  non  pour  md* 

mime^ 
Et    cherche  des  fucees  dont  je 
n*ai  qifà  rougfr. 

Il  étoit  alors  à  £i  48^*^  Pièce  de 
théâtre.  On  a  encore  de  cet  auteur 
d'autres  Ouvrages  ,  comme  Vogt 
del  Pamajfo  ;  un  Poème  intitulé  « 
Jérufalem  conguife  ;  diverfes  Nou* 
velles  *,  Lattre  del  ApoUo.  Un  auteur 
i\  fécond  n'a  pas  dih  donner  tou- 
jours de  l'excellent.  Aufll  fes  Pièce» 
dramatiques  ont  plufieurs  déCauts  »- 
mais  on  y  trouve  de  Tiavendon  » 
&  eUes  ont  été  fort  udles  à  plu* 
fieurs  de  nos  poètes  François.  I^pe^ 
de  Vega  mourut  le  27  Août  16  jj  ^ 
à  73  ans. 

III.  VEGA  ,   Voyei  11.  Gar* 

CI  AS* 

VEGECE  ,  (  Flavius  '  Vegetius^ 
Renaïus  )  ai^teur  qui  vivoit  dans 
le  ir^fîcde,  du  temps  del'empe^ 
reur  Falentinien ,  à  qui  il  dédia  fes 
Inftitutions  Militaires  ;  ouvi:age  0\| 
il  traite  d'une  manière  fon  médio- 
dique  &  fort  exaûe,  de  ce  qui 
concemoit  la  Milice  Romaine.  Cet 
ouvrage  eft  d'une  lannité  pur&> 
M.'  Bourdon  ,  qui  l'a  traduit,  dit 
que  pluiîeurs  manufcrits  donnent 
à  l'auteur  la  qualité  de  Cornu,  & 
que  Raphaël  de  Voherre  le  fait  Corn» 
de  Conftaruinople  ;  mais  le  même  tia- 
duâeur  ajoute  qu  il  ne  fait  fur  quel 
fondement.  Sa  Verfion  a  paru  en 
un  vol.  in-i2,  en  1743  ,  à  Paris, 
avec  une  Préface  &  des  remarques  i 
&  a  été  réimprimée  à  Amfterdam, 
in-8°,  en  1744.  M.  le  comte  Turpin 
a   donné   un  bon    Commentaire  fitf 

les  Inftitfttiofu  i(Uliwra  de  Ftgtu^  - 


r 


t 

I  V  E  G 

[     Pans,  1783,  a  vol.  in-4'*.  Vegece 
i      «I  <k>nné  auffi  un  Art  Vétérinaire , 
-dans  Rjd  RufllcA  Scrlptons ,  Leipzig , 
-173  y  ,  2  vol.  in -4°  ,  qui  a  été 
l     traduit  par  M.  Sahourenx  de  la  Bon- 
nttrie^  Paris,  1775  ♦  '"•^**  »  ^  ^"* 
I     forme  le  tome  vi*  de  V Economie 
\     Rurale ,  6  vol.  in-8**.  On  a  imprimé 
f^    fes  Infilmtlons   Militaires   avec    les 
autres  Ecrivains  de  l'Art  Militaire , 
<um  nous  Varlorum  ,  Vefel ,  1670  , 
%  vol.  in-8**  ;  &  f^parément  à  Paris , 
1762*  in- 12. 
VÉGIO  ,   V^yex  i.  Maffée. 
I        VEIL ,  (  Charles^Marie  de  )  fils 
*    d'un  Juif  de  Metz  ,  fut  converti 
par  Boffuet.  Il  entra  dans  T  Ordre 
•its  Auguftins ,  &  enfui  te  chez  les 
i    Chanoines  Réguliers  deSainte-Ge- 
I    nevieve.  On  l'env«ya  à  Angers, 
où  il  prit  le  bonnet  de  doéleur  , 
!    &  où  il  profefTa  la  tliéologie  dans 
;    les  Ecoles  publiques.  11  quitta  en- 
fuite   fa  chaire  pour  la  cure   de 
Saint- Ambroîfe  de  Mehin  ,  &  cette 
cure  pour  le  féjour  de  l'Angle- 
gleterre  ,  où  il  abjura  la  religion 
Catholique  vers  Tan  1679.  Il  fe 
maria  bientôt  après   avec   la  fille 
d'un   Anabaptifte  ,  &  fè  fit  con- 
'    noître  par,  plufieurs  Ecrits.    On  a 
de  lui  de  iavans  Commentâmes  fur 
S,  Matthieu  &   S,   Mûre  ,    Paris   , 
1674  ,  iii  -  4®  ;  fur  les  AfVes  des 
Apôtres  ,    1684  ,  in-8°  j  fur  h'él  , 
1676,  in-i2j  ftir  le  Cantîqife  4es 
i    Can'lques^  Londres,  1679,  in- 8®  *, 
&    fur   les    XII  petits  Prophètes  , 
Londres ,  1680 ,  in- 12.  Cet  apoftat 
mourut  à  la  fin  du  xvii**  fiede. 
I.    VELA  S  QUE  Z  ,  (  Jean- 
:    Antoine  )  Jéfuite  ,  né  à  Madrid 
en  Efpagne  Fan  1585 ,  mourut  en 
1669.   Après  avoir  été    plufieurs 
fois  reâeur  ^  il  fut  fait  provincial. 
Le  roi  Philippe  IF  le  fit  venir  à 
fa  cour ,  &  le  fit  confeiller  de  la 
Congrégation  de  la  Conception  Im- 
macutéç.  On  a  de  lui  :  L  Un  Com- 
mcntairc  ianaiavïE^itfeaax  fhilip- 


VEL         309 

pUns  ,  en  2  vol.  in  -  folio  ,  aufîî 
diffus  que  favant.  II.  Divers  Ecrits 
en  feveur  de  V Immaculée  Conception 
de  la  Ste.  Vierge. 

IL  VELASQUEZ,  (Don 
Diego  de  Silva  )  peintre  ,  né  à 
Séville  en  1594,  mourut' à  Madrid 
en  1660.  Un  génie  hardi  &  péné- 
trant »  un  pinceau  fier ,  un  coloris 
vigoureux,  une  touche  énergique, 
ont  fait  de  VéUfquci  un  artifte  cé- 
lèbre. Les  Tablea«x  de  Caravane 
le  frappèrent  vivement.  11  tâcha  d^ 
l'imiter,  &  put  lui  être  comparé 
pour"fon  art  à  peindre  le  Portrait. 
Il  fe  rendit  à  Madrid ,  où  fes  talens 
furent  poiur  lui  une  puifiante  pro- 
te£iiou  auprès  de  U  famille  royi^  le. 
Le  roi  d'Efpagne,  Philippe  IV,  le 
nom^ia  fon  premier  ppintre  ,  lui 
accorda  le  logement  &  les  penfions 
attachées  à  ce  titre ,  le  décora  de 
plufieurs  charges ,  &  lui  fit  préfent 
de  la  Qef  d'or  :  difiinâion  con- 
fidérable  »  qui  donne,  à  toutes 
heures  ,  les  entrées  dans  le  Palais. 
Vélafque\  voyagea  en  Italie'.  L  am« 
bafladeur  du  roi  d'E{pagne  le  reçut 
à  Venife  dans  fon  hôtel ,  &  lui 
donna  des  gens  pour  Tefcorter. 
Le  roi  l'ayant  chargé  d'acheter  de$ 
tahleaux  de  prix  &  des  antiqutis 
pour  orner  îon  cabinet  ,  c<Ste 
commiifion  hii  fit  entreprendre  Un 
fécond  voyage  en  Italie  ,  où  tous 
les  princes  lui  firent  un  grand 
accueil.  C'étoit  faire  fa  cour  au 
roi  d'Efpagne,  que  d'honorer  Vé" 
lafqueru  Ce  prince  Taimoit  ,  il  fe 
plaifoit  à  fa  compagnie  ,  &  pre^ 
noit  un  ptaifir  finguiiçr  à  le.  vcîc^ 
peindre.  Il  ajonèa  aux  honneurs 
dont  il  TaVoit  comblé ,  la  dignité 
de  chevalier  de  Saint- jfacques ,  & 
lui  fit  faire  à  fa  mort  de  magni-^ 
fiques  funérailles. 

VELD  ,  (  Jacques  )  favant. 
religieux  Auguftin  de  Brd^es  en 
Flandres ,  mort  à  Saint-Omer  epi, 
1583  ou  ij88;  a  compofé  tia 

Viii 


L 


1 


310        V  E  L 

Commentaire  fur  le  Prophète  DanUl^ 
auquel  il  a  joint  une  Chronologie, 
qui  fert  à  foire  entendre  les  Pro- 
phéties de  Jér^mie ,  d'E^échiel  &  de 
Damel.  Cet  ouvrage  prouve  que 
fon  auteur  ne  manquoit  ni  d'éru- 
dition ,  ni  de  fagacité. 

VELDE,  Voyc^  Vanden* 
yELDE. 

VELEZ,  i-  GuEVARA, 

VELLE ,  —  Devêlle. 

VELLEIUS,  PAT^RCULUS  , 
né  d'une  famille  illuftre,  originaire 
de  Naples ,  fut  tribun  des  foldats , 
puis  préteur  Tannée  de  la  mort 
6!Au^ufle ,  fous  lequel  il  avoit  fervi. 
Il  fit  des  campagnes  dans  différens 
pays  ,  &  fuivit  Tihere  dans  toutes 
îes  expéditions  :  il  fut  fon  lieute- 
nant en  Allemagne.  Nous  avons 
4e  lui  un  Abrégé  de  l'Hifloire  dç 
la  Grèce  ,  de  l'Orient  ,  de  Rome 
&  de  l'Occident,  Cet  ouvrage  ne 
nous  eu  pas  parvenu  tout  entier. 
Nous  n'avons  qu'un  fragment  de 
l'ancienne  Hiftoire  Grecque ,  avec 
l'Hiftoire  Romaine  ,  depuis  la  dé- 
faite de  Ferfée  jufqu'à  la  6*  année 
de  Tîhcre.  On  doit  regretter  la  perte 
du  refte.  Paterçulus  eiî  exaâ  à  mar-r 
quer  les  dates  des  événemens.  Il 
femonte  à  l'origine  des  villes  & 
d^  nouveaux  établifTemens,  Il  fait 
l'éloge  en  peu  de  mots,des  Hommes 
célèbres  dans  la  guerre,  dans  le 
gouvernement  ou  dans  la  littéra- 
ture. Cet  auteur  eft  inimitable  dans 
ies  portrait  ;  il  peint  d'un  feul  trait. 
Il  a  écrit  avec  une  iineffe  &  un 
agrément  qu'il  eft  difficile  d'égaler. 
Mais  on  lu*-  reproche  d'avoir  trop 
flatté  Tibère  &  Séjan  :  il  ne  voyoit 
en  eux  que  les  bienfaiteurs  dç 
Pi^urculus ,  tandb  que  le  refte  du 
genre  humain  y  voyoit  des  monf- 
fres.  Rhenanus  publia  cet  auteur  en 
lyio,  &  depuis  ce  temps ,  il  y  en 
p  eu  gf.and  nombre  d'éditions  , 
f.lievîr ,'  1639  ,  in-l2.  —  Ad  ufum 
gelfhifu  j    1675  ,  in-4%  —  Cm 


V  E  L 

nous  yarior, ,  Leyde,  1668  ,  1719  \ 
1744*.  in -8°.  —  Oxford,  1711 , 
in-S°.  [  Voyei  Lacarry.  J  La 
jolie  édition*  de  Barbou ,  qui  parut 
en  1746  ^  in-ia  ,eil  due  aux  foins 
de  TA,  Philippe ,  qui  l'enrichit  d'une 
Table  géographique  >  &  d'un  Ca« 
talogue  des  éditions  précédentes  « 
&  d'autres  ornemens  littéraires, 
Doujat  le  traduiiit  en  françois  ,  \ 
avec  des  Supplémens  qui  c^al  | 
pas  confolé  les  gens  de  goût.  On 
préfère  à  fa  Verfion  celle  de4'abbé 
Paul ,  publiée  à  Avignon  en  1768  » 
in-S*'  &  in-ii. 

VELLERON,  Voyei  Cambis. 
-  VELLUTELLO  ,  (Alexandre) 
naquit  à  Lucques  vers  l'an  15199 
&  mourut  dans  la  même  vUIe ,  fui 
la  fin  du  xvi^  fiede.  Il'compofai 
fur  les  Poélies  du  Dante ,  .des  Com^ 
menialres  dont  on  fait  cas  en  Ita- 
lie ,  &  r:ui  font  utiles  pour  en  péné-« 
trer  le  iens.  On  les  imprima  avec 
ceux  de  Chrifiophe  Landlnî ,  à  Ve-; 
nife  ,  in-fol. ,  en  157^.  U  lut  en-» 
fuite  les  Ouvrages  de  Pétrarque ,  & 
tout  ce  qu'on  avoit  écrit  fur  cet 
auteur  çélehre.  Il  crut  que  le  comté 
d'Avignon  lui  fournir  oit  des  Méi 
moires  pour  éclairâr  l'Hidoire  de 
iâ  vie  &  de  îts  Ouvrages,  C'tft  fur 
des  recherches  fuperficielles  &  fuf 
des  ouï-dires ,  qu'il  compofa  la  Vie 
de  PJtrari^ue ,  &  des  Commentaires 
fur  fes  Poéfies.  Ils  ont  été  impri- 
més plufieurs  fois.  Velluullo  dk  fort 
inexaâ ,  mais  moins  que  ceux  qui 
l'avoient  précédé  dans  la  même  car- 
rière. L'édition  qu'on  eflime  le 
plus  de  i^  Commentaires ,  eft  celle 
de  Venife ,  in-4®  ,  1545.  On  lui 
doit  quelques  autres  ouvrages  oaïui 
le  mêpe  genre. 

VELLY  ,  (  Paul-François  )  né 
près   de  Fifmes  en  Champagne  ,   I 
entra  dans  la  Société  des  Jéfuites^    { 
&  en  étant  forti  1 1  ans  après  ,  il 
fe  livra    tout  entier    aux  recher«. 
çhçs  hifloii^eSf  Son  fffoifi  44 


J 


r 


VEL 

france  «  dont  il  o'a  pu  donner  qne 
%  vol.  publiés  par  Dcjfalnt  &  5a//- 
lant ,  lui  aflîgne  un  rang  parmi  nos 
hifloriens.  Il  s'eft  principalement 
propofé  de  remarquer  les  commen- 
cemens  de  certains  ufages ,  les  prin- 
cipes de  nos  libertés  ,  les  vraies 
Iburces  &  les  divers  fondemens  de 
notre  droit  public ,  l'origine  des 
grandes  dignités ,  l'inftitution  des 
Parlemens ,  l'établiiTementdeàU^ii- 
veriîtés,  la  fondation  des  Ordres 
Religieux  ou  Militaires  i  enfin ,  les 
découvertes  utiles  à  la  fociété.  Son 
ftyle,  fans  être  d*une  force  &  d'une 
élégance  à  fe  faire  remarquer  ,  cft 
en  générai  aifé  ,  Simple  «  naturel 
&  affez  correft.  Il  refpire  un  air 
de  candeur  &  de  vérité ,  qui  plaît 
dans  le  genre  hiftorique.  L'auteur 
■commença  à  écrire  dans  le  temps 
où  l'on  exigeoit  du  Clergé  la  dé- 
claration de  {es  biens.  »  Il  nous 
"  femble ,  (  dit  M.  Pallffot  )  qu'en- 
*  traîné  par  les  çirconftances^  , 
■»  l'abbé  Velly  diffimule  fouvent  les 
»  privilèges  de  ce  corps  avec  une 
w  afFeûation  trop  marquée,  &  ^u'en 
•♦  général  il  ne  laiffe  échapper  au- 
^>  cune  occafion  de  leur  porter 
«  quelque  atteinte.  Il  étoit  cepen- 
«  dant  trop  éclairé ,  pour  ne  pas 
«>  fentir  que  ces  anciens,  privilèges 
»♦  des  grands  corps ,  dont  l'origine 
»  fe  confond  avec  la  monarchie  « 
M  doivent  être  d'autant  plus  ref- 
v>  peclés ,  qu'ils,  font  en  quelque 
»♦  forte  le  dernier  afile  de  nos  li- 
»  bertés  mourantes  «<.  Un  autre 
reproche  qu'on  peut  lui  faire ,  c'eft 
d'avoir  fouvent  copié  TEffal  fur 
l'Hifioîre  Générale  de  Voltaire ,  non- 
feulement  fans  le  citer ,  mais  fans 
le  foumettre ,  avant  <|ue  de  fe  fervir 
de  ce  qu'il  en  empruatoit ,  à  une 
crinque  exacte  &  judicieufe.  L'abbé 
Nonotu  dit  que  l'abbé  Fê/Zy^écrivit 
une  fois  à  ce  poëte  hiflorien ,  pour 
favoir  en  quel  endroit  il  avoit 
puiCe  un?  axiecdote  curieufe ,  mais 


VEL         5u 

liafardée.  —  Qu*impone  ,  lui  ré- 
pondit Voltaire  *  que  l* anecdote f oit 
vraie  ou  faujfe  ?  Quand  on  écrit  pour 
amufer  le  Pui> lie  ^  faut-il  itre  fi  fcru- 
puUux  à  ne  dire  que  la  vérîté  ?  Cette 
réponfe ,  citée  par  l'abbé  Nonotte^ 
e(l  aiTez  conforme  à  la  façon  dont 
Voltaire  a  rendu  certains  taits.  Ce 
poëte  a  prouvé  cependant  qu'il 
n'avoit  jamais  en  aucune  corref- 
pondance  >  ni  direâe ,  ni  indirede 
avec  l'abbé  Vdly,  Mais  fi  cet  hifto- 
rien  n'avoit  pas  reçu  de  fes  lettres  , 
il  avoit  beaucoup  lu  fes  livres* ,  & 
ils  l'ont  quelquefois  égaré.  VUlarei 
a  continué  avec  fuccès  l'Ouvrage 
de  l'abbé  Velly  jufqu'au  xvi*  vol.  : 
(  Voyei  ViLLARET. }  L'abbé  VUly 
mourut  d'un  coup  de  fang  ,  le  4 
Septembre  17  J9 ,  à  48  ans.  Cétoit  ^ 
un  homme  réglé  dans  fa  conduite  « 
ûncere  &  folide  dans  l'amitié ,  ferme 
dans  les  vrais  principes  de  la  reli- 
gion  &  de  la  morale ,  aimable  dans 
le  commerce  de  la  vie.  Il  étoit 
même  d'une  gaieté  finguliere ,  pré- 
fent  que  la  nature  fait  rarement  :  il 
rioit  prefque  toujours ,  &  de  bon 
cœur.  Cet  écrivain  s'étoît'annoncé 
dans  la  littérature  par  une  Traduction 
françoife  de  la  Satire  du  doâeur 
Swift ,  intitulée  :  Jonh  Bul ,  ou .  /« 
Procès  fans  fin  ,  În-I2.  Elle  roule 
fur  la  guerre  tenninée  par  le  traité 
d'Utrecht. 

VELSEN  ,  (  Gérard  )  Voyei 
Florent  V  »  comte  de  Hol- 
lande ,  n°  I. 

VELSER ,  (  Marc  )  Voyei  Wei- 

SER 

VELTHUYSEN  ,  (  Lambert  ) 
VcUhuyfius ,  né  à  Utrecht  en  1612  » 
fe  fit  recevoir  doûeur  en  méde- 
cine ;  mais  il  n'exerça  jamais  cette 
profeffion.  Livré  à  l'étude  de  laphi- 
lofophie  &  de  la  théologie ,  il  dé- 
fendit avec  zèle  les  opinions  de  Def- 
cartes  contre  Voètius  ,  ridicule  en* 
nemi  de  ce  grand  philofophe.  VeU 
thuyfen  fut  pendant  quelques  aané«& 

V  iv 


jtx         VEN 

dans  la  magiftrature  d^tredit  *,  mais 
la  chaleur  avec  laquelle  il  défendit 
les  droits  des  magiîlrats  auv  ailcm- 
blées  ecciéiiaftiques  ,  lui  fit  des  en- 
nemis, qui  trouvèrent  le  moyen 
de  le  dépofTéder.  Il  vécue  depuis 
dans  la  retraite  jufqu'à  fa  mort, 
arrivée  en  1685  ,  à  63  ans.  Ses 
Ouvrages  ont  été  réunis  en  z 
vol.  ia-4®.  Le  premier  contient 
pluûeurs  Traités  théologiques-,  le 
îîecond  volume  renferme  différens 
Ecrits  de  philofophic  ,  d'aûro- 
nomie ,  de  phyiîque  &  de  méde- 
cine. 

VENANCE-FORTLJNAT,{  Fc- 
fiamius  Hunorîus  CUmentianus  For- 
iunatus  )  évêque  de  Poitiers ,  étoit 
né  en  Italie  près  de  Trévifo.  C  etoit 
un  homme  d'un  efprit  vif ,  d  une 
politeile  a^éable,  dun  cara^lere 
doux ,  &  d'une  piété  qui  n'avoit 
rien  de  rebutant.  Après  avoir  étudié 
à  Ravenne  ,  il  alla  à  Tours.  Ses 
lalens  &  fes  vertus  le  lièrent  d'une 
étroite  amitié  avec  Grégoire  ^  éyêque 
de  cette  ville.  La  reine  Radcgondc 
rayant  pris  à  Ton  ferviçe  en  qua- 
lité de  fecrétaire  ,  il  donna  des  pré- 
ceptes de  politique  à  Sigeben  ,  qui 
en  faifoit  beaucoup  de  cas.  Forcunat 
ii^it  fwntement  (es  jours  vers  609 , 
&  Ton  célèbre  fa  fête  à  Poitiers  le 
14  Décembre.  Nous  ne  parlerons 
pas  des  indignes  fpupçons  que  la 
méchanceté  forma  dans  le  temp$ 
pu  fujet  de  fes  liaifons  avec  Rade- 
^ondc,  BailUt  n'en  fait  mention 
dans  la  VU  de  cette  Sainte,  que 
'  comme  de  bruits  répandus  par  les 
miniflres  de  Satan.  Les  monumens 
de  la  liaifon  de  Fonunat  avec  Ra-- 
àcgondc  fubfiftent  dans  fes  Poéfies, 
II  faut  être  bien  injufte  pour  y  voir 
autre  chofe  que  les  preuves  d'une 
foclété  vertueufe  &  aimable ,  dont 
la  religion  &  une  confiance  entière 
^ifoiént  le  lien.  Radegonde  faifoit 
de  petits  préfens  à  Fortunat  ;  il  lui 
^  çnvo^oit  de  fon  çôtc  ;  c'était 


VEN 

des  fleurs ,  des  fruits  ,  du  lait ,  dé 
la  crème  ,  des  pruneaux,  des  mar» 
rons.  Ces  préfens ,  qui  font  bon» 
neur  à  la  frugalité  Chrétienne  de 
ce  temps- là  ,  étaient  accompagnés 
par  Fortunat ,  de  petites  pièces  de 
vers.  Agnès ,  abbeffe  de  Saintç-Croix  , 
raonaûere  dans  lequel  Radegond^ 
s'étoit  retirée  »  entroit  prefque  tour 
jours  dans  ces  amufemens.  Fonunai 
avoir  quelquefois  l'honneur  de 
manger  avec  la  princefîe  &  Tab* 
beffe ,  qui  avoient  l'une  &  l'autrQ 
de  l'efprit  :  elles  l'cngagoient  à  com-r 
pofer  quelques  petites  Pièces ,  des 
In-promftu  ,  dont  il  rede  quelques- 
uns  dans  les  Ecrits  du  poète.  Pré- 
tendre autorifer  les  bruits  que  J4 
malignité  irfventa  dans  le  temps  fut 
les  penfées  ingénieufes  ,  fur  les  ex- 
preffions  vives  &  recherchces  de 
deux  ou  trois  Pièces  qu'on  peut 
regarder  comme  de  très-jolis  Madri» 
gaux  ,  c'eft  ignorer  (  dit  M.  du  Ra-»^ 
dur)  jufqu'où  la  fécurité  de  i'in-? 
nocence  pour  aller,  ^'ailleurs  ces 
Pièces  font  accompagnées  de  beau- 
coup d'autres ,  où  refpirent  le 
Chriftianifme  le  plus  pur  &  la 
piété  la  plus  confommée.  Ajou- 
tons ,  que  le  mot  A'Amor  qu'em- 
ploie quelquefois  Fortunat  ,  offre 
un  ^ut  autre  fens  en  françois  qu'en 
latin ,  où  cette  expreâion  ne  défignç 
que  l'amitié  &  la  charité  Oiré* 
tieniie.  Çn  a  de  lui  un  Po'èmt  en 
IV  livrés  de  la  vie  de  5.  Martin , 
&  d'autres  ouvrages ,  que  le  Père 
Browcr  publia  en  1616  ,  in-4% 
VenancC' Fortunat  dit  qu'il  compofa 
ce  Poème,  (  qu'on  trouve  auili dan$ 
le  Corpus  Poetarum  ,  )  pour  remer- 
cier 5.  Martin  de  ce  qu'il  avoif 
été  gyéri  d'un  mal  d'yeux  par  fon 
intercelBon.  Quoique  cet  Ouvrage 
faiTe  plus  d'honneur  à  fa  piété, 
qu'à  fon  efprit ,  il  y  a  ,  icorome 
dans  îes  autres  Ecrits,  quelques  pcnr 
fées  délicates  ,  &  même  quelques 
vçrs  hewreu^  \  Çc  çtos  Içs  Ç^açr 


J 


r 


VE  N 

[  teres  qu*il  trace  ,  il  fait  dire  beau- 
coup de  chofes  en  peu  de  mots. 
Ses  Lettres  en  profe  font  beaucoup 
plus  obfcures  que  fts  vers.  For- 
tmat  /femblable  à  quelques  égards 
9UX  poètes  de  tous  les  temps ,  en- 
Cenfa  Brunehaud  &  Chîtderic.  Il  feroic 
Cécile  ,    dit   l'abbé  MUlot ,   de 

I        citer  un  plus  grand  abus   de  la 

\        poéfie. 

i  VENCE  ,  (  Henri-François  de  ) 

prêtre  ,  doâeur  de  Sorbonne  , 
prévôt  de  réglife  primatiale  de 
Nanci»  confeîller   d'état   de  Léo» 

[  pold  ^  duc  de  Lorraine ,  &  précep- 
teur de  fes  enËans ,  fe  fit  un  nom 
par  l'Edition  qu'il  donna  des  Com- 
mentaires du  P.  de  Carrures ,  à  Nanci , 
1738  -  1743.  L*abbé  de  '  Vencê  y 
ajouta  6  volumes  d*Anafy/es  &  Di/' 
fertatlons  fur  C Ancien  Tefiament ,  & 
deux  volumes  d'une  Ànalyfe  ou 
ExpiicatîondesPfeûames.X}omCalmet 
'  ^imoit  beaucoup  ces  Differtaùuns. 
Elles  font  favantes,  folides  &  écrites 
arvec  netteté.  L'autçur  avoit  biea  ' 
médité  les  livres  faints  ,  &  fes 
lumières  s'étçndoient  à  pluûeurs 
fciences.  11  mourut  à  Nanci  le  i 
î^ovembre  1749.  M.  iî/antftf  a  inféré 
la  plupart  de  ces  Dijfertatlçns  dans 
rédition  qu'ita  donnée  de  la  Bible  ,\ 
«n  latin  &  en  françois  ,  Avignon , 
1767-1773 ,  17  vol.  in-4*'  -,  ce  qui  a 
donné  lieu  de  défigner  quelquefois 
jcette  Bible  fous  le  nom  de  la  BîhU 
^  CAbbé  de  Vence  ,  aujourd'hui 
plus  connue  fous  le  nom  de  BibU 
^Avignon, 

VENCESLAS.rcjy^qWEN- 
CZSLAS. 

I.  VENDOME,  (  Céfar,  duc  de  ) 
fils  de  Henri  IV  &  de  GabrUUe  étEf- 
tîées^  mort  en  i66y ,  fut  gouver- 
neur de  Bretagne ,  chef  &  furinten- 
dant  de  la  navigation.  Le  duché  de 
Vendôme  ,  ancien  apanage  d'une 
|>ranche  de  la  maifon  de  Bourbon , 
^ant  été  réuni  à  la  couronne  dans  « 
\sL  yerfopne  de  Henri  IK ,  ce  prince 


V  E  N        31? 

le  donna  i  fon  fiis ,  qu'il  che'rIfl'oir« 
&  comme  le  fruit  de  fes  amcHns» 
&  comme  l'héritier  de  fon  courage. 
Voici  la  fuite  généalogie^  de  la 
famille  ducale  de  Vendônu.  Céfar 
eut*  trois  en&ns  de  fon  marii^e 
avec  la  fille  de  Phîiîppe  Emmanuel 
de  Lorraine ,  duc  -Ae  Mercaatr  :  L 
Loms ,  mort  en  1669 ,  qui,  épouJa 
Lautt  Aiamànî  ,  morte  en  16^7  ^ 
après  lui  avoir  donné  deux  fils  , 
Louis-Jofeph  &  Philippe  qui  fui- 
vent  ,  morts  Tun  &  l'autre  fans  po^ 
térité.  II.  François ,  duc  D£  BsAfT* 
roRT ,  dont  nous  avons  parlé  fous 
ce  dernier  mot  ,  dans  un  article 
particulier.  HLIfabellej  mariée  i 
Charles  -  Améâét  duc  ii  Nemoars  , 
mort  en  1664. 

II.  VENDOME,  (Louis. Jofeph. 
duc  de)  arrieré'petitfils  de  Henri  IV^ 
étoit  fils  de  Louis  duc  de  Ven» 
dôme  ,  &  de  Laure  Mancîni .,  nièce 
d^  cardinal  Èda\arin»  Après  la  mort 
de  fon  époufe ,  il  obtint  la  pourpre 
Romaine ,  &  devint  légat  a  latere, 
LouîS'Jost.PH  ,  fon  fils ,  né  le 

I  Juillet  1654 ,  fit  fa  première  cam- 
pagne à  dix-huit  ans ,  en  Hollande  , 
où  il  fuivit  Lotiîs  XIV  en  qualité 
de  volontaire.  Il  fe  fignala  à  la 
prife  de  Luxembourg  en  16S4 ,  de 
Mons  en  169 1 ,  de  Namur  Tannée 
fuivante,  au  combat  de  Steinkerque 
&  à  la  bataille  de  la  MarfàiHe* 
Après  avoir  paffé  par  tous  les 
grades  comme  un  foldat  de  for- 
tune ,  il  parvint  au  généralat ,  &  fiit 
envoyé  en  Catalogne ,  où  il  gagna 
un  combat  &  prit  Barcelone  en 
1697.  Le  roi  le  nomma,  en  1702,, 
pour  aller  commander  en  Italie  à 
la  place  de  VllUroy  qui  n'avoit 
efiuyé  que  des  échecs.  Vendôme 
parut,  &  nous  eûmes  des  avantages. 

II  remporta  deux  viâoires  fur  les 
Impériaux  à  Santa- Vittoria  &  à 
Luzara,  fit  lever  le  blocus  deMan* 
toue ,  chafia  les  Impériaux  de  Se- 
ragUo  9  s'avança  dans  le  Trentin 


314        YEN 

4i  y  prit  pluiieurs  places.  La  défec- 
tion du  duc  de  Savoie  Tayant  obligé 
et  marcher  vers  le  Piémont ,  il  fe 
rendit  maître  d'Aft ,  de  Verceil  , 

.  à'Yvtét ,  de  Verrue ,  après  avoir 
défait  l'arriere-garde  du  duc,  près 
âe  Turin ,  le  7  Mai  1704. 11  battit 
le  prince  Eugène  à  CelTano  en  1705 , 
êc  le  comte'  de  Reventlau  à  Calci- 
sxito  en  1706.  Il  étoit  fur  le  point 
«le  fe  rendre  maître  de  Turin  , 
Iorfqu*on  l'envoya  en  Flandres 
pour  réparer  les  pertes  de  VîlUroy. 
Après  avoir  tenté  vainement  de  ré- 
tablir les  affaires ,  il  pafTa  en  £f- 
pagne ,  &  y  porta  fon  cburage  & 
îbn  bonheur.  Les  grands  délibè- 
rent fur  le  rang  qu'ils  lui  donne- 
font.  Tout  rang  m*e/if>on  ,  leur  dit-il  : 
je.  a*  viens  pas  vous  dlfputer  le.  pas  , 
je  viens  fauvcT  votre  Roi,  U  le  fauva 
effeûivement.  Philippe  V  n'avoit 
plus  ni  troupes  ,  ni  général  -,  la 
préfence  de  Vendôme  lui  valut  une 

•  armée  :  fon  nom  feul  lui  attira  une 
foule  de  volontaires.  On  n'avoit 
point  d'argent';  les  communautés 
4ies  villes ,  des  villages ,  des  reli- 
gieux, en  foumirent.Un  efprit  d'ea- 
thoufiafâie  faiût  la  nation.  Le  duc 
de  Fendôme ,  profitant  dt  cette  ar- 
deur ,  pourfuit  les  ennemis ,  ramené 
le  roi  à  Madrid ,  oblige  les  vain- 

MfPixirs  de  fe  retirer  vers  le  Por- 

•cugal ,  paffe  le  Tage  à  la  nage , 
fait  prifonnier  Stanhope  avec  5000 
Anglois  ,  atteint  le  général  Sta- 
nmberg ,  ^  le  lendemain  (  10  Dé- 
cembre 17 10)  remporte  fur  lui  la 
célèbre  viftoire  de  Villavîciofa. 
Cette  journée  affermit  pour  jamais 
la  couronne  d'Efpagnè  fur  la  tête 
de  Philippe  V,  On  prétend  qu'après 
Ja  bataille  ,  ce  roi  n'ayant  point 
délit,  le  duc  de  Vendqme  lui  dit  : 
3e  vais  vous  faire  donner  le  plus  beau 
fit  fur  lequel  jamais  Souverain  ait 
fouché  ;  &  il  fit  faire  un  matelas 
Ats  étendards  &  des  drapeaux  pris 
fyx    les  ennemis*    Vendôme    eut  , 


V  E  N 

pour  prix  de  fes  vidoires,  les 
honneurs  de  Prince  du  Sang.  PAi- 
lîppt  V  lui  dit  :  Je  vous  dois  la  cou» 
ronne  /,.  Vendôme ,  qui  avoit  des 
jaloux ,  quoiqu'il  ne  méritât  qut 
des  amis  ,  lui  répondit  :  Votre  Ma* 
jefté  a  vaincu  fes  enrumls  ^  fai  vaincu 
Us  miens,,,  Louis  XlV  s*écria  ,  en 
apprenant  la  nouvelle  de  cette  vic- 
toire :  Voilà  ce  que  cefi  quun  homme 
de  plus  î  II  écrivit  tout  de  fuite  au 
général  viftorieux ,  une  lettre  rem- 
plie des  expreffions  les  plus  ho- 
norables. XJn  ofHcief  général  a  la 
lâche  imprudence  de  'dire  que  de 
tels  feryices  doivent  être  récom- 
penfés  d'une  autre  manière.  Vous 
vous  trompe^  ,  réplique  vivement 
Vendôme  ,  les  hommes  comme  moi  «c 
fe  payent  quen  paroles  &  en  papiers, 
Philippe  V  combla  Vendôme  des 
marques  de  fa  reconnoiffance.  H  le 
déclara  premier  prince  de  fon  Sang  « 
&  pi^leva  çoo  mille  liVres  fur  fes 
tréfors  arrivés  récemment  de  l'Amé- 
rique ,  pour  les  lui  offrir.  Sire  . 
dit  Vendôme  y  je  fuis  fenfible  à  votre 
générofité  ;  mais  je  vous  fuppUe  de 
faire  dlflrlbuer  eu  or  à  ces  braves  Ef- 
papiols  dont  la  valeur  vous  a  con* 
fervé  en  un  jour  tant  de  Royaumes,  ^ 
Philippe  le  traita  en  ami.  Il  lui  par- 
loit  de  même.  Il  lui  difoit  un  jour  : 
//  ejLfurprenant  qiUtant  le  fils  d'un 
père  aont  le  génie  étolt  bomi ,  vous  ayu\ 
d*aujfi  grands  taUns  militaires,  —  Mon 
efprit ,  répondit  Vendôme  ,  vient  de 
plus  loin.  Il  vouloit  dire  de  Henri  IV* 
Ce  grand  général  continuoit  de 
chaffer  les  Impériaux  de  plufieurs 
pofles  ^'ils  occupoient  encore  ea 
Catalogne ,  lorfqu'il  mourut  le  il 
Juin  1711,  à  Tignaros .  d'une  indi- 
geflion  ,358  ans.  Philippe  V  vou- 
lut que  la  nation  Efpagnole  prît 
le  deuil  ;  diflinAion  qui  étoit  en- 
core au-defîous  de  ce  qu'il  méri- 
toit.  Il  fiit  enterré  au  monsflere 
de  l'Efcurial ,  dans  le  tombeau  des 
infaos  &  infantes  d'Efpagpe,  Le  du« 


^' 


■A 


VEN 

Hk  Venââmt,  amere-petît>iUs  de 
Benrî  IV ,  étoit  (  dit  Vauieur  du 
SUcU  de  JfOuis  JÇI^  )  intriépidc 
comme  lui  ,  doux  »  bienfaiûint  , 
faa$  £ifie  ;  ne  xonnoiiTam  m  la 
haine ,  ni  Tenvte ,  ni  la  vengeance. 
Il  n*ét6it  fier  qu'avec  dés  princes  ; 
U  Te  rendoit  l'égal  de  tout  le  refte. 
Père  des  foldats ,  ils  auroient  donné 
leur  vie  pour  le  tirer  d'un  mau* 
vais  pas ,  lorfque  Ton  génie  ardent 
Ty  précipitoit.  A  Cafiarto,  ayant  re- 
marqué un  foldat  d'une  bravoure  ex- 
fraordinaire ,  il  fat  après  le  combat 
le  trouver  dans  fa  tente ,  &  lui  donna 
50  louis»  U  ne  méditoit  point  fes  def- 
Ceins  avec  afTez  de  profondeur ,  né- 
gligeok  trop  les  détails ,  ^  laiâbic 
périr  la  difcipline  militaire.  11  comp- 
toit  trop  peut-être  fur  cette  voix 
fecrete  qui  nous  avertit  Couvent  à 
propos  de  ce  que  nous  devons  faire 
ou  tenter.  Il  difoât  plaifamment, 
que  dans  la  marche  des  armées ,  il 
gvoit  fouvent  examiné  les  querelles 
entre  les  mulets  &  les  muletiers,  & 
qu'à  la  honte  de  l'humanité ,  la 
laifon  étoit  prefque  toujours  du 
côté  des  mulets.  Sa  mollefle  le  mit 
plus  d'une  fois  en  danger  d'être  eo- 
levé  ',  mais  un  jour  d'aâion  il  ré- 
paroit  tout  par  une  préfence  d'ef- 
prit  &  par  des  lumières  que  le 
péril  rendoit  plus  vives.  Ce  défordre 
&  cette  négligence  qu'il  portoit 
4afis  les  armées,  il  revoit  à  un 
excès  furprenant  dans  fa  maifon 
&  itir  fa  perfonne  même*  A  force 
de  haïr  le  faile  »  il  en  vint  à  une 
mal-propreté  cynique  dont  il  o*y 
^  point  d'exemple.  Tous  fes  gens 
(itoient  en  pofTeffion  de  le  voler. 
U  répondit  à  un  de  îts  domefti- 
ques  fidelles ,  qui  lui  dénonçoit  les 
^iponeries  d'un  de  fes  camarades  : 
fh  bien  ,  laiffcU  faire ,  &  voU^moi 
fomme  lui.  Son  défintéreffement ,  la 
plus  noble  des  vertus ,  devint  en 
lui  un  défaut,  qui  lui  fit  perdre  par 
fi^g  déraiij^emçm,  beaucoup  plus 


V  E  ir      31^ 

qu^îl  n'eût  dépenfé  en  bienfiaits. 
Cependant  il  fut  bienÊiifant.  ^ 
Provence,  dont  il  obtint  le  go»» 
vernement ,  lui'  oflErit  une  fomm^ 
confidérable.  Nm  ,  dit-il  ^  les  Goum 
vtmeurs  font  faits  pour  npréfaitit 
aux  Rois  la  mlfere  des  Peuflës,  h  ne 
puis  accepter  un  prifau  ^«c ,  quoïjut  vo* 
hntaire ,  feroît  onéreux  au  pays^  Le 
maréchal  de  Villars ,  auquel  on  fit  I4 
même  oflre ,  ne  jugea  pas  à  propos 
de  la  refîifer  j  &  lorfqu'on  lui  rappela 
la  générofité  de  VendSme^  dûis  U 
même  occafion,  jih ,  dit-il ,  Af.  jqm 
VENDOME  étoit  un  homme  inimitable. 
Le  duc  de  Vendôme  avoit  époufé» 
en  1710 ,  une  des  filles  du  princf 
de  Condé ,  dont  il  n'eut  point  d'en-* 
hns ,  &  qui  mburut  en  1718.  Le  che« 
valier  de  Bellerive  a  donné  VHifioîr^ 
de  fes  Campagnes^  Paris,  I7l4»in*i2, 
III.  VENDOME ,  (Philippe  de ) 
grand-prieur  de  France ,  &  înxe  du 
précédent,  naquit  à  Pans  le  2} 
Août  16^5.  Il  fe  fignala  d'abord 
fous  le  duc  dk  Bemiforty  fon  oncle» 
qu'il  accompagna  à  fon  expédi- 
tion de  Candie.  U  fuivit  enfuite 
louis  XIV  y  en  1672 ,  à  la  conquête 
de  la  Hollande ,  &  Te  difiingua  au 
pafîage  du  Rhin  ,  aux  fiéges  de 
Maëfiricht ,  de  Valenciennes  &  de 
Cambrai  «à  la  bataille  deFleurus, 
à  celle  de  la  Marfaille  où  il  fut 
bleiTé ,  &  en  plufieurs  autres  occa* 
fions.  Elevé  au  pofte  de  lieutenant 
général  en  1693 ,  il  eut  en  1695  le 
commandement  de  la  Provence,  à 
la  place  du  duc  de  Vendôme  y  fotk 
fîrere ,  qui  paifoit  en  Catalogne.  Il 
le  fuivit  quelque  temps  après,  & 
.  il  fe  montra  uii  héros  au  fiége  de 
Barcelone  en  1697 ,  &  à  la  dé*» 
£aite  de  Dom  François  de  Velafco^ 
vice-roi  de  Catalogne.  Dans  la 
guerre  de  la  fuccefiîon ,  il  fut  en-r 
voyé  en  Italie ,  où  il  prit  plufieurs 
pkces  fur  les  Impériaux  \  mai^ 
après  la  bataille  de  CafTano  «  donnée 
Iç  16  Août  170J ,  où  il  ne  s'étoif 


Îi6        V  E  N 

point  trouvé  par  un  défaut  de  con«  ' 
iuite ,  il  fat  difgracié.  Il  fe  retira  à 
Rome  après  avoir  remis  la  plu- 
part de  fes  nombreux  bénéfices. 
Le  roi  lui  adigt»  une  penfion  de 
24000  livres.  Après  un  voyage  à 
Venife,  il  revint  en  France  par  les 
terres  des  Qrifons.  Thomas  Mafncr , 
confeiller  de  Coire ,  le  fit  arrêter 
le  x8  Oûobre  I710  ^{tn reprifaillts, 
dbToit-il ,  dt  ce  qiufonfiU  était  retenu 
pifonnier  en  France^  )  &  le  fit  pafTer 
iûr  les  terres  de  Tem^reur.  L'am- 
Itaffadeur  de  France  en  SuifTe  fe 
plaignit  de  cette  infulte,  faite  par 
va  particulier  à  un  prince  du  Sang« 
Les  Grifons  firent  le  procès  à  Maf^ 
iKT ,  qui  s'étoit  iâuvé  en  Allemagne; 
&  as  le  condamnèrent  à  mort  par 
€ontumace,en  17 12.  Le  grand-prieur 
clargi  revint  en  France ,  &  s*y  livra 
ifou&les  plaiiirs-,  il  aimoit  Âir-tout 
ceux  de  Pefprit  -,  &  fa  cour  étoit  com- 
posée de  ce  qu'il  y  avoit  de  plus  dé- 
licat. &  dé  plus  ingénieux  à  l^aris. 

£  Vay,  CAMPISTRONi  ChAULIEU^ 

Palaprat.] 

Les  Turcs  ayant  menacé  Maldie 
en  1715*  il  vola  à  (on  fecours  & 
ftnnommé  généraliflîme  des  troupes 
de  la  Religion.  Mais  le  fiége  de 
cette  ifle  n'ayant  pas  eu  lieu ,  il  r«- 
viot  en  France  au  mois  d'Otlobre 
iSe  la  même  année.  Il  fe  démit  du 
fr»id-prieuré^en  1719,  prit  le  titre 
de  Prieur  de  Vendôme ,  &  mourut  à 
Parts  le  24  Janvier  1717 ,  à  71  ans» 
Les  deux  frères  fe-reilembloîent  par- 
faitement dans  leurs  vertus  &  dans 
leurs  défauts*  En  peignant  l'un  » 
nous  avons  tracé  le  portrait  de 
Fautre.  £n  lui  finit  la  poAérité  des 
^cs  de  Vendôme  y  defcendans  de 
Ifenrl  IK 

XV.  VENDOME,   Voye^  1. 

GeOFFROI;  &  MATTHIEU.n®  III. 

L  VENEL,(MagdeleinedeGail. 
lard  de)foeur  de  Gaillard  de  Lan ju- 
kea0^  évêque  d'Apt ,  d'une  ancienne 
iwniUe  deprovençc;  [  Foyei  Gail» 


V  EN 

LAsb  ]  naquit  à  Marfeille  le  14 
Janvier  1620.  Elle  époufa,  à  l'âge 
de  16  ans,  Ke»</,  d'abord  confeil- 
ler au  parlement  de  Provence» 
enfuite  maître -des -requêtes  du 
palais  de  la  Rein«  ,  &  confeiller 
d'état.  Ayant  mérité  la  confiance 
d*Jnne  d'Autriche ,  cette  princefTe  lui 
fît ,  en  1648,  don  des  Glacières  de 
Provence,  qui  appartenoient  ai* 
Domaine,  &  lui  accorda  le  privi- 
lège exdutif  de  faire  débiter  la  glace 
par  bureau  dans  toute  cette  pro- 
vince •,  ce  qui  lui"  valoit  2o,ot>o  li- 
vres de  rente.  Elle  eut  beaucoup  de 
part  à  la  rupture  de  Louis  XIV  avec 
Mil®  Manclni ,  qu'elle  conduifit  à 
Rome,  lorfqu'ellc  eut  épôufé  le 
connétable  Colonne.  Elle  devint  en- 
fuite  dame  de  la  Reine  ,  &  fous- 
gouvernante  deç  ducsrffi  Bourgogne^ 
de  Berri  &  d'Anjou,  Elle  mourut  au 
château  de  Verfailles,  le  24  No- 
vembre 1687 ,  à  67  ans.  C'étoit  une 
femme  d'un  caraâere  ferme ,  pleine 
d'eiprit ,  de  jugement  &  de  vertu. 

//.  VENEL,  (Gabriel- E'rànçois) 
né  à  Pézenas,  fe  diflingua  dans  la 
profeflion  de  médecin ,  &  emponà 
au  concours  en  175^»  une  chaire 
de  médecine  à  Montpellier.  Dès 
1753  ,  il  avoit  été  nommé  infpec- 
teur  général  des  eaux  minérales  de 
France.  Il  travailla  pendant  plu- 
fieurs  années  à  l'analyfe  de  ces 
eaux,  avec  M.  Bayen ,  arttfte  célè- 
bre ,  qui  fut  chargé  de  la  partie 
manuelle  des  opérations.  Venel 
prouva  par  fon  travail  qu^  exigea 
beaucoup  de  courfes ,  qu'il  étoit  ha« 
bile  observateur  &  chimifte  éclairé. 
Il  £e  préparoit  à  faire  de  nouveaux 
voyages  pour  continuer  fes  obfer- 
vations ,  lorsqu'il  mourut  à  Mont- 
pellier en  1777 1  à  ç4  ans.  On  a 
de  lui  :  I.  Examen  des  Eau»  minérales^ 
de  Paffy ,  Paris,  1755.  ^^'  ^^^^  . 
tions  Jur  l*ujage  de  la  Houille ,  Avi-^ 
gnon ,  1775  ,  g**^^  ^^'  in-8**,  avec 
figurés,  Les  état&delaprovi|ice^ 


J 


r 


V  E  N- 

languedoc  Pavoicnt  charge  ^'eita- 
miner  la  nature,  les  propriétés  & 
les  ufages  de  la  houille  ;  ce  Livre 
contient  le  réfultat  de  fes  opéra- 
tions :  il  y  prouve  que  la  hoidlle 
fie  nuit  pas  à  la  famé ,  con£ormé- 
aieni  à  l'expérience  de  ceux  qui 
en  font  un  ufage  conûant.  III.  Ana^ 
lyft  éUs  Eaux  de  Seit^ ,  dans  les  Mé- 
moires de  l'académie  des  Sciences. 
IV.  Aquanan  GalUa  mineralium  Âna- 
lyfis  ^jQdnxtfcxit^  en  2  vol.  in-4**: 
c'ejft  le  fruit  de  fes  recherches  & 
4t  fes  couriîes..  Y.  Une  Madère  midi' 
dnàle^ea^  vol.  in-8°  :  ouvrage 
poilhume.  VI.  Le»  articles  qu'il  a 
fournis  fur  cette  fcience  ,  aux  édi- 
teurs de  V  Encyclopédie  ^Çomtkom' 
breux ,  &  en  général  fort  bien  Ênts  ^ 
mais  l'auteur  ne  fe  défendoit  pas 
affez  de  l'efprit  fyil^matique.  Cétott 
un  homme  d'une  imagination  vive^ 
qui  avoit  des  vues  nouvelles ,  &  le 
coup  d'oeil  prompt ,  mais  pas  tou- 
'  Jours  fur.  Il  s'éleva  pluiieurs  fois , 
&  avec  raifon ,  contre  Tailemblage 
informe  de  remèdes ,  qu'ont  formé 
plusieurs  pharmacopoles  :  affem- 
blage  ^  empêche  de  conftater  la 
vertu  de  chacun  en  particulier.  Il 
comparoit  les  médecins  entichés  de 
iXit&Foly-Fharm^de  y  à  ArUquin  ot* 
donnant  une  charrette  de  foin  à  un 
malade,  "  dans  Tefpcrance  que ,  fur 
»  la  grande  quantité  des  herbes  qui 
»'  la  compofent ,  il  s'en  trouvera 
M  4{uelau'une  appropriée  à  la  ma-» 
>*  ladie.  Foyeiïoti  Èlage  Hifiorique  p 
Grenoble,  1777,  in- 8**^ 

VENERONI,  (  Jean)  né  à  Ver- 
dun ,  s'appeloit  VignçrQn  :  mais 
comme  il  avoit  étudié  l'italien ,  & 
qu'il  vouloit  en  donner  des  leçons 
à  Paris ,  il  fe  dit  Florentin ,  &  il 
itallam/a  fon  nom.  La  clarté  de  fes 
principes  lui  procura  beaucoup 
d'écoliers.  Il  eu.  un  des  auteurs ,  qui 
ont  le  plus  contribué,  dans  le  XYii^ 
(ieçle ,  à  répandre  en  France  le  goût 


V  E  K  517 

vrages  font:  I.  Méthode  pour  apprett^ 
dre  l' Italien  y  V^tis  y  I77O,  în  -  tx. 
Cette  Grammaire ,  dont  on  à  ùâi 
pluûeurs  éditions  en  différens  for* 
mats,  eâ  claire,  maïs  un  peu  pto^ 
lixe.  On  prétend  que  ce  livre  n'eft 
point  de  lui,  mais  du  fameux  Rofelâ^ 
dont  on  a  imprimé  les  aventures  ea 
forme  de  Roman.  A  fon  pâiTage  en 
France ,  il  alla  prendre  un  dîner 
chez  Veneronly  qui  ayant  vu  quH 
raifonnoit  )ufte  fur  la  langue  its^ 
Henné,  l'engagea  a  faire  une  Gram^ 
maire,  pour  laquelle  il  lui  donni> 
cent  francs.  Vexeroni  ne  fit  qu'y 
ajouter  quelque  chofe  à  fon  gré, 
&  la  donna  fous  fon  nom.  IL  DU* 
tîonnaire  Italien- François  &  Franf^is» 
Italien  y  1768 ,  in-4®.  Il  a  été  effacé 
par  celui  de  M.  l'abbé  Alkertî ,  qi» 
eft  à  la  foi»  plus  clair  &  plus 
abondant.  IIL  Fables  cholfies ,  avec 
la  Traduôion  italienne  de  cet 
auteur.  On  en  a  une  édition  avec 
une  Verfion  allemande  &  des 
figures  ,  Ausbourg  ,  1709 ,  in-4*, 
IV.  Lettres  de,  Loredano  ,  traduites 
en  françois.  V.  Lettres  du  Cardinai 
BENTirocLio ,  traduites  démeniez 
Son  ftyle  eft  plus  facile  que  pur; 

VENETTE,  (Nicolas)  doôeur 
ea  médecine ,  mourut  en  169$  , 
âgé  de  65  ans ,  à  la  Rochelle ,  ûi 
patrie.  Il  avoit  étudié  à  Paris  fous 
Gtd'Patth  &  PUrre  Petit  \  &  aprè$ 
avoir  voyagé  en  Italie  &  en  Por* 
tugal  ,  il  s'étoit  retiré  dans  foii 
pays  natal ,  où  il  fe  confacra  tout 
entier  à  l'exercice  de  v^la  médecinev 
On  a  de  lui  divess  Ouvrages  ; 
I.  Traité  duScorhut,  la  Rochelle, 
1671 ,  in- 12.  IL  Traité  des  Pierres 
qui  s*engendrent  dans  le  corps  humain^ 
Amfterdam ,  1701 ,  in-12.  IIL  Ta^ 
hleau  de  P Amour  Conjugal  ,  &c.  % 
vol.  in -12,  avec  figures.  Cet  ou* 
vrage  efi  celui  qui  a  donné  le  plu$ 
de  renommée  à  fon  auteur  -,  mais  1^ 
lefluré  en  eft  dang^eufe  pour  les 
jeuiMis  perfomiQi  «  &  infajffifamg 


5i8       VëN 

pour  celles  qui  veulent  s*îfiftfuîi]e. 
Ventttt  aimoit  les  xnatieref  fingu- 
lieres ,  tu  avott  dea  connoiflances 
Variées. 

VENIERO,  (  Dominique  ) 
noble  Vénitien ,  mort  en  1 5  8i  ^  fe 
^ftingua  parmi  les  poëtes  italiens 
de  (on  temps.  Ses  Poéfies  ont  été 
ë*abord*  imprimées  dans  les  Re- 
cueils de  Dolee  &  de  R^fceUi ,  & 
depuis  à  Bergame  en  1750 ,  in-8®, 
avec  celles  de  Louis  &  Magh  Vt^ 
meto  ^es  neveux.  Domîmqut  étoit 
frère  de  Jér4m$ ,  François  &  Lùuis  , 
connus  aii^  que  lui  par  divers 
Ouvrages  en  profe  &  en  vers.  LouU 
déshonora  fa  plume  par  un  Poëme 
d*une  licence  ef&énée  ,  en  trois 
chants ,'  intitulé  :  La  PuUana  erranu  ; 
à  la  fuite  duquel  en  eft  un  autre  , 
non  moins  obfcene  ^  en  un  feul 
chant  «qui  apour  titre  :  //  Trau'urio; 
le  tout  imprimé  à  Venife  en  1 5  3 1  « 
in-S^.;  Ces  deux  produâions  in* 
famés  ont  été  mal  à  propos  attrî* 
buées  à  VAreiln  par  quelques  bibiio'* 

Îraphes  ;  &  calomnieufement  à 
laffcc  Vmitro  ,  archevêque  de 
Cforfou  ,  fils  de  ce  même  Louis  , 
par  un  éditeur  Proteftant ,  qui  les 
û{  imprimer  à  Lucerne  en  16  51  : 
imputation  aiféjC  à  détruire  ,  car 
ce  prélat  n'étoit  pas  encore  né  ea 
1^31  «lorfque  fon  père  les  mit  au 
yxat.  Louis  VenlercLmoutut  en  15^0. 
VENIUS,  (  Othon  )  peintre 
de  Leyde  ^  naquit  en  1 5  56.  Il  fut 
envoyé  à  Rome  avec  des  lettres  de 
'  recommandation  qui  le  firent  bien 
accueillir.  Il  travailU  dans  cette 
ville  fous  Frédéric  Zueeharo\  & 
confiiîta  l'antique.  &  les  Tablesttx 
des  excellens  peintres  modernes  , 
pendant  fept  ans  ^u  il  demeiura  en 
Italie  ,  où  il  fit  plufieurs  beaux 
ouvrages.  L'empereur  ,  k  duc  de 
Bavière  &  l'éledleiir  de  Cologne 
occupèrent  entuite  tour  à  tour  fon 
pinceau.  Fmius  s  étant  retiré  à 
^vers  ^  orn^  les  ^Ufes  de  cet^. 


■     V  EN 

vîtle ,  de  plufieurs  magnifiques  fa^ 
bleaux.  Enfin ,  ce  peintre  fut  appelé 
par  l'archiduc  Alien  à  finixelles  4 
âmonmié^ intendant  de  la  monnt>ié4 
Louis  XIII ^  toi  de  France,  voulue 
l'avoir  à  fonfervice  -,  mais  Tamouc 
de  fon  pays  lui  fit  refufer  les  oi&es 
de  ce  monarque.  Fenius  avoit  unes 
grandeintelligesce  du  clair-obfcur  ^ 
il  mettoit  beam^oup  de  corseâioa 
dans  fon  deifin ,  &  jetoit  bien  fes 
draperies  ^  fes  figurés  Ont  une  belle 
expreffion;  il  eft  gracieux  dans  fes 
airs  de  tète  ;  enfin  l'on  remarque 
dans  Ces  Tableatix  une  veine  fadle  fiK 
abondante,  réglée  par  un  iugemenf 
fain  &  éclairé.  On  efiime  fingulié^ 
rement  fon  Triomphe  de  Btcchus^ 
&  la  Cent  qu'il  peignit  pour  la  ca« 
thédrale  d'Anvers.  Venlus  mourut 
en  1634  4  laifTant  deux  filles  qui 
ont  ai^  excellé  dans  la  peinture* 
11  a  illuftré  fa  plume  aufiî  bien^que 
fon  pinceau  y  par  divers  Ecf^ ,  qu'il 
a  enrichis  de  figures  &  de  portraits  * 
deffinés  par  lui- même.  Ces  ouvrages 
font  :  1.  Beliiitn  Bauricum  cum  Roman 
nis  ,tx  Come/io  Taciio  ,1612  ,in-4^^ 
avec  36  figures  gravées  par  Terttp^^ 
II.  Hi/loTÎa  Hifpamamnt  Infiintum^ 
eum  iconihtts,  III.  Conclufiotus  Phyficé 
&  Theologica^  notiât&  figuris  difpofitMà 
IV.  Horatit  Fiacci  EmbUmatMy  tinà 
notis^  i6o7vin-4^.  V.  Amorum  Em* 
k/emata,  1608  ,in-4**.  VI.  FimSan^ 
Thomas  Aquinatis ,  ^stimaginibus  illuf* 
tr0ita,  Vll.  Amorîs  divini  Eihfleméta'f 
1615 ,  ia-4^4  Le  célèbre  RiAensiaf 
fon  élevé.  €t/bert  &  Pierre  FSNWS, 
ies  fi-eres ,  s'appliquèrent ,  l^un  à  1« 
gravure,  l'autre  à  la  peiitture,  & 
s'y  dffiinguerent* 
VEN^T^DOUR,  Foy.  Moths-» 

HoVDAKCOtTRt  j  &  V.  RoHAW. 

VENtlDlUSBASSUS,  Romain^ 
de  baâ^e  naifiance ,  fut  d'abord  fflu« 
letier.  Il  feretira  de  l'obfcurité  paf 
fon  courage*  Il  brilla  tellement  foui 
Jules- Céfar  &  fous  Marc-Antoine  ^ 

g^'iiiayimvAbm  d» peuplé,  fté^ 


r 


V  E  N 

<euf ,  ponnfe,  &  enfin  coflfut.  Il 
vainquit  les  Parthes  en  3  grandes 
batailles,  &  en  triompha  l'an  38 
avant  J.  C.  Sa  mort  fut  un  deuil 
pour  Rome ,  &  Tes  funérailles  fu- 
rent faites  aux  dépens  du  public. 

VENTIMIGLIA  ,  (  Marianus  ) 
Canne  «  de  Naples  ,  fe  diftingua 
dans  fon  Ordre  par  fes  vertus  & 
fa  fcience ,  &  devint  prieur^général 
le  29  Mai  1762.  On  a  de  lui  , 
Hljibria  Chronoloff.ca  Priorum  Gène- 
ralium  Ordînis  B.  M^rix  de  Monte 
Carmtlo  ,  Naples ,  1773  ,  inp-4®  , 
avec  figures.  L*auteur  y  dotme  un 
Abrégé  de  la  vie  de  chaque  général 
de  fon  Ordre ,  depuis  S,  Benhold, 
fondateur  de  l'Ordre  vers  1145  , 
&  un  Précis  des  chofes  mémorables 
arrivées  fous  leur  gouvernement. 
Il  y  règne  beaucoup  d'érudition-, 
le  (lyle  eft  net  &  coulant.  L'auteur 
mourut  peu  api^  la  publication  de 
cet  ouvrage, 


V  E  N~       ji^ 

que  Ton  publioit  de  la  Fénus  d'un 
pays,  ont  été  attribuées  auflt  dans 
la  fuite  à  la  Divinité  à  qui  on  don*- 
noit  ailleurs  les  mêmes  fondions* 
Clcéron  (au  m*  livré  de  la  Divînità 
des  Dieux  )  dit  que  la  Vénus  la  plus 
ancienne  étoit  fille  du  Cidl  &  dé 
la  DéeiTe  éa  Jour;  CeiLO  et  DiM 
s  ATA,  "  Il  y  a ,  dit-il ,  en  Elide  ; 
»  un  temple  de  cette  Venus,  La 
»  féconde  Vénus ,  pourfiiit-il ,  a  été 
»  formée  de  Fécinne  de  la  mer  v 
"  c*eft  d'elle  &  de  Mercure  qu'oft 
•r  dit  que  le  fécond.  Cuptàon  eft  nè« 
»»  La  troisième  eft  née  de  hplter  fk 
»»  de  Dloné  :  c'eft  elle  qui  fut  I* 
M  femme  de  Vulcaïn  f  &  c'eft  d'elle 
•»  &  de  Mars  qu'eft  -né  Antéros,  La 
»  quatrième  Vénus  eft  fille  de  \k 
w  Déeffe  Syrie  &  de  Tyrus  ;  elle  eft 
>»  al)pelée  Aflarté  :  c'eft  elle  o^& 
f*  époufa  Adonis,,,  <*  Il  y*  zvoh 
aufii  une  Vénus  céWfte,Déeir«  àt 
Tamoitr  pur  ;  &  une  Vénus  qu'otfc 


VENTS,  Divinités  poétiques  ,    appdoit  Vénus  populaire ,  Déeffe  d« 


enÊms  du  Ciel  &  de  la  Terre ,  ou 
félon  d'autres  d^Aftraus  &  A'Hérlbée, 
Eole  étoit  leur  roi  ,  &  les  tenoit 
enchaînés  dans  des  cavernes.  Il  y 
en  avoit  quatre  principaux  ;  Borée , 


l'amour  charnel  \  &  enfin  Vénus 
Apoftrophla  ,  d'un  mot  grec  qui 
fignifie  détourner  ,  parce  qu'elle 
détournoît  les  coeurs  de  toute  im- 
pureté. La  Vénus  née  de  la  mer  , 


Burus^  Notas  &  Zépkire,  Les  autres  eft  appelée  Vénus  Mtaîne,  Héfiode 
étoient  :  Corus^Circîus^  Favonîus^  Afrî"  dit  qu'elle  fut  produite  par  le  fang 
ois  ,  Aquilon ,  Vultume  &  Suhfolamts,  qui  découla  de  la  plaie  que  Satumt 
VÉNUS ,  Déeffe  de  l'Amour ,  fit  à  fon  père  C»lus  en  le  frappant 
des  Grâces  &  de  la  Beauté.  Le  avec  h,  faux ,  &  que  ce  fang  mêlé 
Paganifme  n'ayant  point  éflé  ren-  avec  Vécume  de  la  mer  forma  cette 
lermé  dans  une  feule  contrée ,  il  Déeffe  qui  parut  auffî-tôt  fur  une 
n'eft  pas  étonnant  qu'il  fe  trouve  conque  marine  avec  tout  l'éclat  de 
tant  de  variété  touchant  le  nom  ,  la  beauté.  C'êft  de  l'écume  de  1^ 
l'origine  &  l'hiftoire  de  cette  Di-  mer  que  les  Grecs  l'appelèrent 
irinité.  Par  -  tout  on  reconnoiffoit  Aphrodite.  Dès  qu'elle  fut  defcendue 
une  Divinité  qui  préfidoit  à  la4>ro-  à  terre  ,  les  fleurs  naquirent  fous 
priété  qu'ont  pre%ie tous  les  êtres  y  fes  pas ,  les.  Amours  voltigeront 
anitnaux  ,  plantes  ,  de  reproduire  autour  d'elle  ,  &  les  Zéphyrs  paf 
leurs'  femblables.  Mais  les  Latins  leurs  douces  haleines  ,  rafraichif* 
Tappeloient  Vénus  ,  &  leç  Grecs  /oient  l'air  qu'elle  refpiroit.  Des 
Aphrodite,  Ici  elle  étoit  née  de^quVlle  eut  vu  le  jour ,  les  Heures 
l'ccume  de  la  mer  -,  ailleurs  elle  l'emportèrent  avec  pompe  dans  le 
ctoit  fille  de  %pUer  &  de  Dloné.  ciel,  où  tous  les  Dieux  la  trouve- 
Il  eft  mên^e  ^rivé  que  le$  hibftaircs  tém  $  belle  >  ^\h  la  noiQmâr^^it 


S70        V  Ë  N 

2>^/c  derAmour  FiUaM  Vépoxtùt, 
parce  qull  avoit  forgé  àcs  foudres 
à  Jupiter  contre  les  Géans.  Cette 
Déeflê  ne  pouvant   foufirir   foa 
Biari«  qui  écoit  d'une  laideur  hor- 
rible ,  eut  une  infinité  de  courti- 
lans  ,  entre  autres  MeriMirt ,  Mets  , 
&c  yuiaita  rayant  furprife  avec 
ce  dernier ,  entoura  l'endroit  d'une 
petite  grille  imperceptible,  &  ap- 
pela enfuite  tous  les  Dieux  ,  qui 
fe,nioquerent  de  lui.  Elle  en  eut 
^upidon.  ,   &  aima   dans    la  fuite 
Aiotùs,  Elle  épouû  auffi  Anchife , 
prince  Troyen ,  dont  elle  eut  Enéc , 
pour  qui  elle  fît  fi'ure  des  armes  par 
Wukahi  ,  lorfque  ce  prince  alloit 
fonder  un  nouvel  empire  en  Italie. 
Cehe  Décile  avoit  une  ceinture  , 
qui  infpiroit  il  InÊiiUiblement  de  la 
tendreâe,  que  Junon  la  lui  emprunta 
pour  fe  îsàxt,  aimer  de  Jupiter»  Venue 
ctoit    toujours   accompagnée   des 
Grâces ,  des  Ris  ,  des  Jeux  ,  des 
Plaifirs  &  des  Attraits.  Paris  ^  de- 
vant, qui  elle  ie  montra  dans  toute 
la  beauté ,  lui  donnâla  pomme  que 
Junon  &  Pallas  difputoient  avec 
elle,  &  que  la  Dîfcorde  avoit  jetée 
fur  la  table,  aux  noces  de  Tkétîs  & 
ëe  Pelée,  Elle  préfidoit  à  tous  les 
plaifirs  r  &  fes  fêtes  fe  célébroient 
par  toutes  fortes  de  débauches  Oà 
lui  bâtit  des  Temples  par-tout.  Les 
plus  célèbres  étoient  ceux  d'Ama- 
thonte  I  de  Lesbos ,  de  Paphos ,  de 
Gnide ,  de  Cythere  &  de  Chypre. 
Elle  voulut  que  la  colombe  lui  fût 
confacrée.  [  Voye^  Peristere.  ] 
On   la   repréfente   ordinairement 
avec  Cupidon  foa  fils ,  fiir  un  char 
traîné  par  des  pigeons  ou  par  des 
cygnes  ou  des  moineaux ,  &  quel- 
quefbis^Bontée  fur  un  bouc. 

Cîcéron.  prétend,  dans  fon  Traité  de 
la  nature  des  DUux  ,  que  le  mot  de 
Vénus  eft  dérivé  de  Venirc^  parce 
que  la  Déeâe  des  Grâces  va  à  tout 
le  monde.  Cette  étymologie  paroît 
un  peu  forcée.  On  4  donné  le  nom 


VER 

de  yinus  â  Tune  des  trois  pt^etei» 
inférieures ,  défignée  communément 
par  l'étoile  du  matin  ^  ou  l'étoile  d» 
foir  ou  du  berger.  Les  Romains 
l'appeloient  Lucifer  lorfqu'^le  pré- 
cédoit  lefoleil/&  Hefperus  ou  Vef* 
per  lorfqu'elle  le  fuivoit. 

VENUSIUS,yoyqCARri9- 

MANDA. 

VERAN  ,  Voyei  Salonius. 
VERARDO  ,  (  Charhïs  )  né  à 
Céfene  dans  la  Romagne  en  1440  « 
mort  le  13  Décembre  1500  ,  à  6cf 
ans ,  fut  camérier  &  fecrétaire  des 
Bre£s  des  papes  Paul  ÏJ ,  Sixte  IV , 
Innocent  VllI  &  Alexandre  VI.  On 
a   de  lui  un  Ouvrage   fingulier» 
intitulé  :  Hlfiona  Caroll  Verardi 
de  urhe    Gratmta  ^  fengulari  vlrtute  ^ 
felîclbufque  aufpîcus   Ferdinandi   â* 
Elifabeth  Re^b  &  Reglntb  expugnatâ ,      I 
Romae  ,  1495,  in -4®,  avec  des 
figures  afiezbellesr  Cette  hiftoire»      I 
en  forme  de  drame  ,  eft  dans  va     | 
goût  burlefque  :  wi&.  elle  mériter 
peu  d'attention. 

VERAZZAm  ,  (  Jean  )gcndl- 
homme  Floremia,^toit  au  fervice 
de  François  I y  lorfqu'il  découvrit, 
en  1^14,  la  Nouvelle  France  dans 
l'Amérique  feptentrionale.  Il  vifita 
&  examina  foigneufement  les  côtes 
de  cet  immenfe  pays  ^  parvint  juf- 
qu'à  Terre-Neuve ,  &  envoya  stf 
roi  une  relation  détaillée  de  fes 
découvertes.  On  la   trouve  dans 
la  Colle£Uon  de  Ramufio  &  dans 
ÏHiJioire  générale  des  voyages.  Rof 
mufio  dit  dans    (a    Préface  ,   que 
Vera^ani  étant  defcendu  ,  dans  foa 
dernier  voyage ,  fur  une  des  <^tcs 
de  l'Amérique  feptentrionale  «pour 
obferver  le  local ,  fut  tué  avec  fa 
fuite  par  les  iauvages.  Les  barbares 
firent  rôtir  leurs  cadavres  ,  &  les 
mangèrent  à  la  vue  des  compagnoitt 
du  célèbre  navigateur  qui  étoient 
refiés  fur  le  vaifieau.  Comme  Rcf 
mufio  ne  marque  point  la  date  de 
ce  malheurewti^  événement ,  quel^ 
ques 


'VÈÎl 

HfpBts  Mftorîeos  en  <lQUtect  '  On 
%oof«rv^  à  Florence^  dans  la  biblio- 
thèque de  Stroi\i  ,  une  Defcription 
\porn10graphiq4e  de  toutes  les  côtes 
&  de  toutes  les  contrées  que 
Vcra^i(ani  avoit  parcourues  ,  &  l'on 
y  voit  qu'il  avoît  voulu  chercha: 
par  le  nord  im  pafiâge  aux  Indes 
orientales. 

I.  VERDIER.  (  Antoine  du  ) 
feigneur  de  Vauprivas,  né  le  11 
Novembre  1544,  à  Mombrifon  en 
Forez ,  mon  le  25  Septembre  1600 , 
à  56  ans ,  fitt  hiftoriographe  dé 
France,  &  gentilhomme  ordjnaifC 
j  du  roi,  U  inonda  lé  public  de  Com- 
!  pilations ,  dont  la  moins  mauvaife 
I  eft  ia  BihRothcf^uc  Au  Auteurs  Prari' 
foU ,  quoiqu'il  n'y  ait  pas  beaucoup 
ke  critique  ni  d'exavlitude.  Elle  fut 
imprimée  pour  la  première  fois  é 
Lyon  en  1^85.  M«  RÎgoUidi  Juvîgvî 
^sx  a  donné  une  nouvelle  édition  \ 
ainii  que  de  la  Blhlluthequt  de  I4 
CfQtx  4m  Ma'mà ,  à  Paris,  Ï772  ^ 
^77?  >  '5  ^^1-  «*  4**-  Les  Notes  da 
\  favcsit  éditeur  reûifieot  les  eireujrs 
■  d^  l'original  s  &  rendit  ce  livre 
néc^iliûre  à  ceux  qui  veulent  cqh- 
y  sipUre  notre  ancienne  littérature. 
Je  fie  fais  p9^  cependant,  fi  M^ 
Rigoitl  n'auroit  pas  mieux  &ii  de 
IK>U5  donner  une  Bibliothèque 
ii^ùçoiX^  complète  ,  qu»  d'im« 
l>rimer.k  fatras  4e  dm  Ferdiâr^  Je  dis 
Éttras  ,  -parée  qu'il  a  rempli  fon 
iivre  a&xtéu  longs  9i  ma)  dioifis 
dep  plus  mauvais  auteurs*  Cet  écri^ 
vai  n  manquoit  tibf olument  de  {(oCit. 
$o9dyle  eft  infoutenable  ;  outré 
j^s  vices  du  terroir ,  ki  le^re  des 
tivri^s  ialieos  $c  latins ,  lui  faifoit 
employer  des  mots  extraordinaires  4 
qui  gâtpient  encore  fa  miférable 
di^oa  ifrançoir<e.  Cependant  il 
h'entendoit  <{ae  médiocrement  le 
latin  «  &  quoiqu'il  alfeâ;àt  des 
*pur0Urçs  &  des  expreffioos  grec- 
tpiLCSf  à  peine  connoiâbitnil  cette 
^ecn^erf  tai!g4^  Ce  qui  a&itd9on« 
Tome  IX. 


V  E  iît    .     3ii 

la  préférence  à  fa  Bihliothqvc  fuir 
celle  de  /«  Croix  du  M^lnc  ,  c'eil  v 
1.^  Qu'il  marque  plus  exaûement 
les  titres  des  livres ,  &  la  date  ^ 
le  Heu  des  éditions.  2.^  Il  indiqué 
les  livres  anonymes  ,  la  plupart 
très  -  rares  ^  6c  dont  plufleurs  nous 
auroient  été  inconnus  fans  lui  : 
ce  qui  auroit  peut-être  été  un  mé- 
diocre inconvénient;  car  ,  qu'im«- 
porte  de  favoir  c;u'un  auteuooublié 
a  donaé  un  livre  qui  mérite  de 
rêtre  ?  3;**  U  donhe  le  catalogue 
des  Ouvrages  latins  ,  que  chaque 
écrivain  françoîs  a  compofés  :  chofe 
à  la  vérité  étrangère  à  fon  livre  ^ 
mais  qui  peut  avoir  fon  utilité..* 
Xiutdc  DtJ  VcïLDiEa,  fils  d'^«* 
toms ,  avocat  au  parlement  de  Paris  ^ 
cherdia  à  fe  procurer  du  pain  par  fa 
phime.  Il  publia  plùfieurs  Ouvragés 
mal  accueillis  »  &  il  traîna  une  vie 
longue  &  obfcure  \  après  avoir  di<^ 
.fipé  les  grands  l)iens  que  fon  pero 
lui  avoit  laiflesi  II  mourût  eh  1*649 1 
k  80  ans  ',  il  éteit  favant  \  mais  mau  « 
Vais  critique. 

.  II.  VEADIER  ,  {  N...  )  auteur 
peu  <ionnu  du  Roman  des  Romani  ; 
:en  7  vol.  ifl-8°  ;  production  auifi 
plate  qu  infipide. 

m.  VERDIER ,  (  Céfap)  chirur^ 
gieil  &  démonflratëûr  royal  à  Saim:« 
Cème  à  Paris,  étoitné  à Molieres , 
près  d'Avignon.  Ses  leçons  &  fes, 
cours  d'anatomie  lui  atdrereni  un 
grand  nombre  d*auditeurs  ;  &  il 
tormi  de  bons  difciples.  Cet  homme 
câimable  vécut  dans  le  célibat ,  & 
fiit  toujoyrs  animé  par  une  piété 
ûncere  &  fans  aifeâation.  Plein  de 
probité  &  de  politeiTe,  il  fherchoic 
car  fes  égards  à  ne  déplaire  à  per« 
tonne.  Il  prononçoit  volontiers  ce 
mot ,  qui  étoit  comme  fa  devife  : 
Ami  de  tovt  U  monde  i  mais  cette  ami- 
tié générale  l'empéchoit  de  prendre 
quelquefois  le  parti  de  fes  àmispar^- 
cicuHers.  VerdUr  mourticà  Paris  le 
29  Mars  17^9,  Il.^ll  auàhu:  d'ua 

X  . 


511        VER 

excellent  Abrégé  d*AfuuomU ,  9àni , 
1770,  2  vol.  in -II;  &  avec  les 
Notes  de  M.  SahëtUr ,  I775  »  ^  vol. 
În-S®,  &  des  Notes  fur  VAhrégé  de 
VAn  àts  Accouckêtnens ,  compofé  par 
Madame  BourJUr  du  Coudray»  On  a 
cneore  de  lui  (  dans  les  Mémoins 
de  l'académie  de  Chirurgie  )  des 
Richerchej  fur  les  hernies  de  la 
•yeffie  -,  des  Oh/ervaùotu  fur  une 
Ploie  au  vennv ,  &  fur  une  autre  à 
la  gorge. 

I.  VERDUC ,  (  Laurent)  chirur- 
gien iuré  de  Saint-Côme  à  Paris  , 
étoic  deTouloufe.  C'étoit  un  homme 
plein  de  candeur  &  de  charité.  U 
employa  un  grand  nombre  d'années 
à  profefier  la  chirurgie  ;  &  il  eft  forti 
de  fon  école  beaucoup  de  difciples 
habiles ,  qui  avoient  profité  de  fes 
lumières  &  de  fon  expérience.  Ce 
fut  en  leur  faveur-  que  Verdac  publia 
.  àParis  en  1689 ,  ion  excellent  Traité 
intitulé  :  La.  ManUie  de  guérir,  par  U 
moyen  des  bandages  ,  les  fraclures  &  les 
luxations  qui  arrivent  au  corps  humain, 
11  y  remonte  jufqu'aux  principes  de 
la  chirurgie ,  &  à  Thiftoire  des  Os. 
.Cet  ouvrage  a  été  traduit  en  hoUatf- 
dois  »  &  imprimé  à  Amfterdam  en 
169 1 ,  in- 8^.  Verduc  mourut  à  Paris 
«ni695.. 

//.  VERDUC,  {  Jean-Baptiftè) 
fils  du  précédent ,  doâeur  en  mé- 
decine, confirma  l'idée  avantageufe 
qu'on  avoir  de  fa  fcience ,  par  l'ou- 
vrage qu'il  intitula  :  Les  Opérations 
de  Chîrurfft  ,  avec  une  Pathaio^e  , 
1739  ,  3  vol.  in-8®.  Ce  livre  un 
traduit  en  allemand ,  &  imprimé  à 
Leipzig  en  17 12  ,  in-4®.  Il  avoit 
entrepris  auifi  un  Traité  de  VU/agp 
des  Parties ,  dans  lequel  il  vouloit 
expliquer  les  fondions  du  corps  par 
les  principes  les  plus  clairs.  Mais 
tent  mort  fans  adiever  ce  Traité  , 
Laurent  Verduc  fon  frère ,  mort 
en  1703  >  chirurgien  de  la  Commu- 
nauté de  Saint-Cômei  revit  ce  qu'il 
avoit  fait,  fuppléa  à  tout  ce  qui 


VER 


1 


manquoît  »  en  fit  un  excellât  Oct- 
vrage ,  &  le  publia  à  Paris  en  169^ , 
en  2  vol.  in-i2.  On  a  de  ce  dernier* 
le  Maître  en  Chirur^e  ou  la  Ckirurpe 
de  Gui  de  Chaulîac  ,  17O4 ,  in-12. 

VERDURE,  (Nicolas-}ofeph  de 
la)  né  à  Aire,  mort  à  Douay  es 
1717 ,  à  83  ans  •  étoit  doôeur  de 
l'univerfité  de  cette  ville ,  premier 
profe^eur  en  théologie,  &  doyen 
de  l'églife  de  Saint-Amé.  Cétoit  uA 
homme  d'un  (avoir  profond ,  &  d*u& 
défiméreffement  encore  plus  rare. 
L'illuilre  Fénelon  l'honorott  de  fon 
amitié.  On  a  de  lui  un  Traité  de  la 
Pénitence  »en  latin ,  dont  la  meilleure 
édition  eft  de  1698. 

VERDUSSEN  ,  (  Je^i  -  Pierre  ) 
membre  de  l'académie  de  Peinture 
de  Marfeille ,  mort  le  3 1  Mars  1763» 
a  été  un  ées  plus  célèbres  peintres 
dans  le  genre  des  batailles.  Ses  taieos 
l'ayant  aniré  â  la  cour  du  roi  d« 
Sardaigne  en  1744 ,  il  accompagna 
ce  prince  dans  fes  camp«^nes  d'It»- 
lie ,-  &  immortalifa  la  gloire  qu'il 
s'étoit  acquife  à  Parme  &  à  Guafialla. 
Rendu  à  la  France  depub  plus  de  16 
ans ,  liprès  avoir  parcouru  diverfes 
cours  de  l'Europe ,  il  fe  fixa  à  Avi- 
gnon,-&  s'y  fignals  par  de  nou- 
ve^x  chef-d'oeuvres.  La  vivacité 
& 'le  moelleux  de  fes  dernières  pro-  ' 
dnûions ,  remportèrent  fur  celles 
dont  il  avoit  embelli  4'Italie  H  - 
l'Angleterre. 

VERELIUS,  (Ohûs)  hiâorien 
Suédois»,  mort  vers  1680 ,  a  publié  : 
I.  Runoeraphia  Scaadica  antiqua  : 
l'auteur  qui  avoit  parcouru  toute 
la  Suéde  pour  y  découvrir  les  an^ 
ciennes  Inicriptions , -avoue  qu'elles 
ne  répandent  prefque  point  de  )Out  ' 
fur  i'hiiloire  ancienne  de  ces  coiw» 
trées.  II.  Hifioria  Gothnd&  Ro^ômîs^ 
Wefirogothiét  reguti ,  en  langue  go- 
thique, avec  une  Traduâion  filé- 
doife,  éc  des  Notes  en  ladn ,  Upfal , 
1664 ,  in-4*'.  Ce  célèbre  commcn« 
tateur  a  ^pliqué  avec  beauoM9-' 


r 


t  - 


VER 

d^éradSfilbn ,  dans  ces  Notes ,  tout  ce 

^  regarde  la  retigîon  des  anciens' 

peuples  du  Nord.  III.  Hifiorîa  Htr- 

vont ,  en  langue  gothique ,  avec  une 

Veffion  latine  &  de  longues  Notes , 

^     UpfaI ,  1671 ,  in-fol.  IV.  Supplément 

!      à  THiftoire   précédente  ,   Ùpral  ; 

1674,  in-fol.  ,  &c.  " 

VEREMOND,  Vùye^  Ber^ 

MVDE. 

VERGENNES ,  (  Charles  Gra- 
vier» comte  de)  coitamandeur  de 
l'Ordre  du  Saint- Efprit*,  chef  du 
confeîl  royal  des  Finances,  minif- 
tre  àts  affaires  étrangères ,  mort  à 
Verfailles  le  î  3  Février  1787 ,  à  68 
I  anSi  étoit  d'une  famille  noble  dé 
Bourgogne.  Son  efprit  aâif  &  con- 
ciliant l'ayant  Êiit  connoître  à  la 
cour  ;  il  îat  nommé  en  1 7  5  c  ambaf- 
fiideur  à  Confbintinople.  Il  trouva 
dans  cette  place  importante  de  nom- 
breofes  difficultés  à  vaincre  -,  mai^ 
il  eut  la  gloire  de  les  Airmonter ,' 
&  fe  concilia  l'eilime  &  la  bien-'' 
veillance,  non -feulement  du  roi 
fon  maître  6c  du  Grand-Seigneur,' 
mais  encore  des  deux  impératri- 
ces ,  MëM'Tkérefe  &  Catherine  //. 
Revenu  à  Paris ,  il  fiit  envoyé  en 
Tjjt  ambafiadeur  en  Suéde ,  &  eue 
beaucoup  de  part  à  la  révolution 
dont  ce  royaume  goûte  à  préfent 
les  fruits.  Dès  que  Lonis  XVI  fut 
fur  le  trône ,  il  s'emprefla  de  l'ap- 
peler auprès  de  lui,  en  le  plaçant' 
à  la  tête  du  département  des  affsdresf 
étrangères  ,  &  en  lut  accordant  la 
plus  grande  confiance  pour  le  gou-" 
vemement  intérieur  du  royaume; 
Sous  fon  miniftere ,  la  France  reprit' 
dans  les  pays  étrangers  une  confi- 
dératibn  politique  d'autant  plus 
foHde,  qu'elle  étoit  fondée  fur  les 
^vertus  &  TeTprit  de  bien&ifance  du 
comte  de  Vergtnnes.  Son  défir  le 
plus  vif  &  fon  zèle  le  plus  ardent , 
forent  toujours  de  prévenir  l'effu- 
âon  du  £i:tg  humain,  &  d'accom- 
aipder  Icis  différeos  qui  ^uroiffit- 


VER         325 

pti  amener  la  guerre.  Ceft  à  ce 
pacificateur  des  nations  que  l'Eu- 
rope dut  la  paix  de  Tefchen  , 
celle  de  1783  ,  &  l'accommode- 
ment des  difputes  entre  l'empereur 
&  la  Hollande.  Ceft  à  lui  que 
la  France  eft  redevable  des  Trai- 
tés de  cpmmerce  avec  l'Angle- 
terre^ la  Ruflîe,  fruits  d'une  fage 
politique  &  d'une  heureufe  paix. 
Confidéré  comme  minière  de  l'in- 
térieiur  du  royaume ,  le  comte  JU 
Vcrgennes .  joignit  toujours  à  uno 
prudence  consommée  «  une  aimable 
franchife  ;  à  la  févérité  pour  lui- 
même  ,  beaucoup  d'indulgenctt 
pour  les  autres  ;  à  l'opiniâtreté 
d'un  travail  fouvent  fec  &  fati- 
gant ,  l'attention  d'écrire  de  fai 
main  des  lettres  pour  confoler  de* 
amb  ou  fecourir  d^  malheureux.' 
Donnant  un  accès  libre  &  facile  à 
tout  le  monde»  il  écoutoit  favora» 
bleinent  tous  ceux  qui  cherchoienc 
à  l'approcher.  Grand  politique  fie 
homme  de  bien ,  il  fe  montra  tou^ 
jours  pcre  tendre  ,  bon  époux  , 
fidelle  ami  -,  &  il  ne  chercha  à  fo 
délafTer  de  fes  pénibles  travaux 
quaufein  d'une  Emilie  chérie  ou 
avec  des  amis  vemieux.  Si  fa  vie  fiit 
un  modèle  pour  ceux  qui  gouver- 
nent la  terre  ,  fa  mort  leur  oi&ic 
encore  des  leçons.  Lorfqu'il  eut 
reçu  le  Viatique  ,  un  de  fes  con-; 
Ércres  s'étant  approché  de  fon*  lit ,' 
il  lui  dit  :  Je  vîhs  de  rtmpûr.  un  devoir 
^  nous  devons  tous  remplir  '^mais  que 
nous  devrions  répéter  plus  fouvent.  Ce 
grand  homme  plein  du  véritable 
efprit  dû  chriftianifme ,  avoit  eu  , 
malgré  fes  talens ,  la  veiuu  qu'on 
appelle  moBefiic  dans  le  monde ,  fie 
que  la  religion  nomme  humilité^ 
Auffi  avoitil  demandé  ,  pour  la 
pratiquer .  même  après  fa  mort  , 
d'être  inhumé  dans  le  cimetière  de 
laparoiffe  fur  laquelle  il  mourroit. 
Ses  obfeques  ne  furent  pas  aiiffi  mo« 
ddWs  qu'il  §uroit  voulu  ^  ^  partie 


}i4        V  É  ft 

4es  mifiîAnes  .&  des  ^r^iuU  feîgpsadPS 
de  la  cour  aâ&Aerect  à  Too  coavoi , 
tes  larmes  aux  yeux.  Les  divertiâe- 
mens  âu-eût  défendus  à  Verfiûlks , 
|è  le  roi  le  plem« 

VERGER  dcHàvrAve,  (Jeao 
4u)  r^aquit  à  Bayoene  en  «.j8i  , 
d'une  famHte  Boble*  A^s  «voir 
i»it  fes  étudies  avee  l€  plus  grand 
iuccès  ^  Ffaoïte  &  à  Louvniii  ^  il 
hn  powvu  e«  i^  J^  1  de  Vabbtye  di» 
feintnCyrai^C&Kf/urÀ  Sàtitf-&rad^ 
j^ir:$unnus\  éloQ  l'ahbé  ChâttlMi) 
par  la  réâj^n^CtOQ  dé  ^<SRri  -  Louis 
Châtalpner  dcia  RothcPa/ëy,  évêqu6 
de  Peitidrf  v  doot  il  «toit  grand-^ 
vicaire,  l'tfbbé  de  SSfa-Cyrm  s'ap- 
^l.quaé  Iff  téâUre  des  Pires  &  des 
Conciles,  âcàut  y  trouver  le  germe 
d'unnou^^éau  Cyékèxnt  Tur  la  Grâce  > 
tpi'il  s'eflfoÀrça  4l*ifi(ptrer  à  fanfimm  » 
le  à  )iA  gragkd  nombre  de-flhdoii»^ 
g îeas.  Ce  fyûâme  n'écoic  pokc  de 
lui  ;   U  croyoic  pouvotr ,  «ifirèa 
6^ius^  «âSga^r  un  ^1  dans  4e  iahy* 
twthede  la  Touté-jWÎiTBttce  dime 
^  de  la  ItbiÉrté.  Après  la  mort  de 
iaûfenms  ^  Tabbé  A  ^alm-Cyrau  * 
inconfolablé  de  la  pêne  de  fon 
ami ,  tâcha  de  répandre  ùl  dotibine  » 
•u  plutôt  ce  {[vlA  troyoit  être  la 
doârine  des  Petes.  ^aris  lui  pamfi 
h  théâtre  le  plus  odnvenablc  à  iotk 
zck.  11  y  <fit  uiage  dé  £es  ialefk& 
pour  accrésËtier  VAufftJiui  àeVéyè* 
que  d^Ypres.^on  air  Ompleâc  mor-. 
tiâé  «  fes  parotes  cfouces  &  ioii- 
auantes  ,  -fon  iavoif  »  iîes  vertus» 
hà  fireot  beasscoup   de  parûCdXkA^ 
PeSopnscres  vdes  laïque%d»  fibnimes 
4e  la  "vdlle  ^  de  ia  cciir ,  des  reii- 
g^eàx  &  fkr-tolit  des  jreH^ectfes  » 
■éopterent'  £es  idées.  Voîâ  quelles 
ctoiènt  ces  idées ,  Aûvam  Morcnof  ^ 
qui  n'eft  cpie  l'écho  du  Père  ^JÊvrl- 
pli  ,  à'Jbcl/i  ,  «de  Coikt^  -qui  ont 
tous  écrit  avec  trop  de  pa£on  fur 
l!âbbé  dâ  Saint' Cyran  ,   pour  que 
leur  té^^gnage  ne  paroiiTe  pas 
Sjij^eâ*7i^uiTaot  la  (tépoTitton  d(f 


V  1 1^ 

i  i»abbé  ^e  Pr*ef«5,  il  dîfoiti 
^  voir  marquer  dair^meatrépoqué 
*>  de  la  deiftrudion  de  l'Egtife,  dont 
>*  Dieu  mtoeéœit  l'auteur.  Selon 
»  loi»  il  étoit  auffi  inutile  de  s'ac* 
**  cufer  des  i^hcs  véniels ,  que  la 
^  pratique  ien  étoit  nouvelle  ;  que 
^  c'étoit  un  a£le  d'humilité  »  qui 
»  j>otiV|efe  Ce  ^ire  à  tout  taïque-é 
*^  Il  n'étoit  pas  plus  nécefTaine  de 
^  aari|iier  le  nontbre  é}s&  péchés 
*'  mortelsi  oU  les  cireooftaacesqui 
^  masquent  l'el^ce.  Le  Conffffîoil 
»»  n'étoit  qu'une  oeuvré  de  furéro* 
**  gationX'abrotucioli  n'étant  qu'un 
^  fig^e  qu'ils  font  pardonnes  »  ne 
*>  remeccoil  poklt  les  péchés^  H 
>*  exigeoit,  comme  une  diippfidoil 
>^  eflemieUe  a  la  Confeflîon  «  une 
"  contrition  parlote ,  £t  ii  Youloit 
**  que  la  (atlÀâHoa  précédât  l'ab* 
>*  ioluttoo.  llttottvoitlaCoœmtti* 

*  mon  l)eaucoMp  plus  prc^iire  à 

*  dBUctt  les  pé^s,  <tue  la  Con* 
H  feûiofti  &  rinvecattoa  du  Saint* 
>*  Nom  de  Iesu«  ,  auffi  cffiCKÉh 
''  pour  œt  efo  que  la  Comnm- 
'-  aion.  De  toui  les  Sactemens.  In 
>^  Coa^rmotion  ivÀi  eelm  dont  si 
"  «voie  le  plus  haute  idée.  Il  1* 
**  préférott  ^  Saptâne  ,  iugeoie 
»  £es  effets  plu!ivi£i&  plus  prompts*. 
>*  Ce  faorement  n'cxigeoit  poiné 
>»  d'ausré  dl4MiiWion  ,  lelon  lui , 
>*  que  le  Baptême  :il  vouk>it<pi'ott 
**  pût  le  recevoir  en  demandent 
'*.  ieulement  parilpn  à  Dieu  des 
*».  péchés  monels  dont  .on  s'éiok 
**  lendtt  eoupable.  Il  débieeît  unft 
>»  infinîcé  d'autiss  nuadmes  »  qa'il 
"  cfoyott  égalemem  londées  fur 
n  fantiqnité  ;  U.  mépàiànt  fiwve» 
>*  jrainem«tt:les  fenémensde^théo- 
»*>  logiens  quiluiitoient  oppcdës  » 
**  il  difott  en  &voir  plus  qu'eux* 
Vf  lln'avoitpaspliisderelpeâpour 
H,  S,  Whowtss^  &  pour  le  ûintcoa- 
»  oie  de  Trente.  Cependant  il  ne 
»  dévelAppoit  fies  fimtunens  qu'avec 
»  .paécaudsn  *,  U  pour  fenux  J» 


V  Ç  R 

#  boodte  aux  délateurs  ,  il*  difàtt 
»•  qu'il  nieroît  tout  v  c*eft  ce  qtts 
**  dépofa  l'abbé  rff  Pw<rej  »  i  qui  it  en 
«»  fit  confidence  en  1635,  Comme 
»  il  ezigeoit  le  fecrct  de  cçu^t  à  qui 
«.  y  parloir  de  vive  Voix^,  il  ne  le 
»  recpmmandoie  pa$  moiny  daA$ 
»  fes  Lettres  i.  &  on  le  voit  par 
f»  quelques-unes  <{ui  fontreftées  «. 
M»s  on  n'y  voit  pas  tes  erreurs  que 
i4ormas  lui^ attribue  ici>  d'après  l'o- 
dîeufe  dépofitton  d\»n  homme  qui 
«voit  dévoilé  le^  forets,  ou  les 
prétendus  iipcrets  qu'on  Ini  avoir. 
confiés.  Cependant- on  fit  paiTer. 
Habbé  dt    S-amt"  Cyran^  pour    un. 
homme  dangereux  *,  &  le  cardinal 
ifi  Richelieu^  fiché  (dft-on)  d*sil-. 
leors  àeKt  qu'il  nevouloit pas  fe 
déclarer  pour  la  nullité  du  mariage 
de  Gcfl0n  d'Orléans  avec  Marguerite. 
de  Lorraine ,  le  fit  rjsnfermer  en 
1638.  Aprèp  lamort  de  ce  minlflre  »,, 
il  fortit  de  priCon  -,  mais  il  ne  jouit 
|»as  long- temps  de  fa  liberté,  étant 
inoTt  à  Paris  le  ii-  Oôobre  1643  »^ 
4  6a  at2s.  On  a  de  lui  :  1.  Lu  Somme., 
4fis  Fautes  &,faujl[£tés  Capitales  ççn'f' 
nfsts  en  la  Somme  Tjjiéologlque  du  Père 
François  G^raffc.  II  devoit  y^avoir- 
quatre  volumes  -,  mais,  il  it'en  a  paru 
qae  les  deux  premiers ,  &  T Abrégé 
du  4*  ,  i6i6 , 3  vol.  in-4^.  II.  V^ 
i^tûtf  fpîrituillu  ^  i.voï»  in-4®  ou 
in-S**  -,  téimprimées  à   Lyon  en,- 
1679,  en  3  vol.  in-ix.^  On  y  ajouta 
Wi  4*^  vol.;  qui  renferme  plufieurs  . 
netits  7ralt4fi  de  M.  de  Salf^t-Cyrân^ 
fihpriniés  féparément  :  (avoir  »  la  . 
théologie  fami^^re  ^pi)  BrUve  .ExplU 
eatîon   des  principaux  l4yiUfe9  d^  la 
Fpi  r,  ley  Vtnjiies  Chrùiennes  fur^  la 
Paurreté,  Valfon. .  «fc.  Btmpuîs  a  ex- 
trait èc.tas  Lettres  Ifes  i^lnt^'iSE^rprin- 
dpales,  qu'iiafattimpri/neria-X2. 
'4mauld'  iÂn&Uy  a ,  ai^gmcnté   est 
&^ueil,.&  l'a  publié ,  in  3^  6c  in-i  ^, 
fotu  le  ticre  ^ Infirmons  ilrifis  des 
Lettres  de,  M4.de  Saint' Cyran^  III, 
l/li<fiogu,ptur  M;  d«iaRi^(^P([»fay, 


TER         5îç 

Cûntfi  Cfux  qui  Sfent  qu*ilrt,ejtpaspef^ 
mîi  aux  Eccléfiafiîqiies  d^avoir  recours 
^aux  armts  en  cas  de  n<!ceffite\  imprimée 
en  161 5 ,  in-»**.  IV.  Un  petit  Traité 
puWié  en  iéo9  ,  fous  te,  titre  de 
Qttcftion  Royale ,  ou  l'on  çxamine 
en  quelle  extrémité  U  Sujçt  pourroii 
être  obligé  de  cortferyer  la  vie  du  Pnne$ 
Ofix  dépens  de  laficnae ,  1^09  ,  în-  il  ^. 
contre&it  (bus  la  même  date.  Ct%. 
deux  ouvrages  firent  grand  bruit ,. 
le  dernier  fw-tout.  Les  léfuites. 
l'annoncèrent  par-tout  cpmme  uiv. 
apôtre  du  fuici.àe;flc  d'Ayrîgni  donna., 
utx  extrait  fort  malin  dece  li  vre,dans 
fcs  Mémoires,  Mais  il  eft  évident  que- 
Saint  ^Cyiran  veut  prouver  feule- 
ment, qu'il  eft  des  occafions*.  où.' 
l'on  .pçîit  facrifier  fa  vie  itf^$  ami* 
eu  à  fa  patjpie.  V.  Un  gros  vohune 
txi-folio,.  imprimé  aux  dépens  du 
Clergé  de  Franc? .  /eus  le.  nom  de- 
Petms  Aurellus,  L'Affçmblée  de  1641 
en  fit  £iire  une  édition  en  1641 ,  que- 
les  Jéfuites  firent  faifir»  mai$  qui 
n»a  pas  laiifé  d'être  diflribinée  fur 
l<rs  remontrances  du  Clergé.  On  a. 
dans  cette  édition  deux  Ecrits  :~ 
Ci^nfutatio  collccHcnis  Locoam  quos. 
J^uita  compilârunt ,  .&  Convitia  pettà%, 
lantia,  qui  ne-  ne  fe  trouvent  pas . 
dans  la  jf  édition,  laquelle, parut, 
auffi  aux  frais  du.  Clergé  en  1646., 
Mais  à  la. tète  de  cette  même  édi- 
tion-, on  Ht  TEloge.  que  Godeau^, 
éyêque  de  Vence,  a  fiiif-de  rauteur» 

Î>ar  ordre  du  Clergé.  Celivre  d'ail- 
eurs  auroit  pu  être  meilleur  &. 
mieux  feit,..  A  fon  talent  près  pour 
fa  parole  &  la  direÛion,  l'abbé  4^ 
SfthrU'Cyran  étQitMti  homme  ordi- 
naire. Ecrivain  foible  &  diffus  »  en  . 
l^tin  contmeen  franco is ,  fans  agré- 
ment, fans  correèliAn  &,(àns  clarté  : 
il  av:oit  quelque  chaleur  dans  l'ima* 
gination^;^  mais  c^te  ch4eu<  n'ét»;\t  ; 
pas  dirigée  par.  le  goût  ^  Je  jetoit.. 
quelque&is  dans,  le  phébû$.  Il  y  éd. 
a  beaucoup  dai|S  fes  Lettres.  La  plu* 
psn  de  ceux  qui  le  louent  tant  aU"; . 


^i6         V  E  R  VER. 

|ourd*hui ,  ne  voudroient  pas  être    abandonné  par  la  France  &  Inquiété 
condamnés  à  le  lire.  Sa  plus  grande    par  le  pape  ,.il  apoftaûa  ouverte- 


gloire  eft d'Uvoîr fait  duMonaftere 
de  Port  -  Royal ,  une  de  fes  con- 
quêtes *,  &.  d'avoir  eu  les  Amauld  , 
les  Nicole  &  les  Pafcal  pour  difci- 
pies...  Voy,  II.  Lamcelot. 

I.  VERGERIO  ,  (  Pierre-Paul  ) 
philofophe,  ittrifconfulte  &  orateur, 
né  à  Opo-d'Hlria ,  fur  le  golfe  de 
Venife ,  aififta  au  concile  de  Conf- 
tance.  Les  qualités  de  fon  cœur  &  de 
fon  efprit  le  firent  aimer  &  efHmer 
de  l'empereur  Sîpfmoni ,  à  la  cour 
duquel  il  mourut  vers  143 1 ,  à  Tâge 
d'environ  80  ans.  Murutor/ a  publié 
dans  fa  grande  CoUcHion  des  Ecrivains 


ment  ,&  fe  retira  chez  lesGrifon;«.  | 
où  il  écrivit  en  vrai  Luthérien.  Cet 
apoilat  finit  fes  Jours  à  Tubingeen 
1 5  6  5 .  11  efl  auteur  de  pluûeurs  Ou- 
vrages, que  les  Proteftans  mêmes 
méprifent.  Le  fiel  qu'il  y  a  répandu 
contre  l'Eglife  Romaine  9  les  fait 
rechercher  des  malins.  La  fuppref- 
fion  qui  en  fut  faite,  les  rend  pré- 
cieux aux  bibliomanes  qui  courent 
après  les  raretés.  Les  principaux 
font  :  I.  Ordo  eÙgendl  Pontifias ,. 
15^6,  in^**.  II.  Quomodo  Conciiit^ 
Chrlftianum  dcheat  ejfe  liberum ,  l>;  37  9. 
in-8*.  L'édition  de  1557  n'eft  pa* 


de  l'Hiftoire  d'Italie ,  tome  xvi ,/  redie^chée.   III.    Operum  advent» 
in-folio»  VWfioîredes  Princes  de  la    Papatftm  ,  tomus  /  ,   1563  »  in-4^1 


Mal/on  de  Canari^  écrite  par  VcT' 
gerio  ,  avec  plufîeurs  Difcours  & 
Lettres  xlu  même  favant.  Il  a  com- 
pofé  d'autres  Ouvrages,  dont  quel 


IV.  De  Natura  Sacramentorum^  ^ 
1559,  in-4°.  V.  '  Et  d'autres  Ecriu 
en  italien ,  moins  connus...  [  Voye^ 
Negro.  ]  /.  B,   Vbrg^erio  fon 


ques  -  uns  font  encore  manufcrits.    frère ,  évêque  de  Pola  dans  l'Iftrie  » 
On  a  donné  des  éloges  à  fon  Traité,    embrafTa  comme  lui  le  proteflac- 


De  ingenuis  morihus  &  àheralîhus  Ado- 
Ufcentut^  fludUs^  1493  ,  in-4^  ;  &  il 
les  mérite  à  quelques  égards. 

II.  VERGERIO ,  (  Pierre-Paul  ) 
parent  du  précédent ,  fut  envoyé  en 


tifme.  L'un  &  l'autre  s'étoient 
flattés  pendant  quelque  temps  » 
d'obtenir  le  chapeau  de  cardinal* 
'  I.  VERGI ,  (Alix  de)  ilTue d'une 
des  plus  illuilres  maifons  de  Bourr 


Allemagne  par  les  papes  Clément  VJl  gogne ,  époufa  en  1199  Eudes  111 ,. 

&Ptftt////,  aufujetdela  tenued'un  duc  de  Bourgogne  ,  &  mourut  le 

concile  général.  Il  eut  pour  récom-  3  Mai  125 1.  C'eft  à  la  cour  de  ce. 

penfe  l'çvêché  de  Capod'Iflria  fa  pa-  prince  que  l'auteur  du  Roman  de  la 

trie ,  ifle  fltuée  à  l'extrémité  du  golfe  comtefTe  de  Vergi ,  fuppofe  que  iies 

de.  Venife.  Comme  il  avoit  eu  de  aventures  fe  font  pafTées.    L'hé- 

fréquentes  conférences  avec  les  Hé-  roïne  du  Roman  ef^  Ldure ,  fille  de 

rétiques  &  avec  Luther  même ,  leur  Matthieu  11 ,  duc  de  Lorraine ,  qui 

commerce  fut  dangereux  pour  un  avoit   été   mariée   à  Guillaume  de 
homme  amateur  de  nouveautés.  Il 
ie  remplit,  d'idées  peu  favorables 
au  (aint  -  fiége  -,  il  appuya  les  plain- 
tes des  novateurs.  La  cour  de  Rome 

auroit  voul^  l'éloigner  des  affaires  ;  dame  veuve  avant  fon  mariage, 
snùs  il  fe  ménagea  des  partifans  à        II.  VERGI ,  (Antoine  de  ) comte 

ceue  de  France,  qui  l'envoya,  avec  ^e  Dammanin ,  fut  très  -  attaché  à 

le  titre  d'ambaàadèur  j  à  la  diète  de  Jean  ,  duc  de  Bourgogne ,  &  aux 

Spire,  eiî  1540.  Il  s'y  donna  pour  Anglois.  Il  étoit  avec  ce  piînce  « 

l'agent  du  pape,  ainii  que  du  roi  *,  &  quand  il  contraignit  le  Dauphin  & 

il  ne  ikrvit  ni  l'un  ni  l'autre.  Enfin  B  Us  pardians  du  duc  dt  Orléans  k 


Vergl  ,  fénéchal  de  Bourgogne  ,. 
mort  après  1272  fans  podérité  \ 
mais  l'auteur  n' étoit  guece  au  fidc 
dei  époques ,  puifqu^l  fuppofe  cette 


( 


VER 


^    femr  de  Momereait-Faut-YoQae  » 
>    où  ce  même  prince  fut  af&dlné  eii 
^ .  I4i9«  Créé  Tannée  fuivante  m^iré- 
;    chai  de  France  par  le  roi  d'Angle- 
terre ,  fe  difant  régent  du  royaume  , 
'  il, «défit  les  troupes  ïrançoiies  à  la 
journée  de  Crevant,  près  d'Auxerre.- 
II  fut  fait  chevalier  de  la  Toifon 
d'or  ».  &  mourut  en   1439  ,  fans 
laiffer  de  poftéricé  de  fes  femmes , 
Jtannc    de   Rîgnù  &   GuîUemau   it 
VUnrù* 

*  III.    VERGI  ,  (  Gabrielle  de) 
Voy.  Faïel. 

.  VERGIER  ,  (  Jacques  )  né  à 
I^yon  en  lôjy  ,  vii^t  fort  jeune  à 
Paris ,  où  fpn  efprit  agréable  &  fes 
manières  polies  le  firent  rechercher. 
Il  .portoit  alors  l'habit  eccléfiaftî- 
^e  V  mais  cet  état  étant  peu  con-' 
Corme  à  fon  génie  &  à  fon  incli- 
nation pour  les  plaifîrsr,  il  le  quitta 
pour  prendre  Tépée.  Le  marquis  de 
Seîgnelai  (  Colbcrt  )  fecrétaire  d'état 
delà  marine  «  lui  donna  «en  1690, 
une  place  de  commifTaire  ordonna- 
teur» qu'il  remplit  pendant  plufieurs 
années.  Il  fut  eniiiite  préfident  du 
Confeil  de  commerce  à  Dunkerque  ', 
mais  cette  voluptueufe  nonchalance 
qui  fit  toujours  fes  délices,  l'em* 
pécha  de  monter  à  de  plus  hauts 
emplois  «  &  lui  fit  négliger  même 
d'amaffer  de  grands  biens.  Loin  de 
^.'occuper  des  affaires  >  il  ne  s'occu- 
poit  pas  même  à  la  poéfie  qu'il 
^imoît  beaucoup ,  de  peur  que  fes 
divertiiTemens.  ne  devinffent  une 
occupation.  Il  menoit  une  vie  libre 
&  tranquille ,  lorfqu'il  fut  aflafliné 
d'un  coup  de  piflolet  dans  la  rue 
.  du  Bout-du- Monde  à  Paria ,  fur  le 
minuit ,  en  revenant  de  fouper  chez 
mi  de  {es  amis  :  c'étoit  le  23  Août 
J720,  Il  étoit  âgé  de  63  ans.  L'au- 
teur de  cet  affaflinat  étoit  un  voleur, 
connu  fous  le  nom  de  Chevalier 
h  Craqueur ,  avec  deux  autres  com- 
plices, tous  camarades  du  fameux 
iCâiioufh^  Le  Chevalier  le  Cra^utur 


VER         327 

fut  rompu  à  Paris ,  le  10  Juin  171a  * 
&  avoua  ce  meurtre  avec  plufieurs 
autres.  Son  deffein  étoit  de  voler 
Vcfper  ;  mais  il  en  fut  empêché  par 
un  carfôiTe.  C*efl  donc  fans  fonde» 
ment  qu'on  a  attribué  cette  mort  à 
un  prince  qui    vouloit  fe  venger 
d'une  Satire  que   le   poète  avoit 
enfantée  contre  lux.  Vergier  n'étoit 
pas  capable  de  faire  des  vers  contre 
perfonne.  »  C'étoit  un  philofophe  , 
"  homme  de  fociété ,  ayant  beau- 
*>  coup  d'agrément  dans  l'efprit  » 
»  fans  apcun  mélange  de  mifan- 
»  thropie,  ni  d'amertume».  Rouf-^' 
fiau  y  qui  parle  ainii  de  ce  poëte , 
qu'il  ayoit  fort  connu  f   ajoute  : 
"  Nous  n'avons  peut-être  rien  dans 
n  notre  langue ,  où  il  y  ait  plus  de 
»»  naïveté  ,  de  nobleâe  &  d'élc- 
"  gance ,  que  fes  Chanfons  de  table , 
M  qui  pourr oient  le  faire  paiTer ,  à 
»»  bon  droit ,  pour  VAnacréon  fran" 
»  çoU  M.  A  l'éeard  de  Tes  autres 
Ouvrages ,  lapoefie  en  efl  négligée^. 
à  fon  ftyle  trop  fouvent  profaïque. 
n  a  fait  des  Odes  ,  des  Sonnets ,  des 
Madrigaux ,  des  EpuhaUmcs,  des  EpU 
grammes ,  des  Fables  ,*  des  Epitres  , 
des  Cantates,  des  Parodies.  La  meil- 
leure édition  de  ces  différens  ou- 
vrages eft  celle  de  1750,  en  2  vol. 
in- 12.  »*  Vergier  (dit  Vçltaîre  )  eil  à 
"  l'égard  de  U  Fontaine ,  ce  que 
**  Campyiron  efl  à  Racine ,  imitateur 
H  foible ,  mais  naturel  «.  En  général 
la  narration  de  fes  Contes  efl  un 
peu  découfue.  Il  eft  moins  obfcene 
que  Grécourr  ;  mais  il  l'efl  plus  que 
la  Fontaine,  On  a  encore  de  lu^» 
Zeila  ou  l'Africaine  ,  en  vers  -,  & 
une  Hifloriette  en  profe  &  en  vers , 
hitituléè  :  Dom  han  ;  &  Ij'ahelle  , 
Nouvelle  Portugaifc. 
•  VERG^  ,  (  Pierre  de  Trcffan 
de  la  )  né  en  1618 ,  d'une  ancienne 
maifon  de  Languedoc  ,  fut  élevé 
ians  la  religion  Prétendue-Réfor- 
mée ,  qu'il  abjura  à  Tâge  de  10  ans. 
Après  avoir  pafîié  quelques  années 

.  Xiv 


%i^        VER 

i  la/  cour ,  il  fe  retira  auprb  é^ 
faviUun  ,  évêque  d'Aleth.  Il  fît  » 
^vec  Tagrément  de  ce  prélat,  un 
voyage  dan^  la  Palcftine.  Les  mlf- 
fions ,  &  la  direéHon  des  âmes  ^ 
Toccuperenc  entièrement  à  fon 
setour.  La  part  qu'il  prit  au  Livre 
de  la  Théo/ugU  Morale  ^  le  fît  exiler  *, 
mais  peu 'de  temps  après ,  le  roi  lui 
rendit  la  liberté. ,  dont  il  ne  jouit 
pas  long- temps.  Il  fe  noya  près  du 
diàteau  de  Tarargues  ,  en  venant 
à  Paris,  le  ç  AvfU  1684.  Son  prin- 
^pal  Ouvrage  eft  intitulé  ;  Exantça,^ 
gdoiral  di  tous  Us  états  &  conditions , 
2*  des  péchés  qiCw  y  peut  commettra  ^ 
%  vol.  in-i2  ,  1670 ,  fous  le  nom 
du  âeur  de  Sauit-  Germain  ,  avec  un 
3,^  vol.  concernant  les  matchands 
&  les  artifans.  Ce  livre  ,  fort  utile 
à  ceux  qui  fe-  çonfacrent  à  la  di- 
région  des  âmes ,  eut  beaucoup  d& 
iiiccgs, 
'  VÈRGNE ,  Voy.  Fayette. 

VERHEYEN.  (Philippe)  fîb 
4'un  laboureur  du  village  de  Ver- 
^brouçq ,  au  pays  dc-Vacs ,  vit  le 
'jour  en  164&.  U  travailla  à  la  terre 
^vec  Tes  parens  jnCqu'à  Tàge  de  3^2; 
^ns ,  que  le- curé  du  lieu ,  lui  trou- 
vant beaucoup  d'efpxit  ».  lui  apprit 
lie  Rudtmenj; ,  &  lui  procura  une 
place  dans  un  collège  de  la  Trinité 
^  Louvain.  Le-  ieunclaboureur  y  fii; 
tant  de  progrès  ,  qu'il  fut  déclaré  Iç 
;premier  de  fes  condifciples.  Après 
avoir  reçu  le  bonn^  décodeur  en 
médecine  ^  il  obtint  la  chaire  de 
pSofeiTeur.  Qna.dçlui.  :  L  Un  ex« 
çellent  Traité  ,  De  Corporis  humani 
jànatomia ,  à  Bruxelles ,  I710  ,  7, 
vol.  in-4®;  &  Amfterdara,  17^1^ 
i  vol.  in-é:^.  Cet  ouvrage  fut  tra-» 
duit  en  allemand.  II.  Un  Traité  , 
De  Febrîhus^  Sui  d^autres  &vaotf$  PrOr 
4uâions,  Cet  habile  hommemoiirut 
à  Louvain  le  18.  Février  1710 ,  i 
62  ans ,  après  avoir  rexnpli ,  durant 
k  cours  de  fa  vie ,  tous  les  devoirs 
QAi  Oifétiçqt,  de  rhonnêtç  homme 


VER 

et  dû  médecm.  Il  ne  laifiâ  gœri^ 
d'autre  bien  aux  quatre  enfans  qu*il 
avoit  eus  de  fa  féconde  femme ,  quo^ 
fa  réputation.  Il  voulut  êtr^^entetré 
dans  le  cimetière,  de  fa  paroifie  «. 
ne  Tempbim  dehonefiara  ^  aut  noélviSf 
kulitibus  tnficeret ,  comme  il  le  dit- 
dans  fon  Epitaphe. 

I.  VÉiUN ,  (  Hugolin  )  né  à, 
Florence  en  1442. ,  mort  vers  l'an; 
1*501»  poëte  latin ,  a  cômpofé  dif- 
férent Ouvrage ,  qui  ne  lui  ont 
acquis  qu*une  réputaûon  médiocre. 
Nous  ayons  de  ce  poëte:  Les  Estpc'*, 
âitlons  de  Charlemapie ,  la  Prîfe  de 
Çrenade  ,  une  Sylve^  en  l'honneur 
de  Philippe  Benita,  Les  trois  Livres 
qu'il  a  ûtts  à,  la  louange  de  <\ 
patrie,  De  ÏUuflratîone  floraitia  „ 
Paris,  1585  ,  in-4**  ,  font  pacmÇ 
fes  Ouvrages  ce  qu'il  y  a  de  plus^ 
^timé. 

II.  VÇRÏN  ,  (  Mi^iel)  fils  det- 
Jp^ln ,  natif  de  Florence,  mourut- 
Tan  1487  ,  âgé  d'enviropi  19  ans.^ 
On  dî:  que  ce  jeune  homme  ne 
voulut  point  fuiVre  le  confeil  des. 
médecins*  qui. lui  ordonnoient  det- 
(e  marier,  s'il  vouloif  recouvrer 
fa  fjuté  ;  facriHant  ainû  fa  vie  4> 
^'amour  de  la  chaf^eté.  Ce  poctc> 
s'efl  rendu  célèbre  par  fes  DiJKquet, 
moraux  ,  dans  leîquels  il  a  fu  ren- 
fermer les  plus^belles  fentençes  des. 
philofopbes  grecs  &  latin$ ,  &  par-* 
ticuliéremçnt  celles  de  Salomon,  Sa» 
yerfitication  eft  facile  &  élégante. 
S^s  DiJUqws  (  Florence ,  1487  )  ont, 
été  réimprimés  en  France,  in-8^j^ 
&  traduits  en  vers  françois  &  ea, 
profe. 

V  Ea I N  E  ,  (  JEOa.  VtRtsA} 
{beur  de  Bafitifque  &  époufe  de. 
l'empereur  Ùon^  ne  s*occupaquê. 
dç  fe^  devoirs  tant  que  fon  mari 
vécut*,  mais  après  fa  mort,  ellefe 
livra  à  l'ambition  &  à  Tamour. 
Ayant  fait  élire  en  474 «fon  gendre, 
Zenon  y  empereur  ,  elle  conCpirâ 
cûfuite  contre  lui ,  pour  q^etuç.  I^ 


VER 

Mitiee  tian ,  foa  9mam ,  i  fit  place. 
\  ¥oyci  IV,  LioK.*  ]  Elle  ne  put 
féuifir.  Zinon ,  à  la  vérité ,  perdit 
Tempire^  mais  JBafiU/que^  frçrc  de 
Yirint^  qui  £ut  élu,  fît  donner  \^ 
tnorc  à  Léon,  Alo^s  cette  princçfle 
intrigant  fe  vengea  de  k  mort 
de  fon  amant  >  en  furiûint  exiler 
Bafilffyue^  &  rcmpl^iç^  Zenon  fur 
le  trône.  Celui-ci  la  laifla  d'abord 
ÇOtivemer  ;  i^is  Vtrne  ayant  cabale 
fie  nonveitt  »  il  l'exila  dans  le  fond 
de  la  Thcace.  Ceft  là  qu'elle  mour 
fut  en  4S5 ,  après  avoir  tenté  plu- 
^e|in  ibis  de  jouer  quelque  nout 
yeau  rôle. 

VÉRITÉ ,  Divinité  allégorique , 
fiUc  de  S^urne ,  &  mère  de  la  Vertu^ 
On  la  repréfcDte  fous  la  figure 
d'une  femme ,  ayant  un  air  majef- 
Vieux,  &  habillée  fimplement^  ou 
même  toute  nue ,;  &  quelquefois 
ibrtant  du  fond  d'un  puits  qui  eft 
(on  emblème.  Elle  a  pour  ennemie 
la  FabU  y  autre  Divinité  beaucoup 
plus  encenfée  qu'elle,  avec  qui  ce- 
|>endant  elle  fait  fouvent  alliance , 
pour  l'engager  à  adoucir  fes  traits 
9ufteres  6c  rebutans.  Voye^  VAIU- 
fQrîe  de  la  Vérité ,  du  fameux  lyrique 

VERKOLTE ,  (  Jean  )  peintre  & 
Mveur  Hollandois ,  fils  d'un  ferru- 
fier  ,  né  à  Amflerdam  en  1 5  $0  ^ 
Inort  à  Delft  en  1693 ,  eft  fur- tout 
|rès*célebre  pour  fes  Morceaux  en 
étanîere  notre,  11  fut  heureux ,  parce' 
qu'il  îût  Cà^e  >  &  qull  Ait  profiter 
4'un  grand  talent. 

VERMANDER ,  {  Charles) 
peintre  &  poète,  né  à  Meulebcck 
en  Flandres  Tan  i^jfi  ,  mort  en 
1607  ,a  fût  beaticoup  de  Tableaux 
dont  îes  fti}ets  font  la  plupart  tiréf 
^  l'Hiftoire-fainte.  G'cft  lui  qu'on 
^argea  à  Vienne  deôûre  les  Arcs- 
ile*triomphe  pour  l'entrée  de  Tem- 
peteur  Rodolphe,  Ce  peintre  a  com- 
Jofc  un  Trahi  de  Peinture ,  &  il  à 
4QP.n4  la  ^'<  *»  F^ntns  Ixalkns  & 


VER  iï^ 

fhmanés.  On  a  auffi  i^ts  ComidUs  H 
beaucoup  de  P.oifics  de  Vermatfiler^ 
11  y  adans-ies  ouvrages,  en  géné- 
ral ,.^beaucotip  de  feu  &  de  génie  n 
ma»  trop  peu  dç  corrcâion. 

I.  VERMANDOIS,(Her^v 
bert  II  ,  comte  de  )  arriere-petitt 
fils  de  Bemqrà  ,  roi  dltalie  ,  fu( 
un  piinçe  diAingué  par  fon  cou-t 
rag<.  Il  fl^  Charles  le  Simple  pri- 
sonnier à  Saint-Quemin ,  &  l'en- 
yoya  prifonnier  à  Péronne  »  où 
il  finit  fes  jours.  Hc^en  mourut 
çn  943.  La  branche  de  Verman-* 
4ois  ,  dont  il  étoit  la  tige ,  finit, 
par  Mâle ,  qui  époufa  Hugues  de 
France,  3*  fils  de  Benri  /,  qui  fe 
fignala  dans  les  Croifades  »  &  mou-., 
rut  de  £cs  bleflures  à  Tarfe,  l'an 
liox.  Son  fils  fiit  Raoul  deVer- 
MA^DOis  y  fénéchal  de  France ,  qui 
eut  la  régence  du  royaume  pendant}^ 
lé  voyage  d'Outremer  de  Lotus  Vll^,  , 
en  1147,  de  mourut  en  1152.  Il 
avoit  été  excommunié  en  1142,^ 
pour  avoir  répudié  AUiaor  de  Chum^ 
pagne^  fa  p|emiere  femme,  dont  il 
ayoit  eu  Hagites ,  qui  fonda  rOr<« 
dre  de  la  Trinité  delà  Rédemption 
des  Captifs ,  fous  le  nom  de.  Félix 
44  Valois,  De  fon  fécond  mariage 
avec  Alix  de^  Guknnt ,  naquirent  deS| 
fUles ,  &  un  fils  mett  fans  poftérité» 

II.  VERMâNDOIS.  (Louis  d# 
Bourbon,  comte  de)  ^«y*  Masqus 
s£  Fer  ,  &  III.  VALLiiRE* 

VERMEYEN  »  (  Jean-Corneille  ) 
peintre,  né  dans  un  village  près. 
d'Harlem  ,  mort  à  Bruxelles  en 
1559,  âgé  de  59  atis.  Cet  artifle 
avoit  une  barbe  â  longue ,  qu'elle 
trainoit  à  terre ,  lors  même  qu'il 
étoit  debout ,  ce  qui  l'a  fait  fur* 
tiommer  Charles  le  Barhu,  L^efflpc- 
rcur  CharltS'Qulnt  l'aimoii ,  &  il  le 
prit  a  fa  fuite  dans  plufieurs  voya- 
ges ,  entre  aucss ,  lors  de  fbn  expé- 
dition de  Tunis  ,  que  Vernuyai 
a  peinte  en  plufieurs  Tableaux,. 


îjo         VER 

depms  âcécutés  en  tapifliertes,  qu'on 
voU  encore  en  Portugal. 

VERMIGLI.  Voy.  xxy  .PiERaB 
Martïr. 

VERMOKD,  Voy. iVCohiv. 

VERNEGUE,  (Pierre  de)  gen- 
tilhomme &  poëte  Provençal  du 
xii^  fiecle,  palTa  Tes  premières 
année?  au  fervice  du  Dauphin  d'Au- 
vergne. L'envie  de  revoir  Ta  patrie 
lV>bligea  de  fe  retirer  fn*  la  fin  de 
ies  jours  en  Provence  f  auprès  de 
la  cpmteiTe  femme  ^Alphonfc  fils  de 
MairÀond ,  qui  lui  fît  drefTer  un  fu- 
perbe  maufoléc  après  fa  mort.  Fer- 
lieguc  à  feit  un^Poëme  en  rimes  pro- 
vençales, fur  la  prife  de  Jérufalem  par 
SaUdîn^,  Ceft  une  produâion  très- 
inédiocre.  ^ 

VERNEUIL,  (  Catherine-Hen- 
TÎette  de  Balzac- d'Entragues ,  mar- 
quife  de  )  fille  Ac  François  de  Baliac- 
d'Entraçues ,  gouverneur  d'Orléans  , 
&  de  Mark  Toucha ,  qui  avoit  été 
maitreife  de  Charles  IX,  La  fille  ref- 
femb!a  à  la  mère.  Elle  avoit  des 
grâces ,  de  Tefprit  &  une  coquetterie 
adroite.  Après  la  morft  de  la  du- 
chefTe  de  Beaufort  ,  Henri  IV  tn 
devint  éperduement  amoureux.  Elle 
irrita  fa  paflion  par  des  refus ,  &  dé- 
clara qu'elle  ne  pouvoit  la  fatisfaire 
^ns  une  promeâfe  de  mariage.  La 
promefTe  fut  (ignée;  mais  le  duc 
Ae  Sully ,  à  qui  Htnn  IV  la  montra  y 
{Vrlt  'ce  papier  &  le  déchira  pour 
toute  réponfe.  Le  roi  >  dominé  par 
îotk  amour,  eut  la  foiblefîe  de  faire 
une  autre  promeâe  de  mariage ,  & 
d'acheter  à  fa  maitrefle  le  marquifat 
de  Vemeuil.  Cependant  il  époufa 
Marie  de  Mé£cis,  X9  marquife  en  fîit 
fi  irritée ,  que ,  par  le  coiifeil'  du 
duc  d'AngouUme  fon  firere  utérin, 
&  du  comte  iEntragues  fon  père  * 
elle  fe  ligua  avec  le  roi  d'Ëfpagne 
pour  détrôner  Henri  IV  t  &  faire 
proclamer  roi  le  fils  que  la  mar- 
quife avoijt  eu  de  lui ,  qu'ils  trai- 
taient de  Dauphin.  Ce  fils  fut  dans 


V  EU 

la  fuite  duc  de  Vehietdl;U  f^QXl^ 
rut  fans  enfans  en  i68z.  Sa  mère 
fut  condamnée  à  être  conduite,  à 
l'abbaye  de  Beaumont-les*Touvs» 
pour  y  paiTer  le  refle  de  fa  vie- 
Le  duc  d'Angouléme  &  le  comte 
d'Entragues  dévoient  avoir  la  t^e 
tranchée  ;  mais  le  roi  changea  .la 
peine  en  une  prifon  perpétuelle. 
On  prétend  que  la  marquife  avçit 
dit  pendant  le  cours  du  procès  cri- 
minel contre  elle  &  fes  parens, 
qu'elle  ne  demandoit  au  Boi  qu'un, 
pardon  pour  fon  pere^  une  corde  pouf 
fon  frere^&jttjlice pour  elle.  Elle  rentra,, 
dit-on ,  en  grâce ,  au  point  qu'elle 
ne  fortit  du  cœur  de  Henri  IV ,  cpie 
par  l'amour  qu'il  prit  pour  la  prin- 
cefie  de  Condé.  La  cqnfpiration  daptis 
laquelle  elle  étoit  entrée,  fut  con- 
duite (  fuivant  le  préfident  Hénauày 
par  un  Capucin  ,.  fon  confeiTeur. 
La  marquife  lui  avoit  perfua^é 
qu'elle  ne  s 'étoit  livrée  aux  défîrs 
du  roi,  qu'en  confidération  de /a 
promeffe  de  mariage  -,  &  ce  bon 
homme  croyoit  que  fon  falut  étoic 
întéreiTé  à  la  faire  tenir.  Cette 
femme  intrigante  &  hautaine  mou- 
rut en  1633  ,  à  54  ans,  peu  efiimjée 
&  peu  regrettée.  Voici  comxne 
M.  du  _  Radier  l'a  peinte  d'après  les 
auteurs  contemporains.  »  Son  ef- 
«  prît,  étoit  vifi  fa  converfatiop* 
**  légère  &  amufante ,  ne  permet- 
»♦  toit  pas  qu'on  s'ennuyât  un  mo- 
"  ment  avec  elle.  EUe  avoit  mêipe 
y*  de  ces  faillies  qui  fympathifoi^nt 
»  avec  le  goût  de  Henri  IV  i  ctBce 
H  affilé,  difentUs MémQÎres  deSully^ 
"  qui  par  fes  bonnes  rencontres  lui  ren* 
"  doit  fa  compagnie  des  plus  agréabl^i 
"  cette  cridque  fine  &  maligne  f 
?»  qui  ne  manque  jamais  d'amufec 
"  ceux  qui  n'en  font  pas  les  obje^, 
"  &  qui  fait  ce  qu'on  appelle  Je 
M  génie  de  la  Cour.  L'Hiftoire  lit- 
»  tératre  de  fon  temps  nous  ap- 
"  prend  qu'elle  n'avoit  pas  négligé 
»  les  avantages ,  de  l'âudittpn  fi 


J 


VER 

>  d'une  leâure  folidb.  Avec  tous 
»*  ces  talens,  naturels  &  acquis,  elle 
«  étoit  méchante  ,  emportée  & 
»'  peu  délicate  ,  coquette  &  bien 
w  plus  ambitieufe  que  tendre  •,  rien 
»  ne  prouve  que  Henri  en  ait  été 
»  jamais  aimé  :  elle  n'aima  jamais 
»'  que  le  roi  :&  ce  prince,  râitiant 
9*  le  plus  paffionné  ,  &  le  plus 
"  honnête  homme  de  fon  royaume, 
»  eut  lieu  de  fe  repentir  plus  d'une 
-  fois  de  fa  foihleffe.  Pour  la  fi- 
"  gure,  Mademoifclle  d'Entrantes^ 
»  n*étoit  pas  û  belle  que  la  du- 
»  chefTe  de  Beaufon,  Avec  des  traits 
»  moins  réguliers  ,  une  bouche 
r  plus  grande ,  moins  d'éclat  dans 
»  les  yeux,  une  tête  moins  belle, 
*'  moins  de  blancheur",  elle  Pem- 
»  portoitparlajeunefle,  lenjoue- 
»»  ment  &  un  air  vif,  qui  ani- 
>•  moit  tous  fcs  traits ,  &  en  fai- 
w  foit  difparoitre  fes  imperfec- 
>»  tions.  u  II  en  coûta  une  fois 
cent  mille  écus  à  Henri  IV,  pour 
un  repentir  ;  auffi  dit-il.  à  Sully: 
Ventre'/aint'grh  ,  voilà  un»  nuit  qui 
me  coûte  bien  cher  ! 

VERNEY  ,  (  Guîchard-  Jofcph 
eu)  membre  de  Tacadémie ,  profef- 
fcur  d'anatomie  au  Jardin-royal , 
naquit  à  Feurs  en  Forez  ,  le  ç 
Août  1648 ,  d'un  médecin.  Son  fils 
vint  de  bonne  heure  à  Paris  ,  & 
liit  produit  à  la  cour,  où  il  donna 
des  leçons  d'anatomie  au  grand 
Dauplûn.  Ses  protefteurs  lui  pro- 
curèrent des  places ,  qu'il  remplit 
avec  foin  &  avec  fuccès.  Lorfqu'il 
parloit  d'anatomie,  ce  n'étoit  pas 
feulement  de  la  clarté,  de  la  jufteffe 
de  l'ordre,  c'étoit  un  feu  dans  les 
expreffions,  dans  les  tours  &  juf- 
que  dans  fa  prononciation  ,  qui 
Nfturoit  prefque  fuffi  à  un  orateur. 
JLes  étrangers  rapportoient  la  plus, 
grande  idée  de  lui  dans  leur  patvi?. 
TrèsTUlufire  Dv  Vernet,  lui  écrivit 
le  £imeux  Pitcame  en  1712,  Voici 
.  €€  fue  j'fçrit  m  hùt^m^  qui  u  doit 


VER         3^1 

heaucoup ,  &  qui  te  rend  grâces  des  dîj» 
cours  qtiil  a  entendus  de  toi  il  y  a  trente 
ans  ,  u  recommande  Thompfon  f(M 
ami  y  &c.  Il  rrourut  à  Paris  le  10 
Septembre  1730 ,  à  81  ans.  On  a 
dt  lui  un  excellent  Traité  de  forgana 
de  POute ,  réimprimé  à  Leyde,en 
1^3 1 ,  in  -  li.  C'étoit  un  homme 
très- vif ,  mais  très-bon.  H  étoit  paf- 
iionné  pour  fon  art.  Quelque  temps 
avant  fa  mort ,  il  avoit  entrepris 
un  Ouvrage  fur  ^les  InfeBes  ,  qui 
l'obligeoit  à  des  foins  très-péni- 
bles. Malgré  fon  grand  âge,  il  paffok 
des  nuits  dans  les  endroits  les  plus 
humides  du  jardin ,  couché  fur  le 
ventre ,  fans  ofer  faire  aucun  mou- 
vement ,  pour  découvrir  les  allu* 
res  &  la  conduite  des  limaçons.  Ss 
famé  en  fouffroit  -,  mais  il  aurok 
encore  plus  fouffert  de  rien  négli- 
ger. Sa  religion  alloit  jnfqu'à  la 
piété  la  plus  fervente  ;  &  il  fe  re- 
prochoit  d'être  trop  occupé  de  fa 
profeffion ,  de  crainte  de  ne  l'être 
pas  allez  de  l'Auteur  de  la  nature. 
On  a  imprimé ,  à  Paris  àiezJombert^ 
le  Recueil  de  tous  fes  Ouvrages  » 
fous  le  titre  d'iSuvres  Anatomiques 
de  M.  DV  VERNEYy   1762  ,  2   vol. 

in-4**.  On  a  fait  entrer  dtins  cette 
Colleaion  tous  les  Mémoires  de 
ce  célèbre^  Anatomîfte ,  répandus 
dans  la  nomfceufe  fuite  des  Mé- 
moires de  l'académie.  On  y  trouve 
auffi  un  Traité  de  la  Génération;  Il 
y  établit  le  fy  ftême  des  Œufe,  comme 
le  plus* probable. 

VERNUL^US,  (Nicolas)  né 
dans  le  duché  de  Luxeriibourg  e^ 
IÇ70  ,mort  à  Louvain  vers  i649t 
obttnt  une  place  de  profefTeur  en 
Tuniverfité  de  cette  dernière  villel  , 
Il  y  fit  fleurir  le  goût  des  belles^ 
lettres ,  pour  lefquelles  il  en  avoit 
afTez  loi-même.  Il  a  laiiTé  beaucoup 
d'Ouvrages,  dont  la  plupart  ne  reu* 
pirent  guère  ni  la  délicateife ,  ni 
i'exaé^itude.  Les  principaux  fom  : 
Une  Hifioîre  latine  de  lUniverfité^ 


331         VER 

]>ten  des  recherches,  Ëll&vauc  mieux 
que  ion  Hifioria  Aufirîê€^^  ia-8^, 
^ui  manque  de  fr>iiodc  &  d'or^ 
dre.  Ses  TrâgAiUs  latines,  1635, 
în-S^ ,  offrent  afTez  de  ptireté»  mats 
preiSque  point  de  génie.  Ses  InJM- 
mitiuMes  P^jlidcit ,  ié47«  ùi^^ol. ,  ren- 
ornent  beaucoup  d'idées-  com- 
munes. 

VERON,  (François  )  Mtffion-. 
flaire  de  Paris,  entra  chez  les  Jé- 
fuites^  S(  en  fortit  quelque  temps 
après.  11  fe  consacra  aux  miiSons , 
&  fut  l'inArument  du  falutwde  plu- 
sieurs pécheurs*  11  mourut  ratnte<t 
ment  en  1649 ,  curé  de  Charenton, 
On  rapporte  qu'après  la  fameufe 
conférence  qu'il  eut  à  Caen  »  fur  la 
religion»  avec  le  miniilre  ^oc Atfrt , 
(Tun  &  l'autre  ayant  un  fécond 
bien  inférieur  en  force,  )  un  Catho- 
lique, qui  étoit  préfent,  fit  cette 
réponfeàdes  Huguenots  qui  lui  en 
demandoiem  des  nouvelles  :  Pour 
vous  dire  la  virîtt ,  on  ne  peut  pas  tif* 
furtr  que  votri  Savant  fois  plus  /avant 
ijus  notre  Savant;  mais  «a  rdcovi' 
penfe ,  notre  Ignorant  efl  dix  fois  pluf 
ignorant  que  votre  Ignorant,  On  a  de 
lui  une  excellente  Méthode  de  Con^ 
iroverfty  &  fut- tout  une  Re^e  de  la. 
Foi  Catholique  ^6i.  d'autres  Ouvrages, 
(!ont  la  .plupart  ont  été  imprimés 
•en  2  vol.  in-fol  r^erort  s 'étoit  d'a- 
bord annonce  par  un  I^ivre  iingu-» 
lier  4  intitulé  :  JU  Baîllon  des  Janfé- 
nifies;  Ouvrage  qui  fit  dire  à  un 
mauvais  plaifant ,  que  »  l'auteur 
•♦  méritoit  le  bâillon  qu'il  voit- 
"  loit  mettre  aux  autres^  «    » 

1.  VERONESEi  (  Paul >  peintre 
célèbre,  Voye^  î.  Caliars. 

IL  VEROKESE  ,  (  Alexandre 
Turckl ,  furnommé  )  autte  peintre , 
paquit  à  Vérone  en  1600,  &  mou- 
rut en  1Ô70  ,  Uifftnt  une  fortune 
^labrée.  Il  avoit  épouTé  une  de- 
moifelle  Romane ,  qui  le 'ruina  en 
^ofuûpq  d^  luxe.  Ses  priacipaia 


VER 

Tbhlemix  ^ttt  à  Vérone  ft  è  RoméC 
Quoique  fa  maniece  fit  foible  8t 

lâche ,  elle  étoit  néanmoins  agréai 
bJe.  Il  excelloif  plus  par  le  colorist 
que  par  le  defiin.  Sa  féînrae  &  fes 
filles  étoietit  fes  mojieles  v  &  i^  P^ 
gnit  toutesies  figures  dans  le  natu«. 
cel*,  mais  (es'^bleayx,,  fiaitsTou* 
vent  à  la  hâte ,  ne  peuvent  entrer 
tn  comparai  ton  avec  ceux  des. 
grands  maîtres. 

VÉRONIQUE  :  Ccft  le  nom 
qu'on  donne  ordinairement  à  i9^//« 
nlce^  femme  Juive,  qui ,  félon  anfr 
Tradition  populaire ,  )eta  un  mou^ 
choir  fur  le  vifage  de  J.  C  montaoi 
au  Calvaire ,  pour  efluyer  le  Êtcg 
&  la  fueur  dont  il  étoit  couvert. 
L'impreffion  de  ces  traits  facrés  du 
Sauveur  refta  empreime  fur  ce 
mouchoir  , .  que  l'on  appela  Verti 
Icon  :  d'où  l'on  a  faiit  par  corruption. 
Véroniqut^  c'eft-à-dire,  véritable- 
image.  Tillemont  a  détruit  cette  Ttjk 
dition  &buleule.  Selon  ce  judicieux 
écrivain ,  il  n'y  a  tien  de  la  VérO" 
uique  dans  Tanûquité  >  foit  qu'on  la 
prenne  pour  une  femme,  foit  qu'os 
k  prenne  pour  une  txnage;  &  o 
n'eft  que  dans  le  xi^  fiede ,  qnft 
l'on  a  commencé  à  parler  du  Suaire  ^ 
fur  lequel  on  fuppofe  qne  la  fece  de 
Jfisvs'C»AisT  étoit  imprimée.  Msm. 
rianus  Scotus ,  qui  vivoit  aloo'S  ,  eft 
le  premiet  qui  ait  rapporté  c^tte  hii^ 
toire  fur  la  foi  d'un  je  ne  fais  quel 
Methodius^  dont  la  narration  eâ 
pleine  de  &bles.  Ce  n'eft  que  dass 
les  derniers  temps  que  l'on  a  fait 
de  ht  Véronique  vnt  Sainte ,  doM 
quelques-uns  ont  mis  la  fi&se  au  4 
Février  -,  mais  ^le  n'efi  m  dans 
les  anciens  Martyrologes ,  ni  même 
dans  le  Romiin. 

VERRAT,  { Jeaft-Marie)  G»ne« 
natif  de  Ferrare,  &  mort  en  156;  % 
a^ftmpofé  une  Contarde  dtsÈpan* 
^Its ,  èc  d'autres  Ecrits  latins ,  re« 
eueillis  en  2  roL  in-fol. 

VëREI^,  (  C.  Ikinins.)  ÔMfm 


r 


ItdmaîÀ  ,  après  avoir  '  exerce  la 
charge  de  paréteur  en  Sicile ,  avtc 
autant  de  violence  que  d'injuftice , 
fut  accufé  de  concuffîoa  par  les 
Sfidliens  Tan  Si  avant  J.  C.  CtV/noa 
ût  contre  lui  les  belles  Harangues 
^enous  avons,  &  qm  ibnt  nom- 
mées Finines:  11  s'exiUl  lui-même , 
(kiiB  attendre  ùl  condamnation ,  6c 
lÉ^nferva  de  grandes  richefles ,  quoi'* 
qu'il  eût j&it  de  magnifiques  préfens 
à  tous  ceux  qu'il  croyok  pouvoir 
.interner  pour  lui; 
.  VERRIUS  -  Ftxcccs  ,    Foyei 

\       Festus  ,  n®  I. 

[  VERROCHIO  ♦  (  Aodré  >  pein- 

tre »mort en  148S,  âgé  de  56  ans^ 
lémiîâoit  en  lui  plus  d'une  forte  de 
talens.  Il  étoit  très-habile  dans  l'or* 

1  fi^vrerie ,  ^  géométrie ,  la  perfpec- 
ttv« ,  la  mufique  ^  la  peinture  >  la 
ftulptuf^  &  la  grawK.  Il  avoir 
aatffî  l'art  de  fondre  &  de  couler 
les  métaux.  Il  &iitâbit  fort  bieA 
iîa  teflisAblaiice  desvdioies^  &  il 
fl^  en  vogoe  IHiià^  de  mouler, 
avec  du^tre ,  les  viiages  des  pa> 
lonaes  mortes  &  vivantes,  pous 
en  ^ire  les  j^ttraîis.  Ce  fiit  à  Un 
que  i«s  VénitieoQs  s'adrefferent  pour 

'  ckiger  une  âatue  équ^âre  à4  bronze 
i  Barthg&mi  ék  Bitgame  ^  qui  4eur 

>  avoii  iait  «cAipo^ter  ^luiieurs  avan<» 
tages^afuunegutm.  yarochlo  en 
fit  ie  modèle  «m  dtt\  nuis  comme 
•n  lui  préiéra  un  autKr  «tifte  pour 
fondre  Vouvra^^,  il  gâta  fon  mo- 
dule &  «'cnfi^t.  Le  pUiceau  de  yer- 
rochia  étoit  dur ,  &  il  entendoit  très* 
aval  te  colons  -,  mabce  pebtre  pof- 
féàoflu  j^aitemem  la  partie  du  deC- 
fin.  il  y  mk  Une  grande  correâlon , 
&  4o3uia  à  les  aits  de  tête  beai^ 
cDÏip  de  ^jrace  &  d'elégaace» 
,  VËRSCUftlKa ,  (  Henri)  pein- 
tfie  ,  né  à  Gotctun  eu  1(^27 1.  pàâa 
à  Home  pour  y  fxit^  une  étude  fé- 
xteuTc  de  Ton  art.  Son  goût  le  por- 
toit  à  peindre  des  Animaux ,  des 
Ctefla^  fàm  fiaiaiU««,  il  cé)#fil99 


ûÀtîi  \é  Pàyfage ,  &  favoît  Torne^ 
de  belles  fabriques.  Henn  fui  vit  Tar-* 
mée  des  Etats  en  1672 ,  &  y  fit  uœ 
étude  de  toiis  Tes  divers  campemens* 
de  ce  qui  fe  paâe  dans  les  arméeS| 
dans  les  déroutes ,  dans  les  retraites^ 
dans  les  combats  *,  &  il  tira  de  ce& 
connoiflances  les  filets  ordinaire» 
de  fes  Tableaux.  Son  génie  étoif 
vif  &  facile;  il  mettoit  uà  grand 
feu  dans  Tes  eompo6tioifts  -,  il  va-»  ' 
rioit  à  l'inâni  les  objets  ;  fes  £• 
gures  ont  du  mouvement  8c  de  l'ex-* 
pre(fioni  &  il  a  rendu  très-bien  1» 
nature»  Ce  pein»^  étoit  i«comman-» 
dable  ,  non-/éulement  pour  fes  ta- 
lens, mais  encore  pour  fon  efprie 
&  pour  it%  mœurs.  On  lui  propofa 
d'occuper  une  place  de  magifiiaturc^ 
dans  (a  patrie^  honneur  qu'il  n'ac» 
cep«,  qu'après  s'être  afiiiré  quci 
cela  ne  l'obHg^eroit  point  de  quitter 
la  peinture.  Vafcunng  périt  futf 
mer ,  d'un  coup,  de  vent^  à  ^  lieues 
ék  Dort,  en  1690. 

VERSÉ,  (Noël  Aubert  de)  né 
au  Mans ,  de  parens  ôtholiqucs^ 
£t  ût  C^viniâf  »  &fut  quelque  temp» 
mituârede  la  religion;  Prétendu^^ 
Réformée,  à  ÀmilerdamvDe  ProceC» 
tant  il  devint  Socinien  ;  mais  i& 
rentra  enAd  daas  l'Eglirc  Çatholi-»^ 
que  vers  1690%  Le  clergé  de  France 
lui  doma  une  petifson  pouip  le  ré* 
oompenfer  de  fes  Ourrages,  imi  font 
très-médiocres.  On  a  ^ieluirl.  Le 
Pfeteflaiif  pacifique,  y  Oix  Trâîté  is^l'E^ 
^t  »  dans  lequel  on  fait  voir  ^  par 
les  principes  des  Réformés  >  que  Ut 
Foide  VÉ%Uft  Cuthoîlfie  ne  ckûat0 
poau  Us  foHdemens  dujaiut ,  &  quiU 
tUtivifU  iolénr  dans  Uur  Comniùnîork 
t9tts  les  &iritîens  du  mondé ,  tts  S4fcî-* 
niités  &  les  Quakers  mime ,  Id^-  il.  II» 
Un  Man>f^e  contre  JùrUti ,  qui 
a\'oit  attaqué  par  un  FaBum ,  TOu* 
vrage  précédent,  publié  en  1687  > 
in-4°  >  &  qui  eft  le  ttieiîlôur^ivr^ 
qu'ait  fait  Auben  de  Verfi,  11 L  L'/w- 
pit  fonratMu^  ou  VîjfertéthtP  tontm 


334        VER 

S/y/'nc/W,  Amfterdam»  1684,  in*S  • 
IV.  La  CUfdeCApocmlypfe  àcS.Uan, 
%  ▼©!.  io-ia.  Cette  dcf  n'a  pas 
pu  ournr  ce  livre  myftérieux.  V. 
'VAnù'SoôutBi ,  ou  Nouvelle  Apo^ 
h>f^e  Je  la  Foi  CathoCque  contre  les 
Soânîens.  VI.  Le  Tombeau  du  So- 
ùniamjmc  ,  &c.  Verfé  mourut  ea 
1714,  avec  la  réputation  d'unef- 
prit  ardetit ,  fujet  à  prendre  des 
travers.  Quelques-uns  lui  attribuent 
nn  livre  impie  ,  imprimé  à  Co- 
logne en  1700  ,  in-S**,  fous. ce 
titre  :  Le  Platonifnu  dévoilé^  ou 
Effat  tduehaat  le  Vethe  Platonicien  ; 
mais  cet  ouvrage  eft  plus  vraifem- 
blablement  de  Souverain  i  Voy,  Sou- 
YERAIir. 

VERSORIS  ou  Versois  ,  (  Jour- 
dain Faure  ,  St  )  religieux  Dau- 
phinois ,  abbé  de  Saint  Jean  d'An- 
geli ,  fit  périr  Charles  de  France,  duc 
de  Guienne ,  dont  il  écoit  aumô- 
nier &  coi^fiefîeur ,  avec  |a  dame 
de  Monforeau  ,  maîtreiTe  de  ce 
prince :[  r<>y.  Louis XI, n® XVI.] 
Qo  affure  que  as  fut  par  une  pêche 
empoifonnée  qu'il  leur  préfenta; 
mais  on  pourroit  douter  (  dit  l'hif- 
torienniodeme  de  Languedoc)  s'il 
y  avoit  alors  des  pèches  en  France. 
Quoi  qu'il  en  foit ,  Verfois ,  cité 
par  Arturde  Mçntauban ,  archevêque 
de  Bordeaux  ,  &  commifTaire  de 
Sixte  IV ,  reftifa  de  coraparoîtte , 
&  fut  dépofé  par  contumace.  Il 
mourut  en  prifon  à  Nantes,  l'an 
147a,  avec  tous  les  fymptômes 
de  poifon ,  la  veille  du  jour  où  il 
4evoit  être  jugé.  »  Louis  XI  ^  qu'on 
»  foupçonna  (  dit  d'Argentrd)  d'être 
>!  l'auteur  de  la  mort  de  fon  &ere». 
't  ût  périr  aiofi  l'inftrument  de  fon 
n  crune ,  pour  en  affurer  le  fecret  «. 
Ce  qu'il  y  a  de  certain ,  c'eft  que 
Verfois  avoit  entretenu  avec  ce 
prince  un  commerce  épiilolaire  , 
qui  paroît  très-fufpeâ.  Nous  l'ap- 
prenons d'une  Lettre  que  le  mo- 
oarque  écrivit  au  comte  de  Dam^ 


VER 

martin.  »  M.  le  Grand-Maître,  àti^ 
M  duis  les  dernières  que  vous  ai 
>*  écrites  ,  j'ai  eu  nouvelles  qa9 
»'  M.  de  Guitnne  fe  meurt ,  &qu*il 
X  n'y  a  poim  de  remède  en  fon 
M  Élit  ;  &  me  le  Êiit  favoir  un  de 
f*  fes  plus  privés  qu'il  ait  avec 
*^  lui  »  par  homme  exprès ,  &  ne 
>*  crois  pas,  ainfi  qu'il  dit ,  qu'il 
»  foit  vif  à  quinze  jours  d'icL..  Et 
M  afin  que  vous  foyez  afiuré  de 
'*  celui  qui  m'a  fait  ûvoir  les  nou- 
"  velles  ,  c'eft  le  moine  qui  dit 
n  fes  Heures  avec  M.  de  Guîemu  ; 
M  dont  je  me  fuis  fort  ébahi,  & 
M  m'en  fuis  figné  depuis  la  tête 
»  jufqu'anx  pieds  «<.  Voyc^  HisTm 
de  Franu  ,  de  MM.  Villara  &  Gar^ 
nier  \  T.  17. 

VERSOSA ,  (  Jean  )  né  à  Sara- 
gofle  en  1528,  profeflala  langue 
grecque  à  Paris ,  &  parut  avec  éclat 
au  concile  de  Trente.  Il  fut  enfuite 
envoyé  à  Rome ,  pour  faire  la  re- 
cherche des  Pièces  &  des  principes 
qui  établifToient  les  droits  du  roi 
d'Ëfpagne  fur  les  divers  royaumes 
dont  ce  prince  étoit  en  pofleffion. 
U  mourut  dans  cette  ville  en  1 5  74,3 
46  ans.  U  avoit  du  goût  &  du  talent 
pour  la  poéûe  latine.  On  a  de  lui 
des  Vers  héroïques  ai  des  Vers  lyriques  ^ 
dans  lefquels  on  ne  voit  rien  de 
fort  extraordinaire.  Ses  Epitres  ont- 
été  plus  eftimées  ;  mais  il  ne  £aut 
pas  les  comparer  »  comme  on  a 
fait ,  à  celles  A'tiorace  ,  qui  lai£e 
loin  derrière  lui»  tous  nos  verûfica- 
teurs  modernes. 

VERSJEGANUS  ou  Versthb- 
GEN ,  (  Richard  )  né  à  Anvers  , 
fioriflbit  fur  la  fin  du  xvi*^  ûede. 
On  a  de  lui  :  I.  Theatrum  cmdefîtatum 
Hareticorum,  Anvers  1591  ,in-4*'  i; 
ouvrage  rare  ,  orné  d'eflampes  9 
mêlé  de  profe  &  de  très -beaux 
vers  latins.  On  y  yoit  de  quelle 
manière  ceux  qui  fe  plaignoient 
de  la  févérité  d'un  duc  ^Albe  ^ 
ont  traité  les  Catholiques-;  &  fiir^ 


VER 

I  tout  les  minières  de  la  Fol  antique. 
I  11.  AruîquUaus  Belgtca^  Anvers,i6 1 3  » 
în-i2.  Ily  foudeat  que  S,  WllU- 
hroi  eft  l'Apôtre  de  la  Flandre  & 
du  Brabant.  III.  Antîqultatcs  Bri- 
tahnica  ,  1606  ,  où  il  tâche  de 
prouver  que  les  Anglois  tirent  leur 
origine  des  Belges. 

VERT ,  (  Dom  Claude  de  )  reli- 
*gîeux  de  l'Ordre  de  Quni ,  naquit  à 
'  Taris  le  4  Oûobre  1645.  Après 
fon  cours  d'études  qu'U  fît  à 
Avignon ,  la  curiofité  lui  fit  entre- 
prendre le  voyage  d'Italie.  Frappé 
de  rédat  avec  lequel  les  cérémo- 
nies ecdéfiafHques  fe  font  à  Rome, 
il  réfolut  dès -lors  d'en  chercher 
j  rbri^ne  ,  &  c'efl  aux  réflexions 
I  qu'il  fit  dès  ce  temps-là»  qu'on 
I  doit  fon  travail  fur  cette  matière. 
De  retour  en  France  ♦  il  acquit  l'ef- 
time  9c  la  confiance  des  premiers 
fupérieurs  de  fon  Ordre  «  par  une 
piété  exemplaire ,  Jointe  à  une  éru- 
dition rare.  Il  contribua  beaucoup 
au  rétabliffement  des  chapitres  gé- 
néraux, &  parut  avec  éclat  dans 
celui  de  1676. 11  y  fut  élu  tréforier 
de  l'abbaye  Ae  Ôuni ,  &  nommé 
avec  Dom  Paul  Rabuffon  ,  fous- 
chambrier  de  la  même  abbaye  >  pour 
travailler  à  réformer  le  Bréviaire  de 
leur  Ordre  :  (  Voy,  Rabusson.  ) 
Cet  ouvrage  parut  en  1686,  &, 
inalgré  les  critiques  de  ThUrs ,  il 
a  été  une  fource  abondante  où  les 
auteurs  des  Bréviaires  poftérieurs 
ont  puifé.  Les  fervices  de  Dom  dt 
Vert  lui  méritèrent ,  en  1694 ,  le 
titre  de  vicaire-général  du  cardinal 
Be  Bomllon ,  &  l'année  d'après  on 
le  nomma  au  prieuré  de  Saint-Pierre 
d'Abbeville.  Ce  favant  avoit  pu- 
blié >  en  1689 ,  la  Tradu^Uon  de 
la  RcgU  de  Saint-Benoît ,  &ite  par 
Ranci  ^  abbé  &  réformateur'  de  I4 
Trappe  ;  &  il  y  joignit  une  Pré- 
face Se  des  Notes  courtes,'  mais 
fe  vantes.  Son  deifein  étoit  de  feire 
un  plus  long  Commentaire.  Çe^ 


H 


VER 

ouvrs^e  même  étoit  prefque  acheva 
&  imprimé  in-4'^  ,  à  Paris  »  chez 
Muguet ,  jufqu'à  l'explication  du  4&^. 
chapitre  de  la  Règle ,  lorfque  l'au- 
teur fut  obligé  de  quitter  Paris  pour 
lesaf&ires  de  fon  Ordre.  11  futlong^ 
temps  fans  donner  de  fes  nouvelles 
à .  fon  Libraire  ,  qui ,  le  croyant 
mort ,  déchira  les  teuilles  déjà  im<i| 
primées ,  &  c'eflipar-là  que  le  pu- 
blic s'en  ^  trouvé  privé.  £^.1690  « 
Dom  dt  Vert  publia  fa  Lettre  9 
Jurieu^  OÙ  il  détend  les  cérémonies 
de  l'Eglife  contre  le  mépris  que  ce 
miniffare  avoit  montré  pour  elles* 
Enfin  »  l'ouvrage  par  lequel  il  efl  le 
plus,  connu  ,  efl  fon  ExpUcaùom 
fimple ,  littérale  &  hîfiorique  des  Ciré" 
monies  de  l*Egli/e ,  en  4  vol.  in-8^« 
Le  1*^'  volunie  parut  en  i697,& 
le  1 1*  en.1698  i  mais  les  111*  &  iv* 
n'ont  été  publiés  qu'après  la  mort 
de  l'auteur.  Quoique  prefque  toutes 
fes  explications  foien^  aufli  ingé- 
nieufes  que  naturelles,  quelquesr. 
unes  paroiflent  tirées  de  trop  loin , 
&  on  défîreroit  plus  d'ordre  dans 
l'arrangement  des  matériaux.  Soa 
flyle  efi  fimple  &.  net.  Les  deux 
premiers  volumes  furent  réimpri* 
mes  en  1720  avec  des  correâions» 
L'auteur  mourut  à  Abbeville  le 
I  Mai  1708  ,  à  63  ans.  C'étoit 
un  honyxie  d'im  caraâere  grave  Se 
d'un  efprit  fôlide.  Il  avoit  de  I9 
douceur  &  de  la  politefle.  Il  n'étoie 
tyran ,  ni  dans  le  doitre ,  ni  dans 
la  fociété.  Son  air  ouvert  &  fes 
manières  pplies  le  faifoient  aimer  , 
même  de  ceux  qu'il  étoit  oblige 
de  reprendre'&dè  contredire.  Ses 
Ouvrages  prouvent  fes  profondes 
recherches.  . 

