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Full text of "Nouveau dictionnaire historique, ou, Histoire abrégée de tous les hommes qui se sont fait un nom par des talens, des vertus, des forfaits, des erreurs, &c. depuis le commencement du monde jusqu'à nos jours : et dans laquelle on expose avec impartialité ce que les écrivains les plus judicieux ont pensé sur le caractère, les moeurs & les ouvrages des hommes célèbres dan tous les genres avec des tables chronologiques pour réduire en corps d'histoire les articles répandus dans ce dictionnaire"

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QUATRIÈME  SUPPLÉMENT 

4  U    NOUVEA U 

DICTIONNAIRE 

H  I  s  T  0  R  I  QUE. 


fc        !■       ■      l>    Il 


TOME    TROISIÈME. 


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Miài  Galha,  Otho,  VitûUîus,  n^ùhenefieiot  fuc  injuria  Cùgniti, 

Tagit,  ffist.  Bb.  i.  J  1/    .  '  ^  •  . 


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NOUVEAU 

DICTIONNAIRE 

HISTORIQUE, 

o  u 

Histoire  ABRécéE  de  tous  les  Hommes  qui  se  sont 
fait  un  nom  par  des  talens ,  des  vertus  ,  des  forfaits  ^ 
des  erreurs ,  etc. ,  depuis  le  commencement  du  monds 
jusqu'à  nos  jours  ;  dans  laquelle  on  exposet  avec 
impartialité  ce  que  les  Écrivains  les  plus  judicieux  ont 
pensé  sur  le  caractère  ,  les  moeurs  et  les  ouvrages  des 
Hommes  célèbres  dans  tous  les  genres  ; 

Avec  d^s  TahUs  chronologiques ,  pour  réduire  en  corps  (^histoire 
la  articles  répandus  dans  ce  Dictionnaire. 

Par  L.  M.  Chaudon  et  F.  A.  Delandine. 

Supplément  à  tontes  les  précédentes  Éuitio^S  dn  Dictionnaire 
Historique  par  une  société  <3e  Gens  de  Lettres. 


■*"i 


TOME     DOUZIÈME. 


jt    LYON, 

C.h«  Brutset  xtvi  et  B^tmamb^ 


Aa  XIII— iSeS, 


à        ■*■■'  ' 


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Nouveau 


Dictionnaire 

Historique. 


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qUAtRlÈME  SUPPLÉMENT. 


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,-.       ,   ~  ~     V  \  .* 


M; 


M  A  A  S  ^  (  Nicolas  >  ^  peiiitr^ 
Holiandois,  très«-b6ii  coloriste, 
àaquit  à  Dort  en  i63x ,  et  tnou-* 
rot  à  Amsterdam  en  ^693»  Oh 
B  de  lui  9  plus  de  ,pdrtrilitf  amb 
k  tableaux  de  cabinet. 

,  ♦  liiABLTf  ,  { rabbé  ïonnot 
<ie  )  né  à  Grenoble ,  en  mari 
^709 ,  et  mort  le  z3  avHl  1785 , 
ï  76  ani,  était  frère /aine  de 
l'abbé  de  CondULac.  Il  5t  ses  pre- 
mières études,  chez  les  Jëçuites , 
ji  Lydà  9  et  fut  attaché  dans  sa 
jeunesse  au  #kffdinal  de  Tencin , 
$on  parent  :  il  if  eut  d'ordre!  dans 
iéglUe  ç(ue  le  sous  *  diaconat 
livré  tout  entier  aux  lettres ,  û 
M  fit  jamais  un  pas  vers  la  for« 
tnne  ni  vers  les  Honneurs ,  même 
littéraires.  Il  se  dtsoit  plus  jalon k 
<]é  niériter  féstiniie  générale  qùa 
|e  l'obtenir.  Il  8*ést  contenté 
lon^;- temps  dé  mille  écâs  de 
^ente  $  il  avoit  dé  plds  ttne  pen* 
lion  Viagère  ^ui  hit  étott  échue 
dans  les  parta^çe^  de  sa  famille-; 
nais  à  la  mori  dé  so^  fi^ère  ëînè^ 
il  l'abandonna  à  ses  pàrens.  La 
^ur  le  dédommagea  de  cette  pri- 
^tioD  générèiise  ,  phr  unie  pen» 
sion  de  2,800  livres  demandée  çt 


obtenue  à  son  insçit  par  un  de  set 
amis. 5a  santé, devenue  mauvaise 
dans  le»  dernières  années  de  sa 
vie,  exigeoit  plus  de  soins  et  une 
aùgrâentation  de  dépense.  Mai!*} 
voyant  que  ses ,  économies  an- 
nuelles ,  dont  il  ibrmoit  uik  fondi 
destiné  pour  un  domestiqua  at« 
tâché  à  lui  depuis  léng-temps  , 
et  pour  lequel  il  avoit  déjà  placé 
iiiille  écus ,-  ne  poii voient  pas 
suffire  à  remplir  ses  vues^  et  se 
sentant  dépérir ,  il  s'ëtoit  retraUr 
cHé  sur  la  fin  de  ses  jours  le  ^e— 
coufs  d'une  chaise  à  porteurs.  H 
a  laissé ,'  eh  modraht ,  à  ce  doV 
ihestique  ,  une  somme  de  quatre 
mille  livres  j  lé  montaitt  à  peu 
près  de  sa  succession.  Se»  ou— 
vragei  ,  qui  ont  fiait  la(  fortuné 
des  libraire» ,  n'ont ,  en  aucune 
manière ,  contribué  à  airgmenter 
la  sienne  ;  il  se  contento.it ,  pour 
tootct rétribution ,  d'un  petit  nom« 
bre  d'exemplaires  qu'il  distribuoit 
À  ses  amis.  Le  bruit  avoit  courit 
qu  on  lui  proposeroit  réducattorl 
de  l'héritier  d'une  grande  monar** 
cbié  ;  il  dit  hautement  que  la 
base  de  ses  leçons  ,  s'eroit  celle* 
ci  :  Làs  Rois  iCfnt  fuits  pouit  Ui  ' 
Peuples  ;  et  non  les  Fetifks  pQ^r^ 

A 


1  M  A  B 

les  Rois,  n  aimoit  à  répéter,  cet 

adage  de  Leibnitz  :  Le  temps  pré- 
sent est  gros  de  Vavenir.  Il  con^ 
noissoit  si  bien  l'un  ^  qu'il  devina- 
aouvent  Tautre.  La  liberté  des 
colonies  Angloises",  les  change— 
mens  arrivés^  à  Genève  et  en 
Hollande ,  furent  prédits  par  lui , 
tant  il  connoissoit  les  ét^ts  et  les 
hommes.  Cette  expérience  mo- 
rale et  politique  lui  donnoit  quel- 
quefois de  l'humeur  ;  ses  amis 
lui  en  faisoient  des  reproches  ^  et 
Ta^ppeloient  quelquefois ,  PrO"- 
phète  de  malheur,  —  IL  est  vrai  , 
répondoit-il,  que  je  connais  assez 
les  hommes ,  pour  ne  pas  espérer 
facilement  le  bien.  Il  annonça  , 
dans  l'un  de  ses  derniers  ou- 
vrages ,  que  le  déficit  des  fmances 
en  France ,  amèneroit  des  im- 
pots désastreux  ;  que  pour  les 
établir  ,  les  parlemens  deman- 
deroient  les  états  généraux  ^  et 
qu'alors  naîtroit  une  révolution 
dans  le  gouvernement.  On  sait 
combien  cette  prédiction  a  été 
justifiée.  Ses  principaux  ouvrages 
sont  :  I.  Parallèle  des  "Romains 
et  des  François  ,  1740  ,  1  vol. 
in— 12.  \h  Lêô  Droit  public  de 
l'Europe,  ^Tjl^^  3  vol.  in— 12, 
IlL  Observations  sur  lès  Grecs  ,- 
in- 12.  IV»  Observations  s  tir  les 
Romains ,  2  vol.  in- 12.  Les  imes 
et  les  autres  sont  profondément 
pensées  9  bien  liées  ,  remplies  de 
vues  fines  et  de  conjectures  heu^ 
reus^.  (Fpy.GRACCHUS.)  W.Des 
Principes  des  négociations ,  1767, 
in-i  2.  VL  Entretiens  de  Phocion 
sur  le  rapport  de  la  Morale  avec 
la  Politique  ,  itwi  2.  La  Société 
économique  de  Berne  ,  à  qui  cet 
ouvrage  excellent  parut  le^code 
des  Etats  libres  9  lui  adjugea  le 
prix  qu*elle  distribue  annuelld^ 
ment.  L'auteur  y  donne  avec  pré- 
cision et  même  avec  agrément , 
«les  ildée*  salues  etiiimineuses  de 


M  A  B 

là  vertu  patriotique  et  des  devoirs 
qui  attachent  l'état  aux  citoyens, 
et  les  citoyens  à  l'état.  Ce  livra 
rendit  l'abbé  de  Ma^ly  sirecom- 
mandable  ,  que  les  Polonols  et 
les  Américains  eurent  recours  à 
ses  lumières  ;  et  les  Hollandois 
mêmes  reçurent  de  lui  des  con- 
seils ttop  judicieux  pour  être 
écoutés  dans  des  temps  de  trou- 
ble. Les  Américains  cependant  ne 
conservèrent  pas  toujours  leurs 
sentiniens  de  déférenc€|  pour  cet 
écrivain  philosophe  :  voici,  ce 
qu'on  lit  dans  le  Mercure  de 
France  de  janvier  1785  :  «  Le 
dernier  ouvrage  de  M.  l'abbé  de 
Mahîy  f  sur  les  Constitutions  des 
Etats— Unis  de  l'Amérique ,  a  ré- 
'volté  les  Américains  contre  cet 
estimable  écrivain.  Dans  plu- 
sieurs Etats  ,  on  l'a  pendu  en 
effigie ,  comme  ennemi  de  la  U^ 
birté  et  de  la  tolérance  ,  et  sou 
livre  a  été  traîné  dans  la  boue. 
Ce  traitemetit  qui  pourra  paroi— 
tre  plus  honteux  encore  pour 
ceux  qui  l'ont  infligé ,  que  pour 
celui  qui  en  est  l'objet ,  prouve 
du  moins  que  les  Américains 
n'aiment  pas  qu'on  leur  donne 
des  avis.  »  VU.,  Observations  sur 
l'Histoire  de  France,  1765 ,  deux 
vol.  in- 12.  VIII.  Observations  sur 
r Histoire  de  la  Grèce  ,  .1  7.6  6  , 
in- 12.  IX.  Entretiens  sur  l'His-^ 
taire  ,  ijj-t2.  On  y  trouve  dei 
réflexions  judicieuses,  des  obser- 
vations bien  faites  ,  une  grande 
connoissance  des  historiens  an<* 
ciens  et  modernes.  Mais  il  déw 
prime  peut— être  trop  ceux-ci , 
et  exalte  trop  les  autres.  Il  pen- 
soit  que  les  peuples  d'aujourd'hui 
pouvoient  se  gouverner  par  lei 
principes  des  républiques  Grec-* 
que  et  Romaine.  Mais  étranger 
aux  Etats  libres  par  sa  patrie  y 
par  son  état ,  par  son  éducation  y 
il  est  tombé  peuj^âcre  dans  le^ 


MAC 

défauts  oà'tomberoit  tin  répu- 
blicain assez  hardi  pour  dicter 
la  constitution  des  royanmes.  On 
ne  doit  cependant  pas  le  con- 
fondre avec  ces  déclamateurs 
ignorans  ,  qui  n'écrivent  sur  la 
liberté  qu'avec  le  transport  an 
cerveau  ,  et  qui  prennent  pour 
de  l'éloquence  9  les  effervescences 
d'une  tète  exaltée.  Le  style  de 
Fabbé  de  Mahly  est  clair  ,  cor- 
rect ,  quelquefois  élégant ,  mais 
un  peu  froid.  Il  fut  accusé  d'a- 
voir adopté  le  système  des  phi- 
losophes du  siècle ,  et  cette  opi- 
nion s'accrut  dans  quelques  es- 
prits, par  la  censure  que  fit  la 
Sorbonne  ,  d'un  de  ses  Livres. 
La  manière  dont  il  termina  sa 
vie  ,  en  recevant  tous  les  sacre- 
mens,  et  sa  haine  pour  Vol-* 
taire ,  semblent  prouver  qu'il  ne 
pensoit  pas  en  tout  comme  les 
sages  modernes.  L'abbé  Brizard 
a  publié  un  éloge  très— bien  écrit 
de  ce  publiciste  ,  qui  se  lit  en 
tète  d'une  collection  des  œuvres 
de  celui  — ci  ,  faite  à  Paris  en 
1754,  douze  vol.  in  —  8°  ;  son 
portrait  a  été  gravé  en  179a 
par  Alix, 

MACÉDONIA,  (Camille) 
dame  de  Sicile ,  sauva  par  son 
courage  la  vie  à  son  frère  investi 
par  des  assassins.  £Ue  fondit  sur* 
eux  avec  une  demi-pique  ,  et  les 
mit  en  faite.  Elle  ne  se  distingua 
pas  moins  par  son  esprit  ;  les 
poètes  de  sa  patrie  la  célébrèrent 
dans  leurs  chants  ,  et  ont  con- 
sacré son  souvenir. 

MACHiETA,  vieille  féromo 
de  Macédoine ,  demandoit  justice 
à  Philippe  père  d'Alexandre,  Ce 
Jïrince  sortoit  d'un  festin  splen- 
dide ,  et  s'endormit  en  l'écoutant. 
A  son  réveil  9  il  n'en  condamna 
pas  moins  Mackœta.  Celle-ci  , 
#aas  s'étonner  }luiannonça  ^'elle 


MAC  f 

appeloit  du  jugement.  A  quidonc^ 
reprit  le  monarque,  -^'e/i  ap^ 
pelle,  dit-elle,  de  Philippe  ivr0 
et  endormi,  à  Philippe  à  jeun  eC 
éveillé.  Le  roi  ^  loin  de  s'offensec 
de  sa  hardiesse ,  s'empressa  dei 
lui  accorder  sa  demande. 

MACHAM,  (Robert)  xii 
sous  le  règne  d'Edouard  III  roi 
d'Angleterre ,  conçut  une  vivo 
passion  pour  Anne  Dorsel;  mais 
n'ayant  pu  Toiitenir  de  ses  parens^ 
il  l'enleva  9  et  gagna  un  vaisseau 
qui  l'attendoit.  L'ancre  fut  levée 
aussitôt ,  et  l'amant  ordonna  do 
faire  voile  vers  les  côtes  da 
France  ;  une  tempête  horrible 
étant  survenue  ,  le  vaisseau  s# 
perdit  sur  l'immensité  de  l'Océan. 
11  vogua  treize  jours  sans  trouver 
de  rivage  ;  enfin ,  le  quatorzième 
au  matin  il  aborda  à  une  isle  dé- 
serte, mais  agréable ,  où  la  beauté 
du.  ciel ,  la  douceur  du  climat  ^ 
l'abondance  des  fruits  9  l'invitè- 
rent à  fixer  son  séjour  avec  sa 
compagne.  Telle  fut  l'événement 
auquel  on  dut  la  découverte  de 
l'isle  de  Madère.  Qtielques— uns 
des  compagnons  de  Macham  , 
s'étant  embarqués  de  nouveau  9 
échouèrent  sur  le  rivage  de  Ma- 
roc y  et  furent  faits  prisonniers. 
Ils  racontèrent  leur  aventure  à 
un  Espagnol  de  Séville  nommé 
Jean  de  Morales,  Celui-ci  ,  da 
retour  dans  sa  patrie ,  instruit  de 
la  situation  de  Tisle  et  des  signca 
qui  dévoient  la  faire  reconnoître^ 
proposa  h  quelques-uns  de  sea 
compatriotes  de  l'aller  chercher  ^ 
et  la  trouva.  Macham  et  son; 
épouse  n'existoient  pli|S  9  et  ils 
avoient  été  inhumés  dans  la  giéra^ 
ifbsse  au  pied  d'un  grand  arbre. 

MACHARTI  ,  (N...)  mort 
vers  1740,  a  laissé  an  théâtre 
italien  ,  Arlequin  Pbaétorf  ,  •7'*' 
préMilté  en  lyi&k 

Ai 


/ 


4  R<  A  C 

:  IV.  MACHÀtrtt ,  (N.^  <ie> 
Soi  nommé  contrôleur  général 
çn  174S  9  et  pàrnt  vouloir  mettre 
de  l'orlire  dan^  les  finances.  Pour 
■jf  parvenir ,  il  voulut  fairef  taxer 
|)lus  fortement  le  clergé ,  et  or- 
donna qu'il  donneroit  un  état  de 
tés  breils ,  ftfin  qné  le  rOi  pût  voir 
c^  que  ce  corps  pt>s^édoit ,  et  de 
^li'il  pouvait  fournir  au  gottvër- 
ftemi?nt.  Cette  entreprise  déplae 
«h  clergé  ;  qui  rèffUéâ  ce  qn'àn 
foi  tfemaridoit ,  et  lé  ministre  fut 
ifbVï^é  deTabândonnet.  Jtf/icAat//^ 
jiassâ ,  en  f 734,  du  ministère  dès 
iîliantJes  à  céitii  dfe  lit  marine  ,  et 
quoiqu'il  fut  natureftémcn£  fier 
et  à*ùn  dbofâ  glacial ,  iF  parut 
letôir  chàiïgié  de  càrtfclièré.  Il  afc- 
ctièîiht  Ibs  ofatittrar  efvec  bonté  , 
ëi  rtlontra*  du  zpïe  et  dé  brthneè 
fttés  pour*  lé  téiaBïissement  <ïé 
iios  escadres.  Sfesr  services  rfem— 
Jé'chfereht  point  éâ  disgrâce.  Il 
fut  èyllïî  ^âr  des  intrigués  dte' 
ébuf  lef  2  février  tj^^  et  taOu- 
rtit  quelque  tâmjps  après. 

*  IVrACfflAVEL,  (  Nicolas  ) 
lartleux  politique ,  ttaqitît  a  Flo- 
rence en  mai  1469 ,  d'une  famille 
«ioble  et  patricienne  ,  hônofé^e 
<fes  préîiiières  dignités  de  la' fé-' 
publique,  n  se  disthiguà  de  bonne 
nexiYè  dans  la  carrière  des  let- 
trés ,  è£  réussit  assez  darrs  le" 
genre  comique  :  ïe  pape  Léon  JL, 
protecteur  de  tous  les  talens  , 
ât  représenter  stes  pièces  sur  ïê 
lîiéâfre  de  Kom'e.  Machiavel  étoit 
d'un  caractère  inquiet  et  r©-' 
ihuant  :  it  fut  a^ciisé  d^avoit  etr 
âart  à  là  dbnjuration  de  Sàderini 
eôntré  les'  Mé'dïct's  :  on  le  mit  à' 
iaquestib^n,  nvais  il  n'avoua  rien; 
l<es  éloge»  qiVi)  prodigaoit  à 
BrutUiS  et  à  Cafsins  ,.  le  firent 
^jjççootter  d^ayotr  trempé  dan$ 
j-,  i^  '^tre  conspiration .  coi»|ve 
^i^dkcu  ,  depu3  pape 


MAC 

soiis  le  nom  de  Clément  Vit } 
mais  comme  ces  soupçons  étoient 
ctestitués  de  preuves  ^  on  le  laissa 
tranquille.  Il  n  aimoit  pas  là  piiis^ 
sance  pontificale.  Le  cardinal  dtf 
Ilouen  ayant  dit  devant  lui ,  qu6 
les  Italiens  n  entendoient  rien  au 
métier  de  la  guerre;  les  lË'raa^ 
çoU  ,  lui   répondit  Machiavel  ^ 
n^enlendoicnL  pas  davantage  aujt 
affaires  d'état ,  puisqu  Us  laissent 
tant  saccrùîlre  la  puissance  du 
pape.  La  république  de  Florence  f, 
instruite  de  ses  connoissanoes  ent 
histoire  et  en  politique ,  le  choi-. 
sit  pour  son  secrétaire  et  pouif. 
son  histotiogpaplie.  Après  s'êtrei 
retiré  des  affaires ,  il  mourut  dan», 
une  honorable  pauvreté.  L'opimxz 
que  les  médecins  lui  avoient  près-* 
crit  ^  mais  dont  il  prit  une  tropr 
forte  dose  9   termina  ses  jours. 
Biaet  dit  9    qu  avant  de   rendra 
l'esprît ,  il  fit  part  d'une  visiont 
qu'il  avoit  eue.  H  avbit  vu  d'un 
côté  mi  tas  de  pauvres  gens  ^  dé-* 
chirés  9  affamés ,  contrefaits  ;  et 
on  lui  dit  que  c'étoient  les  ha-<' 
bitans.  du  Paradis.  Il  entrevit ,  d« 
l'aiitre ,  Platon  ,  Sénèque  ,  Plu^  ' 
tarque,  Taeite,  et  d'autres  écri-» 
^aiil^  de  ce  geiïré  ;  et  on  lui  dit 
<iue  d'étoient  les  damnés;  Il  ré- 
pondit :   «  Qu'il  aimoit  mieu* 
être  en  enfer  avec  ces  grands  es- 
prits j  pour  traiter  al^ec  eux  d'af-' 
fairés  d*état ,  que  d'être  avec  le» 
bienhenreux  q;u'on  lui  âVoit  fait 
Voir.  >»   Peu  de  teiijpS  après  il 
rendit  rdrae.  Mais  ce  conte  est 
ttn  roman ,  fait  poUf  dolitler  un^ 
idée-  de  la  façoiy  de  p«nser  do 
Machiavel ,  ou  du  moins  de  c« 
^n'oH  croyoit  être  sa  façon  d« 
penser.  Il  mourut  pi^esque  à  la 
veille  de  la  grande  révolte  dei 
Florentins  contre  Clément  VI  ^ 
beureipc  de  n'avoir  pas  été  témoia 
4és  maux  crueU  de  sa  patrie  ^ 
d«nt  il  aûroit  au  une  bonne  part  f 


M  4  C 

p^mme  attaché  jiux  Médicis,  K'H 
aroit  des  partisanes  à  FJorence  ^ 
il  ayoit  ejicore  plus  d*eiineniis , 
parce  qu'il  ne  cachoit  paf  asse^ 
\à  scipériorUç  d9  son  esprit ,  ç^ 
ne  ixiod^roit  point  la  causticitç 
de  son  caractère.  Il  exerçoit  it 
censure    sur   les  grandes   et  les 
petite$  choses  ;  i}  ne  YO.ulpit  rien 
devoir  à  la  religion,  et  la  pros* 
friyoit  même.  On  a  de  lui,  plu- 
Meur<    ouvrage?   en    vers  et  eji 
prose.   Cen::^  du  premier  genre 
doivent  être   regardés,   pour  I4 
plupart  ,  comme  des  fruits  emr 
poisonoés  d'^ne  jennesse  peu  rég- 
ulée. L'auteur  ne  manque  ni  cFi-r 
jpagination  ni  de  facilité,  nid'ar 
grément  ;  rpais  jl  ne  respecte  pap 
asse?  la  pudei)r«  Les  principau;^ 
|Ont  :  L  X/Anc  d'or ,  à  l'imita- 
tion de  JLiicUi^  et  à^  Apulée,  IL  JBelr 
fhé^or  ,  qqe  la  Fontaine  a  imité 
et  surpassé»  IlL  Quel<jue§  petits 
Foëmes  ,  les  uns^  ipor^ux ,  le^ 
antres  histori^i^s.    Ses  producr 
tions   en   pro§e   çont  :  1.  Deux 
Comédies  :  la  première ,  intitulée 
2a   Mandra^or^  ,    est   ime    de^ 
meilleures  qui  aient  été  faites  de 
ton  teonps/,  J,  B»  Jious^çau ,  danp 
sa  jeunes^e ,  jk  trouva  si  piquante 
Quil  en  fit  luic  trflductiqn  libre | 
imprimée  à  ï^andrej,  e^  i/aSj 
dans  le  Sunpl'^mppt  de  ses  CEui- 
yres.   Ou  aoiUe  q«e  ,Ie  tbéàtr^ 
françois    pfit  s'âci^pmmoder   dé 
l'original  et  ^  I9  copia.  Vautre 
Comédie  de  Maçkiauel  {CUtia  )., 
est  imitée  dpj^  Casina  de  PUute^ 
et  est  inférieure  4  son  modèle, 
j^s    deuj^  pièces   dç  3Xachiuvel 
yénssirent ,  non  poijr  le  plaji  qui 
est  a55ez  irrégwlier,  mais  pow 
le  style  qui  est  pujret  élégant, 
et  sur-to^it  pfKce  que.,  dans  un 
temps  de  libertinage  ^  la  IS^an-' 
dra^oKC.  ,  qui  e^t  wj  sujet  licen-? 
çieux  ^  ne  pouvoit  manquer  de 
gùire  beaucoup.  ]}I^chif^,fl  y^ 


SnoU  ftn  talent  de  faire  de^  pil^cc| 
e  théâtre  ,   .cçliji  de  les  jouer^ 
|]  rénssjssoit ,  suivant  VarilloA, 
à  rendre  les  gestes ,  la  démarchp 
et  le  son  de  voix  de  ceux  qu'Q 
voyoit.  II.  Des  Discours  sur  Ifi 
première  Décade  de  Tite-J^è^ 
Il  jr  développe    la   politique  d^ 
gouvernement  populaire  ,  et  en 
i"^  montrant  un  zélé  partisan  d^ 
ce  qu'il  appelle  la  liberté ,  il  dé-f 
Ibite  des  maximes  perverses  dpnt 
un  tyran  pourroit  abuser.  Jl  met 
à  contribution  ,  sans  beaucoup 
d'ordre  ni  de  chpix  y  l'histoire  des 
peuples  et  des  républiques  anr 
ciennes  et  modernes.  A  traver* 
cettf  multitude  de  faits ,  se  troii?. 
vent  cjuelques  principes  applicar 
blés  aux  difFérenspanverneraens^ 
mais  siir->tout  à  l'administration 
républicaine.  III.  3.oa  Traité  ài^ 
prince  ,  qu'il  composa  dans  s» 
vieillesse  ,  ^pur  serYÂr   ^e  sui^ 
a  l'ouvrage  précédent.  Ctst  un 
des  ouvrages  les  plus  dangereux 
^ui  se  soient  répandus  dans  b 
mojide  ;  c'esç  le  bréviaire  des  anj-t 
hitieux  ,  des  fourbes  et  deascéiv 
l^rqts.    Machiavel    profçsse    Ib 
ofime  daps  ce  livre  aoominable., 
et  y  donne  des  leçons  d'assassinat 
et  d'eropoisonnemcî^t.  Ceux  qui 
excusent  Machiiwd ,  dirent  que 
c'est  à  la   situnMon  pnfticulièrA 
ne  rUalie  telle  quelle  étoit  de 
son  temps ,  plus  qu'à  la  tremp.e 
de  son  esprit  et  de  spn  caractère 
que  noiis   devoirs  }e$  maximes, 
exécrables  qu'il  débite.  Quoi  qu'H. 
en  soit  5  César  Borgia ,  bâtard  div 
pape  Alexandre  Vj,  iponstre  qqi 
se  souilla  dç  tous  I^s  crimes  pou;*, 
«e  rendre  maître  de  quelques  pe* 
tils  états  ,  est  le  prince  que  Mor* 
chiavd  préfère  à  tipus  ïes  $OHve^ 
rains  de  $çm  temps,  et  le  mo** 
dèle  sur  lequel  il  vent  qne  lei*. 
potentats  se  formejçit.  Aifielot  dfi^ 
Ip  Hçussa^fe  ».  traducteur  de  c^ 

A.  X 


s 


MAC 


ouvrage,  a  voulu  le  justifier  ptit 
d'assez  mauvaises  raisons  :  il  n  a 
persuadé  personne.  «  Loin  de 
nous  ^  dit  Saurin  dans  son  beau 
sermon  sur  ïaccord  de  la  reli^ 
giott  et  de  la  politique ,  loin  de 
ïious  les  abominables  maximes 
de  ce  pernicieux  Florentin  ,  qui 
a  donné  aux  politiques  ces  leçons 
funestes  :  qu'un  prince  qui  veut 
se  maintenir  doit  apprendre  à 
ïi*être  pas  vertueux  ,  quand  les 
besoins  des  affaires  le  deman- 
dent; qu'il  doit  ménager  son  bien 
particulier  ,  et  n'être  libéral  que 
du  bien  public  \  qu'il  ne  doit 
tenir  sa  parole  que  quand  il  le 
peut  sans  s'apporter  du  dom- 
mage ;  qu'il  ne  doit  pas  tant  as- 
pirer à  avoir  toutes  les  vertus 
qu'a  paroître  les  posséder  ;  qu'il 
doit  paroître  clément ,  fidèlle  , 
intègre  ^  religieux  ^  mais  savoir 
être  l'opposé  ;  qu'il  ne  peut  ob- 
server tout  ce  qui  fait  passer 
pour  bons  les  autres  hommes  , 
parce  que  les  besoins  de  l'état 
l'obligent  souvent  à  agir  contre 
la  charité  y  contre  l'humanité  , 
contre  la  religion  ;  qu'il  doit  ma- 
nier son  esprit  selon  que  souf- 
flent le?  vents  de  la  fortune ,  sans 
s'écarter  du  bien  tant  qu'il  le 
peut  ;  mais  aussi  sans  se  faire  un 
scrupule  de  commettre  le  mal 
lorsqu'il  le  faut ,  etc.  etc.  »  "Fré- 
déric Il  roi  de  Prusse ,  a  donné  ^ 
dans  son  Anti—Machlavel ,  in-8% 
un  antidote  contre  le  poison  de 
l'auteur  Italien.  Sa  réfutation  est 
beaucoup  mieux  faite  et  mieux 
écrite  que  l'ouvra'ge  réfuté  ;  et 
c'est  un  bonheur  pour  le  genre 
humain  ,  dît  l'éditeur  de  cette 
"critique ,  que  la  vertu  ait  été 
mieux  ornée  qiie  le  crime.  Voyez 
Frédéric  il.  Le  meilleur  ou- 
yrage  de  Gaspard  Scloppius , 
«st  une  apologie  de  MachiaveL 
"IY«  "V Histoire  de  Florence ,  de- 


MAC 

puis  ï»o5,  jnsqu'en  i494*  Xlê^ 
dition  des  Juntes  ,  en  i  5  3  2  ^ 
in-40 ,  à  Florence ,  est  fort  rare. 
Le  commencement  de  cette  His- 
toire est  un  tableau  très  r- bien 
peint  de  l'origine  des  difiFérentea 
souverainetés  qui  s'étoient  éle- 
vées autrefois  en  Italie.  L'histo^ 
rien  y  traite  quelquefois  favora- 
blement sa  patrie ,  et  avec  trop 
peu  de  ménagement  les  étran- 
gers, il  prodigue  les  réflexions  ; 
et  ces  réflexions,  souvent  trop* 
recherchées ,  ont  plus  d'éclat  que 
de  solidité,  et  tiennent  plus  du 
style  d'un  déclamateur  que  dd 
ceJui  d'un  sage  politique.  Ces  dé- 
fauts sont  un  peu  couverts  prfr 
l'exactitude  et  par  les  recherches 
de  l'auteur.  V.  La  Vie  de  Cas^ 
trucio  Castracani  ,  souverain  de, 
Lucques  ,  traduite  en  françois 
par  M.  Dreux  du  Radier ,  et  im- 
primée à  Paris  ,  en  1753.  Elle  est 
peu  estimée  par  les  politiques- 
judicieux,  et  ne  Test  i^uèr'e  plus 
par  les  gens  de  goût.  L'auteur  a 
été  plus  soigneux  d'embellir  son 
sujet  que  de  rechercher  la  vérité. 
VI.  Un  Traité  de  V Art  Militaire^ 
dans  lequel  il  a  très-mal  travesti 
Végèce,  VU.  Un  Traité  des  émi^ 
grations  des  peuples  Septentrion 
naux.  Tous  ces  différens  ouvrage» 
sont  en  italien,  fls  ont  été  re- 
cueillis en  deux  vol.  in-4** ,  en 
i55Ô ,  sans  nom  de  ville.  On  ea 
a  fait  dé  nouvelles  éditions  1 
1.**  à  Amsterdam,  en  ïyaS  , 
4  vol.  in- 12  ,  assez  bien  exécni- 
tée  ,  mais  fort  incorrecte  ;  2.'*  à 
Londres ,  1747 ,  en  2  vol.  in-40  * 
et  1772 ,  trois  vol.  în-4**  ;  3.°  a 
Paris,  1768  ,  six  vol.  in-12.  Ils 
ont  été  traduits  en  françois ,  avec 
assez  peu  d'élégance ,  par  Tilard , 
calviniste  réfugié,  1723  ,  en  six 
vol.  in- 12.  On  n'y  trouve  pas  la 
version  des  comédies  ni  des  con- 
tes«   On  en  a  donné  une  autre 


MAC 

ëJitîon>  augmentée  de  fAnd^ 
Machiavel  da  roi  de  Prusse  ;  à 
la  Haye,  i743«  six  vol.  in- 13. 
On  a  publié  à  Florence ,  en  1  ^67  , 
la  correspondance  de  Machiaifel , 
pendan(^  le  cours  dé  ses  négocia- 
tions. On  y  voit ,  dit  M.  Landl , 
le  ministre  i&age,  adroit  ^  habile  ; 
mais  point  du  tout  le  politique 
scéiérat ,  tel  qu'il  paroit  dani 
q4ielqnes-uns  de  ses  lirres.  Ses 
•nfans  l'airooient  cvec  la  plus 
yiv9  tendresse.  Jf^arcki ,  quoique 
son  ennemi ,  avoue  qu'il  étoit 
d'un  caractère  obligeant ,  et  que 
tontes  les  personnes  remarqua- 
bles de  Florence  l'estlmoient  et 
s'assembloient  dans  les  jardins 
de  Cosmo  Ruccelaï  ,  pour  jouir 
ûez  agrémens  de  sa  conversa— 
tien  ^  âe  9m  familiarité  at  de  ses 
lumières. 

M  AC-NEVEN  OKESSI ,  sa- 
vant médecin  d»  Bohdftie  9  est 
mort  à  Prague ,  en  Ï7S7.  Ses 
qualités  mornies  lui  avoient  ac-> 
qnis  ttn  grand  nombre  d'amis  ;. 
et  ses  profondes  eonnoissances 
dans  la  médecine ,  une  célébrité 
qu'il  a  coaservée  toute  sa  view 

MACPHERSON ,  (Jacq^tes) 
"£eossois,y  né  en  1738  ,  et  mort 
•n  17969  a  publié  une  Traduc^^ 
tioniie  Vlllade;  une  Introduction 
h  THistoîre  de  la  Grande-Bre- 
tagne ;  et  une  Histoire  d'Angle-' 
terre  ,  deptïis  1660  jusqu'à  l'a- 
vénement  de  la  maison  d'Hanovre 
an  trône.  L'écrit  qui  lui  a  fait 
le  plus  de  réputation  ,  est  sa 
Traduction  des  Poésies  d*Ossian , 
011  Ton  a  reconnu  de  grandes 
bedhtés  ^  et  qui  ont  aussi  été  trn- 
duitei  en  François.  Johnson  et 
pliisicors-  autres  écrivains  ,  ont 
cm  ces  poésies  supposées  ,  et 
dvïOssian  n'exista  jamais  ;  Mac-^ 
jfherson  en  soutint  rauthcftticité  y 


M  A  G  7 

ei  eut  le  docteur  BUsir  pour  dé^ 
fenseur. 

MAGRET,  ( Charles^Fran* 
çois— Adrien)  célèbre  graveur^ 
né  à  Abbeville  en  1760  ,  mort 
an  décembre  1783,  d'une  fièvre 
lente  occasionnée  par  la  douleur 
de  la  perte  de  sa  femme.  Sei 
gravu  es  so^u  au  grand  nombre 
et  estim«^ 

MADAN  ,  (  MarHn  >  minis* 
tre  Anglois,  mort  en  1790  ,  « 
publié  une  Traduction  de  Juve^ 
nal,  en  anglois  ;  estimée  :  mais  il 
est  sur— tout  connu  par  son  livre 
intitulé  Théliptora  ,  ou  Traiié 
de  la  séduction  des  femmes.  Il  7 
soutient  Tutilité  et  la  légitimité 
de  |a  polygamie. 

MADOX,  (Thomas)  histON! 
riographe  royal  sous  George  I  » 
roi  d'Angleterre  9  dédia  à  ce 
prince. son  Histoire  des  Ville* 
H  Bour£^  de  cette  i^  ;  mais  il. 
est  pnncttMTlemeut  connu  par  une 
savante  Histoire  de  VEckùmier  » 
171 1 ,  in-folio  ^  réimprimée  en 
1769  ,  in-4."  Ses  recherches  sut 
les  antiquités  d'Angleterre  y  sont 
en  manuscrit  dans  le  Muséum  de 
Londres  ,  et  forment  94  vol.  in^^ 
folio  et  in-4.*' 

MAGATTI,  (Pierre-An^ 
toine  )  habile  peintre  d'histoire  , 
naquit  à  Vacallo  dans  le  bailliage 
de  Mendriz,  en  1687  ,  et  mourr 
rut  à  Varèse  en  1768. 

IlL  MAGDELEINE,  diteDU 
St  -  Sacrement  ,  née  à  Saint-» 
Sever ,  petite  ville  de  Gascogne  , 
le  6  avril  1 6 1 7  ,  fit  profession  re- 
ligieuse à  Bordeaux ,  dans  le  cou- 
vent des  Carmélites- qu'elle  édifia 
par  ses  austérités  et  l'exercice  de 
toutes  les  vertus.  Elle  a  écrit  dèiuc 
Opuscules,  l'un  sur  la  prières ^ 
l'autre  sur  las  vertus  théologale^ 

^4 


t 


M  AQ 


Ds  sont  împriinés  à  la  sivte  de 
sa  Vie,  parV.Mnrtiaàay.  Mag^ 
deleiae  mourut  à  l'àge  de  80  ans. 

•IV.  MAGDELEINE  de 
France,  reine  de  Navarre  , 
fille  de  Charles  VU  et  de  Mari^ 
d" Anjou  ,  naquit  le  i«'  décembre 
1443.  Fiancée  à  Ladislas  roi  de 
Hongrie ,  son  ipariage  ne  fut 
'  point  consommé  avec  ce  prince , 
gui  mourut  subitement  empoi- 
«gnn^.  Elle  épous^  ensuite  ùas^ 
inn  fie  Foix.,  qui  mourut  qn  1 470»- 
Neuf  ans  après  ,  èïle  devint  ré- 
gente du  liQyaume  de  Navarre, 
et  spptint  avec  vigueur  son  gou- 
yèmement  contre  les  entreprises 
dç  Ferdinand  roi  d' ÂragOJi  ^  et  les 
querelles  partipuUères  de  Beau-; 
mont  et  des  Gjpammpnt ,  qui 
livoient  long  -  temps  désolé  le 
pays.  lYlagdeleine.,  ^prèj;  avoir 
ijiit  couronner  Catherine  sa  fille  , 
reine  de  Navarre  ,  et  lui  nyoir 
fait  épouser  Jean  d'Alhret ,  mou- 
i;iit  en  149e,  et  fut  inhumée 
^ns  la  catliédrale  de  Pampeinne. 


«  » 


y.  IVtAQPELBINE  dç 

Ç,RA:>r'çE\  fiUe  iu  roi  j*ra«- 
çqïs  7,  et  fç^nrae  de  Jacques  V 
roi  d*Écoss,è„  çaqult  ^  oaint— 
Çerinaip-en-L^yç. ,  le  \o  août 
i52oV  Ce  prince,'  prévenu  favo- 
rablenient  par.  les  bruits  publics 
pour  Pesprit  e^  la  beauté  de  cette 
l^'rncesse,  résolut  d^  la  mériter 
en  secourant  François  î ,  dans  Ict 
temps  qu'on  appréhendoit  que 
l'empereur  n*envahît  la  Frovence 
tX.  le  Daiiphiné.  Mais,  i^^lhe^- 
reusement  ^  une  tempête  épqu-. 
yaiitab.le  dispersa  la  ûotte  Ecos- 
saise ,  suc  .laq\ielle  il  y  avoit 
16,000  hommes  de  débarque— 
inent.  Jacques  i;ie  laissa  pa.s  d'a^- 
hordar  à  Dljepjie  ,  et  de  prendrçt 
)a  poste  paiu:  aller  demander  \ 
français  l*r  53  fille  en  marij^ge^ 
iÇe  rnox^arqu^e  jj;énéçcuj^  ^  «oUicité 


M  A  G 

par  nij  prince  aussi  gcn^re\i3ç  ^b^ 
lui,  ne  put  lui  refuser  l'objet  d^ 
sa  demnnde>  Magdeieine  fut  ma- 
riée à  Paris  le  i*""  janvier  1036^ 
et  mourut  de  la  fiî!?vre  en  Ecosse  , 
dès  le  7  iuillet.suivant.  t©  poëte, 
Ronsard  s'écrie  : 

La  belle  Magdtleine  ,  honnei|r  de  chasteté. 
Une  Grâce  en  beauté ,  Jonon  en  m<i}esté, 
A  peine  de  itEcosse  s^Toit  touché  le  bord  « 
Quand  an   lieu  d'un  royaunte  ,    elle  y] 

trouva  la  mort. 
Kl  larmes  du  mari  ,   ni  beauté  ni  len* 

nesse , 
Ni  TOeu  ni  oraison  ne  flichit  (a  rudesse, 
Df  la  Parque  qu'on  dit  la  fille  4e  la  (fuit  » 
Quç  cette  belje  Reine  avant  quepoitet 

fruit 
Vit  ipourut  en  sa  âepr 

MAGrHEM,  nourrice  d*^^&4»t. 
troisième  empereur  des  Mogols , 
donna  h  ce  prince  de  bons  con- 
seils pour  régner  avec  glorce ,  et 
l'affiranckit  de  la  tutelle  tyran- 
nique  pu  le  Ksetenoît   Beyran  ,. 
son  gonvertieinri  Elle  le  fit  cou^^ 
ronner  solennellecnent  à  Dehli  .' 
et  lui  méoflges  l'estime  et  la  fidé** 
lité  des  grands.  Ayram  se  cetirii 
dans  le  Guzard^ ,   où  l'un  d^ 
ses  esclaves  Tassassina  en-i356.A, 
Maghem ,  honorée  par.  les' O rien- 
taiix ,  mourut  dans  un  Ige  très-»" 
avancé. 

MAGISTRÏS ,  (  SimAn  4e  \ 
P-atrice  Romain ,  né  ^  Seyra  ,  eç^ 
1728 ,  et  mort  à  Rome  le  S  oc-, 
tobre  i8^a  s  Àg«^  de  75  an^,  so^, 
rendit  célèbre  par  la  çonnqisr-, 
s^ççe  pro Fonde  des  langues  sar- 
vantes  :  il  parloit  l'I^ébreu  ,  lo 
grec  et  le  latin  ^  avec  sentant  de 
facilité  qne^ l'italien.  P/f  Vf  *  qu^ 
rempjoyojt  fréquemment  à  des 
rechieTcbes  relatives  à  l'a^ygiûtéi 
ecclésiastique  ^  récompensa  cei 
savant  qui  étpit  de  la  copgréga,— ^ 
tion  de  V Oratoire  de  St,  Philippe. 


Sjf  Iféri^  en  le  nommant  évé^iif 
e  Cyrène ,   et  secrétaire  perpé- 
tuel de   la  congrégation  établie 
à  Rome  pour  la  correctipn  des 
livres  de  TÉglise  ^'Orient.  Il  fit 
«inriiaer  dans  cet  emploi ,  la  vaste 
Rendue  de  sQn  érudition  et  de  sa 
critique.  Magisirif  a  sur  -  tout 
bien  mérité  de  la  religion  par  la 
belle  édition  grecque  de  Daniel , 
d'après  la  version  des  optante, 
Home,    177%  9  in-folio.  On  en 
çroyoit  le  texte  perdu,   mais  il 
fat  retrouvé  dans  nn  manuscrit 
de    la    bibliothèque    du    prince 
Çhigi;  on  y  a  joint  l'interpréta- 
tion grecque  dé  St.  Hippoiyte  , 
inart]^^,  lu  confronti^tion  4e  la 
version  de  Théodotion ,  avec  une 
partie  du  livre  d*Esther  en  chai-» 
âaîque  ,     et    cinq    dissertations 
apoiogétiqties   s)ir  cette  version 
des  Septante'  Magistris  a    été 
9ncpr«    l'éditeur    àeê  deux  our 
yragef  suivant  :  I.  Aeta  Marty-* 
tam  ad  ostià  Tiberiaa  esf  mss^^ 
Codice  Begid  bibhthecœ  Tauri-* 
nensis  ;  R'omââ  ,1795.  Il,  Sancti 
jPyoniHi   Alejcundrini   Èpiscopî 
eognomento  Phigni ,  quœ  siiperm 
9iint  ;  Horrose ,   «  79 6  *  en  grec  et 
ktin  ,  îri-rôlio.  Cette  belfe  édi- 
tion est   précédée  de  la  vie   de 
St^JDtnis  d'Al^andrie ,  et  d'une 
savante  préfacesur  rau^hènticité 
àfi  Tonvrage.  lU.  On  a  encore  de 
ce  savant  prélat ,  GU  attidi  cinque 
Mfartiri  nelln   corea  ,  coîV  ori-^ 

g 'ne  délia  Fede  in  quel  Bfgno  ; 
om.  ^8pi,  in-8***  Ennemi  dé- 
claré de  l'incrédutité  moderne , 
M/T^stris  consacra  ses  veilles  à 
çonFondre  ^impiété  et  à  soutenîf' 
conrftgensemerit  les  intérêts  du 
Christiî*rtr*me.  S^  vie  édifiante 
prouva  ,  encore  mieux  que  sa- 
pluiç^  ^  .qji'ii  i&i|  prpfpn^érnçnt 
pénétré  de  .rejscelleqca  eV4^  ll^ 
^ité  4^  k  ];el^iQi]u 


M  AH  f 

MAGNIf:n ,  (  Fhilippe)  b^ 
bile  sculpteur,  mort  à  Paris  ei| 
décembre  1716 ,  à  68  ans  ,  orn^ 
-de  ses  statues  le^  parcs  de  V(»r<* 
sailles  et  de  Marly. 

MAGOQ  9  chef  des  ancien| 
Scythet ,  auquel  on  attribue  ]^ 
civilisation  de  plusieurs  peuple^. 
du  Nord  ;  il  introdiiisit  parmi 
eux  la  connoissance  de  plusieurs 
arts.  Schroderut  dans  son  Le  xi'-» 
que  Scandinave  ,  le  fait  inven-f 
tanr  des  Bvnei ,  espèce  d'hiéro* 
glyphes  Qu  caractères  dont  stt 
sont  servis  les  peuples  Septen- 
trionaux ,  et  dont  l'usage  n  prér 
cédé  en  Èprope  celui  des  lettcef 
gMcques.  Bttdheck  fait  remonter 
hisage  des  Hunes  an  y  siècle  ^ 
après  le  déluge*  H  n  en  compte 
que  seize  printitives  ;  et  ^  pou^^ 
démontrer  quelles  n*ont  aucun 
rapport  avec  les  lettres  connues , 
il  a  inséré  dans  son  Atlantique  ^ 
un*  table  comparative  de  ces  ca-r 
•  inctères  ^  avec  les  lettres  gothi« 
qnes,  hébraïques,  phéniciennes ^ 
^ecques  et  latines.  Voyez  Vk- 

HBLIUS. 

^  MAHMED  j  (  Agn  )  iss^  d« 
r^^ie  des  premières  familles  4^ 
Kborassn  en  Perse  ,  étoit  t^n  ' 
berceau .  lorsque  Thamas.rKo(dir. 
Kan  fit  égorger  ,  en  1738,  son 
père  et  ses  frère^.  Çc  vainqueur 
barbare ,  se  oon^ta  (ie  prendra 
contre  Mahmjtd ,  \\n^  pr^G^ntiqn 
qui  empêcl^a  cel\n-ci  ^e  perpé- 
tuer sa  race.  Il  n'en  devint  pa? 
moins,  comme  l'eunuque  Nar^ 
ses  ,  un  homme  d^ëtnt  et  un  grand 
guerrier.  Après  la  mort  de  T/w- 
ntas  ,  1^  mère  de  MakmeJ  st 
remaria ,  et  eut  plusieurs  autres 
en  fans  qui  furent  les  plus  grands 
ennemis  de  leur  frerç.  jfcfowr- 
touza ,   l'un  d'eux  ,   implora  le 


■\ 


t« 


M  A  f 


JUnhntedue  se  rendit  pas  moins 
le  maître  du  Guilan ,  d»  Mazan-* 
deran ,  du  Schirraix,  et  de  plu^ 
sienrs  autres  provinces.  L'amiral 
Woïno-lVitsch ,  ayant  établi  un 
comptoir  sur  la  côte  d'Àstéra* 
bath  ,  avec  le  commencement 
d'une  forteresse,  ou  il  plaça  dix- 
huit  canons  ,  Mahmed  vint  la 
▼oir  y  feignit  d'en  admirer  la 
constniction ,  et  engagea  l'amiral 
à  venir  lui  rendre  visite  avec  ses 
principaux  olBciers  ,  dans  une 
iliaison  de  plaisance  qu'il  avoit 
dans  les  montagnes  :  ils  s'y  ren>» 
dirent  le  lendemain  ;  mais  ils  ne 
furent  pas  plutôt  arrivés  qu'on 
les  chargea  de  fers ,  en  les  mena- 
çant de  leur  trancher  la  tète ,  si 
~  la  forteresse  n  étoit  sur-le-champ 
démolle.  Il  fallut  obéir  :  les  murs 
furent  rasés ,  les  canons  embar- 
qués ,  et  les  officiers  Russes 
chassés  de  la  côte.  Ghedahed, 
Y  un  des  rivaux  de  Mahmed  avoit 
fait  sur  lui  quelques  conquêtes* 
Mais  ce  dernier  ,  ayant  gagné  se$ 
principaux  agens  ,  Ghedahed  fut 
livré  par  eux  à  son  ennemi ,  qui 
lui  lit  trancher  la  tète  ,  à  la  lin 
de  1786.  Rien  n'arrêta  plus  \t^ 
conquêtes  de  Mahmed  ,  qui  sub- 
jugua la  Perse  entière.  Héritier 
des  desseins  de  Schah^Nadir,  il 
vouloit  s'emparer  d'Astrakan ,  et 
fermer  la  mer  Caspienne  aux 
Russes^  lorsque  la  mort  vint 
mettre  fin  à  tons  ses  projets. 

MAILHOL,  (N**)  né  à 
Carcassone  ,  mort  vers  1760, 
est  auteur  de  quelques  pièces  de 
théâtre.  I.  Paros  ,  tragédie,  re- 
présentée en  i754<  II.  Les  Fem^ 
mes,  comédie.,  1734.  III.  Ly— 
CKrgue  ou  les  Lacédémoniennes  , 
comédie  en  trois  actes,  et  en 
vers  libres. 

M AIU.E ,  <  W**  )  Oratorién  , 
»  né  àBrignoles  en  1707  ^  mort  à 


MAI 

Marseille  en  1762,  a  donné  ert 
trois  vol.  in- 12  ,  Le  Père  Ber-- 
ruyer  convaincu  d'Ariànisme  et 
de  Péla^ianism^, 

*  lU.  MAILLÉ  M  BitBZSy 
(Armand  de)  duc  de  Fronsac  et 
de  Caumont ,  marquis  de  Graville 
et  de  Brezé  ^  fils  du  précédent , 
commença  à  se  distinguer  en 
Flandre  en  i638.  L'année  sui- 
vante, il  commanda  les  galères 
du  roi,  puis  l'armée  navale,  et 
défit  la  âotte  d'Espagne  ,  à  1» 
vue  de  Cadix,  le  21' juillet  1640* 
Il  fiit  envoyé  ambassadeur  en 
Portugal  en  1641 ,  et  remporta  , 
les  années  suivantes  de  grands 
avantages  sur  mçr  contre  les  £s— 
pagnoU  ;  mais  il  échoua  devant 
Tarragoue.  Ses  services  lui  mé-^ 
ritèrent  la  charge  de  surinten- 
dant général  de  lé  liavigation  et 
du  commerce.  Il  fut  tué  sur  mer 
d'un  coup  de  canon,  le  14  juin 
1646  ,  à  27  ans  ,  taiidis  qu'on 
faisoit  le  siège  d  Orbitello*  Il  ayoit 
plus  de .  vertu  qu  pu  n'en  a  ordi-« 
nairement  à  son  âge.  Ayant  fait 
gngner  ,  par  sa  protection  ,  un 
procès  à  une  dame  de  condition, 
du  Poitou ,  qui  n'avoit  pour  elle 
que  son  nom  ,  et  une  fille  jeun& 
et  belle  ;  Monsieur,  lui  dit-elle 
en  lui  présentant  cette  demoi— 
fselle ,  vos  services  sont  au-^dessus 
de  ce  que  je.pourrpis  fair€  pour 
les  reconnoUre  ;  U  n'y  a  que  mm 
fille  qui  puisse  m'acquilUr  au^ 
près  de.  vous.  Maillé,  fut  révolté 
d'ijn  pareil  discours  »  et  ayant  re- 
connu dans  la  demoiselle  autant 
de  vertu  que  de  beauté ,  il  iui 
donna  huit  mille  livres  pour  pren- 
dre l'habit  religieux  dans  un  mo-* 
nastère.  Voyez  LFoucAUifT* 

II.  MAILLEBÔIS ,  (  N.  comte 
de)  lieutenant  général  des  ar- 
mées de  France ,  commanda  avee 
succès  UA  corps  de  troupes ,  dans 


M  A  I 

les  gtterres  d'Allemagne  ,  et  ftit 
envoyé  en  1784,  en  Hollande, 
pour  y  soutenir  1^  parti  qui  s'y 
élevoit  contre  la  Prusse.  Sorti 
de  France  pendant  la  révolu- 
tion, il  mourut  à  Maestricht^ 
en  1792. 

MÀIMBÇÂI ,  (N.  )  né  à  Lon« 
ares,  vint  très-jeune  en  France ^ 
et  s'attacha  au  spectacle  de  la 
Foire  Saint  -  Germain  à  Paris  y 
cil  il  s'occupa  de  la  composition 
de  BaUets  et  de  Pantomimes , 
qui  eurent  du  succès.  Les  plus 
remarquables  furent,  Les  Dupes  » 
la  Fête  Angloise ,  V Heureux  dé-^ 
sespoir  ,  à  Trompeur  trompeur 
et  demi  y  le  Diable  boiteux  , 
Chactai  à  son  tour.  Dans  la  Fête 
Angtoise  ,  jouée  en  1740  ,  on 
▼it  une  décoration  du  temple  de 
l'Hymen  qui  fut  admirée ,  et 
commença  à  donner  l'idée  de  ce 
genre  de  beauté  et  de  la  véri^ 
table  perspective  théâtrale. 

MAINFRAY ,  (Pierre  de  )  né 
à  Rouen  ,  fit  jouer  ,  au  côni— 
mencement  du  siècle  passé  ,  troi.^ 
tragédies  ,  Cyrûs  ,  Soliman  çt 
Hercule.  Cette  dernièrô  n'est 
qu'en  quatre  actes. 

*  MAIÎj(TENON ,  (Françoise 
4'Aubigné ,  marquise  de  )  petite-- 
fille  de  Théodore- Agrippa  etAu^ 
higné  ,  naquit  le  8  septembre 
i635o  ^'ns  une  prison  de  Niort  ,* 
où  étoient  enfermés  Constant 
d^Aubigné  son  père  9  et  sa  mère 
Anne  de  Cardiilac ,  Bile  du  gon^ 
verneur  du  Château-Trompette 
à  Bordeaux.  Françoise  (t-Aubigné 
ëtoit  destinée  à  éprouver  toutes 
les  vicissitudes  db  In  fortune» 
Menée  à  l'âge  de  trois  ans  en 
Amérique,  laissée  par  k  négli-« 
gence  d'un  do  m  e«  tique  sur  le  ri- 
vage ,  prête  à  y  être  dcvoi  ée  par 
Wk  serpent  ;  ramenée  orpheline 


MAI 


n 


à  Vâge  de  douze  ml  9  élevé* 
avec  la  plus  grande  dureté  chez 
Mad.  de  Neuillant  sa  parente , 
elle  fut  trop  heureuse  d'épouîer 
Scarron  qui  lo{»eoit  auprès  dV'Ila  , 
dans  la  rue  d'Enfer.  Ce  poète  9 
ayant  appris  combien  M**«  étAuf» 
higné  avoit  à  souffrir  avec  sa  pa-» 
rente ,  lut  proposa  de  payer  sa 
dot ,  si  elle  vouloit  se  faire  re- 
ligieuse; ou  de  l'épouser,  si  elle 
vouloit  se  marier.  M^^«  d'Au-* 
higné  prit  ce  'dernier  parti ,  et 
un  an  après,  n'étant  âgée  qite 
de  seize  ans  ,  elle  donna  sa 
main  au  burlesque  Scarron»  Cet 
homfne  singulier  étoit  sans  bien , 
et  perclus  de  tous  ses  membres  ; 
mais  sa  famille  étoit  ancienne 
dans  la  robe  ,  et  illustrée  par  de 
grandes  alliances.  Son  oncle  étoit 
évéque  de  Grenoble ,  et  son  père 
conseiller  au  parlement  de  Paris. 
Sa  maison  étoit  le  rendez-vous 
de  ce  que  la  cour  et  la  ville 
avoient  de  plus  distingué  et  de 
plus  aimable  :  Vivonne ,  Gram^ 
mont ,  Coligni  ,  Ohnrleval ,  Pel* 
lis  son  ,  Hénanle,  Marigni ,  etc.: 
tout  le  monde  alloit  le  voir  , 
comme  un  homme  aimable,  plein 
d'esprit ,  d'enjouement  et  din— 
firmités.  W^  dAubign^  fat  plu- 
tôt son  amie  et  sa  compagne, 
que  son  épouse.  Elle  se  fit  nimec 
et  estimer ,  par  le  talent  de  la 
conversation  ,  par  son  esprit, 
par  sa  modestie  et  sa  vertu.  Cette 
vertu  n'étoit  point  de  l'hypo- 
crisie ,  quoi  qu'en  aient  dit  ses 
détracteurs.  «Je  ne  suis  pas  éton- 
née ,  écrivoit  Mad.  de  Maxntenort 
en  1709,  qu'on  soupçonne  ma 
jeunesse  :  ceux  qui  parient  ainsi ^ 
en  ont  une  très- déréglée ,  cm  ne  ^ 
m'ont  pas  connue.  Il  est  fâcheux 
d'avoir  à  vivre  avec  d'autres  gens 
que  ceux  de  son  siècle  :  et  voilà 
le  malheur  de  vivre  trop  long-^ 
temps.  »  Nous  ajouterons  que  \Sl 


f»  M  A  t 

célèbre  Ni/wn  de  Lenqhf  T^nêiik 
toqjours  bs  téipoign^iges  les  plus 
favorables  à  ses  mœurs.  Scarro» 
4tant  rport  le  ^7  juin  16Ç0  ,  S4 
yeuve  retomba  dans  la  misère. 
Un  épicurien ,  nommç  le  marquis 
da  C** ,  lui  offrit  sa  main.  Elle 
refusa.  «  Que  pensez- vous  ,  écri- 
YQit  alors  Mad.  Scarron  ,  de  I4 
comparaison  qu'on  a  osé  me  faire 
^e  cet  homme  à  IVJ.  Scarron  ? 
(Srand  Pieu  !  quelle  difFérence  ! 
Sans  fortune  ^  sans  plaisirs  9  il 
9ttiroit  chez  moi  la  bonne  com-^ 
pagnie  ;  çeUii-ci  i'aiiroit  haïe  et 
éloignée.  M»  Scnrroa  avoij:  cpt 
•Djouement  que  tout  le  monde 
lait  y  et  cette  bonté  d'esprit  que 
personhe  ne  lui  a  connue.  Celui.» 
ci  na  l'esprit  brillant  ni  solide  , 
Tpi\  bn^in  ;  s'il  pf^rle  ,  il  est  ridi-f 
pile.  Mon  mari  ayqit  le  fond  eiç- 

!;ellent  ;  je  l'avois  çprrigé  de  se$ 
icençes  ;  il  n'étoit  ni  fou  ni  vi»- 
çî^ux  par  )e  cœur  ;  d'une  probité 
jrecqnnue^  ^^n  désintéressement 
jans  exeipple.  C^*  n'aime  que  sef 
plaisir9  ^  et  tl%9^  estimé  que  d'une 
jeunesse  perdre  ;  livré  eux  fem- 
mes ,.  dupe  de  se3  4IPis  ^  haut , 
emporté  ,  avare  et  pradigne;  ai^ 
{xioins  m'a^t-il  paru  tqut  cela,  if 
Ce  refus  fut  bl^me  par  qnelque^ 
pmis  de  Mad.  Sco^k^"-  »  ïna»« 
^inoji  Topprouya.  C^^^^/^wœ^, 
(lit-elle,  {>aut  poi^^  J^es  vn^tt^iUs  dé 
France.  M^d..  Scarron  fit  splli-i 
fiter  long -.temps  et.  vainement 
OUprès  de  JaOïjLis  ^IV,  une  pen-r 
sion  dont  soi)  mari  avoit  JQui 
comme  malnd^  </f  la  reine.  Oui 
présenta  des  placets*  Le  cardiiiai 
f^azarin  en  ayant  lu  un  ,  dçr- 
inanda  si  la  snppU^pte  se  portoit 
bien  :  sur  ce  qu'on  lui  dit  qu'oui  ; 
elle  est  donc  ifihç,hUe ,  répondit- 
il ,  à  succéder  à  la  pef^sioa  d*UA 
homme  qui  se  pç^HQU  mal»  -Ne 
pouvant  rpbtenjr ,  eUe  résolut 
^  s'expatrw.  VJ[W  pFWef^e  dai 


Nî  A  I 

Portugal  ^  élevée  k  Pari»  ^  écrivit 
à  lambassadcur  ,   et  le  charge^ 
de  lui  chercher  une  damç  de  con* 
dition  et  de  mérite  pour  élever 
$es  enfans.  On  jeta  les  yeuj(  suç 
Mad.  Scarron.  ,   et  elle  acceptais 
Avant  de  partir  9   elle  se  6t  pré? 
senter  à  Mad^  de    Montespan  , 
en  lui  disant  ^  qu'elle  ne  vouloir 
pas  se  reprocher  d^ avoir  quitté  la 
France  sans  en  avoir  vu  la  mer'^ 
veille.  Mad.  de   Montespan  fut 
flattée  de  ce  compliment  j^  et  la( 
dit,  c^x  il  fallait  rester  en  France  f 
elle  lui  demanda  un  placet  qu'elle 
se  chargea  de  présenter  a\i  roi. 
Lorsqu'elle  présenta  ce  placet  t 
i^oi  /  s'écria  le  roi  ^  encore  la 
veuve  Scarron  !  N'enteadrai-ja 
jamais  parler  d* autre  chose  ?  —  Fm 
vérité  ,  Siax  ,  dit  Mad.  de  Mon-? 
tespan  ,  il  y  a  long-^temps  que 
vous  ne  devriez  plus  en  entendra 
par^r.  La  pension  fut  aocordée  9 
et  le  voyage  de  Portugal  rompu. 
Mad.  Scarron  alla  remercier  Ma- 
dame ^^  ilf<t7iif^i/7a»|  qui  fut  si 
charmée  des  grace^  de  sa  con-r; 
versa tion  qu'elle  la  présenta  au 
rpi.  On  rapporte  que  le  roi  lui 
dit:   Madame,   je  vous  ai  faif 
attendre  long-^temps  ;    n^ais  vmi^ 
avez   tant  d'amis    que  j'ai  voulu 
avoir  sent  ce  mérite  aiiprès  da 
vous.  Sa  fortune  devint  bientâli 
meilleure.  Mad.  de  Monteipan  y 
voulant  cacher  la  naissance  de« 
çnfftns  qu'elle  alloit  avoir  duroi^i 
jeta  les  yeux  sur  Mad,  Scarro  a  h 
çQtmme  sur  la  personne,  la  plu« 
capable  de  garder  le  secret  ^  et 
de  les  bien  élever,  Celle-ci  e'e» 
chargea,  et  en  deyint  la  gai)^ 
vernante.  £lle  mena  alars  unQ 
vie  gênante  et  retirée  ^  avec  sfi 
pensian  de  deux  mi\le  livres  seu«:? 
lement,  et  le  chagrin  de  ^voiv 
qu'elle  ne  pïnisoit  point  eu  ro,i4 
Ce  prince  avoit  un  certain  élo.i-f 

çnenaent  pour  e^^.  J\;te  çega^-n 


.  ---  -I 


Ma! 

éûîî  comme  une  espèce  de  pfndé 
et  comme  un  bel  esprit  ;  et  quor- 
qvLÏl  en  eût  beaucoup  lui-même ^ 
il  ne  potivoit  souffrir  ceux  qai  vou- 
loient  le  faire  brillen  Louis  XIV 
l'estimoit  d'ailleurs  ;  il  se  souvint 
d^elle,  lorsqu'il  fat  question  de 
chercher  une  personne  de  con> 
fiance  pour  iliener  aux  eaux  de 
Barége  le  duc  du  Maine ,  né  avec 
ttn  pied  difiTorme.  Mad.  Scarroti 
conduisit  cet  enfiint  ;  et  comme 
die  écrivait  au  roi  directement  y 
ses  lettres  effacèrent  peu  à  peu 
les  impressions  désavantageuses 
que  ce   monarque,  avoit   prises 
sur  elle.  Le  petit  duc  du  Maine 
contribua   aussi  beaucoup  k  le 
fidre  revenir  de  ses  préventions* 
Le  roi   jouoit  souvent  avec  lui  ^ 
coûtent  de  l'air  de  bofi  sens  qu'il 
ihettoit  jusque  dans  ses  jeux ,  et 
iBtisfait   de  la   manière  dont  il 
répondoit  à  ses  question!  :  Vous 
êtes  bien  raisonnable  ,  lui  dit-il 
an  jour  !  — •  Il  faut  bien  que  je 
&  sois,  répondit  l'enfant  ;  j'ai 
une  gouvernante  qui  est  la  raiwA 
Même,  —  Jllez  ,  refirit  le  roi , 
allez  lui  dire  que  vous  lui  donnez 
cent  mille  francs  pour  vos  dra-^ 
gies.  Elle  proûta  de  ces  bienfaits' 
pour  acheter  ,  en  1674  ,  la  terr'e 
de  Maintenon  ,•  dont  ^Ic  prit  le 
ûom.  Ce  monarque,  qui'nepou- 
voit  pas  d'abord  s'ac  coiilrtmer  à 
elle  ,    passa  de   l'aversion  à  la 
«Uinliance ,  et  de  la  confiance  à 
Tamour.   Mad.   de    Montespan , 
inégale  ,   bizarre  ,    impérieuse  , 
servit  beaucoup  par  son  caràc-* 
fère    à   l'élévation    de  Mad.  de 
Maintenon  ,  qui ,  en  détachant 
fc  roi  d'une  liaison   criminelle , 
parvint  à  occuper  dans  son  cœur 
a  place  qu'y  tenoit  Mad,  de  Mon- 
iespan,  Louis  XIV  lui  donna  la 
f^lace  de  dame  d'atours  de  Mad.  la 
Dauphlne ,  et  peu  de  temps  après 
il  kl  Offîpit  ceik  de  é;»aié  d'kon^ 


M  Ai       tj 


ilëUr.  Mad.  de  Maintenon  la  tt-^i 
fusa ,  eri  faisant  sentir  an  mo-' 
narque  que  cette  charge  ne  fe-i 
roit  qu'irriter  l'envie  contre  elle. 
Quant  à  l* honneur  que  cette  placé 
rheferoit  ,  ne  Us  ai^^e  pas  toui 
dans  l'offre  que  ine  fait  votre  ma^ 
j'este.  Le  roi  fit  de  nouvelles  ins- 
tances, qui  ne  purent  la  déter- 
miner à  acceptera  Puisque  voué 
ne  voulez  pas  ,  lui  dit-il  ,  jouir 
de  mes  grâces  ;  il  faut  du  mains , 
Madame  ,  que  vous  jouissiez  de 
vos  refus  ;  et  après   son  diné  , 
il    en   instruisit   les    courtisons. 
Louis  XIV  pensa  bientôt  à  l'é- 
lever plus  haut.  Ce  prince  étoit 
alors  dans  cet  âge  oii  les  hom-^ 
mes  ont  besoin  d'une    femme  ^ 
dans  le  sein  de  laquelle  ils  pais- 
sent déposer  leurs  peines  et  leuri 
plaisirs.  Il  voiiloit  mêleif  aux  fai- 
tigués  du  gouvernement ,  les  dou-^ 
ceurs  innocentes  d'une  vie  privéew 
L'esprit  doux   et   conciliant  dtf 
Mad.  de  Maintenon  ,  obligée  de 
bonne  heure  par  la  pauvreté  k 
Ée  plier  aux  difFérens- caractères  ^ 
lui    promettoit    une    compagne 
agréable  et  une  confidente  sûre. 
Le  Père  dé  la  Chaise  ,  son  con^ 
fesséuf ,  lui  proposa  de  légitimer 
sa  passion  polir  elle  par  les  liens 
indissolubles  d'un  mariage  secret, 
mais  revêtu  de  toutes  les  forma-** 
lités  de  Féglise.  Ln  bénédiction 
nuptiale  fut  donnée  vers  la  fin  de 
r68S  ,  par  Hurlai  ,    archevéquft 
de  Paris  ,  en  préseïice  du  con»^ 
fesseur  et  de  deux  autres  témoins. 
Louis  XlV  étoit  alors  dans  scr 
48f*  année  ,  et  la  personne  qu'il 
épousoit,  dans  sa  5o^  Ce  ma- 
riage parut  toujours  probléma-^ 
tique  à  la  cour ,  quoiqu'il  y  oiï 
e&t  mille  indices.  Mad.  de  Main^ 
tenon  entendoit  la   messe    dans 
une  de  ces  tribunes   qui   sem- 
bloient  n'être  que  pour  la  fa- 
mille royal  ;  elle  s'habillolt  et  t4' 


»4 


MAI 


âèsfaabilloit  devant  le  roi ,  qui 
Tappeloit  Madame^  tout  court. 
Dans  l'intérieur  du  palais ,  il  n'é- 
toit  pas  possible  de  méconnoître 
en  elle  Tépouse  d'un  roi.  Elle  ne 
se  levoit  qu'un*' instant  quapd 
Monseigneur  ou  Monsieur  en— 
troient.  Le;R  princes  et  les  prin» 
cesses  du  sang  n'étoient  admis 
dans  son  appartement  que  par 
des  audiences  demandées  ,  ou 
lorsqu'elle  les  envoyoit  chercher 
pour  leur  faire  quelque  sèche 
réprimande.  Jamais  elle  n'appela 
la  duchesse  de  Bourgogne  que 
Mignonne  ;  et  celle  -  ci  ne  la 
nom  moi  t  que  ma  Tante.  On  pré- 
tend môme  que  le  petit  nombre 
de  domestiques  qui  étoient  du 
secret  9  lui  rendoient  dans  le  par- 
ticulier des  honneurs  qu'ils  ne 
loi  rrndoient  pas  en  public  y  et 
qu'ils  la  traitoient  de*  Majesté  : 
ce  qui  paroît  très-peu  vraisem- 
blable. La  princesse  de  Souhlse 
lui  ayant  écrit ,  et  s'étant  servie 
de  la  formule  avec  respect  ;  Ma- 
dame de  Maintenon  termina  sa 
réponse  par  cette  phrase  :  «  A 
té^rd  du  respect ,  qu'il  n'en  soit 
point  question  entre  nous.  Vous 
n'en  pourriez  devoir  qu'à  mon 
ftge  y  et  je  vous  crois  trop  polie 
pour  me  le  rappelé rt  »  Le  bon- 
heur de  Mad.  de  Maintenon  fut 
de  peu  de  durée.  C'est  ce  quelle 
dit  depuis ,  elle-même  ^  dans  un 
épanche  ment  de  cœur  :  Tétois 
née  ambitieuse ,  je  combattois  ce 
penchant  ;  quand  des  (iesirs  que 
je  n'avais  plus  furent  remplis  ,  je 
me  crus  heureuse  ;  mais  cette 
ivresse  ne  dura  que  trois  semais 
nés*  Son  élévation  fut  pour  elle 
«ne  espèce  de  retraite.  Hen  fer- 
mée dans  son  appartement ,  elle 
^se  bornoit  à  une  société  de  deux 
ou  trois  dames  retirées  comme 
elle  ;  encore  les  voy oit-elle  rare- 
ment. Louis  XIV  ven.oit  tous  Içs 


.      MAI 

fours  chez  elle  après  son  dXné  f 
avant  et  après  le  soupe.  Il  y  tra<« 
vailloit  avec  ses  ministres,  pen-« 
dant  que  Mad.  de  Maintenon 
s'occupoit  n  la  lecture  ,  ou  à 
quelque  ouvrage  de  main  ^  s'em-* 
pressant  peu  de  parler  d'afifaires 
d'état,  paroissant  même  les  igno- 
rer, quoiqu'elles  ne  lui  fussent 
pas  indifférentes  ,  et  qu'elle  ea 
dirigeât  quelquefois  le  hl  avec  le« 
ministres,  et  s'expliquant  uveo 
une  réserve  et  un  air  de  désin- 
téressement qui  écartoit  toute 
a^pparence  de  concert  entre  elle 
et  eux.  C'est  ainsi  qu'elle  inQua 
dans  le  choix  de  certains  minis- 
tres (Chamillart)  ,  et  de  quel- 
ques généraux  (  Marsin  )  ,  ainsi 
que  dans  la  disgrâce  de  quelques 
autres  (  Vendôme  et  Catinat  )• 
Le  public  lui  reprocha  ses  fau- 
tes ,  que  ses  bonnes  intentions 
ne  pouvoient  pas  toujours  faire 
exciàser.  Asservie  aux  volontés 
de  Louis  XIV  dans  tout  le 
reste  ^  ell^  fut  en  général  uni— 
cernent  occupée  du  soin  de  lui 
complaire  ;  et  cette  servitude 
continuelle  dans  un  Âge  avancé 
la  rendit  plus  malheureuse ,  que 
l'état  d'indigence  quelle  avoit 
éprouvé  dans  sa  jeunesse.  Je  n*y 
puis  plus  tenir  ,  dit^elle  im  jour 
au  comte  âtAubigné ,  son  frère  : 
Je  voudrois  être  morte  !  —  Vous 
avec  donc  parole ,  répondit  d'An- 
bigné ,  d'épouser  Dieu  le  Père  l 
«  Que  ne  puis-je  ,  dit  -  elle  dans 
une  de  ses  lettres ,  vous  dojiner 
mon  expérience  !  Que  ne  puis-je* 
V0U9  faire  voir  l'ennui  qui  dévore 
les  grands  ,  et  la  peine  qu'ils  ont 
à  remplir  leurs  journées  !  No 
voyez-vous  pas  que  je  meurs  de 
tristesse  ,  dans  une  fortune  qu'on 
auroit  eu  peine  à  imaginer  ?  Tat 
été  jeune  et  jolie  ;  j'ai  goûté  des 

Êlaisirs  ;  j'ai  été  aimée  par-tout. 
|ans  un  âge  plus  avancé  9  j'a( 


M  A  I 

^pMSsé  des  années  dans  le  com- 
merce de  Tesprit  :  je  suis  venue 
à  la  faveur ,   et  je  vous  ptoteste 
fue  tons  les  états  laissent    un 
vide  affreux.  »  Si  quelque  ehoie 
pouvort  dt'troafiper  de  lambition, 
dit  Voltaire  ,  ce  seroit  assuré- 
ment cette  lettre.  • . .  Quel  sup-" 
pUce  ,   (^||Mt>elle  à  Mad.  de  Bo« 
lyngbrodF,  sa  nièce  ,  d'amuser 
un  homme  qui  n'est  plus  amusùble* 
—  Écrivez  -  nous  des  nouvelles, 
dit- elle  encore  dans  une  lettre , 
car  naus    mourons    d^ennui.    Le 
roi  qui  la  brusquoit  quelquefois 
lorsqu'elle  vouîoit  glisser  un  mot 
sur  les  affaires  de  l'état,  la  dé* 
domniaçeoit  de  ses  bouderies  pas- 
sagères par  des  marques  de  res- 
pect et  des    attentions    recher- 
chées  qti'il  n'avoit  jamais    eues 
pour   ses  maîtresses   on  pour  la 
reine.  Mais  ces  témoignages  ex- 
térieurs   ne  la  dédommageoient 
p«is  des  chagrins  intérieurs.  La 
modération  qu'elle  s'étoit  pres- 
crite,  augmentoit  les   malheurs 
de  son  éUit.  Elle  ne  profita  point 
de  sa  place ,  pour  élever  sa  fa- 
mille autant  qu'elle  Tauroit  pu  , 
parce  qu'elle   redoutoit  de  trop 
•  fixer   sur  elle  et  sur  les  siens  ^ 
les  regards  du  public.  Elle  n'avoit 
elle-même  que  la  terre  de  Main- 
tenon  ,  qu  elle  avoit  achetée  des 
bienfaits  du  roi ,  et  une  pension 
de  48000  livres  ;  aussi  disoit-elle  : 
Ses  maîtresses  lui  coiltoient  plus 
en  un  mois  que  je  ne  lui  coûte  en 
une  année.  Elle  exigeoit  des  au- 
tres le  désintéressemeiat  quejlç 
avoit  pour  elle-même;  le  roi  lui 
disoit  souvent  :  Mais,  Madame, 
vous  n'avez  rien  à  vous.  — ■  SiBS  , 
répondoit-elle  ,  il  ne  vous  est  pas 
permis  dâ  me  rien  donner.  Elle 
ïi'oublia  pourtant  ni  ses  amis  ni 
les  pauvres.  Le  marquis  de  Dan^ 
geau,  Barillon ,  l'abbé  Testu,  Ra^ 
cine.  Despréaux,  tardes  ,Bussi, 
Uonicfu^reiUl ,  M^*  de  Souféri  « 


M  A  I 


M 


MÊtd.DeskoHtières,  n'eurent  qu'à 
se   féliciter    de   l'avoir    connue. 
Mad*  de  Maintenon  ne  regardoit 
sa  fafeur  que  comme  un  far-« 
deau ,  que  la  bienfaisance  senl« 
pouvoit  alléger.  Ma  place,  di- 
soit -  elle  ,  a  bien  des  côlés  fd^ 
cheux  ;  mais  aussi  elle  me  pro^ 
cure    le  plaisir  de  donner.^  Elle 
proposoit  à  Louis  XIV  des  bon-* 
ues  «uvres  «  auxquelles  ce  prince 
ne  se  prétoit  pas  toujours  :  Meê 
aumônes  ,  lui  disoit-il ,  ne  sont 
que   de   nouvelles   charges  pour 
mts  peuples  ;    plus  je  donnerai  » 
plus  je  prendrai  sur  eux,  Mad.  de 
Maintenon  lui  répondoit  :  Cela 
est  vrai  ,   mais  tant  de  gens  qufi 
vos   Guerres  ,   vos   Bdtitnens  et 
vos  Maîtresses  ont  réduits  à  la 
mendicité  par  la  nécessité    de* 
itapdts ,  il  faut  bien  les  soulager 
aujourd'hui.  Il  est  bien  juste  que 
ces  malheureux  vivent  par  vous , 
puisquils  ont  été  ruinés  parvous^ 
Dès  que  Mad.  de  Maintenon  vit 
luire  les  premiers  rayons  de  sa 
fortune  ,  elle  conçut  le  dessein 
de  quelque  établisseifient  en  fa- 
'  veur  des  filles  de  cotjdition  nées 
sans  bien.  Ce  fut  à  sa  prière  que 
Louis  XIV  fonda  ,  en  1686, 
dans  l'abbaye  de  Saint-Cyr  (  viU 
lage  situé  à   une  lieue  de  Ver- 
sailles )  ,  une  communauté   de 
trente«-8ix  dames  religieuses  et  de 
vingt  —  quatre  sœurs  converses  ^ 
pour   élever  et  instruire  gratte 
trois   cents  jeunes  demoiselles, 
qui  dévoient  faire  preuve  de  qua- 
tre  degrés  de   noblesse  du  côté 
paternel.  Cette  maison  fut  dotée 
de  40 ,  000   écus  de  rerite  ,  et 
Louis  XIV  voulut   qu'elle  ne 
reçût  d^  bienfaits  que  des  rois  et 
des  reines  de  France.  Les  demoi- 
selles   dévoient    être    Agées   de 
sept  ans  au  moins  et  de  douze 
ans  au  plus  ;   elles  n'y  pouvoient 
demeurer  que  Jusqu'à   l'Âge  de 
yin^t  Rns  et  trois  moiâ^  et  ea 

/ 


ii 


M  A  t 


for  tant  on  leur  reraéttoli  mille 
écns.  Mnd.de  Maintenon  donna  à 
cet  établissement  toute  sa  forme. 
Elle  en   ftt  }es  régleraens  avec 
Godets  Desmaréts  ,   évoque  de 
Ëhartréâ.   Il   seroit  à   souhaiter 
que  ces  Constitutions  ^^  le  chef<^ 
A'œuvre  dii   bon   sens  et  de  Ia 
ipiritualité  ,    fassent  publiées,  r 
elles  serviroient  à  réfoi-mer  bien 
ëes  communautés.  La  fondatrice 
ânt  tenir  un  milieu  entre  l'dr- 
pxeW  des  chapitres  et  ks  peti- 
tesses des  coulrens.    Elle  réunit 
une  vie  très-régulière  à  une  vie 
très  -  commode.  L'éducation  de 
Saint-Cyir  dievint,  Sous  ses  yeux^ 
ttn' modèle  pour  toutes  les  édu- 
cations ptibliqties.  Lès  exercices 
y  étoient  distribués  avec  intelli- 
gence ,   et  les  deffl^oiseties  ins- 
truites avec  douceur.  On  lie  for- 
çoit  point  leurs  talens  ;  on  aidoit 
leur  natiirei  ;  on  leur  iriSpiroit  H 
vertu;  on  leur  apprenoit l'histoire 
Hncienne  et  moderne ,  là  géogra- 
phie ,  la  musique  ,  le  dessin  ;  oh 
for  m  oit  leur  style  par  de  petites 
compositions  ;  on  cultivoit  leur 
mémoire  ;  on  les  corrigeoit  des 
prononciations  de  province.  Le 
goiit  de  Madame  de  Maintenon 
ponr    cet    établissement  devint 
d'autant  plus  vif  j  qu'il  eut  un 
«accès  inofjléré.  A  la  mort  du 
roi ,  arrivée  en    1716,  elle  Sfc 
retira  tout-à-fait  à  Saint-Cyr  ,- 
6n  elle  donna  l'exemple  de  toutes 
les  vertus.  Tantôt  elle  instruisoit 
les  novices  ^  tantôt  elle  pnrtageoif 
avec  les  maîtresses  des  classes  les 
Soins  pénibles  de  l'éducation.  Sou- 
vent elle  avoit  des  demoiselles 
dans  sa  chfamibre  ,  et  leur  ensei- 
gnoit  les  élémens  de  la  religion  ^ 
à  lire ,  à  écrire  et  travailler  ,  avec 
la  douceur  et  là  patience  qu'on  rf 
pout"  tout  ce  que  l'on^  fait  par 
goût.   La  vauve  de  Louis   XlV 
«liistoit  régulièrerheï)^  crux  té~ 


eréatioiti ,  étdlt  de  !ods  lè^fèiil  \ 
et  en  iiiventoit  elle-même.  Cette 
femme  illustre  îtiourut  le  1 5  avril 
1719  ^  à  84  ans  ,  plënrée  1 
Saint -Cyr  ,  dont  elle  étoit  U 
mère ,  et  t^gréttéé  deè  pauvre! 
dont  elle  étoit  la  bienfaictricéi  . 
On  lit,  au  bas  du  portraii  d*unè 
femme  du  siècle  paSsdM^es  vers  î 
qiii  ne  peiivent  convenir  qu'à 
Mad.  de  Maintenon  : 

l'citiflMi  de  Àoa  roi  m'en  ternit  la  xmt^ 
flresse  y 
le  riimsi  trente  ess  saas  fbiUeise  # 
Il  m'aima  trente  ans  sani  réitiord  » 
Je  ne  Au  reine  ai  mattresse  » 
Devine  mon  nom  et  mon  iiàtu 

Quoique  Màd.  dJe  Maintenon  eAè 
moins  d'ambition  que  tant  d'au-i 
très  faN^orites  ,   sa  fortune  influa 
iwv  celle  d'6  ses  pàrèns;  Son  frère 
te  cdmté  â^Aub/gné,  ne  pouvant 
être  maréchal  dé  Franéè  9  a  causé 
dé  la  médiocrité  de  ses  talens^ 
jFiit  lieuteiiant  général,  gouver-^ 
heur  dé  Berry  ,  et  possesseur  d^ 
sommés  assez  considérables  pouf 
étaler  sottement  les  airs  d'un  fa-- 
vori.  Cependant,  il  se  plaignoit 
sans   cesse.  Sa  sœur  lui  donné 
plusieurs  fois  leS  conseils  les  plus 
Sages,  tt  On  n'est  malheureux  que 
patr  sa  faute ,  lui  écrivoit-elle  ; 
ce  sera  toujours  nion  testte  et  ma 
réponse!  à  vos  lameiitations.  $on«« 
gez  ,  mon  cher  frère ,  aux  v6ya^ 
ges  d'Amérî<|ue,   aux  malheurir 
de  notre  père ,  aux  malheurs  dé 
notre  énfahcé ,  à  ceux  de  notra 
jeunesse  y  et  vous  bénirez  la  Pro* 
vidence ,  au  lieu  dé  murmurer 
contre  la  fortuné.  Il  y  a  di;c  ans 
que  nous  étions  bien  éloignés  ^ 
Tun  et  l'autre,  dit  point  oii  noui 
sommes  aujourd'hui.  Nos  espé'^ 
rànces  étoient  si  peu  de  chose  ^ 
que  nous  bornions  nos  vœux  i 
3ooo  livres  dé  rente  -,  nous  ei2 
avons  k  présent  quatre  fois  plus^ 

et 


MAI 

1^  nos  souhaits  ne  seltoient  pas  . 
erfcbfe  remplis  !....  Vos  inquiet 
tades  détruiseut  votre  santé,  que 
vous  devriez  conserver  y   quand 
ce  lie  seroit  que  parce  que  je  vous 
liime.  Travaillez  sur  votre  bu- 
neuf  ;  si  vous  pouvez  la  rendre 
moins  bilieuse  et  moins  sombre, 
ce  sera  un  grand  point  de  gagné» 
Ce  n'est  point  l'ouvrage  des  ré- 
flexions seules  ;  il  y  faut  de  l'exer- 
cice ,  de  la  dÎBaipation  j  une  vie 
unie  et  réglée.  »  Le  comte  d*Au-^ 
Ugaé  profita  enfin  de  cet  avis.  Sur 
la  fin  de  ses  jours ,  il  se  retira  dans 
nae  communauté ,  qu'il  édifia  par 
sa  conversion.  Sa  sœur  lui  fit  une 
pension  de  1 0,000  livres  ,   et  se 
chargea  de  la  régie  de  ses  biens 
et  du  payement  de  ses  dettes,  tl 
tttonrut  en  1 7o3  ;  il  n'a  voit  qu'une^ 
iiUe,  Françoise  d'Aubigné ,  ma**i 
liée,  en  1698,  au  duc.  depuis 
maréchal  de  Noailles%  Le  père 
de  Mad.  de  Maintenon  avoit  une 
sœnr  (  ArUîmse  d'Aubigné  )  qui 
épousa  Benjamin  de  ValoU  >  mar- 
guis  de  Villette.  Mad.  de  Main*^ 
tenon  maria  sa  petite-fille ,  Mar^ 
the-Margtierite  ,    à  Jean^Anne 
dé  Tublèrê  ,  marquis  de  Cayhist 
elle  fut  mère  de  M.  le  comte  de 
Caylits ,  et  m  G  0  rut  en  1 7  2  9 .  (  Voy, 
Càylus.)  On  a  imprimé  ses  iSou- 
^?ttI«en  1770,  in- 80,  qui  con- 
tiennent quelques  anecdotes.  Elle 
y  parle  des  soins    que  Mad.  de 
Maintenon  se  donnoit  pour  son 
éducation.  <<  Il  ne  se  passoit  rien 
a  la  cour ,  dit-elle ,  sur  quoi  elle- 
îtiême  ne   me   fit  faire  des  ré- 
flexions ,  selon  la  portée  de  mon 
esprit,  m'approuvant    quand  je 
pensoisbien ,  me  redressant  quand 
je  pensois  mal.  Ma  journée  étoit 
ïempUe  par  des  maîtres  ,  la  lec- 
ture et  des  amusemens  honnêtes  et 
réglés.  On  cultivoit  ma  mémoire 
par  des  vers  qu'on  me  faisoit  ap- 
|rendre  par  cœur,   et  la  nécôs^ 


M  A  t 


«7 


siU  de  rendre  compte  de  là  leci 

tare  ou  d'un  sermon  9  me  forçoiC 

d'y  faire  attention.  Il  falloit  en*^ 

core  que   f écrivisse  ,   tous  Jet 

jours ,  une  lettre  à  quelqu'un  do 

ma  famille  on  tel  autre  que  {# 

voulois  choisir ,  et  que  je  rap«# 

portasse  le  soir  à  Mad.de  Main^ 

tenon  ,   qui  Tapprouvoit  on  la 

corrigeoit  ,   selon  qu'elle    étoif 

bien  ou  mal.  £n  un  mot  ,  elle 

oloublioit  rien  de  ce  qui  pouvoit 

former  ma  raison  ou  cultiver  mon 

esprit.  »  On  peut  juger,  par  lea 

Lettres  de  M^f«  de  Murcai ,  (  de^ 

puis  Mad.  de  Caylus  )  des  progrès 

que  la  tante  fit  faire  à  sa  jeune 

élève.   Mad.    de  Maintenon  est 

auteur  comme  Mad.  de  Sévigné  ^ 

parce  qu'on  a  imprimé  %e$  Lettres 

après  sa  mort.  Elles  ont  paru  , 

en  1756  ,  en  9  vol.  in-12.  Elles 

sont  écrites  avec  beaucoup  d'es-i 

•prit,  comme  celles  de  l'illustre 

mère  de  Mad.  de  Grignan ,  mais 

avec  un  esprit  différent»  Le  cœur 

et  l'imagination  dictoient  celles-* 

ci  ;  elles  respirent  le  sentiment , 

la  liberté,  la  gaieté.  Celles  do 

Mad   de  Maintenon   sont  plus 

contraintes  ou  plus  réfléchies  ;  il 

semble  qu'elle  ait  toujours  prévu 

qu'elles   seroient  un  jour  publia 

ques.  Son  style  sec  ,    précis  et 

austère,  Timage  de  son  caractère  ^ 

est  plutôt  celui  d'un  auteur  ,  et 

d'un  bon  auteur ,  que  celui  d'une 

femme.  Ses  Lettres  sont  pourtant 

plus  précieuses  qu'on  ne  pense  ^ 

elles  découvrent  ce  mélange  de  re-t 

ligion  et  de  galanterie ,  de  dignité 

et  de  foiblesse  ,  qui  se  trouve  si 

souvent  dans  le  cœur  humain  ,*  et 

qui  se   rencontroit    quelquefois 

dans  celui  de  Louis  XIV^  Celui 

de  Mad.  de  Maintenon  paroît  à  la 

fois  plein  d'une  ambition  et  d'unef 

dévotion  véritables.  Son  confes-^ 

seur ,  Gobelin,  directeur  et  cour^  , 

Xism  2  approuve  égalema^U'um 

B 


tt 


M  A  ï 


«t:railtre ,  ou  du  moins  ne  paroît 
pas  s'opposer,  à  ses  vues  ^  dans 
respérance  d'en  profiter.  Voilà 
le3  idées  que  ses  Lettres  font 
iiiiitre.  On  y  pourrait  recueillir 
aussi  quelques  peusôes  ingénieu- 
ses, quelques  anecdotes  ;  mais 
les  counoissancés  qu'on  peut  y 

Î miser  ,  sont  trop  achetées  ,  pa-r 
a  quantité  de  lettres  imUiles  que 
ce-  recueil  renferme.   D'ailleurs  , 
la  BeaumeUe  ,  en  les  publiant,  y 
a  fait  qxielquefois  des   change- 
mens  qui  les   rendent  infidelles. 
Il  fait  dire  à  Mad.  de  Maintenoa 
des  choses  qu'elle  n'a  jamais  pen- 
sées ,  et  celles  qu'elle  a  pensées , 
»d*piie. manière  dont  elle  ne  les  a 
jaqiais  dites.  C'est  ce  qu'on  peut 
vérifier ,   en  les  comparant  avoc 
les  copies  authentiques  de  plu- 
sieurs de  ces  lettres  qu'on  trouve 
dans  les  Mémoires  du  maréchal  de 
Noailles ,  par  M*  labbé  MiUoU 
la  Beaumelle  donna  aussi  6  vol. 
de  Mémoires  pour  servir  à  VHiS" 
taire  de  Madame  de  Muin tenons 
ils  sont  écrits  d'un  style  énergi- 
que, pétillant  et  singulier ,  mais 
avec   peu  de   circonspection  et 
d'exactitude.S'il  y  a  plusieurs  faits 
vrais  et  intéressans  ,   il  y  en  a 
aussi  un  grand  nombre  de  hasar- 
dés et  de  minutieux.  Les  Lettres 
et  les  Mémoires  ont  été  réim- 
primés en  16  vol.  in-12  ,  1778. 
Ajoutez  -  y  im  petit  livre  assez 
«are  ,    intitulé   :   Entretiens    de 
Louis  XI V  et  de  Madame  de 
MAjy^TSNON ,  sur  leur  mariage  ; 
Marseille  ,   1701  ,   in-ia.  Oa  a 
donné  un  Maintenoniana  ,  in-8.0 
C'est  un  recueil  d'anecdotes ,,  de 
portraits  ,  de  pensées  ,   de  bons 
'  mots    tirés  des  Lettres  et    des 
Mémoires  de  Mad.  de  Mainte-^ 
non.  Son  portrait  par  Mignard, 
"^me  maintenant  le  Muséum  de 
Versailles,   sous  le  n®   i58.  Le 
SUirquis  de  Caraccipli  a  public  sa 


Mai 

Vifi  ,  1786.  in-12.  Voyez  \m 
parallèle  que  nous  faisons  de  cette 
vertueuse  favorite ,  avec  Mad.  de 
Montespan,  à  l'art.  V.  RocHB— 

CHOUART. 

MAINVILLIERS ,  (S. S.  che- 
valier de)  aventurier  François, 
qui  parcourut  à  pied  une  partie 
de  l'Europe  ,  fut  trouvé  mort 
daiis  son  \lt  à  Stoiremberg ,  prè» 
de  Dantzig  ,  le  12  juin  177Ç. 
On  à  de  lui  :  L  La  Péiréade  ou 
Pierre  le  Créditeur ,  poëme  ,1763, 
Amsterdam  ,  in— 8.**  IL  Le  Petit-m 
Maître  Philosophe  ;  trois  brochu- 
res in-ri ,  où  l'on  trouve ,  a  tra- 
vers des  choses  pitoyables ,  quel- 
ques portraits  originaux.III.L' £a- 
treviie  de  huit  Philosophes  aven-m  ' 
iuriers  ,  comédie  de  nos  jours. 
C'est  une  espèce  do  satire  contre 
Voltaire  ,  d' Argent  ,  Mauper-' 
tais  ,  Marii'aux ,  Prévôt  ,  etc. 
Cette  production  est  celle  d'un 
homme  '  d'esprit  ,  sans  goiit  et 
sans  idée  de  bienséaiue.  Sesvera  • 
étoient  «ncore  au-dessous  de  sa 
prose.- 

*  MA.TOLl ,  (  Simon  )  né  à 
Ast  en  Piémont  ,  devint  évoque 
de  Volturara  dans  le  royaume 
de  Naples  ,  et  mourut  vers  l'an 
i5y8  ,  après  s'être  démis  de  son 
évèché.  C'étoit  un  grand  compi-  " 
lateur.  Il  s'est  fait  connoitre  sur- 
tout par  son  ouvrage  ,  intitulé  : 
Dles  caniculares  ,  imprimé  plu- 
sieurs fois  in-40  et  in-folio  ,  tra- 
duit eu  françois  par  Basset  , 
Paris  ,  1610  et  1643  ,  in-4.» 
C'est  un  recueil  de  faits  singu- 
liers sur  les  merveilles  de  l'art  et 
de  la  nature.  Le  bon  et  le  mau- 
vais ,  le  vrai  et  le  faux  y  sont 
ramassés  sans  choix.  Mais  comme 
ce  livre  renferme  des  choses  cu- 
rieuses y  il  eut  une  grande  vogue. 

*  IL  MAJRE,   (Jacques  le) 

fameux  pilote  HoÙandois  ^  hl9 


MAI 

l'un  tië^oCiant  d'Epinont,  partit 
tî:i  Taxel,  le  14  juin  i6i5  ,  avec 
^deux  vaisseaux  quil  comm«ndoit, 
vt  découvrit ,  le  24  janvier  1616, 
le  détroit  qui  porte  son  nom , 
vers  ia  pointe  la  plus  méridionale 
de  l'Amérique.  SckoiUen  fut  le 
compagnon  de  son  voyage,  et  oi^ 
partagea  la  gîoirc.  Mais /^  Maire 
tlonna  son  nom  au  détroit,  com  me 
thef  de  l'entreprise.  Ce  naviga- 
teur, ajT-nt  purcouru  ensuite  la 
Dîer  du  Sud  et  visité  la  NouvcUr— 
Guinée,  s'arrêta  à  Batavia  ,  où 
Il  fut  fait  prisonnier,  et  011  le 
^ul  vai.==eau  qui  lui  restoit  fut 
tonfjsqné  ,  sous  prétexta  qu'il 
avoit  empiété  sur  les  droits  de  la 
fompagnie.  On  lui  rendit  néan- 
moins la  liberté ,  et  il  s'étoit  em-. 
barque  pour  retourner  en  Eu- 
rope/lorsqu'il  fut  surpris  delà 
jnaladie  ,  dont  il  mourut  le  22 
/envier  1 6 1 7.  On  a  une  Relation 
de  son  Voyage  dans  un  Recueil 
^e  Voyages  à  V Amérique,  Ams- 
terdam ,  1022,  in-folio ,  en  latin. 

IV.  MATRE ,  (  N**  le  )  chi- 
mr^ien  de  Lyon^  membre  de  la 
îOGiété  des  Sciences  de  Mont- 
pellier, et  de  celle  d'Émulation 
de  Bourg— en- Bresse  ,  a  voit  mé- 
rité cet  honneur  par  plusieurs 
Mémoires  relatifs  à  sa  profes- 
sion, et  sur-tout  par  un  7*mité 
^ur  le  fluide  nerveux.'  Gç  fluide 
invisible,  impalpable,  existe-t-il 
têellement  ?  et  comment  les  nerfs, 
ces  agens  rapides  de  la  volonté  , 
transmettent- ils  dans  toutes  les 
parties  de  l'individu,  la  sensation 
et  le  mouvement  ?  Est— ce  par 
fiutermède  d'un  esprit  subtil  et 
fiîobile,  qui  parcourt  avec  ra- 
pidité toutes  les  routes  de  l'or- 
ganisation ,  et  qu'on  a  nommé 
^liiide  nerveux  ?  Les  nerfs'  se— 
toieat-ils  plutôt  des  cordes  élasti*. 
^ties  5  à  qui  le  contact  de*  ohjiets 


M  A  t 


»9 


tanse  âes  oscillations  qui  se  pro- 
longent jnsqu'au  cerveau  ,  qui  à 
son  tour  a  la  faculté  de  réagir f 
C'est  cette  dernière  et  ancienne 
hypothèse  que  soutint  le  Maire i 
et  sans  dissimuler  les  grandes  ob- 
jections qu'on  peut  \i\i  faire  ,  dit 
moins  donne-t^il  à  son  opinion 
beaucoup  de  probabilité  ?  H  a  fait 
imprimer  un  Opuscule  snt  le 
Magnétisme,  oh  il  porta  Je  ju^ 
gcmeiit  de  l'hcmme  modéré  qui, 
sans  rien  adopter  au  hasard  et 
sans  dépriser  les  idées  nouvelles, 
se  contente  de  voir  ,  d'observer 
et  cHat tendre.  Le  Maire  fit  plus 
que  d'avoir  des  connoissances;  11 
fut  bienfaisant ,  et  il  eut  un  boii 
cœur.  L'amitié  dans*  lui  étolt 
douce  ,  franche  et  durable  ;  il 
étoit  ami  pour  le'  bonheur  do 
i'être.  Les  défauts  de  cbux  qu'il 
chérissoit ,  se  voiloîent  à  ses 
yeux  ,  parce  qu'il  leur  prêtoft 
ses  propres  vertJis.  11  est  mort  à 
Lyon  ,  en  août  1787. 

II.  MAIftET,  (N**)  graveur 
distingue  •  élève  de  Le  Bas ,  s'at- 
tacha à  la  manière  de  BartnlozzL 
Avec  du  goût  et  de  l'intelligence, 
il  eût  pu  obtenir  de  grands  suc- 
cès ,  si  une  mort  prématurée  n« 
Teùt  enlevé  aux  arts  au  commen- 
cement de  1 784.  Ses  deux  estam-^ 
pes  de  Voltaire ,  et  de  J,  J,  Roiis-» 
seau ,  aux  Champs-Élisées  ,  ont 
été  tiès-rechei-chées. 

M  AIROBEÎIT ,  (  N.  Pidansat 
de  )  né  à  Chaource  en  1727  ,  se 
donna  la  mort  dans  le  bain  ,  le 
29  mars  1779  ,  parce  qu'il  se 
-trouva  impliqué  dans  l'affaire  de 
l'interdiction  de  M.  de  Brunoy, 
On  a  de  lui,  à<iS  Principes  sur  la 
Marine,  ijyb^  i"-4»®  Le  gqij 
Yérnement  l'avoit  char^"»^ 
travail  surcet  objet.  .       . 

MATOTTITTT  A  Jacques )  né 
,  Î^^^^^^^T3A,entrtf  dam 
a  Lvon   en  ^  ' 

B  i 


ftO 


MAC 


Tordre  des  Carmes^  se  distingna 
par  ses  prédications ,  et  fut  nom- 
mé, ^)ar  Grégoire  XIII,  évêque 
de  Damas  »  et  suffragant  de  l'ar- 
chevêché de  Lyon.  H  se  démit  de 
cette  place,  et  mourut  en  i6iS , 
doyen  de  Féglise  d'Aix^  11  fut  ami 
de  Stf  François  de  Sales  qui  l'en- 
gagea à  publier  un  traité  de  cri- 
tique sacrée  ,  intitulé  :  DisUnC" 
Uones  Bihliorum» 

»  MALABRANCA ,  (N**) 
dont  le  vrai  nom  étoit  Frangi^ 
pani,  dominicain,  docteur  de  Pa- 
ris, neveu  du  pape  Nicolas  III, 
fut   fait  cardinal  et  évêque   de 
jYelletri  en  1178,  puis  légat  de 
Bologne.  Il  fut  chargé  des  affaires 
les  plus  délicates,    mit  la  paix 
dans-  Florence   déchirée  par  les 
Guelfes  et  les  Gibelins ,  et  s'ac- 
quit l'estime   et   l'affection   des 
jieuples  par  son  intégrité  et  ses 
talens.ll  mourut  en  1294*  On  lui 
attribue  la  prose  Dies  irœ ,  que 
l'Église  .chante  à  la   messe  des 
Morts.  Quoique  cette  prose  ne 
soit  pas  d'un  iatin  élégaot ,  il  y 
règne  une  certaine  terreur  reli- 
gieuse, elle  respire  l'onction  pro- 
pre au  genre  mélancolique.  Cet 
avantage    manque    à    beaucoup 
d'hymnes  des  nouveaux  bréviai- 
*res  ;  quelques  biographes  veulent 
que  le  Dies  irœ  ^oit  de  St,  Ber-^ 
nard   ou    de  Sl   Bonaventure  ; 
mais  l'opinion  la  plus  commune 
et  la  plus  certaine  est  pour  Ma- 
lahranca.  Ce  cardinal  s'appeloit 
aussi  Orsini ,  parce  que  sa  mère , 
sœur  de  Nicolas  III ,  étoit  de 
cette  famille.  U  contribua  beau- 
coup à  l'élection  du  pape  St,  Ce— 
lesUn  ;  et  ce  choix  fit  plus  dlion- 
ueur  à  sa  piété  qu'à  son  discer- 
^^nt.  '— '  11  avoit  pour  parent 

religieux  3^^^^^*'^^^^  '  qui  de 

4e  Himiai,  ''KÎ'"  *^®^^"*  ^^^î"® 
'  '^  ^  natriarche  de 


MAL 

Constantinople  vers  1290,   ^ 
dont  on  a  quelques  ouvrages  de 
théologie^ 

li.  MALATESTA ,  ( Batiste) 

fille  de  Gui ,  prince  d'Urbin ,  fut 
l'une  des  plus  belles  et  des  plus 
savantes  femmes  de  son  siècle. 
On  a  d'elle,  des  Lettres  élégam- 
ment écrites,  un  Traité  sur  la 
véritable  religion  ,  un  autre  sur 
la  Fragilité  humaine.  Elle  mourut 
au  commencement  du  i5*  siècle. 
—  Il  ne  faut  pas  la  confondre 
avec  Batista  Mal4TESTA  ,  sa  pe- 
tite-fille ,  qui  épousa  Fréderis 
duc  d'Urbin ,  et  se  distingua  par 
Ston  éloquence.  Passant  à  Rome  , 
elle  alla  saluer  le  p^pe  Pie  II ,  et 
improvisa  un  discours ,  admiré 
de  toute  la  couc  pontificale.  Elle 
mourut  en  1470. 

MALBOSC ,  (David  )  docteur 
,  en  théologie  de  l'université  de 
Toulouse  ,  \et  ancien  recteur  des 
hôpitaux  de  Paris,  étoit  né  à 
Quersac  dans  le  Gévaudan,  et 
mourut  à  Paris  le  28  septembre 
1784.  On  lui  doit  plusieurs  opus- 
cules en  vers  et  en  prose,  insérés 
dans  les  Mercures  et  les  Jour- 
naux ,  et  un  livre  de  piété  ,  inti«* 
tulé  :  La  Vie  du  Chrétien, 

MALEGUZZI-VALERI , 

(Véronique)  néfe  le  26  février 
x63o  ,  fille  d'uh  gentilhomme  de 
Heggio  en  Lombardie ,  soutint 
deux  thèses  publiques  sur  les 
arts  libéraux.  Elle  dédia  la  pre- 
mière à  Marguerite  Farnèse,  du- 
chesse de  Parme  ;  la  seconde  |^ 
à  la  reine  de  France.  On  lui 
doit  un  drame  en  prose,  inti- 
tulé, V Innocence  reconnue,  qui 
fut  imprimé  en  1660,  et  à  la 
tête  duquel  on  trouve  un  pro- 
logue en  versi  Cette  savante  ter-i 
mina  ses  jours  le  26  septembre 
.1(^0)  dans  un  couveat  de  AIqk 


MA  t: 

itoe^  eu  eUe  «voit  pris  le  ToSt* 
Le  irolume  troisième  de  la  Bi» 
bliotheca  Modenese  de  Tirabos'" 
ehi ,  offre  une  longue  notice 
•ur  elle. 

MALESHERBES,  Voy.  La- 

MOIGNON  ,  n.®  IV. 

MALËSPIN^  (  N**  marquise 
^e  )  vivoit  8ous^  règne  de  Char^ 
Us  II  roi  de  Naples  et  comte  de 
Provence ,  et  devint ,  par  ta 
beauté  et  les  grâces  de  son  «sprit  ^ 
l'ornement  de  sa  cour.  Aimée 
S  Albert  de  Sisteron  9  troubadoiu: 
célèbre  9  elle  ne  fut  point  insen*- 
sible  à  son  hommage;  cependant 
alarmée  de  son  attachement ,  elle 
lui  ordonna  de  s'éloigner.  Albert 
lui  obéit  y  mais  le  chagrin  de  ra- 
voir quittée  hâta  la  £n  de  ses 
jours. 

MALINES,  (N.)  chantre  de 
la  Sainte-Chapelle  de  Paris,  fut 
recommandable  par  sa  belle  voix , 
qui  lit  l'honneur  des  concerts 
spirituels.  C'étoit  une  bassé-taille 
pleine  et  sonore.  Il  est  mort  en 
novembre  1786.  Son  testament 
offre  une  clause  qui  annonce  sa 
gaieté.  Sa  cave  étoit  bien  fournie. 
«  Il  lègue ,  dit-il,  cette  meilleure 
partie  de  sa  succession  aux  chari- 
très  ses  confrères  ,  persuadé 
qu  elle  ne  peut  tomber  en  meil- 
leures mains.» 

MALIPIEHRA,  (Olympia) 
£l]e  d'un  noble  Yéuitien  y  se  dis- 
tingua par  son  talent  pour  la 
poésie.  On  trouve  plusieurs  de 
ses  pièces  dans  le  recueil  des 
Jiime  di  cia%uaata  poétesse ,  pu-* 
blié  à  Naples  par  le  libraire  ^u- 
Jifon,  Ofympie  moarut  vers  L'an 
1559. 

MALKIN,  (Thomas-Guil- 
laume ,  né  en  Angleterre ,  fut 
VB  enfant  précoce.  A  Tage  de 


MAL 


lé 


$ix  ans  et  demi ,  il  possédoit  s% 
langue  et  l'écrivoit  ;  il  expliqnoit 
tous  les  ouvrages  de  Cicéron  ^ 
et  savoit  assez  parfaitement  \% 
géographie  pour  faire  de  mé-i* 
moire  et  à  la  main  ,  des  cartel 
remarquables  par  leur  netteté  et 
leur  précision.  11  dessinoit  ave0 
goi\t ,  et  a  écrit  un  petit  Roma^ 
politique,  ayant  pour  objet  la  desr 
cription  d'une  contrée  imagi-* 
naire  ,  à  laquelle  il  a  donné  uik 
gouvernement  et  des  lois.  Malkin- 
est  mort  dans  le  cours  de  Tan  1 1  ^ 
à  Hackney ,  âgé  de  sept  ans.  Sa 
tété  a  été  ouverte  après  sa  mort^ 
et  on  a  trouvé  sa  cervelle  pins 
volumineuse  que  celle  des  autres 
enfans. 

M ALKOUN ,  (  Êlie  )  docteur 

Arabe,  a  interfurété  savamment 

les  quatre  Êvangélistes.  Les  Mn^^ 

sulmans  le  citent  souvent.  Il  vi*^ 

.  Toit  dans  le  1 6*  siècle. 

MAIXET  DU  Pan  ,  (Jacques)' 
né  à  Genève  en   1 760,  lit  d'ex-« 
cellentes  études   dans  sa  patrie* 
Voltaire  qui  )e  connut  de  bonne 
heure  et  qui  l'estima  ,  le  fit  pla^. 
cer  à  Cassel  en  qualité  de  pro-^ 
fesseur  de  belles-lettres.  Après 
avoir  rempli  cet  emploi  avec  suc* 
ces,  il  se  jeta  dans  la  politique , 
et  continua  les  Annales  de  ÏÂn'* 
guet»  Panckoucke    le  chargea  -,' 
bientôt  après  ^  de  la  partie  po-^ 
Il  tique   du  Mercure  de  France^ 
Tant  qu'il  n'y  eut  pas  d'orages  9 
le  journaliste  plut  à  tout  le  mpnde 
par  ses  vues,  par  ses  réflexions 
et  son  impartialité.  Mais  dès  que 
la  révolution  eut  éclaté ,  il  parut 
être  l'organe  des  royalistes ,  et  les 
républicains  le  persécutèrent.  Il 
passa  quatre  ans ,  dit— il.,  sans  qu'il 
fut  assuré,  en  se  couchant,  s'il 
se  réveilleroit  libre  ou  vivant  !• 
lendemain.  H  essuya,  ajoute-t»il, 
Ii5  dénonciations,  ^roii  décret^ 


ii         M  À  t  Û  AX 

ifle  prise  c!e  corps,  deux  sceTl(5flf,  tide ,  îi  vécut  et  mourut  patnrrè 
quatre  assauts  dans  sa.  maison  9  et  désintéressé.  Il  lisoit  avec  re-» 
et  la  confiscation  de  toutes  ses  cueilleraent  les  Sermons  de  Bo^ 
propriétés.  Ne  pouvant  vivre  en  m  iV/y,  sur  l'immortalité  de  Tame, 
sûreté  ni  en  France ,  ni  en  Suisse  ^  pendant  les  jours  qui  précédtTenît 
tii  h  Genève  ,  il  passa  à  Londrel  sa  Qiort.  On  a  de  lui  :  I.  Discours 
où  il  publia  le  Mercure  Britan^  de  l'influence   de  la  Philosophie 
tit^ttf.  Ce  journal,  dans  lequel  il  sur  les  Lettres,  Cassel,   in-8**, 
Vouloit    tenir  la   baUmce   entre  1772*  11  étoit  alq^s  le  panég\Tiste 
tous  les  partis,  déplut   aux  uns  de  la  nouvelle  philosophie ,  et  il 
et  aux  autres,  quoique  tous  s'em-  changea   de   sentiment   lorsqu'il 
pressassent  de  le  lire.  Les  jacobins  eut  vu  les  abus  que  cïes  forcenés 
se  fâchèrent  de  ce  qu'il  ramenoit  en  avoient  fait.  IL  Discours  sur 
sans  cesse  le  tableau  de  leurs  er-  VÈloquace  et  les  Systèmes  poU^ 
Teurs  et  de  leurs  excès.  11  ne  cho-  tiques ,   Londres ,    1775  ,   in-i  a. 
gua  pas  moins  certains  émigjrés  III.  Considérations  sur  la  nature 
par  ses  fcflex ions  sur  leurs  illu-  de  La  Bévolution  Françoise  et  sur 
sions,  ^lïr  f impossibilité  de  ra—  les  causes  qui  en  prolongent  ta 
mener  en  France  l'ancien  régime,  durée,   Londres,    1798,    in-8.» 
•«t  sur  les  fausses  mesures  qu'on  L'auteur  croit  être  parfaitement 
jBVoit  prise»  pour  produire  une  impartial  dans  cet  ouvrage;  on  y 
^outre>-révoiution.  Ceux  qui  Uû  voit  pourtant  des  traces  du  ro9-» 
«efusoiest  Umpartialité  ,  lui  ac-  .«enti ment  qu'oprouvoitsoii cœur; 
cordèrent  .au  moins   de  grandes  5on  style  y  est  toujours  le  m ônier, 
connoissances  historiques  çt  po—  fort,  énergique,  mais  surchargé 
îitiques,  un  style  ferme  et  no  bJe,  ,de  métaphores   incohérentes.   Il 
"quelquefois    incorrect ,    d'autres  .paroît  d'ailleurs  se  soucier  assez 
fois  lourd,  embarrassé  et  néolo-  ,peu  du  jugement  quk>n  portera 
gique,  mais oii l'incorrection  étoit  4e.âon  écrit.  «  Quant  aux  esprits 
jemplacée  par  l'énergie.  Les  gens  laigres  ou  aigris  5  dit-il,  à    qui 
sans  parti  virent  encore  en  lui  cet  ouvrage  pourra  déplaire,  Tau- 
l'indépendance  du  caractère  que  .  teur  les  mettra  à  leur  aise,  en  les 
doit  avoir  tout  homme  qui  parle  .  prévenant  qu'ils  pourront  le  ran- 
*des  affaires  publiques;  ind''pen-  -ger  dans  telle  classe  4'hérétiques 
*dance  qui  ne  corrige  pas  toujours  -qu'il  leur  plaira  ;  le  nommer  Âris- 
Thumeur  que  donne  le  souvenir  tocrate  ou  Démocrate,  Monar^ 
des  injustices.  Celle  de  Mallet  du  chien  ou  Monarchiste ,  Bépubli'* 
'pan  s'étoit   aigrie  par  ses  mal-  tfam  ou  LVcAi^m/zii 71/^  ;  ces  appel- 
heurs,  et  sa  santé  s'étoit  dérangée,  "lations  ne  le  blesseront  a ucane- 
U  y   avoit  quelque  temps  qu'il  ment.   »     I  V.    Correspondance 
souffroit  de  la  poitrine  ;  il  suc-  politique  pour  servir  à  l'histoire 
comba  a  ses  maux  à  l'âge  de  cin-  du    Républicanisme    François  ,. 
quante  ans,  le'  i5  mai   1800,  à  "  in— 8%  auquel  on  peut  appliquer 
Aichmond,  chez  M.  Lalli^ToU  le  jugement  porté  sur  l'ouvrage- 
"  lendql   son   ami ,    laissant    une  précédent.  Lorsqu'on  lui  enleva 
•  femme  et  cinq  enfans,  pour  les-  son  mobilier  et  sa  bibliothèque  ,. 
^ quels  on  ouvrit  une  souscription  il  perdit  beaucoup  de  m»inuscrits, 
qui  fut  remplie  avec  générosité  parmi  lesquels  étoit  le  Tahleaiè 
^  par  tous  les  amis  et  les  «ombreux  politique  de  la  France  et  de  VEu^ 
'  partisans  du  père.  Comme  Aris-^  rope  avant  la  Bjévolution*  V.  OUi 


MAL 

« 

Jnidoit  encore  un  Ecrit,  ou  il 
^eint  les  nalbeiirs  de  la  Suisse 
et  de  Génère  sa  patrie  :  tons  les 
tableaux  y  sont  peints  avec,  force, 
et  portent  l'émotion  dans  l'ame 
dû  lectenr;  et  le  Tombeaii.de 
l'Isle  JerAinsi  ,  petit  morceau 
plein  de  sensibilité ,  ce-  qui  n'est 
pas  le  caractère  ordinaire  et  dis- 
tinctif  des  autres  ouvrages  de  l'au- 
teur. M.  Mallet  Butini,  écrivain, 
connu,  a  consacré  ces  quatre  vers 
'  t  la  mémoire  de  son  purent  : 

Successeur  Ae  Taclu  ,  héritier  de  s* 

plome  r 
Dans   TEnrope  MalUt  a  fait  tonner 

sa  voix  i' 
£t  sur  la  politiqner  cn&ata  naiiu  ▼<>• 

lume 
Sfnu  flirtter  lef  v»jtx$  ,  «an»  outrages 

tes  rois.- 

I.  M  ALLE  VILLE ,  (  Antoine- 
Claude)  né  à  Parr^,  se  fit  re- 
cevoir avocat  au  .  parlement  de 
cette  ville  9  et  y  publia ,  en  1 56 1 , 
un  ouvrage  de  droit,  sous  ce  ti>- 
tre  :  In  B.egias  aquarum  et  syl— 
'  9arum  comlUutiones  Commenta-^ 
rius,  in— 8.« 

MALYES,  (deGuode)  Voyez 

MAMIA,  reine  des  Saraiins, 
restée  veuve  à   la  fleur  de  son 
âge,  prit  elîe—nfême  le  comman- 
dement de  son  armée,  et  devint 
la  terreur   de  rempiiT  ïlomain. 
Après  avoir  ravagé  la  Palestine  , 
elle  força  Temperenï*  VcUens  k 
lui  demander  la  paix^  Elle  favo- 
risa les  Chrétiens  par  égard  pour 
un  saint  herraite  nommé Moyse , 
.  et  fit ,  du  rappel,  des  évêques  Ca- 
tholiques exilés  par  Valens ,  l'un 
des  articles  du  traité  de  paix. 

*  L  M A^Xmî,  ( Paul  )  baron 
Romain,  se  fit  prêtre  après  la 
mort  de  sa  femme  Vittorla  Cap-^ 


M  A  N 


»? 


petî.  Il  a^'oit  en  deux  fils  4e  c* 
'mariage  :  le  cadet ,    Françoit'» 
Marie   Mancini  ,    fut    nomÉié 
cardinal  à  la  recommandation  de 
Louis  Xiy,  le  cinq  avril  r6§Om 
UainéMcchel-Laurent  M  a  if  ci  ni  , 
épousa  Jéronyme  Maxarin ,  sœur 
puînée  du  cardinal  Mazarin,  Il 
en  eut  plusieurs  enfans ,  entr  au-« 
très,  Philippe-^ Julien. ,  (  Voyez 
NEVBRS,no  3.)  qui  joignit  à  son 
HO  m  celui  de  Mlazarin ,  Laurel 
Victoire    Mancini  ,    mariée   ea 
r^65i  à  Louis  duc  de  Vendôme  , 
dont  elle   eut  les   deux  fameux 
princes  de  ce  nom  ;  et  quatre 
autres  filles  marges  au  comte  do 
Soissons,  au  connétable  Co/ons^, 
au  duc  de  BoiUlton  et  à  la  Porte 
de  la  MeilUraie.  <  Voyez  Maza** 
RiN  HoFtense.)  Tout  le  monde 
connaît  les  descendans  de  Mi^ 
chel^ Laurent  Mancini.  (  Voyez 
IX.  Eugène  ,  Nivers  ;  XV.  Co*- 
LONiVE,  M ARTiNOZzi;  11.  Maxa- 
rin.) Paul  MA/tci/it  cul ti voit  U 
littérature  et  aimoit  les  gens,  de 
lettres ,  et  c'est  un  goût  qui  passa 
à  sa  famille»  L'académie  des  Htf<- 
moristes  lui  doifî  son  origine»^ 

MANCESI,  Voy.-^zvEKi  et 

NlVERNOIS. 

■ 

MANDAT ,.  <N**)  né  à  Paris  , 
çapitaine-aux  Gprdes  Françoises^ 
embrassa  le  parti  de  la  révolu- 
tion ,  et  devint  commandant  d^ 
Bataillon  de  la  garde  nationale. 
Il  disposa  avec  intelligence. le* 
grenadiers  dé  la  section  des  Filles-^ 
Saint-Thomas ,  le  10  août  ijQ^y 
à  "défendre  le  château  des  Tuile- 
ries, qui  alloit  être  attaqué  par 
les  Marseillois.  Mandat,  accusé 
d'avoir  voulu  faire  retenir  çlux 
Tuileries  le  maire  Pétion  •  en. 
chartre  privée  ,  fut  mande  k 
l'hôtel  de  ville  sur  les  cinq  lieûres 
du  matin  :  si-t^  qu'il  y  fut  ar- 
rivé ,  il  y  fut  orrèlé;  et  comme 

.     B4 


^4 


M  AN 


4>n  le  conduisoit  à  la  prison  de 
l'Abbaye,  il  fut  massacré  sur  l'es-» 
calier  àneuf  beures  le  même  jour. 
On  jeta  son  corps  dans  la  Seine, 
malgré  les  larmes  de  son  G\s  qui 
le  réclamoit  pour  lui  donner  la 
sépulture.  . 

MANDELSSOHN,  Foy-Mo- 
SES  Mbndblssobn. 

M  ANDRILLON ,  (J.)  né  à 
Bourg-cn-Bresse,  embrassa  très- 
jeune  k  profession  du  commerce , 
et/quitta  sa  patrie  pour  en  suivre 
•  les  opérations.  Il  voyagea  en 
Amérique  et  en  Hollande ,  où  il 
se  fixa.  Après  s'y  être  montré  con- 
traire au  parti  du  Statbouder 
et  Tun  des  patriotes  les  plus  zélés , 
il  revint  en  France  lors  de  la  ré- 
solution. Victime  de  la  tyrannie 
de  Bobespierre,  il  périt  sur  1*^ 
chafaud  en  1793.  On  lui  doit 
quelques  écrits,  <lont  le  plus  re- 
marquable est  intitulé  :  Le  Spec- 
tateur Améncain^  in— 8.®  Ses  vues 
sur  les  colonies  Angloises  et  sur 
leur  commerce ,  sont  judicieuses. 
Dans  un  autre  ouvrage,  Man^ 
driUon  s'est  efforcé  de  prouver 
que  la  découverte  de  l'Amérique 
«voit  été  aussi  funeste  à  l'Europe 
qu'à  elle-même. 

II.  MANETTI,  (Xavier) 
professeur  de  médecine  et  de  bo- 
tanique à  Florence,  mort  dans 
cette  ville  en  1785,  devint  in- 
tendant du  jardin  Impérial  des 
Plantes,  Ce  ne  fut  *pas  pour  lui 
uii  vain  titre.  Il  donna ,  Catalo-^ 
}gus  horti  academiœ  Florentinœ , 
et  le  Viridarium  Florentinum , 
I1751 ,  in-8.0  On  a  encore  de  lui 
diverses  Dissertations  sur  des  ob* 
Jets  de  médecine ,  et  Ornitholo- 
giœ  tomus  quintus  et  ultimus  « 
1775,  in-folio,  avec  des  plan- 
ches coloriées* 

MANEVILLETTE,  (Jeàn- 
jBaptiçte-Denis  2  d'Après  de)  né 


M  AN 

an  Havre  en  1707 ,  mort  à  Lo4 
rient  où  il  étoit  inspecteur,  en. 
1780 ,  avoit  servi  en  qualité  de 
oapitaine  dans  les  vaisseaux  d« 
la  compagnie  des  Indes  ,  qui  «la 
'récompensa  en  lui  confiant  la 
garde  du  dépôt  des  cartes ,  plagia 
et  journaux,  relatifs  à  la  navi- 
gation des  Indes  orientales .  et  de 
la  Chine  9  c*est  ce  qui  nous  valut 
le  Neptune  des  Indes  on  Oriental.. 
L'auteur  étoit  correspondant  da 
l'académie  des  Sciences,  et  cha« 
valier  de  l'Ordre  du  roi. 

*  MANOENOT,  (Louis) 
chanoine  du  Temple  à  Paris  sa 
patrie,  né  en  1(94,  mort  en 
1768,  à  74  ans,  étoit  un  poêta 
de  société  et  un  homme  aimable^ 
Il  remporta ,  sans  le  savoir ,  le 
prix  des  Jeux-Floraux,  son  oncle 
ayant  enyoyé ,  sans  le  lui  dire ,  vpe^ 
Eglogue  de  lui  au  concours.  Quoi- 
que d'une  conversation  agréable 
et  enjouée,  son  caractère  n\în 
étoit  pas  moins  porté  à  une  rfii- 
santbropie  un  peu  cynique.  On 
peut  en  jugfer  par  les  vers  sùi- 
vans,  surun  petit  sallon  qu'il  atoit 
fait  construire  dans  un  fardin 
dépendant  de  son  bénéfice  : 

SiBS  inquiétude»  sans  pcine^ 
Je  jouis  dam  ces  lieux  du  destin  le 

|ilus  beau  j 
Les  Diewc  Q*Ofit   accordé  Tame  d« 

J}i0ghu  f  .  .  ,, 

Et  mes  foibles  tateiu  m*ont  Talu^soa 
KOQneau. 

On  a  publié  à  Amsterdam  ^  'en 
1776,  ses  Poésies,  Ce  recueil 
contient  deux  Eglogues  qui  ont 
du  naturel ,  de  la  simplicité'  et 
des  grâces;  s  des  Fables ,  dont 
quelques-unes  sont  bien  faites  ; 
des  Contes  ,  beaucoup  trop  Ji-* 
bres;  des  Moralités;  des  ^é^-* 
flexions. i  des  Sentences  f  ..des 
Madrigaux ,  etc.  etc.  11  y  a  dana 
TAiithelogie  quelques  Chanscma 


M  AN 

*i«1iiL  «-^Son  iirère  Ckrht^hêen 
faisoit  aussi.  On  lui  doit  celle- 
ei  :  Malgré  la  baèaUle  qu'on  donne 
demain,  etc.  Elle  fut  faite  dans 
le  temps  des  guerres  de  Flandre  , 
•n  1744  9  et  on  lattribne  à  Vol^ 
faire, 

MANGEY,  (Thomas)/ doc- 
teur en  théologie  ,  docteur  de 
Saint— Mildred  ,  ensuite  prében- 
dier  de  Dirham ,  étoit  associé 
du  collège  de  Saint-Jean  à  Cam- 
Inidge.  On  a  de  lui  une  savante 
édition  de  Philo  n ,  1742  ,  %  vol. 
in-folio. 

MANIQUET,  (Etienne)  né 
à  Saint -Paul -en -Jarret  ,  près 
de  Lyon  y  entrà  chez  les  Mini-* 
mes  9  et  devint  trois  fois  provin- 
cial de  son  ordre.  On  a  de  lui  les 
Oraisons  funèbres  de  Louis  XÎV 
et  du  prl^mier  Dauphin.  11  mourut 
"  en  17x8* 

M  AN  IS ,  .(  Louis  )  récollet , 
le  rendit  recominandable  à  la  fin 
.  du  17*  siècle,  par  une  sorte  d'é- 
loquence populaire,  qui  le  faisoit 
suivre    avec  enthousiasme  dans 
.  ses   prédications.    La    foule  fut 
^  quelquefois  si  grande,  qu'on  le 
força ,  pour  la  satisfaire ,  à  prê- 
cher plusieurs  fois  dans  les  places 
publiques.  Il  mourut  à  Lyon  sa 
patrie  ,  en  1622. 

MAWLEY ,  (  îVfad.  )  fille  d'un 
gouvemvur  d'une  des  isles  du 
Hampshire ,  avoit  un  cœur  tendre 
•t  un  esprit  intrigant,  qui  lui 
procurèrent  diverses  aventures. 
oa  famille  ayant  essuyé  des  re- 
vers, elle  fit  un  faux  mariage, 
qui  ne  la  tira  pas  de  la  misère. 
Les  secours  que  lui  accorda  la 
dnehesse  de  CÎévtland,  maîtresse 
de  Charles  II,  n'ayant  été  que 
passagers ,  elle  chercha  une  res- 
source dans  sa  plume.  Elle  corn— 
fW  des  Tragédies  kicQQiiueS| 


M  A  N 


»f 


et  un  roman  historique  et  sa^ 
tiriqne,  Allantis,  traduit  en  frali* 
çois ,  Rouen ,  1714.  2  volumes 
in— 12.  Le  portrait  trop  fidelle  d« 
quelques  pnncipaux  personnages 
d'Angleterre  qu'elle  avoit  peinte  , 
d'après  les  instructions  de  son 
père,  attaché  pendant  quelque 
temps  à  Charles  II,  lui  attirè- 
rent des  tracasseries  et  des  a^ 
cusations  ^  auxquelles  elle  eut  !• 
bonheur  d'échapper.  Elle  vivtJit 
avec  Jean  Barber  alderman  àé 
Londres  ,  lorsqu'elle  finît  son. 
orageuse  carrière,  le  11  juillet 
1724.  Son  roman  ne  brille  ni  phr 
le  plan  ni  parle  style  ;  cependaht 
les  allusions  malignes  qu'il  fout- 
nissoit  ,  et  certains  tableaux 
peints  avec  fidélité ,  lui  donnè- 
rent un  succès  passager.  L'niS— 
teur  annonçoit  d'ailleurs  qu'elle 
feroit  connoitre  les  intrigues  po- 
litiques et  amoureuses  de  s^n 
pays ,  ainsi  que  le  secret  de  ses 
révolutions:  et  cela  pique  tou- 
jours la  curiosité  des  conterii— 
porains. 

IV.  MANLIUS ,  ancien  peài- 
tre  Homain  ,  îmitoit  parfaite- 
ment la  nature.  Oh  dit  que  des 
araignées  furent  trompées  pfcr 
la  représentation  qu'il  fit  d'un» 
mouche.  ^ 

MANNï,  (Joseph)  impp- 
meur  de  Florence,  est  auteiir 
d'un  catalogue  historique  des  Sé- 
nateurs de  cette  ville.  —  Son  ùh , 
Dominique^Marie  ,  lui  succéda 
en  1728.  Ses  connoissanres  da^s 
la  grammaire  ,  les  antiquités  et 
la  bibliographie,  Tout  fait  Re- 
garder comme  l'un  des  plus  sa- 
vans  typographes  de  l'Europe-' 

•  MANSÏON,  (Colard)  im- 
pritneur  et  écrivain  du  1 5*  siècle, 
étoit,  selon  l'opinioil  la  plu$  com- 
mime,  natif  de  Bruges  ^oii^  fl 


%6 


M  AN 


a  passé  presque  toute  5a  vie.  Qn 
a  de  lui  :  I.  Les  Métamorphoses 
d'Ovide  moràUsées  ,  traduites  en 
français  par  Mansion ,  du  latin 
de  Thomas  Waleys ,  jacobin  , 
.et  par  lui  imprimées  en  1484., 
in  folio.  IL  7wz  Pénitence  d'Adàni, 
traduite  du  latin,  manuscrit  à  ja 
bibliothèque  du  roi  de.  France  y 
Ji.o  7864.  III.  On  lui  attribue  en- 
core la  'Traduction  de  la  Conso-^ 
lation  de  Boëce ,  qu'if  impriipa 
en  1477  ;  et  du  Dialogue  des 
Créatures ,  Lyon ,  1483.  Mansion 
fut  le  premier  imprimeur  de  Bru- 
ges; et  le  premier  ouvrage  sorti 
de  ses  presses ,  fut  le  Jardin  de 
dévotion  que  l'on  croit  imprimé 
en  1473.  Il  publia  ensuite,  avec 
]a  date  certaine  de  1 476 ,  la  Puiine 
des  nobles ,  hommes  et  femmes , 
de  Jean  Bocace,  On  croit  que 
JUansion  avoit  appris  son  art  en 
France,  du  moins  à  en  juger  par 
la  forme  de  ses  caractères  ;  il 
mourut  en  1484.  M.  VaurPraet , 
conservateur  de  la  bibliothèque 
natibnale,  a  publié  des  Reeher-^ 
ches  sur  la  vie ,  les  écrits  et  les 
éditions  d»  cet  imprimeur. 

IV.  MANUEL,  (Louis- 
Pierre  )  né  à  Montargis  ,  d'un 
simple  potier,  reçut  cependant 
une  éducation  nssez  soignée  pour 
entrer  d'abord  dans  la  congréga- 
tion des  Doctrinaires,  et  devenir 
répétiteur  de  collège  à  Paris , 
puis  ensuite  précepteur  du  fils 
d*un  banquier.  Après  avoir  ob- 
tenu de  ce  dernier  une  pension 
viagère,  il  publia  un  pamphlet 
qui  le  fit  mettre  pour  trois  mpis 
à  la  Bastille,  d'oii  il  ne  sortit 
qu*avec  une  haine  extrême  contre 
le  gouvernement.  La  révolution 
lui  .permit  de  la  témoignera  De- 
venu membre  de  la  société  .4jes 
Jacobins ,  dès  le  principe  de  sa 
forination  ^  û  n'^àcguip.  cependant 


M  A  N 

,de  l'influence  qu'en  tj^z  ^  i>ff 
on  le  nomma  procureur  de  la 
Commune  de  Pans.  Alors , .  il 
dpnna  un  libre  champ  à  ses  sen— 
timens  et  à  son  audace  ;  on  le 
vit  publier  une  lettre  adressée 
à  Louis  XVI ,  commençant  par 
ces  mots.  Sire  ,  fe  naime  pas 
les  Bois  ;  il  proposa  de  renfermer 
la  reine  an  Val-de-Grace  pendarit 
la  guerrre ,  comme  suspecte ,  et 
bientôt  après ,  il  contribua  à  l'in- 
surrection du  20  juin.  Suspendu 
de  ses  fonctions  par*  Je  départe- 
ment, il  s'y  fit  réintégrer  par  un 
décret,  et  annonça  dans  un  dis-^ 
cours,  que  si  -le -pouvoir  admi- 
nistratif et  le  roi  avoient  voulu* 
paraliser  son  zèle,  il  avoit  ^té 
plus  fort  queux.'  Manuel  ne  resta 
point  inactif  dans  sa  vengeance, 
Apr^s  avoir  fait  mutiler  et  abat- 

t  .tre  dans  la  cour  de  l'hôtel  .de 
ville  la  statue  de  Louis  XJV,^C9 
qu'il  appel  oit  la  déchéance  de- 
Louis  XIV,  il  fut  le  premier  ht 
proposer  de  renfermer  LoMM  A'KJ 
au  Temple,  et  il  obtint  la  satis—  ' 
faction  de  Ty  conduire.  Bientôt 
il  se  chargea  de  lui  apprendre 
l'aboiition  de  la  royauté  et  l'éta- 
blissement de  la  republique.  Dca 
ce  moment ,  soit  qile  le  spec- 
tacle du  malheur  ouvrît  son  cœur 
à  la  pitié ,  soit  que  le  calme  et  la 
sérénité  de  Louis  ,  la  fermeté  de 

.  son  épouse ,  la  douceur  de  leurs 
enfans,  eussent  fait  évrinouir  tous^ 
les  germes  de  son  ressentiment , 
Manuel  parut  touché  de  leur  si--^ 
tuatioU}  et  fit  des  eiTorts  pour 

.  .l'ajloiicir.  Nommé  député  à, la 
Convention,    il   se   détacha    dit 

\  parti  de  Robespierre ,  et  chercha 
.  à  éloigner  le  jugemept  du  monar- 

.  que,  en  demandant  que  le  peuple 

,   François ,  réuni  en    assembK^e» 

.  primaires,  fut  consulté  pour  sa- 
voir s'il  consentoit  h  l'abolition 
définitive  de  la  royauté.  Ce  ckaiA^ 


M  AN 

g^ment  cFopinion  surprit  tmn  les 
auditeurs.  «  Les  Jacobins  ,  dit  un 
écrivain,  soutinrent   qu'il  avoit 
été  gagné  par  la  reine  ;  d'antres , 
qui  se    prétendoient    instruits  , 
.assurèrent  que  dans  le  temps  oti 
l'armée    aux  ordres   du   duc   de 
Brunswick    pénétroit  sans   obs- 
tacles en  Champagne 9  Manuel^ 
Pélioa  et  Kersaint  se  rendirent 
Un  matin  près  de  Louis  XVI,  et 
qu'après   lui  avoir  déclaré  Tétat 
des  choses,  ils  lui  annoncèrent 
qu'il  y  avoit  à  craindre   que  le 
peuple  ne  le  massacrât  avec*  toute 
sa  famille,  dès  que  Fermée  Alle- 
mande approcheroit  de  la  cnpi- 
taie  ;  mais  que  s'il  vou) oit  engager 
les  alliés  à  retirer  leurs  troupes, 
la  Commune  signeroit  au  bas  de 
sa  lettre  an  roi  de  Prusse,  l'enga- 
§enient   de  mettre  ses  jours  en 
rareté,  houis  XVI  consentit  à 
écrire  sous  leur  dictée  ,  et  ils  si- 
gnèrent tous  trois  ce  qu  ilsavoient 
promis.  Cependant,  honteux  de 
cette  démarche  dès  que  le  danger 
fut  passé,   ils  convinrent  de  la 
tenir  secrète ,  de  peur  que  leurs 
ennemis  n'en   profitassent  pour 
les  perdre.  Mais  lorsque  le  procès 
du   roi   fut  résolu  ,  Manuel  qui 
avoit  encore  par  fois  des  retours, 
de  conscience ,  se  ressouvint  de 
ce  serment ,  et  vota  pour  la  dé- 
tention de  ce  prince  et  son  ban- 
nissement à   la  paix  ;   Kersaint 
refusa  de  voter  ;  et  Péllon,  sacri- 
fiant son  serment ,  prononça  la 
mort.  >»  Dans   le  procès   contre 
la  reine.  Manuel,  loin  de  lac— 
cnser  ,  loua  son  courage  et  plai- 
gnit ses  malheurs.  U  sentit  qu'il 
alloit  payer  de  son  sang  son  refus 
à  la  calomnier  ;  mais  il  n'hésita 
pas.  Ayant  en   outre  plaidé    la 
cause   de  quelques'  émigrés  ^  et 
blàmé  les  tribunes  de  leurs  vo- 
ciférations   féroces  ,  on   assura 
tvssitôt  en  pleifie  assemblée  qu'il 


M  A  N 


»7 


étoit  devenu  fou ,  et  on  I  abreuva 
de  tant  d'injures  qu'il  fut  forcé 
de  donner  sa  dénii.^sion.  Manuel 
9e  retira  à  MonLir^^is  ,  où  on  voit- 
lut  le   faire  assassiner;  mais  sa 
mort  n'ayant  pïis  suivi  ce  caii>- 
plot,  on  le  fit  arrêter,  traduire 
à  la  concierpoiie  de  Paris,  iroîi 
le  tribunal   r^voUitiomiaire  l'eu- 
voya  à  l'écbafaud  ,  le  14  no7i*ni— 
bre  1793  ^  à  l'iige  de  4c  an.:«;  il  y 
monta,  dit-on,  d»»vor«^  'Je  re- 
mords, et  l'esprit  prcfqn"ent»>re^ 
ment  aliciié.  Manuel  «ivoit  de  ^a 
facilité  à  parler,  c*  u  e  conci- 
sion piquante  qui  n'c^Ciroit  i>oiot 
de  sécheresse.  Sef  repartrrs  j.-toir'nt 
vives  et  mortbntjs  ;  on  p;*nt  en 
juger  par  celle— ci;  Le  d<^s>nté  te 
Gendre  qui  avoit  cii  bouclier 9 
.piqué  de  ce  qurr  Ji/fiwvf/ venoîk 
de  combattre  avec  succès  1  uîjc 
de  ses   motions,,    s^écria  :  «Kh 
bien  !  il  faudra  décréter  que  i>/if- 
nuel  a  de  l'esprit  !  »  //  vaudront 
bien   mieux   décU'Ur ,    répondit 
celui-ci,  que  je   suis  une  kcte, 
parce  que  le  Gendre,  rx^rçani  la 
projcssion  ,  auroit  le  drc^it  de  me 
tuer.  Emporté  dans  s*îs  passions, 
haineux,  passant  subitement  d'un 
projet    barbare  à  «les   voies  de 
douceur,  f<  rore  par  contradic- 
tion, quolqu(?roi5  loyal  et  juste; 
se   croyant    philosophe ,   parce 
qu'il  rejetoit  tout  principe  reli- 
gieux ,  il  montroit  avec  complai- 
sance un  amour  propr*»  excessif, 
et  se  disoit  de  bonnt»  ibi  un  grand 
écrivain.  8es  ouvnin».»s  sont  loin 
de  justifier  cette  pr.ti-ntion.  On 
lui  doit  :  I.   Lettre  d'un  officier 
des  Gardes  du  cor»)»,  1786,11)  K.^ 
II.  Coup  d'œil  j/!i.ilosophiqn€  sur 
le  règne   de  St,  Louis,    1786, 
in— 8.°   III.   JJ année  François ft  , 
4  vol.  in- 12.  L'auteur  place  la 
vie  d'un  François  illustre  à  cho- 
que jour  de  l'année  9  pour  réunir 
son  souvenir  à  celui  du  saintquJPA 


i8 


M  AR 


honore.  C«t  ouvrage  est  écrit  tan- 
tôt avec  une  emphase  ridicule, 
tantôt  avec  une  trivialité  dégoû- 
tante. IV.  La  Police  de  Paris  dé» 
voilée ,  2  vol.  in-8.**  Manuel  pu- 
blia cette  indécente  production 
au  commencement  de  la  révolu- 
tion ;  elle  blesse  autant  la  pudeur 
que  le  bon  goût.  V.  Lettres  sur 
)a  Révolution  9  recueillies  par  un 
ami  de  la  Constitution,  179^9 
in-8.^  YI.  Manuel  fut  réditeur 
des  Lettres  écrites  par  Mirabeau  , 
du  Donjon  de  Vincennes ,  à  5o- 
p&i>4  depuis  1777  jusqu'en  1780. 
Il  mit  en  tête  de  ce  recueil  une 
préface  remplie  d'idées  bizarres  ^ 
de  cynisme,  et  d'extravagances; 
on  peut  la  ranger  parmi  les  écrits 
qm  anroient  mérité  à  leurs  au- 
teurs une  place  aux  petites  mai- 
tons. 

MARAT,  (Jean -Paul)  né 
en  1744  4  à  Beaudry  dans  le  pays 
deNeufchâtel  en  Suisse,  de  pa— 
rens  calvinistes,  fut  entraîné  par 
une  imagination  ardente,  un  ca- 
tactère  violent,  im  cœur  ami 
de  la  cruauté  et  des  excès,  à 
quitter  sa  famille ,  sa  patrie  , 
pour  devenir ,  à  Paris ,  l'apôtre 
le  plus  furieux  des  proscriptions 
et  des  massacres  révolutionnaires. 
Après  avoir  étudié  quelques  prin- 
cipes de  médecine ,  il  se  fit  char- 
latan, monta  sur  un  tréteau, 
et  vendit  publiquement  des  her- 
"bes  au  peuple.  Bientôt  son  am- 
liition  saccrut  ;  il  composa  une 
eau-  qu'il  ©retendit  souveraine 
contre  toos  les  maux ,  et  en 
remplit  de  petites  bouteilles  qu'il 
vendoit  deux  louis.  Ce  prix  ex- 
cessif ne  lui  en  procura  pas  im 
débit  considérable.  Resté  dans  la 
misère ,  vil  intrigant ,  il  chercha 
bassement  à  flatteries  grands  pour 
en  obtenir  un  regard,  et  parvint , 
è  force  de  soUiciUtions^  à  se  faire 


M  AR 

nommer  médecin  des  écnries  M 
coDjite  d'Artois  :  quelques  Ouvra-4 
ges  écrits  avec  assez  de  force,  et 
où  il  soutint,  en  médecine  et  en 
pbys!iqne,"des  principes  singu- 
liers,  le  firent  connoître.  'Il  voya*^ 
gea  en  Angleterre ,  et  il  en  revint 
au  commencement  de  la  révolu- 
tion ,  ponr  agiter  parmi  nous  les» 
torches  des  incendiaires  et  aiguiser 
le  fer  des  assassins.  Son  premier 
journal ,  le  Publiciste  Parisien,  ^ 
commença  à  attaquer  las  hommes 
en    place ,    et   particulièremeitt 
3Vf.  Necker,  qu'il  appeîa  Ckeva-^ 
lier  d'industrie,  et  à  qui  il  prédit 
le 'sort  de  Law,  A  ce  Journal  suc- 
céda Y  Ami  du  Peuple,  oii  Taii- 
teur,  chaque  four,    prêcha  le 
meurtre ,  le  pillage  et  la  révolte-^ 
avec  une  audace  dont  on  n'avoit 
point  encore  vu  d'exemple.  Il.prOp* 
voqua  des  rixes  entre  la   gard» 
nationale  et  celle  du  roi  :  incita 
les  armées  à  égorger  leurs  géné- 
raux, les  pauvres  à   envahir  1a 
fortune  des  riches  ;  les  patriote» 
à  poignarder  leurs  ennemis.  Le 
premier  il  ouvrit  le  conseil  des 
massacres  de  septembre ,  en  prc>^ 
posant  à  Danton  de  déblayer  les 
prisons  d'une  manière  prompte $. 
et  son  moyen  fut  de  les  faire  in- 
cendier» Il  se   rendit  ensuite   e^ 
Tavis  d'y  immoler  les  prisonniers. 
"Vainement  l'assemblée  voulut- 
elle  ,  à  diverses  reprises ,  mettre 
un  terme  à  sec   fureurs,    en  le 
décrétant  d'accusation.   Marat  ^ 
caché  dans  la  cave  du  député  le 
Gendre  et  dans  le  souterrain  dles 
Cordeliers,   n'en    continua   pas 
moins  à  braver  ses  adversaires, 
et  à  les  dévouer  à  la  mort  dans 
ses  feuilles.  La  municipalité  fit    . 
saisir  ses  presses  ;  Marat  en  •  fit 
enlever  quatre  autres  dans  l'im-o 
primerie  même  de  l'assemblée  , 
et  les  jacobins  empêchèrent  qu'on 
osât  lui  reproeher  cet  attesktalL 


MAR 

Honiné  député  de  Paris  à  la  Coii«4 
Teution  9  il  y  parut  toujours  ar- 
mé de  pistolets.  Toujours  récla*« 
mant  p«nr  qu'on  fit  succéder  des 
arrestations  à  des  arrestations , 
«t  de  nouveaux  carnages  à  ceux 
qui  ne  venoient  que  de  finir.  Il 
dénonça  successivement  tous  les 
députés  de  la  Gironde  ^  la  plupart 
des  ministres,  le  plus  grand  nom- 
bre  des   généraux.   Accusé  par 
"Barharoux  d'outre-passer  le  vœu 
même  des  égorgeuFS,en  deman- 
dant encore  trois  cent  mille  tê- 
tes ;  loin  de  .  nier  ce  propos ,  il 
«voua  que   c'étoit    son   opinion, 
«  Oui  ,    s*écria-t-il  y   le   peuple 
doit  massacrer  encore  tous  les 
partisans  de  l'ancien  régime  ^  et 
jédnir« ,  par  une  prompte  justice , 
au  quart  tous  les  meilibres  de  la 
Convention.  »  Il  termina,  en  dé- 
fiant tous  les  décrets  d'empêcher 
un  homme  comme  lui  de  percer 
éins  l'avenir ,  comme  le  véritable 
êmi  du  peuple  et  son  guide»  Lors 
du  procès  de  Louis  XVI,  il  s'op- 
posa à  ce  qu'on  lui  donnât  un 
conseil ,  et  vota  sa  mort  dans  les 
vingt  —  quatre    heures.   Quelque 
temps  après  9  il  fut  conduit  à  la 
tribune ,  et  couronné  de  lauriers 
par   une   horde  d'assassins,   qui 
le    suivirent   et  franchirent  \e% 
portes  de  l'assemblée.  H  y  de- 
manda  bientôt  que  la  Conven<v 
tjon  ne  mit  aucune  borne  à. la 
Lberté  des  opinions ,  afin ,  dit- 
il,  que  je  puisse  envoyer  à  ZV- 
€hafaud  la  faction   des   députés 
qui  ont  osé.  me  décréter  d'accu-» 
talion.  On  ne  peut  présumer  à 
quel   poin):   d'égarement  Marat 
auroit  pu  conduire  ses  nombreux 
satellites  )  combien  il  auroit  pu 
grossir  les  flots  de  sang  qu'il  avoit 
déjà  fait  répandre ,  si  une  femme 
n'en  eût  arrêté  le  cours.  Cfc/ir- 
lotte  Corday  l'assassina  comme 
jl  étoit  au  bain,  Iç  J14  iuji] 


M  A  R 


*f 


i%<fi»  A  sa  mort^  on  lui  décerna 
les  honneurs  les  plus  insensés. 
Dans  toutes  les  places  publiques 
de  Paris ,  on  lui  érigea  un  arc  de 
triomphe;  sur  celle  du  Carrou- 
sel ,  une  pyramide  présenta,  à 
l'adoration  de  ses  complices ,  son 
buste,  sa  baignoire  ensanglantée, 
son  écritoîre  et  sa  lampe.  On  y 
posa  une  sentinelle  qui ,  au  milieu 
de  l'hiver  et  d'une  nuit  sombre, 
suivant  un  historien  ,  y  périt  de 
froid  ou  d'horreur.  L'assemblée 
ne  craignit  pas  d'accorder  a  ses 
restes  une  place  au  Panthéon  ; 
mais  la  France  ,  indignée  ,  ne 
tarda  pas  à  briser  ses  bustes ,  à 
exhumer  son  corps  du  lieu  ok 
la  faction  l'avoit  si  honorable- 
ment déposé ,  et  à  le  jeter  dans 
l'ëgout  de  Montmartre.  On  lui 
appliqua  alors  ces  deux  vers  la- 
tins ,  qui  méritent  d'être  connus  : 

C^rpwe  cum  fitdo  ,  ipeeits  tsifetdior  or  h, 
Fadum  pectMS  htt^tt ,  fotdiui  lugeHimm, 

Marat  étoit  d'une  petite  taille 
qui  n'avoit  pas  cinq  pieds  de  hau-« 
teur.  Sa  tête  étoit  monstrueuse-» 
ment  grosse ,  son  regard  farou«« 
che,  sa  figure  hideuse.  Sans  but 
dans  ses  crimes,  jaloux  même  des 
méchans,  il  parloit  avec  véhé- 
mence, et  toujours  avec  une 
sorte  d'énergie.  Ses  expressions 
étoient  incorrectes  ;  mais  elles 
peignoient  bien  la  noirceur  de 
ses  projets,  et  dévoient  plaire 
'à  une  multitude  ivre  de  nou-^ 
veaiités  et  de  crimes.  Son  style 
est  facile  et  ne  manque  pas  d  e^ 
légance.  Avant  les  journaux  dont 
nous  avons  parlé,  Marat  avoit 
publié  les  écrits  suivans  :  L  D9 
Y  Homme  ou  ,  des  Principes  .  de 
V influence  de  Vajne  sur  le  corps , 
et  du  corps  sur  l'ame ,  1775,  deux 
vol.  in— 12.  Voltaire  daigna  faire 
la  critique  la  plus  amère  de  cet 

javrage  jt  as  l'agiour  propre  s^ 


30 


M  A  R 


trême  de  son  anteirr.  H.  Décou^ 
verte  snr  le  feu,  rélectricité  et 
la  liiniièi-en  ï779  ^  in-8.°  Dans 
cet  écrit ,  Marat  prétend  que  le 
feu  n  ert  point  une  émanation 
dn  soieil,  ni  la  chaleur  un  at- 
tribut de  la  lumière.  A  Tnide  du 
microscope  solaire ,  il  a  fait  àe% 
rxpériences  pour  prouver  que  ]a 
matière  ignée  n'étoit  ni  la  ma- 
tière électrique  ni  celle  de  In  lu- 
mière, que  les  rayons  solaires  ne 
produisent  la  chaleur  qu'en  ex- 
citant dans  le  corps  le  nionve— 
ment  du  fluide  igné,  que  la  flam- 
me est  beaucoup  plus  ardente  que 
le  brasif r ,  etd  autant  plus ,  qu'elle 
acquiert  plus  de  lé^jf-reté  ;  en 
«orte  que  celle  de  l'esprit  de  vin 
très  — rectifié  ,  qu'on  regardoit 
jcomme  ayant  à  peine  quelque 
chaleur,  tient,  suivant  lui,  le 
premier  rang.  III.  Découverte  sur 
la  lumière,  1780,  in— 8.**  Il  y 
attaque  le  système  de  Newton , 
que  l'académie  de  Lyon  avojt 
mis  en  problème  pour  le  sujet 
de  l'un  de  ses  prix.  IV.  Recher^ 
ches  sur  rélectricité  ,  1782, 
in-8.**  V.  Mémoire'  sur  rélectri- 
cité médicale,  1784,  in -8.*^ 
VI.  Observations  de  l'amateur 
Avec  à  Vabbé  Sans ,  1783  ,  in-8.® 
Vu.  Notions  élémentaires  d*op- 
tique,  1783,  in-S.*»  VIILiNTo/i- 
çiUes  découvertes  sur  la  lumière, 
1788  ,  in-8.° 

MARBŒUF,  (Yves- 
Alexandre  de)  né  dans  le  dio- 
cèse de  Rennes,  en  1734  9  d'une 
famille  distinguée  par  ses  services 
militaires  ,  embrassa  l'état  ecclé- 
siastique ,  devint  chanoine  et 
comte  de  Lyon ,  évêque  d'Autun 
en  1 7  67  ,  archevêque  cle  Lyon  ; 
appelé  enfin  au  conseil  et  à  la 
direction  de  la  feuille  des  béné- 
fices en  1788.  Il  se  retira  dans 
lés  pi)js   étrangers  pendant  les 


M  A  R" 

orages  de  la  révolution  ^  et  f- 
mourut,, regretté  pour  son  amé* 
nité ,  ses  vertus  et  ses  connois- 
sances.  On  lui  doit  des  Ins^ 
tructions  Pastorales  ,  très-bien^ 
écrites.  > 

XL  MARC ,  (N**)  acteur  de 
la  troupe  bouffonne  d'Alard,  dé- 
buta à  Paris  en  1697.  Il  est  le 
premier  qui  ait  joué  le  person- 
nage de  Gilles,  dont  il  prit  io 
surnom. 

B/IARCÊ ,  (Roland)  Angevin, 
fut  lieutenant  général  du  bailliage 
de  Baugé ,  et  donna  ^  en  1601, 
une  tragédie  à^Acham ,  imprimée 
la  même  année  à  Paris ,  chez 
Huby» 

VL  MARCEL,  (Etienne) 
prévôt  des  marchands  de  Paris  , 
s'étoit  concilié  l'amour  du  peuple 
par  son  oppositio^i  à  la  cour  , 
pendant  la  prison  du  roi  Jean^m 
Voyez  dans  l'article  de  ce  âet^ 
nier,  n.^  xux,  la  suite  de  son 
histoire. 

X.  MARCEL,  (N.)  fameux 
maître  à  danser ,  étoit  plein  d'en- 
thousiasme pour  son  art.  On  con-* 
noit  son  mot  devenu  célèbre,, 
lorsqû'étudiant  profondément  le« 
pas  d'une  danseuse,  il  s'écria  : 
Que  de  choses  dans  un  menuet  i 
«  A  la  démarche,  à  l'habitude  du 
corps  ,  dit  Helvétius,  ce  danseur 
prétendoit  connoître  le  caractère 
d'un  homme.  Un  étranger  se  pré- 
sente un  jour  dans  sa  salle  :  D& 
quel  pays  éles-vous  ?  lui  demande 
Marcel.  Je  suis  Anglais,  — Vous 
Anglois  !  lui  répliqua  Marcel  : 
Vous  seriez  de  cette  isle  où  les 
Citoyens  ont  part  à  V administra^ 
tion  publique  ,  et  sont  une  por-m 
tion  de  la  puissance  souveraine  ! 
Non  ,  Monsieur  :  ce  front  baissé  , 
ce  regard  timide,  cette  démarche 
incertaine  ,  r«>  m^'anrroncent  qw0. 


M  A  R 

Veseiave  litre  d*un  électeur,  »  On 
doit  a  Marcel  t  les  airs  du  Tour 
de  Carnaval  ,  opéra  de  d'Al-^ 
laiiwaU 

*  I.  MARGELLIN  ,   succéda 
au  pape  St,  Caïus,  en  296,  et  se 
signala  par  son  courage  durant 
2a  persécution ,   selon   les  uns , 
et  sacrifia  aux  idoles,  selon  d'au- 
tres.   Du   moins  les  Donatistes 
Ten  ont  accasé.  Sc,  Augustin  nie 
ce  fait ,    sans    apporter   aucune 
preuve    justiBcativc  ,    dans  son 
livre  De  iiaico  hnptismo ,  contre 
Pétilien.  Ler  Actes  du  concile  de 
Sinnesse  ,  contiennent  la  même 
accusation    :   mais  ce    sont   des 
pièces  supposées ,  qui  n'ont  été 
fabriquées  que  long- temps  après. 
Cependant  Je  martyrologe  et  le 
bréviaire  romain  rapportent  que 
MarceLlin  se  laissa  persuader  par 
J'empereuf  païen  d  offrir  de  Ten- 
cens  aux  dieux  du  paganisme  ;  et 
Buronliis  ,  Bellarmiii  et  d'autres 
canonistes  Italiens,  s'appuient  de 
l'exemple    de   MarceUin^    qui  , 
malgré  sa  chute ,  continua  d'être 
pape  ,  pour  prouver  que  le  chef 
de  l'église  ne  peut  être  soumis  à 
aucun  tribunal  de  la  terre.  L'in> 
nocence-de  Marcellin  peut  donc 
être    rangée  au    rang   des  pro- 
blêmes historiques  ;  mais  son  re- 
pentir ne  peut  être  douteux.  Ce 
pontife  tint  le  siège  un  peu  plus 
de  huit  ans  ,  et  mourut  le  24  oc- 
tobre 3o4,  également  illustre  par 
sa  sainteté  et  par  ses  lumières. 
Après  sa    mort  ,    la  chaire  de 
Rome  vaqua  jusqu'en  3o8. 

IV.  MARCELLIN,  (Pan- 
crace.) doyen  du  collège  de  Mé- 
decine de  Lyon  ,  dans  le  der- 
nier siècle ,  publia  des  notes  sur 
Merciirial ,  et  un  traité  de  la 
Peste. 

M ARCELLINE ,  (  Ste  :)Ç  sœur 
(|îaée  de  Sc»  Ambroise ,  et  fille 


M  A  R 


ÎI 


^un  préfet  des  Gaules  ,  suivit 
sa  mère  à  Rome  après  la  mort 
de  son  pèpe  ,  et  se  consacra  à 
éiever  ses  frères  dans  les  maximes 
pures  de  la  religion  chrétienne  , 
et  l'exercice  des  vertus.  Elle  prit 
le  voile  sacré  des  mains  du  pape, 
en  352 ,  et  mourut  quelque  temps 
après.  L'Église  célèbre  sa  fête  !• 
17  juillet. 

lïl.  MARCHAND ,  (  Henri  ) 
religieux  du  Tiers  -  Ordre  de 
Saint- François  ,  sous  le  nom 
de  P.  Grégoire ,  né  à  Lyon  en 
1674,  mort  à  Marseille  en  1760, 
construisit  les  deux  fameux  globes 
de  s\x  pieds  de  diam^re  ,  qui 
étoient  dans  le  couvent  de  la 
Guillotière ,  à  Lyon. 

IV.  MARCHAND,  (Jean- 
Henri  )  avocat  et  censeur  royal, 
a  publié  dans  les  Journaux  plu- 
sieurs pièces  de  vers  agréables. 
On  ti'Duve  quelques-unes  de  ses 
chansons^  dans  le  tome  deux  de 
VAntkola^ie  Fratii^oise.  Sa  gaieté 
et  une  plaisanterie  assez  fme,  ont 
donné  du  succès  à  plusieurs  de 
ses  opuscules  en  prose.  Ceux-ci 
sont  :  I.  Requête  du  curé  de  Fon*« 
tjenai,  ij^S.  Il»  Autre  des  souS»* 
fermiers  pour  le  contrôle  des  ^ 
billets  de  confession.  III.  Mé^ 
moire  pour  M.  de  Beaumanoir 
au  su  jet  du  pain  bénit  ,1756,  in-8.® 
IV.  L* Encyclopédie  p^rrufjuière , 
1757,  in- 1 2.  V.  Mon  radotage  , 
in- 12.  VI.  Hilaire  ,  critique  de 
1769,  Bélisaire ,  1767,  in-12. 
VII.  L* Esprit  et  la  chose  ,  1768  , 
in-8.'' VIIL  Requête  des  Fiacres  , 
les  Panaches  ou  les  coiffures  à  la 
mode,  l'Egoïxte ,  Testament  po^ 
litique  de  Voltaire.  On  lui  doit 
deuxécrits  plus  sérieux,  un  Éloge 
de  Stanislas  roi  de  Poloiçne,  et 
les  TJéîassemens  champêtres,  1.768, 
2  vol.  in- 12.  L'auteur  est  mort 
vpr»  i70Oi 


3* 


M  A  R 


V.  MARCHAND ,  (  Mad.  1«  ) 
fiUe  du  poète  Duché ,  eut  de  l'es- 
prit et  des  grâces.  Elle  dirigea 
souvent  son  père  dans  ses  écrits, 
et  e/i  a  publié  un  elle-même)  sous 
le  titre  de  Comte  deBoca* 

MARCHEBRUSC,  (N**  Cka. 
hôt  de)  d'une  ancienne  maison 
de  Poitou  ,  se  rendit  célèbre  en 
Provence,  où  elle  se  maria,  par 
£on  esprit  et  ses  poésies  ;  fixée 
à  Avignon,  elle  y  établit  une 
cour  damour  qu'elle  présida  ,  et 
où  elle  prononçoit  sur  toutes  les 
contestations  amoureuses  qui  lui 
étoient  soumises  par  les  dames  , 
les  seigneurs  et  les  troubadours. 
Qette  femme  aimable  composa 
nn  petit  ouvrage  en  prose,  intitulé  : 
De  la  Nature  de  l'Amour,  Son  fils 
fut  aussi  poète ,  et  publia  Las 
gaulas  d'amor,  les  Tableaux  d'a- 
mour. L'un  et  l'autre  vivoient 
sous  le  pontificat  de  Clément  Kl, 
^  et  en  1846.  Nostredame,  gothi- 
que historien  de  Provence,  crdit 
que  Pétrarque  a  voulu  attaquer, 
dans  quelques-uns  de  ses  sonnets , 
hi  dame  de  Marchebrusc  ^  qu'il 
appelle  Mère  Bahylonne  ,  Foa- 
iaine  de  douleur  et  Nid  de 
trahisons  ;  mais  cette  opinion  a 
paru  peu  vraisemblable* 

MARCHIS,  (Alessio)  peintre 
de  Naples  ,  habile  paysagiste  , 
dont^  on  voit  des  tableaux  dans  la 
Ijalerie  de  Veymar ,  mourut  en 
Italie  vers  l'an  1740.  Il  avoit  été 
«m  prison  né  à  Rome  pour  avoir 
parlé  avec  trop  d'indiscrétion  ; 
mais  l'estime  qu'on  y  avoit  con- 
çue pour  ses  talens,  lui  fit  bientôt 
rendre  sa  liberté. 

MARCI,  Voyez  Marcy  et 
Marsy. 

I.  MARC1A-0tacilia-Se- 

VBRA",    impératrice    Romaine  , 

femme  de  Philippe ,  pftrojt  çvoir 


MAR 

participé  an  meurtre  de  l'empew 
reur  Gordien  assassiné  par  son 
époux ,  puisqu'elle  subit^ans  ré- 
sistance la  pénitence  publique 
qui  lui  fut  imposée  par  Bahylas  « 
évoque  d'Antiocbe.  Ses  médailles 
lui  donnent  un  air  tout  à  la  Foitf 
noble  et  modeste.  Elle  vivoit 
l'an  244.  — On  connoit  une  autre 
impératrice  Romaine  de  ce  nom  ; 
c'est  Marc I A  FurniUa  ,  femme 
de  l'empereur  Titus ,  et  qui  fut 
répudiée  par  ce  dernier,  épris 
d'amour  pour  Bérénice  reine  de 
Judée. 

IL  M ARCïA-Proba  ,  femme 
de  Guithelind  ,  souverain  des  an-* 
ciens  Bretons  ,  prit  le  gouver- 
nement de  ses  états  après  la  mort 
de  son  époux ,  et  rendit  ses  peu'^ 

Î)les  heureux.  On  recueillit  ses 
ois ,  sous  le  titre  de  Leges  Man-m 
cianœ  ;  que  Gildas  ,  surnomni^ 
le  Sage  «  traduisit  en  latin  ^  et  que 
le  roi  Alfred  fit  aussi  traduire  en 
saxon. 

MARCKLANB,  (Jérémie) 
célèbre  critique  Anglois  ,  éditeur 
de  différens  auteurs  grecs  et  la—  • 
tins,  naquit  en  1693 ,  et  mourut 
en  1776.  On  a  de  hri,  un  Com^^ 
men  taire  sur  le  livre  de  la  Sagesse  , 
in-8.0 

IV. MARE,  (L'abbé  de  la) 
mort  en  1746,  a  donné,  à  TO— 
péra,  les  ballets  de  Titon,  de 
Thomas  amoureux  et  de  Zaïde  » 
dont  Boyer  a  fait  la  musique. 

I.  Maréchal  ,  (  Antoine  > 

avocat  au  -^parlement  de  Paris  j 
est  auteur  de  plusieurs  pièces  re-* 
présentées  an  théâtre  François^ 
mais  qui  n'y  sent  pas  restées. 
Leurs  titres  sont  :  L'inconstance 
d'Hylas  g  pastorale  en  cinq  actes  ; 
la  Sœur  valeureuse;  le  Railleur 
Fanfaron  ;  Lisidbr;  le  Mausolée» 
Ce§  çO0xédies  sont  en  cinq  actes. 


♦.*»»  .  >». 


M  âK 

Jfaréchal  donna  anssi  deux  titH 
gédies^  Charles  le  Hardi,  et  Pa^ 
pyrius^  Il  termina  sa  carrière  dra- 
nxatiqae,  en  1645. 

III.  MARÉCHAL»  (Pierre- 
Sflvain  )  né  à   Paris  en  if^Oj 
embrassa  d'abord  la  profession 
da   barreau  ,  qu'il   quitta  pour 
la    littérature.    Il   devint    garde 
des  livres  de  la  bibliothèque  du 
collège  Mazarin  ;  et  dans  cette 
place  9  il   paya  son  tribut  à   la 
révolution  françoide,  par  quel- 
ques brochures  exagérées  «  et  par 
la  pe/nme  Abbé ,  mauvais  roman 
«nti— religieux.  Çawtenr  ne  roé- 
riteroit   pas  d'Atre   connu  9    s'il 
n*avoît  produit  auparavant  d'au- 
tres ouvrages ,  qui  sont  lus  avec 
plus  d'intérêt,  et  qui  ne  manquent 
ni  d'esprit  ni  de  grâces.  Les  plus 
remarquables. sont  :  L  Des  Ber- 
geries ,   1770,  in- 1 1.  Depu  i  s  Ja 
publication  de  cet  écrit,  l'ait- 
teur  seplaiaoit  à  s'appeler  le  Bef" 
ger  Sylvain,  IL  Le  Temple  de 
l'Hymen  ,  1771  9  in-i».  IIL  Bt- 
hliothèque .  des    Amans,    1777  # 
în- 1 6.  IV.  Tombeau-  de  J.  J,  Bous-* 
seau ,  1 779 ,  in-S.**  V.  Le  Livre 
de  tous  les  âges,  i779  5in-i2. 
VI.  L'Age  d'or,    1781,  in-  12. 
.VU.  Idvre  échappé  au  déluge  , 
1784»  in— 12»  Ces  deux  derniers 
Opuscules  oEfrent  des  pseaumes 
et    d'agréables    historiettes    en  ^ 
prose.  VUT.  Recueil  des  Poètes 
moralistes  Français ,  1784,  2  Vol. 
in— iS.  IX.  Costumes  civils  ac- 
tuels de  tous  les  Peuples ,  1784  ^ 
în-4.**  X.  Tableaux  de  ta  Fable, 
1787.  XL  Paris  et  la  Province, 
ou  Choix  des  plus  beaux  Monu- 
mens  d'architecture  en  France  , 
1787.  Xll.  Catéchisme  du   curé 
Meslier,  1789  ,  in-8.**  XIII.  D«3- 
tionnaire  d'amour ,  1 7  8  9  9  in"- 1 6. 
XrV.  Jde  Panthéon ,  ou  les  Fi-* 
gures  de  la  fable  ,  avec  leurs  his-^ 

SuppL.  Toms  Ilh 


M  A  R 


JX 


tùiret ,  1791 ,  in-.8.<>  XV.  Jlma*' 
nach  des  honnêtes  gens  ,  i793« 
XVI.  Décades  du  Cultivateur  « 
a  vol.  in-i8.  XVO.  Voyage  de 
Pythagore,  1798,  S  vol.  in-8.* 
C'est  une  imitation  des  Voyages 
d^Anacharsis  ,  par  Bartftélemy  f 
mais  imitation  tcès-foible  «  et 
qui  n'approcbc  ni  de  l'érudition 
ni  de  la  force  de  style  de  ce  der- 
nier écrit.  XVIIL  Dictionnaire 
des  Athées,  1800,  in-8<>  :  ou-* 
vrage  calomnieux ,  plein  d'impu- 
tations fausses ,  et  qui  a  fait  tort 
à  son  auteur.  XIX.  Celui— ci  • 
publié  les  précis  historiques  qui 
accompagnent  divers  recueils  de 
gravures,  tels  que  Y  Histoire  de 
la  Grèce ,  l'Histoire  de  France  , 
en  figures  ;  le  Muséum  de  Flo" 
rence  «  etc.  Maréchal  est  mort  h 
Paris  9  le  28  nivôse  an  XI  (  1 3  jan- 
vier  i8o3). 

MARÉCHAL,    Voyez 

BiÈVRE. 

MARÉCHAL  b'Anvers, 
(Le)  Voyez  Messis, 

MARENNES  ,  (  la  comtesse 
de  )  Voyez  I.  PârtHenaV. 

MARES,  Voyez Besmak^t^. 

MARESCOTI,  (Marguerite) 

de  Sienne ,  vivoit  en  i  5  S  8  ,  et 
cultiva  avec  succès  la  poési'».  Le 
recueil ,  intitulé  la  Guirlande  , 
publié  par  Angela  Beccaria  ,  ren- 
ferme quelques  pièces  de  Mares^ 
coti.  —Une  Romfiine  du  morne 
nom  9  tante  d'un  carrlinnl ,  ro- 
ligieusé  à  Viterbe,  oii  elle  mou- 
rut en  1640  s  «  ^té  béatiriée 
en  1726,  par  Benoit  XI IL  La 
Vie  de  celle-ci  a  été  publiée  en 
Italie. 

MARGRAAF,  (  André-Si«;îs- 
mond)  directeur' de  l' académie 
de  Berlin  ,  naquit  dans  cette 
ville  9  le  9  mars  1709.  Il  se  g#»<*i 


%4 


MAS 


sacra ,  dès  ëa  jeunesse  5  à  l'étude 
de  la  cbimie  9  et  fit  de  rapides 
progrès  sous  Nèwman ,  Junker  et 
ffenckel ,  qui  furent  ses  maîtres* 
X«a  cfaimre  des  métaux  lui  doit 
des  découvertes  précieuses  ;  après 
avoir  beaucoup  travaillé  sur  la 
pldtine  j  il  enrichit  la  minéralogie 
par  la  découverte  d'un  nouveau 
demi-métal ,  connu  sous  le  nom 
de  Manganèse.  Le  premier ,  il  a 
donné  une  analyse  complète  des 
pierres  dures,  et  a  contribué 
plus  que  personne  9  par  son 
exemple ,  à  introduire  dans  les 
opérations  chimiques  ,  une  mé- 
thode simple ,  ciaire,'débarr»ssée 
de  tout  esprit  de  «ystème  et  d'hy-^ 
pethèse.  Il  est  mort  9  le  7  août 
1781.  L'histoire  de  Vacadémfie 
des  Sciences  de  Pjaris  ,  dont  il 
fut  membre  ,  renfermé  une 
longue  Notice  sur  sa  Vie  et  ses 
découvertes. 

MARIA ,  (N. Délia)  musicien 
Italien ,  vint  eA  France  ^  et  y 
porta  sur  la  scène  italienne  une 
musique  expressive  et  douce.  Il 
est  mort  h  la  fleur  de  son  âge, 
laissant  de  vifs  regrets  aux  con- 
noisseurs,  qui  avouent  fondé  le 
plus  grand  espoir  sur  ses  talens. 
On  lui  doit  la  musique  du  Pri-^ 
son  nier  ou  La  Ressemblance ,  opéra 
plein  d'airs  agréables  et  facile- 
ment retenus  ;  de  Y  Oncle  Valet; 
de  \ Opéra  comique  ;  de  la  Fausse 
JDuègne  ,  pièce  qui  n*a  été  jouée 
qu'après  sa  mort.  «  Délia  Maria, 
a  dit  un  écrivain  plein  de  gofût , 
étoit  im  de  ces  musiciens,  tels 
qu  il  en  faut  à  \%  France  :  Fran^* 
çois  pofir  l'esprit  et  le  gont , 
Italien  pour  le  génie  et  le  sen- 
timent de  la  musique,  unissant 
«  la  mélodie  ultraihontaîne ,  la 
«onnoissance  de  notre  langue  et 
dé  notre  théâtre  ;  c'est  après 
^rétry  ,  ie  .  compositeur  qui  a 


M  AU 

le  nhienx  connu  la  scène\  et  qtf 
a  répandu  le  plus  d'intelUgettea 
et  de  finesse  dans  ses  onvnges^ 
La  musique  est  une 9  il  est  vr«y 
mais  elle  a,  comme  la  poésie^ 
des  beautés  arbitraires  et  locales» 
L'art  d'adapter  au  goût  françoi* 
les  grandes  et  véritables  beauté* 
de  la  musique  9  suppose  un  genre 
de  mérite  supérieur  aru  méca«« 
nisme  de  la  composition  musi^ 
cale....  Délia  Maria  p'a  pas  au« 
tant  d'esprit  que  Gréùry,  mai« 
sa  manière  est  plus  moderne  ; 
il  n'est  pas  si  heureux  dane  !• 
motif  des  airs,  mais  il  a  plus 
d'éclat  9  de  vivacité  et  de  ]égé>m  ^ 
reté  dans  les  morceaux  d'enseaiW 
ble;  il  y  a  plus  de  natm*el  et  i 
d'invention  chez  Grétry  ;  plas 
de  pureté  et  de  tournure  cfaes 
Délia  Maria  ;  le  premier  est  plus 
riche  ;  le  second  plus  élégant  ; 
tous  les  deux  sont  pleins  d« 
graca^  et  de  délicatesse  ;  tous  leo 
deux  se  distinguent  par  k  sa»* 
gesse  du  style  et  la  vérité  à» 
l'expression  :  ils  p^rotssent  avoir 
recherché  l'un  et  l'autre  cet  atti-> 
cisme  si  fameux  chez  les  Grecs , 
c'est-à— dire ,  une  élégante  stm-* 
plictté  t  éloignée  de  tout  excès  ' 
et  de  toute  affectation  :  mais 
l'atticisme  de  DeUa  Maria  est  ^ 
plus  brillant  et  plus  fin  ;  celui 
de  Qttétry  plus  nourri  et  pht9 
vigoureux.  » 

MARIE  -  MAGDELEINÈ  i 
Voyez  Macdeleine. 

V.  MARIE  9  (  Sainte  )  nièce 
du  saint  solitaire.^^rafr/im ,  per-x 
dit  sa  mère  dès  son  enfance  ,  et 
fiit  recuK^iliie  par  son  oncle,  qtii 
lui  fit  bâtir  une  cellule  près  d^  , 
la  sienne  9  et  prit  Soin  de  l'ibs** 
truire  par  une  petite  fenêtre  qui 
servoit  de  commimicationk  Par-i 
venue  à  l'âge  des  passions  ,  Ma*ie 
s'ennuya  de  sa  solitude  ^  et  sitivit 


M  A  H 

im  amant  qui  Tentraina  ihnâ  le 
désordre.  Abraham  resta  deux 
ans  sans  savoir  ce  qu'elle  étoit 
devenue*  Apprenant  enfin  qn'ella 
a*étoit  cachée  sous  un  faux  nom 
dans  une.  ville  voisiné ,  il  alla  la 
chercher ,  la  fit  revenir  de  ses 
erreurs  ,  et  la  ramena  dans  sa 
cellule  où  elle  fit  une  austère  pé- 
nitence jusqu'à  la  fin  de  ses  joiirs*. 
Elle  mourut  à  l'âge  de  4 S  ans , 
k  la  fin  du  4*  siècle.  UEglise  fait 
xa  fête  le  29  octobre. 

VI.  MARIE ,  (Sainte)  esclave 
et  martyre  y  servoit  dans  la  mai«- 
tond'nn  officier  Romain  nommé 
Tertulle.  Celui-ci ,  pour  l'obliger 
k  renoncer  à  la  religion  Chré- 
tienne 9  la  fit  battre  de  verges  et 
emprisonner.  Elle  trouva  moyen 
^  s'échapper ,  et  se  retira  dans 
daffreux  rochers  oh  elle  mourut 
7ers  la  fin  du  quatrième  siècle 
ou  au   commencement  du  cin- 
quième* 

VIL  MARIE ,  (Sainte)  sur« 
nommée  la  Consolatrice  ,  parce 
que  le  principal  soin  de  sa  vie 
fat  de  consoler  les  affligés ,  étoit 
de  Vérone  ,  et  fut  souvent  re- 
cherchée en  mariage  pour  ses 
vertus  et  sa  grande  beauté  ;  mais 
elle  préféra  l'état  tle  vierge ,  et  la 
pratique  austère  de  la  pénitence. 
Elle  mourut  dans  le  sixième 
siècle. 

VIIL  MARIE,  (Sainte)  et 
«ainte  Garcie ,  martyres ,  naqui- 
rent à  Carlette  dans  le  royaume 
de  Valence  de  parens  Mahomé- 
tans.  Leur  frère  Bernard  se  fit 
Chrétien  ,  s'enfuit  de  la  maison 
paternelle.,  et  vint  en  France 
prcndrp  l'habit  religieux  de  l'or- 
.dre  de  Clteaux  dans  le  monastère 
de  Poblèse.  Bientôt  le  zèle  de  la 
religion  le  fit  retourner  en  Es- 
pagna^  oii  il  convertit  et  baptisa 


M  AK 


ii 


m  éetxt  sœurs.  11  leur  persuadai 
de  raccompagner  en  France  % 
mais  le  frère  tXtié  ,  furieux,  da 
leur  fuite  et  de  ce  qu'elles  aboient 
abandonné  le  Mahométisme ,  lea 
poursuivit ,  et  les  ayant  atteintes 
près  de  la  ville  d'Alcyre ,  il  lea 
immola  à  sa  colère  y  le  22  aoû|[ 
laSo» 

*  XII.  MARIE  DB  MÉDieis  ^ 

fille  de  François  II  de  Médicis  ^ 
grand  duc  de  Toscane ,  et  femmo 
de  Henri  IV  roi  de  France ,  na- 
quit à  Florence  Tan  15.73.  Son 
mariage  avec  Henri  IV  fut  cé-« 
lébré  en  1 600.  Le  cardinal  Aldro* 
handin  ,  neveu  de  CUfhent  VII Ip 
qui  en  avoit  fait  la  première  cé>^ 
rémonie  à  Florence,  lorsque  1«. 
duc  de  Bellegarde  remit  la  pro>< 
curation  pour  l'épouser,  étala 
une  grande  magnificence.  Le  du% 
de    Florence    donna    des    fétea 
somptueuses.  La  représentationi 
d'une  seule  comédie  coûta  plus 
de  soixante  mille  écus.  Marie  ds^ 
Médicis  fut  nommée  régente  dit 
royaume  en  1610 ,  après  la  mort 
de  Henri  IV.  Le  due  à'Epemon  , 
colonel  général  de  l'infanterie  p- 
força  le  parlement  à  lui  donner. 
la  régence  :  droit  qui  jusqu'alors 
n^avoit  appartenu  qu'aux   états 
généraux.  Marie  de  Médicis ,  k 
la  fois  tutrice  et  régente ,  acheta 
des  créatures  ,  de  l'argent  qusi 
Henri  le  Grand   avoit    amassé 
pour  rendre  la  nation  puissante. 
L'état  perdit  sa  considération  ati 
dehors,  et  fut  déchiré  au  dedans 
par  les  princes  et  les  grands  sèi'^ 
gneurs.  'Les  factions  furent  apw 
paisées  par  un  traité  ,^en  1614^ 
par  lequel  on  accorda  aux  mé-« 
contenu  tout  ce  qu'ils  voulurent; 
mais  elles  se  réveillèrent  bientôt 
après.  Marie ,  entièremenlj  livréa^ 
au  maréchal  d'Ancre  et  à  Gali-^ 
g»î^  son  épouse,  les  favoris  lj|| 

C   A 


i^ 


M  A  R 


plus  insolens  qui  aient  approché 
du  trône ,  irrita  les  rebelles  par 
cette  conduite.  (  Voyez  Ludb.  ) 
La  mort  de  ce  maréchal ,  assas* 
«iné  par  Tordre  de  LoiUs  XIII, 
éteignit  la  guerre  civile.  Marie 
fut  reléguée  à  Blois ,  d'où  elle 
«è  sauva  h.  Angonléme.  Riche^ 
lieu ,  alors  évéque  de^  Luçon ,  et 
.  depuis   cardinal  ,   réconcilia   la 
mère  avec  le  fils  en  i6iq*  Mais 
Marie,  mécontente  de  rjnexé- 
cution    du  traité  9    ralluma    la 
guerre  ,  et  fut  bientôt  obligée 
de  se  soumettre.  Après  la  mort 
du  connétable  de  Luynes ,  son 
persécuteur,  elle  fut  à  la  tète 
du  conseil  ;  et ,  pour  mieux  af- 
fermir son  autorité   naissante , 
elle  y  fit  entrer  Richelieu  ,  soîi 
favori  et  son  surintendant.    Ce 
cardinal  9  élevé   au  faîte   de  la 
grandeur  à  la  sollicitation  de  sa 
Jbienfaictrice ,  affecta  de  ne  plus 
dépendre  d'elle  ,  dès   qu'il  n'en 
eut  plus  besoin  :  Marie  de  Mé-- 
dicis   indignée ,  fit  éclater   son 
ressentiment  après  la  guerre  d'I*- 
lalie^   en  1629.   Richelieu  ,  en 
arrivant  à  la  xour  y  fut  mal  reçu 
par  la  princesse ,   dirigée  alors 
par  le  cardinal  de  BeruUe  ,  qui 
ne  la  disposoit  pas  favomblement 
pour  le  ministre.  Quand  il  parut , 
Marie  de  Mé dicis  \xù  demanda 
froidement  des  nouvelles  de  sa 
santé.  Je  me  perte  mieux  ,  ré- 
pondit-il en  présence  de  Berulle  , 
^ue  ceux  qui  sont   ici  ne  vou-»  . 
droient.  Depuis,  la  reine  n'oublia 
rien  pour  le  perdre.  Louis  XIII 
étant  tombé  dangereusement  ma*4 
lade  à  Lyon  ,   ses  importunité» 
lui  arracbèrent  la  promesse   de 
renvoyer  le  cardinal.  A  peine  le 
roi  fut-il  guéri,  qu'il  tâcha  d'é- 
luder cette  promesse ,  en  tachant 
de   reconcilier   sa   mère   et  son 
miïiistre.  Richelieu  se  >  mit  plu- 
"^Mrs  fois  aux  pieds  de  la  reine  ^^ 


M  AFf 

«ftns  pouvoir  la  fléchir:  Je  me 
donnerai  plutôt  au  diable^  disoit- 
elle ,  que  de  ne:,  pas  me  venger. 
Son  inflexibilité  déplut  an  roi, 
qui  avoit  sacrifié  le  cardinal  par 
foiblesse  ,  et  qui  sacrifia  sa  mère 
à  son  tour  par  une  antre   foi- 
blesse.  Cette   rigueur ,  exercé» 
contre  une  mère  par  son  fils  , 
fut  amenée  par  des  manœuvre* 
de  cour,  qu'il  est  bon  de 'faire 
connoîtfe.  On  assembla  d'abord 
un  conseil  secret ,  où  ,  comme 
on  disOit  alors ,  le  cardinal  d^ 
Richelieu  étoit  le  mobile  de  tout. 
Il  y  prononça  un  discours  plus 
long  ,  que  bien  écrit  et  bien  rai-* 
sonné  ;  il  proposoit ,  pour  faire 
cesset  les  cabales  et  les  factions 
qui  agitoieiit  la  cour ,  qu*on  ap«« 
paisàt  la  tempête  en   le  jetant 
dans  la  mer    comme  un  autre 
Jonas  t  c'est-à-dire  qu'il  quittât 
le  ministère  ,    ou  que  la  reine 
qui  fomentoit  les  divisions  ,  fût 
éloignée  de.  la  cour  et  des  peiv 
sonnes  qui  subjngaoient  son  es- 
prit. Pour  n'être  pas  jeté  daiw 
la  mer ,  il  fit  ensuite  une  expo-* 
sition  si  adroite  des  dangers  qu9 
oouroit  la  France ,  par  les  en-»- 
nemis  du  dehors  et  par  les  intri- 
gues du  dedans ,  que  Louis  XIII 
«e  seroit  cru  perdu  s'il  n'avoit 
plus  eu  l'appui  de  son  premier 
ministre.  Tous  ceux  qui  opinè- 
rent dans  le  conseil  ,  soit  per- 
suasion ,  soit  flatterie ,  soit  brair» 
te  de  Richelieu  ,  fortifièrent  la 
roi   dans  son   opinion  ;  et  il  y 
persista  d'autant  plus ,   que   le 
cardinal  lui  avoit  insinua  qtie  sa 
mère  vouloit  mettre  Gaston  ,'son. 
second  fils  ,   sur  le  trône.   Il  se 
décida  donc  à  la  faire  dt'tenir  au 
château  daCompicgne  ,  le  23  fé- 
vrier 1 63i ,  en  lui  donnant  pouivi 
tant  le  choix   de   Moulins ,   de 
Nevers  ,  ou  du  chàieau  d'Angers 
potsr  le  lieu  de  soii  exil.  Mariti 


M  A  R 

lefasa  d'être  transportée  aîDeurs» 
Elle  craignoit  qu'on  ne  voulut 
la  renvoyer  à  Florence  sa  patrie  , 
et  elle  espéroit  peut-être  que  le 
voisinage  de  Paris  lui  ménage- 
roit  des  moyens  de  se  procurer 
de  nouveaux  amis ,  ou  de  susci- 
ter des  ennemis  au  premier  mi* 
nistre.  Cependant  toutes  les  da— 
Joes ,  tous  les  courtisans  qui  lui 
étoieiit  attachés  ,  et  niéme  son 
médecin  ,  furent  ou  exilés  ou 
mis  à  la  Bastille.  On  fit  défense 
à  Anne  d'Autriche  sa  bru  ,  de  la 
voir.  Louis  XIII  donna  une  dé- 
claration 9  adressée  aux  parle- 
meus  et  aux  gouverneurs  des  pro- 
vinces ,  pour  justifier  sa  conduite 
«t  celle  de  son  mihistre.  Des 
écrivains  mercenaires  vmrent  à 
îappui ,  et  augmentèrent  ou  di- 
nùnuèrent  les  imputations  et  le» 
iflvectives  contre  la  reine-mère  , 
«elon  qu'ils  furent  bien  ou  mal 
psyés.  Cette  princesse  ne  tarda 
pas  de  se  lasser  du  séjour  de 
Compicgne,  qui  étoit  pour  elle 
mie  véritable  prison.  Elle  s'évada 
«t  se  retira  à  Bruxelles  en  1 63  u 
Depuis  ce  moment  elle  ne  re\'it 
ûi  son  fils  ni  Paris ,  qu'elle  avoit 
•mbelli  de  ce  palais  superbe  ap- 
^  pelé  Luxembourg ,  des  aqueducs 
Ignorés  jusqu'à  elle ,  et  de  la  pro- 
menade publique  qui  porte  en- 
€ore  le  nom  de  la  Reine,  Du  fond 
de  sa  retraite  ,  elle  demanda  jus- 
tice au  parlement  de  Paris ,  dont 
«Ue  avoit  tant  de  fois  rejeté  les 
remontrances.  On  voit  encore 
wjourd'iiui  sa  requête  :  «  Sup- 
plie Marie  ,  reine  de  France  et 
de  Navarre  ,  disant  que  depuis 
1»  23  février  auroit  été  prisqii— 
nière  au  château  de  Compiegne , 
*ans  être  ni  accusée  ni  soupçon- 
née.,.. »  Quelle  leçon  et  quelle 
«oiisolation  pour  les  malheureux  ! 
La  veuve  de  Henri  le  Grand  ,  la 
Bièrôd'im  roi  de  France.,  la  b^er 


M  A  R 


57 


mère  de  trois  souverains ,  (le  roi 
d'Espagne ,  le  roi  d'Angleterre  et 
le  duc  de  Savoie  )  manque  dn 
nécessaire  et  meurt  dans  l'indi- 
gence !  Ce  fut  à  Cologne  ,  le  3 
juillet  164&,  à  69  ans.  L'abbé* 
Fario  Chigi  (  alors  internonce  , 
depuis  pape  sous  le  nom  d*^— 
lexandre  VU),  qui  l'assistoit  à 
la  jn[>ort ,  lui  demanda  si  eli« 
pardonnoit  à  ses  ennemis  9  et 
particulièrement  au  cardinal  do 
Jiichelieu,  Elle  répondit  :  Oui , 
de  tout  mon  cœur,  —  Madame  « 
ajouta  l'internonce  ^  ne  voudriez-* 
vous  pas ,  pour  marque  de  ré^ 
conciliation  ,  lui  envoyer  ce  bra'* 
celet  que  veut  avez  à  votre  bras* 
La  reine ,  à  ces  mots ,  tourna  la 
tôte,  et  dit  :  «  Questo  ô  pur 
tropo.  >'  Càét  un  peu  trop*  La 
source  des  malheurs  de  cett(» 
princesse  9  née  avec  un  caractère 
jalouX)  opiniâtre  et  ambitieux ^ 
fut  d'avoir  reçu  un  ofiprit  trop 
au— dessous  de  son  ambition.  Elle 
n'avoit  pas  été  plus  heureuse  sous 
Henri IV  que  sous  Louis  XIII m. 
Les  ronîtresses  de  ce  prince  lui 
causoient  leâ  plus  grands  cha-i 
grins  ,  et  elle  ne  les  dissimuloit 
pfis.  Le  Florentin  Concini  et  sa 
femme ,  semoient  la  défiance  dan» 
son  co^r  jaloux.  L'aigreur  étoit 
quelquefois  si  forte  ,  que  Hen- 
ri IV  ne  put  s'empêcher  de  dire  » 
en  parlant  des  confidens  de  cette* 
princesse  :  Ces  étrangers  sont 
venus  jusqu'à  lui  persuader  de  ne 
manger  de  rien  de' ce  que  je  lui 
envoie.  Naturellement  violente  y 
elle  excédoit  le  roi  son  époux  de 
ses  reproches,  et  elle  poussa 
même  un  jour  la  vivacité  au  point 
de  lever  le  bras  pour  le  frappée. 
Elle  ne  pouvoit  souffrir  ni  re-. 
montrances  ni  contradictions.  Le 
dépit  la  rendoit  capable  de  tout  ^ 
et  quand  quelque  intérêt  secrei: 
la  ttf  coit  à  se  contraindre  ^  lu 

Ci 


38 


M'A'H 


jiature  violentée  s'expliquoît  par 
raltération  de  son  visage  et  de 
ïa   santé.    Ses  passions  étoient 
extrômcs  ;  l'amitié  chez  elle  étoit 
tin  dévoiteoient  aveugle ,   et  la 
liaine   une  exécration  indomp—  . 
table.  Cependant  elle  étoit  dé- 
vote Ou  afiectpit  de  Tétre.  Elle 
«voit  fondé,  en  1620  9  le  ino^ 
tiastère 'des  religieuses  du  Cal- 
vaire. Cette  princesse  aimoit  les 
d^ises.  £n  1 608  9  elle  prit  une 
Junon   appuyée   sur  un  paon  y 
fivec  ces  mots  :    Viro  partuqae 
^eata.  Après  la  mort  du  roi  son 
époux ,  ce  fut  un  pélican  avec 
£a   charité   (  comme   disent  les 
snaitres  en  Fart  des  devises  )  ,  et 
ces  paTroles  :  J^egit  virtute  minO" 
tes.  Elle  fit  graver  aussi  Toiseau 
du  paradis ,  portant  trois  de  ses 
petits  sur  le  dos  ,  et  prenant  son 
essor  vers  le  ciel ,  avec  cette  de- 
vise :  Meos  ad  sidera  toUo,  Voyez 
6a  Vie ,  publiée  à  Paris  en  1774  , 
9  vol.  in-8.« 

*  XIV.  MARIE  Leczinska  , 

t%\ne  de  France ,  fille  de  «Sta- 
jtislas  roi  de  Pologne  ,  duc  de 
liorraine  ,  et  de  Catherine  fipa*» 
tinska  ,  née  le  a3  juin  1703, 
suivit  son  père  et  sa  mère  à  Veis- 
sembourg  en  Alsace  ,  f[uand  ils 
furent  obligés  de  quitter  la  Po- 
logne. Elle  y  demeuroit  depuis  six 
fins  9  lorsqu'elle  fut  demandée  en 
mariage  par  le  roi  Louis  XV.  Ce 
fut  par  une  lettre  particulière  du 
dub  de  Bourbon ,  que  Stanislas  , 
•on  père  9  apprit  ce'  bonheur  ines- 
péré. Il  passe  à  l'instant  dans  la 
chambre  où  étoit  sa  femme  et  sa 
fille ,  et  dit ,  en  entrant  :  Met-^ 
Wns—nous  à  genoux  «  et  remer-m 
cions  Dieu,  ^  Ah  !  mon  père  , 
«'écria  la  fijle,  voi^  êtes  rappelé 
-au  trône  de  Pologne.  -»-  Non  , 
ma  fille  ^  répond  le  père ,  U  Ciel 
foui  est  bien  flus/avoraÛc  ^rous 


M  A  R 

êtes  reine  de  France.  A   peîiié 
coftcevoient-elles  que  ce  ne  f^t 
pas  un  songe.  Stanislas  se  rendit 
à^Strasbourg ,  ou  la  demande  en 
formé  fut  faite  par  les  ambassa- 
deurs >  avec  plus  de  dignîté  que 
dans  les  masures  de  Weissera— 
bourg.  Sa  fille,  qui  raccompa- 
gnait ,  ayant  entendu  tous   les 
éloges  qu'on  donnoit  à  la  figure 
et  aux  grâces  du  roi  9  s'écria  : 
Hélas  !  vous  redoublez  mes  alar^ 
mes.  Enfin ,  elle  partit  pour  Fon- 
tainebleau ,  où  elle  épousa  ,  le  » 
septembre  1725,  IiOaM-XK, dont 
elle  eut  deux  princes  etbnit  prin- 
cesses. Instruite  par  un  père  sage 
et  éclairé ,  elle  fut ,  sur  le  trône  j 
le  modèle  des  vertus  chrétiennes  ; 
ne  s'occupant  qu'à  mériteir  la  ten-« 
dresse  du  roi  son  époux,  à  ins- 
pirer des  senti  mens  de  religion 
aux  princes  et  princesses  ses  en- 
fans  ,  et  à  répandre  des  bienfaits 
sur  les  églises  et  dans  le  sein  des 
malheureux.  La  providence  lui 
fournit  une  occasion  bien  propre 
à  signaler  sa  magnanimité  ,  lors- 
que   les   intérêts  politiques  qui 
président  au  mariage  des  rois  ^ 
firent  choisir  pour  l'épouse  du 
dauphin  ,  la  fille  du  prince  même 
qui  avoit  renversé  du  trône  son 

{»ère  ;  mais  la  vertu  généreuse  de 
a  reine  de  France ,  et  l'ingénieuse 
délicatesse  de  la  )eune  danphine  , 
triomphèrent  des  vains  murmfures 
de  la  nature ,  et  elle  la  regarda 
toujours  comme  sa  fille  chérie. 
Le  troisième  jour  après  son  ma- 
riage ,  Mad.  la  Dauphine  devoit» 
suivant  Tétiquette  ,  porter  ,  en 
bracelet  ^  le  portrait  du  roi  son 
pvfîe.  La  fille  de  Stanislas  de  voit 
redouter  de  voir  ,  dans  son  pro- 
pre palais ,  le  portrait  d'vlu— 
guste  JiZ ,  qui  î'avoit  détrôné. 
Cependant  elle  fixa  les  yeux  sur 
le  bracelet ,  en  disant  :  Voilà 
donc  9  mafiUe ,  le  portrait  du  roi 


N 


M  A  R 

Poire  père.  -^Oui ,  mamaf^  ,  ré- 
pondit la  dauphine ,  en  présen- 
tant son  bras  :  i^o;'^^  comme  il 
est  ressemlflant.  C'^toit  le  portrait 
de  Suuiislas.  Fmemie  des  intri-» 
fnes  de  cou-j  1»  reine  couloit 
des  jours  tranquilles  au  milieu 
de  ses  e^^*^^^^^  ^^  piété.  Mais  ia 
mort  r^ématurée  dn  Dauphin  son 
fil5  père  de  Louis  XVI ,  suivie 
l^vntôt  après  de  celle  du  roi  son 
^ère  ,  la  pénétra  de  la  plus  vive 
douleur.  Cette  princesse ,  si  digne 
des  regrets  de  la  France ,  y  suc-« 
comba  ^  le  14  juin  1768  ,  à  l'âge 
de  65  ans.  Dans  les. derniers  jours 
de  sa  maladie ,  les  médecins  s*em- 
pressoient  d*y  chercher  des  re^ 
jnèdes.  Rendez-moi ,  leur  dlt^elle^ 
jnon  père  et  mes  enfans  ,  et  voui 
me  guérirez,  Elle  fut  coirstam- 
fient  la  mère  des  pauvres.  Voici , 
entre  mille  autres ,  un  trait  de 
bienfaisance ,  qui  a  été  célébré 
par  un  poète  de  nos  jours. 

Vh    trésorier  disait  k  notre  0Ugutie 

Modérez  les   trtiuportf  dTiui  coeur  û 

généreux  ;  > 

Les  trésors  de  FÉttt  tous  suiBioieiit 

i  peine 
P9Br  ionmlr  «ai  besoins  de  tons  les 

malhcurenz.... 
•;-  Ce  discours  ne  sfsroit  »  dit  Villuitrf 

prouesse  , 
Interrompre  le  cous  de  x^t%  so)ns  blen- 

Calsans. 
AUes ,  confbnnes-Tons  an  rem  de  ma . 

tendresse  : 
Tout  le  bien  d*Bne  Mère  appartient 

ans  Enfsns. 

Cette  princesse  avoit  de  l'esprit  y 
et  aiihoit  ceux  qui  en  avoient. 
Elle  jugeoit  sainement.  Un  acteur 
ayant  joué  devant  elle  le  rôle 
S  Auguste  dans  Cinna  ,  et  ne  lui 
ayant  donné  que  le  ton  d'un 
bourgeois  qui  pardonne  ,en  pro- 
tion^autces  mots  :  9sSx?yôntamSf 


M  A  R 


!> 


Cinna. ••  »  La  reine  dit  :  Je  sa^ 
vois  qu'Auguste  étoit  clément  } 
mais  je  ne  savais  pas  qu'il  fiU 
bon  homme* 

XV.   MARIE-ANTOI-* 
KETTE-JosàPHB^jB^NNt 

de  I^orraine ,  archiduchesse  d'Au« 
triche  et  reine  de  France ,  naquit 
à  Vienne  9  le  2  novembre  rySS  , 
de  l'empereur  François- Etienne  , 
et  de  Marie '-Thérèse  reine  da 
Hongrie  et  de  Bohême.  Son  édu^ 
cation  fut  soignée ,  et  elle  en 
profita  pour  acquérir  des  con— 
noissanc^es  variées.  La  nattu'e  lui^ 
accorda  la  beauté  et  les  grâces  da 
son  sexe.  Grande  ,  bien  faite  , 
avec  un  teint  éclatant  ^  un  sou-* 
rire  enrhnnt^ur ,  elle  captivoit 
autour  d>lle  la  cour  de  sa  mère  9 
lorsqu'elle  la  quitta  pour  s'unir 
au  dauphin  de  France  y  depuis 
Louis  XVL  Ce  fut  le  duc  dô 
Choiseul  qui  conçut  l'idée  de 
cette  alliance ,  et  qui  fut  chargé 
du  soin  de  la  négocier  ;  aussi 
Marie  ^  Antoinette  le  défendit- 
elle  toujours  contre  ses  ennemis, 
et  chercha-t-elle  plusieurs  fois , 
mais  inutilement ,  à  le  faire  rap- 
peler au  ministère.  La  jeune  ar- 
chiduchesse arriva  à  Strasbourg 
dans  les  premiers  jours  de  mai 
1770.  Des  fêtes  continuelles  l'ac- 
compagnèrent depuis  les  fron- 
tières jusqu'à  la  capitale  }  par- 
tout on  lui  prodigua  les  témoi- 
gnages de  la  joie  que  sa  vue  ins«- 
piroit  ;  on  la  complimenta  deux 
fois  en  latin  9  et  elle  répondit 
sur  — le  — champ  dans  la  même 
langue.  L'accueil  quelle  reçut  de 
la  cour  de  Louis  XV,  né  fut  pas 
moins  flatteur  pour  elle.  Le  i^ 
mai  9  elle  s*unit  au  prince  mal- 
heureux dont  elle  devoit  adoucir 
et  partager  les  infortunes.  On 
observa  qu'aussitôt  après  fa  céré- 
laoïHe,  It  tiel  le  couvrit  de  uuage» 

C4 


40 


M  A  Rr 


épais  )  et  qne  deux  orages  mêlés 
de  tonnerre ,  empêchèrent  le  peu- 
ple de  jouir  à  Paris  et  a  Ver- 
sailles ,  du  spectacle  du  féu  d'ar- 
tifice et  des  illuminations.  Les 
rues  furent  désertes  ;  et  ceux  qui 
aiment  à  croire  aux  présages  9 
purent  en  former  un  bien  sinis- 
tre ,  en  contemplant  la  profonde 
obscurité  de  Tatmosphère  de  la 
France.  Bientôt ,  la  fête  donnée 
le  3o  du  même  mois  par  la  ville 
de  Paris  ,  fut  marquée  par  un 
affreux  désastre.  Un  emplace- 
ment mal  choisi  ^  Ou  de  larges 
fossés  n  avotent  point  été  com- 
blés ,  vit  périr  plus  de  douze  cents 
spectateurs  ;  plusieurs  autres  , 
montés  sur  le  parapet  du  Pont- 
royàl  pour  se  dégager  de  la  foule, 
tombèrent  dans  la  Seine  et  y  fu- 
rent engloutis.  La  danphine ,  dé- 
sespérée de  ce  cruel  événement , 
imita  la  sensibilité  et  la  bienfai- 
sance de  son  époux.  Elle  envoya 
au  lieutenant  de  police  tout  l'ar- 
gent qu'elle  possédoit.  On  la  vit 
ensuite  accorder  des  secours  aux 
personnes  peu  opulentes  ,  em— 
^.  pioyées  à  son  service  ,  et  aux  pri- 
'  sonniers  détenus  pour  payement 
.de  mois  de  nourrice.  Se  trouvant 
dans  la  forêt  de  Fontainebleau, 
oii  elle  avoit  suivi  le  roi  à  la 
chasse ,  elle  entendit  une  femme 
pousser  dei  cris  de  désespoir  ; 
celle-ci  lui  ayant  appris  que  son 
mari  venoit  d'être  dangereuse- 
ment blessé  par  un  cerf,  Marie-^ 
Antoinette  lui  donna  aussitôt 
tout  for  qu'elle  avoit  sur  elle  y 
la  força  de  monter  dans  sa  voi- 
tiire  avec  le  jeune  enfant  qu'elle 
concUiisoit ,  et  obtint  de  Louis 
jï^^  sur  le  lieu  même  ,  une  pen- 
sion.poiir  cette  famille.  Le  pein- 
tre VagoU  a  fait  de  cet  acte 
p*:jumanité  ,  le  sujet  de  l'un  de 
ses  plus  iutéressans  tableaux.  La 
dauphinc,  lu^truite  qii'un  o£|^ 


M:  A  R 

cier  dont  le  corps  avoit  été  ré^ 
formé  se  brouvoit  saiss  emploi  «t 
dans  Findigehce ,  commande  un 
uniforme  d'un  régiment  en  ac- 
tivité ,  se  le  fait  apporter ,  met 
dans  l'une  des  pocrtij  mi  brevet 
de  capitaine  ,    cent  ^ouif  dans 
l'autre ,  une  boîte  d*ot  «t  une. 
montre,  d'or  dans  la  vesu      g^ 
ordonne  d'en  revêtir  Tofficiei  XJii 
grand  nombre  d'autres   actio., 
généreuses  marquoient  honora** 
blement  ses  jours  et  la  faisoient 
aimer ,  tant  qu'elle  fut  dauphine; 
elle  obtint  bien  moins  de  bonheur 
lorsqu'elle  fut  reine.  En  montant 
sur  le  trône ,  on  la  vit  renou-. 
velér   l'exemple   de  Louis  XI L    ^ 
M.  de  Pontécoulant ,  major  de& 
gardes  du  corps ,  lui  avoit  déplu  ; 
aussi  ,  dès  qu'elle  fut  reine ,  il    . 
domia  sa  démission.  Marie^An-^ 
toinette  l'apprit  ;  sur-le-champ 
elle  fit  appeler  le  prince  de  Beau-m 
veau.  :  «  Allez ,  lui  dit-elle ,  an-* 
noncer  à  M.  de  PonlécoulaiU  , 
que  la   reine   ne  venge   pas   la 
dauphine  ,  et  qu'elle  le  prie  d'ou- 
blier entièrement  le  passé  ,  en 
restant  près  d'elle  à  son  poste.  » 
A  la  mort  du  monarque  ,  le» 
peuples  étoi'-nt  dans  Tasage  dé 
payer   un   droit  connu   sous  le 
nom   de  Ceinture  de  la  "Reine  ; 
elle  sollicita  l'exemption  de  cet 
impôt ,  et  l'obtint.  On  lui  adressa 
alors  le  quatrain  suivant  : 

Voas  renoncez ,  aimable  souveraine  » 
Au  plus  beao  de  vos  revenus  ; 
Mail  que  TOUS  senrvoit  la  ceinture  da 
reine  l 
Vous  avez  celle  de  V^nus. 

Bientôt  après  elle  eut  le  plaisir 
de  recevoir  ses  frères  à  Versailles. 
L'archiduc  Maximilien  y  parut 
en  1775  ,  sous  le  nom  de  comte 
de  Burgaw  ^  et  l'empereur  Jo'- 
sepk  en  1781,  sous  celui   de 

comte  de  FakkmiUin^  Dans  1% 


M  AR 

#rael  hiver  de  1788  ,  on  la  vit 
montrer  une  acné  aussi  compa- 
tissante que  généreuse.  Après 
avoir  destin^  cinq  çentâ  louis  de 
ta  cassette  ^  à  être  distribués  aux 
plus  iadi^cns  ,  elle  écrivit  an 
lieutenant  de  police  :  Jamais  dé* 
jfcnse  ne^ma  été  plus  agréable» 
Les  Pariiiens  reconnoissaiis  ,  se 
plurent  alors  à  élever  une  py— 
ramide  de  neige  près  de  la  rue 
Saint-Honoré  ,  et  à  y  tracer  ces 
vers  ; 

Rciae  dont  la  bouré  surpasse  les  appas, 
7ihi  d*ua  roi  bienfab^t  occupe  ici  ta 

pUcc  : 
Si  ce  snoauisect  frêle    est  de  neige  oa 

de  glace  , 
Nos  coeurs  pour  toi  ne  le  soat  pas. 

Us  alloient  bientôt  changer.  A 
cette  époque ,  la  calomnie  eom-* 
mençoit  à  répandre  de  la  défa- 
veur sur  Mnrie-'Antoiaettâ ,  en 
attaquant  ses  mœurs  et  son  ca- 
ractère. Des  libelles  obscurs  Tac- 
^sèrent  de  faire  succéder  les 
J^Vçnes  aux  intrigues  ;  mais 
JbistCf^  doit  rejeter  ces  impu- 
tations jJq,^^.  fmcmie  n'a  jamais 
été  prou^ig  ^  çt  ^Q^jt  plusieurs 
parurent  n*  me  invraisemblables; 
La  vérité  qu  j^g  ^^^^  ^^  taire, 
•st  forcée  cei^^dant  d'avouer 
que  la  reine  eut  ^es  torts.  Une 
grande  mobilité  €,,,5  l'imagina- 
tion, la  fit  paroitrt5o„vent  lé- 
gère, et  quelquefois  û^wmulée; 

Une  inquiétude  naturelle, ^ahaine 
du  repos  ,   la  portoient  a^  j^;^ 

placement ,  aux  modes  nouve^^^ 
à  la  variété  des  plaisirs.  Trop  i^ 
profusion  dans  sa  dépense ,  luà 
firent  prodiguer  pour  des  objets 
,  de  luxe,  des  sommes  qui  eussent 
pu  trouver  un  emploi  plus  utile. 
L'oubli  de  toute  étiquette  dans 
l'intérieur  de  sa  maison  ,  de  tout 
^érémojiial  dans  ses  fêtes ,  tendi- 
rent k  âiUérer  le  r«5{|ect  du  à  son 


M  A  R 


41 


rang;  et  son  ^out  à  s'environner 
de  bouffons  ,  a  jouer  la  comé4ie  y 
a  y  remplir  des  rôles  subalternes  ^ 
contribuèrent  aussi  à  le  dimi* 
nuer.  Trompée  par  sa  naissance^ 
voyant  sa  mère   gouverner  par 
elle-même ,  elle  put  difficilement 
se    persuader    qu'en    France   la 
reine  n  étoit  qua  l'épouse  du  roi. 
Née  dans  une  contrée  où  la  féo« 
dalité  règne  avec  toutes  ses  pré- 
rogatives ,  la  distance  du  peuple 
aux  nobles  y  est  immense  ;  en 
France ,   au  contraire  ,    où   la 
noblesse  suivoit  souvent  les  pla<« 
ces  ,  où  les  rangs  se  touchoient 
et  cberchoient  sans  cesse  à  se 
confondre ,  tout   de  voit  tendre 
du  moins  de  la  part  des  souve-* 
rains  ,  à  conserver  des  formes 
plus  respectueuses  ,  plus  capa- 
bles d'assurer  leur  tranquillité  et 
la  sûreté  d^  leur  personne.  Les 
premiers    reproches  faits   à    la 
reine,  lui  donnèrent   de  l'hu- 
meur ;  elh»  eut  la  mal-adresse  de 
la  témoigner  ,  et  dès  —  lors  dea 
méchans  s'attachèrent  ^à  répan<« 
dre  que  ,  restée  dans  le  cœur 
entièrement  Autrichienne ,  ûère 
et  ennemie  naturelle  des  Fran- 
çois ,  elle    ne  pourroit   jamais 
faire  leur  bonheur.  Un  événe- 
ment fâcheux  servit  leur  haino 
en  compromettant    le   nom  de 
Marie-AntoinetU  dans  un  pro- 
cès scandaleux.    C'est  celui  in- 
tenté  pour   le    payement   d'un 
collier  de  diamans  ,  acheté  soa$ 
le  nom  de  la  reine  ,  et  dont  la 
prix  énorme  fut  réclamé  par  deux 
joailliers.  Il  fut  prouvé  que  celles 
ci  ne  les  connoissoit  pas ,  et  n'a- 
voit  jamais  donné^l'ordre  de  cette 
*^uisition.  Mais  une  femme  ^ 
sy^t  sa  taille  et  son  maintien  , 
eut  k  hardiesse  de  se  faire  passer 
pour  c'Je ,  de  donner  un  rendez-* 
vous  a  m'muit ,  an  milieu  du  parc 
de  .Versailles  ^^  à  mx  cardinal ,  et 


j 


4» 


M  AR 


eette  andace  extraordinaire  resta 
impunie  dans  le  jugement.  Cette 
affaire  répandit  un  nuage  sur  la 
conduite  de  la  reine  ^  et  dut  em- 
poisonner ses  jours.  Lorsque  le 
contrôleur  général  f^alonne  eut 
annoncé   qu'il  existoit  un  vide 
eonsidérabie  dans  les  finances  de 
Tétat  ;  la  malveillance  eu  accusa 
fourdeinent  les  profusions  de  la 
reine.  La  dette  publique  augmen- 
tant de  jour  en  jour  ,  et  le  crédit 
xational  s*évanouissant  entière- 
ment ,  on  proposa  de  convoquer 
les  Etats  généraux,  pour  éteindre 
Tune   et   faire  renaître   l'autre. 
Marie- Antoinette  pressentit  les 
malheurs  qu'ils  dévoient  répan- 
dre sur  elle  ;  aussi  s'efforça- t-elle 
d'en  retarder  laconvocation.  Cest 
à  cette  époque  que  ses  peines  in- 
térieures blanchirent  entièrement 
ses  cheveux,  quoiqu'elle  n*eûtque 
trente  — quatre  ans.    Elle  se   fit 
peindre  alors  ;  et  donnant  ce  por- 
trait à  son  amie ,  Mad.  de  Lam- 
halle  ,•  eue  mit  au  bas  ces  mots 
de  sa  main  :  Ses  malheurs  Vont 
blanchie.  Dès  la  procession  pour 
l'ouverture  des  Etats ^  où  elle  as- 
sista 9  ses  traits  ,  que  le  sourire 
animoit  d'ordinaire,  prirent  un. 
caractère  de  mélancolie  qu'ils  ne 
quittèrent  plus.  Elle  parut  dans 
la  première  séance  ,  debout  et 
vêtue  avec  une  grande  simplicité. 
Sans  cesse  on  l'entendit  répéter 
alors  :  «  que  le  roi  soit  tranquille 
et  respecté  !  pour  moi,  je  serai 
^  toujours  heureuse  de  son  bon- 
heur. »    Les  événemens  désas- 
treux qui  suivirent ,  développè- 
rent dans  elle  le  courage  le  plus 
réfléchi.  Le  6  octobre  1789, de/ 
cannibales  furieux  faisoient  t^^ 
tentir  par  —  tout  la  menace  d^  |a 
mettre  en  lambeaux  et  de  <^chi- 
rer  ses  entrailles  ;  sa  pai^^l®  as- 
siduité auprès  de  ses  er'ans  nen 
fui;  point  interrompue*  An  milieu 


M  A  R 

de  la  nuit,  an  ministre  lui  adressil 
ce  billet  :    «  Madame  ,  prenez 
promptement  vos  mesures  ;  de- 
main matin  à  six  heures,  vous 
serez  assassinée.  »  Son  front  coii' 
serva  sa  sérénité  à  cette  lecture  9 
et  elle  cacha  le  billet.  Bientôt' 
les  portes  du  château  brisées  , 
les  gardes  dn  corps  égorgés  ;  les 
cris  des  victimes  ^  les  mugisse- 
mens  de  la   multitude  ,   rendi- 
rent la  fin  de  cette  nuit  affreuse. 
A  l'aube  du  jour ,  des  assassins 
pénétrèrent  dans  l'appartement 
de  la  reine,  et  mirent  son  lit  en 
lambeaux  à  coups  de  sabre.  Elle 
venoit  de  le  quitter  pour  se  ré-» 
fugier  chez  le  roi.  Cependant  les 
meurtres  continu  oient  ;  pour  les 
faire  cesser,  Louis  XVI ,  et  la 
reine  tenant  ses  deux  enfans  par 
la  main ,  parurent  sur  le  balcon 
du  château ,  et  vinrent  crier  grâce 
pour   leurs  gardes.    Cet   aspect 
étonna  les  forcenés.  Bientôt  ce 
cri  universel  et  redoutable  se  fit 
entendre  :  la  reine  seule  et  poir* 
d'en/ans.   Celle  -  ci  jugeant  a^* 
l'instant  de  sa  mort  est  a''\^®  ^ 
pousse  son  fils  et  sa  fij^  "^J^* 
l'appartement ,  les  jet^  «'«"f  *®* 
bras  de  leur  père ,  ei^^ns  laisser 
à  ceux  qui  l'entou'**"*  le  temps 
de  k  réflexion ,  e'^  ^eparoit  seule 
sur  le  balcon,  présentant  cou- 
rageusement >«  tête  au  coup  mor^ 
tel.  Sa  cop^nance  hardie  et  fiere  , 
son  m^^s  ^^  '*  "*®^  arrêtent 
l'effet  *^®*  menaces  ,  et  forcent 
les  Applaudissemens  de  la  mul-» 
tifitde  furieuse.  Marie  —  Antoi-^ 
*ette ,  conduite  dans  la  même 
journée  à  Paris  avec  son  époux  ,  , 
eut  à  «upporter  pendant  un  trajet 
qui  dura  six  heures ,  le  spectacle 
le  plus  effroyable*  Devant  sa  voi- 
turç ,  au  bout  de  deux  piques  , 
on  portoitles  têtes  de  deux  garde» 
du  corps  ;  autour  d'elle  ,  des  fu- 
ries ivres  et  dégou^antses  de  saag 


1«  AU 

Itiisalent  wtentir  Vair  d'impréca- 
tions. ^Bientôt  le  Châtelet ,  ins-^ 
•truisant  la  procédure  contre  les 
meartriers  ,  lui  ht  demander  des 
renseignemens  sur  les  attentats 
dont  elle  avoit  failli  à  être  vic- 
time ;  elle  répondit  aux  députés  : 
Je  ne  serai  jamais  la  délatrice 
d'aucun,  des  sujets  du  roi ,  et  sar 
les  instances  d'autres  commiss- 
ures ,  elle  dit  :  Messieurs  ,  j'ai 
tout  vu  «  tout  entendu  et  tout  ou^ 
^lié.  Dans  les  premiers  mois  de 
«on  arrivée  ,  elle  employa  trois 
cent  mille  livres  de  ses  épargnes 
à  retirer  du  Mont-de-Piété  les 
nrétemens  qui  y  avorent  été  dé- 
posés par  des  indigens  ;  mais  ses 
()ierifaits  ne  calmèrent  point  Te  f- 
lervescence  excitée  contre  elle. 
Aassi  ,  lorsque  Louis  XVI  ré-* 
-soiut  de  fuir ,  elle  s'empressa  de 
le  suivre ,  quoiqu'âle  répétât  sou- 
vent :  «  Ce  voyage  ne  nous  réus- 
sira pas  ;  le  roi  est  trop  mal- 
heureux. »  Marie -^Antoinette  9 
arrêtée  comme  son  époux  à  Va- 
rennes  ,  rentra  aux  Tuileries ,  où 
des  commissaires  vinrent  rece- 
voir sa  déclaration ,  qui  fut  ainsi 
conçue  :  «  Le  roi  désirant  partir 
avec  'ses  enfans  ,  rien  dans  la 
natare  n'auroit  pu  m'empécher 
de  le  suivre.  J'ai  assez  '  prouvé 
depuis   deux  ans  que  je   ne  le 
quitterai  jamais.  Ce  qui  m'y  a  en- 
-core  plus  déterminée  ,  c'est  las- 
«nrance  positive  que  j'avois  que 
le  Foi  ne  vouloit  point  quitter  la 
France  ;  s'il  en  avoit  eu  le  dé- 
sir ,  tonte  ma  force  eût  été  em- 
ployée pour  l'en  empêcher,  w  Un 
moment  de  calme  succéda  à  cet 
orage  ,  mais  il  ne  fut  pas  de  lon- 
gue durée  :  les  journées  du   20 
juin  et  du  10  août   179»  arri— 
•vèrent.  Dans  la  première ,  Marie-* 
^Antoinette  ,    placée  derrière  la 
tA\e  du  conseil ,  au  milieu  de 
HB  deux  enfans ,  ne  domia  pas 


M  AR 


41 


la  pins  légère  marque  de  crainic. 
£lle  soutint  y  pendant  plus  de 
quatre  heures  le  spectacle  hideujt 
d'une  populace  sans  frein,  armée 
de  mille  instrumens  de  mort  » 
brisant  les  portes ,  menaçant  tout 
ce  ^'elle  auroit  dit  respecter.  Le 
vendredi  10  août ,  le  château  fut 
cerné  par  les  bataillons  arrivés 
•de  Marseille ,  et  rënnis  aux  ras- 
•semblemens  des  faubourgs.  Ott 
avoit  d'abord  cherché  à  encou- 
rager les  soldats  de  garde  à  le 
défendre  ;  la  reine  vouloit  y  périr^ 
et  fit  tous  ses  efforts  pour  déci- 
der Louis  XVI  à  combattre  et 
à  mourir  les  armes  à  la  main  ; 
mais  entraînée  par  la  retraite  du 
monarque  au  sein  de  l'assemblée , 
elle  y  conduisit  ses  enfans.  Le 
trajet  fut  extrêmement  périlleux 
pour  elle.  Le  peuple  animé ,  Ini 
adressoit  de  toutes  parts  les  in- 
vectives les  plus  atroces  et  les 
menaces  les  plus  effrayantes  ;  un 
instant  il  parut  déterminé  à  lui 
fermer  le  passage  et  à  la  séparer 
de  son  époux  ;  mais  après  une 
harangue  énergique^du  procureur 
général  du  département  y  les  rangs 
s'ouvrirent  devant  elle.  Renfer- 
mée dans  la  loge  des  journalistes 
de  l'assemblée ,  elle  y  entendit 
prononcer  la  déchéance  du  mo- 
narque ,  l'appel  de  la  convention 
qui  devoit  le  juger ,  et  en  sortit 
bientôt  pour  l'accompagner  au 
Temple.  On  ne  permit  à  aucune 
de  ses  femmes  de  partager  sa  cap- 
tivité ;  Mad.  de  LambaUe  qui  Je 
demandoit  9  fut  jetée  aussitôt 
dans  une  autre  prison.  La  reine , 
logée  dans  le  second  étage  de  la 
tour  ,  avec  sa  fille  et  Mad.  EU-^ 
zabeth  ,  occupa  la  seule  chaipbre 
qui  eut  une  cheminée»  On  n'y 
voyoit  jamais  le  soleil  ;  des  sou-^ 
pirauxau  lieu  de  fenêtres,  étoient 
garnis  d'épais  barreaux  de  fer , 
Ctt  ne  procuf oient  qu'une  clarté 


44 


M  A  R 


triste  et  un  fai&x  jour.  CeÈt  là 
que  Marie- An toinette^développà 
un  caractère  plus  grand  que  dans 
aucun  autre  temps  de  sa  vie. 
Toujours  calme  au  milieu  des 
siens ,  elle  leur  inspira  la  rési- 
l^nation  ,  Toubli  des  outrages  ,et 
de  tous  les  maux.  Lorsque  Louis 
XVI  lui  apprit  qu'il  étoit  con- 
damné 9  elle  le  félicita  de  la  fin 
d'une  existence  pénible  pour  lui 
et  sur  le  prix  immortel  qui  de- 
voit  la  couronner.  A  la  mort 
de  son  époux  ^  la  seule  demande 
qu'elle  présenta  à  la  convention  , 
fut  de  réclamer  des  vêtemens  de 
deuil  ;  elle  les  porta  jusqu'à  la 
£n  de  ses  jours ,  qui  n'étoit  pas 
bien  éloignée.  Le  4  juillet  1793, 
on  la  sépara  de  son  fils  ;  elle  sen- 
tit dèsr-lors  que  cette  séparation 
«Doit  être  éternelle  9  et  qu'en 
écartant  d'elle  un  enfant  plein 
de  grâces ,  on  vouioit  lui  enlever 
t©ut  moyen  d'exciter  quelque  pi*- 
tié.  Elle  n'en  eut  pas  moins  le 
courage,  de  disposer  son  fils  à  ne 
plus  la  voir  et  à  ne  point  se 
chagriner  de  sa  longue  absence. 
Le  5  août' suivant  9  des  hommes 
armés  vinrent  au  milieu  de  la 
I  nuit  enlever  Marie-Antoinette  , 
et  la  conduire  à  la  Conciergerie. 
La  chambre  basse  ^  appelée  SaUe 
du  Conseil  ,. sombre  et  humide, 
y  devint  son  dernier  asile.  Le 
jeudi  3  octobre  ,  la  convention 
ordonna  qu'elle  seroit  mise  en 
'  jugement  ;  l'acte  d'accusation  por- 
toit  qu'elle  avoit  dilapidé  les  fi- 
nances de  France  ,  épuisé  le  tré- 
sor public  9  en  faisant  passer  des 
sommes  à  l'empereur ,  entretenu 
des  correspondances  avec  les  en- 
nemis étrangers  9  et  favorisé  les 
troubles  de  l'intérieur.  Malgré  le 
grand  nombre  de  témoins  enten- 
dus ,  on  ne  put  acquérir  contre 
elle  la  moindre  preuve  ;  aussi  9 
«on  défease^r.,  M.  Chum'Cau^Um 


M  AR 

Garde ,  s'écria-t-il  avec  raison  : 
«  Je  ne" suis  dans  cette  aJSaire, 
embarrassé  que  d'une  seide  chose 9 
ce  n'est  pas  de  trouver  des  ré- 
ponses ,  mais  une  seule  accusa- 
tion vraisemblable.  »  Parmi  les 
témoins  appelés  9  Bailly ,  mairs 
de  Paris  9  eut  le  courage  non- 
seulement  de  ne  rien  reprocher 
à  l'accusée  ni  à  la  mémoire  de 
Louis  -ï^/,  mais  encore  de  blâ- 
mer le  féroce  accusateur  Fou»^ 
quier'-TiiwiUe  ,  d'avoir  rédigé 
son  acte  d'accusation  sur  des  fait  a 
notoirement  faux  et  calomnieux. 
Manuel  lui-même  9  procureur  de 
la  commune  ,  qu'on  croyoit  al- 
téré du  sang  de  Marie-'Antoi-* 
nette ,  lui  rendit  justice ,  et  plai- 
gnit hautement  sa  destinée.  On 
la  vit  répondre  à  tous  les  inter- 
rogatoires 9  avec  autant  de  pré- 
cision que  de  fermeté.  Hébert 
lui  ayant  reproché  d'avoir  cher- 
ché à  dépraver  les  mœurs  de  son 
fîls  :  Sur  un  fait  aussi  odieux  , 
répliqua  - 1  -  elle  9  j'en  appelle  à 
toutes  les  mères.  Son  ton  noble  , 
son  indignation  majestueuse  9  se 
communiquèrent  bientôt  à  tous 
les  auditeurs.  On  accusa  Ilébert 
lui  -  même  9  d'avoir  voulu  ,  par 
une  infâme  inculpation  ^  rendr» 
l'accusée  plus  intéressante  ;  et  dès 
cet  instant  il  perdit  toute  sd  po- 
pularité. En  attendant  son  der- 
nier moment  9  Marie-Antoinette 
ne  laissa  paroitre  aucun  signe 
d'émotion.  Retirée  dans  la  prison 
après  une  séance  de  dix  — huit 
heuros  ,  transie  de  froid  9  elle 
s'enveloppa  les  pieds  d'une  cou- 
verture, et  s'endormit  tranquil—  , 
lement.  Le  lendemain  9  à  onze 
heures  du  matin  9  elle  monta  siu: 
la  charrette  qui  la  conduisit  à 
l'échafaud.  «<  Voici  9  Madame  9 
lui-  dit  —  on  alors  ,  l'instant  de 
vous  armer  de  courage.  »  De 
courage  !  reprit-  elle  ^  il  y  a  si. 


M  AR. 

* 

hfg'temps  que  j'en  fuis  appren-^ 
f^^^9  qu'il  nest  pas  à  croire 
fwj  j'en  manque  à  cette  Heure* 
On  lui  avoit  ôtc  sa  robe  de  deuil , 
pour  la  revêtir  d'un  mauvais  man- 
teau de  lit.  Malgré  tout  ce  qu'on 
jïut  faire  pour  exciter  le  peuple 
a  i'injnrier  pendant  le  trajet ,  il 
garda  un  sombre  et  profond  si- 
lence A  raidi ,  le  cortège  arriva 
sur  la  place  de  Louis  XK  Marie 
Antoinette  jeta  un  long  regard 
sur  les  Toileries  %  et  monta  avec 
précipitation  snrréchafaud.  Lors- 
ijn'elle  y  fut  parvenue  ,  elle  se 
mit  à  genoux ,  et  dit  :  Seigneur  ! 
éclairez  et  touchezmes  bourreaux; 
idieupour  toujours ,  mes  enfans  , 
}t  vais  rejoindre  votre  père,  £lle 
^a  les  yeux  au  ciel  et  les  ferma 
•wsitôt  à  la  lumière ,  le  mer- 
«K^i  i6  octobre  1793,  à  l'âge 
^  38  ans  moins  quelques  jonr^, 
^  corps ,  déposé  au  cimetière 
^^  Id  Magdeleine  ,  fut  consumé 
'ians  la  chaux  vive.  Les  chagrins 
«Voient  alors  défiguré  sa  beauté 
«t flétri  ses  traits  ;  elle  avoit  même 
presque  entièrement  perdu  un 
®fl  par  rair  humide  et  m  al- sain 
^ns  lequel  elle  avoit  vécu  de- 
puis si  long— temps.  Marie- An-^ 
toinette  parloit  le  François  avec 
pureté  9  et  l'italien  comme  sa 
langue  naturelle.  Elle  savoit  le 
latin 5 et  possédoit parfaitement  la 
géographie  et  l'histoire.  Elle  ju- 
geoit  avec  goût  des  productions 
^  tous  les  arts  ,  et  sur— tout  de 
telles  de  la  musique.  Elle  se  dî»-i 
tin^a  par  l'afTabilité  dans  ses 
tanières  y  par  la  force  et  la  cons^ 
tance  dans  les  sentimens.  Elle 
ft*  généreuse ,  et  sut  donner  avec 
ces  grâces  afFectuenses  qui  dou- 
blent le  prix  du  bienfait.  Marie- 
Antoinette  eut  quatre  enfans  de 
*on  union  avec  Louis  XVI  : 
i-**  Marie  -  Thérèse  -  Charlotte , 
^t  If  19  d««embrd  177S  ,  qui 


M  A  R 


4$ 


ft  éponsé  le  duc  6*Angouîéme  , 
son  cousiil  ;  2.®  Louis ,  né  le  22. 
octobre  178^,  mort  le  4  juin 
1789  y  dans  sa  neuvième  année  ; 
3."  Charles^Louis  ,  né  au  mois 
de  mars  1785  ,  nommé  Duc  dû 
Normandie ,  jusqu'après  la  mort 
de  son  frère  aine  ,  où  il  prit  le 
titre  de  Dauphin ,  mort  en  1793  ; 
4.0  une  fiile  morte  en  bas  âge. 
Sa  mère  s'affligeoit  saiy  modé^ 
ration  de  cette  perte  ;  on  lui  ob* 
serva  que  sa  douleur  n'avoit  pour 
objet  quun  enfant,  dont  ell« 
n'avoit  rien  pu  voir  encore  qui 
put  justifier  des  regrets  si  vifs. 
Ah  !  s'écria-t-elle ,  n'edt^elle  pas 
été  ma  plus  tendre  amie  J  On  a 
publié  plusieurs  Vies  de  Marie- 
Antoinette  ;  celle  par  Mad.  Gué- 
nard ,  en  3  vol.  in-ia ,  se  fait 
lire  avec  intérêt  9  malgré  trop 
de  longueur. 

*  XVin.  MARIE-ADÉ- 
LAÏDE DE  Savoie  ,  fille  aînée 
de  Victor—Antédée  II ,  naquit  à 
Turin  en  i685.  Par  le  traité  de 
paix  conclu  dans  cette  ville  eu 
1696,  elle  fut  promise  au  duc 
de  Bourgogne  ,  depuis  dauphin.' 
Ce  mariage  se  célébra  l'annôe 
d'après.  La  princesse  étoit  pro- 
pre à  faire  le  bonheur  de  son 
époux  par  son  caractère ,  snn 
esprit,  ses  grâces,  et  la^ sensi- 
bilité de  son  cœur.  Le  peuple  , 
dans  la  joie  de  voir  finir  la  guerre 
par  cette  alliance  ,  l'appela  la 
Princesse  de  la  paix.  En  1702  « 
le  duc  de  Bourgogne  ,  nommé 
généralissime  des  armées  en  Flan>> 
dre ,  ayant  d'abord  eu  quelque 
désavantage  ,  la  duchesse  qui  en- 
tendit à  "Versailles  blâmer  la  con- 
duite de  son  époux ,  ne  put  rete- 
nir ses  larmes  ,  et  s'abandonna 
à  une  douleur  amère.  Mad.  de 
Maintenon  ,  qui  étoit  présente  , 
recueillit  ses  précieuses  larme» 


4<5 


M  A  R 


tnr  on  raban  qa  elle  «nvoya  aa 
prjnce,  et  ranima  ainsi  dans  son 
cœnr  Famonr  de  la  gloire.  ,La 
victoire  de  Nimègne  en  fut  Teffet» 
La  France  perdit  cette  princesse 
en  1712  ,  dans  la  %G^  année  de 
son  âge  9  tandis  qu'elle  annonçoit 
à  la  France  les  plus  beaux  Jours* 
Je  sens  ,   disoit  — elle    quelque 
temps  avant  sa  mort,  que  nunr^ 
cœur  grandit  à  mesure  que  IMa 
fortune  m'éUveJ2enààTit  lagnerre- 
de  la  succession  ,  on  lui  propo-- 
soit  une  partie  de  jeu.  Avec  qui 
poulez^^qus  que  je  foue  ?  répon- 
dit—elle  9   je  suie   entow^ée  de 
femmes  qui  tremblent  pour  leurs 
maris  et  leurs  en/ans ,  et  moi  le 
tremHe  pour  l'état.  Cependant  on 
l'accusa  d'avoir  été  la  cause  d'une 
partie  de  nos  malheurs ,  par  Tin- 
ci  ination  qu'elle  ayoit  conservée 
pour  son  pays.  Duclof  prétend 
qu'elle  instruisoit  le  roi  son  père 
de  tons  no?  projets  militaires ,  et 
qii*aprèsf  ssl  mort  ,  Louis  XIV 
en  ayant  eu  la  preuve  par  les  let-^ 
très  trouvées  dans  sa  cassette, 
dit  à  Mad.  de  Maintenon  :  La 
petite  coquine  nous  trompoit.  Une 
fièvre  ardente  remporta  en  peu 
I  de  jours.  Cette  princesse  expi- 
rante fit  appeler  ses  dames ,  et 
dit  à  la  duchesse  de  Guise  :  Adieit 
ma  belle  Ducltesse  $  aujourd'hui 
JDauphUie  ,  et  demain  rien  !  Sa 
conversation  étoit  vive  et  ani- 
mée y  et  it  lui  échappoit  des  ré*. 
flexions   dun  graiid  sens.    Elle 
disoit  un  jour  a  Mad.  de  Mainte'^ 
non ,  en  présence  àë  Louis  XIV  : 
Savez'vous  ,  ma  tante ,  pourquoi 
les  reines  d'Angleterre  gouver-^ 
nent  mieux  que  les  rois»  C'est  que 
.  les  hommes  gouvernent  ious  le 
règne  des  femmes ,  et  les  femmes 
sous,  celui  dei  hommes.  Sa  viv»u 
cité  l'emportoit  quelquefois^  trop 
loin  ;  mais  elle  saisissoit  bien  les 
aaomens*  Un  jour  qn  elle  remai^ 


M  A  R 

cpia  qa«  ZouU  X%V  éUAt  lifM 
portnné  de  la  dévotion  du  due 
de  Bourgogne  son  époux.  Je  de**' 
sirerois  ,    dit  —  elle  ,  de  mourit^ 
avant  mon  mari  et  revenir  ,e»^ 
suite  ,  pour  le  trouver  marié  a/véé: 
une  scBur  Grise  ou  une  tourière^ 
de  Su-Mane.  {Menu  deDudos.y 
Nous  terminerons  l'article  *dt  }m    ^ 
duchesse  de  Bourgogne  par  le 
portrait  qn*en  a  tracé  le  doc  de 
Saint^imùn.  «Douce,  tiDdide  9 
mais  adroite;  bonne  jusqu'à  oniin-n 
dre  de  fa(re  la  moindre  peine  ik 
personne ,  et  toute  légère  et  vive 
qu'elle  étoit ,  capable  de  vues  et 
de  suite.  La  contrainte  jusque» 
dans  la  gène  ,  dont  elle  sentoit 
tout  le  poids  ,    sembloit  ne  Ini 
rien  conter.  Quant  à  la  figure  , 
elle  étoit  régulièrement  laide.  Le» 
iooes  pendantes ,  le  front  avancé , 
le  nez  qui  ne  disoit   rien,   de* 
grosses    lèvres  tombantes  ^  de» 
cheveqx  et  des  sourcils  châtain» 
bruns  ,  fort  bien  plantés ,  de» 
feux  les  plus  pari  ans  et  les  pla» 
beaux  du  monde ,  le  plus  beat» 
teint  et  la  plus  belle  peau,  le 
cou  long  avec  un  soupçon    de 
goitre  ,  qui  ne  lui  seyoit  point 
mal ,  nn  port  de  tête  galant  ^ 
gracieux ,  majestueux ,  et  le  re- 
gard de  même  ;  le  sourire  le  phis 
expressif  ;  une  taille  longue  , 
ronde  même  ,  aisée  ,  parfaite^ 
ment  coupée  ;  une  marche   de 
déesse  sur  les  nues  :  elle  plaisoit' 
ati  dernier  point.  Les  grâces  nais* 
soient  d'elles-mêmes  de  tous  sesr 
pas,  de  toutes  ses  manières  et 
de  ses  discours  les  plus  communs^ 
Un  air  simple  et  naturel ,  tOH— 
jours  naïf,  mais  assaisonné  d'es- 
prit ,  charmoit  avec  cette  aisance  ^ 
qui  étoit  en  elle  jusqu'à  la  com«- 
rouniquer  à  tout  pe  qui  l'appr^* 
choit.  Elle  ornoit  tous  lea  spec* 
tacics  ,  étoit  Tame  des  fêtes<,  de» 
plaisirs ,  des  bals  »  et  y  ragristoîir 


M  A  R 

fiT  les  grâces ,  la  justesse  Qt  la 
perfection  de  la  ^lanse.  Elle  ai- 
moit  le  jeu ,  s'amusoit  au  petit 
isn;  car  tout  Tamasoit.  Elle  pré- 
féroit  le  gros  jeu  ,  y  étoit  nette  y 
exacte,  la  plus  belle  joueuse  du 
monde  ;  et  dans  Firi^tant  faisoit 
le  jeu  de  chacun.  En  public ,  sé- 
rieuse ,  mesurée  ;  respectueuse 
avec  le  roi  ,  et  en  timide  bien- 
séance avec  Mad.  de  MainUnon, 
En  particulier  ,  causant ,  volti— 
tl^eant  autour  d'eux  ;  tantôt  pen- 
chée sur  le  bras  d'un  fauteuil  de 
foQ  oii  de  l'autre,  tantôt  se  jouant 
fcir  leurs  genoux  ,  elle  leur  sau- 
toir au  cou  9  les  embrassoit  y  les 
baisoit,  les  caressoit,  les  chif— 
fonnoit.  Admise  à  tout ,  à  la  ré-> 
teption  des  courriers  qui  appor- 
toient  les  nouvelles  les  plus  in— 
t«e$santes  ,  entrant  chez  le  roi 
i  toute  heure,  môme  pendant  le 
conseil.  Utile  et  fatale  aux  mi- 
'lisCres  mêmes  ;  mais  toujours 
portée  à  obliger  ,  à  servir,  a  ex- 
cuser, à  bien  faire,  à  moins 
qu'elle  ne  fut  violemment  pous- 
sée contre  quelqu'un  y  comme 
«De  le  fiit  contre  Pontcharlrain  , 
Çiellenommoit  quelquefois  au 
roi,  votre  vilain  Borgne;  OU  par 
quelque  cause  n$ajeure ,  comme 
elle  le  fut  c«>ntre  Chamillart,  » 
*-Sa  soeur  ,  Marib^LovjS£  de 
^mie,  mâxriée  à  Philippe  V  roi 
'5'Espagne ,  se  fit  aimer  de  ses 
'ojets  par  \e  soin  qu'elle  prenoit 
^  leur  plaire ,  et  par  une  intré- 
pidité au  —  dessus  de  son  sexe. 
Philippe  ayant  pris  le  parti  de 
*e  rendre  en  Italie  pour  se  met- 
tre à  la  tête  de  &ei  armées ,  les 
«pagnols  demandèrent  unani— 
Bieaent  que  leur  jeune  reine  , 
*iaoiqtte  n'ayant  pas  encore  qua- 
torze ans ,  fût  nommée  régente 
\  pendant  l'absence  de  son  époux*. 
y^  vain  elle  voulut  s'y  oppojer  ; 
i^  ^Wt  fie  r«ndre  aux  vœux  d^ 


M  AR 


47 


ses  peuples.  Elle  gouverna  avac 
autant  de  sagesse  que  de  dezté<« 
rite.  Au  milieu  des  cruels  revert 
qui  plus  d'une  fois  mirent  Phi»m 
lippe  à  la  veille  d'être  forcé  de 
descendre  du  trône  ,  Marie-* 
Louise  alloit  elle-même  de  vill^ 
en  ville  animer  les  cœurs  ,  ex-r 
citer  le  zèle ,  et  recevoir  les  dont 
que  lui  rapportoient  les  peuples* 
Elle  fournit  ainsi ,  à  son  mari , 
plus  de  200,000  écus  en  troia 
semaines.  Si  elle  eut  perdu  la 
couronne  d'Espagne,  elle  étoit  dé- 
terminée à  passer  dans  les  Indes*  * 
Philippe  ne  jouit  pas  long-tempt 
de  tant  de  vertus  réunies.  L'Es- 
pagne perdit  cette  illustre  prin-^ 
cesse  ,  le  14  avril  1 7  i  4  ;  elle  '^ 
n'étoit  encore  âgée  que  de  vingt- 
six  ans.  Mais  des  écrouelles  af« 
freuses  avoient  entièrement  dé-* 
trait  la  force  de  son  tempéra-* 
ment. 

MAHIE-JOSÊPHINE, 

épouse  de  Frédéric  Auguste  //, 
roi  de  Pologne.  Fay^z  Frediric 
Auguste  II. 

MARIGNI ,  Voyez  VH.  Po«-r 

SON. 

MARIGNIER,  (N.)  a  tra-* 
raillé  k  plusieurs  opéra  comi- 
ques ,  avec  Pannard  et  Pontau, 
Il  a  donné  ^  seul ,  ceux  de  Cf^ 
dippe  et  de  la  Pantoufle,  Il  est 
mort  vers  1760» 

II.  MARIN! ,  (Jean-Am^ 
broise  )  né  à  Gênes  ,  fut  le  pre- 
mier Italien  qui  retraça  en  prose 
dans  ses  romans  les  osaffes,  les 
'  mœurs ,  les  dangers  et  les  ex- 
ploits de  lantique  chevalerie. 
Avant  lui  •-  le  Dante ,  l'Ariosie 
et  le  Ta^^avoient  appelé  la  poé-i. 
sie.pOMT^les  peindre.  On  ignora 
quel  /imt  le  sort  de  Mariai ,  s'A 
jouit  des  fajreurs  de  la  fortunn 
et  de  la  cQHsiddration  que   sea 


4« 


M  AR 


tfllens  lai  méritoient,  Ancim  bio- 
graphe ,  même  ceux  d'Italie  ^  n'en 
ont  fait  mention.  On  présume 
qiul  est  mort  a  Venise  au  roi- 
lieu  du  17*  siècle.  On  Itii  doit 
1.0  //  Caloandre  FetleU*  Ce  ro- 
man parut  tnntot  sons  le  nom 
de  Giovan-Mariaindris  Bohemo , 
tantôt  sons  celHi  de  Dario  GrU- 
Bimani ,  qui  sont  Vun  et  l'antre 
des  ana^nrammcs  dn  véritable  nom 
de  l'auteur.  L'ouvrage  fut  publié 
à  Venise  en  1^41  ,  in-S.^  Il  y 
fut  réimptimé  en  i65i,  en  1664 
^en  4  vol.  in -24  9   en  1726  en 
a  vol,  in-8.°  Une  autre  édition 
plus  soignée  parut  chez  C/tpel- 
lato,  en  1746.  Le  Caloandre  a 
•été  traduit  en  fmnçois  en  1668  , 
par  le  trop  fécond  Scudéry  ,  et 
«n  1760  par  le  corr.te  de  Caylus, 
M.  Vulpius ,  Allemand  ,  l'a  fait 
connoitre  à  sa  nation  en  1787, 
Ce  dernier  traducteur  ne  s*est  pas 
sévèrement  astreint  à  suivre  ma- 
rinL.ll  a  changé  souvent  le^plan 
de  l'auteur,  en  conservant  les 
principalix  faits.  Ceux-ci  ofFrent 
«ne  imagination  riche  ,  une  in- 
trigue qui  se  développe  avec  art , 
et  des  caractères  assez  habilement 
diversifiés.  C'est  dans  ce  roman 
que  Thomas  Corneille  a  pris  le 
sujet  de  sa  tragédie  de  Timo*^ 
craie  :  et  la  Calpren^de  ,  adop>^ 
tant,  l'idée  principale  ,  l'étendit 
dnns  l'histoire  d'^/c/im^ar,  prince 
des  Scythes  9  l'épisode  le  pins  at- 
tachant de  son  roman  de  Cléo^ 
pâtre.  2.**  Le  Nuovegare  de*  dii^ 
perati.  Dix  édition^  successives 
accueillirent  ce  nouveau  ropan. 
Celui-ci  est  plus  court  que  le 
Caloandre ,    et   cependant   plus 
compliqué.  H  semble  que  dans 
cet  ouvrage ,  l'auteur  ait  voulu 
sacrifier  au  goût  de  son^  siècle , 
et  sur- tout  k  celui  de  sa  nation. 
Des  hommes  habillés  en  femmes^ 
des  femme»  travesties  en  gommes, 


M  AR 

forment  le  nœud  de  rintrigue ,  rf 
rappellent  naturellement  à  Ye^ 
prit  les  mascarades  et  le  célèbre 
carnaval  de  la  ville  où  'Marini 
faisoit  imprimer  ses  productions. 
Le  rédacteur  de  la  Bibliothèque 
des  romans  a  donné  un  long  ex- 
trait îde  celui-ci  avec  les  vrais 
noms  de  chaque  personnage ,  et 
la  clé  de  chacune  de  leurs  actions. 
Le  roman  des  Désespérés  fut  tra- 
duit en  François  ,  et  imprimé  à 
Paris  en  1682  ,  deux  vol.  in— iz. 
Gordon  de  Percel  attribua  cette 
traduction  à  un  poète  peu  copnui 
nommé  la  Serre  ;  maïs  il  is'èh 
trompé.  Le  traducteur  a'ap^eroît 
de  Séré  ;  il  est  auteur  d'un  poëme 
sur  la  musique  et  la  chasse.  cA 
traduction  ne  manque  ni  de  coiv 
rection  ni  d'élégance,  quoiqu'ello 
soit  ancienne  ;  on  y  desireroit , 
seulement  plus  de  concision.  En 
1788  ,  on  a-publié  à  Lyon  chez 
X  M.  Bru^set  les  Bornons  hé-* 
roïques  de  Marini,  4  vol.  in-io- 
Ce  reèueil  est  précédé  d'un  dis- 
cours sur  les  Romnns  de  che- 
valerie 9  et  d'une  notice  sur  ceux 
dont  nous  venons  de  parler  , 
par  l'un  des  auteurs  de  ce  Dic- 
tionnaire. 

MARIONI,  (Aquilina)  née 
à  Gubbio  en  Italie  ,  se  distingua 
par  ses  poésies  ,  vers  l'an  1440. 
Bonavenlure  Tondi ,  moine  Oli- 
vetain,  en  a  fait  léJoge. 

MARIVAULt,  (.Tean  de 
Fisle  de  )  d'une  famille  ancienne 
qui  subsiste  f    Voyez  L  M  a— 

R  0  L  L  E  s. 

♦  MARIVAUX,  (Pierr# 
Carlet  de  Chamblain  de  )  né  à 
Paris  en  r668,  d'un  père  qui 
avoit  été  directeur  de  la  mon-^ 
noie  à  Riom  en  Auvergne  ,  étoit 
d'une  famille  ancienne  dans  !• 
parlement   de .  Normaofdie*    La 

fînesst 


Biihsst  de  son  esprit ,  sdntentié 
|>ar  une  bduné  éducation ,  lui  fit 
«n  nom  dès  sa  jeunesse;  Le  tbéà- 
fre  fut  sdn  premier  goût;  mais 
voyant   que  tdus  lès  sujets  des 
Comédies    de  caractère  étoient 
jÉpuisés  ,  il  ke  livra  à  la  compo- 
f  ition  des  Pièces  dtintrigue.  Il  se 
fraya  Urie  route  rïotivelle  dans 
<ette  carrière  éi  battue ,  éii  aria-« 
îysant  les  replis  les  plus  secfet^ 
du  cœur  humain ,  et  en  mêlant 
la  métilpliysique  du  âentlml&nt  à 
Tépigramme.   Marivaux  soutint 
seul  et  long-temps  li^  fortune  des 
Italiens  ,  et  il  leur  donna  vingt- 
Bne  Piéées  de  Théâtre ,  dont  la 
plupart   embellissent   encore  là 
écène.  Le  succès  dé  ses  pièces  et 
de  ses  autres  ouvrages ,  lui  pro- 
cura l'entrée  de lacàdémie  Fran- 
çoise ,  qui  devo'it  le  rechercher 
autant  poriir  ses  tatens  que  pouf 
les  qualités  de  son  cœUr.  Il  étoit 
âans  lé  comitîerce  de  la  vie  ,  ce 
^a'il   parolssait  dans   ses  écrfts. 
Doué  d'un  caractère  tranquille  , 
quoique  Sensible  et  foj-t  vif ,  et 
trop    susceptible,    ï[    possédoit 
d'ailleurs  tout  ce  qui  rend  laf  so- 
ciété sûfe  et  agréable.    A   une 
probité  exacte,  à  un  holile  dé- 
sintéressement ,  il  réiinîssoit  urie 
çfandeur  aim'rfble  ;  Urie  a  me  tieri- 
feisante ,  une  m'odestîe  saris  fard 
^  saris  p'rétentioh ,  et  sur-tout 
une  attentio^ri  scrupuleuse  k  évi- 
ter tout  ce  qui  po'uvoit  o^enser 
ou  déplaire.  Il  disoit  6\\il  àimoit 
àx>p  son  repos,  pour  troubler  en 
rien  celui  des  autres.  Il  disputort 
Àrement  \  rirais  loVsque  cela  lui 
arrivoit ,  il  prenoit  de  l'irumeur , 
et  il  la'  poussolt  quelquefois  jus- 
^a    Fai^reu'r.    Ce  qui  fégrioi^t 
principalement  dans  sa  coriver— 
fiation  9    dans   ses  Comédies  ed 
àKiis  ses  Romans ,  étolt  uri  fonds 
oe  philosophie  qui ,  caché  sbus 
ItvcTfle  de  l'esprit  et  du  senti- 

SuFPLv    Toriic  nié 


KÎ  A  R         4^ 

ment ,  avoit  presque  toujours  uù 
but  utile  et  moral.  «  Je  voudrais 
rendre  les  hommes  plus  justes  et* 
plus  humains  ,  disoit-il ,  je  n'ai 
que  cet  objet  en  vue,  »  Son  indif- 
férence, pour  les  richesses  et  lei 
distinctions,   égala    son  amoux 
pour  les  hommes.  Il  ne  sollicita 
jamais  les   grâces  des   grands  j 
,  jamais   il  ne   s'imap^ina   que  sési 
talens  dussent  les  lui  mériter.  II 
rie  refîita  pas  pourtant  les  fa-i^ 
veurs  de  la  fortuné ,  lorsqu'elle 
les  lui  fit  offrir  par  l'estime  et 
ranci itié  ,  du  par  des  protecteur! 
(  Voyez  IIL  HelvétiuS  )  désin-. 
téressés  des  arts  et  des  lettres. 
Il  auroit  pd  se  faire  iirie  situa- 
tion aussi  aisée  que  commode,' 
s'il  eût  été  moins  sensible  aux 
nîalheurs    d'autrui  ,    et    moins 
I^rompt  k  les  secourir.  Cri  l'a  vir  ' 
plus  d'nhe  fois  afacrifier  jusqu'à 
^on  nécessaire  pour  reridré  la  li- 
berté et  même  la  vie ,  à  des  par- 
tièuliers  qu'il  connoissoit  à  peine  ; 
mais  qui  étdierit.  Ou  poursuivis 
par  des  créanciers  impitoyables, 
ou  réduits  au  désespoir  p^r  l'in- 
digence. Il  avoit  autant  d'atten- 
tion a  recdmrfiander  le  secret  à' 
ceux  (fu'îl  o'bligeoit ,  qtt*à  cacher 
a  ses  intimes  amis ,  ses  chagrins 
domestiques  et  ses  propres  be- 
soins. Cette  sèhsibiUté  pour  le^ 
pauvres  et  les  malheureux,' avoit 
ime  source  bïeri  noble  :  là  reli- 
gion. Marivaux  la  connoissoit  ,' 
l'aimoît  et  la  pfatiquolt  ;  sur- 
tout dans  s-es  dernières  années. 
Son  respect  pour  nos  mystères 
étoït  âincèife.  lî  ne  comprenoit 
pas  coriiment  Certains  hommes 
se  montroierit  si  iricrédules  sur 
des  choses  essentielles ,  et  si  çré*. 
dules^  pour  des  futilités.  Il  dit  uri 
jour  à  mlldrd  Bolyngbrocke ,  qu» 
étoit  de  ce  caractère  :  Si  vous  ne 
croyez  pas ,  ce  n* est  pas  du  moins 

fiaUc  de  foi*  Cet  aQâdtoi^ic^ 


fo        M  A  R 

ai  grtimaUle  mcmnit  à  Paria  le 
ai  ÎHntT  1763,  à  aoizmte  et 
^nhae  ana.  M.  Delaplace  lui  fit 
octte  épîtaphe  qoe  nooa  avona 
un  pea  corrigée  : 

Arec  tiop  d'art  copiifR  la  nacney 
Os  pe«t ,  ca  fait  de  |o6c  ,  laitrMiTCr  des 
.    égnx'. 
M  Us  sa  ^Bté  «  ta  candcv ,  ta  dioiwic 
One  écliptd  toos  tet  rhraax. 

$ea  onvragea  aoot  :  1.  lie*  Pièces 
de  Théâtre ,  recueillies  en  5  voL 
is»— 12 ,  parmi  lesquelles  on  dis- 
tingue la  Surprise  de  V Amour  , 
les  Fausses  Confidences ,  le  Dé^ 
nouemeni  imprévu ,  le  Petit  MàU- 
ire  corrigé  ,  la  Dispute ,  le  Legs 
et  le  Préjugé  vaincu  «  an  théâtre 
François  ;  la  Surprise  de  C Amour, 
la  Double  Inconstance  »  les  Jeux 
de  V Amour  et  du  hasard  ,  la 
Mère  confidente ,  V Heureux  Stra- 
tagème ,  la  Méprise ,  la  Fausse 
êui^anU  ,  la  Ifouvelle  Colonie  et 
\ Epreuve  ^^  au  Théâtre  Italien. 
U.  U Homère  travesti ,  deux  vol. 
in-ia  :  ouvrage  qui  ne  fit  pas 
bo.menr  à  «on  goût.  lll.  Le 
Spectateur  Français  ,  deux  vol. 
in- 12  ,' écrit  d'un  style  maniéré; 
nais  estimable  d'ailleurs  par  un 
grand  nombre  de  pensées  fines  et 
▼raies.  IV.  Le  Philosophe  indi^ 
gent,  s  vol.  in- 12.  Il  offre  de 
u  gaieté  et  de  la  philosophie. 
y..  Vie  de  Marianne  ,  4  volum. 
in— 12  :  un  des  meilleurs  romans 
que  nous  ayons  dans  notre  lan- 
gue, pour  l'intérêt  des  situations, 
la  vérité  des  peintures  et  la  dé- 
licatesse des  sentimens.  Marianne 
a  bien  4e  l'esprit  ;  mais  trop  de 
bnbil  :  une  imagination  vive,  mais 
q-  elquefois  peu  réglée.  Les  scènes 
at  eridrissantes  qu'on  y  trouve 
p«»iiV'^iit  faire  des  impressions  trop 
for  es  sur  de  jeunes  cœurs.  La 
Oernlt're  partie  de  ce  roman  n'est 
fu  do  luuu  yi*  La  Eayw  par^ 


M  A  R 

pemss ,  3  vol.  hi-f  z.  S^il  y  a  pittf 
'd'esprit  et  de  gaieté  dans  ce  ro- 
man que  dans  celui  de  Marianne^ 
il  y  a  auf^si  moins  de  sentiment 
et  de  réA4'xions ,  et  on  y  trouve 
malheareusemeot  des  peint  nrea 
dangereuses.  VII.  Pharsamon  0 
en  2  voL.:  antre  roman  fort  in- 
férieur aux  préccdens.  Cest  le 
même  qui  a  reparu  sous  le  titre 
de  Nouveau  Don  Quichotu.  On 
y  apperçoit ,  ainsi  que  dans  lea 
autres  écrits  de  Marivastx  : 

Une  mét*fhyiUfa€  oè  le  jaigoa  domfae  9 
Soareas  imperceptible  ,  à  force  d'être  fine. 

Mais  cette  métaphysique  ne  doit 
pas  fermer  les  yeux  sur  les  pein- 
tures du  Cfl»ur  humain ,  et  sur 
la  vérité  de  sentimens  qui  ca- 
pctérisent  la  plupart  de  ses  ou- 
vrages. Ses  romans  sont ,  suivant 
d'Alemhert ,  supérieurs  à  ses  co- 
médies  par  l'intérêt,  par  les  si-^ 
tuations ,  par  leur  but  moral.  Ha 
ont  sur-tout  le  mérite  de  ne  pa» 
tourner ,  comme  ses  pièces  de 
théâtre ,  dans  le  cercle  étroit  d'un 
amour  qui  se  cache  :  ce  qui  a 
fait  dire  assez  plaisamment ,  que 
si  Us  comédiens  ne  jouaient  que 
ses  comédies  «  ils  auraient  l'air 
de  ne  point  changer  de  pièceU 
Ses  bons  romans  ont  plus  de 
variété.  «  On  y  voit  les  raffine-^ 
mens  de  la  coquetterie  .^  même 
dans  une  arae  neuve  et  honnête  y 
les  replis  de  l'amour  propre  }us«> 
ques  dans  le  sein  de  l'humilid-* 
tion  ,  la  dureté  révoltante  dea 
bienfaicteurs  ^  ou  leur  pitié  phia 
révoltante  encore  ;  le  manège  de 
l'hypocrisie  et  sa  marche  ter*» 
tueuse  ;  l'amour  concentré  dana 
le  cœur  d'une  dévote  avec  toute 
la  violence  et  la  fausseté  qui  es 
aontia  auite  ;  ervfin  ^  ce  que  M.  d9 
Mafivaux  a  sur- tout  tracé  d'un» 
manière    supérieure  9    1»    fierté 

nohl9«t  GoiurasettS»  de  U  v«fta 


M  À  R 

d»ns  Tinforfone.  L'auteut  n^a  pâi 

dédaigné  de  peindre  jusqu'à   la 

Sottise  dtt  peuple  ;   sa  curiosité 

sans  objet,  sa  charité  sans  dëli* 

cateâse  ,  son  inepte  et  offensante 

bonté ,  sa  dureté  compatissante. 

Il  faut  pourtant  convenir  qu'en 

Voulant  mettre  dans  ses  tableaux 

populaires  trop  de  vérité ,  Il  s'est 

permis  quelques  détails  ignobles. 

tfoïks  avouerons  en  méme^emps 

qne  les   tableaux  qu'il  fait  des 

passions ,  ont  en  général  plus  de 

délicatesse  que  d'énergie  ^  que  le 

sentiment  y  est  plutôt  peint  en 

lïiiniature  qu'à  grands  traits  ;  et 

que  si  M.,  de  Marwaux,  comm^ïa 

très-bien  dit  un  écrivain  «élèbre^ 

connoissoU  tous  les  sentiers   du 

cœur ,  il  en  iffnoroit  les  grandes 

routes,  1»   Une  femme  d'esprit  ^ 

«ennuyée  par  la  recherche  minu* 

tieuse  de  tous  ces  sentierd  9  disoit 

de  lui  t  (yest  un  homme  qui  se 

fitigue  et  qui  m£  fatigua  wioi^ 

ftiéme  ,  en  m^  faisant  faire  cent 

lieues  sur  une  feuille  de  parquet» 

Cependant  1«?8  lignes  que  Mari-» 

paax  trace  dans  ce  petit  espace, 

Quoique  très-rapprbchées  les  unes 

des  autres  ,  sont  très -distinctes 

pour  qui  sait  les  démêler.  Malgré 

tes  défauts,   on  est  fâché  que 

Marianne  ni  le  Paysan  patvenu 

n'aient  pas  été  achevés  par  leur 

auteur.  La  vivacité  de  son  esprit 

S'attachoit  promptenient  à  tout 

ce  qui  se  présentoit  à  lui  ;  et  sa 

facilité  à  écrire  lui  foumissoit  le 

moyen  de  le  peindre.  Dès  qu'il 

avoit  saisi  dans  un  objet  nouveau 

le  côté  piquant ,  l'objet  ancien 

l'intéressoit  moins  et  lui  étoit  sa^ 

crifié  sans  regret.  Voyei  sa  Vie , 

à  la  tète  de  Y  Esprit  de  Marivause^ 

1769,  I*aris  ,  in-8.*  Voy.eiVAÀ 

KoLBERO  et  lC&U(^Ek« 

MARKAM  ,  (  Germais  )  tot^ 
littérateur  An§laû  et  brave  ça«; 


M  A  ft         )  t' 

pitaine  au  service  de  aea  rot 
Charles  I,  est  auteur  de  pièces 
dramatique^  et  de  plusieurs  vo^ 
lûmes  sur  Y  Agriculture,  le  Ma-* 
nége  ,  la  Chaste  et  hi  Discipliné 
militaite. 

MARKLAND^  (Jérémie)! 
savant  Anglois  ,  né  en  iS^S^ 
et  mort  à  Dorking  en  1776  ,  A 
publié  un  Commentaire  sur  les 
E^itres  de  Cicéron  à  Brutus ,  et 
un  Traité  grammatical  de  Grot"^ 
corum  quitud  declinoUoite ,  t66t  ^ 
in-4." 

M  A  ALO  Ë ,    (  Christophe  ) 

Ïkoëte  dramatique  Ânglois  ,  sous 
e  règne  d'Edouard  VI,  fit  jouer 
plusieurs  pièces  qui  eurent  du 
succès  ;  jaloux  de  son  valet ,  il 
voulut  l'attaquer  avec  un  poi-* 
gnard ,  mais  celui-ci  le  lui  arracha 
et  le  tua. 

MARJtONTEt,  (Jean^ 
François  )  de  l'académie  Fran-* 
goise ,  naquit  à  Bort,  petite  vilU 
du  Limousin  ^  en  1719',  d'un 
tailleur,  qui  chercha  à  cultiver 
les  heureuses  dispositions  qu*il 
a  voit  découvertes  dans  son  fils. 
Il  lui  obtint  uite  bourse  dans  un 
collège  de  Toulouse.  L'élève  brilla 
en  philosophie  par  un  raisonne- 
ment précis  et  une  justesse  d'idées 
qui  le  firent  distinguer  ;  mais  il 
y  contracta  un  ton  roide  et  pé- 
dantesque  ^  que  l'usage  du  gran(i 
monde  et  son  long  séjour  dana 
la  capitale  ^  ne  purent  jamais  lui 
faite  entièrement  perdre*  Prjivé 
de  ces  grâces  légères  qui  font 
l'homme  aimable  en  société  ^  i\ 
posséda  du  moins  les  talëns  qui 
intéi^essent  l'homme  qui  pense  ^' 
et  les  qualités  de  l'artie  qui  mé-« 
ritent  des  amis.  Marmontél  eUL 
eut ,  et  sut  faire  dés  sactificee 
pour  les  conserver.  Sa  conve^'f 
futioa  étoit  douces  iasUoGtûrtt 

D  a 


>• 


MÀK 


semée  d'idées  abondantes  et  d'a- 
necdotes. Il  possédoit  le .  talent' 
$i  nécessaire  de  ménager  l'amour 
Jrropre  des  autres,  et  quelquefois 
même  de  le  cafesger.  Après  avoir 
xem porté  quelques  prix  aux  jeux 
^floraux  de  Toulouse,  et  avoir  pris 
toourquelque  temps  l'habit  d'abbé, 
il  vint  à  Paris  en  1745 ,  et  y  vécut 
dans  la  médiocrité  en  partie  des 
bienfaits   de  Voltaire,  hogé  en 
commun    avec  quelques  jeunes 
littérateurs   peu  riches ,  chacun 
avoit  son  jour  pour  fournir  à  la 
dépense.  Des  protecteurs  firent 
obtenir  an  jeune  poëte ,  une  pen- 
sion de  1 5oo  livres ,  comme  biato^ 
riographe  des  bâti  mens  du  roi , 
et  pendant  deux  ans  le  privilège 
du  Merture.  Ce  journal  rappor- 
toit  beaucoup  ,  et  ces  deux  ans 
Valurent  an  rédacteur  quarante 
mille  livres.  Une  parodie  très- 
plaisante  d'une  scène  de  Cinna , 
dans  laquelle  un  grand  seigneur 
étoit  attaqué  ,  lui  fut  attribuée  ; 
et  pour  l'en  punir  ,  on  lui  ôttf 
son  privilège ,  et  on  le  ttiît  pour 
Quelque  temps  à  la  Bastille.  Il 
Rvoit    débuté    dans   la    carrière 
Httéraîre  par  des  tragédies^ et  des 
opéra.  Ses  Contes  moraux  ,  qui 
|)arurent  bientôt  après  ,  fui  ac- 
quirent la  plus  grande  réputa^ 
tion  ;   il  Ta  soutint  par  d'autre^ 
ouvrages.  Sa  carrière  fîit  labo- 
rieuse   et  remplie.   Doué  d'une 
constitution    robuste    et    d'une 
grande  ardeur  pont  le  travail , 
il  se;  plaça  dans  le  rang  de  nos^ 
écrivains  modernes  les  plus  dis- 
tingués.   L'académie    Françoise 
Taccueillit,  et  il  en  étoit  secré-* 
taire  perpétuel  en  1789  ,  lorsque 
)a  révolution  arriva.  Pendant  ses 
premiers  orages,  il  se  retira  dan^ 
une  maison  de  campagne,  a  quel*- 
^ues  lieues  de  Paris ,  oit  so'n  ame 
honnête  et  douce    gémit  long— 
lemps  des  maux  dont  il  fut*  té^ 


M  AR 

tnàin,  La  fortune  qu'il  avoit  aC* 
quise  par  ses  travaux ,  s'évanouit 
par  des  réinboursemens  en  assi-** 
gnats  'r  réduit  à  la  plus  extrême 
médiocrité  ,    il   n'en  parut  pai 
moins  modérié  ,  indulgent  ;  mail 
son  caractère  naturellement  asse^ 
triste  ,  le  devint  davantage.  Uni 
à  une  Lyonnoise  aimable  et  sen-* 
sible ,  nièce  de  l'abbé  Morellet , 
son  confrère  à  l'académie  Fraa- 
çoise  ,  elle  adoucit  pour  lui  tous 
les  chocs ,  et  lui  fit  tronver  des 
douceurs   dans    sa    retraite.  Au^ 
mois  de  mars  1 797 ,  il  fut  nommé 
député  au  Conseil  des  Anciens 
par  le  département  de  l'Eure.  Il 
n'y  fit  qu'un  seul  rapport,  maii 
il  y  fut  remarqué  autant  par  H 
précision  et  la  clarté   du   stylé 
^aQ  par  la  justesse  des  principes. 
Il  avait  été  philosophe  ;   il  parut 
religieux.  On  le  soupçonnait  ami 
des  innovations  ;  il  5e  plut  à  en 
condamner  le  plus  grand  nombre- 
Après  le  moiTvement  du  dix-huit 
fructidor  de  l'an  5  y  son  électioiï 
firt  cassée ,  et  il  se  retira'  à  Abbo-* 
ville,  viHage  prè^  de  Gaillon  ^ 
dans  le  département  de  la  Seine' 
inférieure.    H   y  mourut    d'une 
attaque  d'apoplexie ,    à  l'âge  dé 
79  ans ,  après  y  avoir  vécu  dani 
ttne  espèce   de  chaumière   qu'il 
avoit  achetée  ,  solitaire,  pauvre, 
et  oublié  de  sa  patrie  qii'il  avoit 
illustrée  par  ses  écrits.  Les  prin- 
cipaux sont  :  I.  Des  Tragédies  f 
îa  première,  donnée  en  1748  , 
est  Denys .  le  Tyran.  La  jeunesse 
de  l'anteur  fit  le   succès  de   la 
pièce,  oïl  l'on  trouva  quelques 
beaux  vers  ;  die  n'a  pas  reparir 
au  théâtre  depuis  sa  nouveauté. 
Aristomène  fut  jOné  en  1750  1  iî 
fut  aussi  applaudi  ^    mais  sans 
survivre  de  même  aux  premières 
représentations.  CUomène  parut 
en  1 7  5  r  ;  le«  Héractides,  la  même 
anhée;  Egyp tus,  911  ijô-Sj  P^en< 


M  AR 

teûas  t  en  1769  :  cette  dernière 
pièce  est  de  Boirou  ;  Marmontel 
s'est  contenté   de   la   retoucher 
et  d'en  supprimer  quelques  lon- 
gueurs. Avec  ces  qprrections,  elle 
se  soutient  au  théâtre.  Hercule 
mourant  fut  représenté  en  17 67. 
L'auteur,  à  l'âge  de  60 ans,  donna 
^umitor  et  Cléopdtre  :  cette  der- 
nière tragédie  avoit  déjà  paru  en 
ijSi.  Marmontel,  plus  de  trente 
ans  après  ]a  disparition  de  cette 
pièce  ,   la  refit  sur  un  plan  nou- 
veau ,  niais  qui  n'eut  pas  plus  de 
réussite  que  le  premier  ;  le  sujet 
reconnu  pour  impraticable  y  lui 
offrit  cependant  quelques  détails 
heureux   dans  les  trois  premiers 
actes  ;  les  deux  derniers  entraî- 
nèrent la  chute  complète  de  l'ou- 
Trage.  II.  Des  Opéra  comiques; 
la  plupart  ont  obtenu  au  théâtre 
Ifdiieii ,  de  grands  succjès.  Les  in- 
trigues sont  simples  et  naturelles, 
et  le  poète  y  possède  à  un  très- 
haut  degré  la  coupe  des  ariettes 
•t  le  dialogue  musical.   On  voit 
encore    avec  plaisir  4a  Bergère 
des  Alpes  ,  Annette  et  Lubin  ,  le 
Huron  ,  Sylvain ,  Lucile,  Zémire 
et  Azor  ,  Y  Ami  de  la  maison  , 
et  la  Fausse  Magie  ;  cette  der-* 
nière  pièce  ofiS'e  plus  de  gaiel4 
qiîe  les  autres,  qui  à  leur  tour- 
présentent  plus  de  sentiment  et 
d'intérêt.  III.  Des  Tragédies  ly»^ 
tiques  }   l'auteiur  «ut  ram)>itièYi' 
d'occuper  les  trois  théâtres  de-ià-.' 
capitale-    Il  donna   à   l'Opéra-,' 
Céphale   et  Procris  ,  en   1775  > 
Démopkooti ,  en  178^.   Didon , 
représentée  quatre  ans  aupara-^ 
yant ,  se  soutient  ayec  éclat*  Les 
situations  du  troisièn)e  acte ,  in- 
diquées par  Virple ,  sont  de^i-  ^ 
nées   avec    art   et  intelKgence  ; 
les  airs  y  sont  bien  coupés  pour 
la  musique  :  celle  de  Piccini,  el 
le  jeu  brillant  et  passionné  de 
'l^^fSaitii-IIfiih^rii ,  assuçèrei^ti. 


M  A  R 


« 


le  succès  de  cet  ouvrage.  Cepen- 
dant le  personnage  d'Enée  n'y 
est  pas  moins  froid  que  dans  le 
poète  latin  ,  et  dans  la  JDidott 
de  Métastase  que  Marmontel  a 
imitée.  L'opéra  de  Boland ,  }oué 
en  1778  ,  produisit  enti:e  ilî/ir- 
montel  et  l'abbé  Arnaud  la  plus 
vive  guerre.  Le  premier  préfé— 
roit  la  musique  de  Pipcini  »  lo 
second  celle  de  Gluck  ;  le  pre- 
mier ,  en  retranchant  plusieurs 
scènes  du  Boland  de  Quinault , 
l'avoit  donné ,  ainsi  refait ,  à  son 
musicien  favori  ^  tandis  que  Gluck 
travailloit  sur  le  Boland ,  sans 
correction.  Eh  l)ien  l  dit  Arnaud , 
nous  aurons  un  Orlando  et  un 
Orlandino*  Ce  mot ,  rapporté  à 
Marmontel ,  le  mit  en  colère  ;  if 
lança  diverses  épigrara mes  contre 
son  adversaire ,  qui  lui  répondit 
par  celle-ci.: 

C«naio  çoatear  d'amour  propre  gonflé  «. 
Qaoiq.u*au«  Jneas  tout  Ucteur  ait  ronflé  « 
$e  croit  pétri  d'nnç  dUine  pâte. 
C«  mostieut'là  dont  f0Of  p«nq\ic  l*oa. 

tâte  f 
Oq  z  bientôt  plus  que  sitiété  * 
Dont  les  mardfx  dt  VAint  qous  embatc  r 
Refait  Quinault ,  joint  le  .mort  au  vivant  i^,. 
Le  lit  par-tout ,  et  puis  tout  honnemcnt^ 
Croit  qu'il  a  fait  lei  opéra  qu'il  gÀte. 

Si  Marmontel  ria  pas  eu  la  dé—  ' 
licatess(*  de  QiLinaidt ,  il  est  du 
moins  du  petit  nombre  Je  ceux 
qui  ont   de  plus  prè&  suivi  ses. 
traces.  IV.  Mysis  et  Délie  ^  i743. 
V»  L' Observxiteu  r  liitéra  ire,  1746  ,. 
in- 1.2.  YI.  La  Boucle  de  cheveux 
enlevée  ,  1746  ,  in- 8**  :  çest  une- 
traduction  en  vers  françois  du 
poëme  de  Pope*   VU.  VEta^^ 
bassement  de  V Ecole  militaire, 
poëme,  1757,  îiirS."  VIÎL  LeiL 
Charmes   de   l'Etude  ,    épît-re  , 
1761  ,  in-8**  ;  elle  remporta  l^w 
prix  de  poésie  à  l'académie  Fran,-* 
^Qisç«  I^es  ^ètes  les  plus  cûlèUcâfe- 


r4 


MÂIt 


y  sont  peints  avec  grâce  et  ré^ 
rite.  IX.  Discours  de  réception 
à  racadémie  Françoise  ,  1763  ^ 
in-' 4.**  X.  Adieux  d'un  Danois 
4  un  François,^  1768,  in  — 8.*> 
XL'  Contes  moraux  ,  3  volumes 
in-129  traduits  dans  toutes  les 
langues  ;  offrant  aux  poètes  des 
fujtts  de  pièces  pour  tous  les 
théâtres  :  pleins  de  fmesse  9  de 
portraits  agréables,  ils  eurent  un 
grand  nombre  d'éditions  ,  et  des 
lecteurs  dans  toutes  les  classes. 
En  ce  genre  y  Marti^ontel  a  eu 
des  imitateurs  et  non  des  rivaux. 
«  Cet  auteur  ,  a  dit  un  critique^ 
lin  peu  sévère  ,  fut  un  littéra- 
teur distingué  ,  mais  paradoxal  ; 
un  poëte  dramatique  froid  ;  un 
écrivain  souvent  plus  déclamateur 
q^u'éloquent;  un  versificateur  dur  9 
mais  quelquefois  piquant  et  ori- 
ginal. Une  foule  d'ouvrages  mé- 
diocres ,  dans  différens  genres  , 
prouvent  les  ressources  de  son 
esprit  5  ce  n*est  -  que  dans  ses 
Contes  qu'il  a'  montré  urf  vrai 
talent,  et  sa  conduite  dans  les 
dernièi^s  années  de  sa  vie,  lui  fît 
«ncore  plus  d'honneur  que  ses 
Contes.  ï>  XII.  BéUzaire  »  17 67, 
in— 8.0  «  Cet  ouvrage  ,  dit  la 
Harpe ,  est  d'un  genre  élevé  :  il 
est  trop  long  ,  et  a  le  grand  dé-« 
faut  de  commencer  par  être  un 
roman  ,  et  de  finir  par  être  un 
sermon'  :  mais  ,  malgré  ses  dé- 
fauts ,  c*est  là  que  se  trouve  ce 
que  Fauteur  ,  à  mon  gré ,  a  fait 
de  plus  réellement  beau.  D  y  a 
de  la  véritable  éloquence,  mérite 
inhniment  rare  en  tout  genre.  » 
Les  principes  trop  philosophiques 
de  cet  ouvrage  le  tirent  censurer 
et  condamner  par  la  Sorbonne. 
Xin.  Pharsale  de  hucain ,  tra- 
duite en  françois  ,  1766  ,  2  vol. 
in-8.^  Il  en  a  été  fait  une  seconde 
édition  en  177a.  XIV.  Poétique 
Jh'aa^oise  *  3  vol  in-8.**  '  Qa  y 


M  A  R 

trouve  une  raison  perfectionna 
par  la  lecture  des  bons  auteurs^ 
et  l'étude  approfondie  de  la  lan^ 
gue.  Ses  préceptes  y  sont  judi- 
cieux ;  en  le  suivant ,  on  goiite 
les  charmes  de  la  bonne  poésie  ^ 
et  on  peut  acquérir  ce  tact  dé- 
licat ,  ce  goût  qui  sait  apprécier 
avec  justesse  ses  beautés.  XV.  Es-^ 
sai  sur  les  révolutions  de  la  mu- 
sique ,  1777  ï  m— 8.*  Les  admi- 
rateurs passionnés  de  la  musique 
àeGluck  soutenoient  qu'elle  étoit 
seule  convenable  à  la  poésie  dra- 
matique et  à  l'opéra  ;  l'auteur 
s'élève  contre  cette  opinion  et 
prononce  qu'on  ne  peut  bannir 
de  la  scène  lyrique ,  les  airs  des 
Piccini ,  des  Sacchini  et  des  ÏVa— 
jetta..  Il  prouve  que  la  nation 
Françoise  a  toujours  passé  d'en- 
thousiasme en  enthousiasme ,  da 
LuLly  à  Rameau  ,  de  Bameau  k 
,Grétry  ,  de  Grétry  à  Gluck.  Sa 
conclusion  est  qu'il  faut  admettre 
sur  notre  théâtre  lyrique,  le  chant/ 
italien  ,  le  seul  qui  lui  paroisse 
véritablement  musical  ;  tandis 
que  les  Italiens ,  de  leur  côté  , 
devroient  quitter  leurs  plates  rap- 
sodies  ,  sans  intérêts  et  sans  bon 
sens  dans  les  paroles,  pour  adopter 
notre  système  dramatique  ,  plut 
raisonné  et  plus  sévère.  XVI.  Lei^ 
lacas,  ou  la  Destruction  de  l'em-» 
pUip  rftt  Pérou ,  1777  ,  a  volumes 
ifti-^S»**  Le  fond  de  ce  roman 
ou  de  cette  espèce  de  poème 
en  prose,  est  historiqiie ;  mais  ^ 
malgré  ses  ornemens  ,  ses  épi- 
sodes ,  il  intéresse  moins  que 
l'histoire.  On  y  trouve  des  mou- 
veioens  éloquens ,  un  beau  ta- 
bleau du  fanatisme ,  et  un  éloge 
attachant  de  Las  Casas.  On  a 
observé  que  le  style  trop  uni- 
forme de  cet  écrit  ,  offroit  une 
continuité  singulière  de  ver&  de 
huit  syllabes,  non  rim.és.  L'épître 
dédicatoire  au  xoi  de  Suède  ^  a  de 


u' 


M  AR 

Il  noUesse  tans  affectation  «  çt 
de  la  force  sans  en  Aura.  XVII»I># 

l'Autorité  de  l'usage  de  la  langue^ 
1785  ,  in-4.^  XVm.  EUmens  de 
Littérature  t  1787  ,  6  Tol.  in-ii. 
C'est  l'un  des  reetllears  ouvrafet 
didactiques  que  nou^  possédions 
dans  notre  langue.  Tout  homme 
de  lettres  peut  le  relire  plusieurs 
fois ,  et  son  goût  ne  pourra  qit'y 
gagner.  Marmontel  y  a  déposé  la 
fruit  des  longues  méditations  de 
sa  vie  sur  Fart  oratoire ,  la  poésie 
et  les  ouvrages  les  plus  célèbres. 
XIX.  Les  Déjeuners  de  village  « 
179  r  ,  in-1%.  XX.  11  Erreur  d'u\ 
ion  père  ,17919  in- 1 2.  XXI.  "Nou^ 
veaux  Contes  moraux  ,  i  7  o  2  ^ 
2  vol.  in- 12.  Quoiqu'agréables , 
ils  n'eurent  pas  la  réputation  des 
premiers.  XXII.  Apologie  d€ 
t Académie  Francise ,  1792* 
XXIli.  Divers  morceauk  de  saine 
critique  ,  fournis  à  YEncyclO'» 
pédie  •  dont  il  revit  tons  les  ar- 
ticles de  littérature ,  dans  l'édition 
de  Bouillon  ;  un  grand  nombre  de 
poésies  ,  insérées  dans  YAlma>^ 
uach  des  Muses  et  les  Journaux» 
En  I  7  S  7  ,  on  a  recueilli  les 
Œuvres  de  Marmontel  »  en  dix- 
sept  volumes  in-S.®  , 

I.  MARNÉZIA,  (Claude- 
Gnspard  de  )  chanoine  et  comte 
^eLyon ,  mort  vers  1785  ,  a  pu- 
blié des  "Réflexions  sur  l'Histoire 
de  France,  1765,  in-12;  et  unç 
Oraison  funèbre  de  Louis  XV  ^ 
1774  ,  in-4.** 

IL  MARNÉZIA,  (N.  deLézai  ) 
né  à  Besançon  •  et  mort  à  Paris 
en  l'an  99a  l'âge  d^  66  ans, 
servit  avec  Vauvenargues  ,  dont 
il  fut  ami ,  dans  le  régiment  du 
roi  9  et  quitta  ensuite  l'état  mi^ 
litutre  pour  se  livrer  entièrement 
à  la  littérature.  ^&  poésies  ont 
de  la  douceur  et  de  l'harmonie  ; 
•on  style  en  prose  9  est  agréable 


M  AR 


M 


fi  pnr.  Nommé  dépnU  à  Tas^ 
semblée  Constituante  ,  il  passt 
dans  la  chambre  du  tiers-état  ^ 
et  favorisa  les  premières  iiano^ 
vatioBS  ;  mail  il  s'arrêta  bientôt 
lorsqu'il  s'apperçut  que  les  fac- 
tieux vonloient  abuser  des  idées 
philosophiques  pour  bouleverser 
l'état  et  changer  la  forme  du 
gouvernement.  Il  s'opposa  à  l'ad* 
mission  des  Comédiens  aux  droits 
de  citoyens  actifs  y  eif  fondant 
son  opinion  sur  le  sentiment  dt 
J,  J.  fiousseau.  Après  la  session 
de  l'assemblée  ,  prévoyant  let  . 
troubles  que  les  successeurs  des 
Constituans  alloient  faire  naître , 
il  quitta  la  France  pour  se  réfu- 
gier en  Amérique,  sur  les  borda 
du  Scioto.  Là ,  il  crut  trouver  la 
paix  ;  mais  l'amour  de  son  pays 
l'y  ramena  en  1793.  Arrêté  aus^ 
sitôt ,  il  resta  onze  mois  dan9 
les  prisons ,  dénué  de  tout.  Mis 
en  liberté  après  la  chute  de 
Robespierre  ,  il  périt  bientôt  , 
victime  des  maux  dont  il  avoit 
acquis  le  germe  dans  sa  détention. 
On  doit  à  Mamézia  :  L  De  la 
Nature  champêtre  ,  poème.  Le» 
détails  heureux  qu'il  renferme,  le 
firent  lire  avec  intérêt.  IL  Essai 
sur  la  minéralogie  du  bailliage 
d*Orgelet  en  Franche  —  Comté  9 
1 778  5  in- 8.0  III.  Le  Bonheur  dans 
les  campagnes ,  in-8.0  IV.  P/fl/s 
ttéducation  pour  une  jeune  Dame j. 
in-8.0  V.  La  famille  vertueuse, 
roman  in-12.  VI.  Lettres  sur  le 
Sciotô  t  in— 8.®  Elles  sont  au 
nombre  de  trois.  VU.  Plusieurs 
piècejs  de  Vers  ,  insérées  dans- 
XAlmanach  des  Muses  et  dans 
quelques  Journaux»  VIII.  11  tra- 
vailloit ,  lorsqu'il  mourut  ^  à  oa 
grand  ouvrage, dans  lequel  il  von-, 
loit  prouver  qne  les  principes  àm 
la  véritable  philosophie  „  étoient 
les  mêmes  que  ceux  de  la  reliap 
gion»  Les  mosurs  de  Marnézis^ 

ï>4 


■^ 


t«{ 


M  AK 


'<|itoient  douces  «  son  accneîl  obli* 
géant ,  son  esprit  facile  ;  il  avoit 
peu  de  prétentions ,  et  auroit  pu 
en  avoir  beaucoup. 

MARHIE^,  fN.  ab>é  de  la) 
ëtoit  de  Bretagne  ;  il  ifi^t  aqteur 
^es  opéra  de  Zàide  et  de  TUon 
ft  l'Aurore  ,  et  mourut  à  Paris 
en  1747. 

MARSAN,  (Arnaud  de) 
troubadour  ancien  ^  nous  a  laissé 
^es  Conseils,  en  vers ,  a^in  Che- 
valier ,  sûr  la  manière  de  se  bien 
conduire  dans  le  monde. {1  mourut 
dans  le  i^^  siècle. 

I.  M ARSy,  (Balthasar)  sculp- 
teur, de  Cambray,  mort  en  1674, 
âgé  de  54  ans  5  éioit  frère  «ie 
fpaspard  aussi  sculpteur  ,  morÇ 
en  1679  ,  ou  ,-  selon  quelques- 
lins  ,  en  i6$i  ,  fl^é  de  56  ans. 
Ces  deux  savans  artistes  ont  tra- 
vaillé ensemble  au  bassin  de  La- 
ione  à  Versailles ,  où  cette  déesse 
et  ses  enfap^s  sont  représentés  en 
inarbrè  ;  et  au  beau  groupe  qui 
jètoit  placé  dans  une  des  niches 
ie  la  grotte  à* Apollon,  ^  Ver- 
sailles ,  d'où  il  a  été  transport^ 
idans  les  jardinç  de  ce  palais.  On 
yo  it  encore  pi  usienrs  autres  grands 
ouvrages  qui  font  honneur  à  l'ha- 
ilbileté  et  au  goût  exquis  de  ces 
^eux  frères.  tiCs  mêmes  talons 
les  unirent  étroitement  ,  loin 
d'être ,  cpmrpe  c*est  l'ordinaire, 
^ne  occasion  de  diyision  et  de 
ialoqsie.  Ils  étaient  l'un  et  l'autre 
de  l'académief  Leurs  ouvrages  les 
plus  parfaits  ,  sont  ceux  qu'il^ 
<)nt  ti  a vfiillé  ensemble. 

*  X.  MAUTIN,  Martens  ,  et 
XiÎERTKNS,  (Thierri)  né  à  Ascii, 
gros  village  près  d'Alost  en  Flan- 
dre ,  fut  un  des  premiers  qui 
cultivèrent  l'art  de  rimprimeriè 
dans  les  Pays-Bas ,  et  en  parti- 
f  ttlier  k  A^QSt  et  4  Louraîn.  U 


M  AR 

exerça  aussi  cette  profession  à  i^n«i 
vers ,  et  mourut  à  Alost  en  1 534  ^ 
fivec  la  réputation  d'un  savant 
et  d'un  honnête  homme.  On  9  de 
lui ,  outre  les  impressions  de  plu-; 
sieurs  livres,  quelques  ouvrages 
de  sa  composition ,  moins  estimés 
que  ceux  qui  sont  sortis  de  ses 
presses.  Prosper  Marchand  eiv 
cite  54,  dont  le  premier  est  1q 
Speculumconversionùi  pecco  loris  ^ 
imprimé  à  Alost  en  1473.  Mait-^ 
taire .  et  Meermann  croient  que 
Martens  fut  le  premier  qui  op-r 
porta  l'imprimerie  d'Italie  dans  la 
Belgique.  Cette  opinion  a  été 
combattue  savamment  dans  une 
Dissertation  de  M.  Lambin et^  Cet 
imprimeur  avoit  pris  pour  em-? 
blême ,  une^double  ancre ,  sym- 
bole de  l'espérance  ,  avec  cette 
devise  gaie  :  In  vino  veritas.  Sur. 
la  fin  de  sa  vie ,  il  se  retira  dans 
un  monastère  de  sa  patrie ,  et  lui 
légua  sa  bibliothèque  et  ses  autre^ 
biens.  H  eut  des  amis  illustres  ^ 
çntr  autres ,  Berland ,  le  célèbre 
Érasme ,  et  JMartjn  Dprf  :  ctL 
dernier  étoit  un  savant  professeur 
de  Louvain,  mort  en  i535,  à  la 
fleur  de  son  âge,  dont  on  a  : 
Epiitola  de  HoUandorum  mori-^ 
bus,  in-i^°,  Leyde  161 1. 

XVI.  MAaTIN,  <Edme) 
imprimeur  renommé ,  apprit  soii 
art  sous  Morel,  et  devint  di- 
recteur de  l'imprimerie  royale. 
Les  principaux  ouvrages  sortis 
de  ses  presses,  sont  :  Les  Œitvres 
dé  St,  Jean  Climaque ,  les  An- 
nales de  Baronius ,  le^  Annale* 
de  Spon^e ,  les  Conciles  des 
Gaules  par.  Sirmond,  l'Histoirei 
dé  la  maison  à^  Montmorency , 
l'ouvrage  du  P.  Peiau ,  De  doc-^ 
trind  iémporum ,  etc^  Il  mourut 
vers  le  milieu  du  17*  siècle.  — Son 
fils ,  appelé  comme  lui  Edme^ 
Martin,  suivit  sçji  traçQI'.  çt 


M  AR 

jrnficbit  le  libraire  Cramoisy.  yxr 
tes  éditions.  On  lui  doit  les  CEu- 
yres  de  la  Mothe^U'-Vayer ,  de 
Palladio ,  l'Histoire  de  St.  Louis 
'  par  Joinville ,  l  Afrique  de  Mar- 
mol,  la  Géographie  de  Briet ,  etc. 
Il  savoit  parfaitement  le  latin  et 
le  grec ,  et  mourut  à  lage  de 
70  ans. 

XIX.  MARTIN,  (Thomas) 
antiquaire  Anglois,  né  à  Thet-r 
fort  en  1697,  fouinit  plusieurs 
^ueils  k  /«  Nève  §  par  ses 
Monumenta  AngUcana ,  publiés 
en  17 15.  — T 11  i^e  faut  pas  le  con- 
fondre avec  Benjamùi  Martin  , 
Ton  des  plus  hobiles  mathémati- 
ciens d'Angleterre ,  né  en  1704, 
et  qui  9  dans  un  accès  de  déses^ 
m>ir,  avança  sa  mort,  arrivéa 
le  )  février  178a.  Ses  nombreuj^ 
Traités  se  trouvent  dans  le  Ma-n 
gasin  Scientifique^ 

XX.  MARTIN,  ( Claude)  gé- 
néral 4eids  l'Inde ,  naquit  à  Lyon 
en  1782  9  d'un  tonnelier  qui  ne 
Jflt  lui  procurer  d'autre  instruc- 
tion  que  celle  qu'on  donnoit  aux 
enfans  desspquvres  dans  les  école? 
publiques;  mais,  doué  d'un  esprit 
Xflcile  et  d'une  grande   aptitude 
pour  les  Sciences,  il  appi*it  de  lui- 
niénie  les  mathématiques,  et  dut 
ensuite  sa  fortune  à  ses  comiois- 
jances  en  ce  genre.  Il  s'eprôla ,  à 
Tàge  de  20  ans  ^  aver.  un  de  ses 
frères  ,    dans   la  compagnie  des 
guides  du  général  Lally ,  qui  se 
rendoit    dans    l'Inde.   Sa    belle- 
mère  ,  instruite  de  leur  prochain 
Répart  ,  obtint    des  recruteute , 
à  force  de  supplications,  que  les 
engagemens  seroient  rompus,  si 
tes   deux   jeunes  gens  vouloient 
le  retirer-  Le  plus  jeune  y  consen- 
^t;  mais  MaHin,  inébranlable 
^ans  sa  résolution  ,  déclara  qu'il 
yonloit  aller  chercher  fortune  en 
iays  étranger  :  sa  belle-mère , 


M  A  R 


t7 


irritée ,  lui  donna  un  souQet ,  ac« 
compagne  d'un  roifieau  de  piècec 
de  24  sous ,  et  lui  dit  :  Vas ,  en^f 
tété  i  mais  ne  reviens  janUtis  qu'en 
carrasse.  Le  corps,  où  Claude 
Martin  ser\'oit,  se  distingua  par 
sa  brayoure,  dans  la  guerre  de 
1756;  fnais . fatigué  des  mauvais 
traitemens  du  général,  il  déserta 
en  entier  chez  lès  Anglois ,  pen- 
dant le  siège  de  Pondichen'.  La 
jeune  soldat  obt^t  bientôt  du 
gouverneur  de  Madrass  le  com- 
mande ment  d'un  régiment  de 
chasseurs  formé  de  prisonniers 
François.  Envoyé  avec  ce  régi- 
ment dans  le  Bengale,  le  vais- 
seau de  transport  sur  lequel  il  fut 
embarqué ,  périt  à  la  hauteur  de 
Gaudawar.  Martin  parvint  à  se 
sauver  dans  un  canot ,  et  arriva 
à  Calcutta ,  où  le  conseil  général 
lui  accorda ,  en  récompense  de 
ses  dangers,  un  guidon  de  cava- 
lerie. Chargé  ensuite  de  lever  la 
carte  des  états  du  Nabab  d'Onde, 
ce  dernier  conçut,  une  si  haute 
idée  de  ses  connoissances,  qu'il 
sollicita,  et  obtint  de  la  com- 
pagnie Angloise,  l'agrément  de  le 
nommer  surintendant  de  son  ar- 
senal. Ses  conseils  dirigèrent  bien- 
tôt tous  les  changemens  qui  eu- 
rent lieu  dans  les  états  dé  ce  sou- 
verain Asiatique,  et  sur -tout 
touteii  les  négociations  qu'il  avoit 
ouvertes  avec  le  gouvernement 
Anglois.  Le  Nabab  aimoit  les 
arts  Européens;  Martin  encou* 
ragea  son  goCit ,  et  lui  fit  établir 
des  relations  commerciales  au- 
près des  principaux  banquiers  de 
l'Indostan.  La  fortune  de  Martin 
devint  bientôt  considérable,  et 
il  l'accrut  encore  par  sa  réputa- 
tion de  probité.  Les  plus  riches 
Indiens  vinrent  déposer  leurs  tré- 
sors dans  sa  maison ,  en  payant 
pour  le  dépôt  un  droit  de  douze 
pour   cent  y   pendant  les  vingt 


in       M  A  R 

•nniei  de  guerre  cmle^giii  déso- 
lèrent l'Inde.  Fixé  à  Lucknow, 
Martin  y  fit  construire ,  sur  les 
bords  de  la  rivière ,  .une  maison 
entièrement  bâtie  en  pierres  de 
tttill» ,   et   dont  la  hauteur  des 
étages  est  calculée  sur  l'élévntton 
progressive  des  eaux.  Pour  échap- 
per aux  chaleurs  accablantes  du 
climat,  il  habitoit  successivement 
l'appartement  souterrain  au  ni— 
veau  des  plus  basses  eaux,  puis 
le  rez   de  chaussée,  le  premier 
et  le  second  étages.  De  celte  ma- 
nière ,  il  jouissoit ,  dans  toutes 
les   saisons,  d'une  température 
à  peu   près    égale.  Un  Muséum 
d'Histoire  naturelle,  un  observa- 
toire   muni   d'une   belle  collec- 
tion d'instrumeus  astronomiques, 
un  jardin  immense  rempli  de  tous 
les  arbres,  arbrisseaux  et  pro- 
ductions /de  la  contrée,  y  rendent 
cette  habitation  unique  en  ma- 
gnificence. Martin  y   donna  au 
rfabab  le   spectacle  du  premier 
ballon   élevé   dans  l'atmosphère 
de  l'Asie.   Outre  son  palais  de 
Lucknovr,  Martin  possédoit  en- 
core ,  sur  les  bords  du  Gange , 
une  maison  dont  la  construction 
,  lui  coûta  des  sommes  immenses. 
Son  architecture   est  gothique; 
elle  est  fortifiée  à  î'européenne , 
et  avec  tant  de  régularité  qu'on 
la  regarde  comme  capable  de  ré- 
sister à  une  armée  innombrable 
d'Indiens.  Dans  l'enceinte  de  cette 
forteresse,  Martin  fit' élever  son 
tombeau ,  pertant  cette  inscrip-* 
tion ,  faite  par  lui-même  :  Ici 
repose    Claude    Martin ,    né   à 
Lyon ,  venu  aux  Indes  simple  sol- 
dat ,    et    mort    Général   Major. 
C'est  en  1799  qu'il  a  cessé  d'exis- 
ter. Quoiqu'il  possédât  imparfai- 
tement la  langue  angloise ,  il  s'en 
est  servi  pour  écrire  son  Testa-^ 
ment ,   traduit    en    françois    et 
imprimé  dans  les  deux  langues, 


M  A  R 

par  l'ordre  du  préfet  du  dépa?-i 
tement  du  Rhône  ,  en  Tan  XI. 
Dans  cet  écrit ,  vraiment  origi- 
nal   et  curieux ,  Martin  dépose 
ses  dernières  volontés,  ses  opi- 
nions religieuses  et  ses  principe» 
de     conduite.    Le    mélange  des 
mœurs  asiatiques   et  des  usages 
européens  y  est  digne  de  remar- 
que. Après  avoir  accordé  la  li- 
berté à  tons  ses  esclaves  des  deux 
sexes  et  aux  eunuques,  l'auteur 
prend  un  soin  particulier  et  taiw 
chant  de  deux  de,  ses  femmes  y 
à  qui  il  lègue  la  garde  et  le  sois 
de  son   tombeau.  Il  vent  qu'oa 
leur  porte  chaque  jour ,  des  cor-i 
beilles   de   fleurs.  Il  n'oublie  ni 
ses  parens,  ni  sa  patrie,  ni  le 
pays  qui  lui  a  procuré  sa  fertime. 
Celle-ci  s'est  montée  à  près  de 
douze  millions.  Il  lègue  environ 
700,000  livres  à  la  ville  de  Lyon, 
autant  à  celle  de  Calcutta  ,  autant 
k  celle  de  Lucknow,  pour  établir 
dans  chacune  d'elles  une  maison 
d'éducation  pour  un  certain  nom- 
bre d'en  fan  s  des  deux  sexes  ,  les 
mettre  en  apprentissage  en  sortant 
de  l'école ,  et  les  marier  ensuite* 
En  outre,  il  fixe  un  capital*  dont 
les  revenus  doivent  être  distribués 
aux    pauvres    de    Calcutta  ,   de 
Chandei  nagor  et  de  tucknow,  de 
quelque    religion  qu'ils   soient, 
préfï^rant    cependant    la    Chré- 
tienne  et  l'Hindow.  Ces  détails 
sont  tirés  du  journal  asiatique, 
intitulé  Asiatick  annual  registers, 
du  Testament  du  général, et  d'une 
not><îe  intéressante  et  bien  écrite, 
luç  dans  une  séance  publique  de 
l'académie  de  Lyon ,  par  M.  Mar- 
tin  l'aîné,  chirurgien  renommé 
de  cette  ville.  ' 

MARTINELU,  (N.)  pemtris 
et  architecte  ,  étoit  conservateur 
de  l'académie  de  Saint-Lnc  à 
Rome  j  et  processeur  de  perspec^ 


M  A  R 

Ure  et  d'architecture.  Cest  sur 
ses  dessins  que  fut  bâti  le  palais 
de  Lichten^teitt  à  Vienne;  édifice 
justement  admiré.  L'Allemagne 
fut  enrichie  par  lui  d'autrespaktis, 
où  il  a  réani  la  solidité  antique  à 
l'élégance  moderne.  Il  mourut 
en  17 18. 

MARTINES-  MONT  ANES , 
(Jean)  mort  à  Sévijle,  sa.  pa- 
trie, en  1640,  fiit  un  habile sctilp- 
tenr ,  qui  embellit  les  églises  de 
cette  ville  des  productions  de  son 
ciseau. 

II.  MARTINI,  (Jean-Bap- 
tiste )  entra  jeiina  dans  l'ordre 
des  frères  Mineurs,  et  s*est  dis- 
tingué par  ses  profondes  con- 
'ooissances  dans  la  musique.  U  a 
pnbiié  divers  ouvrages  sur  cet 
art  II  est  mort  à  Bologne  en 
'784  9  âgé  de  78  ans.  , 

MA  HUES,  (Antoine)  cha- 
noine de  l'église  Saint-Just  de 
Lyon  ,  publia  ,  en  1 583,  un  Mé^ 
Moire  pour  faire  revivre  l'ancienne 
splendeur  de  Lyon* 

VI.  MARULLE  ,  fille  du  pou- 
Terneur  de  Co.  hino  ville  de  l'isle 
de  Lesbos,   ayant   vu  son  père 
ttté  daus  une  attaque  faite  par 
Içs  Turcs,  au  temps  de  Maho^ 
net  II,  descend  de  la  muroille 
oii  elle  combattoit ,  pénètre  jus- 
qu'au corps  de  son  père ,  1q  fait 
enlever ,  repousse  les  assiégeans , 
et  les  force  à  se  rembarquer.  Le 
général  Vénitien  arrivant  au  se- 
cours de  la  ville ,  n'y  trouva  plus 
le   peuple  occupé  qu'à   fêter  sa 
libératrice.  Il  lui  offrit  de  choisir 
pour  époux,  celui  de  ses  capi- 
taines qui  lui  plairoit  le  plus, 
et  de  faire  approuver  cel^  hym«n 
par  le  gouvernemânt.  MaruUe, 
contente  de  la  gloire  qu'elle  ve- 
noit  d'acquérir  ,  ne  voulut  pas 
'  accepter  cg  choix. 


MAS 


19 


»  MASQUE  DE  FEU  (Le)  : 
Cest  tous  ce  nom  que  l'on  dési-« 
gne  un  prisonnier  inconnu ,  en- 
voyé dans  le  plus  grand  secret 
au  château  de  Pignerol ,  et  de  \k 
transféré  aux  isles  Sainte-Mnr-* 
guérite.  Cétoit  rm  homme  d'une 
taille  au-dessus  de  l'ordinaire  , 
et  très-bien  fait.  Sa  peau  étoit 
un  peu  brune ,  mais  fort  douce, 
et  il  avoit  autant  de  soin  de  la 
conserver  dans  cet  état  que  la 
femme  la  plus  coquette.  Son  plus 
grand  goût  étoit  pour  le  linge 
An ,  pour  les  dentelles ,  pour  les 
colifichets.  Il  jonoit  de  la  guitare  , 
et  paroissoit  avoir  reçu  une  ex- 
cellente éducation.  Il  intéresse it 
par  le  seul  son  de  sa  voix,  ne  se 
plaignant  jamais  de  son  état,  et 
ne  laissant  point  entrevoir  ce 
qu'il  étoit.  Dans  ie^  maladies  où 
il  avoit  besoin  du  médecin  ou  du  > 
chirurgien ,  et  dans  les  voyages 
que  ses  différentes  translations 
lui  occasionnèrent ,  il  portoit  un 
masque  de  velours,  dont  la  men- 
tonnière avoit  des  ressorts  d'a- 
cier ,  qui  lui  laissoient  la  liberté 
de  manger  et  de  boire.  On  avoit 
ordre  de  le  tuer,  s'il  se  décou- 
vroit  ;  mais,  lorsqu'il  étoit  seul , 
il  pouvait  se  démasquer  :  et  alors 
il  s'amnsoit  à  s*arracher  le  poil 
de  la  barbe  avec  des  pincettes  d'a- 
cier. U  resta  à  Pignerol ,  jusqu'à 
ce  que  Saint-^Mars ,  oiâcier  de 
confiance  ,  commandant  de  ce 
château,  obtint  la  lieutenance 
de  roi  oes  isles  de  Lérins.  Il'  le 
mena  avec  lui  dans  cette  solitude 
maritime ,  et  lorsqu'il  fut  fait 
gouverneur  de  la  Bastille,  son 
captif  le  suivit ,  toujours  masqué. 
Il  fut  logé  dans  cette  prison  aussi 
bien  qu'on  peut  l'être.  On  ne  lui 
refiisoit  rien  de  ce  qu'il  deraan- 
doit  ;  on  Ini  donnoit  Iq$  plus  ri*; 
ches  habits,  on  lui  faisoit  l<i  plus 
grande  chère ,  et  le  gouvernear 


Sq 


U  AS 


s'asseyoit  rarement  devant  lui.  Le 
marquis  de  Louvois  s'étant  rendu 
à   Sainte  ~  Marjjiîerite  ,  pour  le 
voir  avant  sa  translation  à  Paris, 
]ui  parla  avec  une  considération 
qui  tenoit  du  respocf.  Cet  illustre 
inconnu  mourut, le  9  novembre 
170.3 ,  et  fut  enterré  sous  le  nom 
de  Marciiialj  ,  le  lendemain  a 
quatre  heures  après  midi,  dans 
le  cimetière  de  la  paroisse  de  St- 
Paiil.  Ce  qui  redouble  l'étonne- 
ment,  c'est  (jue  quand  on  l'en- 
voya aux  isles  Saintp-Margueritey 
il  ne  disparut  dans  FEurope  au-* 
cun  homme  considérable.  Ce  pri- 
sonnier  l'étoit   sans  doute  5  car 
voici  ce  qui  arriva  les  premiers 
jours  qu'il  fut  dans  l'isle.  Le  gou- 
verneur  mèttoit  lui-même   les 
plats  sur  sa  table,  et  ensuite  se 
retiroit  après  l'avoir  enfermé.  Un 
jour  il  écrivit  avec  un  couteau 
sur  une  assiette  d'argent,  et  jeta. 
Tassiette  par  la  fenêtre  vers  un 
bateau  qui  étoit  au  rivage ,  pres- 
que au  pied  de  la  tour.  Un  pê- 
cheur, à  qui  ce  bateau  appar— 
tenoit ,   ramassa   l'assiette   et  1^ 
rapporta  au  gouverneur.  Celui- 
ci  étonné  demanda  au  pêcheur  : 
Avez-ifous  lu,  ce  qui  est  écrit  sur 
celle  assiette  ?  Et' quelqu'un  l'a— 
f^il  vue  entre  vos   mai-is,  —  Je 
ne  sais  pas  lire ,  répondit  le  pê-  ' 
cheur  :  fe  viens  de  la  trouver  , 
personne  ne  Va  vue.  Ce   paysian 
fut  retenu  jusqu'à  ce  que  le  gou- 
verneur fut  bien  informé  qu'il  n'a- 
voit  jamais  lu,  et  que  l'assiette 
n'avoit  été  vuedepersonne.y4//^2, 
lui  dit-il,  vous  êtes  bienheureux 
(te    ne   savoir  pas  lire  / . . .   La 
Gr'ange^Chancel  raconte ,  dans 
une  Lettre  à  l'auteur  de  y  Année 
JJttéraire,  que,  lorsque  St-Mars 
alla  prendre  le  Maxque  de  Fer 
pour  le  conduire  à  la  Bastille ,  le 
prisonnier  dit  à  sdn  conducteur  : 
Est-ce  que  U  Roi  en  veut  à  ma 


MAS 

vie  ?"-^Non  ,  mon  Prit^ce  ».  rér 
pondit  Saint- Mars,  votre  vie  est 
en  sûreté;  vous  n'avez  qu'à  vont 
laisser  cond^uire,  «  J'ai  SU ,  ajk>nte- 
t-il ,    d'un   nommé  JDuhuissçn  , 
caissier  du  fameux  Samuel  ^er-^ 
nord,  (qui ,  après  avoir  été  quel- 
ques années  à  la  Bastille,  fui; 
conduit   aux  isles  Sainte  - Mar-^ 
guérite  )    qu'il    étoit    dans  une 
cjiambre    avec   quelques   autres^^ 
prisonniers  ,    précisément    au-    , 
dessus  de  celle  qui  étpit  occupée 
par  cet  inconnu  :  que,  par  Je 
tuyau  de  la  cheminée,  ils  pou«-, 
voient   s'entretenir  et  se  00m—     , 
muniquer   leurs   pensées  ;    mai», 
que   ceux-ci  lui  ayant  demandé 
pourquoi  il  s'obstinoit  a  leur  taire 
son  nom  et  ses  aventures ,  il  leur 
avoit  répondu'  que  cet  aveu  lui 
coûteroit  la  vie ,  ainsi  qu'à  ceux 
auxquels  il  auroit  révélé  son  se- 
cret. »    Toutes    ces    anecdotes 
prouvent  que  le  Masque  4e  fer 
étoit   un  prisonnier  de  la  p{u8- 
grande  importance.  ^VLais  qui  étoit 
ce  captif  ?  Ce  n'étoit  pas  le  duc 
de  Beaufort  :  npus  l'avons  prouvé 
dans  son  article.  Ce  n'étojt  pas 
le  comte  de  Vermundois ,  comme' 
le  prétend  l'auteur  des  Mémoires. 
de  Perse.  Cet  écrivain  sans  aveu 
raconte  que  ce  prince,  fils  légitimé 
de  Louis  XIV  et  de  la  duchesse 
de  la  Vallière,  fut  dérobé  à  la 
connoissance    des    hommes  par 
son  propre  père ,  pour  le  punir 
d'un  soufflet  donné  à  Monsei- 
gneur le  Dauphin,   n  Comment 
peut- on  5  dit  un  homme  d'esprit, 
imprimer  une  fable  aussi  gros- 
sière ?  Ne  sait -on  pas  que  le 
comte  de  Vermandois  mourut  au 
camp  devant  Dixmude  en  1683, 
et  fut  enterré  solennellement  à 
Arras  ?  Le  Dauphin  avoit  alors 
22  ans.  On  ne  donne  des  souf-   , 
flets  à  un  Dauphin  en  aucun  kg^Y 
et  c'est  en  donner  un  bieii  teç-*. 


^U  an  sens  commun  «t  à  la 
Vérité ,  que  de  rapporter  de  pa- 
reils contes.  >»  Il  n'est  pas  moins 
Hbsarde  de  vouloir  faii'e  d'autres 
conjectures  sur  le  Masque  de  fer. 
Pour  résoudre  ce  problème  his- 
torique ,  il  faudroit  avoir  des 
Mémoires  des  personnes  qui  ont 
en  ce  secret  important;  et  ces 
personnes  n'en  ayant  point  laissé , 
il  faut  savoir  se  taire.  L'auteur 
de  ce  Dictionnaire  ^  qui  avoit 
pris  dei6  informations  à  l'isle 
Sainte-^M'arguerite ,  est  le  pre— 
mier  qui  ait  dit  que  V Homme  au 
Masque  avoit  d'abord  été  envoyé 
à  la  citadelle  de  Pignerol.  Cette 
particularité  a  été  confirmée  par 
le  Journal  de  du  JoncA  ^  lieute-»^ 
nant  de  roi  de  la  Bastille ,  quand 
le  prisomnier  y  artiva.  Ce  Jour- 
nal, imprimé  dans  le  Traité  des 
afférentes  sortes  de  preuves  qui 
établisse nt  la  vérité  de  l'Histoire  , 
an  P.  Griffei^,  est  trés-cufieiix. 
Bu  Jonca  ne  dit  point  que  lef 
ibasque  fût  de  fer  >  il  dit  seule- 
ibent  que  c*étoît  un  masque  de 
velours  noir  ;  et  nous  n'avions 
|{as  fait  entendref  autre  chose 
dans  la  première  édition  de  ce 
Dictionnaire.  Mais  le  riom  de 
Masqiie  defér  ayant  prévalu  pour 
désignet  ce  célèbre  infortuné  ^ 
nous  Tavons  laissé  Subsister..... 
On  lit  dans  le  Journal  Encyclo-^ 
pédique ,  du  lïrois  d'août  1770 , 
qu'il  y  a  lieii  de  croire  que  c'étoit 
tfn  secrétaire  d'état  du  duc  de 
Mantoue ,  appelé  Magni ,  qui , 
Vendu  à  l'empereur,  avoit  par- 
couru les  cours  de  difFérens  prin- 
ces, pour  les  exciter  contre  la 
France,  et  que  Louvois  fit  en- 
lever par  vin^  hommes  masqués 
dans  une  pattie  »de  chasse  près 
de  Turin  ,  et  de  là  transférer  à 
fignerol.  Ce  n'est  pas  la  dernière 
Conjecture  qu'on  a  formée  sur 
^tte  ?ietin2e  d«r  la  politique.  Oi) 


Mas 


6t 


troiive  dans  les  éclaircîssomeni 
joints  à  la  Vie  de  Voltaire,  par 
M.  de  Condorcet ,  une  note  oU 
Von  propose  quelques  nouvelles 
idées  assez  vraisemblables  pour 
n'éti'e  pas  oubliées  dans  cet  arti- 
cle :  «  Le  Masque  de  fer,  y  eit-il 
dit ,  étoit  sans  doute  un  frère  et  un 
frère  aîné  de  Lojiis  XIV ,  dont 
la  mère  avoit  ce  goût  pour  le 
liu^e  fin  sur  lequel  M.  de  Vol-^ 
taire  appuif.  Ce  fut  en  lisant  les 
Mémoires  de  ce  torfips,  qui  rap-. 
portent  cette  niieçdote  au  sujet 
de  la  reine,  (  Voyez  Avne  d'Au- 
T.11CHB  )  que  me  rappelant  c«* 
môme  goût  du  Masque  de  fer  ^ 
je  ne  doutois  phtf  qu'il  ne  fût 
son  fils  :  ce  dont  toutes  les  au-* 
très  cii^constaiïceè  ra'avôient  déjà 
persuadé.  On  sait  que  Louis  XIIÏ 
n'Iiabitoit  plus  depuis  long-temps 
avec  la  reine  ;  que  la  naissance 
de  Louis  XIV  ne  fut  due  qu'à 
un  heureux  hasard  habilement 
amené  :  hasard  qiti  obligea  ab- 
solument le  roi  à  coucher  en 
lïiômè  lit "^  avec  la  reine.  Voici 
donc  comme  je  crois  que  \tL 
chose  sera  arrivée.  La  reine  aura 
pu  s'imaginer  que  c'étoit  par  sa 
faute  qu'il  ne  naissoit  point  d'hé- 
ritier à  Louis  XIIL  La  naissance 
du  masque  de  fer  l'aura  détrom- 
pée. Le  cardinal  à  qui  elle  aura 
fait  confidence  du  fait,  aura  su  , 
par  plus  d'itne  raison ,  tirer  parti 
de  ce  secret.  Il  aura  imaginé  de 
tourner  cet  événement  à  son 
profit  et  à  celui  de  l'état.  Per- 
suadé ,  par  cet  exemple ,  que  la 
reine  pouvoit  donner  des  enfans 
fltu  roi ,  la  partie  qui  produisit  le- 
kasard  d'un  seul  lit  pour  le  roi 
K  et  la  reine  ^  fut  arrangée  en 
conséquence.  Mais  la  reine  et  le 
cardinal  également  pénétrés  de  Itf 
nécessite  de  cacher  à  Louis  XIII 
l'existence  du  Masque  de-  fer  , 
l'auroixt  fait  élever  efi  secret.  Ce* 


4t 


MAS 


•ecret  en  aura  été  un  poar 
Ixfuis  XIV  jusqa'à  la  moit  da 
cardinal  MazaHa.  Mai$  ce  mo~ 
narque  apprenant  alors  qu'il  avoit 
tin  frère  ^  et  un  frère  aine  que 
sa  mère  ne  pouvoit  désavouer  ^ 
Gui  peut-être  portoit  d'ailleurs 
ces  traits  marqués  qui  annon- 
çoient  son  origine,  faisant  ré— 
Èexion  que  cet  enfant  né  durant 
le  mariage,  ne  pouvoit  sans  de 
grands  inconvéniens ,  et  sans  un 
liorrible  scandale  ,  être  déclaré 
iUégitime  après  la  mort  de 
Louis  XIJI ,  Louis  XIV  aura 
jugé  ne  pouvoir  user  d'un  moyen 
plus  sage  et  plus  juste  que  celui 
qu'il  employa  pour  assurer  sa 
propre  tranquillité  et  le  repos  de 
l'ctat  :  moyeA  qui  dispensoit  de 
commettre  une  cruauté  que  la  po- 
litique auroit  représentée  comme 
nécessaire  à  un  monarque  moins 
consciencieux  et  moins  magna- 
nime que  Louis  XIV,  Il  me 
semble  que  plus  en  e^t  instruit 
de  l'histoire  de  ces  temps-là  y 
pins  on  doit  être  frappé  de  la 
réunion  de  toutes  les  circons- 
tances qui  prouvent  en  faveur 
de  cette  supposition.»  L'auteur 
de  la  Vie  du  Duc  de  Richelieu  a 
produit  •  une  lettre  de  Mu«  de 
Valois ,  écrite  à  ce  duc ,  où  elle 
se  vante  d'avoir  appris  du.  duc 
d'Orléans  ,  son  père ,  à  d'étranges 
conditions  ,  quel  étoit  Yhomme 
an  Masque  de  fer;  et  cet  homme, 
dit-elle,  étoit  un  frère  jumeau 
de  Louis  XI V  t  né  quelques 
heures  après  lui.  Il  est  probable^ 
que  si  le  régent  fit  cette  confi- 
dence ,  il  crut  en  afifuiblir  le 
danger  ,  en  faisant  du  ,Masque 
de  fer  un  eadet,  sans  droit  au  . 
trône,  et  non  un  aîné  héritier 
présomptif  de  la  couronne.  En 
i8o3,  M.  Reth  a  publié  à  Turin 
un  opuscule ,  intitulé  :  Véritable 
clef  de  V Histoire  de  l'hoinmc  au 


MAS 

Masque  de  fer,  dans  lequel  il  pté* 
tend  que  ce  perso'nnage  singulier 
est  un  CQfflte  Mathioly  de  Bo-« 
logne,  confident  et  ministre  du 
duc  de  Mantoue  ,  envoyé  par  ce 
dernier  à  Versailles  pour  y  traiter 
secrètement  de  la  vente  de  Casai 
à  Louis  XIV ,  et  qui ,  de  retour 
en  Italie ,  révéla  le  secret  de  ce 
traité  à  la  cdur  de  Turin,  et  à 
Melgar  gouverneur  de  Milan 
pour  les  Espagnols.  L'ambassa* 
deur  François  k  Turin ,  furieux  de 
la  perfidfe  de  Mathioly  t  l'attira 
sur  le  territoire  François,  le  fit 
arrêter,  le  2  mai  1679,  à  la  vue  de 
Pignerol ,  et  le  conna  à  la  garde 
de  Saint-^Mars,  Celui-ci  le  con- 
duisit au  fort  d'Exilés  d'oii  il  fut 
transféré  ensuite  aux  isles  Sainte* 
Marguerite  ,  et  enfin  à  la  Bas« 
tille ,  oii  il  mourut  plus  que  sexa^* 
génaire ,  après  une  détention  de 
24  'ans  et  demi.  Cette  opinion 
s'accorde  assez  avec  celle  qui 
nomme  ,  peut-être  impropre* 
ment ,  Magni  _,  l'agent  du  duc  dd 
Mantoue.  M.  Heth  a  annoncé  la 
publication  prochaine  de  preuves 
complètes  qui  dévoilent  cette 
énigme  historique  ;  mais  jusqu'au 
moment  ou  ces  preuve;  pourront 
être  appréciées,  on  demandera 
toujours  pourquoi  tant  de  pré- 
caiitions  pour  un  prisonnier  û 
peu'  dangereux  ?  Pourquoi  ces 
respects  à  son  égard,  ce  masque 
de  velours  qui  annonce  le  plus 
grand  intérêt  à  cacher  ses  traits? 
Pourquoi  son  isolement  absolu 
dans  la  prison  ,  et  Tattentioa 
scrupuleuse  de  le  faire  suivre  dans 
toutes  ses  translations  par  la 
gouverneur  qui  ne  Tavoit  pas 
quitté,  et  avoit  le  secret  de  son 
histoire  ?  Un  simple  ag»nt  d'un 
duc  de  Mantoue  ,  sans  nom 
remarquable  ,  coupable  d'una 
trahison  pen  importante ,  ne  pa- 
XqIK  devojx  exciter  m  i'iuquiétud« 


MAS 

la  j^oiivernement ,  ni  des  soins 
«oustans  pour  envelopper  sa  per- 
sonne d*ane  obscurité  impéiit^ 
trahie.  Quoi  qu'il  en  soit ,  nous 
rapportons  fidellement  tout  ce 
que  nous  avons  lu  jusqu'à  ce  jour 
sur  ce  fameux  prisonnier  mas— 
^é  j  en  avouant  que  jusqu'ici  il 
n'y  a  eu  encore  sur  son  histoire 
que  des  conjectures.        ^ 

IL  MASSAC,  (Pierre-Loui- 
Raymond  de)  né  dans  VAgcniois 
le  25  août  1728,  mort  en  1780^ 
iiiivit  quelque  temps  la  profes- 
sion  d'avocat ,  et  a  laissé  qutl- 
q«es  ouvraj;es  d'économie  et  de 
jurisprudence ,  estimés.  Ce  sont  : 
I.  Recueil  d'instructions  et  d'à- 
mus^meiis    littéraires  ^    t  7  6  5  9 
in-iî.  II.  Mémoire  sur  la  ma- 
nière de  gouverner  les  abeilles, 
176^9    in-iz.  HT.  Autre  sur  la 
çnalité  et  l'emploi  des  engrais , 
1767 ,  in—  1 2.  L'auteur  publia  une 
féconde  édition  de  ces  deux  Mé- 
moires 9  sous  le  titre  de  Recueil 
d'instructions  économiques,  1779, 
in-8.*»   IV.   Manuel  des  rentes, 
1777  et   1783,  ii*-8.**  V.  Traité 
des  immatricules,  17799  in-8.<' 

MASSARÎ,  (Lucio)  célèbre 
peintre  de  Bologne ,  mort  en 
i633  «  à  64  ans ,  enrichit  de  ses 
tableaux  les  églises  et  les  couvens 
de  sa  patrie. 