VERTH  ,  (  Jean  de  )  capitaine 
partifân  Allemand  ,  qui  fut  quelque 
temps  redoutalble.  Turenne  le  fit  pri- 
foniûer ,  &  il  fut  le  fujet  des  Faudew 
villes  de  Paris.  Ces  Chanfons  l'ont 
rendu  célèbre. 

VERTOT  ©'AUB«UF ,  (  Renà 


5J^       VÊR 

Aubert  de  )  tlé  au  château  de  fieià- 
betot  en  Normandie,  le  ij  No- 
vembre 165  5  ,  d'une  famille  bien 
alliée  ,  entra  chtài  les  Capucins  » 
"Ynalgré  l'Oppofîtion  de  Tes  parens* 
Sa  lanté  ayant  été  dérangée  par  les 
auftérités  de  cet  Ordre ,  il  paffa  en 
1677  chez  les  Chanoines-Réguliers 
de  Prcmontré.  Las  de  vivre  dans 
Mes  folitudes  *  il  vint  à  t'aris  en 
'17CI ,  &  prit  l'habit  ecdéfiaftique. 
On  sippeloit  ces  diflTéitns  chan^ 
-gemens ,  les  Révolutions  de  Pabté 
D£  Vertot.  tlfutaiïbdéen  176J  à 
racadémte  d6s  Belles-Lettres.  Ses 
talens  lui  firent  de  pulflans  pro" 
teâeurs.  Il  i^t  honoré  des  titres  de 
fecrétaire  des  commandemens  de 
"Madame  la  ducheffe  d* Orléans  Bade^- 
Badtn  ,  de  fecréfalre  des  langues 
ichçz  M.  le  duc  d!  Orléans ,  &  il  eut 
un  logement  au  Palais-royal.  Le 
grand-maître  de  Maîthe  le  nomma  en 
1715  ,  hiftoriographè  de  l'Ordre  , 
Taffocia  à  tous  fes  privilèges ,  &  lui  ^ 
<ionna  la  pbrmiffion  de  porter  la 
Croix.  Il  (ut  cnfuite  pourvu  de  la 
tommanderle  de  Santeny.  On  affure 
tru'il  avoit  été  nommç  pour  être 
fous- précepteur  du  roi  Louis  XV; 
inais  que  des  raiCons  particulières 
le  privèrent  de  cet  honneur ,  dont 
îl  étoit  fi  digne  par  fes  connoif- 
iances  &fon  efprit.  L*abbé  def^cnot 

C'^i  les  dernières  années  de  fa  vie 
de  grandes  infirmités ,  au  mi- 
lieu defquelies  il  mourut  y  âgé  de 
iBo  ans  ,  le  15  Mrt  i735.Cétoît 
tin  homme  d'un  carâdere  aimable, 
qui  avoit  cette  douceur  de  moeurs , 
qu'on  puife  dans  le  commerce  des 
Compagnies  choisies  6c  des  erprit$ 
bmés.  Son  imaginatioti  étoit  brii* 
lante  dans  fa  convei-fation  comme 
dans  fes  Ecrits.  Ami  fidellë ,  fin- 
ccre,  officieux ,  etopreffé  à  plaire  ^ 
il  avoit  autant  de  chaleur  dans  le 
Cœur  que  dans  l'çfprit.  Ses  crin- 
èlpaux  ouvrages  font  :  L  VHiftolre 
4ts  évolutions  ৠ Polrtu^al  ^  Paris , 


VÊR 

1659  •  i  ^^^-  in*ii  «  compo/éê 
iiir  des  Mémoires  infidelles ,  mai^ 
bien  écrite.  Le  P.  Boukours  dîfoil 
qu'il  n'avoit  rien  vu  en  nooré 
langue ,  qui ,  pour  le  ftyle ,  fut  au- 
defTus  dé  cet  ouvrage  &  du  fuivanti 
C*ifi  une  plume  taiHée  pour  la  Vie  du 
Maréchal i)£  tt^ RENNE  ^  dit  un  jour 
Bojfuet  au  cardinal  de  Bouillon,  lU 
VMîfioire  des  Révolutions  ds  Suéde  m 
OÙ  Ton  voit  les  chartgemens  arrivé! 
dans  ce  royaume  au  fujet  de  la 
religion  &  du  gouvernement  , 
1696  ,  en  ^  vol.  in-il.  On  ne 
fauroit  mieux  peindre  ,  que  l'abbé 
de  Vertot  ne  faif  dans  ce  li^e  *,  mai^ 
fes  couleurs  &  {ts  portraits  tien- 
nent du  Roman.  Itl.  VWfioire  des 
Révolutions  domaines  ,  en  3  vol. 
in-îi.  C'eft  le  chef-d'œuvre  de  l'au- 
teur. La  chaleur  de  fon  flyle  n*étoit 
point  fadice ,  cortime  celle  de  quel- 
ques hiftoriens  modernes.  Il  fe  pé- 
nétroit  tellement  de  fon  fujet,  que 
dans  les  It^ures  qu'il  faifoit  à 
l'académie  des  Infcriptions,  de  quel* 
ques  mptcelux  dé  fon  ouvrage ,  on 
l'a  vu  yerfer  des  larmes  avec  la 
mère  iie  Corîolaa^  implorant  à  ge- 
noux- la  clémciicé  de  fon  fils.  A 
l'exemple  éts  bons  hiîloriens  de 
l'antiquité  ,  il  peint  fes  perfon- 
nages ,  non  en  traçant  des  portraits 
déjtachés,  mais  en  les  faifant  agir* 
IV.  VUlfioirc  de  Maltke  ,  1 727 ,  en  4 
vol.  in-4** ,  &  en  7  vol.  iii-12.  Le 
flyle  en  èfi  plus  languiffant ,  moins 
pur ,  moins  naturel  que  celui  de  fes 
autres  ouvrages ,  &  on  l'a  atraqué 
folidement  fur  ptufieurs  points  qui 
manquent  d'exaftitudte.  (  Voy,  L 
BoStO.  }  Y..  Traité  de  la  Mouvance 
de  Bretapie  ,  plein  de  parai ogifmes 
êc  d'erreurs.  VI.  Hlftoire  critique  ii 
l*ÉtahltJf&ment  des  Bretons  dans  les 
Gau/çs\  1  voir  in- 12.  VIL  Qripi4 
dé  lu  candeur  de  la  Cour  de  Rome^ 
în-l2  ,  1753.  ^^ïï*  Pïï^eurs  fa- 
vantes  DiJJertatlons  dans  lés  Af«- 
mmes  dé  raçadéxnic  des   Belles- 

Lettresi 


vër 

lettres.  L'abbé  de  Vmot  peut  ctf e 
regardé  comme  notre  Qulnte-Curce, 
II  a  le  ftyle  brillant  &  léger ,  une 
narration  vive  &  ingénieufe.  11  pof* 
fede  Tart  d'attacher  le  leÛeur ,  & 
d*intéreffcr  en  feveur  de  £es  per- 
'  fpnnages  ;  mais  il  n'eft  pas  affes 
profond  dans  la  connoiflance  des 
hommes  &  des  affaires ,  &  il  man- 
que prefque  toujours  du  côté  des 
recherches...  P^oy.  HeiI^. 

VERTU ,  Divinité  allégorique , 
fille  de  la  FérUé,  On  la  repréfente 
fous  la  figure  d'une  femme  fimple , 
vêtue  de  blanc ,  affife  fur  une  pierre 
carrée.  Et  lorfqu'on  la  confidere 
comme  la  Force  ,  on  la  repréfefite 
fous  la  figure  d'un  vieillard  grave , 
tenant  en  fa  main  une  maflue...  Foy, 
1,  Prodicits. 

VERTUMNE ,  Dieu  de  l'Au- 
tomnc ,  &  félon  d'autres ,  des  pen- 
fées  humaines  &  du  changement.  Il 
pouvoit  prendre  toutes  fortes  de 
figures.  Il  s'attacha  fort  à  la  DéeiTe 
Pomone^  &  prit  la  figure  d'une 
Yieilîe ,  pour  lui  confeiller  d'aimer. 
L'ayant  .perfuadée,  il  fe  nomma. 
Lorfqu'iis  furent  dans  un  âge 
avancé  ,  il  fe  rajeunit  avec  elle , 
&  ne  viola  jamais  la  foi  qu'il  lui 
avoit  promife. 

VERTUS  ,  (  Jean  de  )  fecré- 
taire  d'état  fous  Charles  V^  eft  un 
lie  ceux  à  qui  l'on  attribue  le  Songe 
du  Vergur\  1491 1  in-f<|l.  -,  &  dans 
les  lÀhcrtés  <U  CEglife  Gallicane  , 
I731,  4  vol.  in-folio.  Mais  il  y 
a  de  fortes  raifons  de  croire  que 
Raoul  Je  Prejles  en  eft  le  véritable 
auteur.  Cet  Ouvrage  fut  enfanté 
contre  les  entreprifes  de  la  cour 
de  Rome,  vers  1374,  par  ordre 
tJe  Chàr^'s  F,  roi  de  France,  à 
qui  il  eft  dédié.  On  croit  qu'il  fut 
écrit  e^  latin ,  ou  du  moins  tra- 
duit en  cette  langue  prefque  aufiî-tôt 
qu'il  parut. 

VERVILLE  ,    Voy.    II.    Be- 

JtOALD.     . 

Tome  IX» 


VER         3J7 

VERVINS,.(Coucide)  Voyc^ 

BlEZ. 

VERULAM ,  (  le  Baron  de)  V(fy. 
Bacon,  n**  iv. 

VERULANUS,   Toy^fî  Sulpi- 

TIUS. 

VERUS ,  (  Lucms  Ceionîus  Com^ 
modus  )  empereur    Romain ,  étoit 
fils  ^*jEIîus  &  de  Domîùa  Lucillam 
Il  n'ayoitque7ans,  lorfqu'^irZen  ^ 
qui  aimoit  fon  père ,  fit  adopter  le 
fils  par  Marc-AtarcU ,  qui  lui  donna 
fa  fille  LucîlU  en  mariage,  &  Taffocia 
à  l'empire, .  Ce  prince  1  ayant  en- 
voyé en  Orient  contre  les  Parthes, 
Luclus  Verus  les  défit  l'an    163  de 
,  J.  C,  Six  ans  après  il  mourut  d'apo- 
plexie à  Altino  ,  en  169 ,  âgé  de 
39  ans  félon   les  uns,  &  de  41 
fuivant  les  autres.  Après  fa  mort , 
MarC'Awele  alTocia  Commode  à  l'em- 
jire.  Verus  avoit   peu  des  bonnes 
qualités  de  fon  collègue.  On  avoue 
à  la  vérité  qu'il  étoit  doux ,  franc 
&  bon  ami  -,  il  aimoit  afiez  la  phi- 
lofophie  &  les  lettres ,  &  avoit  tou- 
jours auprès  de  lui  quelques    fa- 
vans.  Mais,  quoi^'il  affeâât  un 
air  grave  &  févere ,  &  qu'il  portât 
une  barbe  très-longue ,  il  avoit  ce<^ 
pendant  un  penchant  extrême  aux 
plaifirs.   Son  refpeâ   pour  Mare* 
Aurele  retint  d'abord  ce  penchant 
dans  quelques  bornes^  mais  il  éclata 
enfuite  avec  excès.  Il  étoif  d'ail- 
leurs gouverné  par  {ç&  affranchis  ; 
dont   quelques-uns  étoïent  très- 
vicieux  &  très  -  méchans.   MarC" 
Aurde  étoit  chargé  feul  du  poids 
des  affaires,  tandis  quefon  collègue» 
oifif  &  voliiptueuab,  ne  gardoit  ds 
l'autorité  »  que  ce  qu'il  lui  en  fal- 
loit  pour  fatisfaire  fes  vices.  Les 
comédiens  ,    les   bateleurs  ,    les 
joueurs  d'inftrumens  étoient  facom-  * 
pagnie  ordinaire.  Tous  les  jours, 
après  avoir  foupé  frugalement  avec 
fon  frère,   il  alloit  faire  chez  lui 
un  feftin  fomptueux  avec  4e  jeunes 
dçbs^uchésr  Dans  un  de  ces  repas , 


jj8       VER 

ce  ne  fiit  pas  adez  pour  Virtu  de  ùîre 
fervir  tout  ce  qu'il  y  avoit  de  plfis 
délicieux  &  de  plus  rare  en  vins  & 
en  viandes  -,  il  étoit  lui  douzième  à 
table,  &  il  donna  à  chacun  defes  con- 
vives le  jeûne  échanfon  qui  avott- 
#ervi  à  boire  ,  un  maître  d'hôtel  ^ 
avec  up  fcrvice  de  vaifTelle  complètes 
)es  mêmes  animaux  vivans  ,  foie 
quadrupèdes  ,  foit  oifeaux ,  dont 
les  chairs  avoieni  paru  fur  la.table. 
Tous  les  vafv-s  dont  on  ufa  pour 
^oire  étoiçnt  précieux  par  la  ma- 
tière &  par  les  ornemens ,  or  » 
^gent  T  criftaux  »  pierreries  :  oa 
tn  changea  chaque  fois  que  Ton 
But ,  6e  toujours  le  vafe  fut  donné 
à  celui  qui  s'en  étoit  fervi.  Il  leur 
dionna  des  couronnes  de  fleurs  qui 
J9  etoient  point  de  (aifon ,  avec  de» 
pendans  tififus  d'or  ;  des  vafes  d'or  ^ 
fempUs  de  parfums  les  plus  exquis  : 
&  pour  les  ramener  chez  eux ,  il  leui- 
4onna  des  voitures  toutes  brillantes 
d'argent,  avec  l'attelc^e  de  mu- 
lets •  &  Iç  mv^etier  pour  les  con- 
duire; Ce  repas  coûta  à  Femt  (  ou 
plutôt  au  peuple  } ,  fix  millions^  (fe 
^fterces ,  ou  fept  cents  cinquante 
miUe  livres.  Quelquefois  on  le  vit 
îpiiter  les  in4ignes  amufemens  de 
Néron,  La  tète  enfoncée  dans  un 
capuchon  qui  lui  couvroit  une 
partie  du  viiage  ,  il  couroit  les 
rues  deiRome  pendant  la  nuit,  en- 
ttoit  dans  les  tavernci.  &  dans  les 
lieux  de  débauches ,  y  prenoît  que- 
selle  avec  les  gens  de  néant  qu'il 
y  trouvôit ,  &  fouvent  il  rem- 
portoit  au  palais  les  marques  des 
coups  qu'il  avoit  reçus  dans  ces- 
combats  indécens.  Il  ainroit  k  la 
fureur  les  fpeâacles  de  la  courfe 
des  cl^ariots  ,  &  il  étoit  fauteur 
paffionné  de  la  fa£Hon  ï^ate.  Il 
s'intérefToit  d'une  façon  û  déclarée 
&  fi  paniale  pour  les  coureurs  de 
cette  livrée ,  que  fouvent  ailis  aux 
Jeux  du  Cirque  à  côté  de  Marc- 
j^^ ,  il  s'attira  des  reproches  Qc- 


VES 

des  injures  de  la  part  des  Blttcf'f 
leurs  advcrfaires.  Emule  des  extra^ 
vagances  de  Calîgula ,  il  affeûionmr 
follement  un  chev^  qu'il  nom- 
moit  VOtfeau  »  &  qu'il  nourriflbit 
de  raifins  fecs  &  de  piiteches...  Foy^ 
Agagittus. 

VERWEY,  (  Jean^)  favant  hu- 
manise HoUandois  ,  connu  au/fi 
(bus  le  nom  de  Phorbaus ,  né  vers 
le  milieu  dàdix-feptieme  fiede,  fut 
reâeur  du  collège  de  Goude ,  puis 
de  l'école  latine  à  la  Haye ,  &  pro- 
fefTeur  en  langue  grecque.  Il  mou« 
rut  vers  l'an  1690.  Nous  avons  de 
lui  :  I.  MduUa  Anftarchi  Voffianî^ 
1670  ;  c'eft  une  Grammaire  latine^ 
tirée  principalement  de  Vojjîm.  \l^ 
Nova  via  docendi  Graca ,  Goude  ,- 
1684, &  Amfterdam,  i7io,in-S\ 
C'eftunedes  meilleuresGrammaires' 
gvecques  que  nous  ayions.  Il  y  » 
réuni  tout  ce  qu'il  y  avoit  de  plus^ 
udle  dans  les  Grammaires  publiées^ 
avant  la  fienne  »  il  eft  malgré  cela ,.. 
court  &  méthodique. 
.  VESAL  r  (  André  )  célèbre  mé- 
decin ,  nadf  de  Bruxelles ,  &  ori' 
ginairQ  de  Vefel  >  dans  le  duché- 
dp  Clevcs,  fit  une  étude  particu- 
lière de  rânatomie.  Il   Tenfeigna^ 
avec  une  réputation  extraordinaire  «. 
à  Paris ,  à  Louvain ,  à  Bologne  ^ 
à  Pife  &    à  Padoue.  L'empereur 
ÇharltS'Qulnt  &  PhîÛppt  IL^  rois 
d'Efpagne ,   l'honorèrent  du  titre- 
de  Leur  médecin.  Vcfal ,  ayant  faît> 
l'ouverture  du  corps  d'un  gentil- 
Ivomme  Ëfpagnol  que  Ton  croyoit- 
mort ,  &  qui  étoit  encore  vivant  « 
1^  parens  lerdéférerent  à  llnqui- 
fition  ;  mais  le  roi  d'Efpagne  le  dé- 
livra de  ce  danger  ,    à  conditioa* 
que,  pour  expier^  fon  efpéce  de 
crime,  il  feroit  un  pèlerinage  è- 
la  Terre  -  fainte.  Vefal  paflk  ea 
Chypre,  &  de-là  à  Jérufalem.  Le 
fénat  de  Venife  le  rappela  pjour 
remplir,  la  place  de  F^Hope^  pro- 
fefieuç  à  Padoue  >  mais  à  ^cti! 


J 


n 


\       ,    .    Vè§    ■.. 

I        fotif ,  fon  vaiffeaii  ayant  fait  naii- 
'        frage  ,   il  fut   jeté  dans  Tifle  de 
'        2ante  ,  où  il  mourut  de  faim  &  de 
I        itiifere  le  15  Octobre  1564,3  5$ 
l        ans.  On  à  de  lui  un  Cours  ê^Ana- 
\        tomie  en    latin  ,  fous  le  titre  de 
Vorporis  humani  Fahnca ,  Bâle,  I  5  5  5  * 
In-fol.  i  &  Leyde    171J;  ,  2   vol. 
in-foU  Cette  dernière  édition  ,  aug- 
mentée &  corrigée ,  eft  ,due  à  Boér^ 
hûavr,,.  Voy.  ËgMONT. 

VESPASIEN  ,  (  raas-Flaviui  ) 
topereur  Romain  ,  né  i'an  S  ou 
b  de  J.  C,  étoit  ûh  de  Flaylus 
j  Sahlnus  &  de  Vefpafia  Polia  ,  l'urt 
!  6c  l'autre'  dans  une  petite  mairon 
de  campagne  près  de  Riti ,  d*uné 
fccnille  obfcure.  11  ne  rougiffoit 
j[K>int  d*avouer  fa  flaifTancé ,  &  Té 
inoquoit  de  ceux  qui  <  pour  lé 
I  flatter ,  lui  donnoient  des  ancêtres 
iUuftres;  Sa  valeur  &  fa  prudence, 
&  fur-tout  lé  crédit  de  Narcîffe  4 
affranchi  de  Claude ,  lui  procurèrent 
ië  confulat.  11  fuivit  Néron  dans  fon 
Voyagé  de  la  Grèce  *,  mais  il  en- 
courut là  difgrace  dé  Ce  prince  i 
pour  s*être  endormi  pendant  qu'il 
técitoit  fes  vers.  Les  Juifs  s'étant 
Révoltés,  Témpereu^  oublia  cette 
]i>rétendue  faute  ,  &  lui  donna  une 
armée  pour  les  remettre  ;à  leur  de- 
voir. Il  fit  la  guerre  dans  la  Pa- 
leitine  avec  fucccs,  défit  les  re- 
l3elles  en  diverfes  rencontres ,  ptit 
Àfcalon ,  lotapat ,  joppé ,  Gamala , 
écc.  Toutes  les  autres  places  de  la 
Galilée  fé^  fournirent  par  force  ou 
volontairement ,  6c  une  foule  de 
capd£s  furen|^  expofés  en  vente.  Le 
vainqueur  fe  prépara  à  mettre  le 
iïége  devant  Jérufalem  ^  mais  il  ne 
prit  point  cette  ville  ;  la  gloire  en 
ëtoit  réfervée  à  Titus  fon  fils , 
qui  s'en  rendit  mattre  quelque  temps 
âpres  :  (  Voy,  vi.  Joseph.)  p7iel' 
lias  étant  mort  ,  ii  fut  fdlué  em- 
pereur à  Alexandrie,  par  fon  armée 
lé  premier  Juillet  de  l'an  69  de 
Ji  C,  U  commença   par  rétablir 


..    .    .     ^  Ê  §      •    jj^ 

l*ordrè  parmi  les  gens  de  guerre  * 
dont  les  excès  &  les  infolenccs  dé-^ 
foloient  les  villes  &  les  provinces* 
Il  eut  foin  fui^-tout  de  remédier  à 
la  mollefle  ,  recueil  de  la  difci-» 
pline  militaire.  Un  jeune  officier  4 
qu'il  avoit .  honoré  d'un  emploi 
tonfidérable  ,  étant  venu  l'en  re- 
mercier ,  tout  parfiimé  j  il  lui  diif 
d'un  ton  févere  :  Paîmerols  fnUuai^ 
que  vous  fentlffui  rail  qtu  reffehcei 
La  réforme  s'étendit  fur  tous  le» 
ordres  de  l'Etat  ;  il  abrégea  les 
procédures-,  il  rendit  inutiles  leé 
artifices  de  la  chicane,  jjar  d'excel-»' 
lentes  lois.  Après  avoir  travaillé 
lui-même  à  cet  édifice  i  il  em- 
bellit Rdme  &  les  autres  villes  dé 
Pempire.  Il  répara  Ifes  murs,  for- 
tifia les  avenues  i  &  les  mit  en 
état  de  défenfé.  Il  bâtit  aiifii  quel-^ 
ques  villes  &  fit  des  grands  che- 
mins. Il  pourvut  à  la  fureté  des 
provinces  frontières.  Mais  ce  qui 
lé  difiingua  fur- tout  des  autres 
princes ,  ce  fut  fa  clémence.  Loiit 
de  faire  mourir  ceUx  qui  étoient 
finlpleitient  foupçonnés  de  conf- 
pîrer  contre  lui ,  il  leur  faifoît 
refientir  fes  bienfaits^  Ses  ^mis  lut 
ayant  dit  un  jour  de  prendre  garde 
à  Metîus  Pompofianus ,  parce  que  le 
bruit  couroit .  que  fon  horofcopè 
lui  promettoit  Temptre,  il  le  fit 
conîul  ,  &  ajouta  en  riant  ;  S*ii 
devient  jamais  Empereur  ,  il  fe  fow 
viendra  que  je  lui  ai  fait  du  bien»,.  Je 
pluins ,  ajoutâ-t-il ,  ceux  qui  con/pi-» 
rent  contre  mol ,  &  qui  voudroleni 
occuper  ma  place  ;  ce  font  des  fous  ^ 
qui  afpîrent  a  porter  un  fardeau  bien 
pefant.  Ce  fut  par  cette  modération 
&  par  fa  vigilance  ,  qu'il  défarma 
lés  confpirateurs  qui  vouloient  lui 
enlever  le  trôné  &  '  là  vie  ;  &  le 
feul  Sabisus  (  Voyei  ce  mot,  n*^^ 
1/.  )  eut  à  fe  plaindre  de  la  fé- 
vérité  vindicative  de  Vefpafien.  Il 
n'étoit  point  ambitieux  de  ces 
grands  tip:^  dont  plufieurs  de  fesi 

Yij 


n 


«J40        V  E  S 

prédéceffeurs  étoient  û  jaloux.  TL 
rtfufa  même  long-temps  celui  de 
Père  de  la  Pairie ,  qu'il  méritoit  à 
fi  bon  droit.  Le  roi  des  Parthes  lui 
ayant  écrit  avec  cette  infcription  ; 
Arface\  Roi  des  Rois  ,  à  Vefpafien  i- 
au  lieu  de-  réprimer  cet  orgueil, 
il  lui  répondit  iimplement  :  Fla- 
vius Vefpafien  à  Arface  ,  Roi  des 
Rois,  11  permettoit  à  fes  amis  de 
railler;  &  lorsqu'on  affichoit  des 
plaifanteries  Tur  lui  ,  il  en  faifoit 
afficher  auffi  poUr  y  répondre.  Son 
penchant  à  pardonner  ne  prit  rien 
fur  fa   juftice.   Les  ufuriers ,  ref- 


V  E  s 

psyaen  prince ,  l'inventeuc  ;  âfl# 
voiiloir  pourtant  qu'on  fe  fervît  dé 
l'invention  :  Il  faut  ^  dit-il,  que  les 
pauvres  vivent,,,  [  Voy.  Tart.  vu. 
Demetriu$.  ]  L'empire  ftit  auiH 
floriiTant  au  dehots  qû-au  dedans. 
Outre  la  Judée  &  la  Comagene ,  it 
affujettir  encore  les  royaumes  dé 
Lycie  &  de  Pamphylie  en  Afie ,  qui 
jiàqu  alors  avoient  eu  leur*  rois 
particuliers ,  &  les  rendit  provinces 
de  l'empire.  L'Achaïe  &  la  Thracé 
en  Europe ,  eurent  un  p^eil  Coru 
Les  villes  de  Rhodes  &  de  Samos». 
la  ville  de  Byzance  ,   &  d'autres 


iburce  cruelle  de  la  jeuneffe  qui    auffî  confi(j^rables ,  furent  foumifes 
cmpruntoit  d'eux  à  un  intérêt  exor-     aux  Romains.  Ses  grandes  qualités 


Bitant,  càufoient  la  ruine  de  pl^^ 
iieurs  maifons  :  il  ordonna  que  qui- 
conque auroit  prêté  à  un  enfant 
de  famille  à  un  gros  intérêt ,  ne 
pourroit,  quand  la  fucceflion  fe- 
roit  ouverte ,  f épéter  ni  Tintéfêt , 


furent  ternies  par  une  économie^ 
qui  tenoit  de  l'avarice.  N'étant  en- 
core que  fimple  particulier ,  il  avoif 
marqué  beaucoup  d'avidité  pour 
l'argent',  il  n'en  témoigna  pas  moins 
fiir  le  trône.  Un  eCchvt  à  qui  il 


lii  le  principal.  Ennemi  du  vice  ,    refufa  de  donner  la  liberté  gratui- 


il  fut  le  rémunérateur  de  la  vertu. 
n  fit  fleurir  fur- tout  les  arts  &  les 
fçiencâs  ^  par  fes  libéralités  envers 
ceux  qui  y  excelloient ,  ou  qui  y 
faifoient  des  progrlès  ;  &  il  deftina 
çux  feuls  profeiTeursde  rhétorique , 
100,000  fefterces ,  payables  an- 
nuellement fur  le  tréfor  de  rem- 
pire.  Il  eft  vrai  qu'il  bannit  de 
Rome  divers  phîlofophes ,  dont 
l'infolence  étoit  extrême  &  les 
principes  dangereux;  taah  il  n'en 
eut  ni  moins  d'amour  pour  les 
lettres ,  ni  moins  de  généroiîté  à 
regard  des  écrivains  diftingués,.  Il 
donnoit  des  penfions  ,  ou  accor. 


tement ,  tout  empereur  qu'il  étoit  , 
lui  dit  ;  Le  Renard  change  de  poli  ^ 
mais  non  de  caractère.  Les  députés 
d'une  ville  ou  d'uneprovince  étant 
venus  lui  annoncer  que,  par  délibé- 
ration publique ,  on  avait  dedîné 
un  million  de  fefterces  (  i^  500a 
livres  )  à  lui  ériger  une  ftatue  co- 
loâale  :  Placei-ia  ici  fans  perdre  de 
tentps  ,  leur  dit-il  en  préfent^nt  fa 
main  formée  en  creux;  voici  la  baft 
toute  prête.,,  Vejpafien  achetoit  fou- 
vent  des  marchandifes  pour  \t&  re* 
vendre  plus  cher.  Mais  il  fît  en  forte 
qu'une  partie  de  fes  extorfions  fut 
attribuée  à  Cénis^  une  de  fes  coa- 


doit  des  gratifications  à  ceux  qui,    cnbines.  Cette  femme  ^roitl'efprir 


faifoient  des  découvates ,  ou  qui 
perfeélionnoient  tes  arts  méca« 
niques  ,  qui  étoient  atifîi  pré- 
cieux à  fes  yeux  que  les  arts 
libéraux.  Un  habile  mathématicien 
ayant  trouvé  une  manière  de  faire 
tranfporter ,  à  peu  de  frais  ,  dans 
le  Capitole ,  des  colonnes  d'une 
pefanteur  .  prodigieufe  »  Vefpafien 


d'intérêt ,  fi  ordinaire  aux  per- 
fonnes  de  fon  état.  Elle  vendoif - 
les  charges  &  les  commiilions  à  ceux 
qui  les  follicitoient  ,  les  abfolu- 
tions  aux  accufés  innoc^ns  ou  cou* 
pablej ,  &  les  réponfcs  mêmes  de 
l'empereur.  On  imputoit  encore  à 
Vefpafien ,  d'employer ,  à  deffein  , 
dans  les  fînanGes»  leshiommes  les 


J 


V  E  s 

λ1us  avidfis  ,  pour  les  condamner 
orfqu'ils  fç  feroient  enrichis^  Ce 
prince  ne  regardoit  les  financiers 
que  comme  des  éponges ,  qu'il  vou- 
loitpreiTer  après  qu'elles  fe  feroient 
remplies.  7îto*ibn^fils,  n'approu- 
vant point  je  ne  fais  quel  impôt  fur 
les  urines ,  l'empereur  lui  préfenta 
la  première  fomme  qu'on  en  avoit 
retirée  ,  en  lui  demandant  :  Cet 
argent fent-îi  mauvais?,,,  La  dernière 
maladie  de  Vcfpaficn ,  fut  une  dou- 
leur dans  les  inteftins.  Elle  ne  l'em- 
pêcha point  de  travailler  aux  affaires 
du  gouvernement  avec  vivacité  ;  & 
il  répondoit  aux,  repréfentations 
qu'on  lui  £ciifoit  fur  cela  ,  qu't/ 
falloît,  quun  Empereur  mourût  debout^ 
Comme  il  fentoit  que  fa  fin  appro- 
choit  :  Je  crois ,  dit-il  gaiement ,  gue 
je  vais  bientôt  devenir  Dieu,  Il  mourut 
âgé  de  71  ans,  le  14  Juin  de  Tan 
79  de  J.  C. ,  dans  le  même  lieu  où 
il  étoit  né,  après  un  règne  de  dix 
années.  L'hiftoire  ne  lui  reproche 
que  fa  pailion  pour  les  femmes  & 
pour  l'argent.  11  pouffoitce  dernier 
vice  jufqu  à  la  petiteffei  mais  on  l'ex- 
cufe,  en  obfervant  qu'il  ne  mit  des 
impôts  que  pour  dégager  le  tréfor 
Impérial ,  fort  endetté  lorfqu'il  fut 
nommé  empereur.   Voyei  Zeno- 

JDORE. 

VESPUCE ,  r^yet  Americ. 

VESTÀ ,  DéefTe  honorée  par  les 
Grecs  &  les  Romaine,  étoit  fille 
de  Saturne  &  A'Ops,  Les  anciens 
diftinguoient  deux  Vefia  i  l'une  mère 
2c  l'autre  fille  de  Sétume  ^  mais  les 
poètes  les  confondent.  La  première 
repréfentoît  la  Terre ,  fous  le  nom 
de  Çybe/Ie;  &la  féconde,  le  Feu, 
fous  le  nom  de  yefla.  On  croyoit 
celle-ci  vierge  ,  parce  que  le  feu 
ne  produit  rien.  Il  n'ippanenoit 
qu'à  des  Vierges  de  célébrer  ^fes 
myfleres.  Leur  unique  foin  étoit 
de  ne  jamais  laiiTer  éteindre  dans 
fes  temples  le  Feu  éternel ,  gage  de 
I4  duréç  d«  rçmpke  Romaùi  ju& 


VET         341 

dont  l'extînûion  étoit  le  préfagfe 
des  plus  grands  malheurs.  Quand 
elles  le  laiâbient  éteindre,ourquand 
elles  manquoient  à  leur  voeu  de 
virginité ,  elles  étoien:  condamnées 
à  être  enterrées  toutes,  vives,  dans 
une  cavferne  profonde  où  on'le$ 
lailToit  mourir  de  faim.  On  les 
appeloit  Veftales,  Leur  nombrç 
étoit  fixé  à  fix  *,  la  plus  ancienne 
s'appeloit  la  grande  VefiaU,  On  lef 
choifiiToit  dans  les  meilleures  fa-  ' 
milles  de  Kome  ,  depuis  l'âge  de 
fix  ans  jufqu' à  dix.  Leur  voeu 
de  chafleté  nç  les  obligeoit  que 
pendant  trente  ans  \  après  quoi  elles 
pouvpient  fe  marier.  Le  feu  qu'elles 
emretenoient  n'étoit  point  fur  un 
autel  ou  dans  uh  foyer,  mais  dans. 
de  petits  vafes  de  terre.  Lorfqu'il 
s'éteignoit ,  on  ne  le  rallumoit  pa$ 
avec  d'autre  feu  ;  on  en  faifoit  de 
nouveau  avec  deux  morceaux  de 
bois ,  qui  s'enflammoient  en  les  frot- 
tant fortemem  l'un  contre  1  autre; 
Le  culte  de  Vefia ,  que  les  poëte$ 
font  remonter  jufqu'à  Baiée  ,  fut 
rendu  plus  augufle  par  ï^uma  Pom» 
pilius.  On  croit  qu'il  fut  k  premier 
qui  fit  bâtir  à  Rome  un  Temple  à 
cette  DéelTe.  On  la  repréfentoit 
fous  la  figure  d'une  femme  vêtue 
d'une  longue  robe ,  avec  uti  voile 
fur  la  tête  ,  tenant  d'une  main  une 
javeline  un  pea  penchée  ,  &  djB 
l'autre  un  vafe  à  deux  anfes ,  ou'une 
lampe  ,  &  quelquefois  un  palladium 
ou  une  pefite  viûoire. 

VETRANION,  général  de  l'ar- 
mée Romaine  fous  Confiance  ,  hé 
dans  la  haute-Mœfîe  ,  avoit  vieilli 
dans  le  métier  des  armes.  Regardé, 
comme  le  père  des  foldî^ts  ,  il  fut 
revêtu  par  fon  armée, de  la  pourpre 
impériale  à  Sirmiçh  dans  la  Pan-^ 
nonie,  le  i**  Mai  -^^o,  Magnence 
s'étoit  révolté  dans  le  même  temps. 
Confiance  marcha  contre  l'un  & 
l'autre  -,  &  ayant  eu  une  entrevue 
#vcç  Fùfamgn  dans  la  Daâe ,  U 1% 

y  iij 


J41         VET 

^aita  d*abord  en  fouveraln ,  8c  le 
flétermiiia  enfiiite  à  quitter  le  trône. 
yétranion  obtint  de  grands  biens , 
pour  qu*il  pût  mener  une  vie  con- 
venable au  titre  qu'il  avoit  porté. 
Il  fe  retira  à  Prufe  en  Bithynie ,  où 
^1  vécut  encore  ûx  apnées  dans  un 
exercice  continuel  de  piété  &  de 
bonnes  oeuvres.  Il  avoit  régné  en- 
viron fix  mois.  Son  abdication 
prouve  allez  quel  étoit  fon  carac- 
tère. On  remarquoit  en  lui  cette 
itmplicité  &  cette  grandeur  d*ame 
4es  anciens  Romains  ,  dont  il 
livoit  l'air  \  mais  il  étoit  fi  peu 
lettré  ,  qu'étant  parvenu  à  l'em- 
pire ,  il  fut  obligé  d'apprendre  à 
i^çrire  pour  favoir  figner  fon  nom. 
VETTORI  ,  Voy.  \.  VjçTOr 

fllUS. 

VETUHIE  ,  mère  de.  Corhlan  , 
fut  envoyée  vers  fon  fils  qui  af- 
fiégeoit  Home  ,  avec  Volomnu  fa 
iemme^  &  fes  deux  enfans.  Le  vainr 
queur  a  voit  été  jufqu'alors  infen- 
fible  aux  prières-,  mais  dçs  qu'il 
uppercut  fa  mère  :  0  Patrie  !  s'écria- 
t-il ,  vousm*ave:^  vaincu  ,  &  vous  avei 
i^é/ûrmé  ma  coUrc^  en  employant  Us 
-prurzs  de  n\a  mère,  à  qui  jeule'f  accorde 
'le  pardon  de  l'injure  que  vous  m*ave^ 
^alte  i  &  auilî-tôt  il  cefia  fes  hofii- 
iités  fur  le  territoire  Romain, 
VEUGLES,  Koy,  Vlevghels, 
VEZINS,  m.,.  de)  lieutenant 
4e  roi  dans  le  Quercy ,  fe  diftinguâ 
^ans  le  temps  de  la  Saint- Barthé- 
iemi ,  par  une  a£lion  de  générofité , 
fligne  d'être  confervée  dans  l'Iiif- 
toire.  Il  étoit  pires  de  fortir  de  P^ri^ 
pour  s'en  retourner  dans  fa  pro- 
vince ,  au  moment  que  commença 
cette  tragçdie  horrible.  Ayant  appris 
qu'un  gentilhomme  Calvinifte  de 
fon  pays ,  avec  lequel  il  étoit  très- 
^|>rouillé ,  alloit  être  çnveloppé  dans 
|e  maffaçre  ,  il  va  le*  trouver  le 
piftolet  à  la  main  :  Il  faut  obéir  , 
}ui  dit-il  d'un  air  £aroudie  *,  fuivei" 
j??f\  Çç  gentilhomme  ^  ^lu^  mort 


11' 


V  I  A 

que  vif,  fuivit  )iifque  dans  le  Quetcyj 
le  lieutenant  de  roi ,  qui  ne  lui  di| 
pas  un  mot  dans  tout  le  chemin: 
Alors  de  Ve\lns  rompant  le  filence  : 
J'aurols  pu  me  venger  de  vous ,  lui  dit- 
il  tfij'euJJ'e  voulu  profiter  de  Hoccafion; 
mais  rkonneur  &  votre  vertu  m'en  ont 
çmpèché,  Viye\  donc  par  la  faveur  que 
je  vous  fais  ;  mais  croyf^  que  je  ferai 
toujours  prêt  à  vider  notre  querelle  par 
la  voie  reçue  ^  comme  je  Cal  été  à  vous 
garantir  £une  peru  inévitable.  £t  dans 
le  moment  y.  fans  attendre  de  ré- 

fonfe,  il  pique  &  s'éloigne  à  toute 
ride ,  laifiant  au  gentilhomme  le 
cheval  qu'il  lui  avoit  fourni  pour 
faire  la  route ,  fans  vouloir  le  re« 
prendre lorfqu'il  lui  ftit  renvoyé, 
ni  même  en  recevoir  le  prix. 

VEZOU  »  (  Louis  -  Claude  de  ) 
ingénieur,  hifioriographe ,  généar 
logifie  du  roi ,  de  l'académie  de 
R,ouen,  mort  le  2$  Mai  1782  ^^ 
publia  ^divers  Ouvrages.  Le  plus 
cpnnu  efi  fon  Tableau  génédo^ 
^q^e  des  trois  races  dçs  Rois  àe 
France ,  qu'il  publia  en  17^2.  U 
donna  deux  ans  après  ,  en  I774t 
le  Tableau  généalogique  de  la  Mai/on 
4e  Bourbon, 

VIALART  ,  (  Charles  )  Voya 
Charles  de  Saint  -  Paul ,  n  • 

XXXIII' 

VIALART,  ( Félix  )  évêque  de 
Châlons,  né  q  Paris  en  1613,  &  i 
mort  faimement  en  1680  >  fiit  uq 
des  plus  illudres  prélats  du  fiede 
de  Louis  XIV,  Sa  venu  étoit  folide ,  \ 
mais  fans  grimace  &  fans  amer- 
tume. La  paix  de  Clément  JT/  fe  fit 
en  1669  »  ^^  partie  par  fes  foins, 
On  a  de  lui  un  Rituel ,  des  Mander 
mens  &  des  înflruHlons  PafioraUs, 

\,  VIARD  ou  WiÀrd  .  Oiaft 
treux  à  ^gny ,  mon  au  commen- 
cement cre  XIII*  fiçcle  ,  fe  retira 
dans  une  folitude  à  quatrç  lieues 
de  Langres.  Un  grand  nombre  de 
difciples ,  auxquels  il  impofa  une 
Reçle  trçs-^ufiçre  ^  approuvée  ^ 


J 


VIA 

ii/ioc<nr  m ,  vinrent  te  ranger  tans 
•fa  difcipline.  Ces  Hermites  donne- 
7«nt  à  leur  Monailere  le  nom  de 
Notre-Dame  du  Val  des  Chou» ,  de- 
venu chef-d'Ordre ,  &  réuni  depuis 
tpielqués  années'  à  l'abbaye  de  Sep^ 
Fonts  ,  maxfon  réformée  comme  la 
Trappe. 

lU  VIARD,  (Nicolas- André) 
tnort  en  177...  Ses  Epoques  les  plus 
inrérejfantes  de  tWfioire  de  France^ 
in- 12,  font  utiles  à  la  jeuneiTe , 
à  laquelle  il  avoit  confacré  iê» 
talens. 

VI AS,  (  Balthafar  de  )  poëte 
latin,  né  à  Marfeille  l'an  1587, 
mourut  dans  la  même  ville  en  1^67. 
Il  marqua  dès  fon  enfance  une  in- 
clination particulière  pour  les  Mufes 
platines  «  qu'il  cultiva  dans  toutes  les 
^mations  de  fa  vie.  £n  1617 ,  il  ftit 
fait  conful  de  la  nation  Françoife  à 
Alger  ;  emploi  qu  occupoit  fon 
père  ,  &  qu'il  remplit  avec  le  plus 
grand  applaudiflement.  Le  roi  le 
récompenfa  de  fon  zèle  par  les 
places  de  gentilhomme  ordinaire  & 
de  confeiller  d'état.  Ses  Ouvrages 
font  :  L  Un  long  Pané^rique  de 
Henri  ù  Grand.  II.  Des  Vers  élé- 
giaquas..  IH.  Des  Pièces  intitulées  : 
Les  Grâces ,  ou  Charîtum  Rbrt  très  , 
Paris,  1660,  in- 4*».  IV.  Sylvd 
remise,  Paris ,  1613  ,  in-4®.  V.  Un 
Poénu  fur  le  pape  Urbain  FllJ,  &c. 
Il  y  a  dans  ces  différentes  pièces, 
de  l'eCprit ,  de  la  facilité  *,  mais  fon 
ûyle  eft  quelquefois  obfcur  par  un 
ufage  trop  fréquent  delà  Fable,  $t 
l'auteur  ne  fait  pas  s'arrêter  où  il 
Êiudroit.  Auffî  fes  Poéfîes  ne  font 
guère  que  dans  les  grandes  biblip- 
cheques ,  avec  une  infinité  d'autres, 
abandonnées  à  la  poufliere'  &  aux 
vers.  A  la  qualité  de  poëte  *  il 
foignit  celles  de  jurifconfulce  & 
d'aûronome  -,  il  avoit  formé  un 
cabinet  curieux  de  Médailles  & 
d'Antiques ,  qui  lui  donna  la  répu- 
lsion d'amaifiur« 


VI.C  341 

TIAUD  ,  (Voyei  III.  Théo- 
phile. 

VIBIU^S  Sequester  ,  ancie« 
,  auteur ,  adrefla  à  Ton  fils  VirgUîen  , 
un  DiBionnake  Géopr.xp1tique  ^  où  il 
parloit  des  fleuves  ,  des  tontaines^  . 
des  lacs ,  des  montagnes ,  des  forêts 
&  des  nations.  Boeace  a  depuis 
travaillé  fur  le  même  fujet  ;  âc 
quoique  fouvent,  il  ne  /fafle  que 
tranfcrire  ce  qu'a  dit  V'ch'usSeqiufter^ 
il  iie  le  cite  cependant  jamais.  Oa 
trouve  le  DiSlonnalre  de  VlbUa  avec 
Pomponuts  Mêla  ;  àc  féparément  « 
1575  ,  in- 12,  édition  donnée  par 
Jsjfias  Simler 'y  ^  enfin  àRoterdÛi'^ 
l7ii,in-8®. 

I.  Vie,  (£née>  natif  de  Parme  « 
fe  didingua  parmi  les  knnquairet 
du  xvi^  fîecle.  Onfa  de  lui  les 
jri/  Céfars ,  &  d'autres  Médailles 
gravées  proprement ,  Paris ,  1619  , 
in- 4^.  Gst  antiquaire  manc^oif  de 
difcernement;  il  a  publié  phifieuri 
Médailles  fauffes. 

II.  V I  C ,  (  Dominique  de  > 
gouverneur  d'Amiens  y  de  Calais  ^ 
&  vice-amiral  de  France ,  fe  fignala 
par  fon  affabilité  &  par  fon  huma- 
nité ,  autant  que  par  fa  valeur.  It 
s'informoit ,  dans  tous  les  lieux  oûf 
il  commandoit,  des  marchands  dt 
des  artifans  qui  jouifTotent  ifun« 
bonne  réputation  *,  il  les  vi^oit 
comme  un  ami ,  &  alloit  lui-mêm4 
les  prier  à  dîner.  L'Hiftoi*e  rap- 
porte de  lui  deux  traits  bien  tou- 
chans.  Ayant  eu  en  15  86  le  gra» 
de  la  jambe  droite  emporté  d'un 
coup  de  fauconneau ,  ôt  ne  pou-' 
vant  plus  monter  à  cheval  ,  fans^ 
reffentir  les  douleurs  les  plus  vives-»- 
il  s'étoit  retiré  d^ns  fes  terres  et» 
Guienne.  Il  y  vivoit  depuis  trois 
ans  ,  lorfqu'il  apprit  la  mort  de 
Henri  111  ,  les  embarras  où  étoie  ^ 
Henri  IV  y  &  le  befoin  qu'il  avoit 
de  tous  fes  bons  ferviteurs.  Il  fe 
fit  couper  la  jambe ,  vendit  une 
partie  de  foa  bien ,  alla  trouver  ce 

Yiv 


344         Vie 

prince,  de  lui  rendit  des  fervices 
fignaléf  à  la  bataille  dlvri,  &  dans 
plufieurs  autres  occaûons.  Deux 
jours  après  l'aflaffînat  de  ce  bon 
roi ,  de  Fie  pafTant  dans  la  rue  de 
la  Féronnerie,  &  regardant  l'en- 
droit où  cet  horrible  attentat  avoit 
cté  commis  ,  fut  û  faifi  de  douleur 
qu'il  tomba  prefque  mort ,  &  il 
expira  le  furlendem^n  14  Août 
1610...  Son  frère,  Mérl  de  Vie  ^ 
mort  en  1621,  fut  garde  des  fceaux 
fous  Lotus  XIIL  Dominique  DL  VlG 
ne  laiiïa  pas  de  poftéri(é. 

m.  Vie,  (Dom  Claude  de) 
Bénédiôin  de  la  Congrégation  de 
Saint-Maur ,  naquit  à  Soreze  >  petite 
ville  du  diocefe  de  Lavaur.  Il  prc- 
fe£a  d'abord  la  rhétorique  dans 
l'abbaye  de  Saint-Sever  ,  en  Gaf- 
cogne.  Ses  fupérieurs ,  inûcuits  de 
fa  ppacité,  l'enroyerent  à  Rome 
en  1701 ,  pour  y  fervir  <ie  com- 
pagnon au  procureur  général  de  fa 
Congrégation.  Ses  connoiiTances  » 
fà  politeffe ,  la  douceur  de  fon  ca- 
raâere  &  la  pureté  de  (es  mœurs  » 
lui  concilièrent  la  bienveillance  du 
pape  Clément  XI ,  de  la  reine  de 
Pologne ,  &  de  pluiieurs  cardinauac. 
On  le  rappela  en  France  en  171 5  , 
&  il  fiitchoiô  avec  Dom  Vaîffute  , 
pour  travailler  à  VHlflolre  de  Lan- 
guedoc^ Le  premier  volume  de  ce 
iavant  ouvrage  étoit  imprimé  ^ 
lotfqu'il  mourut,  à  Paris  >  le  23 
Janvier  1734  >  à  64  ans  ,  après  avoir 
été  nommé  procureur  général  de  fa 
'^  Congrégation ,  à  Rome.  On  a  en- 
core de  lui  une  Traduction  latine 
de  la  Vie  de  Dom  MabîUon  ,  par 
Rulnart,  Cette  Verfion  fut  imprimée 
à  Padoue  en  17 14. 

VICAIRE  ,  (  Philippe  )  doyen 
^^  ancien  profeffeur  de  théologie 
dans  l'univerfité  de  Caen  fa  patrie , 
curé  de  Saint-  Pierre  de  la  même 
ville,  naquit  le  24  Décembre  1689 , 
&  mourut  le  7  Avril  1775.  Il 
parut  dans  rvzûverûté  >  lorfque  lei 


V  ic 

trUles  querelles  à  l'occafioa  des 
matières  de  la  6race  ,  y  étoient 
dans  la  plus  grande  effervefcence. 
Son  attachement  à  la  Bulle  Unlgc 
nitus  ne  fut  pas  équivoques  il  donna 
lieu,  plus  d'une  fois,  au  parti  op*^ 
pofé  de  lui  en  reprocher  l'excès. 
Il  ne  fît  pas  moins  paroitre  de  ze!e 
pour  la  réunion  des  Proteftaas  à 
TEglife  Catholique  ,  8c  gouverna  f& 
paroiile  avec  prudence.  Nousavons 
de  lui  :  I.  DlJ  cours  fur  la  Naiffance  de 
Monfeigneur  le  Dauphin ,  Caen  , 
1729  ,  in-4**.  IL  Oral/on  fimebre  de 
M.  le  cardinal  de  Fleury  ,  1743  » 
în-4°.  III.  Demandes  d'un  Protefiant 
faites  à  M,  le  curé  de***  ^  avec  les^ 
Rcponfes^  1766,  in- 12.  IV^  Expo^ 
f.don  fidelU  &  Preuves  folldes  de  la 
£>oclrlne  Catholique ,  adrtffées  aux 
Protejlans  ,  &c.  Caen,  1770 ,  4  vçU 
in- 12. 

VICECOMÈS  ou  VicoMTi  ^ 
(  Jofeph  )  né  à  Milan  vers  la  fin 
du  xvi^  fîecle ,  fut  choiii  par  le 
cardinal /7-£^/c  Borromée,  pour  tra- 
vailler dans  la  fameufe  Bibliothèque 
Amhrofienne  ,  fondée  à  Milan  par 
ce  favant  prçlat.  Vicuonùs  ,  Rufca^ 
Collius ,  &c.  avoient  mérité ,  par 
leur  capacité ,  fes  regards  ;  &  afin 
que  fa  Bibliothèque  ne  fût  pas 
oîlive,  il  leur  diflribua  à  chacun 
les  matières  qu'ils  dévoient  traiter- 
Le  premier  eut  pour  lot  les  rits. 
eccléiîafliques.  Il  remplit  fa  tâche 
avec  érudition  ,  par  un  Ouvrage 
imprimé  à  Milan ,  en  4  vol.  in-4^  „ 
fous  ce  titre  :  Obfervatlones  £«Zc- 
firJHca.  ,  de  Baptifmo  ,  Confinmatione 
&  de  Mijfa,  Cet  ouvrage  rare ,  ainfi.- 
que  tous  ceux  appelés  Ambrofiens  , 
parut  en  différentes  années  :  le  i*^'' 
volume  en  1615,.  le  11^  en  1618» 
leiii'^en  i620,&le  iv^en  i626«. 
Le  dernier  contient  ce  qui  regarde 
les  cérémonies  de  la  Me£e.  L'auteur 
a  eu  foin  de  rafTembler  dans  cefr 
ouvrage ,  tout  ce  qu'on  peut  dire 
de  plus  curieux  fur  cette  ipaùtteà 


r 


V  ic  . 

Xes  anciens  ms  uiités  pendant  le 
Sacrifice ,  &  ceux  qui  leur  fervent 
de  préparation  ,  y  font  détaillés 
avec  étendue.  Il  efi  auteur  de  quel- 
ques autres  Ouvrages  moins  confi- 
dérables. 

y ICENCE ,  (  Jean  de  )  Domi- 
nicain. Voy,  E^EMN. 

VICENTE  ,  (  Gilles  )  fameux 
dramatiile  du  xvi*^  fiecle  ,  qu'on 
regarde  comme  le  Vlauu  de  Por- 
tugal ,  eut  la  facilité  du  poëte  Latin« 
11  a  iervi  de  modèle  à  Loft\  dt  Vt^a 
&  à  Quévtào.  %t&  Ouvrages  drama- 
tiques virent  le  jour  à  Lisbonne  en 
1562  «  in-folio  ,  par  les  foins  de 
fes  enÊins ,  héritiers  dcstaleo»  poé- 
dques  de  leur  perc.  Cette  Collec- 
tion» partagée  en  cinq  livres,  com- 
prend dans  le  I*',  toutes  les  Pièces 
au  genre  pieux  \  dans  le  1 1  %  les  Co- 
médUs  i  dans  le  1 1 1^  les  Tragi-Comé- 
dus;  dans  le  IV*,  les  Farces^  &  dans 
le  V*,  les  Pantomimes,,,  Vlcente  écri- 
voit  facilement ,  mais  fans  correc- 
tion &  fans  goût.  Son  fel  étoit  fade 
pout  tout  cequin'étoit  pas  peuple. 
Oa  prétend  néanmoins  f^uEra/m^ 
apprit  exprès  le  portugais  pour  lire 
fes  ouvrages. 

VICHARD  DE  Saint-Real  , 
(Voy.  Real  ,  n®  i. 

VICOMTI ,  Voy.  ViCECOMÈS. 

VICTOIRE  ou  Njce  ,  Dédie 
du  Paganifme ,  avoit  un  Temple  à 
Athienes  &  un  autre  à  Rome.  Elle 
étoit  fille  de  la  DéefTe  Styx  &  du 
Géant  P allai.  On  la  repréfente  fous 
la  figure  d'une  jeune  fille  toujours 
gaie  ,  avec  des  ailes ,  tenant  d'une 
main  une  couronne  d'olivier  ôc  de 
laurier ,  &  de  l'autre  une  branche 
de  palmier.  Les  Athéniens  ne  don- 
noient  point  d'ailes  à  leur  DéeiTe 
Victoire  y  comme  pour  l'empêcher 
par  -  là  ,  de  s'éloigner  d'eux.  Les 
fêtes  ou  réjouiiTances  qu'on  doa- 
noit  après  fes  ^veurs ,  s'appeloient 
Kiceterîa, 

yiCTOIÏlE,  Fi>>.  ViCTORXNE. 


Vie         345 

VICTOIRE  DE  Bavière, 
Dauphine  de  France ,  Voy,  Marie  > 
n°  xviïi.  * 

VICTOR,  (AureHus)  Voye[ 
AURELlUS-VlCTOR. 

I.  VICTOR ,  (  s.  )  d'une  illuftrc^ 
^mille  de  Marfeille ,  fe  fignala  dans 
les  armées  Romaines  jufqu'à  l'an 
303  ,  qu'il   eut  la  tête   tranchée 

pour  la  Foi  de  J.  C.  Les  fameufes  ' . 

Abbayes  de  Saint- Viûor  à  Mar- 
feille &  à  Paris ,  ont  été  fondées 
fous  fon  invocation. 

II.  VICTOR  1 ,  (  S.  )  Afncain , 

monta  fur  la  chaire  de  Saint-Pierre  ^ 

après  le  pape  Eleuthcre ,  le  i*'  Juin 
193.  Il  y  eut  de  îoii  temps  un  grand 
différent  dans  l'EgUfe  pour-  la 
célébration  de  la  fête  de  Pâques. 
Il  décida  qu'on  devoit  toujours  la 
célébrer  le  Dimanche  après  le  14*^ 
jour  de  la  lune  de  Mars.  On  ne 
regarda  point  comme  hérétiques  ,ni 
fchifmatiques ,  ceux  qui  obfervoient 
une  pratique  contraire ,  jufqu'à  ce 
que  la  question  eût  été  décidée  par 
le  concile  de  Nicée.  Le  pape  VfHor 
fcella  de  fon  ûng,  laFoi  de  J.C. ,  fous 
l'empire  de  Sévère  ,  le  28  Juillet 
202.  Nous  avons  de  lui  quelques 
EpUres'y  &  S,  Jcrome  le  compte  le 
premier  parmi  les  auteurs  eccléûaf- 
tiques  qui  ont  écrit  en  latin. 

III.  VICTOR  II ,  appelé  auparav 
vant  Gebehard^  évêque  d'Eichfiadt 
en  Allemagne ,  pape  après  Léon  IX  ^ 
le  13  Avril  1055  ,par  la  faveur  de 
l'empereur  Henri  111^  n'accepta  la  .         ^ 
tiare  que  malgré  lui  -,  mais  il  Tilluflra 

par  fes  vertus.  Il  dépofa  plufieurs 
évêques  fîmoniaques  ,  dans  un  con- 
cile qu'il  tint  à  Florence  *,  envoya 
Hlldcbrand  en  France ,  en  qualité  de 
légat  \  &  tint  un  concile  à  Rome 
l'an  105  7.  Le  zèle  de  FZSorpour  la 
difcipline  ,  lui  attira  des  ennemis 
implacables.  Un  fous-diacre  attenta 
à  fa  vie  &  mit  du  poifon  dans  le 
calice  V  mais  le  pape  découvrit  ce 
crime  1  les  uns  difent  aatuielleioent» 


1 


546         Vie 

les  aua^  par  lui  miracle.  Vîdor 
mourut  à  Florence  Taa  105  7 ,  latf- 
fynt  vacant  le  trône  pontifical  &  le 
fiége  d'Eichftadt  qu'il  avoit  auffî 
fSjttdé  )ufqu'à  fa  mort.  ' 

IV.  VICTOR  m .  appelé  au- 
paravant  DidUt^  étoit  cardinal  & 
isbbéduMonc-Caflîn,  lorfqu'tl  fut 
placé  y  malgré  fa  réfiftance ,  fur  la 
ciiaire  de  Saint'Pterre ,  le  14  Mai* 
10S6.  Il  aflembla,  au  mois  d'Août 
^  l'année  fuivame,  un  concile  des 
iévêques  de  la  I^ouille  &  de  la  Ca^ 
labre ,  à  Béoevent  ;  il  y  prononça  la 
«diépofition  de  l'antipape  Guibtn^ 
401  vouloit  toujours  fe  maintenir 
à  Rome  ,  &  renouvela  le  décret 
ccmtre  les  inveftitures.  Victor  tomba 
maWe  pendant  ce  concile,  &  il  fiit 
'  obligé  de  retourner  prompteraent 
30  Mont  -  CafHn ,  où  il  mourut  le 
16  Septembre  1087.  Hugties  dtfU" 
wîgniy  très-prévenu  contre  ce  poi>- 
é{e ,  fuppofe  que  fa  mort  fut  une 
punition  de  Dieu.  Plufieurs  auteurs , 
dit  le  Père  Longueval,  ont  écrit  qu'il 
étoit  mort  du  poifon  que  les  émif- 
Ciires  de  Tempereur  avoient  fait 
mettre  dans  le  calice  lorfqu'il  célé- 
broit  la  MeiTe.  Mais  ces  fables  n'ont 
d'autre  fondement  que  la  brièveté 
de  fon  pontificat.  Grégoire  Fil  Fa- 
▼oit  défigné  pour  fon  fuccefieur^ 
Vicior  refferabloit  à  ce  pontife  par 
fes  vertus.  Il  s'étoit  principalement 
fignalé  pat  la  magnifique  ^life 
qu'il  fit  élever  au  Mont-Cafiin.  On 
a  de  lui  des  Epttrcs ,  des  Dialcgûes  ^ 
&  un  Traité  dif  Miracles  de  S,  Benoit , 
dans  la  Biblix>theque  des  Pères. . . 
Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec 
Tantipape  ViCTpR,  nommé  l'an 
113$,  après  la  mort  à'Anaclet ,  & 
qui  prefqu'aufii-tôt  quitta  la  chaire 
pontificale.  Foy. Innocent  II, 

V.  VICTOR  DE  VlTB  ou 
dJUtique  ,  étoit  évêque  de  Vite 
en  Afrique.  Le  roi  Hunneric ,  prince 
Arien  ,  alluma  une  perfécution 
çqntre  le$  Catholi<}ue3  ,  petidapt 


V  I  c 

laquelle  Viâor  eut  beaucoup  I 
fouf&ir.  Le  faint  évêque  écrivit, 
vers  Tan  487  ,  VHifioire  de  cette 
perfécution,  avec  plus  d'exa^tude 
que  d'élégance.  Son  Ouvrage  (  don- 
né au  public  par  le  Père  Chifflet^ 
Dijon,  i66y  ,  in  4°  >  &  par  Dom 
Ruinart ,  Paris ,  1694 ,  in-4**  )  peut 
fcfvir  non  -  f<^lement  pour  l'Hif- 
tOire  de  TEglife ,  mais  même  pour 
celle  des  Vandales.  L'auteur  raconte 
que  ce  tyran  avoit  fait  couper  1« 
langue  iufqu'à  h  racine  à  plufieut* 
Catholiques ,  qui  parlèrent  encore 
après  l'exécution.  Il  ci(l  entre 
autres  un  fous-diaçre  nommé  JU^ 
parât, 

Vï.  VICTOR  DE  Capoue  » 

évêque  de  cette  ville  ,  fe  rendit 
illufire  par  fa  doctrine  &  par  {t& 
vertus,  11  compofa  un  Cycle  Pa/chai 
vers  l'an  545 ,  &  une  Préface  fur 
V Harmonie  des  iv  Evangélifies ,  par 
Ammçnius.  Cet  ouvrage  ^e  trouve 
dans  la  Bil>liotheque  des  Pères.  Le 
vénérable  Bcda  nous  a  confervé 
quelques  Fragmens  de  fon  CycU 
fafchaL 

VIL  VICTOR  DE  TUNONES. 

évêque  de  cette  ville  en  Afrique  , 
fut  l'un  des  principaux  défenfettr$ 
des  Trois  Chapitres,  La  chaleur  avec 
laquelle  il  les  défendit ,  le  fit  ex- 
clure en  555.  Après  avoir  effuyé 
pluÇeurs  mauvais  traitemens  ,  il  fiii 
renfermé  'dans  un  Monadere  de 
Conilantinople ,  où  il  mourut  en 
566.  Nous  avons  de  lui  une  Chrv-' 
nique  qui  renferme  les  événemens 
conôdérables  arrivés  dans  l'Eglifo 
&  dans  l'Etat.  Le  difcernemenr  ^ 
l'exa^timde,  le  choix  des  matières 
n'y  prçfide  pas  toujours;  mais  elle 
peut  fervir  pour  les  v*  &  vi^-fieçles 
de  TËglife.  On  la  trouve  dans  la 
Thefaurus  Temporum  de  Sealîger  y  Sc 
dans  Canifius, 

VICTOR,  FoyAU.CLAVVivs^ 
XI.  Martin  i  ^  L  Maximb  « 
â  la  Jin^ 


I 

J 


V  I  c 

Vni.  VICTOR. AMEDÉE  II , 

duc  de  Savoie  &  premier  roi  de 
Sardaigne»  naquit  le  14  Mai  1666 , 
&  fuccéda  à  fon  père  Charles- Em' 
fnanuel ,  à  l'âge  de  II  ans ,  en  167  j. 
Son  mariage  avec  la  fille  puînée  de 
Monficur ,  frère  de  Lovls  XIV  ^  lui 
aflura  les  armes  de  la  France.  Ce 
fut  en  partie  par  le  fecours  du  roi , 
qu'il  chaiTa  entièrement  les  Vaudois 
4es  Vallées  de  Luzerne  &  d'An- 
grone.  Mais  à  peine  jouifToit-il  de 
la  paix  que  Louis  Xiy  lui  avoit 
procurée ,  qu'il  fe  ligua  contre  ce 
monarque.  Catînat  le  battit ,  le  19 
Août  1690 ,  à  StafEu'de ,  &  hii  en- 
leva toute  la  Savoie.  ViHor  fe  jeta 
(ur  le  Dauphiné  deux  ans  après , 
tu  fe  rendit  maitre  de  Gap  &  d'Em- 
j)run  ^  mais  on'  le  força  d'aban- 
donner cette  province.  Catinat  le 
défit  encorp  dans  la  plaine  de  la 
Marfaille  en  1693  :  [Voy.  Chau- 
LIEU.]  Obligé  de  faire  la  paix  en 
1696  ,  il  entra  dans  la  guerre  dç 
1 701 ,  &  il  lui  en  coûta  la  Savoie 
&  Nice.  Le  duc  éc  la  Feullladc  l'afr 
^égeoit  dans  fa  capitale  »  lorfque 
le  prince  Eugène  vint  dégager  cette 
place  le  7  Septembre  1706.  Victor 
étant  rentré  dans  fes  états  ,  alla 
mettre  le  iiége  devant  Toulon ,  qu'il 
fut  obligé  de  lever.  P^r  la  paix  de 
1713 ,  le  roi  d*£fpagne  lui  donna 
)e  royaume  de  Sicile.  Le  duc  de 
Savoie  s'en  démit  depuis  en  faveur 
lie  l'empereur ,  qui  !e  déclara  roi 
^  Sard^gnê.  ViEUr-Amidée ,  après 
avoir  régné  5  ;  ans ,  laiTé  des  affaires 
pC  de  lui-même  ,  abdiqua  par  un 
|:aprice  en  1730 ,  à  l'âge  de  64  ans , 
la  couronne  qu'il  avoit  portée  le 
premier  de  fa  famille ,  &  s'en  re? 
pentit  par  un  autre  caprice.  Un  an 
9près  9  il  voulut  remonter  fur  le 
trône  que  fon  inquiétude  lui  ayoit 
biit  quitter.  Son  fils  le  lui  auroit 
femis ,  H  fon  père  feul  lavoit  re- 
liemandé,  &  fi  la  con)on£hire  des 
IP»pf  t>ût  permis  >  m^q;  ç'çtQiç 


Vie         347 

unemaftrefle  ambitieufeqinvouloii 
régoCer ,  &  tout  le  confeil  fut  forcQ 
d'en  prévenir  lès  fuites  fimefies,  ^ 
de  faire  arrêter  celui  qui  avoit  étç 
fon  fouvcrain.  Ce  princemounit  ai| 
château  de  Rivoli  >  près  de  Turin  «. 
le  31  Oûobre  1732,  âgé  de  67 
ans.  C'étoit  un  habile  politique  & 
un  guerrier  plein  de  courage»  con- 
duifant  lui-même  fes  armées  «  s'ex- 
pofant  en  foldat  :  entendant ,  dvf^ 
bien  que  pçrfonne, cette  guerre  de 
chicane,  qui  fe  fait  f|u:  des  terrain^ 
coupés  &  montagneux ,  tels  que  fon 
pays  :  aÔif ,  vigilant,  aimant  l'or^ 
dre  ;  mais  £ûfant  Ats  îxutes  ,  fie 
comme  prince ,  &xomme  général, 

VICrOWA,  Voy.  François, 
H®  XIII, 

VICrORIN ,  (  Marois  PUuvomUu 
ViCTORiNf/s  )  fils  de  la  célèbre 
Vlâorine ,  porta  les  armes  de  bonne 
heure ,  &  fe  fit  généralement  eftimev 
par  fes  talens  politiques  &  mili* 
taires.  Il  fut  aâbcié  à  l'empire  l'aii 
265 ,  par  Pofihume^  tyran  des  Gaules. 
Viàorln  fe  maintint  dans  ce  hattç 
rai^  jufqu'en  268,  qu'un  greffier 
nommé  Atùàus ,  dont  il  avoit  violé 
la  femme  ,  le  fît  poignarder  à  Co- 
logne. VlÇTORiN  le  Jeune  fon  filtf , 
qu'il  avoit  déclaré  empereur,  fut 
aflafCné  peu  de  temps  après...  Voye^ 

VlCTOtgXUS. 

VI(gM|||ni£  <m  Victoire  , 

(  AurelaKf^Êhrîna  )  mère  du  tyraa 
ViHorin,  fut  l'héroïne  de  l'Occident, 
S'étant  mife  à  la  tête  d'un  certain 
nombre  de  légions ,  elle  leur  infpira 
tant  de  confiance ,  qu'elles  lui  don- 
nèrent le  titre  de  Mère  des  Armées, 
Elle  les  conduifoit  elle-même  avec 
cette  fierté  tranquille  «qui  annonce 
autant  de  courage  que  d'intelli- 
gence :  Gallîcn  n'eut  point  d'eimemi 
plus  redoutable.  Ap^-ès  avoir  vu 
périr  fon  fils  &  fon  petit- fils  Vicr 
torln  ,  elle  fit  doimer  la  pourpre 
impériale  à  Marms ,  &  enfuite  au 
fçp4teiM:  Jetrk^s^  c^'ellç  fit  éUrf 


34«'       V  I  C 

à  Bordeaux  Tan  268.  Vlcforîtu  ne 
furvécut  que  quelques  mois  à  la 
nomination  de  ce  prince.  On  a 
prétendu  que  Tetrlcus ,  jaloux  de  fa 
trop  grande  autorité ,  lui  avoit  ôté 
la  vie  ',  mais  pluûeurs  auteurs  -adu- 
vent  que  fa  mort  fiit  naturelle. 

VICrORINUS.  (Marius)  an- 
cien rhéteur ,  dont  les  Ouvrages  fe 
'  tronvcm  dans  Anûqui  Rhaons  La^ 
4ml,  Paris ,  i  Î99 ,  in-4^  ;  redonnés 
f>ar  l'abbé  CapperonnUr,  à  Strasbourg^ 
în-4**...  Foy.  VlCTORIN. 

I.  ViCTORIUS ,  (Pierre  )  favant 
Florentin ,  do  m  le  nom  italien  eft 
Vatorî ,  étoît  très-habile  dans  les 
belles-lettres  grecques  &  latines. 
11  iat  choifi  par  Cême  de  Médlcit  , 
pour  être  profefl*eur  en  morale  & 
'  en  éloquence.  Vîciorîus  s'acquit  une 
"graine  réputation  par  (es  leçons  & 
par  Tes  Ouvrages.  Il  forma  d'il- 
iuftres  difciples  ,  entre  autres  le 
cardinal  Farnefs  &  1«  duc  d*[/rbm  , 
•qui  le  comblèrent  de  bienfats.  Vlc^ 
torius  ne  bornoit  pas  fes  connoiP- 
iances  à  la  littérature ,  il  avoit  l'ef- 
prit  des  aÔaires.  Cômc  de  Médîcis 
l'employa  utilement  dans  plufîeurs 
ambâifades  ,  &  Jules  III  le  fît  che- 
valier ,  &  lui  donna  le  titre  de 
comte.  Il  mourut  comblé  de  biens 
&  d'honneurs  en  1585,  à  87  ans. 
5a  réputation  étoit  fi^k|hdue  , 
-qu'on  venoit  exprès  >MHk  voir 
i  Florence ,  &  plufîett^mnces  de 
l'Europe  tentèrent  de  l'attirer  chez 
eux  par  les  offres  les  plus  avanta- 
•tageufes;  mais  il  préféra  Êi  patrie 
aux  vaines  efpérances  des  cours. 
On  le  regarde  comme  l'un  des 
principaux  reflaurateurs  des  belles- 
lettres  en  Italie.  Il  avoit  un  talent 
particulier  pour  corriger  le  Texte 
des  auteurs  anciens  -,  il  en  eft  peu 
iut  lefquels  il  n'ait  porté  le  flam- 
beau de  la  critique.  On  a  de  lui: 
I.  Des  Notes  critiques,&  de$  Préfaces 
fUr  Ctccron ,  &  fur  ce  qui  nous  refte 
de  Coton ,  de  Farrott  &  de  Columele, 


-  V  I  D 

II.  Trente -huit  livres  de  HvtrfeM 
Leçons  ,  Florence  ,  1582  »  in-folio  ; 
ouvrage  dans  lequel  il  compile  ce 
que  l^i  ont  offert  fes  leâures.  III« 
Des  Commentalns  fur  la  Politique  , 
la  Rhétorique  &  la  Philofophie 
mArlfiote  -,  le  I*'  imprimé  à  Flo- 
rence ,  1576  »  in-foL  -,  le  1* ,  1 548  , 
in-fol.-,  le  3*^,  1184,  in-fol.  IV, 
Un  Traité  de  la  culture  des  Oli- 
viers y  qu'on  trouve  avec  T  Ouvrage 
de  Davan\atî  fur  la  Vigne ,  Florence, 
1734»  in- 4*.  11  eft  écrit  en  tofcan« 
V.  Un  Recueil  d'Epîtres  &  de  Ha- 
rangues latines.  VI.  Une  TraduâUtn 
&  de9  Commentaires  en  latin  ,  fur  le 
Traité  de  l'Eloeution ,  de  Dcmctrms 
de  Phalere. 

II.  VICTORIUS ,  ou  DE  Vie- 
TORiis  (  Benoît  )  médecin  de 
Faënza ,  floriffoit  vers  l'an  1540. 
11  pofTéda  la  connoifTance  théori- 
que de  fon  art ,  &  il  excella  dans 
la  pratique.  On  le  prouve  par  les 
Ouvrages  que  nous  avons  de  lui. 
Les  principaux  font  :  I.  Sa  Mêdednc 
Empirique ,  in  -  8®.  II,  La  Grande 
Pratique  pour  la  guérifoh  des  ma* 
ladies  >  à  Tufage  des  commençans  » 
'in-fol.  III.  Des  ConfdU  de  Médecine  ' 
fur  différentes  maladies ,  in-4^  & 
in-8^  IV.  Demofèo  Gal/lco  Liber  ^ 
in-8°.  Il  étoit  neveu  du  précédent, 

III.  VICTORIUS  ,  ou  DE  Vic- 
TORiis  ,  (  Léonel  )  étoit  un  favant 
profeffeur  de  médecine  à  Bologne , 
où  il  mourut  en  1 5  20.  On  a  de  lui  ; 
I.  Un  bon  Traité  des  Maladies  des 
Enfans  ,  in-8°  &  in-i6.  II.  Une 
Pratique  de  la  Médecine  ^  in  -  4®  & 
in  -  8®.  III.  Quelques  autres  Ou- 
vrages ,  où  il  éclaire  la  théorie 
incertaine ,  par  le  flambeau  lumi« 
neux  de  la  pratique. 

VIDA ,  (  Marc-Jérôme  )  né  à  Cré- 
mone en  1 470,  entra  fort  jeune  dans 
la  Congrégation  des  Chanoines-Ré- 
guliers de  Saint-Marc  à  Mantoue  ; 
il  en  fortit quelque  temps  après,  et 
fe  rendit  à  Rome  »  où  il  éit  teçx 


r 


V  I  I>^ 

ia.m  celle  des  Chanoines-ftégiilîeri 
^e  Latran.  Son  calent  pour  la  poé- 
fie  rayant  fait  coonoitre  à  Léon  X , 
ce  pape  lui  donna  le  prieuré  de  Saint* 
Sylveftre  à  Tivoli.  Ce  fut- là  qu'il 
'\      travailla  à  fa  Chrîftîade  ,  que  le  pape 
lui   avoit    demandée.  Ce   pontife 
étant  mort  en  IÇ2I,  Clément  Vil 
I       voulut  ^uflî  être  fon  proteé^eur»  & 
I       le  nomma  à  l'évêché  d'Albe  fur  le 
l       Tanaro.    Vida  fe  retira  dans  fon 
!       diocefe ,  où  il  fefignala  par  fa  vigi- 
lance padorale,   &  où  il  infiruiiît 
fon  peuple  awaat  par  fon  éloquence 
que  par  l'exemple  de  fes  vertus.  Ce 
prélat  mourut  le  17  Septembre  1 5  66, 
à  96  ans.  Parmi  les  différens  mot- 
\      ceaux  de  Poéfie  que  nous  lui  de- 
vons ,  on  diftingue  :  I.  ISAn  Poé- 
I      ûque^  qui  parut  à  Rome  en  lyiy, 
I      in  -  4^ ,  &  qui  a  été  réimprimé  à 
1      Oxford,  dans  \p  même  format ,  en 
i       172.3-  M.  ^flWÉWJip  a  joint  fa  Poéti- 
que à  celles  d*^r/72oa,  d'Horace  & 
de  Def préaux ,  fous  le  titre  des  Qua- 
tre Poétiques^  177 1 ,  ^  vol.  in-  8^. 
Une  imagination  riante,  un  ftyle 
léger    &  facile  rendent  le  Poëme 
de  Vida  très-agréable;  on  y  trouve 
des  détails  pleins  dç  jufteitp  &  de 
goût  fur  lés  études  du  Poëte,  fur 
fon  travail,  fur  let  modèles  qu'il 
K      doit  fuivre.  Ce  qu'il  dit  et  l'élo- 
cution  poétique,  eft  rendu  avec  au- 
tant de  force  que  d'élégance  -,  mais 
fon  ouvrage ,  ainfi  que  la  Poétique 
àeScailger,  eft  plutôt  l'art  d'imiter 
Vîrgl/e ,  que  l'art  d'imiter  la  nature. 
n.  Un  Toème  fur  les  Vers  à  fok , 
imprimé  à  Lyon  en  i  ç  37 ,  ô(  à  B|le 
1^1  même  année.  Ceft  le  meilleur 
Ouvrage  de  Vida.  Il  eft  plus  correâ: 
&  plus  châtié  que  fes  autres  produc- 
tions ,  &  on  y  trouve  plus  de  poé- 
fie. III.    Un  Poème  fur  Us  Echecs ,, 
(Scacchia  Ludus  )  qui  tient  le  fécond 
rang  parmi  fes  Poéfies  :  on  le  trouve 
dans  lëditon  de  fa  Poétique  y  faite  à 
Rome  en  i  J27.  IV.  Hymnl  de  rébus 
J>ivînis  »  imprimées    à  Louvain  »  ^ 


v  f  Ê      -Mgt 

10-4°, «R  1552.  V.  Chrlfiiadoà  Ubrl 
fex ,  Crémone ,  en  i ^  35 ,  in-4°.  Ce 
Poëme  a  été  fort  applaudi  ;  mais 
on  a  reproché  à  l'auteur  d'avoir 
mêîé  trop^  fou  vent  le  facré  avec  le 
profane^  les  fidiions  de  la  My  tho* 
iogie  avec  les  oracles  des  Prophètes. 
'  Sçs  Ecrits  en  profe  font  :  I..  Des  DIa' 
logues  fur  la  dlffi'ué  de  la  Répub/l-' 
que  »  Crémone  »  1 5  5  6 ,  in-^^.  IL  Plf" 
cours  e0ntre  les  Paysans,  Vzrist  1562» 
in  -  8° ,  rare.  III.  Des  Conftltutlons 
Synodales ,  des  Lettres  &  quelques 
autres  Ecrlu ,  moins  intércflans  que 
fes  Vers.  L'Edition  de  fes  Poéfies  » 
Crémone,  1550,  2  voL  in-8° , eft 
complète,  ainli  que  celle  d'Oxford^ 
1722,  2j  &  33,  3  vol.  in-8®,     . 

VIDEL,  (  Louis)  né  à  Briançoa 
en  1 5  98 ,  d'un  médecin ,  fut  fecré- 
taire  du  duc  de  Lefdlguîeres  ^  puis  dtt 
duc  de  Créqui,  &  enAn  du  maré- 
chal de  PHôpltaL  N'ayant  pas  fu 
conferver  les  bonnes  grâces  de  fes 
maîtres  »  il  fe  retira  à  Grenoble  » 
il  fut  obligé, pour  fibfi/ler,  d'y  cn- 
feigner  les  langues  latine,  fran- 
çoife  &  italienne.  Il  mourut  T^a 
167 5  •.  à  77  ans,  laiffant  :  I.  UMif"  , 
toîre  du  duc  </e  Lefdlguîeres  ^  1638* 
in-fol,  1 1.  VHlftoîre  du  chevalier 
Bayard  ^  1651.  III.  La  Mêlantes^ 
hiÂoire  amoureufe ,  1624 ,  in- 8**. 

VIEILLEVILLE,  (François  de 
Scepeaux ,  feigneur  de  )  maréchal 
de  France ,  d'une'  ancienne  maison 
d'Apiou.  Il  fut  d'abord  lieutenant 
de  la  compagnie  de  Gendarmes  du 
maréchal  de  Saint- André  ^  qui  le  fit 
connoîcre  &  le  produisit  à  la  cour«. 
II  fit  fes  premières  armes  en  Ita- 
lie ,  fe  trouva  aux  prifes  de  Pavie 
&  de  Melphe  en  1528,  aux  iiéges 
de  Perpignan ,  de  Landrecie ,  Saint* 
Dizier,  Hefdin  &  Térouanne  ,  k 
la  bataille  de  Cerizoles  en  1 544 ,  & 
eut  beaucoup  de  part  au  fiége  &  à 
la  prife  de  Thionville  par  le  duc 
de  Gulfe^  en  1558.  Il  avoit  obtenu  » 
^^  'S 53  »  ^^  gouvernement  des 


Uo        V  t  É 

Ttois-Evêchés ,  Mctt ,  Toul  &  Vcr- 
iluii.  Celui  de  Bretagne  ayant  vaqué 
depuis  par  la  mort  du  vicomte  de 
Mamguts ,  (  Séba/Etn  de  Luxembourg,  ) 
i!  y  fut  nommé  ;  mab  le  duc  de 
Mlmtpenfier  étant  venu  le  demander 
du  roi  pour  lui-même ,  ce  prince  ne 
|>ut  le  lui  refufer ,  &  révoqua  le 
«ion  qu'il  en  avoit  îaiit  à  VielUevîlle , 
^{ui  rendît  fon  Brevet  fans  murmurer ^ 

idifent  les  Mémoires  de  fa  vie  ) 
n'accepta  13000  écus  que  le  roi 
Itû  envoya  dans  cette  occasion , 
4ue  fur  une  lettre  de  fa  main  »  pat 
laquelle  il  lui  marquoit  que  s'il  ne 
les  acceptoit ,  il  ne  voulait  flus  le 
^to<r  de  fa  vie.  Il  fut  honoré  du  bâton 
de  maréchal  de  France  en  1562. 
Plellleville  n'étott  pas  moins  propre 
pour  les  négociations  que  pour  la 
guerre.  Il  fut  employé  par  Henri  II 
dans  cinq  ambafTades ,  tant  en  Aile- 
tnagne  ,  qu'en  Angleterre  &  en 
Suifle.  Il  mourut  dans  fon  château 
de  Durtal  en  Anjou,  le  50  No- 
vembre 15  71.  Les  Mémoires  de  fa 
Vie ,  cOmpofes  par  Vincent  Carloix , 
fon  fecrétaire  t  qui  étôient  reftés 
tnanufçrits  dans  les  archives  de  ce 
âiâteau^  furent  publiés  à  Paris  en 
17Ç7,  en  $  vol.  in-8** ,  par  les 
foins  du  P,  Grljjec»  Jéfuite.  Ils  con- 
tiennent des  anecdotes  &  des  par- 
ticularités intérefTantes  pour  Thif* 
toire  de  fon  temps. 

VlElKA,  (N...)Sermonaire 
Portugais ,  fumommé  par  fes  com- 
l>atriotes  le  Cîcéron  Lufitaîn ,  dut  ce 
titre  à  Tignorance  &  au  défaut  des 
bons  modèles.  Ses  difcoûrs  font 
templis  de  fingularités ,  qu'à  peiné 
peut  excufer  la  barbarie  de  fon  fie- 
cle.  Dans  un  de  fes  Sermons ,  après 
avoir  fait  un  éloee  pompeux  dé  la 
t7ptre  circulaire  ;  il  continue  ainfi  ; 
"  Que  fi  leTout-puiffant  étoitdans 
"  le  cas  d*apparoître  fous  une  forme 
*»  Géométrique ,  ce  feroit  furement 
"  fous  la  Circulaire ,  préférablement 
g  à    la   Triangulaire  |  à  ^  Carrée , 


VfË 

««  à  la  Pentagonale\  à  la  Duoieèd^ 
"  gonale ,  ou  à  toute  autre  connue 
»  des  Géomètres,  &c.  Ôfc. 

I.  VIENNE ,  (  Jean  de)  en  latîrf 
de  Viana ,  né  à  Bayeux ,  d'une  an- 
cienne famille ,  mais  différente  dit  | 
fuivant ,  fiit  évêque  d'Avranches  ^  i 
puis  de  Terouanne  j  enfin  archevê- 
que de  Rheims  en  1334.  Ceft  lé 
premier  archevêque  qui  foit  par- 
venu à  ce  fiége  par  les  réfervai-' 
tions  papales.  11^  trouva  à  la  ftH 
nefte  bataille  dé  Crecy  en  1346  y 
&  accompagna  fidellement  le  roi 
Philippe  de  Valois  dans  fa  retraite^ 
Il  facra  le  roi  han ,  fon  fils ,  le  28^ 
Août  1350,  &  la  reine  Jeanne  dé 
Bourgogne,  fon  époufe,  le  xi  Sep- 
tembre fuivant  «  et  mourtiten  13-5 1.- 

n.  VIENNE, (Jean de )feigneuf 
de   Rolahs ,  Clervaux  ,  Montbis  ^ 
firc.  <  amiral  de  Frati«e  &  chevalier 
de  l'Ordre  de  rAnnoncîadc,  d'une 
des  plus  anciennes  maifons  de  Bour- 
gogne. Les  rois  Charles  V&i  Char- 
Us  VI  ^  fous  lefquels  il  porta  les 
armes,  eurent  beaucoup  à  fe  louer  dé 
fa  bravoure.  Il  defcendit  en  Angle- 
terre en  1377,  prit  &  brûla  la  Rye/ 
faccagesP  Tifle  de  ^igth  &  plufieuts 
hutres  villes  avec  dix  lieues  de  pays, 
&  y  fît  im  très-grand  butin.  Il  padOfa 
en  Ecoife  l'an  1 380 ,  avec  66  vait- 
féaux  ,  qui ,  joints  à  ceux  des'Ecof* 
fois,  entrèrent  dans  la  mer  d'Irlande, 
&  brûlèrent  la  ville  dé  Penreth.  Une 
fi  puifTante  flotte  eût  pu  feirc  beau- 
coup davantage ,  fi  à  quelques  mois 
de  là  l'amiral  ne  fefût  brouillé  avec 
la  cour  Ècoffoife.  De  Vienne  g  amou- 
reux juTqu'à  la  folie  d'une  parenté 
du  roi  d'Ecoffe ,  fit  des  préfens  & 
donna  une  fêté  à  fa  belle  maîtrêffe. 
*Cette  cour ,'  peu  accoutumée  à  dé 
pareilles  galanteries,en  fm  tellement 
ofFenfée  ,  que  l'amant   eût  couru 
grand  rifque  ,  s'il  ne  fut  retotim^ 
en  France  avec  préciphation.  La 
guerre   contre  le  Turc  ayant  été 
tHolw  y  il  âii  du  nombre  de»  ièi^ 


J 


V  ÏË 

fatttn  Franco»  qui  allèrent  au  (e- 
.  4ours  du  roi  de  Hongrie.  Il  com- 
ibanda  l'avant  -  garde  |à  la  bataille 
^e  Hicopolis,  &  y  périt  les  armes 
à  la  main,  le  16  Septembre  1396  , 
avec  2000  gentilshommes.  Françolfe 
j}E  Fie» Ni ,  époufe  de  CharUs  de 
ia  yiatrille,  morte  en  1669 ,  a  été 
le  dermet  rejeton  de  cette  Emilie 
illuftre. 

VlERZY.Fpy.JostAiN. 

V I E  T  E ,  (  François  )  maître  des 
requêtes  de  la  reine  Marguuîu ,  né 
a  Êomensâ  en  Poitou  l'an  15  40, 
tf'eft  fait  un  nom  immortel  par  fon 
calei^t  pour  les  mathématiques.  Il 
dk  le  premier  qui  fe  fervit,  dans 
TAlgebre,  des  lettres  de  l'alphabet 
pour  défigner  les  quantités  connues. 
Il  trouva  que  les  folutions  ,  de 
propres  qu'elles  étoient  à  un  cas 
particulier ,  devenaient  par  fa  mé- 
thode abrohunenl  générales ,  parce 
que  les  lettres  pouvoient  exprimer 
foutes  fbftes  de  nombres.  Cet  avan- 
tage étant  reconnu ,  il  s'attacha  à 
€icillter  l'opération  de  la  comparai-* 
(on  des  quantités  inconnues  avec 
les  quantités  connues ,  en  les  arran- 
geant d*Uné  certaine  matûere ,  &  en 
ÊôTant  évanouir  les  fraâions.  Il  itt<- 
venta  auffi  une  règle  pour  extraire 
la  racine  de  toutes  les'  équations 
arithmétiques.  Cette  découverte  le 
eonduifit  à  une  autre:  ce  fut  d'ex- 
iraire  la  racine  des  équations  litté- 
talcs  par  approximation ,  atnfi  qu'il 
ie  failbit  ptmr  les  nombres.  Il  nt 
plus:  comme  l'algèbre,  par  la  nou- 
irelle  forme  qu'il  venoit  de  lui  don* 
aer,  éti>it  extrêmement  ûtttpXiîii  ; 
80  examinant  les  problêmes  de  près^ 
H  découvrit  l'art  de  trouver  des 
quantités  ou  des  racines  inconnues 
par  le  moyen  des  lignes,  ce  qu'on 
2^t\\zConfiyHîon.  Céométrîque.Tou- 
tas  ces  inventions  donnèrent  une 
nouvelle  forme  à  l'Algehrè ,  &  l'en- 
,  richirent  extrêmement.  On  lui  doit 
ppcore  ia^  Géométrie  des  icSiioas 


VIE         î5f 

angataîres ,  par  laquelle  on  donner 
la  raifon  des  angles  par  la  raifoai 
des  côtés.  Il  meditoit  avec  tant 
d'application  ,  qu'on  le  voyoit 
fouvent  demeurer  trois  purs  en- 
tiers dans  fon  cabinet  (ans  mai»*< 
ger  &  même  fans  dormir,  jidnm 
Romain  ayant  propofé  à  tous  le# 
mathématiciens  de  l'Europe  un  pro- 
blême difficile  à  réfoudre ,  VUu  caf 
donna- d'abord  la  folution ,  &  le  faâ 
renvoya  avec  des  correéHons  Ile 
une  augmentation.  U  propbfa  à  fo» 
tour  un  problême  à  Rowuùa ,  qoi 
ne  put  le  réfoudre  que  mécanique 
ment.  Le  mathématicien  Allemand^ 
ftirpris  de  fa  fagacité ,  partit  auffi- 
tôt  de  "W^irabourg  en  Francome  ofr 
il  demeuroit ,  &  vint  en  France  pour 
le  connoitre  &  lui  demander  fort 
amitié.  Vîtte  ayant  recoimu  quef 
dsuis  le  Calendrier  Grégorien  il  y 
avoit  pluiîeurs  foutes  qui  avoienc 
été  déjà  remarquées  par  d'autres  « 
en  fit  un  nouveau ,  accommodé  aux 
Fêtes  &  aux  Rits  de  l'Eglife  Ro- 
maine. Il  le  mit  au  jour  en  1600^ 
&  lepréfenta  dans  la  ville  de  Lyon, 
au  cardinal  Aldohranâin ,  qui  avoîc 
été  envoyé  en  France  par  le  pape« 
pour  terminer  les  différens  mus  eB-* 
tre  Je  roi  de  France  ht  le  duc  4m 
Savoie.  L'habite  mathématicien  câ 
âgnala  bientôt  par  des  découvertes 
plus  utiles  que  fon  Calendrier ,  qiâ 
étoit  rempli  d'erreurs.  Comme  lea 
éta&  du  roi  d'Efpagne  étoient  fort 
éloignés  les  uns  des  autres ,  lorf-' 
qu'il  s'agiffpit  de  communiquer  dca 
deffeinsfecret$,onécrivoit  en  chif* 
re»  &  en  caraûerès  inconnus ,  pen-' 
dant  les  défordres  de  la  Ligue  *,  ce 
chiflire  étoit  compbfé  de  plus  de 
500  caraûeres  différens^  &  quoi-' 
qtie  l'on*  eût  fouvent  intercepté  des* 
lettres ,  on  ne  put  jamais  venir  ^ 
bout  de  les  déchiffrer.  Il  n'y  euir 
que  Vleu  qui  eut  ce  talent.  Son 
habileté  déconcerta  d'une  telle  mai> 
ntere  les  Efpagnols^  p^dans>  éea» 


1 


35*        VIE 

ans ,  quHls  publièrent  à  Rome  Se 
dans  une  partie  de  l'Europe,  que 
le  roi  nfavoit  découvert  leurs  chif- 
fres que  par  le  fecours  de  la  ma- 
g'ie.  Ce  grand  géomètre  mourut  en 
160 V  Cctoit  un  homme  (impie , 
modefte  &  fort  appliqué  :  il  paffoit 
fouveot  pluiieurs  jours  de  fuite  fans 
fortir  de  fon  cabinet ,  &  il  ^loit 
le  contraindre  à  prendre  des  ali- 
mens;  maïs  il  ne  quittoit  pas  pour 
cela  ni  fon  fauteuil  ni  fon  bureau. 
Un  repas  étoit  pour  lui  une  corvée, 
dont  ilfc  débarraffoit  le  plus  promp- 
•  tement  qu'il  lui  étoit  poflible.  Lors- 
qu'il faifoit  imprimer  quelques-uns 
defes  Ecrits,  il  en  retiroit  tous  les 
exemplaires,  qui  étoient  en  petit 
nombre,  &  il  les  diftribuoit  à  fes 
amis  &  à  des  perfonnes  capables 
de  les  entendre.  H  'jugeoit  inutile 
que  le  public  les  vit  :  les  favans 
feuls  les  coanoiffoient.  Il  a  donné 
le  Trî^ité  de  Géométrie  A' ApULonius 
et  Perge  ,  avec  fes  Commentaires , 
fous  le  nom  d'Apollonius  Gallus^ 
x6io,in-4®.  Ses  Ouvrages  furent 
réunis  en  1646 ,  en  i  vol.  in-fol., 
par  François  Schooten, 

VIEySSENS  ,  (  Raymond  de  ) 
médecin ,  natif  de  Rouergue ,  de- 
vint médecin  du  roi  &  membre  de 
l'académie  des  Sciences  en  i688; 
il  rétoit  déjà  de  la  Société  royale 
de  Londres  en  168 ç.  On  a  de  lui  : 
L  Nevrographla  unîverfalîs  ,  Lyon , 
i68ç  ,  in-fol.;  176 1  ,  in-fol. -,  & 
Touloufe,  1775  »  ip-4**-  La  partie 
anatomique  de  cet  ouvrage  eft  très- 
.  eftimée  rmais  la  phyffologie  qui 
comprend  la  moitié  du  volume, 
ne  l'eft  guère ,  &  ne  mérite  pas  de 
l'être.  IL  De  Mlxtî  prîncipus  &  de 
natura  Fermentadonis ,  Lyon  ,  1686 , 
in- 4°  :  Ouvrage  qui  a  été  «lal  ac- 
cueilli ,  &  qui  eft  aujourd'hui  ou- 
blié. III.  Dîjfertatlon  fur  fextraellon 
du  Sel  acide  du  Sang^  1688,  in- 12. 
IV.  Novitm  Vaforwn.  Corporis  humanl 
Syfitma^  Axxifterdam,  1705  ,  inri2. 


VI  G 

V.  Trahis  iii  Catur^  de  f  Oreille  ti 
des  Lîqiteursy  chacun  in-4°. VI.  Expé" 
riencesfurles  Vifceres,  Paris,  1755* 
in-.il,  VIL  TruiU  des  Maladies  in' 
ternes ,  auquel  on  a  joint  fa  Névro- 
graphie &  éon  Traité  des  VaiiTeauz 
du  Corjfs  humain,  en  4  vol.  in-4^. 
Son  petit-fils  a  été  l'éditeur  de  ceC 
Ouvrage  .qui  n'a  paru  qu'en  1774. 
Ses  derniers  ouvrages  montrent 
qu'il  s'étoit  dépouillé  de  l'efprit 
de  fyftême  qui  l'avoit  long-temps 
dominé.  L'auteur,  tourmenté  par  ' 
la  goutte ,  avoit  quitté  Paris ,  pour 
vivre  à  Montpellier  loin  du  fracas 
de  la  capitale.  II  y  mourut  en  171  j.     | 

VIEUVILLE.  VoyeiCEKF.,.n. 
AsFÉLD...  Aligre...  iix.  Plessis*^ 
Richelieu. 

VIGAND,  (Jean)  né  à  Mans- 
feld  en  1^13,  fut  dtfciple  de  Luthsr 
&  de  Melanchton ,  miniftre  à  Mans- 
feld ,  &  enfuite  Surintendant  des 
Eglifes  de  Poméranie  en  Pruffc.  On 
a  de  lui  un  grand  nombre  d'Ou- 
vrages ,  qui  lui  firent  im  nom  dan» 
fon  parti.  On  le  compte  parmi  les 
auteurs  des  Centuries  de  Magdebowg  « 
Bâle,  15  61,  13  tomes  in-folio.  Ce 
théologien  mourut  en  1587 ,  à  64 
ans.  Il  étoit  favant  -,  mais  il  n'avoir 
ni  Tart  de  comparer  les  faits,  ^ 
celui  de  pefer  les  témoignages. 

VIGENERE.  (Blaifede)  fecrét 
taire  du  duc  de  Nevers ,  puis  du  roi 
Henri  III,  né  en  ip2  àSaint-Pour- 
çaih  en  Bourbonnois,  mort  à  Paris 
le  19  Février  1596  ,  à  75  ans,  eft' 
un  tradudleur  -auffi  mauf&de  quln- 
fidelle.  Ses  Verrons  eftimées  de  fon 
temps  y%font  méprifées  aujourd'hui; 
on  fait  cas  cependant  des  Notes  qui 
les  accompagnent  :  elles  manquent 
d'art  &  d'efprit ,  mais  l'érudition  y 
eft  prodiguée.  Les  Ouvrées  de 
Vigenere  font  :  I.Des  Traductions  d» 
Commentaires  de  Céfar ,  de  l'Hiftoire 
de  Tue-Live ,  de  Chalcondyle  ,  &c. 
avec  des  Notes.  II.  Un  Traité  des 
Chiffres ,  ou  Secruu  Manière  d'écrire  , 

1586, 


J 


V  ÎG 

i\i6,  ui-4**.  m.  Un  aùtr^  des  Co- 
fnctes  ,  in-8®.  IV.  Un  troifieme  , 
du  Feu  &  du  Sel ,  in-4**.  V.  La 
fuite  de  Philoftrace  ,  contenant  les 
Images' ou  Tableaux  de  plaU'ptînture 
du  jeune  Philoftratc  »  les  Héroïques, 
de  t ancien  ,  &  les  Statues  de  Calif- 
trate  ,  Paris  ^  1596,  in-4**.  Cette 
Suite ,  avec  cç  qui  la  précède  ,  a 
été  revue  &  corrigée  fur  l'original , 
&  hnprimée  avec  les  Epigramnies 
^Artus'Thcmàs  fieur  d*Embry  fur 
thaqué  tableau  ,  &  des  figures  en 
taille-douce,  Paris,  1614 ,  in-fol. 
ibid. ,  1619  &  1637  ,  in-fol.  ^  11  eft 
-  affez  probable  (  dit  Nlceron  )  que 
**  Vigenere  n'a  fait  fa  Tradu^ion  que 
H  fur  la  verfion  latine ,  qui  n'étant 
**  pas  exaâe ,  eil  caufe  des  fautes 
^  qu'il  a  commifes.  Les  figures 
»»  qu'on  a  ajoutées  dans  les  édi- 
>'  tions  in  folio  ,  font  paiTables 
M  pour  la  plupart,  quelques-unes 
»  même  font  aâez  belles  ;  mais  il 
)^  y  a  un  défaut  confidérable ,  qui 
H  confîfte  en  ce  qu'elles  ne  font 
**  pas  faites  fur  la  feule  defcription 
^'  dé  Phllofirate,  comme  elles  le 
»  dévoient  être ,  mais  fou  vent  fiii- 
'*>  vant  la  fiantaifié  de  celui  qui  les 
»  a  deflînées  ;  ce  qui  fait  qu'elles 
>»  ne  fervent  pas  beaucoup  à  en- 
«  tendre  Toriginâl  m.  VI.  Phllof- 
irau  de  la  Vie  d'Apollonius  Thyanéin , 
trciiult  du  Grec  ;7<xr  Blaife  de  Vigé- 
incre ,  avec  les  Commentaires  d'ArtuS" 
Thomas  fieur  dEmhry  ,  Paris ,  1611 , 
in- 4° ,  2  tomes.  De  toutes  les  Tra- 
durions  de  Vigenere,  celle  d*0/io- 
fander  ,  160J  ,  in-4**,  «ft  la  plus 
recherchée, 
VIGEVANOi  Voye-^  Tri- 

TULCE. 

I.VIGIEH,  (François)  Jéfuite 
ic  Rouen ,  mort  en  1647  ,  fe  fit 
une  jufte  réputation  de  favoir  par 
fe*  Ouvrages.  On  à  de  lui  ;  I.  Une 
excellente  Traducllon  latine  de  la 
Préparation  &  de  la  Dêmonfiratlon 
EvangiUque  cf  Eufebe ,  avic  dis  notes  ^ 

Tome  IX. 


VIG         35I 

Pans,  1618,  m-foha,  2  vol.  Ili 
Un  bon  Traité  De  îdiotlfmls  prtt^ 
cîpuîs  Llnguct  graca  ,  1632  ,  in<i2  3 
&Leyde,  I766,  in-S'^.  Cet 'au- 
teur étoit  habile  dans  cette  der« 
niere  langue. 

II.  VICIER ,  (  Jean  )  avocat  au 
parlement  de  Paris  ,  forti  d'une  fa- 
mille noble  d'Angoumois ,  mourut 
fort  âgé  vers  l'an  1648.  Il  laifla 
un  Commentaire\C^[mé  fur  les  Cou- 
tumes d'Angoumois ,  d'Aunis ,  &  dii 
gouvernement  de  la  Rochelle ,  & 
augmenté  par  Jacques  &  François 
ViGtERy  fes  fils  &  petits-fils,  Paris,  " 
1720  ,  in-fol. 

VIGIL  A.NCE ,  (  Vlgllantlus  )  étoît 
Gaulois ,  ^  natif  de  Calaguri,  petit 
bourg  près  de  Cominges.  Il  devint 
curé  d'une  paroifTe  du  dioceft  do 
Barcelone  dans  la  Catalogne.  Sort 
favoir  &  fon  efprif  le  lièrent  avec 
S.  Paulin ,  qui  le  reçut  bien  &  qui 
le  recommanda  à  S,  Jérôme.  Ce  Père 
de  l'Eglife  étoit  alors  en  Paleftme  , 
où  Vigilance  avoit  deflein  d'aliei? 
pour  vifiter  les  faims  lieux.  Le  pieux 
&  illufire  folHaire  ayant  appris 
qu'il  répandoit  des  erreurs  dan« 
gereufes ,  prit  la  pli|pie  contre  luû 
Voici  ce  qu'il  en  dit  :  »>  On  a  vu 
"  dans  le  monde  des  monflres  de 
>♦  différentes  efpeces  ;  Ifaie  parle 
"  des  Centaures  ,  des  Slrenet ,  & 
»*  d'autres  femblables. /t.^  fait  une 
»»  defcription  myftérieufe  de  Lévia' 
»  than  &  de  Behemoth  :  les  Poëtes 
'*  content  des  fables  de  Cerbère ,  du 
M  Sanglier  de  la  forêt  d'Erimanthe, 
»»  de  la  ChlfJtzre  ,*  &  de  l'hydre  à 
>»  plufieurs  têtes.  Vh-gllc  rapporte 
^  »♦  l'hifioire  de  Catus  ;  l'Efpagne  a 
»»  produit  Gérion  qui  avoit  trois 
«  corps  ;  la  France  feule  en  avoit 
»»  été  exempte ,  &  .on  n'y  avoit 
»'  îamais  vu  que  des  hommes  cou- 
"  rageux  6c  éloquens ,  quand  Vlgl^ 
M  lance  ou  iplutàtDormitance  a  pÂa 
w  tout  d'un  coup  ,  combattant  , 
»>  avéc  un  efprit  impur,  contre 

z 


1 


354         VIO 

»  Terprît  de  Dieu.  U  founcnt  qu  cm 
*i  ne  doit  point  hoiiorer  les  fé- 
>f  pUlcres  des  Martyrs ,  ni  chanter 
ti  Aucluta  qa  au^  Fêtes  de  Pâques  ^ 
M  il  condamne  les  veilles ,  il  appelle 
»>  Ik  célibat  uile  héréûé ,  &  dit  que 
•>  la  virginité  cû  la  iburcè  de  rim- 
*i  pureté  «!•  Vi^lance  àfFeâoit  lé  bel 
efprit  :  c'étoit  un  homifte  qui  aigui- 
Ibit  Un  trait ,  &  qui  ne  raifohnbit 
pis,  11  préfcroit  un  bon  moi  à  une 
bonne  raifdh  ;  il  ne  chefcboît  qiie 
la  célébrité  -,  &  il  attaqua  tous  les 
objets  qui  pûuvoiént  fournir  à  la 
l^tair^nterie. 

i.  VIGILE ,  Pape ,  &  Romain  de 
nation  >  n'étoit  encore  que  diacre , 
loriqu'il  fut  envoyé  à  ConAanii* 
nople  par  A^apei,  Thcodora  ,  femme 
de  Temp'ereur  Juft:nun  ,  lui  promit 
de  îe  mettre  fur  \e  ûégt  de  Saint- 
Pierre  ,  pourvu  qtfil  s'engageât 
de  cafler  l^  Aùts  d'ùù  Concile 
tenu  i,  CbnAantinopIé  contré  leè 
prélats  fépàrés  de  la  communion 
Romaine ,  qu'elle  foutenoit.  Vigl/c 
promit  tout  •  &  fût  élu  pape  lé 
22  Novembre  537  ,  du  vivant 
Ihôme  de  SyUere ,  qui  fut  envoyé 
en  exil.  Apf es'  fa  mort  arrivée  en 
53g,  Vigile  paiHit  d'abord  approuver 
U  dodlrîné  à.*Anthim  &  dés  Acé- 
phales ,  pour  ràtts£iire  rittipérafrice*, 
mais  peu  après  il  alla  à  Conilan- 
titiople ,  où  il  excommunia  les  hé- 
rétiques &  Theodord.  Sa  fermeté  fe 
démentit  :  il  affembla  un  Concile 
de  70  évêques ,  &  le  rompit  après 
^elques  feflîons  ;  il  aima  mieux 
prier  les  évêques  de  donner  leur 
avès  par  écrit ,  &  etivoya  tous  ces 
Icrift  au  Palais.  Il  en  agfjfoit  ainfi , 
difoit-it  f  pour  épîter  qti^on  ne  trouvât 
quelquejoûr^iatts  les  Archives  dtrEgCfk 
Romaine,  ces  réfonÇes  contnurts  au  Çon- 
dit  de  ChaUlibîne,  On  doit  remar- 
quer que  le  pape  n'étoit  pas  libre 
k  Conftantinople  ;  on  Id  voit  par 
Tjnè  proceflation  qu'il  fit  dans  une 
aiTemblée  ,  où  U  voyant  preiTé 


V  IG 

avec  la  dernière  violence  de  oon-« 
damner  les  Trots  Chapitres  ,\  i^ 
s'écria  :  Je  vous  déclare  que  y  quoique 
vous  me  ume\  captif,  vous  ne  terui 
pas  S.  Pierre,  Oh  appelle  les  Troi^ 
Chapitres  ^  trois  fameux  Ecrits  qui 
furent  déférés  au  jugement  de 
fEglife ,  |c6mme  remplis  des  blaf- 
phêmes  de  Ncftorius.  I.  Les  Ecrits 
de  Théodore ,  évêqudde  Mopfuefte^ 
le  maître  de  Neftorlus,  IL  La  Lettre 
d'ibas,  évêque  d'Edefie,  à  Maris* 
in.  Les  Réponfes  de  théodoret ,  évê; 
qfie  de  Cyr  ^  aux  Ecrits  de  5.  Cyrille 
d'Alexandrie  contre  Nèfiorius.  Vigile 
condamna  &  approuva  tour  à  tour 
ces  trois  ouvrages,  anathématifés  | 
par  le  concile  de  Conilantinople. 
L'empereur  Ju/liniea ,  mécontent  dé 
fi  cooiduite  ,  l'envoya  en  exil^ 
il  n'y  fut  pas  long-temps  :  à  fon 
retour  en  Italie ,  il  mourut  de  la 
pierre  à  Syracufé  eii  Sicile^  le  1$ 
Janvier  555.  On  si  de  lui  xyjii 
Epttres,  Paris»  1641,  în-g°. 

U.  VrClLE  DE  t A.PSE ,  cvêqué 
de  cette  ville ,  dans  la  province  dé 
Bizacené  en  Afrique ,  fut  enve- 
loppé dans  la  perfécution  ^uHu" 
neric  roi  des  Vandales ,  excita  vers 
Tan  48^4  conà-e  les  Catholiques. 
La  crainte  d'aigrir  lés  perfécuteurs 
lui  fit  cacher  fon  nom.  11  emprunta 
ceux  des  Pères  les  plus  illuftres, 
pour  donner  plus  de  cours  à  fes 
ouvrages  1  /principalement  chez  les 
Vandales,  &  les  autres  Barbares 
Ariens ,  peu  favans  dans  la  crioque. 
"  Ainû  il  compofa  {  dit  Fleurit  ] 
«  une  Difputé  entre  S,  Athanafc 
rt  &  Arius  ,  qu'if  fuppofe  s'être^ 
M  pââee  publiquement^  à' Laodicée, 
•'  par  ordre  dé  l'empereur  Cd«/V 
M  tantius  ,  en  préfence  d'un  jugé 
»*  Ikommé  Probus  ;  &  if  y  rapporte 
>»^  tous  le^s  diicours  »  comme  s'il 
»  en  avoit  tfo^vé  les  À&ts,  Mais 
"  il  recônnoit  4ùî-mème  dans  un 
>*  autre  ouvrage  ,  que  ce  n'etf 
'»  qu'une  ii^oa.  U  compoû  éi 


Vî  G 

»»  mdme  fous  le  nom  de  S.  Au* 
n  guflifi,un'Dïalo^e  connre  FéU" 
M  cUn  Arien ,  touchant  l'unité  de 
H  la  Trinité;  &  on  lui  attribue  avec 
*'  ndCon  1  a  fauffe  Dispute  de  5,  Au^ 
"  gufiin  contre    Pafcehùus  ,   &  'le 
"  Symbole   qui  a  pafTé  û  long- 
**  temps  fous  le  nom  de  .5.  Atha- 
>»  nàft.   Cet    artifice  de   Vigile  de 
*'  Tapft ,  a  produit  de  la  confiifion 
•'  dans  lés  Ouvrages  des  Pères  *, 
*'  car  on  à   long  «-temps  aturibué 
"  les^  fiensaux  auteurs    dont   il 
«^  àvoit  emprunté  le  nom  ;  &  le; 
»  nouveaux  critiques  lui  en  ont 
"  attribué  d'autres  , .  dont  les  au- 
*>  têurs  font  moitis  certains.  Enfin 
"  fon  exemple  peut  avoir  énliardl 
"  pluûeurs   écrivains  téméraires  « 
»  à  fùppofer  fous  de  grands  noms, 
»  de  faulTes  pièces  ;  de  faux  Aéles 
»*  de  martyrs  ,   &  des .  Vies  des 
o  Saints  ».  Après  la  mort  de  yigiU 
de  Tapft  on  eut  beaucoup  dé  peine 
à  reconnoltre  les  Ecrits  qui  étoient^ 
véritablement  de  lui.  Les  cinq  Livres 
Contre  Eùtyckhs  lui  ont  toujours  ét^ 
ilttribués.  Il   les  -compofa  étant  à 
Conftantinople  -,  &   comime   il  y 
jouifToit  d'une  liberté  entière,  il 
ne  crut   pas  devoir  déguifer  fon 
nom.  Ses  Ouvrages ,  &  ceux  qu'on 
hri  attribué  ;  furent   imprimés  à 
Dijon,  i66ç  ,  in-4°. 

L  VIGNE,  { Gacé  de  la  )  Vo^t 
BlGKE-,  n**  I.  . 
.  IL  VIGNE,  (André  delà)  auteur 
-  François  du  xv*  itede;  fe  rendit 
sécommandable  fous  Charles  VIII 
par  les  armes  &  pai;  les  lettres. 
Anne  dé  Bretagne ,  femme  de  ce 
pflèce;  le  prit  pour  fon  fecrétairé. 
Ses  exploits  guerriers  foàt  moins 
connus  que  fiss.  Ouvrages.  On  lui 
doit  une  HlftoUe  dé  Chàrhs  VIII ^ 
qu'il  comprofa  avec  lallgni  ^  itû- 
primée  au  Louvre  ,  in-folio  ^  par 
les  foins  &  avec  les  remarques 
de  Denis  Godefroi,   Il  eft  auffi  au- 

kùx  du  Vir^liT^  fKmwTi  Paris  « 


14^5  ,  m-folio.  Ceft  une  Hif* 
toirc  de  Tentreprife  fur  Naples  pac 
CharUs  Vin:,  très^étailléè  &  très* 
exaâe. 

ill.  VIGNE ,  (  Anne  de  la }  dé 

l'académie  des  Rlcoyrati  dePadoue  à 
naquit  d'un  médecin  de  Vernon- 
fur-Seine ,  habile  dans  fon  art.  Elle 
ayoit.un  frère,  d'un  génie  afliez 
borné  *,  âufll  fon  père  difoit  :  Quand, 
j'ai  /ait  ma  fille  ,  je  pen/oU  faire 
mon  fils  ';  6*  ^uand  j'ai  fait  mon  fils  ^ 
j*al  penfé  faire  ma  filU,  Cette  ingé- 
nieufe  iittératrice  mourut  à  Paris 
eii  1684,  à  la  fleur  de  fon  âge» 
des  douleurs  de  2a  pierre  que  fon 
application  lui  avoit  procurée.  Eilo 
m  éclater  ^  dès  la  plus  tendre  en- 
fance ,  fon  goût  &  fes  talens  pour 
la  poéfie.  On  temarque .  dans  fe$ 
vers  .de  U  grâce,  &  des  tournures 
agréables  ;  mais  ils  manquent  quel^ 
quefois  d'harmonie  &  de  coloris. 
Rivale  de  Sapho  dans  la  poéâe, 
elle  eut  plus  de  vertu  qu'elle.  Elle 
répondit  à  un  homipe  d'efprit  qui 
vouloit  être  aimé  d'elle  : 

Ah  !  fur  mon    càur  ùffe^  de  rim 
prétendre  ; 
Cejfe{  de  le  faire  foujfnrl 
Le  ciel  né  Ca  pas  fait  fi  fenfihÙ 

&  fi  tendre 
Pour  àlmêf  ce  qiâ  doit  périr^ 

Ses  principales  Pièces  font  :  L  Une 
Ode ,  intitulée  :  Monfeigneut  U  Dau^ 
phûi  où  Roi:,  Va  indonnujui  en- 
voya', pour  récompenfe  une  boîte, 
de .  coco  ,'  où  éto'it.  une.  lyre 
d  or  émaillée ,  avec  des  vers  à  fa 
louange,  il.  Une  autre  Ode  à  Ma-  ' 
demoifelle  de  Scudéry  ,.  foii  amie* 
III.  Une  Riponfe  à  MadémoifeUe 
Vcf canes  i  nièce  du  célèbre  philo- 
fophe  :  Mâdemoifelle  dt ,la  yignt 
goûtoit  btraUi;oup  fes  principes.  IV. 
Quçl  ues  autres  petreès  Pièces  de 
verf,  qu'on  a  reaieilliesà  Paris  dans, 
ua  peut  io-$^ ,  &  qu'où'  rettouvdi 


1 


J56       V  r  G 

dans  le  Parnaffc  dis  Dames  par  M, 
de  SauvipiL 

IV.  VIGNE ,  (  Malcrais  de  la  ) 

Fbyei  DëSFORGES. 

ViGNEROD,   Voyci  AX^igne- 

&OD. 

VIGNES  ,  (Pierre  dés  )  né  à 
Capoue ,  s'éleva  de  la  caiitance  la: 
pius  bn^ev  à  la  charge  de  chan- 
celier de  Vem^sr eut  Frédéric  Ik  On 
ignore  qui  étoit  fon  pcre  -,  la  mère 
ni'ïndioit  fon  pnin  pour  elle  & 
pour  fon  âls.  Il  iit  fcs  études  à 
Bologne  ,  par  le  fecours  de  quel- 
ques perfonnes  charitables ,  char- 
mées de  la  vivacité  de  fon  efprtt. 
Le  hafard  Fa^^ant  conduit  auprès  de 
Fenipereur,  il  plut  par  fon  génie, 
obtint  une  place  dans  le  palais ,  âc 
ne  tarda  pas  à  s'avancer.  Devenu 
habile  dans  la  jurifprudence  &  ayant 
Pefprit  des  afï^ircs  ,  il  gagna  entiè- 
rement les  bonnes  grâces  ^de  fon 
maître.  Son  élévation  fut  rapide  ; 
il  fut  protonotaire ,  confeiller,' chan- 
celier ,  &<  entra  dans  toutes  les 
affaires  fecretes  de  Frédéric,  Il 
fervit  avec  zèle  ce  prince  >  dans 
les  différens  qu'il  eut  avec  les 
papes  Grégoire  IX  &  Innocent  IV  i 
&  fut  député,  en  1245  ,  au  con- 
cile de  Lyon ,  pour  empêcher  que 
ce  prince  n'y  fût  condamné.  Il 
jouit  long-temps  d'une  faveur  dif- 
tinguée,  qui  lui  fit  beaucoup  de 
jaloux.  Us  l'accuferent  d'avoir 
voulu  empoifonner  l'empereur  par 
les  mains  de  fon  médecin.  Les  hif- 
toriens  varient  fur  l'année  de  cet 
événement,  &  cette  variété  peut 
caufer  quelque  foupçon.  Quelques- 
uns  croient  que  Fitrrt  du  Vignes 
étdit  véritablement  coupable.  Eft- 
il  croyable  que  le  premier  des  ma- 
giftrats  de  l'Europe,  vieillard  vé- 
nérable, le  confeil,  l'ami  de  fon 
hiaître ,  ait  tramé  un  aufli  abomi- 
nable complot  ?  Etpourqqoi }  Pour 
plaire  au  pape  fon  ennemi.  Où 
potivoit-il  efpérè:  uD«  plus  grande 


fortune.?  Qud  meilleur  pofte  le* 
médecin  pouvoit-il  avoir ,  que  celiH 
de  médecin  de  l'eAipereur  ?  Quoi 
qu'il  en  foit ,  il  efl  certain  que  Pitrre 
des  Vigies  eut  les  yeux  crevés.  i«- 
deric^  après  l'avoir  fait  promener 
dans  plûfîeurs  villei  d'Italie,  le 
livra  aux  Pifans  qui  le  haïiToient- 
morteilement.  Plufieurs  autres  Ita- 
liens pritendent  qu'une  intrigue  d&' 
cour  fut  la  caufe  de  ta  difgrace , 
&  porta  Frédéric  II  à  cette  cruauté  ; 
ce  qui  cft  plus  vraifemblable.  L'in- 
fortuné chancelier ,  ks  de  fe  voir 
dans  une  dure  prifon ,  fe  caffa  la^ 
tête  ,  en-  1249 ,  contre  une  co- 
lonne à  laquelle  on  i'avoit  attaché. 
Pierre  des  Vignes ,  dit  M.  Lundi  ^ 
p^ui  palTer  pour  un  fécond  Caf- 
fiodorc.  Il  y  eut  une  reffemblance 
marquée  entre  ces  deux  miniilres  ^^ 
leur  génie ,  leurs  inclinations ,  leur 
pouvoir ,  leurs  aventures  &  leurs 
ouvrage!!.  Ce  ne  fiit  que  leur  fin 
qui  fut  très-différente.  Cajfiûdote  fe 
retira  fagement  de  la  cour ,  au  liea 
que  Pierre ,  ayant  vpulu  feire  têce- 
àfeseânemis ,  fuccomba  aux  efforts 
qu'iU  firent  pour  le  perdre.  On  ai- 
de lui  :  I.  Epiflol^ ,  dont  la  moins 
mauvaifb  édition  eft  celle  de  Bâle  •. 
par  IfeUn^  1740  ,  2  vol.  in-S**  \ 
&  la  plus  rare,  celle  de  la  même 
ville,  1539,  in- 8*.  Ces  Lettres^ 
écrites  la  plupart  au  nom  de  Fré" 
deric  II ,  font  une  preuve  de  Isr 
mauvaife  latinité  de  fon  fiede  -,  & 
il  Êiut  plutôt  y  chercher  les  évé- 
nemens  qui  ont  rapport  à  ce  prince  »< 
que  les  grâces  du  flyle  &  la  pu- 
reté du  langage.  Au  relief  Téditioa 
de  Baie  eil  défeâueufe  à  pluû^rs 
égards.  11  y  manque  pluiieurs  Let- 
tres imprimées  ailleurs.  Il  y  en  a 
d'apocryphes.  On  n'a  pas  obferv4 
l'ordre-  chronologique  ,  &  l'on 
trouve  plufieurs  pafïages  fi  défi- 
gurés ,  qu'ils  font  inintelligibles» 
II.  Un  Traité  De  Pouâate  ImperimlU- 
m.  Une  autre  Dt  Ç^Jplaùon^^  &c«^ 


1 

i 


r 


VI  G 

t>n  a  attribué  à  Iréâcflc  U  &  4, 
fUrre  des  Vignes^  le  livre  imagi- 
naire De  tribus  bnpofiorlbus.  Ce  cui 
a  pu  y  donner  lieu ,  eft  la  Lettre 
de  Grégoire  'IX ,  que  nous  avons 

'  citée  (  article  de  Frédéric  II  )  ;  mais 
ni  cet  empereur ,  ni  fon  chancelier , 
ni  aucun  de  ceux  à  qui  cette  pro-. 
dufbion  a  été  attribuée,  n'en  e(l 
j'autcur.  Du  moins  elle  a  échappé 
k  la  recherclie  des  fa  vans.  Le  livre 
jqui  a  paru  fous  la  date  de  M.  D,  lie 
in-8** ,  compofé  de  46  pages  fans 
titre  ,  eft  une  impofture  moderne. 
On  attribue  cette  fraude  à  Strau- 
Mus  ^  qui  fît  imprimer  ce  livre  à 
Vienne  en  Autriche  ,  en  1753.  La 
prétendue  ancienne  édition  fans 
date  y  d'après  laquelle  celle-là  a  été 
feiie ,  n'a  jamais  fté  viie  de  qui 
que  ce  foit. 

VIGNEUL  DE  MARVILLE  > 
Foyei  ArgÔNNIE. 

I.  yiGNIER,  (  Nicolas  )  né  en 
1530  à  Troyes  en  Champagne, 
mort  à  Paris  en  1595  ,  s*acquit 
beaucoup  de    réputation   dans  la 

.  pratique  de  là  médecine.  Il  s'ap- 
pliqua aulîî  à  rjîiftoire  &  devint 
lîiftôriographe  de  France.  On  a 
fie  lui  un  grand  nombre  d'ouvrages 
e^  latin  &  en  françois ,  qu'on  ne  lit 
plus  y  mais  que  les  favans  confultent 
avec  fruit.  Le  plus  curieux  eft  fon 
TraJté  de  Tori^ne  &  demeure  des  anciens 
François ,  à  Troyes ,  chez  GamUr , 
1582  ,  in-4**.  Le  laborieux  compir 
lateur  ,  André  du  Chefné ,  traduifit  çc 
livre  en  latin,pour  Iç  mettre  à  la  tête 
de  fa  Colleâtîon  des  anciens  hifto- 
riens  François.  On  a  encore  de  lui  : 
I.  Rerum  Burpindlcnum  Chronlcon  , 
Bâle,  15  75  ,  in-4°.  Cette  Chronique 
4e  Bourgogne  s'étend,  depuis  le 
commencement  du  v*  fiecle  jufque 
vers  la  fin  du  xv^.  IL  Frefféance 
4:ntre  I4  France  &  l'Êfpagne  ,  in-8*, 
in.  Faftes  des  anciens  hébreux  ,  Grecs 
ù  Romains,  1588,  in-4**.  IV.  BU 
^iwihe^ue  hîjioriale ,  en  4  vol,  in-fol. 


Quoique  ce  livre  ne  (bit  pas  exempt 
de  fautes ,  &  qu'il  foit  affez  niai 
écrit ,  l'abbé  Lmglet  dit^ju'il  ^  affez 
cftimé,  &  qu'il  peut  tenir  une  place 
dans  les  Bibliothèques*  V.  Recueil 
de  CBlftolre  Jie  PEgllfe ,  in  ^  folio  , 
léoi ,  peu  eftimé ,  &  dans  lequel 
fes  fils  qui  le  publièrent ,  ont  fourré 
(  dit  NUeron  )  tout  ce  ce  qu'ils  ont 
voulu. 

IL  VIGNIER.  {  Nicolas.)  fils 
du  précédent,  fut  miniilre  à  Blois 
au  commencement  du  xvi*  fiecle, 
&  rentra,  après  l'an  1631,  dans 
l'Eglïfe  Catholique ,  comme  avait 
fait  fon  pcre  avant  de  mourir.  U  a 
fait  plufieurs  Ecrits  de  Controverft.^ 
entièrement  oubliés. 

IIL  VIGNIER ,  {  Jérôme  )  fils 
du  précédent,  né  à  Blois  en  1606, 
fut  cicvé  dans  le  Calvinifme  ,  & 
devint  bailli  de  Baugency.  Ayant 
en  fuite  abjuré  la  religion  Protef- 
tante  ,  il  entra  dans  la  Congréga- 
tion de  ^Oratoire ,  &  fut  fupérieur 
de  diffcrent^.î  Maifons  ,  où  il  édifî* . 
autant  p^r  fa  piété  îqtl'il  étonna  par 
la  variété  de  fes  lumières.  11  exceHa 
fur -tout  dans  la  connoifTance.  des 
Langues ,  à^s  Médailles  &  des  An- 
ciquitcs ,  &  de  l'origine  des  Maifons 
fouverainc»  de  l'Europe.  Ce  favant 
mourut  à  la  Maifon  de  Sairtt-Ma- 
gloire  à  Paris.le  14  Novembre  166 1, 
355  ans.  Tout  ce  que  nous  avons 
de  lui  ,  eft  plein  de  grandes  re- 
cherches -,  mais  le  Ôyle  de  fes  Ou- 
vrages eft  rebutant.  Les  principaux 
font  :  I,  La  véritable  origine  de  la 
Maifon  JtAlface ,  de  Lorraine  ,  d'Au" 
triche,  &c.  Paris,  1649,  in-folio* 
L'auteur  juftifie  les  faits  par  les  titres 
&  les  Chartres  ;  mais  y  a  bien  dçs 
fautes  de  chronologie.  IL  Un  Sup- 
plément aux  Œuvres  de  5.  Auguftîn , 
Paris  ,  1654  ,  in-folio,  dont  il 
trouva  des  manufcrits  à  Clairvaux , 
•  qui  n'avoient  point  encore  été  im-  . 
primés.  III.'  Une  Concordance  ft-an- 
çoife  des  Evangiles.  IV.  V Origine  des 

Z  iij 


1 


1^8        V  I  G 

Jlou  di  Bourgogne*'  V.  La  GMalûgjle 
aes  Cofktt*  de  Champagnt.  VI.  Summa 
jiufirîacum  ,  165 o  ,  in  -fol.  On  lui 
cft  encore  redevable  de  deux  vol. 
£e  VHiftoîn  EceUfiafiiqm  Gallleant  ; 
de  plufîeurs  Pièces  de  PoéJU  ;  de 
quelques  Paraphrafis  des  P{eaumes 
en  latin  ;  d'une  Oraîfcn  funèbre ,  Sic, . 
'^  VJGNQLE,  (Jacques  Baro?- 
zio ,  furnommé  )  (avant  arcluteâe , 
vit  le  jour  en  1507  à  Vignola  , 
au  duché  de  Modene  «  d'un  gentil- 
hommé  Modenois,  que  les  diicordès 
civiles  avoiént  obligé  de  quitter  t^ 
patrie.  Il  s'aionna  d*abord  à  ta 
peinture  ;  ce  fut  cet  art  qui  le  fit 
fubiîfier  dans  fa  jeuneiTe.  Entraîné 
far  fori  inclination  pour  l'ardii- 
teâure  ,  il' alla  à  Rome  pour  y 
étudier  les  plus  beaux  reftes  de 
l'antiquité.  Son  travail  Sr  les  leçons 
qu'il  prit  des  meilleurs  architcâes 
de  fon  temps  &  des  amateurs  éclai- 
rés y  lui  donnèrent  une  intelligenée 
parfaite  dç  l'ar^  dé  bâtir'.  Il  vint  en 
France  foiîs  le  règne  de  François  Z, 
où  il  donna  lies  plans  pour  pi  ufieurs 
édifices  -,  quelques-uns  même  pré- 
t'endent  que  le  château  de  Cham- 
$ord  fut  conftruit'fur  ics  deil^s. 
VîgnoU  s'attacha  à  Ftançois  Pùmathe, 
s(rchitçâe&  peintre  Bolonois,  qui 
ét^it  au  ièrvice  du  roi.  Il  le  fecourut 
dans  tous  Tes  ouvrages ,  &  l'aida  à 
jeter  en'  bronze  les  Antiques  qui 
font  à  Fontainebleau. Xe  cardinal 
Fdrrtefe  choiilt  VignoU  pour  or- 
donner lé  bâtiment  dç  Ton  magni- 
fique pal;iis  de  Cajprardle  ,  à  uAe 
journée  de  Rome.  Vtgnàlc  mourut 
dans  cette  ville  le  7  Juillet  1575,' 
à  66  ans ,  après  avqir  reçu  plufieuts 
Àatques  d'eftime  de  la  part  des 
Souverains  pontifes.  Outre  les  édi- 
tées ,  foit  ^ubUcs ,  foit  pardculiers, 
que  VignoU z.  Conduits,  &  quiïbnt 
en  (rès-grand,  nombre ,  il  a  encore 
Compore  tfti  Traité  des  cinq  Ordfis 
ê^ Archîuclure ,  qui  lui  a  fait  beaucoup 
d'houneur  >  &  qui  a^  i%i  traduit  & 


V  I  G 

commenté  par  DavîlUr^  Pans. ,  1 6^  i  ; 
3  vol.  in-4®  ;&  1738  , 2  vol.  gran4' 
în-4^  •,...  &  un  autre  dans  fa  langue,' 
fur  la  PerfpecUvt  Pratique^  commente' 
par  U  Danti, 

I.  YIGNOLES.  (Etienne  de) 
plus  conn  u  fous  le  nom  de  la  Hirm^ 
étoit  de  l'illùfire  maifon  des  barons 
de  VlgnoUs  ,  qui  étant  chaâ^s  de 
leurs  terres  par  lés  Anglob ,  s'étà> 
blirent  en  Languedoc  II  (ut  l'un  dés 
plus  fameux  capitaines  François  du 
règne  de  ekarUs  VIL  Ce  fîit  lui  qm 
£t  lever  le  ifiég^  de  Montargis  au 
duc  dt  Bidford ,  &  qui  accompagna 
la  £imeufe  PuulU ,  Jeanne  'd*Arc ,  ail 
iîége  d'Orléans  ,  6ù  il  fe  iîgnala 
avec  cette  héroïne.  La  jilfe  ûm$ 
fç$  purs  à  Montaubân  en  1447. 
Il  tient  un  rang  diflîngué  parmi  les 
héros  qui  rétablirent  Charles  Vii 
fut  le  trône.  Voy,  à  l'article  de  ce 
monarque  une  réponfe^énéreufe  d^ 
la  Hire, 

II.  VIGNOLES ,  (Alphonfe  de) 
fils  d'un  maréchàl-de-camp ,  d'une 
funille  andetme ,  naquit  au  château 
d'Aubais  en  Languedoc ,  en  1649 , 
dans  le  fein  du  Calvinifinè.  Après 
avoir  porté  les  antie^  pendant  quel- 
que temps ,  il  étudia  à  Saumiir  pour 
pouvoir  ex^cer  le  miniftcre.  H  fut 
d'abord  minière  à  Aubais  ,  puis  à 
CailàtfOii  il  reila  )u{qu*à  la  révo- 
cation de  i'Edit  de  Nantes  en  1685. 
Réfugié  dans  le  Brandebourg ,  il  fut. 
bien  accueilli  par  Pclcé^eur,  & 
Revint  fuccefCvement  minifhre  de 
$ch\f edt  ,  de  HjU  &  de  Brande- 
bourg, près  de  Berlin.  Son  favoir 
profond  le  fit  mettre  dans  la  liflcdes 
membres  de  l'académie  des  Scierxâ 
de  Berlin  ,  lors  de  rétablifTemenj: 
de  cette  compagnie  en  1701.  î^. 
célébré  Leânîti ,  ami  de  VlgnoUs^ 
dont  il  étoit  capable  dç  fentir  le 
;nérite ,  engagia  le  rolde  PrufTe  à  le 
fiiire  vet\ir  à  Berlin.  Il  s'y  rendit  eQ 
1703 ,  &  y  demeura  les  40  dernières 
années,  de  (a  vi^ ,  auffî  eiHnié  ^K 


/ 


VI  G 

ies  talens  de  Vefprit  qu*aimé  pour 
les  qualités  du  cœur.  It  fut  élu 
diredeur  de  l'académie  Toyale  des 
Sciences  de  Berlin  ,  en  1717  *,  place 
qu'il  remplit  avec  diftinÛtion.  yi» 
ptolts  s'étoit  annoncé  dar^s  la  x^' 
publique  des  Lettres  par  plufieurs 

I  Ouvrages.JLe  plus  coniiu  eft  la 
Chronologie  de  tHiftoln  Sainte  &  des 
Hifioîhu  étran^res  que  la  concernant , 
depuis  la  fortle'  d'Egypte  ,  jufqu*à  la 
captivité  de  Bahylone ,  Berlin ,  1738 , 
en  2  vol.  in-4**.  Ce  livre  fuppôfe 
une  léé^ure  prodigieufe ,  yn  travail 
incroyable ,  6e  les  plus,  profondes 
recherches.  [  On  en  troi^ve  des 
extraits  dans  la.  nouvelle  édition 

'  des  TakUues  de  l'abbé  LaigUt  du 
Frefnoy,]  On  a  encore  de  Fignoles 

'r  nn  grand  nombre  à-Ecrits  &  de 
piffenations  dans  la  Bibliotheqj^  Ger- 
maniqtu;  dans  les  Afémolres  de  là 
Société  royale  d&  Berlin  *,  dans 
VH'floire  critiqua  dç  la  République  des 
Lettres  ,  par  idaffon  ,  &c.  On  eftime 
iUr-tout  fon  Eplfiola  Chroiiologica 
aâverfus  liàrdutnum  ,  &.  Tes  Conjec^. 
mres  fur  la  iv*  Egloguede  Virgile  ^ 
intitulée.  Po//ron.  Gp  illuftre  favant 
soourut  à  Berlin  le  24  Juillet  1 744 , 
après'  avoir,  fourni  une  carrière  de 
^5  ans.  Quoiqu'il  n'eût  quç  des 
revenus  modiques ,  il  trouva  dans 
une  fage  économie  le  moyen  de, 
ibcourir  les  indigenSt  La  frugalité 
étott  Ton  tréfor.  Lç  précieux  idon 
de  la  tranquillité  d'ef prit  contribua, 
Isns  doute ,  à  prolonger  (es  jours. 
¥oy.  li-  Lenfant. 
.  I.  VIGOR ,  (Simon)  fit  fcs. 
études  à  Paris  ,  &&it  reâeur,  de 
Vuniverfité  en  1 540.  11  devint  en- 
faite  pénitencier  d'Ëvreux  (a  patrie^. 
Il  accompagna  l^évêque  de  cette, 
ville  au  concile  de  Trente,  où  il 
piérita  l'e(time  des  Pères  par  fon 
favoir.  Nommé  curé  de  Saint-Paul 
à  Paris ,  il  prêcha  avec  tant  de  zèle 
contre  les  Calvinifies ,  qu'il  fut  fa^t 
^  9(çhfiv4f(u^^:^atboniiçen^Z)70.. 


.       VIL  359 

ïl  continua  de  s*y  fignaler,&  comme 
controverfifte  Ù.  comme  prédica- 
teur. Ses  Sermons  ont  été  imprimé^ 
en  1584.,  4,  vol.  in-i^**.  Ils  ne  fer- 
vent aujourd'hui  qu'à  prouver  danf 
quel  trifte  çtat  fe  trouvpit  rélQ<i 
q'uence  Françoifç  au  xyi**  fiede^ 
Cj'eft  lui  &  Claude  de  Saintes ,  quj 
eurent,  en  1 566 ,  une fameufe  con^r 
férenôî  de  coniroverfe  avec  les 
niiniflces  de  CEfpint  H  Surrau  du 
Rofier,  Les  Acîes  de  cette  conférence 
parurent  en  15^8 ,  in-8**.  Lefavant 
Pierre  Plthou^  ï\x%  unç  des  conquêtes 
de  cej;  ijhiftre  préiaî,qi:i  ijiourut  à 
Carcaffonne  le  I  Novembre  157$,. 

II.  VIGOR ,  (  Simon  )  oeveu  dn 
précédent,  mourut  le  29  Fcvrier 
1624  ,  ^  68  ans  ,  confeillér  au 
grand-confidl.  Oi\  lui  attribue  une 
lUiftoire  curieufe  &peu  commune  , 
imprimée  fousi..  ce  ^tre,  .'  Hiftorla 
eorùm  qua  acla  funt  intsr  Philip* 
pum  PulChrum  ,  Regem  ChrijUanif-r 
Jim{fm  ,  &  Qoni^acium  V! III ,  /  <î  1 5  ,. 
în-4''.  11  fe  diftingua  par  fon  zelç 
pour  les  libertés  de  l'Êglife  Gaï- 
Ijcane.  Il  prit  1;^  déf&nfe  du  doâeur 
Richèr  avec  heaqcoup  de  chaleur.. 
On  a  de  liiv  quelques  Ouvrages  fur 
ces  deux  objets  ,  &  f\jr  l'autorité 
des  Conciles  généraux  Se,  des  Papes.- 
On  les  a  recueillis,  en  un  volumq, 
in-4°,i683.  *  * 

VlLÏROy ,  Voy.  ViLLEFROr. 

VILLAFAGNE  ,  (  7ean  Arphct 
de  )  auteur  Espagnol ,  e^ficonnu  par 
un  Livre  auffî  rare  que  recherché.^ 
Il  çft  intitulé  :  Qwlatadordela  Plaia , 
Qto\  y  Piedras ,  Valladolid ,  1 572'  k 
in- 4**;  L'édition  de  Msidrid,  159^». 
in-8** ,  moins  rare ,  eft  ^^mentée. 
d'un  livre.  / 

h  VILL^tPANDE  ,  (  Jçaq. 
Baptifte  ).  Jéfuite,  de  Cordoue  ,. 
habile  dans  l'intelligence  derEcri-* 
ture  fainte  ,  mourut  le  22  Mat 
i6pS  ',  après  avoir  publié  un  Com" 
mentaire ,  aufiî  favant  que  diffus ,  fur.^ 
E^chUl i  cni  3  tomes  in-folio^ 


■i6o        VIL 

Rome  ,  1 596.  La  Defcrlptîon  de  la 
ville  &  du  Temple  de  Jérufalem , 
eft  ce  qu'il  y  a  de  mieux  dans  cet 
ouvrage  ,  quoiqu'à  cet  égard  il  y 
ait  bien  des  conjeâures  hafardécs. 
L'auteur  a  épuifé  fa  matière-»  mais 
il  eft  très- difîiâle  d'être  auffi  patient 
à  le  lire ,  qu'il  fut  confiant  à  le  corn- 
pofer.  La  figure  du  Temple  ne  fe 
prouve  pas  dans  tous  les  exem- 
plaires... Voy.  Prado. 

II.  ViLLALPANDE,(Gafpar) 
théologien  controverfifte  de  Sé- 
^ovie ,  &  doâeur  dans  l'univerfité 
d'^lcala ,  parut  avec  éclat  au  con- 
cile de  Trente ,  &  mit  au  jopr  divers 
Ouvrages  de  Controverfe ,  dont  on  np 
fe  fouvient  plus. 

III.  VlLLALPANDE,(Françoîs 
Torreblanca)  eft  auteur  d'un  Traité 
tare ,  intitulé  :  Epîtome  DcUciorum  , 
feu  De  Invocatlom  Damonum^  Hif- 
pâli,  1618 ,  in-foUo.  Il  y  a  à  la 
fin ,  Defen/a  en  favor  de  los  Ubros  de 
la  Magia, 

VILL AMENE,  (François) 
graveur ,  élevé  d*Auguftin  Canache  , 
naquit  à  Afiîfe  en  Italie ,  vers  l'an 
1588 ,  &  mourut  à  Rome  âgé  d'en- 
viron 60  ans.  Ce  maître  efi  recom- 
inandable  par  la  correâion  de  Ton 
deifin ,  &  par  la  propreté  de  fon 
travail  -,  mais  on  lui  reproche 
d'être'  trop  maniéré  dans  fes  con- 
tours. Cela,  n'empêche  pas  que  Tes 
ffi^mpes  n*  f oient  très  -  recher7 
chées. 

VILLANDON  ,  Voyti  héri- 
tier, n**  II. 

V1LLANI,( Jean,Matthieu  &  Phi- 
lippe )  auteurs.  Florentins  du  XIV® 
fiecle.  Les  deux  premiers  étoient 
frères ,  &  le  dernier  çtoit  fils  de 
Matthieu,  Une  même  profeflîon  , 
celle  du  commerce  ,  &  un  même 
goût  d'étude ,  celui  de  l'Hiftoire , 
les  occupèrent  tous  trois  &  les 
fendirent  célèbres  ,  fur -tout  les 
deux  frères.  Nous  avons  de  Jean 
Ut|e  Chronique  en  italien  ,  en  xii 


VI  L 

livres ,  depuis  la  Tour  de  Babf]  ^ 
jufqu'en  1348.  Elle  eft  écrite  avec 
beaucoup  de  fimplicité  &  de  can- 
deur i  mais  l'auteur  paroît  crédule. 
Rtmigio  de'  Florence  y  a  joint  des 
Notes  marginales  &  des  Remar- 
ques (avantes.  Matthieu  la  poufia 
jufqu'en  1364.  .Cette  concinuatioi^ 
eft  auflî  divifée  en  xii  livres,  que 
Philippe  augmenta  &  corrigea.  Le 
tout  fut  imprimé  par  les  Junus  à 
Venife,  en  1559,  1561  ,  15S1  ,  \ 
3  vol.  in- 4**.  11  eft  très-difiicilc  dç 
trouver  ce  corps  d'Hiftoire  de  cette 
édition ,  &  il  eft  fort  cher ,  même 
en  Italie.  On  l'a  réimprimé  à  Mi- 
lan en*  1738,  en  2  vol.  in-folio. 
Il  mérite  d'être  confulté ,  fur-tout 
pour  les  événemens,  des  xiii'  &f. 
xiv*  fieçles,  qui  y  font  détaillés 
avec  affez  d'ordre. 

I.  VILLARET  ,  (  Foulques  de  ) 
grand-maître  de  l'Ordre  de  Saint* 
Jeaiî  de  Jérufalem  l'an  1307 ,  entre- 
prit d'exécuter  le  defiejn  que  Guîl"^ 
laume  de  Villaret  ,  fon  frère  & 
ion  prédécefieur ,  avoit  formé  de. 
s'emparer  de  l'ifle  de  Rhodes.  A 
l'aide  d'une  c^fade  qu'il  obtint 
de  Clément  V,\\  en  vint  à  bout 
Tan  13 10  y  chafia  lesSarrafîns,  & 
fe  rendit  encore  maître ^e  plufieurs. 
ifles  de  l'Archipel.  Le  Couvent  de 
l'Ordre  fut  transféré  à  Rhodes,  & 
les  Hofpiuliers  furent  depuis  apT 
pelles  Rhodîens ,  ou  Chevaliers  de. 
Rhodes.  Les  Turcs  ayant  afiîégé. 
cette  ifie  en  1 3 15 ,1e  grand-maîtreieé 
obligea  de  fe  retirer.  Malgré  les  fer; 
vicê^  qu'il  avoit  rendus  à  i  Ordre» 
il  fut  accufé  de  négliger  les  intéiêrsi 
publics  ,  pour  ne  fonger  qu'aux 
fiens  propres.  Les  chevaliers ,  in- 
dignés dç  fon  defpotifme  &  de  fon 
luxe  ,  l'obligèrent  à  fe  démettre 
l'an  1 319  entre  les  mains  du  papea 
pour  éviter  la  honte  d'une  .dépo- 
iition.  Oh  lui  donna  pour  dédom- 
magement le  prieuré  de  Capoue^  il 
préféra  d'aller  demçurer  CQ  Frapcç 


J 


vit 

iMprès  de  fa  fœur ,  dame  de  Tiran  ; 
en  Languedoc ,  où  il  mourut  l'an 

II.  VILLARET .  (  CFaude  )  né  à 
Paris  en  171 5  de  parens  honnêtes , 
fit  de  bofines  études.  Les  palfions 
de  la  jeuneiTe,  qui  l'agitèrent  aifez 
'  long- temps,  l'empêchèrent  d'abord 
I         d'en   profiter.   Il  débuta  dans  le 
I         monde  littérairç  par  un    Roman 
I         |rès  -  médiocre ,  intitulé  :  La  BtlU 
Allemande.  Il  fit  enfuite  en  fociété 
une  Pièce,  qui  fut  jouéç  fans  fuccès 
au  théâtre  François.  Des  affaires  do- 
meftiques  l'obligèrent ,  en  1 748 ,  de 
{         ^'éloigner  de  Paris  «  &  de  prendre 
le  parti  du  théâtre.  Il  alla  à  Rouen , 
I         «ù,  fous  le  nom  de  Dorvaly  il  débuta 
par  les  tôles  d'Amoureux  -,  il  y  joua 
!         ienfuite  le  Glorieux  ,  le  Mijfanthrope , 
V  Enfant  Prodigue ,  &c.  Il  fut  fou  vent 
applaudi  à  Compiégne  pendant  les 
voyages  de  la  cour.  Il  fentit  bien- 
tôt les   dégoûts   d'un    état    pour 
lequel  il  n'étoit  pas  né  ,  &  qu'il 
!        Il 'a  voit  embraffé  que  par  néceffité; 
En  1756,  il  renonça  au  théâtre  à 
I  ^     t*iége ,  où  il  étoit  à  la  tête  d'une 
troupe  de  comédiens ,  qui  ne  fe 
1        foutenoient.que  par  fes  talens  i  &  il 
ie  retira  à  Paris^  où  il  avoir  arrangé 
|es  affaires  qui  l'avoient  obligé  de 
s'en  éloigner.  11  fut  nommé  pre- 
mier commis  de  la  chambre  des 
Comptes ,  &  contribua  beaucoup  à 
mettre  de  l'ordre  dans  cet  intérff- 
fant  dépôt ,  qui  avoit  été  la  proie 
des  flammes  en  1738.  Ce  travail 
l'arracha  à  {ts  diflîpations-,  &  lui 
îit  connoitre  les  vraies  foùrces  de 
l'Hifloire  de  France.  L'abbé  VtUy 
étant  mort  en  1759 ,  Vtllaret  fUt 
çhoiii  pour  continuer  fon  Ouvrage. 
On  le  nomma  prefque  en  même 
temps  fecrétaire  de  la  Pairie  &  des 
Pairs.     Ces    diverfes  ,  occupations 
alFoiblirent  entièrement  fa    com- 
plexion ,    naturellement    délicate. 
Une  maladie  de  Turethre ,  dont  il 
^toit  afHigé ,  l'emporta  au  mois  de 


VIL  3<î| 

Mars  1766.  Son  caraûere  étoit 
excellent.  Quoiqu'il  fût  extrême? 
ment  timide ,  &  par  conféquent  mi 
peu  fombre ,  il  étoit  avec  fes  anus  ,• 
.  doux  ^  honnête,  poli  &  d'an  bon 
commerce.  Sa  continuation  de  VHîf4 
toirt  de  France ,  commence  au  Viii* 
vol.  par  le  règne  de  Philippe  Ki,  8c 
&  finit  à  la  page  348  du  xvii% 
Elle  eil  pleine  de  rec^ierches'  îmé- 
refîantes  &  d'anecdotes  cimeufes;^ 
mab  il  n'efl  pas  affez  concis.  On 
lui  reproche  des  préfeces ,  des  Ion-* 
gueurs  ,  des  écarts  ,  des  détaifar' 
rebattus  dans  toutes  les  Hiftoiie^ 
•  générales ,  &  qui  l'éloigooient  de 
l'objet  primitif,  qui  étoit  l'Hif^ 
toire  de  la  nation.  Son  flyle,  élé- 
gant &  plein  de  fieu,  eft  quelque** 
^is  trop  abondant  «  trop  poétique , 
&  s'écarte  de  temps  en  temps  de 
la  grave  fimplidté  de  l'Hifloire.  Oa 
a  encore  de  lut  des  Confidératùms: 
fur  Tari  du  Thédtre^  17^8,  in -8*: 
ouvrage  où  il  y  a  peu  de  iHcfiexion^ 
neuves  ;  &  V^prù  de  Fo/taîre^, 
j7j9,in-8^ 

VILLARS,(Du)  Foy.  Boiviw, 
n*>  I. 