*  MASSILLON,  (Jean- Bap- 
tiste) fils  d'un  notaire  d'Hières 
m  Provence ,  naquit  en  1 663  , 
•t  entra  dans  la  c9ngré(i:ation  de 
l'Oratoire  en  1681.  Les  ag rémens 
de  son  esprit  ,  l'enjouement  de 
son  caractère,  un  fonds  de  po- 
litesse fine  et  affectueuse,  lui 
gagnèrent  tous  le»  co&urs  dans 
les  villes  oii  on  l'envoya  ;  mais, 
'An  plaisant  aux  gens  du  monde  , 
il  déplut  à  ses  confrères.  Ses  ta- 
kù»  lui  ayiH^a^  lut  de»  ji^yiui 


MAS 


«î 


et  l'air  de  réserve  qii'il  prenoit 
avec  eux ,  passoit  pour  fierté* 
Ses  supérieurs  lui  ayant  soup- 
çonné ,  pendant  son  cours  de 
régence,  des  intrigues  avec  que!<« 
ques  femmes,  cherchèrent  à  l'é- 
loigner de  la  congrégation.  On 
prétend  qu'il  la  quitta  en  effet 
pour  aller  s'ensevelir  dans  l'ab- 
baye de  Sept-Fonts ,  où  il  passa 
quelques  mois.  Mais  il  rentra 
bientôt  après  dans  l'Oratoire,  il 
fit  ses  premiers  essais  de  l'art 
oratoire  à  Vienne,  pendant  qu'il 
professott  la  théologie.  L'oraisoa 
funèbre  de  H^nri  de  ViLlars  , 
archevêque  de  cette  ville ,  obtint 
tous  les  suffrages.  Ce  succès  en- 
gagea le  P.  de  la  Tour,  alora  , 
général  de  sa  congrégation  ,  k 
l'appeler  à  Paris.  Il  eut  beau  r^ 
pondre  que  sou  talent  et  son 
inclination  l'éloignoient  de  la 
chaire,  il  fallut  obéir  à  son  supé- 
rieur. Lorsqu'il  eut  fait  quelque 
séjour  dans  la  capitale ,  leF.  de  la 
Tour  lui  demanda  ce  qu'il  peu-* 
soit  des  prédicateurs  qui  briiloient 
sur  ce  grand  théâtre  ?  Je  Leur^ 
trouve ,  répondit>il ,  bien  de  Ves^ 
prit  et  du  talent  f  mais  si  je  prêche  , 
je  ne  prêcherai  pas  comme  eux» 
n  leur  souhaitoit  en  effet  une 
sensibilité  plus  vive  et  plus  pro^ 
fonde.  U  tint  parole  :  il  prêcha^ 
et  il  s'ouvrit  une  route  nouvelle* 
Le  P.  Bourdaloue  fut  exbepté  da 
nombre  de  ceux  qu'il  ne  se  pro- 
posoit  point  d'imiter.  S'il  n«  le 
prit  pas  en  tout  pour  son  modèle, 
c'est  que  son  génie  le  portoit  à 
un  autre  genre  d'éloquence.  Il  se 
fit  donc  une  manière  de  composer 
qu'il  ne  dut  qu'à  lui-même,  et 
qui,  aux  yeux  des  hommes  sensi- 
bles, parut  supérieure  à  caUe  de 
Bourdaloue,  La  simplicité  tou-« 
chante  et  le  naturel  de  l'Oratorien 
sont ,  ce  semble ,  dit  un  homme 
d'esprit  I  plus  propres  9^  ftiro  ca^ 


^4 


MAS 


trer  dans  Ta^e   les  vérités  du 
Christianisme,  que  toute  la  dia- 
lectique  du  jésuite.  La  logique 
de  rËvaugile  est  dans  nos  cœurs  : 
c'est   là  qu'on  doit  la  chercher. 
l^s  raisonnemens  les  plus  pres^ 
sans  sur  les  devdirs  indispensable^ 
d'assister  les  malbeureul,  netou^ 
cheront  guère  celui  qui  a  pu  voir 
souffrir   soh  semblable  Sans  en 
être  ému.  Vhe  ame  insensible  est 
*'     lin  clavecin  sans  touches,  dont 
on  chercherôit  en  vain  à  tirer  Vies 
sons.  Si  la  dialectique  est  néces- 
saire ,   c'est  seulement   dans  les 
matières    dé   dogme  ;    mais    ces 
matières  sont  ^lus  faites  pour  les 
livres   que   pour  la  cliaire,  qui 
doit  être  le  théâtre  des  grands 
mouvemens  ,   et  non  pas  de  la 
discussion.  On  sentit  bien  la  vérité 
de  ces  réflexions ,  lorsqu'il  parut 
à  la  cour.  Après  avoir  prêché  son 
premier   Avent  à  Versailles,  il 
reçut  cet   éloge    de    là   bouche 
même  do  Louis XIV:  Mon  Père, 
ijuand  fai  entendu  les  autres  Pré' 
dicateurs  ,  j'ai  été   très^content 
d'eux»  Pour  vous ,  toutes  les  fois 
que  je  uoUs  ai  entendu  ,  j'ai  ^té 
1res  —  mécontent   de    moi^niénu, 
Massillon  ,  prêthant  devant  le 
même  monarque,  resta  un  ins- 
tant sans  se  rappeler  de  la  suite 
de  son    discours,    à  Remettez- 
vous  ,  mon  Père ,  lui  dit  le  roi  ; 
ii  est  bien  juste  de  nous  laisser  le 
temps    de    gottter   les  belles  ef 
utiles  cîîoses  que  vous  notis dîtes.» 
La  première    fois  quil    prêcha 
son    fameult    sermon    du  petit 
nombre  des  £tus ,   il  y  eut  un 
endroit  où  uYi  transport  de  sai^ 
^ssement  s'empara  de  toutf  l'au- 
ditoire. Presque  tout   le  monde 
se  leva  à  moitié ,  par  un  mouve- 
ment involontaire.  Le  murmure 
d'acclamations  et  de  surprise  fut 
si   fort ,   qu'il  troubla  l'orateur. 
e«  trouble  ne  servit  <^u'à  au^ 


.méuter  le  pathe'tique  de  ce'  r^î^ 
ceau.  Ce  qui  surprit  sur-tout  dan# 
le  Père  Massillon ,  ce  furent  cei 
peuitures  du  monde ,  si  saillan- 
tes ^  si  fines,  si  ressemblantes.  Od 
lui  demanda  oii  un  homme,  con- 
sacré comme  lui  à  la  retraite  ^ 
àvoit  pu  les  prendre  ?  Dans  lé 
ùùsur  humain  ,•  répondit— il  :  pour 
peu  qu'on  le  sonde  ,  on  y  dé-i 
Couvrira  le  germe  de  toutes  lei 
pasiions..^  Quand  je  fais  un  ser-i 
thon ,  disait— il  eiitore  ^  j'imagine 
qu'on  nie  consulte  Sur  Une  affairé 
ambiguë.  Je  mets  toute  mon  ap-^ 
plication  à  décider  et  à  fixer  dans 
te  bon  paf'ti ,  celui  qui  a  recourt 
à  moi.  Se  t'exhorte,  je  le  presse^ 
et  je   rie  le  quitte  point  quil  né 
ie  soit  rendu  à  mes  raisons*  Sa 
déclamation  fie  servit  p'as  peu  à 
ses  succès.  Il  nous  semble  le  voir 
dans  nos  chaires,  disent  ceux  qui 
dnt  eu  le  bonheur  de  l'entendre,' 
avec  cet  air  simple ,  ce  maintien 
modeste,  ces  yeux  humblement 
baissés,  ce  geste  négligé,  ce  ton 
rfffectueux,  cette  contenance  d'art 
homme  pénétré ,  portant  dans  les' 
esprits  lés  pi  us  ballantes  lumières  y 
et  dans  les  coeurs  les  mouvemens 
les  plus  tendres.  Le  célèbre  comé-î 
dien   Baron  ,  l'ayant   rencontré' 
dans   une    niaison    ouverte  aur 
gens  de  lettres ,  lui  fit  ce'  compli-' 
ment  :  Continuez,  mon  Père,  à 
débiter  comme  vous  faites;  vous 
avez  une  manière  qui   vous  est 
propre  ,  et  laissez  aux  autres  les' 
règles:  An  sortir  d'un  de  se^  ser— ' 
mons ,  la  vérité   arracha  à  ce' 
fameux  acteur  cet  aveu' humiliant' 
pour  sa  profession  :  Mon  ami,' 
dit-il  à  lin  de  ses  camarades  qui' 
l'avoit  accompagné',  voilàjinOra' 
leur,  et  nous  ne  Sommés  que  des' 
Comédiens»  En   1704-,  1«  Père' 
Massillon  parut  pbltr  la  seconde* 
fois  à  la  cour,  et  y  fut  trouvé* 
encore   plus    éloquent    que    la^ 


•  V 


première- 


J 


MAS 

Jfeaiîère.  Louis  XIV\  apr^s  lui 
m  avoir  témoigné  son  plaisir, 
tjoiiTa,  da  ton  le  plus  gracieux  : 
Et  je  vtitx^  motiPère ,  cous  entent 
dre  tous  les  deux  ans.  Des  élôgés 
4i  flatteurs  n'altérèrent  point  sa 
modestie.  Un  de  ses  confrères  le 
lîélicitant  snr  ce  ^u'il  venoit  do 
prêcher  admirablement ,  suivant 
sa  contume  :  Eh  !  laissez ,  mon 
Père ,  lui  répondit-il ,  le  Diable 
me  l'a  déjà  dit  plus  étoquemment 
jque  vous.  Les  occnpations  du  tû\'^ 
tiistère  ne  Tempéclièrent  pas  de 
le  livrer  à  la  société  ;  il  oublioit 
a  la  campagne  qu'il  étoit  prédi*<» 
tateur ,  sans  pourtant  blesser  la 
décence.  S'y  trouvant  chez  M.  de 
Crozat ,  celui-ci  lui  dit  un  jmir  : 
Mon  Père,  votre  morale  m'ef^ 
paie;  mais  votr^  façon  de  vivre 
me  rassure.  Son  esprit  de  philo— 
lophie  et  de  conciliation  le  fit 
^iioisir  dans  \qs  querelles  de  la 
l;0Qstitution  ^  pour  raccommo-* 
der  le  cardinal  de  Noailles  avec 
les  Jésuites.  Il  ne  réussit  qu!à 
déplaire  aux  deux  partis  ;  il  vit 
qa'il  étoit  plus  facile  de  con- 
vertir des  pécheurs  que  de  con- 
cilier des  théologiens.  Le  régent^ 
instralt  par  lui-même  de  son 
mérite,  le  nomma,  en  1717,  à 
l'évéché  de  Olermont.  Destiné, 
Tannée  suivante^  à  prêcher  devant 
Louis  XV  qui  n'avoit  que  neuf 
ans ,  il  composa ,  en  six  semai-» 
nés ,  ces  discours  si  connus  sons 
le  nom  de  Petit-Carême,  C'est  le 
chef-d'œuvre  de  cet  orateur ,  et 
celui  de  Taft  oratoire*  Les  pré- 
dicateurs devroient  le  lire  sans 
cesse  pour  se  former  le  goftt ,  çt 
les  princes  pour  apprendre  à  être 
hommes.  Les  critiques  sévères 
trouvèrent  dans  le  PelU^Caréme 
im  défaut  qu'ils  reprochent  «u. 
général  ^  tous  les  discours  de 
MassiUon  :  c'est  de  n'offrir ,  sou- 
vent dans  la  même  page,  qu'una 

Svpçt.   Tome  III, 


If  A  S  Sf 

tètàe  idée,  variée  par  toutes  )e« 
richesses  de  Texpredsion  ,  mais 
qui  ne  sauvant  pas  Tunifôrmité 
du  fond ,  laissent  un  peu  de  len- 
teur dans  la  marche.  Un  a  fait 
la  nème  critique  de  Sénèque, 
et  avec  plus  de  justice,  parce 
qu'il  fhtigue  d'autant  pins  son 
lecteur,  qu'on  sent  qu'il  a  ra- 
massé avec  effort  ce  qu'il  répand 
avec  abondance.  MassUton,  aa 
contraire ,  né  avec  un  génie  plut 
éloquent  et  plus  facile,  semble 
ne  présenter,  en  plusieurs  ma- 
nières-, les  vérités  morales  que 
par  la  crainte  de  ne  pas  les  gra<* 
ver  assez  fortement  dans  lame 
de  ses  auditeurs.  Parmi  ces  véi-* 
rites  importantes,  on  remarque 
celle-ci.  «  Que  ce  ne  sont  pas  lei 
souverains ,  mais  la  loi  qui  doit 
régner  sur  les  peuples;  qu'ils 
n'en  sont  que  les  ministres  et  les 
dépositaires  ;  que  les  peuples  les 
ont  faits ,  par  l'ordre  de  Dien , 
tout  ce  qu'ils  sont;  et  qu'ils  ne 
doivent  être  ce  qu'ils  sont  que 
pour  les  peuples  ;  que  les  souve« 
rains  deviennent  moins  piussani 
dès  qu'ils  veulent  l'être  plus  que 
les  lois ,  et  que  tout  ce  qui  rend 
l'autorité  odieuse ,  l'énervç  et  la 
diminue.  »  L'académie  Françoise 
reçut  MassiUott  dans  son  sein 
un  an  après,  en  17 19.  L'abbaye 
de  Savigny  ayant  vaqué ,  le  car- 
dinal du  Bois  ,  à  qui  il  avoit 
donné,  soit  par  excès  de  bonté 9 
soit  par  reconnoissance ,  soit  pat 
timidité ,  une  attestation  pour 
être  prêtre,  la  lui  fit  accorder. 
L'Oraison  funèbre  de  la  duchesse 
d'Orléans ,  en  1713,  fut  le  der- 
nier discourâ  qu'il  prononça  à 
Parfis»  Depuis  il  ne  sortit  plus  de 
soh  diocèse ,  oii  sa  douceur ,  sa 
politesse  et  ses  bienfaits  lui 
avoient  gagné  tous  les  cœurs.  11 
demandoit  souvent  à  la  cour  des 
secours  pour  les  indigens  )  et  k 


€6 


MAS 


diminution  des  impôts  qui  pe- 
soient  sur  la  province  d'Auvergne. 
Il  réduisit  à  des  sommes  modi- 
ques les  droits  exorbitans'  dn 
greffe  épiscopal.  En  deux  ans ,  il 
fit  porter  secrètement  ao,ooo  liv, 
«  l'Hôtel-Dieu  de  Clermont.  Ses 
vues  pacifiques  ne  se  manifestè*- 
rent  jamais  mieux  que  pendant 
son  épidcopat.  Il  se  faisoit  un 
plaisir  de  rassembler  des  Orato- 
riens  et  des  Jésuites  à  sa  maison 
de  campagne  ,  et  de  les  faire 
jouer  ensemble.  Le  cardinal  de 
T'ieury  ,  qui  craignoit  que  les 
Jansénistes  ne  pussent  se  glori^ 
lier  d'un  si  illustre  défenseur ,  le 
ménageoit  ;  et  Massîllon  ,  sans 
aimer  t>eauconp  ce  ministre , 
avoit  pour  lui  les  mômes  ména- 
gemens.  Il  disoit  quelquefois  en 
plaisantant  sur  cette  politique 
timide  et  réciproque  :  M.  le  Car-» 
dinal  et  moi  nous  nous  craignons 
miUueUentent  ,  et  nous  sommes 
raidis  tous  deux  d'avoir  rencontré 
Un  poltron»  Il  poussa  cette  />o/— 
ironnerie ,  dont  il  convenoit  si 
naïvement ,  jusqu'à  n  oser  con- 
fier son  séminaire  aux  Orato- 
riens ,    ses    anciens    confrères , 

Î)aroe  que  le  cardinal  demanda 
a  préférence  pour  d'autres.  On 
jpréten^  que  MassiUoa  crut  avoir 
à  se  repentir  de  cette  foiblesse  : 
J''ai ,  dit-il  9  ouvert  la  porte,  à 
V ignorance  pour  avoir  la  paix  ; 
faurois  dû  penser  que  dans  les 
prêtres  Vignorance  est  bien  plus 
ù  craindre  que  les  lumières.  Son 
diocèse  le  perdit  en  1742.  Il 
mourut  le  28  septembre,  âgé  de 
79  ans.  Son  nom  est  devenu 
«elui  de  Téloquence  méme«  Per- 
sonne n*A  plus  touehé  que  lui. 
Préférant  le  sentiment  à  tout, 
il  remplit  l'ame  de  cette  émotion 
Tive  et  salutaire  qui  nous  fait 
aimer  la  vertu.  Quel  pathétique  I 
^uelk   connoiswiKe    du   coiur 


MAS 

hnmain  !  Quel  épanchement  con^* 
tinucl  d'une  ame  pénétrée  !  Quel 
ton  de  vérité  9  de  philosophie  , 
d'humanité  !  Quelle  imagination, 
à  la  fois  vive  et  sage  !  Pensées 
justes  et  délicates;  idées  brillantes 
et  magnifiques  ;  expressions  élé- 
gantes, choisies,  sublimes,  har- 
monieuses ;  images  éclatantes  et 
naturelles  ;  coloris  vrai  et  frap- 
pant ;   style   clair ,    net ,  plein , 
nombreux,  également  propre  à 
être  entendu  par  la  multitude,  et 
à    satisfaire    l'homme    d'esprit , 
Tacadémicien  et  le  courtisan  :  tel 
est  le  caractère  de  l'éloquence  de 
Massillon  ,  sur  >  tout  dans  son 
Petit-Carême.  Il   sait  à  la  fois 
penser,  peindre  et  sentir.  On  a 
dit  de  lui,  et  on  Ta  dit  avec  raison, 
qu'il  étoit  à  Bourdaloue ,  ce  que 
Racine  étoit  à  Corneille.  Pour 
mettre  le  dernier  trait  a  son  éloge, 
il  est,  de  tous  les  orateurs  Fran-» 
çois ,  celui  dont  les  étrangers  font 
le   plus   de    cas ,   quoiqu'ils  lui 
reprochent,  avec  M.  Marmontel, 
d'avoir  manqué  quelquefois  d'é- 
nergie et  de  profondeur.  Le  neveu 
de  cet  homme  célèbre   nous  a 
donné    une   bonne   édition  dej 
ŒuFREs  de  son  oncle,  à  Paris, 
en  1745  et  1746 ,  en  14  volumes 
grand  in-12,  et  12  tonies  petit 
format.  On  y  trouve  :  I.  Un  Avent 
€t  un  Carême  complets.  C'est  sur- 
tout dans  les  sermons  de  morale, 
tels  que  sont  presque  tous  ceux 
de  son  Avent  et  de  son  Carême , 
qu'il  faut  chercher  le  véritable 
génie  de  Massillon*  Il  excelle, 
dit  M.  d'Alembert ,  dans  là  partie 
de  l'orateur ,  qui  seule  peut  tenir 
lieu  de  toutes  les  autres,  dans 
cette    éloquence  qui  Va  droit  à 
Famé  ,  mais  qui  l'agite  sans  la 
déchirer.  Il  va  chercher  au  fond 
du  cjoeur  ces  replis  cachés  où  les 
passions  s'enveloppent;  et  il  le» 
développe  avec  une  ouQtion  si 


MAS 

èttfèctneuse  et  si  tendre  ,  qu'il 
«nbjugue  moins  qu'il  n'entraîne. 
Sa  diction ,  toujours  facile ,  élé^ 
gante  et  pure,  est  par-tout  de 
cette  simplicité  noble  sans  la- 
faelie  il  n'y  a  ni  bon  goût  ni 
véritable  éloquence  :  simplicité 
^ui,  étant  rénnie  dans  Mas^ 
9illon  g  h  l'harmonie  la  plus  sédiii<* 
santé  et  la  plus  douce,  en  em- 
prante  encore  des  grâces  nou— 
Telles.  Ce  qui  met  le  comble  au 
tharme  que  fait  éprouver  ce  style 
enchanteur ,  c'est  qu'on  sent  que 
tant  de  beautés  ont  coulé  de 
source  ,  et  n'ont  rien  coûté  à 
celui  qui  les  a  produites.  Il  lui 
échappe  roême  quelquefois  ,  soit 
dand  les  expressions,  soit  dans 
les  tours  9  soit  dans  la  mélodie 
<i  touchante  de  son  style ,  des 
né§ligences  qu'on  peut  appeler 
'  heureuses ,  parce  qu'elles  achè- 
vent de  faire  disparoître  l'em— 
jjreinte  du  travail.  C'est  par  cet 
abandon  de  lui  -  mérae  ,  que 
Massillon  se  faîsoit  autant  d'amis 
Que  d'auditeurs.  Il  savoit ,  que 
|)lns  un  orateur  paroit  occupé 
d'enlever  l'admiration  ,  moins 
ceux  qui  Fécoutent  sont  disposés 
k  la  lui  accorder.  IL  Plusieurs 
Oraisons  funèbres ,  des  Discours , 
■  des  Panégyriques ,  qui  n'avoient 
jamais  vu  le  jour.  III.  Dix  Dm— 
cours  connus  sous*  le  yiora  de 
PeUt^Caréme.  IV.  Les  Çonfé-^ 
reaces  Ecclésiastiques,  qu'il  fit 
dans  le  Séminaire  de  Saint-Ma*^ 
jgloire ,  en  arrivant  à  Paris;  celle* 
qu'il  a  faites  à  ses  curés  pendant 
le  cours  de  son  épiscopat  ;  et  les 
Discours  qu'il  prononçoit  à  la 
Jète  des  Synodes  qu'il  assembloit 
;tous  les  ans.  Dans  la  conférence 
VAX  V usage  des  revenus  ecclésias" 
tiques,  dlassillon  semble  prédire 
«u  clergé  ce  qui  lui  est  arrivé. 
Après  s'être  élevé  contre  le  fan- 

I^^  4<^  la  yai^jtc  y  du  nom  et  de 


MAS 


»7Î 


la  nuisance,  contre  le  faste  qut 
avilissoit  un  état  saint ,  il  dit  qu*> 
les  mondains  se  plaignent  que  leii. 
clercs  tout  seuls  vivent  dans  Yo^ 
pulence  ,  tandis  que  tous  iei( 
autres  états  souffrent.  L'hérésie j^ 
en  usurpant ,  les  siècles  passés  ^ 
les  biens  consacrés  à  1  église  4 
n'allégua  point  d'autres  prétextes^- 
L'usage  profane  que  la  plupart 
des  ministres  faisoient  des  riches^ 
ses  dit  sanctuaire  ,  l'autorisa  M 
Tarracher  de  l'autel  ;  et  que  sais«< 
je  si  le  même  abus  qui  lègnci^ 
parmi  nous ,  n'attirera  pa9  mt. 
jour  à  nos  successeurs  la  mêm^ 
peine.  V.  Des  Paraphrases  tou-4 
chantes  sur  plusieurs  Pseaumes* 
L'illustre  auteur  de  tant  de  beaun 
morceaux ,  auroit  souhaité  qu'om 
eut  introduit  en  France  l'usage 
^établi  en  Angleterre,  de  lire  le4. 
Sermons  au  lieu  de  les  prêcher  da^ 
mémoire  :  usage  commode,  mais( 
qui  fait  perdre  à  l'éloquence^ 
toute  sa  chaleur.  Il  lui étoit arrivé^ 
aussi  bien  qu'à  deux  autres  de  seft 
confrères  ,  de  rester  court  ei» 
chaire  précisément  le  mdme  Jour* 
lis  préchoient  tous  les  trois  em 
différentes  heures  un  Vendr^i-^ 
Saint,  Ds  voulurent  s'aller  enteuin 
dre  alternativement.  La  rff^moiro 
manqua  au  premier;  la  crainta. 
saisit  les  deux  autres ,  et  leur  fit^ 
éprouver  le  même  sort.  Quand  oi\ 
demandoit  à  notre  illustre  ora-» 
teur ,  quel  étoit  son  meilleur, 
Sermon  ?  CeUii  que  je  sais  le 
mieux,  répondpit— il.  On  attribua 
la  même  réponse  au  P.  Bourda-^ 
loue.  Le  célèbre  Père  de  la  Bua 
pensoit  comme  MassiUon  «  qua 
la  coutume  d'apprendre  par  cœujc 
étoit  un  esclavage,  qui  enlevoit  m 
la  chaire  bien  des  orateurs,  et  qui 
avoit  bien  des  inconvéniens  pour, 
ceux  qui  s'y  consacroient.  (  Voy. 
son  article.  )  L'abbé  de  la  Porte. 
a  recueilli ,  en    un  voL  iAr^^j   • 


2» 


MAS 


les  idées  les  ptàs  brillantet  et  let 
traits  les  plus  saillans  répandus 
dans  les  ouvrages  du  célèbre 
évéque  de  Clermont.  Ce  recueil , 
fait  avec  choix  ^  a  paru  à  Paris 
en  1748 ,  in'12  ^  et  forme  le  i5* 
volume  de  Tédition  grand  in— 12 , 
«t  le  i3*  du  petit  in— 12;  il  est 
intitulé  :  Pensées  sur  différens 
sujets  de  morale  et  de  piété  »  Z^- 
rées ,  etc.  On  a  publié,  en  1792^ 
in-8<^9  ses  Mémoires  de  la  mi~ 
norité  dâ  Louis  XV ,  intéressans 
par  beaucoup  de  faits  particu- 
liers ,  et  par  des  détails  sur  l'in- 
térieur de  la  cour.  Us  prouvent 
que  MassiUon  étoit  très-instruit 
•n  matière  de  gouvernement ,  et 
^uil  avoit  jeté  un  coup  d*œil 
attentif  et  juste  sur  les  événe- 
mens  dont  il  fut  témoin ,  et  sur 
les  acteurs  qui  occnpoient  alors 
la  grande  scène  du  monde.  Le 
aty]e  en  est  facile  et  simple  9 
quelquefois  même  négligé  ;  mais 
la  clarté  du  récit  et  la  netteté  des 
développemens  marquent  une 
main  exercée  à  écrire. 

M ASSINISSA ,  Voyez  Masi- 

VÏ.^MASSON,  (Antoine) 
rraveur  ^iié  k  Thoury  près  d'Or- 
léans, en  i636,  mort  en  1700, 
à  64  ans,  ne  doit  pas  être  con- 
fondu avec  Benoit  Masson,  scul- 
pteur habile  ,  né  à  Richelieu ,  et 
mort  en  1684,  dont  les  statues 
se  voient  à  Versailles.  Antoine 
excelloit  dans  les  portraits. 

VII.  M  ASSON  DE  MoRviL- 
UEILS  ,  <  N.  )  poète  médiocre  , 
mais  écrivain  correct,  a  publié 
divers  ouvrages  relatifs  à  la  géo- 
graphie, et  plusieurs  pièces  de 
Vers  dans  les  recueils  qui  leur 
étoient  consacrés.  On  lui  doit  : 
I.  Abrégé  de  la  Géographie  de  la 
^FrigaM  )  1774  j  a  volumes  ia-i2« 


MAT 

II.  Autre  sur  la  Géographie  jt 
ritalie^  '774  9  in— 12.  Wl,  Autre 
sur  la  Géographie  de  l'Espagne 
et  du  Portugal,  1776,  in-x2« 
IV.  Divers  articles  sur  la  Géo- 
graphie moderne,  insérés  dana 
l'Encyclopédie  méthodique.  Mas-* 
son  est  mort  à  Paris  dans  le  moil 
de  septembre  1789. 

MATHO,  maître  de  musiqtia* 
de  la  cour  de  Louis  XIV,  £t 
plusieurs  chansons  tendres,  in-« 
sérées  dans  le  recueil  de  Bal* 
lard,  et  la  musique  de  l'opéra  - 
iSArion  ,  par  Fuzelier, 

t    MATHON,  DB  LA  COOR, 

(Jacques)  né  à  Lyon  le  28  00 
tobre  1712,  mort  dans  la  mêtna 
ville,  vers  l*an  1770,50  distin- 
gua par  ses  connoissances  et  sel 
ouvrages  en  mathématiques.  Il 
fut  Tun  des  membres  les  pluâ- 
laborieux  de  l'académie  de  sa 
patrie.  On  lui  doit  *.  I.  Mémoire 
sur  la  manière  la  plus  avanta-* 
geuse  de  suppléer  à  Faction"  dtt 
vent  sur  les  grands  vaisseaux , 
1753.  II.  Nouveaux  Elémens  ie 
Jjynamiqae  et  de  Mécanique, 
Lyon.  1763,  3  volumes  in-ia. 

III.  Essai  du  calcul  des  machines 
mues  par  la  réaction  de  l'eau, 
dans  le  Journal  de  physique. 

IL  MATHON  DE  LA  Coui, 
(Charles- Joseph)  fils  du  précé* 
dent,  naquit  à  Lyon  en  1738. Dfj 
bonnes  études  développèrent  en 
lui  un  esprit  naturel  et  un  goût 
sûr.  Venu  jeune  à  Paris,  il  y* 
fut  connu  et  aimé  des  hommes 
de  lettres  les  plus  distingués ,  et 
s*y  fit  d'abord  connoître  par  les 
prix  qu'il  remporta  à  racadémis 
des  Inscriptions ,  et  dans  d'autres 
Sociétés  littéraires.  De  retour  à 
Lyon ,  il  fut  accueilli  par  Taca* 
demie  de  cette  ville,  et  y  devint 
l'hôte  Aimable  de  to«i  les  savsD* 


MAT 

fui  f  passaient ,  le  protecteur  dé 
quiconque   a  voit  b«5oin   de   ses 
conseils  et  de  ses  secours',  l'ami 
des  pauvres ,  et  l'auteur  de  plu— 
iieurs  établissemens  utiles.  Ar- 
rêté après  le  siège  de  sa  patrie  ^ 
en  1753  ,   il  y  fut  condamné  à 
mort    par   le  tribunal  de  sang 
çui   égorgeoit  les  citoyens ,  au 
nam  ffune  loi  barbare*  Ses  ver-* 
tus   furent  douces   et  paisibles.^ 
son  érudition  étendue  ;  son  ami- 
tié constante  ,  sa  religion  sincère, 
«a  bienfaisance^noble  et  sans  os- 
tentation. «  On  a  inhumainement 
privé  du  jour ,  a  dit  Tun  des  au- 
teurs de  ce  Dictionnaire  ^  dans 
ion  Tableau  des  Prisons  de  Lyon. , 
celui    qiii    ne  l'employa  iamais 
qn'à  fairo  du  bien.   Bienfaisant 
ilailton  !  puisse-t-on  recueillir 
bientôt  5  et  lorsque  nos  fils  se- 
ront heureux ,  les  généreiix  fruits 
i&  tes  veilles  et  de  tes  pensées  ; 
de  tes  veilles  sans  cesse  Occupées 
à  secourir  finnocence  9  à  soute- 
nir l'honnête   industrie;  de  tes 
pensées  ,    grandes  ^    simples    et 
inres  comme  ton  coeur  ?...  C'est 
a  lui  qu'on  dut  les  premiers  suc- 
cès de  la  société  Phtlantropique, 
les  secours  pour  les  mères  nour- 
rices 5  un  établissement  pour  ar- 
racher les  jeunes  en  fans  à  l'oisi— 
yeté.  Pour  naturaliser  la  mou- 
ture économique,  et  rendre  le 
pain   du   peupl^   moins  cher  et 
meilleur ,  il  et  venir  à  ses  frais 
des  ouvriers  de  Taris.  11  chercha 
à  rendre  commune ,  dans  tous 
les  quartiers,  l'eau  du  Rhône, 
vive ,  légère  et  salutaire  en  divers 
maux.  Il  établit  pendant  quelque 
temps  un  Lycée ,  propre  à  faci- 
liter aux  artistes  Texposition  de 
leurs  chefs-d'œuvre,  et  les  moyens 
d'être  connus.  Tout  ce  qu'il  dit, 
tout   ce    qu'il    pensa ,  loot   fut 
rapporté  par  lui  au  bien  général, 
négligent  pour  ses  propres  af- 


M  A  t 


^ 


faites ,  il  ne  rêva  qu*à  bien  faire 
celles  des   autres.  Ici  «  il  faisoit 
imprimer  à  ses  frais  un  ouvrage 
utile,  pour  en  laisser  le  béné-« 
fice  à  son  auteur.  Là  ,  il  con-** 
tractoit  une  dette  pour  aa:[tntter 
celle  du  pauvre.  Dans  u^  siècle 
d'égoïsme,  il  eut  jusqu'au  cou«« 
rage  de  se  consacrer  à  la  biei^*» 
faisance  sans  partage,  et  de  con^ 
sentir  plutôt  à  passer  "pour  rî«» 
dicule  ou  singulier  aux  yeux  de 
la  frivolité  inhumaine ,  que  de  ' 
manquer  une  seule  oci^asion  de 
sacrifier  son   temps,  ses  peines 
ou  sa  bourse,  à  la  bonne  action 
qu'on  lui  indlquoit.  Et  on  a  fait 
mourir  de  pareils  hommes  !  JJor*' 
feuU  lui-même  parut  hésiter  s'il 
pou  voit  faire  tomber  une  tète  si 
éclairée,  si  vertueuse.  «  Tu  étois 
noble ,  lui  dit-il  ,   tu   n'as  pas 
quitté  Lyon  pendant  le  siége^  : 
lis  le  décret  ;  tu  peux  prononcer 
toi— même  sur  ton  sort.  »  Aingi 
l'Athénien  Lysias  s'écrioit  au-« 
trefois  :  Ce  rCest  pas  moi ,  Eras'» 
thotène ,  c'est  la  loi  qui  te.  lue. 
En  effet  ,   Mathon  hit  larticlé 
funeste ,  et  répondit  :   «  Il  esft 
sâr  que  cette  loi  m'atteint ,  je 
Saurai  mourir.  i>  Il  ne  reprochtr 
rien  à   cette  loi   ©ruelle  ;  il  ne 
reprocha  rien  aux  hommes.  Seul 
avec  Dieu  ,   on  le  vit  aller  de 
Roanne  en  Bellecour ,  sans  vaine 
ostentation  ,   comme   sans  foi- 
blessé  ;  profondément  recueilli , 
le  front  chauve  et  élevé ,  les  yeuji 
fixés  sur  la  terre,  qu'il  quittoit 
sent  Muîrmure ,  il  remplit  sa  pre-^ 
mesfe  ^  et  «ut  mourir.»  Mathoit 
de  la  Cour  éfoit  beau-frère  du 
poëté    Lem^èrre,   Son    épouse, 
pleltie  d'esprit  et  '^de-vertus ,  fit 
le   bonheur   de   sa  'Vie ,   et   est 
restée  inconsolable  de  la  perte  de 
son  épou:t.  On  doit  n  cclui-tïi  z 
L  Lettres  sur  riYiconstance,  à îoc- 
'  casion  de  k  comédie  de  Ifu^ul^, 

E3 


^8 


MAT 


wtDesronais,  lySS^in^U'ILLel^ 
ires  sur  les  Peintures  exposées 
an  salon,  en  ijGS^  176S  et  176*7, 
in~i2  :  on  y  remarque  une  foule 
d'observations  fines,  et  le  mo-* 
idèle  d'une  critique  judicieuse  au- 
tant qu'honnête.  111.  Traduction 
ide  l'opéra  italien  d'Orphée  et 
H' Eurydice  ,1766)  in- 1  a.  M.  Sau" 
èrean^  avoit  conçu  l'heureuse  idée 
de  réuftir ,  chaque  année ,  les 
Heurs  qtie  la  poésie  faisoit  éclore  , 
«t  l'avoit  exécutée  dans  la  publi- 
cation du  premier  volume  de 
VAlmanach  des  Muses;  Malhon 
de  la  Cour  j  lié  avec  lui  par  la 
jplus  étroite  amitié  9  l'aida  dans 
f  e  choix  des  trois  volumes  snivans. 
Ce  recueil  fut  le  premier  de  ce 
genre ,  et  il  est  devenu  le  père 
.d'une  infinité  d'autres  qui  n'ont  pas 
i^u  autant  de  succès.  IV.  Disser- 
êatiofi  sur  les  causes  qui  ont  al- 
téré les  lois  de  Lycurgue  chez  les 
Xiacédémoniens, jusqu'à  ce  qu'elles 
aient  été  anéanties ,  177 1 9  in-8.<' 
£lle  fat  couronnée  à  l'académie 
des  Belles-Lettres  de  Paris.  V.  Dis- 
cours sur  le  danger  de  la  lecture 
'des  livres  contre  la  religion  j  1 77 1 5 
in-8.0  11  obtint  le  prix  da  Tlm- 
maculée  Conception,  à  Rouen. 
[VI.  Lettres  sur  les  Rosières  ^  1 78 1 9 

.  in-i2.  VII.  Testament  de  jfo/— 
tuné  Bicard,  1785.  Ce  badinage 
ingénieux  prouve  ce  qu'on  devoit 
>ittendre  dans  un  gouvernement 
iSage  ,  de  l'économie  et  de  la  pré- 

^ -voyance.  UAngleterre.nous  envia 
ce  dernier  écrit ,  le  traduisit,  et 
l'attribua  pendant  long-*temps  à 
J^rancklin,  VIIL  Discéfurs  sur  les 
sneilleurs  moyens  de  faire  naître 
et  d'encourager  (e  patriotisme 
dans  une  monarchie,  1788,  in  8.^ 

-11  remporl;,a  le  prix  de  l'académie 

.  de  Chàlons-sur-Mar^e,  et  le 
^érita  par  des  vues  sages  et  un 

.  «tyle  élégant.  IX,  Collection  des 
fompUs  rjsndus  ^  concernai^  iç| 


MAT 

fman<!e5  de  France  depuis  17$^ 
jusqu'en  1787,  Paris ,  1788, 
in-8.**  V.  Des  Idylles  en  prose , 
des  Eloges ,  et  une  foule  d'Ana^ 
lyses  dans  le  Journal  de  Lyon, 
qu'U  établit.  Il  avoit  aussi  long- 
temps travaillé  à  celui  de  Mu^ 
sitfue ,  et  au  Journal  des  Damet^ 
après  Dorât, 

MATHAINI,  (  Clair e-Canta- 
rini  )  née  à  Lucques  ,  vivoit  en 
i362  ,  et  se  rendit  céièbre  par 
la  variété  de  ses  connoissances  , 
l'agrément  de  son  style ,  et  la  dé- 
licatesse de  son  esprit.  On  trouve 
ses  Poésies  insérées  dans  le  re- 
cueil publié  par  Giolito  à  Venise, 
en  i56'6.  On  doit  encore  à  cette 
savante  :  I.  Des  Lettres  irtipri- 
mées  à  Lucques ,  en  1 5  9  5.  IL  Des 
Méditations  Chrétiennes ,  termi- 
nées par  une  Ode  à  Dieu ,  qui  a  de 
la  foTrçe.  III.  Une  Ki>  de  la  Sainte 
Vierge,  Tous  les  poètes  du  temps 
se  plurent  à  lui  adresser  des  vers 
et  à  rendre  hommage  à  ses 
talens.  • 

L  MATY ,  (  Matthieu  )  bi- 
bliothécaire du  Muséum  Britan** 
nique  ,  étoit  né  en  Hollande. 
Destiné  d'abord  à  la  théologie , 
e^  ayant  essuyé  des  tracasseries  à 
cause  de  son  penchant  au  So^ 
cinianisme  ,  il  prit  le  bonnet  de 
docteur  en  médecine  en  1740, 
se  retira  à  Londres  en  17499  «t 
y  moArut  en  1776.  Il  est  princi- 
palement connu  par  le  Journal 
Britannique  «  auquel  il  fournit 
d'excellens  extraits.  Ce  Journal 
renferme  de  très-bons  morceaux 
de  littérature  angloise.  L'érudi- 
tion ,  les  diverses  coanoissances^ 
l'esprit ,  le  goût  et  la  politesse 
de  Maty ,  son  principal  auteur, 
iservirent  beaucoup  à  son  succès. 
Tous  les  étrangers  ,  curieux  de 
voir  le  Muséum,  trouvèrent  en 
lui  ces   différentes  qualitési  lA 


j 


MAT 

ft^oîr  ne  Ta  voit  point  rendit  pé- 
dant ;  il  faisoit  même  des  vers 
frtnçois  ,  écrits  avec  agrément 
et  légèreté.  On  a  encore  de  lui , 
la  Vie  de  Chesierfield,  à  la  tête 
de  ses  Œuvres  ,  177»  >    -  vol. 

II.  MATY  5  (Paul-Henri  )  fils 
du  précédent,  né  en  1745,  «ous- 
bibliothécaire  du  Maséum  Bri- 
tannique ,  et  secrétaire  de  la  so- 
ciété royale  de  Londres  >  mort 
tn  1787  ,  à  42  ans  ,  traduisit  en 
anglois  le  Voyage  d'Allemagne 
du  baron  de  Riesbeck ,  trois  vol. 
in-8.°  Cétoit  nn  homme  ins- 
truit 5  ami  de  la  liberté,  et  sa- 
chant faire  des  .sacrifices  plutôt 
que  d'abandonner  ses  senti  mens. 
On  a  imprimé  ses  Sermons • 


M  A  U 


f^ 


étendre  le  pouvoir  du  monarque  ^ 
et  le  débarrasser  des  entraves  qu«- 
le  parlement  appoi  toit  à  ses  vo-« 
lontés.  En  177 1 ,  les  oflikes  fa-» 
rent  supprimes ,  et  le  chancelier 
vint  installer  les  juges  du  grand 
conseil  k  la  place  des  magistrats 
du   parlement.    Cette  exécution 
produisit  une  foule  de  pamphlet» 
contre  Meaupeou  ;  mais  celui-ci 
n'en  resta  pas  moins  inébranla-^ 
ble  dans  ses  vues.  Louis  XV! y 
cédant  au  vœn  le  plus  général  ^ 
ayant  rappelé  les  anciens  magis-* 
trats ,  exila  le  chancelier  dans  sa 
terre  de  Tuy  en  Normandie  ;  il  y 
vécut  dans  la  retraite  et  la  paix  y 
refusant  constamment  de  remet- 
tre son   titre  de  chancelier  ,  à 
moins  qu'on  ne  lui  fît  son  pro-^- 
ces  :  il  est  mort  en  iy^^^ 


M AUFER  ,  (  Pierre  )  impn-  m^UPIN  ,  (N...  Aubîgny)  fille 
meur  Franco.*,  fut  le  premier,  ^.^  ,^,,étaire  du  comte  tf^^ 
,ai  porta  1  art  de  1  >mprin,ene  a     ^         ^^  ^  ^^^^^  ^^  ^^^^^ 

Padone,  vers  laii  H74r  »  de-     je  Marseille  ,  et  devint  en«ùte- 
meura  ensuite  a  Vérone  et  c  Ve-   ,  ^^  ^^^  premières  chanteuses  de 

l'opéra  de  Paris.  Sa  voix  étoit  un. 

de*  plus  beaux  BaS'-dessus  qu  o% 

eut  entendu  jnsqu'alprs.  Elle  dé- 

MAUGER,  (N.)  garde  di»    buta  en   1695  ,  par  le  rôle  do 

rps  du  roi  ,  est  aateur  de  trois^     PaUas  ,  dans  l'opéra  de  Cadmits^ 


nise  où  il  mourut  ,  à  la  fin  du 
i6«  siècle.  On  recherche  ses  édi- 
tions. 


€orp 

tragédies  ,  Amesùris  ^  Coriplark 
et  Cosroës,  Cette  dernière  fut 
représentée  en  175a.  L'auteur 
mourut  quelque  temps  après. 

MAUNOIR,  (Julien  )  tésuite 
Breton ,  a  publié  quelques  écrits 
dans  rîdiome  de  son  pays  ,  qui 
sont  devenus  très  — rares.  L'un 
deux  est  le  Dictionnaire  Tran^» 
çois^Brelon  armorique  ,  publié 
en  1659,  cbez  Jean  Hardouin, 
libraire  a  Qiiimper  ,  in-8.°  L'au- 
teur est  mort  vers  k  fmdu  17* 
siècle. 

MEAUPEOU,  (Nicolas^ 
René- Charles  Augustin  de)  chan- 
celier de  France  en  1 768  ^  youlut 


Elle  excelloit  sur-tout  en  repré- 
sentant Médée  ,  dans  l'opéra  de 
Médiis  par  la  Grange  »  qui  fut 
joué  en  1702.  Trois  ans  après  ^ 
cette  chanteuse  renonça  au  théâ-« 
tre ,  et  mourut  à  la  fin  de  1707  ^ 
âgée  de  33  ans.  Très-adroite  dans 
les  exercices  du  corps  ,  elle  étoit 
sur- tout  d'une  granïle  force  dan$- 
Vescrime*  Un  acteur  l'ayant  in- 
sultée ,   elle  Fattendit  un  soir  , 
vêtue  en  homme ,  dans  la  place- 
des  Victoires ,  et  voulu*  lui  faire? 
mettre  ^épée  ii  la  main  ;  sur  son 
refns ,  elle  lui  donna  des  coup»: 
de  canne  9  et  lui  prit  sa  tabatière-.. 
Le,  lendemain ,   l'acteur ,  dégui- 
sant son  aventure ,  racdutoit  9M 

^4 


îoyer  qti'il  avoit  été  attaqua  pif 
trois  voleurs  qui ,  malgré  sa  ré- 
^stance,  lui  avoient  enlevé  sa 
tabatière.  «  Tu  mens  impudem- 
ment, lui  dit  son  adversaire ,  tu 
n'as  été  attaqué  que  par  une  seule 
personne,  et  cette  personne  c'est 
fnoi  ;  en  voici  la  preuve.  »  Elle 
tira  en  même  temps  la  tabatière 
qu'elle  lui  rendit*  Une  autre  fois, 
déguisée  en  homme  dans  un  bal , 
«lie  prit  querelle  avec  trois  dan- 
«eurs ,  les  fit  [descendre  sur  la 
place  et  les  blessa  tous  les  trois. 
Cette  actrice  n*étoit  pas  grande  , 
mais  ses  traits  étoient  réguliers  et 
agréables  ;  et  elle  avoit  de  beaux 
cheveux  châtains,  de  grands  yeux 
bleus ,  la  bouche  jolie ,  la  peau 
ëclatante.  On  rapporte  qu  elle  sa- 
voit  très-peu  de  musique  ,  mais 
qu'elle  réparoit  ce  défaut  par  une 
mémoire  prodigieuse  qui  lui  fai— 
toit  retenir  le  nombre  de  toutes 
les  mesures  de  silence  et  de  repos 
gu'elle  devoit  observer. 

II.  MAUR,  (D.  Charles  le) 
Brigadier  des  armées  du  roi  d'£â« 
pagne ,  parvint  par  son  mérite 
au  grade  de  directeur  général  des 
Ingénieurs.  On  lui  doit  un  Traité 
de  Dynamique  très«-répandu  en 
, Espagne,  quoique  mamiscrit,  et 
des  Eléments  de  mathématiques , 
qui  ont  été  imprimés.  Il  conçut 
le  projet  du  canal  de  Camftos.s 
et  il  obtint  la  direction  de  celui 
de  Murcie.  Il  a  dirigé  la  roagnir 
£que  route  qui  sert  de  commu-> 
nication  aux  deux  Andalousies; 
et  il  étoit  occupé  à  niveler  un 
canal  de  navigation  depuis  &ua- 
darama  jusqu'à  TOcéan,  lorsque 
ila  mort  termina  sa  carrière  le 
%S  novembre  1785. 

*  MAUREPAS,  (  Jean-Fré^ 
deric  Phelypeaux  ,  comte  de  ) 
petit-iils  du  comte  de  Pontchar" 
>mn  f  ministre  sous  Louis  XIV^ 


M  AU 

naquît  en  1701 ,  et  fut  nomift^ 
secrétaire  d'état  en  171 5.  Il  eut 
le  département  de  la  maison  da 
roi  en  17 18 ,  et  celui  de  la  marine 
en  1 7  23.  Enfin ,  il  fut  nommé  mi« 
nistre  d'état  en  1788 ,  et  montra 
dans  ces  différentes  places  ,  de 
l'activité ,  de  la  pénétration  ^  de 
la  finesse.  Condoràet  peint  ainsi 
le  comte  de  Maurepas  ,  dans  l'É- 
loge prononcé  le  10  avril  178»  9 
àjacadémie  à&s  Sciences,  dont 
ce  ministre  étoit  membre  hono^ 
raire.    «.   Toujours    accessible  9 
cherchant  par  la  pente  naturelle 
de  son  caractère ,  à  plaire  à  ceux' 
qui  se  présentoient  à  lui  ;  sai- 
sissant avec  une  facilité  extrême 
toutes  les  affaires  qu'on  lui  pro— 
posoit  ;  les  expliquant  aux  inté-« 
resséâ  avec  une  clarté  que  sou- 
vent ils  n^auroient  pu  eux- même» 
leur  donner  ;    se  \es  rappelant: 
après  un  long  temps  comme  s'iT 
en  eût  toujours  été  occupé  ;  pa-* 
roissaiit  "Chercher  les  moyens  de 
'  les    faire   réussir  ;   choisissant  ^ 
lorsqu'il  étoit  obligé  de  refuser  , 
les  raisons  qui  paroissoient  venir 
d'une  nécessité  insurmontable  , 
et,  s*il  étoit  possible,  celles  mémm 
qui  pouvoient flatter  l'amour  pra^ 
pre  de  ceux  dont  il  étoit  obligé 
de  rejeter  les  demandes  ;  évitant 
sur-tout  de  leur  laisser  entrevoir 
les  motifs  qui  pouvoient  les  bleS' 
ser  :  adoucissant  les  refus  par  us 
ton  dlntérét  qu'un  mélange  de 
plaisanterie  ne  permettoit  pas  de^ 
prendre    pour   de  la  fausseté  } 
paroissant  regarder  l'homme  qui 
lui  parloit,  comme  un  ami  qu'il 
se  plaisoit  à  diriger  ,  à  éclairer 
sur  SQS  vrais  intérêts ,  et  cachant 
enfin  le  ministre ,  pour  ne  mon«« 
trer  que  l'homme  aimable  et  fa- 
cile :  Tel  fut  ,  à  l'âge  de  vingt 
ans ,  M.  de  Maurepas  ;  tel  noua 
l'avons  vu  depuis  à  plus  de  qua** 
tre-vingts  ans.  »  Cet  éloge  ac^ 


K 


M. AU 

i^iiiîqtie    seroft    susceptible   de 
^elqnes  restrictions  ;    et  nous 
renverrons  le  lecteur  à  ce  que 
dit  M-  de  la  Harpe  de  ce  mi- 
nistre octogénaire,  dans  le  Mer- 
tare  du  23  juin  1792.    Exilé  à 
Bourges,  en   1749,  par  les  in- 
trigues d'une  dame  puissante  à  la 
cour  y    (  Mad.   de  Fompadour , 
contre  laquelle  U  a^oit  fait  une 
cbanson  )  Maurepas  ne  mit  point 
de  faste  dans  la  manière  dont  il 
supporta  cet  événement.  Lèpre--* 
mier  four ,  disoit-il ,  j'ai  étépiqué  ; 
U  second  f  étais  consolé»  H  plai- 
lantoit  j  en  arrivant  dans  le  lien 
de  son  exil ,    «   sur  les  Èpitres 
éédicatoires  qu'il  alloit  perdre  , 
€t  snr  le  chagrin  des  Auteurs  qui 
aUoient  perdre  leurs  peines ,  leurs 
phrases  et  leurs  espérances,  m  La 
considération  publique  le   suivit 
chfis  sa  retraite.  Il  y  fut  consulté 
ptt  une    muFtitude  de  familles 
<iistingiiées  ,    sur  lenrs  intérêts 
les  plus  cbers.  H  remplaça  ce 
qu'il  avoit  perdu  à  la  cour ,  en 
te  livrant  à  tOus  les  plaisirs  de  la 
lociété,  et  en  cultivant  un  grand 
nombre  d'amis  ,  qui  ne  l'aban- 
^nnèrent  point  dans  sa  disgrâce, 
"«ppelé  au  ministère,  en  1774, 
P*r  -Xfuis  Xyi ,  qui  lui  accorda 
toute  tel  confiance  ,  il  ne  montra 
a  ceux  wjii   l'avoient  oublié  ou 
desservi,  n  indignation  ,  ni  dé- 
dain. Son  ext^ieur  ,  sa  conversa- 
tionn'annonçoi^nt  qu'un  homme 
de  bonne  compagnie  ,  et  non  un 
homme  qui  voi\loit  se  prévaloir 
de  sa  place.  Sa  m'^son  fut  celle 
tftm  particulier  rich*;^  mais  ami 
de  la  simplicité   et    àt  Tordre. 
Avec  l'air  d'effleurer  les  -nTuiets, 
il  négligeoit  rarement  de  les,p^ 
profondir ,   du  moins  dans   so^ 
premier  ministère.    Ce  fut  lui 
^i ,  dans  un  Mémoire  remis  à 
Louis  XV,  en  1749,  développa 
les  moyen^' d'ouvrir  9  par  Tinté- 


M  AU 


7Î 


rieur  du  Canada,  un  coromtrco 
avec  les  Colonies  Angloises,  dm 
leur  apprendre  a  aimer  le  nom. 
François,  et  à  regarder  la  Franc* 
comme  une  ailiée  naturelle  ,  et 
l'Angleterre  comme  uneroarfttr* 
dont  ils  dévoient  briser  le  joug. 
Ce  qu'il  n'avoit  fait  qu'entrevoir 
alors  ,  il  eut  le  plaisir  de  le  voir 
exécuté  avant  que  de  mourir.  On 
lui  est  redevable  encore  de  lé 
bonne  construction  de  nos  vais-* 
^eaux.  Lorsqu'il  étoit  ministre 
de  la  marine ,  il  envoya  en  An- 
gleterre un  homme  instruit  pour 
se  mettre  an  fait  de  cet  art ,  et 
en  établir  à  Paris  une  école  pi»* 
blique.  Il  eut  presque  toujoort 
le  mérite  de  préférer  hautement 
Us  sciences  aux  talens  frivoles  y 
et  les  arts  nécessaires  aux  art» 
agréables  ,  sacrifiant  ainsi  son 
goût  particulier  à  ce  que  loi 
prescrivoit  l'utilité  publique.  Sa 
correspondance  étoit  remarqua^ 
ble  par  sa  clarté  et  sa  précision; 
il  disoit  beaucoup  de  choses  en 
peu  de  mots  :  aussi  expédioit-il 
plusieurs  lettres  dans  un  espaea 
assez  court,  il  mourut  le  »i  no« 
vembre  1781  ,  à  81  ans.  Quoi-* 
qu'il  eut  le  titre  de  chef  du  con« 
se  il  des  finances  ,  il  ne  put  les 
rétablir  ,  parce  que  la  gnerre 
d'Amérique  et  les  dettes  précé«* 
dentés  ne  permettoient  guèref 
de  mettre  de  l'ordre  dans  le 
trésor  royal  ;  et  penl^étre  ansd 
parce  qu'il  craignoit  que  des 
réformes  trop  fortes  ne  trou- 
blassent son  ministère.  Voilà' 
pourquoi  il  sacrifia,  dit- on  ^ 
Turgot  à  la  cabale ,  qui  ne  voyoit 
dans  les  chan^^'emens  projetés  par 
le  minisfre  vertueux ,  que  les  ten- 
tatives d'un  administrateur  im- 
prudent. Enfm  ,  pour  opérer  des 
*^formes,  il  fnlloit  le  courage 
*^'He  a  me  forte  ,  et  celle  da 
^»  *?  Maurepas   étoit  affoibli)^ 


74 


M  A  U 


par  la  vieillesse ,  par  Tégoîsme 
et,  rinsouciancs  :  suite  ordinaire 
de  l'âge  avancé.  Sa  seule  ambi- 
tion serobloit  se  borner  à  dire 
quelque  bon  mot  sur  les  événe- 
znens  du  jour.  Il  a  laissé  des  Mé-- 
moires  curieux  ,  mais  écrits  avec 
négligence  ;  Paris  ,  1792,  4  vol. 

MAUROJENY ,  hospodar  de 
Valachie,  prit  les  intérêts  de  la 
Porte  contre  les  Autrichiens ,  en- 
tra dans  la  Transylvanie  ,  souilla 
JEcs  succès  par  le  pillage  et  la 
cruauté  9  et  fut  à  son  tou^r  battu 
par  le  major  Orosz ,  le  général 
Tetzey  ,  et  forcé  (Jans  son  camp 
de  Kalafat ,  par  le  général  Clair-^ 
fait ,  qui  le  mit  dans  une  déroute 
complète.  Le  divan  se  croyant 
trahi  par  Maurojeny  ,  chercha  à 
le  perdre.  Au  mois  d'octob.  1790, 
celui-ci  se  rendit  au  camp  du 
grand  visir  sur  l'invitation  de  ce 
dernier;  mais  à  peine  y-  fut— il 
arrivé ,  qu'on  lui  trancha  la  tête 
pour  l'envoyer  à  Constantinople. 

M  AU  VI A  9  reine  des  Sarasins , 
dans  le  4^  siècle  ,  désola,  à  la  tôte 
d'une  armée  ,  l'Arabie  et  la  Pa- 
lestine. £lle  fit  ensuite  alliance 
'avec  l'empereur  Valens  ,  et  le 
•servit  dans  ses  guerres 'contre  les 
'Goths.  Ce  dernier  lui  envoya  un 
moine  d'Egypte  appelé  MoUe , 
qui  lui  lit  embrasser  le  Christia- 
nisme ,  aitisi  qu'à  son  peuple. 

.  III.  MAYER ,  <  N.  )  célèbre 
astronome  •  de  l'ordre  des  Jésui<« 
tes  ,  né  à  Mederitz  en  Moravie , 
en  17 19  9  iiit  professeur  de  phi-^ 
losophie  à  l'université  d'Heidel- 
berg.  L'électeur  Palatin  qui  l'a- 
voit  appelé  à  cette  école,  lui  .fit 
Tbâtir  un  observatoire  à  Man— 
heim.  Il  découvrit  les  Satellite? 
des  Étoiles  :  vérité. d'abord  co*,"* 
tredite  comme  tcnites  les  vé*^®* 


M  A  Z 

ijonvelles  ,  et  ensuite  reconntte 
par  l'académie  des  Sciences.  U 
mourut  en  1783 ,  d'un  polype  au 
nez  ^  après  avoir  fait  un  voyage 
en  Russie ,  pour  y  observer  le 
passage  de  Vénus.  On  a  de  lui; 
I.  Basis  Palatin  (U  II.  I)e  tran^ 
situ  Veneris,  IIL  De  novis  in. 
CœLo  sidereo  phenomenis  j  et 
d'autres  ouvrages  pleins  d'obser- 
Tations  exactes  ,  qui  peuvent 
servir  aux  amateurs  de  l'astro-? 
nomie  et  de  la  géographie. 

L  MAYERNE,  (Louis  Tur-i 
quet  de  )  a  publié  une  histoire 
d'Espagne  en  2  vol.  in-folio.  Le 
premier  parut  en  1608  ,  le  se- 
ccyid  en  i'636.  Elle  est  prise  dan^ 
Mariana  ,  mais  elle  est  biea 
inférieure^  à  celle  de  cet  écri- 
vain. 

MAZANIELLO,  Voyez 
Amiello. 

M AZART> ,  (  Etienne  )  né  à 
Lyon  en  1660  ,  perfectionna  la 
chapellerie  en  France.  Ce  fut  lui 
qui  y  introduisit  l'usage  du  cas- 
tor ,  au  lieu  de  laine.  11  passa 
en  Angleterre  pour  y  étudier  \e$ 
procédés  des  ouvriers  de  cetf<» 
contrée ,  et  il  en  ramena  p?"- 
sieurs  avec  lui  en  France.  ^  ®c-« 
quit  une  fortune  consi^^^'^^^^ï 
qu'il  légua  à  l'hôpital  «^  ^^  ^^^^ 
rite  à  Lyon ,  en  y  ^ndant  des 
dots  pour^  marier  de  pauvres 
filles.  Il  mourut  en  1786. 

*  L  MAZARïî?^  »  (Jules)  né 

à  Piscina  dap*  l'Abruzze,  le  14 

juillet  i6orf  9  d'une  famille  np:^ 

ble  ,  (  V<y^^  Martinozzj  )  s'a^ 

tacha^^  cardinal  Sachetci.,  Après 

avoi'  P"s  le  bonnet  de  docteur , 

i\ie  suivit  en  Lombardie  9  et  y 

étudia  les  intérêts  des  princes  qui 

étoient  alors  en  guerr&pour  Cazal 

et  le  Montferrat.  Le  cardinal  An-» 

totne  Barberifi ,  neveu  du  paçe  ^ 


M  A  Z 

■pétant  rendu  en  qualité  de  légat  9 
dans  le  Milanez  et  en   Piêniont 
pour  travailler  à  la  paix  ,  Ma-' 
zariit  l'aida  beaucoup  à  mettre  la 
dernière    main  à  ce  grand  ou- 
vrage. H  fit  divers  voyages  pour 
cet  objet  ;  et  comme  les  Espa- 
gnols tenoient  Cazal  assiégé  ,  il 
sortit  de    leurs  retrancheuiens  , 
et  courant  à  toute  brida  du  côté 
des    François    qui  étoient  prêts 
a  forcer  les  lignes,  il  leur  cria  , 
la  Paix  /  la  Paix  !  Elle  fut  ac- 
ceptée et  conclue  à  Quérasque  9 
en  i63i.  La  gloire  que  lui  acquit 
cette  négociation  ,  lui  mérita  l'a- 
mitié du    cardinal   de  Fiichelieiu 
et  la  protection  de  Louis  XIII, 
Ce  prince  le  fit  revêtir  de  la  pour- 
pre par  Urbain  VII I;  et  après  la 
mort  de  Richelieu  ,  il  le  nomma 
conseiller  d'état   eb^Tun  de  ses 
exécuteurs  testamentaires.  Louis 
A7// étant  mort  l'année  d'après , 
1643  9  la  reine  Anne  d'Autriche  » 
régente  '  absolue  ,    le  chargea  du 
gouvernement  de  l'état.  «  Le  nou- 
veau ministre  affecta  y  dans  le 
commencement  de  sa  grandeur, 
4it   Voltaire  ,    autant    de   sim- 
plicité que    Hichelieu,  avoit   dé- 
ployé de  hauteur.  Loin  de  pren- 
dre des  gardes  et  de  marcher  avec 
un  faste  royal  9  il  eut  d'abord  le 
train  le  plus  modeste.  Il  mit  de 
l'affabilité  et  même  de  la  mol- 
lesse, où  son  prédécesseur  avoit 
fait  paroître  une  fierté  inflexi- 
ble. »   Majgré  ces  ménagemens 
ç[ni  ne   durèrent  guères  ,  il  se 
forma  un  puissant  parti  contre 
lui.  On  ne  pardonnoit  point  à  un 
étranger  l'avantage  d'être  m;îître 
^e  l'état.   On  jetoit  du  ridicule 
siir  sa  personne  ,   sur  ses  ma- 
nières j  sur  sa  mauvaise  pronon- 
ciation. Un  arrêt  d'union  entre 
lé  parlement  ,    la  chambre  des 
comptes  9  la  cour  des  aides  et  le 
firand  conseil  9  iuspiraut  de  Xi 


M  A  z 


75 


quiétiule  nu  ministre  ,  il  mande 
les  d''putii  du  parlement  pour 
leur  dire  qu3  la  reine  ne  vouloit 
point  de  tels  arrêts.  Les  magis- 
trats ayant  çépondu  qu'il  n'y  avoit 
rien   de  contraire  au  service  du 
roi  ;  si  le  roi ,  rcphqua  Ma:£arin  , 
ne  vouloit  pus  iju'on  portât  des 
glands  à  son  collet  ,  il  nen/au-^ 
droit  point  porter.    Ce  n'est  pas 
tant  la  chose  défendue  que  la  dé^ 
Je  use  qui  fait  le  crime,  La  com- 
paraison fournit  matière   ù  des 
vaudevilles  ,   arme   ordinaire  et 
souvent  dangereuse  en  France  ^ 
et   l'arrêt  d'oignoin,  (  car  c'est 
ainsi  qu'il  prononçoit  union  )  fut 
célébré  de  toute  part  à  tes  dé- 
pens. On  ne  se  borna  pas  à  ri- 
diculiser  le  ministre.  Les. peu- 
ples ,  accablés  d'impôts ,  et  ex- 
cités à  la  révolte  par  le  duc  d« 
Beau/ort,  par  le  coadjateur  d« 
Paris,  par  le  prince  de  Coati ^ 
par  la  duchesse  de  LongueviUc  , 
se    soulevèrent.    Le    parlement 
n>ant  refusé  de  vérifier  de  nou- 
veaux  édits  bursaux  ,  le  cardi- 
nal fit  emprisonner  le  président 
de  Blancmesnil   et  le  conseiller 
Broussel,   Cet   acte  de  violence 
fut  l'occasion  des  premiers  mou- 
vemens  de  la  guerre  civile  ,  en 
1648.  Le  peuple  cria  aux  armes, 
et    bientôt    les    chaînes    furent 
tendues  dans  Paris  ,  comme  du 
temps  de  la  Ligne.   Cette  jour- 
née ,  connue  dans  l'histoire  sous 
le  nom   des  Barricades  ,    fut  la 
première  étincelle  du  feu  de  la 
sédition.  La  reine  fut  obligée  de 
s'enfuir  de  Paris  à  Saint- Ger- 
main, avec  le  roi  et  son  minis- 
tre 5  que  le  parlement  venoit  de 
proscrire  comme  perturbateur  du 
repos  public.  (  Voyez  II.  Mari- 
GNY.  )  L'Ebpagne  ,  sollicitée  par 
les  rebelles,  prend  part  aux  trou- 
bles ,  pour  les  fortifier  ;  l'archi- 
<iuç^  gouverneur  des  Pays-Bas  ^ 


f4 


J 


Ukt 


Se  prépare  ^  à  la  tète  de  t  S^ooo 
liommes.  La  reine  ,    justement 
Ékirmée,  écoute  les  propositions 
du  paiement ,  las  de  la  guerre 
et  hors  d'étiif  de  la  soutenir.  Les 
troubles  s'appaisent,  et  les  con- 
ditions de  l'accommodement  sont 
signées  à  Huel ,  le  1 1  mars  1649. 
Le  parlement  conserva  la  liberté 
de  s'assembler ,  qu'on  avoit  voulu 
lui  ravir  ;  et  la  cour  garda  son 
ministre,  dont  le  peuple  et  le  par- 
lement avoient  conjuré  la  perte. 
Le  prince  de  Condé  fut  le  prin- 
clpal  auteur  de  cette  léconcilia- 
tion.  L'état  lui  devoit  sa  gloire  ^ 
et  Je  cardinal  sa  sûreté  ;   mais  il 
fit  trop  valoir  ses  services  ,  et  ne 
ménagea  pas  assez  ceux  à  qui  il 
les  avoit  rendus»  Il  fut  le  premier 
a  tourner  Mazarin  en  ridicule  ^ 
tprès  ravoir  servi  ;  à  braver  la 
reine ,  qu'il  avoit  ramenée  triom- 
phante à  Paris  ;  et'  à  insulter  le 
gouvernement  ,    qu  il  défendoit 
et  qu'il  dédaignoit.  On  prétend 
^  qu'il  écrivit  au  cardinal  :  AU*  il'- 
lustrissimo  Sigjtor  Fachino;  et  il 
lui  dit  un  jour  :  Adieu ,  Mars**- 
Mazarin  ,    forcé  à  être  ingrat, 
engagea  la  reine  à  le  faire  arrê- 
ter y  avec  le  prince  de  Conti  son 
frère ,  et  le  duc  de  LonguevUle^ 
On  les  conduisit  d'abord  à  Vin- 
eennes  ,    ensuite  à  Marcoussi  j 
puis  au  Havr&-de— Grâce  ,   sans 
que  le  peuple  remuât  pour  ce 
défenseur  de  la  France.  Le  par- 
lement fut  moins  tranquille;  il 
donna,  en   i65i  ,  un  arrêt  qui 
lannissoit  Mazarin  du  royaume  , 
et  demanda  la  liberté  des  princes 
avec    tant  de  fermeté  ,   que  la 
cour   fut    forcée  d'ouvrir  leurs 
prisons.  Ils  rentrèrent  comme  en 
triomphera  Paris ,  tandis  que  le 
cardinal  9  leur  ennemi ,  prit  la 
fuite    du   côté  de  Cologne.    Ce 
ministre  gouverna  la  cour  et  la 
France  du  fond  de  son  «xil.  H 


M  A  Z 

laissa  calmer  Torage  ,  et  renM 
dans  le  royaume  Tannée  d'après, 
«  moins  en  ministre  qui  venoit 
reprendre  son  poste  ,  qu'en  sou^» 
verain  qui  se  remettoit  en  pos- 
session de  ses  états.  11  étoit  con- 
duit par   une   petite    armée  à» 
sept  mille  hommes ,  levée  à  ses 
dépens,    c'est— à— dire  avec  l'ar- 
gent du  royaume  ,  qu'il    s'étoit 
approprié.  Aux  premières  nou<« 
velles    de   son   retour  ,  '  Gaston 
£  Orléans ,  frère  de  Louis  XIII  » 
qui  avoit  demandé  l'éloignement 
du  cardinal  ,    leva,  des   troupe» 
dans  Paris  ,  sans  trop  savoir  à 
quoi  elles  seroient  employées.  La 
parlement  renouvela  ses  arrêts  $ 
il  proscrivit   Mazarin  ,    et  mit 
sa  tête  à  prix.  »  (  Sièglb  de 
Louis  XIV ,  tome  L>  Le  princa 
de  Condé,  figué  avec  les  £spa« 
gnols,  se  mit  en  campagne  contra 
le  roi  ;  et  Turenne  ;  ayant  quitté 
ces  mêmes  Espagnols,  commanda 
l'armée  royale.  U  y  eut  de  petite» 
batailles  données  i  mais  aucuna 
ne  fut  décisive.  Le  cardinal  ae 
vit  forcé  de  nouveau  à  quitter  la 
cour.  Pour  surcroît  de  honte  ,  il 
fallut  que  le  roi  qui  le  sacrifioit 
à  la  haine  publique ,  donnât  una 
déclaration  par  laquelle  il  ren-* 
voyoit  son  minitre  ,  en  vantant 
ses  services  et  en  se  plaignant  de 
son  exil.  Le  calme  reparut  dans 
le  royaume ,  et  ce  calme  fut  l'ef* 
fet  du  bannissement  de  Mazarin^ 
«  Cependant ,  a  peine  fut-il  chassé 
par  le  cri  général  deS  François 
et  par  une  déclaration  du  roi  f 
que  le  roi  le  fit  revenir.  II  fiit 
étonné  de  rentrer  dans  Paris ,  le 
3  février  i653  ,  tout-puissant  et 
tranquille.  Louis  XIV  le  reçut 
comme  un  père  ,  et  le  peupla 
comme  un  maître.  »  Les  princes  j 
les  ambassadeurs,  le  parlement, 
le  peuple  ,  tout  s'empressa  à  lui 
.feire  la  cour.-  On  lui  fit  un  festii 


M  âZ 

H*h6tcl-de-viUe ,  au  miliêtt  des 
Écdauiations  des  citoyens.  Il  fut 
logé  an  Louvre.  Sou  pouvoir  fut 
dès-lof  s  sans  bornes.  Un  des  plus 
impoitans  services    qu'il   rendit 
depuis  son  retour ,  fut  celui  de 
Ja  paix.  U  alla  lui-même  la  né- 
|:6cier  en  1659,  dans  Visle  des 
Faisans  ,  avec   Don    Louis    de 
Haro  ,    ministre  du  roi  d^£s-> 
pagne.  Cette  grande  affaire  y  fut 
oeoreusement  terminée  9    et   la 
pair  fiit  suivie  du   mariage  du 
roi  avec  Finfante.    Ce  traité  fit 
Waucoup  d'honneur  à  son  génie 
on  à  sa  politique.  Le  mariage  du 
roi  avec  Tinfante  n'étoit  pas  l'ou- 
vrage d'un  jour ,  ni  l'idée  d'un 
premier  moment  ;  mais  le  fruit 
de  plusieurs  années  de  ré  Vexions. 
Cet  habile  ministre  9    dès    l'an 
164  s,  c'est— à— dire  quatorze  ans 
loparavant ,   méditoit  cette  al- 
liance, non-seulement  pour  faire 
céder  alors  au  roi  ce  qu'il  obtint 
par  la  paix  de   Munster  f  mais 
pour  lui  acquérir  des  droits  bien 
plus  impoTtans  encore ,  tels  que 
«eux  de  la  succession  à  la  cou- 
ronne d'Espagne.  Ces  vues  sont 
ooQsignées  dans  une  de  ses  lettres 
aux  ministres  du  roi ,  à  Munster. 
<  Voyez  Y  Abrégé  de  V  Histoire 
de  France ,  par  le  président  He^ 
'nault  4  année^  1659*)  ^  cardinal 
Mazarin  ramena,  en  1660,  le 
îoi  et  la  nouvelle  reine  à  Paris. 
JPlus  puissant  et  plus  jaloux  de  sa 
puissance  que  jamais ,  il  exigea 
tt  il  obtint  que  le  parlement  vint 
le  haranguer  en  députés.  U  ne 
donna  plus  la  main  aux  princes 
du  sang  en  lieu  -  tiers ,  comme 
autrefois*  U  marchoit  alors  avec 
un  faste  royal,  ayant,  outre  ses 
gardes ,  une  compagnie  de  Mous- 
quetaires. On  n'eut  plus  auprès 
de  lui  un  accès  libre.  Si  quelqu'un 
étoit  assez  mauvais  courtisan  pour 
i«mauder  une  grâce  au  roi  même, 


MAZ 


77 


il  étoit  sftr  die  ne  pas  l'obtenir* 
«  La  reine-mère  ,  si  long-tempt 
protectrice  ob«tinéc  de  Mazarin 
contre  la  France ,  resta  sans  cré-* 
dit,  dès  qu'il  n'eut  pins  besoin 
d'elle.  (Ibid,)  »  Dans  ce  calrn« 
heureux  qui  suivit  son  retour^ 
il  laissa  lai^guir  la  justice  ,  !• 
commerce  ,   la  marine  ,  les  fi<^ 
nances.  Les  siennes  étoient  à  Itt 
vérité  en  bon  état ,  mais  cellea 
de   l'état  étoient    si    dérangées 
que  le  surintendant  Fouquet  avoil 
dit  souvent  à  Louis  XI  f  :  U  n'y 
a  point  d'argent  dans  les  coffres 
de  votre  Majesté  «  mais  le  car^^ 
dinal  vous  en  prêtera.  Les  re- 
venus publics  avoient  été  si  mal 
administrés  pendant  une  régence 
prodigue  et  tumultueuse ,  qu'on 
fut   obligé  ensuite  d'ériger  una 
chambre  de  justice.  On  voit  par 
les  Mémoires  de  Gourville  ,  quel 
avoit  été  le  brigandage  ;  Tordra 
ne  fut  mis  que  par  le  grand  Col-^ 
hert ,  et  non  par  Mazarin  ,  qui 
ne  fut  guère  occupé  que  de  lui- 
même.  Huit  années  de  puissancfi 
absolue  «t   tranquille  ne  furent 
marquées  par    aucun  établisse*- 
ment  glorieux  ou  utile  :   car  le 
collège  des    Quatre   Nations  n% 
fut  que  TefFet  de  son  testament- 
Il  gouvernoit  les  finances  comme 
l'intendant  d'un  seigneur  obéré. 
Il  amassa  plus  de  200  millions  , 
ei  par  des  moyens  non  —  seule- 
ment   indignes   d'un   ministre  , 
mais  d'un  honnête   homme.   Il 
partageoit ,   dit  -  on  ,    avec  les 
armateurs  ,  les  profits  de  leurs 
courses  :  il  traitoit ,  en  son  nom 
et  à  son  profit ,  des  munitions 
des  armées  ril  imposoit ,  par  des 
lettres  de  cachet ,  des  commet 
extraordinaires  sur  les  généra- 
lités. (  Voyez  Embry.  )  Le  roi  lui 
ayant  donné  les  charges  de  la 
maison  de    la  reine  ,  il  vendis 
jusqu'à  ôelles  de  vendeitsfs  d'é-* 


\ 


7«,        M  A  Z 

ctielles  :  ce  qiu  lui  produisit ,  dit 
Mad.  de  Motteville  ,  plus  de  six 
millions.  Comme  tous  les  avares , 
il  cïierchoit  à  excuser  son  avidité 
par  des  raisons  plausibles.  Il  di- 
soit   que  cétoit    le  seul   défaut 
rfarpent   qui  avoit  causé  toutes 
ses  disgrâces.  Souverain  despo- 
tique ,  sous  le  nom  modeste  de 
ministre  ,    il  ne  laissa  paroître 
Louis  XIV,  ni  comme  prinœ ,  ni 
comme  guerrier.  Il  étoit  charmé 
qu'on  lui  donnât  peu  (Je  lumiè- 
res ^   quoiqu'il  fût   surintendant 
de  son  éducation.  Non- seulement 
il  l'élcva  très-mal,  mais  il  le  laissa 
sonvgnt  manquer  du  nécessaire. 
Ce  joug  pesoit  a  Louis  XIV ,  et 
il  en  fut  délivré  par  la  mort  du 
cardinal ,  arrivée  le  9  mars  1 66f , 
à  59  ans.  Lorsqu'il  fut  attaqué 
de  sa  dernière  maladie,  il  prouva 
qu'il connoissoit la  maxime,  qu'^i 
la  Cour  tes  ahsens  et  les  mourans 
ont  toujours   torh  II  fit   dire  à 
plusieurs  personnes  qu'il  s'étoit 
ressouvenu  d'elles  dans  son  tes- 
tament, quoiqu'il  n'en  fût  rien. 
11. tâcha  de  conserver  jusqu'à  la 
Elu  ,  cette  figure  noble  ,   cet  air 
ouvert  et   caressant  qui  attache 
i?s  cœurs.  Il  se  mit  lui  jour  ,  a 
ce    qu'on  prétend ,    un  peu  de 
rouge ,  pour  faire  accroire  qu'il 
89  portoit  mieux ,  et  donna  au- 
dience atout  le  monde.  Le  comte 
de  Faensaldagne ,   ambassadeur 
d'Espagne  y   en   le  voyant  ,    se 
tourna  vers  M.  le  prince  ,  et  lui 
^it  d'un  air   grave    :    Voilà   un 
portrait   qui  ressemble   assez   à 
M.   le    Cardinal,    Quoiqu'il    ne 
passât  point  pour  a^oir  la  cons- 
cience timorée  ,  il  eut  en  mou- 
rant des   scrupules   sur  ses  ri- 
chesses immenses.   Un  thèatin , 
son  confesseur  ,    lui  dit  nette— 
•roent   «  qu'il  seroit  damno ,  s'il 
no  restituoit  le  bien  qu'il  avoit 
ijaal  acquis.  »  Hélas  !  dit-il ,  jfi 


M  A  z 

n'ai  rien  que  des  bienfaits  du  Sor/ 
—  Mais  ,  reprit  le  théat jn ,  il 
faut  bien,  distinguer  ce  que  le  Roi 
i^ous  a  donné ,  d*avec  ce  que  vous 
vous  êtes  attribué.  Pour  le  tirer 
d'embarras ,  Colbert  lui  conseilla 
de  faire  une  donation  entière  de 
ses  biens  au  roi.  Il  le  fit ,  dans 
l'espérance  que  ce  prince  les  lui 
rendroit.  Il  no  se  trompa  pas, 
et  Louis  XIV  lui  remit  la  dona- 
tion au  bout  de  trois  jours.  Le 
roi  et  la  cour  portèrent  le  deuil 
à  sa  mort  :  honneur  peu  ordi- 
naire, et  que  Henri  IV  avoit 
rendu  à  la  mémoire  de  Gabrielle 
d*Estrées.  (  Voyez  I.  CoLBERT.  ). 
Les  rimailleurs  de  la  cour  et  de 
la  ville  lui  ^rent  plusieurs  épita- 
phes.  Nous  ne  rapporterons  que 
celle  qui  fut  faite  par  Blot ,  bel-» 
esprit  agréable  de  «e  temps-là  i 

O  vous  y  qui  passez  par  ce  llân  « 
Daignez  jeter ,  au  fiOm  de  Dieu  9 
A  Mi[arin  de  l'eau  bénite. 
Il  en  donna  tant  ï  la  cour. 
Que  c'est  bien  le  moins  qu*U  mërîte» 
D*en  avoir  de  vous  à  son  tour. 

Outre  les  biens  immenses  qu'il 
avoit  amassés  ,  il  posséda  en 
même  temps  l*évèché  de  Metz^ 
et  les  abbayes  dé  Saint-Arnould , 
âe  Saint  "  Clément  et  âe  Saint- 
Vincent  de  la  même  ville;  celle» 
de  Saint-  Denis  en  France  ,  de 
'  Cluni^^âe  Saint-*Victor  de  Mar- 
seille ,  de  Saint-Médard  de  Sois- 
sons  ,  de  Saint"  Taurin  ,  d'E— 
vreux  ,  etc.  Il  laissa,  pour  héri- 
tier de  son  nom  et  de  ses  biçns^ 
le  marquis  de  la  Meilleraie,  qui 
épousa  Hortense  M'ancini  ,  sa 
nièce ,  et  prit  le  titre  de  duc  de 
Mazarin,  Il  avoit  un  neveu,  qui 
fut  duc  de  Nevers,  (  Voyez  Nk- 
VERS  )  ;  et  quatre  autres  nièces: 
l'une  ,  nommée  Martinozzi  , 
(Voyez  ce  mot)  fiit  mariée  àvt 
prince  de  Çanti  i   les  autre»^) 


M  A  Z 

isommëes  ManciiU ,  le  furent  au 
connéuble  Colonne  ,  au  duc  dç 
Mercœur ,  au  duc  de  Bouillon. 
{Voy. XV.  Colonne  et Mancini.) 
Cluirles  II  lui  en  demanda  une; 
le  mauvais  état  èe  ses  affaires 
kii  attira  un  refus.  On  soupçonna 
le  cardinal  d'avoir  voulu  marier 
•n  fils  de  CromwelL ,  celle  qu'il 
refusoit  au  roi  d'Angleterre.  Ce 
qui  est  sûr,  c'est  que  lorsqu'il 
Yit  le  chemin  du  trône  moins 
fermé  à  Charles  II  ,   il  voulut 
renouer  cette  alliance;  mais  il 
fat  refusé  à  son  tour.  Louis  XIV 
«voit  aimé   éperdu  ment  une  de 
«es  nièces  :   Mazarin  fut  tenté 
de  laisser  agir  son  amour  ^  et  de 
placer  son  sang  sur  le  trône  ; 
mais  une  réponse  noble  et  hardie 
S  Anne  d'Autriche ,  lui  fit  perdra 
de  vue  ce  dessein  ;  (  Voyez  l'ar- 
ticle de  cette  princesse.  )  De  tous 
les  portraits  qu'on  a  faits  de  Ma- 
tarin,  aucuns  ne  nous  paroissent 
plus  finement  pensés ,  que  ceux 
qtfen  ont  tracé  le  président  He- 
nauU  et  Thomas.  «  Ce  ministre , 
dit  l'historien,  étoit  aussi  doux 
que  le  cardinal  de  Bichelieti  étoit 
violent  :  un  de  ses  plus  grands 
talens  fut  de  bien  connoitre  les 
hommes.  Le  caractère  de  s'a  po-« 
litique  étoit  plutôt  la  finesse  et 
la  patience ,  que  la  force. ...  Il 
pensoit  que  la  force  ne  doit  ja- 
mais être  employée  qu'au  défaut 
des  autres  moyens  ,  et  son  esprit 
lui  fournisâoit  le  courage  con- 
forme aux  circonstances.  Hardi 
à  Cazal  ,  tranquille  et  agissant 
dans  sa  retraite  à  Cologne ,  en- 
treprenant lorsqu'il  fallut  arrêter 
les  princes  ;  mais  insensible  aux 
plaisanteries  de  la  Fronde  ,  mé- 
prisant les  bravades  du  coadju- 
teur  ,  et  écoutant  les  murmures 
de  la  populace ,  comme  on  écoute 
dn  rivage  le  bruit  des  flots  de  la 
Sier.  Il  y  aYpit  dans  b  cardinal 


M  A  z 


7^ 


de  Hichelieu  quelque  chose  d* 
plus  grand  ,  de  plus  vaste  et  da 
moins  concerté  ;  et  dans  le  car-« 
dînai  Mazarin  ,   plus  d'adresse  , 
plus  de  mesures  et  moins  d'é^ 
carts.  On  haîssoit  l'un  ,  et  l'on 
semoquoit  de  l'autre;  mais  tous 
deux  fureiit  les  maîtres  de  l'état.  ». 
Mazarin ,  dit  Thomas ,  fut  beau-< 
coup  moins  loué  que  Richelieu  ; 
il  n'a  voit  ni  cet  éclat  de  grandeur 
qui  éblouit ,  ni  ce  caractère  altier 
qui,  respirant  la  hauteur  et  la 
vengeance ,  subjugue  par  la  ter-* 
renr  même.  On  adore  à  propor- 
tion que  l'on  craint  II  y  avoit 
plus  d'offrandes  à  Rome  sur  Ica 
autels  de  la  Fièvre  ,  que  sur  ceux 
de  la  Concorde  et  de  la  Paix.  On 
sait  qu'en  général  Mazarin  étoit 
foible  et  timide  ;  il  diressoit  le3. 
ennemis  ,    dont    Richelieu    eût 
abattu  les  tètes.  Avec  cette  con- 
duite ,   on  est  moins  haï   sans, 
doute  ,   mais  on  n'en  paroît  paa 
plus  grand.  Il  est  des  hommes 
qui  pardonnent  encore  plutôt  le 
mal  qu'on  fait  avec  éclat ,  quo 
le  bien  qu'on  fait  avec  foiblesse. 
D'ailleurs ,  le  rôle  que  ce  mi- 
nistre joua  dans  la  Fronde ,   sea 
fuites  y  ses  terreurs  ,    sa  pros- 
cription, source  de  plaisanteries  ; 
les  bons  mots  des  Marigni  et  des 
Grammontf  espèce  d'armes  qui 
soumettent  à  l'homme  d'esprit 
l'homme  puissant;  les  vaudevilles 
et  les  chansons  qui  ,   chez  un 
peuple  léger  ,  communiquent  si 
rapidement  le  ridicule  et  l'éter- 
nisent  ;  tout  cela  devoit  peu  ex-^ 
citer  l'enthousiasme  des  orateurs. 
Ajoutez  que  les  talens  de  Mà^^^ 
zarin  n'étoient  pas   assez   écla<« 
tans  pour  racheter  ses  défaut^ 
Il  n'eut ,  ni  dans  les  factions  ,  la 
fierté  brillante  et  l'esprit  roma- 
nesque et  imposant  du  cardinal 
de  Retz  ;    ^i  dans   les  âifaires  , 
l'activité  et  le  coup  d'œil  de  Ri'* 


8o 


M  A  Z 


^heUeu  ;  ni  dans  les  vues  écOtiÔ« 
miqaes ,  les  principes  de  6tUly  ; 
ni  dans  l'administration  extérieur 
re  j  les  détails  de  ColherC ,  ni 
dans  les  desseins  publics^.  Tan** 
dace  et  je  ne  sais  quelle  pro^ 
fondeur  vaste  û'Alhéroaû  Son 
grand  mérite  fut  l'art  de  négo- 
cier ;  il  y  porta  toute  la  finesse 
italienne  avec  la  sagacité  d'un 
homme  qui  y  pour  s'élever ,  a  eu 
besoih  de  connoître  les  hommes 
•t  a  appris  à  les  manier  ,  en  lés 
faisant  servir  d'instrument  à  sa 
fortune.  C'est  ce  qui  en  lit  un 
philosophe  adroit  plutôt  qu'un 
grand  ministre.  Son  ame  ,  accon*- 
tumée  long  temps  à  la  souplesse , 
n'eut  pas  toujours  le  caractère 
des^randes  places.  Mais  il  dirigea 
la  paix  de  Munster  ;  il  ût  la  paix 
des  Pyrénées  ;  il  donna  TAlsace 
à  la  France  ;  il  prévit  peut- être 
qu'un  jour  la  France  pourroit 
commander  à  l'Espagne.  »  Tho~ 
mas  auroit  pu  remarquer  que  Ma- 
itarin  l'acquit  dans  te  temps  que 
les  François  étoient  déchaînés 
contre  lui.  M.  l'abbé  d^Alainval 
a  publié,  en  1745  ,  en  deux  vol. 
in-i2,  les  Lettres  du  Cardinal 
Mazarin,  où  l'on  voit  le  secret 
de  ^  Négociation  de  la  paix  des 
Pyrénées  ,  et  la  Beldtion  des 
Conférences  iju'il  a  eues  pour  ce 
tujet  avec  Don  Louis  de  Haro , 
ministre  d'Etat.  (  VoyezUARO») 
Ce  recueil  est  intéressant.  Le 
cardinal  y  développe  ce  qui  s'est 
passé  dans  ces  conférences  9  avec 
une  netteté  et  une  précision  qui 
mettent  en  quelque  façon  le  lec>- 
teur  en  tiers  avec  les  deux  plé- 
nipotentiaires. On  a  recueilli, 
en  .plusieurs  vol.  in-^**,  la  plu- 
part des  Pièces  curieuses  faitçs 
contre  jftf «zarm, durant  les  guer- 
res de  la  Fronde.  La  collection 
la  plus  complète  en  ce  genre, 
|»t  9e^  àè  la  Biblicthè<)iit  de 


M  A  Z 

Colhert ,  en  46  vol.  in-4®  2  on  y 
trouve  un  peu  de  sel  i  noyé  dans 
nn  déluge  de  mauvaises  plaisant 
teries.  On  en  fit  alors  de  toutes 
les  espèces  ;  on  &t  même  frapper 
des  médailles  pour  le  rendre  ri- 
dicule. La  ville  de  Paris  distribua 
des  jetons  qui  •  d'un  côté ,  re** 
présentoient  la  hache  et  les  yer"* 
ges  armoriales  du  candinal  ,  avec 
cette  légende  autour  :  QuoDfujT 

SONOS  ,  CRlMjyiS  EST  FINDEX  l 

Cette  ancienne  marifue  d'honneur 
est  aujourd'hui  un  instrument  de^ 
vehgeance.  Au  revers ,  on  voyoit 
un  lion  avec  cet  hémistiche  :  Sont 

CERTA  HJSCFATd  TTRANHISnTelle 

est  la  destinée  des  tyrans.  ilCc-* 
zarin  avoit  une  autre  devise  qu'il 
s'étoit  faite  lui-même  ;  Hinc  ordo 
et  copia  renim.  Le  cardinal  Ma» 
zarin  avoit  cultivé  les  lettres  dans 
sa  jeunesse  ;  il  se  piquoit  même 
de  bel  esprit  et  de  philosophie. 
On  prétend  que  ce  fut  lui  qui 
apporta  en  France  la  maximes! 
connue  des  Italiens  :  In  tus  ut 
lubet ,  extra  ut  mx)ris  est.  Da 
moins  il  la  pratiqua  quelquefois. 
Voyez  Bbnserads. 

»  IL  MAZARIN ,  (  Hortense 
Mancini  ,  duchesse  de  )  fille  de 
MicheULaurent  Mancini  (  Voy. 
ce  mot  ) ,  et  nièce  du  cardinal 
Mazarin  ,  joignit  aux  avantages 
de  la  fortune  ceux  de  la  beauté. 
Elle  épousa ,  en  1661  ,  Armand- 
Charles  de  la  Porte  de  la  MeilU-' 
raie,  dont  le  caractère  singulier 
et  resprit  bizarre  n'étoient  pat 
propres  à  fixer  une  femme  ai- 
mable. La  duchesse  de  Mazarin 
fit  tout  ce  qu'elle  put  pour  se 
faire  séparer  de  lui  ;  mais  n'ayant 
pu  l'obtenir  ,  elle  passa  en  An- 
gleterre l'an  1667.  Elle  autoriJt 
son  séjour  à  Londres  ,  de  sa  pa- 
renté avec  la  reine.  Mais  quand 
cette  princesse  fut  obligée  à& 
passer  «b  France  ^^  Tan  1688^  le 

duc 


M  AZ 

lac  fit  solliciter  HorUnse  de  re^ 
venir;  les  prières  n ayant  rien 
opéré ,  il  loi  intenta  un  procès , 
qu'elle  perdit.  {Voyez  ërard.  ) 
Elle  fîit  condamnée  à  retoumor 
Avec  son  époQx  ;   mais  elle  per-< 
^ta  à  rester  en  Angleterre ,  oit 
elle  avoit  une  petite  conr ,  corn- 
pOtsée  de  ce  qu'il  y  avoit  de  plus 
ingénieux  à  Liondres.  Le  vieux 
Epicurien  Saint -^  Evrenfiont  fut 
un  de  ses  couf  tisans  les  plus  as- 
sidus. Elle  mourut  le  2  juillet 
1(98.  Les  Mémoires  de  Madame 
Mataria  ,  et  ceux  qu'elle  opposa 
aux  Factums  de    son   mari ,  se 
trouvent  datis    les    Œuvres   de 
Smi^Evremont.  Si  l'on  s'en  rap* 
porte  au  portrait  que  ce  philo- 
sophe a  fait  de  cette  dame,  elle 
*Tolt  je  ne  sais  quoi  de  noble  et 
de  grand  dans   l'air  du  visage  , 
^ans  les  qualités  de  l'esprit   et 
^s  celles  de  l'ame.  Elle  savoit 
tieaucoup ,  et  elle  cachoit   son 
savdr.  oa  conversation  étoit  à 
la  fois  solide  et  gaie.  Elle  étoit 
dévote  sans  superstition  et  sans 
laélancolie  ,   etc*  etc.  On    sent 
que  ce  portrait  est   flatté  ,   et 
même  ridicule.  La  dévotion  ne 
ponvoit  guère  s'allier  avec  la  vie 
qu'elle  menoit.  L'abbé  de  SairU'- 
&afa  fait  un  autre  portrait  de 
la  dochesse  de   Mazarin ,   non 
moins  flatté  que  celui  de  Saint-^ 
Evremont  :   «  c'est ,   dit  -  il  une 
^  ces  beautés  Romaines  ,   qui 
ne  ressemblent  point  à  des  pou- 
pées ,  comme   la   plus    grande 
partie  de  celles  de  la  France.  La 
couleur  de  ses  yeux  n'a  point  de 
iiom  y  ce  n'est  ni  bleu ,  ni  gris  , 
ni  tout-à-fait  noir  ;  mais  un  mé- 
lange de  tous  les  trois ,  qui  n'a  que 
w  que  chacun  a  de  beau.  Il  n'y 
ta  a  point  de  plus  doux  et  de  plus 
ttijoués  porrtr  l'ordinaire  ;  mais  il 
n'y  en  a  point  de  si  sérieux,  de  si 
te'vères  et  de  si  sensés ,  quand 

SuPPL,    Tome  JIJ^ 


M  A  Z 


Si 


elle  est  dans  quelque  application: 
d'esprit.  Quand  elle  regarde  rixe** 
ment,  on  croit  en  être  éclairé 
jusqu'au  fond  de  Tame.  Lorsque 
Mad.  de  Sévigné  vouloit  donnel^ 
une  idée  de  deux  beaux  yeux  ^ 
elle  disoit  :  Ce  soht  les  yeux  de 
Mad,   de  Mazarin,,,.  Son  rira 
attendriroit   les   plus   durs ,    et 
charmeroit  les  plus  cuisans  sou<« 
cis.  Il  lui  change  presqu'entière-* 
ment  l'air  du  visage,  qu'elle  a 
naturellement  asse2  froid  et  fier^ 
et  il  y  répand  une  teinture  de 
douceur.  Elle  a  le  son  de  la  voix 
si   touchant,  qu'on   ne  sauroit 
l'entendre  parler  sans  émotion. 
Son  teint  a  un  éclat  si  vif,  si 
naturel  et  si  doux ,  que  personne 
ne  s'est  jamais  avisé,  en  la  re- 
gardant 5    de    trouver    à    redire 
qu'il  ne  soit  pas  de  la  dernière 
blancheur.  C'est  le  plus  beau  tour 
de  visage   f[i\e   la    peijiture    ait 
jamais  imaginé.  A    force  de  se 
négliger,   sa  taille,   quoique  la 
mieux  prise  et  la  mieux  formée 
qu'on  puisse  voir ,  n'est  plus  fine 
en  comparaison  de  ce  qu'elle  a 
été  ;   mais  d'antres  seroient  d^ 
liées  de  ce  qu'elle  est  grosse.  On 
la  voit  quinze  jours  de  suite  coif- 
fée d'autant  de  di^Térentes  ma- 
nières, sans  pouvoir  dire  laquelle 
lui  va  le  mieux  »..  Son  mari  est 
assurément  le  plus  malheureux 
des  hommes ,  après  avoir  été  le 
plus  heureux.  Il  dfsoit  à  la  du«* 
chesse  d'Aiguillon  »  que  pourvu 
qu'il  épousât  HorUnse  ,  il  ne  se 
soucioit  pas  de  mourir  trois  jours 
après.  Le  succès  a  passé  ses  sou»^ 
hnits ,  dit  dans  la  suite  Mad.  de 
Mazarin ,  il  m'a  épousée ,  et  n*est 
pas  mort,  dieu  merci,n  —  Le  duâ 
de  Mazarin ,  époux  à'Hortense , 
étoit  né  en  i633,  et  il  mourut 
en   1 7 1 3  ,  à   80  ans ,  dans   ses 
terres ,  ou  il  s'étoit  retiré  depuis 
plus  de  ^0  ans.  Si  ses  8ijagul,ig;ii{ 


<• 


$%        M  AZ 

tés  n  tvoient  perverti  le»  «gré- 
mens  de  son  esprit ,  personne 
ii'auroit  été  de  meillemre  com- 
pagnie. II  succéda  an  maréchal  de 
la  Meiîlcraie  son  père  ,  dans  Je 
gouvernement  de  firetagne,  et 
eut  de  plus  plusieurs  autres  gou«* 
Verne  mens.  Le  maréchal  s'étoit 
opposé  tant  qu'il  avoit  pu  au  désir 
que  le  cardinal  Mazarin  son  ami 
intime ,  avoit  de  choisir  son  fils 
pour  son  héritier,  en  lui  donnant 
son  nom  et  sa  nièce.  Il  disoit  par 
iin  sentiment  «vertueux  9  quêtant 
de  biens  lui  faisoient  peur,  et 
'que  leur  immensité  accablerait 
Un  jour  sa  famille»  A  \a  mort  de  la 
duchesse  de  Mazarin ,  on  prouva  , 
en  pleine  grand  chambre  9  qu'elle 
lui  avoit  apporté  28  millions. 
ZiOuis  Xiy,  attaché  au  nom  de 
Mazarin  ,  le  mit  de  tous  ses  con- 
seils 9  lui  donna  les  entrées  des 
premiers  gentilshotsmes  de  la 
chambre  9  et  le  distingua  dans 
toutes  les  occasions.  Nommé  lieu- 
tenant général  dès  1654,  et  ne 
imanquant  pas  de  courage ,  il  eût 
pu  parvenir  au  bâton  de  maré- 
chal de  France.  Une  piété  mal 
entendue  rendit  inutiles  les  dons 
que  lui  avoit  fait  la  nature  ;  per* 
suadé  que  le  sort  marquoit  les 
volontés  du  ciel ,  il  fit  des  lote- 
ries de  son  domestique ,  en  sorte 
que  le  cuisinier  devint  son  in- 
tendant, et  le  frotteur  son  se- 
crétaire. Le  feu  prit  un  jour  au 
château  de  Mazarin ,  il  ne  voii- 
luJt  pas  qu'on  l'éteignît.  11  aimoit 
qu*on  lui  fît  des  procès,  parce 
qu'en  les  perdant,  il  pouvoit  pos- 
séder en  sûreté  de  conscience  les 
mitres  biens  que  la  justice  lui 
laissoit.  Enfin ,  il  se  retira  dans 
)Bcs  terres,  ou  il  passa  une  tren- 
taine d'années  9  et  ne  ût  plus  que 
des  apparitions  très  -  passagères 
à  la  cour.  Le  roi  l'y  reçut  fou— 
|ours  avec  amitié  ^  quoiqu'il  ïsfkK 


M  A  Z 

blessé  ptu"  les  visions  célestes  qu'il 
lui  avoit  communiquées  sur  !• 
sort  qui  l'àttendoit,  s'il  conti- 
nuoit  de  vivre  avec  ses  maitresses« 
Ce  prince  le  regardoit  comme  un 
homme  dont  le  cerveau  n'étci^ 
pas  sain  ;  et  comme  le  duc  avoit 
barbouillé  tous  les  chefs— d'œuvra 
de  peinture ,  et  mutilé  les  plus 
belles  statues  que  lui  avoit  laissé 
son  oncle,  Louis  XIV  dit  un 
jour,  en  voyant  .un  marteau; 
Voilà  un  instrument  dont  le  duc 
de  Mazarin  sait  faire  usage.  Il 
eut  un  fils  à'Hortense ,  lequel 
n*eut  qu'une  fille  qui  fit  entrer 
la  riche  succession  de  sa  famille 
dans  la  maison  de  Duras  ,  d'où 
elle  a  passé  par  les  filles  dans  la 
maison  ôiAumon ,  et  ensuite  dans 
celle  des  Matignon»  ducs  àa> 
Valentinois. 

L  MAZÉAS,  (  Guillaume  )  né 
à  Vannes,  et  mort  dans  cette 
▼ille  en  1776  ,  embrassa  la  pro- 
fession ecclésiastique,  et  a  tra- 
duit divers  ouvrages  de  Tanglois  9 
tejs  que  celui  de  W'arburton ,  sur 
les  tremblemens  de  terre  et  les 
éruptions  du  feu,  17S4,  1  vol. 
in-  12;  celui  de  Und,  sur  les 
moyens  de  conserver  la  santé  des 
gens  de  mer  ,  1760,  in  —  8'^  ; 
Lettre  d'un  négociant  à  un  mi-* 
lord  ,  sur  l'isle  de  Minorque, 
1757,  tn-ia.  On -doit  enrore  à 
Mazéas ,  divers  Mémoires  insé- 
rés dans  ceux  de  lacàdëmie  âet 
Sciences  de  Paris  et  de  la  Société 
royale  de  Londres. 

II.  MAZÉAS,  (Jean-MathB- 
rin)  né  à  Landernau ,  dans  k 
ci-devant  province  de  Bretagne  1 
au  mois  demarsNi7i39  est  mort 
à  Paris  en  l'an  X ,  À  lage  de  plus 
de  88  ans*  On  a  de  lui  un  oo^ 
vrage  très-connu  sur  les  mathé- 
matiques, dont  on  a  fait  sept 
édjitiQns:  la  pronùère  en  ij^^î 


M  aZ 

}i^(iernière  en  1788,  sous  cé  tU 
tre  :   ELémens   d'Arithmétique  , 
d Algèbre  et  de  Géométrie ,  avec 
une  introduction  ail  it  sections  co« 
îu<î«es.  Mazéas  a  encore  publié  : 
hstitutiones  Ph ilôt. > o hicœ ,  1 7 7 7tj 
3vof.  in-i2.  Cet  ouvrage  est  Je 
fronde  sits  leçons  au  collège  de 
Na?8rre,  oii  il  étoit  professeur. 
En  vertu  de  ses  grades  dans  Ta- 
diversité,  il  avoit  été  pourvu,  en 
,1783,  d'un  canonicat  dans  l'é- 
^  de  Notre-Dame  de  PariSi 
Aune  simplicité  de  mœurs  et 
à'  une  Candeur   q[ui  rappeloient 
telles  des  patriarches  dont  il  a 
|ïres(ïne  atteint  l'âge  ,  il  joignoit 
«plus  exacte  pratique  des  de- 
vbirs  de  son  état,  et  une  piété 
tî  généreuse    qu'il    faisoit    aux 
t^&nrres  les  plus  abondankes  lar- 
gesses. Dépouillé  par  les  suites 
*k  révolution,  il  vivoit  dans 
îâ  retraite  ,   sans   murmurer  et 
»*ns  se  plaindre ,  et  en  obser* 
Tant  plus   scrupuleusement  que 
jamais,  là   frugalité  dbnt  il  ne 
•étoit  point   écarté  ,   et   qui   a 
prolongé   ses   jours ,    malgré   la 
ibiblesse  de  son  tempérament.  Il 
*ut  le  bonheur  davoir  un  do— 
ïueatique  fideile  qui  Ini  étoit  très- 
attaché,  et  qui  lui  en  a  donné 
^w  preuves,  en  le  nourrissant  de 
'on  propre   bien   pendant    trois 
>ns  a  Pontoise.  Mais  ce  doitics-^ 
lique  voyant  que  toutes  les  res* 
«oarces  étoient  épuisées  et  que 
*out  avoit  été  vendu ,  se  présenta 
••^Wun  mémoire  chez  le  ministre 
^  l'intérieur ,  François  de  Neuf--' 
bateau.  An   nom   de  Màtéas  ^ 
plusieurs  commis  qui  a  voient  été 
^  élèves ,  se  joignirent  à  la  de- 
^«ade  du  domestique*,  et  le  mi- 
nistre s'empressa  cle  venir  au  se— 
cours  d'un  Savant  plus  qu'octo- 
8*naire,  en  lui  faisant  avoir  une 
Pj'ttion  de  dix-huit  cents  francs. 
yatre  W  ouvrages*  de  Maxéa» 


M  A  2 

Àont  nous  avons  parlé ,  il  a  beau^ 
coup   travaillé    au   Diotionnair^^ 
des  Arts  et  Métiers» 

MAZUYER,  (Ciaude^Lottisy 
né  à  Bellèvra ,  d'abord  juge  àf 
Louhaus  pris  de  Maçon,  devint 
membre  de  la  Convention ,  où  il 
se  montra  plus  modéré  que  là. 
plupart  de  ses  collègues.  Attaché 
an  parti  de  la  Gironde ,  il  vota* 
le  simple  bannissement  de  Louis 
XVI t  et  publia  un  ouvrage  ten«« 
daat  à  prouver  que  cette  peine 
étoit  la  seule  qu'on  pi\t  lui  in^ 
Ûiger.  Après  avoir  dénoncé  les 
municipaux  de  Paris,  qui  ,  à: 
main  armée,  avoient  enlevé  p1u# 
de  quatre  mille  marcs  d'argenterie 
dans  les  maisons  foyales  ou  celleâ' 
des  émigrés  ^  il  se  permit ,  quel*' 
qjoes  jours  après,  une  sortie  éner- 
gique contre  le  despotisme  des* 
membres  du  Comité  de  salut  pu.« 
blic ,  et  proposa  aux  suppléana 
de  se  réunir  a  Tours  on  à  Bour- 
ges I»  si  la  tyrannie  veuoit  à  anéan- 
tir l'assemblée.  Il  n'en  falloit  pat 
tant  pour  îe  perdre.  Mazuyer  y 
mis  hors  de  la  loi  le  3t  mai,  fut^ 
condamné  à  mort  comme  cons-* 
pilrateur,  et  périt  sur  lecliafand 
au  mois  de  février  1794  j  «^g(J  de 
34  ans. 

*  MA2Z0NI,  (Jacq'^cs)  né 
à  Césenne,  donna,  sur  la  fin 
du  16*  siècle,  des  Ircons  d'une 
philosophie  saine  et  judicieuse  y 
et  se  distingua  aussi  comme  écri- 
vain. Le  plus  estimé  de  ses  ou- 
vrages ,  est  son  traité  t)è  iripUcù 
Hominum  vità»Ses  autres  ouvra- 
ges sont  :  I.  Une  Défense  di^ 
Vante ^  eft  italien,  in- 4%  iSSyy 
lî.  De  coniparalione  Plalonis  et 
Aristoteîis ,  in-fol.  i  b97. 111.  D^ 
Vitd  contempla tivâ,  i n- 4 .**  -^fltar-* 
tineîli  de  Césenne ,  qui  épousa 
la  Bile  de  Mazzoni ,  a  publié  l'O^ 
imWK  funèbre  de  ca  dernier  £ 

F  » 


84 


MEC 


mort  àFerrare  en  i6o3  »  dans  sa 
5o*  année. 

MECKELN,  (Israël -Van) 
connu  en  France  sons  le  nom 
et  Israël  de  Malines  ,  a  passé , 
suivant  l'opinion  de  divers  sa- 
vans ,  pour  l'inventeur  de  la  gra- 
vure. Ses  premiers  essais  sont  de 
Ysn  il^So»  James  Hazard ,  gen- 
tilhomme Anglois  ,  mort  à 
Bruxelles  en  1787  ,  qui  avoit 
consacré  sa  vie  à  recueillir  des 
gravures  dans  toute  l'Europe , 
en  a  connu  seize  de  Meckeln  sur 
la  vie  de  la  Vierge.  Il  en  possé- 
doit  le  Mariage. 

MÉDEM ,  (Conrad  de)  grand 
maître  de  l'ordre  militaire  des 
chevaliers  Porte^gî^ive ,  s'empara 
de  la  Courlande ,  qui  fut  dès-lors 
érigée  en  duché  sous  la  suzerain 
neté  des  rois  de  Pologne.  Médem, 
y  bâtit  la  viUe  de  Mittau  qui  en 
est  devenue  la  capitale ,  et  mou- 
rut vers  l'an  1190.  Ses  descendans 
•xistent  encore. 

VI.  MÉDTCl^,  (Sébastien) 
de  la  famille  illustre  de  ce  nom, 
fiit  fait  chevalier  de  Saint-Étienne 
en  1669.  On  ignore  l'époque  de 
sa  mort.  Il  se  distingua  par  son 
savoir  et  ses  ouvrages.  On  lui 
doit  :  I.  Un  Trait-é  De  venatione , 
piscatione  et  aucupio  ,  Cologne , 
in- 8.**  II.  De  fortuitis  casibus  , 
kl— 8.^  III.  Belationes  decretnrun 
et  cànonum  concila  Tridenlini 
collecta;  Florent.  1759.  W,Sum- 
ma  peccatorum  capltalium ,  vol. 
în-8.®  V.  De  SepuUuns,  Flo- 
rent., i58o.  VI.  Un  Traité  sous 
ce  titre  :  Mors  onmia  solvit, 
Francof.,  i58o. 

MÉGISTO,  fut  épouse  de 

Timoléon  ,  citoyen  de  la  ville 
d'Élée.  AristotLme  s'étant  em- 
paré de  cette  ville,  y  exergoit 


M  E  I 

une  horrible  tyrannie  ;  les  habi«A 
tans,  lassés  de  ses  cruautés ,  s'en*« 
fuirent  et  s'emparèrent  de  la 
forte  place  d'Amymone.  Le  tyran 
furieux  fit  arrêter  leurs  femmes , 
parmi  lesquelles  se  trouvoit  ilf^^ 
gisto,  Ceile-ci,  non  intimidée  ^ 
reprocha  publiquement  à  l'nsur-* 
pateur  son  oubli  de  la  vertu.  Ce 
dernier  ordonna  de  lui  amener 
sur-le-champ  le  fils  de  Mégisto 
pour  le  faire  égorger  sous  les  yenx 
de  sa  mère.  L'enfant  jouoit  alors 
dans  la  cour  du  palais  avec  d'an« 
très  en  fans  de  son  âge;  Mégisto 
l'appela  courageusement  elle»* 
même ,  et  parvint  par  sa  fermeté 
à  étonner  le  tyran,  à  le  faire 
rougir  de  ses  excès  et  à  sauver 
son  fils.  Plutarque  parle  aveo< 
éloge  de  Mégisto. 

MEHDI,  (Mohammed)  his-i 
torien  Persan ,  mort  au  com- 
mencement du  18*  siècle ,  a  écrit 
la  vie  du  conquérant  Nadirs 
Chân.  L' Anglois  Jones  a  tiaduit 
cet  ouvrage. 

L  MEIGRET,  (Amédée)  né 
à  Lyon ,  se  fit  dominicain ,  et 
publia  en  1 5 1 4  des  Commentaire» 
sur  Aristoie,  Prêchant  à  Paris  1 
il  fut  accusé  de  Luthéranisme  par 
l'un  de  ses  compatriotes  nommé 
Bardéron  ;  et  le  parlement ,  ju-* 
géant  sur  la  doctrine,  renvoya 
Meigret  de  l'accusation ,  et  con- 
damna son  adversaire  à  400  livres 
de  dommages.  La  Sorbonné  garda 
le  silence  sur  cet  arrêt. 

MEÎNHARDT,  (Jean-Ni- 
colas  )  né  à  Erlang  en  1727  ^ 
mourut  en  1767  à  Berlin.  Il  a 
traduit  en  allemand  le  roman  de 
Tkéagèneel  Charielée  ;  Elémens 
de  critique  du  lord  Laines.  Il  est 
aussi  auteur  d'un  Essai  sur  la 
caractère  et  les  ouvrages  des 
meillears  poètes  Italiens» . 


i 


M  EU 

*  •  IL  MÉLÉAGHE,  poëte 
Grec,  natif  de  Gadaris,  (autr^ 
ment  SéUucie  )  en  Syrie  ^  floris- 
soit  sous  le  règne  de  SéUucus  VI, 
dernier  des  rois  de  Syrie*  11  fut 
élevé  à  Tyr,  et  finit  ses  jours 
dans  Fisle  de  Cos ,  anciennement 
appelée  Mérope.  C'est  là  qu'il  fit 
le  recueil  d'Épigrammes  grec— 
qoes,  que  nous  appelons  1'^»- 
tkologie.  Il  y  rassembla  ce  qu'il 
âvoit  trouvé  de  plus  fin  et  de  plus 
saillant  dans  les  ouvrages  de  qua» 
rante-six  poètes ,  dont  il  donna 
les  noms  dans  une  Elégie  qui 
jert  de  préface  à  son  recueil ,  et 
^'il  a  intitulée  :  Le  Chant  des 
Fleurs,  ha.  disposition  des  Épi- 
grammes  fut  souvent  changée 
dans  la  suite ,  et  l'on  y  ût  plu- 
sieiirs  additions.  Philippe  de 
Thessaloniqne ,  qui  vivoit  du 
temps  é' Auguste  f  ajouta  plusieurs 
poètes  à  ceux  déjà  mis  à  contri- 
bution ;  l'historien  Agathias  , 
contemporain  de  l'empereur  Jus- 
tinien ,  en  réunit  d'autres.  En 
1789  ,  M.  Brunch  a  détaché  le 
tenl  ouvrage  de  Méléagre  du 
vaste  recueil  de  Y  Anthologie  grec- 
que 9  et  Ta  publié  avec  dçs  notes  ; 
Lipsiœ,  in-é.®  Le  moine  Plttnudes 
le  mit  9  en  i38o ,  dans  l'état  oii 
nous  l'avons  actuellement ,  Franc- 
fort, 1600,  in-folio.  11  y  en  a 
quelques— unes  de  jolies  ;  mais  la 
plupa^l  manquent  de  sel. 

MELFORT,  (Ix)uis  Drum- 
nond,  comte  de  )  lieutenant  gé- 
néral, publia  en  1776  un  Traité 
iur  la  Cavalerie ,  avec  des  plan- 
clies,  2  vol.  in-folio,  très-bien 
imprimés.  Il  mourut  en  octobre 
1788  ,  à  67  ans. 

M£LLI£R  ,  ,(  fenillaume  ) 
lieutenant  criminel  à  Lyon ,  pn- 
Uia  un  Traité  sur  les  maringes 
clandestins ,  faits  par  les  fils  de 
famille  sans  le  consentement  de 


M  E  N 


«T' 


leurs  pères,  imprimé  en  1558^ 
in— 8.^  Il  laissa  en  manuscrit 
un  Traité  sur  les  vêtemens  et 
omemens  des  magistrats  de  la 
Gaule. 

MELLINI,  (Dominique)  Fld» 
rentin,  fut  envoyé  en  1662  au 
concile  de  Trente  comme  se^ 
crétaire  de  Jean  Strozzi ,  député 
du  grand  duc  Cos  me  premier.  Il 
devint  ensuite  gouverneur  de 
Pierre  de  Médicis  fils  de  Cosme* 
MelUiii  est  auteur  de  plusieurs 
ouvrages  :  I.  Description  de  l'en- 
trée de  Jeanne  d^ Autriche  à  Flo- 
rence, i56€.  IL  Vie  de  Philippe 
Scolari  comte  de  Temeswar,  fa- 
meux guerrier,  mort  en  1426. 
III.  Discours  contre  in  possibilité 
du  mouvement  perpétuel ,  1 583. 
W,  Histoire  de  la  comtesse  ikfa-* 
tlUléle,  in-4«,  Florence,  1589. 
V.  X^/^rf  apologétique  sur  cette 
Histoire,  1594.  VL  Opuscules 
philosophiques  ,  parmi  lesquels 
se  trouve  une  lettre  curieuse  sur 
les  prodiges  arrivés  à  la  mort  da 
j£sus,  VIL  Le  plus  singulier  des 
ouvrages  de  Mellini ,  est  un  Re^ 
cueil  de  tous  les  écrits  anciens 

Î>ubliés  contre  le  Christianisme  ^ 
orsqti'il  commença  à  se  répan** 
dre.  Il  est  intitulé  :  Ja  veteres 
quosdam  Scrip  tores  malei^olos 
Christiani  nominis  ohtrectatores , 
in-folio,  Florence,  1677. 

MENARS,  Voyez  VIL  Pois- 
sox. 

-  MÈNE  ,  (Pierre -Antoine) 
né  à  Marseille,  remplit  pendant 
quelques  années  la  pince  de  con- 
seiller au  parlement  d'Aix,  et 
ensuite  relie  de  maître  des  re- 
quêtes à  Paris ,  oii  il  monrut  en 
1784.  Doué  de  beaucoup  d'esprit 
naturel ,  il  y  avoit  réuni  le  mé- 
rite de  l'érudition.  On  lui  doitc 
L  Eloge  de  Pierre  Gassendi  ^ 

F  3 


^ 


te 


M  EN 


1 767  ,  in— 1 2.  IL  Mémoire  sut  lei 
causes  de  la  diminution  de  la 
pèche  sur  les  cotes  de  Provence, 
1769.  .111.  Une  TradiLcUon  de 
l^îachiaveL  Dans  le  discours  pré^ 
liminaire  9  Tauteur  a  justi&é  avec 
énergie  ce  grand  politique,  d'a- 
voir été  le  fauteur  du  despotisme, 
et  le  conseil  des  gouvemeiuens 
tyrannlques.  IV.  Plusieurs  Pané- 
gyriques et  Discours  latins,  1735 
€t  1756. 

M  E  N  G  ,  impératrice  de  la 
Chine ,  épouse  de  Kin^Esong , 
qui  régnoit  en  1 1 26  ,  gouverna 
'  avec  gloire  son  empire,  tandis 
que  Ies4Tartares  qui  9 voient  passé 
le  Fleuve  jaune  et  conquis  la 
province  de  Honan,  ret^noient 
l'empereur  prisonnier.  Se^  lois 
furent  recueillies ,  et  sont  encore 
respectées,  pour  leur  sagesse,  par 
les  Chinois. 

MENIN,  (N.)  conseiller  au 
parlement  de  Metz ,  mort  en 
11770,  étoit  Parisien.  On  a  de 
lui  :  I.  Anecdotes  de  Samos  et  de 
%acédémone ,  17449  2  volumes 
in<i  2.  II.  Turlubleu ,  1745 ,  in-i2. 
III.  Cléodamis ^  i74^9  in— 12. 
Mais  ces  ouvrages  frivoles  doi- 
vent céder  la  place  à  son  Traité 
du  Sacre  des  Rois  de  France , 
1723 ,  in— 12  ,  où  Ton  trouve  des 
recherches  curieuses. 

*  -MENINSKI,  (François  de 
Megnien  )  a  publié  Thésaurus 
linguarum  Orientalium ,  Vienne 
en  Autriche ,  1 680  à  1 687 ,  5  voU 
in-folio,  très— rare.  La  plupart 
des  exemplaires  de  ce  savant  ou- 
vrage, fut  consumée  par  le  feu 
qu'un  boulet  de  canon ,  tiré  par 
•les  Turcs  lors  du  siège  de  Vienne, 
mit  au  maga&in  du  libraire. 
M.  Peigiiot  dit  qu'un  exemplaire 
fut  vendu  500  liv.  en  1776.  i)/«;- 
jiinski  a  prouvé  ^  jusqu'à  l'évi* 


men 

dett^ ,  que  la  langue  an^oise  fi 
la  plus  grande  analogie  avec  ïm*. 
cieu  persan. 

»  MENOT,  (Michel)  cord». 
lier ,  mort  en  1 5 1 8  ,  se  fit  un 
nom  célèbre  par  les  pieuses  far- 
ces qu'il  donna-  en  chaire.  On  a 
publié  ses  Sermoms ,  et  ils  sonfc 
recherché»  pour  le  mélange  bar** 
bare  qu'il  y  a  fait  du  sérieux  ett 
du  coniiqua  ,  du  burlesque  et  du 
«acre ,  des  bouffonneries  les  plus 
pintes ,  et  des  plus  sublimes  vé-« 
rites  de  l'Évangile.  «Les  bûche- 
rons ,  dit— il  dans  un  endroit^ 
coupent  de  grosses  et  de  petitet 
branches  dans  les  ^forêts ,  et  en 
font  des  fagots  :  ainsi  nos  ecclé- 
siastiques ,  avec  des  dispenses  de 
Home,  entassent  gros  et  petits 
bénéûces.  Le  chapeau  de  cardinal 
est  lardé  d'évéchés,  et  les  évéchés 
lardés  d'abbayes  et  de  prieurés , 
et  le  tout  lardé  de  diables,  il  &ut 
que  tous  ceé  biens  de  r£çlise  pa^ 
sent  les  trois  cordelières  de  l'uixfi 
Maria  :  car  le  Ben^cta  tu  » 
sont  grosses  abbayes  de  Bén«« 
dictins;  in  muUeribus,  c'est  MoB^ 
sieur  et  Madame;  Qtfrucêus  ve/i" 
tris ,  ce  sont  banquets  et  goinfres 
ries.  »  L'un  de  ses  meilleurs  dis-« 
cours  est  son  sermon  sur  le  salut* 
C'est  ainsi  que  ce  sermon  cout-' 
mence  :  Honorable,  et  à  mon 
sens ,  dévot  auditoire  :  )|»  desi^ 
deramus  omnes  salvare  animât 
nostras ,  debemus  esse  imitatore» 
Ecclesiœ,  qum  prolando  facit  les 
obsèques  prltnorum  parentum  nos" 
trorum  Adœ  et  Euœ,  quifuerunt 
privati  et  hanniti  ex  Paràdiso  ter- 
restri,„.  En  rappeliant  la  compa- 
raison que  l'Évangile  fait  de  la 
mort  avec  la  nuit ,  il  dit  :  Cuja 
nox  est ,  un  chacun  se  retire  en 
sa  maison.  Domine ,  nonne  totd 
die  ibUis  ad  faciendum  les  crespe» 
fU  mik  4i$^oktiQU3  et  merei/stn 


M  EK 

Ua  ?  Mirum^st  que  tant  plus  qut 
EccUsia  est  magis  devota  et  in  do^ 
îore  et  lucCit ,  populus  est  magis 
iissolalMs*^,  O  Domine  !  quando 
hestia  est  prise  au    pied,   et  1â 
ebandelle  est  souiflée,   qualiter 
reverUtur  in  domum  suam?  Les 
yoyez-voas  ?   Invehietis  in   un  à 
parochid  m^eretricem ,  etc.:  Erit 
Ui  hdc  vULd  homo  vitœ  pessimœ  , 
renieur  de  Dieu.  De  sera,  le  soir, 
ftcit   bonam   vultam ,   de   mane 
inveaitur  mortuus  :  quid    dicitis 
ée  hoc,  domini,  etc.?  Il  compare 
dans  ce  même  discours  l'Église  à 
une  vigne  ,  à  cause  de  l'utilité 
ée  son  fruit  :  Vinum  lœtificat  cor 
hominis,^  Voyez  les  Mémoires  de 
Niceron  ,   tome   xxiv  ;   vous   y 
trouverez  quelques  échantillons 
des  discours  de  Menot.  Ils  ont  été 
imprimés  en  quatre  parties  in-8.* 
Le  plus  recherché  des  curieux, 
est  le  volume  intitulé  :  Sermones 
ifuadragesimales  ,  oUm    Turonis 
ieclamati ,  iSf^OU   1S2S.  Celui 
qui  contient  des  Sermons  pro<- 
noncés  à  Paris,  l'est  beaucoup 
moins;  il  parut  en  i53o,  in-S.® 

MENOUX,  (Joseph  de)  |é- 
saite ,  né  à  Besançon ,  et  mort 
tn  17669  à   71  ans,   obtint  la 
tonfiance  de  Stanislas  roi  de  Po- 
logne, et  devint  son    prédica- 
teur ordinaire,  et  supérieur  du 
séminaire  de  Nanci.  C'étoit  un 
homme  d'esprit ,  intrigant ,  ser- 
viable ,  ami  irtile  et  ennemi  dan- 
gereux. Il  fit  troire  ,   dit  Vol^ 
taire ,  au  pape  Benoit  XIV ,  au- 
teur de  gros  traités  in— folio  sur 
la  Canonisation  des  Saints ,  qu'il 
tes  tradnisoit  en  François;  il  lui 
en   envoya   quelques   pa^es,  et 
■obtint,  pour  son  séminaire,  un 
bon  bénéfice  dont  il  dépouilla  des 
Bénédictins,  et.se  moqua   ainsi 
^  BenoU  XIV  et  de  St.  Be- 
noit, On  a  d«  Jtti  àçs  .Notianis 


MER 


8> 


philosophiques  sur  les  vérité* 
fondamentales  de  la  Jlelîgion  , 
1738,  iji  -  8®  ;  ^  il  eut  part 
aux  ouvrages  religieux  et  mo-« 
raux  du  roi  Stanislas.  Ce  piince 
lui  accordoit  tout  ce  qu'il  de^ 
mandoit. 

MENU  DE  Chomercbau  ^ 
(  Etienne  )  d'abord  lieutenant 
général  du  bailliage  de  Ville-* 
neuve-sur— Yonne,  fut  nommé  à 
l'assemblée  Constituante ,  oti  ^ 
comme  doyen  dage,  il  fut  ap-* 
pelé  le  premier  à  la  présidence. 
Ses  opinions  furent  modérées  et 
justes  comme  son  caractère,  il 
s'étoit  fait  connoître  dans  la  litté- 
rature ,  i.®  par  des  Poésies  in*» 
sérées  Hans  les  anciens  journaux; 
a.°  par  une  imitation  du  Renaud , 
poëme  du  Tasse ,  en  2  Vol.  in-8.* 
Menu  de  Chomerceau  est  mort 
au  mois  de  septembre  1802  ,  à 
lage  de  79  ans. 

MENUS  ,  (  Jason  )  célèbre 
professeur  de  législation  àPavie, 
étoitné  en  1435.  Il  a  publié  plu- 
sieurs ouvrages  de  droit.  Louis 
XII  voulut  assister  à  une  de  ses 
leçons.  Menus  l'alla  prendre  à' 
son  palais,  vêtu  d'une  robe  tissue 
d'or ,  pour  le  conduire  aux  écoles. 
Le  roi  le  fit  entrer  le  premier  , 
en  lui  disant  que  dans  ces  lieux 
la  puissance  des  professeurs  étoit 
plus  grande  que  celle  des  rois. 

MER  AUX  ,  (  Nicolas- Jean  )f 
musicien ,  acquit  de  la  rêputa«5 
tion  en  mettant  en  musique  l'o-* 
péra  de  Samson,  par  Voltaire^ 
et  celui  â* Œdipe  et  Xocaste  ,  re-« 
présenté  en  1762.  Il  est  mort 
au  commencement  de  1797, 
âgé  de  52  ans,  et  en  laissant 
trois  Opéra  non  encore  joués  s 
les  Thennopiles  ,  Scipion  ,  ou  la 
Chute  de  Carihage  s  et  un  autre- 
dont  le  sujet  est  tiré  de  l'His^ 
toire  de  Perse. 

F4 


.^JS-?- 


8$ 


MER 


♦  MERBÉS,  (Bon  de)  doc- 
teur en  théologie  et  prêtre  de 
l'Oratoire,  sortit  de  cette  con- 
grégation apris  y  avoir  enseigné 
les  belles  -  lettres  avec  succès. 
I^onimé  en  1669  ,  par  les  éche- 
vins  de  Montdidier ,  principal  de 
leur  collège  ,  il  donna  sa  démis- 
sion de  cette  place  pour  se  con- 
sacrer plus  entièrement  à  se$ 
études;  mais  les  magistrats,  en 
considération  de  ses  services  , 
lui  conservèrent  pendant  sa  vie 
la  jouissance  du  revenu  de  la  cha- 
pelle de  Guerbigny.  Merhès  com- 
posa, à  la  sollicitation  de  le  Tel^ 
lier  archevêque  de  Rheims ,  une 
Théologie  qu'il  publia  à  Paris ,  en 
i683,  en  2  vol.  in— folio ,  sous 
ce  titre  :  Summa  Chris^nna»  Ses 
principes  ne  sont  pas  ceux  des 
Casuistes  relâchés.  La  latinité  en 
est  pure  et  élégante  ;  mais  le 
style  en  est  trop  enflé  et  sent  le 
rhéteur.  Ce  théologien ,  égale- 
ment pieux  et  savant,  mourut 
au  collège  de  Beauvais  à  Paris  y 

le  2  août  1684 ,  à  68  ans. 

« 

IV.  MERCIEB. ,  (Jacques  le) 
architecte  sous  Louis  XIII  et 
IjOiUs  XIV,  eut  la  direction  des 
principaux  édifices  élevés  de  son 
temps,  tels  que  la  Sorbonne,  le 
Palais  royal ,  Saint  -  Roch  ,  le 
.Val-de-Grace,  sur  les  dessins  de 
3Iansard, 

V.  MERCIER,  (Barthélemi) 
connu  sous  le  nom  d'abbé  de 
SaiiiL-Léger  ,  naquit  à  Lyon  le 
i*"^  avril  1734,  et  entra  fort 
jeune  dans  la  congrégation  de 
Sainte-Geneviève.  Il  y  fut  connu 
par  l'ancien  évêque  de  Grenoble , 
Cqulet ,  qui  aimoit  les  livres , 
et  qui  donna  à  Mercier  les  pre- 
Tiiières  leçons  de  bibliographie. 
Ce  dernier  devint  bibliothécaire 
^e  Sainte-Geneviève ,  et  succéda 
dans  cette  place  du  savant  Pm-; 


MER 

gré  qui  étoit   allé  observer   le 
passage  de  Vénus  dans  la    mer 
des  Indes.  En  ijS^^  Louis  XV, 
étant  venu  visiter  H  bibliothè:* 
que^  Mercier  lui  en  montra  les 
raretés ,  et  lui  inspira  assez  d'in- 
térêt pour  qu'il  le  nommât  à  l'ab- 
baye de  Saint-tLéger  de  Soissons 
qui  étoit  vacante.  Hiercier  Voya- 
gea en  Hollande  et  dans  la  Bel- 
gique ,  pour  y  visiter  les  biblio- 
thèques et  les  savans,  et    se  lia 
intimement  avec  Meerman  ,  l'un 
des  plus  célèbres  érudits  en  bi- 
bliographie. Dépouillé  de  ses  bé- 
néfices par  la  révolution  9  il  sup- 
porta avec  courage  l'indigence  où 
il,  tomba.  Les  malheurs  de  sa  pa- 
trie l'affligèrent  5  et  Ja  rencontre 
qu'il  fit  de  son  ami,  l'abbé  Rayer 
que  l'on  conduisoit  à  l'échafaud» 
fut  la  première  cause  de  son  dé- 
périssement. Il  mourut  le  i3  mai 
'799*  Uiic  profonde  érudition ^ 
de  la  clarté  dans  les  recherches, 
distinguèrent  ses  écrits  ;  un  ca-  , 
ractère  doux  et  affable ,   de  la 
gaieté ,  poinl  de  morgue  ,  le  fi-^ 
rent  aimer.  Les  belles  bibliothè- 
ques de  Soubise   et  la  Vallière 
lui  durent  une   partie  de  leurs 
richesses.    Ses    ouvrages    sont  : 
I.  Lettre  sur  la  bibliographie  de 
Dehare,  1763,  in-8''' IL  Lettre 
à  M.  Capperoniet ,  sur  le  roêma 
objet.  III.  Lettre  sur  le  véritable 
auteur  du  Testament  politique 
'  du  cardinal  de  Richelieu.  IV.Sup» 
plément  à  l'Histoire  de  l'Impri- 
merie   de  Frosper  Marchand  « 
1765,  in -4.**  Y»  Lettre  sur  la 
Pucelle d'Orléans,  1775.  VL2>**- 
sertation  sur  l'auteur  du  livre  de 
YlmUation  de  X  €,  VU.  Notice 
du  livre  rare ,  intitulé  :  Pedis  ad^ 
mirandce,  })ar  J.d'Artis.YÏU.  No» 
tice  de  la  Platopodologie  d'An^ 
toine  Fiancé,  médecin  de  Besan- 
çon. IX.  Lettres  sur  celles  attri^ 
buées  au  pape  Ganganellkyi'  ffOi 


MER 

lice  sur  les  tombeaux  des  ducs 
de  Bourgogne.  XL  Lettres  sur 
différentes  éditions  rares  dn  quin- 
zième siècle,  lySd^in-BfiXlLOlh' 
servations  sur  Fessai  d'un  projet 
de  Catalogne  de  biMîothèc^ue. 
XUL  Description  d'une  Giraffê 
Tue  à  Fano.  XIV.  Notice  raison- 
née  des  ouvrages  de  Gaspard 
Scholt,  jésuite,  1785^  in  — 8.» 
XV.  Bibliothèque  des  Romans, 
traduits  du  grec,  1796,  ii  vol. 
in- 12.  XVL  II  a  travaillé  au 
Journal  de  Trévoux ,  h  ce!  ni  des 
savans  et  au  Magasin  encyclopé- 
dique, il  a  laissé  plusieurs  Ma- 
nascrits  et  des  Notes  sur  les 
poètes  latins  du  moyen  âge;  les 
Œavres  de  la  Monnaye  s  la  Bi— 
Idiothèque  de  la  Croix  du  Maine 
et  de  Duverdier ,  et  l'ouvrage  de 
Dreux  du  Radier  g  sur  les  Lan- 
ternes. 

MÈRE,    (Ignace  le  )   né   à 

Marseille ,  prêtre  de  l'Oratoire , 

mùtta  cette  congrégation,  et  se 

ixAy  vers    1722,  à  Paris  où  il 

"ïonrat,-  en  1752  ,  à  76  ans.  On 

*  **»  lui  :  I.  Pensées  morales  et 

C^^^ennes  sur  la  Genèse,  1784, 

j  ^i'  •^-la.  II.  La  Traduction 

des  Homec^^  je  St.  Çhrysostâme, 

^41,4  vol.  u^go^  et  du  JDûcottrj 

sur  Ut  Providen^    par  Théodo^ 

ret,  1740,  in-S.*- 

]MERMET,(Clau^.^..l,^,rd 
principal   du  collège  Os  ggint». 
Aambert  en  Bugey,  aur««. 
,  couler  des  jours  heureux  c^^ 
cette  place.  Trop  instruit  pou 
ne  pas  s'appercevoir  des  connois-» 
tances  qui  lui  manquoient ,  il  la 
quitta,  et  se  rendit  à  Lyon  pour 
travailler  à  les  acquérir.  De  savans 
imprimeurs  y  résidoient  alors  y 
Mermet  se  lia  avec  eux  et  leur 
fut  utile.  11  Bt  Imprimer  dans  cette 
Ville ,  en  1 383 ,  la  tragédie  de  So- 
fhonishc  reine  deNujaiidie}  qu'il 


MER         89 

avoit  traduite  en  vers  fnmçols 
sur  Toriginal  italien  de  Jean^ 
George  Trissino.  Après  un  sé« 
jour  de  quelques  années  à  Lyon» 
Mermet  revint  à  Saint-Harobert^ 
et  y  reprit  sa  place  de  principaL 
Ce  fut  alors  qu'il  composa ,  pour 
l'utilité  de  ses  élèves ,  son  Traité 
de  l'Orthographe  Françoise,  Les 
règles  qu'il  y  donne  sont  en  vers 
françois ,  et  ont  toutes  une  tour-* 
mire  épigrammatiquc;  il  le  ter- 
mine par  ces  quatre  vers  :     ' 

Si  qntlfa'un  parle  par  cBYle 
Dn  petit  lirre  qne  j*ai  fait  ^ 
Sans  colère  ,  je  le  snpplie 
{>*c«  faire  na  autre  plus  parfkit.     • 

L'ouvrage  de  Mermet  a  précédé 
ceux  de  tous  les  grammairiens 
François  ;  c'est  le  premier  sur 
notre  langue  que  l'on  connoisse. 
On  a  encore  de  lui  une  critique 
du  traité  de  son  compatriote 
Claude  Guichard,  sur  la  manière 
d'ensevelir ,  en  usage  cbez  les 
difFérens  peuples.  Cette  critiqua 
est  infiniment  plus  rare  que  l'écrit 
qui  l'a  fait  n&ître.  Duverdier-Vau* 
privas  parle  de  Mermet  dans  i£' 
Bibliothèque  Françoise,  et  lui 
attribue  plusieurs  épigrammes» 
parmi  lesquelleis  on  peut  citer 
celle-ci  : 

Un  bottslier  cooinl  de  ▼IQa'ge , 
Fut  envoyé  loii^  ponr  chercher 
Un  prêcheur  d*cte  penoanage  » 
Qui  tint  en  carême  prêcher. 
On  en  fit  de  lui  approcher 
Demi  »  dousaine  en  an  courent. 
Le  plus  gras  Ait  prins  du  bouchée 
Cttidant  qu'il  fat  le  plus  savant. 

^-  .voit  par  ces  vers  y  que  la  règle 
qui  vifend  Vhiatus ,  n'étoit  point 
encori^j^feujjyç  gjj  poésie.  Sur  la 
fin  de  s^  jours,  Mermet  àevint 
châtelain  ^^  duc  de  Savoie , 
ÇharUs^En^anuel,  qui,  instruit 
dç  6bn  mériti,  i^i  aycit  accord* 


ço 


MER 


une  pension.  Les  anciens  rectteils 
renferment  plusieurs  de  ses  poé- 
sies qui  ont  de  l'agrément  et  du 
naturel.  On  a  retenu  ces  vers 
de  lui  :  ^ 

Les  aoMS  4e  Thevre  présente 
Ont  le  naturel  dn  meloa , 
U  ett  fant  essayer  cinquante 
Avant  d'en  rencontrer  nn  bon. 

W-crmet  mourut  à  Saint-Ram- 
bert,  emportant  les  regrets  des 
^ens  de  bien  et  l'estime  des  lit- 
térateurs de  son  temps. 

MERMET ,  Voy.  Bollîoud. 

MESGRIN  ,    Voyez  Sxflîr- 
Mbsgrin. 

V.  MESMES ,  (  Jean-Antoîne 
de)  premier  président  au  parle- 
ment de  Paris  ,  de  l'académie 
Françoise  ^  naquit  dans  cette  ville 
I^i  8  novembre  1661,  et  y  mou- 
rut le  2  3  du  mois  d'août  1723. 
Pendant  les  orages  delà  régence, 
il  se  conduisit  avec  tant  d'adresse 
^u*il  sut  ménager  tous  les  partis  ; 
mais  ^^  liaisons  secrètes  avec 
le  duc  et  la  duchesse  du  Maine  , 
faillirent  à  le  brouiller  avec  le 
duc  d'Or/f^a/ii.  Chargé ,  dans  des 
conjonctures  délicates  ,  de  faire 
des  remontrances  qui  déplatsoient 
à  ce  prince,  il  stit  lai  rappeler 
quelquefois  par  une  plaisanterie 
noble  et  fine ,  les  égards  dûs  au 
parlement.  Le  régent  ayant  laissé 
échapper  contre  les  magistrats 
une  expression  grenadière  .,  le 
premier  président  lui  répondit  : 
JMoaseigiieur  ,  faudra^^'-il  enre-* 
gistrer  votre  réponse.  De  Mesmr 
avoit  montré,  la  m^e  prése**^^ 
•d'esprit  ,  lorsque  le  chan^"®^ 
Voisin  harangué  par  le  po*^'^*^'**' 
«ur  sa  nomination  ,  '^sura  ce 
corps  de  sa  protection  Messieurs, 
dit  le  premier  présent,  en  se 
tournant  vers  ses  confrères ,  B£m 


MES 

mercions  M.  le  Chancelier;  M 
nous  accorde  plus  que  nous  ne  lui 
demandons» 

MESN ARD ,  (  Martin  )  ?«-» 
risien,  contemporain  d^£iietinc 
Pasquier ,  et  dont  celui-ci  vanttt 
le  savoir  et  l'esprit  9  s'amusoit  à 
faire  des  vers  latins ,  dont  toua 
les  mots  commençoient  par  la 
même  lettre  ;  Pasquier  cite  les 
deux  suivans  ,  faits  en  i56f  9 
lorsque  les  Calvinistes  prirent  les 
armes  : 

tUm  ,    ngtm  ,    regimtn  «   ngiotum  0 
relllgiûnem  , 
Restauravitnvit ,  RelUgionicolx» 

Ur.  MESNIL ,  (  N.  Gandin  du  > 
ancien  professeur  de  rhétorique 
en  l'université  de  Paris ,  a  publié^ 
à  rimita^ion .  de  l'abbé  Girard  , 
des  Synonymes  Latins  ,  où  l'on 
trouve  souvent  la  finesse  et  la 
précision  de  son  modèle.  U  est 
mort  à  Valogne  à  82  ans  ^  le  i» 
floréal  an  10. 

IV.  MESNIL,  C Marie-Fran- 
çoise du  )  célèbre  comédi«ii'i« 
Françoiso,  débuta  en  1737  *^**i** 
les  rôles  de  reines ,  et  s*-^^  ^^it 
un  nom  par  l'énergie  ^^  *^  ^o* 
blesse  de  son  jeu.  F^®  *"t  ««P^r 
rieure  dans  la  r^-*^<^sentation  de 

Médée,de  c/ 'f^''^  ^^  ^*-^^'^«- 
/*e.  Retirée /?,  ^^^'^^r^  «vant   la 
révolutio»-^  ^"®  ^^^^^  ^«ns  l'obs- 
cttrité  "^^  regretter  l'éclat ,    et 
supputa  long-temps  la  pauvreté 
ggi;  se  plaindre  ;  sur  la  fin  de  sa 
^e  9  elle  dut  la  modeste  aisance 
dont  elle  jouit  à  la  bienfaisance 
du  gouvernement  M***  du  Mes-m 
nil  étoit  parvenue  à  l'âge  de  9# 
ans ,  lorsqu'elle  est  morte  à  Paris 
ie  ai  février  i8o3.  On  lui  a  at-* 
tribué  des  Mémoires  publiés  en 
1759  9  in- 8"*,  en  réponse  à. ceux 
de  Mil»  Clainn  ,  dont  la  vie  fut 
plus  brillante .  mais  plus  a^téc  ^ 


M  I  C 


1638  ,  qui   grava  les  figures 
VHelveUa  Sancta  ,  de  Murer» 


lires  tie 


MET 

At   qni  mourut  quelques  mois 
#vaut  elle. 

MÉTHIS,  roy.  Minerve.  MEYSONNU»  ,   (  Lazare  ) 

né  dans  les  environs  de  Lyon> 
embrassa  la  médecine,  et  gn^na 
beaucoup  d'argent  a  publier  un 
Almanach,  sous  le  titre  du  Boa 
Hermite,  Les  contes  ,  les  pré- 
dictions dont  il  le  remplissoit ,  1% 
firent  rechercher.  De  Protestant, 
l'auteur  se  fit  Catholique  ;  de 
médecin  ,  il  se  fit  chanoine.  On 
lui  doit  :  I.  U Histoire  du  Collège 
de  Médecine  de  Lyon  ,  ouvrage 
incomplet  et  sans  profondeur. 
H,  Pharmacopée  abrégée,  lll.  /«- 
traduction  à  la  Philosophie. 
IV.  Traduction  de  la  magie  na-* 
turelle  de  Porta,  V.  Science  de 
V esprit*  Meysonnier  mourut  eu 
1672. 

MEYSIEU  ,  (  Jean-Baptiste 
Paris  de  )  ancien  intendant  de 
l'école  militaire  de  Paris ,  mort 
dans  cette  ville  le  6  septembre 
17789  a  fourni  divers  articles  à 
l'Encyclopédie.  On  lui  doit  encore 
une  Lettre  sur  l'école  militaire  , 
1755,  in-8.0 

MEZZABARBE  ,  (François 
comte  de)  célèbre  antiquaire Ita- 
lieji,  mort  à  Milan  en  1697  ^  à 
5i  ans ,  rassembla  un  riche  ca- 
binet de  inédailles  ,  qu'il  décrivit 
sous  ce  titre  :  împrratorum  Fio^ 
manorum  numismata  à  Pompeio 
ma^ao  ad  HeracHum ,  in- fol.  Cet 
ouvrage  parut  en  i683,  et  ob- 
tint une  seconde  édition  à  Milan 
eu  1 730.  L'auteur  le  dédia  à  rem— 
perour  Lcopold  7.. 

MICAL,  (  N.  abbé)  l'un  des 
plus  g;rands  mécaniciens  de  notre 
teHij^  ^  forma  di^ix  têtes  d'airain 
qui  prononçoient  distinctement 
des  phrases  entières.  Ces  têtP'S 
étoient  colossales  •  et  leur  voix 
étoit  forte  et  sonore.  Ce  bel  ou^ 


MEUNIER,  né  à  Paris,  fut 
secrétaire  du  duc  à'Estrces.  II  a 
■donné  quelques  pièces  de  poé-sie , 
.et  au  théâtre  Italien ,  la  comédie 
des  Lanternes  Magiques,  Cet  au- 
teur est  mort  en  1730. 

n.  ME  Y ,  (  Octavio  )  négo- 
ciant de  Lyon  9  acquit  de  grandes 
.richesses  par  l'invention  de  lus- 
trer la  soie  et  les  étûjQfes  ;  ce  qui 
s'appelle  leur  donner  Veau,  Le 
hasard,  plus  que  toute  combi- 
nnison ,  produisit  cette  découd- 
verte.  Mey  s'apperçut  qu'un  brin 
de^soie  qu'il  avoit  tenue  quelque 
temps  à  la  bouche ,  avoit  acquis 
pins  d  éclat  ;  il  appliqua  l'eau  aux 
étoffes ,  et  parvint  à  les  lustrer. 
C'est  lui  qui  acquit  le  célèbre 
bouclier  de  Scipion ,  trouvé  dans 
Je  Rhône  et  donné  à  Louis  XIV 
par  Pilata  ,  héritier  d*  Octavio 
Mey,  Ce  dernier  mourut  en  1 690. 
"-^L'abbè  Mey  ,  célèbre  juris- 
consulte^ canoniste,  mort  de- 
puis peu  y  étoit  l'un  de  ses  des- 
,«endans. 

HI.  MEY ,  (  Jean  de  )  docteur 
en  médecine,  et  professeur  de 
théologie  à  Middelbourg  ,  né  en 
Zélande ,  et  mort  en  1678,  à 
6g  ans ,  a  donné  en  flamand  plu- 
sieurs ouvrages  dont  on  a  donné 
la  collection  à  Delft  en  1704  , 
in-folio  ,  et  un  en  latin  ^  sous  ce 
titre  :  Phydologia  sacra  ,  Mid- 
delbourg,  1661 ,  in-4.**  C'est  un 
commentaire  sur  lés  objets  phy- 
siques dont  il  est  parlé  dans  le 
Peatateuque. 

IH.  MEYER;  il  y  a  eu  du 
même  nom  des  peintres  et  des 
graveurs  Suisses.  Le  plus  célèbre 
dt  Rodolphe  t  mort  à  Zuricli  ea 


< 


^1 


M  IC 


Vrage^  dit  un  écrirain,  a  résolu 
tiii  grand  problème ,  savoir  :  si  U 
paiole  pouv<ût^;quitter  le   siège 
vivant  que  lur  assigna  la  nature  , 
pour  venir  s'attacher  à  la  manière 
morte.  Il  y  a  aussi  loin  d\ine  roue 
et   d'un  levier   à    une   tète  qui 
parle ,  que  d'un  trait  de  plume 
an  plus  beau  tableau.  Vaucanson 
Vest  arrêté  aux  animaux,  dont 
il  a  rendu  les  mouvemens  et  con- 
trefait les  digestions  ;  MicaL  s'est 
élevé    jusqu'à    l'homme  ^   et   a 
choisi  dans   lui   l'organe  le   plus 
brillant  et  le  plus  compliqué.  En 
suivant  la  nature,  il  s'apperçut 
que  l'organe  vocal  étoit  dans  la 
glotte  un  instrument  a  vent  qui 
avoit  son  clavier  dans  /a  bouche  ; 
qu'en  soufflant  du  dehors  en  de* 
dans ,  comme  dans  une  flûte ,  on 
n*obtenoit   que    des   sons  filés  ; 
mais  que  pour  articuler  des  mots, 
il   falloit  souffler  du   dedans  au 
dehors.  En  effet ,  l'air  en  sortant 
de  nos  poumons ,  se  change  en 
son  dans  y  notre  gosier ,  et  ce  son 
est   morcelé  en  syllabes  par  les 
Jèvres  et   par   un  muscle   très- 
mobile  qui  est  la  langue ,  aidée 
des  dents  et  du  palais.    Un  son 
continu    n*exprimeroit     qu'une 
seule  affection  de  l'ame,  et   se 
rendroit  par  une  seule  voyelle  ; 
mais    coupé  à    différens    inter- 
valles par  la  langue  et  les  lèvres  , 
il   se  charge  d'une   consonne  à 
chaque  coup  ;  et  se  modifiant  eh 
ime  infinité  d'articulations,  il  rend 
la  variété  de  nos   idées.  Sur  ce 
principe,  Mical  appliqua   deux 
claviers  à  ses  têtes.  L'un  en  cy- 
lindre ,  par  lequel  on   n*obtenoit 
çj[n'un  nombre  déterminé  de-phra- 
ses ,  mais  sur  lequel  les  inter- 
valles des  mots  et  leur  prosodie 
étoient   marqués     correetement. 
L'autre    clavier    contenoit  dans 
rétendue  dW  ravalement ,  toutes 
les  syllabes  de  la  langue  fran-* 


MIC 

çoise ,  réduites  à  un  petit  nom«« 
bre  par  une  méthode  ingénieuse 
et  particulière  à  l'auteur.  Avec 
un  peu  d'habitude  et  d'habileté  , 
ou  auroit    pu    parler   avec  les 
doigts  comme  avec  la  langue  9  eft 
donner  au  langage  des  tètes  la  ra- 
pidité, le  repos,  et  toute  Tex-* 
pression  que  peut  avoir  la  parole, 
lorsqu'elle  n'est  point  animée  par 
les  passions.   Les  étrangers  au— 
roient  pu  prendre  la  Henriade  ou 
le  Télémaque ,  et  les  faire  réci- 
ter d'un  bout  à  l'autre  ,  en  lés 
plaçant    sur    le   clavecin    vocal 
comme  on  place  des  partitions 
d'opéra  sur  les  clavecins  ordinai- 
res. La  France  pouvoit  donc  s'ho- 
norer   de   l'invention  de   l'abbé 
Midi;  on  poiivoit  dire  que  si 
les   Allemands  avoient    inventé 
l'imprimerie  des  caractères  y  un 
François  avbit  trouvé  celle   des 
articulations  ;  et  que  la  pronon- 
ciation de  la  parole  ,  si  fugitive 
pour  l'oreille  ,  étOit  à  jamais  fixée 
par  les  têtes  d'airain  ;   mais  le 
gouvernement  de  France  de  1782, 
ayant  refusé  d'acheter  "ces  têtes, 
le  malheureux  artiste  accablé  de 
dettes,  brisa   son  chef-d'œuvre 
dans  un  moment  de  désespoir.  H 
mouiut  très- pauvre  en  1789. 

II.  MICHAELIS ,  (Jean-Ben- 
jamin )  poëte  satirique ,  né  à  Zit- 
tanen  1747,  et  mortà  Halbers- 
tadt  en  1772  ;  réunissoit  le  feu 
de  Juvenal  et  la  sombre  âcreté  de 
Perse.  Un  de  ses  amis  a  donné 
en  1 780  une  édition  complète  de 
ses  Œuvres ,  à  Giessen. 

*  XV.  MICHEIr-CERULAl- 

RE ,  patriarche  de  Constantino-* 
pie,  après  Alexis  en  1043,  sa 
déclara  en  io35  contre  l'Eglise 
Romaine,  dans  une  lettre  qu'il 
écrivit  à  Jean  évêque  de  ïrani 
dans  la  Pouille ,  afin  qu'il  la  com- 
muniquât au  pape  et  à   toutt 


MIC 

I^Iised'Occident.  «  Ontre  Taddi- 
tton  Filioque  £iite  an  Symbole  , 
et  l'usage  du  pain  sans   levain 
poar  le  sacrifice ,  CeruLaire ,  dit 
UlP.  Longueval ,  faisoit  an  crime 
anz  Latins  de  manger  de  la  chair 
le  mercredi ,  des  œufs  et  du  fro- 
mage le  vendredi ,  et  de  manger 
de  la  chair  d'animaux  étouffés  ou  . 
immondes.  H  trouvoit  m  Ame  mau- 
yais  qne  les  moines  qui  se  por-> 
toient  bien ,  usassent  de  graisse 
de   porc  pour    assaisonner  les 
nets ,  et  qu'on  servît  de  la  chair 
de  porc  à  ceux  qui  étoient  ma- 
lades ;  qne  les  prêtres  se  rasassent 
la  barbe  ;  que  les  évéques  por- 
tassent des  anneaux  aux  doigts  , 
comme  des  époux  ;  qu  k  la  messe, 
tu  temps  de  la  communion,  le 
prêtre  manfçeàt  seul  les  azymes , 
et  se  contentât  de  saluer  les  assise 
Uns  ;  enfin  ,  qu'on  ne  fit  qu'une 
i&mersion  au  baptême.  »  Michel 
Cerulaire  trouvant  dans  ses  dif- 
férens  reproches ,  la  plupart.fri- 
voles ,  un  prétexte  pour  consom- 
mer le  schisme,  fit   fermer  les 
églises  des   Latins  à  Constant!— 
nople,  et  ne  garda'  plus  de  me— 
sures.  Léon  IX  commença  par 
faire  une  réponse  savante  et  éten- 
due à  la  lettre  de  Cerulaire-  En- 
suite il  envoya  des  légats  à  Cons- 
tantinople ,  qui  excommunièrent 
Cerulaire*  Ce  patriarche  les  ex- 
communia à  son  tour ,  et  depuis 
ce  temps -là,  l'Eglise  d'Orient 
demeura  séparée  de  l'Eglise  Ro- 
maine. Ce  prélat   ambitieux  fit 
soulever  le  peuple  contre  Jlfr— 
tSEL  VI ,  (  Voyez  son  article  ) 
çii  ne  se  prêtoit  pas  à  toutes  ses 
vues.  Il  favorisa  l'élection  à*Isaae 
Comnène,  que  les  officiers  de  l'ar- 
mée  avoient  mis  À  sa  place.  C^- 
nùire  ne  cessa  de  demander  au 
Bouvel    empereur    des    grâces  ; 
qaand  il  les  lui  refusoit ,  il  osoit 
û  menacer  de  lui  faire  dter  la 


M  I  c 


9J 


couronne  qu'il  lui  avoit  mise  sur 
la  tête.  11  eut  même  la  témérité 
de  prendre  la  chaussure  de  pour- 
pre qui  n'appartenoit  qu'au  sou- 
verain ,  disant  qu'il  n'y  avoit  que 
peu  ou  point  de  différence  entre 
1  empire  et  le  sacerdoce.  L'empe- 
reur Isaac  Cotnnène ,  indigné  de 
son  audace  et  redoutant  s^n  am- 
bition, le  fit  déposer  en  1059  , 
et  l'exila  dans  l'isle  Proconëse  , 
ou  il  mourut  de  chagrin  peu  do 
temps   après.    Baronius  nous  a 
conservé  trois  Lettres  de  ce  -pa- 
triarche. Les  successeurs  de  Mi^^ 
chel  Cerulaire  conservèrent  leur 
autorité  et  leur  crédit,  tant  que 
Constantinople  fut  sous  la  puis- 
sance des  empereurs  Grecs.  Mais 
depuis  la  prise  de  cette  ville  par 
Mahomet  fl en  1433 ,  la  faveur, 
le  caprice ,  l'intrigue ,  et  sur-tout 
l'argent ,   créant  ou  renversant 
les  patriarches.,  ainsi  que  les  au- 
tres évéques ,  l'épiscopat  fut  avili 
dans  l'Orient.  A  peine  les  prélats 
avoient-ils  pris  le  gouvernement 
de  leurs  églises  ,    qu'ils   étoient 
chassés  ou  exilés,  lis  revenoient 
souvent  pour  être  dépossédés  en- 
core. Plusieurs  étoient  déposés  et 
rétablis  jusqu'à  cinq  ou  six  foit 
de  suite  ;  et  après  toutes  ces  al» 
tematives ,  il  n'étoit  pas  rare  de 
voir  terminer  leurs  jours  par  la 
prison  ou  le  cordeau.  Dans  cetta 
instabilité  ,   la  discipline  et   la 
théologie   ne   pou  voient  qu'êtpp 
néglif^ées.    Quelques    Canons   ^ 
quelques  Homélies  des  Pères,  et 
un  peu  de  Controverse  contre 
l'Eglise  Romaine  ;  voilà   à  quoi 
se  bornoit  la  science  des  évéques 
Grecs.  Les  Papas  (c'est  le  nom 
des  prêtres  )  furent  encore  moins 
éclairés;  pris  indistinctement  dans 
tons  les  états  ,  ne  jouissant  d'an^ 
cune  considération ,  ils  se  dédom^ 
mageoient  de  leur  avilissement  ^ 
en  faisant  payer  leurs  fonctionf 


^4 


M  t  C 


le  plus  chef  qu'ils  potivolent.  Ta 
superstition  étant  la  source  prin- 
cipale cin  revenu  qtt'ilstiroientdu 
peuple  4  lis  le  lièrent  à  eux  par 
des  pratiques  minutieuses  9  par 
des  lé  «pendes  absurdes,  par  des 
vertus  miraculeuses  attachée»  aux 
eaux  de  certaines  fontaines ,  aux 
paroles  ^e  certaines  prières,  aux 
exorcismes  ,  aux  bénédictions  9 
etc.  Les  Grecs  conquis  par  les* 
Turcs  ne  tournèrent  plus  leurs 
regards  vers  l'Occident.  Le  schis- 
me fut  éternel ,  dès  qu'ils  déses- 
pérèrent d'avoir  des  secours  con«- 
tre  leurs  ennemis ,  dans  les  ar— " 
mes  des  papes  et  des  princes  Oc- 
cidentaux. Leur  éloio:nement  de 
toute  réunion  se  fortifia  par  le 
cours  des  années.  Les  Mahomé- 
tans  leuirs  oppresseurs ,  ne  leur 
sont  pas  plus  odieux  que  les  I^^ 
tins  ;  et  les  missionnaires  Cotho-« 
liques  n'ont  jamais  eu  de  plus 
l^rands  ennemis  qu'eux ,  dans  les 
contrées  de  l'Orient  oit  ils  ont 
pénétré. 

IL  iVnCHELÏ ,  (  Jacques-Bar- 
thélemi  )  seigneur  du  Ciest ,  né 
«  Genève  en  1692,  d'une  an- 
cienne famille  originaire  de  Luc- 
ques ,  et  placée  à  la  tôte  de  cette 
république  depuis  l'année  t 36 5, 
époque  de  son  établissement , 
commença  h  servir  en  France  , 
où  il  devint  capitaine  en  1718  , 
«u  moment  de  la  paix  d'ITtrecht , 
et  où  il  continua  ses  services  jus- 
qu'en 173s.  1!  se  retira  alors  dans 
le  réfçiment  Suisse  de  Bezenvnld. 
Dès  sa  jeunesse  il  avoit  annoncé 
les  plus  heureuses  dispositions 
pour  l'étude  des  mathématiques  , 
et  illes  cultiva  ensuite  avec  suc- 
cès; k  l'âge  de  2 S  ânsil  étoit  déjà 
savant  géographe  et  bon  ingé- 
lueur»  La  collection  des  places  et 
des  cartes  qu'il  a  levées ,  tant  en 
France  qu'à  Genève ,  est  iinmen«i 


M  te 

Se  ;  elle  est  précieuse  autant  pHi  * 
l'exactitude  du  travail  que  pàif 
l'élégance  du  dessin.  Dans  sa  re-» 
traite  en  Suisse,  il  s#  livra  tout*' 
entier  à  l'étude  de  la^ physique  ,  et 
devint  l'inventeut  d'un  Therrtie- 
mètre ,  dans  la  graduation  dirqiiet 
il  prend  pour  baSe  le  terme  du 
tempéré-  qu'il  désigne  par  Zéro  , 
et  il  fait  coïncider  à  son  écheflB 
celle  de  tous  les  Thermomiètres 
connus.  Il  imagina  en  môme  temps 
de  se  servir  de  son  instrument 
dans  le  fond  des  eaux  et  des  mi**' 
nés ,  en  le  munissant  d'un  appa*^ 
reil  particulier.  Une  partie  âe§ 
Mémoires  qu'il  a  composés  pour 
établir  et  justifier  sa  métfiode,  se 
trouvent  réunis  dans  les  actes  im-< 
primés  de  la  société  Helvétique 
de  Basle.  Micheli  publia  aussi 
se*  Rechercfies  sur  la  météoro- 
logie et  la  température  du  globe. 
Ses  autres  Mémoires  traitent  da** 
la  lumière,  de  la  pesanteur  des 
marées ,  du  cours  des  astres  ,  de 
la  comète  de  1680  ,  du  déluge 
Universel.  Il  a  donné  aussi  un 
Traité  de  météorologie  ;  enfin  ^ 
il  a  fait  graver  le  prospect  visuel 
des  glaciers  de  la  Suisse  ^  dont  il 
déterminales  hauteurs  géométri- 
ques ;  et  il  eut  le  premier  l'idée  de 
les  figurer  en  relief  :  travail  qui 
a  été  exécuté  depuis  d'après  ses 
directions.  Son  génie  saisissoit 
avec  force  les  objets ,  et  laissoit 
dans  toutes  ses  conceptions  la 
trace  d'idées  neuves  et  profondes* 
Sa  vie  domestique  fut  agitée  paf 
l'efiet  des  troubles  politiques  qui 
se  manifestèrent  à  Genève  sa  pa- 
trie, dès  Tannée  1727;  et  il  en' 
devint  la  victime ,  ayant  étélon*»- 
temps  renfermé  dans  une  cita- 
delle par  ordre  du  gouvernement 
de  Berne.  Micheli  est  mort  en 
mars  1766 ,  sans  avoir  été  marié. 
—Ses  deux  neveux  ont  soutenu 
la  gloire  ie  son  nom  ',  l'un  commflf  " 


MI  D 

militaire ,  l'antre  comine  sjmr^ic 
de  la  ville  de  Genève  ,  et  actuelle- 
ment  président  du  département 
ivL  Léinan. 

MI  CHU,  (Benoît)  habile 
peintre  sur  verre  ,  florissoit  à  Pa- 
ris vers  l'an  1720. 

n.  MIDDLETON ,  (  Convers) 

théologien  Anglois ,  et  profes— 
5enr  de  la  chaire  de  Woodward  à 
Cambridge  ,   naqnit  à  Yorck  le 
17  décembre*  i683  ,  et  mourut 
le  iS  juillet  1750,  après  avoir  été 
marié  deux  fois.  Sa  méiroire  étoit 
nne  espèce  de  bibliothèque  ;  il 
l'avoit  ornée  de  ce  que  les  auteurs 
anciens  et   modernes  offrent  de 
plus  intéressant.  Mais  en  entas- 
sant des  matériaux  pour  écrire  , 
3  ne  sut  pas  toujours  les  «rran- 
f.T  avec   assez  de  méthode.  La 
Vie  de  Cicéron ,  en  a  vol.  in-4% 
*»uvent    réimprimée   in  —  4°   et 
in-8%  et  traduite  par  l'abbé  Pré^ 
^t,  (  Voyez  son  article  )  n'est 
pas  exempte  de  ce  reproche.  C'est 
bailleurs  un  livre  utile  et  curieux, 
propre  à  faire  connoitre  la  ré- 
publique Romaine  et  les  person-« 
nages  qui  y  jouoient  un  rôle  du 
temps    de     Cicéron.    Middletoii 
avoit  foit  le  voyage  de  IVôme  en 
1729,  et  il  avoit  vu  les  cérémo- 
nies de  l'église  avec  des  yeux  p re- 
tenus ;  sa  préoccupation  lui  dicta 
•on  traité   en  forme  de  lettres  , 
tetitulé  :   La  ^eli-gion  des  Ro^ 
Ptaîns  Actuels  ,  dérivant  de  celle 
des  Païens  leurs  ancêtres  ,  dont  la 
seconde  édition  parut  en  «  7  4 1  5 
in-S.®  On  a  encore  de  lui  :  I.  Une 
'Réfutation  de  Tindal  II.  Des  Œu- 
vres diverses ,  175a  ,  4  vol.  in- 4**, 
et  5  vol.  in-8,®  C'est  dans  ce  re- 
cueil qu'on  trouve  son  fameux 
discours  sur  les  Miracles  qu'il 
nie  tous,  à  l'exception  de  ceux  de 
J.  C. ,  et  dont  Voltaire  et  d'au-* 
)res  infr^dttlt^Qatfuit  mage  dans 


M  I  L 


95 


leurs  brochures  anti-chrétiennes. 
D'autres  morceaux  de  cette  col- 
lection   offrent    des    recherches 
pleines  d'érudition ,  sans   aucun 
mélange  de  choses  dangereuses  : 
tels  que  sa  Dissertation  sur  l'ori- 
gine dé  l'imprimerie  en  Angle- 
terre 9  et  nne  Autre  sur  la  vé- 
ritable  prononciation  du   latin. 
III.   Germana    qucsdam  antiqui^ 
iatis  erudita  monumenta  ,  17^7  9 
in-4.0  Middleton  a  été  peint  di- 
versement par  les  Catholiques  e^ 
les  Protesta  n  s.  Selon  les  premiers, 
e'étoit  un  pédant  atrabilaire ,  un 
savant  orgueilleux  et  mélanco- 
lique ;  selon  les  autres  ^  il  avoit 
autant  de  modération  que  de  sa-^ 
voir,  et  quelques  paradoxes  de 
ses  écrits  sont  compensés  par  la 
foule  de  choses  curieuses  et  vraies 
qu'on  peut  y  recueillir.  Tout  c« 
qu'on  peut   dire,   c'est  que  s'il 
étoit  doux  dans  la  société ,  il  de- 
ren oit  quelquefois  amer  la  plume 
à  la  main.  —  Il  y  a  eu  un  autre 
Middleton  ,    (  Hugues  )  qui  , 
ayant  tenté  de  faire  venir  de  bonne 
eau  à  Londres  ,  obtint  en  i63fi 
de  Charles  1 1  une    gratification 
annuelle  de  5oo  livres. 

MIERRE ,  (  Le  )  Voyez  Lk- 

MIBRRE. 

MIGNOL,    Voyez  MoN- 

TIGNI. 

MILLANGES,  (Simon)  né 
à  Limoges  dans  Je  16*  siècle,  se 
fit  impFimenr  à  Bordeaux  vers 
l'an  1372,  et  fut  renommé  pour 
la  beauté  de  ses  éditions.  .Ses  ca- 
ractères sont  extrêmement  fins. 
Il  employoit  du  papier  très-blanc 
et  de  l'encre  très-noire  ;  sa  devise 
étoit,  par  analogie  à  son  nom, 
l'image  de  Dieu  environnée  d'une 
foule  d'Anges ,  avec  ces  mots  du 
prophète  Daniel  ;  Millia  millmm 
ns^nfslrabaa^   ci*  -^  Un   de  se^ 


I 


9« 


M  IL 


petit-fiîs ,  )\^suite  à  Bordeaux,  a 
fait  imprimer  l'éloge  funèbre  de 
Magdeleine  de  ChdùUlon,abhesse 
de  St-Jean  deBonnev.il,  1708, 

xn-4« 

MILLER,  (Lady)  morte  à 
Bristol  en  1781,  également  esti- 
mqble  par  sa  douceur,  sa  bonté, 
6on  esprit  et  ses  lumières,  voyagea 
en  Italie.  On  publia,  en  1776, 
3  vol.  in-8*>,  Londres,  ses  Lettres 
sur  le  pays  qu'elle  avoit  parcouru 
en  1770  et  1771.-11  y  a  eu  du 
même  riom,  Jacques  Miller, 
poète  Anglois,  né  en  1703 ,  mort 
en  1743.  Il  a  donné  diverses 
pièces  de  théâtre,  et  imité  le 
Jïlaliomet  de  Voltaire. 

L MILLET,  (Claude)  bota- 
niste du  1 6*  siècle ,  à  publié  un 
commentaire  sur  Galien. 

IL  MILLET,  (Marie)  vill»- 
^eoise ,  née  à  Becourt  en  Picardie, 
excita  par  sa  beauté  les  désirs  du 
capitaine  Dupont  logé  chez  son 

Î)ère ,  et  qui  ramenott  en  France 
es  débris  de  Tarmée  qni  avoit 
voulu  faire  proclamer  le  duc 
é*Alençon  ,  frère  de  Henri  III , 
souverain  des  Pays-Bas.  Ce  chef 
ayant  abusé  de  l'hospitalité  et  fait 
violence  à  la  jeune  fille ,  celle— ci 
saisit  un  couteau ,  l'enfonça  dans 
le  cœur  de  son  ennem  i ,  et  Tétendit 
mort  sur  la  place.  Les  soldats  Tar- 
rêtèrent  aussitôt  ;  et,  après  l'avoir 
attachée  à  un  arbre,  ils  la  firent 
périr  fi  coups  d'arquebuse.  San 
père  fugitif  rassembla ,  dans  la 
nuit,  les  paysans  du  voisinage, 
au  nombre  de  plus  de  trois  mille* 
Ceux-ci  tombèrent  à  l'improviste 
sur  la  petite  armée  de  Dupont, 
et  tous  les  soldats  sans  exception 
fiirent  massacrés. 

.  MINDAN A ,  célèbre  naviga- 
teur Espagnol ,  partit  du  Pérou 
€»  sS68,  et  découvrit  \tè  isles 


M  I  R 

de  Salamon ,  ainsi  nommées  def 
richesses  qu'elles  renfermoient. 
Vingt-huit  ans  après,  il  repartit 
avec  Qiiiros  ,  et  découvrit  les 
isles  Marquises  et  de  Saint^Ber-* 
nard,  Fisle  Solitaire ,  et  celle  de 
Sainte-'Croix,  Miadana  périt  en 
retournant  aux  Philippines ,  vic^ 
time  de  son  zèle  et  de  son  ardent 
amour  pour  la  gloire* 

MINGARD,  (N**)  pasteur 
de  l'église  d'Assens  en  Suisse, 
est  auteur  d'une  Histoire  uni^ 
verselle ,  estimée  ;  et  d'une  mul- 
titude d'articles  insérés  dans  l'En- 
cyclopédie d'Yverdun.Il  est  mort, 
justement  regretté  de  ses  com- 
patriotes, en  1787. 

MINGELOUSAUX,  (Simon) 
médecin  de  Bordeaux,  a  traduit, 
en  i683,  la  Grande  Chirurgie 
de  CkauUac  avec  des  remarques 
théoriques  et  pratiques  ;  deux 
vol.  in-S.**  Son  père,  chirurgien 
renommé  ,  est  l'inventeur  der 
bougies  urinaires  dont  il  fit  le 
premier  essai  sur  le  cardinal  de 
Richelieu ,  lors  de  son  passage  à 
Bordeaux  en  i632. 

MINOUFLET,  (Charles) 
peintre  sur  verre ,  acquit  de  1* 
réputation  dans  le  siècle  qui  vient 
de  finir ,  par  divers  ouvrage*  qo* 
offrent  de  la  correction  dans  !• 
dessin ,  et  un  superbe  colons» 
On  admire  particulièrement,  se» 
vitraux  de  la  rose  de  l'abbaye  de 
Saint-Nicaise ,  à  Rheims. 

h  MIRABEAU ,  (Victor  Ri- 
quety ,  marquis  de  )  d'une  an* 
cienne  famille  de  Provence,  ori- 
ginaire de  Naples,  mort  en  1790, 
a  été  l'un  des  principaux  chefs 
des  économistes.  Son  ouvrage, 
intitulé  VAmi  des  Hommes ,  pu- 
blié en  1755 ,  en  3  vol.  in-  ta, 
commença  sa  réputation.  Le  styl* 
en  ast  diffus ^  incorrect,  néola- 


MIR 

^f^a ,  et  qnelquefois  coafàs.  Mais 
au  niiiien  de  ce  désordre  9  on  voit 
briller  des  idées  utiles  et  lumi- 
neuses ;  011  y  trouve' de  grandes 
coanoissances  sur  réconoraie  rn- 
rale  et  politique  ^  des  vues  judi- 
cieuses sur  les  principaux  inté- 
rêts de  la  société  ,  et  une  certaine 
Adresse  à  rapprocher  Tétat  actuel 
de  nos  mœurs  avec   ce  qu'elles 
ont  été    autrefois  et  ce  qu'elles 
devroiént  être   aujourd'hui.  Cet 
ouvrage,    traduit  en   italien,  a 
été  imprimé  à  Venise,  en  1784. 
Sa  Théorie  de  l* Impôt ,  in- 12  , 
qu'il  mit  au  jour  en  i7«*<,  offre 
plusieurs  idées  saines  sur  les  fi- 
nances ,  mêlées  de  quelques  pa- 
ndoxes  ;  mais  comme  ce  n'étoit 
pas  le  TDoment  de  les  publier ,  et 
que  Fauteur  avoit  trop  peu  mé-^ 
nagé  les  financiers  ,  il  fut   en- 
fermé à  la  Bastille.  Il  avoit  dé\t 
écrit  contre  les  corvées ,  et  en 
faveur  des  administrations  pro- 
vinciales ;  et  malgré  le  défaut  et 
firrégularité  de  la  diction  et  des 
idées  ,  il  sema  dans  le  public  des 
germes  précieux ,  doiit  quelques- 
uns    furent    étouffés ,    et    dont 
d'autres  ne  tardèrent  pas  d'éclore. 
Presque  tous  ses  écrits  ont  été 
réunis  à  la  suite  de  VAnti  des 
Hommes,  qui  avec  ces  additions 
forment  8  vol.  in-12.  Il  faut  en 
excepter  celui  intitulé  :  Hommes 
à  célébrer ,  pour  avoir  bien  mé- 
rité de  leur  ^ècle  et  de  l'huma— 
Dite,  par  leurs  écrits  .sur  l'éco- 
aomie  politique.  Cet  ouvraf;e  , 
•nvoyé  par  Tauteur  au  P.  Bos-- 
cowich  son  ami ,  a  été  publié  par 
ce  dernier  en  françois  à  Bassano , 
tn  2  vol.  in— 8.**  Quant  au  carac- 
tère  personnel   de    Mirabeau  • 
Voyez  Tarlicle  suivant. 

IJ.  MIRABEAU,  (Honoré- 
(Gabriel  Riquety  ^  comte  de  )  dé- 
pjuté  de  Provence  aux  États  gé- 

SUPPL.  Tome  III. 


M  IR 


Ç> 


nérfiQXy  naquit  en  1749*  Und 
jetuiesse  impétueuse  9  des  pas** 
sions  ardentes  ^  semèrent  le  coiii«* 
menctment  de  sa  vie  d'agitations 
et  de  peines.  Après  «voir  servi 
quelques  années  et  fait  la  giierra 
de  Corse,  sç%  omis  de  plaisir  lui 
firent  naître  Tidée  d'épouser  una 
riche  héritière  de  la  ville  d'Ai^'^ 
dont  le  mariage  venoit  d'être  ar* 
rOté  avec  un  autre.  Mirabeau  par^, 
vint  n  le  faire  rompre  et  à  obte«« 
nir  l'objet  de  ^s  vœux.  Cett« 
union  ne  fut  ni  paisible  ni  heu^ 
reuse.  Malgré  une  dot  considé-^ 
rable  ^^x?  l'époux  avoit  touchée , 
les  dépenses  extrêmes  auxquelles 
il  se  livra  altérèrent  sa  fortune  \ 
et  il  s'endetta  de  trois  cent  mill«[ 
livBes.  Pour  arrêter  «es  écarts  ^ 
son  père  le  fit  interdire  par  la 
Châtelet.  Furieux  ,  il  quitta  la 
capitale  pour  aller  s'établir  à  Man 
nosque,  d'où  une  querelle  par- 
ticulière le  fit  enlever  quelqu» 
temps  après  ,  et  renfermer  aa 
château  d'If  en  1774.  Transféré 
de  là  à  celui  de  Joux  en  Franche^» 
Comté  ,  il  obtint  la  permission 
de  se  rendre  quelquefois  à  Pon«« 
tarlier.  Là  ,  il  connut  Sophie  le 
Monnier ,  femme  d'un  président 
au  parlement  de  Besançon.  Belle^ 
jeune  et  .spirituelle ,  Mirabeam 
ne  la  vit  pas  sans  émotion ,  sans 
ressentir  l'amour  le  plus  vif,  et 
il  se  sauva  en  Hollande  avdc  ellei^ 
Condamné  à  avoir  la  tête  tran«^ 
chée  pour  ce  rapt ,  il  eut  proba- 
blement fini  ses  jours  loin  de  sa 
patrie ,  si  un  suppôt  de  la  poJic» 
ne  l'eÂt  arrêté  en  1777,  et  ra-* 
mené  en  France,  Fermé  alors  aa 
château  de  Vincennes,  il  y  resta, 
jusqu'au  mois  de  décembre  1780; 
à  cette  époque,  la  liberté  lui  fut 
rendue  ;  et  le  premier  acte  qu'il 
en  fit  fut  de  réclamer  devant  les. 
tribunaux  sa  femme,  qui  refu-« 
$oit  de  $9  réunir  à  lui..  Il  plaidd^ 


^f 


MtR 


Ini-TTiènie  ÈB.  cause  au  parlement 
cfAix ,  en  présence  de  rArchidiic 
de  Milan  ;  mais ,  malgré  tonte 
son  éloquence ,  il  perdit  soh  pro- 
cès ;  et  sa  femme  obtint  sa  sépa- 
l*ation.  La  révolution  Françoise 
^int  oitrir  à  Mirabeau  un  aliment 
immense  a  son  activitéh  Rejeté 
au  moment  des  élections  par  la 
noblesse  de  Provence,  i!  loua  un 
magasin  9  et  y  mit  cet  écriteau  t 
Mirabeau  marchand  de  draps  , 
«t  se  fit  élire  député  du  tiers-état 
-if  Aix.  La  cour  de  Versailles ,  qni 
commençoit  aie  redouter,  l'appela 
^ès-lors  Le  Comte  Plébéien*  On 
dit  même  que  la  connoissance  de 
•es  intrigues  en  Provence  ayant 
alarmé  le  commandant  de  cette 
province  >  îe  gouvernement  vou- 
lut un  moment  lé  faire  arrêter 
]»our  l'exiler  ans  Indes;  ce  qni 
eut  pu  changer  la  révolution.  Dès 
son  entrée  aux  États  ^  on  le  vit 
Annoncer  l'envie  d'y  jouer  un 
grand  rôle ,  l'artibition  d'y  foire 
du  bruit,  et  les  pins  sinistres 
projets.  Lé  jour  de  l'ouverture  , 
en  considérant  îe  monarque  cou- 
vert des  diamans  de  la  couronne^ 
il  dit  à  ses  voisins  :  Voilà  la  vie» 
iime.  Il  ne  tarda  pas  à  s'emparer 
de  la  tribune,  et  à  y  discuter, 
comme  en  se  jonant,  les  ques- 
tions les  plus  importantes  de  l'or- 
ganisation sociale.  Il  desiroitdans 
le  principe  se  faire  assez  redouter 
pour  conquérir  une  place  dans  le 
ministère }  mais  la  cour  eut  la 
mal-adresse  de  ne  point  contenter 
son  ambition.  Alors  il  n'avoit  ja- 
inçis  conçu  la  possibilité  d'établir 
Une  démocratie  dans  un  état  aussi 
immense  que  la  France.  «  Sa  pé«* 
uétration  ,  dît  Mollet  du  Pan , 
jugea  bien  vîte  cette  cohue  des 
fcommunes ,  dont  rinexpérience , 
la  pétulance  et  la  vanité  ail  oient 
briser  la  monarchie,  en  croyant 
1/1  réparer.  L'instinct  et  les  priii«i 


M  I  R 

clpeâ  ramenoient  sans  ces;*  v^rs 
la  cour  un  homme  dont  les  lu- 
mières égaloient  les  vices ,  et  qui 
eût  fait  très-peu  de  cas  des  succès 
d'un  démagogue  ,  s'ils  n'eussent 
pas  dû  le  conduire  aux  honneuri 
et  au  profit  du  gouvernement  » 
Après  la  séance  dn  23  juin, 
M.  de  Brezé  ayant  apporté  à  Tas^ 
semblée  Tordre  de  se  séparer, 
Mirabeau  lui  répondit  :  «  Alle2 
dire  à  votre  maître  que  nous  ne 
quitterons  nos  places  qne  par  la 
force  des  baïonnettes.  «  Et ,  à 
l'instant  il  fit  prononcer  l'invio- 
labiKté  des  députés.  Bientôt,  on 
le  vit  concevoir  le  projet  de  la 
formation  des  Gardes  nationales, 
obtenir  le  renvoi  des  troupes  qui 
s'avançoient  vers  la  capitale,  par 
une  adresse  qui  est  un  modèle 
^'éloquenee  ;  rejeter  Vidée  de  la 
banqueroute ,  proposer  de  na- 
tionaliser la  dette  publique,  sou- 
tenir le  veto  suspensif ,  en  finis- 
sant son  opinion  par  ces  mots 
remarquables  :  Si  le  roi  n*a  pas 
ce  veto  ,  j'aimerois  mieux  vivre  à 
Constantin n pie  quà  Paris,  Cet 
orateur  se  fit  entendre  sur  la  pro- 
priété des  biens  du  clergé ,  qu'il 
considéra  comme  appartenans  k 
la  nation ,  suf  l'émission  des  as* 
signats ,  sur  le  droit  de  la  paix  et 
de  la  guerre,  qu'il  ref^arda  comme 
inhérent  au  pouvoir  exécutif| 
sur  la  constitution  civile  dn  cler- 
gé ,  qu'il  attaqua ,  en  disant  i 
Je  crains  bien  que  cette  consti-* 
tulion  civile  n'altère  la  nôtre,  II 
parla  sur  la  question  de  la  ré- 
gence ,  sar  celle  de  ja  succession 
au  trône  ^  enfin  ,  sur  la  propriété 
des  mines.  Avec  le  talent  d'é- 
blouir la  multitude ,  et  sur-tout 
de  tout  brouiller ,  il  sembla  sa 
plaire  à  allumer  des  volcans  pour 
en  arrêter  ensuite  les  irruptions; 
aussi ,  si  dès  le  commencement 
de  k  session  y  on  Facnsa  d'avois 


MIR 

ffh  part  aux  troubles  du  €  otlù^ 
re ,  et  d'avoir  contribué  à  faire 
insnrger  la  capitale  ;  sur  la  fin , 
il  s  ekva  contre  les  Jacobins ,  et 
Annonça  qu'il  dévoïleroit  les  fac* 
tienz  par- tout  où  il  les  verroit 
agir.  Ce  dernier  discours  parut 
être  son  arrêt  de  mort.  Frappé 
d'une  maladie  subite ,  et  qui  ne 
fut  pas  de  longue  durée  ,  tous 
hs  partis  s'accusèrent  mutuel! e- 
ment  de  l'avoir  fait  empoisonner. 
le  2  avril  i  79  1 9  à  huit  heures 
du  matin  ,  Mirabeau  cessa  de 
vivre;  e|;  l'ouverture  de  son  corps 
ne  présenta,  suivant  le  rapport  des 
médecins  ,  aucun  indice  de  poi- 
son. Il  étoit  alors  âgé  de  42  ans , 
et  avoit  conservé  jusqu'à  l'instant 
de  sa  mort  toute  sa  tète  et  aa 
fermeté:  le  matin  méme^  il  avoit 
icrit  ce  billet  :  Non  ,  il  n'est  pas 
iipcUe  de  mourir.  On  lui  fit  de 
pompeuses  obsèques  ;  jamais  la 
capitale  n'avoit  vu  de  cérémonie 

SItts  lugubre ,  plus  majestueuse» 
^Otts  les  spectacles  furent  fer- 
més; les  députés,  les  ministres, 
les  membres  de  toutes  les  auto- 
rités formèrent  un  cortège  qui 
tenoit  plus  d'une  lieue ,  et  dont 
la  marche  dura  quatre  heures» 
Son  corps  transporté  au  Pan- 
théon ,  et  placé  à  côté  de  celui  de 
Descarut ,  en  fut  retiré  par  ordre 
de  la  Convention,  en  1792,  et 
dispersé  par  le  peuple,  qui  bru- 
bit  air  même  instant  son  buste 
^  la  place  de  Grève  ;  comme  ce- 
lai d'un  ennemi  de  l^état,  qui 
avoit  eu  des  intelligencers.  avec  la 
famille  royale.  Ainsi  Mirabeau 
vérifia  ce  qu'il  avoit  dit  lui— 
inéme  ,  qu't/  n'y  avoit  pas  loin 
àL  Capilole  à  la  roche  Tar-* 
péleane  ;  et  que  ce  même  peuple 
qui  i'encensoit ,  auroii  eu  autant 
de  plaisir  à  le  vofr  pendre*  Sa 
taille  étoit  ordinaire ,  son  visage 
figuré  par  les  tracas  de  la  petite 


MIR 


99 


tSrole.  Sa  tête ,  ombragie  d'une 
forêt  de  cheveux  ,  lui  donnoit 
quelque  ressemblance  au  lion.Sana 
un  orgueil  extrême ,  qui  lui  fit 
tout  braver ,  ses  talens ,  quoique 
grands ,  auroient  eu  bien  moins 
d'éclat.  Mais  pour  bien  appré^ 
cier  cet  homme  célèbre,  peint 
si  diversement  par  les  diftérena 
partis  ,  il  est  intéressant  de  rap- 
porter ce  qu'en  ont  dit  la  Harpe 
et  un  autre  écrivain  qui  parolt 
l'avoir  bien  connu.  «  Mirabeau , 
dit  le  premier ,  étoit  né  avec  une 
ame  ardente  et  forte,  un  génie 
puissant  et  flexible ,  une  vivacité 
d'imagination  qui  ne  nuisoit  en 
rien  à  la  justesse  des  idées,  un 
penchant  e£Fréné  pour  le  plaisir , 
joint  à  la  plus  grande  facilité 
pour  le  travail ,  et  un  tempéra- 
ment robuste ,  capable  de  suSre 
en  même  temps  et  au  travail  et 
au  plaisir ,  une  activité  de  pen- 
sées qui  sembloit  dévorer  tous 
les  objets ,  et  une  promptitude 
de  mémoire  qui  les  erabrassoit 
tous.  Né  d'un  père  qui  avoit  de 
Tesprit  et  des  connoiss^mces,  son 
éducation  fut  soignée  comme 
elle  pouvoit  l'être  alors.  Mkis  les 
hommes  tels  que  lui  font  toujours 
la  leur  ;  et  son  caractère  et  les 
circonstances  lui  procurèrent 
bientôt  la  plus  rude ,  mais  aussi 
la.  plus  instructive  de  toutes  , 
celle  du  malheur.  Son  premier 
ennemi  fut  son  père.  Écrivain 
législateur  et  homme  à  systèmes^ 
/  il  a\'oit  jeté  quelques  idées  utiles 
sur  l'économie  rurale  et  sur  l'im** 
pôt  dans  de  gros  ouvrages ,  rem- 
plis d'ailleurs  du  plus  ridicule  fom 
tras.  Fier  comme  gentilhomme  ^ 
et  vain  comme  auteur ,  il  s'enr* 
orgueillissoit  d'être  un  des  chefi 
de  la  secte  économiste,  conjoin- 
tement avec  Quesnai ,  Turgot  j 
Dupont,  Boubaud,  qui  avoient 
infmiment  plus  de  principes  et 

G  1 


4oo       MI  p. 

de  mérite  qne  lui ,  et  qwi  ëcri- 
voient  beaucoup  mieux.  Ëntôté 
et  inconséquent,  comme  le£  gens 
m^iotres,  il  délérioroit  systé- 
matiquement ses  terres,  en  se 
flattant  d'enrichir  l'état  par  sa 
théorie ,  et  tyrannisoît  sa  famille 
en  prêchant  la  liberté  politique  ; 
unissant,  par  un  mélange  assez 
commun,  tons  les  préjugés  de 
la  féodalité  qui  étoient  dans  son 
cœur  ,  avec  tout  l'étalage  des 
maximes  philosophiques  qui  n'é- 
toient  que  sous  sa  plume.  Cet 
bomme  impérieux  et  bizarre  ap- 
perçut  bien  vite  dans  la  jeunesse 
<^  son  Hls ,  et  dans  le  premier 
développement  de  ses  facultés, 
im  esprit  'd'indépendance  dont 
il  fut  blessé ,  et  ime  supériorité 
de  talens  qui  menaçoit  sa  vanité. 
Si  c'eût  été  un  citoyen  et  un 
père  ,  il  eût  pensé  comme  ces 
anciens  républicains ,  dont  le 
premier  vœu  étoit  d'être  surpas-> 
ses  par  leurs  fils  ;  mais  l'orgueil 
dn  rang  et  des  opinions  n'en  avoit 
fait  qu'un  despote.  Il  fut  jaloux, 
et  le  fut  à  TexCès.  Il  devint  un 
vrai  tyran ,  en  refusant  à  son  fils 
l'iK^inête  nécessaire ,  ea.  traitant 
avftc  une  sévérité  outrée  des  ei*> 
xeurs  de  jeunesse,  en  lui  mon- 
trant sans  cesse  la  rigueur  d'un 
h^ge^  l'autorité  d'un  père  et  la 
sombre  défiance  d'un  ennemi. 
Enfin,  en  lui  fermant  absolu- 
ment son  ffme,  il  révolta  celle 
d'un  jeune  l^omme  fier  et  sen- 
sible ,  qui  avoit  la  connoissance 
raisonnée  de  ses  droits,  et  déjà  le 
premier  sentiment  de  ses  forces. 
Au  lieu  de  prendre  les  arrange- 
mens  convenables,  qu'une  grande 
richesse  mettoit  à  sa  disposition , 
pour  payer  les  dettes  de  son  fils  , 
il  parut  désirer  en  secret  d'en- 
chaîner le  génie  de  ce  jeune 
homme  par  des  embarras  de 
Ibrtuue  ;  «t  sa  coAduite  dans  la 


M  IR 

maîhenrense  aventure  de  Mffd.  ùf 
MoniUer  fait  juger  que  son  père 
ne  vit  dans  une  faute  excifôable 
par    toutes    ses  circonstances  , 
qu'une  occasion  de  le  perdre  à 
jamais ,  et  de  fensévelir  dans  la 
nuit  des  cachots...»  C'est  dans 
les  discours  qu'il  prononça  lors 
de  son  élection  comme  député , 
que  fut  annoncée  la  destruction 
prochaine  de  la  féodalité.  J'ai 
été ,  dit-il  dans  l'un  de  ses  à\é-^ 
cours  f  je  suis  ,  je  serai  jusqua» 
tombeau  Vhomme  de  la  liberté  pu- 
blique*  Malheur  aux  ordres  prù^ 
vilégiés»  si  c'est  là  plutôt  être 
l'homme  du  peuple  que  celui  des 
nobles  ;   car  les  privilèges  fini-^ 
vont,  mais  le  peuple  est  éternel, 
Son  patriotisme  ne  se  soutint  pas 
long-temps,  si  l'on  en  croit  l'un 
de  ses  collègues,    m  Mirabeau , 
dit^il,  avoit  un  grand  caractère, 
des  talens  rares ,  quelquefois  su- 
blimes ;  un  choix  unique  d'ex- 
pressions, une  connoissance  pro-i 
fonde  de  la  tactique  du  cœur  hu-< 
main  ;  mais  il  étoit  despote  par 
essence,  et  s'il  eût  gouverné  uu 
empire,  il  eût  surpassé  BicheUeu 
en  orgueil,  et  Mazarin  en  poli- 
tique. Naturellement  bilieux,  ia 
moindre  résistance  l'enflammoit; 
et  lorsqu'il  sembloit  le  plus  irrité, 
ses   expressions  en   acquéroient 
pi  us  d'é  légan  ce  et  d'en  ergie.  Grand 
comédien ,   son    organe   et   sou 
geste  ajoutoicnt  un  nouvel  inté- 
rêt à  tout  ce   qu'il  disoit 

Pourquoi  cet  homme  extraordi- 
naire a-t— il  changé  si  fréquem- 
menl  de  liaisons  de  clubs  ?  pour- 
quoi se  montroit-il  ouvertement 
l'ennemi  de  la  Fayette»  lorsqu'il 
étoit  reconnu  pour  son  agent  se- 
cret ? ...  »  Quel  étoit  donc  le  pa- 
triotisme d'un  homme  qui  a  joué 
tant  de  rôles  divers  à  la  fois; 
qui ,  sortant  de  présider  les  Ja- 
cobins y  alloit  diriger  MonlnuH 


i 


M  IR 

fin  dms  son  choix  ?  Miraleaii 
fnt  toute  sa  vie  le  plus  immoral 
des  hommes  ;  ir.auvais  his ,  exé— 
erablemari ,  brutal  amant ,  maître 
impérieux.  Son  caractère  tantôt 
lâche  y  tantôt  sévère ,  n'avoît  pas 
même  de   fixité.  Son  sentiment 
prédominant  fut  l'orgueil ,  son 
tempérament  étoit  irascible  ;  et  ce 
fut  souvent  à  ces  deux  causes  que 
Ion  dut  les  lueurs  vives  de  pa- 
triotisme qu'il  a  fait  éclater  dans 
^eiques  circonstances  épineuses  ) 
et  qui  lui  ont  valu  tant  de  célé- 
brité. On  les  doit  aussi  à  son  goût 
pour  Tintrigue ,  sur-tout  à  ses 
besoins  pécuniaires  ;  de  sorte  que 
ces  éclairs  brilians  de  génie  y  ces 
expressions  de  sentiment  ,   qui 
wroient  honoré  Thomme  le  plus 
lertueux  ,  n  et  oient  pour  ce  pro- 
fond roachiavéliste  qu'une  mar- 
chandise. Mirabeau  ,  dans  un  an, 
a  payé    des    dettes  immenses  , 
acheté  des  terres ,  des  meubles , 
une  bibliothèque  précieuse ,  celle 
de  Buffoa ,  et  a  tenu  un  grand 
état.  Ses  plaisir*  mômes,  quoi- 
que peu   délicats  ,   étoient   fort 
chers  ;  et  comme  il  ne  négligeoit 
aucun  genre  d'accaparement,  il 
distribuoit  d'abondantes  aumôner 
sans  être  humain   ni  dévot. . . . 
Cet  homme   vigoureux  ,    mais 
corrompu  ,  n'avoit  point  de  se- 
cret, car  il  navoit  aucun    sys- 
tème ;  mais  il  servoit  son  inté- 
rêt et  son  orgueil  aux  dépens  de 
tous  les  partis.  Tantôt  plébéien  , 
tantôt  patricien  ,   tantôt  répu- 
blicain ,  tantôt  despote ,  il  vou- 
loit  se  placer  juste  entre  tous  les 
événemens  ,    pour   profiter   de 
ceuxqui  prévaudr  oient.  Cest  ainsi 
qu'avec  une  profonde  astuce,  il 
étoit  devenu  l'homme  de  tous  les 
partis;  et  peut-être  que,  con- 
sidérant la  foiblesse  du  gouver- 
nement, il  se  fiât  toit  d'être  un 
jour  le  protecteur  de  la  Fraiicet  a 


M  I  R 


ïoil 


Le  premier  ouvrage  de  Mirabeau 
fut  un  Eloge  du  grand  Condé  p. 
comparé  avec  6cipion  l'Africain. 
11  le  fit  et  le  prononça  à  l'âge  de 
1 7  ans ,  dans  la  pension  militairedo 
l'abbé  Choûquart,  D'antres  écrits 
plus  considérables  suivirent  bien^ 
tôt  celui-ci.  Les  principaux  sontt 
L  Histoire  de  la  monarchie  Prus- 
sienne ,  sous  Frédéric  le  Grand , 
8  vol.  in-4<>  ;  ouvrage  annoncé 
avec   emphase  y  et  qui  n*a   pat 
soutenu  sa  première  réputation* 
Ce  n'est ,  en  quelques  endroits  y 
qu'une    compilation    indigeste , 
qu'il  avoit  achetée  du  major  Mau^ 
vion,  IL  Collection  de  ses  travaux 
à  l'Assemblée  nationale,  17^2, 
5  vol.  in-8.<>  Ce  recueil  sert  a  le 
faire  connoitre  comme  politique 
et  comme  orateur.  On  voit  qu'il 
abondoit   en  mouvemens  véhé-* 
mens  ,  en  expressions  originales  ^ 
et  savoit  mêler  le  raisonnement 
aux  images   fortes  ;  et  par  une 
logique  sans  sécheresse  et  cachée' 
sous  les  formes  de  l'éloquence^ 
développer  ces  vérités   dont    le 
cœur  du  commun  d^  hommes 
n'a  que  le  germe.  Il   triomphe 
dans  tout  ce  qui  pose  sur  les  bases 
de  la  vérité,  de  la  liberté  et  de 
la  justice  ;  mais  dans  les  causes 
équivoques,  il  use  des  artifice» 
de  tous  les  rhéteurs  ,  se  jetant 
dans  les  hors-d'œuvre ,  combat- 
tant lels   objections   foibles  ,   et 
écartant  les  fortes ,  séduisant  le» 
simples  par  des  ruses  oratoires, 
rassurant  les  timides  par  le  toit* 
de  l'assurance  ;  enfin,  s'empa-* 
rant  des  esprits  forts ,  tantôt  par 
des  terreurs  alarmantes,  tantôt 
par  des  illusions  flatteuses.  11  avoit 
certainement  un  grand  talent;  et 
ceux  qui  l'ont  entendu  n'ont  pas- 
en  tort  de  l'appeler  le  Démos^ 
thènes  François ,  le  Jupiter  ton-^ 
nant    de   l'assemblée.    Il    gsgneh 
moins  à  la  lecture^  et  récdyAi& 


est  au-dessous  de  Toratenr.  Maïs 
la   vecboslté,   l'impropriété  des 
termes,  l'incorrection  du  style, 
nuisent  moins    à   celui— ci ,    et 
ajoutent  quelquefois  à  son  ex- 
pression. Mirabeau,  avolt  encore  , 
comme  orateur,  comme  impro- 
visateur y  le  précieux  avantage  de 
]a  présence  d'esprit.  Il  se  poss^ 
doit  lors  même  qu'on  le  croyoit  en 
fureur  ;  et  il  donna  rarement  prise 
aur  lui  à  ses  ennemis  en  passant  la 
mesure  tracée  par  les  bienséances. 
Animé   par  des   haines  person- 
nelles, il   s'abandonnoit  facile- 
ment  aux  mouvemens  qu'elles  lui 
inspiroient ,  sans  cependant  se 
livrer  aux  invectives  et  aux  in- 
jures. IlL  Lettres  originales  de 
Mirabeau  ,  écrites  du  donjon  de 
iVincennes,  contenant  tous  les 
détails   sur   sa  vie  privée  ,  ses 
malheurs    et   ses   amours    avec 
rSophie    Ruffry  ,    marquise    de 
Monnier,   4  vol.  in-S**,   1792. 
Parmi  quelques  négligences  de 
diction  et   des  fautes  de   goût, 
ou  voit  briller  dans  ces  lettres 
des    beauté|    de    toute    espèce» 
Comme  ouvrage  de  sentiment, ^ 
cest  le  seul  qui  peut  être  com-« 
paré ,  pour  la  vraie  chaleur  et  la 
sensibilité,  aux  plus  belles  lettres 
de  la  Jidie  de  Rousseau,,  IV.  His" 
toire  secrète  de  la  cour  de  Berlin, 
2  vol.  in-S%  libelle  qui  fut  brûlé 
par  la  main  du  bourreau.  V.  Des 
Lettres  de  Cachet,  in-S."  Il  parut 
en  1777,  après  dix-huit  mois  de 
détention  de  l'auteur  au  donjon 
de  Yiiieennes.  L'ouvrage  est  beau- 
coup  trop  diffus  ;  mais  il  y  prouve 
avec  énergie  que  ni  la  justice ,  ni 
le  droit  naturel ,  ni  notre  droit 
public  ne  permettoient  d'attenter 
à  la  liberté  individuelle  sans  un 
jugement  légal ,  et  que  les  lettres 
de  cachet  étoient  non-seulement 
tyranniques,  mais  impuissantes 
.et  inutiles  dans  leurs  effets.  VL  Di- 


MIR 

verses  Inrochures  relatives  à  dct 
matières  de  politique  et  d'admis 
nistration^  telles  que  le  premier 
cahier  de  la  Galerie  des  Etat* 
généraux  ,  oh  il  traça  lui-m  éme 
son  portrait  sons  le  nom  d'Ira  m^a; 
Y  Essai  sur  le  despotisme,  dont 
la  troisième  édition  est  de  1792; 
le  Gazetier  dévaUsé}  le  Mémoire 
sur  les  actions  de  la  compagnio 
des  eaux  de  Paris ,  écrit  virulent 
auquel  Beaumarchais  répondit;* 
la  Théorie  de  la  Royauté  d'aprèa 
la  doctrine  de  Milton  i  les  Mé-* 
moires  sur  l'établissement  de  la 
banque  de  Saint-Charles,  l'Ordre 
de  Cincianatus  ,  la  caisse  d'efr» 
compte,  l'agiotage,  etc.  Mira^ 
beau  eut  un  style-  plus  lourd 
dans  ce  dernier  opuscule  que 
dans  les  autres.  On  rit  de  le 
voir  attaquer  les  agioteurs  dont 
on  croyoit  qu'il  avoit  souvent 
partagé  les  bénéfices  ;  ce  qui 
lui  mérita  cette  épigramme  de 
Rivarol  : 

Poisse  ton  homélie ,  h  pttaat  Mîràbêaa  , 
Assommer  les  fripaat  qni  gâteat  aoe 

«flalrts  I 
ITa  TOleor  coartrtl  doit  sa  faire  bour* 

rcau, 
Et  prêcher  sar  Péchellt  «a  pandaac  an 

confrères. 

VIL  Erotika  Billion ,  ouvrage 
licencieux  et  rempli  d'obscénités, 
ou  Tauteiir  a  prétendu  prouver 
que ,  malgré  la  dissolution  de  nos 
mœurs ,  les  anciens ,  et  sur-tont 
les^Juifs,  étoient  beaucoup  plus 
corrompus  que  nous.  U  ne  se 
répandit  que  quatorze  exem- 
plaires de  la  première  édition 
do  cet  écrit ,  la  police  ayant  fait 
saisie  les  autres.  Nous  passerons 
sons  silence  quelques  autres  ou- 
vrages indécens  et  indigne^  d'être 
lus  ,  ,le  Libertin  de  qualité  ,  le 
Rubicon ,  et  divers  Mémoires  sa- 
tiriques contre  son  père  ^  sa  mèr* 
et  son  épouse4 


\ 


M  IR 

m  MIRABEAU ,  (  Boniface 
fiiquety  vicomte  de)  frère  du 
précédent,  colonel  du  régiment 
de  Totf raine  9  servit  avec  distinc* 
tion  en  Américpe ,  et  y  acquit 
la  croix  de  Saint*Louis  et  celle 
de  Cincinnatus.  Nommé  député 
anx  États  généraux  pajr  la  no- 
blesse du  Limousin  9  il  s'opposa 
avec  chaleur  h  la  réunion  des 
ordres  ;  et  lorsque  le  roi  Teut 
ordonnée,  il  brisa  son  épée  en 
quittant  sa  chambre ,  déclarant 
^e  dès  cet  instant  la  monarchie 
«toit  détruite.  H  parla  contre 
l'abus  des  pensions ,  l'envabisse- 
ment  des  biens  du  clergé ,  et  se 
déclara  pour  la  liberté  des  opi* 
nions  religieuses ,  a  condition 
qu'il  n*y  auroit  qu'un  culte  pu- 
dUc;  on  le  vit  défendre  ensuite 
W  parlemens  de  Metz  et  de 
Rennes ,  accusés  d'incivisme.  Au 
JDois  de  juin  1790,  son  régi* 
nent,  en  garnison  à  Perpignan, 
s'étant  mis  en  insurrection'^  Mi-- 
raheau  se  rendit  dans  cette  ville 
pour  tâcher  de  le  faire  rentrer 
dans  le  devoir;  mais  n'ayant  pu  en 
Tenir  à  bout,  il  partit,  empor- 
\àiit  les  cravates  des  drapeaux* 
Cet  enlèvement  causa  une  ru^ 
mear  excessive  ;  il  fut  arrêté  en 
route,  et  relâché  par  ordre  de 
l'Assemblée.  Bientôt  après ,  M/- 
rabeau  émigra,  et  leva  une  légion 
loiis  ses  ordres ,  qui  servit  avec 
bravoure  pendant  tonte  la  guerre, 
et  accompagna  ensuite  le  prince 
de  Condé  en  Pologne.  II  mourut 
à  la  fm  de  179a ,  à  FriCourg  en 
Brisgaw.  La  grosseur  extraordi- 
naire de  ce  dépnté ,  et  soii  pen^ 
chant  à  boire ,  i'avoient  fait  sur- 
nommer Mirabeau—Tonneau,  Sa 
physionomie  étoit  belle  et  pleine 
d'expression*  Doué  de  beaucoup 
d'esprit  nàturçl.»  tofites  ses  saillies 
étoient  vives  'et  piquantes.  Son 
frère  lui    reprochaak    d'aUéxer 


M  IR 


103 


trop  sanvent  &û  raison  an  buvant 
avec  excès 4  De  quoi  vous  plaim 
gae^^-^vous,  lui  répondit- il ,.  ^49 
tous  les  vices  de  la  famille ,  voùâ 
He  m'avez,  comme  cadet,  laissé 
que  celui'-là.  Cette  réponse  rap** 
pelle  ce  mot  du  comte  :  Dan» 
une  autre  famille ,  disoit-il ,  mon 
frère  serait  wegardé  comme  uil 
mauvais  sujet  et  un  génie;  dan» 
la  nôtre ,  c'est  un  sot  et  un  hou» 
néte  homme.  Ce  dernier  s'étoit 
battu  et  avoit  reçu  un  coup 
d'épée  ;  le  comte,  qui  ne  passoit 
pas  pour  brave ,  vint  le  voir  :  Je 
vous  remercie  de  votre  visite  »  lui 
dit  le  blessé  ;  elle  est  d*autani 
plus  gratuite  ,  que  vous  ne  me 
mettrez  jamais  dans  le  cas  de 
vous  en  rendre  une  pareille»  L9 
vicomte  de  Mirabeau  a  écrit  ^  aa 
commencement  de  la  révolution, 
une  foule  de  chansons  et  de  pe« 
tites  satires  contre  les  cliange- 
mens  qui  s'opérolent;  plusieurs 
furent  insérées  dans  le  journal 
qui  prit  le  nom  iV Actes  des  Apà-m 
très,  La  plus  saillante ,  est  intw 
tulée  ;  "Lanterne  magique, 

*  MIILVMION ,  (  Mnrie  Bon^ 
neau ,  dame  de  )  née  a  Paris,  le  2- 
novembre  1 62^,  de  Jacques  BoW' 
neau,  seigneur  de  Rubelle,  fut 
mariée ,  en  1645  ,  à  Jean  JaC" 
ques  dé  BeauharnoLt ,  seigneur  de 
Miramion ,  qui  mourut  la  même 
année.  Sa  jeunesse,  sa  fortune 
et  sa  beauté  la  firent  rechercher^ 
mais  inutilement,  partout  ce  qu'il 
y  avoit  de  pins  distingué  et  de 
plus  aimable.  Bussi-Bahutin ,  viO" 
ïemment  amoureux  d'elle ,  la  fit 
enlever.  La  douleur  qu'elle  en 
éprouva,  la  }.eta  dans  une  ma^ 
ladJe  qui  la  conduisit  presqu'au 
tombeau.  Dès  qu'elle  euf  recou- 
vré sa  sonté.y  elle  l'employa  à 
yisiter  et  a  soulager  les  pauvres  ©t 
les  malaues.  Les  guerres  civiles  de 

G4 


104        M  I  R 

Paris  au^i^mentèrent  le  n(niil>re 
des  misérables  de  cette  grande 
Ville.  Mad.  de  Miramion  ,  tou- 
thée  de  leurs  malheurs  ^  vendit 
son  collier  ,  estimé  vingt- quatre 
mille  livres ,  et  sa  vaisselle  d'ar- 
gent. Elle  fonda  ensuite  la  mai- 
son du  Refuge  pour  les  femmes 
et  les  filles  débauchées  qu'on  en- 
fermeroit  malgré  elles;  et  la  mai- 
ton  de  Ste-Pélagie ,  pour  celles 
qui  s'y  retireroient  de  bonne  vo- 
lonté. £n  1661,  elle  établit  une 
Communauté  de  douze  filles,  ap- 
pelée/a Sainte  Famille,  pour  ins- 
truire les  jeunes  personnes  de  leur 
^exe,  et  pour  assister  les  malades. 
%lle  la  réunit  ensuite  à  celle  de 
Sainte—Geneviève  ,  qui  avoit   le 
même  objet.  Ses  bienfaits  méri- 
tèrent qu'on  donnât  à  (fes  filles 
\e  nom  de^Dames  Miramionnes, 
'Bile  fonda,  dans  sa  maison ,  des 
Retraites  deux  fois  l'année  pour 
les  dames ,  et  quatre  fois  par  an 
pour  les  pauvres.  Cette  commu- 
nauté étoit  une  de  celles  de  Pa- 
ris ,  oii  le  sexe  recevoit  la  meil^ 
leure  éducation.  Le  dévouement 
liéroïq^ue  et  la  profonde  sagesse  de 
Mad.  de  Miramion  y  subsistoicnt 
toujours  ,  et  de   plus  ses  ver- 
tueuses   disciples    y    exerçoient 
les  devoirs  de   l'hospitalité.  Les 
pauvres  y  étoient  saignés ,  pansés 
et  médicamentés  de  leurs' nyiins. 
Mad.  de  Miramion  conduisit  sa 
famille,  avec   une   prudence   et 
«ne  régularité  admirables.  Elle  fit 
lin  grand  nombre  d'autres  œu- 
vres de  piété  et  (îei  charité,  et 
mourut  saintement ,  le  24  mars 
2696,  à  66  ans.  ^<  Le  roi,  dit 
le  duc  de  Saint-Simon ,  eut  pour 
elle   une  grande   considération, 
ainsi  que  les  évêques  et  les  ma- 
gistrats ;  mais  elle  ne  s'en  servoit 
qu'avec  réserve,  et  plutôt  pour 
les  autres  que  pour  elle-même.  » 
—Sa  fille  ^  mariée  au  président 


M  I  R 

de  Nesmond,  et  dont  la  maîsoii 
étoit  contiguë  à  la  sienne  ,  se  fit 
un  titre  d'en  prendre  soin  après 
sa  mort.  Devenue  veuve ,  elle  se 
fit  dévote  en  titre  d'office  et  d'or* 
gueil ,  sans   quitter  le    monde , 
qu'autant  qu'il  fallut  pour  vivre 
dans  la  réserve ,  sans  s'ennuyer  ; 
elle  s'étoit  ménagée  les  amis  de 
sa  mère  dès  son  vivant,   et  les 
sut  bien  cultiver  après,  sur— tout 
Mad.  «/f  Maifitenon,  dont  elle  se 
vanfoit  modestement.  Ce  fut  la 
première  femme  de  son  état ,  qui 
ait  fait  écrire  sur  sa  porte ,  Hôtel 
de  Nssj^oN If, On  en  rit,  on  s*en 
scandalisa  ;   mais   Técriteau  de- 
meura, et  est  devenu  l'exemple 
et  le  père  de  ceux  qui  de  toute 
espèce ,  ont  peu  à  peu .  inondé 
Paris.  C'étoit  une  créature  suffi- 
sante ,  aigre ,  altière ,  en  un  mot 
une  franche  dévote,  et  dont  le 
maintien  la  découv'roit   pleine-/* 
ment.  Dans  ce  cas-là^ elle  étoit 
l'opposé  de  sa  mère  ,  qui  avoit 
autant  de  douceur  que  de  sens  et 
de  jugement....  L'abbé  de  Choîsy 
a  écrit  la  Vie  de  Mad.  de  M/- 
nAMiON ,  Paris,  1706,  in-4"  î 
elle  est  curieuse  et  édifiante.  Les 
remèdes  de  Mad.  de  Miramion. 
ont  été  souvent  employés  «vee 
succès. 

'  IL  MIRE,  <Noël  le)  net 
Rouen ,  se  distingua  dans  la  gra- 
vure parla  délicatesse  de  son 
burin  et  le  moelleux  de  6es 
compositions.  Ontre  un  grand 
nombre  d'Estampes  particulières 
qu'on  lui  doit,  fl  a  orné  de  ses 
productions  les  belles  éditions  de 
Housseaii ,  de  Voltaire  ,  de  Bô-^ 
cace  ,  de  la  Fontaine  tet  â* Ovide. 
Ses  derniers  ouvrages  font  partie 
de  la  belle  collection,  intitulée 
Galerie  de  Florence.  Le  Mi^^ 
est  mort  au  mois  de  âoréal  de 
l'an  3*  ' 


M  IR 

MIRKHOND,  auteur  Persan , 
t  écrit  une  Histoire  estimée  de 
ion  pays.  11  vivoit  dans  le  17* 

siècle. 

MmOWITSCH  ,  '  (  Basile  ) 
descendoit  d'un  père  Russe ,  qui 
«voit  suivi  le  parti  du  cosaque 
Ilazeppa ,  lorsqu'il  prit  les  armes 
pour  Charles XH  roi  de  Suède, 
contre  le  czar  Pierre  L  Ses  biens 
avoient  été  confisqués,  et  Basile 
les  réclama  avec  chaleur  auprès 
de  l'impératrice  Catherine  II» 
N'ayant  pu  les  obtenir ,  il  cher- 
cha à  tirer  le  prince  Iwan  d&  sa 
prison ,  pour  le  mettre  à  la  tête 
d'un  parti.  Sa  tentative  ne  servit 
qu'à  faire  tuer  le  prince  jjar  ses 
eardiens ,  et  à  le  faire  arrêter 
ïai-raême,  3îirowitsch  fut  traduit 
devant  une  commission  composée 
de  cinq  prélats ,  de  cinq  sénateurs 
et  de  plusieurs  o^ciers  généraux. 
U  parut  devant  elle  avec  tran^, 
quillité,  dans  l'espoir ,  dit- on  , 
d'obtenir  sa  grâce;  mais  il  fut 
condamné  à  être  décapité,  et 
subit  son  Jugement,  le  26  sep- 
tembre 1764. 

MITOUARD,  <N.)  de  Taca- 
demie  de  Madrid ,  démonstrateur 
de  chimie ,  et  premier  apothicaire 
de  Louis  XVI ,  mourut  en  1786. 
Il  a  publié  peu  d'ouvrages  ;  mais , 
de  concert  avec  Màc<iuer ,  il  a 
fait  en  chimie  plusieurs  expé-^ 
riénces  utiles  et  curieuses  ^  dont 
ce 'dernier  fait  mention  dans  ses 
écrits.  "" 

.  MIVION,  habile  ciseleur  et 
orfèvre  du  pays  de  Liège  ,  mort 
dans  le  16*  siècle ,  q.fait  la  belle 
statue  en  argent  de  St,  Joseph , 
çue  les  connoisseurs  admiroient 
dans  l'église  de  Saint-Lambert, 
4  Liège. 

MOHHSYN  5  (  Mobhromed  ) 
ancien  écrivain  Persafn ,  est  au^ 


M  o  I 


lOJ 


tenr  d'un  ouvrage  sur  les  douze 
principales  religions.  11  est  inti-^ 
tulé  :  Dahislan ,  ou  l'Ecole  dce 
Mœurs,  Il  y  atteste  l'existence  dt 
plusieurs  dynasties  de  souverains 
Persans  9  qui  sont  inconnus  k 
notre  histoire  moderne. 

♦  IV.  MOINE,  (  François  le  > 
peintre,  né  à  Paris  en  1688, 
prit  les  premiers  principes  de  son 
art  sous  Galloche ,  professeur  de 
l'académie  de  peinture.  De  ra- 
pides succès  justifièrent  le  mérita 
du  maître  et  de  l'élève.  Les  ou- 
vrages du  Guide ,  de  Carle-Ma^ 
ratte ,  et  de  Pierre  de  Cortone , 
furent  ceux  auxquels  il  s'attacha 
d'une  manière  plus  particulière. 
Il  remporta  plusieurs  prix  à  TA- 
cadémic ,  et  entra  dans  ce  corps 
en  1718.  Un  amateur  qui  par- 
toit  pour  l'Italie  Temmena  avee 
lui.  Il  n'y  resta  qu'une  année  ; 
mais  les  études  continuelles  qu'il 
y  fit  d'après  les  plus  grands  mai-* 
très,  relevèrent  au  premier  rang. 
Il  revint  en  France  avec  une  ré- 
putation formée.  Le  Moine  avoit 
un  génie  qui  le  portoit  à  entre- 
prendre les  grandes  machines,  fi 
s'étoit  déjà  distingué ,  avant  son 
voyage,  par  les  peintures  qu'il 
fit  au  plafond  du  chœur  dans  l'é* 
glise  des  Jacobins ,  au  faubourg 
Saint-Germain.Onlechoisitpour 
peindre  à  fresque  la  coupole  de  la 
chapelle  de  la  Vierge,  à  S^inf- 
Sulpice.  Il  s'acquitta  de  ce  grand 
morceau  avec  une  supériorité  qui 
frappa  tons  les  connoisseurs.  On 
ne  doit  pourtant  pas  dissimuler 
que  les  figures  tombent  .  parce 
qu'elles  ne  sont  pas  en  perspec- 
tive. Le  Moine  appor toit  au  tra- 
vail une  activité  et  une -assiduité 
qui  altérèrent  beaucoup  sa  santé  ; 
u  peignoit  fort  avant  dans  la 
nuit ,  à  la  lumière  d'une  lampe. 
La  gêne  d'avoir  jm  le  corps  ren* 


io6       MOI 

Tersé  pendant  les  sept  «nnées 

Sn'il  employa  aux  plafonds  de 
aint— Siilpice  et  de  Versailles  ; 
la  perte  qu'il  fit  alors  de  sa 
femme  ;  quelques  jalousies  de 
ses  confrères;  beaucoup  d'am-* 
bit  ion  ;  enfin  le  chagrin  de  voir 
%u'on  ne  lui  avoit  pas  accordé  y 
en  lui  donnant  le  titre  de  pre- 
mier peintre  de  Sa  Majesté ,  avec 
une  pension  de  quatre  mille  livres  , 
les  avantages  dont  Charles  le  Brun 
avoit  joui  jiut refois  dans  cette 
place  :  toutes  ces  ciroonstancea 
réunies  dérangèrent  sqn  esprit* 
Sa  folie  étoit  mélancolique  ;  il 
se  faisoit  lire  l'Histoire  Romaine , 
et  lorsque  quelque  Romain  s'é- 
toit  tué  par  une  fausse  idée  de. 
grandeur  d'ame,  il  s'écrioit  :  ^h  ! 
ia  belle  mort  !  Il  étoit  dans  un 
de  ses  accès  de  frénésie  y  lorsque 
M.  Berge ,  avec  qui  il  avoit  fait 
le  voyage  d'Italie,  vint  le  matin, 
suivant  leur  convention ,  afin  de 
l'emmener  à  la  campagne  ,  oit 
cet  ami  avoit  des,sein  de  lui  faire 
prendre  les  remèdes  nécessaires 
pour  recouvrer  sa  santé.  Le 
Moine,  hors  de  lui-même,  en- 
tendant frapper,  croit  que  ce 
sont  des  archers  qui  viennent  le 
aaisir  :  aussitôt  il  s'enferme  ,  et 
se  perce  de  neuf  coups  d'épée« 
Dans  cet  état  il  eut  assez  de 
force  pour  se  traîner  à  la  porte  ^ 
et  l'ouvrit  ;  inais  à  l'instant  il 
tombe,  sans  vie,  pfTrant  à  son 
ami  le  spectacle  le  plus  affligeant 
et  le  plus  terrible.  U  expira,  le 
4  juin  1787 ,  à  49  ans.  Le  Moine 
avoit  un  amour  propre  excessif, 

Î[ui  le  rendoit  jaloux  et  satirique. 
1  déchiroit  sur— tout  ses  con- 
frères :  ce  qui  donna  occasion  h 
Yun  d'eux  de  lui  dire  :  Vous  qui 
peignez  si  bien,  comment  ignore*^ 
vous  que  ce  sont  les  ombres  qui 
font  valoir  les  clairs.  Comme  il 
se  plaignoit  sans  cesse  au  duc 


MOI 

4 

^Ayen  «  que  son  plafond  SHerm 
cule  n avoit  pas  été  assez  payés 
Voudriez-^ous ,  lui  répondit  ce 
seigneur,  qu'on  payât  vos  ou-* 
vrages  comme  si  vous  étiez  mort  T 
Le  Moine  avoit  un  pinceau  doux 
et  gracieux,  nne  touche  fine.  Il 
donnoit  beaucoup  d'agrément  et 
d'expression  à  ses  tètes,  de  Is 
force  et  de  l'activité  à  ses  teintes. 
Son  chef-d'œuvre,  et  peut— être 
celui  de  la  peinture,  est  la  corn-* 
position  du  grand  salon  qui  est 
a  l'entrée  des  appartemens  de 
Versailles»  Ce  monument  repré- 
sente l'Apothéose  d'Hercu/t.  C'est 
un  des  plus  célèbres  morceaux 
de  peinture  qui  soient  en  France* 
Tontes^les  figures  de  cette  grande 
production  ont  un  mouvement, 
un  caractère  et  iine  variété  sur- 
prenans.  La  fraîcheur  du  coloris, 
la  savante  distribution  de  la  lu- 
mière ,  l'enthousiasme  de  la  com<« 
position ,  s'y  font  tour-à-tour 
admirer.  Le  cardinal  de  Fleury , 
frappé  de  la  beauté  de  ce  plafond, 
ne  put  s'empêcher  de  dire  un  jour, 
en  sortant  de  la  Messe  avec  le  roi  t 
tPai  toujours  pensé  que  ce  mor^» 
ceau  gàUroit  tout  Versailles*  •—H 
ne  faut  pas  le  confondre  avec 
Jean^Louis  le  Moihe  ,  célèbre 
sculpteur  de  Paris ,  mort  en  1 7  5  5 , 
{(90  ans;  ni  avec  Jean^Baptlstf 
LE  Moins  ,  fils  de  Jean^LotUs* 
Ce  dernier ,  mort  à  Paris ,  en 
1778,  est  connu  par  la  statue 
équestre  de  Louis  XV  k  Bor** 
deaux  ,  et  par  la  pédestre  k 
Rfaeims.  L'autel  de  Saint-Jean 
en  Grève ,  le  tombeau  de  Mi^ 
gnard ,  celui  du  cardinal  de  Fleury, 
sont  de  beaux  roonumens  de  cet 
artiste.  L'académie  Françoise  , 
qui  avoit  reçu  de  lui  plusieurs 
bustes  d'académiciens ,  l'honera 
d'une  médaille  d'or.  Ses  vertus 
égaloient'  ses  talens.  Son  pfefe 
ayant  été  riiiné  par  le  systèflifr» 


M  O  I 

fi  le  sontlnt  par  ses  travaux*  Il 
étoit  de  l'académie  de  Peinture. 
S  a  laissé  plusieurs  en&ns. 

MOITHEY,  (Maurice- An- 
toine) .ingénieur-géographe  du 
roi,  né  à  Paris  en  1732  y  mort 
en  17.77,  est  auteur  d'un  Plan 
Ustonque  de  Paris  ;  et  de  Be-^ 
dierches  historiques  sur  Rheims  » 
Orléans  et  Angers ,  1 774 ,  in-4.® 

MOITTE,  (N.)  membre  de 
racadémie  de  Peinture  de  Paris , 
acquit  de  la  réputation  par  ses 
gravures,  qui  ont  de  la  finesse 
et  de  la  grâce ,  mais  peu  d'ori- 
ginalité. Il  est  mort  au  comment 
cernent  de  1781. 

III.  MOLE,  (René)  corné- 
âien  célèbre  du  théâtre  François , 
approfondit  les  principes  de  la 
dédamation ,  et  recueillit  pen- 
dant quarante  ans  les  applaudis- 
Mmens  que  son  talent' méritoiL 
Dépourvu  des  grands  moyens  tra- 
giques ,   mais  plein  de   grâces , 
d'esprit  et  de  finesse,  il  excella 
dans  les  rôles  à'amani  et  de  pe^^ 
Ht^maUre»  L'Institut  national  le 
compta  au  nombre  de  ses  mem- 
bres ,  et  il  méritoit  cet  honneur 
par  ses  observations  sur  l'art  dra- 
matique ,,  l'agrément  de  son  en- 
tretien et  la  douceur  de  son  ca- 
ractère. On  lui  doit ,  un  Éloge 
de  Mlle  JDangeville ,  actrice  re- 
nommée, qu'il  fit  imprimer  en 
179  S.  Il  est  mort  en  l'an  X  (  1 80»  )• 

MOLE ,  Voyez  Molat. 

*  MOLIÈRE,  (Jean-Baptiste 
Pocquelin  de  )  fils  et  petit-fils  de 
Valet-de-chambre- 'Tapissier  du 
roi,  naquit  en  i6ao.  Son  père 
s'appeloit  comme  lui  Jean—Bap^ 
lute  Pocquelin  ;  et  sa  mère , 
nommée  Bonlet,  étoit  aussi  fille 
de  tapissier ,  et  les  deux  familles 
demeuroient  sous  les  piliers  des 


M  O  t        107 

halles.  Celle  du  jeune  Pocquelim 
le  désignant  à  la  charge  de  son 
père ,  lui  donna  une  éducation 
conforme  à  son  état  ;  mais  il  prit 
du  goût  pour  la  comédie  en  fré- 
quentant le  théâtre.  Il  commença 
ses  études  à  14  ans  chez  les  Jé- 
suites ;  SCS  progrès  furent  ra- 
pides. Les  belles-lettres  ornèrent 
son  esprit^  et  les  préceptes  du^ 
philosophe  Gassendi  »  maître  do 
Chapelle ,  de  Bernier  et  de  Cy- 
raao ,  formèrent  sa  raison.  Son 
père  étant  devenu  infirme,  il  fut 
obligé  d'exercer  son  emploi  aiw» 
près  de  Louis  XIII  «  qu'il  suhrit 
dans  son  voyage  deNnrbonneeM 
1641.  Le  théâtre  François  com- 
mençoit  à  fleurir  alors  par  lea 
talens  du  grand  Corneille  »  qui 
l'avoit  tiré  de  l'avilissement  et  de 
la  barbarie.  Pocquelin  *  destiné 
à  être  parmi  nous  le  Restaurateur 
de  la  Comédie  ,  quitta  la  charge 
de  son  père,  et  s'associa  quelque»    * 
jeunes  gens  passiohnés  comme  lui 
pour  le  théâtre.  Ce  fut  alors  qu'il 
changea  de  nom ,  pour  prendre 
celui  de  Molière ,  soit  par  égard 
pour  ses-parens,  soit  pour  sni«- 
vre  Texemple  des  acteurs  de  ce 
temps-là.  Les  mêmes  sentimena 
et  les  mêmes  goûts  Tunirent  aveo 
la  Béjart ,  comédienne  de  cam- 
pagne. Ds  formèrent  de  concert 
luie  troupe  ,   qui  représenta  à 
Lyon,  en  i653,  la  comédie  de 
\ Etourdi.  C'est  la  première  pièce 
composée  en  vers  par  Molière^ 
La  vérité,  de  son  dialogue,  l'a- 
dresse inépuisable  d'un  valet  sans 
cesse  occupé  à  réparer  les  sot— 
tises  de  son  fnaitre ,  l'intérêt  des 
situations  que  ce  contraste  pro* 
duit ,  l'ont  iait  rester  au  théàtr* 
malgré    ses  nombreux  défauts* 
Molière ,  à  la  fois  auteur  et  ao* 
teur ,  et  également  applaudi  sous 
ces  deux  titres ,  enleva  presque 
tous  les  spectateurs  à  une  autct 


fo9 


MOL 


troupe  de  comédiens  établie  dans 
cette  ville.  JJ Etourdi  plut  beau- 
coup, malgré  la  froideur  des  per* 
sonnages ,  le  peu  de  liaisons  des 
scènes  et  rincorrection  du  stj^le. 
On  ne   connoissoit  guère  alors 
que  des  pièces  chargées  d'intrigues 
peu  vraisemblables. L'art  d'expo* 
ser  sur  le  tbéàtre  comique  des  ca- 
ractères et  des  mœnrs^  étoit  ré- 
servé à  Molière,  Cet  art  naissant 
dans  L'Étourdi  i  joint  à  la  variété 
et  à  la  vivacité  de  tette  pièce , 
tint  le  spectateur  en  haleine,  et 
en  couvrit  presque  tous  les  dé- 
fauts. Cette  pièce  fut  reçue  avec 
le  même  applaudissement  à  Be- 
ziers ,  oii  l'auteur  se  rendit  peit 
de  temps   après.  Le  prince  de 
Coati  qui  avoit  connu  Molière 
ou  collège,  et  qui  avoit  vu  un 
grand  homme  dans  cet  écolier , 
tenoit  alors   dans  cette  ville  les 
£tats  de  la  proviiice  du  Lan^ 
guedoc.  Il  reçut  Molière  comme 
tm  ami ,  et  non  content  de  lui 
confier  la  conduite  des  fêtes  qu'il 
donnoit ,  il  lui  offrit  une  place 
de  secrétaire.  L*<^rw/opftan  e  F  ran- 
cois  la  refusa ,  et  dit  en  badinant  : 
Je  suis  un.  Auteur  passable ,  et  je 
se  rois  peut-être  un  fort  mauvais 
Secrétaire*,*  Le  Dépit  amoureux 
©t  les  Précieuses  ridicules  paru- 
rent sur  lé  théâtre  de  Beziers  , 
et  y  furent'admirés.  Les  incidens 
sont  rangés  avec    plus  d'ordre 
dans  le  Dépit  arnoureux  que  dans 
VJLtourdi,  Oï\  y  reconnoît  dans 
le  jeu  des  personnages  un  fond 
de  vrai  comique  ,  et  dans  leurs 
reparties  des  truits  également  in- 
génieux et  plaisani  ;  mais  le  nœud 
en  est  trop  compliqué,  et  le  dé- 
nouement manque  de  vraisem- 
blance. Il  y  a  plus  de  simplicité 
dans  l'intrigue  des  Précieuses  ri" 
dicules.  Une  critique  fine  et  déli- 
cate de  la  maladie  contagieuse  du 
b^  esprii; ,  du  style  enipoulé  et 


Mot 

giiindé  des  Romans ,  du  pédan-* 
tishie  des  femmes  savantes ,  de 
l'affectation  répandue  dans  le  lan-, 
gage,  dans  les  pensées  ,  dans  la 
parure  ,  sont  l'objet  de  cette  co- 
médie. Elle  produisit  une  réforme 
générale ,  lorsqu'on  la  représenta 
à  Paris.  On  rit ,  on  se  reconnut , 
on   applaudit  en  se   corrigeant. 
Ménage   qui  assistoit  à  la  pre- 
mière représentation ,  dit  à  Cha-'    \ 
pelain  :  Nous  approuvions  ,  vous    \ 
et  moi,  toutes  les  sottises  qui 
viennent  d'être  critiquées  si  fuit'* 
ment  et'  avec  tant  de  bons  sens» 
Croyez-moi  ,  il  nous  faudra  brâUr 
ce  que  nous  avons  adoré ,  et  ado-' 
rer  ce  que  nous  avons  brûlé.  Cet 
aveu  n'est  autre  chose  que  le  sen- 
timent réfléchi  d*un  savant  dé- 
trompé ;  mais  le  mot  du  vieillard, 
qui  du  milieu  du  parterre  s'écrit 
par  instinct  :  Courage ,  Molière, 
voilà  la  bonne  comédie  !  est  la 
pure   expression    de    la   natnre. 
Louis  XIV   fut  si  satisfait  des 
spectacles  que  lui  donna  la  troupe 
de  Molière ,  qui  avoit  quitté  la 
province  pour  la  capitale,  qu'il 
en  fit  ses  Comédiens  ordinaires , 
et  accorda  à  leur  chef  une  pen- 
sion de  mille  livres.  Le  Cocu  ima- 
ginaire ,  moins  fait  pour  amuser 
les  gens  délicats  que  pour  faire 
rire  la  multitude ,  parut  en  16^0. 
On  y  retrouve  Molière  en  quel- 
ques endroits  ;  mais  ce  n'est  pas 
Molière  des  Précieuses  ridicules. 
IL  y   a    pourtant    un   fonds  de 
plaisanterie  gaie  qui  amuse,  et 
une  sorte  d'intérêt  né  du  sujet , 
qui  attache.  Cette  pièce  eut  beau- 
coup de  critiques ,  qui  ne  fiireAt 
pas  écoutés  du  public.  Ds  se  dé- 
chaînèrent avec  beaucoup  phis  de 
raison   contre   Don   Garcie  de 
Navarre  ,  pièce- puisée  dans  le 
théiitre  Espagnol."  L'Ecole  des 
Maris ,  comédie  imitée  des  Adel" 
pkes  de  Tércnce ,  mais  imitée  d» 


MOL 

fiçon  qu'elle    forme  une  pièce 
nouvelle  sur  l'idée  simple  de  Taii- 
cienne  ,  offre  un  dénouement  nar- 
torel,  des  incidens   développés 
«vec  art ,  et  une  intrigue  claire  , 
simple  et  féconde.  Le  théâtre  re- 
tentissoit  encore    des  justes  ap- 
plaudissemens  donnés  à  cette  co- 
médie ,    lorsque   les  Fâcheux  « 
pièce  conçue,  faite ^  apprise  et 
représentée  en  quinze  jours  ,  fut 
jouée  en  1661  à  Vaux,  chez  le 
célèbre  Fouquet  surintendant  des 
finances ,  en  présence  du  roi  et 
de  la  cour.  Cette  espèce  de  co- 
médie  est  presque  sans  nœud  ; 
les  scènes  i^'ont  point  entr'elles 
danion  nécessaire.^  Mais  le  point 
■principal  étoit  de  soutenir  l'at- 
tention du  spectateur  par  la  va- 
xiété  des  caractères ,  par  la  vérité 
âw  portraits  ,  et  par  l'élégance 
continue  du  style.  On  rapporte 
qu'en,  sortant  de  la  première  re- 
présentation  de  cette  pièce ,  le 
roi  appercevant  le  comte  de  SoyC' 
court,  ennuyeux  chasseur  ,  dit  à 
Molière  :  voUà   un  original  que 
tu  n'as  pas  encore  copié.  En  24 
iienres  la  scène  du  Chasseur  l«Vf- 
€heux  fut  faite  ;  et  comme  Mo- 
lière    ignoroit    les    termes    de 
chasse  ,    il  pria  Soyecourl  lui- 
même  de  les  lui  indiquer.  Dans 
f  Ecole    des    Femmes  ,    donnée 
l'année  d'après ,  tout  paroit  récit, 
et  tout  est  action.   Cette  pièce 
souleva  les  censeurs  qui  relevè- 
lent    quelques    négligences     de 
-style ,  sans  faire  attention  à  Part 
qui  y  règne,  au  caractère  inimi- 
table à* Agnès  y  au  jeu   des  per— 
.tonnages  subalternes  tous  formés 
pour  elle,  au  passage  prompt  et 
Tiaturel  de  surprises  en  surprises. 
MoUèrelerxr  répondit  en  faisant 
lui-même  une  critique  ingénieuse 
et  sa  pièce ,  qui  fit  disparoître 
•toutes  les  censures  impertinentes 
^u  elle  avoit  produites.  Se«  talens 


MOL        1091 

reçurent  vers  le  m6me  temps  A% 
nouvelles  récompenses.  Le   roi  9 
qui  le  regardoit  comme  le  légis- 
lateur des  bienséances  du  monde  9 
et  le  censeur  le  plus  utile  de  l'af- 
fectation des  précieuses ,  du  lan- 
gage scientifique  des  femmes  érn- 
dites  et .  des  ridicules  des  Fran- 
çois ,  le  mit  sur  l'état  des  gens  à% 
lettres  qui  dévoient  avoir  part  à 
ses  libéralités.  MoUère  pénétré 
des  bontés  de  ce  monarque  ,  crut 
devoir  déttuire  dans  \  Im-promptit 
de    Versailles  ,  les    impressions 
qu'avoit  pu  donner  le  Portrait  da 
Peintre  de  Boursault.  Cet  auteur 
avoit  malignement  supposé  une 
clef  à  l'Ecole  des  Femmes ,  qui 
indiquoit    les    originaux  copiés 
d'après  nature.  Molière  le  traita 
avec  le  dernier  mépris  ;  mais  ctt 
mépris  ne  tombe  que  sur  l'esprit 
et  sur  les  talens ,  et  ne  tejaillit 

2u*indirectcment  sur  la  personne, 
•a  cour  gonta  benucoupen  1664 
la  Princesse  d^Elide ,  comédie- 
ballet,  composée  pour  une  fôtc 
aussi  superbe  que  galante  que  U 
roi  donna  aux  reines.  Paris ,  qui 
vit  cette  pièce  séparée  des  ornc- 
mens  qui    Favoient  embellie  k 
Versailles ,  en  jugea  moins  favo- 
rablement.  Le   Mariage  forcé  « 
autre  comédie-ballet,  essuya  le 
même  sort.  Une  aventure  arrivée 
au  comte  de  Grammont ,  lui  eu 
avoit  fourni  le  sujet.  Don  Juan  ou 
le  Festin  de  Pierre ,  eut  peu  de 
succès ,  et  fit  tort  à  l'auteur  par 
plusieurs  traits  impies  qu'il  sup- 
prima à  la  seconde  représenta- 
tion. U Amour  Médecin'    parut 
encore  un  de  ces  ouvrages  préci- 
pités qu'on  ne  doit  pas  juger  à  la 
rigueur.  C'est  la  première  pièce 
oii  Molière  ait  attaqué  la  faculté. 
On  dit  qu'ayant  été  rançonné  sur 
un  loyer  que  lui  avoit  passé  un 
médecin   ignorant  et   avare  ,  il 
s'atU^chi^dc*«r}or6  à  jeter  4u  ridi^ 


iio       MOL 

• 

cnle  sur  cette  profession.  «  TeA 
ttn  modecin^  disoit-il   aa  roi  , 
fécoiite  tous  ses  conseils ,  je  ne 
les  suis  pas  ;  aussi  je  me  porte  à 
merveille.  >•  L'auteur  s*acquit  une 
gloire  éclatante  et  solide  par  son 
Misanthrope  ,  pièce  peu  applau- 
die d'abord  ,   par  F  in  justice  on 
par  l'ignorance  ;   mais  regardée 
)    depuis  comme  l'un  dos  plus  beaux 
ouvrages  de  la  comédie  ancienne 
•t  moderne.  Cependant  il  faut 
avouer  quelle  est  plus  admirée 
dans  le  cabinet ,  que  suivie  au. 
théâtre.  «  Si  on  osoit ,  dit  Ko/- 
taire ,  chercher  dans  le  cœur  hu- 
main la  raison  de  cette  tiédeur  du 
public    aux    représentations  du 
Misanthrope ,  peut-être  les  trou- 
Teroit-on  dans  l'intrigue  de  la 
pièce  ,   dont  les  beautés  ingé» 
nienses  et  fines  ne  sont  pas  éga- 
lement vives   et    intéressantes  ; 
dans  les  conversations  mêmes  ^ 
qui  sont  des  morceaux  inimita- 
bles ,  mais  qui  n'étant  pas  tou- 
jours nécessaires  à  la  pièce,'  peut- 
être   refroidissent   un  peu  Fac- 
tion pendant  qu'elles  font  admi- 
rer l'auteur  t  enfin  dans  le  dé- 
nouement qiii ,  tout  bien  amené 
et  tout  sage  qn'il  est ,  semble  être 
attendu  du  public  sans  inquié- 
tude ,  et  qui  venant  après  une 
intrigue  peu  attachante,  ne  peut 
avoir  rien  de  piquant.  En  effet , 
le  spectateur  ne  '  souhaite  point 
que  le  Misanthrope  épouse  la  co- 
quette Célimène  ,  et  ne  s'inquiète 
pas  beaucoup   s'il   se    détachera 
d'elle.  Enfin,  on  prendroit  la  li- 
berté de  dire  que  le  Misanthrope 
est  une  satire  plus  sage  et  plus 
fine  que  celle  S  Horace  et  de  Boi- 
leaiL ,  et  pour  le  moins  aussi  bien 
écrite  ;  mais  qu'il  y  a  des  comé- 
dies plus  intéressantes  ,  et  que  le 
Tartufe ,  par  exemple .  réunit  les 
beautés  du  style  du  Misanthrope 
«ve€  un  intérêt  plus  marqué.» 


M  o  t; 

(  Voyez  V/ïCHERLET.  )   Le^  Ijj4 
plaudissemens  des  gens  de  goût 
ayant  consolé  Molière  des  dé- 
dains de  la  multitude  pour  cette 
pièce ,  il  ne  se  rebuta  point.  Lo 
Médecin    malgré    lui  parut  en 
1666.  C'est  une  farce  très-gaie  et 
très-bouffonne.  L'auteur   qui  se 
dégnisoit  en  farceur  pour  plaire  à 
la  multitude ,  auroit  pu  retran- 
cher les  obscénités  des  scènes  de  i 
la  nourrice.  Le  Sicilien  ,  ou  VA^-   \ 
mour-^ Peintre»  est   une  petite   ; 
pièce  qu'on    voit   avec   plaisir  , 
parce  qu'il  y  a  de  la  grâce  et  une 
galanterie  moins  triviale  que  dans 
quelques  autres  comédies.  Mais 
l'admiration  fîit  à  son-  comhle , 
lorsque  le  Tartufe  parut.  En  vain 
les  Orgons ,  les  imbécilles  et  les 
fanx-dévôts  se  soulevèrent  contre 
l'auteur ,  la  pièce  fut  jouée  et  ad- 
mirée. L'hypocrisie  y  est  parfai» 
tement  dévoilée ,  les  caractère! 
en  sont  aussi  variés  que  vrais,  le 
dialogue  également  fin  et  natnreL 
Cette  pièce  subsistera  y  tant  qu'il 
y  aura  en  France  du  gofit  et  des 
hypocrites.    La    première  pièce 
que  Piron  vit  jouer  à  Paris ,  fiit 
le   Tartufe;  son  admiration  alla 
jusqu'à  l'extase.  Après  l'avoir  en- 
tendue, il  se  retourna  vers  ses    . 
voisins ,  et  s'écria  :  «  Ah  !  Me^ 
sieurs ,  si  cet  ouvrage  n'étoit  pas 
ftn't  5  il  ne  se  feroit  jamais.»  Tar-    ; 
tufe  fnt  d'abord  défendu.  Huit 
jours  après  cette  défense  ,  on  re-« 
présenta  à  la  cour  une  pièce  in- 
titulée   Scaramouche  Hermite , 
force  très-licencieuse.  Le  roi  en 
sortant ,  dit  au  grand  Condé:  Je 
voudrois  bien  savoir  pourquoi  \es 
gens  qui  se  scandalisent  si  fort  de 
la  Comédie  de  Molière ,  ne  disent 
rien  de  celle  de  Scaramouche? 
— Les  Comédiens  Italiens,  ré- 
pondit le  prince,  n'ont  offemé 
que  Dieu;  m/iis  les  François  oitt 
offensé  Us  dévots.  (  K<7/.  RIAIM5  ' 


MOL 

lêURG.   )    Cependant    Mohère 
Ûonna  en  1668  Amphitryon ,  co- 
nëdie  en  trois   actes ,  imitée  de 
Piaule ,  et  supérieure  à  son  mo- 
dèle ,  où  le  poëte  resjiecte  moins 
les  bienséances  que  dans  le  Tar" 
tufe ,  et  dont  le  sujet  ne  pouvoit 
père    s'accommoder    avec    les 
égards  dus  aux  mœurs.  11  fait  rire, 
i  la  vérité  ;  mais  il  ne  suffit  pas 
que  la  comédie  soit  plaisante  pour 
être  applaudie  par  les  sages  ;  il 
fant  que  la   vertu   n'y  soit  pas 
blessée.  X'^fartf,  autre  imitation 
de  Piaule ,  est  nn  peu  outré  dans 
le  caractère  principal  ;   mais  le  . 
vnlgaire  ne  peut  être  ému  que  par 
des  traits  marqués  fortement.  Un  • 
reproche   sur  lequel  il   est  plus 
difficile  de   le  justifier  9  c'est  que 
ians  cette  pièce  l'autorité  pater- 
.  ûdle  est  avilie.  «  C'est  un  grand 
>ice,  dit  X  J.  Kousseau,  d'être 
irare  et  de  prêter  à  usure  ;  mais 
lien  est-ce  pas   un  plus  grand 
tncore  à  un  fils  de  voler  son 
père,  de  lui  manquer  de  respect , 
de  lui  faire  niiile  insultans  re- 
proches ;  et  quand  ce  père  irrité 
Itii  donne  sa  malédiction ,  de  ré- 
pondre d'un  air  goguenard  ,  qu'il 
n'a  que  faire  de  st s  dons  ?  Si  la 
plaisanterie  est  excellente .  en  est- 
wle  ixioius  punissable  ?  et  la  pièce 
<^  Ton  fait  aimer  le  ûls  insolent 
qui  l'a  faite,  en  est -elle  moins 
^ne  école  de  mauvaises.mœurs  ?  » 
George  Dandin  ou  le  Maricon-^ 
fondu.  Monsieur  de   Pourceau-> 
fnac ,  le  Bourgeois  Gentilhomme, 
les  Fourberies  de  Scapin  ,  sont 
d'an  comique  plus  propre  à  di- 
vertir qu'à  instruire ,  quoiqu'il  y 
tit   plusieurs    ridicules    exposés 
avec  force.  JtfoZ^'^rc  travailla  avec 
plus  de  soin  sa  comédie  des  Fem'- 
T^s  Savantes  ,  satire  ingénieuse 
dn  faux  bel-esprit  et  de  l'érudi- 
tion pédantesque  qui  régnoient 
^ora  à  l'hôtel  d«  BambouiU$t.Lei 


MOL 


iri 


incidens  n'en  sont  pas  toujours 
bien   combinés ,  ainsi  que   dans 
quelques  antres  de   ses   pièces  ; 
mais  son  sujet ,  quoique  aride  en 
lui-même  9   y  est  présenté  sous 
une  face  très-comique.  La  scène 
«itre  Trissotin   et  Vadius  ,  fut 
imaginée  d'après  une  dispute  éîe-* 
vée  entre  l'abbé  Colin  et  Ménage. 
Le  Malade  imaginaire  offre  un 
comique  d'un  ordre  inférieur  à 
celui  des  Femmes  Sawantei  ;  mais 
il  n'en  peint  pas  moins  H  charla-i 
tanerie  et  le  pédantismc  des  mé- 
decins. (  Voy.  Malouim.  )  Ce  fut 
par  cette  pièce  que  Molière  ter- 
mina sa  carrière.  Il  étoit  incom- 
modé lorsqu'on  la  représenta.  Sa 
femme  et  Baron  le  pressèrent  de 
prendre  du  repos  et  de  ne  point 
jouer  :  Eh  !  que  feront ,  leur  ré- 
pondit-il, tant  de  pauvres  OU" 
vriers  ? ,  Je  me  reprocherois  d'a-^ 
voir  négligé  un  seul  jour  de  leur 
donner  du  pain.  Les  efforts  qu'il 
fit  pour  achever  son  rôle  lui  cau- 
sèrent   une   convulsion  ,   suivie 
d'un  vomissement  de  sang,  qui 
le  suffoqua  quelques  heures  après 
le  17  février  1678,  à   53  ans.  Il 
étoit  alors  désigné  pour  remplir 
la  première  place  vacante  à  l'arn-- 
demie  Françoise ,  et  il  n'auroit 
plus  joué  que  dans  le  haut  comi- 
que. Cette  compagnie  lui  a  rendu 
un  nouvel  hoitimage  en  1778) 
en  plaçant  son  buste  dans  la  salle 
où  sont  les  portraits  des  acadé- 
miciens. Elle  a  voulu ,  par  cette 
espèce  d'adoption  posthume  de 
ce  grand  homme ,  sd  dédomma- 
ger du  désagrément  de  ne  l'avoir 
pas  possédé  pendant  sa  vie.  Cette 
statue  qui  est  un  chef-d'œuvre 
de  M.  Houdon  «   a  été  donnée  à 
l'académie   par    M.  d'Alembcrt* 
Entre  plusieurs  inscriptions  pro- 
posées pour  ce  buste ,  on  a  choisi 
ce  vers  de  Sourin  :  Rien  ne  man- 
que A  i/L    «LOIRS ,  IL  MANQUOIT 


112       MOL 

A  LA  NÔTRE...  L'archev^qtiA  de 
Paris  refusant  de  lui  accorder  la 
sépulture,  la  veuve  de  ce  grand 
homme  dit  :  On  refuse  un  tom^ 
beau  à  celui  à  qui  la  Grèce  aurait 
dressé  des  Autels,  Le  roi  engagea 
ce  prélat  a  ne  pas  couvrir  de  cet 
opprobre  la  mémoire  d*un  homme 
aussi  illustre  ;  et  il  fut  enterré  à 
Saint'Josepk ,  qui  dépend  de  la 
paroisse  Saint-Eustache.  La  po-« 
pnlace  toujours  extrême ,  sat- 
tronpa  devant  sa  porte  le  jour  de 
ton  convoi ,  et  on  ne  put  Té- 
carter  qu'en  jetant  de  l'argent 
par  les  fenêtres.  Tous  les  rimail- 
leurs de  Paris  s'exercèrent  à  lui 
faire  des  Epitaphes.  Un  de  ce» 
insectes  eut  la  bêtise  d'en  mon- 
trer une  de  sa  façon  au  grand 
Condé ,  qui  lui  répondit  froide- 
ment :  Plilt  à  Dieu  que  celui  que 
in  déchires  ,  rneût  apporté  la 
tienne  !  La  seule  peut-être  de  cet 
pièces  qui  mérite  une  place  dans 
cette  esquisse ,  est  celle  dont 
l'honora  le  fangeux  Père  Bou- 
hours  ,  jésuite.  Elle  a  rapport 
«ux  injustices  que  Y  Aristophane 
François  essuya  pendant  sa  vie  et 
à  sa  mort. 

Tn  réformas  et  la  Vill»  et  la  Conr , 
Mail  quelle  en  fut  la  récompense  ? 
Ces  François  rougiront  un  jour 
De  leur  peu  de  reconnotssanc«. 
Il  leur  fallut  un  Comédien  , 
Qui  mit  ï  les  polir  sa  gloire  et  son 

étude  : 
Mais  y  Molière  >  à  ta  gloire  il  ne  man- 

queroit  tien , 
Si  9  parmi  les  défauts  que  tu  peignis 

si  bien  » 
Tu  les  avois  reptb  de  leur  bgratitnde. 

Cette  ingratitude  ne  fut  pas  du- 
rable, et  Ton  reconnut  bientôt 
tout  son  mérite  après  sa  mort , 
comme  le  d^t  BgiUau,  dajis  «a 
7*  Epître  ; 


M  o  t 

Ayant  qu'on  peu  de  terre  obtcna  pu 

prière  , 
Pour  jamais  sous  la  tombe  eût  enfemé 

Molière  , 
Mille  de  ces  beaux  traits  f  anjourd'Ikai 

si  vantés  , 
Furent   des   sots  espri^   à  nos  yeni 

rebutés. 
L'ignorance  et  l'erreur  à  ses  naissantes 

Pièces  , 
En  habits   de  Marquis  ,  en  robes  d9 

Comtesses , 
Veootent    pour    diffamer   son    cbèf* 

d'œurre  nouveau  * 
Et  secouoient  la  tête   à  l'endroit  le 

plus  beau     .     •     •     •    •    •    • 

Mab  si-tôt  que  ,  d'un  trait  de  ses  fit* 

taies  mains  , 
La  Parque   l'eut  rayé  do  nombre  dei 

humains  y 
On   reconnut    le   prix   de  ta  Muse 

éclipsée. 
L'aimable  Comédie  avec  lui  terrassée  » 
£b  rain  d'un  coup  al  rude  espéra  re» 

▼enir , 
Et  sur  ses  brodequins  a«  sut  plus  se 

tenir. 

Sa  veuve ,  (  qui  vécut  jusqu'en 
1700)  se  remaria  nnVomédien 
Guérin  ,  mort  en  1728 ,  à  92  ans... 
On  peut  regarder  les  ouvrages 
de  Molière  comme  l'histoire  dei 
mœurs ,  .d^es  modes  et  du  goût  d^ 
son  siècle,  et  comme  le  tableau 
le  plus  fidelle  de  la  vie  humaine. 
Né  avec  un  esprit  de  réflexion, 
prompt  à*remarqner  les  expres- 
sions extérieures  des  passions  et 
leurs  mouvemens  dans  les  diffé- 
rens  états  ;  il  saisit  les  hommes 
tels  (Qu'ils  étoient  ^  et  exposa  en 
hat)ile  peintre  les  plus  secrets  re- 
plis de  leur  cœur,  et  le  ton,  le 
geste ,  le  langage  de  leurs  senti- 
mens  divers.  «  Ses  comédies  bien 
lues,  flit  M.  de  la  Harpe,  pour- 
roient  suppléer  à  l'expérience, 
non  parce  qn*il  a  peint  des  ridi- 
Gu}es  qui  passent,   mais  p^rce 

qu'a 


Mot 

|)qu  a  peint  Thomme    qui  ne 
•hange  point...  Quel  chef-d'œu— 
Vre  que  V Avare  !  Chaque  sc^ne 
est  une  sitaation  ;  et  Von  a  en- 
tendu dire  à   itn  avaré  de  bonne 
foi ,  qu'il  y  avoit  beaucoup  à  pro- 
fiter dans  cet  ouvrage,  et  qu'on 
pou  voit  en  tirer  d'excellens  prin- 
cipes d'économie.  Molière  est  de 
tous  ceux  qui  ont  jamais  écrit  y 
fcelui  qui  a    le   mieux    observé 
rhomme ,    sans  annoncer    qu'il 
fobservoit;  et  même,  il  a  plus 
lair  de  le  savoir  par  cœur ,  que 
^t  l'avoir  étudié.  Les  Crispins  dé 
hegnard ,  les    Paysans  de  X>aii^ 
9ourt  font  rire  au  théâtre.  Du-^ 
Jréni  étincelle    d'esprit  dans  sa 
bomure  originale.  ^  Joueur  et 
^Légataire  sont  de  beaux  ou— 
^ges.  Mais  rien  de  tout  cela 
ii'eît  Molière»  Il  a  un  trait  de  phjr- 
^nomie  qu'on  n'attrape  point 
^méme  qu'oii  ne  définit  guère. 
On  le  retrouve  jusques  dans  ses 
Bioindres  tarces,  qui  ont  toujours 
on  fond  dé  gaieté  et  de  morale. 
^  plaît  autant  à  la  lecture  qu'à 
M  représentation  :   te  qui  n'est 
arrivé  qu'à   lïacine  et  à  lui  ;  et 
ïûôme  de  toutes  les  comédies  , 
celles  de  Molière  sont  à  peu  près 
|es  seules  qu'on   aime  à  relire. 
Pins  on  cônhôît  Molière ,  plus 
^n  l'aime  ;  plus  on   étudié  mo^ 
^e,  pliis  on  l'admite   :   après 
lavoir  blâmé  €ur  quelques  arti- 
cles, on  finira  par  être  de  soii 
•vis.  Les  jeunes    gehs   pensent 
^oituiiunément  qu'il  chargé  trop. 
J^^ai  entendu  blâmer  te  Pauvre^ 
'^omnie  répété  si  souvent  ;  j'ai  vu 
Jepuis  la  même   scène  et   plus 
'orte  encore  ;  et  j'ai  compris  qu'on 
fie  pouvoît  guères  charger  ni  les 
'Vieilles  ni  les  passions*  Molière 
^st  l'auteur  des  hommes  mûrs  et 
ws  vieillards.  Leur  expérience  se 
Rencontre  avec  ses  observations  j 
^tleiir  mémoire  avec  son  génic^t 

SvppL*   Tome  {lié 


MOL       ik| 

On  se  plaint  qu'on  ne  travaillé 
plus  dans  le  goût  de  Molière.  Je 

Sensé  qu'on  a  bien  fait  d'en  essayei^. 
'autres.  Le  champ  ou  il  a  mois-^ 
sonné,  est  moins  vaste  qu'on  né 
Timagine;  et  quand  il  resteroit 
quelque  coin  où  il  n'auroit  pat 
porté  la  main ,  on  craindroit  tn«^ 
Gore  de  se  trouver  dans  son  voi^ 
si  nage.  »  Boileau  regarda  tou<^ 
jours  Molière  comme  un  homme 
unmue,  et  il  l'avoit  surnommé 
lé  ContemplaUur»  Le  roi  deman-< 
dant  à  Racine  quel  étoit  le  pre-« 
mier  des    grands  écrivains   qui 
àvoient  paru  pendant  son  règne  t 
il  lui  nomma  Molière.  Je  ne  le 
croyais  pas ,  répondit  Louis  XIVs 
Jnaisf^ôtts  vous  y  cùnnoitsez  mleuss 
que  moi.  On  rapporte  que  Mo^ 
tière  lisoit   ses   Comédies  à  une 
Vieille  servante  nommée  Laforét^ 
et  lorsque  les  endroits  de  plai^ 
santerie  ne  Tavoient  point  frap-« 
pée ,  il  les  borrigeoit.  Pour  éprou'* 
ver  son  goût ,  il  lui  lut  Un  joui^ 
quelques  scènes  d'une  Comédie  dd 
Brécour ,  eh  lel"  donnant  comme 
de  lui  ;  la  servante  s'apperçut  ^ 
dès  le  commencement ,  de  )a  s;u-i 
pet'cherié,  et  soutint  à  soii  inaitré 
Ique  ia  pièce  ne  poùvoit  être  dé 
lui.  Il  exigeait  aussi  dés  comé-^ 
diehs  qu'ils  aiHphàsseni  leurs  en-^ 
Fans  9  pour  tirer  des  conjectureà 
de  leurs  môuveraenS  naturels ,  à 
la  lecture  qu'il  faisbit  de  ses  piè-^ 
cesi  Molière ,  qiii  s'égdybit  sfïi: 
le  théâtre  aux  dépens  des  foi— 
blesses  humaines ,  né  put  se  ga-4 
rantiifrde  sa  propre  foibl^sse.  Se-, 
duit  par  linpéncnant  viblerit  pour 
la  fille  de  la  comédienne  Béjart,. 
ii  i'épousa ,  et  se  troiiva   exposé 
au  ridicule  qu'il  avoit  si  souvent 
jeté  Sur  les  maris.  Pliis  heui*euià 
dans  le  commerce  de  ses  amis  ^ 
il   fut  cliéri  de  ses   confrères  et 
recherché  des  gfahds.  Le  maré-< 
^iui  4^  Vifonne ,  le  grand  Condé  j 

H 


I      I 


it|       M  O  t 

Louis  XTV  même ,  woîeilt  atr«c 
lui  dans  cette  familiarité  qui 
•gale  le  mérite  à  la  nais&ance.  Dea 
distinctions  si  flatteuses  ne  gâ- 
tèrent ni  son  esprit  ni  son  cœur. 
Il  étoit  donXf  complaisant  9  gé«- 
&ércttx.  Commeil  revenoitd'Au- 
teuil  avec  le  musicien  Charpen^ 
tier^  Un  pauvre  lui  ayant  rendu 
une  pièce  d'or,  qu'il  ÎQl  avoit 
donnée  par  mégarde  :  Où  la  vertu 
^a-l-eUe  se  nicher ,  s'écria  Mo- 
lière !  Tiens ,  mon  ami»  en  voilà 
une  autre ^*  Baron  lui  annonça 
un  l'our  un  de  ses  ancibns  cama- 
rades ,  que  l'extcéme  misère  em- 
Îkèchoit  de  paroître  :  Molière  vou- 
ut  le  voir ,  Terobrassa ,  le  con— 
cola ,  et  joignit  à  un  présent  de 
20  pistoles  un  magnifique  habit 
de  théâtre....  Ce  célèbre  poète  , 
Sur  la  fin  de  sa  vie  y  ne  vivoit  que 
de  lait;  mais  il  engageoit  ordi- 
nairement Chapelle  à  faire  lea  . 
Boîineurs  de  sa  table  à  Auteuil. 
Il  n'étoit  ni  trop  gras  ni  trop 
maigre  ;  il  avoit  la  taille  plus 
grande  que  petite ,  le  port  noble , 
la  jambe  belle  ;  il  marchoit  gra- 
vement j  avoit  Vair  très-sérieux , 
le  nez  gros  9  la  bouche  grande  , 
les  lèvres  épaisses^  le  teint  brun  , 
les  sourcils  noirs  et  forts ,  et  \Qi 
divers  mouvemens  qu'il  leur  don- 
noit,  rendoient  sa  pb3'sionomie 
extrêmement  comique.  Moins 
propre  pour  les  rôles  tragiques, 
il  tâcha  en  vain  de  surmonter  les 
obstacles  que  Ja  nature  lui  op— 

Sosoit.  Une  voix  sourde ,  des  in- 
exions  dures ,  une  volubfnté  de 
langue  qui  précipitoit  trop  sa  dé- 
clamation ,  le  forcèrent  de  se 
renfermer  dans  le  comique ,  ou 
jï  sut  tirer  parti  de  ses  défauts 
mêmes.  Pour  varier  ses  inflexions^ 
il  mit  le  premier  en  usage  certains 
tons  inusités,  qui  le  firent  d'a- 
bord accuser  d'un\  peu  d'affecta- 
tion y   ruais  auxquels  lé  public 


MOL 

t^àecotiCunia  bientôt.  Non-setf*' 
lement  il  platsoit  dan^  les  rôles 
de  MascarUlé  ,  de  SganareUe  , 
mais  il  excelloit  dans  les  rôles  de 
faâut  —  comique ,  tels  que  ceux 
dArnolphe ,  d'Ofgon ,  d'Harpa^ 
gon ,  etc.  C'étoit  alors,  que  par 
la  vécité  è^È  lentimens ,  par  Fin- 
talligetice  des  expressions  et  par 
toutes  les  finesses  de  l'art ,  il  sé- 
duisoit  les   spectateurs  au  point 
qu'ils   ne  distinguoient    plus  le 
comédien  du  |)ersonnage  repré- 
senté. Aussi  se  cbargeoit-il  ton- 
jours  des  rôles  les  plus  difficiles 
et  les  plus  longs.  Ami  de  l'avo- 
cat Fourcroy   qui  avoit  la  voix 
Ja  plus  forte ,  il  eut  avec  lui  une 
dispute  à  table;  l'avocat  se  mit 
à  crier  â  son  ordinaire  ;  alors  Mo" 
Itère  s*écria  :  Hélas  !  que  peut  la 
raison  qui  n  a  qu'un  filet  de  voix, 
contre  une  gueule  comme  celle" 
là*  On  rapporte  de  lui  plusieurs 
bons  mots  :  tel   est  entr'autres 
celui  qui  lui  échappa ,  lorsqaele 

i)arlement  défendit  qu*on  jouât 
e  Tartufe,  On  étoit  assemblé 
pour  la  deuxième  représentation, 
lorsque  la  défense  arriva.  Mes-» 
sieurs,  dit  Molière,  en  s'adres- 
sant  à  l'assemblée,  nous  comjh» 
lions  ,  aufourtTkui ,  avoir  l'hofi'* 
neur  de  vous  donner  le  Tartufe; 
mais  M.  le  premier  président  ni 
veut  pas  qu'on  le  joue,..*  Il  disoit 
souvent  :  Le  mépris  est  une  pi^ 
Iule  qu'on  peut  avaler  ^  mais  non 
mâcher  san  s  fairela  grimace*  Md' 
Hère  avoit  commencé  à  traduire 
Lucrèce  dans  sa  jeunesse ,  et  il 
auroit  achevé  cet  ouvrage  sans 
un  malheur  qui  lui  arriva.  Vn 
de  ses  domestiques  prit  un  cabier 
de  cette  Traduction  pour  faire 
des  papillotes.  Molière  qui  étoit 
facile  t{  irr'ter ,  fut  si  piqué  de 
ce  contre- temps,  que  dans  sa  co- 
lère il  jeta  sur-le-champ  le  reste 
au  feu.  P^ur  laettre  plus  d'agté^ 


Môii 

'  ...  1 

Béni  dans  cette  traduction,  il 
Mvoit  rendu  en  prose  les  raison- 
nemens  philosophiques  ^  et  il 
àvoit  mis  en  vers  toutes  les  beUes 
idescriptioni  qui  se  trouvent  da/fs 
le  poète  Latin^..  Les  éditions  les 
plus  estimées  de  ses  duvrages 
iont  i  lé  Celle  d'Aôisterdani  ; 
^699  ^  cinq  vol.  ih->i2  ^  avec  une 
Vie  romanesque  dé  l'auteur ,  par 
GrimaresL  11.  Celle  de  Paris  9  en 
173.4  ,  «rt  6  vol.  înr4.®  ^"  ^^  ^^^'^^ 
à  M.  Joly^  qui  en  a  donné  une 
iiduvelle  en  i7H^  ,  en  8  vol*  ih-i2é 
Cette  édition  est  ornée  de  Mê^ 
hoir f s  sur  la  vie  et  les  ouvx'age^ 
de  Molière ,  et  dû  catalogue  des 
b.ritiqué^  faites  contre  ses  Comé- 
dies, ni.  Celle  que  M.  Bret  a 
donnée  à  Paris  en  17^2 ,  en  8 
Vol.  in-8°,  avec  des  Commen- 
taires intéressans ,  où  il  a  exécuté 
Jar  Molière  ^  ce  que  Voltaire 
Ivoit  èxéciité  sUi"  Corneille,  Il 
fait  sentir  les  beaiités  et  les  dé- 
rauts,  et  relève  les  expressions 
vicieuses.  Les  Âiigldis  ont  traduit 
Molière  i  dans  la  préface  de  bette 
tradùctidn  ^  ils  ont  comparé  ses 
Œufret  à  un  gibet.  «  Là ,  Oiit-ilé 
dit .  lé  vice  et  lé  ridictile  ont  été 
exécutés  9  et  restent  exposée 
comme  sur  itri  grand  chemin  ^ 
pour  servir  d'exemple  aux  au-^ 
leurs.»  Voltaire  dit  {Mélangea 
de  Liù,  chnp.  des  Académies»  ) 
mie  Molière  est  plein  de  fauteâ 
dé  langage.  11  y  eh  a  beàucouj> 
j)!ùs  danâ  séà  vefè  que  dans  sk 
prose  ;  mais  ces  hé^^Iigehces  ne 
prouvent  pas  ijue  sa  poésie ,  Idri- 
qu'ellé  est  un  peti  soignée  9  ne  soie 
préférable  à  sa  prose.  M.  B^ffara 
a  publié  en  1 777  9  eh  2  vol.  in- 1  a  9 
i  Esprit  de  Molière  ,  avec  un 
abrégé  de  sa  Vie  et  un  catalogue 
de  ses  Pièces; 

MÔLIN  9  (  N.  )  appelé  corn- 
itunéiDan^t  àtt  ^loulifi  ^  àélèbrs 


Moi      iit 


médecin  ,  Tup  des  plus  gra'hdé 
praticiens  de  Paris  9  mourut  doni 
cette  ville  eh  17559  à  89  ans, 
sans  postérité  9  et  riche  de  seize 
cent  mille  Divres.  On  prétend  qu'il 
répondit  à  quelques  jeûnes  doo- 
teurs  qui  le  pressoienè  .d'ihdi.-i 
quer  avant  ^e  mourir  9  les  mein-« 
bres  de  la  Faculté  les  plUd  dignei 
de  le  remplacer  :  Je  laisse  aprèi 
mot  trois  grands  médecins  ;  tEaû^ 
la  Diète  et  l'exercice.  Une  t>ni- 
tique  de  Sa  ans  lui  avoit  pi'ouv^ 
que  le  régime  vaut  mieux  que  la 
médecine;  cependant 9  ilenseii-^ 
toit  le  besoin  dans  les  nialadiei 
graves  ;  et  sa  grande  expérience  ; 
jointe  à  un  coup  d'oeil  excellent  ; 
le  faisdit  appeler  de  préférence 
à  ses  autres  confrères.  On  cite 
plusieurs  traits  de  son  avarice  ; 
entr  autres ,  qu'il  éteignit  sa  lam- 
pe, un  soir  qu'Un  Harpagon  avoit 
été  lui  demander  quelques  leçons 
d'économie.  On  ajoute  qu'il  lui 
dit  :  Nous  n  avons  pas  besoin.  d*y 
voir  pour  parler  ;  nous  in  ierons 
Moins  distraits.  Mais  ,  ce  qu'otf 
fi'aurdit  pas  du  oûiylier  ;  c'est  que 
cet  homme  qui  ne  craignoit  point 
de.  s'enfumer  dans  une  chambre 
éclairée  d'une  petite  lampe  ;  fit 
des  actions  généreuses.  AppeU 
chez  des  gens  aisés  9  il  n'y  reve-^ 
hoit  point  si  6n  né  le  payoit  k 
chaque  visité  ;  mais  no'n-seuie— 
ment  il  dbnnoit  ses  soins  aiix  pau^ 
vres  9  il  laissait  de  l'argent  pour 
<lès  bouillonç  et  }es  autres  choseif 
nécessaires.  Un  foiir  on  lé  fit  de» 
mander  dans  un  èbiiVeht  pour 
une  jeune  demoiseUe d'une  grande 
co'nditiph9  mais  d'une  plus  grande 
pauvreté.  On  craignait  que,  sèloai 
sa  méthodie ,  il  ne  revint  point  ^ 
parce  qji^on  h'avoit  pas  d'hono- 
raire à  lai  oifrir.  Il  revint  pour— " 
tant  ^  et  il  laisaai  che2  la  malade 
un  rbuleiau  de  dix  louis  9  afin 
9^u*on  {ût  le  payer  d'une  partie 

H  % 


1i6        MON 

àe  cet  argent ,  et  qu'on  ne  s'ap- 
perçùt  point  de  l'indigence  de  la 
demoiselle.  Ce  qui  augmente  le 
prix  des  bienfaits  de  Molin ,  c'est 
qu'en  donnant ,  il  oublioit  qu'il 
eût  donné.  Son  ton  étoit  un  peu 
rude  ;  mais  dans  le  fond  il  étoit 
bon  homme  et  même  compa- 
tissant. 

•n.MONALDESCHI,  (Jean 
ôe)  favori  ou  écuyer  de  la  reine 
Christine  de  Suède  ^  corrposa  se- 
crètement un  libelle  contre  cette 
princesse ,  oîi  il  dcvoiloit  ses  in- 
trigues. Christine  charmée  d'a- 
voir trouvé  cette  occasion  de  se 
défaire  d'un  homme  qifçlle  n'ai- 
môit  plus,  le  fit  traîner  à  ses 
pieds ,  l'interrogea ,  le  confondit. 
Après  les  reproches  les  plus  vio- 
lons ,  elle  ordonna  au  capitaine  de 
tes  gardes  et  à  deux  nouveaux 
favoris  ^  d'égorger  le  coupable. 
Elle  s'éloigna  à  vingt  pas,  pour 
mieux  jouir  de  ce  spectacle.  On 
fond  sur  lui  de  tous  côtés.  Le 
malheureux  MonahUschi ,  après 
une  vaine  défense  ,  tombe  tout 
sanglant  sous  le  fer  de  ses  bpur- 
rcauV.  La  reine  qui  n'entend  plus 
ses  gémissemens,  s'approche )  le 
contemple  et  lui  insulte.  Monal^ 
deschi,  à  cette  voix,  semble  s'é^ 
veiller ,  se  débat ,  s'agite  :  il  élève 
vers  Christine  une  main  trem— 
Wante  pour  lui  demander  graœ. 
iQuoil  s'écrie-t-etle,  tu  respires 
encore  ,  et  je  suis  reine  !  JjCS 
assassins  écrasent  aussitôt  la  tète 
de  ce  malheureux,  et  traînent 
aux  pieds  de  Christine  sa  victime 
expirante.  Non  ,  ajouta-t-elle , 
non ,  ma  fureur  n* est  point  satis- 
faite !  Apprends  ,  traître ,  que 
cette  main  qui  versa  tant  de  bien'- 
faits  sur  toi ,  te  frappe  le  dernier 
coup.  Cet  attentat  contre  l'buma- 
»ité  ,  l'opprobre  de  la  vie  de 
Christine ,  fut  comoûs  à  jË'ontai-* 


MON 

nebleanle  lo  octobre  1^67.  Ce- 
pendant quelques  jurisconsultes 
écrivirent  des  dissertations  pour 
le  justifier.  Ces  dissertations  , 
triste  monument  de  la  flatterie 
des  gens  de  lettres  envers  les  rois, 
furent  la  honte  de  leurs  auteurs  , 
et  ne  servirent  pas  à  disculper 
Christine  i  il  est  fâcheux  de  trou- 
ver le  nom  d'un  Leibnitz  parmi 
les  apologistes  d'un  ass;issiiiat. 
«  La  postérité ,  dit  d'Alemhert , 
trouvera  bien  étran^  qu'au  cen- 
tre de  l'Europe,  dans  un  siècle 
éclairé ,  on  ait  agité  sirîr»usement 
si  une  reine  qui  a  quitté  le  trône, 
n'a  pas  le  droit  de  faire  égorger 
ses  domestiques  sans  outre  jfbrme. 
Il  auroit  fallu  demander  plutôt  si 
Christine  sur  le  trône  môme  de 
Suède,  auroit  eu  ce  droit  bar- 
bare :  question  qui  eût  été  bien- 
tôt décidée  au  tribunal  de  la  loi 
naturelle  et  des  nations.  L'état 
dont  la  constitution  doit  être  sa- 
crée pour  les  monarques,  parce 
qu'il  subsiste  toujours  ,  tandis 
que  les  sujets  et  les  rois  dispa- 
roissent  ,  a  intérêt  que  tout 
homme  soit  jugé  suivant  les  lois. 
C'est  l'intérêt  des  princes  mêmes 
dont,  les  lois  font  la  force  et  la 
sûreté.  L'humanité  leiir  permet 
quelquefois  d'en  adoucir  la  ri-» 
gueur  en  pardonnant ,  mais  ja- 
mais de  s'en  dispenser  pour  être 
cruels.  Ce  seroit  faire  injure  aux 
rois ,  que  d'imaginer  que  ces  prin- 
cipes pussent  les  '  offenser  ,  ou 
qu'il  fallut  même  du  courage  poar 
les  réclamer  nu  sein  d'une  mo- 
narchie. Ils  sont  le  cri  de  la  na- 
ture. »  Il  paroît  que  ce  n'étoit 
pas  l'opinîon  de  la  cruelle  et  bi- 
zarre Christine ,  du  moins  si  on 
en  juge  par  une  lettre  imprimée 
parmi  celles  qui  ontpani  sous 
son  nom.  Elle  est  adressée  nu 
cardinal  Mazarin  ,  qui  avoit  dé- 
saaprouvé  le  meurtre  de  JilofiâU 


MON 

iâscku  «  Apprenez  tout ,  valets 
et  maîtres  ,  dit  -  elle ,  qu'il  m'a 
plu  d'agir  ainsi  ;  je  veux  que  vous 
sachiez  que  Christine  se  soucie 
peu  de  votre  cour,  ancore moins 
de  vous.  Ma  volonté  est  une  loi 
qu'il  faut  respecter  ;  vous  tùire  ^ 
est  votre  devoir  :  sachez  que 
Christine  est  reine  pai'^tout  oh 
elle  est.  »  Si  Christine  écrivit  une 
telle  Irtlre ,  dit  Tauteur  de  Y  Essai 
*ur  VHistoire  générale  ^  c'étoit 
ime  homicidetombéeen  démence. 
Si  cette  lettre  est  supposée  ^  elle 
ne  peut  l'être  que  par  un  de  ces 
esclaves  abrutis ,  qui  ont  imaginé 
qu'une  Suédoise,  parce  qu'elle 
avait  régné  à  Stockholm  ,  avolt 
le  droit  de  faire  assassiner  un 
Italie^  Fontainebleau.  Non-seu- 
lement le  devoir  du  cardinal  Ma-^ 
tarin  n'étoit  pas  de  se  taire  ;  mais 
comme  premier  ministre  ,  il  de* 
voit  faire  sentir  l'indignation  du 
roi  à  Christine*  »  JjC  Bel ,  de 
Tordre  de  la  Trinité ,  a  donné- la 
Eelation  de  la  mort  de  Monal-^ 
ieschi.  Voyez  IL  Bel. 

MONCE ,  (  Ferdinand  de  la  ) 
né  à  Munich  en  1 678 ,  du  pre~ 
mier  architecte  de  l'électeur  de 
Bavière ,  vint  à  Lyon  et  y  suivit 
la  profession  de  son  père.  L'étude 
des  grands  modèles  dltalie  l'avoit 
formé.  Dans  son  séjour  k  Home  , 
le  régent  le  chargea  de  faire  trans- 
porter  en  France  le  célèbre  ca- 
binet de  la  reine  Christine ,  qu'il 
avoit  acquis  du  duc  de  Bracciano» 
De  retour  à  Lyon ,  il  y  éleva  plu- 
sieurs édifices  remarquables,  et 
ou  règne  un  goiit  simple  <*t  noble. 
Le  portail  de  l'église  Saint-Just , 
l'entrée  de  l'Hôtel -Dieu  et  son 
vestibule,  le  quai  du  Rhône ,  la 
chaire  de  l'église  du  Collège  « 
sont  des  monumens  admirés  et 
connus.  La  Monce  s'occupoit 
aussi  de  la  gravure  y  et  y  a  ob.* 


MON'     117 

tnra  des  succès.  Les  planches  de 
la  belle  édition  de  VEssni  sur 
Vhomme  de  Pope ,  faite  à  Lan-« 
sanne  ,  celles  de  \  Histoire  des 
Belles-Lettres ,  par  Juvenel  de 
Carlencas ,  en  4  vol.  ip-8%  sont 
de  lui.  11  mourut  le  3o  septembre 
1753  9  à  7 5  ans. 

MONDIR  ,  vieillard  Arab«  ^ 
se  rendit  célèbre  sous  le  fk^ne  da 
calife  Aaron  Raschid  par  sa  fo^ 
gesse  et  sa  reconnoissance  en- 
vers le  premier  visir  Barmecide* 
Le  calife,  jaloux  de  la  granda 
réputation  de  ce  dernier,  avoit 
défendu ,  sous  peine  de  la  vie  j 
que  l'on  parlât  de  lui  en  sa  pré"> 
sence.  I\(algré  cette  défense  ri- 
goureuse ,  Mondir  venoit  cbaqne 
matin  devant  le  palais  du  minis- 
tre disgracié  ,  et  s'élevant  sur 
une  terrasse  qui  lui  servoit  da 
tribune,  il  entretenoit  les  pay- 
sans des  vertus  de  Barmecide  et 
des  services  que  l'on  devoit  à  ses 
aïeux.  Le  calife  irrité  le  fit  venir 
devant  lui  pour  le  condamner  k 
}a.  mort.  Mondir  remercia  Aarom 
d'avoir  pensé  à  le  délivrer  de  la 
vie ,  puisqu'elle  lui  étoit  devenna 
pénible ,  dès  que  Barmecide  n'é<^ 
toit  plus  heureux.  Aussitôt  il 
peignit  avec  tant  de  force  le» 
obifgatiohs  qu'il  avoit  au  visir , 
que  le  sultan  ému  lui  ht  non-« 
seulement  grâce  de  la  vie,  mais 
il  Uii  donna  upe  coupe  d'or» 
Mondir  se  profternant  à  terre  ^ 
s'écria  :  «  O  Barmecide  !  voilà  en-^ 
core  un  présent  que  je  te  dois,  m 

MONDORY,  (  N**)  naquii 
à  Orléans,  et  devint  le  plus  céw 
l<>bre  comédien  ^e  la  troupe  da^ 
Marais.  Il  y  }ouoit  les  premiers 
rôles.  L'ardeur  qu'il  montroit 
dans  son  jeu  avança  ses  jours.  Il 
fut  frappé  d'apoplexie  ,  comme  il. 
jouoit  lo  rôle  d'Hérode  dans  L^ 


tit       MON 

tragédie  de  Mariamne,par  TriS'; 
(an  surnoiDiné  YHermite» 

MONESTEER,  (  Biaise)  je- 
^nite,  professeur  de  philosophie 
jl  Clermont  ^  naquit  dans  ce  diq- 
çèse  en  17 17*  Ses  Principet  de 
piété,  17669  2  ToL  in-i^,  et  sa 
J^raie  philosophie ,  1774  ,  in-S% 
Ten ferment  de  bonnes  leçons 
pour  un  chrétien  et  pour  un  vé— 
titable  philosophe.  Il  mourut  en 

L  MONET ,  (NO  néàLyon, 
i^venu  directeur  de  TOpéra  de 
cette  Ville ,  ^it  pour  devise  à 
son  théâtre  et  par  allusion  à  son 
nom  :.  Mulcet ,  Movet,  Monet. 
On  lui  doit  Y/inthoio^e  Fran-^ 
^ise  en  quatre  vol.  in-8** ,  1765. 
Ce  recueu ,  dont  la  musique  est 
cixéçutée  ei^  caractères  mobiles 
de  Fournier  le  jeune ,  manque  de. 

foût  et  renferme  des  dbscénités. 
<e  discours  sur  Torigine  de  la 
Chanson  françpise  est  ce  qu'on 
peut  y  lire  de  mieux.  Il  iipour  au- 
teur Meunier  de  Querlon*  Monet 
est  mo.rt  vers  177O. 

MONGEZ  ,  (  Je^n- André  ) 
pé  à  Lyon  en  1761 9  s  attacha  à 
la  congrégation  âeSainte-4Jene'^ 
pièife.  Son  zèle  pour  les  progrès 
4e  l'Histoire  naturelle ,  fefit  em- 
barquer avec  /a  Peyrouse,  et  il 
a  péri  a  1^  fleur  de  son  âge,  dans 
cette  glorieuse  et  fatale  expédi- 
tion. On  lui  doit  :  I.  Là  continua- 
tion '  du  Soumal  dé  Physique  , 
oii  il  fournit  plusieurs  articles. 
tl.  Description  de  la  machine  in-^ 
ientée  pour  les  fractures  des  jamr 
hes ,  par  d* Albert  Pieropare  de 
Vicenze,  I782.  III,  Traduction 
de  la  Sciographie  du  règne  mi-' 
itérai  Ae  J$ergmann,  1787  9  deux 
.yQl.in-8.^        '        .     / 

MONICOULT  9  (NO  fut 
toiisul  ^e  France  à  Dantzick  et 


MON 

à  Saint-Pétersbourg.  H  est  moif 
vers  1760  9  après  avoir  donné  eu 
172^  nu  théâtre  Italien  ,  le  Dé^ 
dain  a/fect^ ,  comédie  en  trois 
actes. 

MQNIÈRE  9  (  Jemi  de  la  ) 
doyen  des  médecins  du  collège  de 
Lyon,  publia  en  1626  ^m  assez 
bon  traité  sur  la  Dyssenterie  et 
un  ai^tre  sur  la  Peste, 

♦MONIME  dbMilet, célè- 
bre par  sa  beauté  et  par  sa  clias^ 
teté,  plut  tellement  à  Mithri-^ 
date ,  que  ce  prince  employa  ^us 
les  pioyens  imaginables  pour 
^branler  sa  vertu  ;  mais  toi^s  fu- 
rent inutiles.  La  résistance  ne  fit 
que  l'animer,  et  il  répousa_pouc 
sjtitis.faice  son  amour.  dRntô^ 
■  vaincu  par  ImcuIUls  ,  et  craignant 
que  Mônime  ne  tombât  entre  les 
mains  du  vainqueur ,  il  lu;  or- 
donna de  movair»  Racine  a  mis 
Monime  sur  la  scène.  Elle  y  ex- 
cite cet  intérêt  que  font  éprou- 
ver toutes  les  productions  de  cçi 
grand  poète,    Koyez   MiTHai- 

DATE.    '    '"  '      '■ 

IIL  MONNIER  9  (  Louis-Gui^ 
laume  )  fils  et  frère  des  précé- 
dens  ,  devint  aussi  membre  .  de. 
l'acadénriie  des  Sciences.  Il  eni-; 
brassa  la  médeeine ,  et  y  eut  des 
succès.  Dans  un  Mémoire  suc 
rélectricité  de  l'air  9  il  fut  le  pre- 
mier qui  annonça  que  la  matière 
de  la  foudre  et  celle  de'  l'électri- 
cité dévoient  être  la  même.  Le^ 
articles  ^^mAA/  et  Aiguille  ai^ 
mantéé ,  èan$  l'Encyclopédie  ^ 
sont  de  lui.  Il  avoit  professé  pen- 
dant trente  ans  la  botanique  au 
Jardin  des  plantes.  Il  est  ni6rt  en 
l'an  huit.    * 

IV.]VIO>'NIER9  (N.le)  étoit 
de  Normandie  ,  et  se  fit  abbé  ;  H 
se  distingua  jeune  par  son  amour,  ; 
pour  la  littérature  et  la  candeur. 


MON 

jfc  son  caractère*  On  lui  doit  : 
1.  Un  recueil  de  Fnhies  qui  ont  de 
la  naïveté  et  de$  grâces.  II.  Une 
traduction  de  Térence.  C'est  la 
meilleure  que  nous  ayons  4^  ca 
pocte  comique.  III.  Une  Lettre 
sur  rétablissement  des  prix  de 
tertus  et  des  Rosières,  L  abbé  le 
Monnier  fut  emprisonné  sons  le 
f&gne  de  la  terreur ,  où  l'on  n« 
respectoit  ni  les  talens  ni  les  ver-* 
tus.  Après  dix-huit  mois  de  pri- 
son, le  Q  thermidor  lui  rendjt  la 
liberté,  il  est  mort  à  Paris  le  4 
ami  1797  9  presque  subitement, 
à  l'âge  de  76  ans. 

MONPER ,  (  Joseph  )  peintre 
paysagiste  de  Técole  Flamande  , 
dont  les  tableaux  vus  de  loin  font 
«n  grand  effet  f  naquit  à  la  6n  du 
i(^  siècle. 

MONSON ,  (  Guillaume  )  ami- 
n\  Anglds,  qui  eut  en  i63S  le 
commandement  de  la  Hotte  con^ 
tre  les  François  et  les  Hollandois  ^ 
et  qui,  malgré  ses  services,  es- 
suya bien  des  traverses  dans  sa 
patrie.  H  mourut  en  1643,  lais- 
sant un  Traité  de  Navigation  « 
1682,  in- fol. 

MONTAGNAGOUT ,  (GuiU 
laume)  troubadour  Provençal, 
célèbre  an  tS^  siècle,  acquit  sa 
réputation  par  des  Sitvantes  et 
des  Chansons.  Il  n'aimoit  pas  le 
faste  des  gens  d'église,  h  Qu'ils 
renoncent  au  monde ,  disoit-il  , 
et  songent  uniquemant  à  leur  ' 
saint;  qu'ils  dépouillent  la  va*». 
nité  et  la  convoitise  ;  qu'ils  n'u- 
surpent pas  le  bien  d'atitrui ,  et 
on  les  crojra.  A  les  entendre ,  ils 
ne  veulent  rien  ;  mais  à  les  voir , 
ils  prennent  tout  »  sans  égard 
pont  personne,  m 

^  MONTAGNE,   ou  plutôt 
Montaigne  ,  (  Michel  de  )  na^* 


MON        119 

le  Périgord',  le  28  février  i533  , 
de  Pierre  Eyquem  ,  seigneur  de 
Montagne ,  élu  maire  de  la  ville 
de  Bordeaux.  Son  enfance  an- 
nouça  les  plus  heureuses  dispo- 
sitions ,  et  son  père  les  cultiva 
avec  beaucoup  de  som.  Dès  qu'il 
fut  en  état  de  parler,  il  mit  au- 
près de  lui  un  Allemand  ,  qui  na 
s'énonçoit  qu'en  Intin ,  de  façon 
que  cet  enfant  entendit  parfai- 
tement cette  langue  dès  l'âge  de 
six  ans.  'On  lui  apprit  ensuite  le 
grec    par   forme  de   divertisse- 
ment, et  on  cacha  toujours  les 
épiues  de  l'étude  sous  les  charmes 
du  plaisir.  Son  père  portoit  ses 
attentions  pour  lui  jusqu'au  scru- 
pule ;  il  ne  le  faisoit   éveiller  1» 
matin  qu'au  son  des  instrumens  , 
dans  l'idée  que  c'étoit  gâter  le 
jugement  des  enfans ,  que  de  les 
éveiller  en  sursaut.  Dès  l'âge  de 
treize  ans  il  eut  fini  son  cours 
d'études ,  qu'il   aveit  commencé 
et  achevé  au  collège  de    Bor- 
deaux sous  Croachi ,  Buchanati 
et  Muret»  personnages  illustres 
par  leur  goût  et  par  leur  éru- 
dition. Sqs  progrès  sous  de  tels 
maîtres  ne  purent  qu'être  rapi- 
des. Destiné  à   la  robe  par  son 
père,  il  épousa  Françoise  de  la 
Ckassaigne  t  fille  d'un  conseiller 
au  parlement  de  Bordeaux.  Il  pos« 
séda  lin-ffidme  [pendant  quelqu» 
temps  une  charge  semblable,  qu'il 
quitta   ensuite  par  dégoût  pour< 
une  profession  qui  n'avoitpour 
lui  que  des  ronces.  L'étu<^  de 
l'homme  ,  voilà  quelle   étoit  la 
science  qui  l'attachoit  le    plus.. 
Pour  le  connoître  plus  parfaite- 
ment ,  il  alla  l'observer  dans  difr- 
férentes  contrées  de  l'Europe  ; 
il  {)arcourut  la  France*  l'Aile-* 
magne  ,  la-  Suisse- ,  ITtalie ,  et 
toujours  en  observateur  curieux 
et  en  philosophe  profond.  Soa> 
©Irrite  regut  par-towt  des,  diW- 


lie 


MON 


Jtmctions.  On  l'honora  à  Rflflie,^ 
4)11  il  se  trouvolt  en   i58i,  da 
titre  de  Citoyen  Romain.  Il  fut 
élu  la  même  année  maire  de  Boi^ 
tdeaux  ,  après  le  maréchal  deBi^ 
Ton. ,  et  il  eut  pour  successeur  -le 
maréchal  de  Matignon  ;    mais 
Tadministration  de  ces  deux  hom- 
mes illustres  ne   fit  pas  oublier 
la  sienne.  Les  Bordelois  en  furent 
si  satisfaits ,  quen  i58iiJs  l'en- 
Toyèrent  à  la  cour  pour  y  né- 
gocier leurs  affaires.  Après  deux 
ans  d'exercice ,  il  fut  encore  con- 
tinué deux  autres  années.  Il  parut 
avec  éclat  quelque,  temps  aprè^ 
«ux  Ëtats  de  Blois  en   1 588.  Ce 
jfut  sans  doute  pendant  quelques- 
uns  de  ses  voyage?  à  la  cour  , 
que  le  roi  Charles  IX  le  décora 
du  collier  de  l'ordre  de  Saint- 
IVIichel ,  sans  quU  Veut ,  dit-il  ^ 
sollicité.  Tranquille  enfin  ,  après 
différente^  courses ,  dans  son  châ- 
teau de  Montaigne ,  il   s'y   livr^ 
tout  entier  à  la  philosophie.  Il 
y  essuya  cependant  quelques  ora- 
ges passagers,  pendant  les  guerres 
civiles   qui   désolèrent  la  France 
40US  Charles  IX.  Un  jour ,  un 
llnconnu  ce  présenta  devant  les 
fossés  de  son  château,  feignant 
d'être  poursuivi  par  des  religion- 
jiaires  :  introduit  par  Montaigne , 
Il  lui  raconta  que  voyageant  avec 
plusieurs  de  ses  amis,  une  troupe 
de  gens  de  guerre  les  avoit  atta-« 
qués ,  que  leur  bagage  avoit  été 
pillé ,  que  ceux  qui  a  voient  op- 
posé de  la  résistance  avoient  été 
tués  9  et  qu'on  avoit  dispersé  les 
autres.  Montaigne  ne  soupçonna 
pas  un  instant  la  bonne  foi  de  ce 
fourbe.    C'étoit    néanmoins   un 
chef  de  parti  j  qui  se  servoit  de 
ce  stratagème  pour  jntroduire  sa 
troupe  dans  le  château.  Un  mo-^ 
ment  après  on  vient  avertir  Mon- 
taigne qu'il  paroissoit  deux  ou 
jïoSi  auUes  çaYdliers..  Celui  qiijl 


MON 

croît  été  introduit  le  premkr^ 
dit  qu'il  les   reconnoissoit  pou? 
ses  camarades.  Le   philosophe  j^ 
touché  de  compassion ,  les   ac^ 
cneiBit  avec  bonté. Ceux  ci  furent 
9uivis  de  plusieurs  autres  :   en 
sorte  que  û  cour  du  château  fut 
bientôt  remplie  d'hommes  et  do 
chevaux.    Montaigne  s'apperce-« 
Tant  trop  tard  de  sa   méprise  ^ 
paya  de  oonne  contenance  et  no 
changea  rien  dans  ses  manières. 
11  s'empressa  de  procurer  à  ses 
hôtes  tout  ce  qu'ils  demandoient  y 
leur  fit  distribuer  des  rafraichis-i 
semens ,  et  en  agit  avec  tant  de 
cordialité    et    de  politesse    qao 
leur  chef  n'eut  pas  le  courage  de 
doni^er  le  signal  dn  pillage  de  la 
maison  d'un  homme,    dont  les 
bons  procédés  l'avoient  subjugué. 
La  vieillesse  de  Montaigne  fut 
affligée   par  les  douleurs   de  U 
pierre  et  de  la  coliqhe  ,  et  il  re-« 
fiisa  toujours  les   secours  de  U 
médecine  ,  à  laquelle  il  n'avoit 
point  de  foi.  Les  Médecins ,  di-. 
soit-il  ,  connoissenjt  bien  Galien  ^ 
mais  nullement  le  Malade.  Per- 
suadé que  la  patience  et  la  n  a  turc 
guérissent  plus  de  maux  que  les 
remèdes ,  il  ne  prenoit  jamais  de 
purgatif,  méoie  en  maladie.  Je 
laisse  f,  disoit-^  ^  fair^e  la  nature, 
et ye  suppose  quelle  s*est  armée 
de  dents  et  de  griffes  pour  se  dé^ 
fendre  contre  les  assauts  des  ma'* 
ladies.^.  Faites  ordonner  une  mé-^ 
decine  à  votre  cervelle  »  disoit-îl 
aux  malades  imaginaires  de  son 
temps ,  eUe.  y  sera  mieux  ^/»-' 
ployée  q.u*à  votre   estomac.   Sa 
haine  pour  la  science  des  méde-* 
cins  étoit  héréditaire* ^u  reste, 
il  raJsonnoit  avec  eux  volontiers , 
et  il  leur  pardonnoit  de  vivre  de 
notre  sottise^,  attend»  quils  né-* 
^toient  pas  les  seuls.  Il  mourut 
d'une  esquinancie  ,  qui  le  priva 
pendaut  tïotf  jours  d^l'usa^®*^ 


r 


MON 

h  langne ,  sans  lui  rien  6ter  âe 
son  esprit.  Il  suppléa  dans  cette 
extrémité  au  défaut  de  la  parole 
par  l'écriture,  tentant  sa  fin  ap- 
procher,   quelques  gentilsliom-' 
mes  de  ses  voisins  vinrent  à  sa 
prière,  pour  Tencourager  dans  ses 
derniers  momens.  Dès  qu'ils  fu- 
rent arrivés ,  il  fit  dire  la  messe 
dans  sa  chambre.  A  lélévation  de 
i*hostie ,  il  se  leva  sur  son  lit  pour 
Fadorer  ;  mais  une  foiblesse  l'en- 
leva dans  ce  moment  même  ,  le 
i5   septembre    1592,  à    (>o  ans. 
Montaigne  s'est  peint  dans  ses 
EssMis  /  mais  il  n'avoue  que  quel- 
ques défauts  indilFérens ,  et  dont 
même  se  parent  certaines  per- 
sonnes. Il  convient  par  exemple  , 
tfétre  indolent  et  paresseux  ;  d'a- 
voir   la   mémoire  fort  infidelle; 
fttre  enriemi  de  toute  contrainte 
«t  de  toute  cérémonie  ;  «  A  quoi 
lerviroit-il  de   fuir  la  servitude 
des  cours  y  si  on  l'entraînoit  jus^ 
que  dans  sa  tanière  ?  »  Montai- 
gne se  flattait  de  connoître  les 
hommes  à  leur  silence   même  , 
et  de  les  découvrir  mieux  dans 
les  propos  gais   d'un   festin  que 
dans  la  gravité  d*un  conseil.  Pas- 
sionné pour  des  amitiés  exquises  , 
il  étoit  peu  propre  aux  amitiés 
communes,    il  lechercboit  la  fa- 
miliarité des  hommes  instruits  , 
dont  les  entretiens  sont ,  suivant 
son  expression  ,  teints  d'un  juge*- 
ment  milr   et   const^int ,  et  mêlés 
de  bonté  ,  de  franchise  ^  de  gaieté 
H  di  amitié.  C'étoit  aussi  un  com- 
inerce  bien  agréable   pour  lui  , 
que  celui  des  belles  et  hon^iêtes 
femmes  ;  mai?  .-  'est  un  commerce 
où  il  faut  un  peu  se  tenir  sur  ses 
gardes,  et    notamment  ceux  en 
qui  y  disoit  — il  ,    le   corps  peut 
beaucoup  ,   comme    en    moi,   La 
modération  dans  les  plaisirs  per- 
mis, lui  paroîssoit  seule  pouvoir 
pQa$»(urerU  diiré^*  Les  Frinçts  ^ 


MON        tii 

dft-îl  9  ne  prennent  pas  plus  ie 
goût  aux  plaisirs  dans  leur  sa^ 
tiétéf  que  les  Enfans^de-ckoeur 
à  la  JIZu«V"**  L'imagination  étoit 
à  ses  yeux  ime  source  féconde 
de  maux.  «  Le  laboureur,  dit- 
il  ,  n'a  du  mal  que  quand  il  l'a  : 
l'autre  a  souvent  la  pierre  en 
Tame  avant  qu'il  l'ait  aux  reins. 
Vous  tourmenter  des  maux  fu- 
turs par  la  prévoyance  ,  c'est 
prendre  votre  robe  fourrée  dès 
la  Saint-Jean  ,  parce  que  vous 
en  aurez  besoin,à  Noël.  »  Il  avoit 
sur  l'éducation  des  i^lées  qu'on 
a  renouvelées  de  nos  jours ,  ainsi 
qu'un  grand  nombre  d'autres  dont 
on  ne  lui  a  pas  fait  honneur.  Il 
vouloit  que  la  liberté  des  en  fan  s 
s'étendit  au  moral  et  au  physi- 
que. Les  langes,  les  emmaillotte- 
TOons  ,  lui  paroissoient  nuisibles. 
Il  pensoit  même  que  l'habitude 
pourroit  nous  former  à  nous  pas- 
ser de  vêtemens,  puisque  nous 
n'en  avons  pas  besoin  potir  le 
visage  et  pdur  les  mains.  Il  ré— 
prouvoit  ce  régime  trop  exact , 
qui  rend  le  corps  incapable  de 
fatigue  et  d'excès.  Les  vues  de 
ce  philosophe  sur  la  législation 
et  l'administration. de  la  justice  ,. 
éclairèrent  non -seulement  son 
siècl»  ,  mais  ont  été  utiles  au 
nôtre.  Les  abus  dont  il  se  plai- 
gnoit  subsistent  encore ,  et  plu- 
sieurs n'ont  fait  que  s'accroître. 
Il  eût  voulu  plus  de  simplicité 
dans  les  lois  et  dans  les  formè's. 
Il  y  a  pbis  de  Livres  sur  les  Liè- 
vres ,  dit-il  en  parlant  de  la  jnris^ 
prudence ,  que  sur  mutres  sujets^ 
Nous  ne  faisons  que  nous  entre*» 
glosser,  La  science,  dit-il  ail- 
leurs, est  un  sceptre  dans  cer^. 
tain  es  mains  ,  et  dans  d'autres 
une  marotte*  «  Si  par  l'étude  notre 
ame  n'en  va  pas  un  meilleur 
branle ,  si  nous  n'en  avons  le  ju- 
gement j^los  sain  y  j'aimerois  au-* 


ixx        MON- 

tant  que  noiis  eussions  passé  U 
temps  h  jouer  à  la  paume  :  au 
inoins  le  corps  en  serpit  plus 
allègre,  v  11  trouvoit  <}ue  les  lois 
pvoient  souvent  J'iuconve^nient 
d'être  inutiles  p^r  leur  sévérité 
niêœe.  11  étoit  fâche  qu'il  n*y  en 
eût  point  cpntre  les  oisifs  et  l'oi- 
siveté. Tel  pourroU ,  selon  lui  9 
n'ojfenser  point  Us  Lois ,  que  la 
Philosophie  femit  très--jusUnient 
fouetter.  £n  déplorant  les  excès 
de  la  justice  cnminelle ,  il  s'écria  ; 
Combien  ai-je  vu  de  condamna^ 
tions  plus  crimineuses  que  le 
crime!  Sa  morale 9  presque  tou- 
jours indulgente  ,  étoit  sévère 
sur  certains  points.  Il  s'élevoit 
fortement  contre  ceux  qui  se  ma- 
rient  sans  s  épouser  :  Ceux  qui  se 
jnnrient  sans  efpérçince  d'enfans  ^ 
commettant  un  homicide  à  la 
mode  de  Platon.  Il  vouloit  qu'on 
fut  philosophe  autrement  ^uen 
spéculation.  Quelque  Philosophe 
que  je  sois ,  je  le  veux  être  ail^ 
leurs,  disoit-il)  qu'en  papier,  l\ 
se  proposoit  de  confprmer^  non 
sa  vieillesse  9  mais  toute  sa  vie  à 
ses  préceptes  ;  et  il  ne  prétendoit 
point  attacher  la  queue  d'un  Phi^ 
losophe  à  la  tête  et  au  corps  d'un 
homme  perdu.  Il  avoit  cependant 
la  bpnpe  foi  de  dire ,  eu  parlant 
de  lui-même  :  «  Je  suis  tantôt 
sage  ,  tantôt  libertin  {  tantôt 
vrai  9  tantôt  menteur  ;  chaste  , 
impudique  ,  puis  libéral ,  pro^ 
digue  et  avare  ;  et  tout  cela  selon 
que  je  me  vire^  «  Il  souffroit  sans 
peine  d'être  contredit  en  cpn ver- 
sa tion  ;  aimqit  même  à  contester 
çt  à  discourir.  Un  de  ses  plaisirs 
étoit  d'étudier  l'I^omme  dans  des 
âmes  neuves,  comme  dans  celles 
(les  en  fans  et  des  gens  de  la  cam-» 
pagne.  Il  craignoit  d'offenser ,  et 
\\  réparoit  par  l'in^éiHiité  de  ses 
discours  et  la  franchise  de  &e3 
^nanières ,  ce  qu'il  aiiroll  pu  dir» 


MON 

dfr désagréable.,  Il  se  plaisoit  qa«l«» 
quefois  à  pro&ter  des  pensées  des 
anciens  sans  les  citer.  Je  veux , 
disoit-il ,  que  m£s  critiques  dotin 
lient  une  nazarde  à  Plutarque^ur 
mon  nez ,  et  qu'ils  s'échaudent  à> 
injurier  Sénèque  en  moi^  S'il  soi* 
voit  dans  sa  morale  et  dans  sa 
conduite  la  raison  humaiiie,  il 
ne  fermoit  pas  toujours  les  yeux 
à  la  lumière  de  la  foi ,  et  oa 
trouve  dans  ses  Essais  des  choses 
très  »  favorables  à  la  religion* 
Mais ,  flattant  sans  ces^d4Qs  un 
doigte  universel ,  égalemeftt  op- 
posé à  ceux  qui  disoielit  que  tout  { 
est  incertain  et  que  tout  ne  l'est 
pas,  il  est  à  présumer  que  sa 
croyance  fut  souvent  chancelante. 
Cependant  il  paroît  par  les  cir-» 
constances  de  sa  oiort^  que  dans 
ses  derniers  momens  la  religion 
prit  le  dessus  et  dissipa  toutes  ses 
Incertitudes.  On  a  de  lui  :  L  Des 
Essaie  ,  que  le  cardinal  du  Per» 
ron  appeloit  le  Bréviaire  des  hon^ 
nétes  gens.  Cet  ouvrage  a  été 
long-temps  le  seul  livre  qui  atti- 
rât Tattention  du  petit  nombre 
d'étrangers  qui  pouvoient  savoir 
le  françois  ;  et  on  le  lit  encore 
aujourd'hui  avec  délices.  Le  style 
p'en  est  à  la  vérité  ni  pur  ^  ni 
correct  ,  ni  précis ,  ni  noble  ; 
mais  il  est  simple,  vif,  hardi | 
énergique.  11  exprime  naïvement 
de  grandes  choses.  .Cest  cette 
naïveté  qui  plaiu  On  aime  ce  ca- 
ractère de  l'auteur  ;  on  nime  à  se 
trouver  dans  ce  quHl  dit  de  lui- 
même  «  k  converser,  à  changer 
de  discours  et  d'opinion  avec  lni« 
Un  écrivain  ingénieux  ,  en  le 
comparant  à  d'autres  philoso- 
phes ,  a  dit  s 

Pins  ingénu  ,  melnc  orgvtlIlMz  « 

Montaigne  sans  art  »  nsa  système  $ 
Chercha  Dt  l'homme  dans  Thomme  m^me» 
Le  connott  er  le  peint,  bien  mieux. 

^am^is  «ttteuir   ne  s*est  mQîM 


MON 

fteé  «n  écrivant  qu«  Montaigne, 
B  lui  venoit  quelc^i^es  pensées  sur 
|ttn  sujet,  et  il  se  mettoit  à  les 
écrire  ;  mais  si  ces  pensées  lui  en 
funeQQÎent  quelqu  autre  qui  eût 
yvec  elles  le  plus  léger  rapport , 
il  saivoit  cette  nouvelle  peusée  , 
tant  qu'elle  luf  foiirnissoit  quelque 
chose  '^  revenqit  ensipte  à  sa  ma- 
tière,  qu'il  qi^ittqit  encore,   et 
quelquefpis  pour  n'y  plus  revenir. 
Il  effleure  tons  les  sujets ,  hasar- 
dant  le  bon  pour  le  mauvais ,  et 
le  mauvais  pqur  le  bon ,  sans  trop 
l'attacher  ni  à  l'un  ni  à  l'autre. 
Ce  sont  des  digressions  ^des  écarts 
continuels  ,   mais  agréables ,  e.t 
que  l'air  cavalier  qu'n  prend  avec 
«on  lecteur ,  rend  souvent  insen- 
àbles.  On  a  dit  de  lui ,  que  c'étoit 
îlioo^nie  du  monde  qui  snvoit  le 
isoias  ce  qu'il  allait  dirç,  et  qui 
cependant  savQÎt  le  mieux  ce  qui! 
disoit.  Balzac  Ta  bien  ju^ré  :  Cc$t 
faguide ,  di$-il ,  qui  éga>t ,  mais 
qui  nous  mènô  dans  des  pays  plus 
agréables  tjuil  navoit  proniis.  Il 
^iloit  avoir   autant  d'esprit ,  de 
bon  sens ,  d'imagination ,  de  naï- 
veté et  de  fmesse,  pour  qu'on  lui 
passât  \\n  si  grand  désordre  dans 
«a  manièie  d'écrire.  On  pourroit 
lui  appliquer ,  quoique  dans  un 
loutre  sens ,  ce  que   Quintilien  a 
dit  de  Sénèque,   qu'il  est  plein 
^  défauts  a;jréables  ;  Dulcibvs 
ABïïNDAT  riTiiSo   On   ne  con-r 
«eilleroit  pas  pourtalit  aux  au- 
teurs modernes  de  laisser  courir 
leurphime  avec  autant  de  liberté 
Çue  Montaigne  ,  et  encore?  moins 
avec  la  licence  qu'il  s'est  donnée 
^    nommer    eii   vrai    Cynique 
tontes  les  choses  par  leur  nom. 
Montaigne  éprouva ,  comme  tant 
^hommes  célèbres,   qu'on  vaut 
çiieux  ailleurs  que  chez  soi.  Ta- 
çhète ,  dit-il ,  les  Imprimeurs  en, 
GiUenne,  ailleurs  ils  m'achètent. 
^  a  dit  ^yeq  raison  que  ceux 


M  Q  N       ixj 

qui  décrient  le  plus  ce  philoso-* 
phe ,  le  louent  malgié  eux  dans 
quelques  endroits   et  le    pillent 
oans  d'autres.  Si  Montaigne  à  eu 
des  détracteur* ,  il  a  trouvé  des 
vengeurs  dignes  de  lui.  ^  Quelle 
injustice  criante,  dit   Voltaire  ^ 
fie  dire  qu'il  n'a  fait  que  com-? 
p^enter  ^s  anciens  !  il  les  cite  V 
propos ,  et  c'est  ce  que  les  com- 
ipentdteurs  ne  font  pas  ;  il  pense , 
et  ces  messieurs  ne  pensent  point; 
il  appuie  ses  pensées  de  celles  des 
grands  hommes  de  l'antiquité;  il 
les  juge,  il  les  combat;  il  conr 
verse  avec  eujç,  avec  son  lecr- 
teur,  avec  lui-même;  toujours 
original  dans  la  manière  dont  il 
présente  les  objets,  toujpurs  plein 
d'imagination ,  toujours  peintre  ; 
et  ce  que  j'aime  ,  toujours  sachant 
douter.  Je  voudrois  bi|^  savoir 
d'ailleurs  s'il  a  pris  chez  les  an- 
ciens  tout  ce  qu'il  dit  sur  nos 
modes ,  sur  nos  usages ,  sur  le 
nouveau  Monda  découvert  pres- 
que de  son  temps,  sur  les  guerres 
civiles  dont  il  étoit  le  témoin  ; 
sur  le  fanatisTne  des  sectes  qui 
désoloient  la  France.  »  M.  de  la 
Harpe  pensoit  de  même,  et  en 
a  fait  un  portrait  encore  plusap^* 
proFondi.  «  Montaigne,  dit-il,, 
avoit  beaucoup  lu  ;  mais  il  fondit 
son  érudition  dans  sa  philosophie» 
Après  avoir  écouté  les  anciens  et 
les  modernes ,  il  se  demanda  ce 
qu'il  en  pensoit.   L'entretien  fut 
assez  long.   Il   abuse  quelquefois 
de  la   liberté   de  converser  ,  et 
perd  de  vue  le  point  de  la  ques- 
tion qu'il  aVQÎt  établie.  Il  cite  de 
mémoire ,  et  fait   quelques  ap- 
plications fausses  ou  forcées  de^ 
passages  qu'il  rapporte.  Il  resserre 
un  peu  trop  les  bornes  de  nos 
connoissances  sur  plusieurs  ob-  , 
jets,  qu?  depuis,  l'expérience  et 
la  raison  n'ont  pas  trouvés  inac- 
cessibles. Voilà  je  crois  tou«  le« 


i£4        MON 

feproche*  qn'on  pent  loi  faire; 
nais  combien  ils  sont  cotnpensés 
par  les  éloges    qnon    Ini   doit. 
Comme  écrivain ,  il  a  imprimé 
a  notre  languie  une  énergie  qu'elle 
n'avoit  pas  avant  lai  ,  et  qui  n*a 
point  vieilli,  parce  'qu'elle  tient 
à  celle  des  sentimens  et  des  idées  , 
•t  qu'elle  ne  s'éloignp  pas.  comme 
dans  Ronsard ,  du  génie  de  notre 
Idiome.  Comme  philosophe ,  il  a 
peint  l'homme  tel  qu'il  est.  Il  loue 
sons  complaisance  et  blâme  sans 
misanthropie.  Il  a  un  caractère  de 
bonne  foi  ,   que  ne  peut  avoir 
aucun  autre  livre  du  monde.  En 
•ffet  y  ce  n'est  pas  un  livre  qu'on 
.    lit;  c'est  une  conversation  qu'on 
écoute  :    il  persuade  parce  qu'il 
n'enseigne  pas.  Il  parle  souvent 
de  lui  9  mais  de  manière  à  vous 
occuper  île  vous.  11  n'est  ni  vain  , 
ni  hypocrite ,  ni  ennuyeux:  trois 
choses  très-difficiles  à  éviter  lors- 
que Ton  parle  de  soi.  Il  n'est  ja- 
'  mais  sec  ;  son  cœur  on  son  ca- 
ractère est  par-tcut,  et  quelle 
foule  de  pensées  sur  tous  les  su- 
jets !  quel  trésor  de   bon  sens  ! 
que  de  confidences  où  son  his- 
toire est  aussi  la  nôtre  l  heureux 
€[ui  trouvera    la  sienne    propre 
dans  le  chapitre  de  l'amitié ,  qjii 
a  immortalisé  le  nom  de  l'ami  de 
Montaigne,  »  Le.s  meilleures  édi- 
tions de  ses  Essais ,  sont  celles 
de  Bruxelles,  1759 ,  en  3  vol. 
in-i2;de  Coste ,  1726,  3  vol. 
1n-4°,  avec  des  notes  ,  la  traduc- 
tion des  passages  grecs,   latins 
et   italiens  ;    diverses   lettres   de 
Montaigne  ;  la  préface  de  M^'®  de 
Gourifai  f    fille   d'alliance   de   ce 
philosophe  ;  et  un  Supplément , 
1740,  :n-4.*^  Cette  édition  a  été 
jéimpridiée  depuis  en   17395  à 
Trévoux,  sous  le  titre  de  Lon- 
dres ,  $  \o\,  in- 12.  Les  Feuillans 
N  de  Bordeaux  conservoient  cet  ou- 
(irjege  corrigé  de  la  main  de  Tau-:* 


MON 

tenr.  IL  Montaigne  donna  eif 
1 58 1  ime  traduction  francoise  , 
in-8**,  delà  Théologie  naturelle 
de  Raimond  de  Sehonde ,  savant 
Espagnol  ;  et  elle  avoit  été  pré- 
cédée dix  ans  auparavant,  d'une 
édition  in  —  8°  de  quelques  ou- 
vrages d'Etienne  de  la  Boêtie  » 
conseiller  au  parlement  de  Bor- 
deaux ,  son  intime  ami.  Dans  les 
Préfaces  qui  précèdent  ces  oti- 
vrages,   on  reconnoit    toujours 
Montaigne  ,    c'est-à-dire   uir 
homme  unique  pour  dire  forte-» 
ment  des  choses  neuves  et  origi- 
nales, qui   restent  gravées  dans 
la  mémoire.  III.  On  a  encore  de 
cet  auteur  des  Voyages  imprimés 
en  177a  ,  par  les  soins  ôeM^de 
Querlon  ,  en  un  vol.  in- 4*,  et  en 
3  vok  petit  in- 12,  avec  des  notes 
intéressantes.  Le  public  a  paru 
en   général  mécontent   de  cette 
Relation ,  que  l'auteur  avoit  mise 
au  rebut  comme  un  journal  in- 
forme et  minutieux  ,  dicté  rapi- 
dement à  un  domestique.  A  peine 
y  rencontre-t-on  quelques  phrases 
oïl   l'on   puisse   reconnoître  ?oit 
style ,  si  l'on,  en  excepte  sa  rela- 
tion de  Rome.  Ceoendant  connut 
on  y  trouve  des   morceaux  pré- 
cieux qui  tiennent  aux  mœurs, 
aux  arts ,  à  la  politique  ,  ou  qui 
font  connoître  le  génie  et  le  ca- 
ractère de  l'auteur,  on  a  très- 
bien  fait  de  l'imprimer.  Il  y  a 
plusieurs  choses    qu'on   aime  à 
voir  décrites  par  un  conterapo- 
raifi  et  par  un- témoin,  et  un  té- 
moin tel  que  Montaigne.  Les  pe- 
tits détails  de  la  dépense  dans  ses 
voyages,  peuvent   servir  à  fair» 
connoître  la  proportion  du  nu- 
méraire actuel  avec  celui  de  son 
temps. 

♦  IL  MONT  AIGU,  (Gilles 
Aycelin  de  )  archevêque  de  Nar- 
bônne  et  ensuite  4©  Rouen ,  mort 


MON 

'w  i3i8,  avoit  fondé  le  collée 
de  Montaigu  à  Paris  en  i3i4. 
—  Il  avoit  un  frère  dont  Gilles 
Ayoeli/i  de  Montai  ou  fui  l'iir- 
rière  petit-'fils.  Celai-<i  nommé 
chancelier  de  France  et  proviseur 
de  Sorbonne ,  sous  le  règne  du 
roi  Jean ,  fut  garde  des  sceaux  de 
€e  prince  pendant  sa  prison  en 
Anorleterre.  Mais  ayant  refusé 
généreusement  de  sceller  les  dons 
indiscrets  quti  le  monarque  faisoit 
à  des  seigneurs  Anglois,  il  fut 
■OQgédié.  Le  roi  Jeaa  le  rappela 
tnsuite  avec  honneur,  et  le  fit 
décorer  de  la  pourpre  par  le  pape 
Innocent  VJ ,  en  i36f.ll  rendit 
des  services  importans  à  la  France 
par  sa  prudence  et  par  sa  sagesse. 
Cet  illustre  prélat  mourut  à  Avi- 
çion  en  137.8  y  après  avoir  tra- 
vaillé à  la  réforme  de  l'université 
de  Paris* 

»  MONT -DORÉ  ,  (Pierre) 

•n  latin  Mons^Aurcus  ,  natif  de 
Paris ,  et  conseiller  ,  ou  ,  selon 
d'autres ,  maître  des  requêtes ,  fut 
chassé  d'Orléans  à  cause  de  son 
attachement  au  Calvinisme.  Il  se 
retira  à  Sancerre ,  où  il  mourut 
en  1570.  On  a  de  lui ,  un  Co/ti- 
mentaire  sur  le  dixième  livre 
SEiLclide.  Mont^Doré  avoit  suc- 
cédé à  Pierre  du  Chùtel ,  dans 
la  place  de  Mntlre  de  la  librairie 
du,  roi.  C'ctoit  la  bibliothèque 
royale  ,  déposée  alors  à  Fontai* 
nebleau^etqui  renfermoit,  i."les 
livres  de  Gharles  K,  au  nombre 
d'environ  910  vol.  ;  2.®  la  biblio- 
thèque de  Blois  formée  par  Char' 
les  VIII  et  Louis  XII ,  et  ou 
l'on  transporta  celle,  que  Ips  Vis-- 
4oati  et  les  S  force  ,  ducs  de 
Milan  ,  avoient  établie  à  Pavie  9 
et  celle  de  Pétrarque  ;  3.®  la  bi- 
bliothèque de  Louise  de  Savoie  9 
mère  de  François  I  ;  4.*'  enfin  ^ 
celle  d«  MargHÇj^Hc  de  YalQÏ^  ^ 


MON        ix^ 

sa  sosnr.  Le  célèbre  Amyot  suc* 
céda  à  Monl-Doré  dans  la  plac« 
de  bibliothécaire. 

MONTENAI,  (Georgett» 
de  )  étoit  fille  d'honneur  Ac  Jeanne 
d'Albret ,  reine  de  Navarre.  Sa 
beauté  et  son  esprit  en  firent 
l'ornement  de  la  cour.  En  1 371  , 
elle  fit  imprimer  l'ejcplication  eft 
vers  de  cent  emblèmes  ou  devises 
qn  elle  dédia  à  la  reine. 

♦  MONTESQUIEU,  (Charles 
de  Secondât ,  baron  de  (^  Brède 
et  de)   d'une  famille  distinguée 
de  Guienne ,  naquit  au  château 
de  la  Brède ,  près  de  Bordeaux  ^ 
le  iS  janvier  1689.  Il  fut  philo-- 
sophe  au  sortir  de  l'enfance.  Dès 
l'âge  de  vingt  ans ,  Montesquieu 
p réparoi t  les  matériaux  de  l^Es^ 
prit  des  Lois  «  par  un  extrait  rai» 
sonné  des  immenses  volumes  qui 
composent    le  Corps  du   Droit 
Civil,  Un  oncle  paternel  ,  pré- 
sident à  mortier  au  parlement  de 
Bordeaux ,  ayant  laissé  ses  biens 
et  sa  charge  au  jeune  philosophe  y 
il  en  fut  pourvu  en  1716.  Sa 
compagnie   le   chargea   six  ans 
après,    en   1722  ,  de  présenter 
des   remontrances    à   l'occasion 
d'un   nouvel  impôt  ,    dont  son 
éloquence  et  son  zèle  obtinrent 
la  suppression.  L'année  d'anpa— 
ravant  il  avoit  mis  au  jour  ses 
Lettres  Persanes  ,   commencées 
à  la  campagne  ,  et  finies  dans 
les  momens  de  relâche  que  lui 
laissoient  les  devoirs  de  sa  chiirge. 
Ce  livre  profond  sous  un  air  de 
légèreté  ,  annonçoit  à  la  France 
et  à  l'Europe  \m  écrivain  supé- 
rieur à  ses  ouvrages.  Le  Persan 
fait  une  satire  délicate  et  éner- 
gique de  nos'  vices ,  de  nos  tra- 
vers ,  de  nos  ri(3i^u}es  ,  de  nos 
préjugés,  et  de  la  bizarrerie  de 
nos  goûts.  C'est  le  tableau  le  plus 

«j)i<né  ^  l^  plMJ»  y^fà.  d#«  xQfsuri 


lié     MON 

Françdises  :  soii  piucean  est  léger 
et  hardi  ;  il  donne  à  tout  ce  qu'il 
touche  un  caractère  ori<rinah 
Toutes  les  lettres  ne  sont  pa*s 
cependant  d'une  égale  force  ;  il 
V  en  a  ,  dit  Voltaire ,  de  très- 
jolies  ,  d'autres  très  — hardies  ^ 
d'autres  médidcres,  d'autres  fri- 
voles ;  et  les  détails  de  ce  qui  se 
passe  dans  le  sérail  d*Usbeck  à 
Ispahan  ,  n'intéressent  que  foi- 
bleitient  les  lecteurs  François; 
On  peut  ehcore  reprocher  â  raii- 
teur  quelques  peradbxes  en  litté- 
rature ,  en  morale  et  en  politi- 
que 9  et  des  satires  trop  fortes  dé 
Louis  XIV  et  de  son  règne.  L^ 
succès  des  Lettres  Persanes  Ou- 
vrit à  Montesquieu  les  portes  dé 
i'acadéqnié  Françoise  ,  quoique  ^ 
de  tous  les  livres  où  l'on  a  plai- 
santé sur  cette  compagnie ,  il  n'jr 
en  ait  ^uère  ou  elle  soit  moins 
ménagée.  Ld  mort  de  Sacy ,  le 
traducteur  de  Pline,  ayant  laissé 
ime  place  vaeante ,  Montesquieu 
qui  s'étbit  défait  de  sa  charge  ^  et 
qui  ne  vouloit  plus  être  qu'homme 
de  lettres  )  s'y  présenta  pour  là 
remplir.  Le  cardinal  de  Fleury  ^ 
instruit  par  des  personnes  zélées^ 
des  plaisanteries  du  f^ersan  sur 
lies  dogmes  ,  la  «discipline  et  les 
itninistres  de  la  religion  Chré- 
tienne ,  lui  refusa  son  agrément. 
Il  ne  paroitra  pa«  étrange  que  ce 
fninistre  fit  quelques  difficultés, 
si  l'on  se  rappelle  la  Lettre 
(LiV.  75)  dans  laquelle  Usbeck 
fait  une  apologie  si  éloquente  et 
si  dangereuse  du  suicide  ;  une 
autre,  (  Liv.  27 )  oh  il  est  dit  ex- 
pressément que  les  évèqnes  n'ont 
d'autres  fonctions  que  de  dispen^ 
ser  de  la  loi  ;  une  outre  (^<'.  4  ) 
enfm ,  où  le  pape  est  peint  co Aime 
un  magicien  qui  fait  croire  que 
trois  ne  font  qu'un ,  que  le  pain 
qu'on  mange  nest  pas  du  pain,,. 
On  peut  ajouter  que  rapparition 


uôn 

deâ  Lettret  Persanes  est  M  firê^ 
mière  époque  de  ce  déluge  d'é^ 
crîts  qui  ont  paru  depuis  contre 
le  Christianisme  et  lé  gouverne-* 
ment'  Montesquieu  i  sentant  lé 
coup  que  l'exclusion  et  les  mé-* 
tifs  de  l'exclusion  pou^Oient  por-* 
ter   sur  sa  {Personne   et  sur  sa 
famille  ^  prit  un  tdur  très-adroit 
pour  obtenir  l'agrément  du  car- 
dinal. On  prétend  ^  (  c'eât  l'au- 
teur du  Siècle  de  Louis  XIV  qui 
rapporte  cette  ànebdoté  ;  inais 
elle  paroît  faussé  et  àanâ  Vrai- 
semblance :  )  qu'il  fit  faire  éri  peu 
de  jours  une  nouvelle  édition  de 
son  livre ,  dans  laquelle  On  re- 
trancha ou  on  adcmcit  tout  ce 
qui  pônvoit  être  condamné  pat 
iin  cardinal  et  pîàr  un  miriistrei 
Il  porta  lui— raéme  l'oiivrage  an 
Cardinal  de  Fleury ,  qui  ne  lisoit 
guère  ,  et  qui  en  lut  une  partie. 
Cet  air  de  cOnfidncé  ,  soutenir 
par  quelques  personnes  de  crë-J 
dit,  et  sur-tout  par  le  maréchd 
d*EstréeÈ  son  ami  ,  pour  lors  àU 
recteur  de  l'académie  Françoise^ 
ramena  ,  dit-on  ^  lé  cardinal ,  et 
Montesquieu    entrii    dans   cette 
Compagnie*  Son  diséOurs  dé  ré^ 
ception ,  fort  court ,  mais  plein 
de  traits  de  force  et  de  Infnière,' 
fut  prononcé  ié.24  janvier  1728^ 
Le  dessein  que  Montesquieu  avoit 
fondé  de  joindre  leS  nations  dàni 
soTl  Esprit  déi  Lois  i  l'obligea 
de  les  aller  étitdiet  che2(  elle^; 
Après    avoir    parccNirùl   l^Alle- 
magne ,  la  rfon^rie .  l'Italie ,  1* 
Suisse  eé  la  Hoifanaé^  il  se  fijni 

Srès  de  deux  ans  en  Angleterre/ 
fut  recherché  par  touSlesphi- 
losophe.^;  de  cette  islé ,  et  chéri 
par  leur  reine^  qui  é^)it  encore 
plus  digne  ({ii'rùx  de  converser 
avec  l'auteur  cfes  Lettres  P^^ 
sanes.  Des  ilifFérenteJ  observa- 
tions qu'il  fit  dans  seè  vcjyages, 
il  résnltoit  ^te  VMeiiiëfftéiWi^ 


î?. 