I.  VILLARS,  (André DE  Brak* 
CAS  ,  feigneur  de)  d'une  famille 
ancienne  ,  originaire  de  Naples  ^ 
mais  établie  en  France  vers  le  mi-- 
lieu  du  xiv'  fiecle.  S'étant  latfle' 
féduire  par  les  partilkns  de  la  ligue 
&  de  TËfpagne  ,  il  foutint  le  fiége  ' 
de  Rouen  contre  Henri  IV y  en  1 592. 
Mais  après  l'abjuration  de  ce  prince 
en  1594  >  il  lui  remit  la  ville.  Sully  " 
av<Mt  été  chargé  de  négocier  avec  lui  ^ 
pour  le  détacher  de  la  Ligue.  Cette 
négociation  étoit  fur  le  point  d'être 
conclucylorfqu'on  perfuada  à  r/ZAir^ 
.  que  Sitl/y  avoit .  formé  le  projet  de 
s'emparer   de  fa  perfonne  pour  le 
faire  affafîîncr.  VUlars  arrache  fur  le 
champ  le  traité  des  mains  de  Sul/y 
&  le  jette  au  feu.  La   modératioii 
de  l'un  calma  les  emportemens  de 
l'autre.  Jour  fut  éclairçi ,  &  VUlars  '- 


î6»         VIL 

après  ivoîr  fait  pendre  l'auteur  d< 
rimpofture  ,  figna  fon  traité.  La 
charge  (i*amiral  fut  le  prix  de  Ta 
foumiifion  ^  de  Ton  courage.  Ayant 
été  battu  &  fait  prifonnier  a  h  ba- 
taille 4ç  Pourlens  »  le  24  Juillet 
X59Tt  P3'  ^^s  Efpagnols  ,  il  fut 
tpc  d#  ùng-froid ,  fçlon  Tubage  de 
ce  peuple,  qui  maÎTs^prou alors  fans 
pitié  ceux  qui  les  quittoient  après, 
avoir  été  à  leur  folde.  Villars  etoit 
I^rave ,  déiintéreiTé  *  p^eiti  d'audace, 
*  incapable  de  diffimulat.on,  indigi^ 
contre  tout  artifice ,  fnais  fier  & 
emporté.  Il  avoit  pl\ifieurs  traits 
de  reflemblance  avec  Htnri  IV 
qui  l'eitimoît  beaucoup.  L'amiral 
o'ayant  pas  été  marié  ,  un  de  (es 
frères  forma  la  brançhç  des  ducs  d€ 
Villars  Brancas, 

IL  VILLARS!,  (Louis-Heaor, 
marquis^  puis  duc  de  )  pair  &  ma- 
réchal de  France,  Grand  d'Efpagne, 
chevalier  des  Ordres  du  roi  6c  de  la 
ifoifon  d'or ,  gouverneur  de  Prq- 
Tence,  &c.  naquit  à  Moulins  eii 
Bourbonnois,  en  1653,  d'une  fa- 
mille originaire  de  Lyon  ,  qui  a 
ifonné  cinq  archevêques  de  fuite  \ 
l'églife  de  Vienne,  &  des  hommes 
diAingués  dans  la  robe  &(.  dai^s 
l'épée.  Louis  -  HeHor  étoit  fils  de 
PUrre  de  Villars ,  chevalier  dçs  Or- 
dres du  roi ,  qui  fervit  l'éta^  avec 
diflinâion,  &  comme  militaire  & 
comme  ambafladeur  dans  diverfes 
cours.  Il  porta  les  armes  fort  jeune  *, 
fon  courage  &  fa  çapicité  annon- 
cèrent dçs-lors  à  la  France  un  dé- 
fenfeur.  Il  fut  d'abord  aide-de- 
camp  du  maréchal  de  BeîUfons ,  fon 
CQufin.  II. fervit  enfuite,  Tan  1672» 
en  Hollande  9  &  fe  trouva  au  paf« 
fage  du  Rhin.  Il  fe  fîgnala  l'année, 
d'après  au  fiége  de  Mafb-icht. 
Ls>uîsXlV ,  charmé  de  fon  ardeur 
naifîante  ,  l'honora  de  fes  éloges. 
llfemhU  y  dit  ce  monarque ,  gue  dès 
qtfe  Pcn  tire  en  quelque  endroit ,  ce  petit 


VIL 

La  valeur  qu'il  montra  au  eombal 
de  Senet\  en  1674  <  où  il  fut  blefië, 
lui  valut  un  régiment  de  cavaleriç. 
Après  s'ê<re  trouvé  à  plufîeurs  fié- 
ges  fie  à  dilfércns  combat,  il  atca-^^ 
qua;  Cous  les  ordres  du  maréchal 
de  Criqul ,  Tarriere-garde  de  l'armée 
de  l'empereur ,  dans  la  Vallée  de- 
Quekembacq  au  paiTage  de  Kinche 
en  1678.  U  fit  de  fi  belles  chofes. 
dans  cette  campagne,  que  Créqul  lui 
dit  devant  tout  le  monde  :  Jetme- 
homme  t  fi  Dieu  teUiJfe  vivre  ^  iu  auras, 
ma  place  plutôt  qiu  perfontu,  11    fa 
tcou^ra  U  môme  année  au  fié^e  &  à 
la  prilè  du  fort  de  Kell ,  où  il  juf- 
tifia  cet  éloge.  Honoré  du  titrcde. 
marcchal-de-camp  en  1690  »  il  fe. 
dilUngua  Tannée  d'après  à«J^eufe«. 
où   28  de  nos  efcadrons   triom- 
phèrent de  60  i  fie  l'année  fuiva«té. 
à.  Phortfein,  où  le  duc  de  ÏViuem^. 
herg  i\x%  pris  fie  fon  armée  déÊiite. 
Après  la  paiiç  de  Ryfvick ,  il  alU 
à  Vienne  ,   en    qualité  d'envoyé 
eiçtraordinaire*,  mais  il  en  au  rap-.. 
pelé  en  1 70 1 ,  On  l'envoya  en  ïtahe, 
où  dès  fon  arrivée  il  fe  fignala  par- 
la débite  d'un  corps  de  troi4>es 
qui  vouloit  l'enlever.  Delà  il  pafTa 
en  Allemagne.  A  peine  efl-il  arrivé^ 
qu'il  pafife  le  Rhin  à  la  vue  des  einne-v 
mis,  s'empare  de  Neubpurg»  &rem« 
porte  à  Fridelinghen  panm  mouvez, 
ment  habile,  le  uQÛobxie  1702, 
une  viftoira  complète  fur  le  prince 
de  Bdde ,  qui  y  perdit  trois  mille, 
hommes  tués,  fur  la  place.  L'année, 
d  après  il  gagna  une  bataille  à  Hoch- 
fiçt ,  de  çoncen  avec  l'éleûeur  de. 
Bavière.   Cet.  éleveur  n'avoir  pas 
voulu  d'abord  combattre.  11  vou- 
loit conférer  avec  fes  généraux  fie 
avec  fes  minières.  C'eft  moi  qui  fuis,, 
votre  Miaifire   &  votre  Çç^é/O^plui. 
dit  Villars:  Vous  faut-il  d^  autre  con- 
feîl  que  moi ,  qtfqnd  il  s*4fgit  de  donnet. 
bataiUe?.  Il  la  dqâna  en  efl^etficfut 
vainquciur.  De  retour  en  France^ 
il  fu|  envoyé^  au  o^oi^  de  V?^ 


] 


VIL 

17041  coramandei; en  Languedoc/ 
pù  depuis  deux  ans  les  fanatiques, 
^Ppuyés  par  des  puîiTances  étran- 
gères, a  voient  pris  \e\  armes,&  com- 
jfnettoieut  des  violences  extrêmes. 
»»  Je  tâcherai,  dit-il  à  Loués  XÎV ^ 
M  de  terminer  par  la  douceur ,  des 
l»  malheurs  ,  où  la  févérité  me 
;  y>  paroît  non  -  feulement  inutile  1 
>«  mais  dangereufe  «.  En  effet  Iç 
marédial  ât  VîÙars  eut  le  bon* 
heur  de  réduire  les  rebelles  autant 
I  par  la  prudence  que  par  la  force , 
&  forcit  du  Languedoc  au  commen- 
cement de  17c  j ,  avec  La  confola- 
\  lion  d'y  savoir  remis  le  calmé.  [  Voy, 
'  CA.VALIER.]  F*7/tfw,nécefrair€cn 
1  Allemagne  pour  réJfiiler  à  MarUbo- 
I  rougjk  viâorieux ,  eut  le  commande- 
I  ment  des  troupes  qui  étoient  fur 
la  Mofelle ,  où  il  déconcerta  tous 
les  projets  de»;  ennemis.  Après  les 
îivoir  obligés  de  lever  le  blocus  du 
I  Fort-Louis ,  il  remporta  une  vic- 
toire en  1707,  à  StolhofFen^  &  y 
trouva  166  pièces  de  canon.  Il 
traverfa  enfuite  toutes  les  gorges 
i  des  montagnes,  &  tira  de  l'empire 
plus  de  18  millions  de  Contribu- 
tion. Le  Dauphiné  fut ,  en  1708 , 
le  théâtre  de  fes  exploits  -,  l'habile 
général  fit  échouer  tous  les  def- 
feins  du  duc  de  Savoie.  //  faut , 
^oit  un  Jour  ce  prince  éclairé ,  qut 
le  maréchal  6e  VUlsTS  fou  forcUr , 
pour /avoir  tout  ce  que  je  dais  faire  ; 
jamais  homme  ne  m'a  4onné  plus  de 
peine ,  ni  plus  de  chagr'n.  Après  la 
Campagne.  Louis  JCty  dit  à  Villars: 
Vous  m' avlei  promis  ^i  défendre  Lyon 
^  le  Dauphiné;  vous  êtes  homme  de 
parole ,  &  je  vous  en  fc^s  bon  gré.'— 
Sire,  répondit  le  maréchal,  j'au- 
rois  pu  mieux  faire ,  fi  j'avois  été  plut 
fort.  Rappelé  en  Flandres  »  il  bat- 
toit  les  ennemis  k  Malplaquet  près 
^e  Mons  en  1709,  lorfqu'il  fut 
bleifé  aiTez  dangereufement  pour  fie 
<aire  adminiftrer  le  Viatique.  On 
^opofa  de  faire  cette  cérémonie  en 


VIE  363 

lecret.  Non ,  dit  le  maréchal ,  puif^ 
que  V armée  na  pas  pu  voir  mourif 
Villars  en  brave  ,  il  cfl  bon  qu*elU 
le  yoie  mourir  en  Chrétien,  On  prétend 
que,  lorfqu'il  partit  pour  rétablir 
les  a6Eairef  de  la  France ,  Madame 
la  duchefife  ie  Villars  voulut.  1« 
diiTuader  de  fe  charger  d'un  fardeau 
fi  dangereux.  Le  Maréchal  rejeta  ce 
confeil  timide.  Si  j'ai  ,  dit-il ,  U 
malheur  d'être  bauu  ,  j'aurai  cela  de 
commun  avec  les  Généraux  qui  ont 
commandé  en  Flandres  avant  moi  :  Si 
je  reviens  vainqueur  y  ce  fera  une  gloire 
que  je  ne  partagerai  avec  perfonne.  Il 
eut  bientôt  cette  gloire  fi  flatteufe. 
Il  tomba)  inopinément,  le  24  Juillet 
17 11 ,  fur  un  camp  de  17  bataillons 
retranchés  à  Penain  fur  l'Efcaut, 
pour  le  forcer.  La  chofe  étoit  diffi- 
cile ;  maïs  Villars  ne  défefpéra  pas 
d^en  venir  à  bout.  M^JJieurs ,  dit-ii 
k  ceux,  qui  étoient  antour  de  lui  » 
les  ennemis  font  plus  forts  que  nous  ; 
ils  fon^  mime  retranchés.  Mais  nous 
fommes  Fràngoifi  i  il  y  va  de  l'honneur 
de  la  Nation  :.  il  faut  aujourd'hui 
vaincre  ou  mourir ,  &je  vais  moî-memt 
vous  en  donner  l'exemple.  Après  avoir 
ainfi  parlé  «  il  fe  met  à  la  tête  des 
troupes  ,  qui  ,  excitées  par  fon 
exemple  ,  font  des  prodiges  ,  & 
battent  le^  Alliés  commandés  par 
le  prince  Eugène,  Villars  fut  vainae 
&  profiter  de  fa  viûoire.  Il  emporta 
avec  la  plus  grande  célérité  Mar- 
chiennes,  le  Fort  de  Scarpe,  Douay, 
le  Quefnoy ,  Bouchain.  Ses  fuccès 
hâtèrent  la  paix.  Elle  fut  conclue  à 
Rafiadt  le  6  Mai  1714,  &  le  Mar- 
réchal  y  fut  plénipotentiaire.  Après 
la  mort  de  Louis  XIV ,  le  vainqueur 
de  Denain  conferva  d'abord  foa 
ctédit  à  la  cour ,  qui  avoit  befoin 
de  fes  talens  &  de  fes  lumières.  Il 
fîit  fait  préfident  du  confeil  de  guerre 
en  171 5 ,  &  admis  au  confeil  de  ré* 
gence  en  171  S.  Au  milieu  des  intri« 
gués  qui  agitèrent  ce  temps  ora- 
geux, Villars  garda  une  neutralité 


1 


364         VIL 

qui  augmenta  la  confidératSon  dont 
«1  )ouiiroit  &  niiiiît  à  fa  faveur. 
Mais  quand  le  bouleveifement  oc- 
caiionné  par  le  fyûèmc  de  Law  ,  eut 
liffligé  la  moldc  de  la  France ,  Ki/- 
Jurs  crut  devoir  mettre  Tous  les  yeux 
4iu  régent  ,  la  fortune  incroyable 
^une  foule  de  traitans,  la  cherté 
affreuCe  des  Vivres,  la  diminution 
des  revenus  de  l'état  *  la  perte  du 
crédit  public.  Le  premier  auteur  de 
cous  ces  maux ,  JUw ,  avoit  tâché  de 
gagner  l'efprit  du  Maréchal  &  n'a- 
voit  pu  réuffir.  Il  fut  enfin  ren- 
voyé ,  &  FU/ars  contribua  au  choix 
ée  fon  fucce(reur,i'e/^£/er  de  la  Houf' 
f»ty  le.fepticme  adminiflrateur  des 
feances  depuis  Louis  XlV ,  &  dans 
Tefpace  de  cinq  ans.  Lorfqu'après 
fa  mort  du  duc  diOrUans^  en  1723  , 
le  gouvernement  général  des  affaires 
l^âa  entre  les  mains  du  duc  d^ 
Bniirhon  ,  Villars  entra  dans  tous 
les  eonieils.  Sa  fortune  à  cette  épo^ 
icpie  fembloit  ne  pouvoir  plus  s'ac- 
croître. Maréchal  de  France  1  duc 
&  pair ,  gouverneiu*  de  Provence  , 
gfand  d'Ëfpagne  ,  chevalier  de  U 
Toifon  d'Or ,  membre  des  confeils 
&  académicien ,  il  avoit  tout  ce  qui 
peut  fatisfâre  l'ambition  &  irriter 
l'envie.  11  eut  part  à  toutes  les  af- 
feires  de  ces  temps- là- J  marqués 
principalement  par  les  défiances 
iemées  enure  la  cour  de  France  & 
celle  d'Ëlrpàgne,  par  les  liaîfons  de 
celle-ci  avec  la  maifon  d'Autriche, 
par  les  intrigues  pour  l'en  détacher, 
par  les  contrariétés  dans  le  confeil. 
Tous  ces  mouvemens  aboutirent 
en  173 1,  à  un  traité  entre  l'cmpe- 
pereur,  l'Angleterre  &  l'Efpagne  ; 
&  la  France  fe  trouva  abandonnée 
lie  tous  fes  alliés.  Enfin  la  guerre 
aj'ant  été  allumée  en  1733  ,  VîUars 
fuc envoyé  en  Italie,  après  avoir 
^té  déclaré  général  des  camps  âç 
âirmées  du  roi.  Ce  titre  n'avolt 
point  été  accordé  depuis  le  maré- 
chal ic  r«rân/ié,  qui  paroit  en  avpir 


VIL 

été  honoré  le  premier.  A  Si  si»; 
Villars  partit  pour  le  Milanois.  U 
arriva  au  camp  de  Kfighitone  le  ii 
Novembre  1733 ,  &  fe  rendit  mal» 
tre  de  cette  place  par  capitulation  » 
après  II  jours  de  tranchée  ouverte. 
Un  officier  coniidérable  lui  repré* 
Tentant  pendant  ce  fîége ,  qu'il  s'ex» 
pofoit  trop  :  Vous  auric^  raèfon^fi 
j'étois  à  vôtre  âge  ,  répond  le  MaC 
réchal  -,  mais  à  Vâ»e  ou  jtfuls  ,  fat  fi, 
peu  de  jours  à  vivre  ,  que  je  ne  dois  pas 
les  ménago'y  ni  négliger  les  occafions 
qui  pourroii^itt  me  procurer  une  mort 
glorieuje,  L'aflFoibliflfement  de  fes 
forces  ne  lui  permît  de  faire  qu'une 
campagne  ;  mais  cette  campagne 
fraya  le  chemin  de  la  viftoirç. 
Comme  il  s'en  retournoit  en  Fran- 
ce ,  une  maladie  mortelle  l'arréra  à 
Turin.  Son  confeffeur  l'exhortant 
à  la  mort ,  lif  i  dit  que  Dieu  lui  avoit 
fait  de  plus  grandes  grâces  qu'au 
maréchal  de  Benvick  ,  qui  venoit 
d'être  tué  d'un  coup  de  canon  au  . 
fiége  de  Philipsbourg.  Quoi  !  répon^ 
dit  le  héros  mourant  ,  il  a  fini  de 
cette  manière  !  Je  Cai  toujours  dît  , 
qi^il  étoit  plus  heureux  que  moi.  Il 
expira  peu  de  temps  aprè8,le  17  Juin 
1734,  âSi  ans.  C'efî  un  bruit  po- 
pulaire ,  qu'il  foit  né  9?  qu'il  foii  ( 
mort  dans  la  même  ville  &  dans  le 
même  appartement.  Lorfque  le 
prince  Eugène  apj)rit  cette  mort ,  U 
dit  ;  La  France  vient  dt  faire  une 
grande  perte  ,  quUlle  ne  réparera  pas 
ife  long-temps.  Le  maréchal  de  F  il/an 
étoit  un  homme  plein  d'audace  & 
de  confiance  ,  &  d'un  génie  feît 
pour  la  guerre.  Il  avoit  été  l'artifan 
de  fa  fortune  ,  par  fon  opiniâtreté  à  | 
faire  au  delà  de  fon  devoir.  11  déplut 
quelquefois  à  Louis  XIV  y  fie  çc  qui 
étoit  plus  dangereux ,  à  Louvoîi  ^ 
parce  qu'il  leur  parloit  avec  la  même 
hardieffe  qu'il  fer  voit.  On  lui  re- 
prochoifde  n'avoir  pas  eu  une  mo- 
deftie  digne  de  fa  valeur.  11  parloît 
de  lui  -  nicme  ,  çommç  il  méritoil 


VIL 

fàe  les  autres  en  parlafTent.  Il  dit 
tmjour  au  roi  devant  taute  la  cour , 
iorfquil  ptcnoit  congé  pour  aller 
commander  toute  l'armée  :  >*  Sire  , 
^  "  je  vais  combattre  les  ennemis  de 
»»  Votre  Majefté ,  &  je  vous  laiffc 
»  au  milieu  des  miens  i<...  Il  dit  aux 
courtifam  du  duc  d'Orléans  régent 
du  royaume ,  devenus  riches  par  le 
bouleverfement  de  l'état  ,  appelé 
SyfiétfK  :  »»  Pour  moi ,  je  n'ai  jamais 
»  rien  gagr^é  que  fur  les  ennemis 
'^  de  l'état  ».  Il  écrivit  à  Chamlllard: 
"  J'apprends  que  le  roi  vient  de 
•  faire  dix  Maréchaux  de  France  *, 
M  je  fouhaiterois  qu'il  eût  fait  au- 
**  tant  de  bons  Généraux  d'armée. 
»•  Vous  avez  une  tâche  plus  diffi- . 
n  cile  que  de  gérer  les  finances  y 
**  c'efl   d'étudier  les  hommes  qui 
M  n'approchent  jamais  du  roi  &  de 
»  vous  qu'avec  un  mafque  fur  le 
»  vifage....  Les   ferviteurs  Adelles 
»  grondem  fouvent  ,  écrivoit*il  à 
n  Madame  de  Ménunon  ;  les  cour" 
n  tifans  feiUs  approuvent  tout  u. 
Ses  difcours  ,  où  il  mettoit  le  même 
courage  que  dans  Tes  aâions ,  ra- 
baiflbit  trop  les  autres  hommes,dé}à 
alTez  irrités  par  fon  bonheur.  Auffi , 
avec  de  la  probité  &  de  l'efprif ,  il 
n'eut  jamais  l'art  de  fe  faire  valoir , 
ni  celui  d«  fe  faire  des  amis.  Dès  fon 
entrée  au  fervice  ,  il  s'étoit  fait  re- 
marquer par  une  bravoure  à  toute 
épreuve.  On  le  preffoit  inutilement, 
en  1677  ,  de  prendre  une  cuirafle 
pour  une  aâion  qui,  félon  toutes 
fes  apparences  ,  devoit  être  vive 
&  meurtrière.  Je  ne  croîs  pas  ^  ré- 
pondit-il tout  haut  en  préfence  de 
fon  régiment,  m j  vie  plus  pnicîeufe 
fie  celle  dt  ces  braves  gens-lâ,,.  Villars 
regarda  toujours  comme  un  devoir 
•  de  fe  trouver  aux  endroits  les  plus 
*  dangereux  ,  pour  encourager  les 
autres  par  fon  exemple.  Il  dit,  en 
1703  ,  à  quelqu'un  qui  l'exhortoit 
a  fe  ménager  ,  qu'u/i  Géniretl  devoit 
^êxpojer  autant  qullexpo/oit  Us  autres^ 


VIL  3^f 

Le  maréchal  de  Vîllars  étoit  d^ 
l'accadémie  Françoife  ,  où  il  fut 
reçu  en  17 14.  H  avoit  été  préfiderft 
ducofifeil  dé  Guerre  fous  la  Ré- 
gence. On  a  imprimé  en  Hollande 
les.  Mémoires  du  Maréchal  de  VlUars^ 
en  3  vol.  in- 12.  Le  1*'  cft  abfolu- 
ment  de  lui ,  les  deux  autres  font 
d'une  autre  main  :  [Voy.  Margon.}  . 
Mais  on  a  quelque  Chofe  de  meil^ 
leur  dans  la  Vie  du  Maréchal  de  Vll^ 
lars ,  écrite  par  lui-miau  &  donàée  4m 
public  par  Af.  Anquecil ,  4  volum. 
in-ii ,  1784*  On  trouve  dans  ce 
Recueil  iïitéreflant ,  les  Leures ,  !e» 
fouvenirs  &  le  journal  même  d'tfor- 
tor  de  VîUars ,  que  l'habile  éditenr 
n'a  communiqué  au  public  qu'aprè» 
les  avoir  nûs  en  .  ordre.  [  Voye^ 
Vendôme  ,  n®  II.  }  Le  duc  JU 
Villars  fon  fils  ,  gouverneur  de- 
Provence,  eftmort  fans  poftérité 
mafculine. 

m.  VILLARS,  (TabbédeMont- 
faucon  de  )  d'une  famille  noble  &M, 
Languedoc  ,  étoi(  parent  du  délebre 
Dom  de  Montfaucon,  Il  embraiTs 
l'état  eccléiiaftique,  &  vint  à  Paris, 
où  fon  talent  pour  la  chaire  lui 
donnoit  des  efpérances.  Il  y  plue 
par  les  agrémens  de  fon  csraétcre 
&  de  fon  efprit.  Il  fe  fit  fur- tout 
connoître  par  fon  Comte  de  Cahalis  , 
1742,  2  vol.  in- 12.  Villars  n'y  » 
mis  que  la  façon*,  le  fonds  a  été 
puifé  dans  le  livre  de  Barri ,  inti- 
tulé :  La  Chiave  del  Gabîneto,  Cette 
petite  produâion  eft  écrite  avec 
alTez  de  finefle.  L'auteur  y  dévoile 
agréablement  les  myileres  de  la  pré-* 
tendue  cabale  des  Frères  de  la  Rojc^ 
Croix.  Cet  ouvrage  lui  fit  interdire 
la  chaire^  Cet  auteur  fut  mé  d'ua 
coup  de  piflolet ,  à  l'âge  d'environ 
3*5  ans ,  vers  la  fin  de  l'année  167  5 , 
par  un  de  fes  parens ,  fur  le  che- 
min de  Paris  à  Lyon.  On  a  encore 
de  lui  un  afiez  mauvais  Traité  de  la 
DélUateJfe  ,  în-i2  ,  en  faveur  du 
Père  Bouhours  ,  &  un  Roman  es 


1 


}66         VIL 

3  vol.  in-ii ,  fous  le  titre  ô! Amour 
fans  foibkjfc^  qoi  n'eft  pas  graod'- 
chofe. 

,  1.  VILLE,  (Antbîlic  de)  ne  â 
Touloufe  en  1596,  chevalier  de» 
Ordres  de  Saint  -  Maurice  &  de 
Sainte-Lazare;  fe  diftlngua  dài)s  le 
génie  &  dans  les  fortificatio&s.  On 
a  de  loi  :  L  Un  Uvre  it  Fonifaaùûns^ 
id-ia.  IL  Le  Siège  de  Corhit^  eh 
latin  ,  Paris,  1637  ,  in  f<Slio.  IIL 
tpi  S'Ugi  d*Hefdln;  16^9 ,  in-folio  , 
&c.  Ces  ouvragés  étoient  fort  eâi« 
mes  avant  \ts  découvertes  du  ma- 
réchal dcFauban: 

il.  VILLE ,  (  iérôme-François , 
iharquis  de  )  Piémontois  ,  fervit 
fous  lé  duc  de  Savoie ,  où  il  ûgnalat 
Con  courage  &  fes  lumières.  H  avoit 
le  grade  de  lieutenant  général  au 
fèrvice  de  France  fous  le  prince 
Thomas,  lorsqu'il  fut  recherché  par 
la  république  de  Vemfe  pour  allet 
cTOmmàndér  dafis  Candie,  en  1665. 
Il  foutint  lés  efforts  des  Turcs  juf- 
qu'à  ce  que  le  duc  de  Savoie  le  rap- 
.  pda  en  1678.  Il  quitta  l'ifle  le  il 
Avril ,  au  grand  regret  des  foldats 
&  des  officiers ,  qui  comptôient  au- 
tant fur  fa  valeur  que  fbrfa  capacité. 
JOfAlqtdé^  traduit  fes  Mémàim  fut 
le  iiége  de  Caudie  ,  Amflerdam  , 
1671,  en  2  vol.  in-i2.  Ct^  un 
Journal  intérei&nt  de  ce  iiége  fa- 
lAèux. 

^  ÏIL  VïtLÉ^  (  Arnold  de)  dd 
pays  de  Liège,  fît  exécuter  l'an 
1687  la  Mgjchliu  de  Marly,  On 
prétend  qu'il  avoit  furpris  le  fecret 
de  cette  machine  d'un  de  fes  compa- 
triotes ^  nommé  RendequinSuàlem. 
Ce  dernier  ;  mort  en  1708  ,  âgé  de 
64  ans ,  efl  qualifié  feûl  inventeur 
de  la  machine  de.  Mârly  dan^  foii 
Ëpitaphe,  qui  fe  voit  dans  l'Eglife 
de  Bougival  ,  près  de  Marly.  11 
peut  en  avoir  con^u  les  premières 
idées ,  qui  ont  été  perfeâionnéès 
par  Ahiold  de  FUle. 


.    vil     , , 

IV.  VILLE  i  (  l'Abbé  dé  ta)  ^oy: 
II.  Malebranche,  n^x.  de  fe^ 
Ouvragesi^S^  m.  Grand. 

VILLEBÈON ,  (  Pierjre  de  )  dimé 
fnaifon  illuflrc  de  France  »  devint 
chambellan  par  la  mort  defon  frère 
aine  ,  Gautier  de  Vlllebton ,  &  fut 
enfuite  miniflre  d'état  du  roi  5dm< 
Louis.  II  rendit  a  ce  prince  les  fer^' 
vices  lès  plus  importans ,  le  fuivit 
dans  fes  voyages  .d'Otitre-iner ,  & 
fut  nommé  l'un  de  i^  exécuteurs 
teflamentaire&  Il  fit  dks  prodiges  d^ 
valeur  dans  les  guerres  d'Outre- 
mer ,  &  mourut  à  Tunis  en  1270 ,' 
(ans  avoir  été  marié. 

VILLEDIEU,  f^i>y.  Jardins. 
.  VILLEFORE ,  (  Jofeph-François 
Boorgoin  de)  d'une  famille  noble' 
de  Paris ,  vit  le  jour  le  24  Décembre 
1652.  Pour  fe  livrer  plus  librement 
à  fon  goût  pour  la  vie  «rahquillé 
&  pour  l'étude  ;  il  pafia  quelques 
années  dans  la  Communauté  desi 
gentilshommes  établie  fur  la  pa- 
roifiè  de  Sainf-Sulpice  ;  mais  foit 
mérite  le  décela  ,  &  il  fut  admis  en' 
1706  dans  Tacadémiç  des  Infcrip- 
tions.  11  s  en  retira  d^  hii-même  en 
1708  i  fous  prétexte  que  la  foibleiTe 
de  fon  tempérament  ne  lui  permet- 
toit  pas  d'en  fuivre  les  exercices  y 
mais  réellement  parce  que  ces  exer- 
cices le  gênotent.  U  alla  enfuite  fe 
cacher  dans  un  petit  appartement  dit 
cloître  de  l'Eglife  métropolitaine  » 
où  il  paâa  le  refle  de  fa  yie  ^  qu'une 
mort  chrétienne  termina  1^  2  Dé- 
cembre 1757  ♦  à  85  ans^  On  a  de 
lui  un  grdnd  nombre  d'Ouvrages^ 
hiftoriques ,  4^  TraduÀions ,  d'O- 
pufcules,  Ses  Ouvrages  du  i"  genre' 
font  :  I.  Là  VU  de  S.  Bernard  ,- 
in^4^.  Èlleeft  écrite  avec  une  te- 
plicité  noble.  II.  Les  Vies  des  S5^ 
P très  des  Déferts  d^  Orient  i  en  deux  ' 
vol.  f  puis  en  trois  in-12.  III.  Les 
Vies  des  SS,  Pères  des  Défens  d^Oed-, 
dent  ,  en  5  vol.  in-12.  Ces  deioc 
ouvcages  n'ont  pas  éclipfé  cés^ 


r 


i  &de^ 


..        ^  U^  V  I  L 

9r7imaùldà'M^ny  dails  le  mèmt  négligences  dans  la  dî^ion  i 

genre  IV.  La  VU  d^Salnu  Thinf.,  périphrafes  languiffant^ 
avec  de$  W  cholfics  de  la  même       VILLEFROY .  (  Guillaume  de  1 

&u>te,  in.4- ,  &  en  i  vol.  in-i..  prêtre  ,  doûeur  'À  So^e .  ni 

fu;  1.  r^^AîJ""  ^^^/'^  ^"'^'  «n  1690    mourut  profefleu?  d'Jié- 

vol  fn??^'^'*^''  ^m^en/W,   3  ^reu  au  CoUcgerc^al  e«i  1777.  H 

joi.1n.12  Cet  ouvrage,  entrepris  avoit  été  fecrétaire  du  duc  i'Or* 

ala  pnere  du  cardinal  de  NoailUs ,  U^s  ,  qui  lui  fit  donner  l'abbavè 

5     ?*  if  ^^P^^'^^  «"<^és  avec  <te  Blafimont  en  1721.  Cëtoit  II 

allez  de^fi^ehte^  Les  menées   du  Homme  d'étudft&  laborieux  On» 

Jefuite  ^  Tdlitr  pour  deffervîr  ce  de  lui  :  Lcuns  de  M  l'Mé  de  ♦*î^ 

font    bien    dénotées.   Le   ftyle  ,  ^l'in^eia^mce  des  Saintes  EcrU^ 

quoique  Un  peu  négligé , ett  en  gé-  Paris  ,  1751 ,  ^  volum.  in-iT^ÔC 

neral  agréable  &  coulant.  II  y  a  d'auires  Ecrlis,  .  *^  *  « 

quelques  faits  qui  parofffcnt  hafar-       VILLEG  AONON.VNicolajf 

des    d  autres  trop  fatiriques  :  auffi  Durand  de)  chevalier  de  MalthT! 

ces  Mémoires  forennls  fupprimés  n<^  à  Provins  en  Brie,  féfignalald 

•  fa  Zr?.-"  ^o?^«l.<le  même  que  i Hi .;  à l'entrcprife  d'Alglr.  Il  Té 

la  Refuioiionq^x  en  a  été  feite  par  ^^  di^ingua  pas  moins  à  la  défenft 

^fi^^.  évêque  de  Sifteron.  Au  de  Malche  .dont  il  e  donne'  une 

ïefte,  les  anecdotes  de  la  Conftrtu-  R^iadon  françoife  ,  içn    in-go  - 

non  ne  font ,  en  plufieurs  endroits ,  o"  en  latin  iu.4«.  Né  pour  les  en' 

T^.ÎI%%  /"  ^^î*"^'^  ^"^^^^^^  T^"^^'  Singulières,  il  tenta  de  fe 
^0,Janne  Yl  La  Vu  d^Anne-Gene^  former  une  fouveraineté  vers  le 
^«.e  de  Bourbon,  rf«A./.  de  Lori^    Bréfil  ,  en  Amérique.  Il  s'établit 

^Zlu:  ^Ta  T"^^^'^  ^^'^'^^  "^^  ï'^'  ^*  ^«g"y-  Ayant  an- 
eft  celle  d  Amfterdam  ,  1759 ,  en  i    nonce  qu'on  vouloit  en  faire  un« 

vo    petit  in.8  ...LesTraduaionsdc  retraite  pour  les  Prétendus- Réfor- 

r.//ç/i«font:I.  Celles  deplufîeurs  «é*,  il  eut  d'abord  beaucoup  de 

Ouvrages  de  S.  Augufiin ,  des  Livres  colons  ;  mais  s'étant  avifé  de  les 

t      ^''f'A"'/*^T*'  ^"-^^i  ^^  contredire  fur  leur  croyance  ,  il* 

f^ux  Je  l'Ordre  &  du  Uhre-arbitre  ,  l'abandonnèrent.     Les     Portugal^ 

f'^   id9Strois  Livres  contre  les  Phi.^  s'emparèrent  du  fort   qu'il  avoit 

lofoph^s  Academderu  ;  du  Traité  de  f^t  bâtir  pour  protéger  f»  eolonie. 

ï  f  T  ^j^  ,^'*--rto.  ,  in-ia  ;  VilUs^Snor. ,  après  avoir  fait  jeîS 

&du7^rWJ«/<tf^,eA<«r«/i,in.ii.  dans  la  mer  le  miniftre  Protefhn^ 

II.  Celles  de  plufieurs  Ouvragesde  '"         '  " 

i".  Bernard-,  des  Lettres ^  1  \olUra. 
in-8**  ;  &  des  Semons  ehoîfis ,  in-8^, 
avec  des  Notes  qui  fervent  à  éclair- 
qr  le  texte.  III.  Celles  de  plufieurs 


&  quelques  mutins  ,  abandonna 
liile;  &  après  une  navigation  fort 
perilleufe  ,  il  aborda  vers  la  fin  de 
Mai  1558,  fur  lescôtes  de  Bretagne. 
Il  fe  montra  alors  auflî  zélé  pour  la 


_^ ,   .      ^^»«,  uc  piiuicurs  *»  *^  inunn-a  aiors  aum  zélé  pour  la 

Uuvragesde  CUéron^àts  Entraîens  religion  Catholique,-  qu'il  l'avoit 
/nr /es  Orateurs  *'//«>«,  in- 1 2  ;  &  d'abord  paru  pour  l'héréfie  U 
d»  tout^  les  Oraifons^  en  8  voh  mourut  en  Décembre  icyi ,  danr 
*"■,'?:  ^^  différentes  verfions  ont  facommanderie  deBea^v«iscnGa-f 
ete  bien  accueillies.  Elles  ontpref-  tinois.  Qn  a  de  lui  plufieurs  Eerltt 
4ue  tou|ours  le  mérite  de  la  fidélité  contre  les  Proteftarts ,  qui  prouvent 
&  quelquefois  celui  de  l'élégance  ;  qu'il  avoit  plus  de  talent  pour  il 
ma»  on  reprocha  au  tiraduaeurdes  guerre,  que  pour  1»  controvorfc. 


iéi      V  i  t 

VILLEGAS .  Koy.  Quevedo. 

VILLEHARDOUIN ,  (Géofroi 
dt)  chevalier,  maréchal  de  Cham- 
p9g^  en  I200  ,  porta  les  armes 
avec  diflinâion  ,  &  cultiva  les 
lettres  dans  un  fiécle  ignorant  & 
bdrliare.  On  a  de  lui  VHlfiolrc  de  U 
fnft  de  OmfmndnopU  par  Us  Fran.' 
fois  en  1204 ,  dont  là  meilleure 
cdidon  eft  celle  de  du  Cdngc ,  itï- 
folio,  16$ 7.  Les  exemplaires  en 
grand  papier  font  préférés  au  petit. 
Cet  ouvrée  eft  écrit  avec  un  air 
dâ  naïveté  &  de  fincérité  qui  plaît  -, 
mais  l*auteur  n'eil  pas  aÂçz  judi- 
cieux dans  le  choix  des  fsàts  &  des 
circonllancesw 

.    VILLENA,  Foy,  Pacheco. 
.  VILLENEUVE  ,  (  Arnaud  de) 
Voy.  Arnaud  ,  n°  II. 
.   VILLENEUVE,  /oj^e^  Bran- 
cas,  n°  III ,  &  Luco. 

L  VILLENEUVE ,  (  Helion  de  ) 
grand-maître  de  TOrdre  de  Saint- 
Jean  de  Jérufalem  qui  réfidoit  alors 
à  Rhodes ,  fut  élu  â  la  recomman- 
datiofadu  pape  Jean  XXII,  qui  le 
connoiflbit  également  courageux 
&habile<  Son  éleâion  fe  fit  à  Avi- 
gnon CQ  1319.  Le  premier  foin 
du  nouveau  grand-maitre  fut  d'af- 
fembler  un  chapitre  général  à 
Montpellier.  On  prétend  que  ce 
lut  dans  cette  aâemblée  qu'on 
divifa  le  corps  de  TOrdre  en 
différentes  langues  ou  nations  ,  & 
iqu'on  attacha  à  chaque  langue  des 
dignités  particulières  ■  &  les  com- 
manderies  de  chaque  nation.  Fiiie' 
neuve  ayant  terminé  ce  chapitre ,  fe 
rendit  à  Rhodes  vers  l'an  1331, 
&  il  y  vécut  en  prince  qui  fait 
:gouverner.  La  ville  &  l'ifle  entière 
lui  furent  redevables  d'un  baflion , 
qu'il  fit  élever  à  (es  dépens  à  la 
tête  d'un  faubourg.  A  cette  fage 
-précaution  ,  le  grand-maître  ajouta 
le  fecours  d'une  garnifon  nom- 
breufe ,  qu'il  enoretint  toujours  de 
&s  propres  deniers,  P'^iÛçurs  ik 


Mît 

préfence ,  &  fur-t6ut  fes  biefifa5«5^; 
attirèrent  à  Rhodes  un  grand  nom- 
bre de  chevaliers  -,  cette  ifle  devint 
an  boulevard  redoutable.  Il  arma 
enfuite  û%  galères ,  pour  féconder  la>  I 
ligue  des  princes  Chrétiens  contré  | 
les  Infidelles.  Différens  abus  s'c-  ' 
toient  glifTés  dans  l'Ordre  ,  &  le  ^ 
pape  C/em(»ir  FI  tn  avoit  été  inf- 
truit.  ViUeneuve  fit  différens  régie-  ; 
mens  pour  la  réforme  des  moeurs. 
Il  fut  défendu  aux  chevaliers  dé 
porter  des  draps  qui  coûtaient  plus 
de  deux  florins  l'aune  fit  demiei* 
On  leur  interdit  la  pluralité  des 
mets  &  l'ufage  des  vins  délicieux. 
Il  envoya  peu  de  temps  après  des  j 
députés  au  pape  -,  ils  tinrent  utt 
chapitre  à  Avignon ,  où  les  régie-; 
mens  faits  par  le  grand -maître  1 
furent  confirmés.  L'Ordre  pcrdtt 
bientôt  Villeneuve  ;  il  nïourut  a 
Rhodes  en  134^.  «  Prince  recoffl* 
mandable(dit  Vertot  ) par fon  éco- 
nomie ,  &  qui  pendant  fon  magîf-  '  '  j 
tere  acquitta  tomes  les  dettes  dé 
la  Religion  «.  Sa  prudence  fe  fignalà 
plufieurs  fois  autant  que  fa  valeur» 
&  fur-tout  lorfqu'il  réduifit  V'iûë 
de  tango ,  révoltée  contre  l'Ordre- 
Sa  févérité  le  fit  appeler  Manlius^ 
parce  qu'il  dépouilla  dé  l'habit  de 
chevalier  ,  Dieu  -  donné  de  Ge^on  » 
qui,  contre  fa  défenfe ,  avoit  com*^ 
battu  &  terraffé  un  monfbe  qui 
infefloit  Rhodes.  11  fit  éclater  fai 
magnificence  par  les  édifices  qu'il 
fit  élever  dans  i'ifle ,  uYie  Eglife  où 
il  fonda  deux  chapelles  magiilrales  » 
&  un  Château  qui  portoitfon  nom. 
Il  fut  aufli  le  fondateur  d'un  Mo- 
naftere  de  Chartrei^fes ,  dans  le  dio- 
cefe  de  Fréjus ,  où  fa  fœur  RofoCnc 
de  Villeneuve  ,  morte  en  odeur  de 
fainteté  ,  fut  prieure.  La  maifbn 
dont  étoit  le  grand -maître  de 
Rhodes ,  alliée  à  la  Maifon  royale  , 
6e  diftinguée  par  l'illuflradon  des 
grandes  dignités  ,  a  produit  un 
gnuid  nombre  de  perfonâages  .re» 

commandàbles  ^ 


i 


r 


VtL      , 

iortftnaiidables  *,  tels  que ,  Romit  dé 
ViLLENEUTE  ,  premier  miniftre 
de  Raimond  BéHnger  ^  cûmte  de 
Provence,  mort  en  iiço.  Ç'eftà 
lui  ({u'on  doiit  le  mariage  de  Béatrice 
Je  Province  avec  ChdtUs  de  France , 
comte  d* Anjou ,  qui  procura  là 
réuoion  du  comté  de  Provence  à 

r    la  couronne.    Gmllaurtie-LoÉiîs   d1 

ViLLENEWE  ;  feigneUr  de  Sore- 

Bon  ,  premier  marquis  de  Trans  ; 

étoit  chambellan  de  ÇharUs   Vlil , 

&  un  des  généraux  de  Tes  armées 

navales.  Sa  Êimille  fubfiflê  encore  i 

&  s'efl  divifée  en  plufieurs  braïf^ 

thés ,  dont  les  principales  font  cotf-^ 

jiues  par  les  dénominations  dcTrans^ 

de  Barge/mont ,  de  Flayofc ,  d'Efcla- 

pon;   Enfin  ,  l'Ordre   de    Malthe 

doit    à    la  niaifon    de    VUUnèuve 

plus  dé  cent  chevaliers  ,  &  rËglifé 

un  grand  nombre  de  prélats ,  dont 

les  lumières  ont  égalé  les  vertus. 

/  II.  VILLENEUVE  >  (  Gabrielle- 

Sufanné  Bakbot  ^  veuve  de  Jean* 

Baptifle  de  Gaalon  de  )  morte 

le  29   I)écembre  1755  >  avoitde 

'refprit  &  âe  l'aménité.  Son  mari 

ëtdit  lieutenant-colonel  â'in£uitërié. 

Elle  s'exerça  dans  le  genre  Roma[<^ 

Befque  ,  &  elle  eut  à  cet  égard 

quelques  fuccès.  On  a  d'elle.  :  I.  La 

îmnc  Américaine  ,  OU  les  Conter  Ma- 

rfiis  ,  quatre  parties  in-12.  II.  Le 

Phénix  ;  Conjugal ,  in'- 12.    Ilh    Le 

Jt^  prévenu  t  in*- 12.  IV.  Les  Conus 

de   cette  année  ;  in  -  i  %*  Les   BUUt 

Solitaires ,  en  g  parties  in-ii.  VI. 

JLe  Beau  '  frère  fuppofé  ,   4  parties 

in-12.  VIL  MeficmoîfclUf  de  Mari- 

fange ,  încii.  VIII:  Le  Temps  &  I4 

Patience  y  2  vol.  in- 12.  IX.  La  Jar^^ 

^siinUre  de  Vinccnnts  ,  en  ^  brochures 

ifi^  1  i.  Ce  dernier  Roman  eft  le  plus 

lu^  Ceft  un  tableau  des  captices  de 

l'amour &d^  la  fortune, fans  force 

&fans  coloris',  mais  lés  fituations 

anendriâàntesi  la  liobleiTe  des  fen- 

flimens  i  là  jufleiTè  des  réflexions 

jpchetent  le  défaut  de  l^  iofSfMSl^ 


Jomt  IXi 


X 


VIL  36^ 

&  de  rincorteéHon  dii  %le. ,  Sef 
autres  Romans  6nt  à  peu  près  les 
«nêmes^  qualités  &  les  mêmes  dé- 
fàuts^  Les  plans  n'oOt  rien  de  neuf  i 
les  événcméns  n'y  font  pas  tou« 
jouts  vraiifemblables  ;  &  l'auteur 
lès  chargeant  de  détails  minutieux 
&  de  réflexions  longuement  éxpri* 
mééS  ,  àffoiblit  l'intérêt  qu'on  y; 
frouveroit  en  les  Jifant. 

VILLH^ATGUR,    Voytx  Xa-, 

fiÔUREAU. 

VILLER  i  (Michel)  prêtre  du 
diotefe  de  Laufanne ,  mort  le  30 
Mars  17J7  ,  âgé  de  plui  de  80  ans, 
èft  Connu  par  des,  Anetdotes  fur  Tétoà 
de  la  Religion  dans  la  Chine ^  17^2  & 
1742  ,  en  7  vol.  in-12  i  où  il  n'« 
pas  le  mérite  de  iâ  préciûon. 

VILLEROI,  r<>y.  AubesîpineV 
ti!*  IV...  &  Neufville. 

VILLETHIERY.  (Jean  Girari 

de)   Fô^.GlRARt>DEVlI.LETH.;. 

ï;  VILLIERS  DE  l'Isle-Adam  ; 
(  Jean  dé  )  chevalier  ,  ieigneur  dd 
l'ifle  -  Adam ,  d'une  des  plus  an- 
ciennes &  des  plus  iliuftres  maifons 
de  France,  s'engagea  dans  la  fa^ipii 
de  '  Bourgogne  k  à  laquelle  4I  fut 
fort  utile  psir  fes  intrigues  &  par 
fon  courage.  11  (iit  fait  maréchal  de 
France  en  141S.  Devenu  fufpeâ; 
à  Henri  V ,  roi  d'Angleterre ,  il  fut 
renfermé  à  là  Raâille  par  ordre  de 
ee  prince ,  &  n'en  fortit  qu'en  1422* 
Il  fer  vit  encore  les  ducs  de  Bour- 
gogne &  les  Anglois  jufqu'en  143  5 1 
mais  peu  de  temps  après ,  il  rentra 
ôtt  fervice  du  roi  Charles  VII  ^  pri« 
Péntoife  ,  &  facilita  la  rédu^ioa 
de  Paris.  Ce  héros  fe  préparoit  à 
d'autres  exploits ,  lorfqu'il  fut  tiié 
à  Bruges  i  dans  une  fédition  popu- 
laire «  en  143  7,  honoré  des  regrets 
de  fon  roi. 

IL     VILLIERS   DE    L'ISLE- 

AbAM  ,  (Philippe  de  )  élu  en 
15  21  grand-maître  de  l'prdre  de 
Saint- Jean  de  Jérufalem»  étoit  de 
]g  Aêm«  mi^os.que  le  précéd«i^ 


570       Vit 

Il  commandoit  dans  TiAe  6t  Rhô- 
des ,  lorfque  cette  ifie  ftw  affiégée 
par  loo  mille  Turcs  en  1511.  Les 
«ifons  de  cettrimiltttude  ayant  été 
Inutiles ,  Solhman  vkit  la  comman- 
der ,  &  prefla  Ife  fi^e  avec  tant  de 
Vivacité,  xjue  le  grand-nattre ,  trahi 
^'aifle«rs  par  tfAtnarai^  chancdier 
^  l'Ordre,  fat  obligé  de  fe  rendre 
le  20  Décembre  de  la  même  année» 
ie  vdnqutur-,  plfcifl  d'cftirtc  pour 
le  vaincu ,  rendit  une  vifite  a» 
grand- maître»  ^1  étoit  encore 
^Lam  fon  palais.  U  lé  «taita  avec 
i)eaucoup  d'honneur ,  jttfiqu'à  l'ap- 
peler fon  pcre  ♦  &  l'exhorta  à 
ne  ft  taifier  point  kicaMer  par  la 
trifteffe^  &  à  ftipportèr  avec  cour 
Tage  le  changement  de  fortune^ 
Qudques  aotcurs  difent,  que  le 
grand-feigncur  étoit  fans  garde  & 
fans  efcor*  ,  &  qu'en  prenant 
congé  du  grand-maitre ,  il  lui  dit  t 
Qkoiqueie  focs  vMu  fini  ici,  ne  xroyei 
fas  tftK  jt  inanqtU  di  homte  tfcone  j 
THr/'âi  aveé  mot  u  que.j^efiinu  mieux 
Ètt'une  armée  entîen:  La  iparok  &  la 
foi  d'un  fiHàtftn  Grand'Maitrt ,  & 
)fe  taht  iehravts  Chevaliers; &  en  ib  . 
Yctîrant  il  dit  ai  général  Achmet 
^i  l'wcompagnoît  :  Ccn'eflyas/an* 
■fusique  peint  que  f  oblige  ce  Chrétien ,  à 
fon  agt^  dt  fortirdefa  maifàn.  On 
prétend  ^Hl  loi  fit  les  oflfres  le» 
plus  flattcufcs  pour  l'engager  4 
Yfeftcr  avec  lui  v  m»»  Ufle^Adam 
l^èféra  les  îmérêts  de  fon  Ordre  à 
Ca  formne.  Après  avoir  erré  pen- 
4ant  8  ans ,  avec  fes  chevaliers ,  fans 
retraite  affitrée,  Tempercur  Charkes^ 
hnint  lui  dotma  en  15  30 ,  Malthe, 
tGozo  &  Tripoli  de  Barbarie ,  & 
le-grand^fnaîttc  de  infie-Adum  en 
prit  poffèffion  au  mois  d'Oûobre 
de  la  même  année.  C'eft  depuis  «e 
teihps  qut  les  chevaliers  de  Saint» 
lean  de  lérùfalem  ont  pris  le  noth 

^  CHEVALTÉKSDtMALTXB.  Llfis- 

Adam  mourut  le  %t  Août  1  j  34 .  * 
y  «as  ^pHûré  tk  fes  chevalliers^ 


VIL 

dontilavoit  été  le  défisiilêiir  &  lé 
père.  On  grava  fur  fon  tombeâit 
ctt  peu  de  mots  qui  renfiermeUt  on 
éloge  complet  :  C'est  ici  qus 
REPOSE  LA  Vertu  »  victo- 
rieuse DE  LA  FORTUKE.  SoU 
petit  -  neveu',  Charles  ,  mort  en 
I535  ,  donna  coutesi  fes  terres  è 
fon  coufin  le  connétable  Anm  iA 
Moatmoremy  cà  1517  »  du  coà* 
femefftent  de  fon  frère  puiné  Claude^ 
qui  avoit  cependant  plufieurs  es^ 
fans. 

,    III.  VILLIERS ,  (  Fierf  e  de  )  né 
â  Cognac  fur  la  Charente  en  1648  ^ 
entra  diez  les  Jéfintes   en   16661 
(Après  s'y  être  difUngué  &   dans 
Ifiis  collèges  &  dans  la  d\aire ,  3 
en  fortit  en   1689  y   pour  remrer 
dans  rOtdre  de  Cluni  non  réformé* 
Il  devint  prieur  de  Saint-Taurin^ 
&  mourut  à  Palis  le  14  Oflobrt 
2718,   à   80  ans.   Cet  écrivain  « 
ap^lé  par  Boileau .  It  Màiamort  dt 
Ùunîy  parce  qu'il  avoit  l'air  auda^ 
cieux  &  la.  parole  impérieufe  ».étoà 
d'ailleurs  un  homme  très-dlimafalev 
On  a  de  lui  un  reûi^  de  Poéfesh 
L'abbé  de  ailiers  âûfbit  peu  die  cai 
de  fes  vers ,  &  il  fe  svndoit  iuf^^ 
tice,  quoique  poëte  &  auteur.  S« 
pôéûe  >  exaâe  Se  nararelle ,  eft  trop 
laRguiâànte.  Ses  Ouvrages  poétio 
ques  ytecueillîs  par  ^donéat ,  1728  ^ 
in-i2,  font  ;  I.  h* Art  de  prêcher \ 
Poëme  qui  Ten£erme  lesprincipalei 
règles  de  l'éloquence.  U.  De  PAmi^ 
tlé.  IH.  Dt  ^éducation  des  Rois  deaé 
kùr  enfance.  Ces  trois  Poëmes  fonfc 
fur  de  grands  «fujets  ^  x^âmplis  dt 
{bHdes  préceptes  &  do  iages  înf^ 
truâions  :  mais  le  flyle  eft  fin^e  v 
dénué  d'harmonie  H  d'itea(^  y  9l 
plein  de  petits  décatis  ^e  l'es* 
preilxon  ne  relevé  Jamais  :  à  ptiaè 
s'éWe*t-il  iufqu'au  irasig  de  veift^ 
£cateur.  IV.  Deux  Livres  ^BpimÈk 
-V.  Pieees  diyérfes ,  &c.  L'abbé  ^ 
VUUers  s'eft  ai^  diftingué  par  pli» 
fteni  Sermone ,  &  par  d^fiFérans  «4^ 


( 


r 


vit 

I     %2ges  eft  profe.  Ues  principdusf 
font  :  I.  Pmféts  &  Réflexions  fur  Ut 
épinmefu  des  hontfrtis  dans  la  voie  du 
'    (oiut  ,  à   Paris  ,    1731 ,    3   vol. 
in-i2.  IL  Nouvelles  Réflexions  fur  les 
défauu  i autrui ,  &  fur  les  fruits  que 
€hûcm  en  peut  -  retjftr  pour  fa  con^ 
^tf,  in- 12  »   4  vol.  m.  Vérités 
fatîrîques  ,  en  50  Dialogues  in-ix. 
IV.  Entretiens  fur  les  Çdntes  des 
Fées  &  fur  quelques   Ouvrages  de  cg 
■    ^^s  ,  pour  fervir  de  préftrvatif  contre 
h  mouvais  goût ,    1699  ,  in-J2.  U 
«*éleve ,  dans    ce  livre  ,   contre 
^'uûge  de  ne  mettre  que  de  l'amour 
!    dans  ces  pièces.  Ces  difiTérens  ou- 
;    vrages  reipirent  uxie  bonne  morale  ; 
■nais  ils  manquent  ibuvent  de  pro- 
fondeur, de  chaleur  &  d'éna-gie, 
&  offrent  trop  d'idées  communes. 
Cependant/a  diâion ,  pure  &  faine , 
«Û  bien  préférable  à  l'emphafe  pé- 
dantefque  de  nos  moraliiles  d'au- 
jourd'hui. 

IV.  VIIXIERS  ,    {  Cofme  de 
Saint-^tiecuie  de  )  né  à  faris ,  entra 
chez  les  Cacmes  de  la  province  de 
Tours ,  fut  déiifiitsur ,  &  mouri t 
«près  le  milteu  du  xviii*  fiecle. 
On  a -de  lui  BUdiothcca  Cftrmelitana , 
Orléans ,  -1751 ,  a  vol.  in-folio.  La 
diôion  eft  inette  &  coulante  -,  l'au- 
teur eft  autant  réfervé   dans  fes 
éloges,  .qu'on  peut  l'attendre  d'un 
frère  qui  loue  fes  frères.  Cet  ou* 
▼rage  plein  de  recherches,  eft  dé- 
luré par   im  grand   nombre  de 
Qutes  typographiques  ,   ou  peut- 
être  d'inadvertance  de  la  part  du 
compttateur ,  dîArait  par  la  grande 
Wlété  des  choÇes  qui  font  l'objet 
de  ces  fortes  de  coUefkions.  Il  y 
a  à   la  tètQ  :  Diffmaûo  prteyla  de 
MM  monafiicit   origine^   U  lait   re- 
monter la  vie  monaûique  au  temps 
àt  S,  È/U  9  6c  prétend  prouver  de 
iiecle  en  fiecle  que    l'Ordre  des 
Cirmes  tire  fon  origine  de  ce  faim 
prophète. 


VIN         371 

}fXM,R0VSS£VILL£  ,  ^TruAU- 
MONT. 

VILUÇ,  Voye^^lLtlC. 

VILLON,    Voyei    CoRBUEit; 

VILLOTTE  ,  (  Jacques)  né  à 
Bàr-le-Duc  le  i  Novembre  1656» 
fe  fit  Jéfuite ,  &  fut  envoyé  par  (es 
Tupétieurs  dans  l'Arménie  pour  ▼ 
travailler  à  la  propagation  de  la  Fof. 
Il  revint  en  Europe  en  1709  ,  gou- 
verna plufieurs  collèges  de  la  Lor- 
raine, &  mourut  à  Saint-Nicolas, 
près  de  Nanci,  le    14  Juin   1743. 
U  a  donné  en  langue  arménienne 
plufieurs  Ouvrages  qui  ont  été  im- 
primés à  Rome  à  l'imprimerie  de  ' 
la  Propagande.  I.  tJne  Explication.  . 
de  la  Foi  Catholique^    I7ÎI  ,  in- 12. 
II.  U  Arménie  Chrétienne  ^  ou  Cata^ 
lùgue  des  Patriarches  &   Rois  Armé*, 
nisns  depuis  J.   C,  /ufqu*à   l'an  tpz  ^ 
Rome,  1714,  in-fol.  lU.  Abrégf    ' 
de   U    Doctrine    Chrétienne  ,    Romis 
I713  ,  in-I2.  IV,  Commentaires  fur  les 
Evangiles,  17x4,  in-4^.  V.  DicOott* 
noire  Latin' Arménien ,  où  on  trouve 
bien  des  chofes  fur  Thiftoire  ,  U 
théolope,  la  phyfique,  les  ma-i 
thématiques  ,    1714  ,    in-fol.    Lç 
même  auteur  a  donné  en  françois    y 
Voyage  en  Turquie  y  Arménie,  Arabie 
&  Barbarie ,  Paris  ,1714,  in-foJ. 

VINCART ,  (  Jean )  Jéfuite,  né 
à  Lille  en  1^93  ,  mort  le ,  y  Fé- 
vrier 1679,  ^'eft  fait  çonnoître  par 
des  Poéfies  latines.  I.  Sacramm  He^ 
roïdum  EpifioUy  Toarnai,  1639  J 
réimprimées  àMayence,  1737.  II. 
De  Cultu  Dûipartt ,  Lille,  1648,  in-l2. 
Ce  font  des  Elégies  fur  le  cujte  do. 
la  Sainte- Vierge ,  où  Ton  retrouve 
Texceffive  fécondité  d'Ovide;  çè 
qui  donxia  lieu  à  cette  janagramme  : 
Joannes  Vincàrtius  :  Nasonj  artk 
riClNUS,  Wi.P'ita  Sti^  Joannis  Chry^, 
fpflomiy  Touraîû,  1639.4V.  Vita 
Saricii  Joannis  JElaemofynarii ,  Cil» 
maci  &  Damafceni  ^1650, 

i  ViiNCEI^T ,  (  Saint  )  diacte  d« 

Aa  iî 


371        VIN 

Sarragofle,  reçut  la  couronilé  du 
martyre  à  Valence  en  305. 

II.  VINCENT  DE  LtRiNS  ,  cé- 
lèbre religieux  du  motiaftere  dt  ce 
nom ,  étoit  natif  de  Toul ,  félon  I3 
plus  ^mmune  opinion;  Après  avoir 
'  pafîé  une  partie  de  fa  vie  dans  les 
agitations  du  (îecle  y  il  (e  retira  au 
monaflere  de  Lérins ,  où  il  ne  s'oc- 
cupa que  de  la  grande  affaire  du 
Yalut.  11  compofa  en  434  foh  Com~ 
monîtor'um  ,  dans  lequel  il  donne 
des  principes  pour  réfuter  toutes 
les  erreurs ,  quoique  fon  but  prin- 
cipal foit  d'y  c(^mbattre  Théréiie 
de  Neftorlus  que  l'on  venoit  de 
Condamner.  Sa  règle  eft  >f  de  s'en 
»  tenir  à  ce  qui  a  été  enfeigné  par 
>  tous ,  dans  tous  les  lieux  &  dans 
V  tous  les  temps  ».  Ce  Mémoire  « 
plein  d'excellentes  chofes  &  de 
principes  rendus  avec  netteté ,  étoit 
divifé  en  deux  parties ,  dont  la  fé- 
conde traitoit  du  Concile  d'Ephefe. 
Cette  partie  lui  fiit  volée ,  &  il  ne 
lui  refta  que  l'Abrégé  qu'il  en  avoit 
fait ,  &  qu'il  a  mis  à  la  fin  de  fon 
Mémoire.  Cet  illuibe  folitaire  mou- 
rut en  4^6.  La  meilleure  édition  de 
fon  excellent  ouvragé  efl  celle  que 
Bàluic  en  a  donnée  avec  Salvîcn , 
^684 ,  in-8°'.  Cette  édition ,  enrichie 
de  notes  ,  a  reparu  augmentée  à 
Rome,  17  3 1 ,  in-4® .  Nous  avons  une 
TradudHon  françoife  du  Cofnmoni* 
lorium  ,  in- il. 

^  III.  VINCENT  DE  Beauvais  , 
Dominicain ,  ainii  appelé  du  lieu 
de  fa  naiffance ,  s 'acquit  l'eftime  du- 
roi  S,  Loids  &  des  princes  de  fa 
cour.  Ce  monarque  Thonora  du 
titre  de  fon  leâeur ,  &  lui  dotma 
infpeâion  fur  les  éttldes  des  princes 
fes  enfons.  ^/w:«i^  ayant  fort  aifc- 
ment  des  livrés  par  la  libéralité 
du  roi ,  entreprit  :  I.  L'ouvrage  qui 
a  pour  titre  :  Sptadum  majus  ,  à 
Douay ,  1614',  10  tom.  en  4  vol. 
in-folio.  C*eft  un  ample  recueil , 
(•AteuAiu  4es  cx^^ts  d'écriv^uo* 


VI 

facres  &  profanes 
rafiemblé  dans  im  feul  corps ,  toin 
ce  qui  a  paru  de  plus  utile  à  rau^* 
teur.  Cette  coUeàion  ,   aflez  ma) 
choiûe  &  auffi  mal  digérée  ,  eft 
pleine    d'erreurs   les    plus   grof-    , 
fieres.  L'autem^b  l'a    divifée  en  4    | 
parties.  La  i^®  eft  intitulée  :  5^pt-    \ 
€ulum  nautraU  j    la  11^  ,    Spéculum    ^ 
doctrinale  ;  la  IIl"  ,   Spéculum  nuh 
raie;  &  la  iv^ ,  Spéculum  hiftonaUt 
L'Abrégé  de  cet  ouvrage  eft  attri- 
bué à  Dotîngck  :  (  Voye^  ce  mot,  ) 
II.  Une  Lutte  à  S,  Louis  fur  la  mort 
de  fon  fils  aîné.  III.  Un  Traité  de 
VEduCiiùon  dis  Princes ,  &  d'autres 
Traités  en  latin ,  écrits  d'un  ôyle    j 
barbare.  Ce  (avant  religieux  mourut    { 
en  1264. 

IV.  VINCENT FERRIER, (5.)  j 
religieux  de  l'Ordre  de  Saint-Do^ 
minique  ,  né  à  Valence  en  Ef* 
pagne  le  23  Janvier  1^57',  fo* 
reçu  doreur  de  Lérida  en  1384* 
Ses  misons  en^pagne  »  en  France, 
en  Italie.,  en  Angleterre ,  en  Ecoâe  « 
firent  éclater  fon  zèle  dans  une 
partie  de  l'Europe.  Il  l'exerça  iur- 
tout  pendant  le  fchiûne  qui  àéàâ^ 
roit  l'EgUfe.  Il  At  un  grand  nombre 
de  voyages  pour  engager  les  princes 
&  les  prélats  à  travaxller  à  la  réu* 
nion.  Il  fut  «  pendant  plnfieurs  an* 
nées ,  confefieur  de  Benoit  XIII  y  & 
fon  plus  ardent  défenfeur.  Mais 
rebuté  pcir  l'opiniâtreté  de  ce  fchif- 
matique ,  ennemi  déclaré  de  la  paix 
&  de  l'union  de  TEglife ,  il  difpoik 
le  roi  d'Efpagne  te  les  aun-es  foo- 
veraiQs  à  foiSraire  tous  leurs  éott 
à  fon  obéifîance  ;  il  s'atucha  a» 
concile  de  Conftince  ,  &  abaa-,' 
donna  fon  pénitent.  En  14 17  >  U 
alla  prêcher  en  Bretagne  •  &  sioOp 
rut  à  Vanûes  en  1419  ,  âgé  de^ 
ans  &  quelques  mois  ,  apffès  avoiC 
porté  grand  nombre  de  pécheutè^ 
à  la  pénitence.  Nous  avons  de  lois 
pluûeurs  Ouvrages  ,  publiés  à  V»« 
iflBÇf  ^  l^rpagnç,.  101  »  »^ 


r 


VI  N 

On  trouve  dans  ce  recueil  :  T.  Un 
TroJté  de  la  Vie  fpîruucllc ,  ou  de 
l*Humme  intérieur.  II.  Celui  de  la 
Fin  du  Monde ,  ou  di  la  ruine  de  la 
dignité  Eccléjiaftlquc  ^^  de  la  Fol  Ca» 
thollque.  111.  Un  Traité  intitulé  : 
Des  deux  avéaemens  de  CAnuchrlft, 
IV.  Une  Explication  de  l*OTjlfon 
Z^omlnUale,  V.  Des  Sermons ,  pleins 
de  faux  miracles  &  d'inepties  :  on 
doute  qu'ils  foient  de  lui. 

V.  VINCENT  DE  PAUL ,  (  S.  ) 
lé   à   Poy   au  dipcefe  d'Acqs  le 
24  Avril  1576 ,  de  parens  obfcurSf 
bc  d'abord   employé  à  la  garde 
de  leur  petit  troupeau  v  mais  la  pé- 
nétration &  l'intelligence  qu'on  re- 
iqarqua  en  lui,  engagea  fes  parens 
à  l'envoyer  à   Touloufc.   Après 
avoir  fini  fes  études,  il  fut  é:evé 
au  facerdoce  en  1600.  Un  modique 
héritage  l'ayant   appelé    à   Mar- 
feille  I  le  bâtiment  fur  lequel  il  s'en 
I  revenoità  Narbonne,  tomba  entre 
les  mains  des  Turcs.  Il  fut  efçlave 
à  Tunis  fous  trois  maîtres  diifé- 
Tcns ,  dont  il  convertit  le  dernier , 
iHii   étoit   renégat    &    Savoyard, 
S'étant  fauvé^  tous  les  deux  fur 
un  efquif ,  ils  abordèrent  heurcu- 
fcment  à  Aigues-Mortes  en  1607^ 
Le  VicerLégat  d'Avignon  ,  Pierre 
Montorlo  ,  inftruit  de  fon  mérite . 
l'emmena  à  Rome,  L'eilime  avec 
laquelle  il  parloit  du  jeune  prêtre 
François  ,  Tayant  fait  connoître  à 
tv  miniftrc  à* Henri  IV  ^  il  fut  chargé 
d*une  affaire  imponante  auprès  de 
ce  prince  en  1608.  Louis  ^III  ré- 
compenfa  dan^  la  fuite  ce  fervice 
par  l'abbaye  de  Saint-Léonard  de 
Çhaulme.  Après  avoir  été  quelque 
têidps  aumônier  de  la  reine  Mar- 
pierlu  de  Valois ,  il  fe  retira  auprès 
4e  Bérulle  fon  dire£leur\  qui  le  fit 
filtrer  en  qi;alité  de  précepteur  dans 
I9  xnaifon  à' Emmanuel  de   Gondy  , 
eéoéral   des  galères.   Madame   de 
iQondy ,  mère  de  ces  illuflres  élevés , 
tek  Uia  prodige  de  piété..  Ce  fu^ 


VIN  37Î 

elle  ^uî  lui  infpira   le  déf&in  de 
fonder  une  Congrégation  de  Prê- 
tres qui  iroient  faire  des  Mifïïons 
à  la  campagne.  Vlntcnt ,  connu  à  la 
cour  pour  ce  qu'il  étoit,  obtint  par 
fon  feul  mérite  la  place  d'aumônier , 
général  des  galères  en  1619.   Le. 
nijpiflere  dezeh  &  de  chirité  qu'il 
y  exerça ,  fiit  long-temps  célèbre  à 
Marfeille ,   où  il  étoit  dé}à  connu . 
par  de  belles  actions.  Ayant  vu  un 
jour  un  malheureux  forçât  incon- 
folable  d'avoir  laifle  fa  femme  & 
fes  enfans  dans  la  plus  extrême  mi- 
fere^   Vincent  de  Paul  avoit  offert 
de  fe  mettre  à  fa  place  -,  &  ce  qu'on 
aura  peine  fans  doute  à  concevoir  « 
l'échange  fut  accepté.  Cet  homm» 
vertueux    fut   enchaîné  .  dans    U 
chiourme  de^  galériens ,  ^  fes  pieds 
refierent  enflés ,   pendant  le  refte 
de  fa  vie ,  du  poids  des  fers  hono' . 
râbles  qu'il  avoit  portés.  5.  Fran- 
çois de  Sales ,  qui  ne  connoljfolt  pas 
dans  PEgllfe  un  plus  digne  Prêtre  que 
kl^  le  chargea  en  1620  d^  ^upé-^ 
riorité  des  filles  de  la  Viiîtation. 
Apres  la  mort  de  Mad*  di  Gondy  , 
il  fe  retira  au  collège  des  Bons- 
^nfans ,  dont  il  ctoit  principal ,  & 
d'où  il    ne  fortoit  que  pour  faire 
des  Mifïïons  avec  quelques  Prêtres . 
qu'il  avoit  aifociés   à  ce  travail.. 
Quelques  années  après  il  accepta  la 
maifon  de  Saint-La^are  ,  qui  devin: 
le  chef- lieu  de  fa  Congrégation* 
»  Sa  vie  ne  fut  plus  qu'un  tiffu 
'*  de  bonnes  oeuvres ,  (  dit  l'abbé 
»»  Ladvocat.  )    MlJJions  dan5  toutes, 
»r  les  parties  du  royaume  ,   aufîi- 
»»  biep  qu'en  Italie ,  en  EcofTe ,  en. 
»  Barbarie  ,   à  Madagafcar ,  &c.  : 
»»  Conférences  Eçoléjiafiiques  ^   où  fe- 
*y  trouvoient  les  pius  grands  évé» 
>»  ques  du  royaume  :  Retraites  fpl- 
».  rituelles  „  &  ^  même  temps  gra»^ 
n  tuites  :  EtahUJfement  pour  les  En-^ 
'»  fans-Trouvés  ,  à  qui,  par  un  dif- 
»♦  cours  de  fix  lignes ,  il  procura 
w  40,000,  liv,  de  rente  :  FonciwA 


1 


374         VIN 

*»  des  FilUs  ic  la  ChariU  pOUr  fe 
>»  fervide  des  Pauvres  malades  ;  ce  ' 
>»  n*cft-là  qu'une  efquiffe  des  icr- 
M  vices  qu'il  a  rendus  à  l'Eglife  & 
w  à  l'Etat.  Les  Hôpitaux  de  Biectrt , 
»•  de  la  Salpétrierc,  de  la  PuU  ;  ceux 
'*  de  Marftilk  pour  les  Forçats ,  de 
M  Saînu-Rcinc  pour  les  Pèlerins  ,  du 
>»  Saint  Nom  d:  Je/us  pour  les  Vieil- 
.  w  lards ,  lui  doivent  la  plus  grande 
«•  partie  de  ce  qu'ils  font.  11  en- 
»»  voya  en  Lorraine ,  dans  les  temps 
w  les  plus  fâcheux ,  jufqu'à  deux 
»'  millions  en  argent  &  en  effets  ». 
Avant  rétabliilement  pour  les  En- 
fans-Trouvés ,  on  vcndoit  ces  in- 
nocentes créatures  dans  la  rue 
Saint-Landri ,  ao  fols  la  pièce,  & 
on  les  donnoit  par  charité ,  difoit- 
on«  aux  femmes  malades  qui  en) 
avoient  befoin  pour  leur  faire  fucer 
un  lait  corrompu.  Vincent  de  Paul 
fournit  d'abord  des  fonds  pour 
nourrir  douze  de  ces  etifans  :  bientôt 
fa  diarité  foulagea  tous  ceux  qu^on 
trouvoit  expofés  aux  portes^  des 
Eglifes  ',  mais'  les  fecours  lui  ayant 
manqué ,  il  convoqua  une  afTem» 
blée  extraordinaire  de  Dames  cha- 
ritables. Il  fit  placer  dans  l'Eglife 
un  gtand  nombre  de  ces  malheu- 
aeux  enfians  ;  &  ce  fpeâacle  «  joint 
à  une  exhortation  auiH  courte  que 
pathétique ,  arracha  dès  larmes  j  & 
le  même  jour ,  dans  la  même  Eglife  , 
au  même  indant  ,  l'Hôpital  des 
-Enfans-Trouvés  fut  fondé  &  doté. 
Pendant  dix  années  qu'il  fut  à  la 
tête  du  cofifeîl  de  confcience  fou^ 
jinne  d^ Autriche ,  il  ne  fit  nommer 
aux  béoéfices  que  ceux  qui  en 
étoieat  les  plHs  dignes.  (  Voy,  m. 
Harlat.  )  L'attention  qu'il  eut 
d'écarter  les  partifans  deJanfimus, 
l'a  fait  peindre  par  les  hiftoriens 
de  Port-royal  ôômme  un  homme 
.  d'un  génie  borné  \  mais  ils  n'ont  pu 
lui  remfer  une  vertu  peu  commune. 
Tl  travailla  efficacement  à  la  Ré'* 
forme  de  Grammont ,  de  Prémontré  % 


V  I  N 

de  l'abbaye  de  Saînte-Genevïevr; 
aufli-bien    qu'à    VEtahVJftment  da 
grands  Séminaires.    Vincent   accablé 
d'années ,  de  travaux ,  de  mortifi- 
cations, finit  fa   fainte  carrière  le 
27  Septembre   1660 ,  âgé  de  près 
de  85    ans.  Benoit  XIII  lé  mit  au 
nombre  des  Bienheureux  le  13  Août 
1729 ,  &   ClétfAnt  XII  au  nombre 
éts  Saims  le  16  Juin  1737.  Ceux 
qui  voudront  connoître  plus  par- 
ticulièrement S.    Vincent  de  Paul  ^ 
peuvent  lire  la  Vie  que  Colla  en 
a  donnée  en  2  voU  in-4°.  On  ne 
peut   qu'admirer  Vincent  en  lifant 
cet  ouvrage ,  &  quoique  ce  foii  le 
portrait  d'un  père  fait  par  un  en- 
fant ,  il  n'efl  que  très-peu  flatté.  Sa 
Congrégation  pofiede  aujourd'hui 
environ  84  Maifons ,  divifées  en 
neuf  provinces.  Elle  ne  s'eft  pas 
illufltée ,  comme  d'autres  y  dans  la 
littérature  :  ce  n'étoit  pas  le  bui 
de  fon  fondateur ,  homme  plus  pieux 
que  favant  v  mais   elle  fert  utiles 
ment  l'Eglife  dans  les  Séminaires 
&  dans  les  Miflîons.  L'éditeur  de 
Ladvocat  cite  à  la  fuite  de  l'article 
de    Vincent   de  Paul  ,    Vjiyocat  dià 
Diable  y  3  VOl.  in-12  i  mais  il  au-  . 
roit  dû  avenir  que  ce  livre  eft  vêl.. 
libelle ,  où  le  fondateur  des  L  an 
rifles  eil  traité  dOnfunt:  délateur  & 
à.*  exécrable  boute  feu.  Il  y  a  tant  d'em- 
portement dans  cet  ouvrage  ,  que 
l'auteur   paroît    réellement    avoir 
été  infpiré  par  celui  dont  il  fo  dit 
l'avocat, 

VINCENTINI  ,  Voyei  Tho- 
MASsiN,  n**  IV  ^  &  Valerio  , 
n**  /i, 

VINCI  >  (  Léonard  de  )  peintre  » 
vît  le  joiir  de  parens  nobles ,  dans 
le  château  de  Vinci  près  de  Flo- 
rence »  en  1445.  Les  fctences  &  les 
ans  étoient  familiers  à  ce  peintre*» 
il  avoit  ifiventé  une  forte  de  lyre 
dont  il  tonchoit  par6ntemei;it.  Il 
'connoiffoit  l'architedhire  &  l*hy- 
draulique»  Peu  de  temps  après  avw 


J 


r 


VIN 

•enffleacé  à  audier  la  pelntare  « 
V'frofhto\  foo  maître^  le  crut  en 
4tat  de  travailler  à  un  Ange  qui  ref* 
toit  à  peindre  dans  un  de  îes  Ta- 
bleaux ,  dont  le  ru}et  étoit  le  Bap- 
t^e  de  Notr^-Seigneur.  Le  jeune 
Léonard  '  le  fit  avec  tant  ^'art ,  qu^ 
*  cette  figure  effaçoit  toutçs  les  au- 
t  très.  Verrochio  ,  piqué  de  fe  voi* 
«inû  furpaffé ,  ne  voulut  plus  ma- 
nier le  pinceau.  Un  det  plus  ma- 
gnifiques ouvrages  de  léonard,  efl 
la  Repréfentaticm  de  la  Cène  de 
Kotre-Seigneur ,  qu'il  peignit  dans 
le  réfeâoire  des  Dominicains  à 
Milan ,  (  ville  où  il  fonda  VEcok 
de  peinturé  qui  y  fleurit. }  Il  avoit 
commencé  par  les  Apôtres  ;  mais 
s'étant  épuiîë  par  l'expreâiofi  qu'il 
leur  donna  dans  les  airs  de  tête ,  il 
ne  trouva  riei^  d'aiTe;  beau  pour 
leChrifl*  &  le  laiffa  ébauché.  Ce- 
pendant le  prieur  du  couvent  , 
homme  inquiet  ,  le  tourmenroit 
dans  ceffe.  Léonard  y  pour  fe  venger 
de  ce  moine  impatient ,  le  peignit 
à  la  place  de  Judas  ,  dont  la  figure 
reftoit  auffî  à  fiqtr.  Ce  fut  avec  ce 
\  peintre  que  Michel-Ange  travailla  , 
'  par  l'ordre  du  Sénat,  à  orner  la 
grand'feUe  du  confeil  de  Florence; 
4k  ils  firent  enfemble  ces  Cartons 
cui  fom  devenus  depuis  fi  fameuse. 
Il  efl  rare  que  la  jaloufîe  ne  dé- 
truire point  l'union  qui  fembleroit 
devoir  régner  entre  les  perfonnes 
à  talent.  Cette  cruelle  paffîon  força 
Léonard  de  quitter  l'Italie ,  où  M/- 
€hel-Ang€  partageoit  avec  lui  Tad- 
«niration  publique.  Il  vint  donc  en 
France,  à  la  cour  de  François 2; 
mais  étant  déjà  vieux  &  infirme , 
il  n'y  fit  que  très-peu  d'ouvrages. 
II  mourut  vers  Tan  1510,  à  Fon- 
tainebleau ,  entre  les  bras  du  roi , 
^ui  rétoit  venu  vifitér  dans  fa  der- 
nière maladie.  Senfible  à  cette  fa- 
veur ,  il  fe  fouleva  pour  témoigner 
<a  reconnoiflance  au  monarque*, 
coais  il  Uû  prit  une  foiblefie,  &  îl 


vin;        37f 

expira  à  Vâge  de  75  *as-  Aux  grâces 
de  la  figure,  aux  charmes  de  lef- 
prit,  il  fut  allier  tous  les  talens 
agréables,  qu'il  po^édoit  à  un  de- 
gré fupéri^r.  DÏoué  d'une  force  de 
corps  prodigieuie,  il  fit  dans  ce 
genre,  des  chofes  qui  auroient  mêm^ 
étonné  le  maréchal  de  Saxe.  Si  nous 
le  confidérons  comme  peintre ,  foa 
coloris  efl  fbible,  fes  carnations 
font  d'un  rouge  de  lie.  Il  fintÛbit 
tellement  ce  qu'il  Êisfoit,  que  fou-» 
vent  fon  ouvrage  en  deveaoit  fec. 
21  avoit  aufli  une  exactitude  trop 
fîervile  à  fuivre  la  nature  jufquc 
dans  fes  minuties  ;  mais  ice  peintre 
a  excellé  à  donner  à  chaque  chofe 
Te  caraâere  qui  lui  convenoit.  Il 
avoit  fait  une  étude  particulière  des 
flïouvemcns  produits  par  les  paf* 
fions.  Il  y  a  une  Correôion  &  un 
goiît  exquis  dans  fon  deilin.  Qa 
remarque  aufii  beaucoup  de  no«  / 
blefle ,  d'efprit  &  de  fagefTe  daiu 
fes  comp<ïfitio&s.  Le  Traité  de  U 
Peinture ,  en  italien ,  Paris ,  165 1 , 
in>fo]. ,  que  ce  peintre  a  laifTé ,  eft  . 
eflimé.  Nous  en  avons  une  Traduc» 
tion  françoife ,  àannip  par  Cham* 
hray ,  Paris ,  165 1 ,  in-fol.  i  &  unf 
de  1716,  in-i^  Nous  avpp^  eur 
core  de  lui ,  Des  Titts  &  des  Chfltf 
ges,  1730,  in-4^ 

VINET ,  (  Elie  )  naquit  d'un  iîm- 
ple  cultivateur  du  village  des  Vi- 
nets ,  près  de  Barbexicux  en  Sain- 
tonge.  jéndré  Govea  ,  principal  dtt 
collège  de  Bordeaux ,  l'appela  dans  ' 
cette  ville,  où  il  luifuccéda.  Après 
avoir  fait  un  voyage  en  Portugal , 
il  remplit  cette  place  avec  un  fuccè( 
diflingué.  Il  fut  pour  Bordeaux  ce 
que  RolUn  a  été  depuis  pour  Paris.  . 
C'efl  lui  qui  forma  cette  pépinière 
de  Savans  qui  fe  diflinguerent , 
foît  au  barreau ,  foit  dans  le  parle- 
ment. Sa  réputation  attira  dans  le 
collège  de  Guienne  prefque  toute 
la  jeuneiTe  de  la  province.  C'étoit 
un  homine  grave,  infatigable  ttl 
Aa  ÎY 


1 


^7^         VIN 

travail  »  &  aimant  tellement  Tétude  » 
que  dans  ûi  dernière  maladie  il  ne 
cefla  de  lire,  &  de  £ûre  des obfer- 
vations  fur  ce  qu'il  liibtt.  Son  af- 
Cibilité  &  la  candeur  de  fes  moeurs 
(égal  oient  fon  ardeur  laborieufe. 
Il  mourut  à  Bordeaux  en  1587*  à 
78  ans,  regardé  dans  la  républi- 
que des  lettres  comme  un  favant 
firofond  &  un  c^tique  habile.  Ses 
principaux  ouvrages  font  :  I.  VAn- 
êiqmté  4e  Bordeaux  &.  de,  Bourg ,  I  ^  74 , 
$n-4^.  II.  Celle  de  Sainus  fy  de  Bar- 
theiîeux ,  1571  ,  ia-4?.  Ces  deux 
livres  font  eiiimés  à  caufe  des  re- 
cherches. III.  La  Manière  4e  faire 
^des  Solaires  ou  Cadrans  ,  in  •  4^, 
IV.  VArpcnterie  ^  in -4°.  V.  Des 
Traduclions  Françolfts  de  la  Sphère 
et  Produs ,  &  de  la  Vie  de  Char- 
lemagne  écrite  par  Effnard,  VI.  De 
bonnes  Editions  de  Théognis ,  de 
Sidonius  ApoUinaris  ^  du  livre  de 
Suétone  fur  les  Grammairiens  & 
les  Rhéteurs,  de  Per/e^  &Etarope\ 
^*Aufone  ,  de  Florus^  Ôtc-,  avec  des 
potes  &  des  Commentaires  pleins 
id'é^dition. 

VWGBOONS  ,  (  N...  )  archi- 
teâe  HoHandois  du  dernier  fiecle , 
s'eft  rendu  célèbre  par  le  grand 
hombre  de  beaux  édifices  qu'il  a 
hit  conftruire  dans  fa  patrie.  Ses 
nOuvrages  ont  été  imprimés  à  la  Haye, 
11736,  in-folio. 

"^  VIN  I  US  ,  favori  de  Galba  ; 
iFoy,  Tarticie  de  cet  empereur ,  vers 
Je  milieu. 

/   VINNIUS,  {  Arnold  )  célèbres 

Çrofefleur  de  droit  à  Leyde ,  mou- 
ut  en  i<S57,  à  70  ans.  On  a  de 
lui  un  Commentaire  fut  les  In/Httaes 
^e  Juftinien ,  Elzévir ,  1665  ,  in -4^  ; 
réimprimé  fous  ce  titre  :  Arnuldi 
Y  IN  su  JunfconfuUi  y  in  quatuor  U- 
fros  Inflîtutîonum  Jmperialium  >  Com," 
mmtarius  academîcus  &  fonnfis  ^  &c. 
Çul  accédant  ejufdem  Vinnii  Quitftio- 
fesfuns/«iea^,?SLxis^  1778,  »  vol. 


VIN 

in-4^M  le  im  autre  Commetiu^  filf 
lesandens  ^urifconfultes ,  leyde  ^ 
1677  «  in-8^.  Celui-ci  fait  fimc  dcf 
Auteurs  cumnatis  Variorum, 

VJNOT,  (Modefte)  prêtre  d« 
rOratoire,  né  à  Nogcnt-iUr-Aube, 
d*un  avocat,  profe£i  la  rhétorique 
à  Marieille ,  où  il  fe  diûingua  par 
fes  Harangues  &  par  fes  Poéûes  la? 
tines.  La  Uttérature  n'étoit  pas'foq 
ieul  talent.  Ses  fupérienrs  l'ayant 
envoyé  à  Tours,  pour  y  £dre  des 
Conférences  publiques  fur  l'Hiftoirç 
leccléûaftique ,  il  mérita  que  d*Herr 
yaux^  archevêque  de  Tours ,  le  nomr 
mâc  chanoine  de  Saint-Qatien.  Le  P« 
V^not  conferva  ce  canonicat  le  reile 
de  fes  jours ,  fans  fortir  de  la  Con? 
grégation ,  qui  le  regarda  touiour^ 
comme  un  de  fes  p^us  illuftres  mem? 
bres.  On  a  de  lui  :  I.  Une  Tradue» 
$ion ,  en  beaiix  vers  latins  »  des  Fa-: 
blés  choifies  de  la  Fontaine,  con^ 
jointement  avec  le  P.  Xijf^i  H 
d'autres  Poéfies  latines ,  imprimée! 
à  Troyes ,  en  deux  petits  vol.  in-ii^ 
&  réimprimées  à  H^^uen  fous  I9 
nom  d'Anvers*,  par  les  foins  d« 
l'abbé  Saas^  en  1738,  in- 12.  II. 
Une  Dérkonclatlop.  raifonnde  d*unf 
Tfhefe  de  Thiolope  fouitenue  à  Tours 
le  10  Mai  17 17.  Le  P.  Vinot  mour 
yut  àTours  le  20  Décembre  Î731  # 
à  59  ans!  Il  avoir  de  Tefprit,  dé 
rimagination ,  &  le  génie  de  1? 
Satire.  Quelques  écrivains  lui  ont 
fauflfement  attribué  le  PhilotaniUm 
(  Voyex  QrÉCDVRT  &  JoyiN.) 

VINTIMILLE.  (  Charles  -Gafr 
pacd-GuilIaume  de  )  d'une  des  pluf 
anciennes  familles  du  royaume, 
fut  fucceffivement  évoque  de  Mar^ 
feille ,  archevêque  d'Aix  en  1708* 
&  de  Paris  en  I729.  Il  mourut  I9 
13  Mars  1746 ,  à  91  ans.  L'amour 
de  la  paix  fut  fon  principal  mérittw 
Les  difputes  du  Janfénifine  ,  qni 
troubler^t  fon  dioccfe  ,  n'alté- 
rèrent point  la  tranquillité  de  fof 
çaraélere.  Il  fut  le  premier  à  V». 


1 


r 


VI  Ô 

i»  fatSres  que  les  pardfans  Mtt 
^cre  Parts  publièrent  contre  lui. 
Son  firere  ^  le  comte  du  Luc,  mort  en 
X740,  a  87  ans,  laiffa  desen£int. 

VIO ,  (  Thomas  de  )  célèbre  caft- 
iînal ,  plus  connu  (bus  le  nom  de 
Cajmtan  ,  naquit  à  Çaïette  dans  le 
royaume  de  Naples ,  le  ^o  Février 
1469.  L;Ordre  4e  Saint-Dominique 
le  reçut  dans  fon  fein  en  14S4.  Il 
y  brilla  par  fon  efprit  &  par  fon 
favoir  ,  devint  doâeur  &  profef- 
feur  en  '  théologie  >  puis  procureur» 
général  de  fon  Ordre ,  &  enfin  gé- 
néral en  1508,  Il  rendit  des  fer- 
vices  importans  aux  papes  Jules  II 
%L  Lion  X ,  qui  l'honora  de  la  pour«> 
pre  en  1517,  &  le  fit  l'année  fuir 
vante  fon  légat  en  Allemagne.  Le 
carcSnal  C^étan  eut  plufîeurs  con- 
férences zveç. Luther-,  mais  fon  zèle 
&  fon  éloquence  ne  purent  ramener 
dans  le  bercail  cette  brebis  égarée. 
Elevé  en  1 5 19  à  l'évéché  de  Gaïette, 
îl  fut  envoyé  légat  en  Hongrie  l'an 
1523.  Après  y  avoir  fait  beaucoup 
de  bien ,  il  retourna  à  Rome ,  où 
il  mourut  le  9  Août  i  ]f  34  »  à  67 
ans.  Malgré  les  affaires  importantes 
dont  il  étoit  chargé ,  il  s'étoit  fait 
pn  devoir  de  ne  laiffer  pafler  au<p 
pm  jour  fans  donner  quelques 
heures  à  l!étude.  Cefl  ce  qui  lui 
fit  -  compofer  un  fi  grand  nombre 
d'ouvrages.  Les  principaux  font^ 
I.  Des  Cçmmentalres  fur  l'Ëcriture- 
faintCy  imprimés  à  Lyon  en  1639 , 
fa  5  vol.  in-fol.  II.  De  auSloruau 
Fapit  &  ConcUu  ^fivê  Eccltfitt ,  eom^ 
parâta  ,  en  ^S  chapitres  :  livre  où 
domine  rUltramontanifme.  III.  Des 
J^-aiUs  fur  diverfes  matières.  IV. 
Pes  Commentaires  fur  la  Somme  de 
^aînt  Thomas  ,  qu'o^  trouve  dans 
les  éditions  de  cette  Somme,  de 
1541  &  16 12.  Ce»  différens  Ou- 
vrages font  une  fource  d'érudition. 
Le  cardinal  Cajétan  avoit  beaucoup 
fij  fiç  j^eaiicoup  compilé-,  ms^s  fes 


V  I  R   .       377 

livres  font  trop  volumineux  pour 
croire  qu'il  l'eût  toujours  Êi  t  avef 
difcemement. 

VIOLE,  (Le)  peintre  Italien  , 
mourut  à  Rome  en  1622 ,  âgé  de 
50  ans.  Annîbal  Caraehe  lui  dpnn^ 
des  leçons ,  &  perfectionna  fes  ta- 
lens  pour  le  payfage,  dans  lequel 
ce  maître  a  excellé.  Le  pape  Gri-- 
goirc  XV ,  charmé  de  fon  mérite  « 
l'attacha  à  fon  fervice;  mais  le* 
bientiaits  de  Êi  Sainteté  ,  loia  de 
l'animer  au  travail ,  lui  firent  em- 
brafTer  une  vie  oifive.  On  doit  le 
djilinguer  de  Viole  Zas^ni  ,  qu} 
cultiva  rarchiteCkure ,  &  qui  éciif 
vit  fur  cet  art. 

VIOLETTE,  (La  )  r^y^ 
Çresne,  n^  III. 

VIONNET,  (  Georges)  Jéfuit» 
de  Lyon  ,  d'un  caraâere  aimable, 
étoit  un  bon  littérateur  &  un  poète 
foible.  Npus  avons  de  lui  une  Tra-? 
gédie  de  Xtrùs^  en  V  af^es  &  et| 
vers,  1749  »  &  quelques  Pocfics  la-, 
tînes  fur  difFérens  fu}ets.  Il  termina 
fa  carrière  en  1754,  à  42  ans. 

VIPERANI,  (  Jean  -  Antoine) 
chanoine  de  Girgenti,  puis  évêque 
de  Giovenazzo  en  1 588 ,  eft  auteur 
d'une  Poétique,  de  Poéfies  latines^ 
&  d'autres  Ouvrage ,  Naples ,  1606  , 
3  vol^in-fol.  Us  eurent  du  fuccès. 
L'auteur  mourut  en  16  lo. 

VIRET , (Pierre  )  miniflre  Cal-» 
vinifie,  né  à  Orbe  en  SuifTe  Tan 
1 5 1 1 ,  s'unit  avec  Farel ,  pour  aller 
prêcher  à  Genève  les  erreurs  de 
Calvin.  Les  Genevois  les  ayant 
écoutés  avec  avidité»  chafîerent  les 
Cadiolîques  de  la  ville  en  1536. 
Vîret  fut  enfuite  ftiiniffare  à  Laufanne 
&  dans  plufîeurs  autres  villes.  Il 
mourut  à  Pau  en  1^71 ,  à  60  ans. 
Le  zèle  lui  avoit  donné  une  efr 
pece  d'éloquence;  mais  elle  brille 
peu  dans  les  ouvrages  que  nous 
^vons  de  lui  en  latin  &  en  françoi«  : 


1 


378         V  I  R 

I.  OpufcuU^  155)  >  in-(b1.  II.  Dtf- 
futatlousfur  l^état  des  Trépajj[is^  '55^» 
in-8**.  111.  La  Phyfiqud  PapaU  ,1552 
in-8^ ,  que  les  efprks ,  amis  de  la 
fadre,  rechercheac ,  ainfi  que  fa  Hi^ 
tromana  PapaU ,  Genève ,  1 5  n  t 
tn-8^.  IV.  Le  JÙquU/cat  lu  pau  du 
Vurgatoire.  Les  écrivons  de  fon 
parti  on  peint  VU^  comme  im 
liomroe  d'un  (avoir  profond ,  dont 
Its  mœurs  étoient  douces  &  po- 
lies ,  &  qui  fe  feifoit  écouter  avec 
plaiiîr,  foit  lorsqu'il  parloit,  foit 
larfqu'il  écrivoit.  C^'étoit  moins  à 
<aufe  de  fon  éloquence  que ,  parce 
^u'U  mêloit  à  ît%  difcoûrs ,  comme 
à  fes  écrits ,  des  boulfonneries  qui 
amufoient  ia  multitude ,  toujours 
plus  entraînée  par  les  grolTes  plai- 
fanteries ,  que  par  les  raifonnemens 
&  les  autorités.  , 

VIRGILE,  {Ptiblius  Vir^lîus 
Marô  )  fumommé  le  Prma  âts  Poiuts 
Latins  ,  naquit  à  Andes ,  village  ' 
près  de  Mantoue ,  le  15  Oûobre 
âe  Tan  70  avant  J.  C. ,  d'un  potier 
de  terre.  Les  Ides  d'Odiobre,  qui 
étoient  le  15  de  ce  mois  «  devinrent 
à  jamais  faraeufes  par  fa  naiilànce. 
Il  paiïa  les  premières  années  de  fa 
vie  à  Crenione ,  où  il  commença 
fes  études  à  l'âge  de  17  ans.  Après 
avoir  pris  la  robe  virile,  il  alla 
à  Naples ,  pour  cultiver  les  lettres 
grecques  &  latines.  Il  s'appliqua 
cnfuite  aux  mathémadques  &  à  la 
médecine»  qu'il  facrifia  bientôt  aux 
charmes  de  la  poéfie^  Ayant  été 
chaiTé  de  fa  maifon  &  dépouillé 
é\in  petit  champ,  fon  feulbien^ 
par  la  diftribution  faite  aux  foldats 
vétérans ,  des  terres  du  Mantouaa 
<&  du  Crémonois ,  il  vint  à  Rome , 
pour  expoiêr  fes  malheurs.  Il 
s'adrefla  à  Méeme  6ç  à  PollUm ,  qui 
lui  firent  rendre  fon  patrimoine  par 
Augufte.  Ce  fut  pour  remercier  ce 
prince  qu41  compofa  fa  première 
Eglogue,  Cette  pièce  fit  connoitre 
fon  grand  talent  pour  la  poéfie« 


VI  R 

8e  devînt  la  fource  de  £1  femme; 
Il  linh  fes  Buco/i^uu  au  bout  de 
trois  ans  :  Ouvrage  précieux  par  les 
grâces  ûmples  &  naturelles  ,  paf 
l'élégance  &  la  délicatefTe,  &  par 
la  pureté  de  langage  qui  y  régnent. 
Peu  de  temps  après,  Fifple  entre** 
prit  les  Géorpquis ,  à  la  prière  de 
Mécetu.  11  paroit  que  pour  que  îm 
mufe  fût  moins  diâraitef^ii  fe  re* 
tira  à  Naples.  Ceft  lui-même  qui 
nous  apprend  cette  particularité  1 4 
la  fin  de  cePoëme,  le  plus  travaillé 
de  tous  ceux  qu'il  nous  a  laifies , 
&  qu'on  peut  appeler  le  chef-d'oeii* 
vre  de  la  poéûe  latine.  »  Aucua 
«■  poète ,  à  mon  avis ,  (  dit  M.  Rou" 
-  cher)  n'a  eu,  ail  même  degré  que 
M  VlrglU  ,  le  talent  d'intérefÊier. 
M  J'éprouve ,  en  liiant  certains  mor- 
*•  ceaux  de  its  Eglogues  &  de  fes 
»  GéorgiquiM  ,  un  atteadrifiTement 
>*  qui  ne  fe  manifede  point,  il  eft 
**  vrai ,  par  des  larmes ,  mais  qui 
*'  peut-être  en  eil  plus  doux ,  parce 
w  qu'il  me  fait  tomber  comme  dans 
*'  une  rêverie  amoureufe.  Lucnu 
m  avoit ,  plus  que  lui ,  de  cette  pro- 
>«  fondeur  de  génie  qui  donne  beau- 
u  coup  à  penfer*,  Horace ,  de  cette 
w  philofophie  pratique,  qui  rend 
M  tous  les  jours  de  notre  vie  égale- 
»  ment  heureux  :  mais  ni  l^im  ai 
w  l'autre  ne  pénètrent  l'ama  de  cette 
M  fenfibi^ité  du  moment,  qui  reT- 
I»  femble  aux  émotions  de  l'amour. 
«*  Les  deux  premiers  ont  vanté  le 
M  bonheur  de  la  vie  champêtre} 
»  mais  il  me  femble  toujours  que  ce 
»  fentiment  eft  en  eux  le  fruit  de  la 
M  réflexion  :  dans  Vlrp^h ,  c'efi  ua 
M  mouvement  involontaire  de  fon 
"  ame ,  une  efpece  d'infiinâ ,  le 
M  cri  de  la  nature.  Il  fait  aimer  ce 
»»  qu'il  chante,  parce  qu'il  Ta  aimé 
»  le  premier  u.  Les  Géorgiqiits  lui 
coûtèrent  fept  aos  de  travail.  Après 
les  avoir  lues  à  Augu/b ,  il  com- 
mença ÏEnéidi,  Ses  différens  Ou- 
vrages lui  acquirent  les  fuffirages 


&  Pamitié  de  l'empereur ,  de  Mc- 
€m€  y  de  Tucca  »  de  PoUlon ,  d*J5fo- 
ra^e ,  de  Gallus,  La  vénération  qu'on 
avoit  pour  lui  à  Rome,  ëtoit  telle, 
qu'un  jour  »  comme  il  vint  au  théâ- 
tre, après  qu'on  y  eut  récité  quel- 
ques-uns de  fes  vers ,  tout  le  peu- 
ple s'éleva  avec  des  acclamations  : 
honneur  qu'on  ne  rendoit  albrs 
qu'à  l'empereur.  Tant  de  jgloire  lui 
£t  des  jaloux,  à  la  tête  defquels 
étoient  Bavlus  &  Naviui,  On  atta- 
qua fa  naifTance,  on  déchira  fes 
ouvrages  ,  on  ne  refpedta  pas  même 
ies  mœurs  *,  on  lui  prêta  des  goûts 
iii£unes,  ainfi  qu'à  Socrau  ,  PU- 
ton  y  &c.  Ce  qui  encourageoit  les 
critiques ,  c'étoit  (a  modeftie ,  qui 
dégénéroit  en  timidité.  Sa  gloire 
l'embarrafToit  en  bien  des  occaiions-, 
quand  la  multitude  accouroit  pour 
le  voir ,  il  fe  déroboit  en  rougiÔant. 
Il  négligeoit  fes  habillemens  &  fa 
perfonne.  Cette  iimplicité  cachoit 
beaucoup  de  génie  *,  mais  ce  n'étoic 
pas  aux  fots  à  le  voir.  Un  cenain 
i7/î/?iii ,  bel-efprit  de  cour ,  prenoit 
plaifir ,  dit-on ,  à  l'agacer  continuel- 
lement, même  en  préfence  d'^u- 
gufie,.,]  Vous  eus  mtut ,  lui  dit-il  un 
Jour  >  &  quand  vous  aum^  une  lan^ 
pie  ,  vous  ne  vous  défendrU^  pas 
mUux.,.  Virgile  ,  piqué ,  fe  contenta 
de  répondre  :  Aies  ouvrages  parlent 
pour  moi.  —  Augufte  applaudit  à 
^  repartie,  &  dit  à  Fdifius  -.  Sî 
vous  connoiJfie[  tavantage^Ju  filence  , 
yous  le  gardtrlei  toujours^,,  Cornifi» 
€ius ,  autre  Zoïle ,  déchiroit  Virgile, 
On  en  avertit  le  poète ,  qui  ré- 
pondit iîmplement  :  Cornifidus  m'^- 
êonne.  Je  ne  l*ai  jamais  off^nfé^  je 
ne  le  hais  point  >  mais  il  faut  que 
l*Artifie  porte  envie  à  l*Artifte  ^  & 
ic  Poète  au  Poète,  Je  ne  me  venge  de 
mes  ennemis^  qu'en  m* éclairant  par 
leur  critique.  Vfk  de  ceux  dont  il 
fiit  le  moins  bleifé,  c'eft  Bathille; 
Virgile  avoit  attaché  pendant  la 
Auit;  à  la  parce  du  palais  d^Àu* 


V  I  R      ,379 

pifie  ,  ce  Diftiqtic  où  il  le  iàit  égal 

à  Jupiter  :  ' 

NoBe  pluît  t^  ;  redetmt  fpeSbcuU 

mane  : 
Dlvifum  imperîum  cum  Jqvm  Cafar 

kahet. 

L'empereur  voulut  connoître  l'au- 
teur de  cette  ingénieuCe  bagatelle  \ 
personne  ne  fe  déclara.  BàthîlU  , 
profitant  de  ce  filence  ,  fe  fait  hon- 
neur du  Diflique  >  &  en  reçoit  la 
récompenfe.  Le  dépit  de  Virgile  lui 
fuggéra  une  idée  heureufe:  ce  fut 
de  mettre  au  bas  du  Diftique  ,  ce 
vers: 

Hos  ego  verfieulos  fecî ,  tulit  sUer  Ao* 
nwres; 

&  le  commencement  du  fuxvantr 

Sic  vos  non  vohis ,  répété  4  fois. 

L'empereur  demanda  qu'on  en  ache- 
vât le  fens  ;  mais  perfonne  ne  pue 
le  faire  »  que  celui  qui  avoit  enfanté 
le  Diflique.  BatfUlle  devint  la  fable 
de  Rome  ,  &  Virale  fut  au  comble 
de  fa  gloire ,  fur- tout  lorfqu'on  eut 
vu  quelques  échantillons  de  fon 
Enéide.  Quand  Auguftdiut  de  retour 
de  la  guerre  contre  les  Câmabres  , 
VtrpU  lui  fitlalefture  duir,  IV* 
&  VP  livres  de  ce  Poëme ,  en  pré- 
fence d'OHavie  fa  fœur ,  qui  venoit 
de  perdre  M.  Claudius  Marcellus  fon 
fils  unique.  Le  poëte  avoit  placé 
l'Eloge  de  ce  îeune  prince  à  la  fin 
du  Vï* ,  avec  tant  d'an ,  &  l'avoit 
tourné  d'une  manière  iî  touchante, 
que  ce  morceau  fit  fondre  en  larmes 
l'empereur  &  OBavie,  On  dit  que 
cette  princefTe  récompenfa  Virgile^ 
en  lui  faifant  compter  dix  grands 
feflerces  pour  chaque  vers  :  ce  qui 
faifoit  une  fomme  de  près  de  32,50a 
livres.  On  ajoute  même  qu'elle 
s'étoit  évanouie  à  ces  mots  :  Tu 
Marcellus  £RIs.  Virale ,  après 
avoir  achevé  fon  Enéide ,  fe  pro- 
pofoit  de  fe  retirer  pendant  trois  ans 


îSo        V  I  R 

.  dans  vmtùAitaéfi  y  pour  la  revoir  & 
la  polir.  Il  partit  dans  ce  deffeÎQ 
pour  la  Grèce  ;  mais  ayant  rencontré 
é  Athènes ,  Augujie  ,  qui  revenoit  de 
rOrient,  il  prit  le  parti  de  le  fuivre 
è  Rome.  Il  fut  attaqué  en  chemin 
de  la  maladie  dont  il  mourut.  Il  a  voit 
employé  onze  ans  à  la  compolîtioa 
de  VEné'de  j  mais  voyant  approcher 
fa  fin  ,  fans  avoir  pu  y  faire  les 
diangemens  qu'il  méditoit ,  il  or«- 
donna  par  Ton  teftament ,  qu'on  la 
}ctàt  au  feu.  Ses  amis  Tufca  &  Varias 
lui  dirent  qu'jéugufie  ne  perraettroit 
pas  qu'on  exécutât  un  ordre  fi 
rigoureux.  Alors  il  leur  légua  fon 
Poëme  j  à  condition  qu'on  le  laif- 
ftroit  tel  qu'il  étoit  :  de  là  vient 
qu'on  y  trouve  tant  de  vers  impar- 
éits.  L'auteur  dç  cet  Ouvrage  unir 
que  mourût  à  Brindes  en  Calabre, 
©ù  il  s'étoit  arrêté ,  le  21  Septembre 
deraA.19  d«  J.  C,  à  p  ans.  Quoi- 
que} yirgUe  ne  foit  venu  qu'après 
/iofmre,qu"i\  l'ait  imité  dans  le  plan 
de  fon  Poëme ,  &  qu'ij  n'ait  pu 
jnettrela  dernière  main  à  fon  Ou- 
vrage, cependant  c'eft  une  queftion 
indécife ,  &  qui  le  fera  vraifembla- 
blemfnt toujours,  def^voir  lequel 
des  deux  poètes  a  le  mieux  réufll 
dans  la  Poéûe  épique  :  J  Voy.  dans 
l'article  à* Homère  le  Parallèle  de 
pes  deux  grands  hommes.]  Ce Paralr 
lèle  nous  difpenfe  de  tracer  ici  le 
^araâ:ere  de  V Enéide  &  de  fon  auteur. 
Comme  les  talens  font  bornés ,  Vir- 
gile n'étoit  plus  le  même  lorfqu'il 
çcrivoit  en  profe.  Séneqt^  le  Philo^ 
fophe  nous  apprend  ,  qu'il  n'avoit 
pas  mieux  rjuffien  profe  ,  que  Cî- 
€eron  en  vers.  Lofante  de  ce  poëte 
9voit  toujours  été  foible  &  chance- 
lante ;  il  étoit  fujet  aux  maux  d'ef- 
tomac  &  de  tête ,  &  aux  crachemens 
de  fahg  :  aufli  mourut-il  d'une  coli? 
que  à  laquelle  il  étoit  fort  fujet , 
?iu  milieu  de  fa  carrière.  Il  laiiTa  des 
fommes  confidérables  à  Tucca  ,  à 
y^lus  .,   à  Méçcae ,  à  l'empereur  • 


V  IR 

même.  On  aflure  qu'il  a  volt  teç\$ 
'  de  ce  prince  8c  de  fes  amis  plus  de- 
1200  mille  livres.  Peu  de  poëte*. 
ont  fait  une  pareille  fortune.  Soa 
corps  fut  porté  près  de  Naples  ;  ôc 
l'on  mit  fur  fon  tombeau  çesî  vers, 
qu'il  avoit  faits  en  mourant: 

Mantua  me  genult^   Calabri  rapuére  ^' 
tenet  nunc 
Pank&nope  :  cmlnl  Pafuia ,  Rura  ^ 
Dùcest 

Andes  m*a  donné  la  naifTance , 

J'ai  vécu  chez  les  Calabroîs  ; 

Parthenopeà  préfent  me  tient  fou$ 

fa  puiflfance 

J'ai  chanté  les  Bergers ,  la  Campagne 
&  iecRois. 

Les  éditions  les  plus  recherchée* 
des  Ouvrages  de  Virgile ,  font  celles 
de  1470, 1471  ,  1472,  in-fol.  ;  -^ 
du  Père  la  Çerda^  Lyon,  1619  ,  3 
vol.  in-folio  ;  — »  de  Sedan ,  1 62  5  ^ 
in-  5  2  ;  — d*£/îfi>fV,  16  36,  in- 1 2  ;  —i 
du  Louvre  ,  164 1  ,  in-folio  i  — dç 
I^ondres^  1663  ,  in-fol,  donnée  paf 
OgllH  ,  avec  10^  figures  &  une 
carte;  —  Cum  nous  Varlorum ,  1680  ^^ 
j  vol.  in-8°  ;  —  Ad  i^fum  Dclphlnî  ^ 
Paris,  1682 ,  in-4**  ;  —  dç  Lewarde^ 
1717 ,  in-4**  -,  —Florence  ,  1741 , 
în-4**  ;  — Amfterdam ,  I746 ,  4  Vol, 
in-4*'  ;  —  Rome  ,  1741 ,  in-folio  , 
faite  fur  un  ancien  manufcrit  dont 
on  a  figuré  l'écriture  *,  — Ibid.  1763 , 
en  3  vol.  in-fol.  avecfîg.  ital.  & 
lac. -j—r  de  Londres  ,  Sandby  ^  1750»  ' 
2  vol.  in-S** ,  fig.  ,•  —Birmingham  ^ 
BasUrvîlU^  1757  »  ^-4**«  La  plu- 
part de  ces  éditions ,  &  fur- tout  U^ 
dernière ,  font  fuperbes  ;  mais  ceux 
qui  ne  cherchent  dans  les  livres, 
que  la  commodité  du  format  8ç.  . 
l'exaûitude  de  l'impreflÎQn  ,  peu- 
vent fe  borner  à  TécÛtion  A*EL{éylr  ^ 
en  obfervantque  dans  l'édition  ori-. 
ginale,  les  Bucoliques  &  VEnéideîotii 
précédées  d'une  page  dont  les  ca-* 
pitales  font  en  rou^e  ;  ou  à  l'édvt 
çiQn4c  Çouftdlsr^  ^745  a  ÇRJ  VqU 


J 


VI  R 

tn»i2  ,  que  M.  Philippe  dirigea.  Il 
le  revit  exaâement  fur  celle  de 
Florence ,  donnée  en  1741 ,  fur  un 
snanufcritde  1300  ans.  Quant  aux 
Bombreufes  Tradufiions  françoîTes , 
dont  on  a  furchargé  notre  littéra- 
ture 9  il  n'y  a  que  celle  de  Tabbé 

I         ides  Fontaines  qui  foit  fupportable. 

I         Voyei  fon  article  ,  &  celui  d'-^«- 

i  nibal  Caro  à  qui  nous  devons  une 
bonne  Traduâion  italienne.  Voye^ 

^  auffi  dans  c«  DlHlonnalrc  les  articles 
Catrou  -,  Mallemans  ;  Ma- 
&OLLE  ;  xr.  Martin  -,  Gresset  v 

J^i.  RlCHER^SCARRON,    &C.&C. 
I  VIRGILE,  Voyei  PoLÏDORE. 

VIRGILE ,  né  en  Irlande ,  paOa 
par  la  France  en  allant  en  Alle- 
magne. Le  roi  Pepln  le  goûta  telle- 
ment^ qu'il  le  retint  pendant  quel- 
que temps  auprès  de  lui  >  &  lui 
donna  des  lettres  de  recomman- 
dation pour  OdlUon  ,  duc  de  Ba- 
vière :  Virgile  fut  élevé  à  la  prêtrifc 
&  fe  fixa  à  Saltzbourg.  S,  Bonlfacc , 
apôtre  d'Allemagne ,  le  déféra  au 
pape  Zacham ,  comme  enfetgnant 
des  erreurs  ;  entre  autres  ;  »  qu'il  y 
•>  avoit  un  autre  monde ,  d'autres 
^9»  hommes  fous  la  terre  ,  un  autre 
»  foleil ,  une  autre  lune  *«.  Quoi 
mllus  mundus ,  &  alli  hotmnes  fvb  tcrrâ 
fau  ,  /eu  alîusfol  &  lutta,  (  Blhliothe^ . 
que  des  Pères ,  dans  les  Lettres  de 
S.Bonlfiue ,  &  Lettr.  10  du  tom.  6*^ 
des  Conciles.  )  Zacharle  répondit' 
<pi*'û  falloit  le  dépofer  s'il  perfîftoit  < 
'à  enfeigner  de  femblables  erreurs  , 
ordonna  à  Virgile  de  venir  à  Rome  » 
afin  qu'on  y  examinât  fa  doârine. 
Quelques  auteurs  modernes ,  entre 
autres  ^d'Aàmbert ,  ont  conclu  de  là  « 
mais  très-mal  à  propos,  que  Zacharie 
condamnoit  le  fentiment  de  ceux 
qui  admettoient  les  Antipodes  *,  car 
â  ne  s'agiiToit  point  d'Antipodes 
dans  l'imputation  de  S.  Bonlfjce , 
mais  des  hommes  d'un  autre  monde, 
qui  ne  defcendoient  point  à' Adam , 
%  qui  n'^Y^^t  p9)^,(  ç^  f  achetés 


V  I  R   ^     jSi 

par  J.  C.  *,  &  voilà  ce  qiu  pouvoit 
être  condamné. 

VIRGINIE,  jeune  fille  Romai-. 
ne ,  dont  Àpplus  Çlaudlus ,  l'un  des 
décemvirs  ,  devint  paillonnémenfe 
amoureux.  Pour  en  jouir  plus  faci- 
lement ,  il  ordonna  qu'elle  feroit 
remife  à  Mareus  Claudius ,  avec  le* 
quel  il  s'entendoit ,  jufqu'à  ce  que 
Vlrglnlus  fon  père  fût  de  retour  do 
l'armée.  Ce  vénérable  vieillard  , 
ayant  été  averti  de  la  violence 
qu'on  voul  oit  faire  à  fa  fille,  vint 
et  la  hâte  à  Rome ,  &  demanda  à  la 
voir.  On  le  lui  permit  *,  alors  ayant 
tiré  Virginie  à  part ,  il  prit  un  cou- 
teau qu'il  rencontra  fur  la  boutique 
d'un  boucher  :  Ma  chsre  Virginie  , 
lui  dit-il  ,  voilà  enfin  tout  ce  qui  nu 
refle  pour  te  eonferver  l'honneur  &  la> 
liberté.  Il  lui  porte  à  l'inAant  le 
couteau  dans  le  cœur ,  &  la  laiile 
expirante;  Il  s'échappe  de  la  mul- 
titude ,  &  vole  dans  le  camp ,  avec 
400  hommes""  qui  l'avoiênt  fuivî. 
Les  troupes ,  plus  indignées  contre 
le  ravifîeur  que  contre  le  père  , 
prirent  les  armes  ,  &  marchèrent 
à  Rome  ,  où  elles  fe  faifirent  du 
Mont  Aventin.  Tout  le  peuple  fou- 
levé  contre  Applus  ,  le  fit  mettre 
en  prifon  ,  où  il  fe  tua  pour  pré- 
venir l'arrêt  de  fa  mort.  Spurlus 
Oplus  ^  autre  décemvir,  qui  étoità 
Rome  ,  &  qui  avoit  fouffert  le 
jugement  tyrannique  de  fon  collé* 
gue  ,  fe  donna  la  mort  ;  Se  Alarms 
Claudius  ,  confident  à* Applus  ,  fut 
condamné  au  dernier  fupplice.  Ce 
crime  fit  abolir  les  décemvirs  «  Pas 
449  avant  J.  C. 

VIRGINIUS,  (André)  favant 
théologien  Luthérien,  néàSchiref- 
fin  V  d'une  famille  noble  de  Pomé- 
ranie  ,  mort  en  1664  ,  évêque  d'Ef- 
thon ,  à  68  ans ,  laif&  divers  Ecrits 
Théolo^ques^ 

VIRIATE,  aventurier  de  Lufi- 
tanie ,  aujourd'hui  le  Portugal ,  de 
beirger  dçvim  chi(;13«ur,  ^  de  çhâffeur 


jSi        V  I  R 

brigand.  S'étam  mis  à  la  tète  d'une 
armée ,  il  s'empara  de  la  Lufitanie  , 
et  prifoomer  le  préteur  Vinùims  , 
êc  imc  fef  troupes  en  fuite.  Le  pré- 
teur PUncms  eut  peu  de  temps  après 
le  ffiênieibft.  Les  Romûns  envoyè- 
rent contre  Im  le  conful  ServUius 
Xepîon  ,  <|ut  ne  pouvant  le  réduire 
avec  une  armée  ,  le  fit  aiTafliner  par 
trahffon ,  l'an  140  avant  J.C.  Ses 
troupes  <iont  il  ^oît  adoré,  lui  firent 
ées  ftméraîHes  magnifiques. 

VIRIPLACA,  Déefieainfi  appelée 
en  mot  nr^  liomme ,  &  de  pl^an , 
appaHer.  Elle  préfidott  au  roccom- 
fflodement  des  maiis  avec  leurs 
femmes,  qnand  il  y  avott  des  brouil- 
leries  dans  le  ménage.  Cette  divinité 
avoit  un  temple  à  Romefur  le  Mont 
Palatin ,  où  fe  rendoiem  ceux  qui 
arvoient  quelque  iltfférent  entre  eux  ; 
&  après  s'être  expliqués  en  préfence 
de  la  Déefle ,  ils  s'en  retoumoient 
bons  amis'. 
VIROTTE ,  Tûy.  Lavi«otte. 
ViRSUNGUS,—  WïRSVNG. 
VISCA,  (  Chartes  <le)  écrivain 
Flamand  de  l'Ordre  de  Citeaux,dans 
*  le  xr  1  ï*  "fiécle ,  a  laiflé  une  Biblio- 
thèque lies  Auteurs  de  fon  Ordre , 
Cologne ,  1656 ,  m-4^  affez  «uâe» 
mais  écrite  tian^  un  latin  barbare , 
flr  pleine  de  jugemens  faux  &  d'élo- 
ges emjftiatiques. 

VÎSŒU-INUS,  Voyt^  i.  Cas- 
srpvs, 

VlâCLEDE  ,  (  Antoine  -  'Louis 
Chelamont  de  la)  naquit  a  Taraf- 
coneniHrovence»  «n  1691 ,  d'une 
finmlle  noble  ,  éc  mourut  à  Mar- 
feille  en  1760 ,  à  68  ans.  -11  rem- 
Iflitavec  dàlinâion,  ^ndant  |riu- 
fieurs années,  la f^ace de Cecrétaire 
perpétuel  de  l'académie  de  cette 
ville.  'Il  en  avoit  ^té  pour  ainfi 
dire  le  fondateur ,  &  cM  à  fes  foins 
&  à  fon  zèle  qu'elle  dut  une  partie 
de  ifa  gloire.  La  Vîfiàdc  étoit  le 
#<mMiK/Ze  de  Provence  «  par  fes  ta- 
knt ,  «uMnt  que  par  fon  caraâere. 


VIS 

Doux  ,  poli  ,  affable,  ofl^cteux  j 
fen(ible  à  l'amitié ,  il  eut  beaucoup 
d'amis  ,  6c  ne  mérita  aucun  ennemi. 
Les  traits  qu'on  lui  lança  ne  par* 
vinrent  pas  juCqu'à  lui  \  il  profita 
de  la  critique ,  &  ignora  l'tnfulte* 
Son  goût  n'étoit  pas  aufi  Car  que 
fon  efprit  étoit   fin  ;  êc  il  auroit 
volomiers  préféré  les  Fables  de  U 
M^ttc  à  celles  de  U  fontahu.  Aree 
beaucoup  de  fineffe  dans  l'efprit, 
il  en  avoit  très-peu  dans  le  carac- 
tère :  &  peu  <d'liommes   de  lettres 
ont  eu  une  Simplicité  de  moeurs 
plus  aimable.   Sa  converfation  ne 
brittoit  pas  par  les  ùàllies  ;  mais 
fen  oommerce  étoit  sûr  &  utile  à 
cenxquieniouiflbient.  Les  jeunes* 
gens  avoient  en  lui  un  ami ,  nn 
confeil  fie  un  confolatcur.   ta  Vîf^ 
cUAt  eft  principalement  connu  par 
le  grand  nombre  de  prix  littéraires 
qu'il  remporta.  L'académie  Fran-> 
çoife  &  les  autres  compagnies  du 
ro5nume  le  couronnèrent  plufîeurs 
feis  ;  &  (fuivant  la  penfée  d'un 
homme  d'efprit  ,)  11  aurôit'^eu  de 
quoi  former  un  MédaiHier ,  des  dif- 
férons prix  qui  lui  furent  adjugés. 
Ses  Ouvrages  font  :  L  Bes  Dif cours 
Acadénùquât ,  répandus  dans  les  dif- 
férons Recueils  des  feciétés  litté- 
raires de  la  France.  Ils  Ibnt  bien 
penfés  &  bien  écrits  ;  mais  il  y  a 
plus   d'^efprit    que   d'imaginaticwi  , 
ajnii  que  dans  fes  autres  produc- 
tionsw  II.  Des  Odes  morales ,  dignes 
d'un  poëte  philofophe.  l^es  plus 
eftimées  font  celles  qui  ont  pour 
{ujtt^VImmortalUédetAme;  lesPaf" 
fiions  ;  Its  Coturadiâîons  de  t Homme  ; 
le  Chagrin^  ill.  Diverfes  PUcts  de 
Poéfie ,  manufcrites ,  &  quelques  an- 
tres imprimées  dans  ies  (Euvres  iW 
ver/es ,  publiées  en  1727,  en  2  vol. 
in- 12.  Ce  Recueil  e^uya  beaucoup 
de  critit^ues. 

î.  VISCONTI ,  (  Aaao)    Koy^t 
AcTiuS;  n^  II. 
4L  ViSCONXI.»  (MmUcu }  II* 


V  15 

iu  noiti ,  feuxréraiti  dô  Mîlati ,  étsnï 
mort  fans  enfuis  màl^s  «n  ^35 5  » 
lies  éevA  îttvts  ,  {de  tion  ^  fils  ^ 
comme  le  dit  le  contiâuateut  de 
iMdvocat,)  pal-tageretit  fn  fucceiliofi. 
Btmaho  régnoit  dans  Milao ,  tandis 
^ae  G«/mj  tégtooit  à  Pavie.  Celui-ci 
mourut  en  I  ^78  ,  kiiflam  pour  Als 
hmi  CeUeas  qm  Int  fuceédi.  Btrtuthoi^ 
%étàt  ambitieux  êc  homme  per6de , 
voulut  Ce  rendre  mattre  de  tout  le 
duché  >  en  mariant  Cat^perSiw  fa  tîlle 
i  fon  neveu,  veufd'7/ït6«^deïVan- 
ce ,  &  en  Tatûrant  à  fa  cour ,  où  il 
èfpéroit  s'en  déêûre  aiÉément.^<a«- 
Galtas  de  Ton  côté  formoit  le  projet 
de  s'emparer  de  la  fuceeffion  de  (on 
oncle ,  qu'il  égaloit  en  ambition , 
&  qu'il  furpaâoit  en  rufes  &  en 
ardÂces.  Il  avoit  toujours  le  mafque 
tfe  la  religion  itir  le  vifage ,  ôt  f*^ 
aâioos  n'eurent  jamais  tm  dehors 
f\MH  pf«ux ,  que  lo^qu*!!  méditoit 
quelque  crime.  Un  jour  il  alla  en 
pèlerinage  k  une  cliapelle  dédiée  à  la 
Vierge,  auprès  de  Milan,  avec  fa 
gtffde  ordinaire  de  looo  hommes: 
BiinAho  )  q«n  ne  fe  méfioit  de  rien  « 
va  au-devant  de  lui  ;  mai«i  on  l'at* 
fêta  ^  llÉiAant  aVec  les  deux  fils , 
qttifiniremieurs  ^ours  ddns  la  prîToti 
avec  leur  perè.  /.  Gàkat ,  pat  cette 
perfidie,  étendit  (a.  domination  fur 
tout  leMilanois.  L'an  139^  ilob« 
étikét  l^0i<r^,  roi  des  Romains  « 
le  m'e  de  duc  de  Milafi.  "Ce  iùt 
alors  qu'il  quitta  le  titre  de  comte 
deV€rtus,  qu^l  a<roit  porté  jafque- 
là  du  dièf  à'IfibeiU  de  France  ,  îa 
pfemière  femme  ^  de  laquelle  fortit 
luia  ^4le  unique  y  ViUenthte ,  mariée 
à  Louk  duc  i*OrU0ns ,  qui  devoit 
Ibccéder  aududié  de  Milan ,  après 
rakdfit^tion  de  la  poftérité  mafcn- 
Kh«des  Vlftoml,  11  termina  fa  Car* 
n^eeti  «402 ,  laiâam  de  (Vfeconde 
femme  ^  Jeén-idane  &  Philtppe^Marîe, 
Le  premier  gouverne  Milan  comme 
Kérom  régnoît  à  Rome.  Il  faifoit 
dévotur  par  dat  -ehiens  lasiiKdkatL^ 


rêttx  qui  lui  avoient  déplu.  Ses  peu-^ 
plesl'ailaiiinerenten  t  ^11..  Philippe,^ 
Marie  qui  régnoit  à  Pavie ,  devenia 
fouverain  de  tout  le  Milanois  ^ 
[^o>«t  Carmagnole]  laiira,à. 
ia  mort  ,  arrivée  en  1447  >  und 
fille  (  Blanchi  "  Marie  )  qu'il  maria 
à  Sforcê.  éelui*>ci  s'empara  du  duché 
de  MQan  ,  au  préjudice  du  due 
dOrltafa  ,  qui  le  réclama  comm» 
l'héritage  de  fa  mcrc.  Telle  fut  la 
fource  des  guerres  du  Alilanois  » 
qui  fut  pendant  long-temps  le  tom^. 
beau  des  Franco». 

VISDELOU,  (  Oaude  de  )  né  eo 
Bretagfte  au  mois  d'Août  1656  » 
d'une  famille  ancienne ,  entra  fort 
)eune  dans  la  Société  des  Jéfuites. 
Sa  vertu  &  Tes  comxoiffances  litté-^ 
faîjies  t  mathématiques  &  théologie 
ques,  le  firent  choiiir  en  i^S;  pae 
Louis  XIV  y  potir  aller  en.  qualité 
de  Miifionnaire  à  la  Chine  ,  avec 
cinq  autres  Jéfuites.  Arrivé  à  Ma- 
cào  en  i68'7  ,  il  apprit  avec  une 
facilité  furprcnante  l'écriture  &  Ici  • 
caraâeres  Chinois.  Ses  progrès  fu« 
rent  fi  étonnansdc  fi  rapides,  que 
le  fils  du^and  empereur  Camftt^ 
héritier  préfoitiptff  du  trône,  fur- 
twis  de  l'îdfattce  fingulierft  avec  la- 
quelle le  P.  Vlféelou  expliquoii  lea 
Kvres  les  plus  o1>fcurs  des  Chinois* 
lui  en  donna  de hiimême  tme  attef- 
tation  des  plus  authentiques  5c  dea 
plus  fiatteufes.  f^daht  plus  dft 
ao  ans  que  le  P.  Vîfdslou  féjourna 
dans  le  vafte  empire  de  la  Chine , 
il  y  travailla  fans  relâthe  à  la  pro- 
pagatioTi  de  l'Evangile.  Le  cardinal 
8t  Toumon  ,  légat  du  Saint-Siège  « 
le  déclara  en  tyoZ  vicaire  apofto» 
lique  ,  adminiihateur  de  plufieura 
provinces,  &  le  nomma  à  l'évè- 
ché  de  Claudiopotis.  Le  nouvel 
évêque  fut  le  d^iple ,  l'ami  •  le 
coopérateur  de  ce  célèbre  cardinal , 
partagea  fts  difgraces  ,  &  s'unit 
avec  lui  contre  les  léfui:es  fes  con« 
frétas ,  potir  former  deaOurédebs , 


I 


s«4    y  I S 

àon  fuîvant  la  politique  mdiMlalne  « 
mats  félon  l*Evaiigîle.  Son  zèle  dé- 
plut à  fon  Ordre ,  &  on  obtint  de 
Louis  XlVunt  lettre-de-cachet  pour 
le  tirer  de  Pondichery ,  où  le  cardinal 
iê  Toumon  l'avoit  placé  :  Vifd&lou 
tte  crut  pas  devoir  obéir  à  cet 
ordre  extorqué  par  la  veng;c»nce  \ 
&  le  Régent ,  auprès  de  qui  il  fc 
Juûifîa  après  la  mort  de  Louis  XIV^ 
approuva  fa  conduite.  Cet  homme 
apoftoiique  mourut  (aintement  à 
Pondichery  le  il  Novembre  1737* 
On  a  de  lui  plufieurs  Ouvrages 
manuTcrits  ,  qui  mériteroient  d'être 
imprimés.  Les  principaux  font  : 
I.  Une  Hlftoîre  àc  la  Chine ,  en  latin. 
M.  U  Vu  de  Confuelus.  III.  Les  Eh- 
fis  des  /ept  Phl/o/ophes  Chinois,  IV. 
Une  Traduâion  latine  <i<<  Rituel  Chi» 
nois,  V.  Un  Ouvrage  fur  les  Céré- 
monies &  fur  Us  Sacrifices  dts  CHinoîs, 
VI.  Une  Chronolo^e  Chinol/e,  VU. 
tJne  Hîftolre  abrégée  du  Japon, 

VISÉ,  (  Jean  Donneau^  fieur 
de  )  poète  François ,  né  à  Paris  en 
1640  ,  étoit  cadet  d'une  Camille 
noble.  Ses  par ens  le  deftinerent  à 
fétat  eccléiiaÛique.  lien  prit  Thabiti 
&  obtint  quelques  bénéfices  \  mais 
famour  lui  fit  quitter  cet  état  :  il 
fe  maria  à  la  fille  d'un  peintre , 
itoalgré  l'oppoiition  de  fes  pal«ns: 
Des~  Nouvelles  galantes  &  des 
Comédies  Toccuperent  dès  Tâge  de 
iS  ans.  Il  commença  en  1671 ,  & 
continua  )ufqu'au  mois  de  Mai  1710, 
un  Ouvrage  périodiqne>fous  le  titre 
de  Mercure  Galant  »  488  Volumes  : 
Journal  qui  lui  fit  quelque  admi- 
rateurs en  provincey&  qu'on  a  bien 
perfectionné  depuis.  Si  la  Bruyère 
eût  vécu  de  nos  jours .  il  ne  fe  feroit 
certainemâit  pas  avife  de  mettre  cet 
ouvrage  at^deffous  dit  rien.  Le  Théâ- 
tre fut  encore  une  des  reflources  de 
Vifé,  fi  donna  plufieurs  Comédies  , 
doàt  on  peut  voir  le  catalogue  dans 
,  ïe  tome  ri*  du  DtStwnnaire  des  Théâ- 
«»f«  La  première  ibis  q^'^ft  ^ijjré^ 


VIT 

fenta  fa  Cdmédie  intitulée ,  le  Ceâ^ 
tilhomme  Guefpin  ,Qule  Campagnard  4 
il  y  avoit  fur  le  théâtre  beaucovp 
de  gens  de  condition,  ami  de  rau« 
teur  ,  qui  rioieiu  à  chaque  endc<Mt; 
Le  Panerre  ne  fut  pas  de  leur  avis'^ 
&  ûffla  de  toute  fa  force.  Uh  desf 
rieurs  s'avança  tar  le  bord  du  théâ* 
tre ,  &  dit  :  Mejfîeurs ,  fi  vous  n'keà 
pas  iofiuns  ^on  vous  rendra  votre  argent 
à  la  porte  g  mais  ne  nous  emphhe\  poiné 
d^ attendre  des  chofes  ^  nous  font  plai^ 
fir.  Un  plaifant  lui  répondit  : 

Prince ,  navé^cfai  rien  à  nous  dkë 
de  plus  Z 

Et  un  autre  ajouta  r 

Non  ;  £en  avott  tant  dit ,  il  ^  ménf 
confits^ 

Vif é  tom^oùi  d^î^  &t&  Mémoires  î}xit^  ^  . 
lercgne  de  Louis  XIV^  depuis  163^ 
}ufqu'en  1688^  en  10  vol.  in-fol.  ^ 
qui  ne  font  prefque  que  des  extraits  ! 
de  fon  Mercure,  Enfin  il  emlMrafi[ia 
plufieurs  genres ,  toujours  avec  de 
talens  médiocres.  Cet  auteur  perdift 
la  vue  4  ans  avant  f»mort  »  arrivée 
à  Paris  en  1710.  Il  avoifrde  refpritr 
de  k  politefiev  il  connoififoit  lé 
monde ,  &  lui  pli^foit  par  les  agré* 
mens  de  fon  caraÛere. 

riSlÔN  BÈATiriouE  f  Voya 
/ean  XXII. 

VISITATION,  ll^Vi^giexxi» 
delà)  roy.XM.FliANçois<ie5i/tf, 
&  Fremiot. 

VITÀKER,  ou  Whitaker, 
(  Guillaume  )  profefleur  en  théolo-' 
gte  dans  Tuniverfité  de  Cambridge , 
naquit  à  Holme  en  Angleterre  » 
dans  le  comté  de  Lancafbe,  & 
mourut  à  Cambridge  en  1595  ^  » 
47  ans.  Son  principal  ouvn^e  eft 
la  Réfiaation  de  Bellarmùt.  On  "f 
remarque  beaucoup  d'éruditiott  ^ 
mais  trop  d'animofité  contre  1er  ' 
Catholiques-  &  contre  l'auteur  qu'it 
réfute.  Ses  (Euvres  furent  imprimées 

Oh 


J 


VIT 

On  y  trouve  une  Réponfe  aux  xrni 
Raijons  de  Campitu, 

VITAL,  né  à  Tierceville,  en 
Normandie,  fc  rendit  célèbre  à  la 
fin  du  xiii^  fîecle,  par  fa  piété  &  le 
fucccs  de  ieai  prédications.  Ayant 
quitté  un  canonicat  qu'il  avoit  dans 
la  collégiale  de  Monain^  il  fe  retira 
en  un  lieu  peu  fréquenté.  Mais  la 
ûinteré  de  Ta  vie  lui  ayant  attiré  un 
grand  nombre  de  difciples ,  il  fonda 
l'abbaye  de  Savigny  l'an  iiii,  & 
un  nouvel  Ordre  de  religieux , 
nommé  ,  à  ce  qu'on  croit ,  de  la 
SaînU'TrînUi»  Cet  Ordre  fe  donna 
depuis  à  S. Bernard;  (Voy.  Serlon.) 
&  c'eft  ainfi  qu'il  a  pafTé  dans  la 
filiation  de  Cîteaux ,  où  il  fe  trouve 
i  aujourd'hui.  K/ta/ mourut  en  odeur 
^     de  fainteté  ,  l'an  1 1 1 9. 

VITAL ,  Voyt^  Ordric. 
ï.  VITALIEN  ,  Scydie  de  na- 
tion ,  &  petit-fils  du  célèbre  gé- 
néral A/par ,  eut  le  rang  de  maître 
de  la  milice ,  fous  l'empereur  Anaf- 
taft.  Ce  prince  rejetoit  le  concile 
<lfc  Chalcedoine ,  &  perfécutoit  ceux 
qui   Tadmettoient.  r/ra/^Vn  prit  le 
partf  des  Orthodoxes  ,  &  s'étant 
;    rendu  mainre  de  la  Thrace ,  de  la 
Scythie  &  de  la  Mœfie ,  il  vint 
Jusqu'aux  portes   de  Conilantino- 
ple  avec  une  armée  formidable ,  qui 
rarageoit  tout  fur  fon  pafTagè.  Anaf- 
tdfe ,  dépourvu  de  fecours  ,  &  dé- 
téflé  de  fon  peuple ,  eut  recours  à 
<   la  négociation.  Il  promit  de  rappe- 
ler les  évêques  exilés  ,  &  de  ne 
pas  inquiéter  les  Catholiques.'  Ce 
fat  à  ces  conditions  que   VltaUcn 
renvoya  fon  armée ,  &  vécut  tran- 
quille à  la  cour.  Il  jquit  d'un  grand 
crédit   fous   Juflîn  ;  mais  JuflînUn , 
neveu  de  ce  prince,  craignant  que 
fon  pouvoir  ne  l'etapêchâf  de  par- 
venir à  l'empire ,  prévint  fon  on- 
cle contre  lui.  L'empereur  redou- 
tant le  pouvpir  qu'il  avoit  fur  les 
troupes ,  ne  crut  pas  devoir  le  faire 
arrêter  avec  éclat.  Illui  écrivit  €» 
Tome  IX. 


..VIT         385 

"Thrace,  où  il  étoit  retiré^  de  ve- 
nir à  Conftantinople  recevoir  îe^ 
inftruûions,  pour  aller  négocier  une 
affaire  importante  dans  une  coût 
étrangère.  VltaUm  fe  rendit  prôm- 
ptement  auprès  du  prince ,  qui  le 
combla  de  carefTes,  &  le  défigna 
conful  pour  l'année  fuivante,  afin' 
de  pouvoir  éclairer  fa  conduite. 
Mais  ayant  reconnu  que  cette  di- 
gnité  lui  donnoit  plus  de  crédit ,  & 
le  rendoit  plus  dangereux,  il  Je  fit 
mourir  en  Juillet  y 20,  le  feptiemo 
mois  Me  fon  confulat.  Le  prétexte 
de  ce  meurtre,  fût  l'extrême  ambi- 
tion de  VîtaUui^  qui  l'avoir  engagé  , 
tantôt  de  prendre  la  défenfe  des 
Catholiques  opprimés,  pour  fe  foire 
un  parti  ;  tantôt  de  fe  mettre  à  la  tête 
des  Eutychiens ,  qu'il  difpofoit,  dit- 
on  ,  fecrétement  à  prendre  les  arme» 
au  premier  iîgnal. 

II.  VITALIEN,  de  Ségni  en 
Caropanie ,  pape  après  5.  Eurent  /, 
le  30  Juillet 6ç 7,  envoya  de^  Mif- 
iîonnaires  en  Angleterre,  s'employa 
avec  zèle  à  procurer>  le  bien  de 
l'Eglife,  &  mourut  çn  odeur  de 
fainteté  le  27  Janvier  672.  On  a 
de  lui  quelques  Epines,  On  célébra 
divers  conciles  fous  ce  pontife ,  auffi 
favant  que  pieux.  C'eft  auffi  de  fOn 
temps  que  commença  l'ufage  des 
orgues  dans  Ita  égli(bs. 

yiTEL  ,  (  Jean  de  )  poète  Fran- 
çois ,  né  à  Avranches ,  fut  orphelin 
de  bonne  heure.  Deux  fi-eres  lui 
leftoient,  qu'il  eut  encore  le  mal-' 
heiv  de  perdre.  Le  premier ,  après 
avoir  parcouru  l'Italie,  Jf 'Allema- 
gne ,  l'Efpagne ,  vint  mourir  k  Paris . 
Le  fécond ,  qui  étoit  le*  plus  jeune , 
&  dont  les  talens  donnoient  des* 
cfpérances ,  fut  enlevé   à  la  fleur  de 
fon  âge  ,  à  Rennes*  en  Bretagne.L  a* 
contagion    s'étant  répandue  dans 
cette  ville,  où  VltU  fe  trouvott, 
'il  fut  obligé  dé  fe  retirer  à  Condac» 
Ses  amis  Iiu  confèîUoient  d'embraf-  ) 
/cr  l'étude  du  droit;- mais- féduic 

B 


^86        Vit    . 

par  les  charmes  de  la  potfe,  toute 

9utre  occupatioa  Itti  paroiffoit  fe- 
iche ,  itérile  Se  rebutf me.  Il  vint  à 
Paris,  où  il  veriifia  ,  Tan  15 7j. 
Dmoûchu ,  gentilhomme  ProteAant 
^e  Normandie  ,  ayant  fu  que  la 
gamifoii  &  les  habitans  du  Mont 
Saint-Michel  dévoient  faire,  le  jour 
de  la  Magdeleine»  uo  pèlerinage, 
y  fit  glifTer  trente  foldats  déguifés 
en  pèlerins.  Ils  pénétrèrent  dans  la 
ville  &  daiis  le  château  où  eft  Tab- 
baye ,  taereni  le  prêtre  t]ui  avoit 
tèlèbré  la  MeiTc  en  leur  préiîpnce , 
&  fe  f^ârent  du  gouverneur  de  la 
place.  L'alarme  fe  mit  aufli-tôt  dans 
1^  baflè-ville.  M.  d€  Fîqua ,  lieu* 
tenaat  du  maréchal  de  Mâtîgnoh,  fe 
hâu  de  fecourir  les  affiègés).  Les 
ï^oteÀans  furent  obligés  de  fe  ren- 
dre ,  &  on  leur  accorda  la  vie ,  à 
l'exception  de  trois  des  principaux , 
q[ue  M.  de  ASilttfftï>n  fit  pendre.  Notre 
Verfificateur  fit»  de  cet  événement  > 
lé  ft^et  d'un  Poëme*  qui  ne  çianquè 
ni  de  feu ,  ni  d'invenëpin.  C'eû.  ce 
qu'il  y  a  dé  mieux  dans  fes  Exer* 
cices  PûétiqMs^  Paris  v  1588  ,  in- 8°, 
Nous  ignorons  Tannée  de  fa  mort* 

.  VlTELLÎ,  (  Ciapîô  )  marquis  de 
Cetone ,  étoit  un  brave  capitaine 
Italien ,  qui  avoit  d'abord  porté  les 
armes  pour  C6m6  ,  grand  >^  duc  de 
*]tofcane.  Etant  entré  au  fervice  de 
rÉCpagne,  Ph'll'ppf  II  It  fit  maréchal 
de  camp  de  l'armée  des  PayS'-bas  ^ 
fouis  le  duc  d'Aibe,  Il  féconda  puif- 
famment  ce  général  *  &  mourut  quel- 
que temps.après  lui.  Il  étoit  û  gros 
&  fi  gras  qu'il  falloit  échancrer  la 
table  où  il  mangeoi^.  Les  Protef- 
,tans  de  Flandres  qui  n^avoient  pas 
4  fe  louer  de  VlulU ,  lui  firent  cette 
^itaphe  fatirique  : 

0  Dfus  offini^otms  »  çtaji' mt/inre 
Viielli , 
Qfum  mors  pncrfnUnt  non  finît 


Vit 

Corpus  in  Itmâm  tfi  %  tenu  Inufinà 
Brabantus. 
Aft  anlmntn    ndna*    Ctir?  qtùd 
ngn  "habuît, 

yiTELLIp  Oïl  ViTEi.o,Polo- 
nois  du  XII i^  fiede.  On  a  de  lui  un 
TrMié  it Optique ,  dont  la  ineilleurè 
édition  eft  celle  de  Bâle,  1572» 
in-fbU  Cet  ouvrage  ne  peut  être 
que  d'une,  utilité  miédiocre  aujour- 
d'hui ,  quoique  l'auteur  fut  dé  fon 
temps  un  homiùe  très-efiimable.  Son 
livre  n'eft  proprement  que  l'Op- 
tique A*Alha^a ,  tnifs  dans  un  mol- 
leur  ordre* 

VlTELtlÙS ,  (  Aulus  )  né  l'an  iç 
de  J.  C.  t  de  L,  ViuUius  -,  qui  avoit 
été  trois  fois  conful>  pafia  Icsl  det* 
nieres  années  de  fon  enfance^  & 
les  premières  années  de  fa  jeunefle  « 
à  Caprée  v  féjour  dont  le  nom  an^ 
nonce  la  conduire  qa'il  y  dnt.  On . 
crut  quHl  avoit  acheté^  par  fes  in- 
-famés  complaifances ,  les  grâces  quÊ 
Tibtre  accorda  à  fon  pere>  le  con- 
fulat  &  le  gouvesnement  dé  Syrie. 
Toute  (à  vie  répondît  à  de  fi  hoo- 
:teux  commencemens  j  &  les  traits 
les  plus  marqués  de  fon  earaâere  ^ 
font  des  débauches  de  toute  efpece^ 
&  une  gourmandife  qu'il  portoit  juf- 
qu*à  Tufage  habituel  4e  fe  fiiire  vo- 
mir >  pour  fe  redonner  lé  plaifîr  de 
manger.  Son  nom  hti  ouvroit  les 
entrées  à  la  cour,  &  il  plût  à  CalU 
pda  par  le  mérite  die  bon  cociier» 
&  à  Claudc^y  par  fa  pafiion  pour  \t 
jeu.  Ces  mêmes  recommandations 
le  rendirent  agréable  à  Nêroni  mais 
fur-tout  un  fervice  d'un  genre  fin- 
gulier  &  bien  conforme  à«  goût  de 
ce  prince,  lui  en  acquit  toute  la 
faveur.  Néron  fbuhaitoit  palfionné^ 
inent  de  monter ,  comme  mufiden^ 
fur  le  théâtre ,  dt  un  reôe  de  pudair 
le  reténoit.  Ptefie  par  les  cris  du 
peuple,  qui  le  fbllicitoit  dechantef» 
il  s'étoit  même  retiré  d-  fpeûade, 
comme  pour  fe  dérober  à  des  inf- 


■_   .vî  f    ...  ... 

lancés  trop  importunes.  VadHas  ; 
i({ui  préûdôit  aux  jeux  où  fe  paf- 
.  iToit  cette  fcenè ,  fe  fit  le  député 
'des  fpeâateurs,  pour  le  prier  de 
kveûir  &  de  fe  laif&r  fléchir  -,  & 
îfiran  lui  fut  trè$-bon  çré  de  cette 
douce  Violeûcc.  C'eft  ainfi  que  VI» 
uUius ,  aimé  &  Êivorifé  confécu* 
tivement  de  trois  pnnces  ,  jparcou- 
rut  la  carrière  des  ma^iftiratures  ^ 
réunifiant  toutes  lés  dignités  avec 
tous  les  vices.  Il  commandolt  les 
légions  de  la  bafle^Germanie  ;  lôrf-* 
que  les  cohortes  Prétbrienines  pro- 
Uamerent  Othoh  empereur;  Van  69. 
iSon  armée  >  qu'il  s*étoit  attachée 
^r  des  prétens ,  lui  décerna  en 
inêiiie  temps  rèmpire,  &  il  fut  obligé 
de  marcher  contre  fon  rival.  Il 
perdit  trois  batailles;  ihais  il  fut 
vainqueur  dans  la  quatrième ,  li- 
vrée «ntre  Ctémoiie  ft  Mantouei 
près  de  Bédrtac.  Â  la  (în  de  la  jour* 
née ,  îl  voulut  s'arrêter  fiir  le  champ 
fie  bataille .,  iiniquèment  pour  fe 
repaître  de  là  vue  des  corps  morts  ; 
4es  membres  épars  &  déchirés ,  de 
la  terré ,  encore  teuité  de  fang ,  & 
inân  de  tout  ce  qui  excite  dans  lès 
fimes  fenfibles  lliorreuf  &  la  pitié; 
Le  plaiiir  que  lui  caufa  ce  fpeâaclé 
i*empècha  dé  s'app'ercevoir  djd'in- 
feûion  de  l'air  ,  fentié  vivement 
par  ceux  qui  racCompa^noiént.  Il 
leur  dit,  quand  ils  s'en  plaignirent,' 
^é  Codeur  d'un  ennemi  ûiort  étoli  tou* 
Jours  agrir^hki  &  fur  le  Champ  il  fit 
diflribùer  du  vin  aux  foldais ,  & 
è'enivra  avec  eux.  II  né  croyoit 
être  fouvérain  que  pour  tenir  table. 
$a  grande  occupation  ét'oit  de  dé- 
jeûner ,  dincr ,  fouper ,  &  quelque- 
fois d'y  njontèr  une  collation.  11 
s'exdtoit  à  vomir  entre  chaque  re- 
pas ,  pour  fe  préparer  au  fuivant. 
Gloutbn  plutôt  que  gourmand ,  il 
fe  rémplifibit  audl  bien  des  mets 
les  plus  grcfHers  que  des  plus  deli- 
éats.  Plufieurs  de  ceux  qui  étoient 
àr  â  €our  ^  fiiteot  riuoés  pyr  U  vo^ 


...      V  i  r      38^ 

raclté,  qu'ils  youloient  fatis&ir«; 
pour  fatisfairé  à  leur  tour  leur  am- 
bition* £ucitf«,  fon  frert,  ayant  voulii 
lut  donner  un  repas ,  on  fervit  deuk 
mille  poiiTons ,  tous  exquis  ;  &  fept 
mille  oiseaux  de  prix.  Mais  ViuU 
Uns  dépenifa  encore  davantage  pour- 
iin  feul  pUt  qu'il  fit  remplir  da 
ifbies ,  dé  cervelles  ;  de  langues  fie 
de  laites  des  poiiTons  &  des  bifeaux 
tes  pltis  rares«  À  JForce  de  boire 
&  de  thahger ,  il  devint  û  abruti  ; 
(lue  la  feule  facilité  qu'il  trouvoit 
à  fatisfairé  (ts  hbnteUfes  paffiohs  ^ 
t>otivoit  lé  faire  fou  venir  qu'il  étoit 
empereur.  Sa  cirùauté  ne  fit  qu'au« 
gmenter  avec  fa  gourmandife.  Il  fit 
tuer  en  fa  préfence  ;  fur  une  faufTè 
accufatioîi  ;  Junlûs  Btafiu  )  pour 
afibuvir  fes  yeux  de  la  mort  d'uit 
ennemi.  Etant  particulier ,  il  avoic 
èmpoiroiihé  dn  fils  qu'il  av^it  eii 
de  fa  première  femme  Pétrontar^ 
pour  jouir  de  fes  biens.  Parvenu 
au  trône,  il  fit  mourir  de  Êiim  fà 
ttiértSextWa'^pirCt  qu'on  lui  ayoit 
prédit  qu'il  rignéf oit  long-témp< 
s'il  lui  futviVoit:  Cène  femme  infoiv 
tunée  le  fa  voit  (ans  doùtè  capable 
d'utie  àdiofl  dénamréé;  Car  lorf^ 
qu'elle  avoit  appris  qu'il  étoit  pro- 
damé empereur  ;  elle  n'avbit  pi^ 
retenir  fes  larmes.  Lés  excès  dé 
yudlîus  étant  montés  à  leur  corn* 
ble,  le  peuple  fit  lés  légions  fé 
foulcVcrent  ÔC  élurent  V^pàfien. 
Lorsque  leftionftre  viti*rtOTifc> ,  lieu- 
tenant dû  nouvel  empereur,  niaîtr» 
de  Rome\  il  alla  fe  cacher  chez  le 
portier  du  palais,  dans  la  loge  at2X 
chireas.  Oh  l'en  tira  pou^lépro- 
menei^  par  h  ville  tont  nu ,  lerf 
maiâas  Iféeis  derricfre  lé  dos ,  une 
ép^e'fous  le  menton  pour  le  faire/ 
tenir  difoi|;  ;  de  là  otf  ^e  conduiût  auf 
lieu  des  fuppli'ces ,  où  il  fut  tué  à 
petits  coups ,  l'an ^9  dé  J.  C. ,  aprè?" 
un  règne  de  huit  mois.  Son  corp!^ 
fut  trame  ^vec  un  croc  »  &  ]txé 
dadi  le  Tibre,  Ijudùs  VÏT£uaus4 


388        VIT 

fon  père ,  itoît  parvenu  à  la  fortune 
par  Tes  bafleffes.  Il  ùm  le  premier 
qui  adora  l'infenré  CaJîguIa  comme 
un  Dieu*,  il  prodigua  les  mêmes 
hommages  à  Claude  y  &  obtint  « 
comme  une  grâce  particulière  ,  de 
l'impératrice  Mejfjfne  ,  l'honneur 
de  la  déchiuffer.  ^I  avolt  foin  de 
porter  fous  fa  robe  des  fouliers  de 
cette  princeffe ,  qu'il  baifoit  fouvent. 
,  A  fa  mort,  arrivée  vers  1  an  49  ,  le 
fénat  lui  éleva  une  ftatue  avec  cette 
'  infcription.  A  celui  qui  àou  d'unt 
j^tité  inalUrabU  à  regard  de  /«n 
Frince. 

VITELLIUS  om  Telle,  (  Re- 
.  gnier  )  né  à  Ziriczée  en  Zélande , 
vers  l'an  I5f8  «  parcourut  une 
grande  partie  de  l'Europe  ;  rendu 
a  fon  pays ,  il  fut  rêveur  du  col- 
lège de  fa  ville  natale,  &  mourut 
à  Amfterdam  en  i6i8 ,  après  avoir 
donné  :  I.  Une  Tradudion  en  latin 
de  la  Dcfcr'iption  de  la  -G.rrtianle  tn- 
férUun  d:  Louis  Guichardin ,  avec  des 
additions, Amfterdam ,  1 6 1  j, info I. , 
&  163c ,  1  vol.  in-ii ,  chez  CuU' 
iatime  Blaeu  ,  avec  figures.  ^  Cette 
yerfion  vaut  mieux  que  l'original. 
Le  ftyle  en  eft  pur  &  coulant ,  & 
les  additions  curieufes  &  impor- 
tantes. II.  Un  Abrégé  du  Brîtannii 
de  Camhden  ,  Amfterdam  ,  1617  , 
in  S**,  bien  fait.  Vltellius  a  confervé , 
autant  qu'il  a  pu  ,  les  expreillons 
'de  fon  auteur.,  &  n'a  retranché  que 
des  faits  qui  n*avoient  point  de 
rapport  à  la  géographie.  Sa  Tra- 
duàion  en  flamand  du  livre  de  la 
Trinité^  de  Michel  Servet ,  prouve 
qu*il  Hvoit  peu  de  religion. 

VITERBE  ,  Voyei  ANNIUS...  v. 
Gilles...  6- GoDEFRoi  de  Vuerbe, 

ViTERlC ,  roi  des  Vifigoths ,  fe 
plaça  fur  le  trône  après  la  mort  de 
Uuva  ,  qu'il  afl*affina  vers  l'an  603. 
Comme  il  n'étoit  point  du  fang 
royal ,  il  voulut  fe  rendre  recom- 
mandablc  à  la  nation  ,  en  privant 
les  empereurs  d'Orient  de  ce  qu  ils 


VIT 

poffédoîent  encore  en  EfpagnéJ 
Après  bien  des  mauvais  fuccès ,  il 
eut  quelque  avantage  fur  eux  dans 
une  bataille  près  de  Siguença.  £m«m« 
W^e,  fa  fille,  avoir  été  deftinée  à 
TAieni,  roi  'de  Bourgogne.  Elle  vint 
en  France  pour  confomnfer  ce  ma- 
riage; mais  Brutuhaut  s'y  étant  op- 
pofée,  elle  fut  obligée  de  repafler 
en  Efpagne.  ^<Vericmouruten6io« 

VITIGÈS,  Foyei  BÉIISAIRE. 
VITIKIND,  —  WlTIKIND. 

VITIZA,  roi  des  Vifigoths 
d'Efpagne  >  régna  cinq  ans  avec  foa 
père  Egica ,  &  gouverna  feul  pen- 
dant neuf  autres  années ,  depuis 
701  jufqu'en  710.  Son  naturel  em- 
porté &  féroce  excita  de  fréquens 
murmures.  K/t/ça,  craignant  que  des 
plaintes  on  en  vînt  à  une  rebel* 
lion  ouverte ,  défarma  une  partie 
de  fes  fujets ,  &  fit  abattre  les  mu- 
railles de  plufieurs  villes.  Ptr  cette 
condUHe  il  forçoic  à  robéiftance^ 
mais  il  fe  privoit  de  fecours  &  de 
défenfe  contre  les  ejfihemis  étran* 
gers.  Auili  fit-il  fortifier  en  même 
temps  quelques  places  ;  mais  il  in- 
timiia  fans  fe farie  aimer. 

VITRÉ  ,  (  Antoine  )  imprimeur 
de  Paris,  s'eft  immortalifé  par  le 
fuccès  avec  lequel  il  a  fait  rouler  U 
prefte.  C'eft  lui  qui  a  imprimé  U 
Polyglotte  de  le  Jay ,  le  chef-d'oeuvre 
de  l'imprimerie.  Ses  autres  éditions 
foutiennent  parfiiitement  la  réputa- 
tion qu'il  s'étoit  acquife,  d*ètre  le 
premier  homme  de  France  pour  foa 
art.  Il  auroit  furpafté  même  Rohen 
Etienne ,  s'il  eût  été  auffi  f^vart  & 
auftl  exa£l  que  lui  ;  mais  à  peine 
fa.  oit-il  traduire  en  fi-ançois  les 
auteurs  les  plus  faciles.  Il  ternit  fa 
gloire ,  par  le  caprice  qu'il  eut  de 
faire  fondre  en  fa  préfence  les  beaux 
caradleres  des  langues  Orieiuales» 
qui  avoient  fervi  à  Timprefiion  dt 
la  Blhlc  de  à  /ay,p6ur  ôter  le  moyen 
d'imprimer  à  Paris  ^  après' fa  mort  ,  i 
aucuns  livres  en  ces  langues.  Elle 


, 


i  VIT 

amva  en  1674  ;  îl  étolt  alors  îm- 
]primeur  du  clergé.  C'étoit  un  hom- 
me religieux.*  Dans  le  temps  qu*il 
étoit  marrguillier  de  la  paroiiTe  de 
S^inc-Séverin ,  il  fit  mettre  cette 
infcription  au  Cimetière  : 

Tous  CCS  mous  ont  vicu  ;  toi  qui  vis^ 
tu  mourras, 
'*         L*înjlant  fatal  cfi  proche ,  &  tu  ny 
pc^fis  pas. 

Un  défaut  de  Vttré^  ce  même  im- 
primeur ,  étoit  de  ne  pas  difttnguer 
la  confonne  d'avec  la  voyelle  dans 
les  lettres'  J.  &  V.  Son  Corps  de 
Droit ^  Paris ,  1638 , 2  voL  in-fol. , 
&  far  Bible  Laûnt ,  in-fol. ,  1666  , 
in-4^,&i652,8  vol.  in-i 2 ,  font 
au  nombre  de  fes  meilleures  Edi-^ 
tioa% 

VITRING A ,  (  Campege  )  né  en 
1659  à  Lenrarde  dans  la  F rife ,  fiit 
l'ornement  de  Tuniverfité  de  Fra- 
aeker ,  où  il  mourut  le  3  Mars 
1  1712  ,  d  une  attaque  d'apoplexie. 
On  a  de  lui  :  I.  Un  (avant  Commcrf 
taire  latio  fur  J/aïe ,  2  vol.  in- folio. 
II.  Apocalypfeoê  anachrîfis  ,  17I9, 
in-4®.  in.  Ty^us  Theolofftt  P/'ac 
ilat  ,  în-8®.  IV.  Synagoga  vêtus  , 
în-4®.  Y*  Archi/ynagogus ,  în-4*'. 
W,  De  Dtcemvîris  otlofis  Synagogst  ^ 
în-4°.  VII.  Ob/ervatwttesfacra^ijlî^ 
in- 4^.  Ces  ouvrages  théologiques 
manquent  de  précifion  pour  la  plu- 
part. Campée  y  iTKlv  G  A  ion  fils, 
né  à  Franeker  en  1695  ,  mort 
en  1723 ,  à  31  ans ,  profeiTeur  en 
théologie  ,  fe  fit  aufiî  connoitre 
avantageufement  par  un  Abrégé  de  la 
Théologie  nature ,  Franeker,  1720, 
în-4^ 

VITRUVE ,  (  M.  VjTRi/rws 
PolÛo  )  né  à  Formie  ,  aujourd'hui 
Je  M6/e  de  Gaïeu  (  non  à  Vérone  > 
ni  à  Plaifance  ,  comme  l'ont  cru 
quelques  hifh>rieos  )  fut  élevé  avec 
foin  par  fes  parens.  Il  s'appliqua  à 
toutes  les  fciences  utiles ,  &  pafTa 
powt  pofliiéder  ce  qu'il  appelle  hû- 


V  I  T  3S9 

même  V Encyclopédie  ,  c*eft-à-dire  « 
la  connoifTance  des  fept  arts  libé* 
raux.  Jules  Céjar  le  connut  &  l'cf- 
tima.  Après  la  mort  de  ce  prince, 
OSavle  le  recommanda  à  Augufte  , 
qui  lui  donna  rinfpefbion  des  ba- 
lilles  ,  des  fcorpions,  des  béliers  & 
desr  autres  machines  de  guerre.  Le» 
foins  de  Vltruve  furent  récompenfés 
par  une  forte  penfion.  Encouragé 
par  les  libéralités  à! Augufte ,  il  coni- 
pofa  un  Corpe  tfArchlteclure  y  qu'il 
dédia  à  cet  empereur.  C'eft  le  îeul 
Traité  en  ce  genre  qui  nous  foit 
venu  des  anciens.  Il  donne  une, 
idée  avantageufe  du  génie  de  Ton 
auteur ,  &  même  de  la  hobleiTe  de 
Ton  caraé^ere.  La  meilleure  édition 
de  ce  livre  eft  celle  d'Amilerdam  » 
1649  »  in-fol.  Il  y  en  a  eu  une  Ver- 
fion  italienne  avec  les  Commentaires 
du  marquis  Galûani ,  Napks ,  17  58  , 
in-fol.  figures.  Nous  en  avons  une 
bonne  Traduâion  françoife  ,  par 
Perrault ,  in-fol. , Paris,  1684. 

VITRY ,  Voy.  HosPiTAt ,  (  Ni- 
colas )  Cf  Jacques,  n*^  xvi. 

VITTEMENT  ,  (  Jean  )  d'une 
famille  obfcure  de  Dormans  en 
Champagne ,  l'illudra  par  fon  efprit 
&  par  fes  vertus.  Il  naquit  en  1655, 
&  après  avoir  fait  fes  études  au  col- 
lège de  Beau  vais  à  Paris ,  il  fuccéda 
à  fon  profefieur  même,  dans  la  chaire 
de  philofophie.  Il  enfeijgna  enfuite 
cette  fcteace  à  l'abbé  de  Louvois  , 
fils  du  miniflre  d'état ,  qui  fut  dif-  . 
tingiier  fon  mérite.  Ayant  eu  l'hon- 
neur de  complimenter  Luuls  XIV ^ 
en  qualité  de  reôeur  de  l'univerfîté- 
de  Paris ,  fur  la  Paix  conclue  en 
1697,  ce  monarque  en  fut  fi  fatis- 
fait  ,  qu'il  dit  :  Jamais  Harangue  ni 
Orateur  ne  m* ont  fait  tant  de  pla'fir,,, 
Louis  XIV  ne  fe  borna  pa^  à  des 
éloges  ;  il  le  nomma  ,  à  la  fin  de  la 
même  année  1697 ,  fous-précepteur 
des  ducs  de  Bourgogne  ^  à' Anjou  SC 
de  Berrt^  fes  petits-fils.  Le  duc  d^Au'^ 
j  ^ ,  devenu  roi  d'Efpagne  en  1700 , 

Bb  iij 


1 


?. 


^        VIT 

enimena  tvecluî,  fie  lui  oËnt  Wa* 
çhevêd^é  4c  Biugos  &  une  penfion 
ie  8000  ducats  pour  le  fixer  à  fa 
^ur ',  mais  il  reiuù  Tun  6c  l'autre 
avec  la  fermeté  d'un  philofophe 
ChrétieQ,&  repeflaen  France.  Nom- 
mé foys-précepteurde  Loms  XV^wt 
U  duc  iOrUjtis ,  il  né  voulut  ac- 
cepter ni  abbayes  »  ni  bénéfices  , 
ni  même  une  place  i  Tacadémie 
Françoife.  Ce  prêtre  défintére^'é  , 
avoir  fait  voeu  dç  ne  recevoir  aucunj 
bien  de  l'Egli/ff ,  tant  qu'it  a^uroit  de 

Î[uoi  fubriAer.  La  cour  étôit  pour 
ui  un  exil  ;  il  la  quitta  en  17.11 9 
&  alla  mourir  dans  la  patrie  e:n 
1731 ,  à  77.  ans.  Le  célèbre  Coffin 
honora  ion  tombeau  d'une  j^pi- 
taphe ,  où  il  cébbrc  dignement  le^ 
qualités  de  foq  ame.  L'abbé  Vlut' 
ment  a  lailTé  pluûears  Ouvrages 
manufcrit?;  Les  principaux  font: 
Des  Cummi^titVej  Air  plu  (leurs  livrer 
de  l'Ancien  Tefiament  ;  une  Réfu' 
fatLn'dnx  fy^^ême  impie  de  Spinofa^ 
éc  quelques  Ecrits  philofophique^ 
&  tbéologiaues. 

VITTÔ^IA ,(  Alexandre)  né  a 
Trente  eA  1  ^  15  ,  apprit  la  (culpture 
&  l'arcbiteâure  à  l'école.  (ïe  Sanfo* 
ytno.  Il  excella  ûir-toiit  dans  la.  icuf* 
pture ,  &  ne  le  cedoit.de  Ton  tempt 
<^'à  riiluibe  Miche/ .4nge  Buonaroù-» 
Qn  voit  qiumlté  de  Ces  ouvrage^ 
à  Venife  »  tant  dans  les  édifices 
^bjics  ,  que  dans  les  palais  des 
^obles  de  Padoue,  Vérone ,  BreiTe  ; 
^'autres  villes  d^ltalie  en  poiledent 
auffi  plufieurs.  Cet.  artifie  a.  beau* 
coup  travaillé.  Il  mourut  en  160$^ 
4  S3  ans.  Ses  buvraçci  d'arctîitec- 
turé  n'ont  <^'un  mente  médiocre. 
'  VITULA,  Déeffe  de  la  joie  , 
Celon  quelques-uns.  D'autres  dijtetit 
éu*e]le  préfidpit  î^ux  alimens  qui 
Vnrvent  à  l'entretien  de  1^  vie.  Il  y 
^  a  qui  prétendent  que  ce  n^^ovt 
«u*un  (Urnom  de  la  VlÛoIre, 

1,  Vivaldi,  ( Jean-Louîs) 

]g(Hmftic9În ,  nadf  d^  Momlojvt  oi 


V  I  V^ 

Kémont ,  d^une  Cnntlle  noble  dft 
Gènes ,  devint  évêque  d'Arbe ,  uni 
des  iûes  Adriatiques ,  en  15 19.  On 
a  dajtû  :  I.  Un  Traité  eftimé ,  Dti 
rerttate  ContrUionls  {  ou  Vtra  Cpotri^ 
ùorùs  Prétupta^  yii^,  IL  Sept  autres 
petits  Tuùtds ,  recueillis  &  imprimés 
fous  It  titre  de  Ofus  regale ,  Lug-^ 
duni,  i^oS  »  in-4^.  Ce  pieiuc  & 
fâvant  prélat  niio^rut  dans  fj^n  dîo- 
çefe .  qu'il  a  voit  édiné  &  éclairé. 
*  II.  VIVALDI  /'(Antonio)  ce- 
lebrç  muficien  Italien,  mort  versi 
1743,  écoit  maitre  de  nwfique  de[ 
la  Pieta  à  Venife.  Son  nom  A 
célèbre  parmi  les  Vhuto/es  »  par  fon 
talent  pour  le  violon  -,  &  parmi  le^ 
compoûtçurs  ,  par  Tes  Symphonies , 
entre  auQYS ,  par  fes  Quatre  Saîfons^ 

Vivant  .  (  Franç^ois)  doÛeut 
de  la  maiCon  &  foçiété  de  Sor- 
bonne ,  curé  de  Saint  -  Leu ,  puis 
pénitencier ,  grand  -  vicaire  ,  cha* 
noine ,  grand-chantre  »  &  chancelier, 
de  l'univerûté  de  Paris  fa  patrie  « 
naq^'iit  en  i688v  II  contribua  beau«» 
coup  à  la  defiruâion  de  Port^ 
Royal  ,  &  à  rétablifliemeat  de^ 
Prêtres  de;  Sai^t- François  de  Sales 
à  Paris.  Ou  a  de  hii  :  I.  Un  Tra'ui^ 
contre  U  pàtraSté  ^  Bénéfices  ,  en' 
£itin,  17 10  ,  in*ii.  II.  Un  Traité- 
Contre  U  vaRélté  des  Ordinations  Jn* 
gUcanes,  IlL  II  eut  auilî  beaucoup^ 
de  part  au  BréviaJlrt  &  au,  SAlffel  di^ 
cardinal  de  Noailles,  U  eft  auteur  de. 
beaucotip.daPA)/£5 ,  de  Collfiâù^tn 
4e  Quelques  Hymnes^  L'abbé  Vivant 
mourut  à  Paris  le  ^o  Noyemlye^ 
17»39 ,  à  77  ans  »  après-  avoir  joui 
pendant  €a  vïfi  d  une  grande  rép«K 
tation  de  piété  &  de  Cavoir. 

VIVES  »  (  Jean-Low  )  né  à 
Valence^  en  E£pagne»  en  1491* 
enfeigna  les  belles -lettres  a  Lou« 
vain  avec  un  applaudijlemcnt  gé* 
néral.  De  là  il  pafla  en  Angleterre, 
&  eut  l'honneur  d'enCeigner  le 
latin  à  Marie  ^  reine  d  Angleterre^ 
fille  ^HmiynU  Cepinu^^ii 


r 


V  r  y 

ism  de  C3$  du  favant  Erpagnol ,, 
qu'il  ail  oit  exprès  à  Oxtor.d  avec 

!  h  reine  Coq.  époufe  •  pour  entendre 
fes  leçons  -,  mais  jnatgré  foa  efUme  ^ 
il  !e  retint  en  prifon  pendant  fix 
mois,  parce  qu'il  avojtoCé  défapf 
prouver ,  de  vive  voix  &.  par  cc^it ,. 
fon  divorce  ayec  Catherine  d'Ara* 
gon.  K/vc/ ayant  recouvré  fa  liber*. 

[.     Ip ,  repaffa  en  Efpagne ,  fe  maria  à. 

!  Burgos ,  &  niourut  à  Bruges ,  bon 
,  Catholique,  Iç  6^  Ma.  1540.  à  48^ 
ans.  On  a.d9  lui  :  l.  Des  Comment 
ialfis fur  les  livres  delà  Cîté  di  Dieu 
dcS.Augufiln^  dont  les  dod^eurs  de. 
Ikouvain  cenfurereat  quelques  en- 
droits trop  hardis  &  trop  libres. 
H.  Un  rrj/t^iudkieux &  favaiu  fur 
^  Corruption.,  U^ Décadence  de»  Arts. 

■  ^  des  Sclentts.  III,  Un  TtMté  de  U 
JS^fUgion,  IV.  Pluiieurs  autres  Ou- 
vrages ,  recueillis  à  Bâle  en  i  j  5  j  , 
tn  2  vol.  in-£oI.  £r^/m<,  Budé  û. 
ffim  ,pa0bientpour  les  plus  fa  vans 
bpmmes  de  leur  iiecf e ,  &.  étplent 

I      comme  les  Triumvirs  de  la  répu- 

;.      blique  df  s  Lettres  ;  mais  Vlvh  étoî;. 

k     ioférieurau  premier,  en.efprit.,  & 

i      in  fécond,  en.érudition»  Soti  iîyltr 

^  tft  adez  pur ,  mais  dur  &  fec,  fie  fa 
critique  eftfouvencharardée.Quel- 
qnes  -  ups  de^  fes  Livres  ne  font 

^  qu'un  amas  de  palTages  ramaiTés 
fous  difFétens  titres,  &  de  vrais^ 
lieux,  communs. 

VIVIAN!  ,  (Vincent  )  né  à 
Florence  le  î.Àyril.  i6^i  ,  d'une- 
Êimille  noble,  vécut,  depuis  Tâge 
de  17  ans  jiifqu'à  20,  avec  GallUe , 
qui  le  •  regarda  comine  un  difciple 
digne  de  lui.  [  V'oy.  Galilée.  \ 
Après  la  .mort  d'un  (î  grand  tnaitre., 
il  pafla  encore  deux  ou  trois  ans 
dans  la  géométrie  f^saucuneinter- 
ruption  ;  &  ce  fut  en  ce  temps-là 
qu'il  forma  le  deiiî^a  de  fa  Dlvîn/ir 
îton  fur  AnflU.  Cet  ancien  géomètre 
avoit  compofé  cinq -livres  fur  les 
Sautons  coniques  ,  qui  fe  font 
pl^^^.  qu'il  çptrcprit  dç^fair^ 


r  r  V       39t^ 

wviVré  par  la  force  de  fon  génie%. 
Son  nom  fe  répandit  dans  toute- 
l'Europe  ;  if  reçut  çn  1664  undi 
penAon  de  Louis  XlVyd'un  princâ 
dont  il  n'étoit  point  fujet,  &.à  qui 
il  étoit  inutile.  Vhlanl  résolut  de 
dédier  a|3  roi  le  Traité  qu*il  avoîf 
autrefois  médité  Air  les*  lieux  îo^ 
lides  d'Arifiéi  ;  mais  il  pn  fut  dé^ 
tourné  par  des  ouvrages  publics  , 
6c.  même  par  des  négociations  <fae 
fon  fouverain  [Ferdinûnd  //,  grand* 
duc  de  Tofçane  )  lui  confia.  Ea 
1666  ,^  il  fut  honoré  par  ce  prince 
du  titre  de  premier  mathémasicien  ' 
de  fon  Alteffe.  Cet  homme  iHuftrè 
mourut  le  22  Septembre  1703  ,  à, 
S2  ans,  membre. de  l'académie  des 
Sciences.  »«  11  avoit,  dit  Fontenelie  , 
»•  cette  innocence.  &  cette  fimpîî- 
»»  cité  de  moeurs  que  l'on  çonfei-ve 
>*  ordinairement,  quand  on  a  moins 
"de  commerce  avec  les  homm<;$ 
w  qu'avec  les. livres-,  &  il  n'avoié 
"  point  cette  rûdefîe,  &  uo^e  certaine 
M  fierté  fauvage ,  que  donne  affc* 
w  (bu vent  le  commerce  des  livres 
*'.  fans  celui  des  hommes.  Il  étoit 
w  a^ble  ,  modeAe ,  ami  fur  & 
"  fidelle-,  &  ce  qui  renferme  bean- 
»♦  coup  de  vertus  ed  une  feule ,  re* 
•'  connotliTant  an  fouverain  degré >'.. 
Po)if  s'acquitter  envers  Louis  XÎV^,^ 
il  fit  rebâtir  fa  itaifon  fut  uit. 
deffin  très  -agréable ,  6c.  aui&  ma- 
gnifîque  qulK  pouvoit  çpnveuir'à- 
un  particulier.  Il  appela  cette  mai- 
fon  JEdes  à  Déo  datir;  elleporte  ce 
titre  fur  fon  frontifpice  :  aUufion 
hpureufe,  &  au  premier  nom  qu'oii 
avoit  donné  au  roi ,  8c  à  ta  maniei'é  » 
dont -elle  fut  acquife.  Ses  Ouvrage?* . 
font  :  L  Un  Traité  inï'tulé  :  DîvU  ' 
fuuîon  fur  Arlfiit^  I701,  ïn-folto  ; 
ouvrage  plein  de  recherches  pro- 
fondes fur  les  Coniques.  Ce  fut  fà 
dernière  pcodu^ion ,  &  ce  n'eô  pa$ 
la  moins  fa  vante.  II.  De  MaximU 
&  Minitnis.  Gcomtftriça  dlvinatlo ,  </t, 
fuintum  Cmùcorum  Apollonii  Perg«^ 

B  b.  iv. 


1 


39»         V  !  V 

adhuc  dtfiétratum  ,  X659  ,  îo-foUo. 
m.  Enodatîo  ProbUmatum  umverfis 
Geomuris  fropofitorum  à  Claudio 
Commiers,  1677,  in-4°.  IV.  Un 
Traité  Des  Proportions  ,  1674  , 
in -4**.  Ce  livre  ,  entrepris  pour 
édaircir  le  v®  livre  é^Èuelidc  qui 
ne  paroît  pas  s*être  expliqué  nette- 
ment fur  ce  fujet,  eft  fur- tout  re- 
marquable ,  dit  FontiiulU  ,  par  les 
ientimens  de  (on  cœur ,  qu'il  y  a 
répandus  en  divers  endroits. 
VIVIEN,  VoytiCnKTi.KV' 

BRUN. 

VIVIEN,  (Jofeph)  peintre,  né 
à  Lyon  en  1657  »  mourut  à  Bonn , 
ville  d'Allemagne  dans  l'élef^orat 
de  Cologne,  en  1735.  Il  ^°^'^  ^^°^ 
récole  de  l'illuffre  U  Brun  ,  qui 
connut  en  peu  de  temps  que  le 
(aient  de  fon  difciple  étoit  pour  le 
portrait.  VlvUn  fe  rendit  à  fes  con- 
seils :  cherchant  à  fe  diftinguer,  il 
Joignît  au  paflel.  Il  mettoit  beau- 
coup de  vérité  dans  fes  ouvrages  -,  il 
faifiâbit  très-bien  la  refîemblance. 
Son  art  alloit  jufqu'à  repréfenter 
non-feulement  les  tr^ts  extérieurs , 
mais  encore  les  imprefiions  de  Tame 
qui  animent  le  vifage  &  cara£^érifent 
une  perfonne.  Il  a  peint  en  paftel 
des  Portraits  en  pied.  L'on  voit 
quelques  Tableainc.  de  lui  ,  oi» 
l'Hifioire  ,  la  Fable  &  l'Allégorie 
concourent  à  embellir  fa  composi- 
tion. Il  eut  pl.ufieurs  fois  l'honneur 
de  repréfenter  la  famille  royale. 
L'aéadémie  le  reçut  dans  fon  corps  » 
&  le  roi  lui  donna  un  logement 
aux  Gobelins.  Les  éleâeurs  de  Co- 
logne &  de  Bavière  le  nommèrent 
leur  premier  peintre.  Ce  maître 
s'eft  fouvent  exercé  à  manier  le 
pinceau ,  &  à  peindre  à  l'huile  des 
Portraits  hifloriés ,  où  l'on  admire 
la  fécondité  &  la  beauté  de  fon 
imagination ,  jointes  à  l'excellence^ 
de  fon  talent  pour  Texécution. 
On  a  plufîeurs  Pçrtraits  gravés 
'd*après  lui« 


V  L  E 

VIVIER,  (François  du)  Voye^ 

I.   MONtHOLON. 

VIVIER,  (  Jean  du  )  jié  à  Liège 
eii  1687,  mdtt  à  Paris  en  176 1» 
s'eft  rendu  recommandable  dans  la 
gravure.  Son  goût  pour  cet  an 
l'çntraina  à  Paris ,  où  il  le  perfec- 
tionna»  U  s'adonna  principalement 
à  la  gravure  des  Médailles  ;  & 
foq  mérite  en  ce  genre  lui  mérita 
bientôt  des  récompenfes.  Il  fut 
nommé  graveur  du  roi ,  obtint  un 
logement  au  Louvre,  &  fiit  reçu 
de  l'académie  de  Pèintpre  &  de 
Sculpwrc.  C'ell  le  graveur  qui  a  le 
mieux  trouvé  la  reflemblance  de 
Louis  XV,  La  douceur  &  la  force 
brillent  dans  fes  gravures.  La  mo- 
dération &  la  bonté  forraoient  fon 
canaâere. 

VIVIERS ,   (  le  Cardinal  de  ) 

Foy.BROGNI. 

VIVONNE  ,  Voyet^  Chatei- 
GNjERAr. . ,    Rambouillet.  .  t 

ROCHECHOUART. 

VLAPERACCUS ,  (  Chriftophe) 
favant  grammairien  du  XV  i^  iîecle« 
né  à  GefFen ,  près  de  Bois-le- Duc  > 
enfeigna  le  latin  ,  le  grec  &  l'hé- 
breu pendant  40  ans ,  à  Bois-le-Duc* 
&  eut  autant  de  foin  de  former  fes 
difciples  à  la  religion  qu'aux  belles- 
lettres.  Il  mourut  le  15  Juillet  1 601. 
Nous  avons  de  lui  :  I.  Polyonima. 
Clceroniana  y 'Rovtn  ,  1625.  C'eftun 
recueil  de  phrafes  tirées  de  CUéron, 
II.  Flçres  Plautî  cumfchoHis,—}EAIf 
8c  Pierre  ,  fes  fils  &  héritiers  de 
festalens^  ont  donné  pluûeurs  Ou- 
vrages qui  font  également  honneur 
à   leur  favoir  &  à  leur  piété. 

VLEUG^ELS ,  qu  on  prononce 
Veugles  ,  .(  Nicolas  >  peintre  » 
natif  de  Flaiidres,  vint  enFrancew 
Ce  mbître  n^a  guère  peint  que  de 
petits  Tableaux  de  chevalet.  Ses 
compoiitiorts  font  ingénieufes.  U 
s'efl  particulièrement  attaché  à  la 
manière  de  Paul  Vcrontfe,  Ses  talens» 
fon  efprit  &  fon  érudition»  qui  le 


J 


*' 


VO  E 

nettoient  en  commerce  aveb  les 
favans  &  les  gens  de  lettres,  le  firent 
nommer  ,  par  le  roi ,  direâeur  de 
l'académie  royale  de  Saint -Luc 
cnblie  à  Rome  ,  &  chevalier  de 
l'Ordre  de  Saint-Michel.  Il  mourut 
dans  cette  ville  le  lo  Décembre 
1737  »  âgé  de  68  ans.  Il  eft  l'au- 
teur d'une  Traducilon,  infidelle  & 
peu  élégante ,  du  Dialogue  italien 
îur  la  Peinture ,  de  Lodovlco  Dolce , 
intitulé ,  VAretino  -,  précédé  d'Une 
Préface*  où  Ton  combat  les  juge- 
mcns  de  Rîchardfon  ,  père  &  fils , 
fur  les  ouvrages  de  Raphaël. 
VOEL ,  Voy€{  JuSTEt, 

VOESIN,  —  POPELINIERE. 

VOET ,  (  Gishert  )  Voétlus ,  né 
à  Heufden  le  3  Mars  1589 ,  exerça 
le  miniilere  dans  fa  patrie ,  qu'il 
quitta  queUiuefois ,  pour  fuivre  les 
armées  &  instruire  les  foldats.  En 
1634 ,  il  fut  choifi  pour  enfeigner  à 
Utrecht  la  théologie  &  les  langues 
Orientales  ;  il  le  fit  avec  fuccès. 
Après  av,oir  profeiTé  dans  cette 
ville  pendant  41  ans ,  &  y  avoir 
exercé  quelque  temps  les  fondions 
de  pafteur  ,  il  mourut  à  l'âge  de 
S7  ans  ,  le  I  Novembre  1677. 
Cétoit  l'ennemi  déclaré  de  la  phi- 
lofophie  &  de  la  perfonne  de  Def- 
canes  ,  qu'il  ofa  accufer  d'Athéifme 
dans  des  thefes  foutenues  contre 
lui.  Les  magiftrats  d'Utrecht  furent 
allez  imbécilles  pour  approuver  les 
impertinences  du  théologien  ,  & 
pour  condamner  deux  Lettres  apo- 
logétiques du  philcfophe.  On  a  du 
fanatique  Voët  :  Dîfputàtîonts  Theo^ 
lofcte  ,  à  Utrecht  ,  1648 ,  5  vol. 
xn-4^.  Ses  ouvrages  ne  font  remar- 
quables que  par  des  injures  grof- 
iieres  &  des  raifonnemens  abfurdes. 
Ses  feâateurs  furent  appelés  Foè- 
liens ,  &  ont  toujours  été  les  plus 
grands  adverfaires  des  Coccélens, 
Voit  eut  deux  fils,  Danîd  &  Paul  ^ 
dont  on  a  auili  plufieurs  ouvrages* 


V  O  I  395 

Jean  VoET ,  fils  de  Paul^  doôeur 
&  profcfieùr  en  droit  à  Herbe  m, 
laiâa  un  Commentaire  fur  les  Pan." 
icâf«,HagaB,.i754»  1  vol.  in- fol.  ; 
&  4'a^'r^  ouvrages  fur  la  jurif- 
prudence  ,  remplis  d'érudition.  Il 
mourut  en  a[7i4..«  Voye^  Vouet, 

VOGLERUS,  (Valentin-Henri) 
profefleur  de  médecine  à  Helm- 
âadt ,  naquit  dans  cette  ville  l'an 
1622  ,  &  y  mourut  en  1677 ,  avec 
la  réputation  d'un  favant  profond. 
On  a  àt  lui  :  I.  Une  Notice  des 
bons  Ecrivains  en  tout  genre  ,  en  latin. 
Ce  livre  eft  imparfait  *,  mais  Meibo^ 
mius  en  a  donné  une  édition ,  - 
Helmftadt,  169 1  &  1700,  xn-4"  , 
avec  des  remarques  &  des  additions 
qui  peuvent  le  rendre  utile.  II.  Infti-' 
tutionum phyfiologîcarum  liber,  1661 , 
in-4®.  III.  Diaticorum  copimentarius  , 
1667  ,  in-4°.  IV.  De  naturali  in 
Bonarum  doHr'narum  fiuàia  fropexi" 
fione  ,  deleHu  ingemorum  ,  ftudipTtan 
hodiemorum  corruptelis ,  earumque  caufis^ 
Dijfertationes  qulnque ,  1^672  ,  in-4**. 
"V ,  Phyfiûlogla  li'Jioria  Pajponis  )efu 
Chifil,  1673,  in.4°.  VI.  De  Va- 
lerudine  hominis  cog^ofeendâ  Liber  ^ 
1674 ,  in-4°.  Vil.  De  relus  natw 
ralîbus  &  medicis  quarum  in  Scnpturis 
Sacris  fit  mentio  ,  Commemarius  ^ 
1682  ,  in-4^ 

VOIGT,  (Godefroi)  théolo- 
gien Luthérien  ,  natif  de  Mifnie  » 
fut  reÛeur  de  l'école  de  Guftrow , 
puis  de  celle  de  Hambourg  «  & 
mourut  à  lafieur  de  fon  âge  en 
1682.  On  a  de  lui  un  Traité  fur  les 
Autels  des  anciens  Chrétiens,  Ham- 
bourg, 1709,  in- 8®,  &  plufieurs 
autres  ouvrages  en  latin.  On  voit 
qu'il  n'avoit  rien  laiflfé  échapper 
de  ce  qu'il  avoit  trouvé  dans  les  an- 
ciens auteurs  fur  les  matières  qu'il 
traite. 

VOÏSENON  ,  (  Claude-Hcnrî 
de  Fufée  de  )  abbé  de  l'abbaye  du 
Jard  ,  membre  de  l'académie  Fran- 
çoife  ;  aé  au  château  ^e  Voifenon 


1 


J94        V  p  I 

près  Melun  en  1708  »  mort 
dans  un  château  voifin  de  fon 
abbaye  le  %%  Novembre  1775;  i 
dvoit  le  ôtre  de  minière  pléni- 
potentiaire de  févêque  de  Spire. 
C'étoit  un  de  c^  èfprîts  délicats  ^ 
&dles,  qui  malgré  quelques  petits 
ridicules ,  font  lesi  omonens  des 
meilleures  fociétçs.  Il  avoit  com- 
mencé i^ar  être  grand-riçaire  de 
révôçHé  de  Boulogne.  Mais  il  aban- 
donna btent6t  les  dignités^  ecdé^ 
fiailiques ,  fe  connoiffant  peu  propre 
à  les  bien  remplir.  Il  çtoit  né. 
ptucot  poi^r  récat  militaire  «  dit 
M,  de  la  Place ,  puifqu'ayant  plai-. 
fanté  un  officier ,  qui  le  trouva  maun 
▼aïs  ,  il  fe  battit  avec  lui ,  le  bleflCi 
&  le  défarma.  Depuis  cette  époque, 
fiaguliered^s  lliiftoiced'un  ecclc- 
fiaSique ,  il  fe  livra  entièrement 
au  mpnde  8c  au  thçâtre.  Il  fut  fout 
vent  l'objet  de  la  farire  ;  &  il  la 
dédaigna.  Vn  poëte  lui  porta  un 
Jour  une Epigramme  contre  lui,  ^ 
lut  aflTez  impudent  pour  lui  en 
demander  fontivis*  Qn  ne  nom- 
moit  point  l'auteur  contre  qui  la 
Pièce  étoit  dirigée.  L*abbé  de  ^1- 
fenon  écrivît  au  haut.  Contre  Pabbi 
de  Vbîfenon  i  enfuite  la  rendant  an 
fatirique ,  il  lui  dit  :  Vous  pouve^ 
à  préfent  faire  courir  votre  Epigramjme  ; 
lis  petits  changemens  que  jy  ai  faits 
la  rendront  plus  piquante.  Ce  trait  de 
modération  déconcerta  lliomme 
à  PEpigramme  ^  qui  la  déchira  en 
mille  pièces ,  après  avoir  demandé 
beaucoup  4e  pardons  à  l'abbé  de 
Voîfenon,  Cet  écrivain  ,  qui  avoit 
reçu  de  la  nature  beaucoup  d'ef-? 
prit  &  même  du  talent ,  ne  fut  point 
tout  ce  qu'il  pouvoit  être  *,  parce 
^e  les,  applaudiâemens  précoces 
qu'il  reçut  dans  des  fociétés  bril- 
lantes ,  par  fes  gentillefles  ,  fes, 
faillies  ,  fon  ton  badin,  lui  per- 
fiiaderent  qu'il  pouvoit  s'épargner 
de  travailler  fes  ouvrages.  Au^  la 
littérature  n'ayant  été  pour  lui  (;[u'u^. 


V  o  f 

amufeiâent-,  fa  ré(>utation  littéraire 
nç  fiit  pas  mohis  fluette  >  dit  M« 
Paliffot ,  que  (a  comples^ton ,  de  refr 
fembla  parfaitement  à<fâ  petite  fanté. 
Defmahls  l'a  trop  loué  lorfqu'il  4 
dit  de  lui  : 

Arhitre  des  taleas  qu'il  culûve  6^ 

pojfede  , 
$»n  efptlt  efi  toiqpurs  d^accord  avei 

le  pût. 
Toiqpurs  nouveau ,  fatu  çfife  4  Id*. 

mime  il  fuccede^ 
Ztfa/u  prétendre  à  lien  il  a  des  droh», 

fur  tout. 

L'abbé  de  Volfenùn  donf»  au  pu^ 
blic  (tirvers  Romans ,  en  4  petits, 
vol..  in- Il  ,  dont  le  pins  connu 
eft  une  efpece  de  conte  moral  i  in- 
titulé :  VHlfiotre  de  la  FéCi^cuél  Le 
cadre  eft  peu  de  chofe  -,  m,ais  l'au- 
teur conte  joliment  »  &  il  mêle  è 
fon  récit  de  petites  réflexions  ifto- 
rales ,  finement  exprimées.  L'abbé» 
de  Volftaan  travailla  aofll  pour  le 
théâtre.  Ses  Comédies  des  Mariait* 
agonis^  publiée  en  1744,  &  de  Is( 
Coquette  fixée  y  en  1746  ,  font  dii| 
bon  genre  -,  c'eft-à-dire  ,  de  celui 
que  Mpâere  n'eût  point  défap- 
prouvé.  Le  tour  dp  fçs  vers  eft 
heureux.  Il  eft  fertile  en  tirades  & 
en  maximes  -,  mais  il  a  l'art  de  les. 
placer  &  de  leur  domi^  de  la  iaillie.. 
La  Çoquetu  fixée  prouve  qu'il  fa- 
voit  former  un  plan  «  peindre  leit 
mœurs  &  tracer  des  caraâeres.  Oa 
a  de  lui  beaucoup  d'auffes  Pièces,, 
applaudies  dans  leur  nouveauté  ^ 
&  aujourd'hui  peu  lues  8t  point 
du  tout  repréfentées.  L'abbé  de  Voi-^ 
fenon  fe  difliD^uâ  encore  p9r  \xtk 
grand  nombre  de  Poéfies  fauves  i. 
produâ^ons  faciles  d'un  homtfle^ 
répandu  dans  le  grand  monde  «^ 
dont  la  mufe  eft  aufli  légeie  que 
piquante.  Son  feul  défaut  eft  de 
tomber  quelquefois  dans  l'affeé^a^ 
tion ,  hs  pointes,  les  équivoques,. 
en  dierçhsuit  tcop  la  flnj;fft  ^  I4 


V  O  I 

leietp  qu^on  vm  doit  paf  chercher. 
r«mi  iç%  Piec«»  ^  il  y  en  a  quel- 
ques-unes de  chantantes  :  telles 
que  le  Poëme  lyrique  des  IfraéUtcs 
fï  /a  montage  d*Opeb  ,  qui  fut  mi& 
en  mufiquc  en  1758 ,  &  applaudi. 
S^  Œuvres  ont  été  reqieilUes  en 
1781,  en  5  vol.  in-8®i  il  y  en  a 
quan-e  de  trop.  Il  CalloU  fe  borner 
aux  Comiédies  que  nous  avons 
ptées ,  à  deux  où  trois  Oratorio , 
à  une  demi-douzaine  de  Pièces  fu- 
gitives &  à  VHifioirê  dt  U  FéOM; 
pu  lieu  qu'on  y  a  fait  tout  entrer  » 
TUfqu'à  des  ^iMciofe^  Ltuéralrts  , 
j         (  Kiy.    PoiNSlNET  ,    &  VI.    OH- 

UANS  )  &  à  des  Brafpnent  ISfioA- 
9^  y  rui  ne  font  qu'un  reaiôl  de 
pointes  9c  de  calèmboqrgs.  M.  le 
duc<*«  CAoi/êtt/ lui  avoit  fait  donner 
6000  livres  de  peniion  pour  s'oc- 
!»per  de  THiftoire  de  France  ;  &  fcs 
fragmens  Hlfiorîquu  furent  le  fruit 
de  fon  travail. 

I  I.  VOISIN,  (  Jofephde)  né 

ï  Bordeaux ,  d'une  famille  noble  & 
dîAinguée  dans  la  robe ,  fut  d'abotd 
fOi>feiller  au  parlement  de  cette 

;  ville.  Son  goût  pour  les  exercices 
de  piété  lui  fit  embralTer  Tétat 
iKcIériadique.  Il  fut  élevé  au  façer- 
doce  »  &  devint  prédicateur  &  au- 
Mkàntcr  d* Armand  iu  BjMtrban^  prince 
de  Carah  On  a  de  lui  :  L  Une 
Tkdolope  des  Jurfs  ,  1647  ,  i»-4**, 
fn  ladn.  U.  Un  TrulU  latin  de  I9 
l»  dirhu  ,  in-8^  III.  Trahi  latin 
fhi  JubiU Uion  les  Juifi ,  in*8''.  IV. 
pe  favaotes  Nous  fur  le?«cco  Fidel 
dé  Raymond  Martin  y  i6yi.  V.  Une 
Ddfinjê  du  Traité  de  M.  le  prince 
4t  Çonu  contre  la  Comédie ,  que 
l'abbé  ^Aubiffîde  a^oit  attaqué  , 
1672  ,  in«4**,  VI.  Une  TrdduShn 
françoife  du  Miffel  Romain,  en 
4  vol.  in»ii«  1660.  Elle  fut  con- 
damnée par  l^aflSemblée  du  clergé , 
&  profcrite  par  un  Arrêt  du  con- 
leiL  Cette  Verfion  n'en  a  pas  moina 
i^  çéii|ip»née  depms^  &en  raaa- 


VOÎ         39f 

thémadfant  on  voulut  feulement 
condamner  l'intention  de  l'au* 
teur  ,  qui  étoit^  dit-on,  de  Étire 
dire  la  Meffe  en  françois.  C'étott 
une  calomnie  ;  mais  les  enne* 
vnis  de  Foifin  avoient  intérêt  de 
la  faire  valoir.  Ce  pieux  écri- 
vain mourut  en  1685  ;  c'étoit  un 
homme  d'une^  grande  érudition  ^ 
ta.,  ce  qui  cft  plus  précieux ,  il  fa^ 
voit  en  faire  ufage.  Les  langues 
vivantes  &.les  langues  mortes  lui 
étoient  funilieres  ^  &  il  connoif- 
fbit  affet  bien  les  finefies  de  I4 
nôtre.  Sa  piété  égaloit  fon  ^«s^ 
voir. 

n.  VOISIN ,  (  Daniel-Françoi«  ) 
confeiller  au  parlement  de  Paris, 
devint  maître  des  requêtes  de  l'Hôtd 
en  Novembre  1684,  intendant  des 
armées  de  Flandres  en  Mars  i688{ 
co|ifetller  4'état»en  Septenpbre,i  694, 
miniffare  &  fecrétaire  d'état  en  Juin 
ijo^j^aiûn  garde  des  (ceaux  &  chan- 
celier de  France  le  1 5  Juillet  1714.  U 
mourut  fubitement  la  nuit  du  i  ^'  au  i 
Février  1718 ,  âgé  de  6x  ans ,  avec 
la  réputation  d'un  magiflrat  in- 
tègre &  intelligent.  LouU  JT/Kayant 
promis  fa  grâce  à  un  fcélërac  in- 
ûgne,  Foifii  refufa  de  fcéller  les 
lettres.  Le  roi  demanda  les  fceaux  » 
&  les  rendit  au  chancelier  après 
en  avoir  fait  ufage. .  Ils  font  pol- 
lués ^  dit  Foifia  en  les  repouàam 
fur  la  tablé  ;  je  ne  Us  reprends 
plus,  —  Louis  XIV  s'écrie  :  (J««^ 
Aomme  /  &  )ette  auifi*tôt  les  let- 
tres au  feu.  — *  Je  reprends  Usfuau^  ^ 
dit  le  chancelier  ;  U  feu  purifie 
tout.  Ce  n'efl  pas  la  feule  occa- 
sion où  il  réfifta  aux  volontés  de 
ce  prince. 

VOISIN ,  (  Catherine  des  Hages  ^ 
veuve  du  fîeur  de  Mont-Voifîn, 
&  plus  connue  fous  le  nom  delà) 
s'unit  vers  l'an  1677  avec  la  VI» 
goureux,  un  ecdéfiaflique  nommé 
le  Sage  ^  d'auffes  (célérats  obf- 
curs»  pour  trafiquer  des  poifent 


59^       V  o  r 

4  un  Italten  nominé  Extft ,  qiiS 
avoit  fait  dans  ce  genre ,  4e  triftes 
découvertes.  Ils  cachoiem  leur  in- 
fiune  commerce  par  <1  s  prédirions 
&  ées  apparuions  d'erprits  dont  ils 
«mufoient  les  âmes  fotbles  &  cu- 
rieufes.  Pluiîeur^  morts  iubites  fai- 
lact  foupçonner  des  crimes  fe- 
crets,  une  chambre 'ardente  futé  a- 
blie  àl^Arfenalen  i6So.  La  Voîfin 
convaincue  de  divers  empoifon- 
si?mens  ,  fut  brûlée  vive  le  ii 
Juillet  de  la  même  année.  L'envie 
cie  Êûre  idie  grande  depenCe,  l'avoit 
portée  à  ces  attenuts  ,  autant  que 
la  perverfité  de  fon  cara^ere.  Un 
b jn  caroâe  »  un  SuifTe  à  Ta  porte , 
&  un  appartement  fuperbe  qu'elle 
occupa  pendant  quelque  temps  , 
exigeoienc  beaucoup  d'argent;  elle 
en  trouva  en  difanc  la  bonne  aven- 
ture, en  promettant  de  faire  voir 
le  diable ,  enfin ,  en  vendant  chérv 
ment  des  poifons.  Son  fupplice 
rallentit  les  redierches  qui  furent 
^tes  dans  ce  temps-là  contre  plu- 
fieurs  grands  feigaeurs*  tels  que 
le  maréchal  dt  Luxtmbourg^  la  du- 
clielTe  tU  Boml/on  ,  la  comtefîe  de 
Coiffons.  Mais  fes  crimes  laifiertnt 
dans  les  efprits  un  p.nchaot  fu* 
nsile  à  foupçonner  bien  des  morts 
naturelles  d'avoir  été  violentes. 
.  VOITURE  ,  (  Vmcent  )  né  à 
Amiens  en  1598  ,  reçu  à  laça-* 
4Jlémie  Françoife  en  1634  ,  dut 
le  jour  à  un  marchand  de  vin  ;  & 
comme  il  avoit  la  petitefTe  de 
rougir  de  Ci  na  (Tance ,  &  d  erre 
icniible  aux  p'aiianteries  que  fa  va- 
nité occaHônnoit ,  on  le  badiooit 
ibuvent.  Madame  *t^efiogei  -ui  dib 
un  jour  en  jouant  aus  proverbes: 
/Celuî  là  ne  vaut  rien ,  percei-m  us-en 
d'un  ^utre.  Un  ofÇcier  lui  fit  à 
table  cet  impromptu  »  le  verre  à 
la  main  : 

Quo?  t  Voiture ,  tu  dé^n  re  ! 
..    Sors  d*Ui ,  maugreki  de  toi  i , 


vo  I 

Ta  ne  vaudras  jamais  ton  pen  9 
Tu  tu  vends  du  vin  ^  m  iCen  hat, 

V  étoit  û  feniîble  à  ces  plaifame- 
ries ,  que  Bajjompurrc  difoit  :  Levîn^ 
qui  fuit  revenir  le  eteur  aux  autres ,  U 
fait  perdre  à  Voiture...  Les  agrémens 
finguliers  de  l'eTprf  c  &  du  caraâere 
de  ce  poëte ,  lui  donnèrent  entrée  à 
rhôtel  de  Rambouillet ,  où  il  brilla 
beaucoup  par  fes  faillies.  Gafipn 
^Orléans  ,  frère  de  Louis  XIV^ 
voulut  l'avoir  en  qualité  d'in- 
trodu£èeur  des  ambafiadeurs  &  de 
maître  des  cérémonies.  Il  fut  aufli 
interprète  de  la  reine-mere.  Il  fit 
dire  un  jour  à  un  ambaiikdeur 
étranger,  de  belles  chofes  qui 
n  etoient  point  dans  fon  difcours. 
On  le  fit  remarquer  à  Foiture  qui 
reprit  bruCquement  :  S*il  ne  U  dit 
pas ,  il  duit  U  dire.  Ce  bel  efprit  fut 
envoyé  en  Efpagne  pour  quelques 
affaires  ,  d'où  il  paila  en  Afrique  y 
pour  obferver  les  mœurs  de  cette 
partie  du  monde.  La  cour  de  Ma- 
drid lui  donna  plufiturs  marques 
d'eilime.  U  y  cpmpofa  des  vers 
efpagnols ,  que  tout  le  monde  crut 
ê:re  de  Lope^  de  Vega ,  tant  1^  diâiom 
étoit  élégante.  Voiture  ne  fut  pas 
moins  bien  accueilli  à  Rome  dans 
deux  voyages  qu'il  y  fit.  De  retour 
en  France,  il  fut  maître-d'hôtel  chez 
le  roi ,  Ôc.obtint  plufieurs  penfions 
qui  l'auroieut  dû  merti  e  dans  l'opu- 
lence, mais  qui  ne  fervirent  qu'à 
hâter  fa  mort ,  en  foumiiTant  des 
alimens  à  fa  paffion  pour  le  jeu 
&  pour  les  femmes.  Il  fe  vantoit 
d'en  avoir  conté  à  toutes  fortes 
de  femmes,  depuis  le  fceptre  jnfquà 
U  houlette.  Ce  poëte  mourut  le  27 
Mai  1648,  à  ^o  ans,  &  l'acadé- 
mie Françoife  prit  le  deuil  :  hon- 
neur qui  n'a  été  renouvelé  depuis 
pour  aucun  de  fes  membres  ,  qubt- 
qp*un  gr  >nd  nombre  aient  efi  beau- 
coup plus  de  titre  pour  le  mériter. 
Le  commctce  d€&  grands  Tavoii 


! 


VO  I 

rendu  fort  vain ,  &  en  lui  donnant 
les  agrémens  d'un  homme  de  cour  » 
lui  en  a  voit  communiqué  tous  les 
vices.  Jl  aimoit  à  railler  i  mais  il 
nalmoit  pas  Its  réponfes  qu'on 
,oppofoit  quelquefois   à   fes   rail- 
leries. Ayant  offenfé  un  feîgneur 
-4le  la  cour  par  un  traiit  piquant , 
celui-ci   voulut    lui    faire  mettre 
l'épéc  à  la  main.  "  La  partie  n*cft 
»»  pas  égale ,  (  lui  dit  Voiture  )  ;  vous 
»•  êtes  grand,  je  fuis  petit-,  vous 
•»  êtes  brave ,  je  fuis  poltron  ;  vous 
*•  vouiez  me  tuer  ;  hé  bien!  je  me 
••  tiens  pour  mort  «.  Il  fit  rire  fon 
ennemi -&  le  défarma.  Foiture  ^voit 
d'ailleurs  le  cœur  généreux.  Buliac 
iui  envoya  demander  400  écus  à 
emprunter  :   Voîtun  prêta  galam- 
ment la  fomme  -,  &  prenant  la  pro- 
mefle  de  Ba/^ac^  que  lui  remit  le 
valet  qui  faifoit  la  çommiflion ,  il 
mit  au   bas  cfe  l'afVe  :  »♦  Je  fouf- 
è-*»  figné  confeffc  devoir  à  M.  Ba/iac 
"  la  fomme  de  800  écus ,  pour  Je 
>♦  plaifir  qu'il  m'a  fait  de  m'en  em- 
"  prunter  400».  Il  donna  enfuite 
cette  promeffe  au  vaîet,  afin  qu'il  la 
portât  à  fon  maître.  11  éprouva  de 
^  amis  la  même  générofité  qu'il 
a  voit  pour  eux.  Ayant  perdu  1400 
louis  fur  fa  parole ,  &  n'ayant  qu'un 
jour  pour  dégager  fon  honneur ,  il 
écrivît  à  Cofiif  avec  lequel  il  étoit 
tendrement  lié  :  »♦  Es) voyez-moi,  Je 
»  vous  prie ,  promptemenc  deux 
•*•  cents  louis  dont  j'ai  befoin  pour 
."  achever  la  fomme  de  1400  que 
»  }e  perdis  hier  au  Jeu.  Vous  favez 
."  que  je  ne  Joue  pas  moins  fur 
*•  votre  parole  que,  fur  la  mienne. 
*'  Si  vous  ne  les  avez  pas  ,  em* 
*•  pruntez-les  :  û.  vous  ne  trouvez 
**^  perfonne  qui   veuille  vous  les 
.**  prêter,  yendez  tQUt  ce  que  vous 
»  avez  ,  jufqu'à  votre  l>on  ami» 
f*  M.  Paucq^iti  car  abfo^ment  il  me 
n  faut  aoo  louis.  Voyez  avec  quel 
f  empire  parle  mon  amitié  ;  c'eft 
/'  ^'ell^  eft,  fon«  s  U,  y^xrq  qui 


V  o  r       797 

91  eft  encore  foiblei  dîroît  :  /«  vou$ 
»  JupplU  de  me  prêter  2Q0  louîs ,  fi 
»»  vous  le  pouve\  fans  vous  incom- 
>*  modcr  ;  je  vous  demande  pardon  fi 
>«  j'en  ufe  fi  librement  *>..•  Coft  r  lui 
envoya  les  200  louis  ,  avec  îa  ré- 
ponfe  qui  fuit  :  **  Je  n'aurois  ja« 
»  mais  cru  avoir  tant  de  plaifie 
"pour  Çx  peu  d'argent.  Puifque 
-  vous  jouez  fur  ma  parole,  je 
»  garderai  toujours  un  fonds  pour 
y>  la  dégager.  Je  vous  aiTure  de  plu« 
»  qu'un  de  mes  parens  a  toujours 
»  looo  louis  dont  Je  puis  dif* 
H  pofer ,  comme  s'ils-  etoient  dans 
»♦  votre  caffctte  :  je  ne  voudrois 
"  pourtant  pas  vous  expofer  par» 
>*  là  à  quelque  perte  confidcrable« 
n  Un  de  mes  amis  me  dit  hier  que 
«*  feu  fon  bien  avoitété  le  n>eilleMr 
"  am»  quM  eût  au  monde  :  je  vous 
H  confeille  de  garder  le  vôtre.  Je 
»>  vous  renvoie  votre  promefie.  Je 
»  fuis  furpris  que  vous  en  ufies 
f*  ainii  avec  mot ,  a^rès  ce  q^e  je^ 
»»  vous  vis  faire  l'autre  jour  pour 
'*  M.  ie  Bal\ac  u^  Voilà  un  billet 
qui  fait  plus  d'honneur  à  Voiture. 
que  fes  plus  belles  Letti:es.  De/" 
préaux  difoit  qu'il  ne  faut  pas  tou- 
jours )uger  du  cara^lere  des  au- 
teurs par  leurs  Ecrits.  »  La  fo» 
n  cieté  de  Bal\a€  ,  (  ajoutoit-il  ) 
>»  loin  d'être  guindée  &  épineufe 
»•  cqmme  fes  Lettres ,  étoit  remplie 
!«»  de  douceur  &  d  agrémens  ♦«.  Voîm 
ture  ,  au  contraire,  faifoit  le  puU 
Souverain- diVtC  fes  égaux.  Accou- 
tumé à  fréquenter  des  Aluffes ,  il 
ne  fe  contraignoit  qu'avec  le« 
grands.  La  feuk  chofe  par  où  fe 
reifembloient'  ces  deux  auteurs  ». 
c'eft  dans  la  compoûtion  de  leurs. 
Letn^s,  dont  la  plus  courte  leur 
coûtoit  fouvent  iç  jours  de.tra* 
vail.  On  a  recueilli  fes  Ouvrages  ^ 
à  Paris ,  i7i<y,  en  2  vol.  ia-i2. 
On  y  trouve  des  Lettres  en  profe , 
dans  lesquelles  il  y  en  a  quelques- 
unes  d'un  çara£^ere  déiîfat  U.  d  uii 


1 


59»        V  Q  t         . 

goût  tfès-fin  ;  maïs  ell^s  fe  réduîfîeiit 
à  un  très-petit  nombre^  Li  con- 
trainte, l'afFet^tion ,  les  jeux  d« 
mots  puérils ,  les  plairanteries  froi^ 
des  .  les  alludons  trop  recherchées  y 
en  aéparent  la  plupart.  Elles  font 
plus  propres  à  former  un  bel  efprit 
aianîéré  ,  qulin  homme  de  goût. 
Ce  qu'il  j  a  de  plus  t^cheux  ,  c  eÀ 
que  la  petite  &  méprifable  envie  d«f 
Inontrer  de  TeTprit  »  lui  fait  dire  des 
thofes  dom  la  décence  &  i'honnê* 
teté  même  peuvent  être  alarmées^. 
^On  peut  appliquer  ce  môme  juge- 
ment à  Tes  PÔé/Us  françoifes ,  ita^ 
liennes  &  efpagnoles  ;  il  y  a  de  la 
Jegéreté  de  temps  en  temps  ^  quel- 
ques-unes même  font  d'une  tour- 
nure piquante  •  &  n'ont  pas  été 
inutiles  à  Voltain ,  qui  en  a  mb 
en  oefuvre  les  pènfées  les  plus  déli<^ 
eates  :  mais  on  remarque  dans  le- 
plus  grand  nombre ,  1  abus  de  l'ef^ 
prit ,  la  recherche  des  idées ,  & 
rinobf.*rvatio&  des  règles  les  plus 
communes.  Ses  Poéfies  éonfiftem 
en  Efitret ,  EltgUs ,  Sonnets\  Ron* 
deaux ,  BtUUécs  Hg,  Chan/oiis,  L'hom- 
me de  lettres  qui  a  rédigé  en  ttn  voU 
les  Lettres  ehoîfies  de  Vùîturt ,  &  fes 
meilleures  Puéfics  ,  a  rendu  un 
double  Ugrv'iet ,  &  au  public  déli^ 
tiat  &  pareflfeux  *  &  à  Voiture  lui- 
même  qui   étoît  défà  bien  oublié. 

Voy.  BenSE&ADE,  LoirGflETIL£B 
&  COSTAR. 

VOLATiERRAN»  Voyt^  Mâ- 
chée. ^ 

VOLCA'tlUS  Epioivs  ,  gram- 
mairien ée  6[ome  ,  qutcomptapar- 
tii  fes  difciples  Mmtc  -  Jnicmg  & 
Augufte.  Il  écrivit  l^  Fù  et  PompU 
k  Grand  &  de  foA  ptfre  :  ouvrage» 
qui  ne  font  pas  parvenu»  iufqu'à 
i^>iis.  Ce  fut  le  premier  affranchi 
qui  fut  hiftorîeo-,  avant  loi  lliif* 
foire  avoit  été  l'occupation  des 
perfonnes  les  plus  iUufbres  »  félon 


<       V  ô  L 

I.  VOLCièAMER ,  ( JeantSëoï:      \ 
ges  )  de  Nuremberg  »  membre  de  Và^ 
cadémie  des  Curieux  de  U  Naïun  i 
mourut  en  i6f93  ,  à  77  ans.  Ond 

de  lui  :  I.  Opcialfami  examen^  1^44^ 
ï[k'l^Ali  Fioré  Nùribergmfii ^  l'jlZi 
in  -y. 

II.  VOLCKTAMER,  (Jean- 
Chriftophé)  botanifb  de  Nurem'^ 
berg,  publia  en  allemand  f^Nurem^ 
hurgenjes  Hefperidu  ^  1708,  în-£oU 
<tut  furent  traduites  en  latin  »  171^  / 
2  volumes  tn-folio ,  avec  figures  ; 
ouvrage  efliméft  L'auteur  mourut 
en  1710. 

V0LDÏ;R,  (Eurchri  dé)  né  i 
Amflerdam  le  16  Juillet  1643  ,  de- 
vint profeâeur  de  philofopbie ,  puisf 
de  mathématiques  à  Leyde ,  &  s'y 
acquit  une  grande  réputation.  Ce 
^t  le  premier  qui  introduisit  Vk 
philpfoptue  àt  D^cartis^àaMi  l'unî- 
verfitc  d.  cette  ville.  Il  réfuta  daor 
des  Thefes,  la  Cenfure  de  cette  phi- 
lofophie  ,  qu'en  avoif  faite  Hueim  , 
Ce  mathématicien  mourut  en  1709  v 
avec  \vt  réputanon  d*nn  hon  ck 
toyen ,  d'tm  ami  fidelle ,  d'un  phî- 
lofophe  humain  &  généfeùz.  I^ 
étoit  régulier  dahs  fa  conduite  4 
doux ,  aâable  ,  modèfle  v  n'ayant 
iamais  deffein  de  choquer  perfon-i^ 
ne  /  circonfpeâ  dans- toutes  fes  ma-*' 
ttieres  »  fùivant  toujours  le  parti  de 
la  ittflîcc  6t  de  la  vérité  ,  autanr 
qu'il  lui  étoi|  conïm  ;  mai^  (ans  enK 
portement  tontre  ^\ur  qû'  étbienf' 
d'une  autre  opinion  ou  dans  d'âù« 
trëst  principe»  que  lui.  Il  inftruifbif 
fes  difciple^  d'une  manière  claire  tk 
avee  un  ordre  très  -  méthodique» 
Plufieurs  habiles-genr  fortirent  d»  • 
fon  école ,  &  ils  honorèrent  toir« 
îours  leur  maître.  Il  étoir  fonvenr 
confulté  fur  des  qnéftions  impor- 
tantes ^  &  fes  réponfesétoient  re-*' 
çues  comme  dés  oracles*  ,  parcn 
qu'elles  étoient  fondées  flir  révt» 
dence.  Ce  fut  lui  qui  cohieilla  der' 
£9iRl«  dani  l'académie  dç  LeydoT 


i 


VOL 

^tt  efpece  de  théâtre  où  i'oh  et 
toutes  les  expériences  de  phyfique 
\  oéceSsàrts  -,  &  afin  qu'il  n*y  man- 
XfjiÀt  rien  ^  ^il  eut  ordre  d'aller  en 
îrance  pour  y  acheter  tous  les  inf- 
mimens  qu'il  jugeroit  convenables. 
11  y  vint  pour  remplir  cet  objet  en 
i6St ,  comme  il  avoit  été  en  An- 
gleterre en  1674.  p<i  a  de  lui  plu- 
imrs  Harangues  ^  &  différentes  J^if" 
firtatîons  in-S®*  en  latin,  fur  des  fu* 
jets  pbilofophiques.  Elles  font  aâez 
hka  écrites ,  &  l'on  y'trottVe  des 
traifonaemens  judicieux. 

VOLFAKD,  {S,)  f^oy.  IL  Hknei 
empereur. 

yOLKELIUS ,  (  Jean  )  mîniflrtf 
Socinien  ,   natif  de  Grimma  dans 
la  Mifnie  «  mourut  vers  1630.  11 
lia  amitié  avec  Socln^  embrafîafes 
erreurs ,  &  devint  l'un  df  fes  apô- 
tres. Son  principal  Ouvrage  eft  un 
Traité  en  v  livres  ,  qu'il  a  intitulé  i 
De.  v£ra  Rellgwne,  Cette  produ^on 
renferme    le   fyftême complet  de 
Î9  dod^rine  Sodnienne  ,   avec  un 
Précis  de  ce  que  les  Socîniens  ont 
dit  de  mieux  pour  l'établir.  Il  fut 
ibrûlé  à  ApAerdadlv  La  meilleure 
édition  de  ce  livre  efi  celle  qui  eft 
in-^^^  iffl^imée  à  Cracovie  ea 
1630 ,  précédée  du  Traité  de  Crêl- 
H»  «  Z>Jk  Pm  &  cjus  Mtrikutis»  Ofl 
a  encore  de  VolkcHus  une  Réplique 
4  Smlg^cctus ,  intitulée  :  Noéï  Gordlî^ 
à  Martino  Smiglecio'Kxs  Digolmlo. 
V  O  L  K  I  tt   DE  SERON VILLE  , 

(  Vicolas  )  fecré;taire  d^AntoÎM  duc 
it  Lortaiiie ,  au  xr  i*  fiecle  *  s'eft 
&tt  coûnoîtra  p«  divers  Ouvrages 
âfleiS  rares.  I.  Chrotûqiti  tU*  Rois 
iAufltdfic^  envers,  i$,fo  ,  ia-4^. 
II.  "Troué  de  la  Dtfaeratio»  de,  Jean 
CaûellaA^  Hérédqdt^  1554^  in^4^ 
m.  HjftûiH  de  U  Victoire  du  Due 
Antoine,  contre let  LuthérUm 9'Park  ^ 
1.5  z6  ,  îtt-fol. 

VOLPILIERE ,  (  N.,.  de  la  )  doc- 
f^UF  en  théologie  »  étoit  né  près  de 
I4  vfiie  d'AUaii«he>cn  Auvergne* 


VOL        599 

t^é  avec  des  talens  pour  la  chaire  ^ 
il  fe  coniacra  à  la  prédication  < 
&  mourut  au  commencement  du 
XV 1 1 1®  iiede.  On  a  de  lui  :  iTOes 
Sermons ,  1689  »  4  vol.  ia-8^.  II.  Des 
Dif cours  Synodaux  i  1704,  2  voU 
in- 12.  m.  ThéologU  nwraie  ^  7  vol« 
in-i2,  oùilgraite  méthodiquement 
d<!s  cas  de  confcience  &  des  obli*- 
gâtions  du  chrétien  dans  les  divers 
états  de  la  vie.  IV.  La  Vie  réglée 
dans  le  Matideé  htV.dela  VoipUiere  , 
Jéfuite ,  fon  frère ,  ou  du  moins  Ton 
patent ,  a  auili  publié  quelques  Ou* 
vrages  de  piété. 

VOLTAIRE,  (Marie-François 
Arouet  de  )  genttlhonune  ordinaire 
de  la  chambre  du  roi»  ancien  cham*< 
bellan  dit  roi  de^^^Pruffe  ,  des  aca-* 
demies  de  Paris, ^Rome,  Florence j 
Boulogne ,  Londres ,  &c.  naquit  à 
Paris  le  20  Février  1694,  de  Fran* 
fois  Arouet ,  ancien  notaire  au  Châ- 
telet,  tréforier  de  la  chambre-des* 
Comptes  j  &  de  Marie  -  Marguerite 
Daumart,  A  la  naiflancede  cethom-< 
me  célèbre ,  qui  a  vécu  8^  ans  ^ 
quelques  mois ,  on  déiefpéra  de  fa 
Vie  ;  &  fa  fanté  fot  long-temps  foible« 
Il  .annonça ,  dès  fés  premières  an^ 
nées  ,  la  èicilité  de  ion  génie  &  l'ac^ 
tivtté  de  fon  imagination.  Il  a  dit 
lui-même»  qu'au  fonlr  du  ber^au  ii 
hêgaym  des  Vers,  L'abbé  d*  Châtea^m 
nei^  ion  parrain ,  lui  faifoit  réciter 
dès  l'âge  de  trois  sm$  les  Fables  de 
la  Fontaine  ,  &  lui  apprit  par  cœtiir 
un  petit  Poëme  afleaà  médiocre  g 
intitulé  la  Mot/ode  ^  quifut'vial«' 
femblablemenc  la  première  fource 
de  fon-  incrédulité.  U  fif  Tes  étudee 
au  (collège  de  toms  (e  Grand  i  fou» 
le  P.  F^rée  ;  &  elles  furent  brillao^ 
tes.  On  a  de  lui  qudques  morceaux 
écrits  à  l'âge  de  12  à  14  ans,  qui 
ne  £e  fjsntent  point  de  Tenfance.  La . 
célèbre  Ninon  g  à  qui  l'on  préfent» 
cet  enfant  ingénieux ,  lui  légua  une 
fomme  de  2000  livres,  pour  fe 
former    tee   peûte   hihlicrtbequev 


1 


400       VOL 


VOL 


Ayant  été  envoyé  aux  écoles  de    avoU  hUn  de  f  obligation  de  ce  qu^ltlm 


Droit  au  fortir  du  collège ,  il  fut  fi 
rebuté  par  la  féchereffe  de  la  jurif- 
pnidence ,  qu'il  fe  tourna  entière- 
ment du  côté  de  la  poèûcé  [  Vbyei 
Jarry.]  Admis  dans  la  focièté  de 
l'àbbé  de  Chaulleu  ,  du  '  marquis  dé 
la  Fare^  du  duc  dt  Sully ,  du  grand- 
prieur  de  Vendômi  ,  du  maréchal 
de  VîUara  ,  du  chevalier  de  BouU- 
/on ,  il  y  puifa  ce  goût  naturel  & 
cette  plaifanterie  fine  ,    qui  diftin- 


confaerou  fes  veilles  —  Elu  m'en 
auroît  bien  davantage ,  répondit  vive- 
ment le  jeune  poëte  ,  fi  je  favo'u 
écrire  comme  vous  f-ivei  agir.  Son 
père ,  qui  vouloit  que  fon  fils  fût 
avocat ,  &  qui  l'avoit  même  chafié 
de  fa  maifon  parce,  qu'il  vouloit 
être  poëte ,  vint  à  une  des  reprè- 
fentatîons  de  là  nouvelle  Tragédie, 
Il  fut  touché  jufqu'aux  larmes.  U 
embraila  fon  fils  au  milieu  des  féli- 


guoient  la  cour  de  Louis  XIV.  Cette  citations  des  femmes  de  la  cour  ;  & 
fociété  ne  le  corrigea  pas  du  pen-  il  ne  fiit  plus  queftion  de  faire  du 
chant  à  la  fatire ,  qui  s'étoit  dé-  ieune  Arouet  un  jurifconfulte.  Ce 
veloppé  en  lui  de  bonne  heure  :  fut  en  1722  qu'il  fit  un  voyage  i 
penchant  qui  lui  caufa  bien  des  Bruxelles  avec  Mad^  de  Rupelmonde, 
défagrémens  ^  des  difgraces  &  des  Le  malheureux  &  célèbre  Roujfcau 
chagrins.  Les  cometirs  d'Anecdotes  étoit  alors  dans  cette  ville.  Les  deux 
difent,  que  s'étant  plaint  au  duc  d'Or'  poëtes  fe  virent ,  &  conçurent  biea- 
iéans  ,  régent^  d'un  ouu-age,  &lui  tôt  une afilz forte averfion l'un poac 
ayant  demandé  juflice  ,  I9  régent  l'autre.  Voltaire  dit  un  jour  à  Rouf^ 
lui  répondit  :  Elle  efi  faite.  Mais  feau,  qui  lui  montroit  une  Ode  à 
cette  réponfe  fi  énergi(^e  eft  vrai-  la  poilérité  :  Voilà  une  Lutre  qui  ne 
lèmblabtement  un  impromptu  fait  parviendra  pàku  à  foriadreffe  ;  &  une 
à  loifir  par  les  ennemis  du  jeune  autre  fois  le  célèbre  lyrique  lui 
Atoua.  Quoi  qu'il  en  foit ,  on  Tac-  ayant  lu  une  Satire  qu'il  trouva 
cufa  d'avoir  fait  une  Pièce  intitulée,  fort  mauvaife,  il  lui  confeilla  de 
les  Pai  vu  ,  &  d'avoir  dit  des  bons  fupprimer  cet  Ouvrage ,  parce  qu'il 
mots  contre  le  gouvernement  &  les  paiTeroit  pour  avoir  perdu  fon  talent 
chefs  du  gouvernement.  Il  fut  en-  'fi*  conftxvé  fon  venin  :  De  telles  ré- 
fermé plus  d'un  an  à  la  Baflille.  ponfes  ne  dévoient  pas  rapprocher 


Il  avoit  déjà  compofé  fa  Tragédie 
d*(Edipe,qyn  fut  repréfentée  en  171S, 
&  qui  eut  le  plus  grand  fuccès. 
[Foj'.  Saint-Hyacinthe.]  Le  duc 


deux  coeurs ,  que  la  rivalité  com« 
mençoit  à  éloigner.  [  Voy,  II.  Rous- 
seau.] Voltaire  de  retour  à  Paris  » 
donna  en    1721    la   Tragédie  de 


d^  Orléans  ayant  vu  repréfenter  cette  Mariamne ,  empoifonnée  par  Hdrode* 

Pièce,  en  fut  fi  charmé ,  qu'il  per-  Lorfqu'elle  but  la  coupe,  un  plaî- 

mit  au  poëte  exilé  à  Sulli- fur-Loire  faut  cria ,  La  Reine  boit  ;  c'étoit  vers 

après  la  fortie  de  la  Baftille  ,  de  le  temps  d^  (lois ',&  ce  mot  fit  tom- 

revenir  à  Paris.  Son  premier  em-  ber  la  Pièce.  Sa  Tragédie  d'Artêmîrt 

prefTement  fut  d'aller  remercier  le  avoit  déjà  éprouvé  le  même  fort 

prince ,  qui  lui  dit  :  Soye^  Cagt ,  ^  en  1720 ,  quoiqu'elle  eût  £rappé  les 

f  aurai  foin  de  vous,  —  h  vous  fuis .  connoifiîeurs  par  des  tirades   bril- 

infiniment  obligé ,  répondit  le  jeune-  lantes  &  de  beaux  vers.  £n  1726» 


homme  ;  mais  jefupplie  Votre  Altejfe 
de  ne  plusfe  charger  de  mon  logement , 
ni  de  ma  nourriture.  Le  maréchal  de 
Vtllars  ,  en  fortant  d'une  des  repré- 
featations ,  lui  dit  que  U  nation  lui 


une  nouvelle  détention  à  la  BaAiile 
ajouta  aux  défagrémens  que  lui  pro- 
curoit  'quelquefois  la  littérature. 
Ayant  btefTé  U  chevalier  de  «  »  ♦ 
par  quelques  propos    indifcrets-, 

*  celui-ci 


J 


Vol 

iélui-cl  le  fit  maltraiter  eh  pîeîn 
,    jour.  Vohaîrc  »»  au  lieu  de  prendre 
w  la  voie  «le  la  juftice ,  (  difent  les 
»»  Mémoires  de  ViUars)   eftima  la 
^  vengeance   plus   noble  par  les 
"  armes.  On  prétend  qu'il  chercha 
»*  fon  adverfaire  avec  ifoin,  trop 
»  indifcrétement.    Le  cardinal   de 
n  R**  demanda  à  M^  le  Duc  dé 
''  Je  faire  mettre  à  la  Bailllle.  L'or- 
»  dre  en  fut  donné  &  exécuté*  Lé 
»  malheureux 'poëte  »  après  avoir 
"  été  battu  ,  fut   encore   empris- 
**  fonné  ".    Ces    monifications  , 
jointes  à  celles  que  fon  génie  indé'^ 
pendant   &  fa  façon  de  penfer  fur 
la  Religion  lui  occafionnerent ,  l'o- 
l)ligerent  bientôt  après  de  pafler  eh 
Ai^leterre ,  où  il  fit  imprimer  \t 
ticnrlaiU.  Lé  roi  Georges  J ,  &  fur- 
tout  la  princefTe  de  Galles  qui  depuià 
fut  reine  »  lui  accordèrent  des  gra-^ 
tifications  ,  &  lui  procurèrent  beau* 
coup  defoufcripteurs.  Ce  fut  le  com- 
mencement de  fa  fortUn/e ,  augmen* 
tée  depuis  confidérablementparles 
rétributions  de  fes  Ouvrages ,  par 
h  faveur  des  princes,  par  le  com- 
merce ,^  par  rêfprit  d'ordre,  &  par 
une  économie  qu'on  traitoit  d'ava- 
rice ,  avant  les  dépenfes  nobles  par' 
lefquelles  il  fignaU  fes    dernières 
années.  Etant  revenu  en  France  en 
1728  ,  il  mit  l'argent  qu'il  avoit 
rapporté  d'Angleterre ,  aune  loterie 
établie  par  M.  Des  forts,  contrôleur- 
général   des  î*inances.  11  s'afTocia 
pour  cette  opération  avec  une  com- 
pagnie nombreufe ,  &  fut  heureux* 
Les  fpéculations  de  finance  ne  l'em- 
pêchèrent pas  de  cultiver  les  belles- 
lettres  ,  qui  étoient  fa  paflion  domi- 
nante, il  donna  en  1730  fon  Brutus^^ 
celle  de  toutes  fes  Tragédies  ,  qui 
efl  la  plus  fortement  écrite.  Cette 
Viece  fut  plus  eftimée  par  les  con- 
noiffeuf-s  ,  que  fuivie  par  les  fpec- 
tateurs.  Vohcûre  mêlant  alors  refprit 
éé  commerce  à  la  culture  des  Let- 
ires  ,  avoit  envoyé  en  Barbarie  w 
Tome  IX^ 


V  .0  t       40t 

vàifleàu  appelé  le  Brutus ,  pour  ache^ 
ter  des  blés.  Le  bruit  s'étoit  ré*, 
pandu  qu'il  avoit  hk  naufrage  «  il 
apprend  un  foif  en  fortant  d'une 
repréfentation  de  fa  nouvelle  Tra*. 
gédie ,  qu'il  eft  arrivé  à  MarfeUle* 
Fui/que  lé  Brutus  de  Barhaiie  e/f 
retrouvé ,  dit-il  à  Dumouân ,  fon  fac- 
teur à  Paris  ^  confolons-nous  du  peà 
St accueil  qu*on  fait  au  Brutus  de  toH" 
cîenne  Rofhe,  On  lui  rendra  peut-étft 
jufilce  un  jour»  Ce  temps  h'étoit  pas 
encore  arrivé ,  &  les  beaux  efprits 
de  ce  temps-là ,  FohunelU ,  la  Motte^ 
lui  confeillérent  de  renoncer  au 
geni^e  dramatique  t  qiii ,  ^eloneux  , 
n'étoit  pas  le  fién.  Il  répondit  à  ce 
confeil  en  donnant  ^^/re  :  Zaîr^  » 
l'ouvrage  le  plus  touchant  qu'on 
ait  vu  au  théâtre  depuis  Phèdre,  Ses 
Lettres  philc/ophiques  ^  pleines  dé 
traits  hafardés  &  de  plaifanteries 
contre  la  Religion,  ayant  été  brûlées 

far  arrêt  du  parlement  de  Paris,  fit 
auteur  décrété  de  prife  de  corps  ^ 
Voltaire  prit  le  parti  de  la  retraité. 
11  étoit  lié  alors  avec  la  marquife 
du  Châtelet ,  &  ils  étudioient  enfem- 
blë  les  fyfiêmes  de  Leibnit^  &  les 
principes  de  Newton,  Il  fe  retira  pen- 
dant plùûeurs  années  à  Cirei,  terre 
de  cette  dame  célébré ,  près  de  Yaïïx 
en  Champagne  ,  &  y  fit  bâtir  una 
galerie  où  l'on  fit  toutes  les  expé-» 
riences  fur  la  lumière  &  l'éleftricité* 
Il  travailla  en  même  temps  à  fes 
Elémens  de  Phtlofophie  de  Newton  i 
philofophie  qu'alors  on  ne  conhoif- 
foîf  guère  efi  France  ,  &  que  le» 
nombreux  partifans  de  De/cartes  f# 
foucioient  très  -  peu  de  connôitrc# 
Auffi  l'interprète  du  philofophe  An- 
glois  écrivoit-il  à  un  de  fes  amis  : 
On  croit  que  les  François  aiment  la 
nouveauté,  mais  c'efien  fait  de  cuifinc 
&  de  modes.  Ce  fut  au  milieu  de  ces 
occupations  philofpphiques  ,  qu'il 
donna  en  1736  fa  Tragédie  à' Al- 
:{}re ,  dont  le  but ,  confme  celui  d'un 
grand  ttombf  e  de  îcs  Pièces  ^  e^ 
Ce 


J 


461        VOL 

d'adoucir  les  âmes  dures  ;  &  qui 
téuflit  au-delà  de  fes  efpérances.  II 
étoit  dans  la  force  de  fon  âge  & 
de  fon  génie ,  8t  il  le  prouva  bien 
^ar  fa  Tragédie  AtMahoma ,  reprc- 
fentée  en  1741.  Cette  Pièce  pleine 
de  traits  hardis  &  d  allufîons  qui 
pouvoient  êtredangereufes ,  efliiya 
prefque  autant  de  contradictions  que 
le  héros  en  avoh  éprouvé  à  la  Mec- 
que. On  la  dénonça  au  procureur- 
j;cncral,  comme  un  Ouvrage  contre 
la  Religion  ;   &  Tauteur  ,    par  le 
Confeil  du  cardinal  de  FUmy  ^  la 
retira  du  théâtre.  Métope^  )ouée  deux 
années  après  ,  en  1 74 j,  avec  pref- 
que autant  de  fuccès  f{\x* Attire,  donna 
l'idée  d*un  genre  de  Tragédie  »  dont 
il  exiftoit  peu  de  modèles  j  elle  fiit 
cependant  beaucoup  critiquée ,  lorf- 
qu'elle  eutétémife  fous  preiTe,  & 
FonuntlU  dit  finement  :  La  repréfen" 
tation   de    Mérope   a  fait  beaucoup 
d'honneur  à  Voltaire  ,  &  tîmpnjfion 
à  MIP  Dumefnil.  C'eft  à  cette  Pièce 
que  le  parterre  &  les  loges  deman- 
dèrent à   voir  l'auteur  :   honneur 
accordé  d'abord  à  un  grand  écri- 
vain ,  &  qui  a  été  prodigué  juC" 
qu'à  Portchùielle,  C'eft  après  Mérope 
qu'il  obtint  les  feveurs  de'  la  cour , 
par  le   crédit  de    Mad®   d'Etiolé  , 
depuis  marquife  de  Pompadour,  Il  fut 
chargé  de  travailler  aux  fêtes  que 
l'on  devoit  célébrer  pour  le  ma- 
riage du  dauphin;  il  fit  la  Prlncejfe 
de  Navarre,  Cette  Piec«  ,  quoique 
très-peu  applaudie,  parce  qu^on n'y 
trouve  ni  le  plaifant  de  la  Comé- 
die ,  ni  le  pathétique  de  la  Tragé- 
die y  lui  attira  de  nouvelles  récom- 
penfes.  C'efi  à  cette  occaiioa  qu'il 
fit  cet  impromptu  : 

Mon  Henri  IV  &  ma  Zaïre  » 
£f  mon  Américaine  Alzire , 

Ne  m*ont  jamais  valu  un  feul  regard 
du  Roi, 

pavois  mille  ennemis  ^  svcf  tr$S'g*ude 


V  Ôt 

tes  iomieurs  &  les  hîens  pleuvtni  tnf^ 
fur  moi 
Pour  une  farce  de  la  Foire, 

On  lui  donna  la  charge  degentil-^ 
homme  ordinaire  ,  &  la  place  d'hif- 
toriographc  de  France.   Dès  qu'il 
eut  ce  dernier  emploi ,  il  ne  vou- 
lut pa«  que  ce  fut  un  vain  titre,  & 
qu'on  dît  de  lui^  ce  qu'un  commis 
du  Tréfor  royal  avoit  dit  de  Soi'- 
Icau  &  de  Racine  :  Nous  n* avons  en* 
eorevu  de  ces  MeJJseurs  que  leurfigna*' 
tare.   Il  éerivit,  fous  la  dire^io» 
du  comte  dArgenfon^  VHifiolrede  Ut 
Guerre  de  ty^t ,  qui  étoit  alors  dan» 
t6ut€  fa  force.   Ce  miniftre  l'em- 
ploya dans  plufîeurs  affaires  confi-^ 
dérables  pendant  les  années  I745> 
1746  &  1747.   L*entreprife  d'une 
defcente  en  Angleterre  ,  en  1746,. 
lui  ayant  été  confiée ,  il  fut  chargé 
de  faire  le  manifefle  du  roi  de  France 
en  faveur  du  prince  CharUs-Edouard^ 
Il  avoit  tenté  pluiieurs  fois  d'être 
reçu  de  l'académie  Françoife  ;  mais 
les  portes  ne  lui  furent  ouvertes- 
que  cette  même  année  1746;.  Il  fiir 
le  premier  qui  ne  fe  conforma  poinr 
à  Tufage  falHdieux  de  ne  remplir 
un  DifcoUrs  de  réception,  que  de» 
louanges  rebattues  du  cardinal  d^ 
Richelieu  :  exemple  fuivi  &  perfec- 
tionné depuis  par  d'autres  acadé« 
miciens.  Les  fatires  dont  cette  ré- 
ception fut  l'occafioa,  l'inquiétèrent 
tellement,  qu'il  fe  retira  avec  IVfad* 
la  marquife  2ti  Chdulet,  à  Luneville» 
auprès  du  roi  Stamfias,  Cette  dame 
illuftre  étant  morte   en   1749,  ii 
revint  à  Paris ,  &  n'y  demeura  pa» 
long-temps.  Quoiqu'il  eût  un  grand 
nombre  d'admirateurs ,  il  £è  plai* 
gnoit  fans  celTe  d'une  cabale  formée 
pour  lui  enlever  cette  gloire  donc 
il  étoit  infatiable.  On  parle  ,  difoic«      | 
il  ^  de  la  jaloufie  &  des  manauvres  de» 
Cours  ;  il  y  en  a  plus  cklei  les  Gens  da, 
lettres.  En  vain  fes  parens   &  fcs 
amis  tâchoient  de  calmer  fono»^     | 


Ijolétade ,  en  lui  prodiguant  des  élo- 
ges &  en  exagérant  fes.  fuccès ,  il 
crut  trouver  loin  de  fa  patrie  ,  plus 
d'admiration  ,  plus  de  tranquillité, 
plus  de  récompenfes  «  &  augmenter 
à  la  fois  fa  gloire  &  fa  fortune ,  qui 
étoit  pourtant  déjà  confidérable.  Le 
toi  de  Pruffe ,  qui  n'avoit  ceffé  dé 
l'appeler  à  fa  cOUr ,  &  qui  auroit 
toiu  cédé  pour  t  avoir ,  hors  la  Siléfie^ 
l'attacha  enfin  à  fa  perfcnne ,  par 
tone  penfîôn  de  22000  livres ,  &  par 
i'efpérânce  de  la  plus  haute  faveur; 
yohaîn  arriva  à  Potfdam  ,  au  mois 
de  Juin  1750.  Des  attentions  fingu- 
"ères,  un  appartement  au-deffouK 
de  celui  du  rôi  ;  la  petmiffion  de  le 
voir  à  des  heures  réglées  ;  lui  firent 
^'abord  efpérer  dés  jours  agréables. 
^  Afiolphc  i  dit-il  lui-même  ,  ne  fut 
^  pas  mieux  reçu  dans  le  palais 
*'  A*Alcïru.  Etre  logé  dans  Tapparte- 
^  ment  qu'avoit  eu  le  maréchal  de  ' 
^  Saxe  \  avoir  à  ma  difpqfitiôn  lés 
"  cuifiniers  du  roi ,  quand  je  vou- 
*'  lois  manger  chez  moi  ,  &  lés 
^*  cochers  qiianrl  je  voulois  me  pro- 
^  mener  \  c'étoierit  les  moindres  fa- 
**  veurs  qu'on  me  faifoit.  Les  fou- 
■•  pers  étoient  très  -  agréables.   Je 
**  ne  fais  fi  je  me  trompe  :  il  me 
*•  fémble  qu'il  y  avoit  bien  de  Tef- 
**  prit.  Le  roi  eti  avoit  &  en  faifoit 
*•  àvo'in  Et  ce  'qu'il  y  a  de  pluj 
**  extraordinaire  ,  c'cft  que  je  n'ai 
**  jamais  fait  de  repas  fi  libres;  Je 
*♦  travaillôis  deux  heures  par  jour 
"  avec  fa  majefté.  Je  corrige© is  tous 
**  fes  Ouvrages,  ne  manquant  jamais 
**  de  louer  ce  qu'il  y  avoit  de  bon , 
*'  iorfque  je  raturois  tout  ce  qui 
"•  ne  valoit  rien,    je  lui  rendois 
*»  raifon  par  écrit  de  tout ,  ce  qui 
*  com|>ofa  une  rhétorique  &  une 
"  poétique  à  fon  ufage.  Il  en  pro- 
••  fita  ,  &  fon  génie  le  fervit  encore 
**  mieux  que  mes  leçons.  Je  n'avois 
M  nulle  cour  à  faire  ,  nulle  vifite 
»  à  rendre ,  nul  devoir  à  remplir* 
»  Je  m*étois  fait  une  vie  libre  ^  fi( 


VOL        40J 

»»  je  né  concevois  rien  de  plui 
«  agréable  que  cet  état.  Alcine  Fré^ 
»  dcrlc ,  qui  me  voyoit  déjà  la  tèt^ 
»»  un  peu  tournée  ,  redoubla  fes 
H  potions  enchantées  pour  m'eni- 
»  vrer  toui-à-fait.  La  dernière  fé- 
»*  duftion  fut  une  lettre  qu'il  m'é* 
»  crivit  de  fon  appanement  au 
"  mien  -,  une  maîtreffe  ne  s'expli- 
»»  que  pas  plus  tendrement.  Il  s'ef^ 
H  forçoit  de  diffiper  dans  c-tté 
"  lettre,  la  crainte  que  m'infpiroit 
"  fon  rang  ;  elle  portoit  ces  mots 
»i  finguliers  :  Comment  pourroîs  -je 
»  jamais  caufer  Cinfortane  d'un  homme 
»  queftfiime^  que  faîme^  &  qui  ma 
•*  fàcrfic  fa  patrie  &  tout  ce  que, 
»  Inhumanité  a  de  plus  cher  ?  Je  vous 
»  rtfpeBt  comme  mon  maître  m  élo^ 
»»  quence  ;  je  vous  aime  comme  un  ami 
»i  vertueux,  Quel  efclav âge  ^  quel  maU 
»»  heut ,  quel  changement  y  a-t-il  à 
"  craindre  dans  un  pays  où  l'on  vous 
»  efiime  autant  que  dans  votre  patrie^ 
»  6-  chei  un  ami  qui  a  un  caur  recon- 
»  noijfane?  ;  . .  .  /é  vous  promets  que 
»  vous  ferex  heureux  ici  tant  que  je 
»  vivrai  ,  &c.  Voilà  une  lettre 
»  comme  j)eu  dé  majeftés  en  écri- 
>♦  vent  ;  ce  fut  le  dernier  verre 
"  qui  m'enivra  ».  La  famille  royale 
ne  s'empreffoit  pas  moins  que  Fré" 
deric  i  à  rendre  le  féjour  de  Berlin 
agréable  au  poète  François.  Dans 
les  fêtes  publiques,  dans  les  repré- 
fentations  que  les  princes  &  les 
princefles  fâifoient  quelquefois  de 
fes  Tragédies ,  c'eft  au  milieu  d'eux 
qae  yoltaire  étoit  placé.  Lors  du 
mariage  du  prince  Henri  >  frère  da 
roi ,  avec  la  princefle  mihelmlne 
de  Heffe-Caffel ,  il  eut  l'honneu^ 
de  dîner  arec  cette  femille  auguitc,. 
Mais  ce  temps  heureux  ne  fut  pas 
de  longue  durée  j  &  Voltaire  Vit 
avec  douleur,  mais  trop  tard  ,  que 
quand  on  eft  riche  &  maître  de  foa 
fort ,  il  ne  faut  facrifier  ni  fa  li- 
berté ,  ni  fa  famille ,  ni  fa  patrie 
pour  une   penfion.   Nous  avonj 

C  c  i j  ^ 


4«4        V  O  t 

taconté  dans  Tarcicle  de  Mauptrtms 
&  de  Kantg^  l'hilloire  du  fameux 
différent  du  poëte  François  avec 
le  préfident  de  racadénûe  de  Ber- 
lin, fuivi  de  la  difgrace  la  plus 
complète.  On  a  prétendu  que  le 
toi  de  Prufle  r  «n  lui  donnant  fon 
congé  >  Tavok  accablé  de  ces  pa- 
roles :  Je  ni  vous  chajfe  point ,  parce 
^ue  je  voia  ai  appelé^  je  ne  vous  eu 
point  votre  penfion  ,  para  que  je  vous 
l*ai  donnée  :  je  vous  défends  de  paroitre 
devant  moi»  Rien  n*efl  plus  faux. 
Voltaire  fut  toujours  libre  de  paroi- 
tre à  la  cour.  Il  eft  vrai  que  ,  dans 
un  premier  mouvement ,  il  renvoya 
au  Foi  ÙL  clef  de  chambellan  & 
la  croix  de  fi>a  Ordre  »  avec  ces 
.Vers; 

Je  Us  reçus  avec  undreffe  ;. 

Je  vous  le»  rends  avec  douUur  ^ 
€omme  un   amant  jalouct ,  d'ans  fa 
mauvaife  humtur  ^ 

Rend  le  Portrait  de  fa  Maitreffe, 

Mais  le  roi  lui  renvoya  fa  clef  8c 
fon  ruban.  Les  chofes  changèrent 
de  face,  loriqu'H  fe  fut  rendu  au- 
près de  la  duchefSe  de  Gotha,  Mou- 
fertuls  profita  de  fon  abfence ,  à  ce 
que  difoit  Voltaire^  pour  ledefler- 
vir  auprès  du  prince  ;  &  il  eut  foin 
(  ajoutoit-  il  )  «<  de  répandre  à  la 
»>  cour  ,  qu'rni  jour  ,  tandis  que 
»  J'étois ,  avec  le  général  ManfUîn , 
M  occupé  à  revoir  les  Mémoires  fur 
9>  la  Rujfit ,  compofés  par  cet  offi- 
»»  cier ,  le  roi  de  Pruffe  m'envoya 
w  une  Pièce  de  vers  de  fa  Éaçon  à 
"  examiner ,  &  que  je  dis  au  géné- 
*  rai  :  M.on  aifù ,  d  une  autre  fois. 
*>  Voilà  U  roi  qui  m'envoie  fon  linge 
V  fuit  à  blanchir ,  je  blanchirai  U  vôtre 
•t  tnfmte  »,  Quot  qu'U  en  foit  de 
la  vérité  de  cette  anecdote  >  le  roi 
de  Prufle  le  fit  arrêter  à  Francfort 
fur  le  Mcin.,  jufqu'à  ce  qu'il  eût 
remis  le  livre  de  fes  Poéfîes.  Sa 
liberté  lui  ayant  été  tendue  >  il 
4^a  de  négocier  f«a  retour  à 


VOL 

Paris  vnais  n'ayant  pas  pu  léu^r^ 
parce  qu'un  de  fes  Poèmes,  àulfi 
obfcene  qu'impie  ,  commençoit  i 
faire  un  bruit  fcandaleux ,  il  fe  dé- 
termina ,  après  un  féjour  d'enviroa  | 
un  an,  à  Colmar  ,  de  fe  retirera  ; 
Genève.  Il  acheta  une  jolie  maifoa 
de  campagite  auprès  de  cette  ville, 
&  y  jouit  des  honunafges  des  Gène* 
vois  &  des  étrangers.  Il  fe  plut 
d'abord  infiniment  dans  cette  re- 
traite. Kous  avons  vu  uqib  Lettre  à 
un  académicien  de  Marfeille,  dan» 
laquelle  il  lui  marquoit  en  fub- 
fbnce  :  «  Je  me  rendrob  à  vos  invi- 
>*  rations ,  fi  Qfarfeille  ctoit  encort 
>^  république  Grecque  ;  car  j'aime 
'»  Beaucoup  les  Académies ,  mais 
»  j'aime  encore  plus  les  Républi- 
»  ques.  Heureux  les  pays  où  nos- 
9r  maîtres  viennent  chez  nous ,  S& 
»  ne  (le  fâchent  point  ii  nous  n'al- 
^  Ions  pas  chez  eux  »  !  hes  que 
telles  qui  agitèrent  la  petite  répu- 
blique de  Genève ,  lui  firent  encore 
perdre  cet  agréable  aiile.  Il  fi»  l 
accufé  de  femer  fourdement  la  dif-  i 
corde,  de  pencher  pour  le  parti  | 
dominant  »&  de  ridiculifer  Jes  deux 
partis.  Forcé  de  quitter  les  Z>e/f£^, 
(  c'étoit  le  nom  de  (a.  maifon  de 
campagne)  il  fe  fixa  dans  une  terre 
à  une  lieue  de  Genève  ,  dans  le 
pays  de  Gex.  C'étoit  ua  défert  pref- 
que  fauvage  ^  quH  fertilifa.  Le  vil- 
lage de  Ferncy  ,  qui  ne  renfermoit 
'qu'une  cinquantaine  de  payfans, 
devint ,  par  fes  foins ,  une  colonie 
de  I200  perfonnes,tra vaillant avee 
fïiccès  pour  elle  Se  pour  TËtat. 
Divers  artifles ,  &  fur- tout  des  hor- 
logers, établirent  des  manu&ûure» 
(bus  les  aufpices  de  Voltairt ,  qui 
envoyoit  leurs  ouvrages  en  Ruffiet 
en  Efp^ne ,  en  Allemagne  «  en  Hol- 
lande, en  Italie.  Il  illufhra  encore 
ià  folitude ,  en  y  appelant  la  petite 
nièce  du  grand  Corneille ,  en  fauvanr 
de  rignominiie  &  de  l'oppreffion» 
Syrr^  &  hi  fif^p^ilie  <%  UAtf  ».d9p& 


i 


V  O  L 

1  fit  T^habilicer  la  mémoire.  Dans 
fa  retraite ,  Voltaire  s'érigea  un  tri- 
bunal ,  où  il  jugea  prefque  tout  lé 
genre  humain.  Les  hommes  putlTans 
craignant  une  pliime  redoutable  , 
cherchèrent  à  captiver  fon  ruârVage. 
VArétîn ,  dans  le  xvï*  fiecle,  reçut 
autant  d'oucragjcs  que  de  récompen- 
fes-,  Vohaîrt^  avec  infiniment  plus 
de  talent  &  plus  d'adrefTe ,  n'ob* 
tint  guère  que  des  hommages.  Ces 
hommages,  &  quelques  aôions gé- 
néreufes ,  qu'il  célébra  lui  -  même 
plus  dSine  fois ,  foit  pour  les  tranf- 
mettre  à  la  poftérité  ,  foit  pour 
aire  taire  fes  envieux ,  contribuè- 
rent autant  à  fa  réputation ,  que  les 
marques  d'eftime  &  de  bonté  qu'il 
obtint  de  plusieurs  fouverains.  Le 
roi  de  Prufle  ,  qui  avoit  entretenu 
avec  lui  iine  correfpondance  fui- 
Tie,  fit  exécuter  fa  fiatue  «n  por- 
celaine, &  la  lui  envoya  avec  ce 
mot  gravé  fur  la  bafe  :  Imhortjh.!, 
l'impératrice  de  Ruilie  lui  fit  pré- 
fent  des  plus  magnifiques  pelifies  , 
d'une  boite  tournée  de   fa  main 
inême,  ornée -de  ion  portrait  &  de 
vingt  diamans.  Ces  faveurs  ne  Pem- 
pêchoient  point  de  foupirer  vers 
l^is.  Surchargé  de  gloire  &  de  ri- 
chefies,  il  n'étoit  pas  heureux,  parce 
qu'il  ne  fut  jamais  ^e  contenter  de 
ce  qu'il  avoit  :  aiiffî  EuntendU  difoit- 
tl  fouvent,  qu'//  n'wiroU  pas  puis 
tia/tgé  avec  lui  de  caraHerCy  que   de 
ێpuiation.  Enfin ,  au  commencement 
de  l'année  177S  ,  il  fc  détermina  à 
quitter  le  repos  &  la  tranquillité  de 
Ferney ,  pour  Pencené  &  le  fracas 
de  la  capitale.  Il  y  reçut  l'accueil 
-le  plus  âatteur  v  les  académies  lui 
décernèrent  des  honnqprs   incon- 
nus jufqu'à  lui*,  il  fut  couronné 
en  plein  théâtre  \  le  public  marqua 
le  plus  violent  enthoufiafme.  Mais 
\t  philofophe  oâogénatre  fut  bien- 
tôt la  viâime  de  cet  empreiTement 
indifcret  :  la  fatigue  des  vifites  & 
des  cépétixioas  théâtrales  9  le  chaA^ 


.VOL         405 

gement  dans  le  régime  €c  dans  la 
façon  de  vivre,  édiaufferent  fon 
fang  déjà  très-altéré.  Il  eut ,  en  arri- 
vant ,  une  forte  hémorragie ,  qui 
le  laififa  très-foible.  Quelques  jours 
avant  fa  dernière  maladie,  l'idée  de 
fa  mort  prochaine  l'occupoic  &  le 
tourmentoit.  Etant  venu  voir  à 
table  M.  le  marquis  dô  Filleue  chez 
qui  il  étoit  logé ,  tl  lui  dit ,  après 
«quelques  memens  du  recueillement 
le  plus  fombre  :  Vous  êtes  comme  ces 
Rois  d* Egypte  y  qui  en  mangeant  avoient 
Mine  tête  de  Mort  devant  eux,  11  difoit 
iur  fon  arrivée  à  Paris  :  Je  fuis  venu 
chercher  la  Gloire  &  la  Mort,  Il  dit  à 
un  artifie ,  qui  lui  préfenta  le  Ta« 
bleau  de  fon  triomphe  :  C'eft  mon 
Tombeau  qu'il  me  faut ,  &  non  pas  mon 
Triomphe.  Bnfm  y  ne  pouvant  recou^ 
vrer  le  fommeil,  il  prit  une  forte 
tlofe  d'opium ,  qui  lui  ôta  prefque 
entièrement  l'uâge  de  l'efprit.  U 
mourut  le  30  Mai  177S  ,  &  fut  en- 
terré à  Sellicr^s ,  abbay«  de  Ber- 
Jiardins  entre  Nogent  &  Troyes. 
Tout  ce  qu'on  a  répandu  dans  le 
public  fur  fes  derniers  momens-. 
mérite  peu  de  croyance ,  parce  que 
fes  parens  &  fes  amis  n'ont  rien  laifiTé 
tranfjÀrer  de  ce  qu  il  put  dire  alors 
pour  ou  contre  la  iLeligion.  LoriU 
^'îl  eut  fon  vomififement  de  fimgv. 
il  fe  préfenta  un  «onfefifeur  qu'il 
fembla  bien  accueillir-,  il  fit  même 
une  efpece  de  profefiîon  de  Foi-; 
mais ^ces  démarches,  diâées  par  kr 
politique,  étoient  auifî  infuffifantee 
qu'illu&ires.  Elles  fervent  feule- 
ment à  faire  connoître  la  foupleflis 
de  cet  homme  fingulier ,  frondeur 
à  Londres  «  courtifan  à  Verfailles^ 
Chrétien  à  Nanci,  inci^^dule  à  Ber- 
lin. Dans  la  fociété ,  il  jouoit  tour- 
à  -  tour  les  rôles  à'Jriftipe  &  de 
Diogene,  U  recherchoit  les  plaifirs  ^ 
les  goûtoit  &  les  célébroit ,  s'ea 
lafToit  &  les  frondoit.  Par  une  fuite 
de  ce  caraâere  ,  il  paiToit  de  lu 
VkQi^^  à  Uplaifantexie ,  de  la  pblf 
C  C  ii  j 


^4o6        V  O  t 

lofophie  à  renthoufiaûne  »  de  la 
4ouceur  à  remportement ,  de  la 
flatterie  à  la  fadre ,  de  l'amour  de 
l'argent  à  ramoiu*  du  luxe,  de  la 
jnodellie  d'un  fage  à  la  vanité  d'un 
grand  feigneur.  On  a  dit  que,  par 
ics  familiarités  avec  les  grands ,  il 
ie  dédommageoit  de  la  gêne  qu'il 
4éprouvoit  quelquefois  avec  fes 
^aux-,  qu'il  étoit  ien^ible  fans  atta- 
chement ,  voluptueux  fans  pailion  » 
ouvert  fans  franchife,  &  libcral  fans 
généroiî  é.  On  a  dit  qu'avec  les  per- 
sonnes jaioufes  de  le  connoitre  ,  il 
fpommençoit  par  la  politefTe»  çonti- 
liuoit  par  la  froideur,  &  finifToit  or: 
dinairement  par  1^  dégoût,  à  moins 
que  ce  ne  fiiiTent  des  littérateurs 
accrédités  ou  des  hommes  puifians> 
•qu'il  avoit  intérêt  de  ménager  ou 
de  conferver.  On  a  dit  qu'il  ne 
tenoit  à  rien  par  fhoix ,  &  tenoif 
à  tout  par  '  boutade.  »  Ces  con- 
*•  traftes  fingulieni  (  dit  M.  Pàïîffot) 
»*  ne  fe  faifoient:  pas  moins  apper- 
^  cevoir  dans  Ton  phyiique  que  dans 
9*  fon  moral.  J'ai  cru  remarquer  que 
M  fa  phyfionomie  participoit  à  celle 
^  de  l'Aigle  &  à  celle  du  Singe  : 

V  &  qui  fai^  6  ces  contraires  ne 

V  feroient  pas  le  principe  de  fon 

V  goût  favori  pour  les  antithefes  ^.. 
»»  Quelle  én'ange  &  continuelle  al- 

V  ternative  d'élévation  &  de  petir 
«*  tefle,  de  gloire  &  de  Hdicule! 
«»  Combien  de  fois  ne  s'eft-il  pas  per- 
•}  mis  d'allier  à  la  gravité  de  P/tf- 
9*  ton^  les  lazzi  à!ArUquin  !  «<  Aufii  le 
nom  de  Micromecas  ,  qui  fignifxe 
Fait'  Grand ,  &  qui  eft  le  titre  d'une 
de  fes  brochures,  lui  a-t-il  été  ap- 
pliqué par  un  de  fes  critiques  (  la 
JBeatm^ic)  9  &  confirmé  par  une 
partie  du  public.  Le  portrait  que 
flous  venons  de  tracer  eft  celui 
^'un  homme  extraordinaire  *,  VoU 
taire  rétoit  'y  &  ,  comme  tous  le$ 
perfonnag^s  qui  font  hors  du  çom- 

tiun ,  il  a  fait  des  enthoufiailes  ar- 
&  des  critiques  outrés.  Chef 


VOL 

d'une  feâe  nouvelle ,  ayant  Aih 
vécu  à  tous  its  rivaux ,  &  édipfi^. 
fur  la  fin  de  fa  carrière  tous  les. 
poètes  fes  contemporains ,  il  a  eu  < 
par  tous  ces  moyens  réunis ,  la  plus 
grande  influence  fur  fon  iiede ,  &  a 
produit  une  trifle  révolution  dans 
Tefprit  &  dans  les  mœurs  ;  car  s'il 
s'eà  fervi  quelquefois  de  fes  talens 
pour  faire  ai^er  l'humanité  &  la 
raifon,  pour  infpirer  aux  prince^ 
l'indulgence   Çt  Thorreur    de  U 
guerre ,  il  en  a  abufé   bien  plus 
fouvent  pour  répandre  des  prinr 
cipes  d'irréligion  &  d'indépendance. 
Cette  fenfibUité  vive  &  prompte, 
qui  anime  tous  fes  Ouvrages, l|a 
dominé  dans  fa  conduite  »  &  il  0'? 
prefque  jamais  réfif^é  aux  impref- 
Sons  de  fon  efprit  vif  &  bouillant, 
&  aux  reffentimens  de  fon  cœut^ 
Comme  homme  de  lettres ,  il  occur 
pera  fans  contredit  une  des  pre? 
mieres  places   dans'  ï'eflime  de  la 
poflérité ,  par  fon  imagination  brilr 
lame,  par  fa  facilité  prodigieufe i| 
par  fon  goût  exquis,  par  la  diver- 
fité  de  fes  talçns,  par  la  variété  de  fes 
çonnoiiTances  *,  &  nous  ferons  en- 
core mieux  connoitre  à  quel  degré 
il  mérite  cette  eflime ,  en  détaillant 
fes  produdlions.  Commençons  pat 
les  Ouvrages  en  vers  ;  les  prinôr 
paux  font  :  I.    La  Henrhade  en  X 
chants  :  Poëme  rempli  de  beaux  & 
de  très- beaux  morceaux  ,  de  vers 
très-bien  faits ,  très  -  harmonieux  ^ 
de  defcriptions  touchantes ,  de  porr 
traits  brillans.  La  mort  de  CoUffîi 
eft  admirable  *,  la  narration  de  l'af- 
faffinat  de  Henri  III,  vraiment  épi* 
que  ',  IsL  bataille  de  Courras  eft  rat 
contée  avec  Texa^itude  de  la  profe 
&  toute  la  nobleiTe  de  la  poéûe*, 
le  Tableau  de  Rome  &  de  la  puiflance 
pontificale  eft  digne  du  pinceau  d'uQ 
grand  maître  ;  la  Bataille  d'Ivri  mé- 
rite le  même  éloge*,  l'Efqui&dn 
ficelé  de  Loms  XIV,  dans  le  vu* 
chant,  eft  d*un  peintrç  ^ercé;  Iç 


j 


VOL 

tx*  refpire  les  grâces  cendres  U 
touchantes  :  e'cft  le  pinceau  du  Cor- 
r$gc  &  de  l'Alhane.  Mais  malgré  ces 
beautés ,  on  ne  mettra  jamais  Fol- 
fairt  à  côté  de  Vir^U,  Un  Poëme 
François  en  vers  Alexandrins  qui 
tombent  pfefquc  toujours  deux  à 
deux  ;  un  Poëme  furchargé  d'anti- 
thefes  &  de  portraits  monotones; 
Un  Poëme   f^ns   Aé^ion,    peuplé 
d'êtres  moraux  que  l'auteur  n'a  pas 
perfonnifiés  y  un  Poëme  dont  la  /?//- 
^orde  eft  la  courriere  éternelle  \  un 
Poëme  privé  prefque  entièrement 
du  pathétique  -,  un  Poëme  qui  a  des 
morceaux  fupérieurement  veriîfiés , 
mab  qui  pèche  par  l'invention  $c 
par  l'enfemble*,  enfin  un  Poëme  de 
pièces  rapportées,  &   écrit    dans 
une    langue   peu  favorable  à  la 
poéfîe  épique, ne  fera  comparé  â 
ïliiade  &  à  VEnélde  que  par  ceux 
qui  font  hors  d'état  de  lire  Homère 
&  Virgile.  La  BeaumelU^  qui  étott 
loin  de  regarder  la  HeuAade  comme 
îe  chef-d'œuvre  de  notre  poéfie„  en 
préparoit  une  édition   lorfque  la 
mort  le  furprit.  Cette  édition  ,   où 
Ton  trouve  des  remarques  pleines 
de  iuflefle,'mais  trop  de  minuties 
ii.  de  chicanes,  a  paru  en  1775 , 
çn  2  vol.  in-8®.  On  trouve  dans 
le  x^  vol.  un  plan  de  la  H^nrîade , 
qui  auront  plus  de  chaleur ,  plus  de 
]uilefle«  plus  d'intérêt  que  celui  de 
VoUalre;  mais  il  fer  oit  difficile  dé 
remplacer  les   détails   brillans  de 
çelui-cL  [  Voy,  Monbron.]  II.  Un 
grand  nombre  de  Tragédies ,  diftin- 
guées  par  un  plus  grand  appareil 
de  repréfentation ,  par  le  tableau 
des  moeurs  de  différentes  nations 
qui  n'avpient  pas  encore  été  mifes 
fur  la  fcene  ,  par  dès  iîtuations 
neuves  &  frappantes ,  qui  remuent 
Hé  cœur  en  frappant  les  yçux  «  par 
de  grandes  vues  morales,  &  par 
les  fentimens  d'humanité  mêlés  ha- 
bilement à  l'intérêt  du  fpeâacle. 
Qa  uoiAVf  dans  u  ftyle  t^.Bmuf  • 


VOL         407 

&  de  la  Mort  Ae  Cifar^  la  manière 
de  Cornel/le  perCe6lionnée.  Celle  de 
Racine  ne  pouvoit  qu'être  imitée  , 
&  non  égalée.  La  Mufe  tragique 
n'infpira   rien  à   Creblllàn  de  plus 
mâle  &  de  plus  terrible  que  le  iv* 
aéle  de  AlaAow«^ .  Semblable  à  cet 
ordre  d'archite^re  qui  emprunte 
les  beautés  de  tous  les  ordres ,  & 
qui  eft  lui-même  un  ordre  à  part  y 
'Voltaire  s'approprie  les  genres  dif- 
férens  des  poëtes  fes  prédéceffeurs; 
mais  il  ne  doit  qu'à  lui ,  (  dit  M.  Pa^» 
UJfot  qui  nous  fournit  cette  çompa* 
raifon ,  )  fes   belles   Tragédies   de 
Mahomet  &  ^Al\ire  ^  &  dans   les 
Pièces  même  où  il  profite  de  l'ef- 
prit  des  autres,  il  conferve  la  marque 
particulière  du  fien.  Lés  critiques  lui 
reprochent  cependant  que  i^  pef- 
fonnages   montrent  trop  de  pen- 
chant à  débiter  des  fentences  &  des 
maximes  qui  font  illufion ,  mais  qui 
nuîfent  quelquefois  à  l'intérêt  :  qu'il 
parle  trop  fouvent  par  leur'bouche, 
comme  dans  <ÏJ«pe  ,  où  la  vieille 
Joc-tfie  déclame  contre  les  prêtres 
&  les  oracles;  dans  Zaïre ^  qui  déi^ 
bute    par  une  tirade  fur    l'indif- 
férence des  Religions-,  dans -^/i<«» 
où  cette  jeune  Américaine  étale  un 
ftoïcifme  digne  du  Portique,  &c. 
Les  mêmes  cenfeurs  difent  que  feai 
plans  manquent  fouvent  de  juûefle  ^ 
qu'il  amené  la  cataârophe  par  de 
petits  moyens*,  que  le  pathétique 
p'efl  point  fon<ki  ordinairement  par 
des  nuances  .ni  conduit  par  gra- 
dation dans,  fes  Tragédies  -,  que  plu- 
fieurs  de  fes  reports  tragiques  font 
fondés  fur  des   invraifemblances^ 
comme  dans  ^aiW  ;  que  le  ftyle  , 
quoiqu'impofant  par  le  coloris  &  ^ 
par  des  tirades  brillantes ,  eil  non* 
feulement  trop  coupé ,  mais  Tefl 
pre&[ue  toujours  de  la  même  ma- 
nière -,  que  pluficurs  de  U%  vers  no- 
/ont  que  des  contrefaçons  de  ceux, 
de  Corneille  &  fur-tout  de  Racine,, 
MUS   â    Qes  défauts   ne    rcodcot 

C  c  iv 


4o8        V  O  t 

Yoltékt  fupérieuis  à  ces  doixgraiids 
hommes,  il  jouit  à  la  repréfena- 
tion ,  d'un  plus  g;rand  nombre  de 
ijpeébceurs.  On  joue  prefque  toutes 
fes  Tragédies  *,  les  principales  font  : 
iÊUpty  repréfentée  en  17x8  i  Hi* 
Todc  &  Marîamne  ,  171^  ^  JBnuiu , 
17 30  ;  ^ain  ,  1733  ;  AddùwU  eu 
Gutfilîn  ,  1734  i  M^în,  173.6; 
ZuUme ,  1740  *,  la  Mon  de  Céjar  , 
1741  ;  le  Faaati/mt  ou  Mghomtt  U 
Prophète  ,  1742  ;  Mérope  ,  1743  ; 
Sémiramls^  1748;  Orcftc  ^  ^Tî^; 
Romefauvie^  17  5^;  V Orphelin  de  U 
Chine  t  1755-,  Tancredé,  1760  ;  les 
fcythes,  I767;  Ircne^  1778.  (  Voy, 

Mairet  ,  PiRON  ',  &  Ronsard  ,^ 
/a  fil.  )  m.  Plufieurs  Comédies  « 
dont  les  meilleures  font  Vlndlfcra , 
V Enfant  Prodigue  &  ffanîne.  Les  ai^ 
très  font  preifque  oubliées  :  car 
Voltaire  ne  chauffa  pas  le  brode- 
quin avec  le  même  fuccès  que  le 
cothurne.  Il  ne  brode  prefque  ja- 
maîs  que  fur  le  canevas  d'au^rui  *, 
il  tombe  dans  le  bas  &  le  trivisd. 
Quelques-uns  de  fes  rôles  font  inû- 
pides ,  ou  nmuffademem  plai£uis , 
comme  la  baronne  de  CroupUiac  dans 
VEn/ant  pKodigue.  Pïirmi  d'excel- 
lentes plaifantenes  ,  des  détails 
heureux,  des  vers  très-bien  tournés» 
des  fcenes  d'un  pathétique  touchant, 
pn  trouve  des  chofes  d*un  mauvais 
ton ,  des  railleries  forcées  ,  des 
maximes  hors  d'œuvre  ou  mal 
amenées.  L'auteur  mettoit  trop  peu 
de  temps  à  fes  Comédies,  pour 
qu'elles  fufifent  boimes.  Impatient 

!c  fougueux  ,  il  vouloit  achever 
ufli-tôt  qu'il  avoit  conçu,  conce- 
voit  enfemble  plufieurs  ouvrages  , 
8c  rempliîSbît  encorç  les  i^itervalles 
de  l'un  à  l'autre  par  des  produc- 
tions différentes.  U  compofoit  3yec 
çnthoufiafine ,  &  çorrigeott  avec 
vîte^e.  Cette  méthode  n'etoit  guère 
prQpre  à  le  faire  exceller  dans  des 
ouvrages  tels  que  les  Comédies, 
^  çxij|çnt  \»nç  çtude  f  rgfoftdç  ^ 


VOL 

Aiivie  des  ridicules  &  des  carafe 
teres.  Il  eft  d'ailleurs  bien  plus  plai- 
fant  dans  fes  Ouvragées  (atiriques 
que  dans  les  Pièces  comiques*  oà 
la  raillerie  demande  à  être  amenée 
avec  plus  d'art  &  de  fineffie.  IV.  Des 
Opér^,  qui  ne  brillent  pas  par  Vor 
vention ,  &  font  d'u|i  ftyle  qui  n'e^ 
pas  celui  de  QuInauU,  Samfon  ,  Pan' 
dore ,  le  Temple  de  la  Gloire  »  dont 
IVchiteÔure ,  dit-il ,  ne  parut  guère 
agréable,  ne  lui  ont  pas  même  me- 
nte la  3*  pla^  dans  le  genre  Lyri- 
que :  9.uffi  eP  convenoit  -  il  lui- 
même.  *>  J'ai  fait ,  (  écrivoit  -  il  à 
»  un  de  fes  amis , }  i'ai  fait  une 
"  ^ande  fottife  de  aire  un  Opéra; 
M  mais  l'envie  de  travailler  pout 
M  un  homme  comme  M.  Rameau^ 
*'  m'avoit  emporté  :  je  ne  fongeois 
»  qu'à  fon  génie ,  &  je  ne  m'appei^ 
>«  cevois  pas  que  le  mien  n'eft  point 
»  fiait  du  tout  pour  1^  geiure  Lyri*! 
n  que...  («  Ces  Poëmes  lui  caufoiei^ 
cependant^  au  momem  de  leur  naif- 
iance,  une  efpece  d'enthoufiafine  « 
infpiré  pv  l'amour  paternel.  Lorl^ 
qu'op  repréfenta  le  Temple  de  U  \ 
Gloire  où  Loms  XV  étoit  déiîgné 
fous  le  nom  de  Trayon ,  il  ne  pi|i 
tenir  à  fon  raviffçmént  -,  &  fbr  la 
fin  de  la  Pièce,  faififlant  le  mor 
narque  par  ^e  bras ,  l(  lui  dit  :  JSfi^ 
Vun^  Traisin,  vous  ttconno!ffe{'Voais^ 
là,  V.  Un  grand  noipbre  de  Pie^ 
fugitives  en  vers,  d'une  poéfie  fupé- 
rieure  à  celle  des  Chapelle  ,  dei 
Chaufieu  Çc  des  Hamilton»  Aucun 
poëte  n'a  donné  une  tournure 
plus  ingénieufe  à  des  b^telles. 
n*a  employé  avec  autant  de  grace^ 
de  fintÂe  ,  de^égéreté,  les  agrér 
mens  d'une  Mufe  touîours  naturelle 
&  toujours  brillante,  ^alen^ent 
Dropre  à  louei-  &  à,  médire  ,  il 
donne  à  ies  éloges  &  à  fes  fadres 
un  tour  original ,  qui  n'appartient 
qu'à  lui.  Nous  parlons  ici  de  fes 
Epitres  légères  ,  de  {es  Diatribes 
ççi  y^  :  {  Vo^.  Xwi^%  dç  Ypl-^ 


V  O  L 

TVRE.  )  Quant  à  fcs  Odes /il  ftiffit 
de  les  lire  pour  voir  combien   il 
eft  au-deffous  de  Roujfcau  dans  ce 
genre.  Mais'  dans  les  Epîtres  phi- 
lofophiques  ^  morales ,  il  lui  eft 
certainement  fupérieur.  >*  La  Motu , 
»'  (écriyoit  Volmn^  en  1718,  à 
M  M.  de  la  FaU^  )  penfe  beaucoup, 
t»  &  ne  travaille  pas  affez  fcs  vers. 
•>  Roujfcau  ne  penfe  guère ,  mais  il 
«»  travaille  fes  vers  beaucoup  mieux. 
'»  Le  point   feroit  de  trouver  un 
w  poëte  qui  penfat  comme  la  Motu 
p  &  qui  écrivit  comme  Roi^eau  u. 
Ce  que  Voltaire  cherchoit  eft  tout 
trouvé  dans  quelques-unes  de  fes 
premières  Epîtres  *,  car  dans  les  der- 
nières ,  où  l'on  rencontre  cependant 
plufîeurs  vers  heureux,  il  a  pris  une 
manière  trop  lefle  &  un  peu  trop 
négligée.  Nous   n'en  citerons  au- 
cune. Nous  pafTerons  au(H  rapide- 
ment {ur  quelques  autres  Pocmes , 
tels  que  la  Guerre  de  Genève^  oîi  il 
paroit  fouvent  détremper  du  vçr- 
inillondans  la^boue  pour  peindre 
JTcs  tableaux.  Quoiqu'ils  offrent  des 
détails  piquans,  npus  croyons  fer* 
Vir  la  gloire  de  Pauteur,  en  pa£ant  ra- 
pidement fur  des  ouvrages  enfantés 
par  le  délire  de  Tirréligion  &  de  la 
(débauche ,  ou  par  la  fureur  de  la 
vengeance  &  de  la  (atire.  Le  célè- 
bre citoyen  de  Genève  eft  traité  , 
flans  le  Poëmç  fur  la  guerre  de  fa 
patrie,  d'une  manière  atroce.  L'au* 
teur  lui  reproche  jufqu'à  cette  ma- 
ladie de  la  dyfuiïe ,  dont  lui-même 
fA  mort ,  ou  du  moins  qui  a  avancç 
fa  mort.  Quant  à  un  autre  Poème 
que  quelques  admirateurs  regardent 
comme  le  plus  beau  i^euron  de  fa 
çouroime    poétique  ,   nous  n'en 
rapporterons  pas  <nême  le  titre.  Ce 
Voémt  devoit  ayofe  un  grand  fuccès 
dans  un  iîecle  corrompu.  Beaucoup 
d^cfprit ,  des  morceaux  de'poéfle 
d'un  coloris  très-vif ,  des  détails 
agréables  &  voluptueux ,  des  pein- 
tures laf(;^ves  ^  libertines  ,  aftai« 


VOL         409 

fonnées  de  tirades  impies  ;  voilà 
fans  contredit  (  dit  M.  Fréron  le  fils) 
fon  plus  grand  mérite.  D'ailleurs 
c'eft  un  Ouvrage  qui  n'a  ni  plan  , 
ni  enfemble.  C'eft  un  tiiTu  de  contes 
détachés  ,  fans  iaucune  efpece  de 
liaifon  avec  le  fujet  du  Poème  »  qui 
n'a  ni  commencement ,  ni  milieu  , 
ni  fin.  Prefque  tous  les  héros  y  fom 
avilis,  couverts  d^  turpitudes -,  & 
les  gens  de  goût,ain(i  que  les  âmes 
honnêtes ,  ne  peuvent  regarder  cette 
produâion  cynique  que  comme  un 
ouvrap;e  fcandaleux  &  bizarre  ,  où 
l'héroifme  eft  dégradé  par  le  mé- 
lange continuel  du  bouffon  &  dvi 
burlefque ,  où  la  vertu  eft  diffamée* 
l'amour  fouillé  dé  débauches ,  5c 
les  grâces  proftituées  par  une  imagi^ 
nation  aufti  fale  que  brillante. Voilà 
les  produâions  poétiques  de  Vol" 
taire  ;  fes  Ouvrages  en  profe  font 
encore  plus  nombreux  :  I.  Effaî 
fur  tHlftoire  Générale  ,  qui  ,  avec 
les  SluUs  de  Loms  XIV  6i  de 
Louis  XV ,  forme  10  vol.  ip-8**. 
Cette  Hiftoire ,  ou  plutôt  cet  Effsû 
d'Hiftoire  eft  une  galerie  ,  dont 
plufieurs  tableaux  font  peints  d'un 
pinceau  léger  ,  rapide  &  brillant. 
Sans  détailler  tous  les  événemens  , 
l'auteur  offre  le  réfumé  général  des 
principaux ,  &  rend  ce  réfumé  inté- 
reflant  par  les  réflexions  qu'il  y 
joint  &  par  les  couleurs  dont  il  les 
embellit.  L'amour  de  l'humanité 
&  la  haine  de  l'oppreflion ,  donnent 
encore  de  la  vivacité  à  fes  couleurs. 
Mais  on  s'eft  plaint  qu'il  ramené 
trop  fouvent  les  faits  à  fonfyftême  ^ 
qu'il  ne  préfente  la  ileligion  que 
comme  le  fléau  des  peuples  -,  qu'il 
s'attadie  trop  à  montrer  la  verti» 
malheureufe  &  le  vice  triomphant  ^ 
qu'il  y  a  entaffé  un  grand  nombre 
d'erreurs  ,  d'inexaé^itudes  &  de 
raéprifes  ;  qu'il  eft  trop  fouvent 
amer  dans  {es  cenfures  ,  injufte 
dans  fes  jugemens(  Tcy.  L  Saint- 
PZER,R,£  &  1,  SAZ.OMO V  )  ,  fur-tOUt 


4IO         VOL 

lôrfqu'îl  eft  queftion  de  l'Eglîfe  & 
de  Tes  minUbes.  Des  cridques  d^un 
goût  révère  auroient  encore  fou- 
liaité  qu'il  n'eût  pas  adopté  la  divi- 
fion  par  chapitres  ,  qui  ne  Tert  qu'à 
iibler  les  &its  -,  qu'il  eût  mieux  lié , 
mieux  préparé  les  événemens;  qu'il 
n'eût  pas  quelquefois  Eatigué  1  ef- 
prit  du  leâeur  en  pafiaot  rapidement 
dTun  objet  à  un  autre;  qu'il  êàî  moins 
coupé  la  narration  par  des  maxi- 
mes &  des  digreffîons ,  &c.  &o  && 
l  Voj,  Sleidan  &  Velly.  ]  Le 
Suclt  de  Lotus  XIV  offre  les  mêmes 
lieantés  &  les  mêmes  débuts.  C'eft 
«me  efquifle,  &  non  un  tableau  en 
prand.  L'Ouvrage  n'eft  qu'une  fuite 
de  petits  chapitres.  L'auteur  vole 
fncceffivement  en  Allemagne  »  en 
iXpagne,  en  Hollande,  en  Suéde, 
pour  raconter  quelques  traits  ,  qui 
n'ont  fouvent  qu'un  rapport  éloigné 
90  fujet  principal.  Il  préfefite  aux 
jreux  du  leâeur ,  avec  une  rapidité 
incroyable  ,  pluûeurs  événemens 
miportans  qu'on  voudroit  connoltrc 
â  fond  \  &  l'on  glifle  fur  chacun. 
L'hidorien  eft  content  ,  pourvu 
qu'il  ait  eu  l'oçcafion  de  placer  une 
maxime  ou  une  fiiillie.  C'eft  une 
foule  d'éclairs,  qui  éblouiflent,  & 
qui  laiftent  dans  les  ténèbres.  Ce 
ne  font^  point  les  Mémoires  qui 
ont  manqué  à  l'hiftorien,  ni  l'art 
de  les  employer  ;  car  y  a  plufieurs 
chapitres  qui  font  des  chef-d*œuvres 
d'élégance  ;  c'eft  l'efprit  de  difcuf- 
£on  f  néceflaire  dans  un  travail  fi 
long  6c  fi  pénible.  [  Voye^  Beau- 
MELLE.]  Son  Sîech  de  Loms  XF  ^ 
moins  intérefiant  que  celui  de 
Louis  XIV  ^  eft  écrit  avec  négli- 
gence ,  &  fouvent  avec  parpalité^ 
Si  quelques  événemens  y  font  bien 
fiétaillés  ,  plufieurs  autres  y  font 
préfentés  fous  un  faux  jour.  L'au- 
feur  rend  ies  peintures  infidelles  y 
en  voulant  les  ajufter  à  fa  £içon  de 
penfer  particulière,  ou  au  befoin 
gu'il  a  de  flatter  dçs  |;rapds  &  de  fç 


VOL 

ménagier  des  proteâeurs.  Qa^qae* 
fois  même  il  altère  la  vérité ,  par  U 
manie  qu'il  avoir  dans  ia  vieÛleffc , 
de  mêler  des  plaifimteries  à  fes  ou* 
vrages  les  plus  férieux.  Il  fe  faifoîl 
dans  £1  folinide  une  gaieté  artifi- 
cielle ,  lorfque  la  naturelle  lui 
manquoit  ;  &  cette  néceffité  de 
charmer  l'ennui  d'une  retraite  qui 
n'étoit  pas  toujours  agréable  »  a 
rempli  fes  Hiftoires  de  bons  mots 
déplacés,  comme  elle  a  procuré 
des  injures  à  plus  d'un  écrivain. 
Le  fonds  de  VBlftolrt  du  Parlemaa 
et  Paris  eft  prefque  tout  entier  dans 
YHîftoîn  Générale^  &  dans  ItsSudes 
de  Lotds  XIV  &  de  Loms  XV^ 
L'auteur  défavoua  cet  Ouvrage  » 
comme  un  énorme  foiras  de  doits  ^ 
auquel  il  n'avoir  pu  ,  ni  voulu 
travailler.  >  Il  y  a  cependant  des 
chapitres  qui  om-ent  des  difcofiîoos 
bien  fiâtes  fur  des  points  d'hiftoire 
aftiez  embrouillés  ;  mais  ces  cha- 
pitres font  en  pedt  nombre.  Voàaîr$ 
dit  dans  fes  déiaveux,  que  le  com- 
mencement eft  fuperfidel  6c  la  fiil 
indécente,  L'Ouvrage  lui  paroifibit 
informe ,  6c  l'auteur  peu  inftruit  :  le 
fujet  (  ajoute-t-il)  méritoit  d'être 
approfondi  par  une  très -longue 
étude  6c  avec  une  grande  fag^e. 
On  peut  lui  reprocher  encore  1 
que  fon  ftyle  qu'il  veut  trop  fou< 
vent  rendre  épigrammatique  ,  s'é- 
loigne quelquefois  de  la  gravité  de 
lliiftoire.  Ce  défaut  s'eft  glifie  juf- 
que  dans  fes  Annales  de  V Empire^ 
dans  lefquelles  on  cherche  vaine- , 
ment ,  dit  M.  de  Luchet ,  la  vigueur 
de  fon  pinceau  6c  la  firaicheur  de 
fon  coloris ,  6c  qui  o&em  orop  de 
faits  étrangers  ,  tandis  qu'il  en  a 
omis  un  très  -  grand  nombre  de 
néceftaires.  II.  VHlfioire  de  Char* 
les  XJly  bien  faite  &  bien  écrite, 
qui  a  mérité  à  l'auteur  le  titre  de 
Quinte  -  Curce  François.  On  s'eft 
plaint  cependant ,  que  la  conduite 
du  héros  eft  fouveQt ,  dans  ççm 


V  o  t 

fKftoîre,  d'une  folie  outrée  ^  par  U 
fnute  de  Tauteur  qui  ne  remonte 
pas  à  la  fourçe  des  faits ,  qui  ne  les 
lie  pas  toujours ,  fie  qui  ne  Te  donne 
preîque  jamais  la  peinç  d'expliquer 
les  caufes  &,  les  mptifs  qui  font 
agir  fes  perfonnages.  III.  VHlfiolrc 
du  C^ar  Pierre  I  ;  double  emploi  de 
felle  de  Charles  XII  ^  mais  n^oins 
élégance  &  plus  infidelle  ,  parce 
quec'eft  uneproduéUon  de  fa  vieil- 
lerie &  un  ouvrage  de  comm4"def 
La  Préface  eft  p'us  digne  d*un 
|9ouf¥bn  que  d*un  hiftorien  *,  Tin- 
p-oduâion  a  paru  fort  feche*,  1^ 
divifion  par  chapitres  a  déplu  ;  les 
batailles  font  racontées  avec  né- 
gligence. Si  l*on  vouloit  examiner 
^vec  févérité  les  détails  de  cet 
Ouvrage  ,  la  critique  trouVeroif 
^ncore  de  quoi  s'exercer.  L'auteur 
«'etoit  fait ,  à  Tégard  des  circonv 
(lances  des  événemens ,  des  prin- 
cipes conunodes.  Pourvu  que  les 
grandes  figures  du  tableau  fuiTent 
peintes  avec  vérité ,  peu  lui  impor- 
toit  que  les  petites  figures  fuflen^ 
deilinées  incorreâement.  A  Cégard 
^s  petites  clrcanftancts  ^  dit*  il  quel- 
que part ,  je  les  abandonne  à  qtd  vou" 
^ra  i  je  ne  m* en  fonde  pas  plus  que 
fie  rHi/ioire  des  Quatre  fils  Aimon^ 
Mais  quand  on  néglige  les  menus 
£ûts ,  on  peut  faire  penfer  qu'on  a 
porté  la  même  inexaâitude  dans 
les  Êiits  importans.  Cependant  les 
f  hapitres  fur  les  révolutions  que  le 
çzar  Pierre  a  produites  dans  les  arts 
§c  dans  les  mœurs ,  font  aui^  vrais 
qu'intéreilans  ,  ainfi  que  le  récit 
4es  voyage»  qu'il  fit  pour  peifecr 
tionner  fon  génie...  IV.  Mélangef 
4e  Liuérature  t,  €nplv£evas  volumes. 
On  parlera  d'abord  de  fes  Romans. 
Perfonne  n'a  eu  ,  comme  Voltaire^ 
l'art  de  cacher  une  philofophie  fou- 
vent  profonde  fous  des  fiâions  in« 
génieufes  &  riantes  :  à  cet  égard  il 
^toit  intarifiable.  Zadig ,  Memnon  , 
If  M9^4f  ^m'^i  'V  ^<f  9  ûaitéf  df 


VOL        4'i 

rAngloîs  ,  ont  l'air  original,  par 
la  finefie  des  critiques  ,  par  1^ 
légèreté  de  la  narration  »  par  le« 
agrémens  d'un  fiyle  clair ,  élégant  5, 
ingénieux  fie  naturel.  Candide ,  la 
Prlnceffs  de  Babylone  ,  &  quelque^ 
autres  fiâions  de  ce  genre ,  n'ap^ 
prochent  pas  à  beaucoup  près  de 
Menton ,  ni  de  Zadig.  Elles  ne  prér 
fentent  qu'une  fuite  d'évcnemcn$ 
invraiferabkbles ,  trop  fouvent  ra-» 
contés  avec  indécence,  Ôc  fcmés  de 
plaifanteries  ,  dontplufieurs  ne  font 
pas  du  meilleur  ton.  On  y  défi- 
reroit  moins  de  caricatures ,  momsi 
d'imaginations  folles  fie  bizarres  ^ 
&  plus  de  véritable  gaietéi  II  feut 
cependant  excepter  un  petit  nombre 
de  chapitres  ,  où  il  a  de  bonnes 
vues  morales ,  des  peintures  ori<« 
ginales  fie  faillantes  de  la  cour  de 
Paris ,  des  travers  fie  des  ridicules, 
de  tous  les  hommes  fie  de  tous  lesj 
états.  Les  autres  Ouvrages  qui 
compofent  les  Mélanges  ,  font  de 
petites  DifTertations  fur  difiFérentesi 
matières  ,  prefque  toutes  écrites 
avec  intérêt  fie  avec  goût  :  des 
Critiques  de  differens  écrivains  ,  la 
plupart  plaifantes ,  mais  fouillées 
d'épithetes  injuneufes ,  de  farcafmes; 
révoltans.  Energumene  ,  fanatique  ^ 
çuifire  y  croquant ,  poRffon  ,  gueux  , 
tfcrocy  fiec.  :  telles  font  les  expref' 
fions  que  le  philofophe  de  Ferney 
avoit  au  bout  de  la  plume ,  toutes 
Içs  fois  qu'on  s'avifoit  de  toucher 
à  fes  lauriers  ,  ou  même  qu'on 
paroifioit  y  toucher.  Souvent  même 
des  écrivains  fages  fie  modérés  ont 
excité  fa  colère  fans  avoir  cher- 
ché à  bleffer  fon  amour-propre; 
tout  leur  crime  à  fes  yeux  étoit  de 
ne  pas  penfer  comme  lui  : 

Quiconque  fait  U  guerre  à  fon  aw; 

dace  impie  y 
Efi  bientôt  U  martyr  de  la  philofophie* 
Son  efprîtf  fes  vertus  ,  fes  Salens  , 

(9¥^n*efincn-^ 


4«         VOL 

i?tjt  unfot  àfuytttx  »  fi^Ui  fu*il 
e/l  ChritUn, 

\  Fayti  lUfiS  ce  DtSwnnûut  les 
ardclea  Coger  ;  Feéeov  ;  des 
Fontaines  ,-  II.  Guyot  ;  Man- 
KORi  ;  Mertillr  -,  Maufer- 
Tuis  ;  //.  &  ///.  Rousseau  ; 
Trublet  ;  Berthier.  }  On 
trouve  encore  dans  les  Mélanges^ 
•des  traits  particuliers  fur  certaines 
matières  ,  comme  la  ToUrana»  les 
Lou  CrimlntlUs  ,  &c.  ;  mais  en 
général  il  lui  manquoit  ,  pour 
approfondir  ces  fortes  de  fujets ,  ce 
^ra^ere  ferme  &  confé^nt  pour 
qui  la  vérité  refte  toujours  à  la 
même  place  ;  cet  efprît  de  médita- 
«on  qui  nous  applique  tout  entier 
fur  un  objet  j  cette  logique  qui  ne 
fe  dément  jamais.  11  it  bomoit  au 
premier  coup  d'onl  ,  &  dès  qu'il 
avoit  apperçu  quelques  raifons 
plausibles ,  il  s'attachoit  non  à  les 
creufer,  mais  à  les  embellir  &  à 
les  rq>roduire  fous  toutes  fortes  de 
faces ,  qui  leur  donnoient  quelque- 
fois plus  d'éclat  que  de  îblidité. 
Ceft  en  partie  ce  qu'avoue  un  de 
fes  plus  grands  partifans  ,  en  ajou- 
tant ,  »  qu'il  a  été  médiocre  dans 
M  tous  les  travaux  qui  exigent  une 
«*  ame  recuetllie ,  un  jugement 
«'  que  rien  ne  peut  ni  féduire  >  ni 
•»'  corrompre,  &  rhabitude  d'une 
«*  difcufHon  exaâe  &  profonde  «<• 
Cependant  les  différens  petits  Trai- 
tés de  Voltaire  oùt  été  &  font  encore 
beaucoup  lus.  "  hes  gens  du  monde 
M  (  dit  M*  Tabbé  de  RadonvUUers  ) 
*^  veulent  enrichir  leur  efprit ,  & 
^  cependant  ne  fe  xlonner  aucune 
«•  peine.  Les  Ecrits  de  M.  de  Voltaire 
M  leur  ofirènt  des  richeftes ,  dont 
«•  l'acquifition  eft  facile  &  agréa- 
«•hle...  Mille  traits  petillans  d*ef- 
«  prit  ,  des  anecdotes  curicufes, 
••  des  reflexions  piquantes  ,  des 
•'  maximes  d'indulgence  mutuelle , 
^  4t  j;énéroûté ,  de  bienfaifance  « 


VOL 

*•  8c  des  autres  vertus  humaines  qui 
M  embdlifient  le  commerce  de  la 
»  vie.  Le  foin  continuel  de  mêleir  ' 
»  l'utilité  à  l'agrément ,  lebadinage 
*>*  à  la  morale ,  a  été  un  des  fecrets 
"  de  M.  dt  Voltaire ,  &  peut-être  la 
n  foitrce  principale  de  fes  grands 
**  fuccès  u.  Ajoutons  qu'il  publioit 
à  propos  fes  différentes  Brochures  , 
&  qu'il  faiûifoit  habilement  le  mo- 
ment de  l'enthoufiaûne ,  ou  de  la 
curiofité  du  public.  V.  DicUonnatrc 
Philofophlquc  i  Pkilofophie  de  VH'tf- 
toire ,  éiç,  &  beaucoup  d'autres  Ou-' 
viages  impies  i  car  la  ftureur  anti- 
direrienne  étoit  devenue  chez  lui 
une  véritable  manie.  Sa  vieillefle 
n'a  preique  été  occupée  qu'à  dé- 
truire. Il  eil  difficile  de  bien  carac- 
térifcr  fes  Ouvrages  contre  la  Re- 
ligion. L'éloquetice  &  le  ridicule 
font  les  armes  qu'il  y  emploie.  Il 
prend  tantôt  le  ton  de  Pafjuin ,  & 
tantôt  cdui  de  Pafcal\  mais  il  re- 
vient plus  fouvent  au  premier  , 
parce  qu'il  lui  eft  plus  naturel. 
Ainfi  {es  Livres  antichrétiens  ne 
font  qu'une  éternelle  dérifion  des 
prêtres  5c  de  leurs  fonôions ,  des 
myûeres  &  de  leur  profondeur  « 
des  conciles  ISc  de  leurs  décidons. 
Il  tourne  en  ridicule  les^  moeurs 
des  Patriarches  ,  les  viiîons  des 
Prophètes,  la  phyfique  de  Moyfe^ 
les  hiiloires ,  le  ftyle ,  les  expref- 
fions  de  l'Ecriture,  enfin  toute  la 
Religion.  Non-feulement  il  attaque 
le  Chriftianifme  :  il  détruit  tous  les 
fondemens  de  la  Morale ,  en  infi- 
nuant  les  principes  du  Matéria-» 
lifme;  en  vantant  le  luxe  comme  le 

Î^lus  grand  bien  d'pn  état ,  malgré 
a  corruption  dont  il  eft  la  fource^ 
en  traitant  avec  mépris  l'innocence 
des  prenûers  temps  &  les  mœurs 
antiques  ,  &c.  &c.  Saillies  iogé- 
nieuîes ,  bons  mots  piquans ,  peiti- 
tures  riantes  ,  réflexions  hardies  « 
expreilions  énergiques  :  ilemploi^ 
toutes  les  grâces  du  ftyle  j  &  toute» 


V  o  t 

V  rdîources  du  bel  efprlt  pot» 
itiieiix  préparer  fon  poifon.  Ce 
qu'il  y  a  de  plus  odieux  ^c'efl  qu'il 
altère  fouveat  les  £aits  ,  tronque 
lès  pafiages ,  Cuppofe  des  erreurs  >. 
imagine  des  contradi^ions  pour 
donner  plus  de  fel  à  les  platfan- 
ttries  &  plus  de  force  à  Tes  raifon* 
nemens.  Cependant ,  malgré  les  in- 
fidélités continuelles  qui  défigurent 
fes  Ecrits  irréligieux  »  ils  ont  fait  de 
funeAes  ravages.  Doué  d'une  hâf 
lîté  prodigieuCe  à  Caiiir  tous  Its 
tons ,  &  à  parler  à  tous  les  efprits  , 
n  réduifoit  quelquefois  les  gens 
g:raves  par  des  raifons  fpécieufes  ^ 
&  prefque  toujours  les  hommes 
frivoles  par  fes  plai(anteries.  Ceux- 
ci  n'ont  pas  examiné  fi  «  en  citant 
TEcriture-fainte ,  il  ne  Ta  pas  cor* 
rompue  ;  &  Ils  ont  oublié  ce  mot 
du  préfident  de  Monufqmeu  :  torfquc 
Voltaire  Kt  un  ÙvrCy  il  le  fait  i  puis 
il  écrit  êontrc  ce  ,qu*îl  a  fait.  Us  vou- 
loient  être  amufés>  8c  ils  l'ont  été. 
VI.  Théâtre  dtV'ien^  &  Thoma» 
Corneille ,  avec  des  morceaux  înti* 
rtjjansy  8  vol,  ïn-4®,  &  10  volum.. 
in-i2.  Ce  Commentaire,  entrepris 
pour  doter  la  petite* niece  du  grand 
CornelLU  ,  eft  un  fervice  rendu  à 
la  littérature.  On  peu^  y  trouver 
quelques  remarques  plus  fîibtiles 
que  juftes  «  quelques  analyfes  înfi* 
délies,  des  crifiques  minutieufes) 
des  obfervatîons  grammaticales 
trop  révères ,  un  fonds  de  mauvaife 
humeur  contre  CorruîUe  ;  mais  la 
plus  grande  partie  de  TOuvrage  eft 
dirigée  par  le  iugemeiu  &  le  goût. 
11  eft  écrit  d'aîUevrsd'un  fiiyle  con- 
venable ',  &  le  commentateur  n'a 
pas  la  ridicule  manie  de  nos  écri- 
vains modernes,  celle  d'employer 
die  grands  mots  pour  exprimer  de 
petites  chofes.  Un  éloge  qu'on  ne 
peut  lui  refufer,  c'eftque,  jufqu'à 
•f <m  extrême  vîeilteffe ,  il  a  confervé 
la  clarté ,  la  préciûon  &  te  naturel 
éaas  les  ni^tkres  q^ui  o'exigeQiçDt 


V  G  i,         4r| 

pas  d'autres  orneraens  :  exemple 
bien  peu  fuivi  aujourd'hui  ,  ou 
l'on  dénature  tous  les  genres,  & 
où  l'on  mêle  tous  les  fiyles.  VU. 
Commentaire  hlfiorique  fur  Us  QLuvre» 
de  l* Auteur  de  la  Henriade ,  avec  /m 
pUces  origjinales  &  les  preuves ,  in-8®» 
Monument  élevé  à  Voltulrty  pat 
Voltaire  lui-même»  Il  eft  à  la  fois 
le  {acrificateur  &  le  Dieu.  Il  s'étoit 
déià  mis  au-defiiis  de  tous  les  écri- 
vains François  >dans  fa  Counolffanc^ 
des  beautés  &  des  défauts  de  la  Poéfi^ 
&  de  r Eloquence  ^  1749  »  in-  12  \ 
brochure  qu'on  lui  a  vainement 
conteftée  ,  puirqu'eîle  a  été  entiè- 
rement fondue  dans  fa  Poétique 
in-8®  »  faite  avec  fon  agrément  ^ 
&  qi^  d'ailleurs  il  eft  impoffîble 
d'y ,  méconnoître  fon  ftyle.  C'eft 
ici  4u'tl  £3Ut  appliquer  ce  qu'a  dit 
un  critique  célèbre.  »  Après  avoix^ 
»  lu  Homère  ,  difoit  Bouehardon  , 
"  tous  les  honmies  me  femblent 
H  des  géans  *»  mais ,  après  avoir  In 
»j  la  brochure  de  VHomere  Fran- 
'f  çois  ^  tous  les  grands  hommes 
>*.  de  k  Httérature  paroiiïent  des 
>^  nains  <«.  Quant  au  Commentaire 
infionque  »  c'eft  le  détail  des  hom- 
niages  accordés  à  l'auteur  \  c*eô  le 
tableau  <!fes  aâions  généreufes  & 
même  del  charités  qu'il  a  faites  \ 
C  car  il  en  ^oit  &  de  feogetes 
même)  c'efi  un  Mémoire  hiitôri- 
que ,  écrit  avec  fimplicité  &  avec 
grâce.  On  7  voit  les  faits  -,  mais- 
on  n'en  voit  pas  tes  reiTorts  :  ce 
fera  aux  hiiforiens  de  Voltaire  à 
expliquer  fes  motifs.  A  la  fuite  du 
Cortimentaire ,  on  trouve  quelques 
Lettres  ,  dont  la  plupart  méritoient 
d'être  confervées.  On  en  recueil- 
lera fans  doute  un  plus  grand 
nombre  ;  car  l'auteur  en  a  beau- 
coup écrit,  &  il  avoit  un  talent 
marqué  pour  ce  genre.  Le  ton  pi- 
quant &  original  de  fon  flyle  épi(- 
tolaire ,  étoit  à  peu  près  celui  de  fa.. 
COAV«r&tion  ^  fur  -<rout  quand  ^ 


414  .    V  O  t        . 

écoit  ammé  par  l'envie  de  plaire, 
00  par  le  défir  de  ùdsÊûre  fon 
animofité  ;  &  quand  il  prenoit  la 
plume  pour  répondre  àr  fes  amis  , 
il  écrivoit  comme  il  avoit  parlé* 
n  II  n*eft  point  d'écrivain  (dit  M. 
•»  Palîfot  )  qui  ne  fe  fut  acquis  par 
*>  les  Lettres  feules  de  Voluîn ,  une 
M  réputation  diftinguée  «.  U  Êiut 
pourtant  excepter  une  partie  de  fes 
Lutru  fccrtus  ,  publiées  en  Hol- 
lande, in-8®,  i76f«Cei'ecueil  eft 
très -peu  de  chofe  -,  &  puifque 
c'étoient  des  Lettres  fecretes ,  il  y 
avoit  de  la  mal- honnêteté  à  les 
tendre  publiques.  Voltaire  ,  Ôché 
avec  raifon  de  TimprelHon  de  ces 
Chiffons  (  c'eft  ainfi  qu'il  s'exprime  ) 
parodia  cette  ancienne  Epigramme  : 
Voilà  donc  mes  Lettres  fetntu  « 
Si  fecretes ,  que  four  labeur 
Elles  n'ont  que  leur  Imprimeur , 
Et  lu  Mtjpeurs  qui  les  ont  faitts* 

Ce  qui  diminue  le  plaifir  qu'on 
auroit  à  lire  les  autres  Lettres  de 
Voltaire ,  c'eft  qu'on  y  voit  rarement 
fa  véritable  Caçon  de  peûfer>  fut  les 
princes,  les  miniilres  ou  tes  écri- 
vains à  qui  elles  font  adrefTées.  S'a 
louoit  beaucoup  les  Saints  du  jour , 
comme  on  l'en  a  accufé^  il  fe  mo-' 
quoit  fouvent  lui-même  des  brevets 
d'ininortalité  qu'il  diftribuoit.  Dans 
la  fociété  même ,  un  regard  malin 
&  un  foùrire  amèf ^  défavouoient 
fouvent  ce  que  la  flatterie  lui  infpi-» 
roit  :  voilà  pourquoi  U  lie  réufHt  pas 
long-temps  ni  à  la  cour  de  Verfail- 
les ,  ni  à  celle  de  Luneville ,  ni  à  celle 
de  Berlin.  Perfonne  n'exalta  pins 
de  fon  vivant  ^tt  Belloi^  mais  dès 
qu'il  fut  mort  ,  il  écrivit  que  le 
Siège  de  Calais  n'étoit  plus  eftime 
qu'à  Calais,  (Lettre  à  Mr  JV'alpole.  ) 
M.  Palîffotim  a  reproché  la  même 
contradiâion.  à  l'égard  à'Helvttius , 
qu'il  avoit  flatté  à  outrance ,  &  dont 
le  livre  de  VEfprtt  ne  lui  parut  plus  , 
'après  la  mon  de  l'auteur  /  qu*uA 


Vot 

Ouvrage  plan  étemars  &  âe  vlritiè 
triviales  ,  d^itées  aru  empk'fc  il 
difiribua  quelquefois  aux  écrivains 
les  plus  médiocres ,  les  éloges  les 
plus  espérés  ;  &  on  étoit  afiez  bon 
pour  fe  repaître  d'un  encens  qui 
n'étoit  que  la  reconnoîfiacce  d'un 
amour -propre  adroit  &  intéreflc. 
Avouons  cependant ,  que  parmi  lei 
auteurs  que  Vohaire  a  célébrés ,  il 
y  en  a  plufieurs  qui  méritoient  fes 
louanges  \  mais  ce  font  ceux-là 
même  qui  doivent  être  les  plus 
âchés  qu'il  en  aitafiToibli  le  prix^ 
en  les  accordant  plus  d'une  fois  à  1^ 
médiocrité.  Nous  avons  différentes 
Colledtions  des  Ouvrages  de  Vol- 
la/«,in-4**  •  iii-8i*  &  in-ia  ;  mais 
toutes  mal  rédigées  »  toutes  fur- 
chargées  d'Ecrits  qui  font  peut-être 
de  lui ,  mais  indignes  de  lui  -,  pleines 
de  répétitions  continuelles  &  de 
doubles  emplois.  Ce  défaut  vient 
moins  àai^  libraires ,  que  de  l'auteur^ 
qui ,  dans  fes  derniers  jours  ,  repro- 
duifoit  fans  ceiTe  les  mêmes  chofesr 
&  retoumoit  continuellement  fes 
vieux  habits.  Il  feroit  à  défirer  ^ 
pour  plufieurs  raifons ,  qu'on  fît  uni 
choix  de  ceux  de  fes  Ouvrages  qui 
mériteirt  d'être  confervés ,  en  écar« 
tant  ceux  qui  n'en  font  qu'une  répé<* 
tition,*  &  fur-tout  les  produûions 
impies  ou  indécentes.  "  Efpérons 
»  (  dit  M.  l'abbé  ie  kadonvllûers  } 
»  que  bientôt  une  main  amie  y  enf 
*>  retranchant  des  Ecrits  publiés 
»»  fous  fon  nom ,  tout  ce  qui  bleiTé 
»  la  religion ,  les  mœurs  &  les  lois , 
»^  effacera  la  tache  qui  terniroit  fa* 
**  gloire.  Alors  V  au  lieu  d'une  col- 
»»  leftton  trop  volumineufe ,  nous 
*»  aurons  Un  Recueil  d'Œuvreis  ckoi' 
»  fies ,  dont  la  fageflfe  pourra  faire 
»  ufage  fans  inquiétude  &  îans 
u  danger  «<.  M.  le  marquis  dt  latcha. 
a  publié  fon  Hlfioire  Littéraire ,  178  ly 
6  vol.  in-8**. 

VOLTERRE  ,  (  Raphaël   â«  } 
Voy\  VOLATEIIRÀK. 


j 


VOL 

VOttËRRE ,  (  Daniel  RicciA- 
àElLi  de  )  peintre  &  fculpteur  ^ 
lié  en  1609  à  Volterre  ,  ville  de  U 
Tofcane ,  mourut  à  Rome  en  1666. 
U  fiit  deftiné  par  fes  parens  à  la 
peinture.  B^Uthayir  P6ru\il  &  Michel' 
An^c  lui  montrèrent  les  (ecrets  de 
leur  art.Un  travail  long  &  opiniâtre 
acquit  à  Daniel  des  connoifTance» 
&  de  la  réputation.  Ce  peintre  fut 
très^employé  à  Rome,  &  pour  la 
peinture  &  pour  la  rculpture.Le  che- 
val qui  porte  la  flatue  de  Louis  XIII 
dans  la  Place  Royale  à  Paris  ,  fiit 
fondu  d'un  feul  jet  par  DanicL  II  a 
dediné  dans  la  manière  de  Mkhd^ 
Ange,  On  a  gravé  Ta  Defcente  de 
Croix  ,  peinte  à  la  Trinité  du  Mont; 
€  eft  Ton  chef-d'œuvre^  &  un  des  plus 
jbeaux  Tableaux  qui  foiem  à  Rome. 
VOLUMNIE,  Voy.  CoRiOLAN. 
VOLUMNIUSj  (Titus)  cheva- 
lier Romain  ,  fe  iignala  par  fon 
amitié  héroïque  pour  Marcus  Lu* 
€ullus.  Le  triumvir  Antoine  ayant 
&it  mettre  à  mort  celui-ci ,  parce 
qu'il  avoir  fuivi  le  parti  de  Cëjjîus  Si 
de  Brutus ,    Volumnlus   ne  voulut 
point  quitter   fon  ami  ,  quoiqu'il 
pût  éviter  le  même  fort  par  la  fuite. 
U  fe  livra  à  tant  de  regrets  &  de 
larmes ,  que  fes  plaintes  furent caufis 
^u  on  le  traîna  aux  pieds  à* Antoine, 
f  Ordonnez  que  )e  fois  conduit 
>»  fur   le  champ  vers  le  corps  de 
M  LucuUus  (  lui  dit'il  )  &  que  j'y 
M  fob  égorgé  V  car  \t  ne  peux  pas 
«  furvivre  à  fa  mort,  étant  moi* 
i  f>  même   la  caufe  de   ce  qu'il  a 
9*  pris  malheureufement  les  arnies 
^  contre  vous  ««.  Il  n'eut  pas  de 
peifie    à    obrénii'  teete   grâce  ^e 
ce  tyran  fanguinaire.  Lorfqu'il  fîit 
arrivé   à  la  place^u  fùpplice,  il 
baifa   avec  empreuément  la  maiii 
de    LucuUus ,  &  appliqua  fa  tête  , 
qu'il  ramaiTa  par  terre.,  fur  fa  poi- 
trine ,  puis  préfeiita  la  iienne   au 
boutreau.  ** 

VOLUSIEN,  tV^  rplus 


Volufianus  )  aflbcié  à  l'empire  pai* 
fon  père  Gallus  »  fut  tué  par  les  îoU 
dats ,  comme  nous  l'avons  raconté 
dans  l'article  de  Vibius  TrebonianuÉ 
Gallus  :  Fvyci  ce  dernier  mot ,  & 
Emiliek. 

VONDEL ,  (  Jufte  ou  Joffe  du  ) 
poëte  Hollandois ,  né  le  17  Novem- 
bre 1587, de  parens  Anabaptifies y 
quitta  cette  fe£^e ,  &  mourut  dans 
le  fein  de  l'Eglife  Catholique ,  Ut 
5  Février  1679^3  91  ans.  U  drefla 
à  Amfierdam  une  boutique  de  bas> 
mais  il  en  laifTa  te  foin  à  fa  femme  « 
pour  ne  s'occuper  prefque  que  dv  la 
poéûe.  La  nature  lui  aVoit  donné 
beaucoup  de  talent.  Vondel  n'eue 
pour  maître  que  fon  génie.  11  avoic 
déjà  enfanté  pluficurs  Pièces  en  vers, 
non- feulement  fans  fuivre  aucune, 
règle  ,  mais  même  fans  foupçonner 
qu'il  y  en  eût  d'autres  que  celletf 
de  la  verfification  &  de  la  rime« 
Inftruit ,  à  l'âge  d€  ^o  ans ,  ém 
l'avantage  qu'on  peut  retirer  des 
anciens ,  il  apprit  le  latin ,  pour 
pouvoir  les  lire.  Enfutte  il  s'adonna^ 
à  la  leéluredes  écrivains  "François* 
Les  fruits  de  (a  Mufe  offrent  dans 
quelques  endroits ,  tant  de  génie  8C 
une  imagination  (i  noble  &  li  poéti<« 
que ,  qu'on  fouffire  de  le  voir  tom" 
ber  il  fouvent  dans  l'enflure  &  dan» 
la  baiTeife.  Toutes  fes  Poéfies  ont 
été  imprimées  en  9  vol.  in -4®* 
Celles  qui  ornent  le  plus  ce  recueil, 
font  :  I.  Le  Héros  de  Dieu,  U.  Le 
Parc  des  Animaux.  III.  L^  Définie» 
Hon  de  Jérufalem  ,  Tragédie.  IV.  L» 
Prî/e  d'Amfierdam ,  par  Florent  V,^ 
comte  de  Hollande.  Cette  pièce  ed 
dans  le  goût  de  celle  de  Shakeft^ 
reir  :  c'a  une  bigarruife  brillante- 
ph;  y  voit  des  anges,  dés  évê; 
qfics^  des  abbés,  des  mpines/4es 
religieufes ,  qu;  difent  tous  de  fort 
belles  chofes ,'  mais  déplacié^s.  V; 
l^a  Magalficmce  de  Salomàn,'^l,  Pa-^ 
*iamede ,  ou  VInnoeenee  opprimée.  C'eâ 
la  iQort  dsB4mcveldi^  fouf  U  nbxg^ 


4i6        V  O  P 

de  faUmcit^  Êiuffcmeot  accufé  par 
Vlyffc.  Cece  Pièce  irrita  le  prince 
Maurice ,  inltigateur  de  ce  Aieiirtre. 
On  voulut  ùixe  le  procès  à  l'au- 
teur ;  mais  il  en  Ait  quitte  pour  une 
amende  de  300  livres.  Toutes  ces 
Tragédies  pèchent ,  &  du  c^  dû 
plan ,  &  du  cdté  des  règles.  L'au- 
teur ne  méritoit  pas  d'être  mis  en 
parallèle  avec  Séneque  le  Tragique, 
auquel  on  Fa  comparé ,  &  encore 
moins  avec  VirgUe,  VU.  Des  Sati- 
res ,  pleines  de  fiel ,  contre  les 
minières  de  la  religion  Prétendue- 
Réformée.  VIILUn  Pocme  en  faveur 
de  l'Eglife  Catholique ,  indtulé  :  Lu 
Myflcrts  ,  ou  Us  Secrets  de  P Autel, 
IX.  Des  Ckan/ons,  &c^  Ce  poëce 
négligea  Ta  fortune  pour  les  Mufes  « 
qui  lui  cauferent  plus  de  chagrin 
que  de  gloire. 

VOPISCUS ,  (  FUvms  )  hidorien 
Latin ,  né  à  Syracuie ,  fous  DUxU" 
tien ,  fe  retira  à  Rome  vers  Tan  304.  - 
Il  y  compoûi  lUiftoire  d'AurélUn^ 
de  Tacite  f  de  FlorUn ,  de  Probe ,  de 
firme  y  de  Carus  ,  de  Carîn  &  de 
Kumérîen ,  &C.  &c.  Quoique  ce  ne 
foit  pas  un  bon  auteur ,  il  eÛ  ce- 
pendant moins  mauvais  que  tous 
les  autres  dont  on  a  fait  une  com- 
pilation pour  compofer  VHîftorla 
Auguftit  Scrlptores,  Leyde  ,  1671  , 
à  vol.  in-8**,  avec  les  remarques 
Varîorum.  Voy.  Tart.  Ane  en  ne. 

VORAGINE .  Voyci  JACQUES 
ic  Fçragîne,  n**  XV. 

L  VORSTIUS,  (Conrad)  na- 
quit à  Cologne  le  19  Juillet  1569  » 
d'un  teinturier.  Après  avoir  étudié 
dans  les  univerfités  d'Allenu^ne  & 
voyagé  eh  France  ,  il  s'arrêta  à 
Genève,'  ou  Thiodou  de  Be\c  lui 
offrit  une  chaire  de  profefleur ,  qu'il 
né  voulut  point  accepter.  Il  fuc- 
céda  en  16 10  à  Armîmus  ^  profef- 
fe^r  dans  rumverfité  de  Leyde» 
'mais  1^.  minîftres  Anti- Arminiens 
employèrent  le  crédit  de  Jacques  I, 
r pi  d'Angleterre,  &  demai^ereat  foà 


ticittàon  k  la  république.  Vct/bm  \ 
obligé  de  céder  à  leurs  perféoH 
tions  «  fe  retira  à  Gonde  ou  Ter- 
gow,  où  il  demeura  dqNiis  1612 
îufqu'en  1619»  uniquement  occi^ 
de  Tes  affaires  &  de  fb  études.  Le 
fynode  d6  Dordrechc  le  déclara 
indigne  de  proCeflèr  la^  théologie  ^ 
&  cet  anathême  »  prononcé  par  des 
Êinatiques ,  ei^^a^ea  les  états  de  la 
province  à  le  bannir  à  perpétuités 
II  fut  obligé  de  fe  cacffaer  comme 
un  malfaiteur  *,  enfin  il  chercha  oit 
afile  dans  les  états  du  duc  ic  Holf" 
teui ,  en  1612  >  où  il  mourut ,  lel 
X9  Septembre  de  la  même  année. 
On  a  de  lui  un  grand  nombre  d'ou- 
vrages, tant  contre  les  Catholiques 
Romains ,  que  conere  les  adverfinres 
qu*il  eut  dans  le  parti  Proteftanb 
Les  plus  recherchés  font  celui ,  I>t 
Deo  ,  Steinfiirt ,  x6io ,  in-4^ ,  que 
le  roi  Jacques  fit  brûler  par  la  main 
du  bourreau  *>  &  {on  Amîca  ColUtlo 
atm  J.  Pi/catore,  à  Coude*  1613  ^ 
in-4^.  Sa  conduite ,  &  quelques-uns 
de  fes  Ecrits ,  prouvent  qull  pen- 
choit  four  le  Socinianifme  -,  &  fi  i 
fes  adveriaires  n'avoieitt  ùàt  valoir 
que  cette  raifon,  on  n'auroît  pas 
pu  les  accufér  d'injufiice. 

//.  VORSTIUS  ,  (  Guillaume- 
Henri)  fils  du  précédent ,  minifire  j 
des  Arminiens ,  à  NTarmond  ,  dans 
la  Hollande  ,  compofa  plafieors 
livres.  Les  plus  confidérables  font  :. 
L  Sa  Tradition  latine  de  la  Clro- 
nologU  de  David  Gani,  II.  Celle  do 
Pîrkc  Avoth^  du  Rabbin  EIU\tr,  1644* 
in-4**.  m;  Celle  du  livre  de  Af«- 
monîdes ,  Des  Fondcmcns  de  la  Fol ,  1 
163S ,  in-4^  »  avec  da.  remarques 
favantes. 

211,  VORSTIUS,  (.EfittsErer- 
hard  )  né  à  Ruremonde  »  en  1565  »  , 
mort  en  1624  »  à  Leyde ,  où  à  oc-  , 
cupoit  utie  chaire  de  profeffeur  de 
médecine  9  laîfla  divers  Ouvrage» 
de  littéranire ,  demédedne  &  d'Ut 
toire  aatiistUe,  qui  furem  rccher- 

ch4 


V6R 

étés  pour  leur  érudition.  Les  priff- 
tipaux  font  :  I.  Un  Commentaire 
De  Annulonm  ori^t ,  dans  un  Re- 
cueil de  GorUus,  fur  cette  matière , 
1599  »  in-4**.  II.  Un  Voyage  hifto^ 
tique  &  phyfique  de  la  grëàde  Grèce , 
de  la  Japigie  ,  Ijieanîe^  des  Bmtîens  & 
des  peuples  voifins ,  en  latin.  III.  Des 
Poiffons  de  U  Hollande,  IV.  Des 
Remarques  latines  fur  le  livre  De 
te  medUa  ,  de  Celfe, 

IV.  VÔRStiUS ,  (  Adolphe  ) 
fils  du  précédent ,  fut  auffî  pro<- 
feffeur  en  médecine  à  Leyde ,  où 
il  mourut  en  1663  ,  a  66  ans.  Il 
a  donné  un  Catalogfte  des  Plantes  du 
Jardin  Botanique  de  Leyde ,  &  de 
celles  qui  nailSent  aux  environs  de> 
cette  «ville.  Cet  Ouvrage,  imprimé 
a  Leyde ,  1636  «  in-4® ,  eft  afîez 
bien  fait. 

V,  VORStiUS ,  (  Jean)  né  dans 
le  Dithmarfen ,  embraffa  le  Calvin 
niûne ,  fut  bibliothécaire  de  l'élec^ 
teur  de  Brandebourg ,  &  mourut 
ta  1676.  On  a  de  lui  :  I.  Une  Phi* 
Ufo^facrée  ^  où  il  traite  des  Héhrdif' 
mes  du  Nouveau  Tcftament,  II.  Une 
Diâertacion  de  Synedrîis  Hehntorum^ 
Rofioch,  1658  &  1665  i  2  vol< 
în-4^.  IlL  Un  Recueil  intitulé  : 
■Fafcîculus  Opufadorum  hîfioricorum 
&  phUologUontm^  RotcrAàm^l6<)^'i 
S  vol.  in-8°.  On  trouve  dans  cette 
«oUeâion  les  Ouvrages  fuivans  : 
De  Adagils  Novi  Teftanunti  ;  De  vou 
Sefach ,  hrem.  xxri  des  Dljfenatwns 
latines  fur  les  70  ans  de  la  capti- 
vité des  Hébreux  ^  fur  les  70  femai-* 
^es  de  Daniel ,  fur  la  Prophétie  de 
Jacob  y  &c.  &c.  Tous  ces  Ouvrages 
prouvent  une  grande  érudition  , 
ûicrée  &  profane.  Vorfiiusétoit  trcs- 
.verfé  dans  la  connoiiTance  des  lan<^ 
^ues ,  &  fur-tout  de  Thébreu. 

Y  OS  i  (  Martin  de  )  peintre ,  né 
vers  l'an  1534 «  à  Anvers ,  mourut 
dans  la  même  ville  en  1604.  C'eâ 
au  foin  qu'il  prit  à  Rome  de  copier 
les  magnifiques  Ouvrages  des  plus 
Tom€  IX^ 


vos        4t^ 

•c^élires  maîtres  ,  &  à  la  liaifoii 
qu'il  fit  à  Venife  avec  U  Tmtoret  i 
que  Vos  doit  la  haute  réfiutatioil 
où  il  eft  parvenu.  Il  a  réuffi  éga-*. 
lement  à  peindre  l'hiftoire ,  le 
payfage  &  le  portrait.  Il  avoit  uit 
génie  abondant  :  fon  coloris  eft 
frais ,  fa  touche  fadile  ;  mais  foâ 
déffîn  eft  froiid  ,  quoique  correél 
&  aiTez  gracieux.  On  a  beaucoup 
gravé  d'après  {es  Ouvrages* 

L  VOSSIUS,  (Gérard)  d*untf 
famille  confidéràble  des  Pays-Bas  ^ 
Jont  le  nom  eft  P^os ,  prévôt  de 
tongres,  habile  dans  le  grec  Se 
le  latin ,  demeura  plufieurs  annéeii 
à  Rome,  Il  profita  de  ce  féjour  pouiî 
fouiller  dans  les  bibliothèques  Ita^ 
liennes  *,  il  fiit  le  premier  qui  eit 
tira  &  traduifit  en  latin  plufieurs 
anciens  moriumens  dés  PP.  ërecs, 
entfe  autres  les  Ouvrages  de  5.  Gré'* 
goire  Thaumaturge  &  de  5.  Ephrem^ 
Il  mourut  à  Liège  fa  patrie ,  eo 
1609  f  aimé  &  mméi 

IL  VOSSIUS^  (Géfârd*Jean) 
parent  du  précédent ,  naquit  eii 
1577,  dans  le  Palatinat ,  auprès 
d'Hddelberg.  U  fe  rendit  très-habiltf 
dans  les  belles-lettres,  dans  Thif* 
toire  &  dans  l'antiquité  facrée  6^ 
profane.  Son  mérite  lui  valut  la 
direftion  du  collège  de  Dordrecht* 
&  il  remplit  cette  place  avec  applau<- 
diftement.  On  lui  <îonfia  enfuite  la 
chaire  d'éloquence  &  de  chronolo* 
gie  à  Leyde;  &  il  la  dut  plutôt  à 
fa  réputation  &  à  fon  mérite,  qu'à 
fes  intrigues.  Appelé  en  1643  à 
Amflerdam  ,  pour  y  remplir  une 
chaire  de  profeiTeur  en  hiftoire  i 
il  sy  fit  des  admirateurs  &  des 
amis.  S/cs  principaux  Ouvrages 
font  :  I.  De\orîgmeldololatrîte,  II.  Da 
Hifioricis  Gracis.,.  De  Hiftor.  Latlals^ 
ni.  De  Poetis  Gracls ,  De  Latlnts^ 
IV.  De  Scîendis  Mathemaùcis,  V*. 
De  quatuor  Artlhus  populanhus,  VI»' 
Bifioria  Pilaaiana,  VIL  Inftitutîonu 

Dd 


4i8       VOS 

RhêiorieM  >   GrammatUs  ,    Poiidcét^ 
VUI.  Thmfu  Chronologie»  &  ThtoU^ 
me».  1^.  Èiym&iopcon  Limgus  Latin». 
A.  De  yitiis  Sirmonis ,  te.  Tous  cas 
Ecrits  ont  été  imprimés  à  Amfter- 
<lam«  1695  à  1701»  6  vol.  in- fol. 
La  plupart  font  remplis  d'un  favoir 
profond  &  de  remarques  folides. 
On  eftime  iur-tout  ce  qu'il  a  écrit 
fur  THiftoire , fur  lorigine de  l'Ido- 
lâtrie,  &  fur  les  hiiloriens  Latins 
&  Grecs.  On  lui  reproche  feule- 
ment d'avoir  trop  compilé ,  &  de 
m'avoir  rien  voulu  facrifîer  de  ce 
^'il  avoit  amafle  :  femblable  aux 
gens  riches  y  mab  mauvais  écono- 
mes, qui  avant  de  bâtir  font  de^ 
grands  amas  dt  matériaux ,  &  qoi^ 
«iment  mieux  gâter  leurs  édifices , 
^ue  de  ne  pas  mettre  en  œuvre  ce 
iqu'ils  ont  entaffé.  Vojfms  auroit  pu 
^quelquefois  fe  prefcrire  une  mé- 
^ode  plus  naturelle  &  plus  exaâe, 
is*il  n'avoit  pas  voulu  nous  dire 
'touf  ce  qu'il  favoit  fur  les  fujets 
qu'il' traitoit.  Enfin  il  n'a  pas  tou- 
<^ours  raifonné  bien  îufle ,  &  a  pris 
louvcRt  de  fimples  probabilités  pour 
derfeifons  convaincantes  <&  folides. 
U  eft  cependant  peu  de  livres  où  Ton 
puifTe  plus  apprendre  que  dans  les 
£ens.  Gç  (avant  mourut  en  1649  , 
A  72  ans  ,   laifiam  cinq  fils.  On 
frouvé  le  caraûere  de  Gérsrd''Jean 
VoJfiûs,hvai  peint,  dans  le  Parallèle 
Ique  les  îoumali#es  ée  Trévoux  ont 
Ait  entre  lui  &  fon  fils  Ifitéc.  u  Rien 
>*  de  phis  oppQfé ,  di£ent-ils ,  qutt 
*»  les  caraéberes  du  perc  &  du  fils  ; 
"  rien  de  plus  différent  que  leurs 
»«  efprits.  Dans  le  père ,  le  jugement 
«*  dominoit;  l'imaginatios  domi^ 
H  noit  dans  le  fils.  Leper«  travail* 
tt  loit  lentement  -,  le  fils  travailloit 
M  facilement.  Le  père  fe  méfioit  des 
H  conîeâures  les  mieux  établies  \ 
n  ]e  fils  n'aimoit  que  les  conjeâures 
M  hardies.  Le  père  formoit  tes  opi* 
9  nions  fur  ce  quHl  lifoit  ;  le  fils 
n  preaoit  une  opinion ,  &  lifoit 


VOS 

M  cafidie.  Le  père  s'attadiott  à  pé» 
«'  nétrer  la  pràfée  des  auteurs  qu'il 
»  citoit ,  à  ne  leur  nen  impcfer, 
*•  &  les  regardott  comme  ks  toai' 
»  tresilefibft'applîqaoitàdonaer 
*>  fies  propres  penfées  aux  auteurs 
»  qu'il  dtoic ,  &  ne  fe  piquoit  pas 
M  d'une  fidélité  exaûe  en  les  dtant: 
»  H 1»  regardoit  comme  des  efda- 
»  ves  •  qu'il  avoit  droit  de  Êdxe 
*'  parler  à  fon  gré.  Le  père  dier- 
M  choit  à  infiruire  *,  le  fils  i  £âre  du 
¥*  bruit.  La  vérité  étoit  le  diarme 
>t  du  père  *,  la  nouveauté  étott  le 
»  charme  du  fils.  Dans  le  père  on 
M  admire  une  érudition  vafl^  >  msûs 
M  exprimée  avec  tant  de  clarté,  que 
t»  tout  s'entend,  tout  fe  retiemi 
n  on  admire  dans  le  fila  un  tour 
»  éblouifijint  »  des  peafée»  fing» 
*•  lieres ,  une  vivacité  qui  fe  fon^ 
n  tient  tottîôurs  »  &  qui  plaît  too- 
m  jours ,  même  dans  la  plus  maii- 
«>  vaifecaufe.  Lepereafintdebooi 
M  livres^  le  fils  a  €nt  des  livres 
••  curieux.  Leurs  cœurs  ont  été 
n  aufii  difFérens  que  leurs  efpriti. 
M  Le  père,  homme  de  probité,  réglé 
»  dans  fes  mœurs ,  né  par  malheur 
n  dans  la  feâe  Calviniile ,  a  eu  tos- 
>'  jours  en  vue  la  religion  dansfei 
M  études  *,  il  s'efi  détrompé  debeati- 
ti  coup  d'erreurs,  dt  il  a  a(^»roché 
M  de  la  foi ,  autaiu  que  la  raifos 
>'  ^  feule  en  peut  approcher.  Le  fils, 
»' libertin  de  cœur  &  d'efprtt  y  l 
V  regardé  la  religion  comme  la 
•»  matière  de  fes  triomphes;  il  ne 
M  l'a  étudiée  que  pour  en  chercher 
n  le  foible.  {Mèm.  dt  TrivonM^ 
n  Janvier  171 3  «<.)Koxc^  les  articles 
fuivans. 

m.  VOSSIUS,  (Dems)fils  du 
précédent  ,  auâfi  favant  que  fon 
père,  mort  en  1633  ,  à  ax  ans« 
étoit  un  prodige  d^érudicioa  \  mats 
fon  favoir  lui  fut  fiiiiefie\  car  il 
accéléra  fa  mort.  On  a  de  lui  de 
favantes  Noies  fitf  lé  livre  de  l'Ido- 
lâtrie du  Rabbin  MoyfeMm-Maimm^ 


vos 

inférées  dans  l'Ouvrage  de  foâ  père, 
fur  U  même  matière. 