MON 

feîte  pour  f  voyager  ^  lltalie  pont 
f  séjourner ,  TAnglfeterre  pour  y 

gïnser ,  et  la  France  pour  y  vivre. 
e  retour  dans  sa  patrie  ,^il  mit 
la  dernière  main  à  son  onvrap;e  : 
Sim  la  cause  de  la  Grandeur  et 
de  la  Décadence  des  Romains, 
Des  réflexions  très -^Bnes  et  des 
peintures  très--fortes  donnèrent 
16  mérite  dé  la  nouveauté  a  cette 
matière  ,  traitée  tant  de  fois  et 
»ar  tant  d'écrivains  supérieurs. 
Tn  Romain  qui  anroit  eu  Tame 
du  grand  Corneille  ,  jointe  à  celle 
de  Tacite  ,  «l'auroit  rien  fait  de 
mieux ,  danrs  les  temps  les  plus 
(lorissans  de  la  république.  Cette 
Histoire  politique  de  la  naissan  e 
et  de  la  chute  de  la  nation  Ho** 
maine  ,   k  l'usage  des   hommes 
^état  et  des  philosophes ,  parut 
CD  1 7x34 ,  in- 1 1.  L'illustre  écrivain 
trouve  les  causes  de  la  grandeur 
des  Romains  dans  l'amour  de  la 
liberté ,  du  travail  et  de  la  patrie  ; 
dans  la  sévérité  de  la  discipline 
militaire  ;  dans  le  principe  où  ils 
^furent  toujours  de  ne  faire  jamais 
la  paix  qu'après  des  victoires.  Il 
trouve   les  causes  de   leur  dé- 
cadence   dans    ragrandiâsement 
même  de  l'état  ;  dans  le  droit  de 
bourgeoisie   accordé  à    tant  de 
nations;  dans  la  corruption  in- 
troduite par  le  luxe  de  l'Asie  ; 
dans  les  proscriptions  de  Sylla  ; 
dans  l'obligation  oh  les  Romains 
furent  de  changer  de  maximes 
en  changeant  de  gouvernement  ; 
dans  cette  suite  de  monstres  qui 
régnèrent,  presque  sans  inter- 
ruption ,  depuis  Tibère  t^isqy'à 
Constantin  /  enfin  y  dans  la  trans- 
lation et  le  partage  de  l'empire. 
jLe  génie  màie  et  rapide  qui  brille 
dans  la  Grandeur  des  Romains  , 
te  fit  encore  plu»  sentir  dans 
TEêPRiT  DES'iêis  p  publié  en 
1748 ,  en  2  Vq1./i»-4-''  Dans  cet 
«uvrage,  ^^;  est  plutôt- i'^f/i/i^ 


MON         tij 

des  Hâtions  que  Y  Esprit  des  Lots  ^ 
Tauteur  distingue  trois  sortes  de 
gonvernemens  :  le  Bépublicain  , 
le  Monarchique  et  le  Despotique* 
Le   Républicain  est  celui  où  le 
peuple  y  en  corps  ou  en  partie  , 
a   la   souveraine   puissance  \    lé 
Monarchique ,  celui  où  gouverne 
tin  seul  ^  mais  selon  des  lois  fixos; 
le  Despotique  ,  celui  où  un  seul 
entraine  tout   par   sa   volonté  ^ 
sans  autre  loi  que  cette  volonto 
même.  Dans  ces  divers  états  ,  les 
lois  doivent  être  relatives  à  leul* 
nature ,  c'est-à-dire  à  ce  qui  les 
constitue  ;    et  à  leur  principe  , 
c'est-à-dire  à  ce  qui  les  soutient 
et  les  fiait  agir  :  distinction  imw 
portante  ,  la  clef  d'une  infinité 
de  lois  ,  et  dont  l'auteur  tire  bien 
des  conséquences.  Les  principale» 
lois ,  relatives  à  la  nature  de  la 
Démocratie ,  sont  :  Que  le  peuple 
y  soit  à  certains  égards  le  mo- 
narque, à  d'autres  le  sujet  ;  qu'il 
élise  et  juge  ses  magistrats  ,  et 
que  les  magistrats  en  certaine» 
occasions  décident.  La  nature  de 
la  Monarchie  demande  qu'il  y  ait 
entre  le  monarque  et  le  peuple 
beaucoup  de  pouvoirs  et  de  rang» 
intermédiaire  ;  et  un  corps  dé-« 
positaire  des  lois ,  médiateur  en<« 
tre  les  sujets  et  le  prince.  La  na- 
ture du  Despotisme  exige  que  le 
Zyran  exerce  son  autorité,  ou 
par  lui  seul  ,  oti  par  un  seul  qui 
le  représente.  Quant  aux  prin- 
cipes  des  trois  gouvernemens  ^ 
ceifti  de  la  Démocratie  est  l'a— 
nrour  de  la  république ,  c'est-à- 
dire  de  l'égalité  :  ce  que  l'auteur 
exprime  par  le  mot  vague  de 
i^ertu*  Dans  les  Monarchies  ,  où 
un  seul  est  le  dispensateur  de» 
distinctions  et  des  récompenses  ^ 
et  oîi  l'on  s'accoutume  à  con- 
fondre l'état  avec  le  monarque  j 
le  principe  est  Yhonneur ,  c'est- 
o-dir^  lAïubitioa  et  ramour  d» 


\ 


liS       MON 

l'estime.  Sous  le  Despotisme  eil'^ 
En  ,  c'est  la  crainte.  Plus  ces 
principes  sont  en  vigueur  ,  plus 
le  gouvernement  est  stable  ;  plus 
ils  s'altèrent  et  se  corrompent , 
plus  il  incline  à  sa  destruction. 
Les  lois  que  les  Législateurs  flou- 
nent ,  doivent  ^tre  conformes 
aux  principes  de  ces  différens  gou- 
vérnemens.  Dans  la  république  , 
entretenir  Tégalitê  et  la  frugalité  j 
dans  hi  monarchie  ,  soutenir  la 
noblesse  )  sans  écraser  le  peuple  : 
sous  le  gouvernement  despotique^ 
tenir  également  tous  les  états  dans 
le  silence.  Si  l'on  excepte  le  Des- 
potique ,  qui  n'existe  point  tel 
que  l'auteur  Va  peint  ^  ces  gou- 
vernemens  ont  cnacun  leurs  avan- 
tages. Le  Républicain  est  plus 
propre  aux  petits  états ,  le  Mo- 
narchique aux  grands.  Le  flépu- 
blicain  plus  sujet  aux  excès  ..  le 
Monarchique  aux  abus.  Le  Ré- 
publicain apporte  plus  d«  ma** 
turité  dans  l'exécution  des  lois  , 
le  Monarchique  plus  de  promp- 
titude. La  différence  des  principes 
des  trois  p;ouvernemens  ^  doit  en 
produire  dans»  le  nombre  et  l'ob- 
jet des  lois.  Mais  la  loi  commitne 
de  tous  les  gouvernemens  mo- 
dérés et  par  conséquent  justes  5 
est  la  liberté  politique  dont  cha- 
que citoyen  doit  jouir.  Cette  li- 
berté n'est  point  la  licence  ab- 
surde de  faire  tout  ce  qu'on  veut , 
mais  le  pouvoir  de  faire  tout  ce 
que  les  lois  permettent-  La  li- 
berté, extrême  a  ses  inconvé- 
niens,  comme  l'extrême  servi- 
tude ;  et  en  général  la  nature 
humaine  s'accommode  mieux  ^'un 
état  mitoyen.  Après  ces  ob'ser-i 
varions  générales  sur  les  difFécens 
gouvernemens ,  l'autepj;  examine 
es  ré.compenses  qu'on  y  propose  ^ 
les  p.einès  qu'on  y  décerne  ,  les 
vertus  qu'on  y  pratique  ,  ainsi 
que  les  îautc«  qu'on  2*cc»'Bi2^<^^» 


MON 

f  édacution  qu'on  y  donne, le \iM 
qui  y  règne ,  la  monnoie  qui  y  a 
cours ,  la  religion  qu'on  y  pro-> 
fesse* «  Il  compare  le  commerétf 
d'un  peuple  ,  avec  celui  d'un  au-i 
tre  i  celui  des  anciens  ,  avec  celui 
d'aujourd'hui  ;    celui  d'Europe  ^ 
avec  celui  des  trois  autres  parties 
du  monde.  Il  examine  quelles  re«» 
ligioHS  conviennent  mieux  à  cer-» 
tains  climats ,  à  certains  gouver*^ 
nemens.  Le  18®  siècle  n'a  point 
produit  d'ouvrage  ^   oii  il  y  ait 
plus  d'idées  profondes  et  de  peu-* 
•z^.ei  neuves.  La  partie  la  plus  in** 
téressante  ,  de  l'histoire  de  tous 
les  temps  et  de  tous  les  lieux  ^ 
y  est  répandue  adroitement  ,jpoi«' 
éclaircir  les  principes ,  et  en  être 
éclaircie  à  son  tour.  Les  faits  de^ 
Viennent  entre  ses  mains  des  prin- 
cipes lumineux.  Son  style  ^  sans 
être  toiijours  exact  ^  est  nerveux* 
«  Il  n'étincelle  point ,  dit  un  au-* 
teur ,  il  échaulfe  ;   ce   sont  des 
idées  qui  se  pressent  ^  non  des 
phrases  qui  s'arrachent  ;  c'est  uil 
athlète  toujours  en    attitude.  » 
Images  frappantes  J  saillies  d'es*» 
prit  et  de  génie  ;  faits  peu  connus^ 
curieux  et  agréables  2  tout  con- 
court à  charmer  le  travail  d'untf 
longue  lecture.  On  peut  appelée 
cet  ouvrage,  le  Code  du  DroU 
des  Nations  ;  et  son  auteur ,  le 
Législateur  du,  genre  humain*  ÛA 
sent  qu'il  est  sorti  d'un  esprit 
libre  ,  et  d'un  cdeur  plein  de  cette 
bienveillance  générale  qui  em- 
brasse tous  les  hommes.  C'est  eri 
faveur  de  sçs  sentimens  qu'on  i 
pardonné  à  M.  de  Montesquieu'^ 
d'avoir  ramené  tdut  à  un  sys-* 
tème  ,  dans  Une  matière  où  il  W 
falloit  que  raisonne?  sans  iraa-* 
giner;  d'avoir  donné  trop  din- 
iluence  au   climat ,  aux  causêl 
physiques .  pi;éférablement»  fl«^ 
causes  motcuîes  (  Voyez  l'artic]» 
BoDiNjr  d'av^r  fait  un  t«îirf 

irréguJier, 


iri^giilier ,  une  chaîne  interroià- 
^ne ,  avec  les  plus  belles  parties 
tt  les  plus  beaux  chignons  ;  d'a- 
Voir  trop  souvent  conclu  du  par- 
ticulier au  général.  On  a  été  fa— 
lâié  de  trouver  dans  ce  chef— 
a'œuvre  ^  de  longues  digressions 
sur  les  lois  féodales  ,  des  exem— 
pies  tirés  des  voyageurs  les  plus 
décrédités  5  des  paradoxes  à   la 
place  des  vérités  >  des  plaisante- 
ries ou  il  falloit  des  réflexions  ^ 
•t  ce  qui  e^t  encore  plus  triste  ^ 
des  principes  de  déisme  et  d'ir- 
réligion. On  a   été  choqué  des 
titres  indéterniincs  qu'il  donne  à 
la  plupart  de  ses  chapitres  :  Idée 
iénérale  ,    Conséquence  >    Prô— 
^ne  ,  Réflexion ,  Continuation 
hméme  sujet ,  etc.  On  lui  a  re- 
l^oché  des   chapitres  trop  peu 
"tt  à  ceux  qui  les  précèdent  ou 
^  les  suivent ,  des  idées  vagues 
<t  CDD  fuses,  des  tours  forcés  ^ 
ta  style  tendu  et  quelquefois  re- 
cherché. Mais  s'il  ne  satisfait  pas 
tonjonrs  les   grammairiens  ,    il 
donne  toujours  à  penser  aux  phi- 
losophes ,  soit  en  les  fiaisant  en- 
trei'  dans  ses  réflexions  ^  soit  en 
leur  donnant  sujet  de  les  com- 
battre. Personne aa  plus  réfléchi 
^ûe  lui  sur  la  nature ,  les  prin- 
cipes ,  les  mœurs  ,  le.  climat  ^ 
léterrdué  ,  la  puissance  et  le  ca- 
lictère  particulier  des  états  ;  sur 
leurs  lois  bonnes  et  mauvaises  ; 
>nr  les  effets  des  châtimens  et 
Qçs  récompenses  ;  sur  U  reli— 
fioQ ,  l'éducation  9  le  commerce. 
L'article  à* Alexandre  renferme 
des  observations   profondes    et 
très~bien  rapprochées;  celui  de 
C^rlemagiie  offre  ,  en  »  pages  , 
pîûs  de  principes  de  politique  , 
JJïe  tous  les  livres  de  Baltkasar 
Oracian  /  celui  de  VEsclai'age  des 
^èg^es^  des  réflexions  d'autant 
î>lns  agréables  ,  qu'elles  sont  ca- 
^es  sous  une  ironie  très^plai- 

SvppL,    T0mc  II lé 


MON      n^ 

ÈKnte»  Son  tableau  du  gouverne- 
ment An^lois  est  de  main  dé 
maître.  Cette  nation  philosophé 
et  commerçante ,  lui  en  témoi- 
gna sa  reconnoissance  en  ijS%* 
M.  Dassier  ,  célèbre  par  les  Mé-* 
daiiles  qu'il  a  frappées  à  l'honneur 
de  plusieurs  hommes  illustres  ^ 
vint  de  Londres  à  Paris  pour 
frapper  la  sienhe....  Si  V Esprit 
des  Lois  lui  attira  des  homAiages 
de  la  part  des  étrangers ,  il  lui 
procura  des  critiques  dans  son 
pays.  Un  abbé  Débonnaire  donna 
le  signal  par  une  mauvaise  bro<-« 
chure,  en  style  moitié  sérieux  ^ 
moitié  bouffon.  Le  gazetier  ec-^ 
clésiastique  ,  qui  vit  finement 
dans  \ Esprit  des  Lois  une  de  0%% 
prottnctions  que  la  BuUe  UsiGÉ-^ 
NITUS  a  si  fort  multipliées ,  lança 
deux  feuilles  contré  l'auteur  ; 
l'une  9  pour  prouver  qu'il  étoit 
Athée  j  ce  qu  il  ne  persuada  k 
personne  :  l'autre,  poinr  démon- 
trer qu'il  étoit  Déiste  ,  ce  que 
ses  livres  n'uvoient  que  trop  feit 
penser*  Lilhistre  magistrat  rendit 
son  adversaire  ridicule  et  odieux  , 
dans  sa  Défense  de  VEsprit  des 
ïéOis.  Cette  brochure  est .  comme 
Ta  dit  un  auteur  ingénieux  ,  de 
la  raison  assaisorinée.  C'est  ainsi 
qi)e  Socraïe  plaida  devant  s>^% 
juges.  Les  grâces  y  sont  unies 
à  la  justesse  9  le  brillant  au  do-4 
lide ,  la  vivacité  du  tour  à  la  force 
du  raisonnements  Mais  quelqud 
esprit  et  quelque  raison  qu'il  y 
ait  dans  cette  défensQ ,  l'auteur 
ne  se  justifie  pas  sur  tous  les  re- 
proches que  lut  avoit  faits  son 
adversaire.  La  Sorbônne ,  excitée 
parles  cris  du  l^ouvelliste^  entre- 
prit l'exaitien  de  ^Esprit  des  Lois  « 
et  trouva  plnsi^rs  choses  à  re- 
prendre. Sa  censure ,  si  long-* 
temps  attendue  j  n  a  pas  vu  le 
jour  ,  et  ne  le  verra  point.  La 
meilleure  de  toutes  les  critiques , 

l 


136       MON 

si  on  en  jugeoit  par  Vimpresslon 
qu'elle  fit  sur  rautcnr ,  anroit  été 
celîe  de  M.  Dupln ,  fermier  gf— 
lierai ,  qui  avoit  nne  bibliothèque 
choisie  et  très-nombreuse  ^  dont 
il  savoit  faire  usage.  Montesquieu 
alla  s*en  plaindre  à  Mad.  la  mar?- 
qnise  de  Pompadour ,  an  moment 
ou  il  n'y  avoit  que  cinq  on  six 
exemplaires  de  distribués  a  quel- 
ques amis.  Mad.  de  Pompadour 
ht  venir  M.  Dapin  ,  et  lui  dit 
qu'elle  prenoit  VEspn't  des  Lois 
sous  sa  protection,  ainsi  que  «on 
auteur,  il  fallut  retirer  les  exem- 
plaires et  brûler  tonte  l'édition. 
Les  chagrins  quentraîncnt    les 
critiques  justes  ou  injustes  ,   le 
genre  de  vie  qu'on  forçoit  ISÎon^ 
lesquieu  de  mener  à  Paris ,  alté- 
rèrent  sa    santé    naturellement 
délicate.  Il  fut  nttaqné  au  com- 
mencement de  février  17  55,  d'une 
fluxion  de  poitrine.  La  cour  et  la 
ville  en  furent  touchées.  Le  roi 
lui  envoya  M.  le  duc  de  Niver-* 
nor's ,    pour  s'informer  de  son 
état.   Le  président  de  Montes-^ 
quieu  parla  et  agit  dans  ses  der- 
niers momens  ,  en  homme   qui 
vouloit  paroître  à  la  fois  Chré- 
tien et  philosophe.  Tai  toujours 
respecté  la  Beligion  ,   dit  —  il   : 
(  cela  étoit  vrai  h  certains  égards  ; 
car ,  s'il  avoit  paru  favoriser  Tin- 
Crédulité    dans   des  livres  ano- 
nymes ,  il  ne  s'étoit  jamais  mon- 
tré tel  en  public.)  La  morale  de 
L'Evangile',  ajouta -t- il,  est  le 
plus  beau  présent  que  Dieu  pût 
faire  aux  hommes»  Et  comme  le 
Père  Routh  ,  jésuite  Trlandois  , 
qui  le  confessa  ,   le  pressoit  de 
livrer  les  corrections  qu'il  avoit 
faites  aux  Lettres  Persanes  ,   il 
donna  son  manuscrit  à  Mad.  la 
duchesse  d'jiiguillon,  en  lui  di- 
sant :   Je  sacrifierai  tout  à  la 
Baison  et  à  la  Religion  ,  mais 
rien  aux  Jésuites.    Voyez  avec 


MON 

mes  amis  si  ceci  doit  paroft^âi 
Cette  illustre  amie  ne  le  quitta 
qu'au  moment  oii  il  perdit  toute 
connoissance ,  et  sa  présence  ne 
fnt  pas  inutile  au  repos  du  ma- 
lade. Car  on  a  appris  qu'un  jour, 
pendant  que  Mad.  la  duchesso 
éC Aiguillon  étoit  ail  !*e  diner  ,  le 
Père  Roath  étant  venu ,  et  ayant . 
trouvé  le  malade  seul  avec  son 
secrétaire ,  fit  sortir  celui-ci  de 
la  chambre  et  sy  enferma  sonsf 
clef.  Mad.  éC Aiguillon. ,  revenue 
d'abord   après  diné ,  s'approcha 
de  la  porte  ,  et  entendit  le  ma- 
lade qui  parloit  avec  émotion. 
Elle  frappa ,  et  le  jésuite  ouvrit  : 
Pourquoi  tourmenter  cet  homme 
mourant  ?  lui  dit-elle.  Alors  la 
président  de  Montesquieu ,  re- 
prenant lui-même  la  parole,  lui 
dit  :  Voilà  ,  Madame ,  le  Père 
Houth ,  qui  voudrait  m'ohliger  de 
lui  livrer  la  clef  de  mon  armoire 
pour  enlever  mes  papiers.  Mad. 
d'Aiguillon  fit  des  reproches  de 
cette  violence  au  confesseur ,  qai 
s'excusa  en  disant  :  Madame ,  il 
faut  que  j'obéisse  à  mes  Supé^ 
rieurs;  et  il  fut  renvoyé  sans  rien 
obtenir.  Ce  fut  ce  jésuite  qui  pu- 
blia après  la  mort  de  Montes" 
qaieu  ,  une  Lettre ,  dans  laquelle 
il  fait  dke  à  cet  illustre  écrivain; 
«  que  c'étoit  le  goût  du  neuf  ^ 
du  singulier  ,  le  désir  de  pass(*r 
pour  un  génie  supérieur  aux  pré- 
jugés et  aux  maximes  communes; 
l'envie  déplaire  et  de  mériter  lei 
appLiudissemens  de  ces  personnes 
qui  donnent  le  ton  à  l'estime  pu- 
blique ,  et  qui  n'accordent  jamais 
plus  sûrement  la  leur,  que  quand 
on  semble  les  autoriser  à  seconçf 
le  joug  de  toute  dépendance  et  ds 
toute  contrainte,  qui  lui  avoienf 
mis  les  armes  à  la  main  contre 
la  Religion.  »  Quoi  qu'il  en  soit 
de  cet  aveu ,  démenti  peut-être 
trop  iégèrenifnt  par  les  amisdf 


i 


MON 

Ituteur  de  l'Esprit  des  Luis  ,'  le 
détail  dans  lequel  nous  sommes 
entrés  est  trop  curieux  ,  à  bien 
des  égards,  pour  ne  pas  porter 
avec  îiri— même  son  excose.  Le 
président rf^  Montesquieu  mourut 
îe  10  février  1755  ,  à  râ«:e  de  6S 
ans.  I)  fnt  refrretté  autant  pour 
son  «^énie ,  que  pour  ses  qnaHtis 
personnelles.  Quoique  naturelle- 
ment  économe  ,    il  Sft^it  être 
généreux  (*).  Ne  se  tourmentant 
poar  personne ,  et  n'a5-nnt  pas 
pourhn-méme  d'ambition  ^  sa 
donceur,  sa  gaieté  ,  sa  politesse 
étoient  toujours  égales.  Sa  con- 
Tersation  ,   légère  ,  piquante  et 
instructive  ,  semée  de  bons  mots 
A  de  mots  d'un  grand  sens ,  et  oit 
coupée  par  dés  distractions  qu'il 
l'afFectoit  jamais  et  qui  plaisoient 
toujours.  On  connoit  la  réponse 
fa'il  fit  à  quelqu'un  qui  lui  rap- 
^ortoit  un  trait  difficile  à  croire, 
Ml  que  ce  grand  homme  afFectoit 
(le  regarder  comme  tel.  Le  nar- 
rateur ,  à  chaque  doute  de  la  jjart 
<ie  son  auditeur  9  s'émerveilloit  à 
protester  de  sa  véracité.  Enfin, 
pour  dernier  trait  :  Je  vous  donne 
Ma  têie ,  dit-il  à  Montesquieu  , 
«t . . . .  '■^J'accepte le  présent ,  in- 
tefrompit  celui-ci ,  les  petits  dons 
entretiennent  l'amitié.  Comme  il 
ne  cherchoit  pas  à  briller ,  et 
^*il  avoit  conservé  l'accent  pns- 
ton ,  il  paroissoit  mettre  plus 
desprit  dans  ses  livi'es  que  dans 
ta  conversation  ,  qui   étoit   ce- 
pendant telle  que  nous  l'avons 
peinte.  Il  ne  von I oit  pas  la  soi- 
pier ,  et  n'y  cherchoit  que  le 
plaisir  et  le  délassement.  Peu  re- 
•herché  dans  sa  parure ,   il  ne 


MON        13X 

conftoissoit  pas  le  faste  ,  et  n*en 
avoit  pas  besoin  pour  s'annoncer.- 
Les  grands  le  recherchoient  ;  mais 
leur  société  n'étoit  pas  nécessaire 
à  son  bonheur.   Il  fuyott  ,   dès 
qu'il  ponvoit ,    à   sa  terre.  On 
voyoit  cet  homme  si  grand  et  si 
simple,  sous  un  arbre  de  la  Brède, 
conversant  dans  le  patois  du  pay« 
avec  fies  paysans  ,  assoupissant 
leurs  querelles  et  prenant  part  à 
leurs  peines.  S'il  parut  quelque^ 
fois  trop  jaloux  des  droits  sei-* 
gneuriaux  ;  s'il  fut  plus  attaché 
qu'un  philosophe  n*anroit  dû  l'è* 
tre  aux  prérogatives  de  la  nais« 
sauce  ,    on   excasoit  en  lui  ces 
foiblesses  ^  qui  furent  celles  da 
Montaigne  et  de  quelques  autres 
sages.    Montesquieu    étoit    fort 
doux  envers  ses  domestiques.   Il 
lui  arriva  cependant  un  jour  dai 
les  gronder  vivement  ;  viais  se 
tournant  aussitôt  eu  riant  vers 
une  personne  témoin  de   cettd 
scène  :  Ce  sont ,  lui  dit  -  il ,  des 
horloges  qu'il  est  quelquefois  be*» 
soin  de  remonter.  On  a  publié 
après  sa  mort  un  recueil  de  ses 
Œuvres  ,  en  3  vol.  in-4.**  Il  y  a 
dans  cette    collection   quelques 
petits   ouvrages  dont  nous  n'a- 
vons pas  parlé.  Le  plus  remar- 
quable est  le  Temple  de  Gnide  ^ 
espèce  de  poëme  en  prose  ;  oit 
l'auteur  fait  une  peinture  riante, 
animée ,  quelquefois  trop  volup- 
tueuse ,  trop  fine  et  trop  recher- 
chée, de  la  naïveté  et  de  la  déli- 
catesse de  l'amour,  tel  qti'il  est 
dans  une  a  me  neuve.  Cette  ba- 
gatelle eut  le  plus  grand  succès 
au  moment  qu'elle  parut  ;  mais 
on  s'apperçut  bientôt  «  que  1« 


(*)  L'acte  de  bienfaisance  qu'il  fit  à  Mtrseille  9  en  donnant  m  bourse  à  un 
)eane  batelier ,  et  en  consignant  secrètement  une  somme  d'argent  à  un  banquier  y 
IPvr  racheter  le  père  de  cet  inforttmé  ,  pris  par  un  corsaire ,  et  esdâTC  en  A£riqoe  y 
i  été  publié  dans  les  Journaux  ,  et  a  donné  lieu  à  un  dtame  intéressant  y  xepréseatf 
«vce  succès  en  17S4  »  sous  le  titre  du  Pit^fait  anonyme*  ' 


I  X 


13»        MON 

fond  n*en  ëtoit  pas  assez  atta* 
chant  ;  que  la  fable  en  étoit  pe* 
tite..  et  noyée  dans  trop  de  des- 
criptions 9  ^ne  les  pefsonna^s 
B*étoieilt  ni  assez  caractérisés  ^ 
ni   assez  variés  ;    qu'enfin  il  y 
a  voit  de  la  recherche  et  de  l'af- 
fectation dans  le  style  ;  beaucoup 
plus  de  iralanter ie  et  d  esprit  que 
de  sentiment  et  d'imagination  ^ 
et  qu'en  général  l'ouvrage   n'é- 
toit  gucres  qu'un  lieu  commiiD 
parsemé  de  traits  heureux.  On 
se  souvint  alors  que  M,  rie'Moa-' 
tetquUu  dans  les  Lettres  Tersa-^ 
nés ,  a  voit  parlé  des  poètes  avec 
assez  de  mépris  ;  et  l'on  crut  voir 
dans  le  Temple  de  Gnide  la  pré^ 
tention  d'être  po«te  sans  écrire 
en  vers.  On  savoit  que  Fauteur 
avoit    inutilement  essayé    d'en 
faire;  et  c'est  lUie  foiblesse  dont 
plus  d^n  grand  homme  a  été 
tusceptible,  de  déprécier  ce^u'on 
ne  pent  atteindre.  »   C'est  ainsi 
que  M.  de  la  Harpe  pense  du 
(temple  du  Gnide ,  et  sa  critique 
est  sévère  sans  être  injuste.  On 
peut    cependant    lui    demander 
grâce  pour  quelques  tableaux  4 
tel  que  celui  des  Sybarites  ,   et 
pour  quelques  autres  d'un  coloris 
agréable.Denx  de  nos  poètes  Fran- 
çois (  MM.  Colardeaa  et  Léo-^ 
nard)  ont  prêté  au  Temple  de 
Gnide  >  le  charme  des  vers  :  le 
premier  l'a  ftiis  en  grands  vers 
françois  ^  le  second  a  vari^  la 
mesure  à  chaque  chanLOh  trouve 
encore  à  la  fin  de  l'ouvrage  de 
Montesquieu  ,  un  fragment  suV 
le  Goût ,  ou  il  y  a  plusieurs  idées 
neuves  et  quelques -«  unes  obs- 
cures. M.  de  Secondât ,  digne  fils 
de  ce  grand  homme  ,  conserve 
dans    sa    bibliothèque    six    vol. 
ln*4^9  manuscrits ,  soUs  le  titre 
de  Matériaux  de  V Esprit  des  Lois, 
et. des  lambeaux  de  YHistoire  de 
Théod9r£Cg  roi  ÔM  Ostroj^oths. 


MON 

Mbu  le  public  ne  fouira  pas  de 
ces  fragmens  ^  non  plus  que  d'un^i 
Histoire  .de  Louis  XI ,  que  son 
illustre  père  fêta  au  feu  par  mé-* 
garde  ^  croyant  y  jeter  le  brouilloa 
que  son  secrétaire  avoit  déjà  bru-* 
lé.  M*  de  Leyte  a  publié  en  17S8  ^ 
in—  I  z  ,  le  Génie  de  Montesquieu*, 
Cest  un  extrait ,  fait  avec  choix  ^ 
des  plus  belles  pensées  répandues 
dans  les  dsffîérens  ouvrages  de  cet 
écrivain  ,  qui  avoit  approuvé  lui-» 
même  l'idée  de  cet  abrégé,  é  On 
n'y  trouve,  dit  l'abr^viateur  ,  qua 
des  anneaux  détachés  d'une  Ion-* 
gne  chaîne  ;    mais  ce   sont  des 
anneaux  d'or.  »  On'  a  donné  en 
1767  ,  in  -  f  2  ,  les  Lettres  fa^ 
miUères  de  M*  Montesquieu,  U  y 
en  a   quelques-unes   qu'on  lit 
avec  plaisir  9  et  dans  lesquelles 
on  recènnoit  l'auteur  des  Lettret 
Persanes  /  les  antres  ne  sont  qua 
de  simples  billets ,  qui  n'étoient 
pas  faits  pour  Timpression.   On 
a  publié  aussi  son  roman  d'^lr^ 
sacà ,  annoncé  d'abord  avec  em-^ 
phase  et  qni  n  fait  pne  médiocre 
sensation  dons  le  public.  Le  pr^ 
sident  de  Montesquieu  laissa  un 
fils ,  JeanrBaptiste  de  Secondât» 
conseiller  au  parlement  de  Bor<« 
deaux  ^   de  l'académie  de  cette 
ville  9  et  de  la  Société  royale  de 
Londres ,  mort  à  Bordeaux ,  la 
17  juin  1796  987^  ans.  Quoi- 
qu'il eût  de  l'esprit ,  des  lumières 
sur  tous   les  arts,   et  qu'il  eût 
cultivé  avec  quelque  succès  les 
sciences  exactes ,  l'histoire  na-« 
turelle  9  et  sur-tout  ce  qui  con- 
cernoit  l'agriculture,  il  n'acquit 
point  la  réputation  qu*il  auroit 
eue  ^  s'il  avoit  possédé  l'art  de 
se  faire  valoir.  11  avoit,  comms 
du  Marsais  ,  l'air  d'un  nigaud  y 
et  BQS  continuelles   distractions 
ajoutolent  à  cet  air  ;  mais  cen< 
qui  pouvolent  percer  à  traveri 
oatte  éfi^rce  peu  favorable  y  ^ 


i 


MON 

foi  appliipioient  point  le  vers  de 
Bacine  le  père  que  le  satirique 
Ckevrkr  av oit,  tourné  contre  Ha- 
fine  le  fils  :  et  moi  fils  inconna 
d'un  si  glorieux  père.  Ils  étoient 
fur-tout  touchés  de  sa  candenr  , 
de  sa  bonté ,  de  sa  modestie ,  de 
sa  simplicité.  Bon  mari ,  père 
tendre  ,  ami  snr  ,  il  se  fît  aimer 
par  les  vertus  privées  et  estimer 
par  ses  senti  mens  patriotiques  ; 
sa  philosophie  étoit  d'autant  plus 
solide  qu'elle  étoit  fondée  sur  la 
religion.  On  a  de  lui  :  I.  Obser^ 
votions  de  physique  et  é^ Histoire 
naturelle  sur  les  eaux  minérales 
des  Pyrénées  ,  Paris  9  1 7  5  o,  in—  1 2. 
n.  Considérations  sur  le  cêm^ 
nerce  et  la  navigation  de  la 
Orande^Bretagne ,  1740,  in- il. 
UL  Considérations  sur  la  marine 
militaire  de  France  ,1756  ,^in-8.* 
fi  fit  imprimer  ce  livre  à  Lon- 
ges y  oh  il  étoit  alors  9  et  on 
cet  ouvrage  fut  mal  accueilli , 
parce  q;u'il  donnoit  une  trop 
gnmde  idée  ée  la  puissance  na- 
vale des  François  ;  idée  démentie 
bientôt  par  les  événemens.  Le 
président  de  Montesquieu  avoit 
aussi  une  fille  mariée  è  hu  de  ses 
parens,  Secondât  d'Agen,  laquelle 
porta  en  dot  à  son  époux  la 
terre  de  Montesquieu,  Elle  avoit 
été  élevée  au  monastère  du  Pa- 
radis ,  près  du  port  Ste-Marie. 
Z^s  religieuses  lui  dictoient  les 
lettres  qu'elle  écrivoit  à  son  père. 
Montesquieu  8*en  apperçut^  et  lut 
répondit  :  Ecris  toi-même ,  ma 
cferf  fille  ;  j'aime  mieux  tes  pe^ 
^tes  niaiseries  que  tous  les  traits 
^tsprit  que  ces  Dames  peuvent 
te  fournir.  Voyez  I.  FiTZ- 
James. 

II.    MONTESQUIOU 

^Fbzbwsac,  (Anne -Pierre) 
laeoibre  de  l'académie  Françoise , 
ïiétn  1741  ,  fut  nommé  député 


MON      \%^ 

aux  Etats  généraux  parla  noblesse 
de  Paris  ,  et  quitta  bienjôt  leS 
délibérations  de  son  ordre  pour 
passer  dans  la  chambre  du  tiers- 
état*  Il  prononça  un  grand  nonw 
bre  de  rapports  sur  les  finances  9 
et  sut  profiter  de  Topiniqn  pu- 
blique qu'il  dirigea  sur  cette  par<^ 
tie  ,pour  ne  pas  perdre  sa  fortune. 
Nommé  général  après  la  session  , 
il  prit  le  commandement  de  l'ar- 
mée du  Midi ,  et  dénonça  les  pré- 
paratifs de  guerre  faits  par  l'Au- 
triche et  la  Savoie  :  bientôt  il 
s'empara  de  cette  dernière  pro- 
vince. Décrété  d'accusation  ,  !• 
1 1  novembre  1792  9  par  Ta  Con- 
vention ,  pour  cause  de  dilapida-- 
tion  ;  peur  avoir  profité  des  mar- 
chés qu'il  avoit  passés  pour  le 
besoin  de  ses  troupes  9  avoir  cher- 
ché à  favoriser  le  roi  de  Sar— 
daigne  ,  et  avili  la  dignité  na- 
tionale dans  un  traité  avec  l'état 
deGenève,  les  commissaires  char« 
gés  de  l'arrêter  dans  cette  der- 
nière ville  )  ne  l'y  trouvèrent  plus. 
Il  s'étoit  retiré  au  fond  /de  I4 
Suisse.  En  quittant  son  armée  y 
il  emporta  la  caisse ,  en  dédom- 
magement des  biens  qu'il  laissoit 
en  France.  Après  avoir  fait  sou 
compte  qu'il  adressa  à  Ta  dan— 
vention  9  il  le  termina  par  cet 
mots  :  Je  ne  suis  point  un  fri» 
pon  ;  mais  fe  ne  serai  pas  votre 
dupe.  Un  décret  du  3  septembre 
1735  9  laissa  à  Montesquiou  U 
liberté  de  revenir  dans  sa  patcie  ^ 
et  il  f  est  mort  à  la  fin  de  173^.. 
On  Ta  accusé  d'un  peu  dé  du- 
plicité politique.  Ses  opuscules 
en  finances  sont  écrits  avec  fi- 
nesse et  beaucoup  d'esprit;  il  le» 
débitoit  mal  9  ayant  un  organd 
sombre  et  peu  ftatfeur.  Le  plut 
considéral^e  est  intitulé  ;  de  tAd>' 
ministration  des  financés  dans 
une  république.  «  On  y  voit,  dit 
M.  Rœderer ,  un  véritable  xèfe 

1 1 


1^       M. ON 

pour  Ife  gouvernement  sous  le-r 
quel  il  vivoit  ;  on  y  voit  aussi  un 
talent  très-propre  à  le  servir.  Ja- 
mais on  ne  lui  a  entendu  dire  un 
mot  qui  annonçât  le  moindre  re- 
fpret  de  l'existence  qu  il  avoit  avant 
la  révolution;  il  étoit  pourtant 
lin  dei  hommes  à  qui  elle  avoit 
Tait  perdre  le  plus  d  honneurs  , 
de  pouvoir  et  de  richesses.  Son 
caractère  avoit  besoin  des  mœurs 
républicaines ,  mais  non  de  fdste 
ni  de  titres  pour  se  faire  distin- 
guer dans  la  société  ,  ni  d'être 
distingué  par  la  multitude  pour 
être  heureux.  Il  aimoit  les  livres; 
lisoit  les  romans  nouveaux ,    et 
les  trouvoit  tous  assez  bons  paFce 
qu'il  pleuroit  a  leur  lecture ,  sans 
se  douter  que  le  secret  de  son 
attendrissement  étoit  en  lui ,  non 
en  eux.  Il  aimoit  tendrement  sa 
femme ,  ses  enfans ,  ses  amis  ^  et 
en  étoit  aimé  de  même.  » 

MONTEU  ,  (Jérôme  de) 
Connu  par  le  nom  latin  de  Mon^ 
iicuA  ,  médecin  du  dernier  siècle , 
A  publié  en  latin  un  rraité  sur 
l'art  de  prolonger  la  vie  et  de 
conserver  la  santé  ,  traduit  en^ 
suite  en  François  par  VaLcèlas. 

II.  MONTFAUGON  d9 

RoGifcES,  (N**.)  écuyer  ordinaire 
ùi  la  petite  écurie  du  roi ,  a 
laissé  un  iVa^^^  d'équitation  y  es- 
timé et  publié  en  1779  9  in-4.° 
L auteur  mourut  en  1774. 

*  I.  MOxVTFLÊUIlY ,  (  Za- 

charie  Jacob ,  dit  )  d'une  iîamille 
noble  d'Anjou ,  naquit  vers  la  iin 
du  16*  siècle ,  ou  au  commence- 
n»ent  du  17.*  Après  avoir  fait 
6:^s  études  et  .ses  exercices  mili- 
taires, il  fut  pag,e  chez  le  duc 
de  Guise\  Passionné  pour  la  co- 
médie ,  il  suivit  une  troupe  de 
comédiens  qui  couroit  les  pro- 
vinces,  et  prit  polir  iç  déguiser  ^ 


MON 

le  nom  de  Montjleury,  après  avoir 
quitté  celui  de  Ja#oî»;  qui  étoit 
son  nom  de  famille.  5on  talent 
le  rendit  bientôt  célèbre ,  et  li^ 
procura  l'avantage  d*ôtre  admis 
dans  la  troupe  de  l'Hôtel  de  Bour- 
gogne. Il  joua  dans  les  pi^mières 
représentations  du  Cid,  en  i637.« 
Il  est  auteur  d'une  tragédie  in- 
titulée ,    la   Mort  d'Asdrubal  , 
faussement  attribuée  à  son  hls, 
qui  n'avoit  alors  que   sept  ans. 
Montjleury  mourut  au  mois  de 
décembre  1 6(>7  ,  pendant  le  cours 
des  représentations  d' Androma" 
que.  Les  uns  attribuent  sa  mort 
aux  efforts  qu'il  fit  en  jouant  le 
rôle  d'Oreste  ;  d'autres  ajoutent 
que  son  ventre  s'ouvrit,  malgré 
le  cercle  de  fer  qu'il  étoit  obligé 
d'avoir  pour  en  soutenir  le  poids 
énorme.  M^'e  Duplessis  ,  sa  pe- 
tite-fille ,  a  écrit  que  ces  bruiti 
sont  faux  ,  et  que  Montfteury , 
frappé  par  le  discours  d'un  in- 
connu qui  lui  avoit  prédit  une 
mort  prochaine ,  mourut  peu  de 
jours  après   avoir  joué  le  rolt 
d'OresU,  Dans  l'ouvrage  ,  inti- 
tulé :  Le  Parnasse  réformé  ,  oa 
fait  parler  ainsi  ce  comédien  : 
«  Qui  voudra  savoir  de  quoi  je 
SUIS  mort ,  qu'il  ne  demande  point 
si  c'est  de  la  fièvre  ,  de  l'hydro- 
pisie  ou  de  la  goutte ,  mais  qu'il 
sache   que   c'est   dL  Andromaqae» 
Nous  sommes  bien  foux  de  nous 
mettre  si  avant  dans  1^  cœur  des 
passions  qui ,  'ont  été  qu'au  bout 
de  la   plume    de    messieurs   les 
poëtes  !  Il  vaudroit  mieux  bouf- 
fonner  toujours,    et  crever, de 
rire  ,  en   divertissant  les  bour- 
geois ,^que  crever  d'orgueil  et  dç 
dépit,  pour  satisfaire  les  beaux 
^esprits.  Mais  ce  qui  me  fait  plus 
de  peine  ,  c'est  qnAndroma^tie 
va  devenir  plus  célèbre  par  la  ci^ 
constance  de  ma  mort  ;  et  qn^ 
désormaû  il  n'y  ajirA  plus  (^ 


MON 

2K>ête  qni  ne  veuille  avoir  Thon- 
neur  de  crever  un  comédien  en 
ut  vie.  »  Il  étoit  si  gros  ,  que 
Ciranô  de  Bergerac  disoit  de  lui  : 
li  fait  le  fier  ,  parce  qu*on  ne 
peut  pas  îe  bdtOAner  tout  entier 
tn  un  jour,  La  gloire  de  Mont-* 
pury  est  d'avoir  été  le  premier 
maître  de  Baron  ,  qui  le  8iir<* 
pasia. 

MONT^pOLFIER,  (Jacques- 
Etienne  )  né  à  Annonay  ^  s'y  ren- 
dit célèbre  par  ses  manufactures 
de  papeterie  ,  et  a  été  le  premier 
tn  France   qui  ait   fabriqué  le 
papier  vélin.  Ce  papier ,. remar- 
quable par  son  poli  et  sa  b]au- 
cbeur  ,  ne  présente  ni  vergéuret 
ni  pontuseanx*  Après  avoir  en« 
rlcbi  sa  patrie  par  cette  nouvelle 
branche  .d'industrie ,  il  s'est  ira-* 
iDortalisé  en  1 783  •  par  rinven<*> 
tion  dè«  ballons  aérostatiques  ^ 
qui  lui  mérita  l'association  à  Ta* 
cadémie  dea  Sciences  9  le  cordon 
de  Saint— Micbel  ^  et  une  pension 
de  denx   mille  livres.    li  faisoit 
bouillir  de  l'eau  ^  chez  lui ,  dans 
nne  cafetière  i  il  la  couvre  d'un 
'  papier  spbériquement  ployé  :  le 
papier  s'enfle^  s'enlève.  Il  réitêne 
l'expérience;  elle  produit  le  même 
résultat  :  il  calcule ,  réfléchit  ^  et 
conçoit  l'aréostat  par  l'effet  d'un 
air  raréBé ,  devenu  plus  léger  que 
fair  atmosphérique  ;  et  l'Europe 
étonnée  voit  les  hommes  s'em— 
parer  du  domaine  des   airs  et 
le  dispnter  à  l'oiseau  ,  qui  s'en 
croyoit  exclusivement  possesseur. 
Etoit-il  donc  si  dilEcile  de  voir 
•  enlever  un  papier  sur  une  ca- 
fetière? Non ,  sans  doute.  Pour- 
quoi donc  tant  de  gens  ont^-ils 
observé  le   même   résulttit  ,   et 
personne  n'a-t-il  devancé  Mont^ 
solfier  dans  sa  découverte  ?  (î'est 
^e  nulle  observation  n'esl  in- 
'  Âfi^rente  pour  l'homme  d'eepcit 


MON        1)5 

Les  ftioensions  de  MM.  Charles, 
Robert  et  Blanchard  ,  ont  ob^ 
tenu  une  juste  ad  m  i  rat  ion.  Des 
hommes  audacieux  franchissant 
l'atmosphère  dans  une  frêle  ma- 
chine 9  s'élevant  et  s'abaissant  k 
volonté ,  dévoient  naturellement 
l'excitar.;  mais. il  y  a  loin  dé  cei 
heureux  essais  ,  aux  moyens  qui 
resteront  probablement  incon^ 
nus  ,  de  naviguer  horizontale-» 
ment  ^  et  de  diriger  les  ballons 
au  gré  des  voyageurs  aériens. 
M.  Boissy  d'Anglai  a  inséré  dans 
le  Journal  de  Paris  ,  V Eloge  do 
l'inventeur ,  mort  en  fructidor 
de  l'an  sept  ;  et  il  a  été  pro^ 
nonce  à  la  même  époque  ,  à  An-* 
nonay  ,  par  M.  Duret ,  mé-* 
decin. 

IL  MONTIGNI,  (Etienne 
Mignol  de)  né  à  Pari/ le  i5  d&«> 
cembre  17149  acheta  une  chnrga 
de  trésorier  de  France  ,  et  devint 
commissaire  des  ponts  et  cliaus-* 
sées ,  çt  grand  voyer  de  la  géné-r 
ralité  de  Parisl  Dès  3on  enfance^ 
il  montra  le  plus  grand  goût  poujç 
les  mécaniques.  A  l'âge  dé  di^c 
ans  s'étant  cassé  la  jambe  ^  o;i  ]# 
trouva  occupé  à  remonter  sa 
montre  ^  dont  il  avoit  détaché 
toutes  les  pièces.  «  J'ai  voulu  voir 
soname,  dit-il.  »  Mo nligaC  sui- 
vit l'abbé  de  Venlndour  ,  son 
ami,  à  Rome  ,  à  Naples,  en 
Sicile.  Par-tout  il  observa  ,  ei^ 
homme  instruit ,  les  mœurs  des 
peuples  et  les  productions  de  leurs 
arts.  De  retour  en  France  ,  en 
1740  5  l'acadcmie  à.Q&  Sciences  le 
nomma  Tun  de  ses  membres.  Ami 
de  Tnidainc ,  celui-ci  le  consul- 
toit  sur  tous  fes  objets  de  pros- 
périté commerciale  ;  et  nos  ma- 
nufactures lui  doivent  l'introduc- 
tion de  diverses  étoffes  dont  la 
fabrication  n'étoit  connue  qu'en 
Angleterre.  MonUgni,  non*sea^ 

14 


i3<        MON 

lement  perfectionna  le»  teinbareê 
en  fil  et  en  coton  ,  mais  il  ré* 
taUit  les  ateliers  de  Beanvais  et 
d'^nbusson  ,  et  créa  dans  cette 
dernière  ville  nne  £ibriqne  de 
tapis  de  pietl,  recherches  pour 
Fagrément  du  dessin.  Il  n'a  fait 
imprimer  q^a'an  levà Mémoire  sur 
les  Riathématiqnes  ;  mais  le  re- 
caeil  de  l'académie  des  Sciences 
renferme  un  grand  nombre  de 
ses  Observations  sur  l'améliora* 
tion  de  diverses  branches  d'in— 
dnstrte.  Ce  savant  utile  est  mort 
le  6  mai  1782.  —'Le  lendemain , 
7  mai,  Jean-Charles  BidatU  de 
MoNTMGKi  mourut  aussi  à  Paris. 
Celui-ci  a  laissé  des  Poésies  mé- 
diocres 9  des  Parodiés  de  Siémi-^ 
Tamis  et  d'Astarhé,  nne  comédie 
en  cinq  actes,  intitulée  X Ecole 
des  Omciers ,  et  un  Eloge  funè- 
bre de  Marie  Leczinska  ,  reine 
de  France» 

MONTLUEL ,  (N.  Jussieu-) 
conseiller  en  la  cour  des  Mon- 
noies  de  Lyon ,  sa  patrie  ,  et 
membre  de  l'académie  de  cette 
vjlle,  réunit  le  goût  de  la  litté- 
rature et  des  arts ,  à  la  connois- 
sance  des  lois.  Magistrat  éclairé , 
homme  utile ,  il  défendit  l'intérêt 
de  ses  concitoyens  dans  plusieurs 
circonstances,  et  ne  négligea  ja- 
mais l'occasion  de  faire  le  bien. 
Il  est  auteur  de  deux  Ouvrages 
d'Un  style  rapide  et  clair  »  qui 
peuvent  servir  de  guide  dans  l'é- 
tude du  droit,  et  dont  le  grand 
nombre  de  réimpressions  fait 
assez  l'éloge.  L'un  est  intitulé  : 
ïnsfrucUon  facile*sur  les  Conven- 
tions ,  iu-12;  et  l'autre,  Bé^ 
Jlextons  sur  les  principes  de  la 
Justice ,  aussi  in-i  ».  Ce  magis- 
trat alla  se  fixer  à  Paris ,  où  il 
mourut  en  1757  ,  âgé  d'environ 
70  ans. 

MQNTPENSIER,   (la  dit- 
«hessc  de  )  Fc?/^  L  Montpensier, 


MON 

»  MONTROSS  ,   ( 
Graham  ,  comte  et  dnc  de  )  géni 
ralissime  et  vice  — roi  d'£coj 
pour  Charles  I  roi  d'Angletem 
défendit  généreosement  ce  prni< 
contre  les  reb^es  de  son  royai 
me.  Il  se  distingua  à  la   batail 
d" Yorck ,  vainquit  plusieors  f 
Cromwel,  et  le  blessa  de  sa  pi 
pre  main.  La  fortune  l'ayant  al 
donné  en  Angleterre ,  il  passai 
Ecosse ,  employa  son  V^en  et 
crédit  à  lever  one  armée; 
Ferth  et  Aberden  en  1644  9 
le  comte  à' Argile  »  et  se  rc 
maître  d'Èdiffiboorg.  Ckeirl€t\ 
s'étant  remis  entre  les  mains 
Écosssois,  ils  firent  donner 
au  comte  de  Montross  de  dëi 
mer.  Ce  grand  homme 
regret  y  et  abandonna  l'Êcosj 
la  fureur  des  factieux.  Inutile^ 
Angleterre,  il  se  retira  en  Frai 
et  de  là  en  Allemagne ,  eu  il 
gnala  son  courage  à  la  tète 
12,000  hommes,  en  qualité 
maréchal   de  l'empire...   l«e 
Charles  II  youlant    foire 
tentative  en  Ecosse  ,  le  rapp< 
et  l'envoya  avec  un  corps  de 
à  1 5^000  hommes.  Le  comte 
Montross  s'y  rendit  maître 
isles  Orcades,  et  descendit  à  te 
avec  4,000  hommes.  Mais  ayai 
été   défait,  il  fut   obligé  de 
cacher  dans  des  roseaux  dégnii 
en  paysan.  La  faim  le  contraignit^ 
de  se  découvrir  à  un  Écossotti 
nomm«  Brimm ,  qui  avoit  antre* 
fois  servi  sous  lui.  Ce  malheureux 
le  vendit  au  général  Lesley,  qui 
le  fit  conduire  à  Edimbourg ,  ou, 
couvert   de  lauriers   et  victime 
de  sa  fidélité  envers  son  souve* 
rain ,  il  fut  pendu  et  écartelé  an 
mois  de  mars  i65o«  La  sentence 
de  mort  portoit  que  ses  membres  . 
serôient  attachés  a»ix  portes  des 
quatre  principales  villes.  Ce  brava 
homme  dit  à  seB  pages  :  Jene  suis 
que  fâché  de  n  avoir  pas  awtf«  ^ 


MON 

'  Wtmhres  pour  être  attachés  à  tou-m 
Uè  les  portes  des  villes  de  l'Eu-' 
Tv^,  comme  des  monumens  de 
won  dévouement  à  mon  roL  II  mit 
V  Blême  cette  pensée  en  assez  beanx 
y-^ers;  car  on  le  comptoit  parmi 
les  beaux  esprits  qui  cultivoient 
^rs  les  lettres  en  Angleterre. 
Charles  II  parvenu  à  la  cou— 
lonne  ^  rétablit  la  mémoire  de  ce 
fidelie  sujet.  Montross  étoit  un 
de  c<^  hommes  extraordinaires  , 
dont  les  succès  et  les^  aventures 
tiennent  plus  du  roman  que  de 
fhistoire.  Son  activité,  sa  valeur  ^ 
a«a  zèle  pour  son  roi,  le  mettent 
an  premier  rang  des  héros  et  des 
cit<^ens.  Son  courage  tenoit  de 
cette  audace  qui  déconcerte  les 
mesures  des  guerriers  métho» 
diçies.  Cromwell  l'éprouva  phi« 
ters  fois  ;  et  si  la  couronne 
lit  pu  être  soutenue  sur  la  tête 
éiCkarles  premier  ^  c'étoit  par 
Mmurossm 

HONTUCLA  ,  (  Joseph  de  ) 
9Ê(jk  Lyon  le  5  septembre  1725, 
tt>se9  premières  études  chez  les 
^j^ljiaites  de  cette  ville,  et  an— 
iça  dès  sa  jeunesse  une  véri- 
passion  pour  les  matbé- 
i^ues.  Après  avoir  fait  son 
lit  à  Toulouse ,  il  se  rendit  à 
ris ,  -ou  il  se  livra  entièrement 
m  goût  pour  l'étude.  Il  n'avoit 
ire  que  trente  ans  lorsqu'il 
iblia  son  Histoire  des  Mathé^ 
tiques,  lue  avec  intérêt  par 
hommes    de  lettres ,    avec 
tt   par    des     savans.    Après 
>ir  suivi  le  chevalier  Turgot  à 
mne,  Montucla  devint  pre-^ 
secrétaire  des  bâti  mens  du 
,  sous  M.   de  Marigny,  La 
>pre9sion  de  cette  administra*- 
lui  ôta  presque  toutes  ses 
(Sources;  mais  Bonaparte  lui 
»rda  une  pension  de  2,400  liv« 
it  il  ne  jouit  pas  long-temps^^ 


MGR        137* 

étant  mort  à  Versailles  le  iy  fri- 
maire de  l'an  huit.  On  lui  doit  i 
h  Histoire  des  recherchée  de  la 
q  u  aârature  eu.  cercle  ,1764,  in- 12* 
IL  Histoire  des  Maihématiques  , 
1758 ,  2  vol.  in-4.®  L'auteur  ea 
préparoit  une  seconde  édition , 
fort  augmentée  ;  les  savans  es- 
pèrent que  M.  de  Lalande ,  à  qui 
ses  manuscrits  ont  été  remis  ^ 
ne  tarderai  pas  à  la  publier.  iHToJi- 
tucla  étoit  membre  de  l'acadé-^ 
mie  de  Berlin  et  de  l'Institut  nar« 
tional. 

L  MOORE  ,  (  Jacques  >  gen- 
tilhomme Anglois,  mort  en  1 784  ^ 
porta  aussi  le  nom  de  Smith, 
qui  étoit  celui  de  sa  femme.  Sa 
comédie,  intitulée  ;  The  Rival 
m^des ,  1 727 ,  in-8^,  fut  bien  acr 
cueillie. 

IL  MOORE,  (John)  litté- 
rateur Anglois,  a  été  mis  par 
ses  compatriotes  au  rang  des  plna 
élégans  écrivains  modernes.  On 
lui  doit  un  Voyage  en  France 
et  en  Italie ,  écrit  avec  un  style 
plein  de  facilité  et  de  grâces  ;  et 
le  Roman  de  ZeUtco ,  où  Ton 
trouve  de  l'originalité,  de  la 
force  et  de  la  vérité  dans  les 
caractères.  Moore  réunissoit  à  ses 
talens  une  bonté  dciUce  et  aima- 
ble qui  faisoit  le  charme  de  sa 
société.  Il  est  mort  dans  sa  mai-^ 
son  de  Richemont  près  de  Lon*^ 
.(1res,  le  28  février  1802. 

MORAIS,  (Charles  de)  sieur 
de  Fortilte ,  fut  attaché  à  la  fau-N 
connerie  royale ,  et  publia  ea 
1 683  un  Traité  SUT  ses  occupa-* 
tions,  intitulé:  Le  Grand  Fau-n 
connier*  Il  est  écrit  avec  préci- 
sion, nette  té  et  esprit 

MORALES ,  (  Jean  )  Voyez. 
Machan. 

m.  MORAND,   (Antoine) 
-habile  mécanicien,  fit  en  ifok 


JL. 


T)»       M  O  R 

Thorloge  de  l'appartement  du  roi 
à  Versailks ,  sur  laquelle  deux 
eoqs  chantoient  et  battoient  des 
Jiiles  à  chaque  beiiret 

IV.  MORAND,  architecte  de 
Lyon ,  fit  construire  sur  le  Rhône 
tm  Pont  en  bois ,  qui  pojrte  son 
nom ,  et  qui  est  remarquable  par 
Télégance  de  sa  forme  et  la  pré- 
cision de  ses  parties.  Chacune 
délies  p<?ut  se  démonter  pour 
être  refâiite ,  sans  nuire  a  la  so- 
lidité du  reste  de  l'ouvrage.  Cet 
architecte  s'est  distingué  encore 
par  son  goût  pour  les  décora- 
tions, et  par  plusieurs  édifices 
très  —  élégamment  ornés.  Ses 
mœurs  étoient  douces ,  sa  probité 
intacte.  Il  est  péri  à  Lyon,  aprè6 
le  siège  de  cette  ville ,  condamné 
à  mort  par  le  tribunal  de  sang 
qui  y  fat  établi  par  la  vengeance , 
en  1758. 

MORANDE,  (N.  Thcvenot 
de  )  fils  d'un  procureur  d'Arnai- 
le-Duc  en  Bourgogne  ,  s'enrôla 
très- jeune  (Jaus  un  régiment  de 
dragons.  Son  père  qui  le  desti- 
îioit  à  Sa  profession .  acheta  son 
congé.  Mais  son  génie  inquiet 
lui  fit  bientôt  déserter  la  maison,- 
^pour  aller  se  plonger  à  Paris 
dans  la  dissolution  et  dans  les 
intrigues.  Des  friponneries  et  des 
aventures  honteuses  ,  obligèrent 
Sa  famille  de  solliciter  un  ordre 
pour  le  faire  enfermer  aux  Bons— 
'£nfans.  d'Armeutières.-  Sorti  de 
•cette  maison ,  il  pass^  en  Angltf<t- 
terre»^  où  il  distilla  ses  poisons 
4lans  dilFérens  libelles.  Celui  qui 
fit  le  plus  de  bruit ,  fut  le  Ga*- 
zetier  Cuirassé ,  ou  Anecdotes 
scandalemefdg  èa- cour  de  France  i 
Londres,  1775,  in-8.0  Princes, 
niinistres  ,  maîtresses  ,  magisr- 
t^its  ,  gens  de  lettres  ",  tous  les 
)]ommes  qui  ''âVc^ent  tin  nom 
ifàotSy  y  ^^nt  .déchirés   avw  h 


MQR 

plus  cmel  acharnement.  H  pré-* 
paroit  contre  Mad.  du  Barry  unt 
autre  satire ,  sous  le  titre  de  Vie 
dune  Courtisane  très^célèbre  du 
dix-^huitième  siècle;  mais  i^  sup- 
prima cet  écrit,  sons  la  condi« 
tion  d'nne  rente  viagère  de  4000 
livres ,  dont  la  moitié  réversible 
à  Mr  femme.  Il  entreprit  ensuite 
le  Courrier  de  VEurope ,  gazette 
qu'il  rendit  satirique  pour  la 
mieux  vendre.  Enfin  ,  à  l'époqu» 
de  la  révolution  il  vint  à  Paris 
oii  il  intrigua  beaiu^oup,  et  oî 
il  fut  massacré  en  septembre 
X792.  Avant  de  publier  le  Gaze^ 
lier  Cuirassé ,  il  avoit  fait  impri* 
mer  ie  Philosophe  Cynique  ,  et 
des  Mélanges  confus  sur  des  ma* 
Hères  fort  claires ,  l'un  et  l'autre 
à  Londres ,  177 1 ,  in-8."  Qaani 
cet  Arétin  préparoit  quelque  li** 
belie^  il  avoit  soin  d  écrire  aux 
personnes  intéressées  ^  de  se  n<^ 
cheter  de  ses  sarcasmes  par  uoft 
somme  d'argent,  que  quelques- 
uns  eurent  la  bonté  de  lui  en- 
voyer. Il  s'adressa  même  n  VoU 
taire  »  qui  ne  le-  paya  qu'en  le 
•dénonçant  au  public 

L  MOREAU,(Pierre)néà 
Paris,  mort  en  1 648  ,  inventa  et 
fondit  un  caractère  d'imprimerie 
imitant  l'écriture  bâtarde  ,  qu'il 
employa  à  imprimer  quelque* 
ouvrages.  Un  jugement  obtenu 
par  la  compagnie  des  Libraires , 
lui  fit  défense  d'en  imprimer  et 
Vendre  en  d'autres  caractères. 

y  h  MOREAU,  (Jacob  Nico- 
las) né  à  Saint-Florentin  le  ^9 
décembre  1717^  fut  reçu  avocat 
et  easoitp  conseiller,  à  la  ^p* 
dts  «ides  de  Provence.  11  q«>^ 
Réunie  les  fonctions  de  la  magif* 
-trature  pour  swvre  arec  plus  * 
liberté  son  goût  pour  les lettr^ 
Venu  à  Paras,  il  a*y  fit  bientôt 
^ojQjDoStre  par,  ses  «crits  j  *^ 


r 


M  OR 

Mommé  historiographe  dcFranct, 
er  chargé  de  rassembler  près  du 
contrôJe  génér;il  les  Chartres  «les 
Jnonumens  historiques,  les  ëdits 
et  déclarations  qui  nvoient  formé 
successivement  )a  législation  fran- 
çoise ,  depuis  Charlemagne  jus- 
qu'à nos  jours.  C<»tte  collection 
immense  et  bien  faite  ftit  confiée 
•  sa  garde ,  sons  le  titre  de  Dépôt 
des  Chartres  et  de  Législation^ 
Il  est  mort  ^  non  pas  décapité 
pendant  la  révolution  comme  la 
annoncé  iin  biographe,  mais  na- 
turellement à  Chambouci  près 
de  Saint  -  Germain  —  en  —  Laye  , 
le  lo  messidor  de  l'an  it.  Ses 
^its  ont  été  nombreux.  Les 
plus  remarquables  sont  :  I.  VOb^ 
ienateur  Holîandois.  C'est  une 
espèce  de  journal  politique  contre 
TAngleterre ,  divisé  en  quarante- 
cinq  lettres  écrites  avec  sagesse 
et  beaucoup  de  connoissances 
^ans  la  politique  de  l'Europe. 
"•  Mémoire  pour  servir  à  l'his- 
toire des  Cacouacs,  1767  .  in-ii. 
pet  écrit  piquant  et  rejupU  d'une 
ironie  fine  et  agréable ,  attira  à 
'<ia  auteur  quelques  ennemis 
parmi  les  philosophes  anli-reli- 
gieux.  iïL  Mémoires  pour  servir 
*^ l'histoire  de  notre  temps,  1 7  57 , 
2  vol.  in— 12.  IV.  Examen  dés 
«ffets  ^ue  doit  produire  dans  le 
commerce  l'usage  et  la  fubrica— 
hon  des  toiles  peintes,  17591^ 
in-8.<».  V.  Le  Moniteur  Fran^ 
t^''* »  1760,,  in— 12.  VI.  Les 
Devoirs  d'un  Prince  réduits  à  un 
*««l  principe,  1775  ,  in-y.'*  Cet 
ouvrage  a  été  réimprimé  en 
1^782  ,  et  méritoit  de  letre.  Il  fit 
honneur  à  Féloquence  éi  au  cou- 
^•ge  de  l'auljcui:.  •«  On  vit^dit 
j»n  écrivain,  un  simple  particu*- 
«er  opposer  noblement  la  liberté 
«e  ses  leçon»  anx  .flatteries  de^ 
**HrtisBîu ,  et  la  sévérité  de  ses 
principes  à  ce.  tonrent  de  corr 


M  OR        13-9 

.rnptîon  qui  commençoit  dès-loi^i 
à  déborder  de  toutes  parts  ,  et 
devoit  bientôt  engloutir  a  la  fois 
et  les  flatteurs  et  les  Aattés.  )> 
VII.  Exposé  historique  des  ad^ 
ministrations  provinciales ,  178^) 
in -8.°  VIll.  Exposition  de  Ut 
Monarchie  Françoise  ,  i  7  8  9  ^ 
2  vol.  in-8.®  IX.  Principes  de 
Morale  politique  et  du  Uroit  pu^ 
hlic ,  ou  Discours  sur  l'histoire 
de  France ,  21  vol.  in-S.*^  Ils  ont 
été  publiés  de  1777  à  1789,  <Kt 
présentent  des  tableaux  de  notre 
histoire  depuis  C louis  jusqu'à 
Louis  IX.  «  L'auteur  ,  ajoute 
l'écrivain  déjà  cité  9  comparant 
les  siècles  les  uns  aux  autre» , 
démontre  par  les  faits  que  la 
morale  doit  être  la  loi  fonda- 
mentale des  états  ;  qu'avec  elle  ils 
.s'élèvent  et  prospèrent ,  comme 
•»a»s  elle  ih  périment  et  s'afFaf** 
»ent  sans  retour  :  que  l'iniquité 
est  le  fléau  de  celui  qui  Ta  com^ 
met ,  ainsi  que  la  ruine  de  celili 
qui  la  sert  :  politique  sublime  qai 
garantit  tout  à  la  fois  et  l'autd^ 
rite  de  ceux  qui  gouvernent  et 
la  sûreté  de  ceux  qui  sont  gotf^ 
vemés.  Moreau  ne  sépare  jaraal» 
dan^  cet  ouvrage  la  cause  dtfs 
peuples  de  celle  des  princes.  £fi 
défendant  d'une  main  le  pouvoir 
.unique  ^  il  repoussoit  de  l'antre 
toute  idée  d'oppression.  Son  prin- 
cipe étoit  que  tout  devoit  être 
fait  pour  le  peuple ,  et  rien  par 
le  peuple ,  parce  que  son  premief 
besoin  est  dYtre  gouverné  9  el 
que  le  plus  heureux  emploi  qu'Jl 
puisse  faire  de  sa  force ,  c'est  de 
s'en  dessaisir.  »  Malgré  cet  éloge  , 
Moreau  fut  vivement  accusé  daiif» 
le  temps  *  de  n'avoir  écrit  que 
sous  l'influence  ministérielle  ^  et 

Fiour  favoriser  par^ses  recher^e» 
accroissement  du  pouvoir  arbip- 
traire ,  dQ  n'avoir  vu  comme  état 
i^cureia  pour  ies.JFraû^oisqit» 


f  40        M  O  R 

celui  d*être  esclaves  ,  en  son— 
mettant  lenrs  propriétés  et  leurs 

'lois  a  la  volonté  absolue  du  chef. 
n  faut  l'avouer  ;  ce  reproche  qui 
empêcha  Tantenr  d'être  reçu  à 
racadémie  Françoise  ,  iut  sans 
doute  trop  sévère ,  mais  il  n'est 
wis  dépourvu  de  fondement  ;  et 
b  lecture  de  ses  Discours ,  quoi- 
^e  écrits  avec   pureté  et  éié- 

-  ^ance,  fait  naître  cette  opinjion , 
et  laisse  dans  l'ame  un  sentiihent 
de  tristesse  et  de  découragement. 
Horeau  eut  des  vertus  sociales  ; 
S!  aimoit  à  obliger,  et  il  onblioit 
6cilement  Tin  justice,  quand  elle 
le  concernoit  seul.  Il  fut  bon 
père,  bon  époux ,  ami  de  la  paix , 

'  de  la  religion  et  de  son  pays. 

*  m.  MOREL ,  (  Claude  )  fds 
de  Frédéric  9  était  bon  imprimeur, 
et  savant  dans  les  langues  greo- 
qne  et  latine.  Son  édition  de  saint 
ùrégoîre  de  Nysse ,  1788  ,  3  vol. 
Su— folio,  est  estimée  des  savans. 
On  distingnc  dans  ses  édition», 
ÇuiniiUen  ,  St.  Ignace,  St,  De^ 
nis  TAréopagite,  dont  quelques 
exemplaires  sont  en  vélin.  On  a 
observé  que  lea  livre»  sortis  les 
premier»  de  ses  presses,  sont 
plus  beaux  que  les  autres.  Morel 
prenoit  pour  devise  ce  vers  pen- 
'  tamètre  :  Victurus  genium  débet 
habere  liber,  * 

IV.  MOREL,  (Charles)  im- 
primeur ordinaire  du  roi,  suc- 
cesseur du  précédent ,  a  donné 
de»  éditions  correctes  de  plusieurs 
Pères  Grecs.  La  plus  considéra- 
ble est  celle  de»  conciles  géné- 
raux et  provinciaux,  en  grec  et 
en  latin ,  par  BUiiu^ ,  10  volume» , 
in— folio. 

V.  MOREL  ^  (GiWe»)  irtiprii 
inenr  du  roi,  habile  dans  son 
art,  a  donné  les  Œuvres  de 
St.  Grégoire  dû  If y%»6 y  i638;de 


Mût 

SL  Isidore,  ^ArUtote,  en  '4  vdi 
in  —  fol.  On  lui  doit  encore  1^ 
grande  Bibliothèque  des  Pères, 
en  17  vol.  in— fol.  Sur  la  fin  de 
se»  jours,  Morel  se  fit  recevoir 
conseiller  au  grand  conseik 

MORELLE,  (Julienne)  née 
à  Barcelone ,  fut  un  prodige  dt 
savoir.  Elle  posséda  quatorze 
langues,  la  théologie,  la  philoso- 
phie ,  la  jurisprudence  et  la  moi- 
»ique.  Dès  l'âge  de  1 2  ans ,  elle 
soutint  publiquement  àLyondi-* 
verse»  thèses  qu'elle  dédia  àitfar- 
guerite  d'Autriche,  reine  d'Es- 
pagne. Dégoûtée  du  monde  et  d£i^ 
hommages  qu'on  lui  rendoit,  elle 
embrassa  la  profession  religieuse 
dans  le  monastère  de  Saiate^ 
Praxède  d'Avignon  9  et  y  moo* 
rut  en  i6S3. 

MORELLI,  (  Marie-Magde* 
leihe)  née  à  Pistoie  ,  se  distingua 
dans  sa  jeunes»e  par  ses  talens 
pour  la  poésie ,  qui  la  firent  re^ 
cevoir  avec  distinction  dans  l'aq- 
demie  de»  Arcades  de  Rome ,  oà 
elle  prit  le  nom  de  Corilla  Olym^ 
pica.  Ses  succès,  ses  admirateur» 
lui  procurèrent  l'honneur  de  re« 
cevoir  auCapîtc^,  le  3i  août 
'  I  7  7  I , ,  la  couronne  de  grand 
poète ,  que  Pétrarque  obtint ,  et 
qui  alloit  ceindre  le  front  dii 
Tasse ,  si  la  mort  ne  Teilc  frappe 
la  veille  de  la  cérémonie.  Le  cé-> 
lèbre  imprimeur  Bodoni  a  r^ 
cueilli,  à  Parme ,  les  actes  de  ce 
couronnement  solennel ,  et  de» 
honneurs  rendus  à  Corilla,  Celle- 
ci  est  morte  à  Florence ,  lé  8  no* 
vembre  iSoo.  Voy*  Pi2Zi. 

MORENAS ,  (François)  his- 
toriographe d'Avignon  ,  naqwit 
dans  cet,te  ville  en  1701,  et  y 
mourut  en  17....  Il  eut  une  jeu- 
nesse assez  orageuse.  II  fut  soï^ 
dat,  cordelier;  et  ayant  obtenft 


^  OR 

k^pense  de  ses  vœoz ,  et  étant 
rentré  dans  le  monde ,  il  entre- 
prit en  1733  le  Courrier  d'Avis 
ptoà',  qu'il  écrivit  d'un  style  foi- 
ble  et  incorrect ,  mais  facile  et 
Batorel,  On  lui  donna  ensuite 
[H)ttr  collaborateur  Tabbé  la  Baw» 
m,  pois  l'abbé  Oulhier;  l'un 
pDfte  en  prose  ^  l'autre  e^— pré- 
dicateur. Le  ton  de  la  Gazette 
Avignonoise  changea  entièrement 
«oas  ce  dernier  rédacteur.  11  broda 
les  nouvelles  en  déclamateur  ;  il 
tononça  des  bagatelles  avec  em- 
phase. Ce  style  demi-oriental  ^ 
^l  auroit  dû  décrier  la  feuille  ^ 
lenrità  la  répandre,  parce  que 
beaucoup  de  sots  aiment  les  phra- 
les ,  et  que  d'ailleurs  l'auteur 
ivoit  de  l'imagination  et  quelque* 
fois  des  saillies.  JSÎorenas  n'a  voit 
Bi  l'un  ni  l'autre.  Cétoit  en  lit- 
térature an  écrivain  très-mé-« 
^re,  et  dans  la  société  un  bon 
bmme  qui  ne  montroit  gnëret 
d'esprit  et  encore  moins  d'agré- 
nens.  Comme  les  honoraires  de 
la  Gazette  ne  lui  sn£^oient  pas, 
il  composoit  des  Sermons  pour 
tous  les  jeunes  aspirans  à  la  chai- 
re, etvendoit  son.  éloquence  ce 
quelle  valoit,  c'est-à-dire  fort 
l)on  marché.  Il  travailloit  en 
«lème  temps  à  différens  ouvrages 
polémiques  peu  importans,  et 
iu'il  est  inutile  de  fîaire  con-» 
noître* 

MI.  MORE T,  (Antoine de 
Bourbon  ,  comte  de  )  fils  natu- 
rel de  Henri  IV et  de  Jacqueline 
i^Beuil  comtesse  de  Moret ,  et 
prince  légitimé  de  France ,  naquit 
•û  1607.  Après  avoir  goûté  les 
sages  leçons  de  Lingendes  ^4l*àt^ 
puis  évoque  de  Parlât  )  son.,pÏ4»- 
c^teur,  il  eut  les  abbayes  de  Si- 
J^gny ,  de  Saint-Ètienne  de  Caen  ,  ' 
ae  Saint-Victor  de  Marseille  ;  et 
***  Uéuéfices  ne   Tempôchèrent 


M  O  R        14g 

(las  de  porter  les  armes.  Il  reçut 
une  mottsquetade  au  combat  da 
Castelnaudari ,  en  i632  ,  dont  il 
mourut,  à  ce  qu'assurent  les  his«« 
toriens  les  plus  instniits.  D'antres 
prétendent  qu'il  se  retira  en  Por-« 
tugal  en  habit  d'hermite;  quen«« 
Siiite  il  revint  en' France^  et  qu*il 
se  cacha ,  sous  le  nom  de  Frèrm 
Jea^-Baptiste ,  dans  un  bernât^ 
tage  en  Anjou.  Mais  enfin  qaellé 
preuve  apportent-ils,  qu'un  fib 
de  Henri  IV ,  qu'ils  ne  font  mou««- 
rir  qu'en  1693,  étoit  un  solitaire 
Angevin  ?   Aucune.    Cependant 
ils  ajoutent  que  Louis  XIV ^ 
frappé  des  bruits  qui  cot^oient 
au  sujet  du  comte  cfe  Moret ,  fit 
demander  par  l'intendant  deToii- 
raine  à  l'hermite  qui  pas£oitpou^ 
être  ce  comte,  s'il  l'étoit  réelle-^ 
ment  ?  le  solitaire  répondit  iJenm     ^ 
le  nie ,  ni  ne  veux  l'assurer;  iomt 
ce  que  je  demande ,  ce^t  quon  me 
laisse  comme  je  suis.  Cette  ré-» 
ponse  et  d'autres  circonstances 
répandent  sur  ce  point  d'histoire 
une  obscurité  que  les  critiques^ 
n'ont  pu  encore  dissiper  entière- 
ment. Cependant  nous  croyons 
devoir  rapporter  les  raisons  de 
ceux  qui  admettent  l'opinion  la 
plus  probable,  c'est-à-dire,  que 
le   Frère  Jean '•-Baptiste  n'étoiC 
pas  le  comte  de  Moret.  Si  ce 
jeune  seigneur  se  sauva  avec  une 
douzaine  de  personnes  de  la  pre- 
mière qualité,  ainsi  que  l'assu- 
rent ceux  qui  ne  veulent  pas  qn  il 
ait  été  tué  dans  lé  combat,  com- 
ment le  bruit  de  sa  mort  se  ré- 
pandit-il si  généralement,  sans 
être  réfuté  par  aucun  des  témoins 
et  des  compagnons  de  sa  fuite  ? 
Comment  Bassompierre ,  qui  de** 
voit  être  très-instruit ,  publia-*- 
t-il ,  qu'ayant  voulu  aller  voir 
détrousser  les  ennemis,  le  comte 
fut  rapporté    mort  ?  Comment 
cette  mort  fut-elle  cen&rméepar 


14%        M  O  R 

las  historiens  contemporains  , 
Dupleix  et  le  continuateur  de 
de  Serres?  Il  y  a  plus;  quelques- 
uns  de  ses  historiens  nomment 
\é  capitaine  Bideran  qui  lui  porta 
le  coup  mortel ,  et  désignent  le 
monastère  de  Prouille  comme  le 
lieu  oîi  le  corps  du  comte  fut 
porté.  Si  donc  il  mourut  pendant 
ou  après  le  combat,  la  dispute 
est  finie,  et  il  est  impossible  de 
le  retrouver  dans  un  vieux  her*^ 
mite  d'An}ou ,  à  moins ,  dit  ^A^ 
t^gny,  qu'il  ne  fût  ressuscité. 
Cesiice  qui  n'àuroit  pas  paru  im- 
possible au  bon  curé  Grandet, 
qui  a  donné  l'histoire  du  comte 
de  Morei,  sous  le  titre  de  Vie 
•  d*un  Solitaire  inconnu»  Dans  ce 
livre  qui  tient  du  roman  histori- 
que ,  il  s'avisa  ^  à  la  fin  du  dix- 
¥  ifeptième  siècle ,  de  donner  le  dé- 
menti à  tous  les  auteurs  contem- 
porains; et  comme  on  aime  les 
métamorphoses  4  quelques  écri- 
yains  adoptèrent  celle  du  comte 
de  Moreti  les  uns,  parce  qu'elle 
étoit  merveilleuse  ;  les  antres , 
parce  qu'elle  leur  fournissoii  un 
épisode  sin^rulierqui  faisoit  mieux 
lire  leurs  ouvrages. 

.  MORFONTATNE,  (N**)  né 
dans  la  Brie,  est  auteur  des  Can- 
tates que  Bousseta  mises  en  miw 
sique ,  et  insérées  dans  ses  Re- 
cueils, il  avoit  fait  aussi  un  opérA 
de  Pyranie  et  Ti&hé,  dont  le  cé- 
lèbre organiste  Marchand  avoit 
commencé  la  musique  lorsqu'il 
mourut.  Morfontaine  est  mort 
vers  l'an  1782- 

MORLÎÈRE,  (Jacques- Au- 
guste de  la)  ancien  mousquel- 
taire ,  né  à  Grenoble  ,  et  mort  à 
Paris  en  1785,  étoit  un  de  ces 
hommes  qui  jouent  un  rôle  dans 
\cs  cafés,  hâbleur,  nouvelliste^ 
grand  co;:teur,  parlant  haut  et 
beaucoup.  Sa  fortune  n'aroit  ja«*. 


M  o  R 

mais  été  considérable,  et  il  avoit 
dissipé  presqu'entièrement  le  peu 
de  bien  qu'il  avoit  eu.  On  a  de 
lui  quelques  romans  ,  dont  le 
plus  connu  est  Angola  ^  174S, 
deux  vol.  in— 12;  et  le  plus  mau- 
vais ,  les  Lauriers  Ecclisiastiquet 
avL  Campagnes  de  L'Abbé  de  T, 
Gomm^  ce  livre  étoit  très-cher 
et  très— défendu  ,  il  fut  recher- 
ché par  les  libertins  de  toutes  le» 
classes  ;  mais  il  est  heureusement 
oublié.  Angola  est  nn  peu  plus 
gazé ,  et  a  été  lu  plus  long-temps 

Zuoiqu'il  ne  le  méritât  guères, 
les  comédies  do  chevalier  de  la 
Mor Itère  ,  le  Gouverneur  ,  1*^ 
Créole ,  Y  Amant  déguisé ,  Meurent 
encore  moins  de  lecteurs  que  ses 
Romans.  Cependant  l'auteur  n'en 
faisoit  pas  moins  impudemment 
la  critique  de  toutes  les  pièces 
nouvelles  et  de  tous  les  poètes 
dramatiques  qui  valoient  mieux 
que  lui.  Nous  ne  citerons  aucune 
des  brochures  éphémères  que  fon 
esprit  de  censure  produisit.  On 
lira  avec  plus  dé  plaisir  son  Mirzéh 
îfadir,  1749  ,  quatre  vol.  in-ia, 
quoiqu'on  ne  puisse  guères  comp- 
ter sur  sa  véracité.  C'est  la  relation  ! 
des  dernières  expéditions  de  Tba^  \ 
maS'KouU'-Kaji, 

♦MORNAY,  (Philippe  de) 
seigneur  du  Plessis— Marly ,  né  • 
Buhy  ou  Bishny  dans  la  haut^- 
Normandie,  le  5  novembre  r  5 49 y 
fut  élevé  à  Paris.  Il  y  fit  des  pro- 
grès rapides  dans  les  belles^let- 
tres,  les  langues  savantes,  et 
dans  la  théologie;  ce  qui  étoit 
alors  un  prodige  dans  un  gentil- 
homme. On  le  destina  d'abord  à 
Féglise  :  mais  sa  mère  ,  imbue 
dW  terreurs  de  Calvin ,  les  ayant 
iTrspîrées  à  son  fils ,  lui  ferma  J« 
porte  des  dignités  ecclésiasti- 
ques, que  son  crédit,  ses  taleni 
et  5£i  nai3i,puce  Iwi  promettoieaî» 


à 


M  OR 

ipràs  rii0rrible  boacherie  de  la 
.  SaûtUBarikélemi  ,    Philippe  de 
Momay  parcoamt  l'Italie,  l'Al* 
lemagne ,  les  P«ys-Bas  et  l'An- 
gleterre ,  et  ses  voyages  eurent 
poiir  lai  autant  d'utilité  que  d'a- 
grément. Le  roi  de  Navarre ,  si 
chéri  depuis    s«us   le    nom    de 
Heari  IV,  étoit  alors  chef  du 
parti  Protestant  :  Momay  s'atta» 
cha  à  lui ,  et  le  servit  de  sa  plume 
et  de  son  épécCe  fut  lui  que  ce 
monarque   envoya    k  ÊUzahetk 
reine  d'Angleterre.  H  n'eut  jamais 
^antres  instructions  de  son  mai* 
tre,  qu'un  blancrsigné.  Il  réussit 
dans  presque  toutes  ses  négocia- 
tions parce  qu'il  étoit  un  vrai  po« 
litiqnc  et  non  un  intrigant.  Mor^ 
B^chérissoit  tendrement  Hen^ 
nlV,  et  lui  parloit  comme  à 
Qn  ami.  Après  qu'il  eut  été  blessé 
t  Aumale^,  il  lui  écrivit  ces  mots  : 
Si&E ,  COUS  avez  assez  fait  VAr^ 
iexandre  ;  //  est  temps  que  vous 
faisiez  le  César.  C'est  à  nous  à 
viourir  pour  Votre  Majesté,  etc. 
Vous  est  gloire  à  vous ,  SiRg, 
de  vivre  pour  nous ,  et  j'ose  vous 
dire  que  ce  vous  est  devoir.  Ce  û- 
dclle  sujet  n'oublia  rien  pour  apla- 
airle  chemin  cïn  trône  h  ce  jSrince* 
Mais  lorsqu'il  changea  de  religion , 
filai  en  fit  de  sanglans  reproches , 
«tse  retirade  la  cour.  Cependant 
Henri  IV  qui  Vaima  toujours  , 
Ait  extrêmement  sensible  à  Tin- 
stilte  qui  lui  fut  faite  en  iSjy, 
par  un  ^entilhoiiimme  nommé 
St^Phal,  qui  lui  donna  des  coups 
de  bâton  et  le  laissa  pour  mort. 
Moriuiy  demanda  justice  au  rbi  ^ 
Viîltti  ht  cette  réponse  :  (  monu- 
^at  aussi  précicu:x  du  courag* 
îoe  de  U  bonté  de  Henri  IV.) 
*  Monsieur  du  Plessis ,  fai  un  ex*« 
^me  déplaisir  de  l'outrage  que 
^tts  avez  reçu ,  auquel  je  parti-- 
cipc  comme  roi  et  comme  ^otre 
*ul  Poiw  le  premiar,  je  v^ii». 


M  O  R        14) 

en  ferai  justice,  et  à  moi  aussi* 
Si  je  ne  portois  que  le  second 
titre  9  vous  n'en  avez  nul  de  qui 
l'épée  fut  plus  prête  à  dégainer^ 
ni  qui  y  portât  sa  vie  plus  gaie** 
ment  que  moi.  Tenez  cela  pour 
constant ,  qu'en  effet  je  vous  ren^* 
drai  office  de  roi ,  de  maître  et 
d'ami 9  etc.  etc.»  La  science  da 
Mornay  »  sa  valeur  et  sa  probité 
le  rendirent  le  chef  et  l'ame  du 
parti  Protestant ,  et  '"3  firent  ap-i 
peler  le  Pape  des  Huguenots.  H 
défendit  les  dogmes  de  sa  sectft 
de  vive  voix  et  par  écrit.  Un  d# 
ses  livres  sur  les  prétendus  abus 
de  la  Messe ,  ayant  soulevé  tous 
les  théologiens  Catholiques,  il 
ne  voulut  répondre  à  leurs  cen- 
sures que  dans  une  conférence 
publique.  Elle  fut  indiquée  eu 
1 6oo  à  Fontainebleau ,  oh  la  cour 
devoit  être.  Le  combat  fut  entre 
du  Perron  évêque  d'Evreux  et 
Mornay.  Après  bien  des  coups 
reçus  et  parés,  la  victoire  fut 
adjugée  à  du  Perron.  U  s'étoit 
vanté  de  faire  voir   clairement 

{>rès  de  cinq  cents  fautes  dans 
e  livre  de  son  adversaire ,  et  il 
tint  en  partie  sa  parole.  Vérifier 
une  multitude  de  passages  amas- 
sés par  des  compilateurs  ,  gens 
ordinairement  peu  exacts,  comme 
l'observe  Mézerai ,  et  ne  se  sou^ 
ciant  pas  de  fournir  de  bons  ma-* 
tériaux  pourvu  quils  en  fournis" 
sent  quantité,  étoit  une  entre- 
prise trop  hasardeuse  pour  Mor^m 
nay,  qui  ne  s'étoit  point  donné 
la  peine  d'examiner  les  originaux. 
Les  Calvinistes  ne  laissèrent  pas 
de  s'attribuer  la  gloire  de  cette 
dispute  ^  et  se  l'attribuent  encore 
aujourd'hui;  mais  pour  constater 
leur  défaite ,  il  ne  faut  que  lire 
ce  qu'en  dit  le  duc  de  Sully ,  zélé 
Protestant,  dans  ses  Mémoires* 
(KoyezL  Perron.)  Cette  con* 
féreQÇQ)  loin  dcto^dre  les  àxU 


144       ^  ^^ 

férens, ne  prodaisit  que  de  n6u^ 
▼elles  querelles  parmi  les  contro- 
TersfsteS)  et  de-  mauvaises  plai- 
santeries parmi  les  libertins.  Un 
ministre  Huguenot ,  présent  à  la 
conférence ,  disoit  avec  douleur 
à  un  capitaine  de  son  parti  : 
L'Evéque  d'Evreux  a  déjà  em-^ 
porté  plusieurs  passages  sur  Mor-* 
nay.  —  Qu'importe ,  repartit  le 
militaire,  piyurvu  que  celui  de 
Saumur  lui  démettre  ?  C'étoit  un 
passage  important  sur  la  rivière 
de  Loire ,  dont  du  Plessis  étoit 
gouverneur.  Ce.  fiit  là  qu'il  se  re- 
tira ^  toujours  occupé  à  défendre 
les  Huguenots^  et  à  se  rendre  re- 
doutable auxf  Catholiques.  Lors- 
que Louis  X 1 1 1  entreprit  la 
guerre  contre  son  parti,  <^u  Ples- 
sis lui  écrivit  pour  l'en  dissuader. 
Apr.ès  avoir  épuisé  les  raisons  les 
plus  spécieuses  ,11  lui  dit  :  Faire 
la  guerre  à  sei  sujets,  c'est  té-^ 
moigaer  de  la  faiblesse*  L'autorité 
consiste  dans  l'obéissance  paisible 
du  peuple:  elle  s'établit  par  la 
prudence  et  par  la  justice  de 
eelui  qui  gouverne*  La  force  des 
armes  ne  se  doit  employer  que 
€ontre  un  ennemi  étranger,  l^efeu 
roi  aurait  bien  renvoyé  à  l'école 
des  premiers  élémens  de  la  Poli" 
tique ,  les  nouveaux  ministres  d'é- 
tat, qui ,  semblables  aux  Chirur- 
giens ignorans ,  n'auroient  point 
eu  d^ autres  remèdes  à  proposer 
que  le  fer  et  le  feu ,  et  qui  seroienl 
venus  lui  conseiller  de  se  cou- 
per un  bras  malade  avec  celui 
qui  est  en  bon  état*  Ces  remon- 
trances de  Momay  ne  prodni-* 
sirent  rien  qne  la  perte  de  son 
gouvernement  de  Sannmr,  que 
Louis  XIII  lui  ôta  en  iGiir  11 
mourut  deux  ans  après,  k  i  f  no- 
vembre 1623 9  ft  74  ans,  dans  sa 
baron  nie  de  la  Forêt— sur— Seure 
en  Poitou,  laissant  de  la  mar^^ 
ijime  de  Feu(^ièr€s  xai  fil»^  a(^t 


M  0  ft 

eft  léoS,  et  trois  filles,  cloftt  11 
dernière  épousa  le  duc  de  ht 
Force,  L'erreur  n'eHt  jamais  de 
soutieil  plus  capable  de  l'accré^ 
diter  que  Mornay  : 

Censenr  dei   ConnisaHs  i   unît  ï  tt 

Cour  aimé  f 
Fier  «nikenii  de  Home ,  et  d«  RoaS 

estimé. 

Momay  passa  pour. le  plus  ver^t 
tueux  et  le  plus  habile  homme 
que  le  Calvinisme  eût  produit* 
Voltaire  en  fait  ce  beau  portrait 
dans  la  Henriade  : 

No&  moins  prndènt  «olî  ,   cpie  phiI<K 

sophe  austère  » 
dSornay  sut  l'art  discret  de  reprendre 

et  de  plafre. 
Son  exemple  instrnbott  bieii  mieux  ipê 

ses  discours  ^ 
Les    solides    vertus  Airent   ies  ccaif 

amours  ; 
Avide  de  travaux ,  inseiuible  aux  U^ 

lices  , 
Il  marchoit  d'un  pas  ferme  au  bord 

des  précipices. 
Jamais  l'air  de  11  Cour  et  son  souiBe 

infecté     " 
N'altéra  de  son  coeur  Tanstère  pureté , 
Belle  Aréthuse  »   ainsi ,  ton  onde  £»<• 

tunéa  , 
Houle    au    sein    furieux  d'Amp^itricf 

étonnée  » 
Un  cristal,  toujours  pur   et  des  Boa 

toujours  clairs  » 
Que  jamais  ac  corrompt  l'amertune 

d^i  mersir  « 

On  a  de  Mornay  >  I.  Un  Traité 
de  l'Eucharistie  ,  1604  ,  in«*-foI/ 
II.  Un  Traité  de  la  vérité  de  la 
Beligi0n  Chrétienne  ,  in^S.^  IILUtf 
lirre  intitulé  :;  Le  Mystère  d'iai^ 
quité,  in— 4..0  IVr  Un  Discours 
sur  le  droit  prétendu  par  ceux  de 
la  tnaisort  de  Gmse ,  in  -  8.^ 
V.  Des  Mémoires  instructifs  et 
cnriei^ ,  dépuis-  1.572  jusqu'en 
***^  y  4  VoL   1^-4**  ;   estimé**' 

VI.  Dc^ 


# 


Môtt 

tî.  fiés  Leûm  écrites  «véc  Ibêàù'^ 
Wup  dé  force  et  de  sagesse,  etc. 
Jtc.  Dand  det  Uques  a  composé 
ta  ^Âf,  in-4«*;  elle  est  intéres^ 
♦antè,  non  poulr  la  forme ,  mais 
Jïdiir  le  fonds. 

MOR VILLE,  Trayez  ÀmiB* 

IlOîïVlLLiS. 

MOSER,  (N.)  puWiciste  Al- 
fcmand,  a  fté  renomme  par  deS 
«cnts  savans  et  utiles.  I!  est  mort 
«Stntgard  en  1785  ,  et  sa  perte 
Jr  a  excité  \ti  plus  vifs  regrèb. 

MOTAMED  BiLLAtt,  IW 

nés  califes,  commenç/i  à  régnei^ 
^nSji,  et  mourut  en  90a.  Ce 
lot  sous  son  califat  que  naquit 
M  secte  des  Karntatès ,  dont  le 
wef  affectOit  une  grande  sain-i» 
wtë,  et  riienOit  une  vie  fort  aus- 
ttw.  n  se  lit  un  puissant  parti , 
tomma  douze  apôtres   pour  le 
touverher,  prit  le  titre  de  prince, 
et  imposa  à  ses  disciples  un  dinar 
Jpar  tète.  Le    gouverneur   de  la 
province  le  fit  mettre  en  prison, 
«ouune  jeune  fille  quiétoit  au  ' 
service  du  gouverneur,  le  fit  sau- 
ver secrètement.  Le  bruit  de  sa 
««parition  s'étant  répandu  ,  les 
sectateurs  de  cet  imposteur  firent 
accroire  au  peuple ,  que  Dieu  l'a- 
voit  enlevé  au  cîeL 

MOtHADET  SiLtAH  ,  c«^ 
««î,  monta  sut*  le  trône  en  ^oa^ 
«t  niourut  en  908.  Cô  fut  un 
Pnncfe  sévère  et  juste.  Un  soldat 
•yant  volé  quelques  gfappes  dé 
f^sins,  il  punit  le  soldat  et  son 
^Pitaine.  Votilànt  emprunter  une 
«omme  d'argent  d'un  homme  fbrt 
^^^,  Mothadet\m  dit;  Quelle 
«reté  deïtiandez^^ous  7  DiBV  ^ 
'•"  t'épondit  Cet  homthe  ,  ^ous 
]J^fi^  Ze  ^uvérnétnerU  de  $ét 
y^s  tt  dé  ses  serviteurs  ;  tfoui 

«*  fn  êtes  montré  digHe  par  f>o- 
^'^'admirûstratioti.  Pourquoi 

Svppt,  Tome  nu 


MOT 


Ht 


Wàtois^fe  besoin  de  sàreU  p^ur 
vous  confier  mon  argent  ?  Ces  pa^ 
rôles  attendrirent  le  calife  qvà 
répliqua  à  cet  homme  généreux  s 
Je  ne  toucherai  pas  une  drachme^ 
de  votre  argent;  mais  si  dans  lé 
ittiie  vous  itièt  dans  le  besoin^ 
tous  Us  revenus  de  tempire  sonf, 
là  votre  disposition. 

m.  MOTTE-LE-VATERV 

(  Jean-François  delà  )  maître  de» 
requêtes  ,  mort  en  1764,  esjb 
Auteur  d'un  Essai  sur  la  possibilité 
d'un  Droit  unique,  1764  ,  in«xv 

MOTHE-PIQtJET,(t?.  la)' 

lieutenant  général  ded  arméof 
navales ,  mort  k  Brest  le  to  fuia 
*79'9  *g*  de, 71  ans,  eh  avoit 
|>as8é  bS  dans  le  service  de  la  ma^ 
Hne,  oit  il  s'éleva,  par  son  cou^ 
rage  et  its  talens  ,  aux  premier» 

f  rades.  Paribi  im  grand  nom* 
re  d'actions  valeureuses  dont  4I 
fut  auteur ,  on  a  sur-tout  dis^ 
tingué  celle  du  Fort -Royal.  H 
avoit  mouillé  dans  cette  rade  ^ 
après  un  combat  qui  avoit  dé-^ 
semparé  tons  ses  vaisseaux  ;  YAn^ 
nibal  ,   qu'il  môtltoit  ,    étoit  à 
jieine  réparé  ,  lorsqu'un  convoi 
François  entrant  «bins  k  radk?  ^ 
fut  attaqué  par  une  escadire  de 
quatorze  vaisseauât  Anglois.  Ctf 
bônvoi  ^  essentiel  ausitccès  da 
la  guerre^  alloit  être  pris;  Xa 
Mothe  -  Piquet ,  aveic  soii  Seul 
vaisseau ,  vole  aU  secours  âtk  con« 
voi  9  combat  l'escadre  ^   la  dis- 
perse ,  et  rie  rentre  au  port  qu'a- 
près que  tous  les  navires  Ftan^ 
çois  sont  eri  sûreté.  —  On  a  mis 
ait  bas  de  son  portrait  ces  '  Vere 
inérités  : 

Marin  ^  dès  tt  prcâtèré  tttfor#y 
GnerrUri  cher  méiac  à  tes  r!Ta«r|' 
ta  France  tkit  ce  que  ni  Ttnx^ 

Et  rAngteterré  mievk  encore. 

MOTtÏN,  (Pierre)  docteul? 
dt  Sorbonqe,  mott  à  isix'is  j^li 


V45       MOU 

'1773,  a  laissé  un  petit  écrit  qui 
ne  manque  pas  d'intérêt ,  et  qui 
îest  intitulé  :  Essai  sur  la  néces- 
sité du  travail,  in^i2. 

MOUGNE  ,  (  Roberte  )  sa- 
vante du  17e  siècle,  siiivoit  la 
religion  Calviniste  ,  et  se  consola 
3\in  long  veuvage  en  composant 
des  ouvrages  pieux  ,  parmi  les- 
quels on  distingue  celui  intitulé  : 
Cabinet  de  la  veuve  chrétienae , 
t:on tenant  des  prières  et  des  mé" 
ûitations  sur  divers  sujtts  de  l'E-* 
^riture*-Sainte  ,  1 6 1 6. 

MOULIER  DE  Moissi ,  (  N.  ) 
^  donné  en  lySo  et  lySi ,  quatre 
Comédies ,  le  Faux  généreux  on 
le  Bienfait  anonyme  ,  le  Valet 
ynaltre ,  \e  Provincial  à  Paris ,  et 
les  Fausses  inconstances.  Elles 
«urent  peu  de  succès.  Moulier 
est  mort  peu  de  temps  après  la 
greprésentation  de  la  dernière. 

MOULIN,  (Du)  médecin, 
"^oyez  MoLiN. 

LMOUSTIER,  (N.)  éohevin 
t)e  Marseille ,  se  distingna  par  son 
liumanité  et  son  courage ,  lors  de 
•la  peste  qui'  ravagea  sa  patrie  en 
<i72o.  Depuis  le  commencement 
de  la  contagion  il  se  mit  à  la 
tête  de  toutes  les  expéditions 
dcint  ses  collègues  n'osoient  pas 
se  charger.  L'un  des  soins  les 
plus  pressans  étoit  d'enlever  les 
cadavres ,  dans  un  moment  où 
il  périssoit  mille  personnes  par 
jour.  Des  forçats  auxquels  on 
promit  la  liberté  ,  consentirent 
à  sô  charger  de  ce  travail ,  au 
moyen  de  crochets  qui  leur  fu- 
rent distribués  ;  mais  il  falloit 
commander  ces  forçats  ;  il  £alloit 
un  hogime  qui  ne  craignît  point 
de  les  suivre  ,'de  les  mener  dans 
des  lieux  presque  impraticables, 
■Cet  homme  fut  l'intrépide  Mous- 
^ier.  U  oourut  se  placer  au  milieu 


MOU 

d'eux.  Tantôt  à  cheval ,  tantôt  K 
pied ,  l'épée  dans  une  roain  et 
la  bourse  dans  l'autre  ,  il  ne  ces-» 
soit  de  récompenser  et  de  punir 
que  pour  mettre  la  roain  à  l'ou- 
vrage. Un  emplâtre  fumant  d'ua 
pus  pestilentiel  ^  jeté  par  une  fe- 
nêtre ,  vint  se  coller  sur  sa  joue, 
Moustier  détacha  l'emplâtre  et 
continua  ses  travaux.  Il  mourut 
victime  de  «on  dévouement  gé- 
néreux. 

II.  MOUSTIER  ,  (Charles- 
Albert  de)  membre  de  l'Institut, 
naquît  à  Villers— Coterets  ,  le  i3 
mars  1761,  d'un  père  qui  ser-  , 
voit  dans  les  Gardes  du  Corps. 
Apres  s'être  distingué  dans  ses 
études  au  collège  de  Lisieiix ,  il 
suivit    pendant    quelque    temps 
avec    succès   la   profession  d'a- 
vocat ,  qu'il  abandonna  ensuite 
pour  se  livrer  entièrement  à  la 
littérature   et  à  son  goat  pour 
la  retraite  et  la  campagne.  C'est 
là  qu'il   composa   la   plupart  de 
ses  ouvrages.  Ceux-ci  pétillent 
d'esprit  ,    mais   on    y  desireroit 
quelquefois  moins  de  recherche 
et  de   prétention.   On  lui  doit: 
1.  Lettres  à  Emilie  ,  sur  la  My- 
thologie ,   1790  9  six  vol.  in-i8. 
Il  y  a  eu  plusieurs  autres  édi- 
tions de   cet  ouvrage,  dans  le- 
quel l'auteur  donne  aux  femmes 
des  leçons  sur  la  fable.  Il  est  écrit 
en  prose  mêlée   de  vers.  Ceux- 
ci  forment  un  recueil  de  madri- 
gaux ,  le  plus  considérahie  peut- 
être  que   nous  possédions.  Cei 
Lettres  ont  été  élégamment  tra- 
duites en  anglois.  II.  Le  Concis' 
Uttteiir  ,  comédie  en  cinq  actes. 
Cette  pièce  a  réus&i.  La  style  ea 
est  aisé  ,  les  saillies  piquantes. 
Le  premier  acte  offre  beaucoup 
d'art  dans  l'exposition  ,   et  ^* 
dernier  un  dénouement  heureui 
UL  ïiÇl  Femmes  ,  çoBiédie  cB 


\ 


MOU 

cinq  actefe.  Celte -oi  ,  pleine  de 
madrigaux  ,    d  epigrammes  ^  de 
bizarreries  de  sentiment ,  obtint 
un  succès  qui  s'est  soutenu.  L'au- 
teur ,  dans  sa  Préface  ,  dit  qu'il 
aimoit  trop  les  femmes  pour  les 
bien  connoitre  ;  et  quelques  cri-, 
tiques  ont  été  de  son  avis.   Les 
agrémens  de  la  diction  n'y  ra- 
chètent   peut-être  pas  assez   la 
peinture  des  mœurs  un  peu  lestes 
qu'elle  présente  ,  et  sur- tout  la 
scène  d'un  jeuQe  homme  en  robe 
de  chambre  ,    endormi    sur  un 
sopha,  et  livré  à  la  contempla- 
tion de  plusieurs  femmes.  IV.  Les 
Trois   Fils   ,    comédie   en  cinq 
actes.  V.   Le   Tolérant  ,    autre 
.comédie.  VL  Alceste  à  la  cam^ 
pagne ,  comédie.  VIL  Les  autres 
pièces  de  Tanteur  sont  :  Cons-^ 
Unce  ;  le  Divorce  ;   la  Toilette 
de  Julie;  le  Pari;  l'Amour  filial; 
Agnès  et  Félix,  Celles-ci  n'ont 
pas  été  aussi  applaudies  que  les 
deux  premières.  VIIL  Apelle  et 
Campaspe ,    grand   opéra   qu'on 
a  vu  avec  intérêt  et  qui  offre  le 
tableau  le  plus  agréable.  IX.  Le 
6iége  de  Cythère ,  la  Liberté  du 
CloUre ,  poèmes,   1790^  in-S.** 
X.  Il  a  laissé  plusieurs  ouvrages 
manuscrits  :  la   Galerie  du   i8* 
Siècle ,    en    vers  ;  un  Cours  de 
^Morale ,  en   vers  et  en  prose  ; 
Lettres  à  Emilie  sur  l'Histoire; 
des  Consolations  ;  la   Première 
année  du  Mariage  ,  en  vers  et  en 
prose.  De  Moustier  est  mort  à 
îa  fleur  de  son  âge ,  le  n  ventôse 
an  9  ,  d'une  maladie  de  poitrine 
à  laquelle  il  succomba  dans  les 
bras  de  sa  mère.    Il  disoit  sou- 
vent en  parlant  du  bonheur  qu'il 
éprouvoit  à  passer  ses  jours  près 
d'elle  :    «  Le  souvenij:  des  soins 
rendus  à  ceux  qu'on  aime  ,  est  la 
seule  consolation  qui  nous  reste 
quand  nous  les  avons  perdus,  t» 
^e  jour  mém^  de  sa  mort^  i]l. 


MOU        14^ 

écrivit  à  une  femme  qui  lui  étoit 
chère  :  «  Je  sens  que  je  n'ai  plus 
la  force  de  vivre  ;  mais  j'ai  en- 
core celle  de  vous  aimer.»  il  eut, 
des  amis  de  l'enfance  qu'il  con- 
serva jusqu'à  la  fin  de  ses  jours  , 
et  il  e^ut  pour  eux  non-seule-* 
ment  les  procédés  .,  mais  toutes 
les  grâces,  de  la  bienveillance. 
«  Ceux  qui  ont  pu  le  voir  dans 
la  société ,  dit  un  écrivain  qui  a 
consacré  une  notice  à  son  sou- 
venir ,  savent  quel  charme  il  y 
apportoit  ,  moins  par  les  agré— 
mens  de  son  esprit,  que  par  une 
attention  constante  à  faire  va-« 
loir  celui  des  autres ,  par  cette 
politesse  du  cœur  qui  ne  peut 
pas  louer  dans  autrui  ce  qui  est 
blâmable  ,  mais  qui  cherche  di^: 
moins  à  l'excuser.  » 

MOUTON ,  (  Gabriel  )  prêtr». 
de  Lyon  ,  publia  divers  traité» 
de  Mathématiques  sur  la  hauteun 
du  Pôle  de  Lyon  ,  sur  Yusage  du, 
Télescope  et  de  la  Pendule  ,  sur 
la  Manière  d'observer 'les  Dia-^ 
mètres  apparens  du  Soleil  et  de  la 
Lune  ,  sur  Vinégalité  des  Jours. 
et  la  vraie  et  fausse  Equation  des 
Temps ,  sur  une  Méthode  de  con^ 
server  et  transmettre  à  la  pos^ 
térité  toutes  sortes  de  Mesure s^ 
Il  avoit  adressé  ,  en  1694  ,  un 
Traité  des  Logarithmes. ,  à  Taca-» 
demie  des  Sciences  ,  qui  en  fait 
l'éloge  dans  ses  Mémoires  ,  et 
il  mourut  la  même  année  ^  à 
76  ans. 

MOYLE ,  (Gauthier)  mort  en 
1721^,  étoit  né  en  1672  dans  \x 
province  de  Cornouailles.  C'étoit 
un  politique  indépendant^  aussi 
peu  fevorable  à  l'autorité  dea, 
princes  qu'à  celle  de4'église  Ro- 
maine. On  a  de  lui  :  Essais  sur 
le  Gouvernement  de  Rome  ;  Exa- 
men du  Miracle  de  la  Légion 
fulminar^tc  ;  Essai  sur  k  Cou*^ 

Kx 


\ 


148       Mot 

VÊnununt  BonMû»  ,  comparé. à 
céUU  dô  Lacédémoue  ;  Xéno-* 
phon  )  sur  les  Reyeruu  J^ Athènes 
comparés  à  ceux  i Angleterre  , 
etc.  Ces  dififérens  écriti  se  trou- 
veni  dans  ses  Œuvres ,  Londres  ^ 
,Z7z( ,  deux  voL  in^S." 

MOYREAU ,  (Jean  )  gravenr 
François,  mort  en  1762  ,  à  71 
•ns  9  a  gravé  87  pièces  d'après 
^ouvermans» 

VIL  M  O  Y  S  £  ,  imprinenr 
Allemand)  renommé  dans  le  i  S." 
siècle ,  naqnit  à  Spire  ^  et  s'éta^ 
bUt  dans  la  .petite  ville  de  Son- 
cino.  On  lui  doit  un  grand  nom-* 
bre  d'ouvrages  Iiébreux  ^  et  les 
édition!  des  commentaires  de 
plusieurs  rabbins  sur  TËcriture* 
Moyse  eut  plusieurs  fils  qui  con-« 
tinuèrent  à  se  distinguer  comme 
lui ,  daus  la  même  profession» 
Ii*nn  d'eux  établit  une  imprime- 
rie h  Constantinople,  en  i53o  ; 
un  autre  se  fixa  à  Salontque. 

MULGRAVE,  (Richard) 
éoriyain  Anglois ,  a  publié  une 
histoire  de  la  dernière  rébellion 
d'Irlande»  Ayant  traité  dans  cet 
écrit  sans  ménagement  la  con- 
duite d'un  membre  du  parlement^ 
4  fut  appelé  en  duel  par  celii^ 
ci,  et  tué  dans  le  combat ,  an. 
cpDimencement  de  l'année  1^02. 

VIII.  MULLER  ,  (  Gerhard^ 
Frédéric  )  conseiller  d'état  en 
Russie ,  et  garde  des  archives  à 
Mosco>^  ,  naquit  à  Horford  en 
Westpbalie  ,  en  1705 ,  et  mourut 
en  1783.  Le  Recueil  des.  maté» 
mux  amassés  dans  le  cours  de 
aes  voyages  pour  la  géographie 
«t  rinstoire  de  Russie,  a  paru 
en  allemand  ^  en  plusieurs  peu:'-* 
lies  «  depuis  17^2  jusqu'en  1764. 
L'impératrice  Catherine  acheta  la 
collection  entière  2000  livres  ster- 
ling ,  ennoblit  son  èXs-^  et  pen-^ 
«ionna  sa  veuve. 


*  MUNICH,  célèbre  général 
des  armées  Russes  sons.  Itimpé-* 
ratrice  Anne  ,  parvint  par  des 
8ervice$  successifs  au  grade  de 
maréchal ,  et  devint  le  maître , 
dan»  l'art  de  la  guerre ,  de  Lowen» 
dal  qui  passa  ensuite  ,au  service - 
de  France.  Munich  secourut  l'em* 
pereur  Charles  VI,  vainquit  le» 
OttooMins  et  les  Tartares  de  la 
Crimée.  Par  ses  conseils,  l'imp6^ 
ratrice  Anne  ibrma  Le  corps  de» 
cadets  de  terre ,  où  sept  cents 
jeunes  gens  sont  élevés  dans  tou^* 
tes  les  connoissances  et  les  exer^» 
cices  militaires.  Ils  occupent  le 
palais  du  fameux  Menzicoff*  Mw 
pich  devint  odieux  a  l'impéra- 
trice EUzabeth,  Celle  -  ci  le  &t 
traduire  devant  une.  cour  mili- 
taire ,  oii  on  l'accusa  d'avoir  fait 
périr  trop  de  soldats  en  rempor* 
tant  des  victoires.  Munich,  im- 
patienté des  questions  absurdes 
de  ses  ^iges  ,  leur  dit  :  «  Dressez 
vous-mêmes  mes  réponses ,  et  je 
les  signerai»  »  On  le  prit  au  mot^ 
il  signa ,  et  fut  condamné  à  être 
écartelé.  L'impératrice  commua 
sa  peine  en  un  exil  dans  la  Sh 
bérie ,  et  il  fut  relégué  à  Pelim* 
U^'.^  gAgna  long-temps  de  quoi 
9tbsister,  en  donnant  des  kçons 
de  mathématiques  9  «t  en  ▼en^* 
dant  le  lait  de  ^elques  vaches 
qu'il  s'étoit  procurées^  Pierre  lïï 
parvenu  au  trône ,  rappela  la 
maréchal  Munich  ,  alors  âgé  de 
&2  ans^  ;  et  on  vit  l'un  de  ses 
kh^  et  trente -deux  petits- fils 
ou  arrière^petits-fils  ,  aller  à  se 
rencontre  hors  de  la  capitale.  Ïa 
vieillard  parut  devant  l'empereur 
au.  milieu  de  sa  nombreuse  &- 
mille,  et  couvert  de  la  mêoia 
peau  de  mouton  qui  lui  servoit 
de  vêtement  dans  les  déserts  de 
la  Sibérie.  Rien  n'avoit  ébranlé 
sa  vigueur  ni  son  courage.  Ctf-« 
Serine  II  lui  donna  le  gouver- 
nement   de  resthonie  et  de  la 


MUN 

lifonie  ,  et  il  BKmnit  à  lUga  ^ 
en  1763 ,  à  l'âge  de  85  ans ,  aveo 
h  réputation  de  Vvm  des  plus 
grands  généraux  de  son  siècle. 
On  lui  doit  le  canal  de  Wisch-- 
ncî ,  comasencé  sous  le  règne  de 
Pierre  I,  par  un  Cosaque  nommé 
Zeriakojf^  mais  resté  imparfait 
jusqu'à  lui.  Ce  canal  sert  k  faire 
toniinuniqpier  la  mer  Caspienne 
k  la  Baltique  ;  mais  les  cataractei 
de  la  Msta  qu'on  ne  peut  dé>- 
traire,  ne  rendent  pas  ce  pas** 
•âge  sans  péril. 

MUNîER ,  (  Jean  )  historien 
Bourguignon ,  a  publié  des  Re-» 
cherches  et  Mémoires  ,  pour  ser- 
vir à  l'histoire  de  l'ancienne  ville 
d'Autun,  i6fio  ,  in-^.*  Cet  ou- 
vrage est  rare  et  érudit. 

II.  MURET ,  (  N.  )  prêtre  de 
l'oratoire  de  Cannes  en  Provence, 
est  auteur  de  deux  Traités  eu— 
rieux  ;  Tua  ,  des  Festins  des  An^ 
*ifns ,  1 682  )  in-i 2  (  l'autre ,  àe 
leurs  Cérémonies  funèbres ,  1 676, 
in- II.  La  date  de  ses  ouvrages 
indique  le  temps  oti  il  vivoit..Il 
précna  à  Paris  avec  distinction. 

MUSGHAVE,  (Guillaume) 
^tenr  en  médecine  d*Oxford, 
et  secrétaire  de  la  Société  royale 
de  Londres ,  naquit  en  i€57,  et 
nioarnt  en  1721 ,  à  Excester ,  où 
il  exerçoit  son  art.  On  a  de  lui  1 
!•  Les  Tr0nsactions  philosopha 
nues ,  n."  1 67  à  1 78.  IL  Gela  Bri* 
tannicus  ,  1716  ,  in-8.0  111.  Bet^ 
fiuni  Briiannicum ,  1 7 1 9  9  in-  8.^ 
IV.  De  aquilis  Romanis  ,  ijzS  , 
»-8.»  V.  De  Legionibus ,  etc. 

MUSSASA  ,  femme  connH* 
gense  du  royaume  de  Congo  en 
•Afrique  ,  succéda  à  son  père 
^o«gy  dans  le  commandement 
d'une  tribu  guerrière.  Après  avoir 
•dopté  le  vêtement  d'un  homme , 
*JJ^  mit  à  la  tête  de  s^  trou*. 
^)  et  tes  conduisit  plusieofs 


MUS       ^4^ 

!bb  à  la  victoire.  fiUe  étendit  let 
limites  de  ton  empire  ,  et  mourut 
au  milieu  du  17'  siècle,  après 
«voir  fait  passer  son  nom  jusqu'e& 
Europe. 

*  n.  MUSTAPHA  11 ,  emp0« 
reur  des  Turcs  ,  fils  de  Maho^ 
met  IV  ^  succéda  à  Achmet  II , 
son  oncle  ,  en  1695.  Les  com.-« 
mencemens  de  son  règne  furent 
heureux.  11  défit  les  Impériaux 
devant  Témeswar  en  1 696  ;  fit  là 
guerre  avec  succès  contre  les  Vé- 
nitiens ,  les  Polonois ,  les  Mos« 
covites  :  mais  dans  la  suite ,  ses 
armées  ayant  été  battues ,  il  fui; 
contraint  de  faire  la  paix  avec 
ces  différentes  puissances;  et  so 
retira  à  Andrinople  ,  oii  il  se 
livra  à  la  volupté  et  aux  plaisir^* 
Cette  conduite  excita  une  des 
plus  grandes  révoltes  qui  aient 
éclaté  depuis  la  fondation  de 
Tempire  Ottoman.  Cent  cin-« 
qnante  mille  rebelles  forcèrent 
le  sérail  ,  et  marchèrent  vers 
Andrinople  pour  détrôner  Tem-^ 
pereur.  Ce  prince  leur  promit 
toutes  les  satisfactions  qu'ils  pour<-i 
roient  exiger  ;  rien  ne  put  les 
adoucir.  Le  grand  visir  voulut 
leur  opposer  20,000  hommes^ 
mais  ceux-ci  se  joignirent  aux 
autres.  Les  rebelles  écrivirent  à 
l'instant  à  Achmet^  frère  de  Mus'^ 
tapha  ,  pour  le  prier  d'accepter 
le  sceptre.  L  empe.reur  intercepta 
la  lettre  j  et  ,  voyant  que  sà 
perte  étoit  résolue,  il  fut  con<^ 
traint  de  céder  le  trône  à  son 
frère  en  1703. 

Sot  ce  trÔM  laosltnt ,  séjour  des  hoaém. 
cid«s« 

I«M  térOilttckMis  furtat  tooîevn  npldcff* 

SovTene  il  a  f  ofi ,  pevr  ctiaagtr  tant 
rérat. 

De  la  voix  d*wi  peattf»,  oa  éa  «il 
é^Ml  soldat. 

Mustapha  réduit  à  une  conditiai:( 


Tço        MUS 

privée  ,  mourut  de  méliincoîîe 
six  mois  après  sa  déposition.  Le 
trop  grand  crédit  de  la  sultane 
Validé ,  et  du  mufti  qui  rete- 
îioit  le  sultan  hors  de  sa  capitale 
pour  le  mieux  gouverner  ,  fut  la 
cause  de  cette  révolution.  Le 
mufti  et  son  fils  périrent  par  le 
dernier  supplice  ,  après  avoir 
essuyé  une  cruelle  question  pour 
déclarer  ou  '  étoieiït  leurs  tré- 
sors. 

*  m.  MUSTAPHA  m ,  ais 

■^'Achmet  III,  né  en  1716,  par- 
vint au  trône  le  29  novembre 
lïySy.  Il  étoit  renfermé  depuis  la 
^déposition  de  son  père  en  1730. 
Livré  à  la  mollesse  et  aux  plai- 
sirs de  son  sérail  ,  incapable  de 
ïenir  les  rênes  de  son  empir», 
îl  les  confia  à  des  ministres  qui 
iirent  des  fautes  ou  des  injus- 
tices $ous  son  nom.  Toute  son 
.occupation  se  borna  à  entasser 
des  piastres ,  et  il  en  .laissa  60 
Inillions  dans  son  trésor.  Il  mou- 
irut  en  1774,  avant  que  d'avoir 
■;vu  la  fm  de  la  glierre  '  funeste 
qui  s'éleva  sous  son  règne  entre 
îa  Russie  et  la  Porte ,  relative- 
"ïnent  aux  troubles  de  la  Pologne. 
X'impératrice  de  Russie  ,  Ca- 
iherine  27,  en  a  tracé  ce  portrait 
è  Voltaire,  «  Aucun  ministre 
•étranger  ne  voit  le  sultan  que 
dans  des  audiences  publiques. 
J\ïustapha  ne  sait  que  le  turc  , 
«t  il  est  douteux  qu'il  sache  lire 
et  écrire.  Ce  prince  est  d'un  na- 
turel farouche  et  sanguinaire. 
On  prétend  qu'il  est  né  avec  de 
•i*esprit ,  cela  se  peut  ;  mais  je 
iiui  dispute  îa  prudence  pi  ii'en  a 
point  marqué  dans  cette  guerre... 
Mustapha  avoit  une  sœur  qui 
étoit  la  terreur  de  tous  les  bâ- 
chas. Elle  avoit  avant  la  guerre  , 
«u-delà  de  60  ans.  Elle  avoit  été 
|Bariée  quifi^e  fois  3  et  lorsqu'elle 


M  u  z 

Xnanqaoît  de  mari,  le  sultan  qui 
l'aimoit  beaucoup ,  lui  donnoit 
le  choix  de  tous  les  bâchas  de 
sou  empire.  Or,  quand  une  prin- 
cesse de  la  maison  Ottomane 
épouse  un  bâcha  ,  celui  -  ci  est 
forcé  de  renvoyer  toutes  ses  au- 
tres femmes.  Cette  sultane ,  outre 
son  âge  ,  étoit  méchante  ^  ja- 
louse, capricieuse  et  intrigante. 
Son  crédit  .chez  son  frère"  étoit 
sans  bornes.'  >»  Abdul  -  Ahmid  » 
frère  de  Mustapha  ,  lui  a  suc«* 
cédé,  et  a  donné  la  paix  à  ses 
états  au  commencement  de  son 
règne  ,  le  14  juillet  1774 ,  à  58 
^s  ;  après  être  sorti  d'une  prison 
oii  il  étoit  retenu  depuis  i73o, 
et  où  H  a  fait  renfermer  son  ne-» 
veu  ,  fils  de  Mustapha-  III* 

IL  MUZIO  GALLO ,   cardi- 
nal ,  éVéque  de  Viterbe  ,   aprèJ 
avoir  parcouru  une  longue  car- 
rière dans  l'exercice  des  vertus, 
est  mort  d'apoplexie ,  à  l'âge  de 
84  ans,  en  1802.  Lorsque  le  gé- 
néral Kellermann  assiégeoit  "Vi- 
terbe ,'  le  peuple  en  fureur  me- 
naça de  massacrer  trente  Fran- 
çois qui  se  trouvoient  renfermé! 
dans  cotte  tillev  Le  cardinal  3ïu^ 
zio  exposa  plusieurs  fois  ses  jours 
pour  sauver  les  leurs  :    il  leur 
donna  asile  dans  son  palais  ;  il 
parla  au  peuple  attroupé  ,  et  le 
dissipa  par  l'influence  due  à  son 
âgé  ,  à  sa  dignité  9  au  long  exer- 
cice de   sa  bienfaisance.    Après 
avoir  été  le  libérateur  de  ces  vic- 
times dévouées  à  la  mort ,  il  leur 
dit  en  les  quittant  :  «  Souvenez- 
vous  du  vieillard  de  Viterbe  ;  il 
priera  toujours  Dieu  pour  vous,   ' 
mais  je  vous  défends  de  parler 
de  ce  que  j'ai  eu  le  bonheur  de 
faire  pour  vous  servir.  »  Ce  n'est 
en  effet  qu'après  la  mort  de  cet 
homme  généreux  que  le^  citoyeii 
Mechin,  préfet  des  Landes  ^  qui 


M  Y  C 

ftoft  dn  nombre  de  ceux  qui  lui 
dévoient  la  vie,  a  fait  connoitre 
soa  bîenfaicteur  dans  une  ilotice 
intéressante,  publiée  an  moia  d» 
pluTÎôse  de  Tan  lo. 

MYGALE ,  Thèssalienne  dont 
^arle  Plutarque ,  avoit  fait  des 
progrès  dans  Tétude  de  Tastro»- 
uomie,  et.  se  plaisoil:  à  prédire  les 
éclipses  et  à  faire  accroire  aux 
ignorans  qui  Tentouroient ,  que 
la  lune  paroissoit  ou  disparois— 
|oit  à  son  gré. 

MYON  j  (N**-)  est  auteur  de 
la  musique  de  l'opéra  de  Nitélis , 
et  du  ballet  de  \ Année  calante  » 
représenté  en  1747» 

MYRO  ,  savante  deBizance"^ 
dont  Athénée  fait  mention  ^  vi- 
voit  vers  Tan  a6o  avant  J*C.  Elfe 
épousa  le  célôbre  grammairien 
Andromachu^.  Beik  et  sj^iritu^lb) 


]«  r  R     ly* 

elle  excella  dans  la  poésie^  et  sur*^ 
tout  dans  les  vers  élégiaques. 

♦  MYRON ,  célèbre  sculptetlr 
>Grec  ,  se  plaisoit  à  représenter 
des  animaux.  On  dit  qu'a^yaiit 
sculpté  une  vache ^  on  ne  pou-« 
voit  la  distinguer  des  vivantes, 
et  qu'elle  trompait  jusques  aiui 
veaux  qui  s'approchoient  de  sei 
niameîles.  Cette  vache  a  été  céle-< 
brée  dans  une  foule  d'épigramme» 
grecques.  Notre  ancien  poëte 
Ronsard  on  a  traduit  une  don— 
zaiiie  dans  le  premiet  livre  de  se* 
poésies.  En  voici  une  : 

Un  taon  Tolam  fur  U  fifurje- 
De  cette  T»ebe  9  Ctie  isoii«^« 
*  •  7e  n'ai  jamais ,  dti*it  »  ^iqué 
Veche  qui^eût  ù  peau  ei^MTe» 

La  cigale  etla  sauterelle  de  Myroit 
fiirent  célèbres  par  leur  fini  et, 
leur  délicatesse.   ' 


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tys       N  A  BL 


NEC 


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N. 


Nabw 


>EFFBin)I ,  polte  Turc 
dn  17*  siècle  ,  et  dont  ne  fait 

Îas  mention  d'Herhelot  dans  sa 
Hhliothèquc  Orientale  t^  a*est  di^ 
tingué  dans  sa  nation  par  l'agré- 
ment  et  la  douceur  de  ses  vers. 
Il  connoissoit  la  littérature  an- 
cienne et  celle  des  latins.  «  La 
Ipature ,  disoit-il ,  qui  ne  nous  a 
donné  qu'un  organe  pour  la  pa- 
role, nous  en  a  donné  deux  pour 
Fouie  1,  afin  de  nous  apprendre 
qu'il  Âut  phis  écouter  que  par-^ 
ier.»  C'est  unetradvction  deoetta 
pensée  de  Catom  le  Censeur  :■ 

%>t  mnmm  naturm  ,  iuas  foamMtit  tt  mmru  ^ 
Ve  plus  audiret  at  f«M  k^Mëruiir  kom; 

NAN6IS,  Vùyt%  GonxAims 

4e  Nangis  ,  n*  joç.  -«-Il  y  a  une 
£unille  de  ce  nom ,  qui  remonte 
jusqu'au  1 4*  siècle ,  et  dont  étoit 
Antoine  de  Brichanteau  marquis 
de  Nangvs,  mort  en  1 6 1 7,  colonel 
des  gardes  sous  Henri  JIJ ,  et 
4rès-attaché  à  Henri  IV,  quil 
Siccompagna  dan  s  tous  %e%  voyages^ 
depuis  1590  jusqu'en  1592,  avec 
une  compagnie  de  gendarmes 
{qu'il  entretenoit  à  ^es  dépens. 

I.  NANNI,  (Jean)  peintre 
d'Udine,  né  en  1494  ,  mort  à 
Rome  eu  1664  ,  fut  disciple  de 
IRaphaël  qui  le  ht  quelquefois  tra- 
vailler à  ieè  tableaux.  Médiocre 
dans  le  genre  de  l'histoire,  il  pei- 
^noit  beauconp  mieux  lesfienrs, 
les  fruits  ,  les  animaux. 

NARBONNE,  (Aymery, 
;ricomte  de  >  amiral  de  France  , 
inort  en  1882,  conduisît  Blanche 
4e  Bourbon  à  Pierre  le  Cruel  ^ 
ft  fut  fait  prisonnier  à  la  bataille 
^  Poi^rt.  Il  étpit  pair  les  femmes 


de  IVmoieiiiie  muson  desTÎcoaites 
de  Narbonne  qui  remonte  au  z^ 
siècW ,  et  qiii  sabsisle* 

NATOIRE  ,  (  Charki  >  mort 
directeur  de  Facadémie  de  Pein-« 
tnre  à  Home,  oii  il  mourut  en 
1775 ,  étoit  né  à  Nîmes  en  1700^ 
Ses  tableaux  sont  estimés  pour 
la  beauté  e(  I9  eorroction  di| 
dessin. 

NAVEAU,  (Jean-Baptiste) 
fermier  des  devoirs  de  Bretagne  ^ 
né  à  Puiseaux  en  17 16  ,  et  mort 
en  1762,  a  publié  en  1767  ^  ei| 
;^  volumes  in- 12  ,  Le  Financier 
Citoyen  :  deux  mots  qn*on  n'avoit 
guères  vn  ensemble.  Ce  livre 
renferme  <pielques  pbservation^i 
ntiles. 

NAULO,  (N»»)  de  Lyon, 
fut  un  arithméticien  ,  que  sei 
Calculs  A  rendus  faciles  pour  Us 
»^ocM«j,  doivent  tirer  de  roH«« 
bli.  Il  est  mprt  an  miliea  du  siècle 
passée 

NECKER,  (Snzanne-N.)  £IIa 
d'un  ministre  Protestant ,  acquit 
un  grand  nombre  de  connois-* 
sauces ,  et  s'attacha  d'abord  k 
l'éducation  d'une  jeune  personne 
de  (xenève  ,  qu'elle  quitta  pour 
s'unir  à  M.  Necker  ,  qui  n'étoit 
encore  que  simple  commis  d'un 
banquier  Suisse.  Elle  suivit  la 
fortune  de  son  époux  dans  toutes 
ses  chances.  Lorsque  ce  dernier 
fut  jsarvenu  à  la  direction  des 
finances  de  France ,  Mad.  Necker', 
loin  d'en  prendre  plus  d'orgueil  « 
9e  se  servit  de  son  pouvoir  qne 
pour  augmenter  le  bien  qu'élis 
«a^pla»^  à  Aùre.  $09  pçcupsn 


NEC 

!bn  favorite  fat  de  çontrlbner  à 
ramélioration  du  régime  intérieur 
des  hôpitaux  ,  et  de  diriger  ellç- 
jnénie   un  hospice    de    charité 
on  elle  établit  à  ses  frai^  près  de 
Paris.  Son  caractère  obligeant  et 
«on  esprit  facile  ,  lui  donnèrent 
Beaucoup  d'amis  parmi  les  gens 
de  lettres,    Thomas    et   Bi^fon 
étoient  du  nombre.  Elle  appeloit 
Je  premier  l'Homme  de  ce  siècle , 
tt  le  second  V Homme  des  siècles. 
Après  la  retraite  de  M.  Necker  , 
elle  le  suivit  à  Coppet  en  Suisse , 
•t  y  est  morto  eq  1794.  Oïl  lui  ' 
doit  les  ouvrages  snivans  ;  I.  Des 
InhumAtions  précipitées,  1790, 
ni -8.*»  H.  Mémoire   sur  l'éta- 
blissement de$  hospices ,  in-8.* 
ffl.  Béfiexions  sur  le  divorce , 
^795»  in-8.0  L'auteinr ,  née  dans 
toe  religion  qui  autorise  le  di^ 
Torce ,  n'en  soutient  pas  moins, 
<bos  cet  écrit ,    Tindissolubilité 
<le  l'union  conjugale.  On  y  trouve 
pins  de  sentiment  que  de  raison- 
Bernent.  Le  style  en  est  souvent 
peu  naturel   et  trop   précieux. 
I^s  comparaisons  le  surchargent, 
et  n*ont  pas  toujours  une  juste 
JPpUcation,  Mad.  Necker  y  ou-^ 
Jfie  son  sujet   pour   s'occuper 
«elle ,  de   sa    famille  ,   de  son 
*poux.  C'est  une  terrible  tenta- 
^  que  celle  de  tronver  Tocca- 
{ion  de  se  louer  ,  et  de  ne  pds 
le  faire;  aussi  n'y  résiste-t-elle 
ï^*  Cet  écrit  ,  très  -  censuré  , 
Jffire  cependant  beaucoup  d'idées 
^wtes  et  touchantes  ,  et  on  en 
P«^t  juger  par  celles-ci  :  «  Le 
mariage    réunit  nos   affections 
«psrses  ;   il  met  deux  âmes  en 
«<»mmunauté  de  vie  ,  et  la  diÉFé- 
ïeace  des  sexes  et  des  fecnltés 
•njpéche  que  ces  deiïx  nmes  ne 
*^ientinmais  rivales.  ^Les  hem- 
*^8  aiment  la  gloire  ;  les  femmes 
^  montrent  le  chemin  et  déci- 
WA  Hs  smccès.  Ce  sont  les  bl^Q*^ 


NEC         155 

chêS  colombes  qui  conduisirent 
Enée  au  rameau  d'or.  -—La  so-i 
litude  est  sans  doute  un  des  plus 
grands  malheurs  de  l'âge  avancé. 
£tre  deux  est  déjà  un  moyen  de 
se  rassurer  dans  les  ténèbres  qui 
environnent  le  tombeau  ;  mais 
il  faut  une  grande  réunion  de 
bien  faits  et  d'estime  ,  pour  que 
des  vieillards ,  s'aidant  mutuel- 
lement à  supporter  le  poids  des 
années,  parviennent  à  se  le  ren- 
dre agréable.  — Il  faut  que  de 
longs  jours  représentent  une 
longue  suite  de  senti  mens  déli- 
cats et  d'actions  nobles  ;  il  faut 
^e  le  son  d'une  voix  chérie  , 
un  reste  de  feu  dans  les  regards  ,  / 
des  paroles  sensibles  et  toujours 
amies  ,  soient  pour  les  épOux 
comme  ces  airs  connus  qui  rap-^ 
pellent  à  une  grande  distance  les 
plaisirs  de  la  jeunesse  et  les  dou- 
ceurs de  la  patrie  ,  qui  nous  y 
ramènent  et  nous  y  retiennent 
pour  vivre  et  mourir  dans  son 
sein.  —Deux  vies  qui  ont  tou- 
jours fait  partie  l'une  de  l'autre  , 
deviennent  encore  plus  insépa- 
rables après  une  longne  et  pai-^ 
slble  union.  Lorsque  tout  nous 
abandonne  ,  un  seul  ami ,  une 
seule  amie  nous  restent  :  noj:re 
existence  est  suspendue  au  sooffl» 
dont  ils  sont  animés.  La  terr» 
dévastée  par  le  temps  de  tout  oe* 
quf  l'embellissoit  autrefois ,  n'est 
peuplée  pour  nous  que  par  un 
seul  être  qui  nous  ressemble. 
Tous  les  autres  nous  sont  étran- 
gers. —  Ah  !  qui  pourroit  suj^- 
porter  d'être  jeté  seul  dans  cette 
pli^  inconnue  de  la  vieille^e  ! 
Vos  goûts  sont  changés  ;  nos 
pi^ssioni  sont  afibiblies  \  le  té- 
moignage et  l'affection  d'un  autre 
sont  les  seules  preuves  de  la  con- 
tianité  de  notre  existence.  Le 
sentiment  seul  nous  apprend  h 
noju  recpna^itre  {  il  commanda 


154        NEC 

au  temps  d'alléger  son  empire. 
Ainsi,  loin  de  regretter  le  monde 
qui  nous  fuit ,  nous  le  fuyons  à 
notre  tour.  Nous  échappons  à 
des  intérêts  qui  ne  nous  attei- 
gnent déjà  plus ,  nos  pensées 
s'agrandissent  comme  les  om- 
bres à  l'appioche  de  la  nuitj  et 
un  dernier  rayon  d'amour  ^  qui 
n'est  plus  qu'un  rayon  divin  ^ 
semble  former  la  nuance  des  plus 
purs  sentimens  que  nous  puis- 
sions éprouver  sur  la  terre ,  avec 
ceux  qui  nous  pénétreront  dans 

,  le  ciel.  »  IV.  Mélanges  extraits 
des  manuscrits  de  Mad.  X^fecker  , 
1798,  8  vol.  in-8."  Us  ont  été 
publiés  après  la  mort  de  l'auteur. 
jEn  général ,  on  trouve  dans  tous 
ses  ouvrages  un  grand  nombre 
de  pensées  vraies  et  fines  ,  des 
tableaux  d'un  beau  coloris  ,  des 
conseils  sages  et  bien  exprimés 5 
mais  oa  peut  plusieurs  fois,  luji 
appliquer  ce  que  Voliaire  a  dit  de 
l'éloge  de  Colbert  par  son  époux 3 
,«  qu'il  y  a  autant  de  many^is^que 
de  bon ,  autant  de  phrases  -obs-^ 
cures  que  de  claires  y  autant  dp 
mots  impropres  que  d'expressions 
justes ,  autant  d'exagéj-atioiis  que 
de  vérités.  »  Moins  de  désir  de 
jouer  lui  rôle  ^  auroit.  peut-être 
diminué  sa  célébrité  et  augmqiité 
son  bonheur.  Thomas  qui  lui  a 

•  consacré  ^des  vers  adressés  à  Su^ 
zatine  ,  fait  ainSi  indirectement 
l'éloge  de  Mad.  Necker,,  dans  son 
£ssai  sur  les  Femmes  :  «  Celle 
qui  est  véritablement  estimable, 
est  la  fem'me  qui  ,  prenant  dans 
..le  mpn4e  les  charmes  de  la  so- 
ciété ,  c'est-à-dire  Je  goût ,  ]fi 
grâce  et  l'esprit,  sait  en  même 
temjjs  .sauver  sa  raison  et  son 
cœur  de  cette  vanité  froide  ,  de 
cette  fausse  sensibilité  qui  nais- 
sent de  l'esprit  de  société  ;  celle 
qui ,  asservie  malgré  elle  aux 
conventions  et  aux  usages ,,  ne 


NEE 

pevâ  point  de  vue  la  nature  ,  eé: 
se  retourne  encore  quelquefois 
vers  elle  pour  l'honorer  du  moins 
par  ses  regrets  ;  celle  qui ,  par 
son  état  ,  forcée  à  la  dépense  et 
au  luxe  ,  choisit  du  moins  des 
dépenses  utiles  ,  et  associe  l'indi-» 
gence  industrieuse  à  sa  richesse  j 
celle  qui,  en  cultivant  la  philo* 
Sophie  et  les  lettres  ,,  les  aime 
pour  elles-^mémes  ,  non  pour  une 
vaine  réputation  ;  celle  enfin  qui, 
parmi  tant  de  légèreté  ,  a  un  ca- 
ractère ,  qui  dans  la  foulé  a  coiv* 
serve  une  ame  ,  qui  dans  le 
monde  ose  avouer  son  ami ,  après  I 
l'avoir  entendu  calomnier ,  qui 
ose  le  défendre  quand  il  doit  n'en 
rien  savoir,  qui  hors  de  sa  mai- 
son et  chez  elle  sait  garder  son 
estime  à  la  vertu  ,  son  méprij  ; 
au  v^ce  et  sa  sensibilité  à  l'a-  ; 
mitié.  » 

I.  NÉEDHAM,  (Marcha^ 
mont)  médecin,  né  à  Burford 
en  1620,  abandonna  pendant 
quelque  temps  l'art  de  guérit 
pour  celui  de  -gouverner.  B  ne 
.fut  ni  roi  ni  .ministre  ;  mais  il 
j)ublia  ,  sous  le  protectorat  de 
Croniwell ,  un  Traité  de  la  Sou» 
veraùieté  du^  peuple  et  de  VexceU 
tence  d'un  état  Ubre ,  traduit  eu 
franco is  par  Mandard  ,  Paris, 
.179X,  a  vol.  in.- 8.°  Néedham  t 
en  posant  le  principe  de  la  sou- 
veraineté du  peuple.,  flattoit  alors 
la  passion,  qui  dominoit  dans  sa 
patrie.  Son  ouvrage  est  savant., 
méthodiquo  et  hardi.  Il  recueille 
toutes  les  preuves  que  lui  fournit 
l'histoire,  et  cherche  à  répondre 
aux  objections  qu'on  tire  des 
.  orages  ,  de  \ esprit  de  faction  qui 
régnent  dans  les  administrations 
populaires ,  et  de  Y  ingratitude  ài 
peuple.  Charles  II,  réUbli  sur 
le  tf  ône  de  ses  pères ,  lui  accorda 
soi  pardon  «  il  se  consacra  alop 


NE  E 

1  Ih  midecine ,  et  après  de  grands 
succès  dans  l'exercice  de  cet  art , 
il  amassa  une  fortune  considéra- 
bJe,  et  mourut  en  1718. 

MI.  NÉEDHAM,  (Jean 
Tnberville)  né  à  Londres  le  10 
septembre  17 13 ,  étoit  de  la  bran- 
«he  puînée  de*  la  fanjîUe  dont 
milord  Kilmotey  est  le  chef.  Né 
dans  la  religion  Catholique  ,  il 
s'établit,  en  17^  ,  dans  le  sé- 
minaire des  Anglois  à  Paris ,  et 
devint  correspondant  de  l'acadé- 
roiedes  Sciences ,  et  ensuite  mem- 
bre de  la  Société  royale  de  Lon- 
dres en  1749.  Il  e5t  le  premier 
«cclêsiastique  CatholiquQ^  que 
«ette  compagnie  ait  adopté.  Le 
gouvernement  des  Pays-Bas  l'ap- 
pela, en  1769,  pour  concourir 
I  l'établissement  d'une  société 
littéraire.  Il  mourut  le  3o  décem- 
bre 178 1 ,  à  Bruxelles ,  oii  il  étoit 
rçcteur  de  l'académie  des  Sciences 
et  Belles-Lettres.  Il  s'est  fait  un 
nom  distingué  par  des  connois— 
Mnces  étendues  et  variées  ,  sur- 
tout dans  la  physique  et  l'histoire 
flatarelle.  Des  observations  pé- 
nibles sur  des  objets  non  moins 
^accessibles  aux  yeux  qu'à  l'in- 
telligence de  l'homme  ,  l'ont  fait 
regarder  comme  un  des  plus  la- 
ineux coc^érateurs  de  M.  de 
^^ffon,  et  ont  préparé  le  sys- 
tème sur  la  génération  des  êtres 
vivons ,  publié  par  le  Pline  Fran- 
sois.  Quoique  ses  expériences 
'ar  les  animaux  microscopiques 
Paient  pas  e^u  le^  succès  qu'il  leur 
*  supposé  y  elles  ne  méritent  pas 
*Ç  mépris  que  Voltaire  leur  a  pro- 
digué. Néedham  ,  malgré  l'abus 
^Qe  des  hommes  superficiels  pour- 
voient faire  de  quelques-unes  de 
ses  hypothèses  ,.  étoit  inébran- 
lable dans  les  bons  principes  et 
dans  son  attachement  au  Chris- 
.^anisme.  U  avoit  plus  de  science 


N  E  M        içç 

qu*il  n*avoit  de  talent  do  la  fairô 
paroître.  Soit  modestie  ,  soit 
éloignement  naturel  du  bruit  , 
soit  diiEculté  de  s'énoncer  dans 
une  langue  étrangère ,  ou  je  ne 
sais  quelle  opposition  qui  se 
trouve  quelquefois  entre  la  mul- 
titude et  la  précision  des  idées  ; 
Testimable  académicien  parlant 
ou  écrivant ,  paroissoit  presque 
toujours  au-dessous  de  ce  qu'il 
étoit  en  effet.  On  a  de  lui  :  I.  Di- 
verses Obserçations  insérées  dané 
l'Histoire  naturelle  de  M.  de 
Buffon,  II.  Nouvelles  "Recherches 
sur  les  découvertes  microscopiques 
et  la  génération  des  corps  orga^ 
nisés ,  traduites  en  françois  par 
Lavirotte,  Paris  ,  1750  ,  in— 8.* 
in.  Des  notes  sur  les  Recherches 
microscopiques  de  Spalanzani  , 
à  la  suite  de  l'ouvrage  de  cet  au- 
teur; Paris,  1769  ,  2  vol.  in-8.* 
IV.  Des  Recherches  sur  la  nature 
et  la  religion. 

*  NÉEL ,  (Louis-tealthazar) 
mort  à  Rouen  sa  patrie  en  1754  ^ 
est  auteur  de  :  I.  Voyage  de  Paris 
à  Saint^Cloud ,  par  mer  et  par 
terre,  1761  ,  in-ia  :  bagatelle 
agréable  et  plaisante  qu'on  lit 
avec  plaisir.  IL  Histoire  du  m/^ 
réchal  de  Saxe ,  1762  ,  trois  vol. 
in-ia.  III.  Histoire  de  Louis  duc 
d'Orléans ,  fils  du  régent ,  1763  ^ 
in-i2.  IV.  Et  de  plusieurs  Pièces 
de  vers  sur  differens  sujets.  Son 
style  est  quelquefois  gêné ,  et  sa 
poésie  foible  ;  on  y  trouve  ce- 
pendant quelques  bons  vers. 

♦  m.  NÊMÉSIEN,  (An^ 
relius  —  Olympius  —  Nemesianus  ) 
poëte  Latin  natif  de  Carthage  , 
vivoit  vers  l'an  281  j  sous  l'em- 
pire de  Numérien  ,  qui  voulut 
bien  entrer  en  concurrence  aveo 
lui  pour  le  prix  de  la  poésie.  On 
ne  sait  rien  de  particulier  sur  sîi 
vie  9  sinon  c[u  il  avoit  les  qualités 


1^6       N  E  M 

dn  coeur  jointes  à  celles  de  Fe»- 
prit.  On  croit  qu'il  périt  dans 
les  proscriptions  qui  ensanglan- 
tèrent le  commencement  dn  rè- 
gne de  Dioclitien.  Il  nous  reste 
de  lui  des  fragmens  d'un  ppême 
intitulé  ,  Cynegetica  ,  sive  De 
Venatione  ,  adressé  à  Carin  et  à 
Numérien  ,  après  la  mort  de  leur 
père  Carus»  Ce  poème  dont  il  ne 
reste  que  le  commencement  et 
environ  33o  vers ,  étoit  resté  in- 
connu pendant  douze  siècles.  San- 
Ttasar  dans  son  voyage  en  France, 
le  découvrit  manuscrit  à  Tours 
et  l'emporta  en  Italie,  Il  parut 
bientôt  imprimé  à  Venise  par 
JPierre  Manuçe  ,  fils  du  oélèb-r© 
^lAlde  Manuce,  11  est  plus  connu 
par  quatre  Eglogues^  qui  ne  sont 
pas  sans  mérite.  Le  dessein  en 
est  assez  régulier ,  les  idées  fines  , 
et  les  vers  ne  manquent  ni  de 
tour  ni  d'élégance.  Du  temps  de 
Charlemagne ,  elles  étoient  au 
nombre  des  ouvrages  classiques. 
Kous  en  avons  une  traduction  en 
françois  par  MairauU ,  dont  la 
fidélité ,  l'exactitude ,  la  précision 
et  l'élégance  ont  mérité  les  éloges 
des  gens  de  goût.  Elle  parut  en 
1744  ,  in<-i2  5  enrichie  de  notes 
qui  offrent  de  la  mythologie ,  des 
traits,  d'histoire  ,  une  érudition 
variée,  et  beaucoup  de  critique. 
Depuis  la  traduction  de  MairauU, 
il  en  a  paru  une  autre  à  Paris , 
l'an  8  ,  par  M.  Latour  ,  traduc- 
teur de  CLaudien,  Celle-ci  ne  fera 
pas  oublier  la  première.  Les  écrits 
de  Némésien  ont  été  imprimés 
avec  ceux  de  Catpurnius  et  de 
Gratins  ,  dans  les  Poé'tœ  rei  Ve^ 
naticœ  ,  Leyde  9  xyBi  9  deux  vol. 
în  — 4.°  Les  antres  éditions  de, 
Némésien  et  de  Gratins  ,  sont 
d'Augsbourg ,  1534.,  in-S'*;  de 
iVenise ,  la  même  année  ;  de  Lyon 
ehez  les  Gryphe  ,  en  1527  et 
,1573  ;  de  Hanau  en  iéi3  i  de 


N  E  M 

Leipzig  9  en  f  €63  r  de  Londrct^ 
en  1 629  ,  chez  Johnson ,  etc.  Ces 
dcHX  poètes  se  trouvent  encore 
dans  les  collections  de  Seyera-* 
hondius  en  1 582  ,  de  Fithou  et 
1690  9  de  VUlius  en  1645,  de 
Maittaire  en  i7i3  9  et  de  But» 
mann  en  1731» 

»  II.  NEMOURS  9  (  Jacqnés 
DE  Savoie  9  duc  de  )  fds  de  Phi^ 
lippe  de  Savoie  »  duc  de  Nemours, 
et  de  Charlotte  d'Orléans  Lou" 
gueville ,  né  à  l'abbaye  de  Vain 
luisant  en  Champagne  l'an  i53f  9 
signala  son  courage  sous  Heu" 
ri  IL  Après  avoir  servi  avec  éclat 
en  Piémont  et  en  Italie  ,  il  fbt 
fait  colonel  général  de  la  cava* 
lerie.   U  réduisit  le  Dauphiné^ 
défit  par  deux  fois  le  baron  det 
Adrets  j  le  ramena  dans  le  parti 
du  roi  9  contribua  à  sauver  Chat^ 
Us  IX  a  Meaux  oil  les  rebelle» 
étoient   près   de   l'investir  ,  » 
trouva  a  la  bataille  de  Sairit* 
Denis  9  s'opposa  au  duc  de  Deux» 
Ponts  en  15699  et  mourut  h 
Annecien  i585.  Ce  prince  étoit 
aussi  recommandable  par  les  qua- 
lités du  cœur  et  par  sa  généro- 
sité 9  que  par  son  esprit  et  son 
savoir.  Il  parloit  diverses  langue!) 
écrivoit  dans  la  sienne  avec  beau-» 
coup  de  facilité  en  vers  et  en 
prose  ,  et  joignoit  à  tous  ces  avan- 
tages les  agrémens  de  la  figufe. 
Il  avoit  de  Françoise  de  Bohan 
de  la  Garnache ,  (  Voyez  Gar- 
Vâchb  )  un  fils  qui  fut  déclaré 
illégitime  par  arrêt  du  parlement 
en  I  5  6  6.  Il  se  maria  depuis  à 
Anne  d'Est  veuve  de  François 
duc  de  Guise  tué  devant  OrléanS) 
et  qui  en  eut  plusieurs  en  fans. 
Cette  princesse  n'en  donna  pa* 
moins  au  duc  de  Nemours ,  dont 
la  postérité  masculine  s'est  éteinla 
dans  Henri  duc   de  Nemours  ^ 
mort  en  i65;^>  La  veUve  dç  Jas^ 


HEM 

fneiJe  Nemoun,  fi^ra  dans  U 
ligne  sons  le  nom  de  Duchesse 
ie Nemours  ;  et  comme  elle  étoit 
Wssne ,  sa  figare  et  son  entboa- 
tiume  foarnirent  des  sujets  de 
pkùanterie  aux  Royalistes.  Elle 
mourut  à  Paris  'eu  1 6  o  7  ^  à 
)i  ans. 

NEMOUBS ,  (la  duchesse  de  ) 
Voyez  la  fia  ^^  K  B  M  o  u  R  S  , 
1.ML 

M.  NEPOS,  (CoraeUus) 
lûstorien  Latin ,  natif  d'Hgstilie 
près  de  Vérone  ,  fiorissoit  du 
ttmps  de  l'empereur  Augusie»  Il 
étoit  ami  de  Cicéron  et  à'Atticus , 
fii  chérissoit  en  lui  un  esprit 
Jélicat  et  un  caractère  enjouéf 
Be  tons  les   ouvrages  dont  il 
■voit  enrichi  la  littérature ,  il  ne 
.Jiotu  reste  que  le  premier  lirre 
à  S98  Vies  des  plus  illustres 
^Uairus  Grecs  et  Romains ,  et 
^^e  chose  du  second.  On  les 
I  long-temps  attribués  à  MnU^ 
^t  Probus ,  qui  les  publia  y  dit- 
Su  ,  sous  son  nom ,  pour  s'in— 
Ànaer  dans  les  bonnes  grâces  de 
Tkéodose.  Cet  ouvrage  est  écrit 
«vecla précision  eJfeTéléganee  qui 
fuient  le  car^c|:èrp   des  écri— 
Tsins  du  siècle  d'Auguste.  L'au- 
^î  sème  de  Ûeurs  ses  récits , 
iB&is  sans  profusion.  Il  sait  don-* 
^r  aux  plus  simples  un  coloris 
^réable.  Tout  y  est  rangé  dans 
Jn  ordre  clair  et  net.  Les  ré- 
«sxjons  n'y  sont  pas  prodiguées  ; 
»|si«  celles  qu'on 'y  trouve  sont 
'ives ,  brillantes ,  neuves ,  et  res- 
Ç«ent  la  vertu.  Sa  Vie  d'Aiticus 
•st  l'une  des  plus  intéressantes  ; 
^•iî  il  altère  la  vérité  en  faveur 
I  ^Vanjitié ,  lorsqu'il  avance  qu'il 
»«  mettoit  point  d'argent  à  in- 
Y^y  qu'il  n'étoit  jamais  entré 
flans  aucune  intrigue  ;  qu'il  avoit 
^'^Qiours  eu  pour  Cicéron.  une 
^  ¥m  coostaat»  et  ^4^Up  i  etfi, 


N  ER 


M7 


etc.  Nous  avons  une  traductiod 
prolixe  et  froide  de  ComeliuM 
Nepos  ,  par  le  Pèro^  le  Gras  do 
l'Oratoire ,  qui  Ta  enrichie  de 
notes  utiles  ;  et  une  autre  par 
M.  l'abbé  Paul  «  publiée  en  1781^ 
in- 12.  Les  meilleures  éditions  de 
cet  historien  sont  :  L  Celle  ad 
us}àm  Delphini ,  à  Paris ,  Léo^ 
nardt  1674,  in-40,  donnée  par 
Courtùt*  II.  Celle  de  Cuick ,  in- 
S^*,  1542,  à  Utrecht.  III.  Cello 
dite  yanorum »  in—  8<*,  Leyde  , 
1734.  Consteller  en  a  publié  une 
édition  en  1745  ,  in«t2.  Elle  e^t 
décotée  des  tètes  des  capitaines  , 
gravées  d'après  les  médailles  et 
les  anciens  monnmens.  M.  Pikt- 
Uppe  la  dirigea. 

IL  NÉHI,  (Pompée)  né  à 
Florence  en  1707  ^  d'un  père  ju- 
risconsulte éclairé  ^  étudia  la  phi«« 
losophie  et  les  lois  dans  l'univers 
site  de  Pise.  Il  obtint  bientôt  uno 
chaire  de  droit  public  dans  cette 
imiversité.  Lors  de  l'extinction  de 
la  maison  de  Médicis ,  la  Tos- 
cane ayant  passé  à  François  duc 
de  Lorraine ,  il  fut  choisi  pour 
Un  des  secrétaires  du  conseit  ^ 
et  il  occupa  cet  emploi  jusqu'en 
1749  ,  qu'il  fut  nommé  par  l'im^r 
pératrice  Marie-^Tkérèse ,  pré-« 
sident  de  la  Junte  des  impôts  da 
la    Lombardie    Autrichienne    à 
Milan.  L'impératrice  ayant  for- 
mé avec  le  roi  de  Sardaigne  ,  I9 
projet   d'un    règlement  sur  les 
monnoies ,  Néri  fut  mis  à  la  tête 
de  la  commission  qu'on  établit 
pour  cet  objet.  Rappelé  dans  sa 
patrie  en  1758  ^  par  le  grand  duc 
Léopold ,  il  y  fonda  l'académie 
de  Botanique  ,  dont  il  forma  le 
plan  et  dicta  les  statuts.  Il  est 
mort  à  Florence  le  1 4  septembre 
1776  )  laissant  une  bibliothèque 
qu'on  regardoit  comme  une  des 
l^hH  Qdbe^  de  l'fiurope  pour  U 


158        N  E  V 

partie  de  la  jurisprudence.  Se$ 
otfvrages  sont  :  I.  Discours  sur 
la  compilation  d'un  nouveau  code 
de  lois  municipales  pour  la  Tos- 
cane. II.  Observations  sur  Vétat 
ancien  et  actuel  de  la  Noblesse 
de  Toscane.  III.  Description  de 
l'état  où  se  trouve- le  système  uni- 
versel d'impositions  dans  le  duché 
de  Milan,  Il  opéra  dans  cette 
partie  des  changemens  avanta— 
geux  ,  et  prévint  les  désordres 
qui  accompagnent  d'ordinaire  les  ^ 
réformes  subites.  IV.  Observa-^ 
tiens  sur  le  prix  légal  des  Mon-m 
noies  et  l^difficulté  de  le  fixer 
et  de  le  soutenir,  -—Il  y  a  eu  un 
savant  du  nom  de  NÉni ,  (  An-^ 
ioine  )  dont  nous  avons  un  livre 
^curieux  imprimé  à  Florence  , 
1 6 1 2  ,  in  —  4° ,  sous  ce  titre  : 
Dell*  Arte  verrariâ  ,  lib,  rit  ; 
(  Voyez  KuNCKEL  )  et  un  domi- 
nicain nommé  Thomas  Neri  , 
qui  consacra  sa  plume  à  défendre 
le  fameux  Savonarolej  son  con* 
frère. 

*  II.  NEVERS ,  (  Lonis  de 
Gonzague  ,  duc  de  Ne  vers  )  fils 
de  Frédéric  II  duc  de  Mantoue  , 
naquit  en  1 538.  Ayant  passé  de 
bonne  heurjè  en  France  ,  il  de- 
vint duc  de  Nevers  en  i565  par 
son  mariage  avec  Henriette  de 
C lèves  5,  héritière  de  ce  duché. 
U  servit  avec .  distinction  sous 
Henri  II ,  Charles  IX  et  Henri 
III,  Il  obtint  le  gouvernement 
de  Champagne,  et  fut  le  premier 
chevalier  de  l'ordre  du  Saint- 
Esprit.  ,11  avoit  été  blessé  à  la 
cuisse  en  1667  9  en  combattant 
contre  les  Calvinistes.  On  a  pré- 
tendu que  des  propos  durs  que 
Henri  IV  lui  tint  dans  le  con-. 
jeil,  l'affligèrent  tellement  que 
ses  blessures  se  r'ouvrirent.  U 
mourut  peti  de  jour$  après  ,  en 
4»cl.obrç.x595  y  à  9^  ans.  $i  la 


N  E  U 

cause  de  sa  mort  est  véritable, 
on  peut  dire  qu'il  raéritoit  un 
meilleur  sort  ;  car  s'il  ent  des 
emplois  considérables  en  France , 
il  en  fut  digne  par  se^  talens , 
ses  vertus  et  ses  services.  M.  Tiur^ 
pin  a  publié  son  Histoire ,  Pafis, 
1790,  in— 12.  Nous  avions  déjà 
ses  Mémoires  publiés  par  Gom^ 
herville  t  i665  ,  a  vol.  in-folio. 
Ils  renferment  des  choses  cu- 
rieuses ,  et  s'étendent  depuis  1674 
jusqu'en  169 5.  On  y  a  joint  beau- 
coup de  pièces  intéressantes , 
dont  quelques-unes  vont  jus- 
ques  en  1 6 1  c^ ,  année  de  la  mort 
de  Henri  IV,   Voyez  I.  GoN- 

ZAGUB. 

NEVEU,  (Guillaume)  avocat* 
au  présidial  de  Lyon,  a  été.le- 
diteur  des   Œuvres  dé  Nicolas 
Boyer  ,  président  au  parlement 
de  Bourgogne  en.  1 55 S. 

*  III.  NEUFVILLE  ,  (Fran- 
çois de)  fiis  du  précédent,  duc 
de  Villeroy ,  pair  et  maréchal  de 
France  ,  etc.  ,  commanda  en 
Lombardie  ,  où  il  fut  fait  pri- 
sonnier à  Crémone,  le  premier 
février  1702.  Lorsqu'il  fut  choisi 
pour  aller  commander  en  Italie, 
toute  la  cour  s'empressa  de  le 
complimenter  ;  le  maréchal  de 
Duras  fut  le  seul  qui  lui  dit  :  Je 
garde  mon  compliment  pour  votre 
retour.  Les  ennemis  le  rendirent 
sans  rançon  :  cç  qui  nous  coûta 
plus  cher ,  dit  Ducîos  ,  que  si  on 
l'eût  payée  pour  le  faire  retenir. 
Au  lieu  de  se  borner  au  métier 
de  Courtisan  ,  il  alla  en  Flandre, 
et  eut  encore  le  malheur  de 
perdre  la  bataille  de  Ramillies, 
le  23  mai  1 706.  La  perce  étoit 
é^ale  de  part  et  d'autre ,  lorsque 
les  troupes  Françoises  se  déban- 
dèrent pou^  fuir  plus  vîte.X'en- 
nemi  ,  averti  de  ce  désordre , 


i 


NEU 

itjyards  ;  nn  grand  nombre  fut 
pris ,  avec  l'artillerie ,  les  bagages 
et  les  caissons  qui  se  trouvèrent 
abandonnés.     Malheureux    à  la 
guerre ,  il  fut  plus  heureux  dans 
le  cabine^t.  11  devint  ministre  d'é- 
tat, chef  dn  conseil  des  finances 
•t  gonvemeur  du  roi  Louis  XV,' 
auquel  il  parla  peut-être  plus  de 
sa  puissance  que  de  ses  devoirs 
à  l'égard  de  son  peuple.  Il  mou- 
rut à  Paris  le  i8  juillet  1780^ 
à  87  ans  5  regardé  comme  un  gé- 
néral incapable  et  un   seigneur 
hautain  ;  mais  comme  un  honnête 
homme,  fidelle  à  l'amitié,  géné- 
reux et  bienfaisant.  (  Voy.  Mon- 
KOYB).   Ces   ^qualités   Tavoient 
rendu  le  favori  de  Louis  XIV. 
Dans  les  orages  de  la  cour ,  il 
parla  hautement  pour  ses  amis. 
'  Lorsque  les  sceaux  furent  6té» 
•u  chancelier    d'Aguesseau  ,    il 
«'éleva  contre  cette  injustice  ,  et 
il  dit  à  tTArménonville ,  son  suc- 
cesseur :  Je  n,e  vous  fais  point  de' 
^npliment  ,  persuadé  que  vous 
àes  fâché  de  succéder  à  un  homme 
*omme  M,  d'Aguesseau. 

NEUKIRCH ,  conseiller  d'état 
du  margrave  d'Anspach  ,  ^ut  ini 
poète  argréable ,  quoique  dans  sa 
jeunesse  il  ait  déparé  ses  poésies 
par  une  foule  de  comparaisons 
«vec  les  drogues  du  Levant ,  que 
îes  voyages  que  l'on  'faisoit  aux 
fades  rendoient  à  la  mode  dans 
son  pays.  Ayant  été  nommé  gou- 
verneur du  fils  dii  margrave  ,  il 
crut  ne  pouvoir  mieux  s'acquitter 
^e  l'éducation  de  son  élève ,  qu'en 
traduisant  pour  lui ,  le  Télé— 
^ue  en  vers.  D  est  mort  au 
ttiilieu  du  18»  siècle. 

NEUVILLE ,  (Didier-Pierre 
Chicanau  de  )  né  à  JS^anci  en 
1720 ,  d'une  famille  noble  ,  fut 
successivement  garde  du  roi  de 
^<^Ogne  ^aaislas  ,  «Yoçat  ^  iiu- 


NIE  IÎ9 

pectenr  de  la  librairie  h  Nîmes  , 
ecclésiastique  ,  et  enfin  profes-<' 
seur  d'histoire  au  collège  Royal 
de  Toulouse.  C'est  dans  cette 
ville  qu'il  mourut ,  en  octobre 
1781,  aimé  pour  ses  qualités 
spciales ,  et  estimé  pour  U  va- 
riété de  ses  connoissances.  On  a 
de  lui ,  quelques  petits  ouvrages 
en  vers  et  en  prose.  Mais  le  seul 
qui  soit  resté ,  est  une  compila- 
tion très-connue  ^  parce  qu'elle 
est  faite  avec  choix  et  écHle 
avec  soin.  C'est  le  Dictionnaire 
philosophique  ,  on  Introduction 
à  la  GOnaoissance  de  l'homme  y 
176a,  in— 8.»  Vauvenar^ues  , 
Duclos ,  Trublet,  d'Alembert  sont 
les  auteurs  dans  lesquels  le  ré- 
dacteur a  principalement  puisé. 

IL  NICIAS  d' Athènes,  célèbre 
peintre,  fut  le  premier  qui  trouva 
l'art  des  enfoncemens ,  et  de  pro- 
curer aiftsi  k  ses  figures  des  re- 
flets, des  ombres,  et  ces  arron- 
dissemens  de  traits  qui  en  font 
le  charme  :  il  peignoit  supérieu- 
rement les  femmes.  U  refusa  6d 
talens  d'un  tableau  où  il  avoir 
représenté  l'enfer ,  tel  qu'il  est 
décrit  par  Homère ,  préférant 
en  faire  don  à  sa  patrie.  On  ad- 
^liroit  encore  de  lui  mie  dryade 
que  Silanus  apporta  de  Grèce  h 
Home,  avec  un  Bacchus  du  même 
artiste  ,  qui  fut  placé  dans  le, 
temple  de  la  Discorde*  Nicias  vi- 
voit  33o  ans  avant  J.  C.  Il  avoit 
été  élève  d'Antidotus, 

NICON,  KoyfzNiKON. 

NI£L,  (N.)  musicien  ,  mort 
vers  1760,  a  fait  la  musique  de 
plusieurs  grands  ballets  de  rOpéra. 

NIEULANT,  (GuUlaume) 
célèbre  paysagiste  ,  né  à  Anvers 
en .  1 584 ,  nikoi  t  à  Amsterdam  en 
z635.  Ou  a  gravé  d'^|Jiès  Uh« 


têa        N  1  t 

NILHTSDALE,  (N.)  Angloise 
célèbre  par  sa  tendresse  conja- 
gale ,  sauva  la  vie  à  son  époux 
condan^é  à    mort  en  x  7  i  S  ^ 
comme  ayant  secondé  le  roi  Jiic- 
{fties   dans  son   entreprise  pour 
reraonj4r  sur  le  trône*  ta  veill« 
du  j(>tir   hté  pour  l'exécution  , 
mjklai  Nilhisdale  entre  dans  la 
tour  ,  un  mouchoir  sur  les  yeux 
et  dans  l'attitude  d'une  femme 
désolée.  Aussitôt  elle  change  de 
vêtement  avec  son  mari  qui  étoit 
de  même  taille  qu'elle,  et  le  fait 
évader.  Le  lendemaiii  le  ministre 
qui  vint  pour  préparer  le  pri- 
sonnier à  son  dernier  moment , 
trouva  une  femme  an  lieu  d*«m 
homme.  lia  cour  consultée  sur 
cet  événement,  ordonna  de  met- 
tre en  liberté  miladi  NUhisdale , 
qui  alla  rejoindre;  son  mari  en 
France. 

NÏNO  DE  GuBVAtà,  (N.) 
peintre  célèbre  ,  né  à  Madrid  en 
i^St  ,  mort  en  1^98,  embellit 
les  églises  de  Cordoue ,  de  Ma^ 
laga  et  de  Grenade,  de  ses  ou-^ 
vrages.  8a  touche  est  i^erme,  son 
coloris  Vrai ,  et  son  dessin  très- 
correct.  Formé  sûr  les  peintres 
Italiens ,  Espagnols  et  François  ^ 
il  se  fit  une  manière  particulière ^ 
qui  tenoit  de  toutes  les  trois. 

*  n.  NIVELLE  m  la  Chaus- 
séE,  (Pierre-Claude)  naquit  à  ^ 
Paris  en  169a,  d'une  famille  ri- 
^e.  Il  fit  stes  premières  classes 
au  collège  des  Jésuites ,  sa  rhé- 
torique et  sa  philosophie  au 
Pîessîs.  Né  dans  le  sein  de  la 
fortune,  et  neveti  d'un  fermier 
général ,  il  eut  le  courage  d'é- 
carter toutes  les  illusions  qui  l'e^- 
touroieirt ,  et  de  se  livrer  à  l'a- 
mour de  l'étude.  11  répandit  son 
«me  dans  des  vers,  qu'il  nemon- 
troit  qu'à  ses  intimes  amis.  H 
négligeoit  .  même  depuis  l9n^^ 


Nf  V 

temps  ieâ  talens  qu'il  avdît  f éçW 
de  la  nature,  lorsque  la  Motha. 
cet  esprit  si  fécond  en  paradoxes 
ingénieux,  fit  paroître  son  sys* 
tèrae  de  la  poésie  en  prose.  lA 
Faye ,  quoique  ami  de  ce  poëti 
détracteur  de  la  poétîe ,  prit  lé 
parti  de  Ut  Chaussée  dans  sa  qoe^ 
relie.  Ce  fut  ce  cfui  donna  nais-* 
sance  à  son  ÉpUre  à  Cko  :  ouvrages 
plein  d^nne^aine  critique,  sage^ 
mais  froid;  et  sans  cette  énergie 
qui   caractérise   les  Epitres  âeé 
Boileaa ,  des    Boutteau  et  dei 
Voltaire,  Animé  par  le  succès  dé 
oe,  petit  Poëme,  il  se  livra  aii 
théà  Lre.  Les  lauriers  qtt'il  y  ctieillit  j 
lui  méritèrent  une  place  à  l'aca* 
demie  Françoise.  Il  y  fut  refçu  eu 
1736.  Son  discours  de  remerei« 
ment ,    moitié   prose   et  moitié 
vers ,  fut  applaudi.  Cet  ingénient 
académicien  mourut,  le  14  mari 
1754 ,  âgé  de  62   ans ,  avec  li 
tranquillité  d'un  sage.  Son  sang 
froid  dans  ses  derniers  momens  | 
lui  permit  des  plaisanteries  jas^ 
ques  sur  ^on  successeur  à  Tac»* 
demie.  Il  s'étoit  opposé  à  la  ré^ 
ception  de  BougainvîUe,  qui,  am- 
bitieux du   titre  d'académicien^ 
avoit  employé  toutes   sortes  de 
moyens  pour  l'obtenir.  La  Chaus» 
sée  réfléchissant  qu'après  sa  mort 
ce  candidat  devolt  trouver  moins 
d'obstacles ,  dit  :  Il  serait  phi* 
sant  que  ma  place  lui  fût  donnée* 
Elle  le  fut  en  effet ,  et  Bougain^ 
ville   loua  la  Chaussée,  comme 
s'il  avoit  eu  à  s*èn  louer.  Ce  poète 
n'oublioit  pas  aussi  facilement  les 
offenses  que  son  successeur.  Ayant 
à  se  plaindre  de  Piron  ,  auteur 
d'une  Epigramme  contre  ses  Co- 
médies, il  traversa  son  élection 
k  la  place  d'académicien.  Anssî 
les  amis  de  Piton  le  conïparè- 
rent-ils  nwla  Bancune  du  romatt 
comique  de  Scarron»  La  Ckans-» 
$4c  étoit   dai^eurs  im  homn» 

aimable 


j 


N  IV 

rfmable  et  un  honnête  homme; 
Quant  à  son  mérite  dramatique  < 
œt  autenr  a  de  Ja  raison ,  de  la 
noblesse,  du  sentiment ,  dn  pa- 
tactique,  et  il    tourne  bien  un 
2«'  jl  «est  exercé  avec  succès 
D»ni  Je  comique  larmoyant.  On 
peut  mettre  a  la  tête  de  ses  Co- 
««dies  l'Ecole    des  Mères  ,   le 
premier  des    Drames  romanes- 
ques au  goût  des  bons  juges.  Une 
tter«  qui  voit  les  sottises  de  son 
Ws,qm  les  sent,  et  qni  ne  peut 
seropêcher  de  les  favoriser ,  forme 
«n  contraste  très-saillant  avec  la 
fermeté  du  bon  Argant,  homme 
S    '   ^^Se    et   sans  ridicule. 
manide  fut  îe  triomphe  de  la 
Lkaussée;  elle  est  pleine  de  sen- 
Jjment,  de  chaleur,  et  de  détails 
,  bien  rendus.  Uaction  est  un  peu 
lente  dans  les  premiers  actes  ;  mais 
«<«  marche  avec  vivacité  dans  les 
J^emiers.  Le  célèbre  Plron ,  jaloux 
*  voir  Mélanide  jouir  au  môme 
*^cès  que  la  Métromanie,  pUi, 
"nta  beaucoup  sur  les  Comédies 
«twidrissan^es,^  qu'il  comparoit 
«  ae  froids   Sermons.    Tu    vas 
w«c  entendre  prêcher  le  Père  l  i 
lyj^ssÉB'?  dit^ll  un  jour  à 

1^*11*'"'"'  g^'ii  rencontra 
W^t  fL  Mélanide.  On  lui  attribua 
tt^e  des  couplets  fort  piquans, 

J^ntCoi^  est  le  véritable  auteur. 

^comique  larmoyant  y  est  re- 

P^<îseiite  comme  un  genre^fan- 

Z-^^^'Cooîme  une  comédie  bâ^ 

•^ae,  flasque  avorton  de  la  tra- 

«^;e,  et  qui  „*a  de  cfe  dernier 

iW-^^®  le    ton   pleureur  et 

[l^nniu.  On  y  dit  des  pièces  de /a 

««««^ô,  que  les  plans  semblent 

^^^f'Y^'^^Srin,  On  finit  ufit 
«  couplet  :  ^ 

J^v^rend  Père  ta  Ckaussét ,  "^ 
Jr^dicatenr  du  saint  Vallon, 
Jotte»  ta  morale  glacée 
*■  â««  neuf  sccuM  et  i.' Apollon. 

SUPPL.    Tome  III^ 


N«  er»!s  p»,  Cotln  dratnatlqvet 
A  la  Mue  da  ynX  comiiitte 
Devoir  tes  passagexs  sncaèi: 
Noa  ,  la  véritaUe  TluiVf 
S'eadomit  è  chaque  homéUe 
Qae  ta  fi»  précheranx  Françoï». 
«Cependant,dit  M.ri^//ifl;,r^^^ 
1  Andnenne  des  aiiciens ,  trans- 
portée sur  notre  th-àtre ,  étoit 
absolument    une    comédie    lar^ 
njoyante.v^Elle  offrojt  un  fonds 
d aventures  Romanesques,  des  ca- 
ractères passionnés  ,  et  Tintérét 
alloit  quelquefois  jusqu'aux  lar- 
mes; c'est  qu'en  effet  la  comédie 
n  exclut  rien   de   tout  cela.   La 
pemture  de  la  vie  humaine  doit 
nous    présenter    des    passions 
comme  elle  nous  montre  des  tra^ 
vers  et  de«  ridicules  9  et  tons  ces 
objets  sont  également  du  ressort 
de  la  bonne  comédie.  Nous  nous 
sommes,  long -temps  persuadés 
que.  la   comédie   ne   devoit  que 
taire  rire,  et  c'est  avec  ces  pré- 
juçésr étroits  que  l'on  circonscrU 
retendue   des  arts  et  le  vol  du 
gc'nie.  Certainement   le   Mimnm 
trope  et  le  Tarîuffe ,  deux  chefs^ 
d  œuvre  de  l'esprit  humain  ,  ne 
sont  pas  touj<^urs  plaisans ,  quoi- 
qu  ils  le  soient  souvent  et  beau- 
coup. —  La   Chaussée  est  venu 
ensuite  ,  et  trouvant  qu'on  avoît 
saisi  les  grands  caractères  et  les 
grnnds  ridicules ,  il  a  tâché  de 
joindre  une  morale  douce  et  utile 
a  des  situations  touchante?.  Ce 
sont  des    romans    en  dialogue, 
mais    ces   romans  peignent  des 
mœurs  vraies  ;   Us   intéressent  , 
et  sont  versifiés  en  général  avec  > 
assez    de.  pureté   et   d'élégance. 
Voila  sans  doute  assez  de  mé-  ' 
rite  ,  pour  justifier  tous  les  succès 
qij'on  lui  a  tant  reprochés  de  son 
vivant,  et  qui  ont  augmenté  après 
sa  mort.  »   Maximien  ,  tragédie 
bien  conduite.,  a  quelques  beau- 
tés ,   ainsi  que  le  Préjugé  à  la 


.1»!        N  I  V     , 

mode  «  qiil  esfc  intérersSant ,  mal- 
gré qiiçlquef  scènes  froides  et 
languissantes  9  dans  les  premiers 
actes,  quelques  caractères  ou- 
trés et  des  plaisanteries  froides. 
Mais  le  fonds  du  sujet ,  le  ton 
de  vertu  qui  y  règne ,  l'élégance 
et  la  pureté  du  style ,  un  grand 
nombre  de  ver^  heureux,  et  la 
chaleur  qui  anime  les  derniers 
actes ,  la  feront  toujours  lire  avec 
plaisir.  Après  ces  quatre  pièces , 
auxquelles  on  pourroit  joindre 
encore  la  i}ouvernnnte ,  pièce  en 
cinq  actes,  on  ne  voit  plus  chez 
lui  que  des  otivrages  très-médio- 
cres ,  où  règne  un  mauvais  goût' 
de  roman  ,  qui  déprime  beauvi 
coup  le  talent  de  la  Chaussée, 
Rien  de  vrai ,  rien  de  naturel , 
point  de  ces  plans  heureux ,  qui 
se  développent  sans  peine ,  et  qui 
nous  offrent  une  a  tion  qui  at- 
tache sans  fatiguer.  La  Chaussée, 
même  dans  le  genre  larmoyant, 
n'^a  pas  rempli  entièrement  sa 
carrière.  Que  l'on  compare  tout 
son  Théâtre  au  seul  George  Bar- 
neveld  ou  le  Marchand  de  Lon-^ 
dres ,  et  Ton  verra  combien  le 
François  en  ce  genre  est  infé- 
rieur à  TAnglois.  Son  style ,  dans 
ses  mauvaises  pièces ,  ^st  lâche , 
diffus ,  traînant  et  souvent  froid. 
Malgré  ces  observations  sévères  , 
il  aura  un  rang  distingué  sur  le 
Parnasse  ;  il  sera  regardé  comme 
un  des  premiers  auteurs  dans  une 
Branche  du  Théâtre  ,  connue 
avant  lui,  mais  qu'il  a  fait  re- 
vivre. — Voici ,  suivant  Voltaire , 
k  quelle  occasion  il  ressuscita  ce 
genre.  Quelques  personnes  s*amu- 
soient  à  jouer  dans  un  château 
quelques  petites  comédies  ,  qui 
tenoient  de  ces  farces  qu'on  ap- 
pelle Parades,  On  en  lit  une  en 
1782,  dont  le  principal  person- 
nage étoitîe  fils  d'un  N'égociant 
de  Bardeaux  j  très-  bon  hoiiinje , 


N  IV 

et  marîii  fort  grossier ,  lequel 
ayant  perdu  sa  femme  et  son  fils, 
venoit  se  remarier  à  Paris ,  après 
un  long  voyage  dans  l'Inde.  Sa 
femme  étoit  une  impertinente, 
qui  étoit  venue  faire  la  grande 
dame  dans  la  capitale,  manger 
une  bonne  partie  du  bien  acquis 
par  son  mari,  et  marier  son  fils 
à  une  demoiselle  de  condition; 
Le  fils ,  beaucoup  pins  imperti<< 
nent  que  la  mère ,  se.  donnoit 
des  airs  de  seigneur;  et  son  plus 
grand  air  étoit  de  mépriser  beau- 
coup sa  femme  ,  laquelle  étoit 
un  modèle  de  vertu  et  de  raison. 
Cette  jeune  femme  Taccabloit  de 
bons  procédés  sans  se  plaindre, 
payoit  ses  dfettes  secrètement 
quand  il  avoit  joué  et  perdu  sur 
sa  parole ,  et  lui  faisoit  tenir  de 
petits  présens  très-galans  sou» 
des  noms  supposés.  Cette,  con- 
duite rendoit  notre  jeune  homms 
encore  plus  fat.  Le  Marin  re- 
venoît  à  la  un  de  la  pièce,  et 
mettoit  ordre  à  tout.  Une  Ac- 
trice de  Paris ,  £lle  de  beaucoup 
d'esprit,  nommée  M"«  QainauU,> 
ayant  vii  cette  farce ,  conçiiC 
qu'on  en  pourroit  faire  une  co- 
médie très-intéressante,  et  d'un 
genre  tout  nouveau  pour  les  Fran- 
çois ,  en  exposant  sur  le  théâtre 
le  contraste  d'un  jeune  homnie 
qui  croiroit  en  effet  que  c'est  un 
ridicule  d'aimer  sa  femme ,  et 
d'une  épouse  respectable  qui  for 
ceroit  enfin  son  mari  à  l'aimer', 
publiquement.  Elle  pressa  Kof- 
taire  d'en  faire  une  pièce  régu- 
lière ,  noblement  écrite  ;  mais 
ayant  été  refusée ,  elle  demanda 
permission  de  donner  ce  sujet  à 
la  Chaussée  ,  jeiuie  homme  qui 
faisoit  très- bien  les  vers,  et  qui  ] 
avoit  de  la  correction  dans  le  i 
style.  Ce  fut  ce  qui  valut  au  piH 
blic  le  Préjugé  à  la  mnde..  Cette 
pièce  quoique   ettend;  lisante  et 


i 


NÎV 

tH  éctite ,  étoit  froide  anprcs  dé 
Cf'His  de  Molière  et  de  Regnard  ; 
elJe  ressembloit ,  dit  un  homme 
de  ^oût,  à  Un   homme  un  peu 
pesant,  qui  dahse  avec  plus  de 
justesse  que   de  grnce.  L'anteur 
voulut  mêler  la  plaisanterie  au 
sentiinent   :    mais    9e$  railleries 
Sont  presque  toujours  froides  et 
Ibrcées.  «La  comédie  larmoyante^ 
dit  Voltaire ,  n'est  au  fonds  qu'un 
hionitre ,    né    de    l'impuissance 
tfétre  OU  plaisant  ou  tragique. 
Celui  qui  n'a  pas  le  don  du  co- 
ibique  ^  cherche  à  y  suppléer  par 
rinférêt  ;  il  ne  peut  s'élever  au . 
fcothume  ;  il  rehausse  un  peu  le 
brodequin.  Il  peut  arriver ,  sans 
8oiite,  des  aventurés  très-funestes 
à  de  simples  citoyens  ;  rtiais  elles 
iônt  bien  •  moins  attachantes  que 
telles   des    souverains  ,   dont  le 
iort  entraîne  celui  des  nations.  Un 
DOûrçeois    peut    être    assassiné 
Wmme  Pompée,  tnais  la  mort  de 
Pompée   fera  toujours   un   tout 
autre  effet  que  celle  d'un  bour- 
geois.» Leô  ŒuvRRS  de  Théâtre 
de  ^a  chaussée  ont  été  imprimées 
à  Paris ,  1 768 ^  en  cinq  Jietits  voh 
in-ti. 

Î^ItÉLdî*,    (N.i  fut  le 
blus  célèbre  danseurde  son  ternps. 
U  avbit  imaginé  une  danse  dé 
Suisses ,  dans  laquelle  il  excelloit: 
oar  14  fin  de  âes  jours  il  devint 
tattepreneUr  d'un  spectacle ,  oii 
fl  se   ruina  ,  et.  qui   fut  Fertoé 
tn  \'Ji^i   Son   fils,  héritier  dfe 
«es  talens  \  détuta  à  Patris ,  èri 
^728  ^  {)ar  une  entrée  "de  pnysati 
en  sabots  ,  qui  fit  courir  toute 
Il  Ville.  Ce  dernier  exécutoit  |es 
âahses  grotesques  avec  la   pliis 
frande  légèreté,  et  en  coliiposoit 
îui-mêtTie  les  airs.  H  a  légué  à  sa 
£amiUe  sdn  goût  pour  la  dans*  at 


iC'tVÈRNOIS,  (  Louis -Juleê 
Mancini  duc  de)  ministre  d'état , 
membre  de  l'académie  Françoise 
et  de  celle  des  Belles-Lettres  ^ 
naquit  à  Paris  le  16  décembre 
1716,  et  étoit  petit-filti  dU  duc 
de  Nevers ,  connu  paf  son  esprit  eè 
son  gotVt  pour  la  poésie.  (  Voyez 
lIL  Ne  VERS.  )  Après  avoir  suivi 
quelque  temps  ki  catrière  thili-^ 
taire  ,  le  jdbne  Nivernois  fut 
nommé  ambassadeur  à  Hbiihe  ^ 
puis  à  Berlin  ,  oii  il  fut  très-^ 
accueilli  de  Frédéric  ;  enfin  à 
Londres,  où  il  négocia  la  paiit 
de  17  63.  Par- tout  il  se  conduisit 
en  ministre  éclairé  «  snge  et  pru-^ 
dont ,  tempérant  l'austérité  de  sei 
fonctions  pair  les  charmés  de  ses 
discours ,  et  unissant  les  grâces  à 
la  dignité.  De  retour  à  Paris,  les 
lettres  le  possédèrent  entièrement^ 
et  ses  ouvrages  lui  eussent  fait 
un  nom  distingué,  s'il  ne  l'eût  été 
déjà  par  sa  naissance  et  ses  services 
publics  ;  aussi  un  poëte  modem» 
a  dit*avec  raison  :  * 

Nivtrnois  ail  Parnasse  est  tocort  due 
et  pair. 

ia  facilité  de  son  fesprit  se  tiiontre 
dans  la  variété  de  ses  productions. 
Ses  imitations  de  Virgile ,  d*Ho'» 
i-ftPe  ,  de  Tthulle  ,  à*0^fide ,  d« 
VAriosïê  et  de  Milton ,  sont  faites 
avec  goût ,  et  sont  aitssi  naturelles 
^ue  Ce  mdrceau  imité  par  lui ,  dé 
la  Seizième  Ode  &Horace  : 

tlti  clai^  ritisSeati ,  Ai  petits  bols  ^ 
Une  iTraiche  et  teadre  prairie, 
Sdé  fttnt  un  trésér  que  lés  rois 
Ifc  pottrroleot  TÔir  qii*âvee  éhtié; 
le  préfère  rbbscarit^ 
Qui  siitt  Ik  mëdibcrité^ 
A  réclat  qui  suit  la  puissaiicé. 
Le  riche  est  ati  sein  des  plaisir* 
Moins  faénreui  par  la  )o<iissine« 
Qac  inalhtnBtiix  par  ses  dtsiitfi 

L  i 


"164 


N  I  V 


7e  n*al  point  Ms  rickes  liabtts 
Qu'avec  orgncU  Plutus  étale; 
m  Tins  rares  9  ni  mets  exquis 
Kè  coarrent  nu  table  frvgale  ; 
Mais  dans  ma  doace  pauvreté  9 
De  la  dure  nécessité 
J'ignore  ^affligeante  peine. 
7e  jonis  d*vn  destin  heureux  : 
Xt  n*ai  •  je  pas  toujours  Mieint  , 
Si  je  vottlois  former  des  vœux } 

Les  fables  et  les  ch^sons  de  Ni- 
vernois  furent  renomrnt5ci  par 
leur  délicatesse.  On  peut  en  ju- 
ger par  celle-ci ,  intitulée,  mes 
Souhaits  : 

I^aimer  jamats  si  je  fais  la  folie  1 
Et  que  je  sois  le  mattre  de  mon  choix  , 
Connois ,  Amour ,  celle  qai  sous  ses  loix 
Pourra  fixet  le  destin  de  ma  vie. 

'7e  la  voudroîs  moins  belle -que  gentille  » 
Trop  de  fadeur  suit  de  près  la  beauté , 
Simples  attraits  piquent  la  volupté  , 
l^tt  feu  d*amour  joli  minois  pétille. 

Je   la  TOudrois    moins   coquette  que 

tendre , 
Sans  être  Agnès  ayant  peu  de  désir , 
Sans  le  cherciier  se  livrant  au  plaisir  » 
£t  Taugmcntànt  en  voulant  se  défendre. 

7e  la  voudrois  simple  dans  sa  parure  » 
Sans  négliger  le  soin  de  ses  appas  ; 
Car  un  peu  d*art  qui  ne  s*âpperçoit  pas. 
Ajoute  encore  un  prix  à  la  nature. 

7e  la  voudrois  n*ayanrpas  d'autre  envie» 
I>'autre  bonheur  que  celui  de  m'aimer  y 
Si  cet  objet, ,  Amour  ,  peut  se  trouver,, . 
De    te  servit  je  ferai  la  folie.     • 

lies  poésies  fugitives  de  l'auteur 
ont  de  l'à-propos,  et  luttent  sou- 
vent d'agrément  avec  celles  de 
y^oltaire  ;  telle  est  cette  réponse 
à  Mad.  de  Mire  poix  qui  lui  avoit 
envoyé  de  ses  cheveux  blancs , 
et  que  sa  brièveté  nous  peripet 
de  citer  encore  : 

Quoi  !  vous  pariez  de  cheveux  blancs  ! 
LaissMU  ,  Jaiscons  courir  le  temps  ; 


N  IV 

Que  TOnf  importe  son  ravage} 
Les  Amours  sont  toujours  enfans^ 
Et  les  Grâces  sont  de  tout  âge.    ^ 
Pour  moi ,  Thimirt  »  je  le  sens  « 
Je  suis  toujours  dans  mon  printempi 
Quand  je  vous  offre  mon  hommage. 
'  Si  je  n'avois  que  dix  -  huit  ans  » 
7e  pourrois  aimer  plus  long>temps  1 
Mais  non  pas  aimer  davantage. 

Nivernais  mis  en  prison ,  malgré 
son  grand  âge,  sous  le  gouver- 
nement  de  Robespierre ,  y  resta 
jusqu'au  neuf  thermidor;  mais  il 
ne  jouit  que  deux  ans  de  sa  li- 
berté, étant  mort  le  7  ventôse 
de  Tan  6 ,  (1798)  âgé  de  82  ans. 
Il  conserva  jusqu'au  dernier  mo- 
ment son  goiît  pour  la  poésie; 
et  dans  la  matinée  même  du  jour 
de  sa  mort,  il  écrivit  à  son  mé- 
decin ce  billet  en  vers  ,  pour  le 
dissuader  d'en  appeler  d'autres  ei 
consultation  : 

«  Te  n'en  veux  point  d*antre  en  ma  cvit» 
Fai  l'amirié ,   j'ai  la  nature 
Qal  font  bonne  guerre  au  trépas } 
iMais  peut-être  dame  nature 
A  déjà  décidé  mon  cas  ; 
Ah  !  du  moins  ,  sans  changer  d'allure  y 
Je  veux  mourir  entre  vos  bras.  » 

Les  ouvrages  de  cet  auteur  sont  : 
L  Lettres  sur  l'usage  de  l'esprit, 
dans  la  société ,  la  solitude  et  les 
affaires.  IL  Dialogues  des  Morts. 
Ils  sont  au  nombre  de  quatre  ) 
et  offrent  des  rapprochemens  heu- 
reux et  philosophiques.  III.  Ré* 
flexions  sur  le  génie  â'Horace, 
de  Despréaux  et  de  Jean^Bap^ 
tiue  Rousseau,  in-ia-  »< Malgré 
la  contagion  du  mauvais  exemple 
que  commençoien  t  à  donner  quel- 
ques gens  de  lettres ,  dit  M.  Pfl- 
lissot ,  Nivemois  rend  à  Des* 
préaux  une  justice  que  Ton  affecte 
anjourd^hui  de  lui  refuser,  lu^ma 
dans  des  poétiques.  Il  nous  sem- 
ble  a  cet  égard ,  d'autant  plQf 


I 


NO  A 

digne  d'éloges ,  qu'il  avoit  à  com- 
battre 11911-seulement  les  préju- 
gés de  nos  beaux  esprits  ,  mais 
encore  un  sentiment  d'aversion 
pour  le  genre  satirique,  qu'il  ne 
dissimule  pas ,  et  qui  tenoit  sans 
doute  a  rainénité  de  son  carac- 
tère.» IV.  Traduction  de  l'essai 
sur  l'art  des  jardips  modernes  , 
par  Horace  Tf^'alpole ,  1784. 
V.  Notice  sur  la  Vie  de  l'abbé 
Barthélemi ,  1795.  Ce  derniorfut 
ïé  avec  l'auteur  de  la  plus  étroite 
amitié.  VI.  Réjlexions  sur  Alexan^ 
ire  et  Charles  XII.  VU.  IVa- 
iuction  de  la  vie  â'Agricola  ,  par 
Tacite.  VIII.  Autre  envers,  de 
\Essai  sur  l'Homme  de  Pope. 
IX.  Portrait  de  Frédéric  le  Grand 
roi  de  Prusse.  X.  Adonis  et  Bi- 
chardet,  poèmes  traduits  en  vers 
de  l'italien.  XI.  Recueil  de  Fu-^ 
hks.  Elles  ne  furent  réunies 
ï[u'en  1 7^6.  On  y  trouve  beaucoup 
d'esprit  et  de  finesse ,  mais  quel- 
quefois trop  d'afféterie ,  et  cette 
recherche  de  traits  saillans  qui 
exclut  la  naïveté.  Plusieurs  sont 
aussi  ingénieuses  que  celles  de  la 
Mothe ,  jet  présentent  les  mômes 
défauts.  On  a  publié  en  l'an  4 , 
(1796)  chez  Didotle  jeune,  les 
Œuvres  de  Nivernais ,  8  vol.  in-8.* 

*  IV.  NOAILLES,  (  Adrien- 
Maurice ,  duc  de)  fils  du  précé— 
j  dent,  vit  le   jour  en    1678.  Né 
*«vec  des  talens  pour  la  guerre, 
il  servit  de   bonne  heure ,  et  se 
trouva  à  tous  îestùéges  que  le  duc 
son  père  fit  dans  la  Catalogne, 
en  1693  et    1694.   Il  se  signala 
ensuite  sous  le  duc  de  Vendôme 
dans  la  même  province,  passa  en 
Flandre  l'an   1696,  et  continua 
dy  montrer  sa  valeur  et  sa  pru- 
dence. Ces  deux  qualités  le  firent 
choisir  en    1700,  pour  accom- 
pagner le  roi  d'Espagne  iusqu  à 
Madrid.  Personne  ^'ignore  les  serr 


N  O  A        i6î 

vices  qu'il  rendit  en  Catalogne 
pendant  la  guerre  de  la  succes- 
sion d'Espagne.  On  le  distinguoit 
dès-lors  comme  un  homme  dont 
les  talens  et  les  qualités  étoient 
au  — dessus  du  commun.  «Une 
belle  ame ,  un  esprit  supérieur  , 
une  gaieté  charmante,  beaucoup 
d'amabilité  et  beaucoup  de  cul- 
ture; l'amour  du  roi  et  de  la  pa- 
trie ,  le  zèle  du  bien  public  ,  une 
ardeur  prodigieuse  pour  le  tra- 
vail ,  une  émulation  vive  pour 
tout  ce  qui  est  digne  d'éloges  , 
formoient  ,  dit  Tabbé  Millot , 
le  fonds  de  son  caractère.  Ses  dé- 
fauts mémestenoientà  de  grandes 
qualités.  Une  conception  rapide 
lui  faisoit  voir  d'un  coup  d'œil 
trop  d'objets  ,  pour  ne  pa^  le 
rendre  quelquefois  indécis  ou 
trop  lent  à  se  décider.  La  passion 
de  bien  faire ,  le  désir  de  mériter 
les  suffrages  ,  lui  inspiroient  une 
sorte  d'inquiétude  sur  les  juge« 
meçs  d'autrui,  capable  d'altérer 
son  am^ ,  quand  il  se  croyoit  en 
butte  à  des-injustices.  Ardent  pour 
tous  ses  devoirs,  il  étoit  sujet  a 
s'emporter  quand  on  ne  remplis- 
soit  pas  les  siens  ;  mais  sa  colère 
étoit  celle  d'un  homme  vertueux 
qui  se  calme  aisément  et  qui  pa^^ 
donne  sans  peine.  Uni  à  Mad.  de 
Maintenon  par  son  mariage  avec 
W^^  d'Aubigné  ,  et  encore  plus 
par  une  estime  et  une  amitié  mu- 
tuelles ,  il  étoit  plus  que  per- 
sonne à  portée  de  tout  obtenir^ 
et  il  anibitionnoit  sur -.tout  de 
mériter.-^  Il  faisoit  de  la  morale 
un  objet  essentiel  de  ses  études  , 
à  l'âge  oîi  les  passions  effacent 
souvent  l'idée  de  la  vertu.  Quel 
philosophe  désavoueroit  ce  qu'il 
écrivoit,  en  1702,  à  Mad.  de 
Maintenon  ?  L*hoinme  aime  la  /t- 
herté  et  n'en  peut  jamais  arracher 
de  son  cœur  le ^  désir ,  quoiqu'il 
fasse  chaque  jour  tous  ses  efforUi 


'  \ 


•m       N  Q  A 

pour  la  perdre,  La  différence  qu*il 
y  a,  parmi  les  hommes,  est  que 
^s  uns  sont  enchaînés  avec  des. 
i^atnes  d'or ,  et  les  autres  avec  des 
chaînes  de  fer;  et  ceux  qui  sont 
dans  les  plus  énUnentes  dignités  , 
sont  obligés derecofiMottre que  Si'Us. 
ont  des  biens  et  des  donneurs  qui 
les  flattent  et  les  distinguent  du 
çomrfiun  ,  ils  ont  des  peines  plus 
Cuisantes  que  les  aUftres,  Une  con^m 
irainle  qui  ne  les  abandonne  /a- 
vtais ,  venge  assez  les  autres  hom-r. 
mes  des  préférences  de  la/ortu^_ 
nèi  »  En  approfondissant  la  mo- 
^^le ,  il  ne  nçgligeoit  pas  la  ^itté* 
:|'at^re ,  et  en  formant  des  cor- 
respondances littéraires  avec  les 
^vans  et  les  beaux  esprits  de  son 
siècle  y  il  ciiltivoit  en  inême  temps 
la  science  inilitairç.  Général  des 
«rmées  du  roi  en  Houssillon  9  il 
y  remporta  en  1708  et  1705^ 
{)lusieur^  avantages  sur  les  enne- 
inis.  A  la  fin  d|e  1710,  et  dans  le 
foenr  de  Thiver,  il  se  rçndit  maî- 
tre de  Gironne ,  une  des  plus 
iniportantes  places  de  la  Catalo-^. 
^e.  Cette  vule,  que  des  événer 
jpnens  fortuits  avoiènt  délivrée  de^ 
plusieurs  sièges ,  çroyoit  encore 
^tre  sauvée  cette  foj^s-ci  par  le 
secours  di;  ciel.  Des  pluies  ex- 
traordinaire inondèrent  le  camp 
des  assiégeans  ;  quarante-sept  es- 
cadrons et  huit  bataillons  furent 
, enfermés  par  les  eaux  pendant 
quatre  fours ,  sans  pain  ni  four- 
rage. Le  duc  dt,  NoaMles  Int^a 
f  ontre  les  élément  et  contre  les 
çni^emis.  On  le  conjura  de  lever 
le  siège  ;  il  le  continv4.Un  boulet 
de  çanoii  l'approcha  de  fort  près  , 
^u^  moment  qu'il  visitoit  une  bat- 
terie dressée  cpntre  la  tour  Girç- 
neile  qui  fati^oit  la^  Vànchée  ;  il 
dit  à  JB^o/o  V  qui  commàndoit 
f artillerie,  et  qui  étoit  sourd  : 
Entendez  -  vous  cette  musique  ? 
r-rJiç  ne  prends  jamais  gatde . 


N  Q  A 

répondit  Eigolo  ,  à  çeu:j^  fit^' 
tiennent;  je  ne  fais  attention  qu'àf 
ceux  qui  vont.  Trois  jours  aprè^ 
]a  cessatiotn  des  pluies  9  la  ville 
haute  et  basse  se  rendit ,  et  forçi^ 
le  reste  de  l'Ara gon  a  se  soumettre* 
Ce  service  signifié  fiit  récompensé 
$n  Tjii  y  par  Philippe  V,  du 
titre  de  Grand  d'Espagne  de  la 
première  classe,  Louis  XIV ,  non 
^qins  sensible^  à  son  çiérite  que 
son  petit-hls,  Tavpit  fait  briga- 
dier en  1702 ,  maréch^U  de  camp 
en  11704  9  lieuten^int  général 
en  1706  ;  et  il  avoit  été  reçu  duc 
et  pair  en  1708.  Les  disputes  ai^ 
sujet  de  la  Bulle  Unigenitvs  , 
aigrirent  Louis  XIV  contre  le 
cardinal  spn  oncle  ;  mais  il  raarr: 
qua  toujours  la  même  amitiié  au 
neveu.  Le  roi  ne  put  pourtant 
s'empêcher  de  lui  dire  :  «  Que  le 
nom  de  NoaiUes  excitoit  quelque- 
fois de  fâcheuses  idées  dans  soi\ 
esprittv»  Le  duc  répondJLt  en  çour<: 
tisan  hahile  :  Sjrjs  ,  je  changerai 
de  nom  ^  si  Votre  Tilajesté  me. 
l'ordonne.  J'ai  appris  de  mes  pères 
à  n'avoir  d'autre  volonté  que  celk 
de  mes  maîtres  ;  et  il  conserva  la 
faveur  jusqu'à  la  mort  du  mch 
narque.  Le  régen^  employa  alor$ 
ses  ta]en3.  NoaiUes  réunissant  ei^ 
lui  le  double  mérite  d'homme  de 
guerre  et  d'hommç  d'état,  fut 
nommé  président  du  conseil  dq 
finances  en  171 5  9  et  conseiller  au 
conseil  de  Régence  en  1 7 18.  L'en- 
trée du  cardinal  du  Bois  à  ce  con- 
seil 9  en  1 721  après  sa  nomi- 
nation à  la  pourpre ,  occasionna 
une  dispute  ;  et  cette  dispute  îu\ 
pour  Noailles  la  cause  d'une  dis-. 
grâce  passagère*  Le,  chancelier, 
le  maijéch^^  de  Villeroy,U  duc 
de  JV(Ofl*//ef V  refusoient  d'accor- 
der la  préséance  aqx  cardinaux. 
On  écrivit  9  on  s'échauffa  >  et 
cette  petite  querelle  se  termiû^ 
par  des  lettres  de  cachet.  «I4 


N  O  A 

joor  même  qu'elle  commença  , 
Noàillt's    ayant    rencontré     au 
Lonvre  le  cardinal  du  Bois  ,'\w\ 
dit  (selon  Ie£  Mémoires  de  la  Ré- 
gence) :  Cette iournée sera  fameuse 
dans  L'Histoire,  Monsieur  !  on 
n'oubiiera  pas  d'y  marquer,  qiie 
votre   entrée  dans  le   Conseil  en 
«   fait    déserter   les    Grands   du 
Royaume^.,  D'Aguesseau  fiit  exilé 
pour  la  seconde  fois  ;  et  Noailles 
le  fut  ejisuite ,  malgré  Taftection 
du  prince  à  son  égard ,  parce  que 
ses    principes    ne    s'accordoient 
point  avec  ceux  du  ministère.  Du 
Bois  lui    avoit  fait  sa  cour  sous 
lerègnedeLouwXiF;  illuiman- 
doit  les  nouvelles  pendant  la  cam- 
pagne de  Catalogne  de  1711  ;  il 
lui  témoignoit  dans  ses  lettres  un 
§rand  désir  de  lui  plaire  et  de  s*as— 
wrer  de  sa  protection.  Ce  même 
l^omme  devint  l'auteur  de  sa  dis- 
grâce. Le  fils  de  l'apothicaire  d'un 
grand  seigneur ,  né  dans  une  de 
«es  terres  ,  aussi  vicieux  que  le 
«eigneur  étoit  distingut^  par  son 
mérite,  remporta  sur  lui  ce  triom- 
phe !  Parmi  tant  de  jeux  bizarres 
de  la  fortune  ,  ce  n'étoit  point  le 
Bîoins  étonnant.    Noailles  con- 
serva pendant  son  exil  un  crédit 
extraordinaire  5   et  l'en^ploya   ei^ 
faveur  de  la  noblesse  de  sa  pro- 
vince :.  tout  ce  qu'il  demandoit 
8u  régent  ,  il  étoit  presque  sur 
dfe  l'obtenir.  »Du  Bois  étant  mort 
au  mois  d'août  1723  ,  le  duc  d'Or- 
léans ,  qui  ne  dédaigna  point  de 
prendre    après  lui  la  qualité  de 
premier  ministre,  rappela  d'exil 
le  duc   de  Noailles ,  qu'il  avoit 
toujours  aimé  autant  qu'il  l'esti- 
moit.  A  la  première  entrevue  , 
il  l'embrasse  tendrement ,  lui  pro- 
teste que  sa  disgrâce  n'est  venue 
que  de  ce  coquin  de  cardinal  du 
Hois  (  pour  me  servir  de  ses  pro- 
pres termes).  Eh  bien  !  que  dirons 
Wtus  7  aioutç-twl  avec  une  sprtQ 


N  o  A        167 


d'embarras.  Noailles  répond,  en 
homme  d'esprit  :  Pax  riris, 
Bequies  defunctis  !  {Mémoi^ 
res  du  maréchal  de  Noailles,  sous 
Tannée    1713.  )  »    Pendant  que 
Noailles  présida   au  conseil  des 
finances ,  il  fit  des  réformes  utiles. 
11  étoit  tout  neuf  dans  cette  ad- 
ministration ;  mais  il  étoit  appli- 
qué, ardent  au  travail ,  capable 
de  s'instruire  de  tout  et  de  tra- 
vailler dans  tous  les  genres.  L'état 
avoit  à  payer  neuf  cents  millions 
d'arréragé,  et  les  revenus  du  roi 
ne    produisoient    pas    soixante- 
neuf  millions,  à  trente  francs  le 
marc.  Le  duc  de  Noailles  eut  re- 
cours, en  1716,8  l'établissement 
d'une  chambre  de  justice  contre 
les   financiers.    Oii  rechercha  la 
fortune  de   4,410  personnes;  et 
le  total  des  taxes  ou  des  restitu- 
tions auxquelles  on  les  assujettit, 
fut  d'environ  deux  cent  dix-neuf 
millions  quatre  cent  mille  livres; 
mais   de   cette  somme  immense 
il  ne  rentra  que  soixante  et  dix 
million^  dans  les  coffres  du  roi. 
En  1724,  il  fut  nommé  chevalier 
d*s  ordres  du  roi.  Dans  la  guerre 
de  1733 ,  il  servit  au  siège  de  Phi- 
lipsbourg,  pendant  lequel  il  fut 
honoré  du  bâton  de  maréchal  de 
France.  11  eut  le  commandement 
des  troupes    pendant   l'hiver  de 
.  1734 ,  et  obligea  les  Allemands 
d'abandonner    Worras    dont  ils 
s'étoient    emparés.  Nommé,   en 
1735  ,  général  en  chef  des  trou-  ^ 
pes  Françoises  en  Italie ,  il  alla 
cueillir  de  nouveaux  lauriers.  Si 
la  guerre  de  174 1  ne  prouva  pas 
son    bonheur  y   eUe  montra   du 
moins  ses  talens.  L'affaire  d'Et- 
ttngen  en  Allemagne,  dont  un 
événement  malheureux  fit  man- 
quer  le   succès   en  1743,  avoit 
été  préparée  par  la  phi  s  savante 
manoeuvre ,  et  ménagée  avec  luje 
intelligence  digne  des  plus  grandi 

L4 


j6S 


N  O  A 


capitaines.  Enfin ,  dans  la  der'- 
nière  guerre  ,  son  grand  âge  ne 
lui  permettant  pas  d'être  à  la  tête 
d'une  armée ,  il  entra  dans  le  mi- 
nistère ,   et   servit  l'état  de  ses 
conseils*  Ce  citoyen  illustre  mou- 
rut  à  Paris,  le  24  juin  1766^ 
âgé  de  près  de  88  ans.  Il  joignoit 
à  beaucoup  de  facilité  d'esprit, 
l'art  de  développer  ses  penséesavec 
force  et  avec  élégance.  Personne 
'lia    jécrit    dés  Dépêches   mieux 
que  lui.  «  Si  nous  le  considérons 
comme  général .  dit  Tabbé  Millol, 
les   vrais  «onnoisseurs  ont  tou- 
jours admiré  son  talent  pour  les 
plans  de  campagne  )  mais  ils  lui 
ont  reproché  d'avoir  manqué  de 
vigueur    dans    l'exécution.    Nul 
homme  n'est  sans  défauts.  Quel- 
quefois indécis,  à  force  de  pré- 
voyance ,  quelquefois  trop  vive- 
ment agjté  par  les  contradictions 
ou  par  de  justes  sujets  d'inquié-* 
tude ,  il   put,  en  certaines  ton— 
)onf?tufes,  perdre  des  momens  fa- 
vorables, il  put  aussi  paroitie  ti- 
mide ,  lorsqu'il  n'étoit  que  pru- 
dent. Quoi  qu'il  en  soit,  depuis  ses 
premièies    campagnes  jusqu'aux 
dernières ,  on  vit  des  traits  ^ap- 
pans  d'activité  et  de  courage ,  et 
des  résolutions  également  promp- 
tes et  heureuses  5  couronnées  par 
le  succès.  »  Daclos  ne  pense  pas 
aussi  favorablement  du  maréchal 
de  No  ailles ,  que  l'abbé  MUlolg 
et  il  nVst  point  étonnant  que  deux  . 
portraits,  l'un  fait  par  un  histo- 
rien non  payé ,  et  l'autre  par  un 
peintre  gratifié  par  la  famille ,  ne 
se  ressemblent  pas  en  tout.  Voici. 
celui  de  Duclos  :   «  A  l'égard  de 
J^oailtes ,    président  du    conseil 
des  finances,  en  le  décomposant- 
on  en  auroit  fait  plusieurs  hom- 
mes, dont  quelques-uns  au roient 
eu  leur  prix.  11  a  (car  il  vit  en^ 
core)  beaucoup  et  de  toute  sorte 
d'esprit)  wne   élo<juençe  »atw-i 


N  o  A 

relie ,  Qexible  et  assortie  aux  di^ 
férentes  matières;  séduisant  dans 
la  conversation ,  prenant  le  ton 
de  tous  ceux  à  qui  il  parle,  et 
souvent  par-là  leur  faisant  adop*^ 
ter  ses  idées,  quand  ils  croient  lui 
communiquer  les  leurs.  Une  ima- 
gination féconde  et  vive  ,  toute- 
fois plus  fertile  en  projets  qu'en 
moyens.    Sujet    à  s'éblouir   lui- 
même  ,  il  conçoit  avec  feu ,  com- 
mence   avec    chaleur,  et  quitte 
subitement  la  route  qu'il  suivoit, 
pour  prendre  celle  qui  vient  la 
traverser  :  il  n'a  de  suite  que  pour 
son  intérêt  personnel  qu'il  n'a  ja- 
mais perdu  de  vue.  Maître  alors 
de  lui-même,  il  paroit  tranquille 
quand  il  est  le  plus  agité.  Sa  con- 
versation   vaut    mieux    que   ses 
écrits;  car  en  voulant  combiner 
ses  idées ,  à  force  de  vouloir  ana- 
lyser, il  fait  tout  évaporer.  Ses 
connoissances  sont  étendues,  va- 
riées et  peu  profondes.  Il  accueille 
fort  les  gens  de  lettres^--.  Dévot 
ou  libertin ,  suivant  les  circons- 
tances ,   il   se   J&t  disgracier  en 
Espagne^  en  proposant  une  maî- 
tresse à  Philippe  K.  Il  suivit  en- 
suite Mad.  de  Maintenon  à  l'é- 
glise, et  entretint  ime  fille  d'o** 
Déra  ,  au ,  commencement  de  la 
régence,  pour   être  au  ton  ré- 
gnant Le  désir  de  plaire  à  tous 
les  partis,  lui  a  fait  jouer  des  rôles 
embarrassans ,  souvent  ridicules 
et  quelquefois  humilians.  Citoyen 
zélé  quand  son  intérêt  propre  Je 
lui  permit,  il  s'appliqua  à  rétablir 
les  finances ,  et  y  seroit  peut  être 
parvenu  si  le  régent  l'eût  laissé 
continuer  ses  opérations.  Quelque 
fortune  que  NoaiUes  se  fut  pro- 
curée, ce  ne  pouvoit  être  un  objet 
pour  l'état.  On  auroit  du  moin* 
évité  '  la   secousse  du  pernicieux 
système  de  Lfiw,  etc.  »  De  soû 
mariage,  célébré  en  1698,  avec 
Françoise  d'Aitbigné,  fille  uîù«^ 


.jji 


N  O  E 

qne  du  comte  d*Auhigné  frère 
de  Mad.  de  Maintenon. ,  il  etwt 
deux  fils  y  l'un  et  l'antre  maré- 
chaux de  France  ;  riiii  sous  le 
nom  de  Noailles ,  et  l'aiittft  sons 
ceiiii  de  Mouchû  L'abbé  Millot 
a  pnhlié  ses  Mémoires  en  1777  , 
en  6  vol.  în-12.  On  les  a  lus  avec 
eii]pressem«nt ,  parce  qu'ils  sont 
curieux,  instructifs  et  sagement 
écrits.  La  froideur  et  runiforniité 
de  style  qu'on  a  reproche  au  ré- 
dacteur ,  étoit  difficile  à  éviter 
dans  un  livre  qui  est  une  espèce 
de  journal,  et  où  il  faut  sans  cesse 
couper  la  narration  par  les  ex^ 
traits  des  Lellres  de  Louis  XIV , 
de  Louis  XV ,  de  Philippe  V , 
du  duc  d'Orléans  ,  de  Mad.  de 
Maintenon  ,  de  plusieurs  géné- 
raux et  de  divers  ministres.  £n 
wpprimant  ces  lettres  et  les  ré- 
pons qu'elles  font  naître ,  la 
diction  auroit  été  plus  intéres- 
sante et  plus  rapide  ;  mais  on  au- 
roit perdu  du  côté  de  l'instruc- 
tion ce  qu'on  auroit  gagné  du 
côté  de  l'agrément. 

n.  NOÉ,  (Marc- Antoine  de) 
d'une  famille  ancienne  de  Gas- 
cogne, naquit  dans  le  diorèse  de 
la  IVochelle  ,  en  1734.  D'abord 
grand  vicaire  de  l'archevêché  de 
Rouen ,  il  fut  nommé  évêque  de 
Lescar  en  1768,  et  se  fit  aimer 
de  ses  diocésains  par  son  carac- 
tère doux  et  honnête  ,  par  sa 
Bienfaisance  et  sa  popularité. 
Après  le  concordat  il  passa  au 
«i^ge  de  Tro^^e ,  et  mourut  dans 
«ette  ville  le  cinquième  jour  com- 
plémentaire an  «dix  ,  vivement 
regretté.  Ses  lumières  étoient 
aussi  étendues  que  ses  vertus.  11 
possédoit  l'hébreu  et  le  greo^, 
et  il  a  laissé  des  ouvrages  esti— 
,  mes  î  tels  qu'un  Discours  sur  une 
bénédiction  de  drapeaux ,  une 
Uure  sur.    une   épizootie  2  nu 


NOE 


1^9 


«litre  Discours  sur  l'état  futur  de 
l'Eglise,  où  l'on  trouve  de  l'élo^ 
quence,  des  idées  fortement  con- 
çues, et  une  sorte  de  prédiction 
de  tout  ce  qui  devoit  arriver  au 
clergé  dix  ans  après.  En  prenant 
possession  de  l'évêché  de  Troye  « 
M.  de  Noé  publia  un  discours 
plein  d'onction  et  d'un  zèle  véri- 
tablement apostolique.  On  peut 
en  juger  par  ce  morceau  adressé 
nu  préfet  de  l'Aube  :  «  Vous 
êtes  au  dehors  ce  que  Dieu  a  vou- 
lu que  nous  fussions  au  dedans  ; 
vous  veillez  autour  de  l'enceinte 
sacrée  et  défendez  ses  avenues  ; 
nous,  nous  sommes  les  sentinelles 
qui  veillons  dans  le  Saint  des 
Saints.  Vous  écartez  le  trouble 
et  le  scandale  du  sanctuaire  ; 
nous ,  nous  répondons  de  sa  pu*« 
reté.  Vous  réprimez  les  entre- 
prises et  les  délits  que  notre  cha*« 
rite  ne  doit  pas  poursuivre;  nous, 
nous  attendons  dans  le  secret  de 
leurs  conscieiices  les  coupables, 
et  punissons  les  crimes  que  vos 
lois  ne  sauroient  atteindre.  Fat-i 
sons  le  saint  accord  qu'un  grand 
pape  proposoit  à  un  grand  em-« 
perenr.  Unissons  nos  vues  et  nos 
moyens  ;  croisons  nos  armes  ,' 
disoit-il ,  Jungamus  dextras  ;  et 
par  la  réunion  de  nos  efforts, 
vous ,  par  les  plus  heureux  dons 
de  la  nature  et  l'autorité  des  lois; 
nous,  par  la  prière  et  l'instruc- 
tion ,  faisons  marcher  ensemble 
deux  intérêts  qui  ne  doivent  en 
former  qu'un,  le  bonheur  de  la 
société  civile  et  religieuse ,  qui 
ne  voyage  sur  la  terre  que  pour 
aller  chercher  son  établissement 
dans  le  Ciel,  i»  Ce  morceau  semble 
une  paraphrase  élégante  de  ces 
deux  vers  d*Owen, 

Lex  tt  relaie  junxtritnt  fçtâtra.  :  prava* 
Ha,f  hominum    mtntu  49fnprimit  f  illa  • 
maaMu 


1 


lyo        N  O  G 

HiÇ  Journal  officiel  a  tracé'  cette 
esquisse  du  portrait -de  M.  de 
^oé»  «  Il  a  voit  cette  charité  douce 
qui  concilie  les  partis,  et  cette 
force  de  tête  qui  ne  se  laisse 
point  conduire  par  des  intrigans 
subalternes. .Huit  jours  après  son 
installation  »  i)  ne  fut  plus  ques^ 
tion  dans  son  dibcèse  de  prêtres 
lissermentés  ni  insermentés.  Tous 
se  réunirent  autour  de  leur  res- 
pectable prélat  y  et  tou^  le  pleu- 
rèrent. M 

NOGAROLE,  (les)  daines  de 
Vérone,  d'une  famille  illustre, 
se  distinguèrent  par  leur  esprit 
dans  le  i6*  siècle  ;  elles  étoient 
pu  nombre  de  cinq.  Antoinette , 
célèbre  par  sa  beauté  et  son  sa- 
voir ,  époui^a  Salwatico  BonacoUi 
seigneur  de  Mantoue,'— u^^éfe 
Elle  de  la  précédente^  belle  et 
vertueuse,  se  livra  à  Tétude  de 
l'Écriture-Sainte ,  dont  elle  mit 
en  vers  l'explication  des  mystères 
et  les  prophéties.  —  Isota  savoit 
les  langues  et  la  philosophie,  pro-i- 
'  nonça  diverses  harangues  au  con- 
cile de  Mantoue ,  et  devant  les 
papes  Nicolas  V  et  'Pie  II.  La 
bibliothèque  de  M.  de  Thou  pos- 
sédoit  un  recueil  de  566  lettres 
en  manuscrit  de  cette  savante, 
sur  divers  sujets.  (  Voyez  son 
article.  )  —  Geneviè\^e  et  Laure 
ses  sœurs ,  suivirent  ses  traces 
dans  la  littérature  et  la  pratique 
des  vertus.  Elles  épousèrent  des 
sénateurs  Vénitiens. 

NOIN VILLE,  (Jacques-Ber- 
nard du  Rey  de)  président  ho* 
noralre  au  grand  conseil,  mort 
le  lû  juillet  17^8 ,  étoit  membre 
de  l'académie  des  Inscriptions. 
U  se  rendit  recommandable  dans 
cette  compagnie  par  son  carac- 
tère ,  son  savoir ,  et  sur-tout 
par  un  prix  de  400  livres  qu'il 
Wda  en  1733*  On  c^  de  Ivii  : 


N  O  R 

L  Histoire    de  V Opéra ,    1757, 
a  vol.  in— 8.®  U.  Dissertation  sur 
les  bibliothèques  et  les  diction- 
naires ,   1756 ,  iu— 1 2.  II!.  —  sur  . 
les  Almanach* ,  1762,  in— 12. 

NOOMSZ,  (N.)  poète  Hol- 
landois  ,  a  traduit  avec  succèi 
un  grand  nombre  de  pièces  fran- 
çoises  et  angloises  ,  et  les  a 
appropriées  au  théâtre  de  sa  na- 
tion. Il  est  lui— même  auteur  de. 
quelques-unes  qui  ne  sont  dé- 
pourvues ni  d'intérêt  ni  de  ta- 
lent. En  faisant  \qs  plaisirs  du 
public  ,  Noomsz  ne  fut  point 
heureux.  Il  est  mort  en  Fan  11 , 
à  l'hôpital  d'Amsterdam  ,  dans  la 
plus  extrême  misère. 

NORDENFLEICHT ,  (Che- 
devig-Charlotte  de)  née  à  Stock- 
holm ,  et  connue  sous  le  nom 
de  la  Bergère  du  Nord ,  a  fait 
passer  dans  la  poésie  suédoise  la 
chaleur ,  l'énergie  et  les  beautés 
des  poètes  anciens.  Parmi  ses 
ouvrages ,  on  distingue  deux 
poèmes;  le  premier  est  intitulé'.Xtf 
Passage  des  Selts.  Ce  sont  deux 
petits  détroits  de  la  mer  Baltique 
que  Charles  Gustave  passa  sur  la 
glace  avec  son  armée  en  16SS, 
pour  aller  combattre  les  Danois. 
Le  second  a  pour  titre  :  Apologie 
des  Femmes.  L'auteur  y  combat 
particulièrement  «T.  J.  Rousseau 
qui ,  dans  sa  Lettre  sur  les  spec- 
tacles, refuse  an  beau  sexe  la 
force  et  les  talens  nécessaires  pour 
excelle^  dans  les  sciences  et  suf" 
tout  dsbis  l'art  du  gouvernement. 
Mad.  de  Nordenfleicht  est  morte 
dans  sa  patrie  le  2^  juin  i733)à 
l'âge  de  44  ans. 

NÔRDENSCHOLD ,  Suédois, 
gouverneur  de  Finlande  et  che- 
valier de  Tordre  de  l'Épée,  s'est 
distingué  par  ses  connoissances 
daa$  l'économie  politique,  et  pax 


NOU 

|diuieur5  Mémoires  qu'il  a  publiés 
fxa  cette  partiç.  Il  est  mort  ei| 
1764;  et  son  éloge  a  été  pro- 
noncé publiqueipent  à  l'académie 
de  Stockholm  dont  il  étoit 
inembre,  par  M.  Kriger  com- 
fnissaire  aii  bn^ean  des  manu- 
factures. 

IV.  NOUE,  (Denis  de  la) 
imprimeur  de  Paris,  renommé 
par  son  savoir,  a  publié  un  grand 
iiombre  de  belles  éditions ,  parmi 
lesquelles  on  distingue  la  Somme 
4e  St.  Thom^LS  ,  et  une  Concor-. 
dance  de  la  Bible  ,  publiée  en 
i635 ,  et  recherchée  pour  la  net- 
^té  de  rimpression  et  Teicacti- 
tude  de  la  correction,  La  Noue 
mourut  en  lé'So. 

NOURRISSON,  (Guillaume) 
^é  ji  Ambeçt  ei^  Auvergne ,  vint 


N  Z  A        171 

«a  fixer  à  L3ron  où  il  acquit  un» 
grande  réputation  en  horlogerie* 
Il  y  répara  la  célèbre  horloge  do 
Lippius  ;  et  y  ajouta  plusieurs 
pièces  de  ^on  inventiont 

NYON,  (Jean-Luc)  Tatné, 
savant  libraire  de  Paris,  mort 
en  1799  9  s'est  distingué  dans  sa 
profession  9  autant  par  ses  cona. 
hoissances  bibliographiques  qua 
par  sa  probité.  On  lui  doit  le  Ca.- 
^Ingue  de  la  bibliothèque  d^ 
Courtanvauxi  1782,  in— 8®;  ce-» 
lui  de  la  bibliothèque  de  la  Val-^ 
Hère ,  seconde  partie  ,  1788, 
six  vol.  in<-8°  ;  celui  enfm  de  la 
bibliothèque  de  Malesherbes  , 
1796,  in-Ç.o 

NZAM Y ,  célèbre  poëte  Per^ 
san  9  se  plut  à  imiter  Saadi.  H 
vivoit  à  la  iiii  du  seizième  sièçl^ 


^^r 


lyi 


OC  c 


O  DI 


O. 


O 


'CCO,  (  N»*)  médecin  Alle- 
mand ,  né  à  Augsbourg ,  publia 
en  1579  ^^  première  description 
des  MédailLes  Impériales ,  dont 
la  suite  s'étend  depuis  Pompée 
jusqu'à  HéracUus.  Cet  ouvrage  a 
été  réimprimé  en  1601,  et  en 
lySo  par  les  soins  SArgelati , 
q\\\  l'a  enrichi  de  notes  et  d'ad« 
ditions.  Occo  est  mort  à  la  An 
du  i6*8iècle. 

O  C  H  S  ,  (  Jean-Rodolphe  ) 
gravoit  les  pierres  avec  une  pré- 
cision qui  les  faisoit  confondre 
avec  les  antiques.  Il  étoit  né  à 
Berne  en  1675 ,  et  il  mourut  en 
1750,  à  Londres^  où  ses  talens 
furent  employés  et  bien  payés. 

OCKLEY,  (Simon)  profes- 
seur d arabe  h  Cambridge,  étoit 
néàExcester  en  1678.  On  a  de 
lui:  [ntroductlo  ad  Liiiguas orieu' 
iales ,  1 706 ,  et  une  Histoire  des 
Sarasins ,  traduite  en  françois  , 
1748,  a  vol.  in-ï2.  L'entretien 
d'une  nombreuse  famille  l'engagea 
dans  des  dettes  qui  le  firent  met- 
tre quelque  temps  en  prison.  Il 
fut  du  grand  nombre  des  savans 
dont  le  mérite  est  au-dessus  de 
la  fortune. 

*  ODIN ,  fut  à  la  fois  prêtre , 
eonquérant,  monarque,  orateur 
et  poëte.  Il  parut  dans  le  Nord , 
environ  70  ans  avant  J.  C.  Le 
théâtre  de  ses  exploits  fut  prin- 
cipalement le  Danemarck  :  il 
avolt  la  réputation  de  prédire  l'a- 
venir et  de  ressusciter  les  morts. 
Quand  il  eut  fini  ses  expéditions 
glorieuses ,  il  retourna  en  Suôde , 
et  se  sentant  près  du  tombeau, 
il  ne  voulut  pas  que  la  maladie 


tranchât  le  BI  de  ses  jours ,  après 
avoir  si  souvent  bravé  la  mort 
dans  lès  combats.  Il  convoqua 
tous  ses  amis,  les  compagnons^ 
de  ses  exploits  :  il  se  fit  y  sous 
leurs  yeux ,  ave^  la  pointe  d'une 
lance,  neuf  blessures  en  forme 
de  cercle;  et  au  moment  d'ex- 
pirer ,  il  déclara  qu'il  alloit  dans 
la  Scythie  prendre  placé  parmi 
les  Dieux ,  promettant  d'accueil- 
lir un  jour  avec  honneur  dans  le 
Paradifi  tous  ceux  qui  s'expose- 
roient  courageusement  dans  les 
batailles  ,  ou  qui  mourroient  les 
armes  à  la  main.  Toute  la  my- 
thologie des  Islandois  a  Odin 
pour  principe ,  comme  le  prouve 
VEdda,  traduit  par  IVJ,  MaUet.'k 
la  tête  de  son  Histoire  de  Dane- 
marck. Les  rois  qui  aspiroient  aa 
respect  des  peuples  dans  une  par- 
tie du  Nord,  se  disoient  tous 
îi\sfà*Odin,  C'est  h  lui  qu'on  at- 
tribue la  poésie  £rse ,  les  carac- 
tères Runiques  et  la  semence  de 
la  haine  que  les  nations  Septen- 
trionales marquèrent  contre  les 
Romains.  On  le  croit  auteur  d'un 
poëme,  intitulé:  Hawtnaal,  c'est- 
à-dire,  Dwcour*  sublime*  Il  est 
composé  d'environ  1 20  strophes. 
C'est  un  recueil  de  principes  mo- 
raux, parmi  lesquels  on  peut  ci- 
ter ceux-ci  :  «  Ne  vous  fiez  ni 
k  la  glace  d'un  jour,  ni  à  un  ser- 
pent endormi,  ni  aux  caresses 
de  celle  que  vous  devez  épouser , 
ni  à  une  épée  rompue ,  ni  au  fils 
d'un  homme  puissant,  ni  à  un 
champ  nouvellement  ensemencé. 
—  Il  n'y  a  point  de  maladie  plus 
cruelle  que  de  n'être  pas  content 
de  son  sort.  —Si  vous  avez  u» 
ami  3,  visitez-le  souvent  j  lecho^ 


(S  I  t 

liîn  de  ramitié  se  remplit  d'her-*» 
bes ,  les  arbres  le  couvrent  bien- 
tôt si  l'on  n'y  passe  sans  cesse* 
—Soyez  circonspect  lorsque  vous 
avez  trop  bu ,  lorsque  vous  êtes 
près  de  la  femme  d  autrui ,  et 
quand  vous  vous  trouverez  parmi 
oes  voleurs.  —Ne  riez  point  du 
vieillard  :  il  sort  souvent  des  pa- 
roles pleines  de  sens  des  rides  de 
la  peau.  » 

GEILLÉTS,  (N...  des)  pre- 
mière actrice  tragique  de  son 
temps ,  fut  attachée  à  la  troupe 
de  l'Hôtel  de  Bourgogne  ;  et  mou- 
rut en  1670  à  rage  de  43  ans. 

OGGIATI,  (Antoine)  savant 
bibliothécaire  de  l'Ambroisicnne 
à  Milan ,  y  recueillit  plus  de  dix 
mille  manuscrits ,  parmi  lesquels 
Montfaucon  dit  qu'on  en  voit  un 
dtt  6«  siècle ,  en  papier  d'Egypte , 
qui  contient ,  suivant  lui  9  quel- 
ques livres  des  Antiquités  Judaï-' 
ifues  de  Josèphe* 

*  OGILBI,  (Jean)  en  latin 
OgiU/iiis,  auteur  Écossois,  né  à 
Edimbourg  ou  aux  environs  en 
1600,  commença  par  être  maître 
de  danse  ^  mais  s  étant  appliqué  au 
grec  et  au  latin ,  et  y  ayant  fait 
des  progrès  rapides,  il  se  consa- 
cra a  la  géographie  et  à  la  Jitté-' 
rature,  tant  sacrée  que  profane. 
Ses  principaux   ouvniges   sont  : 

I.  Biblùa  Régla  AagUca ,  Cam- 
bridge ,  1660,  grand  in-fol.  Cette 
Wition  magnifique  est  ornée  de 
très  — belles  gravures  en  taille- 
douce,  et  accompagnée  du  livre 
des  Prières  et  des  Offices  nnglois. 
Les  curieux  la  recherchent  beau-, 
coup  pour  sa  beauté  et  sa  rareté. 

II.  Une  Traduction  de  Virgile  ^, 
avec  des  notes  et  de  belles  plan- 
thés  qui  la  rendent; chère;  Lon- 
dses,  1658,  in-foL  IILUn  Atlas , 
qui  lui  mérita  le  tit^t  4^  cgs*i 


o  L  A 


m 


tnographe  du  roi  d'Angleterre. 
IV.  Plusieurs  Vtrtàfnsen  angloit 
d'Auteurs  anciens;  entr'autres  des 
Fables  d* Esope,  en  vers,  1673, 
2  vol.  in-8.^  Sa  maison  fut  brûlée 
dans  l'incendie  de  Londres ,  en 
1666.  Il  la  fit  rebâtir  et  répara 
tout  par  son  économique  '  indus- 
trie. Il  mourut  en  1676 ,  avec 
le  titre  d'imprimeur-géographe 
du  roi. 

OGIVE,  reine  de  France,  cé- 
lèbre par  son  courage ,  sa  beauté 
et  son  génie,  étoit  fille  d'JE-» 
douard  1 ,  roi  d'An^eterre.  Elle 
épousa  Charles  le  Simple ,  dont 
elle  eut ,  en  920  ,  ijyuis  sur- 
nommé d* Outremer,  Lorsque  son 
époux  eut  été  fait  prisonnier  par 
le  comte  de  Vermandois ,  qui  le 
retint  en  captivité  pendant  sept 
ans ,  Ogive  chercha  une  retraite 
à  la  cour  à*Adclstan  son  frère , 
et  y  éleva  avec  sagesse  son  fils  , 
qui  revint  ensuite  en  France  pour 
y  remonter  sur  le  trône  de  ses 
aïeux.  Le  président  Hénault  a 
fait  l'Eloge  de  cette  reine. 

OLAGARRAY,  (  Pierre)  mi- 
nistre Protestant,  a  publié  :  His- 
toire de  Foix,  Béarn  et  Navarre  , 
1609',  in-folio.  C*est  une  des 
meilleures  histoires  de  province 
que  nous  ayons.  Marca  la  cite 
avec  éloge. 

OL  A  VIDÉS,  (N...  comte  d') 
né  dans  l'Amérique  Espagnole  , 
vint  perfectionner  son  éducation 
à  Madrid,  oii  ses  talens  ,  son 
esprit  naturel  et  l'envie  d'être 
connu ,  le  portèrent  bientôt  à 
d'importantes  places.  Nommé  se- 
crétaire du  comte  â'Arnnda  ,  il 
le  suivit  dans  son  ambassade  en 
France.  Il  y  perdit  son*  maintien 
austère  au  milieu  d'une  nation 
enjouée ,  et  finit  par  en  adopter 
plusieurs  usages  §t  aimer  son  ca- 


i*^4        O  t  A 

jractère*  De  retour  en  Espagtiè  ^ 
Charles  III  le  créa  comte  et  le 
^lomina  intendant  de  Séville.  Là , 
Jl  conçut  plusieurs  projets  grands 
^t  utiles,  et  ôar-»tout  celui   de 
défricher  la  Sierra  Morena  ou 
JklotUagne  Noire.  Cette  monta-»- 
gne,  aride   dans 'ses  èommités, 
pleine  de  marais  dans  ses  Vallons, 
impraticable  dans  tous  les  temps , 
a   a^  lieues  d*étendue   sur    une 
largeur  qui  vàtie  de  4  à  5.  Pout 
tendre  à  l'agriculture  et  au  corn-* 
anerce  cette  vaste  contfée ,  Ola^ 
9idès  y  appeiil  des  colonies  de  tou- 
tes les  nations ,  et  sur— tout  beau- 
toupd'Allematlds.  Une  protection 
aûrc  de  la  part  de  l'autorité  \ei 
eut  bientôt  attachés  au  sol  et  à 
leurs    travaux.    Des    hôtelleries 
abondamment  fournies  de  tout 
ce  que  les  passans  peuvent  de*^ 
mander  ,    s* élevèrent    dans    des 
lieux  jusqu'alors  déserts  ;  et  ce 
canton  est  encore  celui  de  l'Es-^ 
pagne  oîi  le  voyageur  se  trouve  le 
mieux.  Des  villes  s'élevèrent  sous 
les  ordres  de  l'intendant  qui  vou- 
lut y  établir  de«  manufactures  dé 
Lyon  ,  et  y  appela  des  fabricans 
et  des  dessinateurs  de  cette  ville« 
Des  imputations  graves  et  peut-* 
être  exagérées  vinrent  interrom»* 
pre  ces  succès,  et  l'homme  qui 
àvoit  contribilé  à  la  gloire  et  à  la 
splendeur  de  son  pays  par  d'heu- 
reuses institutions,  fut  jeté  dans 
tm  cachot  et  emprisonné  pen- 
dant trois  ans.  Cependant  les  ser« 
vices  qu'il  avoit  rendus  à  l'Es-* 
pagne  étoient  trop  éclatons  pour 
pouvoir  les  oublier  ;  ils  servirent 
dii  moins  à  favoriser  éon  évasion  , 
et  il  s'échappa  de  sa  prison  pour 
«e  retirer  à  Venise.   Il  est  mort 
depuis  qiielques  années',  à  l'âge 
d'environ  6 Tans.  On  lui  attribue 
un   ouvrage  espagnol,  intitulé ï 
JE/  JEvangelio  en  Iriunfo ,  Triom-^ 
fhe^'^  V Evangile,  4  vol.  iQ--4.<* 


ÔLI 

Cet  écrit,  destiné  à  côrisâe4*êf 
le  retour  à  Dieii  d'un  homme 
livré  aux  illusions  du  mdnde  et 
des  sens^  a  pour  Objet  de  dé- 
fendre les  vérités  et  les  bienfaits 
de  là  relio^on  contre  les  sophismes 
de  l'incrédulité  ,  les  sarcasmes  de 
l'impiété  et  la  séduction  des  pas-i 
sions.  Il  est  pleiri  d'onctîon  e£ 
de  force  «  et  resfiace  de  dëu* 
années  en  a  vu  paroître  huit 
éditions  consécutives  ,  dans  uii 
pays  oii  peu  de  livres  nouveaux 
prennent  cet  essor.  Les  éditeur^ 
de  Ce  Dictionnaire  viennent  d'eit 
donner  une  traduction  fraiiçoise  j 
en  quatre  volumes  in-8*<» 

OLÉG ,  prince  Russe  ^  tiitenf 
du  jeune  Igor  fils  de  Hourick  i 
^arda  pendant  34  ans  la  fégencé 
des  états  de  son  pupille.  Il  sou* 
mit  les  Drevrliens,  et  conquit 
la  ville  âfi  Smolenskd;  Ayant 
armé  une  flotte  de  deUx  mille 
bateaux ,  il  alla  rançonner  COns-» 
tantihoplê,  sous  le  règne  de  Léoft 
le  philosophe,  et  y  commit  toul 
les  crimes  dont  la  barbarie  peiiÉ 
se  souiller.  Cette  expédition  esÉ 
de  l'an  904^ 

*  OtlEA  4  (  :feàfi^Jacqiiés  i 
instituteur,  fondateur  et  prerhief' 
supérieur  de  la,  communauté  àei 
Prêtres  et  dti  Séminaire  de  Saint-» 
SnlpiCe  à  Paris ,  étoit  second  fil J 
de  Jacques  Olier  maître  des  rô-ï 
quêtes.  Il  naquit  en  t6o8i  Aprè« 
avoir  fait  ses  études  en  Sorboniie  j 
il  fit  un  voydgê  à  Notre— Daftie  dé 
Lorette*  De  retour  à  Paris ,  il  se 
lia  très-étoitement  avecj^m- 
cent  de  Paule^  instituteur  des  La- 
zaristes. Son  union  avec  ce  Saint 
lui  inspira  l'idée  de  faire  des  mis^ 
sions  eii  Auvefgne,  oîi  étoit  si-« 
tuée  son  abbaye  de  Pébrac.  Sort 
àsèle  y  produisit  beaucoup  de  fruit* 
Quelque  temps  après  le  cardinal 


0  LI 

àe  Bichelieu  lui   offrit  l'évéché 
de  Chàlons-~8ur-Marne ,  qu'il  re- 
fusa. II   projet  oit  de  fonder  un 
Séminaire,    pour   disposer    aux 
fonctions  sacerdotales  les  jeunes 
gens  qui  embrassent  l'état  ecclé- 
liastique ,  lorsqu'on  lui  proposa 
la  cure  de  8aint-Sulpice.  Après 
sètre  démis  de  son   abbaye  ^  il 
accepta    cette   cure   comme   un 
moyen   propre    à    exécuter    sts 
desseins,  et  en  prit  possession 
en  1642.  La  paroisse  de  8aint- 
Sulpice  servoit  alors  de  retraite 
à  tous  ceux  qui  vivoient  dans  le 
désordre.   De    concert  avec   les 
ecclésiastiques  qu'il  avoit  emme- 
nés avec    lui  de  Vaugirard ,  où 
ils  avoient  vécu  quelque  tempa 
en  communauté ,   il  travailla   à 
la  réforme  des  mœurs  avec  au- 
tant de  zèle  que   de  succès.  Sa 
paroisse  devint  la  plus  régulière 
lie  Paris.    On   sait  conibien  les 
duels  étoient  alors  fréquens:  il 
vint  à   bout  d'en  arrêter  la  fu- 
reur. Il  engagen    plusieurs   sei- 
gneurs à  faire  publiquement  dans 
son  Église,  un  jour  de  Pente^ 
«ôte,  une  protestation  qu'ils  si--< 
gnërent,  de  ne  donner  ni  accep- 
ter aucun  appel ,  et  de  ne  se  servir 
jamais  de  seconds  ;  ce  qu'ils  exé- 
cutèrent  très-rideliement.    Cet 
exemple  fut  suivi  par  plusieurs 
antres   seigneurs ,    avant   même 
que  l'autorité  du  roi  eut  arrêté 
le  cours  de  ce  désordre.  Au  mi*- 
lieu  de  tant  de  travaux ,  il  n'a- 
bandonna pas  le  projet  de  fonder 
un  Séminaire.  Comme  le  nombre 
des  Prêtres  de  sa  communauté 
l'étoit  très  -^  multiplié  ,   il  crut 
trouver  une  occasion  favorable, 
et  commença  à  les  partager.  Il 
en  destina  une  partie  à  la  direc- 
tion du  Séminaire ,  pour  la  fon- 
dation duquel  il  obtint  des  let- 
tres-patentes en   1645.  L'autre 
parti»   continua    ù   Vaider    dans 


O  L  I         i7f 

led  fonctions  du  saint  itiînistèrè. 
Quoique  partagés  pour  deux  ob- 
jets difFérens ,  ces  ecclésiastiques 
n'ont  jamais  formé  qu'un  même 
corps.  «Une  obéissance  aveugle 
à  toutes  les  décisions  de  Home  , 
un  grand  éloignement  du  jansc^ 
nisme ,  ime  entière  dépendance 
des  évèques,  les  fit,  dit  St-Simon  ^ 
paroitre  très-utiles  aux  prélats 
qui  voul oient  éloigner  les  sonp-' 
çons  de  la  cour  sur  la  doctrine  , 
ou  qui  craignoient  le  joug  des 
Jésuites,  lesquels  les   perdoienC 
sans   ressource    s'ils   ne    parve^ 
noient  aies  dominer.»»  En  164&', 
Olier  fit  commencer  1»  construc- 
tion de  l'église  de  Saint-Sulpice  ; 
mais  le  vaisseau  de  cette  église 
n'étant  pas  assez  grand  pour  le 
nombre  des   paroissiens ,  il  fit  ^ 
de  concert  avec  son  successeur  ^ 
jeter   de  nouveaux  fondemens  9 
en  i655,  pour  l'église  que  nous 
voyons  aujourd'hui.  Ce  pieux  fon- 
dateur s'étant  démis  de  sa  cure 
en   I  6  5  2 ,   se  retira    dans  son 
Séminaire ,  et   travailla  à   faire 
de  semblables  établissement  dans 
quelques  diocèses.  Il  envoya  plu- 
sieurs de  ses  ecclésiastiques  dans 
l'isle  de  Montréal  en  Amérique  , 
pour  travailler   à  la  conversion 
des  Sauvages.  Il  mourut  sainte- 
ment le  2  avril  1667 ,  à  49  ans. 
Olier  étoit  un  homme  d'une  cha- 
rité ardente  et  d'une  piété  ten- 
dre ,  et  on  pourroit  le  proposer 
pour  modèle  à  tous  les  ecclésias-* 
tiques ,  s'il  ne  l'avoit  pas  quel- 
quefois déparée    par    des   peti- 
tesses, et  si  son  zèle  avoit  été 
tonjours  bien  réglé.  Ses  succes- 
seurs contribuèrent^beaucoup  à  la 
distribution   des   bénéfices    sous 
Fleury  et  Boyer,  L'un  d'eux ,  Cou' 
turier ,'  homme  rusé  sous  un  air 
grossier,  souple  avec  les  minis- 
tres de  la  feuille ,  hautain  avec  les 
évèç[ues  Qtt  les  a^pirans  aux  évâ- 


»7«. 


OL  I 


> 


ebés ,  remplit  l'Église  de  France 
de  sujets  zéiéà,  mais  peu  éclairés, 
qui  perpétuèrent  les  querelles  sur 
la  Bulle  ,  ot  les  aigrirent  encore 
par  l'intolérance,  les  lettres  de 
cachet  et  les  billets  de  confession. 
Ce  Cou  tarie r  disoit  quelquefois 
de  bons  mots  qu<^  sa  îigure  gro- 
tesque rendoit  encore  plus  plai- 
8an?.  Ceet  lui  qui  dit  lorsqu'on 
lui  proposa  une  maison  des  ex- 
Jésuites  :  je  crains  les  revenans. 
Il  avoit  une  correspondance  très- 
ctendue  ;  et  il  avoit  des  modèles 
de  lettres  pour  le  haut ,  le  moins 
haut  et  le  bas  clergé ,  que  ses 
séminaristes  copioient  aux  appro- 
ches du  jour  de  Tan ,  et  qu'il  ne 
faisoit  que  signer.  On  a  d'Olier 
quelques  ouvrages  de  spiritualité, 
entr'autres  des  Lettres  publiées 
à  Paris,  in- 12,  1674,  remplies 
d*onction  ;  mais  dans  lesquelles 
on  desireroit  quelquefois  une 
dévotion  moins  minutieuse  et 
plus  éclairée.  Il  y  parle  de  quel- 
ques-uns de  ses  rêves  que  son 
imagination  échauffée  prenoit 
pour  des  révélations.  Le  P.  Giry 
a  donné  un  court  Abrégé  de  sa 
Vie  en  un  petit  volume  in— la, 
d'après  des  Mémoires  que  lui 
avoit  communiqués  Le^chassier , 
un  des  successeurs  cVÙUer  dans 
la  place  de  supérieur  du  Sémi- 
naire. 

*  OLIVET,  (Joseph  Thouliei; 
d*)  né  à  Salins  en  i68a,  fut  élevé 
par  son  père ,  depuis  conseiller 
nu  parlement  de  Besançon.  ïl  en- 
tra de  bonne  heure  chez  les.  Jé- 
suites ou  il  avoit  un  oncle  distin- 
gué par  son  savoir.  Après  y  avoir 
essayé  ses  talens  eri  djvers  genres, 
conime  poëte,  comme  prédica- 
teur, comme  humaniste  j  il  quitta 
cette  Compagnie  célèbre  à  l'âge 
de  ttènte-trois  ans.  Quelque  temps 
avant  sa  sortie  des  Jé$uit9S  on 


'    O  L  I 

▼ouliii  lui  confier  l'éducation  du 
prince  des  Asturies;  il  aima  mieux 
venir  à  Paris,  vivre  dans  le  sein 
des  lettres.  Il  se  fit  en  peu  d'années 
une  telle  réputation ,  que  lors- 
qu'il étoit   occupé  à   rendre  les   , 
derniers  soins  à  son  père  mou- 
rant,   l'académie    Françoise    le 
choisit  absent,  par  la  seule  con- 
sidération de  son  mérite,  en  1 723. 
Il  n'eut  besoin  que  d'un  ami , 
pour  répondre  à  cette  compagnie 
de  son  désir.  L'étude  de  la  langue 
Françoise  devint  alors  son  amoar 
de  préférence,  sa  pensée  habi- 
tuelle ;   mais  il   n'oublia  pas  les 
langues   anciennes.    Il    s'attacha 
sur-tout  à  Cicéron  ,  pour  lequel 
il  conçut  une  admiration  qui  te- 
noit  de  l'enthousiasme.  (  Voyezl, 
Crébillon  ,  vers  la  fin,)  La  cour 
d'Angleterre  lui  proposa  de  faire  ; 
une  magnifique  édition  des  Ou- 
vrages de   cet    orateur.     Ayant 
nontré  les  lettres  qu'on  lui  écri-« 
voit  à  ce  sujet*  au  cardinal  de 
FLeury  ,    et  oubliant   les  riches 
promesses  de  l'étranger,  il  con- 
sacra à  l'éducation  du  DauphU 
le  travail  qu'il  eût  offert  au  duc 
de    Cumberléinâ.   Cet    ouvrage  , 
long  et  pénible ,  parut  en  3  val. 
in-4",  en  1740^  à  Paris  ,   avec 
des  commentaire'"  choisis,  pure- 
ment écrits  et  pleins  d'érudition. 
L'abbé  dOllvet  avoit  eu  dès  sa 
jeunesse  les  liaisons  littéraires  les 
plus  étendues  et  les  plus  illus— 
très.  Il    compta   au  nombre   de' 
ses  amis  l'évêque  de  Sois  son  s  et 
toute  la   maison  de  Sillety  ,  le 
savant  Hufit ,  le  Père  Hardouin, 
le  Père  de   Tournemirie  ,   D«-  ' 
préaux  ,  Rousseau ,  le  présidant  ■ 
Bouhier,  etc.  New f on  et  Pop^e 
le  trait«'"rent  à  Londres  comme 
Clément  XI  l'a  voit  traité  à  Rome, 
avec  une  distinction- qui  suppo- 
soit   une  haute  estime.  Il  avoit 
Taccès  le  plus  familier  chez  le 


O  L  t 

Vflf  jinal  de  Fleury  ;  Tévéqne  de 
Mirepoix  l'écoutoit  avec  con- 
fiance. Les  deux  prélats  futent 
plus  d'une  fois  étonnés  d»î  son 
zèle  pour  îes'  a^^^es  ,  et  de  son 
indifférence  pour  Ini-mème.  Com- 
me il  se  contentoit  de  peu  ,  il 
bissa  da  grandes  épargnes  ti  sa 
mort  arrivée  le  8  octobre  1768 , 
à  86  ans.  «  On  a  en  raison  de 
iBiier,  dit  le  Nécrologedes  Hom- 
mes célèbres  de  "Fronce  ,  l'égalité 
d'ame  qu'il  n  conservée  dans  les 
deiîx  mois  de  sa  maladie ,  et  l'in- 
différence avec  laquelle  il  a  vu 
îa  fin  approcher.  »  C'étoit  wn 
bomme  attaché  à  la  religion  ,  et 
dont  les  mœurs  étoient  sévères 
sans  rigorisme.  Il  aimoit  la  so- 
ciété; et  quoique  son  extérieur 
fut  peu  attirant ,  il  savoit  s'y 
tendre  aimable  par  les  saillies 
tfnne  gaieté  franche  :  d'ailleurs 
nn  peu  entiché  de  ses  opinions^ 
les  défendant  avec  vivacité  et 
avec  chaleur.  Malgré  des  dehors 
qni  sembloient  repousser  ,  l'abbé" 
i'OUvet  portoit  au  fond  du  cœiir 
line  ônvie  d'obliger  sincère  et 
active.  Il  plaça  un  grand  nombife 
de  gens  de  lettres  ,  qu*il  cr'oyoit 
propres  à  i*éducatipn  ,  et  qui  ne 
répondirent  partons  à  son  choix. 
Qiieîques-un*  même  fwrent  peu 
recdnnoissans  ;  et  il  se  consola 
de  leur  ingratitude  par  le  plaisir 
d'avoir  fait  du  bien;  Son  atta- 
chement à  sa  famille  ,  îe  soin 
qu'il  prit  de  ses  neveux  auxquels 
11  sacrifia  une  partie  de  ses  reve- 
nus, le  justifièrent  du  reproche 
d'avarice  et  d'insensibilité ,  quo 
des  ennemis  injustes  lui  faisoicnt. 
Sans  afficher  la  philosophie  ,  il 
.avoît  la  véritable  ,  celle  qui  est 
dans  le  cœur.  Il  reganloit  la  re- 
nommée comme"  un  avantage  16- 
ger  et  périssable  dont  il  faut 
savoir  jouir  quand  on  le  possède , 
^  se  passer  quand  on  l'a  perdu. 

SuppjL.    Tome  lîL 


OLl 


lyy 


Considéra  comme  littéi'ateur,  on 
voit  en  lui  un  excellent  critique  > 
un  grammairien  consommé,  uu 
traducteur  exact.  Savant  sans  pé- 
danterie et  sans  faste  ^  il  défendit 
les  beautés  nobles  et  simples  dea 
anciens  contre  la  dépravation 
qu'occasionna  dans  les  lettres  U 
faux  bçl  esprit  de  quelques  écri- 
vains modernes.  Disciple  de  Boi- 
lenit ,  il  adopta  sans  réserve-touté 
ia  sévérité  de  ses  jugemens  litté- 
raires. Pent-êtjte  avoit-il  comme 
son  oracle  ,  le  gqût  plus  austère 
que  fin.  Son  esprit ,  dit  d^Alem." 
btrt  que  nous  suivons  en  ceci  ^ 
ressembloit  à  ces  palais  sains  et 
vigoureux  qui  expiriment  avec 
force  et  goûtent  avec  plaisir  le 
suc,  des  viandes  pleines  de  subs- 
tance y  mais  qui  ne  savent  ni  dis- 
tinguer ni  apprécier  des  aliment 
Jikis  délicats.  Ses  ouvrages  sont  ; 
I.  Entretiens  de  Cicéron.  sur  la 
HiUiire.  des  Dieux  ,  traduits  ea 
françois  ,  1763  ,  deux  vol.  in- 12» 
Le  président  Boukier  eut  part  ii 
cette  version  ,  dont  les  notes  sont 
savantes»  II.  La  Tnaduction  de$ 
Philip  pi  que  s  de  iJémosthènes  et 
d<.^s  Caiilin aires  à^  Cicéron,  élé- 
gante et  fidellè  ,  conjointement 
avec  le  président  Ut; «Â/er,  1765  j 
in- 1 2.  lu.  Histoire  de  l'Académie 
Franco ise  ,  pour  servir  de  suite 
a  celle  de  Pelisson  ,  in- 12  :  ou- 
vrage estimable  pour  les  recher- 
clies  9  mais  dont  le  style  est  quel- 
quefois languissant.  En  chercîiant 
la  simplicité  ,  en  voulant  éviter 
îe  style  guindé  etpréci«?ux ,  peiit- 
^tre  toinbe-t-il,  àitd'Alembert  ^^ 
dans  le  stylo  bou^'goois  et  fami— 
XicT.  L'auteur  entre  d'ailleurs  dans 
de  petits  détails  ,  indignes  de  Ta 
gravité  de  ThiGtoire;  et  il  n'a  pas 
le  talent  qu'ayoit  FQntenvUe  ,  de 
peindre  avec  autaiit  de  finesse 
qiie  d'énergie  le  caractère  de  ses 
personnage»»  Attijché  avec  iH-« 

M 


rtjS       O  L  t 

lierstition  an  goût  des  ancien!  ^ 
il  8*élevoit  par  une  espèce  d'os- 
trabisme  contre  tontes  les  inno- 
vations en  littérature  9  et  snr^ 
toat  contre  la  recherche  d  esprit 
et  la  subtilité  des  idées.  IV.  Les 
'STusculanes  de  Cicéron  ,  2  vol. 
In-i  2  ,  dont  trois  sont  tradnites 
par  Tabbé  iOlwet ,  et  les  deux 
autres  par  le  président  Bouhier, 
3ir.  Benufrques  sur  Racine ,  in- 1 2. 
X  Voyez  l'article  de  ce  grand 
poète  9  et  celui  -de  Ttibbé  Bes 
jPoSTÀinfBS*^  VI.  Pensée»  de  Ci-^ 
céron  pour  servir  à  l'éducation  de 
fa  Jeunesse,  în-12.  «Je  ne  sais 
j(ëcrivoit^^o/rai>c,  lorsque  ce  petit 
^  recueil  parut  en  1 7  4  4 ,)  si  ces  pen- 
sées détachées  feront  une  grande 
fortune.  Ce  sont  des  choses  sa- 
jres  ;  .mais  elles  sont  darenues 
ueux  communs ,  et  elles  n'ont 
pas  cette  précision  et  ce  brillant 
qui  sont  nécessaires  pour  retenir 
les  maximes.  Cicéron  étolt  diffus 
et  il  devoit  l'être  5  parce  qu'il 
^arleit  à  la  multitude.  On  fie  peut 
pas  d'an  orateur,  avocat  à  Rome, 
lalre  un  la  RochefoucauU,  Il  faut 
dans  les  pensées  détachées  plus 
iée  sel ,  plus  de  figures  ,  plus  de 
laconisme.  Il  me  paroît  que  Ci^ 
céron  ii'est  pas  là  à  sa  place.  » 
filais  l'abbé  étOlivet  auroit  pi^ 
xépondre  que  tous  ces  extraits 
a'étoient  pas  puisés  dans  les  ha- 
rangues 9  et  qu'il  avoit  pris  une 
partie  des  pensées  répandues  dans 
{ss  livres  {Âilosophiques  de  l'ora- 
teur romain.  Quoi  qu'il  en  soit , 
|K>ntes  les  traductions  de  l'abbé 
d'OUvet  sont  estimées  ,  quoique 
écrites  avec  une  élégance  froide  9 
'•t  que  cette  chaUur  douce  et  vive 
qu'on  éprouve  en  lisant  Cicéron , 
ne  s*y  fasse  presque  pas  sentir; 
mais  il  est  fidelle  an  sens ,  et  son 
•tyle  est  clair  et  nombreux.  Ce 
fiit  le  hasard  qui  lejit  traducteur, 
jli  8*^çi$soit  de  revoir  quelque» 


versions  de  Fabbé  de  Mauermgi 
L'hdbile  littérateur  les  refit  d'ug, 
bout  à  l'autre ,  et  les  doijina"  a« 
public  Sons  le  nom  de  Maucroix, 
Lorsdiie  dans  la  suite  il  voulut 
revendiquer  ^on  propre  bien ,  il 
eut  à  combattre  et  fut  obligé  da 
produire  ses  titres.  Sa  traduction 
des  Entretiens  de  Cicéron  sur  la 
Nature  des  Dieux,  et  l'éditicm 
du.  fameux  Traité  dHuet  De  la 
faiblesse  de  l'Esprit  humain  ,  lui 
attirèrent  quelques  démêlés  ,  et 
l'engagèrent  à  brûler  une  Hw- 
toire  de  V Académie  d'Athènes  , 
qui  auroit  figuré  avec  celle  de 
l'académie  Françoise  ,  et  qui  au- 
roit été  plus  intéressante.  Vfl.  U 
publia  le  recueil  des  poésies  lati^ 
nés  de  9e&  amis  Massieu  ,  Huet, 
la  Monnaye  et  Fraguier,  et  y 
joignit  une  Idylle  de  sa  façon,  sur 
l'origine  des  Salines  de  Franche-* 
Comté  :  c'est  une  métamorpboss 
dans  le  goût  de  celle  à' Ovide.  Oa 
Hui  attribue  aussi  la  Vie  de  tabhé 
de  Choisy» 

OLIVEYRA,  (François  d') 
Portugais ,  quitta  la  religion  Ca- 
tholique pour  se  retirer  à  Lon- 
dres y  oh  il  ppUta  quelque^  on- 
vrages  sur  la  littérature  porttH 
gaisé ,  qui  ont  servi  9  dit-on ,  t 
perfectionner  les  études  dans  n 
patrie.  Il  mourut  en  1783,  à 
83  ans. 

•  I.  OPITIUS,  (Martin)  poêta 
de  Breslaw  ,  s'est  fait  un  nom 
célèbre  par  ses  Poésies  latines, 
et  encore  plus  par  ses  Poésies  a!-* 
lemandes.,  Après  avoir  beaucoup 
voyagé  9  ilproBta  de  ses  connois* 
«ances  pour  donner  à  son  pay» 
les  premières  leçons  de  goût  et 
de  pureté  de  langage*  On  a  dç 
lui  9  des  Sylves ,  des  Eplgrant'*  , 
mes  ,  un  Poème  sur  le  Vésuve , 
les  Distiques  de  Colon  ,  etc.  Ses 
vers  allémfti^ds^  qui  l'ont  miii 


OP  P 

h  tête  ^es  poètes  de  s4  nation  ^ 

sont  également  naturels  et  bril- 
wns.  Ils  ont  été  recueillis  à  Ams-. 
terdam  en  i6q8.  Les  latins  l'a- 
Voient  été  en  i63i  et  1640, 
iii-B.**  On  l'a  compare  à  Pope , 
parce  que  ses  écrits  oflFrent  un© 
philosophie  éclairée.  L'nuteur 
mourut  de  Ja  peste  à  Dantzig , 
le  i3  août  16^9  ,  aimé  et  es- 
timé. 

^  *  OPPIEN  ,  poète  Grec  ,  natif 
d  Anazarbe  ville  de  Cilicie  ,  Ho- 
rissoil  dM^le  deuxième  siècle  y 
8<«is  le  rl^fe  de  l'empereur  Ca-- 
racaUa,  tCe  poète  a  composé  plu- 
sieurs ouvrages  ou  Ion  remarque 
beaucoup  d'érudition  embellie  par 
les  charmes  et  la  délicatesse  de  sa 
Versification.  Nous  avons  de  lui 
*inq  livres  de  la  Pèche  et  quatre 
«fe  la  Chasse*  L'empereur  Cara^ 
colla  ,  touché  des  beautés  de  sa 
poésie ,  lui  fit  donner  un  écu  d'or 
pour  chaque  vers  du  Cynegetlcoa 
ou  Traité  de  la  Chasse,  C*esrdd 
ïà  que  les  vers  d^Oppien,  dit-on , 
furent  appelés  Vers  dorés.  Son 
portrait  du  cerf  dans  ce  Poëme , 
•st  d'un  grand  peintre.  Ce  poète 
fut  moissonné  par  la  peste  dans 
•a  patrie  y  an  commencement  du 
troiiième  siècle ,  à  l'&ge  de  3o  ans. 
Ses  compatriotes  firent  graver 
*Hr  son  tombeau  cette  inscrip- 
tion :  Les  Dieux  ne  se  sont  hâtés, 
de  rappeler  Oppien  à  la  Jleur  de 
^^S^  »  que  parce  qu'il  avait  déjà 
Surpassé  les  mortels.  Les  meil- 
Wres  éditions  de  ses  Poèmes 
^«primés  dès  1478,  in-4*',  sont 
•elles  de  Paris,  chez  Vascosan 
en  1549  9  remarquables  par  la 
beauté  et  l'exactitude  ;  et  de 
leyde,  1697 ,  in-8** ,  en  grec  et 
en  latin ,  avec  des  notes  de  Bit- 
Icrhuys ,  pleines  d'érudition.  Ou 
a  une  Traduction  en  mauvais 
yersffangois,  par  Florent  Chré^m 


O  R  L        17^ 

ttm  ,  du  Potme  de  la  Chasse  ^ 

1S75  ,  in»4*'  ;  et  en  prose,  par 
6ainu€l  Fermât ,  à  Paris  ,  ifijo^ 
in^ia.  Suidas ,  dans  son  Dic- 
tionnaire grec ,  à  l'article  de  la  vi« 
à"  Oppien  ,  assure  que  ce  poêfca 
avoit  composé  un  Poème  en  cinq 
livres,  sur  la  Chasse  aux  Oi^ 
seaux  ;  cet  ouvrage  n'est  point 
parvenu  jusques  à-nous.  Erasme 
fVindiag  a  donné  la  paraphrase 
du  sophiste  Eutecnius  ,  sur  ce 
dernier  Poème  à^Oppien ,,  d*«prèa 
un  manuscrit  du  Yattean ,  pu- 
blié à  Copenhague  en  1702,  in-8.f 
—  Voyez  ViaoÈcs. 

ORBUNA ,  (  Barbia  )  impë* 
ratrice  Romaine ,  fut  la  troisième 
femme  d* Alexandre  Sévère,  Seâ 
médailles  sont  recherchées. 

ORCIDÈS ,  c|ipitaine  Hébry- 
cien,  combattit  vaillamment  con- 
tre les  Argonautes  descendant  sur 
le  rivage  de  sa  patrie,  et  tua  de 
sa  main  Talails, 

ORESTILLE,  (Livie)  d'une 
illustre  famille  Romaine  ,  belle 
e£ pleine  d'esprit ,  fut  promise  au 
sénateur  Calpurnius  Pison. ,  qui  ^ 
pour  rendre  la  célébration  de  son 
hymen  plus  solennelle  ,  y  invita 
l'empereur  CaZig*tt/a.  Celui-ci, 
charmé  de  la  nouvelle  épOu5e  , 
l'emmena  après  le  festin  et  l'é- 
pousa le  jour  même.  Quelquft 
temps  après ,  il  la  répudia  ;  et 
ayant  appris  qu'elle  avoit  reçu 
chez  elle  Calpurnius  ,  il  les  exila 
l'un  et  l'autre  âans  des  isles  se-* 
parées  et  lointaines. 

L  ORL ANDI ,  (  Jérôme  )  sa-t 
vant  imprimeur  de  Palerme ,  vi- 
voit  en  1680.  On  lui  doit  un 
Traité  sur  l'artillerie. 

IL  ORLANDÏ  ,  (  Pellegrin- 
Antoine  )  bibliographe  Italien  , 
mort  en  1780  ,  a  publié  :  L  Uae. 

M  X 


Notice  de  Torigine  et  des  progrès 
de  rimprimerie  depuis  l'an  1457 
ju£ qu'en  i  Soo  9  en  italien  ,  Bo- 
logne ^  lyaa  ,  in -4.*»  II.  Une 
Histoire  des  écrivains  de  Bolo— 
giîe,  avec  le  jugement  de  leurs 
ouvrages ,  17 1 4 ,  in-4.**  III.  Abe-^ 
cedario  piltorico  ,  1719^  in-4.* 
.  C'est  un  abrégé  de  la  vie  des  an- 
ciens peintres  ,  sculpteurs  et  ar- 
chitectes. 

*  III.  ORLÉANS  ,  (  Charles 
duc  d'  )  fils  de  Louis  de  France 
duo  ^'Orléans ,  et  de  Vaîentine 
de  Milan.  ,  porta  le  titre  de  Duc 
d'Angouléme  durant  la  vie  de  son 
père  qui  périt  victime  de  la  tra— 
îjison  du  duc  de  Bourgogne. 
Charles  se  trouva  à  la  malheu- 
reuse bataille  d'Az incourt ,  en 
1415,  oii  il  fut  fait  prisonnier. 
De  retour  en  France,  après  avoir 
été  retenu  vingt-cinq  ans  en  An- 
gleterre, il  entreprit  la  conquête- 
du  duché  de  Milan,  qui  lui  ap— 
partenoit  du  chef  de  sa  mère  ; 
mais  il  ne  put  se  rendre  maître 
que  du  comté  d'Ast  :  (  Voyez  IL 
Sforce.  )  Ce  prince  aima  les  let- 
tres ,  et  les  cultiva  avec  succès. 
On  a  de  lui ,  un  recueil  de  Poé^ 
X  sies ,  dont  plusieurs  ont  été  in- 
sérées dans  les  Annales  Poéti^ 
ques ,  où  l'on  découvre  un  vrai 
talent.  L'abbé  Sallier  de  l'acadé- 
mie des  Inscriptions,  a  donné 
ime  très-bonne  Notice  des  ou- 
vrages de  ce  prince;  et  il  dit  avec 
raison  que  si  le  hasard  les  eût 
fait  tomber  entre  les  mains  de 
Despréaux ,  ce  dernier  eût  re- 
gardé Charles  dt Orléans  ,  plutôt 
que  Villon  ,  comme  le  restaura- 
teur du  Parnasse  François.  On 
trouve  dans  cette  Notice  une 
chanson  que  Charles  fit  pendant 
sa  longue  captivité  en  Angleterre, 
ïl  mourut  à  Amboîse  en  1465  , 
laissant  un  fils  ,  Charles  duc 
d'Angouléme,  qui  épousa  Louise 


OR  L 

de  Sarcle  ,  mère  de  Franco^ 
premier  .  depuis  roi  de  France  ^ 
(  Voyez  il.  François  )  et  de  Mar^ 
guérite  de  Valois ,  depuis  reine 
de  Navarre.  (  Voyez  VII. 'Mar-» 
OUERITTE  et  I.  Gaillard.  )  De 
Marie  de  Clèi^es.,  Charles  d'Or^ 
léant  eut ,  entr'antres  enfitns  , 
Louis  qui  fut  le  roi  Louis  xii; 
Voyez  ce  mot ,  n®  xvii  ;  et  iv, 
Jeanne  de  France. 

♦  VL  ORLÉANS  ,    (  Pierre^ 

Joseph  d')  jésuite  ,  néà  Bourget 
en  1641.  Apres  avoir  professé  les 
belles-lettres  ,   ii  ft]fÉ|ftstiné  pa^ 
ses  supérieurs  au  minisbèrede  la 
chaire.  S'étcnt  ensuite  consacra 
à  l'Histoire ,  il  travailla  dans  ce 
genre  jusqu'à  sa  mort  arrivée  à 
Paris  le  3  c  mars  1698  ,  dans  sa 
57*  année.  Le  P.  d'Orléans,  par- 
lant avec  feu  et  avec  esprit,  et 
ayant  eu  des   succès  en  littéra- 
ture, étoit  bien  accueilli  dans  le 
grand  monde.  Il  voulut  un  joue 
ramener  Ninon  de  Lenclos  à  une 
vie  plus  réglée  et  h  une  foi  plus 
ferme.  Cette  fille  célèbre  lui  ayant 
dit    qu'elle  doutoit  de  bien  des 
articles  de  notre  religion ,   on  a 
prétendu  que  le  jésuite  lui  àvolt 
répondu  :  Hé  bien  ,  Mademoim 
selle ,  en  attendant  que  vous  soyez 
convaincue  ,    offrez   toujours  à 
Dieu  votre  incrédulité*  Le  Père 
d'Orléans  ne  {\t  pas  sans  doute 
une  réponse  si  niaise  ;    il  lui  dit 
vraisemblablement  :  Priez  Dieu 
d'éclairer  votre  incrédulité.  Mai» 
la  réponse  ainsi  rendue  ,  n'au-* 
roit  pas  fourni  au  poète  Bow- 
seau  le  sujet  d'une  épigramrae... 
Les  principaux  ouvrages  du  Père 
dOrléeans  sont  :  l*  Histoire  des 
Révolutions  d'Angleterre ,   dont 
la  meilleure  édition  est  celle  de 
Paris  ,1693,  trois  vol.  in-4*' ,  et 
quatre  vol.  in-12.  Le  P.  d'Or^ 
léans  avoit  une  imagination  vive> 
noble  et  élevée  :  eUe  pcHTolt  daal 


O  R  L 

plusieurs  morceaux  de  cet  ouvra^ 
^e  :  mais  sa  diction  est  inégale  et 
^elquefois  incorrecte.  D'ailleurs 
depuis  le  règne  de  Henri  VI II, 
on  sent  qu'il  est  quelquefois  plus 
déclamateur  qu'historien.    «<   Le 
Père    d'Orléans  ,  dit  le    sévère 
Mably  ,   a  prétendu  faire    une 
Histoire   des  Hévolutions  d'An^ 
gleterre.  Au  lieu  de  ne  parler  que 
des  guerres  que  se  faisoient  les 
princes ,  il  auroit  dû  faire  con» 
noître  le  gouvernement  des  Bre- 
tons ,  des  Anglo  -  Saxons  9  *des 
Danois  et  des  Normands,  parce 
^ue  c'est  de  ces  différentes  cons- 
titutions que  sont  sortis,  comme 
de  leur  foyer ,  les  intérêts  di£Fé- 
rens,  les  querelles  ,  les  troubles^ 
les  révolutions  qui  ont  agité  l'An* 
gleterre,  Ob  !   le  plaisant  histo- 
rien  qui  néglige  de  faire  con— 
noître  la  grande  charte  ,  et  se 
contente  de  l'appeler  l'écueil  de 
l'autorité  royale  et  la  source  des 
mouvemens  qui  agitèrent  depuis 
les  Anglois  !  Il  en  faut  convenir  : 
le  P.  d'Orléans  ne  youloit  traiter 
que  les  changemens  que  la  religion 
•  soufferts  depuis  Henri  VIII* 
Mais  pourquoi  ne  donnoit>il  pas 
à  son  ouvrage   le  titre   qui  lui 
convenoit  ?  Quand  il  est  parvenu 
a  cette  époque,  il  entend  mieux 
ce  qu'il  veut  dire  ;  il  marche  d'un 
pas  plus  ferme  et  plus  rapide  ; 
^et  on  le  jugeroit*  digne  d'écrire 
l'histoire  ,  si  les  préjuigés  lui  eus- 
sent permis  de  voir  et  de  dire 
toujours  la  vérité.  »  On  lit  Sans 
les  Œuvres  complètes  de  l'abbé 
de'Voisenan t  (dernière  édition) 
une  singulière  anecdote  sur  l'au- 
teur de  cet  ouvrage»  «  Le  Père 
i^ Orléans  présenta  ces  Révolu-^ 
^ons  au  régent ,  qui  fvappé  de 
la  conformité  du  nom ,  crut  que 
cela  ne  venoit  pas  en  droiture*  Il 
questionna  le  jésuite ,  qui  écarta 
j(es  $oup^oD&  en  as&urant  que  s% 


o  R  L 


181 


famille  étoit  d'une  très*- bonne; 
noblesse  d'Orléans.  JVV/i  a-l'^elle 
pas  obligation  à  quelqu'un  de  mes 
ancêtres ,  reprit  le  prince  ?  -ilf  0/1- 
seigneur  ,  lui  répliqua  modeste-* 
meilt  le Père,;> sais  que  mafamilie 
existoit  long-rtemps  avant  q/ie  de 
Roi  eût  donné  l'apanage,  au  pre— 
mier  des  Ducs  d'Orléans,  »  Cette 
anecdote  est  ou  hasardée ,  ou  mal 
énoncée  ,  et  elle  présente  nn  ana- 
chronisme d'autant  plus  évident^ 
qu'on  sait  que  Philippe  d'Or^ 
léans  né  fut  nommé  à  la  régence 
que  17  ans  après  la  mort  de  l'au* 
teurdes  Bévolutions  d'Angleterre^ 
A  moins  que  l'abbé  de  Voisenon 
n'ait  voulu  parler  du  père  du  ré- 
gent ,  ou  qu'il  n'ait  cru  dire 
que  ce  lut  au  prince  ,  depuis  ré^ 
gent,  que  le  jésuite  présenta  soir 
ouvrage.  IL  Histoire  des  Révolu-^ 
tions  d'Espagne ,  Paris,  *734y 
en  trois  vol.  in-4°  ,  et  cinq  vol. 
in-ii;  avec  la  continiuition  par 
les  Pères y^r^fcttw  et  Brumoi.  Cettor 
Histoire  est  digne  de  la  précé- 
dente à  certains  égards.  Le  style 
est  en  général  élégant  »  quelques 
portraits  sont  briUans  et  fidellefr; 
les  réflexions  justes ,  les  faitp- 
bien  choisis.  Peu  d'historiens  ont 
saisi  comme  ce  jésuite ,  ce  q\iA 
'y  a  de  plus  piquant  et  de  plu? 
intéressant  dans  chaque  sujet. 
ni.  Une  Histoire  curieuse  de  deux, 
conquérans  Tartarcs  9  Cftunchi  et 
Can.  ->  hi  ,.  qui  ont  subjuirué  la 
Chine ,  in  -  8.0  IV.  La  iie  dii, 
Père  Cotton^.  jésuite,  in- 12.  Il 
a  omis  plusieur>s  traits ,  tapporté& 
dans  la  Vie  du  même  jésuite  par 
le  Père  JSottj'i^r.  V.  Les  Vies  dts 
bienheureux  Louis  de  Gônzaguf 
et  de  quelques  autres  Jésuites, 
in-iz.  VL  I*a  Vie  de  Constance  , 
premier  ministre  du  roi  de  Siam  , 
in-t2;  elleestacciisée  d'inBdéiité  » 
mais  ii  a  écrit  sur  les  mémoires 
que  lui  fo|irnirent  les  ambdssa*r 

M  } 


iTSi       O  RM 

aeurs  envoyés  par  LouisJ XIV, 
VU.  Deux  volume«  de  Serjnons , 
in— 1 2 ,  qui ,  quoiqu'ils  ne  soient 
pas  du  premier  mérite  ^  offrent 
quelques  traits  éloquens  ;  mais 
ce  qu'il  7  a  de  singulier ,  c^est 
^u*on  y  trouve  moins  de  chaleur 
que  dans  ses  Histoires  9  quoique 
le  genre  de  la  chaire  en  com- 
portât bien  davantage.  On  re^ 
marque  moins  d'invention  dans 
les  pians ,  moins  d'art  dans  Far- 
rangement  ;  la  morale  en  est  pé- 
tante ,  et  le  style  négligé.  La 
Taison  de  cette  différence  est  9 
qu'il  cultivoit  l'histoire  par  goût 
e(  la  prédication  par  devoir. 

IV.  ORMESSON ,  (  A.  L.  fo 

Tèvre  d'  )  fils  du  précédent ,  rem- 
plit avec  honneur  la  place  de 
président  au  parlement  de  Paris» 
Ayant  eu  pendant  quelque  temps 
l'administration  de  ifi.  maison  de 
daint-Cyr  ,  il  avoit  été  dans  le 
cas  de  travailler ,  pour  cet  objet  9 
directement  avec  Louis  XV!,  et 
de  s'en  faire  connoitre.  Après  la 
retraite  de  M.  de  FUwry  ,  en 
11783 ,  du  contrôle  général  ,  le 
ministre  de  Ver^ennes  proposa^ 
pour  le  ten^piàcex  leFévre  d'Ame- 
êourt ,  Calonne  et  Foulon,  Le  roi 
nomma  d^Ormesson,  et  dit  ans* 
iitôt  :  a  Pour  le  coup,  on  ne 
dira  pas  que  ce  soit  la  cabale  qui 
ait  fait  appeler  celui  ->  ci.  »  Le 
nouveau  ministre  jouissdit  alors 
de  cent  mille  livres  de  rente  [et 
de  la  oonsidération  générale  ;  sa 
mère  voulut  l'empêcheir  d*ae--* 
cepter  luie  place  qui  9  dans  les 
circonstances  critiques  où  l'on  se 
trouvoit,  devenoit  un  fardeau^ 
mais  il  répondit  a  tout  :  Le  roi 
le  vêitt.  Il  eut  d'abord  Tinteiition 
de  refuser  les  émoluraens  de  la 
place,  et  il  né  les  accepta  que 
lorsqu'on  lui  eut  fait  observer 

ga^  |o^  déwtérMflem^at  pour«* 


O  R  F    , 

f  bit  paroitre  de  l'orgneîl  ef  n\JÏrd 
aux  intérêts  de  ses  successeurs. 
Nommé  député  par  la  ville  de 
Paris  aux  états  généraux  de  1789, 
il  y  parut  doux,  modéré,  attaché 
à  l'ordre ,  ennemi  des  nouveautés 
dang^euses.  Bientôt  après  y  le 
tribunal  révolutionnaire  le  ré-^ 
compensa  de  son  zèle  et  de  ses 
services  ,  en  le  condamnant .  à 
mort,  le  i®"^  floréal  de  l'an  2, 
comme  conspirateur  et  ayant  pro- 
testa contre  l'autorité  légitime. 
UfOrtaesson  étOit  alors  âgé  de 
42  ans;  il  avoit  la  vue  basse, 
une  figure  agréable ,  un  jifge- 
ment  sain  , .  beaucoup  de  mé- 
moire ;  il  connoissoit  les  .lois  et 
on  citoit  à  propots  lés  disposi^ 
tions ,  à  l'appui  de  ses  opinions. 
Sa  famille  prétendoit  descendre 
de  Su  François  de  Faute ,  fon- 
dateur des  Mmimes,  et  d'après 
cette  origine  ,  elle  n'avoit  pouç 
livrée  que  des  habits  bruns. 

»  ORPHÉE  ,  (  Mythoî.)  fib' 
ê^ Apollon  et  de  CaUiope  ,  [d'au-» 
très  disent  Hî/Eagre  roi  de  Thra-* 
ce  9  et  de  Pofymnie  ,  }  jouoit  si 
bien  de  la  lyre ,  que  les  arbres  et 
les  rochers  émus  quitt<M«nt  leur^ 
places  ,  les  fleuves  suspendoient 
.  leur  cours  ,  et  les  bêtes  féroces 
s'attroupolent  autour  de  lui  pour 
l'entendre. 

^ylttstres  komifus  fa§€r  InttrfrisfiH 

.    4*or^m  f  * 
(adHiis  et  riçtu  fctào  àttwrvât  Orn. 

fbêus  f 
Pictus  <ik  hoc  Unire  t^eM,ra^id9fi»^ 

Hor.  Aru  ^ott, 

JEuridyee  sa  femme ,  étant  morte 
de  la  morsure  d'un  serpent  le  jour 
même  de  ses  noces ,  en  fuyant 
les  poursuites  SArislée  i  O/^^ 
descendit  aux  Enfers  pour  h  re-« 
demander  )  et  tooehft  (.elleJA^^t 


ORP 

^ton ,  Troserpîne  et  tontei  to 
Dirinités  infernales  par  les  ac- 
cords de  sa  lyre, ^qu'ils  la  lui 
rendirent ,  à  condition  qu'il  ne 
regarderoit  pas  derrière  lui  jus- 
qu'à ce  qu'il  fût  sorti  des  Enfers. 
fie  pouvant  maîtriser  son  impa- 
tience ,  il  se  retourna  pour  voir 
ù  sa  chère  Eurydite  le  suivoit  ; 
mais  elle  disparut  aussitôt.  De^ 
puis  ce  malheur  il  renonça  aux 
femmes.  Son  indifférence  irrita 
li  fort  les  Bacchantes ,  qu'elles 
se  liguèrent  contre  lui ,  le  mi-> 
fèit  en  pièces,  et  jetèrent  sa 
tête  dans  l'Hebre.  Les  Muses  re-» 
tueillirent  ses  membres  disper— 
Jés ,  et  leii^  rendirent  les  hon-« 
nenrs  funèbres.  Il  fut  métamor-* 
phosé  en  cygne  par  son  père  , 
et  son  instrument  fut  placé  au 
Sombre  des  constellations.  On 
représente  ordinairement  Orphée 
une  lyre  ou  un  luth  à  la  main. 
Kous  avons  sous  son  nom  des 
Hymnes  et  d'autres  Pièces  de 
Poésie ,  dont  la  première  édition 
«t  éé  Florence  ,  '  1 5oo  ,  in-4.** 
Les  meilleures  sont  :  Celle  d*U- 
trecht ,  1689  9  in-8^  ;  Cum  notis 
Kariorum,  Leipzig,  1764 ,  in-8"  : 
ft  dans  les  Miscellanea  GracO'» 
Tum  Carmina  ,  de  Méittaire , 
Londres,  1^22,  in«^4«  ;  mais  il 
est  constant  qu'elles  sont  suppo- 
sées. Son  Poëme  des  Argonautes 
est  à'Onomacrite',  qui  vivoit  du 
temps  de  Pisistrate*  Orphée  étoit- 
il  im  personnage  imaginaire  ? 
t'est  sur  quoi  les  savans  ont  dis- 
puté. Il  n'exista  sans  doute  ja- 
mais d^ Orphée  tel  que  les  poètes 
l'ont  imaginé ,  traînant  après  lui 
les  arbres  et  les  rochers ,  et  pé- 
nétrant aux  enfers  à  la  faveur 
de  ses  chants  harmonieux.  Mais 
les  témoignages  ^ Homère,  ^Hé^ 
rodote  ,  d'Hésiode,  de  Pindare , 
^Euripide  ,  S  Aristophane ,  de 
f^lfiton^  iSLliCCroÊB  i  de  Fauta>^ 


OS  S 


i8| 


Ruff ,  attestent  assez  qu'il  a  exista 
un  personnage  très-réel  sous  \m 
nom  d Orphée  ,  lequel  se  dis^ 
tingua  comme  poète ,  miuicieA 
et  fondateur  de  s*cte. 

IV.  OR  VILLE ,  (N.  Valois  d' J 
fils  d'i^n  trésorier  de  France ,  dm 
Houen  ,  naquit  a  Paris  et  y  esfc 
mort  vers  1766.  Il  est  auteur, 
d'une  foule  de  pièces  de  théâtre^ 
soit  seul  ,  soit  en  société  ave« 
Laffichard  et  Favart.  h^ê  plni 
connues  sont  :  les  Souhaits ,  VE^ 
cote  des  Veuves ,  VEcole  de  $a-^ 
Urne ,  les  Talens  comiques ,  Im 
Fontaine  de  Sapience.  Ces  pièces 
n'ont  pas  été  imprimées ,  et  cd 
n'est  pas  une  grande  perte  pooi; 
)e  public. 

*  OSSIAN ,  Barde  on  Druidf 
Êcossois  an  S*  siècle,  pritd'a*^ 
bord  le  parti  des  armes.  Aprèt 
avoir  suivi  son  père  Fingal  dané 
ses  expéditions,  principalement 
en  Irlande,  il  lui  succéda  dans  l# 
commandement.  Devenu  infirmé 
et  aveugle ,  il  se  retira  du  service^ 
et  pour  charmer  son  ennui,  il 
chanta  les  ex[rioits  des  autre» 
guerriers,  .et  particulièreiùent 
ceux  de  son  fils  Otçar  qui  avoii^ 
été  tué  en  trahison.  MaUfiaa  «. 
veuve  de  ce  fils,  restée  anprè# 
de  son  beau— père  ,  apprenoit  sei 
vers  par  cœur  et  les  transmet* 
toit  ainsi  à  d'autres.  Ces  P^ésiet 
et  celles  des  autres  Bardes  ayan^ 
été  conservées  de  cette  maaière 
pendant  i ^00  txïs%'M..Macpherm 
son  les  recueillit  dans  le  voyag# 
qu'il  fit  au  nord  de  l'Ecosse  elj 
dans  les  isles  voisines.  Il  les  fit 
imprimer  avec  la  version  angloise  ^ 
à  Londres, en  1765 ,  %  voK  in- fol* 
Elles  ont  été  tradtiitea  depuis  eit 
françois  par  M.  le  Totwneur , 
X  7  77 ,  2  vol.  ifi«»9®4  8VCC  des  notes*. . 
On  y  voit  la  simplicité  des  pre-» 

aûen  tempt  avec  tout  l'eutluM^ 

U4 


îiS4  «    O  S  T 

siiisme  qii*inspîre  la  pure  nature  ; 
inaislegoùt,  la  précision ,  le  choix 
des  figures  s*y  font  désirer.  Le 
peintre  moderoe  Girodei  a  re- 
présenté Ossian  devant  lequel  les 
ombires  des  héros  François  morts 
pour  la  patrie  sont  conduites  par 
la  victoire.  Ossian  se  penche 
pour  embrasser  Desaix,  et  Fingal- 
Aend  une  main  à  Kléber,  Ce  su- 
perbe tableau  a  été  fait  en  l'an 
jdix  pour  le  gouvernement, 

OSTERMANN,  né  dans  la 
îVV"estphalie  5  d'un  ministre  luthé- 
lien  9  obtint  par  son  esprit,  agréa- 
"ble  et  très-souple  la  confiance  de 
^Pierre  I  empereur  de  Russie ,  qui 
le  fit  vice-chancelier.  La  faveur  de, 
ilf^»z/A;q^ l'importunant ,  il  s'ef- 
ibrça  de  te  faire  disgracier,  et 
après  lui  avoir  conseillé  la  dé- 
marche imprudente  de  chertherà- 
itiire  épouser  sa  fille,  par  le  grand 
ànc ,  iî  parvint  à  le  faire  exiler  en 
Sibérie  par  Catherine  J.  En  r  74  r , 
Fimpératrice^E/iza^^/^  exila  Oj- 
iermann  Fui— même  vers  les  cun-*-- 
fins  de  la  mer  glaciale,  et  il  y 
înourut  en  1747.  Son  fils  obtint 
ensuite  la  placé  de  vice-ohaucdiier 

«ou s  Catherine  IL   *  ^" 

>  ... 

OSWEN,  (Jeanr^)  lun  des 
plus  anciens  imprimeurs  Anglois^ 
porta  le  prenùer  la  connoissance- 
de  l'art  typographique  à  Woc— 
cester  en  i54|^.  On  lui  doit  quel- 
ques traductions  d'oHvrages  étran>- 
^^TS  dans  sa  langue. 

'  OTHER,(N.)né  en  Noc- 
"Wége,  passa  à  la  cour  d* Alfred 
le  Grand  roi  d'Angleterre  ,  et 
fut  envoyé  par  ce  prince  faire 
le  voyage  de  la  Baltique  et  des. 
mers  septentrionales.  Other  écri- 
vit ses  trois  voyages  au— delà  ôe 
la  Norwége  et  jusqu'aux  con- 
trées les  plus  froides.  Ils  doi- 
vent avoir  eu  lieu  yers  Tan  850  ,  * 


o  u  B 

*  . 

pendant  les  temps  paîsibîes  du  te^ 
gne  d'Alfred.  L'ouvrage  d* Other 
a  été  imprimé  en  1678,  à  Ox- 
ford. André  Bussœus  Danois  en 
a  donné  une  nouvelle  édition  en 
Ï733,  à  Copenhague,  iîi-4.<> 

OUB  ACHÈ ,  kan  des  Tartare» 
Tourgouths ,  étoit  parvenu  à  un 
âge  assez  avancé  dans  Texercice 
dQs  vertus  paisibles  et  hospita- 
lières, lorsqu'une  insulte  grossière 
vint  troubler  sa  vie.  Il  c<^mman- 
doit  à  une  horde  de  600,000  Tar- 
tares ,  qui  occupoient  les  plaioe* 
arrosées  par    le    "Wolga ,    entre 
Actrakan  et  Casan.  Un  lieute- 
nant Russe ,  nommé  Kischenshol^ 
vint  exiger  au  nom  de  la  cour 
de  Russie ,  le  tribut  que  cea  peu- 
ples lui  donnoieut  annuellement; 
mais  avide  et  féroce ,  il  s'empara 
de  plusieurs  troupeaux,    et  les 
vendit  à  son  profit.  Ouhaçhé  &e 
plaignit  à  lui-même  de  ses  exac- 
tions, et  Kischenskol  osa  lui  don- 
ner un  soufflet.  Le  kan  ckfiensé 
demanda  justice  à  Catherine  11  ; 
ses  envoyés  furent  à  peine  écoutés 
par  le  ministre  de  rimpératrice* 
jLes  Tûurgouth  s ,  suivant  Castéra^ 
avoient  souilert  tranquillement  la 
rapacité  et  le  brigandage,  mai* 
ils  ne  purent  endurer  ni  l'outrage 
fait  à  leur  kan,  ni  l'injustice  de 
là  cour  de  Russie.  Oubaché  et  les 
ajuciens  de  la  horde  ayant  tenu 
conseil,  résolurent  d'abandonner 
le  territoire  de  l'empire  Russe  ,de 
traverser  les  déserts ,  et  de  se  re-» 
tirer  jusques  dans  la  Chine,  au 
pied  des  montagnes  du  Thibet, 
dont  une  tradition  leur   faisoit 
croire  qu'ils-étoient  originaires. 
Les  Tourgouths    partirent   des 
bords  du  Wolga  le  1  a  décembre 
1770 ,  et  arrivèrent  sur  ceux  de 
niy  le  ^  août  1771,  après  avoir 
perdu  près  de  la  moitié  de  leur 
peuplade  dans  les  déserts  ou  eji 


Ô  V  E 

tobattaiit  d'autres  Tartares  (fm 
voulurent  s'opposer  à  leur  pas- 
sage. Catherine  fit  redemander 
]es  Tourgonths  à  l'empereur  de 
la  Chine.  Ce  monarque  lui  ré- 
pondit :  «  qu'il  n'étoit  point  assez 
injuste  pour  livrer  ses  propres 
snjets  à  une  puissance  étrangère , 
ni  assez  cruel  pour  chasser  des 
enfans  qui  r entroient  ,dans  le 
«ein  de  leur  famille  ;  qu'il  n'avoit 
été  instruit  du  projet  des  Tour- 
gonths qu'au  moment  de  leur  ar- 
rivée 5  et  qu'il  s'étoit  empressa  de 
leur  rendre  le  pays  de  leurs  an- 
cêtres ;  que  l'impératrice  ne  pou- 
voit  se  plaindre  que  de  celui,  qui 
avoit  porté  la  main  sur  le  visage 
d'un  kan  et  d'un  vieillard  aussi 
respectable  qvCOubacké.T»  Ce  der- 
Tfict  mourut  quelque  temps  après 
SB  courageuse  émigration. 

OVERBURY,  (Thomas) 
poète  Anglois ,  né  dans  le  comté 
de  Warwick ,  fut  mis  à  la  Tour 
de  Londres  pour  avoir  voulu  dé- 
tonrnerle  comte  de  Bochesterde 
H  passion  pour  la  comtesse  d'£«- 
ffX  qui  vint  à  bout  de  le  faire 


O  ZT 


iSç 


empoisonner  ,  de  concert  avec 
son  amant.  Ce  fut  le  1 5  septem- 
bre i6i3,  qnOverbury  termine 
ainsi  sa  malheureuse  et  impru- 
dente vie.  On  a  de  lui  deux  Poè- 
mes que  les  Anglois  louent  beau- 
coup :  La  Femme ,  1614  ,  în-4<>; 
et  le  Remède  d'Amour ,  1 6  2  o  , 
in-8.*» 

OUYN  ,  (Jacques)  né  à 
Louviers  dans  le  milieu  du  16* 
siècle,  fit  jouer  en  1597  la  tragi- 
comédie  de  Tobie. 

OZELL ,  (Jean)  poète  dra- 
matique Anglois ,  mort  à  Londres 
en  1743  9  étoit  auditeur  général 
de  la  cité  et  jouissoit  d'une  foraine 
considérable*  On  ade  lui  un  grand 
nombre  de  pièces  de  théâtre ,. 
imitées  ou  traduites  de  nos  au- 
teurs François  tragiques  et  co- 
miques. 

OZY,  (François)  né  an  Mans, 
et  mort  dans  sa  patrie  en  iSôj,. 
a  publié  quelques  ouvrages  de 
droit  estimés  ,  tels  qu'un  Âppmral 
de  jurisprudence  ^  et  «ne  Disxer-m 
talion  sur  les  variations  de  &</<»•. 


i96 


PAC 


P  AD 


?. 


PaCARONI  ,  (N.  de)  poëte 
dramatique,  mort  en  17479  a 
donné  au  théâtre  la  tragédie  de 
Bafazet  I ,  représentée  et  im«- 
primée  en  1739. 

PACCIAUDI,  (Paul-Marie) 
théatin,  correspondant  de  l'aca- 
démie des  Belles-Lettres  deParis^ 
et  bibliothécaire  de  Dom  Phi-^ 
lippe  duc  de  Parme,  uaquit  à 
Turin  en  17 10,  et  mourut  d'apo- 
plexie en  1785.  Ses  Monumemta 
Peloponesiaca  ,  s  vol.  in-i(<^|  et 
divers  écrite  sur  des  antiquités 
particulières  prouvent  sa  vaste 
érudition.  On  a  encore  de  lui, 
M^morie  de'gran  maestri  deW  or- 
dùie  GerosoUmitano ,  3  vol.  in-4.^ 
On  a  imprimé  en  l'an  XI  la  cor-«^ 
xespondance  de  Pacciaudl  avec  le 
comte  de  Caylus  ,in'S.^  £lle  offre 
peu  d'intérêt.  C'est  une  espèce  de 
catalogue  de  divers  morceaux  d'an- 
tiquités que  ce  théatin  envoyoit 
à  son  ami.  Pacciaudi  étoit  un 
homme  laborieux  et  retiré,  qui 
vécut  en  religieux  et  en  savant, 
uniquement  occupé  de  ses  devoirs 
et  de  ses  études. 

I.  PACIFICUS ,  archidiacre  de 
Vérone  dans  le  ë*  siècle,  a  été, 
dit>on,  l'inventeur  des  horloges 
à  roues  et  à  ressorts,  divisant  le 
jour  en  vingt  — quatre  parties 
égales.  Avant  lui ,  on  ne  con— 
Boissoit  que  les  horloges  de  sable 
en  d'eau.  Sidoine  Apollinaire 
nous  apprend  que  de  son  temps 
les  gens  riches  tenoient  encore 
des  serviteurs  pour  les  avertir 
des  heures  du  bain  et  du  souper , 
d'après  l'inspection  de  ces  der-^ 
Bières  e^ècet  d!korloge» 


PADILLA,  (Marie  de)  de« 
moiselle  Espagnole ,  aussi  belle 
Wi'artificieuse ,  étoit  au  service 
de  la  femme  ^Alfome^.  d'Alhu^ 
quer^ue ,  lorsque  Pierre  le  Cruel 
roi  de  Castille  en  devint  omou' 
renx.  Elle  ne  le  fît  pas  soupirer 
long—temps.  Entraînée  par  son 
penchant  et  conseillée  par  Jea» 
de  Hinistrosa  son  oncle  mater- 
nel, elle  se  livra  aux  désirs  ds 
roi  qui  en  eut  bientôt  une  £]ie» 
Malgré  sa  passion  pour  PadUla,. 
les  intérêts  politiques  exigeoient  ;| 
qu'il  épousât  Blanche  de  Bour^^  1 
Son.ljts  noces  rondes  furent  sui* 
vies  du  plus  grand  dégoût.  Ni  1er 
charmes  de  la  jeune  reine  ni  let 
remontrances  de  la  reine— mère 
ne  purent  vaincre  la  froideur  de 
Pierre,  Trois  jours  après ,  il  alJt 
rejoindre  sa  maîtresse.  Le  trioo»* 
pbe  de  PadiUa  ne  fut  que  passap* 
ger.  Jeanne  de  Castro  toucha  le 
cœur  du  monarque  ;  et  comme 
elle  résista  soit  par  vertu ,  soit 
par  ambition  ,  il  lui  proposa  de 
l'épouser.  Deux-évêques  courti* 
sans  attestèrent  que  soii  maria^ 
avec  Blanche  étoit  nul.  Jeanne 
•de  Castro  fut  proclamée  reine  de 
€astille  ;  mais  .deux  jours  après 
Piid!i/la,  reprit  son  premier  em-* 
pire.  Cette  favorite  termina  sa 
carrière  peu  de  temps  après.  On 
ÙX  ses  funérailles  dans  tout  le 
royaume  comme  pour  une  reine 
légitime  ;  et  Ton  éleva  sea  «ifàns 
comme  les  héritiers  présomptifs 
de  la  couronne.  Pendant  sa  £h 
veur ,  sa  fcunille  àvoit  été  éleTée 
aux  premiers  grades.  Ses  frère» 
obtinrent  les  places  les  plus  im« 
portantes  da  ki  coiu:9ime«^DivtMi 


P  A  D 

kistoriens,  entr'autres,  Taufenr 
lie  l'Histoire  des  Favoriies ,  la 
peignent  soifs  dès  couleurs  très- 
odieuses.  Mariana ,  écrivain  plua 
«royable,  assure  qu'il  ne  man- 
qiioità  PadiUa  ^ie  des  mccurs 
pures  poar  mériter  le  trône. 

PADlOLCAUj  (Albert)  avo- 
rtât à  Heanes  y  mort  à  la  lui  dn 
17'  siècle ,  a  publié  un  ouvrage 
historique,  intitulé  :  Antiquités  ûc 
Jérusalem,  i€86,  et  un  Traité 
âe  jurisprudence  de  la  chambra 
^s  comptes  de  Bretagne. 

,  PAGANXJCCÏ,  (Jean)  né  à 
Lyon  9  y  embrassa  la  profession 
du  commerce  et  devint  juge  au 
tribunal  civil  après  k  révolution. 
Modeste ,  savant  et  intègre ,  il 
•Ast  mort  en  17^7*  On  lui  doit 
un  ouvrage  estimable  et  qui  eut 
dans  le  temps  un  succès  mérite  , 
intitulé  :  Aîaniiel  historique  et 
politique  des  Négôcians  ^  ^l^^i 
3  vol.  in-8.0 

PAGEAU,  (Oui)  pofte 
Monceau  ,  publia  en  1584  un 
vol.  de  Cantiifties  et  de  Noêls, 
iû-is. 

PàIKEL,  Voyez  Patkul. 

II.PAJON,  (Henri)  avocat 
Parisien ,  mort  en  1776  9  a  donné 
quelques  Homans  au-dessous  du 
niédiocre,  et  dès-Observations  sur 
Ift  Donations,  lySij  in— 12. 

^  PALMEE  ,  (  Samupl  )  savant 
iniprimeuF  Anglois ,  exerçoit  son 
jrt  à  Londres  en  173© ,  et  a  pu— 
mié  dan*  «a  langue  une  Histoire 
^  ^'Imprimerie.  Il  fut  le  maître 
«e  FrmchUn, 

PALOMIN0,  (Antoine) 
peintre  Espagnol,  dont  les  ou- 
^rag«8  ornent  la  cathédrale  de 
■Valence,  embrassa  l'état  ecclé- 
totique,  et  mourut  «p  ijîS,  à 


PAN 


187 


7a  ans.  On  a  de  lui  un  ouvr^age 
sur  la  peinture  et  sur  les  vies  des 
peintres,  en  deux  vol.  in-folio. 
U  étoit  né  près  de  Cordoue. 

LPANCKOUCKE,  (André- 
Joseph  )  libraire  de  Lille^  né  en 
1700,  mourut  à  Paris  en  1753. 
SiiS  ouvrages  les  plus  connus  son  t  :  1 
h  Les  Ecudds  convenables  aux 
Demoiselles,  a  vol.  in-12  ,  où 
l'on  trouve  de  l'ordre  et  de  la 
clarté.  IL  Abrégé  chronologique 
de  l'Histoire  des  Comtes  de  Flan" 
dre,  1762,  in-8.0  UL  VArt  de 
désopller  la  rate,  2  vol.  in-ia  : 
recueil  de  boni  mots  ,  qui  offre 
des  choses  piquantes ,  et  quel— 

?ues-unes  trop  peu  voilées* 
V.  -Dictionnaire  des  proverbes 
françois  ,  in-8"  :  moins  ample-, 
mais  plus  décent  que  celui  de  • 
le  Roux,  V.  Manuel  Philosophie 
que  s  1748  ,  deux  volumes'  irï-i  2. 
VL  Elémens  de  Géographie  et 
d'Astronomie,  1740,  in— 12« 
VIL  Essais  sur  les  Philosophes , 
in- 12.  A  la  mort  de  l'auteur ,  le 
curé  de  sa  paroisse  ne  voulut 
pobit  l'iAhumer,  comme  ayant 
^igné  le  Formulaire  ;  il  fallut  des 
ordres  supérieurs  pour  l'y  forcée. 

IL  PANOKOUCKE,  (  Char- 
les-Joseph )  iils  du  précédent , 
naquit  à  Lille  en  1736,  et  sui- 
vit avec  éclat  la  profession  de  son 
père.  Son  esprit  naturel ,  ses  ou- 
vrages et  ses  vastes  entreprises 
typographiques,  l'ont  fait  cpn- 
noître  dans  toute  l'Europe.  On 
.  pçut  citer  parmi  ces  dernières  les 
éditions  de  Y  Encyclopédie  ,  des 
Œuvres  de  Buffon  ^  des  Mémoires  ' 
de  l'académie  des  Sciences  et  de 
l'académie  des  Belles-Lettres ,  du 
Vocabulaire  François,  du  Bc^— 
pertoire  universel  de  Jurispru^ 
dence  ,  du  Voyageur  François  âe 
l'abbé  tie  la  Porte ,  du  Mercure  de 
Frait  ce  j  eCc.M»  Ses  ouvrages  par^ 


^ 


i88        PAN 

ticttlîers  sont  :  L  Des  Mémoires 
mathématiques  g  adressés  à  l'aca'- 
demie  des  Sciences.  II.  Des  tra- 
ductions (ie  Lucrèce ,  de  la  Jéni^ 
MaSem  délivrée  et  du  Roland  le 
fsrieux^  Cette  dernière  traduction 
est  en  dix  vol.  in- 12.  III.  DlS" 
cours  philosophiques  sur  le  Beau , 
[31775  >  in-8.0  IV.  Autre  sur  le 
Plaisir  et  la  Douleur ,  1 790  9  în— 
!•.**  V.  Le  plan  de  V Encyclopédie 
utéthodique  ,  et  plusieurs  Mé- 
moires et  Dissertations  dans  le 
iïercùre  et  les  autres  Journaux* 
Pancloucke  est  mort  à  Paris  en 

PANEL  5  (  Alexandre-Xavier  ) 
fié  en  Franche  >  Comté  ,  se  fit 
îésoite  et  passa  en  Espagne ,  oii 
il  devînt  précepteur  des  enfans  du 
Toû  II  est  mort  dans  cette  place 
len  1777  ,  à  82  ans ,  après  avoir 
publié  un  grand  nombre  d'opus— 
«mies  sur  les  antiquités  et  la  nu-> 
ipisroatique  :  I.  Lettre  sur  la  mé- 
daille de  le  Bret,  1787  ,  in-4.*^ 
n.  Dissertation  sur  une  médaille 
'iS Alexandre ,  1739,  in-4.*'  III.  jD^ 
fCistophoris ,  1746 ,  in- 4.**  IV. De 
^Coloniœ  ,  Tarraconœ  nummo  « 
|?[748,  in-4.° 

*PANIGAROLA,  (Fraiiçois) 
evêque  d'Asti  en  Piémont ,  né  à 
Milan  en  1 548  9  entra  jeune  dans 
Tordre  des  Frères  Mineurs  Ob— 
3ervantins,  où  il  se  rendit  très— 
Mvant  dans  la  philosophie  et  la 
jthéologie,  et  se  distingua  sur— 
jtout  par  ses  talens  pour  la  pré«- 
dication.  jSon  mérite  lui  valut  l'ér 
nrêché  d'Asti  9  qui  lui  fut  donné 
par  Sixte  V  en  1687;  et  le  fit 
(choisir  avec  le  jésuite  BeUarmin  ; 
pour  accompagner  en  France  le 
icardinal  Gaétan ,  envoyé  en  i  S90 
par  le  pape  Grégoire  XIV,  pour 
y  soutenir  le  parti  de  la  Ligue 
contre  if  tf/iriTK.  Il  employa  toute 
%wx  éloquence  pour  exciter  les 


P  A  M 

parisiens  à  n'écouter  que  lesm»»^ 
tructions  des  ,Guise ,  k  ne  pa% 
reconncHtre  leur  souverain  légi- 
time et  à  souffrir  toutes  les  hor-» 
renrs  de  la  famine  pendant  le* 
siège  de  leur  ville.  Quand  Hearh 
IV  Teut  levé  ,  Panigarola  re^ 
tourna  dans  son  diocèse ,  où  il 
montra  un  zèle  ardent  contre  le» 
abus  qui  s  y  étoient  glissés.  On  J 
prétendu  que  ceux  qui  craignoienf 
la  réformation  de  ces  abusTem-^* 
poisonnèrent.  Quoi  qu'il  en  soit,: 
il  mourut  à  Asti  en  1594 ,  à  49 
ans.  Ses  Sermons  furent  imprimée 
à  Rome  en  i  $96  ,  in-4.<>  On  a  de 
lui  plusieurs  autres  ouvrages ,  L« 
plupart  de  piété  et  de  contro^' 
verse ,  tant  en  latin  qu'en  ita 
lien.  Le  plus  connu  est  un  Trait 
de  l'éloquence  de  la  chaire  , 
italien  ,  intitulé  :  Il  Predicatore 
à  Venise,  Giunti  ,  1609,  in-4 
Landi  dit  que  cette  rhétorique  es 
un  savant  Commentaire  du  livri 
de  JEfémétrifUS  de  Phafére  sur  1' 
loquence.  Il  ajoute  que  les  Ser- 
mons de  Panigarola  &ont  ce  qne^ 
l'éloquence  sacrée  a  produit 
meilleur  parmi  les  orateurs  d'Ita-^l 
lie  pendant  le-  16*  siècle.  Je  ne*' 
dirai  pas ,  ajoute-t-il ,  qu'ils  sod 
sans  défaut  ,  et  il  renvoie  an*! 
n."  los  du  douzième  livre  de  son 
Histoire  de  la  littérature  Ita 
lienne.  C'est  là  qu'il  rapporte  qn 
lorsqu'on  demandoit  à  Bemhe,\ 
pourquoi  il  n'alloit  pas  au  ser- 
mon pendant  he  Carême ,  il  r 
pondoit  :  Qii  irais— je  faire  à  des 
discours  ou  l'on  n  entend  que  /tfî, 
docteur  Subtil  guerroyer  contre 
le  docteur  vAngélique,  jusqu^à  cr 
^li'Aristote  survienne  et  les  mette 
d*accord  ? 

L  PANIN ,  (Nikita-Ivanowitz,  ' 
comte  de)  naquit  le  i5  septembre' 
1718,  d'un  lieutenant  général  de». 
armées  du  czar  Pierrt  l»  origi»^ 


.  A 


PAN 

ftdre  de  Lucques  en  Italie.  Paniti 
commença  par  être  soldat  dans 
les  gardes  à  cheval  de  l'impéra- 
trice EUzaheih  ;  njais  l'amitié  du 
prince  Kourakin.  le  fit  nommer 
gentilhomme  de  la  chambre.  Son 
«sprit  insinuant  et  vif  ne  tarda 
pas  à  être  distingué  de  sa  soiive^ 
raine,  qui  l'envoya  en  1747  à 
Copenhague  ^  et  deux  ans  après 
a  Stockholm  avec  le  titre  de  mi- 
nistre plénipotentiaire.  A  son  re* 
tonr,  il  fut  choisi  pour  gouver- 
neur du  grand  duc  PaidPetro^ 
^z,  et  devint  enfin  premier  mi- 
Bistre  de  Catherine  IL  Son  séjour 
«nSttède  lui  en  fit  admirer  la^gou' 
vernement,  et  il  fit  vainement 
^es  efforts  pour  faire  adopter  en 
^Dssieun  sénat  et  une  constitu- 
^«n  aristocratique.  Ce  ministre 
''foit  des  vues  judicieuses  ,  mais 
•n  lui  a  reproché  beaucoup  d'or- 
gueil ,  de  la  paresse  et  de  l'inexac- 
titude dans  les  affaires.  Extrême- 
ïûent désintéressé,  ce  qu'il rece- 
Joit  d'un  coté ,  il  le  donnoit  de 
fautre. Il  étoif  gourmand,  grand 
mangeur  et  grand  dormeur.  Ra- 
rement il  lisoit  les  dépêches  des 
«nibassadeurs,  et  s'occupoit  plus 
•"arement  encore  à  leur  répondre; 
^sil  fut  Je  seul  ministre  de  Ca- 
^rine  qui  connût  parfaitement 
«s affaires ,  et  qui  prévoyant  tous 
l^sévêaemens,  donnoit  noncha- 
lamment les  vrais  moyens  d'arri^ 
^er  à  tous  les  succès.  Sa  taille 
*toit  énorme  en  grosseur.  Il  mou- 
^tàla  fin  de  mars  1788;  et  à 
j?  niort ,  la  vente  de  son  mobi- 
jer  ne  suffit  pas  pour  payer  ses 
^ttes. 

n.  PANIN  ,   (  N.  )  général , 

fl^ere  de    Nikita ,    signala   son 

*^^rage  dans  la  guerre  de  sept 

^i  oh  les  Russes  combattirent 

'f  roi  de  Prusse.  Placé  à  la  tête 

armées  Moscovites ,  il  battit 


PAN 


189 


les  Turcs ,  prit  Bender  et  établit 
l'indépendance  de  la  Crimée.  Re-i 
tiré  dans  ses  terres ,  il  en  sortit 
pour  s'opposer  à  la  rébellion  de 
Putg/ilsckt^ff ,  et  il  en  triompha. 
Il  mourut  quelque  temps  après  ^ 
regardé  comme  l'un  des  plas.]ia«« 
biles  généraux  du  Nord. 

PANNARTZ,  (AmauldJ 

sortit  de  l'atelier  typographique 
de  IMaïence  avec  Ulric^Haa  d« 
Vienne  en  Autriche ,  et  Conrad 
Sweynkelm ,  pour  porter l'imprii 
merie  en  Italie  au  commencement 
du  pontificat  de  Paul  IL  Ils  s'é- 
tablirent d'abord  dans  la  campa-i 
gne  de  Rome  au  monastère  de 
Sublac ,  ou  ils  donnèrent  le  Do^ 
nat  sans  date ,  le  Lactance  de 
1 465  ,  et  la  Cité  de  Dieuûe  i^Sj» 
A  cette  époque  ,  Pannartz  fat 
appelé  à  Rome  par  François  d» 
Maximis ,  riche  Romain  protec-^ 
teur  des  arts ,  qui  plaça  son  iin-« 
primerie  dans  sa  maison.  C'est  1« 
que  Pan /7/zrZ2  publia  en  1467  les 
Èpttres  familières  de  Cicéron  ,  et 
l'année  suivante,  les  Lettres  de 
St.  Jérôme ,  en  2  vol.  in-folio  ,• 
et  la  première  édition  du.  Specu'^. 
litm  vi^œ  humanœ» 

PANNIER,  (Jacques)  sieur 
d'Orge  VILLE,  né  à  Lyon  en  i$8oV 
devint  conseiller  au  parlement  do 
Metz  ,  ministre  du  roi  ii  Co- 
logne, enfui  intendant  désistes 
Françoises  en  Amérique.  Ce  fiit 
lui  qui  leur  procura  l'entrée  de 
leur  café  en  France.  Pannier 
avoit  remporté  l'un  des  premiers 
prix  de  l'académie  Françoise.  Il 
mourut  à  Saint-Domingue  ea 
1739. 

PANNIUS,  Romain,  alla  s'é- 
tablir en  Egypte ,  où  il  devint 
renommé  par  sa  fabrique  de  pa- 
pier ou  papyrus ,  auquel  il  donna 
le  noiQ  defanniaque.  On  sait  qu« 


- 1 


I90       PAN 

le  papyrus  étoit  «ne  espèce  de 
fonc  qui  croîssoit  sur  les  bords 
^u  NîK  C'est  sur  cette  matière 
qnc  sontrtracës  les  plus  anciens 
manuscrits.  Cnsstus  Hemina  dit 
qii*on  trouva  dans  un  tombeau 
•nr  le  Jnniculeles  livres  de  Numa, 
écrits  sur  ce  papier.  Il  y  en  avoit 
de  plusieurs  sortes  ,  VHiératigue 
ou  sacré ,  ainsi  nommé  parce 
qu'on  le  réservoit  pour  les  livres 
qui  traitaient  du  culte  :  le  LUfien, 
auquel  lÀvie  femme  à' Auguste  , 
aVoit  donnë^son  nom  et  qui  avoit 
douze  pouces  de  largeur  ;  le  Soi- 
tique  ,  VAmphitrùf  tique  ,  l'^m- 
porétique  on  celui  du  commerce 
erdinaire,  qui  n'ovoit  que  six 
pouces  de  largeur,  et  enfin  le 
JFannîaque  plus  solide,  plus  blanc, 
et  quiportoit  dix  pouces. 

•  PANNON  ,  {Janus  Pakno^ 
niiis  )  ou  Jean  le  HongroU  ,  né 
1<?  29  août  1484  ,  évêque  de  la 
trille  de  Ciftq  -  Eglises  dans  la 
Basse-Hongrie ,  mort  à  la  fin  de 
Î472 ,  âgé  de  38  ans ,  rultiva  les 
Ibelles-letcres  avec  succès  en  Ita- 
lie ,  et  travailla  ensuite  aies  faire 
Pûurir  en  Hongrie.  On  a  de  lui 
des  Poèmes  ,  des  'Elégies  et  des 
JSpigrammeSt  Venise,  i553,  vol. 
in-80 ,  et  dans  les  Dcllcîœ  Pi»— 
Inrum  Hungarorum ,  vol.  in-i6  , 
Francfort ,  1619;  f>aï'rai  les  épi- 
Çrammts  on  en  trouve  quelques- 
unes  d'heureuses.  Ladernière  édi- 
tion de  ses  œuvres,  faite  sur  un 
manuscrit  de  la  Bibliothèque  im- 
périale ,  n  paru  'à  Utrecht  en 
1784,  2  voLin-S.**  L'abbé  Mer^ 
cier  en  a  donné  ime  Notice  parmi 
celles  des  poètes  latins  modernes. 

PANTHÉE ,  femme  e^Ahra^ 
date  ;  Voyez  Abradate* 

PANTHOT ,  (  Louis  )  naquit 
à  Lyon  d'une  famille  qui  de  père 
en  ïi]a  s'étoit  distinguée  en  se  con- 


PAO 

Mcrant  à  l'art  de  guérir»  Celnl^i 
chirurgien  célèbre,  fut  l'un  dei 
premiers  qui  accrédita  Topérâtion 
césarienne.  —Son  fils  Horace  ex- 
cella dans  la  litbetomie.  — >Son 
autre  fils  Jean^Louis  Panthot, 
devint  doyen  du  collège  de^  mé- 
decins de  Lyon ,  et  publia  ;  I.  Un 
Traité  sur  la  Baguette  divina- 
toire, II.  Un  autre  sur  les  Eaux 
minérales  d^Aix  en  Savoie,  III.  Uq 
autre  sur  les  çerttis  du  Mercure* 
U  est  mort  très-âgé  en  1707. 

IILPAOLI,  (Paschal)  fils  du 
précédent ,  doué  d  une  figure  im- 
posante et  d'une,  grande  énergie 
dans  le  caractère  9  fut  envoyç  par 
son  père  chez  les  Corses  en  17 $5. 
Dès  qu'il  parut ,  il  fut  reconnu 
pour*  commandiant    général  ds 
toute  l'isle  9   quoiqu'il  n'eût  que 
vingt->n«nf  ans.  Il  ne  prit  pas  le 
titre  de  Roi  comme   Thépiore 
de  Neuhoff;  mais  il  le  fut$.en 
effet  à  plusieurs  égards ,  en  s« 
mettant  à  la  tête  d'un  gouverne- 
ment démocratique.  Il  établit  nne 
admiinstration  régulière  chez  nn 
peuple  indiscipliné.  Il  forma  des 
troupes  réglées.  Il  institua  une 
université  ,    pour    adoucir  les 
mceurs  par  la  culture  des  sciences. 
Les  assassinats   étœent  conraiis 
avec  impunité  ;  il  sut  y  mettre  nn 
frein.  Enfin  il  se  fit  aimer^^  en  so 
faisant  ohé\x>  Paschal  Paolisou' 
tint  les  Corses  contre  l'argent  dei 
Génois  et  les  armes  des  FranooiS' 
Quand  ces  derniers  firent  la  con- 
quête de  l'isle  en  1769 ,  il  passs 
à  Londres,    oii  il  èxt  regardé 
comme  le  législateur  et  le  défen- 
seur de  sa  patrie.  Lors  de  la  révo- 
lution de  France,  il  songaa  à  re- 
passer en  Corse  ,  et  y  revint  en 
1790.  II  y  fut  yeçu  avec  trans- 
port ;  mais  il  en  fut  bientôt  ex- 
pulsé par  les  Anglois  ,  et  rooan»* 
quelque^  temps  après.  Son  pflf'* 


j 


P  A  P 

Ût  par  Martin  DrelUng ,  a  M 
frvyé  en  France  par  Hennqutu 

Paper  ,  (  Roger  )  relieur  An- 
gloû,  mort  depuis  peu  ^  exerça 
•on  art  à  Londres  avec  «ne  telle* 
iiabileté,  qu'il  en  acquit  une  for- 
tune considérable.  Lord  Spencer 
a  payé  à  ce  relienr  quinze  gui- 
nées  pour  la  reliure  d'un  JSi- 
Ayie. 

n.  PAPON,  (Jean-Pierre)  né 
attPu}et  près  de  Nice  en  lySfi  , 
entre  jeune  dans  la  congrégation 
de  rOratoire  ^  où  il  professa  d'à- 
{K>rd  avec  distinction ,  et  oh  ses 
ouvrages  lui  acquirent  de  la  cé- 
lébrité.   Exempt    d'intrigue    et 
d'ambition,  il  ne  chercba  ni  la 
fiivenr,  ni   la   fortune.   Réfugié 
dans  le  département  du  Puy-de— 
D6me  pendant  le  temps  de  la  ter- 
reur, il   revint  ensuite  à  Paris 
jouir  du  calme  et  des  douceurs  de 
l'amitié.  Il  y  mourut  subitement 
le  25  nivôst  de  l'an  1 1  ^  à  l'âge 
de  65  ans.  Ses  ouvrages  sont  : 
I»  Ode  suj  la  mort.  Elle  est  in- 
sérée dans  le  Recueil  des  Jeux 
Floraux  de  la  ville  de  Toulouse. 
II.  VArl  du  Poêle  et  de  l'Ora-^ 
teur,  in- 12.  Cet  ouvrage,  de- 
venu classique,  a  en  cinq  édi- 
tions. La  première  parut  à  Lyon 
en  1768  ;  la  dernière  à  Paris  en 
l'an  9.  L'auteur  plaça  en  tête  de 
aelle-ci  im  Essai  surTEduca--' 
tion*    IIL   Oraison  funèbre  de 
-Charles  Emmanuel  III ,  roi  de 
^rdaigne,  1778,  in-8.»  Elle  fut 
prononcée  à  Nice  et  imprimée  à 
Turin ,  en  françois  et  en  italien. 
IV.  Voyage  de  Provence ,  1787  , 
^  vol.  in«i2.  Il  est  plein  de  r»- 
therches  historique»,    et  très- 
agréablement  écrit.  On  y  suit  avec 
intérêt  le  voyageuf  dans  toutes 
■ses  stations  qu'il  embellit  par  des 
souvenirs.  V.  Histoire  de  Pro*» 
HoM ,  I  y«L  ift«-4.^  Pmpoa  ajouta 


P  A  P 


191 


plusieurs  documens  et  titres  à 
ceux  des  anciens  historiens  Pro*- 
vençaux.  Pour  en  découvrir  de 
nouveaux  ,  il  fit  le .  voyage  de 
Napies,  dont  les  comtesde  Pro^ 
vence  avoient  occupé  le  trône 
pendant  long-temps.  «  Parmi  les 
pièces  curieuses  que  Papon  y 
trouva ,  on  remarque ,  dit  M.  Ber» 
nardi  ,  dans  une  notice  qu'il  a 
consacrée  à  la  mémofjre  de  son 
compatripte,  In  quittance  quels 
reine  JVan/ie  donna  au  pape  Clé^ 
ment  VI ,  du  prix  de  la  ville 
d'Avignon  qu'elle  lui  avoit  ven- 
due. «Te  ne  sais  qui  avoit  imaginé 
le  premier  de  dire  que  le  pape  s'é- 
toit  acquitté  envers  Jeanne,  par 
ime  absolution  du  meurtre  de  son 
premier  mari.  Une  anecdote  pa- 
reille étoit  précieuse  pour  cer- 
taines gens ,  aussi  la  trouve-t-on 
répétée  en  bien  des  endroits.  Kb/- 
taire  sur*tont  ne  l'a  pas  oubliée. 
On  n'a  jamais  montré ,  dit-il , 
la  quittance  de  Jeanne  ;  mais 
l'historien  lui  a  donné  le  démenti 
sur  ce  point  en  la  produisant,  h 
Les  états  de  Provence  accordè- 
rent à  Papon  ,  en  récompenso 
de  son  zèle  et  de  ses  travaux  , 
une  pension  de  8000  livres  que 
la  révolution  Fui  6ta  ;  et  quoique 
ce  fut  presque  son  unique  res- 
source ,  cette  perte  n'altéra  point 
la  tranquillité  naturelle  de  son 
ame.  YI.  Histoire  du  gouverne"* 
ment  François,  depuis  l'assem-i 
Wée  des  Notables  du  22  février 
1787,  jusqu'à  la  fin  de  la  mém^ 
année;  1788  ,  in-8.^  On  y  joint 
ordinairement  un  Discours  da 
l'auteur ,  intitulé  :  De  VOpinioih 
sur  le  Gouvernement.  VIL  Epo-*^ 
4fues  mémorables  de  la  Peste ,  et 
moyens  de  se  préserver  de  ca 
fléau,  en  1800 9  deux  vol.  in-8.* 
VIIL  II  a  laissé  en  manuscrit  la 
cômmencemeiit  d'âoa  Histoire  da 
]â  révolntion* 


i9t       PAR 

PARADEL ,  (  Eudaldo  )  né 
en  Catalogne.,  3o  distingua  dans 
la  fonte  des.  caractères  d'impri- 
merie an  17* siècle,  et  produisit 
les  plus  beaux  que  l'Espagne  eût 
encore  vus.  Depuis  cette  époque 
les  éditions  y  furent  plus  soignées 
et  mieux  imprimées. 

n.  PAR AWS  db  Raymondis  , 
(  Jcan~2>acharie  )  né  n  Bourg  le 
8  février  1746  ^  y  remplit  avec 
honneur  la  pince  de  Heut^nant 
général  au  baillîag;e.  La  foiblesse 
de  sa  santé  le  força  a  s*en  dé- 
mettre, et  à  aller  chaque  année 
passer  les  hivers  à  Nice.  11  y  con- 
nut Tfiomas  ,  et  s*y  lia  avec  lui 
de  l'amitié  la  plus  tendre.  Après 
avoir  voyagé  en  Italie  ,  Paradis 
est  revenu  mourir  dans  sa  patrie 
en  Î79Î.  T^ors  du  jugement  de 
Louis  XVI ,  il  s*étoit  offert  à 
l'accusé  pour  son  défenseur  offi- 
cieux. On  lui  doit  des  Opuscules 
sur  divers  objets  d'agriculture  , 
et  entr  autres  sur  l'améliorât  Ion 
^ç&  serres  ;  et  un  petit  Traité 
*  élémentaire  de  morale  et  du  bon- 
heur, 1784,  s  vol.  in-i2.  Il  a 
été  réimprimé  en  1795.  Ecrit 
avec  simplicité ,  les  réflexions  en 
sont  justes  et  douces.  Un  jour- 
i^aliste  qui'  ne  connoissoit  pas  le 
nom  de  l'auteur ,  dit  en  parlant 
de  cet.  ouvrage.  «  Personne  n'a 
vanté  ce  livre  ;  son  mérite  a  percé 
comme  l'odeur  de  la  violette  s'é- 
lève du  sein  de  l'herbe  :  la  re- 
nommée atteindra  l'auteur  dans 
«on  obscurité  volontaire  et  dans 
sa  retraite  «  oîi  il  mérite  de  trou- 
ver le  bonheur  dont  il  a  si  bien 
enseigné  la  recherche.  » 

PARIGl ,  (  Jules  )  architecte 
Florentin,  mort  en  i5go,  bâtit 
la  maison  de  plaisance  appelée 
Poggio  impériale  ,  et  le  palais 
Manetti;  AlpTionsi  son  fils  mit 
fur  ses  aplombs  le  socoimI  étage 


PAR 

du  palais  PLtU  qui  snrplemboll 
dé  plus  de  huit  pouces  du  -coté  dd 
la  place ,  et  éleva  divers  édifices^ 
Il  mourut  en  i656,  du  chagrin 
^es  traverses  que  l'envie  lui  sus^ 
cita. 

V.  PARIS ,  (  Claude  )  célébra 
opticien,  né  à  Chaillot  près  da 
Paris  en  1703,  mort  dans  cette 
dernière  ville  en  1768,  tenta  d© 
faire  des  télescopes  de  réflexion  j 
après  avoir  vu  celui  de  Skarlett, 
en  1733  ,  et  il  réussit.  Son  pre- 
mier télescope  ne  fut  que  de  seize 
ponces;  mais  il  les  porta  ensuite 
jusqu'à  huit  ,  et  il  ne  cessa  da 
perfectionner  cet  instrument. Son 
fils  a  suivi  ses  traces. 

VII.  PARIS- DU VERNEl, 

(  N.  )  l'un  des  quatre  frères  Paris, 
dont  le  père  tenoit  une  auberge 
en  Dauphinéau  pied  des  Alpes  9' 
rendit  des  services  à  l'armée  d'I- 
talie commandée  par  le  duc  de 
Vendôme.  Ce  prince  l'employa 
en  1710  dans  les  vivres.  Sa  for- 
tune fut  rapide  ,  ainsi  que  celU 
de  ses  frères.  Sous  la  régence  9 
ils  influoient  déjà  assez  dans  les 
finances,  pour  devenir  suspects 
au  charlatan  Law ,  dont  ils  n'ap-« 
prou  voient  pas  les  opérations  dé- 
sastreuses, nies  fit  exiler;  njail 
après  la  disgrâce  de  cet  homme 
dangereux  «t  singulier  ,  l'usag» 
qu'on  pouvoit  faire  de  leur  acti- 
vité et  de  leur  intelligence ,  les 
fit  rappeler.  Pàris^Duvernei  joui 
un  grand  rôle  sous  le  ministère 
du  duc  de  Bourbon  ,  par  la  pro- 
tection de  la  marquise  de  PriB 
maîtresse  de  ce  prince.  Ce  fut  lui 
qui  conseilla  le  renvoi  indécent 
de  l'infante  d'Espagne ,  destinée 
a  Louis  XV.  «  D'abord  garçon 
cabaretier  ,  puis  soldat  aux  Gar- 
des ,  ensuite  plongé  dans  les  opé- 
rations financières  ,  dit  Voltaire , 
il  retint  twite  ss^  vie  un  peu.dfi  l|i 

dureté 


J 


PAR 

Sûreté  de  ces  trois  professions  » 
«tne  connoissoit  guères  les  bien- 
âéances.  »  D'autres  eonseils  non 
moins  dangereux  ,   des    impôts 
nouveaux  ,    des    taxes   odieuses 
Soulevèrent  la  nation  contre  le 
ministère  du  duc  de  Bourbon.  Il 
fut  renvoyé,  et  sa  disgrâce   en 
1725,  entraîna  celle  de  Duver^ 
nei,  qui  fut  enfermé  à  la  Bas- 
tille. En  lySo  il  reprit  faveur  , 
et  fut  utile  au  ministre  des  fin  an- 
as  d'alors.  Son  frère  Pdn's  de 
Montmartel ,  devint  garde  du  tré- 
sor royal ,  ensuite  banquier  de  la 
ioar ,  et  pn  cette  qualité  influant 
sur  toutes  les  finances  du  ToysLU" 
ïïie,  Duvernei' jouit  d'une  grande 
fevear,  lorsque  la  marquise  de 
Vompaiour  gouvemsL  Louis  XV; 
et  il  donna  l'idée  et  le  plan  de 
Nicole  Militaire,  11  mourut  en 
t7<»'..  jouissant  d'une  grande  con- 
sidération ,    parce     qa'indépen- 
ânmmentde  ses  vues  administra- 
tives et  de  son  crédit  à  la  cour  , 
il  s'étoit  signalé    par    quelques 
traits  de  générosité  qui  doivent 
peu  coûter  à  un  homme  opulent, 
ôiais  qu'on  remarque  davantage  9 
à  cause  de  son  opulence  même. 
Voltaire,  en  parlant  des  ouvra- 
ges de  Melon  et  du  Tôt  »  snr  les 
monnoies  et  le  commerce ,  dit 
^tte  les  livres  de  ces  écrivains  dé- 
voient en  produire  un  autre  par 
II.  Duuernei  ,    lequel    vaudroit 
fohablement     beaucoup     mieux 
W  les  deux  autres ,  parce  qu'il 
teroit  fait ,  ajoute-t-il ,  par  un 
^niTOg  d^tat.  Nous   ne   savons 
pas  que  cette  prpduction  ait  vu 
1*  jour. 


PARÎSE AU ,  ( N.)  né  à  Paris , 
^  consacra  à  Vart  dramatique  , 
•t  donna  aux  divers  théâtres  de 
la  capitale  plusieurs  petites  pièces 
îui  y  eurent  du  succès.  ï.  Le  Prix- 
Académique  ,    comédie    en   un 

SupPL.    Tome  III. 


PAR        195 

acte ,  1780.  IL  La  Veutfe  de  Can-* 
cale ,  parodie  de  la  Veuve  du  Ma-» 
labar ,  i78o.  IIL  Richard  ^  pa- 
rodie de    Bichard  II! ,    1781. 

IV.  La  Soirée  d*été ,  opéra  co- 
mique joué  aux^  Italiens  en  178a. 

V.  Les  Etrennes  et  le  Bouquet , 
comédie  en  un  acte ,  dont  le 
su^t  est  tiré  d'un  conte  à'Imbert.   f 

VI.  Le  Bendez-vous  ou  les  Deux 
Rubans ,  opéra  en  un  acte,  1784. 
Une  singularité  de  cette  pièce  ^    ^ 
c'est  que  les  airs  en  furent  fait» 
avant  les  paroles  ;  l'auteur  de  la 
musique  l'ayant  fait  entendre  sur 
des  syllabes  sans  ordre  ni  suite  ^ 
Pariseau  eut  la  patience  de  les 
remplir.  VIL  'Julien  et  Colette  , 
comédie  en    un    acte  ,    1  7  8  8w. 
VIII.  L'auteur  fut  rédacteur  d'un 
journal  agréable ,   qui  parut  ai«, 
commencement  de  fa  révolution 
sous  le  titre  de  la  Feuille  du  jour* 

Il  est  mort  victime  de  la  tyrannie 
révolutionnaire. 

II.  PARISOT,  (  Gilbert  )  chi- 
rurgien renommé  de  Lyon,  joi- 
gnit à  une  grande  pratique  de  soa 
art  le  goût  de  lo  littérature.  Il 
mourut  en  172 x. 

I I I.  PARKER  y  (  Richard  ) 
chef  de  l'insurrection  qui  éclata 
en  1797  sur  l'escadre  de  l'amiral 
Anglois  Bridport ,  étoit  né  à  Ex-« 
cester  et  avoit  fait  avec  distinc-* 
tion  la  guerre  d'Amérique.  Em- 
barqué à  bord  du  Sandwich ,  il 
acquit  la  confiance  des  matelots 
par  ses  propos  séditieux,  et  la. 
révolte  qu'il  avoit  suscitée  ayant 
bientôt  éclaté ,  il  fut  nommé  uâ 
instant  amiral  général  de  la  flotte. 
La  plupart  des  insurgés  étant 
bientôt  rentrés  dans  le  devoir  ^ 
Parker  se  livra  lui-même  et  de- 
manda à  être  jugé.  Il  répondit 
avec  noblesse  et  fermeté  devant 
le  tribunal  qui  le  condamna  à 
mort.  Il  reQut  son  arrêt  avec  1^ 

N 


t94       f  A^ 

plus  grand  respect  pour  ses  juges 
et  en  sollicitant  la  grâce  des  au- 
tres matelots.  Il  fut  exécuté  le  3o 
juin  1797^  à  bord  du  Sandwich, 

f'  irèsdeScheerness,  et  son  corps 
lit  ensuite  exposé  sur  Tisle  de 
Cheppi  j  vis-à-vis  la  rade  du 
Nord. 

*  PARNELL,  (Thomas) 
poëte  Anglois,  né  à  Dublin  en 
1^79,  fut  vicaire  de  l'église  de 
•  cette  ville.  S'étant  rendu  à  Lon- 
dres 9  il  prêcha  en  faveur  du  parti 
de  la  cour  9  espérant  de  parvenir 
à  un  bon  bénéfice.  Mais  la  mort 
de  la  reine  Anne  dissipa  ses  es- 
pérances ambitieuses.  Il  jouit  de 
l'amitié  et  de  l'estime  de  Pope  , 
de  Swift ,  de  Gay ,  des  comtes  de 
Bofyngbrocke  et  d' Oxford.  Swijù 
l'ayant  mén4  un  jour  à  l'audience 
de  ce  dernier ,  au  lieu  de  pré- 
senter le  poète  au  ministre ,  il 
Qlla  prendre  le  comte  et  le  mena 
chercher  Parnell  à  travers  la 
foule  des  courtisans    Swift  s'ap- 

Flaudit  d*avoir  soutenu  ainsi 
honneur  des  talens  ^  persuadé , 
disoit-il ,  que.  le  génie  est  supé^ 
rieur  au  rang  et  à  la  dignité* 
Parnell  est  auteur  de  quelques 
pièces  de  poésie  dont  la  plus  re- 
marquable est  :  Hésiode  ou  la 
I^aissance  de  la  femme;  et  la 
plus  connue  en  France  est  VHer-^ 
mite,  dont  Voltaire  a  profité  dans 
son  roman  de  Zadig,  On  a  encore 
de  lui  9  une  Vie  de  Zoïle  et  cinq 
visions  dans  le  Spectateur  ou  dans 
le  Gardien»  II  n'a  dans  ses  ouvra- 
ges en  prose  que  le  mérite  de 
l'imagination.  Il  composa  pour 
'Pope  la  Vie  ^Homère ,  qui  se 
trouve  à  la  tête  de  ^a  traduction 
de  Ylliade;  maïs  le  traducteur 
^Homère  fut  obligé  d'en  retra- 
vailler le  style;  et  cette  refonte , 
disoit-il  y  lui  fut  aussi  pénible 
|[u«  l'oiivragol*  avoi\t  été  à  Parnelh 


PAS 

Tentri  et  Berquin,  ont  imité  daiM 
deux  Romances  son  conte  de 
VHermite,  Cet  auteur  mourut  à 
Chester  en  jnillet  17 1 7  9  à  38  ans. 
Cazln  a  imprimé  ses  ouvrages 
poétiques  à  Paris ,  en  2  vol.  in- 12. 

PARONCI ,  (  César  )  est  au- 
teur de  quelques  traductions 
d'ouvrages  François  en  italien  et 
entr'autres  du  traité  de  Vénerie 
de  du  Fouilloux,  imprimé  a  Milaa 
en  I  ^  1 5  9  in-8^  avec  ligures. 

^*  PARSONS9   (  Jacques  )  mé- 
decin Anglois  ,  né  à  Barnstaple , 
en  mars  170S,  mourut  en  1770»  j 
membre  de  la.Soci'*té  royale  de  \ 
Londres.   On  a   de  lui  :   Figurœ  ■, 
qucedam  miscellaneœ  quœ  ad  rem 
anatonUcain  historiamque  natU'* 
ralem  spectant ,  in-folio. 

V.  PARTHENAY,  (  Jean-  ! 
Baptiste  des  Boches  de  )  né  à  il  . 
Rochelle  9  et  mort  au  milieu  da 
siècle  qui  vient  'de  finir,  fut  nn 
écrivain  laborieux  et  exact,  à  qui 
l'on  doit  :  I.  Histoire  de  Dane- 
marck,  17339  6  volumes  in- ii« 
IL  Pensées  morales  par  Holverg, 
traduites  du  Danois  9X7  ^4.9  deuJ 
vol.  in- 12.  III.  Voyage  d'E^ypi^ 
et  de  Nubie ,  traduit  de  Nnrden, 
1755  9  in-folio.  IV.  Histoire  ta- 
turelle-  du  Groenland,  traduite 
du  Danois  Egède ,  1753  9  in-8.  j 
V.  Histoire  de  fa  Pologne  soaf 
Auguste  II ,  1794  9  a  vol.  in-8.^ 
Cet  auteur  laborieux  a  îwtnt 
beaucoup  d'articles  au  Diction- 
naire géographique  de  la  Mariir' 
nière. 

II.  PASCAL  9    (  Françoise)] 

Lyonnoise ,  donna  au  théâtre  efl| 
i657  une  tragédie  à'Endymio»t' 
et  en  1664  9  une  comédie  en  un 
acte  9  intitulée  :  Le  Vieillard 
amoureux.  Cette  pièce  est  en 
Y9f  S  de  huk  syilsbes  ;  et  le  su/^^ 


i 


PAS 

ftk  Hvé  d'une  aventure  «rtivëd  à 

tyoû. 

PASQU ALINUS ,  (  Pompée  ) 

chanoine  de  Sainte-Marie-Ma^ 
jeare  à  Home  ,  a  publié  un  Index 
Yocum.  sur  les  métamorphoses 
^Ovide.  Cet  écrit  a  été  imprimé 
à  Rome  en  1 6 1 4  9  in-'S.^ 

*  PASSEMANT  ,  (  Claude- 
Siméon)  né  en  1702  à  Paris ,  4e 
parens  peu  accommodés  des  biens 
àe  la  fortune  ,  fut  d'abord  clerc 
de  procureur  ,  ensuite  commis 
d'an  marchand  drapier  ,  enfin 
tnarchand  mercier  ;  mais  il  se  re- 
posa du  ditail  de  son  commerce 
sar  son  épouse.  Dès  sa  jeunesse 
il  s'étoit  beaucoup  occupé  de  phy* 
«ique  ,  d'optique  et  d'astronomie. 
Quoique  les  machines  qui  regar- 
iïient  Toptique  fussent  son  prin- 
cipal goût  et  son  plus  grand  ta- 
lent, S  en  exécuta  plusieurs  au- 
tres ;  en  tr' au  très  :  I*  La  Pe adule 
ostrononUqae  .couronnée  d'une 
fplière  mouvante  j  présentée  à 
Louis  XV,  et  qu'on  voyoit  dans 
lesapparteiiiens  de  Versailles.  Les 
révolutions  des  planètes  sont  si 
exactes  dans  ce  rare  ouvrage  ^ 
qu'elles  ne  s'écartent  pas  des  ta- 
bles astronomiques.  Il  en  fit  une 
autre  pour  le  grand  Seigneur  ,  ou 
ïoti  observoit  le  lever  et  le  cou- 
cher du  soleil  et  de  la  lune.  il.  Un 
grand  Miroir  ardent  de  glace ,  de 
quarante -cinq  pouces  de  dia- 
mètre, d'un  grand  effet.  El.  Deux 
(^hhes ,  l'un  céleste ,  l'autre  ter- 
restre ,  qui  tournent  sur  eux- 
mêmes.  Il  présenta  au  roi ,  en 
'765  ,  un  Plan  en  relief  et  un 
Mémoire  contenant  des  moyens 
*fc  ia  plus  grande  simplicité  pour 
faire  arriver  leS  vaisseaux  à  Patis. 
Il  y  a  divers  détails  relatifs  à  ce 
sajet,  dans  l'ouvrage  de  M,.  4^^' 
Irlande  sur  les  Canaux  de  Na- 
'f^a.Uou.  On  eitiole  deux  (écrits 


1^  A  S         t^f 

de  ce  célèbre  artiste  ,  Tun  ttt 
Intitulé  :  Construction  d'un  7V-« 
lescope  de  réflexion  «  Paris  ^  1 7  38/ 
in-4^ ,  aved  figures.  Il  y  en  ent 
une  contrefaction  k  Avignon  , 
qui  est  devenue  aussi  rare  qik« 
le  traité  original.  Cet  ouvrage^ 
apprend  la  manière  de  faire  lt% 
télescopes.  L'autre  a  pour,  titre  s 
î)escription  et  usage  des  Téles-m 
copes ,  in- 1  a.  Cet  écrit  n'est  qu'un 
Catalogue  que  l'auteur  ofifrcâts 
aux  amateurs  qui  venoient 'ach«w 
ter  chez  lui  les  diiFérens  objets 
qui  y  sont  indiqués.  Ce  Catalogne 
a  été  réimprimé  après  la  mort 
de  Passement  »  avec  des  augmea» 
tations  par  Nicolet  et  d'Olivùen  ^ 
qui  ont  continué  son  fonds  de 
commerce.  Passemant  n'a  pas 
seulement  perfectionné  les  télés* 
copes  et  les  lunettes  d'approche  ^ 
comme  le  prouve  l'usage  qu'on 
en  fait  sur  les  v-aisseaux  9  mais 
aussi  l'horlogerie.  Cet  habile.  ajr-> 
tiste  mourut  subitement  le  6  no-* 
vembre  1769 ,  à  (^7  ans.  Ladoii-* 
ceur  de  son  caractère  et  son  hon- 
nêteté égaloient  ses  païens  et  st% 
connoissances.  M.  Sue  le  jeune  , 
son  gendre  9  a  publié  sur  la  vie 
et  les  écrits  de  Passemant ,  une 
notice  imprimée  à  Paris  en  1778^ 
in-8.0 

*  PASSËRAT,  (Jean)  né 
en  i534  à  Troyes  en  Champa-* 
gne  ,  étudia  le  droit  à  Boutgea  , 
sous  Ciljas.  S^s  talens  lui  fi  refit 
prendre  lé  chemin  de  la  capitale. 
11  enseigna  les  belles-lettres  avec 
réputation  dans  les  collèges  de 
l'université  5  et  obtint  en  i57ài 
la  charge  de  professeur  royal  eiA 
éloquence  ,  vacante  par  la  morlt 
de  Ramus,  Ses  leçons  furent  ex< 
tréraement  fréquentées  par  cdl 
que  Paris  avoit  de  plus  brillanfi 
et  de  plus  délicat.  Charles  IX  et 
Hefïri  III  lui  donnèrent  des  m9t\ 


%9<$       P  KS 

ttues  d'estime»  Les  fnreurs  de  la 
Liigae  ayant  bouleversé  la  répu« 
bliqiie  des  lettres  ainsi  que  l'état , 
Je  savant  professeur  ^rma  son 
ëcole ,  et  ne  Vouvht  que  lorsque 
là  paix  eut  été  rendue  à  la  France, 
Hprès  l'entrée  à'Henri  le  Grand 
dans  Paria  en  1394.  Se  trouvant 
jà  Epernaf  lorsque  le  prince  de 
Condé  vint  assiéger  cette  ville  y 
les  haliitans  le  députèrent  au 
f)rince  qui  menaçoit  de  les  passer 
«u  fil  de  l'épée  ;  et  le  prince  leur 
fit  grâce  en  faveur  de  Passerai* 
,Ce  poète  eut  le  malheur  de  per- 
dre un  œil ,  d'un  coup  de  balle 
on'il  reçut  dans  un  jeu  de  paume. 
Cet  accident  le  défigura  ;  mais 
quoiqu'il  eût  l'air  sévère ,  sombre 
«t  farouche  ,  il  n'y  avoit  riea  de 
•1  aimable  que  son  esprit  et  de 
plus  gai  que  sa  conversation.  Son 
«nérite  lui  acquit  l'amitié  de 
Jîenri  de  Mesmes  »  qui  lui  ac- 
corda un  appartement  dans  sa 
fenaison.  H  y  demeura  trente  ans, 
pendant  lesquels  il,  ne  ces^a  de 
célébrer  son  généreux  Mécène, 
6pin  ardeur  pour  l'étude  étoit 
iextréme  ;  il  passoit  souvent  des 
journées  entières  sans  prendre 
«ucun  repas.  Cette  opiniâtreté 
mu  travail  lui  fut  funeste  ;  il  fat 
attaqué-  d'une  paralysie  dont  il 
mourut  le  14  septembre  1602, 
h  S8  ans ,  après  avoir  souffert  les 
(douleurs  les  plus  aiguës  pendant 
cinq  années.  On  connoît  l'Epi- 
taphe  qu^il  se  fit  peu  de  temps 
levant  que  de  mourir. 