IV.  yOSSlUS,  (  François  )  frcre 
du  précédent  ,  mourut  en  1645  , 
après  avoir  publié  un  Poëme  fur  une 
viâoire  navale  remportée  par  Tami- 
ral  Tromp, 

V.  VOSSIUS,  (  Gérard  )  troi- 
(emc  ÛU  de  Gérard- Jean ,  fut  Tun 
des  plus  favans  critiques  du  xvii^ 
fiede.  U  mourut  en  1640.  On  a  de 
lui  une  édition  de  Vdltius  Patercw 
ius^  avec  des  Notes,  à  Leyde,  1639, 
in- 16. 

VI.  VOSSIUS,  (  Matthieu  )  mort 
«n  1646,  iî-ere  des  précédens,  a 
donné  une  bonne  Chronique  de  Hol- 
lande &  de  Zéùmde ,  en  latin ,  Amf*  , 
terdam,  1680,  in-4^. 

VII.  VOSSIUS ,  (  lÉiac)  le  der- 
nier des  en£ins  du  célèbre  Foffius  ^ 
&  le  premier  en  érudition  ,  né  à 
Leyde  en  1618 ,  pafik  en  Angle- 
terre ,  où  il  devint  chanoine  de 
"Windibr.  Ses  Ouvrages  répandirer.t 
fon  nom  par  toute  l'Europe.  Louis 
XIV^  inftruit  de  fon  mérite,  char« 
gea  Colhert  de  lut  envoyer  une  let« 
tre  de  diange ,  comme  une  marque 
4e  fon  efime  &  un  gagfi  de  /a  proue- 
non.  Ce  qui  dut  le  plus  flatter 
Vogius^  ce  fut  la  lente  dont  ce 
miniftre  accompagna  ce  préfent.  U 
lui  difoit  que ,  «  quoique  le  roi  ne 
V  fût  pas  Ton  fouverain ,  il  vou- 
»  loàt  néanmoins  être  fon  bien- 
9  faiteur  ,  en  confidération  d'un 
«»  ncMn  que  fon  père  avoit  rendu 
»  illuilre,  &  dont  il  confervoit  la 
»  gloire  M.  V^vu  fe  rendit  fur- 
tout  célèbre  par  fon  zèle  pour  le 
fyllème  de  la  chronologie  des  Stf^ 
tante  ,  qu'il  renouvela  &  qu'il 
foutsnt  avec  chaleur.  Il  devoir 
donner  une  nouvelle  édition  de  la 
Verfion  de  ces  célèbres  interprètes  ; 
mais  il  en  fut  empêché  par  fa  mort , 
arrivée  le  xi  Février  1689 ,  dans 
£i  7X^  année.  Ce-  favant  avoit  une 
mémoire  prodigieufe  »  maisLil  inaa^ 


vos       419 

quoh  de  jugement.  Son  penchant 
étoit  extrême  pour  le  merveilleux. 
Rempli  de  doutes  fur  les  objets  de 
la  révélation ,  il  ajoutoit  foi  aux 
contes  les  plus  ridicules  des  voya^ 
gieurs.  U  s'entêta  de  la  prétendue 
antiquité  de  la  Chine ,  &  mit  l'hif- 
toire  de  ce  peuple  au-deffus  de  celle 
des  Hébreux ,  fans  s'embarrafler  des 
conféquences  que  les  incrédules  en 
tireroient,  ou  plutôt  pour  leur 
fournir  le  moyen  de  tirer  ces  dan*- 
gereufes  conféquences.  Charles  11^ 
roi  d'Angleterre ,  difoit  de  lui  :  Ce 
Théologien  efi  un  homme  Htn  éton-^ 
nanti  il  croît  à  tout ^  excepté  à  la. 
BiSLM,  »  Madame  Ma^arin ,  (  dit 
^  Mai\taux  dans  la  Vie  de  Saint». 
'Evremond)  »  fe  plaifoit  beaucoup  à 
>*  la  converfation  de  ce  favanc 
*>  homme  i  il  mangeoit  fouventches 
«  elle.  Elle  lui  faifoitdes  queflions 
»  fur  toutes  fortes  de  .fujets.  Voici 
>»  quelques  traits  de  fon  câraâerew 
f^  U  emendoit  prefque  toutes  lef 
*'  langues  de  l'Europe,  ât  n'en  par* 
*•  loit  bien  aucune.  Il  connpiàbix 
«  à  fond  le  génie  Se  les  coummes 
"  des  anciens  ,  &  il  ignoroli  les 
•»  manières  de  fon  fiecle.  Son  im« 
>*  poHtefle  fe  répandoit  jufque  fur 
»  fes  expreffions  \  il  s'ocprimoît 
»  dans  la  converfation ,  comme  il 
»  auroit  fait  dans  im  Commentaire 
n  fur  Juvenal  Ou  fur  Pétrone,  \\  pu- 
n  blioit  des  livres  pour  prouver 
»  que  la  Verfion  des  Septante  eft 
H  divinement  infpirée ,  &  il  té* 
»  moignoit  par  fes  entretiens  par* 
vt  ticuliers  qu'il  ne  croyoit  point 
»  de  révélÀon.  La  manière  peu 
>*  édifiante  dont  il  eft  mort,  ne 
n  nous  permet  pas  de  douter  de  fes 
»  fientimens...  Le  Doreur  Hafcard  « 
M  doyen  de  Windfor ,  l'étant  allé 
*•  viflter  (  à  la  mort  )  avec  le  doc« 
»  teur  JFichard^  un  des  chanoines» 
w  ne  put  jamais  l'engager  à  com- 
>9  munier ,  comme  c'eft  l'ufage  dis 
*f  l*Eglif€  anglicane,  quelque  for* 

Dd  ij 


410        VOS 

*»  tement  qu'il  en  prefl^t,  Jufqu'à 
♦»  lui  dire,  que   s  il  ne   le  faî/oit 
n  pas  pour    f  amour  de   Dieu  ^  îl  ie 
w  fit  du  moins  pour  Pkonneur  du  'Cha^ 
•>  pitre  «.  Malheureufcmentpourliii 
robfcénité  de  fes  Remarques  fur  jCi- 
tulU  y  &  certains  traits  de. 4- con- 
duite ,  prouvèrent  quels  épient  les 
principes  de  fes  iinpiétcs ,  &  cela 
ne  fervit  pas  à  accréditer  fa  façon 
de  penfer  auprès  des  gens  fages. 
On  a  de  lui  :  1.  Des  biotts  fur  les 
géographes    S:ylax  &   i^mponius' 
Mêla..,  I/aac  Fcjpus ,  (  dit  un  bon 
juge   en  cette  matière  ,  ^DUlffle  le 
géographe  ,  )  »  eft  un  de  ceuix  qui 
»  dans  ces  derniers  temps  c^>  tra- 
»♦  vaille  le'-plus  utilement  à  l*géo- 
*  graphie \\9i' quoique  fa  prétendue 
»  réforme  des  longitudes  nerlui  ait 
n  pas  fait  honneur ,  il  ne  laiife  pair 
»  d'y  avoir  d'excellentes,  recher^ 
**  ches  dans  fes  Ouvrages  gédgra- 
«I  phiques  ««.   II.   Comménialrts  fur 
Catulle  ,  publiés  cn  1684 ,  in-4^  , 
pleins  d'expreflions  libres  &  ûrdu- 
rieres.  On  prétend  même  qu'il  j 
fit  entrer  le  Trmté  De  PtofilbuUs* 
veterum    de  Beverland ,  avec  lequel 
H  étoit  trés-lié.  III.  Des  Obferva" 
àîons  fur  l'origine  du  Nil  &  des  au- 
tres fleuves.  IV.  Un  Traité  DtSh- 
iyllinis ,  alîlfque  ,  ^ua  Chrifti  nota* 
km  prttcejfere ,  Oraculîs  ,   Londres  , 
1685  ♦  in-4®.  V.  Des  £crtf5  contre 
Riâhard  SlMON.  VI.  De  Poëmatum 
4antu  &  viribus  Rithmî ,  à  Oxford  « 
1675  ,  in-8**.  VII.  Variarum  Ob/cr- 
ifatîonum  liber,  VIII.  Une  édition 
&es  Lettres   de  5.   Ifftace,  martyr. 
IX.  Plufieurs  Dîffertatîons  philofo- 
phiques  &  philologiques.  Il  aflfec- 
toit ,  connue  la  coutume  des  favans  , 
de  citer  fort  peu ,  fur-tout  lorfqu'il 
âvançoit   quelque  nouveau   para- 
doxe,  quoique  ce  foit  dans  ces  oc- 
cafîons  qu'il  faut  citer  fes  témoins. 
(  ^oyei  fon  caraf^ere  tracé  dans  l'ar- 
ticle de  Gérard-Jean  Vossws  fon 
père.  ) 


V  o  u 

VOSTERMAN  ,  (  Lucas  ]  g«^ 
▼eur  Hollandois,  mort  à  Anvers 
au  milieu  du  XV II"  fiecle.  Sts  Ef' 
tampes  font  très-recherchées ,  &  tei 
'  afiîgnent  un  rang  parmi  les  plus  ex- 
celîens  arnftes.  Il  a  beaucoup  con- 
tribué à  faire  connoître  le  mérite 
du  célèbre  Kubehs  ,  &  à  multiplier 
fes  belles  comportions.  On  adnire« 
dans  le«  Ouvrages  de  Voftermâm  » 
une  manière  expreffive  2c  beaucoup 
d'intelligence.  Il  ne  faut  pas  le  con- 
fondre avec  Lucas  VosTERMjy  î 
furnommé  le  Jeune  :  c'étoit  le  fils 
du  précéda At  rm^ais-  il  fut  bien  infé* 
rieur  à  (on  père. .  '' 

VOÛÉT ,  (Simon ) peîntrè>  nft' 
à  Pins  en  1^82  ,  mort  dans  b 
mêfmê  ville  vers  1649,  âgé  de  y9 
ans,  n'en  avoit  que  14 ,  lorfqu'on 
le  chargea  d'aller  peindre  uite  dame 
qui  s  ^toit  retirée  en  Angleterre.  A 
l'âge  ^<^ao  ans ,  il  accompagna  Har* 
lay  baron  de  Sancy  ,  ambafiadeiirà 
Conftantinople,  Ce  peintre  vit  une 
fois  legrand-feigneur  Achmet  /,;& 
cela  lui  fuffit  pour  le  'JgÛÉf^'^ 
mémoire  ,  très  -  rcfieîmlm!  Tôm» 
paffa  en  Italie  »  où  il  demeura  plu« 
fieurs  années.  Il  y  fit  une  étude 
particulière  des  Ouvrages  de  K^- 
lentin  &  du  Caravage,  Plufieurs  car- 
dinaux voulurent  avair  des  ûens,  & 
lui  {HTocurerent  la  placé  de  peinte 
de  l'académie  de  Saint-Luc  à  Rome; 
Le  roi  Louh  Xlll ,  qui  lui  avoit 
déjà  accordé  une  penfion  ,  le  fit 
revenir  «  le  nomma  fon  premier 
peintre,  &  le  logea  au^  galeries 
du  Louvre.  Ce  prince  goûcoit  beau- 
coup de  plaifir  à  lui  voir  manier 
le  crayon  ,  lorfqu'il  peignoit  efl 
paftçl.  U  prit  même  des  leçons  de 
lui ,  &  il  réufiit  en  peu  de  temps 
à  £^ire  des  Portraits  re0enib1^ 
Voutt  s'étoit  &it  une  nÂxiife06^ 
expéditive.  On  a  li^u  d*être  étonné  ' 
de  la  prodigieufe  quantité  d'Ou- 
vrages qu'il  a  laifies.  Accablé  de 
tt4Yiyil  I  il  i^  «oiitçnjKoù  fauveat 


.      vo  u 

et  ne  faire  que  les  deifîns  fur  lef- 
^uels  fes  élevés  travaiUoient ,  & 
qu'il  retouchoitenfuite  ic'eft  pour- 
quoi on  voit  plufieursde  fes  Ta- 
bleaux peu  eftixnés.  Ce  maitte  in- 
ventoic  facilement  &  confultoit  U 
nature.  On  remarque  dans  quelques- 
uns  de  fes  Ouvrages ,  un  pinceau 
frais  &  moelleux  -,  mais  la  trop 
grande  aâivité  avec  laquelle  il  tra- 
,  vailloit ,  Ta  fait ,  pour  l'ordinaire  y 
tomber  dans  le  gris.  Il  peut  être  re- 
gardé comme  le  fondateur  de  l'Ecole 
Françoife.  La  plupart  de  nos  meil- 
leurs maîtres  prirent  de  {es  le- 
çons. On  compte  parmi  fes-éleves, 
à  Sueur ,  U  Brun  ,  Molle ,  Perrier , 
A£gnart,  Dorigny  le  père  ,  Tefielin  , 
Dufrefnoy ,  &  plufieurs  autres.  Saitu* 
Aubin  VouET  étoit  fon  frère  &f on 
difciple.  Les  principaux  Ouvragés 
de  Simon  Voua  font  à  Paris*,.  Voy«i 

VOET. 

VOUGN  Y,  (  Louis-Valcntin  de  ) 
confeiller  f  clerc  au  parlement  de 
Paris  «  (^  patrie ,  &  chanoine  de 
Notre-Oame ,  mort  en  1754 ,  à  49 
ans  ,  a  traduit  une  partie  du  Spac 
fio  de/la  Beftia  de  Jordatfo  Bruni, 
fous  ce  titre  :  Le  Ciel  réformé  ,1754, 
in>i2.  La  Traduâion  ne  donne  pas 
grande  envie  de  recourir  à  l'ori^ 
ginal ,  quoique  les  curieux  le  re- 
cherchent. 

VOV^^ERMANS,  Voy.WAV- 

ITERMANS. 

VOYER,  Cherckei  LlGNE«.OL- 

Les 

I.'  yOYER  DE  Pauimy  , 
(  René  de  )  chevalier  ,  feigneur 
d'Argenfon ,  étoit  fils  de  Pierre  dç 
Foyer  chevalier  ,  feigneur  d*Ar* 
gtnfon  f  (terre  entrée  dans  fa  maifon 
pat^  grand *mere  paternelle ,  )  gen- 
tilhomme ordinaire  de  la  chambra 
du  roi ,  d'une  ancienne  maifon  ori- 
ginaire de  Touraine.  ^  naquit  en 
1596  ,  &  alla  d'abord  apprendre 
k  métier  de  la  guerre  en  Hollande, 

Aon  h   ineiliçur?  Ecole  mili». 


V  O  Y        41Î 

taire  de  l'Europe.  Mais  l'autorité  - 
de  fa  mère    Elîfahah    ThérauU  de  * 
Chivemi ,  niece  du  chancelier  de  ce 
nom  ,  les  conjonâures  des  affaires 
générales  â^es  fiennes  ,  des  efpé-   ^ 
rances  flatteufes  &  prochaines ,  lui   W 
firent  quitter  l'épée  pour  la  robe. 
U  devint  confeiller  au  Parlement 
de  Paris  en  1619  ,  puis  maître  des 
requêtes  &  intendant  de  plufieurs 
provinces;  hts   befoins  de   l'état 
le  firent  encore  changer  de  pofle  ;  ^ 
6c  on  lui  confia  toujours  les  plus 
difficiles.  Quand  la   Catalogne  fe 
donna  à  la  France ,  il  fut  mis  à  la 
tête  de  cette  nouvelle  province» 
dont  l'adminiflration  demandoit  ui\ 
mélange  finguUer  &  prerque  uni- 
que ,  de  hauteur  &  de  douceur , 
de  hardieile  &  de  circonfpeâion^ 
Dans  un  grand  nombre  de  mar* 
ches  d'armées  ,   de  retraites ,  d^ 
combats ,  de  fiéges ,  il  fervit  au<» 
tant  de  fa  perfonne ,  &  beaucoup 
plus  de  fon  efprit,  qu'un  homme 
de  guerre  ordinaire.    L'enchaîne* 
ment  des  affaires  l'engagea  aufli  dan^ 
des  négociations  délicates  avec  des 
PuifTances  voifînes  ,  fur- tout  avec 
la  maifon  de  Savoie  ,  alors  divifée. 
Enfin  ,  après  tant  d'emplois  &  de 
travaux ,  fe  croyant  quitte  envcri 
fa  patrie ,  il  fongea  à  une  retraite 
qui  lui  fût  plus  utile  que  tout  ce 
qu'il  avoit  fait.    Comme  il  étoit 
veuf,   il  embrafTa  l'état  eçcléfiLi- 
tique  ;  mais  le  deffein  que  la  cour 
fprma  de  ménager  la  paix  du  Turc 
avec  Venife ,  le  fit  nommer  am- 
baiTadeur  extraordinaire  vers  cettt 
république.  U  n'accepta  cet  emploi 
que  par  un  motif  de  religion  ,  à 
condition  qu'il  n'y  feroit  pas  plus 
d'un  an ,  &:  que  quand  il  en  for* 
tiroit,  fon  fils  ,  que  l'on  Esifoit; 
dçs-lors  confeiller  d'état ,  lui  fuc-* 
céderoit.  A  peine  étoit-il  arrivé  à  • 
Venife  le  14  Juillet  165 1  ,  qu'il  fut 
pris,  en  difant  la  Méfie  >  d'une  fièvre 
violente   dont   il  mourut.   Ôq  a 

D  d  U]  • 


411        V  O  Y 

ëe  lui  un  Tréîtd  de  U  Sapfft  Chri» 
tienne ,  &  une  Traduûion  de  Vlmi» 
ution  ie  7.  C 

IL  VOYER  DE  PAULMr  , 
^  (  René  tle  )  fils  du  précédent ,  che- 
"  Tôlier ,  feigneur  4^' ^r^/i/bn ,  comte 
de  Rouffiac  ,  fut  confeillier  au  par- 
lement de  Rouen ,  puis  makre  des 
requêtes  ,  confeiller  d'état    ordi- 
naire. Il  fuccéda  à  Ton  pcre  dans  la 
qualité  d'ambafladeur,<pi*tl  remplit 
jusqu'en  165  5 ,  &  mourut  en  1700 , 
âge  de  70  ans.  Le  fénat  de  Venife 
lui  accorda  &  à  f es  defcendans ,  la 
permiffion  d'ajouter  fur  le  tour  de 
îes  armes,  celles  de  la  république , 
avec  le  lion  de  S.  Marcpouxàmics, 
IlL  VOYER  jDE  Paulmï  , 
'(  Marc -René  de  )   chevalier  & 
marquis   à*Argen/on,    vicomte   de 
Mouzé  ,  &c. ,  étoit  fils  du  précé- 
dent. U  vit  le  jour  à  Venife  en  16  5  2. 
La  république,  qui  voulut  être  fa 
marraine,  le  fit  chevalier  de  Saint- 
Marc  ,  &  lui  donna  le  nom  de  cet 
Apôtre.  Après  avoir  occupé  une 
charge  de  maître  des  requêtes,  le 
foi  lui  donna  celle  de  lieutenant- 
général  de  police  de  Paris.  Sous 
lui  la  propreté  »  la  tranquillité  , 
,    l'abondance ,  la  fureté  de  la  ville  fii- 
fent  portées  au  plus  haut  degré. 
Auffi  Louis  XÏV  fe  repofa-t-il  en- 
éérement  de  ià  capitale  fur   fes 
foins  j  il  lui  auroit  rendu  compte 
d'un  inconnu  qui  s'y  feroit  gliflé 
dans  les  ténèbres.  Pendant  la  chené 
cxc^ve  des  denrées  en  1709  ,  le 
magifbat  Au  pourvoir  aux  befokis 
du  peuple»  &  calmer  fes  émotions 
paflageres.   Un  jour  étant  affiégé 
dans  une  maifon   à  laquelle   une 
troupe  nombreufe  vouloit  mettre 
le  £bu  »  il  en  fit  ouvrir  la  porte , 
fe  préfenta,  parla  ,  &  <q>paifa  tout. 
Soa  courage  &  fii  présence  d'ef- 
prit  ne  paroifloient  pas  moins  dans 
les  incendies.  S'y  trouvant  toujours 
des  premiers ,  il  donnoit  des  ordres 
pour  Içs  fecQurs ,  &  des  exemples 


VOT 

de  bravoure  qui  engag^oîenr  li^ 
plus  timides  à  braver  le  péril  A 
l'embrafement  des  chantiers  de  la 
porte  SaiotBemard  à  Paris ,  il &!' 
loit  pour  prévenir  un  incendie  gé* 
néral ,  traverfer  un  efpace  de  chc 
min  occupé  par  les  fiammes.  Des 
détachemens  du  régiment  des  Gardes 
héfitoient  à  tenter  ce  pafiage  ;  ^Ar* 
fUmfon  le  firaochit  le  premier,  fefit 
fuivre ,  &  l'embrafement  cefia- 11 
eut  une  partie  de  fes  habits  brûlés 
&  fiit  plus  de  vingt  heures  dans 
une  aâion  continuelle.  Son  zeU 
dans  l'adminiflration  de  la  police 
fut  récompenfé  par  la  dignité  do 
confeiller  d'état.  U  entra  enibita 
dans  les  affaires  les  plus  inrpoi> 
tantes  \  &  enfin  au  commencement 
de  1718 ,  il  fut  fait  garde  des  fceaux» 
préfidcnt  du  confeii  des  finances» 
&  en  1720  rainifire  d'état.  Oblige 
de  remettre  les  fceaux  la  mêint 
année  »  il  fe  confola  dans  la  re- 
traite ,  de  la  perte  de  fes  places  ^ 
en  méditant  en  Chtérien  fur  le  néant 
de  la  grandeur.  Il  mourut  l'année 
fiiivante  «  (  le  8  Mai  )  membre  d« 
l'académie  Ftançoife  &  de  celle  des 
Sciences ,  âgé  de  69  ans.  Ce  nû* 
nifire  étoit  une  homme  d'un  grand 
courage  dans  les  difficultés ,  d\inf 
expédition  prompte ,  d'un  travibl 
inéitigable  ,  défintérefiTé ,  ferme  % 
mais  dur  »  fec  &  defpotique.  Con- 
fidéré  comme  homme  de  fodété  ; 
il  étoit  plus  aimé  &  plus  aimable» 
Il  avoit  une  gaieté  namrelle.une 
vivacité  d'efprit  heureufe  &  fé- 
conde en  traits  qui  feuk  auroienè 
fiùt  une  réputation  à  u&i  homme 
oifif.  Il  diôoit  à  trob  ou  quatre 
iècrétaires  à  la  fois  *,  &  fouvem 
chaque  lettre  eût  mérité  parïa  ma- 
tière ,  d*être  faite  à  part,  &  icmbloir 
l'avoir  été. 

IV.  VOYER  DE  Pavlmt» 
(  Marc-Pierre  )  comte  éArptifcn  » 
fils  du  précédent,  &  àé^Mar^funA 
U  Fcvu  ie  Catméutin ,  naquis  à  Ptf 


V  O  Y 

en  i$96.  Après  avoir  pâiTé  par 
difFérens  emploie,  où  il  prouva  Ton 
exaûitude  &  Ton  intelligence,  il 
fot  nommé  lieutenant  •  général  de 
police,  &  chef  du  confeil  du  duc 
^OrUat^^  régent.  (  V^y,  IL  CoR- 
siN£LLi.  }  Les  occupadons  de 
cette  dernière  charge  Toblig^wit 
deie  démettre  de  la  première^  & 
le  roi  ,  en  acceptant  fa  démiffion , 
le  nomma  en  1724,  confeiller  d'état; 
Le  chancelier  étAçueffcau  travailloit 
;^ors  à  la  rédaéHon  des  Ordon- 
nances &  ^es  Lois»  avec  plufieurs 
magiffarats  diflingués ,  au  '  nombre 
defquds  il  admit  M.  éCArgmfon, 
L*admini(lration  de  la  Librairie  lui 
fut  confiée  peu  de  temps  après  ;  & 
dans  cette  place  il  travailla  en  même 
temps  à  fa  propre  gloire  &  à  celle 
des  lettres.  Il  pa(fa  enfuite  au  mi- 
fixAere  ;  il  eut  le  département  de 
la  Guerre  «  la  furintendance  des 
Poftes.  La  fameufe  campagne  de 
Bohème  avoit  anéanti ,  pour  ainfi 
dire ,  Tarmée  Françoife.  Le  nou- 
veau miniflre  remédia ,  par  fes  foins 
&  par  fon  adHvité ,  à  tous  les  maux 
^ue  les  troupes  avoient  éprouvés. 
11  compléta  les  régimens,  il  en 
augmenta  le  nombre ,  il  forma  les 
Grenadiers  royaux  j  enfin ,  il  établit 
l'Ecole  militaire.  Difgracié  en  17  5  7 , 
par  les  intrigues  de  Madame  d^ 
Pompadour ,  il  donna  la  démiffion 
de  fa  place  de  fecrétaire  d'état  & 
de  la  furintendance  des  Pofles.  U 
fe  retira  à  fa  terre  àti  Ormes,  où 
il  oublia ,  dans  le  fein  de  la  phf- 
lofophie ,  les  honneurs  &  les  di- 
gnités qu*il  avoit  perdus.  Il  y  mou- 
rat  en  1764.  Pluûeurs  gens  de  lettres 
le  viûterent  dans  fa  retraite.  Il  les  re- 
cevott  avec  une  honnêteté  qui  étoit 
encore  moins  celle  d'un  homme  du 
grand  monde ,  que  d'un  homme 
naturellement  ^bon.  Sahs  avoir  une 
vafte  littérature,  il  avoit  l'efprit 
orné  &  une  heureufe  fecilité  de 
parler.  On  g  rapporté  fuelques- 


V  R  A        4if 

unes  de  fes  faillies.  Lorfque  Mow 
m/,  auteur  de  VHîftoirt  des  Chats  ^ 
voulut  l'engager  à  demander»  après! 
la  retraite  de  VoUaîn  en  Pruffe ,  fa 
place  A'Hlftoriographei  — tiîflono^ 
papU ,  lui  dit  le  miniflre  en  plai- 
fantant ,  Feus  voule^  dire  :  Hifiorio^ 
grîpht.  Son  frère  René-Louis ,  mar- 
quis d'Argenson  ,  miniflre  des 
affaires  étrangères,  étoit  mort  en 
17 5  6.  Celui-ci  étoit  un  bon  poli- 
tique &  un  excellent  citoyen.  It 
avoit  un  efprit  agréable ,  qu'il  à  voie 
perfeâionoé  par  la  leâure.  Commç* 
Il  avoit  la  fagefTe  de  ne  pas  le  pro* 
diguer  aux  jeux  de  quelques  cour- 
tifans ,  ils  f'appeloient ,  auiH  fotte- 
ment  qu'iniufîement ,  d'Argenfon  la 
Béte,  Nous  avons  de  lui  des  Con^ 
fiiératlonsfurU  Gouvernement ,  1765  ; 
in- 8®  &  in-ii ,  qui  font  d'un  phi* 
lofophé  éclairé  &  d'un  miniflre 
humain. 

VRAC  bu  Bozssov ,  (  fean  )  n^ 
à  Paris  en  1704  ,  d'une  famille 
originaire  d* Alface ,  étudia  d*a(bo^d 
les  mathémadques  dans  la  vue 
d'ejptrer  dans  le  Corps  du  Génie  § 
mais  il  s'attacha  enfuite  à  l'archi^* 
teéhire  ,  par  le  confeil  de  Bof^ 
/rofli,  premier  ingénieur-des  Ponts 
&  Chauffées  de  France.  Afluré  d« 
la  capacité  6c  des  talens  de  fofi 
f  levé ,  cet  habile  maître  lui  confia 
la  conduite  du  fameux  Pmti  dit 
Bicêtre-,  il  fut  fi  content  de  foft 
coup  d'efTai ,  qu'il  le  fit  nommer 
à  la  place  d'infpei^eur ,  &  peu  dé 
temps  après  à  celle  d'entrepreneiU? 
dà  bâtimens  des  Hôpitaux.  Frak 
du  Buiffon  eut  alors  lieu  de  tra- 
vailler d'après  lui-même.  Parmi  léi 
opérations  de  ce  génie  inventif, 
on  ne  doit  pas  oublier  la  Cîter/îe 
de  Port  -  royal  ,  qu'on  regarde 
comme  un  chef  -  d'oeuvre  en  fon 
genre ,  par  la  £»cilité  que.  Tarchi- 
teâe  a  donnée  aux  eaux  du  ciel 
de  s*y  rendre ,  malgré  l'es  inéga- 
lités du  terrain  :  fecours  d'autant 


4M         V  R  I      . 

plus  impoftaot ,  qu'il  ferait  très- 
difpcndieux  de  çreufer  des  puits 
4ans  cet  endroit  le  plus  élevé  de 
la  capitale ,  &  plus  difficile  encore 
d'en  tirer  de  l'eau  pour  les  befoins 
de  cette  abbaye  &  de  Tes  jardins. 
11  fe  diftii^ua  fur-tout  par  la  fo- 
lidité  de  ia  bâtifie  &  par  fon  éço- 
9i0)mie,  deux   pardes   eflentielles 
fdans  rarchiteôure.  la  folidité  de 
^  bâtiffe   fe  fait  remarquer  dans 
)es  vaftes  édifices  aioutés  à  l'Hô- 
pital général ,  dans  ceux  des  Emt 
JârU'Trouyés ,  au  Parvis  Notre-Dame 
Si     au    faubourg    Saint  -  4ntoinef 
3Le  goût   popr  l'économie  domi- 
fioit  en  luji  au  point ,  qu'avant  dç 
produire  au  grand  jour  quelques- 
unes  de  fes  npuvi^lles  inventions , 
il  en  ^ifoit  exçcuter  les  modeleç 
â  fes  frais^  Ç'eft  d'après  des  eflajs 
finû  répétés  ,  qu'il  fit  conftruire  , 
dans  une  forme  nouvelle  &  plus 
avantageiife,  les  Fours  à  cuire  le 


V  U  L 

Franeker,  &  de  136  profeffeuis 
qu'elle  a  eus  depuis  fon  étabhfb- 
mentjufqu'à  l'an  17  ^S. 

VULCAIN  ,  ou  MuLciBEH  , 
Dieu  du  Feu ,  fils  de  Jupiter  &  de 
Junon,  Comme  il  étoit  extrêmement 
l^id  &  mal-Êôt,  auff-tôt  qu'il  fiit 
né  »  Jupiter  lui  donna  un  coup  de 
pied ,  &  le  Jeta  du  haut  en  bas  du 
ciel.  VuUàin  fe  cafla  la  Jambe  en 
tombant.  Cet  accident  le  rendit 
boiteux  \  mais  il  ne  Temp^a  pas 
d'époufer  Vénus  ,  qui  ne  lui  fii| 
guère  fidelle.    Vulcaln  fiit  le  for- 

?;eron  des  pieux  :  il  foumiflbit  de$ 
budres  à  Jupiter ,  des  armes  à  Mars  , 
^  tenoit  fes  forges  dans  les  ifles 
4e  Lypare ,  de  Lemnos ,  &  au  fond 
du  Mont-Etna.  Les  C^ dopes  y  fe^ 
forgerons  ,  qui  n'avoient  quui| 
oeil  au  milieu  du  firon$,  travailr 
}oient  cqntintteUement  fous  lui. 
On  lui  donna  le  nom  d^  MUr 
çlber ,  parce  qu'Jl  amoUiffpit  le  fer* 


pain  djes  Pauvres,  dans  la  Maifotp  dans  le  feu.  Les  Vulcanales  étoien$ 

4t    Sciplon    du    Êiubourg    Saint-  des  fêtes  en  fon    honneur ,  penr 

l^iarce^u^  fy  les  Moulins  de  THô-  dant  Içfquelles  on  couroit   dans 

pital  général.  Ce(  habile  arehiteûç  les  rues  avec  des  torches  allumées  > 

louifToit  de  la  plus  brillante  repu-  Çc  l'on  faifoit  dans  les  places  pur 

fation  parmi  les  grands  maîtres  de  bliques  ,  de   grands  feux  où  l'oa 


l'art ,  lorfque  la  mort  l'enlev^  en 
iX762 ,  après  une  faigi^ée  légère-» 
fnent  demandée, 

VRIEMOÉT  ,  (  Emo'Lufiuf  ) 
~  Frotefiant ,  né  à  Embden  dans  la 
Trife,  en  1699  ,  fiit  miniftr«,puis 
profeiTeur  des  langues  orientales 
pi  des  antiquités  hébraïques,  à 
Franeka*^  où  il  mourut  en  17.64. 
Ses  principales  produâions  font  : 
I.  Un  Recueil  aObfervations  Phi- 
fo/op/iiques  &  fhéologlques ,  en  latin  , 
l^euvarde  ,  1740  ,  in-4^.  IL  ^ra-  ^ 
fi/mus ,  exhibent  Grammaticam  arabi' 
fdm»  Acceffere  monumenta arabica^  &c, 
^raneker,  1733»  in-4°.  III.  Tiro- 
finium  Hebrdifmi^  Franeker,  154:^ , 
^n-i2.  IV.  Athenarum  Frifiacarum 
fjhri  duo ,  Leuvarde ,  1758 ,  in-4**. 
f -fft  l'hfft9ij:ç  dç  l'univerfiiç   dç 


jetoit  des  pLnimaifx  vivans ,  pouç 
fe  rendre  ce  Dieu  favorable.  Voy^ 
Mars  ,  Vénus  6»  Junon. 

VyLCANIUS,  (Bonaventurc) 
né  à  Bruges ,  &  mort  en  16 14 ,  âgé 
ide  77  afts  ,  à  Leyde  où  il  étoit 
profeâeur  de  grec,  fut  un  affe^ 
bon  littérateur  pour  fon  temps.  U 
fe  laifia  entraîner  par  les  erreurs 
du  Isuthéranifme ,  ^  il  employ?i 
quelquefois  fa  plume  pontre  l'Eglife 
Catholique.  Ses  principaux  Our 
vrages  font  :  L  Une  Verfion  mé- 
diocre de  CalUmaque ,  de  Mo/ch^t 
&  de  Bien  y  in- 12.  U.  Unebomve 
édition  d*Arrien  ^  qui  a  été  enfuie 
corrigée  &  augmentée  par  Nicole 
Blanchard  ^  c'é^  celle  qui  eft  C0I(- 
nue  fous  le  nom  de  Fariorum,  II). 
Une .  édition  d'Agat/ùat    le  Sc^ 


J 


V  u  t 

laftique  >  fur  le  règne  &  la  vie  de 
JujBnim^  avec  un  bon  Commen- 
taire :  elle  a  été  imprimée  au  Louvre 
en  1660,  in-foK 

VULSON,  (Marc de)  fieur  it 
la  ColombUn ,  de  la  religion  Pré- 
tendue-Réformée ,  &  gentilhomme 
ide  la  chambre  du  roi ,  mourut  en 
1658.  Ayant  un  jour  furpris  fa 
'  femme  en  adultère ,  il  la  tua ,  elle 
ta  fon  galant  ;  puis  il  vint  en  pofte  à 
jParis  folliciter  fa  grâce ,  qu'il  ob- 
tint. Cet  événement  arriva  à  Gre- 
noble en  161 8.  Depuis,  on  mena- 
içoit  dans  cette  ville  les  femmes 
coquettes  >  de  la  Vulfonadcp  Ses  Ou-  ' 
yrages  font  :  I.  X^  Science  héroïque , 
fraitant  de  la  Ifohleffe ,  iU  l^orî^ne 
des  Armes ,  &c.  in-fol. ,  Paris ,  chez 
Cramoîfy  ,  1644.  Cet  ouvrage  fiit 
augmenté  &  réimprimé  dans  la 
jnême  ville  en  1669.  C'eil  la  plus 
j^Ue  $  la  meilleure  édition  de  ce 


V  u  L        41Ç 

livre,  l'un  des  plus  finrans  que 
nous  ayons  pour  la  fidence  du 
Blafon.  IL  RÙaûlde  pbfaas  Pteas 
^  fS"^^  d'Armûties,  în-foL  ,  Finis  , 
1689.  m.  Le  rhé£aeX1ummar&  it 
Cavalme ,  ou  iis  Mîwoir  Ufiùt^ptt  de 
la  Nobl^tf  commmu  Us  eaméais^ 
Ui  trîoa^kes,  les  tammoîs  ,  lespmus^ 
les  armes  ^  Us,  tamm/ds  ^  les  eamfea 
de  haffies ,  Us  gages  des  hmtmlUs  » 
Us  cartels^  Us  isds^  lesd^rudmkms 
de  NchUgk»  &iC.P^,  1^>  X 
vol.  in-foUo  :  onviage  cmîeinc  & 
très-utile  pour  coonoitre  le  oété* 
monial  de  l'ancieiiiie  Clievalâne« 
&  pour  limclligeiice  et  nos  vieocc 
Romans. 

WLTC7RNE,  Ventqa'on  cxoit 
(tre  le  même  <|a*£Jm.  Cctoit 
auiH  le  nom  d'un  Diea  adoré  a 
Rome,  en  llionnenr  duquel  il  y 
avoit  des  Cites  qa'on  netomoit  Vvi^ 


4^6 


mimmm 


w 


w. 


^  ACE  ou  ▼aice  ,  (  Robert  ) 
poète  François ,  de  l'tik  de  Jerfey , 
fiit  clerc  de  la  chapelle  &Henri  II, 
loi  d'Angleterre,  &  chanoine  de 
Bayetiz.  Il  vivoit  vers  le  milieu 
du  douzième  ficelé.  Il  eft  auteur 
db  Roman  de  Rhou  &  dis  Ducs  àt 
JNormandU ,  écrit  en  vers  françois. 
Ce  livre  eft  utile  pour  connoitrc 
les  ufageS ,  la  propriété  &  la  figni- 
ficacion  de  beaucoup  de  termes  i 
enfin,  pour  certains  éits  hiftoriques 
de  (on  tempSé  11  éft  iioanufcrit  dans 
la  Bibliodieque  du  i^oi  de  France  » 
fous  le  ticre  cî-defiTus  défigné  ;  & 
dans  celle  du  roi  de  la  Grande- 
Bretagne  ,  fous  le  titre  de  'Roman 
des  Rois  iTAngieunt,  (  Voyez  A*- 
hGottuca  BibUothu,  Mjf,  de  Dom 
de  Montfaucon^  tonu  1.  pag.  617.) 

I.  WADING.  (  Pierre  )  naquit 
à  >X^aterford  en  Irlande ,  l'an  1 5  86  , 
À  fe  fit  Jéfuite  à  Tournai  en  i6oj. 
Il  enfeigna  la  théologie,  paride  à 
Prague,  partie  àLouvain ,  pendant 
16  ans  ;  &  fut  chancelier  des  Uni- 
verfités  de  Prague  6c  de  Gratz  en 
Stirie.  Il  vécut  tong-temps  en  Bo- 
hême ,  &  dans  d'autre!  lieux  des 
pays  héréditaires  He  l'empereur  ; 
&  par-tout  fon  (avoir  &  fa  piété 
lui  attirèrent  une  vénération  fin- 
guliere.  Il  mourut  à  Gratz  en  1644  « 
laiiTant  divers  ouvrages  en  latin. 

II.  WADING ,  (  Luc  de)  Corde- 
lier  Irlandois ,  fe  fixa  à  Rome , 
a'y  fit  eftimcr  par  fa  probité  ,  & 
mourut  dans  cette  ville  vers  Tan 
1655.  Il  eft  auteur  :  I.  Des  An^ 
pta/es  de  fon  Ordre,  dont  la  meil- 
leure édition  efi  celle  de  Rome , 
173 1,  &  années  fuivantes,  en  17 
vol.  in- fol.  II.  De  la  Bibûotheque  des 
Ecrivains  qui  ont  été  Cordeliers, 


1650  ,  in-fol. ,  parmi  lesquels  oA 
en  trouve  plufieurs  qui  s'ont  pai 
porté  l'habit  de  Saint  -  François^ 
Cet  Ouvrage  eft  cependant  urile  ^ 
ainfi  que  (es  Annales,  quoiqu'on 
reptoche  quelques  Êiutes  â  Tauteun 
L'enthou(îa(me  pour  fon  Ordre  lui 
a  £ait  répéter  plufieurs  febles ,  di- 
gnes des  fiecles  d'ignorance.  Il  avoit 
plus  de  piété  que  de  critique.  Lé 
Père  CaJIel ,  RécoUet ,  a  donnéun. 
ailez  bon  Abrégé  des  Annales ,  en 
4  voL  Le  Père  François  HanU  ^ 
Cordelier,  aVoit  dé)à  donné  vn» 
Continuation  &  un  Abrégé  de  cel 
Ouvrage ,  en  2  vol.  in-folio.  Le 
même  écrivain  a  continué  &  corrigé 
la  Bibliothèque  de  JTading. 

\l^A£RB£K,  FoyeiVzKKivs. 

WAGENSEIL,  (Jcan-ChriÔo- 
phe)  né  à  Nuremberg  le  26  No« 
vembre  1635  ,  fiit  choifi  pour  gou- 
verneur de  quelques  gentilshommes» 
11  Voyagea avic eux  en  France,  en 
Efpagne,  dans  les  Pays-Bas,  en 
Angléteire  & .  en  Allemagne,  &  { 
par  -  tout  il  fe  ût  des  amis  zélés.  ' 
Louis  XIV  lui  donna ,  en  diverfes 
occafions  ,  des  marques  de  Ton 
efiime ,  &  lui  fit  trois  préfens  con- 
fidérables.ï>e  retour  eu  AUenu^e, 
il  devint  profefieur  en  hiftoire  >  en 
droit  &  en  langues  orientales,  à 
Altorf ,  &  bibliothécaire  de  l'uni- 
verfité  de  cette  ville.  On  r  ùl  Fie^ 
imprimée  à  Nuremberg  ,  17 19  » 
in -4^.  Ses  principaux  Ouvrages 
font  :  I.  Un  Traité  plein  de  recher^ 
ches  :  De  Uthe  Noriberga  ,  in  -  4**, 
II.  Fera  Librorum  juyailîum  j  in-12: 
c'efi  un  Cours  d'Etude  pour  [les 
En&ns.  III.  Tela  ignea  Satanée  » 
Amfterdam ,  168 1 ,  en  2  voLin-4^* 
Ceft  un  recueil  des  Ouvrages  des 


W  AG 

5in&  contre  k  ChriilittnUiiit ,  avec 
la  réfatation  ;  il  eft  curieux  &  mile. 
Ce  (avant  mourut  le  9  Oâobre 
1707  *  à  71  ans. 

'WAGNER  ,  (Jean -Jacques) 
médecin  Suifle  ,  né  en  164 1  ,  fut 
i3ibIiotfaécaire  de  la  ville  de  Zu- 
rich ,  &  membre  de  l'académie  des 
Curieux  de  la  Nature ,  à  laquelle  il 
communiqua  beaucoup  de  Mémoi- 
res. Il  mourut  en  1695 ,  après  avoir 
publié  Htfiorta  N:uuralis  HtlvetU 
£unofa^  Zurich,  x6So»  in- 12.  Ray 
en  a  profité  dans  quelques-uns  de 
fes  Ecrits* 

U^AGSTAFFE,  (  Thomas  )  chan^ 
cèlier  de  l'Eglife  cathédrale  de  lich* 
£eid  ,  &  habile  médecin  Anglois , 
né  en  1645 ,  mort  en  17 12 ,  devint 
Itiffragant  d'Ipfwicl^.  On  a  de  lâi 
plufièurs  Ouvrages  »  eilimés  des 
Anglois. 

WAlCE,rfly«^WACE. 

>»^AK£,  (Guillaume)  arche- 
vêque de  Cantorberi ,  né  en  1657  « 
&  mon  à  tambeth  en  1737 ,  ei 
connu  par  divers  Scrmans^^  &  par 
plufieurs  JEcrÂcr  de  controverfe  con« 
tre  Boguu,  Cet  auteur  avoit  du  favoir 
&  du  zcle. 

WAL^US,  (Antoine)  né  à 
Gand  le  3  Oôobrc  Ij73  ,  d'une 
fiimille  illuftre  dans  la  magiflrature , 
mort  le  6  Juillet  1639  ,  parcourut 
les  principales  villes  de  France ,  de 
Suifle  &  d'Allemagne.  De  retour  en 
Hollande  ,  il  y  ftit  pefteur  en  divers 
Keux.  Il  fe  déclara  en  faveur  des 
Contré  '  Remontrans  ,  &  obtint  une 
chaire  de  profefleur  de  théologie  à 
Lieyde.  On  a  de  lui  pHiiieurs  Ou- 
vrages de  théologie  &  de  contro- 
verse. Ceft  lui  qui  a  fait  la  plus 
grande  partie  de  la  Tradition  fla- 
mande delà  Bible ,  qui  fiitentreprife 
par  ordre  des  Etats ,  &  qui  parut 
pour  la  i'*  fois  en  1637.  Prefque 
tout  le  Nouveau  Teftament  eft  de  la 
tradttôion  de  WaUut.  On  a  encore 


de  tin  :  Compendium  Etfuùt  Arîjlow 
fieit ,  Leyde ,  1636 ,  in^».  ^ 

\rALDEMAR ,  (  Marguerite  de) 
F4>yq[  MAEpVEaiTE,  n'^  IL 

^ALDENSIS, (Thomas)  f^>r^ 
Nette». 

WALEF  ,  (BlatTc-Henri  de 
G>rte,  baron  de  }•  lieutenant  gêné» 
rai  au  fer vico  d'Angleterre  en  I7r4  ; 
&  quelque  «emps  aptes  colonel  de»- 
Dragons  en  Hollao^,  né  proba^ 
Elément  à  Liège  en  1652  4  comme 
il  l'infinue  dansun  de  fes  Ouvrages, 
&  mort  dans  cecfe  viHe  le  22  JAillet 
1734;  avoit  de  grandes  difpcfi- 
tions  pour  la  poéfie  ;  mais  il  m^n-« 
quott  d'un  ami  ou  d'uit  xnaîtce 
rigide  *  pour  régler  les  écarts  d'une- 
imagination  féconde  &  prefque  tou» 
jours  gigantefque;  II'  voulut  em« 
brafler  tous  les  geiu-es  de  poéfie  » 
&  ne  réuffit  dans  aucun  *,  on  trouve 
eependant  dans  fes  Ouvrages,  de 
très-beaux  vers  ;  mais  il  ne  fe  fouf 
tient  pas  ;  &  la  feule  de  fes  poéfiea 
qu'on  puiffe  lire  entiéremetK ,  eft 
une  Satire  contre  fa  femme  ;  encore 
faut-il  la  lire  dans  le  Recueil  de  fds 
Œuvres  choîfiêt  :  Féditeur  de  ce  Re^ 
cueil  Ta  élaguéedequanwédevert 
qui  la  déparoient.  Le  baron  Je  Walef 
favoit  prefque  toutes  les  langues 
vivantes:  le  latin ,  le' grec  ne  lut 
étoiempas  auffi  incoimus.  Il  avoî( 
voyagé  dans  prefque  toute  i'Enrope. 
Ses  Ouvrages  ont  été  imprimes  à 
Liège  en  173 1,  en  5  voU  in-8**'*i 
édition  très-fautive.  A  ces  ç  vof. 
il  faut  en  ajouter  deux  autres  ii^S^  » 
ifçprîmés  ijuVlquetempsauparavarà: 
ces  2  vol.  contiennent  les  Poëmes^ 
des  TUûns  &  des  Gémeaux:  Oà  a, 
encore  de  lui  im  Reaieil  de  Satires 
qu'il  fit  imprimer  féparémebt  à 
Cologne  ,  fous  ce  titre  bicarré*: 
CathoÛcon  delà  haffe  Germante,  M.  ie. 
yuienfagne ,  chanoine  s  a  donné  au 
public  fes  GEurres  ehoijUsy  avec  un 
Abrégé  de  la  Fie  de  Tauteur ,  Liège , 
1779  ,  in-12. 


4îi8        VAL 

WALEMBOURG.WAtCAC- 

BURCH  ,  OuWaLLIEMBOVKG  ,  (  ICS 

frères  Adrien  H  PUm  de  )  naquirent 
à  Roterdam»  de  parens  Catholiques. 
^près  avoir  pris  d^s  degrés  à  Paris , 
ils  €t  rendirent  à  Duffeldorp ,  où  ils 
t'appliquèrent  avec  ardeur  à  l'étude 
fies  controveries.  Leur  mérite  les 
£t  appeler  è  Cologne.  ^<//îen ,  l'aîné 
des  deux  »  fut  nommé  chanoine  de 
TEglife  métropolitaine ,  puis  (acre 
cvêque   d'Andrinople  »   pour   être 
fuf&agant  de  Cologne.  A  Tégard  de 
Pierre  ,  après  avoir  été  le  compa- 
gnon inféparable  de  Ton  îrereAdrîen, 
il  le  quitta  pour  aller  à  Mayence , 
ott  il  fut  £ait  chanoine  &  doyen  de 
Saint-Pierre  ,  &  fuf&agant  de  cette 
ville  •  fous  leûtxie'dfEvêqtu  de  Myfie, 
Mais  dans  la  ûii^e  les  infirmités  de 
fofi  frère  l'obligèrent  de  retourner 
à  Cologne ,  &  d*y  exercer  les  fonc- 
tions de  fufïragani  à  fa  place.  ^tfr/<a 
mourut  à  Cologne  le  ii  Septembre 
1669 ,  après  avoir  mis  en  ordre  le 
1^*^  volume  de  leur  important  Ou- 
vrage. Pierre  en  acheva  l'édidon  , 
qui  parut  a  Cologne  en  1670  ,  en 
a  vol.  in-folio.   Il  fe  difpofoit  à 
donner  au  public  cinq  autres  Traités 
tmportans  »  lorfqu'il  mourut  le  11 
Décembre  1675.  Ces  deux  frères, 
également  illuilres  par  leur  piété 
^exemplaire ,  par  leur  favoir  &  par 
leur  union ,  fondèrent  iix  bouffes  à 
Cologne  poui;  de  jeunes  Hollandois 
qu'on  jugeroit  capables  de  faire  des 
études  folides.  Les  deux  volumes  de 
leurs    Controverfes  font  dignes-^    dit 
Arnauld ,  d*être  entre  Us  mains  dz  tous 
éeux   qui  étudient   la  Théologie,    Cet 
Ouvrage  eft  peu  commun ,  fur-tout 
avec  la  Rtgula  Fldei ,  qui  doit  {Je 
trouver  à  la  6n  du  fécond  volume , 
&  qui  y  manque  quelquefois.  On 
en  a  un  excellent  Abrégé  fait  par 
fiux-mêmes ,  imprimé  à  Cologne  en 
*éSa ,  in-iz ,  &  réimprimé  en  1768. 
WALHORN ,  Voy.  i.  DzcKER. 
VAUGFORD,  (Richard)  abbc 


W  A  t 

de  Ssunc-Alban  en  Angleterre  «  fia« 
riiToit  Tan  1326.  Quelques  auteurs 
le  croient  l'inventeur  des  horloges 
à  roues.  D'autres  attribuent  cette 
invention  à  Pacifiais^  archidiacre  de 
Vérone ,  vers  l'an  S40  ;  mais  ce 
n'eft  que  depuis  Waiigford  (ja^  cexX9 
ingénieufe  machine  commença  à  être 
généralement  connue. 

WALL  A  CE   ou  Valleys  , 
(  Guillaume  )    feigneur  Ecoâbîs  , 
d*une  famille  ancienne ,  mais  pau- 
vre ,  étoit  également  diftingué  par 
fon  courage  &  par  fa  force  gigan- 
tefque.  H  s'en  fervit  pour  délivrer 
fa  patrie  de  la  tyrannie  d'Edouard  /, 
qui  vouloit  la  tenir  fous  le  joug.  IL 
rafiembla ,  en  1298 ,  les  vagabonds^ 
les  fugitifs.   S'étam  mis  à  la  tête 
d'une  petite  armée ,  il  défit  40,000 
Ânglois  ,  commandés  par  le  comte 
Warrenne    GrcJJîn^a  ,    tréfoiier    & 
déprédateur  de  l'EcofTe,  lequel  fiic 
tué  dans  cette  aâion ,  &  écorchépar 
les  Ecoflbis  ,  qui  firent  de  fa  peau 
des  felles  &  des  ceintures.  WalUoe 
révéré   comme  le  fauveur  de  ta 
nation  ,   fut   nommé    régent   du 
•royaume  pendant  la  captivité  du 
roi  Jean  Èalîol ,  qui  avoit  ufurpé 
la  couronne  d'Ecofle  par  le  fecours 
d*Edouard  I.   Il  pénétra  hardiment 
en  Angleterre ,  porta  le  fer  ia  le  fem 
jufqu'au  voifînage  de  Durham,  & 
revint  chargé  de  gloire  &  de  dé* 
pouilles.  Edouard ,   qui  étoit  alors 
en  Flandres  ,  revint  promptemem 
en  Angleterre  ,  marcha  contre  les 
EcolTois  à  la  tête  d'une  puiffantc 
armée ,  qui  défit  celle  de  JTallace. 
Le  héros  vaincu  fe  retira  avec  les 
débris  de  fes  troupes  derrière  les 
marais  du  Nord ,  où  il  n'étoit  pas 
pof^le  delepourfiiivre.  La  jaloidie 
des  feigneurs  EcolTois  fut  une  des 
principales    caufes   de   fa   défaite, 
Wallace ,  indigné  de  leur  ingrate» 
tude  >  f»  démit  de  la  régence  ,  & 
vécut  en  fimple  particulier.  Cepenr 
dant  l'imqur  dç  U  ii3;>çrté  \sxm 


VAL 

tou}oiirs  les  Ecofîbis  en  armes ,  Si 
Edouard  I  lui«'attribùort  tous  leurs 
profets.  Il  apoila  des  traîtres  ,  qui 
lui  livrèrent  WAUa€e  en  1303,  Ce 
brave  homme  fut  exécuté  comme 
coupable  de  haute  trahifon  ,  &  les 
quatre  quartiecs  de  fon  corps  furent 
expofés  dans  quatre  des  principales 
villes  d'Angleterre. 

WALLAFRID-STRABON ,  Bé- 
n^diéHn  du  ix*  fiecle,  fut  élevé 
dans  lemonailere  de  Fulde ,  fous  la 
difcipline  A'Hlncmar,  Il  deviiu  en- 
fuite  abbé  de  Richenoue  dans  le 
dioceiie  de  Confiance.  Sa  piété  exem- 
plaire &  fon  favoir  profond ,  lui 
concilièrent  Teftime  générale.  Les 
principaux  Ouvrages  qui  nous  ref- 
tent  de  lui,  font:  I.  De  Officlis  dl' 
vmîs ,  feu  De  exordiU  &  incrementU 
remm  EccUfiaJUcarum,  On  le  trouve 
dans  la  BihUotheque  des  Pens  & 
autres  Recueils.  II.  Poëmata,  dans  le 
êanîfius  de  Bafna§t  ;  imprimés  fépa* 
rément  en  1604 ,  in-4'*.  III.  Glâffa 
ordiaarla  in/acram  Scrlpiuram ,  Paris, 
1590,  7  vol.  in-fol.  -,  Anvers,  1634, 
6  vol.  in-folio.  Ces  Ouvrages  font 
fort  utiles  ,  du  moins  le  premier  , 
pour  connoître  l'ancienne  difci- 
pline de  l'Ëglife.  Il  mourut  vers 
l'an  849. 

WALLER ,  (  Edmond  )  naquît  en 
160  5 ,  d'une  famille  de  Bu^ingham- 
shire  «  qui  lui  laifla  60,000  'liv.  de 
rente.  H  fut  élevé  à  Cambridge ,  & 
ût  paroître  de  bonne  heure  beau^* 
coup  de  goût  pour  les  bons  écri- 
vains d'Athènes  &  de  Reme.  Les 
talens  que  la  nature  lui  avoit  donnés 
pour  la  poéfie ,  l'ayant  £ait  con- 
noître à  la  cour  ,  Charlts  I  lui  fit 
un  accueil  favorable..  Il  s'attacha  à 
ce  prince ,  &  entra ,  en  1643 ,  dans 
le  deiTéin  de  réduire  la  ville  &  la 
tour  de  Londres  en  ion  pouvoir  ; 
mais  ce  deflein  ayant  été  découvert» 
îl  fut  mis  en  prifon ,  &  condagasé  à 
une  groflfe  amende.  Dès  qu'il,  j^ut 
obtenu  ffi  Ube<:Aé  %  il  p^  en  Françci 


VAL        419 

où  >  dans  lefeindes  Mufes  Se  loin  . 
des  orages ,  il  coula  des  jours  heur 
reux  pendant  pluâeiirs  années.  De 
retour  en  Angleterre ,  il  flatta  le 
proteâeur  &  en  fut  très-bien  ac- 
cueilli. Charlts  II  ne  lui  marqua  pa» 
moins  de  confidéranon.  Salnt-Evrc^ 
mont ,  la  duchcfTe  de  Ma^arln  ,  &  ce 
que  la  cour  avoit  alors  de  plus 
poli  &  de  plus  ingénieux  ,  fe  fît 
un  plaifir  d'être  lié  avec  lui.  Cet 
Anacréon  d'Angleterre  mourut  ea 
1687  ,  avec  une  grande  réputatioa 
de  probité.  Mais  s'il  avoit  des  fen- 
timens  d'honneur  ,  il  n'avoit  pas 
l'ame  forte  *,  il  changeoit  de  faço9 
de  penfer  félon  les  temps  &les  cii^ 
confiances.  Il  eft  peu  de  poètes  qui 
aient  autant  flatté  leurs  fouverains» 
Ce  défaut  efl  d'autant  plus  remat^ 
quable  en  lui  »  qu'il  n'en  efl  peut- 
être  point  qui  aient  vécu  fous  tant 
de  princes  différens.  Dans  îes  Ou- 
vrages >  Jacques  /  efl  le  plus  grand 
des  roîSjXharlesI^  fon  fils,  luifuc- 
cede  à  peine ,  qu'il  l'efface  j  Crom^ 
well  efl  encore  plus  grand  qu'aucun 
d'eux.  Charles  II  efl-il  rétabli  fur 
le  nrône  ?  il  éclipfe  le  protedeur ,  & 
^*efl  lui-même  éclipfé  par  Jacques  II 
fon  frère.  Waller  avoit  tait  un 
Eloge  funèbre  de  CromwcU  ,  qui  , 
avec  fes  défauts  »  pafle  pour  un 
chef-d'œuvre.  Charles  11^  qu'il  avoit 
loué  dans  une  Pièce  faite  exprès  , 
lui  reprocha  qu'il  avoit  mieux  fait 
pour  CromwcU.  Waller  répondit  i 
Sire  ,  nous  auues  Poëus ,  nous  réufm 
Jijfons  mieux  dans  .les  fiBlons  qnc  dans 
les  vérités,..  Les  Ouvrages  de  Waller 
ne  roulent  prefque  que  fur  l'amour 
&  le  plaifir.  Il  fit  cependant ,  fur 
la  fin  de  fa  Vie,  qui  fut  très-lon- 
gue ,  un  Poème  fur  V Amour  divin  , 
en  ri  chants ,  éc  quelques  autre» 
Poéfies  pieufes.  Au  nûlieu  même 
de  la  cour  libertine  de  Charles  11^ 
il  s'éleva  avec  force  contre  le  duc  d» 
BucJàngham  qui  prêchoit  l' Athétfme  ; 
Afflord^  lui  dit-il  un  jour ,  je  fm 


'4^9     .    "T'A  t 

heameoup  plut  âfjiifiAvomi ,  ^  }t  cNi^ 
ayoîrentâidupiuÊ'd'Mrpimms  enfavmr 
de  PAthBfmt  fm  poas  i  mais  foi  WOi 
Tttffe{  long-un^  pcmr  ncomuftn  fuUt 
nt  fipùfatt  rim  ^  &  fefpae  qu'il  «I 
'anlptrm  aatata  à  Fout  Grandeur.  Il 
t^  écrit  qu'en  anglois  -,  il  eut  à  pea 
^près  à  Londres  la  mèine  répucaiioA 
«pie  Voitmt  eut  à  Paris  -,  &  il  la  mé- 
riioit  mieux  ;  mais  il  d'étott  pas 
encore  parCût.  Ses  Ouvrages  galans 
"xerpirent  les  grâces  ;  mais  la  négli- 
gence les  Êdt  languir ,  &  fouvent 
des  penfées  Êiuffes  les;  défigurent. 
'On  avoue  cependant  que  c'eft  le 
^premier  des  poètes  Anglois  qui  ait 
confulté  l'harmonie  dans  l'arran- 
gement des  mots ,  &  la  raifon  dans 
,  le  choix  des  idées.  Ses  Poé/Us  ont 
été  recuetllies  ta  1730,  in-iî. 

WAIXEYS,  Fo^  WAtLACE. 

WALLK,  (Jean)  né  en  1616  k 
'Ashford  ;  dan»  la  province  de  Kent, 
te  d'abord  miniftre  de  Téglife  de 
'Saint'Martîn ,  puis  d'une  autre  églife 
à  Londres.  Son  talent  «pour  les  m»- 
'diématiques  lui  procura ,  en  1649  > 
la-  chaire  de  profeffeur  en  géomé- 
trie à  Oxford ,  &  huit  ans  après  » 
la  charge  de  garde  des  archives.  Il 
-lut  Tun  des  premiers  membres  de 
la  fociété  royale  de  Londres,  à 
l^établiffement  de  lacmelle  il  con- 
tribua beaucoup.  Il  réfolut  les  pro- 
blâmes propofés  par  Pafcal  fur  la 
Cycloïde  ;  &  s*il  n*eût  pas  les  40 
proies  que  ce  célèbre  mnthématî- 
'loienavoitpromires  à  celui  qui  les 
réibudrott  ,  ce  fut  parce  qu'il  ne 
Vafluiétit  pas  ,  dans  l'envoi  de  fa 
"Soludon ,  aux  conditions  preTcrîtes. 
11  le  fignala  par  d'autres  décou- 
'vates  -,  il  détermina  la  vitefle  que 
reçoivent  les  corps  par  le  choc  ; 
il  détermina  encore  le  centrèd'of- 
cillation  ;  il  donna  une  méthode 
d'approximation;  &  paffant  à  éey 
conhoîlTances  encore  plus  relatives 
à  l'homme ,  il  apprit  à  parler  à  plu- 
feirs  fourds  &  muets.  Waliis  s'a^ 


V  A  E 

pliqvai  auffi  à  l'art  de  dédit&er4<l 
lettres  écrites  en  ctiiéifes  ,  pouf 
lequel  il  avoit  un  talent  particulier» 
L'éleûeur  d«  Afandebmirg ,  auquel 
il  avoit  été  utile  en  ce  genre ,  loi 
envoya  par  recontioi£im:e  ,  en 
1693  ,  une  chaîne  d'or  avec  uns 
Aédaille.  Cctillufbe  mathématicien 
mourut  à  Oxford  le  aS  Oâobrc 
1703  ,  i  87  ans.  II étoit petit,  mais 
bien  èiit ,  &  d'un  caraâere  vif  8c 
enjoué.  Il  jouit,  pendant  (a  longue 
vie  »  d'une  fanté  vigoureuse  fie  d'un 
cTprit  ferme  que  rien  ne  troubloit. 
St%  Ouvrages  ont  été  recuôllis  à 
Oxford,  169$  à  1699  ,  en  3  vol. 
in-folio.  Les  principaux  font  :  L 
Arithmaiea.  II.  De  SccUonibus  eotùds* 
III.  Aritkmctica  bifiaitonm.  Cette 
produâion  ingénieufe  a  cùnduit 
aux  plus  belles  découvertes  de  géo^ 
métrie.  IV.  Plofieurs  Trmtét  dt 
Théologfa ,  les  plus  foibles  de  ici 
Ecrits.  V.  Des  éditions  d'^c&cmeir; 
de  V Harmonie  de  Ptahméc  ;  du  Traita 
de  la  diftance  du  Soleil  &  de  la 
Lune,  par^rZ/farfuedeSaiiios}  des 
Commentaires  de  Porpkym  ùsr  YVar* 
monie  ,  dcc.  VI.  Une  GMmmattt 
angloife.  VII.  Divers  Eeriu  contre 
Hohbe\  Ce  favant  embrafla  tcop 
d'objets  ,  &  il  n'eut  unerépticatîott 
iufteinent  méritée  que  dans  les  ma- 
thématiques. 

>^ALLIUS,  (Jacques)  Jéfuitc 
Flamand  ,  né  à  Courtrai  en  1)99., 
mort  vers  Tan  1680 ,  fe  diftit^aa 
par  fes  Poéiîes  latines.  Onyremar» 
que  beaucoup  de  facilité ,  un  ftyle 
pur  &  élégant  «  des  penfées  nobles 
6c  bien  exprimées.  On  a  recueilU 
fe^  Ouvrages  en  un  volume  in-is* 
Il  ^  compofé  àe%  Piecu  héroïques  % 
des  Paraphtafti  en  vert  hexametrtt 
{mv Horace  ;  des£/ej^i,  des  Odes^  &c. 

"WALPOLE  ,  (  Robert  )  cotma 
fous  le  nom  de  Comu  d'Oxford  9l 
pair  de  la  Grande  -  Bretagne  ,  fiit 
minilftre  principal  d'Angleterre  fom 
les  rois  GeorptJtx,  Gew^  IL  Forcé, 


i 


VAL 

tar.cdmmenceinent  de  la  gueire  de 
1741 ,  de  Te  démettre  de  fes  emplois, 
parce  qu'il  avoit  été  pacifique ,  il 
mourut  en  Mars  1745  «  à  61  ans. 
Ses  plus  grands  ennemis  conve-- 
noientque  jamais  miniftre  n'avoit 
takaoL  remué  et»  grandes  compa- 
gifies  de  commerce ,  qui  font  la  bafe 
jda  crédit  des  Anglois«  ni  mieux 
ménagé  les  partemens.  Mais  Tes  plus 
grands  amis  étoient  forcés  d'avouer , 
que  perfonne  avant  lui  ne  s'étoit 
pins  fervi  de  l'argent  deia  nation 
pour  gouverner  le  parlement.  11  ne 
l'en  cachoit  pas ,  |8c  on  lui  a  entendu 
dire:   I^y  a  um  étrogueaPec'la^ueUc 
m  adoucit  toutes  les  mauvaîfes  hàmturs  ; 
tlhneft  verni  ici  que  dans  ma  boutique» 
Ces  paroles ,  qui  ne  font  ni  d'un 
efprit ,  fiî  d*un  ftyle  élevé ,  cxprî- 
moîent  fon  caraâere.  H  fe  fervit 
foùvent  de  petites  rttfeS  ,  qui  ne 
,   iaifferent   pas   d'avoir  leur   eff't. 
Dans  un  moment  où  il  s's^lloit 
de  faire  pûfkr  un  Bill  important , 
il  s'avià  du   ftifatagême  Ativant  , 
pour  engsger  les  évèques  à  lui  être 
Çivorables.  Il  va  trouver  l'arche- 
vêque ideCantorberi,  &  le  prie  de 
feindre  une  maladie  férienfe.  Le 
prélat  fe  prête  à  cette  idée.  Le 
bruit  de  fa  mort  prochaine  &  iné- 
vitable fe   répand.   Les  yeux  de 
tous  les  évêques  fe  fixent  fur  le 
nche  iiége  qui  va  être  vacant  :  c^eft 
à  qtri  fera  mieux  fa  cour  pour  l'ob- 
tenir. Le  Bill  ^affe  à  la  pluralité 
'îles  voix.  L'ardievêque  reffnfcite, 
6c  le  rufé  JTalpole  rit  de  fes  dupes. 
Ce  imniftre  éprouva    néanmoins 
que ,  dans  les  temps  même  les  plus 
corrompus  ,  il  eft  des  âmes  fortes , 
ti  qui  ,  au  milieu  d'une  ville  riche , 
iaveat  réfîfter  è  la  tentation  per- 
pétuelle des  fuperflukés.  La  cour 
avoir  intérêt  d'attirer  dans  fon  parti 
un  feigiieur  Anglois  diflmgué  par 
<cs  vertus  êcfes  lumières.  W^alpoîe 
Blia  le  trouver  :  Je  riens  ,  lui  dit-il , 
de  *  ÙB  part  du .  Rifî  ,  roms  ^Junr  et 


flrpfoêâlion ,  vous  marquer  U  regtei 
qu'il  dâe  n'^oir  encore  rieH  fuit  pout 
vous ,  &  V4US  cffrir  un  emploi  plus 
convenable  â  "votre  mérite,  •—  Mîlord  ^ 
lui  répliqua  ie  feigneur  Anglois  » 
avant  de  répondre  à  vos  offres ,  per^  - 
^»ettei^*moi  de  faire  apport»  monfoupet 
devant  vous.  On  lui  fert  au  même 
inflant  un  hachis ,  fait  d'un  refle  de 
gtgot  dont  il  avoit  diné.  Se  tour- 
nant alors  vers  le  minière  :  Mllord 
ajouta-t-il ,  penfii-votts  quun  homme 
qui  fe  contente  d'un  partÛ  repas ,  foît 
un  homme  que  la  Cour  puijfe  aifément 
gagner  ?  Dites   au  Roi  ce  que  voua 
«ïv«(  vu  i    c'eft  la  feule  réponfe  que 
fou  à  vous  faire,  La  guerre  n'avoit 
janlais  été  du  goût  de  ce  miniilre  ; 
il  avoit  toujours  penfé  qu'elle  fe* 
roit  l'écueil  de  fa  fortune.  Je  ré* 
fonds,  difOft-il ,  de  gouverner  un  Par^ 
lement  eh  Èemps  de  paix  ;  je  n*en  ri'» 
fonds  pas  en  temps  de  guerre.  Le  car* 
dinal  de  Fleary  avoit  fouvent  pro* 
fité  de  cette  crainte  «  &  confervé 
la  fupériorité   dans   les  négocia- 
tions :  c'étoit  ce  que  le  parti  en* 
nemi  de  Robert  WalpoU  lui  repro- 
choit.  On  ne  ceilbit  encore  de  fe 
plaindre  des  délais  qu^l  avoit  mis 
\  dédarèr  la  guerre  à   l'Efpagne. 
Le  mitiiilre    WalpoU,  qui  s'étoif^ 
foutenu  20  an  contre  tant  d'en- 
nemis ,  vît  quHi  étoit  temps  de 
^éder.  Le  roi   le   fit  Pair  de  I9 
Grande-Bretagne ,  fous  le  nom  de 
Cotmed Oxford^  &  trois  jours  après 
il  fe  démit  de  tous  fes  emplois. 
On  le  pourfuivit  alors  juridique- 
ment. On   hû    demanda    compte 
d'environ  30  mêlions  de  nos  li- 
vres ,   dépenfés  pendant  dix   ans 
pour  le  fervîce  fecret ,   parmi  lef- 
quels  on  comptoit  1100  mille  francs 
donnés  aux  écrivains  des  Gazettes  • 
ou  à  ceux  qui  avoient  employé  leur 
plume  en  &veur  du  miniflre.  Le 
roi ,  outragé  par  cette  accufation , 
réluda  ,  en  prorogeant  le  parle- 
ment ,  c'eft  à-iÛre ,  en  fuTpendaot  ^ 


4n       VAL 

fcaocei.  JTalpoU ,  à  l'abri  de  rotagé» 
•pafla  fcs  deraters  jours  dans  une 
retraite  honorable,  &  emporta  les 
icgrets  de  fes  amis.  On  a  publié 
depuis  peu  VHîfioin  de  fon  minif- 
.  tere...  Foy.  les  ardcles  de  Benoit 
XIV,  o?  XVII  i  Georges,  n°  vi  ; 

&  NSUH0FF« 

ir  ALSH ,  (  Guillatmitt  )  poëte 
Anglois,  mort  âgé  de  49  ans  ,  en 
170S ,  apprit  au  célèbre  Pope  l'art 
de  la  verflfîcadon.  On  remarque 
dansfesOuvrages  beaucoup  d'exao 
titude»  jointe  à  un  air  libre  &  né- 
gligé y  qui  donne  à  (à  poéfie  une 
grâce  &  une  douceur  finguliere. 
Ceft  le  jugement  qu'en  porte  Tabbé 
du  Refnel^  dans  fes  Notes  fur  le 
Poëme  de  VEffai  fur  la  Critique  ^ 
par  Pope^  Nous  avons  deux  Odes 
de  Walsh  ,  traduites  en  François  , 
par  M.  l'abbé  Tan  dans  fon  Idée 
de  ia  Poéfie  Jngloi/e  fVaxïs,  1749,  9 
▼ol.  in-iz-,  &  un  Dialogue  ingé- 
nieux &philofophique  ,  intitulé  : 
VHôpital  des  Fous  ,  traduit  égale- 
ment en  £rançois,  1764,  in-8°...  Il 
y  a  eu  un  fameux  Socinien  Anglois , 
du  parti  des  Wi^  ,  qui  portoit  le 
même  nom. 

Ll^TALSINGHAM,  (Jean)  théo- 
logien Anglois ,  mort  à- Avignon 
en  13^0,  entra  dans  l'Ordre  des 
Carmes,  après  avoir  profefle  en 
Sorbonne.  On  a  de  lui  un  Traité  en 
ktin  De  la  Puîffance  EccUfiafiique 
contre  Occham,  Ce  fut  par  l'ordre  de 
Jean  XXII  qjd'il  lecompofa. 

II.  WALSINGHAM ,(  Thomas  ) 
fiénédiâin  Anglois  du  monaftere 
de  Saint- Alban  vers  1440 ,  futhifto- 
riographe  du  roi.  On  a  de  lui 
VHifloire  de  Henri  VI  f  &  d'autres 
ouvrages  hiftoriques  ,  dans  lef^ 
quels  on  voit  qu'il  avoit  recher- 
àié  avec  foin  les  antiquités  de  fon 
pays.  On  les  trouve  dans  le  Re- 
cueil des  Hiftoriens  Anglois  de  Sa- 
W//;  &  féparement,  Londres»  1 5  74, 


TT  Ât 

m.  ^ALSINGHAM  ,   (  FVai^ 
çois  )  d'une  ancienne  famille  d'Aiii' 
gleterre,  ajouta  aux  connoiflancet 
qu'on  puife  dans  les  collèges ,  celles 
qu'on  acquiert  par  les  voyages.  La 
reine  EMfabeih  l'envoya-  deux  fois 
en  France ,  en  qualité  d'ambafla'' 
deur.  Il  eut  la  (k>uleur  d'être  té^ 
moin ,  dans  fon  premier  voyage^ 
du   maflacre  de    la  Saiat-Barthé- 
lemi ,  &  manqua  lui-même  de  s'y 
trouver  enveloppé.  Il  s'acquitta  6 
bien  de  fa  double  ambailade ,  que' 
la  reine  le  fitfecrétaire  d'état.  Wal» 
fngham  fervit  beaucoup  à  affermif 
cette  princeâe  fur  le  trône  »  par  fes 
intelligences  dans  les  cours  étran* 
gères.  11  l'avertit  de  l'entreprife  des* 
E^agnols,  deux  ans  avant  qu'elle' 
n'éclatât.  Il  trouva  moyen  de  tiref 
du  cabmet  du  pape  »•  la  copie  de  la 
lettre  par  laquelle  Philippe  11^  rot 
d'Ëfpagne ,  lui  confioit  le  fecret  def 
ce  fameux  deflein.  C'étoît ,  en  utf 
mot ,  (  dit-un  auteur  }  le  cardinal 
de  Richelieu  de  la  reine  EUJabethé 
Il  entretint  jufqu'à  ^ 3  agens  &  iS 
efpions  dans  les  cours  étrangères  ; 
il  en  fuc  toujours  fervi  exaâement- 
&  avec  fidélité.  M^ûs  ^  avec  de  û 
grandes  qualités  r  il  eut  le  malheur 
d'être  oppofé  aux  Catholiques ,  & 
de  jeter  en  Angleterre  les   fonde- 
mens  du  gouvernement  Protefiant* 
Il  eut  aufii  beaucoup  de  part  aust 
guerres^  des  Pays-Bas ,  &  et  par  c« 
moyen  une  grande  diverfipn  des 
forces  des  ETpagaols.  Ses  fervices 
ne  purent  empêcher  fa  chute  *»  il 
fut  difg^acié  &  obligé  defe  retirer. 
Lorfqu'il  mourut  en  if90,  il  étoit 
réduit  à  une  telle  pauvreté,  qu*à 
fa  bibliothèque  près  ,   à  peine  £9 
trouya-t-il  de  quoi  faire  fès  funé- 
railles. Ce  miniilre  étoit  pour   I2 
politique ,  ce  que  CeciU  étoit  pour 
l'Hiftoire.  Le  principal  de  fes  Ou- 
vrages a  été  traduit   en  franco!» 
fous  le  tiare  de  Mémoires    &  Inf- 
tmcUons pour  les  Aflihajfadeurs  ^  4  vol. 

in-ii  y 


i 


W  AL 

in^ii ,  i  Amfterdam ,  eft  i7l{.  të 
traduâeur  BonUfids  îk  la  Contk  en 
bk  un  grand  éloge ,  &  les  place  avec 
raifon  a  côté  des  Lentes  du  cardinal 
A'OJfat,  On  a  traduit  àuffi  feà 
Maximes  poûtiques  «  ou  le  5<frei  </ef  ' 
Cours ,  Lyon ,  169  J ,  in-ii.  Ce  Se- 
cret des  Cours  n'en  eft  plus  un 
faujourdliuî ,  &  Càn  livre  eft  dti 
nombre  de  ceux  que  le  temps  a 
rendus  inutiles. 

W  ALSTEIN ,  (  AlbeH  )  batôn  de 
Bohême  i  duc  de  Fridland>  naquit 
en  1584  d'une   ancienne  maifoni 
Son  averfion  pour  l'étude  le  fit 
placer ,  en  qualité  de  page  «  che£  le 
tnarquis  de  Burgaw  »  fils  de  Tar- 
chiduC  Peféïnànd  d'Infpruck.  Après 
avoir  demeuré  quelque  temps  dîez 
tt  prince  «  il  êmbr^  la  religion 
Catholique ,  8t  voyagea  en  Efpa- 
{;ne ,  en  France  «  en  Angleterre  & 
en  Italie*  Arrivé  à  Padoue ,  il  J 
prît  du  goût  poUr  l'étude  4  &  il  s'y 
appliqua,  iur-toutà  la  politique  & 
à  l'aftrologié.  De  retour  dans  fa 
patrie ,  il  plut  à  l'archiduc  Ferdinand , 
qui  le  fit  Colonel  des  milices  de 
Poméranieé  Les  troubles  de  Bohême 
étant  f ufvenus ,  il  s'offrit  à  l'empe^ 
teur  avec  une  armé  de  3000  hom-^ 
imes«  à  condition  qu'il  la  comman- 
deroitt  Le  nouveau  général  fub)u> 
gua  le  diocefe  d'Halberfiadt  &  l'évê* 
Ché  de  Hall.  11  rav^ea  les  terres 
de  Magdebourg  &  d'Anhalt ,  défit 
Mansfild  en  deux  batailles  «  reprit 
toute  la  Siléfie,  vainquit  le  marquis 
é*Urlachy  conquit  l'archevêché  de 
Brème  &  l'Holface ,  ie  tendit  maitre 
de  tout  ee  qui  eft  entre  l'Océan  ^ 
la  Mer  Baltique  &  l'Elbe,  &  chafia 
de  la  Poittétîinie  le  roi  de  Dane- 
«narck  ,  auquel  il  ne  laifia  que 
Gliikftadt.  Ses  conquêtes  avant  fait 
Conclure  le  traité  de  Lubeck^rem<- 
perc»ir  l'en  rédompenfa  par  les  ti- 
tre» H  la  dépouille  du  duc  dcMeè^ 
kelhourgffivÀ  s'étoit révolté.  Lèpre- 
pûxË  foin  de  ITâlJUtn  fut  de  ia^t 


W  AL       4iJ 

fétiittt  dans  Tes  états  les.  biens  ec^ 
défiaftiques  enlevés  par  les  Protêt-» 
tans ,  qui ,  redoutant  fon  courage  « 
appelèrent  à  leur  fecours  Gûfiav$* 
Adolphe^  roi  de  Suede^  Cette  démar** 
che  intimida  tellement  l'empereur  « 
qu'il  accorda  la  dépofition  de  WaU 
ftem ,  &  n'oppofa  à  Guftave  que  le 
feul  Tilfy.  Ce  général  ayant  été 
battu  par  les  Suédois  à  Leipzig ,  le 
vainqueur  pénétra  ÔÉnà  l'AIlema* 
gne  comme  Un  torrent.  L'einpe* 
reur  alarmé  rappela  ITalfieuif  au-» 
quel  il  donna  la  qualité  de  généra» 
iiffime*  Ce  héros  entra  alors  en  lice 
avetleroi  dé  Suéde,*  il  le  battit  & 
en  fut  battu,  &  lui  enleva  prefqué 
toute  la  Bohême  par  la  prife  de  Pra- 
gue. Son  eouràge  ne  put  empêcheif 
cependant  la  perte  de  la  batulle  de 
Lutzen,  donnée  lé  15  Novembre 
16324  Les  Suédois  remportèrent 
une  viâoire  complète^  9l  WalfttUt 
fut  obligé  de  fe  retirer  en  Bohême* 
Ce  héros ,  las  de  combattre  pour  udL 
empereur  qui  étoit  touiours  en  dé« 
fiance  de  Tes  généraux ,  s'occupa  dtt 
projet  de  fe  rendre  ihdépendanr* 
On  prétend  qu'il  négocioit ,  à  la 
fois ,  avec  les  princes  Protefians  * 
avec  là  Suéde  6c  la  France-,  mais 
ces  intrigues  dont  on  l'accufa ,  ne 
furent  jamais  manif<^es.  La  confpi^ti 
ration  de  Walfteîn  efl  au  rang  des 
hifloires  reçues ,  &  6n  ignore  ab* 
folument  quelle  étoit  cette  confpi* 
ration.  Son  véritable  crime  étoit 
d'anasheribn  armée  à  fa  perfonne^ 
&  de  Vouloir  s'en  rendre  le  maitre 
abfolu  !  le  temps  &  les  occafions 
eufiènt  fait  le  refie.  L'empereur,  qui 
craignoit  l'exécutidn  de  fes  defieins^ 
le  déclara  déchu  de  tout  fon  pou«' . 
voir  j  &  donna  le  commandement 
àGalast  Walftein^  alarmé  par  cette 
nouvelle,  fe  fit  prêter,  à  Pilfen,  le 
ferment  de  fidélité ,  |^ar  les  officiers 
de  fes  trouves ,  le  il  Janvier  1634, 
Ce  ferment  confifloit  à  promettre 
46  déleadre  ia  perfonne  &  de  s^a> 


'4U       ^  A  t 

tacher  à  (à  fomme.  Use  télk  d^« 
laarche  devoît  alanver  le  confeil 
de  Vienne.  IFMfiùn  avott  contre 
lui»  dans  cette  cour,  le  parti  de 
l'Etpagne  &  le  parti  Bararois.  fer- 
Snani  prend  U  réfoludon  de  £ûre 
Éflkifiner  ce  général  &  fi»  princi- 
paux amis.  On  charge  de  ce  meurtre* 
ButUr  ,  Irlandois,  à  qui  IFaifitin 
avoir  donné  un  tégiment  de  Dra* 
gons;  un  Ecoflbb*  nommé  Ltfd^ 
qui  étoit  le  capitaine  de  fes  gardes  ; 
&  un  autre  Scoflbis«  nommé  Got" 
don.  Ces  trois  étrangers  ayant  reçu 
leur  commiifion  dans  Egra  »  où 
.  Walfiàn  étoit  dors  ,  font  égorger 
d'abord  dans  un  fouper  quatre  offi« 
ders,  qui  étoient  les  principaux 
amis  du  duc  \  &  à  l'inHant  ils  mon- 
tent â  l'appartement  de  WtUfUm^ 
dont  ils  enfoncenc  la  porte.  Ils  le 
trouvent  en  diemife  ^  &  comme  h. 
fiauteur  de  l'étage  oà  il  étoit  «ne 


W  At 

dans  fes  obfervatioiis  aâronom^* 
ques  'j  &  lorfqu'il  partit  pour  Romef 
il  continua  d'obfervcr  pendant  plus 
de  30  ans.  Les  infirumens  dont  il 
fe  fervoit  étoient  fort  beaux  ,  & 
il  fairott  ufage,  pour  mefurer  le 
temps ,  d'une  efpece  dliorloge  qui 
marquoit  fur-tout  l'heure  du  midi 
très-exaâcment.  Ses  foins  &  fda 
affiduité  au  travail  lui  valurent  une 
découverte  ;  ce  fiit  la  Réfraâion  di 
la  lumière  &  des  aftres  à  traveit 
l'aimofphere.  Deux  mathémati- 
ciens avoient  déjà  écrit  fur  cet 
écart  de  la  lumière  v  mais  Waltha 
ne  connoiflbit  point  ces  Ecris.  Os 
ne  ûit  à  quel  âge  moarut  cet  homme 
de  mérite.  Ce  n'étoit  point  un  ma- 
thématicien du  premier  onh^;  mais 
perfonne  n'apeut-tee  tu  autant  dt 
zèle  que  lui  pour  raftronomio^ 
Après  la  mon  de  lUgfO'Mouum ,  il 
acheta  tous  fes  papiers  &  fes  inf* 


lui  avoit  pas  permis  de  fe  jeter  par    trumens.  On  s'attendoie  qu'il  ren- 
ia fen^e,  on  le  tua  d  un  coup  de    droit  publics  les  Ecrks  de  cet  illul^ 


pertuifane,le  if  Février  1634,  à 
l'âge  de  50  ans.  Ce  meurtre  d'un 
héros ,  le  feul  homme  qui  pût  réta- 
Iblir  les  armes  &  le  trône  de  fenlh- 
namd,  ne  fit  qu'aigrir  davamage  les 
cfprits  en  Bohême  &  en  Siléfie.  Lès 


tre  mathématicien.;  mais  il  en  étoit 
fi  jaloux  «  qu'il  ne  vouloît  les  Êiire 
voir  à  perfonne  ;  &  ce  ne  iiit 
qu'après  fa  mort  ^pie  ces  £cri» 
Âireot  imprimés. 
IL  NTALTHER.  (Michel)  née 


Bohémiens  ne  lemuerem  pas ,  parce    Nuremberg  en  15  96  «  fut  profieffeur 


qu'on  fut  les  contenir  par  une 
Irraée;  mais  les  Siléfiens  fe  révol* 
terent  &  s*naîrent  aux  Suédois.  Foy. 
Sarasin. (I.  F. ) 

!.  ITALTMER,  (  N...)  eél^te 
madiématicien  ,  qui  flbnflbit  au 
commencement  du  xvi*  fiede, 
paflfe  pour  Tautcur  delà  découverte 
delà  RéfraSUon  AJhonomiqmi  &  cette 
découverte  lui   a  mérité  un  rang 


à  Uelmftadt»  &  prédicateur  de  la 
dudieflfe  douairière  dt  Bnmfwuk" 
Lunebourg,  Après  la  more  de  cette 
princeâê  ,  le  comte  d'Oofi  •  fr^g 
l'appela  à  fa  cour ,  pour  remplir 
la  place  de  (urintendant  ^aml  dt 
de  premier  prédicateur.  Ce  iavant^ 
mort  en  1662,  laiffii  plnfieurs  os* 
vragei  :  L  Hmmtmià  BîhlUa  ,  réin^ 
primée  pour  la  fêpdeme  fou  m 


parmi   ceux  qm   ont  cultivé   les    1654*  Nuremberg,  in-A^.  IL  Q^- 
fdeaces  exaâes.  Cétoit  un  riche    twa  BMca,,  1668 «  iii-4^  11  y* 


ftitoyen  de  Nuremberg,  qui  n'étoit 
qu'amateur,  mats  qui  devint  afbo* 
nome  par  l'exemple  de  Rc^Mou' 


traité  der£criture-6ilâe  en  générait 
&  en  particulier  de  chaque  livie 
canonique  èc  apocryphe  UL  AU* 


M.  Il  fut  touché  de  fon  zèle  &  de   fiiot  FofiSiU^  IV.  mn^fmm  TUo* 
fon  ardeur  pour  les  progrèsdes  coii>    iogtca,  Y.  Cùmmauaftiu  im  Efî/Mm 


\ï^  AL 

iiiem  9  163S ,  io  -  4^  ^^  ^^* 
ternes  difficultés  qui  peuvent  naî- 
tre fur  les  Livres  faints  ,  font 
aplanies  dans  ces  Ouvrages ,  où  le 
Civoir  n'eft  pis  toujours  bien  mé* 


m.  VALTHEK .  (  Michel  )  fils 
duBrëcédem,  ne  le  3  Mars  16381 
doûeur  en  théologie  à  'Wittembere» 
&  profieâeur  de  nuthématiques  « 
de  chéolc^e,  a  compofé  plufieurs 
Om^ngu  fur  les  matveres  qu  il  pro* 

IV.  VALtHER,(  Georges^ 
Quifiophê  )  direûeur  de  la  chan« 
ceUcrie  de  Rofembourg ,  fa  patrie  « 
né  en  x6oi  ,  mourut  en  x6<6« 
après  avoir  publié  une  Métkodt 
latine  pour  apprendra  le  Droit ,  & 
quelques  autres  Ouvrages  peu 
Connus. 

V.  WALTHER  ,  (  Chriftophe- 
Théodofe)  né  à  Schildeberg  en 
1699  9  fut  envoyé  en  qualité  de 
Miffionnaire  dans  k  Tranguebar» 
vers  l'an  17 10.  Il  en  revint  t^ 
1740.  On  a  de  lui  Doârma  ttmpomm 
UdUa^  dsins  Hifiotia  refoi  BaHridni 
de  Bayer,  Petropoli,  1738,  in-4^* 
il  fît  imprimer  a  Tranquebar ,  une 
U^ire  Sucrée  en  langue  Malabare* 
Sa  fàsué  étoit  très-dérangée  •  lorf« 
qu'il  quitta  ce  pays.  Il  mourut  peu 
4^  temps  après  à  Drefde»  en  1741* 

VI.  ^ALTHER  »  (  Auguflitt. 
Frédéric  )  médecin  »  fut  nommé  à 
la  chaire  d'anatomie  de  Leipzig  « 
Tan  1723 ,  &  mourut  après  Tan 
1735.  On  a  de  lui  :  L  De  Ungua 
Humana^  Leipzig^,  1714 1  in-4^« 
Il  y  donne  une  defcripcion  fort 
ample  &  très-exa£le  des  glandes 
i^livaires.  IL  DcArùaMs^  L^mend* 
^  MufatUs^  1728,  in-4^,«ftimé« 
UL  Dêfcription  de  fon  Jardin  bota- 
ni^ ,  avec  figures  »  1735 ,  in  -  8^, 
IV.  Grand  nombre  dé /^i/crtAi/oAi 
Jcadémîquet  intérelTaotes  ^  mais  le 
âyle  en  eft  obfcur  &  embrouillé.^* 
une  liut  pu Je,€90feadre  qvec 


Cûnréâ^Louu  fr^tTHMM^  de  qui 
on  a  Thefauna  Medtco'ChlrurgUttrum 
ch/erraiioatim  «  Le^Ûg  «  I7II1  in-8^| 
HaUer.cxk  fait  peu  de  cas. 

ISirALTHËR,  Foy.  Sl vsb. 

I^AlTON  ,  (  Briand  )  évêque 
de  Qiefler  en  Angleterre!  mort  ea 
1661 ,  étoit  un  prélat  aufB  favant 
que  modéré.  Il  s^efl  immortalifé 
par  l'édition  de  la  Bible  en  plu* 
lieurs  langues*  connue  fous  le  nom 
de  Pofygiom  d'Angleterre  «  Lon< 
drés  »  1^57 ,  &  années  fuivantes» 
6  vol.  in  -  £oL  Quoique  plufisurs 
autres  favans  y  aieiu  travaillé 
avec  lui,  on  ne  laifle  pas  de  hii 
attribuer  ce  grand  Ouvrage*  â  la 
tête  duquel  oft  a  mis  fon  nom  & 
même  fon  portrait*  Outre  le  grand 
nombre  de  verfions  Orientales  qui 
(ont  dans  ce  Recueil  »  &  qui  étoient 
déjà  dans  la  grande  Fible  de  le  Jay^ 
Il  Y  a  ,  au  commencement,  des 
Ùifier^tions  fur  toutes  ces  Bibles  j 
c'efl  ce  qu'.oo  appelle  ordinaire- 
ipien^  les  Prolégomènes  de  Walun. 
Ils  ont  été  imprimés  (eparémenf 
à  .^urich  9  en  1673.  On  en  a  donné 
à  Xyon  une  Tradtiaion  libre  & 
abrégée,  in-8^;eUe  fourmille  de 
fautes.  Ces  préliminaires  fontplu* 
tôt  l'ouvrage  de  Pear/on  &  de  quel- 
ques autres  Anglois  ^  que  ceux  de 
tPalton.  Dans  le  choix  qu'on  a  £ût 
des  écrivains  qu'on  cite  ,  on  né 
fuit  point  aveuglément  le  fimti* 
ment  des  théologiens  Pro]teflans« 
Les  auteurs  donnent  cependant  trop 
d'autorité  k  certaines  verfions  d« 
PEcnuiie  ,  &  trop  peu  à  d'au« 
très.  On  a  joint  quelquefois  à  fi 
Poly§fotu^  le  Lexicun  Hepta§Uuon 
de  Ce^fid,  1686  «  %  voL  Uh'iol. 

^AMBA,  Koy^BAMBA. 

^AM£L£ ,  (  Jean  )  iunfconûike 
4e  Liège,  enfeigna  le  droit  à  Lou^ 
vain  avec  réputation.  Il  mourut  en 
1590,  à  66  ans.  Dom  Juate  4CJi^ 
triche  voulut  l'attirer  dans  le  coq* 
fÔM'ittt  '^  W9i  ce  favant  préttr^ 

Eeij[ 


436       ^  A  N 

à  tout ,  le  repos  de  la  vie  prxtr  je  & 
les  douceurs  du  (îabîiiec.  On  a  de 
lui  des  Riinarpièt  curieufes  fur 
divers  titres  de  rim  &  de  loutre 
Droit. 

*  WAN«ROUCK  ,  (N...)  poëte 
comique  Afi^loiS|inounit  vers  1705  ^ 
Il  y  a  beaucoup  de  plaifanteries 
&  de  faillies  dans  fes  Coiû'édUs\ 
mais  il  y  a  peu /de  ces  traits  fins  8c 
délicats ,  qui  font*,  s'il  eft  permis  de 
s'exprimer  ainfî ,  foùrire  l'efprxt  ea 
le  furprenant  agréablement.  Ce 
poëte  fit  en  France  un  voyage, 
pendant  lequel  il  fUt  mis  à  la  Baf- 
ttUe.  On  n'a  jamais  ûi  le  fujer  de 
fa  diigrace.  Wanhrouek  fe  mêloît 
auifi  d'Archiceéhire  ^  mais  il  bâtif- 
ibit  avec  autant  de  groffiéreté  qu'il 
ccrivoit  avec  élégance.  Le  château 
deBleînheim,  qu^ilabâti  en  mé- 
moire de  la  &meufe  bataille  d'Hoch- 
Het ,  ne  fait  point  honneur  à  ion 
goût.  Si  les  appartemens  étoiéht , 
a-t-on  dit ,  aum  larges  que  les  mu-* 
railles  font  épaifTes,  alors  ce  chà- 
feau  feroit  commode.  Sts  Œuvnx 
Poétifues  ont  été  imprimées  à  Lon-' 
drcs,  I7Î0,  1  vol.  in-X2. 

WAI^DELBERT,  diacre  fit 
moine  de  l'aUiaye  de  Prum,fous 
Tempire  de  Lothaîre,  Son  Mmityro-- 
loge  en  vers  héroïques,  imprimé 
avec  celui  é^U/nard  ,  Louvain , 
1568,  in-S^  ,  of&e  plus  de  Êiitf 
qiie  de  pcéfîe. 

lXrANLEY,(Hum&oî)  né  i 
Cowentiy,  mort  en  1726,  è  5$ 
ans,  parcourut  les  difllerentes  bi- 
bliodieques  d'Angleterre,  pour  y 
rechercher  des  livres  d'anciennes 
langues  Septentrionales.  11  en  a  fait 
le  âtalogue  dans  Aiuiqua  lÀturatur^ 
SeptentrîonaUs ^  à  Oxford,  1703  & 
170  V  •  ^  parties  in-folio, 

\(/^ANSLEB ,  (  Jean-Midiel  )  né  i 
Erford  eA  Thuringe ,  le  i  Novem- 
bre 1635  ,  de  P^rofu  Luthériens, 
fut  difciple  dé  Luiolf^ .  fie  devint 
habile  jdans  la  langue  Éthiopieniie. 


W  A  R 

Leduc  <&  Saxe-Gctha^  l'envoyarai 
Egypte  fie  en  Ethiopie ,  pour  exa^ 
miner  les  dogmes  &  les  rits  de  cef 
pays- là,  If^anflécy  les  ayant  trouvét 
conformes  à  ceux  de  l'Eglife  Ro- 
maine ,  alla  à  Rome  en  1665» 
renonça  à  l'héréfie,  8c  fe  fit  Domi- 
nicain. Son  goût  poorlesvoya^ef 
ra3''am  amené  à  Paris  en  1670, 
Co/h<n  le  renvoya  en  Egypte,  pour 
y  faire  de  nouvelles  découvertes* 
Cette  courfe  procura  à  la  biblio- 
theque  du  roi,  3 34  numufaits  Ara- 
bes, Turcs  fie  Perfans.  De  retour 
â  Psûis ,  il  fe  vit  réduit  à  être  vicaire 
d'une  paroifTeprèsdeFomainebleau, 
où  il  mourut  le  12  Juin  1679.  Ce 
iavant  auroit  pu  obtenir  des  chaires, 
fie  la  mitre  même;  mab  fa  mauvaife 
conduite  t'éloigna  de  tous  les  em« 
plois  que  lui  méritoit  fon  pro- 
fond favoir.  Si  Ludolfiax  fon  maîtte 
pour  la  laTigue  Ethiopienne ,  il  au* 
roit  pu  être  fon  lâfciple  pour  bien 
d'anges  chofes.  On  a  de  lin  :  L 
Une  Htfioîre  tk  CEgpfe  d'AUxandrU , 
in- 12.  IL  Une  Defcription  de  l'Etat 
de  l'Egypte,  tn-i2«  IlL  Une  Rdé' 
tîon  de  fon  fécond  voys^e,  in- 12. 
Tous  œs  Ouvrages  fatiSfoni  éga- 
lement la  curiofité  du  leâeur  orr 
dinaire  fie  celle  du  favant. 

WARBECK,  Koy.PERKINS. 

^ARBURTON,  (  Guillaume) 
évêque  de  Glocefter,  né  à  Neirark 
fur  la  Trent,  le  24  Décembre  1698, 
d'un  procureur  de  cène  ville, 
mort  le  7  Juin  1779  »  fe  fit  de 
bonne  heure  une  grande  réputa- 
tion, comme  favant  fie  comme 
théologien.  Il  parvint  cependast 
fort  tard  aux  honneurs  fie  aux 
places.  En  17^4  «  la  fortune  le 
regarda  d*un  œil  plus  favorable*  U 
fe  vit  en  très-pep  de  temps  di^ 
pelain  dii  roi  d'Angleterre  &  cha* 
noine  de  Durham.  Le  doyenné  de 
Briik>l  ayant  vaqué,  il  enliit  pour- 
vu, fie  l'aiinée  même  de  fa  prift 
dç  pQâeSeo»  l^Ycché  deGlastf; 


W  À  R 

ter  mit  le  comblé  à  fou  avance-^ 
neot.  Les  travaux  de  l'épifcopat 
taleattrent  un  peu  £es  occupations 
littéraires.»  D'ailleurs   l'âge   affoi- 
Uit  Ton  efprit.   Comme  Swlfe,  il 
tomba  par  degrés  dans  un  abatte- 
ment, qui  ne  lui  laiffoit  pas  même 
la  Êiculté  de  prendre  part*  à  la  con- 
verfationî  &  <©  n'étoit  que  rare- 
ment &  devant  un  petit  nombre 
d'amis  qu'il  recouvroit  fon  énergie 
accoutumée.  Son  entretien  avoit  été 
îufqu'alors  aulfi  inftruâif  qu'àmu- 
6nt.  Ayant  une  mémoire  excellente, 
il  étoit  riche  en    anecdotes  qu'il 
contoit  avec  £eu.  Autant  fon  amitié 
^oit  communicaôvei  franche  ,  ac- 
tive ,  autaiu  fa  haine  étoit  violente 
&  emportéeJIl  eft  vrai  que  fon  ref- 
fentimem  ne  duroit  pas  *  &  la  moin- 
<)te  avance  fuffifoit  pour  le  calmer. 
U  étoit  de  «haute  taille,  gros  &  for^ 
tement  cooflitué  ;  en  le  voyant ,  on 
auroit   jugé   qu'une  bonne  table 
étoit  pour  lui  un  luxe  nécefiaire. 
Mais  le  goût  de  Tétude  lui  avoit 
iofpiré  celui  de  la  fobriété.  On  a 
de  lui  un  grand  nombre  d'ouvrages  ; 
des  Sermons,  des  Traités  dogmati- 
ques, dont  le  plus  connu  eft  fa 
P'ivlne  mijjlon  de  Moyfe^  en  ç  vol. 
in-8®.  L'érudition  n'y  eft  pas  tou- 
jours bien  digérée ,  ni  les  raifon- 
nemens  bien  concluans.  On  y  dé- 
fireroit   plus   de  méthode.  A  ces 
dé£iuts   près  »    les    amateurs  des 
recherches  antiques  liront  toujours 
ce  livre  avec  plaifir  &  même  avec 
fruit.  Soa  Ouvrage  intitulé  :  Julien 
ou  Dif cours  concernant  le  tremblfiment 
et  terre  &  t  éruption  de  feux  qui  firent 
ichouer  Us  untatives  que  fit  eu  empt" 
rear  de  rebâtir  le  Temple  de  Jimfalem , 
eft  rempli  d'un  favoir  qui  lui  étoit 
ordinaire ,  &  d*une  modération  qui 
malheureufement  ne  lui  étoit  pas 
auili  comçiune.  Il  prit  avec  tous 
fes   adverfaires  ,    le   langage    de 
l'orgueil  &  de  la  fupériorité.  Ami 
éa  Po]^e  y  il  avoit  fon  caraôere  bi- 


V  À  R       437 

Ket»  8t  cabftique  *,  &  ce  caraàiert 
lui'  atdra  de  la  part  de  Voltaire^ 
qu'il  avoit  vivement  taitaqué ,  une 
foule  de  plaifanterie»,  d'injures  & 
de  farcafmes.  Quoique  •  Warhurton 
aimât  beaucoup  les  matières  de 
cootroverfe ,  il  n'étoit  point  en- 
nemi des  Ouvrages  de  pur  agré- 
ment. Il  donna ,  en  1747 ,  une  édi- 
tion de  Shahtfpcar;  &  il  prélida  à. 
l'impreftion  de  divers  Ecrits  da: 
Pope.  Il  avoit  époufé  la  fille  de 
Raphdllen ,  gentilhomme  fort  riche. 
Il  en  eut  un  fils  qui  donnoit  les 
plus  belles  efpérances  *  &  dont  la 
mort  hâta  le  dépérifteracnt  de  l'ef- 
prit  de  fon  pcre, 

WARD ,  (  Seth  )  habile  mathé- 
maticien Anglois,  né  à  Bunting- 
ton  dans  le  Héréfordshire  en  16 17» 
devint  fucceftivement  profeâèur 
d'aftronomie,  chantre  ,  doyen  & 
évêque  d'Excefter  ;  il  fut  transféré  , 
Van  1667 ,  à  l'évêché  de  Satisbury  « 
où  il  eftuya  quelques  tracafteries.  Il 
mourut  à  Londres  en  16S9  >  dans  fa 
67^  année ,  après  avoir  contribué 
à  l'établiflement  de  la  Société  royale 
de  cette  ville.  La  douceur  de  fon 
caraâere  contribua  beaucoup  à  fa 
fortune  ;  mais,  comme  toutes  les 
perfonnes  douces  ,  il  fut  foible. 
Royalifte  fous  Charles  I ,  républi- 
cain lorfque  le  parlement  prévalut  « 
il  redevint  royalifte  fous  CAar/i»  77. 
Il  fit  même  valoir  ce  qu'il  avoit 
d'abord  fouftert  pour  le  père,  aâa 
que  le  fris  oubliât  qu'il  avoit  enfuite 
abandonné  ce  prince  infortuné* 
JTiird  étoit  grand  politique  &  théo- 
logien médiocre.  Son  goût  pour  les 
mathématiques  le  fit  pénétrer  bien 
avant  dans  cette  fcience.  Il  donna 
une  Méthode  d'approxhnation ,  qui 
lut  applaudie.  Il  réuiBt  moins  dans 
fes  autres  études.  Il  eft  auteur  :  I. 
De  quelques  Ecrits  contre  Hohhes  ^ 
Oxford,  1656  ,  in-8\  IL  D'ua 
Traité  des  Comètes ,  Oxford ,  165  3  , 
in-4°,  UL  D'une  Tngonpmétrie ,  Ox-, 

E  e  iij 


'438        V  A  R 

«a  ngloui  Londres,  1670 ,  iii-4®. 
XTARÉ,  (Jtcqoes)  dwvalkr  de 
la  Jarretière*  mort  à  DubUn  fa  pe- 
tMeai667«  aimé  8( «ftûiié*  lai^a : 
I.  XTn  Tfâki  4m  MmpmUs  rir-^ 
ioÊiàt^tXk latifl ,  imprimé  è  Dublin 
en  1639,  in<4^  Ce  poât  livre  eft 
iidle  auic  B>bUograp)îet}  mais  Tau- 
feufi  pâgsam  fies  compatriotes, 
S9  diHrifafue  pas  toDÎou»  fçs  élo- 
pes  avec  économie.  Il  rejette  cepen- 
dant les  écrivains  fabuleux  ^  les 
ouvragesrqppotts ,  &  p«oit  en  gé- 

ril   im  bon  &  favam  critique. 
Lts  AmuUês  iltluiMy  fous  les 

fiçdtMark^  1658,  in-S®,  en  latin. 
III.  Vm/Êoire  iu  Erlpies  ^ Irlande , 
166  {  ,  in-folio ,  &c. 

VARGÇNTIN,  (  V.  )  fecrétaîre 
de  racadémie  des  Sciences  de 
Suéde ,  &  affocié  de  celle  de  P^s , 
mourut  à  Stockholm  fa  patrie,  le 

i  Septembre  17^)  «  «  ^^  ansy 
'aftronomie  lui  doit  une  décou- 
verte irapommte,  çeVe  de^  Equa- 
tions empiriques  des  Satellites  de 
JtÊpUtr,  L*académie  de  Suéde  lui  fit 
(repper  une  médaille ,  &  obtint 
une  penfioo  pour  (es  eofans ,  le 
père  ayant  été  plitt  occupé  du 
progrès  des  fcijences  que  de  Taug- 
mentarion  de  fa  fortune. 

\(^ARHAM,  (Guillaume)  natif 
d'Oakley  dans  (e  Hampshire  en 
Angleterre  ,  devint  doâeur  en 
droit  à  Oxford  ,  puis  profeffeur. 
Son  talent  pou^  les  affaires  le  fit 
envoyer  ,  par  le  roi  ffenri  VII  ^ 
en  ambaâde  vers  Philippe ,  duc  de 
Bourgogne.  A  ion  retour  ,  il  fut 
fiommé  évéfue  de  Londres  ,  en« 
^uite  cbancelier  d'Angleterre  ,  & 
enfin  archevêque  de  Cantorberi. 
il  mourut  de  douleur ,  en  i  n^  x 
de  voir  la  religion  Catbolique  ren-v 
Yerféf  dans  f^  patrie. 

VARIN ,  (  Jean  }  fculpteur  & 
tpwrwir^n^àLjréjççi  i6o4^ciijpfa 


V  AR 

CMUM  pige,  au|fervtce  du  eonn 
dt  Ro€hâ/on  ,  «rince  du  Satota 
Empire.  Il  fit ,  dei  ù  jenncfie ,  fon 
amufement  du  dçffin  ,  &  s*y  rendit 
très-babile  ;  il  s'exerça  zuB  à  la 
gnvure  8(  à  la  fculpture.  Plufien» 
macfames  très  -  ingénieufes  ,  qu  U 
inventa  pour  monnoyer  les  Mér 
dailles  qu'il  avoit  gravées,  lui 
firent  une  grande  réputation.  Le 
roi  fyms  XIII  Uû  donna  la  charge 
de  garde  des  Monnoies  dé  France^ 
Ce  fiit  en  ce  temps-là  que  Wérin  fit 
le  fceau  de  l'académie  Françoife  , 
où  il  a  repréfemé  le  cardinal  ic 
Richelieu  d'une  manière  A  frappante^ 
que  cet  o.uvrage  pajSSa  t  à  )ufte  fitre , 
pour  un  chef-d'oeuvre.  Ce  fiit  en- 
core lui  fui  grava  les  poinçons  des 
Monnoies,  lors  de  la  converâon 
général^  de  toutes  les  efpeces  Icgr- 
rès  d'or  &  d'argent ,  que  Louis  XUI 
fit  finre  dans  tout  le  royaume.  Ce 
travail  mérita  à  Jf^arîn  une  nou* 
velle  charge ,  cellç  de  graveur  gêné-, 
rai  pour  les  Monnoies.  La  roonnoie 
fabriquée  pendant  la  minorité  de 
louis  XIV ^  eft  auifi  de  cet  habile 
artifte  *,  il  a  de  plus  travaillé  à  quan- 
tité de  Médailles  eftimées.  On  lui 
doit  encore  des  éloges  pour  fet 
ouvrages  de  fculpture.  Il  a  £ût 
deux  fiUifies  de  Lotâs  XIV \,  &  celui 
du  cardinal  de  Richelieu,  qui  fom 
dignes  d*être  mis  en  parallèle  avec 
ce  que  l'antiquité  nous  a  laifie  de 
mieux  en  ce  genre.  Cet  artjlfie  mou- 
rut i  Paris  en  1671 ,  du  poiTon 
que  des  fcélérats  ,  à  qui  il  avoit 
refîifé  des  poinçons  de  monnoie , 
lui  donnèrent.  Ce  fut  du  moins 
alors  un  bruit  public  ;  mais  on 
ignore  s'il  étoit  fondé.  JVarîn  étois 
d'une  avarice  fordide.  Ayant  forcé 
fa  ^Ue  i  époufer  un  homme  fort 
richfs ,  mais  boiteux ,  bofTu  &  rongé 
par  les  écrouelles  ,  elle  s'empoi- 
fonna,  en  165I,  avec  du  fubUmi 
qu'elle  avala  dans  un  oeui.Si  IVark 
moyaça^vM  (M|  (oi^9Q.s  comme  on 


W  A  R 

le  dît ,  Ml  ne  peut  s'empêcher  de 
recoiiiioître  un  des  coups  de  la 
Providence. 

WARNEFRIDE.  Voyei  xiv, 
Paul,  ^ui  s'appeloit  ainû  de  foa 
fiom  de  4miUe. 

I.- WARTHON .  (  Thomas  )  ne 
étt^  le  Yorckshire  en  16  lo ,  mon 
à  Condresen  1673  ,  profeiTeur  en 
médecine  dans  le  collège  de  Grès- 
lumi, ei|  très-connu  des  médecins , 
pa^  ion  Adatop^aphU,  in-8''.  Ceft 
une  deCcription  très-exaâe  des 
glandes  maxillaires,  par  lefquelleii 
la  iklive  paiTe  dans,  la  bouche» 

II.  WARTHOK,  (  Henri  )  né  à 
Worftéadt  dans  le  comté  de  Nor- 
folck,  vers  1664, mort  en  1694, 
fut  curé  de  Minfter  ,  place  qu'il* 
lemplit  avec  zèle.  Quoique  très-* 
occupé  par  les  fondions  de  fon. 
ttîniilere,  il  a  beaucoup  écri^,  & 
la  i^upart  de  fes  Ouvrages  contien* 
sent  bien  des  recherches.  Lesprin«*u 
«îpaux  font  :  I.  Anglia  S  ocra  ^  Lon- 
dres ,  169 1 ,  2,  vol.  in-fol.  C'eft 
«ne  éivante  H^Âoire  des  Archevé^ 
^es  d'Angleterre  «  iufqu'en  l'année 
3540.  La  moft  Tempècha  depouâèr 
ce  bon  Ouvrage  plus  loin.  IL  Wf^ 
toria  de.  Epifiopt»  Ct  Dccagiis  Londh' 
funfihus  &  Àfftttenfibus  ,  ai  annum 
êj4^^  Londres,  1695 ,  in-4®«  UL 
Peux  Traités  en  anglois  :  l\in  pour 
défendre  le  mariage  des  Pritres  , 
I^ndres ,  16S8  ,  in-4**  ;  &  l'autre^, 
la  phralhé  des  Bénéfias ,  Londres , 
^694,  in-8^  B  plaidoit  6  propre 
caufe,  car  il  en  avoit  pluiieucs. 
Voy.  Lavd. 

WARVICK.^  Voy.  EpovA:R]>, 
a®*  VII 6*  XI  i  £•  Beavcrabcp. 

WASA ,  Vay.  L  GUSTATE, 
"W^ASER  ,  (  Gafpard  )  aitiquaire 
Allemand  ,  mort>  en  1615 ,  à  60 
«os ,  Ce  fit  connoître  de  fon  temps 
par  quelques  Ouvragçs  prefque 
oubliés.  Le  feul  dont  on  Wit 
quelque  mention ,  quoique  inexad , 
■ft  indtulé  :  Ut  atitiquls  NummU 


VAT        4)9 

lleirêtêrum ,  ChaiduQmtm  &  Syrorum  « 
quorum  fan^a  JBikUa  &  Rakbinorum 
Sçfipta  meminerunt ,  in- 4®, 

V^ASSEBOURG  ,  (  Richaxd  ) 
hiftoriographe  François  du  xK^i* 
£ecle  »  pafla  la  plus  grande  partie 
de  (a  vie  à  étudier  notre  Hiftoire  , 
&  à  parcourir  le  royaume  &  le^ 
pays  circonvoifins.  Ses  études  éc 
Ces  voyages  fîtrent  mis  à  profit  dans 
•  les  Antiquités  de  la  Gaule  Belgique^ 
in-folio.  Cet  Ouvrage ,  curieux  & 
recherché ,  fût  imprimé  à  Paris  ea 
1549;  il  contient,  outre  les  And- 
quités  delà  Gaule  Belgique,  cellen 
de  France»  d'Auflraûe  ,.de  Lorraine, 
l'origine  du,Brabant ,  de  la  Flandre  » 
&c.  depuis  Jules  Gl/ar  iufqu'*à 
Henri  IL 

WAST,  (  S.  }j  redafiw  ,,  évêqu« 
d'Arras,  natif  de  Toul ,  inftruifit 
Clovis  des  principes  de  iai  religion 
Chrétienne  ^  apcàs  la  bataille  àd 
Tolbiac ,  de  concert  SLvec  5.  Remî» 
U  mourut  faintement  le  6  Février 
%40,  pleuré  de  fes  ouailles ,  qu^il 
avoit  gouvernées  avec  autant  dr 
^ele  que  de  fagefTe. 

WASTBLAIN,,  (  Charles  )  né  i 
Maroilles  dans  le  Hainaut  en  1694  «. 
ennra  chez  les  Jéfuites,  £c  fe  dif- 
tingua  par  la  culture  des  belles^ 
lettres  ,  dans  lefquelles  il  exerça  ^ 
durant  10  ans,  les  jeunes  religieux 
de  la  Société ,  pay  fon  érudition^ 
les  connoiâances  des  langues ,  fut^ 
tout  du  gsec  &  de  l'hébreu ,  &  plus, 
encore  par  fa  modeftie,  fatcinquil- 
lité  &  fa  candeur.  U  mourut  i  Lille 
le  24  Décembre  1781,  à  l'âge  de 
8S'  ans ,  après  avoir  publié  U  Def-^ 
mptton  de  lét  Qaule  Belgique  ,  félon- 
ies trois  âges  dé  Ckffioire  ^  avec  dit 
tants  géog^apkiqufs  ^  Lijle  ,  1761» 
uÀvol.  in-4**. 

WATELCT ,  (  Claude  -  Henri  y 
receveur  généîal  des  Finances» 
l'un  des  quarante  de  Tacadémie 
Françoife  ,  membre  de  plufieors. 
aadémic»  étrangères  ,   n^purut  à 

É  ê.  iv 


44©        WAT 

Paris  fa  patrie, le  15  Unvkttj^é. 
Jl  cultiva  de  bonne  heure  les  lettres 
&  les  arts  avec  avantage»  parce  que  iâ 
formne  lui  afluroit  tous  les  fecours 
propres  à  cette  culture.  Ses  voyages 
étendirent  fes  connoiffances  Qc  dé- 
veloppèrent fon  goût  Fixé  dans  la 
capitale  »  après  avoir  embelli  Ton 
çTprit,  il  fit  un  emploi  utile  de  Tes 
richeiles  ,  tant  que  les  richefles  lui 
reîlerenr  ;  car  un  revers  qui  précéda 
^  mort  de  quelques  années  ,  lui 
donna  lieu  de  montrer  une  philo* 
Cophie  qu'on  acquiert  rarement 
dans  Tabondance.  Le  îairdin  char- 
mant de  Moulin-Joli ,  fur  les  bords 
de  la  Seine ,  qu'il  deilina  lui-même, 
cft  un  témoignage  de  fon  goût  &  de 
fes  moeurs  douces.  Parmi  les  Infcrip« 
rions  dont  il  orna  ce  beau  payiâge , 
nous  remarquerons  le  quatrain  fui- 
Vant ,  qui  peint  »  à  quelques  égards , 
}'éfprit  &  le  cœur  du  pofle^feur  ; 

Çonfafrer  dans  Pohfatntd 
Sts  loifirs  à  Cétuie ,  i  V amitié  fa  vie  i 

Voilà  Us  jours  dignes  £  envie» 
Etre  chéri ,  vaut  mieux  qt^ftre  vanté ^ 

91.  WateUt  avoit  acquis  a^lez  d'ex- 
périence &  de  lumières  fur  les  arts 
ipour  en  tracer  les  principes.  Dans 
jbn  Poëme/vi- 1^  An  de  pondre^  il  a 
i^is  un  ordre  qui  contnbue  autant 
que  ^a  netteté  même  du  %-le  «  k 
(éclaircir  fes  préceptes.  *»  Poëte  & 
•»  peintre  eommie  Dufrefnoy  ,  il 
.  vt  s'eft  étendu  fur  la  partie  la  moins 
**  agréable,  la  partie  technique  \ 
M  ijl  a  même  pouiTé  les  détails 
»*  beaucoup  plus  loin  que  fon  mo* 
#'  dele.  Mab  il  n'a  pas  Ai ,  comme 
n  Dufrefnoy  ,  mêler  la  critique  3 
»t  l'inâru^ion.  Il  n*a  pas  fu  jeter 
»)  fur  fçs  leçons  «  ce  fel  piquant 
»»  qui  les  fait  retenir.  Aucune  ti^ 
V  flexion  profonde  &  raifonnée, 
«p  aucun  trait  qui  rdle  dans  l'efprit,^ 
n  Son  fiyle ,  en  général ,  ed  foible , 
n  fans  conâftance.  ,11  n'cfi  point 
C  qMxj^  $9nMxa«f^  déplacés  ^ 


V  A  T 

>'  mais  ii  eft  auffî  trop  dénué  dé 
»  poéiie.  Nulle  verve ,  nulle  force  , 
M  nulle  élévation  ,  ùulle  chaleur  : 
M  par-tout  des  idées  communes  » 
y>  revêtues  de  couleurs  vulgaires* 
n  L'él^^ance  mène ,  quand  elle  s'y 
M  trouve  ,  y  eft  médiocre.  Une 
>•  profe  foutenue  &  foignée  »  fe- 
w  fait  lire  avec  plus  de  plaiâr   m, 
(  C'eft  ainii  qu'en  juge  M.  Ciémaa 
dans  fes  Obfervations  critiques  fur  la 
traduéHon  des   Géorpqucs  par  M, 
l'abbé  de  Lille,  )  Auffi  préfere-t-on 
généralement  les  obdervations  dont 
M.    JTatelet  a   accompagné    foo 
Poëme  :  obfervations  qui  peuvent  ~ 
être  lues  avec  fruit  par  nos  jeunes 
artiftes.  Son  EJfai  fur  les  Jardins , 
accueilli  par  la  plus  grande  parti» 
du  public  ,  fut  comme  la  fourcQ 
d'une  foule  d'Ecritis ,  les  uns  fages  « 
les  autres  bizarres ,  fur  la  compoû- 
don  &  Tomement  des  habitadons 
rurales.  M.  WauUt  avoit  entrepris 
de  traduire  en  vers  la  JérufaUm  £>é^ 
livrée  du  TaS^  ,  &  avoit  lu  divers 
Chants  de  fa  Tradu£lion ,  dans  les 
f  éançes  de  l'académie.  Mais  des  gens 
de  lettres  qui  ont  aififté  à  ces  lec* 
tures,  nous  aiïiirent  que  cet  Ouvrage 
prouvera  plus  le  goût  de  l'auteur 
pour  le  Taffe ,  qu'un  véritable  talent 
poétique.  Le  plus  utile  des  Ou* 
vrages  pofthumes  de  M.  Waula^ 
a  été  un  Dictionnaire  de  Peinture^  de 
V  Sculpture  &  de  Gravure  ^ïmpnmé dans 
VEneyclopédie  méthodique.   Les  art!« 
des  font  rédigés^  en  général  avec 
méthode  &  prédiion  ,  &  le  rédao 
teur  s'y  montre  un  amateur  au$ 
paffionné  qu'édatré. 

WATERLAND»  (  Daniel)  ch*» 
noine  de  Saint-Paul  ,  archidiaa9 
du  comté  de  Middlefex,  &  çha* 
pelain  ordinaire  du  roi  d*Aflg(^ 
terre  ,  s'eft  fignalé  par  fes  ïx^^ 
contre,  les  ennemis  de  la  Coo^^ 
ftantialité  du  Verbe^  On  a  de  luit 
I.  Une  Défenfe  de  VEciiture  contre  k 

ÇhrificRûfm  de  TynM  Uf  l* 


J 


V  A  T 

\èim^onance  du, Dogme  de  la  Trïntti  ; 
^iKdéfeaduêAlL  Differuuion  fur  les  Af 
tà^ttcies  fimdémmêauM  de  la  Re^pon 
ji^  Chrétienne,  IV.  Plufieurs  autres  On- 
TBig*vrages  théologiques  &  moraux.  11 
isdciltiut  enlevé  à  l'Egltfe  Anglicane  le 
Qot'a  Janvier  I74Z. 
N^,  WATTEAU ,  (  Anbine)  peintre, 
I  pbiir  oé  à  Valenciennes  en  1684 ,  mort 
li  ûf  au  village  de  Nogent ,  près  Paris , 
'^btfk  1711 ,  étoit  mâànthrope  &  mé- 
tt  pv  laocolique  -,  cependant  Tes  Tableaux 
tljgt^  ne  préfement  ,  pour  l'ordinaire  « 
pf0t  que  des  fcenes  gaies  &  divertiiTantes. 
j^  Ce  goût  fi  comradiâoire  avec  fes 
^p^ moeurs,  peut  venir  de  l'habimde 
^f  qu'il  avoir  dans  fa  jeuneffe ,  d'aller 
^/^  deffiner,  fur  la  place»  Tefpece  de 
^  f  fpeûade  que  les  charlatans  donnent 
]2  if.  au  peuple,  pour  l'affembler  autour 
.^tr  d'eux  &  vendre  leurs  marçhandifes. 
2(^  Waueau  entra  dans  plufieurs  écoles 
^  médiocres  ,  plus  capables  de  dé- 
•^^  truire  les  talens  que  de  les  perfec- 
^  donner.  CbmAt  Audran  ,  célèbre 
vjg^  pour  les  omemens ,  fut  fon  dernier 
^  maître.  Il  forma  fur  les  Tableaux  de 
'■0,  Biée/u ,  fon  goût  &  fon  coloris.  Le 
^0  défîr  de  le  perfeâioimer  lui  fit  mé- 
' j^  diter  un  voyage  en  Italie.  U  foUicita 
^  pour  cela  la  penfion  du  Roi ,  &  pré- 
^  fenta»  pour  l'obtenir ,  deux  de  fes 
^  Tableaux.  On  fiit  frappé  de  (es  Ou- 
I  f;  vrages  *  &  on  le  reçut  à  l'acadjémie 
L  de  Peinture,  fous  le  titre  de  Peintre 
j  des  Fêtes  galantes.  Vers  ce  même 
\  temps ,  fon  inconAance  le  fit  partir 
pour  l'Angleterre  »  où  fon  mérite 
^  pe  fut  pas  fans  récompenfe.  Il  revint 
^^  à  Paris ,  &  fe  trouvant  fans  occupa- 
^  tion ,  il  peignit  pour  le  fieur  Ger* 
faint  fon  ami  ,  marchand  fur  le 
^  pont  Notre-Dame ,  le  plafond  de  (a 
^  iïoutique.  JTatteau  a  fuivi  le  goût  des 
Bambochades  ;  il  rendoit  la  nature 
avec  une  vérité  frappante.  Ses  ca- 
^  raâeres  de  tête  ont  une  grâce  mer- 
veilleufe;  fes  expreffions  font  pi- 
«juames,  fon  pinceau  coulant  ,  & 
A  touche  légère  Çc  fpirituelle«  U 


W  A  T         441 

flièttoît  beaucoup  d'agrémem  dans 
fes  compofitions  ;  ferfigures  fe  font 
admirer  pour  la  légèreté ,  &  pour 
la  beauté  des  attitude  *,  fon  coloris 
eft  tendre ,  &  il  a  parÊsiitement  tou- 
ché le  Payfage.  Les  defiSns  de  fon 
bon  temps  font  admirables ,  pour  la 
fineiTe,  les  grâces,,  le  fvelte,  la  cor- 
rection, la  £icilité  &;rexpreffion.«, 
Fûy.Jl.  ¥ATt,K. 

VATTEL,  (  N.  )  natif  de  Neu- 
chatel  en  Suifle»  efi  auteur  de  quel- 
ques Traités  de  phyûque&  de  jurif- 
prudence.  Sonprincipal  Ouvrageeft 
le  Droit  des  Gais  ,  ou  les  Principes  de 
la  Loi  naturelle  appliqués  à  la  conduite 
des  Nations  6*  des  Souverains  ,  175S  , 
2  vol.  in-4^  ;  ouvrage  fuperfidel  & 
dangereux  »  où  la  religion  eft  traitée 
comme  une  affaire  de  politique. 
Fier  des  applaudiflèmens  qUe  cette 
produâion  lui  attira ,  il  vint  a  Bru- 
xelles vers  l'an  1765  ,  s'ofiErit  à  des 
gens  en  place,  de  travailler  à  changer 
la  iégtdation  &  les  notions  natio- 
nales *,  mus  Marie  Thirefe  le  ren- 
voya peu  de  temps  après.  Nous 
ignorons  Tannée  de  fa  mort. 

WATEVILLE,   Fiy.  Vatte- 

TILLE. 

I.  WATTS ,  (  Guillaume  )  litté- 
rateur &hifiorien  Anglois,  vivoit 
dans  le  dernier  fiecle.  Ses  Ouvrages 
de  philologie  ne  lui  ont  pas  fait  un 
nom  femblable  à  celui  qu'il  s'eft 
acquis  par  fa  belle  édition  de  VHîf' 
toire  de  Matthieu  Paris  ,  imprimée  à 
Londres  en  1640 ,  en  2  vol.  in-fol. 
U  a  ajouté  à  cet  important  Ouvrage, 
une  Continuation^  dont  la  fidélité  ei^ 
moindre  que  celle  de  fon  auteur  \ 
des  Variantes  pleines 4e  recherches, 
&  un  Gloffaire  important  pour  fixer 
la  fignifîcadon  des  mots  barbares 
employés  par  Matthieu  Paris, 

IL  WATTS,  (Ifaac)  doûeur 
eikthéologie,  mérita ,  par  fes  talens 
&  fes  excellentes  qualités ,  la  place 
de  pafieur  ordinaire  dans  TÉglife 
Presbytérienne   de    BéryAréet  à 


44»       W  A  U 

Londres.  11  la  remplit  arec  amant 
de  zèle  que  de  lumières.  Il  eft  prin- 
cipalement conmi  en  France  par 
un  Ouvrage  îudicieux»  imitulé  : 
La  Cttltan  et  PEffriâ^  traduit  en 
françois  im  1762  ,  in-12.  Il  en 
publia  la  1'^  partis  en  1741  ;  mais 
It  mort  l'empêcha  d'achever  la 
féconde.  Ce  livre  peut  fervir  à  ùd- 
liter  Tacquiiftion  des  connoiflances 
néiles  \  &  ce  n'eft  pal  la  feule  pro- 
duâion  qui  foit  forde  de  û  plume. 
On  a  publié  le  Recueil  de  Tes  Ou- 
vrages ,  en  6  vol.  in-4*'»On  y  trouve 
des  Traités  de  Mcrale  ,  de  Gram- 
mmn ,  de  GiopaphU ,  A'Afironomc , 
de  Lofitptt  &  de  Métaphyfiqtte,  Il 
«voit  du  talent  pour  la  poéfîe  , 

S  fil  cultiva  dès  (a  tendre  jeuneàe. 
n  a  de  lui  une  Imitation  des 
TftMtmu  dt  David ,  des  Cantiques 
fit  des  Hymnss ,  dont  Tofage  a  été 
introduit  dans  l'Office  public  de 
^Ittfieurs  EgUfes  Presbytériennes. 
WAUWERMANS,  (Philippe) 
peintre ,  né  à  Harlem  en  1620  , 
mort  dans  la  mtee  ville  en  1668  , 
excella  dans  les  Payfages,  Il  les 
ornoit  ordinairement  tle  chaiTes  « 
de  haltes  ,  de  campemens  d'armée , 
d'attaques  de  villages  ,  de  petits 
combats  y  &  d'autres  fumets  dans 
fefquels  il  pouvoit  placer  des  che- 
vaux ,  qu*il  deffînoit  dans  la  der» 
niere  perfeéHon.  Les  Tableaux  de 
ce  maître  ,  qaoi^'en  très  -  grand 
nombre,  font  remarquables  par  la 
beauté  du  travail ,  l'élégance ,  la 
correélton ,  le  tour  fin  &  fpirituel 
des  ^gures  ;  par  la  fonte ,  l'accord 
&  la  vivacité  des  couleurs  *,  par  un 
pinceau  féduiûim  ;  -par  un  beau 
choix ,  une  touche  délicate  &  moël- 
leufe  ,  l'entente  du  clair  -  obfciu: , 
un  colons  oâueux  -,  enfin  par  un 
précieux  fini.  Il  a  poufle  même  ce 
fini  trop  loin  dans  quelques-uns 
de  fes  ouvrages.  Les  Tableaux  faits 
dans  fon  dernier  temps ,  donnent 
un  peu  trop  dans  le  gris  ou^dans  le 


VED 

bleu.  H^aumrmoMs  eau  k  feplaindrf 
de  l'oubli  de  la  forrane.  Il  avbi( 
un  fils  ;  mais  il  aima  mieux  lut 
donner  le  goût  du  cloître  que  celui 
de  la  peinture.  Il  fit  même  brûler  en 
fa  préfcnce  >  étant  au  lit  de  la  mort , 
une  cafiette  remplie  de  fes  études 
&  de  fe^  deffîns.  On  a  bdRicoup 
eravé  d'après  lui.  Il  a  auffi  gravé 
a  Teau-forte.  han  Gnffier  fut  fon 
élevé.  Pttnt  &  kan  Wavwek- 
MANS  lits  frères ,  ont  peint  dans  fo» 
genre ,  mais  avec  moins  de  fuccès« 

WECHEL ,  (  Chrétien  &  André  > 
célèbres  imprimeurs  de  Paris  6e 
de  Francfort ,  dont  les  Edidons 
font  correâes  êc  fort  eftimées.  Ut 
durent  principalement  la  perfe^oa 
de  leur  art  ,  au  (avant  frédtrîe 
Sylburg^  correâeur  de  leur  impri- 
merie, Ckréûm  vivoit  encore  en 
1552.  Jndré  fon  fils  ,  mourut  en 
1581^  On  imprima  à  Francfort  en 
1 5  90 ,  in-8^ ,  le  CataUgue  des  livres 
fortis  de  leurs  prefies. 

VEDEL  »(  Georges- Volfgang  ) 
né  à  Goltzen  dans  1«  Luface  en 
1^4$ ,  mort  le  6  Septembre  172 1  «^ 
à  76  ans ,  devint  profefleur  en  mé^ 
decine  à  lene  en  1672 ,  puis  con<« 
feiiler  &  premier  médecin  des  ducs 
de  Saxe.  L'académie  de  Berlin  &c 
celle  des  CurUusf  de  U  Natttrt  fe 
l'afloçierent.  On  a  de  lui  un  très- 
grand  nombre  d'Ouvrages  ,  qui 
offrent  des  recherches  utiles.  Les 
principaux  font  :  I.  WhypoloWi 
mediea^  I704t  in- 4^.  II.  Phyfio* 
hgia  reformatai.  ^  1688  «  ili-4^.  III« 
De  Sale  rolatUi  Plantarum ,  in-12. 
IV.  Theoremata  medica  ,  in-12.  V. 
Exercitattonum  Medieo  <•  Philolopca^ 
rum  Décades  XX  ,  1686  à  1720  ,  | 
in«4*.  VI.  Theoria  Saporum  medica^  '  \ 
in-4'».  VII.  De  MorbU  Infantâm  , 
in  -  8*.  VIII.  Opîolopa  ,  1682  ♦ 
in-4°.  IX.  Pharmacia  in  artisfirmam 
redaHa,  169^  ,  inr4°.  X.  De  MidU 
i^amentorum  facultatibus  copiofceaUt 
&  applicandis^  1696 ,  ia»4*.  XI.  X>* 


V  E  H 

fMteamsntoTum  compofiéicni  i^fUm" 
forûitta,  1693,  in-4^* 

fiivam  voyageur  Anglois  du  xni* 
^ecle.  Son  Voyagt  ât  DûtmatU^  et 
Grèce  &  du  Levant  ^  fe  trouve  avec 
celui  de  Spon ,  à  la  Haye  »  17^4  •  2 
yol.  vDri%  \  &  féparémcQt  «  1689 ,  % 
Toi.  m«i2. 11  eft  exad,  fincere  ,  & 
a'attache  aux  diofcs  qui  peuvent 
imérefler  la  curiofité  du  leâew. 

^9(nE:iMAR  «  (  Bernard  )  dpc  de 
Saxe ,  le  dernier  fils  de  han ,  duc 
4e  Saxe  -  W»mar  ,  defcendolt  de 
l'ancienne  branche  éleâorale  dc- 
poflëdée  par  Charles-  Qubu.  Sa( 
liaine  pour  la  maifon  d^Antridie 
le  fit  ranger  fous  1^  drapeaux  de 
Cuftave-Aâolpke,  Il  perdit  d'abord 
la  bataille  de  NordUngu^  \  mais 
ayant  été  niis  à  la  tète  d'une  puif- 
fante  année  en  Allemagne ,  par  le 
roi  Louis  XIU ,  [  Voy,  fon  article.  ] 
il  y  gagna  des  viâoires  fignalées, 
Il  pritSaveme*  chafla  les  Impériaux 
de  Bouigogne ,  8(  fe  rendit  maître 
de  Jonvelle  dans  la  Franche-Comté. 
L'an  1638»  il  força  JUieinsfeld  , 
après  avoir  défait  6500  Impériaux , 
qui  étoient  venus  au  fecours  de 
cette  place.  Il  alla  enfuite  affiéger 
Brifiàch ,  &  ne  l'affiégea  pasen  yain. 
Une  viûoirc  importante  fut  la  fuite 
de  cette  conqaète.  Toute  l'Alface  fe 
fournit  â  lui  ;  &  il  eût  remporté  de 
plus  grands  avanage^  ^ns  la  mort 
qui  le  furprit  le  lé  Jmllet  1639, 
Il  dîfpofa  en  fouversûn  de  te  (Jti'il 
crut  lui  appartenir  »  6c  déclara  fes 
frères  indignes  de  luifuccéder  dans 
l'héritage  des  pays  conquis ,  s'ils 
ne  demeuroient  dans  l'alliance  & 
au  fervice  de  la  France.  Elevé  de 
Cnftave-Adofphe  ,  il  étoit  auffi  ca- 
pable déformer  de  grands  projecs, 
que  de  les  faire  exécuter.  Le  pou- 
voir du  cardinal  de  RUkeâeu  ne  put 
Jamais  l'engager  à  flatter  ce  miniftr? , 
fiifes  favoris.  Un  jour  que  le  Père 
foffh^  Gafucin«  qui  ei^tendoit  k 


W  E  L        44? 

^rrê  comme  un  honime  4e  fon 
état  peut  l'entendre ,  montroit  fur 
la  carte,  des  places  qu'il  fidloit  pred* 
dre  pendant  la  premicre  campagne 
de  163^  :  ToiU  cela  feroit  bien ,  Fin 
JosETB  ,  lui  dit  Weiuar  ,  fi,0tl 
prenoit  les  villes  avec  U  bout  du  doigta 

XI^EINMANN  »  ("Jean-Iacques^ 
Çuillaume  )  apothicaire  deRatis* 
bonne  »  mort  en  1734*  a  donn^ 
un  Ouvrage  ionfidérable  fur  le* 
plantes  ,  intitulé  :  Phytoatc/a  lee^ 
nograpkîca ,  five  ConfpéSas  aS^itûn 
mUSum  plantamm  ,  Radsbonne  « 
173 j -1745 ,  4  vol.  in-folio,  avec 
1025  planches  enlomtoées  ,  mû 
qui  ne  le  font  pas  également  bien 
dans  tous  les  exemplaires. 

VEISS,  ^oy«^  I.  Albin  ,  &  Uk 
Albinus. 

WEISSÊKBpRN ,  (Ifate-Fréde^ 
rie)  théologien  Luthérien  ,  né  à 
$malkaide  en  1674,  fîiè  profefleur 
en^diéologie  6c  (ùrintendantà  lene» 
où  il  mourut  en  1750.  On  a  de  lui  : 
1.  AîufMtm  PhUoJophim  ^  in-4^.  II. 
Par^doxorum  Lofjicorum  Dteodes  « 
in-4^.  IH.  c6ar2sUr  verte  Religîbnts 
bi  do&rina  de  Pide  in  CSRJsrvM , 
pÊfilfifanu,  IV.  Des  Sermons  en 
allemand. 

lX^£ITZIUS,(Jean)moi«eft 
1642 ,  eft  connu  par  des  Commen- 
taires fur  Térenee^  fur  les  Triflu 
A* Ovide  ,  fur  VerrîuS'Flaecus ,  Çc  fur 
Prudence*  On  y  trouve  plus  de 
favoir  que  de  goût. 

WELLENS,  (  Jacques-Thomas- 
Jofeph  )  évèque  d'Anvers ,  doôeut 
en  théologie  dans  l'univerfité  de 
Louvain,  né  i  Anvers  en  1716» 
&  mort  dans  cette  ville  en  1784» 
s'eft  diiHngué  par  fa  charité ,  fon 
eele,  fes  lumières  ,  fon  défiméref- 
fement  ,  par  des  vues  vraiment 
patriotiques ,  confiamment  diri<;ées 
vers  ie  foulagement  &  le  bien-être 
de  fes  diocéfaini.  On  a  de  lui  ut» 
Livre  très-utile  aux  eccléfiaftiques  , 
publié  fous  ce  titre  :  Meihortatîoms 


W  E  L 

famUUns  de  vocoûotu  fâerorum  m!^ 
miftrwum  &  vartis  eorum  officus  , 
Anvers,  1777  &  1783,  in-8^ 

1.  W£LLER ,  (  Jérôme)  théolo- 
^en  Protefianc ,  né  à  Freyberg  en 
Mlhie,  Tan  1499  «  ^t  très-ataché 
à  Luther^  qui  le  garda  huit  ans  dans 
£1  maiibn.  W^eller  devint  enfiiice 
{vofeflêur  de  théolo^e  à  Freyberg  » 
où  il  mourut  en  1571 ,  à  73  ans^ 
On  a  de  loi  :  L  Comnuntarîa  In  Ubros 
Samuel  &  Regum.  11.  ConfiUum  de 
fiadio  Theologia  reclè-  inJiUuendo»  III. 
Commentaria  InEprfiolas  ad  Ephefios  ; 
&  d'autres  Ouvrages,  imprimés  à 
I<ipzig ,  en  2  vol.  in-fol. 

IL  >Ï^ELI.ER,  (Jacques)  théo- 
logien Allemand ,  naquit  à  Neukirk, 
ibns  le  Voifgland ,  en  i6oz.  Après 
avoir  profefle  quelques  années  la 
tliéologie  &  les  langues  orientales 
à  Vï^ittemberg  ,  il  fiit  appelé  par 
réle€beur  de  Saxe  ,  pour  être  fon 
.  prédicateur  auliquct  Ses  principaux 
Ouvrages  font  :  SpiciUgutM  qudtfiio-' 
nmm  Hebr^o-Syrarum  \  &  une  bonne 
Grammaire  grecque.  Il  mourut  en 
1664. 

WELLS,  (Edmond)  littérateur 
Anglois  y  (avant  dans  la  langue 
grecque,  qu'il  profefTa  à  Oxford, 
mourut  vers  17  30.  Il  eft  connu  prin- 
cipalement par  une  bonne  Edition 
■de  Xénuphon ,  revue  fur  pluHeurs 
Manufcrits ,  ornée  de  Cartes  géogra- 
phiques &  chronologiques ,  impri- 
mée à  Oxford ,  en  5  vol.  in- 8®. 

WELSER ,  (  Marc)  né  à  Ausbourg 
en  1 5  5  8 ,  de  parens  nobles ,  mourut 
lé  13  Juin  16 14.  Il  fut  élevé  à 
Rome  fous  le  célèbre  Muret ,  qui 
lui  iafpira  un  goût  vif  pour  l'étude 
des  belles-lettres ,  latines  6t  grec- 
ques, &  pour  les  antiquités.  De 
retour  en  fa  patrie ,  il  parilt  avec 
éclat  dans  le  barreau.  Ses  fuc:ès 
lui  méritèrent  les  places  de  préteur 
&  de  fénateur  d' Ausbourg.  JFcifer 
\fe  fit  un  nom,  non-feulement  par 
la  proteâion  qu*il  accorda  aux  fa- 


V  E  N 

▼ans ,  nuôs  encore  par  les  Owmg^ 
dont  il  enrichit  le  monde  littéraire. 
On  a  de  lui  :  I.  Renan  Augafio'Fînde' 
ficarum  Ubri  y  m ,  à  Venife  »  1 594  » 
în-fol.  :  ouvrage  plein  de  recherches  , 
&  écrit  avec  affez  dégoût.  II.  Rerum 
Botarum  ûhi  r,  in -4®,  à  Aus* 
bourg ,  1601.  On  lui  attribue  encore 
le  Squutmio  delU  libena  Veaeto ,  que 
d'autres  donnent  à  Alf.  de  la  Cuera  » 
marquis  de  Bedmar  -,  (  Voy»  CuKVA  , 
n®  I.)  Tous  les  Ouvrages  de  ce 
lavant  écrivain  furent  recueillis  à 
Nuremberg,  en  1681,  in-fol. 

WENCESLAS,  fils  de  Chartes  JV^ 
empereur  d'Allemagne ,  eut  le  trône 
impérial  après  la  mort  de  ce  prince , 
en  1378 ,  à  l'âge  de  15  ans.  Son  père 
avoir  réglé ,  par  la  Bulle  ^or,  l'âge 
néceffaire  au  roi  des  Romsûns  ;  il 
fut  le  premier  à  violer  ce  règlement 
en  £iveur  de  ce  fils ,  qui  fiit  un 
moniire  de  cruauté  &  de  débauches. 
Comme  Nérçn ,  il  donna  d'abord  de 
grandes  efpérances.  Mais  la  pefte 
rayant  chaflë  de  Bohême  ,  U  fe 
retira  à  Aix-la-Chapelle.  Ceft  dans 
cette  ville  que  les  a£Eaires  commen- 
cèrent à  lui  pefer.  Le  goût  d'u& 
Êifie  ruineux  »  le  commerce  des 
femmes,  &  les  prodigalités  qu'il 
entraine ,  lui  fît  bientôt  perdre  de 
vue,  au  milieu  d'une  troupe  de  jeu- 
nes débauchés  des  deux  fexes ,  les 
devoirs  &  là  ma)efié  du  trône* 
Amolli  par  la  volupté  »  il  devint 
lâche  &  cruel.  Ayant  voulu  défen- 
dre les  Juifs  contre  fes  fujets  de 
Bohême,  ^  s'étant  fignalé  par  des 
aâes  de  fureur*  les  Bohémiens  l'en- 
fermèrent dans  une  étroite  prifon  , 
l'an  1394.  Dans  un  de  iÎBs  accès  de 
frénéiie ,  il  avoit  fait  jeter  dans  la 
Moldaw ,  S,  Jean  Népomucene ,  parce 
qu'il  n'avoit  pas  voulu  lui  révéler 
la  confeilion  de  la  reine  fon  époufe. 
On  dit  qu'il  marchoit  quelquefois 
dans  les  rues,accompagné  d'un  bour- 
reau ,  &  qu'il  faifoit  exécuter  fur  le 
champ  ceux  qui  lui  déplaifoient» 


i 


W  E  N 

Ce  furent  toutes  ces  raifoos  qui 
forcèrent  les  magiilrats  de  Prague 

.  4e  le  détenir  dans  un  cachot ,  d'où 
il  {^  Tauva  quatre  mois  après.  Un 
pêcheur  lui  fournit  une  corde ,  avec 
laquelle  il  s'échappa ,  accompagné 
d'une  fer  vante,  dont  il  fît  fa  mai- 
trèfle.  Dqs  qu'il  fut  en  liberté,  un 
parti  fe  forma  en  fa  faveur  dans 
Prague.  Les  magiftrats  de  cette  ca- 
pitje  le  traitant  toujours  comme 
un  prince  infenfé  &  furieux ,  Tobli- 
gèrent  de  s'enfuir  de  la  ville.  C'étoit 
une  occafion  pour  Slgîfmond  fon 
frère ,  roi  de  Hongrie ,  de  fe  foire 
reconnoitre  roi  de  Bohême  :  il  ne 
la  manqua  point  -,  mais  il  ne  put 
que  fe  foire  déclarer  régent.  Il  fit 
enfermer  fon  firere  dans  une  tour, 
à  Vienne  en  Autriche.  Wenceflas 
s'échappe  encore  de  fa  prifon ,  & 
de  retour  à  Prague,  il  fe  fait  des 
partifans ,  condamne  au  dernier  fiip- 
plice  ceux  qui  l'avoient  mis  en  pri- 
ù>n ,  &  ennoblit  le  pêcheur  qui  lui 
avolt  donné  le  moyen  de  fe  fauver. 
Cependant  les  tra verfes  qu'il  efTuya , 
le  forcèrent  d'aliéner  le  refle  des 
domaines  de  l'Empire  en  Italie.  Les 
éleÛeurs  en  prirent  occafion  de  le 
dépofer  en  1400,  pour  les  griefo 
fuîvans.  '»  Il  a  vendu  à  la  France 
«»  Gênes  &  fon  territoire  ;  malgré 
f  l'oppofition  des  états  de  l'Empire  *, 
t  il  a  livré  à  GaU^s  Vifcom ,  le 
M  Milanois  &  la  Lombarde*,  il  a 
»  aliéné  plufîeurs  domaines ,  qui , 

,  n  par-  la  mort  des  propriétaires , 
»  étoient  dévolus  à  l'empire  *,  il  a 
M  -accordé  aux  voleurs  &  aux  bri- 
M  gandf  l'impunité  de  leurs  crimes*, 
>•  il  a  mailacré ,  noyé ,  ^  brûlé  des 
*•  prélats,  des  prêtres  &  pluâoirs 
'«  perfonnes  de  diâinâion  ,  &c. 
»  Nous  donc ,  ayant  invoqué  le 
*>  SaintNom.de  Dieu,&  étant  afiîs 
M  dans  notre  çribuhaluie  Juflice, 
»  niu8>parltt^Fie£54almec^OBoés, 
>» .  avons  dépofé ,  par  notre  préfente  > 


W  E  N        44Ç 

»  comme  diffipateur  du  Corps  Ger- 
»  manique,  comme  membre  i-nu- 
»*  tile;  &  comme  chef  indigne  .de 
»♦  gouverner;  &  comme  tel,  l'avons 
>«  privé  des  dignités  &  des  hoa- 
M  neurs  qui  lui  appaniennent.  Nous 
n  faifons  {avoir  aux  princes,  po- 
»  tentais,  chevaliers,  villes,  terres 
»  &  peuples  du  Saint-Empire ,  qu'ils 
M  font  absous  du  ferment  de^délité 
»  &  de  l 'hommage  qu'ils  lui  dévoient 
»»  en  fa  qualité  d'empereur».  On  dit 
que  quand  on  lui  annonça  fa  dépo-> 
fition  ,  il  écrivit  aux  villes  impé- 
riales d'Allemagne,  qu'il  n-exîgeoh 
dédies  d'autres  preuves  de  leur  fidélité^ 
que  quelques  tonneaux  de  leur  meilleim 
vin,  11  ne  renonça  toutefois  au 
fceptre  impérial  qu'en  1410 ,  &  il 
mourut  roi  de  Bohême  en  1419 , 
âgé  de,  58  ans.  Il  ne  laifla  point 
d'enfons',  quoiqu'il  eût  été  marié 
deux  fois.  Sa  première  femme  fut 
Jeanne  ,  fille  à' Albert  de  Bavîen  ^ 
comte  de  Hollande;  fa  féconde, 
Sophie^  fille  d'Etienne  U  Frîfé^  duc 
de  Bavière.  »  Il  fembloit  que  la 
»  nature ,  en  formant  Fencefias ,  (  dit 
"  M.  d£  Montigny) ,  fe  fût  épuifée 
n  à  raifembler  dans  fa  perfbnne 
»  l'exceffîve  prodigalité  A* Antoine  , 
»  l'infâme  lâcheté  d'HéliogahaU  , 
'»  &  l'ame  cruelle  de  Tibère,  Tout 
n  lui  devenoit«  permis  pour  fatîf* 
/*  foire  fes  paf&ons;  point  d'équité  <  < 
V  dans  fes  jugemens,  point  de  re-*  4  .^ 
'»  tenue  dans  fes  vexations ,  point  -4:** 
*f  de  ménagement  dans  fes  débatt*^*  ; 
»  ches.  Fier  dans  la  bonne  fortune,  '{ 
n  il  rampoit  dans  l'adverfité.  Mal- 
'»  heur  à  quiconque  l'ofFenfoit  ;  il 
»»  n'accordoit  de  pardon  qu'à  ceux' 
»  qui  pouYoient  l'acheter  à  prix 
"  d'argent,  ne  rougi£^nt  jamais  de 
>»  mettre  fa  «lémence  aux  enche« 
>v  res ,  &  de  faiire  un  honteux  tra« 
H.  £c  de  la  plus  belle  verju:de$- 
»*  rob  >»•  '    • 

WENDELIN ,  (  Godefroi  )  naquit 
diM  i^  9r%b«Q$^.i$S9 ,  voyagea 


446        W  E  P 

en  France ,  profefià  là 
à  Digne ,  &  mourut  à  Tournai ,  où 
il  étott  dianoinCf  en  1660.  La  phi- 
losophie &  la  îutiipnl4ence  pa<^- 
gerem  {t$  (oins  ;  fie  l'Une  êc  l'au* 
tre  lui  firent  un  n<}m  célèbre.  11 
donna  au  public  plufieurs  Ouvra- 
ges ,  parmi  lefq^els  on  diftingueunc 
EdiùiM  des  Lois  SaUquu ,  imprimée 
à  Anvers,  1649»  in-fol.  Cette  édi^ 
tion  eft  enrichie  de  favantes  Notes 
èc  d'un  âloflaire  très  -  utile  pour 
rintelUgeoce  de  ces  lois.  Jatquù 
Chifflet  en  a  orné  Ton  Riattil  PqHùco» 
h/ftoriquê, 

^£PP£R ,  (  Jean  Jacques  )  né  à 
Schaifoufe  le  2)  Décembre  1610 , 
médecin  du  duc  de  Wuumherg^  du 
marquis  4^  Dourlac  &  de  1  éldSieur 
Palatin ,  mourut  en  169$ ,  à  74 ans. 
On  a  de  lui  :  !•  Hiftorin  ApopltOU 
corum,,  1710 ,  in-S**.  IL  Caint  a^tm* 
Hem  I^Qna  ,  17 16.  in-4**.  UL  ObfeT- 
t^uîonu  »  1717 ,  in-4**.  Sa  Fm  eft 
9  la  tète  de  ce  dernier  Livre  •  qui  eft 
fiUmé »  ainfique les précédens. 

L^ER£KF£LS ,  (  Jean-Jacque$) 
paûeur  4^  £âle  (a  patrie ,  mourut 
en  1655,  après  9voir  publié  des 
i^emoiu  en  allemand ,  &des^oin^«> 
(/es  en  latin ,  fur,  VEtcUfiafiê,  Elles 
offrent  plus  de  favoir  que  d'élo- 
quence. 

IL  WERENFELS ,  (  Pierre  )  fils 
du  précédent ,  archidiacre  de  Bàlé , 
né  à  Liecbcal  en  1617  »  fignala  £bn 
zele  pendant  la  pefte  qui  défola 
cette  ville  en  1667  &  1666.  Son 
ipérite  lui  procura  la  chaire  de 
profefieur  de  théologie  en  1675  « 
qu'il  remplit  avec  ap^audifiement. 
U  mourut  le  23  Mai  1703  »  à  76 
ans,  avec  une  réputation  de  piété 
&  die  favoir  îuflement  méritée.  On 
a  de  lui  un  grand  nombre  de  Di/tr^ 
uttùmâ^  des  Sermons^  &  quelques 
autres  Ouvrages  plein#  d'érnditioa, 
'  IIL  WERENFELS,  (  Samuel  ) 
fils  du  précédent  ,  naqint  à  Bâie 


V  W  È  R 

likéntes  fciences  dans  £1  patrie^ 
Il  voyagea  en  Hollande,  enAllèM 
magne  &  ^  France.  Pendant  troiâ 
mois  de  féîour  qu'il  fit  à  Paris  i  il 
eut  de   fréquentes  converlâtions 
avec  les  Pères  MaUbrMntht  &  dé 
Moatfauion  «  &  avec  Variffum,  Il 
retourna  à  Bâle  en  X701 ,  &  l'aimée 
ûii  vante  il  fuecéda  à  fon  père  dans 
la  chaire  dé  diéologie.  Il  fiit  af^ 
grégé  en  1706  ,  à  la  fociété  An<> 
gl^ife  de  la  Propagation  de  la  Foi, 
&  en  1708  à  la  fociété  royale  de». 
Sciences  de  Berlin.  Sa  réputation  » 
qui  croifibit  de  jour  en  Jour,  lui 
procura  la  correfpondance  des  plus 
iilufires  ÛLvans  de  l'Europe ,  & 
attira  à  Bâle  une  multitude  d'étu« 
dians ,  à  l'infiruâion  defquels  il 
s'a|>pliqua  avec  zele.  Il  converfoit 
familièrement  avec  eux,  &  s'atta* 
choit  à  leur  cultiver  le  iugemént 
•  beaucoup  plus  que  la  mémoire. 
Son  foin  principal  étoit  de  leur 
inipirer  les  fentimens  de  douceur  , 
de  tolérance  &  de  modération  dont 
il  étoit  pénétté,  &  de  les  conduire 
dans  les  routes  de  la  vertu  &  de  la 
probité  •  qu'il  fuivit  lui-mtoe  toute 
fa  vie.  Il  mourut  à  Bâle  le  premier 
iuti^i740.  Tous  fes  Ouvrages  ont 
été  recueillis  en  2  voL  iâ-4®.  La 
plus  ample   édition  eA  celle  de 
6eneve  8c  de  Lauùnne  en  1739. 
Ils  roulent  fur  la  philologie  ,  le 

eiilofophie  &  la  théologie.  Son 
vre  le  plus  connu  eft  celui.  Dé 
l^Qgomac^  Emditorum ,  170^ ,  in>8^* 
Le  Clen  dit ,  dans  ùl  BihUotkequê 
wùvetfUk  ,  que  ce  Traité  fera  lu 
avec  plaiihr  par  les  favani  »  fi  ce 
n'eft  par  ces  favans  refix>gnés  & 
de  mauvaife  humeur  ,  qui  ,  fem- 
hiafales  â  certaiiu  malades  ,  loin 
de  vouloir  qu'on  les.  guérifle  ,  ne 
veulent  pas  même  qu'on  conaoiflê 
leur  auladte.  Le  Recueil  de  fes 
Ouvrages  renficrme  di  vertes  Po^ktf 
qui  moatreat  que  l'auseur  n'étoit 


eo  1657»  &  61^  pr^feÂMT  de  1^  Pffi  «1$  ^WP9Cte  quJ^ilepU- 


Wophe  &  favam  théologien.  On 
a  encore  de  lui  un  voL  m- 8^  de 
Semons» 

WERFF  I  (  Adrien  Vaoder-  ) 
peintre,  né  a  Rotcrdam  en  16)9, 
mourut  dans  cette  ville  en  lyiy. 
Le  précieux  £ni  de  ik»  OuvragesT, 
&  leur  rareté  »  les  rendent  très» 
chers.  L'éleûeur  Palatin,  qui^Koûa 
beaucoup  fa  manière ,  le  eréa  che- 
valier, ainfi  que  fes  defcendans. 
11  lui  permit  d'ajouter  à  fes  armes 
une  partie  des  éleâorales  ,  &  lui 
fit  préfent  de  fon  portrait  enrichi 
de  diamans.  Tous  les  princes  qui 
venoient  à  Roterdam  lui  rendoient 
viâte ,  &  payotettt  chèrement  fon 
pinceau.  Vander  -  Wuff  terminoit 
ic%  Ouvrages  avec  un  foin  éton- 
nant. Son  deffin  eft  affei  correû , 
fa  touche  ferme  &  précieufe*  Ses 
figures  ont  beaucoup  de  relief; 
nais  fes  carnations  approchent  de 
rivotre,  &  ne  font  pas  aflla  vives. 
Ses  compoikions  manquent  auffî 
^e  ce  feu  préférable  au  ^rand  fini. 
Il  a  peint  des  Portraits  &  des  fujets 
d'hiftoire.  Ses  princtpaox  Ouvragiçs 
font  â  Duâeldorp  «  dans  la  ridie 
colleâion  de  Téleâeur  Palatin. 
On  y  admire  fes  quinze  JahUêim 
touchant  les  Myâeres  de  not^e 
religion. 

VËENERU5»  ny.  Irmerivs 

6*  ROLLWXlîCK. 

WëSEL  0»  Van  Haiorbit  m 

AAVOLDVS  VESAtlfiMS»,   (At- 

aold)  né  à  Wefel  vers  14S0,  fe 
rendit  habile  dans  les  langues  1^- 
tiae  t  grecque  &  hébraïque ,  fut 

-«hasoine  de  la  métropole  de  Co- 
logne, où  il  mourut  le  30  Oâobre 
x^  34.  Il  reAe  de  lui  :  L  Macrùhiuê^ 
muSmrio  iompl^tuut  ^  amMtatioiùhu 

.  if/ifimw ,  Cologne  »  1 5  «7  ,  in-ii. 
IL  ProefifU  OraùofUi  (k  Jufiidtmi 
Ja^pffi^Àfcâê  ladnè  ruUUm,  Bàle, 
15  $E  «  in-foUo;  &  plufieurs  Ou* 
9T9get  de  coatroverfe* 


W  ES        447 

ÂnvetsiUi  ty^i,  fut  reçu  doàeur 
en  droit  à  Louvain  à  19  ans  .- 
honneur  que  peifonne  n'avoit  eii 
à  cet  âge.  11  enfeigna  la  jurifpru- 
denoe  avec  réputation  à  lene ,  puis 
à  Wittemberg  ,  où  il  mourut  efii 
15^6,  à  J5  ans,  après  ?*voir  cm- 
brafie  la  religion  ProteOante.  On 
a  de  lui  uit  grand  nombre  d'Ou- 
vrées. On  eilime  fur  -  tout  fes 
Ohjetyations  fm  Us  PandeSUs  &  U 
Cadt^  Amftetdan  ,1665  ,  in-4*^ . 
en  latin  ;  &  fes  ParatUlesy  dans 
lefqueis  il  explique  avçc  brièveté 
&  clarté  ce  qu'il  y  a  vie  plus  diffi* 
cile  dansées  hx  litrres  du  Dîgefie. 
WESSELUS  ^  (  Jean  )  né  à  Gro- 
nîngue  vers  1419  ,  étudia  d'abord 
à  Z»wool  6c  eafuîte  à  Cologne.  11 
traverfoit  fouveot  le  Rhin ,  pour 
aller  lire  les  Ouvrages  de  l'abbé 
Rup^  dans  le  Monaibre  de  Duyts. 
De  Cologne  il .  pafla  à  Paris ,  où  'û 
trouva  les  difputes,  de  philofophie 
très-échauffées  entre  les  Rêmx  »  les 
Formaux  &  les  Nominaux»  Comme  il 
M\ok  opter  ennre  ces  infenfés,  il 
fe  déclara  pour  ceux-ci.  SÎ%ulV  ^ 
.  qui  iWoit  coxmu  lorfqu'il  étoit  gé- 
néral  des  Cordeliers  ,lul  fit  (dit-on) 
les  offires  les  plus  fiatieufes ,  dès 
qu'il  eut  obtenu  la  Âare.  Wtgclm 
î&  borna  à  deniander.un  éxemplsâre 
de  la  Bible  en  hébreu  &  en  grec 
Pourquoi^  lui  dît  le  Pape ,  ncdemaU" 
jdcif^vousfos  fiuiât  une  mitre  ,  ou  quelque 
€hoft  dtfemhUhU  ?  —  Parée  que  jt 
n'm  ai  pas  befoîm ,  répQifdit  le  défin- 
.téreâCé  JPeffeius,  De  retour  dans  fa 
patrie,  il  y  mourut  le  4  Oâobre 
.  1489.  Ce  favanc  eut  des  opinions 
particulières  ,  qui  approchoient 
beaucoup  de  celles  de  ÎMther^  dont 
on  le  regarde  comme  le  précurfeur. 
La  plupart  de  fes  Ouvrages  furent 
livrés  aux  flammes,  à  l'exception 
de  quelques  Traités  qui  parurent  à 
Leipzig  en  1521»  &  à  Groningue 
en  x6i4.in-4^«  fous  le  titre.de 
f^n^  r<^wo  Thwtoficarm,  Ce  Rf; 


448       V  E  S 

cueil  prouve  que  l'auteur  ne  mé* 
ritoît  guère  le  titre  de  Lumître  du 
monde ,  qu'on  lui  avoit  donné  fi 
libéralement. 

WESTPHALE,  (Joachim) 
théologien  Luthérien  »  né  à  Ham- 
bourg en  I  po ,  mort  dans  la  même 
ville  en  1574,  fe  (îgnala  par  fes 
Ecrits  contre  les  deux  patriarches 
d'une  des  branches  de  la  Prétendue- 
Réforme  ,  Calvin  &  Be^e,  On  a  de 
lui ,  Epijhlx  de  Reli^onîs  pernîciofis 
mutadonîbus  ,  &  plulieurs  autres 
Ouvrages. 

I.  WETSTEIN,  (Jean-Rodolphe) 
né  à  Bâle  en  1647  9  d'une  famille 
fertile  en  grands  hommes ,  fuccéda 
a  ion  père  de  même  nom  que  lui  , 
daiis  la  chaire  de  pro&ffeùr  en 
grec  ,  puis  en  celle  de  théologie  » 
&  mourut  dans  fa  patrie  Fan  17 11. 
On  a  de  lui  pluiieurs  Ouvrages  de 
littérature,  &  te  Dialogue  d*Orîgene 

•contre  les  Marcionites  ,  qu'il  pu- 
blia en  1675  ,  avec  V Exhortation  au 
Martyre  ,  &C. 

II.  WETSTEIN,  (Jcan-Hcûri) 
frère  du  précédent ,  fe  fit  aufiî  un 
nom  parmi  les  favans  »  par  fes  con- 
noiiTances  des  langues  grecque  & 
latine.  Il  alla  s'étabtir  en  Hollande , 
où  il  devint  imprimeur  célèbre.  Il 
y  mourut  en  1726,  à  77  ans.  Les 
favantes  Préfaces  dont  il  orna  dif- 
férens  Ouvrages ,  prouvent  qull 
étoit  aufïî  propre  à  con^ofer  de 
bons  livres  qu'à  les  imprimer.  Il 
ctoit  aimé  ôt  eftimé  des  grands ,  & 
il  entretenoit  une  correfpondance 

'  fuivie  avec  plufieurs  gens  de  lettre»» 
Ses  deVçendans  fubfifient  en  Hol- 
lande, où  leurs  preffes  font  en 
honneur ,  &  où  ils  ne  fe  font  pas 
bornés  à  trafiquer  des  penféesdes 

*îiommes. 

m.  WETSTEIN ,  (  Jeaiï-Jacques) 
vit  le  jour  à  Bâle  en  169^  ,  de  la 

"^  raêrne  famille  que  fes  précédens, 

^11  parcourut  la  Suiffe  ,  la  France  9 


W  HE 

ékctchaot  &  examinant  par^Mif 
les  manufcrits  du  Nouveau  îttàst* 
ment ,  pour  en  donner  une  nouvelle 
édition  avec  les  Variantes.  Revenu 
*  dans  ùt  patrie  •  il  fiu  Eût  diacre  de 
l'Eglife  de  Saint -Léonard;  &pu« 
l>lia ,  en  1730  ,  les  ProUg6menâs  du 
Nouveau  Tefiament  qu'il  ptéparoit* 
Cet  eflat  fut  vivement  attaqué.  On 
dénonça  ratuteur  au  confeil  de  BâlCf 
comme  un  Sodnien  ,  comme  un 
novateur  ;  &  H  fut  dépofé  la  mèms 
année  par  l'afiemblée  ecdéfiafiique } 
&  contraint  de  paf&r  en  Hollande, 
Les  Remontrons  lui  firent  tm  accueil 
difiingué  ,  &  le  nommèrent  à  la 
chaire  de  philofoptee  de  U  Clere ,  à 
condition  néanmoins  qu'il  fe  )vSâi' 
fieroit.  On  le  vit  biaitôt  à  Bèle, 
où  il  obtint  la  cafiation  du  décret 
porté  contre  lui  j  &  il  revînt  k 
Amfierdam  prendre  poffiefiioa  de 
fa  chaire ,  qu'il  remplit  avec  dif' 
tinéHon  jufqu'a  fa  moit  y  arrivée  en 
'i754«  à  6z  ans.  Son  Edition  du 
Nouveau  Tefiament  grec,  avec  les^ 
Variantes  &  des  remarques  critiqoes# 
a  paru  en  17^1  &  I7f  2, en  2  vol*  1 
in-lolio.  Il  y  a  inlëré  deux  Epicrtsàs^ 
S,  Clément ,  Romain,  qui  n'avoienf  ' 
pas  encore  paru ,  &  dont  il  prétend 
démontrer  rauthentické.  Elles  fom 
en  fytiaque,  avec  la  Verfion  iatiiie 
de  l'auteur*  Elles  ont  été  tradiûieft 
en  firançois  par  M»  da  Prémapiy  ,  de 
Façadémie  de  Ronen ,  &  imprimée» 
en  1763  ïorW^^  Ce  travail  lui  méri» 
une  place  (feins  les  académies  de 
Berlin  &  de  Londres. 

WEYMAR  ,  Vo^ei  WsiMAR. 

*WHARTON   ,    Voyti    WAft- 
THON. 

\rHEAR  ,  {  Degoreus  }  né  k 
Jacobflow  ,  daiB  la  province  éor 
Comoukillé,  fut  le  premier  proM- 
leur  de  la  chaire  d'Hî ftoîie»  fondée 
à  Oxford  par  le  célèbre  CamUm^  Ce 
lavant ,  mort  en  1647,  eft  auteur  { 
des  RelecUones  hytmalu  de  Modo  k'    i 

ouvngi 


"W  H  E 

ouvrage  qui  fut  bien  reçu  ^  quôiqu*îl 
manque  de  précifion.  On  l'a  réi-Ti- 
primé  plufieurs  fois ,  &  la  meilleure 
édition  eft  celle  qu'en  donna  Ntw 
à  Tubinge,  1700  à  1708,  3  vol. 

"WHELER.roy^^VÉHLER. 

WHICHCOT  ,  (  Benjamin  ) 
ne  dans  le  Shropshire  en  -1609 , 
fit.fes  études  à  Cambridge,*  &  fut 
cnfuite  préfet  du  collège  du  Roi, 
à  la  place  du  doreur  CollJns  qui 
avoit  été  dépofé ,  &  avec  lequel  il 
partagea  volontairement  le  revenu 
de  fa  charge.  11  s'acquit  beaucoup 
de  réputation  à  Cambridge,  par  fon 
talent  pour  inftruire  la  jeuneffe  ,  & 
à  Londres,  par  îes  prédications.  Ce 
double  mérite  lui  procura  la  cure 
de  Mitthon.  Ce  favant  mourut  à 
Cambridge  en  1683.  C'était  un 
homme  défintéreffé  ,  charitable  , 
modeile,  d'un  jugement  folide  , 
d'une  converfation  douce  &  agréa* 
ble.  Il  fe  Tignala  fur- tout  par  fa 
modération ,  qui  le  portoit  à  ad- 
mettre la  liberté  de  confcience.  Ses 
Sermons  &  fes  autres  Dîfcoûrs  ont 
été  recueillis  en  4  vol.  in-8°.. 

WHISTON,  (  Guillaume)  i?é  à 
Nol^thon  dans  le  comté  deLeicéfler 
en  1667  ,  montra  dès  fa  jeuneiTe 
beaucoup  de  goût  pour  la  philo- 
fophie  &  pour  la  théologie.  1.^% 
progrès  qu'il  y  fit  ne  tardèrent  pas 
â  lui  acquérir  une  grande  réputa^ 
txon,  fur-tout  lorfqu'il  eut  publié, 
en  1696 ,  fa  nouvelle  Théom  de  la 
Terre,  Newton ,  dont  il  avoit  aâopté 
les  principes ,  conçut  tant  d'eftime 
pour  lui ,  qu'il  le  choifit  pour  fon 
fubftitut ,  &  qu'il  le  recommanda 
enfuite  pour  fon  fucceffeur  dans  la 
place  de  profeffeur  des  mathéma- 
tiques à  Cambridge*  WKifton  fe  dé- 
mit alors  d'un  bénéfice  qu'il  avoit 
pofiTédé  pendant  deux  ans ,  &  il  ne 
s'eçcupa  plus  que  des  fciences.  Il 
fe  montra  digne  du  choix  &  de  la 
chaire  de  Newton  -,  non  pour  s'èire 
Tomt  IX. 


^  .,      W  H  I         449 

alloae  au  projet  infenfé  de  Dit- 
ton  (  Voye:^  ce  mot  ) ,  mais  par  fes 
Lutrcs  Àftronomlquts  qu'il  publia 
en  1701  ,  &  qui  trois  ans  après 
tarent  fuivies  de  fes  Uçons  Phyfico^ 
Mathématiques.  Ses  occupations  phi* 
lofophiques  ne  lui  firent  pas  né- 
gliger la  théologie.  En  1702,  il 
publia  un  vol.  in.4«,  fur  la  Chrono^ 
lo%ie  &  fur  VHarmonU  des  ir  Evan- 
giles.  On  lui  fit  l'honneur  ,  en 

1707  »  cle  le  choifir  pour  prêcher 
les  Sermons  de  Ja  fondation  de 
Boyl^,  U  prit  pour  fon  fujet  ÏAc-. 
compUJfcmsnt  des  ProphétUs  ,  &  fon 
livre  fut  imprimé  la  même  année 
en  un  volume  in-S^.  La  gloire  de 
Jrhijlon    fut    fans    tache   jufqu'en 

1708  ,  qu'il  commença  à  avoir  des 
doutes  fur  le  dogme  de  la  Trinité. 
11  crut  voir  de  la  différence  entre 
la  Doftrine  de  l'Eglife  des  trois 
premiers  ;fiecles ,  &  celle  de  l'Eglife 
Anglicane,  fur  la  Trinité,  llfemic 
combiçnce  point  étoit  important, 
&  refolut  d'approfondir  tout  ce  que 

I  antiquité  Divine  &  Ecdéfiaftique 
fourniflbit  de  lumière  fur  cefujet. 

II  lut  deux  fois  le  Nouveau  Tefta- 
ment,  tous  les  Auteurs  Eccléfiafti- 
ques  &  tous  \t^  fragmens ,  jufqu'à 
la  fin  du  deuxième  fiecle  ;  il  en  tira 
tout  ce  qui  avoit  rapport  à  la  Tri- 
mte.  mfthoti,  avant  de  commencer 
fon  examen ,  avoit  jugé  ;  il  avoit 
cru  voir  de  la  différence  entre  la 
Doanne  des  premiers  fiedes ,  & 
celle  de  l'Eglife  Anglicane,  fur  la 
Trinité.  Sans  qu'il  s'en  apperçût, 
tout  fepréfentoità  lui  fous  la  tace 
qui  fevorifoit  ce  premier  jugement  5 
&  le  refultat  de  toutes  fes  levures 
fut  i'Arianifme,  qu'il  enfeigna  dans 
fon  Chriftianlfme  primitif  rétabli  A 
peine  eut-il  embraffé  le  parti  qui 
paroiffoit  le  plus  anden  à  fon  efprit 
fafciné,  qu'il  réfoIut  d'en  être  le 
reftaurateur  ou  le  martyr.  Son  en- 
thoufiafme  fe  répandit  bientôt  au 
dehors.  Il  écrivit  aux  archevêques 

Ff 


450        WH! 

de  Cantorbcri  &  d'Yorck  ,  quil 
croyoit  devoir  s'écarter  de  rEglife 
Anglicane  fu»le  dogme  de  la  Tri- 
nité. Il  foutint  cette  démarche  par 
une  multitude  de  Livres  ,  qu'il  ne 
ceiTa  de  publier  en  faveur  de  Ton 
fyfiême.  Son  entêtement  ,  &  la 
fureur  qu'il  avoit  de  vouloir  faire 
des  profélytes ,  le  firem  chafTer  de 
luniveriité.  On  le  pourfuivit  à 
Londres  devant  la  cour  eccléiiaf- 
tique  du  h^ut  &  du  bas  clergé.  Ses 
Livres  furent  condamnés ,  &  l'on 
Vouloit  le  punir  d'une  manière 
exemplaire-,  mais  quelques  amis 
puiiTans  firent  en  forte  qu'après  cinq 
«ns  de  procédures ,  onlaif&  tomber 
toute  cette  afïaire.  Whlfion  ne  dif- 
continua  pas  de  foutenir  l'Âria- 
nifme  ,  de  vive  voix  &  par  écrit. 
Ce  n'étoit  pas  la  feule  opinion 
hétérodoxe  qu'il  eût  embrafiiée. 
Il  n*étoit  pas  plus  orthodoxe  fur 
V Eternité  des  Peines^  &  fur  le  Bap- 
ûnu  des  petits  Enfans,  Il  embraâa 
aufli  l'opinion  des  MllUnaires  ,  & 
s'ayîïa  même  de  fixer  l'époque 
làvL  retour  des  Jui& ,  du  rétablifle- 
ment  de  leur  Temple,  &  du  règne 
de  mille  ans ,  au  14  Mars  1714. 
L'événement  ayant  été  contraire 
à  fa  prédiâion ,  il  marqua  Tannée 
1736  -,  &  fe  voyant. encore  trompé , 
il  fit  de  nouveaux  calculs,  &  pré- 
tendit que  la  grande  révolution  de- 
voit  fe  îaÎTt  infailliblement  en  1766* 
iToutes  CCS  rêveries  ne  l'empêchè- 
rent pas  de  publier  fans  interrup- 
tion ,  un  grand  nombre  d*excellens 
Ouvrages  de  philofophie ,  dé  criti* 
que  &  de  théologie.  On  peut  en 
voir  les  titres  dans  les  Mémoires 
qu'il  fit  lui-même ,  en  1 749 ,  de  fa 
vie  &  de  fes  Ecrits.  Quoique  ces 
Mémoires  fe  reflentent  de  la  vieil* 
lefie  de  leur  auteur,  ils  ne  laifient 
pas  d'être  curieux ,  &  ils  renfer- 
ment des  partlcularitésjfouventaflez 
hardies ,  fur  plufieurs  grands  hom- 
mes qu'il  avoic  connus.  Il  mourut 


W  HT 

dans  la  pauvreté  «n  I7n-  ^  s*étoic 
joint  cinq  ans  auparavant*  aux  Ana- 
baptiiles ,  &  avoit  montré  dans  tout 
le  cours  de  fa  vie,  des  vertus  dignes 
d*un  meilleur  efprit. 

WHITAKER,  roy. y ITAKKU. 

WHITBY,  (Daniel)  né  à  Ruf. 
den ,  dans  le  Northampcon  ,  vers 
Tan  1638,  devint  doâeur  en  théo- 
logie ,  &  reâeur  de  Saint  Edmond 
de  Salisburi.  Son  efprit  ,  plein 
d'idées  fiagulieres ,  le  jeta  dans  une 
haine  furieufe  contre  l'Ëglife  Ro- 
maine. Il  fe  déclara  avec  la  même 
chaleur  contre  les  Sociniens  *,  mais 
fon  zèle  fe  démentit ,  &  il  fut  fur  la 
fin  de  fes  jours  un  des  Apôtres  de 
l'Arianifme.  Il  le  foutint  de  vivt 
voix  &  par  écrit ,  jufqu'à  fa  mort» 
arrivée  en  1726  ,  à  88  ans.  Cet 
écrivain  dangereux  ne  coimoiâToit 
prefque  que  fon  cabinet.  II  avoit 
cette  fimplicité  de  mœurs  ,  que 
réloignement  des  affaires»  du  monde 
&  du  commerce  de  la  vie  civile  « 
infpire  prefque  toujours.  Ses  nom- 
breux Ouvrages  font  pleins  d'éru* 
dition  &  de  réflexions  judicieufes* 
Il  faut  pourtant  en  excepter  fes 
Traités  en  faveur  des  Ariens  »  &  fes 
Ecrits  contre  l'Ëglife  Romaine.  On 
a  de  lui  :  I.  Un  Traité  de  la  ccrdusde 
de  la  Religion  Chrétienne  en  générai\  & 
de  la  Ré/urrecUon  de  JesUs-Curjst 
en  particulier,  167I,  in-8°.  IL  Dèf- 
cours  fur  la  vérité  &  la  certitude  de  im 
Foi  Chrétienne.  IIL  Paraphra/es  & 
Commentalrefur  le  Nouveau  Teftameru  « 
en  2  vol.  in-folio.  IV.  Dlfcours  de 
U  nécejfué  &  de  HutUité  de  la  Révéla-' 
tion  ChrJtienne^tn  an^lois,  V.Exanum 
variantium  lecUonum  Jfoannis  MtUti 
in  Novum  Tefiamentum  ,  Londres  9 
1710  ,  in-folio.  VI.  DîJfertatÈo  de 
SS.  Scripturarum  interpretatione  /e» 
cundùm  Patrum  Commentdrios  ,  I-on* 
dres  ,  1714 ,  in-S®.  Il  eft  vraifem* 
blable  que  l'auteur  fe  propofoit  de 
tourner  les  Pères  en  ridicule  «  car 
il  a  ramaifé  dans  ce  Livre  tout  g« 


I 

i 


Vhï 

^e  leurs  Ouvrages  offirent  de  plus 
fingulicr  &  de  plus  foible.  VU. 
Sermons  ou  ton  prouve  que  la  Raîfon 
àbh  itre  notre  guide  dans  le  choix 
^une  Religion ,  &  qu'on  ru  doit  rien 
admettre  comme  article  de  Foi  ,  qui 
répugne  aux  principes  communs  de  la 
Rayon ,  iti-8°  ;  difcours  dont  les 
raifonnemens  ont  été  copiés  par 
plufieurs  incrédules  modernes. 
VIII.  Dernières  Penfées  de  Whitby, 
contenant  différentes  correBlons  de 
divers  endroits  de  Jes  Commentaires  fut 
h  Nouveau  Tefiament ,  avec  r  Dlf* 
£ours.  Cet  auteur  impie  s'y  rétrade 
de  tout  ce  qu'il  avoit  dit  de  fenfé , 
dans  fes  premiers  Ouvrages  ,  eh 
faveur  du  myftere  de  la  Sainte- 
Trinité. 

WHITELOKE,  (Bulftrodc)  né 
à  Londres  en  1605  ,  mort  en  1676  , 
fe  iignala  dans  le  pstrlement  d'An- 
gleterre ,  fut  g^rde  de  la  bibliothè- 
que &  des  Mé.dailles  du  Roi  en 
1649  ,  ambaiTadeur  en  Suéde  en 
1653  ,  &  préfident  du  confeil d'état 
ei  i6j9.  On  a  de  lui:  I.  Dtes  Ha- 
rangues, II.  Des  Mémoires  fur  les 
*  affaires  d'Angleterre,  III.  Plufieurs 
aatrei  Ecrits  qu'on  ne  lit  plus, 

WHITGIST ,  (  Jean  )  né  à  Griras- 
by ,  dans  la  province  de  Lincoln  , 
en  ly  30  ,  étoit  Proteftant  &  Protef- 
tant  fanatique.  Il  ne  garda  aucune 
mefure  dans  fes  leçons  ni  dans  fes  . 
Thefes.  Son  zèle  lui  fraya  le  chemin 
de  la  fortune  ;  il  fut  fucceflîvement 
principal  du  collège  de  Pembrok  & 
de  celui  de  la  Trinité,  profeffeur 
royal  en  théologie  ,   prébendaire 
irf'EIy  ,  doyen  de  Lincoln ,  puis  évê- 
que  de  "Worcefter»  &  enfin  arche- 
Vêq'ie  de  Cantorberi  en  1583.  Il 
foutinR  avec  chaleur  les  droits  du 
clergé ,  contré  la  cour  d'Angleterre. 
'Ce  prélat,  ennemi  ardent  des  Pu- 
ritains &  des- Catholiques,  mourut 
en  1604  ,  après    avoir  pouffé  le 
fcinatifme    jufqu'à    l'emportement. 
On  a  de  lui  :  I.  Une  longue  Lcur^ 


W  î  C        451 

â  Êexe,  II.  Plufieurs  autres  Ecrits^ 
dans  lefquels  il  traite  le  pape  à*An^ 
techrlft  ^  &  PEglife  flomaine  de 
Proflhuie.  Avec  ces  deux  mots ,  on 
opéroit  alors  de  grandes  chofes  fus 
les  fanatiques  du  parti  Proteftant. 

WIARD,   roy.  ViARD. 

WIBALDE  011  WiBOLDE,  ëvê» 
que  de  Cambrai ,  mort  en  966  , 
inventa ,  dans  le  deffein  de  guérir 
fon  clergé  de  la  pafiion  du  ieuties 
dés ,  un  jeu  compofé  de  );  6  vertus  «  ^ 
toutes  relatives  à  la  charité.  On* 
trouve  ce  jeu  dans  Baudry  ,  avec 
les  Notes  de  Colvenerlus. 

WICELIUS  ,  (  Georges)  dit 
Major  ou  Senior ^  pour  le  difiinguer 
de  fon  fils ,  naquit  à  Fuldeen  i^oi, 
&  fe  fit  religieux  fort  jeune  *,  mais  à 
l'âge  de  trente  ans ,  il  quitta  la  vie 
monafiique  pour  embraffer  les  er« 
reurs  de  Luther.Rentsé  dans  la  com- 
munion de  l'Eglife ,  il  fut  pourvu 
d'une  cure ,  &  devint  confeiller  dei 
empereurs  Ferdinand  &  Maxlmlllen^ 
Il  travailla  toute  fa  vie  avec  zèle  1 
mais  en  vain,  pour  réunir  les  Cadio- 
Hques  &  les  Proteftans.  On  a  de 
lui  :  I,  Fia  Re^a ,  Helmfiadt.  i  j^o*; 
II.  Methodus  Concordla  ,  Leipzig  ^ 
1537  ,  in-i2.  lU.  Un  très-grand 
nonibre  d'autres  Livres^ ,  la  plupart 
en  allemand,  qu'on  a  traduits  en 
latin  &  imprimés  plufieurs  fois. 
Wicellus  mourut  à  Mayence  en 
1593.  Georges  Wiçelws  fon  fils^ 
donna  auffî  quelques  Ouvrages  au 
public ,  tels  que  VHlfioire  de  S,  Bo" 
nlface  ,  en  vers  latins ,  Cologne  « 
i553,in-4«. 

WlCHCOT,  Voy.  Whichcot* 

'WICHERLEI,  —  WycHERLEi. 

WICKAM,( Guillaume)  naquit 
au  village  dé  Wicham,  dans  le  comté 
de  Southampton  ,  en  1324.  Son 
efprit ,  cultivé  par  les  belles-lettres , 
lui  donna  la  facilité  de  parler  Se 
d'écrire  avec  autant  de  pureté  que 
d'élégance.  Edouard  111  le  prit  à  fon 
fervice ,  &  l'honora  de  Tintcndancà 
Ff  ij 


451         WIC 

des  bâtimens ,  &  de  la  charge  ie 
grand-foreftier.  Cefiitlui  qui  dirigea 
la  con(lru6tiondu  palais  de  fP^tndJor. 
Quelque  temps  après  il  devint  pre- 
mier fecîétaire  d'état  ,  évêque  de 
'U^indiefter, grand-chancelier,  puis 
préfident  du  confeil  privé.  Il  veilla 
autant  fur  la  pureté  des  moeurs  que 
fur  l'adminiilration  de  la  juilice.  Sa 
févérité  lui  fit  des  ennemis ,  &  fon 
crédit  des  jaloux.  Edouard ^  prévenu 
contre  lui  pat  le  duc  de  Lancafirt , 
le  difgracia.  Après  la  mort  de  ce 
prince  »  il  fut  rappelé  à  la  cour  en 
13S9.    De   nouvelles    tracaâeries 
l'obligèrent  de  fe  retirer  trab  ans 
après.  Rendu  à  fon  diocefe ,  &  à 
l'abri  des  agitations  qui  fecouoient 
alors  l'Angleterre  «  il  travailla  à 
perfeûionner    Its  deux    Collèges 
qu'il  avoit  fondés  ^  l'un  à  Oxford  » 
&  l'autre  à  Winchefter.  Une  cathé- 
drale ,  prcique  auili  (uperbe  que 
celle  de  Saint-Paul  de  Londres  , 
fut  élevée  à  grands  frais.  11  fonda 
des  retraites  pour  les  pauvres  & 
.pour  les  orphelins-,  enfin,  il  ne 
s'occupoit  que  du  bien  de  l'huma- 
nité ,  lorfque  fes  ennemis  l'accu- 
ierent  de  crime  d'Eut  ^  en  plein  par- 
lement f  l'an  1 397  9  mais  il  fe  lava 
de  cette  imputation  odieufe.   Cet 
illufhre  prélat ,  accablé  d'années  & 
épuifé  par  fes  immenfes^  travaux  , 
termina  en  paix  une  carrière  trop 
long -temps  agitée  ,   en  1404.  Il 
montra  un  zèle  ardent  contre  Wl^ 
cltfy  qu'il  fit  chaffer  de  l'univerfîté 
d'Oxford.  On  a  publié  dans  cette 
dernière  ville,  en  1690 ,  in-4°  ,  la 
yîe  de  ce  digne  évêque. 

WICLEF ,  (Jean)  ou  db  Wiclif, 
naquit  à  Wiclif ,  dans  la  province 
d'Yorck,  vers  Tan  1314.  Il  étudia 
au  collège  de  la  Reine  à  Oxford , 
&  y  fît  de  grands  progrès  dans 
l'étude  de  la  philofophie  &  de  la 
théologie.  11  occupoit  dans  cette 
Uhiverfité  une  petite  place,  qu'on 
ôta  à  des  moines  pour  la  lui  donner, 


w  ic 

&  qu'on  lui  enleva  a  foa  Mm\ 
pour  la  rendre  à  ceux  à  qui  on 
l'avoit  prife.  JFlcUf  ta  appela  au 
pape  i  qui   décida  en  &veur  des 
religieux.  11  ie  déchaîna  dès-lors 
contre  la  cour  de  Rome,  dont  il 
attaqua  d'abord  le   pouvoir  tem- 
porel, &  enfuite  le  fpirituel.  Les 
démêlés  vi&  &  fréquens  des  pon- 
tifes Romains  &  des  rois  d* Angle* 
terre  ,   depuis  Jtan  Sans  -  Tcrn  » 
avoient  indifpofé  lesefprits  contre 
la  première  cour.  On  ne  fe  rappe- 
loit   qu'avec    beaucoup   de  peine 
l'excommunication  &  la  dépoûtion 
de  ce  prince  j  fa  couronne  mife  aux 
pieds  du  légat  ,  &  remife  par  ce 
miniflre  Air  la   tête  du  roi  -,  la 
ceffion  de  l'Angleterre  au  pape  ,  & 
k  tribut  impofé  par  le  pape  fur 
ce  royaume.    Enfin,  les  Anglois 
voyoient  avec  chagrin  les  béné- 
fices de  leur  ifle  donnés  par  les 
pontifes    aux   étrangers»    Comme 
dans  ces  démêlés  le  clergé  avoit 
ordinairement  pris  le  parti  de  la 
cour  de  Rome  ,  il  s*étoit  attiré  la 
haine  d'une  partie  du  peuple,  qui 
d^ailleurs  regardoit  avec  envie  les 
richeiTes  des  ecdéliaftiques.  Wïcltf 
trouva  donc   dans  les  efprits  des 
difpofitions  fevorables  ;  mais  les 
évêques  le  dénoncèrent  à  Rome. 
L'archevêque  de  Cantorberi.lecita 
à  un  concile  qu'il  tint  à  Londres 
en  1^77.  L'héréfiarque  y  vint  » 
accompagné  du  duc  de  Lancafirt^ 
qui  àvoit  alors  la  plus  grande  part 
au  gouvernement  du  royaume  ;  il 
s'y  défendit,  &  fut  renvoyé  abfous» 
,Grégoîn  IX ^  averti  delà  proteôioo 
que  WUUfvfovt  trouvée  en  Angle- 
terre ,  écrivit  aux  évêques  de  le , 
faire  arrêter.  On  le  cita  à  u«  con- 
cile tenu  à  Lambeth  -,  il  y  comparu^ 
&  évita  encore  d'être  condamné* 
Les   évêques  ,   intimidés  par  les 
f^igneurs  &  le  peuple ,  fe  contenu 
terent  de  lui  impofer  filence.  Les 
troubles  qui  arrivèrent  en  Anglct 


vie. 

terre  ^ous  la  minorité  de  Richard  11^ 
dbnneremoccaiion  à  /i^c/i(/de  femer 
Ces  erreurs.  Il  prêcha  ,  il  écrivît. 
Ses  Livres  ,  quoique  grolHers  & 
obfcurs  ,  fe  répandirejit  ,  par  la 
feule  curiofité  qu'inCpiroit  &  le 
fajet  de  la  querelle  &  la  hardielTe 
de  l'auteur,  dont  les  mœurs  irré- 
jprdhenfibles  donnoient  du  poids  i 
îes  opinions.  Cétoitdans  ce  temps- 
là  qvCUrhaln  VI  &  Clément  VU  fe 
dîfputoient  le  fiége  de  Rome.  L'Eu- 
rope étoit  partagée  entre  ces  deux 
pontifes  -,  l'un  étoit  reconnu  par  les 
Anglots,  &  l'autre  par  les  François. 
VrbcUn  fit  prêcher  en  Angleterre 
une  Croifade  contre  la  France  >  & 
accorda  aux  croifés  les  mêmes  in- 
dulgences que  l'on  avoit  accordées 
pour  les  guerres  de  la  Terre-Sainte. 
JVicUf  faifit  cette  occafion  pour 
foulevcr  les  cfprits  contre  Tauto- 
rbé  du  pape  y  &  compofa  contre 
cette  Ooifàde,  un  Ouvrage  plein 
d'emportement  &  de  force.  »  Il  eft 
"  honteux  (  dit-il  )  que  la  croix  de 
"-  Jefus-Chrlfi ,.  qui  eft  un  monument 
*»  de  paix  ,  de  miféricorde  &  de 
-•  charité  ;  ferve  d'étendard  &  de 
»*  fignal  à  tous  les  Chrétiens  pour 
n-  les  fntérêcs  de  deux  faux  Prêtres 
•^  qui  ifontmanifeftement  des  Ante- 
»  chrifts ,  afin  de  les  conferver  dans 
M  la  grandeur  mondaine ,  en  oppri- 
»  maiu  la  Qirétienté  plus  que  les 
-■  Juifs  n'opprimèrent  Jefus  -  Chrlfi 
»»■  lui-même  &  fes  Apôtres.J'Pour- 
>»  quoi  eft  -  ce  que  l'orgueilleux 
*  Prêtre  de  Rome  ne  veut  pas 
>^  accorder  à  tous  les  hommes 
M  Indulgenu  pUtiitrc  ,  à  ■  condition 
»  ^'ils  vivent  en  paix  &  en  cha- 
»  rite  ««pendant  qu'il  la  leur  ac- 
«  cor  (te  pour  fe  battre,  &  pour  f» 
'*  détruire  ««  ?  Guillaume  de  Cour* 
tmal^  archevêque  de  Cantorberi ,. 
vi»ulànt  arrêter  ce  défordre ,  afièm- 
bh  à  Londres,  en  13S2 ,  un  con- 
cile ,  qui  condamna  xxiv  Propofi^ 
tiofWi  les  unes  comme  absolument 


W  I  C         4Ç3 

héréûques ,  les  autres  comme  erro- 
nées ,  &  contraires  aux  déciiions  de 
l'Eglife.  Voici  celles  qui  furent 
>ugées  hérétiques,  ^s  La  fubftance 
**  du  Pain  &  du  Vin  demetire  au 
V  Sacrement  de  l'Autel  après  la 
♦♦  confécration;  &  les  accidens  n'y  * 
y»  demeurent  point  fans  fubfiance. 
•»  hfus'Chtîfi  n'eft  point  dans  ce 
»♦  Sacrement  vraiment  &  réelle- 
**  ment. ./.  Si  un  Evêqae  ou  un 
"  Prêtre  eft  en. péché  mortel  ,  il 
»»■  n'ordonne ,  ne  confacre,  lii  ne 
"  baptife  point...  La  Confefiîon  ex- 
H  térieure  eft  inutile  à  un  homme 
»  fuififamment  contrit...  On  ne 
»*  trouve  point  dans  l'Evangile 
**  que  hfus'Chrifl  ait  ordonné  la 
9«  Méfie. . .  Dieu  doit  obéir  an 
«  Diable...  Si  le  Pape  eft  un  im- 
*t  pofteur  &  un  méchant  >  &  par 
*>  conféquent  membre  du  Diable  , 
>t  il  n'a  aucun  pouvoir  fur  les 
»»  Fidelles  ,  fi  ce  n'eft-  peut -être- 
*•  qu'il  Tait  reçu  de  l'Empereur... 
»♦  Après  Urbain  VI  ^  on  ne  doit- 
»  point  reconnoître  de  Pape ,  mais 
»'  vivre  comme  les  Grec^  >  chacun 
*t  fous  {es  propres  lois. . .  Il  efir 
>t  contraire  à  l'Ëcriture  -  Sainte 
M  que  \e&  Ecdéfiaftiques  aient  des^ 
"  biens  temporels  «i.  L'auteur  dé- 
cès erreurs  mourut  peu  de  temps, 
après,  le  %  Décembre  1384,  d'une* 
apoplexie,  à  Lutter^ord,  où  ï\ 
fe  tenoit  caché.  Il  laifia  un  grand 
nombre  d'Ecrits  ,  en  latin  &  en 
aaglois.  Le  principal  Ouvrage  , 
parmi  ceux  du  premier  genre  ,  eft^ 
celui  qu'il  nomma  Trlaluguc  ovl 
Dialogue  ,  en  IV  livres  ^  in-4°  ^ 
1^25  ,  fans  nom  de  ville  V  n'im- 
primeur  ,  &  réimprimé  en  "i^  5  3  » 
in-4°»  Dans  cet  Ouvrage  ,  qui  eft 
fort  rare,  il  fait  parler  trois  per-' 
fonnages  :.  la  Vérité,  le  Men/onge  & 
la  Prudence,  C'eft  comme'  un  corps 
de  théologie ,  qui  contient  tout  le 
venin  de  fa  do£trine ,  dont  le  fondL 
conûftç  à  admettre  une  Néceffué  abr- 

Ff  uj 


454        W  I  C 

folut  en  toutes  diofes ,  même  dans 
les  allions  de  Dieu.  WîcUf  fou- 
dent  cependant  que  Dîcu  efi  libre  ; 
&  qu'î/  eût  pu  faire  autrement ,  s* il 
tût  voulu  i  mais  il  foutient  en  même 
temps ,  qu't/  efi  de  fon  ejfence  de 
ne  pouvoir  vouloir  autrement.  Les 
livres  de  cet  héréfîarque  furent  por- 
tés en  Allemagne ,  &  pénétrèrent 
en  Bohême.  Jtan  Hus  adopta  une 
p^nie  de  fes  erreurs ,  &  s'en  fervit 
pour  fçulever  les  peuples  contre 
le  clergé.  Lorfqu'on  eut  abattu  la 
feâe  des  Huilîtes ,  on  n'anéantit  pas 
dlans  les  efprits  la  doârine  de  JFl' 
€lef^  &  cette  doârine  produisit  ces 
différentes  feâes^d'AnabaptlAes  qui 
défolerent  T  Allemagne,  lorfque  Lu- 
ther eut  donné  le  fignal  de  la  ré- 
volte contre  l'Eglife.  Une  des  prin- 
cipales erreurs  de  WlcUfta  de  fes 
cnthoufiailes,  étoit  de  vouloir  éta- 
blir VégallU  &  V indépendance  entre 
les  hommes.  Cette  prétention  ex- 
cita ,  en  1 379  &  en  13S0 ,  un  fou- 
lévement  général  de  tous  les  pay- 
fans  &  des  gens  de  la  campagne» 
qui ,  fuivant  les  lois  d'Angleterre  » 
étoient  obligés  de  cultiver  les  terres 
^  de  leurs  maîtres.  Ils  prirent  les 
armes  au  nombre  de  plus  de  100 
mille  hommes ,  &  commirent  une 
infinité  de  déTordres,  en  criant  par- 
tout :  Ljmsrté^  Liberté  !  Voyci 
la  Vie  de  WUdef  ,  Nuremberg.» 
1546,  in-8**;  ou  Oxford»  i6i2« 

I.  WICQUEFQRT,  (Abraham) 
écrivain  HoUandois  >  plut  par  fon 
efprit  à  l'éleàeur  de  Brandebourg  » 
qui  renvoya  à  la  cour  de  France  » 
où  il  fut  fon  réfident  pendant  .^x 
ans.  Le  cardinal  Ma^arin  lui  mar- 
qua d'abord  une  coiÀdération  dif- 
Ànguée.  Mais  fes  ennemis  l'ayant 
accufé  auprès  de  ce  miniflre, d'avoir 
écrit  en  Hollande  plufieurs  hifto- 
riettes  de  la  cour,  il  le  fit  mettre 
à  la  BaHiile  eiî  1658.  Son  plus 
grand  crime  étoit  fon  attachement 
a  1^  mïùyfga  d«  Cçndc,  ^ue  le  car* 


W  I  c 

final  n'aimoit  pas.  JFlcquefort  né. 
fortit  de  fa  prifon.,  que  fous  U  pro- 
mefle  qu'il  quitteroit  le  rdyaume. 
Mais  Maiarin  ayant  eu  befoin  de 
lui ,  le  rappela  trois  mois  après ,  & 
lui  accorda  une  peniion  de  mille 
écus.  La  guerre  qui  s'alliuna  entre 
la  France  &  la  Hollande,  Tobligea 
de  retourner  dans  fa  patrie ,  où  il 
fut  utile  au  miniflere  François. 
Accufé  d'une  correfpondance  fe- 
crete  avec  les  Anglois  ,  il  fut  con- 
damné à  une  prifon  perpétuelle  en 
1675.  Il  foulagea  l'ennui  de  la  fo- 
litude  en  compoûmt  VHl/loîre  dei 
Provinces  '  Unies  ^  dont  il  n'a  paru 
que  le  i*'  vol.  in-fol..  1719.  Son 
efprit ,  irrité  contre  les  auteurs  de 
fa  difgrace ,  &  contre  le  prince  tf'O- 
range  qui  y  avoit  beaucoup  de 
part ,  fema  fon  Ouvrage  de  traits 
îatiriques  contre  ce  prince*  &  fes 
partifans.  Il  demeura  en  prifon  jut- 
qu'en  1679 ,  qu'une  de  fes  filles  le 
délivra,  en  lui  donnant  fes  habits 
&'  prç^nt  les  iiens.  Wlcquefon  fe 
réfugia  alors  à  la  cour  du  duc  de. 
Zé/7,  qu'il  quitta  en  16S1 ,  pour  re- 
tourner en  Hollande.  Il  y  vécut 
libre  ^  mais  privé  des  poftes  qu'il 
occupoit  auparavant.  Ces  places 
étoient  celles  de  réiident  des  ducs 
de  Brunfwich  -  Lunebourg»  &  de 
fecrétaire-interprete  des  Etats-géné- 
raux. JFÎcquefort  avoit  de  l'a&vité 
dans  le  génie  ;  mais  fa  conduite, 
fouvefit  équivoque ,  prouve .  qu'il 
n'avoit  pas  autant  de  prudence 
dans  le  caraûere.  On  a  de  lui  :  L 
ÎJAmhaJfadeur  &  fes  FonSions ,  dont 
la  meilleure  édition  eft  celle  de  la 
Haye,  1724,  2  vol,  in -4**  :  Ou- 
vrage intérefTant  ,  mais  conÀ^,  pea 
méthodique  »  mal  digéré  >  &  qui 
dx>it  être  lu  avec  difcemement.  IL 
Traduction  françoife  du  Foyage  de 
Mofcovle  &  de  Perfe^  écrit  en  al- 
lemand par  Jdatn  Olearlus ,  dont  la 
meilleure  édition  efi  celle  de  Holi- 
hodc»  X727  >  ^  ^  voU  inrfol»  XIL 


wrc 

Traéi^n  firançoife  de  la  Relation 
sllemande  du  Voyage  de  Jean  Albert 
de  Mandâfio,  aux  Indes  Orientales, 
On  la  trouve  à  la  fuite  de  l'ouvrage 
précédent  ,  dont  elle  compofe  le 
a*  vol.  IV.  Celle  du  Voyage  de 
Per/e  &  des  Indes  Orientales ,  par  Tho* 
mas  Herhen^  1663 ,  in-4^.  V.  Enfin, 
celle  de  PAmbaffade  de  Dom  Gardas 
de  Sîlva  -  Fîgueroa  en  Perfe ,  1667, 
in-4**. 

II.  WICQUEFORT ,  (Joachim 
de  )  chevalier  de  l'Ordre  de  Saint- 
Michel  ,  confeiller  du  landgrave 
dç  HefTe,  &  Ton  réfident  auprès  des 
Etats-généraux  des  Provinces-Unies, 
eil  connu  par  fa  Correfpondance  avec 
Cafpar  BarUc  ,  c'eft-à-dire ,  par  un 
Recueil  de  leurs  Lettres  réciproques, 
imprimées  à  Amderdam  en  1696» 
in- 12. 

WIDMANSTADIUS  ,    fumom 

donné  à  Jean  Albertl ,  célèbre  ju- 
riiconfulte  Allemand.  Voy,  IIL  Al- 
BERTi.  (Jean)  . 

WIER  ,  (  Jean)  dit  Pîfcînarlus , 
né ,  en  1^15,3  Grave  fur  la  Meufe 
dans  le  duché  de  Brabant ,  fit  di- 
vers voyages ,  &  poufia  même  iuf- 
qu'en  Afrique.  De  retour  en  Europe» 
il  devint  médecin  du  duc  de  Clevesi 
place  qu'il  exerça  avec  beaucoup 
de  fuccès  pendant  30  ans.  Son 
tempérament  étoit  fi  robufle ,  que , 
quoiqu'il  paâ'àt  fouvent  trois  ou 
quatre  jours  (ans  boire  ni  manger, 
il  n'en  était  nullement  incommodée 
»I1  mourut  fubitement ,  en  1^88,  à 
Teklembourg.  Ses  Œuvres  ont  été 
imprimées  à  Amfterdam ,  en  1660  , 
en  I  vol.  in-4^.  On  y  trouve  fon 
Traité  de  Pneftiffis  &  Incantatlontbus  , 
traduit  en  françois  par  Jacques  Gre- 
W«,  Paris,  1577,  in- 8°.  11  y  pré- 
tend que  ceux  qu'on  accuCoit  de 
fonilége  ,  étoîent  des  perfonnes  à 
qui  la  mélancolie  avoit  troublé  le 
cerveau  ;  mais  en  rejetant  les  opi- 
nioas  populaires  fur  les  forçiers, 


W  I  G         4ÇÇ 

îl  adopte  pluiîeurs   autres  cqntei 
indignes  d'un  philofophe. 

WIGAND  KAHLER,  Voye^  ce 
dernier  mot. 

WIGGERS,  (  Jean)  dofteur  de 
Louvain ,  né  à  Dieft  en  1 57 1 ,  pro- 
fefTa  la  philofophie  dans  le  col- 
lège du  Lys  à  Louvain., Il  fut  ap* 
pelé  à  Liège  pour  préûder  au  fé- 
minaire  de  cette  ville,  &  pour  y 
enfeigner  la  théologie.  Il  fe  ne 
tant  d'honneur  dans  ce  double  em- 
ploi ,  qu'il  fut  rappelé  à  Louvain  , 
où  il  fut  d*abord  préf'dent  du 
collège  d'Arras,  puis  fécond  prér 
iident  du  féminaire  au  collège  de 
Liège,  fondé  à  Louvain.  JViggers 
fit  âeurîr  la  fcience  &  la  vertu,  & 
finit  par  une  mort  fainte ,  une  vie 
laborieufe,  en  1639,  à  68  ans. 
On  a  de  lui  des  Commentaires  la- 
tins fur  la  Somme  de  S,  Thomas  , 
4  vol.  in-fol.  Les  éditeurs  y  ont 
corrigé  quelques  opinions  faufîes 
fur  la  Probabilité.  Ces  Commen- 
taires font  écrits  avec  plus  de  fo- 
lidité  que  d'agrément,*  l'auteur  fe 
contente  de  mettre  dans  fon  ilyle  » 
de  la  clarté  &  de  la  netteté. 

L  WIGNERODoK  ViGNEROD, 
(François  de)  marquis  de  Pont- 
Courlai  en  Poitou  &  gouverneur 
du  Havre-de-Grace  •  étoit  fils  de  . 
René  deWignerod ,  feigneur  de  Pont- 
Courlai  &  de  Glainai,  gentilhomme 
ordinaire  de  la  chambre  du  roi, 
mort  en  1625,  &  de  Françoife  du 
PleJJis ,  fœUr  du  cardinal  de  Riche-' 
Km,  Le  crédit  de  ce  miniftre  fer- 
vit  autant  à  fa  fortune  ,  que  fon 
.  mérite  perfonnel.  Il  devint  cheva- 
lier des  Ordres  du  roi  en  1633 , 
&  général  des  galères  de  France 
en  1635.  Il  remporta  unevifVoire 
fur  la  flotte  d'Efpagne  ,  près  de 
Gênes,  le  i*'  Septembre  1638.  Ce 
feigneur  mourut  à  Paris  en  1646 , 
à  37  ans ,  laifTant  de  Marie- Fran^. 
foije  de  Gutmadeuc ,  fon  époufe ,  Ar* 
mand'Jeaa  de  Wignerod^  qui  futfub- 

Ffiy 


A'^6        W  I  G 

ilitué  au  nom  &  aux  armes  de 
PUJJis'BXckcUiUy  par  le  cardinal  </« 
JUcfuiUu^  fon  grand- oncle.  Celui* 
ci  mourut  5  mois  ^yfant  Louis  X^F^ 
à  86  ans.  Il  fut  père  de  Louis- Fràn- 
ÇoU' Armand  du  tU[[is  ,  duc  de  RI' 
ehcHcu ,  maréchal  de  France  ,  pre- 
mier gentilhomme  du  roi ,  de  l'aca- 
démie Françoife  &'de  celle  des 
Sciences ,  aâuellement  vivant  (  en 
Décembre  1787  )  quoique  né  le  13 
Mars  1696.  Son  grand  âge  &  la 
manière  brillante  dont  il  a  parcouru 
une  longue  carrière,  (emblent  excu- 
ser le  tableau  raccourci  que  nous 
allons  tracer  de  Ta  vie.  Aide-de- 
camp  du  maréchal  de  VllUrs  dans 
la  guerre  de  1701 ,  il  fe  diftingua 
<le  bonne  heure  par  fon  courage  & 
fes  agrémens.  Envoyé  ambaiTa- 
deur  à  Vienne  en  17IÇ  »  il  remplit 
cette  importante  commiilion  en 
homme  qui  avoit  l'cfprit  des  af- 
faires &  des  négociations.  Dans  la 
guerre  de  X741 ,  il  fe  trouva  en 
qualité  de  lieutenant  -  général  & 
«faide-de-camp  de  Louis XV ^  à  la 
bataille  de  Fontenoi,  où  il  char- 
gea la  colonne  Angloife  à  la  tête 
de  la  Maifon  du  roi.  Ce  fut  lui 
qui  donna  le  confeil  de  cette  ma- 
noeuvre militaire  qui  décida  du  gain 
de  la  bataille.  Lorfque  le  mariage 
de  M.  U  Dauphin  avec  la  princeSe 
d€  Saxe^  eut  été  réfolu,  en  1746  > 
il  fut  nommé  ambaffadeur  à  Drefde, 
&  y  étala  beaucoup  de  magnifi- 
cence. I«'année  d*après  ayant  été 
envoyé  à  Qênes  comme  général 
&  plénipotentiaire ,  il  contribua  au 
falut  de  cette  république ,  qui  lui 
dlecerna  une  ilatue  placée  àan^  le 
fénat.  Il  fut  élevé  au  grade  de 
maréchal  de  France  Tannée  fui- 
vante.  La  guerre  s 'étant  allumée, 
en  I756 ,  entre  les  François  &  les 
Anglois,  il  conquit  cette  même 
^nnée ,  l'Iile  deMinorque,  &  força , 
en  175 7 j  Tarmée  combinée,  com- 
mandée par  le  duc  ^  Qff«iirkndé  à 


W  I  G 

capituler  à  Clofter-Sheyen  >  près  dé 
l'Ëlbe.  U  étoit  gouverneur  &  com- 
mandant en  Guienne ,  depuis  175  5  « 
&  il  eft  devenu  doyen  des  mare* 
chaux  de  France  en  178 1.  Il  a  été 
marié  trois  fois  &  fous  trois  règnes 
différehs.  U  époufa  «  en  17 1 3  »  fous 
Louu  XIV,  Mll^  de  Noailles  ^  en 
1734*  fous  Louis  XV y  la  princeffe 
de  Gul/e- Lorraine  i  &  en  1780  ,  fous 
Louis  XVI ^  la  comteffe  de  Lavaulx^ 
C'eâ  du  2^  mariage  qu'eft  venu 
M,  le  duc  de  Fron/ac  ^  c'eft  Armand' 
Jean  de  Wigrterod  qui  fit  imprimer 
la  Bible  latine ,  dite  de  Richelieu , 
i656,in-ii.  ^oye{  PtESSis  -  Ri- 
chelieu. 

II.  WIGNEROD ,  (  Marie-Ma- 
gdeleine  de  )  ducheife  d^ Aiguillon , 
fœur  du  précédent  »  fiit  produite  à 
ta  cour  par  fon  oncle  le  cardinal 
de  Richelieu,  Elle  devint  dame-d'a- 
tour  de  la  reine  Marie  de  Médlcîs  ^ 
&  fut  mariée  à  Antoine  de  Beauvoir 
du  Roure  de  Combalet  ^  dont  elle 
n*eut  point  d'enfans.  Mais  fon  on- 
cle s'étant  brouillé  avec  la  reine 
Marie  de  Médkis ,  elle  perdit  en 
1630  fes  places  &  fa  faveur  auprès 
de  cette  princefTe  vindicative.  Pour 
perdre  le  cardinal  Ôc  fa  nièce  1  elle 
tâcha  de  perfuader  au  roi  que  le 
cardinal  vouloir  lui  ôter  fa  cou« 
ronne  »  pour  la  donner  au  comte  da 
Soijfons  qui  épouferoit  Mad^  de 
Combala»  Louis  XII2  n'en  voulut 
tien  croire ,  &  fe  livra  entièrement 
aux  infînuations  4iu  cardinal.  Il  fut 
toujours  perfuadé  au  contraire  que  * 
fa  mère  même  ayoit  voulu  faire 
paffer  ù  couronne  fur  la  tête  de 
Gafion  fon  frère,  en  faifant  épouier 
Anne  d* Autriche k  ce  dernier,  préfé* 
rablement  à  lui-même  à  qui  fa  main 
écoit  deilinée.  Le  cardinal  aimoit 
beaucoup  fa  nièce ,  parce  quelle 
avoit  comme  lui  de  la  hauteur ,  de 
la  générofité ,  le  goût  des  plaiûzs 
&  des  arts.  Ayant  tenté  en  vain  de 
lia  m^ier  au  frère  du  duc  de  Lor* 


W  1  L 

raine ,  il  lui  acheta  le  duché  d* Ai- 
guillon, &ren  fit  recevoir  ducheffe 
&  paire  en  1638.  Après  la  mort 
de  fon  oncle ,  elle  fe  mit  fous  la 
direâion  de  Saint  Vincent  de  Faute , 
&  féconda  toutes  fes  bonnes  œu- 
vres. Elle  répandit  des  biens  im- 
menfes  pour  doter  des  hôpitaux  ^ 
pour  racheter  des  efdaves,  pour 
entretenir  des  Miffionnaires  dans 
les  pays  lointains  &  en  France 
m^e.  Dans  un  feul  jour  elle  en- 
gagea par  contrat  cent  quatre-vingt 
mille  livres  de  fonds ,  parce  qu'on 
l'avoir  aflurée  que  dix  mille  livres 
de  rente  feroient  revenir  à  TEglife 
Catholique  la  moitié  des  minuftres 
ffroteihns  du  Royaume.  Cette  dame 
illufhre  par  fôn  efprit ,  fes  venus 
&  fes  bienfaits ,  mourut  en  1675 , 
&  légua  fon  duché  d'Aiguillon  à 
fa  nièce  Marie  -  TfUnfe  ,  fœur  du 
duc  de  Richelieu ,  qui  mourut  reli- 
gieufe  en  1704,  à  68  ans,  fans 
alliance.  Elle  fubilitua  à  Marier 
Thérefe  ,  fon  neveu  Lotàs ,  marquis 
de  Richelieu ,  dont  le  fils  fut  déclaré 
duc  d'Aiffdllon  «  par  un  Arrêt  du 
Parlement  en  17  31.  Ainfi  ce  duché 
a  pafle  dans  la  branche  cadette  des 
ducs  de  Richelieu. 

WILDENS,  (Jean)  peintre,  né 
à  Anvers  en  1600  ,  mort  vers 
1644 ,  efl  un  des  plus  fameux  Pay* 
fagifles.  Rubens  employoit  fouvent 
Ion  pinceau.  Ses  Payfages  font  pré- 
cieux par  les  iites  agréables,  les 
belles  £gibriques  ,  les  animaux  & 
4es  figures  dont  ils  font  la  plupart 
ornés.  Il  a  repréfenté  les  xii  Mois 
de  Tannée  ,  d'une  manière  ingé- 
nieufe  &  élégante.  Ces  fujets  ont 
été  gravés  par  pluiieurs  artifles. 
On  eAime  auffi  beaucoup  fes  def- 
Hns  faits  ordinairement  à  la  pierre 
noire  ,  enfuiie  arrêté:^  à  la  plume 
^  laines  à  l'encre  de  la  Chine. 

I.  AFILKINS,  (Jean)  fils  d'un 
orfèvre  d'Oxford ,  naquit  à  Faufley 
dans  le  Norâiampton ,  en  1614.  U 


.      w  I  L         457 

fe  rendit  habile  dans  les  mathéma- 
tiques &  dans  la  théologie.  Sa  ré- 
putation lui  mérita  la  place  de  prin- 
dpàl  du  collège  de  la  Trinité  à  Cam- 
bridge. Il  devint  enfuite  membre 
de  la  Société  royale  de.  Londres, 
puis  évêque  de  Chefler.  Ce  prélat 
avoit  époufé  une  foeur  de  CromwelL 
U  mourut  en  1672,  à  58  ans.  Ses 
ouvrage^  principaux  font  :  I.  La 
Lune  habitable  ,  Londres  ,  163$ , 
in-4°  j  livre  très-médiocre.  IL  Plu- 
iieurs Sermons,  III.  Deux  livres  fur 
les  Devoirs  &  les  Principes  de  la  Re» 
ligion  naturelle,  IV.  Effai/ur  le  Lan» 
gage  Philofophique  ,  1668 ,  in  -  fol.  , 
avec  im  Diâionnaire  conforme  à 
cet  ËfTar.  La  folie  de  l'auteur  étoit 
de  former  une  langue  univerfelle. 
Tous  ces  ouvrages  ont  été  impri- 
més à  Londres ,  en  anglois, en  1708, 
in-8**  ;  &  ils  ne  renferment  guère , 
fuivant  Niceron  ,  que  des  chofes 
communes.  On  y  trouve  cependant 
quelques  opinions  fingulieres. 

II.  WILK.INS,  (  David  )  cha- 
noine de  Cantorberi  i  &  archidiacre 
de  Suifolck ,  étoit  un  favant  pro- 
fondément verfé  dans  les  antiquités 
profanes  &  eccléfiafHques.  On  a 
de  lui  :  I.  Les  Conciles  de  la  Grande-- 
Bretagne y  Londres  ,  1737  ,  4  vol. 
in-fol.  II.  Leges  Anglo  -  Saxonica  , 
Londres,  1721,  in-fol.  Ces  deux 
CoUeôions  font  eflimées, 

WILLEMANN  ,  Foye^  GuiL- 

LIMAN. 

WILLIAMS ,  (Filtz)  fit  paroître 
une  ame  grande  fitreconnoiffante 
lors  de  la  difgrace  du  cardinal  de 
JFbl/ey  fon  bienfaiteur  r  (  yoye{  ' 
JToLsBr)...  fVJLLiAMs  étoit  aufll 
lé  nom  de  la  femille  Angloife ,  qui 
produifit  dans  le  ûede  dernier ,  l'af- 
falHn  de  fon  roi ,  avant  que  ce  , 
fcélérat  illuûre  l'eût  échangé  con- 
tre celui  de  Cromweil  :  Voyez  ce 
dernier  mot. 

WILLIS  ,  (  Thomas  )  médecin , 
né  en  1662 ,  a  Gréat-Bedxrin  dans 


458        W  I  t 

le  comté  de  ^ilt,  fit  (es  études  à 
Oxford ,  où  il  prit  les  armes  avec 
plufieurs  autres  écoliers  en  faveur 
du  roi.  Il  fe  livra  enûiite  tout  en- 
der  à  l'étude  de  la  médecine.  Char" 
les  II  étant  monté  fur  le  trône  eo 
1660,  lui  ptocura  la  place  de  pro- 
lefleur  de  philofophie  naturelle  dans 
la  chaire  fondée  par  Guillaume  S^d- 
ley,  Wlllis  fut  l'un  des  premiers 
membres  de  la  Société  royale  de 
Londres.  11  quitta  Oxford  en  1666 , 
6c  vint  exercer  fon  art  dans  la 
capitale,  où  il  donna  la  famé  & 
excita  l'envie.  Les  tracaiTeries  que 
fes  ennemis  lui  fufciterent  •  abré- 
{;erent  Tes  jours.  Il  mourut  à  Lon- 
flres  le  21  Novembre  1675 ,  à  54 
ans.  On  a  de  lui  :  '  Un  Traité  an- 
glois  ,  intitulé  :  Moyen  fur  &  faciU 
four' préferver  &  guérir  de  la  pefie  & 
de  toute  maladie  contagUufe  ;  ou- 
vrage pofthume ,  compofé  en  1666 
&  imprimé  en  1690.  Il  ne  fe  trouve 
pas  dans  la  CoUeâion  de  fes  Œu- 
vres en  latin ,  recueillies  &  im- 
primées à  Amflerdam  en  1682 ,  en 
2  vol.  in -4°,  dont  les  médecins 
font  cas,  £lles  embraflent  prefque 
tous  les  objets  de  l'art. 

WlLLUGHBEl.  (François  )  na- 
turalifte  Anglois  du  xvii^  iiecle« 
s'eft  fait  connoître  par  deux  bons 
Ouvrages  d'hiiloire  naturelle  en 
latin.  Le  premier  eft  intimlé  :  Or- 
nUhologU  Ubritres^  Londres,  1676 , 
in-fol.  -,  le  2*  :  De  Hîfloria  Plfcîum 
Llbri  quatuor  9  Oxford,  1686,  in-fol. 
Ces  deux  Traités  ,  qui  font  peu 
communs  &  oriiés  de  figures  bien 
exécutées  »  ont  été- publiés  par  EUy^ 
qui  les  revit,  &  qui  y  corrigea 
quelques  fautes  échappées  à  l'au- 
teur. 

WILMONT  ,    Foyei  RocHES- 

TER. 

WÏMPHELINGE ,  (  Jacques  )  né 
a  Schleftadt  en  14^0 ,  prêcha  à  Spire 
en  )i494  avec  réputation.  Il  fe  re- 
tira çnfuite  à  Heidelberg  «  où  il 


W  IM 

s*appliqtia  à  étudier  les  Livres  faînl» 
&  à  inflruire  des  jeunes  ders. 
L'envie  l'y  pourfuivit.  Les  Auguf- 
tins  ,  fâchés  de  ce  qu'il  avoit  dit 
que  Saint  Augufiîn  n'avoit  jamais  été . 
Moine  ou  Frère  Mendiant  «  le  ci- 
tèrent à  Rome.  Il  fe  défendit  par 
une  apologie,  &  le  pape  Jules  11 
aiToupit  ce  différent  ridicule.  Tri' 
thème  liii  avoit  confeillé  »  (  dit  le 
continuateur  de  FUury)  de  ne  point 
s'ingérer  dans  ces  fortes  de  dif* 
putes,  parce  qu'il  importoit  peu,  lui 
difoit-il ,  que  Saint  Auguftin  eût  été 
en  robe  ou  en  capuchon.  ÏTimphe^ 
linge  étoit  un  efprit  libre,  qui  reje- 
toit  les  préjugés ,  &  qui  cenfuroît 
les  vices  fans  refpeâ  humain.  Il  fit 
une  mort  iainte  à  Schledadt  en 
1528  ,  à  79  ans.  On  a  de  lui  :  I. 
Catalogus  Epi/coporum  Argentinen-* 
fium  ,  l6ji ,  in-4**.  H.  Des  Poéfies 
latines ,  1492  &  I494 ,  in-4^.  III« 
Un  Traité  fur  l'éducation  de  la  Jew 
ruffey  Argentor.t  ijoo  ,  in-4®.  IV. 
Llbelius  Grammaticaâs ,  I497  >  in-4°« 
V.  Rhttorica  ^  IJIÇ  »  in-4*'.  VI. 
Un  Traité  fur  les  Hymnes ,  in-4®. 
VII.  Un  excellent  Traité  De  Inte^ 
gritace  ,  ou  de  la  Pureté  ,  1503  » 
in' 4°.  CcA  le  plus  éloquent  &  le 
plus  utile  de  fes  Ouvrages  :  il 
radreiTe  à  Stumîus  ,  &  s'y  juflifie 
du  reproche  qu'on  lui  fait  de  ne 
s'être  élevé  contre  les  Bénéficiers, 
que  parce  qu'il  n'avoit  .pu  avoir  de 
bénéfice.  Il  dit  qu'il  avoit  rehifé 
deux  prébendes  ,  que  Bertholde  . 
archevêque  de  Mayence ,  lui  avoit  * 
offertes;  qu*il  détefteroit  toute  fa  vie 
ces  abus ,  d'avoir  trois  ou  quatre 
Eglifes  dans  la  même  ville  »  plu- 
fieurs  prébendes  ,  dignités  ou  per- 
fônats ,  &  quelquefois  d'en  polTéder 
d'autres  fous  le  nom  de  perfonnes 
interpofées.  Il  ajoute ,  qu'il  a  connu 
des  eccléfiafliques  qui  avoieni  juf* 
qu'à  23  &  24  bénéfices.  11  fe  défend 
enfuite  contre  ceux  qui  Taccufoient . 
d'être  l'ennemi  des  Ordres  Reli* 


W  I  M 

gleux.  Il  prot^e  qu'il  aîine  &qu*il 
^ime  tous  les  bons  religieux  ;  mais 
qu'il  ne  peut  avoir  les  mêmes  fen- 
timens  pour  certains  moines  ,  qui 
xi'ont  de  leur  état  que  le  capuchon 
&  la  couronne  ;  qui  font  pleins 
d'orgueil  &  d'aîmbition  -,  qui  fédui- 
Cent  le  peuple  en  prêchant  une  voie 
facile  pour  aller  au  Gel  ;  qui  enfei- 
gnent  qu'on  ne  doit  faire  qu'une 
légère  pénitence  pour  les  grands 
péchés  j  qui  flattent  les  riches  ;  qui 
abufent  les  religieufes  ;  qui  médi- 
fent  de  tous  les  théologiens  fé? 
culiers ,  &c.  &c.  VIII.  Un  grand 
nombre  d'autres  Ouvrages  ,  qui 
contiennent  des  réflexions  judi*^ 
cieufes ,  appuyées  fur  les  autorités 
les  plus  refpeélables. 

WIMPINA  ou  WVMPNA» 
(  Conrad  )  natif  de  Buchen.  Son 
mérite  lui  procura  un  canonicat 
dans  l'Eglife  cathédrale  de  Brande- 
bourg. L'éleâeur  le  nomma  à  la 
chaire  de»  premier  proCefTeur  de 
théologie  en  l'univerfité  «  qu'ii 
a  voit  fondée  à  Francfort  Tan  1506» 
Wlmpina  donna  beaucoup  d'éclat 
à  cette  école«  Lorfque  lliéréfiarque. 
Luther  eut  publié  fes  erreurs ,  on  le 
choifit  pour  les  ré&iter.  Ce  favant 
théologien  mourut  en  1 531.  On  a. 
de  lui:  l.  Dïfférens  Traités  Jhloio- 
piques  ,  dont  les  plus  connus  font 
ceux  ,  Dt  ScHh  ,  Etrorîbus  ac  ScfiJ/- 
matibus  ,  Francfort  ,  152.S  ,. trois 
tomes  in-folio  ;  &  De  Dîvinatlonc  » 
Coloniae  ,  1531»  iâ-foliov.H.  Di- 
verfes  Harangues  ,,  qui  ne  difént 
rien.  lU.  DesPoéfies  ,  aflez.  plates». 
IV.  Des  Epitr^s  ,.qujl  imécdleot 
fort  peu, 
.  WINANTS,  Tpy.WïNAîïïtfi. 
WINCHELSEA ,  (  Ai^né  »  corn- 
teffe  de  )  dame- d'honneur  de  la 
duche{&  4*rprck^  fecon'de!  fentme 
de  Jacques  //,  mourut  faiWupQfté- 
rité  em,720.  Elle  eut  quelque  Répu- 
tation fur  le^Parnaâê  .Anglais'^  où> 
c^e  peut  occuper.,  uae  J^^^acfi.  au. 


WIN        4^^ 

fécond  ou  au  troifieme  rang.  Oa> 
edime  fur- tout  fon  Poëme  fur  /» 
Rau,  qu'on  trouve  dans  le  Recueil 
de  fts  Poéfies  ,  publié  à  Londres 
en  1713. 

WINCHESTER ,  (  Le  cardinal 
de)  Koy.  I. Beaufort, 

I.  WINCKELMANN ,  (  Jfcan  ) 
né  à  Homberg  en  Heûe,  mort  en 
i;6ià  ,  e^  auteur  de  différens  Ou- 
vrages polémiques  5  qu'on  trouve 
aujourd'hui  dans  la  poudre  des 
bibliothèques.  On  a  encore  de  lui  : 
I.  Un  Commentaire  ,  in-folio  >  fur 
les  Evangiles,  de  S,  Mare  &  de  Sm 
Luc,  II.  Un  Commentaire  fur  les 
petits  Prophètes  *,  &  d'autres  Ou« 
vragcs. 

II.  WINCKELMANN  ,  (  l'abbé  j 
Jean)  né  à  Stendal,  dans  la  vieille  r- 
Marche  de  Brandebourg,  liit  pen* 
dant  fept  ans  profefTeur  des  belles- 
lettres  au  collège  de  Sechaufen  » 
près  de  Salfvredel  %  il  pafîa  de  là 
en  Saxe  »  o  ù  il  fut  bibliothécaire  du 
comte  de  Bunau  à  Nothnitz ,  près, 
de  Drefde,^  y  acquit  de  grande» 
connoifïances  en  divers  gentes  de 
littérature.  En  1754,  il  fe  rendit  à 
Drefde  >  où  il.  fe  fit  catholique  \. 
après  y  avoif  demeuré  pendant  un 
an ,  il  pardt  pour  Rome,  &  devine 
préfident  des  antiquités  de  cette- 
ville ,  membre  de  la  Société  royal» 

&  des  Anti<^tés  de  Londres ,  de 
l'acadénûe  de.  Peinture  de  Saint- 
Luc  à  Rome ,  de  l'académie  Êtruf- 
que  de  Cortone.  Jrînchlmann  étoit 
un  amateur  plein  de  goût ,  de  fenti- 
n:ient,&  de  chaleur.  Il  revenoit  de. 
Vienne ,  où  l'empereur  &  l'impéra* 
trice*reiue  l'avoient  accueilli  d'une* 
manière,  difting^ée  ,»lorfqu'il  fut 
affafTiijé  l,e  8  Juin  1768  à  Trieûe, 
par  un  fcélérat  nommé  Arean^U^ 
qui  fe  dîfoit  connoifleur ,  &  auquel 
il  avoit  montré  imprudemment  di« 
verjPeis  fnédaille$  d'or  &  d'argent  v 
il  lui  reftà  encore  affez  de  -force^ 
ppurdemiindçr  &  recevoir  U9  ù^y 


46o    ..WIN 

cours  fpmcuels,  &pourdîâerfon 
tefiament,  par  lequel  il  nomma  le 
cardinal  AUxânàrt  Albanlj^  Ton  léga- 
taire univerfel.  Nous  avons  de  lui  : 
I.  UHifioîrt  de  tAn  ch<\  Us  Anciens  , 
traduite  de  l'allemand  en  françois , 
1766  ,  2  vol.  ii>8^  ,  &  1782  ,  5 
▼ol.  in-4**.  On  en  a  donné  auffi 
une  Traduâion  en  italien  à  Milan , 
&  une  en  anglois.  Ce  Livre,  Tua 
des  meilleurs  qu'on  ait  écrits  depuis 
long-temps  fur  les  arts ,  a  été  reçu 
avec  un  égal  empreflement  en  Alle- 
magne, en  Angleterre  &  en  Hol- 
lande^ par  les  curieux  &  les  artiftes. 
La  dernière  Traduâion  firançoife , 
iniîniniem  préférable  à  la  première , 
a  été  &ite  d'après  l'édition  très* 
augmen«6e  de  l'original ,  donnée  à 
Vienne  ,  1776  ,  fur  un  manufcrit 
laiffé  par  l'auteur.  Ce  qu'il  y  a  de 
touchant,  c'eft  que  ce  manufcrit eft 
teint  de  fon  fang.  L'auteur  étoit 
occupé  à  le  revoir  ,  lorfque  fon 
afîaifin  lui  porta  le  coup  mortel. 
MM.  H^ne  ,  Braccl  ,  Falconee ,  en 
ont  critiqué  plufîeurs  endroits.  II. 
JEclairclffemens  des  points  difficiles  de 
la  Myûvolope ,  en  italien ,  in-folio,, 
avec  nombre  de  figures»  IIL  AIÙ" 
§on€  ptmr  Us  ArtlJUs ,  Drefde,  1766 , 
în-4^  ;  ouvrage  purement  didaûi- 
que.  IV.  Remarques  fur  rArchîtecbwe 
des  Anciens^  L'auteur  qui  écoic  d'un 
tempérament  bouillant  ;*  a^  donné 
fou  vent  dans  les  extrêmes  ;^  porté 
aaturellement  à  l'enthoufiafme ,  il 
«"eft  laifle  entraîner  à  une.admira^ 
tion^  outrée.  Par  la  tféâipe  de  fon 
eifprît  &  la  négligence  de  fon  édu- 
cation ,  la  réferve  &  la  circonfpec- 
fîon  étoieiit  des  qualités  <pi'il  con- 
lioiiToit  peu.  S'il  eft  hardi  dans  fes 
jugemens ,  la  ^plume  à  la'main  ,  il 
l^ekâf  bien  davantage  dans  les 
difpU!^  de  vive  voix ,  où  fes  amis 
ont  treAblé  plus  d'une  fois  pour 
lui.  Trop  épris  du  genre  d'éttidc' 
qu'il  cultivoit,  il  ne  fongeoit'pas 
àtéprimtr  les  faiHies-de  fon  amour*. 


W  I  N 

propre ,  qui  étoit  extrême.  »  Te  fiûs 
*'  (  dit- il  lui-même  )  comme  une 
n  plante  fauvage  :  j'ai  pris  ma 
*«  croiflance  ,  abandonné  à  mon 
>•  propre  inftinâ.  J'aurob  été  ca- 
"  pable  de  facrifier  ma  vie  ,  fi 
»  i'avois  fu  qu'on  éiigeoit  des 
"  flatues  aux  meurtriers  des  ty- 
*•  rans  ».  11  étoit  d'ailleurs  franc, 
fincere ,  d'un  commerce  (ur ,  boa 
ami  &  honnête  homme.  On  a  publié 
fes  [Leurci  familières  ,  Paris ,  1782  , 
2  vol.  in-8**.  On  voit  à  la  tête  VBdo^t 
de'  Winchdmanny  par  M.  Htyne. 

WINSEMIUS ,  (  Pierre  )  hifto- 
rien  Hollandois ,  né  à  Leuwarde  , 
vers  1585  ,  après  avoir  &it  fes. 
études  dans  fon  pays,  parcourut 
l'Allemagne  >  la  Suéde  &  la  France. 
De  retour  dans  fa  patrie ,  il  cultiva 
les  mufes ,  retiré  à  la  campagne.  En 
1^16 ,  il  fut  fait  hiftoriographe  des 
éuts  de  Frife,  &  choifi  en  1636, 
pour  êcre  profeffeur  d'hiftoire  & 
d'éloquence  à  Franeker.  lly  mourut- 
en  1644.  Nous  avons  de  lui  :  I« 
ChriMÎque  ou  Hiftoîre  de  la  Frife  , 
depuis  Van  du  monde  ^6^y ,  j^fj'''* 
l'an  1622  de  ttre  vulgaire ,  en  fla- 
mand f  Franeker  ;  1622 ,  in-folio» 
L'auteur  la  prend  de  trop  haut  pour 
ne  pas  raconter  bien  des  fables. 
II.  Vîta  illujirijpmi  Mamitu  ^  Prln* 
dpis  Auriaciy  Franeker,  1625  ,  in-4**. 
m.  Rerum  /ùf  Philippo  II ,  per  Fri^ 
fiam  Geflurum  ,ah  anno  tjjy  ad  an* 
num  ij8i ,  lihri  feptem  ,  Leuwarde  »  ' 
1^46  j  in-folio.' Malgré  tous  les 
éloges  que  Orotms^  HeinJUu  ^  Fon» 
tonus  ,  Scnverius  ^  Nicolas  -Blancarê 
ont  donnés  àcette^iiftoûre,  elleeâ 
mal  écrite  :  l'auteur  a  cru  bien  écrire 
en  ib  fervant  de  mots  pompeux  & 
peu  uûtés ,  &  (ie  phrafes  enibroûll- 
léesr  L'impanialité  qu*il  affeâe  ;  ne 
l'empèthe  pas  de  maltraiter  les  Ca- 
tholiques ic  leur  religion.  Winf^ 
mitiJt  a  inCôVé  donné  pilufîeurs  Dîf^ 
firtddoHs  ,  des  Hofongues ,  des  Eloges 
fimcbm  if.  u)uaniiY4  de  Putts  de 


WIN 

foéGe,  ^Menelas  JTiNSlHIUs  îoti 
frère,  né  à  Leuwarde  vers  1 5  9 1  >  pro- 
feiTeur  en  médecine  à  Franeker  , 
mourut  le  if  Mai  1639.  On  a  de 
lui  ,  Compendlum  Anatomltt ,  Fra- 
neker ,  1615  ,  in-4®. 

WINSLOW ,  (  Jacques-Bénigne) 
Danois  ,  &  petit-neveu  du  célèbre 
Sunon  ,  foutint  la  réputation  de 
fon  oncle.  Il  vit  le  jour  en  1669  > 
à  Odenzée  dans  la  Fionie,  d'un 
miniftre  Luthérien.  L'envie  de  Te 
perfeâionner  le  conduifit  à  Paris , 
où  il  étudia  fous  le  célèbre  ^u  Ver' 
ntfj',  maître  habile,  qui  trouva  dans 
ce  jeune  homme  un  difciple  digne 
de  lui.  Wînflow  avoit  le  malheur 
d^être  Proteftant ,  &  il  dut  au  grand 
Bojfutt  fa  converfîon.  Sa  réputation 
fe  répandant  de  plus  en  plus  ,  il 
devint  médecin  de  la  faculté  de 
Parb ,  démonibrateur  au  Jardin  du 
roi ,  interprète  de  la  langue  Teu- 
tonique  à  la  bibliothèque  du  roi ,  & 
membre  de  l'académie  des  Sciences. 
Sts  Ouvrages  font  :  I.  Un  Cours 
SAnatomU ,  fous  ce  titre  :  Expofi' 
tlon  anatotnlque  du  Corps  humain  ^ 
in- 4** ,  &  4  vol.  in-ii  :  Livre  élé- 
mentaire qui  eft  très-recherché.  II. 
Une  Dîjfcrtatîon  fur  ^incertitude  des 
fignesde  la  Mort ,  1742  ,  2  volumes 
in- 12.  Ce  Livre  eft  très -bien  rai- 
sonné. III.  Une  Leure  fur  un  Traité 
des  maladies  des  Os.  IV.  Des  jRé- 
marques  fur  la  Mâchoire,  V.  Plusieurs 
fa  vans  Ecrits  dans  les  Mémoires  de 
l'académie  des  Sciences.  Winjlow 
mourut  en  1760 ,391  ans ,  avec  la 
réputation  d'un  des  plus  honnêtes 
hommes  &  d'un  des  plus  habiles 
anato'miftes  de  la.  France. 

WINTER  ,  (  Georges  -  Simon) 
écuyer  Allemand  du  dernier  fiecle, 
.fît  une  étude  profonde  de  fon  art. 
Il  en  donna  des  leçons  à  divers 
feigneurs  &  princes  d'Allemagne  , 
Se  en  publia  deux  Traités  eftimés  & 
peu  communs  en  France.  Le  1*' 
parut  à  Nuremberg  en  1672,  in- 


WJR        461 

folio  »  en  latin ,  en  allemand  &  en 
françois  ,  fous  ce  titre  :  TraSatla 
nova  de  re  Equaria,  L'auteur  y  traite 
en  détail  des  écuries  ,  du  régime, 
de  l'âge,  du  pays,  des  qualités  & 
des  marques  des  chevaux  -,  de  U 
'manière  de  les  dreHer ,  de  les  éle* 
ver  &  de  les  dompter  -,  de  leurs 
haras  »  de  leurs  maladies»  &  des 
remèdes  qui  leur  font  propres  ;  des 
devoirs  &  des  qualités  des  palefre- 
niers &  des  écuyers.  Le  fécond  , 
imprimé  dans  la  même  ville  en 
1678  ,  2  vol.  in-folio ,  en  latin  6c 
en  allemand  ,  ne  traite  que  de^  l'arc 
de  monter  à  cheval  -,  il  eft  intitulé  ; 
Eques  peritus  ,  &  Hippiator  expertus, 

WION ,  (  Arnould  )  Bénédiain  , 
né  à  Douay  en  1554*  prit  Thabit 
dans  l'abbaye  d^Ardembourg  au 
diocefe  de  Bruges.  Pendant  les 
guerres  civiles  de  religion  il  fs 
retira  en  Italie ,  &  fut  reçu  parmi 
les  Bénédiàins  de  Sainte- Juftine 
de  Padoue ,  dits  du  Mont-Caffîn« 
Il  s'y  fignala  par  quelques  Ou- 
vrages ,  où  les  abfùrdités  &  les 
ÊBibles  font  entaftees.  Les  principaux 
font  :  I.  La  Généalogie  de  la  famille 
des  Anices ,  d'où  il  faifoit  defcendre 
S.  Benoît  &  la  maifon  d'Autriche» 
[  Voy.  Strein.  ]  II.  Une  Hifioirt 
des  Hommes  illuftres  de  fon  Ordre  » 
fous  le  titre  de  Lignum  vita.  C'eft 
dans  ce  fécond  Ouvrage ,  imprimé 
à  Venife  en  1595 ,  2  vol.  in-4®  , 
qu'on  trouve  les  impertinentes 
prédirions  fur  les  éleàions  des 
papes  ,  attribuées  à  5.  Malachie  ^ 
évêque  d'][rlande.  L'oubli  du  fens 
commun  s'y  fait  fentir  à  quelque 
page. 

WIRLEM-BAUR,  Voy.  Baur. 

WIRSUNGUS  ou  WiRSUN- 
Givs  >  (  Jeanr Georges  )  Bavarois  , 
profefleur  d'anatomie  à  Padoue  • 
découvrit  en  1642  le  Conduit  pan* 
créatique.  Son  mérite  lui  fufcita  des 
envieux ,  qui ,  à  ce  que  l'on  croit , 
gagnèrent  par   argent  un  Italien 


46i        W  I  S 

pour  VaSMner.  JFîrfunps  fut  tué 
dans  fon  étude  par  ce  fcélérat  , 
d'un  coup  de  piftolet,  avant  que 
d'avoir  bât  imprimer  aucun  de  Tes 
Ouvrages. 

Dt^lSCHER    ou    WlSSECHER    , 

(  Corneille  )  dèffinateur  &  graveur 
Hollandob  du  xvii*  dccle ,  laiiTa 
des  fujets  &  des  Portraits ,  d'après 
des  peintres  Flamands.  On  ne  peut 
graver  avec  plus  de  flneiTe  ,  de 
goût ,  d'efprit  &  de  vérité.  Son 
burin  eft  en  même  temps  favant , 
pur  &  gradeux.  Les  £{lampes  qu'il 
a  inventées  lui-même  ,  font  hon- 
neur à  fon  goût  &  à  fon  génie. 
Jean  WiscsiR  fon  frère  y  ainfi 
que  Lambert  &  Nicolas  WisCHER 
de  la  même  famille  ,  fans  avoir 
des  talens  éminens  «  font  admirer 
leur  goût  &  leur  mérite  ,  dans 
les  Mampes  qu'ils  ont  gravées 
d'après  Berghem  &  Wauwermans, 

WISSO  WATIUS ,  (  André  )  né 
en  1608  ,  à  Philippovie  dans  la 
I^ithuanie  ,  d'une  Êunille  noble  « 
étoit  petit  -  fils ,  par  fa  mère  ,  de 
FauJU  Socm,  Il  hérita  des  erreurs 
de  fon  grand-pere  ,  &  les  répan- 
dit en  Hollande,  en  France  tk  en 
Angleterre.  De  retour  en  Pologne, 
il  éit  l'un  des  principaux  chefs  des 
Sociniens  ,  &  foutint  les  intérêts 
de  cette  fefte  au  péril  de  fa  vie. 
Enfin  »  contraint  de  fe  retirer  en 
Hollande  par  l'arrêt  qui  profcrivit , 
en  1658  ,  les  Unitaires,  il  y  tra- 
vailla à  l'édition  de  la  BlbUotheque 
4es  Frens  Polonois  ,  qu'il  mit  au 
|our  peu  de  temps  après ,  en  neuf 
vol.  in-fol.  On  a  encore  de  lui  un 
Traité  intitulé  :  Religîo  rathnaiis  , 
feu  De  Ratioms  judlçîo  ,  in  Contre 
verjus  edam  theologfcis ,  ac  religioJU 
adhibendo  ^  Traclatus ,  16S5  ,  in- 16... 
&  pluiieurs  autres  Ouvrages  très- 
dangèreux ,  qu'il  fit  pour  fes  pro- 
félytes.  Ce  feâaire  mourut  en 
llollande  en  1668. 

VISTON»  Kay«x  JTutsTOH. 


W  IT 

WIT,  (  Jeande)  fils  de  Jneoh  de 
WU^  bourgmefire  de  Dordrecht, 
naquit  en  1625  d'une  Êarmille  noble 
&  ancienne.  Après  s'être  perfec- 
tionné dans  la  jurifprudence  ,  les 
mathématiques  &  la  théolo^e ,  la 
curiofité  le  porta  à  voyager  dans 
les  cours  étrangères.  Il  s'y  fit  des 
amis  par  les  qualités  de  fon  cœur 
&  de  fon  efprit.  De  retour  dans  (a 
patrie ,  il  s'Âeva  de  grade  en  grade 
jufqu'à  celui  de  penfionnaire  de 
Hollande  :  emploi  qu'il  exerça  dans 
des  temps  très-difficiles.  La  guerre 
avec  les  Anglois ,  qui  ne  fut  pas 
toujours  heureufe  pour  la  Répu- 
blique ,  exerça  fon  habileté.  On  ad- 
mira fur-tout  avec  quelle  prompti- 
tude il  travailla  au  rétablifiement 
de  la  flotte  ,  prefque  ruinée  dans 
un  combat  contre  les  Anglois  i  & 
la  réfolution  qu'il  prit  &  qull 
exécuta  ,  de  fe  mettre  lui-même 
fur  la  flotte  avec  d'autres  députés 
de  l'Etat.  Cependant  les  malheurs 
de  la  patrie  en  Êùfoient  foupirer 
plufieurs  après  un  Stathouder.  Quoi* 
que  Guillaume  III  fut  encore  en£ant, 
on  £aifoit  de  grands  efforts  pour 
l'élever  à  cette  charge.  Jean  de  WU 
s'oppofoit  de  tout  fon  pouvoir  à 
cette  éle£Hon  ,  contraire  félon  lui 
à  la  liberté  de  fon  pays.  Ce  zde 
pour  la  patrie  fut  la  fource  de  fes 
malheurs.  Soupçonné  d'être  d'intel- 
ligence avec  l'ennemi ,  il  fut  attaqué 
par  quatre  aflâflîns  qiù  manquèrent 
leur  coup ,  &  dont  l'un  fiit  puni  de 
mort.  La  crainte  d'un  pareil  danger 
lui  fit  demander  fa  retraite ,  &  il 
l'obtint.  Le  parti  du  prince  £Oranp 
ayant  prévalu  en  1672 ,  dans  le 
temps  que  laitance  preffoit  la  Hol- 
lande, où  accufa  ComéXUât  Wu^ 
firere  de  Jean  ,  d'avoir  voulu  6ire 
aflaifiner  ce  prince ,  &  on  le  mit  ea 
prifon  à  la  Haye.  Faute  de  preu- 
ves ,  il  ne  put  êôre  condamné  qu'au 
banniflement-,  mais  comme  le  Pen- 
fit>cmaire  le  faifoit  fortir  de  prifoa 


w  1 1 

pour  ùdsfaire  à  lafemenee  de  ban- 
ni^ement ,  Id  populace  ef&énée  les 
maflacra  tous  deux  >  parce  qu'ils 
avoient  voulu  là  paix.  Ainfi  péri- 
rent deux  frères ,  dont  l'un  avoit 
gouverné  l'Etat  pendant  19  ans 
avec  vertu,  &  l'autre  l'avoit  fervi 
de  Ton  épée.  On  exerça  fur  leurs 
corps  fanglans  toutes  les  fureurs 
dont  le  peuple  eft  capable.  Jean  d& 
Wlx  s'étoit  fignalé  autant  par  fes 
talens  que  par  fa  modération.  AfTu- 
Jetti  à  la  frugalité  &  à  la  modeftie 
<ie  fa  République ,  il  n'avoir  qu'un 
laquais  &  une  fervante.  U  alloit  à 
pied  dans  la  Haye ,  tandis  que  dans 
les  négociations  de  'l 'Europe  ,  fon 
nom  étoit  compté  avec  les  noms 
des  plus  puifTans  Rois  :  homme 
infatigable  dans  le  travail  ,  plein 
d'ordre ,  de  fageffe ,  d'induflrie  dans 
les  affaires  ,  excellent  citoyen  , 
grand  polinque,  &  digne  d'un  meil- 
leur  fort.  "  Perfonne  (  dit  Bumu  ) 
»»  n'employa  jamais  mieux  que  lui 
»♦  l'algèbre  à  toutes  les  affaires  du 
"  commerce.  Il  pofTédoit  à  fond 
v>  l'état  de  la  Hollande ,  fes  revenus, 
M  les  fommes  qu'on  y  pouvoit 
*'  lever  pour  les  befoins  publics  , 
n  &  la  méthode  dont  il  s'y  falloit 
H  prendre.  Tout  cela  étoit  digéré 
>»  dans  un  petit  livre  de  poche  , 
V*  où  par  le  moyen  de  quelques 
♦♦  tables  ,  il  trouvoit  d'un  coup 
>♦  d'œil  tout  l'argent  que  la  Répu- 
"  blîque  pouvoit  fournir.  Franc  & 
»  fîncere  »  il  ne  connoifToit  d'autre 
w  fineiîe  que  celle  du  iilence;  & 
»  on  ne  pouvoit  pas  aifément 
v>  favoir  quand  il  fe  taifoit ,  s'il  le 
y»  faifoit  à  defîein  ou  par  coutume. 
w  D'une  intefiigence  prompte  & 
M  nette  ,  quknd  on  lui  propofoît 
»  quelque  chofe  de  nouveau ,  après 
M  vous  avoir  écouté  patiemment 
><»  &  fait  quelques  queftions  inci- 
9»  dentés ,  il  avoit  compris  Taffoire 
»»  avec  autant  de  jufteffe  ,  que  le 
99  pouvoit  faire  la  perfonne  même 


"W  î  T        46Î 

>•  qui  lui  en  £dfoit  rouverture« 
»»  Ne  connoiflant  en  aupiie  fa- 
»  çon^l'hifloire  moderne,  ni  Xkxàx 
M  des  cours  étrangères ,  il  faifoit 
»  les  plus  groflieres  fautes  fur  le 
>»  cérémonial.  Sa  grande  maxime 
}>  étoit,  ({Ut  tous  lis  Princes  &  que 
»  tous  les  Etats  fe  règlent  fur  leurs 
>>  intérêts ,  &  que  des  que  ton  fah 
V  e«  quoi  leurs  vrais  intérêts  confiftent^ 
»  on  peut  favoir  quzls  en  font  les 
»  projets.  Il  ne  vouloit  pas  que  l'on 
>«  recourût  au  foldat  étranger ,  à 
n  i^oins  que  la  confervation  du 
»  fujet  ne  le  rendît  néceifaire. 
i>  Quant  à  l'adminidration  de  la 
)t  juÇice ,  au  foutien  du  commerce  . 
M  à  l'entretien  des  flottes ,  la  Ré- 
»  publique  n'eut  jamais  de  plus 
»  habile  miniftre.  Quoiqu'il  fût  fort 
f*  oppofé  à  la  maifon  6! Orange^ 
n  il  prit  un  grand  foin  des  biens 
M  du  jeune  Guillaume  111.  II  veilla 
»  fur  fon  éducation  ,  &  lui  donna 
»  de  juiles  notions  de  tout  ce  qui 
»»  concernoit  l'état,  croyant  que 
»  l'intérêt  public  demandoit  qu'on 
»  le  rendît  propre  à  gouverner  «<« 
On  a  de  lui  :  I.  Des  Négociations  ^ 
Amfterdam ,  1715 ,  5  vol.  in-i2« 
IL  Des  Mémoires^  Ratisbonne,  1709  , 
in-i2.  Ces  ouvrages  renfernfent  des 
faits  intéreffans,  &  méritent  d'être 
lus.  Voyti  fa  rïe  en  2  vol.  in-12  » 
Utrechi,  1709. 

WITASSE  ,  (Charles  )  né  à 
Chauny  dans  le  diocefe  de  Noyon, 
le  II  Novembre  1660,  fut  élevé 
à  Paris ,  où  il  fe  rendit  habile  dans 
les  humanités ,  dans  là  théologie 
&  dans  les  langues.  Devenu  prieur 
de  Sorbonne  en  1689  ,  &  docteur 
en  1690 ,  il  obtint  tous  les  fuffrages 
pour  la  chaire  de  profeffeur  royal 
en  théologie  ,  à  laquelle  il  fut 
nommé  en  1696.  Il  rempliiToit  cette 
place  avec  autant  d'exaâitude  que 
d'applaudiffement ,  lorfque  la  Bulle 
Unigenitus  parut.  Le  re&s  qu'il  fît 
de  recevoir  ce  décret ,  lui  atdr4 


464       VIT       ; 

une  lettre  de  cachet  qui  Tcxiloit  i 
Noyon-,  mais  il  échappa  à  la  pcr- 
fécution  par  la  fuite.  Après  la  mort 
de  LouU  XIV ,  il  reparut  à  Paris, 
où   il   mourut  d'apoplexie   le  10 
Avril  17 16,  à  56  ans.  Son  carac- 
tère rcpondoit  à  fes  lumières.  Plein 
de  douceur  &  de  gravité  ♦  il  eut 
toujours  un  nombreux  concours 
de  difciples  »  qui  le  préféroient  à 
la  plupart  des  autres  profeffeurs. 
Quoiqu'il  pût  attendre  de   fa  ré- 
putation &   de  l'eftimc   générale 
qu'elle  lui  avoitacquife,  des  places 
confidérables ,  il  borna  fon  ambi- 
tion à  fervir  le  public   dans  fon 
emploi.  C'eftàluiqu*on  doitl'éta- 
bliflêment  de  la  Maifon  des  Prêtres 
de  Sain^François  de  Sales  ,  où  les  * 
pauvres  Curés    &  les  prêtres  in- 
valides ,  fur-tout    du  diocefe  de 
Paris ,  trouvent  une  retraite  &  une 
fubfiftance  honnête.  Lorfque  le  car- 
dinal de  NoailUs  ,   qui  entra  avec 
chaleur  dans  fes  vues  charitables, 
demanda  des  lettres  patentes  pour 
cette  fondation,  à  Louis  XIV ^  le  roi 
les  lui  accorda  auffi-tôt ,  en  difant  : 
»  Il  eft  bien  jufte  que  ,  mes  foldats 
*»  ayant    une  retraite  ,   ceux    de 
«  Jefus'Ckrlft  n'en  manquent  pas  «. 
Il  éto*t  fort  lié  avec  ce  cardinal  -, 
&  on  lui  attribua  communément  les 
fentimens  que  ce  prélat  fit  paroître 
contre  la  Bulle.  Les  ouvrages  de  ce 
dofteur  font  :  I.  Plufieurs  Uttrtsjur 
la.  Pâquç,  II.  VExamen  de  TEdition 
des  Conciles  du  P.  Bardouin.  U  fit 
cet  Examen  à   la  follidtation  du 
parlement  de  Paris.  III.  Une  par- 
tie des  Traités  qu'il  avoit  diaés  en 
Sorbonne;  favoir,  ceux  de  la  Pé- 
nitence ,  de  l'Ordre,  de  TEucha- 
riftie ,  des  Attributs  ,  de  la  Trinité 
&   de    rincamation.  Celui  de  la 
Confirmation ,  qu'on  lui  a  attribué , 
n'eft  point  de  lui ,  mais  d'un  Père  de 
l'Oratoire.  Chacun  de  ces  Traités 
eft  en  2  vol.  in-ii  ,^  excepté  celui 
des  Atoibuts  qui  eft  en  trois^  L'éru- 


VIT 

ditlon  &  la  netteté  les  cxaStén* 
fent.  Son  ftyle  convenoit  au  genre 
didaâique  :  pur  fans  affecbtion  » 
fimple  uns  barbarie ,  net  &  concis 
fans  féchereffe,  il  ne  lui  manquoit 
qu'un  peu  plus  de  délicatefie  dans 
le  choix  de  fes  preuves ,  &  plus  de 
foin  à  ne  pas  s'aftujettir  aux  formes 
&  aux  queftions  que  la  tyrannie  d« 
Tufagea  introduites. 
W1TH8Y,  ^ojr. v^HiTBr...  &c. 
I.  WITIKIND  U  Grand,  duc  de 
Saxe»  étoit  fils  du  prince  Wemt" 
km ,  dont  la  famille  étoit  très-con- 
fidérée  parmi  les  Saxons.  Quoique 
Wltikind  ne  fût  pas   roi  de  cette 
nation ,  mais  feulement  l'un  de  fes 
chefs ,  il  eut  le  commandement  gé- 
néral   des  troupes.  Généreux  dc- 
fenfeur  des  reftes  de  la  Germarâe, 
il  excita  fes  compatriotes  à  fou- 
tenir  leur  liberté  contre  Charlemagne  , 
qui  arma  pour  les  jréduire ,  &  qui 
ne  pouvoit  en  venir  à  bout;  Enfin 
ce  monarque ,  las  de  faire  la  guerre 
aux  Saxons  ,  &  de  répandre  du 
fang ,  envoya  à  Wîtîhxnd ,  un  de  fes 
feigneurs ,  pour  l'exhorter  à  renr 
trer  dans  fon  devoir  à  des  condi- 
tions très-avantageufes.  Le  prince 
Saxon  s'y  foumit ,  &  alla  trouver 
Tempereur  à  Attigny   en  Cham- 
pagne. Ce  conquérant  le  reçut  avec 
douceur ,  lui  donna  le  titre  de  duc 
de  Saxe,  avec  le  duché  d'Engem, 
&  rengagea  à  fe  faire  inftruire  de 
la  religion  Chrétienne.  Wîtlfdnd  en 
fit  profefiîon  l'an  807 ,  &  fut  tué  , 
quatre  ans  après  ,  par  Gerold  duc  de 
Suabe.  Sa  poftérité,  (  dit  PafqvUr,} 
commença  de  s'établir  en  France  ,  6» 
fia  deftînée  pour  la  fit  &  clôture  àt 
ulUdeCharlemag^,.,  JTitikjndII^ 
fon  fils,  qui  prit  au  baptême  le 
nom  de  Robert  >  fiit  père  de  Robert 
le  Fort ,  marquis  de  France ,  bifaïeul 
de  Hugues  Captt  ^  auteur  dç  la  ^ 
race  de  nos  rois. 

II.  WITIKIND ,  WiTUKiHD, 
ou  WlTEKIlîDE  ,   Bénédiain  de 

Tabbayc 


W  I  T 

l'abhayc  de  Corbic  fur  le  Werer, 
au  X®  fiecle,  avoit  conpofé  plu- 
jficws  Ecrits ,  dont  il  ne  nous  rcfte 
que  l'Hiftoirc  des  Othons^  publiée 
psrMeibomius^  fous  ce  turc  :  AnnaUs 
de  gefiU  Othomtm^  dans  le  Recueil  des 
Hifloriensd'AUemagne,  Helmftadt, 
1688,  in-fol.  Wîdklnd  fit  fleurir  la 
piété  &  les  lettres  dans  le  monaftere 
de  Corbie. 

WrrSl^N  ,  (  Nicolas  )  favant 
Hollandois  du  dernier  fiede ,  em- 
brafïa  le  négoce,  la  politique  &  les 
fciences.  Il  réufiît  dans  tous  ces 
genres;  car  il  s'enrichit  par  des 
voies  honnêtes  ,  fe  diftingua  dans 
la  magiftramre  d'Amfterdam  ,  & 
prouva  fes  progrès  dans  la  littéra- 
ture ,  par  un  Traité  favant  &  cu- 
rieux ,  fur  rArchîtecUrc  Navale  des 
Anciens, 

WITSÏUS,  (Herman)doaeur 
Prote^ant ,  né  à  Enckhuyfen  dans 
le  Nort-HoUande  en  1616  ,  de- 
vi/it  profeffeur  de  théologie  à 
Franeker ,  puis  à  Utrccht  T  &  enfin 
à  Leyde ,  où  il  mourut  en  1708, 
Ses  principaux  Ouvrages  font  : 
I.  Hiftoiîa  Hîerofolymitana.  II.  Egyp- 
tîaca  0  Decaphylon  ,  cum  Dîatrîbâ 
de  Legione  fulminatrlce  Chrtfiî^orum, 
11  fait  voir  dans  cet  Ouvrage,  dont 
la  meilleure  édition  eft  celle  de 
1683,  ln-4**,  que  les  Juife  n*ont 
point  emprunté  des  Egyptiens  leurs 
loi*  &  leurs  cérémonies ,  comme 
l'avoit  prétendu  Spencer  &  Marf- 
iiam.  III.  Mtfcellaneorum  Sacrorum 
jCîhri  duo,  IV.  Maleumata  Leyden- 
fia  ,  &c.  Ces  différens  Ouvrages 
dénotent  une^  érudition  peu  com- 
xnune.  On  yïôuhaiteroit  plus  de 
choix. 

WiTTlCHIUS  ,  (  Chriftophe  ) 
sik  à  Brieg  dans  la  baffe  Siléfie, 
«0  ^625 ,  fut  profeflieur  de  mathé- 
xnatiques  à  Hefborn,  d'où  il  fut 
aippelé  à  Duisbourg ,  pour  y  en- 
^^gaer  la  théologie.  QP  là  il  paffs( 


WL  Q       465 

i  Nîmégue ,  où  il  occupa  une  chair» 
de  théologie  pendant  16  ans.  Enfin  » 
il  eut  le  même  emploi  à  Leyde ,  en 
1 671  «  &  il  y  finit  fa  fa  vante  car^ 
riere  en  1687.  Seâ  ouvrages  font: 
I.  Theologîa paclfica  ,  Leyde,  1671-^ 
in- 4^,  II.  Anù^Splnofa,  III.  Bt  Dt<* 
&  qus  Attribuds  ,  Amfterdam,  1690  , 
in-4^.  JPTmcftttts  eft  >  de  tous  les 
Proteftans ,  l'un  de  ceux  qui  a  le 
mieux  fu  accorder  les  principes  phi- 
lofophiques  de  De/cartes  avec  la  , 
théologie ,  dans  fon  Con/en/us  veri* 
tous ,  Leyde  »  1682  »  in-4^, 

WLODOMIR,  duc  de  Rufiîe» 
embraffa  le  Qirifiianiûne  en  989 , 
&  c'eft-là  proprement  l'époque  de 
rétabliffementde  la  foi  Chrétienne 
dans  ces  vafies  régions.  Il  efi  vrai 
que  dèJ  le  fiede  précèdent  elle  y 
avoit  péiiétré  par  les  foins  de 
5.  Ignace ,  patriarche  de  Conûanr 
tinople  ',  mais  elle  y  fit  alors  peu 
de  progrès.  La  fille  de  BoUfias^ 
duc  de  Pologne ,  qui  époufa  le  fils 
de  Wlodomlr ,  amena  avec  elle  en 
Rufiie^/Seûn^em,  évêque  de  Colberg« 
Ce  mifiionnaire ,  après  s'être  con- 
cilié k  vénération  des  Païens  par 
fon  extrême  abfiinence ,  fes  vertus , 
fes  veilles  &  fes  oraifons  êontw 
nuelles  ,  leur  fit  brûler  leurs  tem<* 
pies ,  &  abolit  les  fuperfiitions'aux* 
quelles  ils  étoiènt  le  plus  attaehés. 
Les  mœurs  de  Wlodomir  ne  répor.«i 
dirent  pas  toujours  à  fa  croyance. 
On  lui  reprodie  de  grandes  cruau- 
tés,^ beaucoup  d'emportemenc 
dans  fa  pafiion  pour  les  femmes  : 
-  mais  il  en  fit  une  pénitence  exem- 
plaire ,  &  ne  ceffa  dès-lors  de  ra- 
cheter fes  péchés  par  des  aumônes 
prodigieafes  jufqu'à  ce  qu'il  mou- 
rut dans  une  extrême  vieilleffe.  Il 
fut  enterré  dans  la  grande  ville  do 
Kiovie  ;  on  lui  dreffa  un  tombeau 
fort  élevé  dans  l'églife  de  Saint- 
Clément,  comme  un  objet  pro- 
pofé  à  la  vénération  des  peuples^ 


4è6        W  O  D 

Les  Mofcovites  comptent  en  eAét 
ce  priace  entre  les  Saim$,  &  le 
regardent  comme  l'Apôtre  de  leur 
aation. 

WODVARD,    Vayt^   WoOD- 

WA&I>. 

WOLDlKÊ,(Marc)  né  Tan 
1699  à  Sonmerfted  en  Dnemarck  ^ 
fut  minore  d'une  égUfe ,  puis  pro- 
feffeur  de  théologie  en  17^1  «  à  Co- 
penhague, où  il  mourut  en  1750. 
Il  s'etl  tait  connoitre  par  piulieurs 
TraduSlons  latines  :  I.  Des  Traité» 
de  Moyf*  Malmônuks  touchant  les 
viandes  défendues ,  avec  des  Notes. 
II.  De  plufieurs  chapitres  du  Tahnud 
de  lérnfalem&  du  Talmad  de  Baby- 
lone.  On  a  encore  de  lui  quelques 
Traitts  de  Controverfe. 
.  I,  WOLFF ,  (  J.  Ciriftierti  de  ) 
J^oLfws ,  né  à  Breilau  le  24  Jan- 
vier 1679 ,  d'un  braffeur ,  homme 
de  lettres.  Son  père  remarquant 
dans  ioTk  fils  les  plus  heureuTes 
difpofittons ,  les  cultiva  avec  foin , 
&  lui  donna  d'habiles  mainres.  L'uni- 
veriité  d'Iene ,  où  il  ie  rendit  en 
1699 ,  &it  le  premier  théâtre  de  fes 
talens.  Après  avoir  achevé  fon 
cours  dans  cette  ville  »  il  alla  en- 
feigner  à  Leipzig  en  1703  ,  &  s'y 
annottça  par  une  Dlffartatlon  fur  la 
mankre  itnfùpar  la  Plulofophîc.  Sa 
méthode  étoit  en  partie  celle  de 
Dtfcftu» ,  à  laquelle  il  ajouta  fes 
propres  idées.  Son  nom  pénétra 
dans  les  différentes  parties  de  l'Al- 
lemagne ;  &  les  univerfités  de 
Gie£n  &  dé  Hall  le  demandèrent 
en  même  temps  pour  profeâeur  de 
mathématiques.  Cette  dendere  ville 
eut  la  prâérence  en  1707.  Il  y 
enfeigna  avec  tant  d^^îSidmté  & 
d'applaudiflement ,  qu'on  Thonora 
^u  titre  de  confeiller  de  cour  »  & 
on  augmenta  fes  appointcmens.  La 
rage  de  Tenvie  &  du  Êuiatifme  vint 
troubler  fon  bonheur  «  &  voulut 
éclipfer  fa  gloire.  Une  Harangue 
qu*il   prononça  en  17ZI  ,  fiu  I4 


morale  des  Chinois ,  dans  laquelle 
il  comparoit  les  principes  de  Cotf 
fuàus  avec  les  Tiens ,  excita  le  issix, 
zèle  des  théologiens  de  Hall.  La 
acuité  théologique  de  cette  ville 
réfolut  d'examiner  tous  les  Ou- 
vrages de  notre  philofopfae.  Wolff 
en  porta  fes  plaimesT  au  confôl 
académique,  &  obtint  même  un 
ordre ,  portant  défenfc  à  <;ui  que  ce 
fût  d'écrire  contre  lui.  Cette  défcnfe 
tyrannique  ne  lit  qu'échanger  les 
efprits.  On  écrivit  en  cour  :  le 
doyen  &  plufieors  membres  de 
la  faculté  philofophique  expofe- 
rent  combien  fa  doârine  étoît 
dangereufe.  Enfin ,  après  de  grands 
flots  d'encre ,  &  de  vives  alterca- 
tions ,  la  cour  le  condamna  ,  le 
ij  Novembre  1713  ,  à  fortir  de 
Hall  &  des  Etats  dans  Tefpace  de 
14  heures ,  fous  les  peines  les  plus 
rigoureufes.  LHIIuftre  opprûné  fe 
rendit  à  Caflel ,  où  il  obont  la 
chaire  de  mathématiques  &  de  phi- 
ïofophie  dans  Tuniverûté  de  Mar- 
'  pourg ,  avec  le  titre  de  confeiller 
aulique  du  landgrave  de  HefTe,  & 
nne  bonne  peiâon.  Il  ie  remit 
auifi-tôt  à  fes  travaux  avec  une 
nouvelle  ardeur  -,  &  c^eft  dans  ce 
fciour  qu'il  a  publié  la  meilleure 
partie  de  fes  Ouvrages.  La  flétrifilife 
qu'il  avoit  fubie ,  n'avoir  fait  qu'au- 
gmenter  fa  réputation.  Il  fut  dé- 
claré, en  172$,  profefleur  hono- 
raire de  l'académie  des  Sciences  de 
Pétersbourg',  &  en  1733  ,  il  ob- 
dnt  l'aflociation  de  Facadémie  des 
Sciences  de  Paris.  Le  roi  de  Suéde 
le  déclara  auf]&  confeiller  de  ré- 
gence. Wolffy  attaché  à  Marpourg 
par  les  liens  du*  devoir  &  de  la 
reconnoiflance ,  refufa  des  places 
très-avantageu£es ,  entre  autres  celle 
de  préfident  de  l'ac^énûe  à  Pé- 
tersbourg.  Le  roi  de  Pruffe^  re- 
venu des  préjugés  qu'on  lui  avoit 
fait  concevoir  contre  lui ,  voulut 
\%  sendrc  4  l'uaivçdirà  do  Hall 


VOL 

W  Î75  5  ,  &  fit  une  féconde  tenta* 
tive  à  cet  égard  en  1739,  qui  fut 
aufli  inutile  que   la  première.  Ce 
prince  étant  mort  le  31  Mai  1740» 
Charles-Frédéric  ,  fon   fils  ,   philo- 
fophe  couronné ,  &  ami  de  Wolffs 
le  rappela  à  Hall  en  1741 ,  avec 
les  titres  de  confeiller  privé ,  de 
vice- chancelier  &  de  profeffeur  du 
Droit  de  la  'Nature  &  des  Gens. 
11  réleva  enfuite  à  la  dignité  de 
chancelier  de  l'univerfité.  L'élec- 
teur de  Bavière  ,    pendant  le  vi- 
cariat de  l'Empire  qu'il  exerça ,  le 
promut  à  celle  de  Baron  de  l'Em- 
pire ,  fans  que  le  philofophe  l'eût 
recherché  ,  ni  prévu.  Il  jouiffoit 
paifiblement  de  fa  gloire  &  du  fruit 
de  fes  travaux ,   lorfque  des   atta- 
ques fréquentes  de  goutte  le  con- 
duifirent  par  degrés  à  un  marafme 
qui  lui  annonçoit  fa  fin.  Elle  ar- 
riva le  9  Avril  1754,  dans  fa  76* 
année.  II  mourut  avec   Tintrépi- 
dite  de  la  philofophie  &  de  la  reli- 
gion. C'étoit  un  fage.  Les  honneurs 
&  les  difgraces^  la  fanté  &  la  ma- 
ladie ,  altérèrent  peu  la  tranquillité 
de  fon  ame.  Il  traitoit  ordinaire- 
xnent  fes  ennemis  avec  douceur , 
de  quelquefois  avec  générofité.  La 
{implicite  de  fes  mœurs  le  rendoit 
content  de  ce  qu'il  avoit  -,  il  vivoit 
f  obrement ,  mangeoit  peu ,  &  ne  bu- 
voi't  point  de  vin.  Il  n'avoit  d'autre 
ambition  «  que  celle  de  la  fcienée 
tk.  de  la  vertu.  Le  roi  de  Suéde  « 
qui   en  faifoit  un  cas   infini ,   le 
prefifant  fouvent  de  lui  demander 
des  grâces,  il  répondgit  toujours  : 
Je,  n'ai  befout  dt  rien  ;  bien  différent 
de  tant  d'hommes  de  lettres ,    in- 
dignes de  ce  nom ,  qui  font  baf- 
fement ,  &  prefque  toujours  inu- 
tilement ,  la  cour  aux  laquais  ou 
à  la  maitrefie  d'un  grand  «  pour 
avoir  tme  petite  penfion ,  arrachée 
par  rimportunité  à  une  avarice  faf- 
titeufe.   Ses  principaux  Ouvrage? 
0iit  :  L  Un  Cours  de  M^thimatl^utf , 


>^  O  L        467 

en  lâtîn ,  d'abord  en  1  vol;  b-4**, 
puis  en  5  in-4** ,  Genève ,  1731  & 
1741.  C'efile  Cours  de  Mathéma- 
tiques le  plus  complet  que  nous 
ayons  jufqu'à  préfent.  Un  Béné- 
didkin  de  la  Coûgrégation  de  Saint- 
Maur  l'çr  abrégé  ,  en  3  vol.in-8°; 
&  c'eft  un  fervice  qu'on  devroit 
rendre  à  tous  les  Ouvrages  de 
W'olffy  trop  longs  au  moins  de  la 
moitié.  Il  a  noyé  (  dit  un  écri- 
vain illuftre  )  le  fyftême  de  Lelbnlti , 
dans  un  fatras  de  volumes,  &dàn$ 
un  déluge  de  paroles ,  d'arguinensi, 
de  corollaires  &  de  citations.  II, 
Une  Philosophie  ,  en  plufieurs 
vol.  in.4° ,  que  l'auteur  divife 
en  Théorétîque  &  en  Pratique,  Oit 
trouve  dans  la  première  :  i.°  La 
Logique ,  qu'il  a  intitulée ,  Philo- 
fophîa  ratîonalls  ,  five  Loglca  ,  in-4**. 
On  en  a  un  Abrégé  in-8° ,  plu- 
fieurs fois  imprimé  ,  fous  le  titre 
de  Ptnfées  fur  les  forces  de  VEnien» 
dentent  humain  ,  traduit  par  M.  Z>^yl 
champs,  11°.  La  Métaphyfique ,  dont 
les  parties  font  i  Philofophla  prima  ^ 
five  Ontologfa  ,  1735  ,  '^^'4^  *>  ^^A 
molo^  generalls ,  in-4**  ;  Pfychologia 
Empîrica ,  in-4®  \  Pfychologjia  ratio* 
nalis  ,  in-4'*.  Theologifl  naturalls  , 
2  vol.  in-4°.  III®.  La  Phyfique  ^ 
dont  les  parties  foot  la  Phyfiquè  ex» 
pérlmentale  &  la  Phyfiquè  dogmatU 
que.,.  Sa  PHILOSOPHlE'PRjlTiqyS 

comprend  Philofophla  pracUca  uni" 
verfalls  ,  en  2  vol.  in-4**  ;  Philofo-^ 
phla  moralls,five  Ethica,  en  5  vol. 
in-4°.  Ces  noinbreux  volumes  ren- 
ferment de  bofines  chofes  ;  mais  il  ^ 
faut  les  chercher  à  travers  beaucoup 
de  chofes  médiocres  ou  alongées. 
III.  Jus  Naturct ,  ou  Traité  du  Droit 
naturel ,  en  8  vol.  ih-4**.  IV.  Jus 
Gentîum ,  111-4°.  L'auteur  a  abrégé 
les  deux  Ouvrages  précédens,  foi^s 
ce  titre  :  Infiltialones  Jurls  Natura\ 
Gentium ,  in-8®.  Nous  en  avons  ua 
autre  Abrégé  en  fi-ançois  par  M. 
Porm^ ,  qui  9  paru  en  175  8  ,  fo^f 

G  g  i; 


1 


468        VOL 

ce  titre  :  Principes  du   Droit  de  U 
Nature  &  des  Gens ,  en  3  vol,  in-ll. 
V.  Hor*  fubcefiva  Marh'ur^njes ,  en 
neuf  parties..  Ce  fom  des  Diflerta- 
âoiis  fur  diverfes  matières  de  Phi- 
lofophie ,  de  Droit  naturel  &  de 
Théologie.  VI.  Un  grand  nombre 
d'Ecrits  ,  dans  les  Aâa  ErudUorum 
de  Leipzig.    VU.  Un  DlcUonnaire 
de  Mathématiques  ,  in-8** ,  en  alle- 
mand.  Vin.   Spécimen   Phyfica  ad 
Theologiam  naturalem  appUcata^ÏQ-^^, 
IX.  Une  foule  d*autres  Eaits,  dont 
il  feroit  trop   long  de  donner  la 
lifte-,  c»  le  baron  de  Wuiff  en- 
fantoit  les  gros  volumes ,.  comme 
nos   auteurs  François  d'à  préfent 
produifent  les  Romans  &  les- Alma- 
ïiachs.   Ce  qui  caraâérife  princi- 
palement les  Ecrits  philofophiques 
de  ce  favant  homme ,  c'eft  fa  mé- 
thode. Defcartes ,  de  qui  il  la  tenoit, 
s'étoit  borné  aux  .parties  fpécula- 
livcs  de  la  philofophie,  (ans  tou- 
cher à  la  partie  pratique.  Volffîe 
propdfa  de  fuppléer  à  cette  omif- 
iion ,  &  de  commencer ,  ppur  ainû 
diré^  où  le  philofophe  "François 
s'étoit  arrêté.    I-a    méthode    des 
géomètres  ,    qtli  marchent  à  pas 
comptés,  &   ne  pofent  un  pied 
^u*après  ^vpit  bien  affermi  Tantre  » 
lui  pirut  la  plus  propre  ^i  le  con- 
duire à  fon  i)ut.  Il  a  donc  entre- 
pris de  faire  de  toutes  les  connoif- 
fances  philofophiques ,  un  vrai  fyf- 
tême,  qui   procédât  de  principes 
en  conféquences ,  &  où  toutes  les 
-propofitions   fuffent    déduites  les 
unes  des  autres  avec  une  évidcncfe 
démonftrative.  Le  ftyle  du  baron 
de  Wolff  eft  barbare  en  latin  \  les 
expreffions    font    ou  louches  ou 
mal  choifies  ;  les  phra(fes  mai  Conf- 
truites  -,  les  mêmes  termes  fouvent 
répétés.  On  prétend  qu'il  écrivoit 
mieux  en  allemand  ,  fi  toutefois 
l'on  peut  bien  écrire  dans  une  lan- 
gue auffi  rude. 
IL  WOLFF,  (  Icrôme)  dune 


ancienne  famille  du  pays  des  Gcî- 
fons  ,  fit  paroitre  j  dès  fon  en- 
fance, une  inclination  finguliere 
pour  l'étude  *,  mais  fon  père  crai- 
gnant qu'elle  n'altérât  fon  tempé- 
rament naturellement  délicat,  l'em- 
pêcha de  s'y  appliquer.  Le  ieune 
/^(///f  s'échappa  de  la  maifon  pa- 
ternâle ,  &  s'en  alla  à  Tubinge  « 
où  il  fe  mit  au  fervice  des  éco- 
liers. Son  indigence  ne  l'empêcha 
point  de  fe  rendre  habUe  dans  les 
langues  grecque  &  latine.  Il  les 
enfeigna  quelques  aimées  ,  &  de- 
vint enfuite  bibliothécaire  fi^  prin* 
cipal  du  collège  d'Ausbourg  ,  où 
il  mourut  de  la  pierre  en  15  81» 
â  64  ans.  On  a  de  lui  :  I.  Des 
Traduâions  latines  de  Dèmofthaus  , 
à'Ifocrau^  &  de  quelques  autres 
auteurs ,  avec  des  Notes.  II.  Un 
Traité  De  vero  &  ficito  Afirolo^ut  ufa, 
III.  Un  autre ,  De  expedita  utriufquc 
Lingua  difcendit  ratione,  IV.  Lekîo^ 
nés  memoralnlcs  ,  1600  ,  1  tomes 
in-folio. 

IH.  VrOUf ,  (  N,  )  général  An- 
glois ,  après  s'êpre  diftingué  dans 
plufieurs  pccafions,  commandoit 
les  troupes  Ue  fa  nation ,  à  la  ba- 
taille de  Québec  en  1759 ,  lorfqu'il 
eut  le  malheur  d'être  tué  à  la  fleur 
de  fon  âge ,  fur  le  champ  de  ba- 
taille, il  vécut  encore  allez  pour 
avoir  la  fatisfaûion  d'apprendre  - 
l'heureux:  fuccès  de  ce  combat,  ht 
roi  lui  fit  ériger  un  magnifique 
maufolée  dans  l'abbaye  de  Wefi- 
n^infter.  Ce  qui  n'a  pas  peu  con- 
tribué à  rendre  fon  nom  célèbre, 
c'eft  la  magnifique  Eftampe  qui  le 
repréfente  mourant  ,  environné 
d'un  grand  nombre  de  perfonnes 
peintes  d'aprèi  nature.Cette  Eftampe 
eft  gravée  par  JFooiUtt ,  d'après  le 
Tableau  de  W^l»  &  a  été  publiée 
en  1776. 

'   WOLFHART,  Vaje^  Lycos- 

THËNES. 


VOL 

WOLKELIUS  ,  Voyei  VoilCB- 
LIUS. 

WOLLASTON,  (  Guîllaimie) 
prêtre  Anglican  «  né  à  Caton-Clan- 
ford  dans  le  StafFordshire ,  le  26 
Mars  165  9 ,  d'une  famille  ancienne , 
fe  vit  rédiiit ,  par  la  médiocrité  de 
ia  ?ortime ,  à  accepter  la  place  de 
ibus-maitre ,  puis  cellç  de  fécond 
maitre  dans  l'Ecole  publique  de 
Birmingham.  Une  riche  fucceffion 
le  mit ,  en  168S ,  dans  une  fituation 
opulente»  dont  il  fit  ufage  pour 
aifiiler  un  grand  nombre  de  maU 
heureux.  Peu  de  temps  après,  il 
alla  s'établir  à  Londres,  &  il  s'y 
maria  Tannée  ftii vante.  Il  vécut 
dans  la  plus  par£iite  union  avec 
fon  époufe  cpie  la  mort  lui  enleva 
«a  1710,  après  en  avoir  eu  onze 
cnfans ,  dont  fepc  lui  furvécurent. 
Woliafion  concentré  dans  le  fein 
d'une  £unille  qui  le  rendoit  heu- 
reux  ,  refiifa  conftamment  toutes 
]es  places  conûdérables  qu'on  lui 
offrit,  pour  fe  livrer  tout  entier 
à  l'étude  des  langues ,  de  la  philo- 
fophie ,  des  madiématiques ,  de  la 
philofophie  naturelle ,  de  l'hiftoire 
ancienne  &  moderne,  &  de  la  théo- 
logie* L'art  de  flatter ,  de  diflnnuler , 
d^  cacher  Tes  fentimens  lorfqu'il  les 
croyoit  fondés ,  lai  étoit  inconnu. 
Il  parloit ,  il  penfolt  en  philofo- 
phe.  ,  &  il  agiflbit  de  même. 
L'amour  de  la  vérité,  qui  le  do- 
minait ,  lui  fit  préférer  la  retraite 
à  une  vie  diifipée,  &  la  méditation 
à  la  leâure  &  à  un  favoir  d'em- 
prunt. La  folitude  &  la  réflexion 
ne  le  rendirent  pas  mifanthrope; 
il  étoit  au  contraire  extrêmement 
afFable ,  &  fe  Eûfoit  un  vrai  plaifir  . 
de  £ûre  part  defes  lumières.  Il  fe 
récréoit  dans  la  compagnie  de  quel- 
ques amis  choifis.  •*  Sa  conver- 
M  fation  vive  &  enjouée ,  fon  na- 
•»  turel  firanc  &  ouvert,  joint  à  fon 
V  profond  favoir ,  le  faifoient  re- 
M  chercher  des  perfonnes  du  pre- 


W  O  L        469 

»•  mîcr  mérite  ;   mais  il  n*aimoit 
»  pas  le  grand  monde^,  &  fe  fou- 
"  çioit  encore  moins  des  applau- 
»  diffcmens  &  des  honneurs  de  fon 
"^  fîecle.  Son  indifférence  à  cet  égard 
"  alloit  fl  loin ,  qu'il  refufa  long- 
**  temps  avant  fa   mort ,  une  des 
•»  premières   dignités    de   l'Eglife- 
»  qu'on  lui  offroit  &  qu'on  le  pref- 
"  foit    d'accepter.    Quoiqu'il    lût 
"  beaucoup ,  il   méditoit  davan- 
"  tage  *,  &  comme  il  penfoit  libre- 
"  ment ,  auflî  difoit-il  librement 
»  fa  peiifée.  Il  regardoit  avec  hor- 
»  reur  toute  forte  de  difiimulation; 
"  l'art  de  flâner  lui  étoit  inconnu  ^ 
"  &  bien  qu'il  n'ignorât  pas  que 
»  fa  franchife  ne  pouvoit  manquer 
p  de  lui  faire  des  ennemis ,  il  ne 
M  s'en  départoit  jamais  pour  quel- 
"  que  confidération  que  ce  fût.  La 
H  douceur  &  la  compaflion  fe  fai- 
»  foient  remarquer  dans  toute  fâ 
•*  conduite,  &  lui'étoicnt   natu- 
»  relies  :  par  l'une  ,   il  fouffroit 
»  tout ,   il  s'accommodoit   &  fe 
H  prêtoît  à  tout  't  par  l'autre ,  il 
n  fentoit  vivement  les  miferes  du 
n  prochain ,  &  s'empreflbit  à  y  por- 
>»  ter  du  remède.  Il  ne  connoiflbit 
M  pas  la  colère  ni  le  reflentiment  : 
»  û  quelquefois  il  lui  échappoit  de 
M  parler  avec  un  peu  trop  de  viva- 
»  cité ,  cela  pafToit  dans  un  mo- 
»  ment  ;  &  il  étoit  plus  fâché  contre 
M  lui-même,  que  contre  les  per- 
n  fonnes  qui  lui  avoient  donné 
9*  fujet  de  fe  fâcher  «.  (  MiM.  de 
Nlceron  ,  To.  42.  )    Son  principal 
ouvrage  efl  une  Ebauche  de  la  Rc» 
ligLn  tuuureile\  qui  a  été  traduite  en 
françois ,  &  imprimée  à  la  Haye 
eu  1716  ,  in-4^.  Le  traduâeur  a 
aflez  bien  débrouillé  les  nombreuf^s 
Notes  de  l'original  i  mais  il  £ût 
quelquefois  dire  à  l'auteur  ce  qu'il 
ne  dit  point.  »  Si  la   funplicité , 
»»  la  fécondité  ,  la  nouveauté  des 
»*  principes  fuffifeot  pour  faire  la 
M  fortune  d'un  ouvrage  ^  (  difent  les 

G  g   ii  j 


47©        W  O  L  VOL  j 

»  auteurs  de  THiftoire  littéraire  de    J*Etat.  Après  lui  avoir  donné  fiic-^ 
•'  l'Europe  )    nous  répondons  à    ceffivemem   plufieurs  évêchés ,   il 

le  fit  archevêque  d'Yorck  &  girand* 
cteuicelier  du  royaume.  Le  pape 
Léon  X  l'honora  de  la  pourpre  en. 
I515 ,  &  du  titre  de  légat  à  latcrc 
dans  tout  le  royaume.  On  le  vit 
morale.  Il  y  a  pourtant  quelques  alots  augmenter  fon  fafte  &  Ces 
principes  dont  les  incrédules  pour-    prétentions.  L'archevêque  de  Can* 

torberi  lui  ayant  écrit  Votrt  crèx- 
AffeSionné  Frcrc  ,  il  s'en  plaignît  , 
comme  d'une  injure.  L'archevêque» 
informé  de  Tes  plaintes ,  dit  froide- 
ment :  "  Ne  voyez-vous  pas  que 


"  celui-ci  de  l'approbation  uni  ver- 
•*  Telle  M.  Ce  n'eft  point ,  ajou- 
tent-ils ,  une  ébaudie  groffiere  , 
ainû  que  l'auteur  l'appelle  modef- 
tpment,  mais  un  cours  achevé  de 


roient  abufer.  L'auteur  paroit  ac- 
.  corder  aux  fauiTes  religions ,  des 
avantages  qui  les  rendroient ,  ûnon 
égales  ,  du  moins  peu  inférieures 
au  Qiriilianifroe.  WoUafian  jeta  au 
leu  preCque  tous  Tes  autres  Ecrits  , 
avant  fa  mort ,  arrivée  en  Oâobre 
I7;i4 ,  dans  fa  64*^  année  :  la  dé- 
licatefle  de  fon  goût  lui  fit  £iire 
ce  Çicrifice. 


cet  homme  eft  ivre  d'un  excès 
»  de  profpérité  ?  »  Bientôt  Volfty 
établit  une  cour  eccléfiaftique,  dont 
l'autorité  arbitraire  refiemhloit  fort 
à  celle  de  l'inquifition  *,  &  quoique 


WOLMAR ,  (  Melchior  )  natif   décrié  par  la  licence  de  Tes  moeurs , 

,  de  Rctv^eil  en  Suiffe  ,  apprit  la  il  s'érigea  en  réformateur  rigide  <U 
langue  grecque  à  Calvin  &  à  Bc^ ,  .  celles  des  laïques  même.  On  fe  plai- 
^  leur  infpira  l'envie  d'être  ré-  gnti  hautement  de  fes  entrq>ri£es,  & 
formateurs.  UUic ,  .duc  de  Wittem-    Henri  FUI  lui  ordonna  de 

-berg ,  l'attira  dans  (es  états ,  &  le 

:  £t  profefleur  de  Droit  à  Ttibinge. 

.  Après  avoir   rempli  ces    emplois 
avec  diitinâion ,  il  f e  retira  à  Eife- 

nach ,  où  il  mourut  d'apoplexie  en  fens.  Le  dernier  le  traitoit  tantôt  de 
1561 ,  à  64  ans«  Ce  favant  avoir  coofin  &  tantôt  de  père ,  &  le  flâna 
une  telle  réputation  de  probité ,  que    même  du  trône  pontifical.  Le  Saiiu* 


des  bornes  à'ia  iuridiâion. Fronfoû  / 
&  Charlts  -  Quint ,  qui  regardoient 
Wolfty  comme  arbitre  de  F£urope« 
le  comblèrent  de  carefles  &  de  pré- 


ciuelques  gens  de  lettres  ne  l'ap- 
.  peloient  que  MtUor^  au  lieu  de  M/d- 
chioT,  La  Pré£ice  qu'il  a  mlfe  à  la 
tête  de  la  Grammaire  Grecque  de 
JDemetrius  CkalcoudyUf  a  paâe  au- 
.  trefois  pour  un  chefd'œuvre  en  ce 
genre  -,  mais  on  ne  la  regarde  plus 
aujourd'hui  du  même  œiL  On  a 
auifi  de  lui  des  Commentaires  fur 
les  deux  premiers  livres  de  VlUadc 
à'Homere, 

WOLSEY,  (Thomas)  fils  d'un 
boucher  d'Ipfwîch  en  Angleterre, 
enfeigna  la  grammaire  dans  l'utû- 
verfité  d'Oxford.  Ses  talens  lui 
procurèrent  la   place   d'aumônier 


Siège  vaqua  deux  fois.  L'empereur  1 
loin  de  pcnfer  à  remplir  fes  ei^ 
gemens  ,  fit  agir  pour  d'autres. 
Wolfty  rompit  aufiî-tôt  le  lienqa^ 
avoir  ibcmé  entre  ce  prince  &  fon 
maître  ,  &  il  réunit  les  forces  de 
l'Angleterre  &  de  la  France,  pour 
accabler,  s'il  étoit  poffible,  fon 
ennemi.  Il  imagina  peu  après  use 
autre  guerre  de  vengeance  ,  qa'il 
crut  plus  propre  à  humilier  Charltf 
Qtùnt  :  ce  fut  le  divorce  de  B*"' 
avec  la  ràne  Catherine  iArap^t 
tante  de  cet  empereur  ;  ou  du  niofltf» 
s'il  n'infpira  pas  la  penfée  de  œ  di- 
vorce ,  il  entra  dans  toutes  les  vues 


du  roi  Henri  VlÛ,,  qui  le  fit  entrer  du  prince  qui  vouloir  le  feire.  Ja* 
dans  le  confwl ,  &*qu»  ^«  déchar-  ât  BoaUn^  époufe  de  Heati  fii{ 
gea  fur  lui  du  gouvernement  de    sqirès  Cathmine  ^  (ut  l^  première* 


W  O  L 

.iîgrir  le  roi  contre  un  mîntdre'  iA«- 
***jrolenc,  qui   avoit  révolte  tout  le 
^'Viondçpar  fon  faûe  &  par  Tes  hau- 
Pleurs.  Dans  le  temps  de  fa  faveur , 
'  P^  ne  parloit  qu'en  defpote*  Pour 
^^dhciàet  les  citoyens  de  Londres  à 
*^tin  emprunt  général  lait  en  xp5» 
^^it  leur  déclara  nettement  >*  qu'a 
&  *  *»  valoit  mieux  que  q,uelques^n« 
le  0*.  d'entre   eux   fpuffriffem  Tindi- 
ttt»»*  gence,  que  de  laifler  manquer 
iif  ♦•  le  roi.  -r  Prenez  gard« ,  (  ajou- 
e^  •'  toit-il  )  à  ne  faire  aucune  réûf- 
^  M  tance  ni  aucun  murmure,  ians 
pal'  «f  quoi  il  pourra  en   coûter  quel* 
D  a  n  ques  tôtes  *«.  Bemn  K/i/ ayant  vu 
J'  les    plaintes  de  Ton  épouse  çoa« 
t.*  armées    par    celles   de  tous  iu 
iiiti  £u)çts,  confiiqua  tous  (es  biens, 
s^  le  dépouilla  de  les   charges,    & 
érf  le   relégua  dans  ^on  arcbevêéhé 
■^  4Torck.  On  lui  ordonna  de  quit- 
ùi>  ter  fon  palais  de  l^ondres ,  qui  de- 
p^  vint  la  demeure  des  reis  fous  le 
:  ^   oom  de  'Wliithal.  On  trouva  chez 
'^    lui  un  bu^  de  vaiâjelie  d'or,  les 
tf    i;iieubles  les  plus  fomptueux  ,  Sk 
\p    }urqu'à  mille  pièces  de  fine  toile 
[$■    de  Hollande.  Ce  fevori  difgracié  ie 
^    vit  tout-à-coup  méprifé  des  grands 
;     ^  haï  du  pe^ple.  FUt^  Williams ,  lu» 
ji    de    Tes  protégés ,  fut  le  Teul  qui 
^     oÙL  défendre  fa  caufe  ,  &   fair« 
>:     l'éloge  des  talens  &  des  grandes 
■)     qualités  du  miniflre  di%racié.  U  fia 
i     plus  -,  il  offrit  fa  maifoo  de  cam- 
pagne à  fTolfy,  6ç  le  confura  d'y 
venir  du  moins  pafier  un  jour«  Le 
cardifkal,  fenâble  a  ce  zele^  alU 
chex  FiUi  fp^ams,  qui  le  reçut  avec 
Les  marques  les  plus  dîQinguées  du 
ffeipe£^  éc  de  la  reconnoi^ance.  Le 
roi  ,  inftruit   de    l'accueil  que  ce 
particulier  n'avoit  pas  craint  de 
faire  à  un  homme  tel  que  Wolfey , 
Hx  venir  WîlUaw^.  l\  lui  demanda 
d'un   air  H  d'un  ton  irrités  \  par 
fjuel  motif  il  avoit  eu.  l'audace  de 
recevoir  chez  lui  le  cardinal  ac^ 
cufé  ^,  déclaré  coupable  de  haut^ 


VOL        47Ï 

trahîfbn  ?  $jm.e  ,  (  répondît  ITil^ 
ifiAMs)  ce  n*efi  point  U  criminel  d'Etat 
que  fal  refu  ckei  mai ,  c*efi  mon  Pro' 
tecUur ,  celui  qui  m* a  donné  du  pain  « 
&\dù  qui  je  tiens  U  fortune  dont  je 
jouis  i  j*aurois  été  U  plus  ingrat  des 
hommes ,  fi  je  Cavoîs  abandonné.  Le 
roi  ,  plein  d'admiration ,  conçut 
dès  cet  inilant  une  haute  eftime 
pour  le  généreux  Fllt{  Williams, 
Il  le  fit  chevalier  fur  le.  champ, 
&  peu  de  temps  après  il  le  nomma 
fon  confeiller  privé.  Cependant 
Wolfey  n'ayant  qiie  cet  ami  dans  fa 
difgrace ,  fe  vit  accablé  d'une  foule 
d'accufations ,  d'opprobres  &  de 
malheurs.  Le  duc  de  Northunéer^ 
Imd  eut  ordre  de  l'arrêter  pouf 
crime  de  lefe-Ma)efté.  On  leçon* 
duifoit  à  la  Tour  de  Londres  pour 
lui  faire  fon  procès  ;  mais  il  Aie* 
comha  à  fes  infortunes ,  &  mou^ 
rut  eo  chemin  d'une  dyÛènterie  » 
à  Leicefter  ,  en.  1533 ,  à  6a  ans, 
U  dit ,  ua  peu  avant  fa  mort ,.  ces 
paroles  remarquables,  :  Bêlas  l  fi 
favols  fervl  avec  Ut  mime  fidélité  U 
Roi  du  Ciel,  qui  j*4i  fervl  le  Roi  mon 
Maître  fur  la  terre ,  il  ne  m^ abandon* 
niroit  pas  dans  ma  vieîUeffey  comme 
Pion  Prince  m'abandonne'  aJijourd'hui.S^ 
fTic  a  été  donnée  eo  angloîs ,  in-4®, 
Qa  a  bien  débité  des  fau^iés  fur 
ce  fameux  cardinal ,  que  l'abbé  de 
(.vn^ueme  a  très-bien  réfutées  dans 
fes  favantes  &  iudicieu£es  Acmsrques 
fur  la  Vie  de  de  ce  prélat  Infor*» 
tuné  :  (  On  les  trouve  dans  1# 
tome  VI XI  des  Mémoires  de  Lit* 
iérature  du  Père  Defmolets.  )  Wolf^ 
étoit  d'une  naifiance  baffe,  mais 
d'un  génie  élevé.  Sa  des  mœurs 
dépravées  commencèrent  fa  fortuné, 
il  l'augmenta  par  beaucoup  d'au- 
dace à  d'habileté.  Il  fe  fervit  de 
la  confiance  des  grands  qu'il  avoix 
gagnée ,  pour  s'avancer ,  $1  de  la 
connoiâance  qu'il  avoit-  de  leur 
politique,  pour  les  détruire.  Heu^ 
ttvûL  k  pénétrer  les  hommes  ^  les 

G§  iv 


47»    .    W  O  t 

chofes ,  il  fe  reddît  abfolu  en  talt^ 
tant  les  paffions  de  Ton  maître  ;  & 
il  auroit  joui  long- temps  de  Ton 
•  pouvoir ,  fi  un  Ciivori  pouvoit  tenir 
contre  une  maitreffe.  Son  princi- 
pal talent  étoit  celui  de  préparer 
les  événemens,  &  de  profiter  de 
ceux  que  le  hafard  lui  préfemoit. 
Après  fa  mort ,  Henri  FUI  ne  parla 
éc  lui  qu'avec  éloge -,  &  la  fuite 
de  ce -règne,  moins  heureufe  que 
}e  commencement ,  paroit  juftifier 
fa  mémoire  d*une  partie  des  impu- 
.  tations  dont  elle  fiit  ch^gée.  Son 
caraâere  né  fut  pas  auffi  bon  que 
ia  politique.  Il- étoit  né  jaloux, 
inquiet ,  foupçonneux  &  vindicatif 

(  Voy.  PacZ  &  POLYDORE.  )  ,•    & 

c^  différens  vices  furent  la  pre- 
mière fource  de  fa  chute.  Rien  n'eft 
plus  fingulier  qu'un  des  chefi  d'ac- 
cdfation  qu'on  intenta  contre  IPol* 
fiy  :  c'eft  qu'ayant  le  mal  de  Na- 
ples,  il  avoit  eu  l'infolence  de 
s'approcher  de  trop  près  de  l'oreille 
du  j-oi.  Il  £iUoit  que  la  haine  fût 
bifcn  acharnée  contre  lui ,  pour  lui 
Éûre  un  crime  de  cette  nature.  On 
trouve  un  petit  Recueil  des  Lett^s 
de  ce  cardinal»  dans  le  tome  iii^ 
de  la  ColUSlo  ampliffima  des  Pères 
Manent  &  Durand^  Bénédiôins. 
Elles  peuvent  fervir  pour  l'Hiftoire 
'     de  ce  temps-là. 

WOLZOGUE  ou  W0LZO6EN , 
*^  (  Louis  de  )  né  à  Amersfort  en  163  2, 
de  parens  nobles ,  originaires  d'Au- 
triche, ne  doit  pas  être  confondu 
avec  un  écrivain  Soctnien  de  même 
nom ,  dont  les  Ouvrages  forment 
a  vol.  de  la  Bihltûtheque  des  Frères 
Polonois.  Après  avoir  été  élevé 
lous  fon  père*  habile  mathémé^ti- 
cicn  ,  &  dans  1  univerfité  de  fa  pa- 
trie-, il  vint  en  France  pour  s'y 
perfeûionner  dans  la  connoifTance 
de  notre  langue.  De  la  il  alla  à 
Genève  ,  parcourut  la  Suiffc  & 
l'Allemai^e  en  voyageur  curieux 
sU  intelligent.  De  retour  dans  ia 


w  00 

patrie,  il  fut  fucceffivemem  nû* 
nif^re  de  l'Eglife  Wallone  à  Gro- 
ningue  •  à  Middelbourg  en  Zélande  , 
à  Utrecht-À  à  Amfterdam.  Il  rem- 
plit tous  les  devoirs  de  ces  dtfFë- 
rens  poftes.,  avec  autant  de  zcle 
q^e  d'intelligence.  Il  mourut  le 
13  Novembre  1690,  à  ^Sans,  à 
Amflerdam  ,  où  il  occupoit  la  chaire 
de  profefTeur  en  Hiftoire  ecdéfiar- 
tique.  Cet  écrivain  étoit  auffi  So- 
dnien ,  &  il  eut  de  vives  querelles 
avec  le  fanatique  Lahadîc.  Ses  prin-> 
cipaux  Ouvrages  font  :  1.  Orator 
Sacety  five  De  ratione  concîonandî, 
Utrecht,  1671,  in-S**.!!.  DiffenatUr 
CritlcO'Tkeolo^ea  de  correcHone  Sert" 
harum  in  oHodecim  Scrlpturtt  dîelio» 
nthus  aUdhUa^  Hardewich  «  1689, 
in- 4®  III.  Une  TraduRîon  françoife 
du  Diûionnaire  hébreu  de  Làgh^ 
Cet  Ouvrage  parut  à  Amfterdam  , 
en  1730,  in-4**.  IV.  De  Scrîptunt^ 
rum  Inurpttte  .  contra  Exercltatùrem 
paradoxum y  î669  y  in* II.  Fojre^les 
Lettres  fur  la  vie  &  la  mort  de 
Woliopte^  Amfterdam,  1692 ,  in- 8®. 
WOOD  ,(  Antoine  de»  )  anti- 
quaire Anglob ,  naquit  à  Oxford 
en  1632  ,  &  y  prit  le  degré  de 
maitre-ès-arts.  Ennemi  du  ùnatifme 
&  des  difptttes  eccléfiafHques ,  il  fe 
renferma  dans  fon  cabinet,  étu- 
diant les  antiquités ,  fur-tout  celles 
de  fa  patrie  &  de  l'univerfité  d'Ox- 
ford ,  tandis  que  des  endioufiafles 
défoloient  l'Aiigleterre.  Il  avoit 
fait  paroitre  beaucoup  de  penchant 
pour  la  religion  Catholique*,  mab 
il  mourut  zélé  Anglican,  en  1695 , 
à  63  ans ,  d'une  rétention  d'urine. 
On  a  de  lui  :  I.  Hlftoria  &  Anû" 
qmtates  Univerfitatis  Oxommfcs  %  ou- 
vrage plein  de  recherches  profondes, 
écrit  d'abord  en  anglois  ,  &  que 
Tuniverfîté  fit  traduire  &  imprimer 
en  latin,  1674  &  167^  ,  1  vol. 
in-folio.  II.  Athenét  'Oxonkpfes^  % 
vol.  in-fol.  ^ood  y  parle  de  toutes 
le&  perfonnes   iilufbes   qui  fooi 


j 


r 


w  o  o 

Ibrtîes  de  runivcrfitc  d'Oxford, 
depuis  Tan  1500  Jufqu'en  1690. 
C'eft  une  excellente  Hiiloire  litté- 
raire de  rAngtéterre  -,  &  les  biblio- 
graphes y  ont  beaucoup  puifé. 

WOODWARDatt  WoDVARD, 
(Jean)  naquit  en  i66y ,  dans  le 
comté  de  Derbi  en  Angleterre. 
S'étant  rendu  profond  dans  l'ana- 
tomie  &  la  médecine  ,  il  choiiit 
Londres  pour  le  théâtre  de  fes 
talens.  Il  devint,  en  1692,  pro- 
feffeur  de  médecine  dans  le  col- 
line de  Gresham ,  à  la  plaoe  du 
doâeur  Stliingfiet ,  fut  reçu  mem- 
bre de  la  Société  royale  de  Londres 
en  1693  ,  &  mourut',  félon  les 
Journaliiles  de  Trévoux  ,  le  15 
Avril  1718,  dans  le,  fein  de  la 
religion  Romaine.  Ses  principaux 
Ouvrages  font  :  I.  Un  EJfal  fur 
rHiftoir^  naturelle  de  la  Terre  y  Lon- 
dres ,  169  j ,  in-8°.  Cet  Ouvtage  a 
été  traduit  de  l'anglois  en  françois , 
par  M.  Noguesy  fous  le  titre  de 
Géographie  Phyfiquey  OU  Effai  fur^ 
tWftolre  naturelle  de  la  Terre ,  Paris, 
1735  ,  in-4°i  en  latin,  par  Jean' 
Jacques  Scheuch\er ,  fous  le  titre  de 
Spécimen  de  Terra ,'  Zurich ,  1704 , 
în  -  8®  i  autre  Verfion  en  latin  »^ 
Rotterdam ,  1714 ,  in-8®  -,  en  alle- 
mand, Erfurt,  1745.  Ily  a  d'excel- 
lentes obfervations ,  &  en  même 
temps  quelques  idées  fingulieres  & 
haiardées.  II.  VEtat  de  la  Médecine 
&  des  Malades  y  en  anglois»  1718, 
ia  -  8°  ;  en  latin ,  Zurich ,  1720  : 
c'eft  une  fatire  contre  les  Médecins 
de  fon  temps.  III.  Traité  fur  les  Fof- 
files  y  &  Méthode  de  les  claffer^  Lon- 
dres, 1728,  in  -  8^.  IV.  Catalogue 
des  FojiUs  d^ Angleterre  ^  1729,  2 
vol. 

WOOLSTON,  (  Thomas)  né 
en  1660  à  Northampton  ,  étudia 
dans  l'univerfité  de  Cambridge.  Il 
paiTa  enfuite  au  collège  de  Sidnei, 
I0Ù  il  prit  des  degrés  en  théologie. 


W  O  O        47J 

&  d'où  îl  fe  fit  exclure  par  îes  im- 
piétés. De  Cambridge  il  fe  rendic 
à  Londres ,  où  il  étoit  connu  par 
VI  Dîfcours  fur  les  Miracles  de  Je* 
fus-Chrlft  ^  1727  à  1729,  in -8®. 
Sous  prétexte  de  les  faire  pafler 
pour  des  allégories ,  il  s'e£S^ce  de 
les  détruire  dans  cet  Ouvrage  per- 
nicieux. »•  On  ne  peut  porter  plus 
M  loin,  (dit  Nîceron)  l'impiété  ,1a 
»  profanation  &  la  mauvaffe  ioi , 
a*  que  Woolfion  l'a  portée  dans  fes 
w  Difcours.  Il  ^  foutient  exprefle- 
»  ment ,  que  les  quatre  Evangéliftes 
n  n*ont  pas  fait  une  Hilloire  litcé- 
**  raie  de  la  vie  de  J.  C.  -,  mais  que 
»  ce  qu'ils  en  difent  n'eft  qu'une 
»  repréfentation  emblématique  de 
»  fa  vie  fpirituelle  dans  l'ame  de 
'*  rhomme  \  èc  que  les  miracles 
»»  qu'ils  lui  attribuent  ne  font  que 
M  des  figures  de  fes  opérations  myf- 
w  térieufes  fur  l'Eglife  &  fur  les 
M  Elus.  Mais  s'il  montre  autant 
»  d'emportement  que 'C(c//«,  que ///- 
,*  lîen  l*Apoftàt  &  Porphyre ,  il  pa- 
>9  roit  enchérir  fur  evx'  par  la  ma- 
»9  lignite  avec  laquelle  il  efTaiede 
M  jeter  du  ridicule  (tir  "les  mira- 
»  clesdeJ£S,us-CHRisT  &  fur  fa 
»»  perfonne  facrée  ♦*.  Comme  cet 
cfprit-fort  continuoit  d'écrire  con- 
tre les  vérités  fondamentales  de  là 
Foi ,  il  {ut  déféré  au  tribunal  fé- 
culi^.  La  cour  du  ban  du  roi  le 
condamna,  en  1729,  à  payer  25 
liv.  fterlings  d'amende  pour  cha- 
cun de  fes  Difcours ,  à  fubir  une 
année  de  priion,  &  à  donner  cau- 
tion pour  fa  bonne  conduite  pen- 
dant le  refte  de  fes  jours.  Il  mou- 
rut ^  Londres  le  27  Janvier  1733 , 
du  rhume  épidémique  qui  fe  fît 
fentir  cette  année  dans  prefque 
toute  l'Europe.  Demi-heure  avant 
fa  mort,  il  iÀx\  Voilà  un  affamquU 
faut  que  tout  le  monde  foutienne,  Woolf '^ 
ton  attaqua  la  Religion  autant  par 
manie  que  par  impiété.  On  trouve 
dans  le  tour  de  (es  penfées  &  d« 


474       w  o  a 

fa  cxpreffionsy  un  air  de  vaine 

joie,  qui  décelé  une  inclination  cri^ 
aunelle.  On  a  de  lui  plufieurs  Ou- 
inrages,  écrits  d'un  ftyle  clair,  fans 
être  élégant,  &  dans  lefquels  il 
«      abofe  des  pafiages  des  SS.  Pères, 
4ont  il  parok  qu'il  s'écoit  noivri. 
Les  principaux  font  :  I.  Apolopc 
mÊeUnmt  pour  U  vérité  de  U  Relipo» 
Chrétunne^  renouvelé*  contre  Us  Juifs^ 
&  ies  Qentiis ,  réimprimée  à  Lon- 
,     iAres  en  1732 ,  in-S^.  II.  Défenfe  des 
IKfcoms  de  M.  Voolfton ,  fur  les 
Miracles  de  hC,^  contre  Us  Eviques  dé 
SnùU'Davld  ^  del^ndres^  &  contre  fit. 
mnres  nàverf tares  ,   17^0  :  brochure 
m  -  S^»  Cette  apologie  d'un  pu- 
mrage  qui  ne  pouvoit  être  défendu  » 
ne  fit  iilnûon  a  perfonne.  Oux  qui 
pottâem  trop   loin  U  liberté   de 
pcnfer,  en  Angleterre  &  en  France, 
oBt  prodigué   à  cet  écrivain  les 
éloges  les  plus  outrés  ;  mais  les 
sens  de  bien  Tont  eu  en  horreur. 
Parmî  les  réfutations  qu'on  a  £ûtes 
de  fes  livres  impies ,  on  dtftingue 
odiequi  a  été  traduite  «n  françois 
6ms  ce  titre  :  Les  Témoins  de  la  Rér 
fmrreeUon  de  /.  C.  examina  &  jugés 
félon  Us  reffts  du  Barreéu^  in  -  S^« 
Un  de  fes  amis  a  compote  fa  ^/«, 
dans  laquelle  il  le  flatte  beaucoup. 
.   II  l'y  repréfente  comme  un  homme 
de  bonnes  mœurs,  &  en  particu- 
lier d'une  extrême  fobriété  >  d'un 
grand  déiintérefTement ,  d'une  pa<- 
tience  &  d'une    douceur    furpré- 
siames.  Tout  ce  qu'on  peut  dire  à 
ist  louange  fur  cela ,  (  dit  Niceron  ) 
€*€Û  qu'il  n'a  jamais  été  accufé  du 
contraire.  Ayant  été  calomnié  par 
im  auteur,  fes  amis  le  preflerent 
de  mettre  l'écrivain   fatirique  en 
iufticeiil  leur  répondit  :  Je  p^rw»- 
érois  peut'itre  à  U  ruiner^  &  j*auroU 
beaucoup  plus  de  chagrin  de  voir  fa  mifere^ 
iftieje  naurois  eu  de  plaifir  defatisfalre 
wea  vengeance', 

h  WORMIUS ,  (  OiaUs  )  roé- 
decto  Danois^,  né  à  Arhus  en  Jut^ 


V  O  R 

land  Tan  158S  >  voyagea  en  Alle^ 
magne ,  en  SuiiTe ,  en  Italie  &  en 
Angleterre  ,  en'  homme  qui  ne  - 
court  pas  feulement  pour  voir  » 
mais  pour  profiter  des  fecrets  des 
favans  &  de  ceux  de  la  nature.  De 
retour  à  Copenhague  ,  il  obtint 
en  1624  la  chaire  de  médecine, 
après  Gafpar  BarehoUn,  Il  pofiTédoit 
parfaitement  cette  fcience  ,  &  fon 
habileté  lui  mérita  la  place  de 
médecin  du  roi  CkrîfiUm  V.  Il  fit 
de  nouvelles  découvertes  dans 
l'anatomie  ,  &  mourut  redeur  do 
l'académiesde  Copenhague  en  16^4, 
Il  s'étoit  marié  trob  fois ,  &  il  fe 
vit  père  de  18  en£ins.  On  a  de  lui 
plufieurs  Ouvrîmes  fur  lliiftoire 
de  Danemarck ,  &  d'autres  Ecrks, 
Les  principaux  font  :  I.  Les  Fafies 
&  les  Monumens  de  Dan:marck  ,  in* 
folio ,  1645.  '^'  ^'f^fioire  de  Nor* 
wége  ,  2  vol.  m*  Danica  Utteratura 
antiqmfpma  ,  five  Gothiia  ,  16^1  , 
in-fol.  Ces  Ouvrages  font  en  latin  : 
ils  font  écrits  avec  plus  d'«xaâî« 
tude  que  d'élégance. 

II.  WORMIUS ,  (  Guillaume  > 
fils  aîné  du  précédent ,  né  à  Co-^ 
penhague  en  1633 ,  exerça  la  mé-» 
dedne  comme  fon  père ,  &  fes  fuc* 
ces  fiirent  aufiî  bien  récompenfés. 
Il  devint  profefieur  de  phyfiqu» 
expérimentale,  hiftoriographe  dur 
roi  &  bibliothécaire  royal ,  préfi-' 
dent  du  tribunal  fuprtoe  de  )uÎHce , 
confeiller  d'état ,  &  confeiller  des 
conférences.  C'eft  lui  qui  publia  la 
Defcriptioii  des  Curlofités  de  fon 
père  ,  fous  le  titre  de  ,  Mufaune 
Wornùanum  ,  à  Leyde,en  1655  , 
in-folio.  Cet  Ouvrage  eu  curieux. 
Gàillaume  Wormius mouxvxtn  1724, 
à  71  ans. 

IlL  WORMIUS  ,  (  OlaûPi  fils 
aine  du  précédent ,  profeifieur  en 
éloquence ,  en  hiftoire  &  en  n|éde-v 
cine  à  Copenhague ,  finit  fa  carriett^ 
en  1708 ,  à  41  ans. .  On  a  de  lui  ; 
l.  De  Renum  officia  in  n  Venere^  p 


W  O  R    , 

împrîmé  dans  le  Recueil  de  BduhùUn  : 
pe  ufuflaffrorum ,  Francfort ,  1670 , 
m- 12.  II.  De  GloJfopetrU.  III.  De 
vlribits  Meàicamentorum  fpecificis  ;  & 
d'autres  Ouvrages  de  phyfique  &  de 
littérature. 

IV.  WORMIUS,  (  Chriftian  )  %^ 
fils  de  Guillaume ,  doûeur  &  proCef- 
feur  en  théologie ,  puis  évêque  de 
Seélande  &  de  Cop^enhague»  movirut 
«n  1737.  Sa  fcience,  fa  régularité , 
foa  zèle  pour  le  bien  public,  lui 
méritèrent  tous  les  fuf&ages  pea* 
dant  fa  vie,  &  to,us  les  regrets  après 
fa  mort.  On  ^  de  lui  pUifieurs  fa* 
vans  Ouvrages.  Les  principaux  font: 
I.  De  cormptis  Antlquitatun^Hebraï'' 
€arum  vefii^  ,  apud  Tacitum  & 
A^Iartialem.  II.  DiJJenaùones  quatuor 
de  veifs  caufis  cur  deleàatos  Hominu 
c^irnîbus  Ct  protnifcuo  concuhltu  Chrlf* 
tîanos  calumniati  fint  Ethnicu  UI^ 
Hlflorla  Sabellùnifmi  ^  in-S*^,  &C. 
Une  érudition  profonde  rend  ces 
Ouvrages  très*recommandables. 

WORTH ,  (  Guillaume  )  auteur 
-Anglois,  favam  dans  l'antiquité  ec- 
cléfiaflique  &  dans  les  langues,  flo« 
ciffoit  au  commencement  du  xViii^ 
fiecle,  &  étoit  archidiacre  de  Wor- 
cefter.  On  a  plufieurs  Ouvrages  de 
lui,  entre  autres  une  bonne  Edition 
(ks  (Suvres  de  S.  JujUn  ,  &  du 
JDl/cours  contre  les  Gentils  de  Ttf- 
tlcn  ,  Oxford ,  1700  ,  avec  des 
Notes  &   des    Differtations. 

/.  WOTTON,  (Edouard)  mé- 
liecin  d'Oxford»  mort  à  Loadres 
en  I55>5,  à  63  ans,  exerça  fon 
art  avec  diflinétion.  On  a  de  lui  un 
Ouvrage  intitulé  :  De  la  Différence 
des  Animaux.  Ce  livre  rempli  d'é- 
rudition ,- écrit  en  latin,  &  imprimé 
à  paris  chez  Vafcofan^  in-fol.  ,1552» 
acquit  à  Wotton  une  grande  répu- 
tation parmi  les  favans.  L'auteur 
y  ramafle  &  y  concilie  avec  art 
les  pafTages  des  anciens  fur  la  ma- 
tiei;e  qu'il  traite.  11  avoit  auffi  com- 
m^n^é  le  TkMtnm  InfiSbrum ,  que 


.V  O  T        47Ç 

Monfit  donna  à  Londres  ài  1634 , 
in-fol.  avec  fig. 

//.  WOTTON ,  (  Antoine)  théo. 
logien  Anglois ,  natif  de  Londres, 
mort  en  1626 ,  avoit  été  nommé 
en  1596  profefleur  de  théologie 
au  collège  deGresham.  U  eft  le 
premier  qui  ait  rempli  cette  chaire^ 
qu'il  fut  enfuite  obligé  de  quitter^ 
parce  que,^  contre  les  réglemens  du 
fondateur  »  il  s'étoit  marié.  On  à 
de  lui  quelques  Ouvrages  de  con- 
troyerfe,  qu*on  eftime*  dit-on  « 
en  Angleterre ,  &  qu'on  ne  con- 
noît  pas  en  France. 