,    JHt  àttu  in  forvâ   Jaaus   Panertivs 

Mme  p  . 
Autàmi  Doetor  regtus  tloquèt» 
'^ittipuli  memorts  ,  tumulo  dot*  urtm 
magistri  , 
Vt  varip  fiorum  mvntrt  vtrnet  humui  ? 
I^M    <ttlta    offieio    mta    mùlliur   ùsm 
fuieictat , 
4înt  modà   tâfmin^iÊt   n9n  wtrâm 


PAS 

Pijr/  g  Awtt  i  SIC  ros  i^Mnutiti 

MMiSlTtS     OMKSS, 

Plus  bas  on  lit  cette  inscription  y 
qui  n'est  pas  inférieure  à  cdlt 
qui  est  ici  rapportée  : 

Qui  slm  f  vîator  i  quaris  i  ipse  ntstîà  : 
Qui  sis  futttrus  ,  tu  tamen  ptt  me  stUt» 
Sgo  tuque  fâlvit   umbrtt  ,   et  umin 


SBuutium, 


Son  tombeau  étoit  dans  l'église 
des  Jacobins  de  la  rue  Saint-JaC'*i 
ques . . .  Cet  écrivain  s'est  prin- 
cipalement distingué  par  ses  Poé» 
sies  latines  et  françoises.  Parmi 
ses  vers  latins  on  distingue  ses 
Epigrammes  ,  ses  Epitaphes ,  et 
quelques  pièces  intitulées  Etren^ 
nés.  On  voit  que  l'auteur  avoit 
acquis ,  par  la  lecture  assidue  dei\ 
anciens  ,  cette  facilité  d'expres- 
sion -,  cette  pureté  de  langage  f 
fi  rares  dans  les  poètes  latini 
modernes  ;  mais  il  n'a  point  cet 
enthousiasme ,  ce  beau  feu  d'i- 
magination,  qui  caractérisent  le 
génie.  Il  étoit  plus  fait  pour 
donner  de  l'agrément  à  de  petits 
riens ,  que  pour  exprimer  les 
grands  traits  de  la  poésie.  H  ap- 
peloit  les  ignorans  des  demi- 
hommes  y  semi^komines.  Ses  vers 
françois,' publiés  en  1606,  in-8'9 
sont  divisés  en  Poèmes ,  en  EU*' 
gies ,  en  Sonnets ,  en  Chansons, 
en  Odes ,  en  Epigrammes*  Quoi- 
que le  langage  ait  vieilli ,  on  lef 
lit  encore  avec  plaisir  ,  pour  les 
traits  ingénieux  et  les  gracet 
naïves  qu'ils  offrent  :  ces  agré^ 
mens  se  font  sur -tout  remar-- 
quer  dans  la  Métamorphose  d'un 
homme  en  oiseau ,  morceau  char* 
mant ,  sur  lequel  le  célèbre  la 
Fontaine  se  forma  dans  le  siècls 
suivant  pour  ses  Contes.  «  Pàt" 
serat ,  disent  les  auteurs  des  An»* 
naîes  poétiques,  eit  un- de  no» 
pins  agréables  poètes.  On  trOuva 
dans  S9S  poésies  la  pliis  fpss.^ 


j 


I 


PAS 

Iknité  ^  de  la  gaieté  ,  point  d6 
xeckerche  pour  l'expression  ni 
poar  la  pensée  ,  et  toujours  le 
ton  le  plus  aimable.  L'habitude 
d  enseigner  et  de  régenter ,  n'im- 
prima jamais  de  morgue  à  la 
l^oésie.  Chez  lui ,  l'homme  du 
monde  aimable  accompagne  tou- 
jours le  bon  poète.  Il  iv'écrit  ja- 
mais sans  projet  ;  il  a  toujovirs 
ime  idée  qui  lui  fait  prendre  la 
plume.  Ce  n'est  jamais  ce  docte 
enHIage  de  mots  ,  aussi  vides 
qu'harmonieux  qui  y  ne  parlant 
çu'à  l'oreille  ,  ne  disent  jamais 
rien  à  l'esprit  ni  au  coeur.  11  est 
pks  harmonieux  que  la  plupart 
de  ses  contemporains  ;  mais  son 
harmonie  n'existe  jamais  aux  dé* 
(eus  de  sa  pensée. 

fïx  son  irerê  bica  o«  mal  9  dit  tonjoin 

quelque  chose.  » 

Passerai  composa  avec  Rapin 
les  vers  de  la  Satire  Ménipée  , 
Eatisbone  ,  170g,  5  voL  in-8*, 
a  la  Lamentation  près  sar  le  tré—  ^ 
pas  de  XAne  Ligueur ,  qui  est  de 
Durand  de  la  Bergerie,  Ces  vers 
ue  se  trouvent  point  dans  le  re- 
cueil de  ses  poésies  ;  mais  on  y 
trouve  son  Poème  intitulé  le 
Chien,  courant ,  qu'il  composa  à 
h  prière  de  Henri  II J,  C'est  un  « 
traité  en  vers  de  dix  syllabes ,  des 
^opriétés,  de  l'usage,  de  Tédu-  ' 
Cition  et  des  maladies  des  chiens 
^  chasse.  Bapyre^Masson  dit 
^e  ce  fut  Charles  IX  qui  en- 
gagea Passerai  à  écrire  ce  poème  ; 
niais  le  début  même  de  l'ouvrage 
prouve  qu*il  s'est  trompé.  LjS 
>wci  : 

Pa«   ces  focéts  ei   btvh    11»  dom 

zéphjre  ,   ' 
le  Teiui  des  chiens  et  de  la  cliasia 

écrire 
lut   teroqjier   Din«   «t  lu  ntnt 

tout 


PAT        197 

HjfBphes  des  boit ,  Déesses  des  Aas« 

sevrs. 
fftitri  ,  grand  roi  »  flcnr  des  princes  dH 

monde 
A  qai  Diane  à  la  chuse  est  seconde  9 
I>onne  courage  et  force  è  ton  t«|et , 
Pour  bien  traiter  un  si  noble  sujet* 

Le  Style  est  suranné...  Antoina 
Teissier ,  Niceron ,  et  sur— tout 
Leclerc ,  dans  le  tome  septième 
dé  sa  Bibliothèque,  donnent una 
très— grande  notice  des  ouvrages 
de  Passerai . . .  On  a  encore  ,do 
lui  :  L  De  cognalione  Littera^ 
rum ,  imprimée  à  Paris  en  iSoS^ 
in— 8® ,  par  les  soins  de  Rouge*m 
valet  son  neveu.  L'auteur  y  pairie 
de  l'ancienne  orthographe  des 
mots  ;  il  en  faisoit  tant  de  cas  | 
qu'il  souhaitoit  que  ce  fût  le  seul 
de  ses  ouvrages  qui  passât  à  lie 
postérité.  II.  Orationes  et  Prœfom 
liones ,  publiées  d'abord  en  1 606  ^ 
et,  réimprimée»  en  xfiSy  j  in-8.* 
Ces  Discours  écrite  avec  élé-* 
gance ,  offrent  différentes  re^ 
marques  de  littérature.  Quoiqu'il 
fasse  souvent  allusion  à  Tanti-» 
quité  et  à  des  passages  des  an- 
ciens y  son  styk  n'est  point  com^ 
posé  de  lambeaux  tirés  de  leurt 
ouvrages  et  mal  cousus  par  un 
orateur  du  collège.  III.  Des  Com^ 
mentaires  sur  CaiuUe  »  TibuUe  et 
Properce  y  dont  les.  sa  vans  font 
cas.  IV.  Une  Traduction  de  la 
Bibliothèque  dCApollodore^  i  $o5y 
in-8°,  dont  le  style  est  suranné..*» 
Voyez  Marsile* 

PATERIN,  (Clattd"e>  n*  ff 
Lyon,  se  distingua  .par  ses  con^* 
noissances  en  jurisprudence  et  ser 
négociations.  Il  assista  à  l'assem-^ 
blée  d'Orléans  pour  réprimer  le» 
entreprises  du  pape  «7^^^^  //• 
Louis  XII  le  At  vke-chanceliêr 
du  duché  d^ Milan  ,.et  après  lu 
perte  des  conqtiétes  des  François 
j|a  |taliç^  il  devint  premier  pré^ 

Ni 


tçsr     PAt 

iident  du  parlement  de  Boiir^ 
gogne.  C'est  en  cette  q^ualité  qa'il 
«sslata  au'Iit  de  justice  de  1627  , 
^t  y  examina  la  validité  du  traité 
Ide  Madrid.  Ses  bienfaits  le  firent 
surnommer  le  Père  du  Peuple: 
H  motinit  le  20  novembre  i55t , 
etrle  parlement  assista  en  corps  * 
ji  se&  obsèques* 

PATISSON  y  (Mamert)  im- 
primeur Parisien  ,  natif  d'Or- 
léans ,  devint  imprimeur  du  roi 
«n  1579.  Ses  ^^^^i^s  et  son  savoir 
lui  méritèrent  cette  place.  11  étoit 
mort  en  1^02.  De  toutes  ses 
^«ditions  on  ne  cite  que  le  J)w-  , 
cours  sur  les  Médailles  de  le 
Pois,  1679,  in-4,"  Les  autres 
ont  été  éclipsées  par  des  livres  > 
postérieurs  ou  des  éditions  sub- 
séquentes. Il  «ygil;  épousé  la  veuve 
de  B-ober^-^EUenne*  , 

TA'TKAT,  (Joseph)  n^^à  ; 
^A'rles,  suivit  la  carrière  du  théâ- 
tre ,    et  y  eut  Aïoihs  dé  succès 
conime /acteur  que  comme  au—  ' 
teur.  Quelqties— unes  de  ses  piè- 
ces sont'dialoguées  avec  facilité 
et'  offrent  "  ^eà'  situations    plai-^ 
ç^tes.    Les  jprincipales    sont  :  ;^ 
luHeureuse  Erreur ,  les  DégUi'^ 
temèns  amoureux ,  le  Fou  rai-^ 
sonnable  f  ie'S^Méprises  par  res-^ 
s^blanc'é' >  ^ .  Complot  inutile  , 
les  DeuxTrères ,  corpédies.  Cette.  " 
dernière  représentée  au  théâtre": 
ï'rançoiSV  a'dé1*intérêt  :  elle  est  '■ 
traduite  de  l'allemand.  On  doit  ' 
^iu:o3:c^  \  Bqtru^  ^e§  Opéra ,  te^s 
qu^r^J  JDefix  Morts  ,  Ja.  JC^r—  \ 
Tnesse   ou  la  Foire,  Allemande  ,, 
les  Aman^s^protées  s  Adélaïde  .et  . 
^J^lrvalj  TplHrne;  Cet  auteur  est 
mort  à  Paris^n  i8pi  ^  à  i!àge  , 
.de  69  an^. 


<  •  V    « 


P AU C'TpN,; (Alexis)  ni\ 
près,  de  Laôpay  dans'  le  dépàrte- 
ïuSnt  de  ïa  JNtdïenne'j  do^  parens 


PAU 

Jjaurres ,  se  rendit  jeune  a  Nantei 
pour  y  étudier  les  mathématique» 
et  l'art  du  pilotage.  Venu  à  Paris, 
oif  il  se  fit  instituteur  ,  il  obtint 
enlin  après  beaucoup  de  peine  et 
de  longs  travaux  i^e  place  dans 
le  bureau  du  cadastre.  Avec  des 
mœurs  simples ,  un  caractère 
obligeant,  une  probité  sévère, 
il  ne  connut  pour  toute  jouis- 
sance que  l'étude  et  l'amitié.  On 
lui  doit  les  ouvrages  suivans  ; 
L  Théorie  de  la  Vis  d'Archi-* 
mède  ,  1768,  in- 12.  II.  Métro-' 
iogte  ,  ou  Traité  des  mesures , 
poids  et  monnoies  des  peuples 
anciens  et  modernes.  lîl.  Théorie 
dès  lois  de  la  nature  ,  suivie  d'une 
Uissertalion  sur  les  pyramides 
d'Egypte,  1780,  in- 8.»  On  a 
dit  qu'il  avoit  laissé  en  manus^ 
crit  une  Traduction  des  h>;mnes 
d'Orphée. 

Vin.  PAUL  r%  (Pétrovftz) 
naquit  le  1"  octobre  1754  de 
Catherine  II  Alexiewna  et  de 
Pierre  III  empereur  de  Russie. 
Elevé  par  le  comte  Pa»//ï  prin- 
cipal ministre*  de  sa  m'ère ,   il 
n'Oublia  jamais  les  soins  qu'il  en 
favoit  reçus,  et  le- soutint  tou- 
jours contre  le  crédit  de  Grégoire  ^ 
OHoff  qui   ne   Taimoit   pas.  Il 
éj^ousa  en  premières  noces  Wil-^ 
heéminê    fille    du   'landgrave  de 
Hesse  d'Armstadt ,  qui  embrassa 
le  rit  grec  et  prit  le  nom  de  Na^^ 
talùe.  Elle  mourut  deux  ans  après 
cette  union  ,  en  177Ç.  Pàul  J"" 
prit  pour  seconde  épouse  la  prin- 
cesse dé  Tf^iri^mherg  \-  nièce  du 
roi  de  Prusse  ;  il  se  rendit  pour 
cet  l^ymen  à  Ja  cour  de  Berlin  ^ 
oîi  "il*'  fit*  son  entrée  le  a  i  Juillet 
I776  .avec  une  ponipe  éclatante. 
Les  magisfrat's  le  reçurent  sou* 
un  arc  de  triomphe ,  otT  Jolxante 
et*  tflx'jeunes    fifles^'V^Oës  etf 
nymphes    lui   présent^ftit   <î^* 


*, 


PAU 

Vin  et  des  fleurs.  11  nVtoit  en- 
core qne  grand  duc  de  Russie, 
lorsqu'en  1780  il  se  mit  à  par- 
courir l'Europe  ,  accompagné  de 
la  grande  duchesse.  Après  avoir 
traversé  la  Pologne  ,  l'Autriche  , 
Htalie ,  il  revint  à  Pétcrsbourg 
par  la  France  et  la  Hollande.  Ce 
voyage  dura  quatorze  mois  ;  et 
par-tont  il  parut  doux  «  affable  « 
modeste ,  curieux  d'observ«r  et» 
de  s'instruire ,  plus  occupé  à 
repousser  les  h om marges  publics 
qu  a  les  obtenir.  Lorsque  la  guerre 
se  déclara  en  1787  entre  la  Porte 
et  la  Russie ,  le  grand  duc  sol- 
licita vivement  la  permission  d'al- 
ler combattre  contre  les  Turcs, 
Mais  Catherine ,  craignant  peut- 
être  de  sa  part  quelques  desseins 
ambitieux  ,  ne  put  jamais  se  ré- 
soudre à  la  lui  accorder.  «  L'in- 
tention que  j'ai  d'aller  combattre 
les  Ottoinans  ,  lui  écrivit  Paul , 
est  connue  de  toute  l'Europe  ; 
que  dira-t— elle  en  voyant  que 
je  ne  l'exécute  pas  ?  »  L'impé- 
ratrice lui  répondit  :  «  L'Europe 
dira  que  le  grand  duc  de  Russie 
€st  un  fils  respectueux.  >»  A  la 
mort  de  celle-ci,  arrivée  le  17 
novembre  179^,  Paul  J  monta 
sur  le  trône,  m  Rigoureusement 
juste  ,  suivant  un  historien  trop 
soiwent  sévère  ^  -il  ftit  accessible 
à  la  vérité  ,  pour  peai  qu'elle  lui 
fût  présentée  avec  courage  et 
avec  adresse.  Lorsqu'il  l'ignora  ,• 
ce  iut  moins  sa  faute  que  celle 
de  ceux  qui  pouvant  la  lui  faire 
parvenir,  se  turent.  »  Il  s'allia 
anx  autres  puissances  pour  faire 
la  guerre  à  la  France^. et  envoya 
tine  armée  considérable  sous  les 
ordres  du  général  Souwarow  ,1 
qui  pénétra  en  Italie. en  1799  et 
en  fut  rcponssée  après  divers 
combats  par  ^e  général  Moreaiu 
•Paul  I ,  '^1^  un  esprit  inquieî 
•t  50ttv«u^  chagrin  ^  se  livra  dans 


PAU 


19^ 


l'intérieur  de  ses  états  à  une  foula 
d'innovations  dont  plusieurs  n% 
furent  point  goûtées  ;  il  est  mort 
subitement  en  1 80 1 .  On  a  dit  que 
la  violence  avoit  terminé  set 
jours  ;  mais  cet  événement  étant 
encore  presque  inconnu  ,  nous 
laissons  au  temps  le  soin  de  l'é-* 
claircir.  Ce  prince  étoit  instruit  y. 
et  possédoit  diverses  connoif— 
sauces  qu'il  devoit  en  partie  à 
son  précepteur  Epinus  ,  savant 
aussi  distingué  par  ses  vertus  que 
par  ses  lumières ,  et  connu  par, 
une  excellente  Théorie  de  Vjii^. 
mant.  C'est  à  Paul  1  que  la  Harpe 
adresse  les  lettres  qui  forment  la 
Correspondance  littéraire  que 
ce  dernier  a  publiée  en  i8oi. 
— Alexandre  PAULOirjTZ  \  qui 
a  déjà  annoncé  le  plus  grand  res*- 
pcct  pour  sa  mère,  une  raison 
éclairée  9  Tamour  du  bien  et  de- 
grandes  vues  ,  est  le  successeuï: 
de  Paul  1  au  trône  de  Russie. 

*  IX.  PAUL  DE  Samosatb  ,• 
ainsi  appelé,  parce  qu'il  étoit  de 
la  ville  de  Samosate  sur  l'Eu- 
phrate ,  fut  nommé  patriarche- 
d'Antiocbe ,  l'an  260  de  Jésus-» 
Christ.  Zénohie  régnoit  alors  en 
Syrie ,  et  sa  cour  rassembloit  tou^ 
les  hommes  célèbres  par  leurs  ta«^ 
lens  et  par  leurs  lumières.  Elle 
y  appela  Paul  de  Samosate  ,  ad-* 
mira  son  éloquence  ,  et  voulut 
s'entretenir  avec  lui  sur  les  dog- . 
mes  du  christianisme.  Cette  prin- 
cesse préféroit  la  religion  Juive 
à  toutes  les  religions  ,  et  elle' 
ne  pouvoit  se  soumettre  à  croire 
les  mystères  de  la  religion  Cb»***' 
tienne.  Pour  afibiblir  cett#'r&-» 
pugnance ,  Paul  tâcha  de  réflwir* 
les  mystères  à  des  notions |$ini- 
ples  et  intelligibles. ^1  àiti  Zé-* 
nobic ,  que  les  trois  Personne'  f^^ 
la  Trinité  n'étaient  point  Irois^ 
Dieux ,  mais  trois  attributs  «oa^ 

N  4 


V 


' 


'109 


PAU 


PAU 


lesquels  la  Divinité  s'étoit  ifianU» 
festée  aux  hommes  ;  que  Jésus- 
Christ  n'étoU  point  un  Dieu  , 
mais  un  komm^  auquel  la  sagesse 
s'étoit  communiquée  extraordinai' 
rement ,  et  qu'elle  n'auoit  jamais 
abandonné»,.  Paul  de  Samosate 
ne  regarda  d'abord  ce  change- 
ment dans  la  doctrine  de  TEdise, 
qiie  comme  une  condescendance 
propre  à  faire  cesser  les  préjugés 
de  Zénohie»  Mais  lorsque  les  fi- 
delles  lui  reprochèrent  cette  pré- 
varication ,  il  s  efForçQ  de  la  jus-» 
tifier,  en  soutenant  «  qu>/i  effet 
Jésus^Christ  n'étoit  pas  Di-eu  , 
et  qu'il  n'y  avoit  en  Dieu  qu'une 
personne.  »  Les  erreurs  de  Paul 
alarmèrent  le  zèle  des  évèques  ; 
ils  s'assemblèrent  à  Anttoche ,  et 
l'adroit  sectaire  leur  protesta  qu'il 
n'avoit  point  enseigné  les  erreurs 
qu'où  lui  imputoit.  On  le  crut , 
et  les  évèques  se  retirèrent  ;  mais 
\Faul  persévéra  dans  son  erreur , 
et  elle  se  répandit.  Les  prélats 
d'Orient  s'étant  assemblés  de  nou- 
veau à  Antioche  en  270  ^  il  fut 
oonvaincu  de  nier  la  divinité  de 
Jésus-Christ ,  déposé  et  excom- 
munié. Ses  rêveries  se  dissipèrent 
peu  à  peu.  Il  ne  fut-  chef  que 
d'une  secte  obscure ,  dont  on  ne 
voyoit  pas  les  moindres  restes  ait 
milieu  du'ô'  siècle,  et  que  la 
plupart  ne  connoissoient  pas 
même  de  nom  ;  tandis  que  l'A- 
TÎanisme  dont  on  Ht  une  affaire 
d'état ,  remplissoit  dans  le  siècle 
suivant  l'empire  de  troubles  et  de 
désordtesi  Paul  refusant  de  sons^ 
crire  à  la  décision  du  concile  qui 
l'avoit  condamné  comme  héré— 
'thî»ï^  et  déposé  comme  chargé 
de  pSisieurs  crimes  ,  demeuroit 
toiTJoIrs  à  Antioche  et  ne  vou- 
loit  5as  quitter  sa.  maison  qui 
«PP%enoit  à  l'Eglise.  Les  Chré- 
tiens s'en  plaignirent  à  i'erape- 
f^ur^réU^u  i  <jvà  ordonna  ^ue 


9 

la  maison  f&t  adjugée  à  ceux  qtft 
seroient   unis   aux    évèques   de 
Rome  ;   tant  il  étoit    notoire  9 
même  aux  Païens  9  que  l'union 
à  i'Ëglise  de  Home  étoit  la  mar- 
que des  vrais  Chrétiens.  Les  dis- 
ciples de  Paul  furent  nommés 
Paulianistes.  Leur  maître  n  avoit 
pas  suivi  la  méthode  de  la  plu- 
part des  hérésiarques ,  qui  ca- 
chent sous  un  air  austère  le  ve- 
nin de  leur  doctrine.  C'étoit  un 
homme  voUiptueux.  Il  avoit  chez 
lui  des  femmes  jeunes  et  belles  ; 
il  faisoit  bonne  chère ,  et  non- 
seulement  il  permettoit  que  se»  \ 
ecclésiastiques  vécussent  comme 
lui  ;  mais  il  tâchoit  de  les  excuser 
lorsque  leur  conduite  causoit  du 
scandale.  Son  orgueil  étoit  ex- 
trême. Il  rie  siégeoit  que  sur  une 
espèce  de  trône  ;  il  doniioit  des 
audiences  comme  lés  magistrats 
séculiers.  Pour  soutenir  son  faste, 
il  usa  tour-^^tour  de  la  violence 
et  de  l'artifice ,   et  parvint  à  la  '| 
fortune  par  ces  différens  moyens. 
Avide  de  louanges ,  il  souffroit 
qu'on    lui   en  donnât  dans   la 
chaire  ,  et  il  substitua  aux  cai>« 
tiques  sacrés ,  des  hymnes  en  son 
honneur ,   qu'il  faisoit  chanter 
dans  l'église  par  des  femmes  Iuh 
billées  en  comédienites. 

PAULIAN,  (Aimé -Henri) 
né  à  Nîmes  en  1721 ,  entra  dans 
Tinstitut  des  Jésuites^  et  y  pro- 
fessa long-temps  la  physique  avec 
succès.  Après  l'extinction  de  la 
société  il  revint  dans  sa  patrie  9 
et  y  mourut  en  l'an  10  ,  à  l'âge 
dé  près  de  Fo  ans.  La  douceur 
de  son  caractère  et  le  calme  de> 
son  ame  prolongèrent  ses  jours.. 
On  lui  doit  plusieurs  ouvrage» 
estimés  :  I.  Dictionnaire  de  Phy-* 
sique ,  1785  ,  5  vo,*  in— 8.**  C'est 
la  neuvième  éditiou  de  cet  ou- 
vrage qui  parut  pourf*S£remièr* 


/ 


PAU 

fois  en  i'76i.  IL  Dictionnaire  des 
nouvelles  découvertes  faites  en 
physique  ,  1787  ,  2  vol.  in-8.0 
III.  Nouvelles  conjectures  sur  les 
causes  des  Phénomènes  électri- 
ques, 1762^  in-4.0  IV.  Traité 
de  Paix  entre  Descartes  et  New- 
ton ,  176a.,  3  vol.  in-ï2.  V.  Sys- 
tème général  de  Philosophie  , 
1769  >  4  vol.  iii-12.  VI.  Die— 
tionneàre  Philosopha  -  Théolo- 
gique, 1774  ,  in-4.o.VII.  Guide 
des  jeunes  Mathématiciens  ou 
Oommentaire  des  Leçons  de  mé- 
canique de  la  Caille  ,  1772, 
in-S.*»  VIII.  Véritable  Système 
de  la  Nature,  1788,  in- 8.** 
Lanteur  avoit  aussi  publié  un 
Commentaire  sur  V Analyse  des 
infiniment-Petits  de  VHospitaL 

PAULLINI,  (Cliristian- 
Francois  )  médecin  d'Eisenach  sa 
patrie  ,  né  en  1(43  »  mort  en 
17x2  9  a  donné  en  latin  in— 8<> , 
la  description  de  diflférens  ani- 
maux ,  <)n  fhien  ,  de  VAne ,  du 
Loup ,  du  Lièvre ,  du  Corbeau  , 
etc.)  et  des  Observationes  me- 
dicœ,  i€89  ^  in--4.o 

PAUIZE ,  (N...  )  né  à  Mont- 
brison  où  îl  remplit  long-temps 
une  place  dans  la  magistrature  9 
fat  appelé  à  Paris  par  son  parent, 
l'abbé  Terray  et  y  devint  fermier 
général.  Ce  fut  Vun  des  plus  ins- 
truits et  des  plus  probes.  Il  réu— 
lùssoit  aux  connoissances  de  son 
"ftat  une  grande  rectitude  de  rai- 
86n  et  de  jugement.  Ami  de  l'or- . 
Are,  avec  des  goûts  simples  et 
des  vertus  privées,  il  ne  méritoit 
pas  la  proscription  qui  l'atteignit 
Al  temps  de  la  terreur  et  lui  fit 
perdre  la  vie  sur  Téchafaud  en 
1794.  U  avoit  formé  une  com- 
pagnie de  commerce  pour  la 
Guyane ,  dans  l'intention  d'amé- 
liorer cette  immense  contrée ,  et 
^  avoit  fiiit  divers  mémaire»  sur 


P  A  W        101 

cette  colonie.  Plusieurs  hommes 
de  lettres  lui  ont  attribué  la  plus 
grande  partie  des  détails  com- 
merciaux et  sur  — tout  ceux  qui 
ont  rapport  à  nos  colonies  et 
aux  possessions  des  François  en- 
Asie  et  en  Amérique  ,  dans  l'ou- 
vrage de  l'abbé  Baynal, 

P  A  US  ON  ,  ancien  peintre, 
fut  le  premier  qui  pour  adoucir 
les  inégalités  de  ses  peintures  ^ 
\  eut  l'adresse  de  les  couvrir  d'un 
verre  qui  en  rendit  les  traits  plus 
fuis  et  plus  délicats, 

PAW,    (N.  de)    chaçdînc 
Allemand  ,  mort  le  19  messidor 
an  7  ,  a  X&nten  près  d'Aix-la- 
Chapelle  ,  étoit  oncle  du  fameux 
AnacJiarsis  Clootz,  Comme  lui  il 
penchoit  vers  les  opinions  sin- 
gulières; mais  il  avoit  infiniment 
plus  de  sens  et  de  savoir.  U  est 
très— connu  par.  .ses  Recherches  , 
i.o  sur  les   Grecs  ;   2.0   sur  les 
Américains ,  les  Egyptiens  et  les 
Chinois  ,  qui  forment  sept  vol. 
in-8**,  imprimés  à  Paris ,  l'an  3. 
Paw  affirme  beaucoup ,  prouve 
peu.  On  voit  que  l'auteur  aima 
à  contredire  tous  les  historiens 
et  à  déprimer  les  peuples  dont  il 
parle  ;  mais  on  ne  peut  lui  pe- 
fuser  beaucoup  d'érudition  ,  do 
Fesprit ,  de  la  philosophie  ,   des 
rapprochemens  inattendus  :  il  est 
vrai  que  son  érudition  est  sys— 
témati^que,  son  esprit  porté  an 
paradoxe  et  sa  philosophie  trop 
hardie.  Cependant  on  le  lit  avec- 
plaisir  ,  parce  que  son   styla , 
quoiqu'un  peu  rude ,  est  précis , 
éloquent ,  énergique  ,  et  qu'on 
trouve  chez  lui  des  faits  qu'on 
chercheroit  inutilement  ailleurs. 
Le  roi  de  Prusse,   Frédéric  le 
Grand  ,  en  faisoit  beaucoup  de 
cas  ,  peut  -  être  à  cause  de  ses 
principes  philosophiques.  Ces  mé« 
mes  principes  kii  ûrent  des  eo^ 


101       P  E  A 

nemis  dflns  le  clergé  ;  mais  il  lenr 
commandoit  le  respect  par  ses 
vertus.  5ous  un  extérieur  sim- 
ple )  il  cachoit  beaucoup  d'es- 
prit ,  qui  brilloit  chez. lui  comme 
un  ûlon  d'or  dans  une  roche  in- 
forme. 

PÉÂN,  (N.)  Janséniste  obs- 
cur) mort  en  ^764  à  80  ans, 
est  auteur  de  divers  écrits  polé- 
miques y  dont  le  plus  connu  est 
le  Parallèle  de  la  morale  des  Jé~ 
suites  avec  celle  des  Païens  , 
1726,  in-8.* 

PEARCE,  (Zacharie)  suc- 
cessivement évêque  de  Bangor , 
de  Rochester^  et  doyen  de  West- 
minster, naquit  à  Londres  en 
1690,  et  mourut  en  1774.  On  a 
*  de  lui  des  Sermons ,  la  Défense 
des  miracles  de  J.  C.,  1727;  et 
un  Essai  sur  l'origine  et  les  pro- 
grès des  temples,  i72€.  Ses  ou- 
vrages prouvent  beaucoup  d'éru- 
dition. 

♦PECHMEJA,  (Jean de)  an- 
cien professeur  d'éloquence  au 
collège  royal  de  la  Flèche ,  né  à 
îVillefr anche  de  Rouergite  en 
•1741 ,  mort  à  Saint-Germain-en- 
Laie  en  1785,  étoit  un  littéral 
tour  distingué  et  un  homme  ver- 
tueux ,  simple  et  modeste.  Son 
éloge  du  grand  Colberi  obtint  en 
1773  le  second  accessit  au  juge- 
ment de  l'académie  Françoise. 
Nais  il  est  principalement  connu 
par  un  poème  en  prose  en  douze 
livres,  publié  -en  178.4,  in—S®, 
sous  le  titre  de  Télèphe ,  et  tra- 
duit en  anglois.  On  l'a  réimprimé 
en  1795,  deux  volumes  in  —  18, 
avec  figures.  La  pureté  et  l'élé- 
gance du  style,  des  images  riantes 
et  vraies,  une  peinture  de  l'ami- 
tié telle  qu'il  la  sentait  lui-même, 
demandent  grâce  pour  beaucoup 
d  endroits  où  il  n'est  que  décla- 


p  E  c 

initenr.  «  Quoiqu'on  ne  puisse 
lui  refuser  de  l'esprit  et  du  ta- 
lent, dit  la  Harpe,  il  est  loin  du 
bon  goût  et  du  vrai  génie  dont 
le  siècle  de  Louis  XI  y  nous 
a  laissé/es  modèles.  L'auteur  man* 
que  souvent  son  but ,  faute  de 
mesure  dans  ses  idées  et  son  style. 
L  semble ,  comme  Rousseau ,  faire 
un  crime  de  la  propriété ,  sans 
laquelle  cependant  toute  société 
ebt  impossible;  il  ne  veut  pas  que 
les  enians  succèdent  à  la  ior<« 
tune  de  leurs  pères,  comme  si 
cette  succession  n'étoit  pcis  do 
droit  naturel,  et  comme  si  les 
pères  eux-mêmes  ne  travailloient 
pas  pour  leurs  enfans  !  C'est  un 
vrai  dclirc  d'imaginer  qu'il  faille 
détruire  les  lois  primitives,  parce 
qtie  l'observation  de  ces  lois  en- 
traîne quelques  abus.  U  y  a  quel-  * 
ques  morceaux  d'une  éloquence  i 
noble  et  des  moniens  >  d'intérêt,  j 
mais  en  général  nul  art  dans  U 
disposition  et  la  préparation  dei 
événemens;  point  de  nceud  qui 
attache  de«  faits  sans  vraisem- 
blance; des  tableaux  gigantes- 
ques ,'  une  natnre  fausse  »  des 
principes  outrés  et  une  diction 
abstraite.  »  Ce  jugement  est  trop, 
sévère  sans  être  dénué  de  vérité. 
On  a  attribué  à  Pechmeja  plu- 
sieurs morceaux  philosophiques 
et  hardis  de  V Histoire  poLuqui 
du  comn^erce  par  ïabhéBaynal, 
dont  il  étoit  ami.  Il  fut  lié  par 
la  plus  vive  et  la  plus  constante 
tendresse  avec  un  médecin  de 
sts  amis ,  M.  ^u  Jireuil  son  compa- 
triote. Ils  renouvelèrent  dans  ce 
siècle. d'égoïsme,  l'exemple  trop 
rare  d'Oreste  et  de  Pilade»  M.  d^ 
Pechmeja  étant  tombé  majade  à 
Paris  en  1776,  M.;i/u  BreuUvok 
à  son  seconrs"^  et  dès-lors  tout 
fut  commun  entre  ces  deux  amis, 
logement,  sociétés,  biens,  manj(,« 
etc.;  la  mort  même  ne  pat  les 


J 


P  E  C 

iJparer.  Le  médecin  étant  mord 
le  lo  avril  1785,  d*iine  maladie 
contagieuse ,  Thomme  de  lettres 
^i  ne  le  quitta  pas  dans  ses  der- 
niers momens ,  mourut  vingt 
jours  après,  victime  de  ramitié. 
Il  comptoit  sur  M.  du  Breuil , 
eomnie  sur  lui— même.  Un  jour 
qu'on  lui  demandoit  quelle  étoit 
sa  fortune  ?  J*ai ,  répondit— il  9 
1200  livres  de  rentes;  et  comme 
on  s'ëtonnnoit  qu'un  si  modique 
revenu  put  lui  suffire ,  Oh  !  dit- 
il,  2^  docteur  en  a  davantage»  Il 
orna  le  portrait  de  son  ami  de 
ces  quatre  vers  : 

n  otibl»  son  art  pour  le  er^cr  encore  ; 
Av  sort  de  ses  amb  son  bonhrur  fur  Wé  , 
Et  la  Grèce  Teût  prb  pour  le  Dite  d'Épi- 
daure , 
On  pottr  celai  de  YKmXûé. 

PÉCHON  DE  RuBY  y  gentil- 
homme de  Bretagne,  avoit  été 
eoleyé  dans  sa  jeunesse  par  iitoe 
bande  de  Bohéteiens  qui  ]a  con«^ 
dui$irent  perdant  lon^-^temps  de 
vjjlage  en  village,  et  dont  il  a 
ensuite  décrit,  les  tours  et  escro* 
queries  dans  un  ouvrag»  devenu» 
rare,  intitulé;  la  Vie  Kônérense 
des  Mat  ois  «,  G  ^eux  ,1  Bohémiens 
et  Cagoux,  avec  un  3ictionnairâ  • 
é^  la  langue  Blesquienne ,  j 6at; ,  ■ 
m-8.®  L*auteur  est  mort  au  mi^* 
lieu  du  17"  stiècle.  ; 

II.  PECK,  (François)  né  à! 
otamford  en    i  6 .9  s ,,  mort  eu  » 
1743,   fut  littérateur,  ftîjtura-,.; 
liste  et  même  poëte.  On^^a»  de  lui . 
divers  ouvrages ,  <jont  qiieiqués-  <, 
uns  ont  eu  an  succès  en  Anjck-r'  ■ 
tejre.  Nous  ne  citerons  .que  son» 
Histoire  naturelle  et  ]e$,Aniiqu^ 
lés  du  conté  fie  Leice&lcr  ,el.  de 
Kutland,  in-4*',   1740  i   et  .,^s 
Mémoires  sur  la  Vie.  de  Cf,o{^'^ 

l^i,  }i4o.z  vol,  i^-v!  \yy^^'. 


P  E  t 


ÎOJ 


TîL  PELLETIER  -  Saint- 

Fargeau  ,    (  Louis -Michel  le  ) 
né  à  Paris  le  2^  mai  1760,  d'une 
famille  distinguée  dans  la  robe  , 
devint  président  à  mortier  au  par- 
lement de  Paris   et  ensuite  d«é— ^ 
puté   de    la  noblesse  aux  États' 
généraux  de  1789.  Possesseur 
d'une  immense  fortune,  il  cher- 
cha a  acquérir  de  la  popularité 
en  se  montrant  partisan  des  in- 
novations, et  il  prit  pour  base' 
de  sa  conduite  oe  mot  qu'il  dit  un 
jour  à  Tun  de  ses  amis  :  «  Quand 
on  a  six  cent  mille  livres  de  rente,  ' 
il  faut  être  à  Coblentz  ou  sur  la 
çrôte  de  la  montagne.»   Ce  fut' 
lui  qui  proposa  le  code  pénal  qui- 
fut  adopté;  mais  vainement  s'é- 
força- t-il  d'y  faire  supprimer  la 
peine  de  mort.  On  le  vit  ensuite 
s'opposer  à  la  conservation  des 
titres  honoriÉques  et  au  droit  du. 
monarque  de  déclarer  la  guerre, 
et  de  faire  la  paix*  Appelé. à  la 
Convention,  il  y  soutint  la  li-rt 
berté    de    la  presse    et  vota  la 
mort  de  Louti  XVI i  quoiqu'il, 
efît  chercîië  précédemment  à  en- 
gager plusieurs  de  ses  collègues' 
a  •  ne  prononcer   que  la   réclu- 
sion. Pelletier  se  trouvant  quatre 
jours  après  chez    un  restaura- 
teur, fut  poi|:nardé  le  20  jan-' 
vier  1793  par  le  garde  du  corps* 
Paris  :  il  n'eut  que  le  temps  de  * 
dire  ces  deux  mots ,  fnï  froid  ',  ' 
et  il  expira.  La  Convention   fît 
inhumer  son  corps  a\i  Panthéon" 
et  adopta  sa  Aile.  Il  laissa  en  nia^' 
nuscrit  un  lopg  Discours  sur  l'é- 
ducation .  natipiuile  ,  que  RoheS'^. 
pierre  lut  à  la  tribune. 

y  m.  PELLETIER,   (Ber- 
trjind  )  né  À  Baronne  en  ijdi  ^. 
se  iit  apothicaire^  e;t  vint  se  fjxer  > 
à  Paris,  où  ses  connoissances  ^■ 
chimie  et  en  pharm^icie  le  firent 
ailmotkre  à  lacadéin'ie  des  ^cien- 


r 


104 


PRL 


ces  et  ensuite  à  llnstitut.  11  tra- 
vail 1  oit  au  Journal  <C Histoire  na^ 
turelle ,  et  a  laissé  des  Mémoi^ 
f-âs  dans  le  Recueil  des  Sociétés 
savantes  dont  il  étoit  ipembre.  Il 
est  mort  à  l'âge  de  36  ans ,  en 

»797- 

PELVERT  ,  (N.  rabbé)  né 
à  Rouen,  mort  les  19  janvier 
1781 ,  se  consacra  à  F  étude  des 
matières  théologiques  et  à  la  dé- 
fense de  la  religion.  On  lui  doit  : 
I.  Dissertation  sur  Tapprobetion 
nécessaire  pour  administrer  le 
sacrement  de  pénitence ,  17&S9 
in- 12.  II.  Lettre  d'un  théologien 
sur  la  distinction  tâe  la  religion 
naturelle  et  révélée,  1770,  in- 12. 

PEMBROCK,  (Marie  Her^ 
l)ert,  épouse  du  comte  de)  morte 
à'  Londres  en  16^1 ,  donna  une 
traduction  des  Pseanmes  en  vers 
flnglois.  On  les  trouve  dans  les 
JSugœ  antiqvœ  âiHarrington  , 
■'779  9  3  vol.  in— 12.  Voyez  SiD-* 
JKEY  (Philippe). 

PENDASIUS,  (Frédéric)  né 
à  Mantoue,  obtint  par  sa  re- 
nommée des. lettres  de  citoyen 
de  Bologne,  et  y  alla  professer 
la  philosophie.  ZabareUa  et  X^- 
têtus  furent  ses  disciples.  A  s& 
njort  sa  chaire  vaqua  27  ans;  per« 
spune  n'ayant  osé  le  remplacer* 
On  doit  à  Pendasius  deux  ou- 
vrages. I.  De  corporuai  caies^ 
tium  naturd,  Mantone,  i555  9 
in-S.*»  IL  Traité  de  l'ouïe,  V^ 
nife ,  i6o3,  in-S.»^ 

-^PÉRKFIXE,  (Hardouin^e 
Beaumônt  d'e)  d'une  ancienne 
maison  de  Poitou ,  étoit  £ls  du 
maître  — d'hôtel  du  tardinal  de 
Hickeiieu.  Il  fiit  élevé  par  ce  mi^ 
lustre ,  se  distingua  dans  ses  étu^ 
des,  fut  reçu  docteur  de  la  mai- 
son et  Société  de  Sorbonne,  et 
prêcha  avec  «pplaudisfiementt  li 


P  E  R 

d^evint  ensuite  précepteur  de  liOuiif 
XIV,  puis  évêque  de  Rhodes  j 
mais  croyant  ne  pouvoir  en  cons- 
cience remplir  en  même  temp*^ 
les  obligations  de  la  résidence  6t 
celles  de  L'éducation  du   roi ,  il 
donna  volontairement  la  démis- 
sion de  cet  évêché.  Il   fut  fait, 
archevêque  de  Paris  en  1 664.  Ler 
Jésuites  le  gouvernèrent  ,  et  ce 
yfnt  par  le  conseil  du  P.  Annat  ^ 
qu'il  publia  son  Mandement  pour 
la  signature  pure  et  simple  du 
Formulaire  d'Alexandre  VU*  H 
imagina  la  distinction  de  la  foi 
divine  et  de  la  foi  humaine  ,  qui 
déplut  aux  fanatiques  des   deux 
partis.  11  choqua  sur— tput  leS. 
Jansénistes ,  en  exigeant  des  re- 
ligieuses de  Port^Royal  la  signa- 
ture du  Formulaire.  De  là  les 
peintures  peu  favorables  qu'on  a 
faites  de  ce  prélat  L'abbé  Barrai 
le  traite  à!Jtomme  de  peu  de  sens, 
d'une  petitesse  d* esprit  et  d'une 
oktlination  inifiacihles,  IjC  carac^ 
tàr»  doux  et  aimable  de  Péré-^ 
pxe^  et  ses  autres  qualités  an- 
roient  du  faire  fermer  lesvyenx 
sur  ses   défauts;  mais   c'est  le 
propre  du  fanatisme  qu'on  irrite, 
de  ne  voir  que  le  mal  et  de  se 
cacher  le  bien.  Ce  prélat  termina 
sa  carrière  le  3i  décembre  1670 9 
*daBS  ua  âge  assez  avancé.  Il  avoit 
éfcé  reçu  de  l'académie  Françoise 
<  en  1654.  On  a  de  lui  :  I.  Un^ex-» 
'  cellente  Histoire  du ,  roi  Hen^ 
r^  I"K,  dont  la  meUleiue  édition 
est  â*Elzevir ,  i6$i,  in*-i2;  el 
la  dernière  est  de  Paris ,  in-12, 
1749*    Cette  histoire   qui  n'est 
qu'un  abrégé   fait    mieux  con- 
noître  JÎCTir/  JKque  celle  du  père 
Daniel.  On  croit  que  Mezeraif 
eut  part ,  et  il  s'en  vantoit  pu-^ 
bliquement  :  mais  cet  historien 
ne  fournit  vraisemblablement  qu^. 
les  matériaux.  Il  n'avoit  point  J* 
stylô^de  Péré^xe^  qui,  quoi^ua 


J 


PE  R 

Jrè^^n^gîigé  et  plein  d'iacorrec- 
tions  et  de  tournures  anciennes , 
est  touchant   et   fait    aimer   le 

iirînce  dont  il  écrit  la  vie.  H.  Un 
iyre  intitulé:  InstUutio  princi-m 
pis,  1647,  in— î6,  qui  contient 
fin  recueil  de  maximes  sur  les 
devoirs  d'un  roi  enfant.  Il  ne 
donna  pas  à  Louis  XIV  toutes 
hs  instructions  qu'il  auroit  voulu 
lui  donner.  Ce  prince  étoit  inap-^ 
pîiqué,  et  Péréfixe  s*en  plaignit 
en  vain  à  Mazarin  qui  se  féli- 
citoit  d'une  paresse  conservatrice 
de  son  empire.  Bon ,  lui  répon— 
doit  ce  ministre  9  il  n*en  saura 
§ue  trop  ;  et  quand  il  vient  au 
conseil ,  il  me  fait  cent  questions 
tar  la  chose  dont  il  s'agit.  Voyez 

IV,  PEREIRA  DE  FiGUEi- 
iiKDo ,  (  Antoine  )  Portugais  , 
d'abord  prêtre  de  l'oratoire ,  en— 
luite  premier  interprète  du  mi- 
nistère des  affaires  étrangères  et 
de  celurde  la  guerre  à  Lisbonne, 
mourut  dans  cette  ville  le  1 4  août 
1797  9  dans  sa  yS*  année.  Né  au 
-«K)iirg  de  Macao  le  14  février 
^725 ,  il  se  signala  pendant  la 
longue  querelle  de  la  cour  de 
Portugal  avec  celle  de  Rome, 
et  publia  divers  ouvrages  sur  le 
pouvoir  des  rois  dans  les  ma- 
tières ecclésiastiques.  Ces  écrits 
estimés  par  les  patriotes  Portu- 
gais et  critiqués  sans  ménage- 
ment par  les  Ultra montains,  ont 
été  cités  avec  honneiir  par  plu- 
sieurs canonistes  étrangers.  Uau- 
tenr  avoit  des  connoissances  très- 
variées.  Son  air  étoit  ouvert  et 
lerein,  quoique  avec  des  traits 
dossiers;  son  caractère  affable, 
ton  humeur  enjouée,  lorsqu'il 
ne  souffroit  pas  ;  son  cœur  sen- 
sible et  compatissant.  Les  mal- 
heureux ne  i'abordoient  jamais , 
$KM  recftToir  ou  40€  «Quseils  ou 


P  t  R        105 

des  secours.  Parmi  ses  nombreuic 
ouvrages  on   distingue  :    I.   Sa 
Nouvelle  méthode  de  Grammaire 
latine,   estimée   en  Portugal  et 
dont  il  y  a  en  dix  éditions.  II.  La 
Bible  traduite  en  portugais  sur 
la  vulgate,  avec  des  préfaces  et 
des  notes ,  23  vol.  in-S*" ,  impri- 
mée depuis  1778  jusqu'en  1790, 
et  réimprimée  in-8*  et  in-4*, 
avec  le  texte  latin.  III.  Tentatiffa 
Theologica ,  en  portu|;ais  et  en- 
suite en  latin  ,    1766   et   fjS^i 
C'est  un  essai  théologique  qui  a 
été  traduit  en  francois,  et  dans 
lequel  l'auteur  tâche  de  prouver 
que  si  le  recours  au  saint  Siéga 
trouvé  des  obstacles,  la  faculté 
de   dispenser    est    dévolue    aux 
évêques.  IV.  Elémens  d'Histoire 
Ecclésiastique ,  en  forme  de  dia^ 
hgues,   1765,  deux  vol.  in-8% 
etc.  etc.  Cet  ouvrage  n'est  paa 
fini.   L'auteur  promettoit    deux 
autres  volumes   qu'il  n'a  poiiifi 
donnés  et  qu'on  n'a  pas  trouvés 
dans  ses  manuscrits. 

PEREIRE ,  (  Jacob  -  Rodri^' 
guez  )  né  à  Cadix  en  171 5 ,  de- 
meura long-temps  à  Bordeaux  et 
vint  fmir  ses  jours  àParis  en  1780, 
âgé  de  65  ans.  Il  fut  appelé  dana 
cette  dernière  ville  pour  y  pra- 
tiquer l'art  de  faire  parler  les 
muets.  Louis  XV  lui  accorda 
en  1760  une  place  d'interprète 
avec  une  pension  de  800  livres  ^ 
en  considération,  dit  le  Bref^ 
de  l'art  qu'il  s'étoit  acquis  de 
pouvoir  donner  aux  sourds  et 
muets  de  naissance ,  une  éduCatiom 
dont  ils  avoient  été  jusqu'alors 
privés  comm^  ihcapabUs  tfen  pro-» 
fittr,  Pereire  avoit  amené^quel- 
ques— uns  de  ses  élèves  au  point 
de  comprendre  le  sens  des  pa- 
roles par  le  mouvement  des  lèvres. 
Bu/7^/i  fait  l'éloge  de  son  talent  / 
dans  fion  Histoire  Naturelle  i  «t 


io6 


PER 


la  Condamine  protecteur  de  Pé- 
reire ,  Vavoit  produit  à  la  cour  et 
présenté  à  divers  princes.  L'abbé 
de  l'J^pée  a  profiié^  assure— t-on, 
d'une  partie  de  sa  méthode. 

VI.  FEREZ  ,  (  Jeanne  Coëlo 
femme  d'Antoine  )  Espagnole  , 
fut ,  suivant  Amelot  de  la  HouS" 
saye ,  l'un  des  ornemens  de  son 
sexe  et  de  son  siècle  par  ses  grâces 
et  ^on  esprit.  Elle  avoit  épousé 
Un  ministre  de  Philippe  II  roi 
d'Espagne  9  qui  le  disgracia  su*- 
bitement  après  lai  avoir  accordé 
la  plus  grande  faveur  :  sa  femme 
mourut  vers  1620. 

*  PERGOLÊSE,  (Jean-Bap- 
tiste ,  Jié  en  1704  à  Casoria  au 
royaume  de  Naples ,  fut  élevé  au 
conservatoire  de  cette  dernière 
Ville  sous  Gaëtano  Greco ,  l'un 
despluscélèbtesmusicienbdîtalie. 
Le  prince  de  SUgliano  connois- 
«ant  les  talens  du  jeune  Pergolèse, 
le  prit  sous  sa  protection ,  et 
depuis  17^0  jusqu'en  1734,  il  lui 
procura  le  moyen  de  travailler 
pour  }e  Teatro  Nuovo ,  où  ses 
Opéra  eurent  un  grand  succès. 
Après  avoir  fait  un  voyage  à 
Home  9  où  son  Olympiade  ne  fut 
pas  applaudie  autant  qu'elle  le 
méritoit,  il  retourna  à  Naples, 
et  il  y  mourut  au  commencement 
de  l'année  1787,  à  33  ans.  Sa 
dernière  maladie  fut  un  crache- 
ment de  sang  qui  le  conduisit  à 
la  phtbisie;  et  il  est  très-faux 
qu'il  ait  été  empoisonné  par  ses 
rivaux.  Les  Italiens  l'appellent  le 
Dominiquin  de  la  musique.  La 
facilité  de  sa  composition ,  la 
science  de  l'harmonie,  la  richesse 
de  la  mélodie,  lui  on\  fait.im 
nom  célèbre.  Sa  musique  est  un 
tableau  de  la  nature  ;  elle  parle  ^ 
l'esprit,  au  cœur,  aux  passions. 
Personne  ne  Ta  surpassé  dans  le 
^eart  de  l'expression;  ni^is  oa 


P  £  A 

lui  reproche  de  la  sécheresse ,  uji 
style  coupé:  son  chant  est  quelque- 
fois sacrifié  à  l'effet  des  accom- 
pagnemens ,  et  son  genre  paroît 
en  général  trop  mélancolique  :  J 
défaut  qu'il  a  du  peut-être  à  sa 
mauvaise  santé  et  à  sa  complexion 
délicate.  Ses  principaux  ouvrages 
sont  :  L  Plusieurs  Ariettes.  IL  I4 
Serva  Padroaa  ;  IlL  //  Maestro 
di  Musica  :  intermèdes.  IV.  Un 
Salve  Hegina;  et  le  Stabal  Mater , 
regardé  universellement  comme 
son  chef-d'œuvre.  Pergolèsemoii' 
rut  en  finissant  le  dernier  verset 
de  ce  sublime  morceau.  «  11  n'y  a 
ni  cris,  ni  déclamation,  ni  fracas 
d'harmonie,  dit  un  écrivain  pleia 
de  goût  ;  tout  est  simple  et  vrai 
dans  cette  production,  tout  est 
fini  ;  le  dernier  excès  de  la  dou* 
leur,  les  convulsions  mêmes  de  la 
mort  y  sont  exprimés  dans  ]â  , 
langue  naturelle  de  la  musique* 
Parles  seulsaccensdela  mélodie, 
l'expression  est  portée  à  son  plui 
haut  degré  de  force  et  d'énergiejf 
et  c'est  toujours  du  chant.  » 

II.  PERNETY,  (Antoine- 
Joseph  )  né  à  Roanne  eh  Fçrez 
le  i3  février  1716  ,  se  fit  béné- 
dictin et  se  livra  aux  rechercbes 
d'érudition  auxquelles  il  joignif 
beaucoup  d'idées  systématiques 
et  singulières.  Elles  dominent  , 
sur-tout  dans  ses  Fables  égyp- 
tiennes et  grecques  dévoilées  ^ 
1786,  2  vol.  in -80;  dans  son 
jD/c/i<?«/tair^^mytho-hermétiqiie) 
1758  ,  in-8o;  àans  son  Discours 
sur  la  physionomie,  et  son  ou- 
vrage intitulé  :  La  connoissanc$ 
de  ï Homme  moral  par  celle  d^ 
l'Homme  physique ,  1776  ,  in-8. 
On  doit  encore  à  ce  savant  s 
I.  Dictionnaire  de  peinture ,  sculp^. 
ture  et  gravure,  17^79  in-u» 
ïï.  Histoire  d'un  voyage  aux  islei 
Mnlouijies,  1770  jin-S.^UI.I^wji 


PER 

^Haliofi  sur  TAniérique  et  le« 
Américains  ,  1770  9  in-8.*  Il  y 
combat  les  opinions  du  chanoine 
dePawsnrle  même  sui^tAV  .Exa- 
men des  recherches  philosophi- 
ques de  Paw  sur  les  Américain? , 
1772,  2  voLin-8.0  V.  li  a  donné 
une  Traduction  de  Columelle  et 
du  Cours  de  Mathématiques  de 
JVolf;  il  a  travaillé  au  huitième 
vol.  àaGalUa  ChrisLiana,  et  donné 
beaucoup  de  Mémoires  à  l'aca- 
démie de  Berlin.  Apr^s  avoir  ré- 
sidé long-temps  dans  cette  ville  , 
Pernety  est  revenu  à  Valence 
dans  le  département  de  la  Drôme , 
où  il  est  mort  au  sein  de  sa  famille 
dans'  ces  dernières  années. 

PÉRONNE,  (Claudine) 
Lyonnoise,  recommandable  par 
»  beauté ,  dédia  quelques  Pièces 
de  poésie  à  Henri  J/. 

PEROUSE,  (N.  delà)  em- 
brassa letat  ecclésiastique ,  et  fît 
des  vers  non  avec  talent  ^  mais 
avec  dévotion.  On  lui  doit  des 
Stances  sur  les  Evangiles  9  des 
Cantiques  ,  des  Poésies  sacrées  , 
1770 ,  in  —  8®  :  il  est  mort  vers 
••'775. 

PERRACHE,   (Michel)  né 
à  Lyon   en   i  6  8  5  ,    obtint  des 
luccès  dans  la  profession  de  sculp- 
teur. Après  avoir  long-temps  ré- 
sidé en  Italie  et  en  Allemagne , 
il  obtint  des  lettres   de   bour- 
geoisie de  la  ville  de  Malines  pour 
y  avoir  décoré  une  église.  Fixé 
dans  sa  patrie  ,  il  L'embellit  d'un 
grand  nombre  d'Ouvrages  qui  as- 
surèrent sa  réputation.  Il  monrut 
•n  1750-  —Son  fils  s'est  fait  con- 
lioitre  par  l'exécution  du  projet 
célèbre  qui  a  réuni  à  Lyon  une 
Jsle  considérable  par  le  moyen 
d'une  chaussée  qui  a  fait  changer 
^  lit  au  Rhône  ,  et  a  porté  à 

H&e  Utue  de  U  rille  la  joupiioi 


P  £  R        Î07 

avec  la  Saône.  Perrache  fih  est 
mort  en  1779  9  membre  de  l'aca-- 
demie  de  sa  patrie. 

L  PERRAULT,  (Guillaume) 
né  sur  les  bords  du  Rhône  dans 
le  bourg  de  Pierre-Haute ,  prit 
}'habit  de  $t.-Dom inique  et  d&* 
vint  suffragant  de  Philippe  de 
Savoie  archevêque  de  Lyon  ,  de^ 
puis  1245  jusqu'en  1260.  Il  a  pu- 
blié une  Somme  des  vices  et  des 
vt*.rtus  ;  un  Commentaire  sur  la 
rè^le  de  Se.  Benoit  ;  un  Traité 
sur  les  dei'oirs  des  Religieux  ;  une 
Instruction  sur  le  bonheur  des 
Princes, 

PERRAY,  (Michel  du) 
Voyez  DuPERRAY. 

IlL  PERRIER,  (Scipion  du) 
jurisconsulte  Provençal ,  mort  en 
1667,  À  79  ans,  est  connu  dans 
le  barreau  par  ses  Questions  no-m 
tables  qui  sont  estimées.  II  joi- 
gnoit  à  la  science  propre  à  son 
état  9  tous  les  sentimens  d'un 
vrai  Chrétien.  D  consultoit  tou*^ 
jours  gratis  pour  les  pauvres. 
Les  autres  consultations ,  disoit-< 
il  9  sont  pour  mes  héritiers  ;  mais 
celles-'Ci  sont  pour  moi-même»    ^ 

PERRIÈRE,  (Jacques 
Charles  François  de  la)  né  à 
Marancené  en  Aunis  ,  mort  en 
1777  ,  est  connu  par  son  Méca-m 
nisme  de  V Electricité ,  en  1766  , 
2  vol.  in- 1 2  ,  et  ^ar  sa  Physique 
nouvelle  céleste  et  terrestre,  176%,. 
trois  vol.  in-i2,  où  l'on  trouve 
quelques  idées  justes  et  d'autres 
chimériques. 

UI.  PERRÏN ,  (Denis  Marias 
de  )  chevalier  de  Saint— Louis  , 
mort  en  1734  9  à  72  ans ,  homme 
d  esprit  et  de  bonne  société ,  fut 
l'éditeur  des  lettres  de  Sévignéi 
fin  ^  Vf  L  isk^ir, 


7^ 


ao8 


P  E  R 


(, 


PERRONET,  (N.)  membre 
de  l'académie  des  Sciences ,  s*é- 
leva  par  ses  talens  et  ses  succès 
à  la  place  de  directeur  général 
des  ponts  et  chaussées  de  France. 
Les  ponts  de  Nenilly ,  de  Mantes 
et  d'Orléans  furent  construits 
s&ns  sa  direction  ,  et  il  en  publia 
la  description ,  1783  ,  2  vol.  in- 
folio. On  lui  doit  encore  un  sa- 
vant Mémoire  sur  les  moyens  de 
construire  de  grandes  arches  de  . 
pierre  d'une  ouverture  considé- 
rable, pour  franchir  de  profondes 
vallées  bordées  de  rochers  escar- 
pés, 1793,  in— 4.<>  On  en  trouve 
plusieurs  autres  de  lui  dans  le  re- 
cueil de  l'académie  des  Sciences. 
Perronet  réunissoit  les  vertus  de 
l'honnête  homme  an  génie  d'un 
grand  architette.  Il  est  mort  en 
1796. 

*  PERRY  ,  (Jean)  ingénieur 
Anglois,   fut  appelé  en  Russie 

Î)ar  Pierre  I ,  qu'il  seconda  dans 
'«TTt  de  construire  les  vaisseaux 
et  de  creuser  des  canaux  :  ce  qui 
lui  donna  occasion  de  composer 
une  Relation  de  l'état  de  cette 
rnonarchie.  Elle  a  été  traduite  en 
f  rançois  sous  ce  titre  :  Etat  pré" 
sent  de  la  Grande-'Russie ,  in~i  2. 
On  y  trouva  des  particularités 
assez  curieuses  éur  le  règne  du 
czar  Pierre,  Perry  revint  en  An- 
gleterre en  1712  9  s'illustra  par 
ses  travaux  dans  difFérens  ports. , 
entr'autres  dans  celui  de  Dublin , 
çt  mourut  en  1733. 

PERSON,  (Claude)  méde- 
cin ,  né  à  Cbâlons-sur-Marne , 
exerça  avec  honneur  sa  profes- 
sion à  Paris ,  où  il  est  mort  en 
1758  5  après  avoir  publié  des  EU- 
mens  d'anatomie  raisonnée ,  qui 
eurent  du  succès  dans  le  temps.    - 

PERTUIS  DB  LA  Rivière, 
(  Pierre  de  )  né  en  iD^ormandie , 


PET 

suivit  long-temps  la  professîoA 
militaire ,  et  finit  ses  jours  à 
Port-Royal  en  1 668.  Savant  dan* 
les  langues  anciennes  ,  il  a  tra*- 
duit  beaucoup  d'ouvrapjes  pieur 
du  latin  et  de  l'espagnol ,  sur- 
tout plusieurs  écrits  de  Sainte 
Thérèse. 

PESTALOZZI,  (Jérôme)  né 
à  Lyon  et  médecin  de  l*iiôpital  de 
cette  ville",  y  acquit  de  grandes 
llimières.  Il  forma  un  très-beau 
cabinet  d'histoire  naturelle  qu'il 
légua  à  l'académie  de  sa  patrie. 
Il  publia  :  ï.  Une  Dissertation^ 
sur  l'eau  de  mille-^Jfeurs.  IL  Une 
antre  sur  Jonas  dans  le  ventre 
de  la  Baleine,  III.  Avis  de  pré-' 
caution  sur  la  peste.  IV.  Une 
Dissertation  sur  le  même  sujet, 
qui  remporta  le  prix  de  l'aca- 
démie de  Bordeaux  en  1722. 
V.  Opuscules  sur  la  contagion  de 
Marseille ,  2  vol.  in- 12.  Il  mou- 
rut en  1762. 

I.  PETERS,  (  Bonaventnre  ) 
né  à  Anvers  en  1614,  mort  en 
i652  ,  peignit  les  mannes  avec 
la  plus  grande  vérité. 

PÉTHION    DE  VïLtfiiVKUVB, 

(Jérôme  )  né  à  Chartres  oii  il 
suivit  quelque  temps  la  profession 
d'avocat ,  fut  député  de  cette  ville 
à  l'assemblée  Constituante  et  y  - 
devint  l'im  des  plus  «rdens  mo- 
teurs des  changemens  politique» 
qui  's'y  opérèrent.  II  parla  sur 
un  grand  nombre  de  sujets ,  et 
entr'autres  sur  les  biens  du  clergé, 
la  permanence  du  corps  législatif, 
l'organisation  des  jurés.  Il  pro- 
posa de  supprimer  de  la  formnlc 
des  titres  du  monarque,  ces  mots: 
Par  la  grâce  de  Dieu  ;  il  s'oî>- 
posa  à  ce  que  la  justice  se  rendît 
au  nom  du  roi  et  à  ce  qn'on 
laissât  à  ce  dernier  le  droit  de 
déclarer  la  paix  ott  la  ^"^rre. 

Homm 


r^ 


Sbiâmë  après  la  sessioil  iftairé 
^  Paris  9  il  y  excita  un  tel  en- 
thousiasme que  dans  certaines 
crises  il  eût  été  dangereux  de 
tie  pas  crier  dans  les  lieax  publics 
Viye  Péthion.  hé  20  juin ,  il  ne 
resta  pas  sans  activité  s  et  il  se 
vanta  dans  une  lettre  publiée 
dans  les  journaux,  qnil  a'avoU 
paspett  contribué  à  amener  le  10 
oodt.  Ce  fut  sous  son  adminis» 
iration  municipale  que  le  mas* 
sacre  des  prisons  fiit  organisé.  Il 
commença  le  2  septembre  1792 , 
à  deajc  heures  après  midi ,  et  dura 
tfois  jdurs.  Tandis  (fue  trente 
lourreaux  ropéroiént  en  faisant 
bonkr  ie  sailg  goutte  à  goutté 
tt  en  immolant  les  victimes  Tune 
kprès  l'autre  ^  Péthioii  qui ,  d'un 
«ni  mot  aiiroit  pu  requérir  le 
^ours    de    la  gardé  natiotialé 

rur  disperser  lès  assassins  ,  né 
prononça  pas.  Bientôt  après ,  le 
loaire  sollicita  la  déchéance  dé 
louis  XVI  i  et  étant  parvenu 
À  la  Convention  9  il  cOnttibuà  à 
la  faire  prononcer  et  à  l'envoyer 
lil'échafimd.  Les  idoles  du  peuple 
tie  sont  pas  long-temps  adorées  ! 
féthlon  l'éprouva.  Sa  lutte  avdc 
Robespierre  lui  devint  fatale.  Mis 
Iiors  de  la  loi  après  Je  3i  mai 
1)93 ,  il  fut  obligé  de  prendre 
U  fuite  ,  et  périt  de  misère  et  de 
fiim  dans  liri  thampi  coiiVert  dé 
Mé  aux  environs  de  St-Êmition 
«ans  le  dépafteriient  dts^  la  Gi— 
ftnde.  Sdn  corps  fut  trodvé  à 
lAoitié  dévote  paf  les  oiseau^^  de 
proie.  Les  aniis  de  Pélhioti  l'ont 
ï^présenté  comme  un  homme 
<ib]igeànt,  d'une  sévère  pfôbité 
^  plelii  de  franchise.  Ils  ont 
loué  en  lui  le  courage  ddns  les 
citations  9  la  fermeté  de  ses  prin-^ 
cipes,  la  pureté  de  ses  mœurs. 
D'autres  au  oontraire  l'ont  peint 
l¥ec  plus  de  Vérité  comme  ml 
imbitieux  à  conception  médio-i 

SvPPLi  tonii  ///« 


P^  fe  T        lô^ 

ciré  7  toftime  un  homme  adroit  à 
ménageant  tous  les  partis  e» 
cherchant  à  caresser  le  peuplé 
povr  renverser  toute  autorité  | 
cachant  sous  un  extérieur  bien-» 
veillant  et  Une  figure  agréa bld 
ef  douce ,  une  ame  froide ,  pusil«^ 
lanime  et  dès-lôrs  facile  à  con-4 
dnire  à  lu  cruauté.  —^Pétkioft 
avoit  une  diction  verbeuse  et 
prolixe  ,  de  la  facilité  dans  set 
discours  ^  mais  sans  chaleur  ni 
éloquence»  Il  prit  trop  souvent 
son  insensibilité  pour  du  cou-i* 
rage,  ek  se  crut  de  bonne  foi 
siipérienr  à  Aristide  dont  on  lui 
donna  le  surnom.  On  a  publié 
ses  Œuvres  en  1793  ,  4  vol.  in-8.* 
Elles  renferment  des  Opiiscules 
politiques  écrits  avant  là  révo<d 
intion  ,  ses  Discours  comme  dé-* 
puté  et  ses  Comptes  rendus  cùmmé 
niairei 

VL  ?Etlt  j  (Ànt<*ine)  nié^ 
dëcin,  membre  de  l'académie  de« 
Sciences,  étoit  d'Orléans.  Peu 
d'hommes  obtinrent  autant  que 
iiii  là  confiance  publique ,  et  il 
là  mérita.  vSes  silccès  furent  nom-. 
breu±.  Ennemi  des  médicamens  et 
des  mélanges  pHarmàcéiitiques  4 
il  s'attaèhoit  au  seul  remède  qu'il 
croyoit  propre  à  là  nraladie  j 
l'habitude  d'obsel-ver  rendoit  ses 
.  pronostics  sûrs  ,  et  il  désignoit 
souvent  la  veniie  des  crises  et 
\é  jour  fixe  de  la  cessation  du  mal. 
Après  avoir  employé  l'extrait  de 
ciguë  ,  si  recommandé  prir  Stork 
pbiir  la  cUre  du  cancer,  il  annonça 
rinsufEsance  de  cette  plante,  "il 
crut  d'abord  que  celle  qui  crois— 
soit  en  France  pouvoit  être  moina 
efficace  que  celle  des  environs  dd 
Vienne  5  il  en  derfianda  J'extraifi 
à  Stork  ,  et  il  à  avoué  ensuite 
^u'il  ne  lui  avoit  pal  réussi  davah-* 
tage.  On  doit  à  Petit  :  h  Ana^ 
tomiê  chirurgicale  ^  175^,  2  yçfhi 

o 


tto        PET 

in- 12.  IL  Discours  sur  Id  Chi» 
wB^riçie  ,  1767  9  m-4.**  m.  Pièces 
relatives  anx  nai«9ances  tardives, 
1766  ,  in- 8.0  IV.  Rapport  en 
ilfevour  de  l'inoculation,  (7^69 
in- 8.®  V.  Consaltaliùnt  médico^ 
légales  ,  1767  ,  in- 12.  VI;  Projet 
de  Réforme  sur  l'exercice  de  la 
Médecine  en  France  ,  in— 8.**  Ce 
célèbre  praticien  quitta  Paris 
difcns  ses  dernier»  jours  pour  venir 
mourir  à  Olivet  près  d'Orlénns  , 
le  21  octobre  1794)  «  l'âge  de 
71  ans. 

II.  PETÏTOT  ,  (  Simon  )  né 
à  Dijon  en  1682  ,  se  distinjiua 
par  SQS  connoissnnces  dans  l'ar- 
chitecture hidraulique.  11  éleva 
à  Lyon  l'eau  du  Rhône  par  une 
machine  de  son  invention  ,  et 
fournit  par  ce  moyen  de  l'eau  aux 
fontaines  qui  décoroient  Belle- 
cour.  En  1736  ,  DangerviUiers 
rappela  à  Paris  pour  y  construire 
le  puits  des  Invalides  devenu  un 
objet  de  curiosité.  J)n  1740, 
Petitot  construisit  au  Pont-aux- 
Choux  ,  un  puits  inépuisable  et 
deux  machines  pour  remplir  le 
.  réservoir  du  grand  égout.  Le  roi 
vint  visiter  ses  travaux.  Petilot 
lit  adapter  des  ressorts  aux  dili- 
gences de  Paris  à  Lyon  ,  et  fit 
construire  à  Toulon  une  machine 
propre  à  amener  de  l'eau  douce 
sur  le  port  pour  |e  service  des 
vaisseaux.  En  1746  9  il  proposa 
d'élever  trois  cents  pouces  d'eau 
de  la  Seine  à  la  place  de  l'Estra- 
pade ,  pour  la  distribuer  ensuite 
dans  tousles  quartiers.  Cethomme 
ingénieux  mourut  à  Montpellier 
le  6  septembre  1746  ,  comme  il 
alloit  aux  eaux  de  fialaruc  pour 
se  guérir  d'une  paralysie. 

PETIT  Y  ,  (  Jean  -  Raymond 
de  )  s'est  fait  connoître  par  les 
Panégyriques  de  St*  Jean  Népo-' 
inucùfi^  «t  de  Stu  Adilaïdie  i  efr 


PET 

par  divers  Recueil*  qui  ne  sont 
point  sans  intérêt  ni  sans  utilité. 
Les  principaux  sont  :  I.  Etrennes 
FrUirtfoises ,  ij6S  et  1769  ,  in-4.** 
II.  Bibliolkèque  des  Artistes  et 
des  Amateurs,  1766  ,  trois  voU 
in-*-4.<»  Cet  ouvrage  a  été  réim- 
primé spus  le  titré  de  Manuel  des 
Artistes ,  4  vol.  in- 1 2.  lll.  Ency- 
clopédie éfémffitaire  ou  IntrO" 
duction  à  l'étude  des  Sciences  et 
des  Arts  ,  1767  , 3  vol.  in-4.*'  Ce 
compilateur  laborieux  est  mort 
depuis  quelques  années. 

LPÉTRONFLLE,  (SMnte) 
vierge  et  martyre ,  a  passé  ,  mais 
sans  fondement ,  pour  la  fille  de 
St,  Pierce.  Elle  est  Tobjet  du 
plus  beau  tableau  quon  ait  du 
Guerchia  ,1e  plus  hardi  des  colo- 
ristes, et  Tun  des  peintres  les  plus 
habiles  dans  l'art  d'ordonner  se» 
compositions.  La  Sainte  va  être 
descendue  dans  Je  tombeau.  Elle 
est  revêtue  de  ses  habits  de  fête 
et  a  la  tête  couronnée  de  fleurs. 
Deux  hommes  la  descendent  dam 
la  fosse  d'où  les  mains  d'un  troi- 
sième s'avancent  pour  la  recevoir. 
Le  Muséum  de  Paris  possède  ce 
tableau.  Voyez  GcjBKCHm. 

IL  PÉTROTSÎLLE  ,  infante 
d'Aragon  ,  succéda  à  son  père 
Ramir  II  dans  le  gouvernement 
de  ce  royaume.  Courageuse  et 
amie  de  la  justice  ,  elle  rendit 
ses  sujets  heureux.  Mariée  kBfli-' 
mond  Bérenger  comte  de  Bar- 
celone y .  elle  ne  lui  permit  de 
prendre  que  le  titre  de  prince 
d'Aragon  ,  et  continua  à  gouver- 
ner par  elle-même*  Elle  mourut 
au  mois  d'octobre  1137. 

»  PEYRAT ,  (  Guillaume  du  ) 
d'abord  substitut  du  procnreuc 
général ,  ensuite  prêtre  et  tré- 
sorier de  la  Sa  in  te- Chape! le  de 
Vinc«nnes,  mourut  en  1645.  Ofl 


j 


t>Ê  Y 

â  ie  lui  :  I.  U Histoire  de  îd  Chd-^ 
pelle  de  nos  liois  ,  T64S  ^  in- fol. 
Elle  a  été  continuée  par  Louis 
d'Apchon,  II.  Des  Essais  Poé^ 
tiques,  1 633,  in- 12;  beaucoup 
moins  estimés  que  l'ouvrage  pré- 
cédent qui  est  savant  et  curieux. 
On  lui  attribue  encore  un  Traité 
«nr  l'origine  des  Cardinaux  ,  un 
autre  sur  les  Légats  à  latere  , 
tin  Discours  sur  la  vie  et  la  mort 
û'Henri  IV ,  suivi  d'un  recueil 
de  trente-sept  oraisons  funèbres 
de  ce  monarque.  Ce  fut  l'un 
des  ancêtres  de  du,  Pcyrat  qui 
eut  la  barbarie  ,  pour  plaire  à 
Charles  IX  y  d'apporter  à  Lyon 
l'ordre  du  massacre  '  de  la  Saint- 
Barthélemi» 

PEVRAUD  de  Braussol  ^ 
(N**)   maître  de  géogjraphie  à 
Paris ,  prit  la  fantaisie  de  devenir 
auteur  dramatique,  et  fit  impri- 
mer une  tragédie  de  Stratonice , 
n'ayant  pu  la  faire  jouer,  quoique 
d'année  en  année  il  en  changeât 
le  nom.  Il  fut  plus  heureux  en 
1775;  cette  pièce  appelée  alors 
les  Arsacides  ,  étoit  en  six  actes* 
Aucun   des  spectateurs  ,   après 
l'avoir  vue  ,  n'en  put  expliquer 
le  sujet  ni  le  J)lan.   «  C'est ,   dit 
hh  journaliste,  une  déraison  éter- 
nelle ;  aussi  le  parterre  n'a  ja- 
mais tant  ri  à  aucune  tragédie; 
et  cela    est  vrai  de* plus  d'une 
manière ,  car  il  y  avoit  un^  acte 
de  plus  à  huer.  »    Le   mot  de 
Madame  revenoit  au  moins  mille 
fois  dans  l'ouvrage,  et  chaque  fois 
qu*on  le  prononçoit  11  excitoit 
Une  risée.    Peyraud   ne  se  tint 
pas  pour  battu  ;  il  força  les  comé- 
diens à  la  représenter  une  seconde 
fois  :  elle  fit  foule  ;  et  tout  Paris 
y  courut  pour  rire   à  son.  aise 
sans  y  rien  comprendre.  L'auteur 
enchanté,  s'écrioit  souvent  :   Tu 
a  grand,  Corueille  i  mais  je  n# 


P  Ë  Y       lit 

tè  àtains  pas.  Il  est  mort  quelques 
années  après  la  représentation  dii 
SA  pièce. 

IL  PEYRE  ,  (  Marie^Joseph  ) 
né  à  Paris  en  1780,  étudia  ave^ 
succès  les  mathématiques   et  s« 
livra  ensuite  tout  entier  à  l'ar^ 
chitecture.  Après  avoir  remporté 
à  rage  de  20  ans  le  premier  prix 
de  l'académie  pour  un  projet  de 
construction  d'une  fontaine  pu-r 
blique  ,  il  partit  pour  l'Italie  où 
il  forma  son  goût  par  l'étude  des 
beaux    monumens    quelle  ren- 
ferme. A  sou  retour,  il  fut  nomn^é 
successivement  membre  de  l'acar- 
démie  d'architecture,  architecte 
du  roi  et  inspecteur  des  bâtimous 
de  Choisi.  Il  est  mort  en  1785, 
regretté  -  pour   sa  bonté   autai^t 
que  poui*  ses  talers.  Ses  Œuvres 
ont  été  réunies  en  1765^  in-folio. 
Elles   offrent    divers   projets  de 
construction    d'après    |'antique  , 
et  un  savant  discours  sur  les  dis- 
tributions deè  anciens  comparées 
aux  nôtres  ,  et  sur  leur  manière 
d'employer  les  colonnes.  Son  fils 
qui  suit  la  même  carrière  que 
son  père  ,  a  fait  réimprimer  les 
œuvres  de  celui --ci   en   175  S, 
grand  in  «^^  folio. 

♦  L  PEYSSONNEL ,  (Charles  ) 
né  à  Marseille  le  17  décembre 
1700  ,  sut  allier  le  commerce 
avec  l'érudition. En  1785, le  mar* 
quis  de  Villeneuve  ambassadeur 
à  Constantinople  ,  le  demanda 
pour  secrétaire  d'ambassade  ,  et 
il  travailla  avec  lui  à  arrêter  ]o» 
articles  de  la  paix  de  Belgrade. 
Il  parcourut  ensuite  toutes  les 
cotes  de  l'Asie  mineure  pour  y 
recueillir  des  médailles  et  recon- 
noitre  les  anciennes  positions 
géographiques  depuis  l'embou- 
chure du  Méandre  jusqu'a^i  polphe 
de  Satalie.  Nommé  quelque  temps 
après  à  la  place  importante  é% 

o  » 


lit 


P  E  Y 


consul  à  Smyrne  ,  il  I9  remplit 
avec  beaucoup  de  dééinté ressè- 
ment et  à  l'avantage  des  com-i 
merçans.  Ses  connoissances  dans 
les  antiquités  kii  ouvrirent  les 
portes  de  l'académie  des  Inscrip- 
tions. Les  Mémoires  qu'il  pré- 
senta à  cette  savante  société  , 
et  en  particulier  sa  Dissertation 
sur  les  Rois  du""  Bosphore  ,  prou- 
vent combien  il  étoit  digne  d'y 
être  abrégé.  On  lui  doit  encore 
un  éloge  du  maréchal  de  VilLars , 
une  dissertation  sur  le  corail ,  et 
quelques  autres  ouvrages  sur  le 
commerce.  Il  mourut  en- 1767  9 
à  69  ans. 

n.  PEYSSONNEL ,  (N**  )  fils 
du  précédent,  suivit  ses  traces, 
et  devint  comme  lui  consul  à 
Smyrne  et  associé-correspondaut 
de  l'académie  des  Belles-Lettres. 
Ses  ouvrages  sont  curieux  et  pi- 
quans  par  le  style;  il  y  unit  l'es- 
prit à  l'érudition.  On  lui  doit  : 
I.  Observations  historiques  sur  les 
peuples  barbares  qui  ont  habité 
les  bords  du  Danube  et  du  Pont- 
Euxin,  1760,  in-4.**  II.  Observa- 
tions sur  les  Mémoires  du  baron 
de  Tott,  1785  ,  in-8.0  IIL  Les 
if  amer  os ,  4  vol.  in- 12.  Cet  ou- 
vrage agréable  a  eu  plusieurs 
éditions.  IV.  Traité  sur  le  com- 
merce de  la  mer  Noire ,  1787  , 
deux  voL  in-8.0  V.  Etcamen  des 
considérations  sur  la  guerre  des 
Turcs,  par  Volney,  1788  ,  in-8.<» 
iVI.  Situation  politique  de  la 
France,  .1789  ,  deux  vol.  in-8.** 
VIL  Discours  sur  l'alliance  de  la 
France  avec  les  Suisses  et  les 
Grisons,  1790,  in^8.**  L'a<uteur 
mourut  à  l'âge  de  80  ans-'  dans 
l'année  de  la  publication  de  ce 
dernier  ouvrage. 

*  PEZAY  ,  (N**  Masson, 
marquis  de  )  fils  d'un  premier 
^omnàii  d«s  finaocds^  naquit  prèi 


p  E  z 

de  Blois.  Il  s'attacha  dabord  k 
la  littérature^  et  entra  ensuite 
dans  le  service.  Sa  sœur ,  Mad.  de 
Casini ,  qui  par  sa  figure  et  soa 
esprit  s'étoit  fait  des  amis  puis- 
sans ,  contribua  beaucoup  à  sa 
fortune.  Il  devint  capitaine  de 
dragons ,  et  !1  eut  l'avantage  de 
donner  des  leçons  de  tactique  à 
Louis  XVL  Nommé  inspecteur 
général  des  Gardes-côtes  ,  il  se 
transporta  dans  les  villes  mari- 
times, et  remplit  sa  commission 
avec  plus  de  soin  qu'on  n'auroit 
dii  l'attendre  d'un  élève  des  Muses. 
Mais  comme  il  étala  en  même 
temps  trop  de  hauteur  contre  le» 
subalternes ,  et  même  contre  le» 
intendans  ^  il  y  eut  des  plaintes 
portées  à  la  cour ,  et  il  fut  exilé 
dans  sa  terre  ,  où  il  mourut  peu 
de  temps  après  le  6  décembre 
1777.  Il  étoit  lié  avec  Dor^t , 
et  il  en  a  étudié  et  saisi  la  ma- 
nière ;  mais  sa  muse  inférieure 
pour  l'abondance  et  la  facilité  k 
celle  de  son  modèle  ,  a  plus  d» 
finesse  et  est  moins  déparée  par 
le  jargon  des  ruelles.  Il  a  doimé 
quelques  Poésies  agréables  dans 
le  genre  erotique  ;  telles  qae 
Zélis  au  hitin ,  poëme  d'abord 
en  quatre  chants,  puis  en  six; 
une  Lettre  d'Ovide  à  Julie ,  et 
quantité  de  Pièces  fugitives  ré- 
pandues dans  les  Almaitaehs  des 
Muses  ,  dont  les  agrémens  font 
pardonner  les  négligences  ;  mai» 
il  en  est  resté  beaucoup  d'autrM 
dans  son  porte  —  feuille.  Nou* 
avons  encore  de  lui  :  L  Une 
Traduction  de  Catulle,  TibulU 
et  Gallus  ,  deux  vol.  in- 80  et 
in- 12  ,  peu  estimée,  et  où  les 
notes  sont  ridicules.  II.  Les  So^ 
rées  Helvétiennes  ,  Alsaciennes  et 
Franc-Comtoises  ,  iïï'S^  ^  >77^' 
ouvrage  agréablement  diversifié, 
plein  de  tableaux  intéressant  ; 
m&is  écrit  av«c  trop  peu  de  cor« 


k. 


PE  Z 

reetioB»  ÏSL  Les  Soirées  PrôPen^ 
fales ,  en  manuscrit ,  qui  ne  sont 
pas  ,  dit -on  ^  inférieurè's  aux 
précédentes.  IV.  La  Rosière  de 
Salency ,  pastorale  en  trois  actes, 
qui  n  eu  du  succès  au  théâtre 
des  Italiens*  V.  Adieux  à  la  Pro- 
vence. "VI.  Essai  sur  les  charmes 
de  la  solitude.  VII.  Les  Campa- 
gnes de  Maillebois  ,  en  1745  et 
1746  ,  en  3  vol.  in-4®  ,  et  un 
vol.  de  cartes,  publiés  en  1775. 
Ces  cartes  peuvent  être  consul- 
tées utilement  par  les  militaires. 
Le  premier  volume  contient  une 
traduction  ampoulée  de  l'histoire 
de  la  guerre  d'Italie  par  Bona-^ 
nùci  écrivain  élégant  et  véridi— 
qne ,  que  son  traducteur  injurie 
sans  cesse  dans  des  notes  inexartcs 
tt  où  il  pnroit  posséder  mal  la 
langue  qu'il  traduit.  «  Pezay  , 
dit  un  critique  sévère  ^  n'étoit 
.pas  sans  esprit  ;  il  avoit  même 
de  la  facilité  à  se  plier  à  pîu- 
iiours  objets  et  de  l'activité  pour 
les  suivre  ;  mais  Vamour  propre 
le  plus  fou  gâta  tout  en  lui.  Il 
fut  un  exemple  frappant  du 
danger  des  prétentions.  Il  n*étoit 
pas  gentilkomme  ,  et  il  se  fit 
appeler  Marquis  ;  il  ne  savoit  pas 
la  syntaxe  ,  et  il  a  ^crit  des  vo- 
lâmes ;  il  ne  savoit  pas  le  latin  , 
«t  il  Ta  traduit  ;  il  étoit  né  pour 
avoir  de  l'agrément ,  et  il  déplut 
dans  le  monde  par  un  excès  d'af- 
fectation; il  se  trouvoit  à  82  ans 
employé  dans  l'état  major  avec  le 
brevet  de  colonel ,  et  il  se  plai- 
gnoit  sans  cesse  de  ce  qu'on  ne 
faisoit  rien  pour  lui.  »  On  a  pu- 
blié en  1792  les  Œuvres  poétiques 
et  morales  de  Pezay  ,  deux  vol. 
iiï-i2.  Voyez  Maillebois. 

*PEZENAS, (Esprit)  jésuite, 
né  le  28  novembre  1691 ,  mort 
i  Avignon  sa  patrie  le  4  février 
'776  î  professa  long~t«nps  la 


P  E  Z         II) 

physique  etThydrograpliie  à  Mar-i 
seille.  Il  exerça  cet  emploi  avec 
succès  jusqu'en  1749  que  les  ga<^ 
1ères  furent  transférées  à  Toulon* 
L'astronomie  fut  alors  son  étude 
faviorite.  Après  la  dissolution  de 
sa  société ,  il  se  retira  à  Avignon  ^ 
oii  son  honnêteté  et  sa  douceur 
le  firent  autant  aimer  que  ses 
connois^ances  variées  le  faisoient 
estimer.  Ses  nombreux  ouvrages 
sont  :  I.  Etémens  du  Pilotage , 
1754,  in-8.<»  II.  Tra-té  des 
Fluxions  ,  traduit  de  Maclaurin  , 
*749  9  *  vol.  in— 4."  III.  Pra-^ 
tique  du  Pilotage ,  1749  ,  in-8.» 

IV.  Théorie  et  pratique  du  Jau-» 
geage  des  tonneaux  ,  1 778  ,in-8.* 

V.  Etémens  d'Algèbre  ,  traduits 
de   Maclaurin ,    1780,  in-8.* 

VI.  Cours  de  Physique  expérûm 
mentale  ,  traduit  de  DésaguHers  ; 
1751  ,  1  vol.  in-4.**  VlhTraUé 
du  Microscope  ,tr&di\it  de  Baker, 
I754,in-i2.  VIII.  Dictionnaire 
des  Arts  et  des  Sciences ,  traduit 
de  l'anglois  de  Dyche ,  1766^ 
2  vol.  in-4.^  Ce  livre  réussit  peu, 
parce  que  l'abbé  Prévôt  public 
son  Manuel  Lexique ,  où  il  avoit 
profité  de  ce  que  l'auteur  An-^ 
glois  avoit  de  meilleur.  IX.  La 
Guide  des  jeunes  Mathématiciens^ 
traduit  de  l'anglois  de  Word  ,• 
1767,  in-8.°  X.  Cours  complet 
d*Optique ,  traduit  de  l'anglois 
de  Smith  ,  1767  j  »  vol.  in-4.^ 
XI.  Mémoires  de  Mathématiques 
et  de  Physique,  rédigés  à  l'obsern 
vatoire  de  Marseille  avec  Mes-^ 
sieurs  Blanchard  et  la  Grange  j 
1755  et  années  suivantes.  XII.  Il 
fit  imprimer  à  Avignon  en  1770,  ' 
les  Tables  de  Gar dîner ,  et  y  mit 
beaucoup  d'exactitude.  Les  tra- 
ductions et  les  autres  ouvragea 
du  Père  Pezenas  ,  décèlent  ui» 
auteur  qui  avoit  de  la  netteté 
dans  les  idées  et  de  la  clarté  dan^ 
le  style.  * 

o  j 


M4         P  F  E 

II.  PFEFFEL,  (Christian- 
Frédéric)  né  a  Colmar  le  3  oc- 
tobre 17-26  ,  s'attacha  à  l'étude 
de  la  diplomatie  et  devint  pro- 
fesseur de  droit  public  à  l'uni- 
yersité  de  Strasbourg  ;  il  est  mort 
pendant  la  révolution.  Ses  écrits 
sont  nombreux  et  savans  ;  il  a 
approfondi  tout  ce  qu'il  a  traité. 
On  lui  doit  :  I.  Abrégé  chrono-' 
logique  du  droit  puiUc  d'Aile^ 
magne.  Cet  ouvrage  a  eu  plu- 
sieurs éditions  ;  la  dernière  est 
de  1767  ,  2  vol.  in- 12.  II.  Mé-^ 
moires  sur  le  Gouvernement  de 
la  Pologne  ,  1769,  in-douze, 
III.  Monumenta  Boïca  ,  17689 
10  vol.  in-4.*  C'est  le  recueil  des 
Chartres  de  la  Bavière  ,  extraites 
dfe  tous  les  monastères  de  cette 
contrée.  L'auteur  s'est  occupé 
principalement  à  en  éclaircir 
i*histoire  par  divers  mémoires 
fur  l'origine  de  ses  hefs  ,  ses  li- 
mites dans  les  fO^  et  11*  siècles  ^ 
et  les  sceaux  des  anciens  dqçs  de 
Bavière ,  etc,  ^ 

III.  PHÈDRE,  (Thomas) 
lancine  de  Saint-Jean  de  La— 
tran  et  professeur  d'éloquence  à 
Rome ,  mort  d'une  chute  vers  la 
fin  du  1 6*  siècle.  On  lui  attribue 
le  fragment  des  Antiquités  Etrus* 
^Ues  de  Prosper ,  auteur  du  temps 
de  Cicéron ,  prétendu  trouvé  à 
Volterre  pt^r  In  ghiramius  ^FranC' 
fort ,  1687  ,  in- fol.  ^  nom  de 
*  Phèdre  lui  fut  donné  parce  qu'il 
?voit  joué  avec  succès  ce  rôle  dans 
XHippolyte  de  Sénèque, 

II.  PHELIPE  AUX ,  (  Pierre  ) 

né  H  Fénières,  fut  député  du  dé- 
partement de  la  Sarthe  à  la  Con- 
vention nationale ,  s'y  montra  un 
des  plus  urdens  ennemis  de  la 
monarchie ,  et  j  proposa  la  créa- 
tion d'un  tribunal  révolution- 
Mire  sans  jurés.  Envoyé  en  mis- 
•lion  Hms  >a  Vendée  ^  il  s'adoucit 


PHI 

tout-à-coup  à  la  vue  des  cmautét- 
dont  cette  contrée  étoit  le  théà-» 
tre.  Il  dénonça  les  généraux  qui 
y  commandoient  ,  et  même  le 
comité  de  salut  public.  Arrêté 
comme  conspirateur ,  défenseur 
de  Roland  et  calomniateur  de 
Marat,  il  fut  condamné  à  mort 
le  5  avril  1793,  et  la  subit  avec 
courage.  On  a  publié  la  lettre 
qu'il  écrivit  à  sa  femme  dans  set 
derniers  momens.  Lors  de  son  in-t 
terrogatoire ,  l'accusateur  public 
Fouquier-Tinxfille  ayant  mêlé  à 
son  ordinaire  l'ironie  à  ses  inter^ 
pellations,  «  Il  vous  est  permis, 
lui  dit  Phelipeaux ,  de  me  faire 
périr  ^  mais  m'outrager  !...  je  vous 
le  défends.  »  On  a  imprimé  ses 
Mémoires  historiques  sur  la  guerre 
delà  Vendée,  1793,  in-8.0 

PHIDON  fut,  suivant  PoZ- 
lux ,  Strabon  et  Sperling ,  le  pre- 
mier qui  introduisit  en  Grèce 
l'usage  de  marquer  la  monnoie« 
On  a  trouvé'  quelques  pièces  an- 
ciennes ,  sur  lesquelles  on  voit 
d'un  côté  un  bouclier  ,  et  de  l'an* 
tre  la  figure  d'une  petite  cruche 
et  d'une  grappe  de  raisin  :  l'exer- 
gue porte  le  nom  de  Phidnn,  PIu-k 
tarque  attribue  à  Thésée  l'inven- 
tion de  l'empreinte  des  monnoies 
grecques. 

PHILlDOa,  (N.)  fiit  l'un  des 
plus  agréables  et  des  phis  féconds 
musiciens  François.  Ses  Opéra 
offrent  le  point  de  transition  de 
l'ancienne  musique  de  Campra 
et  de  Rameau  a  la  musique  ita- 
lienne qui  règne  sur  notre  scène. 
Savant  compositeur  9  son  harmo- 
nie est  expressive  ,  travaillée  : 
mais  le  chant  manque  souvent 
d'intérêt  et  de  mélodie.  En  gé-f 
néral  le  talent  de  cet  artiste ,  su- 
périeur dans  les  Opéra  bouffons, 
n'a  pu  se  soutenir  aussi  bien  dans 
le  gei^re  lyrique  et  le  grand  opéra^ 


P  H  l 

^^i7iWorpassoitpQnr  un  éniditeH 
musique,  mais  sans  esprit;  aussi 
Laborde  son  admirateur  l'enten- 
dant un  jour  dans  un  repas  dire 
beaucoup  de  trivialités,  se  tira 
de  l'embarras  ou  il  le  mettoit  en 
«'écriant  :  Voyez-VQus  cet  homme- 
là?^  il  na  pas  le  sens  c^Tinun  ; 
c'est  tout  génie.    Ce   musicien  ^ 
grand  calculateur ,  fut  le  premier 
joueur  d'échecs   de  l'Europe.  Il 
conserva    jusqu'au  dernier  mo- 
ment la  justesse  de  soq  jugement  ; 
quoique  aveugle ,  il  fit ,  un  moii 
«vant  de  mourir  et  à  Fàge  de  80 
ans,  deux    parties   d'échecs  à  la 
fois,  contre   d'habiles   joueurs, 
et  les  gagna.  PkLtldor  est  mort  à 
Londres  le   3o  août   17^ S.  Son 
égalité   d'humeur  ,   sa    probité  ^ 
son    extrême     désintéressement 
malgré  la  modicité  de  sa  fortune  , 
le  firent  aimer.  Ceux  de  ses  Opéra 
qui  réussirent  le  mieux  au  théâ- 
tre Italien,  furent  le  Maréchal 
Terrant ,    Tom  -  Jones ,  le   B«- 
cheron  ,    le   Sorcier,    Sancho-' 
Ponça  ,  les  Femmes  {Vengées ,  le 
Soldat  JMagicien  et  Biaise  le  Sa- 
vetier. Ses  autres  productions  sur 
le  même  théâtre  furent  Zéuiire 
et  Mélide ,  comédie  en  deux  ac- 
tes ,  paroles  dîAnseaume  ;  le  Qui- 
prnquo ,  la   IStoiu/elle  Eole  des 
femmes  ,  \ Amitié  au  village ,  le 
Bon  Fils  ,  V Huître  et  les  Plai^ 
deiirs ,  ]e  Jardinier  de  Sidon,  le 
Jardinier   supposé,  le  Jardinier 
et  son  Seigneur.  Il  a  donné  au 
grand  Opéra  :  I.  Bélisaire  ,  en  3 
actes ,  paroles  àtBertin,  lï.  Thé» 
^nistoclc  ,    paroK'S    de    MoreL 
^^.Tersée,  poëme  de  QuinauU, 
i^éduit   en   trois  actes  par  Mar- 
liiontel.    On   y    applaudit  deux 
chœurs   très-animés  et  le  mor- 
ceau de  JMéduse  ;  Jai  perdu  la 
beauté  qui  tne   rendait  si  value  : 
c'est  un  chef-d'ocuvre  d  harmonie» 
Ï4^«i  aijirçs  airs  soAt  biea  inf<;- 


PHI  AI) 

riturs  k  te]in-\k»}X.Enielinde» 
paroles  de  Poùisinct.  La  musique 
de  cet  Opéra  commença  la  répu- 
tation de  Philidor.  £lle  est  sou* 
vent  dure  et  trop  bruyante ,  mai« 
un  monologue  en  récitatif  obligé  ^ 
le  beau  chœur  Jurons  sur  ces 
glaives  sanglans  ,  et  l'air  Né 
dans  un  camp  parmi  les  armes  , 
excitèrent  un  juste  enthousiasma 
et  su/hroient  pour  mériter  la  cé- 
lébrité. Le  même  auteur  a  mis  ea 
musique  le  poëme  séculaire  d'ifo- 
race  qui  obtint  le  plus  grand 
succès  à  Paris  et  à  Londres ,  sur- 
tout lorsqu'on  entendit  l'effet  de» 
strophes  ^  Aime  sol  et  Cuique  vos 
bonus. 

*  IL  PHILIPPE-BENITI  ou 
Bbnizzi  ,  (  Saint  )  cinquième  gé- 
néral des  Sarvitcs,  [  ou  Serviteurs 
de  la  S  te.  Vierge  ]  et  non  fonda- 
teur de  ces  religieux  comme  quel- 
ques-uns l'ont   dit ,  né  à    Flo- 
rence en  1 282  d'une  famille  no- 
ble, obtint  l'approbation  de  son 
ordre  dans  le   concile  général  de 
Lyon  en  1274  ,  et  mourut  à  Todi 
le  22  août  1284.  Léon  X\q  béa-    • 
tifia  en    1 5 16,  et  Clément  X  le 
mit  en  1671  dans  le  catalogue  des 
Saints.    Quelques     membres  de 
l'ordre  des  Servîtes  ne  croyant  pas 
que  ce  titre  répondît  asspz  à  leur 
aèle  ,  prirent  celui  â^' Esclaves  de 
la  Vierge.  Ils  portoient  aux  bras 
des  chaînes  ^  au  cou  des  colliers 
avec  des  médailles  qui  rej^résen- 
toient   les    confrères    enchaînés 
comme  âoi  captifs  de  ilfarif.  Mais 
TEglise  convaincue  ,  dit  Baillet , 
sur   l'autorité  de  St.  Augustin  , 
que  leVulte  de  servitude  n'est  d& 
qu'à  Dieu ,  n'approuva  point  cet 
excès  de  zèle....  Sa  Vie  a  été 
écrite  par  l'abbé  Malaxai. 

*  XIV.  PHILIPPE  II ,  ne  à 

Valla'lolid  le  21  mai    1627,  de 
Charles^  Qitint   et  àJsabclU    4|b 

o  4 


Iii6 


P  H  I 


Vortugal,  devint  roi  de  Waples 
et  de  Sicile  par  l'abdication  de 
«on  père  en  i554  ;  et  roi  d'An- 
gleterre le  même  jour,  par  son 
mariage  avec  la  reine  Marie,  Il 
monta  sur  le  trône  d'Espagne  )e 
17  janvier  i556  9  après  l'abdi- 
cation de  Charles  -  Quint,  Ce 
Ïjrince  «voit  fait  une  trêve  avec 
es  François  ;  son  fils  la  roippit, 
$' étant  ligué  avec  les  Anglois  ,  il 
vint  fondre  on  Picardie  avec  une 
armée  de  40^000  hommes.  Les 
François  furent  taillés  en  pièces 
à  la  bataille  de  Saint-Quentin  , 
le  10  août  1557.  Cette  ville  fut 
emportée  d'assaut  ,  et  le  jour 
qu'on  monta  à  la  brèche,  Phi- 
Ûppe  parut  armé  de  toutes  piè- 
ces pour  encourager  les  soldats. 
C'est  la  première  et  la  dernière 
fois  qu'on  le  vit  chargé -de  cet 
attirail  militaire.  On  dit  que  pen- 
dant la  bataille ,  Philippe  enten- 
dant le  si£9ement  des  balles ,  de- 
manda à  son  confesseur  ce  qu'il 
pensoit  de  cette  musique  :  Je  la 
trouve  très-désagréable ,  répondit 
celui-ci.  Et  moi  aussi ,  répliqua 
le  prince  ;  et  mon  père  était  un 
homme  bien  étrange  d'y  prendre 
tant  de  plaisir.  On  sait  que  sa 
terreur  fut  telle  pendant  le  com* 
bat ,  qu'il  fit  deux  vœux  ;  l'un  de 
ne  plus  se  trouver  désormais  à 
aucune  bataille  ;  et  l'autre  de  bâ- 
tir un  magnifique  Monastère  sous 
le  nom  de  Saint-Laurent  ^  à  qui 
il  attribuoit  le  succès  de  ses  ar- 
mes :  ce  qu'il  exécuta  à  l'Escurial 
jVillage  à  sept  lieues  de  Madrid. 
'Après  la  bataille ,  le  Duc  de  Sa- 
voie son  général  voulut  lui  baiser 
les  mains.  Philippe  l'en  empêcha 
en  disant  :  C'est  à  moi  4e  baiser 
les  vôtres  ,  dont  une  si  belle  vie-* 
toire  est  l'ouvrage  i  et   il  lui  fit 

F  résent  des  drapeaux  pris  pendant 
action.  La  prise  du  Catelet ,  de 

Ham  et  de  Noyon^  forçât  le& 


PHI 

9^\s  avantages  qu'on  tiiMi  ^tmé 
journée  qui  auroit  pu  perdre  la 
France.  Charles ^^  Quint  instruit 
d'une  telle  victoire ,  demanda  y 
dit-on,  à  celui  quiluien  apporta 
la  nouvelle  si  son  fils    était   à 
Paris  ?  et  sur  sa  réponse  il  tourna 
le  dos  sans  proférer  un  seul  zm>t« 
Le  duc  de  Guise  ayant  eu  le  temps 
de  rassembler  une  armée  9  répara 
la  honte  de  sa  patrie  par  la  pris» 
de  Calais  et  de  Thionville»  'Tan- 
di's  qu'il  rassuroit  les  François , 
Philippe  gagnoit  une   assez  im- 
portante bataille  contre  le  maré- 
chal de  Thermes  auprès  de  Gra-m 
vélines ,  sous  le  commandement 
du  comte  d'^Egmont  à  qui  il  fit 
depuis  trancher  la  tête.  Le  vain- 
queur ne  profita  pas   plus  de  la 
victoire  de  Gravelines  que  de  celJe 
de  Siint-Quentin  ;  mais  il  en  re- 
tira un   assez  grand  fruit  par  la 
paix  glorieuse  de  Cateau— Cam- 
Dresis  ,  le  chef-d'œuïre  de  sa  po- 
litique. Par  ce  traité  conclu  le  i3 
avril  1559,  ^^  g^n"^   1^^  places 
fortes  de  Thionville  ,   de   Ma- 
rienbourg  ,  'de  Montmédi  ,  de 
Hesdin,  et  le  comté  de  Charo- 
lois  en  pleme  souveraineté.  Cette 
guerre  si  terrible  et  si  cruelle  finit 
encore  comme  tant  d'autres,  par 
un   mariage.  Philippe  prit  pour 
troisième  femme  EUzaheth  fille 
de  Henri  II ,  qui  avoit  été  pro- 
mise à  Dom  Carlos,  Après  de  si 
glorieux  commencemens ,   Phi" 
Uppe  retourna  triomphant  en  Es- 
pagne ,  sans  avoir  tiré  l'épée.  Son 
premier  soin  en,  arrivant  à  Val- 
ladoUd ,  fut  de  demander  an  grand 
Inquisiteur  le  spectacle  d'un  AV" 
TO-DA-FÉ.   On   le    lui    accordi 
bientôt;  quarante  malheureux  » 
dont  quelques-uns  étoient  prê- 
tres ou  religieux ,  furent  étran- 
glés et  brûlés ,  et  l'an  d'eux  fut 
brûlé  vif.  Dom  Carlos  de  Seza 
«ne  de  ce»  infortuxiéea  victimes  1 


P  HI 

Iwa  s'approcher  du  roi  H  lui  dit  i 

Comment ,  Seigneur  ,   souffrez-^ 
vous  qu'on  brûle  tant  de  înalheu^ 
reux  ?  Pouvez-vous  être  témoin 
d'une  telle  barbarie  snnt  gémir  ? 
— x^i  mon  fils ,  répoTi(îit   froide- 
inentPbiiippe ,  éloil  suspect  d'hé* 
résie  ,  je  V abandonnerois   mo»- 
même  à  la  sévériti  de  VInqiUsi- 
tiott.  Mon  horreur  est  telle  pour 
pous  et  pour  vos  semblables ,  que 
«  J^on  nuinquoit  de  bourreau  j'en 
servirais  moi-même.  Ce  monar- 
que se  cfonduisoit  suivant  l'esprit 
qni  lui  avoit  dicté  cette  réponse. 
Dans  une  vallée  de  Piémout  voi- 
sine du  Milanez  ,*  il  y  avoit  quel- 
ques Hérétiques  :  le  gouverneur 
d^  Milan  eut  ordre  de  les  faire 
périr. tous  par  le  gibet.  Dans  la 
Calabre  quelques  cantons  avoient 
«issë  pém^trer  dans  leur  sein  les 
•pjnions   nouvelles;   il   ordonna 
^u'on  passât  les  novateurs  au  fil 
^  l'épée  y  et  qu'on  en  réservât 
'  soixante  ,   dont   trente    finirent 
;  feur  malheureuse  vie  par  la  corde, 
«t  trente  par   les   flammes.  Cet 
•sprit  de  cruauté  et  l'abus  de  son 
pouvoir,  affbiblirent  ce  pouvoir 
même.  Les  Flamands  ne  pouvant 
!  p|ns  porter  un  joug  si  dur,  se 
révoltèrent.  La  révolution  com- 
j  "^«nça  par  les  belles  et  grandes 
I  provinces  de  Terre-ferme ,  mais 
"  ny  eut  que  les  j^rovinces  mari- 
âmes qui  obtinrent  leurllbcrté. 
Elles  s'érigèrent  en  république , 
^«ous  le  titre  de  Provinces-Unies 
'fjiiSyg.  Philippe  envoya  le  duc 
^•^Ibe  pour  les  réduire ,  et  la 
i  •r^iauté  de  ce  général  ne  fit  qu'ai- 
Pir  l'esprit  des  rebelles.  Jamais 
•ïi  ne  combattit  de  part  et  d'au- 
^fe,  ni  avec  plus  décourage,  ni 
avec  plus  de   furour.  Les  Espa- 
i  l^olsausiégede  Htirlem,  ayant 
l«ïêdans  la  ville  ]a  tête  d'un  offi- 
cier Hoilandois  tué  dans  un  pefit 
Wmbat,  ceux-ci  leur  jetèrent 


P  H  I 


217 


onse  têtes  d'Espagnols  avec  cette 
inscription  :  Dix  têtes  pour  paie-^ 
ment  du  dixième  denier,  et   la 
onzième  pour  l'intérêt,   Harlem 
s*étant  rendu  à  discrétion ,    les 
vainqueurs  firent  pendre  tous  les 
magistrats  ,  tous  les  pasteurs  et 
plus  de  quinze  cents  citoyens.  Le 
duc  d'Albe  fut  enfin  rappelé  ;  ou 
envoya  à  sa  place  le  grand  corn*- 
mandeur  de  Requesens  ,  ét'^près 
sa  mort ,  Dom  Jean  d'Autriche  ; 
mais  aucun  de  ces  généraux  ne 
put  remettre  le  calme  dans   les 
Pays-  Bas.  A  ce  fils  de  Charles-» 
Quint  succéda  un  petit-fils  non 
moins  illustre  :  c'est  Alexandre 
Farnèse  duc  de  Parme  ,  le  plits 
grand  homme  de  son  temps  ;  mais 
il  ne  put  empêcher  ni  la  fonda- 
tion des  Prpvinces-Unies ,  ni  le 
progrès  de  cette  république ,  qui 
naquit  sous  ses  yeux.  Ce  fut  alors 
que  Philippe  toujours  tranquille 
en  Espagne  ,   au  lieu    de  venir 
réduire  les  rebelles  en  Flandre  , 
proscrivit  le  prince  ^Orange  et 
mit  sa  tète  à  25,000  écns.  Guil^ 
laume  supérieur  à  Philippe ,  dé- 
daigna d'employer  cette  espèce 
de  vengeance  9   et   n'attendit  sa 
sûreté  que  de  son  épéë.  Cepen-« 
dant  le  roi  d'Espagne  devenoit 
roi  de  Portugal,  état  sur  lequel 
il  avoit  des  droits  par  Isabelle  sa 
mère.  Le  duc  d'Albe  lui  soumit 
ce  royaume  en  trois  semaines  Fan 
i58o«  Antoine  prieur  de  Crato, 
proclamé  roi  par  la  populace  de 
Lisbonne  ,    osa  en    venir    aux 
mains  ;  mais  il  fut  vaincu  ,  pour- 
suivi, et  obligé  de  prendre   la 
fuite.  Un  lâche  assassinat  délivra 
Philippe  de  son  plus  implacable 
ennemi  :  BaUhasard  Gérard  t«a 
en  (584  d'un  coup  de  pistolet  le 
prince   à* Orange,  (   Voyez  Gé- 
rard, n.«>IV.  )  On  chargea  PA/- 
lippe  de  ce  crime  :  on  croit  que 
c'est  sans  raison;  mais* il  s'écria 


2lg 


P  H  f 


imprudemment    en      apprenant, 
cette  nouvelle  :  Si  le  couf}  eût  été 
fait  il  y  a  deux  ans  ,  la  Beligion 
Catholique  et  moi  y  aurions  beau- 
coup  gagné.  Ce   meurtre  ne  put 
rendre  les  sept  Provincesr Unies 
a   F/liUppe.     Cette     République 
déjà   puissante   sur  mer  ,   servit 
)'Anj.'leterre    contre    ce    prince. 
Philippe  nyant  résolu  de  troubler 
JEUzabeth ,  prépnra  en  i588  une 
flotte  nommée  \ Invincible*  Elle 
ronsi&toit  en  i  5o  gros  vaisseaux  , 
sur  lesquels  on   comptoit    2660 
])ièces  de  canon  ,  8000  niatelots  , 
3to,ooo  soldats  et  toute   la  Heur 
de  la  Noblesse  Espagnole.  Cette 
flotte  commandée  par  le  duc  cle 
]\Iédina  —  Sidonia  ,    sortit    trop 
tard  de  Lisbonne .  et  une  teni> 
pête  furieuse  en  dissipa  une  par- 
tie. Douze  vaisseaux  jetés  sur  le» 
Tiva^ijes  d'An?;leterre ,  tombèrejit 
au  pouvoir  de  la  flotte  Angloise 
cjui  étoit  de    1  ûo   vaisseaux  ;  ^o 
périrent  sur  les  côtes  de  France  , 
d'Ecosse  ,  d'Irlande ,  de  Hollande 
et  de  Daneman  k  :  tel  fut  le  suc- 
cès de  t Invincible.  Cette  entre- 
f>rise  coûta  à  l'Espagne  40  mil- 
ions   de  ducats ,  20,000  hom~ 
mes ,  cent  vaisseaux ,  et  ne  pro- 
duisit que  de  la  honte.  Philippe 
supporta  ce  malheur  avec  la  cons- 
tance d'un  héros.  Un  de  ses  cour» 
tisans  lui  ayant  appris  cette  nou- 
velle d'un  ton  consterné*  le  mo- 
narque lui  répondit  froide  ment  ) 
J'avais  envoyé  combattis  les  An- 
glais et  non  pas  les  vents.  Que  la 
volonté  de  Dieu  soit  accomplie. 
Le  lendemain  Philippe  ordonna 
aux  évéqu'es  de  remercier   Dieu 
de   lui  avoir  conservé   quelques 
^lébris  de  sa  flotte ,  et  il  écrivit 
(Hi  papev  «  Saint  Père,  tant  que 
je  resterai   maître  de  la  source , 
je  regarderai  comme  peu  de  chose 
la  perte  d'un  ruisseau.  Je  remer-^ 
cierai  l'Arbitre  suprêipe  4qs  em— 


p  H  1 

pires ,  qni  m'a  donni  le  ponvei? 
de  réparer  aisément  un   désastre 
que  mes  ennemis  ne  doivent  at- 
tribuer  qu'aux  élémens  qui  ont 
combattu  pour  eux.  »    Dans  \t 
même  temps  que  Philippe  atta- 
quoit   l'Aji-^leterre  ,    il   animoit 
en  France   cette  Ligue  nommé», 
Sainte  ,  qui  tendoit  à  renverser 
le  troiie  et  à  déchirer  l'état.  Le» 
Ligueurs  lui  déférèrent  la  qua- 
lité de  Protecteur  de  leiir  asso- 
ciation. Il   l'accepta   avidement, 
pei'suadé  que  les  soins  des^rebeilei 
le  conduiroient  bientôt ,   lui  oa 
un  de  ses  enfans  sur  le  trône  de 
France.  11  se  croyoit  si  sûr  de  sa 
proie ,  qu'en  parlant  de  nos  prin- 
cipales villes ,  il  disoit  :  Ma  bonne 
ville  de   Paris,  ma   bonne  ville 
d'Orléans ,   tout  comme  s'il  eiit 
parlé  de  Madrid  et    de   Scviile. 
Quel  fut  le  fruit  de  toutes  ces  in- 
trigues ?  Henri  IV  embrassa  la 
Religion  Catholique  ,    et  lui  fit 
perdre   par   son     abjuration   la 
France  en  un  quart-d'heure.  P&^ 
^ippç*  usé  par  les  débauches  de 
sa  jeunesse  et  par  les  travaux  du 
gouvernement  «    to^Tchoit  à  sa 
dernière  heure.  Une  fièvre  lente , 
la  goutte  la  plus  cruelle ,  et  divers 
maux  compliqués  ,    ne  purent 
l'arracher  aux  affaires  ni  lui  ins- 
pirer la   moindre   plainte  :  Ek 
quoi  l  disoit-il  aux  médecins  qui 
n'osoient  le  faire  saigner  :  Quoil 
vous   craignez  de  tirer  quelques 
gouttes  de  sang  des  veints  d'un 
Roi  qui  en  a  fait  répandre  des  ; 
fleuves  entiers  aux  Hérétiques} 
Enfm  consunié  par  une  compli-  ' 
cation   de   maux  qu'il    supporta 
avec  une  patience  héroïque )«  et 
dévoré  par  les  poux ,  il  expira  le 
1 3  Septembre  1  5^8  ,  dans  sa  f-' 
année ,  après  quarante-trois  ans 
et  huit  mois  de  règne.  Pen-snt 
les  cinquante  derniers  jours  de  sa 
maladie  ,  il  montra  de  ^anii 


k 


P  H  t 

Mfltimens  de   religion  ,  et   eut 
presque  toujours  les  yeux  fixés 
yers  le  cieK  (  Voy,  IL  Mknezès.  ) 
Il  n'y  a  point  de  prince  dont  on 
ait  écrit  plus   de  bien  et  plus  de 
mal.  Quelques  Catholiques  le  pei- 
gnent comme   un  second  Stdn-^ 
mon  ,  et  les  Protestans  comme 
un  autre  Tibère,  On  peut  trou- 
ver un  juste  milieu  entre  ces  dtux 
portraits ,  tracés  par  la  haine  et 
la  flatterie,  Philippe ,  né  avec  un 
génie  vif,  élevé,  vaste  et  péné- ^ 
trant,  avec  une  mémoire  prodi- 
gieuse ,  une  sagacité  rare ,  pos- 
sédoit   dans  un   degré    é minent 
Fart  de  gouverner   les  hommes. 
Personne  ne  sut   mieux  connoî- 
tre  et  employer  les  talens  et  le 
ïBérite,  U  sut   faire  respecter  la 
r^ajesté  royale,  les  lois  et  la  re- 
ligion. Du  fond  de  son  cabinet 
il  ébranla  l'univers ,  en  y  répan- 
^nt  la  terreur  et  la  désolation. 
u  fat  pçndant  tout   son   règne 
non  pas   le  plus  grand  homme , 
ïBais  le  principal  personnage  de 
l'Europe  ;  et  sans  ses  trésors  et 
*es  travaux  ,   la  religion  Catho-- 
Jique  eût  été  détruite  ,    si   elle 
«voit  pu  l'être.  L'abbé  de  Con^ 
<^i//acne  pensoit  pas  aussi  favo- 
rablement que  nous-  des  talens  de 
Pkilippe ,  et  il  est  bon  de  citer 
*c  qu'en  dit  cet  historien  philo— 
lophe,  quand   ce  ne  seroit  que 
pour  fermer  la  bouche  aux  cen- 
*<^«r3  injustes,  qui  se  plaignent 
^«e  nous  avons   traité  ce  prince 
*V€c  trop  de  rigueur.  «<  On  a  re- 
présenté,   Philippe    comme    un 
grand  politique,  qui  du  fond  de 
«on  cabinet  remnoit  toute  l'Eu- 
rope. Je  ne  conçois  pas  pour- 
quoi on  lui  fait  cet  honneur.  En 
îfetqu'a-t-il  remué  ?  la  France  ? 

JLli 


P  H  I 


119 


e  se  remuoit  assez  toute  seule. 
^  a  fomenté  les  factions  :  il  a 
«ar.tout  voulu  soutenir  la  Li- 
i  nuis  sans  ai^torité  dans  la 


patti  pour  lequel  il  se  déclaroit , 
il  croyoit  le  faire  mouvoir ,  et 
il  n'étoit  que  l'instrument  dont  il 
se  seivoit.  il  a  troublé  leMilanez 
et  le  royaume  de  Naples  avec 
l'inquisition ,  qu  il  ne  lui  a  pas 
été  possible  d'y  établir.  H  a  ï^mué 
les  Pays-Bas  si  mal- adroit ».»ment 
qu'il  en  a  perdu  plusieurs  pro- 
vinces- Il  a  fait  passer  quelque» 
secours  en  Irlande  ,  et  il  a  remué 
les  j  ebciles  qui  se  remuoient  sans 
lui  depuis  long  -  temps.  11  n'a  pu 
causer  le  moindre  soulèvement  eu 
Anglet<'rre.  Enfui  souvent  hu- 
milié par  des  ennemis  qu'il  pa- 
roissoit  devoir  écraser ,  il  n'a  re-» 
mué  l'Espagne  que  pour  la  riii-^ 
ner.  Elle  étoit  la  première  puis-» 
sance  de  l'Europe  lorsque  Char- 
les-Quint la  lui  céda;  il  ne  lui 
laissa  plus  que  l'ambition  d(*  l'être 
encore ,  et  une  politique  artifi— 
cieuse  qui  troubla  ses  voisins ,  et 
qui  ne  la  releva  pas  elle- môme, 
Philippe  II  n'a  été  qu'une  ame 
cruelle ,  un  esprit  faux  et  brouil.- 
lon. »  (  Cours  d'Histoire,  tome 
i3  ,  pag.  373,  )  Philippe ,  quoi-* 
que  petit ,  avoit  une  figure  agréa^ 
ble.  Son  maintien  étoit  grave, 
son  air  tranquille  ,  et  l'on  n^ 
pouvoit  lire  dans  sa  physionomie 
ni  la  joie  des  prospérités ,  ni  le 
chagrin  des  revers.  Les  guerres 
contre  la  Hollande,  la  France  et 
l'Angleterre  ,  coûtèrent  à  Phi- 
lippe 564  millions  de  ducats  :  l'A-* 
mérique  lui  fournit  plus  de  la 
moitié  de  cette  somme.  On  pré-» 
tend  que  ses  revenus  9  après  la 
jonction  du  Portugal ,  montoient 
à  25  millions  de  ducats,  dont  il 
ne  dépensoit  que  cent  mille  pour 
son  entretien,  Philippe  étoit 
très -jaloux  des  respects  exté- 
rieurs, il  vouloit  qu'on  ne  lui 
parlât  qu'à  genoux.  Le  duc  dîAlbe 
étant  un  jour  entré  dans  le  ca- 
binet de  ce  prince  sans  être  in« 


XIO 


P  H  I 


r* 


trodiiit,  essuya  ces  terriblei  pa- 
roles ,  accompagnées  d'un  regard 
foudroyant  :  Une  hardiesse  telle 
que  la  vôtre  mériteroit  la  hacke. 
S'il  ne  songea  qu'à  se  faire  re- 
douter ,  il  y  réussit  :  peu  de  prin- 
ces ont  été  aussi  craints ,  aussi 
abhorrés  9  et  ont  fait  couler  au- 
tant de  sang.  Il  eut  successive-i 
ment  ou  tout  a  lu  fois ,  la  guerre 
à  soutenir  contre  la  Turquie  ,  la 
France  ,  l'Angleterre ,  la  Hol- 
lande ,  et  presque  tous  les  Pro- 
testans  de  l'Empire ,  sans  avoir 
famais  d'alliés ,  pas  même  la 
branche  de  sa  maison  en  Alle- 
magne. Malgré  tant  de  millions 
employés  contre  les  ennemis  de 
l'Espagne  ,  Philippe  trouva  dans 
son  économie  et  ses  ressources , 
de  quoi  construire  trente  cita- 
delles ,  soixante  -  quatre  places 
fortifiées ,  neuf  ports  de  mer , 
vingt-cinq  arsenaux,  autant  de 
palais ,  sans  compter  l'Escurial. 
Ce  dernier  édifice  coûta  60  mil- 
lions. On  y  compte  onze  mille 
fenêtres ,  huit  cents  colonnes , 
vingt-deux  cours ,  dix-sept  cloî- 
tres. La  principale  façade  est  de 
trois  cents  pas  de  large  sur  soi- 
xante d'élévation.  L'église  bâtie 
sur  le  modèle  de  Saint-Pierre  de 
Rome ,  a  trois  cents  pieds  de  long 
sur  deux  cent  quatre-vingts  de 
large.  Le  marbre ,  les  dorures  , 
les  tableaux  des  plus  excellens 
maîtres  d'Italie  ornent  cette  basi- 
lique. Les  ornemens  sacerdotaux 
«ont  couverts  de  pierreries  ;  les 
vases  et  chandeliers  sont  d'or  et 
d'argent.  L'intérieur  du  taber- 
nacle de  la  principale  chapelle 
renferme  une  émeraude  de  la 
grosseur  d'un  œuf.  Sous  l'église 
est  le  fameux  Panthéon  ,  à  Ten- 
tour  duquel  se  trouvent  des  urnes 
noires  en  forme  de  tombeaux, 
où  sont  renfermés  les  tristes  res- 
tf  s  des  rois  d'£spagne.  Philippe 


PHI 

fixa  son  séjour  dans  ce  palais  à  la 
fin  de  sa  carrière ,  et  y  mourut 
devant  le  maître  autel  de  l'église 
où  il  s'étoit  fait  transporter.  La 
place  où  il  finit  ses  jours  est  en- 
vironnée d'une  balustrade  que 
personne  n'ose  approcher.  C« 
monument  de  sa  magnificence  ne 
contribua  point  à  arranger  ses 
finances.  Il  laissa  cent  quarants 
millions  de  ducats  de  dettes^  dont 
il  payoit  sept  millions  d'intérêt  ; 
la  plus  grande  partie  étoit  due 
aux  Génois.  Outre  cela,  ilavoit 
vendu  ou  aliéné  le  fonds  de  cent 
millions  de  ducats  en  Italie.  Ce 
prince  donna  un  Décret  ,  par 
lequel  il  fixoit  à  14  ans  la  majorité 
des  rois  d'Espagne.  Philippe  H 
petit  de  taille ,  étoit  quelquefois 
aussi  petit  au  moral  qu'au  phy- 
sique. Il  affectoit  une  dévotion  . 
minutieuse;  il  mangeoit souvent 
au  réfectoire  avec  des  religieux; 
il  n'entroit  jamais  dans  leurs  . 
Egides  sans  baiser  toutes  les  reli- 
ques ;  il  faisoit  pétrir  son  pain 
avec  l'eau  d'une  fontaine  qu'on 
croyoit  miraculeuse;  il  se  van- 
toit  de  n'avoir  jamais  dansé ,  et 
de  n'avoir  jamais  porté  des  bant- 
de-chausses  à  la  ^^recque  :  grave 
dans  toutes  ses  actions,  il  chassa 
de  sa  présence  une  femme  qui 
avoit  ri  en  se  mouchant.  U* 
grand  événement  de  sa  vie  do- 
mestique ,  est  la  mort  de  son  fil» 
Don  Carlos,  Personne  ne  sait 
comment  mourut  ce  princ^e.  Son 
corps  qui  est  dans  le  tombeau 
de  l'Escurial ,  y  est  séparé  de  sa 
tête  ;  mais  on  prétend  que  cette 
tête  n'est  séparée  que  parce  que  la 
caisse  de  plomb  qui  renferme  le 
corps  est  en  effet  trop  petite.  On 
ne  connoît  pas  plus  les  détails 
de  son  crime  que  son  genre  cfe 
*  mort.  Il  n'est  ni  prouvé  ni  vrai- 
semblable, que  Philippe  /(|'*'^ 
fait  condamner  par  linquisitioib 


k 


j 


P  H  I 

Tont  ce  qu'on  sait,  c'est  qu*en 
ii)68  son  père  ayant ,  dit- on  , 
découvert  qn  i]  avoit  des  inteili- 
pences  avec  les  Hollandois  ses 
ennemis,  vint  Varréter  lui-raâme 
dans  sa  chambre.  Il  écrivit  en 
même  temps  au  pape  Pie  Kpour 
lui  rendre  compte  de  l'empri- 
sonnement de  son  fils;  et  dans 
sa  lettre  à  ce  pontife,  du  20  jan- 
vier i5fi8,  il  dit  que  dès  sa  plus 
tendre  jeunesse  ,  la  force  dun 
naturel  vicieux  a  étouffé  dans 
Don  Carlos  toutes  les  instruc^ 
tiens  paternelles,  {  Voyez  l'art. 
Carlos.)  — C'est  Philippe  II  qui 
lit  imprimer  à  Anvers,  1369  à 
1572 ,  en  8  volumes  îji- folio ,  la 
belle  Bible  Polyglotte  qui  porte 
son  nom  ;  et  c'est  lui  qui  soumit 
les  Isles  depuis  appelées  Philips 
fkcs.^»  Il  épousa  successivement, 
ifi  Marie  fûle  de  Jean  III,  roi 
^e  Portugal  ;  2.?  Marie  filb  de 
Henri  rïll,  héritière  d'Alle- 
terre;  3.*»  Elisabeth  de  F-\'ce 
fille  de  Henri  II;  (  roy.MJl  T- 
COMMERI ,  iniHo.  y  4.0  Anne  m  2 
de  l'empereur  Maximilien  *-  (. 
Don  Carlos  étoit  fils  de  sa  pi  3- 
nière  épouse  ;  et  Philippe  III , 
de  la  dernière- 

»  XXII.  PHILIPPE  DE  France 

duc  d'Orléans ,  fils  de  Louis  XIII 
■et  d'Anne  d'Autriche ,  et  frère 
«nique  de  Louis  XlV,  né  le  2  r 
septembre  1640  ,  porta  le  titre 
de  duc  d'Anjou  jusqu'en  i65i  , 
ju'il  prit  celui  de  duc  à' Orléans. 
«on  éducation  répondit  à  sa  nais- 
wnce;  mais  il  n'en  profita  pas 
'  autant  qu'il  auroit  pu ,  s'il  avoit 
eu  moins  de  goivt  pour  les  plai- 
sjfs.  11  épousa  Henriette  sœur  de 
Charles  ZZ roi  d'Angleterre ,  prin- 
cesse accomplie ,  et  en  qui  les 
cbrraes  de  l'esprit  étoient  en- 
core au-dessus  de  la  beauté.  Ce 
ttiariago  oe  fut  ea*  heureux  ; 


P  H  I 


ixi 


(  VoyeàVL'  Henriette.  )  Lorsqut 

cette  princesse  mourut  en  1670  , 
on  la  crut  empoisonnée,  et  le 
public  malin  fut  assccs  injuste 
pour  attribuer  cette  mort  à  Phi-^ 
lippe.  Ce  prince  s'étoit  déjà  fait 
connoître  par  son  courage.  Il 
•voit  suivi  le  roi  à  ses  conquêtes 
de  Flandre  en  1667;  il  l'accom- 
pagna encore  à  celle  de  Hollande 
en  1672.'  Il  emporta  Zutphen 
cette  année,  et  Bouchainen  1676. 
L'année  d'après  il  alla  mettre  le 
siège  devant  Saint-Omer,  pen- 
dant que  le  roi  étoit  occupé  à 
celui  de  Cambrai.  Les  maréchaux 
de  Luxembourg  et  d'Humières 
commandoient  l'armée  sons  Mon-- 
sieur  ;  le  prince  à! Orange  étoit  à 
la  tète  des  ennemis  :  une  faute  de 
ce  général  et  un  mouvement  ha«« 
bile  de  Luxembourg  décidèrent  du 
gain  de  la  bataille ,  proche  la  pe- 
tite ville  de  Ca^selqui  luidoilfta 
son  nom.  Monsieur  chargea  avec 
une  valeur  et  une  présence  d'es-. 
prit  qu'on  n'attendoit  pas  d'im 
homme  efféminé.  Ce  prince  qui 
s'habilloit  souvent  en  femme  et 
qui  en  avoit  les  inclinations,  a^it 
en  capitaine  et  en  soldat.  C'est 
dans  le  même  endroit  que  le  roi 
Philippe  de  Valois  avoit  défait 
les  Flamands  en  1828.  Les  malins 
prétendirent  que  Louis  XIV 
avoit  été  jaloux  de  sa  gloire; 
mais  ces  conjectures  calomnieu- 
ses ,  prises  dan-3  des  cœurs  bas 
et  lâches,  nç  doivent  pas  être 
formées  sans  de  fortes  preuves, 
sur  des  âmes  aussi  grandes  qu'étoit 
celle  de  ce  monarque.  Louis  XIV 
donna  quelquefois  des  avis  à  son 
frère  ;  mais  il  lui  marqua  tou- 
jours beaucoup  de  bonté.  Un 
jour  Monsieur  lui  parlant  du  che- 
valier de  Lorraine  qu'il  aimoit 
beaucoup  et  qui  avoit  été  exilé, 
parut  s'intéresser  en  sa  faveur. 
Je  veikx  ^  lui  dit  le  Epi;  quevoiu 


/ 


Xlt 


P  H  I 


Vaimifz  pour  Camour  de  moi.  H 
y  a  deux  jours  que  faijnU  /yartir 
un  courrier  pour  le  rappeler.  Je 
fais  plus  :  car  je  le  fais  Maré^ 
chai  de  camp.  A  l'instant  Mort" 
sieur  se  jette  aux  pieds  du  Roi ,  et 
lui   embrasse  les  genoux.  Louis 
A:znuidit:  Mon  frère,  ce  n'est 
pas  ainsi  que  des  frères  doivent 
s'embrasser  ;  et  après  l'avoir  re-. 
levé,  il  l'embrassa  tendrement...* 
La  victoire  de  Cassel  fut   suivie 
d'un    autre   avantatçe.   Monsieur 
entra   dans  les  lignes   à  6aint— 
Orner,  et  soumit  cette  place  huit 
jours  «près.  De.  retour  à  Paris, 
il  v<'cut  dans  la  mollesse  jusqu'à 
sa  mort,  arrivée  à  Saint— Clond 
en  1701.  Il  mourut  d'apoplexie  le 
9  juin  de  cette  année,  à  61  ans. 
Ce   prince   cultivoit   les    lettres. 
L'abbé  le  Vayer  fils  de  la  Moihe 
le  Vayer  précepteur  de  ce  prince, 
fli  imprimer  en  1670  ,  in-ia  ,  la 
Traduction   que  Philippe  avoit 
faite  de  Florus.  Après  la   mort 
d' Henriette  li\  avoit  épousé  Char- 
lotte-Eiizaheth  de  Bavière ,  dont 
il  eut  le  prince  qui  suit.  Cette 
princesse  fille  de  l'électeur  Pala- 
tin ,   étoit   respectable  par  son 
courage  et  sa   fermeté  pour  la 
justice  ,    dit    Tabbé     de    Saint- 
Pierre.  Hautaine  seulement  avec 
les  grands ,  elle  se  fit  aimer  de 
tous  ceux  qui  Tapprochoient  par 
son    caractère    doux  ,    affable , 
compatissant  et  libéral.  Elle  gé- 
mit sur  les  excès  de  son  fils  et  de 
sa   petite    fille    la    duchesse  de 
Berry.  A  sa  mort  arrivée  le  8  dé- 
cembre 1722,  le«  mécontens,  dit 
Duclos  ,  lui  firent  une  épitaphe 
très— injurieuse  au  régent  et  fort 
peu  contredire  alors  ;  Ci^Ul'oi-^ 
siveté.  On  a  publié  sous  son  nom 
deux  volumes  de  Lettres.  Le  duc 
de  Saint  -  Simon    en  convenant 
de    ses  excellentes   qualités,  dit 
«  qu'tîUç^toit  aisée  à  prévenir  et 


PHI 

«  choqner ,  fort  difficOe  à  rame- 
ner ,  quelquefois  brusque  et  dan* 
gereuse  à  faire  dés  sorties  publi- 
ques, fort  Allemande  dan»  toute! 
ses  mœurs,  ignorant  toute com- 
modit'^  et  toute  délicatesse  pouf 
soi  et  pour  les  outres,  sobre,, 
sauvage  et  ayant  ses  fantaisies* 
"F.We  aimoU  les  chiens ,  les  che- 
vaux passiennément,  lachasseet 
les  spectacles.  Elle  n*étQit  guèrel 
qu'en  grand  habit  ou  en  perru- 
que d'homme ,  et  en  habit  de 
cheval ,  et  avoit  plus  de  60  anJ 
qu'elle  n'avoit  pas  connu  une 
robe  de  chambre.  >» 

XXÏV.  PHILIPPE  d'Or- 
léans ,   (  Louis- Joseph  )   prince 
du   sang    de    France  ,  naqujt  à 
Saint-Cloud  le  i3  avril  1747?  <fc 
Louis- Philippe   d* Orléans  et  (fe 
Louise  —  Henriette    de  Bourbon^ 
Cniwti.,  Nommé  duc  de  Chartrei 
ai  jpi    sa  jeunesse  ,    un  goiit  ex- 
t!  y  .e  pour  le  plaisir  l'entraîiifl 
d  rf     (îes  excès  et   le  plaça  sur* 
t  iH:   au    milieu  d'hommes  per* 
ve  ^  dont  les  conseils  lui  devin- 
rent funestes.   Ce  prince  devoir 
naturellement  succéder  à  la  place 
de    grand   amiral   que  possédoit 
son  beau-père.  Il  voulut  faire  nne 
campagne  navale  avant  de  la  de- 
mander i  en  conséquence, en  177^1 
au  combat  d'Ouessant,  il  mont 
le  Saint— Esprit ,  vaisseau  de  8{j 
canons,  et  commanda  l'arrière^î 
garde.  Par  une  mairœuvre  subitej 
cette  division  se  trouvant  en  facô 
de  l'ennemi,  le  comte  d'Om^';' 
amiral  lui  donna  le  signal  de  tenjf 
le  vent  pour  empêcher  les  AngloiJ 
de  passer.  Ce  signal  fut  mal  com- 
pris ,  ou  les   commandans  de  « 
division   pour  perdre  d'OrviV^ert 
feignirent  de  ne  pas  l'entemlrei 
et    l'arrière  -  garde    angloise  f«t 
sauvée.  On  se  plnt  à  répandrealors 
que   le   duc    Ae  ChaHres  %éiOil 


i  itim 


P  H  t 

,  ÊÊché  à  fond  de  cale,  ce  qui  parott 
peu  probable,  puisque  ]•  vaisseau 
où  il  se  trouve it  ne  fut  iamnis  en 
péril  ^  ni  à  la  portée  du  canon. 
Cependant ,    la  cour   adopta   ce 
bruit  injurieux  ,    et    lorsqu'il   y 
parut  on  le  couvritd'épiwraiiunes, 
et  au   lien  d'obtenir  la  place  de 
grand  amiral ,  on  lui  donna  celle 
de  colonel  de«  hussards  :  récom- 
pense singulière  et  -dérisoire  pour 
«il  service  de  mer.  Le  coeur  de^ 
Philippe ,  porté  naturellement  tt 
la  vengeance,  sy  livra  tout  entier. 
Elle  fut  durable  et  cruelle.  On  le 
vit   chercher  aussitôt  toutes  les 
occasions  de  puroître  et  de  capti- 
ver les  repards  de  la  multftude , 
monter     un    ballon  ,     se     faire 
nommer  chef  de  tontes  les  loges 
iDaçonniques  de  France,  paroitre 
àins  toutes  les  séances  du  par- 
lement tenues  pour  s'opposer  aux 
édits  de  la  cour,  et  se  faire  exiler 
à  Villers-Coterets.  Après  la  mort 
de  son  père  en   1787,  Philippe 
prit  le  titre  de  duc  d'Orléans,  On 
dit  qu'alors  Tun  de  ses  familiers 
lui  ayant  rapporté  que  la  cour 
de  Versailles   l'avoit  surnommé 
le  Bourbeux  Bourbon  ,  il  s'ôcria: 
«Si  je  suis  dans  la  bouc,  je  la 
plongerai  dans  des  flots  de  sang.  » 
Pour  réussir  dans  ce  dessein ,  il 
se  fit  nommer  mvx  Etats  généraux 
de  1789  comme  député  de  la  no- 
blesse du  bailliage  de  Crépy  en 
Valois.  Dès  les  premières  séan- 
tes ,  il  quitta  sa  chambre  pour  se 
réunir  au  tiers-état,  et  parut  dès- 
lors  suivre  constamment  le  pro- 
jet qu'on  lui  avoit  suggéré  de  faire 
interdire  le  roi,  de  mettre  la  reine 
«n  Jugement,  et  de  se  faire procla- 
nJer  lieutenant  général  du  royau- 
me. L'assemblée  le  nomma  son 
président,  mais  il  refusa  de  rem- 
plir cette  place.  Bieittôt ,  accusé 
avec  î*»s  pins  grandes  probabilités , 
â*avoir^o  meute  l'inyaéi^n  de  V^ï*- 


PHI         213 

$9\]]fi$  le  6  octobre ,  il  fut  pour- 
suivi  par  le  Chàtclet ,  mais  <ic— 
quitté  par  l'asst-inblée.  Korcé  par 
le  monarque  de  se  retirer  en  An- 
gleterre ,   il   y  resta  huit  mois  ; 
dès  «on  retonr ,  ceux  qui  cher— 
choient  à  agiter  le  gouvernement, 
recommencèrent   a  se  servir  de 
son   nom  et  de  .«a  fortune  pour 
amener  la  disette  des  Trains,  Ti- 
voriser  les  insurrections  ,  ordon- 
ner les   massacres  et  avancer  le 
plan  de  la  désorganisât' on  géné- 
rale.  Philippe  n'ovoit  ni  l'habi- 
leté d*nn  chef  de  parti,  ni  assez 
d'énergie  et  de  t.ilens  pour  s'éie- 
ver  par  lui— même  hu  trône  ;  mais 
son  arne,  escliive  des  factieux,  se 
laissoit  conduire  à  res()oir  dont 
ils  l'enivroient  ;  et  bientôt  ?.prf^ 
avoir  été  leur  jouet,  il  fut  leur 
victime.   Au   mois  d'aont    1791  , 
Philippe  s'opposa   a   ce  que  l'on 
privât  les  princes  des  droits  de 
citoyen,  et  do;larn  que  si  cette 
proposition  étoit  adoptée,  il  étoit 
décidé  à  renoncer  aux  préroga- 
tives de   membre  de  la  dynastie 
régnante  ,    pour  s'en  tenir  aux 
droits  de  citoyen  François.  Le  t5 
septembre     1792  ,   on   le   vit  se 
faire  autoriser  par  la  commune 
de    Paris    à    changer    son    nom 
d'Orléans  en  celui  à* Egalité.  Dans 
Je  procès  de  Louis  XVI ,  loin  de 
s'abstenir  du  jugement ,  il  osa  de 
sang  froid  voter  la  mort  de  son 
parent  ;  atrocité  qui  révolta  les 
fiicobins  eux-mêmes ,  et  qui  suf— 
firoit  seule  pour  rendue  à  jamais 
son     souvenir    odieux.     Bientôt 
après  ,  abandonné  par  les  princi- 
paux membres  de  la  Convenfioii 
qui,  après  avoir  épuisé  ses  tré- 
sors ,   jurèrent   sa   perte ,  il  fut 
successivement    mis   en  accusa- 
tion,  arrêté,   transféré  dans  les 
prisons    de    Marseille ,   acquitté 
par   le  tribunal  criminel  de  cette 
ville  f  ramené  à  k'^ii  9i  coa-* 


»14 


P  H  I 


damné  à  mort  par  le  tribunal  té^ 
volutionnaire.    «  Si    de    l'épais 
niinge  qui  couvre  les  vues  de  la 
Providence,  a  dit  un  écrivain ,  il 
semble   échapper   de   temps   en 
temps  quelques  éclairs,  quelques 
lueurs    qui  les  découvrent ,  on 
doit  mettre  dans  ce  nombre  la 
punition  de  l'un  des  plus  grands 
artisans  des  maux  de  la  France, 
par  les  hommes  mêmes  qu'il  sou- 
doya pour  les  opérer.  »  Le  duc 
d'Orléans  répondit  avec  calme  à 
aes  interrogatoires,  entendit  de 
sang  froid  son  arrêt ,  et  subit  le 
supplice    avec    plus  de   fermeté 
qu'on  ne  l'en  croyoït  capable ,  le 
6  novembre  1793  ,  à  l'âge  de  46 
ans.  Il  leva  les  épaules  en  enten- 
dant, le  peuple  le  huer  et  le  mau-- 
dire  lorsqu'on  le  conduisit  au  sup- 
plice ,  et  s'écria  :  Ils  m'appLaudL-' 
reat.  Il  étoit  d'une  taille  élevée  ; 
sa  figure  avoit  été  régulière  et 
agréable  jusqu'à  ce  qu'elle  se  cou- 
vrît de  pustules  rouges,  fruit  des 
veilles  et  des  plaisirs  immodérés, 
li  devint  chauve  de  bonne  heure. 
Il  étoit  adroit  à  tous  les  exerci- 
ses du  corps.  L'impartialité  doit 
avouer  qu'il   fut  affable  et  bon 
pour  ses  seryitenrs  ;  on  sait  même 
qu'il  se  jeta  à  l'eau  pour  sauver 
l'un  d'eux  prêt  à  périr.  ïgnoilant 
et  très-crédule,  il  rie  manquoit 
3ii  de  facilité  à  s'énoncer, ni  d'es- 
prit naturel.  Des  historiens  l'ont 
voulu  considérer  comme  l'unique 
auteur  de  tous  les  crimes  dç  la 
révolution  •  mais  ces  crimes  eurent 
difTérens    mobiles  v  et  Philippe 
mal  entouré,  aigiTi  parla  haine 
et  \q  mépris  que  souvent  on  lui 
témoigna,  fut  un  exemple  frap- 
pant que  les  passions  font  le  toaI^ 
heur  des  princes,  et  que  la  ven- 
geance sur-tout  qu'ils  ont  tant  de 
moyens    de  satisfaire ,  entraîne 
souvent  pour  eux  des  suites  plus 
âonestes  et  plus  cnwiles  <iue  poiyî. 


p  H  I 

le  commun  des  gommes.  Sans  la 
révolution  ,  le  duc  d'Orléans 
n'eût  vraisemblablement  été  qu'uA 
prince  foible  et  licencieux.  Elle 
en  fit  le  complice  de  ses  excès  | 
mais  n«n  un  conspirateur  éner» 
giquç  ni  un  scélérat  à  grandes 
vues.  Il  avoit  épousé  la  fille  dtt 
duc  de  Penihièvre  ,  princesser 
pleine  de  raison  et  de  vertus,  dont 
il  a  eu  plusieurs  enfans* 

PHILIPPE  DE  PRBtOT,  Voyi 

Pretot. 

*  IL  PHILIPS,  (Jean )'poët« 

Anglois  ,  né  à  Bampton  dans  le 
comté  d'Oxford  en  1 676 ,  a  donné 
trois  célèbres  poëmes  :  L  Pomonâ 
oixle  Cidre.U^Lsi  Bataille  d'Hoch- 
stet,  III.  Le  Précieux  SchelUng,]\i 
ont  été  traduits  en  françois  par 
M.  l'abbé  Yart  de  l'académie  de 
Rouen.  Les  vers  de  Philips  sbnt 
travaillés  avec  soin.  On  voit  qu'il 
avoit  formé  son  goût  par  la  lei> 
ture  des  ouvrages  de  Miltorii  de 
Chaucer,  de  Spencer  ^  et  desaiH 
teurt  du  siècle  d'Auguste*  Il  con- 
sulta aussi  la  nature^  étude  nori 
moins  nécessaire  à  un  poëte  qu'à 
un  peintre.  Utpicturapoësiserit^ 
Philips  avoit  d'abord  enseigné  kf 
latin  et  le  grec  à  Winchester} 
de  là  il  passa  à  Londres.  11  mou- 
rut    à    Hereford   le    iS   février 
1708,  à  32  ans.  Càzin  a  publié 
à  Paris  ses  Poésies  in- 12.  Aussi 
bon  citoyen,  qu'excellent  poëte^ 
il  étoit  aimé  et  estimé  des  grands^ 
Simon  Harcourt  lord-chancelier 
d'Angleterre ,  lui  a  élevé  à  West- 
minster un  mausolée  auprès  de 
Chaucer,  ——Il  ne  faut  pas  le  oon- 
fondre  avec  Ambroise  Philibs  , 
autre   poëte   Anglois  ,   mort  let 
18  juin  17495  dont  les  Poésie» 
ont  été  imprimées  à  Paris  paf 
Cazin  ,  in  —  I  s.   Ses   Pastorales 
ne  sont  pas   sans  mérite.  On  » 
encore-    de   lui  diverses   Pièce» 

dramatiques  ; 


.^:.     . 


I 


ikaYnatiqnes ,  moins  estimêek'ijtie 
ses  È^ognes.  Fope  qui  ne  r«* 
Doit  pai ,  ie  peint  comme  un 
poète  fort  fjroîd« 

PIA,  (PWippe-^Nicolas)   né 
«Paris  le  i5  septembre  17^1  ) 
^ort  le   II    jn9i  ^7999  étudia 
«yec  &uccès  la  cliiime  et  remplit 
pendant  long-temps  la  place  dç 
pharmacien  ei^  chef  de  l'iiôpital 
ie  Strasbourg  ;  de  retour  à  Paris , 
il  fut  nommé  écheyin  en  1770  ? 
âès-lors  il  chercha  à  signaler  son 
administration  par  des  établisser 
Qiens  utiles ,  et  il  y  réussit.  Uun 
^eux  fut  la  formation  et  le  dé^ 
pot  des  boîtes  fun;iigatoire^»  pro- 
pres k  rappeler  les  noyés  à  If 
vie  y   lorsquUs  9e  sont  encore 
^'asphixiés  par  le  défaut  de  res»- 
pration.    Fia    perfectionna   les 
instru  mens  destinés  à  faire  parr- 
yenir  Fair  dans  les  poumons  et  à 
mtvoduire  de  la  f^mée  dans  lei 
intestins*  Par  ces  secours,  la  pr&- 
nûëre  année  vingt-quatre  noyés 
retirés  de  la  Seine  furent  rendus  f 
l'existence.  La  révolution  détruis 
fit  en  partie  rétablissement  de 
Fia ,  ruin^  sa  fortime  ;  et  c'est 
dans  Tindlgence  que  cet  ami  de^ 
liommes  a  tini  ses  jours.  Ses  écrit3 
f>nt  pour  titre  :  I.  Descripiion  de 
la  boîte  d'entrepôt  pqur  les  se- 
cours d^s  npyésj  1770,  in-8.^ 
II.  Dét^Hs  des  succès  de<  Véta« 
l^issement  que  la  ville  c|e  Paris  a 
.fcit   en    faveur    des  personnes 
noyées ,  177 3  9. plusieurs  volumes 

H  ALES ,  (  Jean- Jacques  )  l'un 
ftn  pins  célèbres  jurisconsultes 
do  "siècle  qui  vient  de  finir ,  na- 
quit à  Rhodez  et  est  mort  à  Paris 
dans  ces  dernières  années.  Livré 
exclusivement  à  l'étude  du  droit 
canonique,  il  devint  l'oracle  du 
clergé  et  de  tous  ceux  qui  eurent 
k  décider  sur  les  matières  béné- 

SUPPL.    Tome  lîL 


Vit      t%^ 

lidalès.  Ses  nombreux  traités  t>iit 
été  recueillis  et  fbment  2^  voL 
in— 1«.  Là  plupart,  d'après  ks 
cbangemens  politiques  delà  Frai^ 
^e^  ne  peuvent  plus  être  con«* 
suites ,  et  l'auteur  eut  le  ç;hagrii& 
de  survivre  à  leur  usagew 

I^IAZZA,  <Jér6me-Barthé4i 
lemi)  Dominicain  apostat,  né  à 
Alelandrie  de  la  Paille ,  le  n^ari^ 
et  passa  en  Angleterre ,  où  il  pu* 
blia  une  Histoire  de  l'Inquisi- 
tion ,  Londres,  1722.  U  mourut 
dans  la  misère  en  17^5  ^  à  f^m^ 
bridge.  ^- 

IV.  PICARD,  (Charles-Andcé) 
mort  au  mois  de  mars  177^,  a 
publié  unre  Lettre  sur  quelques 
monnmens  antiques ,  et  te  Cata*^ 
iogue  raisonna  dn  oaWiiet  ds 
BubnuU,  ty^Sy  in-i2* 

PieARDET,  (C.  K.)  né  à 
Dijon  ,  se  ât  e^plésiasitique,  et 
devinU  prieur  de  Neuilly  et  mem«« 
bre  de  f Académie  de. sa  patrie» 
Il  réunit  Texercice  de  la  bienfai-» 
sance  k  la  culture  des  lettres ,  et 
étaMiit  un  prix  de  vertu  ponc 
une  RiOsièfe.  On  lui  doit  :  L  Lea 
deux  Ahdalùnyme,  histoire  Phé- 
nicienne, 1779  9  in-^8.i)  Le  sujet 
de  de  roman  moral  propre  à  Tins- 
truction  de  la  jeunesse ,  est  tiré 
de  Qfiwte-Curce.  f  I.  Nistoire  mé« 
téordlogiqite-  pour  Tannée  1795» 
Ki.  Il  av«it  entrepris  mn  grand 
ouvrage  ,.  intitulé  :  La  grande 
Apùlogéiitiue.  C'étôit  \tt  réfuta- 
tion de  toutes  les  hérésies  n^t 
depuis  lN>rigine  du  Christian fsme* 
La  metivili£  santé  de  fauteur  I9 
lerea  à  abandonner  cette  entre»* 
priiez  — *>Son  frère,  membre  aussi 
ée  l*académie  de  Dijon ,  a  publié 
dès  Foésies  qui  ne  sont  pas  sana 
mérite',  et  un  Journal  des  obser^ 
vntiqns  du  baromètre  de  La^oi'^ 
tèér.  Ce  damier  écrit  «st  i^ér^ 


"UlC 


V  I  c 


dans  les  Mémoires  de  facadémié 
de  Dijon  pour  Tannée  1785»  Les 
deux  frères  sont  morts  dans  leur 
patrie  pendant  la  révolution* 

♦L  PICART,  (Michel)  Hé  à 
Kureraberg  en  1754,  devint  pro- 
fesseur de  philosophie  et  de  poésie 
à  Altorf ,  où  il  mourut  en  i€2o 
à  46  ans  9  après  avoir  été  ami 
d'Jjaao  Casauhon.  Il  a  laissé  : 
L  Des  Commentaires  sur  la  Poli- 
tique et  sur  quelques  autres  ou— 
.vrages  SAristote,  II.  Des  Dispu" 
tes.  m.  Des  Harangues»  IV.  Des 
Esftiis  de  Critique.  V.  Une  Trmy 
diiction  latine  d'Oppien  imprimée 
à  Paris  en  1604.  Ce  fut  37  ans 
après  aa  mort  que  Jean  Sauhert, 
ministre  à  Nuremberg  9  publia 
l'ouvrage  de  Picari ,-  intitulé  : 
'Liiber  singiUaris  periculorum  cri- 
ticorum» 

PICCINÏ,  (Nicolas)  çâèbre 
musicien,  naquit  à  Bari ,  daiû 
le  royaume  de  Naples,d'iU2  père^ 
qui  cultifoit  la  musique  et  qui 
ne  youloit  pas  l'apprendre  à,  son 
(ils.  Il  le  destinoit  a  Tétat  ecclé- 
siastique ;  mais  le  gén^e  se  jonant 
des  obstacles  que  lui  opposott 
l'intérêt,  il  fallut  placer  le. jeune 
Ticcini  au  conservatoire  de  Saint" 
Onvphwe.  Le  fameux  Léo ,  et  en- 
suite Durante ,  non  moins-  oéf- 
lèbre ,  fitrent  ses  maîtres.  Le 
dernier  le  distingua  bientôt  de 
tous  ses  élèves.  Les  autres  sont 
mes  écoliers ,  disoit-il  quelque- 
fois, mais  celui-ci  est  mon  fis» 
Après  ta  ans  d'études,  Piceii^i 
sortit  du  conservatoire  en  1734^, 
et  l'Italie  fut^bientôt  remplie  de 
ses  productions  et  de  sa  renom- 
mée. Les  princes  se  disputoient 
le  plaisir  de  le  posséder;  laprin*- 
cesse  Btlmonie^PignateUi  sur- 
tout ne  pou  voit  se  passer  d'un 
liomme  si  rare.  La  mort  d'un 
mari    qu  elle    ad^roit  ^    Tavçit 


Fie 

plongée   dans  nne  douleur  qni 
tenoit  du  désespoir.  La  ronsiqu» 
seule  de  Piccini  put  l'adoucir. 
Un  si  grand  artiste  parut  devèir 
être  une  conquête  précieuse  pour 
la  France.  Des  connoissenrs  l'y 
attirèrent  par  l'esponrdtin  établis- 
sement avantageux  pour  lui  et  si 
nombreuse  famille.  Il    arriva  à 
paris  à  la  fis  de  novembre,  et 
il   s'accoutuma  d'abord  difficile^ 
ment  au  temps  brumeux,  froid 
et  humide  de  la  capitale.  Corn* 
ment,  disoit-il  un  jour  à  l'un  de, 
ses  amis ,  il  n'y  a  donù  jamais  de 
soleil  dans  ce  pays-ci.  Les  con-« 
naisseurs    se  partagèreùt  entra 
Gluck  et  lui  ;  mais  tous  convii>- 
rent  que  l'un  et  l'autre  avoient 
reculé  les  bornes  de  leur  art  et 
augmenté  nos  plaisirs.  Les  petites 
tracasseries  que  lui  suscitèrent  les 
enthousiastes  de  son  rival ,  lai  £•? 
rent  regretter  sa  patrie;  il  y  re- 
tourna dans  un  moment  où  tout 
ce  qui  venoit  de  France  étoit  re- 
gardé comme  infecté  du  levain 
révolutionnaire.    On    le   peignit 
comme  un  jacobin   au  gouver- 
nement Napolitain.  11  fallut  re^ 
venir  à  Paris  avec  une  fortune 
délabrée  par  ses  transmigrations 
et  des  maux  physiques  qïie  l'âge 
et  le  chagrin  aggravoient.  Il  y 
succomba  bientôt,  et  mourut  à 
Passy  le  7  mai  1800  (17  floréal 
an  8)  âgé  de  7  a  ans.  La  douceur 
de  son  caractère  ,  la  simplicité 
de  ses  goûts ,  ses  vertus  domesti- 
ques ,  son  désintéressement  excl* 
tèrent  les  regrets  de  sa  famille 
,et   de   ses   amis..  Ses   ouvrage» 
,portent  l'empreinte,  de  ses  qu»t* 
lités   morales.   Les    opéra  qu'il 
a  composés  en  Italie  montants 
plus  de  cent.  On  a  joué  avec  succèl 
aux  Bouffons  Italiens  à  Paris  Le 
Finte  Gemelle ,  dont  les  airs  de 
chant  sont  d'une  perfection  rare, 
et  à  l'opéca  la  Buona  Figliola  qtu 


PI  c 

froit  ëté  depuis  long-teiQps  pa-^ 
rodiëe  au  théâtre  Italien,  mais 
Jamais  jouée  en  entier.  Cet  ou- 
vrage fut  entendu  de  scène  en 
Scène  avec  transport,  et  com- 
mença à  donner  à  Piccini  une 
foale  d'admirateurs.  Les  pièces 
dont  il  a  enrichi  le  répertoire 
François  ,  sont  :  Roland,  Atys , 
Jphigénie    en     Tauride ,    Adèle 
de  Ponthieu  ,   Didon  ,    Endy^^ 
nUofi ,  Pénélope  ,  Clytemnestre , 
le  faux  Lord  ,  Lucette ,  le  Men^ 
ionge    officieux  ,    le    Dormeur 
éveillé ,  et  Phaon.  Roland  offrit 
dp  grandes  beautés;  il  fut  sur- 
passé par  Aty$ ,  riche  en  mor- 
ceaux d'exécution.  Les  duo  à'Atys 
et  de  Sangaride ,  Tair  de  Cybèle  à 
la  fin  du  second  acte ,  le  chœur 
âes  Songes,  le  quatuor  du  troi- 
fième  acte ,  produisirent  la  plus 
vive  sensation.  Dans  Iphigénie , 
Vicàni    ne   ocaignit  pas  de   se 
mesurer    avec   Gluck  qui  tvoit 
Bis  en  musique  le  même  sujet  ; 
il  annonça  qu'ayant  commencé 
«on  ouvrage  avant  que  son  rival 
eût  fait  le  sien  ,  il  n*av.oit  pas 
voulu  perdre  It  fruit  de  son  tra^ 
vail.  L'expression  du  chant  y  est 
toujours  claire  et  distincte.  Trois 
roorceaux  consécutifs   du  troi- 
àème  acte;  le   roff^i^^ru  chanté 
par  Oresle  ;  Cruel  >  et  lu  dis  que 
lu  m'aimes  ;  l'air  de  Pylade  com-^ 
meaçant  par  ces  mots  :  Ores  te , 
^^nom  de  la  patrie  i  et  le  Trio 
de  la  fin ,  ont  enlevé  tous  les  suf- 
frages. Bidon  est  regardée  comme 
le  chef-d'œuvre  de  Piceiai*  En 
convenant  de  la   beauté  ravis- 
sante  de    la    musique  de   JRp— 
Und  ,  d'Atys,  et  d'Iphigénie,  ses 
•iinemis  lui  refusaient  le  talent  de 
peindre  les  ^sentimens  profonds 
^^}^i  passions  fortes  ;  mais  il  les 
lendit  dans  Didon  avec  toutes 
«urs  couleurs ,  sans  afFoibiir  la 
Marche  périodique  qui  Wt  le  ca-f 


P  I  E         «7 

raetSre  et  le  charme  de  la  musi^ 
que.  C'est  en  combattant  les  ad-« 
versaires  de  son  compatriote,  quo 
l'ambassadeur  de  Naples  se  plai-> 
gnant  de  ce  que  le  parterre  étoit 
trop  accoutumé  au  grand  bruit, 
disoit  ;  Les  oreilles  des  Italiens 
ne  sont  quun  simple  cartilages 
mais  celles  des  François  sont 
encore  doublées  de  marroquin, 
La  beauti;  des  airs  de  Piacini  a 
contribué  à  les  rendre  plus  scn^ 
sihles  à  la  modulation  et  k  la  dé- 
licatesse des  sons.  M.  Ginguené  , 
ami  de  ce  musicien  célèbre,  a 
publié  hne  notice  intéressant* 
sur  sa  vie  et  ses  ouvrages  ;  Paris, 
an  9 ,  chez  la  veuve  Pançjcoucke. 

PICHOT,  (Pierre)  médecin 
de  Bordeaux  an  t6«  siècle ,  réunit 
une  grande  pratique  à  la  théorie. 
On  lui  doit  :  L  Traité  pour  se 
garder  de  la  peste ,  in- 12.  IL  De 
Morbis  animi ,  1694,  in— 8.* 
IIL  De  Rheumatismç  ,  Catharro  , 
etc.,  1997*^  in-ï2.  Ces  écrits 
ae  manquent  ni  de  vues  judi- 
cieuses ,  ni  de  pf  ofdiideur. 

IV»  PICQUET ,  (  Christophe) 
^▼Qcat  ,  mort  en  1779,  *  ^f®*^ 
duit  quelques  ouvrages  de  l'an^ 
glois,  et  entr 'autres  le  roman  de 
Fielding ,  iiititailé  ;  Histoire  de 
Jonathan  Wild'  ,t .  1763  ,  a  voL 

VI.  PIE  VI ,  (JeaniAnge  Èrasi 
cîU  )  né  à  Césène  petite  ville  de 
l'État  ecclésiastique,  le  27  dé- 
cembre 1717  ,.*  mérita  Ta ffect ion 
de  BenpUJCIf^  qui  le  &t  tréso- 
rier de  la  chambre  apostolique. 
Parvenu  au  cardinalat.AOus  Gari^m 
gnnelli ,  il  devint  bientôt  après! 
son  successeur.  Le  conclave  s'ou-. 
vrit  le  5  octobre  1774  î  la  France 
favorisoit  Télection  de  Pallavî-^ 
cini  :  mais  celui-ci  ayant  an-^ 
n©ncç  qu'il  refuseroit  le  pont^a 


iiS 


P  It 


Hcat  et  ayant  désigné  k  sa  place 
le  cardinal  Braschi ,  tons  les  suf- 
frages se  réunirent  en  faveur  de 
ce  dernier  ,  le  14  février  1775. 
Au  moment  de  son  élection  ,  il 
fondit  en  larmes  et  s* écria  :  O  mes 
amis  t  votre  conclave  est  termi-» 
tfé ,  et  c'est  mon  malheur  peut'* 
être  qui  commence»  Ces  mots  fu- 
rent une  prédiction.  Son  pon- 
tificat en  effet  fut  Fun  des  plus 
longs  qu'offre  Vhistoire  de  l'É- 
glise )  mais  fiussi  l'un  des^  plus 
nialheureux.  H  prit  à  son  avène- 
ment le  nom  da  \Pie  VI  ^  et  jus- 
tifia 1  adage  : 

^mp4r  sifi  têJuU  pérdttm  R^mM  fuî$n 

X^  premiers  «ctes  dv  r|iiit0rité 
du. nouveau  pape  furent  de  dis- 
tribuer des  aumôaet ,  de  répri- 
mander le  gouverneur  dç  Home 
ç[i4  a'avoit  p^$  arrêté  divers  dé^ 
SQndres ,  de  supprimer  pour  qua- 
r.anto  miil?  écus  romain  de  pen- 
a^OQS  onéreuses  ai^  trésor  publio^ 
dfi  faire  rendre  un  compte  sé- 
vère au  p^éfiet  de  Tannone  ^  ac-^ 
cusé  de  dilapidation.,  de  co.n— 
Jllét^r^  au  Vatiomi  un  Muséum 
commencé  par  son  prédécesjjetir  j 
et  consacré  à  recueillir  les  rao— 
Aumens^  les  vases  ,  les  statue* 
et  itiédéiHes  que  les  fouilles  dé-^ 
emtvitoient  dans  les  état€  de  TÊ- 
glise.  On  commença  en  1783  à 
en  publier  les  gravures  et  1& 
dçscription  ;  et  cet  biiVrage  con^ 
tient  six  vol.  in-folio»  Braschi  , 
jafoux  d'étendre  les  progrès  du 
cô'mmerqe  ^  fit  réparer  le  port 
d^Anconè  ,  et  construire  le  beau 
qui  y  raanqiioit.  Le  dessé- 
cbémenf'yes  marais  Pantins  de- 
vint sur^itout  le  tut  àes  efforts 
fle  son  administration  5  et  si  ce 
dessèchement  n!a  pas  été  ter- 
miné ,  le  projet  n'en  fut  pas 
moins  grand  et  utile.  Ces  marais 
i»ccupent  toute  la  vallée -qui  S^é^ 


PIE 

tend  des  Appennins  à  fa  mer;  ils 
commencent  au  port  d'Astura^ 
couvrent  la  côte  de  Terracine, 
et  parviennent  jusqu-au  royaume 
de  Napîes.  Rendre  ce  Vaste  ter-i 
ritoire  à  l'ogriculture  ,  et  le  pnrit 
ger  des  vapeurs  pestilentielles  ^ 
avoit  été  l'objet  aes  travaux  da 
censeur  Appius  Claudlus  ,  qui  t 
avoit  fait  élever  la  voie  célèbrt 
qui  porte  son  nom  ,  de  Tempe-i 
reur  Auguste  qui  y  fit  creuset 
un  lar^c  canal  ;  des  papes  Boni^ 
face  VIH^  Martin  V ,   Léon  X 
et  Slxte^Quint.  Fie  VJ  marclm 
sur  leurs  traces  ;  il  fit  pratiquer 
tme  route  sûr0  y  réparei:  ranclett 
aqueduc  de  Ter  racine,  dégager 
la  voie  Appienne  dti  Hmon  sons 
lequel  elle  avoit  disparu ,  creuser 
le  canal  de  Sogliano  ;  il  consacra 
k  cette  entreprise  tontes  ses  épar- 
gnes. Chaque  année  ,  il  se  plut 
a  visiter  les  ouvrages ,  et  à  les 
ranimer  par  sa  présence.  11  est  à 
désirer  qne  îe  fruit  de-ses  pelnesj 
de  sa  dépense  et  de  ses  soins  ne 
soient  point  perdu  pour  Ytivnxàt^ 
et  ^ue  les  mêmes  travaux  soient 
continués  par   ses    Successeurs. 
9i  Pie  Vï  ,  dit  John  WatkUit^ 
dans  son  Dictionnaire  universel  ^ 
«ijssitôt après  son  exaltation  cofi* 
çût  f  Idée  de  dessécher  les  marsi* 
Fontùis  qui  s'étendent  à  quarante 
milles  autour  de  Velatri ,  Terra- 
dine  et  Piperno,  Il  suivit  avèo 
zèle  ce  projet  auqiiel  a  voient  r©< 
nonce  des  empereurs  et  plusieurs 
de  ses  prédécesseurs ,  et  il  y  eip- 
ploya  les  meilleurs  ingénieurs  de 
Rome.  »   Le  zèîe  du  pontife  ne 
se  borna  pas  h  cette  grande  en- 
treprise  ;    il  fît  construire  une 
église  et  une  l?ibîio^hèqne  dans 
Kabbaye  de  Subiaco  ;  il  fonda  des 
hôpitaux  ;  il  manquoit  une  s^ 
cristie   à  la  superbe  église  de 
Saint-Pierre  de  Rome  ,  Fié  Vt 
la  At  élever  avec  magmificeneci 


-J 


Pie 

B  n'en  d^fikjra  pas  moîlis  |  lotisfi 
^'il  reçut  les  divers  toaveraint 
de  l'Europe  qui  vinrent  pendant 
•on  pbntÛtcat  visiter  la  capitale. 
iia  monde  Chrétien.  Jostpk  II 
empereur  d'AUeraagae  ^  Paul  I 
«i^iefenr  de  Anssie  y  Gutiave»^ 
'^Uiolpke  rei  de  Snède  ^  les  fils 
du  roi  d'Angleterre  et  son  frère 
le  doc  de  Gloeesier ,  furent  tou- 
chés de   son   accueil  et  de  se» 
vertus.  Sa  modération  se  déve- 
loppa dans  l'afiÎRire  de  Toscane  ^ 
«w  Léopold',  dès  1775  ,  avoit 
•ssfijetti  tous  les  biens  ecclésiac» 
tiques  aux  méioes  impôts  que  les 
autres ,  et  supprimé  les  hermi- 
tages.  En  1788  ^  il  abolit  la  non« 
eiature  dans  ses  états,  et  sup'- 
prima  dans  les  causes  du  clergé 
tout  appel  au  saint  Siège.  Fie  VI 
réclama  peur  ses  ambassadeurs 
les  mêmes  droits  qtt'obteneient 
ceux  des  autres  souverains  )    et 
en  temporisant  il  parvint  à  em** 
pécher  à  cet  égard  toute  inno«- 
vatioiK  Les  mêmes  iBétaagemens 
n'eurent  pas  If  même  succès  au- 
près de  Joseph  IL  Oëlui-ei  ren*- 
ve^soit  successivement  dans  ses 
états  rancienme  discipline  ecdé*- 
aiasti|ue  ;    il  plaçoit  les  ordres 
monastiques  sous  ^autorité  im^ 
médiate  des  évèques  9  et  les  en- 
levoit  à  la  juridiction  papale  ;  il 
faisoit  dresser  l'état  des  devenus 
da  clergé ,  et  annonçoit  le  des- 
sein formel  de  suivre  ses  projeta 
avec  activité»  Dans  cette  occur- 
r^ee,  PU  Vl,  ne  se  fiant  point 
àde  froides  négociations  9  prit  le 
parti  d'aller  lui-même  à  Vienne 
eonférer  sur  ses  propres  intérêts 
avec  le  chef  de  l'empire.  Après 
at oir  remis  le  gouvernement  *  de 
Rome  au  cardinal  •  C^lonnt  g  il 
partit  de  cette  ville  le  27  février 
1782.  L'empereur  et  son  frère 
(archiduc  MaximMien  allèrent  à 
«à  rencrontse  À  qu^qti^s  lieues 


PIE         it^ 

et  Vienne  ;  ils  dcsoèadirant  de 
voiture  dès  qu'ils  aj^rçurent 
Pie  VI,  et  l'embrassèrent.  Jo^ 
»eph  ayant  pris  le  pape  dans  so« 
carrosse ,  ils  entrèrent  ainsi ,  lé 
A2  mars  1781  ,  dans  la  capitale 
de  l'Autriche.  Leurs  conférences 
furent  fréquentes  et  toujoura 
amicale»;  et  quoiqu'elles  n'aient 
point  été  rendues  publiques,  Jom. 
seph  parut  dans  la  suite  moins 
ardent  dans  rexécution  de  ses 
desseins  ,  et  permit  même  lesr 
dispenses  dont  il  avoit  supprimé 
jusqu'alors  les  droits  ;  il  disolt 
scFuvent  i  La  vue  du  Pape  m*a 
faii  aimer  sa  personne  1  e'est  le 
meilleur  des  hommes,  th  retonc 
à  Eome ,  d'antres  teonbies  avec 
la  cour  de  Hïaples  occupèrent 
Pie  VI  i  ils  fuient  relatifs  tantdt 
Il  la  nomination  de  l'archevêque 
de  Naples ,  dana  laquelle  le  m»« 
narquenevoideit  point  admettre 
le  concours  du  pape  ,  tantôt  à 
l'institution  de  l'évêqiie  ^e  Po*« 
tenza  ,  iivk»  Pie  Vl  n' avoit  paa 
voulu  accorder ,  tantèt  au  refus 
de  la  présentation  de  la  haqnenée 
et  de  la  redevance  annuelle  de 
quarante  mille  florins  envers  le 
saint  Sîége.  Après  de  longs  dé^ 
mêlés  ,  il  fut  convenu  en  1789  ^ 
que  chaque  roi  de  Naples  à  son 
avénôment  ait  trône  ,  payeroit 
einq  cent  mille  ducats  en  forme 
de  pieuse  offrande  à  t$U  Pierre  ^ 
que  celle  de  k  haquenée  seroit 
abolie  pour  jamais  ,  et  que  le 
monarque  cesseroit  d'être  nommé 
ifossal  du  saint  Siège,  D'autraa 
différends  s'éteient  élevés  entre 
la-  république  de  Venise  ,  le  dua 
de  Modène  et  la  cour  de  Rome  r 
ils  alioient  entraîner  une  rupture 
éclatante  ,  lorsque  la  révolutions 
Françoise  vint  subitement  ler- 
éteindre  ,  en  faisant  redouter 
son  influence  à  toutes  les'  puis- 
sances d'Italie.  «  Pie  VI,ém^ 


130        PIE 

▼oit  le  cardinal  de  Bernis  »  a  !• 
cmur  François.  «  Cependant  , 
■cette  affection  ne  lai  fit  pas  a]>- 
,  prouver  les  décrets  relatifs  à  la 
oioiivelle  constitution  du  Clergé. 
Ces  décrets  ayant  amené  en  179* 
la  déportation  d'un  grand  nom- 
bre de  prêtres ,  Pie  VI  les  ac- 
cueillit ,  et  les  distribua  dans  les 
maisons  religieuses .  d'Italie  ,  oit 
ils  trouvèrent  un  asile  et  d  abon- 
dans  secours.  Les  armées  Impé^ 
riales  couvroient  alors  cette  con- 
trée 9  et  la  cour  de  Rome  parut 
favoriser  leurs  succès  ;  bientôt 
JBonaparte  qui  maitrisoit  là  vic- 
toice  par  son  génie ,  reçut  ordre 
du  directoire  d'entrer  sur  le  ter- 
ritoire ecclésiastique ,  et  en  1796 
il  s'empara  d'Urbin  ,  de  Bologne  , 
de  Ferrare  et  d'An  cône.  Mais  ce 
guerrier  arrêtant  le  pillage  et  la 
dévastation  ,  respectant  le  culte 
dans  lequel  il  étoit  né ,  écrivit  an 
gouvernement  une  lettre  noble 
«t  touchante  sur  le  sort  du  chef 
de  l'Eglise  ,  et  on  a  toujours 
conservé  en  Italie  le  souvenir  des 
égards  qu'il  lui  montra.  Le  fruit 
de  ceUe  modération  et  des  voies 
de  conciliation  qu'il  ouvrit  alors, 
fut  la  paixdeTolentino.Elle  coûta 
au  pontife  3 1  millions,  et  la  livrai- 
son de  plusieurs  chefs  d'œuvre  de 
peinture  et  de  sculpture  ^  dont  la 
France  s'enrichit.  BasseviUt.,  en- 
voyé extraordinaire  de  la  répu- 
blique à  Rome  en  1793,  avoit 
été  poursuivi  par  la  populace  de 
cette  ville  ,  et  en  avoit  été  frappé 
d'un  coup  de  rasoir  dans  le  bas- 
ventre  dont  il  étoit  mort.  Cet 
attentat  étoit  resté  impuni ,  et 
avoit  laissé  des  germes  de  res- 
«entiment  dans  le  gouvernement 
François;  il  éclata,  lorsque  Dm— 
phoi ,  Lyonnois  ,  jeune  guerrier 
plein  de  courage  ,  se  trouvant  à 
Ilome  ,  voulut  dissiper  par  sa 
présence  un  attroupement ,  et 


V  l  E 

fut  6ié  le  %8  décambre  1797 } 
par  les  troupes  du  pape.  L'am- 
bassadeur de  France  en  danger, 
fut  forcé  de  fuir  de  Rome  et  de 
$e  retirer  à  Florence.  Pie  VI 
étoit  loin  sans  doute  de  prévoir 
de  si  tristes  événemens  ,  et  en- 
core plus  de  les  approuver  ;  mais 
le  meurtre  de  Vuyhot  et  l'ou- 
trage fait  au  gouvernement  Fran- 
çois ,  méritoient  une  réparation 
onth antique  qu'il  ne  se  hâta  pas 
d'ordonner.  Aussitôt  ,  les  Fran- 
çois qui  étoient  aux  portes  de 
Home  ,  ^s'emparèrent  de  cette 
ville  et  de  la  personne  du  pape;  ( 
celui  -  ci  ,  conduit  d'abord  à 
Sienne  ,  pui»  dans  une  Char- 
treuse près  de  Florence  ,  fut  en- 
fin transféré  dans  l'intérieur  de 
la  France.  Il  traversa  les  Alpes 
et  le  Mont  -  Genèvre  porté  par 
quatre  hommes  ,  sans  paroitre 
ému  des  dangers  d'une  route  es- 
carpée et  où  il  fut  souvent  pres- 
que suspendu  sur  les  précipices. 
Ses  cheveux  ,  aussi  blancs  que 
les  neiges  qui  r«nvironnoient , 
étoient  agités  par  un  vent  pi- 
quant et  froid.  Des  hussards  Pié- 
montois  voulurent  lui  faire  ac-  \ 
cepter  leurs  pelisses  ;  Pie.  VI  Jei 
remercia  avec  affection  ;  mais  il 
ne  voulut  jamais  consentir  à  les 
en  priver.  Il  n'y  avoit  que  quel- 
ques heures  qu'il  étoit  arrivé  à 
briançon ,  lorsqu'un  peuple  ini' 
mense  rassemblé  sons  ses  fenê- 
tres ,  demanda  à  le  voir  ;  les 
cris  qui  s'élevoient  de  la  fonle 
annonçoient  souvent  des  inten- 
tions cruelles  ;  et  les  menaces , 
les  injures  des  uns  se  méioient 
aux  expressions  de  respect  et  d'a- 
mour des  autres.  Dans  cette  cir- 
constance ,  le  pontife  hésita  quel' 
qnes  instans  à  paroitre  ,  puis 
prenant  son  parti  et  s'avançant 
lentement ,  appuyé  surdeaxpr^" 
très  9  et  te  corps  chargé  de  do»". 


f 


PIE  PIE         xji' 

Ws ,  il  8e  montra  à  la  tDti1ti«*  cane  et  le  roi  de  Sardaigne ,  où 
tnde ,  en  s*écriant  :  Ecce  Homo,  il  donna  et  reçut  de  si  grandes 
Ces  paroles  pénétrèrent  tons  \et  leçons  des  vicissitudes  humaines  ; 
«cenrs  d'attendrissement ,  et  ceux  enfin  son  séjour  en  France,  oii 
même  qui  étoient  venus  pour  le  prince  de  l'Église  devint  un 
f  outrager  ,  te  prosternèrent  à  pauvre  voyageur  ,  mourant  en 
tes  pieds.  A  Gap,  à  Grenoble  ,  Apôtre  ,  ces  traits  offrent  des 
à  Voiron ,  il  reçut  les  honneurs  tableaux  graves  et  tonchans ,  di- 
dàs  à  son  rang  et  à  son  âge.  Il  gnes  de  1  histoire.  »  Il  a  paru  ûes 
avoit  alors  82  ans  ,  et  déplo>'Ott  Mémoires  historiques  et  philO'*  > 
encore  un  courage  supérieur  à  sophiques  sur  Pie  VI ,  qui  atta— 
son  infortune  et  à  la  &tigue  d'un^  quent  son  pontificat ,  et  l'accu- 
si  long  voyage;  mate  à  paie  fut-  sent  d'avarice  ,  de  vanité  et  de 
il  arrivé  à  Valence ,  où  le  gou—  népotisme.  Pour  fonder  ce  der- 
vemement  avoit  fixé  son  séjour ,  nier  -  reproche ,  l'auteur  cite  la 
qu'il  y  mourut  le  29  août  1798-,  swccessionâl Amansiol^pri^t^vày 
après  '  une  maladie  de  onze  jours,  après  s'être  enrichi  dans  les  doua- 
Il  avoit  gouverné  l'Eglise  près  4e  -  nés  ecclésiastiques  ,  fit  donation 
vingt-cinq  ans.  Soii  corps  transw  de  ses  biens  aux  deux  neveux  / 
porté  à  Rome ,  y  «■  Aé  re<çu  avec  de  Pie  VL  Cet  acte  fut  attaqué 
pompe  le  17  février  1802,  par  par  les  héritiers  de  droit.  Après 
Pie  Vil ,  assisté  de  dix-hnit  car-  divers  jugemens  de  la  Rote ,  Un-f 
dinanx.  Ses  intestins ,  renfermés'  t6t  en  faveur  de  la  marquise  de 
dans  une  urne  d'or  ,  sont  à  Va-  Lépri,  tantôt  en  faveur  des  BraS' , 
knce,  oit  Bonaparte  lui  a  fait  chi ,  le  pape  parvint  à  concilier 
faire  des  obsèques  solennelles ,  et  tous  les  intérêts  ^  dans  une  tran- 
ordonné  qu'on  loi  élevât  un  tom-  aaction  qui  partagea  l'héritage 
beau.  Pie  VI  avoit  une  figure  entre  les  parens  du  donateur  et 
noble  et  heureuse ,  une  taille  éle-  les  siens.  M.  Blanchard  curé  ,  a 
vie  ,  moins  d'esprit  que  de  p6-  publié  aussi  un  Précis  historique 
Aétration.  Il  étoit  accessible  et  sur  la  Vie  du  même  pontife  ^ 
laborieux.  Ses  mœurs  furent  se-  qu'il  défend  contre  tout  repro- 
vères ,  à  l'abri  de  tdut  reproche;  che,  et  qu'il  ffiit  aimer.  M.  Tatibé 
£  sortoit  rarement ,  et  toujours  DeUUe  lui  a  aonsacré  ces  vers  : 
accompagné.  Ses  seuls  délasse-  pontife  réréré ,  touYertin  magnanime , 
mens  furent  des  conversations  ^oble  et  touchant  spectacle  et  du  monde 
sérieuses  et  savantes.  «  Ce  pon-  «t  ^n  ^lel , 
tife  ,  dit  un  écrivain-  distingué  ,  ,1  j^^aore  à  la  fois  par  sa  vertu  lublîme  '  " 
pendant  sa  longue  carrière  vit  se  ^^^  «^heurf ,  U  rielUesse  ,  et  le  trône. 

former  l'orage  auquel  il  devo^^     •       ^j  rauteU 
te  dévouer  un  jour;  ses  malheurs        TiTT?T>TTkT/-w         tt  -.     '  •'  a.'    ' 

UH  k  c«nx  il  la  Fwnc  et  de  v^^ï^IUNO  del  Vaoa,  pemtr. 

l'Europe    entière  ,    comme   si  Toscan,  ué  en  .5oo,  inort  en 

tette  4ée  des  nation,  ne  pou-  '^47  '  t'^^i»".  ''»"*./'»  Vatican 

Toit  chanceler  sens  ébraider  tou-  ??•"  R'P'^'^.i  d»"!'  >»  P"'  ««" 

te.  les  aatrea  :  .on  voyage  à  tra-  ^'*«  ¥  "^"'"^j?  '  «  .  «<>•"  /f^« 

ver.  l'Italie,  où  il  montra  tout  ^<"»^'  ^'  décorations  étwent- 

rhiroïsme  de  la  patience  et  les  «on  genre  principal. 
.naies  grandeurs  de  l'hamiliation  s ,      V  IL  PIERRE  ALEXIO- 

ptaaavn» KVtclB  dçied^ïota  '^lH'liV'  tatnommUf  Gru»d^ 

Pi 


4 


i3^         PIB- 

teé  ^AlexU  Mickaël<ywUt  cxv 
de  Moscovie,  fut  mis  sur  le  tr6ne 
après  la  mort  de  son  frère  amë 
d^héodore  ou  Foedor  ,  an  préju- 
«lice  d*Iwan  son  autre  frère  dont 
la  santé  étoit  aussi  foible  que  Tes- 
prit.  Les  Strélitz  ,  milice  à  peu 
près  semblable  aux  Janissaires 
des  Turcs,  excités  par  la  prin- 
cesse Sophie  qui  espéroit  plus 
d  autorité  sens  Iwan  son  frère  , 
*e  révoltèrent  en  faveur  de  ce- 
lui-ci ^  et  pour  éteindre  la  guerre 
civile ,  il  fut  réglé  que  les  deux 
frères  régneroient  ensemble.  L'in- 
clination du  czar  Pierre  pour  les 
exercices  militaires  se  idéveloppa 
de  bonne  heure.  Pour  rétablir  la 
discipline  dans  les  troupes  de 
Htissie  9  il  voulut  donner  à  la 
fois  la  leçon  et  l'exemple  :  il  se 
jnit  tambour  dans  la  compagnie 
de  le  Fort  Genevois  ,  qui  l'aida 
beaucoup  à  policer  ses  états.  Il 
battit  quelque  temps  la  caisse,  et 
ne  voulut  être  avancé  à  des  grades 
plus  hauts  qu'après  l'avoir  mérité. 
£h  veillant  sur  le  militaire,  il  ne 
négligea  pas  les  finances  ,  et  il 
pensn  en  même  temps  à  avoir 
«ne  place  qui  servît  de  rempart 
à  ses  états  contre  les  Turcs.  Il 
•'empara  ihioî  ei^  )6^6  et  dé- 
fendit cette  forteresse  contre  les 
insultes  des  Tartares.  Pierre  mé- 
ditait dès-lors  de  faire  un  voyage 
dans  les  différentes  parties  de 
r£urope,  pour  s'instruire  dea 
lois ,  des  mœurs  et  des  arts.  L^an 
1^97  après  avoir  parcouru  l'Alle- 
magne ,  il  passa  en  Hollande  et 
Se  feiidit  à  Amsterdam  ,  et  eh— 
stiite  k  Saardam  village  à  deux 
li^iies  de  là ,  fahieux  par  it^ 
ciiàntîers  et  par  ses  magasins. 
Le  czar  déguisé  se  mit  parmi  \et 
oiivrieri ,  prenant  leurs  instruc- 
tions ,  mettant  la  main  à  Fcèuvre , 
et  '  se  faisant  t>asder  pour  un 
bOBNue  gui  f eiiloit  appjrtflidte 


PIE 

çielfve  métier»  Il  ^oit  despp^ 
miers  au  travail.  Il  £t  lui-mént» 
un  mât  d'avant  qiii  se  déinontoit 
en  deux  pièces  t  il  les  plaça  sur 
une  barque  qu'il  avoit  achetée  9 
et  dont  il  se  servott  p^r  sUer 
à  Amsterdam,  li  eon&trmsit  vii$^ 
un  lit  de  bois  et  tm  bain.  €e 
prince  se  fit  enrôlef  pArcsi  léf 
Charpentiers  de  la  Compagnie 
d^s  Indes  ^  sous  Je  nom  de  Bma» 
FeUer,  c'est-à-dire  Jll0Un0  Pierres 
se5  compagnonsl'appeloien  t  ainsU 
Un  homme  de  Saatdam.  qui  étoiti 
en  Moscovie  »  éctlvit  a  son  pèr» 
et  découvrit  par  sa  lettre  le  mys^ 
tère  quienvelopptHt  le  czar.l'oii» 
Jes  ottvciers  instruits  ée  «on  raog^ 
voulurent  changer  de  ton  ;  midt 
le  monarqueletir  persuada  déco»- 
tinuer  à  l'app^er  Màiire  Pierres 
Le  czar ,  toufoùrs  assidu  à  Kou-» 
vrage  »  devint  un  des  plu9  hahHeà 
ouvriers  et  un  des  meiUeurs  pi« 
lotes.  Il  apprit  aussi  un  péudegéo< 
métrie  et  quelques  aiutres  partieft 
de  mathématiquefl.  Pierre  quitte 
la  Hollande  en  iS^9  pour  passait 
en  Angleterre^  On  lui  «Voit  pré-^' 
paré  un  hôtel  magniâqiie;  maîi 
il  aima  mienx  se  placer  près  dti 
chantier  du  roi.  Il  y  vétut  x^omolti 
k  ^rda»  ^  s'instVtiisant  de  totfl 
et  n'c^ttbliant  rien  de  ce  qu'il  ap^ 
preneit..Le.roi  d'Angleterre  lai 
donna  le  plaisir  d'un  combat  na^ 
val  À  la  manière  Buropéemie; 
il  n'étoit  pas  possible  de  lui  priH 
curer  une  fêle,  plus  agréable.  0» 
travailloit  àlora  en  Russie  à  faire 
an  canal  qui  devoit  par  le  oM^yea 
dés  écluses  ,  foifmer  une  ooto* 
municalion  entre  le  Don  et  la 
Wolgatlia  fonction  de  ces  deux 
fleuve»  dnvrit  aux  Eusses  le  diofs» 
de  trafiquer  jsur  la  mer  Noire  9  et 
en  Perse  par  la  mer  Ctspknne, 
PiUrre  trouva  en  Angletezie  des 
ingénieurs  propiles  à  fihirct  grand 
WTCâ^  fibfin  £itiT0  puAil  ^ 


F  IB 

Zonâves  et  se  rendit  à  Vienne  ^ 
d  oii  il  se  disposoit  à  passer  en 
ItaJie  ;  mais  la  nouvdle  d'une 
sédition  l'obligea  de  renoncer  à 
son    voyage.    Cétoit   encore   la 
princefse  Sophie  qui  l'avoit  ex-* 
citée  da  fond  de  son  cloître.  Le* 
czar    la  calma  à  force  de  tor- 
tures et  de  supplices.  Il  coupa 
lui-niéme  la  tête  à  beaucoap  de 
criminels.  La  plupart  des  Stré— 
litz  furent  décimés  ou  envoyés  en 
Sibérie,  en  sorte. que  ces  troupes 
qui  faisoient  trembler  la  Kussie 
et  le  czar  lui-«méaie,  furent  di»« 
Bipées  et  presque  entièrement  dé- 
truites. Le  czar  institua  en  16999 
Tordre  de  Saint  -  André  ,  pour 
répandre  l'émulation  parmi  ses 
gentilshommes.  Les  Russes  pen^ 
laient  que  Dieu   avoU  créé  le 
Monde  en  septembre»  et  c'étoit 
par  ce  mois  quils  commençoient 
l'année;  mais  le  czar  déclara  que 
l'on  dateroit  à  lavenir,  le  com* 
xnencement  de  Tannée  ^  du  mois 
de  |anyier.  U  consacra  cette  ré- 
forme au  commencement  de  ce 
/Siècle  par  un  grand  Jubilé  qu'il 
indiqua  et  qu'il  célébra  en  qua- 
lité de  chef  de  la  Religion.  Une 
affaire  plus  importante  1  occupoit. 
Satrainé   par    \es    sollicitations 
^Auguste  roi  ddi Pologne,  et  par 
l'espérance   que   lui  donnoit  la 
|ennesse  de  Cliarles  XII  roi  de 
Suède  ^  il  déclara  la  guerre  à  ce 
dernier  monarque  en  1700.  Les 
çommencemens  n'en  furent  pas 
iieoreux  ;  mais  ses  défaites  ne  le 
découragèrent  point.  Je  sais  bien, 
disQit-il ,  que  les  Suédois  nous 
iatbren^  long-^temps  ;  mais  eefin 
^lU   apprendrons  à  les  battre,  • 
imitons  les  actions  générales  avec 
iujs ,  et  nous  les  a/foiblirons  par 
de  petits  combats*  Ses  espérances 
ae  furent  pas  trompées.  Après  de 
ç^ands  désavantages ,  il  remporta 
^  1709  dev«at  Fuitawa^  ime 


1>  I  E 


Ȕl 


Tictoire  complète.  Il  s'y  montra 
aussi  grand  capitaine  que  bravo 
soldat ,  et  il  fit  sentir  à  ses  ennemis 
combien  ses  troupes  s'étoient  in^ 
truites  avec  eux. Une  grande  par- 
tie de  l'armée  Suédoise  fut  pri- 
sonnière de  guerre  ,  et  on  vit  un 
héros   tel  que  le  roi  de   Suèd* 
fugitif  3ur  les  feerfes  de  Turquie  y 
et  ensuite  presque  captif  à  Ben*- 
der.  Le  cEar  se  crut  digne  alors 
de  monter  au  grade  de  liente^ 
nant  général.  U  Ht  manger  à  sa 
table  Tes  généraux  Suédois  pri^ 
sonniers  ;  et  un  jour  qu'il  but  a 
la  santé  de  ses  maîtres  dans  l'art 
de  la  ffuerre ,  le  comte  de  Rinchild 
l'un  des  plus  illustres  d'entre  ses 
prisonniers  ,  lui    demanda   qui 
étolent  ceux  à  qui  il  donnoit  un 
si   beau    titre  t   Vous  ,  dit-il , 
Messieurs  Us  généraux»  ^i^Votre 
Majesté  est  donc  bien  ingrate, 
répliqua  le  comte  ,  d^ avoir  tant 
maltraité  ses   Maures,  Le  czar 
pour  réparer  en  quelque  façon 
cette  glorieuse  ingratitude,  àt 
rendre  aussitôt  une  cpée  à  ch»- 
cua  d'eux.  Il  les  traita  toujours 
comme  auroit  fait  le  roi  qu'ils 
auroient  rendu  victorieux.  Pierre 
profita  du  malheur  et  de  l'éloi- 
gnement   du   roi    de  Suède  ;  il 
acheva  de  conquérir  la  Livonie 
et  ringrie,  et  y  joignit  la  Fin- 
lande et  une  partie  de  la  Pomé^ 
ranie  Suédoise.  Il  fut   plus  eti 
état  '  que  jamais  de  donner   ses 
soins  à   la  ville  de  Pétersbourg 
dont  il  venoit  de  jeter  les  fonde^ 
mens»  Cependant  les  Turcs  moins 
excités  par  Ckurles  XII  que  par 
leur  propre  intérêt^  rompirent 
la  trêve  qu'ils  avoient  faite  avec 
le  czari  qui  eut  le  malheur  de 
se  laisser  enfermer  en  171 1  par 
leur  armép  9  sur  les  bords  de  la 
rivière  de  Prutb^  dans  un  poste 
ou  il  étoit  perdu  sans  ressource. 
Ah  milieu  de  la  consternation 


au 


Pie 


générale  de  son  armée  ^  la  cza— 
rine  Catherine  qui  avoit  voulu  le 
suivre,  osa  seule  imaginer  un  ex- 
pédient; elle  envoya  négocier  ayec 
le  grand  visir  Baltagi  Méhémet. 
'On  lui  fit  des  propositions   de 
paix  avantageuses  \  il   se  laissa 
tenter,  et  la  prudence  du  czar 
acheva  le  reste.  £n  mémoire  de 
cet  événement  ,  il  voulut  que 
la    czarine    instituât   Tordre  de 
Ste.-Catherine  dont  elle  seroit 
chef,   et  où  il  n'entreroit  que 
des  femmes.    ^9    succès    ayant 
produit  la  tranquillité  dans  ses 
états ,  il  se  prépara  à  recommen- 
cer ses  voyages.  11  s'arrêta  quelque 
temps  à  Copenhague  en  1 7 1 5  9  ou 
il  s'occupa  à  visiter  les  collèges, 
les  académies,  les  savans,  et  à  exa- 
miner les  côtes  de  Danemarck 
•t  de  Suède  :  il  alla  de  là  à  Ham- 
bourg ,  à  Hanovre ,  à  Wolffem- 
buteU  toujours  observant;  puis 
en  Hollande,  où  il   parut  avec 
toute  sa  dignité  >  et  en  France 
en  1717.  Il  fut  reçu  à  Paris  avec 
les  mêmes  respects   qu'ailleurs, 
)      mais  avec  une  grâce  et  des  préve- 
nances qu'il  ne  pouvoit  trouver 
que  chez  les  François.  S'il  ail  oit 
voir  une  manufacture  et  qu'un 
ouvrage  parût  attirer  plus  ses  re- 
gards ,  00  lui  en  faisoit  présent 
le  lendemain.  11  alla  diner  à  Petit- 
bourg  chez  le  duc  à'Antin  «   et 
la  première  chose   qu'il  vit  fut 
8on  portrait   en  grand  avec  le 
même  habit  qu'il  portoit.  Quand 
il  alla  voir  la  Monnoie  royale  des 
médailles,  on  en  frappa  devant 
liii  de  toute  espèce,  et  on  les  lui 
présentoit  Enfin  on  en  frappa  une 
qu'on  laissa  exprès  tomber  à  ses 
pieds  et  qu'on  lui  laissa  ramas- 
ser. Il  s'y  vit  gravé  d'une  manière 
parfaite  avec  ces  mots  :  PIËRHË 
LE  Grand.  Le  revers  étoit  une  Re- 
nommée ,  et  la  légende  :  Vires 
,   AcqujAiT  EUNDO  f  allégorie  aussi 


P  I  E 

juste  que  flatteuse  pour  itn  prinee 
dont  le  mérite  s'aiigmentoit  en 
eflFet  par  ses  voyages.  En  voyant 
le  tombeau  du  cardinal  de  Hi- 
ckelteu  dans  l'Église  de  la  Sor* 
bonne,  et  la  statue  de  ce  mi- 
'  nistre ,  le  czar  monte  sur  le  tom- 
beau, embrasse  la  statue:  Grand 
Ministre  s  dit— il  ,  que  ties-ta  né, 
de  mon  temps  ?  Je  te  donnerais  ht 
moitié  de  mon  Empire  pour  m'ap^ 
prendre  à  gouverner  Vautre.  Le 
czar  ne  s'occupa  pas  uniquement 
à  Paris  à  voir  les  beautés  de  la 
nature  et  de  l'art.  11  proposa  au 
duc  ^Orléans  un  traité  qui  auroit 
été  également  utile  à  \\  France 
et  à    la  M oscovie.  Son  '  dessein 
étoit  de  se  réunir  à  Charles  Xll 
qui  lui  cédoit  de  grandes  pro* 
vinces ,  d'été!:  aux  IDanois  l'em- 
pire de  la  mer  Baltique  ,  d'af- 
foiblir  les  Anglois  par  une  guerre 
civile  et  d'attirer  en  Moscovie  tout 
le  commerce  du  Nord,  ce  qui  en 
même  temps  auroit  favorisé  celui 
de  la   France.  Il   ne  s'éloignoit 
pas  même  de  remettre  le  roi  «Sto- 
nislas  aux  prises  avec  le  roi  Au^^ 
guste ,  afin  que  le  feu  étant  al- 
lumé de  tous  côtés ,  il  pût  courir 
pour  l'attiser  ou  pour  l'éteindre, 
selon  qu'il  y  trouveroit  ses  avan- 
tages. Dans  ces  vues ,  il  proposa 
au  duc  à' Orléans  la   médiation 
entre  la  Suède  et  la  Moscovie, 
et  de  plus  une  alliance  offensive 
avec  ces  couronnes  et  celle  d'Es- 
pagne. Ce  traité  qui  mettoit  dans 
nos  mains  la  balance  de  TEa- 
rope ,  ne  fut  pas  accepté  par  le 
duc   ^'Orléans  ,   ou    plutôt  par 
Tabbé  Dubois  qui  le  gonvernoit 
Pendant  le  séjour  du  czar  à  Paris 
quelques  docteurs  de  Sorbonne 
lui  proposèrent  les  moyens  de 
réunir  rjÊglise  Russe  avec  la  mète 
et  le  centre  de  toutes  les  Églises; 
il  sembloit  d'abord  '  entrer  dans 
des  vues  propos^  pair  U  nul 


P  lE 

imonr  de  la  vérité  et  de  l'union. 
«  De  retour  diins  ses  états  ,  dit 
M.  Lé^etque ,  il  fit  du  pape  lui- 
même   le  priccipal    personnage 
d'une  fête  burlesque.  Nous  avons  ' 
vu  que  déjà  de{}uis  un  grand  nom-* 
bre  d'années  il  s'étoit  joué  sou- 
vent dans  des  parties  de.  débau- 
che 9  du  chef  si  Ion  g- temps  res- 
pecté de  l'Église  Russe.  Pierre 
s'avisa  en  17 1 8  de  transporter  sur 
la  personne  du  pape,  le  ridicule 
f[n'il  avoit  Jeté  sur  le  patriarche. 
u  avoit  à  sa  cour  un  fou  nommé 
Zotof,  qui  avoit  été  son  maître  à 
écrire.  Il  le  créa  prince-pape.  Le 
pape  Zotof  intronisé  en  grande 
cérémonie  par  des  bouffons  ivres, 
quatre  bègues  le  haranguèrent  : 
il  créa  des  cardinaux ,  il  marcha 
en  procession  à   leur  tête.  Les 
Russes  virent  avec  joie  le  pape 
avili  dans  les  jeux  dé  leur  sou- 
verain :  mais  ces  jeux  indispo- 
sèrent les  cours  Catholiques  ^  et 
snr-tout  celle  de  Vienne.  »  (Voy. 
au'ffr  l'article  Boursier.)  Le 
czar,   après  avoir  parcouru  la 
France ,  oii  tout  dispose  les  mœurs 
à  la  douceur ,  reprit  sa  sévérité 
dès  qu'il  fut  en  Russie.  Le  prince 
Alexis  son  fils  lui  ayant  occa- 
sionné du  mécontentement ,  il  lui 
£t  faire  son  procès ,  et  les  juges 
conchvent  à  la  mort.  Le  iende- 
nainde  l'arrêt ,  il  eut ,  dit»  on ,  une 
attaque  d'apoplexie  qui  l'emporta. 
On  raisonna  beaucoup  sur  cet  évé- 
nement funeste  :  (  Voyez  Alexis 
Pbtrowitz  ,  n.o  XL  )  Le  père 
alla  voir  son  fils  expirant ,  et  on 
dit  qu'il  versa  des  larmes;  mais, 
malgré  ces  larmes,  quelques  amis 
de  ce  prince  infortuné  périrent 
parle  dernier  supplice.  En  172 1 
il   conclut   une   paix    glorieuse 
tvec  la  Suède,  par  laquelle  on 
lai  céda  la  Livonie ,  l'Estonie  , 
nsgermanie ,  la  moitié  de  la  Ca- 
îwe  et  de  Wibourg.  Les  États  de 


p  I  E         13^ 

Russie  lui  déférèrent  alorsle  nom 
de  Grand,  de  Père  de  la  Patrie 
et  d'Empereur,  Le  reste  de  la  vi« 
du  czar  ne  fut  qu'une  suite  de  , 
ses  grands  desseins.  £n  1712,  le 
czar  favorisant  tout  ce  qui  étoit 
utile,  établit  un  comptoir  à  Scba- 
machie  ville  de  Perse,  qu'on  croit 
avoir  été  l'ancienne  capitale  de 
Gyruu  Les  Tartares  Lesghis  s  en 
étant  emparés ,  massacrèrent  les 
Russes  et  les  antres  ha  bi  tan  s. 
Pour  Venger  cet  outrage,  Pierre  I 
s'embarqua  sur  la  mer  Caspienne  ^ 
mit  le  siège  devant  la  ville  de  Der-^ 
bent,  s'en  empara  ainsi  que  de 
trois  provinces  qui  furent  ren- 
dues ensuite  à  Thamas  KouLi^ 
Kart,  On  ne  peut  que  parcourir 
les  dlfférens  établissemens  que  lui 
doit  la  Moscovie ,  et  seulement 
les  principaux  :  L  Une  Jw/a»— 
terie  de  100  nfille  hommes,  aussi 
belle  et  aussi  aguerrie  qu'il  y  en 
oit  en  Europe ,  dont  une  assez 
grande  partie  des  officiers  sont 
Moscovites.  IL  Une  Marine  de  40 
vaisseaux  de  ligne  et  de  400  ga-- 
1ères.  IIL  Des  Fortifications,  selon 
les  dernières  règles ,  à  toutes  les 
places  qui  en  méritent.  IV.  Une 
excellente  Police  dans  les  grandes 
.villes,  qui  auparavant  étoient 
aussi  dangereuses  pendant  la  nuit 
que  les  bois  les  plus  écartés. 
V.  Une  Académie  de  Marine  et 
de  Navigation ,  où  toutes  les  fa- 
milles nobles  sont  obligées  d'en- 
voyer quelques-uns  de  leurs  en- 
fans.  Des  Collèges  à  Moscow ,  à 
Pétersbourg  et  à  Kiof ,  pour  les 
langues, les  belles-lettres  et  les 
mathématiques  ;  de  petite^  Ecoles 
dans  les  villages  ou  les  enfans  des 
paysans  apprennent  à  lire  et  à 
écrire.  Vil.  Un  Collège  de  Mé-^ 
deoine ,  et  ime  belle  Apothioaù* 
rerie  publique  à  Moscow,  qui 
fournit  de  remèdes  les  grande» 
villes  et  In  armées.  Jusque-là  il 


L 


s)i$         P  I  E 

n'y  areit  tm  ilans  feoHt  Féoipiré 
aucun  médecin  qoa  pour  le  czar, 
et  nul  apothicaire.  VIIL  "Det 
Lefons  .  publiques  étAnatomie  , 
dont  le  nom  n  étoit  seulement  paa 
connu  ;  et  ce  qn  on  peut  compter 
pour  une  excellente  leçon  tou- 
jours subsistante ,  le  Cabinet  du 
fameux  Ruytck,  acheté  par  le 
cter  j  ou  sont  rassemblés  tant 
de  dissections  si  fines,  si  instruo^ 
tives  et  si  rares*  IX.  Un  Observa^* 
loirê ,  oh  les  astronomes  ne  s  oo- 

^  cnpent  pas  seulement  à  étudier 
le  ciel  9  mais  oh  l'on  renferme 
toutes  les  curiosités  d*bistoire 
naturelle.  X.  Un  Jmrdii%  des 
Plantes.  XI.  Dos  Imprimeries  , 
dont  il  a  changé  les  anciens  ca^ 
ractèfes ,  trop  barbares  et  presque 
indéchiffrables  à  cause  des  fré-*- 
q;uentes  abréviations.  XI L  Des 
înierprètes  pour  toutes  les  lan- 
gues des  Etats  de  l'Europe^  et 
de  plus  pour  la  latine  ,  pour 
la  grecque ,  pour  la  turque  ^ 
pour  la  calmouqn» ,  pour  la 
mongule,  et  pour  la  chinoise» 
XIII.  Une  Bibliothèque  Royalo  5 
formée  de  trois  grandes  bibito* 
thèques  qu'il  avoit  achetées  eH 
Angleterre  ^  en  Holstein  et  en 
Allemagne.  XIV.  Le  change-^ 
ment  général  comprit  aussi  la 
religion  9  qui  à  peine  méritait 
le  nom  de  religion  Chrétiennei» 
U  abolit  la  dignité  de  Patriar* 
che  9  qnoiqu* assez  dépendante  do 
lui.  Maître  de  son  Eglise  il  fit 
divers  réglemens  ecclésiastiques  ^ 
sages  et  utiles  ^  et  4  ce  qui  n'ar^ 
rive  pas  toujours ,  il  tint  la  main 
k  l'exécution.  XV.  Après  avoir 

«  donné  il  son  ouvrage  des  fon- 
demens  solides  et  nécessaires  ^ 
Pierre  y  ajouta  ce  qui  n'est  que 
de  parure  et  d'ornement  >  il  chatv« 
gea  l'ancienne  architecture  ^  gros- 
sière et  difforme  au  dernier  points 
OU  ptutôt  il  fit  noitro  cb^x  lui 


P  lE 

rArchiteetura.  On  vit  s'élfever 
grand  nombre  de  maisons  ré{ 
lièret  et  commodes ,  quelques 
lais  9  de»  bâtimens  publics  ^ 
sur»- tout  une  Amirauté  coi 
mode  et  magnifique.  XV L 
armées  ayant    conquis   pre$< 
toute  la  côte  occidentale  de 
mer  Caspienne  en  171a  et  17: 
il  fit  lever  le  plan  de  cette  mi 
et  grâce  à   ce  philosophe 
quérant  on  an  connut  enfin 
véritable  forme  9  fort  dtfien 
de*  celle  qu'on  lui  donnoit  coi 
munément.  Il  envoya  à  Tacadéi 
des  Sciences  de  Paris  dont  il  et 
membre  honoraire^  une   Cti 
de  sa  nouvelle  mer  Caspiean^ 
Cependant  Pierre  le  Grand  sei 
toit  sa  santé  s'épuiser  ;  il  était  at 
taqné  depuis  long— temps  d'ui 
rétention  d'urine  qai  lut  causi 
des  douleurs  aiguës  et  qui  Tei 
porta  le  28  janvier  1725,  à 
ans.  On  a  eru ,  on.  a  im[ 
qu'il  avoit   nommé   son  é| 
Catherine  héritière   de  Tempir 
par  son  testament  ^  mais  la  vé«^ 
rite  est  qu'il  n'a  voit  point  itdtéé 
testament  9  ou  que  dv  moins  it  | 
n'en  a  jamais  paru  :  négHgenêt 
bien  étonnante  dana  un  législs^ 
tenr.  Pierre  le  Grand  étoit  dune 
taille  haute;  il  avoit  l'air  noble |. 
la  physionomie  spirituelle  ^  le  ra» 
gard  rude  »  il  étoit  su^t  à  des 
espèces  do  convulsions  ^  qui  aU 
téroient  quelquefois  les  traits  dt 
son  visi^ge.  Mais  lorsqu'il  venloit 
faire  un  accueil  agréable  à  qné* 
qu'un  f  sa  physionomie  devenoit 
riante  et  ne  manquoit  pas  de 
grâce  9  quoiqu'il  conservât  too' 
jours  un  peu  de  l'air  8«rmat^ 
Il    s'«xprimoit    avec   iiicilifté  et 
p  tri  oit  avec  feu  ;  il  étoit  natu-* 
rellement  éloquent  9  et  baraB<^ 
gttoit  souvent.  Ce  prince  dédii* 
gadit  et  méprisoit  le  faste,  qui 
n'eut  fait  ^'environmèr  sa  pâ»f 


IG$, 


VI 


em 


Iti 


PIE 

ne  :  c^ëtoit  le .  prince  Meit^ 
off%on.  favori,  qu'il  chargeoik 
ic"  représenter  par  sa  magni— 
nçe»  Jamais  homme  ne  fut 
s  vif,  plus  laborieux ,  pliM 
treprenant ,  plus  infatigableb 
habitude  du  despotisme  ftiisoit 
e  ses  volontés ,  ses  désirs ,  ses 
taiaies  se  succédoient  rapide- 
nt,  e;t  ue  ponvoieut  souffrit 
moindre  contrariété  des  temps, 
s  lieux  ,  ni  des  circonstances» 
avoit  établi  des  hommes 
rgés  de  porter  du  secours 
incendies ,  que  l'on  sait  être 
rt  fréquens  eu  Moscovie.  Il 
oit  pris  uae  de  ees  commis^r 
ions  périlleuses  ;  on  le  voyoit 
onter  le  premier  avec  la  hache 
haut  des  maisoiis  en  fsu,  sans 
e  le  danger  l'efFrayât.  Cet  emt 
fenr  aimoit  beaucoup  à  voya^ 
•  il  ail  oit  sans  suite  de  l'ex-» 
émité  de  FËiirope  au  cœur  de 
Afite;  il  f ranch  issoit  souvent  l'ia- 
aile  de  Pétersbourg  à  M08-9 
'•ew,  qui  est  de  aoo  lieues  eom^ 
luanes ,  comme  un  antre  prince 
fisse  de  son  palais  à  une  mai-** 
son  de  plaisance^  Pierre  U  Grand 
^toit  extrême  dans  son  amitié, 
âans  sa  haine,  dans  sa  vengeaAae, 
dans  ses  plaisirs.'  11>  afmolt  beeu» 
eoitp  les  femmes  et  n'étoit  pas 
fort  délicat  sur  ie  choix  ;  et  dans 
^effervescence  de  son  tempér»^ 
Xient ,  qudqnefois  un  sexe  8up« 
pléoit  à  raut;re.  Il  éteit  adonné 
par  un  vice  de  son  éducation ,  au 
vin  et  aux  liqueurs  fortes.  Ce^ 
excès  ruinèrent  son  tempérament, 
H  le  randirent  sfujet  à  des  ae&èt 
^  fureur  dans  ksqueis  il  ne  se 
connoissoit  plus  :  i\  étoit  alors 
«raei.  Mais  si  quelqu'un  de  sea 
fitvoris  le  rappeloit  à  }ni-<pméme^ 
aux  sen  timens  d'h  umanité ,  il  s'ap-* 
paisoit  et  rougissoit  de  ces  trans-» 
ports  d'un  emportement  involon*« 
^ire.  Il  diaoit  flerji  ,  avec  une. 


PIS         »3T 

iorte  de  confiistpn  ^  «Ta»  réformé 
ma  Nation  ,  et  je  n'ai  pu  me  ré^ 
former  moi-même  !  Ce  fut  le  Fori^ 
et  sur-tout  l'impératrice  Cathe^ 
rine ,  qui  eurent  dans  cas  occa«* 
aions  le  plus  d'ascendant  sur  lui. 
Voludre  richement  récompenié 
par  la  cour  de  Russie ,  a  trop 
dissimulé  les  cruautés  du  czar 
Fierre ,  dans  l'Histoire  de  Gom<**^ 
mande  qu'il  adonnée  de  ce  prince^ 
qu'il  appelle  ailleurs  moitié  héros  , 
moitié  tigre.  Le  parallèle  qu'il  ea 
fait  avec  Lycurgue  et  Soloa,  deiqp 
législateurs  vertueux  et  humains  » 
parut  un  peu  extraordinaire  à 
ceux  qui  se  rappeloient  ce  mo«« 
Geau  de  YHiHpirede  Charles  XII, 
page  60  de  l'édition  de  Paris  ; 
4(  Il  est  affreux  qu'il  ait  manqué 
à  ce  réforaaafeeur  des  hommes  la 

Principale  verbu ,  l'humanité.  De 
i  brutalité  dan#  ses  plaisirs  ^  de 
la  férocité  d^ns  ses  mœurs,  do 
la  baribarie  dans  ses  vengeances  , 
se  oiéloient  à  tant  de  vertus.  Il  po^ 
liçoit  ses  peuples ,  et  il  étoit  san^* 
vage.  U  a,  de  ses  piropces  naios  ^ 
été  l'exécuteur  de  ses  sentences 
sur  des  criminels;  et  dans  une 
débauche  de  table  il  a  fait  voir 
9on'odrttSse  à  couper  àes  tétesr...  a] 
«  Les  roues ,  dàt^il  ailleurs ,  pag^ 
4S4  ^  furent  couvertes  des  mem** 
bres  rompus  des  amis  de  son  fils. 
Il  fit  couper  la  tète  à  son  propcq 
beau«>frère  le  comte  Jûaptrechin , 
oncle  du  prince  Alexis,  Le  con*4 
fesseuf  dû  prince  eut  aussi  la  této 
coupée.  Si  la  Moscovie  a  été  civi» 
U$ée.  il  fiaut  a  vouer  qiie  cette  poU* 
tesse  lui  a  coûté  cher...  «  Pierre  J, 
dit  Làvesque ,  placé  sur  le  trône 
pour  faire  observer  les  lois  et 
pouc  punir  le  crime }  mais  né  dans 
un  pays  qui  éveil  aâopté^  pour 
la  punition  des  ooapables,  le 
eruelle  sévérité  des  Orientaux  , 
confondît  plusieurs  fois  la  justice 
avec  «ne  rigueuj^  féroce  qui  r4^ 


L 


»3« 


P  I  E 


Tolte  rhumanité.  Persuadé  que 
le  crime  nedoit  pas  rester  impuni, 
il  comprit  quelquefois  tant  d  ac- 
cusés dans  sa  vengeance  ^  qu'il 
dut  y  envelopper  des  innocens» 
Monarqne,  il  faisoit  trembler  ses 
peuples  :  homme,  il  descendoit 
jusqu'à  la  familiarité  avec  les 
derniers  de  ses  sujets.  Protecteur 
de  la  religion ,  il  donna  des  lois 
pour  obliger  les  Russes  à  remplir 
les  devoirs  extérieurs  du  Chris- 
tianisme :  ennemi  du  clergé ,  il 
profana  les  cérémonies  de  la 
religion  pour  rendre  Les  prêtres 
ridicules.  Sensible  à  l'amitié , 
constant  dans  ses  goûts,  il  laissoit 
oublier  à  ses  amis  qu'il  étoit  leur 
maître  :  colère  «  emporté ,  capri- 
cieux ,  il  les  terra ssoit ,  les  frap- 
poit  de  la  main  et  de  la  canne  ; 
furieux  dans  l'ivresse ,  il  tira 
quelquefois  l'épée contre  eux.  Dur 
à  lui-même,  il  ne  pouvoit  aimer 
que  ceux  qui  ne  craignoient  pas 
les  fatigues ,  et  qui  savoient'  mé- 
priser la  yie  dans  les  hasards  de 
la  guerre,  sur  la  face  des  mers 
irritées ,  et  dans  les  débauches  de 
la  table.  Ennemi  de  l'indolence  , 
zélé  jusqu'à  l'excès  pour  les  ins- 
titutions dont  il  étoit  l'auteur  et 
qu'il  croyoit  utiles ,  il  condamna 
son  propre  réformateur;  il  vou- 
loit  inspirer  à  sa  nation  des  mœurs 
plus  douces  et  plus  décentes  : 
•ntrainé  par  son  penchant  et  par 
l'exemple  des  étrangers,  il  leur 
laissoit  voir  le  souverain  plongé 
dans  la  débauche ,  ami  des  plai- 
sirs grossiers,  livré  à  des  vices 
crapuleux.  »  (  Histoire  de  Russie, 
Urée  des  chroniques  originales , 
etc.  par  Lévesque ,  Paris ,  1 78 1 .  ) 
Les  sévérités  de  Pierre  J  ont  paru 
nécessaires  à  quelques  auteurs; 
Biais  il  faut  sans  doute  que  ces 
auteurs  fassent  bien  peu  de  cas 
de  la  vie  des  homi^es.  On  excu- 
saroit  plus  facikmeut  l'autorité 


p  lE 

despotique  avec  laquelle  il  god'^. 
verna  ses  sujets ,  s'il  ne  s'en  étoit 
servi  que  pour  leur  faire  du  bien  : 
mais  il  n'en  fit  pas  toujours  ua 
aussi  bon  usage.  Quoi  qu'il  en 
soit ,  rapportons  ce  qu'un  philo- 
sophe (Fontenelle)  a  ditdeplau« 
sible  sur  ce  despotisme ,   dans 
l'Eloge  qu'il  prononça  du  czar 
dans  l'académie    des  Sciences  : 
«Le  czar  a  voit  affaire  à  un  peuple 
dur ,  indocile ,  devenu  paresseux 
par  le  peu  de  fruit  de  ses  tra- 
vaux ;  accoutumé  à  des  châtimens 
cruels,  et  souvent  injustes;  dé- 
taché de  l'amour  de  la  vie  par 
une   affreuse   misère;   persuadé 
par  une  longue  expérience  que 
Ton  ne  pouvoit  travailler  à  son 
bonheur,  insensible  à  ce  bonheur 
inconnu.  Les  thangemens  les  plus 
indifférons  et  les  plus  légers,  tels 
que  celui  des  anciens  habits  oa 
le    retranchement    des    longues 
barbes,  trouvoient  une  opposi- 
tion opiniâtre  et  sursoient  pour 
eauser  des  séditions.  Aussi,  pour 
plier  la  nation  à  des  nouveautés 
utiles ,  fallut-il  porter  la  riguenr 
au-delà  de  celle  qui  eût  su&  avec 
un  peuple  plus  doux  et  plus  trai« 
tabte  :  et  le  czar  y  étoit  d'autant 
plus  obligé  ,  que  les  Moscovites 
ne  connoissofent  la  grandeur  et 
la  supériorité  que  par  le  pouvoir 
de  faire  du. mal  ;  et  qu'un  maître 
indulgent  et  facile  ne  leur  auroit 
pas  paru  un  grand  prince,  et  à 
peine  un  maître.  »  Ce  prince , 
qui  fut  si  passioimé  pour  la  ma- 
rine ,  avoit ,  dans  les  premières 
années  de  sa  jeunesse,  ime.  très- 
grande  frayeur  de  l'eau;. il  par- 
vint   à   se   dépouiller   de    cette 
crainte.  Pierre  étoit  l!hbmmel« 
plus  savant  de  son  empire;  il 
parioit  plusieurs  langues  ;  il  éteit 
très— habile  dans,  ]es  mathéma- 
tiques et  dans  la  géographie  ;  il 
avoit  appris  jusqu'à  la  chirur^it 


PIE 

fn'il  exorça  en  plusieurs 
«ions.  Il  aimoit  les  projets  vastes  ; 
il  les  suivoit  avec   une  ardeur 
incroyable,  avec  une  constance 
à  toute  épreuve  ;  son  arnbition 
étoit,  pour  ainsi  dire,  de  créer» 
(  Voyez  Gallitzin,  n*»  I  et  U.  ) 
L'impératrice  Caf^rine  //  a  fait 
élever  par   Etienne  Talconnet» 
avec  des  frais  immenses ,  à  Pé-< 
tersbourg,  une  statue  colossale 
à  la  mémoire  àe  Pierre  le  Grande 
Cette  énorme  masse  de  rocher , 
avec  son  piédestal  qui  est  le  même 
morceau,  pèse  3  millions  et  ;&oo 
milliers.  L'obélisque  que  Tempe^ 
reur  Constance  fit   transporter 
d'Alexandrie  à  Rope ,  et  qui  est 
le  pins  grand  qui  soit  connu  ,  ne 
pèse  que  le  tiers  de  œ  monument. 
Un  simple  forgeron  Rasse  trouva 
le  moyen  de  le  transporter  des 
marais  de  la  Carélie  dans  la  ca- 
pitale, en  le  plaçant  sur  d'épais 
châssis    à  coulisse  ,  remplis  de 
boulets  de  canon ,  et  en  le  ifaisant 
haler  sur  ces  boulets  avec  des 
cabestans.  Pierre  I  est  vêtu  à  la 
Romaine  et  couronné  de  lauriers. 
Le  cheval  qu'il  monte  s'élance  et 
a  les  deux  pieds  de  devant  en 
l'air  ;  avec  ceux  de  derrière  il  foule 
un  serpent  de  brbnze ,  qui  mor»* 
dant  la  queue  flottante  du  cheval , 
eu  assure  l'équilibre. 

*  IX.  PIERRE  m,  né  en  1728 

'  iAaae  Petrowna ,  fille  aînée  de 

Pierre  le  Grand ,   et  de  Charles 

Frédéric  duc  de  Holstein-Got— 

torp,  fut  déclaré  grand  duc  de 

Ilussie  le  18  novembre  1 742  ^  par 

l'impératrice  Èiizabeth  sa  tante, 

après  avoir  embrassé  la  religipn 

Grecque,  l-l  se  nommoit  aupara* 

vant   Charles-Pierre-^Ulric,   Le 

lendemain  même  que  Pierre  fut 

désigné  pour  succéder  à  JB/tz/ai*»/^, 

trois  ambassadeurs  Suédois  arri- 

Vk-ent  à  Péterftbourg  pour  Uii  vji^ 


PIE         1)9 

honcer  que  le  sénat  de  Stockholm 
l'avott  élu  roi.  Pierre  remercia 
les  envoyés  ^  et  les  pria  d'engager 
le  sénat  à  choisir  à  sa  place  son 
oncle  Adolphe  FrMeric  de  HoU'» 
teins  ce  qui  fut  fait.  Après  la 
mort  àÉUzabetk ,  il  fut  proclamé 
empereur  de  Russie,  le  5  janvier 
1762^  ou  le  ^5  décembre  17^1  , 
selon  le  vieux  style.  Les   corn— 
mencemens  de  son  règne  furent 
doux  et  heureux.  Il  se  montra 
patient  et  juste  ;  il  sut  pardonner 
a  ceux  qui  avoient  cherché  à  lui 
nuire  près  de  l'impératrice  ,   et 
rappela  dans  leur  patrie  près  d« 
17  mille  exilés.  Il  permit  à  la 
noblesse  Russe  de  voyager  hors 
de  l'empire  ;  ce    qu'elle   n'a  voit 
encore  jamais  obtenu  ;  et  il  abolit 
la  Chancellerie  privée  »  tribunal 
cruel  et  tyrannique  qui  servoit  à 
condamner  tous  ceux  qu'on  y 
tradnisoit   comme  coupables  de 
haute  trahisonx>u  qui  déplaisoient 
au  souverain.  Pierre  III  ne  jouit 
p(is  long— temps  du  trône.  Admi^^ 
rateur  extrême  du  roi  de  Prusse  ^ 
il  voulut  l'imiter  dans  plusieurs 
choses  ;  mais  il  le  fit  avec  trop 
de  précipitation,  quoique  le  prince 
qu'il  prenoit  pour   son  modèlo 
lui  eut  écrit  d'aller  bride  en  maiitm 
n  avoit  de  bonnes  intentions  ; 
mais  on  lui  a  reproché  de  man-* 
quer  de  caractère.  Parmi  les  pro-- 
jets  les  plus  sages ,  il  en  adoptoit 
souvent  d'inutiles ,  môme  de  dan- 
gereux ,  et  le  désir  des  amélip» 
rations  lui  fit  hasarder  des  ré-« 
formes  trop  prématurées.    Son 
amour  pour  les  nouveautés  fi- 
rent murmurer  tous  les  ordres  der 
l'état  ;  des  murmures  on  passa 
à  la  révolte.  Pierre  fut  détrôné 
le  6  juillet  1762  ,  et  l'impératrice 
sa  femme  fût  reconnue  souve-v 
raine  sous  le  nom  de  Catherine  It* 
Ce  prince  mourut  sept  jours  après. 
La  cause  de  sa  mort  fut ,  dit^ 


L..   ..     . 


»40 


P  lE 


on ,  1B1  flnx  bémorroMal  auquel 
il  étoit  sujet.  Quelques  historiens 
ro:it  «Uribnée  à  la  violence.  Pins 
décidé  pQur  lu  religion  Protes^ 
tante  que  ponr  la  Grecqne ,  il 
■voit  dessein  de  ftire  fies  chan- 
Çemens  à  celle  des  Russes  ;  et  il 
rnvoit  declapé  à  Tarclievéque  de 
Vovo^orod.  Cette  imprudence  ne 
contribua  pas  peu  à  aliéner  les 
«œnrs  de  la  nation.  Pierre  IH 
H  éprouvé  la  vérité  de  la  fameuse 
maxime  :  Vœ  vicUs.  Certains  ga- 
aetiers  l'ont  peint  cooinie  nn 
)>rince  crapuleux  et  imbécille. 
Il'anteur  des  Aiteedoies  de  Fré-^. 
deric  lé  Grand»  plus  impartial  , 
dit  :  •  Ses  prétendus  excès^de  bois- 
son étoicntsi  peu  véritables,  que 
le  prince  usoit  d'une  grande  so- 
briété, ne  dé)e(inoit  pas  et  ne 
qnittoit  jamais  après  dîner  la 
ébmpagnie  des  femmes.  Il  avoit 
l'esprit  élevé,  le  coeur  juste  et 
sincère;  ennemi  de  la  flatterie 
et  de  l'oppression  ;  incapable  de 
soupçon  et  de  cruauté.  »' 

XXV.  PIERRE  d'Auvergne , 
fumo(nn)é  V Ancien  ,  troubadour 
célèbre ,  adressa  diverses  chan- 
sons aux  Dames  de  son  temps, 
i)  )es  (nettoit  lui-même  en  niu- 
kiq\\ç  (st  les  çhantoit  agréable* 
mén%.  Né  à  Clermont  en  Au- 
vergne ,  il  fut  le  premier  qui 
lians  sa  province  fit  connoitre  la 
languie  çt  la  poésie  provençale* 
$es  t^lens  distingués  ,  la  beauté 
de  sa  figure ,  sa  facilité  à  parler 
le  firepc  appeler  le  Maître  d^ 
troubadours.  Outre  ses  chan- 
;iqns. ,  o,n  lui  doit  :  I.  Un  Foëme 
Jjititulé  ^  Contrat  du  Corps  et 
4e  l'Ame.  H  le  laissa  imparfait  ; 
m^is  Richard  Arquler  (fe  Lam- 
Dpsc  racl^çva  dqns  la  suite  avec 
ftiiccès.  11.  Une  Sirvente ,  c'est-à- 
dire  une  satire  contre  les  Sici^ 
li^s ,  auteurs  du  massacre  des 
t*rançois  peudojit  les  Vêpres  Siûi-< 


p  lË 

tiennes»  111.  Un  Ehge  des  pô^tel 
de  son  temps ,  oii  il  ne  s'ouUie 
pas  ;  en  annonçant  «  qu'O  avoit 
la  voix  plus  belle  que  les  autres*, 
et  que ,  dès  qu'il  avoit  en  pris 
de  1  amour  en  Provence  9  ses  poé- 
sies ayoient  été  supérieures  à 
celles  de  tons  les  poètes  du  pays.» 
IV.  Des  Poésiei  spirituelles ,  en- 
tr'a  ntres  ,^ine  Canzone  ou  Hymne. 
en  honneur  de  la  Vierge ,  qui  4 
servi  de  modèle  à  celle  que  Pé'm 
êrarqtie  composa  ensuite  sur  le 
même  sujet.  V.Des  Kif r*  sur  dif-s 
férens  sujets  qu'on  peut  lire  danf 
le  manuscrit  3,104  du  Vatican, 
Pierre  d'Auvergne  est  nommé 
Pierre  Roger  dans  quelques  «n^ 
ciens  manuscrits  qui  disent  qu'i( 
fut  chanoine  dans  sa  jeunesse , 
mais  qu'il  quitta  son  bénéfice 
pour  jouer  la  comédie  et  feirç 
i'ampur.  Il  fut  ajmé  d*Ermé»^ 
garde  comtesse  de  Foix ,  pré- 
sidente de  la  cour  d'amour  de 
Gascogne ,  e(  mourut  assassiné 
vers  l'an  1 33o  par  les  parens  dç 
Haguette  de  Baux ,  jeune  beauté 
qu'il  avoit  aussi  rendu,  sensible. 
Voyez  I.  Baux. 

PIETAINI ,  (  Joseph  )  habile 
peintre  d  histoire,  mort  en  17679 
étoit  né  dans  le  bailliage  de  LiH 
gano. 

PIGET  ,  < Simon)  libraire  ef 
imprimeur  de  Paris ,  avoit  étenda 
son  commerce  dans  toute  l'Eu- 
rope ,  au  milieu  du  17*  sièclat 
Il  étoit  versé  dans  la  connoissancç 
des  langues  savantes.  Ses  éditions 
sont  recherchées.  On  distingua 
parmi  cellesc-ci  les  œuvres  â^Am^ 
phyhque ,  1 644  ,  in  —  folio ,  et 
un  Rituel  grec  par  Gourd,  in-r 
fol.  Ce  dernier  ouvrage  est  trèt^ 
rare* 

*  PIGNQRIUS  ,  (Laurent) 
né  à  Padoue  en  1 57 1 ,  devint  cnr^ 
de  Saint-Laurent  de  cette'  ville, 

ptttf 


l^is  cKanoine  de  Tréviso ,  Oti  11 
mourut  de  la  peste  en  t  6  3  i  « 
à  60  ans.    Ce  littérateur  avoit 
dressé  une  belle  bibliothèque  et 
tin  riche  cabinet  de  médailles  ^ 
qui  hii  servirent  dans   la  com- 
position de  ses  savans  ouvrages. 
On  a  de  lui  :  I.  Un  Traité  JDe 
Servis  et  eorum  apud  Veteres  mi'- 
nisteriis ,  in-4.**  IL  Characteres 
^SypUi,    in -4",    1669.   C'est 
l'explication  de  la  célèbre  table 
biaque.  Celle-ci  est  en  bronze  , 
et  a  cinq  pieds  de  long  sur  trois 
de  large.  Elle  fut  achetée  au  sac 
de  Rome  en  i5a5  par  un  ser- 
rurier ,  qui  la  vendit  au  cardinal 
Bembo,   A  la  mort  de  ce  der- 
nier ,  elle  passa  dans  le  cabinet 
des  duGs  de  Mantoue  tt  y  resta 
jusqu'en   1 63o  ,  année  où  cette 
lille  fut  prise  par   les   troupes 
Impériales.  Cette  table  a  été  dé-* 
posée  depuis  à  Turin  .  et  ensuite 
à  Paris  au  Musée  des  arts,  fille 
offre  une  grande  quantité  de  fi^ 
gures  et  de  divinités  Egyptiennes, 
«es  symboles,  des  hiéroglyphes» 
W'arhurton  la  croit  le  plus  rao- 
derne  monument  de  l'Egypte  an- 
cienne. JEnée  Vico  de  Parme  l'a 
pavée  dans  toute  sa  grandeur  ; 
elle  l'a  été  depuis  en   moindre 
vol.  pour  les  Œuvres  de  Mont-^ 
faucon ,  de  Jablonski  et  de  Caylus» 
Elle  a  été  expliquée  par  le  jé- 
suite Kircher  ;  mais  l'opinion  de 
Pignorius  ,  quoique  plus  simple  , 
a  paru   la  plus    vraisemblable* 
Ql.  Origini  di  Padoua  ,  16169 
m -40  ;  et  plusieurs  autres  ou- 
vrages pleins  de  profondes  re- 
cherches.    Pignorius    avoit    un 
«mour  vif  et  constant  pour  Té- 
tnde.  Les  hommes  les  plus  savans 
de  son  siècle  se  hrent  honneur 
^ètre  en  relation  avec  lut 

*  PILATE  ,  (  Pontius  PzLA" 
fvs)  gouverneur  de  la  Judée  y 

SuPPL,  Tome  IIL 


P  î  t  Ml 

dont  la  famille  et  la  patrie  sont 
inconnues  9  mais  qu'on  croit  Ro- 
main ou  du  moins  Italien  ,   fut 
nommé  gouverneur  de  la  Judée 
à  la   p^ace  de  Gratu^  ,   l'an    26 
ou  27  de  Jésuf-Christ.  U  com-^ 
manda  dans  cette  province  pen-« 
dant  <iix   ans   sons    Tibère,    C« 
fut  lui  à  qui  les  Juifs  menèrent 
JÉSUS -Christ  ,   pour  le  prier 
d'exécuter  le  jugement  de   mort 
qu'ils  croyoient  qu'il  méritoit.  Pi^ 
la  te  le  trouvant  innocent ,  le  ren-« 
Voya  à  Hàrode  roi  de  Galilée ,  et 
tâcha  de  profiter  de  la  fête  àm 
Pâques  pour  le  délivrer.  Ensuite 
croyant    calmer   la    fureur    des 
Juifs  par  quelque  satisfaction  ,  il 
fit  cruellement  flageller  le  Sau-« 
veur.  Mais  la  rage  de  ses  ennemis 
ne  fut  pas  assouvie.  PilaLc  vou-« 
lut  cependant  se  dispenser  de  pro« 
noncer  le  dernier  jugement  con<« 
tre  lui.  Mais  lorsqu'il  vit  que  les 
Juifs   ne  se  rendoient  point  et 
qu'ils  le  menaçoient  même  de  U 
colère  de  César  »  il  livra  JÉSUS-* 
Christ  aux   bourreaux  qui    la 
crucifièrent  :  pareil  à  tant  de  ma<« 
gistrats  qui  avec  de  bonnes  in- 
tentions ,    mais  sans   force    de 
caractère ,  se  prêtent  aux  inten<n 
tions  perverses  des  méchans.  U 
ajouta  la  dérision  à  l'injustice  9- 
en  faisant  mettre  sur  l'écriteau 
de  la  croix  :  Jésus  de  Naza^^ 
relh  ,  roi  des  Juifs  ;  car   il  ne 
reconnoissoit  pas  le  royaume  de 
Jésus-Christ  ,  mais  il  vouloit  se 
moquer  du  peuple  Juif.    Pilate 
prit  Fargent  du  trésor  sacré,  pour 
f(ùre  travailler  à  un  aqueduc.  On 
se  souleva  contre  lui ,  et  le  gou-^ 
verneur  fut  obligé  d'employer  la 
force  pour  appaiser  la  sédition. 
Il  exerça  des  cruautés  encore  plus 
horribles  contre  les  habitans  de 
Sa  marie  j  qui  s'en  plaignirent  à 
Tibère,  Ce  ptince  l'envoya  l'aa. 
36  de  J.  Ci  en  exil  près  de  Vie  non 

Q 


Mï 


P  I  L 


en  Danptiiné  ,  on  il  se  tna  de 
désespoir  <ktix^  ans  après  ^  du 
tnoins  à  ce  que  dit  Eusèbe.  Philo» 
le  Juif  en  parle  comm»  d'un  juge 
Ifiiqûe  qui  vendoit  la  justice  ^  et 
Hrroit  pour  de  l'argent  le  sang 
Innocent.  Il  le  peint  comme  nn 
magistrat  iB|itste  ^  cruel  et  ré- 
3ial  9  qui  tourmenta  la  Judée  par 
ses  Meurtres  et  par  ses  rapines, 
li'historien  Jaèpke  ew  fait  è  peu 
près  le  même  portrait.  Nous  avons 
sous  son  nom  une  Lettre  à  Ti^ 
hère  y  dana  laquelle  i^  lui  rend 
compte  des  miracles  et  de  la  ré- 
surrection de  Jésus^Christ  ;  mais 
OHoiqu  elle  sôit  citée  par  Ter  lui'- 
tien  dans  son  Apologie  pour  les 
Chrétiens ,  on  la  regarde  comme 
vne  pieuse  imposture.  On  doit 
porter  le  même  jugement  du 
Trésor  admirakfe  de  la  Sentence 
de  Ponce -Pilate  contre  Jésus- 
Christ  ,  trouvée  écrite  sur  par^^ 
chemin  en  lettres  hébraïques  dans 
la  ville  d'Aquila.  Cette  pièce  sup- 
posée fut  traduite  de  l'italien  en 
iranoois ,  et  imprimée  à  Paris  en 
I58ï  ,  in-S.*' 

*  PItATRE  DU  Rosier, 
X  François  )  né  à  Meti  le  3o  mars 
175s  ,  iat  placé  d'abord  chez  un 
apothicaire  ,  quil  quitta  pour 
«lier  chercher  des  lumières  dans 
la  capitale.  Il  cultiva  l'histoire 
2iaturelle  et  la  physique.  Il  avoit^ 
(établi  à  Paris  un  Musée  ayant 
éeux  objets ,  le  premier  d'offrir 
aux  savans  des  laboratoires  pro- 
pres à  essayer  leurs  découvertes  { 
l'autre ,  d'enseigner  aux  étudians 
en  chimie  et  en  pharmacie ,  lu- 
sage  des  machines  et  leur  appli- 
cation. PLiatre  avoit  acquis  déjà 
quelque  célébrité  ,  lorsque  la 
découverte  de  Montgolfier  vint 
étonner  les  savans.  Le  2  5  du  mois 
d'octobre  1783,  il  tenta  un  pre- 
mier Voyage  d4»s  les  aii^  av^e 


PI  L 

M.  d^Arlande.  Le  21  novembS9 
suivant ,  dans  un  ballon  lancé  du 
château  de  la  Muette  ,  il  traversa 
la  Seine-,  dépassa  Paris  ^  et  s'a- 
baissa au-delà  du  nouveau  boa« 
levard ,  vis-k-vis  le  moulin  d» 
Croulleharbei  Ce  fat  alors  qu'on 
fit  sur  U  nom  de  laéromuite , 
l'une  des  plus  heureuses  ana- 
grammes de  te  genre  futile,  en 
trouvant  dans  les  lettres  de  Pi- 
laire du  Rosier  ces  mots  :  Ta 
es  p^  roi  de  l'air.  Il  ne  jouit  pfti 
Ion  n;- temps  de  ce  dangereux  em- 
pire. Il  fit  en  présence  de  la  Fa- 
mille Royale  de  France  ,  du  roi 
de  Suède  et  du  prince  Henri  de 
Prusse ,  différentes  autres  courses 
aériennes  qui  eurent  un  brillant 
succès.  Après  avoir  résolu  d'aiier 
en  Angleterre  par  la  voie  des 
airs  ,  il  se  rendit  à  Boulogne- 
sur— mer  ^  d'oii  il  s'éleva  à  sept 
heures  du  matin ,  le  i  &  juin 
r78S  ;  mais  demi-heure  après  le 
feu  prit  an  ballon  ,  et  Pilaire 
avec  son  compagnon  Romain  » 
furent  fracassés  par  la  chute  de 
cette  machiné  9  pi<is  singulière 
peut-être  qu'utile.  Leur  malheur 
vint  de  leur  imprudence,  ils  mon- 
te ient  un  ballon  rempli  de  ^ui 
indammàUe.  Celui-ci  étoit  ac- 
compagné d'une  Montgolfière  ou 
ballon  à  réchaud ,  qui  mit  le  feu 
au  gaz  ;  aussitôt  la  galerie  se  dé- 
tacha et  se' précipita  sur  la  terre 
avec  une  rapidité  que  l'œil  eut 
peine  à  suivre;  lea  lambeaux  da 
bnllon  ne  descendirent  que  len- 
tement ,  et  la  Montgolfière  resta 
intacte.  Pilatre  ne  donna  aucun 
signe  de  vie  après  sa  chute ,  Ro^ 
main  ne  survécut  qne  de  quel- 
qii es  minutes.  Ils  avoient  l'un  et 
l'autre  la  poitrine  fendue  en  trar- 
vers  ,  le  coii  et  la  tète  enfoncés 
dans  la  poitrine  ,  les  jambes  et 
les  cuisses  brisées  en  plusieurs 
endroits,  lis  furent  easévelisat 


Hlla'ge  ae  Wi  mille.  Les  Vertus 
cociales  de  Pilaire  et  son  cou- 
rage ,  le  firent  regretter  de  ses 
amis.  Son  mérite  comme  chimiste 
et  ses  tentatives  comme  aéro— 
naate,  lui  avoietit  procuré  des 
récompenses  pécuniaires  ,  des 
placés ,  et  l'associât  ion  à  plu*^ 
sieurs  Acadéitiies. 

PlNEÎLîiRE ,  (  N.  de  la )  éloit 
d'Anjou.  Il  donna  en  i63S  au 
théâtre  François  ,  une  Tragédio 
à'Hippofyte^ 

ih  l^INELLI,  (Maphée)  iiti^ 
primeur  de  Venise  ,  mort  dans 
cette  ville  le  7  février  1785  ,  à 
^9  ans  ,  étoit  riche  et  éclairé. 
Il  se  forma  Une  bibliothèque  com- 
posée de  manuscrits  curieux  et 
de  livres  rares,  dont  le  catalogue 
parut  après  sa  mort ,  en  6  vol. 
in- 8.*  Des  Anglois  ayant  acheté 
ce  trésor  littéraire  ,  publièrent 
un  nouveau  Catalogue  tronqué 
et  altéré  ^  en  un  seul  vol. 

IL  PINET,  (N.)  agent  de 
change  à  Paris  ,  y  empruntoit  à 
un  taux  exorbitant ,  et  fut  ac- 
cusé d'avoir  contribué  à  l'accapa- 
rement  des  grains  et  à  la  famine 
qui  se  fit  sentir  à  Paris  en  1789. 
Pinet  fut  mandé  à  Marly  où  il 
eut  une  conférence  avec  les  mi- 
nistres 5  qui  lui  promirent  la  place 
de  garde  du  trésor  royal,  s'il  four- 
uissoit  des  preuves  de  conviction 
contre  les  auteurs  de  la  disette.^ 
Quelques  jours  après  cet  entre- 
tien ,  et  le  29  juillet  1789  ,  Pl/iet 
fut  trouvé  assassiné  dans  un  bois 
près  de  Passy.  Sa  mort  entraîna 
l'une  des  plus  fortes  banqueroutes 
qui  ait  été  faite  dans  la  capitale  : 
elle  fut  de  cinquante  -  quatre 
niillions. 

PINGERON,  (J.  C.)  né  à 
Lyon  et  mort  à  Versailles  en 
i7^^  9  à  rage  d«  60  ans  ^  fut  ao*^ 


P  I  N         i4f 

'tir,  laborieux  ;  il  publia  quelque» 
Opuscules  relatifs  aux  fuiances 
et  à  l'agriculture  n  et  siir— toiit 
beaucoup  de  Traductions  d'ou-« 
vrages  italiens  et  anglois.  Parmi 
les  premiers  ^  on  distingue  le 
Traité  des  Vertus  et  des  récùtn^ 
penses  par  Draga^etti ,  2768^ 
in- Il  ;  les  Conseils  d'une  Mère 
■à  son  Fils  par  Mad.  Piccolomini-^ 
Girardi ,  1 769  ,  in- 1 2  ;  le  Trûité 
des  violences  publiques  et  partie 
cuUères  par  Murena ,  X7^9'9 
in- 1 2  ;  le  Pùeme  sur  les  abeilles 
ûePiucceUàî,  1770»  ia-8°;  ÏEs-^ 
sai  ^ur  la  peinture  par  jHgarotU  , 
in- 12  ;  les  Vits  des  Architecte^ 
anciens  et  modernes  par  Milizia, 
177 1  ,  2  vol.  in-12;  Lettres  do 
l'abbé  Sestini  sur  l'Italie ,  la  Si- 
cile et  la  Turquie  ^  1789  9  3  vol. 
in- 8.*  Les  seconds  sont  :  Voyagé 
de  Marshall  Anglois ,  dans  \A 
partie  septentrionale  del'Europe^ 
1776  ,  in-8*  ;  Description  de  Itt 
Jamaïque  ,1782,  in-i  l  ;  Manisel 
des  gens  de  mer  ,  in-8^  ;  Des*^ 
aripiion  de  la  machine  électrique 
de  Calhherson,  in- 8.°  Pingerùi^ 
a  en  outre  publié  un  Journal  sut 
le  commerce  ^  les  finances  et  lu» 
arts ,  dans  lequel  on  trouve  beau- 
coup de  choses  utiles. 

PINGRE  ,  (  Ale«andre-Guf  ) 
bibliothécaire  de  S  te.- Geneviève 
à  Paris  ,  naquit  dans,  cette  ville 
le  14  septembre  17 1  i.Des  études 
faites  avec  succès^  l'amour  ex-» 
tréme  du  travail ,  lu  facilité  de 
la  conception  le  distinguèrent 
bientôt ,  et  l'anatomiste  le  Cai 
qui  le  connut ,  le  fit  recevoir  en 
qualité  d'astronome  à  l'académie 
de  Rouen ,  qu'il  avoit  fondée.  Le 
premiet  ouvrage  de  Pingre  itiC 
le  Calcul  de  l'éclipsé  de  lune  ar-* 
rivée  le  28  décembre  1749.  Il  pu4 
blia  ensuite  un  ^/i»û/iflic^'nau-^ 
tigue  pour  faciliter  aiu  navigo^ 


%44        PIN 

teurs  Tobservation  d»s  longitudes. 

Ces  travaux  l'ayant  fait  cotuioitre 
dit  gourernement  ^  celui-ci  l'en- 
voya dans  la  mer  de»  Indes  ob— 
eerv.er  le  passage  de  Vénus  sur 
le  disque  du  soleil;  puis  acconi<* 
pagner  Courtanvaux  en  Hollande 
pour  vérifier  les  horloges  marines 
de  le  Roy;  enfin  accroître  les 
progrès  de  l'astronomie  et  de  la 
géographie  dans  les  Voyages  de. 
l'Isis  et  de  la  Flore  ,  noms  des 
vaisseaux  sur  lesquels  il  s'embar- 
qua. La  Relation  <le  ses  voyage» 
«  été  publiéje  en  1773  et  en  1778 , 
chacune  en  2  vol,  ii>-4.®  Pin^ré 
fut  alors  nommé  a  la  place  d'a^ 
tronome  géographe  de  la  marine  9 
devint  membre  de  l'académie  des 
Sciences ,  et  ensuite  de  l'Institut. 
Il  est  mort  à  Paris  le  iz  Ûoréal 
d»  l'an  4,  à  l'âge  de  84  ans.  Ses 
ouvrages  sont  :  I.  EtaLdu  Ciel  » 
I7H^  1755^  1756  et  1757.  ILiliié- 
moire  êuv  les  découvectes  faites 
dans  la  mer  du  Sud  ,  avant  les 
derniers  voyages  des  Auglois  et 
des  ^^rançois  autour  du  mojide, 
1175^,  in-4.®  III.  Cométogrpphifi 
OU-  T.r^il^  historique  et  théorique 
de^  iÇemètes  f  1784,  deux  vo). 
9n-4.°  C'est  Touvrage  le  plus  con.- 
sidérable  dç  l'auteur.  Il  y  a  cal^ 
eulé  les  orbites  de  toutes  les 
«omète».  doi^t  le  souvenir  s'est 
conservé.  ÏV.  Traduction  des  As- 
tronomiques de  M^nilius ,  1 7  8  5  ^ 
iu-8.**  Le  traducteur  y  a  réuni 
les  autres  poëtes  Latins  qui  ont 
écrit  sur  le  cours  des  astres.  ' 
iV.  Histoire  de  Tastronomie  du 
dix«-septième  siècle  9 1791  ^m"^.^ 
Pingre  avoit  publié  dès  1756  le 
t^rojet  de  cet  ouvrage.  YL  11  a 
été  l'éditeiu:  des  Mémoires  de 
l'abbé  Arnaud,  publiés  en  17 56, 
en  3  vol.  in— 4<> ,  et  de  la  onzième 
i^dition  de  la  Géographie  en  vers 
artificiels  de  Buffier ,  qui  parut 
#|i  ^781  ,  in- 12.  VU.  On  lui 


P  I  P 

doit  dans  la  nouvelle  édition  rf* 
lArt  de  vérifier  les  dates  ,  le» 
Calculs  des  éclipses  qui  ont  eu 
lieu  mille  ans  avant  l'ère  vulgaire, 
et  dans  les  Mémoires  de  l'jUa-^ 
demie  des  Sciences  un  grand  nonw 
bre  d'Ecrits  savans  et  utiles.  Pm- 
gré  eut  un  caractère  doux  et  ami 
des  hommes.  Incapable  d'aigreur  , 
d'envie ,  de  vengeance ,  il  passa 
sa  vie  entière  dans  la  paix ,  jouis* 
sant  de  l'estime  publique  et  da 
bonheur  ds  n'avoir  pas  on  ea^ 
nemi. 

PIOMBINO,  (Anne- Marie 
Ardoini  ,  princesse  de  )  se  dis.^ 
tingua  par  son  esprit  et  l'agré- 
ment de  ses  poésies ,  à  la  fin  du 
17'  siècle.  Le  recueil  de  ses  pièces 
en  vers  latins ,  est  intkulé  :  Rosa 
Parnassi, 

I.  PIPER ,  (  le  comte  )  con- 
seiller d'état  de  Suède  ,  deyint 
en  1698  9    premier  ministre  de 
Cliarles  XII  »  sans  en  avoir  1» 
titre,  et  le  suivit  dans  ses  con<« 
quêtes.  Il  avoit  autant  de  poli« 
tique  que  son  maître   avoit  de 
bravoure.  Lorsque  ce  prince  ent 
convoqué  la  diète  de  Pologne  ou 
il  étoit  entré  en  vainqueur  ,  i) 
hii  conseilla  de  prendre  pour  hu« 
raéme  la  couronne  Polonoise  9 
au  lieu  de  la  placer  sur  une  autre 
tète.    Charles  lui  répondit  ^\\*il 
étoit  plus  fialté  de  donner  que 
de  gagner  des   royaumes.  Mais 
ce  n'étoit  pas  assez  de  donner  ; 
il  falloit  conserver  ,  et  c'est  ce 
que  Charles  XII  ne  fit  point. 
Piper  qui  étoit  avec  lui  à  Pul- 
tawa  en  1709  ,  fut  fait  prison- 
nier par  les  Russes ,  et  transféré 
à  Pétersbourg.  Le  czar  persuade 
que  ce  ministre  avoit  attiré  sur 
la  Moscovie  les  armes  de  la  Suède^ 
loi  rendit  sa  captivité  plus  diirew 
Charles  n'ayant  jamais  voulu  s'a- 
ba\^âer  à  oifiir  pour  Pifçe  uxm) 


p  IP 

ftinçon  qu'il  craignoit  que  Pierre 
n'acceptât  point,  le  ministre  Sué- 
dois fut  enfermé  dans  la  forte- 
resse de  Schlusselbourg  ,  où  il 
mourut  en  1716 ,  à  70  ans.  On 
rendit  son  corps  au  roi  de  Suède 
qui  lui  fit  faire  des  obsèques  ma- 
gnifiques ;  tristes  et  vains  dédom- 
magemens  de  tant  de  malheurs 
et  d'une  fin  si  déplorable. 

IL  PIPER  ,  (François)  pein- 
tre AngVpis ,  mort  à  Alderman- 
bury  en  1740  j  excella  dans  la 
perspective. 

PIRA  ,  (Henri  de  la)  méde- 
cin Lyonnois  du  xvii*  siècle, 
a  fait  imprimer  en  i638,  un 
crédule  traité  de  Géomancie* 

PIRANESI ,  (  Jean-Baptiste) 
peintre  ,  graveur  et  architecte 
célèbre  ,  naquit  à  Venise  en 
1721  ,  et  mourut  à  Rome  en 
I778.  Plein  d'enthousiasme  pour 
les  monumens  de  l'antiquité  an 
milieu  desquels  il  vécut ,  il  cher- 
cha à  en  offrir  l'image  aux  au-- 
très  paWe  secours  de  la  gravure , 
et  il  inventa  dans  cet  art  une 
méthode  nouvelle.  Ses  talens  en 
architecture  ne  furent  pas  moins 
brillans ,  et  on  les  reconnoît  dans 
la  construction  de  l'église  du 
prieuré  de  Malte  à  Rome.  Le 
recueil  des  œuvras  gravées  de 
Piranesi  forme  1 5  vol.  in-folio. 
Sa  fille  Laure  Piranesi ,  morte 
en  1785  5  a  gravé  avec  succès 
une  suite  de  vues  d  après  la  mé- 
thode de  son  père.  Ses  deux 
frères  François  et*  Pierre  ,  ac- 
cueillis à  Paris  en  1800  9  con- 
tinuent la  collection  célèbre  de 
Jean—Baptiste  ,  portée  aujour- 
d'hui à  vingt- trois  volumes.  On 
y  trouve  les  belles  fresques  de 
Baphaël ,  un  grand  nombre  de 
dessins  du  Guerchin  et  des  autrui 
peintres  les  plus  faoïeuxv    . 


P  IR 


%4% 


*  PIRON,  (Alexis)  né  à 
Dijon  le  ^  juillet  1689  y  d'un  apo<^ 
thicaire  ,  y  passa  plus  de  trentd 
années  dans  la  dissipation  d*un 
jeune  homme  qui  aimoit  lesplai-* 
sirs  et  la  liberté.  Une  Ode  trop 
connue  ayant  fait  une  impression 
scandaleuse  sur  se&  concitoyens  ^ 
il  quitta  sa  patrie  pour  échapper 
aux  reproches  qu'il  y  essuyoit% 
Sa  fîi  mille  ne  pouvant  Taider  que 
foiblement ,  il  se  soutint  à  Paris 
par  le  moyen  de  sa  plume  ,  qui 
étoit  aussi  belle  et  aussi  nette  qiie 
les  traits  du  burin.  U  se  plaça 
chez  M.  de  Bellisle  en  qualité  d« 
secrétaire ,  et  ensuite  chez  un 
financier ,  qui  ne  s'apperçut  point 
qu'il  possédoit  un  homme  de  gé«>4 
nie.  Diverses  Pièces  oii  l'on  trouv« 
des  détails  singuliers ,  originaux  ,' 
et  une  invention  piquante  ,  qu'il 
fournit  au  spectacle  de  la  foire  9 
commencèrent  sa  réputation  ;  et 
la  Méiromanie ,  la  meilleure  co-« 
médie  qui  ait  paru  depuis  \0 
Joueur  de  Begnard  ,  y  mit  I0 
dernier  sceau.  Cette  pièce  encin^ 
actes  ^  bien  conduite  9  semée  de 
traits  neufs ,  pleine  de  génie  ^ 
d'esprit  et  de  gaieté  ,  fut  jouéâi 
avec  le  plus  grand  succès  ertf 
1738  ,  sur  le  théâtre  I^ançoiav 
(  Voyez  Dbsforges-Màillakd.) 
L'auteur  jouit  dans  la  capitale  de 
tous  les  agrémens  que  peut  se 
promettre  un  homme  d'esprit 
dont  les  saillies  sont  intarissa-« 
bles^.  Admirable  dans  la  conver- 
sation ,  oii  il  n'eut  point  d'égal  ^ 
plein  du  sel  de  Rabelais  et  d» 
l'esprit  de  Swift ,  toujours  neuf  9 
toujours  original ,  il  n'est  point 
d'homme  qui  ait  fourni  un  plus 
grand  nombre  de  traits  à  re- 
cueillir. Nous  en  citerons  quel- 
«pies  — ims  qui  feront  connoître 
son  tour  d'esprit  et  son  carao^- 
tère.  En  Bourgogne  on  appeDe 
le^  babitans  de  Beaune,  les  Uma 

Qî 


M 


PIK 


4e  BemiJie*  Piros  exerça  soii»^ 
vent  sa  cansticité  à  leurs  dépens. 
Un  jour  qu'il  se  promenoit  aux 
environs  de  cette  ville ,  il  se  mit 
il  abattre  tons  les  chardons  qii'il 
rencontroit.  Un  de  ses  amis  lui 
en  demanda  la  raison»  Il  répon- 
dit :  J'ai  à  me  plaindre  des  Btau^ 
nois  ;  je  leur  coupe  les  vivres •*••. 
Comme  on  lui  répondit  que  ces 
IVIesfiieurs  se  venger  oient  :  AUez ,. 
dit-il  j 

^     Allez ,  ie  ne  «ralm  point  Ictt  itaipiiltfaat 
co»rro«x  ,. 
Xt  9  quand  \9  s«Mis  seul ,  je  les  bâterols. 
tons.. 

—Étant  un  jour  entré,  dans  Dne- 
maison  oii  Ton  jouoit  la  comé- 
'  die,  il  demanda  quelle  pièce  on 
dpvoit  donper.  «  On  jouera  Les- 
JFurenra  de  Scapin ,  lui  répondit 
gravement  un  jeunes  Beaunois. 
-—  Ah  !  Monsieur ,  répondit  Pi— 
ron  en  le  remerciant  9  je  croyois 
que  c*étoient  les  Fourberies  <£0^ 
reste,  »  Dans  le  temps  de  la  re- 
présentation quelqu'un  apostro^ 
pha  l'assemblée  d'un  Paix  là  ^ 
Messieurs  t  on  n'entend  pas* — Ce 
n'est  pas  du  moins  faute  d'oreilles^ 
cria  Piron.  —Un  évèque  deman- 
doit  un  jour  à  Piron^  dans  le- 
temps  des  disputes  du  jansénisme  :. 
jivâZ'H^ous  lu  mon  Mandement  » 
monsieur  Piron?  -^Non  ,  Mon^ 
seigneur  ;  et  vous  ?  ^^Piron  s'eut» 
tretenant  avec  un  grand  seigneur^ 
•t  la  conversation  s-'échaufïadt 
beaucoup  ,  celui— ci  lui  rappela 
l'intervalle  que  la  naissance  et  le 
Tang  nettoient  entr*èux.  Mori^ 
sieur ,  lui  dit  PiRON  «  fai  plus 
ou'-^ssus  de  vous  dans  ce  mo^ 
ment  ,  que  vous  na^z  au-dessus 
de  moi  ;  car  j'ai  raison  ,  et  vous 
cvez  tort,  —Un  homme  de  peu 
d*esprit  disoit  beaucoup  de  mal 
d*un  ouvrage  médiocre.  Piron  qui 
iétoit  présent  lui  répondit  ;  Prx^. 


9  ÎR 

ne^y  garde  Monsieur  ;  cet  ovA 
vrage  —  là  devrait  vous  paroHre 
fort  ^<fau.. —Excédé  du  luxe ^  dqi 
ton  hautain  et  suffisant  du  fer- 
mier général  la  Popelinière ,  it 
lui  dit  en  le  quittant  après  une- 
disputa?  assez  vive  :  Adieu  ,  Mon- 
sieur ;  alle-z  cuver  votre  or,  —  ft 
disoit  9  en  parlant  de-  Corneille 
et  de  Bacine  :  «  Je  V4>ndrois  être* 
Racine ,  et  avoir  été  Corneille,  » 
—  Un  auteur  médiocre  lui  de-^ 
manda  un  sujet  d'ouvrage  où  per« 
sonne  n'eût  travaillé  et  ne  tra- 
vaillât jamais.  «  Vousnavez,  dit 
Piron ,  q;i'à  faire  votre  éloge,  w- 
—La  Sêmîramis  de  Voltaire  ne 
fut  pns  fort  bien-  accueillie  à  la 
première  représentation.  L'au- 
teur trouvant  Piron  dans  les- 
foyers,  lui  demanda  ce  qu'il  pen- 
soit  de  sa  pièce  ?.  Je  pense,  ré« 
pondit  celuir-ci)  que  vous  vou-" 
dnez  bien  que  je  L'eusse  faite,. 
--^  Piron  a  voit  prédit  la  chute 
d'une  pièce  à  celui  qui  l'avoit 
donnée.  Elle  na  point  été  sifflée  » 
lui  vint  dire  ce  dernier.  — Je  le 
crois  ,  répondit  le  critique  ;  o» 
ne  peut  pas  siffler  quand  on  bâille,, 
•— Uh  autre  lui  présenta  une  tra» 
gédie  sur  laquelle  il  le  pria  de- 
donner  son  aVis.  Chaque  acte 
étoit  terminé  par  la  formule  or- 
dinaire ,  Fin  du  premier  acte,  J^i^A 
du  second  acte.  Piron ,  pour  tout 
avis  y  ne  fit  qu  effacer  Yn  du  mot 
Fin^  — Un  autre  poète  tragique 
lui  lisoit  son  œuvre  où  il  avoit 
inséré  beaucoup  de  vers  d'autrui. 
Piron  ôtoit  son  bonnet  à  tout 
instant.  L'auteur  lui  demanda  la 
raison  de  ce  geste  perpétuel  ? 
«  Cest ,  lui  répondit  Piron  ^ 
que  j'ai  l'habitude  de  saluer  tous 
les  gens  de  mA  connoissance,  » 
"^Fernand'-Cortez  f  tragédie  de 
Piron  ,  ayant  fait  désirer  quel- 
ques changemens  à  la  première 
représentation  y   le«  comédies» 


\ 


empotèrent  le  Grand  à  fanteur , 
pour  lui  demander  (quelques  cor^ 
rections.  Piroa  se  gendarma  au 
mot  de  corrections.  L'acteur  in- 
sista en  citant  l'exemple  de  VoU 
taire  ,  qui  corrigeoit  ses  pièces 
au  gré  du  public.  Cela  est  diffé-^ 
renL  ,  répondit  Plron  i  Voltaire 
travaille  en  marqueterie  ,  et  je 
jette  en  bronze,  Si  cette  réponse 
n'est  pas  modeste  ,  il  fuut  con- 
venir qu'elle  eU  énergique.  Il  se 
croyoit  ,  sinon  supérieur  ,  di» 
moins  égal  à  Voltaire ,  qui  n'a- 
¥oit ,  disoit-«il  ^  qu'une  réputation 
viagère,  —Quelqu'un  le  félici- 
tant d'avoir  fait  la  derniùre  ciy- 
médie  de  ce  siècle  ;  il  répondit 
avec  pins  de  franchise  que  de 
axodestie  ;  uijoutez ,  et  la  dera-ière 
Tragédie,  On  connoit  le*  vers 
dans  lesquels  il  dit  : 

Sn  dc«x  mot»  TôulM-Ypvt  «Uttingutr 

et  cofinottre 
Le  rîmenr  OijonpoU  tr  Te  Parisif  n  .>- 
Le  premier  ne  ûr  lien ,  et  ne  roalvt 

rieii  {tre  > 
X''aittre  Tonlut  tont  ^tte  ,  et  ne  fbt 

presque  ii«n«^ 

On  voit  ppr  cea  differens  traits, 
que  Piron  avoit  «ssez  d'amour 
|>ropre.  Qe  qui  servoit  à  le  nour« 
rir  et  à  lui  faire  penser  (^'il  étoit 
au-dessus  du  plus  célèore  de  s«» 
contemporains,  c'est  qive  la  gaieté 
*t»riginale  qu'il  portoit  avec  lui , 
fit  pendant  Iong-terop«  préférer 
sa  société  a  celle  de  Voltaire , 
d'aiUewrs  trop  vif,  trop  sensible 
et  trop  épineux.  Mais  ceux  qui 
ont  rapporte  les  plaisanteries  dont 
sa  conversation  étinceloit ,  au- 
roient  dû  donner  des  saillies  de 
table  polir  ce  qu'elles  sont,  et 
rayer  pelks  qi^i  et  oient  ou  in|dé- 
centes  ou  insipides.  Telle  chose 
«  fait  rire  1*^  Vjerre  à  la  main ,  qui" 
devient  m<»^'SMde  lorsqju'on  la  re- 
jeté y  âux^tout  «i  en  îa  répétant 


n  *      ut 

•n  vent  lui  donner  de  rimpot<« 
tance.  Quoi  qu'il  en  soit ,  l'ingé- 
nuité maligne  de  Piron  fut  et^ 
partie  \tk  cause  qui  l'exclut  de 
l'académie  Françoise  itTtg  nepour» 
rois  ,  disoit  —  il  j  fyire  penser 
trente -^  neuf  personnes  connue 
moi ,  et  je  pourrais  encore  moins 
penser  comme  trente-'ncuf*  Il  ap- 
peloit  très  -  injustement  cette 
Compagnie  célèbre  les  Invalide^ 
du  bel  esprit ,  et  cependant  il 
avoit  travaillé  pltis  d'une  foi* 
ppur  avoir  ces  invalides.  Oix 
croit  qu'il  auroît  réuni  assez  de 
suffrages  pour  les  obtenir  ^  mai^ 
l'abbé  d'OUvet  mit  obstacle  à  s{i 
réception  ,  en  portant  à  Boyer 
ancien  évéque  de  Mirepoix  Iode 
licencieuse  de  Piron,  Le  poëte  se 
vengea  de  l'académicien  par  cettu 
épitaphe  maligne  : 

O  gtt  le  pédant  Martin  « 

Snppôc  ds  pays  Latin  , 

"Swi  prisevr  de  diphthatifve  » 

RigAurenx  an  dernier  point 

Snr  la  rirgule  et  le  point  p 

La  syllabe  bfève  et  longue  » 

Snr  Ifaccem  grave  et  raigp  y. 

L*U  TOyelk  et  fC  eomoline*         < 

Ce  charme  qui  Pcnflamna 

Fut  sa  passion  mignonne  r 

Son  hnile  il  y  consuma. 

Du  reste  ,  il  t^aima-  personne  ^ 

Et  personne  ne  Talmâ. 

Une  elnite  qite  Piron  fit  quelque 
témp?  avant  sa  mort  en  précipita^ 
l'instant.  11  Tootirut  le  21  janvier 
-^[773  «  à  i83  ans.  11  s  était  fait* 
Jui  — même  cette  épitaphe^  qitf 
tient  de  i'épigrainme  : 

Ct  CtT  Pinotr  ,  QVI  Kl  FOT  Rxtjr^ 

Pas  méms  AcADiMreisN. 

Il  eut  pendant  plusieurs  ûntiétB- 
une  compagne  douce  ^t  pleixue 
d'esprit  comme  lui ,  Marie-Thé^ 
rèse  Qiiena%(,^on  morte  en  175x5- 
«i  aucua  époux  ne  remplit  mien^ 

Q  4 


L..; 


^4$ 


P  IR 


les  devoirs  de  son  état.  Le  recttefl 
de  ses  ouvrages  parut  en  17765 
en  7  vol.  in-8'^  et  9  vol.  in— 12. 
Les    principales    pièces    sont    t 

I.  L'Ecole  des  Pères  ,  comédie 
jouée  en  1728  sous  le  titre  des 
fïls  ingrats,  U.  CaUisihènes  j  tra- 
gédie dont  le  sujet  est  tiré  de 
Justin,  ill,  L'Amant  mystérieux , 
comédie.  IV.  Gustave  et  J?Vr— 
nand -^  Carte z  ,  deux  tragédies 
dont  quelques  scènes  décèlent  un 
^énie  original ,  mais  dont  la  ver- 
eification  flatte  peu  Toieille  et  ne 
va  point  au  cœur.  31aupenuis 
disôit  de  la  première  ;  Ce  n'est 
pas  la  représentation  d'un  évé-' 
nement  en  vingt'^uatre  heures  , 
mais  âe  vingt-quatre  événemens 
en  une  heure*  Boindin  l'appeloit, 
^'Histoire  des  Révolutions  de 
Suède  revue  et  augmentée,  V.  La 
Métromanie  ,  comédie.  (  Voyez 

II.  Fresne.  )  VI.  Les  Courses 
iie  Tempe  ,  pastorale  ingénteuse 
<)îi  l'on  peint  avec  agrément  les 
TDœur$  des  villes  et  celles  de 
)a  campagne.  VII.  Des  Odes, 
dont  quelques— unes  sont  belles. 
iVII]«  J^es  Poèmes  ,  des  Contes , 
des  Epigrammes,  Il  réussissoit 
dans  cç  dernier  genre ,  et  on  doit 
le  placer  après  Marot  et  Rous-^ 
^eau*  U  étoit  forcé  dans  le  tra- 
fique et  beaucoup  moins  naturel 
que  dans  le  comique  ;  ses  tragé- 
dies offrent  pourtant  des  choses 
•ibrtes  et  rendues  avec  énergie.  Les 
préfaces  dont  il  a  accompagné 
■ses  différentes  pièces  se  font  re- 
:niarquer  par  des  choses  pensées., 

neuves  et, plaisantes  ,  par  des  eit- 
presçioAS  heureuses  et  des  tours 
ïiaïfs  i  mais  on  y  desireroit  -un 
*t}le  plus  aisé,  plus  pur,  plus 
noble,  et  moins  de  jargon.  Il  ne 
falloit  pas  d'ailleurs  surcharger 
le  public  de  sept  volumes  ;  ii  y 
en  a  au  moins  quatre  de  trop. 
-^A'I'^ception  delà  Méiromanie^ 


V  I  T 

de  Gustave ,  des  Courses  de  Tem-i 
pé ,  de  quelques  Odes ,  d'und 
vingtaine  d'Epigrammes ,  de  trois 
ou  quatre  Contes  ,  de  quelques 
Epitres  ,  tout  ie  reste  est  plus 
ou  moins  médiocre.  Le  ton  pé- 
nible ,  la  dureté ,  le  mauvais 
goût  y  dominent  et  en  rendent 
la  lecture  peu  agréable.  On  na 
point  imprimé  les  nombreuses 
petites  pièces  données  par  P4rott 
au  théâtre  Italien  et  à  celui  "de 
l'Opéra  Comique.  On  connoît  c^ 
pendant  leurs  noms  :  ce  sontPAt- 
lomèle  y  les  huit  Mariannes  ,  yir- 
lequin  Deucalion ,  l'Antre  de  Tro- 
phonius  ,  l'Endriague  ,  l'Ane 
d'or  j  les  Caprices ,  les  Chimères , 
le  Fâcheux  veuvage  ,  Crédit  est 
mort,  V  Enrôlement  iC  Arlequin , 
la  Robe  de  dissention ,  les  Jar^* 
dins  d'Hymen  ,  etc.  Voy.  E Pi- 
eu R6  vers  la  fin}  et  IL  Ni- 
velle. 

PITHON-CURT,  (  l'abbé  J 
mort  en  17S0  ^  avoit  publié  en 
1743  l'Histoire  de  la  noblesse  .du 
•comtat  Venaissin  y  en  quatre  Vol. 
in- 4.0  Plusieurs  généalogies  pa- 
roissent  bien  dressées  et  bien  ap- 
puyées ;  d'autres  ont  souffert  àe$ 
drfficultés  :  la  malignité  étant 
toujours  prête  à  contredire  la 
vanité. 

PÏTROU,  (Robert)  inspec-4 
teur  des  ponts  et  chaussées,  né 
à  Mantes  en  1684,  mort  à  Paris 
en  1760,  construisit  le  pont  de 
Rlois  en  17165  et  imagina  les 
cintres  de  bois  appelés  retroussés^ 
Le  Tiecueit  de  ses  Dessins  a  été 
publié  par  sa  veuve,  1756, 
in-folio. 

1.  PiTT,  (Christophe)  phëtê 

.  Anglois ,  né  à  Blandfort  en  1 699  y 

mort  le  i3  avril  1748,  bidonné 

des  Traductions  de  Liicain ,  d* 

ÏEnéide  el^  de  1»  poétiquede  K«^ 


CcziA  a   donné  une   édition  de 
jes  Poésies,  à  Paris,  in— 12. 

PIZZI^    (labbé    Joachim  ) 
naquit  à  Rome  en  17 16  9   et  lit 
ses  premières  études  au  collège 
Romain  sous  les  Jésuites.  Doué 
des  plus  heureuses  dispositions, 
ii  donna  bientôt  des  preuves  de 
ses  taleus  dans  quelques  essais  de 
poésie  italienne.  Associé  à  l'aca- 
démie  des  Arcades  ,  il   s'y  dis* 
tingna  par  un  grand  nombre  de 
productions  agréables  en  prose 
et  en   vers.  Il  succéda  en  1769 
à  l'abbé   Moréi ,  dont   la   mort 
laissoit  vacante  la  place  de  Cus- 
tode générai  de  l'académie  ,  et  il 
la  gouverna  avec  un  zèle  éclairé 
jusqu'à  sa  mort  arrivée  au  mois 
de  septembre  1790 ,  à   l'âge  de 
74 ans.  80US  son  administration, 
l'académie   acquit    un    nouveau 
Instre ,  et  eut  la  gloire  de  s'as— 
socier    plusieurs   souverains    de 
l'Europe.  Une  époque  intéres- 
sante de  son  directorat,  fut  le 
conronitement  de  Marie-MagHe- 
leine  Morelli  ,  connue  sous  le 
nom  de  Coritla  Olympica  ,  fait 
au  Capitole  le  3i  août  1766. Cet 
bommage  rendu  auxtalehs  d'une 
femme  célèbre,  éprouva  tant  de 
contradictions,  et  Pasquin  lit  si 
souvent   entendre  à  ce  sujet  sa 
mordante  voix  ,  que  l'abbé  Pizzi 
dit  plus  d'une  fois  en  riant,  que 
le  couronnement  de  Corille  étoit 
devenu  pour  lui  le  couronnement 
à'épines.  Pie   VI  eut   constam- 
ment pour    Pizù  l'estime   dont 
ee  dernier  avoit  déjà  été  honoré 
par  Benoit  XIV,  Clément  XIII 
et  Clément  XIV,  Ses  principaux 
ouvrages  sont  :  I.  Discours  sur 
la  Poésie  tragique  et  comique  , 
Rome,    1772.   II.    Dissertation 
sur  un  Camée  antique.  III.  La 
Vision    de  l'Eden  ,    poëme    en 
j^uatre  chants ,  Rom e ,  lyjH.Jjt 


P  L  A 


M9 


sujet  en  a  été  puisé  en  partie 
dans  \  Apocalypse,  Onle  dit  plein 
d'agrément  et  d'harmonie.  IV.  Le 
IViomphé  de  la  Poésie.  Ce  poêm« 
a  été  imprimé  à  Parme  par  le 
célèbre  Bodoni  rivi^l  de  Didot  « 
avec  tout  le  luxe  typographique, 
dans  la  collection  qui  a  pour 
titre  :  Actes  du  couronnement 
solennel  de  Corilla  Olympica» 
—Un  autre  Pizzi ,  {Jacques-^ 
André)  aussi  né  à  Rome,  et 
probablement  de  la  même  fo^ 
mille,  est  auteur  d'une  BibUo-» 
thèque  latine  des  décisions  de 
la  Rote,  Rome,  17 19  9  3  vol. 
in-fo}io. 

III.  PLACE,  (Pierre-An- 
toine de  la)  né  à  Calais  en  1707, 
mort  à  Paris  en  1793,  âgé  de 
plus  de  80  ans,  fut  plusieurs 
fois  député  des  états  d'Artois. 
Cependant  il  cultiva  moins  les 
sciences  relatives  à  Tadministra* 
tion  ,  que  les  beaux  arts.  Il  se 
fit  d'abord  connoître  par  la  tra- 
duction du  Théâtre  Angloij ,  en 
8  vol.  in- 12.  Cet  ouvrage  fait 
sur  le  modèle  du  Théâtre  des 
Grecs  du  P.  Brumoi,  mais  moins 
bien  écrit,  fournit  à  quelques- 
uns  de  nos  poètes  dramatiques 
des  plans,  des  situations,  des 
caractères.  Le  traducteur  n'a  pas 
rendu  servilement  les  originaux  ; 
il  en  a  corrigé  le  plus  souvent 
les  irrégularités ,  et  présenté  plu- 
tôt des  esquisses. que  des  tableaux 
mômes.  La  Place  a  suivi  la  même 
méthode  en  traduisant  divers  ro- 
mans Anglois ,  V Histoire  de  Tom 
Jones  ;  VOrpheline  Angloise  ; 
Mémoires  de  Cécile,  etc.,  1788, 
8  vol.  in-8.^  Il  les  a  élagués  et 
en  a  fait  disparoitre  les  images 
ou  les  expressions  basses  et  ri- 
dicules ;  mais  tout  en  réformant 
les  autres,  il  n'a  pas  assez  veillé 
^ur  $on  propre  style  ,   qui  est 


%$o 


P  L  A 


quelc^itefoi»  lâche  et  incorrect* 
Un  a  encore  de  la  Place  de» 
tragédiens  ;  Venise  sauvée,  Jeanne 
d'ylngleterre ,  Jeanne  Gray ,  CmU 
liste  et  Adèle  de  Ponthieu  ,•  la  pre- 
mièie  imitée  d'O/w/iy,  est  la  seule 
ç[iii  ait  eu  quelques  succès»  Il  y  a 
cie  la  chaleur  tragique  dans  plu- 
sieurs scènes;  et  quoique  la  dic- 
tion n'en  soit  pas  fort  élcgaiite, 
elle  a  le  mérite  de  ne  s'éloigner 
ni  de  la  vérité  ni  du  naturel  ; 
et  elle  n  ett  pas  ridiculement  em- 
phatique comme,  celle  de  quel- 
qiies-uns  de  nos  dramaturges 
modernes.  Les  autres  sontfoible» 
d'intérêt ,  de  conduite  et  de  style. 
La  Place  devenu  vieux  ^  se  jeta 
dans,  les  compilations.  U  donna  : 
I.  Un  Recueil  d'Epitaphes ,  1 7  83  ^ 
3  vol.  in- 12  j  qui  9  à  l'exceptioa 
des  vers ,  souvent  très-plats ,  est 
entièrement  copié  dans  ee  DiC" 
Honnaire.  II.  Huit  vol.  Wr^tz  de 
Pièces  intéressantes  et  peu  con^ 
nues ,  qu'il  auroit  pu  réduire  à  un 
seul,  s'il  s'étoit  borné  à  Tutiie  et 
à  lagréa^ie.  III.  Hermippus  re-— 
divivus ,  ou  le  Triomphe  du  Sage 
sur  la  vieillesse  et  le  tombeau  » 
traduction  de  l'Anglois  Cohau-m 
sen,  1789,  2  vol.  in-8.0  IV.  Le 
Valère^Maxime  F ranç oh  j  pour 
servir  à  l'éducation  delà  jeunesse, 
1 792  ,  2  vol.  in— 8.0  La  Place  eut 
pendant  quelques  années  la  di-" 
rection  du  Mercure  de  France. 
Aimant  la  table ,  parlant  faci*- 
lement  et  ayant  l'esprit  de  so- 
ciété, quoiqu'il  fut  quelquefois 
hargneux ,  il  eut  beaucoup  d'a- 
mis, ou  du  moins  deconnoissan- 
ces  qui  le  servirent  auprès  de 
Mad.  de  Pompadour  ;  ce  fut  par 
«on  crédit  qu'il  obtint  le  privilège 
de  ce  Journal. 

*  PLACENTIUSoM  Plaisant, 
(  Jean-^Léon  )  né  à  Saint— ïrond 
petite  ville  de  la  principauté  fie 


F  L  A 

Liège  ,  entra  dans  ïotùn  et 
Saint  — Dominique,  et  passa  la 
plus  grande  partie  de  sa  vie  à 
Mtveôtricht  où  on  croit  qu'il  non- 
rut  vers  l'an  1SS8.  Un  a  de  luit 
L  Catatogus  anUstitum  Leodien- 
sium,  Anvers,  »S29  ,  et  Ams- 
terdam, i633,  in— z^.  C'est  un 
Abrogé  historique  des  évèques  de 
Tongres  et  de  Liège ,  jusqu'à 
Erard  de  la  Marck,  L'auteur  trop 
crédule  adopte  toutes  les  fables 
qa  il  a  trouvées  dans  les  anciennes 
chroniques.  IL  Son  poème  teuto- 
gramme  de  253  vers ,  intitulé: 
Pugna  Porcorum,  a  été  imprimé 
pour  la  première  fois  à  Loavain 
en  154&,  et  réimprimé  en  1644, 
dans  le  recueil  qui  a  pour  titre; 
Nugœ  vénales  g  in— li  i  tous  les 
mots  de  ce  Poème  commencent 
par  un  P.  L'auteur  s'y  cacha  sous 
le  nom  de  Publias  Porcius ,  et  le 
style  ^st  digne  des  héros  qu'il 
avoit  choisis.  Le  titre  offre  ces 
deux  vers  qui  peuvent  faire  juger 
de  toute  la  pièce  i 

FtrUg*  poreorum  fuUhtntlma  prédis  p 

potw  , 
Potando  poterit  pUâdam  praftrre  poe^ 

Les  deux  Préfaces  ,  Tune  e» 
prose .  l'autre  en  vers  ,  n'ont  que 
des  mots  qui  commencent  par  1» 
même  lettre.  L'auteur  finit  soi» 
Poënie  par  ce  vers  ou  il  paroît 
demander  l'aumône  au  Prince 
évèque  de  Liège. 
Ftusa  pauperUm  «  prinnps  pr^cUn» 
Pttu. 

Il  n  est  pas  le  premier  auteur  qui 
se  soit  amusé  aux  fadaises  des  vers- 
lettrisés.  Sous  Charles  le  Chauve  t 
un  Ubaldus  bénédictin,  ht  nn 
pareil  Poème  en  l'bônaeur  des 
Chauves ,  dont  tous  les  œots 
coramençoient  par  un  C  Us  ont 
été  imprimés  ensemble  à  Loor 
vain,  en  i54&» 


.  ( 


P  L  A 

PLAINES-,  (FrffnçtM»  cTe  Ctrkr^ 
llGKi  des  )  a  donné  tu  théâtre  la 
tragédie  de  Coriottm  ^  en  17  aS  ; 
U  est  nuH-t  à  Pari»  Tannée  sui;-^ 
vante. 

PLANTERRE ,  (N.)  d'abord 
tcteiir  à  Paris ,  mort  dï^ns  cette- 
ville  au  commencement  de  Ttin 
huit,  dans  la  misère  et  laissant 
we  famille  nombreuse,  a  donni 
au  théâtre ,  I.  Agnès  de  ChâtU-^ 
hfi ,  opéra  ea trois  actes.  H.  Midas 
ëu  Parnasse»  UL  Les  deux  Her-^ 
mies ,  opéra  en  un  acte.  W»  La 
Famille  indigente,  V^  Le  Bailli 
^^^fé ,  la-  Tentation  de  St.  An-^ 
toine ^  le*  Charlatans»,  la  triple 
Vengeance ,.  etc.. 

*  L  PLATON ,  Rh  à'Ariston. 
tt  chef  de  la  secte  des  Académi*- 
ciens  y   naq[ait  à   Athènes   vers 
Tan  429  avant  J.  C. ,  d'une  fa- 
mille illustre.  On  Tappela  d'abord 
Aristocle  ,  diir  nom  de  son  aïeul  ;: 
mais  son  maître  de  palestre  l'ap- 
pela Platon. ,  à  cause  de  ses  épaiv- 
Ics  larges  et  q^uarrées.  Dès  son, 
enfance  il  se  disCiaigua  par  une 
imagination    vive    et    brillante. 
Il  saisit  avec  transport  et   avec 
^cilité  les  principes  de  lap0E*sie, 
de  la  musique  et  de  la  peinture.. 
l^s  charmas  de  la  philosophie 
l'arrachèrent  à  ceux  des    beaux 
Arts.  Il  avoit  faii:  plusieurs  tragé- 
^es;  il  les  jeta  au  feu;,  et  dès 
Jage  de  vingt   ans,  il   s'attacha 
ttniq^uement  à  Socrate  qui  l'ap— 
peloit  le  Cygne  de  VAcudémiem. 
I^e  disciple  profita  si  bien  des  le- 
çons de  son  maître ,  qu'à  vingt- 
cinq  ans  il  avoit  la   réputation 
d'un  sage    consommé.  Athènes 
gémissoit  daps  ce  temps-là  sons 
l'oppression  des  trente  tyrans..  Le 
premier  usage  que  Platon  voulut 
faire  de  sa  philosophie  1,  fut  de 
[■^former   un    gouvernement    si 
k$iipportable^  mais  sqb  tenta- 


PL  A 


151 


lîves  n*ewTent  point  de  succès- 
Les  tyrans  furent  chassés  à  la 
vérité  ^  sans  que  le  bien  public 
y  gagnât.  Le  peuple  s'empara  de^ 
toute  l'autorité.  Ainsi  ^  l'état  fut 
sans  ordre  et  sans  discipline  ;  les 
lois  furent  foulées  aux  pieds.  Les 
eaipxices  d'une  multitude  igno** 
cante  et  tumultueuse  régi  oient 
et  gouvernoient  les  affaires  les. 
plus  importantes  :  tant  il  est  vrai 
que  l'anarchie  populaire  est  cenfr 
fois  plus  à  craindre  que  celle  de 
tous  les  tyrans  du  monde.  P/rt- 
ton  y  désolé  de  voir  sa  patrie 
livrée  aux  factions ,  se  retira 
chez  Euclide  à  Mégnre.  Il  visitar 
ensuite  l'Egypte  ,  pour  profiter 
des  lumières  des  prêtres  de  ce 
pays,  et  des  hommes  illustres  en 
tout  genre  qu'il  prodnisoit  alors.. 
Non  content  des  connoissances 
dont  il  s'ctoit  enrichi  en  Egypte  y 
il  alla  dans  cette  partie  de  l'Italie 
que  l'on  appeloit  la  grande  Grèce  y 
pour  y  entendre  les  trois  plus  fa- 
meux Pythagoriciens  de  ce  temps- 
\q.  De  là  il  passa  en  Sicile  pour 
voir  les  merveilles  de  cette  isle  y 
et  sur-tout  les  embrasemens  dii. 
Moat-Etna.  De  retour  dans  son 
pays  après  ses  savantes  courses^ 
il  fixa  sa  demeure  dans  un  quar* 
tier  du  faubourg  d'Athènes  y  ap- 
pelé Académie,  C'est  là  qu'il 
ouvrit  son  école,  et  qu'il  for- 
ma tant  d'élèves  à  la  philosophie*. 
(  Voyez  AxiOTHEB  et  II. 
DiOG£NB.  )  La  beauté  de  son 
génie ,  l'étendue  de  ses  connois- 
sances ,  la  douceur  de  son  carac- 
tère et  l'agrément  de  sa  con- 
versation, répandirent  son  nom 
dans  les  pays  les  plus  éloignés» 
Denys  le  jeune,  tyran  de  Sy- 
racuse ,  enAammé  du  désir  de  Je 
connoître  et  de  l'entretenir ,  lui 
écrivit  des  lettres  également  pres- 
santes et  flatteuses,  pour  l'en- 
gager de  se  rendre  à  sa  c»ur.  Le 


i 


1 


Ï51        P  L  A 

philosophe  n'espérant  pas  beau- 
coup de  fruit  de  son  voyage  au- 
près d'un  tyran ,  ne  se  pressa  pas 
départir.  On  lui  dépécha  courrier 
sur  courrier,  enfin  il  se  mit  en 
chemin  et  arriva  en  Sicile.  Il  y 
filt  reçu   en  grand  homme  ;  le 
tyran  offrit  un  sacrifice  pour  cé- 
lébrer le  jour   de    son    arrivée. 
Platon  trouva   en    lui  les  plus 
heureuses    dispositions  ;    Denys 
haït  bientôt  le   nom   de  tyran  , 
et  vouhit  régner  en  père  :  mais 
l'adulation  s'opposa  au   progrès 
de   la    philosophie.   Platon    re- 
tourna en  Grèce ,  avec  le  regret 
de  n'avoir  pas  pu  faire  un  homme 
d'un  souverain,  et  le  plaisir  de 
ne  plus  vivre  avec  de  lâches  flat- 
teurs qui  étonfFoient  sa    bonne 
«ememîe.  A  son  retour ,  il  passa 
à   Olympie  pour  voir  les  Jeux. 
11  se  trouva  logé  avec  des  étran- 
gers de  considération ,  auxquels 
il  ne  se  fit  pas  connoitre.  Il  re- 
tourna avec  eux  à  Athènes ,  oîi 
il  les  logea  chez  lui.  Ils  n'y  furent 
pas  plutôt,  qu'ils  le  pressèrent 
de  les   mener  voir    Platon.   Le 
philosophe  leur  répondit  en  sou- 
riant :  Le  roïci.  Les  étrangers 
surpris  de  n'avoir   pas  discerné 
le  mérite  de  ce  grand  hommo  à 
travers  les  voiles  de  la  modestie 
qui  le  couvroit ,  l'en  admirèrent 
djjvantage....    Après  l'anéantis- 
sement de   la  tyrannie  dans  la 
Sicile  et  la  mort  de  Dion  qui  l'a- 
voit  renversée,  les  Siciliens  écri- 
virent au  philosophe  Grec  pour 
lui  demander  s'ils  dévoient  réta- 
blir la  tyrannie  ou  la  domination 
du  peuple.  Platon  leur  répondit  ; 
«Un  état   n'est  jamais  heureux 
ni  sous  le  joug  de  la  tyrannie , 
^  ni   dans    l'abandon    d'une    trop 
^ande  liberté.  Le  plus  sage  parti 
est  d'obéir  à  des  rois ,  sujets  eux- 
même  aux  lois.  L'excessive  li- 
berté et  la  grande  servitude  sont 


P  L  A 


également  dangereuses ,  et  pro^ 
duisent  à  peu  près   les   mêmes 
effets.  »    Ce  peu   de    mots    fait 
assez  connoitre  que  Platon  avoit 
des  idées  saines  sur  l'art  de  gou- 
verner les  hommes.  On  n'en  est 
pas  moins  convaincu  par  la  ré- 
ponse   qu'il   fit  aux  Cyréniens, 
auxquels  il  refusa  de  donner  des 
lois.  «Vous   êtes  trop  attachés 
aux  richesses  ;  et  je  ne  crois  pas 
qu'un  peuple  qui  les  aime  puisse 
être   jamais  soumis    aux   lois.  » 
On  lui   attribue   quelques  boni 
mots,  ainsi  qu'à  Socrate.  Voyant 
les  Agrigentins  faire  d'énormes 
dépenses  en  bàti^ens  et  en  repas, 
il  dit  :  Les  habitans  d'Agrigentc 
bâtissent    comme   s'ils    dévoient 
toujours  vivre ,  et  mangent  comme 
s'ils  mangeaient  pour  la  dernière 
fois,,**  Platon  avoit  naturellement 
un  corps  robuste  et  vigoureux; 
mais  les  voyages'qu'il  fit  sur  mer, 
et   les     fréquens    dangers    qu'il 
courut,  altérèrent  beaucoup  ses 
forces.  Néanmoins  il  n'eut  pres- 
que aucune  attaque  de   maladie 
durant  tout  le  cours  de  sa  vie. 
Dans   le  ravage  affreux    que  la 
peste  fit  à  Athènes  au  commen- 
cement de  la   guerre  du  Pélo- 
ponnèse, il  échappa  à  ce  fléaa 
commun  par   un  régime  de  vie 
sobre  et   frugal,  et  par  la  pri- 
vation des  plaisirs  qui  énervent 
le   corps  et  l'esprit.  Sa   tempé- 
rance  le  conduisit  à    une  heu- 
reuse vieillesse.  11  mourut  le  jour 
de  sa  naissance,  après  une  car- 
rière de  8i  ans,  l'an  348  avant 
Jésu»- Christ.  On  mit   sur  son 
tombeau  cette  inscription ,  sim- 
ple et  digne  de  lui  :  «  CetU  terre 
couvre  le  corps  de  Platon  ;  U 
ciel  contient  son  ame  bienkeu'^ 
reuse.  Homme  ,  qui  que  tu  sois , 
si  tu  es  honnête ,  tu  étais  révérer 
ses  vertus.  »    Il    avôit  toujours 
bravé  Ift  mort.  Les  médecins  lui 


J 


P  L  A 

«yant  conseillé  de  quitter  promp- 
tement  l' Académie  où  Tair  étoit 
infecté  par  des  maladies  conta- 
gieuses, s'il  vouloit  sauver  sa  vie; 
Platon,  sans  avoir  égard  à  cet 
avis ,  leur  assura  qu'iZ  ne  JeroU 
pas  même  un  pas  pour  aller  au 
Mont—Athos  ,  oà  l'on  croyait 
ifue  les  hommes  vieillis  soient  plus 
tard  que par'-tout  ailleurs ,  quand 
il  serait  sûr  d'y  vivre  plus  long-^ 
temps  que  le  reste  des  mortels,.** 
Son  ame  élevée  aux  grandes  vé- 
rités de  la  nature ,  méprisoit  les 
petites  tracasseries  des  hommes. 
Jamais  il  ne  vengea  ses  injures 
particulières  ,  mais  seulement 
celles  qu'on,  fbisoit  à  ses  amis; 
car  Famitié  étoit  pour  lui  un 
besoin,  et  il  chérit  sur-tout  ses 
frères  avec  tendresse.  Il  fut  aimé 
à  son  tour.  La  douceur  de  son 
caractère  lui  ^agnpit  les  cœurs; 
tt  si  la  gravité  s'y  mêloit ,  c'é- 
toit  en  doiinant  à  sa  physiono- 
mie plus  de  noblesse  et  de  dignité. 
Platon,  ce  grand  maître  dan» 
l'art  de  penser  ,  ne  le  fut  pas 
moins  dans  l'art  de  parler.  Quand 
il  écrit  bien,  on  ne  peut  rien 
imaginer  de  plus  grand ,  de  plus 
noble  et  de  plus  majestueux  que 
son  style.  Il  semble  parler,  dit 
Quintilien  «  moins  le  langage 
des  hommes  que  celui  des  Dieux. 
H  puisa  dans  Homère,  comme 
dans  une  source  féconde  «  cette 
fleur  d'expression  qui  le  fit  ap- 
peler VHomère  des  Philosophes. 
L'attlcisme  qui  étoit  parmi  les 
Grecs,  en  matière  de  style,  ce 
qu'il  y  avojt  de  plus  fin  et  de 
plus  délicat,  règne  dans  tout  ce 
^'il  a  écrit.  Aussi  lui  donna— 
,t-K)n  de  son  temps  le  surnom 
^Apis  Attica  (  Abeille  Athé" 
nieane);  de  même  que  la  posté- 
rité lui  a  déféré  celai  de  DiriN  , 
par  rapport  à  la  beauté  de  sa 
iliQrale,  Cependant  «on  style  ^  à 


P  L  A         15Î 

loué  par  Quintilien  ,  a  trouvé 
quelques  censeurs.  Il  est  très- 
souvent  enflé  ,  dit  Liaguet  , 
obscur  môme  dans  lexpression^ 
Il  emploie  quelquefois  des  méta- 
phores sans  exactitude  ,  des  allé^ 
gories  désagréables ,  des  plaisant 
teries  trop  recherchées.  Dacier 
lui-même  a  été  forcé  de  convenir 
de  ces  défauts.  «Lorsqu'il  veut 
se  surpasser  lui-même ,  et  qu'il 
affecte  d'être  grand ,  il  lui  arrive 
quelquefois  tout  le  contraire.  Car 
outre  que  sa  diction  est  moin» 
agréable  ,  moins  ,  pure  et  plu» 
embarrassée ,  elle  tombe  dan» 
des  périphrases  ,  qui  étant  ré- 
pandues sans  choix  et  sans  me- 
sure n'ont  ni  grâce  ni  beauté  ,  et 
n'étalent  qu'une  vaine  richesse 
de  langue.  Au  lieu  des  mots  pro-i 
près  et  de  l'usage  commun,  il 
ne  cherche  que  les  mots  nou- 
veaux ,  étrangers  et  antiques  ; 
et  au  lieu  de  n'employer  que-^'d^»' 
figures  sages  et  bien  entendues  , 
il  est  excessif  dans  ses  épithètes  , 
dur  dans  ses  métaphores,  et  ou- 
tré dans  ses  allégories.»  Quant 
au  système  de  philosophie  qu'il 
se  forma  ,  Heraclite  fut  son 
guide  pour  la  physique,  Pytha- 
gore  pour  la  métaphysique,  et 
Socrate  pour  la  morale.  Il  éta- 
blit dei>x  sortes  d'Etres,  Dieu 
et  l'Homme  :  Tun  existant  par  sa 
nature,  et  l'autre  devant  son  exis- 
tence à  un  Créateur.  Le  Mond« 
étoit  créé  suivant  lui  :  les  prin- 
cipaux êtres  qui  le  composent, 
se  réduisent  à  deux  classes.  Le» 
Astres  sont  dans  la  i^®,  et  le» 
génies  bons  et  mauvais  dans  la 
seconde.  L'Etre  suprême  qui  pré- 
side à  ces  êtres  intermédiaires  y 
est  incorporel ,  unique ,  bon  , 
parfait,  tout  — puissant,  juste; 
il  prépare  aux  gens  de  bien  de» 
récompenses  dans  une  autre  vie , 
at  aux  méchans  des  peines  et  des 


L__  . 


154        P  L  A 

supplices.  D)iin  tel  sj^tème  doft 
découler  nécessairement  une  mo- 
rale pure.  Rien  ne  l'e&t  plus  en 
effet,  dit  l'nbbé  Fleury ,  que  celle 
de  Platon,  quant  à  ce  qui  regarde 
le  désintéressement,  le  mépris  des 
richesses  ,  l'amour  des  hommes 
et  du  bien  public  ;  rien  de  plus 
noble ,  quant  à  la  fermeté  du 
courage ,  au  mépris  de  la  vo^ 
lupté ,  de  la  douleur  ,  de  l'opi- 
ïïîon  des  hommes ,  tt  à  l'amour 
du  véritable  plai^r.  Une  telle 
morale  fut  sans  doute  ce  qui 
enj^ngea  les  premiers  Pères  de 
l'Église  à  étudier  soigneusement 
la  philosophie  de  Platon^  St,  Clé" 
ment  d'Alexandrie  dit  dans  ses 
Stromates ,  que  sa  philosophie  , 
quoique  humaine  ,  a  voit  servi 
aux  Grecs  pour  les  préparer  à 
l'Évangile ,  comme  la  Loi  aux 
Hébreux.  On  le  donna  pour  un 
Prophète  ;  on  crut  trouver  la 
Trinité  dans  ses  écrits,  parce 
qu'il  die  quelque  part ,  «  Que  le 
Triangle  équilatéral  est  de  toutes 
les  figures  celle  qui  approche  le 
plus  de  la  Trinité*  »  Zonare  dit 
qu'en  796  on  ouvrit  un  sépulcre 
fort  ancien,  dans  lequel  on  trouva 
un  corps  mort  s  qu'on  crut  être 
celui  de  Platon*  Ce  cadavre  avoit 
une  lame  d'or  à  son  cou ,  avec 
cette  inscription:  Le  Chris  tnattra 
d'une  Vierge,  et  je  crois  en  liiL 
11  n'en  fallut  pas  davantage  pour 
Accréditer  l'idée  que  Platon  avoit 
été  un  des  hérauts  du  Christia- 
nisme. On  ne  faisoit  pas  atten-t 
tion  alors ,  que  les  pensées  rai- 
sonnables qu'on  trouve  dans  la 
métaphysique  de  Platon ,  sont  à 
côté  de  plusieurs  idées  extravra- 
gantes  ,  enveloppées  dans  un 
pompeux  galimathias.  Que  pen- 
seroit-on  aujourd'hui  d'un  phi- 
losophe qui  nous  diroît  que  le 
monde  est  une  figure  de  douze 
pMilngones  ; .  que  le  Feu  qui  est 


l>  L  A 

tiifiè  jjyfantide ,  est  lié  à  ïa  terrt 
par  des  nombres?  Platon  parloit 
si  bien,  qu'on  ne  pouvôit  pai 
croire  qu'il  pensAt  mal.  On  ou- 
blioit  en  l'entendant,  ses  contra- 
dictions) le  peu  de  suite  dé  ses 
raisonnemerts ,  ses  passages  brus-» 
qnes  d'une  matière  à  une  autre, 
ses  écarts  fréquens.  Sa  politique 
vaux  mieux  que  sa  métaphysique  ; 
mais  il  faut  avouer  qu'elle  offre 
aussi  plusieurs  idées  chimériques 
et  impratiqurtblès.  Ses  leçons 
pottrroient  former  un  prince  phi- 
losophe; mais  elles  ne  ferorent 
jamais  un  grand  roi.  Tous  les 
Ouvrages  de  cet  homme  illustre 
sont  en  forme  de  dialogue,  à 
l'exception  de  xii  Lettres  qui 
nous  restent  de  lui.  On  y  trouve 
plusieurs  principes  sur  la  rhé- 
torique ^  qui  sont  répandus  en 
partie  dans  son  Pkœdon  et  dans 
son  Gorpas.  Les  sujets  de  ses 
principnax  ouvrages  sont  :  De  la 
vraie  et  de  la  fausse  piété  ;  Va- 
pologie  de  Socrate  ;  de  Vimmor- 
talité  de  Vame  ;  des  Etymologies; 
de  la  science  ;  du  sophisme  ,  de 
la  Politique  et  de  la  Royauté; 
Dissertation  sur  les  idées  et  sur 
r essence  intelligible  des  choses; 
du  plaisir  ;  le  Banquet  ou  il  trait» 
de  l'amour  ;  du  beau  ;  de  la  na» 
ture  de  l'Homme  ;  de  la  prière  ; 
de  la  passion  du  gain  ;  de  la 
philosophie  ;  de  la  sagesse  ;  de 
la  nature;  de  la  tempérance  ; 
du  courage  ou  de  la  force;  de 
Vamitié  ;  de  la  dispute  ;  de  la 
vertu;  du  mensonge  ;  de  lameiU 
fleure  République  ;  des  Lois,  etc. 
Platon  est  porsuadé  que  l'homme 
ne  peut  être  heureux  sans  aimef 
la  justice ,  sans  mépriser  les  ri- 
chesses :  il  pense  qu'il  ne  peut  f 
avoir  de  bon  gouvernement  que 
lorsque  les  sages  montent  sur  le 
trône^  ou  que  les  rois  devien- 
nent philosophes,   «Xorsque  lo 


P  L  A 

lB«gi*fat^  dit-il,  est  fideîle  à  îa 
loi,  l'état  prospère*,  lorsque  la 
loi  est  l'esclave  du  magistrat^  il 
n'y  a  à  espérer  que  ruine  et  dé-, 
solation.  «  La  plus  belle  édition 
^  ses  Œuvres  est  celle  de  Ser^ 
ratitLs  on  Jean  de  Serres ,  en  ji;rec 
et  en   latin  9  eu   trois  volumes 
in-folio,    1378,  imprimée  par 
Henri  Etienne.   Cest  un  chef— 
ti'œuvre  de  t^'^pograpbie.  On  es- 
time aussi  celle  de Marsilc  Ficin  , 
Francfort ,  iGot. ,  in-fol.,  grec  et 
latin.  François  Patrice  a  donné 
une  comparaison    cariense    des 
opinions  de  Platon  et  à^Aristole 
àam  ses    Discussions  Péripaté^ 
ticiennes ,  et  dans  son  Livre  in- 
titulé  :    Aristoteles    exoreticus, 
O^oy,  aussi  le  Parallèle  que  nous 
feisons  de   Platon  et  à'Anis^ 
fOTE ,  article    de   ce   dernier.  ) 
hacier  a  traduit  en  françois  une 
partie  des  Dialogues  de  Platon  , 
et  cette   version    imprimée    en 
170  ï  9  deux  vol.  in-ia  ,  et  réim- 
^iraée  en  1771»  3  vol.  in-12, 
est  fort  au— dessous  de  l'original. 
M.  Tabb^  Grou  a  traduit  la  Ré^ 
puhUqiLe,  Paris,  176a,  deux  vol. 
in-ii.  On  a  une  version  des  hois, 
Amsterdiim,  1769  deux  volumes 
iQ~i2;  des  Dialogues  non  tra- 
duits par  Dacier^  ibid,    1770, 
i  vol.   in— 12;  de  XHyppias  on 
Traité  eu  Beau. ,  mis  en  fran- 
çois par  Maucroix  ;  et  du  Ban* 
quct  de  Platon ,  par  Jean  Racine* 
Ces  deux  dernières  versions  sont 
à  h  suite  de  celle  des  Dialogues 
^ArDacier,  de  l'édition  de  Paris  ^ 
1771.  L'Anglois  Clarke  en  iSoS^ 
i  rapporté  de  l'isle  de  Patmos  un 
beau  manuscrit  des  Œuvres  de 
Platon ,   in-folio  ^    Vélin.    Les 
Icolies  sont  en  petites  capitales. 
Il  fut  transcrit  par  Jean  le  Calli- 
^rapiie ,  pour  Arethas  doyeri  de 
Fatras,  moyennant  treize  ëcus 
9ysaaUas }   «ou»  ^    r5gn9   4^ 


P  L  A         15Ç 

Léon  fîls  de  Basile,  l'an  6404 
du  monde.  Ce  manu?rrit  grec 
est  le  plus  ancien  que  l'on  con- 
noisse  revêtu  d'une  date  précise, 
Dar\ille  possédoJt  un  Euclide 
plus  ancien  d'un  an;  et  Monl'^ 
faucon  dans  sa  Paléographie ,  dit 
avoir  vu  un  autre  manuscrit  grec 
antérieur  de  six  ans;  mais  ces 
deux  derniers  manuscrits  ont 
disparu.  Voy^  HI.  '5ean  (  Saint  ) 
l'Ëvangéliste,  à  la  fin. 

♦  IIL  PLESSÏS-RïCHELÏEU, 

(Armand  du  )  né  à  Paris  le  5  sep- 
tembre  I  5  8  5  ,   da    précédent  , 
reçut  de  la  nature  les  disposi- 
tions les  plus  heureuses.  Son  édu- 
cation  ayant  été  confiée   à  des 
maîtres  Habiles,  il  parut  un  grand 
homme  dès  son  enfance.  Après 
avoir  fait  ses  études  enSorbonne, 
il  passa  à  Rome  et  y  fut  sacré 
évêque  de  Luçon  en  1 607  ,  âgé 
seulement  de  22  ans.  On  dit  qu9 
pour  avoir  ses  bulles  il  trompa 
le  pape  Paul  V,  et  qu'après  lui 
«voir  fait  accroire  qu'il  a  voit  près 
de  24  ans ,  il  lui  demanda  l'ab-^ 
solution    de   ce   mensonge.    On 
ajoute   que  le  pontife  dit  :  C# 
jeune  évêque  a  de  Vesprit;  mais 
ce  sera  un  jour  un  grand  fourbe» 
Revenu  en  France,  il  s'avança  à 
la  cour  par  son  esprit  insinuant  , 
par  ses  manières  engageantes ,  et 
sur-tont  par  la'  faveur  de  la  mar- 
quise de  Guercheville ,  première 
dame  d'honneur  de  la  reine  Ma- 
rie  de  Médicis ,  alors  régente  du 
royaume.  Le  Père  4*w4m^ny  pré* 
tend  que  ce  fut  la  recommanfla- 
tion  de  Barbin ,  à  qui  il  promit 
sa  sœur  en  mariage ,  quoique  ce 
fût  un  homme  tout  nouveau  ^  et 
devenu  de  procureur  de  Melua 
intendant  de   la    maison    de   la 
reine,  qui  fit  nommer  Richelieu 
secrétaire  d'état.  Ce  qu'il  y  a  de 
iin^ulieri  e'ctt  ^ue  S9n  départs^ 


%^6 


P  L  E 


ment  ftit  celui  de  la  guerre.  I! 
Texerça  malgré  les  remontrances 
^e  quelques  prélats  qui  jugeoient 
cet  emploi  peu  convenable  à 
l'état  ecclésiastique.  Mais  tout 
convient  à  l'ambition.  Cette  prin- 
cesse lui  donna  la  charge  de 
son  grand  aumônier  ,  et  peu  de 
temps  après  celle  de  secrétaire 
d'état.  Les  lettres-patentes  de  sa 
nomination  9  datées  du  dernier 
novembre  1616,  portoient  qu'il 
auroit  la  préséance  sur  les  autres 
ministres;  mais  il  ne  jouit  pas 
long-tems  de  sa  faveur.  La  mort 
du  maréchal  d* Ancre  son  proteo- 
teur  et  son  ami ,  lui  ayant  ooca- 
tienne  une  disgrâce ,  il  se  retira 
auprès  de  la  reine-mère  fe  Blois , 
où  elle  étoic  exilée.  Cette  prin- 
cesse étoit  brouillée  avec  son  âls  : 
Hichelieu  proHta  de  cette  divi- 
sion pour  rentrer  en  grâce.  Il 
ménagea  l'accommodement  de  la 
mère  et  du  fils^  et  la  nomination 
au  cardinalat  fut  la  récompense 
de  ce  service.  Le  duc  de  Luynes 
qui  l'avoit  d'abord  exilé  a  Avi- 
gnon ,  le  lui  promit,  lui  tint  pa- 
role ,  et  donna  son  neveu  Com^ 
balet  a  jnademoisselle  de  If^igne-^ 
rod,  depuis  duchesse  d'Aiguillon. 
Après  la  mort  de  ce  favori,  la 
reine  mise  à  la  tête  du  conseil ,  y 
lit  entrer  Richelieu:^  Elle  comp- 
toit  gouverner  par  lui ,  et  ne 
cessoit  de  presser  le  roi  de  l'ad- 
mettre dans  le  ministère.  Presque 
tons  les  mémoires  de  ce  tem|)s-là 
font  connoître  la  répugnance  de 
ce  prince  qui  traitoit  alors  de 
fourbe  celui  en  qui  depuis  il  mit 
toute  sa  confiance.  Vous  ne  le 
eonnoissezpas ,  disoit  le  roi  à  sa 
mère ,  c'est  un  homme  d'une  am-^ 
hition  démesurée*  Louis  XIJI  lui 
reprocboit  jusqu'à- ses  mœurs ^. et 
ce  n'étoit  pas  sans  raison.  Les 
galanteries  du  cardinal  étoient 
j^6]iataii|;es  y  accompagnées  m.^mç 


P  L  E 

dfi  ridicule.  Il  s'habilloit  en  ces 
valier ,  et  après  avoir  écrit  sur 
la  théologie  il  faisoit  l'amour  en 
plumet.  On  prétend  qu'il  porta 
l'audace  de  ses  désirs,  ou  vrai» 
ou  affectés,  jusqu'à  la  reine  ré- 
gnante ,  Anne  d'Autriche ,  et 
qu'il  en  essuya  des  tailleries  qu'il 
ne  lui  pardonna  jamais.  Par  un» 
suite  de  cet  esprit  de  galanterie, 
il  faisoit  soutenir  chez  sa  nièce 
des  Thèses'  d'Amour  ,  dans  la 
forme  des  l'hèses  de  théologie 
qu'on  soutient  sur  les  bancs  de 
Sorbonne.  Louis  XIII ,  prince 
pieux,  eut  donc  quelque  peine  . 
d'admettre  Richelieu  dans  le  mi- 
nistère ;  mais  celui-ci  vainquit 
tous  les  obstacles.  Il  affecta  d'a- 
bord comme  Sixte^Qiiint ,  d'être 
incapable  de  soutenir  les;  travaux 
des  premières  places.  Sa  mau- 
vaise santé  l'éloignoit  ^  disoit-il, 
de  l'examen  pénible,  des  affaires 
d'état;  mais  bientôt  il  écarta 
presque  tous  les  ministres.  Le 
surintendant  la  Vieuville  qui 
lui  avoit  prêté  la  main  pour 
monter  à  sa  place,  en  fut  écrasé 
le  premier  au  bout  de  six  mois. 
Ce  ministre  avoit  commencé  la 
négociation  d'un  mariage  entr9 
la  scBur  de  Louis  XIII  et  le  ^I» 
du  roi  d'Angleterre  :  le  cardinal 
finit  ce  traité  malgré  les  cours 
de  Rome  et  de  Madrid  ,  au  com- 
mencement de  I  6  a  5.  L'année 
d'auparavant,  il  avoit  été  élevé 
aux  places  de  principal  ministro 
d'état,  de  chef  des  conseils;  él 
deux  ans  après  il  fut  nommé 
surintendant  général  de  la  navi- 
gation et  du  commerce.  Ce  fut 
par  ses  soins  que  l'on  conserva 
Tannée  suivante  l'isle  de  Ré,  et 
qu'on  commença  le  siège  de  la 
Rochelle.  Cette  place,  le  boui 
levart  du  Calvinisme ,  étoit  pour 
ainsi  dire  un  nouvel  état  dan» 
r^tat.  Elle  ayoit  alors  pres^w 

autant 


J 


PLE 

autant  de  vaisseaux  que  le  roi  mè- 
ne. £!U  vouloit  imiter  la  Holian- 
eJe,  et  aiiroitpu  y  parvenir  si  elle 
avoit  trouvé  parmi  les  peuples  de 
sa  religion  des  alliés  qui  la  se- 
courussent. Le   cardinal  de  lit- 
chelieu  résolu  d'exterminer  en- 
tièrement  le   parti   Protestant  , 
crut  devoir  commencer  par    sa 
plus  forte  place.  Après  un  an  du 
siège   le  plus   vigouireux  ,  cette 
ville  rebelle    fut  obligée   de    se 
rendre  à  discrétion  le  28  octobre 
1628.  (  yoyezGuiTO^i  et  Mete- 
•zeacj.)  Bickeleu  avoit  tout  em- 
ployé pour  la  soumettre  :  vais- 
seaux bâtis   à  la  hâte ,  digues  , 
troupes   de  renfort ,   artillerie  , 
enfin  jusqu'aux  secours  de  l'Es- 
pai^ne  :  iK-ofitant  avec  célérité  de 
la  haine  du  duc  OUvarès  contre 
le  duc  de  Bucki»gham,  faisant 
Valoir   la    religion  ,   promettant 
tout,  et  obtenant  des  vaisseaux 
(lu  roi  d'Espagne,  alors  l'ennemi 
naturel  de  la  France ,  pour  Ôter 
aux  Rochelois   Tespérance  d'un 
nouveau  secours  d'Angleterre.  Il 
commanda  pendant  le  siège  en 
qualité  de   général  ;  ce  fut  son 
coup  d'essai,  et  il  montra  que  le 
génie  peut  suppléer  à  tout.  Aussi 
exact  à  mettre  la  discipline  dans 
hs  troupes,  qu'appliqué  à  Paris  à 
rétablir  l'ordre;  lorsque  la  place 
fnt  rendue ,  il  dit  qu'il  V avoit  prise 
tu  dépit  de  trois  Rois  ;  le  rei  d'Es- 
pagne, qui  avoit  retiré  ses  troupes, 
le  roi   d'Angleterre ,    qui   avoit 
envoyé  àe^s  secours  aux  assiégés  ; 
€t  enfin  le  roi  de  France,  que  les 
courtisans  dé2;oùtoient  de  cette 
expédition,  dans  la  crainte  que 
le  succès  ne   rendit  le  premier 
ttiinistre  absolu  :  crainte  qui  n'é- 
toit  que  trop  fondée.  La  Rochelle 
ayant  été  réduite  ,  il  marcha  vers 
les  autres  provinces  pour  enle- 
ver aux  Réformés  xuie  p^irtie  de 
leurs  places  de  sûreté.  Après  avoir 

SupPL,    Tome  III. 


PLE         157 

mis  la  paix  dans  Fétat,  Richrliâu^ 
songea  à  porter  la  guerre  dans 
les  états  voisins.  Ce  qu'on  avoit 
craint  de  son  élévation  étoit  ar-* 
rivé.  Le  roi  lui  avoit  donné  la  pa« 
tente  de  premier  ministre ,  écrite 
de  sa  propre   main,  et  remplie 
des  éloges  les  plus  flatteurs.  iJès» 
lors  son  faste  effaça  la  dignité  du 
trône  :  il  avoit  des  gardes*  ;  tout 
Tappareil  de  la  royauté  l'accom— 
pagnoit,  et  toute  l'autorité   ré- 
sidoit  en  lui.  La  guerre  ayant  été 
déclarée  à  la  maison  d'Autriche  , 
le  cardinal  se  fit  nommer  gêné- 
ralissjme  de  l'armée  envoyée  en 
Italie  au  secours  du  duc  de  iV>- 
vers ,  à  qui  l'empereur   refusoit 
l'investiture  du  duché  de  Man— 
toue.  Le  roi   ordonna  dans   ses 
provisions  ,    qiion    lui    ohéiroi^ 
comme   à   sa   propre    personne, 
A  cette  époque  ,  le  cardinal  en- 
voya visiter  le  duc  d'Epenion.he 
page  le  trouva  disant  ses  prières» 
«  Dis  à  ton  maître ,  lui  dit  le  duc  , 
que  je  fais  ici  son  métier  ,  tandis 
qu'il  fait  le  mien.»   Ce  premier- 
ministre  faisant  les  fonctions  de 
connétable,  ayant  sous  lui  deux 
maréchaux  de  France ,   marche 
en  Savoie.  Il  passe  la  Loire  la 
nuit  du  17  nu  18  mars  ï63o,  et 
marche    jusqu'à   Rivoli    par   un 
temps  affreux.  Le'  nouveau  gé- 
néral étoit  monté  sur  un  superbe 
chev)al.  Il  avoit  l'épée  au   côté, 
un  plumet  sur  son  chapeau,  une 
cuirasse  verte  sur  \\n  habit  cou- 
leur de  feuilles  mortes,  brodé  d'or. 
Il  étoit  précédé  de  deux  pages  , 
dont  l'un  portoit   son  casque  et 
l'autre  ses  gantelets.  Malgré  ce 
luxe  extraordinaire,  il  n'entend 
que  des  imprécdtions  contre  lui, 
et  aussi  sensible  aux  satires  qu'aux 
éloges,  il  vent  qu'on  fasse  taire 
les  soldats.  On  le  détourna  de  son 
dessein;  et  dès. que  l'armée  fut 
logéft  dans  le  bourg  de  Rivoli ,  il 

R 


L 


n;8        P  L  Ë 


entendit  ces  mêmes  soldats  qui 
Tavoient  maudit  le  combler  de 
bénédictions.  11  fut  enchanté ,  at- 
taqua tout  de  suite  Pignerol ,  se- 
courut Casai ,  et  s'empara  de  toi\te 
la  $a\roie.  Louis  XIII  éioit  alors 
mourant  à  Lyon,  où  la  reine-* 
mère  lui  demandoit  les  larmes 
aux  yeux  la  disgrâce  dti  ministre 
qui  le  faisoit  vaincre.  Cette  prin- 
cesse ramena  son  fils  à  Paris, 
après  lui  avoir  fait  promettre  qifil 
ronverroit  le  cardinal  dès  que  la 
guerre  de  l'Italie  seroit  terminée* 
Riûheliru  se  croyoit  perdu  ,  et 
préparoit  sa  retraite  au  Havre- 
de— Grâce.  Le  cardinal  de  l^  Va~ 
letu  lui  conseilla  de  faire  une 
dernière  tentative  auprès  du  roi. 
Il  va  trouver  ce  monarque  à  Ver- 
Sriilles  oïl  la  reine— mère  ne  l'avoit 
point  suivi;  il  aie  bonheur  de  le 
persuader  de  la  nécessité  de  son 
ministère  et  de  l'injustice  de  ses 
ennemis.  Louis  qui  avoit  sacrifié 
son  ministre  par  foi  blesse  ,  dit 
Voltaire,  se  remit  par  foiblesse 
entre  ses  mains,  et  lui  abandonna 
ceux  qui  avoient  conspiré  sa  perte  : 
ils  furent  tous  punis  de  la  même 
peine  qu'ils  avoient  conseillé  de 
lui  faire  souffrir.  Ce  jour,  qui 
est  encore  appelé  aujourd'hui  la 
Journée  des  dupes  ,  fut  celui  du 
pouvoir  absolu  du  cardinal.  Le 
garde  des  sceaux  Marillac  et  le 
maréchal  son  frère ,  perdirent 
tous  deux  la  vie,  Tun  en  prison 
et  l'autre  sur  un  échafaud.  Au 
milieu  des  exécutions  de  ses  ven- 
geances ,  il  concluoit ,  le  23  jan- 
vier i63i  9  avec  Gus^ave^Adol» 
phe,  le  traité  qui  devoit  ébranler 
le  trône  de  Ferdinand  II ,  et  il 
n'en  coiitoit  à  la  France  que  trois 
cent  mille  livres  de  ce  temps-là  y 
ime  fois  payées,  et  douze  cent 
mille  livres  par  an  pour  diviser 
l'Allemagne,  accabler  deux, em- 
pereurs y  «t  donner  k  la  Franc» 


I»  L  £       \ 

le  temps  d'établir  sa  propre g^(iti<< 
deur.    Richelieu    se   ligudît    en 
même  temps  avec  le  duc  de  Ba- 
vière,  et  oonclnoit  dans  )a  même  >, 
année ,  1 63 1  ^  un  traité  avanta- 
geux avec  la  Savoie.  Mais  tandis 
qu'il  acquéroit  tant  de  gloire  au 
dehors ,  il  avoit  à  combattre  une 
fonle  d'ennemis  au--dedans.  Gas^ 
ton  duc  d'Orléans ,  frère  du  roi, 
ne  pouvant  supporter  la  domina- 
tion tyrannique  de  Richelieu ,  se 
retire  en  Lorraine,  en  protestant 
qu'il  ne  rentrera  point  dans  le 
royaume  tant  que  le  cardinal, 
son  persécuteur  et  celui   de  sa 
mère,  y  régnera.  Richelieu  fit  dé- 
clarer par  un  Arrêt   du  conseil 
tous  ies  amis  de  Gaston  crimi- 
nels de  lèse- majesté,    et   après 
avoir  forcé  l'héritier  présomptif 
de  la  couronne  à   sortir   de  la 
cour ,  il  ne  balança  plus  à  faire 
arrêter  la  reine  Marie   de  Mé-^ 
dicis ,  à  qui  il  devoit  sa- fortune. 
Cette  princesse  ,    sacrifiée    par 
son  fils  à  un  ingrat  qu'elle  avoit 
élevé ,  alla  finir  tes  tristes  jours 
à  Cologne ,  dans  un  exil  volon- 
taire ,  mais  douloureux.  Son  pe^ 
sécuteur  établit  une  chambre  de 
justice  oii  tous  ses  partisans  et  ceax 
de  Gaston  son  fils  furent  condam- 
nés. Il  y  eut  une  foule^de  pour-, 
suites  :  on  voyoit  chaque  jour  def. 
poteaux  chargés  de  i'elHgie  des 
hommesoudesfemmesquiavoient' 
ou  suivi  ou  conseillé  Gaiton  et  la.] 
reine.  Les  amis ,  les  créatures, 
les    domestiques  ,  '  le    médecin  '] 
même  de  cette  princei!5e  infbr« 
tunée,  furent  conduits  à  la  Bas»^ 
tille  et  dans  d'autres  prisons.  On  j 
rechercha  jusqu  à  des  tireurs  d'ho* 
roscope,  qui  avoient  dit  qne.^ 
Roi  n' avoit  pas   long  •'temps  à 
vivre ,  et  deux    furent  eziVoyé| 
aux  galères.  La  Bastille  fut  tou- 
jours remplie  sons  ce  mintstèn^i 
Le  maréchal  de  BassompiiliTf^ 


PLË 


PL  fi 


%ne  1 

^hi]  duc.  d^ 
^erneiif  du  Lu 
I^OM i^ôir   brave 
Cardinal:  11  se 
fie  parti,  et    lé 
i^  révolté  ,  à  la 
i^'Orléans  qui  V 
ffiorenci  périt    : 
j^n   i63i ,  victin? 
plaisance  é.t  4e  l| 
du  cardinal  de  1 
Vraî  qùé  ce  fut  l 
Jï;ardma\\és  cont , . 
,  formés  k  Lyonf?^^ 


ulement  de  lie  pà» 
terêts  du  cardinal  ^ 
dant  le  reste  de  la 
Tout  le  royaume 
18   presque  per- 
eter  la  voix.   Il 
rà  que  le  tnarë-* 
oreax:i  gou- 
oc  ^  i]iH  crut 
foirtune    dû 
d'être  chef 
tendard   de 
e  de  Gasioii 
nna;Jlfp«/-- 
11   échafaud 
é   ia    corn- 
it  vindicatif 
elieu.  S'il  est 
Lii  révéla  ait 
qui  s'étoient 
e  hii^  il  dut 


-  •% 


'ab 


ie  repentir  d'jfâ-||É"vice  tjui  lui 
^evénoit  ai  fal^^^utes  les  ca* 
baies  étoient  ^"^^     >s  sorts  le  pôi^ 
^oir  de  ce  rtffl  Jp-rdi  ;  cepen- 
dant il  ri  y  ^^!.ii  un  joUr.sani 
ijitriorneà  etf.        iiictiortà.  Lui-i 
i»émé  y    df-;    ^   Heu   par  del 
ibiblèsseô  s#/^-^à;  oui  se  niélent 
coujouf  s,scig|^-2_:^ent  aux  grandes 


Affairéd  ^ 
âégiiisefh 
<^èlent  le 
^.eiir, 
ae  Chev 
^t  belle 
^inai 
la  pads 
jlrer 
arawtf 
éenc 
JCou 


,,  dialgré  tous  leà 

les  cachent,  de* 

^^^eSseé  de  lêt  gran-^ 

"-*^^"^d  que  la  duchesse 

toujours  intrigante 

;  engageoit  le  car* 

par  artiBc0s  dan^ 

elle  vduloit  lui  in  S- 

nîândeur  de  Jars  et 

èrent  dans  )à  cdnfi** 

iîie  Anne  femme  des 

l'aVoit  d'î^iitre  cdri- 

la  perte  de  sû>n  cré* 

aider  là  diich^sse  de 

a  rabaisser  par  le  ridi- 

qri  elle  né  pouvo|it  pei*- 

chessé  feigno'it  dri  goût 

ardinal  j  et  formoit  des 

dans    l'attente   de    sa 

le  de  fréquentes  mala- 


dies  faisoient  voit  <\ii#i  pirbchain» 
qu'on  le  desiroit.  Un  terme  inju- 
rieux dont  on  se  servoit  tonjouVs 
dans  cette  cabale  pour  désigner 
le  cardinal^  fut  ce  qui  l'offensa 
davantage.  Le  garde  dejs  sceaux 
fut  mis  en  prison  sans  forme  dé 
procès,  parce  qu'on  ne  pouvoit 
pas  lui  en  faire.  Le  coitimandeur 
de  Jars  et  d'autres  ,  qu'on  accusa 
de  conserver  quelque  intelligence 
avec  lé  frère  et  la  mère  du  roi  \ 
furent  bondamués  par  des  cbm*^ 
hiissaires  à  perdre  lu   tête:  Lé 
commandeur  eut  sa  gtacë  surl'é- 
chafaud  ;  mais  les  autreâ  furent 
exécutés.  On  ne  pOiirsnitoit  pas 
seuleiBeht  lé*  sujets  qu'on  pou- 
voit accùset  d'être  danà  lés  ihté* 
rets  de  Gaston  i\è  duc  de  Lor-* 
ralnfe  ^  Charles  IV,  en  fut  Ita  vic- 
time. Oh  le  dépouilla  de  tes  états  ^ 
parce  qu'il  avoit  consenti  au.  ma- 
riage de  ce  prihce  avec  MàrguC'-' 
rite  de  lorraine.  Le  cardinal  vou— 
loit  faire  casser  cette  union,  afiii 
que  s'il  nàissoit  un  prince  de  Gas*' 
^on  et  de  Marguerite,  ce  princt 
héritier  dd  royaume  fût  regardé 
comine  un  bâtfird  ihcapable  d'hé>^ 
riter.  La  cour  de  Rome  et  les  «ni* 
versités  étrangles  ayant,  décidé 
que  ce  itiariage,  étoit  valide  ^  lé 
cardinal  le  fit  déclarei; .  nul  par 
i<n  arrêt  «^rt  Parlement  Cette  çpi- 
hiàtreté  à  poursuivre  le  frèfe  dtt 
toi  jrtsques  dans  l'intérieur  dé  sa 
maison ,  à  lui  ôtèr  sa  femttie  et  à 
dépouiller  soft  beait-frèt^,  excita 
de    nouvelles    èdtijutations.    Le 
èomte  de  Soissohs  et  le  duc  dé 
Bouillon  Y  entrèrent  :  ils  né  pou-»- 
voient    choisir  ,  dé    circonstance 
pîusi  heureuse,  t*  nbauvaiô  snccèi 
de  la  guerre  d' Allemagne  qu'il 
avoii  eiitrepriâe,  Texposdit  au  res- 
ienUment.dti  roi  ^i  atott  donné 
h^  Gaitoh  la  lieutehance  générale 
de  son  armée.  Son  éftnémi  décou- 
ragé voulut  quitter  le  ministère^ 


l6o 


P  LE 


et  il  en  anroit  fait  la  folie ,  dit 
Slrt  ,  sans  le  P.  Joseph  capucin, 
qui  le  rassura.  Ce  fiit  donc  pen- 
dant  le  cours  de  cette  guerre  que 
le  comte  de  SoUsons  trama  la 
perte  de  BicheUeu.  Il  fut  résolu 
de  l'assassiner  chez  le  roi  même  ; 
maif  Gaston  qui  ne  faisoit  jamais 
rien  qu'à  demi,  effrayé  de  l'atten- 
tat, parreli/îion  ou  par  foiblesse, 
ne  donna  point  le  sis^al  dont  les 
conjurés  étoient    convenus.  Au 
milieu  des  agitations  que  lui  eau-* 
soient  ses  craintes  continuelles, 
le    cardinal    érigeoit    l'académie 
Françoise,  et  donnoit  dcTis  son 
palais  des  Pièces  de  théâtre  aux- 
quelles il    travailloit  lui— même. 
Il    fondoit  l'Imprimerie  Royale; 
il  retâtissoit  la  Sorbonne  ;  il  éle- 
voit  le  Palais-îloyal  ;  il  établis- 
8oit  le  Cardin  des  Plantes  ^  ap- 
pelé le  Jardifi   du  Hoi,  Enfin  , 
ce  qui  est  beaucoup  moins  loua» 
ble,   il   fomcntoit  les  premiers 
troubles  d'Angleterre,  et  il  écrî— 
voit  ce  billet,  avant-coureur  des 
malheurs  de  Charles  I  :  Le  roi 
iC Angleterre ,  avant  qu'il  soit  un 
un ,  i^erra  quil  ne  faut  pas  me 
mépriser.  Tandis  qu'il  excitoit  la 
haine  des  Angîois  con?  re  leur  roi  ,* 
il  se  formoit  de  nouveaux  com»- 
plots  en  France  contre  lui.  Ma- 
iîeraoiselle  de  la  Fayette ,  que  le 
roi  honoroit  de  sa  confiance,  fut 
■obligée  par  la  jalousie  dé  Biches- 
lieu ,  de  se  retirer  de  la  cour.  Le 
jésuite  Caussin   (  Voyez  son  ar- 
ticle)   confesseur  du    roi  ,   qui 
s'étoit  servi  d'elle  pour  faire  rap- 
peler la  reine— mère,  fut  exilé  en 
Basse-Bretagne;  et  le   ministre 
l'emporta  sur  la  maîtresse  et  sur 
le  confesseur.  La  reine  femme  du 
toi,  pour  avoir  écrit  à  la  duchesse 
fie  Chvvreuse  ennemie  du  cardinal 
•et  fugitive,  Fut  traitée   comme 
•une  sujette  criminelle.  Ses  papiers 
furent  saisis,  et  ou  lui  ht  subir 


PLË 

«n  înterroîraloire  devant  Te  chan-s 
celier  Scguier.  IVIadame  ^Haute^ 
fort,   aussi  attachée  à   la  reine 
qu'au  roi ,  et  donnant  par  sa  fa- 
veur  des  inquiétudes    à   l'esprit 
jaloux  du  ministre  ;>  fut  disf;ra- 
ciée.  Bichelieu,  leur  substitna  le 
jeune  Cinq-Mars  fils  du  maréchal 
d'Effiat,  qui  ne  tarda  pas  d'exciter 
encore    sa    jalousie.     Ce    jeune 
homme  devenu    grand   écuyer  , 
prétendit  entrer  dans  le  conseil  ; 
le  cardinal  ne  vouloit  pas  le  souf- 
frir ,   et    Cinq^Mars   trama    sa 
porte.  Ce  qui  l'enhardit  le  plus 
à  conspirer.,   ce  fut  le  roi  lui- 
même.  Ce  monarque  souvent  mé- 
content de  son  ministre ,  offensé 
de  son  faste,  de  sa  hauteur,  de 
son  mérite  même,  fiiché  d'être 
réduit  au  pouvoir  de  guérir  Us 
écroueUes ,  confioit  ses  chagrins 
à  son  favori ,  et  parloit  de  son 
ministre  avec  tant  d'aigreur  qu'il 
l'autorisa  en  quelque  sorte  à  lui 
proposer  plusieurs  fois  de  Tassas^ 
siner.  Ce  jeime  courtisan  se  lia 
avec  Gaston-  et  le  duc  de  Boikil- 
Ion,  Leur  but  étoit  de  perdre  1« 
cardinal ,  et  pour  réussir   pins 
facilement ,  ils  faisoient  un  traité 
avec  l'Espagne    qui    devoit  en- 
voyer des  troupes  en  France.  Le 
bonheur  du  cardinal  voulut  encore 
que  le  complot  fût  découvert ,  et 
qu'une  copie  du  traité  lui  tombât 
entre  les  mains.  Cinq-Mars  et  de 
Thou  son  ami ,  périrent  par  les 
derniers   supplices.   On   plaignit 
sur-tout  ce  dernier ,  confident 
du  conspirateur   qu'il  avoit  dé- 
sapprouvé.  La  reine  eJle-méme 
étoit  dans  le  secret  de  la  cons- 
piration :  mais  n'étant  point  ac- 
cusée, elle  échappa  aux  mortifi- 
cations  qu'elle   auroit   essuyées. 
Le  cardinal  déploya  dans  sa  ven- 
geance toute  sa  rigueur  hautiine. 
On  le  vil  traîner  Cinq-Mars  à 
sa  sXïite ,  de  Tarascon  à  Lyon  s*r 


P  L  E 

leRhÔDe^dans  un  bateau  attache 
au  sicii^  tandis  qu  il  étoit  frappé 
lui-même  à  mort.  De  là  le  car- 
dinal se  fit  porter  à  Paris  fur  les 
ëjjaules  de  ses  ganUs  ,  placé  dans 
une  chambre  ornée  oii  il  pon— 
voit  tenir   deux    hommes  à  côté 
de  son  lit.Se?  gardes  se  relax  oient: 
on  abattoit  des  pans  de  murailles 
pour  le  faire  entrer  plus  coinmo- 
dcnient  dans  les  villes.  C'est  ainsi 
qu'il  arriva  à  Paris.  Il  passa  les 
derniers  jours  de  sa  vie  dans  les 
souffrances  et  les  douleurs  d'une 
maladie  aiguë.  Lorsqu'on  un  il  vit 
son   dernier  moment  arrivé,   il 
parut  attendre  la  mort  avec  beau- 
coup de  fermeté  et  de  courage. 
11  pressa  ses  médecins  de  lui  dire 
sincèrement   ce  qu'ils  pensoient 
de  son  état ,  et  combien  il  avoit 
encore  à  vivre.  Toiis  lui  répon- 
dirent; «Qu'une  vie  fi  précieuse 
et  si  nécessaire  ru  monde  inté- 
ressoit  le  ciel ,  et  que  Dieu  fcroit 
un  miracle  pour  le  guérir.»  Peu 
satisfait   d'être  flatté    même    au 
bord  du  tombeau ,  Bichelieu  ap- 
pelle Chicot  médecin  du  roi ,  et 
le  conjure  de  lui  dire  eu  ami  s'il 
doit  espérer  de  vivre  ou  se  pré- 
parer à  la  mort  ?   Dans    vingt- 
quatre  heures  ,  lui  répond  ce  mé- 
decin en  homme  d'usprit  ,  vous 
serez  mort  ou  guéri.  Le  cardinal 
parut  très- satisfait  de  celle  sin- 
cérité. Il  remercia  Chicot ,  et  lui 
dit  sans    se  monlrer  ému   qu'il 
entendoit  bien:  ce  que  cela  vou- 
loit  dire. Dès  ce  moment ,  Riche^ 
lieu  ne  s'occupa  plus  que  de  sa 
fui  prochaine.  11  reçut  le  viati- 
que avec  les  sentimens  de  la  piété 
la  plus  vive.  O  mon  Juge  !  dit 
le  prélat  en  regardant  le  Saint- 
Ciboire  ,    condamnez  —  moi  ,    si 
j'ai  eu  d*autre  intention  que  de 
servir  le  Roi  et  l'Etat,  Lorsqu'il 
eut  rendu  les  derniers  soupirs , 
•n  «'empressa  d'aller  porter  cette 


PL  E 


i6i 


nouvelle  au  roi  :   Voilà  ,  dit- il 
froidement,  un  grand  politique 
mort..,.  Bichelieu  expira  le  4  dé- 
cembre ib'42,  à  58  ans.'  La  sœur 
ûede  Thou  voulut  le  voir  sur  son 
lit  de  parade,  et  lui  adressa  ces 
mots  de  l'Ecriture  :  «  Seigneur, 
si  vous  eussiez  été  ici .  mon  frère 
ne  seroit  pas  mort.  »  Domine ,  si 
Juiises  litc  ,J rater  mens  non  fuis-' 
scLmortuus.AX  parut  bientôt  aprèç 
une  mauvaise,  mais  violente  sa- 
tire, intitulée  :  Dialogue  du  car^ 
dinul  de  Richelieu  voulant  entrer 
en  Paradis ,  et  sa  Descente  aux 
Enfers,  suivis    de  la    Farce  diu 
cardinal  de  Richelieu  ^aux  En^ 
fers,  en  un  acte  tten  vers,  1645. 
Si  la  protestation  qu'il  fit  à  son 
confesseur  qui  lui   demanda  s'il 
pardonlioit  à  ses  ennemis ?.re  «V» 
ai  jamais  eu  d\iutres  que  ceux  de 
l'Etat  ;  si  cette  protestation  étoit 
sincère  comme  nous  le  croyons, 
il  se  faisoit  certainement  illusion. 
Ceux  qui  ont  voulu  justifier  ses 
exécutions  sanglantes,  n'ont  qu'à 
considérer   les    traits   que   nous 
avons  rapprochés  dans  ce  tableau 
ûdelle  de  son  ministère.  On  n'y 
voit  quo  des  échafaudç  dressés  et 
des  têtes  coupées».  (  Voy.W.  Bru-. 
LART.)  11  étoit  très- soupçonneux, 
et  avoit  quelque  raison  de  l'être. 
Desnoyer  son  valet  de  chambre, 
étoit  le  seul  qui  couchât  dans  son 
appartement   et    qui   le    veillât. 
Un  jour  qu'il  regardoit  sous  le 
lit  de  ce  fidelle  domestique,  il  y 
apperçut  deux  bouteilles  de  vin. 
Il    s'imagine   u  l'instant   que   ce 
peut  êtte  du   poison,    et    il  le 
contraint  à  ]es  boire  toutes  les 
deux    en   sa    prépence.   (  Voyez 
IV.  M  o  RI  N.  )  Tous  ceux  qu'il 
avoit  fait  enfermer  à  la  Bastille, 
en  sortirent  après  sa  mort  comme 
des  victimes  déliées,  et  qu'il  ne 
falloit  plus  immoler  à   sa  ven- 
geance, il  légua  ail  roi  trpis  mil^ 

R  3 


%6% 


P  L  E 


Jions  d^  notre  monnaie  d^aujoniw> 
.  ij'bui,  à  cinquante  livres  le  marc  : 
^omme  qii'il  teiioit  toujours  eu 
préserve.  La  dépense  de  sa  maison 
fiepuis  qu'il  étoit  premier  mi- 
nistre ,  montoit  à  mille  écus  par 
Jour.  Tout  chez  lui  étoit  splen- 
>  deur  et  faste,  tandis  que  chez 
Je  roi  tout  étoit  simplicité  et  né^ 
gligence.  Ses  gardes,  entroient 
jusqu'à  la  porte  de  la  chambre 
quand  il  alloit  chez  son  maître. 
Il  précédoit  par^tout  les  princes 
du  sang  :  il  ne  lui  manquoit  quâ 
|a  CQuro;ine  ;  et  même  lorsqu'il 
étoit  mourant  et  qu'il  se  flattoit 
encore  de  survivre  au  roi,  il  pre- 
lioit  des  mesures  pour  être  ré- 
gent du  royaume.  Il  donna  lui- 
Jnême  uu  jour  une  idée  assez  juste 
^e  son  caractère  en  payant  aii 
marquis  de  la  Kieuv^Ule.  Je  nose 
rien  entreprendre,  lui  dit— il,  sans, 
y  avoir  bien,  pensé;  mais  quand 
'une  fois  l'ai  pris  ma  résolution,  je 
vais  à  mon  but ,  Je  renverse  tout, 
je  fauche  tout,  et  ensuite  je  cou- 
vre tout  de  ma  soutane  rouge.  Ce-* 
pendant  il  falloit  surmonter  bien 
4es  obstacles ,  et  le  roi  qu'il  sem- 
bloit  mener  à  son  gré ,  lui  résis- 
f  oit  assez  souvent.  Aussi  Richer' 
lieu  disoit-il  que  le  cabinet  de 
ce  Prince  et  son  petit  coucher 
hii  causoient  plus  d* embarras  que 
V Europe  entière.  Sortant  du  con- 
seil oii  le  monarque  ayoit  été 
.forcé  de  sacrifier  son  avis  au  sien  ^ 
.11  se  rangeoit  pour  le  laisser  pas- 
ser. «  N'êtes— vous  pas  le  maître 
ici,  lui  dit  le  roi,  passez  donc 
le  premier.  «  Je  ne  le  puis ,  ré- 
pondit l'adroit  ministre  en  pre- 
nant ii^n  flambeau  des  mains  d'un 
page,  qu'en  remplissant  auprès 
de  Voire  Majesté  V office  de  son 
serviteur.  Quoiqu'il  fût  haut  et 
impérieux,  il  avoit  l'air  doux, 
et  il  accueilloit  tout  le  monde 
|LY€C  une  eiLtrême  ppUtesse*  U  tea-^ 


PLË 

doit  une  main  affectueuse  K  Gaui| 
qui  venoient  lui  parler ,  pi  lors-* 
qu'il  avoit  dessein  de  les  gagner , 
il  les  combioit  de  louanges  et  de 
caresses.  On  pouvait  compter  sur 
sa  parole  ,  au  lieu  que  Mazarin 
se  jouoit  de  la  sienne  ;  et  quand 
il  avoit  promis  i^ne  grâce',  on 
étoit  sûr  de  l'obtenir.  Il  étoit  arr 
dent  à  rendre  service  à  ses  amis, 
et  à  tous  ceux  qui  lui  étoient 
attachés.  St&  domestiques  le  ro- 
gardoieut  commente  meilleur  des 
maîtres-,  et  il  les  récompensoit 
avec  cette  libéralité  qui  forma 
souvent  so.n  caractère.  Il  voulut 
que  sa  sépulture  même  sç  resrr 
sentit  de  la  grandeur  aveo  laquelle 
il  avait  vécu.  Il  choisit  pour  le 
lieu  de  son  tombeau  F^glise  de 

f  âorbonne ,  qu'il  avoit  rebâtie  avec 
une  magnificence  vraiment  royale. 
On  lui  éleva  depuis  un  mauso— 
lée,  chef— d'oeuvre    du   célèbre 
dirardon.  Ce  qu  on  a  dit  à  l'oc- 
casion de  ce  monument ,  m^agnuru 
disputandi  argum^entum. ,  est ,  se- 
lon   Voltaire,  le  vrai  caractère 
de  son  génie  et  de  ses  actions. 
Il  est  très— difficile  de  connoitre 
un  homme  dont  ses  flatteurs  ont 
dit  tant  de  bien  ,  et  ses  ennemis 
tant  de  mal.  Il  eut  à  combattre 
la  maison  d'Autriche  ,  les  Calvi- 
nistes ,  les  grands  du  royaume  9 
la  reine -mère  ^a  bienfaiotrice} 
le  frère  du  roi ,  la  reine  régnante, 
à  laquelle  il  osa  tenter  de  plaire  ) 
enfin  le  roi  lui-même  ,   auquel 
il  fut  toujours  nécessaire  et  son- 
vent  odieux.  Malgré  tant  d'enne- 
mis réunis ,  il  fut  tout  en  même 
temps  ,  au  dedans  et  au  dehors 
du  royaume.  Mobile  invisible  de 
toutes  les  cours ,  il  en  régloit  la 
politique  sur  les  vrais  intérêts  de 

•  la  France.  Par  ce  principe  il  re- 
tenoit  ou  relâchoit  les  rênes  qu'il 
manioit  en  maître.  11  savoît  ainsi 
faire  de  to.iis  les  ministrçs  étran^ 


*  ^ 


à 


P  LE 

fers  SOI  propres  ministres  ^  et  ses 
volontés    sexécàtoient  dans  les 
Armées'  de  Portugal  ,  de  Suède , 
de  Danemarck  et  de  Hongrie , 
comme  s'il  eut  été  en  droit  d'y 
donner  des  ordres  absolus.  £n  un 
mot,  le  cardinal  de  Richelieu  étoit 
lame  de  l'Europe ,  e^  fut  à  quel^ 
qnes  égards  ,   digne  d'annoncer 
Louis  XIV  au  monde.   Ce   fut 
lui  sur-tout  qui  prépara  l'auto-^ 
rite  absolue  de  ce  monarque  ;  et 
ce  n  est  pas  peut-être  un  beau 
sujet  d'éloge»  «  Sans  ce  ministre 
altier  ,  dit labbé MiUot ,  la  cou- 
.ronne  se  dégradoit.  £n  terrassant 
le  ^énie   républicain  du  Calvi«^ 
iiisnie  par  la  prise  de  la  Rochelle , 
en    abattant    avec  la    hache  du 
bourreau  les  têtes  illustres  de  plu- 
sieurs chefs  de  parti ,  il   remet 
le  roi  en  possession  de  tonte  l'au- 
torité ,  ou  plutôt  il  l'attache  toute 
entière  à  son  propre  ministère. 
Faut-il  quç  le  pouvoir  monar- 
chique ,  si  cher  aux  François ,  si 
nécessaire  à  leur  bonheur ,  puisse 
contracter  les  vices  de  la  tyran*- 
nie  ?  Hichelieu  a  maihenreuse*- 
ment  l'ame  d'un  despote  ;  et  les 
circonstances  le  poussent  à  des 
excès  oii  il  n'est  que  trop  porté 
de  lui-même.  11  écrase  d'impôts 
la  nation ,  et  insulte  ei^  quelque 
sorte,  à  la  misère  publique  par 
le  faste  de  sa  cour.  Il  veut  que 
le  parlement  obéisse  les  yeux  fer- 
més ,  sans  examen  des  édits ,  sans 
délibération  libre  ;  il  traite  la  ma- 
gistrature en  esclave  plutôt  qu'en 
dépositaire  des  lois.  Il  donne  aux 
grands  dont  il  a  juré  la  perte  j  des 
)uges   qu'il  regarde  comme  les 
instrumens  serviles  de  ses  ven- 
geances •  et  il  dirige  leurs  arrêts 
sans  daigner  s^couvrir  d'im  voile 
d'impartialité.   En  un  mot  ,  le 
pouvoir  arbitraire  se   déploie  si 
violemment  entre  ses  mains,  que 


P  L  E 


263 


beau ,  malgré  les  services  réels 
qu'il  a  rendus  k  la  monarchie. 
C'en  étoit  un  bien  essentiel  d'af- 
fermir l'autorité  de  la  couronne, 
(le  plief  les  grands  à  la  dépen- 
dance ,  et  de  faire  mouvoir  par 
la  diLCction  d'un  seul  chef,  tous 
les  membres  du  corps  politique. 
Mais  la  sagesse  de  Henri  IV,  sa 
justice ,  sa  bonté  et  ses  bienfaits  y 
avec  la  vigueur   de    son    ame  , 
étoient  (  on  ne  peut  trop  le  ré- 
péter )  plus  propres  encore  a  ci- 
menter ce  grand  ouvrage  ,  que 
les  foudres  de  liiclielieu,  »    Les 
appréciateurs  sévères  de  ses  ta- 
lens  conviennent  que  dans  l'art 
de  négocier  il  montra  du  génie  et 
une  grande  supériorité  de  vues. 
.Mais  dans  ce  genre  même  ,   ils 
lui  reprochent  une  faute   très- 
importante  :   c'est  le   traité  de 
1 635  ,  portant  partage  des  Pays- 
Bas- Espagnols  entre  la  France 
et    la    Hollande.   Ce   traité   fut 
l'époque  qui  apprit  aux  Hoilan- 
dois    qu'ils    avoient    besoin    do 
barrières  contre  la  France  ;   eb 
Richelieu  qui  vouloit  les  unir  à 
lui  contre  l'Espagne ,  en  mon—, 
trant  son  ambition  9  glaça   leur 
zèle.  C'est  donc  à  lui  qii'ik  at- 
tribuent la  première  origine  de 
cette  défiance  qui  éclata  toujours 
depuis  entre  la  cour  de  Versailles 
et  celle  de  U  Haye.  Quelques-, 
uns  vont  jusqu'à  lui  faire  un  re- 
proche de  cette  politique  si  vaste ,. 
tant  admirée  par  d'autres.  Ils  re- 
marquent  qu'au  dehors  comme 
au  dedans  son  ministère  fut  towb 
à   la  fois  écFàtant  et  terrible  ; 
qu'il  détruisit  bien  plus  qu'il  n'é- 
leva }  que  tandis  qu'il  combattc^it 
des  rebelles  eu  France  ,  il  soûl*-, 
floit  la  révolte  en  AUemagne  , 
en   Angleterre  et  en  Espagne  j 
qu'il  créa  le  premier  ou  déve- 
loppa dans  toute   sa   force  ,    K- 
$y&tèaie  de  politique  qui  ve:^t  i::.- 

^  4 


\ 


264 


P  L  E 


moler  tous  les  états  à  nn  seul  ; 
qu'enBn  il  épouvanta  r£urope 
comme  ses  ennemis,  ils  avouent 
que  i'abbajdsement  des  grands 
étolt  nécessaire  :  mais  ceux  qui 
ont  réfléchi  sur  l'éconouiie  poli- 
tique des  états ,  demandent  si  ap- 
peler tous  les  grands  propriétaires 
à  la  cour ,  ce  n  etoit  pas  en  se 
rendant  très-utile  pour  le  mo- 
meih.  ,  nuire  par  la  suite  à  la 
nation  et  aux  vrais  intércts  du 
prince  :  si  ce  n  étoit  pas  préparer 
île  loin  le  relâchement  des  mœurs, 
les  bt'soins  du  luxe  ,  la  détério- 
ration des  terres  ,  la  diminution 
des  richesses  du  sol ,  le  mépris 
des  provinces  ,  l'accroissement 
des  capitales  ;  si  ce  n'éloit  pas 
/  forcer  la  noblesse  à  dépendre  de 
.  la  faveur ,  au  lieu  de  dépendre 
du  devoir  ;  s'il  n'y  auroit  pas  eu 
plus  de  grandeur  comme  de  vraie 
politique,  à  laisser  les  nobles  dans 
leurs  terres  et  à  les  CGn^çnir,  à 
déployer  sur  eux  une  autorité 
qui  les  accoutumât  à  être  si  Jets  , 
ians  les  forcer  à  être  courtisans. 
C'est  à  ceux  qui  ont  ét^udié  l'his- 
toire et  la  politique  ,  de  juger 
Hic'ielieu  ,  d'après  les  différentes 
observations  que  nous  venons  de 
ra^icmbler  sur  cet  homme  célè- 
bre. Tlwmas  en  a  laissé  un  por- 
trait peu  datte ,  mais  trop  véri- 
table. Ce  portrait  est  peu  connu  , 
ayant  été  retranché  par  le  oen^ 
«eur  de  son  iLssai  sur  les  jEloges; 
€t  nous  le  rapporterons  encore  : 
«  Examinons ,  dit-il ,  les  moyens 
dont  liichelieu  se  servit  ,  et  de 
quelle  manière  il  déploya  l'au- 
torité royale  qu'il  usurpoit.  11  y 
avoit  deux  reines  ;  il  les  persé- 
cuta tùutes  deux  .  et  les  outragea 
tour-a~tour  ensemble  ;  il  traita 
l'une  plus  d'une  fois  comme  cri- 
minelle ;  il  força  l'autre  d'être 
jusqu'à  sa  mort  errante  et  fugi- 
tive hors  du  pays  pii  elle 'avoit 


p  L  E 

régné ,  privée  de  ses  biens  ^  man- 
quant du  nécessaire  «  et  réduite  k 
implorer  par  d'inutiles  requêtes, 
la  vengeance  du  parlement  con^ 
tre  son  ennemi ,  qu'elle  avoit  fait 
cardinal  et  ministre.  Le  roi  avoit 
tia  frère  ;  le  cardinal  tonte  sa 
vie  en  fut  l'oppresseur  et  le .  ty- 
ran. Il  emprisonna  ou  fit  périr 
sur  lechafaud  plusieurs  des  amis 
de  ce  prince  ,  le  maltraita  lui- 
même,  l'obligea  plus  d'une  fois 
à  force  de  persécutions ,  de  fuir 
de  la  cour  et  de  sortir  de  France, 
déclara  tous  ses  partisans  cou- 
pables de  lèse-majesté ,  et  ht* éri- 
ger une  chambre  pour  les' pros- 
crire. Par-tout ,  on  ne  voyoit  que 
des  instrumens  honteux  de  sup- 
plice ,  et  des  effigies  de  ceux  qui 
avoient  échappé  à  la  mort  par 
f'exil.  Il  y  avoit  des  princes  du 
sang;  le  cardinal  les  traite  à  peu 
près  comme  le  frère  du  roi  ;  il 
les  emprisonne  ou  les  fait  fuir, 
les  avilit  ou  les  écrase.  Il  y  avoit 
des  ministres  ,  des  généraux,  des 
amiraux,  des  maréchaux  de  Fran- 
ce ;  il  suit  avec  eux  le  môme  plan. 
Le  ministre  la  yieuvilie  le  fait 
entrer  au  conseU  ;  le  cardinal  lui 
jute  sur  l'hostie  une  amitié  éter- 
nelle ;  le  cardinal ,  six  ro.ois  après 
le  fait  arrêter.  Le  duc  de  Mont'" 
morcnci  avoit  la  place  d'amiral  ; 
le  cardinal  l'eu  dépouille  ,  et  la 
prend  pour  lui  sous  un  antre  ' 
nom.  Ce  même  duc  en  i63o  , 
gagne  une  bataille  en  Italie,  et 
en  i63i  perd  la  tête  sur  un  écha- 
faud  pour  s'être  ligué  avec  le  frère 
du  roi  contre  le  ministre  :  il  est 
vrai  qu'il  avoit  été  pris  les  armes 
à  la  main.  Les  deux  princes  de 
Vendôme  fils  de  He.%ri  IV,  sont 
emprisonnés  à  Vincennes  ;  le 
comte  de  Soissons  fuit  en  Italie» 
le  duc  de  BouilUyn  sauve  sa  tôte 
par  l'échange  de  Sedan.  Parmi  les 
maréchaux  de^FralKç  ^  le  maré-s 


P  L  E 

«hal  Omano  arrêté  en  16869 
meurt  à  Viiicennes  ;  le  maréchal 
de  MariUac ,  après  quarante  ans 
de  service ,  est  décapité  y  sous 
prétexte  de  concussion ,  c'est-à- 
dire,  comme  il  le  disoit  lui-même  , 
pour  un  peu  de  paille  et  de  foin  ; 
le  maréchal  de  Bassompierre ,  un 
des  meilleurs  citoyens  ^  est  mis 
à  la  Bastille  et  y  reste  onze  ans , 
c'est-à-dire  jusqu'après  la  mort 
du  cardinal.  En  1626  ,  le  comté 
de  TaLieyrand  -  Chalais  ennemi 
da  cardinal  ',.  est  ju^é  à  mort  et 
exécute  à  Nantes.  Kn  i63i  yMa- 
rillac  le  garde  des  sceaux ,  frère 
du  maréchal ,  est  aussi  arrêté  et 
meurt  prisonnier  à  Château-Dan. 
En  i6.ii,  CluHeaU'Nduf  autre 
gai  de  des  sceaux,  est  mis  en  pri- 
son sans  forme  de  procès.  La 
même  année,  le  commandeur  de 
Jars  et  d'autres ,  sont  cpndamnés 
à  perdre  la  tète  :  un  seul  a  sa  grâce 
sur  l'échafaud  ;  tous  les  autres 
sont  exécutés.  £n  i638  ,  le  duc 
de  la  Valette  fugitif,  est  con- 
damné à  mort  par  des  commis- 
saires ,  exécuté  en  eÛigic  et  dé- 
claré innocent  après  la  mort  du 
cardmal.  En  1642  ,  Cinq-Mars 
ffivori  du  roi  ,  est  exécuté  pour 
avoir  conspiré  contre  le  cardinal  : 
de  Tliou  ,  qui  avoit  su  la  cons- 
piration et  qui  s'y  étoit  opposé 
de  toutes  ses  forces  par  ses  con- 
seils ,  est  aussi  arrêté  ,  jugé  à 
mort  et  exécuté.  C'est  ainsi  que 
le  cardinal  traita  tous  les  grand3 
€t  les  hommes  en  place  qui 
étoient  ou  qu'il  regardoit  comme 
ses  ennemis.  Le  roi  avoit  des  fa- 
voris ,  des  confesseurs  et  des  maî- 
tresses ;  le  cardinal  les  fit  exiler 
et  arrêter  ,  on  les  obligea  de 
prendre  la  fuite  dès  qu'ils  eu- 
rent le  courage  de  lui  déplaire. 
Les  particuliers  mêmes  turent, 
exposés  à  sa  vengeance.  Urbain 
Grandier  est  condamné  comme 


P  L  E 


\6^ 


magicien  et  brûlé  vif  en  1684  » 
son  premier  crime  étoit  d'avoir 
disputé  dans  les  écoles  de  théo- 
logie le  rang  à  l'abbé  Duplessis^^ 
hichelieu.  Tous  ceux  qui  étoient 
amis  de  ses  ennemis,  tous  ceur 
qui  approchèrent  à  quelque  titre 
et  de  quelque  manière  que  ce 
fût ,  de  la  mère  ou  du  frère  du 
roi ,  créatures  ,  confidens ,  do- 
mestiques ,  médecins  mêmes  fu<« 
rent  'arrêtés  ,  dispersés  ,  con- 
damnés ,  et  perdirent  ou  la  li- 
berté ou  la  vie.  Il  y  avoit  des  lois  ; 
il  n'en  respecta  aucune  dès  qu'il 
s'agissoit  des  intérêts  de  sa  haine: 
il  persécuta  ceux  quijes  récla— 
moient  ;  il  opprima  les  corps 
établis  pour  en  être  les  déposi- 
taires et  les  vengeurs.  Jamais  il 
n'y  eut  en  France  autant  de  com- 
missions. On  sait  que  hicheliew 
se  servit  toujours  de  cette  voie 
pour  assassiner  juridiquement  ses 
eimeniis.  Laubttdermuut  conseil- 
ler d'état ,  et  l'un  de  ces  hommes 
lâches  et  cruels  faits  pour  servir 
d'inetrument  au  plus  barbare  des- 
potisme ,  pour  égorger  l'inno- 
cence aux  pieds  de  la  fortune  y 
pour  calculer  toutes  les  infamies 
par  l'intérêt ,  et  avilir  le  crime 
même  aux  yeux  de  celui  qui  le 
commande  et  qui  le  paye  ;  Lau^ 
badermont  enivré  de  sang  et  af- 
famé d'or  y  présidoit  à  la  plupart 
de  ces  tribunaux,  alloit  prendre 
d'avance  les  ordres  de  la  haine  , 
les  recevoit  avec  le  respect  de  la 
bassesse ,  Se  pressoit  d'obéir  pour 
ne  pas  faire  attendre  la  vengean- 
ce ,  et  après  avoir  immolé  sa 
victime ,  venoit  pour  lo  salaire 
d'un  meurtre  recevoir  le  sourire 
d'un  ministre.  C'est  ainsi  qu'  C//'- 
baiii  Grandier  fut  traîné  dans  les 
flammes ,  Marillac  ,  Cinq- Mars 
et  de  Thon  sur  les  échafuuds. 
Celui  qui  se  jouoit  ainsi  des  lois  y 
ne  Revoit  point  avoir  plus   dt 


%6é 


P  LE 


respect  pour  leurs  minitires.  H 
destitua  arbitrairement  des  ma- 
gistrats ;  il  écrasa  les  parlemens  ; 
il  interdit  des  cours  souveraines. 
£n  i63f  9  il  envoie  au  parlement 
un  ar^ét'du  conseil  ani  déclare 
tous   les  «mis   du  frère  du  roi 
coupables    de  lèse-majesté.  Les 
voix  s'y  partagent  ;  le  parlement 
est  mandé  ;  on  déchire  les  pro- 
cédures 9  et  trois  des  pFÎncipauK 
membres  sont  exilés.  £n  1 636 , 
il  crée   pour  avoir  de  l'argent , 
vingt -quntre  charges  nouvelles. 
Le  parlement  se  plaint  ;  le  car- 
dinal fait  emprisonner  cinq  ma- 
gistrats. Ainsi ,    par-tout  il  dé- 
pJoyoit  avec  une  inflexible  hau- 
teur les  armes  du  despotisme  ; 
c'est  ainsi   qu'il  vint  à  bout  de 
tout  abaisser.  Pour  voir  main- 
tenant  s'il  travailla  pour  l'état 
ou  pour  lui-môme  ,  il  suffit  de 
remarquer  qu'il  étoit   roi   sous 
le  nom  de  ministre  ;  que  secré- 
taire d'état  en  1624  ,  et  chef  de 
tous  les  conseils  en  1 63^  9  il  se 
fit  donner  pour   le  siège  de  la 
Rochelle  ,   les  patentes  de  géné^ 
rai  ;  qne  dans  la  guerre  d'Italie  il 
étoit  généralissime  et  faisoit  mar- 
cher deu3i  niarêchaux  de  France 
sous  ses  ordres  ;  qu'il  étoit  amiral 
sous  le  titre  de  surintendant  gé- 
néral   do    la    navigation    et    du 
commerce  ;  qu'il  avoit  pris  pour 
lui  le  gouvernement  de  Bretagne 
et  tous  les  plus  riches,  bénéfices 
du   royaume  ;    que   tandis  qu'il 
faisoit  abattre  dans  les  provinces 
toutes  les  petites  forteresses  des 
seigneurs  y  et  qu'il  ôtoit  aux  Cal- 
vinistes leurs  places  de  siir<?té  ,il 
s'assuroit  pour  lui  de  ces  mômes 
places;  qu'il  possédoit  Saumur, 
Angers  ,  Ronfleur  ,  le  Havre , 
déron  et  l'isle  de  Ré  ,    usur- 
pant pour  lui  t6ut  ce  qu'il  ôtoit 
aux  autres  ;    qu'il  disposoit   en 
maître  de  toutes  les  finances  de 


p  L  E 

Vétat  ;   qu'il   avoit  toujours  en 
réserve  ches  lui   trois  millions 
de  notre  roonnoie  actuelle  ;  qu'il 
avoit  des  gardes  comme  son  mair 
tre  9  et  que   son   faste   efifaçoit 
celui  du  trône   :  ainsi  sa  gran- 
deur éclipsoit  tout.    S'il  humilia 
les  grands ,  ce  ne  fut  point  pour 
l'intérêt  des  peuples  ;   jamais  ce 
sentiment  n'entra  dans  son  ame. 
il  étoit  ambitieux  ,   et  il  vouloit 
se  venger  :  il  s'éleva  sur  des  rui-^ 
nés.  Si  pour  achever  de  le  con- 
noître  ,  01  demande  maintenant 
ce  qu'il    fit  pour  les   finances, 
pour  l'agriculture ,  pour  le  com-' 
merce  pendant  près  de  vingt  ans 
qu'il   régna   ,    la   réponse    sert 
courte  :  Rien.  Ces  grandes  vues 
d'un   ministre ,  qui  s'occupe  de 
projets  d'humanité  et  du  bon- 
heur des   nations  ,  et  qui  vent 
tirer  le  plus  grand  parti  possible 
et  de  la  terre  et  des  hommes, 
lui  étoient   entièrement  incon*- 
nues  ;  il  ne  paroit  pas  même  qu'il 
en  eut  )e   talent.   Les   finances 
sous  son  règne  furent  très-mal 
administrées.   Après  la  prise  de 
Corbie  eu  i636,  on  avoit  à  peine 
de  quoi  payer  les  troupes  :  il  fut 
réduit  à  la  misérable  ressource 
.  de  créer  des  charges   de  con- 
«eillers  au  parlement.  Sous  lui , 
les    provinces    furent    toujours 
très-foulées  :  d'une  main  il  abat- 
toit  les  têtes  des  grands ,  et  de 
rentre    il  écrasoit   les  peuples. 
Presque  toutes  ses  opérations  de 
finance  se  réduisirent  à  des  em- 
prunts et  à  une  multitude  pro- 
digieuse de  créations  d'offices  , 
espèce  d'opération  détestable  qui 
attaque  les   mœurs  ,    Tagricui- 
ture  ,  l'industrie  d'une  nation , 
et  qui  d'une  richesse  d'un  nior" 
ment  ,   fait  sortir  une  éternelle 
•pauvretl.  L'état  ,    sous  JUche" 
lieu ,  paya   communément  q»a- 
tre-viu^ts  millions  à  Yingt-scjit 


r 


F  L  1^ 

fivres  le  marc ,  c  est-^à-T-dive  pFès 
de  cent  soixante  millions  d'aii-r 
ioard'hui.  Le  clergé  qui  sous 
jHenri  IV  donnoit  avec  peine 
treize  cent  mille  livres  %  sous  les 
dix  dernières  années  du  cnrdinal 
paya ,  année  commune  ,  quatre 
millions.  £ufin  ,  ce  ministre  en<r 
detta  le  roi  de  quarante  millions 
de  rente  ;  et  à  sa  mort  il  y  avoit 
trois  années  consommées  d'a-r 
vance.  On  peut  donc  lui  repro^- 
çher  d'avoir  prodigieusement  aug- 
menté cette  nlaladie  épidémique 
des  empmnks  9  qui  devenoit  de 
jour  en  jour  plus  funeste  ;  d'a- 
voir donné  l'exemple  de  la  mnlr 
tiplication  énorme  des  impâts  ; 
d'avoir  aggravé  •  tour— à-rtour,  et 
la  misère  par  le  despotisme  ,  et 
le  despotisiT\e  parla  misère;  dp 
n'avoir  jamais  voulu  que  cette 
grandeur  imaginaire  de  l'état  ^ 
qui  n'est  que  pour  le  ministre  et 
dont  le  peuple  ne  jouit  point ,  et 
d'avoir  sacrifié  à  ce  fantôme  les 
biens ,  les  trésors ,  le  sang  9  la 
paix  et  la  Kberté  des  citoyen^. 
Voilà  pourtant  l'homme  à  qui 
la  poésie  et  l'éloquence  ont  pro- 
digué le^  panégyriques  pendant 
près  d'un  siècle.  Les  lois  qu'il  a 
violées ,  les  corps  de  l'état  qu'il  a 
opprimés  ,  les  paflemens  qu'il. a 
avilis  ,  la  famille  <-oyale  qu'il  a 
persécutée  ,  les  peuples  qu'il  i| 
écra4b  ,  le  sang  innocent  qu'il 
a  versé  ,  la  nation  entière  qu'il 
a  livrée  toute  enchaînée  au  pou- 
voir arbitraire  ,  auroient  dii  s'é^ 
lever  contre  ce  coupable  abus 
des  éloges  ,  et  venger  la  vérité 
outragée  par  le  mensonge.  Ce 
n'est  pas  qn'on  prétende  atta- 
quer ici  les  qualités  que  put  avoîr 
ce  ministre  ;  on  convient  qu'il  eut 
du  courage  ,  un  grand  caractère , 
cette  fermeté  d'à  me  qui  en  impose 
aux  foibles,  et  des  vues  politiques 
lur  les  intérêts  de  l'iËurope  :  mais 


P  L  E         %6f 

il  «emble  qu'il  eut  bien  plus  d« 
caractère  que  de  génie  :  il  lui 
manqua  sur-tout  celui  qui  est 
Utile  aux  peuples,  et  qui  dans  un 
ministre  e<t  le  premier  s'il  n'est 
le  seul.  D'ailleurs ,  ii  faut  citer  le 
Cardinal  de  liichelieu  au  tribunal 
de  la  justice  et  de  l'humanité; 
pn  les  a  trop  oubliées  quand  il  a 
fallu  juger  des  hommes  en  place. 
)1  semble  qu'il  y  ait  pour  eux  une 
autre  morale  que  pour  le  reste 
des  tiommes  ;  on  cherche  tou- 
jours s'ils  ont  été  grands  ,  et  ja- 
mais s'ils  ont  été  justes  ;  celui 
Tnême  qui  voit  la  vérité  ,  craint 
de  la  dire.  L'esprit  de  servitude 
et  d'oppression  semble  errer  en- 
core autour  de  la  tombe  des  rois 
et  des  ministres.  Qu'on  les  adore 
de  leur  Vivant  ,  cela  est  juste  ; 
c'est  le  contrat  étemel  du  foible 
avec  le  puissant  :  mais  la  pos- 
térité sans  intérêt  doit  être  sans 
espérance  comme  -sans  crainte. 
L'homme  esclave  pour  lo  pré- 
sent y  est  du  moins  libre  pour 
le  passé  ;  il  peut  aimer  ou  haïr, 
approuver  ou  flétrir  d'après  les 
lois  et  son  cœur.  Malheur  sans 
doute  au  pays  oii  après  plus  de 
cent  ans  il  faudroit  avoir  encore 
des  égards  pour  un  tombeau  et 
pour  des  cendres.  »  La  terre  de 
Hichelieu  fut  érigée  en  sa  faveur 
en  duché^pairie  au  mois  d'août 
i63i.  Il  fut  aussi  duc  de  Fron- 
sac  ,  gouverneur  de  Bretagne  « 
amiral  de  France  ,  abbé  général 
de  Cluni,  de  Citeaux,  de  Pré- 
montré ,  etc.  On  a  de  lui  :  !•  Son 
Testament  Politique  ,  qui  se 
trouvoit  en  manuscrit  dans  la 
Bibliothèque  de  Sorbonne  ,  et 
qui  futlpguéà  cette  bibliothèqiie 
par  l'abbé  des  Roches  ,  secrétaire 
du  cardinal.  On  en  trouvoit  un 
antre  exemplaire  dans  la  Biblio- 
thèque du  roi  ,  avec  une  Bêla- 
tioti  iucdncte  apostiliée.   On  n'a 


/ 


1 


i6S 


P  L  E 


déconvert  ce  dernier  exempla^e 
que  depuis  quelques  années  ,  et 
il  n'a  fu  terminer  la  dispute  que 
le  célèbre  Voltaire  fit  naître  sur 
le  véritable  auteur  de  ce  Testa- 
ment. Les  meilleures  éditions  de 
cet  ouvrage  sont  celle  de  1737, 
par  l'abbé  de  Saint-Pierre  ,  en 
deux  vol.  in- 12  ;  et  de  1764,  à 
Paris  ,  en  deux  vol.  in— 8.®  M.  de 
Foncemtjgne   qui  a  dirigé  cette 
nouvelle  édition  ,  tâche  de  prou- 
ver l'authenticité  de   ce  Testa— 
.     ment  ,   dans  une  Préface  écrite 
avec   beaucoup    de  précision  et 
de  netteté.  On  peut  voir  ce  que 
le  poëte  déjà  cité  lui  a  répondu 
dans  ses  Nouveaux  Doutes   sur 
ce  livre.  Le  résumé  de  cette  ré- 
ponse est  que  le  Testament  est 
plein  d'anachronismes  ,  d'erreurs 
sur  les  pays  voisins  ,  de  fausses 
évaluations  ^  etc  ;    que  dans  un 
livre  sur  la  manière  de  gouver- 
ner 9  il  n'est  pas  dit  un  mot  sur 
phisteurs  points  importansde  l'ad- 
ministration ,   ni  sur  la  manière 
de  se  conduire  dans    la   guerre 
qu'on  âvoit  à   soutenir  ;    qu'on 
pousse    l'ignorance  jusqu'à    dire 
que  la  France  avoit  plus  de  ports 
sur  la  Méditerranée  que  la  mo- 
narchie  Espagnole  ;  que   divers 
littérateurs  convaincus  des  mé- 
prises dont  cet  ouvrage  fourmille,' 
n'ont  pu  l'attribuer  à  un  grand 
politique  ;  que  l'opinion  de  l'au- 
teur des  Nouveaux  Doutes  ,  loin 
d'être  un  paradoxe,  est  celle d' Au- 
heri  historiographe  du  cardinal 
de  Richelieu ,  et  pensionnaire  de 
la  duchesse  d'Aiguillon  sa  nièce  ; 
de  Gui  Patin,  del'abbe  Richard, 
de  le  Vassor,  d'Ancillon  ,  de  Vi- 
gaeul  Marvdle  ou  de  l'auteur  qui 
s'est  caché  sous  ce  nom  ;  de  le 
'Clerc,  de  la  Monnoie  ;    quelle 
autorité  plus  forte  que  celle  d'Au- 
hcri   qui  écrivoit   sous  les   yeux 
de  la  nièce  du  cardin'al  ,   de  sa 


nièce  chérie,  dépositaire  de  tons 
ses  senti  mens  et  de  tous  ses  pa- 
piers ?  Cette  nièce  ne  lui  eiiroit- 
elle  pas  fait  voir  ce  fameux  Tes- 
tament ?  ne  lui  auroit  -  elle  pas 
dit  :  Comment  oubliez  —  v^us  nit 
ouvrage  si  intéressant ,  si  publia 
et  qu'on  croit  si  glorieux  pour 
mon  oncle?  Non-seulement ^j<- 
beri  ne  parle  point  de  ce  Tes- 
tament dans   Y  H 's  Loire   de  Jî/— 
chelicu  ;   mais  il  en  révoque  en 
doute  l'authenticité  dans  celle  de 
Ma znrin.i j^aoi  qu'il  en  sToit,  ceux 
qui  l'ont  cru  du  cardinal   de  Jît- 
chelieu ,  l'ont  trouvé  également 
profond    et    savant.  Le    brillant 
écrivain  qui  l'a  enlevé  à  ce  mi- 
nii^tre,    en  pense  d'une  manière 
moins  favorable.  Il  dit  v  que  la 
patience  du  lecteur  peut  à  peine 
achever  de  le  lire ,  et  qu'il  seroit 
ignoré  ,  s'il  avoit  paru  sous  un 
nom  moins  illustre.   »    (  Voyez 
BouRZÉis).  Un  grand  roi ,  sur- 
pris de  son  acharnement  contre 
cette  production  ,  lui  envoya  de 
jolis  vers,  qui  auroieut  dii  mo- 
dérer  sa  vivacité.  Ils  ne  seront 
pas  déplacés  ici ,  puisqu'ils  ser- 
viront à  faire  connoître  le  juge- 
ment qu'on  doit  porter  de  l'ou- 
vrage du  Ximenès  de  la  France. 

Quelques  vertus ,  plus  de  foibicsses» 
Des  grandeuK  et  des  petitesses  y 
Sont  le  bizarre  composé       ^ 
Du  Héros  le  plus  avisé. 
I!  jette  des  trairs  de  lanière  ; 
Mais  cet  astre  dans  sa  carrière 
Ne  brille  pas  d'un  feu  constant. 
L*esprit  le  plus  profond  s^éclipse  ; 
Richelieu  fie  son  Testament  y   ' 
Et  Newton  son  Apocalypse. 

IL  Méthode  des  Controverses  sur 
tous  les  points  de  la  Foi,  in-4*'* 
Cet  ouvrage  solide  ,  un  des  meil- 
leurs en  ce  genre  ,  avant  que 
Bossuet ,  Nicole  et  Arnaud  eus- 
sent écrit  contfç  les  CalvinisteSj 


P  LE 

fut  le  fruit  de  sa  retraite  a  Avi- 
gnon. Tll.  Les  Principaux  points 
lie  la  Foi  Catholique  défendus,  etc, 
Và^id  Blondel  a  répondu  à  cet 
ouvrage.  «  Le  cardinal  de  Bicke^ 
lieu  ,  après  avoir  soumis  les  Cal- 
vinistes parles  armes,  dit  Tabbé 
de  Choisi,  avoit  formé  le  des- 
sein de   les  gagner  par  la  dou- 
ceur. Il    songeoit   pour   cela    à 
donner  aux  principaux  ministres 
des  pensions ,  qui  leur  ôtassent 
•la  peur  de  mourir  de  faim  ,  et 
à  tenir  ensuite  des   conférences 
publiques  ,  où  l'on  ne  se  servi— 
roit  pour  preuves  que  des  auto- 
rités de   rÉcriture-Sainte ,  sans 
y  admettre  la  tradition.  Il  étoit 
assez  bon   théologien  ;    mais  il 
avoit  le   talent    suprême   de   se 
faire  aider  ,    et  n'épargnoit  rien 
pour  avoir   des  extraits  iîdelles 
des  bonsauteurs Hébreux , Grecs 
et  Latins  sur  toutes  les  matières 
qu'il  vouloit  traiter.  Il  ne  conBa 
son  dessein  qu'à  un  Père  de  l'Ora- 
toire nommé  du  Laurent ,   qui 
avoit  "été  ministre  dans  sa  jeu- 
nesse. Je  ne  veux  me  servir  ,  lui 
disoit-il ,  ni  de  Docteurs  de  Sor^ 
bonnet  qui  avec  leur  scolastique , 
ne  sont  bons  que  contre  les  an-^ 
ciens  Hérétiques  ;    ni  des  Pères 
de   l'Oratoire  ,   abymés  dans  les 
Mystères  ;    ni  des  Jésuites  ,    c/i— 
nemis   trop    déclarés    contre    les 
Calvinistes,  Il  ne  faut  leur  parler 
d'abord  que  de  la  pure  parole  de 
Dieu  :  ili  nous  écouteront  ,  ep 
pourvu  quils  nou^  écoutent  ,   ils 
sont  à  nous.  Le  cardinal  ne  put 
travailler  a  .ce  beau  dessein  que 
les  deux  dernières  années  de  sa 
vie ,  qui  furent  traversées  de  tant 
d'affaires  et  de  maladies  qu'il  fut 
obligé  d'en  demeurer  an  simple 
désir.  »  IV.  Instruction  du  Chré" 
iien,  in- 8^  et  in- 12.  V.  Per^ 
fection  du    Chrétien  ,  in  -  4®  et 
in-8.«  îVI.  Un.  Journal  très-cii- 


PLE 


1^9 


riêux  ^  în  -  S»  et   en  deux  vol- 
in— fi.  VII.  Ses  Lettres ,  dont  la 
plus  ample  édition  est  de  1696  9 
en  deux  vol.  in— 12.  Elles  sont  - 
intéressantes  ;  mais  ce  recueil  nô 
les  renferme  pas  toutes  :  on  en 
trouve  d'antres  dans   le  Recueil 
des  diverses  pi>ces   pwir   servir 
à   l'Histoire ,    etc.  in-folio  ,  de 
.Paul   Hay  ^   sieur  du   ChâtelcU 
VIII.  Des  Relations  ,  des  D/5- 
cours  i   des  Mémoires ,  des  H/z- 
Tangues  ,  etc.  LX.  On  lui  attribue 
Y  Histoire  de  la  Mère  et  du  Fils  , 
qui  a  paru  en  1781  ,  en  deux  vol. 
in-ia  ,  sous  le  ndro  de  Mézerai* 
X.  On  sait  qui)  a  travaillé  à  plu- 
sieurs   pièces   dramatiques.   Il  a 
fait  en  partie  ,  la  tragi-comédie 
de  Mirame ,'  qui  est  sous  le  nom 
de  Saint^Sorlin  ;   et  il  a  fourni 
le  plan  et  le  sujet  de  trois  autres 
comédies  :  les  Tuileries  ,  repré- 
sentée en    i653  ;   Y  Aveugle   de 
Smyrne  ;   et  la  comédie  héroï- 
que ,  intitulée  Europe  ,   com- 
posée pendant  sa  dernière  ma- 
ladie.  Le  cardinal  de   Richelieu. 
peut  être  regardé  comme  le  père 
de  la  tragédie  et  de  la  comédie 
Françoise ,   par  la   passion  qu'il 
a  témoignée  pour   ce  genre  de 
poésie ,,   et  par  les  faveurs  dont 
il  combloit  les  poètes  qui  s'y  dis-< 
tinguoient.    On    rapporte   qu'il 
faisoit  composer  quelquefois  lea 
Pièces  de  théâtre  par  cinq  au»«« 
teurs,  distribuant   a  chacun  un 
acte ,  et  achevant  par  ce  moyen  ^ 
une  pièce  en  moins  d'un  mois* 
Ces  cinq  personnes  étoient  Bois-* 
robcrtf  Pierre  Corneille  ,    Col^ 
letet ,  de  l* Étoile  et  Rotroiu  La 
réunion  de  cinq  auteurs  si  iné- 
gaux en  mérite ,  prouve  que  Ri^m 
chelieu  étoit    un  amateur    sans 
goût ,   et  qui  payoit  aussi  bien  le 
bon  que  le   mauvais.  Il  prenoit 
l'enflure  pour  le  sublime  ,  et  lei 
idées  gigantesques  9  les  sentlmens 


l; 


If  cJ        P  L  Ë 

Outrés  ,  pour  Tcxprcssioti  de  la 
belle  nature.    (  Voyez  I.   Col— 

tKrET,    MaYNARD   ,    MÉZERAU  ) 

Ses  livres  et  ses  vers  ,  si  J'oii  ex- 
cepte  sa  Méthode   des  Contro-^ 
i^fses  ,    et  son  Testament ,  qui 
est  d'ailleurs  assez  mal  écrit  ,  et 
Miiquel  d'autres  écrivains  ont  sans 
doiile  mis  la  main ,  sont  aujour-i 
d'Jiui  le  rebut  des  bibliothèques. 
A  quelque  teinture  de  th  îolojiië 
scoiiistique  près,  il  ne  savoitpas 
grande hose  ,  quoiqu'il  se  piquât 
de  tout  savoir   et  d'exceller  en 
tout ,  môme  à  monter  à  cheval* 
Voyez  sa  Vie  par  Jean  le  Clerc  ^ 
qui ,  avec  le  Journal  de  ce  car-* 
dinal  et  diverses  autres  Pièces  ^ 
ib^me  cinq  vol.*  in  —  la  4  ijb'^; 
\ Histoire  de  Louis  XIII  par  le 
Vassar  ;  et  le  Tableau  de  Ta  i/ie  et 
du  gouvernement  des  Cardinaux 
Richelieu  et  Mazarin ,  représenté 
en  diverses  Satires   et  Poésies  i 
Cologne,    1694  ,  in-i». 

V.  PLEvSSIS  duc  DE  RicitE- 

LïEU ,  (  Louis-François  Armand 
idu  )  maréchal  de  Franco,  def  l'a- 
cadémie Françoise  et  de  celle  dei 
Sciences,  naquit  (ï  Paris  le  t3 
toars  1696.  Sa  mère  le  mit  au 
monde  après  sept  mois  de  gros-' 
sesse.  Il  lutta  quelque  temps  con* 
tre  la  mort ,  et  fut  conservé  dans 
tine  boîte  de  coton.  Présenté  à  la' 
cour  en  «716,  H  y  fit  la  plus 
grande  sensation  par  les  grâces 
de  son  âge  et  de  sa  figure,  paf 
la,vivacité  de  son  esprit ,  et  paii* 
quelques  saillies  heureuses.  Les 
malins  parlèrent  bientôt  des  pré- 
férences marquées  que  lui  don-» 
noit  la  duchesse  de  Bourgogna 
Ses  Enfantillages  ,  comme  ort 
les  appeloit  à  la  coirr  ,  furent 
mal  interprétés?  etV aimable pou-^ 
pée ,  (  c'est  ainsi  que  les  courti-* 
sans  nommoient  le  duc  )  fut  mise 
à  la  Bastille.  Il  ne  sortit  de  cette 
prisori  que  pour  se  rendre  auprès 


P  tÊ 

cfrr  ibtfrécTuil  de  Villars  dôtïl  S 
devint  aide   de  camp.  Le  jenn^ 
duc  ayant  beancdup  de  coftfor-^ 
mité   avec  son  général  ,  nfe  put 
que  lui  être   agréable  }    Villari 
retrouvoit  çi\   lui  ses  manières 
libres  et  hardies,  sa  vivacité  briP 
lante    et    Une    certaine    audace 
fanfaronne.    Après  Id   mort  de 
Louis  XIV ,  liichelieu  fut  admis 
à  la .  cour  du  régent  et  partagea 
ses  plaisirs.   Une  tracasseriç  dé 
société  l'ayant  forcé  de  se  battre 
en  dqel  avec  le  comte  de  Gacé  ^ 
il  fu(  blessé  et  conduit  de  nou-^ 
veau  à  la  Bastille  ^    d'oit  il  nef 
sortit  que  pour  y  refitrer  encore 
lorsque  la  oonspi ration  dé  Celia-^ 
Tftare  eut  éclaté.-  Richelieit  étoit 
accusé  d'être  entré  darts  les  pra^ 
jets   de  cet  ambassadeur  £spa-^ 
gnol ,  peu  fflvorablés  au  régenti 
Deax  princesses  rivales ,  M"*  rfff 
Gharolois  ,    et  M"*  de    Valois  i 
fille  du  duc  d'Orléans  )   Se  réu-*' 
nirent  pour  obtenir  sa  libertés 
Cette  troisième  déteritiolrt  de  B/a 
ckelieu  laissa  dans  son  âmé  uii 
souvenir  profond  ;  smis  aban-^ 
donner  les  plaisirs  et  les  petites 
intrigues ,  il  chercha  à  se  rendre 
utile  dans  les  grandes;  D  navoit 
que  vingt-quatre  ans  lorsque  l'a-» 
cadémie  Françoise  Fappela  dans 
son  sein  ;  cependant  il  n'avoît  en^^ 
oore  écrit  que  des  billets  donx^ 
et    ne    savoit   pas  parfbitemené 
l'orthographe  ;   rnais  FonteneUej 
Campistron  et  Destouches  lui  fij 
rent  chacun  nft  dtscdurs  de  ré^ 
ceptioh  dont  il  chdisit  les  prin- 
cipaux traits  ^Vil  débita.  On  diC 
que  le  soir  même  trois  belles  lé 
récompensèrent  de  l'éloquence  dé 
ces  trois  an  fours  Richelieu -^rnt 
au  siège  de  Philipsbmfrg  et  y 
montra  beaucotip  de' valeur.  Dans 
la  bataille  d'Ettingerf  il  eut  vlé 
eheval  tué  sous  lui  ;   toftit  le  ré^ 
giment  ^'il  oomsMndflit  pérf^ 


PLE 

dflilsla  retraite;  lui  seul  f^rniA 
rsrrière-çarde ,  passd  le  Mein  le 
dernier  de   tous  ^  et  se  trouva 
assez  heureux  pour  ne  pas  rece- 
voir la  moindre  blessure.  On  lui 
dut  le  succès   de  la   bataille  de 
Fontenoy  ^    par  le  conseil  qii'il 
donna  de  faire  attaquer   la  co* 
lonne  Angloise  par  la  maison  du 
roi;  et  lui-même  se  mettant  à  sa 
tête  rompit  le  bataillon  ennemi* 
A  Raiicoux  et  à  Lawfelt  il  cueillit 
de  noureanx  lauriers.  Lorsque  le 
mariage  du  dauphin  avec  la  prin- 
cesse de  Saxe  eut  été  résolu  en 
1746,  il  htt  nommé  ambassadeur 
à  Dresde  ,  et  y  étala  beaucoup  de 
magnificence.    L'année   d'après  , 
lyant  été  envoyé  à  G^nes  comme 
géYiéral  et  plénipotentiaire  ,    il 
contribua  an  salut  de  cette  ré^ 
publique    qui  lui    décerna   une 
statue  placée  dans  le  sénat.  £n-> 
Yoyé  à  Vienne  9  rien  ne  fut  si 
ma^ifique  que  son  entrée  dans 
cette  capitale  de  l'Autriche  ;  il  fit 
ferrer  d'argent  tous  les  chevaux 
de  sa  suite  ,   mais   de  manière 
qu'ils  pussent  perdre  leurs  fers 
dans  le  trajet  et  que  le  peuple 
en  profitât.  Ce  luxe  désordonné , 
toujours  payé  par  la  nation  qu'on 
est  chargé  de  représenter  ,  étoit 
le  véritable  emblème  du  désordre 
^li  commençoit  à  régner  alors 
dans  les  finances  de  France.  A  son 
retour  ,  il  porta  le  même  faste  à 
Bordeaux  dont  il  fut  nommé  gou- 
verneur ^   et  clans  sa  maison  de 
Genevilliers   embellie   par  6>r— 
vand<^i  ,   et  devenue  le  rendez- 
vous,  de  tons  les  plaisirs.  On  ad- 
niroit  snr-tout  dans  les  jardins 
une  glacière  surmontée  d'un  tem- 
ple élégant  ^  oii,  au  milieu  des 
chaleurs  de  Tété,  on  jôuissoit  (le 
la  plus  agréable  fraîcheur.  Ht— 
ckeliew  eut  le  malheur  de  tuer  un 
bomme  à  ia  chasse  ;  aussitôt  il 
in  nontrft  U  plus  vif  rtgra^, 


P  L  £        %yî 

combla    de  biens  la  famille  âé 
celui-ci 9   abandonna  pour  tou-*' 
jours  In  chasse  qu'il  aimoit  ^  et 
vendit  Genevilliers  qui  avoit  été 
le  théfTtre  de   cet   accident.   La 
guerre   s'étant  allumée  en  ryâg 
entre  les  François  et  les  Anglois , 
RicheUeu  élevé  au  grade  de  ma-« 
réchal  <le  France ,  se  rendit  de-* 
vant  l'isle  ne  Minorque  et  mit  le 
siège  devant  Ma  bon.  Les  soldats 
Fran.çois  peu  accoutumés  à  Tex-» 
cellence  du  vin  ,  s'enivroient  tous 
les  jours  et  nianquoiont  à  la  dis-* 
cipline  ;  le  maréchal  par  un  mot 
sut  les  rendre  sobres.  Il  fit  mettre 
l'ormée  sous  le   armes  ,  et  pas-« 
sant  dans  tous  les  rangs  ^  il  dit» 
«  Soldats  n  je  vous  déclare  quer 
ceux  qui  s'enivreront  désormais 
n'auront  pas  l'honneur  de  monter 
k  l'assaut.  »  Lui— même  dans  les 
jours  d'action  donnoit  l'exemple 
de  la  plus  grande  intrépidité  ,  y 
rélinissoit  après  le  combat  la  po-* 
htesse  pour   les  généraux  enne^ 
mis,  et  les,  soins  de  l'humanité 
dûs  aux  vaincus.  Après  la  priser 
de  Mahon  ^   Richelieu  dirigea  la 
guerre  de  Hanovre ,  et  triompha 
malgré  les  obstacles  élevés  contrs 
lui  par  Mad.  de  Pompadoun  II 
avoit  encouru  sa  haine  pour  avoir 
refusé  d'unir  son  fils  à  la  fille  do 
la  favoritew  Lorsque  celle-ci  lui 
proposa  cette  alliance ,  Richelieu, 
lui  répondit  «  qu'elle  lui  faisoit 
beaucoup  d'honneur  ,   mais  que 
son  fîJs  ayant  celui  d'être  allié  à 
l'empereur  ,  il  oroyoit  devoir  la 
prévenir  de  cette  alliance.»  L'âr-* 
mée  combinée  ,  commandée  par 
le  duc  de  Cumherland  fut  forcée 
de  capituler  à    Closter  —  Seven 
près  de  l'Elbe  ^  mais  celui-ci  fiC 
une  grande  faute  en  changeanC 
cette  capitulation  qui  devoit  être* 
purement  militaire^  eitunecon-* 
vention  politique  dont  l'exécu- 
tion dépendrait  df  la  ratiûcatien 


»7» 


P  L  E 


des  parties  intéressées.  11  en  fit 
de  plu»  grandes  encore  en  favo- 
risant ](i  maraude  et  en  donnant 
au  soldat  l'exemple  de  l'avidité 
et  des  extorsion?.  On  connoît 
son  Paviilon  de  Jlanoure  ^  bâti 
du  fruit  des  contributions  levées 
dans  .ce  pays.  Le  mnréchal  de 
Rickflit'ii  étoit  gouverneur  et 
commandant  en  Guienne  depuis 
175s  ,  et  il  devint  doyen  des  ma- 
réchaux de  France  en  178  r.  Au 
poCit  le  plus  effréné  des  plaisirs , 
il  y  réunit  cet  orgueil  dan<^ereux 
qui  cherche  à  multiplier  les  sé- 
ductions. «  La  vanité,  a-t  — il 
écrit ,  entre  pour  beaucoitp  dans 
la  jouissance  :  on  vante  sa  con- 
quête; elle  satisfait  l'amour  pro- 
pre ,  et  cette  prétendue  gloire 
semble  ajouter  au  plaisir.  »  Avec 
les  mœurs  les  plus  dissolues  ,  un 
«jinfément  perfide  dans  l'esprit  , 
l'habitude  de  jeter  un  ridicule 
amer  sur  les  vertus  privées  ,  il 
contribua  à  corrompre  les  mœurs 
de  la  capitale ,  et  devint  le  chef 
de  ces  Agréables ,  «  qui,  comme 
le  dit  la  Harpe  ,  se  croient  une 
grande  supériorité  d'esprit  pour 
4ivoir  érigé  le  libertinage  en  prin- 
cipe et  fait  xino  science  de  la  dé- 
pravation. Ils  ne  se  doutent  pas 
que  cette  prétendue  science,  en 
mettant  même  toute  morale  à 
part ,  est  le  comble  de  la  sottise 
«t  de  la  duperie.  Car  qu'y  a-t-il 
de  plus  sot  que  de  se  faire  un 
travail  sérieux  et  une  étude  pé- 
nible de  ce  qui  pour  les  autres  est 
un  plaisir  ou  du  moins  un  amu- 
sement ?  La  belle  découverte  que 
de  se  défendre  d'aimer  aucune 
femme ,  et  de  se  faire  une  loi  de 
•tes  tromper  toutes  !  Le  p1u9- ha- 
bile intrigant  dans  ce  genre  peut- 
fl  se  flatter  d'avoir  autant  de  plai- 
sir qu'un  homme  franchement 
amoureux?  Quel  estceluidu  fat? 
U  vanité  ;    mais  comparée  aux 


p  L  E 

antres ,  cette  jouissance  rfest— 
elle  pas  un  plaisir  de  dupe.  # 
Rickelieit ,  à  part  ses  mœurs  cor- 
rompues ,  étoit  plein  d'activité  , 
d'aïubition  et  de  qualités  bril- 
lantes. Par  lui ,  l'histoire  pourra 
juger  ses  contemporains,  la  cour 
où  il  vécut  et  son  siècle.  Sur  la 
fin  du  règne  de  Lauis  XV ^  il  de- 
vint le  flatteur  assidu  de  «Mad. 
Duhary ,  et  n'en  do!ina  pas  moins 
souvent  au  monarque  d'utiles 
conseils.  On  peut  en  citer  cet 
exemple  :  Le  ministre  Stùnt-Flo-' 
rentin  vouloit  proscrire  de  nou- 
veau les  Protestans  dans  le  Lan- 
guedoc; le  favori  éclaira  le  mo- 
narque ,  et  empêcha  les  excès  .de 
l'intolérance.  Sous  Louis  XVI , 
dont  les  mœurs  étoicnt  plus  aus- 
tères, 'Richelieu  eut  peu  de  cré- 
dit ;  mais  son  grand  âge  ,  rà  re- 
nommée et  des  reparties  toujours 
heureuses  ,  l'empêchèrent  d'étra 
dédaigné.  Lié  intimement  avec 
Voltaire  ,  il  prit  uhe  partie  de 
l'esprit  léger  et  mordant  de  ce 
dernier  ,  et  finit  892  ans  son 
active  carrière,  le  8  août ,  1788. 
Marié  trois  fois  et  sous  trois  rè- 
gnes différens ,  il  épousa  en  17 13 , 
sous  Louis  XIV,  Mlle  ^e  NoaiU 
les;  en  1784  ,  sous  Louis  XV, 
'  la  princesse  de  Guise-Lorraine  ; 
et  en  .1780  ,  sous  Louis  XVI , 
Mad.  de  Roth,  On  a  publié  sa  VU 
privée,  1791  5  trois  vol.  in-8* , 
et  ses  Mémoires,  1790,  9  vol. 
in-S.**  La  singularité  de  son  ca- 
ractère et  de  sa  destinée ,  ses 
succès  en  différens  genres  ,  son 
courage ,  l'éclat  de  ses  galante- 
ries ,  ses  ambassades  ot  seS  ser- 
vices militaires  ,  rendent  très- 
intéressante  la  .longue  vie  d'un 
homme  qui  sut  plaire  à  la  cour 
de  Louis  XIV ,  jouir  de  1#  fa- 
veur de  Louis  XV ,  et  vit  le 
Dauphin  ,  fils  de  Louis  XV L  fl 
ne  devoit  pas  aimer  les  prisons 

royales , 


PL  O      ^ 

Nfaks  ,  où  il  s'étoit  fait  enfetw 
JDer  trois  fois  ;  cependant  lors-< 
j^u'il  fiit  commandant  du  Langue^ 
4oc  et  gouverneur  de  Guienne  , 
il  abusa  de  ces  mêmes  lettres  de 
racket  qu  il  avoit  maudites ,  et 
ic  permit  plusieurs  actes  d'au-* 
torité  arbitraire.  On  peut  lui  re* 
prêcher  encore  d'avoir  trop  pro- 
tégé dans  ses  gouvememens  les 
folies  licencieuses  des  héroïnes 
de  théâtre,  et  les  folies  ruineu- 
ses du  jeu  et  du  luxe.  L'ambi- 
tion ne  lui  ût  jamais  négliger  les 
plaisirs  ;  il  s'y  livra  jusqu'à  la 
débauche  ,  méprisant  les  conve- 
iisaces  9  et  abusant  de  son  pou-» 
yqir  pour  favoriser  ses  vices.  Le 
don  de  séduire  le  suivit  jusqu'à 
son  dernier  âge  ;  et  ce  qu'il  y  a 
de  singulier  ,  cest  que  la  plupart 
des  femmes  qu'il  avoit  trompées 
ou  quittées  ^  continuèrent  de 
l'aimer  ou  du  moins  de  le  trouver 
aimable.  Tel  est  le  résultat  de  sa 
longue  carrière  ,  donné  par  son 
historien.  «  Avec  la  bravouce , 
les  talens  et  le  Bonheur  qui  font 
un  grand  général  ;  avec  l'esprit , 
l'adresse  et  la  connoissance  des 
hommes  qui  peuvent  faire  un 
grand  homme  d'état  ;  avec  tout 
ce  qu'on  peut  posséder  de  grâ- 
ces et  d*amabilité,  le  maréchal 
it  hichciieik  ne  voulut  être  et 
&e  fut  qn'un  courtisan.  » 

I.  PLOT,  (Sigismond)porU 
l'art  de  Timprimerie  à  Sienne 
dans  le  xv^  siècle  ,  et  pnblia  le 
2^or«5  sans  date  ,  et  les  FspUret 
de  Cicéron  qui  portent  celle  de 
1489. 

PLUQUET ,  (  François-An^ 
dré  )  né  à  Baîeuz  le  14  juillet 
17169  embrassa  l'état  ecclésias- 
tique ,  et  quitta  un  canonicat 
dans  la  cathédrale  pour  venir  pro- 
fesser l'histoire  à  l'université  de 
l^aris.  Ses  leçons  furent  suivies^ 

SuPPL.    Tome  ///.    . 


P  O  C        %7i 

et  Flu^iiet  justifia  sâ  rëputatioa' 
par  de  bons  écrite.  Homme  ver« 
tueux,  ami  sûr  ,  ennemi  de  Uk 
flatterie  et  de  la  dissimulation  ^ 
on  lui  reprocha  quelquefois  on 

r>u  de  brusquerie  et-  de  dureté* 
est  mort  d'apoplexie  le  18  sep-* 
tembre  1790.  Ses  ouvrages  sont  a 
L  Examen  du  Fatalisme  ,  1757  y 
trois  vol,  in- 12.  L'auteur  combat 
avec  force  cette  erreur  ancienne 
qui  fait  encore  l'un  des  princi-» 

Faux  dogmes  des  religions  dm 
Orient.  II.  Dictionnaire  des  Hé'm 
résies ,  1761 ,  2  volumes  in-8.®  fl 
offre  une  logique  saine ,  un  )ug»« 
ment  impartial,  un  savoir  pro«i 
fond.  Nous  en  avons  cité  pin-» 
sieurs  fragmens  dans  ce  Piction-* 
naire.  III.  De  la  Sociabilité  * 
1767 ,  2  vol.  iti-i2.  Pluquet  corn» 
bat  dans  cet  ouvrage  le  système  d« 
Hobbes ,  et  prouve  que  Thomm» 
nait  bienfaisant  et  religieux* 
ly»  Livres  classiques  de  l'empire 
de  la  Chine,  1784  ,  7  vol.in-i2* 
C'est  une  traductibn  du  recueil 
du  P.  Noël ,  précédé  d'un  discoura 
bien  écrit  sur  la  morale  des  ChU 
nois.  y.  Traité  philosophique  et 
politique  sur  le  luxe,  17^^»  * 
vol.  in- 12. 

IL  POCOCKE  ,  (  Richard  ) 
docteur  en  théologie ,  né  à  Sou» 
thampton  en  1704,  posséda  di« 
vers  bénéfices ,  et  finit  par  êtr^ 
successivement  évêque  d'Ossory 
et  de  Meath.  En  1787  il  entre** 
prit  le  voyage  du  Levant ,  après 
avoir  recueilli  dans  son  cabinet 
tontes  les  connoissances  qui  poi|«* 
voient  le  lui  rendre  plus  utile  et 
plus  agréable.  De  retour  dans  tm 
patrie  en  1742,  il  en  publia  la 
relation  en  3  vol.  1743— 174$^ 
On  avoit  commencé  d'en  pitbliet 
une  traduction  en  françois,  ea 
7  vol.  in- 12 ,  qui  n'a  pas  été  con<^ 
tisuée*  Le  ton  de  Poçççke^ 


»74        P  O  E 

Beaucoup  plus  sec  que  èpîtij'Jè 
iTournefort;  et  il  n'a  pa»  Tart 
tomme  celui-ci  de  choisir  Tes  dé- 
tails intéressa ns.  Ce  sont  (les  des- 
èription.s  du  local  exactes ,  mais 
Sècoes.  Il  n*out)Iie  pas  cependant 
àe  faire  cbnnoitre  les  tnôe'urs  , 
C[uoiqu'll  n^ait'pas  le  talent  de  les 
peindre  ^  avec  agrément  et  avec 
énergie.  Il  mourut  d'âpopickie  en 
septembre  X7V5. 

ÏOERSON ,  (  Charles)  pein- 
dre 9  iiit>rt  à  Paris  en  1 660  ;  et  son 
"fils  Charles '^François  mort  en 
1725  ^  à  73  ans  9  ont  laissé  quel- 
tpies  bdkis  Tableaux.  Le  père  et  oit 
^eliOtrâine, 

,.  L  PÔIfUER ,  (Claude )  ha- 
bile, sculpteur  Parisien,  mort  à 
^^fsy  diocèse  d'Àuxerre  en  17^9  ^ 
078  ans. ,  qrna  ^  de  ses  ouvrages 
Jes  jardins  de  Marly  et  de  Ver<-* 
•aiHés. 

II.POI'RÏER,  (Oerm'aînjné 
\  Parisien  yfff^A  >  ^^t  profession 
cfans  1^  congrégation  des  béné- 
dictins de  Saint- IVÏaur  en  i7'4b, 
et  la  quitta  en  1769.  W  fut  Tun 
des  coopérateurs  de  \'An  de  véri^ 
Jlçr  lefi  dat^s ,  et  donna  en  1767» 
avec  D.  Précieux  le  onzième  vo- 
lume de  la  nouvelle  collection  dés 
historiens   dés   Gaules   et  de  la 
ïrançe,  commencée  par  D.  J3oiA- 
queL  Ce  volume  est  précédé  d'une 
[savante  préface  de    243  pages , 
*bù  les  éditeurs  ont  recueilli  tous 
*'les  traits  curieux  et  intéressans , 
répandus  dans  ce  tome  et  dans  le 
précédent.  [Poirier  étoit  de  l'Ins- 
'titut'natioual,  tl  est  mort  au  com- 
inencemeht  d^  ï,8o3,  âgé  d'en— 
^VîVon  So  ans.  Cétoit  un  isavant 
jcbihm.uh'catîf,   et  tpès<- "instruit 
*He  tout  ce  qxxï  règardbit  le'itooyeii 
3ge»   «  C>st  sur-tbût  ,    a   dit 
•"M/rôèbe  :Sicàrd,'Yaifiês\hîpieét 
hoRn%  de  Poirier  ,  ce  oaractàre 


p  o  I 

tôtijouts  ^gal  et  fait  pour  les  dcM^ 
tés  vertus,  cette  frâncbise  in-« 
géhne  9  cette  droiture ,  cet  amont 
pour  la  vérité ,  cette  timidité  rfa- 
furelfe  qui  càcfaoit  tant  de  con-< 
liol^sances,  et  qui  ne  lui  permet- 
toit  pas  de  se  replier  sur  lui-mênie 
.  ^our  y  jeter  un  regard  de  com- 
plaisance...«  Voilà  sur-tôut  ce  qui 
le  rendbit  recommandable ,  et  ce 
qui  est  bien  plus  rare  que  le  sa-* 
Voir,  Ayssi  personne  h'éfcoit  inoihs 
content  de  llii-mémç  ,  et  pins 
content  des  autres.  Nul  h'étbit 
pins  ami  de  Ta  sagesse ,  et  plus 
rndulgent  envers  ceux  qui  avoient 
le  malheur  de  n'en  ^as  connoi- 
tre  le  charittè  et  ,toùte  la  pois-; 
lance,  i^ 

Vn.T'C^ISSpfï  ♦  (  W.  )  mar^ 
(|uis  de  Mehars   et  de  Itîar^ni^ 
frère  âe  la  célèbre  marquise  de 
Po'mpadour ,  avoît  acquis  dès  sa 
jeunesse  des  connoissances  assé2 
approfondies  en  géométrie  et  ei| 
àrcliiteqtnre^  Désigné  pour  rem- 
placer M.  de  l^ournehem ,  6rdoii« 
liatetir  général  des  bâtîmens  dit 
roi,  il  voyagea  en  Italie,  et  s'y 
fit  accompagner  par  Tarcbitecti 
"^oufflot ,  ïe  célèbre  graveur  Co- 
chln  et  l'abbé  le  Blanc,  De  retouf 
de  ce  voyage,  il  obtint  la  sur- 
in tendance  des  bâti  mens.  Alors , 
Âl  augmenta  les  prix  des  tableanx 
4'h^âtQire  à  l'académie  de  Cein- 
ture, fixa  une  somme  annuelle 
pour  faire  sculpter  les  statues  des 
grands .  bonjmes  François ,  régé- 
néfa  l'arotiitecture  publique,  et 
fît  venir  Soufiût  de  Lyon  pour  lui 
confier  la  construction  deSaintç- 
'Geneviève.   En    t755,   Marigni 
reçut  ïe  cordon  bîéu  et  fut  nom- 
mé  secrétaire  de    cet   ordre.  D 
vouldt  achever  le  Louvre;  maii 
les  dépenses  nécessaires  pour  la 
«guerre  ne  le  lui  permirent  pfl* 
LaseUle  çonstf action  qu il  y  P^l 


901 

faîffe  5  c'est  ïe  guicîi^t  qiiî  pbflé 
'son  nom.  Dégoûté  des  tracasse^ 
ties  que  lui  suscita  l'abbé  Terray, 
11  se  retira  en  1773  dans  Tune  de 
«es  terres ,  sans  désir  de  revoir  la 
fcotir ,  au  milien  de  rafnitié  et  des 
artistes  dont  il  fut  Tami  plus  en- 
core que  le  protecteur.  U  mourut 
«n  17I8Î. 

POISSONNIER  ,  <  Kerre- 
'Isaac  )  né  à  Dijon  le  5  juillet 
1710,  étudia  la  TOédecîne ,  et  fut 
sommé £n  1746  professeur  de% 
iàculté  de  Piaris.  Ce  fut  l'un  des 
^premiers  qui  ouvrit  un  cours  de 
thimie  dans  la  capitale.  En  1753 
ÏÏ  fut  envoyé  par  le  gouverne- 
ment à  l'impératrice  de  Russie 
EUzaheth ,  qtii  f  avoit  demandé  à 
iji  cour  de  France  9  pour  veiller 
inr  sa  santé.  Pendant  son  séjour 
i  Pétersbourg ,  il  s'occupa  beau- 
tonp  de  l'expérience  sur  là  con- 
gélation du  mercure  ;  et  à  son 
retour  en  France ,  il  fut  couvert 
^e  titres  honorables  et  de  ré- 
"«onrpenses.  Associé  libre  de  l'a- 
ifeadémie  àts  Scîences,  premier 
Médecin  des  armées,  inspecteur 
içénéral  de  la  médecine  dans  les 
Colonies ,  il  obtint  outre  le  trai- 
tement de  cas  diverses  places , 
lime  pension  de  1 2,000  liv.  Pdw— 
tortniér  pendant  la  révolution  , 
%t  enfermé  dans  la  prison  de 
'Saint-Lazare  avec  toute  sa  fa- 
"inille.  Rendu  à  la  liberté  abrès  la 
tbute  de  Robespierre  ,  il  suc— 
"cortiba  à  de  douloureuses  infir- 
inités  le  a5  fructidor  an  7  (  1797  ), 
à  l'âge  de  79'  ans.  Ses  ouvrages 
«ont  :  1.  Les  tomes  5  et  6  du 
Cours  de  chirurgie ,  dicté  par  Col 
'de  Vîllars.  Ils  renferment  un  bon 
tfaitédes  fractures  et  luxations, 
1743,  in-6.«  II.  Essai  sur  le 
■feoyen  de  dessaler  Tehu  dé  la  met, 
V763.  Ce  moyen  réussit  d'après 
tJ^'^ipth^WéS^rftffi^  faites. 


8t.  Traité  des  fièvres  de  Saint»^ 
Domingue,  1763  5  in-S.^  IV.  Au^ 
tre  sut  les  maladies  et  la  nourri- 
ture des  gens  de  mer  ,  17809 
a  vol.  in-8.«  N .  Ahréeé  ^ Anato- 
mie ,  1783,  deux  vol.  in-  12.  fi 
'  ^st  desfiné  aux  ëières  en  cbirnrgto 
pour  la  inarine. 

*  POIVRE,  <N.  )  andeh  în^ 
tendant  des  isles  de  Friahce  et  de 
Bourbon  ,  naquit  11  Lyon  en 
17 15.  Il  entra  d^abofd  dans  la 
congrégation  des  Missionnaii%i 
étrangers.  On  Tenvoya  à  la  Chine, 
qu'il  parcourut  en  grande  partie 
avec  les  yeux  d*un  philosophe» 
Avant  d'arriver  à  Canton  ,  il  re* 
eut  une  lettre  en  chinois  qu'oti 
lui  dit  être  de  recommandation» 
Elle  étoit  au  tontraire  d'un  Chi« 
nois  offensé  par  un  Européen  , 
et  qui  croyant  ce  dernier  pèrteftr 
de  la  lettre,  le  dénonçoit  à  ^ 
nation  comme  un  coupable  doAt 
il  avoit  à  se  plaindre  et  qui  mré- 
ritoit  la  mort.  Fchre  nempli  de 
confiance  présenta  la  Vettre  <hi 
prerhier  Uiendarin  ,  et  fftt  mis  ^ 
prison.  Là ,  il  apprit  assez  de  la 
langue  chinoise  pour  se  défendre* 
Le  vice- roi  touché  de  son  ingé- 
nuité et  convaincu  de  son  inno- 
cence ,  devint  son  ami  et  son 
protecteur.  En  revenant  en  Eu- 
rope ,  le  vaisseau  qii'il  montoit 
fut  attaqué  par  un  bâtiment  An- 
glois  de  l'escadre  de  l'amiral  Baf'-* 
net ,  et  dans  îe  coVnbat  il  eftt  un 

■  bras  emporté  par  un  boulet  de 
canon.  En  se  voyant  un  bras  de 
moins  ,'4e  {Premier  mot  qu'il  pr6- 
nonça  fut  :  Je  ne  pourrai  plus 
peitidre.  Cet  accident  malheitreilkz 
îôbligea  de  renoncer  à  l'état  e6*« 

•  cléiiastique.  La  compagnie  -dea 
Indes  a  laquelle  il  s*étoit  fait  coh- 
noitre  Comme  un  homme  actif 
et  intelligent,  le  choisît  en  17^9 

s  » 


17^        P  O  I 

•he  ée  eommerce  à  la  Cochîn*- 
•hine.  Il  montra  dans  cette  en- 
treprise des  taleàs  supérieurs  et 
la  probité  la  plus  délicate.  De  re- 
tour à  i'isle  de  France ,  iJ  déposa 
dans  les  maf^sins  de  la  compa- 
gnie jusqu'aux  présens  particu- 
liers qa*û  avoit  reçus ,  et  il  écri- 
vit aux  directeurs  :  «  Je  vous  ai 
remplacé  tel  objet  de  mon  ar- 
gent 9  parce  qu'on  me  l'a  volé  par 
ma  f^ute ,  et  qu'il  n'est  pas  juste 
^e  vous  en  supportiez  la  perte.  » 
Ayant  réussi  dans  cette  entre— 

Î}rise,  il  fut  envoyé  en  1766  par 
e  duc  de  Choiseul  aux  isles  de 
France  et  de  Bourbon  pour  faire 
£eurir  ces  deux  colonies.  I«e  nou- 
vel intendant  remplit  parfaite- 
nent  les  vues  du  mini&tère.  11  fit 
naitre  dans  ces  isles  l'amour  de 
ragriculture  et  des  arts.  Pour  les 
approvisionner,  plus  prompte- 
an  ent  9  il  tira  de  Madagascar  une* 
quantité  immense  de  troupeaux. 
|1  forma  une  pépinière  de  tous 
les  arbres  uCUes  ;  il  naturalisa 
larbre  à  pain ,  et  après  beaucoup 

.  de  peines  et  de  dangers ,  la  cul- 
ture du  giroflier  et  du  muscadier. 
De  retour  en  France  ,    il    alla 

'  mourir  à  Lyon  sa  patrie  le  6  jan- 
vier 17869  d'une  hydropisie  de 
poitrine  y  dans  sa  67*  année, 
tlo m  me  d'état  et  homme  de  bien , 
il  unit  les  qualités  de  Tame  et  les 
dons  de  l'esprit.  Observateur  ju- 
dicieux et  écrivain  philosophe , 
il  a  laissé  quelques  ouvrages 
courts ,  mais  pleins  et  bien  écrit^  ; 

.  tels  sont  :  I.  Voyage  d'an  Phila^ 
tophe ,  in-ii  y  qui  ren|^rme  des 
observations  sur  les  mœurs,  les 
ar^  et  l'agriculture,  dçs  peuples 
de  l'Asie  et  de  l'Afrique.  IL  Un 

'  W  émoire  sur  la  préparation  et  la 
teinture  des  soies.  III.  Des  Rt^ 
marques  sur  l'histoire  et  les  moeurs 
dvi  la  Chine.  IV.  Des  Discours 

..prononcés  tuj(  H^jjip^  da<  isles 


F  O  t 

deFrance  et  de  Bourbon.  T.  Qnel^ 
ques  autres  ouvrages  manuscrits 
dans  le  porte-feuille  de  l'acadé* 
mie  de  Lyon ,  dont  il  étoit  mem- 
bie.  Poivre  avoit  obtenu  du  gou- 
vernement une  pension  de  1 2,000 
livres  et  le  cordon  de  St-^MicheL 


♦POLTGNAC,  (Melchiordc) 
vit  le  jour  au  Puy-en-Velay  le 
1 1  octobre  1661 ,  d'une  des  plus 
illustres  maisons  de  Languedoc 
Six  mois  après  qu'il  fut  venu  an 
monde ,  il  fut  exposé  à  un  grand 
malheur.  11  étoit  nourri  à  la  cam- 
pagne. Sa  nourrice  qui  étoit  ûlle , 
et  qu'une  première  fnute  n 'avoit 
pas  reirdue  plus  sage  ,  en  fit  une 
seconde.  Dans  cet  état  qu'elle  ne 
put  long- temps  cacher ,  frappée 
de  tout  ce  qu'elle  avoit  à  crain- 
dre, elle  s'enfuit  vers   la  fin  da 
jour  )  et  disparut  après  avoir  por- 
té l'enfant  sur  un   fumier  où  il 
passa  tonte  la  nuit.   Heureu^^e- 
ment  c'étoit  dans  la  belle  saisou  ; 
on  le  trouva  le  lendemain  sans 
qu'il  lui  fût  arrivé  aucun  acci- 
dent. Le  jeune  Polignac  fut  ame- 
né de  bonne  heure  à  Paris  par 
son  père ,  qui  le  destinoit  k  lëtat 
ecclésiastique.  U  fit  ses  humanitéi 
an  collège  de  Louis-lc-Grand, 
et  êa  philosophie  à  celui  dHar- 
court  Aristote  régnojit  toujours 
dans  les  écoles.  Polignac  l'étudia 
par  déférence  pour  ses  roaitrei; 
mais  il  se  livra  en  même  tempi 
à  la  lecture  de  Descartes^  Instruit 
de  ces  deux  philosophies  si  àiSé* 
rentes,  il  soutint  l'une  et  l'autre 
dans  deux  Thèses  publiques  et  en 
deux  jours  consécutifs ,  et  réunit 
les  suffrages  des  partisans  àài  rê- 
veries anciennes  et  de  ceux  des 
chimères  modernes.  Les  ïhèsei 
qu'il  soutint  en  Sorbonne  yen 
i683,  ne  lui  firent  pas  moins 
d'honneur.  Répandu  dès-lors  dans 
les  maillMures  sociétés  da  F<ri<i 


POL 

Il  f  plot  infiniment.  «  CTest  un  ' 
des  hommes  du  monde ,  écrivoit 
Mad.   de   Sépigné ,  dont  Tesprit 
Bie  paroît  le  plus  agréable.  Il  sait 
tout ,  û  parle  de  tout  ;  il  a  toute 
]a  (lanceur  ^  la  vivacité  ^  la  com- 
plaisance  qu'on  peut  souhaiter 
dans  le  commerce.  »   Le  cardinal 
de  Bouillon  encha  té  des  agré-- 
mens  de  son  esprit  et  de  son  ca- 
ractère ,  1«  prit  avec  lui  lorsqu'il 
se  rendit  à  Rome  après  la  mort 
é'Innoceni  XL  II  l'employa  non-' 
seulement  à  l'élection  du  nou— 
reau  pape  Alexandre  VIII ,  mais 
encore     dans  l'accommodement 
f  u'on  traitoit  entre  la  France  et 
la  cour  de  Home.  L'abbé  de  Po^ 
hgnac  eut  occasion  de  parler  plu- 
sieurs fois  au  pontife,  qui  lui  dit 
dans  une  des  dernières  conféren- 
ces :  Vous  paraissez  toujours  être 
àe  mon  avis ,  et  à  la  /a  c*est  le 
vôtre  qui  l'emporte»  Les  querelles 
entre  la  tiare  et  la  cour  de  France 
étant   heureusement  terminées, 
le  jeune  négociateur  vint  en  ren- 
dre compte  à  Louis  XIV,  C'est  à 
eette  occasion  que  ce  monarque 
dit  de  lui  :  Je  viens  dentretenir^ 
va  homme  et  un  jeune  homme  , 
^ui  m'a  toujours  contredit  et  qui 
m'a  toujours  plu.  Ses  talens  pa« 
rurent  décidés  pour  les  négocia- 
tions. Le  roi  l'envoya  ambassa- 
deur en  Pologne  l'an  1693.  Il  s'a- 
gissoit  d'empécber  qu'à    la  mort 
de  Jean  Sokieski  près  de  des- 
cendre au  tombeau,    un  prince 
dévoué  aux  ennemis  de  la  France 
n'obtint  la  couronne  de  Pologne , 
et  il  falloit  la  faire  donner  à  un 
de  la  maison  de  France.  Le  prince 
de  Conti  fut  élu  par  ses  soins  : 
Amis  diverses  circonstances  ayant 
retardé  son  arrivée  en  Pologne , 
il  trouva  tout   changé  lorsqu'il 
parut,  et  fut  obligé  de  se  rem- 
barquer. L'abbé  de  PoUgnac  cow- 
Craint  de  se  retirer  ^  fut  exilé 


P  O  t        177 

dtfns-  son  abbaye  de  Bon-Port  9 

oii  il  s'occupa  utti«|uement  des 
belles- lettres ,  des  sciences  et  d^ 
l'histoire.  11  y  étoit  encore  lors» 
que  le  duc  d'^/f/ou  fut  appelé  an  . 
trône  d'Espagne.  Il  écrivit  alors 
à  l/juis  XIV  :  Sjns  g  si  lesprosm 
pérîtes  de  Votre  Majesté  ne  metm 
lent  point  fin  à  mes  malheurs  , 
du  moins  me  les  font^eltes  oum 
blier.  L'ûbbé  de  Polignac  fut  rapi- 
pelé  peu  de  temps  après ,  et  ra^ 
parut  à  la  cour  avec  plus  d'édat 
que  jamais.  Il  fut  envoyé  à  Romt 
en  qualité  d'auditeur  de  Rote  ^ 
et  il  n'y  plut  pas  moins  à  Clé"^ 
ment  XI  qu'il  a  voit  plu  à  Alêxuru» 
dre  VI IL  De  retour  en  Franco 
en  1709  ,  il  fut  nommé  plénipo- 
tentiaire avec  le  maréchal  fUxeU 
les,  pour  les  conférences  de  It 
paix ,  ouvertes  à  Gertruidenberg» 
Ces  deux  négociateurs  en-  au-«^ 
roient  fait  une  avantageuse ,  si 
elle  avoit  été  possible.  La  fran-« 
chise  du  maréchal  étoit  tempéréo 
par  la  douceur  et  la  dextérité  d» 
l'abbé ,  le  première  homme  de  soa 
siècle  dans  l'art  de  iiégocier  et  à%' 
bien  dirç.  Tout  Taré  des 'négocia-^ 
teurs  fut  inutile.  Dans  une  des 
conférences,  Buys  chef  de  la  dé- 
putât ion  Hollandoise ,  interrom- 
pit la  lecture  des  articles  prélimi-*-. 
liairesen  disant:  Non-  dImitte- 

TUR    PECCATUM,  NfSl    RBSTITU^-- 
TUR  ABLATUM.  Uêhhéde  Polignae^ 
indigné,  ne  put  s'empêcher  de 
dire  :   Messieurs  ,   vous  parlez- 
bien  comme  des  gens  qui  ne  sont 
pas  accoutumés  à  vaincre.  Il  fut 
plus  heureux  au  congrès  d'Utrecht 
en  1712  ;  mais  les  plénipoten-4 
tiaires  de  Hollande  s'appercevant 
qu'on  leur  Cachoit  quelques-unes 
des  conditions  du  traité  de  paix  ,. 
déclarèrent  aux  ministres  du  roi. 
qu'ils  peuvoient  se   préparer  à^ 
sortir  de  leur  pays.  L'abbé  de  PO" 
lignai  qui  n'avoit  p^s  oublié  le^ 

s  î 


^8    ^  P  O  f 

.iton  altter  avec  lequel  ils  loi  avof  Mil 
parlé  aux  conférences  de  Ger— 
tfliidenberg  ,  leur  dit  :  Non  « 
HÊestieurs ,  nous  ne  sortirons  pas 
d^ci  ;  nous  traiterons  chez  vous  , 
nous  traiterons  de  vous  »  et  nous 
iraUerons  sans  vous*  Ayant  ob^ 
tenu  peu  de  temps  avant  la  nomi- 
nation, du  roi  Jacques  au  cardi- 
sudat ,  il  ^toit  dès-lors  cardinal 
in  petto.  Mais  quoique  *  tout  le 
monde  sut  en  Hollande  qui  il 
étoik,  il  ne  portoit  ni  titre ,  ni 
liabits  ecclésiastiquos  ;  il  étoit 
vêtu  en  séculier ,  et  on  Tappe— 
loit  le  comte  de  PoUgnac»  Ce  fut 
âans  cet  état  et  sous  cet  incognito 
qu%  suivit  toutes  les  négocia- 
tions d'Utrecht,  jusqu'au  mo— 
ment  de  la  signature  du  traité. 
Mais  alors  il  déclara  qu'il  ne  lui 
ëfeolt  pas  possible  de  signer  l'ex- 
clusion du  trône  d'un  monarque 
à  qui  il  devoit  le  chapeau  :  il  se 
retira  et  vint  jouir  à  la  cour  de 
SVance  des  honneurs  de  la  pour- 
pre romaine  :  honneurs  qui  fu- 
rent accompagnés  Tannée  d'après 
de  la  charge  de  maître  de  la  cha- 
pelle du  roi.  Après  la  mort  de 
Louis  XIV,  il  se  lia  avec  les  en- 
^  liemis  du  duc  ^Orléans,  et  ces 
liaisons  lui  valurent  une  disgrâce 
éclatante.  Il  fut  exilé  en  171 8 
dans  son  abbaye  d'Anchin,  d'où 
il  ne  fut  rappelé  qu'en  1721.  Les 
moines  de  son  abbaye  furent  un 
peu  intimidés  en  le  voyant  arri- 
ver dans  leur  monastè^re  ;  mais  ils 
pleurèrent  quand  il  les  quitta.  La 
plupart  étoient  peu  capables  de 
juger  de  son  mérite  en  qualité  de 
bel  esprit  et  de  savant  ;  mais  ils 
Tavoient  trouvé  doux ,  indulgent, 
aimable  ;  et  loin  de  les  piller 
comme  tant  d'autres  abbés  com- 
mendataires ,  il  avoit  embelli  leur 
église  et  réparé  leur  maison,  /n^ 
nocent  XI II  étant  mort  en  1724, 
}•  cardinal  de  FoUgnac  «o  rendit 


POL 

S  Rome  pour  l'élection  de  JKm 
noU  XIII,  et  y  den^eura  huit 
ans  chargé  des  a£faires  de  France. 
Nommé  à  l'archevêché  d'Auch  en 
17269  etàune  place  de  comman-* 
deur  de  l'ordre  du  Saint-Esprit 
en  1732  9 11  reparut  cette' année 
en  France  9  et  y  fut  reçu  comme 
un' grand  homme.   11  mourut  à 
Paris  le  10  novembre  174 1 9  dana 
sa  81*  année,  avec  une  grande 
réputation.  Le  cardinal  de  Po- 
lignac  étoit  un  de  ees  esprits  fa-* 
ciles  9  qui  embrassent  tout  et  qui 
saisissent  tout.  Les  sciences  et  les 
arts  ,  les  savans  et  les  artistes  9  lu» 
étoient   chers.    Sa  conversation 
étoit  douce  9  amusante  et  infini- 
ment instriictive,  comme  on  peut 
le  juger  par  tout  ce  qu'il  avoit  vu 
dans  le  monde  et  dans  les  difi&- 
rentes  cours  de  l'Europe.  Le  son , 
de  sa  voix  9  la  grâce  avec  laquelle 
il  parloit  et  prononçoit ,   ache<* 
voient  de  mettre  dans  son  entre- 
tien une  espèce  de  charme  qui 
alloit  pres^pie  jusqu'à  la  séduction. 
L'universalité  (ie  ses  connoissan-* 
ces  s'y  montroit  9  nak  sans  des* 
sein  ni  de  briller,    ni   de  &ire 
sentir  sa  supériorité.  Il  étoit  plein 
d'égards  et  de  politesse  pour  ceux 
qui  l'écoutoient  9  et  s'il  armoit  à 
se  fiaire  écouter  9  on  se  plaisoit 
encore  plus  à  l'entendre.  Sa  mé-» 
moire  ne  le  laissa  jamais  hésiter 
sur  un  mot  9  sur  un  nom  propre 
ou  sur  une  date  9  sur  im  passage 
d'auteur  ou  sur  un  fait  ;  quelque 
éloigné   ou    détourné    qu  il  pût 
être  9  elle  le  servoit  constamment 
et  avec  tout  l'ordre  que  la  médita* 
tion  peut  mettre  dans  le  discours* 
Quoique  le  cardinal  de  PoUgnac 
aimât  les  bons  mots  et  qu'il  en 
dit  souvent ,  il  ne  pouvoit  souffrir 
la  médisance.  Un  seigneur  étraïi- 
ger  attaché  an  service  d'Angle- 
terre 9  et  qui  vivoit  à  Rome  sons 
la  protectioo  de  la  France  |  eut 


pot 

Bilonr  l'imprudence  de  tenir  ï 

m  table  des  propos  peuinçswrt* 
snria  religion  et  sur  In  personne 
du  roi  Jacques.  Le  cardiiial  lui 
&i  sVec  liii  sérieuz  mè\i  de  dou- 
«tir  :  J'ai  hràre,  I^Ôasièur.'dâ 
froléger  'votre  personne  ,  mail 
ion  pet  vos  discours-^  Son  goût 
^oar  lès  beaux  arts  liii  fit  former 
sons  le  pontifical  de  Benoit  XIII, 
lin  projet  fcien  digne  d'iin  homme 
amei  pass'onn^queluipour  t'aii- 
Çqùifé.  Il  n'ignoroit  point  ijna 
pendant  le»  gnerrei  civiles  qu[ 
Woublérent  les  plus  beauï  jouri 
^e  U  république  Romaine  ,  lé 
gïrti  qui  prévaloit  ne  manqiioit 
Minaisdejeterdsnslef  ibrelontfs 
lesstatuei  et  les  trophées  élevés  îf 
llOniitur  du  parti  opposé.  Quei- 
^lefois  Qnlel  b"^it  ou  un  les 
I  ttmtiloit  auparavant  ;  mais  pour 
lordinaire  on  Ui  y  )çtoit  dan» 
leur  entjerî  II^  f  ton(  donc  eit~ 
^r« ,  disoit-il)  car  asturément 
oa  ne  les  a  pqiat  retirés ,  et  (é 
ffwe  ne  les  a  poiiit  enfpqrléi,  H 
«voit  imaginé  de  détourner  pen- 
^nt  quelques  jours  le  cours  du 
libre,  et  de  faire  fouiller  l'es~ 
p^aœ  de  trois  quarts  de  liene.  I| 
■iiroit  fallu  creuse^  un  peu  avant', 

Esrce  que  les  bronze)  et  les  mar- 
res ont  dû  s'enfoncer.  Si'^o/i- 
enac  avoît' été' asse^' riche  pour 
lenCreprendre  a  ses  &ais ,  la  pape 
ç[ui  l'aimoît  lw~  auroii  accord^ 
toutes  les  pe  r  missions  néce'ssa  ires. 
Mais  ses  rêvepus  ^tpient  absorbés, 
I  Bjr  SCS  dépenses;  dn'euf  (ornais 
d'ordre  dans  ^és  aïfeires  çerson- 
ùclles;  eji'i  sa'mort  il  laissa  beau- 
wnp  de'  dei.Us-  Nous  arons  do 
ffi  célébré   cardinal  'un    Poème 

KnDe  Deoet  f/aturd,  litrivc  , 
publié  en  1747 ,'  in-'8'  et  in-ii  , 
ï"r  labbé  *Jé  Boihelia  ',  çt  tra- 
duit en  italien  par  le  P.  Bicd 
woédictui ,  çt  ^^gfmment'éi 


POL         t^ 

fnnçoitpit  Boàgaintilte ,  iTvol, 

^e  réfuter  Lucrice  i  el  ije  deter-J 
miner  confire  ce  préccpreiir  du 
crime  et  ce  des|ructenr  de'là  In- 
finité, en  quoi  «insiste  le  soù.^ 
verain  bieit ,  qnelli  fesl  la  halur* 
de  l'ame  ;  ce  que  l'on  4oit  peniec 
des  atcuoei,  du  mouvement,  da 
vide.  L'auteur  en  conçut  la  plan 
en  Hollande ,  oii  il  s'éloit  ejcr^té 
il  son  rç'tour  de  Cologne.  Le  fa» 
meux  Bnyle  j  étoit alors;  Vabbé 
4i  F.olignae  le  Vit,  et  en  admi- 
rant son  esprit  il  téatriut  de  réju» 
1er  ses  erouri.  U  cpwnença  ^  j 
travailler-  dorant  Vu  p^imief 
exil,  et  il  ne  cessa  dçpui»  d'j 
ajouter  de  nouveaux  ornemens. 
On  ne  uiur»(t  trop  4tre  étoani 
qu'au  milieu  de>  dissipation*  (JN 
monde  et  des  épinei  des  afEaires  , 
il  ai t'i^u  mettre  la'dérniËre  miin 
i  ttn  si  long  ouvraee  en  vera'j 
éartt  dam  une  langnb  étrangSraj 
IWi  qui  aurott  k  peine  fait  quatre 
66n  vertt  dans  U  propre  latiguei 
On  Wî  a  reprdChé,  à  la  véritiSi 
«fétr?  lin  ^n  trcip  diffu»  et  tro^ 
peu  varié!  ' — -■  -'  "—'■  -■—-"■ 
quf  dans  ; 

réiuiitla  fo[. .    .  _  -    ,-- 

gancB  dé  ffirgiU.  On  doit  Tatf- 
mirer  siir-iout 
reij»,  èe  tes  e 
lâbondançe  di 
dans  la  facîlït 
Mprima  tonj6 
di/iSriles.  À  T^j 
ié'  cç  ï'of  me  , 

«qmbnitre  les 
^èur'meltrè&; 

fait  de  s'en  te 

çile  de  se  déti 

tre'enfY'ceî  é 
ii  J^oti^aac  a; 

S4 


»8a       P  O  t 

îystèmes  du  Cartésianinne;  Voy.  * 
•a  Vie  t  Paris,  «777  »  »  volunie» 
iiiriz  ,  par  le  ÎP.  Faucher  Corck- 
lier.  Laplace  a  fait  ees  quatre 
.Vere  pour  son  portrait  :        ^ 

Aaz  tal«ns  dtfPjrré* ,  k  ceux  de  rHéHeeSy 
PoligntU'iolpant  la  sagesse  , 
En  Grèce  avroh  M  PUton  , 
A  Rome  eOt  elTecé  LatrU** 

POLLUCHE ,  (  Daniel  )  de  là 
Société  littéraire  d'Orléans  sa 
Jiatrie  ,  /  naquit  en  1 689  ,  et  7 
Jtoourut  en  1768.  On  trouve  de 
lui  des  Dissertations  sur  la  Pu*- 
c^(2^  if  Orléans  ,  dans  Y  Histoire 
de  cette  héroïne  par  l'abbé  Le»— 

I.  PO  LUS,  célèbre  acteur 
d* Athènes ,  étoit  contemporain 
de  Fériclès.  L'affluence  des  spec-» 
tateurs  firt  si  grande  lorsqu'il 
)ouoit ,  qu'il  gagnoit  un  talent 
par  jour  ;  nviis  il  Ht  le  plus  gé-* 
néreux  usage  de  sa  fortune  en. 
la  distribuant  en  bienCaits. 

*  POMBAL,  (  Sébastien-Jo- 
iepb  Carvalho  comte  d'Oeyras , 
marquis  de)  hé  en  1699  d'J^m— 
manuel  de  Carsfalho  ,  gentil— 
Itorome  de  Soure,  bourg  de  Portu- 
gal dans  le  territoire  de  Coimbre. 
|1  fut  envoyé  dans  TuniTersicé  de 
cette  ville  pour  y  faire  son  cours 
de  droit  ^  mais  il  se  dégoûta  bien- 
jtàt  de  Tétude ,  et  prit  le  parti 
des  armes*  Une  talHe  avanta— 
geuse  et  presque  gigantesque  ,* 
une  figure  distinguée  et  une  force 
extraordinaire  le  rendoient  pro- 
pre à  ce  nouvel  état;  mais  dé- 
goûté encore  de  cette  profes- 
sion ,  il  se  retira  à  Soure.  II  avoit 
au  captiver  le  éœur  d'une  jeune 
dame  de  la  première  noblesse  du 
royaume  ,  nommée  Dona  Teresà 
ife  Noronha  Almada,  et  il  vint 


p  o  M 

I  botit  de  Tépauser  malgré  TopÔ 
position  des  parens  de  cette  dame* 

II  Ja  perdit  le  7  janvier  1739.  En-» 
voyé  en  1745a  Vienne  pour  une 
commission  secrète ,  il  sut  plaire 
à  la  jeune  comtesse  de  Dnun  » 
parente  du  célèbre  maréchal  de 
ce  nom ,  qu'il  épousa.  Il  retourna 
peu  de  temps  après  à  Lisbonne. 
La  reine  Marie^Anne  dt Autriche 
qui  ayoit  pris  en  affectfion  l'é- 
pouse de  Can^alhd  ,  s'intéressa 
vivement  en   faveur  de  l'époux 
auprès  du  roi ,  sans  qu  elle  pût 
obtenir  le  moindre  emploi.  Mais 
cette  princesse  réussit  mieux  au-* 
près  de  son  fils  après  la  mort  de 
Jean  V,  arrivée  le  3o  juillet  1750. 
Le  nouveau  roi  Joseph  II,  nom- 
ma d'abord  Carvaîho  secrétaire 
des  a/Taires   étrangères^   et  lui 
donna  bientôt  la  plus  grande  part 
a  l'administration.  Les  Portugais  y' 
avec  de  beaux  ports  de  mer ,  n'a-* 
voient  ni  vaisseaux  ni  matelots;* 
en  peu  de  temps  ils  eurent,  grifeet 
au  nouveau  ministre,  vingt  fré- 
gates et  dix  vaisseaux  de  guerre. 
Les  manufactures  furent  encou- 
ragées ,  et  des  étrangers  appeléi 
en  Portugal  pour  y  perfectionner 
\tB  arts.  Les  Anglois  s'étoient  em- 
parés de  tout  le  commerce  ;  ils 
continuèrent  d'être  bien  reçus  , 
mais  ils  ne  purent  plus  vendre 
exclusivement  ni  \e%  vins  du  pays 
ni  les  autres  productions.  L'agri- 
culture avoit  été  négligée  ;  Pom^ 
bal  la  ranima  par  ses  propres 
écrits   et  par  ceux  des  nations 
étrangères  qu'il  faisoit  traduira. 
L'avidité  du  ministre  corrompît 
bfentôt   ces  bienfaits.    Pomr  se 
procurer  de  l'or  et  des  avantages 
personnels ,  11  prodigua  les  pri- 
vilèges exclusifs  et  les  vendit  cIl^- 
rement.  Cétoît  une  Comp'»p:nie 
qui  faisoit  le  commerce  du  Bré-» 
sil ,  et  une  autre  celui  des  Indes  f 
c'étoit  une  Cojopagnie  qui  met- 


P  0  M 

bit  le  prix  aux  denrées  ^  et  qui 
ifs  achetoit  ensuite  pour  les  re* 
tendre^  Pomhal  avoit  des  vignes , 
des  manufactures  à  lui  ;  il  fit  ar- 
racher les  vigiles  des  particulière 
pour  faire  valoir  les  siennes  :  il 
tracassa  les  autres  manufactures 
pour  assurer  le  débit  de  celles 
quiluiapparteaoient;  Les  Portu- 
gais ^  appauvris  par  ces  manoeu- 
vres 9  le  furent  encore  plus  par 
des  impôts  excessifs  sur  Timpor- 
lation  et  r>3xportation.   Pombal 
étouffa  en  partie  les  murmures 
par  les  soins  qu'il  ae  donnoit  dans 
1^8  grandes  parties  de  l'adminis- 
tration. Lors  du  tremblement  de 
terre  qui  bouleversa  Lisbonne  en 
17  SS  9  il  rassura  les  citoyens ,  se- 
courut les  blesse^ s ,  pourvut  aux 
suWstances ,  fit  tirer  du  milieu 
des  décombres  les  effets  précieux , 
tt  fit  sortir  cette  ville  immense 
de  ses  ruines  par-  la  réparation 
des  édifices  écroulés  ou  ébranlés , 
et  par  la  construction  d  un  grand 
nombre  d'autres,  il  s*empara  in- 
sensiblement de  toute  la  confiance 
du  roi ,  et  crut  son  crédit  assez 
bien  établi  pour  oser  s'opposer 
au  mariage  de  la  princesse  hé- 
ritière présomptive  de  la  con- 
sonne ,  avec  Dom  Pèdre  frère  du 
soi  ,  quoique  Jean  V  eût  de- 
niandé  les  dispenjtes  nécessaires 
A  Rome.  Cette  opposition  lui  fit 
des  ennemis  pnissans  \  son  des- 
potisme et  sa  haut'jur  ne  lui  en 
firent  pas  moins.  Quelques  gran-is 
conspirèrent  contre»  lui  et  contre 
1«  roi.  (  f^.iytfs  A/BiRo.)    Tous 
ceux  qui  furent  soiipç«3n  nés  d'être 
entrés  dans  ee  complot  ,  furent 
punis  avec  une  rigueur  qui  te- 
nolt  de  la  cruauté.  Le  portngal 
fut  en  proie  à  la  délation  ;   les 
prisons  furent  remplies  de  tous 
ceux  qui  étoient  suspects  ;  qu.?l- 
^nes-uns  furent  envoyés  en  Asie 
^t  en  Afrique.  La  noblesse  qui 


PGM 


x% 


laipiroit  sur-tout  des  méfiances 
au  ministre ,  ne  put  péttvanir  atUI 
emplois    militaires.    Pombal   se 
voyant  généralement  détesté ,  ne  ' 
sortit  plus  qu'entouré  de  qna-^  . 
rante  gardes ,  Tépée  nue  et  tou-^ 
jours  prêts  à  le  défendre  contre  ' 
les  attentats  '^e  la  haine.  Enfin 
Josfph  II  étant  mort  en  1777  , 
le  Portugal  respira  «  et  Pombal 
fut  disgracié.  Les  prisons  furent , 
ouvertes  9  et  un  grand  nombre  da 
victimes  du  caractère  soupçon- 
neux du  -ministre  9  en  sortirent.. 
Presque  tous  les  prisonniers  fu- 
rent justifiés  par  un  décret  so- 
lennel du  7  avril  1781.  On  nom- 
ma en  même  temps  une  com- 
mission extraordinaire  pour  lui 
faire  son  procès  ;  mais  le  juge- 
ment n'eut  pas  d'exécution.  Pom» 
bal  exilé  et  oublié  dans  une  de' 
ses  terres^  y  mourut  le  d  mai  1781 
dans  sa  85*  année.  Les  Jésuites 
renvoyés  de  Portugal  par  ce  mi- 
nistre ,   l'ont  peint  comme  ua 
monstre,  comme  un  homme  in- 
capable ,   qui  obéra  l'état ,  qui 
laissa  tout  dépérir,  et  qui  ne  paya 
ni  les  troupes  ,  ni  ne  sut  en  tirer  ' 
parti.  Les  ennemis  de  la  société < 
l'ont  représ<?nté  sous  un  jour  bien 
différent;  c'étoit ,  si  on  les  en* 
croit ,  malgré  iB%  défauts  et  ses 
fautes ,  un  ministre  plein  de  gé- 
nie, actif,  vigilant,  le  restau-« 
rateur  de  la  discipline  militaire , 
du  commerce  et  de  la  marine  , 
entièrement  négligés  avant  lui. 
Entre  deux  portraits  si  différens 
comment  se  décider  ?  ^  C'est  au 
lecteur  sage  à  le  faire  lui-même, 
en  attendant  que  l'éloignèmenb 
des  temps  calme  les  esprits  ,  et 
que  les  faits  rassemblés  par  la: 
vérité ,  nous  fournissent  le  moyen 
de  porter  un  jugement  juste  et  au« 
qu:îl  la  postérité  équitable  mette 
son  sceau.  Ceux  que  nous  svona 
consignés  dans  cet  artiele  ^  nous 


i8i 


P  O  M 


ont  paru  généralement  avonés. 
Sa  1783  le  comte  d'Oeytas  fil»' 
d^  Carvalho ,  se  retira  en  An- 
l^eterre  avec  une  pension.  On 
a  publié  en  1783  9  en  quatre 
▼oL  in  - 1 2  ,  les  Mémoires  du. 
Marquis  de  Pox^Ats  et  et 
recueil  n*a  pas  itfi  rédigé  par 
l'impartialité. 

POMFRET,  (J^an)  pQçte 

Anglois,  fils  d'un  curé  dans  le 
comté  de  Bedford  ,  né  en  1667, 
et  mort  à  Londres  de  la  petite 
vérole ,  à  trente-six  ans ,  donnoit 
d'heureuses  espérances.  ïl  aVoit 
déjà  publié  diverses  petites  pièces 
morales  ou  galantes ,  imprimées 
à'  Londres  en  1740,  in  —  1 2. 
Quelques— unes  ont  été  traduites 
eh  françois  :  telle  que  le  Choix 
de  la  Vie,  dont  la  traduction 
tst  de  Trochereau.  Pomfrjst 
aVoit  obtenu  un  bénéfice  opn- 
aldérable  ;  mais  l'évéque  de  ton- 
dres  9  prévenu  contre  le'  poète 
•t  la  poésie ,  lui  suscita  bien  des 
thiverses. 

»  ÇOMPADOUR,  (Jeanne- 
[Antoinette  Poissott-  ,  marquise 
âfi)  succéda ,  auprès  6e  Louis  XF^, 
k  la  faveur  de  Mad.  d^  Château-" 
r0ux.  Elle  étoit  fiUe  d'une  femme 
entretenue  et  d'un  paysan  (ou 
plutôt  d'un  fermier  )  de  la  Ferté 
aous  Jouare ,  qui  avoit  çmassé 
^elque  chose  à  vendre  du  bled 
a^x  entrepreneurs  des  vivres. 
Cet  homme  étoit  alors  en  fuite  , 
ayant  été  condamné  pour  quelque 
malversation.  On  avoit  marié 
aa  fille  au  sous*  fermier  U  l^or^ 
V^and  9  seigneur  d'Etiolé ,  neveu 
du  fermier  général  le  Normand 
iSTournehçm  «  qui  entretenoit  la 
mère.  La  fille  étoit  bien  élevée  ^ 
sage ,  aimable ,  remplie  de  grâces 
et  de  teAei^s ,  née  avec  du  bon 
êens  et  un  bou  cceur.  «  Je  la 
jK>iinoi»  assez  y  dit  KvUaiiçe  dans 


p  o  M 

Mf  Mémoires  qui  nous  foiimiss>< 
si^nt  ces.  détails,  je  fus.  même  I9 
confident  de  son  amour.  EHe  m'a* 
voqoit  qu'elle  ayoit  toujours  ea 
un  secret  prei^sentiment  qu'elle 
seroit  aimée  du  roi ,  et  qu'elle^ 
s'étoit  sentie  une  violente  incU^ 
nation  pour  lui  «  sans  la  trQp^ 
démêler.  Cette  idéç  qui  auroit  pu 
paroitr^e  chimérique  dans  sa  Â-* 
tnation,  étoit  fon4^e  sur  ce  qu'on 
l'avoit  souvent  m'ex^e  aux  çhpsses 
que  faisoit  Iç  roi  dai^s  1^  forêt  de^ 
3enar«  Tournek^m-  »  l'ainaat  de  s» 
mère ,  avoit  une  m4isoi»  de  çam-^ 
p9gne  dans  le  voi^i^age.  Qi>  pro- 
menoij;  Mad*  d^M>ti!6le  dans  uue- 
jolie  calèche  ;  le  rpi  II  reiQsr-* 
quoit  et  lui  enYoyoiJ;  souvent  det 
chevrenils.  La  mère  ne  cesspit  4^ 
lui  dire  qu'elle  étot^  phis  jolie- 
que  IVIad.  de  Chdteauroux ,  ç^  le 
]$Qn  homme  To^Kt!l'ehen^  s'écrioib 
souvent  :  U./aui;  qn^uer  que  Ick 
fille  de  Mad,  Po^on  est^  un  mor-^ 
cfiau  de  roi.  »  Leur  ambition  ^ot 
bientôt  sati3faijte  ;  Louis  XV  eji 
devint  aipoureiix;  etelle  fut  créé^ 
marquise  dteFompadour  ^n  tf^h^. 
Qt  jouit  aussitôt  d'i^i»  grand  crédit;- 
Elle  en  usa  pour  |ayoriser  les 
beaux  arts  qu'eUe  avoit  culUvé» 
dès  son  enliRDce.  Flusieurs  gensr 
de  lettres  et  dWeKS  artistes  lu» 
durent  des  pensions,  ou  des  pl^ces^ 
Elle  s'étoit  formé  un  des  ht^\^ 
cabinets  de  Paris  ^.  en  livres^^^ai 
peintures  ^  en  curii>sit;é&  :  emploi» 
utile  d^  Tasgeni  9  si  le  sie;^  ç'a- 
voit  pas  été  pris  en  partie  sur 
le  peuple.  EUe  mourut  à  Paris  en 
1764  9  à  44.  ans ,  avec  plus  de' 
résignation  qu'on  ne  devoit  eik 
attendre  d'une  femme  qui  avoit 
joui  en  apparence  de  tant  d» 
bonheur.  Le  jour  même  cm  elle 
attendoit  sa  dernière  heure ,  la* 
curé  de  la  Magdekine  dont  elle 
étoit  paroissienne  ^  vint  l'expor- 
ter à  mourir  «  Cosuna  il  pre&oif 


iongé^elle:  Un  moment^  Mpn'». 
$ièur  le  curé,  lui  dit  la  marquise  9 
nous  nous  en  irons  ensemble.  On 
a  publié  après  sa  mort  :  I.  Ses 
Mémoires,  a  vol.  in -8®,  1765. 
Dans  ce  livre  9  on  la  fait  l'arbitre 
de  la  guerre  et  de  là  paix ,  et 
le  seul  mobile  de  la  disgrâce  ou 
de  la  faveur  de^  ministres  et  des 
g^néranx.  Lçs  gçns  instruits  sa- 
uvent que  son  pouvoir  ne  fut  pas 
d*abord  si  absolu  qu'elle  !>*éproa- 
vât  des  contradictions  de  la  part 
de  la  famille  royale  et  même  de 
certains    ministres.   Il    est   vrai 
qu'elle  tâcha  ensuite  de  ne  mettre 
en  place  que  ceux  dont  elle  étoit 
fiftre  et  départer  tons  ceux  qui 
lai  déplaisoient.  Au  déèlin  de  sa 
beauté ,  ellç  se  rendit  plus  im- 
portante que  jamais.  Flattée  d'un 
billet  qiije  lui'  avoît  écrit  l'impé- 
ratrice Mdrie-Thérèse ,  elle  dé- 
cida la  malhenreust  guerre   de 
J756  5  s'opposa  tant  qn'eUé  put 
*îa  paix,  ^t  exiler  le  cardinal 
^  B,ernis  qui  youloit  cejttp  paix 
•i  nécessaire ,  le  remplaça  par. 
lé  duc  de  Çhoiseul  \  et'  eut  part 
a  tontes  les  fautes  àe  nos  armées , 
an  ravorisant  des' généraux  in-* 
capables.  Ne  pôuyaut  plus  être 
înaitresse    du    roi ,    elle  voulut 
jouer  le  rôle  de  premier  minis- 
tre 9  et  la  France  ne  $*en  trouva 
pas  i^ieux.  I^.  Des  Lettres  ,  trois 
brochures  in-S**;  beaucoup  mieux 
'  écrites  que  s^s  Mémpires  ,  mais 
Çai  be  sont  pas  plus  (felle  que 
^  dernier  ouyrace.  L*<juteur  des 
^.Itres  1*11  peint  empressée  pour 
^^  amis,  généreuse  ei^vers  les 
sens  de  le|tçes,  et  ennuyée  ou 
ïûalhenreuse  an  sein  de  la  gran- 
Jeiir.  jjdais'irdissiqfiule  ses  dé- 
buts çt  se^  fautes.    Au  reste  , 
«lW«  Poi^sson  n'avoit  riçn  de  com- 
mun fivçc  l'ancienpe  famille  de 
^omp^our  dont  elle  prit  le  nom 
IfiM  fure  QUjblie.r  le  sien  et  celui 


E  O.  M-       2^1 

de  SOI)  mari.  La  maison  de  Poni'* 
padour  en  Limousin ,  éteinte  Wk  ' 
1722  ,  remontoit  au  douzièm*' 
siècle. 

POMPÉlO  LÉONI ,  sculp- 
tapi^  Italie^ ,  appelé  en  Espagne 
par  Philippe  II ,  orna  le  maître 
autel  àçi  l'Êscurial  de  auinze  sta- 
tues et  d'un  crucifix  oune  exé- 
catiop  parfaite. 

IL   POMFICNAN ,  (Jean- 
George  LE  Franc  de)  prélat 
connu  par  ses  mœurs  irrépro- 
chables ,  son  zèle  et  sçs  lumières  ^ 
frère  du  précédent  ,  naquit   à 
Mbntauban  le  22  février  1715, 
eè  devînt  à  ving&-neuf  ans  évè- 
que  dn  Puy.  Louis  XV  qui  l'a- 
voit  nommé  son  premier  bu  ma- 
nier ,  Ini  demanda  la  première 
fois  qu'U  prit  possession  de  sa 
I>lace ,  s'il  sauroit  bien  dire  le 
Benedicite ,  l'évéque  lui  répondit  * 
Iron ,  Sire ,  je  ne  sais  que  rendre 
grâces.  Appelé  à  l'archevêché  dé 
Vienne  ,  li  se  phit  à  00m  battre 
constî^minént  par  ses  écrits ,  les 
incrédules  et  les  ennemis  de  la 
foi.  En  1783  la  province  deDatt- 
phiné    le  députa  à  rassemblé© 
Constituante  ,  et  le  20  Juin  il  f 
conduisit  la  majorité  du  clergé 
dans  la  chambre  du  tiers -état. 
Bientôt  après  ,  il  entra  au  con- 
seil et  devint  ministre  de  la  feuille 
des  bénéfices.  C'est  alors  qu'il  re- 
çut du  pape  une  lettre  qui  l'en— 
gageoit  à  s'opposer  de  toutes  ses 
ibrces  à  toute  innovation  relative- 
au  clergé.  «  Vous  êtes  plus  pro- 
pre qu^ancun  autre  ,  lui  dit-il , 
a  rendre  le  grand  service  que  ]ê    1 
Vous,  demande.  Vous  avez  déjà 
donné  tant  de  preuves  de  votre 
2èle  à  défendre  la  sainte  doctrine. 
Mais  le  temps  presse  ;  il  n'y  a 
pas  un  moment  à  perdre  pour 
sauver  la  Religion ,  le  Roi  et  votre 
Patrie.  Vous  pourrez  certaine-* 


a»4       POU 

ment  eQgager  m  majesU  à  ne,. 
pas  doaner  cette  fauîe  sanctioa.  ^ 
La  résistance  fût-elle  pleine,  de 
danger  ,  il  nett  jamais  permis 
dé  paroUre  un  instant  abandon" 
ner  la  foi  caLholique ,  même  aveô 
le  dessein  de  revenir  sur  sei  pas , 
^uavd  les  circonstances  auront 
changé,  »  Pofnpignan  ne  put  ac- 
céder à  la  demande  de  Pie' VI; 
étant  mort  à  Paris  le  .29  .décçin- 
bre  1790,  dans  ta  soixante  et 
quinzième  année,  affoibUpar  ses 
travaux  et  par  l'inquiétude  que 
lui  causoit  la  marche  des  évé*-* 
nemens.  Ses  principaux  écrits 
sont  :  I.  Essai  critique  sur  l'état 
présent  de  la  république  de^  let- 
tres ,  I743.  IL  Instruction  paS" 
lorale  de  Vévéque  du  Puy,  aux 
nouveaux  convertis  de  son  dio-t 
cèse,  lySi»  m.  Le  Véritabùs^, 
usage  de  l'autorité  séciflière  danj» 
les  m^atières  qui  concernent  }|i 
religion ,  17S3.  IV;  Questions  di- 
verses sur  l'incrédulité,  1753, 
C'est  une  seconde  édition*.  Le 
style  en  est  foible  et  sans  in  té* 
rét.  V.  La  Dévotion  réconciliée 
avec  l'esprit,  1753.  VL  Contro^ 
verse  pacifique  sur  l'autorité  de, 
l'église ,  1 7 5«.  \l\,\J Incrédulité 
convaincue  par  les  prophéties  , 
1769  ,  in -4.*^  Il  y  a  aussi  une 
édition  de  cet  ouvrage  en  3  vol. 
in— la.  Vin.  Instruction  pasfo—, 
T£^le  sur  la  prétendue  philosophie 
des  incrédules  modernes  ,  i763.> 
IX.  Autre  sur  l'hérésie,  1766  , 
in-4.°  X.  Lr.  Religion  vengée  de 
l'incrédulité  par  l'incrédulité  elle- 
même  ,  1772.  XI.  Défense  des 
actes  du  clergé  de  France  concer-n 
rant  la  religion,  in-4.0  XII.  Jlfâ/2« 
dément  contre  l'édition  des  CËn-« 
vres  de  Voltaire,  178 1  ,  in-8.* 
XIII.  Autre  portant  défense  de 
lire  les  Œuvres  de  J*  J,  Rousseau 
et  de  Raynal ,  1781,  in-8.**  On 
«ait  combien  ces  deux  écrits  lui 


P  OM 

attirèrent  d'injures  de  la  part  ^ei* 
amis  des  écrivains  attaques.  Pent« 
être  auroit-il  dii  distinguer  ce  qui 
étoit  repréheneible  et  anti-reli-* 
gieux  dans  quelques-uns  de  leurs 
ouvrages,  et  ne  pas  les  confon- 
dre tous  dans  sa  proscription* 
XiV.  Orasi  njunèhe  de  JMarle 
Leçzinska  reine  Je  tVance.  Elle 
fut  prononcée  à  Saint-Df nis ,  et 
l'auteur,  se  pjut  à  y  comparer  la 
religion  de  lu  princesse  avec  Tes- 
prit  d'incrédulité  de  son  siècle. 

XV.  Lettres  à  un  évéqiie  sur  di- 
vers points  de  morale  et  de  dis- 
cipline ,  an  10, deux  vol.  in-8.* 
Elles  sont  au  nombre  de  huit,  et 
adi  essées  à  i'ëvêquê  de  Nantes. 

XVI.  Il  a  laissé  eii  manuscrit  un 
Traité  dogmatique  et  moral  de 
la  fin  de  l'homme  et  de  la  résur- 
rection   générale.    Ces  difTérens 
ouvrage^  ont  été  trop  vantés  par 
Içs  amis  î{e  l'évèque  du  Puy  ,  et 
trop. déprimé^  par  ses  ennemis. 
Ce  pj-élat  q'étoit  pomt  sans  doute 
le,rival  àfi'Qossiieti'W  navoit  ni, 
e^    chaire^  ni  dans  le   cabinet  ^ 
Téloquence  entraîi>ante  de  l'évé- 
^no  de  Meaux  ;  mais  il  écrivoiC 
d  ailleurs  avec  purVté  ,   et  sou- 
v<;nt  avec  élégance.  U  unissoit  à 
un  crsprit  éclairé  une  ame  com- 
patissante \  et  quoiqu'il  eut  beau- 
coup de  zèle  pour  La  religion ,  il 
ne  fut  point  aussi  intolérant  que 
certains  écrivains' ont  cherché  à 
le  peindre.  Mallet  du  Pan  qui  le 
blâme  sur  sa  présidence  de  l'as- 
semblée, lui  a  rendu  cependant 
justice  sur  ses  qualités .  person-^ 
nelles,  et  en  a  tracé  ce  portraiC: 

«(  En  d^'sapprouvant  la  foiblesse 
qu'eut  l'archevêque  de  Vienne  de 
fl.^chir  devant  des  circonstances 
qu'il  jugea  impérieuses  ,  on  doit 
jomdre  l'ologe  des  vertus  évan- 
géîiqnes  dont  ce  prélat  fut  le 
modèle  pendant  quarante  an?.  U 
est  juste  de  rappeler  qu'aucél 


J 


PO  M 

phiistrfe  de  Téglise  ne  montra 
des  mœurs  plus  austères  ,  plus 
il'éloignement  pour  toutes  es- 
pèces de  mondanités  ,  plus  de 
dévouement  à  ses  devoirs ,  plus 
de  science,  plus  de  simplicité  ^ 
pins  de  titres  à  la  vénération 
dont  il  étoit  l'objet  dans  le  clergé 
catholique.  Il  avoit  passé  sa  vie 
à  combattre  la  nouvelle  philo- 
sophie ;  et  les  injures  de  Voltaire 
contre  lui  sont ,  je  pense  ,  un 
correctif  assez  frappant  de  celle 
que  lui  valut  sa  conduite  à  l'as- 
semblée Nationale.il  ne  fut  pns 
assez  en  garde  contre  les  illu- 
sions dont  on  l'avoit  bercé  en 
DaufÀiné  ,  et  contre  l'ascendant 
qu'on  a  vois  pris  sur  lui.  £hi  par 
les  états  de  sa  province  dans  une 
assemblée  commune  des  trois  or- 
dres ,  il  reçut  le  mandat  impé- 
ratif de  persévérer  dans  cette 
forme  de  délibération  ,  et  la  dé* 
patation  entière  du  Dauphiné  lui 
donna  l'exemple  de  respecter  cet 
engagement  jusqu'à  ce  qu'une  loi 
en  déliât.  » 


POMPONIA  -  GR^CINA  , 

dame  Romaine  ,  Fut  un  modèle 
d'amitié.  Julie  nièce  de  l'empO" 
reur  CLiude  ,  ayant  été  mise  à 
mort  parce  qtie  ses  vertus  fai** 
soient  ombrage  à  Mescaline ,  son 
amie  Pomponia  passa  quarante 
ans  k  la  pleurer.,  à  en  porter  le 
deuil,  à  nourrir  sa  douleur  dans 
la  solitude  et  l'éloigneinent  de 
tous  les  plaisirs.  La  mort  seule 
vint  mettre  un  terme  à  son  cha- 
grin et  à  ses  regrets. 

'  PONOmS,  (N.  Montagne, 
marquis  de)  né  en  Forez,  s'est 
fait  connoître  par  dés  écrits  et 
des  travaux  qui,  produits  par  le 
désir  d'être  utile ,  n'en  furent 
pas  moins  bizarres  ;  ils  annon- 
cèrent en  lui  le  cœur  d'un  bon 
•itoyen  uni  à  une  imagination 


P  O  N        28j 

pea  réglée.  Il  a  publié  un  ou- 
vrage ^  intitulé  :  Le  grand  Œuvr0^ 
de  l'Agriculture  f  1779  ?  in— 12. 
Poncinf ,  réfugié  dans  une  mai** 
son  de  campagne  près  de  Lyon 
pendant  le  siéf^e  de  cette  viHa^ 
y  fut  tué  en  1793. 

PONÏATOWSKI,  roy.  Sta^ 

NISLAS-AUOUSTB. 

L  PONS,  (Jacques)  de  Lyon, 
médecin  ordinaire  du  roi^vivoit 
en  (  596 ,  et  publia  un  Traité  sur 
les  dangers  et  les  abus  de  la  sai'* 
gnée. — Son  neveu  Clunde  PoNS^ 
aussi  médecin,  établit  dans  un 
écrit  imprimé  en  1600,  que  la 
thériaque  de  Home  et  de  Venist 
étoit  préférable  à  celle  faite  à 
Lyon. 

PONTEAU ,  (N.  Boissard  de) 
devint  entrepreneur  de  l'opéra 
comique  à  Paris  ,  et  y  donna 
plusieurs  pièces ,  VHeuwe  du  Ber-* 
ger  ,  Arleqhin  Atys ,  V Ecole  de 
Mars  ,  VArt  et  la  Nature  ,  le 
Compliment,  le  Hasard,  l'Œil 
du  Maître,  Il  travailla  aussi  de 
concert  avec  Pannart ,  Favart  et 
Fagan  à  diverses  autres. 

P0NTBJ[11A1SD,  (Réné« 
François  de  Breuil  de  )  cha-* 
,noine  de  Rennes  ,  moi  t  dans 
cette  ville  en  1767  ,  étoit  un 
esprit  subtil  et  quelquefois  trop 
.métaphysique.  Son  Incrédule  déf 
l/^ompé ,  1762,  in-8®,  et  seê 
Nouvelles  vues  sur  le  système  de 
VVnivers  eurent  quelques  succès 
dans  le  temps. 

'    *   L   PONTCHARTRAIN , 

(Paul  Phelypeaux,  seigneur  de) 
quatrième  fils  de  Louis  Phely-^ 
peaux  seigneur  de  la  y.rilUère^ 
naquit  à  Blois  en -i  669.  La  fa-» 
mille  de  Phelypeaux  que  cer- 
tains généalogistes  font  remon-» 
ter  juigtt'^H  xui*  siècle  )  n'étoit 


L 


1 


iSS       P  O  N 

^ères  connue  avant  lui.  Paul 
Fhelypeaux  joignant  k  la  fa- 
cilité d*im  heureux  génie  toutes 
les  lumières  d'une  excellente  édu- 
cation ^  entra  dans  les  affaires 
dè^  i588.  Il  se  perfectionna  sous 
Villcroy  ,  et  fut  pourvu  par 
Jffenri  TV  de  la  charge  de  secré- 
taire des  commandemens  de  Mis— 
rie  de  Medicis.  Cette  princesse, 
fatis Faite  de  son  zèle ,  lui  pro- 
cura celle  de  secrétaire  d'ét&t 
"teji  1610,  peu  de  temps  avant  là 
tnort  déplorable  de  Henri  Ff^» 
JDans  les  temps  orageux  de  la 
régence,  il  aida  la  reine  à  main- 
tenir le  pouvoir  du  trône  et  la 
tranquillité  des  peuples. Les  mon- 
•Veraens  des  Huguenots  furent 
réprimés  par  ses  soins.  Enfin  le 
roi  ayant  été  obligé  d'armer 
contr*eux,  il  le  suivit  en  Guienne 
en  162 1.  Il  tomba  malade  au 
'si^ge  de^  Montauban  ,  et  alla 
mourir  à  Castel-Sarrazin ,  le  21 
octo|)re  de  la  même  année,  âgé 
de  52  ans.  Ses  travaux  avoient 
'épuisé  ses  forces  ejt  hâté  sa  mort. 
*Son  fils  aîné,  qui  étoit  conseiller 
au  parlement ,  gendre  du  fameux 
avocat  igénéral  Talon  ,  ne  lui 
«uccéda  pas.  La  place  de  Paul 
'Phelypeaux  passaà  son  frère  cadet 
JRaimond  Phelypêaux  d^Herbùut, 
qui  avoit  été  d'abord  greffier  du 
^conseil  privé  ,  ensuite  trésorier 
■de  l'épargne.  Il  monrut  en  1629. 
On  iT  de  Paul  Phelypêaux  des 
^Mémoires  intéressans ,  la  Haye  ^ 
''1720 ,  deux  vol.  in-8.» 

PONTOPPIDAK,  (Êftc) 

.ïvêque  de  Bergen  en  Norvège , 
réunit  aux  vertus  de  son  état  le 
savoir  et  l'amour  des  lettres.  On 
lui  doit  :  Une  Histoire  de  la  ré- 
forme en  Danemarck  ^  et  une 
autre  de  la  Norwége,  qui  est  ins- 
tructive et  curieuse.  Cet  auteur 
fit  moi^t  au  miliçu  d\fL  18^  siècle. 


-^  Oh  né  doit  pa$  fe  cohfondA 
^yec  son  grand  oncle,  nommé 
aussi  Eric  Pontofpidàn.  Celui- 
ci  ,  évéque  de  Dk-bntbeim ,  est 
huteur  d'une  Orarrùhâire  Danoise 
très-estimée. 

PORCAHUGUES  ,    Voyei 

AZALAfS. 

PORQUET,  (Pierre-Charles- 
François)  né  à  Vire  en  Nor- 
roandie  le  ii  janvier  1728, de* 
vint  aumènier  de  Stanishu  rot 
de  Pologne ,  et  plut  à  la  conr  de 
Luneville  par  son  esprit  agréa- 
ble. Il  cultivoit  la  poésie ,  et  ea 
fit  naître  Je  go&t  à  M.  de  Bouf-^ 
flers  dont  il  avoit  été  précepteur* 
Les  Almanachs  des  Muses  reo-ii 
%rment  plusieurs  pièces  de  l'abbé 
Porquet ,  et  Ton  distingue  parmi 
elles  une  Ode  sur  le  bonhenr, 
et  des  Stantfes  Sur  l'espéranee^ 
Nous  nous  permettrons  d'en  citer 
deux  antres  très- courtes ,  parce 
qu'elles  jpetiveîit  faire  juger  do 
talent  et  du  genre  d'esprit  de 
l'auteur.  La  première  est  sur  l'a-* 
'mour  propre  : 

De  son  dptit ,  dit*<m ,  V^koutme  peoM 

trop  bien  : 
Ccst  le   coitamofi  avis  :  pour  mol  »  fè 

B*eA  crois  rlén. 
Votre  esprit  -a  sa  conscieiice  t 
De  sa  ibibletse  on  ne  fait  point  VM^tnf 
Mais  on  Ik  sbnt',On  est  ftiste  en  silcacc 
Snr  ce  point  délicat ,  bien  ^*on  en  souf&rf 

^  pcta  ; 
les  pins  'sévères  yens  sont  peut-être  lâ 

nôtre». 
Ob  ne  se  srdmpe  point  ;  on  Vent  wH^ 

les  antres  ; 
Surprendre   tenr  eetiaae    eac  vu  larcb 

permis  , 
£t  nos  dupes  tonjoilfisoiiflBOSfliei&M* 

amis.  f 

ta  seconde  est  une  réponse  à  ^V 
personne  qui  demanaoit  ce  q[Hf 


POR 

(iStoit  que  des  longueurs  dans  nn 
Ouvrage  : 

Est  trop  conrt  qo!  me  platt  »    wt  trop 

\otk%  qui  m'eanuie; 
Sur  riiratila  senl  le  bon  goût  se  récrie  i 
Et  le  sentiment  in4m£  a  sa  précision. 
^  richesse  de  Fart  nak  de  réconomie» 
Daas  na  tableav  bien  ùit  tom  est  ex* 


pression. 
Cette  science  est  pev  comnvne  | 
Cest  le  secret  des  bons  antents. 
^Wrage  le  pins  conrt  pent  aroir  des 

longnenis  ; 
Le  pins  long  n'en  avoir  ancnne* 

t'abbé  Porquet  étoit  d*une  très- 
petite  stature  et  d'une  très-petite 
santé  ;  aussi  dtsoit  —  il  de  lui— 
Blême  :  Je  'ne  suis  qu  empaillé  dans 
jra  peau  ;  et  Mad.  de  Bouffiert 
wi  ifaisoit  dire  dans  un  couplet  : 

Rélâs  t  <^el  est  mon  sort  ! 
X'ean  me  fait  mat ,  le  tin  m^eaiTrc  » 
Et  le  café  fiort 
Bke  inet  à  la  mort. 

\  Cet  abbé  se  prôtoit  avec  grâce 

;  a  toutes  les  plaisanteries ,  à  tous 

'  les  jeux  de  la  société  ,  et  réu- 

nissoit  le  bel  esnrit  au  bon  esprit« 

b  est  mort  à  l'âge  de  78  ans  |  le 

20  novembre  1796* 

tORtlAL ,  (  Claude  )  médecin 
3»  Lyon  ,  anobli  par  la  reine 
,  "Cathenne  de  Médicis  à  laquelle 
fl  donna  des  soins  lorsqu'elle  passa 
a  Lyon,  publia  en  1 53^  un  Corn— 
hentaire  d'Aranius ,  sur  le  Traité 
^Hippocrate ,  relatif  aux  blessu- 
res de  la  tôte.  Il  a  été  réimprimé 
en  1579. 

PORRUS ,  (  Pierre-Paul  )  im- 
primeur Milanois ,  vint  prendre 
*on  domicile  à  Turin  dans  le 
*6«  siècle,  et  y  publia  un  ^rand 
îiombre  d'éditions  recherchées, 
^n  distingue  le  Pséautier  Penta^ 
%htic  de  Justiniani,   Sa  devisa 


1>  O  R        187 

î^toit  un  porreau  placé  entre  deux 
P ,  par  allusion  aux  trois  de  son 
nom.  Foyez  Justiniani. 

*  ra.  PORTE ,  <  l'Abbé  Joseph 
de  la)  né  à  Béfort  en  1718^ 
jDort  à  Paris  en  décemlire  17799 
à  61  ans,  dans  des  sentimenv 
très-chrétiens,  fut  pendant  quel«- 
que  temps  )ë suite.  Ayant  quitté 
cette  société  ,  il  vint  à  Paris  et  il 
y  publia  V Antiquaire ,  comédit 
en  vers  et  en  trois  actes ,  qui  n*a 

Jamais  franchi  l'enceinte  des  col- 
ége^  oii  elle  a  été  fouée.  La  poésie 
nétoit  point  son  talent  ;  il  je 
tourna  du  côté  de  la  prose.  H 
commença  en  1749,  des  Feuillet 
périodiques ,  intitulées  :  Observa^ 
Uons  sur  la  Littérature  moderne  , 
dans  lesquelles  il  louoit  tout  co 
que  Fréron  critiqnoit.  et  il  déchût 
Toit  impitoya|>lement  tout  ce  qud 
celui-ci  exaltoit  ;  ce  Journal  finit 
au  neuvième  volume.  Il  offrit 
alors  sa  plume  à  Fréron,  et  eut 
part  aux  quarante  premiers  vo- 
lumes de  L'Année  littéraire.  Il  fit 
plus  de  la  moitié  de  l'ouvrage  ^ 
et  ne  reçut  cependant,  suivant 
le  traité  fait  avec  le  journaliste 
^n  chef ,  que  le  quart,  parce  que 
Fréron  j  meilleur  écrivain  que 
lui,  polissoit  son  style.  Les  deuk 
juges  du  Parnasse  s'étant  brouillés^ 
l'abbé  de  la  Parie  publia  son 
Observateur  littéraire.  Ces  nou- 
velles Feuilles  périodiques ,  quoi- 
que faites  avec  assez  de  soin, 
écrites  d'un  style  net  et  asseis 
agréable  ,  eurent  peu  de  succès  9 
malgré  les  éloges  des  philosophes 
que  la  Porte  louoi( ,  parce  que 
son  antagoniste  les  déprimoit.... 
L'article  de  ce  critique  qui  fit  le 
plus  de  bruit ,  ce  fut  une  revue 
des  Feuilles  de  Fréron ,  dans 
laquelle  se  trouvoit  d'un  côté  la 
liste  de  tous  ceux  que  ce  dernier 
avoit  loués  ^  et  de  l'autre ,  celle 


«- 

^ 


xii       P  O  R  P  O  R 

és  ceux  f[a*il  avoit  censurés  avec  aetoelleiDent  en  28  vol.  L'abbé 

amertume.  11  se  trouva  que  les  de  la  Paru  mourut  avec  10,000 

premiors  étoient  les  écrivains  les  livres  de  rente  ,  qn  il  ne  devoit 

plus  obKors,  et  les  auteurs  dé-  qu'à  sa  manu  facture.  «L'abbé  <ie  la 

Bigrés  les  chefs  de  notre  Uttéra*-  Porte  est  mort  ,  dit  la  Harpe 

tore.  Les  Journaux  s'étant  mul-  dans   sa    Correspondance ,   sans 

tipliés  k  rinfini  ,  la  PorU  fut  qu'on    ait    fait    beaucoup   plus 

obligé    d'abandonner    le    sien  ,  d'attention  à  sa  mort  qu'à  sa  vie» 

tandis  que  celui  de  Fréroa  8ul>-  C'est  pourtant  un  homme  qui  a 

sistoit    avec    éclat.    C'est   alors  fait  imprimer  quantité  de  kvres, 

qnil  forma  un  atelier  littéraire,  non  qu'il  fut  auteur  de  beaucoup 

dans  lequel  il  fit  fabriquer  par  ses  d'ouvrages;  mais  il  est   un  des 

QO^\sXe%  son  Ecole  de  LiUirature^  premiers  qui  aient  imaginé  ces 

deux  vol  ii^i2 ,  oii  il  n'y  a  guère  compilatioiis  de  toute  espèce  qui 

de  lui  que  le  titre  et  la  préface;  ont  mis  presque  toute  notre  li- 

V Histoire  littéraire  des  Femmes  brairie  en  Esprits  et  en  Extraits, 

Françaises,   5  vol.  in- 80,  qu'on  L'abbé  de  la  Porte  étoit  en  ce 

ponrroitréduireenuntol.in-ia,  genre  le  fripier  le  plus  actif  ;  il 

si  l'on  se  bomoit  à  ce  qu'il  y  «voit  coutume  de  dire  que,  pont 

A    d'intéressant  ;  les  jinecdotes  s'enrichir  il  ne  falloit  pas  faira 

Dramatiques,  trois  vol.  in-8*,  des  livres,  mais  en  imprimer;  il 

le  Dictionnaire  Dramatique  ,troiB  *  gagné  eneffat  beaucoup  d'argent 

vol.    in-8*;  un  grand  nombre  *   r'habiller   ainsi   les    ouvrages 

4'Almanachs ,  en  particulier  celui  d'autrui.  >.  Ce  raaltôtier  littéraire 

des   Spectacles^  etc.  etc.  Mais,  étoit   si   avide    d'argent,  que, 

de  toutes   ses  compilations ,  la  dès  qu'il  paroissoit  un  ouvrage 

plusconnueestle Foy^earFra».  passable  en  province ,  il  se  l'ap- 

^ois ,  en  24  vol.  in-i».  Ce  livre  proprioit  quoique  l'auteur  fût  vi- 

a  les  agrémens  d'une  histoire  et  ▼ant  et  le  publioit  à  Paris.  C'est 

d'un  roman;  on  reproche  même  ce  qu'il  fit  pour  la  Bibliothèque 

k   l'auteur  d'avoir    prodigué  les  f  "«  homme  de  goût ,  imprimée 

•mbellissemens  romanesques ,  les  «   AVignon   en  deux  vol.  in- 1  a. 

contes  indécens ,  les  détails  peu  D  «>«  empara ,  et  en  fit  une  com- 

favorables  aux  moeurs  et  à  la  re-  pUation  indigeste  en  quatre  vol. 

Jigion.  En  général,  il  est  écrit  iQ-'»-  Su  collection  n'ayant  pas 

avec  plus  de  soin  que  les  autres  réussi ,  il  ne  manqua  pas  de  lat- 

•uvrages  de  l'abbé  de  la  PorU  tribuer    à    l'auteur  de  ce  Bi9^ 

<Iui,suivantuncritiqne,étoittou-  lion/taire,  qui  n'a  jamais  eu  It 

loun  pressé  de  mal/aire.  On  yt}it  moindre    part   à   cette  second* 

bien  que  l'auteur  n'a  voyagé  que  édition ,  et  qui  a  fourni  senle- 

la  plume  à  la  raain.,  qu'il  con-  ment  des   morceaux  à   la  pre- 

noit   souvent  très-peu  les  pays  mière ,  tels  que  le  chapitre  de« 

dont  a  parle,  qu'il  les  fait  con-  Moralistes,  etc.  etc.  Cette  dou- 

xioître  quelquefois  d'après  d'an-  ble  manœuvre  de  voler  un  ou- 

ciens  voyageurs ,  et  par  consé-  vrage ,  4e  le  vendre  tout  déft- 

quent  très-4nal.  MaU  les  gens  guré  à  un  libraire ,  et  d'imputer 

du  monde  et  les  femmes  n'ont  ses  sottises  à  un  autre,  fait  con- 

pas   examiné  si  sévèrement  un  noître  mieux  que  tout  cequ^a 

hvte  qui  les  amusoit.  M.  l'abbé  pourroit  dire ,  le  caraatère  (» 

de  Fontenai  le  «ontinua?  U  c>t  l'abbé  d^la  PorU.  Cetagioieiu 

spirituel 


À 


^liritiiel  mît  encore  k  Fatamoîi 
beaucoup  d'aùtetirs  estimés  ou 
ftimeux ,  pour  en  extraire  la  subs- 
tance. On  liil  dbik  leS  Pensées  de 
^assïUoh;  l'Esprit  de  i,J.  Rous- 
seau ,  YEsprU  du  P.  Casteli  \' Es- 
prit d&s  Monarques  Philosophes  i 
XEsprit  de  Maritaux  ;  VÈsprit 
de  Fan tèn elle  ;  YJSsprit  ie  deè 
Fontaines  qui  lui  produisit  (][uatré 
itio'r'mes  vdliimès  ^  tandis  que  lé 
J»enseur  et  substantiel  Rousseau 
fte  lui  Fournit  qiie  deux  bro-* 
ihares.  t*lus  attaché  à  Tor  qu'a 
la  gloire ,  il  étoit  peu  sensible  à 
la  critique ,  et  dans  la  société  il 
bntendoit  plaisanterie, 

,  *  IV.  PORTE,  (Pierre  de  la) 

int  d'abord  porte-manteau  de  la 

ir^ine  Anne  d'Autriche  ^  ptiis  mai* 

ire  d^hôtel  et  preinier.  yalet  de 

khambre  de  Louis  XlV*  Il  mou-* 

bt  à  Paris  le  1 3  Septembre  1 680  ^ 

t  77  ans.  Sincèrement  attaché  à 

la  maîtresse  ^   là  Porte   fut  le 

ieul  ministre  des  correspondanceà 

Qu'elle   entrétenoit    Secrètement 

■vec  les  rois  d'Espagne  fet  d'An- 

fleterre ,    alors    ennemis  de  la 

France.  Le  cardinal  de  Bichelieii 

«yant  soupçonné  les  services  qu'il 

rendoit  à  la  reine,  le  fit  mettre 

A  la  Bastille ,  011  il  le  menaça 

*n  vain  de  la  niort  pour  le  forcer 

à  trahir  les  secrets  de  cette  prin j 

tesse;  La  Porte  souffrit  beaucoup 

<bns   sa  prison    et    n'en   sortit 

(lue  lorsque  Louis  XIIÏ  se  fut 

réconcilié  avec  son  épouse;  De 

la  Bastille  il  fut  envoyé  en  exil 

J  Saiimur  •  oh  il  demeura  jusqu'à 

la  mort  au  roi.  Alors  la  reine 

tégente  )e  rappela  à  là  cour ,  lui 

nt  d'abord  du  bien  ;  mais  ayant 

découvert  à  la  reine  une  chose 

tttr  laquelle  il  devoit  se  taire  ^ 

il  ftit  disgracié  par  elle;  On  a 

publié  ses  Mémoires ,  Genève  $ 

1755 1  in-iî.  Le  style  en  est  là- 

[   ^é  5  et  se  ressent  des  premiers 

SupPL»    Tomi  Jllé 


^à^       iH 


temps  oh  fauteur  a  vécu  ;  mais  on 
y  rencontre  quelques  anecdotes', 
qu'oh  ne  trouveroit  point  ail-* 
leurs.  Il  paroit  cependant  hon- 
nête homme,  attaché  à  la  vertu ^ 
et  ennemi  de  l'intrigue  et  de  hgi 
flatterie.  Ayant  remarqué  à  Ruel 
que  Louis  XIV  epcbre  enfant^ 
affectoit  de  faire  le  jsersonnagé 
de  valet,  il  se  mit  dans  son  fau-^ 

^  » 

teuil  le  chapeau  sur  la  téte^  et 
joua  le  rôle  de  Roi.  La  reiiié-^ 
mère  instruite  par  son  fils  dé  ce 
manque  d'égards  ,  le  valet  i)é 
chambre  dit  devant  lui  :  Puisque 
ie  Roi  a  choisi  mon  métier,  n'esta 
U  pûs^  raisonnable  que  je  fasse  iè 
tien  ?  Et  en  vérité  je  ne  perds  pe^s 
au  change.  Le  jeune  prince  attroii 
voulu  qu'on  eut  continué  de  lui 
faire  des  çônteiS  de  peau  d'an» 
pour  l'endormir  ^  It^  Porte  y 
substitua  l'histoire  de  France  par 
Mezerai»  Le  cardinal  Mazarin 
qui  voulôit  prolonger  l'ignorance 
de  sOn  pupille,  dit  à  cette  occa-« 
sion  ,  que  le  domestique,  s'avisoil 
de  faire  lé  gouverneur.  La  Porté- 
toujours  zélé,  toujours  sincère  9 
faisoit  même  à  la  reine  de  petiteé 
remontrances  au  sujet  de  ce  car— 
ainai  ,  qui  çontriouèreint  sané 
()oute  à  accélérer  sa  disgrâce. . 
S'étaiit  montré  hk  la  cour  plut 
fidellè  serviteur  qite  bon  cdurti-^ 
san ,  et  croyant  aller  à  la  fortune 
par  ce  chemin ,  on  lui  a  appliqué 
ce  qu'on  a  dit  du  sort  des  cher-^ 
clieurs  de  pierre  philosophale  : 
tnitiuih  décipi,  médium  lahorûre  ^ 
finis  mendicarfi  Sa  famille  Xi9 
mendia  pas  pourtant.  Son  filf 
ùahriel  de  Ut  Porte  mourut 
doyen  du  pâriement  de  Paris  f 
le  1 1  fevrier  1730 ,  à  .  82  ans  , 
n'ayant  eu  qu'une'  ûlle  môrté 
avant  liii; 

V.  PORTE 4  (Jacques  dfeîa) 
Architecte  de  Milan,  voûta  là 
€Ottpel«   d«   Saint '^PUrrê  k9M$ 

T 


\ 


<>  O  T 


290 

Sixte  y ,  et  de  près  le  projet  de 
B/licheU-Ange*  Le  Belvédère  de 
Freecati  est  encore  nn  de  ses 
•urrages. 

T»OTEMKm,  (Grégoire- 
Alexandre  )  né  en  1 786  à  âmo* 
lensko,  d'une  famille  d*ongine 
Polonoise  ,  éfioit  enseigne  de  la 
garde  à  cheval ,  lorsque  Cathe^ 
rine  IT  pour  se  faire  reconnoitre 
impératrice,  parcouroit  les  rangs 
dus  gardes  dont  elle  vouloit  se 
faire  un  appui.  Elle  étoit  elle- 
même  à  cheval  et  en  uniforme. 
Fotemkin  voyant  qu'elle  n'avoit 
point  de  dragonne  à  son  épée  , 
détacha  la  sienne  et  s'avança  pour 
la  lai  oflfrir.  Cette  attention  le 
fit  distinguer.  Sa  grâce  ,  son 
agilité  fixèrent  bientôt  en  sa  fa-> 
▼eur  le  cour  de  sa  souveraine. 
6a  fierté  lui  attira  bientôt  la 
baine  des  Orloff ,  et  dans  une 
querelle  qu'il  eut  aVec  Alexis 
i>rloff^  iJ  reçut  un  coup  à  l'œil 
qui  le  lui  fit  perdre.  L'impéra- 
trice Lb  consola  de  cet  accident 
«n  le  nommant  ministre  de  la 
irnerre.  Ce  fut  lui  qui  donna 
Pidée  k  sa  souveraine  de  s'em pa- 
rer de  la  Crimée  et  de  jeter  les 
ibndemens  de  la  ville  de  Cher- 
ton.  Elle  fut  fondée  en  1778 
sur  les  bords  du  Niéper,  à  dix 
Urues  d'Oèzackow  ;  bientôt  v*\près 
•lie  contenoit  plus  de  quarante 
mille  habitons  et  un  superbe  chan- 
tier pour  la  marine.  Polemkin 
introduisit  dans  la  Crimée  plu- 
sieurs arbres  frliitiers  ,  et  près 
de  Soudak  la  distillation  de  l'eau 
dé  vie.  On  lui  dut  la  grande  ma- 
nufacture de  verrerie  et  de  glaces 
établie  à  Pétersbourg ,  et  qui  est 
devenue  supérieure  pour  la  gran- 
deur et  la  beauté  des  ouvragds 
à  celles  de  Venise  et  de  Paris. 
Poiemkin  »  amateur  des  arts ,  pas- 
•{•nné.pouj:  la  musique  y  se  faif« 


POT 

Soit  snirre  par-tout  par  ^«ttrf^ 
riiigts  musiciens.  Possesseur  d'iqi* 
menses  terres ,  de  plusieurs  cas- 
settes remplies  de  pierres  pré* 
cienses  ,  et  des  billets  de  banqat 
de  toutes  les  nations  commer- 
çantes de  l'Europe  9  il  y  réunit 
les  riches  dépouilles  des  prineei 
Lubomietski  et  Sapieha  en  Po« 
dolie  et  en  Lithuanie  ,  le  gOH« 
vernement  de  la  Tauridc  et  le 
grade  de  grand  amiral  de  la  mer 
Noire.  Il  manquoit  à  son  orgued 
le  cordon  de  l'ordre  de  Saint- 
George»  Pour  l'obtenir  ^  il  fal-« 
loit  avoir  commandé  une  armée 
en  chef  et  avoir  remporté  ud4 
victoire  ;  Potemkin  fit  renouveler 
la  guerre  contré  la  Turquie  eu 
1787.  Placé  alors  à  la  tête  d'une 
armée  de  1 5 0,000  hommes,  ayant 
sous  ses  ordres  plusieurs  autres 
corps  d'armée  commandés  par  des 
généraux  de  marque ,  revêtu  d'un 
pouvoir  sans  bornes ,   régissant 
despotiqueraent  le   département 
de  la  guerre  ,  tout  fit  craindre 
un  instant  qu'il  n'allât  conqiiérif 
des  états  pour  s'en  déclarer  liii- 
môme  le  souverain.  Bientôt ,  de 
nombreux  combats  inondèrent  de 
sang  les  plaines.  d'Otzackow  •  da 
Kuban  et  de  la  petite  Tartarie. 
La  famine  et  la  peste  se  réuni- 
rent au  carnage  pour  les  déva*« 
ter ,  et  il  fallut  apporter  des  con- 
trées lointaines  tout  ce  qui  étoit 
nécessaire  à  l'approvisionheroent 
d'une  foule  d'hommes.  Potemkin 
assiégea  Oczackow  au  milieu  dei 
frimats  les  plus  rigoureux  j  !<?* 
habitans  pour  diminuer  l'atteinte 
du  froid  avoient  été  forcés  de  se 
creuser  des  huttes  souterraines; 
le  général  Russe  fit  donner  i'a^ 
saut  ,  livra  la  ville  pendant  trois 
joprs  au  pillage  ,  et  en  fit  passer 
là  garnison  et  les  habitans  au  £1 
de  l'épée.  Cette  terrible  exécu- 
tion csruta  la  vie  à  vingt -ciu^ 


À 


POT 

ih8îejnrc3;  mais  elle  procura 
à  Pozemkin  un  présent  de  cent 
mille  roubles  ,  le  titre  d'Hotman 
bu  chef  des  Cosiiques  y  et  un 
bâton  de  commandement  garni 
dô  diamans  et  entouré  d'une  bran- 
che de  laurier.  Les  faveurs  de 
l'impératrice  ne  se  bornèrent  pas 
là  ;  au  mois  de  mars  1791  ,  Po- 
Umkin  revint  à  Pétersbourg  jouir 
de  sa  gloire.  Sa  souveraine  lui 
prodigua  les  fêtes  ,  lui  fit  don 
du  palais  deTauride  et  d'un  habit 
brodé  en  diaman« ,  «stimé  dçux 
cent  mille  roubles.  Ce  fivori  étala 
alors  le  luxe  le  plus  extrême.  Cha- 
cun de  ses  repas  coùtoit  800  rou- 
bles ;  on  y  tronvoit  les  mets  le$ 
plus  rares  et  des  cerises  au  cœur 
de  l'hiver ,  qu'on  avoit  payées  un 
rouble  la  pièce.  Potemkin  se  ren- 
dit bientôt  au  congrès  d'Yassi, 
^Jii  devoit  assurer  la  paix  entre 
\^  Russie  et  la  Turquie  ;  mais  il 
ne  put  s'occuper  long-temps  des 
négociations ,  ayant  été  attaqué 
de  la  maladie  qui  y  rén;noit.  Il 
avoit  auprès  de  lui  Tlnmann  et 
Menât  ,  les  deux  plus  célèbres 
niédecins  de  Pétersbourg  ,  mais 
il  dédaigna  leurs  conseils  et. ne 
voulut  point  borner  son  intem- 
pérance excessive.  On  dit  qu'il 
Biangeoit  à  son  déjeûner  une  oie 
entière  ou  un  jambon  ^  buvoit 
une  quantité  énorme  de  vin  et 
de  liqueur  de  Dantzig  9  et  dinoit 
tnsuite  avec  la  même  voracité. 
Huit  jours  avant  sa  mort  ,  le 
grand  visir  lui  envoya  un  homme 
de  confianee  pour  !•  prier  de  se 
Telâcher  sur  quelqiies  articles  de 
•et  propositions  de  paix  ,  parce 
^e  s'il  étoit  dans  la  nécessité 
d'y  souscrire  ,  il  craighoit  de  si- 
per  en  même  temps  son  arrêt 
de  mort.  Malgré  cette  prière, 
Potemkin  ne  le  refusa  pas  moins. 
L'air  d'Yassi  lui  paroissant  in— 
ulttbre  ^  il  voulut  19  rendre  à 


P  O  T       191 

Nlfolaeff,  mais  à  peins  eut -il 
fait  trois  lieues  qu'il  se  trouva 
plus  mal.  Il  descendit  de  voiture 
sur  le  grand  chemin  ,  et  mourut 
«ous  un  arbre  le  1 5  octobre  1791, 
à  l'âge  de  55  ans.  Il  fut  aussitôt 
transporté  à  Ckerson  ,  où  l'im-^ 
pératrice  destina  loo^ooo  roubles 
pour  lui  ériger  un  mausolée.  Des- 
pote violent ,  impérieux  ^  il  eut 
du  courage  et  de  l'audace,  ft  Son 
ambition ,  dit  Castera  ,  fut  in-« 
constante  et  capricieuse.  Il  vou^ 
lut  quelque  temps  être  duc  d« 
Courlande  et  roi  de  Pologne* 
Bientôt  après  ^  il  trouva  ces  sou- 
verainetés trop  su})ordonnées  ^  £t 
il  leur  préféra  fespoir  de  chasser 
les  Ottomans  de  l'Europe ,  pour 
fonder  un  nouvel  empire  sur  kg 
débris  du  leur.  Dès  les  premierii 
instans  de  sa  faveur ,  il  s'accou-^ 
tuma  à  traiter  despotiquemenC 
tout  ce  qui  Tentouroif.  Vêtu 
d'une  simple  robe  de  chambre,^ 
les  jambes  nues  et  étendu  sur  ua 
canapé ,  il  recevoit  les  courtisant 
et  les  ministres  étrangers  sans 
daigner  leur  offrir  de  s'asseoir  ; 
et  plus  d'une  fois  il  se  permit  dd 
porter  une  main  insolente  sur 
les  grands  qui  ne  voul oient  pas 
ramper  devant  lui.  »  M.  de  Stigur 
ambassadeur  de  France  à  Péters- 
bourg ,  qui  a  décrit  avec  autant 
d'énergie  que  de  profondeur  la 
politique  des  diverses  cours  du 
Nord  dans  ces  derniers  temps  ^ 
trace  ce  portrait  de  Potemkiit 
qui  mérite  d'être  rapporté  :  «  Cet 
nomme  ^  dit-il ,  fut  l'un  des  plu* 
extraordinaires  de  son  siècle.  Un 
hasard  singulier  le  créa  pour  Fé- 
poque  qui  lui  convenoit  :  il  ras- 
semblorit  dans  sa  personne  les 
défauts  et  les  avantages  les  p]u» 
opposés.  Avare  et  magnifique  j 
despote  et  populaire  ,  dur  et  bien- 
faisant ,  orgueilleux  et  caressant^ 
politique  et  confiant ,  libertia  et 

T  % 


19»       POT 

snpentitteux ,  audacieux  et  ti- 
mide ,  ambitieux  et  indiscret , 
prodigue  avec  ses  parens ,  ses 
maîtresses  et  se)(  favoris,  il  ne 
payoit  souvent  ni  sa  maison  ni 
«es  créanciers.  Rien  n'égaloit  l'ac- 
tivité de  son  imagination  ^  ni  la 
paresse  de  son  corps.  Aucun  dan- 
ger n'effrayoit  son  conrage  ;  au- 
cune difHciilté  ne  le  faisoit  re- 
nonceV  à  ses  projets,  mais  le  suc- 
cès le  dégoiUoit  de  ce  qu'il  avoit 
entrepris.  H  fatiguoit  Tempire 
par  le  nombre  de  ses  emplois  et 
par  l'étendue  de  sa  puissance ,  et 
il  étoit  lui-même  fatigué  du  poids 
de  son  existence  ,  envieux  de 
tout  ce  qu'il  ne  faisoit  pas  et  en- 
nuyé de  ce  qu'il  faisoit.  Il  ne  sa— 
woit  ni  goûter  le  repos ,  ni  jouir 
de  ses  occupations.  Tout  en  lui 
étoit  décousu  ,  travail ,  plaisir  , 
caractère ,  maintien  ;  il  avoit  l'air 
embarrassé  dans  toutes  les  so- 
ciétés, et  sa  présence  génoit  tout 
le  monde.  Il  traitoit  avec  humeur 
ceux  qui  le  craignbient ,  et  ca- 
ressoit  ceux  qui  l'abordoient  fa- 
milièrement. Il  promettoit  tou- 
jours ,  tenoit  peu  et  n'oublioit 
jamais  rien.  Personne  n*avoit 
moins  lu  que  lui ,  et  peu  de  gens 
étoient  plus  instruits.  Il  avoit 
•ausé  a^ec  des  hommes  habiles 
dans  toutes  les  professions ,  dans 
toutes  les  sciences ,  dans  tous  les 
arts.  Oa  ne  sut  jamais  mieux 
pomper  et  s'approprier  le  savoir 
des  autres.  U  anroit  étonné  dans 
«ne  conversation  un  littérateur  , 
un  artiste ,  un  artisan  et  un  théo- 
logien. Son  instruction  n'étoit 
pas  profonde  ,  mais  elle  étoit 
fort  étendue.  Il  n'approfondissoit 
rien ,  mais  il  parloit  bien  de  tout. 
L'inégalité  de  son  humeur  ré- 
pindoit  une  bizarrerie  inconce- 
table  dans  ses  désirs  ^  dans  sa 
conduite  ,  dans  sa  manière  de 
l^vrik  T9nt9t  U  formott  k  projet 


POT 

de  devenir  souverain  ;  tantM  jf 
montroit  le  désir  de  se  faifl  évè— 
que  ou  même  simple  moine.  U 
bàtissoit  un  palais  superbe  ,  et 
vouloit  le  vendre  avant  qu'il  fut 
achevé.  Un  jour  il  ne  revoit  qu  a 
la  guerre  et  n'étoit  entouré  que 
d'officiers  ,  de  Tartares  et  de  Co- 
saques. Le  lendemain ,  il  ne  son- 
geoit  qu'à  la  politique  ;  il  vouloit 
partager  l'empire  Ottoman  ,  et 
mettre  en  mouvement  tous  les  ca- 
binets de  l'Europe.  Dans  d'au- 
tres temps ,   ne  s'occtipant  que 
de  la  cour,  paré  d'habits  magni- 
fiques ,  couvert  de  cordons  de 
toutes  les  puissances ,  étalant  des 
diamans  d'une  grosseur  et  d'une 
blancheur  infinies ,    il    doitnoit 
sans    sujet    de    superbes    fêtes. 
Comme  on  voit  passer  rapide- 
ment ces  météores  brillans,  dont 
l'éclat  étonne,  mais  n'a  rien  de 
solide,  Pof^mAri/icommença  tout, 
n'acheva  rien  ,  dérangea  les  fi- 
nances ,  désorganisa  l'armée ,  dé*- 
peupla  son  pays  et  l'enrichit  de 
nouveaux  déserts.  La   célébrité 
de  l'impératrice  s'est  accrue  par 
ses  conquêtes.  L'admiration  fut 
pour  elle  ;  la  haine  pour  son  mi- 
nistre.   La    postérité    partagera 
peut-être  entr'eux  la  gloire  des 
succès  et  la  sévérité  des  repro- 
ches. Elle  ne  donnera  point  à  Pé»" 
temkia  le  titre  de  grand  homnie, 
mais  elle  le    citera  comme  an 
homme  extraordinaire  ;  et  si  l'on 
veut  le  peindre  avec  vérité ,  oa 
pourra  le  représenter  comme  le 
véritable  emblème,  comme  una 
image    vivante    de   l'empire  de 
Russie^  Il  étoit  en  effet  colossal 
comme  lui ,  rassemblant  dans  soa 
esprit  de  la  culture  et  dts  dé- 
serts. On  y  voyoit  de  FAsiatiquc, 
de  l'Européen  ,  du  Tartare  et  du 
Cosaque;  la  grossièreté  du  n* 
siècle  et  1^  corruption  du  iS'^ 
U  superiicie  de«  arti  et  i'igne-i 


À 


POT 

nnçt  des  cloîtres  ,  l'extérieur  c|e 
la  civilisation  et  beaucoup  de  tra- 
ces de  barbarie.  Ce  portrait  peut 
paroître  gigantesque  ;  mais  ceux 
qui  ont  connu  Potemkin ,  en  at- 
testeront la  vérité.  Cet  homme 
atoit  de  grands  défauts  :  mais 
sans  eux  ,  peut-ôtre  il  n'eût  do- 
miné ni  sa  souveraine  ni  son 
pays.  Le  hasard  le  fit  précisé- 
ment tel  qu'il  devoit  être  ,  ponr 
conserver  si  long—temps  son  pou-  ' 
voir  sur  une  femme  aussi  extra- 
ordinaire. » 

POTKEN,  (Jean)  imprimeur 
Allemand  ,  s'établit  à  liomc  en 
iSiS,  puis  à  Cologne  en  i5i8. 
Pour  se  perfectionner  dans  la 
connoissance  des  langues  orien— 
taies,  il  avoit  voyagé  dans  les 
Indes ,  en  Egypte  et  en  Ethiopie. 
L'ouvrage  le  plus  remarquable 
sorti  de  ses  presses  est  un  Pseau-^ 
lier  in-4" ,  1 5 1 8  ,  en  hébreu ,  en 
grec  ,  en  latin  et  en  éthiopien. 
Potken ,  outre  sa  profession  d'im- 
primeur ,  étoit  encore  prêtre  et 
grammairien. 

II.  POTT ,  (  Percival  )  célèbre 
chirurgien  Anglois  ,  naquit  à 
Londres  en  171 3  et  y  mourut  en 
1788.  Houé  d'un  géjiie  inventif, 
il  perfectionna  divers  iustrumens 
utiles  dans  les  opérations,  et  a 
publié  un  savant  Traité  sur  Içs 
hernies,  un  Autre  sur  les  bles- 
sures et  les  contusions  de  la  tête , 
et  des  Observations  «ur  la  ûstuld 
li'icryinale. 

POUÎÏIER,  (Hector-Ber- 
nard )  doyen  dm,  parlement  de 
^ijon ,  mort  dans  cette  ville  en 
17Z1 ,  deViht  l'un  des  bienfaio- 
teiirs  des  lettres  en  fondant  par 
Ses  dernières  dispositions  l'aca- 
démie de  Dijon  ,  et  en  lui  léguant 
les  foiids  nécessaires  pour  ses 
^;lx  et  ^€4  ea^ei:cijK«fs,  Soa  t^t«ir 


POU        195 

ment  a  été  imprimé  «n  1736 , 

POULLAÎN  DU  Parc  ,  (N.) 
avocat  à  Rennes  ,  se  distingua 
dans  cette  ville  par  son  savoir 
at  son  intégrité.  On  lui  doit  : 
L  Journal  des  audiences  du  par- 
lement de  Bretagne  ,  trois  vol. 
in  — 4**,  dont  le  premier  parut 
en  1737-,  et  le  troisième  en  1763. 
IL  Coutumes  du  pays  et  duché 
de  Bretagne,  1748  ^  3  vol.  in-4.^ 
lU.  Observations  sur  les  ouvrages 
de  la  Bigotière  du  ParckambauU , 
.1766,  in— 12.  IV.  Principes  du 
Droit  François ,  suivant  les  maxi- 
mes de  Bretagne  ^  1767  ,  s  vol. 
in- 1 2.  Il  est  mort  avant  la  ré- 
volution. 

POULLET,  (Pierrard)  a 
donné  en  1598  ,  la  tragédie  de 
Cloriade ,  imprimée  la  môme 
année. 

PÔtJLLETIER  DE  LA  Salle  , 

(François— Paul)  né  à  Lyon  le 
3a  septembre  1713  9  de  l'inten- 
dant  de  la  généralité  de  cette 
ville  ,  fut  envoyé  par  ce  dernier 
à  Paris  pour  suivre  le  cours  de 
droit  ;   mais  le  Jeune  PoulUtier 
les  négligea  pour  s'attacher  avec 
ardeur  à  ceux  de  médecine.  En 
vain  voukit-^tr-on  le  nommer  à 
d'importantes  ])laces  dans   l'ad- 
ministration publique,  il  les  re- 
fusa pour  suivre  son  goût.  Bien- 
tôt il  exerça  gratuitement  la  mé- 
decine, et  seulement  en  faveur 
des  pauvres.  U  établit  dans  les 
faubourgs  de  Paris  trois  hospices , 
où  Q^s  derniers  furent  r-ecns  et 
traités  à  ses  dépens.  Intime  ami 
de  Macquer ,  il  l'aida  dans  ses 
expériences^  chimiques  ,  et  con- 
tribua beaucoup  à  son  Diction." 
naire ,  sans  que  sa  modestie  per- 
mit qu'on  le  nom/i<àt.*  Uniqu»^- 
m2x*t  occupé  à  faire  le  bicii)  ia. 


1 


&94       ^  OV 

sie  contiut  d'autres  délassemens 
que  la  «musique  i  et  il  composa 
le  chant  de  plusieurs  morceaux 
«les  opéra  de  Métastasa,  Cet  hom- 
me simple  ,  doux  et  bienfaisant 
termina  son  utile  carrière  au  mois 
de  mars  1788. 

POUPELWIÈRE ,  t^lexan- 
«Ire- Jean- Joseph  le  Riche  de' la) 
mort  à  Paris  sa  patrie ,  en  1762  , 
070  ans ,  étoit  fils  d'un  receveur 
général  des  finances.  Nommé  fer- 
mier général  en  1718  ,  il  invita 
chez  lui  la  bonne  compagnie.  Il 
«voit  une  table  bien  servie ,  oii 
il  rassembloit  les  beaux  esprits 
et  les  gens  à  talens ,  auxquels  il 
faisoit  du  bien  par  vanité.  Comme 
il  aimoit  beaucoup  l'encens ,  il  ne 
vivoit  guère  qu'avec  des  gens  qui 
lui  en  donnoient  pour  son  ar- 
gent et  pour  ses  diners.  Ses  pa- 
rasites Tappeloîent  PolUon,  II  y 
'  avoit  pourtant  quelques  gens  de 
lettres  qui  ne  se  prostenioient 
pas  devant  le  Veau  d*or  ;  Piron 
choqué  un  jour  des  airs  d'im- 
portance qu'il  se  donnoit  ^  lui 
dit  :  Allez  cuver  votre  or.  Il  ai- 
moit beaucoup  les  femmes  9  la 
musique  et  tous  les  plaisirs  ;  et 
sa  bonne  mine ,  son  esprit  et  le 
ton  du  monde  lui  procurèrent 
quelques  aventures  singulières  , 
qui  ajoutèrent  à  sa  réputation 
d'homme  à  bonnes  fortunes.  H 
étoit  poli  et  aimable  ,  quand  il 
»'<^toit  pas  dans  ses  jours  d'hu- 
meur. On  a  de  lui ,  un  Roman 
médiocre,  intitulé  t  Daïra,  his- 
toire orientale,  1761  >  in-8"  et 
in- II. 

POWEJL ,  (  David  )  antiquaire 
!Anglois  ,  naquit  en  i552,  ei^ 
xn6urut  en  1  S^o.  Il  a  publié  une 
histoire  du  pays  de  Galles ,  1 584, 
•-^Un  a  teur  de  ce  nom  ,  nommé 
George  ,  mort  en  1 7 1 4  ,  se  dis- 
tingun  sur  le  tLéàtrc»  An^lois  ^ 


P  Çl  E 

et  a  fait  quatre  TTragédies ,  parmi 
lesquelles  on  a  distingué  cell» 
à* Alphonse  roi  dp  Naples.  —Le 
coureur  Anglois,  Poster  Fowel 
alloit  plus  vite  qu'un  cheval  au 
Çrand  galop  ,  et  à  fait  plusieurs 
fois  la  course  de  Londres  à  Yorck 
sans  s'arrêter. 

POWNAL,  (Jean)  célèbre 
antiquaire  Anglois ,  se  distingua 
d'abo^rd  par  ses  connoissances 
politiques ,  et  fut  nommé  gou- 
verneur de  l'une  des  colonies 
Angloises  dans  l'Améiiqne.  De 
retour  dans  sa  patrie ,  il  renonça 
à  toute  ambition  pour  se  donner 
à  la  culture  des  lettres  ,  et  fut 
reçu  d»  la  société  des  Antiquaires. 
Un  ouvrage  très-érudit  sur  les 
antiquités  Angloises  lui  ouvrit 
l'entrée  j^e  cette  Compagnie  sa- 
vante. L*ai:chéologie  Britannique^ 
renferme  un  grand  nombre  de 
Dissertations  curieuses  de  cet 
écrivain  laborieux.  11  vint  en 
France  en  1787,  et  séjourna 
quelque  temps  à  Lyon  ,  où  il 
publia  une  Dissertation  sur  l'are 
de  triomphe  d'Orange.  Bon ,  gé- 
néreux ,  modeste ,  riche  sans  os- 
tentation ,  ami  des  arts ,  il  a  laissé 
de  lui  un  souvenir  flatteur  par- 
tout oit  il  a  passé.  Pownal  est 
mort  en  1 79 5  ^  à  l'âge  de  soixante 
et  dix  ans. 

PRADE  ,  (Jean  le  Roger) 
né  en  1624  ,  est  auteur  de  trois 
Tragédies  médiocres,  Arsace , 
Annihal  et  Sihanus,  I^a  pre- 
mière seule  fut  représentée  ea 
I  6  6  6  ,  par  là  troufie  de  Jf a- 
Hère* 

PRÉCIEUX  ,  (  Jacmies  )  sa- 
vant bénédictin  ,  né  à  Richelieu 
en  1722  ,  mort  depuis  peu,  « 
travaillé  à  l'Histoire  du  Berry, 
et  a  donne  en  1767  avec  son 
confrère  Do^i  Foi:  ier ,  la  où'* 


PRE 

ffème  volititie  du  Recueil  d«s  bis** 
toriens  des  Gaules. 

ni.  PREVOT,  (Jean)  né  à 
Dorât  dans  la  Basse  —  Marche  , 
exerça  la  profession  d'avocat ,  et 
donna  au  théâtre  plusieurs  tra- 
gédies oubliées  :  Hercule  ,  Tur- 
nus ,  Œdipe  ,  CLotilde.  Ces  pièces 
ont  été  recueillies  à  Poitiers  en' 
Un  vol.  in~i2  \  1614. 

VIL  PRÊVOT-dExmes, 
(îï.  le)  né  en  Normandie  le  25 
septembre  1729,  entra  dans  les 
gardes  du  corps  du  roi  de  Po- 
logne Stanislas  ,  et  s'en  fit  re- 
marquer par  une  ode  qui  obtint 
une  mention  honorable  dans  im 
concours  dé  l'académie  de  Nanci. 
Bientôt  il  fit  jouer  sur  le  théâtre 
de  Luneville   les   Trois    "Rivaux 
opéra  comique  ,  et  la  Nouvelle 
^Réconciliation  ,   comédie  en  un 
«fete  ^  qui  eurent  du  succès.  Ayant 
quitté    le     service ,    lé   Prévost 
d'Exmes  se  fixa  à  Paris  ,   où  il 
donna  aux  Italiens  en  1762  les 
Thessaliennes  ,  comédie  en  trois 
•ttes,  qui  obtint  phisieurs  re- 
présentations. La  perte  de  sa  for- 
tune    dans    des   fiaiilites  ,   celle 
d'une  place  qu'il  avoit  obtenue 
avant  la  révolution  ,  remplirent 
«on  cœur  de   tristesse   sans  en 
exclure   la  bonté.   Timide  ,  ne 
ciTnfiant  sa  détresse  à  personne  y 
il  fjît  réduit  en  1798  à  se  retirer 
à  l'hospice  de  la  Charité  de  Paris 
•'^    il   expira    septuagénaire    et 
presqxie  dé  misère.  On  lui  doit 
divers  écrits  et  des  recueils  qui 
«»t  de  l'intérêt   :   I. .  Rosel   ou 
l'Homme  heureux.   L'auteur  ne 
8è  peignit  pas  dans  son  héros. 
Cet  ouvrage  offre  des   conseils 
*''^ges  que  donne  un  père  à  son , 
iils.  Le  style  en  est  noble  ,  et  il 
ciit  plusieurs  éditions  consécu- 
tives.  IL  Dans  le  Nécrologe  des 
^iomes  dç.  lettres  ^  oh  a  inséré 


îes  Vies  de  Lully  et  de  Julien. 
le  ItoipeiT  le  Prévôts  III.  Étrennes 
dû  Parnasse.  Xi  les  rédigea  pen- 
dant plusieurs  années.  IV.  Trésor 
de  Littérature  étrangère.  L'auteur 
plongé  dans  le  chagrin  ,  suspen- 
dit ce  recueil  dont  on  desiroit  la 
continuation.  V.  Il  a  travaillé  a«f 
Journal  des  Spectacles ,  fait  let 
paroles  de  plusieurs" Ora/orio  exé* 
cutés  au  Concert  spif ituel  ^  dfc 
laissé  manuscrite  une  Histoire  dià" 
la  dernière  guerre  de  l'empereur, 
contre  les  Turcs.  Ce  çlernier  écrit 
s'est  perdu  après  Ja  moirt  de», 
l'auteur. 

VrtL  PïtÉVO'r-CABANIsV 

(Jean-François)  conseiller,  d'état 
à  Genève ,  soutint  avec  beauconp^ 
d'énergie   le  ^arti  des  citoyen» 
contre  l'influence  de  la  cour  de 
France  ,   qui  voulut  changer  la 
constitution  de  cette  république 
en  y  envoyant  M.  de  Verg^nnes^. 
Dans  les  troubles  de  1794 ,  Pré^ 
Pôt  chercha  à  s'opposer  à  la  li— ^ 
cence  qui  suivit  la  prise  d'armer^ 
du   ig  juillet.  Arrêté  et  traduit 
successivement  par  le  peuple  de-^ 
vaut. plusieurs  tribunaux,  il  fut 
toujoi^rs  acquitté;  mais  ses  enne- 
mis furieux  le  fusillèrent  le  ^^[ 
juillet  au  soir.  Un  moment  avant 
de  périr  ,  il  écrivit  une  lettre  a 
son  âls ,  où  il  l'invitoit  avec  no- 
blesse à  servir  toujours 'sa  patrie  ^ 
quoique  ingrate. 

li.'  PRlCïi,  (Richard!)  An^ 
glois  ,  né  dans  le  pays  de  Galle»^ 
vers  1728  ,  mort  en  1791 ,  se  ht 
conneître'par  ^es  écrits  politi-^ 
ques  ,  profonds  ^t  moraux.  Ils 
SQUt  intiti^lés  :  Lfiisserta lions  sur 
la  Providence.  II.  Ret^ue  de*  prin- 
cip^ales  questions  en  morale. 
m.  Observations  sur  la  nature  ' 
du  gouvernement  civil  )  ^"^2%  % 

T  4 


I9i         P  R  ! 

*  IL  PRIDEAUX  ,  (  Hiira- 
phr^y  )  naaait  à  Padstow ,  dans  le. 
Comté  de  Cornouailles  en  16485 
CÎ'ime  bonne  famille.    11  fit  se$ 
études  à  Westminster,  ensuite 
èî  Oxford  ,  et  le  signala  dans  ces 
^eux  endroits  par  Tétendiie  da 
ia  mémoire.  La  mort  d'Edouard 
focnck  ayant  fait  vaqneçla  chairç 
d*4iêbreu  :  onVoffrit  à  Prideaux , 
qui  la  refusa.  Outre  qu'il  étoit' 
^)oux  de  son  temps ,  il  ijissé— 
4oit   plusieurs   bénéfices.    i\  fut 
pourvu  du  doyenné  de  Norwick 
en  1704.  et  mourut  dans  cette 
ville  en    1724,  à '76  ans.   Sê« 
mœurs  étoient  celles  d'un  savant 
toiijoucs,  enfermé  dans  so.n  ça- 
l^inet.    Il  n  avoit   pas  les  dehors^ 
jinposans  de  cette  politesse  lé- 
gère de  nos  litt-rateurs,  François; 
ihais  il  se  distinguoit  par^n  grand 
fonds  de, franchisé  et  dé  vertu. 
]Sous  avorfs  (de  lui  plusieurs  ou- 
vrages pleins  de  recherches  et  d'é- 
ruil,ition.  Le«  plus  connus  sont  : 
i.  Marmora  Oxoniensia ,  éxArun- 
àelidnis  ,   Seldtniariis  «    aUisquê 
çonflata  ,     cum  Grœcorum   vér^, 
iione  iaànd  ,  et  lacunis  suppU^ 
Iw  ,  qà.  figuris  (sneis  ;  ex  recen» 
sione  et  cuni  Comme ntariis  ifu/n- 
phredy  Prideaux ,  nircnon  Jpari^ 
pis  SeUleni ,  et  Thomœ  Lydiati 
iinnoiationibus  :  accessit  Sertorii 
Ursati  (i^  notis  Bomanorum  Corn* 
mentàrlits ,  in-fâlio,  à  Oxford^, 
j6j$/ Sélden  avoit  ehtrepris  œi 
ouvrage  ,  et  en  avait  fait  im- 
primer une  partie  eq  1627  ;  mais 
i}  h^avoit   expliqué  que   vingt- 
neuf  Inscriptions!  grecques  et  dix 
Itit'mes  i'Pridèaux  a  expliqué  les 
a6o  autres.  II.  La  Vie  de  Afa- 
h^tmet  en  anglois.  Elle  a  été  tra- 
4uit.e  en  franc 019  par  Lar roque 
fils ,  et  imprimée  à  Amsterdam 
en   i69S,m-8.°  ïlU  Ujincien 
et  le  Nouveau   Testament ,  ac^^ 
çQrdés  avec  V Histoire  des  Ji^lfs  . 


P  R  I 

Londres  )  17:^0.  IV.  Hittoke^ 
Juifs  et  des  Peuples  voisins ,  dcr. 
puis  la  décadence  des  Royaurnei 
d Israël  et  de  Judas  ^  jusqu'-à  la 
nort  de  Jàsus-^CHRJST»  Ce  sa- 
Tant  ouvrage  écrit  en  anglpis  ^ 
a  eu  un  succès  extraordinaire.  On 
en  fit  efï  Angleterre  huit  éditiont 
on  quatre  ans  9  soit  in-folio  ,  soit 
in- 8.?  La  première  parut  en  1 7 1 6, 
et  la  dernière  en  1720.  Il  a  étî 
traduit  en  françois  y  et  on  en  a 
aussi  différentes  éditions  en  cette^ 
langue.  Les  plus  estiii^ées  sont 
celles  d'Amsterdam.  «  17^9  9  sîjç 
vol.  in-i2  çt  deux  vol  in-4.<»  Il 
ne  faut  chercher  ni  dans  V^^'M^^* 
nal  ni  dans  la  version  ,  les  agré-. 
mens  çt  l^'élé^ahce  du  style*  Doni 
Calme t  n  a  point  adppté  la  des« 
cription  du  temple  de  Jérusalem , 
que  cet  Aniglois  a  faite  en  partie 
G  après  les  écrits  des  rabbins.  «  Je 
ne  prétends  pas,  dit-il,  clçcrier. 
le  tiravfltil  de  PHdeaux  ;  mais  je, 
soutiens  que  la  plupart  des  choses^ 
marquées  dans  le  pian  du  temple 
c^u'il  a  donné  ,  sont  peu  cer- 
taines. Les  auteurs  Juifs  qu'il  a 
suivis  sont  des  guides  peu  sùrs^ 
dans  cette  matière  i^  nous  ajou- 
terons que  pour  connpitre  l'an- 
cien teiÂple  de  Salomon  i)  faut 
e*an  tenir  au  texte  des  livres  des 
'Rois  et  ^Êzéchiel  |  et  à  Tégard 
dé  celui  à'Hérqde  détruit  par  les 
Romains ,  on  doit  s'en  rappor- 
ter uniquement  H  Josèpke.'M.dSs) 
dès  qu'il  est  question  d'un  édifice 
ancien  ,  chacun  veut  le  t>Àtir  à 
sa  manière  ,  sai>s  penser  que  les 
Vitruve  e^  les  autres  grands  ar- 
chitectes sont  très  —  rares  y  et 
qu  un  savant  qui  ne  sait  pas  ménit 
arranger  sa.  maisonnette ,  a  man- 
vaise  grâce  de  vouloir  édifier  def 
te!mples  superbes.  >n  Voy^  L  Vil- 

I.ALPANDE. 

PRIE,  (  N.  de   Rertelot  ^ 
i^ar^uise  de  }.  é£f  it  fiU^  4e  Bcrx 


9  R  ( 

fth$4^  Pléae^f,  ancien  oonomis 

^i|  ministre  de  la  guerre  y  q}x\ 
^'étoit   enrichi   dan^  les  entrer- 
prises  des'  vivfcs.  Il  tenait  une 
Raison  opuletite ,  dont  se^  femme 
iaisoit  les  hor^neurs.   LeqV  fille 
avoit  plus  que   de    la    beauté  y 
toute  sa   persqnne  étoit  sôdui- 
sante.  Avec  autant  de  grâce  daua 
i esprit  qqe  (iaqs  la  figure,  elle 
çachpit ,  dit  Duc\os ,  sa  as  \\n  voile 
de  naïveté  9  1{|  fausseté  la  plus 
dangereuse.  Sans  la  moindre  idée 
de  la  yertu  ,  qui  étoit  pour  elle 
^n  mot  vide  de  sens ,  elle  élQît 
limple  dans  le   vice  et  violente 
çoMs  u^i  air  de  douceur.  Liber- 
tine par  tempérament ,  elle  eut 
àe  borme  heure  des  açnans  dis- 
tingués.   Sn  mère  qui  lui  ^voit 
4onné  rédi\catio.n  la  plus  soignée, 
devint  Jalouse   c^elle  dès  quelle 
commença  à  fixer  les  regards  des 
ado.rateurs  qMi  fprmoient  sa  pe- 
tite cour.  Plénçuf  paur  avoir  la 
paix  chez  lui ,  la  maria  en  1 7 1 3 , 
au  marquis  de  Prie  ,  nommé  à 
l'ambassade  de  Turin ,  oii  il  ame- 
i^a  topi  épouse.  He^venue  à  Pc  ris, 
elle  dédaigna  la  société  do  sa  mèro 
quelle  traitoit comme  une  petite 
bourgeoise  ,   et  se   fit  aimer  du 
^uc  de  Bourbon  (  Koyez  ce  mot , 
û.®  V.)   premier   minisire.  Elle 
trompa  impunément   ce  nouvel 
amant ,  et  n'en  fut  pas  moins  le 
fanal  de  toutes  les  grâces  et  Tins- 
trument  de  toutes  les  vengeances. 
C'est  elle  en  partie  qui  perdit  le 
ilanc  ministre  de  la  guerre.  Le 
cardinal  de  Fieu/y  étant  parvenu 
au  ministère  ,  la  punit  de  ses  ga- 
Itmteriea  ,   He  ses  rapines  et  de 
tes  excès  ,  en  l'exilant  dans  sa 
terre  de  Courbe-Epine  en  Nor- 
fi;)andie.  Elle  r«*ga.rda  d'abord  sa 
disgrâce  comme  u<i  nuage  pas- 
sager ;  mais  ayant  appris  que  .«jfa 
place  de  dame  du  palais  de  U 
r<^ine  avoit  été  donnée  ^  une  au-. 
)f^y  çUe  fut  saisie  par  m  dé»e%« 


P  R  O         >97 

pair  ipii  la  conduisit  an  tombeaat 
Les  médecins  crprent  d'abord  que 
les  maladies ,  suite  de  son  cha-« 
grin  ,  n'étaient  que  des  vapeurs  : 
mot  commode  dont  quelquefois 
se  couvre  leur  ignorance.  Le  jour 
même  qu'ils  Pavoient  encore  trai« 
tée  de  malade  imaginaire  ,  elle 
mourut  en  1727,8  29  ans,  après 
avoir  séché  quinze  mois  dans  son 
exil.  La  religion,  la  feule  véri-e 
table  consolation  des  malheu-^. 
reux  .  n'en  fut  pas  une  pour 
elle.  Dans  le  temps  de  son  élé-« 
vation  elle  avoit  affirhé  son  mév 
pris  pour  les  choses  les  plus  res-# 
pectées.  Lorsqu'en  1726,  année 
où  les  pluies  détruisirent  la  ré- 
colte ,  on  porta  en  procession 
la  chasse  de  S  te  Geneviève  ,  elle 
osa  dire  :  Le  fueuple  est  fou  s  ne 
sait-il  pas  que  c'est  moi  senle  qui 
fais  la  pluie  et  le  beau  temps  \ 
Le  marquis  de  P^i^  d'une  fa-? 
mille  du  Berry  ,  qui  remontoit 
au  14^  siècle,  a  été  le  dernier 
de  sa  maison. 

PRINGIS,  (Mad.  de)  a  pu^. 
blié  quelques  romans ,  entr'nu— 
très  Junte  ou  les  Sealimens  des 
"Romains  ,  bt  les  Caractères  des 
Femmes.  Elle  est  morte  au  cpm- 
moncement  du  siècle  dernier. 

PniSCA,  r^y^VALBRiA. 

PROGEN  ,  (  Jean-Fronçots  ) 
né  à  Toulouse  en  1717  9  mort 
vers  1780  ,  entra  dans  le  servide 
comme  mousquetaire,  et  se  re- 
tira ensuite  dans  sa  patrie  oh 
il  publia  les  ouvrages  suivans  : 
I.  Eloge,  de  Clémence  Isanre  ^ 
in-8.0  II.  L'Epreuve,  conte  mo- 
ral. IIL  Essai  de  critique  et 
contes  moraux,  1764  ,  in -12. 
L'auteur  étoit  de  IVadémie  des 
Jeux  floraux. 

*  PR03T  DE  Rqyer  ,  (  Autoine- 
Fçiinçois)  avocat,  né  à  Lyon  le 
2^  septembre  17:^)^9  devint  heu-n 


198        P  R  O 

iciiant  général  de  police  de  Lyon  , 
remplit  cette  pliicc  pendant  huit 
ans  avec  beaucoup  de  zèle  et 
d'intelligence  ,  et  lut  le  défen— 
^ur  éclairé  et  courageux  des 
droits  de  la  ville.  Il  ne  remplit 
pas  avec  moins  d'honneur  les 
places  d'administrateur  des  hôpi- 
taux,  déchevin  ,  de  président 
du  tribunal  de  commerce  ,  de 
lieutenant  provincial  des  mon— 
noies.  Tous  les  étrangers  illus- 
tres qui  passèrent  par  Lyon , 
ae  firent  im  plaisir  de  le  voir  , 
tel»  que  l'eiffpereur  ,  le  grand 
duc  de  Russie  ,  larcbiduc  ,  le 
roi  de  5ucde  ,  le  prince  Henri 
^  Prusse  ,  etc.  Difi'érentes  aca- 
démies étrangères  et  nationales 
mirent  son  nom  sur  leur  liste. 
Comme  auteur  ,  il  se  fit  d'abord 
«onnoitre  par  une  Lettre  in^S** 
à  M.  l' Archevêque  de  Lyon  sur 
le  Prêt  à  intérêt  ,  que  Voltaire 
adopta  dans  le  recueil  de  ses  œu- 
vres ;  par  un  Mémoire  moins 
connu  ,  mais  aussi  estimable  sur 
les  Hoffitaux  ;  par  un  autre  sur 
la  conservation  des  enfans  trou- 
vés ;  par  des  Lettres  sur  l'admi- 
nistration de  la  municipalité  de 
Lyon.  Les  vues  en  sont  grandes 
et  utiles.  Il  est  fâcheux  que  bor- 
nées à  Tintérét  local ,  elles  aient 
été  peu  répandues  ;  par  un  Mé^ 
moire  très-bien  écrit  sur  l'allai- 
tement des  enfans,  et  Tétablisso»- 
ment  des  bureaux  de  nourrices. 
n  «voit  entrepris  ensuite  une 
nouvelle  édition  entièrement  re- 
fondue 9  du  Dictionnaire  des 
Arrêts  de  Britton.  Il  avoit  déjà' 
donné  quatre  vol.  în-4®  de  cet 
©uvrage  im portant ,  lorsqu'il  mou- 
rut à  Lyon  le  21  septembre  1784. 
6on  recueil  n'est  pas  une  simple 
tompilation  ;  il  y  a  de  la  pro«» 
fondeur  dans  les  idées  et  de 
l'énergie  dans  le  style.  On  peut 
lui  reprocher  cependant  d«  S'être 


p  R  o 

trop  abandonné  d  la  mairis  êè 
semer  des  vues  systématiques, 
et  des  réflexions  déclamatoires 
dans  une  matière  où  il  auroit 
fallu  se  borner  aux  notions  pré« 
cises  et  nécessaires.  A  àes  talens 
et  des  co!inoissances  étendues  ^ 
fauteur  joignoit  une  ame  géné- 
reuse 9  im  cœur  sensible  et  nn 
caractère  honnête.  On  trou  voit 
dans  lui  une  bonhommie  et  une 
simplicité  de  mœurs  qui  étonnoit 
et  plaisoit  d'autant  plus  quelle 
contrastoit  entièrement  avec  son 
maintien '9  sa  manière  d'être  dan» 
la  société  ,  et  l'égoïsme  de  se» 
expressions ,  le  seul  qu'on  eût  II 
lui  reprocher  ,  mais  celui  qne 
l'amour  propre  des  autres  par- 
donne le  moins.  Le  prince  S^enri 
de  Prusse  l'honora  de  son  amitié. 
L'éloge  de  Prost  de  Hoyer  par 
Barou  du  Soleil  a  été  imprimé  y 
et  son  portrait  a  été  gravé  par 
Boyli  artiste  Lyonnois. 

PROU,  (Jacques)  sculptew 
mort  en  1706,  à  5i  ans.  Oh  a 
de  lui  une  Venais  qui  se  voitdaAS 
les  jardins  de  Versailles. 

PROVENCHÈRE,  (Sîméon) 
médecin  François ,  né  à  Lnngre» 
vers  iSSi ,  exerça  sa  profession 
à  Sens  ,  fut  nommé  par  cette 
ville  aux  états  généraux  de  16 14  9 
et  mourut  en  1617.  Il  a  publié; 

I.  J-Jistoire  d'un  prodigieux  En^ 
fant  pétrifié  ,    i  5  8  2  ,    in  -  8.* 

II.  Discours  sur  un  Enfant  qui 
n'a  hu  ni  mangé  depuis  trois 
ans,  i6i4,in-8.o  III.  Il  avoit  rois- 
en  vers  latins  les  Quatrains  de 
Pihraç  et  les  Aphorismes  dHip" 
pocrate, 

PROVENZALE,  (Marcel) 
peintre  Italien  ,  né  on  1575, 
a  peint  l'histoire  et  le  portrait , 
et  s'est  rendu  sur -tout  célèbre* 
par  des   ouvrage*  en  mosaîqu» 


f>  R  Y 

•Tfècttth  avtc  autant  d'éclat  qun 

de  goût. 

,  * PRYNNE ,  (  Guillaume)  jw- 
.  risconsulte  Anglois ,  né  à  Swains- 
I  vich  près  de  Bath  en  i  6  o  o  , 
f  i*é!eva  avec  violence  contre  les 
1  épiscopaux.  II3  feignirent  de  mé- 
priser ses  iptoctives.  Mais  Prynne 
syant  publié  en  i633  son  tlis^ 
trio-'Mastix  ou  le  Fouet  des 
■Histrions  ,  livre  où  il  ne  mena-» 
I  geoit  ni  les  comédiens ,  ni  ceux 
j  qui  jonoient  la  comédie  ;  les  épis- 
[Copaux  se  servirent  du  crédit  de 
la  reine  qui  uimoit  ces  amuse— 
mens ,  pour  le  faire  enfermer  à 
la  tour  de  Londres.  La  Chambre 
^toilée  lui  fit  son  procès  ;  le  livre 
fat  condamné  à  être  brûlé  par 
main  du  bourreau ,  et  l'autetir 
avoir  les  oreilles  coupées.  Un 
atre  libelle  qu'il  publia  en  1687 
contre  Varchévéque  Laud\  lui 
ittira  une  pareille  sentence ,  et 
on  lui  coupa  ce  qui  lui  restoit 
tforeilles.  Ce  traitement  le  fit 
ftgardev  par  les  presbytériens 
cotnme  uh  martyr  dç  la  b.onne 
wuse  ;  ils  obtinrent  son  élargis^ 
lemeat  en  1640  9  et.  Newpoct. 
le  nomma  député  de  la  Chambre 
des  communes  dans  le  parlement, 
««semblé  contre  le  roi.  Après 
•voir,  pendant  quelque  temps, 
^it  paroitre  beaucoup  d'animo- 
*t^  contre  ce  prince ,  il  rgugit 
^  sa  frénésie  et  de  celle  des 
Anglois.  Il  s'en  expliqua, ouver- 
fenient,  ttCromwel  le  fit  mettre. 
f^  prison.  H  y  composa  un  petit 
fliivre  pour  àét;çurner  le  .  parle- 
Neat.de  faire, le  procès  au  roi. 
Après  la  mort  du  protecteur  ^ 
Charles  II .ÙQX\t. Prynne  avoit, 
l^vorisé  le  rappel ,  lui  donna  la 
Igarde  des  a^c^iives  de  la  tour  de 
ï'Ondres  avec  cinq  cents .  livres 
sterling  dç  pqasipn,  11.  mourut  à , 
l'intoias^-inn^  le   24   oqtobrt 


P  s  T         199 

I  $69 ,  ftgé  de  69  ans.  Outrtr  Von- 
vrage  dont  nous  avons  parlé  et 
qui  se  trouve  dans  le  Sylloge 
variorum  Tractatuum  ,  imprimé 
en  1649  4  ®"  *  ^^  Prynne  :  I.  La 
Vie  des  Hois  Jean  II ,  Henri  III 
et  Edouard  I,  in-folio,  en  an-, 
gîois.  11  y  défend  le  pouvoir  su-» 
prénie  des  rois  9  après  l'avoir 
attaqué  long- temps.  IL  VHis^ 
toire  de  Guillaume  Laud  arche-^ 
véque  de  Cantorbery  ,  in-folio  9 
en  anglois.  III.  Antiques  Gonsli" 
tuliones  Regni  Anglici  sub  Joan- 
ne  11 9  Henrico  III  et  £duardo  I, 
circa  Jurisdictionem  EcclesiaS'* 
ticam ,  Londres,  1672,  2  vol. 
in-folio.  Ce  recueil  tiré  des  ar- 
chives de  la  tour  de  Londres , 
est  d'autant  plus  estimé  qu'il 
n'est  pas  commun.  IV.  Plusieurs 
ouvrages  de  Théologie  et  de  Can- 
travers f^  ,  où  il  y  a,  beaucoup 
d'érudition  et-  peu  de  jugement. 
Voltaire  peiftt  l'auteur  «  comme, 
un  homme  scrupuleux  à  ou- 
trance ,  qui  se  seroit  cru  damné 
s  il  a  voit  porté  un  maiitaau  court 
au  lieu  d'une  soutane  9^  et  qui  au*« 
roit  voulu  que  la.  moitié  des 
hommes  eût  massacré  l'autre  pour 
la  gloire  de  Dieu  et  de  la  pro^ 
pagandd  Jide»  »  Il  y  a  du  vrai 
dans  ce  portrait  9  quoique  lea 
traits  en  soient  exagérés. 

PSCHERNING ,  poète  Alle- 
mand dont  les  odes  sont  estimées 
dans  sa  patrie  9  vivoit  k  la  fm 
du  i7«  siècle. 

*  PSYCHÉ  9  (Mythol.)  est  uix 
mot  grec  qui  signifie  Ame*  Les 
Païens  en  avoient  fait  ujie,  Divi- 
nité 9  dont  on  a  raconté  bien  det 
fables.  Cupidon  .l'almA  9  et  la  fit 
transporter  par  Zéphire  dans  un 
lieu  de  délices  9  où  elle  demeura 
long-temps  avec  lui  sans  le  con- 
noître.  Vénus  jalouse  de  ce  qu'elle 
avoit  s^d^it  son.  fils  ^  U  pçrié»? 


300        P  U  C 

ciitfl  tant  qu'elle  la  fit  mourir. 
Jupiter  lui  rendit  la  vie ,  %t  lui 
donna  l'iininortaiité  en  faveur 
de  Cupidon,  On  la  représente 
avec  des  ailes  de  papiUan  aux 
épaules,  pour  exprimer  en  quel- 
que sorte  la  légèreté  de  l'^me  , 
car  le  papillon  en  étoit  le  sym- 
bole, et  lorsqu'on  peignoit  un 
Iiomme  mort  ,  on  représentolt 
\\\\  papillon  qui  paroissoit  être 
toxii  de  sa  bouche ,  et  s'envoloit 
en  l'air.  Un  excellent  tableau  de 
Gérard  exposé  à  Paris  dans  l'un 
des  derniers  salions,  représente 
Psyché  et  X Amour,  «  Les  deux 
ligures  ,  a-t-on  dit ,  sont  posées 
dans  le  goût  antique ,  et  si  bien 
qu'on  les  croiroit  imitées  d'une 
médaille.  L'expression  ne  laisse 
rien  à  désirer  :  ce  n'est  dans  la 
figure  de  Psyché  ,  ni  la  stupidité 
d'mie  ame  qui  ne  sentira  jamais , 
ni  la  légèreté  sémillante  dé  celle 
que  le  sentiment  agite  à  son  insçu 
•t  à  laquelle  il  ne  manque  que 
de  connoître  la  cause  de  son 
^émotion  pour  n'être  plus  l'inno- 
cence... 11  y  a  dans  l'embrasse- 
ment  de  l'Amour  je  ne  sais  quoi 
de  léger  et  de  mystérieux  qui 
donne  l'idée  du  souffle  créateur. 
Cet  Amour,  à  physionomie  noble 
et  grave  ,  est  tel  que  l'exigeoit 
le  sujet,  et  qu'on  le  trouve  dans 
les  poètes  et  dans  les  philosophes 
dç  l'antiquité  lorsqu'ils  repré— 
sejitent  ce  dieu  comme  le  prin- 
cipe de  l'ordre  et  l'ame  de  l'uni- 
vers. »  Ce  beau  tableau  a  été 
fr^vé.  Nous  avons  une  tragédie- 
ballet  de  Psyché  ,  par  J^ioUère 
aidé  par  Pierre  Corneilles 

PUCKERÏDGE  ,  Irlnndois  , 
ayant,  observé'  en  1760  le  son 
produit  par  le  frottement  cki  bord 
d'un  v^erre  à  boire  avec  un  doigt 
mouillé,  essa}a  le  premier  de 
former   un  instrument  harmo^ 


PUF 

nieux  en  plaçant  sur  une  table 
un  certain  nombre  de  verres  de 
diverses  grandeurs  et  à  moitié 
remplis  d'eau.  Puckerids^  ,  mort 
jeune  ,  n'eut  pas  lé  temps  de 
perfectionne*"  son  invention ,  mais 
elle  fut  saisie  par  le  docteur 
Franckhn  ,  auquel  on  est  rede- 
vable de  l'instrument  connu  soos 
le  nom  d'Harmonica» 

PUFENDORFF,  (Isaac)  ré- 
sident  dans  plusieurs  cours ,  né 
en  1628  et  mort  en  1689  à  Ra- 
tisbone,  passe  pour  l'auteur  de 
l'ouvrage  satirique  j  intitulé  : 
AnecHûLès  de  Suède  ou  Histoire 
secrète  de  Charles  XI ,  1716  > 
in-S."  On  a  encore  de  lui,  Opus^- 
ciUa  juvenilia,  1699  ,  in— 8.**  Ce 
sont  de  petites  dissertations  sur 
les  Druides ,  les  Lois  saUques , 
la  Théologie  de  Platon.  U  c^oit 
frère  de  Samuel  Pu/endorff» 

PUG  ATSCHEFF,  (  Yemefta) 
cosaque ,  l'un  des  imposteurs  qui 
se  donnèrent   pour   Pierre  111 
empereur  de  Russie  ,  étoit  né  à. 
Simoreisk  sur  le  Don.  Après  avoir 
servi  dans  les  troupes  Russes  con- 
tre le  roi  de  Prusse  et  les  Turcs, 
il  déserta  et  se  réfugia  en  Po- 
logne  chez   des  her mites  du  rit 
Grec ,  et  gagna  ensuite  la  petite 
Russie.  Là,  il  fit  révolter  quelques 
cosaques  ,    prit   des   forteresses 
dans  le  gouvernement  d'Orem- 
bourg  et  se  fit  reconnoître  pour 
Pierre  11 U  Après  divers  succès 
il  eût  pu  s'emparer  de  Moscow  ; 
mais  il  négligea  de  s'y  rendre  et 
ne  put  réparer  cette  faute.  'Cent 
mille  serfs  l'y  attendoient  pour 
prendre  les  armes.   La  cour  de 
Russie  mit  sa  tète  à  prix ,  et  pro- 
mit cent  mille  roubles  à  qui  le 
liVreroit.  Enfin  le  comte  de  PafM 
aj'^ant  été  envoyé  contrelui ,  les 
coïtipagnons  de  son    imposture 
miinquant  de  nourriture  et  ia* 


P  U  J 

Signés  de  s«  cruautés,  le  livré* 
rentau  commandant  de  la  forte- 
resse dîi  JnîcHc.  Il  fut  conduit  à 
Moscovr  dans  une  cage  de  fer , 
et  eut  la  tète  tranchée  le  2 1  jan- 
vier 1775.  Autant  il  a  voit  montré 
d'audace  à  la  tête  des  révoltés, 
autant  il  fit  paroitre  de  pusilln- 
nimitc  à  l'approche  du  supplice. 
«  Après  Tamerlan  ^  â\t  l'impéra- 
trice de  Russie  dans  une  lettre  à 
Voltaire,  aucun  scélérat  n'a  plus 
fait  de  mal  à  l'espèce  humaine.  » 
il  faisoit  pendre  sans  rémission 
tous  les  nobles  ,  hommes  ,  fem- 
mes, enfans,  tous  les  ofâciers, 
tous  les  soldats.  Il  livroit  tout  au 
pillage ,  même  les  maisons  de 
ceux  qui  l'avoient  bien  accueilli. 
Il  ne  savoit  ni  lire  ,  ni  écrire. 
C'étoit  une  bête  féroce  portée 
I  .d'elle-même  à  la  violence  et  au 
;  meurtre.  Son  procès  n'offrit  pas 
la  moindre  présomption  qu'il  eût 
^té  l'instrument  de  quelque  puis- 
sance, ni  qu'il  eut  suivi  l'inspira- 
tion de  qui  que  ce  soit.  Il  avoit 
fait  frapper  des  roubles  avec  son 
•ffigie  et  cette  inscription  : 

Rtdivifus  te  uttcr. 

PUJOS ,  (  André  )  peintre  en 
portrait ,  né  à  Toulouse  en  1 780 , 
morf  à  Paris  en  1788,  réunit 
dans  son  cabinet  les  portraits  des 
gens  de  lettres  et  des  autres  per- 
sonnes célèbres  de  son  temps. 

PUIS,  Voyez  BvTVis, 

^  *  PUISIEUX ,  (  Philippe-Flo- 
'«nt  de  )  né  k  Meaux  en  1 7 1 3  , 
Sîort  à  Paris  en  octobre  177a  , 
«  63  ans,  étoit  avocat  au  parle- 
îfient  de  Paris.  Il  cultiva  moins  la 
grisprudence  que  la  littérature. 
Nous  avons  de  loi  un  gjrand  nom- 
bre de  Traductions  de  Livres  an-*. 
Slois,  dont  quelques-unes /sont 
Mtiles.  Telles  sont  celles  de  la 
^r^mmairt  Géographique^  Gar* 


P  U  I 


30t 


don ,  ln-80  ;  de  l'Histoire  navale 
d'Angleterre ,  en  3  vol.  in- 4**; 
de  la  Grammaire  des  Sciences 
f^hilosophitfues^e  Martin,  in- 8°; 
des  Klémens  des  Sciences  et  Arts  , 

3  vol.  in-ia;  àe%  Consultations 
de  Médf.cine  ^Hoffman ,  8  vol» 
in-i  2;  des  Observations  du  méme^ 

2  vol.  in-ra;  de  la  Géographie 
de  f^arertius  ,  4  vol.  in- 12;  du 
Voyage  en  France  ,  en  Italie ,  eB 
aux  iskfs  de  l'Archipel,  4  vol* 
iiï'- 1 2  ;  des  Voyageurs  modernes  « 

4  vol.  in- 1 2  ;  des  Avis  de  Méde^* 
cine ,  de  Méad,  in-12;  des  Ejc- 
périences   Physiques   de  Lewis  , 

3  vol.  iu-r2;  des  Observations 
sur  le  Jardinage ,  3  vol.  in-12  , 
etc.  Il  a  aussi  traduit  quelques 
Romans  et  quelques  autres  bro-» 
chures  an^loises ,  dont  la  plupart 
ne  méritoietit  pas  de  passer  la 
mer. 

PUISMIROL  DE  St.  Martin  , 
Jeune  Lan<;uedocienne  ,  se  dis- 
tingua à  la  fin  du  17*  siècle  par 
son  goCit  pour  la  poésie.  On  a  re-* 
cueilli  ses  vers  à  Toulouse  ^  en 
ttn  vol.  in- 12. 

PUISSELEUR,  (Françoisde) 
évêque  d'Amiens  en  1 546,  s'y  ren-» 
dit  recommandable  par  sa  bien^ 
faisance ,  ses  vertus  et  ses  ordon-* 
nances  synodales  ;  leur  recueil 
sert  à  faire  connoitre  les  moeurs 
du  temps  ,  et  sur-tout  celles  du 
clergé.  Elles  enjoignent  aux  prê- 
tres du  diocèse  de  porter  une  sou- 
tane qui  descende  jusqu'aux  ta- 
lons ,  de  ne  point  porter  des  sou- 
liers à  jour  ,  découpés  et  garnis 
de  petits  miroirs.  Elles  «léfendent 
à  tous  l'exercice  des  professions 
de  notaire  et  de  procureur,  de 
ne  baptiser  l'enfant  d.ins  le  v«ntre 
de  sa  m^re  s'il  n'en  paroît  rien 
au  dehors,  et  d'avoir  des  his- 
trions f^t  fîcs  danses  au  repas  d'un* 


L 


jôi        P  U  L 

PULAWSKI,  ^néffilderar- 
mée  des  confédérés  en  Pologne  ^ 
ent  la  {principale  part  aux  trou- 
bles qui  agitèrent  ce  royaume  en 
4771.  Les  dissidens  avoient  ob— 
tena  des  privilèges  ;  Pulawski 
l'imaginant  qu'ils  les  dévoient  an 
roi  Stanislas- Auguste ,  résolut  dé 
l'enlever  pour  qu'on  procédât  à 
l'élection  d'un  nouveau  monar- 
que. Environ  quarante  factieux 
entrèrent  dans  ce  complot,  qu'ils 
exécutèrent  après  s'être  liés  par 
«n  serment  devant  une  image  de 
U  Vierge.  Voyez  Stanislas.  Lé 
roi  ayant  dû  la  vie  aux  remords 
de  l'un  des  conjurés^  Pulawski 
alla  servir  en  Amérique  pour  les 
Ëtats-Unis  ,  et  il  commandoit 
une  légion  an  siège  de  Savannah  ^ 
oh  il  fut  tué  par  un  boiffet  etf 
<77x9  9  à  côté  du  général  Frali- 
*  PtnCHERIE  ,  (  Sainte  ) 
'JElla  Pulcheria,  impératrice  ^ 
lille  dé  l'empereur  Arcadius  ,  et 
soeur  de  Théodose  le  Jeune ,  fut 
créée  Auguste  en  414^  et  parta- 
gea avec  son  frère  la  puissance 
impériale.  Après  la  mort  de  ThéO' 
dose ,  arrivée  en  ^50,  Ste  Put-* 
chérie  fit  élire  Marcien  et  l'é- 
pousa, phitôtrpour  avoir  un  sou- 
tien qui  l'aidât  à  porter  le  poids 
de  la  couronne ,  que  pour  avoir 
un  époux.  £lle  lui  fit  promettre 
qu'il  garderoit  la  continence  avec 
elle.  Cest  par  ses  soins  que  fut 
assemblé  en  451  ,  le  concile  gé- 
néral de  Chalcédoine.  Cette  au- 
Euste  asseinblée  la  combla  d'é- 
loges. £)lles  les  méritoit  par  sa 
piété  et  par  son  zèle.  Cette  prin- 
cesse aimoit  les  lettres  et  les  cul- 
tivoit.  Elle  mourut  en  454 ,  à' 
£6  ans.  Voltaire  maltraite  cette 
princesse  dans  la  préface  de  son 
Commentaire  sur  la  Pulchérie  de 
C^rneHU*  U  dit  qu'en  épousant 


p  u  o 

Marcien ,  elle  fut  aussi  fidelle  1 
son  vœu  d'ambition  et  d'avarice^ 
qu'à  celui  de  chasteté.  Elle  avoit , 
ajoute>t>il ,  5o  ans  ,  et  Marcieti 
70  ;  elle  l'é^ousoit  donc  raoini  ^ 
pour  avoir  un  mari  qu'un  premier 
domestique.  Mais  il  est  faux  qui  ^ 
Marcien  eût  cet  âge.  II  étoit  nj 
en  391  9  et  n'avoit  par  consé- 
quent que  neuf  ans'  de  plus  que 
Pulchérie.  Quant  aux  censurei 
que  Voltaire  fait  du  gouvem»» 
ment  de  Pulchérie  et  de  Marcien , 
nous  les  avons  peints  l'un  et  Tau- 
tre  d'après  l^s  historiens  anciens 
et  modernes  9  qui  ne  partagent 
point  la  façon  de  voir  du  censeur. 
(  Voy.  Maucien.  )  Voltaire  pour 
le  dégrader,  dit  qu'il  fut  long- 
temps prisonnier  de  Genseric ,  et 
qu'il  n'avoit  su  se  Conduire  ni 
dans  la  guerre  ni  dans  la  paix.  Ls 
vérité  est  que  Genseric  fe  retint 
très-peu  de  temps  ,  et  que  son 
administration  sous  Pulchérie  et 
apcètf  sa  mort  ,  fut  celle  d^an 
père;  toujours  occupé,  pendant 
son  règne ,  â  protéger  ses  sujets 
et  à  Us  soulager,  comme  ledit, 
Guillaume  Beauyaisdans  son  His- 
toire abrégée  des  Empereurs  Bo-» 
tiairts  et  Grecs, 

PUL'TENEY,  (Guillaume) 
né  en  1682,  et  mort  en  1764 1 
comte  de  Bath,  entra  dans  le 
conseil  privé  du  roi  d'Angleterrt 
eh  174 1 9  et  se  rendit  moins  cé- 
lèbre pai*  ses  grands  principes  ^ 
que  par  son  opposition  contH 
nuelle  avec  ceux  du  ministre 
fValpole ,  à  qui  il  fit  ôter  le  mi- 
nistère. 

PUONÇU ,  (  Mythol.  )  noni. 
du  premier  homme,  suivant  la 
tradition  chinoise.  Les  lettres  di- 
sentt[u'il  naquit  comme  lechsn- 
pignon ,  sans  le  secours  d'aucune 
semence.  D'autres  le  font  éclore 
d*un  oeuf  y  dont  la  coqiie  t'éièra 


FUR 

t«clel,  le  blanc  te  dispersa  dans 
iei  airs  y  et  le  jaune  resta  sur  la 

terre. 

PURCEL,  (Henri)  musicien 
Ânglois,  né  en  i658  et  mort  en 
1^95,  mit  en  musique  Topera 
à' Arthur  de  Dryden,  Il  fut  orgrf- 
niste  de  Westminster  dès  l'àge  de 
18  ans. 

PURVER ,  (  Antoine  )  Qua- 
ker Anglois^  né  en  1702  ^  raort 
tn  177.5  9  exerça  d'abord  le  mé* 
tier  de  cordonnier ,  mais  ayant 
appris  ensuite  l'hébreu  ^  le  grec 
fl  k  latia  ,  U  traduisit  U  &bie 


P  Y  N        30t 

en  angloîs  et  devint  tin  prédica- 
teur renommé  dans  sa  secte. 

FYLE,  (Thomas)  ministre 
Anglois,  mort  dans  le  18*  siî» 
cle ,  a  publié  beaucoup  d'ouvrages 
pieux  9  et  sur -tout  des  Para^ 
phrases  sur  les  actes  des  Apôtrea 
et  l'Apocalypse. 

PYNAKER ,  (  Adam  )  paysa- 
giste célèbre  ,  né  en  i6zi  prèa 
de  Delft,  mort  en  1675  ,  exael- 
loit  dans  le  coloris  et  l'art  det 
reflets.  Stê  tableaux  se  vendent 
très- cher. 


504         0  tJ  A 


Qtât 


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^Êm 


Q- 


QuANWON,  (iVTytbôl.  )  Dicii 
Saponoîs  9  fils  à'Amida  ,  préside 
liux  eaux  et  aux  poissons.  On  le 
représente  avec  quatre  bras ,  et  16 
bas  du  corps  avalé  par  un  mons- 
tre :  sa  tête  est  couronnée  de 
fleurs.  -^  Dans  un  temple  du 
Japon  y  Quanwon  appelé  ausli 
Canon  ,  paroit  avec  sept  tétés  su^ 
la  poitrine,  4vec  trente  maint 
tenant  chacune  une  flèche  :  il  est 
assis  sur  la  fleur  nommée  Ta- 
rât^. 

Qtî  ARLES ,  (  François  )  po^te 
Anglois,  mort  en  1644,  a  publié 
beaucoup  de  Poésies  ,  et  sur- 
tout des  Emblémes^  mpénieut. 
Son  attachement  à  la  cause  de 
Charles  premier,  exposa  ses  jours 
jet  ruina  sa  fortune  :  ce  qu'il  re-^ 
^etta  je  plus ,  fut  la  perte  de  ses 
livres  et  de  ses  manuscrits  qui 
furent  pillés. 

,  QUENTEL,  (Pierre)  impri- 
meur de  Cologne  )  s*est  rendu 
-recommandable  par  les  éditions 
nombreuses  et  recherchées  qu'il 
a  publiées ,  et  parmi  lesquelles  on 
distingue  les  CEuvres  de  Denis  le 


Chartranx ,  en  2t  vOl.  in^Mid^ 
^entel  est  mort  à  la  fin  du  16* 
siècle. 

QUILLAHÔ,  (  Pierre -Aii* 
tdine  )  peintre  dé  Paris ,  mort  à 
Lisbonne  en  i733.  à  k  fleur  d6 
son  âge ,  travailla  dans  le  gcrûtde 
lF"atif^u  Son  maître. 

QUIKTILIA  DB  LÀ  MiRANDBi 

(  Lucrèce  )  Italienne  ,  fut  renom- 
mée par  ses  talens  et  son  esprit 
ail  16*  siècle^  Elle  a  li^issé  des  ta^ 
bleaux  estimés  9  et  des  écrits  his^ 
toriques  siir  la  vie  des  plus  célè- 
bres peintres^ 

îi,  QUIRÔ^,  (fremandde) 
navigateur  qui ,  chargé  par  Phi* 
lippe  III  de  faire  des  déco;uvertes 
dahs  la  mer  Pacifique,  partit  dé 
Lima  en  décembre  i6o5 ,  s'aVatiçM 
à  vingt  degrés  de  latitude  et  240 
de  longitude  ,  et  découvrit  la 
Terre  Australe  du  Saint-Esprit 
et  les  isles  de  la  Société.  Les  Mé« 
moires  qu'il  écrivit  sur  ses  décou- 
vertes sont  dans  le  recueil  dei 
petits  voyoges  de  Théodore  dé 
Bry»  Le  célèbre  Cook  «  rendit 
hommage  à  QiUroié 


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KaBAUD- Saint -«-ÉTiENNS  , 
t  Jean-Paul  )   avocat ,   ministre 
Protestant ,  hé  à  Nîmes ,  et  dé- 
toaté  de  cette  ville  a  l'assemblée 
Constituante  ,    s'étoit  déj^   fait 
connoitre   par    quelques    écrits 
«vant  de  paroitre  à  la  tribune.  Ses 
discours  préparés  avec  soin ,  l'ha- 
bitude de  parler  en  public ,  l'a- 
.  doption  des   nouveaux  change- 
mens  lui  donnant  de  la  hardiesse  ^ 
il  obtint  des  applaudissemens  ; 
mais  lorsque  Mirabeau  et  quel- 
Ç[nes  autres  orateurs  plus  distin- 
gués se'  furent  fait  entendre ,  il 
prit  le  parti  du  silence.  Nommé 
membre  de  la  Convention ,  son 
^triotisme  y  fut   plus    modéré 
^'à  l'assemblée  Constituante.  Il 
[  l'éleva    evec   énergie   ct)ntre  le 
parti  sanguinaire  qui  opprlmoit 
la  Convention,  et  oéa  soutenir 
^'elle   netoit  pas   en    droit  de 
JQÇer  Louis  XV h   «  Je  suis  las  , 
I  «'&ria--t-il ,  de   nja  portion  de 
^annie  ,    et  je  soupire    après 
l'instant  où  un  tribunal  national 
nous  fera  perdre  les  Formes  et  la 
Contenance    des   tyrans.  »     Ces 
taots ,  et  plus  encore  ses  relations 
•vec  les  Girondins,  le  firent  dé-^ 
,  fréter   d'accusation  le    3t    mai. 
habaué,  pour  éviter  la  mort ,  se 
uiiva  à  Bordeaux;  itiais  il  y  fut 
I  i^econnu ,  arrêté ,  ramené  à  Paris 
;  *t  exécuté  le  lendemain  môme  de 
;  jontetour,  le  28  juillet  1793,  à 
'  *âge  de  5t)  ans.  Il  réunissoit  des 
connoissances  à  des  talens  ora- 
toires. Facile  et  confiant,  il  se 
laissoit   entraîner  par  ceux  qui 
'  j'entouroient  et  qui  flattoient  des 
Ineurs  d'ambition  dont  il  ne  fut 
tw  toujours  exempt.  Ses  princi- 
^avix écrits  sont  ;  I.  Lettre  sur  la 

SUPPL.    Tomt  IIU 


vie  ^t  les  écrits  de  Covutt  de  Gâm 
heUn,  1774,  in-8.«  IL  Letiret 
sur  l'Histoire  primitive  de  la 
Grèce,  1787,  in-8.**  Elles  sont 
adressées  à  Éailly ,  et  offrent  des 
conjectures  heureuses  et  du  sa<^ 
voir.  III.  Considérations  sur  les 
intérêts  du  tiers-état ,  1783.  Cette 
brochure  fut  distinguée  dans  l'im^ 
mensité  de  celles  que  le  comment 
cernent  de  la  révolution  vit  naître» 
IV.  Précis  de  THistoire  de  la  Ré- 
volution Françoise ,  175 1.  Cette 
notice  rapide  et  bien  faite  àe% 
événemens  les  plus  remarquables 
delà  première  Assemblée,  à  été 
imprimée  avec  luxe  et  ornée  de 
gravures.  Elle  attache  par  sa  pré- 
cision et  sa  clarté  ;  mais  elle  n'est 
pas  toujours  parfaitement  impar- 
tiale. V.  Rabaud  a  travaillé  à  la 
Feuille  villageoise  et  an  Monitew^ 
jusqu'à  la  an  de  179 x. 

RABÛEL ,  (  Claude  )  jésuite^ 
lié  à  Pônt-de-Vesle  le  24  avril 
1669  4  et  mort  à  Lyon  en  1^28  ^ 
a  publié  :  I.  Un  Commentaire  sut 
la  Géométrie  de  Descartes,  Lyon^ 
1730,  in-4.^  IL  Un  TraUé  d'al- 
gèbre et  du  calcul  différentiel  et 
intégral^  in-4.0 

»  IL  RABUTIN  ,  (  hoger 
fcomte  DE  Bussi  )  hé  à  Èpiry  en 
NiverrtOisle  3o  avril  1618  ,  petit- 
fib  du  précédent,  servit  dès  l'âge 
de  douze  ans  dans  le  régiment  de 
•îôn  père.  Sa  Valeur  parut  avec 
éclat  dans  plusieurs  sièges  et  ba- 
tailles* Elle  lui  mérita  les  places 
de  m£Stre  de  camp  de  la  cava- 
lerie légère ,  de  lieutenant  géné-^ 
rai  des  armées  du  roi,  et  de  lieu-« 
tenant  général  du  Nivernois.  Le 
comte  de  Sussi  méloit  les  latw 

V 


; 


R  AB 


riers  d*ApoUon  à  cenx  de  Mars» 
Reçu  à  l'académie  Françoise  en 
i6€5 ,  il  y  prononça  une  haran- 
gue pleine  d'esprit  et  de  fanfa- 
ronnades. 11  couroit  alors  sous 
son  nom  une  Histoire  manus- 
crite des  Amours  de  deux  dames 
puissantes  à  la  cour  {d'Olonne 
et  de  ChéUllon.  )  !l  l'avoit  con- 
fiée à  Mad.  la  marquise  de  Beaiane 
qui  après  une  liaison  très-intime  ^ 
croyant  avoir  à  se  plaindre  de  lui , 
trahit  son  secret.  Ce  manuscrit 
intitulé  :  Histoire  amoureuse  des 
/Gaules ,  faisoit  beaucoup  de  bruit. 
'A  la  légèreté  du  style ,  à  la  viva- 
cité des  saillies ,  l'auteur  avoit  su 
{oindre  des  portraits  peints  avec 
autant  d'art  que  de  vérité  de  plu- 
. sieurs  personnes  de  la  cour ,  et 
un  ton  de  dépravation  qui  n'étoit 
pas  €6  qui  plaisolt  le  moins.  Ce  * 
qu'il,  y  a  de  singulier ,  c'est  qu'une 
des  aventures  qui  frappent  le  plus 
dans  son  roman ,  étoit  une  pure 
traduction  d'un  endroit  de  Pé~ 
trône ,  jusqu'à  la  lettre  qu'il  at- 
tribue à  une  des  dames  satirisées. 
n  anroit  dû  sans  doute  avouer 
ce  plagiat  pour  sa  justification  ; 
mais  la  vanité  îemportoit  chez 
4ui  âur  tout  autre  sentiment.  Quoi 
qu'il  en  soit ,  les  personnes  inté- 
ressées portèrent  leur  plainte  au 
roi ,  qui  déjà  mécontent  de  Bussi  , 
luiisit  avidement  l'occasion  de  le 
punir.  Il  hit  mis  à  la  Bastille^  Les 
Amours  des  Gaules  furent  le  pré- 
texte de  sa  détention  ;  mais  la 
.véritable  cause  étoit  cette  Chan^ 
son  où  le  roi  éteit  trop  compro- 
mis ,  et  dont  on  renouvela  alors 
le  souvenir ,  pour  perdre  Bussi 
à  qui  on  l'imputoit  :  ^ 

Que  Veo-datus  est  heureitt  !  e». 

1J Histoire  amoureuse  des  Gaules 

ii'étoït  pas  le   seul  ouvrage    de 

JBussi.  Il  avoit  encore  fait  un  pe— 

/Ut  Livre  9  reUé  proprement  en 


R  A  B 

forme  d'Heures  ;  an  lieu  des  imth' 
ges  qu'on  met  dans  les  livres  de 
piété  9  il  avoit  mis  dans  le  sien 
les  portraits  en  miniature  de  quel- 
ques hommes  de  la  cour ,  dont 
les  femmes  étoient  soupçonnées 
de  galanterie.  Au  bas  de  chaqut 
portrait  y  il  ûvoit  accommodé  au 
sujet  im  petit  discours  en  forme 
de  prière.  Cest  à  cet  ouvrage 
que  BoUeau  fait  allusion  dans  c« 
vers  : 

Me  mettre  su  rang  des  Sûnti  qa^a 
célébrés  Bussi, 

Une  maladie  occasionnée  par  sa 
prison,  lui  procura  sa  liberté^ 
mais  avant  que  de  l'obtenir  ,  il 
fallut  qu'il  donnât  la  démission 
de  sa  charge,  et  qu'il  écrivit  une 
lettre  de  satisfaction  aux  victimes 
de  sa  méchanceté.  Il  débita  méroe 
à  cette  occasion  de  belles  maxi- 
mes.  sur    les   écrits    satiriques, 
inutiles  s'ils  sont  secrets  ,  dangC" 
r  eux  s'ils  sont  publics.  Le  comte 
de  Bussi  ne  sortit  de  la  Bastille 
que  pour  aller  en  exil  dans  une 
de  ses  terres.  Il  fatigua  pendant 
tout  ce  temps-là  Louis  XIV  par 
une  foule  de  Lettres  ,  qui  décè- 
lent,, si  ce  n'est  ime  ame  fausse, 
une  ame  au  moins  petite  et  foi- 
ble.  Il  protestoit  au  roi  une  ten- 
dresse qu'il  ii'avoit  pas ,  et  se 
donnoit  des  éloges  qu'on  croyoit 
beaucoup   plus  sincères  que  \t% 
protestations  d'attachement  dont 
il  excédoit  le  monarque.  Ses  ?é« 
ritables  sentimens  éclatèrent  eo 
1674.  Despréaux  fit  sa  belle  épi» 
tre  sur  le  passage  du  Rhin,  qui 
immortalisa  le  poète  et  lehéroSi 
Bussi ,  l'imprudent  Bussi ,  crai^ 
gnant  d'être  oublié ,  fit  des  re- 
marques sanglantes  sur  cet  on-* 
vrage.  Il  relevoit  sur-tout  cet  en- 
droit ,  où  le  panégyriste  du  prince 
lui  disoit  que    s'il  continuoit  à 
prendre  tant  de  villes ,  il  n'y  an* 


R  A  B 

roit  plus  moyen  de  le  snivr»  9  et 
qnil  faudroit  aller  l'att-endre  aux 
bords  de  l'Hellespont.  Il  plaisanta 
sur  ce  dernier  mot  9  et   mit  au 
bout;  Tarare  pon  pon.  Le  ridi- 
cule qu'il  vouloit  jeter  sur  la  belle 
èfîitrt  de  Despréaiix ,  parvint  au 
^oête ,  qui  se  prépara  à  la  ven- 
geance. Le  eomte  Le  sut,  et  &t 
promptement  négocier  la  paix. 
Despréaux  et  lui  s'écrivirent  des 
lettres  pleines    de   l;émoignages 
d'esthne  et  d*amitié.  Le  comte  de 
Bussi,  après  17  ans  de  sollicita- 
tions,  obtint  enfin  la  permission 
de  retourner   à  ]a  cour  ;   mais 
commeT  le  roi  évita  de  le  regar- 
der 9  il  se  retira  dans  ses  terres , 
partageant   son  temps  entre  les 
plaisirs  de  la  campagne  et  ceux 
de  la  littérature.  11  mourut   à 
Autnn  le  9  avril  1693,  à  7S  ans. 
(  Voyez  les  articles  IIL  Rivière 
tt  MiRÀMiûN.  )   Il  faut  avouer 
çu  il  avoit  de  l'esprit ,  mais  plus 
d'amour  propre  encore  ;  et  il  ne 
«e  servit  guère  de  son  esprit  que 
pour  se  faire  des  ennemis.  Caus- 
tique, hautain  dans  la  société  , 
il  ne  fut  guère  plus  aimé  en  pro- 
vince qu'à  la  cour.  Comme  cour- 
tisan 9  comme  guerrier ,  comme 
écrivain,  comme  homme  h  bonnes 
fortunes ,  il  croyoit  n'avoir  point 
d'égal.  Il  se  Aattoit  même  de  l'em- 
porter en  courage  sur  le  maré- 
chal de    Turenne ,  et  en   génie 
sur  Pascal.  On  prétend  que  lors- 
i  qu'il  étoit  à   la  Bastille,  le  Père 
Nouet  jésuite,  son  confesseur, 
l'engagea  à  répondre  «ux  Provin- 
tiales  ,  et  qu*il  ne  craignit  pas  de 
se  charger  de  ce  travail  ;  mais  il 
fut  bientôt  obligé  de  l'abandon- 
ner. On   ne  réfute  les    bonnes 
plaisanteries  qu'en  en  faisant  de 
meilleures.  On  a  de  lui  :  ï.  Dw- 
cours  à  ses  enfans ,  sur  le  bon 
usage  des  adversités ,  et  sur  les 
Avers  événemens  de  sa  vU ,  in-y  j 


R  A  B        307 

à. Paris,  i^^J^*  On  y  trouve  des 
réilexions  utÛes  sur  la  juste  va- 
leur des  biens  et  des  maux  de  la 
vie.  Mais  il  étoit  plus  facile  de 
faire  des  réflexions  sur  l'utilité 
des  disgrâces  ,  que  de  les  suppor-^ 
ter  avec  noblesse,  IL  Ses  Mémoi^ 
res ,  en  deux  vol.  in-4° ,  à  Paris , 
1698,  réimprimés  à  Amsterdam 
en  trois  vol.  in-4%  avec  plusieurs 
pièces  curieuses.  Pour  quelques 
faits  vrais  et  intéressans ,  on  y 
trouve   ceut    particularités  dont 
on  ne  se  soucie  pas  ;  le  style  en 
fait  le  principal  mérite  ;  il  est 
léger,  pur  et  élégant.  III.  Des 
Lettres,  en  7  vol.  in— 12,  plu- 
sieurs fois  réimprimées.  Elles  ont 
eu  dîfnsjeur  temps  beaucoup  de 
réputation  ;  mais  on  y  sent  trop 
qu'elles   ont  été  faites  pour  être 
publiques  ;  et  quoique  écrites  en 
général  avec  noblesse  et  avec  cor-» 
rection ,  elles  ne  plaisent  guère 
aux  personnes  d'un  goût  vérita- 
blement délicat ,  qui  préfèrent  le 
naturel  à  toutes  ces  grâces  con- 
traintes. IV.  Histoire  abrégée  de 
Louis  le  Grand ,  in- li,  à  Paris, 
1699.  Ce  n'est  presque  qu'un  pa- 
né]»yrique ,  et  il  révolte  d'autant 
plus,  que  l'auteur  écrîvoit  cer- 
tainement contre  sa  pensée.  V.  Des 
Poésies ,  répandues  dans  ses  Let*» 
très   et  dans  différens  recueils  ; 
ses  vers  lâches  9  foibles,  sansco* 
loris ,  sont  plutôt  d'un  bel  esprit 
qiie  d'un  poète.  On  n'estime  guère 
que  ses  Maximes  d'amour  ,    et 
ses  Epigrammes  imitées  de  Mar^ 
tial,...  Les  Amours  des  Gaules  ont 
été  imprimées  en  Hollande  avec 
d'autres  Historiettes  du  temps , 
en  deux  vol.  in-12  :  et  à  Paris 
sous  le  titre  de  Hollande ,  en  cinq 
petits  volumes  in-i  2.  —  Bussi^ 
Rabutifi  avoit  une  fille  religieuse 
de  la  Visitation  à  Paris ,  (  Diane" 
Charlotte,  )  qui 9   ^seloa  l'abbé 
Lengl^t,  écrivoit  aussi  bien  que 

V  X     • 


)o8       R  A  C 


son  pèrci  C'est  d'elle  que  Ml^«  de 
Scudéri  disoit  en  écrivant,  à  ce 
dernier  :  «  Votre  fille ,  que  je  vois 
•ouvent,  a  autant  d'esprit  que  si 
^lle  vous  voyoit  tous  tes  jours  ;  et 
elle  est  aussi  sage  que  si  elle  ne 
vous    avoit  jamais  vu«  »  Nous 
jivons  de  M"«  de  Bussi  un  Abrégé 
de  la  Vie  de  Mad.  de  Chantai , 
1697,  in-iî  ;  de  St*  François  de 
Sales  «  Î700  ^  in*- 1 2.  — L'abbé  de 
Bussi  son  Frère ,  nommé  évêque 
de  Luçcn  en  17*3 ,  de  l'académie 
Françoise  «  étoit  un  prélat  ingé- 
nieux 9  savant  et  possédant  l'nrt 
de  plafre.  II  mourut  en  ij3S  , 
après  avoir  presque  entièrement 
renoncé  aux  sociétés  dont  il  avoit 
fait  les  délices.  Je  fie  ^auroié ,  di- 
foit>il  9  me  résoudre  à  n'être  plus 
aimable.  Je  sens  que  je  ne  puis 
plus  Véire  qu'avec  effort  m.  ^l  il 
vaut  mieux  renoncer  de    bonne 
gr<àée  à   ce  qu'on  ne  peut  faire 
sans  fatigue.  Son  2;èle  pour  la 
Bulle   Unigenitus  lui  attira    les 
injures  des  Jansénistes  qui  lui  re- 
prochèrent trop  souvent  sa  vie 
mondaine,  et  se  turent  sur  ses 
bonnes  qualitést 

RACCHETTI  ,  (  Bernard  ) 
peintre  Italien  ,  né  en  1689  , 
mort  en  1702  ,  représentoit  à 
merveille  rarchitectnre ,  et  se  dis* 
tingua  dans  la  perspective. 

*  I.  RACINE ,  (  Jean  )  né  à  ïa 
Ferté-Milon  le  21  décembre 
1689  j  d'une  famille  noble,  fut 
élevé  à  Port-Roj'ûl-des-Cbamps, 
et  il  en  fut  l'élève  le  plus  illustre, 
Marie  des  Moulins  sa  grand- 
mère  9  s'étoit  retirée  dans  cette 
solitude  si  célèbre  et  si  persé- 
cutée. Son  goût  dominant  étoit 
Î>our  les  Poètes  tragiques.  Il  al- 
oit  souvent  se  perdre  dans  les 
bois  de  l'abbaye ,  un  Euripide  à 
la  main  :  il  cherchoit  dès-lors  à 
Timiter*  U  «ncl^oit  des  livres  y 


R  A  c 

pmir  les  dévorer  à  des  heures  \xH 
dues.  Le  sacristain  Claude  Lan-* 
celot ,  son  maître  dans  l'étude  dt 
la  langue  grecque ,  lui  brûla  con- 
sécutivement trois  exemplaires 
des  Amours  de  Théagène  et  de 
Chariclée ,  roman  grec  ^  qu'il 
apprit  par  cœur  à  la  3*  lectare» 
Après  avoir  fait  ses  humanités  ë 
Port -Boy  al ,  et  sa  philo'sophis 
au  collège  d*Harcoutt ,  il  débuta 
dans  le  monde  par  une  Ode  sur 
le  mariage  du  roi.  Cette  pièce , 
intitulée  la  Nymphe  de  la  Seine  ^ 
lai  valut  une  gratification  de  cent 
louis  et  une  pension  de  600  liv* 
Le  ministre  CoLbert  obtint  pouf 
lui  lune  et  l'autre  de  ces  grâces* 
Ce  succès  le  détermina  à  la  poé- 
sie. En  vain  un  de  ses  oncles  ^ 
chanoine  régulier  et  vicaire  gé- 
néral dUsès ,  l'appela  dans  cetts 
ville  pour  lui  résigner  un  riche 
bénéfice  ,  la  voix  du  talent  l'ap-» 
peloit  à  Paris.  Il  s'y  retira  vers 
1664  )  époque  de  sa  première 
pièce  de  théâtre.  La  Thébaïde 
ou  les  Frères  ennemis  ,  c'est  le 
titre  de  cette  tragédie ,  ne  parut 
à  la  vérité  qu  un  coup  d'essai  aul 
bons  )uges  ;  mais  ce  coup  d'essai 
annonçoit  un  maître.  Le  mono- 
logue de  Jocaste  dans  le  troi« 
sième  acte ,  l'entrevue  des  deux 
frères  dans  le  quatrième ,  et  le 
jrécit  des  combats  dahs  le  der- 
nier ,  furent  un  augure  heureux 
de  son  génie.  Il  traita  cette  pièce 
dans  le  goût  dé  Corneille  s  mais, 
né  pour  servir  lui-même  de  mo-  * 
dèle ,  il  quitta  bientôt  cette  ma- 
nière qui  n'étoit  pas  la  sienne. 
La  lecture  des  Romans  avoit  * 
tourné  les  esprits  du  côté  de  Is 
tendresse ,  et  ce  fut  de  ce  côté- 
là  aussi  qu'il  tourna  son  génie— 
Il  donna  son  Alexandre  en  iM» 
Cette  tragédie  improuvée  paf 
Corneille ,  qui  dit  à  l'auteur  qu'îi 
Qvoit  dié  talent  pour  la^QéiU^ 


J 


R  AC 

tudt  non  pas  pour  ïe  Théâtre  il 
charma  tout  Paris.  Les  connois- 
leurs  la  jugèrent  plus  sévèrement. 
L'amour  qui  domine  dans  cette 
pièce,  na  rien  de  tragique.  Ale^ 
xandre  y  est  presque  éclipsé  par 
Parus  ;  et  la  versincation  quoi- 
que supérieure  à  celle  de  la  TW— ■ 
haide,  offre  bien  de  la  négligence, 
Bacine  portoit  alors  l'habit  ec- 
clésiastique ,  et  ce  fut  à  peu  près 
vers  ce  temps-là  qu'il  obtint  le 
prieuré  d'Épinay  ;  mais  il  n'en 
jouit  pas  long— temps.  Ce  béné- 
fice lui  fut  disputé  ;  il  n*en  retira 
pour  tout  fruit  qu'un  procès ,  que 
ni  lui  ni  ses  juges  n* entendirent 
jamais  :  aussi  abandonna-t-il  et 
le  bénéfice  et  le  procès.  Il  eut 
bientôt  un  autre  procès  qui  fit 
plus  de  bruit.  Le  visionnaire  Z>«- 
maréts  de  Saint-Sorlin ,  poète , 
prophète,  et  fou  sons  ce  double 
titre ,  se  signala  par  des  rêveries 
réfutées  par  Nicole,  Ce  célèbre 
écrivain ,  dans  la  première  de  ses 
Lettres  contre  cet  insensé ,  traita 
les  poètes  dramatiques  é*empoi^ 
sonneurs  ,  non  des  'corps ,  mais 
des  âmes.  Racine  prit  ce  trait 
pour  lui  ;  il  lança  d'abord  une 
lettre  contre  ses  anciens  maîtres. 
Elle  étoit  pleine  d'esprit  et  de 
grâces.  Les  Jésuites  la  mettoient 
a  côté  des  Lettres  Provinciales  g 
et  ce  n  étoit  pas  peu  la  louer. 
Nicole  négligea  de  répondre.; 
nais  Barbier  éCAucour  et  Dubois 
le  firent  pour  lui.  Racine  leur  ré- 
pliqua par  une  Letti^e  non  moins 
ingénieuse  et  aussi  pleine  de  sel 
que  la  première.  Boileau ,  a  qui 
il  la  montra  avant  que  de  la  ren« 
dre  pnbliqiie  ,  lui  dit  en  ami 
sage  :  Cette  Lettre  fera  honneur 
à  votre  esprit ,  mais  n  en  fera  pas 
à  votre  cœur.  Vous  attaquez  des 
Hommes  d'un  très-grand  mérite  , 
à  qui  vous  devez  une  partie  de  ce 
^ùc  vous  êtes,,  Cette  réponse  fit 


K  À  C        )0> 


impreision  sur  iZacm^^  qui  sup^ 
prima  sa  seconde  Lettre ,  et  re- 
tira tous  Jes  exemplaires  delà 
première....  Alexandre  fut  suivi 
fX Andromaque ,  jouée  en  1668; 
cette  pièce  coûta  la  vie  au  célèbre 
Montfieuri  qui  y  représentoit  le 
rôle  d'Oreste,  A  peine  Racine 
avoit-il  3oans;  mais  son  ouvrage 
annonçoit  un  homme  consommé 
dans  l'art  du  théâtre.  La  terreur 
et  la  pitié  sont  Tame  de  cette  tra- 
gédie. Aucun  personnage  épisow 
dique  ;  l'intérêt  principal  n'est 
presque  jamais  partagé  ,  et  le 
lecteur  n'y  est  pas  refroidi.  On  yt 
admira  sur -tout  le  style  noble 
sans  enflure,  simple  sans  bas-« 
sesse.  Elle  essuya  cependant  qneU' 
ques  critiques.  On  se  plaignit 
que  Pyrrhus  étoit  trop  emporté  ^ 
trop  farouche  ;  que  la  situation 
violente  à'Hermione  faisoit  trop 
long -temps  oublier  Andromn-m 
que ,  la  héroîne«de  la  pièce ,  etc. 
etc.  ;  et  ces  censures  dictées  eit 
partie  par  l'envie  et  par  l'igno- 
rance ,  furent  accueillies  pen- 
dant quelque  temps.  Le  maréchal 
de  Créqui  ct  le  comte  d*Olonne  . 
disoient  hautement  qu'il  n'y  avoit 
que  du  romanesque  dans  YAh'* 
dromaque  de  Racine.  Le  maré- 
chal passoit  pour  ne  point  aimer 
les  femmes,  et  le  comte  n'avoit 
pas  lieu  de  se  louer  de  la  ten—  , 
dresse  de  la  sienne.  Le  poète 
oHensé  fit  là-dessus  l'épigramme 
suivante ,  qu'il  s'adressoit  à  lui- 
même: 

Im  vrsbatnblable  tst  cho^  4iM  ts 

-    ]>Cèc«  f 
SlToa  «n  croit  et  i'Olonnt  tt  Créfut» 
Criqui  tMt  qM  ffnku»  aka»  tiop  •• 

Mabrettei 
B^Unnt  y  ^pfAndrtnaqt»  tlflia  trof 

loa  Mari. 

Subtignf  publia  contre  Andro^ 
naque,  une. espèce  de  parodie ^ 

V3 


y 


/ 


310       R  A  C 

intitulée  :  la  "Folle  querelle ^  co- 
médie en  prose  9  Paris ,  1668  , 
in- 12.  Mais  cette  sotte  critique 
d'un  sot  auteur ,  ne  lit  qu  encou- 
rager le  grand  homme  si  injuste- 
ment censuré.  C'est  à  quoi  Boi-* 
leau  £t  allusion  dans  la  belle  épi— 
tre  qu'il  adressa  à  Racine  : 

Toi  donc  ^i  t^élertoc  sur  U  scène  tra- 
gique , 
Sais  les  pas  de  SophocU  ,  et  seul  de  tant 

d'esprits  » 
De  Carntille  rieilU  sais  COnsoler  Paris , 
Cesses  de  t'ëtonner  si  l*eiivie  «minée  > 
Attachnnt  à  ton  nom  sa  rouille  envenimée  f 
Xa  calomnie  en  main ,    quelquefois    ft 

'  poursuit. 
En  cela  comme  en  totit  le  Ciel  qui  nous 

conduit , 
Jijeine  ,  fait  briller  sa  profbnde  sagesse. 
Le  mérite    en   repos  8*cndort    dans   la 

mollesse.  > 

Mais  par  les  envieux  un  génie  excité* 
An   comble    de  son  art  est  quelquefois 

monté. 
Plus  on  veut  TafibibUr ,  plus  il  cjott  et 

s*élanc/. 
Au  Cid  persécuté  ,    Cinna  doit  sa  nais- 
^  .  sance  $ 

Et  peut-être  ta  plume  aux  censeurs  de 

Pytrhus  , 
.  Doit  les  plus  nobles  traits  dont  tu  peignis 

Burrhus, 

Saint-Evremont ,  courtisan  épi- 
curien ,  qui  s*étoit  déclaré  l'ar- 
bitre du  goût ,  fut  encore  un  de 
ceux  qui  critiquèrent  Andromâ-^ 
t]ue,  tragédie  qui  9  après  nii  siècle 
et  demi  de  succès^^  fonit  encore  de 
toute  l'estime  quelle  mérite.  An- 
dromaque  avoit  annoncé  à  la 
J^'iance  un  grande  homniie  ;  la  co- 
médie des  Plai4^furs  \  'jouée  la 
même  année  9  annonça  un  très- 
bel  esprit.  On  vit  dans  cette  pièce 
des  traits  véritablement  comi- 
ques, du  riditultr  fîn\^'et  saillant', 
dés  p]aisantenés''pleîfe'esdesel  et 


R  A  c 

de  goût.  Malgré  cela ,  les  acteurs 

furent  presque  siffles   aux  deux 

premières    représentations  ,    et 

n'osèrent  hasarder  la  troisième. 

Molière,  quoique  brouillé  avec 

Racine,  n'adopta  pas  le  jugement 

des  faux  connoisseurs  9  et  dit  ea 

sortant  de  la  comédie  :   Que  ceux    \ 

qui  se  moqiioient  des  Plaideurs,    i 

méritoient  quon  se  moquât  d'eus. 

La  pièce  jouée  à  la  cour  y  fîit 

très-applaudie,  et  Louis  XIV  y 

rit   beaucoup.    Bientôt    la  ville 

jugea  commela  cour.  Ce  qui  flatta 

sur-tout  le  parterre  de  Paris ,  ce 

furent  les  allusions.  On  reconnut 

dans  le  Juge  qui  veut  toujours 

juger,  un  président  si  passionné 

pour  sa  profession ,  qu'il  l'exer- 

çoit  dans  son  domestique.  La  dis^ 

pute  entre  la  Comtesse  et  Chica^ 

neau ,   s'étoit  réellement  passée 

entre  la  comtesse  de  Crissé Qixjiii 

fameux  plaideur,   chez  Boileau 

le  greffier.  Le  discours  de  ri«- 

timé ,  qui  dans  la  cause  du  cba<« 

pon  commence  par    un    exorde 

d'une  Oraison   de  Cicéron ,  fut 

pris  sur  le  discours  d'un  avocat, 

qui  s'étoit  servi  du  même  exorde 

dans   la  querelle  d'un  pâtissier 

contre  un  boulanger....  Les  P/at- 

deurs  étoient  une  imitation  des 

Guêpes  ^'Aristophane.  Mais  JRa- 

vine  ne   dut  qu'à  lui-même  son 

Britannicus  ,  qui  parut  en  1670. 

Il  se  surpassa  dans  cette  pièce. 

Nourri  de  la  lecture  de  Tacite , 

il  sut  communiquer  la  foï'ce  de 

cet  historien  à  sa  versification  et 

à  ses   caractères.  Ils  sont  tous 

égaîemerit  bien  développés ,  éga- 

.lement  bien  peints.  Néron  est  un 

monstre  naissant ,  qui  passe  par 

une  gradation    insensible  de  la 

vertu  au  crime,  et  du  crime  aux 

forfaits.  Agrïppine  n\ère  de  Né^ 

ron ,  est  digne  de  son  fils.  Bar- 

rhui  est  Un  sage  au  milieu  d'une 

cour  corjwmpue.  Junte  iutéressc  j 


»■ 


R  AC 

mais  l'auteur  lai  fiait  trop  d'hon*^ 
neiir ,  en  la  peignant  -comme  u^ne 
fille  vertueuse....  Bérénice ,  jouée 
Tannée  d'après ,  soutint  la  gloire 
du  poète  aux  yeux  du  public,  et 
l'alFoiblit  aux  yeux  des  gens  de 
goût.  Ce  n*est  <ju*une  Pastorale 
héroïque  ;  elle  manque  de  ce  su- 
blime et  de  ce  terrible ,  les  deux 
grands  ressorts  de  la  tragédie. 
Elle  est  conduite  avec  art  et  avec 
une  certaine  vivacité  ;  les  senti- 
niens  en  sont  délicats  ,  la  versi- 
fication élégante  ,  noble,  har- 
monieuse :  mais  encore  une  fois  , 
ce  n'est  point  une  Tragédie ,  en 
prenant  ce  mot  dans  la  rigueur 
da  terme.  Titus  n'est  point  un 
béros  Romain  ;  c'est  un  courti- 
san de  Versailles,  Tout  roule  sur 
ces  trois  mots  de  Suétone  :  In^ 

VITVS  INriTAM  DIMJSIT.   Ce  fut 

Henriette  d'Angleterre  qui  enga- 
gea Racine  et  Corneille  a  tra- 
vailler sur  ce  sujet.  Elle  vouloit 
jouir  non-seulement  du  plaisir  de 
voir  lutter  deux  rivaux  illustres  ; 
mais  elle  avoit  encore  en  vue  le 
frein  qu'elle-même  avoit  mis  à 
son  propre  penchant  pour  Louis 
XIV,  On  prétend  qu'un  seigneur 
ayant  demandé  au  grand  Condé 
son  sentiment  sur  cette  tragédie , 
il  ré{)ondit  par  ces  deux  vers  pris 
de  la  pièce  môme  : 

Depais  deux  ans  emien ,  chaque  fom  j« 

la  vois  9 
Et  croîs  toujours  la  voir  poar  la  pramièrc 

fois. 

Racine  prit  un  essor  plus  élevé 
en  1672,  dans  Bajazet»  Le  sujet 
est  la  conspiration,  du  visir  qui 
^treprit  de  mettre  sur  le  trône 
Baiazét  k  la  place  d*Amurat  son 
frère.  I*e  caractère  de  ce  visir 
«H,  suivant  les connoisseurs ,  le 
dernier  efifort  de  l'esprit  humain , 
et  la  beauté  de  la  diction  le  relève 
^cdre^pad  unseulvers  oadur^ 


R  A  C        iit 

Ofl  foîble;  pas  un  mot  qui  no 
soit  le  mot  propre  ;  jamais  de  su-* 
blime  hors  d'oeuvre  qui  cesse 
d'être  sublime  ;  jamais  de  disser-« 
tations  étrangères  au  sujet  ;  tou«4 
tes  les  convenances  parfaitement 
observées  :  enfm  ce  rôle  est  d'au- 
tant plus  admirable  ,  qu'il  se 
trouve  dans  la  seule  tragédie  oii 
l'on  pouvoit  l'introduire ,  et  qu'il 
auroit  été  déplacé  par>tout  ail- 
leurs. Le  caractère  d'Atalide  ne 
mérite  pas  moins  d'éloges  :  la  dé-« 
licatesse  de  ses  sentimens  ,  les 
combats  de  son  cœur  ^  ses  crain- 
tes ,  ses  douleurs  développent 
mieux  les  replis  de  ]^ime  que  tous 
nos  romans,  et  1  amour  y  est 
peint  avec  plus  d'énergie.  Dans 
le  rôle  de  Roxane ,  la  Rerté  et 
l'ambition  viennent  combattre 
l'amour.  Racine  fut  embarrassé 
du  choix  d'une  actrice  pour  ce 
rôle.  Il  l'ôta  et  le  donna  succes- 
sivement à  la  Champmélé  et  k 
M}^^  d'Ennebaut  ;  ce  qui  le  Ht 
comparer  à  Pyrrhus  ,  flottant 
entre  Andromaque  et  HernUone  ^ 
et  lui  ht  appliquer  ces  vers  ; 

La  quitter,  la  reprendre ,  et  retourner 

encor 
De  la  fiUe  âfHéUne  è  la  Tenve  A^Htetor* 

L'intérêt  de  Bajazet  croit  d'acte 
en  acte;  tous  sont  pleins  et  liés. 
Plusieurs  morceaux  respirent  la 
vigueur  tragique.  La  première 
scène  est  un  modèle  d'exposition, 
et  celles  qui  la  suivent  sont  de9 
modèles  de  style.  Cette  tragédie 
obtint  un  très-grand  succès.  Mad. 
de  Sévigné  écrivoit  en  sortant  de- 
la  représentation  :  «  Racine  a 
fait  une  pièce  qui  lève  la  paille^ 
M.  de  Tallard  dit  qu'elle  est  au- 
tant au-dessus  des  pièces  de  Cor-^ 
neille ,  que  celles  de  ce  dernier 
'  sont  au-dessus  de  celles  de  Boyer,^. 
Mithridate  ,  joué  en  1673,  est 
plus  dans  le  goût  du  grand  Cor^ 

\  4 


^11       R  A  C 

neille ,  quoique  Tamour  soît  en^ 
core  le  principal  ressort  de  cette 
tragédie ,  et  que  cet  amour  y  fasse 
iaire  des  choses  assez  petites. 
Jdithridate  s'y  sert  d'un  artifice 
de  comédie ,  pour  surpretidre  une 
Jeune  personne  et  lui  faire  dire 
son  secret.  Voltaire  a  très-bien 
remarqué  que  l'intrigue  de  cette 
pièce  est  aussi  propre  à  la  co« 
inédie  qu'à  la  tragédie.  Otez  les 
grands  noms  de  Monarque,  de 
Guerrier  et  de  Conquérant,  Mi" 
.ihridate  n'est  qu'un  vieillard 
amoureux  d'une  jeune  fille:  ses 
deux  iils  en  sont  amoureux  aussi , 
et  il  se  sert  d'une  ruse  assez  basse 
pour  découvrir  celui  des  deux  qui 
est  aimé.  C'est  précisément  l'in- 
trigue deV Avare,  Harpagon  et  le 
Jioi  de  Pont  sont  deux  vieillards 
nmoureux  ;  l'un  et  l'autre  ont 
leur  fils  pour  rival  ;  l'un  et  l'autre 
se  servent  du  même  artifice  pour 
découvrir  l'intelligence  qui  est 
entre  leur  fils  et  Ipur  maîtresse  ; 
et  les  deux  pièces  finissent  par  le 
mariage  du  jeune  homme.  Mais 
ce  que  cette  tragédie  a  de  défec-. 
tueux  est  racheté  par  de  grandes 
beautés.  Le  rôle  de  Mithridaie  est 
en  général  beau  et  théâtral.  Son 
amour  même  est  en  quelque  sorte 
ennobli  par  les  reproches  qu'il 
Se  fait  de  sa  foiblesse.  Occupé  de 
sa  haine  pour  Rome ,  grand  dans 
l'adversité,  son  caractère  est  très- 
propre  au  théâtre  ;  car  s'il  n'avoit 
paru  qu amoureux,  cette  pièce 
malgré  l'élégance  du  style ,  n'au*« 
roit  été  qu'un  épithalame  magni- 
fique. Ce  qu'on  a  dit  des  petits 
ressorts  employés  dans  la  tragédie 
de  Mithridate ,  on  peut  le  dire 
encore  de  Britannicus  ,  qui  avoit 
^té  joué  en  1669.  Néron  dans 
cette  pièce  est  un  jeune  homme 
impétueux ,  /qui  devient  amou- 
reux tout  d'un  coup  \  qui  dans  le 
moment  v^ut  se  séparer  d'avec  sa 


R  AC 

feflRBe ,  et  se  cache  derrière  vxfê 
tapisserie  pour  écouter  les  di&-» 
cours  de  sa  maîtresse.  Cette  foi- 
blesse de  mettre  de  l'amour  par- 
tout ,  a  dégradé  presque  tous  les 
héros  de  Racine.  Titus  ,  dans  sa 
Bérénice  a  un  caractère  mou  et 
efféminé.  Alexandre  le  Grand , 
dans  la  pièce  qui  porte  son  nom , 
n'est  occupé  que  de  l'amour  d'un» 
petite  Cléophile ,  dont  le  specta-- 
teur  ne  fait  pas  beaucoup  de  cas. 
Voyez  Campistron....  Iphigénie 
ne  parut  que  deux  ans  après  Mi^ 
tkridate ,  en  1675;  elle  fit  verser 
des  larmes  plus  qu'aucune  pièce 
de  Hacine,  (  Voyez  Champmele.  ) 
Les   événemens  y  sont  préparés 
avec   art  ,    et    enchaînés    avec 
adresse.  Elle  laisse  dans  le  cœur 
cette  tristesse  majestueuse ,  l'ame 
de  la  tragédie.  L'amour  â* Achille 
est  moins  une  foiblesse  qu'un  de- 
voir ,  parce  qu'il  a  tous  les  carac' 
tères   de  la  tendresse  conjugale. 
«  Javone ,  dit  Voltaire ,  que  je 
regarde  Iphigénie  comme  le  chef- . 
d'oeuvre  de  la  scène.  Veut-on  de 
la  grandeur  ?  on  la  trouve  dans 
Achille ,  mais  telle  qu'il  la  faut 
au  théâtre ,  nécessaire ,  passion- 
née, sans  enflure,  sans  déclama- 
tion.  Veut- on  de  la  vraie  politi- 
que? tout  le  r6\e  d'Ulysse  en  est 
plein  ;  et  c'est  une  politique  par- 
faite ,  uniquement   fondée   sur 
l'amour  du  bien  public  ;  elle  est 
adroite ,  elle  est  noble  ,   elle  ne 
disserte  point ,  elle  augmente  la 
terreur.  Çlytemnestre  est  le  mo- 
dèle du  grand  pathétique  ;  IphU 
génie  celui  de  la  simplicité  noble 
et  intéressante  ;  Agàmemnon  es^ 
tel  qu'il  doit  être.  Et  quel  style  \ 
c'est  là  le  vrai  sublime.  »  Le  Clerc 
indigne  rival  d'un  grand  homme, 
psa  donner  une  Iphigénie  dans  te 
même  temps  que  celle  de  Racine: 
mais  la  sienne  mourut  en  nais- 
sant; et  celle  du  Sophocle  "Prui* 


À 


r^ 


R  Acr 

rs  vivra  autant  que  le  théâtre.... 
y  avoit  une  faction  violente 
contre  Bacine ,  et  ce  poète  la 
redoutoit.  Il  fit  long-temps  mys- 
tère  de  sa  Phèdre,  Dès  <jue  la 
cabaie  acharnée  contre  lui  leut 
pénétré,  elle  invita  Pradon,  le 
rimailleur  Pradon ,  à  traiter  le 
même  sujet.  Ce  versificateur  goàta 
cette  idée  et  lexécuta  i  en  moins 
de  trois  mois  sa  pièce  fut  ache- 
vée. On  joua  celle  de  Racine  le 
i*""  janvier  1677,  et  deux  jours 
après   celle    de   Pradon ,   qui  , 
grâce  à  ses  protecteurs  et  à  leurs 
indignes  manœuvres ,  fut  jugée 
la  meilleure.  Les  chefs  de  cette 
cabale  s'assembloient  k  l'hôtel  de 
Bouillon.   Mad.  des  HouUères , 
le  duc  de  Nevers ,   et  d'autres 
personnes  de  mérite,  ne  crai-. 
gnirent  pas  d'y  entrer.  Les  con-- 
noisseurs  se  taisoient  et  admi— 
soient.  Le  grand  jêrnauld,  aussi 
bon  juge    en    littérature  qu'en 
théologie ,  ne  trouva  à  repren- 
dre que  l'amour    d^Hippolyte , 
at  l'auteur  lui  répondit  :  Qu'aux- 
Toient  pensé  les  petits  Mattres  , 
s'il  avoit  été  ennemi  de  toutes  les 
femmes  ?  Les  deux  Phèdres ,  de 
Racine  et  de  Pradon ,  sont  d'a- 
près celle  d*  Euripide.  Vimitàtion 
est  à  peu  .près  semblables  :  même 
contexture,  mêmes  personnages , 
mêmes  situations ,  marnes  fonds 
d'intérêt  ,    de  sentimens    et  de 
pensées.    Chez  Pradon  comme 
chez  Racine ,  Phèdre  est  amou- 
reuse d'Hippotyte.  Thésée  est  ab- 
sent dans  les  premiers  actes  :  on 
la  croit  retenu  aux  Enfers  avec 
Pirithoùs.  Hippoly te  Aime  Arcie, 
*t  veut  la  suivre  ;  il  fait  l'aveu 
à»  sa  passion  à  son  amante  ^  et 
*^çoit  avec  horreur  la  déclara- 
tion' de   Phèdre  ;  il  meurt  du 
aème   çenre  de  mort,  et  son 
gouverneur   fait  un  récit.  Mais 
*est  lorsque  ces  deux  auteurs  se 


R  A  C       jif 

rencontrent  le  plus  pour  le  fond 
des  choses ,  qu'on  remarque  mieux 
combien  ils  diffèrent  pour  la  ma- 
nière de  les  rendre.  L'un  est  le 
Rubens  de  la  poésie ,  et  l'antre 
n'est   qu'un    plat    barbouilleur* 
Lorsque    Phèdre  ,  ce   triomphe 
de  la  versification  francoise  après 
Athalie ,  fut  imprimée ,  ses  en- 
nemis firent  de  nouveaux  efforts. 
Ds   se  hâtèrent  de  donner  ime 
édition    fautive  ;   on    gâta    des 
scènes  entières  ;  on  eut  la  noir-^ 
ceur  de  substituer  aux  vers  les 
plus  heureux,  des  vers  plats  et 
ridicules.  Racine  dégoûté  par  ces 
indignités  de  la  carrière  du  théâ^ 
tre,    semée   de  tant  d'épines, 
résolut  de  se    faire    chartreux. 
Son  directeur  en   apprenant  le 
dessein  qu'il  avoit  pris  de  renon- 
cer au  monde  et  à  la  comédie, 
lui  conseilla  de  s'arracher  à  ces 
deux  objets  si  séduisans ,  plutôt 
p^r    un  mariage  chrétien,  que 
par  une  entière  retraite. Il  épousa , 
quelques  années  après  ,  la  fille 
d'un  trésorier  de  France  d'A*» 
miens.    Son    épouse  également 
belle  et  vertueuse,  fixa  son  cœur, 
et  lui   fit  goûter  les  délices  d» 
l'hymen  ;  délices  pures,  sans  re- 
pentir et  sans  remords.  Ce  fut 
alors  qu'il  se  réconcilia  avec  lea 
Solitaires   de  Port-Hoyal ,  qui 
n'avoient  pas  voulu  le  voir  de- 
puis   qu'il    s'étoit    consacré  au 
théâtre.  La  môme  année  de  son 
mariage ,    en     1677,    Racine 
fut  chargé  d'écrire  l'Histoire  de 
Louis  XI y,  conjointement  avec 
Boiteau,   Au   retour  de  la  der- 
nière campagne  de  cette  année , 
le  roi  dit  à  ses  deux  historiens  : 
Je  suis  fâché  que  vous  ne  soyez 
pas  venus  avec  moi  ;  vous  auriez 
vu  la  guerre  ,  et  votre  voyage 
n'eût  pas  été  long,  "—Racine  lui 
répondit  :  Votre  Majesté  ne  nous 
a  pas  donné  le  temps  ^e  nousfgire 


31^       R  A  C 

roi  le  Voyant  tin  jour  à  la  pi^ 
Bienade  avec  f/Lde  Cavoye  :  VoUâ, 
dtt^ii ,  deux  hommes  ifue  je  vois 
souvent  ensemble  /  j'en  devine  la 
raison  :  Cavoye  avec  Racine  se 
croit  bel  esprit  ;  Racine  avec  Ca* 
▼oye  se  croit  courtisan.  Les  d^ 
Iknts  de  ce  poëte  furent  efiFacés 
en  partie  par  de  grandes  qualités. 
La  religion  réprima  tous  ses  pen- 
chant La  raison  ,  disoit  Boileau 
à  ce  sujet ,  conduit  ordinairement 
les  autres  à  la  foi  ;  mais  c'est  la 
foi  qui  a  conduit  Racine  à  la  rai^ 
son.  Il  eut  sur  la  un  de  ses  jours 
une  piété  tendre,  une  probité 
austère.  11  étoit  bon  père ,  bon 
époux  9  bon  parent,  bon  ami».. 
<  Voyez  MoNVOYE.  )  lyiais  consi- 
dérons-le à  présent  par  les  en- 
droits qui  l'i  mm  or  tali  son  t.Voyona 
dans  cet  écrivain  rival  des  tragi«« 
ques  Grecs  pour  l'intelligence  des 
passions ,  une  élégance  toujours 
soutenue ,  une  correction  admi- 
rable ,  la  vérité  la  pins  frap- 
pante ;  point ,  ou  presque  point 
de  déclamation  :  par- tout  le  lan- 

fage  du  cœur  et  du  sentiment  ; 
art  de  la  versification  ,  l'har- 
monie et  le»  grâces  de  la  poésie 
portés  au  plus  haut  degré.  C'est 
le  poëte  après  Virgile ,  qui  a  le 
mieux  entendu  cette  partie  des 
Ters  ;  et  en  cela,  mais  peut-être 
en  cela  seul ,  il  est  supérieur  à 
Corneille.  On  ne  trouve  pas  chez 
lui  comme  dans  un  père  de  notre 
théâtre,  ces  antithèses  aflFectées, 
ces  négligences  basses  ,  ces  li— 
cences  continuelles  ,  cette  obs- 
curité ,  cette  emphase ,  et  enEn 
ces  phrases  synonymes ,  oii  la 
mente  pensée  est  p!us  remaniée 
que  la  division  d'un  sermon, 
rfous  remarquons  ces  défauts  de 
Corneille,  pour  servir  de  correctif 
au  parallèle  que  FonteneUe  fait 
de  ce  poète  avec  "Racine  :  paral- 
lèle ingénieux ^anais  quelquefois 


R  AC 

trop  fcvoiable  à  l'antenrife  CûittiK 
La  Mothe  a  rendu  plus  de  jnstice 
à  l'un  et  à  l'autre  dans  les  veri 
snivans : 

L*im  pl«s  par,  Taticre  plos  sublime  » 
Tons  deux  partigent  notre  cttiiae  « 
Far  «n  mérite  différent  ; 
Tov-à-tour  ils  now  font  cateadte 
Ce  que  le  coeor  a*  de  plu^  tendce  , 
Ce  qM  l'esprit  a  de  plus  grud« 

Ce  qui  rendit  Bacine  supérieur  a 
Corneille  dans  les  sujets  qu'ils 
traitèrent  l'un  et  l'autre,  c'est  que 
Bacine  joignoit  à  un  travail  assidu 
une  grande  connoissance  des  tra- 
giques Grecs  ,  et  une  étude  con- 
tinuelle de  leurs  beautés  ^  de  leur 
langue  et  de  la  nôtre,  n  consuU 
toit  les  juges  les  plus  sévères  ^  les 
plus  éclairés.  H  les  écoutoit  avec 
docilité.  Enfin  il  se  faisoit  gloire , 
ainsi  que  Boileau  »  d'être  revêtu 
des  dépouilles  des  anciens.  D  avoit 
formé  son  style  sur  le  leur»  «  On 
peut,  dit  "^...du  Mo  lard,  réussir 
peut-être  mieux  que  lui  dans  les 
catastrophes;  on  peut  produire 
plus  de  terreur,  approfondir  da- 
vantage le  sentiment ,  mettre  de 
plus  grands  mouvemens  dans  les 
intrigues  ;  mais  quiconque  ne  se 
formera  pas  comme  lui  sur  les 
anciens ,  quiconque  sur~tout  n  i- 
mitera  pas  la  pureté  de  leur  style 
^  et  du  sien ,  n'aura  jamais  de  ré- 
putation dans  la  postérité.»  Noas 
finirons  ces  remarques  par  le  ju* 
genient  plein  de  délicatesse  et  de 
vérité,  qu'a  por^âpur  Bacine 
le  Franc  de  Pompi§^nan ,  dans 
une  lettre  an  digne  fils  de  ce  grand 
homme.  «  Si  le  génie ,  dit-il ,  con-< 
siste  à  pénétrer  profondément  les 
objets  et  à  les  concevoir  dans 
toute  leur  étendue  sans  s'arrêter 
à  la  surface,, à  saisir  vivement, 
à  rapprocher  d'un  coup  d'oeil 
leurs  difierens   rapports  >  à  les 


R  A  C 

yosflëder  de  manière  qii*ils  pa-* 
roissent  pour   ainsi  dire  créé» 
dans  1  ame  de  celui  qui  se  les  ap-* 
proprie ,  je   reconnois  le  senti- 
ment à  ce  caractère  distinctif  :  il 
«  les  mêmes  propriétés  :  il  pro- 
duit les  mêmes  effets,  quoique 
sa  sphère  soit  plus  resserrée.  On 
pourroit  donc  conclure  que  B/7— 
cine  ayant  eu  le  plus  grand  fonds 
de  sentiment ,  il  est  le  plus  grand 
génie  à   cet  égard.  Horace  ,  la 
Fontaine ,  i^uinauU  nétoient  pas 
d'aussi    grands    génies    quJFfo- 
mère,  Virgile  et  Corneille;  mais 
c'étoient  néanmoins  des  hommes 
de  génie,  parce  qu'ils  avoient  du 
sentiment  à  un  haut  degré.  Ra^ 
cine  en   avoit  la  plénitude  :  sa 
prose  et  ses  vers  sont  comme  pé- 
tris de  cette  faculté  souple  et  dé- 
licate ,  qui  s'attache  sous  sa  main 
^ttx   différentes    matières    qu'il 
traite,  qui  les  anime ,  les  vivifie, 
leur  communique  ce  charme  se- 
cret qui  intéresse  ,  et  cette  cha<- 
leur  doute  et  continue  dont  il 
ne  faut  pas  chercher  la  source 
dans    des  mou ve mens  passagers 
de  tendresse  ;  mais  dans  le  trésor 
inépuisable  d'un  cœur  naturelle- 
ment sensible  et  fécond....  L'a- 
monr   n'inspire  point  le  senti- 
ment ,  mais  le  sentiment  donne 
du  génie  à  l'amour...  »  Outre  les 
tragédies  de  Racine ,  nous  avons 
de  lui  :  I.  Des  Cantiques  qu'il  fit 
à  Fusage  de  Saint-Cyr.  lis  sont 
pleins  d'onction  et  de  douceur. 
On  en  exécuta  un  devant  le  Roi  ^ 
^ui  à  ces  vers  : 

^  Mon  Dittt ,  quelle  guerre  crnelic  ! 
7c  troare  deux  homjnes  en  mol  i 
4L*im  veut  que  ,  plein  d'amour  pour  toi  9 
Je  te  soit  sans  cesse  fidelle  ; 
I.*antre  ,  à  tes  volontés  rebelle  9 
Me  soulève  contre  tt  loi* 

dit  à  Mad.  de  Maintenon  :  «  Ah  t 
Madame»  voilà  denx  hommes  qu» 


R  A  c      H7 


|e  connois  bien.» 'Il*  U Histoire 
de  Port-Royal^  17671  »  parties 
in>i2  :  le  style  de  cet  ouvrage  est 
coulant  et  historique  ,  mais  quel- 
quefois négligéAlIL  Une  IdylU 
sur  la  Paix»  pleine  de  grandes 
images   et  de  peintures  riantes. 

IV.  Quelques  Epigratnmes  di^e% 
de  Marot*  «  Je  ne  connois ,  écri- 
voit  Rrossetle  à  Rousseau ,  qua 
trois  personnes  en  France  qui 
ont  réussi  après  Marot ,  dans  le 
genre  épigrammatique»  Ces  trois 
personnes  sont  Despréaux  ^  ii^- 
cine  et  vous.  »  Mais  il  faut  avouer 
qu'en  lisant  les  épigrammes  à% 
Èoileau,  on  trouve  qu'il  en  a 
trop  fait  ;  et  en  <  lisant  celles  de 
Racine,  qu'il  n'en  a  pas  fait  assez. 

V.  Des  Lettres  et  quelques  opus^ 
cules ,  publiées  par  son  fils  dan» 
ses  Mémoires  de  la  Vie  de  Jeaik 
Racine,  '747  9  *  volum.  in-ia* 
{Voyez  I.  Platon  à  la  fin.)  On 
trouve  les  différens  ouvrages  de 
Racine  dans  l'édition  de  ses  Œu-* 
vres,  publiée  en  1768 ,  en  7  vol. 
in- 8°,  par  Luneau  de  Roisjer^ 
main ,  qui  l'a  enrichie  de  remar-* 
ques.  Les  éditions  de  Londres  ^ 
1723 ,  2  vol.  in-40 ,  et  de  Paris  , 
1765,3  vol.  in-40,  ainsi  que  celle 
de  Didot  l'aîné ,  1783 ,  3  volum. 
in-4°  ou  in-8® ,  et  5  vol.  in- 16  , 
sont  très -belles  ,  mais  moins 
complètes.  Roileau  orna  le  por- 
trait de  son  illustre  ami  de  ces 
quatre  vers  : 

Du  Théâtre    François  l'honneur   et  le 

merveille  » 
U  sut  ressusciter  Sophocle  eti  ses  écrits  y 
Et  dans  l'art  d'enchanter  les  coKurs  et  les 

fsprics  1' 
Surpasser  Muripid»,  tt  balancer  ComeilU0 

L'Abbé  d^Olivet  donna  des  B<f- 
marques  de  Grammaire  sur  Râ^ 
cine  9  avec  une  Lettre  critique  sur 
la  rime  adressée  à  M.  le  président 
Bûuhicr,  in«x2  ^  à  Paris  »  17 99. 


3iS       R  A  C 

L*année  5ui\[ante  l'abbë  des  Fo7t** 
iaines  opposa  à  cet  écrit  :  Racine 
vengé,  ou  Examen  des  Remarques 
grammaticales  d$  M.  l'abbé  é£0~ 
livet  sur  les  Œt^yres  de  Racine  , 
à  Avignon,  (Paris)  in- 12.  Ces 
deux  écrits  naéritent  d'être  lus. 
Celui  de  l'abbé  d'OUvec  a  été 
réimprimé  en  1766.  Mad.  de  Ro^ 
maneù,  veuve  de  Racine,  dont  il 
avoit  eu  deux  (ils  et  trois  filles , 
mourut  à  Baris  au  mois  de  no- 
vembre 17  Sa. 

^  II.  RACINE,  (Louis)  fils  du 
précédent ,  naquit  à  Paris  en 
1692.  Ayant  per4u  son  père  de 
bonne  heure  ,  il  demanda  des 
avis  à  Roileau  qui  lui  conseilla 
de  ne  pas  s'appliquer  à  la  poésie, 
mais  son  penchant  pour  les  Mu- 
ses Tentraîna.  H  donna  en  1720 
le  poëme  de  la  Grâce,  écrit  avec 
açsez  de  pureté ,  et  dans  lequel 
on  trouve  plusieurs  vers  heureux. 
U  le  composa  chez  les  Pères  de 
l'Oratoire  de  Notre-Dame-des- 
iVertns,  oii  il  s'étoit  retiré  après 
avoir  embrassé  l'état  ecclésiasti- 
que. Les  chagrins  que  son  père 
avoit  essuyés  à  la  cour ,  lui  fai- 
soient  redouter  ce  séjour;  mais 
le  chancelier  d'Aguesseau  réussit 
pendant  son  exil  à  Fresnes ,  à  le 
réconcilier  avec  le  monde  qu'il 
avoit  quitté.  Il  se  fit  des  protec-* 
teurs  qui  contribuèrent  à  sa  for*- 
tune.  Le  cardinal  de  Fleury  qui 
avoit  con/in  son  père ,  lui  pro- 
cura un  emploi  dans  les  finances  ; 
et  il  coula  dès-lors  des  jours  tran- 
j|[uilles  et  fortunés ,  avec  une 
épouse  qui  faisoit  son  bonheur. 
Un  fils  unique  ,  fruit  de  leur 
union ,  jeune  homme  qui  donnoit 
Se  grandes  espérances ,  périt  mal- 
lieureusement  dans  l'inondation 
de  Cadix  im  1755.  Son  père  vive- 
ment affligé  de  cette  perte  j  ne 
traîna  plus  qu'une  vie  triste  y  et 


R  A  c 

mourut  dans  de  grands  sentimens 
de  religion  le  29  janvier  1763 , 
k  ji  ans.  L'académie  des  Inscrip-»  ^ 
tions  le  comptoit  parmi  ses  mem- 
bres. Ce  poëte  faisoit  honneur  à 
l'humanité  :  bon  citoyen ,  boa 
époux  ,  père  tendre  ,  fidelle  à 
l'amitié  ,  reconnoissant  envers 
ses  bienfaic teurs.  La  candeur  ré- 
gnoit  dans  son  caractère  et  la  po- 
litesse dans  ses  manières,  malgré 
les  distractions  auxquelles  il  étoit 
sujet.  U  étoit  sur-tout  fort  mo- 
deste. H  se  fit  peihdre  les  Œuvres  \ 
de  son  père  à  la  main ,  et  le  regard  | 
fixé   sur  ce  vers  de  Phèdre  :         j 

Et  moi  ,   fils  incoimn  â*tui  ti  gioricvx 
porc  ... 

Pénétré  de  la  vérité  du  Christia- 
nisme ,  il  en  remplissoit  les  de- 
voirs avec  exactitude.  Son  air 
étoit  froid  et  sa  physionomie  n'é- 
toit  pas  revenante.  Aussi  "M.»  Robe 
disoit-il  :  «  C'est  un  saint  qui  - 
a  la  figure  d'un  réprouvé.»  On  a 
de  lui  des  Œuvres  diverses  ,  en€ 
vol.  in-i  2.  On  trouve  dans  ce  re- 
cueil :  I.  Son  Poème  sur  la  Reli- 
gion ,  imprimé  séparément  in-8* 
et  in-12;  cet  ouvrage  offre  les 
grâces  de  la  vérité  et  de  la  poésie. 
U  n'y  a  point  de  chant  qui  ne 
renferme  des  traits  excellens  et 
un  grand  nombre  de  beaux  vers. 
La  justesse  du  dessin  ,  l'heureuse 
disposition  des  parties,  la  no- 
blesse des  images ,  la  vérité  des 
couleurs ,  le  rendent  aussi  te- 
commandâble  que  le  mérite  de  Is 
difficulté  vaincue,  et  le  choix  in- 
téressant des  plus  belles  pensées 
de  Pascal  et  de  Bossuet,  L'auteur 
les  a  mises  en  vers,  en  hoinmt 
qui  connoissoit  parfaitement«ce 
qu'exige  l'exactitude  théolo^n'que 
et  le  génie  de  la  versification. Mais 
il  ne  se  soutient  pas ,  et  il  règne 
dans  son  poème  une  monotonie 
qui  le  rend  quelquefois  languis-j 


R  A  C 

imt  On  a  cependant  trop  d^ 
primé  cet  ouvrage  dans  ces  der-- 
nierj  tenips.  «  Pour  lui  rendre 
justice ,  dît  on  critique  y  cb  n'est 
pas  assez  d'être  liomme  d'esprit , 
il  faut  être  un  peu  théo](%ien.  Il 
faut  connoitre   sa  religion ,  et 
s'est  ce  que  certains  beaux  esprits 
ignorent.  Ce  n'est  pas  que  je  croie 
que  Racine  ait  fait  un  ouvrage 
paffait.  Son  début  est  triste  et 
prosaïque  ;  certains   détails  do- 
manderoient  plus  de  chaleur  et 
d'élévation.  Chaque  chant  auroit 
pn  offrir  un  épisode  sublime  ou 
touchant  à  la  manière  des  Géor^ 
giques ,  ou  sur  le  modèle  de  Lu- 
crèccT»  Mais  son  poème  tel  qu'il 
est,  paroît  cependant  le  meilleur 
de  tons  ceux  qui  ont  été  faits  sur 
le  même  sujet.  Il  n'a  pas  été  e^ 
face  par  celui  de  la  Religioa  ven," 
gée  du  cardinal  de  Bernis ,  pu- 
blié à  Parme  après  sa  mort*  Deux 
élégantes  traductions  en  vers  ita- 
liens ont  naturalisé  le  poème  de 
Racine  en  Italie  ;  et  elles  ont  été 
suivies  d'une  autre  en  vers  latins 
par    l'abbé    Jacques    Marzettu 
Celle  ci  a  été  publiée  à  Rome  chez 
PouZ  Zunchi  en  1797.  On  voit 
en  lisant  Racine  le  fils ,  qu'il  et  oit 
plein  des  auteurs  anciens ,  sacrés 
et  profanes.  On  lui  a  reproché 
ilavoir  appliqué  à  J.  C.  des  vers 
que  Tibulle  adressoit  à  sa  maî- 
tresse. 11  est  vrai  qu'il  avoit  fait 
graver  au  bas  de  son  crucifix  ces 
vers  du  poète  Latin  : 

T*  sfeeiem  %  suprtma  ntihichm  ycntrit  hora. 

Te  ttntam  moriens  ,  déficiente  manu, 
«  Que  ta  Croik  danv  mes  mains  soit  è  ma 

dernière  heure  » 
Et  que  les  yenx  sur  toi ,  je  t*embrasse 

et  je  meure.  >• 

Mais  il  croyoit  pouvoir  sanctifier 
des  vers  profanes ,  en  les  adap- 
tant à  des  sentimens  sacrés  dont 
8on  cœur  ^toit  pénétré.  II*  Son 


R  A  c 


319 


Poëme  sur  la  Grâce  qu'on  trouve 
à  la  suite  du  précédent ,  lui  est 
inférieur  pour  la  justesse  du  plan 
et   les  charmes  de  l'expression* 
«  En  traitant  le  sujet  de  la  Grâce  y 
il  a  )  dit-on ,  trop  souvent  man-« 
que  de  grâces.  »  Ce  sujet  étant 
très— sérieux  et  ayant  besoin  d'i— 
m^es  pour  délasser  le  lecteur^ 
le  poète  auroit  pu  y  faire  entrer 
quelques  histotres  frappantes ,  ti- 
rées de  la  Bible  où  des  Pères  de 
l'église.  Un  poème  didactique  sur 
une  matière  abstraite ,  ne  peut 
se   faire  pardohner   son  aridité 
qu'à  la  faveur  de  quelques  écarts 
et  des  épisodes.  III.  Des  Odes^ 
recommandables  par  la  richesse 
des  rimes  ^  la  noblesse  des  peu-* 
sées  et  la  justesse  des  expressions» 
Quoiqu'elles  soient  sur  le  vrai  ton 
de  ce  genre ,  on  souhaiteroil  d'y 
rencontrer  plus  souvent  le  feu  de 
Rousseau,  IV.  Des  Epîtres ,  qui 
renferment  quelques    réflexions 
judicieuses.   Sa    poésie    est  élé- 
gante ;  mais  il  n'y  a  aucun  trait 
bien  frappant,    et  elle  manqua 
en  général  de  chaleur  et  de  colo-« 
ris.    V.    Des    Réflexions  sur  la 
Poésie,  qu'on  a  lues  avec  plai- 
sir 5  quoiqu'il  n'y  ait  rien  d'abso- 
lument neuf  et  de  bien  profond. 
VI,.  Les  Mémoires  sur  la  Vie  de 
Jean  Racine,  imprimés  séparé- 
ment en  2  vol.  in-i  2.  Ils  sont  cu- 
rieux et  intéressans  pour  ceux 
qui   aiment    l'histoire  .littéraire. 
S'il  y  a  quelques  minuties ,  on 
doit  les  pardonner  à  4in  fils  qui 
parle  de  son  père ,  et  d'un  père 
si  illustre.  C'est  donc  à  tort  que 
Piron    disoit    qu'*/    avoit    imité 
Cham ,  qui  révéla  les  turpitudes 
de  son  père.  Rien  de  ce  qu'il  dit 
de  lui   ne  peut, en  donner   une 
mauvaise  idée.  Nous  avons  en- 
core de  cet  auteur  deux  ouvrages 
médiocres  :  I.  Remarques  sur  les 
Tragédies  de  Jean  Racine ,  en 


310        R  A  C 

3  vol.  in- 12.  Cest  une  eritiqne 
IFoluminense  ;  on  a  reproché  à 
l'anteur  de  man^ier  d'élévation , 
«l'asage  du  théâtre  et  de  connois-» 
sance  da  coeur  humain.  Il  y  a 
pourtant  quelques  réflexions  ju- 
dicieuses, il.  Une  TraducHon  du 
Paradis  perduâe  Milton ,  en  trois 
vol.  in- 8*^,  chargée  de  notes.  Elle 
est  en  quelques  endroits  plus 
fidelle  que  celle  de  M.  Dupré  de 
SairU^Maur  ;  mais  on  n*y  sent 
point  comme  dans  celle-ci  l'en- 
thousiasme de  Y  Homère  Anglois. 
Le  traducteur  écrit  trop  languis— 
samment,  pour  ne  pas  a£foiblir 
les  traits  sublimes  de  ce  chantre 
de  nos  premiers  Pères.  On  peut 
▼oir  dans  les  Journaux  le  parai— 
^  lèle  de  ces  deux  versions  ;  il  n'est 
point  à  l'avantage  de  Racine» 

RACLE  ,  (  Léonard)  archi- 
tecte, né  à  Dijon  et  mort  à  Pont- 
de- Vaux  en  1792,  parvint  à  force 
de  travail  et  d'études  à  surmonter 
la  détresse  dans  laquelle  il  se 
trouva  dans  sa  jeunesse ,  et  à  tirer 
son  nom  de  l'obscurité.  On  lui 
doit  le  port  de  Versoix  et  le  ca- 
nal de  navigation  qui  joint  la  ri- 
vière de  la  Heyssouze  à  la  Saône. 
En  1 786 ,  Racle  obtint  le  prix  de 
l'académie  de  Toulouse  9  par  un 
savant  Mémoire  sur  la  construc- 
tion d'un  pont  de  fer  d'une  seule 
arche  dé  400  pieds  d'ouverture. 
Il  en  a  écrit  d'autres  sur  les  pro- 
priétés de  la  cycloïde,  sur  les 
moyens  de  régulariser  le  cours  du 
Rhône  et  de  la  rivière  d'Ain.  Il 
avoit  trouvé  le  secret  d'une  terre 
cuite ,  propre  à  revêtir  les  mu- 
railles et  les  parquets,  et  que 
Voltaire  avoit  appelée  Argile-^ 
marbre  ,  parce  qu'elle  avoit  l'é- 
clat et  la  solidité  de  ce  dernier. 
Ami  intime  de  ce  poète  philo- 
sophe qui  lui  fit  bâtir  Ferney , 
Ha<?fe  reçut^de  l'impératrice  de 


R  AD 

Russie  Cathetîne  11,  la  propd^ 
sition  d'un  sort  brillant  dan^soil 
ertpire  ;  mais  il  préféra  jouit 
dans  sa  patrie  de  l'estime  publi^uo 
et  de  la  médiocrité. 

I.  RADCLIFFE ,  (  Alexandre J 
poëte  Anglois  ,  abaudonna  lei 
profession  des  armes  pour  cuU 
tiver  les  Muses.  Il  est  mort  à  la 
fin  du  17*  siècle,  après. awit 
publié  un  poëme  intitulé  ,  Nou^ 
celles  de  L* Enfer ,  et  avoir  mii 
en  vers  burlesques  les  Ëpitrel 
^Ovide. 

II.  RADCLIFFE,  (Anne) 
Angloise  ,  d'est  rendue  célèbre 
par  ses  romans  et  son  imagina- 
tion sombre  et  tragique.  Us  ont 
presque  tous  été  traduits  en 
françois  ^  et  ont  pour  titre  :  Lts 
Mystères  d'Udolphe  ;  ^ Italien 
ou  le  Con/essional  des^PénitenS 
noirs;  Julia  ou  les  Souterrains 
du  château  de  Mazùni  /  la  Forêt 
ou  r  Abbaye  de  Saint-Clair ,  etc* 
M.  l'abbé  Morellet  est  le  tra- 
ducteur de  quelques-uns.  En  gé- 
néral, la  terreur  y  est  bien  son- 
tenue  et  le  merveilleux  assei 
adroitement  amené  ;  mais  les 
descriptions  y  sont  trop  prodi- 
guées et  s  y  répètent  ;  leur  lec- 
ture peut  effrayer  l'esprit ,  rare- 
ment émouvoir  le  cœur.  Lenf 
auteur  est  mort  en  1800. 

*  RADEMAKER»  (Abraham) 
peintre  Hollandois,  né  à  Ams- 
terdam, excella  dans  les  paysages* 
Ses  dessins  sont  d'un  effet  très- 
piquant  ,  riares  et  des  plus  pré- 
cieux. Il  mourut  à  Harlem  en 
173»,  âgé  de  60  ans.  -^  Gérard 
RADRMAKi^R  SOU  ancétre  ,  né  en 
1 663 ,  fiit  hin  des  meilleurs  pein- 
tres de  récale  Flamande  pour 
l'architecture  et  la  perspective. 

RAI>ONVILLIERS,  (Claude- 
François -Lidarde)    membre  d* 

l'acadéinie 


R  A  G 

tfcàâémic  Françoise ,  naqnit  à 
Paris  le  20  avril  1709  ^  embrassa 
l'état  ecclésiastique  et  devint  sous- 
précepteur  des  en  fans  de  France. 
Plus  distingué    par  ses  bonnes 
actions    que    par   ses  écrits ,  il 
donnoit  presque  tout  son  revenu 
aux  pauy^es.'  Ennemi  des  prin- 
cipes de  Voltaire ,  et  se  trouvant 
directeur  de  lacadémie  au  mo- 
ment où  ce  dernier  y  fut  rem- 
placé par  M.  Duels ,  il  se  plut  à 
blâmer  le  premier  d'avoir  cherché 
par  la  licence  de  quelques-uns  de 
ses  ouvrages  ,  une  triste  célébrité 
(^ue  Racine  et  Despréaux  avaient 
dédaignée.  On  doit  à  l'abbé  de 
Kadonvilliers  .  un  Essai  sur  la 
manière  d'apprendre  les  langues, 
1768^  in— ï2  ,  et   une  comédie 
intitulée  Les  Talens  inutiles,  qui 
I  fat  )ouée  au  collège  de  Louis  le 
;  Grand.  Il  est  mort  à  Paris  le  20 
avril  1789. 

RAGGl,  (Antoine)  sculpteur 
habile,  mort  en  1 68 S,  é toit  né 
4ans  le  bailliage  de  Lugano. 

IL  RAINALDl,  (Jérôme) 
Architecte  habile ,  né  en  1 570  , 
mort  à  Rome  en  i655,  acheva 
lé  Capitole  ,  et  construisit  divers 
beaux  édifices  à  Rome,  à  Milan ^ 
•  Parme,  etc.  —Son  fils  Charles, 
iié  en  ï6ix  et  mort  en  1641  ^ 
iïiarcha  sur  ses  traces. 

•RAINAUD,  (N.)  prédicat 
uwr  célèbre,  naquit  sous  le  beau 
.fiel  d'Hières  en  Provence  et  mou- 
rut à  Paris  en  1790,  à  Fâge  de 
^5  ans.  Entré  dans  la  congréga-» 
tion  de  lX)ratoire  ,  il  s'y  distin- 
|tta  bientôt  par  ses  vertus  ,  sa 
«iodestie  et  sur^tout  son  talent 
pour  la  chaire.  Une  éloquence 
douce  et  persuasive ,  iin  organe 
flatteur,  une  physionomie  pleine 
^8  candeur  et  d'expression  atti» 
lèrent  à  ses  discours  une  foiUd 

$UPPL.    Tome  III. 


RAM       }it 

éVudlteurs  et  las  suffrages  dei 
hommes  de  goût.  Celui  sur  le» 
spectacles  passoit  pour  son  chef-i 
d'oeuvre.  Il  en  avoit  retouché  dix- 
neuf  autres  dans  lee  derniers 
jours  de  sa  vie  ;  mais  il  ne  voui 
lut  jamais  permettre  qu'on  les 
publiât.  On  ne  sait  qui  les  pos- 
sède ,  et  ils  feront  peut-être  uU; 
jour  la  célébrité  de  celui  qui  ea 
profitera.  Louis  XK"  nomma  Rai-m 
naud  à  deux  évôchés  qu'il  re*» 
fusa  ;  ce  qui  fit  dire  au  mo- 
narque qu'il  n'avoit  jamais  trouvd 
dans  le  clergé  un  homme  qui  eût 
refusé  deux  fois  d'être  riche  1 1. 
indépendant. 

RAISIN,  (  Jean^Baptiste  )= 
célèbre  acteur  François,  né  k 
Troyes  en  i  6  5  6  ,  d'un  orga- 
niste, mort  en  1693,  à  40  ans^ 
réussissoit  dans  la  société  par  son 
esprit,  et  sur  le  théâtre  par  son 
jeu  vrai  et  natitrel.  —Son  frèr* 
Jacques  RjitsiN,  acteur  tragique 
et  comique,  mort  en  1694,  fit 
jouer  trois  comédies  qui  n'ont 
point  été  imprimées,  et  qui  onte- 
pour  titre  :  Merlin  Gascon ,  le- 
Faux  Gascon,  et  U  Niais  de^ 
Sologne. 

RALPHË  ,  (Jacques)  poët» 
Anglois ,  mort  en  1762,  a  pu- 
blié une  Histoire  d'Angleterre  ^ 
un  Poëme  de  la  nuit,  et  plusieurs 
autres  poésies.  Pope  qui  ne  l'ai-r 
moit  pas ,  l'a  placé  dans  ^ 
Dunciade. 

R  AMBEAtJD  de  Vachibres  ^ 
célèbre  troubadour  Profençal  , 
né  dans  la  principauté  d'Orange  , 
se  Et  chérir  par  ses  taJens  d«. 
Guillaume  de  Baux  prince  d'O- 
range ,  et  du  marquis  de  Mont^ 
ferrât  qui  le  fit  chevalier.  Eper- 
du ment  épris  de  BéAtrix  sœur 
du  marquis-,  il  la  chanta  dans 
«^  jSir9€nt$s  ^  et  lui  cpnsacira  \u| 

X 


)li       K  AU 

petit  pbême  plein  de  naïveté  et 
de  ^aces  9  intitulé  :  Xm  Caros» 
M  suivit  en  1 104  sen  protecteur 
dnns  son  expédition  de  la  Terr^ 
âflinte  ;  et  celui-ci  lui  dohna  le 
gouvernement  de  Salonique  qu  il 
veiioct  de  prendre  sur  les  Turcs. 
Isa  pièce  du  poète  sur  cette  croi- 
snde  respire  l'ardeur  guerrière  et 
Tenthôusiasme  du  temps. 

RÀMPALE,  (N.)  a  donné 
an  théâtre  en  i63o,  Bélinde , 
tragi-comédie;  et  Dorothée. 
Elles  ne  s'élùvent  pas  même  à  la 
médiocrité. 

IIL  RAMSAY,  C Alain)  né 
i^  169^8  Peèbles.  en  £cosse , 
mort  en  17^3,  commença  sa 
carrière  par  être  garçon  barbier. 
Xa  vivacité  dé  ses  saillies  lui  ftt 
conseiller  de  s'attacher  à  l'art 
dramatique ,  et  il  y  réussit.  Sa 
meilleure  pièce  est  la  Pastorale 
du  Gentil  Berger.  On  lui  doit 
encore  un  recueil  de  Poésies  fu- 
gitii^es  agréables  et  spirituelles. 
-^-11  y  a  en  du  même  nom  un 
peintre  de  portraits  ,  mort  à 
JDouvres  en  1734»  à  71  ans, 
qui  joignoit  au  mérite  Je  la  pein-, 
ture  celui  de  raisonner  et  d'écrire 
nir  la  politique. 

*  RANGÉ,  (Dom  Àrniand- 
7ean  le  Bouthillier  de)  né  à  Paris 
le  9  janvier  i6a6 ,  étoit  neveu  de 
Claude  le  Bouthillier  de  Cha^^ 
vigni  secrétaire  d'état  et  surin- 
tendant des  finances.  Il  fit  pa- 
roître  dès  s6n  enfance  de  si 
betiretfses  dispositions  pour  leS' 
belles-lettres ,  que  dès  l'âge  de 
douze  à  treize  Bn6,  à  Taide  de 
«on  précepteur ,  il  publia  une 
nouvelle  édition  des  Poésies  d'yi- 
nacréon ,  en  grec  ;  avec  des  notes, 
i  63q  ,  ih-^8.**  Il  devint  chanoine 
de  Nôtre— Dame  de  Paris  ,  et 
^int    plusienr»    abba);es.  2}e« 


R  AN 

belles-lettres  il  passa  à  la  théo* 
logie  ,  et  prit  ses  degrés  en  Sor- 
bonne  avec -la  plus  grande  dis- 
tinction. Il  fut  reçu  docteur  en 
1654.  Le  cours  de  ses  études  fini,' 
il  entra  dans  le   monde,  et  s'y 
livra  à  toutes  ses   passions ,  et 
sur— tout  à  celle  de  Tan^itr.  Oh 
veut  même  qu'elle  ait  occasionné 
sa  conversion.  On  dit  que  l'abbé 
de  Rancé,  au  retour  d'un  voyage^ 
allant  voir  sa  maîtresse  dont  il 
ignoroit  la  mort,  monta  par  nn 
escalier  dérobé ,  et  qu'étant  entré 
dans  l'appartement ,  il  trouva  sa 
tête  dans  un  plat  :  ou  l'a  voit  se- 
parée  '  du  corps  ,   parce  que  le 
cercueil  de   plomb   qu'on  avoit 
fait  faire  ^  étoit  trop  petit.  Voyez 
les  VitritdhLes.  motifs  de  la  con» 
version  dé  l'abbé  de  Rahcé,  par 
Daniel  de  la  Roque ,  Cologne, 
168 5,  in-ia.  D'autres  préten- 
dent ,  que  son  aversion  pour -le 
monde  fut  causée  par  ia  mort  on 
par  les  disgrâces  de  quelques-nns 
de  ses  amis ,  ou  par  le  bonheur 
d'être  sorti  sans  aucun  mal  de 
plusieurs  grands  périls:  les  balles 
d'im  fusil  qui  dévoient  naturelle- 
ment le  percer,  ayant  donné  dans 
le  fer  de  sa  gibecière  :  il  y  a  ap- 
parence que  tous  ces  motifs  réu- 
nis, contribuèrent  à  son  change- 
ment de  vie.  Du  moment  qu'il  le 
pYojetà,  il  ne  parut  pliis  à  la  cour. 
Retiré  dans  sa  terre  de  Veret  au- 
près de  Tours  ,  il  consulta  le« 
évêqUes  d'Aleth,  de  Pamiers  e"; 
de  Cominges.  Leurs  avis  lurent 
difFérens  ;  celui  du  dernier  fut 
d'embrasser  l'état  monastique.  Le 
cloître  ne  luLplaisoit  point  alors: 
mais,  après  de  mûres  réflexions, 
il  se  détermina  à  y  entrer.  Il  vendit 
sa  terre  de  Veret  3oo  mille  livres , 
pour  les  donner  à  l'Hôtel-Dlea 
de  Paris;  et  ne  conserva  de  ton« 
.«es  bénéfices  que  le  prieuré  àe 
Boulogne  de  l'ordre  d«  Graai« 


RA  N 

{66nt  ;  et  son  abbeye  de  là  iffflpi^d 
tfé  l'ordre  de  Citeauk.  Les  rell- 
jf;ieuî  de  ce  monastère  V  vivoient 
dans  le  dérèglement.  L'abbé  àe 
Rancé,  tônt  rempli  de  ses  pro** 
jets  de  retraite,  detaïinde  au  roi 
et  obtient  im  brevet  pour  pou- 
voir y  établir  la  téforme.  Il  prend 
ensuite  Fhabit  régtdier  dans  )'ab>« 
baye  de  Perseiglie^  est  admis  au 
iioviciât  eh  i663  ,  et  fait  pro^ 
feS3ion  l'année  d'après'^  âgé  de 
i%  ans.  La  conr  de  Rome  lui 
ayant   accordé    des    expéditions 
]pour  rétablir  Taustérité  dans  son 
abbaye ,  il  exborta  si  vivement/seà 
fHigieux ,  que  la  plupart  embras* 
lèrent  la  nouvelle  règle.  L'abbé 
de  Rancé  eût  voulu  faire  danS 
tons  }es  monastères  de  Tordre  de 
Citeailix  ce  (ju'il  avoit  fait  dan^ 
le  sien  (   mais  ses   soins  furent 
inutiles^  K*ayant  pu  étendre  la 
informe  )  il  s'appliqua  à  lui  fairer 
j^ter  de  profondes  racines  à  la 
Trappe.  Ce  monastère  reprit  en 
etet  Une  nouvelle  vie.  Conti* 
tinellôment  consa<brés  au  travail 
des  màinà ,  '  à  '  là  prièïte  et  aux 
austérités  les  plus   effrayantes, 
les  religieux  y  retracèrent  l'image 
des  anciens  solitaires  de  la  Thé* 
baîde.  Ce   monastère    fit  sentir 
fton-S'seubîment  aux  coeurs  let 
plus  tièdes  ,  {usqu^à  quel  point 
tne  foi  vive  et  ardente  peut  noui 
rendre  chères  les  privations  les 
Jïlns  rigoureuses  ;  «  mais  il  offrit 
^n  simple  philosophe ,  dit  é*A^ 
îenthert,  une  matière  intéressante 
de .  réflexions  prfofortdes   sar  le 
,  toéant  de  raittbitidnetdé  la  gloire^ 
les  consolations  de  la  retraite, 
*t  le  bonheur  de    l'obscUrité.  >» 
Le  réformateur  des  religieux  de 
h» Trappe,  voulant  les  (^étachef 
entièrement   déé  choses  terres-t 
très,  les  prrva  des  amusemens 
î^s  plus  permis.  L'étude  leur  fut 
Interdite  ;  ki  leeturc  de  l'Écris 


R  A  K        |i} 

i 

tbre^ainte  et  de  quelques  ïraV* 
tés   de  morale ,  voilà  toute  It 
science  qu'il  dlsoit  leur  convenir* 
Pour  appuyer  son  idée ,  il  publia 
son  Tmité  de  U  trUnieié  et  det 
devoirs  ^e   l'étal  Monastùjuê  .• 
ouvrage  qui  causa  une  disputa 
entre  l'austère  réformateur ,  et 
le  doux  et  savant  MABiLLOW^ 
Cette  guerre  ayant  été  calmée^ 
il  fallnt  qu'il  en  soutint  une  autra 
avec  les  partisans  d'Amauld»  U 
écrivit  sur  la  mort  de  cet  homma 
illustre,  une  I«ettre  à  l'abbé  Ni^ 
Cuise  ,  dans  laquelle  il  se  per« 
itaettoit  des  réflexions  qui  dé<4 
plui^ent.  Enfin;  disoit-^il,  voiià 
M.  Artiateld  mort;  après  avoir 
potaéé  Bà  àarrière  aiasi  lom  ^u*U 
a  ptL^  il  a  fallu  qu^elie  st  soiï 
terminée^  Quoi  qu'on  dise ,  ^9Uà 
bien  des  questions  finies,  La  U<4 
berté  qu'il  se  d^nna  de  reoevoit 
des  religieux  des  autrer  otdret 
{presque   toofours  malgré    lewi 
supérieurs  )  lui  fit  tin  grand  ti6mi 
bre  d'ennemis,  d'autant  plus  qu'il 
avoit  peint  avec  des  traits  fort 
vifs  la  corruption  des  ilatres  clol^ 
très   et   la   perfection  du   sicm 
L'abbé  de  la  'Trappe,  accablé 
d'infirmités,  crut  devoir  se  dé^ 
Mettre  de  s/on  abbaye^  Le  roi  lui 
laissa  le  choix  du   sufet,  et  il 
y^omma  Dom  Zosime ,  qui  mo^m 
TUt  peu   de  temps  après.  Dont 
Oervaùte  qui  lui  succéda  ,  mit 
le  trouble  dans  la  maison  de  la 
frappe.  Il  inspirôit^ux  religieux 
iin  nouvel  esprit ,  t>pp09é  h  celui 
de  l'ancien  a1>bé ,  qui  ayant  trouvé 
ie  moyen  d'obtenir  sa  démisaion^ 
4e  fit  remettre  entre  les  muina 
tltt  roi.  Le  houvel  abbé ,  surptia 
etirfité  ,  courut  à  la  Cour,  noir** 
cit  l'abbé  de  Bancé  ;  mats  malgré 
ses  manoeuvres ,  Dom  Jutiques  de 
la  Cour  obtint  sa  place*  La  paix 
ayant  été  re'ndue  à  la  Trappe,  le 
-  pieux  réformateur  mourut  ^rjuiq 

Al  % 


514       R  A  N 

fttille,  le  26   octobre  {700  9  à 
74  ans.  Il  expira  couché  sur  la 
cendre  et  dur  la  paille  ^  en  pré^ 
•ence  de  l'évêque  de  Séès  et  an 
toute  sa  communauté.  Lorsqu'il 
fut  près  de  rendre  le^  derniers 
soupirs,  on  lui  présenta  un  cru<: 
cifîx,  qu'il  embrassa  avec   tous 
'  les  senti  mens  de  la  piété  la  plus 
tendre.  11  baisa  l'image  du  Christ 
«t  la  tète  de  mort  placée  au  pied 
de   la  croix.    En   remettant   ce 
$i^ne  respectable  entre  les  mains 
d'un  religieux  9  il  remarqua  qu'il 
t^aisoit  l'image  du  crucifix  sans 
baiser  la  tête  de  mort  ;  il  lui.  dit 
avec  vivacité  »  Pourquoi  ne  bai*» 
9e%-'Vous  pas  cette  tête  2  Baise z^ 
inof^  Père .,   baisez  sans  peine 
Timage  de  la  mort ,  dont  vous. 
ue.  devez  pa$  craindre  la  réalilé* 
Ce  religieux^  regarda  cet   ordrQ 
comme- un  avertissement  de  sa 
tnort    prochaine.  En  e£Fet  ,  ^1 
mourut    peu   de   temps    apr^s. 
Jb-abbé-  de  Bancé  pq^sédolt  de 
grandes  qualités  ,   un   zèle   at;r* 
dent^  une  piété  éclairée  9  uns 
SacilitfiL  extrême  à  s'énoncer  et  à 
iècrire.  Son  «tyle  est  noble  y  pur  ^ 
élégant  ;  mais  il  n'est  pas  assez 
précis.  Il  né  prend  qiie.la  £eur 
ides  sujets  ^  et  il  est  beaaçpup 
taoins   profond   que.  Nito^  et 
-JSourdaloue.  L'ambition  avoit  été 
sa  grande  passion  avant  son  chapr 
4^ement  de  vie  ;  il  tourna  ce  feu 
«[ui  le  dévoroit ,  du  côté  (Je  Dieu  ;' 
mais  il  ne  put  pas  se.  détacher 
entièrement  de  ses  anciens  .amis. 
11  dirigeoit  un  grand  nombirç  de 
^jersonnes  de  qualité  4  et  les  let- 
tres   qu'il  écrivoit   continuelle-^ 
ment  en  réponse  aux  lefirs ,  oc- 
cupèrent une    partie  de  sa  vie. 
On  a  dit  «  qu'il  s'étoit  dispensé, 
comme   législateur,    de    la    loi 
.qui  force  ceux  qui   vivent  dans 
le  tombeau  de  la  Trappe ,  d'i- 
'^norer  ce  qui  se  pAs&e  sur  k 


R  A  N 

terre  ;  v  mais  on  peut  dire  p(Wf 
l'excuser ,  que   sa  place  lobli- 
geoit  à    ces  relations ,   et  qu'il 
s  en  servit  souvent  pour  ramener 
les  personnes  du  monde  dans  la 
voie  du  salut.  On  ne. peut  cepen*» 
dant  s'empêcher  de  reconnoîtra 
dans  ses  démarches  les  plus  loua* 
blés  un  air  d'ostentation  que  la 
piété  modeste   évite    ordinaire- 
ment avec  soin.  Ses  amis  et  lui 
Toulant  trop  occuper  le  public 
de  la  Trappe ,  firent  graver  tout 
ce  qui  concernoit  les  bâtimens, 
les  travaux ,  les  exercices  de  ce 
monastère.  On  peignit,  on  grava 
l'abbé  f  et  l'on  frappa  des  mé- 
dailles en  son  honneur.  On  a  de 
lui  :  L  Une  Traduction  françoist 
des   Œuvres,  de  St,  Dorothée , 
1686 ,  in-8.?  H.  Explication  sur 
la  Règle   de  Si-^Benott ,  in-12. 
III.  Abrégé  des    obligation^  des 
'  Chrétiens^  IV.  Réfiexions  morales 
sur  les  quatre  Evangiles^  4  vol. 
in— 1 2  ;  et  ù:^.  Conférences  sur  le 
même  sujet.,  aussi  en  quatre  vol. 
V.   Instructions    et    Maximes  , 
in— 12.  VI..  Conduite  Chrétienne , 
composée  pour  Mad.  de  Guise , 
in-i  2.  VII.  Un  jgrand  nombre  de 
Lettres  Spirituelles  ,   en   2    vol. 
in-i2.  Elles  ne  renferment  pas, 
a  beaucoup  près,   toutes  celles 
qu'il  a  écrites.  Il  étoit  en  rela- 
tion avec  un  grand  nombre  d'é- 
crivains, «  et  il  ne  manquoit  pas, 
dit  d'AvrigJÙ ,  de  les  payer  d'un 
compliment  fort  gracieux,  lors- 
qu'ils lui   envoyoient  leui-s  ou- 
vrages. »   y  m.  Plusieurs  EcrlU 
au  sujet  des  études^' monastiques. 
IX.Râl^t^ons  de  la  vie  et  de  la 
mort  de  quelques  Religieux  de  Ut 
Trappe  a  en  4  vol.  in- 12,  aux- 
quels   on    ent  a  ensuite    ajouté 
deux.  X.  Les  Constitutions  et  Ut 
Réglemens  de,    l'Abbaye    de  la 
Trappe ,    1701,2  vol.  in- 1  %» 
XL,  Èe  la.  S4Ùal€,té  4es  devoirs  ^ 


R  A  N 

fétat  Monastique ,  i683  ,•  i  vol. 
in-40  ;  avec  des  Eclairais  s  emens 
sur  ce  livre,  i655  ,  111—4.°.... 
Voyez  les  Vies  de  l'abbé  de 
Jiancé,  composées  par  Maupeou, 
par  MarsoUier ,  et  par  Dom  le 
iVaw.  Consultez  aussi  V Apologie 
de  Bancé  par  Dom  Gervaise , 
«outre  ce  qu'en  dit  Dom  Vincent 
Tkuillier  ^  dans  son  Histoire  de 
la  contestation  excitée  au  sujet 
-des  études  monastiques,  au  tom« 
premier  des  Œuvres  posthumes 
de  Thierri  Ruinart  et  Jean  Ma-^ 
hillon.  Il  y  a  Quelques  bonnes 
réflexions  dans  cette  Apologie, 
mais  trop  de  hauteur  et  de  viva- 
cité. Voyez  III.  Nbvbrs. 

*  RANDOLPH  ,  (  Thomas  ) 
'r  poète  Angîois ,  natif  de  la  pro- 
I  vince  de  Northampton ,  mort  en 
1634,  c^^  auteur  de  diverses 
jPoé^ies  qui  ne  lui  ont  mérité 
qne  la  seconde  ou  la  troisième 
place  sur  le  Parnasse  Britan- 
nique. Il  faisoit  des  vers  à  dix  ans  ; 
Ben' Johnson  surpris  de  ses  talens 
précoces ,  l'avoit  adopté.  — L'un 
.  de  ses  ancêtres  ,  nommé  aussi 
Tkomar»  fut  employé  par  la 
reine  Elizabeth  dans  diverses  am- 
bassades 9  et  mourut  en  1 690  » 
à  l'âge  de  soixante  ans ,  après 
avoir  publié  une  Relation  de  la 
Russie. 

RAON,  (Jean)  sculpteur  Pa- 
risien, mort  en  1707,  à  77  ans, 
orna  de  ses  statues  les  jardins  de 
iVersailles. 

RAOULT  ,  (  Guillaume  )  né 
•  Rouen,  quitta  sa  patrie  pour 
•lier  en  Russie ,  où  il  devint  pro»* 
fesseur  de  belles-lettres  Fran— 
çoises  à  Moscovr.  Il  est  mort  de- 
puis quelques  années.  On  a  de 
lui  :  I.  La  Traduetion  d'une  Dis- 
tertation  d'JEpinus  sur  la  distri- 
jbutlto  de  la  chaleur  sur  le  ^kib» 


RAT       3tf 

de  la  terre ,  17^2 ,  in- 4."  II.  Di- 
vers Discours  latins  et  des  Vert 
françois  sur  le  retour  de  la  paix, 
la  mort  du  duc  â'OrUans  et  lei 
événemens  du  temps. 

RASTALL,  (Jean)  savant 
imprimeur  Anglois,  étoit  beau-* 
frère  de  Tfiomas  Morus,  Versé 
dans  la  connoissance  des  matJié* 
matiques ,  de  la  jurisprudence  et 
de  l'histoire,  il  a  fait  plusieurs 
ouvrages  et  en  a  imprimé  un  plut 
grand  nombre.  Il  est  auteur  d'une 
sorte  de  drame  extraordinaire^ 
oh  les  interlocuteurs  font  la  des- 
cription de  l'Eur'ope ,  de  l'Asie  et 
de  l'Afrique.  Il  est  mort  en  1 536  ^ 
en  laissant  un  fils,  Gu^illaume^ 
Rastall  m  qui  a  marché  sur  se» 
traces ,  est  devenu  l'un  des  juget 
du  banc  du  roi,  et  a  publié  un 
Abrégé  des  lois  d'Angleterre. 

RATDOLT,  (Erard)  célèbre 
imprimeur  Allemand,  né  à  Augs- 
bourg  dans  le  quinzième  siècle  ,* 
alla  s'établir  à  Venise.  L'art  typo- 
graphique lui  dut  plusieurs  inno- 
vations utiles,  i.o  Le  premier ,  il 
plaça  un  frontispice  ou  titre  k 
la  tête  des  volumes ,  et  y  mît  I9 
nom  d^  l'imprimeur  etdu  libraire, 
ainsi  que  la  date  de  Tiropression. 
2.0  Le  premier,  il  inséra  dans 
le  corps  de  l'ouvrage  des  figures' 
de  mathématiques  gravées  en  bois. 
3.*^  Le  premier ,  il  disposa  par 
la  gravure*  les  lettres  initiales  , 
les  fleurons  et  les  vigrfettes ,  danaf 
l'intérieur  de  la  planche,  tandis 
qu'avant  lui  elles  ne  se  faisoient 
qu'à  la  main  et  au  pinceau.  Ces 
changemens  se  trouvent  dans  uu 
Calendrier  imprimé  par  lui  on 
1476,  petit  in-foHo,  et  dans. 
les  EUmens  à*Euclide  avec  les" 
commentaires  de  Campanu^,  Sirr 
la  fin  de  ses  jours ,  Raidolt  re^ 
vint  dans  sa  patrie ,  oir  il  mourctti 
vers  Tin  i5o6. 


^%6       RAT 

RATER,  (Antoine) 

%ecte  Lyonnois ,  né  le  »6  avril 
1172^  ,  s'étoit  déjà  «vantageuse-i 
ment  fait  connoitre  par  ses  ta- 
lens  pour  la  construction ,  lors- 
que Sovfflot  passant  à  Lyon  y 
OTessa  le  plan  d'ouvrir  un  nou* 
Teau  quai  et  deux  riles  periillèles 
iepttis  la  place  des  Terreaux  fus-* 
qu'au  bastion  Saint^Clair^  Raier 
l'exécuta.  Après  avoir  acquis  di^» 
Ters  emplacemens  considéraMet 
dans  ce  local ,  il  y  fit  bâtir  plu- 
4^ears  maisons  remarquables  par 
Vélégance  de  leur  distribution.  Ce 

Suartier ,  le  pins  beau  de  Lyon , 
aroit  été  désertet  sans  débouché, 
m  on  n'y  avoit  établi  une  grande 
voûte  de  comàinnication  avec  la 
Bresse  ;  Rater  l'ouvrit ,  nivela 
le  terrain  en  coupant  des  mon-^ 
IMgnes ,  et  procura  à  sa  patrie  une 
avenue  superbe  ,  utile  et  très- 
£:équentée.  Il  acheta  Thonneur 
de  servir  ses  compatriotes  en  sur- 
montant les  obstacles  que  lui  op« 
posèrent  souvent  l'intérêt  per- 
aonnel  et  la  malveillance.  Bon, 
il^ulgent,  plein  de  probité,  le 
plus  doux  plaisir  de  sa  vie  fut 
eelul  d'obliger.  Elle  se  termina 
le  4  août  1794,  à  Miribel  près 
de  Lyon,  oh  il  s'étoit  réfugié 
et  ou  il  éprouva  les  angoisses  du 
chagrin,  de  la  proscription  et 
du  malheur,  en  voyant  sa  pa- 
trie en  cendres,  sa  famille  dis- 
persée ,  et  tous  ses  amis  fugitif» 
iQU  immc^és  par  le  terrorisme* 

RAV ASINI ,  poète  Latin ,  né 
i  Parnie ,  chanta  les  plaisirs  de' 
la  campagne.  Ses  poésies  pleines 
de  fraîcheur  furent  publiées  en 
19706  et  en  171 1.  Les  Mémoires 
de  Trévoux,  janvier  1707  etoc-^ 
tobre  1 7 1 1 ,  en  ont  rendu  un 
compte  avantageux.  Bavasinlétoit 
l'ami  du  Père  Vanière^JÛ  soi  voit 
)â  mtaie  cATàère^ 


HA  V 

BAVESTEYN ,  (Jean)  ^hn 
tre  Holiandois ,  se  distingua  par 
Ténergie    de   son    pinceau  vers 
l'an  I  S8o.  —  Un  autre  peintre  de 
son  nom,  Hubert,  né  à  Por- 
drecht   en  1647,  a   peint  ayee 
succès  le  paysage ,  les  foires  et 
les    rassemble  mens    de    peuplt» 
—  JSficolas  RArssTEXif ,    né  i  . 
Bommel  en  1661,  excella  dans  ^ 
le  genre  de  Tiiistoire  et  du  por^ 
trait* 

RAUST,  (François- Louis J 
peintre,  étoit  bourgeois  de  Lu- 
éerne.  Il  mourut  à  la  Haye  vers 
1730,  à  68  ans. 

RAWLINS,  <  Thomas  ) 
graveur  Anglpis,  a  produit  les 
coins  des  monnoiessous  les  règnes 
de  Charles  /  et  de  Charles  JL 
Dans  ses  momens  de  loisir,  il  a 
fait  des  Comédies. 

RA WLINSON  ,  {  Richard  ) 
antiquaire  Anglois  ,  mort  en 
1755  ,  fonda  une  chaire  d'Anglo« 
Saxon  dans  l'université  d'Oxford  , 
et  légua  à  cette  dernière  ses  livres, 
ses  médailles,  et  beaucoup  de 
manuscrits.  Il  a  contribué  à  la  pa- 
blication  d'ungrand  nombre  d'ou- 
vrages sur  l'histoire  et  les  anti- 
quités, et  a  traduit  en  anglois 
celui  de  Lenglet  du  Fresnoy  sur 
la  Métîiode  d'étudier  l'Histoire. 
le  coeur  de  Rawlinson  renfermé 
danç  une  urne  de  marbi»: ,  est 
placé  dans  la  chapelle  du  collège 
de  Saint-^Jean.  —  Un  autre  An- 
glois ,  nommé  Thomas  Rait^ 
^iKSOUf ,  mort  en  1715  ,  eut  la 
manie  de  rassembler ,  à  grands 
frais,  une  immense  quantité  de 
livres  qui  encombroient  telle- 
ment son  appartement  qu'il  ne 
pouvoit  plus  s'y  tourner.  C'est 
lui  q\kAddis$on  a  peint  dans  le 
TaiUr  ((MU  le  «on  de  Tom 


RAT 

Il  RAY  DE  Saint -6iiviis, 

(Jacques -Marie)  chevalier  d^ 
Saint-Louis ,  né  à  Saint^-Geniès 
«liocèse  de  Viviers  en  171*5  ^*' 
intenr  de  divers  ouvrages  sur  l'art 
militaire.  I.  VArt  de  la  guerre'- 
pratique ,  1754,  deux  vol.  in- 1 1. 
u.  L'Histoire  militaire  de  Louis 
XI II  et  de  Louis  XIV;  la  pre- 
mière en  trpis  vol.,  1755,  et  la 
âecondeen  trois,  1766.  IILL'Of- 
êcier  Partisan,  1763  ,  deuX  voL 
in-i2.  Il  mourut  en  1777. 