///.  WOTTON,  (Henri)  né  à 
Bockton-Hall ,  dans  le  comté  de  . 
Kent  en  Angleterre',  en  1 568 ,  an- 
nonça de  bonne  heure  fon  goût 
pour  Tanatomie  ,&  il  le  perfeâibn» 
na  en  France ,  en  Allemagne  &  eil 
Italie.  Revenu  en  Angleterre  après 
9  ans ,  il  devint  fecrétaire  de  Ro» 
bert  comte  d'Êffex  »  qui  fut  déclaré 
coupable  de  haute-trahifon  quel- 
que temps  après.  Wcuon ,  obligé  àt 
fe  réfugier  à  Flosence,  ftit  envoyé 
fecrétement  en  Ecofie  par  le  grand- 
duc  ,  pour  avertir  le  roi  Jacques  VI 
d'une  confpiration  tramée  contré 
fa  vie.  Ce  monarque,  affermi!  fur  le 
trône  d'Angleterre  «  le  fit  cheva- 
lier, l'honora  de  fa  confiance,  & 
l'envoya  dans  diverfes  cours  pour 
des  afiBûrcs  importantes.  Wouon 
mourut  en  1639 ,  prévôt  d'Exton. 
On  a  de  lui  pilleurs  Ouvrages  dont 
l'utilité  eft  fort  médiocre ,  fi  Ton 
en  excepte  fon  Etat  de  la  Chrétîenié^ 
en  anglois  ,  qui  ne  plut  pas  à  tout 
le  monde  ;  &  un  Recueil  d'autres 
Ecrits,  intitulé:  Reliquîa  JTottcmà- 
nee ,  Londres,  1651,  in-8®.    ' 

ly,  WOTTON,  (Guillaume) 
né  dans  le  comté  de  Su^Tolck  en 
1666,  mort  en  1726,  oft  moins 
connu  par  le  projet  fmgulier  qu'il  / 

eut  de  traduire  rOrtf//ôn  DomlnicaU 
dans  toutes  les  langues  connues^, 
(  projet  qu'il  étoit  cependant,  di^ 


47«        V  O  U 

pn ,  en  état  d'exécuter  )  que  par  les 
Ouvragesfuiv.  :  1.  Lois  civîUs&  tccU' 
fi^tjBquei  au  Pays  At  Galles ,  en  an- 
gjois,  avec  des  Notes  &  un  Glof- 
îatre.  IL  Hlfloln  Romaine  ,  depuis 
la  mort  <f' AntoniiT  le  Pieux ,  jufquà 
la  mort  /Alexandre  Sévère ,  in-8®, 
en  anglois.  Les  antiquaires  en  font 
cas ,  parce  que  l'auteur  y  fixe  l'é- 
poque  des  événemens  confidéra* 
blés,  par  l'autorité  des  Médailles. 
IIL  Dif COUTS  fur  Us  traditions  &  la 
ttfagu  des  Scribes  &  des  Pharifiens  ^ 
2  vol.  in-8®,  en  latin. 

WOUVERMANS,  ri>>.WAU- 

I^ERMANS. 

WOWER,  (Jean)  né  à  Ham- 
bourg, mort  à  Gottorp,  dont  il 
étoit  gouverneur,  en  1612,  âgé  de 
08  ans,  allia  l'étude  de  la  politique 
avec  celle  de  la  littérature  facrée  & 
profane,  &  fut  un  guide  fur  pour  les 
littérateurs  &  les  critiques.  Il  étoit 
Proteilant,  Son  teinpérament  étoit 
porté  à  la  colère.  Il  eut  beaucoup 
d'envieux  ou  d'ennemis.  Son  amour 
pour   la  gloire   étoit  extrême.  Il 
laifTa  60  écus  à  celui  qui  feroit  fon 
Oraifon  funèbre.  On  a  de  lui  :  I. 
Un  Recueil  favant ,  intimlé  :  Poly- 
•  mathia,  1603  ,  in-4°.  II.  D^  Notes 
lur  Julîus  Flrmlcus^  Apuldt ,  Sidoine  ^ 
Apollinaire  &  Minutius  Fclîx,   III. 
Une  bonne  Edition  de  Péirone.  IV. 
Plufieurs  Latres^  Hambourg ,  1609 , 
in-8**,  où  l'on  trouve  des  juge- 
mens  fur  plufieurs  Ouvrages,  &  de 
bonnes  remarques  fur  diverfes  ma- 
tières de  littérature.  Mais  l'auteur 
s'y  livre  un  peu  trop  à  fon  hu- 
meur emportée.  V.  D'autres  Ouvra^ 
ges^  dans  lefquels  on  remarque»  com- 
me dans  les  précédeos ,  une  gran- 
de afFeâation  d'imiter  les  anciens: 
auffi  fop  ftyle»  quoique  élevé  &  or- 
né ,  eft  fouvent  froid  &  prefque 
toujours  peu  naturel.  Il  étoit  pa- 
rent d'un  autre  Jm/i  Boiter, ami 
de  Lipftt  mort  à  Anvers  en  1635  « 


WR  E 

à  66  ans ,  qui  laifTa  auffi  quelques 
produâions« 

WRANGEL,  (Oiarlcs-Guftave  ) 
maréchal  général  &  connétable  de 
Suéde,  mort  en  1676,  fe  fignala 
fur  mer  &  fur  terre.  Il  brûla  les 
vaiffeaux  de  l'amiral  deDanemarck 
en  1644,  défit ,  prèsd'Ausboorg, 
les  Impériaux  &  les  Bavarois  en 
1648 ,  &  batdt  l'armée  navale  des 
HoUandois,au  paflage  du  Sunu,en 
1658.  C'-étoit  un  homme  de  tète& 
de  main. 

L  WREN,  (Chriftophe)  mathé- 
maticien Anglois  ,  naquit  à  Eafi- 
Knoyle  ,   dans  le  Wilt^re ,  le 
ao  Oâbbre  1632 ,  fit  fes  études 
à  Oxford,  &  sy  diftingiçi  telle- 
ment ,  qu'à  l'âge  de  16  ans  il  avoii 
déjà  fait  des  découvertes  importan- 
tes dans  l'afironomie ,  dans  la  gno* 
monique,  dans  la  ilatique  &  dans  les 
mécaniques.  Il  devint  profeiTeur  en 
agronomie  au  collège  de  Gresham 
à  Londres ,  &  enfuite  au  collège  de 
Savilien  à  Oxford.  Son  talent  pour 
l'architeâure  lui  mérita,  en  1668» 
la  place  d'architeûe  du  roi.  11  eut 
la  direâion  d*un  grand  nombre  d'^ 
difices  publics.  Le  Théâtre  dOx- 
ford,l'£glife  de  Saint-Paul  &  celle  da 
Saint  Etienne  de  Londres ,  le  palais 
de  Hamptoncourt  ,  le  collège  de 
Chelféa,  l'Hôpital  de  Gréeawich, 
font  autant  de  monumens  qui  Tim- 
mortaiif«;nt.Si  l'on  eût  fuivi  fon  plan 
lorfqu'on    rebâtit    Londres    après 
rincendie   de  1666,    ç'auroit  été 
une  ville  fuperbe.  En  1680,  il  fut 
élu  préfidânt  de  la  fociété  royale; 
&  il  y  a  plufieurs  Pièces  de  lui 
dans  les  Mémoires  de  cette  Com- 
pagnie. Cet  habile  homme  n'a  ja- 
mais rien  fiiit  imprimer  *,  mais  plu- 
fieurs de  fes  Ouvrages  om  été  pu- 
bliés par  d'autres,  &  bien  reçus 
du  public  éclairé.  Il  finit  fa  carriè- 
re le  2Ç  Février  1713 ,  à  91  ans, 
honoré  du  titre  de  chevalier  qu'il 
avoit  obtenu  en  1674.  Les  Anglois, 


1 


W  RE 

voulant  récompenfer  d'une  maniè- 
re dilHnguée  le  mérite  de  cet  hom- 
me célèbre  ;  lui  accordèrent  le  pri- 
vilège exclufif,  ainii  qu'à  fa  fa- 
'  mille  •  d'être  inhumés  dans  !'£- 
glife  de  Saint-Paul.  ÎFrtn  y  a  fa 
fépulture.  On  s'eft  contenté  de 
graver  fon  nom  fur  une  pierre  avec 
ces  mots  :  **  Tu  cherches  un  ihona- 
M  ment,  regarde  autour  de  toi.  «* 
Si  monununtum  guarls^  circum/plce.  Il 
commença  ce  fuperbe  édifice  en 
1670,  &  il  ne  fut  achevé  que  deux 
ans  après  fa  mort  en  1725. 
Excepté  l'Egiife  de  Saint-Pierre  de 
Rome ,  d'un  tiers  plus  grande  que 
Saint-Paul ,  il  n'y  a  rien  de  compara- 
ble en  Europe  à  cette  églife  de 
Londres.  Elle  coûta  un  million  400 
mille  livres  fterlings.  Sa  longueur 
eft  de  550  pieds,  &  fa  circonfé- 
rence de  2192.  J^ren  copia  tant 
qu'il  put ,  le  deilin  de  Saint-Pierre  de 
Rome  ',mais  Saint-Paul  eft  d'un  tiers 
plus  petit  ',  la  largeur  des  bas-cô- 
tés n'«il  pas  en  proportion  avec 
le  tot^l  de  l'édifice-,  Jk  la  hau- 
teur démefurée  du  dôme  lui  don- 
ne moins  l'air  d'un  dôme  que 
d^une  tour. 

-  II.  WREN ,  (  Chriftophe  )  fils  du 
précédent,  mort  en  1747,  à  72  ans , 
publia  en  1708  :  Numîfmatum  anti- 
quorum  Sylloge^  in-4**:  ouvrage  qui 
lui  coûta  bien  des  recherches. 
WUILLEMAINN,  Foyei  GuiL- 

LIMAN. 

WULSONT,  VoyeiYvLSOV. 

WYCHERLEY ,  (  Guillaume  ) 
poëte  Anglois,  né  en  1640  à  Clive 
en  Angleterre,  pafia  quelques  an- 
nées en  France  dans  fa  première 
jeunefie.  U  y  erabraffa  la  religion 
Catholique  ^  mais ,  dès  qu'il  fut  de 
retour  a  Londres,  il  redevint  Pro- 
teftant;  &  dans  ta  fuite  il  .quitta 
l'Héréfîe  pour  la  Catholicité  •  ou 
plutôt  il  n'eut  point  de  religion  fixe. 
Après  s'être  appUqué  à  l'étude  du 


W  Y  Ç        477 

plus  conformes  à  fon  génie  &  à 
celui  du  temps,  Chariss  II  était  fur  le 
trône  d'Angleterre  -,  c'étoit  le  règne 
des  plaifirs  &  de  l'efprit.  Ce  monar- 
que ,  inftruit  du  talent  de  Wjçhtrlty 
pour  la  poéfie,  lui  fit  un  accueil 
diftingué.  Le  poëte  lui  plaifoit  par 
la  vivacité  de  fon  imagination  & 
par  les  agrémens  de  fon  carad^ere. 
ÎTychcrhy  eut  le  bonheur  de  gagi^et 
le  coeur  de  la  comte^e  de  Droghe» 
da ,  qu'il  époufa ,  &  qui  le  fit  maî- 
tre de  tout  fon  bien-,  mais  la  mort 
la  lui  ayant  ravie,  fon  droit  lui  fut 
contefté ,   ^  les  trais  du  procès  ; 
joints  à  d'autres  accidens,  le  mirent 
hors  d'état  de  fatisfaire  àf^l'iiapa* 
tience  de  fes  créanciers.  Il  pafia  7 
ans  en  prifon,  &  y  feroit  peut  être 
demeuré  plus  long-tems  fans  la  gé« 
nérofité  du  roi  Jacques  11^  qui,  au 
fortir  de  la  repréfentation  d'une  de 
fes  Pièces ,  ordonna  que  fes  dettes 
fuâent  payées,  &  accompagna  cette 
grâce  d'une  penfion  annuelle  de  200 
livres  fierlings ,  qui  lui  fut  payédb 
jufqu  au  temps  de  la  retraite  de  C9 
prince. 'Ces  bienfaits  n*ac:[uitterent 
pas  JTychcrley  \  il  fe  maria  une  fé- 
conde fois ,  en  171 5 ,  à  l'âge  d'en-  . 
viron  80  ans,  onze  jours  feulement 
avant  (k  mort.  C'étoit  un  homme 
d'un  commerce  aifé ,  qui  n'avoit 
rien  de  la  mifanthropie  dont   on 
auroit  pu  le  foupçonner,  fi  on  avoit 
jugé  de  lui  par   l'efprit   fatirique 
&  dur  qui  cara6iérife  fes  Pièces  de 
théâtre.  Il  étolt  bon  ami ,  zélé  pour 
ceiix  qu'il  affeâionnoit -,  mais  il 
avoit  beaucoup  de  penchant  pour 
le  libertinage ,  &  fes  Ecrits  ne  s'en 
refientent  que  trop.  WychcrUy   vi- 
voit  dans  le  grand  monde-,  il  en 
connoiiToit  parfaitement  les  vices 
&  les  ridicules ,  &  les  peignoit  du 
pinceau  le'  plus  ferme  &  des  cou- 
leurs les  plus  vraies.  On  a  de  lui 
quatre  Pièces  de  théâtre ,  Londres , 
173 1,   in-i2.   I.   Le  Mî/anthrope^ 


droit,  il  fe  livra  à  des  occupations    qu'il  a  imité    de  Molicn,  Toits 


47»        W  Y  C 

les  traies  de  Wyclurley  font  plus 
forts  &  plus  hardis  que  ceux 'de 
notre  Mifanthrope;  maisaufH  ils 
•nt  moins  de  finelTe.  L'auteur  An- 
glois  a  corrigé  le  feul  défaut  qui 
ibit  dans  la  Pièce  de  MoBcre  ;  le 
manque  d'intrigue  &  d'intérêt.  La 
Pièce  angloife  eft  intéreflante ,  & 
l'intrigue  en  eft  ingénieufe.  IL  Une 
autre  Pièce  non  moins  finguliere  & 
non  moins  hardie ,  qu'il  a  aufii  imi- 
tée du  poëte  François  :  c'eft  une 
«ipece  à*EcaU  du  Femmes ,  qui  eft 
bien  l'école  du  bon  comique ,  mais 
non  celle  de  l'honnêteté  &  de  la 
décence.  Ses  deux,  autres  Pièces 
ont  pour  titre  (  en  françois)  VA' 
weour  dans  un  Bois ,  &  le  GentOhom" 
me  Maître  à  danfer,  La  i'^  futre- 
préfentée  en  1671.  On  imprima  à 
Londres  en  1718,  in-ii,  fes  (Sk- 
rres  Pofthwncs,  On  avoit  publié,  en 
1720 ,  un  volume  fous  le  même  ti- 
tre. Ses  vers  manquent  ,•  en  général , 
de  douceur  &  d'harmonie-,  on  n'y 
remarque  pas  aflez  ce  tour  vif,  ori- 
ginal &  ingénieux»  qui  caradiérife 


W  l  N 

le  vrai  poëte.  L'auteur  aime  à 
s'exprimer  avec  force ,  8e  fouvent 
il  y  réuilît;  mais  fouvent  aufli  l'ex- 
preilion,  pour  être  forte,  devient 
outrée,  ou  trop  laconique. 

WYELIUS ,  {  Alard  )  licencié 
en  théologie  à  Cologne,  s'appliqua 
avec  fuccès  à  l'étude  de  l'antiquité 
eccléiiàftique.  C'eft  principalement 
à  fes  foins  que  l'on  doit  la  Blbûc 
îhequc  des  Pères  ,  en  14  volimi« 
in-fol.,  Cologne,  1 618.  C'eft  la  Col- 
leéHon  de  Marguerîn  de  la  Blpe 
(Voyez  ce  nom)  augumentée  de  plus 
fie  cent  auteurs  &  arrangée  fdoa 
l'ordre  chronologique. 

WYMPA,  VoyeiWiMtlVA. 

WYNANTS,  (Jean)  peintre  Hol- 
landois,  né  à  Harlem  en  1660,  a 
un  nom  célèbre  parmi  les  payfagif- 
tes.  U  utûftbit  une  touche  ferme  & 
vigoureufe  à  un  pinceau  délicat  & 
moelleux.  Il  auroit  porté  fes  ta- 
lens  plus  loin ,  ii  le  jeu  &  la  dé- 
bauche ne  lui  avoient  pas  emporté 
la  plus  grande  partie  de  fon  temps. 
On  ignore  l'année  ûl  mort. 


47? 


X  ACCA ,  philofophe  Indien ,  eft 
regardé  par  les  Japonois  comme 
leur  législateur.  Il  leur  petfuada 
que ,  pour  gagner  le  ciel ,  il  fuffiroît 
de  prononcer  fouvent  ces  cinq 
mots  :  Nama ,  Mlo  ,  Foren  ,  Qui , 
^uîo  ;  mais  il  n*y  a  pas  eu  un  leul 
interprète ,  qui  ait  pu  encore  deviner 
le  fens  de  ces  paroles.  Ce  peu- 
ple ,  auquel  Xàcca  apprit  la  Métem- 
piycofe  &  la  Théologie  idolâtrique 
des  Chinois  ,  lui  a  donné  un  rang 
parmi  les  Dieux  du  premier  ordre. 
Il  y  a  même  une  Teéle  de  Bonzes , 
dans  laquelle  Xa«:a  eft  regardé 
comme  le  premier  Dieu  de  l'empire* 
L'hifloire  que  l'on  fait  de  fa  vie  » 
dit  que  fa  mère  étant  grofTe  de  lui , 
Cfutea  fonge  qu'elle  mettoit  au 
inonde  un  éléphant  blanc  par  le 
côté  gauche.  Cette  fable  eft  le  motif 
de  la  paftion  extraordinaire  qu'ont 
les  rois  de  Siam ,  de  Tonquin  &  de 
la  Chine  pour  les  élépfians  de  ce 
genre.  Les  Brachmanes  difent  que 
ce  philofophe  a  fouffert  quatre-vingt 
mille  fois  la  Métempfycofe ,  &  que 
fon  ame  a  paiTé  en  autant  d'animaux 
de  différentes  efpeces. 

I.  X ANTIPPE ,  femme  de  Socrau, 
étoit  d'un  caractère  aufti  emporté 
que  celui  de  fon  mari  étoit  doux. 
Ce  {thilofophe ,  avant  de  la  prendre 
pour  fa  compagne ,  n'ignoroit  pas , 
iUt-on  ,  fa  mauvaife  humeur.  Xéno- 
fhon  lui  demandant  poiurquoi  donc 
il  Tavoit  épouféc  ?  Parce  qu'elle  exerce 
ma  patience ,  répondit  Soçrate  ,  fr 
^uen  la/ouffrant  Je  puis /apporter  tout 
fpe  qui  peut  m  arriver  de  la  part  des 
autres,,,,  Voy.  l'article  deSoGRATE , 
fi«.  I. 

IL  XANTIPPE,  général  Lacé- 
diéxnojsj^p,  (  4ifffirc0j;  de  çjf  ^M^ 


TiVVE  qui  fit  condamner  te  vail- 
lant Miltiade  à  être  précipité  «  )  étoit 
un  vrai  Spartiate ,  par  2'aujilérité 
de  fes  moeurs  &  par  la  grandeur 
de  fon  courage.  Il  fut  envoyé  Taa 
155  avant  L  C.  >  par  ceux  de  fon 
pays ,  au  fecours  des  Carthaginois. 
Les  Romains ,  fous  la  conduite 
d'^<t//ittj-i?£^ttx«  avoient  déià  battu 
Amilcar  &  Us  deux  AfdnàMls^  Ce 
brave  capitaine  arrêta  la  prospérité 
de  leurs  armes,  &  les^  déftten  plu- 
fieurs  rencontres.  Malgré  la  vsdeur 
active  de  Kegulus ,  il  remit  la  ré- 
publique de  Carthage  fur  l'ofeiâve. 
Les-  Carthaginois  le  renvoyèrent, 
après  lui  avoir  donné  de  grands 
témoignages  de  recohnoîfîance: 
Mais,  par  une  ingratitude  auiS 
grande  que  fes  fervices  ^  ils  ordon- 
nèrent au  commandant  du  vaifTeau 
fur  lequel  il  s'étoit  embarqué ,  de 
le  précipiter  dans  la  mer. 

XAVIER,  Toy^i  François- 
Xj^vier,  n®.  X,. 

1.  XENOCRATE,  l'un  des  plu» 
télebres  philofophes  de  l'andquité , 
naquit  à  Chalcédoine.  Il  fe  mit  de 
très-bonne  heure  fous  la  difcipHn» 
de  Platon ,  qui  lui  donna  fon  amitié 
&  fon  eftime.  Il  l'ac^iompagna  en 
Sicile  i  &  comme  Denys  U  Tyran 
menaçoit  un  jour  Platon ,  en  lui 
difaiît  que  quelqu'un  lut  couperait  la, 
tête.  —  Per/onne ,  répondit  Xs.uç^ 
CRJTB ,  ne  le  fera  avant^  que  Savoir 
coupé  la  mienne.  Il  étiidia  fous  Platon 
en  même  temps  qu*Arifiûte^  mais 
non  pas  avec  les  mêmes  talens  ;  car 
il  avoic  Pefprit  lent  &  la  concep- 
tion dure,  au  lieu  c[a* Arifioce  avoit 
l'éfprit  vif  &  pénétrant.  Cette  diffé- 
rence  dans  les  difpofitions  des  deux 


48o        X  E  N 

que  U  pnmUr  arok  htfoln'^iftron  & 
Vtidn  àt  bride.  Ce  philofophe  fuc- 
céda»  dans  racadémie  d'Achenes  , 
à  Speufippef  fucccBTeur  de  Platon, 
l'an  339  avant  J.  C  II  exigeoit  de 
fes  dxfciples  qu'ils  fuflent  les  ma- 
thématiques avant  que  de  venir  fous 
lui ,  &  il  renvoya  un  jeune  homme 
qui  ne  les  favoit  point ,  en  difant 
qa'Uii'avoîtpasla  clef  tU  la  Philo/o' 
phti.  Le  changement  qu'il  opéra  dans  . 
les  moeurs  de  PoUmon ,  jeune  liber- 
Â>i«  {^oy»  t*  Polemon)  fît  tant 
d'impreflion ,  que  quand  ce  philo- 
ibphe  paroiOToit  dans  les  rues ,  la 
îeunefle  débauchée  s'écartoit  pour- 
éviter  fa  rencontre.  Les  Athéuiens 
l'envoyèrent  en  arabaffade  vers 
PhîUppe  ,  roi  de  Macédoine ,  & 
long-temps  après  vers  Antlpater; 
ces  deux  princes  ne  purent  jamais 
le  corrompre  par  leurs  préfens. 
Alexandre  le  Grand  eut  uot  d'eflime 
pour  lui,  qu'il  lui  envoya  50  ta- 
lens  »  c*eft-à-dire ,  plus  de  yo.coo 
écus.  Les  députés  du  conquérant 
Macédonien  étant  arrivés,  il  les 
invita  à  fouper.  Le  repas  fut  celui 
d*un  philofophe  fobre  &  auftere. 
Le  lendemain ,  comme  ils  lui  de- 
mandoient  à  qui  il  vouloit  qu'ils 
comptaient  les  cinquante  taléns  ? 
Le  fouper  d'hier ,  leur  répondit-il  , 
ne  vous  a-t-il  pas  fait  comprendre  que 
je  tCai  pas  befoin  d'argent  ?  Votre 
Maître  doit  le  garder  pour  lui ,  parce 
qu'il  a  plus  de  monde  â  nourrir  que 
moi.  Les  députés  à* Alexandre  lui 
firent  néanmoins  de  fi  grandes  inf- 
tancei,  qu'il  prit  30  mines,  c'eil- 
â-dire«  15  liv.,  comme  un  gage 
de  la  proteâion  du  monarque  & 
du  cas  qu'it^faifoit  de  fes  dons. 
««  Ainfi  un  grand  roi  (  dit  Valere- 
»  Maxime  )  voulut  acheter  l'amitié 
"  d'un  philofophe,  &  le  philofophe 
>»  refufa  de  vei^dre  fon  amitié  au 
*•  toi  »•  Xénocrau  mourut  vers  l'an 
314  avant  J.  C. ,  âgé  de  Si  ans  » 
d*une  blefTûre  qu'il  s'étoit  Êïite  en 


X  E  NT 

heurtant  contre  un  vafe  de  cuivre; 
U   avoît  compofé  ,   à   I2   pnere 

A* Alexandre  :  h  Un  Traité  de  Catt 
de  riffur,  II.  Six  Livnâ  de  la  Nature. 
III.  Six  Uvres  de  U  PhikfophU.  IV. 
Un  des  Richeffes.  Mais  ces  Ouvmges 
ont  été  détruits  par  le  temps.  Aide 
a  imprimé  fous  fon  nom  un  Traite 
de  U  Mon ,  avec  JambUque ,  Venîfe  » 
1497,  in -fol.  Ce  plulofophe  ne 
recoanoiflbit  point  d'autre  Divinité 
que  le  Gel  &  les  ru  Planètes,  U  prie 
un  tel  afcendant  fur  fes  paffions , 
qu'il  fembloit  en  quelque  forte  au* 
deiTus  de  Thumanité.  Il  étoit  grave , 
&  d'un  caraûere  fî  férieux  &  û 
éloigné  de  la  politefle  des  Athé- 
niens ,  que  Platon  l'exhortoit  fou- 
vent  à  faerifcr  aux  Grâces,  Il  fouf- 
firoit  très-patiemment  les  répriman- 
des de  ce  philofophe ,  &  lorfqu'on 
l'excitoit  à  fe  défend^  i  II  ne  ma 
traiu  ainfi,  répondoit-il ,  que  pour  mon 
profit,,,  Xénocrau  brilla  fur-tout  par 
fa  chafleté.  U  avoit  acquis  un  tel 
empire  fur  lui  -  même  »  que  Lais  , 
la  plus  belle  courtiûne  de  la  Grèce, 
ayant  parié  de  le  faire  fuccomber , 
n'en  put  jamais  venir  à  bout , 
quoiqu'elle  eût  employé  tous  les 
moyens  imaginables.  Comme  00 
fe  moquoit  d'elle,  en  voulam  Tobli- 
ger  de  payer  la  gageure ,  elle  ré- 
pondit :  Quelle  n  avoit  point  perdu  , 
parce  qu'elle  avoit  parié  de  faire  fuc 
eomber  un  Homme ,  &  non  pas  une 
Statue.,,  Xénocrau  fit  paroître  dans 
fa  conduite  toutes  les  autres  parties 
de  la  tempérance.  U  n'aima  ni  le^ 
plaifirs  ,  ni  les  richefles  ,  ni  les 
louanges.  Il  falloit  que  fon  défin- 
térefTement  Teût  réduit  à  une  grande 
pauvreté  »  puifqu'il  ne  put  payer 
certain  tribut  que  les  étrangers 
étoient  tenus  de  payer  chaque  année 
au  trtfor  de  la  ville  d'Athènes. 
P/uiârçue  raconte  qu'un  jour,  comme 
on  le  trainoit  en  prifon  ,  £iiute  *■ 
d'avoir  fatisfait  à  ce  paicanem  » 
l'orateiur  Lycurptc  acquitta  £a  dette  ^ 

& 


X  E  N 

%i  le  ^ra  des  mains  ées  fermiers  / 
ordinairement  peu  fenfibles  au  mé- 
rite littéraire.  Quelques  jours  après, 
Xénacratc  ayant  rencontré  le  fÛs  de 
fon  libérateur ,  lui  dit  :  Je  paye  avec 
Mfrre  à  votre  père  k  pltùfir  qu'il  m'a 
fait  -,  car  je  fuis  caufe  qu'il  eft  loué  dt 
tout  le  mùnde.  II  haïfToit  fouveraine- 
~  ment  la  médifance.  Dans  une  com- 
pagnie où  l'on  déchiroit  les  abfens, 
il  demeura  toujours  muet.  Quel- 
qu'un lui  demandant  raifon  de  ce 
profond  filence-,  il  répondit  :  Ceft 
que  je  me  fuis  f auvent  repenti  tC avoir 
parlé  9  &  jamais  de  m' être  tu,.,.  Il  avoit 
une  fort  bonne  maxime  fur  l'édu- 
cation des  jeunes  gens.  Il  vouloir 
que,  dès  leur  plus  tendre  enfance, 
de  fages  &  vertueux  difcours ,  ré- 
pétés  fouvent  en  leur   préfence, 
mais  fans  afiFe£Ution,  s'emparai&nt, 
pour  ainfi  dire ,  de  leurs  oreilles , 
comme  d'une  place  encore  vacante , 
à  travers  laquelle  le  bon  &  le  mau- 
vais   puiTent    également  pénétrer 
jofqu'au  fond  du  cœur.  Il  croyoit 
que  ces  fages  difcours,  fidelles  gar- 
Àens  de  la  vertu ,  en  tiendroient 
l'entrée  févérement  fermée  à  toutes 
les  paroles  capables   d'altérer   la 
pureté  des  moeurs  ,  jufqu'à  ce  que , 
par  une  longue  habitude,  ils  euflfent 
mis  en  garde  leurs  oreilles  contre 
le    fouffle  empefté   des  mauvaifes 
converfations.  Selon  Xénocrate  ,  il 
n'y  avoit  de  véritables  philofophes, 
que  ceux  qui  faifoient  de  bon  gré 
&  de  let^r  propre  mouvement,  ce 
que  les  autres  ne  faifoient  que  par 
la  crainte  des  lois  &  de  la  punition. 
Si  probité  étoit  tellement  recon- 
nue ,  qu'il  fut  le  feul  citoyen  que 
les    magiftrats    d'Athènes    difpen- 
ferent  de  confirmer  fon  témoignage 
par  le  ferment. 

II.  XENOCRATE ,  médecin ,  qui 
vivoît  dans  le  premier  fiecle  ,  fous 
l'einpirede  Néron,  Nous  apprenons 
de  GAllen ,  qu'il  étoit  d'Aphrodifias 
mt  Cilicie ,  &  qu'ayant  écrit  fut  ids 
Tome  IX. 


X  EN  481 
médlcaïnehs,  il  n*avoit  rempli  (ki 
Ouvrages  que  de  remèdes,  la  plu- 
part impraticables.  Xéndcratc  avoit 
encore  rendu  publiques  diveriès 
recettes ,  également  pernicieuf^s  & 
fuperftitieufes  ,  pour  donner  de 
Tamour,  pour  faire  haïr,  pour 
envoyer  des  fonges,&c.  Ce  n'eft' 
pas  que  ce  médecin  n'eût  mêlé 
quelques  bons  remèdes  parmi  tant 
de  mauvais-,  il  avoit  trouvé  une 
Thériaque ,  &  quelque?  autres  Com- 
pofitions  utiles.  Il  nous  refte  encore 
aujourd'hui  un  petit  Livre;  qui 
porte  le  nom  de  Xénocrate^  &  qut~ 
traite  De  la  nourriture  des  Ânimau» 
aquatiques.  Cet  ouvrage  a  été  im- 
primé à  Zurich,  dès  Tan  1559, 
in-8® ,  avec  les  Notes,  de  Gefnir 

XENOPHANES,philofophe 
Grec ,  natif  de  Colophon ,  difciple 
d'Archelaus,  étoit  contemporain  de 
Socrate  ,  fuivant  la  plus  commune 
opinion.  Sa  vie  fut  de  près  de 
cent  ans.  Il  fe  fignala  par  plufieur» 
Poèmes  fur  des  matières  de  philofo- 
phie  ,fur  la  fondationde  Colophon,' 
&  fur  celle  de  la  colonie  d'Eïée, 
ville  d'Italie.  Ses  opinions  philo* 
fophiques  lui  firent  un  grand  nom. 
Il  croyoit  que  U  lune  efi  un  pays 
habité;  qu'il  efi  impoJfihU  de  prédire 
naturellement  les  chofes  futures  ^  & 
que  U  bien  furpaffe  U  mal  dans 
tordre  <fc-  la  nature.  L'idolâtrie  étoit 
à  fes  yeux  un  culte  monftrueux. 
Se  trouvant  un  jour  aux  Fêtes  des  • 
Egyptiens  ,  &  leur  voyant  faire 
des  lamentations,  il  leur  dit  ea 
plaifantant  :  5/  Us  objets  de  votre 
culte  font  des  Dieux  ,  ne  les  pleurer- 
pas  ;  s'ils  font  des  Hommes ,  ne  leur 
offrei  point  de  facrifices,  La  libené 
aveclaquelle-Xf/K^Adrt«  s'exprimoit 
fur  la  Divinité  ,  l'ayant  foit  bannir 
de  fa  patrie,  il  fe  retira  en  Sicile, 
&  demeura  à  Sancle,  (aujourd'hui 
Meffine,  )  &  à  Catane.  11  y  fonda 
IdL  Secle  Eléatique^  feue  qui  pro- 
duire pluiieurs  hommes  y^ûeii^ 


1 


4»t       X  E  N 

Xinfiphâius    ne   leur   prêcha    pas 
touioius  d*exemple.  Ce  philofophé 
If  plaignoit  de  ùl  pauvreté  ,   & 
4iiànt  un  jour  à  Hldron  «  roi  de 
Syracufei  9a'<V  itoit  fi  pauyrty  qu'il 
navoU  pas  U  moyen  d'entrtitmr  deu» 
ftrvttairs,;  ce  princ^  ^  répondit: 
Tu  ékvToiê  dlMU  attaquer  mains  fouvent 
SiOmere  ,  qui ,  tout  wton  qu'il  e/l  y 
fait  vivre  plus  de  dix  nûlU  hommes,,,, 
$pia  fyfième  (itr  la  Divinité  étoit  f 
à  ce  que  penfent  quelques  auteurs , 
peu  différent  du  Spinofifme,  Cepen- 
^Utt  $•  Clément  d'Alexandrie  cite 
im  paflagc  de  ce  philofophé ,  qui 
éit  que  U  fouverain  Dieu  des  hommes 
6>  dits  hahitans  des  eieun ,  eft  unique , 
éç  qu'U  n*eft  femhlahU  aux  hommes  , 
ni  dét  eorps ,  ni  defprit  i  ce  qui  eft 
Mi  peu  différeat  des  opinions  de 
Spinofa,  Qs  qu'on  peut  dire  de4>lus 
certain ,  c'eft  qu'il  s'éleva  plufieurs 
Ibis  contre  ce  içà* Homère  &  Héfiode 
«or  dit  éts  Dieux  du  Pagamfme. 
U  n^  pas  mfiins  impie ,  difoit-il  ,. 
d»  foutenir  que   lef  Dieux  natjfenty 
qtfi  defoutemrqt^ils  meurent  ;  puifqu*en 
Vum  6  l^autredeus'deux  cas  y  îljeroit 
dgaiement  vrai  quils  rCexlfient  pas  tou-i 
jou/tf.  Il  ajoutoic  que  fi  les  baufs  & 
les  lions-  avaient  des  mains ,  ils  doU'^ 
neroient  à  leurs  Dieux  des  figures  de 
lions  au  de  haufs ,  pour  prouve* 
combien  les  hommes  avoieot  tort 
de  peindre  la  divinité  fous  la  figure 
humaine.  Les  Fragmens  de  fes  Vers 
lurent  imprimés  in-S^^  ,  en  1 573  ». 
par  Henri  Etienne ,  dans  un  Recueil- 
intitulé  :  Vaefis  Ph'iUxj'ophioa. 

l,  XENO^HON ,  filsde  Gryllus^ 
B/é  à  Athènes ,  ftit  quelque  temps 
diiciple  de  Socrate  <  fous  lequel  il' 
apprit  la  philosophie  &  la  politique. 
U  prit  le  parti  des  armes ,  &  alla^ 
au  fecours  de  Cyrus  le  Jeune  ^  dans 
ipn  expédition  contre  fon  frère 
driaxercès.  Ce  philofophé  guerrier 
^  immortalifa-  par  la  part  qu'il  eut 
À  la  fameufe  retraite  des  Dix  mille. 
9e  xetour  dans  ût  patrie  ,.il  fejfoHU» 


leeœitf  &  i'efprit»  &  s'attad»  é# 
fuite  à  Àgéfilas ,  roi  dé  Lacédémoae^ 
qui  commandoit  pour  lors  en  Afîe« 
Ce  prince  l'emmena  avec  lui  au 
fecours  de  Sparte ,  où  il  fe  dif- 
fÎDgua  également  par   fon  efpriit 
&  par  fon  courage.  6ès  que  la 
guerre  fut  terminée ,  il  fe  retira  à 
Corinthe ,  ou  il  paila  le  refte  de 
fes  îours  dans  les  doux  travaux  à€ 
l'efprit.  U  y  mourut  vers  l'an  36e 
avant  J.  C.  Xénopkbny  difciple  & 
ami  de  Socrate ,  eut  les  grâces  d'u» 
Athéniei»  &  la  force  d*efprit  d'un 
^artiate.  C'étott   un   philofophr 
intrépide  ,  fupérieur   à    tous  le& 
événemens  de  la  vie.  U  avoit  uà 
fils  nommé  Gryllm ,  qui ,  quoique 
bleffé  i  mort  en  combattant  vail- 
lamment i  la;  bataille  de  Manti* 
née,  36^  ans  avan»  J.  C. ,  eut  le 
courage,  malgré  fa  bleffure,  de 
porter  un  coup  mortel  à  EpaMÛ* 
nondas  y  général  des  Thébains,  & 
mourut  peu  de  temps  après.  L» 
nouvelle  de  cette  mort  ayant  été 
portée  à  Xinophon  ,  tandis  qu'il' 
&crifioit ,  il  ôta  la  coitfonne  def 
âeurs  qu'il  avoit  fur  la  tête.  Mais»- 
lorfqu'on  eut  ajouté   que  ce  fil» 
étoit  mort  en  homme  de  cœur,  i£ 
remit  auffi-tôt  £1  couronne  fur  & 
tète  ,  en-  diiant  :  h  fayoîs  bien  que 
mon  fils  étoit  mortel^  ^  fa  mort  mérita 
des  marques  de  joie  plutôt  que  de  deuiU 
Ses  principaux   Ouvrages   font  ; 
!..  La  Cyropédie.  Ceft  PHiftoite  d» 
grand   Cyrus ,  renfermée  en  viil 
Livres.  Quoique  cet  Ouvrage  ne 
foit  pas  écrit  dans  Texaûe  vérité  » 
[  Foye^  Cykvs  ,  ]  il  eft  digne  d'uni 
homme  qui   étoit  à   la  fois  boa 
écrivain  &  homme  d-étac;  &  les 
préceptes  qu'il  mêle  à  £a  narra* 
tion ,  peuvent  être  tr^utiles  :  om 
y  trouve  des  vues  faines  de  poé- 
tique ;  il  refpire  Tamour  des  loti  » 
des  hommes  &  de  la  vertu.  D'ail- 
leurs ,  Xénophon  fait  de  la  vie  de 
Cyrutf,  un  Eomaxi  moial  »  à  peu 


XEN  . 

j^rès  femblabte  à  notre  Tclimàqui, 
CyrusilU  ,  dit  Cicëron  >  à  XenO' 
moNTEf  non  ad  hlJiorUfikm  fcriptus 
tfi,  fià  ai  tffigîan  jufli  împeriL  II 
tommence    par    fuppofer  »    pour 
£iire   valoir   réducation   mâle    & 
vîgoureufe  de  fon  kéros ,  que  les 
Medes   étoient   des    voluptueux, 
plongés  dans  la  mollefTe  ;  &   que 
les  habitans  de  l'Hyrcanict  province 
ifue  les  Tartares  (  alors  nommés 
Scythes  )  avoient  ravagée  pendant 
50  années ,  étoient  des  Sybarites  : 
ce  qui  n'eft  guère  vraifemblable; 
Tout   ce  qu'on    peut  affûter   de 
Cyrtu ,  c'eft  qu'il  fut  un  gnlnd  con- 
quérant ,  par  conféguent  un  fléau 
de  la  terre.  CharptntUr  a  donné  une 
ïraduâion  Françoise  de   la  Cyro* 
pcdîc.    IL    Vttfiolrc   de    Texpédi- 
doa  de  Cyms  U  Jauu  contre  fon 
frère  Artaxtrcu ,  &  de  cette  mé- 
morable retraite  des  Dix  mille  , 
dont  il   eut   prefque  tout   Thon-^ 
neur.  Cette  Hiftoire ,  (  dit  M.  l'abbé 
Mlllot ,,  )  paroh  cependant  fufpaûd 
à  quelques  égards.  Il  exagère  trop 
les  qualités  de  Cyrus  U  Jeun* ,  qui 
n'étoit  qu'un  ambitieux;  &  peut- 
être  même  trouvera-t-on  qu'il  vanté 
trop  les  Grecs ,  compagnons  de  fon 
expédition.  Xénophon  s'y  borne  d'ail- 
leurs à  raconter  les  faits  avec  fim- 
pllcité  &  fans  ornement.  D'Ablan- 
tourt  &  M.  Ldrcher  ont  traduit  cet 
ouvrage;  mak    la   traduâion   du 
dernier ,  Paris,  1778 ,  2  vol.  in-ii, 
plus  exaâe ,  plus  élégante ,  a  fait 
oublier  tout-à-fait  celle  de  d'Ablan- 
€ourt.  III.  UHlfioirc  Grc/que^  en  vii 
livres.  Elle  commence  où  Thucydide 
a  fini  la  fiehne;  elle  a  auffi  été 
traduite  eit  françois  par  d*Ahlan» 
èourt ,  &  elle  forme  le  3*^  vol.  de 
Ion  Thucydide,  Quelques  modernes , 
accoutumés  au    Oyle  emphatique 
de  quelques-unes<  de  nos  Hiûoires , 
trouveront  celui  de  Xénophon  trop 
iîinple   &  trop   nu.  Il  ne  fe  dif- 
^M^ue  çie  par  ce  goût  féverc ,  cette 


XEN        48t 

précifion  Attique  û  vantée  des  àn« 
ciens.  IV.  Zss  Dits  mémorables  dà 
Socrate ,  en  iv  livres,  V.  Un  ex- 
teilent  petit  Traité,  intitulé  :  VEco^^^ 
ftomigue,  VI.  LEloge  d*Agéfilas^ 
VII.  V Apologie  de  Socrate.  VIII.  Vd 
Dialogue  intitulé  ,  Hiéron ,  ou  Ia 
Tyran  ,  entre  Aléron  &  Simonide^ 
IX.  Un  petit  Traité  des  Revenus  ou 
iUs  Produits  de  tAttiqâe,  X.  Un  autre 
de  VArt  de  monter  &  dreffer  les  Che-i 
vaux ,  Ôt  bn  2^  fur  la  M.niere  de  lei 
nourrir,  XI.  Un  petit  Traité  de  là 
Chajfe,  XII.  Un  excellent  Dialogue  é 
intitulé  :  Le  Banquet  des  Phllofo^ 
phes,  XlIIi  Detix  perîts  Jraités  ^ 
l'un  du  gouvernement  dés  Lacédé- 
moniens  «  &  l'autre  du  gouverne-' 
ment  des  Athéniens.  Les  Ùvres  de» 
Equivoques ,  q}i*Anmus  de  Vîuihe  tC 
d'autres  lui  ont  attribués  ,  ne  font 
ni  de  lui ,  ni  dignes  de  lui.  Les 
meilleures  édition^  de  fes  (Eu- 
▼res  font  oelles  :  De  Paris,  1625  i 
în-fol.5  de  Leipzig,  1763,  4  vol. 
in-S**. —.  d'Oxford ,  1703  ,  en  grec 
&  en  latin ,  5  vol.  in-8**  ;  —  1727 
&  1^35  ,  2  vol.  in-4**  :  tes  deux 
vol.  ne  contiennent  que  la  Cyro-» 
pétUe^  la  Retraite  dee  Dix  mille  & 
VElo^  SAgéfilas,  ^  enfin,  de  Glaf- 
cow,  1764,  12  vol.  în-8**.  On  a 
imprimé  eii  1745  4  2  vol.  in-12  « 
divers  Ouvrages  de  ^émphon,  en 
françois ,  la  Retraite  des  Dix  mille  4 
les  Chofes  mémorables ,  la  Fie  is 
Soerate^  Hiéron',,^  Toutes  les  pro« 
durions  de  ce  philcfophe  mili- 
taire (ont  très-propres  à  former 
des  hommes  d'état  ;  Sciphn  TAfri- 
cain  &  Lucullus  les  liîbtent  fans 
cefle.  Comme  Cé/ar^  ce  philofophe 
fiit  grand  capitaine  &  gfand  hifto- 
rîcn  ;  tous  deux  fe  font  exprimés 
avec  autant  d'élégance  que  de  pu* 
reté ,  fans  art  &  fans  rffedbtion^  . 
Le  dialefte  Attique  qu'il  emploie  ^ 
refpire  une  douceur  il  aimable  , 
•qu'on  diroît  (dit  un  rhéteur)  que 
les  Grafi<4  repofoîent  fur  fis  Uyfçfm 

Hbij 


484        X  E  N 

Z«  Grecs  lui  donnèrent  le  funiom 
À*Jb£JLLE  Grecque  &  de  MusE 
Athénienne.  Ce  fut  Xénçphon  qui  pu- 
blia  rHiftoire  de  Thucydide. 

II    XEKOPHON  LE  Jeune  . 
écrivain  d'Ephefe,   vivoit,  félon 
«uelques-uns  ,    avant   Héàodore 
£'eft-à-dire.  au  jplus  tard ,  vers  le 
commencement  du   iv;    û^de  II 
nM  connu  que  jpar  fes   Ephefia^ 
^«.,Romangrec  en  V  livres,  qm 
contient  les  amours  dAbrocome  ôc 
iAnthia.  Ce  Roman  a  été  imprime 
en  grec  &  enlaûn,  à  Londr^, 
en  1716,  in-4^,édîtion  deCorcA*; 
&  M.  Uurdan  de  Marfeale  en  a 
donrté   une  Traduaiori   françoife 
-n  174S  ,  in-ix.  11  fut  long-temps 
inconnu,  &  on  le  décousit  enfin 
chez  lesBénédiains  de   Florence. 
Le  fentimep.ty  cft  aflcz  bien  rendu  i 

«      ^?/r..    Aac   ovi^ntures   n  Clt 


niais  le  tiffu   des  aventures  n' 
pas  touiours  bien  ourdi. 

III  XENOPHON  ,  meaecm  de 
^empereur  Claude  ,  natif  de  rifle 
de  Cos ,  te  difoit  de  la  race  des  A/- 
c/,W«.ll  fut  û  avant  dans  /a  fe- 
vcurde  ce  prince,  que   Claude  , 
aorès   avoir  fait   en   plein  fenat , 
réloge  d^culape  &  de  (es  defcen- 
dans^ditqueMefavoir&lanaif. 
„  fonce  de  Xénophon  meritoient  que 
>,  les  habitans  de  Cos  fuffent ,  en 
H  fa  'confidération ,  exempts  de  tous 
.  les  impôts. i  ce  qui  leur  fut  ac- 
cordé.  Xénophon,  par  une  horrible 
Ingratitude  .  fe    laiffa  gagner  par 
Z>/,rn..&  hâta  (dii-on)  la  mort 
^rempereur,  en  lui  mettant  dans 
le  eofier  ,  comme  pour   le  faire 
vomir,  une  plume    enduite  d un 
poifon  très;prompt.  • 

/XERCÈSr\5!>^o^^^M^ 

&  fécond  ûlsée  Darius,  fueceda 
à  ce  prince  Van  4S5  avant  J.  C 
Il  fut  préféré  à  Anabuyne.£on 
aîné,  parce  que  celui-ci  avoit  vu 
ieiour  dans  le  temps  que  P.r/n. 

ti'éoit  q"'uî^  ^o"""'^  P""""^'  ^!^ 
X^eu  que  Xcf.è*  fut  mis  au  moûue 


X  E  R 

pu  fa. mère  Atojfa,  petitt-fille  <fa. 
Cyrus ,   lorfque    iTanus    étoit  foi. 
Son  premier  foin  fut  de  condnucf 
les  préparatifs  que  fon  père  avoit 
faits  contre  TEgypte.  11  la  réduifit 
fous  fa  puiflance,  &  y  laifla  fon 
frère  Achentenes  pour  gouverneur. 
Encouragé  par  ce  premier  fuccès  , 
il  marcha  contre  les   Grecs  avec 
uqe  armée  de  800,000  hommes  , 
&  une  flotte  de  1000  voiles.  (  Voye^ 
Thargelie.  )  RoUin  d'après  Héro- 
dou ,  dit  l'abbé  MiUot ,  fait  monter 
l'armée  de  Xercts  â  plus  de  cinq 
millions  deux  cents  mille  hommes , 
en  y  comprenant  les  gens  de  mer 
&  toute  la  fuite  de  Tarroée.  Du>^ 
dore  de  Sicile    diminue  beaucoup 
le  nombre  de  ces   troupes ,  ainfi 
que  Pline  ,   Ellen   &   tant  d'auti« 
auteurs.  Quelque  abfurde  que  foit 
évidemment  le  calcul   dHiérodote^ 
c'efl,  dit- on,  Thiftorien   le   plus 
croyable,  parce  qu'il  vivoit  dans 
le  fiecle  de  l'expédition.  "    M^s 
»♦  il  ne  faut  qu'examiner  fon  récit,' 
"  les  difcours ,  les  fonges  ,  les^dr- 
»»  confiances  qu'il  y  ajoute, pour 
M  fe  défier  de  fon  témoignage.  11 
»  femble  avoir  imité  HoTTwri  plutôt 
»»  que  d'écrire  en  hiftorien.  U  fait 
»  de  Xercès  ,  tantôt  un  philofophe 
»  qui  verfe  des  larmes  à  la  vue 
»  de  cette  multitude  infinie  •  dont 
»  il  nereûera  pas  un  feul  homme 
»•  dans  l'efpace  de  cent  ans-,  tantôt 
»♦  un  furieux  &  un  infenfc  qui  or- 
»♦  donne  de  fouetter  la  mer  parce 
»♦  que  la  tempête  a  rompu  le  pont 
>♦  de  bateaux,  fur  lequel fes  orou- 
„  pes  dévoient  paffer  l'Hellefpont. 
»♦  (  aujourd'hui  les  Dardanelles.  ) 
»»  Tous  les  entrepreneurs  de  Tou- 
>»  vrage  font  condamnés  au  fup- 
>»  pli  ce ,  comme  s'ils  avoient  ptt 
».  enchaîner  les  vents  &  les  vagues. 
»♦  Selon  le  même  Hérodote ,  Xerces 
«  fit  percer  le  mont  Atfios  pour 
»  ouvrir  un  paflage   à  fa  flotte; 
u  cepeîiiiat  les   voyageurs  m9- 


X  E  R 

h  derncs  atteftent  que  le  mont  Athos 
>♦  n'a  jamais  été  percé  *<.  Quoi 
qu'il  en  foit  de  ces  fables  ou  de 
ces  vérités  hiftoriques  ,  Xcrcè^  avec 
fa  puiffante  armée }  arrive  au  dé- 
troit des  Thermopiles ,  défilé  fort 
étroit  entre  la  Theffalie  &  la 
Phocide,  où  Tattendoient  quatre 
mille  hommes  fous  lei  ordres  de 
Léonlâas  roi  de  Sparte.  Ce  prince 
réduit  bientôt  a  300  foldats ,  lui 
en  difputa  long-tcmps  le  paffage , 
&  s'y  fit  tuer  avec  les  fiens ,  après 
avoir  fait  un  horrible  carnage  d'une 
inuljtitude  de  Perfes.  Les  Athé- 
niens gagnèrent  enfuite  fur  Xtnes , 
la  faraeufe  bataille  navale  de  Sa- 
lamine  i  &  cette  perte  fut  fuivie  de 
divers  naufrages  des  Perfes.  Xerctf^, 
contraint  de  fe  retirer  honte ufe- 
ment  dans  îqs  états,  laiffa  dans  la 
Crcce ,  Mardonîus  fon  général ,  avec 
le  refte  dç  l'armée.  Dégoûté  de 
la  guerre  par  les  fatigues  qu'il 
avoit  cffuyées  dans  les  difFérentes 
expéditions,  il  s'abandonna  aux 
charmes  du  luxé  &  de  là  mol- 
Icffe^  Anaban ,  Hyrcanien  de  naif- 
fance  &  capitaine  de  fes  gardes  , 
confpira  contre  fa  vie  ,  &  ayant 
gagné  fon  grand  chambellan  ,  le 
tua  pendant  fon  fommeil,  l'an  465 
avant  J.  C  X^rchs  n 'avoit  que  l'ex- 
térieur &  l'appareil  de  la  puif- 
lànce  i  il  manque it  de  ces  qualités 
perfonnelles  qui  rendent  les  rois 
vraiment  puiffans.  Maître  du  plus 
vaile  empire  qui  fût  alors  fur  la 
terre ,  chef  d'armées  innombrables , 
il  fe  regardoit  comme  le  fouve- 
rain  de  la  nature.  11  prétendoît 
maitrifer  &  punir  les  élémens  ; 
mais  il  vit  fes  forces  &  fon  or- 
gueil fe  brifer  contre  une  poignée 
d'hommes  dirigés  par  un  général 
lubile ,  &  finit  honteufement  une 
carrière  qu'il  avoit  commencée  avec 
gloire.  11  reffcntit  de  temps  en 
temps  quelques  fe^timens  d'huma- 
wké.  Un  jour  ^  confidérant  la  grande 


X  I  M  4?f 

armée  qu'il  avoit  préparée  contre  ^ 
les  Grecs  ,  il  fe  mit  à  pleurer. 
Aitaban,  l'un  de  fes  favoris,  s'ea 
apperçut&  lui  en  demanda  la  ràifon. 
En  examinant  tant  dt  milliers  dt  Sol" 
djts  ^  répondit  yietcés  ^/aî  penfi 
que  dans  cent  ans  il  n*en  rcfleroit  pas 
uafjuly  &  cate  réflexion  m'a  fait  ré" 
pondre  des  larmes,  —  Hé  bien  ,  lui 
répliqua  Artaban  ,  pwfqu'U  n*tjlpas 
ai  votn  pouvoir  de  prolonger  leur  vie  \^ 
tâchei  an  moins  de  la  leur  rendre  fup" 
portable, 

77.  XERCÈS  II,  roi  de  Perfe 
après  fon  père  Artaxetch  Lfingue" 
main,  l'an  425  avant  J.  C. ,  fiu 
afiafiiné  un  an  après  par  fon  frère 
Sogdien  ,  qui  s'empara  du  trône, 
Xcrcès  n'avoit  tenu  le  fceptre  que 
d'une  main  foible. 

Xï  ,  Voyei  ChinG  ,  n^  11. 

XILANDER  ,  Voyei  XrLAN- 
PER. 

I.  XIMENÈS ,  (  Roderic  )  Nar 
varrois,  archevêque  de  Tolède, 
vint  en  1 247  à  Lyon ,  pour  dé- 
fendre devant  le  pape  Innocent  IX  ^ 
au  concile  général ,  les  droits  Ôç 
les  privilèges  de  fon  églife ,  contrç 
l'archevêque  de  Compoftelle,  qui 
prétendoit  la  prîmatie  ,  parce  quQ 
fon  églife  conferve  le  corps  de 
S.  Jacques  apôtre  des  Efpagnes  | 
mais  elle  fut  adjugée  à  l'archevêque 
de  Tolède.  Il  mourut  fur  le  Rhône , 
en  s'en  retournant.  On  lui  doit  une. 
Hijiolri  d'Efpagine  y  divifée  en.  neuf 
livres ,  que  nous  avons  dans  le  Re-f 
cueildes  hiftoriens  de  ce  royaume, 
avec  des  Remarques  du  P.  ^dre^ 
Schott,  Elle  manque  d'exa£^itude  ^ 
de  britique. 

II.  XIMENÈS,  (François)  ne 
à  Torrelaguna  dans  la  vieille  Caf- 
tille,  en  1437  ,  fit  fes  études  à 
Aicala  &  à  Salamanque.  On  ne  lu{ 
apprit  qu'une  Scolaftique  aufiî 
feche  qu'infipide.  Dégoûté  de  ce 
fatras ,  il  fe  rendit  à  Rome  *,  maisL 
ayant  été  volé  dans  fon  voyage  3^ 

H  h  \\\ 


486        XI  M 

il  n'en  remporta  qu'une  Bulle  pour 
]a  première  prébeode  qui  vaque- 
roit.  L'archevêque  de  Tolède  la 
lui  refufa ,  &  le  fit  mettre  dans  la 
tour  d'Uzcda  i  en  prîfon.  Un  prêtre  > 
qui  y  étoit  détenu ,  &  qui  fe  mê- 
Joit  de  prophétifer ,  lui  prêdh  qu'il 
feroit  un  jour  archevêque  de  To- 
lède. Ayant  été  mis  en  liberté  « 
il  obtint  un  bénéfîct  dans  le  dio- 
cefe  de  Siguença  ;  &  le  cardinal 
Conialei  de  Menio\a ,  qui  en  étoi^ 
^vêque ,  le  fit  Ton  grand-vicaire. 
^dmcncs ,  dégoûté  du  monde,  ei^tra 
quelque-temps  après  chez  les  Cor- 
fleliers  de  Tolède,  &  fit  Tes  vœux, 
$es  talens  lui  procurant  une  foule 
^e  vifites  ,  il  fe  retira  dans  une 
Çolimde  nommée  Cafiantl,  &  s'y 
livra  à  Tétude  des  langues  orien- 
tales &  de  la  théologie.  Ses  fupé- 
rieurs  l'en  tirèrent  pow  le  confa- 
çrer  a  la  direâion  &  à  la  chaire, 
La  reine  IfahtUe^  qui  l'avoit  choifi 

Îtour  fon  confefieur  ,  le  nomma  à 
'archevêché  de  Tolède  en  1495. 
JliIffiOT^j  n'accepta  qu'après  un  ordre 
ipcprès  du  pape ,  en  1498.  Sa  vie 
lie  fut  plus  dès  ce  moment  qu'un 
tiiTu  de  bonnes  œuvres.  Les  portes 
de  Ton  palais  fureiit  toujours  ou* 
Vertes  aux  ^ndigens  -,  il  les  écoutoit 
avec  bonté  ,  lifoit  leurs  requêtes  » 
Çt  les  foulageoit  avec  une  charit^ 
libérale.  Il  vifita  les.  Eglifes  ,  les 
Collèges,  les  Hôpitaux  ,  &  em- 
ploya fes  revenus  à  les  réjjarer 
fc  à  les  orner.  Il  purgea  (on  dio* 
çefe  des  nfuriers  &  des  Ucux  de 
^ébauches  :;  caâfa  les  Juges  qui  rem- 
■  pUfibient  mal  leurs  charges  ,  & 
înit  en  leur  place  des  perïbnnes 
^ont  il  connoiiToit  Tintégrité  &  le 
défintéreiTement.  Il  tyit  u0  Synode 
^  Alcala ,  3ç  un  autre  à  Talavçra  % 
où  a  fit  des  réglemens  très-fages 
pour  le  clergé  régulier' &  ieculier, 
Ferdinand  &  IfahtUt  lui  confièrent 
\^  foin  ^e  réformer  les  Ordres  Re- 
ligieux ,  dont    le  4éfordre  étoit 


X  IM 

f xtrlme.  Les  Cordeliers  ewent  f^ 
cours  à  toutes  fortes  de  moyens 
pour  perdre  le  réformateur ,  iufqu'i 
mettre  un  poignard  entre  les  mains 
de  fon  propre,  frère  pour  le  Êiire 
périr.  Leur  général  vint  de  Rome  « 
pour  détruire  Xiaunh  dans  l'efprif 
de  la  reine.  Ce  moine  fougueux, 
dans  une  audience  qu'il  obtint  d'.(/a- 
^tUt ,  parla  avec  tant  d'impru- 
dence, que  la  princefTe  lui  répondit  ; 
Save^fvous  qui  vous  it€s  &  à  ^i  vous 
parUi  ?  —  Ouï ,  Madiime  ,  répHqu% 
l'infolent  Cordelier  :  Jt  fais  que  /> 
parfe  à  IsABEil^U ,  ^  1^  commt  moi  n*tl{ 
que  cendre  &  pouffiere.  Malgré  les 
traverfes  qu'on  mfcita  à  Xlmenès^ 
il  vint  à  bout  de  la  réforme  ,  & 
fon  zèle  ne  tarda  pas  d'être  récOm- 
penfé.  Le  pape  Jules  11  l'honora  dç 
la  pourpre  Romaine  en  1507 ,  ^ 
le  roi  Ferditumd  le  Catholique  lui 
confia  l'admimibration  des  affairç^ 
d*état.  Son  premier  foin  fut  de  dé- 
charger le  peuple  du  fubfide  oné- 
reux I  nommé  Aeavale.  Ses  vues  fe 
toumerem  enfuite  du  côté  des  Ma- 
hométans ,  qu'il  voulut  ramener  4 
la  religion  Chrétienne.  Il  en  bap<. 
.  tifa  plus  de  )ooo  dans  une  place 
fpBcieufe ,  où  il  fit  briller  tous  les 
livres  de  VAlcoran.  L'ambition  en- 
troit  pour  beaucoup  dans  fon  zele^ 
il  vouloit  étendre  la  domination 
d'Efpagne  chez  les  Maures  :  il  le 
fit  en  ç^t  par  la  conquête  de  la  ville 
d'Oran  dans  le  royaume  d'Alger , 
qu'il  entreprit  en  i509«  Comme 
l'archevêché  de  Tolède  &  les  em- 
plois qu'il  avoit  à  la  cour ,  produi- 
foient  de  grands  revenus,  il  réfolui 
de  faire  lui-même  cette  conquête 
à  fes  dépens  j  mais  il  eut  plus  d'un 
qbfiacle  à^urmonter.  Les  ofikiers  ^ 
mécontens  ^'avoir  pour  chef  un 
général  qui  portoit  la  foutane  fous 
fa  cuira& ,  refuferent  de  s'embar- 
quer. Les  efprits  étoient  difpoiles 
a  la  révolte  :  X^mencs  fort  de  fa 
tçme  ^oqr  les  ramener  v  nuis  à  ^ eioç. 


XI  M 

k^H  commencé  de  parler  vit  te^ 
belles,  qu'un  foldat  l'interrompit 
infolemment ,  en  criant  :  De  Vof 
•gmt  !  point  de  harangue  !  Xlmenh 
s'arrête  pour  le  chercher  des  yeux. 
L'ayant  reconnu ,  il  le  Êiit  arrêter 
4e  pendre  fur  le  champ  en  fa  pré- 
sence ;  puis  il  cpminua  à  parler*. 
La  rébellion  étant  calmée  par  cet 
exemple  de  fi^véricé  «  fa  flotte  com-^ 
po{ee  de  Sa  vaiâTeaux ,  fortU  de 
Carthagene  le  i6  Mat ,  &  débarqua 
heureusement  fu»les  côtes  d'Afrique. 
Le  jour  de  l'ouverture  du  fiége 
étant  arrivé,  le  cardinal  guerrier 
«lonta  à  cheval ,  revêtu  de  fes  oc- 
nemenspontificauiic,  &  accompagné 
des  eccléfiaftiques  &  des  religieux 
4[ui  l'avoient  fuivi.  Il  létoit  pré- 
«édé  d'uii  Cordelier,  qui  portoit 
«levant  lui  la  croix  archiépifcopale^ 
&  qui  avoit  l'épée  au  côté ,  de- 
même  que  tous  les  autres  prêtres 
ieculiers  &  réguliers.  11  y  eut  un 
combat ,  foutenu  de  part  &  d'autre 
avec  fureur,  Allont ,  mes  Knfans  « 
^it-i|  aux  foldats,  je  marcherai  à 
roire  tête,  Un  Prêtre  doit  fe  faire  hoU" 
neur  éCexpofer  fa  vie  pour  fa  Religion  j. 
j*em  ai  reçHp exemple  de  plufieurs  Ar^ 
€h€veqttes  de  Tolède^  mes prédiceffeurs». 
JUa  cavalerie  des  ennemis  qui  étoit 
fort  fupérieure,  attaqua  plus  d'une 
lois  l'infanterie  Efpagnole  ,  &.  ne 
put  jamais  l'entamer.  £nân ,  les 
âeux  mille  chevaux  qui  épient 
demeurés  fur  les  vaifTeaux ,  &.qui 
A'avoient  pu  débarquer  d'abord  au- 
près d'Oran ,  arrivent ,  mettent  en 
fuite  la  cavalerie  des  Maures ,  & 
taillem  en  piec^is  toute  leur  in&n- 
terie.  Alors  toute  l'armée  marche 
à  Oran,  &  y  entre  prefquefans  ré- 
iîfbnce.  Un  Juif  &  deux  Maures , 
avec  qui  Ximenps  avoit  inielli- 
l^ence ,  ouvrirent  une  porte  *,  le  fol« 
4at  furieux  maflacra  tout ,  hommes , 
femmes  &  enfans ,  6c  piiti  une  des 
pilus  riches  villes  de  l'Afrique.  Le 
«urdina}  y  fittfoocmréeie  kaiU!; 


X  I  M        4«7 

.  main ,  en  difant  :  Ce  n*e/l  pas  à 
nous  ,  Seigneur  ^  ce  n'e/ipas  à  nous  ^ 
mais  à  votre  nom  ^u*il  faut  rendre 
gloire.  Tant  de  morts  qu'il  trouva 
fur  fon  chemin ,  lui  firent  verfer  des 
larmes  :  C'étoient  ^es  înfidelles ,  il  efi 
vrai ,  dit'il  ;  mais  citaient  des hommis 
quon  auroit  pu  f»re  Chrétiens  :.  leur- 
mort  me  ravit  U  principal  atafuage  de 
la  victoire,  il  veilla  eniliite  à  hi 
police  de  la  vilU»  dont  iltrafa 
les  nouvelles  fortifications ,  dian^ 
gea.  les  Mofquées  en  Sglifes,  & 
dédia  lui-mênie  la  plus  grande  à 
Notre-Dame  de  la  Viâoire.  Ayant 
enfuite  £iit  diflribaer  aux  officiers 
&  aux  foldats  tout  l'or  &  l'argent^ 
quç  les  généraux  avoiént  Csit  mettre 
à.  pact ,  pour  les  dédommagef  des. 
frais  de  l'entreprife ,  il  ne  s^6à  té* 
ferva.que  la  gloire«  De  recour  en. 
Efpagné ,  le  roi  Ferdinand  allia  à  fa: 
rencontre  jufqu'à  quatre  Heues  de 

,  Séville ,  &  mit  pied  à  terre  pour 
l'embraiTer.  Ces  marqués  d'ami<ié 
n'étoient  guere^  inceres  :  Ferdinand: 

*craignoit  le  potnroir  de  Ximenès ,  il: 
lui  avoit  refiifé^o/i/«/n^OHr  fon 
général.  Le  cardinal  choifit  Pierre. 
Navarre^  à  qui  le  monarque  £f« 
pagnol  écrivoit  :  EfHpithe!{  le  hn^ 
homme  de  yepafer  f^iôt  en  Efpapu  ^ 
Ufautttftry  amant  qu!on  le  poufrê,fA. 
perfonne€r  fon  argent»  Le  cooquéraiil 
d'Oman  rendit  des  fervioès  plus 
efientiels  à  fa  nation.  Frévoyatic 
une  (lérilité  extraoMlimHre ,  il  lit 
.feire  des  greniers  publics  à  Toledt». 
à  Atcata  6c  à  Totrél^na,  6c  lt& 
fit  remplir  de  blé  à  fes  dépens.. 
Cebiei&it  fit  une.  telle  iknprefRoa 
fur  les  cgeurs ,  que  pour  en  coil- 
ferver  la  mémoire ,  on  en  fit  graver 
l'éloge  dans  la  falle  du  fénat  de 
Tolède  6c  *dans  la  place  publique. 
Le  roi  Ferdinand ,  midgré  la  haine 
fecrete  qu'ilavoit  pour  fon  minifire, 
le  nommk  en  mourant  >  régent  de  la 
Caftille  Y  en  1 5 16.  Ximznes  prefia? 
U|;uene.de  Navarre  -,  mais  iX&  déf> 

Hh  iy 


\ 


4S8         X  I  M 

honora,  en  ordonnant  i  VUlah^l 
général  Efpagnol ,  de  mettre  le  feu 
dans  ce  royaume  en  cas  de  malheur, 
&  d'en  £nre  tin  vafie  défert.  Doit- 
on  être  furpris ,  qu'avec  un  carac- 
tère fi  cruel ,  il  s'opposât  à  la  r^ 
forme   die  l'Inquifition  ;    qu'il  fit 
Aire ,   de   temps  en  temps ,  des 
exécutions  fanglantes  des  Juifs  & 
des  Mahométans  qui  renonçoient 
à  la  religion  Chrétienne  ,  qu'ils 
«voient  embrafTée  par  force  >  Son 
defpotifine  étoit  extrême.  Il  fe  van- 
toit  de  ranger  avec  fon  cordon  ^  tous 
Us  Grands  à  leur  devoir^  &  AUcrafer 
leur  fierté  fous  fes  fandaUt,  Les  pre- 
miers feigneurs  d'Efpagne ,  révoltés 
d'une  telle   conduite,  fe  liguant 
contre  lui,  demandèrent  hautement  : 
M  De  quel  droit  il  gouver^oit  le 
«%  ro3raume  u}  En  verat  du  pouvir 
f  itt  m'ft  été  confié  (  répondit>il  )  par 
U  Teftûtnent  du  Roi  mon^  &  qui  a 
été  confirmé  par  U  Roi  régnant  :  [  e  étoit 
Charles-Quint...  ]  »  Mais  Ferdinand, 
H  lui  dirmt'ils ,  fimple  adminiAra- 
«»  teur   du  royaume  ,  pouvoit-21 
H  conférer  la  qualité  de  Régent  ? 
»».  La  Reine  feule  a  cedroit  ««•  —  Eh 
iien  ,  (  dit  Ximenes  »  flf^les  faifant 
approcher  d'un  balcon  d'où   on 
Toyoit  une  batterie  de  canons  « 
dont  il  fit  faire  une  furieufe  dé- 
charge :  )  VoUà  Us  pouvoirs  avec 
UfqueU  je  gouverne  &  je  gouvernerai  : 
Hmc  mstultimmratio  Regum.,, 
Les  mécontèns  députesent  en  Flan- 
dres pour  fe  plaindre  du  régent. 
Ximenes ,  pour  toute  juftification  , 
.  demande  au  roi  des  pouvoirs  fans 
bornes ,  &  les  obtient.  U  s'en  fervit , 
ta  -commanda  avec  plus  -de  fierté 
&  de  hauteur  qu'auparavant.  L'ufage 
d'Efpagne  n'étoit  point  d*eAtretenir 
des  troupes  en  temps    de   paix. 
Ximents ,  pour  Jiumilier  les  grands 
&  la  noblefîe ,  permit  à  la  bour- 
geoifie  de  porter  les   armes ,  de 
.^ire  des  compagnies  »  &  l'exer- 
cice les  jwas  de  fêté,  &  lui  ac- 


X  r  M 

corda  de  grands  privilq^.  Am&f 
fans  tirer  un  feul  laboureur  de 
la  charrue,  il  eut  une  armée  de 
30,000  hommes.  Il  retrancha  les 
penfions  &  les  officiers  inu- 
tiles ,  retira  tout  ce  qui  avoit 
été  ufurpé  ou  aliéné  du  domaine 
royal,èc  fit  rendre ccmipie auxfinan* 
ciers.  On  tira  d'eux  des  fommes 
immenfes,  avec  lefquelles  il  ac- 
quitta les  dettes  de  l'Emt»  &  fit 
des  établififemens  utiles.  Tandis  qu'il 
travailloit  pour  la  gloire  de  fa  pa- 
trie ,  il  fut  empoifonné ,  à  ce  qu'on 
croit  ,  en  mangeant  un  pâté  de 
truites.  On  foupçonna  les  minières 
Flamands  d'avoir  fait  le  coup.  U 
eft  certain  que  le  régent  avoit  écrit 
au  roi,  contre  eux,  avec  beaucoup  de 
force ,  &  fur-tout  contre  Chievrt , 
qui  étoit  détefié  en  Efpagne.  Ximents 
traina  pendant  deux  mois  une  vie 
languiffante ,  &  mourut  le  S  No- 
vembre 1(17,  <iifgracié,  à  Tâge 
de  81  ans  ,  avec  la  réputation  du 
plus  grand  homme  &  du  meilleur 
citoyen  qu'eût  produit  l'Efpagne. 
Son  tombeau,  qui  eu  au  collège 
de  Saint- Ildefonfe  d'Al^ala  qu'il 
avoit  fait  bâtir  ,  fut  orné  de  cette 
Epitaphe  : 

Condideram  Mufis  Francifcus  grande 
Lycctum  ; 
Condor  in  exiguo  nunc  ego  Sareo» 
pkago. 
Prauxtam  junxi  facco  ,  gaUamqae 
gaiero  , 
Frater  y  Dux,  Prafuly  CarSnais^ 
que  Pater. 
Qttin  virtute  meâ  jun&um  eft    dla» 
dema  caeidlo ,    • 
Cùm  mihi  regnand  parmi  Hefperla» 

Auffi  habile  que  le  roi  Ferdinand^ 
dans  l'art  de  gouverner  les  hommes , 
Xirnenès  le  furpafia  par  les  qualités 
du  cœur.  On  vit  en  fa  perfonne 
un  fimple  particulier  faire  plus  de 
bien  à  fa  patrie ,  que  tous  les  rois 
qui  avoie&t    gouverné.   Noble  y. 


XIM 

iBàgttlfique,  grand ,  généreux ,  |»ro- 
ced&ur  de  l'innocence ,  de  la  vertu 
êc  du  mérite ,  il  ne  conçut  &  n'exé-» 
cuta  que  des  projets  utiles  à  l'hu- 
manité. Pendant  21  ans  qu'il  fut 
snaçhevêque de  Tolède,  ilemploya 
près  de  20  millions  pour  les  be- 
ibins  de  l'Etat  &  du  peuple.  Per- 
fonne  n'ignore  qu*il  forma  dans  fa 
villearchiépifcopale ,  en  féiveurdes 
Filles,  de  condition  ,  un  étabUfTe- 
ment  que  Louis  XlVa  imité  depuis 
pour  le  foulagemenc  de  la  pauvre 
Noblefle.  Il  nomma  cette  Maifon 
Je  Monafiere  ^IfabelU  ,  en  mémoire 
de  la  reine  fa  bienfaitrice ,.  &  lui 
laifTa  de  grands  biens  par  Ton  teda- 
xnent.  Par  les  arratigemens  qu**!!  prit , 
cette  Maiibn  devoit  avoir  toujours 
une  année  de  revenu  d'avance; 
&  ,c*eft  fur  ce  fonds  ^u'étoient  do- 
tées tous  les  ans ,  un  certain  nombre 
jde  Demoifelles  qui  y  avoient  été 
élevées.  Philippe  11 ,  entrant  dans 
les  vues  généreufes  du  cardinal,  y 
fonda  cinquante  places  de  plus  pour 
les  Filles  de  la  première  nobleâe 
d'Ëfpagne.  Ximenks  fut  encore  le 
fondateur  de  l'univerfité  d' Alcala , 
&  publia  dans  cette  ville  la  BlbU 
Poly^otu^  qui  a  fervi  de  modèle 
a  tant  d'autres.  (  Voy.  Jay  O  Wal- 
TON.  )  L'impreilion  enfiit  commen- 
cée en  15 14,  &  achevée  en  15 17, 
en  6  vol.  in-fol.  &  eii  4  langues. 
Elle  eô  fort  rare.  On  y  trouve,  le 
Texte  hébreu,  tel  que  les  Juifs  le 
lifent  ;  la  Verfion  grecque  des  Sep- 
tante ;  la  Verfion  latine  de  S,  J«- 
TÔnu ,  que  nous  appelons  VtOgau  ; 
&  la  Paraphrafe  Chaldaïcue  d^OnU" 
los  fur  les  5  livres  de  Moyfe  feule- 
ment. Il  y  a  dans  le  dernier  volume, 
un  Vocabulaire  de  phrafes  &  de  mots 
hébreux  ,  qui  a  fait  l'admiration  des 
fa  vans  ;  mais  il  manque  dans  la 
plupart  des  exemplaires  ,  par  la 
négligence  de  ceux  qui  les  firent 
relier.  On  travailla  à  cette  Po/y glotte 
pendant  plus  de  X2  ans ,  C9r  elle  fut 


-  X  I  M         4^ 

Commencée  dès  l'an  1 5  01  ;  Ximmès 
s'y  appliqua  lui-même  avec  beau- 
coup de  foin  &  en  fit  la  dépenfe.  11 
acheta  fept  exemplaires  en  hébreu, 
4000  écus ,  (  45  00  liv.  de  France ,  ) 
'&  donna  tout  ce  qu'on  voulut  poui^ 
des  anciens  manufcrits  grecs  &  latins. 
Il  fit  encore  imprimer  le  Mlffel  & 
le  Bréviaire  Mofarabe ,  dirigés  par^ 
Ortii  ;  &  pour  conferver  la  mémoire 
de  ce  rit ,  il  fit  bâtir  une  chapelle 
auprès  de  l'Eglife  métropolitaine  de 
Tolède  ,  tg»y  fonda  des  chanoines 
&  des  clercs  ,  qui  célébroient  jour* 
nellement  l'OfRce  en  cette  langue  : 
[  yoy^l  Ôrtiz.  ]  Quoique  Xlmenès 
écrasât  l'orgueil  des  grands,  il  favoit 
fermer  les  oreilles  à  leurs  mur- 
murés. Il  répondit  à  de;  perfonnea 
qui  vouloient  qu*on  recherchât  les 
auteurs  de  quelques  difcours  qui 
avoient  été  tenus  contre  lui  :  Qu* 
lor/qu'on  étoii  élevé  en  dignité  ,  &  qu^on 
n* avait  tien  à  fe  reprocher  ,  on  devoit 
lalfftr  aux  inférieurs  la  mijérable  con» 
foiation  de  venger  leurs  chagrins  par  des 
paroles.  L'éclat  de  tant  de  qualités^ 
brillantes  fut  un  peu  terni  par  quel» 
ques  défauts.  Ce  prélat  fut  fier ,  dur  « 
opiniâtre,  ambitieux  ,  &  d'une 
mélancolie  fi  pro^nde,  qu'il  étoit 
prefque  toujours  infupportable  dans 
la  fociété ,  &  afiez  fouvent  a  charge 
à  lui-même.  Cette  triÔeffe  pouvoir 
venir  de  la  conformation  de  fon 
crâne ,  compofé  d'un  feul  os  fans 
future.. D,  Alvaro  Gome\siécntîdL  Vie 
ia-£olip.  Voyei  Flechier  &  Mar- 

SOLIER. 

III.  XrMENÈS,(Sébaflien) 
habile  jurifConfulte  Efpagnol ,  mort 
vers  1600 ,  s'efi  fait  un  nom  par  un 
bon  Ouvrage  fur  l'un  &  fur  l'autre 
Droit;  fous  ce  titre  :  Concordantiét 
utriufque  Juris ,  à  Tolède,  I596  & 
1619  «  en  2  volumes  in-folio.  Cet 
Ouvrage  eft  eftimé.  Le  fécond  vol. 
qui  n'efi  pas  de  Ximenès^  efi;  le  moins 
commun. 

IV.  XIMENÈS,  (JofephAIbctt) 


490        X  I  S 

Espagnol ,  né  en  1719  d'une  fiuntlle 
noble  «  fe  fit  Carme  en  1734,  cn- 
feigaa  dans  Ton  Ordre  la  théologie, 
&  fiit  £ùt  doâeur  en  1760.  11  ne 
fe  diftingua  pas  moins  par  (es  talent 
pour  la  diaire.  Il  fiit  emuite  nommé 
théologien  du  nonce  en  ETpagne. 
Ayant  rempli  di£férens  emplois  diC- 
lingués  dans  fon  Ordre ,  il  en  fiit 
nommé  prieOr-général  en  1768 ,  & 
mourut  dans  l'exercice  de  cette 
charge  l'an  1774.  On  lui  doit  les 
4eux  derniers  volumes*  du  BulUdn 
tUs  CArmts ,  in-fol.  Dans  Tun  il  a 
recueilli  les  Bulles  &  anciens  mo* 
numens  omis  dans  les  volumes  pré- 
cédens  \  dans  l'autre  il  a  inféré 
les  Bref^,  Bulles,  &c.  depuis  17 18 
juâfu'en  176S. 

XISITHRUS,  ott  XisuTHRUS  : 
Ayant  été  averti  par  Saturne ,  d'un 
Déluge  qui  devoit  ihonder  toute  la 
terre  «  il  conftruiât  un  gr^d  vaif* 
feau ,  par  le  moyen  duquel  il  en 
fut  garanti  avec  fa  famille.  Quand  il 
Ibnit  de  ce  vaiifeau  »  il  difparut  & 
îat  mis  au  rang  des  Dieux.C'eft  l'hif- 
tCHre  de  Noé^  de  DtucaUon^  fous 
4'autres  npms. 

XISTE,  Koy«^  Sixte. 

XYLANDER ^(Guillaume )  né 
&  Ausbourg  en  I532  ,  fe  fit  une 
réputation  par  fon  (avoir.  Il  obtint 


X  Y  P 

une  chaire  de  profefleur  en  grec  è 
Heidelberg.  Son  extrême  pauvreté 
&  fa  grande  application  à  l'étude 
hii  firent  contrader  une  maladie  , 
dont  il  mourut  à  Heidelberg  en 
1576  •  à  44  an^  On  a  de  1» 
une  TraduBion  latine  de  Dion  Ccf- 
pus ,  de  Marc-AurtU ,  &c...  &  un 
grand  nombre  d'autres  Ouvrages  fon 
inexaôs  a  parce  qu'il  écrivoitpour 
vivre. 

XYPHILIN,  (Jean)  de  Trebî- 
sonde ,  fut  élevé  dans  un  monaf- 
tere.  Sa  piété  &  fon  favoir  Itû 
obtinrent  le  patriardiat  de  Confiant 
tinopleen  1064.  Il  mourut  en  107;» 
&  laifia  un  neveu  qui  portoit  fon 
nom.  Ceft  de  ce  dernier  que  nous 
avons  un  Âhégé  âcCHîfioiTc  de  Diom. 
Cajfiot ,  en  grec ,  Paris  ,  15  9» ,  in- 
folio ,  traduit  en  françois  par  le  pré* 
fident  Caufin,  Cet  Abrégé  commence 
BU  34^  livre ,  &  au  temps  de  Pompée^ 
Il  dl  affez  bien  fait-,  mais  le  ftyle 
manque  de  pureté  &  d'él^ance ,  iSc 
l'auteur ,  quoique  Chrétien  ,  copie 
tous  les  prodiges  que  rapporte  fon 
auteur.  Il  femblemême  qu'il  donne 
la  préférence  à  ces  puérilités  :  ce 
qui  ne  donne  pas  une  grande  idée 
de  la  iufisâfe  de  fon  efprit.  XyphUU^ 
l'oncle,  n'a  laiHé  qu'un  SermoUi  dan^ 
la  BibUoihequc  dts  Parts» 


IW       II  II' 


49i 


1  AO  f  «mperçur  de  1^  Qiîne  » 
monta,  die- on,  fur  le  trône,  l'an 
2357  avant  JeCus-Oirift ,  &  eut  Chun 
pour  Ton  fuccefTeur.  Les  Chinois 
le  regardent  comme  leur  légiHateur , 
^  le  modèle  des  princes  &  des 
hommes.  On  prétend  que  c'eft  à  Vao 
que  PHiûoire  de  la  Chine  commence 
à  être  certaine ,  &  que  tout  ce  qui 
précède  ce  prince ,  eft  rempli  de 
labiés  ou  de  faits  incertains.  Mais 
€'tà  encore  trop  dire  ;  car  il  n'y  a 
de  certain  dans  Tiiiiloire ,  que  ce 
qui  nous  efl  tranfmis  par  des  Eaits 
&  pardesmonumens.  Or  les  Ecrits 
ti  lesmoQumens  Chinois  ne  remon- 
tent ,  tout  au  plus  ,  qu'à  l'an  Soo 
avant  J.  C 

YOUNG ,  (  Edouard  )  poëce  An, 
glois ,  naquit  en  1684 ,  à  Upham 
dans  le  comté  de  Hampt ,  où  ion 
père  étoit  reâeur.  Après  avoir  étu- 
dié en  Droit  >  fcience  pour  laquelle 
il  avoit  très -peu  de  goût,  il  fe 
tourna  du  côté  de  la  théologie  & 
de  la  morale ,  &  réu(Ct  beaucoup 
mieux,  Il  prit  les  Ordres,  fut  nommé 
chapelain  du  rçi ,  &  enfuite  curé 
de  Wettwin  dans  le  Herfordshire. 
Sa  vie  fut  fort  occupée  &  afiez  trifte. 
Jl  fe  maria  en  17  31  avec  la  fille  du 
comte  (U  Uchtfiildy  veuve  du  colonel 
JJe ,  dont  elle  avoit  eu  deux  enfans. 
Son  époufe  étoit  vertueufe  6ç  ten- 
dre ,  &  il  trouva  dans  (es  deux  fils 
deux  véritables  amis.  Peux  maladies 
inattendues  les  lui  enlevèrent.  Toung 
9v6it  pafTé  en  France,  efpérant  de 
rétablir  la  famé  du  dernier  par  la 
douceur  du  climat  ;  mais  ce  voyage 
(fut  inutile.  Xoung  repafla  la  mer , 
le  défefpoir  dans  le  coeur.  U  n'arriva 
chez  lui  que  pour  fermer  les  yeux 
9  îon  époufe  ^ui  ne  fi^rvécut  pas  à  ' 


fes  eqfans.  Ainfi  dans  TeTpaee  de 
trois  mois ,  Toun$  perdit  tout  ce 
quil  avoit  de  plus  cher  fur  la  terre. 
Un  fils  unique  confola  un  peu  Toun^ 
de  fes  pertes ,  mais  ne  le  retira  pas 
de  cette  profonde  mélancolie ,  dont 
les  accès  nous  ont  valu  fon  Poëme 
des  Nmts. ,  traduit  en  français  avec 
tant  de  force  &  d'élégance,  par 
M.  U  Tourneur ,  à  Paris ,  chez  U  Jal , 
2  vol.  in-8^  &  in-ia,  1769,  & 
dont  on  a  quelques  imitations  en 
vers  françois  par  Colardeaut  Cet 
Ouvrage  eft  le  plus  original  de  ceux 
qui  font  fortis  de  fa  plume.  On  y 
admire  le  fombre,  le  terrible  d'une 
partie  de  fes  tableaux ,  la  hardieiTe 
de  fon  pinceau ,  la  marche  rapide 
de  fes  idées.  Mais  le  faux  bel-efprit, 
le  gigantefque ,  le  trivial ,  gâtent 
prefquetouiours  les  beautés  que  ce 
génie  original  a  répandues  dans  fea 
Nuits^  M.  le  Tourneur  a  corrigé  une 
parne  des  défauts  de  fon  original* 
11  a  élagué  le  texte  &  raflemblé  à  la 
lin  de  chaque  Nuh ,  fous  le  titre  de 
Notes ,  tout  ce  qui  lui  a  paru  fu« 
perflu ,  bizarre  «  bas  y  mauvais  &;, 
déjà  préfenté  fous  des  images  beau* 
coup,  plus  belles.  11  a  réparé  un 
défaut  plus  important  :  le  peu  d'or- 
dre qui  fe  trouvoit  dans  Taflémblage 
des  différens  morceaux  dont  chaque 
AWteûcompofée.  [  f^v.  v.  Rémi.} 
On  a  de  lui  d'autres  produâiona 
poétiques  :  trois  I>r«nes  ,  Bufiris  ^ 
h.  yengiance ,  &  les  Frères  (  Demetrîu» 
&  Perféc  )  ;  des  Satires ,  des  Poéficft 
morales  ,  dont  M.  U  Tourneur  nous 
a  donné  égalemenr  la  traduâion  « 
(Paris ,  1770  , 2  vol.  in-8°  &  in-i2,> 
fous  le  titre  t'dtuvres  dlverfcs  du^ 
dod^eur  Yow^ ,  qui  font  la  fuite  de 
fiçs  Nms^  L'auteur  des  j^/wt^  mourut 


%^i        Y  O  U 

en  176^  ,  au  mois  d'Avril ,  dans  fà 
maifon  presbytéralc  de  Wettwin. 
Comme  chrétien  &  comme  ecclé- 
Êaftiqiie ,  il  fe  montra  toujours  fous 
un  jour  propre  à  infpirer  lerefpeâ. 
Il  fut  un  modèle  de  piété.  Il  aimoit 
les  hommes  &  les  foulageoit  -,  il  ne 
Ixaïifoit  que  leurs  vices.  11  les 
reprenoit  avec  force  ,  &  prêchoit 
la  vertu  par  fon  exemple.  On  ne 
plaiCmtoit  point  impunément  devant 
lui  fur  les  mœurs  ou  fur  la  reli- 
gion V  &  l'on  connoit  une  Ep'gramnu 
^nglante  contre  un  poëte  François 
très-célebre(  yo/talre)qm  avoit  pris 
avec  lui  ce  ton  de  raillerie  impie 
qu'il  a  dans  tous  fes  Ouvrages. 
toung  fut  enterré  dans  l'Eglife  de  fa 
pnroiiTe  ,  fous  Tautel ,  à  coté  de  fa 
femme.  Son  tombeau  efi  un  des 
plus  ûnguliers  qu'il  y  ait  dans  toute 
l'Angleterre.  Il  cft  couvert  &  orné 
d'une  très-belle  pièce  de  broderie, 
travaillée  des  jpropres  mains  de  fa 
femme.  Au  milieu  de  Tétofte,  on 
lit  en  lettres  capitales  ,  la  Sentence 
fuivante  ;  Je  fuis  le  Puîn  dt  vu.  Au 
côté  fcptentrional  on  .a  gravé  cette 
infcription  :  Aux  Vierges  :  Crolf- 
/c(  en  efprît  &  en  f'gcffe  ;  &  au  ccté 
méridional ,  cette  autre:  Aux  Jeu- 
KES-Gens  ;  Croîffe\  en  grâce  devant 
Dieu  O  devant  les  Hommes.  Oii  dit 
que  c'eil  Yvung  lui-même  qui  or- 
donna qu'on  gravât  ces  maximes 
fur  fon  tombeau.  11  arriva  à  ce 
poëte,  ce  qui  arrive  ordinairement 
à  tous  ceux  qui  paiTent  du  grand 
inonde  dans  la  folitude  ;  on  Toublia 
au/îi  parfaitement  que  s'il  n'avoit 
jiamais  exidé. 

Ja  plus  long  fouvenîr  sufe  &  cède 
à  rouhlî»    ■ 

Ce  vers  ,  qui  eft  de  Totmg  pour  le 
iens  ,  renferme  en  douze  fyllabes  , 
là  propre  hiito ire.  Ou  cefîa  déparier 
de  lui ,  dèN  qu  il  ceiTa  de  vivre  dans 
la  capitale.  11  fut  négligé  jufque 
dans  fa  retraite  même.  Les  Mufes 


Y  RI 

ne  le  pleurèrent  point  *,  tui  filenoe  ; 
tel  que  l'humilité  &  la  dévotioii 
Teuflent  exigé,  Iç  fuivit  Jufqu'au 
fein  de  la  terre  qui  devoit  le  cou- 
vrir. Là  cloche ,  poun  fon  enter- 
rement »  ne  commença  à  iotmer 
qu'au  moment  où  fon  corps  fut 
tranfporté  hors  de  la  maifon  pref- 
bytérale  •,'  &  quoique  fon  zde  paf- 
toral  ait  fondé  &  doté  une  maifoA 
de  Charité  dans  fa  paroiffe ,  ni  le 
maître ,  ni  les  enfians  de  cette  maifon 
n'aflifterent  à  fes  funérailles.  Quel- 
que temps  avant  fa  mort ,  il  donna 
ordre  que  tous  fes  manufcrits  fiiflent 
brûlés.  On  ne  doutera  pas  que  ce 
ne  foii  là  une  perte  ,  quand  an 
faura  «^l'il  n'écrivott  jamais  fur  des 
fujets  frivoles ,  &  qu  il  ferroit  ex- 
trêmement fes  idées  dans  fes  moin- 
dres comportions.  Mais  ce  qui 
ajoute  à  la  gloire  de  l'auteur ,  prefj 
i{ut  autant  que  ce  trait  de  modeftie  , 
c'cft  qu'il  fut  l'ami  ioxvBR^à^AddJJfon  , 
&  qu'il  travailla  au  SpcHauur. . .  • 
[  Voy.  HedeRIC.  ]  . 

,  YRl  ARTE ,  (  Dom  Jean  de  )  né  à 
rifle  Ténériffe  en  170a  ,  vint  faire 
îçs  études  à  Paris  &  à  Rouen  ,^  & 
les  fit  avec  fuccès.  Après  s*ctre 
nourri  des  fruits  de  la  littérature 
ancienne  &  moderne ,  il  fe  retira 
à  Madrid  ,  y  fut  bibliothécaire  du 
roi ,  membre  de  Tacadémie  royale 
de  la  langue  efpagnoîe  ,  &  inter- 
prète de  la  première  fecrétaireiie 
d'état.  Ses  principaux  Ouvrages 
font  :  I.  Une  Paléographie  Grecque  , 
in- 4®.  II.  Des  Œuvres  diverjes  en 
efpagnol ,  Madrid ,  1774  ,  a  vol. 
in-4".  On  y  trouve  des  Poéfies  lati- 
nes ,  qui  ne  font  pas  la  partie  prin- 
cipale de  ce  Recueil ,  ni  la  plus  dif- 
tinguée.  III.  Le  1*'  vol.  in-fol.  du 
Catalogue  des  Manufcrits  Grecs  it  l» 
Bibliothèque  royale.  IV.  Le  Catalùpte 
des  Manufcrits  Arabes  de  CEfcuntU  $ 
2  volumes  in-folio.  11  mourut  en 
177 1  »  regretté  des  iavans  &  de  {et 
amis. 


Y  s  E 

ySÈ»  (  Alexandre  de)  de  Greno- 
ble ,  profeffeur  Proteftant-de  théo- 
logie, à  Die  en  Dauphins,  fou^  Louis 
XIV j  fut  privé  de  fa  chaire  pour 
avoir  paru  pencher  vers  la  religion 
Romaine,  dans  un  DIJ cours  qu'il  corn- 
pofa  pour  réunir  les  Proteftans 
&  les  Catholiques.  Il  fe  retira  dans 
le  Piémont ,  où  il  mourût.  On  lui 
attribue  :  Propofition  pour  la  réunion 
dis  deux  Religions  ai  France  ,  1677  ; 
in  -  4"*. 

Y  VAN,  (Antoine)  naquit  à 
Rians  ,  petite  ville  de  Provence  , 
en  1576 ,  d'une  famille  très-obfcure. 
Après  avoir  fait  fes  études  avec 
beaucoup  de  peine  à  caufe  de  fa  pau- 
vreté, il  entra  dans  la  Congrégation 
de  r Oratoire ,.  &  alla  demeurer  à 
Aix.  C*eft-là  qu'il  connut  NUrU- 
MagdelcincdelaTrlnîté.  [Koj'. M ARIE, 
n**  xxiii.]  11  fonda  avec  elle  ,  en 
1637 ,  l'Ordre  des  Rcligieufet  de  Notre- 
Dtime  de  la  Mlférlcordi ,  dont  il  fut 
le  premier  direôeur  &  le  premier 
^  confeffeur.  Cet  homme  apoftolique 
joignit  aux  travaux  d'un  miniftre 
d*  l'Evangile  ,  les  auftérités  d'un 
anachorète.  Il  contribua  beaucoup 
à  la  réformatîon  des  moeurs ,  par  fes 
Sermons ,  ôc  fur-tout  par  fes  exem- 
ples. Sa  modeftie  étoit  telle  ,  qu'il 
ne  voulut  jamais  garder  aucun  bé- 
néfice. Ce  faim  homme  mourut  en 
1653.   On  a  de  lui:  I.  Des  Lettre/, 

II.  Un  Livre  de  piété  ,  intitulé: 
Conduite  à   la  perfeMion  Chrétienne  : 

III.  Quelques  autres  Ouvrages,  qui 
donnent  une  foible  idés  de  fes  talens 
&  de  fon  jugement. 

YVAN-BERUDA,  (Dom  Mar- 
tin )  grand-maître  d' Alcantara ,  vers 
la  en  du  XIV*  fiecle  ,  étoit  Portu- 
gais, Il  prit  beaucoup  de  part  aux 
guerres  d'Efpagne  ,  &  fe  montra 
toujours  zélé  pour  le  parti  de  la  Caf- 
til'3.  Vers  Tan  1394,  trompé  par 
un  Hermite  vifionnaire  ,  nommé 
Jean  Sugo  ,  il  fe  crut  deftiné  de 
Dieu  p9ur   faire  la  conquête  de 


.   Y  V  E        49Î 

Grenade  ; ,  &  fur  cette  folie  imagi- 
nation ,  il  fit  une  irrupuon  dans  le 
royaume.  11  fut  défait  &  tué  fur  la 
place  ,  avec  un  grand  nombre  de 
gens  de  condition ,  trompés  comme 
lui.  Cependant  les  Maures  permirent 
que  le  corps  à*Yvan  fût  porté  à  Al- 
cantara ,  où  ce  feigneur  avoit  or- 
donné que  l'on  gravât  fur  fon  tora-N 
beau ,  ces  mots  ,  monument  de  fa 
vanité  :  Ci  git  T'y  as  ,  dont  U  cœur  fut 
exempt  de  crainte  au  milieu  des  dan^ 
gers.  On  dit  que  Charles- Quint  ^  ayant 
oui  raconter  l'hifloire  de  ce  grand- 
maitre  ,  &  réciter  l'Epitaphe ,  dit 
qu'î/  ne  croyolt  pas  que  ce  fanfaron  eût 
jumAs  éteint  une  chandelle  avec  Us 
doî&s, 

YVEL,  (Jean)  Voy,Uw^u 
I.  YVES ,  (  Saint  )  naquit  à  Ker- 
martin  ,  à  un  quart  de  lieue  de  Tré-* 
guier,  en  1153  ,  d\me famille  noble. 
Il  étudia  à  Paris  enphilofophie,  en 
théologie  &  en  droit-canon ,  &  alla 
enfuiie   faire  fes  études  de  droit- 
civil  à  Orléans.  De  retour  en  Bre- 
tagne ,  il  fe  rendit  à  Rennes  pour, 
fe  nxcttre  fous  la  difcipUne   d'un 
pieux  &  favant  religieux ,  &  devint, 
peu  de  temps   après  ,    officiai  du 
diocefe  d2  cette  ville.  Il  exerça  cet 
emploi  avec  tant  de  fageffe  &  de 
défintéreffement ,  que  l'évêque  d,e 
Tré^uier  le  rappela  ,  le  fit  fon  offi- 
ciai ,  &  le  chargea  de  la  cure  de 
Trefdrets ,  puis  de  celle  de  Lohanec. 
5/  Yves  s'y  montra  un  pafteur  aélé 
&  un  bienfaiteur  libéral.  Il  termina 
fa  fainte  carrière  en  1 303  ,  à  5  o  ans, 
&  fut  canonifé  par  Clément  Vi  en 
1347.  Les  favans  doutent  qu'il  ait 
exercé  la  profeflion  d'avocat. 
'II.  YVES  DE  Paris,  nèdans 
cette  ville,  y  exerça  d'abord  la  fonc- 
tion d'avocat.  Détrompé  des  vains 
plaifirs  du  fiecle ,  il  fe  fit  Capucin  , 
&  fe  confacra  à  la  converfîon   des 
pécheurs  &  des  hérétiques.  Après 
avoir  rempli  pendant  60  ani  cette 
noble  &  pénible  carrière  »  il  mou- 


494        Y  V  É 

rut  ea  167J  ,  à  8y  ans.  Le  Père 
Yvu  avoit  plus  de  zèle  que  de  lu- 
fliieres.  Son  enth#liiiarme  pour  l'é- 
tat religieux  &  fur-tout  pour  ce- 
lui de  Capucin ,  étoit  extrême.  On 
a  de  luiplufîeurs  Ouvrages  de  piété 
dont  le  ftyle  eft  fort  guindé,  & 
quelques  autres  produûions  qui 
érent  du  bruit  dans  le  tems.  I« 
Hturemx  Succis  de  la  piété  ^  &  Trlont" 
fhe  de  U  vît  ReUpeufe  :  cet  ouvra- 
ge, dans  lequel  l'auteur  élevé  le^ 
Qergé  régulier  fur  les  débris  du^ 
féculier»  fut  cenfuré.  II.  On  lui 
attribue  VAfirologîit  nova,  Methodus  ^ 
fous  le  nom  6!AUaust  Arabe  Chré* 
«en, Rennes,  1654,  in-folio.  111. 
Fatum  Un'iverfi ,  fous  le  même  nom 
êc  même  date.  IV .  Enfin,  une  Dljfef 
Éotîon  fur  le  livre  du  Deftî/iy  165  ^  , 
in-fbl.  Tous  ces  Ecrits  font  pleins 
d'idées  bizarres  &  extravagantes. 
Il  prédit  dans  le  fécond  Traité  , 
une  grande  défolation  en  Angle- 
ttrre  pour  l'année  i  7  J  6.  Cette 
vaine  prédi^ion  fe  trouve  dans 
l'édition  de  1654,  qui  eft  rare.  Il 
y  9  des  correâions  &  des  retran- 


vvo 

cliemefls  dans  les  éditions  fuivMf-' 
tes ,  £siites  fur  les  plaintes  des  Puif- 
fances  maltraitées  dans  cet  Oa<* 
vrage. 

YVES,  Foy.SAINT^YvES. 

YVES  DE  Chartres,  f^oye^ 

IVES. 

YVETAUX,  Toy.IvETEAux. 

YVON,  (Pierre)  étoit  de  Mon- 
tauban  en  Languedoc ,  où  le  vi- 
fionnaire  Lahadîe  avoit  été  minif- 
tre  de  l'Eglife  Prétendue-Réfor- 
mée. Il  le  fuivit  en  fiollande  ^  &  ftr 
trouva  à  Middelbourg  dans  le  temps 
que  cet  infenfé  y  étoit  minifire* 
Celui-ci  ayant  été  chaiTé  de  cette! 
Eglife ,  fe  retira  en  Hollande ,  où 
rvon  le  fuivit.  Après  la  mort  do 
Labadu ,  il  fut  chef  des  Labadiftes^ 
&  s'établit  à  "Wiéirert  en  Frife. 
Il  y  prêcha  à  fon  petit  troupeau, 
&  devint  fur  la  fin  de  fes  jour» 
feigneur  de  ce  village.  On  ignore 
l'année  de  fa  mort,  n  laiila  plo- 
fieurs  Ouvrages  remplis  de  fon  fa-» 
natifme,  &  dont  aucun  ne  métkê 
d'être  cité. 


495 


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ce 
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1^ 

f 
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4 


I.  ZaBAKELIA,  (Fratiçoîs)  0< 

ZAMARM.LL1S  ,     pluS    COOIIU    fôUS 

le  nom  de  Cardinal  de  Flormu^  étu- 
dia à  Bologne,  le  Droû-canonique  i 
qu'il  profeffa  à  Padoue  fa  fntrie. 
Cette  ville,  affiégée  par  les  Vé- 
nitiens en  1406,  députa  Zahartlla 
au  roi  de  France  ,  pour  lui  de- 
mander du  (ecours  *,  mais  il  ne  put 
pas  en  obtenir.  De  Padoue  il  pafTa 
à  Florence.  Le  fuccès  avec  lequel. 
il  profefia  le  droit ,  le  iit  élire  ar- 
chevêque i  mais  le  pape  prévint 
cette  éleôion,  &  ZabanUa  demeu- 
ra fimple  particulier,  jufqu'à  ce 
que  Jean  XXIII  l'appela  à  fa  cour. 
Ce  pontifie  lui  donna  ce  même  ar- 
chevêché, l'honora  de  la  pourpre, 
&  l'envoya  en  141 3  vers  l'empe- 
reur Stgifmond,  qui  demandoit  la 
convocation  d'un  concile.  On  con- 
vint qu'il  fe  tiendroit  à  Confiance. 
Le  cardinal  de  Florence  iignala  ion 
zèle  &  fes  lumières  dans  cette  af- 
iemblée ,  dont  il  fut  un  des  plus  il- 
luftres  membres.  On  croit  que^ 
s'il  eût  vécu  îafqu'à  TéledHon  d'un 
pape ,  on  auroit  ieté  les  yeux  fur 
lui  ',  mais  il  mourut  dans  le  cours 
du  concile,  le  16  Septembre  1417, 
à  78  ans ,  un  mois  &  demi  avant 
Téleâion  de  Martin  V,  L'empereur 
&  tout  le  concile  affîfterent  à  fes 
funérailles,  &  U  Pogge  prononça 
fon  Oraifon  funèbre*  On  Z  de  Za^ 
harelia  :  1.  Des  Commcmtairts  fur 
Us  Décrétalcs  &  fur  les  CUmoui- 
iM^,  en  6  vol.  in-folio*  II.  Déé 
Q>nfàls  en  un  vol.  III.  Des  Ha- 
rangues  &  des  Lcttret  en  un  vol. 
in- fol.  IV.  Un  Traité  di  Horis  fan»' 
nicis,  V.  De  ftUcitate  llbri  très,  VI. 
Varim  Ufftm  repetidones,  VU.  Opttf" 
€ùU  dt  Ambiu  ûbtraUbut.  VUl.  Dt 


natttra  Refam  dîverfarum,  IX.  Corn* 
meotaru  in  natwralem  &  moralem 
Philofopfdam,  X.  Nîflon^fuî  tempo* 
tis^  XL  Jâa  in  Conci/iis  Plfano  & 
Confiantienfi,  Xll.  Des  Notes  fur 
l'Ancien  &  le  Nouveau-Teftament. 
Xin.  Un  Traité  du  Sehi/me,  1565, 
in- fol.  Les  Protetlans  ont  fou  vent 
fait  imprimer  ce  Traité  du  Schifmef 
parce  que  ZabareUa  y  parle  avec 
beaucoup  de  liberté  »  des  papes  &; 
de  la  cour  de  Rome*,  &  c'eft  auOS 
pour  cette  raifon  que  ce  livre  a 
été  mis  à  V  Index.  Il  attribue  tous 
les  maux  de  l'Egltfe  de  fon  temps,  à 
la  ceflation  des  Conciles ,  &  ce  der- 
nier défordre  à  Tambidon  des  papes 
qui ,  dans  le  gouvernement  de  l'E- 
glife,  imitant  plutôt  la  conduite  det 
princes  temporels  que  celle  de» 
Apôtres,  ont  voulu  tout  décider 
par  leurs  propres  lumières. 

II.  ZABAR£LLA,(Bardiélemi> 
neveu  du  précédent ,  profefla  1« 
Droit>canon  à  Padoue  avec  beau- . 
coup  de  réputation»  Il  fut  enfuittf 
archevêque  de  Florence,  &  référen- 
daire de  l'Eglife  fons  le  pape  Eugène 
IK  U  mourut  en  1442 ,  à  46  ans  ^ 
avec  une  grande  réputation  àk  fa-, 
voir  &  de  pfété. 

m.  ZABARELLA>,  (Jacques) 
6Is  dn  précédent,  vit  le  jour  à  Pa-' 
doue  en  1533  ,  &  y  mourut  en 
Oûobre  15 89,, à  56  ans.  U  acquit 
une  connoiflance  profonde  de  la 
phyfique  &  de  1»  morale  à*Arifiote^ 
&  devint  profeffeur  de  philofo- 
phie  à  Padoue  en  1564.  Il  refiifa 
les  offres  que  Slgl/moad^  ror  de 
Pologne  ",  Ui  fit  pou>  l'attirer 
dans  fon  royaume.  On  a  de  Z<2- 
harella  des  Commentaires  fur  Arlf" 
tQêe^y  qu'on  range  dans  l'ordre  fui-. 


49^         Z  A  B 

vanc:  Lopca^  1597*  in-fbl. -,  iê 
Anîmâ^  1606,  in-foIio;  Pkyfica  ^ 
1601 ,  2n-fol.»  de  Rctus  naturallbiu, 
1594  ,  in-4^.  Zabarclia  foudenc 
<lans  ces  Commentaires ,  mais  plus 
pardculiéremem  dans  un  pedt Trai- 
té De  învenùotu  éuemi  Motorts ,  qui 
fait  parde  de  (es  Œuvres ,  (Francfort 
x6i8,  in- 4^.)  que  ,  par  les  prin- 
cipes à'Ariftou  on  ne  peut  donner 
'  de  preuves  de  Timmortalité  de 
l'ame.  Son  efprit  étoit  capable  de 
débrouiller  les  grandes  difficultés ,  & 
de  comprendre  les  quêtions  les  plus 
obrcures  -,  mais  il  dcnnolt  fouvent 
dans  le  Êiux ,  &  on  ne  peut  excufer 
fa  paiSon  pour  Tadrologie  &  fa 
manie  de  tirer  à^s  hororcopes. 

ZABATHEl-SCEVI ,  ou  Saba- 
TEI-5EVI ,  né  à  Smyrne  en  1626, 
du  courder  de  la  faâorerîe  An- 
gloife,  fut  élevé  avec  foin.  La 
ieâare  de  l'Ecriture- fainte  lui  fit 
naître  des  idées  fingulieres  -,  il  abu- 
£1  de  quelques  paiTages  mal -inter- 
prétés, pour  fe  perfuader  qu'il  étoit 
le  libérateur  promis  à  fa  nation  de- 
puis tant  de  fiecles.  Il  étoit  d'une 
figure  avantageufe ,  favant ,  élo- 
quent» afïeâant  la  modeilie,  re- 
commandant la  "julHce,  & /citant 
à  propos  les  Livres  faims  pour  in- 
iinuer  l'opinion  qu'il  vouloit  té- 
pandre.  Il  alla  d'abord  à  Conibn- 
dnople«  d'où  il  fut  chaiTé  par  les 
Rabbins i  de  là  il  fe  rendit  à  Jé- 
rufalem,  où  il  reçut  un  accueil 
tout  contraire.  Il  fe  fît  dès  parti- 
y  fans,  qui  l'envoyèrent  dans  divers 

pays  pour  recueillir  les  aumônes 
de  leurs  frères.  En  paffant  par  Gaza, 
il'  trouva  un  Juif  nommé  Nathan , 
homme  de  quelque  confidéradon , 
qui  l'annonça  comme  le  Rédem- 
pteur d'Ifraël.  La  populace  Juive 
fe  déclara  pour  eux  -,  mais  ceux 
qui  avoient  quelque  chofe  à  per- 
dre, les  anathémanferent.  Le  four- 
be ,  pour  échapper  à  l'orage ,  fe  re- 
tira dans  iâ  patrie.  Ns:han  Livi  lui 


z  ÀB 

envole  auffi-côt  quatre  députés ,  qui 
le  reconnoiiTent  &  le  (aluent  publia 
quemeat   en  qualité   de  Messie^ 
Cette  ambaflade  en  impofa  ^u  peu- 
ple,  &  même  a  quelques  doâeurs  « 
qui   déclarèrent   Zahathd  roi  *  des 
Hébreux ,  tandis  que  la  Synagogue 
de  Smyrne  portoit  contre  lui  un» 
fentence  de  mort.  Une  parde  de  la 
nation  Hébraïque  étant  difpofée  à* 
le  reconnoitre,  il  prit  le  dtre  de 
Roi    des  ToU  ,  &  donna  à  Jofeph 
Sévi  fon  frère  »  celui  de  Roi  de  Juda. 
Ce  fiit  alors  que  Zabathei  &  fon 
héraut  Nathan  ,  s'aviferent  de  vou- 
loir Élire  des  miracles.  Aux  prelti- 
ges ,  rinipofteur  ajouta  les  prophé- 
ties. Il  eut  rinfQlence  de  prédire  , 
que  dans  peu  le  Meffie  paroîtroit 
devant  le  grand-feigneur ,  lui  ôte- 
roit  la  couronne,  &  le  meneroit 
enchaîné  comme  un  capdf  ;  qu'en- 
ifuite  il  feroit  reconnu  monarque  de 
l'univers  ^   que  le  faint   Temple 
defcendroit  du  ciel  tout  bâti ,  orné 
fuperbement^  &  que  le  peuple  chéri 
y  offriroit  fes  facrifîces  jufqu'à  la 
fin  du  monde.  Les  Juifs  écrivoieat 
de  toutes  les  parties  de  l'Europe 
&  de  l'Afrique,  qu'ils  fe  difpofoient 
à  venir  trouver  leur    Meffîe,  & 
que  la  feule   Barbarie  fourniroit 
cent  mille  hommes.  Les  plus  in- 
fenfés ,  (  &  c'eft  toujours  le  plus 
grand  nombre  dans  une  nadon  fu- 
perflitieufe)  abandonnoient  le  com- 
merce, fe  flattant  de  ne  manquer 
de  rien ,  quand  leur  Meffîe  auroit 
achevé  i^  triomphes..  Afin  que  fes 
prophéties  fufîent  plutôt   accom- 
plies ,  Zahathèi  pardt  pour  Conilan- 
dnople,  où  il  devoit  être  folen- 
nellement  reconnu  par  fes  princi- 
paux fujets.  Mais,  en  approchant 
des  Dardanelles ,  il  fut  arrêté  & 
mis  en  prifon  dans  un  des  châ- 
teaux. Le  gouverneur ,  qui  l'avoit 
fous  fa  garde  ,  s'enrichit  des  pré* 
fens  que  les  Juifs  lui  prodiguèrent 
pour  vifîter  leur  roi.  Le  fultan  Ma» 

Iwmet 


Z  A  B 

k0ma  voulut  le  vokf  frappé  du 
2)ruit  que  faifok  Timpodurç  du 
&UX  Me^e  &  l'enthoufiafme  de  fa 
cation.  11  le  fit  venir  à  Andrino- 
ple  où  il  tenoit  alors  fa  cour.  Le 
?ultan  Tinterrogea  lui-même.  Il  lui 
dit  que,  pour  avoir  une  preuve  de 
fa  million ,  il  alloit  le  faire  atta- 
cher tout  nii  à  un  poteau  pour 
fervir  de  but  à  fes  plus  habiles  ar- 
chers ,  &  que  fi  fon  corps  étoit 
Impénétrable  à  leurs  flèches  ,  il 
le  rcconnoîtroit  pour  le  véritable 
Mefiie.  Zahathtî  n'ofa  s'expofer  à 
une  pareille  épreuve  ;  &  pour  évi- 
ter la  mort  dont  il  étoit  menacé , 
il  embrafia  leMahométifme.  Sa  con- 
verfion  n'étoit  pas  fincere.  Le  ful- 
tan  ayant  eu  avis  que ,  malgré  fon 
changement  de  religion ,  il  ne  laif- 
foit  pas  d'affifier  fecrétement  auv 
lêces  des  juifs,  le  fit  conduire < 
avec  fa  femme,  au  château  deDul- 
cigno  fur  les  confins  de  l'Albanie. 
CeA  dans  cette  prifon  qu*il  mou- 
lut en  1676 ,  à  rage  de  cinquante 
ans,  méprifé  des  Miifulmans,  tx. 
détefté  des  Juifs  que  fon  aventure 
avoit  couverts  de  confufion.  L'au- 
teur du  ^meUX  DîHîonnaîrc  Philo^ 
fophiquc  ,  dit  que  Zabathà  eft  le 
dernier  £aux  Meifie  qui  ait  paru. 
il  aiuroit  dû  dire,  que  c'efi  le  der- 
nier' qui  ait  fait  un  certain  bruit  v 
car  on  vit  après  lui  un  autre  im- 
poÛew  de  €e  genre  dans  le  dernier 
£ecle,  Se  on  en  a  vu  même  dans 
celui-ci.  • 

ZABlflLON ,  6*  fils  de  Jacoh  & 
i^e  Xitf  t  naquit  dans  la  Méfopota- 
mie  vers  l'an  174S  avant  Jefus- 
Chriû.  Jacoi ,  donnant  au  lit  de  la 
inort  fsf  dernière  bénédi£tion  à  fes 
cnÊKis  »  dit  à  Zabulon ,  qu'il  ha- 
iîteroh  fur  le  hord  de  la  Mer  &  dans 
U  Port  des  VaiJfeaUXf  &  qu\îl  séten," 
àroU  jufqu*à  Sîdon.  La  Tribu  de  Za- 
iulon  eut  en  effet  fon  partage  dans 
le  pays  qui  s'étend  depuis  la  Mer 
de  Galilée  à  rOrient  y  jufqu'à  U 
Tome  IX. 


,     Z  A  C         49f 

Mer  Méditerranée  à  TOctidenn 
ZACAGNI,  (  Laurent -Alexan* 
dre)  critique  &  littérateur  Italien  « 
mort  à  Rome  vers  17I0,  eut  un 
goût  décidé  pour  l'étude  eccléfiad 
tique.  Il  entra  de  bonne  heure  dans 
les  ordres  >  qui ,  en  le  débarraflané 
des  foins  du  fiecle ,  lui  laiiOToient 
plus  de  loifir  pour  vaquer  à  Té- 
tude.  Il  regarda  les  langues  com^ 
me  un  moyen  pour  réuffir ,  les  ap- 
prit i  &  ayant  fait  connoàtre  fon 
érudition  par  quelques  Ouvrages  k 
il  fut  placé  en  qualité  de  garde  dans 
la  bibliothèque  Vaticane.  Cet  em- 
ploi le  mit  à  portée  de  déterrer  plu- 
fieurs  monumens  eccléfiafiiques  ^ 
dont  il  publia  le  Recueil  fous  ce  ti- 
tre: Colleclanea  Monumtntorum  vête* 
rum  EccleJU  Grcec»  &  Latina,  in-4% 
komse,  169S. 

ZAÇCHIAS ,  (  Paul  )  médecin  du 
pape  Innocent  X^  mort  à  Rome  fa 
patrie  en  1659»  à  75  ans,  culti- 
va les  belles-lettres,  la  poéfie,la 
mufiquei  la  peinture,  &  toutes  les 
fciençes.  La  variété  de  fes  connoif- 
fances  ne  nuifit  point  à  fon  appli- 
cation à  la  médecine.  On  a  de  iui^ 
I.  Un  livre  intitulé  ;  QuajUones  Me- 
dico-Lsgales  ^  dont  il  y  eut  plufieurs 
éditions ,  &  Tune  entre  autres  de 
Lyon  en  1716 ,  en  j  tom.  in-foU 
Cet  ouvrage,  trop  diffus  ,  offre 
beaucoup  d'érudition ,  de  jugement 
&  de  folidité;  &  il  efl  néceffaire 
?ux  théologiens  qui  s'appliquent 
à  l'étude  des  cas  de  confcienCe.  IL 
Un  Traité  en  italien ,  intitulé  :  td 
Vie  Quadragéfimale ^  Rome,  1673  ^ 
in-8°.  Ce  livre  roule  fur  les  dif- 
penfes  de  l'abfiinence  du  Carême.- 
lÏL  Trois  Livres,  en  italien,  fur 
les  Maladies  hypocondriaques  ,  &C..4 
,  Veaife,  1663  ,  in-4^. 

I.  ZACHARIÈ  ,  fils  de  Jéra^ 
hoam  II,  roi  d'Ifraël»  fuccéda  A 
fon  père  l'an  770  avant  J.  C.  ;  mai^ 
fan  règne  ne  dura  que  fix  mois^ 
S*éta&t  rendu  criminel  aux  you^ 

Xi 


49^         Z  A  C 

du  Seigneur  ,  comme  les  pertSf 

Sdlmn ,  fils  de  Jabh ,  conTpira  con- 
tre lui ,  le  tua  à  la  vue  du  peu* 
pie,  &  prit  fa  place. 

II.  ZACHARIE,  61s  àeJoUda, 
grand-prêtre  des  Ju^ «fie  de  Jocaha^ 
fille  de  hram  roi  de  ^da ,  fuccéda 
â  fon  père  dans  la  fouveraine  fa- 
crificature.  11  fut  imitateur  du  zèle 
^ue  cet  illuftre  pontife  avoit  pour 
la  gloire  de  Dieu.  Après  la  mort  de 
ee  fatnt  homme,  qui  par  fa  piété 
&  fa  fermeté  avoit  contenu  h^u 
dans  îoxkr  devoir ,  ce  prince ,  fë- 
duit  par  les  difcours  flatteurs  de  fe» 
^ourtifans ,  confentit  au  rétablifle- 
snent  de  l'Idolâtrie.  Zacharlt ,  rem* 
pli  de  l'ETprit  divin ,  voulut  s'op-' 
pofer  à  ee  culte  facrilége;  mais  le 
peuple ,  excité  par  Joas  lui-même» 
l'aÛbmma^  à  coups  de  pierres. 

III.  ZACHARIE,  l'un  des  xiz 
petits  Prophètes ,  flls  de  Baraehiat 
&  petit-fils  d'Addo ,  ^t  envoyé  de 
Dieu  en  même  temps  qti'A^^,  pour 
encourager  les  Jui&  à  bâûr  le  tem- 
ple ,  &  ce  (ut  la  ix^  année  du  règne 
de  Darius ,  fils  ^Hyfiaffts ,  l'an  520 
avant  J.  C  On  ignore  le  temps  &  le 
lieu  de  la  naifiance  de  ZacharU»  Le 
filence  de  l'Ecriture  fur  ces  deux 
points ,  rend  fu(peâ  tour  ce  que  les 
commentateurs  etk  difent.  La  Pro- 
phétie àtZackarie  efi  divifée  en  xiv 
chapitres ,  &  ce  qu'il  dit  touchant 
le  Meffie  efi  fi  clair,  qu'il  en  parle 
en  Evangélifte  plutôt  qu'en  Pro- 
phète :  Exulta  fatîs ,  fiUa  Sîon  ;  ju" 
iiUk ,   filia  Jeru/alem  ^  EccE  lUx 

rUUS  VENIET  TlBt^juflus  &  Soi-- 
rotor:  îpfc  pauper  ,  &  afcendms  fupcr 
afinam  &  Juper  pullum  filîum  afirut, 

IV.  ZACHARIE,  prêtre  de  la 
Êimilie  A^jlhia  ,  étoit  époux  de 
Saînu  Elifabeth ,  coufine  de  la  Sainte 
Vierge.  Ils  n'avoient  point  eu  d*en- 
fans  ,  quoique  déjà  avancés  en 
âge;  mais   un   Jour  que  Zacharît 

vfaifoitfes fondrions  au  temple,  un 
Aagje  lui  apparut  »  &  lui  annonça 


IkC 

qulî  auroît  un  fils.  Comme  9  6$' 
foit  difficulté  de  croire  à  la  parole^ 
de  l'Ange ,  celui-ci  lui  prédit  qu'en 
punition  de  fon  incrédulité ,  //  alloti 
devenir  muet ,  jufqu  à  l'entier  accom-" 
p1tfi[(ement  de  la  promefie  qu'il 
lui  Êiîfoit  de  la  part  deDieu.L'évé* 
nement  s'éfant  accompli ,  au  ma* 
ment  même  fa  langue  fe  d^lia, 
&  il  fe  fervit  du  prodige  qui 
s'opéroit  en  lui  ,  pour  chanter 
le  fiiblime  Canti:|ue  BeneMSus^ 
Voilà  tout  ce  que  TËvangile  nous 
apprend  du  père  de  S,  Jeau-B^ 
ûfit.  Les  autres  particularités  que 
l'on  apute  fur  û  vie  &>  fur  £f 
mort,  font  tirées  de  fources  trop^ 
fiifpeâes  pour  mériter  que  Toa  ca 
fefle  mention. 

V.  ZACHARIE,  (S.)  Grec  dr 
naifTance ,  monta  fur  la  chaire  de 
Saint-Pierre  après  Grégoire  111 ,  cf» 
741.  Il  célébra  divers  conciles  pour 
rétablir  la  difcipline  eedéfiaftique. 
Il  racheta  beaucoup  d'efclaves,  que 
des  marchands  Vénitiens  vouloieni 
mener  en  Afrique  pour  les  vendre 
auxlnfidelles,  &  établit  unedifiri*' 
budon  d'aumônes  aux  pauvres  6t 
aux  malades.  Son  amour  pour  le 
dergé  &  le  peuple  Romain  étoit  6 
vif ,  qu'il  expofa  plufieurs  fois  fir 
vie  dans  les  troubles  qui  agîtoienr 
alors  l'Italie.  Ce  pontife  mourut  le 
14  Mars  75  2 ,  &  fut  pleuré  comme 
un  père.  Sa  clémence  étoit  telle» 
qu'il  cpmbla  d'honneurs  ceux  qut 
Tavoient  le  plus  perfëcuté  avatf 
ion  pontificat.  Ce  fiit  Zacharîe  qui 
commença  la  Bibliothèque  dite  ^i-  J 
ticanc,  devenue  depuis  fi  célèbre»  ' 
Nous  avons  de  lui  :  I.  Des  Epitretm 
II.  Quelques  Décrets,  III.  Une  Trà" 
duciion  de  latin  en  grec,  des  Diilo' 
gués  de  Saint  Grégoire ,  dont  la  plnl 
belle  &  la  plus  ample  édinon  eft 
celle  de  Canlfius,  avec  des  Notes 
utiles. 

VL  ZACHARIE  de  Lisievx, 
Capucia»  ni«n  çn  i66x  »  âgé  de 72  ^ 


2  Ae 

tts ,  -éft  auteur  de  quelques  tr^tis , 
imoUié  moraux  ,  moitié  fatiriques , 
qui  proilvent  que  les  écrivains  La- 
tins lui  étoient  familiers.  Trois 
entre  autres  de  ces  produâions 
font  fort  connues.  I.  Saculi  Genius  « 
imprimé  pluiîeurs  fois.  II.  Gyges 
Gal/us.  Dans  l'un  &  l'autre  le 
Père  ZacharU  a  pris  le  nom  de 
Parus  Firmîams,  Le  Gy$cs  GailusA 
été  imprimé  à  Paris  en  1658,  in-4**^ 
avec  un  autre  Ecrit  de  lai ,  intitulé  i 
Somma  SapîMtls,  En  17^9 ,  un  Al- 
lemand t  nommé  GabrUl  Lclbhtt, 
épris  des  beautés  qu'il  crut  trou- 
Ver  dans  lé  Gygcs  Gal/us,  le  fit 
téimprimer  avec  des  Notes ,  à  Ra* 
tisbonne ,  in-S^i.  L'éditeur  le  re'- 
garde  dans  la  Préface  comme  un 
chef-d'oeuvre  de  bon  fens,  de  ju- 
gement &  de  latinité.  Il  ne  manque 
à  cet  éloge  que  d'être  diâé  par  le 
.  goût.  Il  y  a  quelques  agrémens  dans 
le  ilyle  4u  Capucin  ;  mais  ces  livres 
iie  font  pas  des  chef-  d'oeuvres.  On 
a  encore  de  lui ,  Rt/adon  du  pays 
dt  Janfénît ,  Paris,  1660  ,  in- 8,^  Il 
y  a  dans  ce  livre  quelques  bonnes 
plaifanteries  ;  il  le  publia  fous  le 
nom  de  Louis  Fontaines, 

ZACHÉE ,  princtf  des  Publicains, 
demeuroit  à  Jéricho  î  il  ofïrit  à  Jefus- 
Chrifià^  donner  la  moitié  de  Ton  bien 
aux  pauvres ,  &  de  rendre  le  qua- 
druple à  ceux  à  qui  il  avoit  £ait 
ton.  Ceft  à  quoi  les  lois  Romaines 
condamnoient  les  Publicains  con- 
vaincus de  concuffion.  L'Ecriture 
lie  nous  apprend  rien  de  plus  fur 
Zackée}  on  ne  fait  s'il  étoit  Juif 
ou  Gentil  avant  fa  converfion^ 

ZACHt-LÉEVEK,  (Herman) 
peintre,  né  à  Roterdam  en  1609 , 
mort  à  Utrecht  eo  16SI5.  Ce  maître, 
un  des  meilleurs  payfagiftes,  fit 
des  Tableaux  très-piquans,  par  le 
choix  agréable  des  fîtes ,  par  fon 
coloris  enchanteur ,  par  l'art  avec 
lequel  il  y  a  repréfenté  des  loin- 
faim  clairs  &  légers  qui  femblent 


2  A  Ô        4^ 

mit  &  s'échapper  à  la  vue.  Sçs  def- 
fms  au  crayon  noir  font  très-re-^ 
cherchés.  Il  eut  pour  élevés ,  Jean 
Griffier  &  Corneille  Zacht  -  Ueven 
fon  frère,  mort  à  Rotterdam; 

ZACUtUS ,  dit  Lufitanus  ^  parç<j 
^U'il  étoit  de  Lisbonne  en  Portu-^ 
gai  i  où  il  naquit  eh  157c  ^  fut 
élevé  dans  la  Religion  Chrétienne, 
émdia  en  médecine  4  &  flit  reçii 
doûeur  dans  l'Univerfité  dé  Si- 
guenra*  En  161 J ,  le  roi  PldUppt  iV 
ayant  ordonné  de  feirc  fbrtir  tou^ 
les  Juifs  de  Portugal  ,  Zacut  qui 
avoit  cependant  fait  profefîion  à 
Textérieur,  de  la  Religion  Catho* 
lique ,  faifi  de  Crainte  *  fé  retira  à 
Amflerdam  où  il  fe  fit  circoncire* 
Il  mourut  en  1642 ,  à  67  ans.  Nous 
avons  de  lui  divers  Ouvrages  dé 
Médecine,  en  2  vol.  in^foL,  à  Lyon 
en  1649.  I^  I;  '  vol*  Contient  fix 
livres  De  MeMcohm  principum  hifi 
iorid.  On  y  trouve  du  fâvoir  fit 
plufieurs  obfervations  curieufes^ 
dont  les  médecins  peuvent  profiter  % 
mais  il  y.  en  a  quelques-unes  dd 
hafardées.  Cette  coUeôion  n'cfl  pai 
complète:  on  y  a  omis  plufieurs 
de  fes  Ouvrages  intéreflans ,  in^pri* 
mes  à  Amflerdam  en  1641  &  174a* 
Il  étoit  arriei^^petit-iils  âiAbraham 
ZjtGUT ,  né  à  Salamanque ,  qui  fe 
diftingua  en  Portugal  par  fon  ha* 
bileté  dans  la  chronologie^  dans 
Thifloire  &  dans  l'aflronomie ,  & 
qui  efl  auteur  du  livre  Juchafit^ , 
chronologie  judaïque  depuis  la 
création  jufqu'à  l'an  J260  ou  1 5  09 
de  TEre  vulgaire. 

Z  A  G  A-C  R I S  t,  prétendu  roi 
d'Ethiopie  i  étoit  iiTu ,  à  ce  qu'il 
difoit,  du  prince  Jacques^  fils  na- 
turel du  roi  d'Ethiopie.  On  voîl- 
fon  hiftoire  dans  le  Recueil  dcà 
împofieurs  à}iî\eaxdeRocoUs,  Il  pafià 
de  r  Abyffînie  en  Egypte  4  d'Egypie 
à  Jérufalem,  de  là  à  Rome,  &  de 
Rome  à  Paris,  avec  M.  de  Créqui,  qui 
avoit  été  ambafTadeur'  de  France  ^ 
Il  ij 


^ôo       2  A  H 

Kome.  Il  en  partit  après  uli  lëjouf 
'ë'environ  deux  ans  »  véctic  trob 
ans  à  Paris ,  &  mourut  à  Ruel ,  en 
163S ,  âgé  de  18  ans ,  des  fuites 
de  fes  débandies.  On  fit  courir  ces 
▼êrs  à  fa  mort  : 

Ci  ^  da  Roi  d* Ethiopie  f 
L'original  ou  la  copie» 
Fut-il  Koi ,  tie  le  fia-Il  pas  ? 
La  mon  termine  les  déîats^ 

ZkKS ,  (  Jean  )  Prémontré ,  prc- 
^bt  de  la  Celle  près  'Wurtzbourg , 
s'occupoit  d'expériences  phyfiques 
dans  Tes  loiiîrs  daufiraux.  On  a  de 
lui  :  I.  Spécula  notàbiHam  ac  mira*' 
hilium   Scîentiarum  «  Norîfflbergae , 

- 1696,  3  vol.  in-fol.  II.  Ocuùts  Tefe- 
dioptricûs ,  1701 ,  in-fol.  Il  rejetoit 
follement  le  fyftême  de  Copemte, 
(&  étoit  fort  attaché  aux  anciennes 
idées.  Il  mourût  en  ijoj, 

ZALEUCUS ,  &méux  légiililteur 
des  Locriens,  peuple  d'Italie  «  vi- 

'iroit  (oô  ans  avant  JeTus-Chrxift.  Il 
s'eft  fait  un  nom  immortel  par  la  fa* 

'  {eiféde  fes  Lois ,  dotit  il  ne  nous 

'  refle  prefque  plus  que  le  préambule. 
Son  but  étoit  de  conduire  les  hom- 
mes plutôt  par  Thonneur  que  par 

-  la  crainte.  Il  fit  auifi  ptuiîeurs  ré- 
'  glemens  fort  fages  au  fu}et  des  pro- 
'  ces  &  des  contrats.  Pythagore  avoit 

été  fon  maître,  &  il  avoit  en  lui 
lin  difciple  y  qui  enfeignoit  la  vertu 
lutam  par  fcs  exemples  qtie  par  fes 

•  leçons.  Une  de  fes  Lois  condam- 
noit  à  avoir  les  yeux  crevés  pour 
un  adultefe.  Quelque  temps  après, 
fon  fils  étant  convaincu  de  ce  crime, 
&  le  peuple  voulant  lui  faire  graçe , 
Zaleueus  s  y  oppofa.  Mais  à  la  fois 

'  bon  père  8c  légiilateur  équitable , 
il  fe  priva  d'un  de  fes  yeux  ponr 

-  éviter  la  moitié  de  la  peine  à  ion 
£ls.  Cet  exemple  de  juflice  fit  une 
fi  forte  impreféon  dans  les  efprits , 
^u'on  n'entendît  plus  parler  de  ce 
vice  pendant  le  règne  de  ce  légtf- 
loteur.  Elien  dit  qu'il  dé£eadit  le 


2  A  M 

▼h  aux  malades ,  fous  pône  êè 
mort ,  à  moins  que  le  médecin  ne 
l'ordonnât.  11  fut*  dit-on ,  fijaloux 
des  Lois  qu'il  avoit  établies ,  qu'il 
ordonna  que  »  Quiconque  veu- 
**  droit  y  changer  quelque  chofe« 
^  feroit  obligé ,  en  propo£mf  £i 
•  nouvelle  Loi,  d'avoir  la  corde 
M  an  cou ,  afin  d'être  étrai^lé  for 
>>  le  champ ,  au  cas  que  la  fienne 
»  valût  beaucoup  mieux  que  Tau- 
»  ire  M.  Dioiore  ie  Siàle  attribue  la 
même  chofe  à  Chaiwiéas ,  légiila- 
teur des  Sybarites. 

ZALUSKI,  (André<hryfofiome> 
naquit  en  Pologne  &  parcourut  les 
Pïtys-Bas  ,  la  France  &  lltalie-,  à 
fon  retour  il  obtint  un  canonictt 
à  Cracovie,  puis  l'évèché  de  Plo- 
ckho.  Quelque  temps  après  il  fiit 
nommé  ambaftadeur  en  Portugal  & 
en  Ëfpagne.  Après  avoir  été  cn»- 
playé  dans  plufieuts  a£Eaires  aufi 
épineufos  qu^embarraflantes,  il  mou- 
rut évêque  de  Varmie  &  grande 
chancelier  de  Pologne  en  171 1 ,  â 
61  anSk  Ce  prélat  eft  piincipalemeat 
ciélebre  par  ^  vol.  in-fol.  ésLeuru 
Latines  ,  imprimées  depuis  1709 
Jtifqu'à  1711  »  dans  lefquelles  oa 
trouve  une  îhfinité  de  faits  très- 
intéreflâns  fur  THiftoire  de  Pdo* 
gne,  &  même  fur  celle  de  l'Europe. 

I.  ZAMBRI ,  fils  de  Salu,  & 
dief  de  la  tribu  de  Siméon ,  éta»t 
entré ,  à  la  vue  de  tout  le  mondes 
dans  ime  tente  où  étoit  une  fomme 
Madianite ,  nommée  Coihi  »  y  fit 
fuivi  par  Pkmées ,  fils  du  grand- 
prêtre  EUaiar\  qui  perça  ces  deux 
infâmes  d'un  feul  coup. 

II.  ZAMBRI ,  officier  du  roi  BU^ 
commandoit  la  moitié  de  la  cava- 
lerie#  S'étant  révolté  cotitre  foa 
maître ,  il  l'aflaifina  pendant  qu'il 
buvoit  à  Therfa  dans  la  maifon  du 
gouverneur,&  s'empara  du  royaune 
l'an  918  avant  Jefus-Chrifi.  Diev» 
qui  l'avoit  clioifi  pour  être  Tinfiru- 
ment  de  ùk  vengeance  cootte  ht 


Z  A  M 

affiplétés  de  Ba^fa  ^  ffi  fervit  de  £ba 
nliaifterè  pour  exterminer  tout  qe 
qui  reftoit  de  la  famille  de  ce  roi. 
Zambrî ,  après  avoir  accompli  les 
diefièins  de  Dieu  fur  des  criminels 
^e  fa  jufliceavoit  condamnés,  ne 
jouit  pas  long-temns  du  fruit  de  fa 
révolte  &  de  fa  trahifon»  Sept  jours 
après  fonufUrpaûony  l'armée  d'If- 
irgel  établit  pour  roi  Ami ,  &  vint 
affiéger  ZAtn^ri  dans  la  ville  (^ 
Therfa.  Cet  ufurpateu»  fe  voyant 
for  le  point  d'être  pris  ,.  fe  brûia 
dans  le  palais  avec  toutes  fes  rt- 
chefTes»  &  mourut  dans  (les  ini- 
quités.^ 

ZAMET,  (Sébaûien)  riche  fi- 
nancier fous  le  règne  éUiHfnrl  IV  ^ 
étoit  de  Lucques  en  Italie*.  Il  fut 
<|'abord  le  confident  du-  duc  dt 
Mayenntii  mais  il  fe  rangea  enfuite 
du  parti  du  rôi ,  qui  l'aima,  beau- 
coup. On  prétend  qu'il  avoit  été 
cordonnier  de  ^«ïri///.  Il  fit  une 
fortune  rapide  &  prodigieufe.  D^s 
l'an  1^85.,  il  éfoit  intérefTé  dans 
I45  ifel  pour  70  mille  içm.  Il  mourut 
%  Paris  le  14  Juillet  1 614,  âgé  de 
62  ans ,,  avec  les  titres  de  confeiller 
du  roi  en  {es  confeils ,  gouverneur 
de  Fontainebleau ,  furintendant  de 
la  maifon  de  la  rein0»mere ,  baron 
de  Murât  &  de  Billy.  Il  laifTa  deux 
£,1$  de  Magdcletne  le  Clerc  du  Tremblai, 
L'aîné  Jean ,  maréchal  de.  camp , 
Inrnommé  le  graad  Mahomet  par  les 
Huîgueaiots  qu'il  perfécuçoit,  fut 
tjué  d'un  coup  de  ca.npa  au^  fiége 
de  Montpellier  ,  le  8  Septembre 
1^12.  lie  cadet  Sébafllen^  mourut 
le  2  Février  165  f,  évêque  -  duc 
de  Lang^res  &  premier  aumônier 
de  la  reme.  Ce  fut  Sébfiftien  Zamtt^ 
leur  père  ,  qui,  répondit  froide- 
ment aU' notaire  qui  ^paflbit  Je  con* 
trat  de  mariage  d'une  de  fes  filles , 
Zf.  lui.  demandoit  la  qualité  qu'il 
vouloit  prendre  au  contrat  ?  't  Qu'il 
«  n'av^oit  qu'à  lui  donner  celle  de 
j»  Stiff^m.   de,  dl»'fej^t  Qwu   mîMi 


Z  A  M         $01 

»>  icus  »,  Ce  trait  a  été  fort  hea-. 
reufiement  copié  par  des  Touches 
dans  fa  Comédie  du  Glorieux,  Za- 
met  faifoit  un  ufage  magnifique  de. 
fes  richeffes;  il  avoit  les  premiers 
/eigneurs  de  la  cour  à  fà  table  i  6c 
Henri  IV  même  mangeoit  quelque- 
fois chez  lui.  Un  jour  qu'il  montroit 
à  ce  prince  une  maifon  qu'il  ve-. 
noit  de  faire  bâtir ,,  il  faifoit  remar- 
quer tous  les  coins  &  recoins.  Sire  , 
difoit-il  »,  y  ai  ménagé  ici  ces  deux 
f  ailes  »  là  eu  .  trois  cabinets  qyt  volt 
Votre  Majefiév  de  ce  coté,,^.,,  Ouî^^ 
om^  reprit  le  toi,  ^  de  la  rognure 
j'en  ai  fait  des  gants,,,,  Henri  IV  ne 
l'appeloit  que  Bastien.  Horace  Sl. 
Jean-Antoine  Zamet^  furent  natu- 
ralifés  François ,  &  fe  relfentirent 
de  fa  fortune  éc  de  îqvl  crédit.. & 
Voyei  iv:.  EsTRÉES (Gabriel). 

ZAMOLXIS,  efclavc  de  Pytha^ 
gore^G^ç  de  nation,  accompagna 
fon  maître  en  Egypte.  Après  avoir, 
appris  les  coutumes  des  Egyptiens  ^ 
il  revint  dans  fpn  pays ,  où  il  ci- 
vilifa  les  Getes  6c  les  Thraces.  Poue 
leur  faire  croire  ce  qu'il  leur  avoit 
prêché ,  il  fe  bâtit  une  maifon  fou- 
tetraine ,  dans  laquelle  il  fe  cach^ 
pendant  3.  aos.  On  le  croyoit  mort;;, 
il  reparut  la  4*  année.  Les  Thraces 
crurent  apparemment  qu'il  étoit 
reffufcitc. ,  &  ils  n'oferent  douter  de^ 
tout  ce  qu'il  leur  avoit  dit.  Héro-^ 
dou  bkt  vivre.  Zamplxis  avant 
Pythagore  \  les  auteurs  fe  contre* 
difent  fur  l'hiàoire  de  ce  philofor 
phe,  qui  paroit  un  peu  fabuleufe. 

Z  A  M  O  R  A,  (  G^fpard)  qui  a 
donné  une  bonçe  édition  de  la  Con- 
cordofice..  de  la  Bible ,  Rouen ,  1627  ^ 
in-fol.,  eâ  plus  connu  par  cette 
édition,,  que  par  les  particularités 
de  fîi  vie. 

ZAMOBA,  VoyeiXiFQixsE  n* 
XII...  &  Sancio. 

ZAMOSKJ,(JeanOfîls  de  5m. 
ni/Za j ,  caflelan  de  Chelme,  ville  d^ 
la.EufHc  rouge  ,    homme   à*]ijL 

Il  "I 


50t         Z  A  M 

l^rand  mérite ,  fut  ëlev^  avec  foin 
par  Ton  père.  Envoyé  i  Paris  & 
cnTuite  à  Padoue»  il  y  parut  avec 
tant  de  diftin6tion,  qu'il  fut  élu 
reâeur  de  l'univerfité.  Ce  fîit  dans 
cette  fonâton  honorable  qu'il  com- 
pofa ,  eh  latin ,  fes  Livres  du  Sénat 
Jtomain  &  du  Sénateur  Parfait,  Dç 
imour  en  Pologne,  il  fut  élevé 
{lux  emplois  les  plus  confidéra- 
•blés  de  l'Etat  ,  &  fut  l'un  des  am- 
bafladeurs  envoyés  à  Paris  au  duc 
4* Anjou  en  i  5^7  3  ,  pour  porter  à 
Ce  prince  l'aâe  de  Ton  éleâion  k 
la  couronne  de  Pologne.  Etienne 
fiatfrî ,  prince  de  Tranfylvanie , 
étant  monté  fur  le  trône  de  Po- 
logne, lui  donna  fa  nieçe  en  ma- 
riage, le  fit  grand  chancelier  du 
royaume ,  &  peu  après  général  de 
fes  armées.  Zamoskl  remplit  ces 
emplois  en  grand  capitaine  &  en 
tsûzâ^e  habile.  Il  réprima  l'arro- 
gance de  BafiUde^  czar  de  Mofco- 
vie-,  délivra  la  Poléfiç,  la  Voléfie 
&  la  Livonie  ,  du  joug  de  ce 
redoutable  voiûn  *,  lui  fit  une  cruelle 
guerre  ,  &  affiégea,  dans  le  plus 
fort  d'un  rude  hiver ,  la  ville  de 
Ple&kow ,  en  Mofcovie.  Etienne 
fiattori  étant  mort  en  1 5  86,  un 
{;rand  nombre  de  feigneurs  Polo«> 
liois  voulurent  déféret  la  couronne 
i.  Zanfoski  ',  mais  il  la  refu£i ,  &  fit 
élire  Siglfmond ^  prince  de  Suéde, 
qu'il  établit  fur  le  trône  de  Pologne. 
11  mourut  en  1605  ,  honoré  du 
titre  de  Défenfcur  de  la  Patrie  6ç  de 
froteSieur  des  Sciences,  Il  y  établit 
plufieurs  Collèges  ,  y  attira ,  par 
des  penfions  les  plus  favans 
hommes  de*  l'Europe  ,  &  fonda 
}ui-mêmç  une  Univerfîté  dans  la 
ville  qu'il  fit  bâtir,  &  qui  porte 
(on  nom. 

ZAMPIEHI  ,  peintre  célèbre  « 

Yoyei  DOMINIQUIN, 

ZAMPINI ,  (  Matthieu  )  Jurif- 
confulte  Italien  ,  mais  établi  en 
Tr^OÇÇ  depuis  long-temps ,  ^é4i4  a« 


Z  A  N 
roi  Henri  ///,  en  1 5 S x ,  un  puvra|^ 
intimlé  :  De  Origine  &  Mavls  HugonU 
Capett  ;  c'eil*à'dire ,  des  Aieux  4c 
Hugues  Capet,  L'auteur  prétend  y 
montrer  que  les  rois  de  la  m* 
race  defcendent  en  ligne  mafcuHne  « 
d*Arnoul ,  fouchc  de  la  féconde  « 
&  qu'ArnotU  vient  en  même  ligne, 
de  la  tige  d'où  eft  forti  Clovlsi 
idée  plus  belle  que  folide,  à  CQ 
que  penfent  bien  des  fiivans. 

I.  ZANCHIUS  ,  ou  Zancus  , 
(  Bafile  )  de  Bergame,  prit  l'habûi 
de  Chanoine-Régulier.  Ses  çonnoif- 
fances  dans  les  humanités ,  la  phi« 
lofophie  &  la  théologie  »  lui  méri« 
terent  la  place  de  garde  de  I9 
bibliothèque  du  Vatican.  Après 
avoir  exercé  cet  emploi  avec  fuccès, 
il  mourut  i  Home  d^ns  de  grands, 
fentimens*  de  piété  ,  l'an  1 560.  On 
a  de  lui  plufieurs  Ouvrages.  Lest 
principaux  fom  :  I.  Des  Poefits 
latines ,  qui  ne  font  pas  dans  le 
premier  rang.  On  les  trouve  dans 
De/lcU  Poëtarum  Italorum,  IL  Un 
DlcUonnalrcPoëtlquç  en  latin.  HI.  Des 
Quefions  latines  fur  les  Livres  des 
Rois  &  des  Pt^rallpomenes ,  Rome  • 
1553  ,  in-4®.  Ce  lavant,  regretté 
après  ta  mort  «  efTuya  plufieurs 
tracafieries  ,  qui  empoifonnerenf' 
(a  vie. 

IL  ÏANCHIVS,  (Jérôme)  né 
en  1 5 16  ,  à  Alzano  en  Italie,  entr^ 
dans  la  congrégation  des  Chanoines- 
Réguliers  de  Latran  ^  à  l'âge  de  17 
ans ,  &  il  s'y  diflingua.  Mais  Pierr$^ 
Martyr ,  chanoine  de  la  même  con« 
gréganon  ,  ayant  embrafifé  les 
erreurs  duProte^dntifme,  les  com- 
muniqua à  plufieurs  de  fes  Con- 
frerçs.  Zanchlus  fut  du  nombre  1 
il  fe  retira  à  Strasbourg,  en  15  n  t 
&  il  y  enfeigna  rEcriture-fainte  & 
la  philofophie  ^Arlftou,  Quoique 
Apofiat,  il  aimoit  la  paix ,  &  dé- 
tdloit  les  guerres  théqlogiques.  Il 
ne  put  néanmoins  les  éviter.  Les 
PrQ;çft^U§  l'aççtfçrçnt  4'errcur,  ft 


Z  A  N 

Ce  vtt  obligé ,  pour  avoir  la  paîx , 
de  quitter  Strasbourg  en  1563.  Il 
«xerça  le  miniflere  à  Qiiavene« 
chez  les  Grifons  ,  îufqu'en  1568  , 
4{u'il  alla  à  Heidelberg ,  où  il  fut 
^dieur  &  profefleur  ca  théologie. 
Il  mourut  ea  cette  ville  le  19 
Novembre  1590.  On  a  de  lui  un 
Commentaln  fur  les  Ëpitres  de 
S,  Paul ,  à  Neuftadt ,  1 595  •  in-fol/; 
&  un  gros  Ouvrage  contre  les  AntU 
Trinltalrti ,  qu'il  compofa  à  la  fol- 
licitation  de  FrJderU  III  ^  éleâeur 
Palatin.  Zanchlus  eft  auteur  d'un 
grand  nombre  d'autres  Livres ,  qui 
prouvent  beaucoup  d'érudition.  On 
les  a  recueillis  à  Genève  ,  161 3  « 
«n  8  tomes  in-fpL  II  n'y  parle  de 
l*£glife  Romaine  que  comme  de 
fa  mère,  prêt  k  y  rentrer  ,  lorf- 
qu*elle  aura  réformé  les  abus  qu'il 
croit  s'y  être  gliâfés. 

ZANNICHELLI ,  (  Jean-Jérôme  ) 
médecin,  né  à  Modene,  en  1662  , 
voyagea  dans  une  partie  de  l'Italie 
pour  s'indruire  dans  fon  art.  Il  fe 
£xa  à  Venife ,  &  l'y  exerça  avec 
iuccès  jufqu'à  fa  mort,  arrivée  le 
Il  Janvier  1729.  Dans  fes  momens 
de  loifir ,  il  parcourut  les  environs 
de  cette  république  ,  examina  avec 
foin  tout  ce  qui  a  rapport  a  l'hif- 
toire  naturelle ,  fur-tout  à  la  bota- 
nique, &  forma  une  riche  col  lésion 
en  ce  genre ,  dont  il  publia  le  cata- 
logue fous  ce  titre  :  CataLgus  Pian- 
iarum  u,nftrîum,  marînarum  ,  &C. 
Venife ,  17 1 1.  On  a  encore  de  lui  : 
I.  Promptuarîum  rcmediorum  chyml" 
4orum  ,  1701  ,  in  8°.  II.  De  Myrio* 
fhillo  PelagUo,  Ilï,  U^hographia 
duorum  montlum  Veronenfium ,  vulgQ, 
Monte  di  Boricolo  &  di  Zoppica , 
X721.  IV.  De  Kufco  eju/que  pm- 
paratlone^  1727,  in- 8®.  V.  Opufcula 
Botanîca  , Venife,  1730,  in- 4®.  VI, 
Htfiolre  des  Plantes  qui  naijfent  aux 
tnvirons  de  Venife^  173 1  »  in-fol. , 
en  italien,  avec  figures  ,  qui'  ne 
font  pas  aâiez  e^aâes.  Cette  Hiftoirt 


7  A.N         50 j 

I^fie  encore  beaucoup  à  défîrer. 
Ces  deux  derniers  ouvrages  ont  été 
publiés  par  fon  fils  Jean- Jacques  , 
qui  a  fuivi  la  route  que  ton  père 
lui  avoit  tracée  ;  il  a  donné  une 
édition  augmentée  ,  du  Catalogue 
du  cabinet  d'hiftoire  naturelle  df 
fon  père,  Venife,  1736  ,  in-4*'. 
Zannicheili  étoit  un  homme  d'un 
tempérament  vif  &  fec  ,  d'une 
phyfionomie  fine ,  d'une  converfa* 
tion  agréable.  Son  cœur ,  plein  de 
bonté  &  de  fentimens  nobles ,  le 
faifoit  aimer  &  refpe£ter.  Ses  con* 
noiiTances  étoiem  fupérieures  à 
celles  des  pharmaciens  ordinaires  , 
&  il  étoit  confulté  comme  le  plus 
habile  médecin.  Divers  remèdes  « 
qu'il  inventa ,  étendirent  fa  répu- 
tation en  Italie ,  &  fon  favofr  le 
mit  en  commerce  avec  les  chimiftes 
&  les  botanifles  les  plus  célèbres  de 
fon  pays, 

ZANNONI,  (Jacques)  né  à 
Bologne  ,  vers  le  commencement 
du  xv  1 1 1*^  ûecle,  exerça  la  médecine 
avec  fuccèsy  &  fut  connu  pour 
un  des  plus  habiles  botaniftes  Ita- 
liens. Safagacité  &  fes  obfervations 
lui  firent  découvrir  que  plufieurs 
Plantes ,  décrites  par  divers  auteurs 
fous  des  noms  difFérens ,  fom  les 
mêmes.  Il  étudia  les  anciens  &  les 
modernes  qui  ont  écrit  fur  cet  art  » 
les  compara  enfemble,  &  les  accorda 
fur  pluiieurs  points.  Il  mourut  eu 
16^2.  Les  fruits  principaux  de  fes 
veilles  font  :  I.  Hiftorîa.  Botanîca  , 
à  Bologne,  in-fbl,,  1675.  II.  /Jario- 
rum  Stîtplum  Htftorla  ,  Bologne  » 
in-fbl.,  1742.  Ceft  Cajetan  Monti 
qui  a  procuré  cette  édition ,  la  plus 
complète  de  cet  Ouvrage. 

ZANZALE ,  (Jacques) dit  Baradée 
ou  Bardai^  moine  îimple  &  igno- 
rant, au  VI*'  iiecle  ,  fut  ordonné 
par  les  évèques  oppofés  au  concile 
.de  Calcédoine,  évêque  d'ËdelTe  , 
&  nommé  leur  métropolitain  œcu- 
ώxiique*  Si  Jacques  avoit  peu  de 

li  iv 


^04         Z  A  Nf 

favoir ,  il  avoit  beaucoup  de  sele 
^  d'enthou^aûne.  U  compenfâ,  par 
fou  aâivité,  &  par  l'auftérité  de 
fks  moeurs ,  tout  ce  qui  lui  man- 
quoit  du  côté  des  talens.  Couvert 
de  haillons  ,  &  en  impofant  au 
peuple  par  cet  extérieur  humilié  ,  il 
parcourut  impunément  tout  l'Orient, 
tcunit  toutes  lés  feâes  des  Euty- 
chiens ,  ordonna  des  prêtres  &  des 
évèques  ,  &  fut  le  reftaurateur 
de  TEutychianirme  dans  TOrient. 
Voilà  pourquoi  le  nom  de  Jacoblus 
■  été  do;xné  à  tocus  les  partifans  de 
cette  héréfie.  Après  la  mort  de 
^tfVerc ,  évêque  d'Antioche ,  ZaniaU 
plaça  fur  cefiôge,  Puul ,  à  qui  d'au^ 
très  évêques  ont  fucccdé  iufqu'à 
nos  jours.  Les  évêques  ordonnés 
par  lui  ne  réiîderent  point  dans 
cette  ville,  mais  dans  Amida,  tant 
que  les  ^empereurs  Romains  furent 
maîtres  de  la  Syrie.  Les  Jacohu&s , 
perfécutés  par  ces  princes ,  fe  répan- 
dirent en  Perfe ,  où  ils  fomentèrent 
la  haine  du  nom  Romain  chez  ces 
peuples.  Mais  ils  dominèrent  fur- 
tout  en  Egypte  &  en  Abyffinie, 
Ils  ont  auffi  des  églifes  dans  tous 
les  lieux  ou  les  Ncfiofiai^  fe  font 
établis  ;  &  ces  deux  fentes ,  qui 
pendant  tant  de  âedes  remplirent 
l'Empire  de  troubles  &  de  édi- 
tions ,  vivent  en  paix  aujro.urd'hui 
&  communiquent  enfemble.  Les 
Jacohhes  rejettent  le  concile  de  Cal- 
cédoine «  ne  reconnoifient  qu'une 
çature  &  une  petfonne  en  Jésus- 
Christ,  fans  croire  néamnoins 
que  la  nature  divine  &  la  nature 
humaine  foient  confondues.  Ils 
Ibnt  confifier  toute  la  perfeâion 
de  l'Evangile  dans  Tobfervance  des 
îeûnes ,  qu'ils  pouiTent  à  l'excès.  Ils 
<>nt  tous  les  facremens  de  l'Egliiè 
Catholique,  &  n'en  différent  que 
lur  quelques  pratiques  dans  l'ad- 

riftration  de  ces  fignes  facrés. 
3nt ,  par  exemple ,  confervé  la 
çiçcçqafloo^  ^  ils  mofc^t  d'uç 


Z  A  P 

fer  rouge  l'enfant  après  qu'il  eft 
baptifé.  La  prière  pour  les  morts 
eil  en  ufage  parmi  eux.  On  leuc 
a  fauffement  imputé  quelques  er- 
reurs fur  la  Trinité ,  fur  Toriginc 
des  âmes ,  &c.  'Ni.  dt  la  Cro\e  le^ 
accufe  encore  de  croire  l'impana- 
tion;  mais  M.  l'abbé  Pluquet  penfe 
que  cette  imputation  n'eft  pas  aâes 
prouvée.  Il  eft  affez  ordinaire  de 
multiplier  les  erreurs  de  ceux  qui 
ont  dés  fen^imens  erronés  fur  queK 
ques  points,  &  qui  ont  foutenu 
ces  opinions  .avec  une  chaleur 
opiniâtre  &  un  zèle  odieux, 

ZAPGL ,  ou  Zapolski  ,  {  Jean) 
vBivode  de  Tranfylvanie ,  fut  élu 
roi  de  Hongrie ,  l'an  1516 ,  par  les 
Etats,  après  la  more  funefte  dii 
roi  Louis  11  ;  mais  fon  élaéHon  fuc 
troublée  par  Ferdinand  ^Amrlche  , 
qu'un  parti  de  Hongrois  proclanui 
roi  à  Presbourg.  Zapol  ,  obligé 
de  fe  retirer  en  Pologne ,  implora 
le  fecours  de  Solhnan  11^  qui  entra 
dans  la  Hongrie ,  &  mit  Zapol  eo 
poâeffion  de  la  ville  de  Bude.  Enfin, 
après  une  guerre  de  plufîcurs  an- 
nées ,  mêlée  de  fuccès  divers ,  les 
deux  contendans  firent  entre  eux  » 
l'an  1536,  un  accord ,  qui  affura  \ 
Vun  &  à  Taun-e  la  poâeffion  de  ce 
que  les  armes  leur  avoient  acquis. 
Zapol  eut  pour  principal  minifbm 
le  fameux  Mantnufius  ^  auquel  il 
confia  en  mourant ,  l'an  1540 ,  1« 
tutelle  de  fon  fils  Jtan-Sigîfmond  ^ 
né  peu  de  Jours  avant  fa  mort.  Ce 
pripce  avoir  en  partage  de  grands 
talens  pour  la  guerre,  qu'il  neut 
que  trop  d'occaiioad'exercer  ;  mais 
il  n'en  pofTédoit  pas  moins  poiu?. 
le  bon  gouvernement  d'un  état.  • 

?APPI,  (J«an-Baptifte-Félix) 
néàlmok  en  1667,  fit  naître,  ai^ 
milieu  des  épinçs  de  la  jurifpru* 
dence,  les  fleurs  de  la  poéfîe,  ait 
pour  lequel  il  avoit  beaucoup  de 
talent.  Il  fe  rendit  à  Rome  pour,  y 
fx^cer  1^  f^n^ion  ^^oç^^^  daô^ 


Z  A  R 

laquelle  il  s'acquit  quelque  répu- 
tation. Il  fît  connoi&nce  en  cette 
ville  avec  le  fameux  Carlo  Maratu  -, 
Zx.  l'analogie  de  leurs  talens  unit 
le  peintre  &  le  poëte.  Celui-ci 
découvrit  dans  Faufllne ,  fille  du 
peintre  ,  un  talent  marqué  pour  la 
poéfie  :  il  l'époufa.  Enfuite  il  s'unit 
avec  plufieurs  beaux  efprits  de 
Rome ,  &  ils  fondcrent  enfemble 
l'Académie  degU  Arcadi,  Il  mourut 
à  Rome ,  en  17 19.  On  trouve  Tes 
Vers  dans  divers  Recueils. 