RAYMONp  ,    Voy^z   Rai- 

RAYNAL ,  (Guillaume-Fran- 
çois )  historien  renommé ,  roem- 
Sre  des  Académies  de  Londres  et 
de  Berlin ,  naquit  à  Saint>Gentès 
dans  le  Houergueen  1713*  li  en- 
tra de  bonne  heure  chez  les  Jé- 
suites. Beaucoup  de  vivacité  et 
d'imagination  annonçoient  à  ces 
Pères  un  de  ces  favoris  de 'la 
nature  que  leur  société  s'em- 
pressôit  d'adopter.  Le  jeune  Ray-^ 
foâ/'  professa  avec  distinction  ,  et 
ayant  été  ordonné  prêtre  ,  Il 
prêcha,  et  s'il  ne  convertit  per- 
sonne, il  eut  de  nombreux  au- 
diteurs, du  moins  en  province. 
Son  amour  pour  la  liberté  et  l'in- 
dépendance s'accofnmodant  peu 
du  séjour  du  cloître  et  des  col- 
lèges, il  quitta  les  Jésuites  vers 
1748  ,  et  se  fixa  dans  la  capitale» 
Des  compilations,  telles  que  les 
Anecdotes  littéraires,  trois  vol. 
in-12;  les  Mémoires  de  Ninon. 
de  L'Enclos ,  ih-*-i2  ,  et  la  ré- 
daction du  Mercure  de  France^ 
furent  ses  ressources  à  Paris.  Les 
spéculations  du  commerce  lui 
paroissant  devoir  être  plus  fa- 
vorables à  sa  fortune  que  les  oc- 
cupations littéraires ,  il  s'y  livra 
en  1768,  et  conçut  ensuite  l'i- 
dée d'é».rire  \ Histoire  philoso^ 
ffhûjue  Cl  poUtiquif  des  Etablie^ 


RAT 


iemenf  et  du  Commerce  des  Eu*» 
ropéens  dans  les  deux  Indes,  Oa 
m  eu  raison  de  dire  qu'il  auroîj^ 
aussi  bien  fait  de  l'intituler  z 
Voyage  et  Histoire  de  V Avarice» 
Cet  ouvrage  publié  en  1 770 ,  reçut 
d'abord  un  accueil  assez  équivo- 
que; mais  on  en  a  fait  ensuit^ 
en  Europe  plus  de  cinquante 
Contrefaçons.  «Cet  écrit,  dit  ta 
Harpe,  avoit  de  ^uoi  plaire  à 
beaucoup  de  lecteurs  :  il  offre 
flux  politiques  des  vues  et  dlw 
spéculations  sur  tons  les  goa« 
vernemens  du  monde  ;  aux  cem-> 
merçans,  des  calculs  et  des  faits: 
aux  philosophes,  des  prij^cipes 
de  tolérancQ  et  la  haine  la  plus 
décidée  contre  la  tyrannie  et  1% 
superstition;  aux  femmes,  des 
morceaux  agréables  et  dans  le 
goût  romanesque,  sur-tout  l'ado ^^ 
ration  la  plus  passionnée  et  l'en- 
thousiasme de  leurs  attraits.»  Ce* 
pendant,  malgré  cet  éloge,  uns 
critique  sage  y  trouve  quelques 
confusions  ,  des  disparates ,  des 
déclamations  outrées  contre  les 
prêtres ,  les  gouvernemens ,  les 
lois  et  les  usages  ;  des  récits  scan^ 
daleux ,  peu  de  principes  suivis  , 
d'oxcellens  mémoires  à  la  vérité 
sur  le  commerce  de  quelques 
nations ,  mais  beaucoup  d'erreurs 
et  d'inexactitudes.  Son  style  est 
clair;,  élevé,  noble;  mais  il  prend 
^trop  souvent  le  ton  d'un  charlataci 
monté  bur  des  tréteaux  et  débi^ 
tant  à  la  multitude  effarée  des 
lieux  communs  contre  le  despo-- 
tisme  et  la  superstition.  L'auteur 
connoissant  les  défaiits  de  son 
ouvrage ,  se  mit  à  voyager  poiur 
le  perfectionner.  11  parcourut  les 
différentes  places  de  commerce  de 
la  France  ;  il  promena  sa  curid^ 
site  en  Hollande  et  en  Angles 
terre  ;  il  obtint  à  Londres  une 
distinction  très-flatteuse.  L'ora— 
{t|ir  de  la  chambre  de$  Q|(P^ 

X  4 


(       Â 


^i8        R  A  T 

tnunes  apprenant  qu'il  se  tr0n« 
Voit  dans  la  galerie ,  fit  sus- 
pendre ia  discussion  jusqu'à  Çft 
qu'on  lui  eût  accordé  une  place 
marquée.  Quelque  temps  après  , 
l'Angleterre  déclara  la  guerre  à 
la  France,  et  le  neveu  de  Raynal 
pris  sur  un  vaisseau  françois  fut 
conduit  à  Londres.  Si-tôt  que  le 
ministre  sut  quel  étoit  l'oncle 
^n  prisonnier,  il  lui  rendit  la 
liberté  en  écrivant  à  Raynal: 
;«  C'est  le  moins  que  nous  puis— 
.^ions  faire  pour  le  neveu  d'un 
bomme  dont  les  écrits  sont  utiles 
à  tontes  ies  nations  commerçan- 
tes. »  Il  ajouta  que  son  souverain 
avoir  fort  approuvé  sa  conduite 
à  son  égard.  Par— tout  dans  ses 
Toyages  Baynal  interrogea  9  et 
même  jusqu'à  Timportunité ,  les 
Voyageurs  les  plus  instruits  et  le«^ 

-ftégocians  les  plus  accrédités.  Au 
retour  de  ses  savantes  courses,  il 
publia  à  Genève  en  1781,  une 
nouvelle  édition  de  son  histoire  9 
dix  volumes  in-8.**  Celle-ci  offre 
quelques  articles  mieux  digérés , 
des  notices  plus  instructives  sur 
la  Chine,  sur  les  États-Unis  , 
sur  différentes  branches  de  com- 
mercr.  Mais  l'auteur  y   montre 

Je  même  acharnement ,  et  en- 
core plus  d'animosité  contre  les 
chefs  des  nations  et  touô  les 
objets  du  respect  des  peuples.  Le 

J)arlem«nt  de  Paris  proscrivit  ce 
ivre  le  z5  mai  1^781 ,  et  ordonna 
-qu'il  fîit  .brûlé  sur  les  concluaions 
jde  l'avocat  général  Seguier  i  .il 
décréta  même  l'auteur  de  prise 
fie  corps;  mdis  on  lui  laissa  tout 
Je  temps  de  se  retirer  de  Courbe- 
,voie  où  il  se  trouvoit  pour  se  ren- 
dre aux  ea\vx  de  Spa.  Il  parcourut 
ensuite  l'Allemagne.  Après  avoir 
visité  différentes  cours ,  Raynal 
revint  en  France  et  vécut  quelque 
temps  dans  les  pays  méridionaux. 
«U..y  accorda  aux  académies  ù» 


RAY 

Marseille  tt  de  Lyon  les  fohdïdei 
plusieurs   prix    dont  il  proposn 
les  sujets.  Le  plus  .remarquable 
fut  de  déterminer   si  la  décou- 
verte de  l'Amérique    avoit   été 
utile  ou  nuisible  à  l'Europe?  il 
en  donna  un  autre  aux  pasteurs 
de  Lausanne  pour  être  distribué 
à  trois  vieillards  que   leur  vie 
laborieuse   et  leur  bonne  con- 
duite n'anroient  pas  mis  à  l'abd 
.de  l'indigence.  Rayaal  vint  à  Pa^ 
ris  en  1788  ;  il  s'y  trouvoit  lors- 
que l'assemblée  Constituante  ren- 
dit des  décrets  dont  les  uns  lui 
parurent  attenter  à  la  propriété  ^ 
les  autres  favoriser  l'effervescence 
du  peuple.  Il  eut  le  courage  de 
lui  adresser,  le  3i  mai  179 1  ,mie 
longue  lettre  où   il  marquoit  la 
route  que  cette  assemblée  auroit 
^û  tenir  et  ies  écueils  qutelle  de- 
voit  éviter.  Cet  écrit  fit  peu  d'inif 
pression ,  et  tout   le .  fruit  qu'il 
en  recueillit  fut  d'être  insulté  par 
les  gazetiers.iiAyn^z/ devint  à  leurs 
yenxune  homme affoibli par  l'âge; 
ils  auroient  pu  dire  mûri.  On  peut 
en    juger    par    cette    citation  : 
«  J'osai ,  dit— il ,  parler  long- 
tenips  aux  rois  de  leurs  devoirs; 
souffrez  qu'aujourd'hui  je  parle 
au  peuple  de  ses  erreurs.  Seroit-* 
il  donc  vrai  qu'il  fallût  me  rap- 
peler avec  effroi  que  je  suis  us 
de  ceux  qui ,  en  éprouvant  une 
indignation  généreuse  contre  !• 
pouvoir  arbitraire,  ont  peut-être 
donné  des   armes   à    la  lipence. 
Prêt^  descendre  dans  le  tombeau^ 
prêt  i  quitter  cette  nation  Fran- 
çoise dont  jedesirois.ardemnient 
Je  bonheur,  que  vpis-je  autour 
de  moi?  des  j:ro«bles. religieux» 
des  dissentions  civU<es ,  la  conS" 
.ternation  des  uns ,  l'audace  des 
autres  ;  un  gouvernement  esclave 
de  la  tyrannie  populaire  ;  le  san(> 
tuaire  des  lois  environné  d'hom-» 
mes  efifréué$  qui  veulent  alterna 


RAY 

Hvement  on  les  dicter  on  les 
braver;  des  soldats  sans  disci- 
pline, des  chefs  sans  autorité  , 
des  ministres  sans  moyens  ,  la- 
puissance  pnbliqne  n'existant  plus 
que  dans  les  clubs.».  La  Fryce 
entière  présente  deux  tribut  très- 
prononcées  ,  celle  des  gens  de 
lien,  des  esprits  modérés,  classe 
d hommes  muets  et  consternés; 
tandis  que  des  hommes  violens 
s'électrisent ,  se  serrent  et  for- 
ment un  volcan  redoutable  qui 
yomit  des  torrens  de  lave ,  ca- 
pables de  tout  engloutir.  Vous 
vous  applaudissez  de  toucher  au 
terme  de  votre  carrière ,  et  vous 
n'êtes  entourés  que  de  ruines^ 
et  ces  ruines  sont^  souillées  de 
sang  et  baignées  de  larmes  ;  des 
bruits  sourds  et  vagues ,  une 
terre  qui  fume  et  qui  tremble 
de  toutes  parts  annoncent  encore 
des  explosions  nouvelles!...  Quand 
la  réflexion  approchera  de  plu- 
sieurs de  ces  productions  im- 
maturées  ,  elles  s'évanouiront 
comme  les  vapeurs  d'un  songe 
au  réveil  du  matin  ^  ou  elles  fe- 
ront naître  des  inconvéniens  plus 
grands  que  les  abus  qu'elles  pré*- 
tendent  détruire.  Qui  osa  jamais 
rêver  poiir  un  grand  peuple  une 
constitution  fondée  sur  un  nivel- 
lement abstrait  et  chimérique?... 
Dans  ces  temps  de  délire  et  de 
faction  ,  il  n'y  a  plus  que  la  sa- 
gesse qui  soit  dangereuse....  Ma 
pensée  va  jusqu'à  désirer  que  le 
tombeau  se  referme  prompte- 
ment  sur  moi  ;  mais  vous  re- 
cevrez d'un  vieillard  qui  s'éteint 
la  vérité  qu'il  vous  doit.  »  Les 
prophéties  de  Raynal,  écoutées 
alors  avec  murmure ,  se  sont  vé- 
rifiées. Cet  écrivain  ,  las  des 
agitations  de  la  capitale  et  ef-* 
frayé  des  troubles  qui  accompa- 
fnoient  la  marche  rapide  de  la 
j^vpiution  9  alla  fixer  jk^  demeure 


RAY 


n'y 


à  Passi.  C'est  dans  cette  retraite 
qu'il  mourut  d'un  catarre  dans  sa 
84*  année.  Le  jour  de  sa  mort  il 
s'étoit  habillé  lui-même;  à  six 
heures  du  soir  il  se  mit  au  lit , 
entendit  la  lecture  d'un  journal 
sur  lequel  il  lit  des  observation» 
critiques  ;  à  dix  he;ures  il  cessa 
d'exister,  le  6  mars  1796.  Cet 
homme  qui  avoit  répandu  det 
bienfaits  sur  la  littérature,  qui 
chercha  à  payer  de  sa  fortune 
des  écrits  utiles ,  étoit  alors  ré- 
duit à  la  détresse  ;  et  on  ne  lui 
trouva ,  dit-on ,  pour  t;wit  ar^ 
gent  qu'un  assignat  de  5o  livres  ^ 
valant  alors  cinq  sous  en  numé- 
raire. Ses  amis  ont  loué  sa  fran- 
chise, sa  bonté,  sa  sensibilité; 
ces  qualités  étoient  accompa- 
gnées de  quelques  défauts,  l'in- 
quiétude ,  le  désir  excessif  de Jft 
réputation,  le  penchant  à  désap- 
prouver ce  qui  n'étoit  pas  de  lui 
ou  qui  ne  venoit  pas  de  lui* 
Raynal  ayant  eu  occasion  do 
voir  Lavater  en  Suisse,  voulut 
absolument  que  ce  grand  phy- 
sionomiste lui  dit  ce  que  les  traits 
de  son  visage  faisoient  penser 
de  son  esprit  et  de  son  carac- 
tère. Le  docteur  Helvétien,  après 
s'en  être  long-temps  défendu,  lui 
dit  :  «  Cette  grosse  tête  est  celle 
d'un  penseur;  ces  cheveux  blancs 
et  clair-semés  prouvent  que  vous 
n'avez  pas  toujours  été  tempé- 
rant avec  le  beau  sexe  ;  ce  front 
saillant  et  large  désigne  la  har- 
diesse et  même  l'elFronterie  ;  ces 
sourcils  arqués  et  bien  fournis 
donnent  de  l'expression  à  votre 
physionomie;  ces  yeux  creux  et 
vifs  sont  d'un  homme  spirituel 
et  malin  ;  les  nez  retroussés  tels 
que  le  vôtre ,  appartiennent  or- 
dinairement aux  impudens  ;  cette 
large  bouche  marque  que  vous  n'a- 
vez pas  été  indifférent  sur  les  plai- 
sirs de  la  table.  £t  mes  dents  ^ 


\ 


350       RAY 

lt|t  dit  Baynal  «  ne  9e  sont'-elles 
l^s  bien  conservées  ?  Oui,  mai» 
li  eUes  mordent  si  bien  à  pré- 
sent, elles  ont  dû  encore  mieux 
mordre  jadis.  Quant  au  menton 
recourbé,  ah  !  c'est   celui  d'un 
0atyre  ;  et  les  joues  creuses  et  H- 
Tides ,  celles  de  l'envie.  »  Baynal , 
au  Ueu  de  se  fâcher ,  ne  fit  que 
rire   du   portrait  ;  il   entendoit 
plaisanterie   :    s'il    avoit-  donné 
dans   les    écarts  d'une  imagina- 
tion  trop  ardente,  Tàge   et  la 
réflexion  l'avoient  ramené   à  la 
raison  et  lui  avoient  f«iit  renoncer 
à  la  folie  des  systèmes  ;  il  applau- 
dissoit   dans  ses  derniers   jours 
à  tous    les   gouvernemens   rai- 
sonnables ,  et  ne  demandoit  aux 
puissans^  que  d'être  conséquens 
aux  principes  des  lois  qu'ils  fai- 
soient  exécuter.  Il  est  probable 
^que   s'il  avoit  vécu  plus  long- 
temps, il    auroit  retouché  s«n 
fïistoire  philosophique^   et  au- 
roit en  cela  servi  sa  réputation* 
Son  style ,  dégagé  du  ton  de  dé- 
clamation qui  y  règne,  auroit  tou- 
jours paru  ce  qu'il  est  souvent, 
plein  de  rapidité ,  de  force  et  d'a- 
bondance. U  a  laissé,  dit-on;  une 
Histoire  de  la  révocation  de  l'édit 
de  Nantes  qui  formeroit  quatre 
voL  On  prétend  que  sous  la  ty- 
rannie de  Robespierre  ,  il  avoit 
brûlé  une  partie  de  ses  manus- 
crits. Ses  autres  ouvrages  impri- 
més sont:  I.  Histoire  du  Stathoum 
déràty  publiée  en  1748  ,  in~ii  , 
et  réimprimée  en  deux   vol.  en 
1760.  11.  Histoire  du  parlement 
d'Angleterre ,  lySo  ,  deux  vol. 
in— 12.  Ces    deux    ouvrages  ont 
plutôt  l'air  d'une  harangue  am- 
poulée que    d'une  histoire.   On 
reprocha  dans  le  temps  à  l'au- 
.teur  un  air  enflé,  un  ton  épi- 
que ,  une  affectation  continuelle 
d'antithèses ,  d'énuméraflons  de 
fiqi^sées  brillantes  ^  ^^  phrases 


H  E  A 

symétrique»;  mais  oit  eonvmf 
qne  ces  deux  galeries  de  tableaux 
et  de  portraits  dont  •  quelque»* 
uns  étoient  ressemblans,  amiH 
soient  beaucoup  lorsqu'ils  ne  fa- 
tigilpient  point.  Pour  s'affranehir 
de  la  cupidité  des  libraires.  Tau* 
tenrosa  faire  imprimer  )t  premier 
à  ses  frais  ;  il  le  vendit  lui-même 
et  en  débita  Sooo  exemplaires. 
in.  Anecdotes  historiques  depuis 
Charles*'Quint ,  1 7&3  ,  trois  vol. 
in-ti ,  écrites  avee  plus  de  natu- 
rel et  de  vérité  que  YHistoire  da 
parlement  d* Angleterre^  IV.  His- 
toire du  divorce  de  Henri  VHI, 
1763,  in-12,  tirée  en  partie 
de  l'ouvrage  précédent.  V.  Ecole 
Militaire,  1762,  trois  volumes 
in*i2;  compilation  mal  digérée 
et  où  l'aitteur  a  raseemblé  les 
exemple^  de  lâcheté  comme  ceax 
de  courage;  VI.  ^  Mémoires  his-' 
torique»  derEurope,  1772  ,  tfoi^ 
▼ol.  in-8.»  VII.  Tableau  et  ré- 
volutions àe%  colonies  Angloise» 
dans  l'Amérique  septen-trionale, 
1781 ,  dei»  vol.  in>i2.  VIH.  Di- 
verses brochures  sur  la  traite  des 
nègres,  l'administration  de  Saint- 
Domingue  ,  etc. ,  imprimées  à 
part  ou  insérées  dans  le  Conser- 
vateur ,  le  Mercure  et  autres  jour- 
naux. 

RAYSSIGUIBR  ,  (  N**  )  t 

donné  au  théâtre  François  plu- 
sieurs pièces  :  VAminte  ,  Ut 
Tuileries  ,  Polynice,  CéU4ée, 
la  Bourgeoise ,  Astrée  et  CéU" 
don.  Elles  furent  représentées 
de  1730  a  1735;  mais  leur  ex- 
trême médiocrité  n'en  a  fait  sur- 
nager aucune  sur  le  théâtre. 

RE  AD,  (Alexandre)  l'un  dM 
plus  grands  anatomistes  d'An- 
gleterre, mérita  l'eltime  de  ses 
compatriotes  autant  par  ses  ver- 
tus que  par  ses  lumiéros;  L'iini- 
yçrsité  û'Oiiwd  It  reçut  médecin 


RE  A 

401  tCo2,  a\rec  une  g7ând«  to^ 
Jenni,té  et  en  vertu  d'un  mandat 
dn  roi.  Il  mourut  quelque  tenipi 
•près  cet  honneur* 

♦RÉAUMUR,  (René -An- 
toine Ferchault,  sieur  ^e)  né  à 
k  Rochelle  en  1683»  d'une  fa- 
mille de  robe ,  quitta  l'étude  du 
droit  pour  s'appliquer  aux  ma- 
th<^inatiqne8  »  a  la  physique  et  à 
Tbistoire  naturelle.  Paris  est  le 
•entre  des  talens  et  des  connois- 
sauces;  le  jeune  naturaliste  ê*y 
rendit  en  ijo3y  et  dès  1708  il 
fut  jugé  digne  d'être  membre  de 
i'académie  des  Sciences.  Depuis  ee 
moment,  il  se  livra  tout  entier 
à  l'étude  de  l'histoire  naturelle  et 
il  en  embrassa  tous  les  genres. 
«Ses  mémoires ,  ses  observations , 

I  ses  recherches  et  ses  découver- 
tes sur  la  formation  des  coquilles  , 
4ar  les  araignées  9  sur  les  filières, 
les  moules  ,  les  puces  marines , 
etc.,  lui  Ârent  de  bonne  heure 
un  nolh  célèbre.  Ce  fut  lui  qui 
découvrit  en  Languedoc  des  mi- 
ses de  Turquoise.  11  découvrit 
aussi  la  matière  dont  on  se  sert 

.  pour  donner  la  couleur  aux  pier- 
res fausses.  Ces  découvertes ,  de 
pure  curiosité  physique ,  furent 
suivies  de  plusieurs  autres,  plus 
utiles  au  bien  général  de  la  société. 
Jieaumur  recherchoit  les  moyens 
de  donner  an  fer  ce  qui  lui  man-* 
quoit  pour  être  acier  :  secret  ab- 
solument ignoré  en  France.  Après 
un  nombre  infini  de  tentatives, 
il  parvint  au  but  qu'il  s'étoit  pro- 
posé :  à  convertir  le  fer  forgé  en 
acier,  de  VeWe  qualité  qu'il  le 
vouloir,  et  même  à  adoucir  lo  fer 
fendu,  n  donna  le  détail  de  ses 
procédés  dans  un  ouvrage  inti- 
tulé :  UArt  de  convertir  le  Fer 
forgé  en  Acier,  et  Y  Art  d'adou-^ 
*ir  le  Fer  fondu ,  et  défaire  dei 
tmrages  4c  F^r  fondu  aussi  Jim 


RE  A 


351 


^ne  dé  Fer  forgé ,  un  vol.  in-4% 
1722.  Le  duc  d'Orléans  régent , 
crut  devoir  récompenser  ces  ser- 
vices rendus  à  l'état,* par  une  pen- 
sion de  12000  livres  ;  mais  Béau^ 
mur  aussi  bon  citoyen  qu'habile 
naturaliste ,  ne  l'accepta  qu'en, 
demandant  qu'elle  fût  mise  soua 
le  nom  de  F  Académie  qui  en  joui- 
roit  après  sa  mort.  Ce  fut  à  ses 
soins  qu'on  dut  les  manufacturas 
de  fer  blanc  établies  en  France  ; 
oa  ne  le  tiroit  autrefois  que  dm 
l'étranger.  La  patrie  lui  fut  en- 
core redevable  de  l'art  de  faire 
de  la  porcelaine.  St^  première 
essais  en  ce  genre  réussirent  par* 
faitement.  Il  contrefit  même  \fL 
porcelaine  de  Saxe  ,  et  transports 
par  ce  moyen  dans  le  royaume 
un  art  utile  et  une  nouvelle  bran- 
che de  commerce.  Un  autre  tra- 
vail intéressant  pour  la  physi- 
que ,  est  la  construction  d'un 
nouveau  Thermomètre,  au  moyen 
duquel  on  peut  conserver  toujours 
et  dans  toutes  les  expériences, 
un  degré  égal  de  chaleur  ou  de 
froid.  Ce  Thermomètre  porte  son 
nom ,  et  forme  à  sa  gloire  le  mo- 
nimient  le  plus  durable.  L'illus- 
tra observateur  composa  ensuite 
VHistuire  des  Rivières  aurifèrée 
de  France  ,  et  donna  le  détail  de 
pet  art  si  simple  qu'on  emploie 
à  retirer  les  paillettes  d'or  que 
les  eaux  roulent  dans  leur  sable. 
Une  tentative  qu'on  croyoit  d'a- 
bord beaucoup  plus  importante  , 
fut  de  nous  donner  l'art  de  faire 
éclore  et  d'élever  les  poulets  et 
les  oiseaux  ^  comme  on  le  prati- 
que en  Egypte ,  sans  faire  couver 
des  œufs  ;  mais  cette  tentative 
fut  infructueuse  ,  et  dans  la  pra- 
tique il  n'a  jamais  été  dédom- 
magé de  ses  peines  et  de  ses  dé- 
penses. Une  collection  d'oiseaux 
desséchés  qu'il  a  voit  trouvé,  le 
secret  d#^  $•  proocirer  et.  4e  côn- 


ir» 


R  E  A 


•erver  ^  lui  donna  li^n  de  faire 
des  expériences  singulières  sut 
la  manière  dont  les  oiseaux  font 
la  digestion  de  .leur  noarritnre. 
Dans  lé  cours  de  ses  obsenra- 
tions,  il  fit  des  remarques  sur 
Tart  avec  i^^el  Jes  difie rentes 
espèces  d'oiseaux  sarent  cons» 
truire  leurs  nids.  11  en  fit  part  à 
l'académie  en  1736  ^  et  c'a  été  le 
dernier  ouvrage  qu'il  lui  a  com* 
muniqué.  11  mourut  en  sa  teTre  de 
la  Bermondière  dans  le  Maine  , 
où  il  étoit  allé  passer  les  va- 
cances ,  le  17  octobre  1737  , 
âgé  d environ  75  ans,  des  suites 
d'une  chute.  Réaumur  étoit  un 
physicien  plus  pratique  encore 
que  spéculatif  ;  observateur  infa- 
tigable donl  tout  arrétoit  l'atten- 
tion^ tout  excitoit  1  activité  ,  tout 
.«ppliquoit  l'intelligence.  Voué 
par  goût  au^bien  public  et  à  l'é- 
tude de  la  nature  5  il  a  passé  sa 
vie  à  la  contempler ,  à  l'inter- 
roger,  à  la  suivre  dans  ses  moin- 
dres opérations.  Ses  ouvrages 
font  assez  connoître  l'étendue  de 
«on  ^esprit.  Il  est  peut-être  trop 
diffus  ;  mais  ce  défaut  est  une 
nécessité  dans  les  ouvrages  d'ob- 
servation 9  et  il  a  traité  sa  ma- 
tière avec  autant  de  soin  que  de 
clarté  et  d'agrément.  Spoliant 
zani  célèbre  professeur  de  Pavie, 
estimoit  particulièrement  Réau- 
mur et  ses  ouvrages*  Dans  une 
dissertation  inaugurable  de  ses 
cours  ^  il  établit  un  parallèle 
entre  ce  physicien  et  Bufjon  , 
dont  M.  AUbert  éloquent  pané- 
gyriste de  ce  savant  Italien .  a 
donné  l'extrait  suivant  :  «  Ces 
deux  écrivains  ,  disoit  -  il  ,  ont 
été  comblés  par  la  nature  des 
plus  beaux  dons  de  l'esprit  etdii 
génie.  Si  l'on  admire  en  eux  la 
fertilité ,  la  hauteur  ^  la  sublimité 
des  conceptions  ,  on  juge  qu'ils 
ont  à  peine  dps  rivaux  ^  et  que 


R  E  A 

personne  du  moins  ne  les  iiTtfc 
pasfe.    '1 OU5  denx   ont  dépassé 
l'attente'  publique  dans  la  car- 
rière  qu  ils  ont  parcourue  ;  ili 
semblent   s'être   partagés    l'im-* 
mense  domaine  de  la  nature:  Fun 
a  immortalisé   les  grands   êtres 
vivans  9  l'autre  les  petits.  Tous 
deux,  comme  envoyés  des  cieux, 
ont  débrouillé  ,  expliqué ,  coor- 
donné tout  ce  qui  paroissoit  obs- 
cur ,    confus    et   impénétrable. 
Réaumur  pins  instruit  dans  l'art 
d'observer ,  étudie  les  phénomè- 
nes en   particulier  ,    les  médite 
avec  lenteur  et  les  rapproche  avec 
prudence  ;  il  féconde  en  quel- 
que sorte  les  faits  les  un^  par  les 
autres  :  et  c'est  ainsi  qu'il  déroule 
henreussment   toutes  les  canses 
mystérieuses.  Buffon  doué  d'un 
esprit  plus   impétueux    et  plni 
hardi ,  livré  à  l'ardeur  dévorante 
de  son  génie  ,  impatient  de  dé- 
couvrir ,  ne  poursuit  que  les  ob-' 
jets  qui   s'offrent   soudainement 
à  ses  regards  ;    il  ne  parle  des 
choses  cachées  que  par  une  sorte 
d'inspiration    et   comme    si   ud 
oracle  divin  les  lui  a  voit  révélées. 
Réaumur  note  et  retrace  scrupu- 
leusement les  phénomènes   tell 
que   la  nature  les  lui  présente. 
Buffon  ,  au  contraire  ,  les  voit 
souvent  avec  les  couleurs  de  sa 
riche  et  féconde  imagination.  Le 
style  de  l'un  est  simple  et  cor- 
rect ;  mais  l'élégance  y  est  son- 
vent   sacrifiée  à   la   plus   sévère 
exactitude.   Le  style    de    l'autre 
frappe  par  la  beauté  des  ima- 
ges ,  la  sublimité  des  sentiraéns, 
la  magnificence  de  rexpression. 
Buffon  enfin  ,   né  avec  tous  les 
moyens  de  persuader  et  de  plaire  ) 
prodiguant  les  trésors  de  sa  lan- 
gue ,  et  faisant  tout  revivre  par 
une  création  nouvelle  ,  règne  à 
la  tête  des  plus  brillans  prosa- 
teurs du  siècle.  »  Les  qualités  di 


R  E  B 

•ttur  de  Réaiimur  le  rendoient 
oncore  plus  estimable  que  ses  ta- 
lens.  La  douceur  de  son  carac- 
tère, sa  bonté  ,  sa  bienfaisance, 
la  pureté  de  ses  mœurs  et  son 
exactitude  à  remplir  les  devoirs 
^e  la  religion  ,  en  faisoient  un 
citoyen  aussi  respectable  qu'ai- 
mable. Il  a  laissé  à  l'académie  des 
Sciences  ses  manuscrits  et  son 
cabinet  d'histoire  naturelle.  Ses 
«uvrages  sont  :  I.  Un  très-grand 
nombre  de  Mémoires  et  d'O^— 
t/ùrvatioas  sur  difFérens  points 
;â'histoire  natiirelle.  Ils  sont  im- 
primés dans  la  Collection  de  la-* 
cadémie.  II.  UHistoire  naturelle 
des  Inse^ctes  \  en  six  vol.  in— 4.** 
On  y  trouve  l'histoire  des  Che" 
tulles ,  des  Mouches  à  deux  ailes 
et  des  Cousins;  des  Teignes  ,  des 
Galle-^Insectes  ,  des  Mouches  à 
«quatre  ailes  ,  et  sur  -  tout  des 
Abeilles  ,  des  autres  Mouches 
qui  font  du  miel  ;  des  Grépes  § 
da  Formica^leo ,  des  Demoiselles; 
€t  de  ces  Mouches  éphémères  qui , 
après  avoir  été  poissons  pendant 
trois  ans  ,  ne  vivent  que  peu 
cThenres  sous  la  forme  de  mou- 
ches :  enfin  de  ces  insectes  sin- 
guliers et  merveilleux  que  nous 
appelons  Polypes, 

HEBEL,  (  Jean-Féri  )  pre- 
mier violon  du  roi  ,  batteur  de 
mesure  à  l'Opéra,  né  à  Parrs  en 
1669  ,  mt)rt  en  1747  ,  est  auteur 
de  la  musique  de  l'opéra  d'C/— 
fy«(?.— ^8on  fils  (  François)  long- 
temps directeuij  de  l'Opéra,  mort 
en  octobre  1775  ,'à  75  ans,  a 
fait  avec  Francoeur  la  musique 
^e  Pyrame  et  Thisbê  ,  de  Scan- 
àerberg ,  de  Zelindor,  de  Tarsis 
it  ZéUe ,  etc. 

REBOURS,  (N.le)  contrô- 
leur général  des  postes  ,  dirigea 
long-temps  la  Gazette  du  Com^ 
Berqe,  1}   ««t  mort  à  Paris  en 


R  E  G        3n 

1776  ,  après  avoir  publié  des 
Observations  sur  les  manuscrits 
de  Dumarsais  ,  17^0  .  in—  12  , 
et  un  Mémoire  sur  les  moyens 
économiques  d'éclairer  Paris. 

RECORDS,  (Robert)  méde^ 
cin  Anglois ,  né  à  Cambridge  en 
1545  ,  réunit  aux  connoissances 
de  sa  profession  celle  des  lan- 
gues anciennes  ,  et  sur-tout  de 
VAnglo- Saxon,  Il  fut  le  premier 
Anglois  qui  écrivit  sur  l'algèbre, 
et  mourut  en  prison  où  il  avoit 
été  mis  pour  dettes  en  i558. 

RÈDE ,  (  Guillaume  >  évéqu* 
de  Chichester  en  1869  ,  fut  le 
meilleur  géomètre  de  son  siède. 
Il  fit  construire  la  bibliothèque 
du  collège  de  Merton. 

II.  REDI ,  (Thomas)  peintre 
Florentin  ,  né  en  166b  et  mort 
en  1728,  a  orné  les  églises  et 
les  édifices  de  la  Toscane ,  d'un 
grand  nombre  de  ses  tableaux 
qui  y  sont  estimés. 

REGANHAC ,  (Géraud  Valet 
de)  né  à  Cahors  en  1719  ,  eut 
une  imagination  vive  et  heureus.© 
qui  le  ht  distinguer  comme  poëte. 
Sa  Traduction  des  Odos  d'iff)- 
race  ,  1781  ,  deux  vol.  in-f2  , 
a  de  la  verve  et  de  l'élégance  ; 
elle  est  précédée  d'Observations 
cri^tiques  sur  la  Poésie  lyr^ue. 
On  lui  doit  encore  :  I.  ^tudcê 
lyriques  ^'après  Horace,  1776, 
in-8.0  On  les  lit  avec  intérêt,  et 
l'auteur  y  fait  preuve  de  goût. 
II.  Lettre  sur  cette  question  : 
\JEsprit  philosophique  est^Uplus 
nuisible  qu  utile  aux  belles-lettres  ? 
1755  ,  in^8.®  Reganhac  est  nijort 
en  1784. 

IV.  RÉGIS- REY,  (Jean) 
chirurgien  de  Montpellier  ,  se 
distingua  dans  sa  profession ,  et 
semble  avoir  deviné  avant  Pascal 
la   pesanteur    de    ïài:  dans  sos 


3)4       R  K  G 

JEsiois  stir  la  rtcherchit  de  k  gaum 
^i  augmente  le  poids  dm  plomb 
ec  de  l'étain  quand  on  les  calcine. 
Cet  ouvrage  publié  pendant  la 
vie  de  l'auteur  en  1670  ,  a  été 
réimprimé  à  Paris  en  1777,  avec 
des  Notes  pai*  Gobel* 

l.  RKGN  AULT ,  (  N.  )  auteur 
dramatique  4,  mort  vers  le  mUieu 
du  17*  siècle,  a  donné  deux 
tragédies  «  Marie  Stuart  jouée 
en  v639  9  et  Blanche  de  Bouchon 
en  1641.  L'une  et  l'autre  furent 
imprimées  à  Paris  chez  Quinet, 
Leur  médiocrité  devoit  les  en 
dispenser* 

*  n.  RÉGNIEtl,  (François^ 
Siraphin  )  Dbsm arais  ou  plutôt 
DBSXARftTS,  (  car  il  avouoit  lui* 
même  avoir  toujours  mal  écrit 
son  nom  )  9  naquit  à  Paris  en 
i632  9  dune  famille  noble ,  ori- 
ginaire de  Saintonge.  11  fit  sa 
philosophie  dans  le  collège  de 
Montaigu  ;  et  pour  se  disti;aire 
de  l'ennui  des  subtilités  scolas- 
tiques  ,  il  traduisit  en  vers  bur- 
lesques la  Batrachomyomackie 
d'Homère  ,  ouvrage  qui  parut 
un  prodige  dans  un  jeune  homme 
de  quinze  ans.  Le  duc  de  Créqui 
charmé  de  son  esprit  9  le  mena 
avec  lui  à  Home  en  1661.  Le 
séjour  de  l'Italie  lui  fut  utile  ;  il 
apprît  la  langue  italienne  ,  dans 
laquelle  il  fit  des  vers  dignes  deP^- 
trarque.  L'académie  de  la  Crusca 
<fe  Florence  prit  une  de  ses  odes 
pour  une  produption  de  l'amant 
^e  la  belle  Laure  ;  et  lorsque 
cette  Société  fût  désabusée  ^  elle 
ne  se  vengea  de  sou  erreur  qu'en 
accordant  une  place  à  celui  qui 
l'avoit  causée.  Ce  fut  en  1667 
qu'on  lui  Ifit  cet  honneur  -,  et 
trois  ans  après  l'académie  Fran^ 
çoise  se  l'associa.  Mezerai  secré- 
taire de  cette  compagnie  s  étant 
mort  tn  1684^  sa  place  fut  don- 


R  £G 

nv'e  k  Tabbé  Begnier.  D  se  signahr 
dans  les  démêlés  de  l'acadéraia 
contre  Furetière  ,    et  composa 
tons  les  Mémoires  qui  ont  paru 
au  nom  de  ce    corps.    L'abbé 
Begnier  eut  plusieurs  bénéfices  ^ 
entr'autres    l'abbaye    de  Saint-» 
Laon  de  Thouars.  On  préteni 
qn'il  aurait  été  évêque  ,  sans  s4 
traduction   d'une    scène  volup-* 
tueuse  du  Pastor  fido.  Cet  écri-* 
vain  mourut  à  Paris  le  6  sep-* 
teiiibre  1713^  à  81  ans.  Il  dot 
en  partie  sa  longue  vie  à  l'at- 
tention de   ne   pas  tourmenter 
la  nature  par  des  remèdes  qui 
\ accablent ,  dit-il  ^  au  lieu  delà 
soulager,  Ses  talens  étoient  re-* 
levés  par  une  probité  y  une  droî-* 
ture  9  et  nn  amonir  du  vrai ,  gé-* 
néralement  reconnus.  Cette  der- 
nière qualité  est  voisine  d'un  dé* 
faut  dont  l'abbé  Begnier  ne  sô 
préserva  pas  toujours.  H  soute^ 
noit  ses  opinions  avec  force ,  et 
même  avec  une  opiniâtreté  qm» 
selon  Furetière  ,  lui  fit  donneï 
le  nom  de  l'abbé  PertinàXé  Cette 
roideur  de  caractère  Tempéchoit 
de   prodiguer  son  Suffrage  ;  et 
dans  une  occasion  où  on  le  pfes* 
foit  de  mentir  pour  un  homin^ 
puissant  9  sous  pei,ne  d'ènconrif 
sa  disgrâce  9  il  répondit  :  Taim* 
mieux  me  brouiller  avec  lui  qua^ 
vcc  moi,  Son  amitié  constante  et 
solide  faisoit  honneur  à  ceux  qu'il 
appeloit  ses  vrais  amis  ,  parce 
qu'il  ne  la  leur  donnoit  que  quand 
il  reconnoissoiteneuxles  qualités 
quiformoient  son  caractère.Nou« 
avons  de  lui  :  I.  Une  Grammaire 
Françoise,  imprimée  en  16769 
en  deux  Vol.  in- 12.  La  meilleure 
édition  est  celle  de  1710,  in-4'' 
On  trouve  dans  cet  ouvrage,  un 
peu  diffus  9  le  fonds  de  ce  qu'on 
a  dit  de  mieux  sur  la  langue.  S'il 
n'est  pas    aussi  profond  sur  la 
métaphysique  des  langues  qu^^ 


'   R  E  G 

Çâimmalre  raisonnée  de  Port'' 
Royal,  il  contient  an  moins  re- 
lativement k^la  langue  Françoise  ^ 
des  discassions  importantes  et  uti- 
les, que  cette  grîimmaire  n'offre 
pas,  11.  Une  Traduction  en  vers 
italiens  des  Odes  éiAnacréon,  , 
in- S'*,  quil  Uédia  en  1692  à 
lacadémie  de  la  Crusca,  La  sim- 
plicité et  le  naturel  y  sont  joints 
à  IVlëgance  et  à  la  noblesse. 
m.  Des  Poésies  Françoises  ,  la- 
tines,  italiennes  et  espagnoles  , 
réunies  en.  1768  ,  en  deux  vol. 
in- 12.  Ses  vers  François  offrent 
de  la  variété  9  de  la  {gaieté  ^  des 
moralités  heureusament  expri* 
mées  ;  mais  son  style  est  plus 
noble  que  vif  ,  et  plus  pur  que 
brillant.  Cet  envoi  dune  violette 
est  aussi  agréable  que  spirituel; 

Medett^   ta  mt  conleori  aodettt   en 

non  séiodr  » 
f raache  d'aokbltloa ,  ]e  tnt  ciche  wn 

rherbe  : 
BlaU  li  s«r  votre  froat  j*  puis  me  ▼•It 

vti  lonr  « 
La  pin»  hoinbU  des  flears  sera  la  plui 

luperbe. 

Les  vers  italiens  et  espagnols  ont 
plus  de  coloris  et  plus  de  grâce. 
Les  Poésies  françoises  (*)  ont 
été  augmentées  dans  les  éditions 
de  1716  et  17S0,  2  vol.  in^i2. 
IV.  Une  Traduction  de  la  Per- 
fection Ckrétlennelde  Bodriguès  j 
entreprise  à  la  prière  des  Jésui- 
tes ,  et  plusieurs  fois  réimprimée 
an  trois  vol.  in-4^  et  en  qua];re 
vol.  in-8.<*  Cette  version  ^  écrite 
avec  moins  de  nerf  que  celle  de 
Port-Royal ,  est  d'un  style  plus 
pur  et  plue  coulant.  V.  Une  Tra- 
duction des  deux  livres  de  la  Di- 
vinaticm  de  Cicéron ,  1 7 1  o ,  in- 1 2. 


R  E  G 


5M 


VI.  Une  autre  Version  des  livres 
de  cet  auteur  De  finibus  bonorum, 
et  malorum  ,  avec  de  bonnes  re-« 
marques ,  in- 12.  VIL  L'Histoire 
des  démêlés  de  la  France  avec  la 
Cour  de  Rome ,  au  sujet  de  Vaf-m 
faire  des  Corses ,  '707*  in-4**; 
ouvrage   assez  intéressant   pour 
les  pièces  justificatives  qu'il  ren- 
ferme ;  mais  qui  prouve  que  l'au- 
teur n'avoit  que  des  talens  mé- 
diocres pour  l'histoire.  Son  style 
quoique  pur  et  correct,  n'a  ni 
le  mouvement  ni  le  sel  dont  le 
sujet  paroissoit  susceptible.  Dans 
ses  autres  ouvrages ,  il  écrit  avec 
cette  simplicité  élégante  ,  égale- 
ment  éloignée  de  la  maigreur  et 
de  l'enflure  ,  de  la  négligence  et 
du  fard.  On  y  souhaiterait  seu-* 
lèment  plus  de  force  et  de  pré»- 
cision.  Ménage  qui    soumettoit 
ses    écrits  et  sur- tout  ses  vers 
italiens  à  sa  critique ,   se  plai-* 
gaoit  que  l'abbé  Regnierles  éner- 
voit  par  trop  de  sévérité.  Tout 
s'en  va ,  disoit-il ,  en  limure, 

RÉGULUS  ,  (  Saint  )  Grec  ^ 
natif  d'Âchaîe  ,  fut  averti  dans 
une  vision  d'abandonner  sa  pa-« 
trie  pour  se  rendre  en  Albion, 
isle  située  vers  les  extrémités  du 
monde  ,  et  d'emporter  avec  lui 
.  l'os  du  bras ,  trois  doigts  et  trois 
orteils  de  St.  André*  Il  obéit , 
s'embarqua  avec  plusieurs  de  ses 
compagnons ,  et  après  avoir  es- 
suyé une  tempête  affreuse ,  il  fut 
jeté  l'an  870  sur  les  côtes  de 
XOtholinia ,  dansles  états  d'Her-. 
guste  roi  des  Pietés.  Ce  prince 
neut  pas  plutôt  appris  l'arrivée 
des  Saints  étrangers  avec  leurs 
reliques  ,  qu'il  donna  des  ordres 
pour  leur  réception.  11  leur  offrit 


*■■  ■  ■  .11     ...     I  ■ 

(  *  )   Il  vùfitàt  GOttpeT  les  ¥êrs  dt  dix  $yÛ«ie$  en  deux  parts  égales  j  mais  cette 
tentative  ^/B'itoit  pas  nonvelle  |  as  HwAx  paît  (  ^o/e^  PiaiBRi  ,  à  U  fia  do 


33« 


R  E  I 


son  propre  palais^^  et  fit  bâtir 
auprès  nne  église  qui  porte  en- 
core aujourd'hui  le  nom  de  Saint" 
Bégulut,  Cette  fondation  est  Fo- 
ri^ne  de  la  fille  de  Saint^Àndré 
en  Ecosse. 

IlETD,  (Thomas)  professeur 
de  philosophie  dans  l'université 
de  Glasgow  en  Ecosse  ,  né  en 
T709  ,  a  dii  sa  réputation  en 
Angleterre  à  un  célèbre  ouvrage 
de  métaphysique  ,  sur  les  fa- 
cultés mtelUctueîUi  et  mondes 
de  l'ame  ;  et  k  de  profondes 
Jiecherches  sur  la  nature  de  l'es- 
prit humain.  U  est  mort  au 
mois  d'octobre  1 7  9  6  >  âgé  de 
87  ans« 

REINHOLD,  (Érasme) 

né  en  iSt i  ,  à  Salfeldt  dans  la 
hante-6axe  ,  s'appliqua  à  l'étude 
des  mathématiques  et  de  l'astro- 
nomie ;  il  a  publié  plusieurs  ou- 
vrages sur  Tune  et  l'autre  de  ces 
jciences* 

REINOLDS  ,  (  Jean  )  doyen 
de  l'église  de  Lincoln  en  Angle- 
terre ,  mort  en  1 607  ,  est  auteur 
de  la  version  de  la  Bible,  dont 
le  clergé  Anglican  se  sert  main- 
tenant. 

*  VI.  RÉMI ,  (  Joseph-Ho- 
noré  )  prêtre  du  diocèse  de  Tonl 
et  avocat  au  parlement  de  Paris , 
mort  dans  cette  dernière  ville  le 
12  Juillet  1782  ,  étoit  né  à  Re^ 
miremont  en  1738.  Privé  de  la 
vue  par  les  suites  de  la  petite 
vérole  depuis  l'âge  de  huit  ans 
jusqu'à  quatorze  ,  il  employa  ce 
temps  à  cultiver  la  musique  ,  et 
sans  autre  maître  que  lui-même 
il  devina  ^  pour  ainsi  dire  ^  la 
théorie  de  ce  bel  art,  et  apprit 
8  toucher  fort  bien  du  clavecin, 
l,e  rétablissement  de  ses  yeux 
lui  permit  de  s'appliquer  à  d'au- 
tres étude*  et  û  s'en  ot  cupa  avet 


E  M 

•rdenr.  H  débuta  en  1770  datii 
la  littérature  ,  par  nne  brochure 
intitulée   :    Le  Cosmopolisme  , 
in'12.  Il  publia  la  même  Année 
les  Jours  ,  pour  servir  de  cot'* 
rectifaux  Nuits  dfYoung  »  in- 1 2  : 
plaisanterie  iiiite  pour  tourner  en 
ridicule  TAnglonMinie.  U  donna 
ensuite   le  Code  des  François, 
1771  ,  »  vol.  in— 12  ,  et  la  tra- 
duction du  grec  de  l'hiéroglyphe 
à*Hyérapole  ,  1779  ^  >n-i2.  Mais 
ce  qui  lui  acquit  le  plus  de  cé- 
lébrité ^  fut  son  Eloge  du  chan" 
celier  de  V Hôpital:  Discours  em- 
phatique ,    éloge  exagéré ,  mail 
souvent  éloquent ,  couronné  par 
l'académie  Françoise  en    1777  ^ 
et  censuré  par  la  Sorbonne.  L'au« 
tenr  répondit  à  cette  censure  en 
annonçant  qu'il  avoit  emprunté 
les  articles  condamnés  de.  l'abbé 
Fleury    et   du   jurisconsulte  ds 
Laurière.   RÉMI  concourut  en- 
core pour  le  prix  de  l'académie 
Françoise  par  des  éloges  de  Mo-^  ^ 
lière ,  de  Colhert  et  de  Fénélon, 
Le  dernier  obtint  Yaccessii»  Il 
étoit  occupé  y  lorsqu'il  mourut, 
de  la  rédaction  de  la  partie  de 
la  jurisprudence  pour  la  nouvelle 
Encycùtpédie  ,  et  il  fournissoit 
beaucoup  d'extraits  au  Mercure. 
Considéré  bomme  journaliste,  il 
avoit  l'esprit  d'analyse ,  la  science, 
la  sagacité  ;  et  il  s'éloignoit  ra- 
rement dams  ses  critiques  de  la 
modération   convenable  ^   quoi- 
que certains  écrivains  trouvassent 
qu'il  employoit  contre  leurs  pro- 
ductions une  ironie  trop  amère^ 
et  un  style  dur  ,  sec  et  quelqne- 
fois  boursouflé.  L'homme  en  Ini 
valoit  encore  mieux  que  l'auteur; 
il  étoit  9  dit  —  on  ,  doux  ,  gsi  y 
simple  ^   bon  ,   complaisant ,  et 
d'une    humeur    toujours    égaler 
Souvent  il   consacroit  gratuite- 
ment  ses   veilles    à    la   défense 
des  opprimés.  La  belle  mo/moie  „ 


R  E  N 

di^ifc-il  ^  que  le  gra nd^merci  d*a n 
mallieureux  !    Il    n'étoit  cepen- 
dant pas  riche  ;  mais  il  avoit  la 
fortune  du  sage ,  la  modération 
dans  les  désirs.  Au-dessus  de  ce 
qu'il  appeloit  les  bêtises  de  la  va^ 
niléi  il  n'ai&cha  iameis  les  moin- 
dres prétentions  ;  il  possédoit  le 
talent  rare  de  se  mettre  à  la  "por- 
tée de  tout  le  monde  et  de  parler 
à  chacun  sa  langue.   Il  a  laissé 
plusieurs  manuscrits  :   un  X>tc— 
tionnaire  de  phj^sique  et  de  chi- 
mie avec  l'application  des  prin- 
cipes et  des  découvertes  de  ces 
deux  sciences  à  l'économie  àni- 
,  inale  :  un  Traité  des  Communes , 
une  Vie  de  Charlemagne  et  une 
continuation  des   synonymes  de 
l'abbé  Girard,  On  ignore  ce  que 
ces  ouvrages  sont  devenus. 

I.  RENAUD,  (Nicolas)  l'un 
des  premiers  chansonniers  Fran- 
çois ,  fleurit  sous  le  règne  de 
Henri  IL  II  étoit  Provençal, 
^s  vers  ne  respirent  que  l'a- 
mour. 

IL  RENAUD  ,  (Louis)  re- 
ligieux dominicain  ,  né  à  Lyon  , 
et  mort  le  20  juin  1771.9  à  l'âge 
(le  80  ans  9  fut  renommé  par  ses 
talens  pour  la  chaire  ,  et  devint 
prédicateur  ordinaire  du  roi.  Ses 
Sermons  n'ont  jamais  été  pu- 
bliés ;  mais  ©n  a  de  lui  les  Orai- 
sons funèbres  du  duc  d'Orléans 
et  du  maréchal  de  Villeroy ,  ainsi 
qu'un  Discours  latin  prononcé  à 
Beauvais  ,  sur  Texaltation  de 
Benoît  XIII  à  la  papauté. 

RENFORÇAT  ,  troubadour 
de  B'orcalquier ,  fleurit  dans  le 
douzième  siècle.  Nostredame  et 
Crescimbeni  font  mention  de  ses 
poésies. 

.  RENOUT,  ( Jean-Juîien- 
Constantin  )  né  à  Honfleur  en 
^725,  mort  vers  1780  9  a  donné 

SvPPL,  Tome  III, 


pltisieurs  pièces  à  difFérens  théâ- 
tres ,  dont  quelques-unes  obtin-» 
rent  un  succès  éphémère.  Leurs 
titres  sont  :  Les  Couronnes  on 
les  Bergers  timides ,  pastorale  ^ 
Zélide  ,  comédie  en  un  acte  ;  la 
Mort  d'Hercule  ,.  tragédie  ;  la 
Cacophonie  ,  le  Devin  par  htL'->f 
tard  ,  la  Soubrette  rusée ,  le  Ca-^ 
priée  ,  le  Petif^  Poucet,  la  firebis 
entre  deux  Loups ,  le  Fleuve  Sca^ 
mandre, 

RENUSSON  ,  (Philippe)  né 
au  Mans  ,  Vint  exercer  avec  dis-« 
tinction  la  profeesion  d'avocat  au 
parlement  de  Paris  ^  et  mourut 
dans  cette  ville  vers  17.20,  On  lui 
doit  deux  Traités  d^  droit ,  esti- 
més ;  le  premier ,  sur  la  snbroga-- 
tion,  1702  9  in-4®  ;  le  second  , 
sur  les  biens  appelés  propres  j 
1711  ,  in-4.«> 

REQUIER,  (  Jean-Baptiste  )^ 
traducteur  et  écrivain  laborieux, 
mort  en  l'an  vil,  (  1793  )  ^  ^^^^ 
passer  dans  notre  langue  un  grand 
nombre  d'écrits  italiens  ,  tels  ^ue 
le  Recueil  historique  de  ce  qui  a 
été  publié  sur  la  ville  d'Hercula— 
nu  m  :  Idée  de  la  poésie  grecque 
et  latine ,'  traduite  de  Gravina  ^ 
1755  ,  a  vol.  in- 12  ;   "Esprit  deâ 
lois  Romaines ,  traduit  du  même, 
1766  9  3  vol.  in-12  ;  Mercure  dé 
Vittorio  Siri ,  3  Vol.  in— 4®  9  où. 
18  vol.  in-12;    Vie  de  Gianotti 
Manetri  sénateur  de  Florence  , 
1762,  in-12;  Autre  de  Philippe 
Strozzi  ,   premier    commerçant 
d'Italie  ,  in-12  ;.  Mémoires  se- 
crets tirés  des  archives  des  sou- 
verains de  l'Europe  ,  traduits  d« 
Siri ,   1765  9  vingt  — quatre  vol* 
in-12  ;  îîistoire  des  révolutions 
de  Florence  .  sous  les   Médicis  ^ 
traduit  de  Varchi ,  1765  ,. trois 
vol.  iiî-i2.  On  doit  encore  à  B.e't 
quier   les  hiéroglyphes  à^Hora^m' 
poUon  t  traduits  du  grec  ^  1777  } 


J58       R  E  S 

in-12;  et  une  VU  de  Teiresc  ^ 
impriinëe  en  1770,  in— il.  Utr- 
f  i/iVr  réuuissoit  à  un  grand  amour 
du  travail  le  désintéressement  et 
les  vertus  sociales. 

IL  RESTOUT,  (Jean-Ber- 
nard) fils  du* précédent,  suivit 
son  père  dans  la  peinture.  Après 
avoir  étudié  à  Rome  les  grands 
modèles,  il  fut  reçu  à  son  retour 
à  Paris  membre  de  l'Académie  en 
1796.  Il  est  mort  çn  1797.  Ses 
plus  beaux  tableaux  sont  :  l.Ann-' 
créon  la  coupe  à  la  main.  Ce  fut 
$on  morceau  de  réception  à  l'A- 
cadémie. II.  Jupiter  et  Mercure 
à  la  tahle  de  Phitémonr  et  de 
Saucis,  m.  La  Présentation  .  au 
Temple,  Ce  tableau  a  été  fait 
pour  Téglise  de  l'abbaye  de 
Chailiot. 

REULÎN ,  (  Dominique  )  mé- 
decin de  Bordeaux  ,  acquit  de  la 
célébrité  dans  sa  patrie  et  a  pu- 
■  blié  divers  écrits  estimés.  I.  Une 
Grammaire  grecque ,  1 558 ,  in-4.** 
IT.  Un  Traité  latin  sur  l'usage  des 
flliraens,  t56o,in-8.»  III.  Une 
]\Iéthode  de  Chirurgie,  i58o  , 
în-8.®  IV.  Contredits  aux  er- 
reurs populaires  de  L.  Joubert , 
1 580  ,  in-8.**  L'auteur  est  mort 
quelques  années  après  ce  dernier 
ouvrage. 

1.  REVEL ,  (  Charles  )  juris- 
consulte de  Bresse  ,  naquit  à 
Bourg  ,  et  mourut  dans  sa  patrie 
au  milieu  du  17*  siècle.  On  lui 
<îoît.:  Les  Usages  et  Coutumes 
du  pays  de  Bresse ,  Valromey  et 
Gex ,.  1729  ,  in— 4." 

IL  REVEL,  (Jean)  né  à 
Paris  en  1684,  vint  à  Lyon  et 
y  fut  surnommé  le  Raphaël  du 
dessin.  II.  poVta  par  son  art  les 
fabriques  de  cette  ville  au  plus  . 
lî.iut  degré  de  splendeur.  11  est 
l'inventeur  des  pointô  rentrés  qui 


R  E  V 

mélangeant  les  couleurs  dairef 
avec  les  obscures  ,  les  rendent 
plus  douces  ;  et  il  fit  de  ses  étofiès 
de  véritables  tableaux.  Revel  est 
mort  à  Lyon  en  1751. 

REVELY  ,  (  Willey)  archi- 
t'^te  Anglois  ,  mort  en  17991 
devint  élève  de  Chambers  ,  et  At 
ensuite  avec  Stuart  le  yoyage  de 
Grèce  ,  oii  il  dessina  un  grand 
'nombre  de  monumens  antiques 
dont  la  vue  perfectionna  son 
goût  et  compléta  ses  connois- 
sances.  De  retour  dans  sa  patrie , 
il  y  donna  le  plan  d'un  magni- 
fique chantier  pour  la  construc- 
tion des  vaisseaux,  qui  devoit  être 
établi  à  Londres  dans  i'isle  des 
Chiens.  Le  plus  bel  édifice  élevé 
sons  les  ordres  de  Bevely ,  est 
l'c^glise  de  Soutfaampton.  Il  a  pu- 
blié i|  troisième  volume  des  An^ 
liquifés  é* Athènes  par  Stuart. 

RÉ VÉRONY ,  (  Jacques  )  né 
à  Lyon  le  12  février  16999  d'ui^ 
père  qui  fut  le  premier    qui  y 
parvint   à    Téchevinage  comme 
fabricant ,  se  lit  ecclésiastique  et 
publia  :  I.  Un  Traité  sur  le  dif- 
férend   élevé  entre  St,  Cyprit% 
et  le  pape  Etienne  ,  touchant  le 
baptême  conféré  par  des  héré-i 
tiques.  IL  Une  Paraphrase  fran-| 
çoise  sur  la  prière  du  roi  Ma' 
nasses  captif  à  Babylone.  Bévé" 
rony  mourut  à  Châlons- sur-Saône 
en  1725  ,  tué  par  un  fusil  ^ 
partit  entre  ses  liiains. 

REVET,  (  Edouard )  aatenr 
dramatique  Anglois  ,  fit  jouer 
quelques  comédies  qui  eurent 
du  succès  sous  le  règne  de  Qhfsr^ 
Us  IL 

REVILLON,  (Claude)  mé- 
decin ,  né  à  Màcon ,  exerça  «vec 
talent  sa  profession  dans  les  b6- 
.pitaux  militaires  ,   et  monrnt  l 
Thionvilîe  en  1793.  OnJnidoU 


R  E  Y 

«h  Ifès-bon  Traité  îur  les  aSee« 
lions  hypocondriaques  ou  va-* 
penrs.  il  parut  en  1779 ,  et  a  été 
Téimprimé  en  rySS,  in-8 ."  L'au- 
teur attribue  Thypocondrificisme 
i  la  suppression  de  la  transpi- 
ration insensible. 

HEU VEN  5  (  Pierre  )  peintre 
HoUandois  ,  né  en  i55o  et  mort 
on  1618  ,  devint  disciple  de  Jor-» 
éàëns  qa'il  ^gala.  Le  palais  de 
Loo  en  Hollande  renferme  ses 
plus  beaux  tableaux. 

RËY,  (Guillaume)  né  à  la 
GiiiUotière  près  de  Lyon  en  1 687 , 
devint  un  médecin  renommé  dans 
.  Cette  ville.  On  lui  doit  :  L  Une 
Jjissertation  latine  sur  le  Délire  » 
1714  9  et  quelques  autres  écrits 
de  physique  et  de  médecine  ,  sur 
la  peste  de  Provence  et  sur  un 
tiègre^blanc.  Pour  expliquer  la 
difiference  des  blancs  et  des  nè- 
gres ,  il' supposa  la  possibiIite.de 
^  deux  Adàms  i  et  cette  opinion  lui 
attira  des  ennemis.  Il  mourut  le 
10  février  17 36. 

REYN>  (Jean  de)  né  à 
'  Dnnkerque  en  16 10  9  devint  dis- 
ciple de  Vandick  et  le  suivit  'en 
Angleterre.  La  beauté  de  ses  ta<« 
bleanx  les  a  souvent  fait  attri- 
buer à  son  maître.  II  est  mort 
en  i65o. 

•nHAMBAUD    dOrange, 

troubadour  célèbre  dans  le  iâ« 
siècle  9  composa  un  poërae  in- 
titulé :  La  Maîtrise  d* Amour, 
Malgré  les  peintures  licencieuses 
yi'il  y  inséra  ,  il  osa  le  dédier" 
a  Marguerite  de  Provence  fille 
aînée  du  comte  Bérenger,  Ho^ 
"Bùei  premier  ministre  du  comte 
se  plaignit  de  Cette  hardiesse  , 
et  fit  exilei*  le  poète  aux  isles 
tfHyères ,  d'où  il  Fut  ensuite  rap-l 
>eLé  à  k  prière  à^  Marguerite^ 


R  I  B         3)9 

RHÊE,  Fo/fz  Cybàle. 

.  RHÉGINUS  ,  (  Guillaume  ) 
ou  Rbgnod  9  savant  médecin  de 
Lyon  9  a  donné  une  traduction 
françoise  de  X Instruction  d'Hié'^ 
raclés  contre  les  athées  ,  «t  un 
Traité  d'expériences  de  méde-« 
cine,  publié  à  Lyon  en  1664. 

RHODOMAN,  (Laurent) 
recteur  de  l'université  de  Wit-* 
temberg,  mort  dans  cette  ville 
en  1 60S  9  étoit  né  à  Sassowerf 
en  Saxe.  On  a  de  lui  un  ouvrage 
peu  commun  ,  intitulé  :  His^ 
toriœ  sacrœ ,  libri  IX,  Francfort 
1585  ,  in-4.®  Cétoit  un  bon  lit- 
térateur ,  qui  traduisit  en  latin 
Quintus  'Calaber  et  Diodore  de 
Sicile. 

RIB ALLIER,  (Ambroise) 
docteur  et  syndic  de  Sorbonne , 
naquit  a  Paris  en  17 12,  et  est 
mort  dans  ces  derniers  temps.' 
Son  zèle  pour  la  défense  de  la 
religion  égaloit  ses  lumières.  On 
lui  doit  une  Lettre  surTouvrage 
de  Bélisaire  ^  1758^  in— 12;  un 
Estai  historique  et  critique  sur 
lés  privilèges  des  réguliers,  1769 , 
in- 12» 

RIBIER9  (Guillaume)  fut 
président  du  bailliage  de  Blois  et 
conseiller  d'état,  dont  on  a  des 
Lettres  et  Mémoires  sous  Fran-» 
çois  I,  Henri  II  et  François  II ^ 
1666 ,  deux  vol.  in-folio.  Il  mou- 
rut en  166*3. — Son  friite  Jacquet 
RisiER,  conseiller  an  parlement 
de  Paris,  donna  des  Mémoires  des 
chanceliers  et  gardes  des  sceaux , 
Paris ,  1629  ,  in-8.**  Les  recueili 
de  ces  deux  frères  studieux  sont 
utiles  pour  notr^  histoire. 

RIBOUTET,  (Chai;leâ^ 
Henri)  contrôleur  des  rentes  à 
Paris ,  fut  auteur  de  plu  sieur  f 
iolied  chansons  et  eati*autre|  dg 

Y  X 


140       R  I  C 

celie*ci  :  Que  ne  suis-je  ta  fou^ 
gère,  etc.  qui  eut  la  plus  grande 
Vogue.  Ses  parodies  amusèrent. 
11  étoit  de  Commerci  en  Lor- 
rayie,  et  mourut  en  1740* 

II.  RICARD  ,  (  Dominique  ) 
lié  à  Toulouse  le  a 5  mars  174 »  9 
entra  dans  la  congrégation  de  la 
Doctrine  chrétienne ,  et  y  pro- 
fessa avec  distinction.  Son  cœur 
jensiWe  et   bon,  son  caractère 
doux  et  officieux  lui  firent  plu- 
:ïieur8  amis  parmi  ses  confirères. 
;$a  littérature  étoit  étendue  ;  mais 
îl  s'attacha  sur-tout  à  la  con- 
noissance  de  la  langue  grecque. 
Il  avoit   déjà  commencé  à  tra- 
duire PltUarque,  lorsqu'il  quitta 
ca  congrégation.  S'étant  fixé   à 
Paris  5  il  donna  successivement 
la  traduction  des  Œuvres  Mo- 
rales de   Plutarque   en    17  vol. 
ïh-ia.,   depuis    1783   jusqu'en 
lï  7  9  5  î   et   celle  des    Vies    des 
'hommes  illustres  du  même  au- 
teur dont  il  n'a  pu  mettre   au 
jour  que  4  vol.  in- 12.  Cette  der- 
nière version  est  inoitis  pesante 
^ue  celle  de  Dacier ,  et  pour  le 
moins  aussi  fidelle.  Quant  à  la 
4:raduction  des  Œuvres  Morales , 
c'est  un  vrai  service  rendu  à  la 
littérature.  Quelques  critiques  au- 
roient  désiré  plus  de  chaleur  et 
d'aménité  dans   son  style  ;  mais 
il  étoit  peut-être  difficile  de  don- 
3^er  en  François  des  grâces  et  de 
l'éloquence  fî  beaucoup  de  lieux 
communs  de  morale,  qui  tirent 
leur  principal,  agrément    de  la 
belle  langue  grecque.  Nous  avon^ 
encore  de  Ricard ,  la   Sphère  , 
poëme  en  huit  chants  qui  con- 
tient les  élémens  de  la  sphère 
céleste  et  terrestre,  1796»  in-8. 
L'auteur  Ta  orné  de  notes  et.d'une 
-iiotice  de  poëmes  grecs,  latins 
\et  françois  qui  traitent  de  quel- 
ques parties  de  l'astronomie.  Il 
'#attt  chercher  ^doBi  cet  x^uvragç 


R  I  C 

plutôt  l'instruction  que  les  char-i 
mes  de  la  grande  poésie  à  la- 
quelle d'ailleurs  le  su}et  ne  se 
prêtoit  pas  toujours.  Ricard  plein 
de  vertus ,  de  modestie  ,  em- 
ployant tout  son  temps  à  ins- 
truire la  jeunesse ,  à  '  remplir  les 
devoirs  de  la  religion ,  à  consoler 
le  malheur  ,  fuyant  l'éclat  et  les 
honneurs  littéraires  ,  est  mort  à 
Paris  le  8  pluviôse  an  11  (jan- 
vier i8o3  ). 

RICARDOS-CARILLO, 

(  Antonio  comte  de  )  général  Es- 
pagnol ,  se  distingua  dans  la  guerre 
contre  l'Angleterre  ;.  et  lorsqu'elle 
se  déclara  en  •  1 7  9  3 ,  contre'  la 
France ,  la  cour  de  Madrid  lui 
donna  le  commandement  de  l'ar- 
mée de   Catalogne.  Après  avoir 
pris  la  ville  de  Ceret ,  Ip  fort  des 
Bains  au  bout  de   43  jours  de 
blocus,  et  celui  de    Bellegarde 
à  la  suite  d'un  bombardement  de 
33  jours,  il  s'empara  successive- 
ment de  Villefranche  et  de  Mont- 
Louis.  Les   proclamations  qu'il 
publia  alors  se  firent  remarquer 
par  un  ton  de  modération  et  de 
sagesse  qui  lui  procurèrent  beau- 
coup de  partisans.  Il  échoua  dans 
son  attaque  du  camp  de  Salces , 
et  fut  contraint  à  la   retraite; 
mais  quelques  jours  après  il  re- 
prit ses  avantages  à  Trouillas, 
où  il  battit  les  François  et  dé- 
cida lui-même  la  victoire  en  ddar- 
^eant  à  la  tête  de  ses  carabiniers. 
Le  roi  d'Espagne  envoya  alors  à 
Ricdrdos  .YoTàt&  de  Charles  III 
eu  récompense  de  ses  exploits; 
maïs  ce   général  n'eii  jouit  *pas 
long- temps ,  étant  mort  peu  de 
temps   après  en  1794*  Depnis 
cette  perte  ,    les  armées  Espa- 
'  gnôles    n'éprouvèrent  plus  que 
des  défaites  contre  les  François. 

IL  RICCOBONl ,  i  Antoine- 
François)  fils  du  précédent,  1*1 


R  I  C 

.  quit  à  M'antoue  en  1707»  Etant 
'  venu  en  France  avec  ses  parens , 
UJQua  depuis  1726  jusqu'en  1730 
sur  le  théâtre  Italien  avec  plus 
d'esprit  et  d'intelligence  que  de 
iiacilité  d'organe.  Il  fournit  à  ce 
théâtre  ,  de  condert  avec  Roma^ 
gncii  et  Dominique  ,  diverses 
pièces  9  la  plupart  non  impri- 
niées.  Son  Art  du  Théâtre,  1730, 
in-80,  est  un  ouvrage  bien  pensé  , 
nettement  écrit ,  plein  d'obser- 
vations fines  5  de  réflexions  in- 
génieuses 5  et  renferme  dans  un 
petit  espace  plus  de  bonnes  règles 
qu'on  n'en  trouve  dans  des  livres 
plus  volumineux.  Cet  acteur  esti- 
mable mourut  le  i5  mai  1771. 

III.  RICCOBONI,  (Marié 

Laboras  de  Mézières  )  née  à  Paris 

en   I  7  I  4  ,   épousa  le  comédien 

Louis  Riccoboni ,    n.°   I  ^    et  se 

fit    actrice   au   théâtre  Italien , 

qu'elle  quitta  en  vy  6  i.,  Après 

atoifv contribué  par  ses  conseils 

et    la  pureté  de  son    goût  aux 

succès  des  comédies  de  son  mari  ^ 

elle  publia   elle-même  plusieurs 

romans  où  l'intérêt  des  sujets  se 

réunit  aux  grâces  de  la  dictiçn 

pour  en  faire  la  lecture  favorite 

des  femmes  sensibles  et  de  ceux 

qui  aiment.ce  genre  de  production. 

Les  principaux  sont  :  I.  Lettres 

de  Fanny  Ruttler,  1757  ,  in- 12. 

ÏI.  Lettres  de   MUadi  Catesby , 

pleines  d'esprit  et  d'une   douce 

philosbphiç.  III.  Histoire  du  mar'- 

^uis    de   Çressy  j,   1756,   in- 12. 

ÏV.  Amélie,  roman  traduit  de 

JFielding,    1762,   â   vol.  in- 12, 

V.  Miss  Jenny ,    1764  ,  4   vol. 

ia-i  a.  VI.  Lettres  de  la  Comtesse 

de  Sancerre  ,  x  7  6  7 ,  deux  •  vol. 

în-12:  elles  ont  fourni  le  sujet 

de  la  comédie  de  V Amant  bourru, 

VU.  Lettres  de  Sophie  de  Va-- 

Hère  ,  177*5  deux   vol.  in- 1 2. 

iVIIl,  EmaUM  ;    produtition 


R  I  c 


Ui 


pleine  de  sensibilité  et  que  le  leo4 
teur  trouve  trop  courte.  IX.  Let't 
très  de  Milot-d  Ris,* ers  ,  1777, 
2  vol.  in- 1 2.  X.  Recueil  de  pièces 
et  d'histoire,  17S3,  2  vol,  in-i2l 
Les  Œuvres  de  Mad.  Riccoboni 
ont  été  recueillies  à  Neuchâtel  en 
10  vol.  in-i2,  et  à  Paris  en  3.  En 
général ,  le  style  de  l'auteur  est 
quelquefois  trop  chargé  d'excla^-» 
mation  et  d'épithètes  ;  mais  ce  ré-" 
ger  défaut  est  bien  racheté  par  Iff 
décence  des  tableaux ,  leur  viva- 
cité et  la  délicatesse  des  senti- 
mens.  Mad.  Riccoboni  est  morte 
danâ  un  état  voisin  de  la  dé*^ 
tresse ,  le  6  décembre  1752  j  à 
l'âge  de  68  ans. 

♦IL RICHARD  II,  roi  d'An* 
gleterre,  fils  ^Edouard  prince 
de  Galles,  succéda  à  son  aïeul 
Edouard  11 I ,  le  23  juin  1377.  I^ 
étoit  encore  extrêmement  jeune  , 
et  sa  minorité  éprouva  divers 
troubles  occasionnés  d'abord  par 
des  impôts  excessifs.  Le  peuple 
fut  sur- tout  révolté  d'une  forte 
capitation  à  laquelle .  on  soumit 
le  pauvre  comme  le  riche,  et 
d'un  arrêt  du  parlement  qui  an- 
nu  lloit  l'achat  que  plusieurs  serfs 
avoient  foit  de  la  liberté.  Un  pré-* 
tre  nommé  Bail,  pensant  qu'au-* 
cun  homme  n'a  voit  droit  de  dire  à 
un  autre  ^faomme  son  semblable  i 
Je  serai  tout ,  et  tu  ne  seras  rien  ;_ 
tu  travailleras  et  je  jouirai ,  cou-  - 
rut  les  campagnes  pour  exhortes 
les  serfs  à  recouvrer  par  la  force 
les  droits  naturels  qu'on  vouloit 
leur  ravir.  Les  paysans  du  comté 
d'Essex  furent  les  premiers  à  s'ar- 
mer ;.  leur  exemple  fut  bientôt 
suivi  par  ceux  de  Sussex  et  d'Her- 
ford.  Ces  agriculteurs  prirent  de 
concert  la  route  de  Londres  y 
massacrant  sur  leur  chemin  tous 
les  nobles,  et  vinrent  enfin  ait 
nombre  de  cent  mille  ^omme^ 


34*         R  I  C 

plus  que  prier  le  roi  de  comnmer 
leur  servitude  en  une  taille  j 
payable  annuellement  à  leurs 
maîtres.  H^a/^Tyler  )eur  chef  y 
porta  la  parole  ;  mais  comme  en 
parlant ,  il  brandissoit  sa  lance  ^ 
Watworlh  maire  de  Londres , 
indigné  de  ce  geste  menaçant  9 
le  renversa  d'un  coup  d'épée  ,  et 
le  chevalier  PhUpol  l'acheva  à 
terre.  Ses  compagnons  furieux 
flloient  venger  sa  mort,  lorsque 
lUchard  s'avançant  seul  ,  leur 
dit^:  Voudriez^vous ,  mes  amis , 
tuer  votre  roi  ?  Si  vous  avez  perdu 
votre  chef,  je  veux  Vétre  à  l'avenir. 
Suivez— moi  seulement  et  tous  vos 
vœux  seront  remplis.  Ce  discours 
paternel  fut  accompagné  du  par- 
don général  du  passé  et  de  l'abo- 
lition de  la  servitude.  Ces  gens 
agrestes  regagnèrent  alors  leurs 
cabanes  ^  satisfaits  du  monarque 
et  d'eux— mêmes.  Mais  pendant 
qu'ils  se  félicitwent  d'être,  rède-. 
Tenus  hommes,  les  nobles  ac- 
couroient  de  toutes  parts  auprès 
du  monarque,  et  lui  iFormoiént 
une  armée  de  quarante  mille 
gommes.  Richatd  traversa  à  leur 
tête  les  provinces  agitées  par  le 
désir  de  la  liberté,  cassa  toutes 
les  Chartres  qu'il  avoit  accordées  y 
et  fit  condamner  au  deriiier  sup- 
plice les  chefs  du  parti  populaire. 
Après  avoir  calmé  cet  orage,  en 
i38i ,  il  fit  la  guerre  aux  Fran- 
çois et  aux  £cossois,  et  la  ht  avec 
9ssez  de  bonheur  ;  mais  cette 
prospérité  ne  se  soutint  pas.  Jean 
duc  de  Lancastre,  .E^cf^ar^  duc 
d'Yorck ,  et  Thomas  duc  de  Glo- 
cester,  tous  trois  frères  de  son 
père ,  étoieiit  très— mécontens  de 
l'administration  de  leur  neveu. 
Le  dernier  conspira  contre  lui 
fn  1397,  et  périt  à  Calais,  où 
il  fut  étranglé  dans  sa  prison.  Le 
comte  d*Arundel  eut  la  tête  tran- 
sitée ,  et  le  comte  de  If^arwick^ 


R  I  G 

fut  condamné  à  un  exil  perpétiteli       i 
Quelque  temps   après  ,    Henri ,        ^ 
comte  de  Derby,  fils  du  duc  de  / 
Lancastre  ,  voulant  défendre  la 
mémoire  de  son   oncle  ,  se  \it 
banni  du  royaume,  où  il  fut  rap- 
pelé par  quelques  séditieux.  Le 
comte    de  NorthumberUnd  qui 
étoit  dans  ses  intérêts,  arrêta,  en 
1899 ,  le  roi  à  Flint  dan54a  prin- 
cipauté de  Galles,   et  Je   remit 
entre  les  mains  de  Henri  depuis 
peu  d\ic  de  Lancastre ,  qui  l'en- 
ferma dans  une  prison.  La  nation 
se  déclara  pour  lui.  Richard  H  de- 
manda seulement  qu^on  lui  laissât 
la  vie .  et  une  pensio^i  pour  sub- 
sister. Un  parlement  assemblé  le 
déposa  juridiquement.  Richard, 
enfermé  dans  la  Tour ,  remit  au 
iluc  de  Lancastre  les  marques  de 
la  royauté,  avec  un  écrit  sigiié 
de  sa  main,. par  lequel  il  se  re- 
counoissoit  indigne  de  régner.  Il 
l'étoit  en'eifat,  puisqu'il  s'abais- 
soit  à  le  dire.  Le  parlement  d'An- 
gleterre ordonna  en  même  temps 
que  si  quelqu'un  entreprenoit  de 
le  délivrer,  dès-lors  Richard  II 
seroit  digne  de  mort.  Au  premier 
mouvement  qui  se  fit  en  sa  fa- 
veur, huit  scélérats  l'allèrent  as- 
sassiner dans  sa  prison,  à  Pont- 
Fract,  où  il  avoit  été  transféré 
de  la  Tour   de  Londres.  Il  dé- 
fendit sa  vie  mieux  qu'il  n'avoi^  ' 
défendu  son  trône;  il  arracha  la 
hache   d'armes  à  un  des  meur- 
triers *  et  il  en  tua  quatre  avant 
que  de  succomber.  Enfin  il  expira 
sous  les  coups  à  33  aris.  (  Voyes^ 
IVLkGDALEN.)  Ainsi  périt  en  1400 
ce  malheureux  prince ,  quiu  eutni 
les  vertus  d'^in  Chrétien ,  ni  les 
qualités  d'un   honnête  honam^f 
rii  les  talens  d'un  grand  roL  II 
manqua  également  d'esprit,  dç 
cœur  et  de  mœurs.  Son  règne  ftt 
celui  des  femmes,  des  favoris  et 
des  mioistrea^  Les  plus  éttàug^ 


f 


R  I  C 

IHéiordres  affligèrent  l'Angleterre* 
On  ne  voyoft  par— tout  que  bri- 
eandages,  et  les  seigneurs  étoicnt 
les  premiers  brigands.  Calverley 
ttKnolLes  ,  deux  généraux  illus- 
tres, avoient  été  capitaines  de  ces 
bandits  dont  ia  France  éprouva 
long— temps  la  fureur.  Les  foibies 
ayant  besoin  de  protection  contre 
tant  de  petits  corps  armés  pour 
s'entre  —  détruire  ,  s'unisspient 
sons  les  ordres  des  puissans,  et 
devenoient  lés  instrumens  de  leurs 
«rimes.  Au  milieu  de  ces«  divi- 
sions iïxieàtmei  y  Jean  Wiclef  , 
enthousiaste  austère  ,  répandit 
une  doctrine,  dont  le  germe  fu- 
neste pro<^aisit  toutes  les  héré- 
sies et  une  partie  des  guerres 
du  i6*  siècle. 

♦  X.  RICHARD,  (René)  fils 
d'un  notaire  de  Saumur,  naquit 
en  1654. 11  entra  de  bonne  heure 
dans  ia  congrégation  de  l'Ora- 
toire ,  d'oii  il  sortit  ensuite , 
après  avoir  été  employé  dans  les 
missions  faites  par  ordre  du  roi 
dans  les  diocèses  de  Lucon  et 
de  la  Rochelle.  Il  obtint  iin  ca« 
nonicat  de  Sainter-Opportune  à 
Paris ,  où  il  mourut  doyen  de  ce 
chapitre  le 21  août  1727,  à 78  ans. 
II  a  voit  eu  le  titre  d'historiogra-^ 
phe  de  France.  L'abbé  Richard 
étoit  un  homme  singulier ,  et  la 
singularité  de  son  caractère  a 
passé  dans  ses  écrits.  Les  princi- 
paux sçnt  :  L  Parallèle  du  car^ 
dinal  de  Richelieu  et  du  cardinal 
Mflzarin ,  Paris ,  1704,  in— 12; 
r^^imprimé  en  1716.  Cet  ouvrage 
pêche  en  bien  â^s  endroits  con- 
tre la  vérité  de  l'histoire.  L'au- 
teur n'a  voit  ni  l'esprit  assez  pro- 
fond 9  ni  le  jugement  assez  so- 
lide ,  ni  itne  assers  grande  con- 
noissance  des  affaires ,  pour  faire 
des  parallèles  justes.  Il  avoit  pro- 
mis cependant  de  comparer  les 


denx  derniers  confesseurs  d« 
Louis  XIV,  la  Chaise  et  le  Teû 
lier  ;  les  deux  archevêques  de 
Paris,  Harlai  et  Noailles ,  et 
quelques-uns  des  ministres  de 
Louis  Xiy,  Il  est  heureux  pour 
lai  que  ces  ouvrages  n'aient  pas 
vu  le  jour.  IL  Maximes  Chré-m 
tiennes,  et  le  Choix  d'un  bon 
Directeur  ;  ouvrages  composés 
pour  les  Demoiselles  de  Saint-* 
Cyr.  m.  Vie  de  Jean  -  Antoine 
le  Vacher  prêtre ,  instituteur  des 
Sa'irs  de  l'Union  Chrétienne  9 
in— 12.  IV.  Histoire  de  la  Vie  du- 
P.  Joseph  du  Trâiublay  capuoin, 
employé  par  Louis  XJIIâens  les 
affaires  d'état,  in- 12.  L'abbé  Bi<m 
chard  peint  dans  cet  ouvrage  le 
P.  Joseph  comme  un  saint ,  tel 
qu'il  aaroit  dû  être;  mais  peu  de 
temps  après  il  en  donna  un  autre 
portrait,  dans  le  livre  intitulé  : 
Le  véritable  Père  Joseph,  ca^* 
;iu  cm,  contenant  l'Histoire  anec^ 
dote  du  cardinal  de  Richelieu, 
à  Saint-Jean  de  Maurienne  y 
(Rouen)   1704,  in- 12  ;  réira- 

ê rimé  en  1760  ,  deux  vol.  in- 12* 
\t  pour  se  mieux  déguiser ,  il  fit 
une  critique  de  cette  Histoire, 
sous  le  titre  :  Réponse  au  livre 
intitulé  ;  Le  véritable  Père  Joseph  , 
in-i2  ^  avec  le  précédent.  Le  Père 
dAvrigny  n'a  pas  adopté  en  en- 
tier le  jugement  de  l'abbé  Bichard 
sur  le  P.  Joseph.  «  Pour  en  faire, 
dit- il,  un  fort  mauvais  religieux, 
il  s'efforce  de  le  représenter  comme 
un  grand  politique.  Il  ne  donne 
pas  un  coup  de  pinceau  au  ca- 
pucin ,  qu'il  ne  défigure  le  por- 
trait du  cardinal.  Il  semble  que 
ce  premier  ministre  n'ait  pas 
formé  un  projet ,  concerté  une 
alliance  ,  conclit  une  ligue ,  sans 
l'instigation  du  P.  Joseph.  C'est 
ce  Père  qui  le  conduit  dans  ses 
entreprises ,  qui  le  soutient  dans 
$es  succès  ^  qui  l'affermit  dans  li^ 

y* 


1 


344 


RIC 


mauvaise  fortune,  qui  répare  ses 
disgrâces.  Cest  à  ses  vues  qu'on 
doit  i'aliiance  avec  les  Protestans 
d'Allemagne,  et  la  ru. ne  des  Cal- 
vinistes en  France.  C^st  à  sa  per- 
sua.^'ion  qu'on  entreprend  le  siège 
de  la  Rochelle  ,  et  psr  ses  soins 
^qu'on  en  vient  à  bout.  Sans  lui 
Corbie   seroit   encore   entre  les 
mains  des  Espagnols ,  et  le  car- 
dinal, long-temps  avant  sa  mort, 
auroit  quitté  le  gouvernail  pçiur 
céder  à  l'orage  dont  il  ne  pgu- 
voit  soutenir  la  violence.  A  ce 
compte  ,  Fauteur  ne  devoit  pas 
se  contenter  Rappeler  le  P.  Jo- 
sei/jh ,  le  bras  droit  du  ministre  / 
il  en  étoit  la  tête  et  le  cœur  ;  il 
ëtoit   le   ministre    tout  entier  ; 
l'autre  n'en  avoit  que  le  masque. 
Mais  il  s'en  faut  bien  que  tous 
les  historiens  tiennent  le  même 
langage.  Je  ne  dirai  pas  avec  Lar- 
rey  que  ce  religieux  no  fut  qu'un 
vit  instrument  du  cardinal,  it  lui 
Tendoit   des  services   considéra- 
bles ;  il  écoutoit  les  ambassadeurs; 
il'  déch'ifïroit  les  lettres;  il  dres- 
soit  les  instructions  ;   il  veillort 
^sur  les  raécontens;  en  un  mot^  il 
ébauchoit  les  affaires, comme  le 
dit   Gratins   dans   une    lettre    à 
Oxensliern  ;  mais  le  cardin*al  de 
"Richelieu  mettoit  la  dernière  main 
.  à  tout.  >»  V.  Dissertation  sur  l'In- 
duit ,  in-8.**  VI.  Traité  des  Pen^ 
sions  'Royales ,  in~i2. 

XU.  RICHARD,  (Charles- 
Xouis  )  religieux  bénédictin  ,  né 
à  Blainville  en  Lorraine  au  mois 
d'avril  1 7  n ,  fut  un  écrivain  labo- 
rieux ,  mais  peu  élégant.  Le  but 
de  tous  ses  écrits  est  de  défendre 
la  religion  ;  mais  sa  plume  est 
souvent  languissante  et  sans  in- 
térêt. On  lui  doit:  l.Des Sermons, 
4  vol.  in- 12.  n.  Dictionnaire  des 
Sciences  ecclésiastiques,  1765, 
6  vol.  in-fol.  Cette  énorme  com-^ 


RIC 

pllation  offre  un  assez  grand 
nombre  de  bons  articles.  III.  Dis- 
scrtation  sur  les  V^œux ,  lyyij 
in- 12.  W .Analyse  des  Conciles 
généraux  et  particuliers,  1772J 
5  vol.  in-4.®  V.  La  Nature  en 
contraste  avec  la  Relira ,  1773, 
in-8.°  VI.  Annales  de  la  charité 
ou  de  la  bienfaisance  chrétienne, 
1785,2  vol.  in— 12.  VII. Un  graud 
nombre  d'Opuscules  pour  la  dé- 
fense  du  clergé  et  des  religieux. 
Richard  est  mort  dans  ces  der- 
nières années. 

RICHE  ,   (  Claude- Antoine- 1 
Gaspard)  médecin,  né  en  1762,! 
étudia  avec  succès  l'histoire  na-rj 
turelle,  et  aida  Vicq^Dazir  danf  ' 
ses  travaux.  Embarqué. avec  £»- 
trecasteaux   pour  aller  à  la  re- 
cherche de  la  Peyrouse  ,  il  faillit 
dans  la  nouvelle  Hollande  à  être 
victime  de  son  zèle  pour  les  dé- 
couvertes. Voulant   reconnoitre 
la  cause  de  plusieurs  tourbillons 
de   fumée  qu'il  appercevoit  ,  il 
s'égara  et  ne  reparut  qu'au  bout 
de  trois  jours,  exténué  de  faim,- 
de  fatigues  ,  et  prêt  à  être  aban- 
donné  par  ses  camarades,   qui 
avoient   perdu  l'espérance  de  le 
revoir.   De    retour    en  France, 
Riche  y  est  mort  le  16  août  i797j'| 
regretté  des  sa  vans  et  d'un  grand] 
nombre  d'amis, 

RICHEBOURG,  (Mad.la 
Grange  de  )  donna  au  théâtre  en 
1782  deux  comédies  ,  intitulées 
le  Caprice  de  l'Amour  et  la  Du/»« 
de  soi'-méme.  Elle  a  traduit  en- 
core de  l'espagnol  plusieurs  ro* 
mans  qui  ont  obtenu  peu  de  snc-  J 
ces  :  ce  sont  Pcrsile  et  Sigis-' 
monde,  les  Aventures  de  Flore 
et  Rlanchefleur ,  celles  de  Dom 
Ramire  de  Roxas ,  etc. 

RICHEMONT-BLANCHE- 
R£AU  ,  mort  au  milieu  dudixn  1 


-— ^ 


*!JU  'Jt^ 


R  I  C 

wptième  siècle ,  a  donné  au  théâ-^ 
tre  les  Fassions  égarées  et  YEspé^ 
rance  glorieuse ,  tragi-comédies  , 
imprimées  à  Paris  chez  Collet, 
en  i632. 

V.mCHER,  (N.)  mort  en 
1696,  fut  membre  de  l'académie 
1    des  Sciences  ,  dans  la  classe  de 

mathématiques.  11  fut  envoyé  par 
I  cette  compagnie  à  Caïenne  ,  oii 
\  il  arriva  en  1672 ,  et  y  fit  des  ob- 
)  sertrations  exactes  sur  la  parallaxe 
'    du  soleil ,  de  la  lune  et  des  autres 

planètes  9  et  sur  l'obliquité  de 
i  Técliptique.  Ce  savant  astronome 
I   fiitlé  premier  qui  observa  le  rac-< 

courcissement  du  pendule.  Ce 
\  phénomène    vériiîé  ,    fournit  à 

Newton  et  à  Huyghens  la  preuve 
.  la  plus  convaincante  de  lapla- 

tissement  de  la  terr'e ,  et  a  servi 

à  en  déterminer  positivement  la 

forme. 

RICHIÊR  DE  Belleval, 

(Pierre)  né  en  1 558  à  Chàlons 
en  Champagne ,  se  livra  de  bonne 
heure  à  l'exercice  de  la  médecine. 
.Voyageant  dans  le  midi  de  la 
France ,  et  arrivé  à  Pézenas  au 
moment  d'une  contagion,  il  rend- 
ait de  si  grands  services  aux  ha- 
bitans  de  cette  ville ,  que  le  con- 
nétable de  Montmorency  le  prit 
en  amitié  ,  et  le  fit  nommer  par 
Henri  IV ,  professeur  de  bota- 
nique et  d'anatomie  dans  l'uni- 
versité de  Montpellier.  Ce  goût 
impérieux  pour  une  science  qui 
caractérise  l'homme  supérieur  et 
destiné  à  en  étendre  les  «limites, 
lui  fit  cultiver,  avec  passion  la 
botanique;  et  c'est  a  lui  qu'on 
doit  la  fondation  du  jardin  des 
plantes  de  Montpellier ,  antérieur 
à  celui  de  Paris,  et  le  premier 
qu'on  ait  vu  en  France.  Belle-' 
val  ne  cessa  de  l'enrichir ,  et  de 
s'occuper  de  tout  ce  qui  pouvoit 
le  rendre  ou  plus  curieux  ou  plu$ 


R  I  G 


34Î 


utile.  B  fit  plusieurs  voyages  dans 
les  Cévennes,  à  TËspérou,   sur 
les  bords  de  la  mer  ;  il  envoya  des 
élèves  dans  toutes  les  parties  du 
Languedoc ,  de  la  Provence  et  ()a 
Dauphiné  ;  en  même  temps  des 
graveurs  entretenus  à  ses  frais, 
travailloient  sous  ses  yeux  à  con- 
server le  fruit  de  ses  travaux  et 
de  ses  courses.  Son  zèle  et  ses 
découvertes  l'ont   fait    regarder 
comme  le  restaurateur  de  la  bo- 
tanique en  France.  L'examen  de 
la  corolle   et  du  fruit  dans  les 
plantes  dont  Bel  levai  s'est  |?  eau- 
coup  occupé,  sembleroit  prou- 
ver que  le  célèbre  Tournefort  lui- 
doit  sa  méthode  ;  mais  d'un  antre 
côté  ,  le  soin  que  Belleval  appor- 
toit  à  observer  les  racines ,  sou 
attention  scrupuleuse  à  ne  rien 
omettre  sur  cet  organe  essentiel 
des  végétaux ,  portent   à  croire 
qu*il  avoit  lui  autre  plan  que  le 
premier.  Lo'esel,  célèbre   bota- 
niste qui  fit  pour  la  Prusse  ce  que 
Belleval  ayoit  fait  pour  le  Lan- 
guedoc ,  fût  l'élève  de  ce  dernier. 
Dans  les  troubles  qui  suivirent 
la   mort  de  Henri  IV,  une  ré- 
bellion survenue  à  Montpellier  , 
en  détruisit  les  faubourgs  et  le 
jardin  de  botanique.  Malgré  sou 
grand  âge  et  sans  se  laisser  abattre 
par  les  événemens ,  Belleval  sol- 
licita des  secours  pour  renouveler 
son  établissement ,  avec  la  même 
«rdeur  qu'il  avoit  mise  à  le  for- 
mer. La  lenteur  qu'on  mettoit  à 
les  lui  fournir  ne  pouvant  se  con- 
cilier avec  son  activité  ,  Belleval 
n'écouta  que  son    désintéresse-* 
ment,  n'hésita  pas  à   faire  une 
avance   de    cent    mille    livres , 
somme    considérable     pour    le 
tem^s.  Il  termina  sa  carrière  en 
1682  ,  âgé  d'environ  74  ans.  Il 
avoit  légué  à  son  neveu  le  soin 
de  publier  ses  manuscrits  ;  mais 
celui-ci  n'a  pas  rempli  ses  inten- 


Î4^        R  I  C 

lions.  M.  jimoreux  a  été  plus 
iu«te,  cyi  rappelant  la  mémoire 
de  ce  botaniste  célèbre  ,  dans  ses 
Recherches  sur  la  vie  et  les  écrits 
de  Richier  ,  1786,  in- S»;  et 
M.  Broustonet  a  fourni  ]es  fonds 
d'un  prix  qu'a  décerné  l'académie 
de  Montpellier  à  l'éloge  de  ce 
dernier.  Les  témoignages  d'es- 
time que  lui  ont  donné  Tourne^ 
Jort',  Boerhaave  ,  Haller  -et 
Linné ,  assurent  sa  gloire.  Le  seul 
ouvrage  qu'il  ait  publié  a  pour  ti- 
tre: Onomatologia ,  1598.  C'est 
tin  simple  catalogue  alphabétique 
des  plantes  indigènes  ou  exoti^ 
ques  que  l'auteur  avoit  placées 
dans  le  jardin  de  Montpellier* 
Il  est  précédé  d'une  dédicace  à 
Henri  IV,  contenant  le  détail  des 
travaux  de  l'auteur ,  et  dans  la- 
quelle il  annonce  que  dès  qu'il 
aura  fini  ses  herborisations  des 
Pyrénées,  il  publiera  les  descrip- 
tions et  les  usages  des  plantes 
dont  il  ne  publie  encore  que  le 
catalogue.  Pour  donner  en  même 
temps  une  idée  de  sa  méthode ,  il 
joint  à  son  écrit  la  description  de 
cinq  plantes ,  très-propre  à  don- 
ner l'opinion  la  plus  avantageuse 
du  reste  de  son  travail ,  qui'  ren- 
fermoit  cinq  cents  plantes.  Un 
heureux  hasard  a  fait  tomber 
entre  les  mains  du  docteur  Gili-^ 
hert  de  Lyon ,  les  cuivres  des  des- 
sins qu  avoit  fait  graver  Beileval , 
et  il  en  a  publié  la  collection  en 
a  vol.  in- 4^  ^  qui  font  suite  aux 
Démonstrations  élémentaires  de 
Botanique,  Lyon 9  1796  ,  in- 8^, 
4  vol.  Bruyset  qui  en  est  l'éditeur 
a  fait  précéder  cet  important  ou- 
vrage ,  d'une  notice  historique 
trèi— bien  écrite,  sur  l'auteur  qu'il 
fait  conuoitre.  Une  discussion 
critique.acconipagne  la  figure  de 
chaque  plante.  Le  dessin  en  est 
exact ,  mais  un  peu  dur  et  roide. 
Beileval  a  été  le  premier  bota-^ 


R  I  E 

l)isf<*  fpA  ait  fait  graver  sur  eni4 
vre  ;  et  ses  figures  ont  conservé 
le  style  de  celles  que  les  autrei 
auteurs  avant  lui  avoient  fait  gra- 
ver, en  bois.  Scopoli  a  consacré 
uii  genre  à  la  mémoire  de  Belles 
val,  sous  le  nom  de  BellevalUaf 
et  Bnignière  lui  en  a  dédié  ua 
autre  découvert  à  Machigascar , 
sous  le  nom  de  Richieria. 

RICHMANN,  professeur  de 
physique  en  Russie,  donna  un 
nouveau  degré  d'évidence  aux 
expériences  de  l'électricité  fçitef 
en  Amérique  par  Franklin,  en 
Frauce  par  Bu/fon  et  d'AUhârd , 
à  TurÎA  par  le  P.  Beccaria  ;  il 
avoit  fait  dresser  une  barre  de 
fer  très-élevée  qui  s'électrisadans 
un  moment  d'orage.  Richmai» 
voulut  soutirer  le  fluide ,  et  périt 
en  1753  pai*  la  commotion  delà 
fondre ,  victime  de  son  expé- 
rience. H  devoit  être  et  d  fiit  re- 
gretté de  tous  lés  ami  s  des  sciences. 

RIEDESEL,  (le  baron  de) 
Prussien  ,  mort  ambassadeur  i 
Vienne  en  1786)  à  45  ans,  a 
publié  en  allemand  un  Voyagt 
de  la  grande  Grèce ,  estimé  dei 
savans.  . 

RIEGELS,  gouverneur  deij 
pages  de  la  cour  de  Copenhagqe] 
a  publié  la  meilleure  Histoire  ie\ 
DanemMrck  qui  soit  connue.  flJ 
est  mort  en  i^pz,  dans  sa  74*' 
année. 

IV.RIEUX,  (Renée  de)  de 
la  même  famille  que  les  préc^ 
dens ,  devint  à  1 4  ans  RUe  d  faon* 
neur  de  la  reine  Calheriae  h 
Médicis.  Les  charmes  de  sa  figaW 
et  la  douceur  de  son  entretien  f 
la  firent  surnommer  la  htU$,\ 
Chdteauneùf,  Le  duc  d'AnfOU, 
depuis  Henri  III ,  éperdiunent 
amoureux  d'elle  ^  employa  soa- 
vent  la  muse  du  poète  Besporltt 


R  I  O 

^iir  Ini  exprimer  sa  passion  ^ 
et  il  lui  adressa  entr'autres  ces 

'  vers  : 

Cheveux  crespés  et  blonds ,  wmcht- 

lamment  épars.. 
Dent  le  Tainquenr   des  Dieox  ifem- 

prisoone  et  se  lie  » 
Front  de  marbre  yiTant  ,  table  cUii« 

et  poHe  , 
0&  les   petits    Amoun  Tout  aiguiser 

leurs  dards  ; 
Épais  monceau  de .  neige  tTeuglant  Us 

regards , 
Peur  qui  et  tout  objet  non  coeur  st 

désallie  ; 
f    Teix  pleurant  a  la  fois  tant  d*aise  et 

de  martyre  ; 
^    Souris  par  qui  l'Amour  entretient  son 

empire  » 
Voix ,  dont.  le  son  demeure  au  caur 

si  longuement , 
Esprit ,  par  qui  le  fer  de  notre  âge  se 

dore  f 
I    Beauté»,  grâces,  discours,  qui  m'allcz 

transformant , 
l<as!  connoissez  -  vous  point  combien 

je  TOUS  adore  ? 

Après  avoir  épousé  un  Florentin 
nommé AntinoUi ,  M^^^  de  Rieiix 
le  tua  de  sa  main ,  l'ayant  surpris 
pa  adultère  ;  son  second  mari 
\ÂUoviti  baron  de  CasteLLane  ,■  li- 
seur furieux,  périt  en.  iS86  , 
*oas  les  coups  de  Henri  d'An- 
jpttléoie  ,  gouverneur  de  Pro— 
fence/ 

RIOS  y  (  Françoise  de  Los  ) 
Espagnole,  n  a  voit  <jne  douze  ans 
lorsqu'elle  traduisit  du  latin  dans 
M  langue  divers  ouvrages  de 
Jiété ,  et  entr'autres  la  Vie  d'An-^ 
gèle  de  Fourni,  i§t8  ,  in- 12. 
T-CharlotU'Marie  de  Los  Bios, 
yussi  originaire  d'Espagne ,  née 
i  Anvers  en  1728,  se  fit  insti- 
tntricedans  sa  patrie,  et  mérita 
1  estime  et  la  Confiance  des  parens 
par  ses  vertus  et  ses  ouvrages. 


RIS  347 

Cenx— cî  sont  tous  relatifs  à  l'é- 
ducation. On  distmgue  parmi 
eux  ;  I.  Magasin  des  petits  En^ 
fans,  1774,  in-8.0  11  a  été  tra-* 
duit  en  allemand.  II.  Abrège  de 
toutes  les  Sciences ,  m- 1  a.  III.  En* 
cyclopédie  enfantine ,  1780  ,  in-* 
8**;  elle  a  été  traduite  enangloi$ 
l'année  suivante.  M^^«  Los  Jiios 
est  morte  dans  sa  patrie  au  mois' 
de  juillet  1802. 

RISBËCK ,  (  Gaspard  )  hé  en 
1750  dans  une  petite  ville  près 
de  Maïence ,  étoit  Hls  d'un  riche 
négociant.  11  étudia  d'abord  en 
droit  ,  quoiqu'une  imagination 
ardente ,  un  caractère  impétueux 
le  rendissent  peu  propre  à  l'étude 
aride,  mais  nécessaire  des  lois. 
Occupé  de  littérature  et  de  phi- 
losophie plus  que  de  jurispru>« 
dence,  il  s'enrôla  dans  la  Secte 
de.i  Génies  par  exccUcnce.  C'étoit 
ainsi  que  s'appeloit  une  société  9 
dont  le  principe  fondamental  étoit 
le  mépris  souverain,  des  conve- 
nances sociales.  Ces  nouveaux 
Viogène  n'aimant  que  la  liberté 
et  l'indépendance ,  regardoient 
tous  les  emplois  politiques ,  toutes 
les  fonctions  civiles  ,  comme  au- 
dessous  d'eux,  iiisheck  s'étant 
rangé  sous  la  bannière  de  ces  dan- 
gereux sectaires,  dissipa  le  bien 
que  son  père  lui  avoit  laissé  ,  et 
se  vit  bientôt  réduit  poui*  subsis- 
ter ,  à  se  mettre  aux  gages  d'uu 
libraire.  Il  s'établit  à  8aitzbourg; 
ensuite  il  se  mit  à  voyager ,  et 
se  fixa  pendant  quelque  temps  a 
Zurich  en  Suisse,  d'où  il  se  re- 
tira dans  le  village  d'Arau.  Une 
noire  mélancolie  l'avoit  jeté  dan^* 
une  espèce  de  misanthropie  qui 
féloigria  dé  toutes  les  sociétés  ,  il 
ne  connut  plus  que  celle  des  ca- 
barets. 11  mourut  à  Arau  le  3  fé- 
vrier 1786.  Nous  avons  de  lui  un 
Voyage  d* Allemagne  qui  a  été 


348        R  I  T 

traduit  en  françois ,  et  une  JKf- 
toire  d' Allemagne  dont  M.  Dou- 
ray  de  Long  rais  prépare  la  tra- 
duction. II  y  a  dans  ces  deux  ou^ 
Vrages  de  la  hardiesse  dans  les 
vues  et  du  nerf  dans  le  style  : 
mais  l'observateur  ne  se  méfie  pas 
toujours  de  son  «caractère  chagrin  * 
et  caustique. 

RITTEN-HOUSE,  (David) 
'Anglo*- Américain  ,  étoit  horlo- 
ger et  fermier  dans  sa  patrie  lors- 
que l'indépendance  des  Etats- 
Unis  fut  proclamée.  Ses  lumières 
et  sa  probité  le  firent  alors  appe- 
ler à  la  place  de  trésorier  du 
gouvernement.  Lorsque  la  société 
Américaine  des  Sciences  eut  été 
formée ,  elle  le  chargea  d'obser- 
ver le  passage  de  Vénus  ;  ce  qu'il 
■exécuta  avec  clarté  et  précision. 
•II  succéda  à  Franklin  dans  la  pré- 
sidence de  cette  compagnie  sa- 
vante, et  est  mort  en  1796  j  à 
l'âge  de  64  ans. 

RÎVAL  ,  (  Aymar  du  )  con- 
seiller au  parlement  de  Grenoble 
an  16^, siècle,'  a  publié  des  re-- 
cherches  sur  le  droit  civil  et  ca— 
nonique  ,  et  un  commentaire  sur 
la  Joi  des  douze  Tables,  sous^es 
titres'  :  Historia  juris  civilLs  et 
pontificii ,  Valence ,  1 5 1 5  ,  in-40; 
Civilis  historiœ  juris  libri  quin- 
çKr,  sive  in  xii  Tabidarum  leges 
commentaria  j  'M.alénce  ^  i53o, 
ji>-8.''  Il  y  a  de  l'érudition  ,  mais 
peu  de  méthode  dans  ces  ou— 
vr^ïges.  Le  derjiier  sur-tout  con- 
tient des  choses  curieuses ,  quoi- 
qu'il ne  soit  qu'une  sorte  d'essai 
sur  l'histoire  de  la  jurisprudence 
ancienne  des  Romains. 

RIVAROL  ,  (Antoine  de) 
poëte  et  littérateur ,  naquit  à  Ba- 
gnols  en  Languedoc,  le  17  avril 
1767^11  vint  se  fixer  à  Paris,  oîi 
la  beauté  de  sa  figure  j,  son  esprit 


R  I  V 

mordant  et  satirique  lui  acquU 
rent  bientôt  quelques  amis  et  un 
plus  grand  nombre  d'ennemis. 
Parmi  les  premiers,  il  compta 
Voltaire  .,'d'Alembert ,  et  sur- 
tout .Buffon.  U  se  maria  jeune 
avec  là  fille- d'un  Anglois  établi  à 
Paris  ;  mais  il  ne  fiit  point  heq- 
reux  dans  son  union.  «  Un  jour, 
dit— il ,  je  m'avisai  de  médire  de 
TAmour  ;  le  lendemain  il  m'en» 
voj'a  THymen  pour  se  venger. De- 
puis je  n'ai  vécu  que  de  regrets.» 
Lchrsque  la  révolution  amena  svr 
la  France  les  orages  les  plussan- 
glans ,  Rivarol  quitta  sa  patrie 
et  se  retira  en  Allemagne  :  il  ré- 
sida long-temps  à  Hambourg  efc 
ensuite  à  Berlin,  où  il  futac- 
cueilli  du  '  monarque  et  du  prince 
Henri.  Il  n'en  regrettoit  pas  môini 
sa  patrie.  «  La  vraie  terre  pro* 
mise,,  écrivoit-il  à  l'un  de  set 
amis  en  France  ,  est  encore  1« 
terre  où  vous  êtes.  Je  la  vois  d 
loin ,  je  désire  y  revenir  ;  et  je 
ny  rentrerai  peut-être  jamais.» 
En  eflet,  il  mourut  à  Berlin  le 
1 1  avril  1801.  Rivarol  eiitun  dé* 
but  assez  brillant  dans  la  carrière 
littéraire  par  son  Discours  sur  l'a-* 
niuersalité  de  la  Langue  françoist 
couronné  en  1784  parl'acadë 
de  Berlin.  Àvjec  des  vues  fiBe* 
quelquefois  l'auteur  n'a  pas  a 
considéré  que  la  maturité  du Iw-j 
gage  tient  à  la  perfection  m 
de  la  société.  11  s'est  contenté 
le  dévelopf>einent  de  son  sujet 
ce  que  l'histoire  et  la  littéra 
de  chaque  peuple  lui  ont  b: 
de  preuves  superficielles  ;  3  Ibî 
suJÊ  de  faire  voir  que  la  ' 
allemande  par  la  multitudede 
dialectes ,  l'italienne  par  sa 
lésse  ,  l'espagnole  par  son  «»-• 
fiure ,  et  l'angloise  par  sa  cnltjW 
trop  tardive ,  n  ont  pu  acqttcr*f 
aucune  supériorité,  etqu'àfépo* 
que  où  elles  ont  eu  le  plus  d'éclit 


•r 


.'.jAsl 


R  I  V 

elles  n'ont  pas  été   secondées  par 
les  circonstances  politiques.  Les 
autres  ouvrages  de  Riwarol  sont  ; 
L L'Enfer ,  traduction  àwDaïUe , 
où  l'auteur  Italien  est  plutôt  im  ité 
que  rendu  ;  aussi  Bu/fon  lui  dit 
obligeamment  après  l'avoir  Uie  , 
«  cet  ouvrage  n'est  point   une 
traduction  ,    c'est  une  suite   de 
flréations.  »  II.  Lettres  sur  la  Be- 
Ughn  et  la  Morale  ,   1 7.8  7 .  L'au - 
teur  publia  ces  lettres  à  l'occasion 
de  l'ouvrage   de  M.  Necker  sur 
Viraportance  des   Opinions  reU~- 
gieuses,  ÏIÏ.   Petit  Almanach  des 
grands  hommes  ,  satire  pii^uante , 
j  qiii  souleva  contre  l'auteur  une 
î  foule  d'écrivains    ordinairement 
jugés  par  lui  avec  amertume.  L'é- 
crit a  pour  épigraphe  ce  passage 
du  Dante  :  Quelle  est  cette  foule 
d'esprits  que   la  gloire  distingue 
^des  aiitres  en  fans  des  hommes.  On 
[attribua  à  Champcenets plusieurs 
j' traits  malins  de  cette, brochure  ; 
\  mais  Bivarol  les  réclama  et  mit 
;  de  l'importance  îiVavoir  faite  en" 
entier.  Ce  trait  ne  prouve  pas  la 
;.  bonté  de  son  caractère.  V^.Let-* 
!  I>'«à  la  noblesse  Françoise,  1792, 
.in-8.0  V.  De  la  Vie  politique  de 
f  la  Fayette  ,  1791»  VL  Prospectus 
d'un  nouveau  Dictionnaire  de  la 
•langue  Françoise ,  suivi  d'un  i>»j- 
'&nLrs  sur   les  facultés   intellec- 
tuelles et  morales  de  l'homme, 
Hambourg ,  1797  9  in-4.<*Le  style 
,  toujours  figuré  et  métaphorique 
fatigue  le  lecteur  ;  mais  il  en  est 
dédommagé  par  des  images  plus 
}-46uventbrillantes  que  judicieuses, 
f  L'introduction  de  cet  ouvrage  le 
i  fit  prohiber   en  France.  On  dit 
l'mi'ayant  promis  celui-ci  à   son 
;  libr^re  dans  un  temps  déterminé , 
;  -et  ayant  passé  le  terme  oii  il  dé- 
!  Voit  être  achevé  sans  avôit  coitî- 
\  ttiencé  un  seul  article  \  le  libraire 
•  trouva  le  moyen  de  lui  f^ire  rem^- 
çlk  sa  promesse  ^l'attirant  Clieî 


R  I  V 


349 


luî ,  en  l'y  enfermant  sur-le- 
champ  ot  mettant  des  sentinelles 
à  sa  porte  pour  l'empêcher  do 
sortir  et  le  forcer  au  travail. 
VII.  Quelques  Poésies  qui  ont  du 
piquant  et,  de  la  grâce.  Rù/arol 
avec  beaucoup  d'amour  propre 
étoit  peu  aim.mt ,  et  ne  se  soucia 
pas  d'être  aimé.  En  1802 'ou  a 
publié  sa  Vie,  2  vol.  in- 12. 

RIV AROLLES ,  ( JosephPM- 
lippe  de  Saint-Martin-d'Aglié  ) 
maréchal  de  camp^  grand'croix 
de  l'ordre  de  Saint- Louis,  et 
grand  prieur  de  celui  de  Saint— 
Lazarp  en  Languedoc ,  mort  en 
1704  ,  se  distingua  par  une  va- 
leur si  vive  et  si  franche  qu'on 
l'appela/^  Débauché  de  bravoure, 
li  servit  dans  toutes  les  guerres 
de  Louis  XIV,  depuis  166  5  jas-« 
qu'à  la  fin  du  siècle.  Un  coup  de 
canon  lui  avoit  emporté  une 
jambe  ;  un  autre  coup  de  canon 
porta  sur  cette  partie  à  la  défense 
du  pont  de  Kell  en  1^77,  et  luî 
cassa  sa  jambe  de  bois,  v^^  /  cette 
fois-^i,  dit— il  d'un  grand  sai^g. 
froid  9  l'ennemi  a  été  pris  pour 
dupe ,  j'en  ai  une  autne  dans  ma 
valise, 

RIV AZ ,  (  Pierre-Joseph  de  ) 
né  à  Saint-Gingoulph  dans  le  Bas*- 
Valais  en  171 1 ,  mort  en  1772  , 
est  auteur  de  plusieurs  inventions 
utiles  pour  perfectionner  Thor-i 
logerie,  les  pompes,  et  faciliter 
les  desséchemens  des  marais.  On 
a  encore  de  lui  le  Martyre  de  la 
légion  Thébairpe^  '779  9  in-12, 
et  V Antiquité  de  la  muison  de 
Savoie. 

RIVES  ,  '(  Jean-Joseph  )  né 
le  19  mai  1730,  à  Apt  en  Pro- 
vence d'un  orfèvre ,  embrassa  de 
bonne  heure  l'état  ecclésiastique- 
11  fut  d'abord  professeur  de  phi- 
losophie «tt  séminitiré  de  Saint- 


1 


5(0        R  I  V 

Charles  à  Avignon  :  place  à  la- 
quelle il  n'étoit  guère  propre.  Il 
devint  ensuite  cwré  de  MoUéges 
dans  le  diorèse  d'Arles  ,  et  il  ne 
fut  pas  plus  satisfait  de  cette 
nouvelle  fonction  que  de  la  pré- 
cédente. Son  goût  étoitplus  tour- 
né vers  les  recherches  d'érudition 
ut  de  bibliographie  que  vers  les 
occupations  pastorales.  Il  quitta 
en  1767  la  province  pour  se  ren- 
dre à  Fatis.  La  réputation  de  son 
savoir  l'y  avoit  devancé  ,  et  il  ob* 
tint  la  place  de  bibliothécaire  du 
duc  de  la  ValUère,  Il  revint  en 
Provence  en  1787  ,  et  lorsque  la 
révolution  eut  agité  les  esprits, 
il  se  lit  l'apôtre  de  l'anarchie.  Na* 
turellement  altier  et  indépendant, 
il  donnoit  aux  idées  d'égalité  une 
étendue  illimitée,  et  il  les  ins- 
pira à  ceux  qu'il  auroit  dCt  comme 
prêtre  et  comme  citoyen ,  rame- 
ner à  la  paix  et  à  la  sagesse. -Son 
caractère  sombre  et  caustique 
s'exhaloit  contre  le  clergé,  con- 
tre ceux  qu'on  appel  oit  grandis  , 
et  sur-tout  contre  les  gens  de 
lettres  qui  avoient  cukivi  le 
jDéme  genre  de  littérature  que 
lui.  Il  en  vouloit  principalement 
à  Guillaume  Dehure  et  à  l'abbé 
Mercier,  qM  n'appeloit  jamais 
que  le  moine  Mercier,  Lorsqu'il 
eut  adopté  les  idées  nouvelles  , 
il  ne  voulut  plus  qu'on  lui  donnât 
tè  titre  de  bibliothécaire  de  M.  de 
ha  ValUère,  et  il  raisonnoit  là- 
dessus  comme  le  Bourgeois  gen-» 
iilhdmme  quand  il  tâche  de  pron- 
Ter  que  son  père  n'a  pas  été  mar- 
chand dé  drap.  A  l'exception  de 
son  Eclaircissement  sur  IHnuen^ 
iion  des  Carlos  ,  1780,  in-*4'*, 
tous  ses  autres  ouvrages  sont 
écrits  sans  précision,  sans  cor- 
rection et  sans  élégance.  C'étoit 
le  style  de  sa  conversation  ;  'mais 
comme  sa  mémoire  étoit  prodi- 
gieuse ,  ses  souvenirs  la  ren- 


R  o  B 


1 


doiént  instructive  et  quelquefois 
intéressante.  On  a  de  lui  outre 
l'ouvrage  précédent  :  ï.  Lettre  k 
M.  de  la  Borde  sur  la  formule 
iV'»j  Dei  gralià  ,  17995  in-^.* 
IL  Prospectus  d'un  ouvrage  ayant 
pour  titre  :  Essai  sur  l'art  de  vé- 
rifier rage  des  miniatures  peintes 
dans  des  manuscrits  ,  1782 , 
in- II.  C'est  le  simple  Prospectus 
d'un  in-folio  renfermant  vingt- 
six  planches.  Il  devoit  n'en  être  ' 
tirés  que  quatre-vingts  exem- 
plaires à  600  livres  chacun.  Les 
cuivres  ensuite  dévoient  être  do- 
rés et  déposés  dans  le  cabinet  de 
Versailles.  III.  Histoire  critique 
de  là  Pyramide  de  Caïus  j^stius, 
1790,  in-fol.  IV.  Notices  caUi^ 
graphiques  et  typographiques , 
1795,  in-8.°  V.  Des  Odes  sur 
l'abolition  de  l'esclavajje  ,  etc. 
sans  feu  ni  force ,  et  ou  l'on  s'ap- 
perçoit  que  l'érudition  de  l'autenr 
a  glacé  son  imagination.  VI.  Ia 
Chasse  aux  Bibliographes ,  1788 , 
2  vol.  in-8.0  Rives  est  mort  à 
Marseille  en  1792. 

RIVE  Y ,  (  Pierre  de  la  )  natif 
de  Champagne ,  donna  au  théâ- 
tre plusieurs  pièces  :  le  Laquais , 
la  yem^e ,  les  Esprits ,  le  Mot"^ 
fondu  ,  le  Jaloux ,  les  Ecoliers , 
la  Fidelle  ,  la  Constante  ,  les 
2>oin/>mw.  Ces  foibles  prodoo- 
tions  n'en  ont  pas  moins  été  r^ 
ciieillies  à  Paris  en  1697,  et  à 
Rouen  chez  PetU^Val  en  i6df. 
Les  trois  dernières  pièces  ont  été 
réimprimées  à  Troyes  chez  Chô* 
çillot  en  iGri.  L'auteur  moonit 
Vers  cette  époque. 

XIX.  ROBERT  DE  VàO- 
GONDT ,  (  N.  )  géographe  onfi- 
naire  du  roi  ,  né  à  Paris  en 
1688,  mort  dans  cette  viHe  en 
1766  ,  est  très -connu  par  «» 
Atlas,  portatif ,  in  -  4<>,  et  paf 
son  ^xmd -Aillas  en  108  carte^ 


R  O  B 

ff7S3.  H  éclalroit  ses  connois- 
sances  géographiques  par  celles 
de  l'histoire  ,  et  on  a  de  lui  di- 
Ters  ouvrages  qui  attestent  son 
savoir.  I.  Abrégé  des  différens  , 
ty sternes  du  mmtde  ,  174S  ,  in- 1  G. 
IL  Introduction  à  la  géographie 
fuSanson,  1 743 ,  in*8.o  III.  Géo- 
graphie sacrée  ,  17469  deux  vol. 
iii^i.  IV.  Usagé  des  gloires  , 
17  52)  ia— 12.  Robert  son  fils  a 
soutenu  dignement  son  nom. 

XX.  ROBERT,.  (Marie- 
Anne  Roumier  ,  épouse  de  )  née 
à  Paris  en  T705  ,  et  morte  en 
1771 ,  aima  dès  son  enfance  les 
romans  ;  et  après  en  avoir  beau- 
conp  lus ,  elle  se  mit  à  en  com- 
poser. Nous  en  avons  d'elle  plu- 
sieurs qui  n'eurent  qu'un  succès 
i  éphémère,  parce  que  le  style  , 
.  le  principal  mérite  de  ce  genre 
frivole  après  Tintérôt  de  l'intri- 
gue) ne  les  a  pas  soutenus.  I.  La 
Paysanne  philosophe ,  1762,4 
parties  in  -  1 2*  II.  La  V'oix  de 
.  ht  nature  ,  5  parties.  III.  Voyages 
de  Mylord  Ceton  dans  les  sept 
planètes ,  1765, 7  parties.  IV.  Ni- 
cole de  Beauvais ,  1767,  deux 
vol. in- 12.  V.  Les  Ondins,  1768, 
deux  vol.  in- 12. 

IL  ROBERTSON ,  (  Guil- 
laume )  célèbre  historien ,  naquit 
en  Ecosse  en  1721 ,  et  s'adonna 
d'abord  à  la  théologie.  Devenu 
recteur  d'une  église  anglicane,  il 
le  consacra  à  la  prédication ,  et 
ïes  sermons  ont  été  publiés.  Mais 
c'est  sur* tout  dans  l'histoire  que 
se  développèrent  ses  grands  ta- 
lens.  La  clarté  ,  l'impartialité  , 
d^s.  vues  profondes  distinguent 
Ses  histoires  d'Ecosse ,  d'Améri- 
que et  de  CharUs^Quint,  Cette 
dernière  est  sur-tout  remarqua- 
ble par  l'intérêt  qui  y  règne  et  une 
excellente  introduction.  Ces  di— 
ferses  productions  méritèreat  à 


R  o  B 


37» 


leur  auteur  le  titre  et  les  hono- 
raires d'historiographe  du  roi 
d'Angleterre.  On  lui  doit  encore 
dos  recherches  historiques  sur 
VInde,  On  y  trouve  le  rapport  des 
connoissances  que  les  anciens 
avoient  recueillies  suft^tte  vaste 
contrée,  et  des  notices  sur. les 
progrès  de  son  commerce  avant 
et  après  le  passage  du  cap  de 
Bonne-Espérance,  sur  l'état  ci- 
vil ,  les  lois ,  les  arts ,  les  scien- 
ces ,  les  n^peurs  et  les  institutions 
religieuses  d'un  peuple  antique 
qui  a  enrichi  les  autres  des  dé- 
bris de  ses  connoissances ,  et  qui 
a  encore  tant  de  liaisons  avec 
PEurope  par  la  fertilité  et  les 
richesses  de  son  territoire.  Bo— 
hertson  est  mort  principal  de  l'u- 
niversité d'Edimbourg ,  au  mois 
de  juin  1793. 

ROBESPIERRE,  (  Maximi- 
lien-Isidore  )  né  à   Arras  d*une 
famille  pauvre ,  fut  élevé  aux  dé- 
pens de  Tévêque  de  cette  ville. 
Après  avoir  fini  ses  études  à  Paris 
-au  collège  de  Louis-le-Grand ,  il 
suivit  quelque  temps  le  barreau  de 
sa  patrie  et  y  plaida  la  cause  du 
paratonnerre  de  Saint-Omer.  Les 
échevins  de  cette  villeavoient  prc^ 
crit  cette  découverte  comme  dan-* 
gereuse ,  et  fait  défense  de  l'em- 
ployer ;   Robespierre  obtint  du 
tribunal  d'Àrras'plus  éclairé,  la 
liberté  pour  sa  partie  de  rétablir 
le  paratonnerre    qui  avoit    été 
abattu  sur  sa  maison.  L'académie  * 
de  Metz  ayant  proposé  pour  sujet 
de  son  prix  en   1784,  de  déter- 
miner l'origine  de  l'opinion  qui 
étendoit  sur  tous   les   individus 
d'une  même  famille  ,  une  partie 
de  la  honte  attachée  aux  peines, 
infamantes  subies  par  un  coupa- 
ble ,  le  discours  de  Robespierre 
fut  couronné  et  publié  Tannée  sui- 
vante» Il  se  montra  de  bonne  heure 


3Ç1         R  O  B 

sombre  ^  méchant  quoique  ti- 
mide, j/ïloux  des  talens ,  de-  la  ri- 
chesse et  de  la  grandeur.  8*61311 1 
donné  l'air  d'un  philosophe  et 
d'un  désapprobateur  ,  affichant 
une  morale  austère  et  le  patrio- 
tisme le  plus  ardent,  il  fut  nommé 
député .  à  l'assemblée  Consti— 
triante ,  ou  il  se  fit  remarquer 
plutôt  par  son  originalité  que  par 
son  éloquence.  Il  commença  sa 
carrière  politique  le  27  juillet 
1789  par  le  discours  suivant ,  sur 
le  secret  des  lettres.  *  La  pre- 
mière de  toutes  les  lois  est  le  salut 
du  peuple.  Obligé  par  le  plus  im- 
périeux de  tous  les  devoirs  ,  de 
venger  l'attentat  projeté  contre 
les  représenta ns  de  la  nation  ,  on 
doit  se  servir  de  tous  les  moyens 
possibles.  Le  secret  des  lettres  est 
inviolable  ;  mais  il  est  des  cir- 
constances oii  on  doit  le  violer. 
Qu'on  ne  cite  pas  l'exemple  de 
pompée  qui  brûla  les  lettres 
adressées  à  Sertorius  ;  Pompée 
étoit  un  tyran ,  un  oppresseur 
de  la  liberté  publique ,  et  nous , 
nous  en  sommes  les  restaura- 
teurs. >»  Courtisan  de  Mirabeau, 
qui  le  méprisoit ,  il  s'en  éloigna 
à  mesure  que  ce  dernier  perdit  sa 
grande  popularité.  II  divagua 
dans  de  nombreux  discours  sur  la 
liberté  delà  presse  ,  sur  les  cons- 
pirations prétendues  du'gouver- 
iement,  sur  le  droit  qu'il'  voulut 
qu'on  accordât  à  tout  homme 
sans  propriété  d'entrer  dans  les 
emplois  publics.  Il  s'opposa  à  ce 
qu'on  donnât'  au  monarque  le 
droit  de  la  paix  et  de  la  guerre,  et 
à  ce  qu'on  le  déclarât  inviolable  ; 
il  n'en  soutenoit  pas  moins  en- 
core à  la  fin  de  la.  session ,  que 
le  régime  monarchique  étoit  le 
seul  qui  convint  à  un  empiré  aussi 
grand  que  la  France.  En  parlant 
des  prêtres  et  des  émigrés ,  ce 
fut  toujours  avec  une  modération 


R  O  B 


1 


.  qu'on  ne  lui  soupçonnoit  pas.  H 
combattit  Barnave  dans  son  opi- 
nion sur  les  colonies  ;  et  lors  de 
la  discussion  sur  le  code  criminel, 
on  le  vit  représenter  la  peine  de 
mort  comme  injuste  ,  contraires 
la  nature  ^  et  en  demander  l'abo- 
lition. Deux  ans  après  ,  celui 
qui  avoit  défendu  la  vie  même  des 
parricides,  faisoit  égorger  C|pt 
mille  innocens  par  les  tribunaux 
républicains.  Après  la  session , 
Robespierre  ne  parut  point  dans 
les  mouvomens  du  20  juin  et  du 
10  août ,  ni  dans  lés  nàassacresde 
septembre  ;  mais  il  chercha  bien- 
tôt à  en  recueillir  le  fruit.  ËIu 
membre  de  la  Convention ,  il  ne 
tarda  pas  à  la  dominer.  En  vain 
Louvct ,  le  ministre  Roland,  et 
plusieurs  autres  l'accusèrent -ils 
de  vouloir  s*élever  à  la  dictature; 
il  triompha  de  leurs  efforts  et  les  ' 
conduisit  successivement  à  l'écha- 
faiid.  Après  avoir  voté  la  mort  de 
Louis  XVI ,  il  poursuivit  toute 
sa  iîamille  et  unit  à  cette  pros- 
cription celle  des  Girondins,  des 
partisans  de  Danton^ ,  à* Hébert  et 
de  tous  ceux  qui  osèrent  aspirer 
à  partager  sa  puissance.  Aussi  le 
premier  dit  avec  raison  :  «  Tout 
ira   bien   encore  tant  qu*on  dira 

'  Robespierre  et   Danton,  ;  ■  mais 
malheur  à  moi  si  l'on  dit  jamais 
Danton  et  Robespierre,  »  A  peiu» 
ce  dernier  eut-il  pris  la  direction 
du  comité  de  salut .  public ,  qu'il 
couvrit  la  France  de  dénoncia- 
tions ,  de   tribijnaux   avides  de 
meurtres,  et  d'une  terreur  si  gé- 
nérale  et  si   profonde  que  tout 
François  craignij:  -  de  se  confier  à 
son  parent  ,  à  son  voisin ,  à  ion 
ami ,  et  ne  vit  .autour  de  lui  que 
des  échafauds.    Des  proconsul* 
nbn  moins  féroces   allèrent  par 
ses  ordres  inonder  de  sang  toutes 
les  provinces.  Lyon  ,   Toulon , 
Arras  3  Orange.,  Bordeaux  et  h 


ftôô 

Ven^ie  devinrent  les  principaax 
théâtres  de  leurs  excès  ;  et  c'est 
mors  que  leur  chef  s'écria  dans 
rassemblée  «  que  la  république 
sétoit  glissée  en  France  au  milieu 
des  cadavres  et  à  l'insçii  de  tous 
lès  partis.  »  La  Convention  en- 
tière subjuguée  pair  Rohespierre  -, 
lie  fut  plus  coin  me  il  lappeloit 
liii-mémë  9  que  sa  rÀaèhine  à  dé-^ 
&ets.  Dès-lôrs  oii  l'erttendit  dire 
sans  cessé ,  Soit  dans  l'assemblée, 
ioit  aùît  jacôbias ,  ]e  veux,  Soii 
ton  étoit  quelquefois  celui  d'un 
illuminé.  Ori  a  prétendu  qu'il 
«royoit  léà  prêtres  utiles   à  ses 

'  jirojets  ;  cependant  ils  Furent 
proscrits  èoU's  sa  ty  tari  nie.  Mais 
il  voulôit  dév,feiiir  lui-même  lé 
chef  d'utle  teVigiori ,  et  il  com- 

j  mença  son  sacerdoce  en  faisant 

[établir  une  fôtfe  len  Thôilneur  dé 
fÈtre  Suprême ,  auquel  il  daigna 
iJonner  ùfi  hrevH  d'existence ,  en 
la  recôhndissaht  par  tih  décret; 
«  Ce  qui  eât  dignfe  dé  remarqué  , 
9it  un  historien  ,  c'est  que  1& 
frahce  gémissant  Sous  les  lutteâ 
des  différend  pattià ,  applaudit  uîi 
instant  aii  colip  qlie  leur  porta 
Éoéespéerrè ,  espérant  être  niôin 
Inalhéni'ense  sbus  un  seul  tyran...* 
Si,  contenè  d'avoif  abattu  les 
J)reriiières  têtes  dé  la  Convention, 
il  eût  ^paifgné  8&S  autteS  colléguei 
J)armi' lesquels  il  ne  se  trduvoit 
j)lus  jiersônVi^^qUi  osât  prétendre 
au  premier  rang  ,  sa  puissance 

■  ïât  probablement  été  de  plus  de 
9tirée  ;  ib  ais  lâche ,  timide  et  dé- 
fiant ,  sentant  sa  fbiblesse  et 
érdyànt  la  mast^uei*  à  forcé  de  bar- 
barie ,  il  voulut  coritiniiét  à  pros-L 
•rire ,  et  força  ainsi  à  la  irésis- 
tance  des  ^eiis  qui  n*éusséht  peut- 
4tre  paâ  itiieux  deniaiidé  que  de 
servir  et  de  coilimander  âoUs  lui  : 
la  viie  dii  danger  tanima  leur  cour 
tage  ;  et  cértaiiis  de  leur  perte  , 
Xt  Youliiréiit  teiiter  au  moins  d« 

SvPPLi  Tenu  IIL 


R  O  B 


5Ç| 


^e  sauver  par  un  coup  d'andace.  »>' . 
Ce  coup  fut  porté  le  q  tliérmidoir 
de  Tan  deux.  Une  coalition  for-« 
niée  en  secret  et  réunie  dàtis  liné 
discussion  inattendue ,  ôta  à  Ro-* 
he^pierre  et  à  seâdeUX  àdhérens^ 
Couihon   et  Satnt  -  Jiist  ,    tout 
ihoyen  de  défehse.  Leurs  vdix  fu-* 
rent  étouffées  ;  eb  le  premier  s'é- 
tant  élaïicé  à  là  tribUne  fui:  forcé 
d'en  descendré ,  sous  lés  cris  ré- 
pétés de  toutes  partâ  :  à  bas  I4 
i^yran.  Ce  fut  âlorS  à  qui  lui 
portei^it  les  dériiiérs  coups.  Bo«^ 
hespierre  dénoncé  passa  Subite^ 
ment  de  la  contenance  duti  sou- 
verain à  celle  d'un  suppliant;  & 
peine  le  décret  d'accilsatiôn  fut-* 
il  rendu  contre   lui  ,  qu'il  de$-^ 
éendit  de  la  tribune  à  la  batre  oiï 
on  fit  bientôt  passer  à  seà  côtéé 
Saint- Jus t  ;    Couthoii  ;   RçbeS'* 
pierre,  lé  jeune  et  le  Écù.  Aussi- 
tôt qùé  lés  membres  dé  là  Cbm- 
ibune  de  Paris  appriréht  que  leur 
protecteur  éboit  àcéusé,  ils  or<4 
doniiètetit  dé  âônnér  le  tocsin  ^ 
et  couvrirent  la  place  dé  Grève 
d'hommes  arméâ.  Henriot  com-^ 
iharidant  de  la  gàfdë  nationale  , 
marcha  à  leur  tête  contire  là  Con- 
vention; mai«  celui  — ci   vaincti 
pat  les  àectioiis  réûnieé ,  laissa  à 
la  justice  la  liberîté  de  piihit.  ïh-^ 
hespierre  fut  conduit  d'abord  à  la 
inaison  d'arrêt  cf u  Ltixembouirg  s 
la  terreur  que  sOii  nom  seul  àvoit 
inspirée  étôit  encore  si  grande  y 

?'  né  le  côiiclergé  dé  la  prison  re- 
II  sa  de  l'y  recevoir  i  il  fut  âlori 
amené  à  l'hôtel-de-villé.  tk  ,  lin 
détacHeméiit  dés  troupes  de  U 
Convention  ayant  pénétré,  uii 
gendarme  courageux  .notnm4 
Charles  Médd ,  assailli  découpé 
par  les  satellites  de  là  mùnicipà-^ 
lité  ,  décduvrit  Robespierre  dani 
Uii  coin  obscur  ,  et  lui'  tira  ùà 
coup  de  pistolet  qiii'liii  fracassé 
Ift  raàckoir*  ipiiférieure  «t  U  c^nj^ 


I 


5Ç4       ft  O  Ô 

vrit  de  sang.  Etendu  sur  une  ta-* 
ble ,  il  souffrit  sans  se  plaindre  , 
sans  proférer  un  seul  mot  les  in^ 
terrogatoires  de  se£  collègues , 
les  injures  de  ceux  qui  l'entou— 
toient ,  les  douleurs  de  ses  ble** 
sures  et  la  fièvre  qui  le  dévôroit. 
Le  lendemain  lo  thermidor  (28 
fiiillet  1794)^04  heures  du  soir  ^ 
on  le  conduisit  à  l'échafaud  avec 
vingt-deux  de  ses  complices.  On 
remarqua  qu'il  avoit  alors  le 
inême  habit  qu'il  portoit  le  jour 
de  la  fête  qu'il  avoit  fait  célébrer 
en  rhonneur  de  l'Être  Suprême. 
$ès  traits  étoient  horribiement- 
défigurés  et  ses  yeux  totalement 
fermés.  Le  peuple  fit  arrêter  la 
charrette  vis-à-vis  la  maison 
ùu'il  occupoit  ,  et  une  femme 
dansant  devant  la  voiture,  s'é-^ 
cria  :  Td  mort  rrtenU^re  de  joie  t 
descends  aux  enfers  avec  les  ma^ 
lédictlons  de  toutes  lés  épouses  et 
de  toutes  les  mères.  Il  périt  k 
Fâge  de  35  ans ,  et  on  lui  ht  cette 
épitaphe  i 

!^assant ,  ne  ptétires  j^oint  son  sort  $ 
<^ax  s^il  VIvoit ,  m  serois  mort. 

On  a  dit  dé  lui  qu'ayant  calculé 
les  diverses  marche«  de  la  tyran- 
nie ,  il  avoit  préféré  la  férocité 
froide  de  iSy/Za  aux  empoî^temens 
âe  Catilinà,  "toute  sa  politique  y 
Suivant  un  écrivain  judicieux', 
fut  d'avoir  su  apprécier  de  bonne 
heiire  la  puissance  de  la  multi^ 
.  tudé ,  à  une  époque  oit  la  société 
Sembloit  ramenée  à  son  origine 
par  Tanéanlissement  des  autorités 
régulières,  eft  la  disparition  de 
toutes  les  supériorités  de.  con- 
vention. 11  avoit  aussi  remarqué 
des  premiers,  ^ue  pour  rester 
en  crédit  auprès  des  dernières 
dasses  du  peuple ,  il  falloit  dans 
toute  espèce  de  système  aller  toù- 
foui'splus  loin  que  les  autres:  on 
&•  peuit  entrâiner  que  par  des  ex<« 


ces  les  hommes  dénués  d'édaca^i 
tion;  et  comme  leur  esprit  est 
incapable  de  saisir  aucune  nuan- 
ce,  la  modération  ,  la  retenue  na 
leur  paroissent  qu'une   trahison 
on  qu'un  repentir.  Un  autre  ca- 
ractère de  sa  politique,    et  qui 
contribua  beaucoup  à  sonagran-- 
dissement  ,  fut  la   promptitude 
avec  laquelle   il  abandonna  ses 
amis  ^uand  leiir  sacrifice  devint 
iitile  à  son  ambition.  Il  s'étoit 
allié  au  parti  qui  dans  J*asseniblëe 
Légtslfftive    avoit   provoqué    le 
fournée  du  to  août  ;  mais  si-tôt 
que  ce    parti  voulut     jouir  da 
triomphe  ,    tlohespîerre   devint 
son  plus  cruel  ennemi ,  et  cette 
haine  produisit  le  3i'  mai.  H  s'é- 
toit fait  le  patron  de  la  muni- 
cipalité de  Paris  ,   et   avec  son 
secours  il   avoit  exterminé   les 
chefs  du  parti  doiat  ndus  venons 
de  parler  ;  mais  lorsque  cette  nia>« 
nicipalité  voulut  se  fier  à  ses  pro- 
pres forces ,  lorsque  ses  officiert 
briguèrent  uneponnlarité  qui  lenr 
fut  personnelle ,  Jlohespierre  oih 
blia  leurs  services  et  les  imrriola< 
Ainsi,  il  découragea  l'a  m  bitiopds 
tous  les  scéléfats ,  les  contraignit 
à  se  tenir  au  second   rang,  et  à 
li'être  que  des  valets  assassins  et 
incendiaires.  On  ne  saur^qn^ffl'* 
parfaitement  tous  les  mysiféresde 
son  ambition  ;  il  h'^droit  aucun 
confident  à  çonncntrè  ses  arrière-* 
pensées*  Son  ame  yivojt  solidaire. 
On  n'a  jamais  pul>lié  sa  corres- 
pondance intimé ,.  ni  ses  papiers  ; 
peut-être  aurdient-'ils  e;çpliqu« 
pourquoi  deux  mois  avant  sa  ca- 
tastrophe Robespierre  s*é  toit. éloi- 
gné des  séances  dU   comité  as 
Salut  public  ?  Voiiloit- il  rejeter 
sur  ses  membres  l'exéorationgé- 
"néralë  ,  les  faire  regarder  comin* 
les  uniques  auteurs  de  tous  les 
meurtres,  et  les  livrer  à  Jawn-» 
geance   d'un  peuple  qui  com- 
men^oit  à  murmurer  de  voir  coih 


F 


m  htrit  de  sang  ?  Exciter  à  )à 
barbarie  pour  en  profiter  ^  la 
faire  cesser  pour  arriver  à  Tins- 
lant  même  au  souverain  pouvoir  : 
istoit  une  spéculation  atroce  et 
"digne  de  loi.  Les  feuilles  publia 
iqueaèn  ont  tracé  ce  portrait  quî 
ini  ressemble.  «  Sa  tailla  étoit 
de  cinq  pieds  dertx  pouceB ,  son  ' 
corps  jeté  d'aplomb ,  sa  démar- 
che vive  e*^  brusque.  Il  crispoit 
lôuvent  ses  mains  par  «ne  es- 
))èce  de  contraction  de  nerfs  qui 
ïe  faisoit  sentir  dans  ses  épaules 
et  dans  soncôu.  Ses  habits  étoient 
cl' une  propreté  élégante ,  sa  che— 
Velijre  toujours  soldée.  Sa  pby* 
lionomie  paroissoit  Vin  peu  ren- 
frognée, son  teint  livide  et  bi- 
lieux 9  ses  yeux  môriles  et  éteints» 
il  portoit  presque  toujours  des 
ronsertes.  11  sut  adoucir  avec  art 
sa  voix  naturellement  aigre  et 
cWarde  ,  «t  donner  de  la  gt-ace  à 
son  accent  Artésien.  11  avoit  cals- 
culé  le  prestige  de  la  déclama- 
tion, et  jusqu'à  Un  certain  point 
il  en  possédoit  le  talent.  L'anti- 
thèse domlnoi't  dans  ses  discours 
t)h  il  emproyôit  souvéht  rirt)nie  ; 
Ion  style  h'étoit  point  soutehu  ;  sa 
diction  inégale ,  âpre  ,  souvent 
triviale ,  étoit  hMi jours  cousue  de 
lieux  communs  eléé  divagations 
lur  la  %^ertu ,  le  crime  ,  les  cons- 
pirations. Orateur  médiocre,  lors* 
qu  il  avoit  préparé  son  discours  ; 
Vil  s'agissoit  d'impression,  il  étoit 
nu-dessous  de  la  médiocrité.  Sir 
logique  fut  souvent  adroite  dans 
ses  sophismes  :  il  réfutoit  avet 
habileté  ;  mais  en  général  sa  tête 
étoit  stérile  et  la  sphère  de  ses  ' 
idées  étroite  ,  comme  il  arrivé 
presque  toujours  à  ceux  qui  s'oc- 
(cnpent  trop  d'eux  -  inémes.  ÎjA 
gloire  littéraire  fut  un  de  ses 
vœujc  ;  mais  il  ambitionnoit  en- 
core plus  la  gloire  politique.  Il 
])arloit  ïïfùc  mépris  dâ  Pitt  g  et 


110  8      )$t 

♦  •        * 
'èèpehclant  il  ne  voyoit  rîen  àiï-< 

dessus  de  ce  dernier  que  lui- 
même.  Les  in j lires  des  journaux 
Anglois  cbatouiïloieht  délicieu-i 
sèment  son  cœur  ;  quand  il  les 
dén'bnçoit ,  son  accent ,  son  ex- 
pression caractérisoient  la  jouis- 
sance de  son  amour  propre  :  li 
lavo^roit  comme  des  madrigaux 
les  sarcasmes  du  duc  d'Yorcké 
€e  fut  un  délice  pOur  hii  d'en- 
tendre nommer  un  jour  les  ar-* 
»ées  Frah^oises  ,  les  troupes  dé 
Robespierre.  A  la  fois  audacieux 
et  lâche,  il  couVroit  ses  manœu- 
vres d'un  voilé  épais ,  et  souvent 
il  désignoit  ses  victimes  avec  har« 
diesse.  Un  représentant  faisoit-il 
iine  proposition  qui  lui  déplai-^ 
soit ,  il  se  retournoit  brusque-^ 
ment  et  Tenvis^ageoit  d'nh  air 
menaçant  pendant  quelques  mi«' 
nutcs.  Foibie  et  vindicatif ,  som*^ 
bre  et  sensuel ,  chaste  par  tem-» 
pérament  et  libertin  par  imagi-» 
nation  ,  il  mélôit  de  la  Coquet- 
terie dans  son  ambition.  Il  faisoit 
ertipripsnmer  jdes  femmes  pour 
avoir  le  plaisir  de  leur  rendre  là 
liberté ,  et  faisoit  couler  leurs 
pleurs  pour  les  essuyer.»  L'âstucè 
étoit  après  l'ôrguéil  le  trait  le 
pliiis  marqué  de  soti  caractère.  Il 
îi'étoit  environné  que  de  gens 
qui  avoient  de  graves  reproches 
à  se  faire  :  d'un  mot  il  pouvoit 
les  placer  sous  le  glaive.  Il  pro- 
tégea et  fit  t'reitibler  une  partig 
de  la  CÎonveption  ;  il  transforma 
les  erreurs  en  crimes ,  les  critnes 
en  erreurs.  Toutes  les  fois  qu'il 
fiit  attaqué  ^  c'étoit  la  liberté 
qu'on  attaquoit.  Il  ne  sut  poiilt 
créer  les  circonstances .;  aussi  les 
Circonstances  le  perdireiit  et  lé 
précipitèrent  daiis  la  classQ  abhor^ 
rée  de  ceux  qui  ont  opprimé  leur» 
semblables  et  ont  voulu  parvenir 
sur  des  monceaux  da  victimas  à 
la  tyciianie. 

t.  %■ 


i^ié       ROB 

ROBILLAUD,  (N...)  \mme 
savant  dont  les  lainières  farent 
précoces ,  étoit  fils  (fan  profes* 
tear  à  l'école  d'artillerie  de  Metz. 
h  Yh^e  de  seize  ans  il  adressa  à 
l'académiedes  Sciences  an  Traité 
sur  l'application  de  la  géométrie 
ordinaire  et  des  calculs  différen- 
tiel et  intégral  à  la  résolution  de 
plusieurs  problèmes  ^  et  cette 
compagnie  savante  en  fit  l'éloge 
dans  ses  Mémoires  de  l'an  née 
1740.  Cet  ouvrage  a  été  publié 
depuis  à  Paris  en  1763,  iu-4®, 
avec  trente  planches  ;  l'auteur 
n'existoit  plus  alors  et  avoit  été 
enlevé  aux  sciences  à  iage  de 
vingt  ans» 

ROBIN  9  (Jean)  a  publié  une 
Descf'iption  du  jardin  des  Tui- 
leries ,  160S  ^  in-folio  9  qui  est 
recherchée  principalement  pour 
les  planches  dessinées  par  Pierre 
Vallet, 

ROBINS,  (Benjamin)  célèbre 
«mathématicien  Anglois  9  né  à 
Bath  en  1707  9  fat  chargé  d'aller 
faire  des  observations  dans  les 
Indes.  Il  y  arriva  en  17S0  et  y 
mourut  le  19  juillet  de  l'année 
suivante  d'une  maladie  de  lan- 
gueur causée  par  la  chaleur  du 
climat.  Il  expira  9  suivant  JaC'- 
que  Wilson  éditeur  de  &^$  Œu^ 
vres  ,  la  plume  à  la  main  ^  au 
fort  de  Saint-David.  "Rolfins  etoit 
membre  de  la  Société  royale  de 
liOndres  et  ingénieur  général  de 
la  compagnie  des  Indes  Orien- 
tales. On  lui  doit  d'excellens 
principes  d'artillerie  qui  parurent 
à  Londres  en  174a.  L'auteur  y 
offre  le  résultat  de  ses  expérien- 
ces sur  la  force  de  la  poudre  à 
oanûn  et  sur  la  résistance  de  l'air 
aux  mouvemens  des  corps  qui  le 
traversent.  L'importance  de  se^ 
recherches  a  fait  traduire  l'ou- 
vrage daos  toutes  lec  langues  ;  at 


RO  G 

Jouter  lai  -  même  s'est  mis  sK 
nombre  des  traducteurs  ,  en  en- 
richissant la  théorie  de  l'auteur 
Anglnis  d*nn  Commentaire  très- 
étendo.  Il  y  en  a  trois  Traduc- 
tions françoises  :  la  première  de 
le  Roi  ;  là  seconde  de  Du'puy 
professeur  à  Grenoble,  publiés 
en  1 77 1  ;  la  troisième  de  Lombard 
professeur  d'artillerie  à  Auxonne, 
imprimée  en  1783,  in-8.0  Celle- 
ci  offre  de  plus  que  les  autres  les 
Commentaires  êîEider,  On  a  at- 
tribué à  Bokins  les  Voyages 
iCAnson  ,  publiés  sous  le  nom 
de  JValter, 

L  ROCHE ,  (  Etienne  de  la  ) 
publia  en  i538  un  2V/M'^rf  d'a- 
rithmétique et  de  géométrie,  aa- 
qtiel  le  libraire  Hvguetan  ajouta 
des  Tables  pour  en  faciliter 
l'usage. 

V.  ROCHE ,  (  Jean-Baptiste 
de  la  )    docteur  de  Sorbonne  et 
prédicateur  du  roi ,  mort  depuis 
quelques  années ,  a  publié  le  Po- 
négyrique  de  Ste  Genetrièue ,  des 
Retharques  sur  les  Pensées  de  h 
Rockefoucault ,  et  sur  les  Qua- 
trains de  Pibrac  et  de  Matthieu} 
une  édition    des   Pseatimes    ds 
David  ,  distribués  pour  tous  les 
jours   du  mois-,  de   l'Office  da 
St,  Cdme  et  de  St.  JDamien  g  et 
du  Bréviaire  de  Citeaux.  On  doit 
encore  à  ce  laborieux  écrivain  : 
I.  Œuvres  mêlées,  1733  ,  in-u. 
«Elles  renferment  un  Discours  su; 
le  b«t  qu'a  eu  Virgile  en  com- 
posant  ses  Bucoliques  ,   et  une 
Traduction  en  vers  françois  des 
Églogues  de  ce  poëte.  II.  Oraison 
funèbre  dit  dite  d'Orléans ,  lyâJ, 
in-4.*'  III.  Règles  de  la  vie  chré^ 
tienne,    17^3  ,  trois  ^ vol.  in- ii. 
IV.  Année  dominicale  ,  huit  Tol. 
in- 12.  V.  Lettres  littéraires  sur 
divers  sujets  ,   deux  vol.  in-is* 
YI.  Cosmographie  pratiqué  «  ift'* 


V   ^ 


ROC 

12.  TIL  Mémoires  nU'oriques  et 
curieux  ,  2  vol.  in- 12.  VIlï.  Les 
Œuvres  de  la  chair  et  les  Fruits 
de  l'esprit,  in-  12.  IX.  Mélan^ 
f«  de  maximes  Chrétiennes  sur 
la  religion  ,  la  morale  et  la  na- 
ture, 1769  ,  in- 12.  X.  Entre- 
tiens sur  1  orthographe  Françoise , 
1778,  in-8.» 

ROCHEBRUNE  ;  poëte 
agréable  et  auteur  de  plusieurs 
Chansons  ,  étoit  ami  de  la  Mo^- 
ihe ,  et  fut  compris  dans  les  cou- 
plets adressés  à  X  B,  Rousseau, 
Rochebrune  est  mort  vers  1732. 
C'est  lui  qui  fit  les  paroles  He  la 
cantate  dOrphée  ,  qui  devint  le 
tj'iomphe  dit  musicieu  Cléram-^ 
hauU" 

IIJ.  ROCHEFORT.,  (  César 
de)  avocat,  né  à  Lyon  ,  publia 
dans  cette  ville  un  Dictionnaire 
général  et  curieux  ,  1684 ,  in- fol. 

IV.  ROCHEFORT  ,  (  Guil- 
laume de  )  de  l'académie  des  Ins- 
criptions et  Belles-Lettres ,  na- 
quit à  Lyon  en  1731.  11  eut  d'a- 
bord un  petit  emploi  dans  les  fi- 
aauces.  Mais  né  pour  la  belle 
littérature  plutôt  que  pour  les 
calculs ,  il  quitta  la  province  et 
se  fixa  à  Paris.  11  aimoit  le  grec 
et  les  vers  :  il  entreprit  une  tra- 
duction complète  à* Homère ,  dont 
les  discours  préliminaires  sont 
écrits  avec  une  clarté  élégante, 
et  dont  les  notés  sont  instruc- 
tives sans  pédantisme.  Quant  à  la 
version  elle-même,  on  trouve  de 
la  grâce ,  de  la  facilité  ,  de  la  sen- 
sibilité dans  divers  morceaux  ; 
mais  le  plus  grand  nombre  man- 
que d'iiarroonie  ,  de 'précision  , 
d'énergie  ;  et  les  grandes  images 
^Homère  y  sont  trop  souvent 
pendues  par  des  images  com- 
munes. Cependant  comme  les 
#cu:t&  dj^  l'au^^vy:  étçi^nl  Iqh^ 


ROC        357 

bUs  et  quelquefois  heureux  ,  !• 
roi  lui  permit  de  donner  à  l'Im* 
primerie  royale  une  fort  belle 
édition  de  sa  traduction  d&  l'i— 
Uade  et  de  Y  Odyssée,  en  1781, 
in-4.0  Plein  des  anciens  ,  jRo— 
chef  or  t  composa  trois  tragédies  y 
Ulysse  ,  Antigone  et  Electre  , 
ou  il  imita  trop  la  simplicité  det 
Tragiques  Grecs.  5a  comédie  de* 
deux  Frères  donnée  au  théâtre 
François  ,  n'y  réussit  point  , 
parce  qu'elle  est  foible  d'intrigue 
et  de  caractères.  Ses  ouvrages  en 
prose  eurent  un  meilleur  succès. 
Nous  avons  de  'lui  :  I.  Une  Ré- 
futation du  trop  fameux  Système 
de  la  Nature  t  in- 12.  \i*  Histoire 
critique  des  opinions  des  Anciens 
sur  le  Bonheur  ^  '778  ,  in  — ^» 
m.  La  Traduction  complète  du 
Théâtre  de  Sophocle  ,  qu'il  a 
rendu  avec  fidélité  ,  avec  élé- 
gance ,  et  orné  de  notes  qui  res* 
pirent  le  goût  et  la  saine  criti» 
que.  IV*  Divers  Mémoires  dans 
ceux  de  l'Académie  des  Belles-*» 
Lettres ,  où  l'on  trouve  le  littérai» 
teur  instruit  et  l'écrivain  exQ^cé. 
Cette  compagnie  le  perdit  eni  7  88*. 
Une  ame  franche,  loyale  ,  gé- 
néreuse ,  inaccessible  à  l'envie  , 
jointe  à  une  politesse  prévenante  y 
pleine  d'attentions  et  d'égards  au 
désir  de  plaire  et  d'obliger,  ren- 
dent son  souvenir  précieux  à  ses. 
confrères  et  à  ses  amis.  Il  avoit , 
pour  réussir  dans  la  société  ce- 
qui  manque  à  la  plupart  des  sa- 
vons ,  lare  d'oublier  ses  Livres- 
et  de  s'occuper  des  autres  ,  sans, 
exiger  qu'ils  s'occupassent  de  Ini.. 
Il  avoit  épousé  en  i  7  7  6  ,  une- 
femme  aimable  dont  il  eut  ^eux 
en  fan  s  ,  qu'il  perdit  pre&quo  av^ 
berceau. 

♦  IIL  ROCHEFOUCAULD», 

(  François  VI  duc  de  la  )  prince- 
de  Mnrsillac  ,  &ls  de  Françoii^ 
premier  «   duc  de  la  Bocke^ouc;^ 

1 1 


j5»        ROC 

€auldt  naquit  en  1 6o3.  Sa  vftîeor 
et  son  esprit  le  mirent  aa  pre-- 
nier  rang  des  seigneurs  de  la 
GO»r  ,  qui  méloieat  les  lauriers 
de  Mars  à  ceux  à*ApMU)n.  U  fut 
lié  avec  la  fameuse  duchesse  de 
t^ngueviUe  ;  et  ce  fat  en  partie 
par  l'instigation  de  cette  prin* 
ces^e  ^*ir  entra  dans,  les  que-« 
relies  de  la  Fronde»  Il  se  signala 
dans  cette  guerre  et  sur- tout  au 
combat  de-  Saint- Antoine ,  oii  il 
reçut  un  coup  de  mousquet  qui 
hù  fit  perdre  quelque  temps  la 
▼ue.  C'est  alors  qu'il  dit  ces  vers 
si  connus  ,  tirés  de  la  tragédie 
é*Alcyonée  : 

Pour  tkintmt  won  ccsnt  »  pjour  plaira 

à  ses  btaiu^  3rettx  > 
Tfti  fkit  la  guerre  aux  Rois,  pt  Pauraif  ' 

faite  aux  Dieox* 

On  sait  qu'apcès  sa  rupture  avec 
Mad.  de  LongttevilU,  il  parodia, 
ainsi  ces  vers  r 

Four  ce  cœur  )neofi$ta&t  ».  cm*enfin  \fi 
connols  mieux» 
*7ai  feit  la  guerre  aux  Rois  ;  jVa  ai 
perdu  les  yeux. 

'Après  que  ces  querelles-  furent 
assoupies  ^  le  duc  é&la  ^ochefou^ 
cauld  ne  songea  plus  qu'à  jouif 
des  daiix  plaisirs  de  l'amitié  et  de 
la  littérature.  Sa  maison  étoit  le^ 
rendez-vous  de  taut  ce  que  Paris 
et  Versailles  avoieut  d'ingénieux* 
Les  Racine  ,  les  BoUeau  »  les 
SéWgné  „  les  la  Fayette  ,  trou-* 
Toient  dans  sa  conversation  des 
agrémens  qu'ils  cherchoiwit  vai- 
nement ailleurs.  La  goutte  }e 
tourmenta  sur  la  fin  de  se%  jours, 
n  supporta  les  douleurs  de  ce^te 
maladie  cruelle  avec  la  constance 
d'un  philosophe^  Son  courage  ne 
l'abandonnoit  que  dans  la  perte 
des  personnes  qui  lui  étoient 
chères*  Un  de  ses  fils  fut  tué  an 
f  «ssage  du  Rhin  ')  et  routre  y  &t 


ROC 

blessé,  «  Jai  *  vu ,  dît  MaA  ê» 
Sévigné  ,  son  cœur  à  découvert 
dani  cette  cruelle  aventure.  Il  est 
au  premier  rang  de  ce  que  je  c<nw 
nois  décourage,  de  mérite,  de 
tendresse  et  de  raison.  Je  compta 
pour  rien  son  esprit  et  ses  agré* 
mens.  »  Il  mourut  à  Paris  le  17- 
mars   1680,.  à  68  ax^s.  Mad.  d» 
Sévigné  dit    en  parlant   de   ses 
derniers  momens  :   «  Il  est  fort 
bien  disposé' pour  la  conscience  ^ 
mais  du  reste  c'est  la  maladie  et 
la  mort  de  son  voisin  dont  il  est 
question  ;   il  n'est  pas  effleurée 
Ce  n'est  pas  in uti tentent  qu'il  a 
fait  des  réflexions  toute  sa  vies 
il   s'est  approché  de  telle  sorte 
aux   derniers   moment  ,    qu'ils 
n'ont  rien  de  nouveau  ni  d'é-* 
trange  pour  lui.  »  On  trofive  à 
la  fm  des  Lettres  de  Mad.  d^ 
Maintenon  j    un    portrait  bien 
peint  du  duc  de  la   Rochefou^ 
cauld,  «  Il  avoit  une  physionomie 
heureuse ,  l'air  grand ,  beaucoup 
d'esprit ,  et  peu  de  savoir.  Il  étoit 
intrigant ,  souple ,  prévoyant  ;  j» 
n  ai  pas  connu  d'ami  plus  soJide^ 
plus  ouvert ,  ni  de  meilleur  con-v 
seil.  Il  aimoit  à  régner.  La  bra-» 
voure  personnelle  lui  paroissoilt 
une  folie  ,    et  à  peine  s'en  ca<^ 
choit-il  i   il  étoit  pourtant  fort 
brave.  Il  conserva  jusqu'à  la  mort 
la  vivacité  de  soii  esprit  qui  étoit 
toujours  fort  agréable  ,  quoiqut 
naturellement  sérieux.    ».  Huei 
nous  apprend  dans  ses  Mémoires, 
que  le  dilc  de  la  Rocke/oucauU 
refusa  toujours  de  preixdre  place 
à  l'académie  Françoise  ,    parca 
qu'il  étoit  timide  et  qu'il  crai-« 
gnoit  de  parler  en  public*  On  a 
de  lui  :  L  De$  Mémoires  de  U 
régence  d'Anne  d'Autriche ,  à 
Amsterdam t  (Trévoux)  ijiS, 
.2  vol.  ih-ta;  écrits  avec  l'énergie 
de  Tac/ie.  C'est  un  tableau  £tdellt 
de  eu  temps  orageux  ^  |i|emt{M( 


ROC 

ta  peintre  ^  avoit  été  luî-m^ni» 
acteur.  IL  Des  RéfiexioHs  et  c}eft 
'Maximes  ,  réimprimées  plusieurs 
fois  en  im  petit  vol.  in- 12.  Quoi- 
qu'il n'y  ait  presque  qu*ime  idée 
dans  ce  fivre  ,  vraie  à  certains 
égards  et  fausse  à  d'autres ,  qui 
est    que  l'Amour  propre  est  le 
mobile  de  tout ,  cependant  cette 
pensée  se  présente  sotistaat  d'as* 
pects  variés  qu'elle  est  presque 
toujours  piquante.  «  Ce  p^it  re* 
^aeil,  dàJt.VaUaire ,    écrit  avec 
eatte  finesse  et  cette  délicatesse 
5pii  donnent  tan^  de  prix  an  style  9 
Bccoutirnia  à  penser  ^   et  à  reis^ 
fermer  ses  pensées  dons.  Un  tour 
vif  e*»  précis..  Cétoit  im  mérita 
que   personne  n'avoit  eu  avant 
lui  en  Europe  depuis  la  renais- 
sance des  lettres.»  Lcspxrétendus 
gens  de  g^^ôut  recensèrent  dfe  don- 
ner dans  l'afFectation  et  dans  une 
subtilité  vicieuse;  mais  ces  gens 
de  goitt  avoient  bien  peu  d'esprih 
Le  t-eproc^ie  que  lui  a  faicFabbë^ 
Trublet ,  de  fatigner  par  le  tbati- 
genrent  des  matières  ,  par  le  peu 
d'ordre-  qui  règne  dans  ses  ré- 
flexions  et;  par  ruiiiforraité  du. 
style  y   paroît  mieux-  fondé.  Mais 
•n  a  remédié  en  partie  a  ces  in- 
tonvénieos^  du^  moins  à  celui  dii 
défaut  de  méthode ,  en  rangeant 
sous   certains  titres  p    dans    les" 
dernières   éditions,    les  pensées 
de  1  auteur  qui  ont  rapport  kiin 
même  objet.  «  Le  duc  de  la  Ho- 
ehefoiïcaiilt ,  dit  M.  P'afis sot  ùan^ 
ses  MéHioires  littéraires ,  ne  re-- 
eonnoissant  d'autre  molxlle  démos 
actions  quelamour  propre  y  spm 
lîwe^  e^t.  moins  l'histoire  que  la 
satire-  âi\  genre  humain»  Mais 
cette    satire   plaît  parce  quêUe 
flatte    la:   maûgnité  ,    et  parce 
qu'^e  dispense  de  Kadmisation^ 
pour  la  vertu ,  en  hii.  doonant 
avec  le  vice  un  principe  commua 
fipi  2ft  dépoitiUe   de  rhéroiistt» 


ROC 


3^^ 


qti*on  lai  suppose.  ï^le  pkit  paf 
le  Jtour  vif  et  précis  que  Fauteur 
à  su  donner  à  ses  pensées  ,  et 
parce  qu'en  effet  on  ne  peut  8« 
dissimuler  querkomuie^  observé 
dàBiS  les  grandes  villes ,  ne  soit 
un  être  infioimeiii  dépravé.  Maiii 
est-ce  un  effet  de  sa  coiistitutibit 
originelle  et  primitive,  ou.  plutôt 
celle  des  conventions  socialeë  f 
rhomme   est -il  né  foéchant  f 
nous  osons  croire  q|ue  non.  L'ob<« 
serva tenir  a  ixès*biea  caractérisé 
l'espèce  qtii  l^ntouroit  ;  mais,; 
placé   dans  une  condition  plu* 
commune'^    pins  simple  ,    plus 
rapprocher  de  la  nature,  il  eût 
vu  les  homnaes  d'un-  «eil  plus  in^ 
dulgenty  organisés,  non commo 
reniant  robuste  imaginé  par  Hob* 
hes  ,  mais'^aii  contraire  nés  ti<» 
mides  et  désenaés-,  plus  ibibleo 
c^ue  méchâns  ,  plus  dignes  ento 
de  compassion  qoe  de  haine,  m 
iPour  connoitre  comBien:  vdlolt 
le  dnc  de  la  B&ciiefimùauldi,,  il 
«y  a  qu'à  consulter  les  Lettres 
de  Madt  de  Sémgné,  Il  eut  plitw 
sieurs- eafans  de  son  mariage  eveo 
Andrée- de  Vivonner,  dame  de  les 
Chdttign^raie  »  morte  en  t&fù»^ 
«*-  Le   plus  connu  est  l'aîné-  ^ 
François  dto  de  là'  Ro€nxrot7^ 
€AU£D ,  vit*  dû  nom- ,  prince  do 
Marsillac,  grand  veneur  de  Fran**- 
ce  ^  grand  maStee  de  la  garde-» 
robe  dtt'  roi  •,    ehevaliep  de  se» 
ordres,  né  en  16^  et  iirort  ea- 
17 1 4»  LotftV  XIV  aimoit  Son  es» 
prît  et  estimoit  sa  probiltér  Apte» 
la  disgrâce  do  Lauzun ,  ce  prinoof 
iuioi&itlegoiiirernement  de  Berri 
dot|t  ee  favori  avoirëté  dépo^ttié». 
MarsUlae  k  refksa  d'abord ,  tn 
lui  disant.  :  Je  n)ifûù  point  ami 
de  M*  de  Laueunr>  fue  Vativ 
Majesté  mi  la  bonté  de  iuger  si 
fe  dois  accepter  ta  grâce  ^jt'ete- 
mefaii^  Le  ro»  intistq  et  le  forçft 
d'accepter 9  en  li»  conservant  mur 

Z4 


jfe        ROC 

pension    de    12,000  livre»  qu4l 
yoiiloit  remettre  entre  les  m^ins 
de  ce  monarque.  Loms  XIV.,  tou- 
ché de  son  désintéressement ,  dç 
•a  générosité ,  se  tourna  vers  ses 
ministres  ,  et  leur  dit  :  J'admire 
fa  différence  i   jamais   Lauznn 
p'açoit;  daigné  me  remercier  du 
gouvernement  de  BçrH  ;  et  voilà. 
un  homme  pénétré  de  reconHoisi- 
tance.   Un   jour   que  MarsiUac 
paroi^soJt  inqtrietou  sujet  de  ses 
luettes ,  ce  prince  lui  dit   :  Que 
nen\  pftrtez*^  vifus'  à  vos  amts  / 
Mot  qui   fut  accompagné   d'im 
4on  de  So^ooécus.  il  iui  écrivit 
,içe  billet  j  en  lui  annonçant; nhe 
grâce  importante  v  Je  me  réjouis ^ 
^omme  voire  ami  ,  de.  Ui  charge 
4^  grand  maUre  de  Ia  GarJe-^ote 
^ueje  vous  ai^donnéAcomme  votre 
Jioi.  Quelques  auteut-s  cmt  pré^ 
jtendu    qud.  Louis,  -X IV  ayapt 
nontré  ce  biliet  attduc  de  Mon- 
^Êfousier.,    ce  ^igneurle  lui   fît 
supprimer  ,  comme,  trop  spiri-^ 
tuel  ;  mais  d'autres  écrivains  ont 
loute^u  quM  avoit  été^ réellement 
-envoj^é.  Ce  pdace.',éçigèa  en  du- 
ché. Tau  1^79  ,  en  Éaveuc  dq  fils 
^é  du'duc  de./rt  Rochefoucauld, 
I«  terre  de  l^.Rocke.-Guyon  dans 
le  Vexin ,  qui  k'avoit  déjà  été  eu 
fi663  en  faveur  de.  Roger  4u  PLes^ 
^is ,  seigneur  de  Liançourt  et  prc:^ 
ttiergentilkomme  de  lo -chambre^ 
^ont  François  VI^  «yoit  épousé 
la   £11«   unique.    Elle,  s'appeloit 
Jeanne  CharJoUede  PLessis  Lian- 
^ourl,  et  mourut  en  1674,  C'est 
à  elle  que.  finit  J'ançienne  famille 
,^e   Plessis  lÀancourt  ,.  dont  là 
lucçesfion  pas^t  dans  la  maison 
^e  la  Rqçhe/ouçauldf, 

V  L  aOCHEFOUCAI^LÛ  , 

'(  N.  la  )  prélat  né  en  17 14  ,  de- 
yint  archevêque  d' AJbi  en  1747  , 
4^  Rpuen  en  1759  ,  cardinal  en 
^778 , député  aux  Etatsgénéraux 
#  y  89.  Il  çassédoiit  i'abfeajre  dt 


R  OC 

Cl  uni  5  et  unissait  la  bonté  Ai 
cœur  à  une  charité  active  «t 
à  tontes  les  vertus  épiscopale». 
Obligé  de  s'exiler  en  1792,1! 
est  mort  à  Munster  le  25  sep- 
tembre 1800.  Calme  au  milieu 
digs  disputés  ecclésiastiques  ,  dé- 
sintéressé ,  généreux  dans  irn 
•iècfe  d'é^ojsme  ,  il  rétablit  l'asile 
du  laboureur,  dota  des  hôpitaux, 
visita  les  prisons ,  et  donna  niême 
tJes  consolations  aux  malheureux 
qui  attendoiérit  dans  lès  fers  h 
pîunitionde  leurs  crimes.  Son  nom 
fat  en  bénédiction  dans  son  dia- 
cèse  çt  en  vénération  chez  l'é- 
tranger ,  témoin  de  son  cou- 
rage ,  de  sa  résignation  et  de  sh 
yerttisi 

YIL  ROCHEFOUCAUtD , 

(t'rançois- Joseph  de  la)  évêque 
de  Beanvais  et  pair  de  France^ 

.  dj^vintdéputédu.bailUagedeÇlec- 
mont.  eu   Bpauvoisis  aux  États 
|;énérâux  ^  et  y  défendit  les  prir 
viiégesydu  clergé.  Enfermé  aux 
Cajrmes  en   1792 ,  il  y  fut  masr 
sacré  ]ç  2  du  mois  de.  septembre  dp 
;lamêi^e  année. --Son  parent, 
Pitrrerrhouls  de  la   Rochefout 
ÇAULB,  évéque  de  Saintes  et  aussi 
député  à  l'assemblée  de  178g  ,se 
yendit    yoJontaîcenient .  priscoif 
Dier  a.n^  Carmes  ,   sans   qu'il  J 
«ût  ordre  de  l'arrêter^,  daps  l'in- 
ten^tion  de.  partager  Ifi.  inqiiiér 
jtudes  de.'ion   parefttet/de  Icis 
lidoucir-  Il  péri(t^yec  iui  le  mém^ 

jour.     -  .; .       '.     ;  : 

VIII.  rtOGHEFOUCAULD  , 

(  Louise  Alexandre  d\|c  de  la) 
•pafr  (fe  Çràâce,  élevé  art  milièâ 
«es  beaux  esprits  dé:  la" CHpitale, 
s'étoit.  montré  philosophe  Sfvrfnt 
la  révolution;  son  carae^tère  haï 
main  et-  sa  douceuc  Y  avaient 
rendu  cher  à  ses  vassauxv  Mefti- 
bre  de  l'asuerobléo  des  NotaWei; 
en.    1787  y  il  embrassa  hleiità^ 


ROC 

fprès  la  plupart  des  idc^es  poli- 
tiqnes  que   iaseemblée   Consti- 
tuante où  il  fut  appelé  vint  dér* 
Telopper  ;  il  y  parut  à  la  tribune 
pour  réclamer  la    liberté  de   la 
presse,  le  Veto  suspensif,  l'abo- 
lition des   moines.  Ses  discours 
étoient  froids ,  et  un  organe  peu 
Hatteurne  contribuoit  pas  à  les 
«limer.  Passionné  par    système 
pour  le  gouvernement   Anglois 
^ail  avoit   étudié  avec  soin  ,  il 
desiroit  l'établir  en  France  a^ô 
qnelques  modifications.  La  Ro-^ 
chefoucauld  devint  après  la  ses- 
'sion,  président  du  département 
de  Paris;  il  montra  dans  cette  ad-» 
niaistration  de  la  niodérati'on  e^ 
nne  grande  probité.' S'étant  pro- 
noncé contre  les  ëvénomens  du 
10  juin,  il  perdit  sa  popularité, 
et  chercha   a  se  soustroire  à  la 
haine  de  ses  ennemis  en  allant 
prendre  les  eaux  de  Forges  (  mais 
des  assassins  partis  de  Paris  pout> 
l'immoler ,  l'atteignirent  a  Gisors 
et  le  masisacr^anent  le  1 4  septem- 
bre 1791,  entre  les  bras  dç  sa 
femme  et  de  sa   mère  âgée  de 
93  ans.  Son    ancêtre ,    l'auteur 
des  Maximes,  s'étoit  engagé  dans 
fine  guerre  civile  contre  son  sou- 
verain ;  mais  ce  souverain  oublia 
tout,  et  la  Rochefoucauld  vécut 
tranquille   et  honoré.  Sqn   des- 
cendant,   après   avoir  pris   part 
aussi  à  la  guerre  intentée  à  l'au- 
torité   monarchique  ,   périt    au 
contraire  de  la  manière  la  plus 
cruelle   sous  les   coups  d'émis- 
Miçe»   furieux^  et,  comme  dit 
M.-  Suard ,    «  victime   de    cette 
révolution    qui    a    immolé    ses 
prin^;ipaux   chefs ,    parce    qu'ils 
2i'eurent  ni  assez  d'habileté  pour 
en  diriger  ie-coiirs,  ni  assez  4® 
lumièrei    pour    en    prévoir    les 
effets,  w  La  Rochefoucauld ,  tiiti- 
mement  lié  ^vec  Condùrcet,  et 
fD^eo^bra  de  l'aetUéfflie  des-âciui^ 


ROC 


î«« 


ees ,  présida  cette  compagnie  ea 
1784. 

ROCHE-GUILHEM ,  (M"* 
de  la  )  morte  au  commencement 
du  18*  siècle  ,  a  publié  divcrt 
romans  dont  plusieurs  ont  da 
l'intérêt,  Ce  sont  les  Aventures 
grenadines  ;  Arioviste  ,  roman 
ht^roïque  ;  Histoire  des  Favorites , 
çù  l'on  regrette  que  des  fictions 
soient  niélées  à  des  fai^s  vrtiisf 
Dernières  Œuvres  de  Ml'«  de  ta 
Jioche^Guiîhem ,  contenant  plu-^ 
^enrs  histoires  galantes. 

ROCHE-JACQUELIN» 

(N**  la)  surnommé  par  son 
parti  le  Héros  de  la  Vendée  ^ 
n'avoit  que  21  ans  lorsqu'il  se 
mit  à  la  tête  des  légions  insur-? 
gées  ,  après  avoir  été  arrach^ 
par  Stojflet  des  prisons  de  îîres-s 
suire  oii  il  étoit  depuis  long- 
temps détenu.  Au  mois  d'avril 
1793,  il  remporta  im  avantage 
à  Martigné  sur^  les  troupos  de  i» 
république  .  et  assura  ensuite  la 
gain  de  la  bataille  de  Saumur  qui 
dqra  trente-six  heures,  et  où  if 
blessa  d'un  coup  de  pistolet  le 
général  en  chef  Mennu,  Quelque 
temps  après ,  il  s'empara  du  poste 
important  de  BrisSiic  ,  de  la  ville 
de  Laval ,  et  après  la  déroute  de 
Chollot ,  il  coplribua  à  sauver 
les  débris  de  la  grande  armée 
Vendéenne.  La  Bochc-Jacquelin , 

flein  de  feu  et  de  courage  ,  idolà- 
ré  par  ses  soldats  qui  le  sui- 
voient  aveuglément,  livra  sa  der- 
nière bataille  à  Geste.  Le  com- 
bat fut  opiniâtre  et  aanj<2;lnnt  j 
ses  troupes  étoient  inférieures 
en  nombre;  il  fut  battu,  pour- 
■suivi,  et. tué  trois  jours  aprèf 
dans  une  escarmouche. 

-  ROCHEMORE,(Jean-Bap- 
tiste-Louis-Tiïpoléon,  marquit 
de  )  devkit  poëtei  pour  plaire  k 


^6%       ROC 

M*J*  Joumet^  célèbre  actrice  de 
rOpëra ,  qui  aimoit  les  vers.  Ses 
regrets  sur  la  mort  d'une  per— 
aonne  qu'il  chérissoit,  inspirent 
une  douce  mélancolie  et  rëmo- 
tion  de  la  tendresse.  11  iïiourut 
1743. 


ROCHES,  (des)  ro/.V.PA». 

TBENAT. 

BOCHETAILLÉE,  (Jeande) 
né  près  de  Lyon,  se  fit  cordo- 
lier,  et  obtint  de  la  rëputation^  par 
ses  prédications  en  1373.  II  atta- 
qua principalement  les  moeurs  du 
clergé,  et  comparoit  l'Eglise  à  un 
oiseau  qui ,  après  avoir  été  em- 
belli des  plumes  des  autres,  se 
fiavanoit ,  les  méprisoit  et  cher- 
boit  à  les  dépouiller  encore.  L'au- 
teur fut  poursuivi  par  la  haine 
et  devint  malheureux.  On  ignore 
le  temps  de  sa  mort. 

ROC  H  OIS,  (Matbilde) 
,  célèbre  actrice  de  l'Opéra  ,  née 
à  Caen  et  morte  en  1728  ,  aroit 
en  gottt ,  et  elle  donna  des  con-^ 
seils  utiles  à  LuUi,  dont  ses  ta- 
lens  pour  la  déclamation  firent 
mUoir  les  ouvrages. 

ROCHON  DB  Chabannes  , 

(Marc-*An  toi  ne-Jacques  )  mort 
à  Paris  le  »S  floréal  an  8  (i8oq) 
a  Tage  de  70  ans ,  consacra  ses 
talens  au  théâtre  et  y  ré  assit.  Il 
débtita  à  la  comédie  Italienne  par 
le  Deuil  Anglais ,  et  à  1* Opéra 
'  comique  par  une  pièce  intitulée 
les  Filles,  A  cette  époque  Saint^ 
foix  venoit  de  faire  représenter 
les  Hommes  aux  François,  et 
avoit  été  applaudi;  aussitôt  pa— 
ruinent  les  Femmes  aux  Italiens  et 
les  FïUes  à  l'Opéra  comique,  deux 

Ï'  >ièces  sans  intérêt  et  sans  cou— 
eur  ;  mais  comme  on  l'a  remar- 
qué, tout  succès  dans  la  capi- 
tale entraîne  toujours  à  sa  suite 
4e«  imitateurs  et  des  sottim.  B»« 


ROC 

chon  fut  plus  heureux  à  la  CCK 
médie  Françoise.  Il  y    donna  s 
L  Heureusement ,  petite   pièce 
jouée  en  1762.  Le  dialogue  en 
est  agréable  et  l'une  des  situiN 
tions  piquante  :  ce  sujet  est  tiré 
des  Contes  Moraux  ie  M^rmon-^ 
tel.  n.  La,  Manie  des  Arts  ,.1763. 
II L  Les  Valets  maîtres»  1763. 
Ces  deux  comédies  en    «n  acte 
sont  foibles  d'intrigves.  IV.Hybt 
et  Sylvie,  pastorale.  V.2>r^/nABf 
gtfttéreuxp   en  cinq  actes  et  ea 
prose ,   1774.    Cette  pièce  s'est 
soutenue  au  théâtre.  \L  Le  Ja- 
loux »  comédie  en  cinq  actes  et 
en  vers  libres,  1784.   Celîe-ct- 
tombée  à  la  première  représen- 
tation, fut  reprise  ensuite  averl 
plus  d^applaudissemens.  Tout  le 
nœud  est  formé  par  une  feromr 
travestie  en  homme  ;  l'action  ofire  | 
du  vide  ,  mais  des  détails  qui  phi-*  ^ 
sent.  Rochon  a  donné  quatre  prcH  | 
d notions  an    théâtre   L^iqne 
I.  Le  Seigneur  bienfaisant  »  1 780 . 
opéra  en  trois  actes.  Des  vei 
danges  an  premier,  un  inceiidia| 
an  second ,  nn  bal  au  troisièi 
le  firent  réi\ssin  et  la  beauté  desl 
décorations  et  des  tableaux  le  soih 
tinrent,  malgré  la  foiblesse  da 
cadre  et  un  slyle  trop  négligé  i\ 
la  musique  est  de  Flaque  t.  IL 
cindor  /opéra  en  trois  actes ,  joo^l 
en  1787,  et  dont  Dezède  a  £u(| 
les  airs.  III.  Le  Portrait,  ly^t* 
IV.  Enfin  les  Prétendus ,  opér»| 
en  un  acte,  représenté  en  1739,. 
et  que  l'excellente  musique  de^| 
Moine  faittoujoncseïitendre^^cc 
plaisir.  Le  Théâtre  de  Bochoit 
forme  2  vol.  in— 8^,  publiés  e»; 
1 786  ;  il  n  est  pas  camplet.  Ondoit 
an  même  auteur  quelques,  écrits 
en  prose  et  des  opuscules  en  ver^ 
Les  premiers  sont  intitulés  :  £a 
Noblesse  oisive ,  1706  ,  in-8®,  et 
Observations  sur^la  nécessité  é'na 
sacAnd  théâtra  £ran<^s,  x^So» 


ROC 

uv-ii.Les  seconds  sont  une  5a- 
lï'resur  les  hommes,  un  Discours 
ph'losophique  incité  de  Juvenal^ 
et  diverses  Pièces  fugitives  qui 
ont  paru  dans  VAlmanack  de$ 
Muses  et  autres  Journaux.  En 
{ënéral  ce  poète  a  plus  d'esprit 
que  d'imagination,  et  plus  de  Ik- 
cilité  que  de  ^oût. 

ROCOLET,  (Pierrt)  impri- 
meur du  roi ,  se  distingua  autant 
par  son  zèle  pour  le  monarque 
dans  les  troubles  de  lo  Fronde  oîi 
il  faillit  plusieurs  fois  à  périr  ^ 
^e  par  ses  éditions.  On  lui  doit 
celles  des  Œuvres  de  Bacon,  et 
\ Instruction,  pour  monter  à  ehe- 
ral  par  Phivùiel  avec  de  superbes 
fi|gures,  iSxj*  Louis  XllIàonaA 
ï  Rocolet,  le  5  octobre  1(41» 
Une  médaille  et  une  chaîne  d^or. 
'^  Voyez  Pluvinbl. 

RODE,  (Bernard)  président 
de  l'académie  des  Arts  à  Berlin  , 
iBort  le  24  juin  1797 ,  peignoit 
avec  succès  l'histoire,  et  décora 
fénéreusement  divers  temples  sans 
aucune  rétribution*  On  lui  doit 
^n  grand  nombre  de  gravures  k 
ïeau  forte. 

RODNEY ,  (  George-Bridge  ) 
célèbre  amiral  Anglais,  naquit 
•n  1718,  et  est  mort  en  i79'2» 
Il  se  distingua  principalement  dans 
^  guerre  d'Amérique,  vainquit 
deux  fois  les  £spagn<Js ,  et  rem- 
porta sur  la  flotte  Françoise  com- 
mandée par  M.  de  Grasse  une  vio-t 
toire  signalée  en  1781.  Ce  $ucoès 
lu  fit  obtenir  une  pairie  en  An- 
gleterre, 

ROË  ,  (Thomas)  ambassa* 
Jèur  d'Angleterre  auprès  du  grand 
Mogol  en  16 14  et  à  Constan- 
^nople  en  1620,  étoit  né  à 
«>wleyton  en  Essex  vers  i5So  , 
•t  mourut  en  1644.  U  futtrès- 
l^e  taux  négocions  de  son  pays  | 


RŒN        3«î 

par  le  crédit  dont  11  jouit  dana 
le  Levant.  Ses  Négociations  à  la 
Porte  ^  1740,  in-folio,  sont 
Utiles  à  ceux  qui  veulent  con^ 
noitre  la  puissance  Ottomane. 

nOÉLAS,  (Paul  de  Ins) 
peintre  Espagnol ,  élève  du  T{- 
tien,  mourut  à  Séville  sa  patrie, 
en  i520,  à  60  ans.  Son  dessin 
est  correct ,  son  coloris  vrai  ; 
et  Ton  estime  son  intelligence 
dans  la  composition ,  la  perspec-^ 
tive  et  l'anatomie. 

RŒNTGEN  ,  (N.)  célèbre 
artiste  Allemand ,  né  à  Neuvied', 
de  la  secte  des  Moraves  ,  a  porté 
Tébénisterie  au  plus  haut  point 
de  perfection.  Il  fut  appelé  en  Rus« 
sie ,  ou  le  palais  impérial  et  ceux 
de  plusieurs  grands  sont  ornés  de 
différens  chefs-d'œuvre  sortis  da 
ses  mains.  On  voit  sur«-tout  à 
l'Hermitage  beaucoup  de  meublct 
et  même  des  pendules  de  son  in- 
vention. Ces  ouvrages  sont  faits 
de  divers  bois  que  Rotntgent,  par 
une  préparation  particulière  a 
extrêmement    durcis    et    rendu 

Êropres  à  durer  long-temps.  R 
)s  a  en  même  temps  polis  avec 
une  telle  exactitude,  qu'on  n'a 
pas  besoin  de  les  frotter  pour 
les  conserver.  La  manière  dont 
ces  ouvrages  sont  exécutés ,  sui-* 
vant  M.  Castera ,  est  non  moins 
admirable  que  leur  inventif!.  On 
n'y  distingue  pas  le  moindre  as- 
sèttjblage,  et  on  croiroit  qu'ils 
ont  été  fondus  d'un  seul  jet. 
Quriques-uns  sbnt  garnis  ei^ 
bronze  travaillé  élégamment  , 
et  supérieurement  dorés;  d'au<^ 
très  ont  des  bas-reliefs  et  sont 
ornés  de  pierres  précieuses  on 
antiques.  Le  plus  parfait  peut-* 
être  de  ces  chefs-d'œuvre ,  est  un 
pupitre  dont  Catherine  II  a  fait 
présent  au  itfi^^uiis  de  raçftdémi« 
des  Sciencas  de  Pétersbourg*  JLi^ 


/ 


5^4 


R  O  E 


génie  de  l'artiste  a  déployé  dans 
cet  ouvrage  toute  sa  fécondité. 
En  l'ouvrant,  on  voit  sur. le  de- 
Tant  un  groupe  en  bronze,  qui, 
dès  qu'on  pressa?  légèrement  un 
ressort,  disparoit  r-t  est  rem- 
placé par  une  superbe  écritoire» 
dans  laquelle  son^  incrustées  des 
pierres  précieuse?.  L'espace  qui 
«e  trouve  au  dessus  de  l'écritoire  , 
est  destiné  à  renfermer  des  pa^ 
piers  de  cop  séquence  ou  de  l'ar- 
gent. La  main  téméraire  qui  vou- 
droit  se  porter  en  cet  endroit  se 
trahiroit  bientôt  elle-  même  :  car 
il  suffit  d'y  toucher  pour  faire 
entendre  la  musique  douce  et 
plaintive  d'une  or;:;ue  cachée  au^ 
dessous  du  pupitre.  Si  l'on  vent 
changer  la  tabie  à  écrire  eu 
pupitre  pour  lire ,  il  y  a  en  haut 
une  planche  qui  sort ,  et  à  l'ins- 
tant ce  pupitre  s'arrauge  de  la 
manière  la  plus  commode.  L'ar- 
tiste ne  demandoit  de  ce  buteau 
que  20,000  roubles;  mais  Cathe^ 
rine  II  crut  que  ce  prix  suffisoit 
à  peine  pour  en  payer  le*  travail , 
et  elle  y  ajouta  généreusement 
lin  présent  de  5^000  roubles, 
jRœntgen  est  mort  dans  ces  der- 
nières années. 

ROEÏTIERS,  (N**)  graveur 
du  roi,  membre  de  l'acadômie 
4e  Sculpture,  est  mort  à  Paris 
en  1784.  Il  se  rendit  célèbre  par 
la  pureté  de  son  trait  dans  la 
gravnre  des  ipédailieç  et  des  je-« 
tons. 

• 

IL  HOGëH  ou  Rogtbr, 

(  Pierre)  troufeadour,  chanoine 
d'Arles  et  de  Nîmes  ,  quitta  ses 
bénéfices  pour  aller  de  cour  en 
cour  jouer  les  comédies  qu'il  fai- 
soit  lui  — même.  Arrivé  chez  la 
comtesse  de  Foix  qu'il  célébra 
Sous  le  nom  de  Tornaves,  il  y 
devint  amoureux  de  Haguette  de 
Baujç  qui  ae  fut  point  cruelle. 


R  o  G 

Les  parens  de  cette  dame  le  hrent 
assassiner  vers  i33o. 

m.  ROGER  ^  (Ch<)rlds)  im- 
primeur  de  Paris  dans  le  16*  siè^ 
cle,  fut  à  la  tête  d'une  nom-' 
breuse  société  de  libraires  qui 
prit  le  nom  de  compagnie  da 
grand  Navire ,  parce  qu'ils  avoient 
pour  devise  'un  navire  en  tête 
des  ouvrages  qu'ils  publièrent, 
On  doit  particulièrement  à  Bo- 
ger  l'édition  de  la  Défense  det 
Religieux  par  ÏMsignan ,  et  dei 
Œuvres  de  Fhilon  b  Juif,  i588, 
in-8.« 

IV.  ROGER  ,  (  Joseph- 
Louis)  médecin,  né  à  Stras- 
bourg et  mort  en  1761 ,  a  publié' 
des  Dissertations .  latines  sur  ki 
continuelle  palpitation  des  fibres] 
muFculaires  ,  et  sur  les  effets  dtt* 
apn  et  de  la  musique  sur  le  cotçs 
humaint 

ROGERS,   (Christophe)  del 
la  Société  royale  de  Londres ,  et»! 
de  celle  des  Antiquaires,  est  mort,J 
dans  cette  ville  en  1784.  On  a 
de  lui   une    collection    de  cent 
douze    planches   imitant  le  des- 
sin,  avec   la    Fïe  des  Peintres, 
1778,   2  vol.  in~fol.  Ces  estam-^j 
pes  sont  d'après  les  tableaux  du 
cabinet  du  roi  d'Angleterre» 

ROGGERS  ,  <  Wood).| 
voyageur  Anglois,  partit  de  Bris- 
tol en  1708,  pour  aller  faire  dei 
prises  dans  la  mer  du  Sud  sur 
lés  Espagnols  ,  et  revint  aai 
duii^s  d'Angleterre  et»  octobre 
1711.  On  a  traduit  son  voyag». 
ei)  frangois,  Amsterdam,  1715, 
3  vol.  in-12;  il  passe  pour  vê« 
ridique. 

ROGGBWIN  ,  amiral  Rol- 
land ois ,  n  fait  des  découverte» 
dans  la  roer  du  Sud.  Parti  da. 
Tci^el  avec   trois  viaisseaux,  ^ 


R  O  H 

troova  Visie  de  Pâques ,  les  isles 
Pernicieuses,  les  isles  Aurore, 
le  Labyriiitlie  formé  de  six  isles  , 
st  celle  de  la  R.îcréation  ou  il 
relâcha.  Il  revint  au  Texel  le 
II  juillet  1723,  deux  ans  ap''ès 
son  départ ,  et  ne  survécut  que 
peu  d'années  à  ses  voyages. 

VII.  nOHAN-GUÉMENÉ , 

(  Louis- René -> Edouard  )    car- 
dinal, né  le  23  septembre  1734, 
Fat  d'abord  connu  sous  le  nom  de 
prince  L  >uis  ,  et  devint  succ(»s— 
sivement   évoque    de    Canople , 
évoque    de    Strasbourg  ,    grand 
aumônier  de  France,  et  l'un  des 
membres    de    l'académie    Fran- 
(Oise*  Son  goût  pour  les  plaisirs 
ne  lui  lit  négliger  ni  l'étude  ni 
tambition.  Nommé  ambassadeur 
à  Vienne ,  il  s'y  distingua  par  ses 
manières  aimables  et  sa  magni- 
ficence. Avec  une  belle  figure , 
un  esprit   facile ,   il   fut    moins 
eélèbre  par   ses  talens  que  par 
la  malheureuse  affaire  du  collier. 
Le  i5  août  1785  9  jour  de  la  fête 
de  la  reine ,  cette  princesse  vit 
irriver  près  d'elle  deux  joailliers 
qui  lui  demandèrent  seize  cent 
mille  livres  pour  le  prix  d'un  col- 
lier de  diaraans.   Elle  annonça 
aussitôt  quelle  navoit. point  vu 
ce  collier  ni  songé  à  son  acqui- 
lition.  Jjes  joailliers  déclarèrent 
fu'ils  l'avoiejit  rerais  au  cardinal 
•hargé   de    traiter   par  elle.  La 
reine  indignée  de  l'abus  de  sou 
nom  9  fit  ses  plaintes  au  roi  et 
demanda  justice  contre  ce  der- 
nier. Le  monarque  consulta  le 
garde  de?  sceaux  et  M.  de  Bre-* 
^uU  qui  furent  d'avis  qu  on  ar- 
rêtât sur-le-champ  le  cardinal; 
mais  la  reine  obtint  qu'il  fut  au- 
paravant interrogé.  Celui-ci  étant 
arrivé;  «avouez,  lui  dit  la  reine , 
•i  ce  n'ert  pas  la  première  fois 
^vûs  qaatr*  ans  quv  je  vous 


R  o  H 


3^Ç 


porIe«  »  Le  cardinal  en  convint 
et  annonça    qu'il    venoit   d'être 
trompé  par  une  intrigante  ap- 
pelée  la  Mothe.  En  sortant  du 
c.ibinet  du  roi  ^  il  fut  arrêté  et 
conduit   à  la  Bastille.    Au   pre- 
mier bruit  de  cette  détention  , 
le  .public  '  se    persuad'i    que    le 
cardinal  de  Rohan  avoit  adressé 
à  l'empereur  les  moyens  de  fairtî 
une  invasion  subite  en  Lorraine  ; 
mais  il  fut  bientôt  détrompé.  Le 
roi  fit  dire  au  prisonnier  de  pro- 
noncer lui-môme  sur  son  sort. 
Celui-ci  demanda  à  être  jugé  pr»r 
le  parlement.  La  femme  la  J\ïo^ 
the  qui  prenoit  le  surnom  de  Va^ 
lois  et  prétendoit  descendre  d'un 
fils  naturel  dé  Henri  II  ^  avoua 
dans  ses  interrogatoires  n'avoir 
jamais  été  présentée  à  la  reine. 
Il  fiit  prouvé  que  depuis  la  re*- 
mise  du  collier  entre  se&mains, 
elle  étoit  passée  subitement  de 
l'indigence  à   un  luxe  extrême, 
que    son    mari   avoit   vendu    à 
Londres   des    diamans  pour  des 
sommes  considérables ,  enfm  qu'à 
son  instigation ,  une  femme  nom- 
mée d'Oliva  avoit  joué  le  per- 
sonnage de   la  reine   en  parois- 
sant  à  minuit  dans  le    parc   de 
Versailles  ,  ou  elle  avoit  fait  ap- 
peler le  cardinal.  Le  parlement 
déchargea  celui-ci  de  toute  ac- 
cusation, mit  hors   de  cour  la 
d'Oltva  I  condamna  la  femme  la 
Mothe  à  la    marque   et  à  ime 
détention   perpétuelle  à  la  8al- 
pôtrière;   et   son  mari  aux'  ga- 
lères. Malgré  ce  jugement ,  Louis ^ 
Xf^I  et  son  épouse    ne  purent 
voir  de  bon.«il  auprès  d'eux  ce- 
lui qui    avoit   compromis   lenri- 
noms    dans    une   affaire   si   dé- 
sagréable. Le  cardinal  fut  privé 
de  la  dignité  de  grand  aumônier^ 
exilé  dans  l'abbaye  de  la  Chaises- 
Dieu  en   Auvergne,  et   ensuite 
dam  son  év<kh^  dft  Strasb •«(;£;. 


^€6       R  O  t 

£n  1789,  il.fiit  nommé  dëpnti 
da  clergé  dn  bailliage  de  Ha« 
guenau  aux  États  généraux,  ou 
il  prit  séance  au  mois  de  sep* 
tembre.  Les  chefs  du  parti  po- 
pulaire espéroient  que  par  esprit 
de  vengeance  contre  la  cour,  il 
£ivoriseroit  les  Innovations  con- 
tre le  clergé  ;  mais  le  cardinal 
s'éloigna  d'eux  ,  et.  qnitta  l'as- 
semblée  011  il  s'étoit  distingué 
par  sa  sagesse  et  sa  retenue.  Peu 
de  temps  apfês,  décrété  d'accu- 
sation comme  auteur  de  trou- 
bles survenus  dans  le  département 
dn  Rhin,  Bohan  se  retira  dans 
la  partie  de  sa  souveraineté  si- 
tuée en  Allemagne.  Il  s'y  montra 
exempt  de  fiel,  ami  des  pauvres , 
et  s'y  entoura  d'infortunés  qu'il 
soulagea.  Il  est  mort  à  £tten- 
heim  dans  la  nuit  du  17  février 
180 2.  Protecteur  éclairé  des  gens 
de  lettres,  il  nvoit  attaché  à  sa 
personne  l'abbé  te  Batteux»  Sa 
conversation  étoit  vive  et  en- 
jouée; il  parloit  de  tout  avec 
grâce  ;  et  si  sa  jeunesse  fut  mar- 
quée par  quelques  écarts ,  l'âge 
et  le  malheur  m&rirent  son  ame 
et  la  rendirent  douce  ,  bienfai- 
sante et  généreuse. 

AOIGNY^  (Jean  de)  gendre 
du  célèbre  imprimeur  Badius  As^ 
censianut  «  lui  succéda  dans  son 
imprimerie,  et  l'égala  dans  la 
beauté  et  la  correction  de  w* 
éditions,  au  16*  siècle. 

ROILLET  ,  (  Gabriel  )  ree- 
tenr  de  l'université  de  Paris  en 
i563,  est  auteur  de  plusieurs 
poésies  latines  et  françoises,  et 
d'une  mauvaise  tragédie  de  Phi- 
lanire  qui  n'en  a  pas«  moins  été 
imprimée. 

IL  ROLAND delaPlatière, 

(  J.  M.  )  né  à  Villefranche  près 
da  Lyon,  d'une  famiUa  distia- 


RÔC 

j^ée  dans  la  robe  par  son  ttttl>^ 
grité,  fut  le  dernier  de  cinq  frèrei 
restés  orphelins  et  sans  fortune. 
Pour  ne  point  prendre  l'état  eo 
clésiastiqne  comme  ses  aines, il 
abandonna  la  maison  paternelle 
à  l'âge  de  19  ans.  Seul ,  sans  ar-* 
gent,    sans  ptotection,  il  tra-^ 
Versa  à  pied  une  grande  partie  de 
la  France,  et  arriva   à  Nantes 
dans  l'intention  de  s'embarquef 
pour  les  Indes.  Un  armateur  ({ni 
s'intéressoit  à  sa  santé  etquifi- 
voit  vu  cracher  le  sang,  le  dé« 
tourna  de  ce  voyage.  Roland  vint 
à  Rouen,  entra  dans  l'adminis* 
tration    des    manufactures  ,  s) 
distingua  par  son  amour  ponrl'^ 
tude,  son  goût  pour  les  objeb 
économiques   et   commercianx  ^ 
et  obtint  en  récompense  de  sel 
travaux  la  place  d'inspecteur  gé« 
nëral   à  Amiens  ,   et   ensuite  à 
Lyon.  Après  avoir  voyagé  en  Ita-» 
lie ,  en  Suisse  et  en  diverses  aa-* 
très  contrées  ,  il    en    rapport! 
d'immenses    recherches    sur  lei 
arts,  et  en' profita  dans  les  on- 
vrages  qu'il  publia  et  qui  le  firent 
admettre  dans  un  grand  nombre 
de  sociétés  savantes.  Ses  ouvrages 
sont  :  I.  Mémoire  sur  l'éducatioii 
des  troupeaux  et  la  culture  del 
laines ,    1779  et  1783,  in-<'* 
II.  VArt  de  rimprimeur  d'étofti 
eh  laine ,  du  fabricant  dn  vetenn 
de   coton,   du    tonrbier,  etCt 
1780  et  1783.  Ce  gfand  inm 
fait  partie  dn  recueil  des  Arts 
mécaniques    publié   par  l'acadé- 
mie  des  Sciences.   IIL  Lettres 
écrites   de    Suisse,  d'Italie ^  de 
Sicile  et  de  Malte,    1782,  ^ 
vol.  in- 12  ,  réimprimées  en  TaA 
neuf.  Ces  lettres  sont  adressées 
à  celle  qu'il  épousa  bientôt  aprèsj 
et  sont  remplies  de  vues  utiles  et 
de  nottces  intéressantes  sur  Ici 
manufactures    de    divers  pays» 
quoique  trop  nittévf  de  cM^ 


R  OL 

iè  portes  Italiens  qui  attiédilsent 
h  style  loin  de  l'animer  et  de  l'em- 
bellir. IV.  Dictionnaire  des  Ma-" 
nufactures  et  des  Arts  qui  en  dé- 
pendent ,  trois  vol.  in-4.'^  Il  fait 
partie  de  l'Encyclopédie  mélho^ 
dique,  et  offre  un  flrand  nombre 
de  détails  approfoirais  et  de  pro-* 
cédés  nouveaux   dont   le  com- 
merce peut  profiter.  V.  Il  a  publié 
en  outre  lUie   foule  de  lettres  9 
d'opuscules,  de  rapports 'et  de 
temples   rendus  ,  lorsqu'il  par* 
vint  à  l'administration  publique. 
Ce  fut  en    1789  qu'il  fut  porté 
à  la  municipalité  de  Lyon.  Dé- 
puté par  cette  ville  pour  sollici- 
ter auprès  de  l'assemblée  Consti- 
tuante un  secours  de  40  millions 
qu'elle  devoit,  il  6t  connoissance 
a  Paris  avec  Brissot  dont  il  sui- 
vit bientôt  les  projets  et  les  idées. 
Nommé  ministre  de  l'intérieur 
au  moi^  de  mars  1792,  Roland 
tfFraya  la    cour  de  Louis  XV î 
Jmr   ses   maximes  républicaines 
tten  y  paroissantle  premier  avec 
des  cheveux   sans  poudre ,  des 
souliers  sans  boucles  et  un  cha^- 
pean  rond.  Forcé  par  le  monar*^ 
que  dont  il  excita  l'aversion  à 
quitter  le    ministère  ,    il    y  fut 
rappelé  par  l'assemblée  Législa- 
tive. En  accélérant  les  change- 
mens  dans  le  gouvernement  par 
•on  influence,  il  n'en  resta  pas 
moins  sévère  dans  ses  mœurs  et 
plein  de  probité.  Il  fut  porté  par 
«on  caractère. singulier  et  qui  ne 
fléchissoit  jamais,  à  des  innova- 
tions dont  il  ne  sentit  pas  d'a- 
bord tout  le  danger.  Si-tôt  qu'il 
**en  apperçut,  il  s'indigna  avec 
franchise  des  massacres   et   des 
crimes  commis  autour  de  lui.  Il 
chercha  à   arrêter  le    sang-  qui 
couloit  au  2  septembre  et   ré- 
clama avec  énergie  la  destitution 
âe  la  Commune  de  Paris  qui  fai- 
^oit  immoler  tant  de  victimas  ; 


R  OL 


î<5r 


Ihais  il  eut  beau  parler  avec  sa4 
gesse  dans  ses  lettres  au  dépar- 
tement, il  vit  combien  il  étoit 
difficile  de  contenir  le  peuple  lif- 
vré  aux  agitations  politiques.  Il 
reprit  un  peu  de  popularité  ea 
annonçant  la   découverte   d'une 
armoire  de  fer  dans  an  mur  da 
château  des  Tuileries,  et  d'un* 
foule  de  lettres  et  de  pièces  dont 
on  ne  put  rien  extraire  contre  W 
monarque.  On  lui  en  fit  alors  ua 
crime,  comme  ayant   soustrait 
celles  qui  pouvoient  compromets 
tre  ce  dernier.  Cédant  aux  orages  9 
aux  pamphlets  ,  aux  dénoncia- 
tions, Roland  donna  sa  démis-i 
sion  et  fut  bientôt  enveloppé  dans 
la  proscription  des  députés  de  la 
Gironde.   Des    émissaires    étant 
venus  pour  l'arrêter  le  soir  da 
3i  mai,  il  trouva  le  moyen  d« 
s'enfuir   et   d'aller  se   cacher  k 
Konen.   Là ,  il   apprit   que    sa 
femme  venoit  de  périr  sur  fécha^ 
faud.  Dans  son  désespoir  extrême 
il  assembla  ses  amis  et  les  obli>« 
gea  de  délibérer  avec  lui  sur  la 
genre  de  mort  qu'il  devoit  choi- 
sir. «  Deux  projets  furent  dis- 
cutés^ dit  un  écrivain;  suivant 
le    premier  ,   Roland  devoit  sa 
rendre  incognito  k  Paris,  se  |e« 
ter  au  milieu  de  la  Convention  9 
lui  faire  entendre  des  vérités  utK 
les ,  et  lui  demander  ensuite  de 
le  faire  mourir  sur  la  place  où  l'on 
venoit   d'assassiner  son  épouse- 
L'autre  projet  étoit  de  se  retirer 
à  quelques  lieues  de  Rouen  et  da 
se  donner  lui-niéme  la  mort.  Ro" 
laad  considérant  que  son  supplice 
entraineroit  la  confiscation  de  set 
biens  et  réduiroit  ainsi  sa  fille  à 
la  misère ,  préféra  s'arracher  la 
vie  de  ses  propres  mains.  Il  de** 
manda  une  plume^,  et  écrivit  un 
demi  — quart  d'heure,  prit  une 
canne  a  épée  et  donna  les  deri-« 
Biars  embrassamans  à  %%%  amis» 


%èî      ti  o  t. 

Il  étoit  six  heures  dn  soîr  au 
iS  novembre  1793,  quand  Bo- 
land  sortit  de  son  asile;  il  siûvit 
la  route  de  Paris,  et  lorsqu'il  fut 
au  botir^  de  Baudoin  à  quatre 
Îieu/'S  ei.viron  de  Rouen ,  il  en- 
tra dans  une  avenue  qui  conduit 
k  la  maison  de  M.  le  Normand , 
s'assit  contre  un  arbre  et  se  perça 
le  cœur.  Sa  mort  fut  prompte 
sans  doute;  il  la  teçut  si  paisi- 
blement qu'd  ne  chan^'^a  pas  d'at- 
titude, et  que  le  lendemain  les 
passans  crurent  qu'il  ctoit  endor- 
Ini.  On  trouva  sur  lui  le  billet  qu'il 
avoit  écrit  quelques  instnns  aupa- 
ravant et  qui  éloit  ainsi  conçu  : 
«  Qui  que  tu  sois ,  qui  ftie  trou- 
ves gissant,  respectes  jnes  restes; 
ce  sont  ceux  d'un  homme  qui 
consacra  toute  sa  vie  à  être  utile, 
et  qui  est  mort  comme  il  a  vécu , 
Vertueux  et  honnête.  Puis  enfc 
mes  concitoyens  prendre  des  sen- 
timens  plus  doux  et  plus  hu- 
mains !  Le  sang  qui  coule  par 
torrens  dans  ma  patrie  me  dicte 
Cet  avis.  Non  la  crainte,  mais 
l'iiitli^nafion  m'a  fait  quitter  ma 
retraite  î  au  mome'nt  où  j'ai  appris 
qu'on  nvoit  ép^orgé  ma  femme, 
je  n'ai  pas  voulu  rester  plus  long- 
temps sur  une  terre  souillée  de 
crimes.  «  Tel  est  le  portrait  que 
cell3— ci  en  a  tra'^é  d.uis  Sf^s  Mé- 
moires. «Lorsque  M.  Roland  se 
présenta  à  moi,  dit- elle,  c'étoit 
tm  homme  de  quarante  et  quel- 
ques années ,  haut  de  stature  , 
tiégligé  dans  soii  attitude ,  avec 
Cett^  espèce  de  roideur  qive  donne 
Thahitude  du  cabinet;  mais  ses 
manières  étoient  simples  et  fa- 
ciles; et  sans  avoir  le  fl'^nri  du 
monde  ^  elles  allioi'^nt  la  poli- 
tesse ileThomme  bi^n  né  à  la  gra- 
vité du  philosophe,  tïo  la  mai- 
^eur,  le  teint  accidentellement 
jaun^ .  le  front  déjà  peu  garni 
4ic  clroveax  et  tràs  -  découvert  9 


R  o  L 

n'aïtéroienl  point  des  traits  régii-i 
licrs,  mais  les  rendoient  plus  res- 
pectables que  séduisàns;  sa  voix 
étoit  mâle  ,  son  parler  bref, 
comme  celui  d'un  homme  qui 
H'auroit  pas  la  respiration  très- 
longue  ;  soa  discours  plein  de 
(îhoses,  parcfe  que  sa  tête  étoit 
remplie  d'id '«es  ,  occnpoit  l'es- 
prit plus  qu'il  ne  flattoit  rorelDe; 
sa  diction  étoit  quelquefois  pi- 
quante, riiais  revécbe  et  sans 
harmonie.  »  Roland  aimoit  à 
obliger  ses  amis  sans  le  leiir 
dire  :  mais  l'irascibilité  de  son 
caractère  et  son  opiniâtreté  dans 
la  discussion  lui  firent  un  plus 
grand  nombre  d'ennemis  qu'il 
n'en  méritât.  Avec  une  profonde 
érudition  ^  la  connoissance  dei 
langues  savarites  et  de  la  plu- 
part des  iuodernes,  il  puisoit tou- 
jours da::s  l'histoire  ancienne  se» 
citations  et  ses  exemples  ;  et 
mourut  lui-même  comme  pln- 
sieui's  de  ces  tlomains  qu'il  citoit 
Sans  cezsci 

ÎIL  liOLAKD  ,  (MarJe- 
Jeanne  Phlipon  )  , femme  du  pré- 
cédent, naquit  à  Paris  en  1764 
d'un  graveur  distingué  dans  sa 
{îrofessîon  ,  mais  dont  la  dissi- 
pation di'truisitla  fortune.  Elevât 
au  sein  des  beaux  arts,  entourée 
de  livres,  de  tableaux,  de  mu* 
Sique,  elle  devint  savante,  ma* 
sicienne ,  et  se  connoissoit  enpein^ 
ture.  Dès  Tàge  de  neuf  ans  elll 
voulut  analyser  Plutar{lue»  En 
1780  ,  Rolaiid  inspecteur  dci 
m  an  11  far  titres,  enchanté  de  son 
espî'it,  lui  adressa  ses  Lettres  sur 
t'Itulie  et  lui  offrit  de  s'attachec 
à  son  soft  ;  en  effet  elle  réponse 
et  le  snivit  à  Amiens  où  ehst 
livra  à  l'étude  de  la  botani^s» 
et  y  acquit  de»  conneissancef 
assez  étendues.  Un  voyage  qu'elle 
.fît  en  Anjîiterre  et  en  Suisse  htt 

dcnna 


R  O  L 

ddnna  le  goût  de  la  politique, 
elle  analysa  l'esprit  de  ces  deiijc 
gouvernemens ,  et  se  passionna 
poar  les  principes  de  liberté  qui 
eh  faisoient  la  base.  Au  moment  de 
la  révolution  Françoise  ,  elle  crut 
pouvoir  en  faire  Tapplication  au 
nôtre,  et   ût  partager  ses  opi- 
nions à  son  époux.  Celui-ci  avoit 
été  nommé  inspecteur   des  ma- 
nufactures   à   Lyon  ,   et  député 
près  de  l'assemblée  Constituante 
pour  en  obtenir  un  secours  né- 
cessaire au  payement  des   detteâ 
de  cette  grande  ville.  Mad.  J3o- 
land  se  plut  à  recevoir  chez  elle 
hs  chefs  du  parti  populaire  et  les 
députés  les  plus  marquans  de  la 
Gironde.    Brissot ,    Barbaroux  , 
Louve t  ,   Clavier e ,    Vergniaux  , 
y  furent  admis.  Elle  devint  lame 
de  leurs  délibérations  et  la  puis^ 
sance  secrète  qui  dirigea  la  France» 
Lorsque  Roland  parvint  au  mi- 
nistère, on  lui  attribua  la  plus 
grande  partie  de  ses  travaux  ;  et 
brsqiîe^elui-ci  fut   prié  par  la 
Convention  de  ne  point  ahandon- 
Jier  ses  fonctions,  Danton  s'é- 
cria :  Si  l'on  fait  une  invitation 
à  Monsieur" ,  il  en  faut  aussi  faire 
itne  à  Madame,  Je  connois  tou- 
tes les   vertus  du  ministre^  mais 
nous  a\fons  besoin  d'hommes  qui 
voient  autrement   que   par  leurs 
femmes, "Le y  décembre;  179a,  elle 
parut  à  la  bnrre  de  la  Convention 
pour  repousser    une  •  dénoncia- 
tion ,  et  y  parla  avec  autant  de 
noblesse   que    de    facilité   et   de 
Çraces.  Quand  son  mari  eut  en- 
couru la  proscription ,  Mad.  flo- 
l^nd  espéra    rester  à  Paris  sans 
danger;  mais  bientôt  arrêtée  et 
"lise  à   Sainte -Pélagie,    elle  y 
p3ssa  cinq  mois  à  consoler  ses 
compngnons  d'infortune  et  à  leur 
niontrer  par  son  exemple   avec 
^«el  Courage  on  devbit  suppor- 
.t«tle  choc  des  révolutions.  Ac«* 

SWl.    Tçmc  III. 


R  O  L        3«^ 

cusée  d'avoir  partagé  les  senti-^ 
mens  des  Girondins,  elle  se  vit 
sans  effroi  condamnée  à  partage]! 
leur  sort.  Lorsqu'on  la  conduisit 
au  supplice,  elle  conserva  assez  de 
gaieté  pour  faire  sourire  une  au-« 
tre  victime  assise  à  ses  côtés.  Ar-* 
rivée  sur  la  place  de  la  Révolu-^ 
tion,  elle  à'inclina  devant  la  sta- 
tue de  la  liberté ,  en   s  écriant  ;; 
O    ttberté  ,    que  de    crimes   om 
commet  en  ton  nom  /  Décapitée 
le  8  novembre  1793 ,  à  l'âge  de 
41  ans  ,  elle  avoit  annoncé  en 
mourant  que  son  mari  ne  lui  sur-< 
vivroit  pas  et  qu'il   termineroit 
son  existence   en   apprenant  sa 
mort  :  elle   ne    se  trompa   pas, 
,  Douée  d'une  imagination  vive^ 
d'un  cœur  sensible,  sa   conver- 
sation et  ses  écrits  prirent  un  ca- 
ractère de  philosophie  sentimen- 
tale qui  en  fit  le  charme  :  «  Cette 
philosophie  ,   dit    un   écrjivain  , 
étoit   devenue    un   dédommage^ 
nient  des  plaisirs  et  des  jouis- 
sances que  sa  naissance  obscure 
et  sa  fortune  lui  avoient  refusés. 
Il  est  probable  qxie  placée  dang 
un    rang  plus  élevé  ,  <  dans  une 
carrière  plus  brillante ,  elle  se  fïit 
contentée  d'être  une  femme   ai-, 
mable  ;  mais  mécontente  de   la 
sphère    étroite   que    le    sort  lui 
avoit  assignée,  elle  se  fit  écri*- 
vain  et  philosophe.»  Ses  Opus-m 
cules  traitent  de  la  mélancolie,  de 
l'ame  ,  de  la  morale,  de  la  vieil- 
lesse, de  l'amitié,  de  l'amcur, 
de  la  retraite  ,   de    Socrale,   lis 
sont  réunis,  ainsi  que  son  Voyage 
en  Angleterre  et  en  Suisse  ,  aux 
Mémoires  qu'elle  a  écrits  en  pri-* 
son  sur  sa  vie  privée,  son  arres- 
tation et  le  ministère  de  son  mari. 
Ces  Mémoires  publiés  par  M.  ^tf 
Ckampagneux  en  1800,  forment 
3  vol.  in-S.^'Lpstyledellid.  Ho-« 
land    est    souvent    éi.e^que   et 
fort,  quelquefois  incorrect ,  tou^ 

Aa 


370        K  6  L 

jours  agréable.  Il  acquiert  de  la 
chaleur  lorsqu'elle  peint  les  pas- 
dons  ou  les  événemens  dont  elle 
fut  témoin  et  qui*  l'entrainèrent 
à  sa  perte.  Les  portraits  qu'elle 
traoe  des  personnages  sont  ra- 
pides, d'un  coloris  vif;  souvent 
elle  peint  d  un  trait.  Mad.  Bo- 
land ,  sans  être  belle  y  avoit  une 
figure  douce  et  naïve  ;  de  grands 
y^ux  noirs  plenis  d'expression  et 
d'esprit  animoient  une  physiono-^ 
mie  peu  régulière;  sa  voix  étoit 
sonore  et  flexible  ;  son  entretien 
Q^tachant ,  semé  d'anecdotes  et 
de  réflexions  neuves  et  flatteuses 
qui  séduisoiout.  l'auditeur  ;  le 
meilleur  choix  de  termes  en  fai<- 
soit  le  charme.  Aussi  un  homme 
de  lettres  distingué ,  qui  avoit 
voyagé  avec  elle  sans  laconnoitre, 
disoit  à  son  sujet  :  On  n'a  jamais 
entendu  une  femme  parler  aussi 
hien  ,  ni  même  un  homme.  Avec  la 
finesse  propre  à  son  sexe  et  une 
grande  perspicacité  ^  elle  étoit  at- 
tentive à  ne  point  fatiguer  l'or- 
gueil de  son  époux  et  à  lui  cacher 
souvent  une  partie  de  son  esprit 
pour  ne  point  lui  paroître  trop 
supérieure.  Son  amour  prononcé 
pour  la  république  et  trop  de 
penchant  à  la  satire  lui  attirèrent 
de  nombreux  ennemis.  L'agré- 
ment de  son  esprit  quoique  pré- 
dominant et  la  variété  de  ses  con- 
naissances,  lui  procurèrent  des 
admirateurs.  La  pureté  de  ses 
mœurs ,  ses  vertus  domestiques , 
dévoient  la  rendre  heureuse;  mais 
elle  sacrifia  son  bonheur  pour 
accroître  sa  célébrité.   , 

.  IV.  ROLAND  d'Ercevîlle  , 
(B.  G.)  président  au  parlement 
de  Paris ,  réunit  à  l'étude  du  droit 
celle  de  l'histoire  et  des  belles— 
lettres.  On  lui  doit  plusieurs  ou- 
"vrages  dont  le  mérite  et  l'intérêt 
ne  le  sauvèrent  pas  de  la  pros— 


Rôt 

cription  de  179*4.  II  périt  sur  fé- 
chafaud  révolutionnaire  le  zo avril 
de  cette  année,  à  l'âge  de  64  anst 
Ses  écrits  sont  :  I.  Lettre  à  Tabbé 
Velly  sur  lautorité  des  états  en 
France,  1766,  in— 12.  II.  Dis- 
cours sur  les  Jésuites  vivans  dans 
le     monde    en     habit     séculier* 

« 

III.  Compte  rendu  des  interroga- 
toires subis  par -devant  Areensott 
au  commencement  du  i8*siècle, 
par  divers  prisonniers  détenus  à 
la  Bastille  ou  à  Vincennes,  1766, 
in— 4.**  'IV.  Dissertations  sur  la 
question  si  les-  inscriptions  doi- 
vent être  rédigées  en  François  oa 
en  latin  ,  1782  ,  .  in  -  8.»  Elle  a 
été.  réimprimée  deuj^  ans  après. 
V.  Plan  d'éducation  ,  1784, 
in-8.0  VI.  Recherches  sur  les 
prérogatives  des  femmes  chez  lej 
Gaulois,  les  cours  d'amour,  etc., 
1 787  ,  in— 1 2.  VIL  Discours  pro- 
noncé à  l'académie  d'Orléans, 
1788,  in-l^°  Roland  fut  chargé 
par  le  parlement  en  1 762  de  l'exé-» 
cution  des  arrêts  ordonnant  l'ex- 
pulsion des  Jésuites  ,  et  d'ins- 
taller l'université  dans  le  collège 
de  Louis-le-Grand  ;  ce  qui  lui 
procura  quelques  ennemis. 

•ROLDAN  ,  (  Louise  )  fille 
d'un  sculpteur  de  Séville,  mortt 
à  Madrid  à  5o  ans  en  1704 , 
cultiva  avec  succès  l'art  de  son 
père. 

I L  ROLLE  ,  (  Jean  -  Henri) 
musicien  Allemand^  a  publié  des 
compositions  pleines  de  fen  et 
qui  mériteroient  d'être  plus  cod- 
nuos.  On  distingue  sur-tout  son 
Oratorio  sur  la  Mort  d'Abelt  et 
celui  S  Abraham  sur  la  montage» 
11  est  mort  en  1787  à  Magde- 
bourg. 

ROMANZOFF  ,  (  N.  mt^ 
chai  de  )  célèbre  général  an  ser- 
vice de  Catherine  II  impciatrice 


ROM 

âd  Russie  ,  fut  le  soutien  de  sa 
puissance    et    le  vainqueur   des 
Ottomans.  Il  quitta  en  1770  le 
commandement  des   armées   de 
l'Ukraine    pour    marcher   con— 
tr'eux  ,  et  il  assura  le  triomphe 
des  Moscovites  par  deux  batailles 
décisives.  La  première  se  donna 
sur  les  rives  du  Pruth  ;  les  Turcs 
commandés  paip  le  kan  de  Cri- 
mée ,  au  nombre  de  quatre  -  vingt 
mille  hommes,  furent  forcés  dans 
Jenrs  retranchemens  et  se  retirè- 
rent vers  le  Danube  ;  la  victoire 
de  Kagoul   acheva  leur  défaite. 
Le  combat  se  livra  au  mois  de 
juillet.  Cent  cinquante  mille  en- 
nemis avoient  enveloppé  Roman^ 
zoff  qui  navoit  à  leur  opposer 
que  dix-huit  mille  Russes.  Ceux- 
<:i  attaqués  de  tontes  parts  péris- 
soient  sous  le  canon  et  la  mous- 
queterie  ,   lorsque    leur  général 
ordonna  de  fondre  sur  les  Mu- 
sulmans  la  baïonnette  au  bout 
du  fusil.  Le  nombre  céda  alors 
k  l'intelligence  et  à  la  discipline. 
JLes  bataillons  carrés  des  Russes 
firent  un  carnage   affreux  ;   les 
Turcs  laissèrent  1009000  hommes 
sur  le  champ  de  bataille  ,  et  le 
reste  entraîna  le  grand  visir  dans 
sa  fuite.  L'impératrice  fit  élever 
un  obélisque  en  marbre  à  Tzars— 
ko-Zelo  9  pour  consacrer  le  sou- 
•  venir  de  cette  grande  victoire  9 
qui  amenala  reddition  de  Bender 
et  d'un  grand   nombre  d'autres 
places   importantes.    Romanzoff 
▼oulut  assurer  par  les  négocia- 
tions le  fruit  de  ses  victoires  ; 
des  conférences  pour  la  paix  s'ou- 
vrirent entre  lui  et  le  grand  visir 
Mussum-Oglou.  Ces  deux  guer- 
riers qui  avoient  appris  à  estimer 
mutuellement  leur  courage  ,   se 
donnèrent  des  marques  respec- 
tives d'estime  et  de  bienveillance  ; 
mais  les  prétentions  de  la  cour 
^  ilus$iç  étant  Ci^lrûmcç  j  c«s 


ROM        Î7X 


-'^ 


confirences  furent  infructueuses» 
Jiomanzoff  passa  de  nouveau  le 
Danube  ,  repoussa  sans  cesse  le» 
Turès  et  s'avança  ver»  vSchumla 
où  le  grand  visir  s'étoit  campé 
et  ou  il  le  trouva  très-écafté  des 
autres  corps  d'armée.  Le  maré- 
chal remarquant  le  désavantage 
de  cette  position  ,  l'environna  si 
bien  qu'il  l'empêcha  de  communi- 
quer même  avec  ses  magasins.  Le 
visir  lifemanda  la  paix.  Les  prélimi- 
naires en  furent  signés  sur  wjx, 
tambour  par  Roman  zoff  y  au  mois 
de  juillet  1774.  Ce  traité  accordîi 
à  la  Russie  la  libre  navigation 
sur  là  mer  Noire  et  le  passage 
par  le  canal  des  Dardanelles  ;  eli'o 
garda  Azoph  et  quelques  autres 
places  ,  et  l'indépendance  de  ïa 
Crimée  fut  reconnue.  Romanzoff 
releva  par  sa  modestie  l'éclat  de 
ses  victoires.  11  ne  voulut  point 
partager  avec  l'impératrice  les 
honneurs  d'une  entrée  triom- 
phante qu'on  avoit  préparée  pour 
elle  à  Moscow  en  1775  ,  et  il 
ne  parut  devant  Catherine  qu'en, 
simple  soldat  ,  venant  rendre 
compte  de  ses  actions.  Il  reçut  , 
d'elle  une  terre  avec  cinq  mille 
paysans ,  une  épaulette  en  dia-« 
nians  9  l'ordre  de  Saint  -  George 
et  un  chapeau  auquel  étoit  atta- 
chée une  branche  de  laurier  en 
pierres  précieuses  estimées  trente 
mille  roubles.  Il  partit  bientôt 
pour  son  gouvernement  d'U- 
kraine ;  mais  Catherine  l'en  fit 
revenir  pour  accompagner  à  Ber-* 
lin  le  grand  duc  Paul  Petrowitt 
qui  y  alloit  épouser  la  princesse 
de  Wirtemberg.  «  Ce  n'est ,  lui 
dit— elle  ,  qu'au  zèle  du  phis  il- 
lustre appui  de  mon  trône  que 
je  puis  me  résoudre  à  confier  mou 
fils.  »  Lorsque  le  roi  de  Prusse 
apperçut  le  maréchal ,  il  s'avança 
vers  lui  en  lui  adressant  ces  mots  : 
5îY«iUi(XUCur  des  Ottomans ,  soj'eai 

Aa  X 


^ 


57Ï        ROM 

le  bienvenu  ;  je  suis  charmé  de 
voir  celui  dont  le  nom  doit  passer 
à  la  poâ^rité  la  plus  reculée.  » 
Dans  les  fêtes  données  au  grand 
.  duc ,  celle  qui  dut  Aatter  le  plus 
^omanxoff ,  fut  la  manœuvre  de 
la  garnison  de  Potsdam  ,  rangée 
en  bataillons  carrés  ,  à  l'imita- 
tion des  Russes  à  la  sanglante 
bataille  de  Kagoul.  Lorsque  la 
.guerre  se  réveilla  en  17 8^ entre 
la  Rqssie  et  la  Porte  Ottomane  9 
"Romanzoff  à  qui  Ton  offrit  le 
commandement  de  l'armée  de 
moitié  avec  le  prince  Potemkin  , 
voyant  qu'il  deviendroit  le  .*;ibor- 
donné  de  ce  favori  9  s'excusa  5ur 
son  grand  âge ,  demanda  sa  re- 
traite et  l'obtint.  Il  mourut  quel- 
que temps  après  ,  respecté  des 
B.iis«es  et  des  puissances  étran- 
gères ,  et  laissant  après  lui  la  ré- 
putation de  l'un  des  plus  grands 
.généraux  du  siècle. 

ROMAS,  (N.  de)  de  l'aca- 
démie des  Sciences  de  Bordeaux 
et  correspondant  de  ceile  de  Pa- 
ris 9  lieutf?nant  assesseur  du  pré- 
'  .  sidial  de  Nérac  sa  patrie ,  mourut 
dans  cette  ville  en  1776,  âgé 
d'environ  soixante  et  dix  ans.  Il 
passe  pour  l'inventeur  du  cerf- 
volant  électrique.  Romas  en  fit 
l'essai  à  Nérac,  en  mai  1753  ;  et 
cet  essai  réussit.  Franklin  l'avoit 
tenté  à  Philadelphie,  l'année  pré- 
cédente ,  avec  moins  de  succès 
et  d'appareil  ;  et  c'est  ce  que  jRo- 
mas  ignoroit.  Ainsi  on  peut  le 
'  regarder  ,  du  moins  en  France , 
comme  auteur  de  cette  décou- 
verte. Nous  avons  de  lui  :  I.  Di- 
verses Dissertations  sur  l'électri- 
cité ,  dans  les  tomes  2  et  4  des 
Mémoires  présentés  par  les  étran- 
gers à  l'académie  des  Sciences  de 
Paris.  II.  Mémoire  sur  le^  moyens 
de,  se  garantir  de  la  foudre  dans 
fei  maisons ,  suivi  d'uiiq  LcUre 


ROM 

sur  les  cerf-volans  électriques  >' 
Bordeaux 9  i77Ç,in-i2.  Cette 
brochure  renferme  quelques  ob- 
servationscurieuses.Êileestécritft 
comme  tous  les  ouvrages  de  Bo- 
mas ,  avec  clarté  ;  mais  avec  pro-* 
lixité  et  sans  correction.  Cétoit 
un  homme  presque  nul  en  lit- 
térature. II  étoit  né  avec  des  dis- 
positions plus  heureuses  pour  les 
sciences  exactes  et  pour  la  mé- 
canique. On  lui  reprochoit  la 
haute  opinion  qu'il  avoit  de  ses 
connoissances,  d  autant  plus  qu'il 
ne  la  cachoit  pas.  II  soufiroit  dif- 
ficilement la  contradiction  ,fliême 
dans  les  choses  qu*il  n  avoit  pai 
approfondies  ,  et  se  prévenoit  ai- 
sément ;  d'ailleurs  bon  époux, 
excellent  citoyen  9  magistrat  éclai- 
ré et  équitable  9  et  homme  offi- 
cieux. 

ROME  DE  lIsle,  (Jean- 
Baptiste— Louis)  né  à  Gray  en 
Franche-Comté  9  au  mois  d'août 
1736  9  s'appliqua  dès  sa  ieuness* 
aux  observations  sur  l'Histoire 
naturelle  et  la  Minéralogie.  Il  ac- 
quit bientôt  dans  cette  dernière 
science  une  célébrité  que  ses  dé- 
couvertes et  ses  écrits  lui  roéri- 
tèrent.  Ceux-ci  sont  :  I.  Lettre  à 
M.  Bertrand  sur  les  polypes  d'eau 
douce,  1766  ,  in- 12.  II.  Des  Ctf- 
talogues  raisonnes  de  plusieurs 
riches  collections  de  minéraux, 
de'  cristallisations  et  de  madré- 
pores. On  distingue  sur  — tout 
celui  du  cabinet  deDavila  ,  1767, 

3  vol.  in-8.0  III.  V Action  dujeu, 
central  banni  de  la  surface  du. 
^lohe  ,  et  le  Soleil  rétabli  dans 
ses  droits ,  1779  et  1781  9  in-8.* 
IV.    Chris tallographie  ,    1788, 

4  vol.  in-8."  L'auteur  y  donne 
la  description  des  formes  propres 
à  tous  les  corps  du  règne  mi- 
norai 9  dans  l'étîtt  «le  combinaison 
sûliiie  ,  piejrreuse  et  métalh^uci 


ROM 

livee  des  figures  et  des  tableaux 
ée  tons  les  cristaux  connus  et 
classés  d  après  le  nombre  et  la 
disposition  de  leurs  angles.  Il  pré- 
tend que  choque  espèce  du  rb^ne 
minéral  prend  toujours  une  forme 
polyèdre  ,  régulière  ,  constante , 
et  qui  lui  est  particulière.  Ce 
système  a  été  attaqué  par  plu- 
sieurs naturalistes;  Ton vrage  n'en 
offre  pas  moins  les  recherches  les 
pins  laborieuses  j  et  l'exemple 
d'une  sagacité  peu  commune. 
Y.  Des  Caractères  extéritnirs  des 
Minéraux  ,1784,  in-8."  VI. Mé^ 
Irologie  ou  Tablas  pour  servir  à 
rintelligence  des  poids  et  des  me- 
sures des  anciens  ,  d'après  leur 
rapport  avec  les  poids  et  les  me- 
sures de  la  France,  1789,  in-S." 
Borné ,  modeste  9  ennemi  de  l'in** 
trigue  et  de  toute  faction  ^  pa- 
tient et  plein  de  vertus  douces  9 
«t  mort  à  Paris  le  10  mars 
«790. 

ROMIEU,  (Marie  de)  née 
dnns  le  Vivarais ,  acquit  quelque 
réputation  dans  le  1 6«  siècle  par 
son  amour  pour  les  lettres  et  les 
ouvrages  qu'elle  publia.  Les  plus 
remarquables  sont  des  Instruc-^ 
lions  pour  les  jeunes  Dames  ;  et 
un  Discours  o\x  l'auteur  prétend 
prouver  Texcellence  de  son  sexe 
fiur  celui  de  l'homme. 

I.  ROMILLY,  (Jean)  Ge- 
nevois, né  le  29  juin  1714  ,  se 
rendit  célèbre  dans  l'horlogerie  et 
par  ses  inventions  en  mécanique. 
Il  a  fait  le  premier  une  montre 
battant  les  secondes  mortes  ;  il 
«n  fit  une  autre  qui  alloit  une 
année  entière  sans  être  remon- 
tée, et  qu'il  présenta  k Louis  XV. 
Homilly  ne  fut  malade  que  le  Jour 
de  sa  mort  arrivée  à  Paris  le 
16  février  1796.  On  lui  doit  : 
L  Tous  les  articles  sur  l'horlo- 
gerie insérés  dans  l'Encyclopédie, 


R  O  N 


37Î 


n.  Une  Lettre  publiée  en  ,177^? 
contre  la  possibilité  du  mouve— 
m'^nt,  perpétuel.  III.  Il  établit  le 
Journal  de  Paris  ,  commencé  la 
i*'  janvier  1777  ,  et  y  inséra 
long-  temps  les  observations  mé- 
téorologiques qui  se  voy oient  en 
tète  de  cette  feuille  ;  ce  qui  fit 
dire  qu'il  y  faistnt  la  pluie  at  le 
beau  temps, 

JI.  ROMILLY,  (Jean- 
Edme  )  fils  du  précédent  ,  fut 
successivement  ministre  Calvi- 
niste à  Genève  et  à  Londres.  Se» 
connoissances ,  son  aménité  le 
rendirent  cher  à  d*Alemhert ,  à 
«/".  J.  Rousseau  et  à  Voltairem 
II  mourut  en  177$*  On  lui  doit  : 
I.  Discours  religieux  ,  trois  vol. 
in-8.®  II.  Les  articles  T'olérance 
et  Vertu  dans  la  première  £«-•' 
cyclopédie. 

RONSIN,  (Charles-Philippe)* 
né  à  Soissons  ,  annonça  dès  sa 
jeunesse  dep  passions  turbulentes- 
et  un  goût  extrême  pour  le  plaisir. 
Avec  peu  de  fortune  il  chercha 
à  y  suppléer  par  l'intrigue.  La 
révolution  lui  ouvrit  une  carrière 
d'espérances  ,  et  il  la  suivit.  Ad- 
mis au  club  des  Jacobins  ,  il  ne 
tarda  pas  à  se  lier  avec  Danton. 
et  Marat ,  et  à  devenir  leur  apo- 
logiste. Leur  protection  le  fit 
nommer  successivement  commis-* 
saire  ordonnateur  de  l'armée  de» 
Pays»- Bas  ,  adjoint  au  ministère 
de  la  guerre ,  et  enfin  général 
de  l'armée  révolutionnaire.  Ce» 
fut.  en  cette  dernière  qualité  qu'il 
présida  aux  massacres  et  aux  bar- 
baries exercées  à  Meaux  et  dans- 
la  Vendée.  Cromwel  étoit  de- 
venu son  idole  ,  et  il  en  lisoit 
sans  cesse  la  vie.  Rappelé  au  sein 
de  la  commune  de  Paris  ,  il  cher- 
cha à  élever  le  pouvoir  de  celle-»- 
ci  au-dessus  de  celui  de  la  Con- 
vention \  mais  le  comité  de  Saluj^ 

Aa  a 


374        R  O  O 

pnbîic  le  fit  arrêter  et  tradnine 
devant  le  tribunal  révolution— 
Ttaire  qui  ie  condamna  à  mort 
le  24  ours  1794  ,  u  l'âge  de  42 
en  s ,  jomme  ayant  voulu  pro^ 
ckmer  un  tyran  sur  les  ruines 
du  gouvernement  républicain.  U 
xnarcha  vers  l'échafaud  avec  fer- 
meté, et  vit  le  coup  mortel  s'a- 
vancer sans  palir.  Qui  pourroit 
penser  que  le  farouche  Honsia 
se  plut  à  cultiver  la  poésie,  et 
fut  auteur  de  plusieurs  tragédies 
déjà  inconnues  et  cependant  re- 
présentées en  1791  et  1792*  Elles 
sont  intitulées  Louis  XII  »  la 
Ligue  des  fanatiques  et  des  ty- 
rans ;  AréanphiLe  ou  la  Hévolu- 
iion  de  Cyrène  :  celle-ci  est  en 
cinq  actes  et  en  vers. 

1.  ROOKE,  (George)  amiral 
'Anglois,  mort  en  1700  ,  s'éleva 
par  son  courage  de  la  classe  obs- 
cure aux  premiers  grades  de  la 
marine,  et  les  mérita  successi- 
vement en  brûlant  la  flotte  Fran- 
çoise dans  la  bataille  de  la  Hogue 
et  en  se  distinguant  dans  ceUe 
de  Malaga  ,  et  à  la  prise  de  Vigo 
et  de  Gibraltar. 

.  U.  ROOKE ,  (  Laurent  )  as- 
ti'onome  Anglois,  né  en  1623  à 
Depfort ,  mort  en  1662,  fut 
l'un  des  fondateurs  de  la  Société 
royale  de  Londres  ,  et  professa 
r^stronomie  avec  éclat  au  col- 
lège de  Gresham. 

ROOKE,  (Jacques)  peintre 
cfAnvers ,  mort  en  1747,  d  61 
a^ns ,  a  laissé  divers  tableaux  es- 
timés par  la  fidélité  et  la  correc- 
tion qui  les  distinguent. 

ROOS,  (Jean-Henri)  peintre 
et  graveur  ,  né  à  Otterberg  dans 
le  Bas-Palatinat  en  i63i  ,  mort 
à  Francfort  en  i685  ,  excelloit 
dans  le  portroU  ^  etpeignoit  aussi 


RO  Q 

arec  ▼érité  les  paysages  et  le« 
animaux* 

ROPERT,  (Marie)  An- 
gloise  ,  petite-fille  de  Thomas 
Morus  ,  se  distingua  dans  le  1 6* 
siècle  par  son  savoir  dans  les 
langues  et  les  agrémens  de  son 
esprit.  Elle  a  traduit  du  grec  en 
anglois  l'Histoire  ecclésiastique 
àrEusèbe  ,  et  du  latin  quelques 
opuscules  de  son  aïeul. 

III.  ROQUE  -  MONTROUSSE  , 

(N.  Mad.  de  )  vivoit  au  milieu 
du  17*  siècle.  Elle  possédoit  les 
mathématiques  et  les  langues  sa- 
vantes. £He  a  traduit  phisieucs 
odes  à* Horace  en  vers  françois. 

ROQtJETAlLLADE ,  (Jean 
de  la)  alchimiste  de  Bordeaux, 
vivoit  an  milieu  du  x^*  sièele, 
et  a  publié  des  écrits  rares  et 
recherchés  par  les  adeptes  ;  ils 
sont  intitulés  :  Liber  Lucis ,  167^, 
in- 12  ;  Cœlum  PhUosophorum , 
1 543  ,  in  -  S''  ;  Opus  de  quintà 
essentid  omnium  rerum  ,  iS^S  , 
in-8.0 

ROQUETTE,  (FAbbé  de) 
mort  évéque  d'Antun ,  qu'on  dit 
avoir  été  nn  dévot  politique  , 
d'après  lequel  on  prétend  que 
Molière  p^gnit  son  Tartuffe* 
Nous  ignorons  si  cette  anecdote 
est  véritable  et  s'il  donna  occa- 
sion au  poëte  comique  de  le  met- 
tre sur  le  théâtre  ;  mais  noas 
savons  qu'il  prêcha  avec  quelque 
succès.  — L'abbé  de  RoquETT£, 
(Henri  Emmanuel  )  son  neveu, 
mort  en  1725  ,  étoit  de  l'acadé- 
mie Françoise.  Voyez  Nicole, 
n.°  U.  et  Harlay  ,  n.*»  IV. 

ROSANT  ,  (  André  de)  né  à 

la  Gnillotière  foubourg  de  Lyon, 

.  vivoit   en    1394.    Il  publia  des 

Vers  ,  des  Discours  en  prose , 

wxe  Renu^iUrance  aux  Flamands] 


^0$ 

JEloge  du  duc  de  Joyeuse ,  celui 
ée  Henri  ly.  Tous  ces  écrits 
sont  au-dessous  du  médiocre,  tl 

.composa  un  traité,  intitulé  TO- 

"^  nomastrophie  ou  \Art  de  faire 
4^s  Anagrammes,  Avec  cet  art, 

^on  n'obtient  ni  profit  ni  gloire*; 
aussi  de  ïiosant  mourut-il  pau- 

;vre  et  oublié. 

V.  ROSE  9  (Guiliaiime)  écri- 
•▼ain  Anglois ,  À  qui  l'on  (ïoit  sur- 
tout une  1;rès-bonne  Tcaductiop 
de  Salluste,  est  m^orten  17  S/8. 

ROSE -CROIX,  (le  fonda- 
teur des  Frères  de  la  )  :  nous  igno- 
rons le  nom  de  cet  instituteur 
4*une  confrérie  de  charlatans  éta* 

• 

blie  en  Allemagne  vers  l'an  1604. 
Jean  Brigen  son  historien  ,  le 
fait  naÂtre  en  i  3  7  8  et  le  fait 
mourir  en  1484.  DcsTàge  de  cinq 

^ans,  il  fut  enfermé  dans  un  mo- 
nastère ,  où  il  apprit  le  grec  et 
le  latin.  A  seize  ans,  il  se  joi- 
gnit à  des  magiciens  pour  péné- 
trer le  secret  de  leur  art.  D  passa 
ensuite  en  Turquie  et  en  Arabie, 

•d'où  il  se  rçndit  à  Damcar.  Cetfe 

.  .Tille  n'a  jamais  existé  ;  mais  nous 
suivons  les  Ijiistoriens  <^u  patriar- 
che de  la  Bpse  —  Croix  qui  n,'a 
peut  — être  pas  plus  existé  que 
I)amcar.  Quoi. qu'il  en  soit,  la 

^chimérique  Damcar  n'ét9it  ha- 
bitée que  par  des  philosophes  : 

.  chose  tout  aussi  extraordinaire. 

.Ces  sages  le  saluèrent  par  son 
nom  ,  et  lui  découvrirent  tous 
les  secrets  de  la  na.ture.  Ils  lui 
apprirent  qu'il  étoit  attendu. de- 
puis long-temps,  et  qu'il  seroit 
l'auteur  d'une  réforme  générale 
dans  l'univers.  Après  trois  aps 
de  séjour  à  Damcar  ,  le  père  des 
Bose^Croix  partit  pour  Fez  ,  ou 
il  conféra. avec  les  partisans  de 
la  cabale  ;  de  |à  il  passa  en  H^ 
pagne. qiii  ne  yonlut  point  de  c% 


\RP5      375 


régénérateur  universel.  Chassé  de 
cette  contrée  ténébreuse  ,  il  se 
retira  en  Allemagne  et  y  vécqt 
dans  une  grotte  jusqu'à  l'âge  de 
cent  six  ans.  Cette  grotte  étoit 
éclairée  d'un  soleil  qui  étoit  aa 
fond  de  l'antre ,  et  qui  recevoir 
dicectement  .sa  lumière  du  soleil 
qui  éclaire  le  monde.  Au  milieu 
s'élevoit  un  autel  rond,  recou-" 
vert  d'une  platine  de  cuivre  ,  oit 
on  lisoit  ces  caractères  A.  C.R.  Ç» 
Vivojnt  je  me  suis  réservé  un^ 
abrégé  de  lumière  pour  sépulcre. 
Quatre  figures  régnoient  à  len-» 

,  tour  y  portant  chacune  son  in^ 
cription.  La  première  renfermoit 
ces  mots  :  Jamais  vide  ;  une  au- 
tre :  Le  joug  de  la  Loi  ;  une  troi- 
sième :  La  liberté  de  VEvangile  / 
enfin  ]a   quatrième  :  La  gloire 

,  toute  entière  de  Dieu*  On  y  trou<^ 

_voit  aussi  des  la^ipes  ardentes  j 
des  spnnettes,  des  miroirs  et  quel^ 
ques  livres  de  "chimie  et  d'alchî- 

.niie.  Une  des  premières  règles 
de  cette   confrérie  d'illuminés  , 

.étoit  de  tenir  au  moins  cent  an» 
leur  société  secrète.  Elle  l'a  si 
bien  été  qu'on  n'en  parle  plu» 
du  tout.  Mais  le  nom  de  Trières 
de  la  IiQse''Croi'x  a  resté  aqx 
partisans  de  Paracelse  ,  aux  al- 
chim  istes,aux  insensés  quicroient 

/deviner  les  mystères  de  la  nature 
par  une  lumière  intérieure ,  et 
aux  fripons  qui  se  vantent  d'avoir 

^ cette, lumière.  Comme  ces  déi^x 

-  classes  d! hommes  n'ont  été  rares 
dans  aucun  temps ,  lesi^r^r^i  ^e 
la  Hose-^Croit  eurent  des  parti- 
sans dans  le  siècle  dernier.  Mi-m 

'  çhel  Maïer  composa  un  livre  de 
leurs  constitutions  ;  et  Bobert 
Tliid  prit  leur  défense  contre  le 
P.  Mersenne  et  contre  Gassendi. 
Voyez  Maïer  et  Flud.  ConsuW 
te? aws9\\ Encyclopédie  aux  mots 
&o&g-CROix  et  Theosophib. 

.Aa  4 


1 


ij6        R  O  S 

EOSELINI ,  architecte  et  in^ 
génienr  de  Florence ,  dont  le 
pape  Nicolas  V  employa  les  ta- 
lens  pour  la  construction  de  di«- 
▼erses  églises  et  pour  des  travaux 
publics. 

ROSELIJ  :  c'est  le  nom  d'un 
ayenturier  qui  a  écrit  son  his- 
toire ou  son  roman ,  sons  le  nom 
de  \ Infortuné  Napolitain  ,  quatre 
vol.  in-8*^,  1722.  L'auteur  étoit 
mort  trois  ans  auparavant  à  la 
Haye ,  oii  il  s'étoit  retiré  ,  après 
avoir  parcouru  une  partie  de 
l'Europe.  Lorsqu'il  se  rendit  en 
Hollande,  il  demanda  aiix  ma- 
gistrats une  chaire  des  langues 
orientales  et  occidentales  vivantes 
€t  mortes  ,  et  même  de  mathé-^ 
maUques  ,  de  philosophie  ,  de 
théologie  et  d'histoire  ,  ou  bien 
la  permission  Couvrir  une  houti-^ 
^  ^ue  à  vendre  du  café.  Son  roman 
offre  quelque  chose  de  vrai  ^  mais 
beaucoup  de  faussetés  et  de  traits 
satiriques.  Le  café  qu'il  tenoit  à 
la  Haye,  étoit  très  —  fréquenté. 
Voyez  ROSSELLI  «/  Vbneroni. 

ROSËBES ,  (Isabelle  de)  Es- 
pagnole ,  se  mit  à  faire  des  Sen^ 
mons ,  et  ayant  obtenu  la  per- 
mission de  les  prêcher  dans  la 
cathédrale  de  Barcelone.,  elle  y 
attira  un  très  — grand  concours 
d'auditeurs.  Venue  à  Home  sous 
le  pontiBcat  de  Paul  III,  elle,  y 
convertit  plusieurs  Juifi  et  mou- 
rut vers  1540. 

1 

ROSOI,  (Barnabe  Firmin  du) 
né  à  Paris  en  1745,  et  non 
k  Montmartre  ,  comme  le  dit 
M.  Palissot  sans  doute  par  plai- 
santerie ,  débuta  dans  la  carrière 
littéraire  en  1767  9  par  un  recueil 
de  vers  intitulé  :  Mes  dix-neuf 
ans  ;  et  par  deux  poèmes  ,  l'un 
fur  les  Sens ,  l'autre  sur  le  Génie , 
le  Goût  et  l'Esprit.  H  ny  maa- 


R  O  S 

qnoit  qne  les  dons  chantés  par 
l'auteur.  Du  Bosoi  fut  mis  k  la  « 
Bastille  en  1770  y  pour  deux  ou- 
vrages, dont  la  publication  fat 
arrêtée  ;  il  y  resta  ttois  mois  , 
et  dut  son  élargissement  aux  sol- 
licitations du  duc  de  Choiseul  et 
de  la  duchesse  de  Grammont.  Ces 
deux  ouvrages  étoient  intitulés  : 
Les  jours  ,  et  le  Nouvel  ami  des 
Hommes,  Attaqué  par  M^  Palis- 
sot  dans  sa  Dunciade ,  il  le  pour- 
suivit judiciairement  ;  ce  qui  fit 
naître  divers  écrits  de  la  part  des 
deux  auteurs.  Du  Rosoi  se  con- 
sacra ensuite  à  la  carrière  dra- 
matique ,  et  n'y  obtint  pas  de- 
clatans  succès.  Ses  pièces  sont  : 
Richard  III ,   tragédie    que  le 
zèle  des  actrices  pour  l'auteur  ne 
put  faire  applau4ir  ;  V Inconnue 
persécutée  ,  opéra  traduit  de  l'i- 
talien ,    dont  Anfossi  a  fait  la 
musique  ;  la  Bataille  d'Ivri  ,  opé- 
ra en  trois  actes  qui  dut  son  suc- 
cès éphémère  à  la  charmante  rout 
sique  de   Grétry  et  au  nom  de 
Henri  IV;  le  Décius  François  on 
le  Siège  de  Calais ,  tragédie  ;  le$ 
Mariages  Samnites  ,    les  Deux 
Amis  9  '  le  Siège   de  ^ézières  , 
les  Trois  Roses  ,  Bayard ,  Pyg" 
malion ,  antres  opéra  qui  ne  réus- 
sirent pas  malgré  les  airs  agréa- 
bles de  Grétry  ,  de  Froment  et 
de  Bonesi.  Les  autres  ouvrages 
de  du  Rosoi  sont  :  L  Lettres  de 
Cécile  à  Julie ,  roman  en  deux 
vol.  in- 12.  II.  Dissertation  sur 
le  Drame  lyrique,  1776,  in-8.* 
III.  Annales  de  la  ville  de  Tou^ 
louse  ,  1771,  quatre  vol.  in-4.* 
Cette  histoire  est  inexacte  pour 
les   faits ,    boursouflée  pour  le 
Style.  IV.  Philosophie  sociale  ou 
Essai  sur  les  devoirs  de  V Homme 
et  du  Citoyen  9    1782,  in— iz. 
Malgré  ces  nombreux  ouvrages , 
du  Rosoi  n'étoit  point  parvenu 
à  sortir  de  l'obscurité  ni  de  la 


R  O  s    ' 

ftiîsère  9    lorsqu'au    commence^ 
ment  de  la  révolution  sa  iortuue 
s'améliora    et   son    nom    acquit 
quelque  célébrité  ,  par  une  ga- 
zette   intitulée  ,    Wimi  du  Loi. 
Elle  fut  lue  avec  avidité ,  quoi- 
que le  style  en  soit  ordinairement 
incorrect    et  emphatique  ;   mais 
quelques   morceaux  bien  écrits, 
fournis^  dit-on,  par  des  députés 
âe  l'assemblée  Constituante ,  en 
assurèrent  le  débit.  L'auteur  s*é* 
toit  retiré  à  la  campagne  à  l'é- 
poque du  10  août ,  il  en  fut  bien- 
tôt arraché  pour  être  traduit  de- 
vant le  tribunal  extraordinaire  , 
établi  par  l'assemblée  Législative 
pour  juger  les  ennemis  du  nou-> 
veau  régime.  Du  Rosol  y  com- 
parut avec  courage  ,  et  montra 
le  plus  grand  calme  dans  tout  le 
cours    de    son  interrogatoire  et 
•  après  avoir  entendu  son  arrêt  : 
t'étoit  le  26  août  1792.  Sortant 
du   tribunal ,  après   ime  séance 
de  quarante— huit  heures  ,  il  re- 
mit au  président  une  lettre  dans 
laquelle  on  remarqua  ces  mots  : 
«  Un  ami  du  roi  comme  moi , 
était  digne  de  mourir  hier  le  jour 
de  St.  Louis,  »    Etant  descendu 
dans  la  prison  9  il  écrivit?' une  se- 
conde lettre  pour  demander  que 
son  trépas  fût  utile  au  genre  hu- 
main ,  en  faisant  sur  lui  l'expé- 
rience de  la  transfusion  du  sang , 
et  en  cherchant  à  faire  pnsser  le 
iien  dans  les  veines  d'un  vieillard. 
I^a  pétition  de  du  Rosoi  ne  fut 
point  écoutée  ;  et  il  fut  exécuté 
à  neuf  heures  du  soir  aux  flam- 
beaux. 

IL  ROSSET  ,  (Pierre  Ful- 
CTan  de)  conseiller  à  la  cour  des 
tides  de  Montpellier  sa  patrie  , 
est  auteur  d'un  Poe  me  sur  l'Agri- 
culture, en  deux  parties  in -4.® 
Son  but  a  été  de  mettre  en  vers 
•toutes  les  opérations  champêtres. 


R  O  S        377 

Ce  travail  diiHcile  fournissant  peu 
a  la  poésie ,  il  n'est  pas  éton- 
nant qu'en  lisant  un  si  long  ou-* 
vrage,  le  l*»cteur  éprouve  un  peu 
d'ennui.  En  général  la  diction 
de  lîosiet  est  correcte  ;  mais  elle 
manque  trop  souvent  d'élégance  , 
de  rime  ,  d*harmonie.  Tout  est 
précepte  ou  description  ,  et  sou- 
vent en  prose  rimée  ,  en  prose 
sèche  ou  dure.  Divers  morceaux 
mieux  écrits  et  plusieurs  vers 
bien  tournés  prouvent  cependant 
que  l'auteur  ne  manquait  pas  de 
talent  ;  et  il  a  surmonté  quel- 
quefois les  difficultés  avec  suc- 
cès. On  a  retenu  ces  deux  beaux 
vers  relatifs  à  l'application  de 
l'astronomie  aux  travaux  des 
champs  : 

Le  ci«l  dcTltit  nn  Hyre  où  la  terre  4toan4« 
Lut  ea  lettres  de  feu  rhUtoire  de  Tannée* 

Ce  versificateur  étoit  un  homme 
estimable ,  bon  magistrat  et  bon 
citoyen.  Il  mourut  à  Paris  en 
1788-  La  première  paître  de  son 
Poème  a  été  réimprimée  in— 8®; 
mais  on  n'a  pas  réimprimé  dans 
le  même  format  la  seconde ,  parce 
qu'elle  offre  en  général  plus  de 
foiblesse  que  la  première.  L'ima- 
gination du  poète  y  paroit  pres- 
que éteinte.  On  n'y  voit  aucune 
description  brillante.  L'auteur  se 
borne  à  des  ncflkienclatures  ari- 
des ,  ou  à  des  imitations  du  Père 
Vanière, 

IV.  ROSSl ,  Voyez  Saiviati 
(François  de)  ^^Propbrtia. — H 
y  a  eu  encore  de  ce  nom  Jean," 
Antoine  Rossi ,  habile  graveur 
en  pierres  fines  ,  originaire  de 
Milan  :  un  autre  Jean- Antoine , 
mort  à  Home  sa  patrie  en  1695^ 
à  79  ans  ,  architecte  célèbre  ;  un 
architecte  non  moins  habile  , 
(  Matthias  )  né  à  Rome  en  1 637  , 
more  en  169S)  fut  honoré  des 


37*       R  O  S 

fécorn penses  d'Innocent  XIÎ  et 
de  Louis  XIV  i  enfin  Angela 
fiossj  ,  sculpteur  Génois  ,  mort 
en  17 15,  à  4s  ans,  à  Rome  qu'il 
orna  de  i^s  ouvrages. 

*  II.  ROSSIGNOL  ,  fameux 
maître  écrivain  de  Paris  ,  élève 
lie  Sauvage  ,  mort  d'un  excès  de 
travail  dans  un  â^e  peu  avancé 
en  iy36  9  fut  eropioyô  du  temps 
^  la  Régence  ,  à  écrire  les  Bil^ 
lets  de  Banque*  On  a  gravé  d  a« 

}>rè«  ce  maître  ,  le  premier  de 
'£urope  dans  son  art.  il  a  été 
à\\  moins  le  pUis  grand  peintre  en 
écriture  qu'il  y  ait  eu  en  France. 
Maître  de  ses  inoindres  mouve- 
jnens. ,  sa  marche  étoit  toujours 
réglée  ;  ses  exemples  étaient  d'une 
aagesse  ,  d'une  simplicité,  dune 
^rnce  qn*il  est  plus  aisé  de  sentir 
■que  de  décrire.  Les  Anglois  ont 
.enlevé  une  grande  partie  (le&  piè^ 
.ces  de  Bossignol ,  pour  lesquelles 
les  François  trop  indi£férens  pour 
}a  belle  écriture  ne  marquoient 
pas  assez  d'empressement.  Il  ,a 
formé  un  grand  nombre  de  gra- 
.veurs  en  lettres  et  de  maîtres 
écrivains  renommés  ,  parmi  les- 
quels on  a  distingué  Galitmand , 
tférard  ,  Roland  ,  et  Paillasson 
auteur  de  l'article  Ecriture  dans 
V Encyclopédie,  —  On  a  cité 
oomme  im  cb^— d'œuvre  mo- 
derne de  calligraphie  ,  égalant 
les  plus  belles  pièces  de  Bossi^ 
gnol ,  la  copie  du  dernier  traité 
de  paix  9  envoyé  par  Ja  France 
Au .  gouvernement  Anglois. 

»  ROTHELIN,  (Charles 
d'Orléans  de  )  né  à  Paris  en  1 6  9 1 , 

♦  de  Henri  d*Orléans  marquis  de 
•Rothelin  ,  accompagna  le  car- 
dinal de  Polignac  à  Rome  ,  et 
visita  les  principales  villes  dltalie^ 
6011  goût  pour  les  antiquités  et 

"  pour  la  littérature  ,  lui  fit  ras- 
sembler tm  riche  c&binet  de  mé^ 


ROT 

dailleâ  antiques  et  foriQer  xn^ 
nombreuse   bibliothèque.    Il    se 
faisoit  un  plaisir  d'encourager  et 
de  favoriser  les  hommes  de  let- 
tres ,  et  il  leur  faisoit  part  de' 
tes  livres  et  de  ses  lumières.  j(l 
sacrifia  tout,   même  la  crosse, 
au  plaisir  <fe  cultiver  les  lettre» 
en  paix.  Les  langues  vivantes  et 
les  langues  mortes  lui  étoient  fa« 
milières.    Cet  habile   littérateur 
mourut  d'ime  maladie  de  poitrine 
le  17  juillet  1744  ,  dans  sa  53* 
année.  11  cachoit  sous  un  air  riant 
les  doulours  qu'il  éprouvoit  pour 
ne  point  effrayer  ses  amis,  mais 
il  dit  en  secret  à  l'un  d'eux  :  «Ne 
désabusons  personne  ;  je  mets  de 
la  gaieté  sur  mon  front  lorsqw 
•mon    cœur  qui    vous    aime  vi 
cesser  de  battre.  »    Il  étoit  de 
l'académie  Françoise  ,  et  hono- 
raire de  relie  des  Inscriptioii;. 
'Le  cardinal  de  PoUgnac  Ini.ayaut 
laissé  en  mourait  son  Anti-^Lur- 
crèce   encore   imparfait  ,  l'abhé 
d€  Boihelin  le  mit  dans  L'état  011 
nous  le  voyons.. Le  marquis  d'4i-  ' 
^enson^it  que  l'abbé  de  Baiheli/t 
élève  du  cardinal  ,  iivoit  coflune 
lui  beaucoup  d'esprit ,   de  mér 
moire,  mais  des  sconnoissojicas 
moins  étendues.  .Son  éloquence 
n'étoit  ni  si  noble  ni.  sl  i^aturelk 
-que  celle  de  son  maître.  Il  avait 
•plus  de  vivacité  dans  la  conver»r 
tion  ,    et  la  sienne  pétiUoit  de 
•plus  de  traits.  Il  ttroit  peut-étie 
davantage  de  son  pnopre  fpndi; 
m'âis  il  ne  savoit  {las  si  bien  en^ 
ployer  ce  qui .  vient .  des  outres. 
La  figure,  du  cardinal  et  celle  de 
l'abbé  de  Bothelin  ,  étoient  en- 
core plus  différentes  que  la  tour- 
ynure   de  leur  esprit.  , Celle  cjn 
premier  étoit  belle  et  noble ,  et 
annonçoit  tout  ce  qu'il  étoitytoit 
ce  qu'il  avoit  été.  Si  l!on  avait 
voulu  peindre  d'idée  un  grand 
prélat  9  Hix  aavft&t  çaidinol  y  JB 


ROT 

nge  et  digne  négociateur  ,  un 
&meiix  orateur  Romain ,  on  eut 
saisi  les  traits  du  cardinal  de 
FoUgaac,  Au  contraire  ,  l'abbé 
^eBothelin  avoit  la  physionomie 
line,  spirituelle  ;  l'air  d'un  homme 
dont  la  poitrine  étoit  attaquée. 
Sa  Bgure  étoit  agréable  ,  mais 
tout-à— fait  moderne.  Celle  du 
cardinal  dans  sa  vieillesse  étoit 
une  belle  et  précieuse  antique. 
Le  catalogue  de  la  riche  biblio- 
thèque de  Tabbé  de  Rothelin  , 
dressé  par  Gabriel  Martin ,  est 
un  des  plus  recherchés  par  lés 
bibliographes...  Voyez  Longue^ 
TILLE ,  à  la  fin  de  Varticle. 

*  ROTROU,  (Jean  de)  na- 
^it  à  Dreux  eiv  1609.  Il  acheta 
la  charge  de'lientenant  particulier 
et  d'assessenr  criminel  au  bail- 
liage de  cette  ville  ,  et  se  dis- 
tingua de  la  foule  des  rimailleurs 
fle  son  temps  par  son  génie  vé- 
ritablement tï'agique  ,  par  l'élé- 
vation de  ses  senti  mens  9  par 
Theureux  contraste  des  carac- 
tères ,  par  la  force  du  style.  Il  ne 
lai  manquoit  que  la  correction 
du  langage  et  la  régularité  des 
plans.  Ce  poëte  travailloit  avec 
yme  facilité  extrême  ;  il  composa 
trente-sept  Pièces  de  Théâtre, 
tant  tragédies  que  comédies.  Le 
cardinal  de  Richelieu  qui  Ini  fai- 
soit  une  pension  de  600  livres  , 
ne  put  jamais  le  porter  à  se  join- 
dre à  la  foule  d'insectes  qu'il 
avoit  ligués  contre  le  Cui,  Cor~ 
neLUe  fut  toujours  à  ses  yeux  un 
grand  homme  et  il  rechercha  vi- 
vement son  amitié.  Ce  refus  ne 
lui  enleva  pas  l'estime  du  cardi- 
nal qui  l'employa  à  la  composi- 
tion de  la  Pièce  appelée  des  Cinq 
Auteurs,  Ce  qui  vaut  beaucoup 
mieux  que  d'être  bon  poète  9  J9o- 
trou  fut  honnête  homme  et  bon 
citoyen,  ^a  mort  est  plus  belle 


ROT         379 

et  plus  noble  que  celle  de  la  plu-^ 
part  des  héros  de  ses  tragédies  v 
la  ville  de  Dreux  étoit  ravagée 
par  une  épidémie  qui  ressembloife 
a  la  peste  :  ce  fléau  rappeloit  au. 
poète  -  magistrat  la  situation  do 
Thèbes  sous  le  règne  ^  Œdipe  m 
Jjt  frère  de  Rotrfiu ,  alors  à  Pa«^ 
ris ,  lui  écrivit  en  style  poétique  ^ 
comme  plus  propre  à  le  persua— • 
der  ?  «  Fuis 9  malheureux^  fui# 
ces  lieux  empestés  f  fuis  ce  séjour 
aflfreux  plein  du  courroux  cé- 
leste ,  cette  ville  habitée  par  ht 
mort  dévorante.  »  Rotrou  ré- 
pondit à  ce  phébus  ,  non  pas  en 
poète  ,  mais  en  magistrat  ;  «  Le 
salut  des  citoyens  m'est  con&é^ 
j'en  réponds  à  la  patrie;  je  ne 
trahirai  point  l'honneur  et  ma 
conscience  ;  je  périrai  à  mon 
poste  :  au  moment  oii  je  voua 
écrits  ,  les  cloches  sonnent  pour 
la  vingt-deuxième  personne  qui 
est  morte  aujourd'hui  ;  ce  sera 
pour  moi  quand  il  plaira  à  Dieu,  w 
Peu  de  jours  après  ,  il  fut  at- 
teint de  la  maladie  et  mourut  à 
41  ans  dans  toute  la  force  de 
r.ige,  le  28  juin  16&0.  CoUetet 
lui  fit  cette  épitaphe  : 

Passant  9  vois  dani  <Roirou  l'impuis* 
■  tance  dn  sorti 

* 

Il  est  mort  1  et  pourtant  son  nom  sa 

renouvelle  ; 
'  Car ,  si  de  «es  beaux  vers  la  grâce 

est  immonelle» 
N*a-t>il  pas  d^  quoi  vivre  en  dépit  do 

la  mort? 

On  a  de  Rotrou  :  t.  Chosroès  , 
tragédie ,  l'une  de  ses  meilleures 
pièces,  retouchée  par  eCUssé , 
et  remise  ainsi  au  théâtre  en* 
1704;  elle  fut  imprimée  avec 
l'ancien  texte  à  côté  ,  la  même 
année ,  en  un  vol.  in- 1 2.  II.  CV- 
limèae ,  pastorale  jouée  en  f633. 
III.  Florimonde  ;  c'est  sa  dernière 
pièce  ^ui  fut  repi^ésentée  en  1 6 54. 


3So        ROT 

IV.  Antigone  est  une    de  «es 

meilleures  tragédies  ;  elle  n'est 
,  pourtant  pas  dans  les  règles  du 
théàtqe  :  il  fait  mourir  les  deux 
frères  ^Antigone  ,  (  Ethéocle  et 
Polynice  enfans  de  Jocaste)  dès 
le  commencement  du  troisième 
acte.  V.  TVenceslas  ,  tragédie  , 
remise  au  théàtft  par  Marmonlel 
qui  l'a  retouchée  ,  se  joue  son- 
vent  avec  succès.  L'auteur  ayant 
besoin  d'argent ,  la  venait  aux 
comédiens  pour  vingt  pistoles. 
Un  roi  accablé  d'années  au  mi- 
lieu de  deux  fils ,  dont  l'un  vio- 
lent et  fougueux  tue  l'autre  mo- 
deste et  sensible  ,  abdiquant  la 
cpuronne  et  la  remettant  au  pre-^ 
niier  plutôt  que  de  le  condamner , 
forme  le  sujet  de  cette  pièce  , 
pleine  d'énergie  et  de  chaleur. 
On  en  a  retenu  une  foule  de 
beaux  vers ,  et  sur-tout  celui-ci 
adressé  par  le  père  à  son  fils  : 

Soyez  roi  ,  Ladislas  ,  et  moi ,  je  serai 
|>ère. 

Cependant  on  reproche  avec  rai- 
son, à  cette  pièce  de  couronner 
le  crime,  au  heu  de  le  conduire 
à  Téchafaud  : 

IIU   ntctm  sceUris  ftetium  tulît  ,   hîe 
diadema. 

Jlotrou  imita  dans  cette  tragédie 
»  celle  de  l'Espagnol  François  de 
Hoxas ,  intitulée  :  On  ne  peut  être 
père  et  roi.  On  trouve  quel- 
ques-unes des  pièces  de  Rotrou 
'dans  le  Théâtre  François ,  "Paris  y 
1787  9  a  vol.  in— 12. 

ROTTENHAMER  ,  (  Jean  ) 
peintre  ,  né  à  Munich  en  1664  , 
imita  la  manière  du  Tintoret* 
Ses  petits  tableaux  sur  cuivre 
et  ses  tableaux  d'histoire  sont  es- 
timés. 

ROUB AUD  ,  (  N.  )  embrassa, 
l'état  ecclésiastique  ^  appliqua  son 


R  ou 

esprit  judicieux  à  la  rechërcht 
de  toutes  les  finesses  de  notre 
langue  et  à  en  comparer  entre 
elles  les  diverses  expressions.  Se« 
Nouveauic  Synonymes  François 
qui  parurent  en  1785.,  4  vol. 
in-8<>,  lui  donnèrent  une  répu- 
tation méritée,  et  le  placèrent  à 
côté  de  l'abbé  Girard,  On  lut 
reproche  cependant  quelquefoii 
de  l'obscurité  et  des  rappro- 
clîemens  pénibles.  Ce  gram- 
mairien est  mort  depuis  quelque 
temps.  ' 

ROUBO  ,  (  André  -  Jacques  ) 
menuisier  de  Paris  ,    mort  dans 
cette  ville   en  janvier   1791  ?  « 
52  ans ,    se  distingua  de  bonne 
heure  parmi  les  artistes  qui  con- 
noissoient  le  n^ieux  les  secrets 
de  la  construction  et  de  la  mé- 
caniquf.    Malgré    sa   jeunesse , 
l'académie  des  Sciences  le  char- 
gea du  traité  sur  la  Menuiserie, 
l'un  des  meilleurs  de  la  collec- 
tion des  arts  et  métiers.  La  cou- 
pole de  la  Halle  aux  blés  qu'il 
exécuta  avec  autant  de   préci- 
sion que  de  délicatesse  ,  le  ber- 
ceau qui  sert  de  couverture  à  la 
Halle  aux   draps,    et  le  grand 
escalier  de   l'hôtel  de  Mad.  de 
Marbeuf,  prouvèrent  que  Rouho 
excelloit  dans  la  pratique  autant 
que  dans  la  théorie  de  son  art 
Cet  artiste  citoyen  se  complai- 
soit  dans  sa  médiocre  fortune, 
et  n'employa  jamais  pour  en  sor- 
tir les  moyens  trop  communs  de 
la  bassesse  et  de  Tintrigue.  Lors 
de  la  formation  de  la  garde  na- 
tionale ,  ayant  été  nommé  lieu- 
tenant ,    il   perdit    sa   santé  au 
champ  de  la  Fédération  la  nuit 
du  14  juillet  ^ 790  ,  et  depuis  ce 
moment  il  ne  lit  que  languir. 

ROUCHER  ,  (  J.  A.  )  naquit 
à  Montpellier  le  22.  février  1745. 
Une  am^  ardente  ,  une  imasi- 


.-  ^ . 


R  O  U 

nation  vive  le  firent  poète  :  se$ 
vertus  privées  le  rendirent  bon 
ép|^  et  bon  père.  Il  se  montra 
d'Arord  partisan  d'une  révolu- 
tion qui  sembloit  amenée  par  la 
))hilosophie  ;  mais  indigné  des 
atrocités  qui  l'accompagnèrent , 
il  eut  le  courage  de  les  blâmer 
et  de  mériter  la  haine  de  ceux 
qui  en  étoient  les  auteurs.  Après 
avoir  souvent  échappé  aux  coups 
de  divers  assassins  apostés  pour 
lui  ôter  la  vie  ,  il  fut  arrêté  et 
traduit  devant  le  tribunal  révo- 
lutionnaire qui  le  condamna  à 
mort.  La  veille  de  son  juge- 
ment ,  il  fit  faire  son  portrait 
et  écrivit  au  bas  les  vers  sui- 
vans  ,  adressés  à  sa  femme  y  a 
9es  amis  et  à  ses  enfans  : 

Ne  TOUS    étonnez   pas  ,  objets  sacrés 

et  doux , 
Si    quelque  air  de  tristesse  obscurcU 

mon  visage  } 
Quand  un  sarmnt  crayon  dessinoit  cette 

image  » 
Fatteadois  l*échafaud  ,  et  je  pensois 

à    YOttS. 

Rouchér  périt  avec  courage  à  la 
fm  de  juillet  1794  9  après  avoir 
vn  immoler  trente-sept  victimes 
qui  partagèrent  au  même  instant 
son  funeste  sort.  Ses  principaux 
écrits  sont  :  I.  Les  Mois  ,  poëme 
en  douze  chants  ,  17S0  ,  deux 
vol.  in— 40  et  quatre  vol,  in-ia. 
Peu  d'écrits  de  ce  genre  ont  eu 
plus  de  succès  et  d?  défaveur. 
Prôné  avec  enthousiasme  lors- 
qu'il n'étoit  encore  connu  que 
par  de*  lectures  particulières  ,  il 
fut  vivement  censuré  lorsqu'il  a 
été  imprimé.  Il  en  résulte  qu'il 
oEFre  comme  la  plupart  des  poë- 
nies  aussi  considérables ,  de  grands 
défauts  et  quelques  beautés.  Les 
défauts  ont  été  indiqués  par  la 
Harpe,  «  Le  plus  capital  d«  tous  , 
^-'^•ii  dit,  c'est  qu'il  n'«  ni  sujet ^ 


R  o  u 


381 


ni  marche  ,  ni  intérêt.  Ce  vice 
mortel  est  celui  qui  se  fait  sentir 
d'abord  à  tous  les  lecteurs ,  parce 
qu'il  n'y  en  a  pas  un  qui  ne  veuille 
être  attaché  ,  occupé  ou  inté- 
ressé ,    il  n'importe   comment  ; 

^  et  que  personne  ne  résiste  à  l'en- 
nui. Or  ,  quoi  de  plus,  ennuyeux 
•  que  douze  chants  isolés  ,  ne  te- 
nant en  rien  l'un  à  l'autre  ,  ne 
menant  à  rien  et  n'offrant  sou- 
vent que  des  lieux  communs.  Cet 
inconvénient  seroit  peut  —  être 
insurmontable ,  même  en  suppo- 
sant le  talent  d'écrire  dans  le 
plus  haut  degré  ;  mais  que  sera»^ 
ce  si  l'auteur  dénué  d'idées  et 
de  goût ,  né  sait  ni  choisir  ni 
classer  les  objets ,  ni  fmir  les  dé- 
tails ?  Que  sera-ce ,  si  sous  pré- 
texte de  varier  l'harmonie  de  nos 
vers  ,  il  la  détruit  à  tout  mo- 
ment en  les  réduisant  aux  formes 
de  la  prose  ,  *  en  leur  ôtant  le 
rhythme  qui  leur  est  essentiel  ? 
Que  sera— ce  si  violant  toutes  les 
lois  du  langage  ,  ainsi  que  celles 
de  l'harmonie  poétique  ,  il  prend 
des  solécismes  pour  d'heureuses 
hardiesses  ,  et  une  enflure,  mo- 
notone pour  de  la  force  et  de 
la  verve  ?  »  Les  beautés  de  ce 
poëme  sont  des  descriptions  très- 
bien  faites  ,  des  images  douces 
soit  dans  la  peinture  des  jouis- 
sances champêtres,  soit  dans  celle 
des  phénomènes  de  la  nature.  On 
doit  distinguer  les  morceaux  sur 
le  chant  du  rossignol ,  le  voyage 
de  la  peste  ,  les  amours  du  che- 

^  val  ,  l'éloge  des  fables  de  l'an- 
cienne mythologie  ,  la  veillée  de 
village  ,  le  dégel.  II.  Traditctinn, 
des  Recherches  sur  la  nature  et 
les  causes  de  la  richesse  des  Nm— 
tions  par  l'Anglois  Smith.  La 
quatrième  édition  de  cet  exceU 
lent  traité  d'Economie  politique 
a  paru  en  1795,  4  vol.  in-8<», 
4ont  uu  de  notes  par  Condor  cet^ 


jSi        R  O  U 

Le  itjf le  âm  tradoctenr  est  clair  ^ 
exact ,  biea  auorti  à  rori^al. 
Dl.  Poésies  fugitives  et  Lettres 
depuis  la  mort  de  l'anteur,  deux 
vol.  in-8.®  Boucher  a  laissé  ma- 
nuscrits ,  plusieurs  chants  d'un 
poème  dont  le  sujet  est  Gustave^ 
Wasa  arrachant  la  Suède  à  Thor* 
tible  tyrannie  de  Christiem. 

ROUE,  (Claude  de  la)  né  à 
Lyon,  se  fit  religieux  domini=^ 
cain  et  devint  savant  dans  les 
langues  anciennes.  11  fit  imprimer 
en  1 6i3  un  ouvrage  mystique  et 
curieux  9  intitulé  :  La  Tourterelle 
gémissante  sur  Jérusalem, 

IIL  ROVÊRR,  (Joseph- 
Stanislas  de  )  fils  d'un  aubergiste 
très— riche  de  Bonnieuz  dans  le 
comtat  Venaissin ,  reçut  une  édu- 
cation honnête,  et  y  joignit  de 
l'esprit  naturel  et  beaucoup  d'a- 
dresse. Après  avoir  enté  sa  fa- 
mille sur  celle  de  Rovère  de  St.- 
Marc  éteinte  depuis  long-temps, 
il  prit  le  titre  de  marquis  de 
Tonnelle  et  devint  ensuite  offi- 
cier dans  les  gardes  du  pape , 
puis  député  à  la  Convention  na- 
tionale. Ses  principes  y  favorisè- 
rent l'anarchie  et  la  dévastation 
des  dëpartemens.  D'après  son 
rapport ,  le  général  Montesquiou 
fut  décrété  d'accusation.  Ennemi 
du  parti  de  la  Gironde,  il  con- 
tribua à  sa  proscriptioti  ;  mais 
craignant  bientôt  de  devenir  la 
victime  de  Robespierre  ,  il  se 
déclara  contre  ce  dernier  dès  que 
ce  dictateur  fut  attaqué ,  et  se 
prononça  avec  force  contre  les 
partisans  de  !a  terreur  dont  il  avoit 
jusques-là  suivi  la  bannière.  Les 
Japobins  n'eurent  point  alors 
d'adversaire  pins  animé  à  leur 
.  destruction.  Accusé  par  ses  enne- 
mis de  s'être  vendu  aux  puissances 
étrangères,  et  d'avoir  cherché  à 
Itts  servir  on  embrassant  successi- 


R  o  u 

▼ement  tons  les  partis ,  H  fnf 
décrété  d'arrestation  et  ensuite 
déporté  à  Caienne  dans  la  révo- 
lution du  i8  fructidor,  n  m4K^ 
dans  son  exil  le  1 1  septembre 
1798.  Souple,  adroit,  insinuant, 
il  ne  lui  manqua  pour  jouer  l'en 
des  premiers  rôles  dans  la  révo- 
.  lutiOB,  que  moins  d^indédsioo 
et  plus  de  courage. 

ROUET  »  (  Louise  de  la  Be- 
raudière  de  llsle ,  demoiselle  da) 
maîtresse  et  Antoine  roi  de  Na- 
varre. Voyez  la  fin  de  l'article  de 
ce  prince. 

ROVILLE,  (Gnillanme) 
célèbre  imprimeur,  né  dans  la 
Touraine ,  s'établit  à  Lyon  où  il 
parvint  à  toutes  les  places  honor 
râbles  et  publiques.  Il  publia  pbi" 
sieurs  belles  éditions ,  parmi  Ie»« 
quelles  le  Promptuaire  des  m^- 
dailles,  publié  en  i553  et  qui  est 
encore  recherché.  Rot^iUe  né- 
pafgna  rien  pour  orner  les  écrits 
sortis  de  ses  presses  d'estampes  et 
de  portraits  ;  mais  ces  derniers 
sont  ordinairement  peu  ressem- 
blans.  Il  mourut  en  1 589. 

ROUILLET,  (Qaude)  naquit 
à  Beaune  en  Bourgogne,  et  pubRa 
dans  le  milieu  du  1 6*  siècle  pliH 
sieurs  pièces  de  poésie  latine  et 
une  tragédie  françoise  9  Philanire, 
représentée  et  imprimée  en  1 563. 
Elle  est  écrite  en  vers  libres  et 
avec  des  chœurs. 

BOUILLIE  DU   COUDRIT, 

(N**)  conseiller  d'état,  avoit  une 
bibliothèque  mre  dont  il  léguai 
celle  du  Roi  un  manuscrit  pré- 
cieux ,  intitulé  :  Registre  de  Phi" 
lippe  -  Auguste.  U  est  mort  M 
milieu  du  siècle  passé. 

ROULLARD,  (Antoine)  de 
Lyon ,  pubh'a  en  1 584  les  Fad^ 
tieux  devis  de  loS  Nouvelles. 


R  O  U 

AÔiÛQUÈT,  (N*»*)  peintre 
en  émail  ,  né  à  Genève,  mort 
en  1758,  est  connu  par  Y  Etat 
des  Arts  en  Angleterre,  '7^^» 
ià-i2. 

ROURIK,  pirate  de  la  mer 
Baltique  ,  aborda  avec  ses  coin« 
pagnons  chez  les  Russes ,  et  leur 
apporta    la  paix  et  la  se^itude. 
Il  bâtit  la  ville  de  Ladoga  qu'il 
quitta    ensuite  pour   se   fixer  à 
Novogorod  ,    qu'il    fortifia  d'un 
rempart    de    terre    et    dé    bois4 
Mourik  dompta  plusieurs  fois  ses 
sujets  rebelles ,  et  tua  de  sa  propre 
main    Vadim    leur    chef.    Non 
content  d'avoir  vu  tomber  sous 
ses  coupis  un  grand  nombre*  de 
Russes ,  il  livra  à  l'échafaud  tous 
ceux  dont  il  craignit  encore  les 
iBouvemens.  Il  mourut  en  879 , 
après   un  règne  de  1 7  ans ,   ne 
laissant   qu'un   fils    en    bas    âge 
nommé  Igor. 

*  III.  ROUvSSEAU  ,   (  Jean- 
Jacques)  naquit  à  Genève  le  28 
juin    1712  d'un  horloger.  Il  en 
coûta  la  vie  à  sa  mère,  et  sa  nais^ 
iance ,  dit-il  ^  fut  le  premier  de 
tes  malheurs.  Il  fut  long-temps 
loible  et  languissant  ;  mais  son 
corps  se  fortifiant  peu  k  peu ,  son 
esprit  ne   tarda  pas  donner  les 
plus  heureuses  espérances.  Son 
père ,  citoyen  de  Genève ,  étoit 
«n  artiste  instruit,  qui  à  côté  des 
instrumens  de  son  art ,  avoit  un 
Plutarque  et  un  Tacite.  Ces  livres 
turent  de  bonne  heure  familiers 
•u  jeune  Rousseau,  et  il  montra 
^ès  son  enfance  un  esprit  penseur 
*t  un  caracLôre  bouillant.  Une 
^tourderie  de  jeune  homme  lui  fit 
abandonner  la  maison  paternelle. 
Se  trouvant  fugitif  en  pays  ét^an^ 
S^r ,  sans  ressource  ,  il  changea , 
dit-il ,  de  religion  pour  avoir  du 
pain, X,' évùqne  d  Anneci  ^{Bernex) 
»U(][uel  il  avoit  demandé  un  asile , 


R  o  u        38} 

cTîargea    de  son  éducation  un© 
dame    ingénit^use    et    aimable , 
(  Mad.    de  Warens  )    qui  avoit 
abandonné  en  1726,  une  partie 
d'e  ses  biens  et  la  religion  Protes- 
tante pour  rentrer  danslesem  de 
l'Eglise.   Cette  dame   généreuse 
servit  de  mère,  d^a  mie  et  d'aman  te- 
au   nouveau   prosélyte ,    qui  na- 
cessa  de  se  regarder  comme  son 
fils  et  comme  an  fils  chéri.  lia 
nécessité  de  se  procurer  un  état 
et  peut-être  l'inconstance ,  obli-ir 
gèrent  Housseau  de  quitter  sou«4 
vent  cette  tendre  mère.  Il  avoit 
des  talens  supérieurs  pouf  la  mu-i 
sique  ;  l'abbé  Blanchard  lui  fui'-' 
soit  espérer  une  pince  à  la  cha-« 
pelle  du  roi;  ce  projet  manqua, 
et  il  fut  obligé  d'enseigner  la  mu- 
sique à  Cbambéri.  Ayant  enHn 
quitté  cette  ville  en  1741 ,  il  vint 
h  Paris,  et  y  fut  long- temps  dans 
une   situation  gênée.  «  Tout  est 
cher  ici,  écrivoit-il ,  en  i753^ 
et  sur— tout  le  Pain.  »  Quel  mot  f 
et  à  quoi  le  génie  peut-il  être 
réduit  !  Il  commença  cependant, 
en  1743 ,  de  sortir  de  l'obscurité 
oh  il  avoit  été  enseveli  jusqu'a- 
lors. Ses  amis  le  placèrent  auprès 
de  M.  de  Montaigu  ambassadeur 
de  France  à  Venise.  Son  carac-  , 
tère  avoit  toujours  été ,  comme 
il  l'avoue  lui-même ,  une  orgueil" 
leuse  misanthropie ,  et  une  cer-^ 
taine  aigreur  contre  les  Riches  et 
les  Heureux   de   ce   monde.  La 
mésintelliîïence    se    mit    bientôt 
entre  l'ambassadeur  et  son  secré- 
taire. De  retour  à  Paris ,  la  pi  are 
de  commis  qu'il  obtint  chez  uu 
fermier    général,  homme  d'es- 
prit, {M.Dupin)  lui  donna  quel- 
que aisance,  et  il  s'en  servit  pour 
aider  Mad.   de  Wnrens  sa  bien-» 
faictrice.  Enfin  ,  Tannée  1730  fut 
l'époque  de  sa  première  appari- 
tion sur  la  scèno  littéraire.  L'a- 
cidéjtU'î  dj  Dijon  avoit  proposé 


384       R  O  U 


cette  question  :  Si  le  âÉtàBLIS'» 

SEMEUT   DES    SciEUCES   ET   DES 

Arts  a  coi^teibué  a  épurer  les 
JMiEURS  ?  Rousseau  voulut  d'à» 
boiti  soutenir  TaiËrmative.  C'est 
le  Pont^aux-dnes ,  lui  dit  Diderot 
alors  son  ami;  prenez  la  néga^- 
tive,  et  je  vous  promets  le  plus 
grand  succès»  En  effet,  son  Dis- 
cours contre  les  sciences  parut 
le  mieux  écrit ,  le  plus  profon- 
dément pimsé;  et  l'académie  le 
couronna.  On  n'a  jamais  souteiiu 
un    paradoxe    avec   plus   d'élo- 
quence :  ce  paradoxe  n'ctoit  pas 
nouveau,  ( Koy^» VII.  Agrippa) 
mais  l'auteur  lui  donna  les  grâces 
de  la  nouveauté ,  en  employant 
toutes  les  ressources  du  savoir  et 
du  génie.  Plusieurs  adversaires  se 
présentèrent  pour  attaquer  son 
opinion  ;   Voyisz  Bordes.  Rous-^ 
seau  se  défendit ,  et  de  dispute 
en  dispute  il  se  trouva  engagé 
dans  la  redoutable  carrière  des 
lettres  ,    presque  .  sans  y  avoir 
pensé.  Il  perdit  dès-lors  en  bon<" 
heur  ,  ce  qu'il  avoit  gagné  en 
célébrité.  Son  Discours  sur  les 
causes   de  l'inégaUté  parmi  les 
gommes  et  sur  Vorigine  des  So^ 
ciétés ,  plein  de  maximes  hardies 
et  d'idées  bizarres,  fut  fait  pour 
prouver    que  les   hommes   sont 
égaux  ;  qu'ils  étoient  nés  pour 
vivre   isolés ,  et  quils  ont  per- 
verti l'ordre  de  la  nature  en  se 
rassemblant.    L'auteur    panégy- 
riste  éternel  de  Thomme  sau- 
vage ,  déprime  trop  l'homme  so- 
cial. Mais  si  son  système  est  faux, 
les  couleurs  dont  il  l'embellit  sont 
bien  brillantes.  Ce  Discours .  et 
sur-tout  la  Dédicace  de  ce  Dis- 
cours à  la  république  de  Genève, 
sont  des  chefs-d'œuvre  d'une  élo- 
quence   dont    les   anciens   seuls 
nous  avoient'donaé  l'idée.  Il  s'é— 
toit  rendu  dans  sa  patrie  où  il 
offrit  ce  discours  aux  magistrats) 


Il  o  u 

et   fAx  il  ftit  réintégré  dantscS 
droits  de  citoyen .,  après  avoir  ab- 
juré la  religion  Catholique.  Mais 
à  peine  avoit  —  il  rentfncé  aux 
dogmes    de    l'Eglise    Romaine, 
qu'il  alla  vivre  dans  un  pays  oii 
on  les  professoit*  Il  se  relira  en 
France  ^  vécut  quelque  temps  à 
Paris  ;    enfin   il  alla  s*ensévelir 
dans  la  solitude ,  pour  échapper 
à  la  critique  et  pour  se  ^vrer  au 
régime  qu'exigeoit  unestrangurie 
dont    il   étoit    tourmenté.  C'est 
une  époque  importante  dansThis-* 
toire  de  sa  vie ,  parce  qu'on  lui 
doit  pout-ctre  les  ouvrages  les 
plus  éloquens  qu'il  ait  composé&i 
Sa  Lettre  à  M»  d'Alembert  sur  Je 
projet   d'établir    un    Théâtre  à 
Genève,  écrite  dans  cette  soli- 
tude eÇ  publiée  en  17S8  ,  ren- 
ferme ,  a  c  ôté  de  quelques  para- 
doxes, les  vérités  Jes  plus  im-« 
portantes    et    les    mieux    dév&« 
loppées.  Cette  Lettre  si  intéres- 
sante pour  les  mœurs  en  général 
et  pour  la  république  de  Genève 
en  particulier ,  fut  la  première 
source  de  la  haine  que  Voltaire 
lui  voua  et   des  injures  dont  il 
ne  cessa  de  l'accabler.  Rousseau 
tâchoit  de  paroître  peu  sensible 
à  ces  outrages;  mais  dans  le  fonds 
du  cœur  il  auroit  désiré  de  n'être 
point  brouillé  avec  un  homme  qui 
diftribuoit   les   réputations.  «Si 
M.  de  Voltaire ,  écrivoit-ii  à  un 
de  ses  amis,  revient  sincèrement, 
j'ai  déjà  les  bras  ouverts  :  car  de 
toutes  les  vertus  chrétiennes  l'oii- 
bli  des   injures  est  celle  qui  me 
coûte  le  moins.  Point  ff avances, 
ce  seroit  une  lâcheté;  mais  comp- 
tez que  je  serai  toujours  prêt  à 
répondre  aux  siennes  d'une  ma- 
nière dont  il  sera  content.  »  Ce 
qu'on  trou  voit  de  singulier  dans 
sa  lettre  à  d'Alemht'rt ,  c'est  que 
cet  emiemi  des  spectacles  asoït 
fait  imprimer  une  Comédie ,  et 

qii'if 


R  O  U 

^u'il    avoit  donné  en   t|52   ati 
théâtre  une  Pastorale  dojit  il  fit 
la  poésie  et  la  musique ,  Tune  et 
faotre  remplies  de  senti  ment  et  de 
grâces.  (  V'oyèz  III.  Gauthîrr.  ) 
Le  Devin   du    Village ,  c'est  le 
titre  de  cette  Pastorale ,  respire 
Ja  naïveté  et  la  simplicité  clmm- 
pétres.  Ce  qui  rend* cet  oirvraj^e 
Vraiment  cher  aux  gens  de  goût, 
é'est  le  parfait  accord  des  paroles 
et  de  là   musique  ;  c'est  l'étroite 
liaison  des  parties  qui  le  compo- 
sent ;  c'est   l'ensemble  exact  du 
tout.  Le  musicien  a  parlé,  pensé, 
lenti  comme  le  poète.  Tout  y  est 
agréable  ,    intéressant  ,   et   fort 
supérieur  aux. lieux  communs, 
doucereux    et    insipides   de   nos 
petits  drames  à  la  mode.  Son  Dic^ 
tionnaire  de  Musique  offre  plu- 
sieurs articles  excellens ,  et  quel- 
ques-uns  remplis  d'inexactitudes. 
»  Cet  ouvrage  ,  dit  la  Borde  dans 
>on  Essai  sur  la  Musique ^  anroit 
besoin     d'être    refondu  ,    pour 
épargner  bien  des  peines  à  ceux 
qui  voudront*  l'étudier  ,  et   les 
empêcher  d'adopter  des  erreurs  , 
d'autant  plus  difficiles  à  éviter  que 
le  style  séduisant  de  Rousseau  a 
Vart  d'entraîner  ses  lecteurs.  »  On 
doit  distinguer  dans  ce  livre  les 
articles  qui  ont  rapport  à  la  litté- 
rature; ils  sont  traités  avec  Tagré- 
nient  d'un    très-bel  esprit  et  la 
jnstesse    d'un    homme   de    goût. 
'    iVo^ez  BÀossARD  et  Rameau  à 
\     ^  fin.)  Housseau    avoit  donné  , 
peu  de   t<*mps    après  le  brillant 
Succès  du  Devin  du  Fi'tage  ,  une 
Lettre  sur  la  Musique  Françoise  ^ 
OH    plutôt    contre    la   musique 
Françoise,  écrite  avec  autant  de 
liberté  que  de  feu.  Les  partisitns 
outrés  de  notre  Ooéta  le  traitti- 
re^t  avec  autant  de  fureur  que 
•  »  avoit  conspiré  confre  l'Etat, 
^ne  foule  d'enthousiastes  irr^bc- 
•*Hes  s'épuisa  en  clameurs.  Il  fut 

SuppL,    Tom^  m. 


V 


R  o  u        385 

insulté,  menacé,  chansonné.  Lé 
fanatisme  harmonique  alla  jus- 
qu'à le  pendre  en  effigie....  Le  toA 
intéressant  et  tendre  qui  règnç 
dons  le  Devin  du  Village ,  anim^, 
plusieurs  Lettres  de  la  Nouvelle 
Héloïse ,  1 7  6 1 ,  six  parties  in- 1 2» 
Ce  roman  cpisiolaire,  dont  l'in- 
trigue est  mal  conduite  et  l'or- 
donnance mauvaise,  est,  cornm^ 
presque  toutes  les  production*  du 
génie ,  plein  de  beautés  et  de  dé- 
fauts. On  desireroit  plus  de  vé- 
rité dans  les  caractères,  et  pluâ 
de  précision  dans  les  détails.  Le? 
personnages  se  ressemblent  pres-^ 
que  tous,  ainsi  que  leur  style; 
et  leur  ton  est  guindé  et  exagéré. 
Quelques  —  unes  de  ces  Lettre^ 
sont  admirables ,  par  la  force  j 
par  la  chaleur  de  l'expression  ^ 
par  celte  effervescence  de  senti- 
mens  ,  par  ce  désordre  d'idées 
qui  caractérisent  une  passion 
portée  h  son  comble.  (  Voyez  L 

PyOMAUON,    et    PÉTRARQUE,    à 

la  fin.)  Mais  pourquoi  une  Lettre 
touchante  est -elle  si  souvent 
suivie  d'une  digression  froide  ou 
d'une  Critique  fnsipid*e ,  ou  d'un 
paradoxe  révoltant  ?  Pourquoi  s«| 
sent -on  glacer  tout- à-coUp,  aprèi 
avoir  étô  p'^n^^tré  de  tous  les  feu3^ 
du  sentiment?  C'çst qu'aucun  des^^ 
personnages  n'est  véritablemenÇ 
intéressant.  Celui  de  Saint-Preux 
est  foible  ,  souvent  forci  ,  et 
quelquefois  moins  orcupé  de  ses 
amours  que  de  la  manie  de  mo- 
raliser ses  lecteurs.  Julie  est  un 
assemblage  de  tendresse  et  de 
piétp  ,  de  grandeur  d'à  me  et  d© 
coquetterie  ^  de  naturel >*t  de  pé— 
d.^ntismp.  Tf'olmar  est  un  homme 
violent  et  presque  hors  de  la 
nature.  Enhn  l'auteur  a  beau' 
vouloir  varier  son  ton  et  prendre 
celui  de  ses  personnages,  on  sent 
que  c'est  \\\\  effort  qu'il  ne  sou-i 
trciit  pas  lor.g-temps  j  'dt  i9\\% 

Bb 


i96       R  O  U 

effort  gén^  l'auteur  et  refroidit 
le  lecteur.  C'est  dans  VHéloïse 
•ur-tout  que  paroît  le  malheu- 
reux talent  de  Rousseau  de  rendre 
tout  problématique.  De  là  ces 
taisonnemens  en  faveur  et  contre 
le  duel,  l'apologie  du  snicitle  et 
la  condamnation  de  cette  fré^ 
xiésie  :  la  facilité  à  pallier  le  crime 
de  l'adultère ,  el  les  raisons  les 

F  lus  fortes  pour  en  faire  sentir 
horreur.  De  là  tant  de  déclama^ 
tions  contre  l'homitie  social ,  et 
tant  de  transports  pour  l'huma- 
nité :  ces  sorties  violeiites  contre 
leç  philosophes,  et  cette  manie  a 
favoriser  leurs  sentimens.  De  là 
des  sophisraes  spécieux  contre 
l'existence  de  Dieu  et  des  argu- 
mens  invincibles  contre  les  alhces» 
De  là  des  objections  futiles  contre 
la  religion  Chrétienne  et  àes' 
éloges  sublimes  de  cette  même 
religion.  Lorsque  la  Nouvelle 
Héloïse  parut,  les  sentiftïens  fu- 
rent partagés  chez  les  gens  de 
Içttres ,  qui  en  admirant  divera 
morceaS^  de  passion  et  de  philo- 
sophie répanaus  dans  ce  roman , 
2ie  virent  dans  le  total  du  livre 
qu'un  ouvra <?re  indigeste.  Mais  les 
gens  du  monde  et  les  femmes  sur- 
tout le  dévorèrent  avec  avidité  et 
s'engouèrent  du  livre  et  de  l'au- 
teur. Ce  qui  lui  rendit  les  femmes 
si  favoraoles  ,  fut  la  persuasion 
qu'il  avoit  écrit  sa  propre  his- 
toire ,  et  qu'il  ^étoit  lui-même  le 
Béros  de  son  roman.  Rousseau 
favorisa  cette  idée,  et  cette  petite 
ruse  jointe  à  quelques  autres,  né 
sert  point  à  le  disculper  du  char- 
latanisme dont  ses  ennemis  et 
niême  quelquefois  ses  amis  l'ont 
accusé.  Emile  fit  encore  plus  de 
bruit  que  Ja  NpuvelUHéloïse.On 
sait  que  ce  roman  moral ,  piiblié 
en  1762,  en  4  vol.  in— 12  ,  roule 
principalement  sur  l'éducation. 
Mçitsfiim  YSjit  qu'on  suive  en  taut 


R  O  U 

la  nature ,  et  si  son  système  È*é^ 
loigne  en  quelques  endroits  des 
idées  reçues,!]  mé  rite  à  pki  sieurs 
égards  d'être  mis  en  pratique  ,  et 
il  l'a  été  avec  quelques  modifici^- 
tions  nécessaires.  Lespréceptesde 
l'auteur  sont  exprimés  avec  cette 
force  et  cette  noblesse  d'un  cœur 
rempli  des  grandes  vérités  de  la 
morale.  S'il  n'a  pas  toujours  été 
vertueux ,  personne  au  moins  n'a 
mieux  senti   et   n'a  mieux   fait 
sentir  le  prix  de  la  vertur  Tout 
ce  qu'il  dit  contre  le  luxe ,  contre 
les  spectacles,  contre  le«  vices ek 
les    préjugés  de  son  siècle,  est 
digne  tout  à  la  fois  de  Platon  et 
de  Tacite.  Son  style  est  à  lui.  A 
paroit  pourtant  quelquefois,  par 
une  sprte  de  rudesse  et  d'àpreté 
affectées  ,  chercher  à  se  rappro-» 
cher  de  celui  de  Montaigne  dont 
il  est  grand  adtnirateur  ,  et  dont 
il  a  rajeuni  plusieurs  sentimens 
et  plusieurs  expressions.  Ce  qu'il 
y  «  de  déplorable  ^  c'est  qu'en 
voulant  élever  un  jeune  homme 
Chrétien ,  il  a  rempli  son  troi- 
sième volume  d'objections  contré 
le  Christianisme.  Il  fait ,  à  la  vé- 
rité, un  éloge  sublime  de  l'E- 
vangile et  un  portrait  touchant 
de   son   divin    Auteur.  (  Voyez 
^article  de  JÉsus-Chrtst  dans  ce 
Dictionnaire.)  Mais  les  miracles^ 
les  prophéties  qui  établissent  la 
mission ,  sont  attaqués  sans  mé* 
nagement  L'auteur  n'admettant 
que  la  religion  naturelle ,  pèse 
tout  à  la  balance  de  la  raison ,  efc 
cette   raison  trompeuse,  le  jette 
dans  des  écarts  qui  furent  funestes 
à  son  repos.  Il  habitoit ,  depuis 
1756,  près  de  Montmorenci ,  et 
y  vivoit  en  solitaire  studieux.  La 
source    de  son  amour  po.ur  la 
retraite,   fut,  selon  lui-même, 
«Cet  indomptable  es^rM^Uberté, 
que  rien^  n'a  pu  vaincre ,  et  de- 
vant lequel  les  honnemrs  ^  la  ÎQt^ 


liqe  ût  la  réputation  ne  me  sont 
nen.  H  esï  certain  que  cet  esprit 
de  Uberlé  me  vient  moins  d'orgueil 
4ue  de  paresse  ;  mais  cette  pa-* 
resse  est  incroyable.  Tout  l'efTa- 
rouche  ;  les  moindres  devoirs  de 
la  vie  civile  lui  sont  insupporta- 
bles. "Un  mot  à  dire ,  une  lettre  à 
écrire ,  une  visite  à  faire  ,  dès 
qu'il  le  faujt,  sont  pour  moi  des 
supplices.  Voilà  pourquoi,  quoi- 
que le  <iommercô  ordinaire  des 
hommesnie  soit  odieux,  l'intime 
amitié  m  est  si  chère ,  parce  qu'il 
fiy  a  plus  de  devoir  pour  elle  ; 
t)ii  suit  son  cœur ,  et  tout  est  fait. 
Voilà  encore  pourquoi  fai  tou- 
jours tant  redoiité  les  bienfaits  : 
lÈar  tout  bienfait  exige  recon— 
Jioissançe ,  et  je  me  sens  le  cœur 
Ihgrat ,  par  cela  seul  que  la  re- 
connoissance  est  un  devoir.  Enfin 
l'espèce  de  bonheur  qu'il  mè 
lant ,  n  est  pas  tant  de  faire  ce 
que  je  veux ,  que  de  ne  pas  faire 
ce  que  je  ne  veux  pas.  »  Il  eut  ce 
bonheur  dans  sa  solitude.  Sans 
adopter  en  tout  la  façon  de  vivre 
trop  dure  des  ariciens  Cyniques  , 
il  s'étoit  retranché  tout  ce  que 
peut  fournir  ce  luxe  recherché 
qui  est  la  suite  des  richesses ,  et 
qui  en  pervertit  Vusàge.  Il  auroit 
ité  heureux  dans  cette  retraite , 
à'il  avoit  pu  oublier  ce  public  qu'il 
àffectoit  de  dédaigner  ;  mais  le 
oesir  d'une  grande  réputation  aî- 
gnillonnoit  son  amour  pi'opfe,  et 
cest  ce  désir  qui  lui  fit  glisser 
uans  soii  Emile  tant  de  choses 
dangereuses.  Lé  parlertieht  de 
Paris  condanlna  ce  livre  en  1 762 , 
^t  poursuivit  criminell&mentrau- 
Jèur  qui  fut  obligé  de  prendre 
la  fuite  à  la  hâte.  Il  dirigea  ses 
pas  vers  sa  patrie  qui  lui  ferma 
Ses  portes.  Proscrit  dans  là  ville 
qui  lui  avoit  donné  le  jour ,  il 
J^^rcha  un  asile  en  Suisse,  et  le 
^QUYA  dans  la  principauté  àé 


Keiiçhâte].  Son  premier  soin  fufc 
de  défendre  son  Emile  contre  lé 
Mandement  de  l'archevêque  -dé 
Paris  qui  avoit  atiàthémàtisé  ce 
livre.   Il    publia   en   i  ^  6  3  une 
Lettre,  où  toutes  ses  erreurs  sont 
reproduites  avec  la  pahiredel'é- 
loquehce  la  plus  vive  et  l'art  Id 
plus  insidieux.  Dans  cette  Lettre  j 
il  se  peint  comme  plus   ardent 
qu'éclairé    dans  ses  recherches  , 
Tàais  sincère  en  tout,  même  contre 
lui;  simple  et  hon  ,  inais  sensible 
et  faible  :  faisant  souvent  le  ma! , 
et  toujours  aimant  le  bien;   lié 
par   L^av/i^tlé   et  jamaii  par   let 
choses  ,  ^et  tenant  plus  à  Ses  sen-^ 
timens  quà  ses  intérêts  ;  n^exi" 
géant  rien    des   hommes  et  neA 
voulant  point  dépendre  ;  ne  ce" 
dont  pas  plus   à  leurs  préjugés 
qu*à  leur  volonté,  et  gardant  la 
sienne  aussi  libre  que  sa  raison  : 
rnisofinaiit  suf^  la  Religion  ,  sani 
libertinage  :  n'aimant  ni  l'impiété 
ni  le  fanatlsnie  ;    mais  haïssant 
les  intoUrans  eàcore  plus  j^ue  les 
esprits  forts ,  etc.  etc.  0<i  :^errfl 
par  la  suite  de  cet  article ,  qucllel 
restrîfctiohs  il  faut  mettre  à  ce 
portrait...    Les    Lettres  die  là 
Montagne  virent  lé  jour  bientôt 
aiarès;  liiais  ce  livi*e  bien  moinf 
éloquent,'  ei  surchargé  de  dis- 
cussions ennuyeuses  sur  les  ma-« 
gistrats  et  les  pastelirs  de  Genève, 
irrita   les    rtiinistreâ  Protestant 
saîis  le  récohcilier  avec  les  minis-^ 
très  de  l'Eglise  Romaine.  Hous^ 
seau  àvoit  abandonné  solennelle- 
ment  cette  dernière  religion  en 
1^53 ,  et  ce  qu'il  y  a  d'étrange  ^ 
c'est  qu'il  étoit  résolu  alors  de 
venir  vivre  en  France  dans  un 
pays    Catholique.    Les  pasteur^ 
Protestans  ne  lui  surent  aucun 
gré  de  ce  changement  ;  et  la  pro** 
tectidn  du  roi  de  Prusse  à  qui 
appartient  la  principauté  delNeu** 
■ôkktal ,'  I2Ê  put  lë  souslxaire  atùK 


-^    I 


388       R  O  U 

tracasseries  que  le  pastenr  de 
Moutiers-Travers  village  où  il 
s'étoit  retiré ,  lui  suscita.  Il  prê- 
cha cQjitre  Rousseau,  et  ses  Ser- 
mons produisirent  une  fermen- 
tation dans  la  populace.  La  nuit 
du  6  au  7  septembre  1763  ,  quel- 
ques fanatiques  échauffés  par  le, 
vin  et  les  clameurs  des  ministres, 
lancèrent  des  cailloux  contre  les 
fenêtres  du  philosojihe  Genevois, 
qui  craignant  de  nouvelles  insul- 
tes, chercha  en  vain  un  asile  dans 
le  cantoù  de  Berne,  Ce  canton 
allié  de  la  république  de  Genève, 
ne  voulut  point  souffrir  dans  son 
territoire  un  homme  que  cette  ré- 
publique a  voit  proscrit.  Sa  sauté 
délabrée  et  rapprochedc  Ihiver, 
ne  purent  fléchir  ces  austères 
Spartiates.  En  vain,  pour  les  ras- 
«urer  contre  la  contagion  de  ses 
çystèqies  ,  il  les  supplia  de  le 
4en fermer  dans  une  prison ,  pour 
qu'il  put  attendre  le  printemps  ; 
cette  grâce  lui  fut  refusée.  Con- 
traint de  se  mettre  en  route  au 
commencement  d'une  saison  très- 
rigoureuse  ,  il  arriva  dans  un  état 
misérable  à  Strasbourg.  Le  ma- 
réchal de  Contades  qui  y  corn— 
mandoit  ,  lui  procura  tous  les 
«oulagemens  qu'il  pouvoit  es- 
pérer d'un  seigneur  généreux  et 
d'un  homme  compatissant.  Il  at- 
tendit tranquillement  le  beau 
temps  pour  passer  à  Paris  où 
étoit  alors  le  célèbre  Hume  qui 
devoit  l'emmener  avec  lui  en  An- 
gleterre. Après  avoir  fait  quelque 
séjour  dans  la  capitale ,  Rousseau 

Sàrtit  effectivement  pour  Lon— 
res  en  1766.  Hume  touché  de 
sa  situation  et  de  ses  malheurs  , 
lui  procura  un  établissement  très- 
egréable  à  la  campagne.  Mais  le 
philosophe  de  Genève  ne  se  plut 
pas  loiig-temps  dans  sa  nouvelle 
retraite.  11  n'avoit  pas  fait  sur  les 
Ângloii  la  même  sensation  qu^^ 


R  o  o 

«iir  les  Parisiens.  Son  hnmear 
libre  ,  roiJe  et  mélancolique , 
n'étoit  pas  une  singularité  ea 
Angleterre.  Il  ne  parut  bientôt 
qu'un  homme  orrUnaire.  Qn  rem- 
plit les  feuilles  périodiques  dont 
Londres  est  inondé  ,  de  satires 
contre  lui.  On  fit  imprimer  sur- 
tout une  Lettre  prétendue  du  roi 
de  Prusse  à  Rousseau  ,  dans  la- 
quelle les  principes  et  la  conduite 
ae  ce  nouveau  Diogène  étoient 
tournés  en  ridicule.  Rousseau 
crut  que  c'étoit  une  conspiration 
de  Hume  et  de  quelques  philc^- 
sophcs  de  Paris ,  contre  sa  gloirt 
et  son  repos.  Il  lui  écrivit  une 
lettre  de  reproche  ,  remplie  d'ex- 
pressions outrageantes.  Il  le  re- 
garda dès-lors  comme  un  homme 
méchant  et  perfide,  qui  l'avoit 
attiré  dans  son  pays  pour  l'im- 
moler  à  la  risée  publique.  Cette 
tdée  n*étoit  vraisemblablement 
qu'une  chimère  nourrie  par  l'a- 
niour  propre  et  l'inquiétu^Je  <ïes- 
prit.  Il  se  peut  que  le  philosophe 
Anglois  eut  dans  ses  politesseï 
im  ton  un  peu  rebutant;  mais 
il  y  a  apparence  que  tons  sei 
torts  se  bornèrent  là.  /La  santé 
délicate  de  Rousseau  qui  lui  don- 
noit  souvent  de  Thumeur  ,  une 
imagination  forte  et  sombre  , 
une  sensibilité  trop  exigeante  , 
un  caractère  ombragetix  jeint  à 
la  vanité  philosophique  ,  et  en- 
tretenu par  les  faux  rapports  d» 
sa  gouvernante  qui  avoit  pris  sur 
lui  un  empire  singuljer  ;  tont 
cela  put  lui  donner  le  éhange  sur 
quelques  procédés  innocens  d« 
son  bienFaicteur,  et  le  rendre  in- 
grat sans  qu'il  soupçonnât  l'être. 
Cependant  des  conjectures  sou- 
vent fausses ,  des  vraisemblnncei 
quelquefois  trompeuses  n  autoii* 
sent  jamais  \\ïï&  a  me  honnête  a 
se  détacher  d'un  ami^t  d'un  bien- 
ffticteur  ;  il  li4  fkiit  des  preuves , 


^ 


RO  U 

9t  celles  de  Rousseau  !i*étok?ixt 
^  certainement  pas  des  démonstra- 
tions.   Quoi  qu'il    en    soit ,    le- 
philosophe  de  Genève  revint  en 
France.  £n  passant  à  Amiens  il 
vit  Gresset ,  qui  le  sonda  sur  ses 
malheurs  et  sur  ses  disputes  ;  il  3e 
contenta  de  lui  répondre  :  Vous 
avez  eu  l'art  ée  faire  parler  un 
Perroquet  ;    mais  vous   ne   san-~ 
riez  faire  parler  un  Ours,  Cepen*- 
dant  les  magistrats  de  cette  ville 
voulurent    lui     envoyer    le    vi» 
d'honneur  ;  il  le  refusa.  Son  ima- 
gination blessée  s'obstinoit  à  ne 
voir  dans  ces  attentions  llatteuses 
que  dei  respects  dérisoires,  tels 
que    ceux    qu'oii    prodiguoit   à 
Sancho  dans  l'isle  de  Baralaria, 
D  cro5'oit  qu'une  partie  du  public 
le  regnrdoit  comme  LazarilU  de 
Tornies    qui  ,    attachée  dans  le 
fond  d'une  cuve  9  la  tête  seule 
kors  de  l'eau ,  ctoit  promené  de 
viMe  en  ville  comme  un  monstre 
marin  fait  pour  divertir  la  mii^l- 
titude.  Ces   idées  fausses  et  bi»- 
zarres  ne  l'empêchèrent  pas  t^e 
soupirer^jirès  le  séjour  de  Pari^, 
.ou  certftineTqent  il  étoit  plus  en 
spectacle  que  par -tout  ailleurs. 
Le  premier  juillet  1770  ,  PiqilS" 
seau  parut  pouf  la  première  fois 
au  café  de  la  Régence  en  habit 
prdinoire  ;   car  il*  ^^étoit  habillé 
pendtint  quoique  temps  en  Ar- 
ménien. La  foule  qui  Tenviron- 
noit  lui  prodigua  ses  applaudis— 
temen^.  «  Il  tst  singulier  ,  dit 
M,  SenneUer  ^  de  voir  un  hoinn\e 
Bussi  fier  que  lui ,  revenir  dans 
.le lieu  mêmf^  d'où  il  s' étoit  élancé 
vers  tant  de  lieux  différens.  Est- 
ce  encore  un»»  de*  inconséquerices 
de  cet   homme  extraordinaire,, 
,  d'avoir  préféré  pour  spi^.s^joi^r 
la  ville  du  monde  dont  il  avo^t 
dit  le  plus  ôe  mal  ?  »  11  est  i^ufsl 
singulier  qu'un   homme  décrété 
.*^RkU€  ^e  corps  ,  y^vl^t  vivi;e 


HOU     589 

d'une  manière  aussi  publique  dans 
le  lieu  de  son  décret.  Ses  pro-* 
lecteurs  obtinrent  qu'il  y  demeu- 
reroit ,  à  condition  qu'il  n*ccri- 
roit  ni  sur  les  matières  de  la  re- 
ligion, ni  sur  celles  du  gouver- 
nement :  il  tint  parole  ,  car  il 
n'écrivit  pas  du  tout.  Il  se  con- 
tenta de  vivre  en  philosophe  pai*- 
sible ,  borné  à  ](t  socicté  de  quel- 
ques amis  sûrs ,  fuyant  celle  des 
grands,  paroissant  détrompé  de 
toutes  les  illusions ,  et  n'afiichan4: 
dans  les  derniers  temps  de  sa  vie 
ni  la  philosophie  ni  le  bel  esprit. 
Rousseau  mourut  d'apoplexie  9. 
Krmcnonville  ,  possession  de 
M.  de  Girardin  ,  à  dix  lieues  de 
iParis  ,  le  2  juillet  1778  ,  à  G^ 
ans.  Cet  homme  généreux  lui  a 
élevé  un  monument  fort  simple 
dans  l'isle  des  Peupliers  qui  fn^t 
partie  de  ses  beaux  jardins.  Oji 
lit  sur  son  to^nbeau  qes  épita-* 
phes  : 

«  Ici  reposk 

l'Homme  de  la  Naturb 

et  de  la  yé/wté  ! 

Cétoit  la  devise  di^  pliiiosopliv 
Les  curieux  qui  vont  voir  ce  mo- 
nument 9  y  considv'rent.  aussi  {a 
cabane  du  citoyen  de  Genève,  On 
y  lit  an-dessus  de  la  porte  c^s 
mots  qui  fourniroient  matière  à 
un  livre  :  Celui-là  est  véritable-' 

I 

ment  libre  ,  qui  n'a  pas  besoin 
de  mettre  les  bras  d'un  auti;e  au 
.  bout  des  siens  pour  faire  sa  vo^ 
lonté, . . .  •  Rousseau  avoit  épousé 
en  1769  pendant  son  séjour  à 
Bourgoin  en  Daup.hiné  ,  IVl^®  le 
Vasseur  sa  gouveri^ante  ,  femme 
^ans  grâces  et  sans  talens  y  qui 
avoit  pris  sur  lui  le  plus  gran(l 
empire.  Elle  lui  rendit  des  ser- 
vices en  santé  et  eu  maladie  ^ 
et  le  suivit  dans  fies  dilï'érentes 
.^i^igrations  à  Montmorenci  ^  a 

Bb  3 


N 


t.* 


390        R  O  U 

Genève ,  à  Berne ,  à  Montiers ,  à 
rïeuchàtel  ^  à  Londres ,  à  Brien- 
ne ,  à  Bourgotn ,  à  Paris  et  à  Er- 
menonville.  Mais  comme  si  elle 
eût    été  jalouse   de   le  posséder 
feule ,  elle  repoussa  de  son  cœur 
par  d&s  insinuations   malignes  9 
tous  ceux  qui  parvenoient  a  lui 
plaire  ;   et  lorsque  Rousseau  ne 
les  écartoit  pas ,  elle  les  empê-^ 
choit  de  revenir  par  des    refus 
constans  et  invincibles.  Elle  par^ 
▼int  d'autant  plus   facilement  à 
jeter  son  époux  dans  des  incon- 
séquences de  conduite  ,  que  son 
_caractèr©'étoit  certainement  ori- 
l^inal  ainsi  que  ses  opinions.  La 
nature  ne  lui  avoit  peut -être 
donné  que  le   germe  de  ce  ca- 
ractère ,  et  Tart  avoit  vraisem- 
blablement contribué  à  le  lui  ren- 
,    dre  encore  plus  singulier.  Il  n*ai- 
m  oit  à  ressembler  à  personne  ;  et 
comme  cette  façon  de  penser  et 
de  vivre  extraordinaire  lui  avoit 
fait  un  nom ,  il  manifesta  beau- 
eoi^  trop  une  sorte  de  bizarrerie 
soit  dans'  sa  conduite  ,  soit  dans 
ses  écrits*  Semblable  à  lançien 
Diogèiie,  ilalUoit  la  simplicité 
d«s  mœurs  avec  tout  l'orgueil  du 
j^énie  ;  et  un  grand  fonds  d'in- 
dolence joint  à  une  extrême  sen- 
'sibilité  ,   rendoit  son   caractère 
encore  plus  singulier'.  «  Une  aroe 
paresseuse   qui  s'effraie  de  tout 
soin  ,  un  tempérament  ardent , 
bilieux  ,   facile  à   s'affecter ,   et 
sensible  à  Pexcès  à  tout  ce  qui 
Taffecto  ^    semblent  ne  pouvoir 
s'allier  dans  le  même  caractère  ; 
et  ces  deux  contraires  composent 
pourtant  le  fonds  du  mien.  La 
vie  active  n'a  rien  qui  me  tente  : 
te  consentirois  cent  fois  plutôt 
a  ne  jamais  rien  faire  ,  qu'à  faire 
quelque  chose  malgré  mois    et 
j'ai  cent  fois  pensé ,  que  je  n'au- 
rois  pas  mal  vécu  à  la  Bastille, 
n'y  étâut  tenu  à  rien  da  tout 


R  o  u 

qu'à  rester  là.  J'ai  cependant  faîf 
dans  ma  jeunesse  quelques  efforts 
pour  parvenir;  mais  ces  efforts 
n'avoient  jamais  d'autre  but  qu* 
la  retraite  et  le  repos  de  ma  vieil- 
lesse 9  et  comme  ils  n'ont  été  qne 
par  secousses  ,  comme  ceux  d'un 
paresseux  ,  ils  n'ont  jamais  eu  le 
moindre  succès.  Quand  les  maux 
sont  venus  ,  ils  m'ont  servi  d'im 
beau  prétexte  pour  me  livrer  à 
ma  passion  dominante.  »  U  exa- 
géra souvent  ses  maux  dans  son 
esprit  et  dans  l'esprit  des   antres. 
Il  tâchoit  sur— tout  de  se  rendra 
intéressant  yar  la  peinture  de  ^n 
malheurs  et  de  sa  pauvreté ,  quoi' 
que  ses  infortunes  fussent  moins 
grandes  qu'il  ne  le  pensoit ,  et 
quoiqu'il  eût  des  ressources  as- 
surées contre  l'indigence.  Il  étôît 
d'ailleurs  charitable  9  bienfaisant, 
sobre  ,  juste  ,  se  contentant  àû 
pur  nécessaire  ,  et  refusant  les 
moyens  qui  lui  auroient  procftré 
ou  des  richesses  ou   des   places. 
On   ne  peut   l'accuser  ,  comme 
tant  d'autres  sophistes ,   d'avoir 
souvent  répété  avec  une  emphase 
étudiée  le  mot  de  Vertu  ,  sans 
en  inspirer  le  sentiment.  Quand 
il  parle  des  devoirs  de  l'homme, 
des  principes   essentiels  à  notre 
bonheur  ,  du   respect  que  nous 
nous  devons  à  nous-mêmes,  et 
de  ce  que    nous  devons  à  nos 
semblables;  c'est  avec  Une  abon- 
dance j   un  charme  ,  une  force 
•  qui  ne  sauraient  venir  que  da 
cœur.  On  disoit  un  jour  à  M.  ^ 
Buffon  :  Vous  aviez  dit  et  proui^ 
at^nt  J.  J.  Rousseau  que  les  Mè* 
res  doivent  nourrir  leurs  enfans, 
—  Oui ,  répondit  cet  illustre  na- 
turaliste ,  nous  ravions  tous  dUs 
mais  Rousseau  seul  le  commaïub 
et  se  fait  obéir.  Un  autre  acadé- 
mièién  disoit  que  les  vertus  i6 
Voltaire  étaient  dans  sa  téte,^ 
celtes  4e  jreaÀ-Jac<{ue«  dêi^tJo^ 


r 


(  ' 


R  ou 


I   0Kur,..p,  Rousseau  s'éfoit  nourri* 
:  fie  bonne  heure  de  lu  lecture  des 
anciens  auteurs   Grecs  et  Ho— 
,   nains;  et  les  vertus  répnblica^- 
lies  qui  y  s<Mit  peintes  ,  le  stoï- 
cisme mâle   des   Catons  et  des 
Brutus  le  transportoient  ai>-delà 
des  bornes  de  la  simple  estime. 
Dominé  par  son  imagination ,  il 
admirait  tout  dans  les  anciens , 
tt  ne  voyoit  dans  ses'contempo*» 
raius  que  des  esprits  afFoiblis  et 
das  coq>3^  dégénérés.  Ses  idées 
sur  la  politique  étoient  quelque- 
fois aussi  extraordinaires  que  ses 
paradoxes  sur  la   religion*  Son 
Contrat  soùial  que  Voltaire  ap- 
peloit  le  Contrat  insocial ,.  a  été 
legardé  cependant  par  quelques 
penseurs  comme  plein  d'idées  lu- 
mineuses sur  les  différens  gou- 
Ternemens  ,  et  le  pins  grand  e^ 
£ort  de   son  génies    D'autres  le 
trouvent   rempli  de  contradic- 
tions ,  d'erreurs  et  de  traits  di— 
gnes  d'un  pinceau  cynique ,  obs^ 
car ,  mai  digéré  ,   et  peu.  digne 
de  sa  plume  brillante.  Ce  dernier 
Sagement  est  beaucoup  trop*  se** 
vère  ',  et  sans  adopter  toutes  les 
idées  du*  Contrat  social  dont  quel- 
ques-unes sont  dangereuse»)  nous 
pouvons  assurer  que  tous  les  au- 
teurs politiques  qui  ont  écrit  de- 
puis ÂousseawYQïït  méàïté^  con- 
sulté ,  commenté  ,  et  quelquefois 
dénaturé.  On  a  encore  de  luLquel- 
ques  autres  petits  ouvrages  qu'on 
troirve*   dans    le  recueil  de.  ses 
ŒuFBjES  »  dont  on  »  donné  une 
nouvelle  édition  en  trente^trois 
vol%  in-8<>  et  in-i.} ,  en  y  compre- 
nant un.  supplément  assez  ini»^ 
tile  9  en  six  volumes.  On  a  re- 
cueilli les  vérités  les  plus  utiles 
et  les  plus  importantes  de  cette 
collection  dans  ses  Pensées ,  vc^. 
in-i2  9  où  l'on  a  fait  disparoître 
le  sophiste  hardi  et  l'auteur  im-* 
pie  )  pour  n'of&ir  que  récriyaia 


R  O  U       59^ 

«éloquent  et  le  moraliste  penseur. 
Ce  n'est  qu'après  la  mort  da 
Rousseau  qu'on- a  publié  ses  Coa- 
fessions  en  douze  livres.  Dans 
Tavant-propos  de  ces  Mémoires 
pleins  de  portraits  bien*  frappés 
et  écrits  avec  chaleur  ,  avec  éner^' 
Çie  et  quelquefois  avec  grâce  ^ 
«  il  s'annonce ,  dit  M.  Palissot  i 
comme  un  misanthrope  amer,  qu£ 
se  présente  audacieusement  stuc; 
les  ruines  du  monde  pour  dé-4 
claror  au  genre  humain  qu'il  sup- 
pose assemblé  sur  ces  ruines  ^ 
que  dans  cette  foule  imiombra^ 
bie  aucun  d'eux  n'oseroit  dire  i 
%fe  fus  meilleur  que  cet  homme'4 
là.  Cette  affectation  de  se  voir, 
seul  dan«  l'univers  et  de  rapportes* 
continuellement  tout  à  soi ,  pour-»' 
roit'  paroître  à  quelques  esprits 
difficiles ,  un  fanatisme  d'orgueil 
dont  on*n'avoit  point  vud'exem-^ 
pie  ,  du  moins  depuis*  Cardan,  »\ 
Mais  ce  n'est  pas  le  senl  reproche' 
qu'on  puisse  faire  à  l'auteur  des 
Confessions^  On  voit  avec  peine 
qne  sous  prétexte  d'être  sincère  y 
â  déshonore  la  mémoire  de  Ma-^ 
dame  de  Warens  sa  bienfaictrice* 
D  y  a- des  personnalités  non  moin» 
odieuses  contre  des  hommes  obs- 
otirs  ou  célèbres,  qu'il  auroit 
fallu  supprimer  en  tout  ou  en 
partie.  Aussi  une  femme  d'esprit* 
disoit-ello  que  Rousseaw  auroit 
eu  une  plus  grande  réputation 
de  vertu  ,  s'U  étoit  mort  sans  con^ 
fession.  Quels  motifs  purent  por- 
ter Rouueau  iw  dévoiler  ainsi  sar 
propre  honte  et  celle  des  autres  l 
Marmontel  l'explique  très-bien  : 
«*  L'un  des  plus  misérables  tra-^ 
vers  ,  dit-il ,  et  des  plus  indignèa^ 
manèges  de'  l'amour  propre  c'est 
d'affecter ,  en  parlant  de  soi ,  une 
sincérité  cynique  i  soit  pour  faire 
dire  qu'on  a  osé  ce  que  nul  autre 
n,'avoit  osé  encore  ;  soit  pour  ac-- 
cr éditer  par  quelques  aveux.  hu<« 

Bb4 


J9»        R  O  U 

niiliaos  ,  les  éloges,  qu'on  se  ré^, 
«erve  et  par  lesquels  on  se  dé- 
dommage ;  soit  pour  s'autoriser 
h  dire  impudemnieut  d'autrui  en-> 
^re  plusdemal  que  de  soi-même, 
observez  attentivement  celui  qui 
emploie  cet  artifice  :  vous  yerrez 
que  dans  ses  principes  .  il  attache 
peu  d'importance  à  ces  fautesdont 
ij  s'accuse.  Il  les  attribue  à  des 
qualités  dont  il  s  applaudit.  £n 
}^s  avouant,  il  les  environne  de 
circonstances  qui  les  colorent.  Il 
les  rejette  sur  un  âge  ou  sur  quel- 
que situation  qui  sollicite  l  in- 
dulgence. Il  se  garde  bien  de  con- 
fesser de  niéaie  des  torts  plus 
{f^raves  ou  ôes  vices  plus  odieiuf- 
4)u  feignant  de  s'arrac  lier  ie  voile , 
il  ne  fait  que  le  soulever  adroi- 
tement et  par  un  coin  ;  et  après 
i|voir  exercé  sur  lui-même  une 
sévérité  hypocrite  ,  il  en'  prend 
droit  de  ne  rien  ménager  ,  de 
xévéler*»  de  publier  les  confiden- 
ces le*  plus  intimes  ;  de  trahir 
les-  secrets  les  pJus  inviolables  de 
l'amour  et  de  l'amitié  ;  de  percer 
xnênie  ses  bienfaicteurs  des  traits 
de  la  sat  re  et  de  k  calomnie.  Le 
résultat  de  ses  aveux  sera  qu'il  est 
encore  ce  qu'il  y  a  de  meilleur 
au  mo  de.  Il  n'y  a  pioint  de  succès 
plus  assurés  que  celui  d'un  pareil 
ouvrage  ;  mais  il  ue.  laissera  pas 
d'étrQ  une  tache  ineâ^çable  pour 
son  auteur*  »  M.  Sennebier ,  au- 
teur de  V Histoire  Littéraire  de 
Genève ,  pense  à  peu  près  comme 
H^armontsL  «  Ses  Confessions , 
-dit^il ,  me  paroissent  un  livre, 
très  —  dangereux  ,  et  peign-nt 
^Rousseau  avec  des  couleurs  qu'on 
n'auroit  jamais  osé  lui  appliquer. 
I^es  analyses  fines  qu'on  y  trouve 
de  quelques  sentimens  ,.  Tanato- 
laie  délicate  qu'il  y  fait^de  quel- 
ques actions^  ne  saur  oient  voJer 
les  faits  horribles  qu'on  y  ap- 
prend, et  leS/  médhancçs  ètet'* 


R  o  ir 

ilelles  qa  elles  renferment,  »  B 
est  certain   que   si    Rousseau  9, 
peint  fidellement  plusieurs  de  ses 
personnages  ,  il  en  a  vu  d'autres 
à  travers   les    nuages    que  for-< 
rooient  dans  son  esprit  ses  éter-* 
nels  soupçons.  Il  croyoit  penser 
juste  et  dire  vrai  ;  mais  la  chose 
la  plus  simple,  dit  Servant ,  dis- 
tillée  par  cette  tête  ardente  et 
ombrageuse,  pouvoit  devenir  du 
poison.  Dans  ce  que  Rousseiiu-àÀt 
de  lui-même ,  il  fait  des  aveur 
qui  prouvent  certainement  qu'il 
y  a  e»i  des  hommes  meilleurs  que 
lui.  l}m\s  ce  qu'il  dit  i\es  antres-, 
il  nuit  aux  mœurs  publiques,  et 
par  les    turpitudes  qu'il  révèle, 
et  par  la  manière  dont  il  les  allia 
quelquefois  avec  des  vertus  ;  car 
llousseau  ne  peint  pas  toujoiiri 
en  laid  les  auteurs  qu'il  produit 
avec  hii  sur.  la  scène.  Quelques- 
uns  n'y   paroissent  qu'en  beau, 
tels    que    le  prince    «ie    Conli  , 
le  maré(h-a!  de  f^uxembaurg  ,  àe 
MaLeskerbe^. ,  milord  Maréchal, 
de  Saint^Lambert  ;   mais  en  gé- 
n'^raJ  la  prévention  ,  la  itiéfiance 
ont  noirci  les  couleurs  de  ses  au^* 
très  portraits,  sur-tout  dans  les 
six  derniers  livres.  C'est  sur-tout 
conàre  les  gens   de  lettrbs  qu'il 
exhale  ses  plaintes  les  plus  fré- 
quentes et  les  plus  amères ,  quoi- 
que parmi  eux  quelques  uns  l'eus- 
sent aimé,   et  d'autres  Feussent 
servi.    Les    antres   écrits   qa'oiî 
trouve  '  dans  la  nouvelle  éditio» 
de  ses  Œuvres  ,   sont.  :  L  Le» 
hêveries  du  Promeneur  SoUlàirtt 
journal  de  ses  pensées  pendattC 
ses  promenades  vers  la  fin  de  sa 
vie. 'Il  y  avoue  qu'il  a  mieux  aim4 
envoyer  ses  eftfans  (  il  en  avoit 
eu  cinq  dé  sa  gouvernante)  dan» 
les  asiles  destinés  aux  orphelins^ 
que  de  se  charger  de  leur  noar- 
riture  et  jie  leur  éducation  ;  et 
ii^  tâche  de  paUiec  cette  &ate^M. 


R  ou 

lien  ne  sanroit  excuser.  II.  Cd/i« 
tidérations  sur  le  Goavernemeni 
de  Pologne ,  qui  renferment  des 
conseils  utiles  pour  ]e  ^ouver^ 
Bernent  de  ce  royaume  et  même 
4e  que}q:ies  autres  étftts.  ilf.  Les 
Atfentures  de  milord  Edouard  > 
roman  qui  est  une  espèce  de  suite 
de  la  Nouvelle  Hélotse*  IV.  Divers 
Mémoires   et   Pièces    fugitives  , 
«vec  un  grand  nombre  de  LeUre^ 
âont  quelques  -  unes  sont  très- 
longues  et  écrites,  avec  trop  d'ap- 
prêt ,  mais  qui  o^ent  des  mor- 
ceaux éloquens  et  profondément 
pensés.  V.  Emile  et  Sophie   ou 
les  Solitaires.  VLLe  Lévite  d'E^ 
phraïta,  po«?ïne  en  prose  en  qua- 
tre chanta ,  d'un  coloris  frais  et 
charmant  ,    et   d'une  simplicité 
vraiment  antique.  VIT.  Lettres  à 
Sara.    VIII.  Un   Opéra  et   une 
Comédie.   IX.  Des  Traductions 
du  premier  livre  de  l'Histoire  de 
Tacite  ',    de    l'épisode   d'Olinde 
et  Sophronie  r  tirée   du    Tasse. 
X.  Rousseau  juge  de  Jean-^ac- 
ques.  Si  quelque  chose ,  suivant 
'  io  écrivain  ,   peut   faire'  sentir 
eombieu  cet  horome  a  été  njal- 
heureux  par  l'imagination  et  le 
Caractère  ,  c'est  assurément  cette 
production  ^  la  plus  étrange  peut- 
être  qui  existe  ,  et  la  plus  hon- 
teuse pour  l'esprit  humain  :  c'est 
l'ouvrage  d'un  délire  complet.  Il 
est  bien  extraordinaire ,   il  f^ut 
l'avouer,  devoir  im  homme  toi 
q}XQRou.sieju ,.  se  persuader  pen- 
dant quinze  anf  ,  comme  on   le 
Voit   par    ce  dialogue ,    que  la 
France,  V Europe^  la  Terre  e/t^ 
tière  sont  liguées  contre  sa  per- 
sonne ;    c^vCiiy  a  une  conspira^ 
tion  universelle  tramée  par  toute 
i^ne  génération  ,  un  complot,  un 
tny stère   <yu*    tieAt    du  prodige  , 
^«c  tout  est  'confitré  contre  lui , 
depuis  le  gouvernement  jusqu'à  la 
^aaille*  L'au&e^r  écrit  eériettist^ 


R  O  U       39y 

mut  que  tout  le  monde  t  ordre 
de  ne  pas  lui  répondre  s'il  fiait 
une  question;  ^ue  s'il  veut  troii-^ 
ver   dans  Paris   un  livre  ou  utt 
aimanacb,  le  livre  et  l'almanaclk. 
disparoissent  ;  que  s'il  veut  tra-« 
Verser  la  Seine .  les  bateliers  ont 
ordre  de  ne  point  le  passer ,  etc% 
etc.  A  travers  cette  démence,  oà 
Voit  la  dmible  prétention  ,  dont 
m^ne   seuïble  incompatible  nveô 
l'autre  ,  de  fuir   les  hommes  et 
d'en  être  recherché.  Ou  voit  une 
tête  malade  qui    se    ren^plit  de 
fantômes  pour  les  combattre  :  et 
cette  maladie  est  un  amour  pro- 
pre excessif  et  si  déplorable  ^  qu& 
jamais  peut-être  il    ny    eut  un 
exemple  pareil.  On  trouve  dnnâ 
CM  différens  écrits  posthumes  , 
comme  dans  tous  ceux  de  Bons- 
seau  ,   des  choses  admirables  et 
quelques-unes  d'utiles  ;  mais  oit 
y  trouve  aussi  des  contradictions^ 
des  paradoxes  et  des  id<»es  pen 
fevorables  à  la  religion.  Dans  ses 
lettres  sur  -  tout  on   voit  uA 
komme  aigri   par    ses  nialheurl 
qu'il  ii'attribuoit   jamais  à    lui-* 
même  ,  soupçonnant  tous  tcvit 
qui  l'eaviron noient ,  se  disant  ^ 
se  croyant  un  agneau  parmi  de^ 
loups  ;  en  un   mot  aussi  sem-* 
biable  à  Pascal  par  la  vigueur  dé 
don  génie ,  que  par  la  manie  dé 
voir    sons   cesse-  un   précipiœ  à 
«es  côtés.  C'est   là  réflexion  de 
Senfemtqm  TavOit  connu  ,  servi  ^ 
caressé  dans  le  séjour  qu'il  fit  k 
Grenoble  en  1768.  Ce  magistrat 
éyant  été  très  à  portée  d'obi:erver 
son  caractère,  ik)it  d'a,utnnt  plus 
^  en  être  cru  •  qu'il  ne  fit  cet  exa-» 
mon  ni  par  haine  ,  ni  par  envie  ^ 
ni  par  ressentiment  ;    mais  par 
l'intérêt  que  lui  inspiroitun  phi- 
losophe qu'il  aimoit  et  qu'il  ad- 
ttïiroit.  Les  Œuvres  de  Èousseait^ 
«ont*  devenues  dans  ces  dernier^ 
temps  y  l'é^^angile  ée  la  révolv-r, 


594       R  O  U 

tlon  Françoise.  On  a  souvent  mé- 
connu  ses  principes  ;  plus  souvent 
encore  on  les  a  outrés.  Fabre 
^EglanUne  lai  a  consacré  cette 
inscription':  «  ^  Jean^Jacques 
Mousseau ,  né  citoyen  de  Genève 
en  j  7 12  ;  et  depuis  par  une  noble 
abdication  de  ce  titre ,  devenu 
cosmopolite  ;  le  plus  éloquent  ^ 
le  plus  parfait  écrivain  du  monde 
connu ,  ancien  et  moderne  ;  phi- 
losophe persécuté  par  les  soi-di- 
sant tels  ;  ami  de  ia  vérité  y  apô- 
tre de  la  vertu  9  restaurateur  des 
droits  et  des  plaisirs  de  Tenfance  ; 
religieux  dans  la  simplicité  de  l'É- 
vangile et  de  son  c<£ur ,  cynique 
envers  les  vices, envers  la  fausseté 
du  siècle  ;  patient  dans  l'adversité; 
admirable  dans  la  pauvreté  ;  boa 
homme  devant  les  grands  ;  d'un 
lesprit  pacifique ,  d'une  a  me  sen. 
tible  et  ardente  ;  politique  lumi- 
neux et  profond  ;  implacable  en- 
nemi de  l'oppression  et  de  la  ty- 
rannie ;  républicain  comme  Car* 
ton  ,  citoyen  comme  Aristide; 
amant  de  la  Nature ,  ingénieux 
dans  la  culture  des  sciences ,  sur- 
tout dans  (selle  de  la  musique  , 
doux  dans  la  société  privée  ;  enfin 
pur  d'ame  ,  d'esprit  et  de  cœur , 
et  digne  d'une  meilleure  race 
d'hommes.  »  Les  Œuvrer  de  Rous-  ^ 
seau  forment  dix-sept  vol.  ln->4.<' 
L'une  des  plus  agréables  éditions 
de  cet  écrivain  est  celle  faite  à 
Paris  par  Poinçot  «  mais  elle 
n'est  pas  achevée. 

IVs  ROUSSEAU  ,  (  Uabbé  ) 
d'abord  capucin ,  étudia  la  méde- 
cine et  la  chimie ,  espérant  que 
ces  deux  sciences  lui  seroient 
utiles  dans  les  missions  du  Levant 
auxquelles  il  se  destinoit.  Colbext 
le  logea  au  Louvre  ^  pour  qu'il 
eût  plus  de  facilité  à  préparer 
(es  remèdes.  Tout  Paris  le  con- 
sulta,  et  il  fut  connu  lon£;-teiBp« 


R  o  u 

MUS  le  nom  de  Capucin  du  LemX 
vre*  Dès  qu'il  eut  fait  une  petit» 
fortune  ,  il  passa  dans  l'ordre  da 
Cluni ,  et  execç&la  ipédecinc  sous 
le  nom  d'abbé  Rousseau,  On  ~pré>« 
tend  qu'il  fut  le  martyr  de  sa 
charlataneriè  y  et  qu'il  aima  mieux 
mourir  que  de  se  laisser  saigner. 
Son  frère  publia  après  sa  mort 
ses  Remèdes  et  SecreU  éprouvés  , 
Paris  y  1 697  9  in -1 2.  Parmi  beau'^ 
coup  de  choses  dusses  et  dange- 
reuses y  on  trouve  dans  ce  livre 
un  petit  nombre  de  bannes  re- 
eettieç  ,  dont  quelques-unes  ont 
été  reprpduites  depuis  peu  comme 
des  découvertes. 

y.  ROUSSEAU,  (Pierre) 
né  à  '>Toulouse  ,  mort  au  mois 
de  novembre  lySS  ,  suivit  (fa- 
bord  la  carrière  dramatique,  et 
donna  à  divers  théâtres  le  Ber^ 
ceau,  îe  Faux  Pas ,  la  CoqneUe 
sans  le  savoir^  Yt  Rivale  suivante ^ 
VAnnée  merveilleuse  ,  là  Ruse 
inutile  ,  VEtourdi  corrigé ,  l'Es* 
prit  du  Jour  i  les  Méprises  ,  co-« 
médies  qui  n'eurent  q^u  un  succèi 
éphémère  ;  et  ia  Mort  de  Ba- 
céphale  ,  tragédie  burlesque  qui 
réussit.  Une  entreprise  plus  lu-* 
crative  pour  Rousseau  fut  le  Jour- 
nal Encyclopédicjue  qu'il,  établit 
en  1766  >  et  qui  lui  procura  una 
fortune  considérable. 

in.  ROUSSEL,  (Pierre)  né 
à  Ax  dans  l'ancien  diocèse  de 
Pamiers  ,  mojt  »  Châteandun ,  à 
l'âge  de  60  ans  ,  en  vendémiaire 
an  XI ,  prit  le  bonnet  de  docteur 
en  médecine  à  Montpellier ,  et 
vint  de  bonne  heure  produire  ses 
talens  dans  la  capitale.  U  se  livra 
plus  à  l'étude  de  la  science  qo'à 
ia  pratique  de  son  art.  U  fut  l'é- 
lève du  célèbre  Borti^,  et  comina 
lui  il  s'attacha  plus  que  ne  le  font 
les  praticiens  ordinaires  au  moral 
de  ia  médecine  qui  a  tant  d'in^ 


R  O  U 

luente  sur  le  physiques  tes  ob- 
servations que  renferme  son  5y5- 
tème  physique   eL  moral   de  la 
Femme,    1777')    in- la,    «ont 
d'un  philosophé  ,  et  le  style  d'un 
écrivain  sage  et  d'un  homme  sen- 
sible. L'auteur  tâche  de  prouver 
que  les  femmes  ont  dans  le  tem- 
pérament beaucoup  de  rapports 
avec  les  enfans  ,   et  par  consé- 
quent  la    même  vivacité  et^  la 
même  inconstance  dans  les  gonts, 
la  même  mobilité  d'humeur,  la 
même  promptitude  à  désirer  et  à 
se  dégoûter  ,  à  s'affliger  et  à  se 
consoler  ,  etc.  etc.  «  L'auteur, 
dit  la  Harpe  dans  sa  correspon- 
dance littéraire  ,  écrit  avec  élé* 
gance  et  intérêt ,  sans  déclama- 
tion et  sans  fausse  chaleur,  S^s 
observations  sont  d'un  vrai  phi- 
losophe ,    et  son  style  est  a  la 
fois  d'un  écrivain  sage  et  d'un 
homme  sensible.  Quoique  le  fond 
de  son  ouvrage  soit  nécessaire-^ 
pient  un  peu  scientifique,  il  se 
fait  lire  par-tout  avec  agrément.  » 
U  a  laissé ,  dit-on  ,  un  Système 
physiaue  et  moral  de  l'Homme^, 
ou  du  moins  des  matériaux  pour 
cet  ouvrage  ;  car  une  disposition 
mélancolique   et  trop   d'indiffé- 
renée  pour  la  gloire  littéraire  le 
retardoient  dans  tous  ses  travaux. 
Ses  talens  et  ses  lumières  rece- 
voient  un  nouveau   prix  de  la 
bonté  de  son  cœur  et  de  l'aima- 
ble simplicité  de  son  caractère. 
On  a  encore  de  lui  YEhge  de 
Bordeu  qui  parut  en  177»  ,  et 
qui  a  été  réimprimé  à  la  tête  de 
l'ouvrage  de  ce  médecin  célèbre 
Sur  les  maladies  chroniques  :  dans 
cet  écrit  l'élève  se  montre  digne 
.de  son  maître.  On  lui  doit  en- 
core différens  Mémoires  rèpan»- 
dus  dans  les  Journaux  Uttéraiy 
res ,  et  dont  le  recueil  formeroit 
fine  collection  agréable  et  utile. 
Id.  SUa  de  Sainm^re  a  conlacri 


R  O  U        395 

tineépUre  très-agréable  à  l'élogt 
de  Boussel  ,  qui  avoit;  arrachd 
son  épouse  aux  dangers  d'une 
maladie  grave.    - 

IV.  ROUSSEL ,  (  Joseph  )  né 
à  Bagnol ,  suivit  U  profession  du 
barreau  avec  succès ,  et  a  publié 
les  ouvrages  suivans  :  1.  Instruc-' 
tion  pour  les  seigneurs  et  leurs 
gens  d'afFaires,  1770,  in-  ii. 
IL  VA&enda  ou  Manuel  des 
gens  d^ajfaires  ,  i  7  7  a ,  in  -  1 2. 
11  est  mort  dans  le  Languedoc 
en  1778. 

V.  ROUSSEL  ,  (  H.  F.  A.  ) 
médecin ,  né  dans  les  environs  de 
Domfront  en  Normandie ,  mort 
depuis  quelque»  années ,  a  publié 
un  Traité  latin  sur  les  diverse» 
espèces  de  dartres  ,  leurs  causes 
et  leur  curation  ,  1763  ,  in-S»; 
des  recherches  sur  la  petite  vé- 
role ,  1781  ,  in-8"  ,  et  plusieurs 
autres  écrits  sur  la  médecine. 
^Son  compatriote  Roussel  de 
Berardière  avocat ,  remporta  le 
prix  de  l'académie  de  Mantoue 
en  1773  ,  et  a  publié  en  outre 
plusieurs  dissertations  dont  l'une 
a  pour  ob}et  la  réforme  du  code 
criminel.  Il  est  mort  pendant  1a 
révolution. 

ROUSSEL  AT  ,  (  Gilles  )  gra- 
veur Parisien ,  né  en  1 6 1 4  ,  mort 
en  1  6  86  ,  t  gravé  d'après  Ba- 
phaël,  U  Titien,  leDonuniqum, 
le  Guide. 

ROUSSELOT ,  (  N**  )  chi- 
rurgien, est  auteur  de  nouvelle! 
Observations  sur  le  traitement 
des  cors,  1762?  \u-\i'  On  lui 
doit  encore  Toilette  des  pieds , 
avec  une  Dissertation  sur  le  trai- 
tement des  cancers,  1769  , in- 12. 
Il  est  mort  le  6  mai  1772. 

ROUTH ,  (Betnard)  jésuite, 
né  en  Irlande  le  11  février  1695, 
vint  en  France  ,  travailla  lougr 


196       R  O  U 

temps  anx  Mémoires  de  Trévoux, 
«t  se  retira  après  la  destruction 
de  sa  Société  à  Mons  ou  il  mou- 
rut le  18  janvier  1768.  On  lui 
doit  des  Lettres  sur  les  Voyages 
de  Cyrus  ,  le  Paradis  Perdu  ,  le 
ronian  de  Séthos  ;  des  Recher^ 
.  ches  sur  la  manière  d'inhumer 
chez  les  anciens ,  et  le  dernier 
Volume  de  ï Histoire  Romaine  de 
Cat/ou  et  Bouille. 

I.  ROU  VIÈRE ,  (  Armand  de) 
ovocat  au  parlement  d'Aix  ,  mort 
au  milieu  du  17^  siècle  ,  est  au«- 
teur  d'un  Traité  sur  les  dots  et 
testamens  mutuels  ,  l6^j  ,  dei|)c 
vol.  in-ii,  et  d'im  autre  sur  la 
.   JUvocation des  Donations,  \kZ^ 

IL  ROUy  1ÈRE  d'Eysattirr  , 
(  Charles-  Vincent  Auguste  de  la) 
aie  à  Aix  le  20  janvier  1712, 
mort  depuis  quelques  années  , 
fut  nn  agriculteur  instruit  et  un 
homme  bienfaisant  et. vertueux, 
n  a  publié  un  Mémoire  sur  une 
espèce  de  chenilles  qui  produi- 
sent de  la  soie,   176a,  in- 8.® 

nOWLEY  ,  (  Thomas  )  An- 
glois  et  moine  du  1 5®  siècle ,  s'ë^ 
leva  au-dessus  des  connoissances 
•de  son  temps ,  et  charma  les  loi- 
sirs de  sa  solitude  par  des  vers 
«gréables  et  pleins  d'une  douce 
mélancolie.  Sa  Ballade  du  Pèlerin 
a  été  traduite  dans  le  Journal  eur 
cyclopédique  de  novembre  1784. 

ROUX,  (Le)  Voyez  Le- 
roux. 

Vlïl.  ROY,  (Henri-Marie le) 
curé  de  St-rHerbland  de  Rouen, 
inournten  cette  ville  en  juin  1773. 
11  avoit  prêché  devant  le  roi  avec 
succès ,  et  a  mérité  par  ses  vertus 
l'éloge  qu'a  fait  de  lui  M.  Hamel , 
•dans  un  recueil  de  l'acadérate  ^ 
la  Conception,  On  a  de  lui  :  L  L^s 


ROT 

Oraisons  funèbres  de  Jacques  H 
et  de  Marie  Lecsinzka,  11.  Un 
Eloge  abrégé  de  Louis  XV ^ 
X774,<*  in-  12.  IIL  Le  Paradis 
perdu  de  Milton  ,  traduit  ea 
vers  frauçois ,  1776,  deux  voL 
L'auteur  étoit  muilieur  orateur 
que  poète. 

IX.  ROY,  (Charles  le)  mé- 
decin, né  à  Paris  le  12  février 
1726  ,  mort  le  12  décembre 
'779  1  3  publié  des  Mélanges  de 
Physique  et  de  Médecine ,  1 771  > 
deux  vol.  in- 8.0 

X.  ROY ,  (l'abbé  Chrétien  le) 
né  h  Sedan  ,  mort  au  collège  dA 
cardinal  le  Moine  a  Paris  oii  il 

jétoit  professeur  d'éloquence  ,  lé 
1 1  mai  17^0  ,  a  pnblié  :  L  Leitrt 
sur  l'Education  du  collège  de 
Sorrèze.  IL  Lettre  en  faveur  du 
'tftême  Collège,  III.  Lettre  en  fa^ 
peur  du  Commerce.  IV.  Discours 
latin  sur  ce  sujet ,  Quantum  Ut" 
te  ris  deùeat  virtus  ,  1731  ,  in-^*" 
Il  y'  combat  les  assertions  de  J./. 
Rousseau, 

XL  ROY,  (Pitrre  le)  hor- 
loger célèbre  ,   mort  le  2  S  août 
1785  ,    étoit  fils  de  Julien,  e^ 
perfectionna  comme  ce  dernier 
l'horlogerie.  Ses  montres  marines 
remarquables  par  leur  siinplicil^ 
•ptleurprécision  ,  lui  obilinrenlV; 
prix  de  Tacadéraie  dw  âcieïice^. 
OO:  lui  doit  les  ouvrage^  siÙvîhiî: 
h  Mémoires  pour  les  Horl^S^^^^ 
*Paris  ,  1,750  ,in-4.^  ILB^f»*^ 
Chrx^n o^iétriqnrs ,  1 7  5 8.  IR*  ^f 
pQséàes  travaux  de  MM*  i^ 
ri f son  ti  le  Roy ,  dani  is  rdkf^ 
ahê'déiji  laxgitudesteu.mâr,  »7^ 
in->4',?-IV.  Précis  des  rechefcl^ 
-pomf  la' détermination.  dt*s  l^^ 
Ittdé  par  la  mesure  i  atiifeietU 
dip temps,  1773,  in-'4.*V»i^ 
tre  à  M.  de  Marivetz  ,  i/^^^ 


•in**8i?. 


t: 


s. 


ROY 

'in.  ROY  DE  MoNTFLABERf  , 

(Pierre-Nicolas  le  )  hé  à  Coii- 
lotnmiers,  devint  l'un  des  jurés 
les  pitis  sanguinaires  du  tribunal 
réw>hitionnaire  de  Paris  sous  Ro- 
bespierre, Il  vota  Constamment  la 
mort  de  tous  les  accusés ,  quoi- 
qu'il fût   sourd  et  qu'il  lui   fut 
impossible  d'entendre  leurs  dé— 
ienses  et  les  dépositions.  Il  avoit 
pris    le  surnom  ds   Dix  ^  Août 
comme  un    témoignage  de    son 
amour  pour   la  république.   Ce 
scélérat   fut  condamné  à    mort 
comme  complice  de  Fouquier-^ 
Tinvilîe ,  le  7  mai  1795  j  à  l'âge 
4e  5  2  ans. 

Xffl.  ROY  ,  (  Julien-David  le) 
fils  du  célèbre  horloger  du  n.ême 
nom  ,  devint  membre  de  l'Ins- 
titut national  et  de  celui  de  Bo- 
logne y  8*attacha  à  l'architecture 
et  en  professa  les  principes  avec 
distinction.  Il  avoit  voyagé  avec 
ftiiit ,  et   il  publia  ses.  recher— 
«bes  dans  divers  ouvrages  d'éru- 
dition ,  estimés.  Les  principaux 
sont  :  ï.  Ruines  des  plus  beaux 
Monumens  de  la  Grèce  ,    1758  , 
îh-folio.  On  en  a  donné  une  se- 
conde édition  en  176g.  Cet  ou- 
vrage fit  recevoir  son  auteur  à  l'a- 
cadémie des  Inscriptions.  IhHis^ 
toire  de  la  disposition  etdes  for^ 
mes  différentes  des  Temples  des 
Chrétiens,  1764,  iu-S."  III.  Ob- 
servations  sur   les    Edifices    des 
anciens  peuples  ,    1767  ,   in-8.<» 
IV.  De  la   Marine  des   anciens 
peuples  ,   1777  ,  in  -  8.°  Le  Roy 
ht  considéra  sous  tous  les  rap- 
ports ,  et  chercha  à  perfection- 
ner  la    marine    mod<'rne  en  lui 
comparant  celles  des  Grecs  et  des 
Romains.  V.Xr^^  Navires  des  An-- 
Ciens  ,  considérés  par  rapport  à 
leurs  voiles  et  à   L'usage  qu'on  en 
pourroit  faire  ,    1783,    in  -  8.** 
yi.  Recherches  sur  le  Vaissisau, 


ROY 


397 


long  des  Anciens  ,  sur  les  voilct 
Latines  et  sur  les  moyens  de  di— 
minuer  les  dangers  que   courent 
les  navigateurs  ,    1785,    in  —  8.'*' 
VU.  Mémoire  sur  les  travaux  qui 
ont  rapport  à  V exploitation  de  la 
mâture  dans  les  Pyrénées,  1796 ^ 
in-4.<»  Le  Roy  tenta  long-temps 
de  construire  sur  la  Seine   des 
bateaux  immcrsibles  ;   ses  essais 
restèrent  infructueux.  Sa  modes- 
tie ,  son  zèle  pour  le  progrès  des 
arts  ,    sa  bienfaisance  toujours 
active  9  laissentj^e  lui  un  sou- 
venir honoré.  Il  est  mort  à  Paris  ^ 
à  la  fin  de  janvier  i8o3.>  âgé  de 
75    ans,  et  frappé  d'apoplexie. 
Les  architectes  ses  confrères  en 
accompagnant  son  convoi ,  vou- 
lurent eux  -  mêmes  creuser  la 
tombe  de  l'homme  savant  et  ver-« 
tucux  qu'elle  renferme. 

ROY  ,  (  Le  )  Voyez  Goriber-. 

VILLE   et  LOBINEAU. 

IL  ROYER  DE  LA  Tourne^ 
RIS ,  (  Etienne  )  avocat  de  Nor-« 
mandic,  né  le  3o  janvier  1730  et 
mort  depuis  la  révolution ,  a  pu- 
blié en  1760  un  nouveau  Com-^ 
mentaire  de  la  coutume  de  Nor- 
mandie ,  deux  vol.  in- 12  ;  et  un 
Traité  des  Fiefs  ,  1763  9  in- 12. 

ROYOU  V  (  N.  abbé  )  chape- 
lain de  l'ordre  de  Saint-Lazare  , . 
né  avec  de  l'éloquence ,  mais  avett 
un  caractère  bouillant   et  amer  , 
s'attacha  à  la  critique  qui  con- 
venoit  à  son  goût  ;  et  se  fit  jour-* 
nali^te.  Il  travailla  d'abord  à  VAn»^ 
née  Littéraire  ,    et   ensuite   au 
Journal  de  Monsieur ,  qui  ren- 
ferme plusieurs  extraits  remar<ii 
quables  par  la  finesse  des  obser-* 
vations.  Ce  Journal  commencée» 
1778  finit  en  1783.  Celui  intitulé 
VArni  du  Roi  ,  qui  parut  dès  l'o-« 
rigine  de  la  révolution,  lui  attir% 
I^çmvcoup  d'ennemid  par  les  sar«4 


39$       R  O  Z 

cas  mes  qu  il  y  lança  contre  les 
chefs  du  parti  populaire  et  le 
courage  qit'il  montra  à  combattre 
les  innovations.  Bientôt  il  fut  dé- 
noncé comme  rebelle.  Le  peuple 
s*attroupa  devant  sa  maison  et 
mennça  de  l'immoler.  Roy  ou 
obligé  de  se  cacber^ne  sortit  plus 
de  l'asile  secret  qu'il  s'étoit  choisi , 
et  y  mourut  le  8  juillet  1792. 
Outre  leS  journaux  dont  il  fut  le 
principal  rédacteur,  on  lui  doit  : 
I.  Le  Monde  de  if  erre  réduit  en 
poudre,  1780,  in-12.  C'est  une 
critique  ingénieiise  de  l'hypothèse 
de  Buffon  Sur  les  époques  de  la 
nature.  II.  Mémoire  pour  Mad, 
deValory ,  1783.  Celle-ci  plai- 
doit  contre  l'avocat  Courtin ,  et 
ii*avoit  trouvé  dans  le  barreau 
aucun  défenseur  qui  eût  voulu  se 
charger  de  sa  cause  contre  un 
orateur  renommé  ;  Boyou  l'em- 
brassa ,  et  attaqua  avec  véhémence 
dans  cet  écrit  l'ordre  des  avocats. 
m.  Elrennes  aux  beaux  Esprits , 
1785,  in-i  a.  Le  style  de  cet  écri- 
vain est  élégant ,  pressé  et  cor- 
rect. Si  son  humeur  étoit  caus- 
tique et  mordante  9  il  n'en  offrit 
pas  moins  souvent  des  preuves 
de  la  bonté  et  de  la  sensibilité  de 
spn  cœur. 

ROZÊE ,  (N.  )  née  à  Leyde  en 
xGSa  9  excella  dans  le  paysage  et 
le  portrait.  La  première ,  elle  em'> 
ploya  au  lieu  de  couleurs  de  pe- 
tits flocons  de  soie ,  qu'elle  a  mé^ 
langés  avec  un  art  admirable.  Ses 
tableaux  sont  d'un  coloris  écla- 
tant et  très— recherchés.  Elle  est 
morte  en  1682. 

ROZIER ,  (  François  )  célèbre 
agronome  ,  naquît  à  Lyon  le  24 
janvier  1784.  Son  père  négociant 
mourut  sans  fortune ,  et  son  fils 
embrassa  l'état  ecclésiastique 
comme  une  ressource.  A  peine 
eut-il  fini  ses  études,  que  son 


ROZ 

go&t  le  porta  à  observer  avec  \xi^ 
térét  les  travaux  des  champs.  La 
nature  est  si  féconde  et  si  helld 
dans  ceux  du  Lyonnois  ,  qu'elU 
appela  toutes  les  méditations  da 
jeunù  Rozier,Cotunielle,  J^arron^ 
Olivier  de  Serres  devinrent  ses 
auteurs  favoris  ^  et  pouY*  appro-< 
fondir  la  botanique ,  il  prit  pour 
guide  la  Tourrette   son  compas 
triote  et  son  ami.  Bourgélat  créa» 
teur    des  Écoles    vétérinaires  y 
ayant   été  appelé    pour   établir 
celle  d'Alfort ,  fit  nommer  Bo-^ 
zier  directeur  de  l'École  de  Lyon. 
Celui-ci  se  livra    dès-^lors    avec 
ardeur  à  l'étude  de  l'hippiatri^ 
que,  de  l'anatomie  comparée  et 
de  la  pathologie  ;  mais  il  negards 
pas  long-temps  sa  place  :  il  s'étoit 
brouillé  avec   Bourgelat ,   et  ce 
dernier  la  lui  fit  ôter  au  moment 
où  il  s'en  mon troit  leplusdigne, 
en  publiant ,  de  concert  aVec  la 
Tourrette  ,  les   Démonstrations 
élémentaires  de  Botanique ,  hYu'* 
sage  des  Ecoles  vétérinaires.  Elles 
ont  eu  un  grand  nombre  d'édi- 
tions. Dans  le  dénuement  oùBo- 
zler  se  trouva  ,  il  se   rendit  à 
Paris,   s'inquiétant  peu  de  l'a- 
venir et  décidé  à  braver  les  con- 
trariétés d©  la  fortune  pour  l'as- 
servir. Arrivé  dans  la  capitale  9 
il  fit  l'acquisition  du  Journal  dd 
Physique  et  d'Histoire  naturelle  y 
qui   n'avoit  entre  les  mains  de 
son   premier    auteur  dautkier 
d'Agoly ,  qu'un  succès  médiocre, 
et  il  sut  lui  donner   im  grand 
degré  d'intérêt.  Sans  être  très- 
savant  dans  la  partie  à  laquelle  il 
se  vouoit,  il   a  voit  classé   avec 
>  ordre  dans  sa  tête  la  notice  dei 
nouvelles  découvertes  en  physi- 
que ,  en  chimie ,  en  histoire  na- 
turelle ,  eh  agriculture ,  et  il  joi»- 
gnit  à  cette  comioissance  untacC 
exquis  pour  discerner  dans  le», 
mémoires  qu'on  lui  adcessoit  le» 


J 


R02 

Wèi  neuves  et  les  faits  non  coni* 
ims.  Cette  habileté  accrédita 
l\)uvrage  et  l'auteur.  Celui-ci  vit 
alors  sa  fortune  se  rétablir ,  les 
kommes  paissans  le  protéger  ;  et 
k  la  recommandation  du  roi  de 
Pologne  9  il  obtint  un  prieuré 
dnn  revenu  considérable.  Ce  fut 
alors  que  songeant  k  sa  gloire ,  il 
se  mit  en  devoir  d'exécuter  son 
projet  favori ,  de  donner  un  corps 
complet  de  doctrin>>^urale ,  en 
pabliaht  son  Cours  d^ Agriculture. 
Mais  pour  remplir  ce  but ,  sen- 
tant que  le  tumulte,  de  la  capitale 
ftojt  un  obstacle  au  recueille—' 
ment  dont  il  avoit  besoin  ,  il  eut 
le  courage  d'y  briser  totes  ses  ha- 
bitudes pour  se  transporter  à  Be- 
2iers  où  il  acheta  un  domaine. 
Là,  livré  à  la  vie  active  que  de- 
mandent les  travaux  de  la  cam- 
pagne ,  sous  un  climnt  doux  et 
l'influence  du  pins  beau  ciel  de  la 
France ,  il  s'occupa  de  la  rédac- 
tion des  grands  traités  qui  for- 
ment son  important  ouvrage,  en 
dix  vol.  in-4® ,  dont  le  dernier 
n'a  paru  qu'après  la  mort  de  l'au- 
teur. BosrVr  y  a  joint  à  une  théo- 
rie très-éclair  ée,  une  expérience 
étendue  de  la  pratique  de  l'éco- 
nomie rurale.  Instruit  de  tous  les 
procédés ,  les  i^ant  presque  tous 
comparés  ,  il  les  a  analysés  ou 
perfectionnés  d*après  ses  propres 
«ssais.  Ce  Cours  estimé ,  quoi- 
que trop  chargé  de  détails  étran- 
gers à  "son  principal  objet ,  mé- 
rite qu'un  agriculteur  habile  le 
réduise  un  jour  à  moins  d'éten- 
due ,  pour  le  rendre  plus  à  portée 
de  la  plupart  des  cultivateurs.  Sur 
la  fin  de  sa  vie ,  Rozier  jugea  que 
*a  patrie  pourrait  lui  offrir  un 
•sile  aqssi  agréable  que  Beziers , 
€t  il  ne  se  trompa  pus.  Il  vint  à 
Lyon  en  178S.  L'académie  de 
«ette  ville  s'empressa  de  l'adr- 
»ettr«  danji  son  sein  >  ^t  1#  g^v^ 


R  Ô  Z        399 


yemement  de  le  charger  <^e  la  di- 
rection de  la  pépinière  de  la  gé- 
néralité. A  l'époque  de  la  révolu- 
tion ,  Rozier  devint  l'un  de  ses 
partisans  sans   en    partager  les  - 
excès.  Pendant  le  siège  de  Lyon  , 
une  bombe  tombant  sur  son  lit 
lorsqu'il    dormoit  ,    enfouit  lés 
lambeaux  de  son  corps  dans  les 
débris  de  l'appartement  qu'il  o»* 
cnpoit,  le   29    septembre   1793. 
Rozier  avoit  alors  69  ans.  Outre 
les  écrits  dont  nous  avons  parlé  , 
il  a  laissé  :  I.  Mémoire  sur  la  ma- 
nière la  plus  avantageuse  de  brd-» 
1er  et  de  distiller  les  vins ,  relatif* 
ventent  à  la  quantité  ,  à  la  qu^^ 
lité  de  l'eau  de  vie  et  à    Vépargne 
des  frais  ,  1770 ,  in-8.<>  Cet  écrit 
remporta  le  prix  de  la  société 
d'Agriculture  de  Limoges.  H.  Mé" 
moire  sur  la  meilleure  manière  de 
faire  les  vins  en   Provence ,  soit 
pour  Vusage ,  soit  pour  leur  faire 
passer  les  mers ,  1772,  in-8."   Il 
est  plein  d'observations  de  pra-i 
tique ,  et  écrit  avec  autant  de  pré- 
cision que  de  facilité.  III.  Traité 
sur  la  meilleure  manière  de  cut-^ 
tiver  la  Navette  et  le  Colsat  ,. 
1774 ,  in-8.^  IV.  Mémoire  sut  la 
manière  de  se  procurer  les  diffè-^ 
rentes  espèces  et  animaux ,  et  de 
les  envoyer  des  pays  que  parcou-^ 
rent  les  voyageurs  ,  1774 ,  in-4.* 
V.  Nouvelles  Tables  des  articles 
contenus  dans .  les  Mémoires  d« 
l'académie  des  Sciences  de  Paris, 
depuis  166 6- 1770,  4  vol.  in-40; 
1775-  1776»    Elle  est  exacte  et 
utile.  VI.  Vues  économiques  sur 
les  Moulins  et  Pressoirs  d'huile 
d'olive  connus  en  France  ou  en 
Italie,  1776,  in-4.0  VIL  De  la 
fermentation  des  Vins ,  et  de  la. 
meilleure    manière    de  faire   de 
VEau  de  ft>,  Paris ,  1777 ,  in  8-* 
VIIL  Mànuiel  du  Jardinier  ,  mis 
en  pratique  pour  chaque  mois  de 
l'année  >  '  79  ^  ^  <3*vix  vol.  in- 1 8. 


' 


4ÛO        R  U  A 

Bozier  vivant  na  sein  des  campa- 
gnes 9  interrogt-aiit  sans  cesse  les 
cultivateurs  .,  s'en étoit approprié 
les  vertus;  il  en  a  gardé  toute  sjx 
\ie  la  probité ,  la  bonhomie  , 
l'heureuse  simplicité  ,  et  cette 
franchise  errtière  qui  ne  s'arrête 
que  lorsqu'elle  n'espère  plus 
c  être  utile.  M.  Bruyset  libraire  à 
Lyon  et  membre  de  l'académie  de 
cette  ville,  a  placé  en  tête  de  la 
dernière  édition  des  Démonslrç" 
fions  élrmentiLiii's  de  Botanûfue  , 
une  notice  très- intéressante  sur 
Rozier ,  et  nous  en  avons  extrait 
cet  article. 

nUAULT,  (  Jean  )  écrivain 
du  i7«  siècle,  a  été  l'historien 
du  prétendu  royaume  d'Yvetot, 
dans  un  volume  in-4",  publié 
en  i63i  5  sous  ce  titre:  Preuves 
de  V Histoire  du  royaume  d^Y-' 
petoL 

nUBIS  ,  (  Claude  de  )  né  à 
Lyon  en  i533,  y  devint  procu- 
reur général  de  la  ville ,  se  jeta 
dans  le  parti  de  la  Ligue ,  et  fit 
soulever  sa  patrie  contre  l'auto- 
rité royale.  Henri  IV  l'ayant  ra- 
menée à  son  obéissance ,  Biihis 
se  retira  à  Avignon ,  où  il  resta 
9ix  ans.  Le  chancelier  de  Belliè{/re 
son  compatriote  obtint  sa  grâce 
et  son  raj)pel  ^  et  il  mourut  dans 
son  pa)s  au  mois  de  septembre 
x6i3.  Il  a  laissé  quelques  écrits  : 
L  Discours  oratoire  prononcé  à 
Z,yon  le  jour  de  St,  Tliomas* 
II.  Privilèges  ,  franckiaes  et  im-^ 
munîtes  accordés  par  Lfs  rois  aux 
consuls  ,  échevins  et  habitans  de 
Jjyou  ,  1674.  lîL  Résurrection  de 
hi  Ste  Messe,  1666.  IV.  Vii- 
cours  sur  la  peste  de  Lyon  èa. 
lôjj  et  1*80.  V *  Sommaire  des, 
coutumes  du  duché  de  Bourgogne. 
VL  liépoose.  à  l'anti-EspagnoL 
Cost  un  libelle  contre  Henri  IV, 
qui  ny  est  jaQiais  appelé  c^ue  let 


R  u  D 


Béamois,  VII.  Conférences  tlêf 
prérogatives  et  ancifnaetéde  no— 
blesse  de  la  mxmarchie  et  maison, 
royale  de  France,  161 4.VIII.  His- 
toire des  princes  des  deux  maisons 
royales  de  Vendôme  et  d'Albret , 

I  (>  1 4.  IX.  Histoire  des  Dauphins 
de  ViennoiSnTi,  Histoire  de  Lyon, 
C*e9t  son  meilleur  ouvrage:  mal-* 
gré  son  style  gothique  on  la  lit 
encore  avec  plaisir  à  cause  des 
traits  malins  qui  y  sont  parsemés. 

II  l'avoit  composée  pendant  soa 
exil  à  Avignon. 

RUCHAT,  (Abraham)  pro-; 
fesseur  de  théologie  à  Lausanne , 
où  il  finit  ses  jours  en  1730,  étoit 
né  dans  le  .canton  de  Berne.  Il 
est  principalement  connu  par  son 
Histoire  de  la  réjorination  de  la 
Suisse,  Genève,  172.7  et  1728, 
six  vol.  in— 8®,  écrite  d'u»  style 
lourd  et  incorrect,  mais  estimée 
pour  les  recherches.  On  sent  qu'il 
lî'aimoit  point  les  Catholiques , 
et  il  n'oublie  rien  pour  les  rendre 
odieux.  On  a  encore  de  lui  :  Les 
délices  de  la  Suisse ,  sous  le  nom 
de  Kipseler ,  Leyde  ,1714,2  vol. 
in-8."  Il  a  fait  d'autres  compila-, 
tions  sous  le  nom  de  Délices ,  sur' 
là  grctiide  Bretagne ,  l'Espagne 
et  le  Portugal ,  où  l'on  ne  trouve 
que  des  faits  connus  et  aucune 
observation  recherchée  et  neuve. 

RUDEL ,  (  GeofFrôi  )  célèbre 
troubadour  du  1 2^  siècle ,  devint 
sur  le  récit  de  deux  pèlerins, 
amoureux  d'une  comtesse  de  Tri- 
poli qu'il  chanta  dans  ses  vers.  En 
allant  ia  voir  ,  dit  Pétrarque  »  il 
trouva  la  mort  sur  la  côte  d*A- 
firique« 

•  • 

RUDIUS  ,  (  Eustache  )  célè- 
bre professeur  en  médecine ,  s'é- 
tablit à  Pftdoue.  Son  pronostio 
sur  les  maladies  étoit  tcujonrs cer- 
tain» ce  qui  établit  ou  Italie  1» 


proverbe 


{«overbé:  Ùfeu  te  gardé  dU  p^ 
uostic  de  Rudiur.  Ce  médecin  est 
taort  en  1612;  Van-^er^ldnden 
Adonné  le  catalogue  des  ouvragée 
de  ce  savant.  Le  premier  de  tons 
ht  un  traité  de  Virtùtibus  et  vi^ 
tus  cordis^  im|)rimé  à  Venise 
en  1587. 

ILRUELtÈ,  {Joséph-âénéJ 
né  à  Lyon ,  y  devint  un  tr ès- 
^làbile  teneur  de  livres ,  et  forma 
tijns  son  art  ^  un  grand  nombre 
tfélèvàs.  L'académie^de  sa  patrie  ^ 
rétablie  en  l'an  tiéuf  sous  le  nom 
i Athénée ,  admit  Ridelle  au  dom-^ 
bre  de  ses  membres*  Il  est  mort 
i^ax  ans  après.    On  lui  doit  : 

I.  Traité  des  Arbitrages  de  Fran^ 
te,  1769,  in-8.»  On  en  a  f^t 
uhe  nouvelle   édition   éh    1792. 

II.  Nouvelle  Méthode  potlr  opé- 
rer les  changes  dé  France  aved 
Uuteé  ks  placés  dé  sa  cdrrespon- 
dance,  1777,  in-8.*  IIL  VAri 
dt  tenir  les  Wrès  en  paHits  dou^ 
^les,  ahHuiè,  iil-4;"  BmcWi;  réu-» 
tiissôit  la  douceui* ,  la  riibdëstié 
•t  la  bieii faisande  aiix  cdnnoi^ 
tances  désbnétati 

RUHNKÉl!i^(Ôavid)  né  à 
D?olp  dans  la  Poméranie  Prus- 
sienne, le  2  janvier  17.23  ,  iriort 
w  t4  mai  tf^S,  professa  avec 
Célébrité  la  littérature  et  l'his- 
toire dans  rùnivérsité  de  Lfeydé 
Jprès  Oudendorp,  et  fnt  nomnié 
mblidthécàire  dé  bette  ville  en 
l77f  après  Orohovius.  Ruhniceji 
nt  dans  sa  feiînes^  le  voyirfge  de 
Paria  et  s>  lia  d'une  étrdite  amitié 
•Vec  Cap^/oeroniVr  et  plusieurs  au- 
tres sàvahs  de  cette  capitale.  De 
Jstonr  eh  Hollande,  il  ptibîia 
«vers  oiivrages^  dâria(  lesquels  la 
«ï'fitique  là  plu!(  judicieuse  s'unit 
^  mérite  de  réniditidri;  Ils  ont 
pour  titres  :  h  Epiitolte  Criticà 
'*  Homeri  et  Hesiodi  hymnos  , 
4^43  >  ih-8>  XL  Be  viU  eticnp^ 

SvppL,  Tome  ilU 


H  0  L        48t1 

lis  Zohgini,  in-8.<»  m.  TSMià 
Sophistœ  Lesricon ,  1754,  in-8.^ 
ÎV.  Historia  critiàa  On^toruêà 
Gracorum ,  2  vbl.  in-8.t»  V.  On 
lui  doit  encore  des  éditions  dé 
VelleïUS'-Pàteradus  et  de  JBui^^ 
lius^Lupus,  et  quelques  antrei 
écrits  de  iJhiloIogie.  Ruknkem 
laissa  en  nàourant  une  nièce  et  une 
fille  àveiigdes  et  indigentes  ;  mais 
k  république  Bàtave  a  acheté  uk 
bibliothèque  Sous  une  pension 
viagère  en  fiivèur  de  celles-ci.  Il 
avoit  recueilli  à  grands  fraii  ujié 
collection  complète  des  auteura 
classiques  et  des  antiquaires,  avec 
iin  grand  rioittbire  de  manuscrits 
précieux ,  parmi  leSqUels  6n  es-4 
père  retrouver  dés  copies  de  plu.i 
sieurs  onvrages  consumés  dans 
le  dernier  inceridie  de  labbàyedë 
Saint-'Germatru^S'-Prés.  Le  pro- 
fesseur Pryttenbath  a  piiblié  ïà 
Vie  de  Ruhnke/n 

RULHIÉRES,  (N.de)che^ 
Valier  de  St-Lduis ,  de  l'acrfdémië 
Française ,  se  trouva  en  Ruwié 
en  qualité  de  éécrétaîre  d'àmbâs-* 
sadè  du  itiarquii^  de  l'Hôpital 
lors  dé  \a  révolutidrt  qui  arracha 
le  sceptre  à  Pierre  III.  Il  écrivit 
en  peu  dé  plages  l'histoire  de  cette 
fameuse  catastrophe  ;  ifeais  ces 
pages  sont  dignes  de  SaUustei 
Poui*  donner  un  pendant  à  cet 
énergiqiie  tablééti  ^  il  fit  celui  dé 
la  révdlittioh  de  Pologne  et  des 
causes  du  dériiertbrement  de  cettà 
république;  Instruit  pér  des  cor-i 
réspcfndans  sûrs ,  et  ajrant  ras- 
semblé d'éxcelleris  rtiatériaux,  il 
peignit  cet  événement  de  àes  vé-i 
ritables  couleurs.  Il.s'dccupoit  âj 
ramasser  de^  documéns  Sur  l'his^^ 
t»ire  de  lu  révolution  de  France  ^ 
lorsque  la  mort  l'enleva  le  3(5 
janvier  1791;  Sans  approuver  lei 
excès  de  l'ancien  régime  ,  il  n'«4 
doptoit  point  toutes  les  ffisi^rsé 


*A 


40»       H  U  O 

du  noavomi.  Aimant  la  liberté  » 
mais  sachant  en  connoître  les 
limites  et  en  craindre  les  abos , 
il  n'ëtoit  pas  de  ces  esprits  foi— 

(i.bjes  qu'on  entraîne  avec  des  dé- 
clamations ;  .mais  comme  il  s'étoit 
nyajicé  par  les  grands ,  il  regret— 
tjçit  peut-être  trop  le  temps  ou 
l^s  grâces  et  l2^  considération  s'ob< 
tçuqient  par  eux.  Ses  EclairciS" 
semens  historiques  sur  l'état  d^s 

'  Pfotestaas  en  France ,  sont  une 

Î>reuve  de  la  saine  critique  de 
'fiuteur ,  et  ont  de  plus  le  mérite 
de  la  so1i4it;éi  des  recherches  et  de 
l'intérêt  des  faits.  A  ses  connois-* 
sances  Jhistqrîques  et  politiques , 
llulf^ières  )oignoit  le  talent  des 
vers.  Spn  petit  pqême  des  Dls^ 
putes  que  BoiLeau  n'auroit  pas 
désavoué  ^  prouve  on  l|ii  une.  ral« 
son  plus  étendue  que  celle  de  ce 
c^lèlure  52itirjqne.  Onconno^fen^ 
core  de  lui  un  joU  poème  sur  les. 
Jeux  de  mains  ,  de  petits  contes 
et  des  épigraiimes  que  son  c^ 
xaçt^^rçcaaliu  lui  dicta  trop  soiv« 
vei\j^,  «  ]^o»  plaisant  dans  ses 
vèrs^   il  nétoit  points    dit  la 

.  Harpe  t  gai  dans  la  société.  Il  y 
^(oit  même  lourd  et  important.  Il 
auroit  voulu  être  dans  le  monde 
m  peu  plus  qu*nn  homme  de 
lettres.  I^  s'écoutoit  beaucoup 
plus  qu'il  n  écotitoit  les  antres  9 
et  savqit  peu  dialoguer*  »  Il  tra- 
râilloit  di^BciJement  ,  et  cette 
leiiteur  Ae  son  esprit  se  faisoit 
quelquefois  sentir  dans  sa  con- 
^ètâavipn.  On  a  publié  ses  (]Su- 
vres  posthumes,  in-iï^  "79^5 
n^ais  il. n'y  a  peut-être  de  lui  dans 
«e  recueil  que  des  anecdotes  sur 
le  maréchal  de  BicheUeu;  dans 
les  autres  morceaux  on  n'ap— 
perçoit  point  la  tournure  de  son 

^  esprit. 

.  RUOLZ  ,  (  Charles  -  Joseph 
•k)  né  à  Lyon  en  1708  ,  fut  un 
Magistrat  «ckiré  dans  la  séiié-^ 


RUS 

c]iaiUjsëe  de  sa  paUle  tt  mnabt$ 
de  soQ  académie.  H  a  publié  un«  . 
Dissertation  intéressante  sur  1a 
vie  et  les  écrits  de  Louise  Labhi, 
dans  laquelle  il  s'eflEqrce  de  la  dis« 
culper  des  reproches  f:ait&  à  ses 
niceurS  p^r  quelques  fiistoriens. . 
Ruolz   ayant  fait  naufrage  dsnl 
1^  riyière  d'Ain  près  de  Lyon, 
avec  sa  femme,   ayoît  gagné  la, 
rive  ;  maïs  il  se  jeta  de  nouveau  à 
l'eau  pour  sauver  sor^  épouse,  et 
il  périt  victime  de  sa  tendresse  et 
de  son  courage  en  1756. 

•  RUSCOVI ,  (  Camille > habile 
sculpteur  M-il  a  n'ois,  mort  en  1728 
à  Rome,  embellit  cette  ville  4f 
.ses  ouvrages. 

RUSPOJH,  (François-Marie) 

Stihce  4e  Cerveteri  et  poëte  Ita-? 
en ,  rassembla  Içs  membres  dt 
l'académie  dos.  Arcades  en  17079 
e^  fit  construire  pour  leurs  as- 
semblées générales  sur  le  Mont- 
Aventin ,  un  très-bel  édi&ce  en 
forme  d'apiphithéâtre.  Us  avoient 
toujours  été  errans  depuis  leur 
fondation  en  1 690  ,  tantôt  sur 
le  Mont— Janicule  ,  tantôt  dans 
le'paTais  de  la  reine  Christine, 
tantôt  dans  les  jardins  Farnèse  et 
du  prince  Justiniani»  Leur  doit- 
veau  fondateur  RitspoU  mourut 
quelff ue  temps  après  la  construo* 
tion  de  son  palais. 

IL  russe;.,  (  Guaiaomc) 
duc  de  Bedfort,  né  en  1604,  sa 
montra  un  ardent  ennemi  de  Jtf<'' 
ques  II ,  qui  le  mit  en  jugement 
et  le  fit  décapiter  le  3i  jniHe' 
i683.  Six  ans  après ,  la  cbajnbre 
des  pairs  réhabilita  sa  mémoire 
La  Correspondance  de  Bassd 
avec  son  épouse  et;  ses  amis  pen-* 
dant  sa  détention ,  a  ét^  publiée, 
et  intéresse  le  lecteur. 

m.  RUSSEL,  (  Alexandre) 
médecin  Ecojiois ,  mort  en  177*1 


#Alep,  et  publi«  en  ijSb  YHis^ 
ioire  de  cette  ville  ^«qni  a  été  tra- 
duite en  dilFérentes  langues^ 

RUSSINGER,  (Sixte)  né  à 
Strasbourg  ,  entra  dans  Tbrdrv 
ecclésiastique ,  et  fut  le  premier 
qui  porta  a  Naples  Tart  de  Tim- 
primerie.  Il  y  fut  considéré  du 
clergé^  de  la  noblesse  ettlu  roi 
Ferdinand,  Les  imprimeurs  Ja— 
9obi  et  Locati  fies  contempo- 
rains ,  étoient  aussi  prêtres ,  et  en 
prendient  le  titre  dans  leurs  édi^ 
tipns. 

RUSTAING  OB^SiUNTJoARY^ 

(Louis  )  chevalier  de  Saint-La- 
zare^ mort  vers  1740  ^  est  auteur, 
de  trois  pièces  de.  théâtre  ;  Le 
2hiloiophe  trompé  par  ta  I^a^ 
ture;  Arlequin  camarade  du  Dia^ 
hle  ;  Arlequin  âm  deuil  de  lui* 
même» 


R  Z  A       4^1 

Bo&c£. 

RYCK AERT ,  (  David  )  direc- 
teur de  l'académie  de  Peintura 
d*  Anvers ,  où  il  étoii  né  en  1^  S  c  9' 
a  peint  des  sujets  rians ,  et  de^ 
diabkries ,  telles  que  la  Tentation 
de  St.  Antoine, 

R  Y  F  E  R  ^  (  Isorîns  )  )Mn . 
des  plus  anciehs  impriineurs  daÇ 
"Wurtzbemrg  en  Allemagrie ,  ptr-> 
blin  en  1481  un  Missel  ftr— foKo-^- 
orné  d»-ru^riqti«s»On  a  voit  long- 
temps citj^  ce  missel  comme  ma-» 
nuscrit^  quoiqu'il  se  trouve  dan* 
Ta  bibliothèqiif  d'Oxford ,  de  rim-î 
pression  de  Byfer» 

RZACIWSlCt,  noble  Polonois,' 
rdortné  une  Histoire  naturelle  de^ 
hi -Pologne;  estimée.  H  est  motl^ 
•u  milieu  du  siècle  passé; 


Ce  i 


k 


i|04        s  A  6 


SA  B 


"'  V 


s- 


SaBACUS,  gééfal  Ethio- 
pien, s'empara  de  rEjrypte,  y 
régna ,  et  fut  père  de  Tharaca. 
L'auteur  de  VHistùire  des  temps 
fahuteux,  prétend  que  Sahacui 
est  le  même  que  Saiomon  ,  dont 
rbistoire  a  été  déagorée  par 
Hérodote^ 

SABBATHIER  4  (B.  Pierre), 
bénédictin  de  Saint-Maur,  né  à 
Poitiers  en  i68a  ,  mort  à.Rheniâ. 
le  24  mars  174»  •  remplit  toute 
l'idée  qu'on  doit  avoir  d'un  parfait 
religieux  et  d'un  yrai^  rayant.  On 
fl  de  lui;  BibUorum ^acrontm  lu'-» 
iiaa  versioaes  aati^ua  $  Rlieims  9 
1748  ,  3  vol.  in-fol.  Cette  Bible, 
qui  occupa  D.  Sabhathier  pen-- 
dant  20  ans,  comprend  toutes  les 
Versions  latines  des  livres  sacrés, 
assemblées  et  réunies  sous  un 
seul  point  de  vue.  Il  ne  publia 
que  le  premier  volume  ;  Dom 
CharUs  de  la  But  fut  l'éditeur 
des  deux  autres.  ^ 

SABLE,  (Girillauraedu)  dont 
on  itfnore  le  pays  et  la  naissance , 
^  publié  un  poème,  intitulé  :  La 
J)iîuse  Chasseresse  ,  imprimé  à 
Paris  en  161 1  ,  in-i». 

L  SABLIER,  (N.)  a  donné 
au  théâtre  Italien,  en  1729 ,  itf 
Jalousie  sans  amour ,  les  Effets 
du  jeu  et  de  l'amour.  Celle-ci  fut 
mieux  accueillie  que  la  première. 
-tablier  est  mort  vers  1760. 

II.  SABLIER,  (N.)  littérateur 
estimable,  mort  à  Pans  le  1  o  mars 
1785^  à  93  ans.  On  a  de  lui  : 
I.  Variétés  sérieuses  et  amusantes, 
1769,  quatre  vol.  in-i»  :  recueil 
fisses  agréable*  II*  ^ssai  sur  Us 


langues ,  1777 ,  în-8.*  On  désire 

depuis  loi>g— temps  une  bistoire 

critique  de  la  langue  françoise,  et 

on  trouveira  de  bons  maté riaui( 

dans  l'ouvrage  de  Sablier.  Lf'au« 

teu  F  s*est  préservé  de  la  prétention 

si  vaine  et  si  générale ,  d'offrir  «n. 

système  sur  la  formation  des  lan« 

gués  et  sur  l'idiome  primitif.    Oa 

risquera  toujours  de  se   perdre 

dans   les    chimères,    quand    oq 

voudra  découvrir  dans  quel  lan« 

gage   les  premiers   bommes    s» 

sont   communiqué  fenrs     idéei. 

Sablier   se   contente  d'observer 

les  rapports  évidens  entre   p)a<« 

sienn  idiomes  de  nations    éloi'* 

gnées,  et  de  chercher  les  raisons 

les  plurvraisemblables  de  ccb  rap* 

ports.  Sa  marche  est  toujours  me- 

surée,  et  n'en  est  que  plus  sûre. 

Son  livre  d'ailleurs,  qui  stippose 

beaucoup  d'émdition  ^  n'en  a  pas 

Tinutile  étalage  ;  ce  sont  des  ré« 

sultats  clairs  et  précis.  Il  jette  us 

aoup  d'oeil  rapide  sur  les  écrivaist 

qui  ont  fixé  la  langue  cirez  les 

nations  policées  ;  et  en  général 

ses   }ngemens  sont   sages^   Una 

singularité    de   lonvrage^    c'est 

que  l'antenr  le  publia  à  82  ans. 

III.  Œuvres  de  M...  contenant 

des  traductions  de  Goidoni  1 7^7, 

in  *  12.  La  prose  de  ce  recaeil 

vaut  mieux  que  les  vers. 

SABLON,  (Vincent)  ri- 
mattleur  de  Chartres ,  donna  f 
en  1 67 1  ,  en  a  vol.  in- 1  è  ,  une 
plate  traduction ,  en  vers ,  de  It 
Jérusalem  délivrée  que  les  cu- 
rieux recherchent  à  catrse  des 
Egures;  car  on  avoit  dès— lort 
le  secret,  perfectionné  de  nos 
^ours  I  de  £vre  puaer  de  mauvais 


s  àB 

ter«9  k  U  faveur  6m  iptlfâm 
jolies  estampes» 

SABOÙaEUX  DE  L4  BoHMB^ 
tirib/C  Char leS'ITr^^içois  )  avo-< 
cat,  mort  à  Paria  en  1781  ^  pré<« 
li^ra  la  culture  des  lettrés  à  l'étude 
de  la  jurisprudence  et  ai»  travail 
du  barreau  :  on  lut  doit  les  trois 
eiivrages  suivant  :  !•  ConsUtutioi^ 
des  Jésuites,  avec  les  déclarations, 
1761 9  3  vol.  in— 12*  C'est  une 
traduction  de  VInîUuUnm  Socif'^ 
taUs  Jesu ,  imprimé  à  Prague  en 
1757.  II.  Manuel  de»  Inquisi- 
leurs,  1761,  in-i&.  C'est  l'abrégé 
de  l'écrit  d'Ém^ric  ,  auquel  le  tra- 
ducteur a  joint  des  notes.  III.  U 
s'est  rendu  recommandable  par 
Une  TraducUon  des  anciens  ou- 
vrages latins,  relatifs  k  l'agri- 
culture et  à  {a  médecine  vétéri- 
naire ,  avec  des  notes  ,,  ^774  $ 
C  vol.  in-8.®  Saboureux  a  voit  au- 
paravant publié  à  part  l'Ëcono- 
nie  rurale  de  Columelle. 

SABUCO ,  (Oli va  de  Nauiés  de) 
savante  Espagnole ,  née  dans  la 
ville  d'Alcala.,  vivort  sous  le 
lèghe  de  Philippe  IL  Renommée 
pour  ses  connoissances  en  histoire 
hatnrelleetenanatomie,  elle  o£frit 
de  démontrer  publiquement  que 
k  phjTsique  et  ki  médecine  que 
Jton  enseignoit  alors  dans  les 
écoles ,  étoient  pleines  d'erreurs. 
Avant  Descaft&t ,  elle  plaça  dans 
l'étendue  du  cerveau  le  siège  de 
l'âme ,  sans  la  renfermer  exclu- 
sivement dans  la  glande  pinéale. 
Suivant  elle,  ce  n'est  point  le 
«sng  qui  nourrit  les  corps ,  en- 
tretient leur  souplesse  et  leur 
conservation  ;  c'est  le  Auide  qui 
pBsse  du  cerveau  dans  toutes  1^9 
parties  nerveuses.  Ce  système  fut 
embrassé  avec  enthousiasme  par 
les  médecins  Anglois. 

*  IL  SACCHINI,  (Antoine- 
mrie-GaqMurd^run  des  plus  cé>q 


SAC        40$ 

Ubrss  musiciens  de  ce  siècle  ^  nd 
à  Naples  le  1 1  mai  1735  ^  mort  à 
Paris  le  7  octobre  1786,  fut  des<« 
tiné  de  bonne  heure  a  la  musique* 
Ses  parens,  honnêtes,  mais  peu 
riches ,  le  placèrent  dans  le  <  on« 
servatoire  de  Sainte- Marie  de  Lo* 
rette ,  ensuite  à  Naples ,  oii  il 
étudia  sons  le  fameux  Durante» 
tl  fit  des  progrès  rapides  et  s'at« 
tacha  principalement  au  violon  9 
sur  lequel  il  devint  très- fort.  Il 
passa  ensuite  à  Home,  ou  il  eut 
de  grands  succès,  et  à  Venise^ 
oii  il  fut  à  la  tête  d'un  conser-* 
vatoire.  C'est  dans  cette  ville  qu'il 
développa  ses  talens  pour  la  mui« 
sique  d'église  ;  et  sans  confondra 
ce  style  avec  celui  du  théâtre. 
Sans  .s'écarter  de  la  sévérité  qu'il 
exige ,  il  sut  y  adapter  un  cbnnt 
aimable  et  facile.  6a  renommée 
croissant  chaque  jour ,  il  visita 
quelques  cours  d'Allemagne,  entre 
antres  celles  de  Brunswick  et  Wit^ 
femberg  ,>ù  il  succéda  au  célèbre 
Jomelli,  Il  parcourut  ensuite  la 
Hollande ,  et  se  rendit  éntin  aux 
vœux  de  l'Angleterre.  Pendant  les 
onze  années  qiVil  passa  danâ  cetto 
isie,  il  en  travailla  six  pour  le 
théâtre  de  Londres  ,  et  y  fut 
constamment  applaïuli.  C'est  dans 
ces  diverses  contrées  qu'il  corn-* 
posa  les  opéra  de  Sémiramis  « 
A' Artaxerce  ,  du  Cid,  d*Andr0m^ 
mufiue  , .  de  Crésus ,  ^Armide  ^ 
^Adrien,  de  Tamerlan,  d'Antl^ 
gone,  de  Penée,  de  Montézumé 
et  â*Eriphile.  Le  climat  n'étant 
pas  favorable  à  sa  santé',  et  ses 
^  attaques  de  goutte  devenent  plus 
fréquentes  sous  un  ciel  nébuleux 
et  humide  1,  il  se  détermina  4 
passer  en  France.  Il  fut  accueilli 
à  Paris  avec  transport ,  et  il  ne; 
fut  pas  moins  bien  reçu  à  Ver-*' 
sailles.  L'empereur  qui  s*y  troii»* 
voit  alors ,  lui  donna  des  marqués*: 
{»articuiières  de  son  estime  et  ^ 


4ô6        SAC 

son  admiration.  La  coiir  partit 
désirer  que  ce  célèbre  composi- 
teur fît  quelques  ouvrages  pouf 
la  France ,  et  il  y  produisit  suc- 
icessivement  six  opéra.  L'Olym^ 

Siads  fut  représentée  au  théâtre 
talien,  sur  le  refus  de  TOpéra 
àe  s'en  charger.  Lorsque  cette 
pièce,  commençant  par  un  chœur 
superbe,  eut  excité  une  ivresse 
générale,  TOpéra  obtint  un  ordre 
Qui  défendoit  aux  Italiens  de  la 
jouer ,  par  respect  pour  son  pri- 
vilège exclusif,  accordant  à  lui 
^ëul  la  représentation  des  pièces 
à  grands  chœurs,  Renaud  qui 
«  ^arut  ensuite ,  n  eut  qu  im  succès 
médiocre  ,  et  qui  ne  répondit 
(oint  à  la  grande  réputation  du 
compositeur.  A  l'exception  de 
deux  du  trois  morceaux  où  Ton 
retrouve  le  caractère  d'un  grand 
maître ,  la  musique  en  est  foible  : 
il  est  vrai  que  le  poëme^  dénué 
âe  tout  intérêt ,  ny  prêtoit  pas, 
ï}ardanus  ,  opéra  de  la  BruèrCg 
^t  dont  Rameau  avoit  fait  les 
0irs,  fut  ensuite  remis  en  mu^ 
iique  par  Sacchini,  Elle  fut  ap^ 
plaudie  ,  mais  les  accompagne-» 
îpehs  en  parurent  négligés,  Lea 
opéra  qui.  obtinrent  un  succès 
eénéral ,  furent  Chimène ,  Œdipe 
a  Colorie ,  et  Evelina ,  qui!  n'eut 
^as'la  consolation  devoir  exécu- 
fêr.  Il  mourut  même  avant  d'avoir 
ifcbftvé  ce  dernier  ouvra'ge.  Un 
de  ses  admirateurs  a  fait  placer 
{.on  buste  à  Kome  dans  l'égiise  de 
l^otce^Dame  de  la  Rotonde.  Sou 
^tyle  se  distingue- sur— tout  par  la 
grâce,  la  douceur,  l'élégance  sou- 
ténue  de  sa  mélodie.  Son  harmonie 
^St  pure,  correcte  et  d'une  clarté, 
^ernarquable  ;  son  orchestre  est 
^ujours  'brillant ,  toujours  in- 
|[énieux«  Quoiqu'il  ait  une  ma- 
nière à  lui ,  on  voit  que  Hasse 
t^.  Galuppè  furent  ses  modèles. 


SAC 

mnnes ,  "mais  il  craignoit  eneortf 
plus  ce  qui  avoifc  l'air  de  la  re-» 
eherche.  Ses  modi^lations  les  pliM 
Hiattendfies    n'étonnent    jamais 
l'oreiile  ;  elles  coulent  naturel le« 
ment  de  sa  plume.  Ayec  im  chant 
si  facile  et  nne  grande  sensibi- 
lité ,  il  éi:oit  impossible  qu'il  n'eût 
pas  beaucoup  d'expression  ;  mais 
comme  il  avoit  en  même  temps 
un  goût  sîîr,  jamais  son  exprès- 
«on  n'est  exagérée.  Un  de  ses 
mérites  particuliers  étoit  dé  saisir 
le  goàt  des  nations  différentes  : 
la  musique  qu'il  fit  en  Italie  na 
ressembloit  point  à  celle  qu'il 
donna  en  France.  Il  faut  con- 
venir cependant  que   son  génie 
ae   se   plioit  pas  aux  diffSérens 
genres  ,    comme   aux    difiérent 
goûte  des  peuples.^  et  que  ,  quoi-« 
qu'il  ait  fiait  divers  opéra— bouf- 
fon%^  il  y  en  a  peu  de  bons.  Son 
ame  disposée  naturellement  à  la 
tendresse   et   à  la    mélancolie, 
perdoit  son  originalité  dans  les 
scènes  comiques.  Aussi  l'opéra  da 
la  Colonie    oiFre-t^il    des   airs 
plus  remplis  d'expression  et  de 
mélodie  que.de  gaieté.  Le  pathé- 
tique s'y  trouve  réuni  à  tout  ce 
que  l'art  a  de  plus  brillant  II  y 
a  sur— tout  l'aie  d'une   amanta 
abandonnée ,  oui ,  fe  pars  au  dé» 
f espoir,  où  tous  les  accens ,  tous 
les  cris  de  la  douleur  et  de  l'amour 
se  succèdent  avec  une  rapidité  do 
mouvement  qui  imite  ceux  de  1| 
passion  et  de  la  isature.  Cet  opéra 
fut  donnéaux Italiens, dansl'étii 
de  1775.  M'^*  Colombe,  jusqu'a- 
lors actrice  froide ,  animée  par 
la  musique  de  Sacchini,  chanta 
le  rôle  ^e  Beliade  avec  autant 
d'ame  que  de  noblesse ,  et  acquil 
dès~lors  un  aora  parmi  les  ao* 
tri  ces    distinguées.    Cet    habilo 
compositeur  portoit  dans  la  sch 
ciété  la    sensibilité   qni  régnoil 
daui  ses   ouvrages*  Céûéreuxi 


SAC 

ïffenfaisdnt  k  l'excèè  ,  il  li'ftoit 
^  touché  que  du  pljBisir  de  donnef  ; 
et  il  se  seroit  procuré  ce  plaisir 
plus  souvent  ^  s'il  avoit  moins 
négligé  ses  affaires.  Il  étoit  bon 
parent  ^  bon  ami ,  bon  maître  ; 
peu  de  temps  avant  que  de  rendre 
son  dernier  soupir,  il  disoit  d'une 
vojx  mourante  à  un  fidelie  do^ 
mestique  :  Pauvre  Laurent ,  que 
deviendras''tu  ?  h  soutenoit  par 
4es  bienfaits  une  de  tes  sœurs, 
•t  étoit  empressé  à  obliger  ses 
amis.  Naturellement  sensible  à 
l'éloge  et  à  la  critique,  il  savoit 
cependant  se  mettre  au-dessUs 
^es  chagrins  que  donne  un  amour 
propre  trop  ^ceptible ,  et  quoi-* 
qu'il  connut  et  sentît  son  ta- 
lent ,  il  étoit  docile  aux  avis 
du  goût  et  de  l'amitié.  H  n'avoit 
pas  'été  marié  :  sa  sœur  fut  son 
héritière. 

SACGONAY,  (Gabriel  de) 
chanoine  de  l'église  de  Lyon ,  fut 
aimé  de  Henri  II,  et  passa  sa  vie 
à  écrire  contre  les  Calvinistes.  Ses 
ouvrages  sont  :  L  Vraie  idolâtrie 
dii  temps  présent.  ÎI.  Discours  sur 
les  premiers  troubles  arrivés  à 
Lyon.  IIL  Histoire  des  Albigeois. 
IV.  Bu  seul  différent  de  la  Reli- 
gion chrétienne  avec  la  Religion 
des  protestans.  V.  'Réfutation  de 
Calvin.  VL  Du  vrai  Corps  de  J,  Ç, 
Lyon ,  Roville ,  1567.  La  famille 
de  5flcci7ntf y  avoit  fourni  18  cha- 
noines à  l'église  de  Lyon.  Cel«i-èi 
tst  mort  en  décembre  i58o.  . 

SACHEVEÏVËLL ,  (Henri) 
Anglois,  docteur  en  théologie,  du 
parti  épiscopal,  prêcha  le  23  jan- 
vier 1 7 1  o ,  à  St-Paul  de  Londres , 
lobéissancè  absolue  aux  Rois , 
parce  que  le  Clergé  en  espé- 
roit  plus  d'obéissance  pour  lui- 
•  même ,  «t  désigna  d^ine  manière 
odieuseJ'administration  de  Merle- 
horough  et  le  parti qtii  âyoitdeno^ 


S  A  H         40f 

n  cafnronne  au  roi  Guîîtaiime,  U 
fut  interdit  pendant  trois  ânâ,  et 
ses  deux  derniers  sermons  furent 
brùR.  Cette  sentence  fit  la  for-» 
tune  du  prédicateur.  La  reine 
Anne  ,  qui  fai'orisoit ,  dit-oh  , 
secrètement  sn  hardiesse  ,  {% 
nomma ,  un  mois  après ,  recteitr 
de.  Saint- André.  Il  mourut  em. 
1724  ,  traité  Ci  incendiaire  itnpU'» 
dent  par  les  partisans  de  Marie-* 
borough  ,  et  regardé  par  le  parti 
opposé  comme  un  grand  brateun 

SjEMUND-Sigpussow,  l'un 

des  anciens  écrivains  Islandoi&y 
est  regardé  comme  "l'auteur  de 
YEdda  ,  livre  qui  contient  lés 
dogmes  et  Lt  mythologie  des  Scan- 
dinars  et  autres  peuples  du  nord» 
il  fut  écrit  en  islandoia ,  peu  de 
temps  après  l'abolition  du  pagsr- 
nisme,vers  l'an  10S7.  Réséninf 
en  a  donné  une  édition ,  à  laquelle 
un  prêtre  Islandois  ,  nomnié 
Etienne  Osaï ,  a  ajouté  une  ver-** 
sion  latine.  Voyez  RésBMUS. 

S  AGINAHOR,.(  Joseph  t 
rèbbin  Juif ,  mort  dans  le  xvi*" 
siècle i.  a  publié  uneinterprétatio» 
chaldaïque ,  ou  J'kargoun ,  sur  lé 
livre  de  Job. 

SAHIM-Gherài,  Kan  ëé 
Crimée  ,  succéda  à  Dewlet  — 
Gherai ,  dans  le  gouvernement 
de  sa  p^Ctrie.  Il  avoit  été  ambas-> 
sadeur  de  te  dernier  à  la  cour  de 
Russie.  Celle-ci ,  prdfitant  de» 
troubles  de  la  Crimée ,  fit  élire 
Sahim  dont  elle  connoissoit  le  ra— > 
ractère  facile,  à  la  place  de  Dei/^flet 
qui  avoit  qiiitté  son  pays  et  s'étolt: 
attaché  au  parti  des  Turcs.  Cer 
dernier  ayant  pris  la  fuite  dans 
une  action ,  les  Turcs»  indigné* 
firent  nommer  à  sa  p4aee  Sélini-^ 
Gherai  ,  qu'ils  abandonnèrent 
encore  par  le  traité  signé  à  Con^ 
éantiflople)  le  ai    mars  X773t> 

Ce  4 


408        S  A  H 

ppur  reconnoifre  Sakùm^  Cft 
prince  foible  et  doux  airooit  les 
frts  de  IKurope.  La  Russie  pro- 
fita de  90U1  goût  ponr  liii  faire 
connaître  4es  }ouissances  du  luxe 
et  Tasserrir.  Bientôt  il  dédaigna 
les  mcsurs  de  son  pays;  au  lieu  de 
9e  montrer  sans  cesse  achevai,  on 
lai  donna  une  magniBque  berline. 
On  lui  fit  abandonner  son  an- 
cienne minièie  de  manger ,  pour 
Ï rendre  un  cuisioier  russe  et  de 
(  yaisselle  j^bte.  Les  Tar  tares 
commencèrent  à  murmurer  con- 
tre ce  changement  dans  les  usages 
de  leur  nation ,  et%;Qntre  ratta- 
chement de  (eur  Kan  à  la  Russie. 
Deuxtk  $e$  frères,  dont  l'un  étoit 
gouverneur  du  Knban ,  se  révol- 
tèrent et  faillirent  à  le  faire  pri- 
fonnier  dans  la  ville  de  Kafiâ  oii 
il  résidoit.  Le  prince  Potemkia , 
à  la  tète  d'une  armée  russe ,  vok 
à  son  secours ,  le  rétablit ,  et 
livra  à  la  mort  treize  des  princi- 
paux rebelles.  Quelc^ue  temps 
^près,  sous  le  même  prétexte  de 
défendre  Sahim  contre  rîn,vasion 
des  Turcx ,  le  général  Balmaire 
furprit  KafTa ,  et  força  Iç  Kan  et 
les  principaux  Myrzas  du  pays  à 
prêter  serment  à  Timpératricf. 
On  promit  à  Sakim  une  pension 
smnueDe  de  800  raille  roubles:  ce 
traitement; assura  son  avilissement 
et  le  joug  de  sa  patrie.  On  refusa 
bientôt  de  payer  ça  pension  : 
7elégq,é  à  Kalo.uga  9  dans  le  plus 
extrême  dénuement ,  il  f u^  forcé 
de  quitter  le  pays  où  il  a  voit 
donné  des  lois  ^  pour  se  réfugier 
auprès  de  ses  propres  ennemi&  9 
dans  la  Moldavie.  Lri  Turcs  ne 
furent  paa  asse^  généreux  poi\r 
^l^especteif  $on  maihear  ;  ils  se 
aaisirent  de  sa  personne  et  le 
transportèrent  dans  Vicie  de  Rho- 
des ,  où  malgré  les  prières  et  les 
démarches  du  Consul  de  France, 
l'infortuné  S/ofJfik  fyk  4tr«n|;lë 


S  A  I 

SAILLANT,  (N.  du)  psfA 
tObomme  du  Gëvandan  ,  fat  d*»-» 
bord  page  dn  roi ,  et  servit  ensuit» 
pendant  long- temps.  An  comn 
mencement  de  la  i^vc^tion  ,  il 
s'entoura  an  chatean  de  Jalès, 
près  de  Mende  9  de  quelques  ad- 
versaires du  nouveau  régiihe;  et 
sous  le  prétexte  d'une  féciéFation, 
il  parvint  à  rassembler  près  ds 
vingt  mille  hommes  de  gardes 
nationaux ,  et  conçut  i'eapoir  de 
les  faire  marcher  contre  Paris. 
Cet  espoir  hit  bientôt  déçu  :  les 
fédérés,  après  avoir  renouvelé 
k  serment  de  fidélité  à  la  nation, 
à  la  loi  et  au  roi,  se  retirèrent. 
Du  SailUnt,  réuni  k  un  petit 
aomlure  de  gens ,  ne  s'empara  pas 
moins  de  Banne  ;  mais  son  ra^ 
semblement  manquant  d'armes, 
de  discipline,  d'argent^  conduit 
par  un  chef  fougueux ,  sans  pru- 
dence ,  plus  téméraire  que  cour^ 
rageux,  fut  dispersé  par  le  régi- 
inent  de  HainauLt;  et  du  SaUlanit 
fait  prisonnier ,  fut  CQpduit  an^ 
Vans,  et  massacré  sur  la  place 

Sublique  avec  aua^e  personnel 
e  sa  suite, 

SAINCTYON ,  (N,  de>  étoit 
de  Paris,  et  y  mourut  en  1723. 
On  lui  doit  une  comédie  en  cinq 
actes ,  intitulée  les  Fajçons  dit 
temps, 'D^SQciété  avec  Dancoart-y 
il  a  fai^  le;  Chevalier  à  la  vwàfi 
et  les  Bourgeoises  à  la  mode^ 
congédies  qui  ont  eu  quelqnis 
succès.'  ' 

SAINT- ANMIÉ  ,  (MW)  s 
publié  dans  le  xvii*  siècle  pl«^ 
sieurs  poésies ,  p^rmi  lesqaelles 
on  a  distingué  l'Hiver  de  Ver^ 
sailles  et  la  DescripUon,  di^la cha- 
pelle de  Sceaux^ 

I.  SAÏNT-AULAIRB,  (Fran- 
çois )  sieur  de  la  Renaudie  ca 
Périgord ,  a  publié  un  onvrag» 
$ur  la  Fauconnerie,  Paris^ifii^i 


s  AI 

l  SAUÏT-GERMAIN,  (N.) 

(ionna  en  1741  et  1744  deux  tra- 
|édies,  Timotéoii  et  Su  Cathe^ 
TMf.  £lle3  sont  restées  aussi  in- 
connues que  leur  auteur  y  mort 
?ers  17$Q. 

H.  SAINT-GEEMAIN, 

(Robert,  comte  de)  ni  à  Lons-« 
)e-Saupier  en  Franche-comté, 
tn  1708,  d'une  famille  noble  et 
ancienne ,  entra  d'abord  chez  les 
Jésuites ,  qu'il  miitta  pour  pren- 
dre les  armea.  Û  servit  avec  di»« 
tinction  en  l^ongrie ,  dans  la 
guerre  de  1787  contre  les  Turcs. 
Il  passa  ensuite  successivement 
au  service  de  l'empereur  Char^m 
Us  y II,  et  revint  en  France, 
où  il  se  distingua  dans  les  guerres 
de  1741  et  de  17  57.  Ayant  eu  des 
mécontentemens  dans  sa  patrie , 
n  alla  servir  en  Danemarck.  Il  fut 
mis  par  la  cour  de  Copenhague 
à  la  tète  des  affaires  militaires, 
jrevôtu  de  la  dignité  de  feJd-ma- 
réchal ,  et  nommé  chevalier  de 
l'Ordre  de  l'Ëléphant.  il  jouit  de 
la  considération  et  du  repos  jus- 
qu'en 1772  ,  époque  de  la  scène 
tragique  qui  finit  par  la  mort  des 
comtes  Struensée  et  Bran  de.  Le 
comte  de  Saint-Germain ,  natu- 
rellement droit  et  franc ,  n'ayant 
pu  ramener  les  choses  au  dénoue- 
ment qui  lui  paroissoit  le  plus 
conforme-  à  la  justice,  se  retira 
svec  les  cent  mille  écVis  stipulés 
dans  le  Traité  qu'il  avoit  fait  avec 
h  roi  de  Danemarck.  Retiré  à 
Hambourg,  il  confia  son  argent 
à  un  banquier  qui  fit  banqueroute. 
JLa  perte  d'une  partie  de  sa  fortu- 
ne l'obligea  de  repasser  en  France. 
Après  avoir  séjourné  quelque 
temps  à  Bordeaux;,  il  alla  se  Ûxer 
^ns  une  petite  terre  près  de 
Itauterbach  en^  Alsace , ou ,  comme 
ViocléUen ,  il  cultivoit  son  jar- 
P^  pQU  4e  tçmps  après  Vavén^ 


S  A  I        409 

iB'«nt  éB  Louis  XVI  à  la  cou-* 
ronne ,  le  maréchal  dis  Muy  , 
ministre  de  la  guerre ,  étant  mort, 
le  comte  de  Saint-Gtrmain  fut  ' 
tiré  de  sa  retraite  pour  être  mis  k 
la  tête  de  ce  département.  D  fit 
plusieurs  réformes,  les  ^nes  très-* 
applaudies ,  les  autres  très^orifi- 
quées  et  avec  raison;  mais  on  n^ 
peut  que  le  louer  d'avoir  aboli  U 
peine  de  mort  contre  l^s  déser- 
teurs, augmenté  la  paye  du  soldat, 
et  corrigé  divers  abus  introduits 
par  le  luxe  et  Vîndiseipline.  U  reçut 
un  placet  d'un  officier  qui  ln4 
exposoit  ses  serviceset  ses  besoins. 
Monsieur,  lui  dit  le  ministre ^ 
je  m'occuperai  de  uos  demandes , 
mais  ¥0us  sentez  q  uej'ai  un  grand 
nombre  d'affaires  très^pressées. 
"^M*  le  comte,  répondit  l'offi- 
cier, il  n'y  en  a  point  de  ping 
pressée  tfue  la  mienne  ;  jemeurg 
de  faim ,  et  hier  je  n'ai  pouftyitaé* 
—  Oh  !  vous  avez  raison  ,  dit  * 
alors  le  ministre  ;  vous  dînerez 
aujourd'hui  ai^c  moi ,  et  demaii% 
je  forai  en  sorte  que  vous  ayea 
de  quoi  dîner.  Comptez  sur  la 
providence  ;  j*en  suis  ^n  grand 
exemple.  Il  y  a  de  la  noblesse  à 
relever  ainsi  l'aveu  humiliant  de 
cet  officier ,  pour  le  rapprocher 
de  lui.  La  mauvaise  santé  du 
comte  de  Saint-'Germain  ,  et  lea 
contradictions  que  quelques— un» 
de  ses  projets  essuyèrent,  l'obli- 
gèrent de  quitter  le  ministère.  Il 
mourut  peu  de  temps  aprèe ,  le 
i5  janvier  1778,  à  70  ans.  Cétoit 
un  homme  d'une  valeur  éprouvée, 
d'un  désintéressement  rare,d'uno 
fermeté  peu  commune  :  il  avoit 
de  grandes  vues  pour  l'adminis- 
tratioiMinais  son  esprit  étoit  un 
peu  syflema tique ,  et  son  carac- 
tère ardent,  inquiet  et  jaloux; 
et  il  souffroit  difficilement  d'étro 
contrarié  dans  ses  idées.  On  i| 
de   lai  de$  Mémoires ,   177$  t 


4^6         !S  A  I 

I  vol.  !n-8®,  dont  le  fo'itls  ésl  <îè 
^kii  9  mais  qui  ont  été  altérés  par 
une  main  étrangère. 

lïT.  SAINT-GERMAIN, 

(N.  comte  de)  adepte,  obtint 
quelque  célébrité  par  son  char- 
latanisme et  ses  secrets.  Il  préten-» 
doit  avoir  vécu  deux  mille  ans. 
Une  érudition  immense  et  une 
mémoire  prodigieuse  lui  aidèrent 
à  tromper  le  vulgaire.  Il  n'a 
avoué  à  personne  son  origine,  le 
lien  de  sa  naissance  et  son  âge.  Il 
disqit  souvent,  avec  simplicité, 
qu'il  a  voit  beaucoup  connu  Jésus- 
Christ,  et  qu'il  s'étolt  trouvé  à 
côté  de  lui  aux  noces  de  Cana  , 
lorsqu'il  changea  l'eau  en  vin.  Cet 
imposteur ,  après  avoir  resté 
quelque  temps  à  Hambourg,  a 
passé  les  dernières  années  de  sa 
vie  auprès  du  prince  de  He;sse— 
Cassel  j  et  est  mort  à  Sleswig  an 
commencement  de  1784. 

SAINT-GLAS,  (I^ierre  de) 
prieur  de  Saint-Ussans ,  s'est  feit 
connoître  par  une  comédie  des 
houts-rimés ,  représentée  en  1 682. 

SAINT- JEAN,  (N.)  employé 
âans  les  fermes ,  se  retira  à  Per- 
pignan et  y  mourut.  C'est  de  lui 
que  Regnard  a  dit  : 

Il  n^est   point    de   cerr«au  qui  ii*ait 

quelque  trtfrers  : 
Salut'Jesn  ae  sait  pas  lire  9  «t  veat 
faire  des  vers. 

iSaint^yean  est  auteur  de  l'opéra 
d'Ariane  ,  dont  Marais  fit  la 
musique ,  et  qui  fiit  représentée 
«n  1696.  L'auteur  prit  son  sujet 
dans  la  tragédie  de  Corneille ,  et 
dans  le  mariage  à'Arian^^Bac^ 
chus  g  comédie  de  Visé»w 

SAINT-JUST,  (Louis-Léon 

de)  né  à  Blerancourt  près  de 

"  Koyon,  en  1768,  montra  tant 

d'enthousiasme  pour  les  nouveau- 


5ÂÎ 

tes  politiques,  qu'il  fut  tiotnltié, 
quoique  très-jeune,  membre  dé 
la  Convention  nationale.  U  se  lié 
dès-lors  étroitement  avec  Hobes^ 
pierre ,  poursuivit  tous  ceux  qui 
lui  déplaiâoient ,  et  les  dénongi 
pour   les  envoyer  ^  à  l'échafaud. 
On  a  dit  qu'il  avoit  été  le  Séide 
de  ce  Mahomet,  C'étoit  certaine- 
ment faire  beaucoup  d'honneur  à 
des    conspirateurs    subalternes  y 
que  de  les  comparer  au  fonda teié 
d'un  grand  empire  et  d'une  nou- 
velle religion.  Quoi'qu'il  en  soit. 
Saint-^ust  se  signala  si  fort  aprèi 
le  fameux  3 1  mai ,  contre  tous  lei 
ennemis   de   "Robespierre ,    qu'il 
parvint  au  triumvirat,  et  par- 
tagea avec  lui  la  surveillance  iîè 
la   police   générale.   Saijit-Just 
.  avoit  du  sens  froid ,  de  la  faciliti 
à  s'énoncer  *  une  hardiesse  tou- 
jours soutenue ,  une  férocité  qui 
ne  se  démentit  jamais.  Oh  le  vit 
proposer  la  vente  des  biens  dei 
émigrés ,  la  proscription  des  dé- 
putés de  la  Gironde ,  le  séquestre 
des  possessions  des  étrangers  dont 
la  patrie  se  trouvoit  en  guerre 
avec    nous ,    oser  faire  le  pa^ 
rallèle  de  l'état  de  la  France  soui 
Louis  XVI  et  sous  le  comité  de 
Salut  public,  et  avancer  que  sôuà 
les  lois  du  premier  ,  les  écbà- 
fauds  immoloiont  la  moitié  pinl 
d'hommes  que  sous    celles   dit 
comité.  Bientôt  après  ,  sur.  son 
rapport ,  Danton ,  Camille  Des- 
moulUxs  s  Phelipeaux ,  allèrent  a 
'la>  mort.  On  a  cité,  comme  nà 
des  traits  qui  ont  peint  le  mieux 
son  caractère  destructeur,  un  dé 
ses  arrêtés ,  par  lequel ,  étant  éà 
mission ,  il  ordonna  de  raser  sur- 
le-champ  la  niaison  de  quiconque 
Seroit  convaincu  de  trafiquer  su^ 
l'argent  et  d'agioter  sur  les  mar- 
chandises. Il  travestit  la  pitié  d 
crime ,  et  fit  regarder  comme  ni* 
attentat  contre  la  république, 


$  A  C 

les  Iftrrtes  qu'on  ▼ersoit  sur  la 
mort  de  ses  parens,  de  ses  amis. 
|i  étoit  temps  que  tant  d'excès 
eussent  un  terme.  Le  9  thermidor 
an  2 ,  il  voulut  s'opposer  en  vain 
^  la  chute  de  la  tyrannie  ;  il  fut 
décapité  le  lendemain  ,  et  reçut 
la  mort  avec  courage.  Saint- Jus t , 
égaré  par  une  imagination  tur- 
bulente et  par  des  hommes  arti- 
ficieux ,  se  croyoit  un  grand 
écrivain  ;  niais  dans  les  dilFérens 
rapports  faits  à  la  Convention , 
on  ne  voit  qu'un  pot-pourri  des 
phrases  de  Thomas ,  de  D/rf«- 
rot ,  de  Jean-- Jacques  Rousseau  , 
et  des  principes  exagérés  d'une 
égalité  universelle  et  d'un  entier 
nivellement ,  qui.produiroient  la 
ruine  de  toute  société.  On  a  en- 
core die  lui ,  Esprit  de  la  RévO" 
lution  et  de  In  Constitution .  de 
"France  ,1791,  in-8.0 

SAINT-LAMBERT,  (Char- 
les-François   de  )    membre    de 
l'acfldémie  Françoise ,  et  ensuite 
de  l'Institut  national ,  naquit  à 
Nancy    en    1717  ,  et   acquit  de 
bonne   heure  la  réputation  d*un 
poëte  distingué  et  d'un  littérateur 
aimable.  Lié  avec  Voltaire ,  il  le 
flatta ,  et  en  obtint  à  son  tour  des 
éloges.    La  révolution  Françoise 
respecta  ses  jours ,  et  ils  n'ont  fini 
que  le  2  i    nivôse  an  xi ,  à  l'âge 
de  85  ans.  Les  ouvrages  de  Saint" 
Lambert  sont  ;.  I.  Les  Fêtes  de 
l'Amour,  comédie-ballet  IL J&^^ 
iài  sur  le  Luxe,    1764  >  in-S.* 
ÏIL  Les  quatre  parties  du  JoW, 
poëme  ,'  1769  ,   iii-8.0.  Il  offre 
autant  de  fraîcheur  que  de  grâces. 
iV.  Les  Saisons ,  poëme.  I!  parut 
«a   1769  ,  et  a  obtenu  uh  grand 
tiombre  d'éditions.  C'est  l'ouvrage 
le  plus  remarquable  de  Tauteur. 
Les    vers   en    sont   quelquefois 
iroids  ,  mais  toujours  écrits  avec 
correction    ^ï  éh^gTinue.  Oa  y 


s  A  I 


4'» 


trouve  un  peu  de  monotonie  dans 
.les  épisodes,  et  un  défaut  d'en- 
semble; mais  les  tableaux  en  sont 
bien  coloriés ,  et  plusieurs  détail! 
intéressent  le  lecteur  et  le  ren- 
dent heureux  par  le  spectacle  du 
bonheur  que  l'opulence  peut  trou- 
ver en  fécondant  les  champs  et 
en  répandant  l'aisance  au  milieu 
des  cultivateurs.  Ko Zi/z/rt»  a  com- 
paré ce  poëme  à  celui  de  Thomp- 
son ,  et  accordé  la  préférence  au 
premier.  U-est  souvent  suivi  de 
plusieurs  Contes  en  prose ,  inti- 
tulés :  Ziméo  ,  ÏAbénahi ,  Sara, 
Ceux-ci  respirent  une  sensibilité 
douce  et  très- attachante.  Didot 
a  publié  une  édition  superbe  du 
poëme  des  Saisons,  V.  Fable t 
Orientales,  177a  ^  in— 12.  C'est 
un  extrait  concis  et  bien  fait  de 
ce  q'ui  se  trouve  de  plus  agréable 
dans  la  Bibliothèque  de  d'Her-^ 
helot,  VI.  Discours  de  réception 
à  l'académie .  Françoise  ,  in- 4." 
Vil.  ^principes  des  Mœurs  chez 
tontes  les  nations,  ou  Catéchisme 
Universel ,  in-i  2.  VIIL  Un  grand 
nombre  de  pièces  fugitives ,  ré-» 
pandues  dans  VAlmanach  des 
Muses  et  les  Journaux.  L'une  des 
dernières  ayant  pour  titre:  Les 
Consolations  de  la  vieillesse ,  est 
encore  pleine  d'images  gracieu- 
ses, et  fait  oublier  le  grand  âg» 
de  son  auteur. 

IV.  SAINT-MARTIN, 
(Mni«  de)  a  publié  la  iîc?m^  d0 
Lusitanie,  roman  assez  insipide  , 
mais  qui  offre  une  allégorie  de 
plusieurs  éyénemens  du  siècle  de 
Louis  XIV.  On  ignoçe l'année  de 
la  moft  de  l'auteur. 

V.  SAINT-MARTIN,  (N**) 
naquit  à  Amboise  d'une  famille 
distinguée  par  ses  services  mili- 
taires. Son  père  profita  du  voisi- 
nage de  M.  de  Choiseul  à  Chan- 
tcloup,  et  de  l'amitié  qne  celui-ci 


4»» 


S  A  I 


lui  tétnoignoit ,  ponr  lui  recoin-* 
mander  son  fiU  ;  et  le  leune  Saint" 
ifîartin ,  sar  la  présentation  de 
l'ex'-Aministre ,  obtint  une  lieute- 
Qance  dans  le  régiment  de  Foix. 
Son  caractère  tranquille,  son'' 
amour  pour  la  retraite ,  son  re- 
cueillement presque  continuel  t\% 
poQVOient  s'accorder  avec  l'acti-. 
vite  des  camps  et  le  tumulte  des 
armes  ;  aussi ,  après  cinq  ou  six 
ans  de  service ,  il  demanda  et^ 
obtint  sa  retraite.  Dès-lors ,  livré 
tout  entier  aux  idées  métaphysi- 
ques ,  il  se  mit  à  voyager  et  resta 
trois  ans  à  Lyon ,  oii  il  vécut 
solitaire,  presque  inconnu ,  gar-. 
dant  le  silence  et  ne  le  rompant 
qu'avec  un  très -petit  nombre 
d'amis.  Après  'avoir  parcouru 
cQautres  contrées^  il  se  retira  à 
X^aris,  où  sa  vie  paisible  et  obs- 
cure le  mit  à  l'abri  des  fureurs  de 
la  révolution.  Celle-ci  le  trouva 
impassible;  sans  crainte,  comme 
sans  enthousiasme  ,  n'approu- 
vant ni  ne  blâmant  rie.j  avec 
excès ,  son  ame  repliée  sur  elle— 
-même,  ne  parut  jamais  oublier 
un  moment  les  idées  pbilosophi- 
qnes  qui  lui  étoient  chères.  Une 
grande  douceur  ,  l'exercice  de  la 
bienfaisance,  une  simplicité  de 
mœiurs  extraordinaire ,  des  cou— 
noissances  variées ,  le  goût  de  la 
musique  et  des  autres  arts,  le  don 
d'intéresser  sans  paroitre  y  pté— 
tendre  9  lui  acauirent  des  amis  et 
même  des  aamirateurs.  Il  est 
mort  à  Aunai ,  dans  la  maison  du 
sénateur  te  JSoir—let^Roche ,  au 
commencement  de  l'an  i  a ,  à  l'âge 
de  près  de  60  ans.  Sainl^Mortîti 
doit  sa  réputation  au  livre  inti- 
tulé :  Des  erreurs  et  de  la  vérité  , 
-ou  les  hommes  rappelés  au  priri" 
cipe  universel  de  la  iaVwct?  .Quelle 
^st  cette  science  ?  Elle  est  in- 
connue, incompréhensible  pour 
k  plupart  de^  kctenr».  de  ïows 


SA  I 

^age.  Celuî-ci  parut  en  vfi^i 
in-80 ,  et  a  en  un  grand  nombre 
d'éditions.  «  C'est  pour  avoir  oa- 
blié,.dit  l'auteur,  les  principes 
dont  je  traite ,   que   toutes  les 
erreurs  dévorent  la  terre,  et  qço 
les  hommes  ont  embrassé  un«' 
variété  universelle  de  dogmes  et 
de  systèmes....  Cependant ,  quoi- 
que là  lumière   soit   faite  pour 
tous  les  yeux ,  il  est  encore  plus 
certain  que  tous  les  yeux  ne  sont^ 
pas  faits  pour  la  voir  dans  son 
éclat  ;  et  le  petit  nombre  de  cenx 
qui  sont  dépositaires  des  vérités 
que   j'annonce  ,   est   voué  à  la 
prudence  et  à  la  discrétion  par 
les  engagemens  les  pi  m  s  formels» 
Au^si  ^  me  suis-je  permis  d'user 
de  beaucoup  de  réserve  dans  cet 
écrit ,  et  de  m*y  envelopper  sou- 
vent d'un  voile  que  les  yeux  les 
moins  ordinaires  ne  pourront  pas 
toujours  percer,  d'autant  que  j'y 
paf4e  quelquefois  de  toute  autre 
chose  que  de  ce  doilt  je  parois 
traiter.  »  Avec  une  pareille  expli- 
ration ,  on  peut  être  obscur  et 
inintelligible  tout  à  son  aise,  et 
l'auteur  à  cet  égard  tient  parole 
sur  ce  qu'il  promet.  Ses  raison- 
nt-meus ,  pour  des  lecteurs  vul- 
gaires ^  paroissent  ceux  d'un  fon^ 
mais  Ses  disciples  ^  appelés  Jl/ar- 
,  tlnisies  du  nom  de  leur  maître, 
les   révèrent    comme  ceux  d'un 
.sage.  Tout  au   moins  ,  Tanteur 
pourra  passer  pour  ItLycophron 
de  la  métaphysique.  Les  profanes 
ont   cherché  a  donner  diverses 
eQj|)liiations  du  livre,  et  il  en  est 
même  qui  ont  prétendu  qu'il  trai- 
toit  de  la  constitution  et  de  l'ex- 
tinction des  Jésuites ,  et  que  par 
le  mot  cause  universelle ,  il  faiioit 
entendre  leur  Père  général.  On 
a  imprimé  à  Londres, en angloiSt 
un  ouvrage  en  2  vol.  comme  ans 
suite  de  celui  de  Saint-Martin} 

IDAis  ç»  djirm^r  n'y  a  eu  aucup^ 


(     \ 


s  A  I 

^rt;  et  cette  prétendue  siiiie  » 
dtt~on^  n'a  aucun  rapport  avec 
U  base  chi  système  et  les  opinions 
ée  1  auteur.  Saint^Martia  a  eil^ 
core  publié  un  volume  in-8° , 
lous  le  titre  t  Tableau  de  Vordre 
naturel.  Comme  il  étoit  un  peu 
moins  obscur  que  le  précédent  ^ 
fl  a  obtenu  moins  de  succès  ;  caf 
les  énigmes  sOnt  toujours  recher- 
chées par  unjgrand  nombre  de 
lecteurs. 


S  A  I 


4t) 


SAINT- 

a  traduit 
l'ouvrage  j 
de  Naplt 


MOLLE,  (Mm«de) 
iKalien  en  François , 
ititnié  :  la  BépubUijue 
Elle  est  morte  au  mi-* 
lieu  durcie  passé. 

S.\INT  -  MESGRIN  ,  (Paul 
Sbert  de  )  Tun  des  mignons  in- 
•olens  de  Henri  TIL  S'étaiit  vanté 
d'être  dans  les  bonnes  grâces  de 
la  duche&oo  de  Guise,  le  duc  son 
éppnx  le  fit  assassiner  à  coups  de 

C'  toi  et ,   comme  il   sortoit  du 
uvre,  le  21  juillet  iSyS. 

SAINT-NON,  (Jean-Claude- 
Richard  de)  conseiller-clerc  au 
parlement 'de  Paris,  mort  en 
cettç  ville  le  25  novembre  179 1 , 
*  Vâge  de  64  ans,  a  donné  au 
théâtre  Julie  ou  le  bon  Père, 
•otnédie  en  trois  actes  et  en 
prose ,  et  a  publié  un  Voyage 
pittoresque  de  Naplesetde  Sicile, 
tn  s  volumes  in-folio ,  oui  ren- 
ferment 417  planches.  Cet  ou- 
vrage fit  recevoir  Tautenr  k  l'aca- 
démie de  peinture  et  de  sculpture* 

SAÎNT-PHALIEK ,  (Fran- 
foise-Thérèse  Aumèle  de)  épouse 
^Alibard  ,  donna  au  théâtre  Ita- 
lien la  Rivale  confidente ,  comédie 
•n  trois  actes,  jouée  en  1752. 
On  lui  doit  encore  un  recueil  de 
poésies,  In-f  2 ,  et  deux  romans 
intitulés  :  le  Porte-feuille  rendu, 
«^^  GtipjrigeM  dit  ^m^Jii^ 


toîre  d'Emilie.  Elle  est  morte  à 
Paris  en  1757. 

SAINT -QUENTIN,  (M"« 
de)  née  à  Faris  au  milieu  du 
i7«  siècle,  reçut  une  éducation 
soignée  de  son'p6rë  qui  cxerçoit 
avec  distinction  la  profession  d'a- 
vocat au  parlement.  Elle, a  pu- 
blié un  ouvrage  curieux  et  assez 
rare  ,  intitulé  t  Traité  sur  la 
possibilité  de  l'immortalité  cbr«  , 
porelie. 

SAINT  -  SIMON ,  (  Louis  de 
Rouvroi ,  duc  de  )  né  à  Paris  le 
fS  juin  167S  ,  essaya  d*abord  de 
l'art  militaire ,  et  fit  ses  premières 
armes  en  1 692.  Ses  talens  étoient 
plus  décidés  pour  la  diplomatie  , 
et  il  se  tourna  de  ce  côté.  11  fut 
nommé,  en  172 1  ,  ambassadeur 
en  Espagne  ,  pour  faire  la  de- 
mande de  l'Infante  ^  future  épouse 
de  Louis  XV,  Le  Régent  qui  l'ai- 
raoit  et  Testimoit ,  le  consulta  sur 
les  affaires  les  plus  épineuses ,  et 
il  s'en  trouva  bien  ,  du  moins 
lorsqu'il  eut  assez  de  force  dans 
le  caractère  pour  stiivrc  ses  con- 
seils. Saint-Simon ,  naturellement 
porté  à  trouver  les  hommes  mé- 
chans ,  crpyant  peu  à  la  probité  , 
et  sur>tont  à  la  probité  des  cours, 
ne  se  guérit  pas  de  sa  méfiance 
par  le  spectacle  des  bassesse», 
des  trahisons ,  des  jalousies  dont 
la  cour  du  duc  d'OrUar^s  le  ren- 
dit témoin.  Sans  avoir  le  génie 
de  Tacite ,  il  lui  ressembloit  par 
le  caractère  ;  il  en  possédoit  sur- 
tout les  vertus.  Retiré  dans  se» 
terres ,  ph  il  mourut  dans  un 
&ge  avancé  ,  il  y  fit  beaiTcoup  de 
bien.  C'est  dans  sa  solitude  qu'il 
composa  ses  Mémoires  sur  le  rè- 
gne de  L^uis  XîV  et  sur  la  ré- 
gnée. Le  caractère  de  l'auteur 
s^y  montre  À  chaque  page  ;  \k 
peint  presqiie  toujours  en  noir, 
9^  â  «ppiû^  ^^  MTtrasU^ie 


414         S  A  I 

i^its  et  d'anecdotes  :  il  nj  a  pciSi 
jusqu'à  Fénélon  qu'il  n'accuse 
d'artifice.  Son  penchant  pour  le 
jansénisme  ,  et  l'austérité  de  ses 
mœurs  et  de  sa  morale ,  égarent 
quelquefois  son  pinceau.  Mais , 
en  général ,  il  paroit  aimpr  la 
vérité  ,  et  il  la  dit  ?ans  crainte* 
Son  style  est  fort  et  énergique  , 
quoique  souvent  incorrect,  obs' 
eur.,  entortillé.  Il  y  a  pourtant 
beaucoup  à  apprendre  de  lui  , 
lorsqu'on  veut  connoitre  les  hora- 
9>ea  et  les  cours.  Il  n'étoit  pas 
<;xempt  hii-mên^  de  certains  dé* 
Cants  .qu'il  reproche  à  quelques 
i}ns  de  ses  personnages.  Il  se 
montre  jalon ^  des  privilèges  da 
la  pairie  et  de  la  noblesse  de  sa 
pace  ,  jusqu'à  la  petitesse.  Cette 
jalousie  l'accompagna  même  dans 
la  retr|iite  y  oii  il  vécut  d'ailleurs 
en  homme  religieux  et  bienfai-* 
fant.  Ses  Mémoires  existèrenj^ 
long-temps  en  manuscrit.  On  en 
publia  d'abord  un  abrégi  tron«* 
que  et  mutilé  par  les  cen$eu/5  ^ 
ftn  1788,  en  3  vol.  in^S»,  a\v^ 
quel  on  ajouta ,  Tannée  d'après*^ 
un  Supplément  un  peu  plus  li-^ 
bre,  en  4  vol.  Enfin  ,  en  1791  9 
ils  parurent  à  Strasbourg  avec 
toute  l'originalité  et  le  piquant 
de  l'auteur,  en  i3  vol.  in-<r8.<l 
Le  titre  est  :  (Kitvres  oçmpflàUst 
de  Louis  de  Saint-^Simqn  ,, vêtues 
9t  pair  de  France  ,  chevaUcp  des 
ordres  du  roi^  Ce  recueil  inté-^ 
ressant  renferme  :  I.  tfis  Mè^ 
nioires  d'étal  et  militaires  d^t  ré-* 
gne  die  Louis  Xlf^*  IL  Les  Mé^ 
moires  secrets  de  la* régence  da 
PhiUpped'OrléansdlLV  Histoire 
des  Hommes  illustrer  des  règnes 
de  LauU  Xiy  et  de  Louis  XV,, 
Jusqu'à  la  mort  de  l'auteur.  IV.  Des 
Mémoires  relatif  s  au  droit  publie 
4f  la  France.  Cette  éditian-  es^ 
ornée  de  diflférentes  piècets  ori-* 
gii^alH)  ^^  a^rvenk  à  «xgjLiijiUiSii 


s  A  I 

des  choses  confuses^  à  étellctrc 
des  faits  trop  concis  ,  à  modi&et 
des  récits  exagérés  ,  à  confirmer 
'  des  anecdotes  douteuses  •  ou  à 
en  rectifier  d'autres  mal  présen- 
tées. Les  Mémoires  de  Saint-* 
Simon  a  voient  besoin  de  ce»  cor- 
rectifs. Son  esprit  ombrageux  lui 
a  fait  voir  trop  souvent-des  era-^ 
polsonnemens  dans  des  mortf* 
très  «  naturelles  ,  et  des  motifs 
d'ambition  ou  de  Cupidité  danji 
des  choses  honriMes.  Mais  ces 
soupçons  étoienlvi^tl— être  ex-  ' 
cusables  dans  un  hoffime  qui  avoit 
vécu  4  comme  nous  T^ons  dit, 
dans  la  cour  corrompue^et  licei>«- 
cieuse  du  Régent.  L'ai|teur  dtf 
Supplément  de  17 89  ,  l'âvoit  ac- 
compagné de  diflFérentes  notes 
explicatives,  dont  plusieurs  sont 
tirées  de  ce  Dictionnaire  histo- 
rique ,  qu'il  a  l'honnêteté  de  ci- 
ter :  exemple  peu  iniité  depuis 
par  divers  compilateurs  ,  qui ,  «n 
le  déponiltant ,  ont  donné  lenrï 
larcins  comibe  leur  propre  oa* 
vrage. 

SAjUirURBAIN  ,   (  F^erdi- 

Qand  \l)  nommé  aussi  simple* 
''  ment  Urhano  ,  se  di^in^a  par 
son  goût  et  sa  oorrecticnt  dans 
l.e  dessin*  .C'4st  le  gravewr  ino-« 
derne  le  plnsccélèbçe  pour  !«• 
coins  de  médailles.  Pitusierirs  pn^ 
pes  em^o^ent  ses  talens.  Il 
mowrut  à.  Kome^  ricdxe  et  ho* 
noré  ,  en  .  171*0  ^  «près  avoir  re- 
cueilli une  suiie  nombreuse  d'e»« 
tvnpes  el^dé  dessins  estimés. 

SAINT-.VAST,  (Olivier  de) 
jurisconsulte ,  né  à  Alençon  1« 
3o  décembre  1724  ^  et  mort  de- 
puis peu ,  à  8a  ans  «  a  publié  ua 
Commentaire  sur  les  co«):ivnet. 
du  Maine  et  d'Anjou ,  4  yoL 
in— 12. 

SAINT- YINCENT  ,(  Jesfi-i 


/. 


$  AI 

l|2:*4cV4nt  parlement  de  Provence^ 
né  h  Aix  en  1 7 1 8  ^  mort  dans 
U  même  ville  le  n  octobre  1798 , 
en  philosophe  chrétien,  étoit  un 
magistrat  g^rave ,  sérieux  ,  uni- 
quement occupe  de  ses  devoirs. 
£e  peuple  respecta  sa  vertu , 
même  dans  les  troubles  de  la  ré- 
rôlutton.  Associé  de  l'acudëmie 
des  Inscriptions  en  17B5  ,  il  mé- 
rita cet  honneur  par  deux  savans 
Mémoires  sur  les  monnoiçs  de 
la  Provence  et  les  antiques  mo« 
numens  des  MarseiUois.  On  a  de 
lui ,  en  manuscrit ,  d'autres  Mé- 
moires sur  l'état  du  commerce, 
<fcs  sciences  et  des  arts  en  Pro- 
Xençe,  pendant  les  i3«,  14*  et 
1 5*  siècles.  Il  a  laissé  un  fils , 
héritier  de  son  savoir  et  de  ses 
Vertus.  Le  père  étoit^anii  de  Kaw- 
venargues  ,  de  Mazaugiies  ,  de 
tous  les  littérateurs  Provençaux . 
et  le  protecteur  éclairé  de  quel- 
ques-uns. 

SAINT-YON,  (N**)  juris- 
consulte de  Paris  ,,  a  publié  en 
1^10  ,  le  Hecueil  des  édits  et 
qrdonpances  sur  les  eaux  et  fo-< 

*  SAINTE-PALAYE,  (  Jean- 
Baptiste  de  la  Curne  de  )  de  l'aca- 
^mie  Françoise  et  de  celle  des 
ïtiscriptions ,  naquit  à  Auxerre 
Ml  1697.  II.  se  dévoua  de  bonne 
heure^  à  des  recherches  savantes 
sîir  notre  langue  et  sur  nos  an- 
tiquités. Il  fut  secondé  ^  dans  ce 
îiénible  travail ,  par  M;  de  la 
Curne  son  frère.  Ils  étoient  nés 
jumeaux.  Leur  tendresse  corn— 
ttiença  dès  Tenfance,  et  ne  finit 
^'à  la  mort,  Une  même  de— 
iQeure  ,  un  môme  appartement , 
les  marnes  sociétés  les  réunirent 
constamment.  M»  de  la  Curne  ^ 
^PMrMt  le  premier  ,  et  M*  de 
^nte^Palaye  ne  cessa  de  pleurer 
^  fr^re  ^ui  vtilloil;  ttndreiQ^nt 


s  A  i 


41* 


Hnt  «a  personne ,  sur  s<»s  besoins  ^ 
sur  sa  santé  9  qui  le  débarrassoit 
de  tous  les  soins  domestiques  ^ 
et  qui  étoit  le  dépositaire  de  tousi, 
ses  sentimens  ,  de  toutes  ses  pen- 
sées ,  de  tofis  ^Q^  plaisirs ,  d« 
toutes  ses  peines.  Celles-ci  fu-» 
rent  toujours  en  petit  nombre. 
Çn  voyant  Sainte  -  Palnye  ,  on 
appçrcevoit  dans  ses  traits  et  dans, 
1^  sérénité  de  son  visage  ,  un 
calme  intérieur,  une  tranquiîld 
égalité  d'ame  qui  intéressoit  tous 
les  coeurs.  Ce  vertueux  et  savant 
académicien  mourut  le  i"  mai 
1781. ,  à  84  ans.  A  quatre-vingt?  , 
il  fit  de  très— jolis  vers  adressés^ 
à  Mad.  de  Gléon  qui»  lui  avolt 
brodé  une  veste.  La  Harpe  Jc& 
rapporte  dans  le  tome  i*"^  de  «a 
Correspondance.  On  a  de  lui  ? 
^  Mémoires  fur  V ancienne  Che-^ 
Valérie  ,  1781 ,  3  vol.  in- 12.  Les.  ' 
mœurs  et  les  usages  des  anden^ 
chevaliers  sont  peints ,  dartî  cet 
livre  9  avec  autant  de  vérité  que 
d'intérêt.  L'institution  politiques 
çt  militaire  d^  la  chevalerie  fut 
formée  dans  des  siècles  de  bri- 
gandage ,  de  confusion  et  d'anq^r- 
chief  «  C'est  dans  ces  temps  ora- 
geux que  des  nobles  oisifs  et 
guerriers  y  dit  Thomas  ,  s'asso- 
cièrent pgur  réprimer  les  bri- 
gands 9  et  pour  faire  ce  que  la 
forcç  publique  ne  faisoit  pas  ou  • 
faisoit  mal.  »  Leur  objet  fut  de 
combattre  les  Maures  en  Espa- 
gne 9  les  Sfirrasins^  en  Orient , 
les  tyrans  de»  donjons  et  des' 
châteaux  en  Allemagne  ;  d'assii- 
rer  la  vie  et  les  propriétés-  de» 
voyageurs  en  France  ,  et  sur- 
tout de  défendre  l'honneur  et  les 
droits  du  sexe  le  plus  foible ,  con- 
tre le  sexe  impérieux  qui  souvent, 
l'outrage  et  l'opprime.  Bientôt 
l'esprit  d'une  galanterie  noble  se 
niêia  à  cette  institution  héroïque, 
ChaquQ chevalier,  en  se  dévouant 


it6 


È  A  t 


aux  périls  ,  se  soumit  atiX  foi^ 
dune  souveraine  de  son  cœur. 
Cétoit  pour  elle  qu'il  attaquoit, 
qu'il  défendoit ,  qu'il  forçoit  des 
châteaux  et  des  villes  ;  c'étoit 
pour  l'honoref  qu'il  versôit  son 
Sang.  L*£urope  entière  devint 
Que  lice  immense ,  où  des  guer- 
riers armés  des  rubatis  et  des 
chiffres  de  leurs  maîtresses ,  cdm- 
battoient  en  champ  clos,  pou^ 
mériter  de  plaire  à  la  beauté. 
Alors  la  fidélité  se  ipêloit  aa 
courage;  l'amçur  étoit  insépa- 
rable de  l'honneur  ;  les  femmes  ^ 
Itères  de  leur  empire,  et  le  tenant 
des  maiijis  àè  la  vertii  9  s'hono-* 
roient  des  |;randes  actions  de  lenrj 
amans ,  et  partageolent  les  pas*' 
Sions  nobles  quelles  inspiroienti 
II.  C'est  sur  les  Mémoires  de 
M.  de  SainU-Fûlaye  t  que  Millot 
A  rédigé  Y  Histoire  des  Trouba'* 
dours ,  en  3  vol.  in- 1 1.  Itl.  Il  aVoit 
fait  le  projet  d'un  Glossaire  Ff*an- 
çois  Universel ,  bien  plus  étendu 
que  celui  de  Ducange ,  en  qua- 
rante voJ.  in- folio  ;  et  il  a  laissé 
en  manuscrit  deux  ouvrages  in-» 
téressans  :  l'un,  eàt  une  Histoire 
des  sfariations  successives  de  notre 
tangue;  l'autre,  uti  Diàiionnairé 
de  nos  Antiquités  françaises.  Un 
iTel  esprit  a  dit ,  que  «  c'est  un 
travail  aussi  ingrat  qufe  bizarre , 
de  rechercher  des  cailloux  dans' 
de  vieilles  mastires  ,  quand  on  A 
à^QS  palais  modernes  :  »  on  pontr- 
roit  lui  répondre ,  qu'il  est  agréa- 
ble pour  un  phildsophe  devoir 
comment  nous  sommes  parvenus 
à  changer  ces  vieilles  masûrtes  en 
|talais. 

SAÏSSET ,  (Befriard)  premier 
^vêqne  de  Pamiers  ,  fut  envoyé 
par  Bonifacê  VÎII  auprès  de 
JPhiUppe-Je^Bel ,  qui  ^  ayant  en 
à  se  plaindre  de  sa  hauteur  et 
de  seB  intrigues  ^  le  fit  eropri<«i 


Sâl 

sohher  en  î3oo.  Cette  cdtrëdJ» 
tion  le  reildit  plus  sngé.  Il  ré^ 
tourna  dans  son  diK^cèse,  et  moti** 
rdt  en  t3t4« 

SALA;tAllÔ  ,  (l'erdinând) 
jésuite  Espagnol ,  est  connu  eà 
France  par  un  'traité,  de  la.  fré^ 
quente  Communion  ^  qiii  a  été 
traduit  par  un  dominicain. 

SALCÊDE .  (  Nicolas  )  flcciîs^ 
d'avoir  viixAii  assassiner  lé  doc 
d'Alertçon  ,  à  l'instigation  do  duc 
de  Parme ,  fut  écartdé  k  Firris 
le  26  octobfe  1682.  S6n  père 
avoit  été  massacré  à  là  Saint-« 
Barthélenti ,  quoique  boii  ôatfaCM 
lique  ;  mais  il  étoit  e&nemi  dév 
claré  des  Guitef4 

SALLE  ^  (Jacques  Antoine) 
avocat  au  parlement  de  Paris  sk 
patji;ie,  né  le  4  juin  i/iS'  9  mort 
d'hydropisie  \e  14  octobre  1778^ 
a  publié  :  î.  JJ Esprit  des  Ordon-^ 
nànces  de  Louis  XV,  in-4'*,  i  7  Sj* 
II.  1/ Esprit  des  ^doTMaitcés  dé 
Louis  XIK  1758^  2  toi.  iii-4* 
La  clarté  ,  la  Inmiète  et  te  savoià^ 
régnent  dans  ces  deitx  exéeltens 
commentaires  de  nos  lois.  Le  pre' 
rôier  n'a  pour  objet  que  celiet 
qui  Ont  été  rédigées  par  le  cbon-^^ 
cclier  d' AguesseansB    IIL   TraiU 
des  fonctions   des  commissaires 
duChâtelet,  17 Go,  2  vol.  in-4.* 
Salle  étoit  associé  de  l'académier 
de  Berlin  ^  titre  qu'il  dut  à  des 
observations  critiques  sur  le  Cois 
Frédéric»  Une  timidité  modeste  y 
la     franchise  ^     l'enjouement  y 
étoient  ses  qualités  principales? 
et  il  eut  fe  don  de  se  faire  aimer. 

SALLÈBRAI,  (N.y  a  doiSn^ 
mi  théâtre  quatfe  mauvaises  pié^- 
ces  :  le  Jugement  de  Paris ,  i  ^$9  ; 
la  Tr'odde  4  x  S  ^01  la  Selle 
Egyptienne ,  1641  ;  et  tJbiuuiU 
ennemie.  On  ignore  sa  patrie  et 
le  tesips  de  sa  mort. . 

m.  SAUUSTE, 


.^ 


Ht.  $àLLUST£  ,  gnimmâU 

t'en  Latin ,  Bt  passer  dans  sa 
langue  le  K^  qu'il  prit  dans  la 
langue  grecque  ;  mais  la  première 

Eonvoit  bien  s'en  passer  comme 
I  notre ,  oii  il  n'est  presque  d'au- 
tim  asagé.  Aussi  d'Ahlôacoart  , 
dans  son  Dialogue  des  Lettres^ 
2ait~ii  dire  au  K  qu'on  a  souvent 
délibéré  de  le  chasser  de  la  langue 
Françoise  y  et  de  le  reléguer  dans 
les  pays  du  nord  ,  ou  il  n'est  pres- 
i^iie  employé  que  dans  les  noms 
propret» 

IL  SALMON,  (Nathanaël) 
knédecin  Anglois ,  très-versé  dans 
lés  antiquités ,  mourut  vers  tj^Sk 
On  A  de  lui  :  L  Les  Stations  des 
Uomains  en  Angleterre  ^  I73t  , 
t  vol.  in->8.^  IL  V Histoire  du 
Cf^BUe.d^Hertford,  17x8,  in-fok 
IQ.  Les  AtiiquUés  de  Surrey  » 
ïj^S ,  in-8.0  -^Thomas  Salmon 
son  frère  ^  mort  à  Londres  en 
fcvril  1743,  est  auteur  d'un  Abrégé 
chronologique  de  V Histoire  d*An» 
%leterr€ ,  traduit  en  François ,  Pâ- 
tis,  i7St ,  in-8**,  ouvrage  fort 
Sec.  Il  a  eu  la  principale  part  à 
la  grande  Histoire  universelle  > 
traduite  en  François,  en  plusieurs 
Volumes  in'4^9  et  une  centaine 
de  volumes  in-8*^  Compilation 
trop  souvent  indigeste  ,  mais 
qui  oflTre  des  recherches  eu** 
^easesi 

SALVI ,  (Micolas)  né  à  Home 
tu  1699  9  mort  en  1751  9  fut 
grand  nAathématicien  et  habile, 
trchitecte.  Home  offre  plusieurs 
édifices  élevés  sur  fies  dessins.  Le 
plus  remarquable  ,  le  plus  digne 
d'admiration  ,  est  la  Fontaine  de 
Tr^{// ^^onstruite  pdr  ordre  du 
papte  Clément  XIL 

S  AMON ,  marchand  F'rançois, 
étant  allé  négocier  fers  l'an  S3o 
càez  les  Esclavons ,  les  trouTA 

/   SUPPL.   Tom  111% 


%  k  N 


4tf 


langages  dans  une  guetrt  oOntré 
les  Abares.  11  combattit  avec  eux  ^ 
rallia  leur  armée ,  fut  victorieux 
et  parvint  à  la  couronne.  Il  épousi^ 
douze  femmes  de  la  nation,  et 
il  en  eut  vingt-deux  fils  et  quinza 
filles.  Son  règne  fut  glorieux  et 
dura  trente -cinq  ans.  Des  mar4r 
cbands  François  ayant  été  in-^ 
suites  par  des  Esclavons ,  Dago^ 
bert  envoya  des  ambassadeur^ 
demander  justice.  Ceux-ci  s'étan0 
permis  d'appeler  les  EsèiaVortfl^ 
chiens  et  païens  ,  Santon  \eVLt 
ff^pondit  :  «t  Si  nous  sommes  dei 
chiens ,  nous  nous  efforcerons  dé 
vous  mordre.  »  Trois  armées  en<< 
▼oyées  contre  lui ,  durent  vaiii<4 
eues ,  et  leur  défaite  assura  Kl' 
gloire» 

SAND^ÙS,  (Maximiiien)  ni 
à  Amsterdam  en  1678,  se  fit 
{ësuite  à  Home  en  1 S97  ,  ensei- 
gna la  philosophie  et  la  théologie 
dans  plusieurs  universités  d'Alle-i 
hiagiie,  passa  les  dernières  année» 
de  sa  vie  à  Cologne  »  et  y  mou-t 
fut  le  2t  juin  1 656.  Il  a  donné 
au  public  une  grande  cinantité 
d'ouvrages  ascétiques  et  polémi^^ 
ques  y  tôhs  écrits  en  latin ,  avec 
oi'dre  9  aisance  et  netteté ,  maii 
en  trop  grand  nombre  pour  étti^ 
toujours^  exacts  et  solides.  Oii 
estime  ce  qu'il  a  écrit  contre  \é% 
Calvinistes.  On  a  publié  le  cata*^ 
logue  de  ses  ouvrages  )  Cologne^ 
t653,  in-4.0 

L  SANDË  ,  (Préderic)  64)^-^ 
bfe  jurisconsulte  1,  né  à  Arnheimi^ 
Vers  r*n  »  5^ y  »  bonrguemestre  cPtf 
cette  ville ,  conseiller  au  coriseif 
de  Gueldre  ,  avocat  fiscal ,  cura-* 
teur  de  l'académie  de  Hardcirwick^ 
ambassadeur  de  la  république  d# 
âoUande  en  plusieurs  cours  ,  6t 
enfin  député  à  l'assemblée  de* 
Etats-généraux  à  la  Haye  ,  lors^ 
(|Hil  iROnri^  en  1617.  Oaa  df 


4i8        S  A  N* 

Itri  :  I.  Commcntaritis  ia  GelricA 
Ci  Zutphaniœ  consuetudines  fea^ 
dates ,  i637 ,  in-4.*»  Il-  Comment 
tatlo  in.  consnetudifiem  Gelria  de 
^ffestucatione  ,  Arnheira,  i638. 
Ses  ouvrages  ont  été  imprimés 
«vec  ceux  de  son  frère. 

*  II.  SANDE,  (Jean  à)  frère 
du  précédent ,  né  en  i  S79  ,  pro- 
fesseur des  Pandccte»  à  Frnne- 
ker ,  conseiller  à  Leuwarde  , 
,  mourut  en  i638.  Ses  ouvrages 
sur  la  jurisprudence  a  qiù.avoient 
d'abord  paru  séparément  ,  ont 
été  réunis  et  Imprimés  avec  ceux 
de  son  frère,  Anvers,  1674» 
in-fol.  Les  journalistes  de  Leip- 
aig  parlent  de  Jean  à  Sande  en 
ces  termes  :  Inter  célèbres  Frisiœ 
jurisconsultos ,  si  non  prlmum  , 
parem  certè  primo  loco  meruisse 
Joannem  à  Sande  ;  scripta  ejus 
non  'Belgio  tanlàm  sed  et  apud 
ftosjure  qiiodam  suo  magni  sent-' 
per  œstimata  démon str an t ,  etc. 
(ActaLips.  1684,  pag.  271.) 

SANDEUS,  (Felinus)  juris-- 
consulte  Italien ,  né  et  mort  à 
Ferrare  en  1 5o3  ,  a  publié  un 
Traité  sur  le  droit  de  patronage , 
et  une  Vie  ^AlpJwnse  roi  d'A- 
ragon. 

SANDVIG ,  (  Christian  Bertet 
ée  )  auteur  Danois ,  a  fait  im- 
primer quelques  ouvrages  histo— 
liqucs  ,  et  devint  secrétaire  de 
la  Société  généalogique  et  héral- 
dique ,  et  membre  de  celle  -établie 
Jour  les  progrès  de  la  langue  et 
e  rhistoire  de  Danemarck.  Il  a 
terminé  sa  carrière  en  1787. 

I.  SANLECQUE  ^  (  Jacqhes 
dé)  imprimeur  et  célèbre  fon- 
deur de  caractères  d'imprimerie , 
«^illustra  par  la  gravure  des  ca- 
Mctères  de  la  Polyglotte  de  le 
Jay  ,  et  excella  sur— tout  dans 
In  ^ridques  |  le^  MnuaritAiii9 1  Ie& 


S  A  R 

Hrménïens,  les  chaldéens  et  ïe# 
arabes.  H  inventa  aussi  trois  ca- 
ractères  propres  à  riniprimeri« 
de  la  musique  ,   qu'il   distingua 
par  petite  ,  moyenne  et  grosse 
mr.sique.  Ces  trois  caractères  sont 
\m  chef-d'œuvre  de  précision  dan? 
les  filets ,    et  de  ^rrrce  dans   les 
traits  obliques  qui  lient  les  notes. 
Il  étoit  né  à   Chahleu   dans    le 
Bbnlonnois ,  et  il  ro.crarut  à  Paris 
en  1648,  à"  90  ans.  — Som  fils  , 
nommé  aussi  Jacques  ,    se  dis- 
tingua de  même  dans  la  {gravure 
des  caractères  d'imprimerie  ^   et 
mourut  en  [6S9  ,  à  46  aii.d. 

S  AN  ^  MICHELI ,  (îVlichel) 
architecte  de  Vérone  ,  _né  en 
1484,  mort  en  1559,  fortifia 
beaueoup  de  places  dans  le  gouC 
pratiqué  depuis  sous  Louis  JCIV, 

.  SANTRITTER  ,  (  Jcan-Lu^ 

cîle)  savant  Vénitien,  prit  le  noni 
û'Hlppodamas ,  et  leva  Tune  de$ 
premières  iraprimerie*  dans  sa 
patrie.  Les  éditions  qu'il  publia  , 
remontent  à  480.  Santricter  fut 
tout  à  la  fois  mathématicien  y 
a'ètronome  et.  poète.  lia  publié 
divers  opuscules. 

SARASA,^  Antoine  Alphonse 
de  )  jésuite,  né  à  Nieuport  en 
1618,  de  "parens  Espagnols,  et 
mort  à  Anvers  en  1667  ^  est  au- 
teur d'un  ouvrage  traduit  en  f  ran». 
çois   sous  ce  titre  :  l'Art   de  se 
tranquilliser  dans  tons  les    éi^éne-* 
mens  de  la  vie^  Sttasbourg  ,  1 762, 
in-8«>  ;  l'original ,  à  Cologne  ,  en 
1676,  in-4**,  sons  le  titre  ^ Ars" 
semper  gaudendi.  On  prétend  que 
Leibnitz  y   puisa  Vidée    de    son 
meilleur  Monde* 

SARA  VIA,   (Adrien)    né  à 
Hesdin  en  Artois  vers  l'an  i  53o  , 
niinistre  Protestant  et  professeur 
à  Leyde^  entra  dans   la  conspi— ' 
rtition  qnidevoit  livrer  cette  viHe' 


s  A  R 

k  B^hert  de  Leicestre.  H  se  âauva 
en  Angleterre ,  oii  il  Fut  nommé  à 
un  canon  icat  (le  Cantorbéri.  II  y 
mourut  en  1612.  Ses  ouvrages 
réunis  en  un  vol.  in- fol.  imprimé 
tu  i6i  î  ,  ont  pour  titre  :  IJiversi 
Tractatus  2'heologici.  Pierre 
Burman  représente  Saravla  com- 
me un  homme  inconstant ,  avare 
«t  ambitieux. 

SARGET ,  (  Pierre  )  religieux 
Augustin  ,  né  à  Lyon ,  publia  an 
commen|^ment  du  16^  siècle 
quelques  écrits  :  I.  V Abrégé  des 
temps  ,  traduction  du  Fasciculus 
Umporum*  II.  Le  Miroir  de  la 
vie  humaine  »  traduction  de  l'eu* 
vrage  espagnol  de  Rodéric ,  évo- 
que de  Zamora.  III.  Les  Fleurs 
des  temps  passés.  IV.  Bélial.  C'est 
un  procès  curieux  entre  Dieu  et 
le  Diable ,  pour  savoir  à  qui  ap- 
partiendra la  souveraineté  du 
monde.  On  y  trouve  des  témoins, 
des  arbitres,  et  toutes  les  formes 
judiciaires  du  temps.  L'auteur  d^ 
poëme  de  la  Christiade  paroît 
avoir  employé  plusieurs  idées  de 
ce  singulier  ouvrage. 

SARNELLI,  (  Pompée)  né  à 
Polignano  dans  le  royaume  de 
Naples  en  1649  5  niort  en  1720, 
devint  évêque  de  Bisegîia ,  et  a 
publié  quelques  ouvrages  estimés 
sur  les  antiquités  ecclésiastiques. 
Les  principaux  ont  pour  titre  : 
I.  De  la  vie  commune  des  Clercs , 
1688.  II.  Lettres  Ecclésiastiques , 
3  vol.  in-4.0 

SAIIRABAT ,  (Nicolas  )  jé- 
suite', né  à  Lyon  le  9  février 
1^98 ,  acquit  de  la  réputation 
.comme  physicien  et  mathémati- 
cien. Il  découvrit  le  premier  à 
Nîmes  la  comète  de  1^709  ,  et  il 
«n  instruisit  l'académie  des  Scien- 
ces. Nommé  professeur  de  ma- 
thématiques à  l'école   do  Mar- 


s  A  R        419 

seille  9  il  publia  deux  Mémoires 
qui  furent  couronnés  par  l'aca-^ 
demie  de  Bordeaux.  Le  premier 
offre  une  nouvelle  hypothèse  sur 
V aiguille  aimantée;  le  second  a 
pour  objet  la  salure  de  la  m^fm 
Sarrçhat  est  mort  h  Paris  en  lySy,»  • 
—  Son  père,  Daniel  Satrabat, 
né  à  Paris  ,  mourut  à  Lyon  ea 
1747  ,  âgé  de  près  de  80  ans.  Ce 
fut  un  peintre  qui  acquit  de  la 
réputation ,  travailla  avec  facilité^ 
et  embellit  de  ses  ouvrages  un 
grand  nombre  d'édifices  de  Lyon. 
Il  se  servoit ,  pour  la  partie  des 
omëmens,  d'un  peintre  nommé 
Pillement ,  qui  avoit  de  l'agré- 
ment dans  ses  cbmpositions. 

L  SARRASIN ,  (  Antoine  ef 
Philibert)  furent  deux  médëcint 
de  Lyon  qui  publièrent  dans  le 
dernier  siècle ,  le  premier  ,  uA 
Traité  sur  la  peste  ,  qui  est  re-*- 
cherché  ,  et  un  Commentaire  sur 
Dioscorlde  ;  le  second ,  des  Fpti' 
très  médicinales.  Celui-ci  eut  un< 
fille  nommée  Louise ,  qui  au  rap- 
port de  Colomiez  ,  savoit  parfai- 
tement à  l'Age  de  8  ans ,  l'hébreu 
et  le  latin  que  kii  avoit  appris  soft 
père.  Elle  épousa  Offredi,  eélè^ 
bre  médecin  de  Crémone. 

II.  SARRASIN  ,  (  François  ) 
natif  de  Caen ,  d'abord  huguenot,^ 
puis  catholique,  mais  toujours 
ennemi  de  la  présence  réelle,  at- 
taqua le  3  août  1670  ,  l'hostie  , 
l'épée  à  la  main ,  au^moment  ou 
le  prêtre  l'élevoit  dans  l'église  dé 
Notre-Dame  de  Paris.  En  vou- 
lant percer  l'hostie  immédiater-  ^ 
ment  après  la  consécration  ,  il 
blessa  de  deux  coups  le  prêtre  , 
qui  prit  la  fuite  ;  mais  ses  bles- 
sures ne  furent  pas  dangereuses. 
Le  5  août  Sarrasin  fut  condamn» 
à  faire  amende  honorable,  ayant 
un  écriteau  devant  et  derrière, 
portant  ces  mots  y   Saçru,ègs^ 

Ddi 


4t«        S  A  R 

f  if  PI  S:  on  }ni  coupa  le  poing,  et 
SI  fut  brftié  viF.  Il  ne  donna  aucun 
iigne  de  repentir  ni  de  regret  de 
mourir.  U  n'avoit  qne  22  ans. 
C'étoit  nn  fenne  insensé  qne  des 
fngf^s  moins  stères  auroient  en- 
voyé aux  petites  maisons.  Voyez 
la  Gazette  de  France ,  1 67  o  9  pag. 
771  à  796. 

*  m.  SAHH ASÏN ,  (  Pierre  ) 
naquit  à  Dijon  d'une  très- hon- 
nête famille.  Son  goât  pour  le 
théâtre  rengagea  de  bonne  heure 
dans  phisieurs  sociétés  qui  en  fai- 
•oient  leur  amusement.  C'est  de 
ces  sociétés  que  Sarrasin  passa  an 
thé.Uredeta  comédie  Françoise, 
Mns  avoir  joué  ni  dans  les  pro- 
T;nces  ni  sur  aucun  théâtre  pu* 
blic  II  y  débuta  en  1729  par  le 
rôle  à' Œdipe,  dans  la  tragédie  de 
-Ce  nom ,  de  Pierre  Corneille,  Le 
tuccès  de  ce  début  lui  mérita  les 
r61es  de  Rois  après  la  mort  du 
célèbre  Baron»  Il  fut  gratifié  de  la 
•pension  de   1000  livres  en  175^. 
Affligé  l'année  suivante  d'une  e^-^ 
tinetion  de  voix ,  il  se  retira  du 
théâtre  en  1769,  avec  une  pen- 
alon  de  i»oo  livres.  Il  mourut  en 
1763.  On  se  ressouvient  encore 
des  larmes  qu'il  a  fait  verser  dans' 
beaucoup  de  rôles  tragiques ,  et 
'de  l'attendrissement  qu'il  faisoit 
éprouver  dans  les  pièces  du  haut 
comique  :  il  y  jouoit  les  rôles  des 
JPères.  Voltaire  le  mettoit  cepen- 
dant fort  au-dessous  de  Baron  , 
et  avec  raison.  Ce  poète  l'avolt 
chargé  du  rôle  de  Brutia  dans  la 
tragédie  de  ce  nom*  On  répétoit 
la  pièce  au  théâtre.  La  mollesse  ' 
de  Sarrasin  dans  une  invocation 
au  dieu  Mars ,  le  peu  de  chaleur 
et  de  grandeur  qu'il  mKtoit  dans 
son  rôle,  impatienta  Voltaire, 
qui  lui  dit  :  Songez  doncqueçous 
êtes  Brutus  ,  le  plus  ferme  de  tous 
Us  consuls  de  JBotne  /  êi  ne  parlez 


SA  V 

« 

pâi  ëu  dieu  Mars,  ctfmmê nvtmé 
disiez  :  Ah  !  mon  Patrdn,  faites^ 
moi  gagnera  la  loterie  wn  lot  éê 
cent  francs. 

SAHROCHIA  ,  (Marguerite  ) 
savante  Napolitaine  ^  morte  à  la 
fin  an  17*  siècle,  employa  sa  for* 
tune  à  recevoir  avec  distîrictioa 
chez  elle ,  les  gens  de  lettres  de  sa 
patrie.  Elle  avoit  des  connois- 
sances  en  théologie ,  en  philoso- 
phie et  en  littérature  ;  mais  trop 
d'amour-proprelui  flttk^  des  en- 
vieux et  des  ennemis.  Un  lui  doit 
plusieurs  épigrammes  en  vers  la* 
tins,  et  nn  poème  en  italien, 
ayant  ponr  titre  ;  Seanderherg , 
roi  d  Albanie. 

SAVAGE,  (Richard)  filsna* 
tnrel  du  comte  de  Rivers  ,  et  de 
la  comtesse  de  Macelesfield  ,  na- 
quit en  C698.  Comme  Ja  plupart 
des  (ils  de  l'amour ,  il  eut  de  l'es- 
prit et  une  assez  mauvaise  con« 
dnite.  U  fut  abandonné  de  ses  pa- 
rens  et  ne  snt  pas  se  conserver 
des  amis.  Il  finit  sa  triste  destinée 
en  prison,  le  premier  août  1743, 
à  46  ans.  Ses  pièces  de  théâtre 
l'avoient  empêché  pendant  quel- 
que temps  de  mourir  de  faim.  Ok 
les  a  réunies  avec  ses  autres  poé- 
sies, à  Londres,  enavol.  in>8*; 
et  à  Paris,  Cazin,  2  vol.  in- 12. 
— Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec 
Jean  Savage  curé  de  Bygrave  , 
prédicateur  passable  et  assez  bon 
plaisant,  que  ses  amis  appelèrent 
VAnstippe  Anglois.  On  a  de  lui 
des  Sermons,  H  mourut  le  24  mars 

Ï747- 
L  SAVARY  DE  BRÈVES , 

(  François)  ambassadeur  de  Cous* 
tantinople  ,  revint  de  cette  vilfi» 
en  i^ii ,  avec  beaucoup  de  ma- 
nuscrits orientanx  y  et  un  grand 
nombre  de  poinçons  arabes,  (fit 
servirent  pour  la  composition  «t 
pour  l'impression  des  livr&s  qU4 


$  A  V 

Vitré  pu1>1ia  en  cette  langue  »  en- 
tr'autres  pour  son  Pseautier  sy- 
riaque et  latin.  Savary  mourut  en 
1627  ,  regretté  des  amateurs  des 
lettres. 

V.  S4VARY,  (Jacques ) mé- 
decin de  la  marine  à  Brest,  mort 
en  1768  ,  a  traduit  le  Traité  de 
XHydropisle  de  Monro ,  1760, 
iji~i2;  et  celui  du  Scorbut  de 
Lind  ,  a  vol.  in- 12,  1776. 

SAVïLLE,  (George)  marquis 
d'Halifax,  fut  l'un  des  favoris  de 
Charles  II  roi  d'Angleterre ,  et 
iun  des  hommes  les  plus  ai  niables 
de  sa  cour.  Né  avec  de  grands  ta- 
lens ,  il  les  rendit  souvent  nuisi- 
bles. A  la  force  d'esprit  d'un  phi- 
losophe ^  il  réunit  l'adulation  d'un 
courtisan.  Il  connut  la  vertu  et  ne 
la  suivit  pas  ;  il  méprisa  le  monde 
et  ne  songea  qu'à  lui  plaire.  Lct 
titres  et  les  honneurs  étoient  sui- 
vant lui  des  hochets  d'en  fans ,  et 
il  les  accumula  tous  sur  sa  per- 
sonne. Il  changea  sans  cesse  d'o- 
pinion et  de  parti ,  et  se  repentit 
sans  cesse  dis  son  inconstance.  On 
lui  doit  quelques  ouvrages  9  entre 
antres  un  Portrait  de  Charles  II, 
très-bien  écriti  Nul  ne  fut  plus 
propre  à  peindre  ce  prince  foible 
et  arai  des  plaisirs ,  parce  que  nul 
fte  lui  ressembla  davantage. 

SAULIËR  ,  (  Gui  )  médecin 
de  Lyon ,  qui  vivoit  en  1 638  , 
écrivit  un  Traité  latin  sur  la  Slé^ 
'ilité  des  femmes ,  et  le  Guid(m 
des  Barbiers  ,  que  Jean  Ca/iaples 
médecin^  son  compatriote^  a 
traduit  en  françois. 

SAULX  d'Espannay  ,  (  Jean 
le)  a  donné  en  16*00  latragé- 
die  ^Adiamantine  ,  ou  le  Dé-^ 
tespoir. 

SAVORGNANO,  (  Marins) 
comte  de  Belgcado  dans^  l'étal;  ùo 


S  A  U        4^1 

Yenise,  remplit  divers  emploi$ 
importans  dans  sa  patrie  )  et  mou- 
rut vers  Tan  iSio.  Il  a  traduit 
Polybe  en  italien  ,  et  publié  dana 
la  même  langue ,  Y  Art  militaire 
terrestre  et  maritime,  divisé  ai| 
quatre  parties. 

I.  SAUSSURE ,  (  Nicolas  de  ) 
né  à  Genève  en  1709,  y  devint 
membre  di^  conseil  des  Deux-* 
cents  9  et  se  fit  connoître  par  ses 
écrits  sur  l'agriculture. Il  est  mort 
vers  1790.  On  lui  doit  :  I,  Ma-m 
nière  de  provigner  la  vigne  sans 
engrais,  1773,  in-8.°  II.  E^sai 
sur  la  cause  de  la  disette  du  blé 
en  Europe ,  et  spr  les  moyens  da 
la  prévenir,  1 776,  in- 11. 111.^4  w- 
tre  sur  la  taille  de  la  vigne  et  sur 
la  rosée,  1780  ,  in-8.»  IV.  Le 
Feu ,  principe  de  la  fécondité  des 
plantes  et  de  la  fertilité  des  ter*-i 
res ,  1783  ,  in-8.°  V.  11  remporta 
un  prix  à  la  société  économique 
d'Auch ,  par  un  Mémoire  sur  la 
manière  de  cultiver  les  terres  ;  et 
on  en  prouve  d'autres  de  lui  dan$- 
le  recueil  de  la  société  de  Berne. 

II.  SAUSSURE,  (Horace^ 
Benedict  de  )  hls  du  précédent  y' 
né  à  Genève  le  17  février  1740  » 
se  lia  dès  sa  jeunesse  avec  les  sa-i* 
vans  qui  illustroient  sa  patrie  9 
tels  que  Pictet ,  Jalabert ,  Bonnet 
et  Hailer,  Il  prit  avec  eux  le  goût 
du  travail ,  et  un  amour  extrême 
pour  l'étiule  de  la  nature.  La 
chaire  de  professeur  en  philoso-» 
phie  étant  venue  à  vaquer  à  Ge- 
nève, 6'rtttMur^  l'obtint ,  quoiqu'il 
n'eut  que  21  ans,  et  ia  remplit 
avec  célébrité  pendant  25*  U  n'a- 
bandonna ses  leçons  que  pouç 
voyager.  Il  vint  à  Paris  en  1768, 
et  revint  deux  autres  fois  en 
France,  d'abord  pour  y  considé- 
rer les  volcans  éteints  du  Viva- 
raifi ,  du  Forez  et  de  l'Auvergne  ; 
ensuite  pour  voir  à  Lyon  la.  mai^ 


42» 


s  A  U 


chine  aérostatique   de  Monlgol" 
fier ,  et  sHÎvre  tous  les  détails  de 
cette  célèbre   expérience.  Saus^ 
sure  visitd  la  Belgique,  la  Hol~ 
lande  et  l'Angleterre  ,  où  il  eut  le 
bonheur  de  trouver  Franklin.  En 
1771  il  partit  pour  l'Itulie,  et  y 
observa  avec  l'œil  du    gpnie  les 
productions  de  la  nature.  11  ^*âr- 
rêta    en    particulier    dans    l'isle 
d'Elbe ,  célèbre  par  ses  mines  de 
fer  ;   à  Nfiples  ,    où    Hamilton 
monta  avec  lui  sur  le  Vésuve  5  à 
Catane ,  où  la  vue  majestueuse  de 
VEtiia  lui  inspira  le  désir  d'at- 
teindre sa  plus  haute  cime.  Celle- 
ci  fut  mesurée  par  de  Saussure  le 
ô  juin  1773  9  et  fixée  par  lui ,  au 
'moyen  du  baromètre  ,   à    1713 
toises.  Des  neiges  éternelles  qui 
bravent  les  feux  du  climat  et  ceux 
du  volcan ,  commencent  à  i5oo 
d'élévation  ;  les  pétrifications  des 
productions  de  la  mer  s'y  décou- 
vrent actuellement  à  3oo  toises 
au-dessus  de  son  niveau.  Dans  ses 
savantes   courses  ,  Saussure  prit 
tantôt  la  minéralogie  pour  l'objet 
de  ses  recherches ,  tantôt  ce  fut 
la  botanique  qui  Hxa  son  atten- 
tion, il  découvrit  plusieurs  genres 
de  lichens  inconnus,  et  près  des 
eaux  thermales  d'Âix,  deux  es- 
pèces de  trémelles  qui  n'a  voient 
point  encore  été  décrites ,  et  qui 
dans  leurs  mouvemens  d'oscilla- 
tion parcourent ,  comme  l'aiguille 
d'une   montre  ,   un   dixième   de 
ligne  par  minute.  Le  génie  in- 
ventif de   Saussure  ne  se  borna 
pas  à  ces  découvertes.  On  lui  doit 
une  foule  d'instrumens  utiles  aux 
sciences  et  aux  arts.  On  peut  citer, 
1 .®  le  cyanomètre  et  le  diapkano^ 
mètre ,  qui  ont  pour  objet  de  gra- 
duer la  transparence  do  l'atmos- 
phère passant  du  bleuie  plus  clair 
au  bleu  le  plus  noir,  et  de  fixer 
ainsi  l'influence  des  matières  ter- 
restres qui  troublent  cette  trans* 


SA  u 

pflfetïce.  2.»  Un  instrument  pro-i 
pre  à  mesurer  la  force  de  l'action 
du  venti  3.**  Un  autre  pour  déter- 
miner l'iiiflnence  delà  force   ma- 
gnétique dans  différens  lieux  et  à 
différentes  températures.  4-®  Un 
nouveau  plan  de  moulin  ,  à  l'abri 
des  variations  subites   des  vents. 
5.<*   TJélecLro mètre  ,    instrument 
exact  Lt  ingénieux ,  propre  à  dé- 
terminer la  nature  et  la  force  du 
fluide  électrique ,  même  dans  un 
temps  serein.    Au  moyen  de  cet 
instrument ,  Saussure  parvint  à 
démontrer  que   les    mouvemens 
violens  de  l'homme  augmentent 
en  lui  la  présence  de  ce  fluide. 
6."  Un  instrument  qui  fait  dëcou* 
vrir  la  présence  du  fer  dans  les 
minéraux ,  et  offre  aux  minéralo- 
gistes  un  moyen  qui  a   tous  les 
avantages  d'une  boussole   porta- 
tive ,  sar.s  en  avoir  les  inconvé- 
niens.  7.°  h'héUotliermomèlre,  in- 
venté en   1767,  et  dont  Suf/oti 
publia  ensuite  la  description.  11 
sert  pour  ainsi  dire  à  emmaga- 
siner la  chaleur.  On  sait  qu  on  a 
plus  chaud  dans  une  chambre  et 
une  voiture ,  où  le  soleil  pénètre 
au  travers  des  carreaux  de  glaces , 
que  lorsque  ses  rayons  y  entrent 
directement.   Saussure   ût  cons- 
truire cinq  caisses  carrées  de  verre 
plat ,  s'emboitant  les   unes    dans 
les  autres  ,  et  il  parvint  dans  la 
dernière  à  élever  le  thermomètre 
au  88^  degré.  11  pensa  ensuite  à 
adapter    cette    découverte    aux 
usages  économiques ,  et  à  rem- 
placer ainsi  le  feu  de  nos  foyers 
par  la  chaleur  du  soleil.  8."^  L'Ay- 
gromètre  à   cheveu  y    propre  à 
comparer  les  divers  degrés  de  rho- 
niidité  de  l'air  ,  mérita  sur-toutà 
Saussure  les  applaudisseinensdes 
physiciens ,  et  ouvrit  h  son  autear 
une   nouvelle   carrière    dans  les 
sciences.  Par  le  moyen  de  cet  iu*- 

triunent)  il  mesura  la  ^tumtiti 


s  A  U 

i£Miu,que  l'air  peut  contenir  dana 
diverses  circonstances,  et  déter- 
mina les  afiinités  des  vapeitfs  avec 
les  corps  qui  peuvent  s'en  char- 
ger. ^^SpaLlanzaai  faisoit  à  Paris 
les  expériences  les  plus  curieuses 
sur    les    animalcules  infusoires  ; 
Saussure   qui  correspondoit  sans. 
cesse  avec   lui,  ciierclia  à  l'aider 
dans  ce  travail  ^  et  prouva  que  la 
plupart  de  ces  êtres  impercepti- 
bles se  reproduisent  à  la  manière 
des   polypes ,  par  des   divisions 
transversales  ;   que  le  milieu  de 
leur  corps  offre  uo  étranglement 
qui  finit  par  se  rompre  et  pro- 
duire   deux  animaux  semblables 
au   lieu    d'un  ;  qu'ils  jouissent  , 
comme  les  grandes  espèces  ,  de 
tous  les  attributs  de lexistence, 
éprouvent  des  plaisirs  ,  sont  su- 
jets à  des  maux ,  et  peuvent  être 
foudroyés  par  l'étincelle  électri- 
que.  Mais  c^st    principalement 
dans  la  géologie  et  la  connoissanco 
des  montagnes ,  que  Saussure  se 
montra  véritablement  législateur. 
£n  1760  des  Anglois.avoient  fait 
un  voyage  aux  glaciers  de  Cha- 
XDouni ,  que  l'on  avoit  toujours 
regardés  comme  inaccessibles ,  et 
qu'on  nopimoit  Montagnes  maur^ 
dues,  Saussure  entreprit    de  les 
visiter  :  rien  n'ébranla  son  cou- 
rage ,  ni  ne  troubla  ses  tranquilles 
observations.  Depuis  cette  épo- 
que ,  il  prit  la  résolution  de  faire 
chaque  année  un  voyage  dans  les 
Alpes ,  et  il  l'exécuta  autant  que 
sa  santé  le  lui  permit.  En  elFet, 
il  poursuivit  leur  chaîne  jusqu'aux 
bords  de  la  mer  et  dans   toute 
leur  direction.  En  1 779  il  les  avoit 
traversées  quatorze  fois  par  huit 
endroits  différens,    et  visité  les 
lîîêmes  points  d'observations  dans 
toutes  les  saisons.  Il   s'éleva  le 
premier  sur  le  mont  Cramont  en 
^774  9  et  s'essaya  ainsi  à  gravir 
bientôt  sur  le  mont  Blanc .  vef s 


s  A  U         4»J 

lequel  Saussure  observa  que  tous 
les  sommets  pyramidaux  des 
monts  voisins  penchent  et  s'in-» 
çlinent ,  u  comme  pour  rendre 
hommage ,  dit  M.  Senebler ,  à  c»  ^ 
dominateur  de  toutes  les  mon** 
tagues  de  l'Europe.  »  Saussure 
fixa  la  hauteur  du  Cramant  k  i  So 
toises.  Il  parvint  quelque  temps 
après  sur  la  cime  la  plus  élevée 
du  mont  JRose ,  qui  n'est  infé-« 
rieurc  que  de  20  toises  à  celle  du 
mont  Blanc.  Enfm  ce  dernier , 
que  Saussure  avoit  toute  sa  vie. 
dc'siré  escalader ,,  vit  sa  crête 
foulée  sous  ses  pas  au  commencet 
ment  d'août  1787.  L'année  a upa<« 
ravant  ^  le  docteur  Paccurd  et 
Jacques  Balmat ,  animés  par  de^ 
Saussure  ,  V  étoient  parvenus 
après  avoir  oravé  mille  dangers. 
Ce  dernier  loin  d'en  être  effrayé  , 
resta  trois  heures  et  demie  sur  le 
plus  haut  sommet,  et  y  trouva  le 
baromètre  à  seize  pouces  et  une 
ligne  ;  ce  qui  donne  au  mont 
Blanc  ï45o  toises  d'élévation  :  le 
thermomètre  étoit  à  deux  degrés 
au-dessous  de  zéro.  Saussure  y^ 
respira  à  peine  :  l'action  seule  de 
boucler  son  soulier  fut  pour  lut 
un  travail  presqu'au-dessus  de  ses 
forces.  Au  mois  de  juillet  178^, 
Saussure  parvint,  avec  son  fds 
aîné,  sur  le  col  du  Géant,  élevé 
de  1763  toises  au-dessus  du  ni-* 
veau  dé  \â  mer  5  et  y  campa  dix-* 
sept  jours  pour  y  faire  des  obser-^ 
vations^En  interrogeant  les  flancs 
arides  des  rochers  primitifs  ,  les 
inasses  étincelantes  de  glaces ,  les 
couches  successives  de  neiges ,  il 
a  déterminé  leur  âge ,  leur  ac- 
croissement chronologique.  U 
conquit  ainsi  les  monts  célèbfes 
qu'il  parcourut,  et  pénétra  avec 
autant  d'intelligence  que  de  cou-^ 
rage  dans  ces  grands  ateliers  de  I4 
nature  ^  ou  au  milieu  des  neiges  ^ 
des  torrens ,  des  brouillards  «  et 

Bd4 


4M     S  A  tr 

'ée  rimage  effrayante  de  TantïqfBUf 
ehaos^  se  forment  les  principes 
de  la  fécondation  et  l'origine  des 
fleuves  et  dei  mers.  Dans  ses  sa-* 
▼entes  excursions ,  Saussure  en- 
richit la  lithologie  de  plusieurs 
pierres  nouvelles  ,  parmi  les— 
celles  nous  ne  citerons  que  la 
^yssolite  qu'il  trouva  en  1777  ,  et 
qui  est  couverte  de  poils  d'une 
extrême  finesse.  Tant  de  travaux 
snéritoient  la  gloire ,  et  Saussure 
Vobtint.  Associé  de  l'académie  des 
Sciences  de  Paris  et  de  plusieurs 
•utres  ,  sa  maison  reçut  tous  le^ 
étrangers  illustres  qui  venoient  à 
Genève  pour  le  voir  ;  et  en  1778 
Fempereur  Joseph  11  lui  îit  Tac- 
eueil  le  plus  flatteur.  Saussure  , 
ftmdateur  de  la  soc^té  des  Arts 
dans  sa  patrie  .  contribua  ainsi  à 
y  porter  à  un  très-haut  point  de 
prospérité  l'industrie  loiale.M  em- 
bre  du  conseil  des  Deux- cents , 
il  fut  appelé  ensuite  à  l'assemblée 
nationale  de  France,  lorsque  Ge- 
nève fut  réunie  à  la  république. 
La  révolution  lui  ôta  la  plus 
grande  partie  de  sa  fortune,  et 
fes  secousses  politiques  navrèrent 
son  cœur.  (Mui  qui  avoit  résisté 
h  tant  de  fatigues  ,  fut  terrassé 
par  le  chagrin  ;  il  mourut  de  pa- 
ralysie le  3  pluviôse  de  Tan  y  ^  k 
Tàge  de  59  ans.  Ses  ouvrages 
Sont  :  1.  Eloge  de  Bonnet ,  in- 8.° 
li*auteur  le  publia ,  lorsqye  Ge- 
nève affligée  de  la  perte  de  cet 
homme  célèbre  ,  dont  il  étoit 
neveu  par  alliance  ,  lui  érigea  un 
nionument  public.  Il,  Dissertatio' 
vhysica  de  igné  ,  1759.  Cette 
Dissertation ,  f'un  des  premiers 
ouvrages  de  l'auteur,  établit  par 
des  expériences  que  les  corps  s'é- 
chauffent d'autant  plus  par  l'ac— 
flou  du  soleil ,  qu'ils  sont  plus 
noirs  ;  aussi  le  vrai  moyen  pour 
)es  cultivateurs  des  Alpes  de  hâter 
h  loQte.  des  neiges  ^  e$t  dâ  rd^ 


t  k\3 

psndre  sur  elles  de  la  terre  rsx^eèi 
III.  Bêcher che s  sur  Técorce  àei 
feuilles  et  des  pétales  ,  1762  % 
in-ia.  Ce  petit  livre  ^  dédié  h 
Haller,  offre  autant  de  patience 
et  d'exactitude  que  de  Rnessc 
dans  les  observations.  FV.  Hisser* 
talio  physica  de  eleclridtate  « 
1766,  in- 8.*  L'auteur  y  juge  en- 
tre Franklin  et  Nolleù,  et  décide 
en  faveur  de  la  théorie  du  pre- 
mier. V*  Exposition  abrégée  de 
l'utilité  des  conducteurs  électri- 
ques ,  17715  in-4.0  L'auteur  fat 
le  premier  qui  fit  élever  un  pa- 
ratonnerre à  Genève,  et  cet  écrit 
ftit  destiné  à  rassurer  le  peuple 
que  cette  innovation  avoit  effrayé. 
VI.  Projet  de  réforme  pour  !e 
eoUége  de  Genève  ,  1774  ^  in-î.* 
L'auteur  veut  qu'on  conduise  par- 
ticulièrement par  les  sens ,  les 
enfiEins  à  l'instruction;  qu'on lenr 
apprenne  l'histoire  naturelle  par 
la  vue  des  échantillons;  l'his-» 
toire ,  par  la  peinture  des  événe- 
mens  et  celle  des  positions  géo» 
graphiques  ;  les  arts  enfin  ,  par  la 
présentation  des  machines  et  àe^ 
eSeti  qu'ils  ont  créés.  VIL  Des- 
cription  des  effets  électriques  du 
tonnerre,  observés  à Naples  dans 
ht  maison  de  milord  Tilney  ^ 
in-4.®  VIIL-  Essais  sur  l'hygro- 
métrie,  1783,  in- 4.0  Cet  ou- 
vrage est  un  modèle  de  précision* 
n  créa  la  science  dont  il  traite , 
et  qui  fait  l'une  des  principales 
branches  de  Itt  météorologie» 
L'auteur  y  décompose  Feau  et  les 
vapeurs  jusque  dans  leurs  élé~ 
meus  primitifs  ;  il  y  décrit  tous 
les  phénomènes  de  l'évaporatioA  « 
et  présente  les  sources  des  ro- 
sées ,  des  brouillards ,  des  neiges, 
et  des  horribles  tempêtes  qui  bou- 
leversenjS  l'atmosphère.  IX.  Di-* 
fehse  de  l'hygromètre  à  chevea  « 
1788,  in-8.^  X.  Voyages  dans 
les  Alpes  I  4  ?ot  iû-4*,  wec  A* 


s  AU 

kores  :  le  premier  pamt  en  1 779  ;; 
M  second  en  17869  et  les  deux 
derniers  en  1796.  C'est  le  pin» 
grand  et  le  plus  important  on- 
▼rage  de  Faatenr.  Il  offre  l'his- 
toire nouvelle  de  contrées  incon- 
nues, mais  dont  la  connoissance 
peut  faire  deviner  un  jour  la  vé- 
ritable théorie  de  la  terre.  Des» 
tartes  sur  les  Alpes,  médita  de 
grandes  pensées  ;  Saussure  y  pour- 
suivit la  nature  et  sut  la  peindre. 
Il  assure  que  les  Alpes  et  les 
plaine^  qui  les  avoisinent,  ont 
été  respectées  par  les  volcans, 
toit  parte  qu'elles  ne  renferment 
point  dans  leur  sein  l'aliment  qui 
en  nourrit  les  feux ,  soit  parce 
que  le  temps  de  leur  <<éveloppe- 

.  ment  n'est  pas  encore  arrivé. 
XI.  Saussure  publia,  dans  les 
fonrnaux  et  les  mémoires  des  so- 
•iétés  savantes ,  une  foule  d'écrits 

.  dont  plusieurs  sont  des  traités 
complets.  On  peut  distinguer 
ceux  sur  la  constitution  physique 
de  ritalie  ;  la  géographie  physi- 
que de  cette  contrée  ;  les  Lagoni 
éi  monte  Cerholi;  l'histoire  phy- 
sique du  ballon  lancé  à  Lyon  le 
19  janvier  1784»  les  tourmalines 
du  Saint-Gothard  ;  les  moyens  de 
se  garantir  des  mauvais  eftets  du 
charbon  embrasé  dans  les  lieux 
fermés  ;  la  mine  de  fer  de  Saint- 
George  de  Maurienne  ;  les  deux 
dents  d'éléphant  trouvées  près  de 
Genève  ;  les  colline  volcaniques 
du  Brisgaw  ;  les  variations  de 
bauteur  et  de  température  des 
eaux  de  TArve  ;  le  moyen  de  sou- 
der à  de  petits  tubes  de  verre  les 
fragmens  de  minéraux  qu'on  veut 
^ire  foudre  au  feu  iliicliahimeau, 
H  l'usage  enfin  de  cet  instrument 
dans  la  minéralogie.  Ce  dernier 
mémoire  sur-tout ,  inséré  dans  le 
Journal  physique  de  l'an  3,  offre 
des  résultats  aussi  neufs  que 
teoa  Qbaervés*  Satàssun,  suivimt 


S  A  X        4if 

M.  SeneUer ,  qui  a  consacré  à  la 
mémoire  de  son  compatriote  ufi 
écrit  éloquent  et  oii  tous  les  ou- 
vrages de  celui-ci  sont  justement 
appréciés ,  avoit  une  taille  haute 
et  bien  proportionnée ,  les  yeux 
vifs  ,  la  physionomie  agréable  • 
un  air  d'abandon  qui  gagnoit  m 
confiance.  Il  s'éxprim  oit  avec  cha- 
leur et  clarté ,  et  savoit  animer 
•a  conversation  par  la  vérité  et 
l'abondance  de  ses  idées.  La'so>« 
eîété  des  arts  de  Genève  a  voulu 
que  son  portrait ,  peint  par  Sain» 
tours ,  fût  placé  dans  la  salle  dû 
ses  séances* 

m.  SAUVAGE ,  (  N.  )  célèbre 
maître  écrivain,  dut  son  talent 
an  célèbre  calligraphe  Alait ,  et 
devint  lui-même  le  maître  de 
Rossignol,  Les  pièces  de  Sauvage 
se  vendent  à  très- ha  ut  prix. 

SAXON ,  surnommé  le  Grant'^ 
mairien ,  né  dans  Tisle  de  Seeland 
en  Danemarck ,  vint  à  Paris  en 
1 1 77 ,  pour  y  chercher  des  reli^ 
gîeux  de  Sainte-Geneviève  9  et 
les  emmener  dans  sa  patrie.  Il 
mourut  en  1204  9  après  avoir 
écrit  une  Histoire-- des  anciens 
peuples  du  Nord ,  qui  s'étend 
jusqu'à  l'an  1 186.  Cet  ouvrage  ^ 
publié  à  Sora  par  Stephaninc  » 
en  1644,  in-fol.,  avec  dies  notes, 
offre  des  traits  fabuleux ,  des  faits 
intéressans,  un  style  élégant  et 
pnr  ;  ce  qui  est  surprenant  dans 
un  auteur  de  ce  siècle. 

se  ACCI A ,  <  Sigismond  )  juris- 
consulte Romain ,  a  publié  en  l'an- 
née 17  i7,un  vol.  in-foh,  intitulé, 
de  Cambiis  et  Gommercio.  C'est 
«n  recueil  très^-é tendu  des  déci- 
sions judiciaires  sur  le  commerce, 
les  lettres  de  change,  leur  accep- 
tation ,  les  sociétés  mercantilles  y 
I99  faillites ,  etc« 


4i6        S  C  A 

IV.  SCALIGEK  Di  Liri, 

^  Paul  )  comte  des  Huns,  marquis 
de  Vérone ,  croate   de  nation  , 
4}escendoit ,  si  on  l'en  croit ,  de$ 
princes  de  VËseale.  Élevé  à  la  di- 
gnité  du  sacerdoce,  il  fut  pen- 
dalit  quelque  temps  aumônier  de 
'l'empereur  Ferdinand  ;  il  alla  en*» 
suite  faire  proftssion  du  calvi- 
nisme en  Prusse,  obtint  par  des 
.;voix  iniques  un.canonicat  dans 
i'é^Iise  de  Munster  ,  s'y  montra 
catholique,  et  réfuta  lui-même 
ce  qu'il  avoit  écrit  contre  le  pape, 
^'étant  insinué  dans  les  bonnes 
grâces  à' Albert  duc  de  Prusse , 
et  emparé  de  toute  sa  confiance , 
il  l'engagea  à  casser  son  conseil 
pour  en  former  un  nouveau  ;  mais 
Albert  duc  de  Mecklembourg , 
beau-frère  du  pi^ince  de  Prusse  , 
•£t  bientôt  changer  la  face  des  af- 
faires. Quatre  des  nouveaux  con*- 
«eillers  furent  mis  à  mort  le  vingt- 
huit  octobre  1 566 ,  et  Scaliger  ne 
trouva  son  salut  que  dans  la  fuite. 
Il  vécut  depuis  dans  l'obscurité  , 
de  manière  qu'on  ne  sait  rien  de 
plus  de  sa  vie.  On  a  de  lui  :  I.  Plu- 
sieurs Opuscules  contre  la  reli- 
gion Aomaine  ,  pleins  de  fiel , 
£àle ,  1 569  ,  in-4.^  II.  Judicium 
de  prœôipuis  se  dis  nostrœ  JEta^ 
lis  .^Cologne.   IIL  MiscellaneO" 
rum  tomiduo ,  sive  CathoUci  Epis^ 
temonis ,  contra  depravatam  En» 
cyclopediam 9   Cologne,    iSyi  , 
in- 4.**  C'est  la   réfutation  d'un 
ouvrage  qu'il  avoit  fait  étant  pro- 
testant, intitulé  :  Encyclopedia 
seu  orbis  disciplinarum  tam  sa-" 
crarum  quàni  profanarum ,  Epism» 
temon.  IV.  Satyrœ  philosopha  et 
Genealogiœ  prœcipuorum  regum 
et  principum  Europœ ,  Konigs*- 
berg ,   i563,    in-8.0   Voyez  le 
Tkeatrum  vitœ  humanœ  de  Bois-* 
lard. 

SCARELLA  vlJean-JBaptiste) 
tliéatin  ^  né  à  Bmcia  ^  mojrt  en 


se  H 

février  1 779 , âgé  d'environ  7oant| 
fut  en  Italie  lun  des  propaga- 
teurs des  principes  de  2>;cAf .  de 
Newton  et  de  Wolff*  Il  les  a  con- 
signés dans  sa  Physica  generalis , 
Brescia,  1764  à  1767,  3  voL 
in-4*^;  et  dans  ses  Commentairei 
de  Rébus  ad  Scientiam  naturalem 
pertinentibus ,  1766 ,  z  vol.  in-4.* 
On  a  encore  de  lui  :  I.  Un  Traité 
de  Magnete  ,1769,  in-4.°  IL  ffy- 
drodynamica  ,  1769,  in  -  4.* 
IIL  Des  Elémens  de  Logique  ^ 
d'Ontologie  et  de  Théologie  na" 
turelle,  4  voU  in*4."  Sa  modéra- 
tion et  sa  modestie  donnoient 
du  prix  à  ses  lumières  ;  et  il  n« 
répondit  qu'avec  honnêteté  à  des 
adversaires  aussi  impolis  que  Si- 
natiques. 

SCARSELLI ,  (  N**  )  poêle 
Italien  ,  né  dans  Fétat  de  l'Eglise 
au  18'  siècle,  a  mis  en  vers  le 
Télémaque  de  Fénélon»  Il  n'a  ni 
l'imagination ,  ni  les  grâces ,  ni 
l'onction  de  l'archevêque  de  Cam- 
brai ,  mais  il  en  a  l'harmonie  et 
la  facilité. 

SCEAVER  ,  (  Béda  )  né  en 
Autriche  ,  devint  prévôt  de  l'é- 
glise de  St-Pierre  de  Saltzbonrg) 
et  se  dévoua  par  état  à  l'histoire 
ecclésiastique.  Les  écrits  les  pins 
importans  qu'il  ait  publiés ,  sont 
des  Questions  critiques  et  morales 
sur  l'Histoire  des  quatre  Èvangé- 
listes  par  Krœlle ,  et  la  Chroai^ 
que  du  monastère  de  Saltzbourg) 
imprimée  en  1772,  en  un  volume 
in- fol.  Sceaver  est  mort  dans  cettt 
ville  en  1787. 

SCHALL  DE  BEL  ,  (Jean- 
Adam  )  né  à  Cologne  en  1691 9 
se  fit  jésuite  à  Home,  en  161 1) 
s'appliqua  avec  succès  aux  mathé- 
matiques, et  s'embarqua  pour  les 
missions  de  la  Chine  en  16x0. 
Appelé  à  la  cour  de  Pékin  pour 
Ùflfvailler  «  corriger  \%  cal«ndri« 


s  C  H 

tbinois ,    il   mérita    les  bonaes 
grâces  de  l'empereur ,  et  fut  fait 
chef  des  mathématiciens  et  man- 
darins ,  emploi  qu'il  exerça  pen- 
dant 23    ans.  L^empereur  Xurn^ 
Chi  le  décora  du  titre  de  Maître 
des  secrets  du  Ciel,  et  Thonora 
d'une  telle  confiance  que ,  contre 
les  premières  règles  dé  l'étiquette 
chinoise ,  il   lui  laissa  un   libre 
liccès  auprès  de  sa  personne ,  et 
lui  rendit  chaque  année  quatre 
visites.  Le  P.  SchalL  profita  du 
crédit  qu'il    avoit  auprès  de  ce 
prince  pour  le  bien  de  la  religion 
catholique.  Il  en  obtint  un  édit , 
par  lequel  il  étoit  permis  aux  mis- 
fionnaires  de  bâtir  des  églises,  et 
de   prêcher    TÉvangile   dans   ce 
vaste  empire  ;  et  dans  l'espace  de 
14   ans,   les  missionnaires  firent 
plus  de  cent  mille  prosélytes:  mais 
après  la  mort  de  ce  prince ,  il  fut 
persécuté    et   condamné    à  une 
dure  prison  ,    où   il  mourut  le 
i5  août  iâ66,  après  avoir  exercé 
.pendant  44  ans  les  pénibles  fonc- 
tions de  missionnaire.  On  a  de  lui 
»n  très-grand  nombre  d'ouvrages 
«n  langue  chinoise ,  sur  l'astro- 
nomie ,  la  géométrie  et  les  ma- 
thématiques ,  faits  en  société  avec 
le  P.  Jacques  Rho.  Le  P.  Prosper 
.  Intorcetla  en  apporta  14  volumes 
-in-4®,'quil  présenta,  en  1671  , 
au  pape  Clément  AC  >  et  qui  fu-i 
rent  placés  à  la  bibliothèque  du 
Vatican.  Outre  ces  ouvrages  ,  le 
P.  Sckall  a  publié  en  langue  chi- 
.  noise  les  traités  de  Lessius ,  de 
Providentid  Dei  ^eide  Octo  Bea- 
titudlnibus.  C'est  principalement 
sur  ses  lettres  qu'on  a  rédigé  \ His- 
toire de  la  Mission  de  la  Chine , 
publiée  en  latin ,  à  Vienne ,  1 665 , 
in-8.** 

SCH  ALOM ,  (Abraham)  savant 
rabbin  Espagnol ,  mort  en  1 5^3 , 
a  publié  en  hébreu  un  Traité  in^ 
.  litulé  \  S^ipur  de  la  JPm^^     . 


S  C  H 


4^7 


SCHATEN,  (Nicolasf  iésuit* 
Allemand,  écrivit  sur  l'histoire 
de  son  pays ,  et  mourut  à  la  fm 
du  1 7*  siècle.  On  lui  doit  :  L  HtJ- 
toria  Wesiphaliœ  ,  1690,  in- fol. 
Il,  Annales  Paderbornenses ,  1693, 
in-folio.  Ces  ouvrages  offrent  de 
l'exactitude  et  dfe  grandes  recher- 
ches. Dans  une  Dissertation  sur 
Charlemagne ,  il  réfuta  Nifanius , 
qui  a  prétendu  que  cet  empereur 
avoit  établi  dans  l'église  des  usages 
que  Luther  n'y  a  fait  que  renou- 
veler. 

SCHAWENBURG,  (Adol- 
phe y  comte  de  )  coadjuteur ,  et 
ensuite  archevêque  de  Cologne, 
assista  avec  distinction  au  concile 
de  Trente  ;  et  après  avoir  répanda 
des  bienfaits  dans  son  diocèse  et 
a£fermi  la  foi  catholique ,  il  mou>- 
rut  le  20  septembre  i556.  On  a 
imprimé  deux  ans  auparavant  les 
Actes  de  huit  synodes  qu'il  pré- 
sida ,  et  oii  furent  combattues 
les  nouvelles  opinions  des  Lu^ 
thériens. 

* SCHEFFMACHER ,  (Jean- 
Jacques)  jésuite,  né  en  1 668  dans 
la  haute  Alsace,  montra  du  zèle 
et  des  talens  en  remplissant  la 
chaire  de  controverse  établie  paf 
Louis  XIV àdLTis  la  cathédrale  de 
Strasbourg.  «U  mourut  le  1 8  août 
1733,  recteur  de  l'université  de 
cette  ville.  On  lui  doit  douze  sa- 
vantes Lettres  contre  Ifts  Luthé- 
riens ,  1  vol.  in— 4.®  Elles  eurent 
quatre  éditions ,  dont  la  dernière 
fut  faite  à  Rouen. en  1769 ,  3  vol. 
in- 12. 

L  SCHENCK ,  (  Martin  )  gé- 
néral sous  Philippe  II  roi  d'Es- 
pagne, com  •  jttit  les  Hollandois  , 
et  vendit  souvent  sa  bravoure  à 
qui  voulut  la  bien  payer.  Repoussé 
devant  Nimègue  dont  il  avoit  vai- 
nement tenté  de  se  rendre  maître  ^ 
jl  périt  .doA9  le  Blua  en  1683.' 


4^8        S  C  H 

Sirnda  dans  son  Histoîte  de  la 
guerre  contre  les  Belges,  dit  que 
6ckenck  ne  se  battoit  jameis  avec 
plus  de  prudence  ,  et  ne  gardoit 
mieux  son  secret  que  lorsqu'il 
itoit  ivre. 

n.  SCHENCK ,  de  Graffew- 
BBRG  ,  (Jean)  médecin  Suisse, 
naquit  à  Fribourg  en  i53i ,  et 
mourut  dans  cette  ville  le  1 2  no- 
vembre 1698.  Chorus  Sport  a  fait 
Imprimer  à  Lyon  un  ouvrage  de 
ce  médecin,  intitulé:  ObservaHo-^ 
num  mtdicarum ,  rararum ,  ad^ 
'  mirahUium  et  monstrosarum  vo^ 
lumen,  1644,  in-folio.  Il  a  été 
réimprimé  en  1665  à  Francfort, 
avec  des  additions  par  Laurent 
Strauss, 

m.  SCHENCK,  (Jean- 
George)  fils  du  précétJent,  fut  un 
habile  médecin  comme  son  père, 
et  exerça  sa  profession  à  Hague- 
nau ,  ou  il  mourut  vers  l'an  1620. 
On  lui  doit  :  L  De  formandis 
Medicinœ  studiis ,  1607,  in- 12. 
1 1.  Hortus  Patavinus  ,  i  6  o  8. 
m.  Monstrorum  Historia  ,  1 609 , 
i^-4.« 

U.  SCHENCKIUS,  (Frédéric) 
baron  de  Taubtenburch',  né  en 
i5o3  ,  se  fit  avocat,  devint  con- 
seiller intime  de  Charles-^Qulnt , 
président  de  la  chambre  impé— 
périale  de  Spire,  embrassa  l'état 
ecclésiastique,  et  fut  nommé  à 
Tarchevêché  d'Utrecht.  Son  zèle 
et  ses  lumières  firent  accepter 
dans  son  diocèse  le  concile  de 
Trente,  Il  mourut  après  avoir  pu- 
blié: I.  Les  Actes  des  deux  sy- 
nodes qu'il  tint  à  Utrecht.  II.  En^ 
chiridion,  çeri  prœsulis  ,  in-S." 
IIL  De  vetustissimo  sacrarum 
imaginumusu,  1667,  in- 12.  Cet 
ouvrage  est  savant,  et  le  meil- 
leur de  l'auteur. 

SCHERZ,  (Je«n-G^orçe) 
.  pr«fe$seiir  d«  funi^ertit^  d«  Stras- 


SCH 

hotrrf ,  y  est  mort  en  17  54,  krtg# 
de  76  ans,  après  en  avoir  passé 
cinquante  à  déchiffrer  les  anciens 
diplômés,  et  à  former  un  Glossair» 
allemand  du  moyen  âge.  Cet  écrit 
offre  de  grandes  recherches,  dt 
la  saga  c  té ,  et  la  signification 
d'une  foule  de  termes  qu*^on  na 
trouveroit  point  expliqués  dans 
)es  ouvrages  savans  de  SchA^ 
ter,  de  Wachter,  à'Halla&s^ 
û*lhrs,  sur  le  même  sujet. M.  O^f/v 
Un ,  savant  professeur  de  Stras* 
hourg,  a  voulu,  en  1780 ,  deve- 
nir Téditeur  de  ce  Glossaire.  0» 
ignore  s'il  l'a  publié. 

SCHETZEL,  heriDÎte  renom* 
mé  pour  l'austérité  de  sa  vie, 
dans  le  1 2*  siècle,  passa  $e&  jour» 
dans  une  grotte  de  la  forêt  de 
Grundwali,  près  de  Luxembourg. 
Cette  grotte  et  une  fontaine  voi- 
sine ont  conservé  le  nom  du 
solitaire. 

*  L  SCHEUCHZER,  (Jean- 
Jacques  )  docteur  en  médecine^ 
et  professeur  de  mathématiques 
et  de  ph)  sique  à  Zurich ,  naqiïit 
dans  cette  ville  en   KJ72,  et  f 
mourut  en  1733.  Le  czar  Pierre  1 
lavoit  voulu  attirer  en  Russie; 
mais  le  conseil    de    Zurich  qai 
sentoit  le    prix  de    ce   savant, 
rattacha  à  ^sl  patrie  par  sa  gé- 
nérosité. Scheuchzer  laissa  à  It 
famille    une    bibliothèque    bien 
choisie,  un    beau   médaillier  et 
un  riche  cabinet  d'histoire  naf  *- 
relie*  C  etoit  un  homme  modeste, 
paisible  et  droit\  ami  àe$  Catho- 
liques, qui  s'exprimoit  franclie- 
ment  sur  plusieurs  préjugés  de  sa 
secte  ,  quoiqu'il  n'ouvrit  jamais 
entièrement  les  yeux  à  la  vérité. 
On  a  de  lui  un  très-grand  non- 
bre  d'ouvrages.  Le  principal  est 
sa  Physique  sacrée ,  ou  Histoire 
naturelle  de  la  Bible  ,  en  quatre 
gros  vol.  in- fol. ,  qu'on  relie  son- 
yeni  ea  $.  JL'éëitimfc  ojrigiBak  U 


se  H 

ff  livre  e$t  de  1795 ,  en  allemand. 
Li  traduction  en  Utin  parut  à 
Àngsbourff^  i73a-i735^  en  4  ou 
S  vol.  in-*xol.  ;  elle  e£t  de  l'auteur 
néme.  Sa  latiuité  est  élégante , 
énergii^ue  ,    abondante  ,    quoi- 
qu'elle ne  aoit  pas  toujours  cor-* 
recte.  On  en  publia  une  version 
françoise  à  Amsterdam,  1734  9 
8  vol.  in— fol.  L'édition  allemande 
est  préférée  à  toutes  les  autres , 
fi  cause  de  la  beauté  des  épreu- 
ves des  7S0  planches  dont  elle  est 
ornée  (  Voy.  Pfefpbl  )  ;  et  l'édi- 
tion latine  est  préférée  à  la  fran- 
çoise.  Cet  ouvrage  savant  ^  cu- 
rieux,   et  d'une   lecture    atta-* 
chante,  est  trop  dififus  et  con« 
tient  des   choses  qu'on  e&t   pu 
retrancher  sans  conséquence.  Ses 
iescripUons ,  dit  l'abbé  Soulavie^ 
¥érUables  copies  de  la  nature ,  du-^ 
reroiU  autant' que  la  nature  même» 
On  A  encore  de  lui  :  I.  Itinera 
Alpiaa,  Leyde,  I7a3,  4  tomes 
en  deux  vol.  in-4**,  avec  figurea. 
C'est  une  description  de  tout  ce 
que  les  Alpes  offrent  de  curieux 
■ax  yeux  d'un  habile  observa tetir 
de  la  natnre.  II.  Piscium  Querelœ, 
1708  ,  in-4.**  fig.  m.  Herbarium 
hUuy/ianum  ,  Zurich,  1709,  in- 
folio;   Leyde*,   1723,  in- fol.  On 
■  ajouté  à  cette  édition  un  cata- 
logue des  plantes  dont  les  em- 
preintes se  trouvent   sur  diffé- 
rentes pierres.  Cet  ouvrage  est 
disposé  selon  la  méthode  de  Tour- 
^eforL  IV.  Musœum  Dilimanum , 
2«urich ,  1716,  in-S.®  V.  Homo 
diluvU  testis,  1726,   in-4.®  On 
trouve  dans  ces  deux  ouvrages  des 
njonumens  incontestables  du  dé- 
roge. VI.  Historiés  HeWeticœ  na- 
turalis    Prolegomena  ,     1700. 
Vil.  Sciagraphia  TMhologica ,  seu 
itipidun  figura  torum  nomenclator , 
ï^ftntzig  9  1740 ,  in-»4o,  avec  fiy. 
Vin.  IToya  LUteraria  Helvetica» 
£'«4  MB  iwf99i  4«  1a  UtUratur» 


S  C  H       419 

Suisse,  depuis  l'an  1701  jusqu'à 
l'an  1714.  IX.  Un  ouvrage  sur  les 
eaux  minérales  de  la  Suisse  ,  en 
allemand,  Zurich,  i73z,  in-4.^ 

SCHEW,  savant  Danois  ^  mort 
dans  le  milieu  du  siècle  passé,  étu* 
dia  avec  succès  les  langues  orien* 
taies  ,  et  particulièrement  ]'an«« 
cieb  égyptien  ou  langue  copbtique* 
C'est  à  lui  que  l'on  doit  la  con- 
servation d'nn  monument  cu^ 
rieux,  la  table  sur  le  Papyrus 
d'Egypte ,  écrite  en  lettres  grec- 
ques par  un  prêtre  d'Isis;  mo- 
nument qui  fait  en  Italie  l'orne^ 
ment  du  célèbre  musée  fior^ia* 

SCHEWEIGHAEUSEÎi 
(  Jean  )  né  à  Strasbourg  en  1 73o  , 
professeur  de  mathématiques ,  et 
nommé  ensuite  secrétaire-inter-* 
prête  du  département  du  Bas^ 
Rhin,  a  publié  en  langue  alle- 
mande une  Grammaire  fran«« 
çoise,  un  Cours  de  géographie 
iiistorique ,  et  un  aut^e  de  roa*^ 
thématiques.  Laborieux,  honnête 
et  désintéressé ,  il  est  mort  dans 
$a  patrie  en  l'an  9.  —Ses  parens^ . 
du  même  nom  ,  suivent  avec  dis- 
tinction à  Strasbourg,  la  car«* 
rière  d^s  sciences  et  des  lettres* 

SCHIELEN  ,  (  Jean-George  ) 
bibliothécaire  de  la  ville  d'Ulra  ; 
étoit  très-versé  dans  les  antiqui-^ 
tés ,  et  s'est  fait  un  nom  par* 
sa  Bibliotheca  enucleata  ,  1679  , 
dans  laquelle  il  a  rangé  par  ordre 
alphabétique  ce  qui  concerne  les 
arts  et  les  sciences.  On  y  voit  en 
qnel  état  étoient  chez  les  anciens 
la  jurisprudence,  la  philosophie, 
la  médecine ,  la  politique  et  les 
mathématiques. 

SCHILDEH,  (Lonis  de)  né 
À  Bruges  en  160$  9  se  (tt  Résulte  ' 
et   professa  la    théologie   et   k 
philosophie.  Il  mourut  en  1667  , 
«près  wàk  puUii  iiu  iA-fol^.  sw 


4îO 


S  C  H 


les  Sacremens  y  et  un  petit  ou- 
vrage mieux  rédigé  ,  ayant  pour 
titre  :  De  principiis  formandœ 
Qonscientiœ» 

SCHILL,  (Jean-Adam) 
connu  par  son  Nomenclator  Plii-' 
lologicus  ,  Eysenach  ,  i  6  8  s  i 
in— S**  9  où  il  donne  la  significa- 
tion des  termes  les  plus  obscurs , 
et  une  explication  des  usages  des 
anciens. 

n.  SCHILL^G,  (Guillaume- 

Gode f roi  )  médecin  d'Utrecht  j 
a  publié  divers  écrits  sur  l'his- 
toire naturelle,  qui  ne  sont  pas 
exempts  d'erreurs.  Spalanzani 
a  réfuté,  par  un  grand  nombre 
d'expériences,  celle  qui  attribuoit 
à  l'aimant  la  propriété  d'attirer 
les  torpilles  et  de  les  fixer  avec 
autant  de  force  que  leTer.  Schil^ 
ling  est  mort  au  milieu  du  siècle 
qui  vient  <3e  finir. 

SCHMITH ,  (  Nicolas  )  né  à 
Oedenbourg  en  Hongrie  ,  se  fit 
jésuite,  enseigna  les  belles-lettres 
et  la  théologie  avec  distinction , 
dans  son  ordre  ,  et  mourut  rec-^ 
teur  du  collège  de  Tirnau,  en 
J767,  aimé  et  estimé  par  ||^gaiité 
€t  la  douceur  de  son  caractère. 
On  a  de  lui  :  I.  Séries  Archiepisc* 
Strigoniensium  ,  Tirnau ,  1 7  5 1 , 
a  vol.  in- 8.0  IL  Episcopi  Agrien- 
ses ,  fide  diplomaticd  concinnati , 
Tirnau,  1768  ,  in-8.**  III.  //n- 
peratores  OUomannici  à  captd 
Constantinopoli  ,  cum  epUome 
principum  Turcarum  ad  annum 
1718,  Turnau,  1760,  deux  vol. 
3n-folio.  Ces  ouvrages  ,  pleins 
d'érudition,  sont  écrits  d'un  st}le 
pur ,  aisé  et  souvent  élégant.  On 
estime  sur-tout  son  Histoire  des 
'Empereurs  Ottomans  ,  qui  est 
peu,t-ètre  la  meilleure  que  nous 
4»yonç.  C'est  une  suite  de  celle 
du  Vhx^  KcrU  Nous  n^a^os  pas 


s  €  H 

encore  une  Histoire  Turque com^ 
plète.  CeUe  de  Cantimir  passe 
pour  être  assez  exacte ,  mais  elle 
est  trop  peu  étendue  ,  pour  l'es- 
pace de  temps  qu'elle  embrasse. 
Celle  de  Tabbé  Mignot  ne  peut 
être  considérée  que  comme  un 
abrégé,  hicaut  en  a  donné  une 
Histoire,  en  anglois,  mais  elle 
ne  comprend  que  le  xvii*  siècle. 
L'histoire  des  "Turcs  ne  peut  être 
connue  que  par  celle  de  leurs 
ennemis.  Ces  relations  peuvent 
être  suspectes  ,  mais  elles  n'ont 
pas  un  caractère  de  fa!isseté 
comme  les  annales  turques.  Les 
Turcs  ,  si  on  veut  les  en  croire, 
ont  été  des  conqnérans  invinci- 
bles. La  Porte ,  dans  ses  Acte? , 
représente  les  princes  ChrétienJ 
implorant  à  genoux  la  clémence 
du  vainqueur.  On  retrouve  dans 
l'histoire  ,  comme  dans  les  di^ 
plomes  des  Turcs  ,  le  faste  orien' 
ta)  qui  n'est  qu'un  étalage  ri- 
dicule. 

SCHNITZTEIN,  savant  Aile- 
mand,  mort  à  Anspach  en  17879 
fut  président  du  consistoire  de 
cette  ville.  11  a  publié  ,  de  1769 
à  1774,  un  ouvrage  très-éradit, 
ayant  pour  titre  ,  Selecta  Noriai' 
bergensia,  5  vol.  in-r^..* 

SCHOEFFER,  (Jean-Chré- 
tien )  savant  naturaliste  Alle- 
mand ,  mort  dans  le  cours  du 
siècle  qui  vient  de  finir ,  a  public 
plusieurs  ouvrages  sur  Thistoire 
naturelle,  et  entr'autres  ime D€S' 
cription  des  champignons  ,  pu- 
bliée à  Ratisbonne  en  1764) 
in-4.0  La  partie  typographique 
est  magnifiquement  exécatée, et 

les  figures  sont  enluminées. 

SCHOEN  ,  (  Martin  )  e^  ^ 
plus  ancien  des  graveurs  con- 
nus ,  et  le  premier  qui  ait'  ^^ 
des  épreuves  de  ses  ouvra^  Oà 


s  C  H 

1«  connoit  aussi  sous  le  nom 
de  Beau^Martin  de  Colmar.  Il 
grava  depuis  Tan  1 460  ,  jusqu'à 
sa  mort  en  1486^ 

SCHOEPFUN  ,  (  Jean  -  Da- 
niel )  professeur  d'histoire  dans 
l'université  Luthérienne  de  Stras- 
bourg ,  né  à  Sultzbourg  dans  le 
Brisgaw  en  1694,  mourut  en 
1771  :  c'étoit  un  érudit  profond 
et  im  écrivain  lourd.  On  a  de 
lui  :  I.  Historia  Zaringo  -  iîa- 
densis  Carlsruhe ,  sept  vol.  in-4.° 
II.  AUatia  diplomatica  ,  xtji  ^ 
deux  vol.  in  -  folio.  III.  Alsalia 
HUutrata  ,  i-jSi  et  1762,  deux 
Vol.  in-folio.  IV.  Alsaticarum  re^ 
rum  scrip tores  ,  in- fol.  V.  Vin— 
dîciœ  typogrnphicœ ,  1760,  in-4^, 
figures  :  ouvrage  rempli  de  re- 
cherches curieuses  On  y  trouve 
les  pièces  d'un  procès  entre  Gut- 
Umberg  et  ses  associés.  L'auteur 
prétend  prouver  par  elles  que 
Giutemberg  fit  à  Strasbourg  les 
premiers'  essais  de  son  art .  que 
^choeffer  perfectionna  ensuite  à 
Maïence.  Foumier  le.jeune  a  pn- 
hlié,  en  1760,  des  observations 
Jurcet  ouvrage  de  Schoepflin,  Ce 
dernier  a  légué  son  cabinet  à  la 
Ville  de  Strasbourg ,  et  M.  Oberlin 
en  a  donné  la  description  sons 
le  titre   de  Mnsœum  Schoepfii*-^ 

SCHOONHOVIUS,  (Florent) 
poète  Hollandois  ,  né  en  1694  , 
Ittort  Qu  milieu  du  siècle  suivant , 
(e  ht  catholique  ^  et  publia  de^ 
Poèmes  latins ,  recueillis  à  Leyde 
en  1 6 1 3f  et  des  Emhlètnes.,  1618, 
in-4.0 

SCÏÎOT ANUS ,  (  Christian  ) 
njinistre^ Protestant,  né  à  Scheng, 
Village  de  Frise  ,  en  i6o3,  fut 
professeur  de  la  langue  grecque  et 
âe  Thistoire ecclésiastique ,  et  pré- 
^icant  à  Fi^aneker.  Il  y  mourut 


s  c  H        431 

ren  i  ^^t  9  après  avoir  donné  s 
I.  Description  de  la  Frise  ,  avec 
figures,  i656  ,  in-4.0  II.  JFJt>- 
toire  de  la  Frise  jusqu'en  i558, 
in-folia.  Ces  deux  ouvrages  sont 
en  flamand.  Il  y  parle  des  catho- 
liques avec  la  partialité  si  ordi-* 
naire  aux  Protestans.  lïl.  Conti-* 
nuatio  historiœ  sacrœ  Siilpitii 
Severi ,  Franeker  ,  i658  ,,  in- 12. 
IV.  Bibliotheca  historiœ  sacras 
Veteris  Testamenti  ,  sive  Fxer-^ 
citationes  sacrœ  in  historiam  sa»* 
cram  Sulpitii  SevÈri  et  Josephi, 
•  1664,  deux  vol.  in-FoIio,  A  voir* 
le  titre,  on  croit  que  c'est  un  com* 
,  mentaife  pour  éclaircir  le  texte 
de  ces  historiens  suivant  les  règles 
de  la  critique  ,  et  dans  la  réalité 
ce  n*est  que  le  résultat  informe 
des  leçons  de  l'auteur.  —  Scko»m 
tanus  a  eu  un  fils  nommé  Jean  , 
qui  a  été  professeur  de  philosophie 
à  Franeker,  mort  l'an  1699.  ^  ^ 
fait  des'  Paraphrases  en  vers  sur 
les  Méditations  de  Descartes ,  oh 
il  entre  en  lice-  avec  le  savant 
Huet ,  et  attaque,  mais  bien  foi- 
blement ,  l'ouvrage  de  ce  prélat 
sur  la  philosophie  cartésienne. 

IL  SCHOTT,  (Jean)  impri- 
meur de  Strasbourg  au  commen- 
cement du  ï6'  siècle,  est  auteur 
d'un  Enchiridion  Poëllcum,  Ses 
éditions  sont  recherchées.  Celle 
des  Dialogues  des  Dieux  par  £u- 
cien  ,  a  la  première  page  en  let- 
tres rouges, 

'  ♦IV.  SCHOTT,  (Gaspard) 
fésmte  ,  né  dans  le  diocèse  de 
Wurtzbourg  en  Franconie  ,  en 
1608,  et  mort  dans  cette  ville 
en  1666,  cultiva  la  philosophie 
et  les  mathématiques  qu'il  pro-i 
fessa  jusqu'à  sa  mort.  Il  passa 
plusieurs  années  à  Palerme  en 
Sicile ,  ensuite  à  R^^e  oii  il  so 
lia  d'une  amitié  étroite  avec  le 
célèbr«  Père  Kirclur  çi\i  lui  6* 


4)1        S  C  H 

part  de  be«ocoap  d'obsenritioni 
sur  les  sciences  et  les  arts.  On  a 
de  lui  divers  ouvrages ,  qui  prou- 
vent  beaucoup  déradition.  Lei 
plus  connus  sont  :  I.  Sa  Physica 
curiosa  ,  tive  MirabiUa  naturœ  ei 
artis.  Cet  ouvrage  ,   réellement 
curieux  ,  est  en  deux  vol.  in-4.<> 
L'auteur  y  a  compilé   beaucoup 
de  singularités  sur  les  honimes  , 
9ur  les  animaux  ^   sur  les   mé- 
téores. On  y  voit  encore  des  re- 
cherches sur  le  pouvoir  du  dia-^ 
ble ,  sur  les  m(9nstres,  etc.  L'au- 
teur montre  autant  de  crédulité 
que  de  savoir;  et  au  milieu  de 
beaucoup  d'observations  curieu«* 
ses  ,  d'expériences  dignes  d'at-* 
tention  «  on  trouve  une  foule  de 
faits  hasardés ,  inutiles  ^  ridicti*- 
les  ,  et  puiâés  dans  des  historiens 
décriés.  Il  dit  tout  bonnement  ^ 
quç  les  animaux  qui  ont  peuplé 
l'Amérique  y  y  ont  été  vraisem- 
blablement transportés  par  ^et 
anges.  IL  Magia  naturalis  et  ar^ 
UficLalis ,   K  677  ,  4  vol.    in-4**  ) 
plein  de  recherches  et  de  con— . 
soissances  physiques  et  statiques. 
III.  Tcchnica  curiosa  ,  à  Nurem- 
herg^  1664  ,  in-/^.^  IV.  Machina 
hydrolico  " pneumcUlca  ,    1657  , 
in-4.*  V.  Pantometrum  Kirche- 
rianum,  sive  instrementum  geo^ 
metricum' novum ,  i€6o.  VI.  //*— 
nerarium  staticum  Kircherianum, 
i6€o.Vîl.  Encyclopedia  ,  iSSi, 
C'est  up  cours  de  mathématiques. 
Yîll,  Matkesis  Cœsarea  ,  166a, 
deux  vol.  in -4.0  IX.  Anatomia 
pkysicO'-hydrostaUca  fantium  et 
JiunUaum ,  tSS^,  in-8.<>  X.  Arith- 
metica  practica  generalis  et  spe^ 
culatwa ,  1 663 ,  in^-S.^  XI.  Schola 
stegano-graphica  ,  1664,  in-4.* 
X I L   Organum  mathenuuieun  , 
j66S,  in— 4.^  On  trouve  dans  ce* 
«uvrages  un^  multitude  d'expé-* 
riences  propres  à  inspirer  de  1« 
modestie  à  ctiiz  d%  aos  €0Btem^ 


se  M 

« 

poratns  qui  veulent  passetpèttf 
des  génies  créateurs  dans  la  phy- 
sique expérimentale.  On  &it  pett 
d'expériences  fifàintenantdontQi 
ne  trouve  la  marche  ,  le  fésoltat 
et  l'explication  dans  ce  dernier 
ouvrage;  cependant  on  ne  le  voit 
presque  cité  nulle  part  :  on  en 
sent  facilement  le  motif.  Le  c4* 
lèbre  Boyle  avoue  que  ce  physi- 
cien lui  a  donné  les  première! 
idées  de  sa  machine  pneumatique* 
VoyeiB  la  Notice  raisonnée  des 
ouvrages  du  Savant  jésuite ,  qol 
l'abbé  Mercier  a  publiée  i  Paris, 
1785.  Cette  analyse  donne  uni 
idée  avantageuse  du  jésuite  Al- 
lemand et  du  savant  François  qui 
l'a  tiré  de  la  poussière. 

SCHOUTEN ,  (  GuilIauBie  ) 
navigateur  Holiandois,  décoavrit 
avec  Jacques  le  Maire  i  (Fisyrt 
ce  mot  )  le  détroit  qui  pûtte  k 
nom  de  ce  dernier.  Son  Voyage^ 
qui  forme  deux  voL ,  se  trouve 
à  la  suite  de  ceux  de  la  Cooimm 
gnie  des  Indes  orientales* 

SCH WARTZ ,  (  Ignace  )  né 
en  Ôouabe  en  1690  ^  et  mort  à 
Augsboorg  en  1768  ,  professa 
l'histoire  dans  Taniversité  dln- 
golstadt ,  et  a  publié  trois  savani 
ouvrages  :  L  Institution^s  htstO'» 
ricœ ,  1729,  2  vol.  în-8."  H.  CoU 
legia  historica't  1787  ,  neuf  vol 
in-8.^  III.  Institutiones  juris  Uâi* 
versalis,  1743,  in-g.** 

SCHUPPEN,  (Pierre  Van) 
gl-aveur  d'Anvers ,  retiré  à  Paris  y 
où  il  mourut  en  1707,  à  74  ans  f 
f^it  le  rival  à'EdeUnùk,  parla 
fini  et  la  correction  de  son  buriiu 
U  excella  dans  le  portrait 

SCHWENCKFELT  ,  (  Ga». 
pard)  médecin  de  Greifienbei^ 
en  Siléste  ^  eiEerça  sa  profession 
à  Gorlitz  en  1609»  On  a  de  lui.^ 
L    Thésaiu%i   pharmaceuticut  t 

Franctfoft, 


s  C  M 

ftfA'nckfort ,  t68o  >  in-8.'  II.  ft«r- 
)»(j»ra  et  fossilium  Silesiœ  cain-^ 
iogua ,  Leipzig  ,  1 6où  ,  in  —  4»^ 
III.  Theriotropheium  SiUsia  » 
Lignitz  ,  t6o39  ^1^-4*"  C'est  line 
descri^ion  des  quadtupèdes  ^  oi- 
seaux ,  reptiles  ,  insectes  ^  etc* 
de  la  Siiésie^  IV.  Descriptif)  et 
usus  Thermarum  HirshergeHsiufA^ 
Goi(litz  y  1607  ^  ia-8.^ 

*  SGHWERIÎÎ,  (  Christophe  i 
Êômtè  de)  gOuvernehr  de  Neiss 
et  dô  Brieg,  général- Éeld-marè-* 
fchâl  au  seirvicé  du  roi  de  tmssê  ^ 
né  le  &6  octobre  1684^  s'éleva 
par  son  méil'itô  ^    et   gagna  la 
bataillé  dé  Molwitz,  le  10  avril 
1741,  dans  le  temps   que  les 
trrtssieois  la  cifôyoiënt  perdue.  Il 
èe  signala  dans  tous  les  combats 
qiii  se  donnèrent  depuis  contre 
les  Autrichiens  ^  et  fut  tué  à  la 
bataille  dé  Pragrté  éil   1767  ,  à 
Ji  ànSk  Lé  toi  de  Prusse  lui  fit 
dresseir  eh  1769  ùhé  statue  de 
marbré  sut  la  place  Guillaume  à 
Berlin ,  ièt  l'ertipereùr  Joseph  ll^ 
tkh  thonuiheht  eh  i  ^^^  3  9  dans 
l^endroit  où  il  moitriU.  Il  étoit 
né  à  Anclam  éti  Pomérahié  ,  en 
tS85  9  du  grand  maître  de  cuisine 
héréditaire  de  ce  duché.  Envoya 
^n  1712  par  lé  dtic  de  Mechlen-^ 
hourg  ^  «uprès'  de  Charles  Xll 
4  Bender  >  il  profita  pendant  un 
an  des  entretiens  de  ce  monarque 
guerrier  pour  perfectionner  ses 
talens  lïiillitaires.  Lé  roi  de  Prusse 
le  regretta  comme   urt    général 
intrépidé  ,  éclairé  ,  éhdùrci  à  là 
fatigue ,  sobrè.  ^  ami  de  la  disci- 
pline et  père  deâ  soldats.  Il  avoit 
été  marié  deu>c  fois  ;  il  eut  de  s'a 
première  épousé  des  enfahs  qui 
lui  ont  Survécu ,  et  il  n'en  eut 
point  de  la  seconde. 

SGICH<^ALI ,  Kan  de  iDerbeut 

#U  Perse  ^  régna  avec  glbire  dans 
le  Scbirvani  II  combattit  souvent 

SwPt,  Tome  III, 


S  C  R        4ti 

les  Russes  avec  succès  ;  mais  sti^ 
la  fin  de  sa  vie ,  le  comté  Zubow 
s'empara  de  sa  capitale  après  uil 
siège  de  5o  jours.  Scich^AU  étoït 
alors  âgé  de  1 20  ans.  Il  s'avança 
lui-  même  au  -  devant  du  vain-^ 
queur ,  avec  tous  les  officiers  dd 
«a  cour ,  et  obtint  grâce  pouc 
tous  les  Persans,  le  19  mai  179^* 
i^rès  ée  cent  ans  auparavant,  il 
avoit  reçu  a  Derbent  Pierre-le- 
Grand  ^  Souverain  de  Kussiék 
Scich  '^  Ali  est  mort  quelque 
temps  après  l'envahisseikient  àt 
fies  étatSk 

*  S  C  DP  A  S,  architecte  et 
sculpteur  dé  l'isle  de  Paros ,  vi^ 
Aroit  vers  l'an  480  avant  J.  Cv 
Il  travailla  au  fameux  mausolée 
xmArtertiise  fit  ériger  à  sohjnari 
dans  la  ville  d'Haiicarnasse ,  et 
qui  étoit  réputé  pour  l'une  des 
§ept  merveilles  du  monde.  Il  fit 
aussi  a  Ëphèse  une  colonne  y 
célèbre  par  les  beautés  dont  cd 
savant  artiste  l'avoit  enrichie» 
Mais  parmi  »eS  'ouvrages ,  on  fal$ 
isur-tôùt  U^èntiou  dune  t^éruià 
qui  fut  transportée  à  ftome,  et 
que  Fiine  (  Hist.  Nah ,  liV;  36  9 
chap.  4  )  jugeoit  être  supérieure 
à  celle  de  Praxitèle ,  quoiqu'elle 
fut  moins  admiiréé  à  Rome  que 
l'autre  à  Gnide,  à  raison  dé  ^ 
multitude  de  chefs-tHS'œuvre  qu9 
renfermoit  la  capitale  du  monde  i 
car  c'est  là  bien  certainement  le 
sens  du  passage  dé  P2t/i^  «  auquel 
M.  Falconet  et  M.  de  LaLande 
bnt  trop  légèrement  reproché 
une  contradictibm 

se  RODER,  <tïu.)  savant 
Allemand  ,  a  publié  à  Ams« 
terdam,'én  171 1,  une  Qram» 
maire'  Arménienne  ,  intitulée  \ 
Thésaurus  îinguét  AtftvenicùB  Un« 
tiiiuœ  et  hodiernœ.  La  Idiigue 
asoténiénhe  s'écrit  de  gauche  à 
droite;  elle  a  38  lettrtS)  et  i# 

£« 


4U       S  C  Y 

révise  en  (|uatre  sortes  d'ëcrittire  ?' 
la  première  est  appelée  erghata'-» 
chir,  écriture  de  fer  ;  la  seconde 
poloffercIUr ,  écriture  ronde  ;  la 
troisième  nodcrchir,  écriture  des 
notaires  ;  et  la  quatrième  est 
•omposée  des  majusculea. 

SCYLLIS  et  Dip^ncs, 
icnlpteurs  Cretois^  vivoient  soua 
Tempiredes  rois  Mèdes,  et  avant 
que  Cyrus  eût  détruit  leur  do* 
mination.  Ils  furent  les  premiers, 
suivant  PUne  ,  qui  se  distin- 
guèrent dans  l'art  de  tailler  le 
marbre.  Us  firent  pour  les  habi* 
tans  de  Sycione  ,  les  statues 
S  Apollon ,  de  Diane  ^  de  Minerve 
tt  d!Hercule, 

V.  SÉBASTIEN  de  Saint- 
Paul  ,  né  (L  Ënguien  en  1 63o , 
oarme  de  Tancienne  observance, 
luôrt  à  Bruxelles  le  a  août  1706, 
est  connu  par  quelques  ouvrages 
oii  il  attaquo  les  Bollandistes  qui 
avoient  rejeté  quelques  opinions 
touchant  l'ordre  des  Carmes ,  qui 
pe  paroissoient  pas  trop  d'accord 
avec  la  saine  critique. 

SÉBASTIEN,  (la  marquise 
43e  Saint-)  seconde  épouse  de 
^yietor-'Amédée  II,  premier  roi 
die  Sardaigne*  Voye^t  rarticle  de 
••  prince. 

SEBIZItTS,  (Melchior)  né 
•n  1 5  78 ,  fut  tout  à  la  fois 
chanoine  de  Strasbourg  et  pro- 
fesseur de  médecine  dans  cette 
▼ille.  L'empereur  Ferdinand  II, 
touché  de  son  mérite,  Téîeva  à 
)a  dignité  de  comte  Palatin. 
^Sehizius  mourut  en  1^74  ,  à 
J'âgede  95  ans.  On  lui  doit  un 
Commentaire  sur  les  Œutfres  de 
Galien  ;  et  en  outre  :  ï.  Exerci*' 
tationes  medicœ»  IL  Miscellanett 
^uesli'ones  medicœ.  IIL  Speeulo,m 
hedicinœ  pradieum ,  1 66 1 ,  d^ux 


S  E  c: 

♦SEBQNDE,  (Bafmon^fcf 
philosophe  Espagnol  du  1 3*  à^ 
de  ,  s'est  fait  connoitre  par  ud 
Traité  latin,  intitulé  :  Théologie 
naturàlis ,  sive  Liber  Creatura-* 
rum,  en  33o  chapitres ,  îtras* 
bourg,  1496 ,  in-folio ,  en  lettret 
gothiques.  Il  offre  des  singularités 
hardies,  qui  plurent  dans  le  temps 
aux  philosophe»  de  ce  siècle,  et 
qui  ne  déplairoient  pas  à  ceux 
du  nôtre.  Montaigne  le  trouva , 
en  beaucoup  d'endroits  ,  con- 
forme à  ses  idées  ,  et  en  fit  unt 
Traduction  ,  imprimée  par  Vas'* 
cosan ,  Paris ,  1 58 1 ,  in— 8.**  Cette 
version  est  asstez  libre.  Montaigne 
dit  qu'il  a  donné  au  philosophe 
Espagnol  «  un  accoutrement  à  U 
françoise,  et  qu'il  l'a  dévêtu  de 
son  port  farouche  et  maintien 
barbaresque,  de  manière  qu  il  t 
raes-hui  assez  de  façon  pour  se 
présenter  en  toute  bonne  cora- 
pagtiie.  »  Cependant ,  malgré  soi 
nouvel  habit ,  le  livre  de  Sebondê 
n'est  guère  recherché. 

II.  SECKENDORF, 

(N.  comte  de >  général  de  Vcm- 
pereur  Charles  VI  ,  fut  vain- 
queur des  François  à  Clausen, 
en  1735  5  et  fit  ensuite  la  guerre 
aux  Turcs.  Il  est  mort  vers  1740. 
Son  caractère  brusque  et  colère 
lui  fit  des  ennemis. 

*  SECOND,  (j€an)^jr- 
CUNDVS ,  célèbre  poète  latin ,  né 
à  la  Haye  en  Hollande  ,  Fan  1 3  n, 
d'une  famille  qui  portoit  le  uonfi 
â*Everard  ,  reçut  le  bonnet  dt 
docteur  en  droit. à  Bourges, en 
i532,  sous  le  célèbre  Alciat} 
mais  la  jurisprudence  eut  moins 
de  charmes  pour  lui  que  la  litté«< 
rature.  Il  passa  en  Italie ,  ensnîte 
en  Espagne ,  ôh  il  fut  secrétaire 
de  Tarchevéque  dé  Tolède.  C'est 
par  le  conseil  de  ce  prélat  qn» 
#HvIt  Chiùrles^^Quint^   dfius  «o« 


s  5:0 

de  son  tempérament  l'obligea  de 
Quitter  rjEspagtoe,  et  de  retournet 
û^ns  les  Pays-Cas.  11.  mourut 
fune  fièvre -roaligne  «  U^recht, 
9n  i63^  9  à  2S  ans.  Ses  ouvrages 
font  remarqvxftbiea  '  par  une  fa«- 
filité  et  «ne-  f^écpndkté  rares  , 
}ointe6  à  beaucoup  de  délicatesse 
«t  d'agrément.  Npus  avons  de 
lui  trois  livrer  à' Elégies  ,  uil 
^'Epigramm^s  «  deux  d'EpUres  i 
un  d'Odes ,  un  de  Syl^es,  un  de 
pièces  funèbres  i  outre  de»  Po^ 
lies  galantes  qui  font  bjonneur  à 
ion  goût  et  à  son  esprit^  mais 
beaucoup  moins  à  ses  moeurs  9 
^  qui  occasiouni-r^nt  ces  vers  : 

'   iSon  hnè  Johannem  Vgqutri$  »    Useivi 
Steunde  ! 
tu  VitierU  eultot ,  VlrsinU  UWfuit, 

t  Les  JT/âT  Baistrs^erMfeanSecond 
})euYentétre  regardés  comme  des 
éians  rapides  B'mi  génie  tcmdre  , 
JTohiptueUxet «passionnéi  IMcts de 
plus  varié  9  db  plus  naturel ,  de 
plus,  délicat^  de  plus^iânimé  que 
«es  tableaux.  On  «n  a  point  à  lui 
leprodter  le  qrnisme  âeQ^tulle, 
^aia  peab-^re*ily^condairoit.  Ses 
■peintures^  quoique- p^us  chçstes 
J|ue  celles  xiu  chantre  de  Vérone, 
f>aroissent  d'uutaiit'  plus  sédin-^ 
feantes ^.qu elles. sont  lexpression 
la  plus  vive  d*une  amè  qbi:ne  res-* 
|Kijre  que  Tamotin  »  <  BibliO'' 
^naquis  d'an  homme  de  gottL  ) 
^Ses  SuveniUa  '  ont  éi}é' recueillis 
4ons'lJa  collection  dû  Barbon ,  et 
âmprimés  dans  le'  volume  inti*- 
ftilét  Tbeodori  Bezs&,  VeteUi, 
l3Boifmata;  Marci^Antonii  Mu*< 
Ifeti  Jia^itUia ;  JoamUsrS^uifDt 
•M^gierUis  JavfniUà  ;  '^oannis 
JBonefonil ,  Ar^mi ,  Paticharh  ^ 
0t^  FvnHgUiu  m  Verser Is ,  1767^ 
jt-  voli  Le  recueil.  dtesiPotisies  de 
ifeàn.  Second  partit  à  ii^de  fii 


SEC       ^$f 

Iraiiuîtès  en  françois  y  r  7  7  r  ^ 
in-^8*\  avec  )ô  latm  à  côté.  Sem 
çond  cultivoit  aussi  la  peintufA 
et  la  gravure;  mais  ses  ouvrage* 
fin-  ce  genre  sont  peu  conniu. 
Il  éloit  frère  de  Nicolas  Gjîctw 
JDIVS  et  d  André  Marids  ,  dis** 
iingués  l'un  et  l'autre  par  leui^ 
p^oesies*  (  Voyez  leurs  art.  )  Leiir 
père  ^  jyîGolas  Everard ,  prési^^ 
dent  du  conseil  souverain  dé 
Hollande  et  Zélande  ^  mort  eti 
-i&di,  À  *fiû  ans,  est  auteur  <te 
deux  ouvrages  in-foU.àititituMs^ 
Tun  ,  Topica  Juris  ,  l'autre  '^ 
Consilia* 

'  SECONDAT  DE  UÔ^Tkdf 
QUIETJ ,  (  Jean- Baptiste  ) .  ^g 
du. célèbre  auteur  de  \ Esprit (IçÇ^ 
Lois  ,  conseiller  au  parlement  de 
^orjeaux,  est  mort  dans'  îcettç 
ville  le  17  juin  179G,  à  Vhgfi, 
dey^  ans.  oil  ne  partagea  po^ 
ia  gloire  de  son  père  ,  ,il  e^t 
comme  lui  des  vertus.  Modeste^ 
"bienfiûsaiit  et  ami  des  le^cs  ,• 
il  s'occupa  beaucoup  d*hï$tpiCfli 
naturelle  et  d'agriculture.  On  lûî 
doit  :  I.  Mémoire  sur  VEleçtri,-^ 
cité ,  1746,  in-8.*  L'auteur  s'ér» 
lève  contre  la  théorie  3e  J!^ô2/<:i» 
II.  Observations  sur  les  e^ux  rni-« 
nérales.dçs  Pyrénées^,  17.50'^ 
in—ia.  lit.  Considérations  sur. 
Ja  constitution  de  la  m,atîine'de 
France,  1736,  in-S.*'  S^çondifC 
fit  imprimer  cet  duvrage  aj|{*oii»- 
dres  ,  où  il  se  trouvoii  :  ÇTX  l^ 
reproche  d'y  avoir  exagéré*)»  iQjQp 
navale  2e  la  France.  .iV.^/^içfe 


nai 
L 


avale  de  la  iî  rance.  .1  y .  JiLstoir^ 
aUtrelle  du  chêne ,  1 7 S'y ,  in-fpl- 
_j' ouvrage  de  du  Chqut ,  sïir^.fe  , 
.même  suj,et,.  a  servi  (je'  U^i^c  -^ 
celui-cj.  Lantertr  y  a^  io^nt.  Ifl 
dénornination  des  divqrsé^  ©s-  - 
p^ces    de   jaisins    ^«^W^c^t've^ 

djm^  le  3or«^'*'^''^*  .' ,    .  • 

•    Si&OUÎîPWUS,,.(ii^w»s> 
«élèfepe^ wat^^''*  *  éto^.d«.lj«B^ 

Ee  % 


•43  «       StD 

«t  se  distingua  dans  le  bârréau 
•de  Home.  QuinUUen  en  fait  l'é- 
loge. Neveu  de  Julius  Florut , 
«ntre  orateur  renommé ,  ce  der^ 
.nier  lui  demanda  un  jour  ce  qui 
«anse  it  son  air  triste.  Secundinus 
lui  avoua  qu'il  cherchoit  depuis 
«trois  jours  à  corriger  l'ezorde 
d'un  diéoours.  «  Ne  chercbez  ja-« 
-#ais9  répondit  Florus,  à  fair# 
tei«nx  qi^e  vous  ne  pouvez,  n 
éuintUieii  a  fiût  de  ce  mot  I'uk 
dt  ces  pvéoeptes.  Secundinus  vé^ 
mt  et  nourut  dans  Je  second 
<mcle«'. 

&1DAINE,  (Michel-Jean) 
'membre,  de  l'académie  Françoise 
>t  secrétaire  de  celle  d'architec- 
ture ,  naquit  à  Paris  le  1 4  juin 
^171  a,'  d'un  père  architecte  qui 
avoir  eonsoàimé  toute  sa  fortune. 
Torcé  piir  l'indigence  à  se  faire 
tailleur  de  pierres ,  pour  nourrir 
sa  mère  fi  deujt  frères  plus  jeunes 
^eliii',  il  par\'int  par  son  appli<^ 
catidÀ  au  travail ,  à  devenir  maître 
maçon.  Son  goût  pour  le  théâtre 
lui  donna  Tidée  de  faire  des  pièces; 
et  ]a  facilité  de  son  esprit ,  la  con- 
'noissance  de  la  scène ,  la  féconr 
"dite  de  son  imagination  ^  lui  firent 
1^ent6t  obtenir  des  succès  en  ce 
*^nre ,  et  abandonner  sa  profes- 
sion. En  17549  Monei  directeur 
de  l'Opéra  comique ,  l'engagea  à 
lui  consacrer  ses'talens;  it  s'en 
:^W9/k  Ifien.  Son  théâtre  étoit 
-^éét^rif  Sedaine  y  Et  affluer  les 
'^apéfetateuri*  Ce  dernier  ,  doux , 
^modeste ,  obligeant ,  heureux  dans 
aa  famille ,  estimé  des  gens  de 
lettres  ^  et  laissant  beaucoup 
d^omis  9  est  mort  le  aS  floréal  de 
Tin  S  (1737)9  à  79  ans.  Son 
ttfêlr^  k  son  habit  fut  la  pre- 
mière qui  lui  acquit  de  la  répu- 
tation. On  lui  doit  plusieurs  au- 
tres poésies  fugitives ,  parmi  les* 


|»olme  en  4  chants ,  sur  le  VtàiM 
deville*  Le  théâtre  ûq  Sedaine  eit 
très— nombreux.  U  a  donné  c 
l'Opéra  Aline ,  reine  de  Gol-* 
conde  9  en  trois  actes  9  dont 
Monsigni  a  fait'  la  musique  :  le 
sujet  en  est  tiré  d'un  joli  conte 
de  M.  de  Boufiers  /  Amphytrion  ^ 
en  trois  actes ,  musique  de  Grétry$ 
et  Protogène  »  dont  il  abandonna 
le  bénéfice  à  FhiUdor ,  qui  en  a 
fiiit  les  airs.  Lé  théâtre  François 
itii  doit  :  L  Le  Philosophe  sans 
le  savoir,  comédie  en  5  actes  ^ 
mi*]]  anroit  du  plutôt  intituler  U 
•Duel»  liCs  situations  en  sont  d'une 
iprande  vérité ,  le  but  en  est  mo^ 
rat  9  et  tend  fortement  à  détruire 
la  barbarie  du  préjugé  si  mal  a 
propos  nommé  le  Point  d*hoa^ 
neur.   Elle  fut  jouée  en   1763. 

II.  La  Gageure  imprévue  ,  petits 
pièce  en  tai  acte  9  représentée 
pour  la  première  fois  en  17S89 
et  dont  l'intérêt  du  dialogue  a 
assuré  le  succès  jusqu'à  ce  jour. 
Scarron    en    a    fourni    l'idée. 

III.  MaiUard  ou  Paris  sauvé, 
tragédie  en  prose  9  dont  l'auteur 
ne  put  obtenir  la  représentation 
IV^Raywiond  on  le  .Troubadour^ 
comédie  qui  de  même  na  pas 
encore  été  jouée;  C'est  sur-tout 
Je  théâtre  Italien;q«o  Sedaine  a 
enrichi,  il  avoit  37  ans  lorsqu'd 
donna  :  I.  Le  Diable  à  quatre, 
imité  d'une  pièce  angloise  9  etqai 
est  son  premier  ouvrage  dramati'» 
que.  If.  Biaise  le  Savetier  j  musÔF' 
qutdePhUidor^ijb^.  llLL'Hui* 
4re  et  les  Plaideurs  ,1759.  IV.  Us 
Troqueurs  dupés  ,  musique  de 
Sodi,  1760.  \.  Le  Jardinier  et 
son  Seigneur ,  musique  de  Pkili* 
'dor,  1761.  VL  On  ne  s'aivise  /«• 
mais  de  tout ,  musique  de  Mon^ 
Mbgni,  Vil.  Le  Boi  et  U  Fermer, 
en  trois  actes,  musique  du  mène, 
1762.  Cette  pièce,  tombée  à  la 
|)rgmière  xj^réscQtaUon)  enalh 


■À 


SED 

luit  ensuite  pins  de  cent  eoni^ 
ciUivet.   \}lh  Base  et  Cotas,- 
9764.   IX.  V Anneau  perdu  e$ 
retrouvé  »  en  2  actes.  Cet  opéra  ^ 
joaé  d'abord  en  1764  y  avec  la 
musique  de  /a  Borde ,  a.  été  re« 
pris  en  178S  avec  celle  de  Char^ 
dini,    X.  Les  Sal*oti ,  musique 
de  Dunig    1768.  XL  Le  Désert 
leur  ,    en  3  actes  9  musique  de 
Monsigni,  1769.  On  observoit  à 
Sedaine  que  cet  opéra  avoit  peu 
f  éussi    dès  son  début ,  et  qu'il 
p^roissoit  nécesssire  d'y  faire  des 
çHangemens  *.  a  Je  les  ferai,  dit-il , 
après    la    centième  représenta- 
tion. M  £n  efTe  t ,  elle  eut  lieu  sans 
que  l'auteur  y  fit  des  corrections. 
XII.  T/i<^in:>(?, pastorale ,  musique 
ûe  JDunt,  ijyo.Xlih  Le  Faucon  t 
1772.  XIV.  Le  Magaifi(jue ,  en  3 
actes,  musique  de  Grètry ,  1773. 
XV.  Les  Femmes  vengées  ,  mu- 
sique de PhUidar,  lyyh.  XVI.  Le 
Mort  marié,  en  2  actes,  1777. 
XVII.  Félix  ou  V Enfant  trouvé, 
en  3  actes,  musique  de  Monsi^ 
gnit    1777-  XVIII.  Aucassitp  et 
Nicoïette  :  la  magie  du  spectacle 
s'jr  unit  à  l'intérôt  des  situations  j 
le  déuouemcht  en  est  heureux , 
et  relevé  par  un  air  d'ensemble 
qui  produit  le  plus  grand  effet. 
XIX.  Richard  Cçsur  de  lion ,  en 
3   actes^,    musique   de    Grétry , 
X784.*I1  eut  i3o  représentations 
de  suite.  XX.  Le  Comte  ^Albert 
et  sa  suite ,  en  3  actes ,  musique 
du  même,   1787.  XXI.  Baoul 
Barbe^bleue,  en  3  actes,  musique 
du  même,    1789.  En  général, 
Sedaine  connotssoit  parfaitement 
toutreifet  de  l'illusion  théâtrale» 
et  en  a  profité  :  son  dialogue  est 
facile  et  naturel ,  mais  extrême-* 
ment  incorrect  et  plein  de  foutes 
4e  langage  ;  aussi  toutes  ie»  pièces 
sont-elles  bonnes  à  voir  j^ouer^ 
m^is  non  à^  lire. 


SEB* 


417 


n.m)ULnJS,(Henri)savaiilt^ 
Récollet,  né  à  Clèves  vers  1S479 
fut  élevé  aux  premiers  emploie 
de  sa  province,  et  mourut  à  An» 
vers  en  i^ii ,  après  avoir  publié  :  ; 
Ir  Historia  Sancti  Francises  iilusm^ 
triumque  virorum  et  faminarum  , 
etc.  Aavers,  i6i3,  in— fol.  avee- 
fignres.  Ce  sont  les  actes  origi#»* 
naux  des  vies  des  Saints  et  de 
plusieurs  martyrs  de  son  ordre, 
accompagnés  de  Commentaires. 
II.  Vie  de  Su  François  d'Assise  ». 
par  St»  Bonaventure  ,  avec  des> 
Commentaires.,  Anvers,  K597, 
in*8.*  m.  Apologeticus  advtrsùrsi 
Alcoranum  Fraaciscanorum ,  pro^' 
libro  Conformitatum  «  Anvers  ^ 
I  Ç  o  7 ,   in  •*  4  »<^  Sedulius  anroit* 
mieux  fait  de  ne  point  entreprenais 
dre  cette  apologie.  (  Voy.  Aiaitu  y* 

IV.  Prcsscriptiones  adversùs  fc^a-- 
reses  ,  Anvers  ,   iSoS  ,  in-*4.*A 

V.  Martyria  FF.  Miaorum,  AÎc-m. 
mariensium,  Gorcomiensium ,  ete... 
Anvers,  16 13,  in-4%  avec  fig.* 
C'est  Thistoire  des  Religieux  de* 
son  ordre ,  mis  à  mort  par.  les» 
hérétiques  des  derniers  siècles  en^ 
Hollande.  VI.  Im^agines  religiO"». 
ioruin  ord*  Sti  Francisci,ia  ets 
incises  t  cum  elogUs  ,  1602.. 
Vn«  CQmmentarius  in  vitarn^ 
SU  iMdoviei  episcopi  Toîûsani, 

SÉE-M A--KOAy a ,  Chinoi* 

célèbre  par  ses  connoissanceset 
ses  vertus,  vivoit  dans  le  onzième* 
siècle,  et  y  obtint  une  réputationi 
brillante  qui  a  pénétré  jusqu-enk 
Europe.  A  Tâge  de  quatre>ans ,  i]/ 
s'amusoit  à  voir  nager  des  poii-4 
sons  dorés  au  tout  d'un.krge  3Mse> 
de  terre  cuite  rempli  d'eau.  X'um 
de  ses  camarades,  voulant  pren«-H 
dre  un  poisson  et  se  penrhan^ 
t^p  sur  le  bord,  tomba  dsns  )e« 
vase  la  tète  la  premièjre;  Il,«UûJ;t) 

Eej 


mi' 


SEE 


piirir.;.:]es  autres  en&ns  avdiétit 
pris  la  fiiite  •  Séè-Ma^Koimg  j 
ïtsté  seul ,  imagina  de  prendra  Kin 
CAiilba  digu  hX  de  {rapper  le  tâse 
*^8qii'à«ee  qu'il  fat  rompa  :  l'eau 
8*«oou}a,  et!  l'enfant  fnt  sauvé. 
ï«es  poètes  et  les  peintres  Clii-* 
liois  ont  souvent  câébré  ce  trait 
€]ans  leurs  ouvrages.  Sée^Ma^ 
îKoamg  »    nommé  très— jeune  ,' 
^Mandarin  d'ufie  grande  province, 
et  ensuite  Gouverneur  de  r£m- 
perenr,   ne  profita  de  sa  place 
;que  pour  ^ire  la  vérité  à    son 
*aonverain  ^  éloigner  de  lui   les 
'ikttenrs  et  faire  le  bien  des  peu-^ 
ykss\,  Pans  sa  vieillesse,  il  se  retira 
<lan8  une  solitude ,  d*oii  il  ne  sor- 
itoit  que  pour  mettreja  paix  dans* 
les  familles.  C'est  dan»  cette  re- 
traite, et  dans  l'espace  de  <|uinze- 
Uns  y  qu'il  écrivit  ime  Histoire  -de 
ttt.  Chine,   qui  cotBWeiice  à  la 
'4o3i!  année  avant  l'ère  Chrétienne; 
ttrenferine  quatorze  siècles. Les 
Chinois  en- font  grand  cas  :  c'est- 
le  meilleur  de  leurs  ouvrage^  en' 
'«genre.  On  attribue  encore  à 
rSée^Ma^^Koang  des  Traités  de 
«norale  dont  un  auteur  moderne 
préteiid  avoir  eitrail  les  na^aximes 
suivatites  :  Le  sage  tie  se  presse 
point  de<  parler  9  ifiaiW  d'agir* 
•^Conseilles  et  fie  commandes 
pas  :  persuades  et  ne  décides  point; 
—Qu'est-ce  que  la  grandeur  su- 
prême ?  la  faculté  âé  faire  le 
tien.  -^—Sois    juste   avant   que 
d'être  libéral;  mais  sois  humain 
avant  qup  d'être  juste.  -^Un  mot 
peut  tout  perdre  ;  u»  homme 
peut  toiTt    sauver.  ««^  L'orgueil 
peut  quelquefois  •  patoître   mo- 
deste, jamais  la  vdnité.  — L'aii- 
màin?  est  la  dette  de  l'homme 
f  eilsiUé.'-^ïlespe'^tes  la  confiante; 
iSetités  point  sur  rolseaU  qui  esè 
h  terre — Voulez-vous  êtrt  juste  ? 
4^ommencez  par  vous  oul>1iér,  et 
2f  uaplissez^vQus  des  intérêts  d'au*^ 


$<1È  G 

frà!.  'i— Le  prfiivrè  est  rhoimnii 
réduit  h  sa  Valeur ,  dépouSlè  dir' 
tout  ce  qui  le  déguise.  -^La  bien-' 
faisbnce    manque  presque  ton- 
jours  d'adressé  ,  et  la:  reconnois.» 
sance  de"  sincérité.  —  Imaginer 
un  bonheur  pur,  c'est  vouloir 
un  ciel  sans  nuages.  — -L'ivresse 
ne  produit  pas  les  défauts ,  elle 
les  décèle  ;  la  fortithe  ne  change 
point  les  mœurs ,  elle  lesdécou  vre. 
-^La  religion  est  le  premier  frein 
dé  l'homme  ;  la  sagesse  n'est  que 
le  second.  —Les  larmes  de  l'in- 
nocence opprimée  sont  les  va- 
peurs qui  forment  la  foudre. — Il 
n'y  a  point  d'étincelles  à  négli-» 
ger.  — ^Défends-toi  de  goûter  des 
pkistrs  qui  coûtent  des  larmes  à 
ton   frère.  — Honores"  ton  pèrâ 
dans  un  vieillard,    et   dans  un 
enfant  aimes  ton  fils.  —Ne  de-' 
mandes  qu'une  fois  pour  toi,  mais 
rie  rougis  pas  de  demander  avec 
importunité  pour  les  autres. 

SÉE-MA-TSIEN ,  Chinois, 
rassembla  y  vers  l'an  176  avant 
J.  C,  les  mémoires  relatifs  à 
l'histoire  de  la  Chine  :  ces  mé- 
moires étoient  en  petit  nombre 
tjepuis  que  l'Empereur  Chi-Oang" 
Ti  avoit  ordoimé  de  détruire  tous 
les  m  on  u  mens  historiques.  L'ou- 
vrage du  savant  Chinois  se  nomme 
Seki, 

SEGOING,  (Charles)  avocat 
de  Paris ,  fit  imprimer  dans  cette 
■  tille,  en  i^^  ^4e  {Trésor  héral-- 
dique  ^  ou  Mèraire  armoriai, 
Boileau  ne  l'a  pas  oublié  dans  sa 
sutire  sur.la.  noblesse* 

Quand  l'orgueil  ,  d*âB  fevz  titre  1^' 
payant  ta  (blble<s«  , 
'  Mattrisa  Ut  hUmaint  tent  «le  tom  ds 
nùBUiii  9 
Ott  fit  paraître  en  fi»èle  fet  Mârqmi 

tt   'BÊifÙHi* 

Chacun  pour  s ts  Venu- fi^c^ffint  pni 
^e  des  ftomst 


SEC 

4lluf{t&e  naiat  «iprit  fécoad  en  fi- 

vertes  I 
Inrcnta  le  blasoa  arec  les  aroioiries  f 
De  st$  termes  obscurs  fit  «n  langage 

à  psrt  I 
Composa  tous  cet  mou  de  eimitr  et 

&*écart  0 
De  ftU,  de  eoHtrt'pjtl,  de  Umbtlet 

de  feue  9 
Xt  :9ct  c«  fue  SegQhg  dans  son  Afcr- 

r«r«  entasse. 

«  Le  blason ,  dit  Voltaire ,  étoit 
à  la  vérité  une  science  fort  pro- 
fonde ;  mais  elle  n*est .  plus  à  la 
mode  depuis  qu'on  a  perdu  Tha- 
bitude  dé  faire  peindre  ses  ar-» 
ttioiries  aux  portières  de  son 
carrosse.  C'étoit  la  chose  la  plus 
inutile  dans  un  Etat  bien  policé. 
D'ailleurs,  cette  étude  seroît  une 
étude  immense,  parce  qu'il  ny 
•  point  aujourd'hui  de  barbier 
^ui  n'ait  ses  armoiries.  » 

*  SEGRAIS,  (Jean  Regnnnlt 
de)  né  à  Caen  l'an  1614, d'une 
ikmille  noble,  fut  d'abord  destiné 
à  l'état  ecclésiastique.  Il  n'avoit 
que  20  ans ,  lorsque  le  comte  ée 
Fiesqae ,  éloigné  de  la  cmir,  se 
retira  dans  cette  ville.  Ce  courti- 
•an ,  charmé  de  son  esprit ,  l'em- 
mena à  Paris,  et  le  plaça  chez 
IPl*  de  Montpensier  ,  qui  lui 
donna  le  titre  de  son  aumônier 
Ordinaire,  avec  la  chantrerie  de  la 
collégiale  de  IMortain ,  et  depuis  , 
)a  qualité  de  son  gentilhomme 
ordinaire.  Serrais  n'ayant  pas  ap- 
prouvé son  mariage  avec  Lauzun , 
fnt  obligé  de  quitter  cette  prin- 
cesse. Il  se  retira  alors  chez 
ÎWad.  de  la  Fayette,  qui  liii  donna 
tm  appartement.  Cette  nouvelle 
retraite  lui  fit  prentîre  quelque 
J^art  h  la  composition  de  Zaïde  , 
itn  des  romans  les  plus  ingénieux 
que  nons  ayons.  Enfin,  lassé  du 
l^fatnù  monde,  il  se  retira  dans  sa 
patrie  I  où  il  épousa  eni^yS  une 


SE  G        439 

riche  héritière  ,  Cl.  Acher  dtk 
MesnilvLtté  sa  cousine.  On  lui 
proposa  en  vain  l'éducation  dti 
duc  du  Maine  }  il  la  refusa  sous 
prétexte  qu'il  étoit  sourd.  L'expê^ 
rience  ,  ajouta>t— il  ,  m'a  appris 
qu'il  faut  à  La  cour  de  bons  yeua 
et  de  bonnes  oreilles.  L'académie 
de  Caen  étant  dispersée  par  la 
mort  de  Matignon  son  proteo-* 
teur ,  Segrais  en  recueillit  le» 
membres ,  et  leur  donna  un  ap** 
partemont.  Sa  conversation  avoit 
mille  agréniens,  et  la  vivacité 
de  sou  esprit  lui  fournissoit  ton- 
jours  quelque  chose  de  nouveau* 
Son  long  séjour  a  la  cour  avoit 
enrichi  sa  mémoire  de  plusieurs 
anecdotes  intéressantes.  Sa  sur- 
dité n'empêcha  pas  qu'il  ne  fuf 
recherché;  et  l'on  se  faisoit  un 
plaisir  singulier  -l'écouter  celui 
qui  ne  pouvoit  pas  entendre  les 
antres.  Il  mourut  le  25  mars  1701^ 
9ljS  ans,  après  avoir  fait  son  tes- 
taiçent,  où  sont  empreints  1er 
senti  mens  de  religion  dont  il  étoit 
pénétré.  Quelque  temps  avant  sa 
mort,  il  avoit  mis  an  bas  àvi 
cadran  solaire  de  sa  maison  d« 
campagne,  unv^s  italien,  imité 
du  Taue^  dont  le  sens  étoit  r 
Tout  le  temps  quo»  nempioie 
pas  à  aimer  Dieu  ^  est  perdu» 
Quoiqu'il  fût  de  l'académie  Fran- 
çoise, et  qu'il jeût  passé  une  partie 
de  sa  vie  à  la  cour ,  il  ne  put  jamai» 
perdre  l'accent  normand*  Cei« 
donna  lieu  à  M^^"  de  Montpensier 
de  dire  à  an  gentilhomme  qui  alloiC 
faire  avec  lui  le  voyage  de  Nor-< 
mandie  :  Vous  avez  là  un  fort 
bon  guide,  il  sait  parfaitement 
la  langue  du  pays,,.,  Segrais  est 
principalement  connu  comme 
poète  François.  Il  s'est  rendu 
célèbre  par  ses  Eglogues ,.  Ams- 
terdam, lyîS  j  in— 12,  dans  les- 
quelles il  a  tâché  de  conserver 
la  naïveté  propre  à  ce  genfft  àm 

Ee  4 


^o       s  È  G 

poésie  9  sans  avoir  rien  de  U 
bassesse  oii  sont  tombés  quel- 
ques-uns de  nos  poètes.  H  a  pris 
Us  anciens  pour   modèle  ;  il  a 
même  évité  quelques-uns  de  leurs 
défauts.  Cependant ,  aujourd'hui, 
îl  n'a  point  ou  presque  point  de 
lecteurs.  Quelle  est  Ja  raison  de 
cette  indifférence  ?  c'est  ,    dit 
M.   de  la  Dixmerie  ,    qu'il  lui 
manque  l'art  d'intéresser  «   c'est 
que  le  genre  pastoral  a  perdu 
pour   nous   une   partie  de  son 
intérêt.   On  peut  ajouter  qu'il 
parle  trop   daniour    dans    se* 
Eglogues  \  et  qu'il  n*en   a  pas 
assez  varié  le  ton  et  les  imageç. 
La  réputation  de  sa  TraducUon 
des  G^argiques  et .  de  celle  '  da 
y  Enéide    de    Virgile  «    en    vers 
françoiS)  l'une  et  l'autre  in-8^> 
s'est  encore  moins  soutenue  que 
celle  de  ses  Eglogues,  Celle--ci 
parut  en  i68i*  H  y  a  quelques 
morceaux  bien  rendus  ;  mais  les 
nutenrs  du  Morérï  ont  tort  de 
dire  qu'elle  est  telle  que  VirgiU 
nous  Tauroit  donnée  Ini-même 
a*il  étoit  né  Françoisii  I^e  tra- 
ducteur est  fort  loin  de  son  ori- 
ginal. Sa  versification  est  inégale , 
lâche  9  traînante.  On  lui  a  re- 
proché d'ailleurs   beaucoup    de 
çontrersens  ;  mais  le  plus  fâcheux 
de  tous^   dit  à*Alembert^  c'est 
qu'il  est  par-to^t  fort  au-dessous 
de  son  modèle.  La  Traduction 
des  Géorgiques  ,  qui  parut  en 
X  7 1 2  9  in-8^  9  ne  vai\t  pas  ipieux. 
Elle  a  été  éclipsée  par  celle  de 
M.  l'abbé  Demie,  de  l'académie 
IFrançoise.  On  a  encore  de  Se^ 
^ais  éea   Poésies  diverses  ^^  o,ù 
il  y  a  du  naturel ,  mais  peu  de 
grâces  et  peu  de  correction  ;  ^t 
aon  Poème  pastoral  à'Atis ,  en 
cinq   chants ,  dans  lequel  il  a 
atteint  quelquefois  la  simplicité 
noble  des  Pastorales  des  anciens, 
ge^  ouvrages  eu  prose  sont  :  I.  Les. 


SE  G 

NouwOes/ranfoises, ¥wrhy  ijvi^ 
in- 12 ,  en  2  vol.  C'est  nn  recueil 
de  quelques  historiettes  racontées 
à  la  cour  de  MU*  de  Montpensier, 
Elles  ont  quelque  intérêt,  noa 

Far  elles— mêmes,  mais  parce  qne 
auteur  y  peint  sona  des  noms 
supposés  quelques  femmes  de  son 
temps.  On  a  recueilli  une  partie 
de  ces  portrait^,  la  plupart  trop 
flattés ,  dans  la  Bibliothèque  des 
iloj^nf ,  septembre  177 S.  II.  Se-* 
graisiana,  OU  Mélanges  d^His-^ 
toire  et  de  ItHtérature ,  in-S°j 
1722 ,  à  Paris  9  sous  le  titre  de  la 
Haye*»  et  à  Amsterdanx,  1723, 
in-i2  :  cette  dernière  édition  est 
beaucoup  plus  belle.  Parmi  qnel^ 
ques  faits  singuliers  et  curieni, 
on  en  trouve  un  grand  nombre 
de  minutieux  et  quelques-uns  de 
hasardés.  III.  Il  a  eu  part  à  la 
Princesse  de  Clèves  et  à  ^  Prior' 
ççsse  de  Monlpensier. 

*  IV.  SEGUIER,  (Jeaa^ 
François)  né  à  Nîmes  en  170S9 
d'une  bonne  famille,  s'appliqua 
d'abord  à  la  jurisprudence.  Mais 
en  admirant  le  jardin  des  plantes 
rares  de  son  compatriote  Pierre 
i^aux  A  il  prit  goiit  pour  la  bots-* 
nique  ,  et  réussit  dans  cette 
science.  L'abbé  Bignon,  biblio* 
thécaire  du  roi  de  France,  le 
chargea  de  m^tre  en  ordre  les 
précieuses  collections  de  bota^- 
^ique  de  cette  magnifique  bi-^ 
blipthèque.  C'est  en  exécutant 
cette  commission,  qu'il  travaills 
à  l'ouvrage  qui  a  pour  titre  : 
Bibliptheca  botanica,  la  Haye, 
1740,  in-40  ;  Leyde  ,1760,  in-4", 
par  les  soins  de  Lavrent^Théo^ 
.4ore  Gronovius  qui  y  a  ajouté 
un  Supplément.  Cet  ouvrage  con- 
tient nn  cataloguée  des  auteurs  et 
des  ouvrages  qui  traitent  de  la  h(h 
tanique.  fes  voyages  qu'il  fit  avea 
le  marquis  Sci^ion  ifjçfffei»^  ^ 


SEC 

France  y  en  Angleterre ,  en  Ho1-« 
lande  ,  en  Allemagne ,  et  snr-tont 
en  Italie,  le  firent  connoitre  avan- 
tageusement des  gensde  lettres ,  et 
augmentèrent  ses  connoissances 
dans  la  botanique.  Le  chanap  fer- 
tile  du  Véronèse  fixa  long-temp» 
ses  recherches ,  et  lui  fit  publier  : 
Plantœ  Veronenses ,  deux  vol.  ^ 
iVérone,  1747,  in-8.°  Il  donna 
un  3*  volume  ibidem,  en  1754  , 
in— 8.0    Seguier  étoit  aussi  bon 
antiquaire  que  grand  botaniste; 
son  goût  pour  les  médailles  naj 
quit  dès  Tâge  de  dix  ans  ^  ou  il 
en  gagna  une  au  jeu  à  l'on  de 
ses    camarades.  Quelque   temps 
après ,  ayant  appris  que  des  ou- 
vriers en  avoient  retiré  d'un  puits 
qu'ils  creusoient,  il  y  descendit, 
et  s'efForça  en  vain  de  remonter. 
Il  y  resta  un  jour  et  une  nuit  9  et 
y  auroit  péri  d'inanition  si  le  ha*- 
sard  neût  conduit  quelqu'un  à 
son  secours.  N'ayant  pu  dans  sa 
jeunesse  acquérir  un  cabinet  de 
médailles ,  dont  la  valeur  surpas- 
soit  ce  qu'on  lui  donnoit  pour  ses 
plaisirs,  il  en  tomba  dangereu- 
sement malade.  On  sait  que  c'est 
à  lui  que  l'on  doit  l'explication  de 
l'inscription  de  la  maison  carrée 
de  Nîme^  ,  qu'il  devina  par  le 
moyen  des  trous  formés  par  les 
crampons  qui  tenoient  les  lettres. 
Associé  de  l'académie  des  Inscrip- 
tions ,  celle  de  Nîmes  le  nommA 
son  protecteur ,  et  il  lui  légua  ses 
livres ,  ses  objets  d'antiquités  et 
ses  manuscrits.  Il  mourut  dans 
cette  ville  le  i"  septembre  1684. 
Outre  les  ouvrages  que  nous  avons 
cités ,  on  lui  doit  encore  la  tra- 
duction des  Mémoires  de  Ma/fei, 
d  vol.  in-i9. 

V.  SEGUIER,  (Antoine- 
Xouis)  de  l'académie  Françoise, 
et  avocat  général  au  parlement 
4f  Pari$9  descendant  du  chan-* 


Sel        44i£^ 

télièr  de  son  nom ,  eut  de  l'élo^ 
qnence  et  en  fit  preuve  dans  di- 
vers réquisitoires  imprimés.  Celui 
da  18  août  1770  est  remar- 
quable en  ce  qu'il  annonça  ^ 
près  de  vingt  ans  auparavant, 
le^  causes  et  les  désastres  d'une 
prochaine  révolution.  Sa  con- 
versation ne  répondoit  pas  à  la 
réputation  qu'il  s' étoit  acquise 
au  barreaut  Après  avoir  quitté  la 
France,  au  moment  des  orages 
révolutionnaires ,  il  est  mort 
subitement  à  Tournai ,  le  2$ 
janvier  1792. 

SEGUINEAU,  (N*)  né  à 
Paris ,  y  est  mort  en  1722  ,  âgé 
de  45  ans.  U  est  auteur  de  la  tra- 
gédie d'Egisthe ,  représentée  en 
1722  ,  et  de  l'opéra  de  Pirithoûs 
dont  Mouret  fit  la  musique;  cet 
opéra  fut  joué  en  1723 ,  et  repris 
en  1734. 

II.  SELEUCUS II ,  surnommé 
CalUaique  ,  monta  sur  le  trône 
de  Syrie  après  la  mort  à^Aalio- 
chus  IL  Ce  prince  fit  une  guerre 
malheureuse  au  roi  d'Egypte  ;  sa 
flotte  fit  naufrage  et  ses  armées 
furent  battues.  Lui-même  fut  fait 
prisonnier  par  Arsacc  ,  et  mou- 
rut quelque  temps  après  d'jine 
chute  de  cheval ,  226  ans  avant 
Jésus— Christ  :  il  en  avoit  régné 
vingt— deux.  Son  fils  Seleucus  III 
Jui  succéda*  Celui-ci  fut  sur- 
nommé Cataunus ,  à  cause  de  sa 
timidité.  U  ne  régna  que  trois  ans, 
et  fut  tué  par  ses  soldats. 

IV.  SELEUCUS  VI,  fils 
d*Antiochus  Gryphus  ,  fut  chassé 
du  trône  et  se  réfugia  en  Cili- 
cie ,  ou  le  peuple  le  brûla  dans 
le  palais  qu'il  avoit  choisi  pout 
asile. 

SE  LIN  COUR,  (Jacques 
Epée  de)  publia  en  1783 ,  chez 
i7^  Guiaet  k  Paris  9  u&  traité  de 


44»     S  E  t: 

^  «basse  ,  intitulé  :  le  Parfait  Cka»* 

seur ,  avec  la  manière  de  rendre 

les  pigeonniers ,  les  gtwennes ,  les 

basses -»  cours  et  les  étamgs  pro^ 

^tables,  in- II. 

SELIS,  (Nicolas -Joseph) 

1)rofesseQr  de  belles  —  lettres  k 
'école  centrale  dit  Panthéon  et 
membre  de  Tlnstitnt  national  , 
naquit  à  Paris  le  27  avril  1737. 
La  ville  d'Amiens  fut  le  premier 
théâtre  oii  ses  talens  se  déreloj^ 

i>èrent  ;  il  y  publia  une  épître  sur 
es  PédoMs  de  société ,  pleine  de 
détails  agréables^  et  qui  le  tira 
dès-lors  de  la  classe  des  poètes 
vulgaires.  Appelé  à  Paris  par  Fa- 
nitié  de  M.  Fabbé  DeUUe  ,  il  y 
fut  fixé  par  une  place  utile ,  par 
Taccueil  des  littérateurs  dis  tin- 

Ces ,  et  le  succès  de  ses  ouvrages. 
s  principaux  sont  :  I.  Traduc^ 
lion  des  Satires  de  Perse ,  1776 , 
in-g**  ;  c>st  la  meilleure  que  nous 
lïyons  de  ce  poète.  M.  de  la  Harpe 
lui  a  donné  de  justes  éloges.  ^  Ce 
n'est  pas  ,  dit-il  «  que  le  traduc-- 
teur  soit  parvenu  à  faire  des  sa- 
tires de  cet  obscur  et  pénible 
écrivain ,  un  livre  amusant  ou 
attachant  ;  on  ne  peut  venir  à 
bout  que  de  faire  entendre  à  pen 
près  ce  qu'il  a  voulu  dire.  Les 
rîotes  et  la  Préface  de  M.  Selis 
èont  pleines  de  raison  et  d'ins- 
truction. »  II.  Relation  de  la  ma- 
ladie, de  la  confession  et  de  la 
mort  de  3î.  de  Voltaire ,  petite 
brochure  pleine  de  sel  et  de  fi- 
nesse 9  qui  eut  trois  éditions  dans 
)a  même  année.  III.  Epitres  en 
vers,  sur  divers  sujets  ,  1776  .: 
elles  on^de  la  Facilité  y  et  offrent 
«ne  douce  philosophie.  IV.  I>w- 
serttLtion  scir  Perse ,  1778.  V.  Pe- 
i/'te  Guerre  entre  le  Monnier  et 
SeUx  ,  1778  :  c'est  un  modèle 
d'honnêteté  en  fait  de  critique , 
^  des  égards  que  se  doivent  inn^ 


SEC 

tneTîeraent  ^  dans  leurs  comkls/ 
les  gens  de  lettres.^Vl.  Lettre  i 
"NL,  de  la  Harpe  sur  le  colléga 
de  France  ,1779.  ^^^*  LettriSwn 
père  de  famille  sur  les  petits  spec- 
tacles ,  1789.  VIII.   Autre  d'ira 
grand  Vicaire  à  un  Evêque,  sur 
les  Curés  de  campagne ,   1790. 
IX.  Lettres  éorites  de  la  "Trappe  : 
on  y  trouve  un  style  pur  et  d» 
l'intérêt  dans  la  narration.  X.D^< 
cours  sur  les  écoles   centrales, 
1797.  XI.  Diverses  Dissertations 
littéraires  et  grammaticales ,  io^ 
sérées  dans  les  Mémoires  de  l'Ins- 
titut. Ces  divers  écrits  en  gêné-» 
rai ,  jouissent  d'une  réputation 
méritée  ;    <  mais  ce  qui  valoit 
mieux  encore  ,   a  dit  M.  GaU 
confrère  de  Selis ,  c'étoit  Varna 
droite  ,  bienfaisante  et  pure  ds 
cet  écrivain  :  aussi  a-t-il  em- 
porté les  regrets  d'une  compagna 
aimable  et  vertueuse  ,  A^%  pan-^ 
vrès  dont  il  soulageoit  la  misère , 
de  SQS  nombreux  auditeurs  qui 
trouvoient  en  lui  un  guide  éclairé 
et  sûr ,  des  gens  de  lettres  qni 
rendirent  justice  à  son  talent ,  à 
son  goût  exquis,  à  sa  franchise 
et  à  sa  bonté.  »   SeUs  est  mort 
le  19  février  1802  «  après  six  moii 
de  mélancolie  :  il  avolt  épousé 
la  nièce  de  Gresset, 

SELKÏRK,  (Alexandre)  né 
à  Largo  en  Ecosse  ,  vers  Tsa 
1680  9  se  fit  matelot ,  et  parvîtit 
par  ses  connoissances  mathém^ 
tiques ,  au  grade  de  maître  de 
navire.  Il  en  remptissoit  l'emploi 
en  1705  )  sur  le  vaisseau  com- 
mandé  par  le  capitaine  Pradling  » 
qui ,  ayant  pris  querelle  avec  Ini, 
le  fit  déposer  dans  Fisle  déserta 
de  Juan-Femandez ,  en  lui  lais- 
sant ses  hardes ,  son  fusU ,  de  )9 
jjoudre  et  quelques  ustensiles d» 
ménage.  L'isle  étoit  fertile ,  peu- 
plée de  chdvres  ;  les  bords  de& 


...J 


SEL 

IftT  y  étoient  poiSonnenx.  Sél^ 
kirk  s'y  forma  itne  habitation  ou 
il  fte  fut  point  trop  raalheui  eux. 
En  1709,  le  capitaine  Vood^ 
Bogers  ayant  abordé  dans  l'isle  , 
]e  ramena  en  Angleterre.  C'est 
d'après  cet  (événement  de  la  vie 
de  Selkirk  qu'on  a  fait  le  roman 
de  Rohinson-^Crusoé, 

SELLE,  (Ch...  Théop.)  mé- 
decin renommé  ^  directeur  du 
collège  de  Berlin  ^  naquit  en 
1748  à  Stettin  en  Poméranie,  et 
est  mort  à  Berlin  le  9  novembte 
iSoo.  Nommé  médecin  de  Frtî- 
ieric  roi  de  Prusse ,  il  a  publié 
tes  détails  dé  la  rlërnicre  maladie 
de  ce  monarque.  Profond  phy- 
siologiste ,  savant  praticien  ,  on 
lui  doit  plusieurs  écrits  estimés , 
et  sur— tout  des  Eiémens  de  Py-^ 
fétologie ,  ou  de  la  connoissance 
d«s  fièvres.  Ils  ont  été  traduits 
deux  fois  dans  notre  langue  ;  la 
première  fois  par  M.  Montblanc , 
ta  seconde  par  M.  Clanet. 

IL  SEN AULT  ,  (  Louis  )  cal- 
ligraphe  renommé  pour  la  beauté 
de  sa  plume,  et  dont  toutes  les 
pièces  «ont  recherchées  ,  dédia  à 
Colhert  des  Modèles  d'écriture 
supérieurement  exécutés  au  bu- 
îin  et  à  la  plume.  U  est  mort  à 
la  lin  du  17»  siècle* 

;  SÉNEBIER  ,  (  Pierre  )  né  à 
Arles  en  171 5  ,  s'appliqua  à  l'a- 
rithmétique et  aux  calculs  rela- 
tifs au  commerce.  Il  a  publié  : 
I.  Traité  des  changes  et  arbi- 
trages ,  1755  ,  in-.4.^  IL  Traité 
d'Arithmétique  ,  1771  ,  in  — 4.*^ 
III.  Art  de  tenir  les  livres  en  par- 
ties doubles ,  irx-4.''  Sénebier  est 
niort  en  1778. 

SENKENBERG,  (Henri- 
Chrétien  ,  baron»  de)  naquit  à 
«Vanékfort^sur-le-M'ein  le  19  oc- 
tobre 17043  professa  lOng-tem^- 


SEN 


44r 


le  droit  dans  l'université  de  Got- 
tingue  ,  et  fut  chargé  par  l'em- 
pereur  "François  /<""  de  plusieurs 
missions  honorables.  Il  fut  dé- 
puté par  lui  en  1764  ,  à  Franck- 
fort  «  pour  assister  au  couron<«» 
nement  de  Joseph  II.  U  a  pu- 
blié plusieurs  écrits  ,  parmi  les- 
quels on  distingue  :  I.  Voyage 
en  Alsace  ,  in— 8.**  IL  Une  Dm— 
sertation  latine  sur  l'établisse-» 
ment  des  Monts-de-piété.  III. Une 
Méthode  de  jurisprudence.  IV .Un 
Traité  des  droits  féodaux  en  Al- 
lemagne. V.  Une  Introduction  à 
l'étude  du  droit.  VL  Un  TrnUé 
sur  les  restitution  en  entier.  Tous 
ces  ouvrages  sont  en  latin.  Sen-^ 
kenberg  est  mort  le  3i  mai  1768. 

SENXrUS,  (Caïus)  parvint 
BU  consulat  sous  le  règne  ù'Au-' 
guste ,  l'an  de  Roine  755.  Il  est 
connu  par  la  loi  jElia  Sentia  » 
qu'il  fit  adopter.  Cette  loi  inter- 
disoit  le  comrïïerce  ,  le  mariage' 
et  le  droit  de  tester  aux  affran- 
chis qui ,  pendant  leur  esclavage 
avoient  été  marqués  au  front  pour 
avoir  fui ,  ou  mis  aux  fers  pour 
quelque  délit.  D'après  l'une  d#. 
ses  dispositions  ,  un  esclave  ne 
pouvoit  être  mis  en  liberté  avant 
l'âge  de  trente  ans  ^  et  un  maître 
ne  pouvoit  la  Fut  donner  ,  avant 
qu'il  eh  eût  lui-même  vingt ,  à 
moins  qu'il  n'y  eut  une  1*815011 
valable  et  prouvée  devant  le* 
magistrats.  Elle  vouloit  qu'un  pa- 
tron qui  négligeoit  de  nourrir  son 
affranchi  tombé  dans  l'indigence  ^ 
ffit  déchu  des  droits  qu'il  s'étoit 
réservais  sur  sa  personne  ou  son 
héritage.  «  En  frappant  les  maî- 
tres barbares  ,  elle  punissoit  aussi 
les  affranchis  ingrats  ,  et  les  con- 
damnoit  aux  carrières. 'Cette  loi , 
très  —  respectée  pendant  long— 
temp's ,  fut  abrogée  par  JusU^ 
pUn,  )> 


444       SEP 

SEPHER,  (Plsrr«-Jacqnet( 
docteur  de  Sorbonne  ,  né  à  Pa- 
ris ,  et  mort  dans  cette  yilla  1« 
tx  octobre  1781  ,  fi  traduit  du 
latin  et  de  l'allemand  plusieurs 
ouvrages ,  tels  que  la  VU  de  Si* 
Charles  Borromée  par  Godeau , 
1747^  2  vol.  in— 12;  Histoire 
des  anciennes  révolutions  du 
l^lobe  terrestre  par  SeUias,  1751 , 
in- 12  ;  Histoire  du  prince  d'O- 
range par  Amelol  de  la  Houssaie, 
1754  ,  2  vol.  in-  12  ;  Histoires 
édifiâmes  par  Duché  ,  •  x  7  S  (  ) 
in  -  1 2  ;  et  les  Mémoires  sur  la 
vie  de  Fibrac  ,  avec  ses  Lettres 
et  ses  Quatrains,  par  Lépine  de 
CrainvUle ,  1758,  in-i2.  Ces 
diverses  traductions  sont  accom- 
pagnées ()e  notes  et  de  remarques 
du  traducteur.  Il  a  publié  lui- 
même  le  Joli  Becueil ,  deux  vol. 
in- 1 2  ;  les  trois  Imposteurs  ou 
les  fausses  Conspirations ,  in- 11  ; 
et  il  a  travaillé  à  l'Europe  Ecclé^ 
sias  tique, 

SEPTCHÊNES,  (le  Clerc  de) 
auteur  d'un  Essai  curieux  sur  lu 
Beligion  des  anciens  Grecs  ,  Ge- 
nève 9  1787  ,  in-  8*  ,  ne  survé- 
cut pas  beaucoup  à  son  ouvrage. 
Il  mourut  le  21  mai  1780.  On 
a  encore  de  lui  la  traduction  des 
trois  premiers  volumes  de  THw- 
ioire  de  la  décadence  de  l* Empire 
Bomain  par  Gibbon  ',  ,in  — 8.* 
1776. 

SERAUCOURT  ,  (  Claude  ) 

Lyonnois  9   acquit  de  la   répn— 

'tation  par  ses  gravures.   Il  est 

mort  au  comitiencement  du  siècle 

passé. 

SEHEY ,  (N**  de  )  est  auteur 
cVun  Poëme  sur  la  Musique  et  la 
Chasse  ,  dont  la  seconde  partie 
est  une  version  libre  des  Cervinœ 
venationis  leges,  de  Sas^ary^  L'ou- 

yragd  ect  rempli  de  figuras  «t«<le 


s  E  R 

gravortt  des  tant  et  fanfareipro^ 
prêt  aux  chasseurs.  Il  est  inti- 
tulé :  Les  Dons  de  Latone ,  Paria, 
FrauU,  1734,  in-8.* 

5ERINI,  ( Nicolas ,  coffltt 
de  )  d'une  famille  hongroise,  fé- 
conde en  guerriers ,  s'est  rendu 
célèbre  par  la  belle  défense  d« 
Sigeth   assiégée  par  l'armée  de 
Soliman  II,  Après  une  longue 
résistance ,  se  voyant  dépourw 
de  munitions  de  bouche ,  il  Ht 
une  sortie  avec  sa  garnison  y  qui 
ne    consistoit  plus   qu'en  deox 
cent  dix-sept  hommes  ,  et  coin<« 
battit  courageusement  jusqu'à  ci 
qu'il  restât  sur  la  place  avec  lei 
siens ,  le  7  septembre  i  ^66 ,  trois 
jmirs  avant  la  mort  de  Soliman , 
qui  mourut  dans  son  camp  uns 
avoir  la  satisfaction  de  voir  u 
conquête.  — Pierre  Sjsaiifi,  nn 
de  ses  descendons  ,  entra  dans 
une  conspiration  contre  l'empe- 
reur Léopold  ,  et   fut  décapité 
dans  la  ville  de^eustadt  en  Aiir 
triche ,  le  3o  avril  1671.  Voyci 
N  AD  ASTI  (François). 

*  SERMENT ,  (  Louise-Anai- 
tasie  )  de  Grenoble  en  Dauphiné) 
de  l'académie  des  Ricovrati  de 
Padoue  ,  surnommée  la  Philo' 
sophe  ,  mourut  à  Paris  vers  l'an 
1692,  âg^e  de  5o  ans.  Elle  s'é- 
toit  rendue  célèbre  par  son  sa- 
voir et  par  son  goût  pour  les 
belles-lettres.  Plusieurs  beaux  es- 
prits 9  Pavillon  ,  ComeilU ,  et 
sur-tout  QtiinauU  qui  lai  aroit 
inspiré  un  attachement  fort  ten- 
dre ,  la  consnltoient  sur  leurs  cm- 
yrages.  Elle  a  fait  aussi  qoelqiies 
Poésies  françoises  et  latines ,  cpi 
ont  été  insérées ,  pour  la  plupart, 
dans  le  Becueil  de  pièces  aca- 
démiques ,  publié  par  Guy9f»^ 
de  Veriron  ,  sous  le  titre  de  la 
Noui^elle  Pandore,  Paris,  16.9^^» 
a  vol.  in- 12.  Elles  mançoent  di 


J 


SER 


«jlulenr  et  de  force  ;  mais  il  y  A 
da  sentiment  et  de  la  philoso-* 
phie.  On  peut  en  jujrer  par  ces 
vers  faits  dam  set  derniers  mo— 
mens  ^  et  pendant  qu'elle  suppor- 
toit  avec  patience  les  douleurs 
affreuses  d'un  cancer. 

Btentdc  Im  lumière  des  cUnx 
Ke  parottrt  ploi  I  mM  ytttx  | 
Bieatôt  ,  quitte  «avtrs  U  nature 
J'irai  «  dans  une  ouït  obscure , 
Me  livrer  pour  jamais  aux  douceurs  du 

sonu^eil. 
le  ae    me    verrai   plut  »  par  eu   triste 

lireil. 
Exposé  il  sentir  les  rournetii  de  la  vit. 
Mortels    ^ut    comracacea  ici  bas  votre 
cours  , 
Je  «0  vous  portf  polet  d'tnvic  ; 
Votre  sort    ne   vaut  pas  le  dernier  de 

mes  jours* 
Vieas  y  fiivoraUe  oort ,  viens  briser  des 
liens 
Qui  malgré  leoî  n'aciaebeat  à  U  vie. 

Frappes  »  secoodes  moa  envie  : 
Ke  point  sou£rir  est  le  plus  f  rand  des 
biens. 
Dans    ce   lon^    avenir    fentre   l'esprit 

tranquille  : 
9eurf[ttoi  ce   dernier  pas  est-U  tant  re« 

douté  ? 
pu  M^re  des  humains  Féternelle  borné  t 
Des  malheureux  mortels  est  le  plus  lûr 
,asU«. 

SERODINI,  (Jeaii)  babila 
peintre,  sculpteur  et  architecte, 
mort  k  Home- vers  t633  ,  étoit 
tké  k  Ascorna  dans  la  bailliage 
de  Lueamo. 

SEaPILÏUS,  (George) 

Hongrois  ,  hé  en  i66*8,  devint 
•armtenaant  de  l'église  proies-^ 
tante  de  Hatisbone  ,  et  mourut 
•ans  cette  ville  vers  17 to.  On 
lui  doit  :  I.  Les  Fi^s  de  Moyse, 
Samuel ,  É'sdi'ai  ;  'l^éhémit ,  Es-r 
Aer ,  Job ,  etc.  lï.  Le  Catalogué 
da  la  Bibliothèq;ue  de  Aatisbone , 


S  £  R        44f 

tftpbia  theohgorum  Suevorum  , 
1707  ,  in-8.*>  IV.  Beaucoup  de 
Pièces  en  vers  latins  et  aile-» 
ftiands.  L'auteur  ne  manque  point 
de  goût  et  encore  moins  de  sa<» 
voir. 

SEBiRANO,  (Joseph- Franco) 
Juif,  professeur  d'hél)reu  dans 
la  synagogue  d'Amsterdam ,  a 
publié  en  espagnol  une  traduc-* 
tion  des  Livres  de  Moyse ,  avec 
des  notes ,  1695  ,  in-4.''  L'auteur 
a  souvent  altéré  le  texte  et  les 
citations  des  écrivains  dont  il 
fiùt  mention. 

SERRAO,  (FrançoU)  pre- 
mier médecin  du  roi  de  Naples,né 
dans  un  village  de  la  Campanie 
eh  1702  ,  mort  à  81  ans,  publia 
un  petit  Traité  italien  sur  le  pré-^ 
tendu,  danger  de  la  morsure  de 
là  Tarentule.  Il  le  réduit  à  dei 
crampes  légères  ,  et  à  quelques 
taches  érysipélateuses. 

IL  SERRE,  (Louis  de)  mé^ 
decin  du  17*  siècle  ,  a  traduit  la 
Pharmacopée  de  Renou  ,  a  fait 
des  Notes  sur  Avéga,  et  a  pubiii 
un  'Traité  sur  la  Stérilité  des 
Femmes* 

.  *  IV.  SERRE,  (Jean-* An- 
toine la  )  chanoine  de  Nuits  ^ 
ci-devant  prêtre  de  l'Oratoire ,  de 
plusieurs  académies  de  province , 
né  à  Paris  en  1731  ^  mort  à  Ljon 
le  2  mars  1781 ,  entra  jeune  dans 
la  congrégation  de  l'Oratoire ,  et 
y  professa  la  rhétorique  avee 
éclat.  Après  avoir  remporté  dea 
prix  de  poésie  par  ses  Odes  sur 
les  portes  lyriques,  la  prise  de 
Mahon,  les  grands  hommes  de 
Dijon  ;  des  prix  d'éloquence ,  par 
ses  Eloges  de  Gassendi  et  de 
Corneîtie ,  par  ses  Discours  sur  ' 
lés  exercices  et  les  jeux  publicl 
chez  les  difFérens  peuples  ,  ^ 
'l'oai^ttpft  4*oarraf  ef  |^ai  étè^Viim 


44^ 


S  £  R 


Ce  sont  :  1.  Une  Poétique  éîê^ 
menlaire ,  in— 12,  utile  aux  jeunes 
^ens ,  auxquels  l'auteur  l'a  des- 
tinée ,  et  qui  a  été  long-temps 
classique  dans  plusieurs  collèges. 
IT.  1j* Eloquence  ,  poème  ,  in-8®  : 
c'est  son  meilleur  ouvrage.  Des 
tirades  bien  versifiées  9  des  pré>- 
eeptes  rendus  d'une  manière 
agréable ,  quelques  portraits  d'o« 
jrateurs  peints  avec  vérité ,  et  des 
notes  utiles  ,  l'ont  fait  lire  avec 
plaisir  ,  malgré  quelques  mor- 
ceaux foibles  et  négligés.  La  Serre 
^litta  rOratoire«n  1770  ,  pour 
travailler  avec  plus  de  continuité 
à  l'édition  de  \ Encyclopédie  de 
Oenève ,  in  —  4.0  II  se  fit  aimer 
dans  la  société  par  jon  esprit  et 
la  franchise  de  son  caractère.  Il 
j  défendoit  ses  amis  avec  feu ,  ^t 
personne  n'y  encouragea  avec 
plus  de  bonté  les  jeunes  talens. 
Ses  mxieurs  furent  douces  et  à 
)'abrL  de  tout  reproche.  Ennem^ 
de  toute  critique ,  inôapiable  d*en-i 
vie  )  il  ne  vécut  que  pour  les 
lettres  ,  la  bienfaisance  et  l'u-i 
nitié. 

VL  SERRE,  (Michel)  pein- 
tre ,  mort  en  1735  ,  à  75  ans  y 
à  Marseille  où  il  avoit  fixé  sa^ 
demeure,  étoit  né  en  Catalogne. 
Il  se  distingua  par  T invention  et 
le  coloris. 

IL  SERRES,  (  Oîiviaf  de.) 
célèbre  agronome  ,  naquît  .  en 
.1 539  ,  à  VilIeneuve-^dç-Bej^  y 
près  de  Viviers ,  et  fut  élevé  au 
sein  des  discordes  civiles ,  pen-= 
fiant  lesquelles  on  pilla  ses  pro- 
priétés et  on  rasa  sa  maison  , 
qu'il  fit  rebâtir ,  et  qu'un  incen- 
die détruisit  de  nouveau.  Il  se 
consola  par  l'étude  ,  la  philoso- 
phie et  les  travaux  champêtre^. 
jTenrl  IV,  qui  nvoit  conçu,  iin# 
grande  estime  pour  l'auteur  et  ses 


s  E  R 

lui ,  et  le  fit  venir  à  Farîi ,  dl 
il  le  chargea  de  diverses  amélio«* 
rations  dans  ses  domaines,  et 
entr'autres  dune  plantation  dt 
mûriers  blancs  dans  le  jardin  de* 
Tuileries.  C'est  le  premier  qui  ait 
introduit  en  France  la  cultnred^ 
cet  arbre  utile  ^  et  annoncé  qn'on 
pouvoit  faire  de  belles  étoffei 
avec  l'écorce  des  branches  qu'on 
en  retranche  à  la  taille.  Olivief 
de  Serres  devint  l'oracle  des  cnl- 
tivateurs ,  qui  le  surnommèrent 
le  Père  de  l'agriculture  ;  mail 
ceux  qui  l'ont  copié  ,  qui ,  dam 
ces  derniers  temps  mêmes ,  ont 
puisé  dans  ses  écrits  leurs  idée? 
les  pins  justes,  n'ont  pas  daigné 
faire  mention  de  lui.  11  mourut  en 
16 19  ^  à  l'âge  de  80  ans  .  aprèl 
avoir  été  témoin  ées  changeraens 
heureux  qu'il  produisit  dans  li 
culture,  ^es  ouvrages ,  malgrii 
leur  style  suranné  ,  se  lisent  avec 
intérêt ,  parce  que  aucun  n'est 
privé  de  simplicité  ,  et  de  vnei 
neuveâ^tprontables.  On  lui  doit: 
I.  Traité  de  la  cueillette  de  la 
Soie  ,  t'&gg.  H.  Seconde  richesst 
du  Mûrier  blanc  ,  i6o3  ,  réim- 
primé en  1785.  IIÎ.  Théâtre â'A-^ 
griculture  ^l  Ménage  des  Chantpi, 
in~4''  :  c'est  dans  cet  écrit  prin- 
cipalement que"  l^utenr  consizni 
le  fruit  de  ses  longues  et  paisi- 
bles observations  y  faites  dan?  s.t 
terre  da  Prndef-en  Vivnrais.  Ilj 
traite  des  XeviiQ$  ,  des  laboti».» 
des  engrais  9  jdçs;  récolta,  dcf 
grains,  des  vignes  Qt  deç  via^ï 
des  animaux  d<]^e«tiqu«8 ,  ^ 
abeilles  ,  des  yers-^-sôie,  ^ 
jardins  ^  des  prés,  des  «nax.de^ 
arbres  et  bois ,,  et  de  tous  le> 
objets  importt^ns  dç  réconomif 
Vu^-îile.  «  Ce  grand  çt  bon  oa^ 
vrage ,  dit  Hfiller  ^  est  celui  (Ton 
Jiomme  expert"  qui  préfère  arep 
rpi^on  ^  des  '  moyens  simples  à 
•î?i»^  f*»?'Sf^®  4ép€nA?.r.? 


J 


jllt  dhisé  en  huit  livres  qiii  of- 
ïretit  cent  dix  sous -divisions  : 
iiuprimé  pour  la  première  ibis 
en  1 600  ,  il  a  obtenu  depuis  qua-^ 
torze  éditions  ,  dont  l'une  des 
meilleures  a  été  publiée  par 
M.  Gisors  ,  en  deux  vol.  in-S.** 
Celui-ci .  a  eu  la  sagesse  de  ne 
point  toucher  au  pian  de  l  auteur, 
et  de  se  contenter  de  remplacer 
les  expressions  vieillies  par  d'au- 
tres plus  modernes  et  mieux  en- 
tendues. Olivier  de  Serres  ,  sui- 
vant ce  dernier  ^  ne  s  écarte  ja- 
mais de  son  sujet  ;  il  ne  dit  que 
Ce  qu  il  doit  dire  *,  chaque  objet 

.  çst  à  s:)  place  :  son  érudition 
n'est  point  fatigante  :  il  cite  tou- 
jours à  propos  et  avec  discerne- 
xnetlt.  Son  admiration  pour  l'an- 
tiquité ne  l'avengie  point  ;  par- 
tont  où  il  découvre  une  «rreur 
qui  pourroit  nuire  à  la  prospé- 
rité de  Tagriculture  ,  il  l'iridique 
à.»&es  lecteurs  et  les  invite  a  s'en 

(  défendre^  Il  convertit  souvent  ses 
précepte^'  en  maximes  versifiées. 
En  voici  quelques-unes  : 

ai  pi  te  couches  tard ,  tard  tn  te  lèveras  , 
Tard  te  mettras  en  œiiTr«  »  ««ssi  tué 

dtnerw. 

» 

■Qui  le  temps  par  trop  attendra  » 
▲  la  fin  le  temps  loi  faudili. 

• 

Tu  payer»  p^omptement  le  salaire 
Qu'auras -promis  au  panrre  mereenairé. 

Le  mattre  »  dès  son  réreil  t 
An  ménage  est  un  soleil. 

Xia  Société  d'agncnltute  de  Paris 
t  proposé ,  en  J'an  10 ,  une  nou- 
Telle  édition  de  l'ou^rrage  d'OZi- 
Pier  de  Serres  ,  au^^entée  de 
notes  et  d'observations  par  plu- 
sieurs de  ses  membres  qui  se  çont 
distribués  cbaqiie  chapitre  de 
l'ouvrage.  11  doit  être  orné  du 
|iortrcit  de  Vatiteur  ,  donné 'par 
Charles  CaffarelU  ,  préfet  dd 
Calvados.  lÀger,  dans  sa  Maison 


S  E  R 


44i 


4<n8  presque  tous  ses  principe^ 
et  dans  leur  .application.  On  « 
proposé  ,  dans  ces  dernières  an- 
nées ,  d'élever  dans  le  départe-» 
"Inent  de  l'Ardèche  ,  un  monu- 
ment à  la  mémoire  de  cet  écri-* 
vain  utile,  et  trop  long-temp^ 
oublié. 

IV.  SERRES ,  (  Clande  )  ha- 
bile jurisconsulte  du  18®  siècle, 
professa  long-temps  et  avec  suc- 
cès, le  Droit  françois  dans  l'uni- 
versité   de    Montpellier.    Il  eçt 
connu    par  un    bon    Traité  detf 
Saisies  réelles  ,  in— la  ,  et  sur- 
tout par  ses  Institutions  du  Dr  bit 
franc  as ,  suivant  l'ordre  de  celle$ 
de  Justin ien  ,    qu'il    publia    en 
1753,  in-4'»,  et  qui  ont  été  sou^ 
vent    réimprimées.    L'auteur   f 
montre  avec    précision   et  avec 
justesse  ,  la  liaison  ou  les  diffé- 
rences   de   l'ancienne   jurispru- 
dence avec  la  nouvelle.    II  con- 
firme ses  décisions  par  un  grand 
nombre  d'arrêts  rendus  au  par** 
le  ment  de  Toulouse.  Son  ouvrage, 
composé  dans  le  goût  de  celui 
de  Boutaric ,  est  beaucoup  plut 
utile  ,    parce   qu'il    marque  lef 
changemens  que  les  nouvelles  oc«» 
donnances    sur  les   donations  ^ 
les  testa  mens,  etc. ,  ont  pu  ap- 
porter dans  le  Droit  françois. 

SERTÏO  ,  (  Sébastien  )  archi- 
tecte de  Bologne  dans  le  seizième 
Siècle  ,  vint  en  France  5  et  y  fut 
accueilli  par  François  1 ,  qui  le  , 
chargea  de  faire  exécuter  sur  ses 
dessins,  tons  les  orneraens  du 
palais  de  Fontainebleau.  Cet  ar- 
chitecte a  publié  \\n  Traité  d'ar- 
chitecture qui  prouve  du  goût  «t 
du  savoir. 

SERV  AGI ,  fondateur  de  Vem-: 
pire  des  Marattes,  dans  la  près- 
qnlislede  l'Indostan,  s'éleva  par 
4on  cour6|;«  au  r«n$  de  cheMun« 


44t        S  £  ff 

horde  belliquettee  d*Indi^ft^  èlf 
repoussa  souvent  avec  avantage 
le  farouche  Aureng  -*  Zeb  ,  qui 
8'efforçoit  de  détruire  les  an^ 
ciennes  souverainetés  de  l'Asie* 
«  Mes  armées ,  disoit  celui-ci  ^ 
ont  été  employées  contre  Ser-^ 
vagi  pendant  dix-neuf  ans  ,  et 
cependant  ses  états  ont  toujours 
augmenté.  >»  Setva^i  prit  le  titre 
de  roi  en  16^4  ,  et  son  discours 
d'inauguration  fut  ainsi  Conçu  : 
'i«  Je  suis  Roi  par.  la  vertu  de  ce 
cirtieteri'e  qvC Aureng-^Zeb  n'a  pa 
briser  :  Voilà  mon  premier  titre  i 
j'y  joins  le  consentement  de  ces 
braves  qui  ont  jusqu'à  présent 
partagé  mon  sort.  »  Servagi  ^ 
pour  s'attirer  le  respect  des  peit-» 
|)les ,  consacra  so  couronne- 
ment par  diverses  cérémonier  re- 
ligieuses, n  passa  un  mois  eii 
purification  aVec  les  Brdmes  ;  on 
le  pesa  publiquement  contre  de 
l'or  ;  et  les  âei2e  mille  pagodes 
qu'il  se  trouva  peser ,  furent  dis- 
tribuées aux  Brames  qiii  avoient 
purifié  son  ame« 

•  SERVIEZ  ,  (  JAcqueâ  Roer- 
|pas  9  seigneur  dé  )  chevalier  de 
§t-Lazare  9  naquit  à  St-Gervais  ^ 
dans  le  diocèse  de  Castres  ^  en 
1679  9  et  mourut  à  Paris  en  i^^*f• 
Il  s'étoit  décidé  à  habiter  la  capU 
tale  9  après  avoir  parcouru  l'Italie 
en  homme  instruit  9  et  cultivé 
son  esprit  par  de  bonnes  études* 
Il  est  principalement .  connu  par 
ses  Impératrices  Romaines  »  ou 
Jlistoire  de  la  vie  et  des  intrigues 
secrètes  des  fejnmes  des  la  Cé- 
sars ,  dont  la  dernière  édition  est 
<leParis,  17449  3  vol.  in-ia. 
L'abbé  Lenglet  a  placé  ce  livre 
dans  sa  Bibliothèque  des  Romans  g 
apparemment  parce  que  Fauteur 
emploie  quelquefois  le  ton  roma- 
nesque 9  quoique  les  faits  soient  ti<r 
ri%  4s^  Auteurs  Qrtsn^  »t  Romains. 


SE  V 

Cefïéttéaxit  le  style  est  en  gÂf  Jl^£(t 
noble  et  élégant,  quoiqu'il  n^ 
toit  pus  toujours  correct.  Paulmf 
lui  attribue  V Histoire  secrète  des 
femmes  galantes  de  V antiquité^ 
6  Vol.  in-ia;  mais  sa  famille  n 
nié  qu'il  fût  l'auteUr  de  ce  livre 
obscène  et  peu  pfopr'e  à  eugmen* 
ter  sa  réputation.  On  doiC  encore 
à  Serviez  :  I«  Les  Hommes  iUus-^ 
très  du  Languedoc  9  ouvrage  im-i 
parfait  9  et  dont  il  n'a  publié  que 
le  premier  volume  en  17244  IL  Le 
Caprice ,  ou  Les  effets  de  ht  ^or-^ 
tuiie  ;  roiftan  médiocre*  HI.  H  â 
laissé  en  mahdscrit  l'Histoire  du 
brave  CriUont 

SERVÔNËT  9  (  Jf ustîiiien  )  tÀ 
à  Lyon ,  rassembla  dans  un  Re-* 
cueilles  décrets  de  l'Eglise  con-* 
cernant  les  Clercs  9  sous  le  titre  t 
de  VUd  et  Hoaestale  Clerieorum* 
U  parut  en  x644< 

SËSTO  9  (  Césdr  )  peintre  MiJ 
lanois  9  devint  le  ^meilleur  élève 
du  célèbi'e  Léonard  âè  Vinci*  Ses 
tableaux  sont  justement  recbér-i' 
chés  pour  le  goût  et  la  grâce  qm 
les  distingtienh  Sesto  mourut  aK 
commencement  du  1 6*  siècle. 

^TTLÈ,  (  Èlkanah  )  poète 
Anglois,  né  en.  1648  9  .vint  a 
Londres^  «ou  la  Cité  lui  fit  une 

{lension  et  le  nOmma  son  poète. 
1  est  niori  eh  1^14  9  après  ^voit 
donné  au  théâtre  17  pièces  :  Cam* 
hysè  t  tt  Triomphe  des  Dames  # 
etc«  ^ 

t  SÈVE  9  <  ÔilbeYt  de  )  pein- 
tre 9  né  à  Moulins  9  mort  eli  i  (^S^ 
}  ni  ans  9  Orna  de  ses  tableauit 
Versailles  y  et  quelques  églises  di 
Parii. 

II«  SÈVE  9  (  B^ntiGé  de  )  tlé  à 
Lyon  9  ami  du  poète  Marot,  se 
distingua  •  dans-  le- 1€*  siècle  pat 
•es(damièitai.  Dùverdier  dit  qu'A 


s  E  V 

)it  de  petite  taille  et  de- grand 
savoir.  lié  Prompbiaire  des  Mé^  , 
dailles  le  place  dans  le  rang  des 
plus  illastres  protecteurs  des  let- 
tres. Sève  dirigea  les  fêtes  données 
à  Henri  II ,  lors  de  son  passage 
à  Lyon.  La  relation  en  a  été  ini;* 
primée  en.  1548,  On  a  encore  de. 
lui    diverses  pièces  de  poésie  ; 
L  Arioh ,  églogue  sur  le  trépa^^ 
dn  Dauphin.  II.  Une  autre ,  sur 
la  vie  solitaire.  ÎIÏ.  Le  Microcos^ 
me,  oa  le  petit  Mon4e..lV»  Le 
Blason   dii  front  et  du  scurcil. 
y*  Délie  ;  ol);jet  de  la  plus  haute' 
vertu. 

m.  SEVERIN,  (Saint)  né  à 
Bordeaux  5  devint  évéque  de  Co- 
k»gDe  f  et  montra  le  plus  grande- 
sèle  pdar  extirper  l'Arianisme 
de  son  dio<$èse.  Il  mourut  au 
eommencement du  5^  siècle,  et 
PEglise  célèbre  sa  fête  le  28  oc--* 
tobre. 

*  '^  I.  SÈYIGNÈ  ,   (  Marie  de 
Aabùtin  ^;  dame  de  Chantai  et 
ipar^ise  Ae  )  iUle  de  Celse^Èé- 
nigne  de  RabuUn ,  bacon  de  Chan- 
tai, Bourbilly  «  etc.  y  chef  de  la 
branche  âinée  de.  RaJbuUn  ,  et  de 
Marie  de  Coulanges  ,  naquit  le  5 
février  i6a6.  Elle  perdit  son  père 
Tannée  suivante^  à  la  descente 
des Anglois dans l'isle de  Ré,  où, 
ii  coinmandoit  l'escadre  des  gen- 
tils-hoina?es  volontaires,  Les^gra-^ 
ces  de  son  esprit  et  de  sa  figufre, 
la;  firent  rechercher  par  ce  qu'il  y 
avoil  alors  de  plus  aimable  et  de, 
plus  illustre..  Elle  épousa  en  1&44.' 
Heriri  marquis  de  Sévigné  »|  qui 
^ittué  en  duel  Tan  ifiSi ,  parJe 
àevalieir  d'Albret ,  et  elle  en  eut 
un  fil3  et  une  fille.  La  tendresse 
qu'elle  porta  à  ses  deqx  .  enfans  , 
uii  f»t  srtcriiîer  à  leur  intérêt  hi 
partis^  Uè  plus  'avantageux,  JSa 
lille  ayant. Qj;<^,;nariée, en  ^6^69  au 

SuppL.    Tome  JJ[. 


S  E  V         449 

en  Provence ,  qui  emmena  son 
épouse  avec  lui ,  elle  se  consola 
de  aon  absence  par  de  fréquente» 
Lettres.  On  n'a  jamais  aimé  un#. 
fille  autant  que  IVfad.  de  Sévlgnà., 
aimpit  la  sienne»  Toutes  itB  pen«^;. 
sées  tie  rouloient  que   sur    les 
n^oyens  de   la  revoir,  tantôt  à' 
Paris  oùMad,  de  Grignan  venoit. 
la  trouver ,  et  tantôt  en  Provence 
oii   elle  ail  oit  chercher   sa  fille<i 
Cette  mère  si  sensible  fut  la  vic- 
time de  sa  tendresse.  Dans  spn^. 
dernier  voyage  à  Grignan ,  elle  se 
donna  tant  de  soins  pendant  une 
longue  maladie  de  sa  fille ,  qu  elle 
en  contracta  une  fièvre  continue 
qui  l'emporta  le  14  janvier  i69iS^ 
fTous   avons  deux   portraits  de 
Mad.  de  Sévigné  ,    l'un  par  lé' 
comte  de  Bussi  qui  la  peint  èiji, 
laid,  et  l'autre  par  iMad.  de  la 
Fayette,,  qui  ne  s'attache  qu'aux.' 
qualités  et  glisse  sur  les  dë£|iitSf 
Burssi  dit  qu'elle  étoit  coquette^ 
vive  ,   gaie  ;    qu'un  sot  éveille 
Vemj^ortoit^  toujours   en    çstim.e 
auprès   d'elle  ,    sur  un  honnête 
homme  sérieux  ;    qu'elle., ai  moi  t 
l'encçns  ;  que  voulant  avoir  lin.^ 
grande  réputation  âe  régularité',^ 
elle  àllioit  ou  tâchoit,, ^'allier  lè 
plaisir  avec  le  monde ,  la  sagessç^ 
avec. la  vertu  j  que  quoique  femme 
de  qualité ,  elle  se  laissoit  éblouîç| 
par  les  grandeurs  de  la  cour ,  etc. 
etc.  Mad.  de  la  fayette  la  repré- 
sente pleine  d'esprit ,  et  d'un  es-i 
prit  qui  paroit  sa  figure ,  et  qui 
faisoit  disparoitre  l'irrégularité  de 
^es   traits;    elle  lui   donne   une 
ame  grai^de  ,   noble ,   propre  '& 
dispenser   des  trésprs,  et  inca<^ 
pable  de.  s'abaisser  au  soin  d*én 
^mosseip  ;    im    cceuR.  généreu;i("^ 
obligeant ,  bie.n  faUrf  ^^  fidelle.  Lé 
fond  de  ces  deux  tableaux  peîtè 
être  vrai  ;  uiaisi^u  voudroil  ciî 
vain   se.  di^friw^r .  çu  il  yja'di 
'  fonuemeut  d^s,j|,^  fçp^'pçlie  qiij[ 

Ff 


40        s  E  V 

fait  Bussi  à  ISihà.  fie  Sèi?lsné  ^ 
d'Atre  trop  toiichôe  de  f^clat  de 
ÏÀ- grandeur.  Elle  nç  TAfanquefa-* 
rfais  de  faire  p|rt  à   Mad.  /te, 
C^ignan  de  toiisîes 'regards  qu'on 
a^Jetés  sitr  elle  à  lâ'ipour ,  et^s 
J)1iîs   petites  politesses  qu'elle  rf  • 
rbçues  du  roi,  dé  h  reine 'et  d^J 
la  maîtresse  favoHte.  Kous  ne  ci- 
terons" qu'un  morceau  du  compté^ 
qu'elle  rend  h  $a  fille ,  des  petites 
faveurs'  qit  eile   eut  à' Saint-Cyr* 
tf  là  représentation  â^'Erther,  «  Le 
roi  vint  vêts  noV  places ,  et  après 
aVoîr  toiiTttjé,  il  Vadjressa  à  moi. 
e^  me  dit  :  Madcrfue  ,  je  'suU  nt-' 
^xi-é  qne  yntii  avez  été  contente* 
îttoï ,  sans  m]^onnçt ,  je  répondis; 
SlRjs ,  je  suis  chàrrfiée!  ce  que  fè 
sens  est  nu-^deisus  des  paroles*  "Le^ 
î^i  me  dit  j  fiacine  a  bien  de  /V^-J 
^U,  —  SiBH,  il  en  a  beaucoup  / ' 
trials  en  v^t^itf^ces  jeùhes  per-^' 
i'ùnri$s  en  ont  heauooap  aussi; 
éilès  entrent  'dans  le'  imjet  comme 
iï'^èÏÏei  à^iR^&têht  faïkaisfàit  au^' 
ère  chose,  11  Aïe  dît;  M^ f  pour' 
cpla  il  est  ut.'aù  Et  pfuft  sa  majesté: 
s*en  atla  ètme  Idife^a  l'bbjet  de 
f  envie»  Comme  H  rvy  avoit  quasi 
^^e  moi  dfe  nouvelle  venne,  il 
eut  quelque  plaisir '^e^oir  mes 
il ncères  admirations  sans'  t:>ruît* 
et  san3  éçkt".  M.  lé'ïî'rînçe  et  ma- 
dame la  Prîn^sse  nievtnrent  dire 
^n  rafot  :.  madame  été  ^aintet^on/ 
comme  un  '  ëclûif , '  ^èn  aila  aveb' 
Te  roi  i  je  r^^ondîs  a  tout  ;  cédr 
f  ptois  en  fbVCunè.  i»  'Dans  quellef 
extase  "Mad.  de  Séi^ig^né  n'est-ellè' 
ùô'nt'  a  la  '  viip  dfl  eoVcIon  bleu 
qne  le  comte  d^  pfigfian  venôit 
û'Obtenir  !  Avec  queiïlè  complai*^' 
iance  ne  ï>arV^t~'dîe'  point  au 
tQmte  de   Biiifi^^àlhutin  de  la' 
^^riéàlogie  qitif  Vent)it  de  faire 
de  leur    màîsoft  1"  Louis   J^îl^ 
yenoît  de  f^ân^ét  kf^ë  elle  ;  flattées 
^e  dette  piéiénspéhVé^e  se  toûmi 
^Vêîifilnttin  ponirMi  dire  :  ïifaui 


S€  V 

contenir  que  nous  avons  un  granâ 
roi,  -i—  Je  le  crois  bien ,  ma  cou-* 
sine ,  lui  répondit  le  comte ,  aprh 
ce  qu'il  vient  de  faire,  B  faudroit 
rapporter  trop  de  traits,  différeni 
poifr  faire  connoître  plus  en  dé- 
tajl  Mad.  d€  Sévigné/  qal  du 
moins  montroit  avec  naïveté  et 
aVec  grâce  ses  défauts.  Elle  eut 
sHh$  doute  beaucoup  dè'pctitesseï 
de  son  sexé;  trop  aattentidn  aux 
minuties  de  femmes  ;  trop  d'en- 
vie* de  se  montrer  et  de  plairej 
peut-être  trop  de  coquetterie  j 
Sans  pourtant  penser  qu'elle  nui- 
sît à  sa  vertu.  Il  ne  faut  donc  adop- 
ter «ervilement  ni  l^s  rensncot 
(û^  comte  de  Busâi  m  Itê.  lonaaW 
g^»  de  M^dt  de  J^  IF^^tU  »  mm 
lir«  ses  Lattres  y  et  y  étudier  soi» 
^eaprit  et  son  cœur.  JLe  oacactècc 
original  q^ii  j  règne  09t  4)  ner<« 
q"ô.»  qu'aucun  recueil  4pisUf^ 
làire  ne  peut  lui  être  comptée» 
Cç  sont,  des  traits  ftnjs  et  JéU-» 
daïs  "formés  par  une  inia^ixu-v 
tlon  Viye,  <^i  peint  tbtrt,  yd 
anime  tout.  Effe  y  met  Umt  d» 
<ré  beau  naturel  »qui  ne  se  tronre 
qti'avecle  vrai ,  qo'on  se  sent  af- 
ftct.é  des  mêmes  seî^timèriç  qu'elle« 
On  partage  sa  joie  et  Sa  tristesse, 
cwi  «inscrit  à  »s  louants  et  à  set 
cçitttitç^  On.  nV  jamais  raconté 
â^  rièn'^  avec  tant  de  çrace.  Tout 
^'^l'étîts  sont  des  tafileànx  de 
r^AUfané;  enfin  Itfad.  âé  Sé^igné 
est  danV  son  genre  ^  ce  que.  ta 
forttaine  e^  dans  le  sien  ,  1» 
modelé  et  le  désespoir  de  ceux 
mri'  suivent  k  même"  carrière. 
Bttssi-B.ahutin  a  trôs-^len  carac— 
téfiàé  le  style  de  sa  consme,  dant 
une  de  ses  lettre*.  «  Votre  ma- 
nière d'écrrre  Kbre  et  aisée  me 
plaît  bien^  davantage  que  la  ré* 
rqlarité'de  la  plupart  de  MM.de 
rÀcadémie;  Cest  le  style  d'aoe 
fê^me  de  qualité  qut  a  bien  de 
ffcsprit  9  qui  soutient  1^  Mractènr 


SEV 

'4a  qiatiètes  enjouées,  et  4ttl 

égaie  celui  do»  sérieuses  «  Oa  a 

remarqué  que  ({nanti  Med»  de  ^é^ 

vigne  dictoit  ses  lettres ,  «on  style , 

ei  vif  et  si  serré  «  devenoit  lâche  ; 

et  Corbinelli  lai  disait  qu  elle  per-^ 

doit  alors  une  {iûf tiède  «on esprit» 

Elle  aimoit  beaucoup  le&  per8on-« 

nés  enjoijées  et  qui  l'étoient  gans 

entrain  te  ,  et  elle  ne  craignoit 

Tien  tant  que  ces  gens  affectés  qui 

ont  dé  Vesptit  tout  le  jour.  Les 

bons   mots  n*étoient  pas  perdu; 

avec  elle  ,  et  elfe  en  disoit  ;iOu- 

Tent»  Il  faut  ^  disoit-elle,  pardon,'^ 

lier  aux  amoureux ,  ainsi  qu'aux 

gens  des  fetites  Maisons*  Dans 

la  dispute  élevée  sur  les  Anciens 

€t  les    Modernes  ^    elle   décida 

ainsi  :   Les  Anciens  sont  beaux , 

ffiais  nous  sommes  plus  jolis*  Les 

ïneilîeures  éditions  de  ses  Lettres  ^ 

eont  celles  de  1775,  en  8  voL 

in-Y2  y  et  de  l'^n  10  9  en  dix  vol. 

in— 19,  avec  vn  Discours  prélir- 

ïijinaire ,  par  Tabbé  de  Vaucelles, 

On  a  aussi  donné  séparément , 

en  1777  9  in— I  a  9  un  Supplément | 

'dont  la  moitié  est  composée  des 

Jjettre$  de  la  marquise  de  Simiane^ 

petite- fille  de  IVfad,  dà  Sévigné* 

il  auroit  été  peut-être  à  souhaiter 

que  Ton  fît  un   choix  dans  ces 

«lifFérens  morceaux.  Il  est  difficile 

de  soutt^-ir  la  lecture  de  dix  voU 

de  Lettrés  qui  »  quoique  écrites 

d'une  manière  inimitable ,  offrent 

Beaucoup   de  répétitions  et  ne 

renferment  très-souvent  que  de 

§etits  faits.  Il  est  bien  vr«i  qu'une 
es  principales  caisses  de  l'inté- 
rôt  qu'on  éprouve  en  les  lisant  | 
c*est  quelles  sont  en  partie liis- 
toriqiies.  On  peut  les  regarder 
Q(»miue  des  Mémoires  propres  à 
f%ire  connoitre  les  n^oeurs ,  le  ton^ 
Ve^prit ,  les  usages  ,  l'étiquette 
^ui  régnoient  à  la  cour  da  Louis 
^IV,  On  y  trouve  des  anecdote^ 
^n  ou  «her«lief oit  vaiaequiefit  aiU 


)dats;'mais  ces  (particularités  %^m 
roient  bien  plus  piquantes,  sÀella^ 
étoient  quelquefois  débarrassé^ 
de  cette  fouie  de  petits  détailâ 
domestiques  et  de  minuties  qui 
dévoient  mourir  entre  ia  mère 
et  la  fille.  Au  reste ,  je  ne  sais  oii 
CaraccioU  a  pris  que  ces  deu]( 
dames,  qui  souoiroient  sanp  ceèi^ 
pour  leur  réunion,  étoient quel- 
quefois insupportables  Tune  à  l'an- 
tre  ,  lorsqu'elles  étoientNréunie*-: 
Us  coeurs  s'accordoieni ,  dit>«U^ 
et  non  les  humeurs,C*est  une  anec*' 
dote  que  (e  n'ai  lue  que  d^us  lel 
Lettres  réctéatwes  et  morales ,  ^ 
^u'il  seroit  intéressant  de  vértOer, 
quand  ce  ne  seroit  que  pour  fair# 
connokre  le  cceur  humain.  L'aca^ 
demie  de  Marseille  a  proposé  Té^ 
loge  de  Mad»  de  Sévigné,  pouf 
sujet  de  Tun  de  ses  priiç.  Oji 
donna  en  17 56,  sous  le  titrç  df 
SefighiaNa  ,  un  Recueil  des 
pensées  ingénieuses  »  des  anec-» 
doù$s  littéraires ,  historiques  et 
^morale f  qui  se  trouvent  répan^ 
dues  dans  ces  Lettres.  Ce  Eecueil 
fait  saxi^  choix  et  sans  ordre  ,  ef( 
parsemé  de  nqtes ,  dont  quel-i. 
ques^unes  sont  fort  satiriques» 

»  SEVÏN ,  (François  )  né  dans 
le  diocèse  de  Sens ,  parvint  par 
son  mérite  aux  places  de  membrf 
de  l'acadéitiie  des  Belïes*»Lettres  i 
et  de  garde  des  manuscrits  de  la 
bibliothèque  du  roi.  Son  esprit  ,^ 
son  érudition  et  son  zèle  pour  lé 
progrès  des  sci^ces,  lui  Firent 
des  an}is  illustres.  Il  entreprit  y 
avec  Tabbé  Fourmont,  en  1718, 
par  ordre  de  Louis  XV  »  uà 
Voyage  à  Constantinople ,  pour 
y  rechercher  des  nianuscrits  ;  aidé 
des  ^(i\i\%  du  ajarquis  de  Villes 
newe  ambassadeur,  il  en  rap- 
porta environ  600»  mais  il  na 
pHt  recouvrer  aucun  des  ou-a 
V rages  des  anciens  Greai*  Qv^  ft 

Ff  1 


4^1        S  E  ^ 

£nblié  en  fan  lo,  à  Paris,  lei 
«ttres  de  Sevin  snr  ce  voyage  , 
un  vol.  in— 8.^  £llet  sont  agréa- 
bles ,  quoiqii'écrites  avec  un  peu 
trop  de  prétention  an  bel  esprit. 
On  y  trouve,  outre  des  détails 
intéressans  snr  Constnntinople , 
sur  l'Egypte ,  la  mer  Rouge ,  le 
JNil,  Visthme  de  Suez,  un  Mé- 
moire de  Caylus  sur  l'architec- 
ture des  Turcs,  d*autres  de  Peys-^ 
êonnel  sur  diverses  antiquités  , 
une  Dissertation  sur  le  calendrier 
de  l'intérieur  de  llnde  par  le  mis- 
sionnaire Beichi ,  et  enfin  une 
Helàtion  attachante  du  consulat 
de  M.  Anquetil  à  Surate.  On  a 
encore  de  l'abbé  Sevîn^  une  JDû- 
tertation  curieuse  sur  Menés  ou 
Mercure  premier  roi  d'Egypte , 
In— 12  ;  et  plusieurs  écrits  dans 
les  Mémoires  de  l'académie  des  Ins- 
•riptioUà ,  qui  le  perdit  en  1741» 

SEUR,  Voyez  SUEUR- 

I.SEWARD, (Thomas)  An- 
glais ,  ministre  d'Evam ,  a  donné 
une  édition  des  Œuvres  drama- 
tiques de  Fletcher ,  et  a  publié 
quelques  écrits  contre  la  cour, 
de  Rome.  Il  est  mort  en  i7$o. 

.  II.SEWARD,(William).An- 
glois,  né  à  Londres  en  17471 
d'un  brasseur  de  bière,  devint 
l'un  des  plus  célèbres  biographes. 
Il  étoit  membre  de  la  société 
Royale  et  de' celle  des  Antiquai- 
res. On  lui  doit  des  Mémoires  sur 
les  personnages  fameux,  cinq  vol. 
in-8<>;  et  un  Supplément  à  cet 
ouvrage ,  intitulé  Biographiana  , 
deux  vol.  in-8.^  Seward  est  mort 
dans  ces  dernières  années. 

L  SEWEL,  (William)  chi- 
rurgien'Hollandois,morten  1720, 
-a  publié  un  Dictionnaire  anglois 
«t  hollandois,  et  tine  Histoire 
de  l'origine  et  des  progrès  des 
Quakers. 


SET 

n.  SEWEL,  (George)  peM 

Anglois  ,  né  à  Windsor ,  mort  en 
1716,  a  donné  quelques  piècea 
de  théâtre,  enti'autres  la  tragédie 
de  JValur  Raleigh.  On  lui  doit 
encore,  i  .^  La  Défense  du  théatrt 
anglois;  a.o  une  Vie  de  Jean-m 
PiuUppe, 

IL  SEXTUS ,  né  à  Chéroné» 
en  Béotie,  étoit  neveu  de  Pîu^ 
torque A\  embrassa  la  philosophie 
Stoïcienne ,  et  devint  précepteur 
des  empereurs  Lucius'^  Venu  et 
Marc^Aurèle,  ^t^  écrits  se  sont 
perdus. — Un  autre  Sextus  ,  phi«* 
losophe  de  l'école  de  Pyrrhon, 
yivoit  sous  le  règne  d'Antonin^ 
et  on  a  conservé  quelques-uns 
de  ses  opuscules. 

SEYDA ,  régente  du  royaume 
de  Perse  après  la  mort  de  son 
époux  Magdeddulat ,  et  mère  de 
Rostan,  gouverna  ses  états  ave# 
gloire ,  et  les  remit  à  son  fils  qui 
la  dépouilla  aussitôt  de  toute  an« 
torité.  Indignée  de  son  ingratitude 
et  des  insultes  du  visir  Avicenne, 
Seyda  se  réfugia  dans  le  château 
de  Tabarek ,  dans  le  royaume  de 
Lar ,  leva  une  armée ,  se  mit  à  la 
tête,  combattit  son  fils  ,  le  fit 
prisonnier  et  remonta  sur  le  tr6ne. 
Dès-lors  la  Perse  fut  paisible  au 
dedans  et  respectée  au  dehors. 
Elle  donnoit  audience  à  ses  mi- 
nistres ,  'cachée  derrière  un  ri«* 
deau  ;  mais  elle  paroîssoit  à  vi«« 
sage  découvert  devant  les  am- 
bassadeurs des  grands  princei^ 
Elle  mourut  vers  l'an  420  de  11ié« 
gire. 

SEYDLITZ,  (Frédéric-Guil- 
laume, baron  de)  né  dans  le  pays 
de  Clèves  en  1 7»a ,  entra  au  ser- 
vice du  roi  de  Prusse ,  et  deviat 
l'un  de  ses  généraux  les  plus  cé*^ 
lèbres.  Après  s'être  distingué  dans 
k  guerre  de  Silésie  ^  fi  eut  ds 


SH  A 

l^iDans  snccès  dans  celle  de  sept 
«ns.  Lors  de  la  défaite  des  Prus- 
siens àKolin,  le  i8  juin  1767  ,  il 
touvrit  habilement  leur  retraite, 
•t  commanda  ensuite  la  cavalerie 
à  la  bataille  de  Rosbach  9  où  les 
François  furent  ^inciis.  Il  re— 
]M)ussa  courageusement  les  Russes 
À  celle  de  Zorndorf,  le  i5  août, 
et  mourut ,  comblé  de  gloire  et 
Jhonneur,  en  1773.  Frédéric  hn  ' 
a  fait  ériger  une  statue  sur  la 
]jlace  GuiUaume  à  Berlin. 

•  ♦SHAKESPEAR^qui  se  pro- 
nonce Chakspir^  (Guillaume) 
célèbre  poète  Anglois,  naquit  à 
Stratford  dans  le  comté  de  War— 
"^ick,  en  avril  i564,d'utt  père 
qui  quoique  gentilhomme ,  étoit 
iQarchand  de  laine.  Après  avoir 
reçu  une  éducation  assez  com-, 
ni  une  dans  sa  patrie,  son  père 
lé  retira  des  écoles  publiques  pour 
rappliquer  à  son  négoce.  On  pré- 
tend que  notre  poète  s'associa 
dans  sa  '  jeunesse  avec  •  d'autres 
jeunes  gens,  pour  dérober  les 
tiêtes"  '  fautes  d'un  seigneur  de 
Stratford.  Cest  la  tradition'  de 
cette  aventure  vraie  ou  fausse, 
qni  à  fait  imaginer  la  ridicule 
f«bb  que  Shahesfrear  avoit  em- 
brassé le  métier  de  voleur.  Il  se 
maria  à  1  âge  de  i6  ans,  avec. la 
fille  d'un  riche  paysan.  Après  avoir 
dissipé  son  bien  et  celui  de  sa 
femme ,  il  ne  trouva  d'autre  res- 
source que  celle  de  se  faire  co- 
médien ;  mais  se  sentant  un  génie 
^rt  au  —  dessus  de  son  état ,  il 
composa  des  Tragédies ,  dont  le 
brillant  succès  fit  sa  fortune  et 
celle  de  ses  camarades.  Le  trait 
Qiii  fait  le  pfns  d'honneur  à  la 
mémoire  de  Shakespear ,  est  la 
manière  dont  commençasôii  ami- 
tié pour  Benjohnson ,  poëte  tra- 
gique. Celui  — ci  étoit  jeune  et 
iSaorç.  11  avoit  présenté  une  pièoç 


S  H  A        45$ 

* 

aux  comédiens ,  auxquels  il  fai-  . 
soit  respectueusement  sa  cour 
pour  les  engager  à  la  jouer.  La 
troupe  orgueilleuse  excédée  de 
sa  présence ,  alloit  ïe  renvoyer  ;  \ 
Shakespear  demanda  à  voir  la 
pièce.  Il  en  fut  si  content ,  et  la 
vanta  à  tant  de  personnes ,  que 
non-seulement  elle  fut  repré- 
sentée, mais  applaudie.  Cest  ainsi* 
que  Molière  encoui'agea  l'illustre 
Racine,  lorsqu'il  donna  au  public, 
ses  Frères  ennemis.  A  l'égard  des 
talens  du  comédien ,  ils  n'étoient 
pas  à  beaucoup  près  aussi  grands 
dans  Shakespear  que  ceux  du 
poète.  Le  rôle  où  il  brilloit  le 
plus  étoit  celui  de  Spectre.  Dans 
l Aristophane  François,  comme 
dans  le  Sophocle  Angtois,  Tauteur 
affectoit  l'acteur  :  Molière  ne 
réussissoit  que  dans  certains  per- 
sonnages ,  tels  que  ceux  de  Mas-m 
earille ,  de  Sganarelle ,  etc.  Sha^ 
ktspear  qiiitta  le  théâtre  vers 
l'année  16 10.  Il  se  retira  à  Strat- 
ford ,  ôii  il  vécut  encore  quelque 
temps  ,  estimé  des  grands  ,  et 
jouissant  d'une  fortune  considé-« 
rable  pour  un  poëte.  Il  la  devoit 
à  ses  ouvrages  et  aux  libéralités  ' 
de  la  reine  EUzabeth  ,  du  roi 
Jacques  I  et  de  plusieurs  sei- 
gneurs Anglois.  Un  mitord^  lui. 
envoya  un  jour  mille  livres  ster- 
ling (  envirôh  mille  louis  ).  Ce  * 
trait  de  générosité  passeroit  pour 
une  fable  dans-'toiit  autre  pays 
qu'en  Anfrleterre,oiiron  récom- 
pense solidement  le  mérite  ,  que 
chez  d'autres  nations  on  ne  fait 
qu'estimer.  Shakespear  dans  sa 
retraite ,  soccupa  à  faire  du  bien. 
On  cite  de  lui  un  trait  qui  carac-* 
térise  son  désintéressement  et  la 
sensibilité  de  son.  cœur.  Etant 
allé  voir,  après  une  très-longue 
absence ,  line  dame  qu'il  connois- 
soit ,  il  la  trouva  en  deuil  de  son 
msiXi-x  ruinée  par  la  perte  d'un 


j^4       s  H  A 

grand  procès ,  sans  appaî^  latll 
ressource ,  et  chargée  de  Tentre* 
Sien  de  trois  filles.^  Ému  de  ce 
spectacle ,  il  embrasse  la  mère 
et  les  filles,  et  sort  suis  rien  dire. 
Il  reparoît  bientôt ,  et  les  force 
d'accepter  une  somme  considé- 
rable ,  qu'il  venoit  d'emprunter 
d'un  ami.  Mais  trouvant  ce  se- 
cours trop  léger  pour  tant  de 
besoins  ,  u  s'amige ,  et  s'écrie  en 
.versant  des  larmes  :  C'est  à  pré" 
sent,  pour' la  première  fois ,  que 
je  voudrais  être  riche  !  11  mourut 
en  16169  dans  la  52*  année  de 
«On  âge.  La  nature  avoit  rassem— 
blé  dans  la  tête  de  ce  poète  ce 
qu'on  peut  ima^er  de  plus 
gtand ,  avec  ce  c|ue  la  grossièreté 
sans  esprit  peut  avoir  de  plus  bas* 
Il  avoft  un  génie  plein  de  force  et 
de  fécondité,  de  naturel  et  de 
«nlblime,  dit  Voltaire,  sans  la 
moindre  étincelle  de  bon  gout,^ 
«t  sans,  aucune  connoissance  des  . 
xègîes  :  aussi ,  le  même  écrivain 
r^ppeile-t-il  le  St.  Christophe 
dès  Trafiques,  Ses  pièces  s<Jnt  des 
monstruosités  admirables  ,  ou 
parmi  des  irrégularités  grossières 
•t  des  absurdités  barbares,  on 
tfouve  des  scènes  supérieurement 
Tendues ,  des  morceaux  pleins 
d'âme  et  de  vie ,  de.s  peiisées  gran- 
des, des  senti  mens  nobles  et  des 
«i^uations  touchantes. 


Cet  AngloiSf  tias  conaottre  Tait 
des  grMës  atttesn  .àm  U  Orèct  «t  éê 

RdflMy 

A  cvpQinUttit  M  pda&rv  IMmmdim. 

Celles  de  ses  Pièces  qu'on  estime 
le  plus ,  sont  :  Othello  ;  les  Fewk" 
mes  de  îf'lndsors  Hamlet;  Mac-- 
heth  ;  Juleê^César  ;  Henr^  IV; 
et  la  mort  de  Bichard  lîL  JÙucis 
a  transporté  avec  succès  sur  la 
scène  frangoise  plQsieurs  de  ses 


piicet,  La  Place  en  a  tràdultâfli 
son  Théâtre  Anglais ,  qu  il  corn» 
mefiça  de  publier  en  174S.  J> 
Tourneur  en  a  donné  une  antre 
Traduction  complète  ,  1 7  S  i , 
li  vol.  in-40.  et  ao  vol.  in-8»; 
l'une  des  meilleures  éditions  àt% 
(ïluvres  du  Sophocle  Anglois,  est 
celle  que Lôu^l  Théohald  adonnée 
en  1740,  qui  a  été  réimprimée  cû 
1752,  S  vol.  in-8.®  L'édition  de 
Glasgow,  1766,  8  vol.  in-ii, 
est  une  des  pluS  belles ,  et  Sun 
tout  celle  de  Johnson  de  i77(« 
réimprimée  en  1 798 ,  1  o  volumes 
iil-S.^'On  estime  aussi  îes  CorreC' 
lions  et  les  ïfotes  critiques  faites 
siif  ce  poète  pat  le  savant  Guil* 
laume  W'arburton.On  trouve  dans 
les  derliières  éditions  de  Shakes-* 
pèàr ,  outre  ses  Tragédies,  dei 
Comédies  et  des  Poésies  mêlées. 
Les  unes  et  les  autres  offrent  des 
traits  de  génie ,  mais  sans  bien* 
séance  et  sans  régularité. 

N'importe  ,  Il  règse ,  et  ton  pc«plt 

Tadore  i 
JLpr^  AÎIlt  ans  tt  doit  i|gMf  tnaDWI 
Tant  le  soblifliie  a  4a  écoiii  Mr  aos 

c«aai«! 

On  a  éri^  en  174»,  dans  l'ab»< 
baye  de  Westminster^  un  avptfbe 
monument  à  la  mémoire  de  et 
créotmr  du  théâtre  Anglois. 

1  SHARP ,  (M.'  Mad.  )  Êcos- 
sois ,  ont  été  des  centenaires  re- 
marquables. Tous  deux  ètoienk 
nés  le  I  ^*  avril  1 6  63  ;  ils  furent  ms- 
riés  le  i*^  avril  16$ 3  ;  trois  enfians 
qui  naquirent  de  leur  union, vi-* 
rent  le  jour  le  i**  avril.  Ces  deux 
époux  moururent  le  même  joar  à 
Dublin  en  1784,  âgés  de  1 1 1  ans. 
C'est  de  leur  fille  aînée ,  mariée 
le  i"  avril,  que  naquit,  le  pre- 
mier avril  de  l'année  suivante,  le 
général  Montgoméry,  qui  s'est  dis- 
tingué dans  la  guer  re  des  Etats-Unis 
d'Amérique  coQtro  rAngleteriti 


SH  A 

SHAMIOCK,  (Robert)  Ab^ 
flois,  mort  en  1684 ,  devint  ar- 
chidiacre de  Winchester)  et  fut 
tout  à  la  fois  savant  jurisconsulte  | 
bon  théologien  et  naturaliste  re« 
nommé.  On  distingue  parmi  ses 
ouvrages  un  Traité  sur  la  pro* 
pagation  des  plantes. 

III.  SHAW,  (Cuthbert)  poète 
Aiiglois,  étoit  iils  d*un  simple 
cordoiinler,  et  méritoit  par  le 
génie  de  ses  productions  de  sortir 
de  la  misère  oii  il  vécut.  Il  est 
mort  en  1771»  —Un  théologien 
du  même  nom,  mort  en  16969 
a  publié  un  Traité  de  morale  et 
de  controverse  ,  somi  le  titre 
à'EmmanueL 

-  fflEIKBBEAR,  (Jean)  méde- 
cin Anglois ,  né  à  Bîdefort  en 
1709,  mort  en  Ï788,  s'attacha 
à  la  maison  de  Stuart ,  et  vint  à 
Péris ,  oii  lacactémie  des  Sciences 
le  reçut  au  nombre  de  ses  mem- 
bres* Le  meilleur  de  ses  ouvrages 
B  pour  titre ,  Lettre  sur  la  nation 
Anglaise, 

SHENSTONE,  (Guillaume) 
poète  Anglois  ,  né  en  novembre 
17 14,  mort  le  it  février  1763, 
)>a8sa  tme  vie  douce  au  n^lHeu  des 
plftisits"  tranquilles  de  la  campa- 
gne, et- les  a  célébrés  dans  ses 
chants.  Il  a  laissé  divers  ouvra- 
ges en  vers  at  en  prose ,  recueil- 
lis en  trois  vol.  in-8.*  h^s  Elégies 
et  les  Ballades  qui  forment  le  pre- 
mier volume  ont  de  la  gracé  et 
àe  l'intérêt  ;  n^s  on  estime  sur- 
tout son  petit  poëme  de  la  ilfai» 
tresse  d'Ecole, 

SHEPCÈVE,  (Jean)  poète 
'Aiiglois ,  mbrt  en  1 542 ,  se  fit  un 
«om  nott-senlement  par  se$  Poé^ 
9ies ,  mais  encore  par  ses  ouvra- 
ges d'érudition,  il  fut  professeur 
4e  grec  et  d'hébreu  daas  rimiver- 
écté  d'Oxford. 


S  H  E        45J 

SHBRARD  ,  antiquaire  An^ 
glois  j  voyagea  dans  la  Grèce  et 
dans  l'Asie  mineure.  Il  trouva 
dans  la  Troade ,  au  lien  oii  étoit 
située  l'ancienne  ville  de  Sigée  ^ 
V inscription  Sigéenne  qui  est  çé** 
lèbre  parmi  les  chrot^ologistes^ 
Elle  appartenoit  à  une  statqtt 
d*Hermès  sans  tète*  Sturard  est 
mort  à  la  Rn  du  17*  siècle. 

SHERBURN,  (Êdonard)! 
commissaire  général  de  Vartille-^ 
rie  Angloise ,  naquit  à  Londres  e\L 
1616^  et  resta  fidelle  à  Charles  /• 
On  lui  doit  un  'Recueil  de  poésies;^ 
et  la  traduction  en  anglois  des 
tragédies  de  Sénèque  et  du  poi^m« 
de  ManiliUf  sur  l'astronomie. 

SHEnBTJRNE,  (mylordj 
après  avoir  voyagé  long  -  temps 
dans  toutes  les  cours  de  l'Europe ^ 
se  retira  dans  ses  terres  en  Ir- 
lande, oii  il  s'appliqua  à  décrire 
en  plus  de  3oo  cartes  manuscri'^ 
tes ,  jusqu'aux  héritages  un  peir 
remarquables  de  celte  contrée. 
Ce  Recueil  intéressant  formé  trois 
vol.  in~fol.  Son  fils  passant  de 
Dublin  a  Londres  sur  le  vaisseaa 
V  Unité  f  fut  pris  par  des  arma-* 
tenrs  François;  et  sa  Topogra*-* 
phie  d'Irlande»  envoyée  à  Paris ^ 
est  en  ce  moment  Tune  des  ri» 
chesses  de  la  bibliothèque  na-* 
tionale. 

SHÉRIDAN,  (Thomas)  fil* 
d'un  ministre  Irlandois,  intime 
ami  de  Swijt,  se  ht  acteur  e» 
1743 ,  et  )OMa  avec  succès  sur  le» 
théâtres  de  Dublin  et  de  Londres  , 
sur-tout  le  râle  deCaton  dans  la 
tragédie  de  ee  nom.  Après  avoir 
représenté  les  pièces  des  autres  y 
A  en  fit  lui-^méme,  et  sa  comédie 
de  ta  Découvet^te ,  jouée  en  1763^9 
eut  beancottp  de  succès.  On  lui 
doit  encore  une  Vie  de  Swift-  et 
un  Dietiomnairç  auglois»  U  e|^ 

Ff4 


y 


3J56 


S  HÈ 


mort  en  1788.  *—  Son  épouse , 
Françoise  SBÉniDAN ,  morte  à 
Blois  en  1767,  coran^e  elle  ve- 
♦iioit  rétablir  sa  «anté  en  France, 
«  écrit  des  Romans  xjtri  ont  de 
l'esprit  et  de  l'intérêt.  Us  sont 
dntulés  :  Nourjahah  et  Sidney 
^  'Siditlpke.'^Son  fils  ne  ^e  distin- 
gue pas  moins  par  ses  Pièces  dra* 
toatix{ties  que  par  ses  Discours  au 
parlement  d'Angleterre, 

'  SHERWIN  ,    (  Jenn-Keyse  ) 

célèbre  graveur  An jjl ois,  mort  en 
'(1790^  étoit  un  simple  bûcheron. 
'£tant  entré  par  hasard  dans  une 
salle  où  la  famille  de  M.  MLlford 
tiessinoit,  on  lui  mit  tm  porte- 
crayon  à  la  main  ,  et  on  s'amusa 
à  le  prier  de  copier  un  dessin 
dif&cile.  Le  bûcheron  l'exécuta 
iivec  une  telle  précision ,  que  la 
Camille  étonnée  crut  devoir  en- 
courager son  talent  et  l'envoyer 
à  Londres ,  ou  il  devint  le  plus 
célèbre  élève  de  Bartolozzi.  Ses 
dessins  sont  très— recherchés. 

SHORE ,  (  Jeanne  )  Angloise 
célèbre  par  sa   beauté  ,   éponsa 
luî  orfèvre ,  et  devint  maîtresse 
'dEdouard  IV,  Après  la  mort  de 
•ce  monarque ,  elle  fut  poursuivie 
comme  sorci>re^  et  condamnée 
à  une  pénitence  publiqîje  et  à  la 
"perte  de  tous  ses- biens.  Elle  mou- 
rut dans  la  détresse  ,  au  milieu 
du  i6®  siècle. 

SHOVEL,  (  Cloudesljr  )  ami- 
ral Anglois',  commença  sa  car- 
rière par  être  simple  mousse ,  et 
'servil,  en  16^4,  sous  Narbo-^ 
Tough,  chargé  de  brûler  les  vais- 
seaux de  Tripoli.  Shoptl  montra 
-tant  d'intrépidité,  dans  'cette  ex- 
pédition ,  qu'il  fut  fait  capitaine 
'  de  vaisseau.  Il  se  distingua  de  nou- 
veau à  la  Baie  de  Bantry ,  à  la 
•ImtaUle  navale  ^eMa  Hogue  et 
à*  la  prise  d«  M'alaga,  en  1704. 


Kommé  chevalier  et  aminl,  â 
commanda  la  flotte  qui  prit  Bar- 
telonej  mais  en  revenant  vain- 
queur ,  il  fut  assailli  d'une  tem- 
pête furieuse  dans  la  Méditer- 
ranée, et  son  vaisseau  fut  fracassé 
contre  les  rochers  de  la  Sicile, 
dans  la  nuit  du  21  octobre  i7oS> 
Son  corps  retrouvé  le  lendemain 
sur  le  rivage,  fut  transporté  en 
Angleterrfr,et  inhumé  avec  pompe 
dans  l'abbaye  de  Westminster. 

SIAGRIUS,  (Afranius)néà 
Lyon,  dans  le  4*  siècle,  fut  grand 
magistrat  ^^on  politique ,  et  poète 
méèiocre.  Il  étoit  préfet  du  pr^ 
toire  en  3St ,  comme  le  prouve 
le  code  ThéodosUn  ,  qui  lai  est 
.adressé ,  et  il  devint  dans  la  suite 
consul.  Le  poëte  Ausone  l'avoit 
choisi  pour  sou  patron.  Siagrius 
mourut  à  Lyon,  et  fiit  enterré 
dans  l'ancienne  église  des  Maccba- 
.bées  ,  où  l]on  vit  long— temps  soa 
•  tombeau.  Son  neveu  Siagrius 
adoucit  les  mœurs  de  Ooadt^ 
baud ,  roi  des  Bourguignons ,  et 
par  ses  conseil^  chercha  à  policer 
%es  peuples.    , 

SIBBALD,  (Robert)historieii 
Ecossois,  né  en  1643,  voyagea 
en  Italie  et  en  France,  et  s'occupt 
beaucoup  à  soÀ  retour,  de  faire 
établir  un  collège  de  médecine  et 
un  jardin  de  botanique  dans  sa 
patrie.  On  lui  doit  une  Histoire 
naturelle  de  l'Ecosse ,  et  une 
autre  du  comté  de  Fife  dans  la 
même  contrée. 

SIBRECHTS,  (Jean)  peintn 
célèbre,  né  à  Anvers  en  i6î5, 
fut  un  habile  paysagiste  et  excella 
à  représenter  les  troupeaux. 

SIBTHORPE ,  (  Jean  )  célèbre 
botaniste  Anglois,  mort  en  i/jC» 
fut  membre  de  la  société  Royale, 
et  fit  deux  fois  le  voyage  du 
Levant ,  poiir  y  recueillir  M 


s  IB 

lofantes  curieuses ,  qu'il  a  lésées  ' 
a  l'université  dOxford.  On  lai 
doit  la  Tiorç  de  cette  contrée. 

L  SIBYLLE ,  femme  de  Bo-»* 
"heriy  dite  de' Normandie,  donna 
«ne  preuva  rare  d'amour  con^ 
Jugal.  Ce  dernier  ayant  été  blessé 
par  une  Ûèchc  empoisonnée ,  les 
médecins  annoncèrent  que  sa 
mort  ëtoit  certaine  «  si  quelqu'un 
ne  suçoit  prompte  ment  1a  bles- 
sure et  ne  s'exposoit  à  périr  pour 
\\x\,  SihyUe  profita  du  sommeil 
de  son  époux  pour  sucer  la 
plaie,  et  mourut  victime  de  son 
dévouenient. 

.  I L  SIBYH.E  ,  marquise  de 
Montferrat  et  reine  de  Jérusalem, 
«n  1 186  ,  sœur  de  Baudoin  IF/ 
épousa  Gui  de  Lusignan.  Les  en* 
nemis  de  ce  dernier  lui  demandé- 
fentde  rompre  son  hymen.  «S/^y//« 
feignit  d'y  consentir  et  renvoya 
OuL  Quelque  temps  après,  elle 
fit  jurer  aux  chevaliers  du  Temple 
qu'ils  se  souraettroient  à.  celui 
qu'elle  prendroit  pour  époux.  I1& 
en  prêtèrent  le  serment;  alora 
Sibylle  déclara  que  Gui  avoit 
toute  sa  tendresse,  qu'eile.le  re- 
connoissoit  pour  son  mari|  et  allé 
le  fît  couronner  roi. 

SIDDONS,  célèbre  actrice 
Ang^loise  ,  excella  daixs  le  tra- 
gique. Elle  a  fait  aussi  divers  mor-> 
ceoux  de  sculpture  justement  es^ 
timés ,  et  entr'antres  un  buiste 
ai  Adam,  dont  la  figure  pleine  de 
grandeur  et  de  majesté  ,  a  été 
admirée  dans  l'exposition  faite  à 
Londres  en  1082. 