ZARATE  ,  (  Auguftin  de  )  Efpa- 
gnol ,  fut  envoyé  au  Pérou ,  en 
I  543  ,  en  qualité  de  tréforier  gé- 
néral des  Indes.  A  fon  retour ,  il 
fiit  employé  aux  Pays-Bas ,  dans  les 
affaires  de  la  Monnoie.  Pendant 
fon  féjour  aux  Indes ,  il  recueillit 
des  Mémoires  pour  VHlftolre  de  la 
Découverte  &  de  la  Conquête  du  Pérou  « 
,  dont  la  meilleure  édition  ,  en  efpa- 
gnol ,  efl  celle  d'Anvers,  en  ly  j  5 , 
in- 8^.  Cette  Hidoire  a  été  traduite 
en  françois ,  &  imprimée  à  Amfler- 
dam  &  à  Paris,  en  2  vol.  hi-12 , 
3700.  Quoiqu'on  ne  puifle  pas 
toujours  compter  fur  l'exaâitude  de 
cet  auteur  Efpagnol ,  fon  Ouvrage 
peut  être  utile. 

ZARINË ,  monta  fur  le  trône  des 
Scythes  -  Saccs  après  la  mort  de 
Murmures  ^  que  Cyaxafe  ,  roi  des 
Mecfes ,  fît  égorger  dans  un  fefHn , 
pour  fecouer  le  jqug  fous  lequel 
les  Scythes  tenoient  les  Medes 
aiTervis  depuis  28  ails.  Cette  reine 
commanda  fon  armée  en  perfonne 
contre  celle  de  Cyaxarey  conduite 
par  le  gendre  de  ce  prince, nommé 
Sttyangée^  jeune  feigneur  Mede, 
bien  f^it ,  généreux  &  bon  capi- 
taine. Après  deux  années  d'une 
guerre  contre-balancée ,  Zarine  fut 
.  vaincue  *,  &  fon  vainqueur ,  devenu 
amoureux  d'elle,  fe  tua  de  défef- 
poir ,  n'ayant  jamais  pu  corrompre 
.  îa  vertu ,  quoiqu'il  eût  touché  fon 
(cpur^.  Ç^ç  ftmceÇt  «  rendue  à 


Z  E  G         5of 

fes  fujets  ,  fe  conduifit  en  grand 
homme.  Elle  fit  défricher  des  ter- 
res ,  civilifa  des  nations  fauvages  , 
fît  bâtir  un  grand  nombre  de  villes  , 
en  embellit  d'autres ,  fe  fit  craindre 
au  dehors,  en  fe  faifant  aimer  & 
refpeâer  au  dédans. 

ZARLINO,  (Jofeph)de  Chioggîa, 
dans  l'Etat  de  Venife ,  s'eft  rendu 
célèbre  par  la  connoifTance  qu'il 
avoit  de  la  mufîque.  Au  jugement 
du  Père  Merfenne  &  à* Albert  Bannu», 
Zarlinô  eu,  le  plus  favant  de  tous 
les  auteure  qui  ont  écrit  fur  cet 
art  -,  mais  on  ne  coanoiiToit  alors 
ni  les  Rameau  ,  ni  les  Roujfeau, 
Toutes  fes  Œuvres  ont  été  impri- 
mées en  4  vol.  in-fol. ,  1589  & 
1602  ,  à  Venife ,  où  il  mourut  en 

M99. 

ZAZIUS ,  (  Huîric  )  né  à  Conf- 
tance  en  1461 ,  fit  des  progrès  fi 
rapides  dans  le  Droit ,  qu*en  peu 
de  temps  il  fut  jugé  capable  d'en 
donner  des  leçons  en  public  »  & 
de  remplacer  fon  maître.  Il  mourut 
en  1539,  à  Fribourg,  où  il  pro» 
fefToit ,  âgé  de  74  ans.  On  a  de 
lui  :  I.  Epîtorru  în  m/us  Feudale*» 
II.  InteUeHus  Legum  jingulares  ^  & 
d'autres  ouvrages  recueillis  à  Franc- 
fort en  1590 ,  en  6  tomes  in-folio. 
Jean-Hulric  Zaziûs  ,  fon  fils,  mort 
en  156^ ,  profefTa  à  Bâle  la  jurif< 
prudence ,  fur  laquelle  il  laifia  quel- 
ques ouvrages. 

ZEB,  prince  des  Madîanites, 
ayant  été  vaincu  par  Gédeon^  ftit 
trouvé  dans  un  preflbir  où  il  fe 
ca choit.  Les  Ephraïmites  lui  ayant 
coupé  la  tête ,  la  portèrent  au  vain* 
queur. 
ZEBINA,  Toy.  IV.  Alexandre. 

ZEGEDIN,   ou    SZEGEDIN» 

(Etienne de)  né  en  IÇ05,  à  Zégé- 
din,  ville  de  la  baffe  Hongrie ,  mort 
à  Keven en  1572,  âgé  de  67 ans, 
fut  un  des  premiers  difcîples  de 
Luther,  Il  prêcha  le  Luthéraniftne 
dans  plufieurs  villes  de  Hopgâc  »  Se 


Ko6        Z  E  G 

«K  fait  prifonnier  par  les  Tores  % 
qai  le  traitèrent  avec  inhumanité. 
A^nt  recouvré  Ta  liberté  »  il  devint 
flitniilre  à  Bude  &  en  diverfes 
autres  villes.  On  a  de  lui  :  Upeculum 
Bomanorum  Pontîfcum  tùftoriatm , 
i6oz,  tn-8^  :  ouvrage  rempli  de 
Ênatifioe  fie  de  contes  abfurdes. 
II.  Tûbulm  jinaiytlcm  in  Prophctas , 
PfcUmos  &  Novum  Tcfiamentum , 
ftc,  1592 1  in-fol.  III.  Ajfertio  d$ 
Trinuau^  ÏÏ73  »  in-8**. 

ZEGERS,  (  Tacite-Nicolas  )  Coi^ 
délier  de  Bruxelles  ,  compilateur 
mauffade  &  mauvais  critique,  mou- 
fut  à  Louvain  en  15  $9.  On  a  de  lui  : 
I*  Des  CorreHîons  fur  la  Vuîgatt , 
1 S  n  >  '^^•^^'  n*  Des  Nous  ou  s  colles 
fur  les  endroits  les  plus  difficiles 
du  Nouveau  Teftament.  On  les 
trouve  dans  les  Cridci  Jacri  de  Péar' 
fon,  III.  Une  Concordance  du  Souvetm 
T<!fi-im€nt, 

ZEILLER,  (  Martin)  natif  de 
Syrie,  d'un  miniftre  à  Vlm  ,  de- 
vint infpeâeur  des  Ecoles  d'Alle- 
magne ,  &  mourut  à  Ulm  en  1661 , 
^  à  7)  ans.  Quoiqu'il  fût  borgne , 
il  compo{a  un  très-grand  nombrç 
d'Ouvrages.  Les  plus  eftimés  font 
ceux  qu'il  a  faits  fur  la  Géogra- 
phie moderne  d'Allemagne:  l.L'lù' 
néraîre  d' Allemagne,  II.  La  Topogra» 
phie  de  Bavière,  III.  Celle  de  la  Suahe , 
<iui  paiTe  pour  très-exaûe.  IV.  Celle 
d'Alfact.  V.  Celle  </«  Etats  de  Brmf- 
Wîek  &  du  pays  dt  Hambourg,  Tous 
ces  Ouvrages  font  en  latin ,  in-fol. , 
&  les  difficultés  principales  y  font 
bien  difcutées.  On  les  a  rafTemblées 
dans  la  Topographie  de  Mcrian,  31 
vol.  in-fol. 

ZENCHI,  ro>.  Emadeddiw. 

L  ZENO,  (arlo)  célèbre 
Vénitien  d'une  famille  aacienne  , 
entra  d'abord  dans  l'état  ecdéfiaf- 
tique ,  qu'il  quitta  pour  porter  les 
armes.  Il  ilgnala  fa  valeur  dans 
diverfes  expéditions  v  on  récom- 
penTa  (es  fervices  par  le  gQuver* 


ZEN 

Bcmeni  du  Milanois.  Propre  i  té 
|;uerrc  de  mer  comme  à  celle  de  terre» 
il  eut  plufieurs  fois  le  commande- 
ment de  la  âotte  des  Vénitiens,  & 
remporta  fur  les  Turcs  des  avan* 
tages  confîdérables.  Malgré  fes  vic- 
toires ,  il  fîit  accufé  d'avoir  violé  les 
lois  de  la  république ,  qui  défendent 
i  Tes  fufets  de  recevoir  ni  pendoa 
ni  gratification  d'un  prince  étranger. 
On  le  mit  en  prifon  ;  mais  fon  innch 
cence  &  les  murmures  des  pi>nci« 
paux  citoyens ,  lui  firent  rendre  la 
liberté  deux  ans  après.  Zeno  continua 
de  fervir  fa  patrie  avec  le  même 
zèle.  Il  facrifia  fouvent  fa  fortune 
pour  payer  les  foldats  &  les  ramener 
à  leur  devoir.  Il  auroit  été  élevé  à 
la  place  de  Doge,  fi  Ton  avoit  pu 
le  remplacer  à  la  tête  des  arméet. 
Réfolu  enfin  de  confacrer  le  refte  de 
fa  vie  au  repos ,  il  paiTa  fes  derniers 
jours  à  Venife,  dévoué  entière- 
ment  à  l'étude  ,  à  la  méditation, 
recherchant  avec  empreflement  U 
fodété  des  gens  de  lettres ,  &  les 
aidant  de  fes  confeils  &  de  fon  cré* 
dit.  U  mourut  le  8  Mai  1418  ,  n 
84  ans.  Léonard  Juftinlanî ,  orateur 
de  la  république  ,  prononça  fon 
Eloge  funèbre,  Venife,  1731*  U 
avoit  été  marié  deux  fois. 

II.  ZENO  ,  (  Apofiolo  )  né  ea 
1669 ,  defcendoit  d'une  illufire  mai* 
fon  de  Venife ,  mais  d'une  branche 
établie  depuis  long-temps  dans  Tifie 
de  Candie.  Il  s'adonna  dès  fa  jea- 
neâe  à  la  poéfie  &  à  l'hiftoire,  fie  < 
devint  un  homme  illufire  dans  la 
république  des  Lettres.  Il  établit  i 
Venife  l'académie  degû  Animofi ,  en 
1696  ,  &  le  Giomale  de  Leiterati ,  en 
17 10.  Il  en  publia  30  vol.  qui  vont 
jufqu'en  17 19  exclufivement.  Com« 
me  il  étoit  aufli  alors  très- célèbre 
par  fes  Poéfies  dramatiques ,  il  fut 
appelé  à  Vienne  par  l'empereur 
Charles  VL  11  y  reçut  d'abord  le 
titre  de  Poëte  ,  &  enfuite  celui 
d'Hiûoriographi  de  la  cour  Imp^ 


ZEN 

riale  :  deux  emplois  qui  lui  pro« 
curèrent  des  pendons ,  &  beaucoup 
de  crédit  auprès  de  l'empereur  qui 
l'aimoit.  Zeno  pafla  onze  ans  dans 
cette  cour  y  tout  occupé  de  la  corn- 
pofîtion  de  Tes  Pièces.  Qiaque  an- 
née il  en  donnoit  au  moins  une.  Ce 
fi'étoient  pas  toujours  des  Tragé* 
dies  profanes  :  il  publioit  de  temps 
en  temps  des  Drames  ou  I^alogues 
fur  des  fujets  facrés ,  connus  fous 
les  noms  d'Ailoni  /acre ,  ou  d'Ortf- 
$orio,  Apofiolo  Zeno  revint  à  Ve- 
nife  en  1729  ,  &  fut  remplacé  • 
peut-être  même  ef&cé  à  la  cour  de 
l'empereur ,  par  l'admirable  Métaf" 
taft.  Quand  nous  difons  effacé,  nous 
ne  voulons  pas  faire  entendre  que 
Métnftafc  obfcurcit  toute  la  gloire 
fie  Zeno  ;  mais  feulement  que  le  ftyle 
mchanteur  du  premier  lui  attira 
plus  de  partifans ,  que  l'autre  n'en 
avoit  jamais  eu.  On  a  comparé  Z&io 
à  Corneille  ,  tl  Métaftaft  à  Rddne  ; 
fx.  l'un  &  l'autre  ont  imité,  &  quel- 
quefois copié  nos  deux  tragiques 
François.Quoique  les  Opéra  àtZcno 
ibient  en  général  un  amas  confus 
d'intrigues  entadées ,  d'événemens 
multipliés  ,  d'épifodes  fînguliers ,  il 
attache  l'efprit  par  fon  invention  , 
par  fa  fécondité  ,  par  la  vérité  de 
iè$  tableaux  ,  par  l'intelligence  de 
l'art  dramatiqi^e  ,  par  la  force  du 
dialogue ,  par  la  vigueur  du  pinceau. 
Mais  il  a  bien  moins  de  grâce  ,  de 
douceur  &  d'harmonie  queAf^^/- 
tafe ,  vers  lequel  tous  les  cœurs  fen- 
fibles  de  la  cour  de  Vienne  fe  tour-^ 
perent.  L'empereur  continua  néan- 
moins d'honorer  Zeno  de  fes  bonnes 
Ipraces  ,  &  de  lui  faire  payer  les 
penûons  dont  il  jouiiToic  à  titre  de 
Poète  &  d'Hiiloriographe  Impérial, 
^eno  paiïa  les  il  dernières  années 
de  fa  vie  à  Venife ,  d'où  il  entre- 
tint un  commerce  avec  tous  les 
favans  d'Italie  &  des  pays  étrangers. 
II  étoit  grand  connoiffeur  en  fait 
jfl^pi^uités,  !t)onçr|ti<jue,  cxcçjlçi»; 


ZEN         507 

comptlateur  d'anecdotes  littéraires  • 
d'un  commerce  fortaifé,  d'une  can*' 
deur  d'ame  qui  rendoit  ù  focîété 
très-agréable.  Cet  homme  fi  efiima* 
ble  mourut  le  11  Novembre  1750, 
On  a  donné  en  1758  untTra4u3îo» 
françolfc  des  Couvres  dramatiques  d'A*  ' 
pofiolo  Zeno  ,  en  1  vol.  in- 12.  Ces 
2  vol.  ne  contiennent  que  8  pièces. 
Zeno  en  a  faXx  un  bien  plus  grand 
nombre,imprimées  en  10  vol.  in-8*^, 
en  italien,  Venife,  1744.  Ce  Recueil 
contient  63  Poèmes  tragiques ,  co« 
miques  ,  ou  dans  le  genre  paftoraU 
Le  premier  efl  de  1695 ,  &  le  der* 
nier  de  1737.  On  a  encore  de  Zen^ 
un  grand  nombre  d'Ecrits  fur  les 
Antiquités,  des  Dîjfertatîons  CutVof* 
fius  ,  3  volumes  in- 8°  ;  des  Lettre*  « 
Venife  ,  1752  i  des  Dijfertations  fur 
les  Hiftoriens  Italiens  ,  2  volumes 
in-4°,  1752,  Zeno  efi  le  premier 
poëte  Italien ,  qui  ait  appris  à  Tes 
compatriotes ,  à  ne  regarder  la  mu* 
fique  que  comme  l'accefibire  de  la 
tragédie  lyrique ,  &  qui  leur  ait 
donné  dans  les  Opéra  une  image  d# 
nos  bonnes  Tragédies, 
^  I.  ZENOBIE  ,  femme  de /ÎAtfifa- 
mlfle  ,  roi  d'Ibérie ,  fuivit  fon  mari 
chafl'é  de  fes  états  par  les  Armé- 
niens -,  mais  comme  l'état  de  grof- 
feiTe  oà  elle  étoit  alors ,  la  forçoic 
de  refier  en  chemin  ,  fon  mari  la 
poignarda  à  fa  prière,  &  la  jeta 
dans  la  rivière  d'Araxe.  Quelques- 
uns  difent  qu'elle  en  mourut  -,  d'au- 
tres ,  que  fa  bleffure  n'étant  pas . 
mortelle  ,  &  que  fes  habits  l'ayant 
foutenue  quelque  temps  fur  l'eau  , 
des  bergers  qui  *  l'apperçurent ,  U 
retirèrent  de  la  rivière  &  panferent 
la  plaie.  Lorfqu'ils  eurent  appris 
fon  nom  &  fa  triile  aventure  >  ils 
la  menèrent  a  Tîridate  ,  qui  la  traita 
en  reine.  Ce  fait ,  qui  paroît  un  peu 
fabuleux  ,  quoique  rapporté  par 
Tacie ,  eft  de  l'an  5 1  de  J. C. 

II. ZENOBIE,  reine  dePalmyre, 
ftnwçdWfWi  ftdifoitiiTucd'mi 


5o8         ZEN 

des  Ptolomû  &  de  CUcfâtn.  Stelle 
ne  leur  dut  pas  foa  origine ,  elle 
hérita  de  leur  courage.  Après  la 
mon  de  fon  mari ,  en  267 ,  dont 
on  l'accufa  d'être  l'auteur ,  [  Kay«{ 
Hérodick  ]  ^fle  prit  le  titre  d' Au- 
gure,  fie  poflféda  plufieurs  années 
l'empire  d'Orient,  dtf  vivant  des 
Galilen  ,  &  de  Claude  II  fon  fuc- 
cefleur.  Elle  foutint  d'un  coté  avec 
gloire  la  guerre  contre  les  Perfes , 
&  Ce  défendit  de  l'autre  contre  les 
forces  des  Romains.  Tous  leshifto* 
riens  de  fon  temps  ont  célébré  fes 
vertus,  fur-tout  fa  chafteté  admi-* 
rable ,  &  fon  goût  pour  les  fdences 
&  pour  les  beaux-arts.  Le  philo- 
fophe  Longin  fut  fon  maître,  &  il 
lui  apprit  à  placer  la  philofophie 
ftir  le  trône.  Elle  favoit  parfais 
tement  Thiftoire  Orientale  ,  &  en 
avoit  ùât  elle-même  un  Abrégt  avec 
Thiftoire  de  la  ville  d'Alexandrie. 
L'empereur  Aurilîen  ayant  réfolu  de 
la  réduire ,  marcha  jufqu'à  Antio- 
che  ,  où  ZénçbU  s'étoit  rendue  avec 
la  plus  grande  partie  de  fes  forces  » 
^i  montoient  à  600  mille  hommes. 
Cette  princeâfe  fe  mit  à  la  tête  de 
fes  troupes ,  allant  à  pied  lorfqu'il 
ctoit  befoin ,  comme  un  fimple 
foldar.  Les  deux  armées  fe  rencon<*  ' 
trerent  -,  on  combattit  avec  fureur 
de  part  &  d'autre.  AuréHen  eut 
d'abord  du  défavantage ,  &  fut  fur 
le  point  de  perdre  la  bataille;  mais 
la  cavalerie  des  Palmyréniens  s'étant 
trop  avancée*,  l'infanterie  Romaine 
tomba  fur  l'infanterie  Palmyré- 
nienne,  l'enfonça  &  remporta  la  vie** 
toire.  ZénobU,  après  avoir  perdu  une 
grande  partie  de  fes  troupes  dans 
cette  bataille ,  s'alla  renfermer  dans 
la  ville  de  Palmyre.  Le  vainqueur 
l'afliégea ,  &  elle  fe  défendit  avec 
le  courage  d'un  homme  &  la  fureur 
d'une  femme  -,  Auréllm  commençant 
â  fe  laifer  des  fatigues  du  fiége  » 
écrivit  à,  Zénobît  pour  lui  propofer 
de  fe  rénettrç  çQcre  fç$  mains,  en 


ZEN 

lui  offrant  la  vie ,  me  cetrmte 
agréable  &  la  confervacion  des 
privilèges  des  PalmyTéniens.Z<6u>^£e 
lui  fit  cette  célèbre  réponfe.  »  Ze- 
H  m^h'te ,  reine  de  l'Orient  à  Tem^ 
-  pereur  AurtlUn,  Avant  toi  «  per- 
M  fonne  ne  m'a  fait  une  demande 
M  pareille  à  la  tienne.  C'eft  la  verra 
H  qui  doit  tout  faire  à  la  guerre  ; 
M  &  tu  m'ordonnes  de  me  remettre 
'*  entre  tes  mains,  comme  fî  tu 
y*  ignorois  que  C/fopatrc  aima  mieux 
"  mourir  en  reine ,  que  de  vivre 
M  avec  toute  autre  qualité.  Nous 
»  attendons  les  fecours  des  Perfes  *, 
»  les  Satrafins  &  les  Arméniens 
*•  arment  pour  nous.  Une  troupe 
M  de  brigands  a  défait  ton  armée 
n  dans  la  Syrie.  Que  fera-ce  donc 
M  quand  toutes  ces  forces  feront 
M  réunies }  Tu  rabattras  de  cet  or- 
>t  gueil  avec  lequel ,  comme  maître 
H  abfolu ,  tu  me  commandes  de  mt 
»  rendre».  ^W/iCTt  ayant  reçu  cette 
lettre  ,  n'en  prefla  le  iiége  qu'avec 
pins  de  vigueur.  11  alla  au-devant 
des  Perfes  ,  les  défit  &  engagea  par 
promefTes  ou  par  menaces ,  les  Ar- 
méniens &  les  Sarrafins  à  fe  joindre 
à  lui.  Enfin ,  ZénobU  fe  voyant  fans 
reflburce  ,  fortit  pendant  la  nuit 
de  la  ville ,  qui  fe  rendit  en  273 , 
&  monta  fur  fes  chameaux  pour  fe 
fauvèr  en  Perfe.  AuréUen,  fit  courir 
après  elle  :  on  l'atteignit  au  moment 
qu'elle  alloit  pafTer  l'Euphrate. 
Aurcliea  ne  fe  crut  véritablement 
maître  de  TOrient ,  que  lorfque 
cette  prinçefTe  fut  entre  fes  mains. 
Il  lui  demanda  ce  qui  lui  avoit 
infpiré  la.  hardieflie  d'attaquer  les 
empereurs  Romains.  Je  n*aî  point 
vu  d'empereurs  ,  lui  répondit  -  elle , 
dans  Gallien  6*  dans  fes  femblabies  ; 
maïs  tu  fais  comment  il  faut  vaincre  ^ 
&jeu  reconnois  véritablemeru  dipuiu 
nom  d'empereur*  Les  foldats  deman» 
derent  fa  mort  ;  mais  le  vainqueur 
la  réferva  pour  fon  triomphe  qui 
fut  fuperbet  Zinohîe  y  parut  lié< 


ZEN 

S^ee  dec  chaînes  d'or  que  des  èf- 
daves  Toutenoient ,  &  fi  chargée 
de  perles ,  que  ne  pouvant  les  por- 
ter, elle  étoit  fouvent  obligée  de 
s'arrêter  pour  fe  repofer.  On  blâma 
AurélUn  d'avoir  triomphé  avec  tant 
de  faile  d'une  femme*,  mais  cette 
femme  valoit  un  héros  \  &  il  répara 
cet  outrage  par  la  manière  dont  il 
la  traita.   Il  lui  donna  une  terre 


2  E  N^      5f09 

lofeplûque  fe  démentoit  quelque- 
fois. On  rapporte  qu'il  entra  dans 
une  grande  colère  contre  un  homme 
qui  lui  difoit  des  injures  *,  &  comme 
il  vit  qu'on  trouvoit  étrange  foa 
indignation  ,  il  répondit  :  SI  fétoîs 
mfenfible  aux  injures ,  je  le  ferais  aujp 
aux  louanges^  Il  montra  plus  de  cou- 
rage dans  une  occafion  importante. 
Ayant  entrepris  de  rendre  la  liberté 


magnifique  à  Tivoli ,  près  du  palais  %à  fa  patrie  opprimée  par  le  tyran 
Adrien ,  où  elle  pafla  le  refte  de  fes    Ndarque  ,   &  cette  entreprife  ayant 


jours ,  honorée  &  chérie.  Ses  vertus 
furent  ternies  par  fa  paffion  pour  le 
vin ,  par  fon  fofte  &  par  fa  cruauté* 
Quelques  auteurs  ont  cru  qu'elle 
avoit  embraiTéla  religion  des  Juifs  ; 
mais  il  eft  plus  probable  que  fa 
religion  étoit  une  efpecede  Déifine. 
On  ignore  ce  que  devinrent  les  fils 
de  Zénohie,  Les  hifioriens  ne  difent 
pas  s'ils  moururent  de  maladie,  ou 
fi  AurélienUs  fit  périr.  Ce  qu'il  y  a 
de  fur  ,  c'eft  que  les  Palmyréniens 
s'étant  révoltés,  il  fit  rafer  leur  ville. 
Le  Père  Jouve  a  publié  en  17^^» 
in- 12  ,  une  Hiftoîre  intérefiante  de 
Zénohie,   [Koy.  VII.PauI.] 

ZENODORE,  fculpteur  du  temps 
de  Néron ,  fe  difiingua  par  une  Star 
tue  colofiale  de  Mercure ,  &  enfuite 
par  le  colofie  de  Néron  ,  d'environ 
110  pieds  de  hauteur ,  qui  fut  con- 
facré  au  Soleil.  Vefpafien  fit  dans 
la  fuite  ^er  la  tête  de  Néron ,  & 
pofer  à  la  place  celle  à!ÀfoUon  ornée 
de  fept  rayons. 

Z£NODOT£,  grammairien 
d'Ephefe ,  fiit  chargé  par  le  premier 
Ptohmée ,  de  l'éducation  de  fon  fils 
&  de  la  bibliothèque  d'Alexandrie. 
Il  fiit  le  premier  qui  corrigea  les 
frutes  qui  s'étoient  gUfiees  dans  les 
Poëmes  d* Horace,  &  qui  les  mit 
dans  l'ordre  où  ils  font  aujourd'hui. 

I.  ZENON  D'ÉLKE ,  autrement 

.  Velie  ,  en  Italie  ,  né  vers  l'an  504 

avant  J.  C. ,  fiit  difdphede  Parme" 

niât ,  &  même ,  félon  quelques-uns , 

fon  tf s  adopfif»  Sa  modéprattoo  phi- 


été  découverte,   il  fouffrit,  avec 
une  fermeté    extraordinaire  »   les 
tpurmens   les   plus   rigoureux.   II 
fe  coupa  la  langue  avec  les  dents 
&  la  cracha  au  nez  du  tyran ,  de 
peur  d'être  forcé  ,  par  la  violence 
àts  tourmeiK  ,  à  révéler  fes  com- 
plices.   Quelques-uns  difent  qu'il 
fut  pilé  tout  vif  dans  un  mortier. 
Zenon   pafie   pour   l'inventeur  de 
la  dialefhque ,  mais  d'une  dialeâi- 
que  deftinée  à  foutenif  le  pour  &  le 
contre ,  &  à  tromper  par  des  fophif- 
mes  captieux.   11  avoit  à  peu  près 
les  mêmes  fentimens  que  Xénopha» 
nés  &  Parménide  touchant  l'unité  « 
l'incompréhenfibilité   6c  l'immuta- 
biiité  de  toutes  chofes.  Il  n'y  a  ce- 
pendant aucime  apparence  qu'il  ait 
foutenu  qu'i/  n*y  a  rUn  dans  PUnî" 
vers  ,   comme  quelques  auteurs  îe 
lui  reprochent.  Quoi  qu'il  en  fojt  , 
il  propofoit  des   argumens    très- 
embarrafians  fur  l'exifience  du  mou* 
vement.Commeil  vivoit  long  temps 
avant  Diogene  le  Cynique  ,  il  eft 
confiant  que  tous  ceux  qui  ont  dit 
que  ce  philofophe  avoit  réfiité  les 
argumens  de  Zenon  ,  en  fe  prome* 
nant ,  ou  en  fiiiiânt  un  ou  deux  tours 
dans  fon  école,  fe  font  trompés. 

n.  ZENON,  fondateur  delà 
Mte  des  Stoïciens  :  nom  qui  fut 
donné  à  cette  Ctùe,  de  celui  d'un 
Portique  où  ce  philofophe  fe  plai* 
foit  à  difcourir.  Il  vit  le  jour  i 
(Stium  dans  l'ifie  de  Chypre.  II  fut 
d'abord  commerçant   Urevendt 


«o       2  E  N 

Cacheter  de  la  pourpre  de  PhénScie^ 
lorfqu'il  fut  ieté  â  Athènes  par  un 
naufrage.  Il  regarda  toute  fa  vie  cet 
accident  comme  un  grand  bonheur , 
louant  les  vents  de  ce  qu'ils  Tavoient 
lait  échouer  fi  heureufement  dans  le 
port  de  Pirce.  Un  jour  qu'il  fe  pro- 
snenoit ,  on  vint  lui  annoncer  qu'un 
des  vaifleaux  de  fon  père  venoit 
de  périr.  Pour  fe  confoler ,  il  entra 
dans  la  boutique  d'un  Libraire  &| 
ouvrit  le  premier  Livre  qui  lui 
tomba  fous  la  main.  C'étoit  un 
Tndté  de  Xénophon.  Cette  ledure 
lui  fit  tant  de  phifir ,  qu'il  dit  au 
Libraire  :  Ou  trouveraî-je  quclquun  de 
teux  qui  tnfùputu  une  doârincfi  confo» 
lantt?  Le  Libraire  apperçut  alors 
CraUs  ,  &  le  montrant  à  '  Zenon  , 
Suiv€\  ca  homme-à ,  lui  répondit-il  > 
ifous  ne  pouveiprendre  un  metlàur guide. 
Il  fe  mit  donc  fous  fa  difcipiine. 
Après  avoir  étudié  dix  ans  fous 
Crazès  le  Cynique  ,  &  dix  autres 
fous  Sùlpon  ,  Xénoçrau  &  PoUmon  ^ 
il  ouvrit  une  école  qui  fut  très- 
fréquentée.  Zenon  étant  fort  vieux 
&  fort  infirme,  tomba  par  hafard 
&  fe  cafia  un  doigt.  Comme  fes 
amis  s*empre0bient  à  le  relever,  il 
s'écria  froidement  :  O  mon!  je  fuis 
prêt  â  te  f vivre ,  tu  pouvais  t* épargner 
la  peine  de  ni  en  arenir,  Aufiî-tôt  il 
rentra  dans  fa  chambre  &  prit  du 
poifon  ,  dont  il  mourut  vers  Tan 
264  avant  J.C.  Sts  difciples  fuivi- 
rent  fouvent  cet  exemple  de  fe  don- 
ner la  mort.  Zinon  vécut  jufqu'à 
l'âge  de  98  ans ,  fans  avoir  jamais 
eu  aucune  incommodité.  Il  y  avoit 
48  ans  qu'il  enfeignoit  (ans  inter- 
ruption ,  &  68  qu'il  avoit  commencé  • 
de  s'appliquer  à  la  philofophie. 
Quand  Antigone ,  roi  de  Macédoine  « 
apprit  (a  mort,  il  en  fut  fenfible- 
ment  touché.  Les  Athéniens  lui 
firent  ériger  un  tombeau  dan»  le 
bourg  de  Céramique.  Par  un  décret 
public  ,  où  ils  fitifoient  fon  éloge  » 
«omm*  d^un  philofophe  dont  I4  vk 


ZëM 

avoit  été  conforme  à  fes  précejtfél^ 
&qui  avoit  perpétuellement  excité 
à  la  vertu  les  jeunes-gens  mis  dana 
fon  école ,  ils  lui  décernèrent  un« 
couronne  d'or ,  &  lui  firent  ren-* 
dre  des  honneurs  extraordinaires^ 
afin  ,  difoit  le  décret ,  que  tout  U 
monde  faehe  que  Us  Athéniens  ontfoîA 
d^ honorer  les  gens  iun  mérite  dîfiitt^ 
gfté ,  &  pendant  leur  vie  ,  &  après  leaf 
mon,,;  Zenon  ^  femblàble  à  ces  lé- 
giflateurs  rigides  ,  qui  diûent  pour 
tous  les  hommes ,  des  lois  qui  oa 
peuvent  convenir  qua  eux  feuls« 
forma  fon  Sage  d'après  lui-même* 
Un  vrai  Stoïcien  (  dit  un  homms 
d'efprit , }  vit  dans  le  monde  coiO' 
me  s'il  n'y  avoit  rien  eu  propre^ 
Il  chérit  fes  fcmblables  *,  il  chérif 
même  fes  ennemis*  Il  n'a  point 
ces  petites  vues  de  bien£ufance 
étroite ,  qui  difiinguent  un  homme 
d'un  autre.  Ses  bienfaits,  conuotf 
ceux  de  la  nature  *  s'étendent  fur 
tous.  Son  étude  particulière  eft  Vé* 
tude  de  lui*mdme.  Il  examine  le  foîf 
ce  qu'il  a  fait  dans  la  journée ,  pour 
s'exciter  de  plus  en  plus  à  Êiire 
mieux.  U  avoue  fes  fiiutes.  Le 
témoignage  de  fa  confcience  eft  le 
premier  qu'il  recherche.  Comme  la 
vertu  efi  £1  feule  récompenfis  ,  il 
fiiit  les  louanges  &  les  honneurs , 
&  fe  plait  dans  l'ob&urité.  Les  paT- 
fions ,  les  afFeâipns  même ,  n'ont 
aucun  empire  fur  lui.  Tel  étoit  Zé* 
non.  U  prétendoit  qu*av«c  la  Vertu 
on  pouvoit  Itre  heureux  ^  au  miliem 
mime  des  tourmeru  les  plus  affreux , 
&  maigri  les  dîfg^aces  de  la  fortuMm 
Ce  philofophe  avoit  coutume  de 
dire  :  Que  fi  un  Sage  ne  dtvoie  pas 
aimer  ,  tomme  quelques-uns  le  fom* 
tiennent^  il  ny  auroît  rien  de  plat 
mijifahU  que  les  per/onnes  belles  & 
vertuettfes  ,  puifqu*elles  m  feroienê 
aimies  que  des  fou.  U  difoit  auffi , 
qu'i0W  parue  da  la  Science  confifit  i 
ignorer  les  chofes  qui  ne  doivent  pat 
^  fms^  qa'ua  Àmi  efi  m  mtit 


ZEN 

iÊMt'mlmes ,  que  peu  de  ekofe  éonm 
ia  perfeHion   à    un  Quvrage,  quoique 
iéiperfiâion  ne  f oit  pas  peu  de  cho/e  i 
que  /a  Nature   nous   a   donné  deux 
oreilles  &    une   feule  bouche  ,   pour 
nous  éprendre  qu'il  faut  plus  écouter 
fue  parler.  11  comparoit   ceux  qui 
patient  bien   &  qui  vivent  mal, 
À  la  monnoîe  d'Alexandrie ,  qui  étoit 
èelle  p  mais  eompofée  de  faux  métal»  Il 
iaifoit  confiner  le  fouverain  bien 
À  vivre  conformément  à  la  Nature , 
félon  Pujagc  de  la  droiu  raîfun.  Il 
ae  reconnoifibit  qu'tm   Dieu ,  qui 
m'étoit  Outre  ehofe  que  Vame  du  Monde  , 
qu'il  confidéroic  comme  fon  corps  ^ 
&  les  deux  enfemble  conune  un 
animal  parfait,  C'eft  ce  tout ,  où  le 
Monde»  qui  étoit  le  Dieu  des  Stoï- 
ciens. Il  admettoit  en  toutes  chofes 
une   DefHnée  înévitabU.  Son  valet 
▼oulant  inrofîter  de  cette  dernière 
opinion  ,  &  $*écriant ,  tandis  qu'il 
le  battoit  pour  un  larcin  :  J'étois 
defiUU  à    dérober.  •—  Oui ,  répondit 
Zenon,  &  à  être  battu.  Sa  fe^e  a  été 
fiéconde  en  grands  hommes  &  en 
srandes  vertus ,  dont  quelques-unes 
lurent    outrées.   Plutarque  compa- 
roit les  Stoïciens   à  des  enfans  qui 
tâchent  de  fauter  au-delà  de  leur  ombre, 
Ilsfonc  à  la  vérité  des  efforts  inutiles; 
mais  ces  efforts  même  augmentent 
leur  force  &  leur  agilité.  Après  la 
mort  de  Zenon ,  les  Stoïciens  fe  relâ- 
chèrent un  peu.  11  y  en  eut  qui  aban- 
donnèrent le  portique  pour  fe  livrer 
aune  philorophie  plus  douce.  Auffi 
les  railleurs  difoient-ils  :  Les  StoU 
m^ns  deviennent  voluptueux  ,   hrfque 
les  autres  hommes  cejfent  de  l'être.  Ils 
donnent  au  plaifir  le  temps  qu'on  donne 
ordinairement  au  repentir, 

III.  ZENON,  philofophe  Epi. 
curien  de  Sidon ,  enfeigna  la  phi- 
lofophie  à  Ctcéron  &  à  Pomponlus 
Attkcus,  Le  mérite  des  élevés  prouve 
celui  du  maître.  11  avoit  des  lu- 
mières »  ixuûs  çacore  pli»  d'or- 


ZEN        çrt 

gueil.  Il  traitoit  fes  adverfaîres  aveo 
beaucoup  de  mépris. 

IV. ZENON,  dit  nfaurien.tùir^ 
pereur  ,  époufa  en  45  S  Ariadnep 
fille  de  Léon  I ,  empereur  d'Orieoc» 
11  en  eut  un  fils ,  qui  ne  vécut  que 
dix  mois  après  avoir  été  déclara 
Auguâe.  Le  bruit  courut  queZ^non  , 
défirant  régner  feul,  avoit  employé 
le  poifon  pour  s'en  délivrer.  Dès 
qu'il  commença  d'être  m^tre,  Taa 
474  ,  il  fe  plongea  dans  toutet 
fortes  de  voluptés.  Sa  vie  déréglée 
le  rendit  fi  odieux,  que  Véiine^  ùl 
belle-mere  >  &  BafiUfque  frère  de 
Vérine^  travaillèrent  à  le  détrôner*. 
Zenon  i\xt  chaiTé  en  475  par  Bafb» 
Ûfque ,  qui  s'étant  emparé  du  trône  , 
en  fiit  renverfé  lui-même  Tannée 
fuivante  par  celui  qu'il  avoit  fup*- 
planté.  (  Foyei  Marcien.)  Cet  em- 
pereur ainfi  rétabli  n'en  fiit  pas  plus 
fage.  Il  devint  le  perfécuteur  des 
Catholiques.  Sous  prétexte  de  ré* 
tablir  l'union ,  il  publia  un  fameux 
édit  fous  le  nom  d'Hénotique ,  qui 
ne  contenoit  riei»  de  contraire  à  Im 
doârine  Cadiolique  fur  l'Incarna* 
don  *,  mais  on  n'y  faifoit  aucune 
mention  du  Concile  de  Calcédoine- 
Il  emj^oya  toute  fon  autorité  pour 
faire  recevoir  fon  édit ,  &  tnaU 
traita  tous  ceux  qui  étoient  atta* 
chés  à  ce  concile ,  qui  étoit  le 
dernière  règle  de  ht  Foi  ortho^ 
doxe.  Sa  vie  difiblue  le  }eta  dans 
des  dépenfes  exceffives  ,  qui  flur* 
paffoient  de  beaucoup  les  revenut 
de  ia  couronne.  U  fit  d'auffi  grande» 
levées  d'argent ,  que  s'il  eût  en  à 
foutenir  une  guerre  contre  toutet 
les  Puifiances  de  l'Europe  &  de 
l'Afie.  11  établit  le  tribut  fcanda- 
leux  ,  nommé  Chryfargyrum ,  qui 
s*étendoit  fur  toutes  les  perfonnee 
de  l'empire ,  de  tout  âge»  de  tout 
fexe,  de  toute  condition  ,  nom« 
mant  dans  fon  édit  les  femmes  dé* 
bauchées,  celles  qui  étoient  fépa« 
rées  de  leurs  maris ,  les  efcUvc» 


511        ZÊN 

&  les  mendians.  11  n'eut  pas  hanté 
de  mettre   un  impôt  fur  chaque 
dieval ,  fur  les  mulets ,  les  ânes ,  les 
hatuh  i   les   chiens  &  le  fumier 
même*  Par  un  abus  encore  plus 
Criant ,  il  rendit  toutes  les  charges 
vénales.  Les  tribunaux  ne  furent 
remplis  que  par  des  âmes  intéref- 
fées  &  in)ufies,  qui  cherchoient  à 
fe  dédommager  du  prix  de  leurs 
charges  fur  les  opprimés ,  &  ven- 
doient  la  faveur  de  leurs  jugemens 
à  celui  qui  la  payoit  le  plus  cher* 
Zdnon  mourut  d'une  manière  digne 
de  fa   vie,  eii  491.   Zonarc  dit, 
qu'un  )our  qu'il  étoit  extrêmement 
aiToupi  après  un  excès   de    vin  ^ 
Arîadru  fa  femme,  le  fit  mettre  dans 
un  fépulcre ,  difant  qu'il  étoit  mort. 
Lorfqu'il  fut  revenu  de  fon  afTou- 
pifTement  &  qu'il  vit  fon  état ,  il 
cria  qu'on  vint  le  fecourif .   Mais 
tous  fes  eourtifans  furent  fourds  à 
lés  cris  y  &  ce  prtnce  qui  avoit  faie 
mourir  tant  de  monde  pour  s'enri* 
chir ,  fe  vit  réduit ,  en  périfîantf ,  à 
n'avoir  pour  nourriture   &  pour 
breuvage  que  fes  membres  &  fon 
lang.  Il  avoit  65  ans  «  &  en  avoit 
r^né  17  &  3  mois. 

ZENONIDE,  femme  de  Tem- 
pereur  BafiUfque ,  étoit  d'une  beauté 
éclatante  &  d'une  figure  pleine 
de  charmes  &  de  grâces.  Elle  favo- 
rifa  l'Eutychianifme  g  &  aux  or- 
teurs  elle  joignit  les  vices.  Ses 
amours  avec  HermMU  neveu  de  fon 
époux ,  furent  le  Vandale  de  Conf* 
tantinopîe.  Dangereufe  dans  fes 
amours ,  elle  étoit  implacable  dans 
les  haines ,  &  elleperfécuta  les  Ca- 
tholiques avec  fureur.  Comme  elle 
avoit  été  complice  des  crimes  de 
BafiRfquc ,  elle  fut  enveloppée  dans 
ies  malheurs.  Le  peuple  de  Conf- 
tandnople  s'étant  révolté ,  elle  fe 
vit  arracher  du  pied  des  autels  où 
fon  mari_&  elle  s'étoient  réfugiés , 
par  Acau  patriarche  de  Confian- 
tinople»  qui  les  a}:*andQnna  à  la 


ZÉU 

Irengeaîicé  de  Zenon.  Ce  pvîhce  Ué 
envoya  en  exil ,  où  ils  terminèrent 
leurs  jours  en  476 ,  par  la  fiûm  & 
le  froid. 

ZEPHIRIN,  (  S.  )  pape  après 
ViHûr  /  ^  le  8  Août  201 ,  gouverna 
faintement  l'Eglife ,  &  mourut  de 
même  le  20  Décembre  2718.  Les 
deux  Epitrcs  qu'on  lui  attribue ,  on» 
été  ^briquées  long-temps  après  lux. 
Ce  fut  fous  fon  pontificat  que  corn-* 
mença  la  5  '^  perfécution  ,  qui  fut 
û  cruelle  ,  qu'on  crut  que  YAnt^ 
èhrlft  étoit  proche.  C'efl  à  lui 
qu'on  attribue  la  première  condam^ 
nation  de  Thcrétique  Praxeas, 

ZEPHYR  ou  Zeph  YRE ,  Dieu  du 
Pagaoifme ,  fils  de  V Aurore ,  &  amant 
de  la  Nymphe  Chlorls  ,  félon  le» 
Grecs  ,  ou  de  fiore ,  félon  les  Ro- 
mains ,  préfîdoit  à  la  naiâiance  de» 
fleurs  &  des  fruits  de  la  terre  ,  ra* 
nimoit  la  chaleur  naturelle  de» 
plantes  ,  &  par  ua  fouâle  doux  &• 
agréable  donnoit  la  vie  à  tous 
les  êtres.  On  le  repréfentoit  fou» 
la  forme  d'un  jeune  homme ,  d'un- 
air  fort  tendre ,  ayant  Cur  la  tête 
une  couronne  compofée  de  toutes- 
fortes  de  fleurs. 

I.  ZEPPER ,  (GuiUaume)  Zeppt^ 
rus ,  théologien  de  la  religion  Pré- 
tendue-Réformée ,  minifke  à  Her^ 
born  au  xvii^  ûeclcy  publia  ua> 
livre  intitulé  :  Ltgum  Mofaicdra» 
forenfium  ExpUeatloy  réimprimé  en^ 
16 14,  in-8^.  Il  y  examine  ù  le» 
lois  civiles  des  Jui£s  obligent  en- 
•core,  &  quand  elles  ont  été  abo- 
lies. Ce  livre  prouve,  beaucoup- 
d'érudition; 

IL  ZEPPER ,  (  Philippe  )  dona» 
les  Lois  civlUs  de  Moyfe  compara 
avec  les  Romaines ,  à  Hall  en  1632  » 
in- 8*  :  O uvrage  plein  de  profonde» 
recherches.  Ce  favant  étoit  con- 
temporain du  précédent. 

ZEUXIS ,  peintre  Grec  ,  y&% 
l'an  400  avant  J.  C.  ^  étoit  nad£ 
d'Hé^adée  >  oais-cQmneil  y  avoit 

un 


tÈtJ 

tià  grand  nombre  de  villes  die  ce 
nom ,  on  ne  Tait  point  au  jnfte  de 
laquelle  il  étoit.  Quelques  favans 
conjeâurent  néanmoins  qu'il  étoit 
d'Héraclée  proche  Crotone  ,  en 
Italie.  Zeuxls  ^c  difciple  d'Apol- 
(odorc'y  mais  il  porta  à  un  plus 
haut  degré  que  fon  maître ,  Tintel- 
ligence  &  la  pratique  du  coloris 
&duclair>obicur.  Ces  parties  eflen- 
tielles ,  qui  ^ont  principalement  la 
magie  de  l'art,  firent  rechercher 
fes  oi^vrages  avec  empreiTement. 
Ses  Cuccès  le  mirent  dans  une  telle 
opulence  i  »  qu'il  ne  vendoit  plus 
^  £es  Tableaux ,  parce  que  (  difoU- 
0  il)  aucun  prix  n'étoit  capable  de 
f»  les  payer  «u  ApoUodore  fut  mau- 
vais gré  à  Ztuxis  de  la-  réputation 
l|u'il  fe  faiCoit  par  fes  talens ,  &  ce 
jrival  indigné  ne  put  s'empêcher 
de  le  décrier  vivement  dans  une 
fatire.  L'élevé  ne  At  que  rire  de 
la  colère  de  (on  maître.  Ayant  fait 
lin  Tableau  repréfentànt  un  Athlète 
avec  la  dernière  vérité  «  il  Te 
contenta  de  mettre  au  bas  ;  On  U 
erhîquera.  plus  facilement  qu*on  tu 
limitera*  Les  anciens  ont  aufli  beau* 
Coup  vanté  le  tableau  d'une  Hèlent 
que  ce  peintre  fit  pour  lés  Agri- 
gentinsk  Cette  nation  lui  avoit  en-* 
voyé  les  plus  belles  filles  d'Agti-» 
gente.  Zmxis  en  retint  cinq  -,  & 
c'eft  en  réunififant  les  grâces  &  les 
charmes  particuliers  à  chacune , 
qu'il  conçut  l'idée  de  la  plus  belle 
jperfonne  du  monde ,  ^e  ion  pitt^ 
ccau  rendit  parfeitement.  Les  Cro- 
toniates ,  jaloux  dç/a  belle  Grecque 
que  le  pinceau  de  Ztuxis  avoit  fait 
naître  parmi  eux,  ne  la  firent 
d'abord  voir  que  difficilement  & 
pour  de  l'argent.  Ce  qui  donna 
Meu  à  quelque  mauvais  plaifant,  d'ap- 
peler ce  Portrait  Hélène  la  Courti* 
fane,.,  Nicomaque  rie  pôuvoit  fe 
laffer  d'admirer  ce  chef-d'œuvre. 
21  paffoit  régulièrement  une  heure 
#tt  deux  .  chaqite  jour  à  le  «onâ-» 
""     Tome  iXt 


21  e      Pt 

iitér,  Vn  de  ces  hommes  froids  t 
incapables  d'éprduver  la  moindre 
émotion  à  l'afpeft  du  beau,  re- 
;narquoit  des  défauts  dans  ce  fa- 
meux Tableau.  Prenei  mes  yeux  ^ 
dit  un  admirateur  au  cenfeur ,  & 
Vous  verrei  que  e*efl  une  Divinité,  Ce 
peintre  faififibit  la  nature  dans 
toute  fa  vérité.  Il  avoit  repréfeîité 
des  raifins  dans  une  corbeille ,  mais 
avec  un  tel  artj  que  les  oifeaux 
féduits  venoient  pour  béqueter  les 
grappes  peintes.  Une  autre  fois  il 
fit  un  Tableau  où  un  jeune  garçon 
portoit  un  panier  aufii  rempli  de 
raifins  \  les  oifeaux  vinrent  encore 
pour  manger  ce  fruit.  Zeuxis  en  fut 
mécontent ,  &  ne  put  s'empêcher 
d'avouer  qu'il  falloit  que  le  por- 
teur fût  mal  repréfenté  ,  puifqu'il 
n'écartoit  point  les  oifeaux.  Zmxis 
avoit  des  talens  fupérieurs,  mais  il 
n'étoit  pas  fans  compétiteurs.  Par-' 
rhafius  en  fut  un  dangereux  pour 
lui.  Il  appela  un  jour  ce  peintre 
en  défi*  Zeujgis  produifit  fon  Ta* 
bleau  aux  raifins ,  c(ui  avoit  trompé 
les  oifeaux  mêmes  -,  mais  Parrhafius 
ayant  montré  fon  Ouvragé ,  Zeuxis 
impatient  s'écria  :  Tirei  donc  ce 
rideau  l  &  Ce  rideau  étoit  le  fujet 
de  fon  Tableau.  Zeuxis  s'avoga 
vaincu  t  »♦  puifqu'il  n'avoît  trompé 
H  que  des  oifeaux,  &  que  Par^, 
>»  rhafius  l'avoit  féduit  lui-même  «. 
On  reprochoit  à  Zeuxis  de  ne  fa- 
voir  pas  exprimer  les  paffions  de 
Tame  ,  de  faire  les  extrémités 
de  fes  figures  trop  prononcées.  Si 
l'on  en  croit  Peftus ,  ce  peintre 
ayant  repréfenté  une  vieille  avec 
un  air  extrêmement  ridicule  ,  ce 
Tableau  le  fit  tant  rire  qu'il  en  mou* 
rut  :  Conte  extraordinaire  &  in- 
croyable. Voyei  fa  Vie  par  Carlo 
r>dtti , Florence,  i667,in-4°,  avec 
celles'  de  quelques  autres  Peintres 
Grec?, 

I.  ZIEGLER,  (Bernard)  théo- 
logien Luthérien,  né  en  Mifnîe 

Kk 


^14        7.  I  E 

l'an  1496 ,  d'une  famille  noble  , 
mort  en  1556  ,  deviot  profeffeur 
de  théologie  à  Leipzig*  Luther  & 
Mélanchtx^n  reftimoient  beaucoup , 
&  ne  l'airaoient  pas  moins.  Oa  a 
de  lui  un  Traité  de  U  Mtffc  ,  & 
d'autres  Ouvrages  latins  de  théo- 
logie &  de  controverfe  ,  qu'on 
laiiTe  dans  la  pouffiere  des  biblto- 
ifaeques. 

II.  ZIEGLER ,  (  Jacques  )  ma- 
^ématicien  &  théologien,  natif, 
fuivant  le  Dmcaùanay  deLindau  en 
Suabe ,  mort  en  1549*  enfeigna 
long-temps  à  Vienne  en  Autriche.  U 
ie  retira  enfuite  auprès  de  l'évêque 
de  Paflau.  On  a  de  lui  plufieurs 
Ouvrages.  1.  Des  Notts  fur  quel- 
ques  paifages  choifîs  de  TËcrirure- 
!fainte,Bàle,i548,in-fol.II.  Dtf- 
ctiption  de  U  Terrc-falnti ,  Stras- 
bourg ,  1 5  36  ,  in-fol.  -,  elle  eil  aflez 
cxa^e.  m*  Oc  conftpicUone  fo/îda 
Sphera,  in- 4®  :  ouvrage  dlimé^ 
IV.  Il  a  fait  un  Commentaire  fur  If 
Second  Livre  de  PlUie  ,  qui  n'eft 
point  à  méorifcr. 

III.  ZIEGLER»  (Gafpard)né 
â  Leipzig  en  161 1  ,  devint  pro* 
fefTeur  en  droit  à  Wittemberg  , 
puis  confeiUer  des  Appellations  & 
du  conMoire.  11  mourut  à  Wit- 
temberg en  i6c)o.  On  a  de  lui  : 
I.  De  Nnilte  Epifcopo.  II.  De  DU- 
tonis  &~de  Dlaconîffis  ,  Wittemberg-,'' 
1678  ,  in^**.  m.  De  Clero  rem- 
tente,  IV.  DeEpî/copisy  Nuremberg, 
a686  ,  in-4**-  V.  Des  Notes  Critl- 
fues  fur  le  Traité  de  Grotius  ,  du 
Droit  de  la  Guerre  û*  de  li  Paix  y 
&  d'autres  ouvrages  (avans.  Cet 
auteur  av<Mt  été  employé  par  la 
cour  de  Saxe  dans  des  allures  im- 
portantes. 

ZICABENUS,  Vayei  EiTTHY- 
Mius ,  n®  II. 

ZlLLETtl ,  (  François  )  (avant 
jurifconfulte  du  xvi^  iiecle.  U  pu- 
blia le  Recueil  des  Commentaires 
lîir  le  Droit  canonique»  fou»  le 


Z  IN 

titre  de  TraHatus  Traâataum ,  V«; 
netiis,  1548  ,  16  tomes;  1584,  18 
tomes,  qui  fe  relient  quelqudbis 
en  29.  On  ne  les  confulte  guère 
aujourd'hui. 

ZIMISCÈS,  Voyei  JeanI,  «n- 
pereur,  n°  xlix. 

ZIMMERMANN ,  (  Mathias  ) 
né  à  Eperies  Pan  162^ ,  miniâre 
à  Meiflen ,  &funntendant,  mourut 
en  1 689 ,  après  avoir  donné  plu- 
fieurs Ouvrages  au  public  :  I.  Ama'^ 
nitates  hîftoriee  ecclefiaftlcét  ,  avec 
figures ,  MeiiTen ,  16S4,  in- 4°..  U 
y  a  des  chofes  curieufes.  II.  Une 
DifTertation  fur  ces  paroles  de  Ter- 
tullen  :  fiunt ,  non  nafcuntur  Chrif" 
eîani ,  où  ce  Père  fait  remarquer 
que  U  Foi  chrétienne  étoit  l'effet  de 
laconviâion  ,  &  non  d'un  préjugé 
de  naifTance.  III.  Florileglam  philo» 
log'cj  -  hîfiorlcum  ,  Meiffen  ,  16S7  » 
in*4^ ,  avec  figures*  U  y  a  beau« 
coup  d'érudidon  i  les  Journaux  de 
Leipzig  en  ont  Êiic  un  grand  éloge« 
Cet  ouvrage  par  ordre  alphabétique, 
traite  des  arts  &  des  fciences  ,  & 
l'auteur  indique  à  chaque  article 
les  ouvrages  où  chaque  madère  eft 
traitée  au  long. 

Z  I N  G  H  A ,  reine  d'Angola  ,' 
étoit  foènr  de  Gola-Bendi ,  fouve- 
rain  de  ce  royaume  dans  le  der- 
nier fiecle.  Ce  defpote  A^cain 
avoit  immolé  à  fa  défiance  preT- 
que  toute  fa  famille.  Zingfut ,  dont 
il  avoit  fait  mafiacrer  le  fils  ,  & 
une  autre  fœur ,  étoient  les  feules 
qu'il  eût  épargnées.  Gola^Bendl 
ayant  été  entièrement  dé£ait  par 
les  Portugais ,  qui  ont  des  établif- 
femens  voifins  d'Angola  >  s'ein- 
poifonna ,  ou  fiit  empoifonné  par 
Zin^a,  Quoi  qu'il  en  foit,  l'am- 
bttieufe  princefle  s'empara  du  trône 
après  la  mort  de  fon  frère  ;  & 
pour  mieux  s'y  affermir,  elle  poi- 
gnarda fon  neveu ,  fils  de  Ben£  « 
qui  auroit  pu  le  lui  difputer.  Bicii- 
tôt  détrônée  elle-même  par  ks 


1 


 


Z  IN 

Portugais ,  elle  fe  vit  obligée  de 
fuir,  &  de  s'enfoncer  feule  dans 
<ks  déferts  horribles.  Après  y 
avoir  rcfté  quelque  temps ,  elle  pé- 
nétra jufque  dans  l'intérieur  de 
l'Afrique  Méridionale ,  chez  une 
nation  féroce  &  anthropophage  , 
appelée  les  Giagues  ou  Jagas ,  dont 
elle  adopta  les  ufages  barbares , 
dans  la  vue  de  s'en  faire  recon- 
noitre  fouveraine  ,  &  de  les  em- 
ployer à  fes  projets  de  vengeance. 
En  effet  elle  parvint  à  fe  faire 
déférer  l'autorité  fuprême  par  les 
Giagues ,  en  fe  dépouillant  comme 
eux  de  tout  fentiment  d'humanité , 
en  fe  nourrifTant  de  la  chair 
de  fes  fujets  >  &  en  égorgeant 
elle-même  les  viâimes  humaines 
qu'ils  of&oient  à  leurs  idoles.  Après 
les  avoir  gouvernés  ainiî  pendant 
30  ans ,  cette  princeffe  plus  que 
feptuagénaire ,  fe  repentit  des  atro- 
cités auxquelles  le  défîr  de  fe  ven- 
ger &  de  régner,  l'avoient  entraînée 
comme  malgré  elle.  Elle  réfolut 
d'abolir  les  coutumes  affreufes ,  & 
iur-tout  le  culte  abominable  des 
Giagues ,  &  de  retourner  fincére- 
ment  au  ChriiHanifme«({u'elle  avoit 
autrefois  embraffé  par  politique.  Le 
viceroi  Portugais  de  Loando^  in- 
formé de  fon  changement ,  lui  en- 
voya un  Capucin ,  nommé  le  Père 
Jntoine  de  Gaïette,  Ce  Miilionnaire 
reçut  fon  abjuration ,  &  la  déter- 
tnina  à  céder  au  roi  de  Portugal 
l'es  prétentions  fur  le  royaume 
d'Angola.  Zlngkà  publia  enfuite  des 
Edits  pour  l'abolition  des  viôimes 
humaines  &  des  autres  fuperilidons 
des  Giagues  ,  &  s'appliqua  avec 
ardeur  à  étendre  le  Chriftianifme 
dans  fes  Etats.  Mais  fon  grand  âge 
ne  lui  laiffa  pas  le  temps  d'achever 
fon  ouvrage.  Elle  mourut  avec  de 
frrands  fentimens  de  pénitence  ,  à 
Si  ans,  le  17  «Décembre  1664, 
laiffant  fa  nation  à  demi  policée  , 
^  incoflfolabie  de  ùt  perto.  Tel  ^ 


Z  I  N  515 

lè  précis  d'un  Ouvrage  moitié  hif*- 
torique  &  moitié  romanefque,  tra- 
duit en  partie  de  l'anglois,  &  public 
en  1769 ,  par  M,  Cafiilhon ,  fous  ce 
titre  :  Zihgha  Rdne  d: Angola ,  Nou»^ 
vclU  Afrkaîne,  Les  principaux  font 
puifés  dans  des  Mémoires  qu'a  laifTés 
le  Capucin  Antoine  et  Oaïetu  En 
frémiflant  des  forfaits  que  la  ven- 
geance &  la  barbarie  de  fa  nadon 
lui  firent  commettre  ,  on  admire 
dans  Zingha  un  courage  invincible, 
une  fermeté  au-deffus  des  revers» 
une  certaine  empreinte  de  grandeur 
•  &  d'héroïfme  qui  règne  dans  toute 
fe  conduite.  Nous  terminerons  cet 
arddeparun  trait  qui  la  caraâérife. 
Btndl  fon  frère  ,  roi  d'Angola» 
ayant  efliiyé  plufieurs  échecs  contre 
les  Portugais,  fe  vit  réduh  à  défirer 
la  paix.  Zingha  fiit  chargée  de  la 
négociation  auprès  du  viceroi  Por« 
tugais.  Celui-ci  lui  donna  audience, 
fuivant  l'ufage ,  affis  fur  une  efpece 
de  trône  dans  une  falle  où  il  n'y 
avoit  point  d'autre  fiége  pour  elle 
qu'un  couifin  fur  un  tapis  qui  cou- 
vroit  le  parquet.  La  fiere  princefle 
d'Angola  ordonna  à  une  de  fes  fem-> 
mes  de  fe  pofer  fur  les  genoux  Se 
les  mains,  &  fe  fît  un  fiége  de  fon 
dos.C'eft  à  l'occafion  de  cette  ambaf- 
iade  que,  pour  fe  concilier  la  na- 
don  Portugaife ,  Zingha  avoit  feint 
de  l'inclinadon  pour  le  Chrifiia- 
nifme,  &  qu'elle  s'étoit  hk  bap- 
dfer.  On  trouve  dans  le  Morérl  l'ar- 
ticle de  cette  reine  Africaine ,  fous 
le  nom  défiguré  de  Xingt  :  il  a  été 
compofé  fur  les  Reladons  £abu- 
leufes  de  Daper  &  de  Ludolf^ 

ZINZENDORF,  (  Nicolas-Louis, 
comte  de  )  d'une  famille  originaire 
d'Autriche,  étoit  fils  de  Georges» 
Louis  di  Ziniendorf^  chambellan  du 
roi  de  Pologne ,  éleâeur  de  Saxe. 
Il  s'eft  rendu  fimeux  dans  ce  fiecle , 
par  la  fondation  de  la  (tùe  des  Her- 
nuters  ou  Hemhuters  ,  qui  com- 
mença à  fe  former  à  Bartclsdorf . 

Kk  ij 


f i6      z  r  K 

dans  I4  haute  Lufiice,  tn  1712.  tl 
bâtit  pour  eux  une  maîfoii  dans 
une  forêt  voifine ,  &  à  la  fin  de 
1732»  il  y  eut  affez  d'habitations 
pour  faire  un  village  conAdérable' 
qu'on  nomma  Hemuth  ou  Hemhiuh, 
La  rapidité  avec  laquelle  cette  fe^ 
fidicuie  danc  Tes  dogmes,  &  fuf- 
pe£ie  dans  Tes  mosurs ,  s'eft  répan* 
due  en  Bohème  ôc  fur- tout  en  Mo- 
ravie ,  Ta  tait  conûdérer  comme 
un  reile  des  Adamites.  Coyer^  Bu/- 
0hing^  6c  iîir-tout  A<g)ter,Hernhuteff 
lui-même  ,  c»nt  donné  de  grands 
cloges  à  cette  feâe  ;  mab  ceux  qui 
Font  étudié  à  fond  y  ta  ont  porté 
vn  jugement  un  peu  oppoCé.  On  a 
tût  voir  par  l'extrait  des  Sermons 
même  du'  comte  de  Zin\enéorf^  qu'il 
•xigeoit  de  Ces  difciplèi  plus  de  reP 
peâ  &  de  confiance  en  Ton  juge- 
ment qu'à  l'autorité  de  l'Ecriture  \ 
pu  ce  qui  revient  au  même,  il  vou- 
loit  qu'ils  ne  priiTent  point  d'autre 
guide  que  lui  pour  fon  interpré* 
tation.  Parmi  fes  dogmes ,  on  trou- 
voit  ceux-ci  :  n  Que  l'on  doit  un 
•*  refpeâ  religieux  à  ChriA ,  à  l'ex- 
il cluûon  du  Père-,  que  Chrift  peur 
yt  changer  la  vertu  en  vice ,  &  le 
M  vice  en  vertu  \  que  toutes  les 
«)  idées  &  toutes  les  avions  qui 
n  font  généralement  cônfidérees 
M  comme  fénfuelles  &  impures, 
•i  changent  de  nature  parmi  les 
9*  frères,  &  deviennent  des  fym- 
*»  boles  myftiques  &  fpirttueU  «• 
En  1775  '  ^  *  P**^  "**  ouvrage 
anglois ,  intitulé  :  Dttaîi  hlfiotiqut 
fur  U  ConftUiition  préjcnu  de  la  jfo* 
tiétt  des  îrtrts  EyoéigéUques.  L'auteur 
cil  un  Hemhuter  qui  tâche  de  iuf- 
tifier  fa  feâe ,  mais  i\:  ne  réuifit 
pas  :  A»  yérîeé  perce  à  travers  /es 'arti- 
fices ,  dit  le  Joumalifte  anglois  qui 
rend  compte  de  cet  Ouvrage.  M. 
Crevenna ,  û  connu  par  fa  riche  bi- 
bliothèque, dont  on  a  publié  le  Ca- 
talopte  ralfofuié ,  Amfterdam,  1775  , 
J776  »  6  vol.  in  -  4° ,  poffede  un 


manufcrîf  y  intitulé  :JFâ<2s^  HiamJuÊt^ 
torum  &  ReUgh  ex  variîs  contra  eo& 
edltis  fcmptls  compendlofè  defcripea^- 
manufcrit  ,.  in  •  4^.  M.  Crevenna 
ajoute  :  »  Ce  manufcrit  efl  très- 
>»  curieux  ,  &  fi  ce  que  l'auteur 
»  anonyme  rapporte  de  la  croyance 
»  &  de  la  religion  des  Hernuhuttes,. 
**  eft  vrai,  il  faut  convenir  que 
«I  c'efi  la  plus  déteftable  feue  qui 
"  ait  jamais  pu  exifter ,  &  qu'elle 
»  eft  remplie  des  plus  horribles  abo^ 
«  minatiofls  qui  furpafiem  même 
n  toute  croyance  »*,Câi4i^giier<ixyba'- 
«1/,  &c.,  1  vol.  pag.  114.  Lecomtr 
de  Dohna  a  fuccédé  au  comte  de 
Zîniendorf^  dans  la  primatie  de  U 
fede.  On  a  la  Vie  de  ce  fameux 
fondateur  écrite  en  allemand»  par 
Augufle  Spangenberg  ,  imprimée  à 
Barby,  1777,  8  vol,  in-8®.  L'cn- 
thouûaûne  de  Thiftorien  égale  celui 
du  héros. 

Zr  I  P  È  ^  (  Vandcn  )  Foyci  Zr- 
rcEUs. 

Z I S  K  A,  (  Jean  )  gentilhomme 
Bohémien,  fut  élevé  à  la  cour  de 
Bohême ,  .du  temps  de  Wenccfas^ 
Ayant  pris  le  parti  des  armes  fort 
jeune  r  il  fe  fignala  en  diverfes 
occafions,'&  perdit  un  œil  dans 
un  combat-,  ce  qui  le  fit  appelet 
Ziska^  c-efirà-dire  borgne^  Les  Huf- 
fites»  outrés  de  la  mort  de  Jecat 
Hus  ,  le  mirent  à  leur  tête  pour 
la  venger.  Il  aflembla  une  armée 
de  payfans ,  &  il  les  exerça  fi  bien^ 
qu'en  peu  de  temps  il  eut  des  trou- 
pes aufii  bien  difciplinées  que  cou- 
rageufes.  JTenceJlas  étant  mort  en- 
1414,  il  s'oppofa  à  l'empereur  Sig{f^ 
mond ,  à  qui  appartenoit  lé  royaume 
de  Bohême.  U  aifiégea  la  ville  de 
Rabi,  où  il  perdit  fon  autre  œil 
d'un  coup  de  flèche ,  &  ne  Jat^ 
pas  néanmoins  de  faire,  la  guerre. 
11  fe  donna  un  grand  combat  de* 
vaut  AuiTig  fur  l'Elbe,  que  Zîsha 
ailiégeoit,  où  neuf  mille  Catholi- 
ques demeurèrent  fiir  la  place«  Cette 


21S 

^idoîre  le  rendit  maître  de  la  Bo* 
liême  *,  il  mit  tout  à  feu  &  à  fàng , 
f  uina  les  monafteres  &  brûla  les 
campagnes.  Son  armée  groilifibit 
«ous  les  jours.  Pour  éprouver  la 
valeur  de  Ces  troupes ,  il  les  mena 
à  la  petite  ville  de  Rkiekan  ,  qui 
avoit  une  JForterefle  ;  il  emporta 
jPune  &  l'autre,  &  condamna  aux 
Gammes  fept  prêtresu  De  là  il  fe 
rendit  à  Prachaticz ,  la  fomma  de 
le  rendre,  &  de  chaffer  tous  les 
Catholiques.  Les  habitansrej itèrent 
4:es  conditions  avec  mépris  ;  Zlskd 
Ht  donner  l'affaut ,  prit  la  ville , 
&  la  réduiik  en  cendres.  5i$tfoiond , 
alarmé  de  fes  progrès ,  lui  envoya 
desambafladeurs,  lui  offrit  le  gou- 
'vemement  de  la  Bohême  avec  des 
^conditions  les  plus  honorables  & 
les  plus  lucratives ,  s'il  vouloit  ra- 
fnener  les  rebelles  à  l'obéifiance. 
La  pdle  fît  échouer  ces  négocia- 
Âons  ;  Zîska  en  fut  attaqué ,  &  en 
mourut  l'an  1424.  C'eft  une  fable  , 
ique  l'ordre  qu'on  raconte  qu'il 
<lonna  en  mourant ,  de  faire  un  tam- 
ho}xt  de  Ta  peau.  Theohaldt  témoigne 
■qu'on  lifoit  encore ,  au  temps  où 
il  écfivoij,  cette  Epitaphe  fur  foa 
îombcau  : 

"  Ci  gît  han  Ziska,  qui  ne  le 
f^  céda  à  aucun  Général  dans  l'art 
"  militaire.  Jligoureux  vengeur  de 
•'  l'orgueil  &  de  Tavariçe  des  Ec- 
"  cléfiaftiques,  &  ardent  défenfeur 
**  de  la  patrie  :  ce  que  fît  en  faveur 
»»  de  la  République  Romaine ,  Ap^ 
•»  plus  Claudîus  l'aveugle,  par  fes 
>♦  confeils ,  &  Marçus  funus  C^miU 
"  lus ,  par  fa  valeur ,  ]e  Tai  fait  en 
»»  faveur  de  ma  patrie.  Je  n*ai  ja- 
»»  mais  manqué  à  la  fortune,  & 
**  elle  ne  m'a  jamais  manqué  ;  tout 
"  aveugle  que  j'étois ,  j'ai  toujours 
>*  bien  vu  les  oçcafîons  d'agir.  J'ai 
)»  vaincu  onze  fois  en  bataille  ran- 
f*  gée  ;  j'ai  pris  en  main  la  caufe 
«»  des  malheureux  &  celle  des  in- 
f*  dij^çns ,  çomre  des  Prêtres  fea- 


2  I  Z  517 

»9  fbéis  &  chargés  de  graiflie,  & 
»  j'ai  éprouvé  le  iecours  de  Dieu 
»  dans  cette  entreprife*  Si  leur 
»  haine  &  leur  enVie  ne  m'en 
^  avoienc  empêché  ,  j'aurois  été 
»  mis  au  rang  des  plus  illufires 
»  perfonnages;  cependant,  malgré 
»  Je  pape«  mes  os  repofent  dans 
w  ce  lieu  facré  ««.  yoyai  les  anUU& 
PROCOPjt,n°*  IV  (y  v. 

ZIZiM  ou  Z£M ,  fuivant  la  pro* 
nonciation  Turque,  (nom  qui  fî- 
gnifîe  Amour  en -cette  langue)  fils 
de  Mahomet  11  empereur  des  Turcs  ^ 
&  frère  de  Bajaiet  Jl,  eft  l'un  des 
princes  Ottomans  dont  nos  hiflo- 
riens  ont  le  plus  parlé.  Mahomet  II 
craignoit  que  l'amitié  de  ces  deux 
frères  ne  les  réunit  contre  lui ,  ou 
que  la  jaloufie  ne  mît  de  la  divifion 
entre  etix.  Il  donna  à  Zî\im  le  goo- 
vernement  de  la  Lycaonie,  danli 
l'Afie  mineure ,  &  à  Èajaiet  celui  dt 
laPaphlagonie ,  &  les  tint  toujours 
fi  éloignés  Tun  de  l'autre,  qu'ils  ne 
s*étoient  vus  qu'une  feule  fois ,  lor^ 
qu'il  mourut  le  3  Mai  1481.  Après 
fa  mort ,  Bajaiet  ^qm  étoit  l'aîné  , 
devoit  naturellement  lui  fuccéder , 
&  fut  en  effet  déclaré  empereur  le 
premier.  Mais  Ziilm  prétendit  que 
l'empire  lui  appartcnoit  ,  parce 
qu'il  étoit  né  depuis  que  fon  père 
avoit  pris  le  fcepare  »  au  lieu  que 
Baja^et  étoit  venu  au  monde  dans 
le  temps  que  Mahomet  n 'étoit  en- 
core qu'un  homme  privé.  11  s'em*- 
para  de  Prufe,  ancienne  demeure 
des  empereurs  Ottomans ,  &  fe  fit 
un  parti  confidérable.  Mais  ayant 
été  défait  par  Achemet-Geduc ,  gé- 
néral de  l'armée  de  Baja^et^  \i  fe 
retira  en  Egypte ,  puis  en  Ciiicie  « 
$c  -de  là  en  Lycie.  Ne  trouvant  au- 
cun afile  afiiiré ,  il  demanda  une 
retraite  au  grand^maitre  de  Rho- 
des ,  où  il  fut  reçu  magnifiquement 
au  mois  de  Juillet  1482.  (  Voy^ 
l'art.  1.  AuBUssoN.  )  Il  en  panit 
le  l^^  de  Septembre  fuivant,  pour 

Kk  uj 


pS         ZIZ 

▼enir  en  France.  Il  demeura  pen^ 
dant  fix  ans  dans  la  commanderie 
de  Bourgneuf ,  itir  les  confins  du 
Poitou  &  de  la  Marche»  toujours 
gardé  à  vue,  traité  néanmoins  avec 
konneur ,  mais  ne  voulant  pas  fe 
£ûre  Chrétien  ,  quoiqu'on  Ten 
preflat  beaucoup.  Le  pape  Inno^ 
€tnt  nu  le  demanda  à  Charles  f^Ill 
qui  l'accorda  très-aifément  »  mal- 
^  les  of&es  avantageufes  que 
B^jaict  lui  avoit  faites  pour  ne 
pas  fe  deflaiûr  d'un  prifonnier  de 
cette  importance.  Outre  des  reli- 
ques précieufes  &  des  préfens 
conâdérables ,  il  promenoir  de  re- 
mettre les  Chrétiens  en  poiTeffion 
de  Jérufalem  envahie  par  les 
Sarraûns  d'Egypte.  Mais  Charles 
VllI  avoir  donné  (a  parole  au 
pape;  il  voulut  la  garder.  L'in- 
fortuné Zî\im  fut  donc  livré  aux* 
députés  du  pape  &  conduit  à  Ro« 
me.  CharUs  V lll  s'étant  rendu 
dans  cette  capitale  en  1495 1  ^^ 
redemanda  à  Alexandre  «  qui  ,  après 
beaucoup  de  difficultés  le  rendit 
au  roi.  Zl\iin  mourut  peu  de  jours 
après.  Comînes ,  auteur  contempo- 
rain &  attaché  au  fervice  du  roi 
de  France,  allure  que  ce  prince 
étoit  déjà  empoifonné,  quand  il 
fut  remis  entre  les  mains  de  Char^ 
les  FUI,  Mais  les  kifioriens  fe  par- 
tagent Sut  les  auteurs  de  cet  em- 
poiConnement.  Les  uns  veulent  que 
ce  fuit  le  pape  ;  les  autres  accufent 
les  Vénitiens.  Ce  qui  fait  foupçon- 
ner  que  ceux*ci  n'étoient  pas  en- 
tièrement innocens,  c'eft  une  cir- 
confiance  rapportée  par  Comhtts: 
*i  Que  le  jour  que  les  Vénitiens 
**  furent  la  mort  du  frère  du  Turc , 
M  que  le  pape  avoit  baillé  entre 
"  les  mains  du  roi ,  il^  délibére- 
M  rent  de  la  Êdre  favoir  au  Turc 
w  pac  un  de  leurs  fecrétaires,  & 
M  commandèrent  qu'aucun  navire 
M  ne  paisât  la  nuit  entre  deux  châ- 
n  teaux.  qui  font  l'entrée  du  golfe 


ZIZ 

M  de  Venlfe  ,  &  ils  firent  finre 
»*  guet.  »  (^ Mémoires  Je  Cornâtes  , 
L.  VIL  c.  14.  )  Cet  emprefliemenc 
à  informer  Baja^et  de  la  mort  de 
fon  frère ,  &  ces  précautions  pour 
n^ètre  pas  prévenus ,  ne  donnent- 
elles  pas  quelque  lieu  de  foup-^ 
çoimer  les  Vénitiens  d'avoir  en 
part  à  l'empoifonnement  de  Zi» 
l<m?..  Mènerai  met  cette  aôion  an 
nombre  de  celles  dont  quelques 
hiftoriens  ont  accufé  ces  repu- 
blicain;  ^  il  l'impute  en  même  temps 
au  pape,  a  La  jaloufie  des  Ve- 
>t  nitiens  &  du  pape  fit  avorter 
»*  fes  belles  efpérances  :  ils  avoient 
M  «mpoifonné  ce  prince,  avant  que 
M  de  le  mettre  entre  les  mains  des 
»»  François  «.  {Abrégé  Chronologique^ 
tom.  IV,  p.  386.  )  Le  témoignage 
de  Mènerai ,  hillorien  bilieux  &  mi- 
fanthrope,  qui  croyoit  trop  £aici- 
lement  les  crimes ,  n'efl  pas  d'un 
grand  poids;  &  malgré  tout  ce  que 
nous  avons  dit ,  il  faut  avouer  qu'il 
en  eft  de  cet  événement  comme  de 
tant  d'autres,  fur  lefquels  lesfages 
fufpendent  leur  jugement.ll  fe  peut 
que  Venife  &  Alexandre  VI  fefoient 
fouillés  par  le  meurtre  de  Zi\lm  \ 
mais  il  fe  peut  très-bie^  ^re  aufi 
que  l'envie  &  la  haine  que  l'on 
portoit  à  ce  pontife  &  à  cette  ré- 
publique, leur  ait  £iit  attribuer  une 
foule  de  crimes'  qu'ils  n  ont  point 
conunis.  Quoi  qu'il  en  foit  >  Zi\in^ 
laifla  un  fils ,  nommé  Amurat^  qUi 
fe  réfugia  a  Rhodes.  Après  la  prife 
de  la  place  ,  ce  prince  infortuné 
s'étoit  caché  dans  Tefpérance  de 
fe  fauver  dans  le  vaiiTeau  du  grand- 
maître.  Il  fiit  découvert  &  mené 
à  l'empereur  Soliman^  qui  le  £t 
auffî-tôt  étrangler  en  préfence  de 
toute  fon  armée,  avec  fes  deux 
en£ins  mâles.  Deux  filles  qu'il  a  voit» 
furent  conduites  au  férail  à  Con« 
flantinople.  Ziiim  avoit  l'efprit  vif» 
Tame  noble  8c  généreufe ,  de  la 
paffion  pour  les  lettres  auffi-bico 


Z  I  z 

49ift  pour  1^  armes  »  &  quoique 
zélé  Mufulman ,  il  «iinok  les  cheva- 
liers  de  Ehodes  que  foa  pece  dé- 
xcftoit. 

ZIZIME,  fut  élu,ran  824, par  la 
aobleiTe  Romaine,  pour  fuçcéder  au 
pape  Pafchal  1,  tandis  que  le  cler« 
gé  &  le  peuple  nommoient  Eu^e* 
ne  lli  ce  quiauroit  caufé  un  Tchif- 
me,  û  Tempereur  Lothalre  n'écoît 
venaà  Rome»  où  il  appuyai* élec- 
tion à' Eugène^  &  obligea  Zîiîmc à  Te 
retirer. 

I.  ZOÉ  Carbonopsi.ne,  4^  fem- 
me de  l'empereur  Léon  VI ^  avoit 
une  vertu  mâle ,  un  efprit  élevé,  un 
difcemement  )uile ,  &  la  connoif- 
fance  des  affaires.  £lle  accoucha 
en  907,  de  Cenfiantm  Porphyrogenc' 
u.  Ce  prince  étant  devenu  empe- 
reur en  911,  Zoé^  chargée  de  la 
tutelle  de  fon  fils  &  de  Tadminif- 
tration  de  l'état,  choi£t  desminif- 
tres  &  des  généraux  capables  de  la 
féconder.  Après  avoir  diilipé  la  ré- 
volte de  Confimtîn  Dueas^  elle  fit 
la  paix  avec  les  Sarrafins,  &  força 
les  Bulgares,par  des.  viâpires,  à  ren- 
trer dans  leur  pays.  Elle  ne  fut  pas 
suffi  heureufe  contre  les  cabales  des 
^ounifansi  elle  futeodlée  de  la  cour 
par  fon  fils»  &  elle  mourut  dans  fa 
Retraite. 

II.  ZOÉ,  fille  de  Conftantîn  Xl^ 
née  en  97S  »  fi\t  également  ambi- 
tieufe  ,  débauchée  &  cruelle.  On 
la  donna  en  mariage  à  Argyrty  qui 
obtint  le  trône  impérial  après  la 
mort  de  fon  beau-pere  en  1028. 
Zoé  s'étant  dégoûtée  de  fon  époux, 
le  fit  étraoeler  dans  le  bain,  &  mit 
fur  le  trône  un  orfèvre,  nommé  MU 
€h<l  PaphlagonUriyqvk*  cllt  avoit  épou- 
fé.  Ce  prince  abandonna  le  gouver- 
nement de  l'empire  à  fon  fi-ere  Jean^ 
qui  le  détrôna  &  le  fit  enfermer 
dans  un  monaftere.  Zoé  eut  le  mê- 
me fort.  Mais,  en  1042,  elle  fut 
tirée  de  fa  retraite  pour  régner  avec 
ù,  fœur  Theodçra.  Elle  partagea  fa 


Z  01  519 

couronne  avec  Confiantîu  Mononuf 
que,  fon  ancien  amant,  l'homme 
le  plus  fcélérat  $l  le  plus  débau* 
ché  de  fa  cour,  &  Tépoufaen  3'* 
noce$,.i  l'âge  de  64  ans.  Elle  niou- 
rut  8  ans  après»  ea  1050,  après 
avoir  travaillé  de  concert  avecMo- 
nomaque  à  ruiner  l'empire.  Elle  égala 
dans  le  crime  la  mère  de  Néron ,  6c 
n'efiuya  point  fes  malheurs...  Il  y 
a  eu  quelques  autres  princefies  de 
ce  nom.  Nous  ne  parlerons  que  de 
Zoé  que  l'empereur  Léon  le  Phi- 
lofophe  époufa  &  couronna  impé- 
ratrice, pendant  la  vie  de  Théopha-- 
ne  fon  epoufe.  Elle  étoit  veuve  de 
Théodore ,  qui  avoit  été  empoifon» 
né,  &  fille  du  généial  Stylî^n,  qui 
profita  du  crédit  de  fa  fille  pour 
gouverner  l'empire  à  fon  gré.  Zoé 
ne  )ouit  pas  long* temps  de  fa  fa^ 
,  veur.  Elle  mourut  le  21*  mois  de 
fon  mariage  en  893  ,  &  fon  corps 
fut  mis  dans  un  cercueil  qui  ie 
trouva  par  hafard^  fur  lequel  étoïent 
gravées  ces  paroles  d'uaPfeaumei 
Maihcureufi  Fillt  dt  Babyfotul  Ces 
mots  marquoient  le  alnàut  de 
fa  vie. 

ZOILE,  diéteur,,  natif  d'Amphi- 
polis ,  ville  de  Thrace,  fe  rendit 
fiimeux  par  fes  Cridques  des  Ou- 
vrages à'Jfocrau  &  des  vers  d^Ho^ 
mcre ,  dont  il  fe  faifoit  appeler  le 
F/éau,  Il  vint  de  Macédoine  à  Ale- 
xandrie, où  il  difbibua  fesr  Cenfu* 
res  de  Vléîade^  vers  l'an  270  avant 
J.  C  U  les  préfeiua  i  Ptolomée^ 
qui  en  fut  indigné.  ZotU  lui  ayant 
demandé  le  prix  de  fes  imperti- 
nences ,  parce  qu'il  mouroit  de 
faim ,  ce  prince  lui  répondit  à  peu 
près  comme  Wéron  avoit  fait  au 
philofophe  Xénophanes  :  Que  pu!/" 
que  Homère,  qui  étoît  mort  depuis. 
mille  ans  ^  nourriffoU  plt^urs  milliers 
deptrfonncs;  Zoïle  y  qui /e  vantoUf 
d avoir  plus  d*efprît  ^u'Homere  »  d^ 
voit  bien  avoir  l'indujhie  de  Je  nour*- 
rir  bd-mimc,  La  mort.de  ce  miféca-«> 

Kkiv 


5î«       Z  O  M 

h\e  Oitîriqiie  eft  racontée  dîverfe- 
inent.  Les  uns  diCenc  que  Pto/omdi 
le  fit  même  en  croix-,  d*autres  qu'il 
fiit  lapidé,  8c  d'autres  qullfut  brû- 
lé tout  vif  à  Smyme.  Le  nom  de 
foiU  a  refté  aux  mauvais  criti- 
ques-, mais  les  Ouvrages  de  cet  au- 
teur ont  difparu ,  tandis  qiCHomere 
fubitftera  éternellement. 

ZONARE,  (Jean)  hiftorien  Grec, 
exerç9  des  emplois  coniîdçrables 
à  la  cour  des  empereurs  de  Con- 
ftantinople.  LaiTé  des  travers  du 
monde ,  il  fe  fit  moine  dans  l'Ori* 
dre  de  Saint-Bafile  ,  &  mourut  avant 
le  milieu  du  xxi'  fieçle.  On  a  de 
]ui  des  Annales^  qui  vont  jufqu'à 
la  mort  ^AUxls  Comnene ,  en  1 1  i8r 
C'eft  une  compilation  indigeile , 
telle  qu'on  pouvoit  Tattendre  d'un 
moine  Grec  audl  crédule  qu'igno- 
rant. Il  eft  infupportable  lorfqu'il 
ne  copie  pas  Dion;  cependant  il 
peut  être  utile  pour  l'hiiloire  de 
ion  temps.  La  meilleure  édition  dé 
fon  Ouvrage  eil  celle  du  Louvre , 
î686  &  1687,  2  vol.  in-folio.  Le 
préfident  Coujin  en  a  traduit  en 
françois  ce  qui  regarde  l'hiiloire 
Romaine.  On  a  encore  de  Zonare 
des  Commentaires  fur  les  Cernons  des 
Apôttes  &  4cs  Conciles ^"Paris^  1618  , 
in-folio  j  &  quelque»  Tw^-f  peu 
eftimés, 

ZONCA,  (Victor)  habile  ma, 
thématicien  d'Italie,  du  xvii^  fie- 
cle ,  fe  livra  particulièrement  à  I9 
mécanique  Ça  à  l'architefbure ,  û 
y  réufîît.  Il  avoit  un  talent  fin-» 
gulier  pour  inventer  de  nouvelles 
machines.  On  dit  que  la  ledlure 
des  Ouvrages  de  RameUl  lui  infpira 
ce  goût.  Il  publia  fes  Inventions 
dans  un  ouvrage  imprimé  à  Padoue, 
J621,  in-fol. ,  fous  ce  titre:  Novo 
J'eatro  dî  Machine  &   Edifiai, 

I.  ZOPYRE ,  l'un  dcs  courtifans 
lie  Darius  fils  à'flyfijfpe^  vers  l'an 
f  20  avant  J,  C, ,  fe  rendit  fameux 
p3r  îç  ftratagçmç  dpRt  U  fç  ftryit 


Z  O  R 

pour  foumettre  la  ville  de  Bihyi<fi 
ne ,  affiégée  pa^  ce  monarque.  S'é« 
tant  coupé  le  nex  &  les  oreilles,  il 
fe  préfenta  en  cet  état  aux  Baby- 
loniens, en  leur  difant«  que  »  c'é- 
*'  toit  fon  prince  qui  l'avoit  û  cnich 
»  lement  maltraité.**  »  Les  Babylo- 
mens ,  ne  doutant  point  qu'il  nç 
fe  vengeât ,  lui  confièrent  enriére* 
ment  la  défenfe  de  Babylone ,  dont 
il  ouvrit  enfuite  les  portes  à  Don 
nia,  après  un  fiége  de  20  mois« 
Ce  prince  lui  donna  en  récompenfe 
le  revenu  de  la  province  de  Baby- 
lone ,  pour  en  jouir  pendant  toutQ 
(à  vie  i  ce  ne  fut  pas  afiez  des  ré- 
compenfes ,  il  y  ajouta  des  diftinc* 
Àons  &  des  çareiTes.  Il  dit  Couvent 
qu'i/  aîmeroît  mieux  avoir  Zopyre 
non  mutilé,  q^e  vingt  Bahyl&nts* 

II.  ZOPYRË  ,  médecin  ,  qui 
communiqua  à  Muhridau^  roi  dQ 
Pont,  la  defcription  d'un  antidote* 
comme  un  remède  affuré  contre 
toutes  fortes  de  poifons.  Ce  prin? 
ce  en  fit  faire  diverfes  expériences 
fur  des  criminel  s  condamnés  àmort» 
qui  réuflirent  toutes.  Cdfe  parle 
d'un  antidote  appelé  Ambrofia , 
çompofé  par  un  médecin  du  même 
nom ,  pour  un  roi  Ptolomce,  Quei-? 
que  cet  antidote  foit  un  peu  diffé* 
rent  du  premier,  il  pourroit  être 
du  même  médecin  qui  l'auroit  pré*» 
fente  à  un  des  premiers  Ptolomées , 
contemporain  de  MUhridatt.  On 
trouve  un  autre  Zo^t^z  ,  auffi  m&r 
decin ,  qui  vivoit  dans  le  11*^  fiede, 
du  temps  de  PUaarque, 

ZORO ASTRE,  philofophe  de 
l'antiquité  ,  fut  (  dit-on  )  roi  des 
Bad^riens.  Il  s'acquit  une  grande 
réputation  parmi  les  Perfes,  auzf 
quels  il  donna  des  lois  fur  la  re« 
ligion.  Quelques  auteurs  le  font 
plus  ancien  q\i* Abraham ,  &  d'au- 
tres le  reculent  jufqu'à  Darius  qui 
fuccéda  à  Cambyfe\  enfin  d'autres 
difiinguent  plufieursZorotfj?rM.Quo} 
^U'il  çn  f9i$  dç  ççs  dxft'çrçntçs  ppii 


Z  OR 

91S011S ,  on  ne  peut  guère  doutei" 
qu'il  n'y  ait  eii  dans  laPerfe,long- 
f  ems  avant  Platon ,  un  fameuxphi- 
lofophe  nommé  Zoroaftn ,  qui  de- 
vint le  chef  des  Mages ,  c'eft-à-dire, 
de  ces  philofophes  qui  joignoient 
à  rétude  de  la  religion ,  celle  de  la 
métaphyfique ,  de  la  phyfique  & 
de  la  fcience  naturelle.  Après  avoir 
établi  fa  dodhine  dans  la  Baâriane 
&  dans  la  Médie  >  Zoroaftn  alla  à 
Suze  fur  la  fin  du  règne  de  Darius, 
dontil  fit  un  profélyte  de  fa  reli- 
gion. Il  fe  retira  enfuite  dans  une 
ipaverne ,  &  y  vécut  long-temps'en 
reclus.  Les  feftateurs  de  Zoroaflrc 
fubfiftent  encore  en  Afie ,  &  prin- 
cipalement dans  la  Perfe  *&  dans 
les  Indes.  Ils  ont  pour  cet  ancien 
philofophe^  la  plus  profonde  véné* 
ration,  &  le  regardent  comme  le 
grand  Prophète  que  Dieu  leur  avoit 
envoyé  pour  leur  communiquer  fa 
loi.  Ils  lui  attribuent  même  un  Li- 
vre qui  renferme  fa  doârine.  Cet 
Ouvrage ,  apporté  en  France  par 
Finfatigable  &  favant  M.  Anquetll , 
3  été  traduit  par  le  même  dans  le 
Recueil  qu'il  a  publié  en  1770, 
fous  le  nom  de  Zend-Avefta  ,  2 
vol.  in-4**.  L'original  a  été  dépofé 
-  à  la  bibliothèque  royale.  €e  livre 
eft  divifé  en  cent  articles.  Voici 
Jes  principaux:  w  i.  Le  décret  du 
»•  très-jufte  Dieu  eft ,  que  les  hom- 
»•  mes  foient  jugés  par  le  bien  & 
f*  le  mal  qu'ils  auront  fait.  Leurs 
>f  actions  feront  pefées  dans  les  ba« 
''  lances  de  l'équité.  Les  bons  ha- 
»•  biteront  la  lumière  -,  la  foi  les  dé- 
»\  livrera  de  Satan,  1.  Si  les  ver- 
»»  tus  l'emportent  fur  les  péchés , 
»»  le  Gel  eft  ton  partage  \  fi  les  pé- 
»•  chés  l'emportent  ,  l'Enfer  eft 
f*  ton  châtiment.  3.  Qui  donne  Tauf 
M  mône,  eft  véritablement  un  hom- 
if  me.  4.  Eftime  ton  père  &  tamerei 
>♦  fi  tu  veux  vivre  à  jamais.  5, 
M  Quelque  chofe  qu'on  te  préfente, 

^  ^ixm  Piçu,  ^,  Mariç-tQt  iw9  u 


ZOR  5lf 

>»  jcunefle  ;  ce  monde  n'eft  qpi'un 
'*  pafiage  ;  il  îam  qae  ton  fils .  to 
»  iuive ,  &  que  la  chaîne  des  êtres 
"  ne  foit  point  interrompue.  7.  U 
»»  eft  certain  que  Dieu  a  dit  à  Zo* 
y»  roaftre  :  Quand  on  fera  dans  le 
»*  doute  fi  Une  aâion  eft  bonne 
»  ou  mauvaife ,  qu'on  ne  la  îaSe 
»  pas.  8.  Que  les  grandes  libérali- 
»  tés  ne  foient  répandues  que  fut 
«*  les  plus  dignes;  ce  qui  eft  con* 
»  fié  aux  indignes ,  eft  perdu.  9* 
»  Mais,  s'il  s'agit  du  nécefiîûre, 
H  quand  tu  manges ,  donne  auffi  à 
»»  manger  aux  chiens.  10.  Quicon- 
M  que  exhorte  les  hommes  a  la  pé« 
**  nitence»  doit  ên'e  uns  péché; 
M  qu'il  ait  du  zèle,  &  que  |e  zèle 
»>  ne  foit  point  trompeur ,  qu'il  ne' 
f>  mente  jamais  *,  que  fon  caraÔcre 
»  foit  bon ,  fon  ame  fenfible  à  Ta* 
n  mitié,  fon  cœur  &  îà.  langue 
)*  toujours  d'intelligence;  qu'il  ibîc 
><  éloigné  de  toute  débaudie ,  de 
M  toute  injuftice»  de  tout  péché  ; 
)»  qu'il  foit  un  exemple  4^  bonté» 
)«  de  juftice  devant  le  peuple  de 
*•  Dieu.  II.  Ne  mens  jamais:  cela 
»  eft  infâme ,  quand  même  le  men^ 
M  fonge  feroit  utile.  12.  Point  de 
"  familiarité  avec  les  courtifanes. 
>t  Ne  cherche  à  féduire  la  femme 
)*  deperfoime.  13.  Qn'ons'abfiîen* 
n  ne  de  tout  vol ,  de  toute  rapine* 
»  14.  Que  ta  vasàn,  ta  langue  &  ta 
I»  penfée  foient  pures  de  tout  pé* 
M  ché.  15.  Dans  les  affligions ,of- 
»  fre  à  Dieu  ta  patience;  dans  le 
»  bonheur,  rends-lui  des  aôions 
"  de  grâces.  16.  Jour  8c  nuit  penfe 
I'  à  faire  du  bien;  la  vie  eft  courte. 
"  Si ,  devant  fervir  aujourd'hui  ton 
»  prochain,  tu  attends  à  demain, 
M  fais  pénitence.  »  Ces  préceptes 
de  morale  font  mêlés  d'obfervauf 
ces ,  les  unes  raifonnables ,  les  au- 
tres ridicules,  &  de  dogmes  plus 
abfurdes  encore  ;  nous  ne  nous 
fommes  arrêtés  qu'aux  réglemens 

fur  l€$  mœurs  I  comme  plus  im^: 


ifii        Z  O  R 

portans  8c  plus  faciles  à  entendre* 
Le  nom  de  Guurc  ou  Gui.br*,  que 
portent  les  feâateurs  de  Zoroajirt^ 
êft  odiejx  en  Perle:  il  fignifîe  en 
vabe  •  InfidtlU ,  &  on  le  donne  a 
ceux  de  cette  feue  comme  un  nom 
tde  nation.  Ils  ont  à  Ifpahan  un 
faubourg  appelé  Gauraaard ,  ou 
la  VUU  du  Goura ,  &  ils  y  font 
employés  aux  plus  baflîes  &  aux 
plus  viles  occupations.  Les  Gaures 
ibnt  ignorans  •  pauvres ,  fimples  • 
patiens  «  fuperftitieu.v ,  d'une  mo« 
raie  rigide ,  d'un  procédé  franc  À 
fincere  ,  &  très-zélés  pour  leurs 
riis.  Ils  croient  la  Réfurreâion  des 
morts ,  le  Jugement  dernier ,  & 
n'adorent  que  Dieu  feul.  Quoi- 
qu'ils pratiquent  leur  culte  en  pré- 
lence  du  Feu ,  en  fe  tenant  vers  le 
Soleil  y  ils  proteficnt  n'adorer  ni 
l'un  ni  l'autre.  Le  Feu  &  le  Soleil 
étant  les  fymboles  les  plusfrappar.s 
de  la  Divinité  »  ils  lui  rendent  hom- 
mage en  fe  tournant  vers  eux.  Les 
Perfans  &  les  autres  Mahométans 
les  perfécutent  par- tout ,  &  les  trai- 
tent à  peu  près  comme  les  Chré- 
tiens traitent  les  Juifs.  Le^  Guebres 
ne  fe  marient  qu'à  des  femmes 
élevées  &  qui  perfcverent  dai  s 
leur  Religion.  Si  dans  les  neuf  pi  e- 
miers  mois  de  mariage  elles  fcnt 
ftériles ,  ils  peuvent  en  prendre  une 
féconde.  lU  ont  enfin  un  goût  par- 
ticulier pour  les  mariages  incef- 
tueux. 

ZOROBABEL ,  de  la  famille  des 
rois  de  Juda ,  fils  ou  petit-fils  de 
Salatld ,  joua  un  rôle  à  Baby  lone , 
©ù  fes  frères  étoient  en  captivité. 
Cyrus ,  pénétré  d'eftime  pour  Zotc^ 
èabel\  lui  remit  les  vafes  facrés 
du  Temple ,  qu'il  renvoyoit  à  Jéru- 
falem  ,*  &  ce  vertueux  Ifraélite  fut 
le  chef  des  Juifs  qui  retournèrent 
en  leur  pays.  Quand  ils  furent  ar- 
rivés, Zorobahel  commença  à  jeter 
les  fondemens  du  Temple ,  l'an  535 
avant  ^J.  C.  *,  mais  les  Samaritains 


z  os 

firent  tant  par  leurs  intrigues  auprès 
des  miniôres  de  la  cour  de  Perfe» 
qu'ils  vinrent  a  bout  d'interrompre 
l'ouvrage.  Le  zcie  des  Juifs  s'étant 
ralenti  ,  ils  furent  pums  de  leiir 
indifférence ,  par  plufieurs  fléaux 
dont  Dieu  les  frappa»  La  leconde 
année  du  règne  de  Dmrius  ,  fils 
éHiyflafpa^  il  leur  envoya  les  pro* 
phetes  Agg/le  &  Zacharit ,  pour  leus 
reprocher  le  mépris  qu'ils  laiibicnt 
de  fon  culte ,  &  leur  négligence  i 
bâtir  fon  Temple.  ZorohaUf.  &  tout 
le  peuple  reprirent,  avec  une  ardeur 
incroyable,  ce  travail ,  interrompu 
depuis  14  ans.  Zorchahtl  préfidoit  i 
l'ouvrage,  quiftit  achevé  l'an  5x5 
i|||^r  J.  C .  La  dédicace  s'en  fit  fo* 
iennellement  la  même  année. 

I.  ZOSIM£ ,  (  S.  )  Grec  de  naif- 
(ance ,  monta  fur  la  chaire  de  Saint- 
Pierre  p  après  Innouru  /  »  le  18  Mars 

417.  Ceiefttus^  difciple  de  PéU^t^ 
lui  en  impofa  d'abord  *,  mais  dans 
la  fuite ,  ce  pape  ayant  été  détrompé 
par  les  évèques  d'Afrique ,  il  con- 
firma le  jugement  rendu  par  foa 
prédécefiieur  contre  cet  hérétique, 
&  contre  Pilagt  fon  maître.  Il  obtint 
de  l'empereur  un  Refcrit  pour  chaâfer 
les  Pélagiens  de  Rome  :  [  Voye^  ce 
mot.  )  Zofimt  décida  le  différent 
qui  ctoit  entre  les  Eglifes  d'Arles 
&  de  Vienne ,  touchant  le  droit  de 
métropole  fur  les  provinces  Vien» 
noife  6i  Narbonnoife ,  &  fe  déclara 
en  faveur  de  PatrocU  ,  évéquc 
d  Arles.  Ce  pontife ,  également  fa- 
vant  &  zélé,  mourut  Iç  26  Décembre 

418.  On  a  de  lui  xvi  EpUrts  ^ 
écrites  avec  chaleur  &  avec  force. 
Elles  fe  trouvent  dans  le  recueil  des 
EpîJioUt  Romanorum  Ponùficum  ,  de 
Dom  €ouflant ,  in-fol« 

II.  ZOSIME.  comte  &  avocat 
du  Fifc ,  fous  l'empereur  Théàdofc 
U  Jeune  ^  vers  Tan  410 ,  compofa 
une  HJfialrt  des  Empereurs  ,  en  TI 
livres  ,  depuis  Auptfte  jufqu'au 
y  ^  fiede ,  dont  il  ne  nous  reffe  que 


1 


z  o  s, 

les  V  premiers-  livres  Ôt  le  com- 
mencement du  VI®.  La  plus  belle 
édition  eft  celle  d'Oxford,  1679, 
in-8°.  Cellarîus  en  donna  une  bonne 
en  1696,  en  grec  &  en  latin ,  in-8°  ; 
Lamc/avius  l'a  traduite  en  latin ,  & 
le  préûdent  Coufin  en  fîrançois. 
Zofime  ,  zélé  Païen  ,  peint  avec 
des  couleurs  fort  noires  l'empereur 
Conftantîn,  11  ne  laiiTe  échapper  au- 
cune occafion  de  fe  déchaîner  contre 
les  Chrétiens.  Son  Ouvrage  eil 
écrit  avec  plus  d*élégance  que  de 
.vérité. 

UI.  ZOSIME ,  fupérîeur  &  abbé 
'd*un  monaftere  iitué  au  bord  du 
Jourdain  ,  vers  l'an  437  ,  porta 
l'Ëuchariftie  dans  le  défert  à  4^ 
JAatU  l'Egyptienne. 

ZOUCH  /  (  Richard  )  de  la  pa- 
roiiTe  d* Anfîey ,  dans  le  Wilshire , 
d'une  famille  ancienne ,  mort  en 
1660  ,  devint  doâeur  &  profefieur 
en  droit ,  &  exerça  pluiieurs  autres 
emplois  importans.  On  a  de  lui  un 
grand  nombre  de  favans  Ouvrages , 
dont  la  plupart  font  en  latin.  On  ne 
les  lit  prefque  plus. 

I.  ZUCCHARO,(Thaddée) 
peintre,  né  à  San-Aguolo-in-vado , 
dans  le  duché  d'Urbin ,  en  1 5  29  , 
snort  en  1566.  Les  Ouvrages  du 
céltht^  Raphacl ,  firent  de  Thaddée 
un  excellent  artide.  Le  cardinal 
Famefcy  qui  l'occupa  long- temps, 
lui  faifoit  une  peniion  confidérable. 
Cet  état  d'opulence  entraîna  cç 
peintre  dans  des  parties  de  débau- 
che ,  qui  jointes  à  (es  pénibles  tra- 
vaux ,  avancèrent  fa  mort.  Cet 
anifte  était  maniéré.  Il  a  peint  de 
pratique  *,  mais  il  entendoit  par- 
faitement à  difpofer  Tes  fu) ets  -,  il 
avoit  des  idées  nobles ,  &^fon  pin- 
ceau çtoit  affez  moelleux.  Il  a  mis 
de  l'efprit  dans  fes  defiins  arrêtés  à 
la  plume  &  lavés  au  biilre  ;  mais 
ii  y  a  peu  de  noblefie  dans  fes 
airs  de  têtes  ;  trop  de  rdTemblance 
cotre  ell^ ,  &  de  fingularité  dans 


z  U  f         5ï3f 

les  extrémités  des  pieds  &  des 
mains  de  Tes  figures. 

II.  ZUCCHARO  ,  (  Frédéric  ) 
peintre ,  né  dans  le  duché  d'Urbin . 
en  1543 ,  mort  à  Ancône  en  1609  » 
fut  élevé  de  Thaddée  Zhuccharo ,  fon 
frère  .  qui  lui  procura  bientôt  les 
occaivons  de  fe  diflinguer.  Il  fe 
fixa  à  Rome ,  par  l'ordre  du  pape 
Grégoire  Xlll.  Frédéric  eut  alors 
quelques  différens  avec  les  officiers 
de  ce  potitife.  Il  emprunta  de  fon 
art  les  traits  de  fa  vengeance.  Il 
fit  un  Tableau  de  la  Calomnk  ,  oà 
il  repréfenta  fes  ennemis  avec  des 
oreilles  d'âne ,  &  alla  expofer  cette 
peinture  fur  le  portail  de  Saint-Luc  , 
le  jour  de  la  fête  de  ce  Saint.  Ce 
trait  irrita  le  pape,  qui  obligea 
frédcric  de  quitter  Rome  ^  mais  il  y 
retourna  quelque  temps  après.  Fré" 
diric  vint  en  France ,  &  paffa  auffi 
en  Hollande,  en  Angleterre  &  en 
Efpagnc.  Les  Ouvrages  qu'il  fit 
dans  la  falle  du  grand-confeil ,  à 
Venife ,  lui  méritèrent  des  éloges 
du  fénat ,  qui  voulant  marquer  à 
Frédéric  fon  cflime ,  le  créa  chevalier. 
Enfin  il  entreprit  d'établir  à  Rome 
une  académie  de  Peinture,  dont  il 
fut  élu  chef,  fous  le  nom  de  prince. 
Frédcrlc  a  compofé  des  Livres  fur  la 
peinture.  Cet  artifle  avoit  beaucoup 
de  facilité  pour  inventer.  Il  étoit 
bon  coloriile ,  &  auroit  été  par^t 
deffinateur  »  s'il  eût  été  moins  ma- 
niéré. Il  a  coifïc  fes  têtes  d'une 
manière  fingulicre  *,  fes  figures  font 
roides ,  elles  ont  les  yeux  pochés  \ 
{çs  draperies  font  mal  jetées. 

ZUCCHUS.  Koyei  ACCIVS. 

ZUERIUS  BOXHORN,  Voye^ 

BOXHORN. 

ZUINGLE,  (  Ulric)  né  à  Vilde- 
haufen,  en  Suifle ,  le  1^'  de  Janvier 
1487 ,  apprit  les  langues  à  Berne, 
&  continua  fes  études  à  Rome ,  à 
Vienne  &  k  Bâle.  Après  avoir  £ùt 
fon  cours  de  théologie,  il  fut  curé 
à  QjariSy  en  i  jo6 ,  & enfuite  dans 


\ 


514         2  U  I 

m  gros  bourg ,  nommé  Notre- 
Aune  des  Hermites.  C'étoit  un  lieu 
de  dévotion  fort  fameux,  où  les 
yélcrins  vcnoient  en  foule  &  £ii- 
Ment  beaucoup  d'offrandes.  Zn/i^/e 
J  découvrit  d'étranges  abus ,  &  vit 
^|Be  le  peuple  étoit  dans  des  erreurs 
Çoflîeres ,  fur  Tefficadté  des  péle- 
mages  &  fur  une  foule  d'autres 
yranques  :  il  fe  déchaîna  contre  ces 
abus.  Tandis  qu'il  s'occupoit  de 
cette  reforme ,  Uon  X  faifoit  pu- 
Mieren  Allemagne ,  des  indulgences 
far  les  Dominicains  »  8c  en  Suiile , 
far  un  Cordelier  Milanois.  ZulngU^ 
fâché  que  ce  moine  lui  eût  été 
frçfcré ,  commença  à  déchirer  le 
voile  qui  couvroit  quelques  prati- 
<SKs.  fuperftitieufes.  Il  attaqua  en- 
suite ,  non-feulement  Tautorité  du 
pape,  le  facrement  de  Pénitence, 
2c  mérite  de  la  Foi  ,  le  péché 
Or^inel,  l'effet  des  bonnes  œuvres; 
mais  encore  l'invocation  des  Saints» 
le  ficrifîce  de  la  Mefle,  les  Lois 
ecdéfiailiques ,  les  vœux ,  le  célibat 
<fes  Prêtres  &  l'abitinence  des  vian* 
des.  Zu/ngU  s'attira  les  inveûives 
du  clergé  de  fon  pays  par  ces  nou« 
veautés  -,  mais  il  avoit  pour  lui  I3 
magiilrature.  11  engagea  le  fénat 
de  Zurich  à  s'afTembler ,  le  19  Jan- 
vier 1513,  pour  conférer  touchant 
la  Religion.  On  alla  aux  voix  ^  la 
pluralité  fut  pour  la  réformation. 
On  attendoit  en  foule  la  fentence 
rfu  fénat,  lorfque  le  greffier  vint 
atuioncer  que  ZulngU  avoir  gagné 
£i  caufe.  Tout  le  peuple  fut ,  dans 
le  moment ,  delà  religion  du  fénat. 
Ce  changement  fut  confirmé  dans 
plusieurs  autres  aifemblées.  Les  ma- 
giârats  abolirent  fucceilîvement  la 
MefTe  &  toutes  les  cérémonies  de 
l'Eglife  Romaine.  Ils  ouvrirent  les 
cloîtres  ;  les  moines  rompirent  leurs 
vœux  ;  les  curés  fe  marièrent ,  & 
Zuingle  lui-même  époufa  une  riche 
veuve.  Voilà  le  premier  effet  que 
produiût,  dans  le  canton  de  Zurich» 


Z  U  I 

fa  réforme  de  Zuîngle.  Il  étoitf 
fort  occupé  de  la  difEcidté  de  con- 
cilier le  fentiment  de  Carlofiad  fur 
TEuchariftie,  avec  les  paroles  de 
hfus'Chiift ,  qui  dit  expreiTément  ; 
Ctci  MST  Mos  Corps.  Il  eut  un 
ibnge ,  dans  lequel  il  croyoit  dif- 
puter  avec  le  fecrétaire  de  Zurich  ^ 
qui  le  preffoit  vivement  fur  les 
paroles  de  l'inflitution.  Il  vitparoi- 
tre  tout  à  coup  un  fantôme  blanc 
ou  noir ,  qui  lui  dit  ces  mots  : 
Loche  ^  que  ru  riponiU-tu  ce,  qui  efi 
écrit  dans  t Exode  :  L'Agneau  EST 
LA  Paque  y  pour  dire  qu'il  en  efi 
U  figne.  Cette  réponfe  du  fintôme 
fut  un  triomphe,  &  Zuingle  n'eut 
F^s  de  difficulté  fur  l'Euchariflie, 
11  enfeigna  qu'elle  n'étoit  que  la 
figure  du  Corps  &  du  Sang  de  J.  C, 
Il  trouva  dans  l'Ecriture»  d'autres 
exemples  ,  où  le  mot  est  s'em- 
pîoyoit  pour  le  mot  sjçnifimi 
tout  lui  parut  alors  facile  dans  let 
fentiment  de  Carloftad.  L'explica- 
tion de  Zuingle ,  favorable  aux  fens 
&  à  l'imagination ,  fe  répandit  eq 
Allemagne,  en  Pologne ,  en  Suifie» 
en  France ,  dans  les  Pays-Bas ,  6c 
forma  la  fedte  des  Sacramentairrs^ 
Plufieivs  Cantons  reilerent  conf- 
tamment  attachés  à  la  Religion 
Romaine ,  &  la  guerre  fut  fur  le 
point  d'éclater  plus  d'une  fois  entre 
les  Catholiques  &  les  Proteflans, 
Enfin  les  Cantons  de  Zurich,  de 
Schaffoufe  ,  de  Berne  &  de  Baie, 
défendirent  de  tranfporter  des  vi«» 
vres  dans  les  cinq  Cantons  Catho* 
liques  ,  &  on  arma  de  part  & 
d'autre.  Zuingle  fit  tous  fes  efforts 
pour  éteindre  le  feu  qu'il  avoit 
allumé.  11  n'étoit  pas  brave ,  &  il 
falloit  qu'en  qu'alité  de  premier  paf-^ 
teur  de  Zurich ,  il  allât  à  l'arme'e; 
Il  fentoit  qu'il  ne  pbuvoit  s'en  dif" 
penfer,  &  il  ne  doutoit  pas  qu'il 
n'y  périt.  Une  Comète  qui  parut 
alors  ,  le  confirma  dans  la  perfua- 
ilon  qu'il  feroit  tué.  U  s'en  plaignii 


tvî 

Hûïie  manière  lamentable ,  &  publia 
^ue  la  Comète  annonçoit  fa  mort 
&  de  grands  malheurs  fur  Zurich. 
Malgré  les  plaintes  de  ZuingU ,  la 
guerre  fut  réfolue ,  &  il  fut  obligé 
d'accompagner  une  armée  de  vingt 
mille  hommes.  Les  Catholiques  fe 
mirent  derrière  un  dé^^,  par  où 
ies  ennemis   ne  pou^S^t  pafTer 
que  l'un  après  l'autre.  La  plus  grande 
partie  de  l'armée  des  Zuingliens , 
périt  les  armes  à  la  main ,  &  l'autre 
fut  mife  en  fuite.  ZtùngU  fut  du 
nombre  des  morts  j  ce  fut  le  ii 
O6iobre  i  ^  3 1 ,  il  avoir  environ  44 
ans.  Les  Catholiques  brûlèrent  fon 
corps ,  tandis  que  fon  parti  le  regar- 
doit  comme  un  martyr.  Ce  réformar 
teur  n'étoit  ni  favant  ni  grand  théo- 
logien y    ni  bon    philofophe ,  ni 
excellent  littérateur  ;  il  avoit  l'ef- 
prit  juile  ,  mais,  borné  :  il  expofoit 
avec  aiTez  d'ordre  fes  penfées  j  mai» 
il   penfoit  peu   profondément,  fi 
l'on  en  juge  par  fes  Ouvrages , 
recueillis  à  Zurich,  15 81,  3  vol. 
in  fol.    ZumgU  âdreffa  ,  /quelque 
temps  avant  fa  mort ,  une  Confeffion 
de  Foi  à  François  1,  En  expliquant 
l'article  de  la  vie  éternelle ,  il  dit 
à  ce  prince  qu'il  doit  efpérer  de  voir 
l'afl'emblée  de  tout  ce  qu'il  y  a  eu 
d'hommes   faints  ,   courageux   & 
vertueux  ,  dès  le  commencement 
du  monde  :  «  Là ,  vous  verrez  g 
ff  dit-il ,  les  deux  Adams ,  le  racheté 
»»  &  le  rédempteur  j  vous  verrez 
M  un  Ahel,  un  £hoch  ;  vous  y  ver- 
»^  rez  un  Hercule ,  un  Théfée ,  un 
wf  Socrau ,  un  Arîftldc  >  un  Antîgonus , 
*'  &c  »♦.  La  Réforme  introduite  en 
Suiiïe  par  Zuîngie ,  fut  adoptée  dans 
pluiieurs  autres  pays;  on  féconda 
fes  efforts  à  Berne ,  à  Bâle,  à  Conf- 
iance, &c.  Genève  la  reçut  en  par- 
tie, ôc  la  différence  qu'il  y  avoit 
entre  les  dogmes  de  Zuîngle  &  ceux 
de  Calyin ,  n'altéra  jamais  la  com- 
munion de  leurs  pairtifans» 


ZUR         5if 

ZUINSKI,  Foyei  Demetriu», 
o?  X. 

ZUMBO ,  (  Gafton  -  Jean  )  f^ul^ 
pteur,  né  à  Syracufe  en  1656,  moif 
à  Paris  en  1701  ,^  demeura  long^ 
temps  à  Rome,  &  paiTa  de  là  à 
Florence ,  où  le  grand-duc  de  Xaf« 
cane  le  reçut  avec  des  marques  ée 
diilinâion.  Il  s'arrêta  aufH  à  G'ênes^ 
&  y  donna  des  preuves  de  fon  rane 
mérite.  Une  Nativité  du  Sauveur^ 
&  une  Defcenu  de  Croix  qu'il  £| 
dans  cette  ville ,  paffent  pour  des 
chef-d'oeuvres  de  l'art.  I^  France 
fut  le  terme  de  fes  voyages  -,  il  tra- 
vailla à  plusieurs  pièces  d  anatomie# 
Philippe^  duc  d'Orléans,  qui  avoii; 
un  goût  ,  fi  grand  &  fi  éclairé  « 
honora  plufieurs  fois  Zumho  de  fe» 
vifites.  On  parle  d'un  fu)et  exécuté 
par  ce  fculpteur ,  appelé  la  Corr»» 
\iontî  ouvrage  admirable  pour  ia 
vérité ,  l'intelligence  &  les  comioif-' 
fances  qui  s'y  font  remarquer.  Ce 
font  cinq  figures  coloriées  au  i>a^ 
turel.  La  première  repréieme  ua 
Homme  mourant  ;  la  féconde  »  ua 
Corps  mort  ;  la  troifieme ,  un  Corps 
qui  commence  âfe  corrompre  ;  la  qua« 
trieme,  un  Corps  qui  efi,  corrompu  % 
la  cinquième  >  un  Cadavre  plein  de 
pourriture  &  mangé  des  vers. 

ZUMËL ,  (  François  )  de  Palencta 
en  Ëfpagne  ;  mort  en  1607  »  fut 
profefieur  de  théologie  à  Salaman- 
que ,  &  général  des  Religieux  de  la 
Merci.  U  compofa  contre  Molma  « 
qui  avoit  attaqué  fa  doârine,  plu- 
fieurs  Ecrits  Apologétiques^  que  Bow 
ne{  s'engagea  à  défendre  devant 
rinquifition. 

ZUNCA ,  Voyei  ZoNCA« 

ZURITA ,  —  SuRiTA. 

h  ZUR-LAUBEN,  (Béat  de) 
de  l'ancienne  maifon  de  la  Tour^ 
Chdtillon ,  en  Valais ,  mort  à  Zug 
en  1665  ,  âgé  de  66  ans ,  fut  le 
chef  du  Canton  de  Zug  &  capitaine 
au  régiment  des  Gardes-Suifiesfous 
Louis  XllI,  Il  fut  en  1634  ,   l'ua 


] 


^i6        Z  U  R 

ées  tfoîs  ambafiadcurs  Catholique» 
envoyés  à  ce  monarque.  Le  Canton 
de  Luceme  reconnut  fc$  fervices , 
en  accordant,  à  lui  &  à  la  poftc- 
rité ,  le  droit  perpétuel  de  bour- 
«oifie  dans  fa  ville  capitale.  Les 
Cantons  Catholiques  lui  avoient 
donné  les  êtres  de  P^re  de  la  Fa- 
fm  &  de  Colonne  de  U  RiTighn. 
On' a  de  lui  le  détail  de  toutes  fes 
lUegoàaùons ,  depuis  1629  JufÇ»'«» 

*  ILZURLAUBEN,  (Béat- Jac- 
ques de  )  fils  aîné  du  précédent, 
chef  du  Canton  de  Zug,  &  capi- 
taine général  de  la  province  libre 
de  r Argew  ,  fervit  en  Fr Ace  avec 
diftin6tion.  U  occupa  les  princi- 
pales charges  de  £a  patrie,  &  con- 
tribua beaucoup  ,  par  fes  expédi- 
tions, à  foumettre  les  payfans  ré- 
voltés du  Canton  de  Lwifcrne,  en 
i6n  Ce  Canton  &  fes  confédérés 
lui  durent,  en  1656.  la  viaoire 
de  Vilmergen  contre  les  Bernois, 
fur  lefquels  il  prit  lui-même  deux 
drapeaux  &  trois  pièces  de  canon, 
llmourut  à  Zug  en  1690 ,  à  74  ans , 
avec  une  réputation  bien  méritée 
de  valeur  &  de  prudence. 

m.  ZUR-LAUBEN,  (Beat-Jaç- 
«ues  de)  neveu  du  précédent  ,  fut 
élevé  au  grade  de  lieutenant  gé- 
néral des  armées  du  roi  de  France. 
Il  s'acquit  beaucoup  de  gloire  en 
Catalogne ,  en  Irlande ,  en  Flandres 
&  en  Italie.  H  contribua  a  fixer  la 
viôoire  de  Nerwinde;  fit,  avec 
le  comte  dt  Tejfé ,  lever  au  prince 
Eugène,  le  long  blocus  de  Mantoue-, 
&  fut  lefeul  des  officiers  généraux, 
qui  repouffa  les  ennemis  ,  à  la  fa- 
meufe  bataille  deHochftet,  en  1704. 
U  y  reçut  fept  bleffures ,  &  en  mou- 
rut à  Ulm  en  Suabe  ,  le  11  Sep- 
tembre ,  à  4B  an*-  !-«  »^°'  ^*^^^.'* 
gratifié  ,  en  1687  ,  de  la  Baronnie 
de  Ville  en  haute-Alface,  réver- 
fiblc  à  la  couronne  après  la  mort 
4e  Conrad ,  baron  de  Zur-Lauben  , 


z  V  I 

înfpeâeur  général  de  rînÊmterîd 
dans  le  département  de  la  Catalogne 
&  du  RouffîUon. 

IV.  ZUR .  L AUBEN ,  (  Placide 
de  )  coufin-germain  du  précédent  , 
fut  élu  abbé  de  l'abbaye  de  Mûri  ^ 
Ordre  de  Saint-Benoit ,  en  Suifle  , 
l'an  i683^mérita  par  fes  travaux 
&  fes  acqlHions ,  le  titre  de  Second 
Fondateur  oe  cette  abbaye.  Il  la 
rebâtit  avec  magnificence,  en  accrut 
cottfidérablement  les  revenus,  &  ob« 
tint  en  1701 ,  de  l'empereur  Léopold^ 
pour  lui  &  les  abbés  fes  fucœffeurs  , 
le  rang  &  le  titre  de  Prince  de  l'Em- 
pire. Il  mourut  à  Sandegg ,  l'un  de 
fes  châteaux ,  en  Turgovie  «  l'an 
J1723 ,  dans  fa  78*  année.  On  a  de 
lui  :  I.  Spintus  duplex  HumllUatls  â* 
Obedientiét»  II.  Conclones  Panegyrico-' 
Morales,  La  maifon  de  la  Tour  Zur- 
Lauben  a  produit  un  grand  nombre 
d'autres  perfocmages  difiingués  dans 
l'Eglife  &  dans  l'Etat. 

ZUSTRUS,  (Lambert)  peintre 
Flamand.  On  ne  fait  point  préci- 
fément  le  temps  de  fa  naiffance ,  ni 
celui  de  fa  mort.  Il  étoit  élevé  de 
Chnfiopke  Schowarts ,  peintre  du  duc 
de  Bavière ,  &  le  Tiden  lui  donna 
des  leçons  de  fon  art.  Ce  peintre 
peignoic  avec  beaucoup  de  âcilité. 
Il  traitoit  affez  bien  l'Hiftoire ,  & 
excelloit  dans  le  Payfage  qu'il  tou- 
choit  d'une  grande  manière.  L*£ff- 
Uvement  de  Proferpine  ,  qu'on  admire 
au  Palais-royal ,  efi  un  des  fruits  de 
fon  pinceau. 

.  ZWICKER,  (Daniel)  Socinien 
du  XVII*  fiecle,  après  s'être  atta- 
ché fortement  aux  erreurs  des  Frè- 
res Polonois ,  fe  rapprocha  infenfi- 
blement  des  Remontrans,  qui  ,  en 
attaquant  plufieurs  dogmes  princi- 
paux de  la  Religion  ,  empruntoient 
le  voile  de  la  conciliation  &  de  la 
paix.  Un  fonds  d'humanité  &  de 
douceur  ,  dit-on  ,  jeta  Zwlcker  dans 
le  fyftême  de  la  Tolérance  ,  tant 
célébré  par  les  Arminiens.  U  crut 


Z  W  I 

que  la  Raîfon  ,  VEcrimre-faînu  &  la 
Tradition  dévoient  être  le  point  de 
réunion  des  Chrétiens  de  tous  les 
partis.  Il  propofafon  fyfiemedans 
ion  Irtnîcan  IrtnUorum  ,  qu'il  publia 
en  1658,  in-8\  Cet  Ouvrage  fou- 
leva  tous  les  Proteftans.  L'auteur 
détendit  fon  fentiment  dans  un  autre 
in  S°  ,  publié  en  1661  ,  fous  ce 
titre  :  Irtnîcomaftix  vîcbis  6»  conJlrlHus., 
C^menius ,  Hoombuk  &  les  autres  à 
qui  il  répondoit  dans  ce  dernier  Ou- 
vrage, ne  fe  crurent  pas  vaincus  , 
&  répliquèrent.  11  crut  les  réduire 
au  fîlence  par  un  3*  volume  ,  qu'il 
publia  en  1677  ,  &  qu'il  intitula; 
Irenlcomaftix  victus  &  conflrîclus ,  Imb 
cbmutefiens  ,  in-8®.  Ses  adverfaires 
fc  turent  en  effet ,  ennuyés  appa- 
remment du  combat.  Ces  trois  Pièces 
réunies  font  regardées  comme  le 
Corps  de  doctrine  des  Conciliateurs. 
Elles  font  peu  communes ,  fur-tout 
la  dernière.  Elles  forment  ,  étant 
raiTemblées  ,  2  vol.  in-8®. 

I.  ZWINGER ,  (  Théodore  )  fa- 
vant  médecin  ,  naquit  à  Baie  d'une 
fœur  d^  Jean  Oporln  ,  fameux  im- 
primeur. Il  enfeigna  dans  fa  patrie 
le  grec,  la  morale,  la  politique  & 
la  médecine.  Son  nom  a  été  long- 
temps célèbre  par  une  énorme  com- 
pilation intitulée  :  Le  Théâtre  de  la 
y  le  humaine  ,  Lyon,  1656,  8vol. 
in-folio.  Elle  avoit  été  commencée 
par  Conrad  Lycofih&ne  ,  ton  beau- 
père  ;  &  elle  fut  augmentée  par  Jac 
qucs  Sttinger  ,  Ton  fils.  Ce  favant 
mourut  en  1588,  à  54  ans,  &  fon 
iils  en  16 10. 

n. ZWINGER,  (Théodore)  fils 
dd  Jacques ,  né  en  1 5  97 ,  eut  d'abord 
du  goût  pour  la  médecine  *,  mais 
après  être  revenu  d'une  grande  ma- 
ladie >  il  fe  détermina  à  la  théolo- 
gie. En  1627  ,  il  fut  fait  pafteur  de 
Saint-Théodore.  Ileutoccafion  d  al- 
lier ces  fondions  avec  celles  de  mé- 
decin ,  durant  la  pefte  qui  affligea  la 
ville  de  Baie  en  1629.  Ce  favant 


Z  Y  P  Ç27 

mounit  en  165 1 ,  après  avoir  pir* 
blié  plusieurs  Ouvrages  de  contro- 
verfe  qu'on  ne  lit  plus.  Son  fils 
J  an  ZwiNGER ,  profeffeur  en  grec 
&  bibliothécaire  deBâle  ,  mort  ei& 
1696 ,  marcha  fur  les  traces  de  fon 
père. 

III.  ZWINGER ,  (  Théodore)  fils     - 
de  Jean  ,  fiit  profeffeur  d'éloquence, 

de  {^fique  &  de  médecine  à  Bàle  , 
où  il  finit  fa  carrière  en  1724.  On 
a  de  lui  :  I.  Theatrum  Botanicum  , 
Balileas ,  1690 ,  in-fol.  en  allemand. 
II.  Fafàailus  Dîffertatîonum ,  1710  , 
in- 4°.  m,  Triga  Dijfertationum.  , 
1616  ,  i».4°.  IV.  Le  Théâtre  deU 
Pratique  MédlànaU,  V.  Un  Diction^ 
naîre  latin  &  allemand.  VI,  Une 
Phfiq^  expérimentale.  VII.  Un 
Abrégé  de  la  Médecine  d'EumulUr^ 
Vlll.  Un  Traité  des  Maladies  des 
En/ans.  Ges  ouvrages  font  en  latin. 

IV.  ZWINGER,  (Jean-Rodol-        ^ 
phe  )  frère  du  précédent ,  né  à  Baie 

en  1660,  mort  en  1708,  profefï^ 
long-temps  la  théologie.  Il  étoit 
fort  verfé  dans  rhiftoire  ,  &  affez 
habilethéologien,mais  très-prévenu 
en  faveur  des  opinions  de  fa  fe£le. 
Outre  quelques  Thefes  &  quelques 
Sermons^  on  a  de  lui  un  Traité  alle- 
mand ,  intitulé  :  VEfpolr  dlfnéL 

ZUYLICHEM,  (Conftanrin 
Huy^hens  ,  feigneur  de  )  mort  en 
J6S7.   Voy,  HuifGHENS,  n°  I. 

L  ZYPŒUS,  ou  Vanden-' 
Zy PE ,  (  François  )  naquit  à  Malines 
en  1580.  Ses  fuccès  dans  l'étude 
du  Droit,  le  firent  appeler  par /«wi 
U  Mire ,  évêque  d'Anvers  ,  qui  le 
fit  fon  fecrétaire  ^particulier  ,  en- 
fuite  chanoine ,  officiai  ,  &  archi* 
diacre  de  fa  cathédrale.  C'étoit  ua 
homme  d'efprit ,  de  mœurs  douces  » 
&  très  -  profond  dans  la  connoif- 
fance  du  Droit  civil  &  canonique. 
Il  a  compofé  fur  ces  matières  plu- 
fieurs  Ouvrages  latins  ,  eftimés  , 
que  l'on  a  recueillis  en  2  volumes 
in-fol. ,  à  Anvers ,  chez  Jcrâmc  & 


«18     z  r  p 

Jtan»Bépttflt  Vtrduffm  ,  ttl  i .  4' 
Zypma  mourut  en  16^0,  371  ans. 
IL  ZTPŒUS,  (Henri)  freredu 
précédent»  né  à  Malines  en  1^77  » 
cmbrafia  la  Règle  de  Saint-Benoit 
dans  le  monaftere  de  Saint-Jean  à 
Tpres.  En  1616,  il  fiit  £ût  abbé  de 
Saint- André  «  près  de  Bruges ,  avec 
le  droit  de  porter  la  mitre ,  qu'il 
obtint  le  premier  en  1613.  Zyptau 
rétablit  la  difcipline  dans  fon  nuH 
siaAerey  &  répara  les  défordres  que 
les  hérédques  y  avoient  caufés.  Sa 
inort  Y  arrivée  en  1659,  dans  la  83® 
année  de  fon  ^  ,  fut  digne  d'un 
Chrétien  &  d'un  Religieux.  Son 
principal  Ouvrage  cft  indtulé  :  Sanc» 
ims  GregoblIUS  Magaus ,  Ecdtfim. 
SMor,  primat  ^  nomînU  Ponûfix 


ZYP 

\fi.oiiliamts  ^  ex  nQhtRffimtt  &  amiqmf" 
^mi  in  EcéUfia  DùftmiM  BentMcU 
oTumdiu ,  à  Ypres ,  161 1  ,  in-8**. 
Ce  livre  en  Ênreur  du  monachiûne 
de  Samt  Grégoire ,  eft  contre  Baro- 
nims,  Il'y  a  die  l'érudition  ;  mais  fe* 
preuves  ne  fom  pas  fiou)ours  coup 
duantes.  L'auteur  s'éduuffie  autant 
fur  cette  qoefti^n»  inutile  ,  qu'un 
gentilhomme  campagnard  fur  les 
illuftrations  de  fa  race.  II  import» 
aflez  peu  que  5«  Grégoire  ait  -  été 
Bénédiâin ,  ou  non ,  pourvuj|n;i'â 
ait  fervi  l'Eglife  avec  zèle  éclou* 
lagé  l'indigence  avec  ardeur.  Le» 
hommes  font  recommandables  aux 
yeux  du  Sage ,  non  par  l'habit  qu'iis 
portent ,  mais  p«  les  vertas  qu'ils 
pratiquent* 


1 


FIN* 


Jkticle^ 


4^= 


Articles  furvenus pendant  Vlmprejjion. 


L'HASTëLLUX,  (François- Jean, 
aiarqiûs  de)  maréchal  des  camps  & 
armées  du  roi ,  de  l'académie  Fran- 
'  çoife,&  de  diverses  autres  fociétés 
littéraires,  mort  à  Paris  le  %4  Oâo- 
bre  17S8,  étoitd'uqe  ffimille  illuflre, 
ipi'il  illi^a  encore  par  (es  talens 
militaires  &  littéraireSvpar  Taménité 
de  foacaraâere  &  par  fes  Ouvrages. 
Les  principaux  font  :  I.  De  la  FéiUiU 
Publique^  in-8^.  Lorfque  ce  Livre 
parut  pour  la  première  fois ,  il  ne 
fit  point   cette  fenfation  qui  an- 
nonce un  grand  fuccès.   Le  titre 
'  parut  vague',  le  fiyle  quelquefois 
aégligé',  le  but  de  l'auteur  ne  fem* 
'  bloit  pas  afiez  déterminé.  On  ne 
vit  pas  d'abord  qu'il  s'étoit  propofé 
ée  tracer  un  tableau  du  genre  hu- 
Biain,  &  d'examiner  dans  quel  fiede, 
^ans  quel  pays ,  fous  quel  gouver-^ 
mcment  il  auroit  été  plus  avanta- 
geux aux  hommes  d'cxiâer.  Quel- 
ques chapitres  de  cet  examen  font 
âiperficiels  *,  mais  d'autres  fe  diftin- 
guent  par  la  fageffe  des  principes 
Hc  la  profondeur  des  recherches. 
Il  ne  4ut  pas  pourtant  mettre  la 
iitlicité  PuhliqutiaX'deSvis de  ÏÊ/pru 
ékt  Lois ,  cottime  à  j^t  Voitaîn, 
trop  févere  envers  MomtfquUu  qui 
fi'exiftoit  plus  ,  &  trop  indulgent 
^vers  le  marquis  de  ChaJUllux ,  qui 
«^iiloit,  &  qui  paff^^t  pour  avoir 
du  crédit  à  la  cour.  IL  Voyafjt  dans 
P  Amérique  Septentrionale  y  en  lyio^ 
fySi  &fySz^  î».S^  Ce  Voyage 
C^   inftniâif ,.  agréais  -,  mais  les 
Apglo- Américains  fe  font  plaints 
Hjl^e   Tanteur  amufoit  quelquefois 
les  leâeurs  à  leurs  d^ens.  Le  mar- 
^ms   de  ChafltUitM  avoir  fervi  en 
^Unériqne  ,  &  avec  diâiaôion,  U 
Tom  IX. 

\ 


avoît  été  accueilli  par-tout  comme 
il  le  méritoitv  &  ce  devoit  être 
une  raifon  pour  lui  de  ménager  ua 
peu  les  ridicules  de  ies  hôtes.  Il 
eft  vrai  qu'il  ne  deftinoit  point  ce 
Livre  à  l'impreffion,  &  que  divers 
morceaux  lui  ayant  été  dérobés  & 
livrés  à  un  JournaliAe  étranger, 
cette  infidélité  l'obligea  de  com- 
muniquer au  public  ibn  manufcrît 
original. 

DU  PATY ,  (N.  )d'abord avocat  . 
général  au  parlement  de  Bordeaux» 
enfuite  préûdent  a  mortier  au  même 
parlement ,  né  à  la  Rochelle ,  mort 
à  Paris  en  178S ,  dans  un  âge  peu 
avancé  5  étoit  un  magifirat  intégre  « 
éclairé  &  éloquent.  U  fe  fit  beau** 
coi^  d'honneur  par  fon  courage 
dans  la  révolution  de  la  magidre* 
ture  en  177 1.  U  s'en  fit  davantage 
en  arrachant  au  fupplice  trois  mal- 
heureux de  Chaumont ,  condamnés 
à  la  roue.  Le  Mémoire  qu'il  publia 
pour  les  dé£endrei  eft  plein  de  forc« 
&  defenfibilité.  Ses  Réflexions  Hlfio* 
riquuj'ur  les  Lois  Criminelles ,  méri* 
tent  le  même  éloge ,  &  préparent 
peut-être  une  révolution  utile  dans 
le  -Code  Criminel  de  toutes  les 
.nations.  Le  préfident  du  Paty  s'oc* 
çupa  long-temps  de  cette  réforme  , 
&  il  montra ,  dans  les  obftacles  qu'il 
éprouva  pour  détruire  d'ancien* 
préjugés, autant  de  lumières  que  4m 
zèle.  On,  a  de  lui,  comme  littéra- 
teur ,  des  Difcours  Académiquee  ^ 
des  Lettres  fur  l'Italie ,  %  vol.  in-S^« 
1788.  L'auteur  avoit  voyagé  en 
homme  fcnûble  aux  chef-d'oeuvres 
des  arts  &  aux  beautés  de  la  nature. 
Son  Livre  9  iauvent  ailiaié  pv  1^ 

11 


n 


çjo       G  E  R 

fenciment  &  l'enthoufiafme ,  eft  plus 
fouvcnt  encore  défiguré  par  des 
phrafes  emphatiques,  par  des  re- 
cherches d*efprit ,  par  des  tournures, 
dont  quelques-unes  font  orig^ales , 
&  dont  la  plupart  touchent  de  trop 
près  à  la  bizarrerie  &  à  l'affeétation. 
Le  préfident  du  Paty ,  (  il  JEaur 
l'ayoucr»  )  manquoit  un  peu  de 
yoût,  &  il  avoit  trop  cherché  à 
imiter  DUtrot  &  Thomas ,  qui  lui 

I  fourni  fouvent  plnfieurs  de  Tes 
phrafes.  Ses  ennemis  ont  répandu 
que  Voitaîrt ,  confulté'/ur  fes  talens , 
comme  magiftrat ,  avoit  répondu  : 
Ctfi  SM  bon  Uitifàttur',  &  que  quand 
on  voulut  le  faire  expliquer  fur 
fes  difpoûttons  pour  les  lettres  & 
les  arts ,  il  dit  :  Ctft  un  bon  Magifirat, 

II  fe  peut  £sire  que  Voltaire  ait  (ait 
cette  épigramme ,  parce  que  ce  poète 
plaifuntoit. 

GERBIER,  ( Pierre- Jean-Bap- 
tifte  )  avocat  au  parlement  de  Paris , 
mort  dans  cette  ville  le  8  Mars 
tjW  ,  écoit  né  à  Rennes ,  d*un 
avocstt,  le  19  Juin  172^.  Ayant 
prêté  ferment  è  l'âge  de  vingt  ans  , 
h  eut  bientôt  des  occafions  de  dé** 
velopper  les  dons  qu'il  avoir  re^ 
de  la  nature.  Les  caufes  les  phi^ 
extraordkiaires  femblerent  fe  pré* 
fenter  pour  lui  ùikt  une  grande 
réputation  *,  mais  aucune  ne  fervit 
autant  à  raccroitre,  que  le  prdcèi 
des  Lloné ,  négoctans  de^Marfetllei 
contre  les  Jéfuites.  Ce  Mt  ak>rs'qiie 
Kon  vit  au  barreau  prefqtte  tous  les 
talens  réunis-,  Tonâion  à  la  ibrcei 
le  pathétique  à  la  grâce,  la  modé-^ 
fteîon  »  l'énergie,  la  raillerie  fineft 
décente  avec  la  majefté  del'audienceù 
Il  plaidé)!  toujours  fans-  cahier  ; 
ikvais  eii  f e  livrant  aux  mouveiâens 
qui  dénient  la  vie  au  di¥lÊ:éurs ,  il 
ne  s'écàrtoit  point  du  plan  fage  & 
lumineux  qu'il  avoîc  tracé  dans  fa 
tête.  U  ne  fuffiibit  pas  de  Fentendre 
t^arleci  ii  Cklloic  If  YÔir-^  pour 


LOU 

fentir  cCMnbien  les  grâces  extérieur 
res  font  £ivorables  à  l'arc  oratoire* 
Sa  taille ,  au-deflus  de  la  médiocre; 
toute  lliabitude  de  fon  corps  ; 
noble  &  fans  gène  ;  un  front  dé- 
couvert, des  yeux  éttncelans,  un 
nez  aquilin ,  une  bouche  agréa* 
ble  ,  une  phyfionomie  vive  & 
mobile ,  ajoutoient  beaucoup  aux 
charmes  de  fon  organe  fonore  • 
enchanteur  &  flexible.  Ceux  qui 
n'ont  pas  été  à  portée  de  iouir 
de  cet  enfemble«fédni£ant ,  n'omf 
pu  que  fe  former  nne  idée  impar- 
faite de  cet  orateur  ;  car  la  pluma 
à  la  main ,  il  n'avoir  pas  les  mêmes 
avantages  qu'en  parlant.  Ce  qui 
augmentoit  le  mérite  de  Gerbîtr  ^ 
c*A  qu*il  étoit  auifi  fimple  dana. 
la  fociété  ,  ^ue  brillant  dans  1« 
tribune.  Au  milieu  de  fes  amis ,  oa 
le  voyoit  facile  jufqu'à  Tabandon, 
confiant ,  modeâe»  doux ,  ienfibls 
&  généreux.  11  poufila  même  trop 
loin  cette  deirniere  qualité ,  &  il 
fut  un  temps  où  il  eut  bcfotn  de 
mettre  plus  d'économie  dans  fes 
dépend.  Comme  tous  les  hommes 
à  grands  talens ,  il  eue  des  ennemis^ 
mais  il  ne  les  combattit  point  ave< 
les  armes  trop  ordinaires  à  certains 
avocats ,  avec  des  injures.  Il  fs 
conttntoit  de  dire  :  Us  font  plus  4 
flaindre  que  mot  ;  la  haiàe  dévore  Imr 
caur,  &  le  mîen' tfi  trmqulUe,  Ses 
amis  chériffent  fa  mémoire  ;  il  leur 
rendit  plus  d'une  fois  des  Services 
importans.  ێ  fut  lut  qui  procnrl 
nne  abbaye  à  l'abbé  Atnmud^  lïm 
des  admirateurs  de  Ion  éloquence  i 
&  qui  fut  lui-même  qu^qucfoii 
éloquent. 

LOUl^MARIE  DE  FRitNCVS 
fille  de  Lùuîi  JTIT  ,  &  de  Msnà 
lec^tn^ibr,  naquit  è  Verûolies  le  if 
Juillet  1737.  Elrrée  dès  Venfimce 
•dans  Tabbaye  ^e  Fontevrault ,  elte 
y  putfa  des  fetttimens  de  piété 
qu'elle  conférvâ  à  la  coiur.  Apfèi 


MON 

Il  mort  de  fa  vertueufe  mère,  elle 
réfolut  de  fe  foire  Carmélite ,  & 
die  fit  profeffion  dans  le  couvent  de 
Saint-Denys,  le  i*'  Oûob>e  1771. 
Ce  fut  un  fpeâade  touchant  pour 
la  religion  ,  de  voir  la  fille  d'un 
Hoi,  obéiâbnt  à  la  voix  d'une  fupé- 
iieure  de  Religieufes ,  n'ayant  plus 
d'autre  lit  qu'une  efpece  de  cercueil, 
le  fou  mettant  aux  pratiques  les  plus 
sigoureufes  de  la  Règle  ,  &  répon- 
dant toujours:  Pour  être  fUc  de 
Hoi ,  je  n*en  fuis  pas  moins  obligée  de 
faire  comme  tes  autres.  Devenue  mal- 
treffe  des  Novices ,  elle  leur  difoit  : 
Mes  Saurs ,  peut-être  ne  fauraî-je  pas 
90US  parltr  ,  mais  je  /aurai  agir, 
L'auftérité  de  fa  vie  n'altéra  pas 
l'aménité  de  fon  caraâere.  Son  ef- 
prit  de  dpuceur  &  de  fagefTe  la  fit 
élire  Supérieure  le  25  Novembre 
1773 1  &elle  fotpour  les  compagnes 
de  fa  retraite ,  un  parfait  modèle  de 
toutes  les  vertus  de  leur  état.  Elle 
mourut  d'hydropiiîe  ,  le  23  Dé- 
cembre 1787,  à  51  ans.  On  a  mis 
iîir  fon  tombeau  cette  Epitaphe  : 

Son  faerifce  honora  fa  relîpon  , 
Son  courage  prouva  fa  fol; 
Sa  naiffana  releva  fon  humilité. 
Son  \ele  maintint  la  Règle  ^ 
Sa  ferveur  en  înfplra  P amour , 
Son  exemple  en  adoucit  Cohfervance, 

MONTAZET,  {  Antoine  de 
Calvin  de)  né  en  171 2 ,  dam  le 
diocefe  d'Agen,  fut  nommé  évêque 
d'Autun  en  X74S ,  Archevêque  de 
Lyon  en  1758,  &  mourut  à  Paris 
le  2  Mai  1788.  L'académie  Fran- 
çoife  le  mit  au  nombre  de  fes  mem- 
bres en  1757  «  &  il  ne  dut  pas  ce 
choix  à  fes  dignités  1  mais  a  fes 
calens.  Une  mémoire  heureufe ,  une 
imagination  brillante  ,  un  dprit 
également  propre  aux  affaires  & 
aux  belles-lettres,  le  diflinguerent 
de  bonne  heure.  Son  éloquence 
étoit  élevée»  noble  ;  éaei:gique  & 


bien  nourrie.  Ce  caraâere  fe  montre 
dans  fes  différens  Ouvrages.  Les 
principaux  font  :  1.  heure  à  M.  tAf* 
ehevêque  de  Paris ,  1760  ,  in  -  4®  & 
in- 12.  IL  InfiruSlion  Pafiorale  fur  les 
fourees  de  Plncrédulité  &  la  fondemens 
de  la  Rellpon^  in-4®,  1776,  lue 
avec  fruit  &  avec  plaifir  par  les 
incrédules  mêmes.'  Cet  ouvrage  re- 
marquable par  la  force  du  raifon- 
nement ,  &  par  divers  traits  d'élflK- 
quence ,  l'eft  encore  par  la  fagefie 
et  la  modération  avec  laquelle  il 
efl  écrit.  III.  Des  Mandemens ^ 
des  InflruSions  Pafiorales  ,  un 
Catéchlfmt  &  d'autres  Ecrits  à 
l'ufage  de  fon  diocefe ,  qu'il  gou- 
verna en  pafleur  charitable  »  jimruk 
&  zélé. 

RISBECK ,  (  Gafpard  )  né  en 
1750, dans  une  petite  villt,  près 
de  Mayecce ,  étoit  fils  d'un  riche 
négociant.  11  énidia  d'abord  en 
droit  ,  quoique  une  imagination 
ardente ,  un  caraâere  impétueux  , 
le  rendiflent  peu  propre  à  l'étude 
aride  ,  mais  nécdSTaire  des  lois. 
Occupé  de  littérature  &  de  philc^- 
fophie ,  plus  que  de  jurifprudence  » 
il  s'enrôla  dans  la  SeHe  des  Génies 
par  excellence.  Cétoit  ainfi  que  s'ap« 
peloit  une  Société ,  dont  le  prin- 
cipe fondamental  étoit  le  mépris 
fduverain  des  convenances  fociales. 
Ces  nouveaux  Diogenes ,  n'aimant 
que  la  liberté  &  l'indépendance* 
regardoient  tous  les  emplois  poli- 
tiques»  toutes  les  fondions  civiles  « 
comme  au-deiTous  d'eux.  Rhheck 
s'étant  rangé  fous  la  banniçre  de 
ces  dangereux  feâaires  ,  diflîpa  le 
bien  que  fon  père  lui  avoit  laifiié , 
&  fe  vit  bientôt  réduit ,  pour  fub« 
Mer,  à  fe  mettre-  aux  gages  d'un 
Libraire.  U  s'établit  à  Saltzbourg  : 
enfuite  il  fe  mit  à  voyager  ,  &  fe 
fixa  pendant  quelque  temps  à  Ziurich 
en  SuiiTe ,  d'où  il  fe  redra  dans  le 
village  d'Arau.  Une  noire  oélan^ 

Ll  ij 


55*        ROC 

CDlie  Vtvoit  icfé  cUns  ose  tTpeea 
de  miùatfaffopie  ,  qui  l'éloigna  dd 
toutes  les  fodétés  j.il  ne  conaut  plus 
que  celle  des  cabarets.  Il  mourut  à 
Arau,  le  5  Février  1786.  Nous 
avons  de  lui  un  Voyage  d*AlUatapu , 
qui  a  été  traduit  en  françois ,  &  une 
biflwn  d^AlUmapu^  dont  M.  Dony 
ée  Longruis  prépare  la  traduÛioo* 
Il  y  a  dans  ces  deux  Ouvrages 
et  la  hardiefle  dans  les  vues  & 
eu  nerf  dans  le  ftyle  ;  mais  l'obCer- 
▼ateur  ne  fe  méfie  pas  toujours  de 
fon  caraâere  chagrin  &  cauftique. 

^  ROCHEFORT,  (Guillaumede) 
ée  l'académie  des  Infcriptions  & 
BellesrLettres,naquit  à  Lyon  enX75 1. 
Il  eut  d*abord  un  petit  emploi  dans 
les  finances.  Mais  né  pour  la  belle 
littérature  ,  plutôt  que  pour  les 
calcul^,  il  quitu  la  province  &  fe 
fixa  i  Paris.  Il  aimoit  le  grec  & 
les  vers  :  il  entreprit  une  TraduéHon 
complète  d'Homen ,  dont  les  dif- 
, cours  préliminaires  font  écrits  avec 
Bne  clarté  élégante  ,  &  les  notes 
iaftruâives  fans  pédantiûne.  Quant 
•  U  verfion  elle-même ,  on  trouve 
de  la  grâce ,  de  la  facilité  ,  de  la 
fenfibilité  dans  divers  morceaux; 
mais  le  plus  grand  nombre  manque 
d'harmonie ,  de  précifion ,  d'éner- 
gie ;  &  les  grandes  images  d'Homtre 
y  font  trop  fouvent  rendues  par 
des  images  communes.  Cependant, 
comme  les  efforts  de  Tauteur  étoient 
louables  «  &  quelquefois  heureux , 
le  roi  lui  permit  de  donner  à  l'Im- 
primerie royale,  en  1781  »  in-4^ , 


ROC 

une  fort  belle  édition  de  fit  TrsduC* 
tton  de  VlûoiU  &  de  YOdyffét.  Plein 
des  anciens  ,  Rodufon  compofii 
trois  Tragédies  «  Ulyjft ,  Jnùgone  & 
EieSre ,  où  il  imita  trop  la  fimplidté 
des  tragiques  Grecs.  Sa  Comédie 
des  datx  Fnns ,  donnée  au  diéâtre 
François ,  n'y  réuffit  point ,  parce 
qu'elle  eft  fbible  d'ino-igue  8c  de 
caraâeres.  Ses  Ouvrages  en  profe 
eurent  un  meilleur  fuccès.  Nous 
avons  de  lui  :  L  Une  Rifuuulon  dv 
trop  fimieux  Syftime  de  U  Nature  , 
in- 12.  II.  Hl/toire  CrUiquedes  Opinions 
des  Anciens  fur  le  Bonheur^  1^773  « 
in-8®.  IIL  La  TraduBlon  complète  et 
Thédtrt^dt  Sophocle ,  qu'il  a  rendu 
avec  fidélité,  avec  élégance,  & 
orné  de  notes  qui  refpirem  le  goût 
.&  la  (aine  critique.  tV,  Divers 
Mémoires  dans  ceux  de  l'académie 
des  Belles-Lettres ,  où  l'on  trouve 
le  littérateur  infiruit  &  l'écrivain 
exercé.  Cette  compagnie  le  perdit 
en  1788.  Une  ame  franche ,  loyale  » 
généreufe,  inacceffible  à  l'envie, 
jointe  à  une  politefle  prévenante  , 
pleine  d'attentions  &  d'égards,  à 
l'envie  de  plaire  &  au  défir  d'obli« 
ger ,  rendent  fon  fouvenir  précieux 
à  fes  confrères  &  à  fes  amis.  Il 
avoir,  pour  réuffir  dans  la  fociété* 
ce  qui  manque  à  la  plupart  des 
favans  *  l'art  d'oublier  fes  Livres 
&  de  s'occuper  des  autres  «  fans 
exiger  qu'ils  s'occupaflent  de  lui. 
Il  avoit  époufé  ,  en  1776 ,  une 
femme  aimable ,  dont  il  eut  deux 
en£uis ,  qu'il  perdit  prefqud  au  bcc; 
ceau. 


1 


PRiriLEGE    GÉNÉRAL, 


JLOUIS  ,  PAR  LA  GRACE  DE  DiEU ,  ROIDE  FRANCE  ET  Dlf 
NAVAkRE  :  A  nos  amés  &  féaux  Confeilleri ,  les  Gens  tenant 
nos  Cours  de  Parlement,  Maîtres  des  Requêtes  ordinaires  de 
notre  Hôtel ,  Grand-Confeil  ,  Prévât  de  Paris  ^  Baillis  ; 
Sénéchaux,  leurs  Lie utenans  Civils   &  autres  nos  Juftiders 

Ju'il  appartiendra  ;  Salut.  Nos  amés  les  Sieurs  Bruyset 
RERES ,  Imprimeurs-Libraires  à  Lyon ,  Nous  ont  fait  expofe^ 
qu'ils  défireroient  faire  imprimer  &  donner  au  Public  :  Lt 
Di&ionnaire  Hifiorique  des  Grands- Hommes  ,  par  une  Société 
de  Gens  de  Lettres.  Maîtn  Italien  ,  ou  Grammaire  bâlîennt 
&  Françoife  ,  par  VÉNÉRONI ,  nouvelle  Edition  ,  revue  «  corrigée 
&  augmentée  i  s'il  Nous  plaifoit  leur  accorder  nos  Lettres  de 
Privilège  pour  ce  néceflaires.  A  ces  causes  ,  voulant  favo-; 
rablement  traiter  les  Expofans  ,  Nous  leur  avons  permis  8t 
permettons  par  ces  préfentes  ^  de  faire  imprimer  lefdits  Ou-^ 
▼rages  autant  de  fois  que  bon  leur  femblera ,  &  de  les  vendre  ; 
faire  vendre  ,  &  débiter  par-tout  notre  Royaume ,  pendant  le 
temps  de  dix  années  confécutives ,  à  compter  de  la  date  de^ 
Prélentes ,  &  encore  pendant  la  vie  defdits  Sieurs  Bruyset  ^ 
.  s'ils  furvivent  à  l'expiration  du  préfent  Privilège ,  conformément 
à  l'Article  IV  de  l'Arrêt  du  Confeil  du  30  Août  1777 ,  portant 
Règlement  fur  la  durée  des  Privilèges  en  librairie,  raifom 
dè^nfes  à  tous  Imprimeurs  ,  Libraires  &  autres  perfonnes  de 

3uelque  qualité  &  condition  qu'elles  foîent ,  d'en  introduire 
'impreffion  étrangère  dans  aucun  lieu  de  notre  obéiflance  ; 
tomme  auifi  d'imprimer  ou  faire  imprimer  ,  vendre ,  faire 
vendre ,  débiter  ni  contrefaire  lefdits  Ouvrages  ,  fous  quelque 
prétexte  que  ce  puîffe  être  ,  fans  la  permiffion  exprefle  &  par 
écrit  defdits  Expofans ,  leurs  hoirs  ou  ayans  caufe  ,  à  peine 
de  faifie  &  confifcation  des  Exemplaires  contrefaits,  de  fix 
imille  livres  d'amende  qui  ne  pourra  être  modérée  pour  la 
première  fois ,  de  pareille  amende  &  de  déchéance  d  état  en 
cas  de  récidive ,  &  de  tous  dépens ,  dommages  &  intérêts  , 
conformément  à  l'Arrêt  du  Confeil  du  30  Août  1777 ,  concernant 
les  contrefaçons  :  A  la  charge  que  ces  Prélentes  feront  en- 
régifirées  tout  au  long  fur  le  Regiftre  de  la  Communauté  des 
Imprimeurs  &  Libraires  de  Paris ,  dans  trois  mois  de  la  date 
d'icelles  ;  que  l'impreiBo^  defdits  Ouvrages  fera  faite  dans 
^otre  Royaume  &  non  ailleurs ,  ea  beau  papier  6c  beaux 


I 


1 


Cftraâeres  l  conformément  aux  Rédemens  de  ta  Librairie  ,  t 
peine  de  déchéance  du  préfent  Privilège  ;  qu'avant  de  les 
expofer  en  vente  »  les  manufcrits  qui  auront  fervi  de  copie 
it  Timpreffion  defdits  Ouvrages ,  feront  remis  dans  le  même 
état  ou  l'Approbation  y  aura  été  donnée  ,  es  mains  de  notre 
très- cher  âcléal  Chevalier  Garde- des- Sceaux  de  France  ,  le 
Sieur  DE  Lamoignon  ^  Comnundeur  de  nos  Ordres  ;  qu'il  en 
fera  enfuite  remis  deux  exemplaires  dans  notre  Bibliothèque 
publique,  un  dans,  celle  de  notre  Château  du  Louvre,  un 
dans  celle  de  notre  très- cher  &  féal  Chevalier  Chancelier  de 
France,  le  Sieur  de  Maupeov,  Stun  dans  celle  dudit Sieur 
DE  Lamoignon  ;  le  tout  à  peine  de  nullité  des  Préfentes  : 
bu  CONTENU  defquelles  vous  mandons  8c  enjoignons  de 
faire  jouir  lefdits  Éxpofans  &  ayans  caufe ,  pleinement  & 
paifiblement ,  fans'  fouâfrir  quil  leur  foit  fait  aucun  trouble  oti 
cmpêchenent.  Voulons  que  la  copie  des  Préfentes  »  qui  fera 
imprimée  tout  au  long  ,  au  commencement  ou  à  la  fin  defdifs 
Ouvrages ,  foit  tenue  pour  duement  fignifiée ,  &  qu'aux  copies 
collationnées  par  l'un  de  nos  amés  &  féaux  Conieillers-Secré- 
tairas  9  foi  foit  atoutée  comme  à  l'original  Commandons  au 

Kemier  notre  HuiflSer  ou  Sergent  fur  ce  requis,  de  faire  pour 
ïxécution  d'icelles  ,  tous  aâes  requis  &  néceffaires  ,  fans 
demander  autre  permiffion ,  &  nonobflant  clameur  de  Haro  , 
Charte  Normande  ,  &  Lettres  à  ce  contcaires  :  Car  tel  efl 
SK>tte  plaifir.  Donné  à  Verfailles  le  quinzième  jour  du  mois 
àe  Novembre ,  l'an  de  grâce  mil  fept  cent  quatre-vîngt-fept , 
&  de  notre  Règne  le  quatorzième.  Par  le  Roi  en  fon  Comei)« 

Signé   LEBEGUE. 

Regîftré  fur  le  Regîfln  XXIII  de  U  Chambre  Royale  & 
Syndicale  des  Libraires  &  Imprimeurs  de  Paris ,  NJ^  i^St  , 
fol.  4Sy  ,  conformément  aux  dijpojitions  énoncées  dans  le  préfent 
Prîvilégt  ;  &  â  la  charge  de  remettre  à  ladite  Chambre  Us  neuf 
Exemplaires  prefcrits  par  ^ Arrêt  du  Confeil  du  t6  Avril  178s* 
A  Paru  ^  le  premier  Février  178S.  Signé  KNAPEN^  Syndic. 

Nons  fpuffignés  reconnoi{&ns  que  M.  Le  Roy,  Imprimeur- 
libraire  à  Caisn  ,  eft  intheSè^  pour  un  quart  dans  le  Privi- 
lège que  nous  avops  obtenu  le  1 5  Novembre  1787  ,  pour  le 
piilionnaire  hiftorique  des  Grands-Hommes  ,  par  une  Société 
de  Gens  de  Lettres ,  en  ce  qui  regarde  cet  Ouvrage' feuleovenk 
i^yon-^  le  48  Avril  178& 

Signé  BRUYSET  frerea^ 


n*'* 
-^ 


AUC:  27   1930