*ILSlDNEY,(Argernon) 
cousin  -  germain  du  précédent, 
étoit  fils  cadet  de  Bohert,  comte 
de  Leicester ,  et  avoit  été  colonel 
dans  l'armée  du  parlement  opposé 
à  Charles  /,  roi  d'Angleterre, 
^ome  n'eut  peut<r être  jamais  de 


5  I  I>        4Vr 

républicain  plus  ardent ,  plus  Aer. 
C'étoit  nn  second  Brutus.  11  fit  la. 
guerre  à  Charles.  l\  se  ligua,  sana 
être  d'aucune  secte  ,  ni  même 
d'aucune  religion  ,  avec  les  eu« 
thousiastes  qui  se  saisirent  da 
glaive  de  la  justice  pour  égorger 
ce  prince  infortuné.  Mais  lorsque 
Çromwel  se  fut  emparé  du  gou— 
vernement ,  Sidney  se  retira ,  et 
ne  voulut  point  autoriser  par  sa 
présence  la  tyrannie  de  cet  usur- 
j^ateur.  Après  la  mort  du  protec-o; 
teur ,  il  eut  l'imprudence  de  re-* 
tourner  en  Angleterre,  à  la  solli- 
citation de  ses  amis.  11  avoit  ob- 
tenu un  pardon  particulier  ;  mais 
la  haine  ardente  et  inflexible  qu'il 
avoit  vouée  à  la  monarchie ,  le 
]:endit  suspect  à  Charles  IL  On 
voulut  le  perdre,  et  on  l'accusa 
d'avoir  trempé  dans  une  conspi— 
ration  contre  la  personne  du  rqi. 
Et  comme  on  manquoit  de  preu-* 
vcs  contre  lui,  on  saisit  ses  écrits^ 
entr'autres  des  Discours  qui 
navoient  jamais,  été  publiés,  et 
on  les  dénonça  comme  séditieux. 
Des  juges  corrompus  le  déclare^ 
reut  coupable  de  haute  trahison^ 
Les  conséquences  qu'ils  avoient 
tirées  de  ses  écrits  pour  le  perdre^ 
n'étoient  point  des  conséquences 
qui  résultassent  des  faits,  puisque 
ces  écrits  n'avoient  point  été 
publiés ,  ni  même  communiqués 
à  personne.  D'ailleurs  comme  ils 
étoient  composés  depuis  plusieurs 
années ,  ils  ne  pouvoient  servir  à 
prouver  une  conspiration  pré-' 
sente.  On  avança  cependant  que 
Sidney  étoit  non-seulement  cou-» 
pable  des  crimes  dont  on  le  char« 
geoit,  mais  qu'il  devoit  néces- 
sairement Tétre,  parce  que  st% 
principes  l'y  conduisoient.  Il  fut 
condamné  à  être  pendu  et  écar- 
telé-  Jeffreys  son  juge  et  son 
ennemi  personnel,  enluiannon*^ 
Sant  cette  seDte^ce  d'un,  ton  de 


4Ç«        «  I  D 

néprii ,  Tèxhortoit  k  subir  «m 
tort  avec  résignation.  5û{ii^,  en 
avançant  la  main ,  Ini  dit  :  Tdtet 
mon  pouls  ,  et  poii  si  mon  sang 
est  agUé,  Le  sapplice  fîit  cepen** 
dant  adônci^  et  Ton  se  contenta 
de  liai  trancher  la  tète  en  i683.  Il 
ëtoit  âgé  d*environ  €S  ans.  La 
sentence  prononcée  contre  lui, 
fut  aboli»  la  première  année  da 
règne  de  Guillaume,  On  a  de 
Sidnty  un  Traité  du  Gouverne*' 
ment^qxxi  a  été  traduit  en  François 
par  Samson ,  et  publié  à  la  tfâye 
en  1701,  en  4  vol.  in-ti.  L'au- 
teur veut  qu'on  soumette  ranto- 
rite  des  monarques  k  celle. des 
lois ,  et  que  les  peuples  ne  dépén-» 
dent  que  de  celles-ci.  Il  y  a  dans- 
son  Ouvrage  des  réflexions  har** 
dies ,  quelques  paradoxe! ,  et  des 
idées  qui  ne  sont  pas  assez  déve^ 
loppées.  Ses  principales  maximes 
sont  cel!e-^i  :  «  Le  gouvernement 
,  n'est  pns  établi  pour  l'utilité  de 
l'administrcint,  mais  de  Fadmi-' 
Jlistré  ;  et  la  puissance  n  est  pat 
un  avantage,  mais  une  charg*; 

—  La  liberté  est  la  mère  de« 
vertus,  et  l'esclavage  des  vices.- 

—  Ce  qui  n'est  pas  juste  ne  peut 
•voir  force  de  loi ,  et  ce  qui  n'est 

.  pas  loi  n'oblige  à  aucune  obéis-*« 
sanc  -*-  Un  pouvoir  aui-dessua 
àés  lois  ne'  peut  subsister  aveo 
le  bien  du  peuple ,  et  celui  qui 
ne  reçoit  pas  son  autorité  de  la 

f  loi ,  ne  peut  être  légitime  sou- 
verain. —  Toutes  les  nations 
libres  ont  droit  de  s'assembler 
quand  et  oit  elies^  veulent,  à  moins 

.  qu'elles  n'aient  renoncé  volontai- 
rement à  Ce  droit.  -—Le  soulève-* 

'  ment  général  d'une  nation,  ne 
mérite  point  le  nom  de  révolta 
C'est  le  peuple  pour  qui  et  pat 
qui  le  souverain  est  établi,  qui 
peut  seul  juger  s'il  remplit  bieit 
sas  devoirs ,  ou  s'il  ne  les  remplit 
pas»»  La.Kéfoltttion  Françoise  n 


S  I  G 

nia  cil  prâtiqtte  les  opimoni  Ib 
Sidney. 

StÈVnnSSj  (Antoine  de)  ni 
en  1 53^  à  Ouimaraeiis  en  Porta- 
gai ,  entra  dans  l'ordre  des  Domt^ 
nicains ,  enseigna  la  philosophie 
à  Lisbonne ,  fut  créé  docteur  s 
Louvain  en  1&71  <,  fut  banni  dei 
états  du  roi  d'£apagne,  pour 
s'être  déclaré  en  faveur  de  dos 
Antoine  de  Beja,  qui  se  donnoit 
pour  roi  de  Portugal ,  mena  en-* 
suite  une  vie  errante ,  et  mojatut 
à  Nantes  en  1 48S.  On  a  de  ki  i 
L  Uno  Chronique  de  son  Ordre  ) 
en  latin,  Paris,  iS^â^  in«S<* 
II,  Bibliothèque  des  Ecrivains  de 
son  Ordre.  Ces  ouvrages  sont 
pleins  de  fautes  et  écrits  sans 
goût.  On  a  encore  de  lui  des 
Notes  sur  les  ouvrages  de  saint 
Thomai ,  etc.  Voyex  le  P.  Quétif, 
strr  les  Ecrivains  Dominicains. 

SIFFRIDUS  deMisnie,  prdti^ 

du  i4*  siècle,  a  donné des^nM-* 
les  depuis  la  création  du  moad» 
jusqu'à  son  temps.  Pistorius  en  a 
publié  une  partie  en  i583^  elles 
s'étendent  depuis  l'an  4  56  }aaq«% 
Uan  i3o7. 

I.  $I6Cfi£RT ,  roi  dés  tut* 

Angles  ou  de  TAngletcrre  orien- 
tale ,    appelé  par  >e  vénérable 
Bède  ,  Roi  très-éelairé  et  tris* 
ehrétien ,  travailla  à  faire  fleurir 
la  foi  dans  ses  états,  fonda  dei 
églises ,  des  monastères  et  det 
écoles  ,    descendit    ensuite  ds 
trône  pour  se  faire  moine  à  Cno* 
bersburgh,  aujourd'hui  Bntfh« 
Castle ,  dans  le  oomté  de  Snfiblltfi 
Il  fut  assassiné  en   64%  i  vee 
Egrich  son  cousin  ,  qu'il  avoit 
mis  sur  le  trône  en  sa  place.  Ott 
en    fait   la    fête  dans   plusîenn 
églises  d'Angleterre  et  de  France 

SIGLERUS,  (Michel)  syndil 
drHcrinaiistadt  en  Ttansjlvaiue) 


j 


s  IL' 

tets  tSSo,  est  auteur  dHme  ll?f-J 
toire  de  Hongrie  en  latin  ,  insérée 
dans  Ia  collection^  historique  y 
imprirtîé  &  Presboarg ,  ï^35, 
in*-folîo. 

I.  SILV  A.  Il  y  a  eu  de  ce  nom 
(François  )  peintre  et  statuait»^ 
mort  eu  1641  j  un  autre,  sculp— 
teur  (  jiugttsUn)^  et  son  petit-ûls; 
(JVa/x^OLj)  dit  Je  Jeune  ^  mort 
à  fionii  dans  Télectorat  de  Co«t 
logne  en  < 787  ;  enfin,  un  sculp-i^ 
teur^et  architecte  (  Charles  Fran^ 
ipis)  ,  mort  k  Milan  en  172(1  à 
65  ans* 

II.  3ILVA,  (Gabriel  de)  mé- 
decin  du  XV4^  siècle,  a  publié  ua 
Traité  latin  sur  la  Diète* 

SILYANI,  (Gérard)  architecte 
•t  sculpteur  Florentin  ,  n^  en 
1579  ,  mort  en  1675,  et  sott 
petit— fils  (  Pierre**François  >  h«h- 
bile  aroJiiteote',  ont  eu  de  la  répu-^ 
tiitfon  dans  l«ur  patrie.  -  * 

SILVECANE  ,  (Constant  de) 
feé  à  Lyon  9  y  devint  prévôt  deî 
marchands'  en  1 6S9  ,  et  publia  en 
1690,  une  Traduction  de  fuvC'* 
Tuil  avec  des  Notes. 

VÏÏL  SIMÉOW,  (Antoine) 
reli^ieuJE'  dofuinieain ,  a  traduit  de 
l'espagnol  les  Sehnons  de  Pierre 
ée  Valdérâha ,  et  de  rittflîen 
ceux  de  Marcel  Ferdinand  de 
Bahy,  abbé  d*01iv«t^  16 10.  Ce 
traducteur  mouriit  à  Angoulème 

*  STMIANE,  (Charfes-Jean- 
Baptiste  de)  d'une  famille  de  Pro- 
vence qui  remonte  au  x*  siècle , 
flevint  marqn^  de  Pianèze,  mi- 
iiistre  du  duc  de  Savoie ,  et  colo— 
hel  général  de  son  infanterie.  Il 
servit  ce  prince  avec  zèle  dans  son 
conseil  et  dans  ses  armées.  Sur  là 
fin  de  ses  jours,  il  quitta  la  cour, 
^  se  retira  à  Turin  chez  les  Pré* 


trfts  de  la  Mission ,  oii  il  ne  s*oo-i 
cupa  que  de  son  salut.  Sa  solitude 
n'étoit  troublée  qufe  par  les  con-* 
seils  qu'on  lui  demandoit  comme 
à  l'oracle  de  >a  Savoie.  U  finit 
saintement  Seè  jmifS.  en  1677. 
On  a  de  lui  :  I.  Un  Traité  de  là, 
vér*ité  de  la  Religtofi  Chrétienne  , 
en  italien ,  dont  le  P.  Bùuhôun 
A  donné  une  Traduction  fran-* 
$ûi9e  )  in~i  2.  II.  PiissinU  in  DeuiA 
A/fécttis ,  ex  Augïistini  Confei^ 
eitfnihus  delectl ,  in- 1  ifc ,  etc.  — XL 
y  s  eu  de  la  même  famille  Èer-i 
trand  Baimhaud  de  Simiant  » 
marquis  de  Gordes ,  lieutenant^* 
géhëral  du  Dauphiné ,  mort  éil 
th'jfi  ,  qui  livra  un  combat  à 
Mànthrun  et  le  fit  prisonnier,  et 
^li  se  signala  contre  les  religion- 
ndires  ;  et  Pauline  Adhemar  de 
Grigàttn,  épouse  du  marquis  de 
Simiane ,  mott  en  i7tS,  donf 
elle  n'eut  qite  des  filles,  Vqyét 
Grigmaïy. 

•  Xtll  SIMON,  (Claude^ 
François)  imprimeur  de  Paris ^ 
mort  dans  cette  ville  en  1767  ^ 
à  55  ans ,  joignoit  aux  connois-* 
sances  typographiques, celles  delà 
littérature.  On  a  de  lui  :  L  Con^ 
àoistance  de  la  Mythologie  g 
Paris,  1753,  in-ii,  4"  et  la 
meilleure  édition.  Les  journalistes 
de  Trévoux ,  dans  le  second  vo** 
]ata6  d*avril  1746,  soutiennent' 
que  cette  production  est  l'ouvrage 
du  P.  Rigord  jésuite ,  mort  en 
f  73^ ,  et  que  Simon,  n'y  a  fait  qtié 
,  quelques  additions ,  parmi  les— 
-  quelles  il  y  en  a  de  peu  modestet 
et  dangereuses  pour  des  enfaiis. 
Ces  anecdotes  scandaleuses  ont 
été  retranchées  dans  l'édition  que 
nous  indiquons.  II.  Deux  Co- 
médies ;  Minos  ou  V Empiré  Sou^ 
terrain,  les  Confidences  récipro-* 
ques ,  non  représentées.  IIL  Mé-m 
fnoires  de  la  Comtesse  d'HoriU'^ 


46o        SIM 

Pt/Ztf ,  a  Tol.  in-i2  :  roman  foi^ 
blement  et  négligemment  écrit ,  et 
dénué  d'imagination.  IV.  Méaioi- 
rjRs  de  Du  Guay-Trouin ,  in-^*»  : 
il  reçut  en  1740,  une  médaille 
d'or  de  la  part  du  roi  pour  la 
rédaction  de  ces  Mémoires.  V.  Il 
6*occupoit  ,  lorsqu'il  mourut  , 
d'un  ouvrage  considérable  sur  la 
Science  pratique  de  l'Imprimerie  f 
inais  cet  écrit  que  l'on  regrette 
na  pas  vu  le  jour.  Les  principales 
éditions  sorties  de  ses  presses^ 
«ont:  Virgile,  Térence , Salluste , 
Cornélius  -  Nepos  ;  un  Lucrèce, 
italien;  la  Bible  d'Houbigant^ 
1753 ,  4  vol.  in-folio  ;  un  choix 
de  Poésiçs ,  3  vol.  in-4*' ,  dont  il 
ne  tira  jfue  75  exemplaires.  On 
ignore  si  c'est  à  lui  ou  à  un  autre 
Simon  qu'on  doit  un  Traité  sur 
le  Moyen  (le  co/i$erver  le  Gibier 
par  la  destruction  des  Oiseaux  de, 
rapine ,  avec  un  Essai  sur  la 
Fipée ,  Paris ,  1738 ,  in-12. 

XI  Y.  SIMON,  (Jean-François) 
Airurgien ,  mort  en  1770,  doat 
on  a  nn  Abrégé  des  Maladies  des 
Os ,  et  un  Abrégé  de  Pathologie 
tt  de  Thérapeutique, 

SIMONEAU ,  (Henri)  maire 
d'Etampés,  fiit  massacré  le  3 
joars  r792,-pac  la  populace  qui 
voulut  le  forcer  a  diminuer  le 
prix  du  pain.  «  Ma  vie  est  à  vous, 
décria  Simoneau,  vous  pouvez 
me  tuer ,  mais  non  me  faire  man- 
quer à  mou  devoir.  »  L'assemblée 
Législative  lui  fit  élever  un  mo* 
nuraent  sur  la  place  publique 
d'£tampes. 

SIMONI,  (Simon,  ou  Simo) 
iTiédecin  de  Lucques  dans  le  xvi* 
siècle ,  passa  de  l'ÊgJise  Romaine 
dans  le  parti  des  Calvinistes  ,  et 
enfin  da»s  celui  des.Sociniens.  Il 
se  retira  en  Pologne,  pour  être 
plus  en  liberté ,  et  s'y  fit  de$ 


S  {  M 

ennemis ,  qui  profitèrent  de  ses 
variations  en  matière  de  religion 
pour  ie  décrier.  Le  plus  acharné 
de  tous  fut  un  certain  Marcel 
Squarcia— Lupi ,  socinien  comm« 
lui  ,  qui  le  peint  comme  ui 
homme  constahiment  athée.  La 
satire  où  ce  sectfkire  est  si  mal- 
traité, parut  à  Cracovie  en  i588, 
in-40,  sous  ce  titre  :  Simonis 
Simonii  st^mma  Religio  ,  suppri- 
mée avec  tant  d'exactitude  qu'elle 
est  d'une  rareté  extrême.  On  a 
de  Simoni  plusieurs  ouvrages  sur 
kl  médecine ,  et  d'autres  qui  n« 
méritent  pas  de  trouver  place  id. 

SîMONIS,  (Pierre  J  né  à  Tid 
dans  la  Gueldre  Hollandoise,  li- 
cencié en  Théologie ,  fut  succes- 
sivement curé  à  Courtrai ,  ch*- 
noine  et  premier  arcbiprêtre  de 
Gand  ^  second  évêque  d'Yprei 
ea  1S85,  et  mourut  en  i6o5, 
à  66  KXïs*  Il  ne  dut  son  élévation 
qu'a  ses  vertus  et  à  sa  science.  On 
a  de  lui  plusieurs  ouvjrages,  la 
plupart  contre  les  Calvinistes, 
recueillis  et  publiés  à  Anvers, 
1609Î,  in-folio,  par  Jean  Davià 
son  successeur  dans  la  cure,  dé  js. 
Courtxiai,  et  ensuite  jésuite.  Oi 
distingue  entre  les  écrits  de  ce 
prélat  :  L  De  veritate.  U.  Apo^ 
logiapro  çeritate  catkolicd.UhDe 
Hoireseos  kareticorumque  tuh 
tard,  IV.  Des  Harangues  et  des 
Sermons  bien  écrits  y  en  latin. 

SIMPLICIEK,(lepère) 

Voyez  FouRNY. 

IL  SIMPSON ,  (  Jean  )  Êcoi- 
sois,  né  à  Glasgow  en  i^i^, 
inort  à  Edimbourg  en  1744» 
devint  professeur  de  théologie, 
et  s'attira  des  ennemis  par  la 
nouveauté  de  ses  opinions.  Ceux- 
ci  le  firent  déposer  et  excom- 
munier. Les  Écrite  de  ce  Théolo- 
^iea  sont  peu  connus  en  Franceir 


SIM 

DL  SIMSON,  (Robert  )  pro-^ 
ftsseur  de  mathématiques  dans 
laniversité  de  Glasgow  ,  mort 
en  1789  9  à  81  ans  y  laissa  des 
Œuvres  posthumes  ,  Glasgow  , 
1776 ,  in- 40 ,  dans  lesquelles  il 
idaircit  ce  que  les  anciens  nous 
ont  transmis  sur  les  sciences 
•lactes. 

SINCLAIR,' (Olivier)  d'une 
fllastre  famille  d'Ecosse,  devint 
le  &vori  le  plus  intime  de  /ac- 

Î\ues  V  i  mais  il  a  été  moins  cél- 
èbre par  sa  faveur  que  par  ses 
disgrâces.  Après  avoir  joui  avec 
&ste  de  tous  les  biens  et  de  tous 
les  honneurs  que  procure-  Ta— 
initié  d*un  monarque  ,  il  passa  la 
fin  de  zes  jours  dans  la  plus  ex- 
trême pauvreté.  Couvert  des  lam- 
beaux de  Tindigence ,  il*  se  pré- 
lenta  un  jour  devant  Arran ,  fa- 
vori de  Jacques  VI,  et  se  con- 
tenta de  lui  dire  :  Je  suis  Olii^ier 
Sinclair,  Ce  peu  de  mots  et  sa 
vue  dévoient  être  pour  Arran  un 
grand  exemple  de  linstabilité  des 
thoses  humaines. 

SIRANI ,  (Jean-André)  pein- 
tre Bolonnois  9  né  en  iGro ,  mort 
en  1670,  devint  l'un  des  meil- 
leurs disciples  du  Guide ,  et  suivit 
d«  près  ce  grand  maître.  Son  ta- 
bleau de  la  Cène,  qui  se  voit  à 
Rome,  assura  sa  réputation.— Sa 
fille  EUzabeth  a  fait  aussi ,  dans 
le  genre  de  l'Histoire ,  plusieurs 
tableaux  estimés. 

.  SIRET  ,  (Pierre-Louis)  né  à 
Evreux  le  3o  juillet  1 74 S  ,  fit  son 
tours  de  droit  à  l'université  de 
Caen ,  quitta  cette  ville  pour  voya- 
S^r  en  Angleterre  et  en  kalie  , 
où  le  goût  des  arts  ^  et  sur-tout 
Celui  de  la  musique  9  le  fixa  long- 
temps. Siret,  de  retour  en  Francp , 
trairailla  au  Journal  Anglois,  et 
y  Courait  divers  articles  bipgra-r 


SR.  I 


4«« 


phiqnes;  mais  ceux  de  ses  écrits 
qui  ont  eu  le  plus  de  succès , 
sont  ses  Grammaires  Angloise  et 
Italienne.  Les  principes  en  sont 
clairs  ,  précis  et  judicieux.  L'au- 
teur s'occupoit  d'une  Grammairo 
Portugaise ,  lorsqu'il  mourut  an 
commencement  de  1797* 

SIRIES,  (Violente-Béatrix  ) 
née  à  Florence  en  1710  ,  devint 
élève  du  célèbre  peintre  Jean 
Fratellini,  et  l'égala  danslepor«4 
trait.  Elle  a  peint  ceux  du  grand 
duc  de  Florence  et  de  toute  la 

famille  impériale. 

« 

*  L  SIRLET,  (Guillaume)  d* 
Sqùilacci  dans  la  Calabre  ,  mort 
en  iS85  9^71  ans  ^  posséda  l'es-* 
time  des  papes  Marcel  //et 
P4e  IV ,  dont  le  dernier  le  fit 
cardinal  et  bibliothécaire  du  Ya-* 
tican  9  à  la  sollicitation  de  saint 
Charles  Borromée.  Ce  cardinal 
possédoit  bien  les  langues  sa- 
vantes. Il  étoit  archevêque  do 
Sarragosse ,  et  avoit  recueilli  un» 
bibliothèque  très-précieuse ,  réu* 
nie  après  sa  mort  à  celle  de  l'Es- 
curial  ,  où  le  tonnerre  la  con- 
suma en  grande  partie  ,  dans 
l'année  1S70. 

SKELTON»  (  Jean  )  poète 
Anglois  9  mort  en  1529',  a  laissé 
des  Poèmes  et  des  Satires  mi  vers 
latins,  n  obtint  en  14894  lacou-« 
ronne  de  laurier  que  l'université 
d'Oxford  décemoit  alors  au  meih 
leur  poète. 

-SKINNER,  (Etienne)  né  en 
i€l2 ,  est  le  Ménage  des  Anglois. 
Il  a  publié  Êtymologicon  lingues 
Anglicanœ,    1671  ,  in-folio. 

SKITTE ,  (  Vendela)  baronne . 
Suédoise  9  morte  en  1 629  ,  à  l'âge 
de  29  ans,   possédoit  le  ^ec,  le. 
Içtin,  l'allemand  et  le  françois,. 
outre  sa  langue  naturelle.  £I|e  a 


4$*        5  t£ 

pablié  dits  Lettr£4  9t  des  ViHOUirê 
«Q  Utin.  Se«  d«iix  sc^ur^,  Heldin^ 
c(  ^niK  «SArt^i^  ,  se  distinguèrent 
«iis«i  par  ]«ur  snvoir. 

•  SLEIPAN  ,  (Jean  )  né  dans 
le  vinage  de  SIeide  ,  près  dp 
Cologne  ,  en  1 5o6  ,  de  parens 
obscurs  ,  passa  en  France  Tan 
|5ij.  $es  talenA  le  lièrent  avec 
Us  trpis  illustres  frères  de  la 
ipaison  du  i^c/^ay.  Après  avoir 
été  quelque  temps  à  leur  service  ^ 
4  se  retira  h  Strasbourg  »  où  soa 
avii  Sli^raius  lui  procura  un  éta-" 
blissement  avautageu;^  SUida» 
fut  député  en  1545  par  les  Pro- 
tesl:ana  Ters  le  roi  d*Anglet6rre  , 
Mis  envoyé  aaconeilede  Trente. 
Il  fat  une  des  colonnes  de  son 
parti,  fl  avoit  embrassé  la  secte 
4e  Zuimgle  eh  arrivant  à  Stras» 
bourg;  mais  il  la  quitta  dans 
l»  snite  ^  et  mournt  Luthérien  en 
1 SS6.  La  mort  de  sa  femme  ,  ar- 
rivée Tannée  d'auparavant  ,  le 
pionget  dans  nii  si  grand  chagrin 
qjatd  perdit  presque  entièrement 
la  mémoire,  il-  ne  se  rappela  pas 
même  iti  noms  de  ses  trois  filles  ^ 
les  seula  enfans  qu*il  eût  eus  do 
cette  épouse  qbérie.  On  a  de  lui  : 
îé  Une  Histoire  en  ^6  livres,  sous 
ce  titre  :  De  statu  Beii^ipnis  et 
Wieipuhttck^  Oertnanorum  suh  Ca^ 
tolo  ^.'La  meilleure  édition  de 
cet  oi^rage  est  celle  de  x555. 
Sttiàan  écriv6i^  avec  clarté  et 
même  Quelquefois  avec  élégance  ; 
niais  on  sent  qu'il  n'aimoit  pas 
les  Catholiques.  11  est  pourtant  «  • 
t(a  général  ,  asie^  iippartial.  On 
volt  combien  il  i^voit  en  horreur 
Çharle^-^Quint  p  dont  ild^naturt 
toutes  1«S  actions;  mais  à  travers 
tes  calomnies  9  \i\  vérité  réclaipe 
de  temps  en  temps  ses  droits , 
et  l'on  s'apperçoit  Jque  l'esprit 
de  secte  ne  l'a  pas  entièrement 
étouffée.  Il  y  a  des  passages  fa— 
;r9niblet  ans  Cttholiqu^s  :  cela  n 


beaucoup  déplii  ami  Protestans  t 
et  ces  témoignages,  d'aatantplui 
précieux  qu'ils  sortoient  d'une 
plume  hérétique  ,  ont  dispam 
dans  les  éditions  données  après 
la  mort  de  Tauteur.  Pour  s'en 
convaincre  il  n'y  a  qu'à  comparer 
Véditioii  de  r556  avee  eelle  de 
I  6  53.  Le  Père  le  Coumyer  a 
traduit  cet  ouvrage  ^i)  françois, 
Leyde,  1767,  trois  vol.  in-4..« 
H.  De  quatuor  summis  Imperiis , 
ijti,  in- 8.**  C'e$t  un  asse^  mé- 
diocre abrégé  de  l'Histoire  Uni- 
verselle. Gilles  Strtfchùts  ,  et  Co»- 
rard  Samuel  Schurtsflgich  pro^ 
fesseur  de  'Wittemberg  ,  font 
continué  jusqu'en  1678  ♦et 
Christian  Junker  Ta  poussé  jus-» 
qu'à  la  fin  du  17*  siècle.  11  a  été 
tradtiit  en  François ,  in-S»  ,  1757, 
à  Paris.  Voltaire ,  dans  certains 
chapitres  de  son  Histoire  Uni-^ 
ver  selle,  a  beaucoup  profité  de 
celle  de  Sleidan,  L'ordre  des  faits 
est  semblable  dans  tout  ce  qui 
copcerne  ^histoire  de  Tenipire 
d'Occident ,  et  l'expression  fran-. 
çoise  par  oit  souvent  calquée  sur 
la  latine.  C'est  ce  que  dit  le  tra- 
ducteur de  SleUatt'  TH.  Une  Tra* 
.duction  âes, -l^émoires  de  Phim 
lippe  dû  Commines ,  qui  n'est  pas 
toujours  Edelle.  Charles  -  qJmI 
appelait  Paul  Jove  et  Sleidan , 
s£s  MsifTEifus  ,  parce  que  le 
premier  avoit  dit  trop  de  bien  4i 
loi  ^  et  le  second  trop  do  mal. 

*  SLOANEvCle  Chevalier 
Hans  )  naquit  à  iCillileah  ,  dana 
le.  comté  de  Down  en  Irlande, 
le  1 6  avril  1 660 ,  de  parens  Bcos- 
sois.  Dès  l'flge  de  16  ans  ,  il  avoit 
fait  des  progrès  considérables 
dans  l'histoire  naturelle  et  dans 
la  physique.  Il  se  perfectionna 
par  le  commerce  de  IRay  et  de 
Boyle  ,  et  par  im  voyage  en 
France  ,   eu    Tournt^ori  ,    dif 


SLO 

Vemey  et  I^emery  lui  ouvrîtehl 
U  riche  trésor  de   leurs  recher— 
«liej.  De  retour  en  Angleterre  y 
le  funieux  Sydenkam  se  fit  gloire 
de    Tavancer   éAn$  la   médecine. 
tiB  société  Royale  de  Londres  Va- 
l^régea  k  son  corps  en  i685  ^  et 
deux  ans  après ,  il  fut  éln  mem- 
bre du  collège  royal  des  méde— 
eins  âer  Londres.  Le  duc  ^AL^ 
èermale  ayant  été  nommé  ,   en 
1667  ,  vice- roi  de  la  Jamaïque  , 
Hnns  Sloane  l'y  suivit  en  qualité 
ée  son  médeci/i.  Ce  savant  natu— 
saliste  revint  à  Londres  en  1688 , 
rapportant  avec  lui  environ  800 
Plantes  curieuses.  Peu  de  .temps 
après  ,  on  kii  donna  l'importante 
plaee  de  riiédecin  de  l'Hôpital  de 
Christ  ,    qu'il   remplit  avec  un 
dësin  té  ressèment   snns  exemple. 
U  recevoit  ses  appointemens ,  en 
donncMt  quittance ,   et  les  ren- 
<bît  iur->le -«champ  pour  être  em- 

Èiyés  aux  besoins  des  pauvres. 
vhron  ntt  att  après ,  il  flitélu 
•ecrétafi»©»' de   r-acadêmfe  royale. 
Cette  séQîëté  ne  lloccupa  pas  en- 
tièrement !  Sloane ,  ami  de  l'hu^ 
ftanité ,  établit  le  Dispeasatoire 
4è  Londres,  oU  les  pauvres,  en 
•chetant  toutes  sortes  de  remè- 
des y  ne  payent  que  la  valeur  in- 
triti^qae  des  drogues' qui  y  en- 
trentk   Le  roi  George  premier  le 
»omma ,  en    1716,  èhevalier— 
baronet  et  médecin  de   ses  ar- 
mées. La  même  année,  il  itit  créé 
président,  du  collège  des   raéde- 
«ns,   auquel  Jl  fit  des   présens 
considérables.  La  compagnie  det 
•potlitcaireis  dut  aussi,  à   sa  gé- 
nérosité le  terrain  du  beau  |lEirdin 
de  Cbélsea,  dont  il  facilita  réta- 
blissement par  ses  dons.  Le  roi 
.  George  lï  le  choisit  en    1717 
pour  son  premier  médecin ,  et  la 
société  royale  pour  son  président 
A  la  place  de  Newton,  C'étoit 
Hin|)lacer  un  grand  bommo  par 


nn  antre  gtand  homme.  L'aca- 
démie des  Sciences  de  Paris  s« 
l'éteit  associé  en  1708.  Ce  digne 
citoyen  ,  âgé  de  80  ans  ,  se  re- 
tira en  1740,  dans  sa  terre  djt 
Chelsea ,  oii  il  s'occupoit  à  ré-« 
pondre  à  ceux  qui  veh oient  1# 
consulter,  et  à  publier. des  re-« 
mèdes  utiles.  C'est  à  lui  qu'où 
doit  la  poudre  contre  la  t^ige^ 
connue  sous  le  nom  de  Piflçis 
AjiH-^  Lyssiis*  Il  mourut  dans 
cette  terre  le  11  janvier  1753, 
à  93  ans.  Il  étoit  grand  et  bien 
fait.  Ses  manières  étoient  aisôet 
et  libres  ;  sa  conversation  gaie  , 
familière  et  obligeante.  Rien  n'é- 
galoit  son  afFàbilité  envers  [es 
étrangers  \  on  le  trouvoit  tou- 
jours prêt  à  faire  voir  son  ca-r 
binet ,  pourvu  qu'on  l'eût  averti 
à  temps.  Il  tenoit ,  un  jour  \% 
semaine,  table  ouverte  pour  les 
personnes  de  distinction  ,  et  sur- 
tout pour  ceux  de  ie$  confrères  d# 
la  société  royale  qui  vouioient  j 
venir.  Quand  il  se  trouvoit  quel- 
que livre  double  dans  sa  biblio-. 
tnèque ,  il  Tenvoyoit  soigneuse- 
ment au  collège  des  médecins  ^ 
si  c'étoit  un  livre  de  médecine  ; 
ou  à  la  bibliothèque  du  chevalier 
Bodley ,  k  Oxford  ,  s'il  trait  oit 
d'autres  matières.  Il  vouloit  par 
ee  moyen  les  consacrer  à  l'utilité 
publique.  Lorsqu'il  étoit  appelé 
auprès  des  malades  ,  rien  n  étoit 
égal  à  l'attention  avec  laquelle 
il  observoit  jusqu'aux  moindres 
symptômes  de  la  maladie.  C'étoit 
par  ce  moyen*  qu'il  se  mettoit  en 
état  d'en  porter  un  pronostic  sî 
si^r ,  que  ses  décisions  étoient 
des  espèces  d'oracles.  A  Touver- 
ture  des  cadavres  (Je  ceux  qui 
mouroient ,  on  trouvoit  presque 
toujours  la  cause  de  mort  qu'il 
avoit  indiquée.  On  lui  doit  d'a- 
voir étendu  l'usage  du  QiUnquina,r 
nen  •- seulamtnt  aux  fiivr^s  té^ 


SLO 

glées ,  mais  à  un  grand  nombre 
de  maladies  ,  sur-toi\t  aux  dou- 
leurs dans  les  nerfs ,  aux  gan— 
grènes-  qui  proviennent  de  causes 
internes  ,  et  aux  hémorragies.  H 
8*en  étoit  souvent  sprvi  lui-même 
dans  les  attaques  de  crachement 
de  sang  auxquelles  il  étoit  sujet. 
On  a  de  lui  :  I.  Un  Catalogue  latin 
des  Plantes  de  la  Jamaïque  » 
în-8**  ,  i(^6.  IL  Une  Histoire  de 
la  Jamaïque  ,  in-folio  9  a  vol., 
en  nnglois ,  dont  le  premier  tome 
parut  en  1707  ^  et  le  second  en 
1725.  Cet  ouvrage  9  aussi  exact 
que  curieux  et  intéressant  %  est 
orné  de  2  7  4  figures.  III.  Piu- 
sieurs  Pièces  dans  les  Transac-^ 
lions  Philosophiques  ,  et  dans 
les  Mémoires  de  T académie  des 
Sciences  de  Paris.  Sa  bibliothè— 

2ue  étoit  d'environ  5o,ooo  vol. 
le  Catalogue  de  son  cabinet  de 
curiosités  ,  qui  est  en  38  voL 
in-  folio  9  et  huit  in-^*  ,  contient 
^9,352  articles  9  avec  une  courte 
description  de  chaque  pièce.  Ce 
cabinet  étoit  la  plus  riche  col- 
lection qu'aucun  particulier  ait 
peut-être  jamais  eue.  Comme  il 
souhaitoitqne  ce  trésor  {destiné, 
selon  ses  propres  termes ,  à  pro^ 
curer  la  gloire  de  Dieu  et  le  bien 
des  hommes  )  ne  fût  pas  dissipé 
après  la  mort ,  et  que  cependant 
il  ne  vouloit  pas  priver  ses  en- 
fans  d'une  partie  si  considérable 
de  sn  succession  9  il  )e  laissa  par 
son  testament  au  public  ^  ,en  exi- 
geant qu'on  donn'eroit  20  mille 
livres  sterling;  à  ^a-  famille.  Le 
parlement  d'Angleterre  accepta 
ce  legs,  eÇ  pojv'a  cette  somme  ^ 
bien  peu  coiisidécable  pour  une 
collection  de  cette  importance. 
Elle  forme  la  plus  grande  et  la 
plus  riche  partie  du  Musée  bri- 
tannique. Ce  Musée  est  divisé 
en  trois  départemens.  Le  premier 
e^i^tient  \çf  manuscrits  ^  le3  mé^ 


s  L  u 

daSJes  et  les  m onnoies  antiques^ 
les  médailles   modernes.,  depuis' 
Guillaume  Ru/us  ,    insqn'à  nos 
jours.  Celles  recueillies  de  Thé-" 
ritage  de  Sloane  offrent  une  suite 
de  plus  de  vingt  mille.  Le  second 
renferme  les  antiquités  et  rhis— 
toire  naturelle  :  on  y  trouve  les 
urnes  ,  les  vases  ,  les  amulettes  ^ 
les    Idoles    ,    les    patères  ,   le» 
lampes,  les  coupes  y  les  statues; 
les    bustes ,  les  instrumens    de 
musique  ,  et  ceux  propres  aux 
sacrifices,  les  lacrymatoires,  les 
talismans  et  cachets  ,  les  armes, 
l'épée  du  premier  comte  de  Ches-* 
ter,  La  section  de  l'histoire  natu^ 
relie  offre  une  tabatière  faite  avec, 
la  lave  du  Vésuve  ,  un  éventail 
d'une   seule  feuille  de    talipot , 
une  collection  de  fossiles  et  de 
minéraux  ,  une  autre  d'agathes , 
de  cornalines  ,  de  jaspes  ,  d*o« 
phites',  d'héliotropes,  de  mar- 
bres y  une  antre  d'ambres ,  de  bito- 
mes  y  d'asphaltes  ,  de  perles  dont 
une  est  violette ,  et  une  autre 
a  la  forme  d'un  raisin  ;  «ne  c61-* 
lection  de  coquilles  ,  fossiles  ,  et 
d'autres    objets   péûifiés    ,    tels 
<;pi'un  crâne  humain  et  une  épée 
trouvée  dans  le  Tibre  ;  nue  autre 
de  bois  divers  ,  de  fruits  et  de 
plantes  ;  une  antre   d'insectes; 
une  autre  de  reptiles  ,  d'aiDphi— 
bies ,  de  poissons   secs ,  oii  Fos 
voit  le  squelette  d'une  baleine. 
Le  troisième  département    ren- 
ferme les  livres  imprimés.  Ceux 
de  Sloane  sont  au  nombre  de  Soi 
mille  environ.  Voye^  Pëtiver. 
.   il.  SLUSE,  (  Jeau  Gualtier) 
baron  de  )  frère  du  précédent, 
né  à  Visé  l'an  162^^  fut  appelé 
à  Rome  par  Jeaa  Gualtier  son 
oncle  ,  .-secrétaire  des  brefs,  dé- 
ment IX  le  reçut  au  nombre  de 
ses  prélats  domestiques  ;   il  suc* 
céda  ensuite  à  l'emploi  de  soi 
fiDcl^  Innocent  XI  l'éleva  sa 

cardinalat 


s  M  A 

tài^dinalat  l'an  1686.  Sa  trop 
grande  application  ait  dev,oir  de 
sa  charge  et  à  l'étude,  jointe  k 
ta  complexion  foible  y  avança  la 
lin  de  ses  jours.  Il  mourut  le  7 
Juillet  1687.  Détaché  des  riches- 
les ,  il  se  contenta  de  son  patri- 
lùoine  et  des  revenus  de  sa  char- 
ge, et  refusa  constamment  tout 
bénéfice.  Les  brefs  qu'il  a  dressés 
«ont  d'un  style  vif ,  et  montrent, 
combien  il  étoit  versé  dans  la 
discipline  de  l'Église ,  l'Écriture- 
Bainte  et  les  Saints  Pères.  Il  avoit 
amassé  une  bibliothèque  im- 
mense ,  dont  on ,  a  imprimé  le 
catalogue  en  cinq  vol.  in-4.'* 

SMALCIUS,  (  Valentin)  fa- 
meux Socinien ,  né  en  Thuringe , 
mort  à  Cracovie  le  14  décembre 
#622  ,  est  auteur  d'un  'j'-aité 
contre  la  Divinité  de  .T.  C. ,  inti- 
tulé :  de  Diuinitate  J".  C. ,  1 6p8  ^ 
in-40  ,  traduit  en  polonois  ,  en 
allemand  et  en  flamand  ,  et  plu- 
sieurs fois  réfuté,  particulière- 
itient  par  Jean  Cloppenburch  dans 
«on  ouvrage  intitulé  Anti-SmaU 
*ius,  Franeker  ,   i65a,  irt-4.0 

SMALRIDGE,  (George) 
ecclésiastique  Anglois  ,  connu 
principalement  par  ses  Sermons, 
Aont  les  premiers  parurent  en 
Ï717,  in-8°,  etles  derniers  en 
I726  ,  in-folio,  étoit  né  à  Licht- 
field  en  1666,  et  mourut  en 
'7'9  1  à  Oxford,  estimé  pour 
«es  mœurs  et  son  savoir. 

SMART  ,  (  Christophe  )  poète 
Anglois  ,  né  en  172a,  et  mort 
^ans  ces  dernières  années,  ex- 
cella dans  la  poésie  latine  ,  qui 
«ui  mérita  plusieurs  couronnes 
académiques.  En  1791 ,  on  a  re- 
cueilli ses  Poèmes  et  autres  ou- 
vrages ,  deux  vol.  in-folio. 

.   SMEATHMAN,  (Henri) 

.écrivain  Anglois  ,  remplit  long-i 

SuppL.  Tome  JII. 


S  M  I        46i 

temps  l'importante  place  de  sew. 
crétaire  du  collège  de  commerce 
de  Londres.  Il  s'est  fait  con-^ 
noitre  par  plusieurs  Mémoires 
d'histoire  naturelle  et  de  politi-*» 
que  insérés  dans  les  Transactions, 
philosophiques^  Il  est  mort  ea 
1787. 

SMEATON  ,  (  Jean  )  ingé-. 
nicur  Anglois  ,  naquit  dans  1* 
comté  d'Yorck  en  1724  ,  et; 
itiounit  en  1702,  après  avoixf 
été  membre  de  la  société  Royale^ 
On  lui  doit  le  beau  fanal  d'Eddy-. 
Stone  qu'il  acheva  en  1759.  Parmî 
ses  écrits ,  oh  distingue  la  Notice 
sur  ce  fanal ,  et  un  Mémoire  sut- 
la  force  naturelle  du  vent  et  de 
l'eau  ,  sur  les  moulins  et  autre»  . 
machines  dont  le  jeu  dépend  d'un 
mouvement  circulaire.  Ce  Mé-« 
moire  obtint  la  médaille  d'or  da 
la  société  Royale» 

L  SMELLIE  ,  (  Guinaiirae  ) 
chirurgien  célèbre,  mort  en  17^2,' 
a  décrit  avec  exactitude  la  struc- 
ture du  bassin  dans  les  fem-» 
mes  ,  et  a  publié  en  Angleterre  ^ 
1.  Système  complet  d'accouché^ 
mens.  II.  Tables  anatomiques  ^ 
avec  des  explications.  —  Un  autre. 
Guillaume  Smbllis  ,  imprimeui* 
Ecossois ,  et  secrétaire  de  la  so-w 
ciété  des  Antiquaires  d'Edim-* 
bourg  ,  a  publié  en  anglois  la 
Traduction  de  l'Histoire  natu- 
relle de  Buffon,  On  lui  doit  un 
ouvrage  sous  ce  titre  :  Philoso-^ 
phie  de  L'Histoire  naturelle.  Il  est 
mort  en  1795. 

IV.  SMITH,  (  Adam  )  docteur 
en  droit ,  professeur  de  moralo 
dans  l'université  d'Edimbourg , 
et  commissaire  des  douanes  d'É*^ 
cosse  ,  naquit  en  1723,  et.  mou-* 
rut  le  18  juillet  1790.  Ayant 
quitté  sa  chaire  pour  se  charges 
d©  l'éducation  d'un  seigueuï  Àx}^ 

Gg 


giois  ,  il  voyagea  deux  ans  aveô 
son  élève  ^  et  recueillit  des  obser- 
vations importantes  sur  le  c6in^ 
snerce  et  les  finances.  Il  profita 
de  ses  remarques  pour  composer 
tes  Becherches  sur  la  naturjs  t^t 
les  causes  de  la  richesse  des  na~ 
iions ,  1776  9  deux  vol.  in-40  , 
réimprimées  depuis  quatre  fois  , 
et  traduites  sur  la  4^  édition  , 
par  Roucher,  Paris  ,  1790,  cinq 
vol.  in-8.°  Les  matières  traitées 
dans  cet  excellent  livre  ,  inté- 
ressent tous  les  peuples ,  et  sont 
approfondies  avec  une  sagacité 
peu  commune.  On  y  développe 
les  ressources  des  é(ats  ;  mais 
peut  -  être  l'auteur  confond  -  il 
quelquefois  la  richesse  des  na- 
tions avec  leur  prospérité.  Smith 
s*étoit  nourri  de  la  lecture  des 
encyclopédistes  ,  et  de  Hume 
dont  il  étoit  grand  admirateur , 
et  dont  il  publia  la  vie.  11  adopta 
quelques-unes  de  leurs  idées  sys- 
tématiques ,  auxquelles  le  temps 
n'a  pas  encore  rais  son  sceau,  il 
f  étoit  d'abord  fait  connoitre  par 
sa  Théorie  des  sentimens  mo^ 
Taux  ^  17^9  ^  in- 8."  Smith  était 
un  génie  méditatif ,  et  l'on  s'en 
eppercevoit  assez  dans  la  société. 
6'étant  consacré  de  bonne  heure 
à  l'étude  et  à  la  retraite ,  il  n'a— 
voit  point  poli  ses  manières.  Ses 
distractions  très-fréquentes  le  fai- 
soient  prendre,  par  ceux  qui  ne 
lié  connoissoient  pas,  tantôt  pour 
lin  insensé  ,  tantôt  pour  un  idiot. 
Mais  ses  amis  estîmoient  en  lui 
ses  profondes  connoissances  ,  sa 

Ïirobité  et  son  caractère  officieux. 
1  fut  long  -  temps  pauvre  ,  et  il 
Supporta  l'indigence  avec  cou- 
rage. Ses  amis  auroient  voulu  le 
faire  entrer  dans  l'état  ecclésias- 
tique ;  mais  il  craignit  d'être  re- 
poussé par  le  clergé  Anglican  , 
parce  qu'il  s'étoit  déclaré  haute- 
laent   le  partisan  des  opinigns 


•ntî-reîigieuses  de  Voltaire.lStnï 
sa  yieàe  David  Hume,  il  soutient 
un  paradoxe  contraire  à  toutes 
les  religions  et  funeste  à  la  so- 
ciété; c'est  que  le  bonheur,  la 
paix  de  l'a  me  et  la  vertu  ne 
sont  pas  incompatibles  avec  IV 
théisme. 

V.  SMITH,  (Edmond)  né  en 
1668,  mort  en  lyro,  à  Garthara. 
Parmi  %Qi  Œuvres  poétiques , pu- 
bliées en  1719,  on  distingue  sa 
tragédie  le  Phèd  e  et  Hippoiyte ,  ' 
jouée  avec  succès  en  707.  Il  avoit  ^ 
commencé  une  traduction  de  » 
Lofigin  ,  qu'il  n'a  pas  achevée. 

VI.  SMITH  ,  (Guillaume) 
doyen  de  Chester,  né  en  1711, 
mort  en  1787  ,  a  publié  dei 
Discours  sur  les  Béatitudes,  et 
des  Traductions  de  Longititiàt 
Thucydide. 

■  VIÏ.  SMITH ,  (  George  )  pein- 
tre Anglois  ,  né  à  Chichester, 
mort  en  1776  ,  s'est  distingué, 
ainsi  que  ses  frères  Guillaume  et 
Jean  ,  dans  le  paysage.  On  re^ 
cherche  ses  ouvrages  en  Angle- 
terre. 

Vm.  SMITH,  (Thomî\f)ni 
à  Londres' en  i638  ,  devint  clia- 
pelain  de  l'ambassade  de  Constan* 
tinople.  De  retour  dans  sa  patrie, 
il  a  publié  plusieurs  Écrits  sut 
rhisto.îre  des  Turcs  ;  il  est  mort 
en  17 lo. 

IX.  SMITH ,  (Charlotte)  awn' 
tageusement  connue  en  Angle- 
terre par  une  foule  de  Poésiei 
agréables,  est  morte  en  1787. 

SMITS  ,  (  Louis  )  peintre  ' 
HoUandois  ,  né  h  Dordrecht  m 
i635,  mort  en  1675,  repnf- 
sentoit  les  fruits  avec  une  vériW 
étonnante.  Il  vendoitsestableani 
à  haut  prix  ;  cependant  le  co- 
loria sy  dégrade  et  devient  Jann»» 


.,J 


SMOLETT  ,  (  Thomas  )  mé- 

i^ecin  Anglois ,  né  à  Cnmeron  en 
JËcofiSe,  61117209  mort  en  Italie 
^n  177^9  s'étoit  trouvé  au  siège 
de  Carthagène ,  et  avoit  parcouru 
ia  France   et  quelques  contrées 
knëridionales  de  l'Europe.  11  s'oc-- 
tapa   plus   de  l'art  d'écrire  que 
de   celui    «le   guérir.   Peut -être 
feût-il  été  un  excellent  médecin, 
inais  il  a  été  un  médiocre  auteun 
La  poésie  ,  l'histoire  ,  le   genrô 
Romanesque  9  la  littérature  Toc-* 
cupèrent  tour-h-tour.  Nou*  avons 
de  lui    :   I.  V Histoire  d'Angle-^ 
terre  ,  quatre  vol.  in-4* ,  traduite 
«n  François  en  19  vol.  in-12 ,  par 
M.  Fêitge  >   qui  y  à  ajouté  une 
kùite  jusqu'en   1763,  en   5  voK 
in- 12.  Smolett  n'a  aucune  des 
qualités    des  bons  historiens;    il 
test  partial  et  passionné  ^  et  il  ne 
tacheté  pas  ce  défaut  par  l'élé- 
Igance  du  style.  Exposant  sèche— 
înejit  lesr  faits ,  détaillant  les  cir- 
tonstances  avec  url  ton  mono— 
,  tone^  donnant  très-peu  à  penser^ 
he  remuant  ni  l'imagination  ni  le 
'    4àœur  ^    il  fatigue  le  lecteur  en 
voulant  Tinstruirék  Son  style  est 
-tans  force  et  sans  coloris.  II.  Uh 
Voyage  en  France ,   1766.  Asth- 
matique et   vaporeux ,   Smolett 
étoit  venu,  en    1763,  ohetcheï 
en  France  la  santé  et  la  bonne 
humeur  :  il  ne  l'y  trouva  proba- 
blement pas  ;  car  ,  dans  sa  rela- 
tion ,  il  paroît  mécontent  de  toiis 
-nos  usages  ^   et  plein  de  mépris 
jpour  les   hommes  et  les  choses 
qu'il   venoit  de   voir.  III.    Un 
•Abrégé de  l'histoire  des  Voyages^ 
■|)ar  ordre    chronologique  ,  sept 
•Vol.  in-.ii.  Le  style  en  est  foible 
»et  lourd  ,  et  les  détails  ne  sont 
guère  piquans.  IV.  Plusieurs  Ro-* 
tnans  :  U^ilUam  Pickle  ^  quatre 
Vol,  in- 12  ;  Ferdinand  comte  Fa^^ 
ihom  ;   Lancelot   Greaues  ;  Ro-» 
'deriçtk  Uandom-  $  traduit  «n  f{an«^ 


fbls,  èïi  itrois  vol.  in-ià.  V.  De* 
Satires  :  les  Représailles  ,  coméi* 
die  :  le  Régicide  (  de  Charles  I  )>^ 
tragédie  :  productions  qui  ne 
valent  pas  mieux  que  ses  romans 
presque  tous  dénués  d'intérêt  et 
de  style.  VI.  Les  Recherches  cri-» 
tiques ,  ouvrage  périodique ,  pu* 
blié  depuis  1755  jusqu'en  ijS3y 
et  oii  l'on  cherche  vainement  la 
gaieté  d'imagination,  la  finesse 
des  vues,  la  justesse  dans  les  ju-« 
gemens  et  la  politesse  dans  lA 
manière  de  les  exprimer ,  qui 
caractérisent  les  critiques  célè« 
bres.  Smolett  étoit  mariée 

SNOHROj  {Stnrîèsùniusi 
illustre  Islandois  d'une  ancienne 
famille.,  fut  ministre  d'état  du  roî 
de  Suède  ^  et  des  trois  rois  dé 
Norvège-.  Une  sédition  l'obligea 
de  se  retirer  en  Islande ,  dont  il 
fat  gouverneur;  mais  eil  1241^ 
Gys5 tiras  son  ennemi  ,  le  for^a 
dans  son  château  et  le  fit  mourin 
On  a  de  lui  :  I.  ChroniCon  Regunk. 
iforwtgorum^  qui  est  utile  poui? 
cette  partie  de  l'Histoire  dtt 
Monde.  ïL  Histoire  de  la  Philo- 
sophie des  Islandois  ,  qu'il  à  tnti-^ 
tuiée  i  Edda  Islandica»  M.  Mallet 
l'a  traduite  en  françois  à  là  tête 
de  son  Histoire  dé  Danemarck% 
1766  ,  trois  vol.  in  -  4°  ^  ou  six 
voli  in-i24  Nous  en  avons  une 
édition  par  Resènius ,  à  Hanau^ 
\  1[665,   in-4.0 

*  SNOY,  (Reniei-  )  né  à 
Ter-Gou-v  en  Hollande,  vera 
l'an  1477  ,  alla  étudier  en  mé- 
decine à  Bologne  ,  oii  il  prit  le 
bonnet  de  docteur.  De  tetour 
dans  sa  patrie ,  il  exerça  la  mé<i^ 
decine.  Charles-Quint  le  chargea 
de  quelques  commissions  auprèi 
de  Christiern  II  roi  de  Dane— 
marck  ,  retiré  en  Zélande  ,  et  à' 
la  cour  de  Jacques  IV  roi  d'IÉ^ 
iîo^Je.  U  mourut  à  Tex-GouYt  j 


/» 


46S 


S  O  A 


le  premier  août  i537.  ^n  ■  ^® 
lui  :  Une  Histoire  de  Hollande 
en  XIII  livres  ,  en  latin,  Rotter- 
dam ,  1620,  in-folio.  «S w^rz/uf 
Ta  insérée  dans  ses  Annales  r^— 
,  rum  Belgicarum,  C'est  une  chro- 
nique qui  né  renferme  guère  que 
des  relations  de  séditions  ,  de 
batailles  et  de  sièges.  Elle  fmit  à 
Tan  iSig.  "Renier  Snoya  encore 
fait  quelques  ouvrages  sur  la  mo- 
rale et  la  médecine.  — 11  ne  faut 
pas  le  confondre  avec  Lambert 
Snoy ,  né  à  Malines  en  1074, 
mort  vers  Tan  i638  ,  qui  a  beau- 
coup travaillé  à  l'Histoire  généa- 
logique des  Pays-Bas. 

SOARDI ,  (Victor-Amédée) 
lié .  d'une  famille  noble  dans  le 
Piémont ,  eut  pour  parrain  Vie-" 
tor^jimédée  roi  de  Sardaigne. 
.Livré  à  tous  les  plaisirs  de  la 
Jeunesse ,  il  réfléchit  sur  leur  fri- 
'  volité  9  et  se  déterminant  à  partir 
tout-à— coup  pour  Paris,  il  entra 
dans  la  congrégation  de  Saint- 
Lazare.  11  est  mort  à  Avignon 
en  1752  )  après  avoir  publié  un 
ouvrage ,  intitulé  :  De  supremd 
Homani  Pontificis  auctoritate  et 
JScclesiœ^  GalUranœ  doctrind  ^ 
(Ï747  ,  in  -  4.0  On  en  a  donné 
iine  nouvelle  édition  à  Heidel— 
be^g ,  en  1793. 

*  I.  SOCRATE,  fils  d'un 
"îBculpteur  nommé  Sophromsque, 
•t  d'une  sage  —  femme  appelée 
Phenarèle ,  naquit  à  Athènes  l'an 
469  avant  J.  C.  11  s'appliqua  d'a- 
bord à  la  profession  de  son  père , 
'  et  l'histoire  fait  mention  de  trois 
^  ses  Statues  représentant  les 
Grâces ,  qui  étoient  très-belles. 
Il  paroît  par  les  comparaisons 
que  Socrate  employa  depuis  dans 
ses  discours  ,  qu'il  ne  rougissoit 
point  de  la  profession  de  son 
père  ni  de  celle  de  sa  mère.  Il 
yl'ftonuoit  ^}x  an  Scu-lpteur  appîi^ 


soc 

quât  tout  son  esprit  à  faire  qi/uné 
pierre  brute  deidnt    semblable  â 
un  homme ,    et  qu'un  homme  se 
mit    si   peu   en  peine   de    n'être 
pas  semblable  à  une  pierre  brute» 
Il  s  SL^^Q\o\tX  Accoucheur  des  Es'm 
prits ,  parce  qu'il  exerçoit  à  l'é- 
gard  des   esprits  ,    auxquels    il 
faisoit  produire  des  pensées  ,  lej 
mêmes    fonctions  que  sa    mère 
exerçoit  à  l'égard  des  corps.  Crir^ 
ton  ravi  de  la  beauté  de  son  es- 
prit ,  Tarracha  de  son  atelier  pour 
le  consacrer  à  la  philosophie.  Il 
jeut  pour  maître  le  célèbre  Ar-^ 
chélaûs  qui  conçut  pour  lui  tonte 
1  amitié  qu'il  méritoit.   Il   conv- 
mença  par  l'étude  de  la  physi- 
que y  selon  l'usage  des  écoles  de 
ce   temps-là.,   qui  ne   connois— 
soient  que  cette  partie  de  la  phi- 
losophie alors  très-obscure.  Ayant 
remarqué  combien  cette  science 
vague  et  incertaine  étoit  peu  utile 
nu  commun  des  hommes  ,  il  fit 
descendre  ,  dit  Cicéron  ,  la  phi- 
losophie  du  Ciel  pour  la  placer 
dans  les  villes  et  la  mettre  plus  â 
la  portée  des  hommes  ,  en  rap- 
pliquant seulement  à  ce  qtii  pou- 
voit  les  rendre  justes ,  raisonna- 
bles et  vertueux.  Le  jtîune  phi- 
losophe porta  les  armes  comme 
tous  les  Athéniens  ,   et  se  trouvi 
à  plusieurs   actions  ,  dans  les- 
quelles il   se  distingua  par  son 
courage.  Endurci  depuis    long- 
temps contre  les  saisons  ,   on  Ift 
vit ,  au  siège  de  Potidée  ,  mar- 
cher pieds  nus  sur  jk  glace.  Ayant 
trouvé  Alcibiade  couvert  de  bles- 
sures ,  il  l'arracha  des  mains  de 
rennemi ,  et  quelque  temps  aprè» 
lui  fit  décerner  le  prix  de  la  bra- 
voure qu'il  avoit  mérité  lui-même» 
A  la  bataille   de  Dél.ium  ,    il  se 
retirades  derniers  à  côté  du  gé- 
néral. Y  ayant  apperçu  le  jeune 
Xénophon  renversé  de  cheval ,  H 
le  prit  sur  ses  épaules  et  k  mi^ 


J 


soc 

%ax  lien  de  sûreté.  Ce  couragft  no 
Tfibandonnoit  pas  dans  des  occa- 
jions  peut-être  plus  périUeuses. 
Le  sort  l'avoit  élevé  au  rang  de 
sénateur  ,  et  il  présidoit  en  cette 
qualité  avec  ses  autres  confrères  à 
l'assemblée  du  peuple.  On  accusa 
un  général  d'armée ,  et  Kon  pro- 
posa une  forme  de  jugement  in- 
juste et  irrégulière.  La  multitude 
acharnée  approuvoit  cette  forme 
et    menaçoit  d'exterminer   ceux 
qui  la  rejetoient.  Les  sénateurs 
épouvantés    se    soumirent.    So- 
crate  seul  ,  au  milieu  des  cl  a-* 
meurs  et  des  menaces ,  refusa  de 
juger.   Comme  il  s'étoit  accou- 
tumé de  bonne  heure  à  une  vie 
«obre  ,   dure,  laborieuse  ,  il  dé- 
daigna l'amour  des  richesses ,  et 
se  consacra  sans  elForts  à  celui 
de  la  pauvreté.  Vo3'ant  la  pompe 
et  l'appareil  que  le  luxe  étaloit 
dans  certaines  cérémonies ,  et  la 
quantité    d'or  et  d'argent  qu'on 
yportoit  :  Que  de  choses  ,  disoit- 
il  en  se  félicitant  lui-même  sur 
son  état  ,  que  de  choses  dont  je 
ri  ai  pas  besoin  /...  Moins  on  a 
de  besoins  ,  ajoutoit-il,  plus  on 
approche  de  la  Divinité,  Socrate 
n'étoit   pas    seulement  pauvre  ; 
mais  ,  ce  qui  est  admirable  ,  il 
aimoit  à  l'être  ;    il  ne  rougissoit 
PAS   de  faire  connoître  ses   be- 
soins. Si  i'açois  eu  de  V argent  ^ 
dit- il  un  jour  dans  une  assemblée 
de  ses  amis ,  f  aurais  acheté  un 
manteau.  Chacun  de  ses  disciples 
voulut  lui  faire  ce  petit  présent.... 
Quoique  très-pauvre  ,  il  se  pi— 
quoit    d'être  propre   sur  lui  et 
dans  sa  maison.  U  dit  un  jour  à 
Antisthène  ,    qui  afFectoit  de  se 
distinguer  par  des  habits  sales  et 
déchirés,  qu'A  travers  les  trous 
de  son  manteau  et  de  ses  vieux 
haillons,  on  entrevoyoit  beaucoup 
de  vanité.  Le  faste  de  la  sagesse 
lui   paroissoit   une    ostentation 


soc 


4^ 


plus  ridicnle  que  le  faste  de  Yo-^ 
pulence.  11  rejrta  généreusement 
les  offres  et  les  présens  à'Arché'^ 
Iqiis  roi  de  Macédoine  ,  qui  vou-^ 
loit  l'appeler  à  sa  cour.  Sa  raison 
étoit ,  qu'il  ne  voulait  pas  aller 
trouver  un  homme  qui  pouvait 
lui  donner  plus  quil  n  étoit  ert 
état  de  lui  rendre.  Eût— ce  done 
été  rendre  à  ce  prince  un  petit 
service  ,  dit  Sénèque  ,  que  de  I9 
détromper  de  ses  fausses  idées 
de  grandeur ,  de  lui  montrer  1» 
véritable  usage  du  pouvoir  et  des 
richesb'es  ,  de  lui  apprendre  I9 
grand  art  de  régner,  et  l'art  peut-» 
être  plus  difficile  ,  de  bien  vivre 
et  de  bien  mourir  ?  Une  des 
qualités  les  plus  marquées  dans 
Socrate,  étoit  une  tranquillité 
d'à  me  1,  que  nul  accident  ne  pou-» 
voit  altérer.  U  ne  se  laissoit  ja-* 
mais  emporter  par  la  colère.  Uii 
esclave  ayant  excité  en  lui  quel- 
que émotion  :  Je  te  frapperais  , 
lui  dit-il  ,  si  je  nétois  pas  en. 
colère.  Un  brutal  lui  ayant  donné 
un  soufflet  ,  il  se  contenta  de 
dire  en  riant  :  //  est  fâcheux  de 
ne  pas  savoir  quand  il  faut  s'ar^ 
mer  d'un  casque.  Une  autre  fois  y 
ses  amis  étant  étonnés  de  ce  qu'il 
avoit  souffert ,  sans  rien  dire  , 
un  coup  de  pied  d'un  insolent  ; 
Quoi  donc  !  leur  dit-il,  si  un. 
âne  m*en  donnait  autant ,  le  fem 
rois- je  citer  en  Justice?  Enfin ^ 
comme  on  lui  rapportoit  qu'un 
certain  homme  l'accabloit  d'in-< 
vectives ,  il  ne  fit  que  cette  ré- 
ponse :  C'est  qu'apparemment  it 
ri  a  pas  appris  à  bien  parler. , .  , 
«  Que  celui  d'entre  vous  (  disoit- 
il  à  ses  disciples  )  ,  qui ,  en  con- 
sultant le  miroir,  s'y  trouvera 
beau  ,  prenne  garde  dje  corroni'* 
pre  les  traits  de  sa  beauté  par 
la  difformité  de  ses  mœurs  ;  mais 
que  celui  qui  s'y  trouvera  laid, 
sjapplique    à   effacer   la  laiddui^ 

Gg  3 


r 


t^^o       SOC 

«le  son  visa^  par  Tëclaf  ée  sa 
verfti..,  »  Comme  le  peuple  sor— 
toit  un  jour  du  théâtre ,  Sacrale 
forçoit  le  passtige  pour  y  entrer. 
Quelqu'un  lui  demandant  la  rai- 
son de  cette  conduite  ;  Cett , 
répondit-il ,  ce  que  j'ai  soin  de 
faire  dans  toutes  mes  démar-^ 
ches  s  je  résiste  à  la  foule.,..  On 
Jui  demanda  pourquoi  il  se  fati- 
guoit  à  travailler  avec  tant  d'ar- 
deur jusqu'au  soir  ?  11  répondit  : 
I«  Qu'il  gagnoit  de  l*appétit  pour 
mieux  souper;  que,  selon  lui, 
le  meilleur  assaisonnement  des 
viandes  étoit  la  faim  ,  et  que 
celui  de  la  boisson  étoit  la  soif...  » 
On  dit  que ,  pour  endurcir  son 
corps  contre  les  accidens  de  la 
vie ,  il  avoit  coutume  de  se  tenir 
débout  un  jour  eiitier  dans  l'at- 
titude d'nn  homme  rêveur,  im- 
mobile, sans  fermer  les  panpiè- 
res  et  sans  détourner  les  yeux  du 
même  endroit.  Après  avoir  gagné 
de  la  soif  par  les  fatigues  et  les 
mouvemens  qu'il  se  donnoit,  il 
ne  buvoit  point  qu'il  n'eût  versé 
dans  le  puits  la  première  cruchée 
d'eau  quM  en  tiroit...  Sacrale 
«voit  invité  à  '  souper  quelques 
personnes  riches  ,  et  sa  femme 
Xantippe  rougissoit  de  les  rece- 
voir si  simplement.  «  Ne  vous^n- 
qiiiétez  point ,  lui  répondit  5o— 
Crate  i  si  ce  sont  des  gens  de  bien 
«t  sobres ,  ils  seront  contens  ;  mais 
a'ils  sont  déréglés  et  méchans, 
peu  importe  qu'ils  le  soient.  » 
Il  trouva ,  sans  sortir  de  sa  pro- 
pre maison ,  de  quoi  exercer  sa 
patience  :  Xmtippe  sa  femme  le 
xhitaux  plus  rude»  épreuves ,  par 
son  humeur  bizarre ,  violente  et 
emportée.  Un  jour ,  après  avoir 
vomi  contre  lui  toutes  les  injures 
dont  son  dépit  étoit  capable,  elle 
finit  par  lui  jeter  un  pot  d'eau 
>ale  sur  la  tête.  Il  ne  fit  qu'en 
vx^  3  et  il  ajouta  :  Il  failoit  hiefè^ 


Soc 

^tt  plat  après  un  si  grand  tm*^ 
nerre.   Il    étoit  accoutumé  aia 
criaj  lier  Les  perpétuelles  de  cette 
femme ,  comme  on  l'est  au  cri  des 
Oies.   (  C'étoit  son  expression.  ) 
•^'  3fais  les   Oies  nous  font  des 
petits  ,   lui  disoit  -  on    un  jont% 
—  Et  ma  femnie  me  donne  des 
enfans ,  répondit   Sacrale.  On  a 
cru  que  le  caractère  de  cette  m^ 
gère  étoit  de  son  choix  ,  et  qu'il 
l'avoit  épousée  à   dessein   d'être 
exercé  ;  mais  cette  conjecture  sup- 
pose une   bizarrerie  qui  n'étoit 
point  dans  Tesprit  de  Socrate, 
déclaré  par  l'oracle ,  le  plus  Sacs 
ùB  TOUS  LES  Grecs..,  Parmi  le 
.  grand  nombre  de  sentences  et  de 
bons  mots  qu'on  hii  a  attribués, 
nous  avons  choisi  les  principaux* 
Pa  riant  d'un  prince  qirifl voit  beau- 
coup dépensé  à  faire  un  superbe 
palais,  et  n'avoit  rien  employé 
pour  former  ses  mœurs,  il  faisoit" 
remarquer  quon  couroit  de  tous 
côtés  pour  voir  sa  maison ,  nais 
que  personne  ne  s'empressoitpour 
en  çùir  le  maître...  Dans  le  temps 
du  massacre   que    faisoient  les 
trente  Tyrans  qni  gonvernoient 
la  ville  d'Athènes  ,  il  dit  à  un 
philosophe  :  Consolons^nous  de 
nétre  pas ,  comme  les  grands , 
le  sujet  des  tragédies.  Il  disoit 
que  les  richesses  et  4es  grandeurs , 
bien  loin  d'être  des  biens ,  étùient 
des  sources  de  toutes  sortes  de 
maux....  Il   recommandoit  troil 
choses  à  ses  disciples,  la  sagesse t 
ia  pudeur  et  le  silence  ;  et  il  di- 
soit-qu'iZ  ny  avoit  point  de  iruil" 
leur  héritage  qu*un  bon  ami..*  Un 
physionomiste   ayant  dit  de  lai 
qu'il  étoit  brutal,  impudique  et 
ivrfgne,  ses  disciples  vouloient 
maltraiter  ce  satirique  impudent; 
mais  Socrate   les   en  empêcba, 
en  avouant   «  qu'il  avoit  ea  dtt 
penchant  pour  ces  vices,  ma'* 
quii  l'en    étoit  corrigé  pw  ^ 


>v 


soc 

niion.  »  Sa  physionomie  ^  la  seule 
fîhose  difforme  qu'il  eut  en  lui , 
«voit  dans  ses  traits  une  ressem- 
bhince  frappante  avec  les  images' 
du  dieu  Silène.  Il  plaisantoit  le 
premier  de  sa  laideur  ;  et  il  di- 
soit  que    son  père  en  le  sculp- 
tant avoit    oublié  de    donner  le 
dernier  coup  de  ciseau.  11  disoit 
ordinairement  qu'o/i  a\^oit  grand 
soin    de    faire    un.    portrait    qui 
ressrembldt  ,  et  qu'on   nea  av<dt 
'point    de    ressembler  à  la  Diwi- 
itité  dont  on  est  l'image;  qu'on 
se  par  oit  au  miroir  ^  et  qu'on  ne 
se   parait  point    de  la    vertu,  H 
ajoutoit  C[}\U  en  est  d'une  mau- 
vaise  Femme  comme  d'un  Cheval 
vicieux ,  auquel  lorsqu'on  est  ac^ 
coutume  t  tous  les  autres  semblent  ' 
-bons^,..  C'est  principalement  à  ce 
grand  philosophe   que  la  Grèce 
fut  redevable  de  sa   gloire  et  de 
sa  splendeur.  11  eut  pour  disciples 
et    forma    les  hommes  les  plus 
célèbres  en    tous  genres  ,    tels 
•qiiAlcihiade ,    Xénopfron  ,  P/a- 
ton  ,    efc.   n  n'avoit   point  une 
école  ouverte  comme  les  autres 
philosophes,  ni  d'heure  marquée"" 
pour  ses  leçons.  C'étoit  un  ^^ge 
de  tous  -les  temps    et  de  toutes 
les  heures  ,  et  il  Saisissoit  toutes 
les    occasions   pour  donner   des 
préceptes  de  morale.  La  sionne 
n'étoif  ni  sombre,   ni  sauVage; 
il  étoit  toujours  fort  gai  ,  et  il 
aimoit  la  douce  joie  d'un  repas 
frugal  ,  assaisonné   par    Tesprît 
et  par  Tamitié.  Ce  ne  seroit  pas 
bien  connoitre  ».V(Jcrûr^  que  d*ou- 
hlier  son  D(5mon  ,  ou  ce  Génie 
qu'il    prétendoit    lui    servir    de 
guide.  Il  en  parloit  souvent,  et 
fort    volontiers  à    ses  disciples. 
"   Qu'étoit-ce  que  ce  Démon  fa- 
milier ,   cette  voix  divine  ,    cet 
espfit  qui  lui  obéissoit  constam- 
ment quand  il  le  consultoit  ?  Ce 
Ti'étoit  autre  chose  ^  suvTant  des 


soc       47t 

philosophes  judicieux  9   que   la 
justesse  et  la  foi  ce  de  soft- juge^*  . 
ment  ',    qui  par   les  règles  de  la 
prudence  ,  et  par  le  secours  d'une 
longue    expérience  soutenue   de 
sérieuses  réflexions  ,    lui   faisoît 
■prévoir  quel  devoit  être  le  succès 
des  affaires  et  des  entreprises  sur 
lesquelles  on  lui  demandoit   son 
avis.  (  Voy,yii\,  Marc-Aurkle.) 
Quant  aux  principes  de  sa  phi- 
losophie ,   il   ne    se   piqua  pas  ^ 
couime    nous    Tavons  déjà   dit, 
d'approfondir  les    mystères  im- 
pénétrables de  la  nature.  Il  crut 
que  le  Sage  devoit  la  laisser  dan» 
les  ténèbres  oii  elle  s'étoit  enséve-» 
lie;  il  tourna  toutes  les  vues  de  son 
esprit  vers  la  morale ,   et  la  Secte 
Ionienne  Tient  plus  de  physicien. 
Socrate    chercha    dans   le  cœur 
même  de  l'homme ,  le  principe 
qui  conduisoit  au  bonheur  :  il  y 
trouva  que  l'homtne  ne  pou  voit 
être  heureux  que  par  la  justice, 
par  la  bienfaisance ,  par  une  vie 
pure.  Il  traitoit  les  raôtières  avec 
tant  de  netteté  ,  de  naturel  et  de 
simplicité  ,  qu'il  faisoit  entendre 
à  ses  disciples  tout  ce  qu'il  voui-i 
"loît,  et  qu'il  leur  faisoit  trouver 
dans  leur  propre  fonds,  la  ré- 
ponse h  toutes  les  questions  quil 
leur  proposoit.  Il  forma  une  école 
de    morale ,    bien  supérieure  a 
toutes  les  écoles   de  physique  ;- 
mais  ,  dans  le  temps  quMI  instrui-^ 
soit  les  autres ,  il  ne  veilloit  pas^ 
assez  sur  lui-même.  H  s'expli-* 
quoit  très-librement  sur  la^reli- 
gion  et  sur  le  gouvernement  de 
son  pays.  Sa  passioii  dominante 
étoit  de  régner  sur  les  esprits  ,  et 
d'aller  à  la  gloire  en  affectant  la 
modestie.  Cette  conduite  lui  EU, 
beaucoup  d'ennemis  :  ils  engagé^ 
rent  Aristophane  à  le  jouer  sitr 
le  théâtre.  Le  poëte  lui  prêta  sa. 
plume ,   et  sa  Pièce ,  pleine  de^ 
plaisanteries  fines  et  saillantca^ 

,  PS-4 


^ji        SOC 

kccoutuma  insensiblement  le  peu- 
pie  à  le  mépriser.  (  Voy,  Aris- 
TOPiiANE.  )  Il  se  présenta  un 
infâme  délatenr ,  nommé  Meli^ 
€us  ,  qui  l'accusa ,  i."  d'être  le 
détracteur  des  anciennes  Divini- 
tés de  la  Grèce  ,  dont  il  blàmoit 
les  passions  ridicules,  et  de  se 
Tan  ter  d'avoir  un  Génie  qui  l'ins^ 
piroit  ;  2.0  d!être  le  corrupteur 
de  la  jeunesse,  3.®  l'ennemi  du 
gouvernement  populaire ,  parce 
qu'il  vouloit  rejeter  la  voie  di\ 
«ort  dont  on  se  servoit  pour  élire 
)es  magistrats.  Lysias  qui  passoit 
pour  le  plu^  habile  orateur  de 
«"on  temps ,  lui  apporta  un  Dis- 
cours travaillé,  pathétique,  tou- 
chant ,  €t  conforme  à  sa  malheu- 
reuse situation  ,  pour  l'apprendre 
par  cœur,  s'il  le  jugeoit  à  propos, 
et  s  en  servir  auprès  de  ses  juges. 
Socrate  le  lut  avec  plaisir  ,  et 
le  trouva  fort  bien  fait.  Mais  de 
même ,  lui  dit-il ,  que  si  vous 
tiieiissiez  apporté  des  souliers  çi 
la  Sicyonienne  (  c'étoient  alors 
les  plus  à  la  mode  )  je  ne  m'en 
^eryirois  point,  parce  qu'ils  ne 
conviendroient  point  à  Un  Philo-' 
sophes  ainsi  votre  Plaidoyer  me 
parott  éloquent  et  conforme  aux 
règles  de  la  rhétorique ,  m^is  peu 
convenable  à  la  grandeur  d'ame 
tt  à  la  fermeté  digne  d'un  Sage» 
Son  apologie  fut  un  discours 
$imple,  mais  noble,  où  l'on  voyoit 
"briller  le  caractère  et  le  langage 
de  l'innocence.  «  Je  comparois , 
dit-il  à  ses  juges ,  devant  ce  tri- 
bunal pour  la  première  fois  de 
ma  vie ,  quoiqu'âg^  de  plus  de  70 
uns.  Ici,  le  style.,  les  formes  , 
tout  est  nouveau  pour  moi.  Je 
yais  parler  une  langue  étrangère  ; 
et  Tunique  grâce  que  je  vous  de- 
mande ,  c'est  d'être  plutôt  atten- 
tifs à  mes  raisons  qu'à  mes  paro— 
les.  Votre  devoir  est  de  discerner 
*  f»  jusUcç  f  Iq  mien  est  de  voits 


SOC 

dire  la  vérité.  On  m'accuse  de  v0 
pas  admettre  les  Divinités  d'A- 
thènes ,  et  de  croire  à  un  Gém« 
particulier  ;  ma  réponse  est  facile. 
J'ai  offert  souvent  aux  Dieux  dn 
pays  ,  des  sacrifices  devant  ma 
maison  ;  j'en  ai  souvent  offert 
sur  les  autels  publics  ;  j'en  ai 
offert  devant  tous  mes  disciples, 
et  Athènes  en  a  été  témoin.  J'ai 
blâmé  les  passions  honteuses  et 
les  haines  barbares  que  l'on  attri- 
buoit  aux  Dieux.  J'ose  vous  la 
demander  :  qui  de  vous ,  ô  ma- 
gistrats !  les  pardonneroit  aux 
hommes  ?  Quant  au  Génie  parti-* 
culier  dont  j'écoute  l'inspiration 
secrète ,  ce  n'est  pas  une  Divinité 
nouvelle  j  c'est  l'éternel  instinct, 
c'est  le  génie  éternel  de  la  mo- 
rale. Pour  se  conduire,  les  uni 
consultent  des  Sybilles ,  d'autres 
le  vol  des  oiseaux  ,  d*autres  Le 
cœur  des  victimes.  Moi ,  je  con- 
sulte mon  propre  cœur  ;  j'in- 
J;erroge  ma  conscience;  je  con- 
verse en  secret  avec  l'esprit  qui 
m'anime.  On  prétend ,  en  second 
, lieu,  que  je  corromps  la  jeunessa 
d'Athènes  :  qu'on  cite  donc  un 
de  mes  disciplea  que  j'aie  entraîné 
dans  le  vice.  J'en  vois  plusieurs 
dans  cette  assemblée  ;  qu'ils  se 
lèvent ,  qu'ils  déposent  contra 
.leur  corrupteur.  S'ils  sont  retenus 
par  un  reste  de  considération, 
d'où  vient  que  leurs  pères,  leurs 
frères ,  leurs  parens,  n'invoquent 
pas  dans  ce  moment  la  sévérité 
des  lois  ?  d'oii  vient  que  Melitus 
a  négligé  leur  témoignage? C'est 
que,  loin  de  me  poursuivre,  ils 
sont  eux— mêmes  accourus  à  ma 
défense. ,  On  m'accuse  enfin  de 
m'être  déclaré  contre  la  loi  éta» 
blie  parmi  nous  ,  de'  choisir  au 
sort  des  magistratures  important 
tes  :  mais  en  cela  je  ne  me  suis 
pas  montré  mauvais  citoyen  ;  car 
il  e$t  évident  que  c'est  con^ec 


soc 

àvi  hasard  la  fortune  des  parti- 
culiers  et    la  destinée   de  l'état. 
O  Athéniens  !  oseriez— vous  tirer 
«u  sort  les  précepteurs  dt-  vos  en- 
f*fns,  les  généraux  de  vos  armées  ? 
Ce  ne  sont  donc  pas  les  accusa- 
tions de    Melitus  et  âi'Anytiis  qui 
me  coûteront  la  v«e  ;  c'est  plutôt 
la  haine  de  ces  hommes  vains  ou 
injustes  dont  j'ai  démasqué  l'ij^no- 
raneeou  les  vices  :  haine  qui  a 
déjà   fait  pérh:  tant  de  gens  de 
bien ,  qui  en  fera  périr  tant  d'au- 
tres ;  car  je  ne  dois  pas  me  flatter 
quelle  s'épuise  par  mon  supplice. 
Au  reste  ,  mes  ennemis  sont  plus 
à  plaindre  que    moi  ,  puisqu'ils 
«ont  injustes.  Pour  échapper  à 
leiirè  coups ,   je   n'ai   point ,   à 
l'exemple  des  autres  accusés ,  em- 
ployé les    menées  clandestines  , 
les  sollicitations  ouvertes.  Je  vous 
ai'  trop   respectés  pour  chercher 
à  vous  attendrir  par  mes  larmes, 
ou  par  celles  de  mes  enfans  et  de 
mes  amis ,  assemblés  autour  de 
moi.  C'est  au  théâtre  qu'il  faut 
exciter  la  pitié  par  des  images 
touchantes;  ici  la  vérité  seule  doit 
•e.  faire  entendre.  Vous  avez  fait 
im    serment    solennel  de  juger 
suivant  lesioîs;  si  je  vous  arra- 
chois  lin  parjure ,  je  serois  vé- 
ritablement coupable  d'impiété. 
Mais  plus  persuadé  que  mes  ad- 
versaires de  l'existence  de  la  Di- 
vinité ,  je  me  livre  sans  crainte  à 
sa  justice  ,  ainsi'  qu'à  la  vôtre.  >» 
|Ce  plaidoyer  sembloit  avoir  fléchi 
"^me  partie  de  ses  juges.  D'abord 
il  eut  la  pluralité  des  voix  pour 
lui,  et   Melitus  son  accusateur 
alloit  être  condamné,  selon  l'u— 
*3ge  ,   à  une  amende   de  mille 
drachmes.  Mais  Anytus  et  Licon 
•étant  joints  h  lui ,  leur  crédit 
entraîna  im   grand   nombre  de 
«wffrages,   et   il  y  en  eut  281 
contre   Socrate ,  et  par  consé- 
quent z%o  pour  lui  ;  car  le*  juges , 


soc 


47 1 


snns  compter  le  président •étoient 
au  nombre  de  cinq  cents.  (  Voyez 
l'article  Peredette.)  Par  une 
première  sentence,  les  juges  dé—  , 
claroient  simplement  que  le  phi-  ' 
losophe    étoit    coupable  ,     sans 
statuer  sur  la  peine  qu'il  devoit 
souffrir.  On  lui  en  laissa  le  choix. 
Il    répondit  ,   que  puisqu'on    le 
laissoit  le  maître  de  son  châti- 
ment ,   il  se  condamnoit  ^  pour 
avoir  toujours  instruit  les  Athé- 
niens ,  à  être  nourri  le  reste  de 
ses  jours  dans  le  Prytanée  ,  aux 
frais  de  la  République  ;  honneur 
qui ,  chez  les  Grecs ,  passoit  pour 
le  plus  distingué.  Cette  réponse 
révolta   tellement  tout  'l'Aréo- 
page,  que  l'on  résolut  sa  perte,' 
tout  innocent  qu'il  étoit.  Quel- 
qu'un   étant  venu  lui  annoncer 
qu'il  avoit  été  condamné  à  mort 
par  ses  juges  :  Et  eux ,  répliqua- 
t-il,  l'ont  été  par  la  Nature.*  On 
ordonna   qu'il  boiroit  du  jus  de 
ciguë.  Dès  que  la   sentence  fut 
prononcée,  il  dit  à  ses  juges  : 
Je  vais  être  livré  à  la  mort  par 
votre  ordre  ;  la  nature  iriy  avoit 
condamné  dès  le  premier  moment 
de  ma  naissance.  Mais  mes  accu-* 
sateurs  vont  être  livrés  à  l'infamie 
et  à  Vinjustice  par  l'ordre  de  la 
vérité.  Il  marcha  avec  ime  fer- 
meté admirable  vers  la  prison. 
Apollodore ,  un  de  ses  disciples  , 
s'étant  avancé  pour  lui  témoigner 
sa  douleur   de  ce  qu'il  mouroit 
innocent  :   Voudriez  -  vous  ,  lui 
dit-il ,  que  je  mourusse  coupable  ? 
Ses  amis  voulurent  lui  faciliter 
son  évasion  :  ils  corrompirent  le 
geôlier  à   force  d'argent;  mais 
Socrate  ne  voulut  point  profiter 
de  leurs  bons   offices.  Il  but  la 
coupe   de    ciguë  avec  la  même 
indifférence  dont  il  avoit  envisagé 
les  différens  événemens  de  sa  vie  ; 
ensuite  il  se  promena  tranquille- 
ment dans  sa  chambre  ^  et  Ior$<^ 


474         SOC 

que  ses  jambes  commencèrent  k 
loiblir  9  il  se  coucha  sur  son  lit 
f t  expira ,  vers  le  mois  de  juin 
de  l'«n  ^99   avant  J.  C,  âgé  de 
70  ans.  Sa  femme  et  ses  amis  re- 
cueillirent ses  dernières  paroles. 
Elles  furent   toutes  d'un  sage   : 
elles  roulèrent  sur  l'immortalité 
dç  l'ame,  et  prouvèrent  la  gran- 
deur de  la  sienne.  «  Une  chose  , 
mes  amis 9  (leur  dit- il  en  finis- 
sant )  qu'il  est  très- juste  de  pen- 
ser ,  c'est  que  si  lame  est  immor- 
telle 9    elle    a    besoin    qu  on  la 
cultive  y  non-seulement  pour  ce 
temps  passager  que  nous  appe- 
lons le  temps  de  la  vie ,  mais  en*- 
çore  pour  cehii  qui  la  suit ,  c'est- 
à-dire  pour  lelernité.  La  moindre 
négligence   sur  ce  point ,   peut 
avoir  des   suites  infinies.   Si  la 
mort  étoit  la  ruine  et  la  dissolu- 
tion de  tout,  ce  seroit  lui  grand 
l^ain  pour  les  méchans ,  après  le 
trépas ,  d'être  délivrés  en  même 
temps   de   leur  corps ,    de   leur 
ame  et  de  leurs  vices.  Mais  puis- 
que Tame  est  immortelle  >  elle  n'a 
d'autre  moyen  te  se  fléliyrer  de 
ses  maux  ,  et   il  n'y  a   de  salut 
pour  elle  1,  que  de  devenir  trèê-* 
bonne  et  très- sngc. . . .  Au  sortir 
de  cette  vie .  .s'ouvrent  deux  rou- 
tes ,  a/outa^Uii  ;    l'une  mène  à 
un  lieu  de  supplices  éternels  les 
âmes  qui  se  spnt  seuil lées  ici- 
bas  par  des  plaisirs  honteux  et 
des  actions  criminelles  ;   l'autre 
conduit   à   l'heureux  séjour  des 
Dieux ,  celles  qui  se  sont  con- 
servées pures'sur  la  terre ,  et  qui 
ijans  des  corps  humains  ont  mené 
|ine  vie  divme.  »  Quelqu'iin  de- 
mandant à    AriKtippe  comment 
Sacrale  étpit  mort  ?  Comme  je 
voiidrois  ,    répondit- il  I,   mourir 
moi-mêmr.  Quelques  Pères  de 
l'Eglise  décoreiit  ce  Sage  du  titre 
de  Martyr  de  Dieu,  Erasme 
dit  9  c^u  autant  de  fois  qu'il  lisoit 


soc 

la  belle  mort  de  SocraU ,  il  ctoft 
tenté  de  s'écrier  :   O  saint  So-* 
CRATE ,  priez  pour  nous  !  On  5 
taché   vainement  de   noircir   s^ 
réputation  ,   en   l'accusant  d'un 
amour  criminel  pour  Alcihiadei 
l'abbé    Fraguier  l'a   pleinement 
Justifié.  Des  auteurs  postérieur* 
à  SocrnU  de   plusieurs    siècles  ^ 
assurent  qu'immédiatement  après 
sa  mort ,  les  Athéniens  deman- 
dèrent compte  aux  accusateurs  , 
du  sang  innocent  qu'ils  avoient 
fait   répandre  ;  que  jyjeliLus  fut 
condamné   à  mort  ^  et   que  lef 
autres    furent  bannis  ;  que  non 
coiitens  d'avoir  ainsi  puni  les  ca- 
lomniateurs de  Socrate  ,  ils  lui 
firent  élever  une  statue  de  bronza 
de  la  main  du  célèbre  Lysippe , 
et    lui    dédièrent    une    chapelle 
comme    à    un    demi-Dieu.   Ces 
traditions ,  dit  M.  l'abbé  Barthé^ 
lem'i  ,  ne    peuvent   se  concilier 
avec  le  silence  de  Xénophon  et 
de  Flatorr ,  qui  ne  parlent  nuUv 
part  9  ni  du  repentir  des  Athé- 
niens y  ni  du  supplice  des  accu— 
Siiteurs  de  Socrate..,,  On  a  de^ 
mandé  ce  que  c'étoit  que   cette 
ironie ,  que  Jes  ancien»  ont  tant 
vantée  dans  Socrate.  Le    mêrap 
abbé   Fraguier ,  qui  a  fait   uriç 
Dissertation  curieusesur  ce  sujet, 
remonte    jusqu'à    la    cause    qui 
obligea  Socrate  de  se  servir  sou- 
vent de  cette  figure.   Ce   philo- 
sophe   ayant    résolu  de  donner 
une  base  certaine  à  la  morale, 
commença  par  corn  battre  certainf 
charlatans   de  philosophe  ,  con- 
jius    sous  le   nom  de  Sophistes* 
Ces  hommes  hardis ,  présomp- 
tueux ,  ayolept  par   un  brillant 
étalage  de  phrases,  et  par  une 
fausse   éloquence  ,  séduit    toute 
la  Grèce.  Comme  ils  étoient  très- 
puissahs  à  Athènes ,  Socrate  étoil 
forcé  de. les  ménager  en  appa- 
rence I  et'  d'alTecter   une   soc^ 


soc 

iffgnorance  pour  mieux  décrëdU 
ter  une  morale  et  une  éloquence 
éblouissantes,  mais  qui  dans  le 
fond  n'avoient  rien  que  de  frivole. 
Voici  à  peu-près  quel  étoit  son 
procédé.  11  sa  voit  dans  quel  lieu 
public^  ou  dans  quelle  maison 
particulière  un  on  plusieurs  des 
plus  fameux  Sophistes  débitoient 
leur  fausse  doctrine.  11  y  arrivoit 
comme  par  hasard ,  et  quelque- 
fois il  a  voit  a^sez  de  peine  à  en- 
trer. II  trouvoit  le  docteur  gonflé 
de  cet  orgueil  que  donne  aux 
personnes  vaines  l'admiration  des 
«ots;  et  s'approchant  de  lui  mo- 
destement ;  «  Je  m'estimerois  bien 
heureux ,  lui  disoit-il ,  si  mes  fa- 
cultés répondoient  au  besoin  et  à 
Tenvie  que  j'aurois  d'avoir  pour 
mes  maîtres  ,  des  hommes  tels 
que  vous.  Mais^  pauvre  comme 
Je  suis ,  que  me  reste- 1- il  pour 
ni'instruire,  que  de  vous  exposer 
taon  ignorance  et  mes  doutes  , 
lorsque  mon  bonheur  m'offre 
l'occasion  de  vous  consulter  ?» 
Le  Sophiste  l'écoutoit  avec  une 
attention  dédaigneuse,  et  lui  per- 
Oïettoit  de  parler.  Sacrale  lui  fai- 
•oit  des  questions  toutes  simples  j 
il  lui  demandoit ,  par  exemple  : 
Qu''est^ce  que  votre  projession  ? 
Qu'appelez  -  vous  Èliétorique  ? 
yu-eH-ce  que  Le  Beau  ?  En  quoi 
consiste  la  Vertu  ?  Ce  docteur 
ne  pouvoit  reculer,  san?  risquer 
*^  revenu  et  sa  réputation.  Il 
répondoit  ;  mais ,  au  lieu  de  don- 
ner une  réponse  précise,  il  86 
jetoit  dans  les  lieux  communs , 
ft  prenant  l'espèce  pour  le  genre ^ 
"  parloit  beauconp  sans  rien  dire 
qui  fut  à  propos.  Socrate  applau-» 
dissoit  à  ce  verbiage  ,  pour  n© 
pas  effaroucher  d'abord  son  doc- 
teur :  et  affectant  de  ne  pouvoir 
le  suivre  dans  ses  longs  discours, 
il  le  réduisoit  à  répondre  oui  et 
^'»«  Alors ,  par  la  ju^te^ie  de  «a 


SOI 


47T 


dialectique,  il  le  conduisoit  do 
l'un  à  l'autre  ,  jusqu'aux  consé-* 
quences  les  plus  absurdes,  et  lo 
forçoit  à  se  contredire  lui-même, 
ou  à  se  taire.  (  Koy.  I.  Prodi-» 
eus.  )  On  a-  de  Socrate  quelques 
Lettres  ,  recueillies  par  AlUuius 
avec  celles  des  autres  philosophas 
de  sa  secte  ,  Paris ,  1 637  ,  ^""  4** 
Socrate  avoit  mis  en  vers,  dans 
sa  prison  ,  les  Fables  d' Esope  ; 
mais  cette  traduction  n'est,  pa^ 
parvenue  jusqu'à  nous.  Voyez 
Theramene,  Bobrhaavs^ 
et  IL  Boulanger  à  la  fin* 

I.  SODI ,  (  Pierre  ")  maître  de 
ballets,  né  à  Home ,  vint  en  France 
en  1744,  et  y  excella  dans  la  com- 
position des  pzrntomimes.  Le« 
plus  remarquables  furent  :  la 
Cornemuse  ,  les  Jûrdliiieri ,  les 
Faux  ,  les  Mandolines  ,  le  Bou^ 
quet ,  le  Dormeur ,  les  Caractères 
de  la  Danse ,  la  Noce,  les  Amu-* 
temens  champêtres  ,  la  Chasse  « 
etc.  etc.  Sodi  est  mort  en  1760* 

n.  SODI,  (Charles)  frère 
aîné  du  précédent ,  naquit  (| 
Rome ,  et  se  fit  connoître  par  son 
talent  pour  la  mandoline.  Il  vint 
à  Paris  en  1749  ,  et  on  lui  doit 
la  musique  de  la  plupart  des  pan^ 
tomimes  dont  son  frère  dessinoift 
les  pas.  On  a  encore  de  lui  les 
airs, d'un  grand  nombre  d'ariette» 
italiennes  et  françoises,  dont  Id  * 
chant  est  gai  et  voluptueux. 

I.  80ISS0NS  ,  (  ^hierri  de  ) 
accompagna  St*  Louis  dans  son 
expédition  à  la  Terre- sainte ,  et 
fut  fait  prisonnier  comme  son  roi 
à  la  bataille  de  la  Massoure.  Il 
chanta  sa  captivité ,  et  partagen 
avec  son  contemporain  Thibaut, 
comte  de  Champagne ,  l'honneur 
d'être  un  de  nos  premiers  poëtes» 
Dans  un  manuscrit  de  la  biblio- 
thèque natioualci  de  l'au  i3âQ>    ' 


47« 


SOL 


»     on  trouve  plusieurs  chansons  de 
lui. 

SOLANO ,  (N.)  médecin  Es- 
pagnol ,  né  à  Mpntilla  ,  et  nuort 
a  Antequerra  en  i  ySS,  fit  des  ré- 
cherches eu  rieuses  sur  le  poulji,  et 
sur  les  crises  qu'on  pou  voit  an- 
noncer en  l'observant.  U  les  con- 
signa dans  son  Apollinis  lapis 
Ijydius ,  in- fol.,  où  l'on  trouve 
des  observations  importantes. 

I.  SOLE,  (Joseph  del)  habile 
peintre  d'histoire  et  de  portrait, 
né  en  1654,  et  mort  à  Boulogne, 
sa  patrie,  en  17 19. 

I I.  S  O  L  E ,  (  Antoine-Mario 
del)  peintre  Bolonois,  né  en  1697, 
mort  en  1677,  excella  dans  le 
paysage.  On  admire  le  bon  choix 
de  ses  situations,  et  la  beauté  de 
son  coloris.  — Son  fils  Joseph , 
né  en  1654,  mort  en  1719, 
<mita  son  père  dans  son  talent 
pour  le  paysage ,  et  y  réunit  le 
genre  de  l'histoire.  Son  Tableau 
de  la  Mort  de  Priant ,  passe  pour 
son  chef-d'œuvre. 

SOLEVANDER,  (Reinerus) 
médecin ,  a  publié  en  latin  des 
Conseils  Médecinavx ,  qui  furent 
estimés  dans  le  16*  siècle, temps 
©il  il  vivoit. 

'  SOLEYMAN,  né  à  Alep ,  âgé  • 
de  24  ans ,  irrité  des  conquêtes 
des  François  en  Egypte ,  animé 
par  les  exhortations  des  prêtres 
Turcs,  résolut  d'assassiner  le  gé- 
néral en  chef  Kleber ,  qui  venoit 
de  triompher  des  guerriers  de  sa 
nation  à  Héliopolis ,  et  de  répri- 
mer une  violente  insurrection  au 
Caire.  Il  se  rendit  à  Jérusalem 
chez  Ahmed  Aga,  dont  il  im- 
plora la  protection  pour  sous- 
traire son  père  ,  marchand  à 
Alep ,  aux  concussions  qu'on  lui 
ieàioîA.  éprouver*  Dans  cette  çoii; 


s  o  M 

férence  ,  Ahmed  s'appercevanf 
que  toute  l'ambition  de  Soleyman, 
se  bornoit  à  devenir  lecteur  de 
Talcoran  dans  une  mosquée,  qu'il 
avoit  déjà  fait  deux  pèlerinages 
«  Médine  et  à  la  Mecque  ,  et 
que  sa  tête  entroit  dans  le  délire 
le  plus  fanatique,  lorsqu'il  lui 
parloit  de  venger  son  culte  ou— 
tragé  par  des  étrangers ,  fortifia 
ses  dispositions.  Soleyman  arriva 
au  Caire,  et  se  logea  dans  la 
grande  mosquée.  11  attendit  pen- 
dant 3i  jours  l'instant  favorable 
pour  frapper  sa  victime ,  et  il  1& 
trouva  le  25  prairial  de  l'an  viii. 
S'étant  caché  dans  le  jardin  du 
général  ,  il  le  vit  passer  ,  et 
î'aborda  pour  lui  baiser  la  main. 
Son  air  de  misère  intéressa 
Kleber.  A  peine  celui-ci  s'étoit-il 
arrêté  pour  écouter  les  plaintes 
de  Soleyman^  que  ce  dernier  lui 
porta  quatre  coups  de  poignard. 
En  vain  l'architecte  Protain. ,  quL 
se  trouvoit  près  de  lui ,  voulut 
arrêter  le  bras  du  meurtrier,  il 
en  reçut  lui-même  six  blessures, 
et  fut  renversé.  Soleyman ,  arrêté 
à  l'instant  même,  ne  tarda  pas  à 
recevoir  sa  punition.  Elle  fut 
terrible.  Empalé  et  exposé  aux 
oiseaux  de  proie ,  il  éprouva  les 
douleurs  les  plus  vives  jusqu'à 
ce  que  la  mort  vînt  lentement  le» 
terminer. 

SOMBREUIL,estlenom 
d'une  famille  victime  des  fureurs 
de  la  révolution  françoise,  et  dont 
la  perte  a  été  déplorée  par  tou» 
les  partisi  — François  -  Charles 
Virot  de  SombreuU ,  maréchal  de 
camp  et  gouverneur  des  invalides, 
montra  beaucoup  de  fermeté  dans 
l'exercice  de  sa  place  ,  et  fut  en- 
fermé à  TAbboye  ,  après  le  10 
août  1792.  Il  alloit  être  immolé 
dans  les  massacres  de  septembre, 
sans  le  dévouement  courageux  d% 


s  O  M 

^  fille,  jeune,  intéressAnte  tt 
belle.  Celle-ci  se  précipita  au  mi- 
lieu des  assassins,  les   cheveux 
ëpars ,  prit  son  père  dans  ses  bras  , 
Je  couvrit  de  son  corps,  demanda 
ia  grâce   au  peuple  et  l'obtint. 
SombreuU ,  échappé  à  ce  danger  , 
n'en  fut  pas  moins  traduit  quel*- 
ques  jours  après  devant  le  tri- 
bunal révolutionnaire,  et  con- 
damné à  mort  avec  son  fils  aîné  , 
le  29  prairial  an  -2. — Charles  de 
SombreuU  ,    son   fils   cadet,  né 
avec  une  ame  ardente,  s'échappa 
de  la  capitale,  et  se  jeta,  en  1792, 
dans   l'armée    prussienne.  Il  s'y 
signala  par  tant  de  preuves  de 
valeur  ,   qu'il   obtint  du  roi  de 
Prusse  Tordre  du  mérite  militaire. 
Il  servit  ensuite  contre  Custines , 
et  passa  en  Hollande ,  où  il  dé- 
ploya autant   de   bravoure   que 
d'activité  pendant  la  campagne 
de  1794.  L'année  suivante,  choisi 
par  le  gouvernement  anglois  pour 
conduire  un  renfort  aux  troupes 
débarquées  à  Quiberon ,  il  s*ac- 
f[intta  de  cette  commission.  Lors- 
que   Hoche  y    attaqua  le   fort 
JPenthièvre,  le  jeune   SombreuU 
y    protégea  ,   avec   une  grande 
intelligence    le    rembarquement 
des   troupes  angloises.  Celles-ci 
payèrent   ce  service  par  la  plus 
noire     perfidie.     SombreuU    ne 
trouva  point  de  bâtiment  pour 
«embarquer  lui-même,  ainsi  que 
les    émigrés    qu'il  comniandoit. 
Placé  entre  le  feu  ennemi  et  ce- 
lui des  chaloupes  angloises ,  qui 
tiroient  indistinctement  sur  les 
françois  des  deux  partis,  il  fut 
forcé  de  se  rendre.  Il  demanda 
la  vie  pour  ceux  qui  l'accompa— 
gnoient  :  «Pour  moi,  dit-il  au 
générai   vainqueur  ,  j6  m'aban- 
donne   à  mon   sort.  »    Conduit 
successivement  à  l'Orient  et  à 
"Vannes  ^  il  apprit  qu'il  alloit  être 
fusillée  Oa  dit  jua ,  g}^  u  pacolft 


S  O  M        477 

d'honneur  de  se  représenter  dan« 
trois  jours ,  on  lui  permit ,  avant 
la  prononciation  de  son  juge-* 
ment ,  de  s'embarquer  sur  un 
esquif  pour  jrejoindre  l'escadre 
angloise ,  oîi  il  avoit  des  intérêt! 
à  régler.  Là ,  oii  chercha  vaine- 
ment à  le  retenir ,  en  lui  déclaraufc 
le  sort  qui  Tattendoit  SombreuU 
vint  dégager  sa  parole ,  et  périr. 
Lors  de  sa  condamnation ,  on  ne 
put  trouver  d'oificier  franc  ois 
pour  composer  le  conseil  d* 
guerre ,  et  on  fut  contraint  d'y 
appeler  des  Belges  ;  on  eut  beau- 
coup de  peine  à  déterminer  \gs 
soldats  à  tirer  sur  lui.  Sombreuil 
refusa  de  se  laisser  bander  les 
yeux  ,  donna  lui-même  le  signal 
de  sa  mort,  et  fut  pleuré  de  tous 
les  républicains  qui  l'entour oient. 

SOMERVILLE,  (Guillaume) 
poète  Anglois ,  né  dans  le  comté 
de  Warvick  en  1692,  et  mort 
en  1743,  a  fait  sur  la  Chasse  \\n 
poème  très-estimé. 

SOMMALIUS,  (Henri)  pieux 
et  savant  jésuite ,  né  à  Dînant 
dans  la  principauté  de  Liège  vers 
l'an  1534,  mourut  à  Valenciennes 
le  3o  mars  16 19,  après  avoir  tra-^ 
vaille  avec  beaucoup  de  zèle  au 
salut  des  âmes ,  en  Allemagne  et 
dans  les  Pays-Bas.  Il  s'appliqua  k 
rechercher  des  ouvf  âges  de  piété 
pour  en  donner  de  bonnes  édi- 
tions ,  tels  que  ceux  de  imitatione 
Chris ti  ,  SoUloquia  SU  AuguS'* 
Uni ,  lÂbri  Confessionum  du  même 
Saint,  etc. 

SOMMERY  ,  (  N.  Fontetto 
de  )  demoiselle  de  Paris,  dont 
l'origine  est  ignorée  ,  ne  savoit 
elle-même  à  qui  elle  devoit  la 
naissance.  Jetée  dans  im  couvent 
dès  son  jeune  âge  ,  une  petite 
pension  que  les  religieuses  rece- 
YQipnt  pQVu;  elle  ,  fin^^  bientôt 


478       S  O  M 

tans  qu'on  sût  pourquoi  elle  avoit 
cessé.    Heureusement    pour    la 
Jeune   pensionnaire  ,    elle   étoit 
douée  d'un  esprit  préni?ituré.  Dès 
FA  je  de  1 1  ans  ,  elle  devint  le  bel 
•sprit  du  couvent.  La  maréchal» 
de  Brissac  avec  qui  elle  avoit  été 
élevée ,  la  prit  avec  elle  lors  de 
ton  mariage,  et  lui  assura  une 
pension  de  4000  liv.  par  son  tes- 
tament. Alors  M"«  de  Somntery 
eut  une  maison ,  •  où  elle  vécut 
43ans  rindépendance  et  dans   le 
commerce  des  philosophes  et  des 
cens  d'esprit.  Quoiqu'elle  n'eût  ni 
beauté ,  ni  aucun  des  agrémens 
de  son  sexe  ,  elle  attira  chez  elle 
la  meilleure  compagnie  des  ^afens 
du  monde ,  qu'elle  recevoit  avec 
im  ton  noble ,  et  à  qui  elle  plai- 
loit  encore  par  ses  bizarreries  , 
fon  extrême  franchise  et  son  es- 
prit mordant  et  caustique.  Elle 
Bavoit  braver  les  ridicules  et  en 
donner  aux  autres  d^une  manière 
piquante  ;    mais   sa   méchanceté 
étoit  toute  en  paroles  et  jamais 
en  tracasseries.  Son  caractère  sin- 
gulier lui  fit  des  amis  distin^és  ^ 
d'autant  plus  qu'elle  se  faisoit  par- 
do!mer  ses  bizarreries  par  d'ex- 
cellentes qualités  ;  la  prudence  ^ 
la  discrétion  ,  la  fidélité  en  ami- 
tié, et  le  désir  de  servir  les  hon- 
nêtes gens  et  dç  secourir  les  mal- 
heureux. Elle  mourut  en   1790, 
dans  un  âge  assez  avancé.  On  a 
.^elle    un  ouvrage    de    morale, 
dont  la  troisième  édition  parut 
-en  1784,  en  a  vol.  in-ra,  sous 
le  titre  de  Doutes  sur.  les  opinions 
reçues  dans  la  société.   Les  gens 
de  lettres  qui  composoient  sa  pe- 
tite cour,  le   Comparèrent  dans 
le  temps  aux  Caractères  de   la 
Bruyère  ;  mais  le  public  n'adopta 
pas  ce  parallèle.  Cet  ouvrage  est 
certainement  la  production  d'une 
femme  de  beaucoup  d'esprit  ^  qui 
\;«onnoît  le  monde,  qui  sait  jn^ex 


^es  clioseâ  et  des  personnel;  Xûàià 
des  paradoxes,  des  opinions  ha-- 
sà^rdées,  et  un  style  quelquefois 
recherché,   déparent  un  peu  le 
mérite   de  ce   livre.   L'auteur  y 
soutient  le  ton  tranchant  qu'elle 
avoit  dans  la  société.  Dès  sa  jeu-» 
nesse,  elle  portoit  des  jugement 
un  peu  extraordinaires  de  quel- 
ques-uns de  nos  meilleurs  écri- 
vains ,  quoiqu'elle  en   appréciât 
d'autres  avec  justesse  et  justice» 
Elle  appeloit  Lafontaine  un  niais, 
Fénélon  tin  bavard ,  et  Mad.  dé 
Sévlgné  une  caillette,  etc.   etc* 
On  a  encore  de  Mii«  de  Sommeryt 
Lettres  de  Mad.  la  comtesse  de 
L***  au  comté  de  B*^*,   1785  , 
jn-i2  ;  et  \ Oreille  y  conte  asia-« 
tique,  1789,  3  vol.  in-ia.  Elle 
se  mêloit  aussi  de  faire  des  vers  ^ 
mais   la  poésie   n'étoit  pas  son 
plus  grand  talent. 

*  SOPHOCLE,  célèbfe  pdêt<- 
Grec,  surnommé  Y  Abeille  et  la 
Syrène  Attique,  naquit  à  Colore, 
bourgade  de  l'AttiqUe,  l'an  494 
ou  q5  avant  J.  C.  Son  père  étoit 
maître  d'une  for^é  dans  le  voisn» 
nage  d'Athènes.  On  dit  que  lors- 
qu'il étoit  au  berceau  nn  avoit  vu 
des  abeilles  ai'rêtées  sur  ses  lè- 
vres :  ce  qui ,  Joint  à  la  douceur 
de  ses  vers ,  le  fit  surnommer' 
Vahe'tle  de  VAttlque.  Son  coup 
d'essai  d^ns  le  genre  dramatique  j 
fut  un  coup  de  maître.  Les  os  (fe 
Thésée  ayant  été  Rapportés  à 
Athènes  ,  on  célébra  cette  soient» 
nité  par  des  jeux  d'esprit.  Sopko^ 
de  entra  en  lice  avec  le  vieux  Es* 
chyle  et  l'emporta  sur  lui.  C'est 
ce  qui  a  fait  dire  k  Boileau  : 

Sophocle  enfla  donn^Oit  l'essor  à  ttâ 

génfe  , 
Accrut   encor  la  poiûpe  »   aii{iMtil 
rhanrionie  ; 
*  Int^csM  te  dittup  datts  toate  l'acaM 


$0  P 

Dm  Tcn  trop  raboteux  polit  fex* 
pression , 

Lui  ionoa  chez  le»  Grecs  cette  hau- 
teur divine 

0&  jamais  n*atteigidt  la  foiblesse  latine. 

Il  ne  se  distingua  pas  moins  par 
ses  talens  pour  le  gonvernement. 
Elevé  à  la  dignité  d'Archonte ,  il 
commanda  en  cette  qualité  Var- 
toée  de  la  répiibligne  avec  Pé^ 
riclès ,  et  signala  son  conrage  en 
diverses  occasions.  Il  angmentoit 
«n  même  temps  la  gloire  du  théâ- 
tre Grec,  et  partageoit avec  JBm- 
Hpide  les  suffrages  des  Athéniens. 
Ces  deux  poètes  etoient  contem- 
porains et  rivaux.  Après  avoir 
traité  difFérens  sujets,  ils  choisi- 
rent les  mêmes  et  combattirent 
comme  en  champ-clos.  Tels  nous 
avons  vu  CréhUlon  et  Voltaire, 
hîLtant  l'un  contre    l'autre  dans 
Oresie ,  dans  Sémiramis  et  dans 
CaUlina,    Paris   a    été    partagé 
comme  Athènes.  La  jalousie  de 
ces  deux  célèbres  Tragiques  de- 
vint une  noble  émulation.  Ils  se 
ïéconcilièrent ,  et  ils  étoient  bien 
dignes  d'être  amis  l'un  de  l'autre. 
Leurs  tragédies  étoient  également 
ftdmlrées,  quoique  d'un  goût  bien 
différent.  SophocU  étoit  grand  ^ 
élevé  ;   Euripide   au   contraire  y 
étoit  tendre  et  touchant.  Le  pre- 
mier étonnoit  l'esprit ,  et  le  se- 
cond gagnoit  les  cœurs.  L'ingra- 
titude des  enfans  de  Sophocle  est 
fameuse.  Ennuyés  de  le  voir  vivre, 
^t  impatiens  d'hériter  de  lui ,  ils 
l'accusent  d'être  tombé  en  enfan- 
ce :  ils  le  défèrent  aux  magistrats , 
comme  incapable    de  régir   ses 
Uiens.  Quelle  défense  oppose- t-il 
*»   ses  enfans   dénaturés   ?    Une 
«enle.  Il  montre  aux  juges  son 
Œdipe ,  tragédie  qu'il  venoit  d'a- 
chever :  il  fut  absous  à  l'instant. 
Les  historiens  ne  sont  point  d'ac- 
^"d  sur  la  cause  de  k  mort  de 


S  O  P         479 

Sophocle*  Les  uns  disent  qu'en 
récitant  son  Antigone  ,  il  rendit 
l'a  me  ,  ne  pouvant  pas  reprendra 
haleine.  D'autres,  tels  que  Va^ 
lère-Maxime ,  disent  qu'il  mou- 
rut de  joie  d'avoir  remporté  le 
prix  aux  jeux  Olympiques.  Enfin, 
Lucien  assure  qu'en  mangeant  un 
raisin  ,  il   fut  étranglé  par  un 
pépin.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  mou- 
rut presque  nonagénaire  l'an  40S 
ou  404  avant  J.  G.  Il  avoit  été 
couronné  vingt  fois  et  avoit  com<- 
posé   cent  vingt-sept   tragédies. 
Il  ne  nous  en  reste  que  sept,  qui 
sont  des  chefs-d'œuvre  :  Ajax , 
Electre  ,    Œdipe  ,    Ant'gone  , 
Œdif->e   à  Colonne ,  les    Tachi^ 
niennes  et  Philoctète,  Une  dei 
meilleures  éditions   des  tragédie! 
de  Sophocle ,  est  celle  que  Paul 
Etienne  publia  à  Basle,  i558  , 
in-8®,    avec  les  Scholies   greo-» 
ques ,  les  notes  de  Henri  Etienne 
son  père ,  et  de  Joachim  Came-» 
rarius.  Plusieurs   estiment  aussi 
celle  qui  parut  à  Cambridge  en 
1 673 ,  in-8® ,  avec  la  version  la- 
tine ,  et  toutes  les  scholies  grec- 
ques à  la  fin  ;  et  celle  d'Oxford  , 
i-oâ  et  1708,  a  vol.  in-8^;  et 
de  Glasgow,  1746,  2  vol.  in-S.** 
Dacier  a  donné  en  françois  T^-. 
lectre  et  V  Œdipe ,  avec  des  re- 
marques, in- 12,    1692.   On   a 
aussi   V Œdipe  de   la  traduction 
françoise  de  Boivin  le  cadet ,  à 
Paris,  1729,  in- 12.  Les  criti- 
ques sont  partagés  sur  le  mérite 
de  cette  pièce.  Les  partisans  de 
l'antiquité  y  admirent  tout.  KoUm 
taire  y  trouve  des  contradictions  ,    " 
des  absurdités  dans  le  plan ,  et 
de  la  déclamation  dans  le  style  5 
mais  il  loue  l'harmonie  des  vers 
de  Sophocle  et  le  pathétique  de 
cortaines  scènes  ,  et  il  avoue  que 
sans  le  poëte  Grec  ,  il  ne  seroit 
pas  peut-être  venu  a  bout  de  son 
Œdipc.*^  Voyez  le  Thé4tre  des 


/..   » 


4td        S  O  R 

Grecs  du  p.  Bntmoi ,  qui  a  tra-i 
duit  ou  analysé  les  pièces  de  5o— 
phode  :  et  les  Tragédies  de  So" 
phocle  ,  traduites  en  françois  , 
en  un  vol.  in-40,  et  deux  volum. 
in- 1 2 ,  par  M.  Dupuy ,  de  Taca- 
démie  des  Belles- Lettres  :  cette 
version  est  estiraue  des  connois- 
seu rs.  M.  de  Rockefort  de  cette 
dernière  société  ,  et  M.  de  la 
Harpe  de  racadémie  Françoise, 
ont  traduit  en  vers  françois  ,  le 

Î)remier,  VElectre  de  Sophocle  ; 
e  second  ,  son  Philoctète  s  et 
3^1.  d'Arnaud ,  le  cinquième  acte 
des  'Jtrachlniennes, 

*  SORBONNE,  (Robert de) 
naquit  en  1201  à  Sorbon,  petit 
village  du  Rhételois  dans  le  dio- 
cèse de   Rhcims,   d'une  famille 
obscure.  Après   avoir  été    reçu 
docteur  à  Paris ,  il  se  consacra  à 
]a  prédication  et  aux  conférences 
de  piété.  Il  s'y  acquit  en  peu  de 
temps  une  si  grande  réputation  , 
que  le  roi  St,  Louis  voulut  l'en- 
tendre. Ce  prince  charmé  de  son 
mérite^  l'honora  du  titre  de  son 
chapelain ,  et  le  choisit  pour  son 
confesseur.    Il    jouissoit     d'une 
grande  considération  à  la  cour  de 
ce  monarque ,  avec  lequel  il  vi- 
voit  familièrement ,  ainsi  qu'avec 
les  principaux  seigneurs.  Un  jour 
ayant  badiné  Joinvillc  sur  la  ma- 
gnificence de  ses  habits,   tandis 
que  ceux  du  roi  étoient  fort  sim- 
ples y  ce  gentilhomme  lui  répon- 
dit :    «  Maître  Bobert ,  ne   me 
blâmez  pas  tant.  L'habit  que  je 
porte  m'a  été  laissé  par  mes  père 
et  mère  ;  mais  vous  qui  êtes  fils 
de  Vilain   et   de    Vilaine  (  c'est 
ainsi  qu'on  appeloit  les  personnes 
d'une  naissance  obscure),  vous 
avez  laissé  l'habit  de  vos  parens 
pour  prendre    des    étoffes   plus 
fines  que  celles  du   roi.  »   Cette 

Réponse  déconcerta  Soborl^  Alors 


son 

St.  JLouis   qui  l'aimoit ,   le  tiré 
d'embarras  en  disant ,  «  qu'il  coù-« 
venoit  de  s'habiller  honnêtement 
et  de  telle  manière  que  les  sage» 
ne  puissent  dire  :   Vous  en  f ai  Ut 
trop~;  ni  les  jeunes  gens  :   Vous 
en  faites  trop  peu^,  »  Robert  de 
Sorbonne ,  devenu  chanoine   de 
Cambrai  vers  1261,  réfléchit  sur 
les  peines  qu'il  avoit  eues  pour 
parvenir  à  être  docteur,  et  ré- 
solut de  faciliter  aux  pauvres  éco- 
liers le  moyen  d'acquérir  les  lau- 
riers doctoraux.  Il  s'appliqua  donc 
à  former  une  société  d'ecclésias- 
tiques séculiers,   qui  vivant   t\\ 
commun  et  ayant  les  choses  né- 
cessaires à  la  vie ,  enseignassent 
gratuitement.  Tous  ses  amis  ap-* 
prouvèrent  son  dessein,  et  offri- 
rent de  l'aider  de  leurs  biens  et 
de  leurs  conseils.  Robert  de  Sor^ 
bonne  appuyé  de  leurs  secours  ^ 
fonda   en    i253  le   Collège    qui 
porte  son  nom.  Il  rassembla  d'ha- 
biles professeurs  ,  et  choisit  entra 
les  écoliers ,  ceux  qui  lui  paru- 
rent avoir  plus  de  piété  et  de  dis-> 
positions.  Cet  établissenaent  étoit 
nécessaire.  La  plupart   des  évé- 
ques  ,  depuis  le  1 2®  siècle  ,  s'ap- 
pliquoicnt  peu  à  1'in£truction  de 
leur  clerp:c.  Ils  se  laissoicnt  acca- 
bler  d'affaires  temporelles.    Le* 
princes ,  livrés  la  plupart  à  Pigno- 
rance ,  prenoient  parmi  les  abbéi 
et  les  évêques,  leurs  chanceliers 
et  leurs    ministres.   Les    prélats 
d'ailleurs  étant  seigneurs  tempo* 
rels,  avoient  des   procès  à  dé- 
fendre ,  des  guerres  à   soutenir  , 
des  places  à  fortifier  ,  des  troupes 
à  rassembler.  Il    leur    falloit  de 
grands  équipages ,  de  grosses  fa- 
milles et  toutes  sortes  d'officiers. 
Au  milieu  de  ce  faste  et  des  suites 
qu'il  entraînoit,  l'instruction  pu- 
blique étoit  souvent  négligée.  Les 
études  des  églises  cathédrales  et 
de$  inouast^res  s  étant  ralenties  à 

:ineî>ure  . 


i 


s  O  R 

Biesttre  qne  le  zèle  des  ëvéqnes 

s'afFoiblissoit ,  il  s'éleva  des  doc- 
teurs instrnits  qui  se  chargèrent 
d'instruire  les  autres.  Leurs  écoles 
placées  dans  les  grandf's  villes  , 
parurent  être  d'une  utilité  plus 
générale  que  les  écoles  diocé— 
Mines.  Un  seul  docteur  ponvoit 
former  un  plus  ^rand  nombre  de 
disciples  et  les  mieux  instruire. 
Un  prêtre  uniquement  appliqué 
à  l'étude  de  la  théologie ,  inté*^ 
ressé  à  avoir  beaucoup  d'écoliers , 
devoit  devenir  plus  savant  qu'un 
ëvèque  ,  distrait  par  plusieurs' 
autres  fonctions.  Les  seul»  in— 
convéniens  étoient  que  ces  nou- 
veaux instituteurs  n*a voient  pas 
la  même  autorité  qu'un  évoque 
sur  son  clergé;  qu'ils  abusoi.nit 
souvent  de  leur  loisir ,  pour  trai-» 
ter  des  questions  plus  subtiles 
^le  nécessaires  ;  et  que  leurs  dis- 
ciples ,  loin  des  yeux  de  leurs 
parens  et  de  Itur  évèque  ,  se  li~ 
vroient  à  la  corruption  des  gran- 
des villes,  et  ne  se  formoient 
point  aux  fonctions,  ecclésiasti- 
<^es.  Pour  remédier  à  ces  abus  , 
on  fonda  des  collèges ,  d'abord 
pour  les  réguliers  ,  ensuite  pour 
î^s  séculiers  ;  «  et  il  faut  avouer , 
dit  Fleury ,  que  ces  collèges  fu- 
rent comme  les  monastères ,  des 
^iles  pour  la  piété  et  les  bonnes 
mœurs,  aussi  bien  que  pour  la 
doctrine.  «  Le  collège  de  Sor- 
bonne  en  parti  ulier  servit  de  mo- 
dèle à  tous  les  autres  ;  car  avant 
ce  temps^là,  il  n'y  avoit  en  Eu-, 
rope  aucune  communauté  où  les 
£op]ésiastiques  .séculiers  vécus- 
sent en  commun  et  enseignassent 
(gratuitement.  "Robert  de  Sor^ 
honne  après  avoir  solidement  éta- 
hii  sa  sociéjté  pour  la  théolop^e, 
X:  ajouta  un  autre  collège  pour  les* 
humanités  et  la  philosophie.- Ce - 
•ollége  connu  sous  le  nom  de- 
GoU^edçCalyietdepeUieSQr'^: 

^  SyppL,   Tome  II I^ 


S  OR        481 

honne,  devint  très -célèbre  par 
les  grands  hommes  qui  y  furent 
formés.  Lo  célèbre  fondateur  de-« 
Tenu  chanoine  de  Paris  dès  l'aa 
i:}58,  s'acquit  une  si  grapde  ré- 
putation ,  que  les  princes  mémeS' 
le  prirent  po*ir  arbitre  en  quel- 
ques occasions  importantes.  Il 
•termina  saintement  sa  carrière 
en  1274,  âgé  de  73  ans^  aprèâ 
avoir  légué  sçs  biens  qui  étoient 
très-considérables,  à  la  société 
de  Sorbonne.  On  a  de  lui  plu- 
sieurs ouvrages  en  latin.  Les  prin- 
cipaux sont  :  I.  Un  Traité  de.  la 
Conscience  ;  un  autre  delnCon-* 
fesiion  ;  et  un  livre  intitulé  :  Le 
Chemin  du  Paradis.  Ces  trois 
morceaux  sont  imprimés  dans  la, 
BiMiothèque  des  Pères,  II.  De 
petites  Notes  sur  toute  l'Ecri- 
ture-sainte  ,  imprimées  dans  l'é— 
dit  ion  de  Menochius  par  le  Père 
de  Toiirnemine.  III.  Les  Statuts 
de  la  maison  et  société  de  Sor- 
bomie  ,  en  38  articles.  IV.  Un 
livre  du  Mariage,  V.  Un  autre 
des  trois  moyens  d'aller  en  Pa*- 
radis.  VI.  Un  grand  nombre  de 
Sermons ,  etc.  Ils  «e  trouvent  en 
manuscrit  dans  la  bibliothèque 
de  Sorbonne  ;  et  l'on  remarque 
dans  tous  assez  d'onction ,  maU 
gré  la  barbarie  du  style.  La  mai- 
son et  société  de  Sorbonne  est 
une  des  quatre  parties  de  la  Fa- 
culté de  Théologie  de  Paris:  elle 
9  été  une  source  féconde  en  h^ 
biles  théologiens. 

SORCIERS ,  Voyez  la  fin  de 
l'article  de  Gassendi. 

SORCH,  (Hendrick  )  pein-. 
tra,  né  à  Rotterdam   en  i6»i  ^ 
mort  en  1682 ,  devint  le  pltis  cé-^ 
lèbre  élève  de  Teniers  ^  et  excella  • 
comme  son  maître,  dans  lare- 
présentation  des    foires  et  des 

Hh 


I 


-4f  *        S  O  R 

SORM,  (Pierte)  peintre  fta- 
làti»)  né  à  SteiHier  eh  rS^S ,  mort 
«n  16239*  cbvjnt  disciple^e  «^a^ 
]i»ii^tVi»«  «t  eénhit  )«.  tofent  dv 
^•hidre  le  p0j9a^  à  eol«i  du  por- 
Mit  et  de  iliistoirew 

ÏV.  SOTO  y  (  Antonio  Père», 
de  )  célèbre  iinprûneur  Espagnol^ 
«'établit  à  Paris  au  nii)réii'  du  18* 
«iècle,  et  y  publia  de&  éi)ition» 
seoherchées. 

ÎN.)  avûcôt  à  Toulouse,  memb- 
re de  racadémie  de  cette  ville  , 
Aort  en  1751 9  a  publié'plnsieurs 
ouvrages  de  mck'âle  et  de  litté- 
rature :  I.  Béftexiôtis  sitr  le  bon 
goût,  le  bon  ton  etlii  conversa- 
tîotl,  1746,  ift-  li.  IT;  Catac-^ 
gin  de  \h  Vérirabfe  gtandeuf , 
:l746,  în-ia.  ffif.  Coàsidérations 
Éhr  le  génie  et  \éè  tntturs  de  ce 
Jiècle,  1749,  in— 12. 

II.  SOVBISE9  (  Charlsfrde 
Itoban  9  pvince  de  )  xiocmit  en 
'i7r5^  de  ki«  branche  denoben— 
Bffohtbflson.  Devenu  lieutenant' 
général  en  ififi  ,  «près  avoir 
Servi  dans  les  caAipagne$de  Flan*- 
dre^  il  voulut  devenir  maréchal 
de  France  dansla  guerre  de  1757/ 
La  laveur  de  Méd.  ée  Pompa^ 
àour  ,  à  laquelle  M  faiaoit  xm»- 
oour  assidue ,  ki4  obtint  ]ecDm)i* 
Brandement  d'une  division  dans 
l'ankiée  du  maréoliBl  d^Esttéest 
S'étant  avancé  à  k  tète  des  Fran» 
cois  9  le  prince  de  Souhise  perdit, 
»  5  novembre  17679  la  Ixitaille 
de  Rosbach*  «véc  des  eircons-  ^ 
tances  qu*on  trouve  dans  tous  les 
livres.  Nous  en  avon»  pa#]é<)ans 
rattide  du  roi  de  PHiese  (  Fféit-^ 
tic  II  ).  On  ne  rougir  point  h  la 
CDur  de  calomnier  leé  troupes 
pour  disexiper  It  général.  Son  in- 
<npactté  qjOÉi  étoift  «iicalo  à-  sa  hf^ 
Tonroy  W  Tempêcha  pa#-d#tro 


SOU 

ttralrécbal  de  France  l'année  dtâwl 
vante  y  éli  de  continuer  de  cm^ 
rinmder.  Beux  succès  9  dénC  U^ 
dernier  fut  principalement  du  sd* 
brave  Cheçert ,  lui  valurônf  1»  bi- 
ton.  Il-  battit  un  corps  de troupe» 
commandé  par  le  prince  êhm* 
bourgs  le  23  joillet  17589^  et  enf 
tm  autre'  avantage  près  deLaa^ 
terbourgle  ro  octobre  suivant,  t 
quitta  to  commanderifient  Farairée 
o après,  et  ftit  depuis  miuistre 
d'état.  Si  ses  ami»  nsètHeski  rt^ 
fnsoient  les  talens  fflilltaire»,  «é$ 
enntfmra  convenoient  <(uecan)me 
citoyen  et  courtisa»  9  il  avoit  dbs 
qualités  estimables  ':  boimétl^ 
boniTfte  9  affable  9  obligeant ,  ititfe*- 
cessible  à  la  cupidité  ,  et  sachant 
aj^/^  et  parler  pour  ses  amis.  B- 
moumt  le  4  juillet  179^. 

»  SODFFLOT  9  (  Jacque»- 
Oermoiti)  tfrchit<ecte9  naquit  en 
171 3' à  Iranci  près  d* Aïixérre ,  da 
lieutenant  général  do  cette  pe-. 
t}te  ville.  Son  gont  pour  les  asts 
et  suNtout  pour  FarchitectHre  %, 
se  manifesta  de  bonne  heure.  D&f 
sa  plus-  tendre  ietin«3se ,  il  se» 
vedt  avec  plaisir  les  difierens  ou» 
vriersr  de  bâtimens ,  regarde»* 
avec  attention  travailler  les  ms** 
çons  et  les  charpeiitiers  9  s'entra* 
tewMt  souvent  avec  kes  areftiteo* 
tas  atles'appareii]euf8  9'  lesqae»* 
tionnoit,  et  leur  empmntoif  dé» 
dessins  (pi'il  A>pioit.  Bientèt  sofi 
goût  pour  cet  art  devint  une  pas* 
sion  si  forte  9  que  contrarié  ptf 
son  père  qui  eût  mieux  aimé  M 
voir  preniire  le  parti  dit  cohh 
merce9  il  ^  décida  à  cpiittser  Ut 
maison  paternelle  d'oif  il  emporte 
un  sac  de  tooo  livresw  1^  «érigea 
dè»-lors  ses  pas  vers  lltaliei  âoK 
tant  bien  que  sa  modique  sonnMt 
no  auAroit  pas  pour  ùàtt  et 
voyage  9  il  s'arrêta  à  Lyon.  Sov 
iiiMiitloii  était  d^y  pasaar  qaÉlfaa^ 


j 


sôt; 

bftl||S  ,  et  dy  travailler  ftVCe  W 
«rchitectes  de  cette  vilie,  pour 
flfUgni^nter  à  ]a  iois  ses  connois^ 
•anceft  et  ses  fonds.  Après  avoir 
Bjouté  attt  unes  et  ailx  autres  ^  il 
partit  pour  Rottie,  et  y  fréquenta 
tous  les  grands  artistes^  eeux 
Sur-tout  que  le  rOi  de  France  y 
Ittivôyoif  annuetlement  dhiis  Vetta- 
demie  qu'il  y  tfVT>it  établis.  D  pai^**^ 
îcournt  ensuite  fonte  Vltalie  ^  S'arv 
téta  dans  tons  les  endroits  ok  se 
trouvent  des  monumens  intéres* 
sens 9  qui!  leva  et  dessina  scri»- 
puleusement.  Muni  de  ces  mo- 
dèles ,  il  repassa  en  France  et  s'â- 
tablit  à  Lyon  ,  oii  il  s'étôit  fait 
aimer  pendant  son  premier  se-* 
jour.  A  peine  y  fut-il  arrivé ,  qu'il 
fut  successivement  chargé  par  las 
magistrats  de  cette  ville  ,  de  la 
•instruction  de  la  Bourse  et  de 
l'Hôpital  :  ce  fut  ce  dernier  bÂ*i> 
timent  qui  commença  la  grande 
réputation  dont  il  a  joui  depuis;» 
Son  nom  étort  parvenu  à  la  mar- 
quise de  Pompadour,  Quand  cette 
dame  eut  obtenu  du  roi ,  poui"  le 
marquis  de  MarigAjr  son  fVèra  , 
l'adjonction  à  la  place  de  drrec-*> 
teur  et  ordonnateur  général  des 
bâtiinens  9  jardins ,  arts  et  manu- 
factures  royales  ,    elle  engagea' 
Soufiôt  et  Cochl/t  à  le  suivre  en 
Italie.  Au  retour  de  ce  voyage  y 
le  célèbre  architecte  quitta  Lyon 
tBt  s'établît  à  Patis  ,  Où  il  devint 
Successivement  contrôleur  des  bâ- 
txmens  de  Marly ,  des  Tuileries  , 
membre  des  académies  d'Archi*- 
tectiire  et  de  Peinture  9  chevalier 
de  l'Ordre  de  Sà;nt-Midiei  ^  enfin 
intendant  dés  bâttinreiw  du   roi. 
£n  k^57  Louis  X^  le.didisit 
ttouT  Yt  plan  et  t'exécuèion  do 
l'église  de  Sainte^Geneviève  da. 
l^aris ,  dont  il  n'a  pu  perfection- 
ner que  le  portail ,  ainsi  que  la 
Uef  ^  le  bas-côtés  et  les  tours.  Lé 
iMU  ii'a  été  élafé  mus  aa  e«n^ 


^  o  tr      4»  j 

<^ité  4tte)ttftp»'att  nivâat^  de  là 
naissance  des  voûte» ,  et  de  l'or-*^ 
dre  qui  doit  porter  le  dôme.  Û 
éprouva ,  «e)ttiv«ment  à  cerdôme-^ 
des  ooniradictiOBS  et  des  criti^ 
qnesamèré»,  dictées  par  Tenvia» 
Quoll|ue  la  possibilité  de  son  exé*^ 
cution  fKk  prouvée  et  démontrée 
par  les  calculs  les  plus  scrupa*- 
leux ,  il  fut  sensible  à  rezcès  ans 
déclamations  de  its  ennemis ,  d« 
nombre  desquels  il  s'en  trouvoil 
un- qui  lui  devoit  de  la  reconnoiS'« 
sance.  C'est  à  ces  espèces  de  coxv« 
iradictions  et  de  tracasseries^ 
qu'on  dcMt  attribuer  le  dépétrisse-» 
Bient  de  sa  santé.  Soufflât  mourut 
après  deux  ani  de  knipueur ,,  le 
à9  aoik  i^8t>,  à  67  ans.  Il  em^ 
porta  les  regrets  de  ses  parens  ej» 
de  ses  amis ,  qui  lui  pardOnnoient 
Un  caractère  viJF  et  brusque  y  exlk 
faveur  de  son  excellent  coeur ,  ei 
qui  l'àppeloient  le  Bourrin  bien^ 
ptUani,  Outre  la  Bourse  de  Lyon  ^ 
l'Hôpital,  de  la  même  ville  ^  et  lar 
superbe  édifice  dé  Saittte-Geae- 
Vlève ,  il  a  élevé  d'autres  monu*' 
mens  publics  ,  entre  autres  là 
belle  Salle  des  spectacles  de  Lyon* 
Il  a  été  enterré  dans  le  chcsur  du 
l^église  de  Sainte-Geneviève»  Où 
lui  a  consacré  c^s  vers  : 

^<mr  mat  tria  dafis  sôtt  tkt  U  a^«ill  qte  la 

naturt  ^ 

n  tima  ^*a^x   ttlM»  oa  )oagtdt.Ià 
droiture  : 

PTts  d*isa   rival  jaloiut  »  9II  Ait  a»a 

ennemi  y  ^ 

Vu  eût  conaa  sob  cùtur  $  eût  été  f04 
aniS. 

SOUl-GlN-CHI ,  sduveraiii 

4e  là  Chine  avant  Fo-hl  t  inventu 
les  cordelettes  »  dont  les  nœud4 
différons  et  à  int^gales  distances <^ 
Servoieht  à  conserver  le  souvenif 
des  événeniens.  Aux  çordelettél 
succédèrent  les  kôna ,  ptemiesê 
caractères  chinois  ^  dont  l'^nf  en** 
tidA  aat  ^attribuée  à  J«*^^«K 

Hh  » 


484     sou 

^ml  employa  dans  la  composa 
tion  de  VY-^king. 

SOUMILLE,  (N....)  pré- 
bende du  chapitre  Je  Villeneuve- 
)e5*  Avignon,  étoit  correspondant 
des  académies  des  Sciences  de 
Paris ,  de  Toulouse  et  de  Mont- 
'    pellier ,  et  associé  des  sociétés 
d'Agricukiire  de  Limoges  et  de 
Tours.  Il  n^éritoit  de  Tètre  ;  c'é~ 
toit  un  excellent  calculateur.  Il 
rendit  des  services ,  non— seules 
ment  à  la  province  de  Langue- 
doc ,    mais   à    Avignon  qui   le 
Tegardoit  comme  un  de  ses  ci- 
toyens. 11  s' étoit  établi  dans  cette 
▼ille,  deux  loteries  à  dés,  dans 
Tune  desquelles  les  lots  consis- 
toient  en  livres,  et  dans  Tautre 
en  pièces  de  merceries ,  estimées 
au  gré  de  celui  quidonnoit  à 
Jouer.  Cétoit  un  jeu  ruineux  qui 
«ttiroit  beaucoup  dé  dupes  au- 
tour des  tréteaux  de  la  friponnerie. 
Les  magistrats  d'Avignon  char- 
gèrent l'abbé  Soumille  d'en  mon- 
tre^ le  danger.  C'est  à  cette  oc- 
casion qu'il  publia  une  brochure 
intéressante,  sous  ce  titre  :  La, 
ZiOterie  insidieuse  ,  on    Tahleau 
général  de  tous  les  points ,  tant 
à  perte  qu'à  profit ,   qu'on  peut 
faire  avec  sept  dés ,   Avignon , 
>773,  in-i2.  Ce  livre  renferme 
des  tables  aussi  justes  que  com- 
modes pour  ceux  qui  sotit  livrés 
à  la  folie  des  jeux  de  hasard.  Mais 
l'ouvrage  de  l'abbé  Soumille  qui 
â  été  le  plus  lu  et  le  plus  con- 
sulté, est  le  Grand  Tric^trac , 
Ou  Méthode  facile  pour  appren-^ 
dre ,  sans   maître ,   la   marche  , 
les  termes  et  une  grande  partie 
des  finesses  de  ce  jeu ,  Avignon , 
1756,  in-ia,  avec  287  figures. 
C'est  le  meilleur  traité  qu'on  ait 
%     ftur  ce  jeu  agréable.  On  a  encore 
de  lui.   Description  du  Semoir 
à  bras  de  Languedoc  ^  i7$3> 


sou 

V 

în— ï6.  L'auteiir  mourut  enxitJ 
Il  avoit  dans  les  manières  la  sim- 
plicité et  la  bonhommieqaiétoiënt 
dans  son  caractère.  Ami  de  la 
rétraite  et  de  l'étude,  il  parta- 
'gea  ëon  temps  entre  ses  devoirs 
et  les  sciences  exactes. 

SOUTHERN,  (Thamar)j 
Irlandois,  né  en  1669,  morteni 
1746,  fit  ses  études  à  Dublin,] 
ensuite  à  Oxford ,  et  donna  aaj 
théâtre  Anglois  plusieurs  pièces, 
qui  eurent  du    succès.  Les  plos^ 
remarquables  sont  :  Le  fatal  Ma^ 
riage  ,  le  Prince  de  Perse ,  OrO" 
noko.  CettG  dernière  tragédie  r 
pour  sujet  un  fait  véritable ,  ra-* 
conté  dans  une  des  Nouvelles  de 
Mad*  Behn. 

SOyVAROW,  (Alexandre) 
feld— maréchal  Russe ,  naquit  en. 
1730,  d'une  famille  ancienne; 
son  père,  avoit   été   général   et 
étoit  devenu  sénateur.  Il  destina 
son  fils  à  la  magistrature  ;  mais 
celui-ci  ne  respirant  que  pour  las 
armes ,  entra  au  service  en  17429 
comme  simple  soldat^  et  s'éleii 
de  grade  en  grade  jusqu'à  celui 
de  colonel  qu'il  obtint  en  1763» 
après   s'être   distingué    dans  la 
gnerre  de   sept    ans   contre  les 
Prussiens.  II  ne   combattit  pas 
avec  moins  de  courage  les  con- 
fédérés de  Pologne  et  le  rebelle 
Pugatschew.  Le  général  Roman- 
«oj^attiroit  alors  lés  regards  (le 
l'Europe  par  ses  victoires  et  ses 
talens  militaires  ;  Souvarow  vou- 
lut apprendre  Tart  de  la  guerre 
de  ce  maître  habile;  il  se  rendit 
à  l'armée  que  ce  dernier  com- 
mandoit  contre  les  Turcs  ;  et  dans 
une  action   il  s'élança   dans  \ti 
rangs  ennemis  ^  immola  plusieurs 
janissaires,   remplit  un   sac  de 
leurs  tètes, ^t  vint  le  vider  aux 
pieda  de.  son  général.   Biest^ 


\ 


sou 

il  passe  le   Danube    à  la   tête 
d'un  corps  d'armée ,  malgré  les 
efforts  des   Ottomans,:. et  yîent 
camper  sous  les  mur^  de  Silistrie. 
Quelques   jours  après  ,   réuni  à 
Kainedskol  t  ils  battirent  ensem- 
ble   le  '  "Reis^Effendi  qui  com- 
mandoît  40  mille  hommes,  et  lui 
enlevèrent  toute  son   artillerie. 
£n   17839  Souvarow  soumit  les 
Taftares  da  Kuban  et  du  Bud- 
2iack,  >t  leur  fit  prêter  serment 
de  fidélité  à  Tlmpératrice.  Celle- 
•i  lui  envoya  alors  son  portrait, 
la    croix   de    Volodimer ,   et  le 
nomma  général  en  chôf.£n  1787, 
il  défendit  avec  succès  Kinburn 
contre  la   flotte   Ottomane.   Le 
pacha  d'Oczakoff  avoit  débarqué 
Six    raille   hommes   pour    surr- 
prendre  cette  place  :  Souvarow 
les  laissa  descendre  sur  le  rivage , 
et  n'envoya  contre  eux  que  quel- 
ques tirailleurs  ,  qui  feignirent 
d'être  épouvantés  et  de  se  retirer 
en  désordre.  Les  Turcs  s'avan- 
cèrent ;  et  tandis  que  leurç  cha- 
loupes alloient  chercher  de  nou- 
veaux renforts,  tous  ceux   qui 
restèrent   sur  la  plage  périrent 
.  sons    les   coups    des ,  bataillons 
nombreux  qui  les  enveloppèrent 
aussitôt.  Sovvarow ,  blessé  aii  cou 
dans  cette  action ,  en  fut  dédom- 
magé par  un  superbe  panache  de 
diamans,  qui  lui  fut  donné  par 
Catherine,  Le  21' juillet  178^9 
après  avoir  défaitlennemi  àFock- 
san ,    il    apprit    que    le  prince 
de   Saxe^Cohourg ,  général    de 
Tarmée  Autrichienne ,  étoit  en- 
touré par  celle  du  Grand-Visir; 
Souffarow  .se  mettant  aussitôt  à 
•la  tété*  de  dix  mille  Russes,  tombe 
à  Timproviste  sur  celle-'-ci ,  forte 
de  cent  mille  hommes,  et  reste 
maître   du    champ   de    bataille. 
«  Amis,  crioit-il  aux  soldats,  ne 
regardez  pas  les  yeux  de  l'ennemi  ; 
fixez  ^H^  poitrine,  cest  là  qu'il 


SOU        481 


fttwt  frapper.  »  Cette  victoire  « 
remportée  près  de  la  rivière  d« 
Rimnisk ,  valut  à  Souvarow  le 
surnom  de  Bimtftski  et  le  titra 
de  comte  de  l'Empire  Romain* 
La  ville d'Ismaïlo\7  résistoit depuis 
7  mois ,  et  avoit  obligé  le  général 
Sudowitsch  de  se  retirer;  Po— 
Umkin ,  général  en  chef,  adressa 
aussitôt  Tordre  à  Souvarow  da 
la  prendre  en  troiè  jours.  Celui-ci 
marche  avec  la  plus  grande  cé- 
lérité, malgré  la  rigueur  de  la 
saison.  Le  troisième  jour  ,  il 
assemble  ses  soldats ,  et  leur  dit  c 
«  Soldats ,  point  de  quartier,  les 
provisions  sont  chères.  ^  L'assaut 
se'  donne,  les  Russes  sont  re- 
pousses deux  fois  ;  ils  escaladent 
enfin  les  remparts ,  pénètrent 
dans  la  ville,  dans  les  maisons ^ 
dans  les  mosquées,  et  passent 
tout  au  fil  de  l'épée.  Quarante 
mille  Turcs  périrent  en  ce  ]oup 
funeste,  qui  fit  donner  au  géw 
néral  Russe  le  nom  de  Muley-» 
IsmcLël,  l'homme  le  plus  sangui- 
naire qui  ait  donné  des  lois  à 
Maroc.  En  1792  ,  ne  pouvant 
plus  combattre  dans  les  champs 
Ottomans  ou  le  traité  d'Yassy, 
avoit  porté  la  paix,  Souvarow 
se  rendit  en  Pologne  pour  y 
arrêter  les  progrès  de  Kotciusko  ^ 
dont  les  efforts  tendoient  à  l'af- 
franchi ssement  de  cette  contrée, 
et  à  la  faire  sortir  de  la  dépen^^ 
dance  où  la  Russie  la  retenoit 
depuis  long- temps.  Le  4  octobre, 
il  mit  le  siège  devant  Prague, 
faubourg  considérable  et  fortifié 
de  Varsovie  ;  et  après  un  as3aut 
furieux ,  il  s'en  rendit  maître  et 
fit  égorger  tout  ce  qui  s'y  trouva?, 
vingt  mille  Polônois  succombê-f 
rent  dans  cette  action ,  sous  les 
coups  des  Russes  >,  dont  le  gé-« 
néral  reçut  en-  récompense  1© 
titre  de  feld-maréchal.  «  Vou^ 
savez,  lui  écrivit  riippératrice, 

Hh  j 


%ffialt  t»n  tear.  Jt.suis  incapable 
4^  faire  tort  à  un  plus  ancienj 
«i.ais  c*it$t  TOUS  qui  venez  de  tous 
îme  fek^maréchal  9  par  la  con-* 
fuôte  de  la  Pologne.  »  En  etSet , 
#ette  victoire  décida  du  sort  de 
ce  joyanme ,  qui  fut  aussitôt  par- 
tagé entre  la  Russie,  rAutriche 
#t  la  Prusse.  £n  1799 ,  ^'^'^^  ^^ 
4onna  %  Souvarow  le  comman- 
ée^mejat  des  troupes  qu'il  fit  mar-i 
«fcer  en  Italie  contre  les  Fran^* 
^is;  mais  c*est  la  que  sa  gloire 
pliit  devant  le  génie  de  Moreau, 
Calui-ci,  avec  des  forces  infé« 
yieures  »  l'arrêta  daais  sa  course , 
le  battit  au  passage  de  l'Adda , 
«t  le  chassa  successivement  d'A<« 
l^xandrie  et  de  Turin.  Sa  retraite 
prauva  cepeûdant  les  plus  granda 
ta]ens.Jl  se  porta  sur  la  Suisse 
Italienne,  vainquit  les  obstacles 
que  lui  opposoient  les  François , 
tt  pénétra ,  à  travers  les  neiges 
•t  les  glaoïrs ,  en  Allemagne.  Les 
troupes  Russes  ayant  été  rappe»^ 
lées  par  leur  Souverain ,  Souvarow 
•rriva  à  Pétersbourg ,  et  y  mourut 
•n  iSoo.  Ce  général  ,  né  avec 
Ibeaucoup  d'esprit  et  une  grande 
originalité  dans  les  idées ,»  étoit 
aussi  bi^arrevqu'iatrépide*  U  pen** 
aoit  que  le  devoir,  d'nn  général 
^toit  d'étxe  toujours  en  avant  de 
^on  armée ,  et  disoit  :  «  li  faut 
^W6  la  tête  nattende  jamais  ia 
queue.  »  Pour  se  faire  aimer  de 
fes  soldats,  il  afibctoit  autant 
4e  simplicité  que  de  rudesse  dans 
«es  mœurs.  On  le  voyoit  souvent 
changer  de  chemise  nu  milieu  du 
oamp ,  et  ne  se  couvrir  pour  tout 
Tètement  que  d'une:  simple  peau 
dé  mouton.  Catheriae  JI,  dans 
con  SFoyage  en  iCrimée ,  se  plut  4 
Siccorder  toutea  les  grâces  que 
ses  généraux  lui  demandèrent. 
XUe  e'âdressa  à  Som^jarow ,  pour 
^voir  ce  qu'elle  pouoroit  fair# 


SOU 

{HWr  toi.  Cekà*ci  lai  répefiffî  I 
Payer  mon  logement.  Le  prix  de 
ce  logement  n'étoit  que  de  troil 
roubles.  Il  se  piquoit  de  laconisme» 
Dans  Jes  premiè^res  guerres,  après 
avoir  pris  la  ville  de  Toutoukai 
en    Bulgarie,    il    écrivit    a   st 
Souveraine  :  «  Gloire  à  Dieil  ! 
louanges   à  Catherine  !  la  vilU 
est  prise ,   et  j'y    suis.  »  U  Itû 
rendit  compite  de  même  de  It 
prise  d'Ismaîlov ,  par  ces  seulf 
mots  :  «  Madame ,  l'orgueilleust 
Isv&aii  est  à  vos  pieds.  »   H  s» 
piaisoit  à  mettre  ses  ordres  ea 
vers  ,  et  d'écrire  souvent  aioii 
9ts  rapports  à  l'Impératrice.  Sa 
manjlre  de  vivre,  extrêmement 
frugale ,  ne  le^  distinguoit  pas  An 
simple  soldat,  et  il  soutint  comoie 
lui  toutes  lesv fatigues  de  la  guerre* 
Petit ,  maigre,  courbé ,  ayant  doi 
yeux  pleins  de  feu ,    sachant  io 
russe,  Fallemànd,  le  françoiS) 
le  turc  et  le  tartare ,  il  parloit  pei 
et  presque  toittours  en  apopb- 
thego^es.  Lea  omciers  ^périeaci 
devinrent  ses  ennemis  secrets  f 
parce  qu'il  proscrivoit  le  luxe  i$ 
Ses  camps,  et  qu'il  étoit  poiftr 
tilleux  dftns  le  servicje  ;  mais  les 
soldats  l'adoroient.  Ce  guerrier 
afiectoit  une  grande  dévotion  »  iè 
dbjigeoit   tous  les  oâlciers  ds 
réciter^  le  soir  après  la  retraite^ 
une  pctère  devant  le  soldat  :  i 
ne  donna  Jamais  Tordre  de  cooif 
battre ,  sans  faire  le  signe  de  il 
Gisoix  ^  et  baiser  une  petite  imagf 
àe  Sti,  Nicolas ,  qu'il  porteit  ton* 
jours  anr  lui.  Jl  ae  refusa  1  t^l 
)es  travaux  diplomaitiques  et  pcn* 
litiques ,  en  disant  :  Une  plfi^ 
sitd  mal  dans  la  main  d'un  sûM, 
Fougueux  dans  son  génie  covsa* 
dana  ^n  «i^ourage ,  on  ne  Jai  re* 
fusa  ni  l'audace  d'«n  conqnéranti 
ni  la  rapidité  de  ses  entreprises, 
iii  r«rt  d'attacher  les  soldats  à  si 
destinée  î  ^ais  o^  lu  a  i^rinàe 


s  o  z 

^efr-coBibinaisons  p«n  profoncle^j 
j^es  ixianoeuvres  plus  rapides  que 
^a^es,  et  d'avoir  usé  de  la  victoire 
Avec  trop  peu  d'àumanité. 

SQ2&ZI  9  (  Lonis-Fjrançôis  de) 
2>é  k  ï^aris  le  4  octobre  1706» 
4'une  famille  noble  et  origiaaire 
4e  Pistoie  en  Italie  ',  suivit  dès 
l'âge  de  neuf  ans  y  son  père  eo 
tlspagne.  A  son  retour  il  dévint 
l'éièye  et  bientôt  l'ami  du  célèbre 
avocat  le  Normant,  appelé  juste^ 
ment  V Aigle  du  Barreau^l^ornsné 
Jbailli^ général  du  Temple,  il  pit«- 
tUa  pludienirs  Mémoires  précieujp 
par  Ic5  recherches  qu'ils  renfer-;- 

^  nient.  Celui  sur  les  testameuf^ 
olographes  fit  une  telle  sensation  ^ 
qu'on  fut  obligé  de  le  réimprimer 
trois  ans  après  le  jugement  pour 
.lequel  il  àvoit  été  foit,  afin  de 
fatisfaire  l'empressement  des  ju-^ 
Tisconsiiltes  qui  en  demandoient 
4es  copies.  Cdlui  sur  la  mouvai/ce 
âes  pairies  de  France ,  fut  de 
^ême  recueiUi  avec  avidité.  $oi^ 
vint  ^'établir  à  Lyon  eh  ijhB  y 
et  y  fut  membre  de  racadéatie 
4e  cette  viUe  ;  celle»  de  Berlin  et 
4e  Nanci  l'adoptèrent  pour  asso^ 

*  fdé.  U  est  mort  le  i»  mars  1784.. 
&s  ouvrages  littéraires  sont  ; 
1*,  Lettre  suc  l'Urne  enlique  à» 
plomb,  tmivée  à  Lyon^  TLAver'^ , 
tissen^ent  sur  rHiène  qui  a  pani 
dans  le Tyonnois  en  170^7 ,  i»-f  a^ 
m»  JJiscours  de  réception  à  l'aea-f 
démif  de  Nanci,  17^2^  in-^fz^ 
JV.  Oljunpiques  de  Pindare  ^ 
traduites  du  grec  en  franfoiSy 
1754,  in^iz.  Cette  traduction  dir 
poète  l^rec  le  plus  di^ile  à  en^ 
tendire  ^  est  accompagnée  de  re« 
Siarques  bistorù^aes ,  et  4' un  di^r^ 
çouEs  sur  Pindare  et  l'héstoix» 
4e^  jeux  Olympjqttes. 

^AGNOtETTO  ,  (  Je^a^ 

^     Blutera)  Fpy.EsFAouojjçi^ 


$PA       4V7 

5PALLAK2ANI  ,  (Lazare) 
né  en  1723  à  Scandiano  eïi  Ita* 
lie ,  près  de  Keggio ,  étudia  ^ 
Bologne  sous  le  célèbre  Laur^ 
Bassi,  se  retira  ensuite  daeslft 
solitude  pour  rendre  ses  connoia*- 
sances  plus  profondes  ^  et  sut 
pendant  quelque  temps  se  priver 
4e  la  gloire  pour  mieux  la  méritejf«. 
Il  débuta  dans  le  monde  littéraire- 
par  un  opuscule  cii  il  a  pour 
but  de  rectifier  les  erreurs  échap» 
pées  à  SaWini ,  dans  sa  traductioa 
àes  Œuvres  ^Homère  ,  poète 
qu'il  avoit  étudié  dans  sa  langue 
naturelle ,  avec  autant  de  dkcer^ 
nemest  que  àp  goût.  Il  adressa  set 
observations  au  comte  AlgarotU^ 
XwBsà  de  VoUaire ,  do)i|  le  savoir 
étoit  aussi  étendu  que  la  renom* 
Aée^  ]^t  ommé  professeur  à  Pavie  ^ 
Spalianzani  abandonna  la  Iitté«i 
jatupe  pour  l'étude  de  la  pliy«« 
sique  ;  et  c'est  là ,  qu'armé  du 
ûambeau  de  l'expérience,  il  dé-« 
,eottVritdes  propriétés  nouvelles^ 
et  divers  phénomènes  qui  atti«» 
xèrent  à  s^s  leçons  un  nombre 
considérable  de  disciples  et  d'adr 
mirafeeuis.  La  physique  animale 
obtint  sur-tout  sa  prédilection  y 
et  ses  observations  y  furent  ausis^ 
neuves  qu'intéressantes.  Ses  t^r- 
vaux  microscopiques ,  ceux  sur 
Xa  circtrlation  du  sang,  la  cKge^ 
Uon,  la  génération  9  k  respi«» 
ration ,  lui  (Mat  acquis  des  droite 
ÔXDfBortels  à  la  reconnoissaneedee 
pliysiologiste^  et  de  tous  bs  st« 
vans.  £n  1779  9  Spalianzani  se 
i»it  à  voyager  9  et  parcourut  lee 
cantons  de  la  Suisse.  En  1785  ^ 
it  partit  po^r  Constantinople , 
ok  il  aecompagna  le  chevalier  Je 
^uliMi  son  ami,  et  visita  lea 
isle$  fie  Corfou  et  de  Cythère  ;  ii 
en  ééçKVflt  la  gé^ogie ,  les  yoU 
icans éteints 9  les  coquillages,  et 
inie  mentagne  immense  presqne 
enti^eine^Q^  formée  d'os^emeoe 

Hh4 


'4^8 


SP  A 


Romains  pétrifiés.  Après  avoir 
■parcouru  les  ruines  àr  Troye,  et 
phisitfurs  contrées  d'Ailemagite , 
il  se  rendit  à  Vienne  où  il  fut  ac- 
cueilli parTeropereur  Jb5^p4  Ils 
il  revint  à  Pavie  «  et  y  entra  au 
t>ruit  cWs  a.  cl^mations  d'une  foule 
d'élèves  qui  étoient  allés  h  sa 
rencontre  9  et  qui  le  conduisirent 
en  trioi^phe  dans  'sa  demeure. 
ILe  Muséum  de  Pavie  étoit  dé-t 
•pourvu  d'objets  relatifs  k  la  mi- 
néralogie des  volcans.  Pour  lui 
en  procurer ,  Spallanzani  fit  en 
1788  un  vo)'age  à  Naples,  dans 
les  deux  Siciles ,  et  dans  plusieurs 
"parties  des  Apennins.  Il  rédigea 
les  observations  recueillies  dans 
ce  voyage ,  et  en  fit  l'un  de  iQ% 
principaux  titres  à  la  gloire. 
•îTouraîenté  depuis  long— temps 
d'une,  ischurie  vésicale  ^  il  fut 
frappé  de  diverses  attaques  d'a- 
poplexie, et  succomba  à  la  der- 
nière ,  survenue  lé  li  février 
«1799.  Après  avoir  rempli  tous 
ses  devoirs  de  religion,  il  s'en- 
dormit dans  son  sein,  plein  de 
confiance-  dans  les  espérances 
qu'elle  donne.  Les  écrits  de 
'Spallanzani  sont  :  I.  Lettres  sur 
l'origine  des  Fontaines.  Elles  sont 
au  nombre  de  dt*ux,  et  adressées 
au  fils  du  savant  ValUsnieri, 
-DesCiit'tes  avoit  pi  étendu  que  les 
«aux  de  la  mer ,  filtrant  par^  d'in- 
nombrables canaux  dnns  le  flanc 
des  montagnes ,  y  subissoient  une 
sorte  de  distillation  par  faction 
d'un  feu  souterrai  ' ,  se  purgeoient 
de  leur  amertume,  et  formoient 
ensuite  les  sources  d'eau  douce. 
Spallanzdni  démontra  que  celles- 
ci  devoientleurorigirneauxpluies, 
aux  rosées ,  aux  brouillards  qui 
tombent  sur  les  monts,  s'insinuent 
dans  leur  intérieur  ,  et  suivent 
la  direction  de  leurs  excavations 
particulières.  Ih  Dissertation  dé- 
diée à  XMun  Bassi ,   sur   les 


s  P  A 

Ricochets.  Le  professeur  de  P«« 
vie  cherche   à    y    expliquer   la 
cause  de  ces  bonds  suc  essifs  qoe 
subit  une  pierre  lorsqu'on  la  lancs 
obliquement  sur   la   surface  de 
l'eau.  L  ne  les  attribue  ni  à  la 
réaction  ,   ni   à    l'électricité  dq 
fluide  frappé,    mais  au  change-i 
ment  de  direction  du  mobile;  et 
à  cet  égard ,  il  n'a  pas  convaincu 
les   physiciens.   lïl^  Expériences 
sur  les  reproductions  animales, 
1782.    C'est   un    spectacle   bien 
extraordinaire    que    celui    d'im 
membre  coupé   à   un  animal  à 
sang  froid  ^  et  qui  en  fait  un  antre 
animal  absolument  conforme  à 
celui  qui  a   éprouvé,  la  scission. 
Béaumur  avoit  prouvé  la  repro- 
duction des  jambes  dans  les  écre- 
visses  ;  2'remhley ,  que  les  par- 
ties séparées  du  polype  ,  deve- 
noient  autant  de  polypes;  Bonnet, 
que  les  vers  terrestres  et  aquati- 
qnes  se  reproduisoient  dans  leurs 
sections  :  Spallanzani  confirma 
leurs   essais  ^    et  démontra  que 
plus  l'existence  de  ces  êtres  fra- 
giles est  environnée  de  dangers, 
plus  la  nature  s'est  montrée  juste 
a  leur  égard ,  en  leur  donnant 
le    moyen  de  réparer  les  pertes 
qu'ils  peuvent  subir;  aussi,  les 
animaux  doués  de  cette  préro- 
gative ,  ne  reproduisent-ils  exao« 
tement   que*  les   parties    qu'on 
accident  peut  leur  enlever.  Sa 
expériences  prouvèrent  que  ceux 
dont  la  contexture  est  plus  inolJe, 
se    reproduisent   en    un   temps 
moins  long;  que  par  cette  raison, 
il  ne  faut  que  peu  d'heures  pool 
opérer  la   régénération  des  po- 
lypes divisés,  et  quelques  jours 
pour  celle  des  vers ,  tandis  qu'il 
faut  des  mois  aux  limaçons  1  et 
.des  années  aux  salamandres  aqua- 
tiques et  aiix  écrevisses  pour  se 
reproduire  ;  que  le  printemps  est 
la  «aisoa  la  j^us  faTorable  p^ac 


Sï>  A 

èette  réorganisation  animale ,  et 
^ue  pour   l'obtenir,  il  faut  au 
moins  une  température  de  treize 
degrés  au  thermomètre  de  Réau^ 
mur  ;   enfin ,  que  les  limaçons , 
les  lombrics  et  les  têtards  pou- 
voient  représenter  plusieurs  fois 
les  mêmes  organes.  IV.  Essai  sur 
les  Animalcules  in/usoires,  Cett^ 
mnltitude  d'êtres  répandue  dans 
les  liquides ,  est  un  monde  mys- 
térieux où  Spallanzani  aborda  , 
et  q\i*il  décrivit  avec  plus  de  soin 
que  tout  autre.  Après  avoir  éta-* 
bli  contre  Buffon  et  Needham, 
qiie  leurs  habitans  sont  des  ani- 
maux complets  et  non  de  simples 
molécuies  organiques ,  privées  de 
vie ,  quoique  douées  de  mouve- 
ment et  propres  à  constituer  âe$ 
corps,  il  prouve,  à  Taide  d'ex- 
celiens  microscopes,  que  les  ani- 
malcules infu'soires  ont  tous  les 
rapports  des  autres  êtres  Vivai^s 
et    connus  ;  que   si   on  ne  dé- 
couvre en    eux   ni    l'organe  du 
cœur,  ni  les  vaisseaux  rouges, 
une  multitude  de  vésicules  rondes 
leur  en  tient  lieu  ;  qu'on  apper- 
çoit  l'organe  de  leur  respiration  ; 
que  leurs  mouvemens  sont  régu- 
liers et  ont  des  motifs,  qu'ils  les 
changent  à  leur  gré  ,  qu'ils  sa- 
vent se  détourner  des  obstacles 
qui  les  arrêtent ,  s'atteindre   et 
souvent  se  combattre;  que  cer- 
taines races  sont  ovipares ,  d'au- 
tres vivipares  ;  qu'on  les  surprend 
dans  leur  ponte  et  leur  accou- 
chement; que  plusieurs  savent  se 
reproduire  à  la  manière  des  po*« 
lypes ,  par  des  divisions  transver- 
sales ;  que  les  uns  cèdent,  tandis 
que  d'autres  résistent  à  l'action 
de  l'eau  bouillante;  queleurs  œufs 
peuvent  supporter  une  chaleur 
beaucoup  plus  vive ,  ou  un  froid 
plus  rigoureux   qu'eux-mômes  , 
ainsi  que  les  graines  des  plantes 
•ont  plus  inattaquables  que  k 


SP  A 


489 


plante  même ,  par  une  prévoyance 
de  la  nature,  plus  attentive  à  la 
conservation  des  espèces  qu'à  cella 
des  individus  ',  que  les  éman)itions 
sulfureuses  les  font  périr,  ainsi 
que  leur  immersion  dans  des 
liqueurs  huileuses  ,  salées  on 
acides.  V.  Expériences  microsco-^  . 
piques.  Elles  ont  pour  objet  l'his- 
toire du  Roti/ère ,  animalciilo 
concentré  dans  le  sable  qui  s'y 
dessèche ,  auquel  un  peu  d'hu- 
midité rend  la  vie ,  et  qui  a  le 
privilège  de  ressusciter  plusieurs 
fois  ;  celle  de  V Anguille  du  blé  , 
rachitique;  du  Tardigrade ,  autrs 
animalcule  observé  pour  la  pre- 
mière fois  par  Spallanzani,  «  Je 
suis  en  peine  ,  lui  éçrivoit  Vol- 
taire ,  de  toute  ame  et  de  la 
mienne  ;  mais  il  y  a  long-temps 
que  je  suis  persuadé  de  la  puis- 
sance immense  et  inconnue  de 
l'Auteur  de  la  nature.  J'ai  tou- 
jours cru  qu'il  pouvoit  donner 
la  faculté  d'avoir  du  sentiment, 
des  idées,  de  la  mémoire,  à  tel 
être  qu'il  daignera  choisir  ,  qu  H 
peut  ôter  ces  facultés  et  les  faire 
renaître ,  et  que  nous  avons  pris 
souvent  pour  une  substance ,  ce 
qui  est  un  effet ,  une  faculté  de 
cette  substance.  L'attraction ,  la 
gravitation ,  est  une  qualité  y  une 
faculté.  Il  y  a  dans  le  genre  ani^ 
mal  et  dans  le  végétal ,  mille 
ressorts  pareils  dont  l'énergie  est 
sensible ,  et  dont  la  cause  sera 
ignorée  à  jamais»  Si  les  Rotifères 
et  les  Tardigrades  morts  et 
pourris ,  reviennent  en  vie  «  re- 
prennent leur  mouvement,  leurs 
sensations,  engendrent,  mangent 
et  digèrent ,  on  ne  saura  pas  plua 
comment  la  nature  leur  a  rendxi 
tout  cela ,  qu'on  ne  saura  com- 
ment la  nature  le  leur  avoit 
donné  5  et  l'un  n'est  pas  plus 
incompréhensible  que  l'autre.  J'a- 
voue que  je   serois  furieux  à| 


•^ 


490        s  f  A  5  PA 

Mvoir  pourquoi  le  graii^  £tre^  tè$  fedMrciiftS  de  Malpighi  d 

)* Auteur  du  tout,  qui  nous  fût  de  Halier,  et  raAembla  un  gi«n4 

Tivre  et  mourir ,  n'accorde  la  jfa^  ncHulire  de  faits  sur  le  moiiv&» 

/culte  de  ressusciter  qu'aux  Bâti-*  ment  du  sang  dans  ses  rapports 

fèrei  et  aux  Tardigrades  ;  \es  avec  la  calibre ,  les  angles  et  \» 

paleines  doivent  être  bien  jalouse;^  sinuosités  à^s  Yaisseaux  ;  sur  le^ 

ide  ces  petits  poissons  d'eau  douce-  fonctions  du  cœur  »  qu'il  prouva 

Si  quelqu'un  a  droit ,  Monsieur,  se  raccourcir  dans  la  systole  et 

4'expliquer    ce   mystère  ,   c'est  ^"alonger  dans  la   diastole;  sur 

TOUS.  11  est  bon  aussi  de  savoir  )es  organes  vasculaires ,  l'aboa^i 

ji  ces  petits  animaux 9  qui  ressusr  chement    des    artères   avec  Im 

citeiit  plusieurs   fois  9    ne  meu^  .veines  9  la  gravité  du  fluide  sani* 

jrent  pas  enfin  tout  de  bon  ,  ^et  guin ,  la  6gure  et  la  couleur  de 

sur  combien  de  résurrections  ils  ses  globules,  l^iir  élasticité;  sur 

'peu vent  compiler.  C'est  apparem^  le  gaz  renfermé  dans  les  veio^ 

jment  d'eux  que  les  Grecs  ftppri*-  et ks  artères,  dont  Mich£l B9!s$ 

jent  autrefois  1a  résurrection  d'yio-  rÇt  le  célèbre  MoscaU  ont  der«* 

ihalide  ^àe  PélopSfà'HippaiyU ,  jûèremeiit  déterminé    les  pro** 

^*McesU  ^  de  PirUhous  }    c'est  |>riété8;  sur  les  vicissitudes  eola 

dommage  que  le  secret  on  soit  de  la  circulation  ,  suivant  que  ^ 

perdu,  »   VI.  Dféinoire  sur  les  vitalité  des  organes  diminue  ^ 

MoisUsuras.  JLes    moisissures  ^  tend  k  s'anéantir.  Haller  regari> 

symptômes  ordinaires  de  la  «or-  doit  ce  travail  compte  teliemeiit 

jruptioii  de  nos  fruits  ou  de  Ig  utile  aux  progrès  de  la  physi<H 

.décomposition  de  diverse^s  subs»-  logie ,  qu'il  voua  à  son  iiuteur  k» 

tances    mouillées  ,  APt  été  ft^  Jdus  grande  estime  |  et  lui  dédi^ 

connues  pour  des  plantes.  Mh-  Te  quatrième  volume  de  son  m^ 

àkeii  avoit  regardé  commd  féi*  «lortel  ouvrage    si»    le  inèinr 

pondante  la  petite  poussière  Q4Hre  jobjet.  VHI.  £ii  digestion  et  1# 

qu'elles  fournissent  à  leur  som»-  manière  dont  elle  s'opère,  der* 

ipité   lotTsqu'eUes    sont  mures  ;  jrint  l'objet  de  plusieurs  Écrili»^ 

^pallan^zatii  a  confirmé  ce  sen-  4e  SpailanzanL  Jusqu'à  191  ell^ 

liment  par  plusieurs  expérieiiees.  AV()i%  été  diversement  expliquée; 

pans  1  une  d'elles ,  il  prit  deux  )es  uns  rattribjooient  à  la  put93&- 

morceaux  de  pain  mouillés,. d|i  faction;  d'autres,  avec  pWsd^ 

jnême  poids,  de  la  même  épais*  fondement,  à  la  {»re^ioB  sapr 

j^ur  ;  l'un  fut  constaromest  ^spé  lessive  et  éner^<£ae  des  muscla 

.fivec  de  la  poussière  des  moisis^  de  Testomac  ^ui  trituroieut  ki^ 

sures  ;  l'autre  ne  fut  point  semé*  aUmeus.  Le  professeur  ôeVf^ 

La   poussière   fit  constamment  finit  k  leur  action  celle  da  sf$ 

liaître  non-seulement  avec  plus  gastrique  répandu dansceviscè»! 

(de  célérité  les  moisissures  «  mais  qui  dissout  les  corps  les  dIus  coin- 

Jes  rendit  plus  toufiTues.  La  force  pacts  et  les  plus  durs.  ^  sxp^ 

^erminatrice  de  ces  petites  se«^  jriences  sfir  les  oies,  les  pouler 

ipences  résiste  à  l'action  d?  l'ea^  d'Indu,  les  corneilles,  les  k^xonSt 

lM>uillante,  a  celle  même  du  feu.  les  grenouilles,  les  serpei^,  Ic^ 

yiL  Mémoire  sut  \a  cirçalaUo»  .poissons, les cbo^nettes, les cbieo^ 

du  sang.  Ce   travail  important  ^  e^  les  cbats ,  confiro^eut  son  of^ 

iJtccupa  plusieurs   années  de  la  niou*  Après  avoir  extrait  da  suf 

vie  de  l'ai^teur.  Il  y  perfectionna  §astri<g[uç  ^  leur  e^g/nafiÇfiifff* 


SF  A 

tiot  k^optrer  des  digMtionê  trû^ 
ficielles  ea  s'atdant  de  la  chaleur 
solaire* .«  Jusqu'alors,  a^tp-on  dit  9 
il  n'a  voit  été  que  le  con&dti^t  d% 
]a  nature  ,  il  en  devint  le  rival.  *• 
Il  tourmenta  lui— même  S9$  pro*- 
près  .ocganes,  et  se  dévoua  qou- 
rageuseoient   à    une    multitude 
d'essais  qui  anroient  pu  porter 
âe3  atteintes  irrémédiables  à  sa 
•anté.  Il  osa  introduire  dans  so& 
t^tonxac    divers   alimens    enve-*- 
}oppé8  dans  des  sacs  de  toile  ;  il 
avala  de  petits  tubes  de  bois  rem- 
plis de  substances  qui  furent  an» 
tièrement  digérées  sans  le  secoure 
d  aucune  trituration.  »  IX*  Le# 
travaux    de  SpaUanzant  sur  la 
génération  ne  furent  pas  moins 
étonnans.  Il  surprit  le  phénomène 
le  plus  mystérieux  de  la  nature. 
Après  avoir  présenté  l'histoire  de 
la  propagation  des  crapauds  et 
des  salamandres ,  de  leurs  amours 
.et  des  époques  de  leur  union  »  il 
osa  entreprendre  de. féconder  des 
animaux  par  le  moyen  de  l'ait  « 
et  il  y  réussit.  Il  toucha  avec  la 
liqueur   exprimée   des  vésicules 
séminales  du  mâle ,  les  deux  cor-^ 
dons  aortis  du  corps  de  la  gre«!- 
Bouille  ,  et  qui  étoient  couverts 
d'œufs  ou  foetus  de  têtards  nou 
développés  ,  ^t  il  leur  commu-^ 
niqua  la  vie.  Il  injecta  dans  Tap-* 
.  pareil  génital  d'une  chienne ,  1^ 
sennence  du  mâle ,  et  il  la  6t  con^ 
eevoir  et  produire.  Cette  expé* 
rience  pourvoit  p^uroître  une  iUu* 
sioQ  du  savoir  ,  si  elle  n  avoit  été 
répétée  avec  succès  par  d'autres 
physiciens^  tels  qne^ssi  de  Pise, 
mt  Bufaiiani  de  Césène.  X*  ■Z^'i'*- 
seriaUon  sur  l'influence  d^  l'air 
clos  et  non  renouvelé,  sur  I9 
vie  des  animaux,  et  des  végé- 
taux,  sur  le  développ^ntnt  de 
leurs  flpufs  et  de  leurs  graines. 
XI-  Voyages  dans  les  deux  Siciles 
et  dans  ^usieurs  parties  de  TA* 


SP  A        49a 

fgsnxùn  9  Pavie  ^  179a ,  6  vol.  Ce 
savant  ouvrage  a  été  traduit  pat 
AIM.  Séaebier  de  Genève  9  e^ 
ToscAfé  naturaliste  de  Paris.  On 
y  trouve  d'importantes  observ^*- 
tions  sur  le  Vésuve  et  l'Etna ,  U 
jgrotte  du  Chien ,  le  lac  d'Âgnano, 
1#S  grenouilles  de  Monte-Nuovo 
qui  forment  une  espèce  particu** 
Uère  I  la  situation  et  la  structure 
des  isles  Eoliennes  9  dont  celle 
d'Alieuda  n'avoit  pas  encore  été 
décrite.  On  y  trouve  encore  un^ 
histoire  complète  des  mœurs ,  de 
la  vie  et  de  l'instinct  des  hiroiv« 
délies 9  des  martinets,  des  petits 
ducs  ou  hiboux ,  des  chevêches, 
des  anguilles  de  la  côte  de  Qo*- 
machio9  des  méduses,  des  chiens 
,  de  mer  et  des  espadons.  XII.  Exa^ 
I  men^  chimique  des  expériences  dfs 
GoeUliftg  ,    sur  la  lumière  du 
phosphore  de  Kunkel ,  Modène , 
ji79€.  GoèUUng ,  savant  profes- 
seur  d'iène  ,  avoit  établi    tine 
nouvelle  doctrine  sur  cette  par<- 
tie  i  elle  fut  renversée  par  las 
expériences  faites  en  France  par 
MM.   Fourcroy  et   Vauquelin  0 
et   en    Italie   par    Spallanzani, 
XUh  Observations  sur  la  trans^ 
pication  des  plantes.  Il  y  con«» 
iirma  les  expériences  de  SéneUer 
et  é*Jngeahousz ,  et  en  accrut  le 
'nombre.  XIV.  La  Correipon^ 
douce  de  SpallanzarU  •  avec  les 
hommes  les  plus  célèbres,  tels 
que  Saussure,  Sénebier,  Bonnet, 
Giobert,  PrUll^Lucchesini,  olFre 
u^  Ipule  de  recherches  intéres^ 
jantes  sur  la  physiologie  et  Thisi* 
toire  naturelle.   Elles  ont  pour 
objet  l'examen  des  ailes  membra- 
neuses des  chauve-souris,  aux-« 
quelles  il  attribue  le  sens  du  tQu«- 
db^r  le  plus  exquis  ;  la  phospho* 
xespence  des  plumes  marines  ;  dea 
détails  curieux  sur  les  alcyons, 
les  millepores   et    madrépores, 
les  gorgones ,  les  éponges  de  mçr  , 


\ 


4^1        s  P  K  S  P  I 

leM)nr8iTis ,  les  orties  ^  les  crabes  9  soitvent  entre  les  objets  et  celai 
et  âur-f  ont  sur  celui  appelé  Ber-  qui  les  contemple  5  aussi  corn-* 
aa;*!^ /Vif  rm//^ ,  parce  qu'il  adopte  mit-il  quelques  erreurs  :  mais, 
fuccessivement  les  coquilles  qu'il  ainsi  que  le  dit  FoatenelU ,  il  nesl 
trouve  vides  ,  pour  y  vivre  en  pas  étonnant  que  Von  fasse  quel* 
solitnre.  Ses  observations  sur  les  ^ques  faux  pas  dans  des  routes 
torpilles,  les  mitileslithopheges,  inconnues  et  que  Von  se  trace 
lee  animalcules  des  eaux  salées,  soi-même,  La  conversation  de 
l'aiguillon  de  la  raie  dont  les  pi-  5^/z^^a/7za/ii  n'étoit  pas  seulement 
qîires  passoient  à  tort  pour  ve-  instructive,  elle  étoit  agréable  et 
nimeuscs  ,  une  fontaine  d'eau  brillante*  Sa  vie  étoit  sobre  et 
douce  jaillissant  au-dessus  de  l'eau  frugale;  il  se  plaisoit  dans  la 
de  la  ttitt  près  de  Spezzia ,  la*  solitude  y  parée  que  c'est  là  seu- 
composition  et  les  mélanges  des  lement  qu'on  est  en  société  avec 
marbres  de  Carrare,  la  formation  soi  -  même.  Il  eut  une  probité 
des  orales  et  des  brouillards  dans  rare  ';  il  prit  l'intérêt  le  pins  * 
lesApenninSj  sont  pleines  de  vues  tendre  aux  infortune^  d'antrui, 
neuves  et  de  sagacité.  XV.  Le  et  prodigua  les  bienfaits  sans  se 
dernier  ouvrage  auquel  Spallan-^  plaindre  de  l'ingratitude.  »  Cet 
zani  travailloit  lorsque  la  mort  Eloge  de  SpaUanzani  se  trouve 
Je  vint  ravir  aux  sciences,  avoit  en  tête  du  troisième  volume  des 
pour  objet  la  respiration  compa-  Mémoires  de  la  Société  médicale 
rée  dans  les  diverses  classes  d'ani*-  de  Paris, 
maux  ;  il  est  encore  resté  manus- 
crit. En  général,  le  style  de  ce  SPENCE,  (  Joseph  )  maître- 
physicien  célèbre  est  pur  et  élevé  ;  ès>arts  du  collège  neuf  d'Oxford, 
il  sait  embellir  les  sujets  sérieux  se  noya  dans  le  canal  d'un  jardin, 
et  rendre  attacbans  des  détails  ou  il  se  baignoit  ,  le  s6  août 
arides.  Il  professoit  avec  ëlo-  1768.  On  a  de  lui  :  J.  Essai  sur 
quence,  et  se  livroit  quelquefois  l'Odyssée  d'Homère  de  Pope, 
à  un  abandon  aimable,  qui  dé-  deux  parties  in-12  ,  qui  lui  mé- 
Toiloit  toutes  les  richesses  de  son  ritèrent  la  place  de  professeur 
imagination  et  de  son  génie.  «Sa  de  poésie  ,  en  1728,  dans  le 
stature,  dit  M.  Alihert  ^  auteur  collège  où  il  étoit  m'aître-ès- 
d'un  savant  et  éloquent  Eloge  de  arts.  II.  PolymeUs  ,  ou  Bêcher^ 
ce  physicien ,  étoit  haute ,  noble  ches  sur  les  beautés  des  Poètes 
et  fière,  sa  tète  volumineuse,  sa  Latins,  troisième  édition,  1774 > 
physionomie  pensive;  ses  sour-  in> folio.  III.  Criton  ,  ou  J5w- 
cils  étoient  noirs  et  épais,  ses'  logue  sur  la  beauté ,  i75î,in-8.* 
épaules  élevées  ;  son  corps  avoit  IV *  Remarques  sur  Virgile,  1767) 
de  l'embonpoint  ;  ses  muscles  inr4.o  Tous  ces  ouvrages  respi- 
ëtoient  forts  et  prononcés;  son  rent  le  goût;  mais  il  y  a  quel- 
tempérament  fut  mélancolique,  quefois  trop  de  subtilité ,  et  trop 
I!  ne  mettoit  entre  ses  occupa-  d'envie  de  trouver  admirable  ce 
tîons  aucun  intervalle  de  repos....  qui  n'est  que  beau. 
Il  étoit  ardent  à   poursuivre  la 

Vérité ,  patient  à  l'attendre.  II  ne         S  P  lE  L  M  A  N  N  »  C  JacquM 

sut  pas  toujours  se  garantir  des  Reinbold  )    né  à  Strasbonrg  es 

<rfangers  de  la  prévention ,  qui  y  17^2»  exerça  avec  honneur ,  dans 

comme  un  nuage  épais,  se  place  cette  ville ,  les  fonctions  dem^ 


s  PI 

t 

ijicîh  et  de  proFesseuc  de  chimie 
dans  runiversité.  Né  avec  l'esprit 
observateur  et  le  goiit  des  voya- 
ges ^  il  parcourut  plusieurs  con*-^ 
trées  de  l'Europe,  et  résida  long- 
temps à  Berlin.  A  son  retour  dans 
sa  patrie  ,  an  grand  nombre  d  e- 
lèves  s'empressèrent  à  l'entendre 
et  recueillirent  de  ses  leçons  une 
foule  de  connoissances.  Spielmann 
4écFivit  taus  les  végétaux  maU 
faisans   de   l'Alsace  ^   il    analysa 
toutes  les  diverses  sortes  de  lait , 
et  prouva  que   celui  de  femme 
est  le  seul  qui  convienne  véri- 
tableme.it  à  l'homme.  Strasbourg 
lui  doit  l'établissement  du  jacdin 
botanique,  qui  fait  en  ce  moment 
Tnn  de  ses  principaux  ornemens. 
Heureux  par  les  jouissances  dn 
cpeur,  conablé  d'honneurs  par  ses 
compatriotes,  célèbre  parmi  les 
étrangers  ,  Spielmann  mourut  en 
septembre  1782.  Une  singularité 
de  la  vie  de  ce  chimiste ,  est  qu'il 
?jéunissoit  à  l'étude  de  la  science  sé- 
rieuse qu'il.professoit ,  le  goût  de 
la  poésie  et  l'art  de  faire  parfaite- 
nient  sentir  les  beautés  des  poètes 
a;iciens.  Aussi,  en  17  56  j  l'univer- 
sité de  Strasbourg  ne  craignit  pas 
de  le  nommer  à  la  place  vacante  de 
professeur  de  poésie ,  et  il  rem- 
plit pendant  trois  ans  cette  chaire 
avec  le  plus  grand  concours  d'au- 
diteurs. Ses  principaux  ouvrages 
sont:  h EUmentii  Çhim^œ,  1766., 
in-8.®  Ils  ont  été  traduits  en  Fran- 
çois en  X7S3,  par  M.  Cadet  de 
Vaux ,  et  ensuite  par  d'autres 
sa  vans ,  en  allemand  et  en  italien. 
I)*  Prodromus  Flora   Argentin 
nensis ,  ij66y  in<-$.°  III.  lusti'* 
tmiones  materia  medicœ  ,  1774  ,  . 
in-8«®  Cet.. ouvrage  concis,  de- 
venu classsique^  a  été  réimprimé 
•A  1783.  ÏV.  Syllabus  Medica^ 
mentor um ,1777,  in-8.«  V.  Phar- 
n^acopœa  gencralls ,  1788,  in-4.^ 
V^^t^ur  4|9.i.t  in9nbx«  de  la  pl^^^ , 


S  P  I 


49Î 


part  des  académies  del'Eui^ope, 
et  correspondant  de  celle  de» 
Sciences  de  Paris.  Son  fils  marcho 
sur  ses  traces  dans  la  carrière 
de  la  médecine  qu'il  suit  à,Stra»« 
bourg. 

SPIERINGS,  (Henri)  pein- 
tre Flamand,  né  à  Anvers  en 
1^33,  fut  renommé  pour  la 
paysage.  On  estime  sur— tout  le 
feuille  et  la.  délicatesse  de  i^9 
arbres. 

SPIERS,  (Albert)  peintre 
Hollandois,  né  à  Amsterdam  en 
1666,  mort  en  1718,  étudia  en 
Italie,  et  revint  jouir,  au  sein 
de  sa  patrie, .de  la  considération 
et  de  la  fortune  que  lui  procu- 
rèrent ses  tableaux  d'histoire  et 
ses  qualités  personnelles. 

•  I.SPILBEHG,  (George) 
amiral  Hollandois ,  partit  ,de  Zé-^ 
lande  en  1614,  avec  six  navires 
de  la  compagnie  des  ïpdes  Orien- 
tales ,  pour  aller  combattre  les 
Espagnols  dans  la  mer  du  Sud. 
Après  avoir  remporté  sur  eux 
divers  avantages  et  parcouru  les 
mers  à  travers  bien  des  périls  y 
i{  rentra  en  Hollande  le  i**"  juillet 
I  6  I  7.  On  trouve  son  Voyage 
dans  ceux  de  la  compagnie  des 
Ii^és  Hollandoises.  Il  est  curieux 
et^  intéressant  pour  les  navi- 
gateurs. 

IL  SPILBERG,  (Jean)  pein- 
tre, né  à  DusselHorf  en  16 19, 
mort  en  1  69 1 ,  devint  premier 
peintre  du  comte  Palatin.  On  voit 
plusieurs  de  ses  Tableaux  dans 
sa  patrie.  —  Sa  Bile  Adrienne 
Spilbbro,  née  à  Amsterdam  en 
1646,  excella  à  peindre  au  simple 
crayon. 

SPILEMBERGUE,  arène  de) 
née  à  Venise ,  hit  contemporaine 
4|^  Hiticïig  et  e;cçAllfi  .conun»  lui 

1 


494        S  <3  U 

dans  la  peinture.  Set  TabteâaX 
tont  très— recherchés ,  et  souvent 
confondus  âwccettx  (te  ce  peijutr» 
«iéUbre. 

ï.  SQUIRE ^  (Samuel)  éyèqpe 
de  Saint— David ,  né  en  17 14  ,  et 
mort  en  1 766 ,  devint  on  pro- 
fond helléniste ,  et  a  publié  un« 
Défense  de  l'ancienne  chron^lof^te' 
rrecque  ,  des  Bechérch^B  sur 
F<origine  de  la  langue  |;recque, 
et  des  Observations  sur  la  natVfV 
de  la  Constitution  Anglaise* 

IL  SQUIR]Ë,  (Gaillavme) 
nécanicien  Ang)ois^  mort  à  Len^ 
dres  le  3b  décembre  ly^&n  à 
l'Âge  de  ^4  ans,  trempoit  l'acier 
avec  supériorité  ^  et  ^en  servoit 
pCnr  fabriquer  des  instrumefis  de 
chirurgie,  qui  sont  rechefehéS' 
pour  leur  Bni  et  leur  légèreté. 
Squire  faisoit  sur- tout  les  ban- 
dages avec  beaucoup  d'art  ;  il  les 
vendoit  chèrement  aux  riches 
pour  les  donner  gratuitement  aux 
pauvres* 

*  STAAL ,  (  M  ad.  de  )  connue 
d'abord  sous  le  nom  de  M^a  de 
LauntU ,  étoit  née  à  Paris  d'un 
peintre.  Son  pèce  ayant  été  obHgé 
de  sortir  da  royaume,  la  toissa- 
dans  la  misère,  encore  enfant. 
Le  hasard  la  fit  élever  avec  d^ 
tinction  au  primiré  da  St-Louis , 
de  Rouen  ;  mais  k  supérieure  da 
«e  mohastèse,  à  laquelle  elle  de» 
voit  son  éducation ,  étant  morte  ^ 
T!li\^  de  Xauna^retomba  dans  soa 
premier  état.  L'indigence  Tobligea 
dentrer  en  qualité  de  femme  de 
chambre ,  chez  Mad.  la  duchesse 
du  Maine*  La  foiblessft  de  sa  vue , 
sa  mal -adresse  et  sa  £açon  de 
penser  la  rendoient  incapable  de 
remplir  les  devoirs  qu'exige  ce 
serviGe*  £lle  pensfoit  k  sortir  de 
son  esclavïige^  lorsqu'une  aven- 
t9S/ê  ainiulièn  kl  oonnoitra  à  lii 


«TA 

^neàesse  div  Maine  tout  ce  ^ 
valoit  sa  femme  de  chambre.  Une 
jeune.demoiselie  de  Paris  ^  Smt 
grande  beauté,  nontméé  Têtard, 
contrefit  la  possédée  par  le  eotï« 
seil  de  sa  mère.  Tottt  l^aris ,  Is 
CDut  même-,  aecoutAf!  pour  voif 
cetteprétendmi  iTrerveîlle'.Coiânie 
le  philosophe  Fontsenelle  y  atoit 
été  comme  lei  autï-e*.  M*»  de 
Laùnai  lui  écrivitune  lettrepleifll 
de  sel ,  sur  le  tétfioignage  tf^^an** 
tagenx  qu'il  a  volt  rendu  à»  ft 
prétendue  possession.  CefCis  in)ré* 
nieuse  bagatelle  la  tira  dé  Tôbs^ 
ciurité.  Dès-lors  la  dttchesseFtfrii- 
ploya  dans  toutes  les  f^tes  qtd  se 
donnoient  à  Seaux.  £Ué  faisott 
des  vers  pour  quelques-unes  ées 
pièces  que  Ton  y  jOuoit ,  dte^oft 
les  plans  de  quelques  autres.  Elir 
s-'acatiit  bientôt  TeStiine  et  II 
confiance  de  la  princesse.  1er 
fontenetle,  les  TourreU,  les  ri- 
Uncmtrt ,  les  Ckaulteu ,  les  Ma'* 
Ijgziêu,  et  les  autres  personnes  de 
mérite  qui  omoient  cette  cour, 
recherchèrent  avec  empressement 
cette  fyie  iiigénieuse.  Elle  lut  en- 
veloppée ,  sous  la  régence ,  dans 
la  disgrâce  de  Mad.  la  dacfaesse 
du  Maine,  et  renfermée  pendant 
pi^ès  de  deux  ans  à  la  Bastille;  La 
liberté  lui  ayant  été  rendue,  elle 
fut  fort  utile -à  ï*  princesse  qui  > 
par  reconnoissanoe ,  là  maria  ateé 
M;  de  Staal  ,  lieutenant  itût 
Gardés^uisses ,  et  depuh  capi- 
taine et  maréchal  de  camp.  t« 
savant  Daàier  Favoit  voulu  épou- 
ser auparavant  ;  mais  elle  n'àvoît 
Q^crn  devmr  donner  sa  main  k 
un  vieillard  et  à*  un  érudifc  Ma-* 
Aime  de  Stûal  motttroif  beaocoop 
moins  d'esprit  et'  de^  gaieté  daifts 
s»  conversation  que  cfcns  ses  on- 
vrages.  Céftott  une  sufte de sati-' 
mîdité  et  de  sa-  mauvaise  santift 
Son  caractère  étoit  mêlé  de  boo^ 
net  et  de  mmstrmsertpa^iff^ 


—i-.i 


5T  A 

\e»  boifnes  l'eroportorant.  KtTe 
t&ournt  l'dn  lySo.  On  a  imprimé 
dbpuis  sa  mort  les  Mémoires  de 
«$  vie,  en  3  vol.  in-ia,  corn— 
poséa  par  eUe-même.  On  y  a 
«jouté  depuis  un  4*  volume  qui 
contient  deiiji  }ohes  CoMédUt  » 
dont  Tune  «st  intitulée ,  ÏEn-' 
geuemeni,  et  r«ii4re  ,  la  Mod9.i 
Elles  ont  été  jouées  à  Seaux.  €o» 
Pièces  ont  trop  de  charge;  et 
^uant  à  ce  qui  s'appelle  action 
«t  unité  d*acCion  ,  ititrigUe  bien 
liée  et  bien  suivie,  dépendance 
nécessaire  des  évéuémerts  entré 
jeux ,  tout  cela  leur  manque.  Leur 
«eiil  mérite  est  dans  le  dialogue  y 
qui  est  comrnunément  v!f  et  spi- 
rituel. Les  Mémoires  de  Mad.  de 
Staal  n'oflfrent  pas  des  aventures 
ïbrt  importantes  ;  mais  elles  sont 
*ssez  sinnjulières.  Son  caractère 
personnel  ne  l'est  pas  moins»  C'est 
«ïi  caractère  méfé  et  composé  de 
qualités  assei  opposées  ;  il  en  est 
pins  pittoresque.  De  cette  double 
sln{!;ularîté  ,  celle  du  caractère  et 
celle  des  cîTconstances  dans  les- 
quelles Mad.^^  Staal  se- trouva  , 
il  dut  résulter  une  vie  peu  or- 
dinaire., et  qui  dès-lors  méritoit 
d'être  écrite.  Ses  amours  eurent 
tftîe  grande  part  aux  chagrins  de 
sa  Vie.  Tantôt  elle  aima  sans  être 
tiniée;  tantôt  elle  fut  aimée  sans 
aSitîer.  Enfin  ,  on  voit  'par  ces 
Mémoires,  comme  par  beaucoup 
d'autres  du  môme  genre ,  com- 
bien il  y  a  de  maiheureux  parmi 
les  prétendus  heureux  du  monde. 
D'ailleurs,  cet  ouvrage  plein  de 
traits  ingénieux ,  se  fait  lire  avec 
délices  par  l'union  si  rare  de  Télé-^ 
gance  et  de  la  sinjplicité,  de  l'es- 
prit et  du  goût,  de  l'exactitude 
grammaticde  et  du  naturel.  Ses 
récits  ont  de  l'agrément;  mais 
«lie  cherche  quelquefois  ,  selon 
^armontel ,  à  lès  rendre  plus 
agréables  encore.  «î  On  toit,  dSt- 


S  T  A        49f 

it,  qu'elle  avoit  vécu  dans  un« 
cour  Qii   sans   cesse  et   à  tout* 
force  il  falloit  avoir  de  l'esprit.  ». 
Cependant  cet  esprit  nous  parolC 
couler  de  source  dans  Mad.  de 
5/aflt/.  Quant  à  ses  portraits,  st 
Ton  excepte  ceux  de  quelq.uesn 
uns  de  ses  amans  qu'elle  a  peinta^ 
trop  en  beau ,  ils  sont  asse*  res-^ 
sçmblans.  On  n'avoitpas  imprimd- 
celui  de  la  duchesse  du  Ètaint^ 
que  La  Harpe  a  insère  dans  lia 
tome  4*  de  sa  Correspondance.  Vt 
peint  bien  l'esprit  naturel  et  piw 
qnant  de   sou  auteur.  Quelques 
critiques  prétendent  q^e  madama 
de  Staal  n'a  pas  dit  tout  ce  qui 
la  regardoit  dans  bqs  Mémoires* 
Une  dame  de  ses  amies  lui  ayant 
(ïemandé  comment  elle  parleroit 
de  ses  intrigues  galantes  ?  Je  ma 
peindrai'  en   buste  ,  .lui  répondit 
Mad.  de  Staal,   Mais  cette  ré.-^ 
ponse  pouvoit  n*être  qu'une  plai-*- 
sauterie  qu'on  a  mal  interprété*. 
On   trouve   dans  ses  Mémoirett 
son  portrait  fait  par  elle— même  ;, 
et  comme   il   peut    servir  à  \tL 
faire  connoître,  nous  en  trans-» 
qrirons  ici  la  plus  grande  partie* 
«c  Launay.  est  de  moyenne  taille  ,, 
maigre  ,    sèche    et   désagréable* 
Son  caractère  et  son  esprit  sont; 
comme  sa  figure;  il  n'y  a  rien  de- 
travers,  mais   aucun   agrément.^ 
Sa  mauvaise  fortune  a  beaucoup 
contribué  à  la  fairç   valoir.   Lia 
prévention  ou  l'on  est  que  les  genA 
dépourvus  de  naissance  et  de  bien, 
ont    manqué    d'éducation  y  fait 
qu'on  leur  sait  gré  du  peu  qu'ils 
valent.  Elle  en  a  pourtant  eu  una 
excellente ,  et  c'est  d'où  elle  a  tiré 
tout   ce    qu'elle  peut   avoir    dé 
bon  ,  comme  les   principes  d» 
vertu,  les  sentimens  nobles  et 
les  règles  de  coij.duitej  que  l'ha-* 
bitude  à  les  suivre  lui  «nt  rendues 
comme  naturelles.  Sa  folie  a  tou-^ 
jours  été  de  vouloir  être  raison-^ 


49«       S  T  A 

nable  :  et  comme  les  femmes  jui 
se  sentent  serréesdansleurscor)!7f, 
s*iman:inent  être  de  belle  taille  ^  ' 
•a  raison  Tayaut  incommodée  , 
elle  a  cru  en  avoir  beaucoup.  Ce- 
pendant elle  n'a  jamais  pu  sur- 
monter la   vivacité  de  son   hu- 
meur ,  ni  l'assiijettir  du  moins  à 
qnelaue  apparence  d'égalité  ;  ce 
qui  souvent  l'a  rendue  désagréa- 
ble à  ses  maîtres,  à  charge  dans 
]a  société ,  et  tout-h-fait  insup- 
portable aux  gens  qui   ont  dé- 
pendu délie.   Heureusement    la 
fortn^ie  ne  l'a  pas  mise  en  état  d'(  n 
envelopper ,  plusieurs  dans  cette 
disgrâce.  Elle  a  rempli  sa  vie  doc- 
ciipations  sérieuses  ^  plutôt  pour 
fortifier  sa  raison  que  pour  or- 
ner son  esprit  dont  elle  fait  pc  u 
de  cas.  Aucune  opinion   ne   se 
présente  à  elle  avec  assez  de  clarté 
pour  qu*elle  s'y  affectionne  et  ne 
joit  aussi  prête  à  la  rejeter  qu'à 
la  recevoir;  ce  qui  fait  qu'elle  ne 
dispute  guère  ,    si   ce, n'est  jiar 
liumeur.  Elle  a  beaucoup  lu ,  et 
ne  sait  pourtant  que  ce  qu'il  faut 
pour  entendre  ce  qu'on  d-t  sur 
Quelque  matière  qitc  ce  soit,  et 
ne  rien  dire  de  mal  à  propos.  Elle 
a  recherché  avec  soin  la  connois- 
"«ance  de  ses  devoirs,  et  les  a, res- 
pectés aux  dépens  de  ses  goûts. 
Elle  s'est   autorisée   du   peu   de 
complaisance  qu'elle  a  pourelle-r 
même,  à  n'en   avoir  pour  per- 
'  sonne;  en  quoi  elle  snitson  na- 
turel inflexible  ,  que  sa  sitiwtion 
a  plié  sans  lui  faire  perdre  son 
ressort.  L*amour  de  la  liberté  est 
sa   passion  dominàiHe  ;   passion 
très-malheureuse  en   elle  qui  a 
passé  la  plus  grande  partie  de  sa. 
▼le  dans  la  servitude  :  aussi  son 
étetluia-t-il  toujours  été  insuppor- 
table 9  malgré  les  agrémens  ines- 
pérés qu'elle  a  pu  y  trouver.  Elle 
a  toujours  été  fort   sensible   à 
l'amitié;    cependant   plus  tou-. 


ST  A 

ch^e  da  mérite  et  de  la  vertn  de 
ses  amis  que  de  leur  sentiment 
pour  elle ,  indulgente  quand  ils 
ne  font  que  lui  manquer  ,  pourvu 
qu'ils  ne  se  manquent  pas  a  eux- 
mêmes*  » 

STABEN,  (Henri)  peinOre 
Flamand ,  né  en  i  bjS ,  mort  en 
i658  ,  fut  élève  du  Tiatoret ,  et 
suivit  de  près  ce  grand  maîti^ 
dans' ses  compositions. 

*SrAHL,  (George-Ernest) 
naqu  ta  Anspach  en  1660.  Lors- 
que l'université  de  Hall  fut  fon- 
dée en  1694,  la  chaire  de   mé- 
decine lui  fut  conférée.  Il  remplit 
dignement  l'attente  qu'on    avoit 
conçue  de  lui.  Sa  manière  d  en- 
seigner, la  solidité  de  ses  ouvra- 
ges ,   les  heureux  succès    de   sa 
pratique  concoururent  à  lui  faire 
une  réputation  des  plus  brillantes. 
La  cour  de  Prusse  voulut  s'atta- 
cher un  homme  si  habile.  StafU 
fut  appelé  a  Berlin  en   17  16,  et 
il  y  eut  les  titres  de  conseiller  de 
la  cour  et  de  médecin  du  roi.  11 
acheva  glorieusement  sa  carrière 
en   1734,  dans  la  75*  année  de 
son  âge.  StafU  est  un   des  plus 
grands  hommes  que  la  médecine 
ait  possédés.    U  faut  cependant 
convenir  quil  a  soutenu  des  opi- 
nions singulières ,  et  qui ,  peut-être 
vraies   au  'moins   à    un    certain 
point ,  ne  laissent  pas  d'avoir  un 
air  paradoxal.  Tel  est  son  système 
de  l'Autocratie  de  l'ame   sur  le 
corps  en  santé  et  en    maladie  ; 
système  qui  lui  suscita  beaucoup 
d'adversaires ,  et  en  même  tf^mps 
des  admirateurs.   (  Voyez   Sao- 
VAGES    François    de    BoissUn  ) 
Selon  son  opinion ,  un  médecin 
ne  doit  opérer  qu'en  suivant  at- 
tentivement les  effets  de  l'ame  snr 
le  corps*  C'est  par  son  intelligence 
en  chimie  que  Stahl  s'est  sur- 
tout rendu  recommandable.  II  en 

puisa 


s  T  A 

'pAiR  Te  fond  dans  des  dnVràj^ 
qui  avant  lui  étoient  presque  igno- 
rés ,  et  dont  il  répandit  la  con- 
noissance  aussi  bien  que  l'itsage  : 
^étoient  ceux  du  fameux  Bec-^ 
•her  qu'il  commenta ,  rectifia  et 
étendit.  Il  profita  aussi  beaucoup 
des  livres  de  Kunkel»  et  fit  un 
grand  nombre  de  découvertes 
utiles.  Cette  étude  le  condui<(it  à 
la  composition  de  plusieurs  re- 
aèdes qui  ont  eu  et  ont  encore 
une  grande  vogue  t  telles  sont 
les  Pilules  Balsamiques ,  la  Pou-* 
dre  AntispasmodiquB  ,  son  £^— 
Hnce  Alexiphamuuiue  ,  etc*  La 
métallurgie  lui  a  les  plus  grandes 
obligations  ;  9on  petit  Traité  la-^ 
tin  sur  cette  matière  ^  1^979  ^st 
excellent.  Ses  principaux  ouvra* 
^es  sont  t  I.  Expérimenta  et  Ob-^ 
servationes  chimicœ  et  pkysica  g 
Berlin,  1731  ,  in-B.»  IL  Dm- 
sertationes  medicas ,  Hall ,  2  vol. 
ia-^.î»  C'est  un  recueil  de  thèses 
sur  la  médecine.  Ili.  Theorin  me** 
dica  verat  17^7 ,  in-4.^  IV.  OpuS'^  ' 
€ulum  chimicO'physicp'medicam, 
*74o.,  ln-4.°  V.  Traité  sur  le 
Soufre ,  tant  inflammable  que 
fixe ,  en  allemand ,  traduit  en 
frahçoifpar  le  baron  de  Holbach , 
Paris,  1766,  in- 12.  VI.  Nego^ 
lium  €ti&Jum,H.n\{^  1720,  in- 4.0 
C'est  principalement  dans  cet  ou* 
vrage  qu'il  établit  son  système  de 
l'-action  de  lame  sur  le  corps. 
VlL.Fundam^ttta  Chimiœ  dog^ 
maticat  et  experimentalis ,  Nu- 
remberg, 17479  3  vol.  in— 4^; 
traduit  en*  françois  par  M.  de 
Mach^  \  Paris,  1757  ^  6  volumes 
ia-iz.  VIIL  Traité  sur  les  Sels, 
en  allemand  ;  et  en  françois ,  par 
le  baron  de  Holbach  «  t^aris , 
1771.  IX.  Commentarium  in  Me-*- 
tallurgiam  Beccheri  ,.17*3-  Tous 
ces  ouvrages  utiles  pour  le  fond 
des  choses ,  sont  écrits  d'un  style 
4ur  ,   serré  ,  embarrassa  •   9011 

SUPPL.    Tqïïk  III. 


latin  elt  à  demi-barbare,  du  moini 
dans  ses  traités  chimiques.  L'obs-»' 
eu  rite  que  ce  style  répand  sut? 
des  matières  <^'ail leurs  abstraites  , 
a  été  reprochée  à  Stahl  par  divéra . 
auteurs ,  et  regardée  comme  très-* 
avantageuse  à  l'art  par  quelque» 
autres;  comme  si  les  secrets  de» 
scîencesdevoient  êtred^s  mystères 
inacaessibles  aux  profanes.  L'or-*' 
dre  ^  la  clarté ,  la  liaison  des  idée»  ' 
sont  aux  yeux  des  philosophe*s  ,' 
hécessaires    en    chimie    comme 
dans  tous  les  autres  arts;  et  ce»* 
qualités  ne  distinguent  paç  tou-»- 
jours  les   productions  de  StahU 
«Celui  ci, dit  le  médecmBoiissel, 
dans  son  ouvrage  du  Système  Phy*  * 
sique  de  la  Femme ,   est  de  tous 
les  médecins  modernes  celui  qui 
a  le  plus  insisté  sur  le  moral, 
lorsqu'il  a  développé  les  cause»  ' 
de  nos  affections  corporelles.  En^ 
faisant  de   Tame  le   principe  de 
tous  nos  monvemens  vitaux,  il 
a  renversé  la  barrière  qui  séparoit , 
la   médecine   et   la   pbilosophi?.. 
D'aptèi  se&  dogmes ,  il  n'est  plus 
permis  d'être  médecin ,  sans  cou- . 
noître  le  jeu  des  passions,  Vin-*' 
fluencedes  habitudes,  et  la  difFd-^' 
rençe  qu'il  y  a  entre  une  machina 
active  et   dont  les    mouvemen»r 
sont  sponfaviés,  et  une  machina., 
mue   par    un    enchaînement  de 
ressorts,  inanimés.   Son   système 
doit  à  jamais  laver  les  médecins. 
des  imputations  de  matérialisme  ,• 
dont  l'ignorance  maligne  de  leurs 
ennemis  les  a  quelquefois  char—' 
gés ,  efc    a^ixquelles   la   légèreté 
imprudente  de  quelques-uns  tl'en**. 
tr'eux  peut  avoir  donné  lieu.  Si 
son  système  est  le  plus  orthodoxe  , 
il  est  aussi  le  plus  vrai ,  le^  plus 
simple  et  le  plus  conforme  aux 
faits.  On  a  dit  qu'il  semble  n'être   . 
qu  une  extension   des   principe».    „ 
d'Hippocrate.  Stahl  auroit  sans. 
contredit  subjugué  toute  la  xn^^ 

li 


<9« 


ST  A 


Qeoine  ^  $i  pins  complaisnnt  ponr 
ses  lecteurs  on  pins  zéié  pour 
sa  réputati'pn  ^  il  eût  pris  le  soin 
de  polir  ses  onvrages,  et  d'y  ré- 
pamlre  ces  agrémens  dont  la 
vérité  même  a  si  souvent  be- 
soin. » 

I.  ST AHREMBEUG ,  (  Con- 

rad-Balthazar ,  comte  de  )  gou- 
verneur de  Vienne,  défendit  cette 
ville  avec  la  plus  grande  intrépi- 
dité lorsqu'elle  fut  assiégée  par 
las  Turcs  en  i683.  Il  mourut  à. 
Ilome  Quatre  ans  après. 

II.  «ÎTAHREMBERG ,  (  Gui- 
do -Balde,  comte  de  ).  géuéral^ 
Antrichien  ,  né  en  1657  ,  et  ihort 
à  Vienne  en  1737,  s'éleva  par 
son  courage  aux  premiers  gr  ides 
ipilitaires  ,  remporta  plusieurs 
.victoires,  et  sur-to^it  celle  de. 
«Saragosse  en  1713* 

STALBEMPT,  (Adrien) 
peintre  Flamand  ,  né  à  Anvers 
en  i58o,  mort  en  1660,  excella 
dans  le  paysage.  Sa  touche  est 
raoellense ,  son  coloris  frais ,  ses 
p'^oses  naturelles. 

STAMPAUT,  (François), 
peintre  Flamand ,  né  en  167$, 
à  Anvers,  mort  en  tySà  ,  alla 
s'établir  à  Vienne,  oh  là  beauté 
de  ses  portraits  les  firent  recher- 
cher. L'-empereur  le  nomma  pein- 
tre de  son  cabinet ,  et  lui  accorda 
plusieurs  distinctions. 

I.  STANHOPÈ  ,   4  George  ) 

théologien  Anglois ,  né  en  1660  , 
mort  en  1728  ,  acquit  de  la 
réputation  par  ses  taiens  pour 
la  chaire  ,  et  devint  doyen  d© 
Cantorbéry.  On  lui  doit,  outre 
Fes  Sermons ,  une  traduction  de 
VJmUalion  de  J,  C»  et  une  Pa- 
raphrase  SUT  ies  ÊpitMS  et  £viin« 
fiif»s«  ' 


S  T  A 

m.  ST  ANISL  AS  AUGUSTE^ 

(  Poniatowski)  étoit  fils  d'uo  sim-«. 
pl^  gentilhomme  de  Lithonnie  ^ 
qui,  après  avoir   passé  au   ser« 
vice   de    Charles   XII    roi   de 
Suède,  et  ensuite  à  celai  à*Att^ 
giéste  roi  de  Pologne ,  parvint  à 
épOHser  la  princesse  Czartorinska  , 
descendante    des  Ja^^ellons»    Le 
jenne  Polonois ,  doué  de  la  plus 
belle  figure  et  de  grâces  natu- 
relles ,  voyagea  en  Allemagne ,  et 
vint  en  France,  oii  Taniitié  de 
l'ambassadeur  de  Suède  lui  pro- 
cura* des  r^lotidtis  agréables.  Les 
dettes  qu'il  contracta  à  Paris  le 
firent  mettre  en  prison  ;  mais  il 
en  fut  délivré  par  la  générosité- 
de  Mad.  Geoffrin,  fenune  d'un 
riohe  entrepreneur  de  la  manu- 
facture des  glaces.   Poniatowski 
sprtit  de  France' ponr  aller  en 
Angleterre  ;  il  s'y  lia  avec  le  che- 
valier Hiinbury ,  qui  nommé  par 
la  cour  dé  Londres  à  Tambassade 
de  Pétersbourg,  l'emmena  avee 
lai  en  Russie.  Leste ,   brillant , 
audaeùeux,  il  ne  tarda  pas  à  plaire 
à  la  grande  duchesse  qui  fut  Ca^ 
therine  IJ.  Celle-<:i  parvenue  à 
l'empire,  employa  son  inSuence 
pour  foire  monter   son  protégé 
sur  le  tr^ne  de  Pologre,  après 
la  mort  ^Auguste  JIL  Cette  in- 
Aueace  étoit  d'autant  pins  puis- 
sante ,  que  cette  souveraine  avoit 
fait  passer  le  meréchal  de  Ro-» 
manzoff  8ar.le%  bords  de  la.  Vi»- 
tule  avec  50  mille  homm^  ré« 
partis  dans  la  Courlande ,  VEs^^ 
thonie  et  la,  Livonie ,  et  que  son 
ambassadeur  Knyterling   domi- 
noit  «1  Varsovie.    E'éiection  de 
Poaiatowithi    fut   faite    dans   la 
diète  ae  Wola  le   7    septembre 
1764 ,  et  il  prit  iVnom  de  Stanis'* 
las-'Auguste.  Le  nouveau  roi  se 
conduisit  aussitôt  avec  beaucoup 
de  naodération  et  de   pruden  e.* 
Il  ik^cueillit  ceux  qui  loi  avoieot 


s  T  A 

JHé'ôppoi^,  et  ne  leur  6td  pùîtlt 
les  emplois  dont  ils  îouissoient. 
J^es  troitbies  religieux  ne  tarv> 
.^dèrent  pas  à  à* élever  :  les  Protes- 
.tans ,  connus  sous  le  nom  dé  Dis^ 
mldei^  ,  exclus  des  diètes  et  du 
;droit  àe  suffrage  par  les  Catbo- 
Ji^u^ç^  réckiitoèrent  l'exiécution 
.titt  trait<5d' pli  va,  conclu  eu  16609 

Jjar  ,  lequel  plusieurs^  puissance 
e<ir  a  voient  assuré  leurs  privi- 
lèges,.et  il?  iniplprèrcHt  le,  ser 
.CQiiirs  dis  |la  Russie.  La  drëlé  de 

^76$  $*as$^i^.bla  ;  alors  les  min is- 
4r«a.  Hui»«vrfAo%lois  etJ^rjussien 
4i»i'  'préseatj^rent ,  en  fayauf  des 
.Pr&fceKaii9.«»»,46S  ipéatoÀres  q^i 
.«xeitèreDbt  <Jfe  -violens  «niymures. 

3Uî  riit  |wu:iit j^a  fatorisier  r^ussi^ 
•tôt-  l^s-  éîvéques  c^holi(|UPS   lui 

.r^i3[D|çhèrf*ït,de  soutenijcjles  ene- 
■Jifeteis- -de  l.'état'i  mais ,le^ armées 
.ru4$j^f  .<|i|i  s'avancèceui  .ju^qu^s 
MM|^.  portes,  de  Varsovie/^  firje^^t 
.ôiivriif' tes  feux  à  la  diète  wr.  je 
.dan^r  imminent  de  voir.^f  t^^r 
.)a..Eo4^l>e   par    les  pnlç^anççs 
<prQt)90triees^  Les  Catholi({iies  «e 
itéttjiirent  en  corps  d'armée  §qt^s 
\e^ï\i!^n\é&  Gonfédéres ,  aya»t  pour 
étendard  ;}a  :Vierge  et  l'Enfaot 
Jàiu9*  Os  pfipent  ^  eomme  les  an- 
.ciejis  Croisé/î,  des  çroix  brodées 
sur  leurs  halrits.  Lun  d'entr'eux 
-^nçiïtimé.PHla^ski ,  résolut  d'en- 
lever'^e  roi:  ,. est  confia  son-  projet 
à.  trois  autres  chefs  qui  lui»  pro- 
mirent avec  serment  de  lui  livrer 
Staniàla»,  ou  de  le  tuer  Vils  i^e 
pouvoient  Tamener  vivant.  .Çe$ 
trois  chefs,  à  la  tète  de  quarante 
dragons  déguisés  en  paysans  ^  en- 
trèrent dans  Varsovie  le  3  tto— 
'vembre  1771  ^  ]iar  diverses  por- 
tes 4  se  rénnirent  dans  la  rue  des 
'  CnpiKyJHS  ,attaqnêrent,à  dix  heur 
rerdu  «ïirJa  voiture  du  roi».  Toute 
sa  suite  disparut-,  lui-même  étoit 
*    df*gcçnda  dans  le  dessein  de  s'é- 
jil^apper  à  la  faveur  de  la  nuitj| 


$  T  A        49^ 

)i)rscpte  les  assassins  le  saisirex^t 
parles  cheveux 9  en  lui  disant,: 
ton  heure  est  venue.  L'un  d'eux 
tira  contre  lui  son  pistolet  si  près, 
*  que  Stanislas  sentit  la  chaleur  de 
la  flamme ,  tandis,  qu'un  autre  lui 
()onna  sur-  la   tète  un  coup  de 
,sabrequi  péhétra  jusqu'au  trâne* 
ï>es  conjurés  lé  prirent  alors  aia 
collet,  et  étant  montés  à  cheval , 
ils' le    conduisirent  entre   Içurt 
chevaux,  au  grand  galop,  dan» 
}e$.ruesdelâ  capitale.  Hors  de« 
portes,  ils  le  mirent  sur  un  che- 
val et  l'entraînèrent    dans   leur 
.fuite.  La  nuit  étoit  extrêmement 
spmbre  ;  les  cpjijurés  perdirent  le 
chemin;  et  comme  les  chevaux 
.ne  pouvoient  plus  se  .soutenir  de 
,  lassitude  y  ils  obli^«rent  le.ma- 
.narqueà  descendre, et^ à  les  çuivfe 
à  pied ,  avec  iin  seul  soulier  ^  Tap- 
tre  s'étant  perdu  djins  le  tra|^ 
Ils  coutmuèrent  alori  leur  route 
.,è  travers  d<îs  terres  impraticable^, 
-s^ns  chemin    tracé,  sans   savoir 
.  oi>  ils  étoienfr.  Pendant  la  rçutè , 
.plusieurs  demandèrent  .souvent  à 
jL«ur  chef   Kosinshk ,  s'il    n'etoit 
pas  temps  de  mettre  le^  roi  à  mortt 
Au  point   du  jour  les  dssassips 
«apperçevant  qu'ils  n'étoient  pas 
fort  éloignés  d^  Varsovie,  s'en- 
fuirent 9  et  Stanislas  resta  seul 
avec  Konnski ,  qui   étoit  à  pied 
.comme  lui.  Cependant  ce  dernier 
commença    à   .laisser    entrevoir 
quelque    inquiétude.   Quel  mo- 
ment! lorsque  ce 'malheureux  ()it 
à  son  prince  tout  sanglant:  Vous 
étê%  pourtant  j^on  roi!  —  «  Oui  9 
répondit  Stanislas  ,  et  votre  bon 
roi ,  qui  ne  vous  ai  jamais  fait 
.de  mal.  »  Qe  dernier  profita  aus- 
sitôt de  cet  instant  pour  r^pré-* 
.  senter  à  ^05//if  Ai*  l'atrocité  dé  son 
action ,  et  rinvalidité  ^u  serment 
qu'il  avoit  prêté.  Kosinski  resta 
attentif  à  ce  discours,  et  dit  au 
monarque  ;  «  Si ,  conseAt^ni  ^ 


^ 


*  Jk 


500       S  T  À 


VOUS  sauver  la  rie ,  je  vous  con- 
duis à  Vafsovie ,  ijifôlle  en  sera  la 
suite?  Je  ^erai  arrêté  et  mis  à 
mort.  »  Le  roi  lui  donna  sa  pa- 
role qu'il  ne  Itti  sèi'oit  fait  aucun 
înal.  Alors  Kosinski  ne  résistapt 
plus^  tofnba    aiix  pieds  de  sôh 
souverain ,  eii  l'assurant  qu'il  "ée 
Coit  entièrement  à  sa  généro- 
•ité.  Le  roi  pacvejiu  au  petit  mou- 
*lîn  de  Marierhont ,  écrivit  au  gou- 
'  vemeur  de  la  capitale^  et  ses  gar- 
^fles  accoprîirent  aussitôt  pour  le 
"  chercher  et  le  recondi^ire  à  soii 
palais.  Deux  chefs  des  conjnr^s 
"furent  arrêtés  et  condamnés  i 
'mort  ;  Kosinsfci  obtint  sa  grâce , 
^'fit  se  retira  en  Italie  oii  il  jouit 
^pendant  sa  yie  d'une  pension  an*- 
"liuelle  qtie  lui  fit  le'  roi.'—  En 
'1787,  Stanislas  se  rendit  à  Ka» 
"*tjîeff,  h  la  rencontre  de  Cathe^ 
'hrine   II  qui    aTloîf'   visiter    les 

*  Vastes  contrées  de  là  Tatiride  et 
"  du  Caucase.  Depuis  '23  Ans  ils  rie 
"  l'étoient  vus  :  leur  entrevne  fut 

•  affectueuse.  L'imperatirîce  décora 
'  son  ancien  faVori  de  l'ordre  de 

*  St-Aridré ,  et  lui  fit  espérer  jb'lii-i 

•  sieurs  avantages  pour  le  négoce 
^  des  Polônois  ;  de  son  côté ,  Sta-^ 

ncVfoi  célébra  par*  de  brillantes 

jfétès  sur  les  bords  du  Niéper , 

;*îa  présence  delà  flotte  Russe.  Ces 

'  preuves  dé  défètenèfe  n  arf'êtèrent 

cependant pasl* envahissement  de 

*  9t%  états  9  qui  s'exécuta  quelque 
"  temps  après  par  la  Russie ,  lès 

cours  de  Vienne  et  de  Berlin*  En 
'  179a  9  les  armées  de  Prusse  et  de 
Catherine  éntrèrAi't  en  Polo»^ne  ^ 
repoussèrent  les  '  tentatives  de 
Kotcùisko-  pour  la  défendre  9  em- 
portèrent d'aissant  Wilna  9  s'em- 
Î)arèrent  de  Varsovie ,  portèrent 
e  ravage  dans  toutes  les  contrées 

•  f[a'elles  traversèrent,  et  finirent 
'  par  les  partager.  Au  mois  de  no- 

f  «mbre  1796 ,  le  prince  de  liep'* 


's  TA 

nin  g(?iîéràl  Russe,  r&mit  k  StttA 
nislas  une  lettre  de  Catherine''^ 
portant  9  <c  que  l'eflfet  des  arrati- 
^  l^emens'pris   par  elle,  devenoit 
la  cessation  de  Fautorité  royale 
en  Poldgîie  ;   qu'ainsi  ,   on   lui 
dônnoit  a  juger  s'4  n*étoit  pa* 
'convenabfe  qtril  abdiquât  formel-- 
îement.  »  Eh  effet ,  Stanislas  cé^ 
dant  dX\  vœu  de  Catherine ,  qttf 
devéhoit  un  ordre  pour  lui  9  si- 
gna l'acte' 'd'abandon  àiiintrôiw 
qu'il  lui  'dèvoitj  et  qu'il'  ne  pitt 
ni  défefiYlfe  m  conSè^ef.  Relé- 
gué à'ferodnd  9  il  chercha  à  y  oi»- 
•Wief  ^ft  graiideur  dfepame  9  dknt 
la  tranquillité  d'niîe  vie  c*i^oré, 
*Pauî  T  succédant  a   s«  mère  à 
i'empirè  dé  Rùèsié  9   appel»  près 
de  \\x\"  Stanislas  ;•  le  logea  àans 
ié'pà'lafe  îfnpériftï  ,•  èrchèPtfha  à 
le  dédommager  de  ^on  dépomlle^ 
'ment  pair  tons  les  ëgat^s  dus  au 
ttttflfteif r.  Ce  demter  *  moi^arqne 
'  tolonois  eist  mort  à'Pétêrsboarg*, 
'le  T  t  •  aVtit  1 7  9  4 .  Il  eo  t  de«  qua-^ 
'lîtgé-^fjîilS!  propres  à  le  feitêr  aimer 
dans» une  société  privée  9  <|tifàl«i 
'dënner  le  droit  dé'  commander 
aux  ÎS'emmes  et  de  les  défendre; 
-Instruit  et  spirituel ,'  il  parloit  et 
éérivoitles  #ept  pf iftci|iales  lan- 
gues de  l'Europe.  ttStanisias,  dit 
nn  écrivain  moderne  9  enflammé 
un  moment  par  «eux  des  Pola- 
'  noi^qUi  s'indignotent  de  voir  leur 
patrie' Ubtis  im  ^tfwg   étrangep  9 
mais  ^ftrayé'bietttôt  -pa*  fa  Rm» 
tfiei'  ne  fit-  que  bâter  la  chute  de 
i'Bàn  ^£fy«^9  en  tentant"  quelques- 
•  nris  àeces  efforts  inutiles  qui  sont 
toujours   pernicienx ,    lorsqu'on 
n'a  pas  le  courage  dé -les   soi»- 
tenir.  Enfin  9  dominé  9  repoussé 
par  torts  les  partis  étra^i-ger»- et 
Folonois  9'  il  succotnba  aaus.  e2t- 
'  citer  d'intérêt,  mèmed«  pitié, 
et  devint  une  nom'elle  preuve  dé 
eetté  vérité  trop  souvent  prou-j^ 


ST  A 

.^ie^^it»6QF  le  trône,  là  foibleM» ' 
ei  l'indécision  furent  toujours  lea 
pires  de  tous  Jes  vices.  » 

m.  STANLEY  ,  (  N.  )  An- 
glois ,  membre  distingué  du  par- 
lement, devint  ministre  pléni^ 
potentlaire  en  Fran.ce.  Ses  cbn- 
noissance^  littéraires  et  politiques 
lui  acquirent  une  juste  réputation. 
On  lui  doit  une  très-bonne  tra- 
duction de  Pindanf.  Il  est  mort  à 
lipndres  en  février  1780. 

IV.  STANLEY,  (Jean)  mu- 
sicien An^ois,  né  en  17 13,  et 
mort  en  1786,  excella  sur  Tor^ 
gue^  et  a  publié  plusieurs  Œu-^ 
vres  de  clavecin.  Quoique  aveugle 
depuis  son  enfance ,  il  avoit  par- 
faitement compris  la  théorie  mu- 
sicale ,  et  étoit  devenu  maître  de 
musique  de  la  chapelle  du  roi. 

STANNIN A,  (Gérard)  pein- 
tre Florentin,  né  en  i354,  fut 
disciple  à\x^Venulamo ,  et  quitta 
l'Italie  pour  se  rendre  en  Espa- 
gne, oii  it&  tableaux  sont  recher- 
chés, et  oii  il  fut  employé  à  or~ 
ner  les  maisons  royales.  Il  est 
mort' en  140 5.    . 

STAPYLTON,  (Robert) 
poëte  dramatique  Anglois ,  fut 
élevé  par  les  Bénédictins  de 
Douay ,  et  s'attacha  au  parti  de 
Charles  I  qu'il  suivit  dans  sa  fuite 
dfe  Londres.  Les  pièces  qu'il  a 
données  au  thtjâtre  ne  sont  pas 
sans  mérite.  Il  est  mort  en  iS^^^ 

STATOa,  (Pierre)  né  à 
Tliionville ,  embrassa  le  Calvi- 
nisme ,  puis  le  Socinianisme  à 
Genève  d'où  il  se  retira  en  Po- 
logne ,  de  peur  d'essilyer  le  même 
sort  que  Michel  $eiveki  il  écrivit 
ensuite  contre  la  divinité  du 
Si-Esprit j  puis  redevint  calvi- 
niste parce  que  ses  intérêts  le 
fiçmandoient  9  et  mourut  vers 


S  te;?     50^ 

t{9S#Il  rmi  beaucoup  de  part  S* 
la  Bible  Polonoise,  1 56.3 ,  in-fol. ,. 
à   l  usage  fits  Unitaires  de  Po-  : 
logne. 

STAVELEY,  (Thomas)  An^ . 
glois ,  s'attacha  à  la  politique ,  et 
mourut  en  1 683,  après  avoir  pu-« 
blié  l'Histoire  des  Eglises  Ait-^  ' 
glicanes  ,  et  un  Discours  sur  les  ' 
exactions  de  la  cour  d»  Rome. 

STAUNTON,  (George-^ 
Léonard)  Irlandois,  né  à  Gai- 
loway ,  mort  à  Londres  le  1 8  jan* 
vier  i8oi ,  vint  en  France  pour 
y  étudier  la  médecine  à  l'Univer- 
sité de  Montpellier.  De  retour  à 
Londres  ^  il  s'y  lia  d'amitié  ave» 
lord  Macartney  ,  et  lorsque  ce- 
lui-ci fut  nommé  ambassadeur  { 
la  Chine  en  ijGi  ^  Staunton  Vf  , 
suivit  en  qualité  de  secrétaire  de 
légation ,  et  ensuite  à  Madrass  y  ■ 
dont  Macartney  devint  gouver- 
neur. On  doit  à  Stauriton  la 
Relation  de  l'ambassade  de  son 
ami  :  elle  offre  beaucoup  d'inté-  • 
rét ,  et  a  été  traduite  en  françoiii 

STEDMAN,  (Jean-Gabriel) 
né  en  Ecosse  en  1748  ,  mort 
A  Tivertpn  en  1797 ,  servit  dans 
la  compagnie  des^des  angloises, 
et  a  publié  une  Relation  inté—  , 
ressante  de  l'expédition  contre 
les  Nègres  révoltés  de  Surinam  ^ 
2'vol.  in— 4."  On  y  trouve  80  des- 
sins gravés  par  l'auteur ,  qui  étoit 
lui-même  dé  l'expédition. 

S  T  É  E  N,  (Jean  )    peintr©  > 
Hollandois,  né  en  i636,  mort  , 
en    1689  ,   étudia  les  principes 
de  son  art  sous  Brower  et  Van- 
gyen.  Il  s'est  attaché  à  repré-  . 
senter  des  scènes  burlesques  et 
plaisantes. 

STEFANESCHI,  (  Jean-Bflp-  ] 
tiste)  peintre  Flpreutin ,  né  en 
|58Z}  «attacha  au  grand  du€  dc^ 

li  3 


Toscane  Ferdinand  II,  et  fut 
•ffiployé  par  lui  à  représenter  en 
miniature  plusieurs  sujets  pieux» 

STEIGUER ,  (N.  de)  avoyer 
de  là  république  ée  Berne,  se 
montra  un  des  adversaires  les  plus^ 
prononcés  des  principes  de  la  ré» 
Volntion  fîrançoise.  11  lutta  long- 
temps cq;itre  ses  compatriotes 
qui  ks  partAgeoient ,  et  ne  pou- 
vant plus  résister  à  l'influence  de 
la'  France ,  qui  venoit  d  attaquer 
la  Ligue  Helvétique ,  il  se  rendit 
k  râgé  de  70  ans ,  à  l'armée  com- 
mnntiée  par  le  général  t^Erlach, 
Combattit  vaillamment  à  Fran- 
bi^unncn  ,  et  se  retira  ensuite  en 
Allemagne  ^  oii  il  est ,  m^rt 
en  1799. 

II.  STELLA,  (François)  né 
à  MaUnes  en  i532,  alla  puiser 
à  Rome  \e$  principes  d<;  la  pein- 
ture, et  revint  à  Lyon  où  il 
multiplia  ses  ouvrages.  11  se 
pQÎgnott  souvent  dans  les  person- 
nages de  ses  tableaux.  On  estime 
sqr-tout  celui  des  Sept^acremensm 
Il  mourut  à  42  ans,  le  26  octo- 
bre 1 605  ,  et  fut  enterré  dans  im 
tombeau  dont  les  Cordeliers  de 
Lyon  lui  a  voient  fait  donation  , 
en  récompeusa^de  Tua  de  se» 
tableaux. 

STENWICH,  (Henri)  peintre 
Atiglois  ,  surnomma  L  Ancien  « 
naquit  en  i55o  ,  et  mourut  en 
1604.  Il  fut  élève  de  Jean  de 
Tf^ries  ,  et  excellft  à  peindre  l'ar- 
chitecture ,  l'intérieur  des  églises 
et  des  monastères  gothiques  ^ 
ainsi  que  des  scènes  ncKturnes , 
éclaiiées  par  des  flambeaux. — Son 
fils,  nouirhé  aussi  Henri ,  mort 
à  Londres  en  1640,  peignoit 
le  portrait  ,  et  fut  aimé  de 
Charles.  I;  qui*  le  combla,  de 
bienfaits. 

L  STÉPHE»rS,(R^bert^ 

AngloiS|  né  à  S^tin^tou  dans 


STE 

le  eomté  de  Glocester,  motït^ 
1732  ,  a  été  l'éditeur  d'un  recueil 
de  Lettres  dn  -chancelier  Bacon  » 
auxquelles  il  a  réuni  des  notes 

savantes. 

IL  STÉPHENS,  (Jean)  en* 
pitaine  Anglois,  mort  eu  1726*» 
combattit  avec  coturage  pour  hé 
parti  de  Jacques  II,  et  suivit 
ce  monarqu/'  en  Irlande.  On  lui 
doit  un  Diciiomnaire  Espagnol  » 
et  la  continuation  du  Monaslicon 
de  iJugdale* 

STEPNEY,  (George)  poëteF 
Angloi»,  né  en  i663n  fnt  chargé 
de  diverses  ambassades ,  et  a 
publié  des  ouvrages  de  politique 
et  des  poésies. 

♦  STERNE,  (Laurent)  né  à 
Clomwell  dans  l'Irlande  méridio- 
nale, d'un  of&cier,  fut  destiné 
à  l'état  ecclésiastique  ;  et  aprè» 
avoir  fait  ses  études  avec  succès 
à  Cambridge ,  il  d(  vint  vicaire  à 
Sut  ton  ,  oii  il  fut  ior>g- temps 
ignoré.  Un  pamphlet  contre  un 
sintoniaque  ^  décida  ce  bénéficier 
q<ui  craignoit  de  nouveaux  traits 
de  satire ,  à  résigner  à  un  ami 
de  K>temt ,  le  bénéfice  qu'il  avoit 
voulu  vendre.  Le  nouveau  pour  va 

Frocura  par  reconnoissance  ,  à 
écrivain  satirique,  une  prébende 
à  Yorck.  Ce  lut  alors  qu'il  dé-* 
ploya  l'esprit  comique  et  gai  de 
tiabelais ^  et  cette  originalité  de 
caractère  ?  qui  l'ont  fait  connoitre 
à  Londres  et  à  Paris.  Ou  sait 
qu'ayant  pris  le  nom  d*Yorik , 
boiiÛbn  du  roi  de  Danemarck  9 
introduit  par  6hakespear  dans  sa 
tragédie  à'Hantht,  il  fit  impii- 
mer  ses  Sermons  sous  ce  sobri- 
quet. Au  milieu  d'une  foule  de 
digressions  déplacées  et  de  ré- 
flexions exprimées  en  ternies  trop 
familiers ,  on  y  trouve  une  mo- 
rale solide,  des  ar^umens  près— 
sans  2  des  traits  de  g^énie ,  et  une 


s  T  E 

l^ând^  connoîssance  du  cbtvf  bu- 
maiu.  c(  Sterne ,  dit  un  écrivain  ^ 
fut  un  auteur  vif  et  spirituel , 
qui  n'a  point  encore  eu  son  égal 
chez  aucun  peuple,  et  probable- 
ment il  sera  long^^tenips ,  dans 
feon  genre,  un  modèle  lijniitable. 
Ce  n'est  ni  Lucien ,  ni  Montai-^ 
Çne  ,  ni  Babeiais ,  et  pourtant 
il  a  quelque  chose  de  ces  trois 
écrivains  originaux.  11  a  leur  fî- 
Tiesse,  un»  paitie  de  leurs  idées, 
leur  gaieté  et  leur  agréeble  aban- 
don; mais  il  est  plus  libre^  plus 
fissuré  j  plus  indépendant  qu'eux 
dans  sa  marche.  Tantôt  il  danse 
sur  la  pointe  d'une  aiguille ,  tantôt 
il  revient  aux  matières  les  plus 
televées.  A  propos  d*nne  épingle, 
11  va  parler  de  la  misère  de  l'es- 
pèce humaine  ,  et  devient  le  pré- 
cepteur des  nations.  Seul  écrivain 
qui  sache  à  la  fois  faire  couler 
tine  larme  et  naître  le  sourire,  fl 
est  le  Démocrite  des  siècles  nio— 
<3efnes  ,  comme  Young  en  eSt 
devenu  Y  Heraclite,  y»  Sa  mauvaise 
.santé ,  son  inconstance  ,  son  es- 
prit d'observation,  entraînèrent 
Sterne  dans  des  voyages  perpé- 
tuels. Il  vint  en  France  en  1761. 
Plusieurs  gens  de  lettres  le  virent 
avec. plaisir,  quoiqu'il  s'exprimât 
^uelqutfois  avec  ime  liberté  que 
ton  manteau  ecclésiastique  ren*- 
•doit  encore  plus  indécente.  v>es 
amis  de  Londres  lui  demandèrent 
À  son  retour ,  s'il  n'avoit  pas 
trouvé  à  Paris  quelque  caractère 
original  qu'il  piit  peindre  ?  ujfon, 
•répondit-il,  les  hommes  y  sont 
comme  les  pièces  de  monnaie  - 
dont  l* empreinte  est  effacée  par 
le  Jrotterhent,  Cet  homme  singu- 
'lièr  excitoit  le  rire  non- seulement 
'par  ses  ptaisanterif  s  ,  mais  par 
une  figure  singulière ,  et  une 
■façon  de  s'habiller  plus  singulière 
encore  que  sa  figin^e?  Malgré  le 
T^yenu  de  ses  bénéfices  et  le  prd- 


S  t  E        ço| 

ikdi  de  ses  ouvra/c^s ,  dont   Ift 
seconde  édition  lui  valut  24000 
livres ,  il  mourut  très-pauvre ,  en 
mars    1768.  Son  goût  pour  la 
dépense  étoit  extrême,  et  sa  suc- 
cession ne  produisit  à  sa  femme 
et  à  sa  fille ,  que  des  dettes  ;  ma^'s 
les  amis  de  Sterne  leur  fiif'entdes 
présens  qui  les  mirent  dans  im 
état  aisé.   Sterne  est  connu  pat 
deux  Ouvrages  traduits  en  fran- 
çois  par  Pierre  Fresnais ,  et  eïl 
l'an  onze,  avec  plus  c^e^  succès, 
par  Paulin  Crassous,  Le  premier . 
est  intitulé:  Voyage  sentimental , 
în-ia  ;  et  le  second ,  la  Vie  et  lei 
Opinions  de    Tristram  Shandy  , 
4  vol.  in-i  2.  Le  premier  livre  ne 
paroît  ^  à  beaucoup  de  gens,  qud 
l'ouvrage  d'un  fou.  Cependant  U 
est   di&cile  d*en  commencer  la 
lecture    sans    l'achever  ,   parce 
qu'en    plusieurs  endroits   on  y 
trouve   une   peinture   fidelle  de 
l'homme.  On  voit  que  l'auteur  ne 
se  gênoit  point  pour  écrire.  Je 
sais  ce  que  je  faïs ,  disoit-il ,  lors^ 
que  j'écris  la  première  phrase  1 
mais  je  m'abandonne  à  là  .pro-> 
vydence  pour  toutes  les  autres.  Le 
même  ton  règne  dans  le  siecoiiti 
.ouvrage  de  Sterne ,  qui  est  tout 
en  préliminaires  et  en  digressions. 
C'est    un©   bouffonnerie  çonti-' 
nuelie,  qui  n'exclut  pas  des  ré- 
flexions  très  -  sérieuses   sur  les 
singularités  des  hommes  célèbres , 
sur  les  erreurs  et  les  foiblesses  de 
Thiimanité.  li  y  ridiculise  les  uni- 
versités, les  érudits,  les  docteurs , 
le    clergé  ,    les    médecins ,   1«* 
orateurs    du    parlement ,  eijfia 
presque  tous  les  états.  11  a  poussé 
la- plaisanterie  jusqu'à  faire  iin-* 
primer  dans  son  ouvrage  un  da 
't(^s  Sermons  sur  la  conscience. 
Cette  bizarrerie ,  loin  de  nuire 
au  burlesque  écrivain  ,  lui  valut: 
des  protecteurs.  Un  grand  sei- 
gneur lui  donna  un  bénéfice  trèiw 

li  ^ 


!fo^ 


s  T  E 


jeon5idéra!>Ie ,  pour  lui  témoigner 
fextime  quil  lutportoit,  et  le  peu 
de  cas  qu'il  faisait  de  ses  censeurs. 
Sterne  ,  quoique  protégé  par 
'quelques  seigneurs ,  vécut  iudé- 
«pendant.  C'est  le  premier  des 
titres  en  Angleterre.  Il  se  glori- 
fi  oit,  comme  Pope,  d'être  sans 
places ,  sans  pension ,  liéritier  ni 
esclave  de  personne.  Il  dédia  le 
'!«'  volume  de  Tris  tram  Shandy 
à  Ml  lord  Chatham/»  non  pour 
qu'il  prit  le  livre  sous  sa  protec- 
tion ,  car  il  doit  se  protéger  lui- 
même  ,  mais  pour  qu'il  servît  de 
distraction  à  ses  travaux  pendant 
son  séjour  à  la  campagne. 

STERNHOLD,  (Thomas) 
foëte  Anglois,  devint  valet  de 
chambre  de  Henri  VIII,  et 
à* Edouard  VL  11  traduisit  en 
vers  anglois,  5ï  Pseaumes  de 
David.  Hopkins  a  continué  c*fette 
version  et  traduit  les  autres. 

STESICLÉE  ,  Athénienne  , 
téunissoit  lesprit  à  la  beauté ,  et 
fut  éperdument  aimée  de  Thé- 
mistocle  et  A' Aristide,  Leur  riva- 
lité* désunit  ces  deux  capitaines 
célèbres. 

5TEVENS,  (George-Ale- 
xandre) acteur  Anglois  dans  le 
dernier  siècle,  est  auteur  de  quel- 
ques pièces  de  théàtro ,  et  d'un 
roman  intrtulé  Tom  Fou» — Un 
Architecte,  de  son  nom,  mort 
en  1726 ,  a  construit,  en  Angle- 
terre ,  un  grand  nombre  de  ponts 
remarquables  par  leur  solidité  et 
leur  élégance. 

'     STEVEH.S,   (Palamède) 
.peintre   Anglois,  né  à  Londres 
,  en  1 607  ,  mort  en  1 638 ,  voj'agea 
en  Flandre  et  en  Italie ,  pour  y 
.  puiser  la  connoissance  des  gran- 
des beautés  en  peinture.  Ses  ta- 
bleaux de  batailles  et  de  campe* 
piens  sont  très-recherchés, —Son 


S  T  O 

frère  'Antoine,  mort  en  i^a^ 
fut  renommé  pour  le  portrait. 

;  STEWART,  (Matthieu)  né 
à  Hothsay  en  Ecosse ,  vers  Tan 
1717,  et  mort  en  1786,  alla  étu- 
dier les  mathématiques  à  Edim- 
bourg sous  le  célèbre  Maclaurin  , 
auquel  il  succéda  dans  sa  chair» 
de  professeur  à  Tuniversité.  En 
1761  ,  il  publia  divers  Traités 
de  physique  et  de  mathématiques 
sur  là  théorie  de  la  lufte ,  la  dis- 
tance du  soleil  à  la  terre  ,  etc. 
On  lui  doit  encore  un  Ouvrage 
intitulé  :  Propositiones  more  fe— 
tenim  demonstratœ. 

STICOTI ,  (  Antonio  )  fils  de 
Fabio  Sticoti ,  très-bon  acteur  de 
la  Comédie  italienne ,  mérita  les 
suffrages  du  public  dans  la  mémo 
profession.  On  lui  doit  des  Para-, 
dies ,  et  les  Comédies  suivantes  ; 
les  Fêtes  sincères,  ï Impromptu- 
des  Actât^s ,  et  les  Ennuis  de 
Thalie.  11  est  mort  au  milieu  da 
siècle  qui  vient  de  finir.  ' 

IL  STILLINGFLEET,  (Ben- 
jamin )  poète  et  naturaliste  An- 
glois ,  mort  en  1 77 1 ,  à  l'âge  de 
69  ans,  vo3'agea  long>temps  dans 
diverses  contrées  de  l'Europe  ^  et 
à  son  retour  il  publia  :  I.  Des 
Poésies  d|ins  la  collection  de 
Dodsley.  IL  Des  Voyages  et  Mé-* 
langes  ,  1759,  in- 8.0  II I.  Le 
Calendrier ^Q Flore ,  i76i,in-8.« 
IV.  Principes  et  puissance  de 
l'harmonie,  1771 ,  in— 4.0 

♦  L  STOCK,  (Simon)  général 
de  l'Ordre  des  Carmes  ,  çtoit 
Anglois.  Il  se  retira  dès  Tâge  de 
douze  ans  dans  une  solitude,  et 
habita  dans  le  creux  du  pied  d'un 
gros  arbre  qui  étant  nommé 
Stock  en  anglois ,  donna  le  nom 
à  ce  célèbre  pénitent.  C'étoit  à- 
peu-près  vers  le  temps  ou  les 
Carmes  passèrent  de  la  Palestine 


ST  O 

^n  Europe.  I)  prit  leur  habit  9 
devint  leur  général ,  et  mourut 
a   Bordeaux    en    1265,  après 
avoir  coroposé  quelques  ouvrages 
.^e  piété ,  très-métîiocres.  Ses  con- 
frères ont  prétendu  que  duns  une 
tision  la  sainte  Vierge  lui  dotina 
le  Scapulaire ,  comme  une  mar- 
que de    sa    protection    spéciale 
«nvers  tons  ceux  qui  le  porte- 
roient.    L'Office   et\la   Fête  du 
Scapulaire  ont  été  approuvés  de- 
puis ce  temps-là  ^  par  le  Saint- 
Siège.  Launoy  a  fait  un  volume , 
pour  montrer  aue  la  vision  de 
Simon   Stock  eS  une  'Fable,   et 
^ue  la  Bulle  appelée  Sahhatine , 
^'li  approuve   le   Scapulaire  est 
supposée  ;    mais  cette  dévotion 
»*en  a  pas  été  moins  répandue. 
Il  n'est  pas  aisé  de  savoir ,  dit 
le  P.  Heliot ,  le   temps  auquel 
la  confrérie  du  Scapulaire  a  ét4 
établie.  Lezane  dit  que  les  papes 
Etienne    K,   Adrien  II,  6>r- 
gius  III,  Jean  X ,  Jean  XI  tt 
Sergius  IV ,  ont  remis  la  troi- 
sième partie  de  leurs   péchés  à 
ceux   qui    entroient   dans   cette 
association    pieuse.    Or    Simon 
Stock  n'étant  mort  qu'en  ia65, 
et  Etienne  V  ayant  été  élu  pape 
«n  S 1 6  ,  et  ayant  accordé ,  selon 
les  Carmes,  des  indulgences  aux 
confrères  du  Scapulaire,  il  s'en— 
suit    que    cette    confrérie  étoit 
établie   plus   de  460  ans   avant 
qu'on    eût  songé   seulement  au 
Scapulaire  parmi  les  Carmes.  Ce 
qu'on  peut  conclure  enrore ,  c'est 
que  si  les  historiens  du  Scapu- 
laire sont  des  hommes  fort  pieux, 
ils  ne  sont  pas  des  critiques  fort 
habiles.  Quoi  qu'il  en  soit  9  l'of- 
fice et  la  fête  du  Scapulaire  ont 
été  approuvés  depuis  ce  temps-là , 
par  le  St-Siège ,  comme  n'ayant 
rien  d'opposé  à  la  foi  des  Chré- 
tiens,  et  pouvant  au  contraire 
pontribuer  à  la  piété  et  à  1a  dé-> 


S  T  O 


?oî 


votion  envers  la  sainte  Vierge  : 
car  c'est  là  tout  ce  que  signifient 
ces  sortes  d'approbations  ;  l',Eglise 
n'ayant  jamais  prétendu  attester 
la  certitude  d'aucune  révélation 
ou  vision  particulière  ,  même 
dans  les  Saints  canonisés,  comme 
l'observent  Nott  Alexandre, Mu-m 
ratori ,  Benoit  XIV, 

STOCKADE,  (Nicolas  de 
Heit  )  peintre  Hollandois ,  né  à 
Nimègue  en  1 6 1 4  ,  fut  disciple  da 
Ryccaert ,  et  voyagea  en  Italie 
pour  se  perfectionner  dans  l'exer- 
cice de  son  art.  Il  peignit  avee 
goût  rhistoire  et  le  portrait ,  et 
ses  tableaux  sont  reèherchés. 

STOFFLET,  (Nicolas)  né  k 
Luneville ,  servit  long-temps  en 
qualité  de  simple  soldat ,  et  de- 
vint ensuite  garde-chasse  du  conit^ 
de  Mau lévrier.  Se  trouvant ,  en 
1793,  dans  le  Bas-Anjou,  en- 
touré d'ennemis  de  la  révolutioa 
de  France^  il  les  assembla ,  \evtx 
l'étendard  de  la  révolte  et  s'em- 
para de  Bressuire.  Il  céda  bientôt 
le  commandement  de  sa  petite 
armée  à  d'Elbée  qu'il  cbérissoit , 
et  ne  le  reprit  qu'à  la  mort  de 
ce  dernier.  Après  diverses  alter- 
natives d'avantages  ,  de  pertes  , 
il  conclut,  en  1796  , un  armistice 
avec  le  général  Hoche  s  mais 
bientôt  après ,  ayant  voulu  renou- 
veler la  guerre,  il  fut  livré  par  les 
habitans  de  Saugrenière  qu'il  étoit 
venu  sollicite^  à  reprendre  lea 
armes ,  à  un  détachement  fran— 
çois  qui  le  conduisit  à  Angers  , 
où  il  fut  fusillé  le  28  février  1796. 
Stofflet  mourut  avec  sang-froid  , 
à  l'âge  de  44  9ns.  En  deux  ans  ^ 
il  avoit  livré  i5o  conibats  oii  il 
avoit  été  le  plus  souvent  vaiu-« 
queur. 

I.  STONE,  (Jean)  peintre 
Anglois  ,    mort  à  Londrc*  en 


joS 


S  T  O 


II.  STONE,  (Edmond)  raa- 
thëmatici-ii  Ecotiois ,  étoit  fiU 
d'un  gnrçon  jardinier  du  due 
é'Argyle.  Un  valet  lui  apprit  i 
liip,  et  il  n'avuit  que  i8  ans, 
giiR  ,  ïana  le  secourt  d'aucun 
maître  ,  il  invoit  le  latin  ,  le 
franco» ,  l'arithmétique  et  la  géo- 
métrie. Le  due  A'.irgylt  l'ayant 
(ronvé  étuttiant  un  ouvrage  de 
liewion ,  1  interroga ,  fut  surpris 
de  son  e»prtt  et  de  ses  tonnoia— 

le*    perfpctionner.    On    doit   à 
'  Stonf,  lin  Dicliunnaiie  de  Ma- 
thématiques ,  et  un    TraUé  des 
Fluxions  -.  il  est  mort  à  la  fin  du 

m.  STÔNE-HOUSE, 

<  Jacques)  médetiiL  et  théologien 
Anglois,  mort  en  T73S,  à  l'âge 
de  Ho  ans ,  a  publié  un  livre  qui 
a  eu  beaucoup  de  coiifs  en  An- 
gleterre ,  et  qui  est  intitulé  ;  AvU 
amical  à  un  malade. 

in.  STORCK,  (Abraham) 
peintre  Hollandols  ,  mort  en 
1 70S ,  excelloïC  dans  la  représen- 
tation dea  ports  et  des  vues  de 
mer.  11  ornoïC  ses  tableaux  d'une 
foule  de  petites  figures  dessinées 
avec  art, et  qui  piési-nCent  autant 
de  variété  que  tl'agréuient.  —  Ce 
peintre  avoit  un  frère  bon  paj- 
lagiste ,  duDt  on  a  des  Vues  du 
hhin. 

STOREH,  (Mœris)  poëte 
Anglois,  mort  de  la  consomp- 
tion  611X759,  '  piililié  des  Poé- 
aies  latines,  éléganiment  écrites* 
Très- lié  atec  lord  North ,  il  en 
jiBrtageB  les  opinions  politiques. 


s  T  II 

bien  choisie,  oii  Ton  remHtqooIÉ 

ta  beauté  des  reliitres  ;  et  qui 
renfermoit  ce  qu'il  y  avoit  do 
plus  curiemt  en  ce  genre  :  il  Va 
léguée  ati  collège  d'Eton. 

III.  STHADA ,  (Jean)  peintrtt 
né  à' Bruges  en  i58o,  mort  à 
Florence  en  iëo^.  Le  séjour  qus 
ce  peintre  Ht  en  Italie  ,  et  se» 
études  d'après  Raphaél ,  Michel- 
Ange  ,  et  les  statues  antiques , 
perfectionnèrent  ses  taleiis.  Il 
■voit  une  veine  abondante  ,  et 
beaucoup  de  facilité  dans  l'exé- 
cution ;  il  donnoit  des  expressiuiu 
fortes  à  ses  tdtes.  On  lui  it^ 
proche  des  draperies  sèchea  ,  et 
un  goût  de  dessin  lourd  et  ma- 
niéré, Il  a  fait  beancoup  d'ou- 
vrages à  fresqub  et  à  l'huile , 
à  Florence,  à  Horna,  à  Heggioi 
à  Naples  ;  il  a  composé  aussi 
plusieuré  cartons  pour  des  tapis.- 
séries. Ses  tableaux  d'histoire  font 
fort  estimés  ;  mais  ton  inclina- 
tion le  portoit  à  peindre  des 
Animaax  et  à  représenter  de> 
Chasses  :  ce  qu'il  a  Fait  en  ce 
geuie ,  est  parfait.  Ses  dessina 
sont  d'un  précieux  infini. 

STHAFTEN  ,  (N.Vander) 
peintre  Hollandoia,  né  en  iGGo, 
voyagea  beaucoup  et  devint  l'nn 
des  plus  célèbres  paysagistes  de 
son  siècle,  ^s  mœurs  furent  dé~ 
réglées ,  et  il  mourut  jeune,  vic- 
time de  ses  plaisirs  immodérés. 

STRAIGHT,  (Jean)  littém- 
teur  Anglois,  mort  à  la  En  du 
1  S*  siècle,  a  publié  des  Diicoun 
choisis  ,  en  1  vol. ,  et  des  J'oéiiit 
agréables ,  insérées  daiis  le  re- 
cueil de  DodsUy. 

STRAKOE,   (Robert  )gra- 


s  TR 

Fari%  ^  ah  il  apprit  de  Ze  Jffas 
Tusage  de  la.  pointe  s^be.  Cet 
artiste  renom  me  a  i)e.iucoup  greivé 
d'après  les  tdbleaux  des  grands 
mâttres,  et  est  mr  r  en  ty^i»  11 
«voit  été  nommé  [  afesaearài'a*" 
c^émie  de  Parmi 

STREATER,(  oberl  )  pein- 
tre An  ^4oia,  né  en  16^4^  mort 
de  la  pierre  en  1680,  peignit  éga- 
lement bien  l'Histoire  et  le  Por- 
trait. Ses  coniioissanees  furent 
Tariées  et  ses  mœnrs  douces. 

STREECK  ,  (  Jttr4am  Van  ) 
paintre  Flamand,  né  en  1652^ 
dont  les  tableaux  sont  estimés  ^ 
qiioi^u'ilA,  soient  presque  tous 
marqués  des .  emblèmes  de  la< 
mort ,  q,u'il  peignoit  avec  beau- 
coup de  sudcès. 

STROMER ,  (  K.  )  Snëdois , 
^t  professeur*  d'astronomie  h 
Upaal ,  et  a  publié  dans  cette  ville 
tme  savante  Théorie  de  la  décli** 
maison  de  l'aiguille  aimantée.  11 
ékt  mort  en  1770,  et  son  éloge 
m  été  publié  par  Ferner  son  corn- 
jtotriote. 

STRONG ,  (  Joseph  )  musi- 
eien  Anglois,  mort  à  Garlisle  en 
1798  ,  étoit  aveugle  depuis  son* 
enfance.  H  n'en  fut  pafs  moins 
Bon  mécanicien.  Il  s'étoit  ftiit 
TOrgue  sur  lequel  on  alloit  l'en- 
tendre ,  et  il  s'amusoàt  à  faire 
tous  ses  vétemeûs. 

11.  STRUCK ,  {  Sarouel  )  iitm 
primeur  Allemand  ,  rei  omtné 
pour  l'ejîactitude  de  ses  éditions  j" 
imprimoit  à  Liibeck  en  1720. 
On  lui  doit,  en  alKmajid  ,  un 
Traité  sur  la  pratique  de  llnipri- 
itierie. 

Sl^RUDEL ,  (  Pierre  )  peintre 
Allemand,  nrquitdans  le  Tirol, 
et  alla  s'établir  à  Vienne;  il 7 


enia  \t%  églises  et  plusieurs  édi-i 
fkes  de  ses  tableaux  qui  y  soxit 
estimés.  11  mourut  en  1617* 

STRUENZÉE ,  d'abord  sim-i 
pîe  médecin,  puis  devenu  prin- 
cipal minidfre  Danois  ,  mor.tra' 
de  i'ii.telligeiice  dans  les  négor-iiw 
trons  et  de  I  babilet'^  f-n  politique. 
Il  s'efforça  d'afiTraiichir  le  Dane-^ 
marck  de  lespèce  de  tutelle  oii  la 
cour  de  Russie  le  retenoit.  Trop 
d'orgueil^  des  imprudences ,  un» 
passion  funeste  pour  la  jeune 
i^rne  Caroline-  Maïkilde ,  le  f  en^ 
dirent  conspirateur,  et  le  con- 
duisirent al  échafaud  le  26  juillet 
1772.  CaroUnf  elle-  même  futem« 
prisonnée ,  exclue  du  trône  et 
exilée  à  Zeil ,  oii  elle  mourut  de» 
chagrin  au  commencement  de 
177^. 

6TRUTT ,  (  Joseph  )  mort  en 
1787  ,  a  publié  un  'Tableau  det 
mœurs  et  usages  des  anciens  ha'» 
bilans  de  L'Angleterre  ,  dont 
M.  Boulard  prépare  une  traduc- 
tion en  françois.  On  a  encore  de 
lui ,  les  Antiquités  royales  et  ec- 
cl ésias tiques  de  l'Angleterre  i  et 
un  Dictionnaire  des  Graveurs^ 
Tous  ces  ouvrages  sont  pleins  dé 
recherches  curieuses.      ' 

iTRYPE,  (Jean)  ecclésias- 
tique Anglois,  né  à  Londres,  d^ 
parens  Allemands ,  mort  en  1 787, 
est  connu  par  ses  Annales  de  la, 
Bé/ormation ,  4  vol.  in- 8®,  et  par 
d'autres  ouvrages*  Voy.  Stqw* 

m.  STU  ART  ,  (  Gilbert  )'né 
à  Edimbourg  en  1744,  mort  à 
Musselburg  village  près  de  cette 
ville,  en  1786,  d'unehydropisiè 
causée  par  des  ej(cès  de  bière  ^ 
publia  divers  ouvrages ,  parmi 
lesquels  on  distingue  :  I.  i^a  JJis'^ 
se  nation  sur  la  Constitution  Ati^ 
^loise»  II.  Son  Histoire  de  Marie 
s>tuarL»  qu'il,  tâche  de  jnstiHer* 


\ 


A 


'ïo8        S  T  U 

m.  I^  TabUaa  dei  progril  de^ 

laSiKiéti en  Europe  ,  traduiten 
françois  fu BoulardAy.  iSHis-- 
toire  de  la  lU/ornu.  V.  UHit- 
taire  d'Ecoiie  depuii  l'élabU'tsc- 
tûciU  de  ta  Heligioa  SiJornUe , 
jusiju'à  Marie  Stuart ,  1781. 

IV.  STUAHT,  (Jacquei)  ce-, 
labre  antiquaire  et  architecte  An- 
lloU,në  à  Londiea  en  1713, 
mort  en  17S8,  soutint  »  famille 
dénuée  de  fortune,  par  tes  ta- 
lent: et  après  la  moittleia  mère, 
il  consucra  une  partie  de  ce  qu'il 
,  «voit  acquis  à  ïoyager  en  Italie. 
Là,  lié  étroitement  arec  l'acchi- 
tncle  Revelt  ,  ils  conçurent  le 
projet  daller  visiter  Athènes  , 
pour  en  deuiner   et  en  mesurer 

exécuté ,  Stuart  publia  le  fruit  de 
M3  recherches ,  en  3  vol.  in-fol. 
dont,  le  premier  parut  en  176'!, 
Mus  le  titre  S  Antiquités  d  A  Aè* 
nei.  Ce  savant  ouvrage  fit  nom^ 
iaeTiOTit'aXeviCAihénita.  A  son 
retour  en  Angleterre  ,  il  fut 
fiDmmé  intendant  de  l'hôpital  de 
Greenwich. 

"  STUBBS,  {  George  )  poète 
Anglois  ,  devint  muiistre  de  k 
paroisse  de  Gtinville  ,  dans  le 
comté  deDoisBt;  il  est  m  oit  dan* 
le  sitcle  qni  vient  de  Soir.  11  a 
publié  ,  en  snglois  ,  Nounellet 
^venlarei  de  TéUma^ue ,  et  dei 
Poésies  «stimëec. 

STUBËA,  né  àPhiladelphiei 
d'une  famille  Allemande  qui  s'y 
'  étoit  établie ,  se  livra  à  l'étude  de 
la  médecine ,  et  ensuite  de  la  ju- 
xisp'rudence  ;  il  y  acquit  des  suc- 
cès, et  mourut  jeune  dant  CM 
derniers  temps.  Ona  delui  la  Coa- 
tinaalion  àe^  la  Vii  de  Franklin  , 
.  écrite  par  iui-m£me.  Slalier  fut 
l'ami  de  ce  physicien  célèbre,  et 
il  lie  liti  a  survécu  que  peu  de 
.tenrps. 


SV& 

«TUDLY,  (Jean)pdltBA»i 
gloli,  lervit  avec  distinction  sou* 
le  ré^e  à'EUzabelh  .  et  fnC  tué 
WIIS87, 
doit  une 
dieade.5 

STUB 
■ntiquaii 


loDg-ten 


bint 


;pai 


lui   :  I.  < 

folio,  n. 
io-4.»  111 

IIL  f 

Christop 

ques  et  d 

«703-  0 

phiiosop 
de  mathi 


STUl 


et  les  hi 

SUAI 

graveur 

le  le-  si. 

munéme 

graver  d 
Saavius 
pes.^eni 


et  St.  X 

à  la  por 


s  U  B 

4^tin    beaH  uni  y   mfliê'  un  pé« 


»    I 


SUBTERMANS  ,  .(  .Jaste  } 
peiutre  Fkoiand  ,«  né  à  Anvers.^ 
Aiorten  i^Si  i»  à  l'âge  .de  8q  ansi^ 
9pqult  delà  célébrité  ^tarses  pQtk 
traits  ^t  ses  tabUai;tx^'histoir^ 
Son  chef-d'œuvre  se  voit  dans  -le 

?alais.  dp  Florence,  et.repré^e^C^ 
homanage  des  Florentins  à  F^r-ir 
tUaand  II, ,  .  w     . 

^StrCCA,  (TVr/irie-dOfilled'iin 
célèbre  iurîiconsulte  de  Liège  ^ 
naquît,  oa'ns'cette  ville  en  î6qo, 
!fet  s'y  distfti^iia  par  son  érnd'ition 
et  ces  'profondes  cqnnoissa;ice^ 
en  nnatHématiqnes  et  en  mnsfque. 
'EXXe  a  publié  quelques  ouvrages  ^ 
e.t  est  morte  vers  le  milieu  du  17? 

Siècle,  r : 

.r  SUCKLIN64  (  Jean  >  pbëte 
iAnglotâ:v'D«qiS)»c  à  •  Withàift  "éi\ 
«6r3  ,  et 'mourût  en  164  r^  On 
dit'qu'ii  iflitl^it' latin  ' »èâ  i^è-àâi 
citii{^  ans;  Dans  sa  jeunesse  «il  sejN^ 
Vie  en  Dailemarck  sonsr  Gusai^e-*' 
biidolpAè  ,'i  et  se  retira  nenffiié» 
dans  stP'^nitrie,  oh  Ll'))liblla'(itH. 
poésies ,  de»  Letires ,  des-  0^ffitf& 
dUs  ;  un/ IJ^ours  sur  i'4>cOAsiofl3 
^  un  ÉScâttie/i  de  la  reOgion  j^*^ 
èt'flrais^n;     .,   -'•  -.  Il  .:}ii* 

.  ,1,  SUÉ ,.  (  Jean  )  ^bi^iir^en  \ 
Ah  la  Çotte-Saini-]È><i);^jyjk,^ 
Paris  4ans,,5a  jeunesse  j^.,ej:^j[^ 
pc^ueilU  pf  r  Devaujc  ^  çKiriy^giei 
jenommé,  qjuilui  àpprîjtioAart 
Jt^élève  égala  bientôt  )fl  maitç^y 
^aà^pra tique  fut  heureuse  y^SPj^sa^ 
Voix  étftndW  H  apprît;  le  l^tV  ^ 
.1  âge  d,é  45  ans  ^  poiir  interroge^' 
ejl  '  cette  langue  les  étudias  e^çi 
-inédecine.  ^11  a  publié  quelqi^es 
JflérnoireS'^  dont  le  plus  remar- 
quable a  pour  objet  la.  correction 
flu,  ip^rceps  alors  en,  ^sage.!*B,ien-f 
'Mft«?  et  aiBi  de^  £?»  wiâ  ^J^S 


s  u  E        509 

ci  pleurèrent  sa  mort  arrivée  à 
Paris  le  3o  novembre  1782. 

II.  SUE ,  (  Jean- Joseph  )  frère 
du  précédent,  né  en  1710,  vint 
a  Paris  à  19  ans ,  devint  l'élève  de 
Vérâier ,  célèbre  anatomiste ,  et 
lui  succéda  dans  la  chaire  de  pro- 
fesseur d'nnatofnie.  Il  approfon- 
dît cette  science  dans*  tons  ses 
détails ,  et  en  propagea  la  coiv-i 
ndisâance  parmi  im  grand  nom— 
t)re  d*élèX'es:  H  est  mort  à  Paris  le 
io  décembre  1792  9  à  plus  de  82 
ans.  On  Un  doitî  I. Plusieurs  )lf^- 
laoïres  intéressans  ,  insérés  ilans 
le  p.ecueil  des  Smtanj  étrangers  , 
publié  par  l'académie  çlesScienres» 
fw'un* 'ffeux  TÎecrit^  <Jans  deux  in-i 
divîdus,  une  tiransposition  géné^ 
raie,  des  viscères ,  en  sorte  qtié 
Ceux' du  côté  'di-ort  se  t'ro-uvoienfc 
à^^auctieî  un  autfe'^  pour  objet 
i'examerl  'dé  la  sfrfâure  et  deà 
Vaisseaux  dç  la  nlati'fcë';  un  antre 
h  calcufé  les'pr'pportiôiis  du  sque- 
lette de^rhôimne',(îepnte  i'en-i 
fencé'Ju^qli'hh  vieillesse.  îivrrit- 
tê  dés  bandais  et  appareils  j 
1746,  ih-ri.'m  éh  a'Faittine  2« 
éftrifioii  en  tj^i.'ïiVJlirégé  d'à-. 
fiatbninie  v*  1748  ,  '  '2  Vol.  îri-i  à  ; 
réirtif)rimés^  èti  Vjfi.iyJ  Elé-^ 
mens' fie-  €^txtrgle  /'î755,'in-8.^ 
^'.  HntBtûpotoniîë  6'tt  Traité  sur 
Tàrt  d'irtject(^r,'de'  disséquer  et 
.  â-*embauh)er,  1759'^  tn-S.®  lia 
été  irtignienté  et  'pàblié  déf  nou- 
^itfàii  efi  l'JB^Jmr^O'stmogie  , 
i7Bti  ,  a--v67.'iiPfel:aV^c*3'i  plan- 
<îhëâ'"Cer  6itWl*-'est  une  tra- 
<i\tction  de  cdui£  "Monrb",  pro-t 
fés'seiir^aîâilatéfftie  à  Edimboul-g; 
-Cest  •  un  th'éf-d'dbuvTe^  '  de  typ o-:. 
Ç'rà]^hie  et  d'exactitude  dans  le 
dessin.  —  Les  néVéïi^  de  Sue  snl-ï. 
vent  avec  distinction  la  même 
•carrière.    '  » 

\  r'.^JLTEI^-TI  ,"  empereur  ' Q\\^ 
^,9.^'  X  ré^noi^  da^j  %  i^^.  siècle  « 


ïio         SIT^E  SUE 

«t  le  rendit  recammantlaUe  pn  tffnit  aucune  ainbiti«ti  ,  éi 
la  sapww  de  lei  loU.  Il  prit  poiir  moini  ("il  en  eût  ité  ciipaMe ,  rtta 
Jeiir  hue  )«  reipect  filial.  Une  de  «nroit  eu  pour  but  l'élëvation  d« 
ses  iléclarationB  or<lonne  n  tona  if}n»m\.Lrc/irHinalatesl  un  beau 
le*  ^niifemeiirs  de  l'empire,  de  priMème ,  disbit  ce  <!ernte!wlaiii 
lui  faire  coniioitre  ccuk  qui  ont  tint  awemblée  noTnbrenMt  ;  Ii 
témoigné  une  soumission  parti-  Saair  ajouta  ;  Jtvoudrait  hieit  It 
culi^ceà  leurs  parrn),  pourijii'il  tiioudre  pourfius.  Apiès  te  ré- 
putée le»  r'^e'rnp^n  se  r.  Un  autre  tour  d'an  vojaf^  que  le  Pèr« 
de  »e)  *dili  diipenae  des  corvëei  Jaeqaier-^t  en  France ,  les  deux 
ordinaires  ,  lei  enfana  qni  ont  amis  donnèrent  sur  te  Calcul  ia-* 
perJu  lent  pËra  ou  leur   mère,  Ugrai,  i'onrrage  le  plnscomplM 

fendant  tout  le  temps  destiné  ji  gu'pn  f flt  inçora  publié  ,  et  qui 

'ur  rendre  lef  hpnneuri  funÊ—  renrcrmeitontes  les  méthodes  jut' 

kret>  qu'alors  connues.  Ce  Traite  po- 
Ut  "en  '1748  ,   inT»",   et   a  éti 

•   IT.    STJEUR   ou   SEyR  ,  réimprime  en  17SS.  parlèssoinj 

(  Thomas  la  )  .né  À-Aethel  e«  du  duc  de  Parmp.  On  avertit  I» 

Champagne  le  i  octobre  (708 ,  deux  ^vans,  qu'on  venoic  de  m 

entra  dansl'ordredra  Minimes  eu  iervir  de  lenr  travail  .s^n^.Jes  dr- 

1711  j  il  enseip»»  avec  distiac^  Wr  ;  'C'eiiuaf  priuï-c   qu'on  fa 

■  tion  la  philpupbie  etlathéalo~>  trouui  utile,  r^  pondirent- ils  :  et 
f[ie,  et  nit  appelée  Rqnie,  oiiJj  il;  ne  firentaii-uvtâ^tMtaiBatJt». 
rnt  une  chaire  de  ipnthéjnatiqnfj  OnALtrnbVCtMrNititlii^ireineDt  ak 
à. la  Sapience  et  une  de  tbéo)ogt«  $veit^Aai  Priai  ipes  de  Pkilator 
ji  la  Propagande.  U  |ilU  eniait»  4  phUi»tmitl«  /en  4.  yAl.ln-.ii) 
Firme  concourir  .k  .l'intixuf tion  at  lattituliein  phlHitnpkic»/ 
de  l'infant  Pncfetretonrna  d^  JiCat-S'  ™'-  în-i*.  te  Pé*el« 
bi  il  Homie  ,  où  iiF.'rruui.ri^  l»  if  '^(Mr'>neiriiMitrant<  mildrairai 

'  septembre   1770.  Il, i^pit    eoo*T  *(lpafWi*rni,  caché  ,■  <)t,?n  mettra 

1/mment  df  J'es^nie,  dea   p^pat  iAHr-^)suS>  de  lea-donfrèreï,  dot 

son*  leMpteli  i(  ^fécivl  ;.  p^vilt  EHo}tK-*t»nconp  «imé  .,«[  il  k 

.^JKI'bonqra  plusieqr^Ei>isjla|«  fiil|*»e&t  auUnt  qu'il  le  méri* 

yjsite.  ll,e»»H  R«iiK.as«Wé  .^l^qe  toit.  Il  succomba  à   de-ttaosiut 

tousseaécriFSi  to.n.4«tiniableaBh  inlïrmités  en  •it70.  £t.f"X   j^m'i 

le  P.  /ne^iî'-,  L'arailiijteqdi^,^  oVant  d(*'jr^nfir ,  ■  il  in'roisSpil 

inBltérabl((><)fi  .ca»  deuir-taianf;,  ,..feiiiiib'p»Mù"toiite  do'irfoliisanei!. 

lait  homtmr.apit.JnUreiV.t'Allt  ^h»-c9iftioiftes~i''ni^l'-\i\\m\ 

fut  commis  aglr«««.,Jjein6*n  ^.'iWi^fe''  'peu  'rt'iiiSftnS  '  ncwit 

plaisirs,  ûftvau)i,^4^loire  m.îm^  SB  mbrt¥l9li»,  ripondir1e''rHtin« 

laluj  de.,twf   U»,,bieni  ^ont  on  .TKnt';  poîit  élr^Jè^Iai'  àir^lfiHÎe 

■  «it  Iq  .plus  jaioox.,  Chacun  d«f  "'v&fi  ftnil^if'-'''- Sin;  (^nntVoh  ft-Âi- 
dc'«ï  amis,fii  MW^jer  Jç.tjçm*  '  ï.jWffl-.  ArîlS'.'Mi  Mll&ii  àe"l> 
laentairetar  NewionAli^a  çatih'  IfwWlÉfiçii^'de  sé9'"oi-J;aTn'* .  M 
jjaroient  ciiW'^s'''""?^^''' P*'^*  ft'oi'BKrf'rii  TobKt  de  ses  étuc!*s', 
reaux  .1  et  jiuifeoiep't  a  laqu,elJf  Tâ'Tafiil  i^V«  «iM  'fD«i'^■|n^  fii 
des  deux  manières  on  devoitdçBy  'éi>ii\màn."-^'SiB^' ir/Mfîffiial  t^ 
rer  la   préférence  j.jnais  jamais  iz-rf^^ '^Snr  Une  LMfr^'ndrcfffe 


SU'F 

J'acJidémîe  des  Sciences  ,  meui 
simple  correspondant  de  cette  so- 
ciété ;  et  que  M.  de  Fouchi  ne  lui 
a  pas  rendu  le  tribut  d'éloge  dû 

aux  asseoies.  ' 

^*t. 

*SOFFREN,  (Jean)  jésuite, 
li  5  à  Salon  en  Provence  en  1 57 1  ^ 
se  consacra  à  U  direction  et  à  la 
chaire.  Sa  piété  et  sa  droiture  le 
firent  choisir  pour  confesseur  de 
3larie  de  Médicis ,  qui  engagea 
Louis  XIII  à  lui  donner  la  même 
place  auprès  de  lui.  Dans  les  dis- 
putes  qui  is'élovèrent    entre    ce 
prince  et  sa  mère  y  Suffren  voulut 
être  conciliateur.  Mais  il  déplut 
à  Richelieu, ,   et  n'ayant  que   da 
Ja  franchise  dans  une  cour  irvtri- 
giinte  ,  ^l  fut  bientôt  renvoyé.  Il 
lut  cependant  tpujours  attaché  à 
ïa  reine  ,  et  mourut  h  Flessingue 
en    1641,   en  passant  avçc  elle 
de  Londres  à  Cologne,  ou  elle 
aTloit  chercher  un  asile.  Son  An^ 
née  phré tienne  ,  4    vol.  in-4*' ,' 
composée  à  la  prière  de  St,  Fran- 
çois de  Sales ,  et  abrégée  par  le 
Père  Frizon  ,   en  2  vol.  in-  1 2  . 
r<ancy<,  ly.aS  ,  «st  .écrite   avec 
onction  ;  et  quoique   le    style  de 
r^abréviateur  soit  plus   correct , 
plusieurs  personnes  pieuses  pvé-^ 
f  '  rent  la  ^simplicité   de  l'originaL 
(  Foy.roj:t..deX^OST:RADAMUS  son 
compatriote,  j!  7;^,  Nqus  jgnproqs 
si  le   bailli  de^Suffren  ,  chevaliei; 
dq    Malthe.  et    chef  d'escadre  ^ 
mort  en  i78q,  étoit  de  la  même 
famille  j  mais  il  étoit  né  en  Pro* 
vence  comme   le  Jésuite.  Ce  cé-j. 
lèbre  marin,  si  .redouté  des  A^t\ 
giois  ^  se  signala  sur  la,  merde, 
rïnde  ^  oii  il  fut  le  vengevir  ^e/i 
Vri?pçois  et,.Ie  conservateur  des 
p.ossess.i  ons.  UoHandpises, ,  Son  ac- 
tivité,  s^n  courage,. son  zèle  , 
5QS  talens  et  ses  y^irtus  étoien.t, 
respectés  des-^t^angers  comme  de 
|dj  çonçitoy^na^  Le  prince  Iiidiei|.^ 


su  L 


p» 


.AJder  jiUkan  lui  dit  •.  Jusqu'à 
présent  je  rrCétois  cru  un  grand 
homme;  mais  depuis  que  tu  as 
paru  sur  cette  côte  ,  tu  m*as 
éclipsé.  Le  bailli  de  Suffren  pa— 
roissant.à  Versailles ,  y  reçut  le» 
plus  grands  honneurs,  Le  roi  l'en-? 
tretint  plusieurs  fois  en  partieu-^ 
lier.  A  un  dîner /chéz  les  minis-^ 
très ,  oîi  se  trouvoit  M.  <i*J?j- 
taing ,  on  qppeloit  ce  dernier  Gé" 
néral  ;  dEstaing  désignant  alors 
S.uffrcn»  répondit  :  «  Voici  le 
seul  qu'il  y  ait  ici.  » 

SUÏCER ,  (  Jean  Gaspard  )  né 
h  Zurich  en  1620  ,  y  fut  profes-i 
«eur  public  en  hébreu  et  en  grec  ^ 
et  y  mourut  en  1  G9%.  On  a  de  lui 
un  Lexicon  ou  Trésor  ecdésias^ 
tique  des  Itères  Orec^;  dont  la 
meilleure  édition  est  celle  d'Ams- 
terdam^ ï?*^  9  ^ï^  *  vol.  in-fol; 
Cet  ouvrage  est  utile  et  prouve 
beaucoup  de  savoir,  ainsi  que 
son'  Lexicon  Grœco -^ Latin um  , 
Zurich,  i683,  în-4®...  — Jean-^  " 
Henri  Suicbr  son  fils ,  professeur 
à  Zurich  9  puis  à  Heidelbèrg  , 
mort  en  cette  dernière  ville  ea  > 
1705,  se  fit  corinoître  aussi  par 
qilelques  productions  ,  parmi  les- 
quelles on  cite  sa  Chronologie 
Helvétique ,  en  latin. 

*  n.  SULLY ,  (  IVIaximilién  de 
Bé^hune,  baron  de  Rosiiî,  duc^ 
de  )  maréchal  de  Franc^  et  T>rinL-* 
cipal  ministre  so.us  Henri  IV», 
naqitit  à  Rosnl  en  1559^,  d'une 
fa  mille  illustre  et  coim^a  dès  le 
iQ*" siècle.  Il  n'avoit  queVi,j^  ans,, 
lorsqu'au  çommenceraentde  1 371 
il  f^t  présenté  par  s6ti  pèVe  à  U 
rçiiie  de^Kavarre  et  à  Henri, 
Florent  Clirétie/t  préçept'^iTr  de 
ceprincp,  donna  aussi  des  leçons, 
à  Sully ,  qui  Suivit  Hçfiria  iParis. 
Xi  s'y  trouva  lorsque  l'affireux 
massacre  de  la  Sain t-Bartliéle rai 
iuQuda  de  sang  la.  capitale.  Le 


ji»      sut 

principal  du  collège  de  Bour- 
gogne le  tint  cachi  pendant  trois 
)oars  9  et  l'arrachd  ainsi  aux  as- 
sassins. Rosni  attaché  au  service 
du  jeune  roi  de  Navarre ,  se' 
Signala  dans  plusieurs  petits  dé— 
tachemens. Ce  prince  ayant  appris 
<ju  il  se  coroportoit  avec  plus  de 
témérité  que  de  prudence  ,  lui 
dit  ifiosni ,  ce  n'est  pas  là  où  je 
veux  que  vous  hasardiez  ifotre 
vie.  Je  loue  votre  courage  ;  mais 
fe  désire  Vous  le  faire  employer 
dans  de  meilleures  occasions. 
Cette  occasion  se  présenta  bien- 
tôt au  siège  de  Marmande ,  oii 
il  comnKindoit  un  corps  d'arqué»* 
busiers*  Il  y  montra  la  plus  grande 
bravoure.  Sur  le  point  d  etrç-  açf^ 
cablé  par  un  nombre  trois  fois 
supérietH' ,  le  roi  de  Navarre  cou- 
yert  d'une  simple  cdirasst,,  vola 
à  son  secours  )  et  lui  donna  le 
temps  de  s'emparer  du  po^te  qu'il 
attaquoit.  Eause,  Mirande,  C^a- 
iors  fiirenj:  ensuite  les  théàtr<es" 
desa  valeur. £n  i5S6  ,  Rosni  ^at, 
employé  avec  honneur  à  différens- 
siéges;  et  Tannée  d'après^  «veo 
six  chevaux  seulement,  il  déBt 
et  emmena  prisonniers  40  hom- 
mes. A  la  jb.ataille  de  Coutras ,  il 
contribua  à  liji  victoire ,  en  faisant 
servir  à  propos  l'artillerie,  ^u 
bonibsit  de  Fpsseuse  ,  journée 
très-m'ènrtrière ,"  jl  martha  cinq^ 
fois  a  Kl  charge  5  but  son  chpval 
fcn versé  sous  lui ,  et  deux  épéès 
casséçs  entrd  ses  mains.  A  la  \m-^: 
taille  d*Ar^ues  en  1589  ,  Sull^  k 
la  tête'  çfe  200  chevaux,  en  at-, 
taqua  5O0  deé  ennemis  et  les  fit 
reculer.  Il  partagea  h  la  ïmtaille' 
^Vty  donnée  Tannée  d'après  i' les 
fatigues  et  la  gloire  de  son  maître. 
Ce  bon  prince  ayant  appris  qu'il 
avoit;eîi  de\i^  chevaux  tués  sous 
^ui  et'rej.ii  deux  blessures,  so 
jeta  à  son  tou  et  le  sef  ra  teiidre- 
«iCnS .  on  lui  disaiit  îcî  choies  kl' 


sut 

plus  tolichântes  et  les  plus  flaM 
teuses.  «  Brave  soldat  et  vaillant 
chevalier  ,  j'avois  eu  toujours 
bonne  opinion  de  vôtre  courage 
et  conçu  de  bonnes  espérances  de 
vos  vertus  ;  mais  vos  actions  si- 
gnalées et  votre  modestie  ont 
Surpassé  mon  attente.  En  consé- 
quence, je  veux  vous  embrasser 
des  deux  bras ,  en  présence  de 
des  princes ,  capitaines  et  grands 
chevalins  qui  sont  ici  pros  de 
moi.»  En  1391  Bosni  prit  Gi— 
Sors  par  le  moyen  d'une  intel- 
ligence ;  il  passoit  dés-lors  pour 
un  des  hommes  les  plus  habiles  de 
son  temps  dans  Tattaque  et  dans 
la  défense  des  places.  La  prise  de 
Dreux  en  1693,  celle  de  Laon 
eh  1594,  de  la  Fère  en  i5^6  , 
d'Amiens  en  1597  ,  de  Montmé- 
lian  en  1 600  ,  donnèrent  un  nou« 
venu  lustre  à  sa  réputation.  Aussi 
habile  négociateur  qu'excellent 
gu,errler  ^  il  aVoit  été  envoyé  dès 
r583  à  la  cour  de  France.,  pour 

'eç  suivre  tous  lés  raouvëmens- 
On  l'employa  dans  phisiçurs  au- 
tres occasions,  et  il  montra  dans 
chacune'' la  profondeur  du  poli- 
tique ,  Téloquence  de  l'homme 
d'état ,  Je  sang-froid  de  la  bra- 
vbiire ,  et  l'activité  de  l'homme  de 
génie.  En  ï5&6  il  traita  avec  les 
Suisses,  et  en  obtint  nfte  pro- 
messe db  2o,oo"c)  hontmeiî.  En 
1699  '^  négocia  lï?  mariage  du  roj 
ayec  Marie  de  Méàici's,  En  1600 
il  conclut  un  traité  avec  le  car- 
dinal Aldohranditi  ,  médiateur 
pour  le  duc  de  Savoie.  En  1 604  il 
termina  en  faveur  du  roi  une 
contestation  avec  le  p^Fpc  ,  sur  h 

propriété  du  Pmit  d*Av!gnoTi. 
Mais  c'est  sur-touf  dans  son  am- 
bassade en  Angleterre  ,  qu'il  dé- 
ploya toiite  la  -^éiiéttatife  de  son 
esprit  et  toute"  Tâdresse  de  sa  po- 
litique. La  reine  Elî'zabeih  étant 
mort&'  en  1 6o3 ,  Sulfy  revêta  i& 


svt 

\a  qualité  d^ambassadenf  exi^aof ^ 
dinaire  ^  fixa  dans  le  parti   a» 
Henri  IV  le  successeur  de  cette 
illustra  princesse.  De  si  grands 
services  ne  demeurèrent  pas  sans 
récompense  ;  il  fut  nommé  secré- 
taire d'état  en  1594 ,  membre  du 
•onseil  des  finances  en  1 596  9  snr« 
intendant  des  finances  et  grand- 
voyer  de  France  en. 1 597  et  1 598 , 
grand    maître   de   l'artillerie  en 
A 601  9  gouverneur  delà  Bastille 
et  surintendant  des  fort-iFicafiens 
en   t6o2.   Béthune ,  de  guerrier 
devenu  ministre  des  finances,  re- 
média aux  brigandages  des  parti- 
sans. £n  1696  on  levoit  i5o  mil- 
lions sur  les  peuples  9  pour  en 
faire  entrer  environ  trente  dans 
les  coffres  du  roi.  Le  nouveau  sur- 
intendant mit  un  si  bel  ordre 
dans  les  affaires  de  son  maître  ^ 
qu'avec  35  miUlons  de  revenu ,  il 
«cquitta  200  millions  de  dettes 
sn  dix  ans  ^  et  mit  en  réserve  3o 
millions  d'argent  comptant  dans 
la  Bastille.  Son  ardeur  pour  le 
travail  étoit  infatigable.  Tous  les 
jours  il  se  levoit  à  quatre  heures 
du  matin.  Les   deux   premières 
iieures  étoient  employées  à  lire  et 
à   expédier    les   Mémoires    qui 
étoient  toujours  mis  sur  8on«bu* 
reau  ;  c'est  ce  qu'il  appeloit  net-^ 
■loyer  le  tapis*  A  sept  heures  il  se 
rendoit  au  conseil ,  et  passoit  le 
reste  de  la  matinée  chez  le  roi  qui 
lui  donnoit  ses  ordres    sur  les 
différentes  charges  dont  il  étoit 
-fevêtu.  A  midi  il  dînoit.  Après 
dîner  il  donnoit  une  audience  ré- 
glée. Tout  le  monde  y  étoit  admis. 
Les  ecclésiastiques  de  Tune  et  de 
l'autre  Religion  étoient  d'abord 
écoutés.  Les  gens  de  village  et 
-autres  personnes  simples  qui^ap- 
préhendoient   de    l'approcher  , 
avoient  leur  tour  immédiatement 
après.   Les   qualités  étoient  un 
titre  pour  être  expédié  des  der«s 

SUPPL,   Tomt  III. 


Sût       ^ff 

^lefs.  Il  travâilloit  ensuite  ordi» 
nairement  jusquà  l'heure  du  sou- 
per. Dès  qu'elle  étoit  venue,  il 
faisoit  fermer  les  portes.  Il  ou« 
blioit  alors  toutes  les  a/faires ,  et 
se  livroit  aux  doux  plaisirs  de  la 
société  avec  un  petit  nombre  d'a-« 
mis.  n  se  couchoit  tous  les  jours 
à  dix  heures  ;  mais  lorsqu'un  évé-« 
nement  imprévu  a  voit  dérangé 
le  cours  ordinaire  de  ses  occupa-» 
tions,  alors  il  reprenoit  sur  la 
nuit  le  temps  qui  lui  avoit  mwx^ 
que  dans  la  journée.  Telle  fut  la 
vie  qu'il  mena  pendant  tout  la 
temps  de  son  ministère.  Henri 
dans  plusieurs  occasions  ,  loua 
cette  grande  application  au  tra^i 
vail.  Un  jour  qu'il  alla  à  l'arsenal 
oiidemeuroit  Sully ,  il  demanda 
en  entrant  oii étoit  ce  ministre? 
On  lui  répondit  qu'il  étoit  à 
écrire  dans  son  cabinet.  Il  se 
tourna  vers  deux  de  ses  courti« 
sans ,  et  leur  dit  en  niant  :  Ne 
pensiez-^ous  pas  qu'on  aUoU  me 
dire  qu'il  est  à  la  chasse  ou  avec 
des  Dames  ?  Et  une  autre  fois  il 
dit  k  Roquelaure  :  Four  combien 
çoudriezH^ous  mener  cette  vie^là  ? 
La  table  de  ce  sage  ministre  n'é-« 
toit  ordinairement  que  de  dijE 
couverts  :  on  n'y  servoit  que  les 
mets  les  plus  simples  et  les 
moins  recherchés.  On  lui  en  fit 
souvent  des  reproches  ;  il  répon<« 
dit  toujours  par  ces  paroles  d'un 
ancien  :  Si  les  conviés  sont  sages  , 
il  y  en  aura  suffisamment  pour 
eux  ;  s'ils  ne  le  sont  pas ,  je  ma 
passe  sans  peine  de  leur  com^ 
pagnèe.  L'avidité  des  courtisans 
fut  mal  satisfaite  auprès  de  ca 
ministre  :  ils  l'appeloient  le  Né^»^ 
gatif,  et  ils  disoient  que  le  mot 
oui  n'étoit  jamais  dans  sa  bouche* 
Son  maître ,  aussi  bon  économe 
que  lui,  Ven  aimoit  davantage.* 
Avant  le  ministère  de  SuUy ,  plu* 
tie^rj  f onverseurs  et  quelqu«| 


/ 


-    — t  — ^* 


^!4        sut 

grands  seignetirt  levoieht  ie%  itti« 
p6u  à  leur  profit.  Quelquefois  ib 
le  faisoient  de  knr  propre  auto- 
rité ;  d'autres  fois ,  en  vertu  des 
édits  qu'ils  «voient  surpris  par 
intrigue.  Le  comte  de  Soissons 
tenta'd'obtenirdâ  roi,  sous  Tad- 
isinistration  de  ^osni ,  nn  impôt 
de  i5  sous  sur  chaque  ballot  de 
toile  qui  entroit  dans  le  royaume 
ou  qui  en  sortoit.  Suivant  lui ,  cet 
impôt  ne  devoit  se  monter  qu'à 
iO)Ooo  écus,  quoique  Suivant  le 
calcul  de  Satty,  il  dût  en  pro- 
duire près  de  3oo^ooo.  Dans  le 
même  temps ,  des  courtisans  avi^ 
des  tourmentoient  Henri  pour 
obtenir  pins  de  vingt  autres  édits , 
tous  à  la  charge  du  peuple.  Rosni 
alloit  sortir  pour  faire  des  re-« 
tnontrances  sur  des  vexations  si 
odieuses,  lorsqu'il  vit  arriver  cheft 
lui  M^«  d'Entragues ,  alors  mar- 
quise de  Verneuil ,  l'une  des  mat- 
tresses  de  Henri  ÎV,  laquellte 
étoit  intéressée  à  la  réussite  des 
nouveaux  projets.  Sully  ne  lut 
cacha  point  combien  ces  tenta- 
tives continuelles  que  ceux  qui 
«ntouroient  le  roi  faisoient  pour 
dépouiller  le  peuple,  le  révot-^ 
toient.  En  vérité ,  lui  dit-elle , 
ie  Roi  seroit  bien  bon ,  s'il  mé^ 
contentoit  tant  de  gens  de  quù^ 
Iké»  uniqueinent  pour  se  prêtét 
d  vos  idées.  Et  à  qui,  ajouta- 
ft-clle  ^  voudriet-^ous  que  le  Roi 
fU  du  bien,  si  ce  n*est  à  ses 
parens ,  à  ses  courtisans  et  à  ses 
vuiUresses  ?  —  Madame  ,  vous 
attiriez  raison ,  répondit  Rbsni  , 
»ile  Roi  prenoit  cet  argent  dans 
ta  bourse  ;  mais  j  a-A^il  appa^ 
-rençe  qu'il  veuille  le  prendre 
idans  celle  des  Marchands-,  des 
Artisans  ,  des  Laboureurs  et  des 
JPastéurs  ?  Ces  gens^ià  qui  'te 
font  vi¥rt,  et  nous  tous ,  avons 
ussez  d'un  seul  Maître  ,  et  n'a^ 
^^s  ^f  iÊsoiàde  tant  dç  i}nr% 


lisons ,  de  Princes  et  de  MaU 
tresses,,.  Si  Ton  veut  connoitré 
les  vues  de  Sully  pour  le  bon-» 
heur  des  états  et  de  la  France 
en  particulier  ,  qu'on  jette  les 
yeux  sur  le  détail  des  causes  dttla 
ruine  on  de  l'affoiMissement  des 
monarchies.  (Mémoires,  1.  lo.) 
«  Ces  causes ,  dit-il  à  Henri  ÎV, 
sont  les  subsides  outrés ,  les 
monopoles  principalement  snr  le 
blé  ;  le  négligemcnt  <iu  com-« 
merce,  du  trafic^  du  labourage ^ 
des  arts  et  métiers  ;  le  grand  nom^ 
bre  de  charges ,  les  frais  de  ces 
offices  ,  lautorité  excessive  de 
ceux  qui  les  exercent  ;.  les  fVais^ 
tes  longueurs  et  l'iniquité  de  la 
fuslice  ;  Toisiveté ,  le  luxe  et  tout 
ee  qui  y  a  rapport;  la  débauche 
et  la  corruption  des  mœurs  ;  lA 
confàsion  des  conditions  ;  la  va- 
riation dans  la  nohnoie  ;  le» 
guerres  injustes  etimprndentes; 
le  despotisme  des  souverains  ;  leur 
attachement  aVeugle  à  certaines 
personnes  \  leur  prévention  es 
faveur  de  certaines  conditions  , 
ou  de  certaines  professions;  kl 
cupidité  des  ministres  et  des  gens 
en  faveur;  l'avilissement  des  gens 
de  qualité;  le  mépris  et  Fonblî 
des  |ens  de  lettres  ;  la  tolérance 
des  méchantes  coutumes ,  et 
l'in fraction  des  bonnes  lois;  Tat^ 
tachement  opiniâtre  à  des  usagée 
indifférons  ou  abusif»;  lamulti«« 
plicité  des  édits  embarrassans  et 
^%  réglemens  inutiles.  »  II  ajoutât 
«  Si  f  avols  un  principe  à  éta^ 
blrr,  ce  seroit  celui-ci  :  Que  leM 
bonnes  w^aturs  et  les  bonnes  loit 
se  forment  réciproquement.  Mal*' 
heureusement  peur  noua  cet  en** 
(^atnemënt  précieux  des  unes  eC 
des  autres  nenoits  devient  sensi^ 
ble  ,^oe  lorsque  nou»  avons  porté 
au  plus  haut  point  la  corroptioB 
et  les  abus;  en  sorte  ^le  parmi 
i^»  li^aiLSiei  1^  d*0it  t»«}ow  ii. 


s  0  t 

?'  ins  grand  mal  qui  devient  U 
^incipe  du  bien.  »  L'agriculture 
ic[ail  protégea  avec  zèle  ^  luipâ^ 
iK>lssoit  bien  pins    digne  d'être 
encouragée  que  leï  arts  de  Wxt. 
Ces  arts  ne  devoieht  occuper , 
selon  lui ,  que  la  partie  la  moins 
nombreuse  du  peuple.  Ce  ministre 
ipraignoit  que  Tappat  du  gaii^ ,  at« 
^ché  à  ces  sortes  d'ouvrages,  ne 
peuplât  trop  les  villes  aux  dé- 
^ns  des  campagnes ,  et  n'énervât 
insensiblement  la  nation.  Cetiè 
vie  sédentaire  t  disoit-i\  en  par- 
lant dès  manufactures  d'étoffes  ^ 
ne  peutjaire  de  bons  soldats  ;  là 
France  n'est  pas  propre  à  telles 
hahloles^  C'est  pourquoi  il  vouloit 
jque  les  impôts  portassent  pres^ 
que  tout  entiers  Sur  le  lujce.  Henri 
iobjectoit  que  ce  genre  de  taxe 
mécontenteroit  les  grands  sei— 
gneurs.  Ce  sont ,  répondit  Sully  , 
ies  gens  de  Justice  >  Police ,  JFÏ-^ 
,nances  ^  Écriture  et  Bourgeoisie  « 
jgiU  ont  introduit  le  luxe  ;  U  n'y 
^    qu'eux  qui   crieront-»   S'iU   le 
font  il  faudra  les  remettre  à  la 
vie  de  leurs  ancêtres  ,  qui  même 
Chanceliers  -,  premiers  Présidens^ 
Secrétaires  d'affaires  et  plus  re— 
Aevés  Financiers  »  n'àvoient  que 
de  fort  médiocres  logis  ,  des  m£u^ 
hles  très^modestes ,  des  kabiLU'» 
guéris  fort  siaiples  ^  et  he  traU^ 
Soient  leurs  parê/is  et  amis  que 
vhacun  n^apportdt  sa  pièce  sur  sa 
iahle.  -^  J'aiitierois  mieux  ^  ter 
pliqoa  vivement  Hbn&i,  com^ 
battre  le  roi  d'Espagne  dans  trois 
hatàillet  rangées  ,  que  tous  cei 
Oens  de  Juttice ,  de  J^inances  et 
ide    ViUes ,    et  sur -"^  tout  leurs 
fenitnes  et  Filles  ,  que  vous  me 
fêteriez  sur  tes  bras.  Cependant 
le  roi  j  étk  contredisant  son  mi-^ 
Hi^tre  y   eh  connbissoit  tout  lé 
«Mérite.  Au  rçt0ùr  dé. $on  aihbas.^ 
.^de  4'<4ngleterre 9  HenrilKlb 

4^  «9iiff jai»w4gi;«|i(«i^i  f  9|fjh 


sut        5k| 

I 

maftre  des  Ports  et.  Havres  dé 
France  y  et  érigea  la  terre  dm 
SuIly-sur-Loire  ^n  duché  pairiA 
l'an  i6o6.  Sa  faVeur  ne  fùtpoii^ft 
àcbetéç  par  des  flatteries.  Hei^^ 
ri  jy  ayant  eu  la  foiblesse  dé 
faire  une  promesse  de  Jtiariagé 
à  la  marquise  de  VemeuU,  Sully  ^ 
à  qui  ce  prince  la  montra ,  eu( 
le  courage  de  la  déchirer  devai^ 
iùi.  Comment  morbleu  «  dit  le  roi 
en  colère ,  vous  êtes  donc  fou  ^ 
• — Oui,  5iflj?>  répondit  Bêthunb^ 
fe  suis  foui  rnais  je  youdrois  l'étr^ 
si  fort  que  je  le  fusse  tout  seuÈ 
en  France.  Parmi  leis  maux  quià 
causa  à  ce  royaume  la  mort  d^ 
fienri  IV  p  un  des  pln$  grancja 
îùt  la  disgrâce  dé  ce  hdelle  mi<.^ 
histre.  il  fut  obligé  dé  se  retirer 
de  la  coitr  avec  un  doh  de  cent 
iniile  écuSi .  Louis  XÏII  l'y  fit 
tevéi)ir  quelques  années  après  ^ 
pour  lui  demander  des  conseils. 
Les  petits-maîtres  qiii  gduverr* 
noient  le  roi ,  voulurent  donueç 
des  ridicules  à  ce  grand  homme  ^ 
qui  parut  avec  des  habits  et  ded 
hianières  qui  n'étoient  plus  dé 
mode.  SuUy  s'en  appefcevaut  , 
dit  au  i'oi  :  Sire  ,  quaàd  votre 
Père  me  faisolt  honneur  de  m^ 
consulter ,  nous  ne  parlions  d'af-^ 
f dires ,  qu'après  avoir  fait  passe^ 
dans  l'antichambre  les  Baladin^ 
et  les  Bouffons  de  la  Cour,  %x^ 
1634  ^^  ^^^  donna  la  bâton  d^ 
maréchal  de  France ,  en  échangiez 
de  la  charge  dé  grand  maître  ^ê 
^'artillerie  9  dont  il  se  démit  en 
même  temps.  Il  mourut  sept  ians 
après ,  dah^son  châteaii  de  Viil^ 
bon  ,  au  Pays— Chartraia  ,  le  %t 
décembre  1641  9  à  quatre^vingt 
deux  ans  ;  On  lui  a  fait  çet^ 
épitaphe  : 

Sonrerainf  ,  aioreî  ta  cendré 

De  l*lioimme  en  te*  Uettii  ea^bnat  (^ 

Le  premier  »  U  sot  ton»  i|iprett4fi|( 


^i6       sut 


'Sully  8*ëtoit  occupé  dans  la  rt^ 
traite  à  composer  ses  Mémoires , 
qu'il  intitula  :  (Economies  Roya^ 
ùs ,  Amsterdam  9  2  voL  in-folio  ^ 
liuxquels  on  joint  les  tomes  3  et 
^4 ,  raris  ,  1662.  Ces  Mémoires  « 
réimprimés  à  Trévoux  9  en  douze 
,vol.  in- 12  9  sont  écrits  d'une  ma- 
nière très-négligée  ,  sans  ordre , 
lans  liaisons  dans  les  récits  ;  mais 
"on  y  voit  régner  un  air  de  probité 
et  une  naïveté  de  style  qui  ne 
déplaît  point  à  ceux  qui  peuvent 
lire  d'autres  ouvrages  francois  que 
ceux  an  siècle  de  Louis  XI V, 
li'abbé  de  l'Ecluse ,  qui  en  a 
'donné  une  bonne  édition ,  1743  , 
3  vol.  in-4%  et  8  vol.  in-12 ,  les 
Il  mis  dans  un  meilleur  ordre  , 
et  a  fait  parler  à  Béthune  un 
langage  plus  pur.  C'est  im  tableau 
des  règnes  de  Charles  IX,  de 
Henri  III  et  de  Henri  IV,  tracé 

Far  un  homme  d'esprit  pour 
instruction  àes  politiques  et  des 
guerriers.  Béthune  y  paroit  tou- 
joursii  côté  de  Henri,  lje%  amours 
de  ce  prince,  la  jalousie  de  sa 
femme  ,  ses  embarras  domesti- 
ques, les  affaires  publiques,  tout 
y  est  peint  d'une  manière  inté-^ 
cessante.  Sully  rend  compte  lut- 
même  de  la  manière  dont  Hen'-^ 
riiyie  peignoit  à  ses  courtisans. 
f«  Quelques— uns ,  disoit  un  jour 
ce  grand  roi ,  si  bon  juge  dés 
hommes,  se  plaignent  de  Rosni, 
(et  quelquefois  moi-même  )  qu'il 
est  d'une  humeur  rude ,  impa- 
tiente et  contredisante.  On  l'ac*- 
cuse  d'avoir  l'esprit  entreprenant , 
de  présumer  tout  de  ses  opinions 
et  de  ses  actions  ,  et  de  rabaisser 
celles  d'autrui.  Quoique  je  lui 
-^onnoisse  une  partie  de  ces  dé- 
fauts; quoique  je  sois  contraiiitt 
quelquefois  de  lui  tenir  la  main 
%aute,  quand  je  suis  de  mau- 
vaise humeur  ,  qu'il  se  iache  ou 
80  laiâi^  einporter  à  ses  id4e« , 


SUL 

je  ne  laisse  pas  pour  cela  de  M^ 
mer,  de  lui  eîi  passer  beaucoup, 
de  l'estimer  et  de  m'en  bien  et 
très-utilement  servir  ;  parce  que 
véritablement  il  aime  ma  per-< 
sonne ,  qu'il  a  intérêt  à  ce  qa6 
je  vive  ,  et  qu'il  désire  avec  pas- 
sion rhonneur  et  la  grandeur  de 
moi  et  de  mon  royaume.  Je  sais 
aussi  qu'ail  n'a  tien  de  malin  dans 
le  cœur  ;  qu'il  a  l'eâprit  fort  in«* 
dustrieux  et  fort  fertile  en  expé* 
diens;  qu'il  est  grand  ménager 
de  mon  bien ,  homme  fort  ]abo-> 
rieux  et  diligent;  qu'il  essaie  de 
ne  rîen  ignorer  et  de  se  rendre 
capable  de  toutes  sortes  d'affaires 
de  paix  et  de  guerre  ;  qu'il  écrit 
et  parle  assez  bien  ,  d'un  stylé 
qui  me  pkit ,  parce  qu'il  sent  son 
soldat  et  son  homme  d'état.  En- 
lin  ,  il  faut  que  je  vous  avoue 
que ,  malgré  ses  bizarreries  et  ses 
promptitudes ,  je  ne  trouve  per- 
sonne qui  me  console  si  puis^ 
sa  m  ment  que  lui  dans  tous  mes 
difFérens  chagrins.  »  Mémoires 
de  Sully  i  livre  xxvi.  Aussi  et 
prince  lui  écrlvoitun  jour  :  «Mon 
ami  ,  j'achèterois  votre  présence 
de  beaucoup,  car  vous  êtes  le 
seul  à  qui  j'ouvre  mon  cœor.... 
Il  n'y  a  ni  d'amour  ni  de  jalousie, 
c'est  affaire  d'état....  Hàtez-vous! 
venez  ,  venez  ,  venez  ! ....  Ma 
femme,  mes  en  fans,  tout  le  mé- 
nage se  porte  bien  ;  ils  vous  ai- 
meront autant  que  moi,  ou  je  les 
déshériterai.  »  Sully  ëtoit  protes- 
tant ,  et  voulut  toujours  l'être, 
quoiquHl  eût  conseillé  h  Henri 
2  J^  de  se  faire  Catholique.  //  est 
nécessaire  ,  lui  dit— il  ^  que  90us 
soyez  Papiste ,  et  que  je  demeure 
Réformé.  Le  pape  lui  ayant  écrit 
une  lettre  qui  comtnençoit  par 
des  éloges  sur  son  miniptère ,  et 
finissoit  par  le  prier  d'entrer  dans 
la  bonne  voie ,  le  duc  lui  répoo* 
dit)  ilvCUneoessaUdesêm^i 


SUL 

tU  prier  Dieu  pour  la  conferflon 
4e  Sa  Sainteté,  Nous  finirons  est 
article  par  un  parallèle  de  Sully 
et  de  Colhert ,  que  nous  sommes 
éloignés  d'adopter  en  tout,  parce 
que  le  mérite  du  dernier  minis^ 
tre  y  «st  injustement  rabaissé  \ 
niais  celui  de  Rosni  y  paroit  dans 
le  plus  beau  jour.  «  Siilly  ,  dont 
oh  ne  parle  plus  y  étoit  bien 
plus  grand  homme  que  ce  Coll- 
ier t  dont  on  parle  tant.  Sully 
gom'ernoit  Henri  IV;  Colhert 
gouvernoit  Louis  XIV:  mais  avec 
^tte  difFérence  ,  que  Henri  IV 
examinoit  les  décisions  de  Sully , 
et  que  Louis  XJV  croyoit  en 
celles  de  Colbert  ;  et  cette  diflfé- 
rence  est  cause  que  le  hom  de 
Colhert  a  fait  fortune....  Sully 
mit  un  ordre  admirable  dans  les 
finances  ,  dans  un  temps  ou  il 
pouvoit  impunément  en  augmen- 
ter le  désordre  ;  pourvut  à  tous 
les  besoins  ;  amassa  40  millions 
d'argent  comptant.  ColJ>ert  eut 
le  bonheur  de  succéder  à  un 
homme'  peut-être  innocent  9  qu'il 
£t  condamner  comme  coupable  : 
5Ï  ne  pouvoit  mal  faire  ;  le  pro- 
cès de  Fouquet  étoit  un  engage^ 
ment  trop  fort. . . .  Colhert  enri- 
chit le  royaume  ;  Sully  fit  plijs  , 
il  le  "racheta....  Colhert  avoit  Jes 
meilleures  intentions  du  monde  ; 
mais  peu  d'étendue  de  génie ,  peu 
de  connoissances ,  peu  de  goût  : 
ses  premiers  pas  fdrént  (^  faux 
pas  ;  ses  premiers  choir  furent 
ridicules  ;  ses  premières  entre— 
prises  furent  des  fautes  9  et  ses 
dernières  des  vexations*  SuUy 
avoit  des  intentions  aussi  pures , 
«n  esprit  capable  de  tout  em-* 
l)rasser  ,  de  tout  entreprendre  y 
de  tout  finir  ;  trne  droiture  sé- 
vère ,  clairvoyante  ;  beaucoup  de^ 
netteté  dans  les  idées ,  et  malgré 
la  feu  de  son  aizie^  beaucoup  de 


s  U  M        517 

flegme  dans  ses  démarches  :  Il 
faisoit  tout  par  lui-même,  et 
pour  ne  pas  se  tromper  dans  le 
choix  de  ses  confidens ,  n'en  avoit 
point.  On  doit  tenir  compte  à 
Sully  de  tout  le  mal  qu'il  ne  fit 
pas  ,  tant  la  maltôte  italienne  , 
introduite  par  Catherine  de  Mé-^ 
dicis  ,  avoit  jeté  de  trouble  et  de 
confusion  dans  cette  partie  de 
l'administration.  On  peut  repro- 
cher à  Colhert  tout  le  bien  qu'H 
ne  fit  pas ,  tant  il  avoit  de  mo- 
tifs ,  de  lumières ,  de  moyens 
pour  en  faira  Colbert  n'excelioit 
que  dans  les  finances.  Sully  étoit 
un  homme  de  guerre ,  un  homme 
de  lettres  ;  Sully  étoit  un  Ro— 
main.....  SuUy  est  le  plus  homme 
de  bien  qui  se  soit  mêlé  des  fi- 
nances. Colhert  est  le  premier 
homme  d'un  esprit  médiocre  qui 
ait  réussi  dans  "une  science  qui 
demande  de  grandes  vues  ,  et  qui 
conduit  à  d'infiniment  petits  dé- 
tails.... Sully  est  un  modèle  :  sa 
gloire  lui  appartient  9  et  n'appar- 
tient qu'à  lui.  La  gloire  de  Cot». 
bert  appartient  eh  partie  à  SuUy,T»\ 
Louis  XVI  a  fait  faire  sa  statue 

en  1777 Voyez  I.  Cottow. 

Comme  les  Mémoires  de  Sully  ^ 
donnés  par  l'abbé  de  l'Ecluse  , 
en  gagnant  du  côté  du  style ,  ont 
perdtt  du  côté  de  la  fidélité  y 
M.  l'abbé  Bandeau  avoit  annonce 
en  1777  9  ^"^  nouvelle  édition 
du  Texte  original  en  12  voL 
in— 8** ,  avec  d'abondantes  notes  ; 
mais  cette  édition  n'a  pas  été- 
achevée.  L'académie  Françoise  a 
fait  de  Féloge  de  Sully  ,  le  sujet 
de  l'un  de  ses  prix ,  qui  fut  renw 
porté  par  Thomas* 

SUMOROKOF,  (  Alexandre^ 
né  à  Moscow  en  1727 ,  mort  enr 
1777 ,  est  regardé  comme  le  Cor-^ 
neélie  dn  théâtre  Russe.  D'heui^ 

Kk  3 


^i«        s  V  R 

Tenses  dispositions^  nn  esprft na- 
turel et  facile,  des  inanièresagréa' 
W«s  le  firent  aimer  du  comte  im/i- 
Shouvalof ,  qui  le  présenta  à 
l'impératrice  Elizabeth,  L'auteur 
fêté  à  la  cour ,  y  donna ,  à  Tàge 
^e  29  ans ,  sa  tragédie  de  Koref, 
qui  fut  la  première  pièce  drama- 
tique écrite  en  langue  russe.  Su^ 
mon) ko/ Ht  jouer  ensuite  d'autres 
tragédies  et  des  comédies.  ELiza" 
helh  lui  accorda  une  pension ,  et 
le  nomma  directeur  du  théâtre 
de  Pétersbourg,  Catherine  II  lui 
4onna  l'ordre  de  Sie^Anne  et  le 
rang  de  conseillée  d'état.  Peu  de 
poètes  furent  plus  lionorés  et 
jouirent  d'un  sort  aussi  lieureux^ 

.  SURE.^  (Pier^  de)  fils  d'un 
notaire  de  Lyon  ,  se  6t  religieux 
célestin  ^  et  écrivit  la  vie  de  saint 
Pierre  de  Luxembourg ,  imprimée 
k  Avignon.  II  est  mort  à  la  lin  du 
i6*  siècle,  et  fut  contemporaiii 
d'un  autre  çélestin ,  aussi  ms  d'un 
notaire  de  Lyon,  nommé  Fran^ 
fois  de  Larhent ,  qui  travailla  avec 
îes  docteurs  de  Lpuvain,  à  la 
traduction  de  I9  Yulgate  ,  en 
ii55o. 

*SURIAN,  (Jean -Baptiste) 
jabord  prêtre  de  l'Oratoire ,  en- 
suite évoque  dé  Vence ,  naquit  à 
St— Chamas  en  Provence,  le  dix 
septembre  1670.  Il  prêcha  à  la 
cour  deux  Avents  et  deux  Ca-- 
Témes;  et  ses  Sermons  lui  valurent 
]a  mitre  en  1728.  Retiré  dans  son 
petit  diocèse ,  il  n*en  sortit  que 
pour  se  rendre  aux  assemblées 
du  clergé.  Le 'soin  de  son  troupeau 
fut  sa  seule  occupation.  Lorsque 
quelque  paroisse  ae  plaignoît  de 
$on  curé ,  l'indulgent  prélat  ré— 
poiidoit  aux  paysans:  SâUvenez" 
if  DUS  y  mes  enfans ,  que  les  prêtres 
%ç^t  4fis  hommes  ;  votre  curé  $e 


5  u 

Corrigera ,  il  me  ï^a  promis.  ïte^ 
tournez  dans  t^otre  paroisse  ^  e$ 
vivez  en  paix-  On  lui  offrit  d'au-* 
très  sièges  ^ue  le  sien  :  Je  ne  quit-m 
terai  points  répondit  — il  ,  un» 
femme  pauvre  pour  u,ie  Jfemme^ 
riche ^  Il  mena  une  vie  très— fru- 
gale ,  et  quoiqu'il  possédât  ua 
des  évôchés  les  plus  modiques  de 
France ,  il  laissa  aux  pauvres  des. 
épargnes  considérables,  à  sa  mort 
arrivée  le  3  août  en  1754.  C'étoit- 
un  homme  doux  et  tranquille  ^ 
mais  timide.  Malgré  cetbe  timi- 
dité il  montra  du  courage  et  du 
pati  iotisme,  lors  de  l'invasion  des 
Autrichiens  en  Provence.  Un  of- 
ficier ennemi  lui  ayunt  demand» 
combien  il  faudroit  de  temps  ^ 
l'armée  pour  se  rendre  à  Lyon  5 
Je  sais ,  répondit  il,  le  temps  dont 
faurois  besoin  pour  faire  ce  voyam 
ge  »  mais  fignore  celui  quil  fau^ 
droit  à  une  armée  qui  aurait  deS: 
François  à  combattre.  Le  travail 
d'apprendre  par  cœur  lui  coûtoit 
infiniment,  et  cela  seul  lui  aurofl^ 
fait  renoncer  à  la  prédication  ^ 
si  l'espérance  de.  parvenir  par  ce 
moyen  ne  Tavoit  soutenu.  Nous, 
possédons  quelques-uns  de  ses 
Discours  (  entr autres  celui  da 
Petit  nombre  des  Elus  ,  qui»  est 
son  chef-d'œuvre)  dans  le  Re-% 
cueil  des  Sermons  choisis  pour  let. 
jours  de  Carême,  Liège,  1738^ 
a  vol,  in-i2;  et  on  a  imprimé  eu 
1778,  in— 1 1 ,  son  Petit  Carêm£  ^ 
prêché, en  1719-  Son  éloquence, 
dit  M,d'Alembert  (qui  lui  succéda 
à  l'académie  )  fut  touchante  et 
sans  art  9  comme  la  religion  et 
là  vérités  II  fut  comparé  à  Mas^ 
sillon  son  coniTrère;  mais  son  style 
est  moins  pénétrant  et  nioins  pa.^ 
thé  tique» 

SURUGtJE ,  (Louis)  paveur 
Parisien,  né  ett.  1686,^  et  9101^ 


Sur 

« 

%n  f  761  ;  et  Pierre-Ttouis  son  fils^ 
Hé  en  1717  ,  et  mort  en  1772  ^ 
erit  été  deux  artistes  habiles  qui 
ont  gravé  d'après  les  meilleari 
Édaîtres. 

StJRViLLE  ,  (Marguerite- 
]È!éonore  -  Clotilde  -  de  -  Vallon-* 
Chalys  de)  née  à  Vallon ,  cbàteaq 
du   Bas- Vivarais  ^  sur   la  rive 
gauche  de  FArdèche ,  en  i^oâ  j 
•ut  pour  mère   Pulchérie -^  dc-^ 
Way-CoUan ,  connue  par  son  es<* 
prit  à  la  cour  de  Gaslon-Phébiu , 
comte  de  Foix  et  de  Bearn  ^  et 
qui  inspira  à  sa  fille  le  goût  de 
la  poésie  et  des  occupations  lit- 
téraires. Celle-ci,  dès  lage  de 
t>nzé  ans  9  traduisit  en  vers  une 
Ode  de  Pétrarque  ,  avec  tant  de 
grâces  9  qiie  Christine  de  Pisan 
s'écria  y  après  l'avoir  lue  :  Il  me 
jfitut  céder  à  cet  Enfant  tous  mes 
4foits  au  Sceptre  du  Parnasse^ 
Clotilde  aima  Berenger  de  Sur^ 
viUe  i  beau ,  bien  fait ,  aimable  , 
et  Vépoti sa  en  1421.  Ce  dernier, 
Ibrcé  d'aller    rejoindre  Charles 
y II  au  Pi^*-en— Vélay ,  ne  se 
sépara  point  sans  douleur  de  Té- 
pouse  à  laquelle  ii  venoit  des  unir; 
et  Clotilde  célébra  la  sienne  dans 
une  héroSde  datée  de  1 422 .  et  ^ui 
est  uu  modèle  de  sensibilité  ,  de 
grâces  ^  et  d'une  élégance  de  style 
bien  extraordinaire  pour  leteipps. 
Le  poète  Alain  Charlier  n'en  cri- 
tiqua pas  moins  cette  pièce ,  et 
|)ublia  son  jugement  dans  un  re- 
cueil intitulé  :  Fleurs  de  belle 
Hhétorique,  IMad.  *de  Surville  y 
répondit  par  des  Rondeaux  ma- 
lins, qui  mirent  les  rieurs  de  son 
§arti.  Elle  entreprit  al  ors  un  grand 
'ôërne  sous  le  titre  de  Lygdamir, 
et  un  Roman  héroïque  et  pas- 
toral ,  appelé  le  Châtel  d'Amour. 
L'un   et  l'autfe  n'ont  point  été 
f  ïlbJléj^ ,   %X  se  sont  perdus  ao^ 


Is  u  R       f  19 

Milieu  ides  ravagea  des  guerres 
civiles.  Lèa  Poésies  légères  4m 
Clo^lde  avoient  été  admirées  pat 
Charles  duc  d'Orléans  ^  que  l'abbé 
Sallier  a  présenté  comme  l'uit 
des  meilleurs  poètes  du  siècle  où 
il  vécut.  Le  duo  les  fit  eonaoîtra 
à  la  reine  Marguerite  dllcosse  ^ 
et  celle-ci ,  voyant  que  dàtildê 
ne  vouloit  point  céder  à  set  ins^ 
tances  ,   en  quittant  sa  retraita» 
dans  le  Vivarais  peur  la  oour  9 
lui  envoya  une  couronne  de  lau«« 
rier  artificielle  9  surmontée  de 
dou2e  marguerites  à  boutons  d'or 
et  à  feuilles  d-argent  9  aveo  cett» 
devise  faisant  allusion  au  nom  dd 
Mad.  de  Surville  :  «  Marguerite 
d'Ecosse  à  Marguerite  d'Héli-^ 
oon.  »  Celle— ci  mourutlii  plu» 
de  quatre-vingt-dix  ans,  pius^ 
qu'elle  chanta  en  1453  la  victoire 
reipjsortée  à  Fornoue  par  Char^ 
lesf^IIL  La  date  de  sa  mort  est 
incertaine  j   on   sait  seulement 
qu'elle  fàf^nhumée  à  Vessaux  ^ 
àans  la  même  tombe  qui  renfer-^ 
moit  déjà  lés  cehdres  dé  son  fila 
et  de  sa  belle-fille ,  qu'elle  a  cé-« 
lébré«  dans  ses  vers.  Let  poéiiea 
de  Clotilde  offirent  l'entrelace*- 
ftient  des  rimes  mascuiilies  et  fé« 
Uiinines ,  règle  À  laquelle  Miarût^ 
qui  vécut  cent  ans  nprés  elle» 
ne  se  conforma  jéitMis  ^  mais  qui 
paroit  cependant  avoir  été  suivie 
par  éei  poètes  plus  anciens ,  telt 
que  Henri  de  Cf^ie  «et  Jean-  Mo^ 
linet.  La  naïveté ,  h  vérité  idea 
senti  mens  ,  la  propriété  des  ex«- 
pressions ,  la  liaison  toujours  na^ 
tureile  des  idées,  beViUefOup  d'a^ 
'  dresse  dans  ^s  tr«RSitio)%«  ;  voilà 
ce  qui  frappe  le  plus  dans  c«i» 
poésiies  ;  et  l'on  nêaerà  pas  fàchè 
de  trouver  ici  lés  Louanges  ^iff 
Jeanne  de  Vallon  j  descendante 
de  doiilde ,  et  qui  vivoit  dan  i^  Je 
17*  fièéh  ,  leur  a  dohttées  :  «  S'il 


. a.  .  ^fc. 


ti6       SUR 

•st  vrai ,  dit*  elle ,  que  le  gôftt 
•ODsiste  principalement  à  ne  point 
^  faire  entrc^choqpier  le  style  et  le 
*  injet ,  les  conlears  et  les  genres  ; 
h  marier  avec  art ,  mais  sans  que 
fart  y  paroisse ,  des  fleurs  de  tous 
les  pays  et  de  toutet  les  saisons; 
m  savoir  quand  il  faut  prendre 
Tol ,  ralentir ,  tournoyer  9  s'arrè- 
feer  enfin  ou  s'étendre  y  et  sans 
pour  ce  épuiser  la  mine ,  extraire 
de  l'or  on  des  diamans  d'un  ter-« 
rain  dédaigné  du  vulgaire  ;  en  un 
Biot  y  mfec  la  simple  émaillnre  des 
champs ,  simuler  quelquefois  Fé» 
dat  et  la  fraîcheur  des  roses  de 
Fantiquité  ;  certes  ,  ou  )e  me 
trompe  fort ,  ou  ce  goût ,  tant 
de  fois  outragé  ,  fut  le  partage 
de  ma  ClotiUe*  Elle  n'a  point  de 
ces  éclairs  qui  d'abord  éblouis— 
,  aent  d'une  lueur  blafarde ,  et  na 
4bnt  que  replonger  plus  triste^ 
ment  dans  une  obscurité  pro- 
fonde ;  c'est  un  jour  pur  et  doux , 
a  propos  éclatant  ,  %)ais  d'un 
éclat  ami  de  la  vue  ,  et  qui  sait 
récréer  les  yeux  sans  les  fati- 
guer. »  Les  poésies  de  CLotilde 
n'ont  été  publiées  qu  en  l'an  11, 
par  M.  Wanderhourg  ,  en  un  vol. 
in  -  S**  9  précédé  d'un  Discours 
très-bien  écrit  sur  la  vie  et  les 
ouvrages  de  Clotilde»  On  doit  le 
Recueil  de  ceux  — ci  à  Joseph^ 
Etienne  de  SurviUe  ,  descendant 
de  ClotUde  ,  qui  fit  avec  distinc»* 
lion  la  guerre  de  Corse  et  d'A»- 
nériqne ,  émigra  sous  le  règne 
de  la  terreur ,  rentra  en  France , 
y  fut  reconnu  et  fusillé  au  Puy- 
cn-Vélay  le  27  vendémiaire  de 
l'an  7.  Ce  dernier  9  fouillant  dans 
ses  archives  en  1782  ,  aidé  d'un 
feudiste,  trouva  par  hasard  le 
manuscrit  de  son  aïeule.  U  l'em- 
porta en  Suisse  y  et  s'occupa  de. 
sa  publication  9  qui  n'a  pu  avoir, 
lieu  que  quelques  années  après 
la  mort 


SUT 

8UTE1ÏSTE,  (Matfliîettî 
Anglois  y  doyen  d'Excester ,  a  pa^ 
blié  plusieurs  Ecrits  de  théologie,- 
parmi  lesquels  ses  compatriotes 
distinguèrent  un  Traité  sur  la 
discipline  ecclésiastique  ^  l«on- 
dres  y  1 5  9 1  ,  in**  4.®  L'auteur 
mourut  quelque  temps  après  la 
publication  de  cet  ouvrage. 

L  SUTTON  ,  (Thomas)  cé^ 
lèbre  philantrope  Anglois  ,  na» 
quit  en  153%  ,  dans  le  comté  de 
Lincoln,  et  mourut  à  Hackney 
en  161 1.  Il  se  destina  d'abord 
aux  fonctions  du  barreau  \  il 
voyagea  ensuite  dans  diverses 
contrées  de  l'Europe  9  et  y  a^H 
prit  le  françois  y  le  holléndois  et 
l'espagnol.  De  retour  dans  sa  pa- 
trie ,  il  acheta  de  l'évéque ,  dé 
Duxham  des  terres  considérables 
ôii  il  découvrit  des  mines  de  char« 
bon  de  terre,  qu'il  fit  exploiter ^ 
et  qui  lui  rehdifent  un  profit 
immense.  StUton  contracta  en 
outre  un  riche  mariage,  et  réus- 
sit dans  toutes  ses  opérations 
commerciales.  A  la  mort  de  son 
épouse,  se  trouvant  sans  enfant, 
il  se  retira  dans  une  solitude  pro- 
fonde ,  et  employa  sa.  fortune, 
en  1 6 1 1 ,  à  fonder  en  faveur  des 
iniflgens  et  des  enfans  délaissés , 
le  superbe  hôpital  de  Charter^ 
Hoitsse. 

II.  SUTTON,  (Samuel)' né 
à  Alfreton,  mort  à  Londres  en 
17 Si,  Servit,  dans  sa  jeunesse^ 
sous  le  duc  de  Marlehorough , 
et  établit  ensuite  un  café  à  Lon- 
dres. Eu  1740  ,  il  inventa  une 
méthode  simple  de  désinfecter  lefr 
vaisseaux  et  de  les  purger  de  tout 
mauvais  air ,  par  des  tuyaux  de- 
communication  avec  le  feu  de» 
cuisines.  Le  médecin  Méad  fa- 
vorisa cette  invention ,  dont  l'u- 
tilité fut  surpassée  par  celle  dea 
ventilateurs  de  Haies. 


s  W  A 

SUWAROW  ,  Voyez  So  u- 

VAROW. 

SWANEFELD,  (Hermàn) 
peintre  Flamand,  né  en  1620  , 
mort  en  1680,  fut  disciple.de 
Gérard^Dow  et  de  Claude  Lor~ 
rain.  Il  exceîloit  à  peindre  les 
fuines  et  les  lieux  déserts.  On  le 
vit  long-temps  ne  parconrir  dans 
le  voisinage  de  Home ,  que  les 
«ndroits  escarpé^et  solitaires ,  ce 
-qui  le  fit  surnommer  le  Peintre^ 
Hermite.Ses  Tableaux  sont  très- 
recherchés. 

SWEYNHEIM,  (Conrad) 
Voyez  1?A^  Vf  ART  z. 

IL  SWIFT,  (Dean)  au- 
teur Anglois,  mort  en  1783  à 
Worcester ,  a  publié  un  Essai 
sur  la  vie  et  les  écrits  de  Jona<^ 
ihan  Swift, 

SWiNTON  ;  (  Jean  )  né  en 
'1 703  ,  mort  en  1 777 ,  fut  d'abord 
chapelain  de  la  Factoterie  An- 
gloise  à  Xivourne  ,  et  ensuite 
archiviste  de  l'université  d'Ox- 
ford. C'est  l'un  des  auteurs  de 
VHistoire  universelle ,  publiée  en 
Angleterre.  Il  a  publié ,  en  ou- 
tre ,  i«n  grand  nombre  de  DiS" 
serlaUons  sur  l'histoire  et  le*  an- 
tiquités de  sa  patrie. 

SYAGRIA ,  dame  Lyonnoise, 
fille  d'un  personnage  consulaire , 
s'illustra  dans  sa  patrie ,  au  cin- 
quième siècle  ,  par  ses  lumières 
et  Sa  piété.  Les  poëtes  et  les  his- 
toriens de  son  temps  en  ont  fait 
l'éloge. 

IL  SYDENHAM  ,  (  Floyer  ) 
ïîé  en  1710,  étudia  à  Oxford  et 
s'y  rendit  célèbre  dahs  la  con— 
noissance  de  la  langue  grecque. 
H  a  traduit  les  Œuvres  de  Platon, 
Son-  savoir  ne  le  tira  pas  de  l'in-^ 


s  Y  L         çxi 

dîgence  :  arrêté  pour  dettes  con-^ 
.tractées  chez  un  traiteur  qiii  !• 
nourrissoit ,  il  mourut  en  prison 
en  1788.  Le  triste  sort  de  Syde*^ 
nham  a  donné  lieu ,  en  Angleterre, 
à  une  fondation  en  faveur  deii 
gens  de  lettres  réduits  à  manquer 
d'alimens. 

»  SYDER,  (Daniel)  peintre, 
né  à  Vienne  en  Autriche  en  1 647  ^ 
mort  a  Rome  oii  il  avoit  fixé  son 
séjour,  vers  1699  ,  excella  dans 
son  art.  Le  duc  de  Savoie  l'ano- 
blit, le  décora  de  son  ordre  et 
le  retint  long-temps  à  sa  cour. 

IV,  SYLVIUS ,  îLambert) 
^u  Vandbn  Bosch  ,  ou  du  Bois  , 
écrivain  Hollandois ,  né  vers  l'an 
1 6 10  à  Dordrecht ,  mort  vers  l'an 
1688 ,  a  donné  un  grand  nombre 
d'ouvrages ,  plutôt  dictés  par  la 
fkim  que  par  le  désir  d'être  utile  = 
ils  sont  tous  en  langue  fiamande. 
Les  principaux  sont  :  I.  Théâtre 
des  Hommes  illustres  «  etc.  Ams- 
terdam, 1660,  deux.  vol.  in*-4.* 
1 1.  Histoire  de  notre  Temps  , 
depuis  1667  jusqu'en  1687 ,  Ams- 
terdam. C'est  une  continuation 
de  l'Histoire  de  Léon^van-Ait-^ 
zema  ,  mais  fhférieure  à  celle-ci. 
Bernard  Coflerus ,  protestant ,  a 
relevé  bien  des  fautes  de  Sylvius  » 
qui  décèlent  l'homme  crédule  , 
plein  de  passion  et  même  de  ma* 
lignite.  III.  La  Vie  des  Héros 
qui  se  sont  distingués  sur  la  Mer, 
in-4^  avec  figures.  Il  a  encore 
publié  quantité  de  Tragédies  « 
Pièces  de  vers  ,  etc. 

V.  SYLVIUS  ,  (François  de 
LE  BoE  )  né  à  Hanau  dans  la^ 
Vétéravie  ,  en  1 6 1 4  ,  pratiqua 
la  médecine  avec  succès  en  Hol- 
lande, et  enseigna  cette  science 
à  Leyde.  La  circulation  du  sang  ^ 
publiée  pax  GuiUaum&  Harvée  , 


51»      irx      '^ 

iusott  alort  beaucoup  â«  bnut  t 
Sylvius  la  démontrU  le  premier 
dans  oette  VAiversité ,  par  dea 
preuves  incontestables.  Il  mit  en 
téputation  par  W6%  leçons  et  ses 
expériences ,  la  chimie ,  qui  avoit 
été  Di^ligée  jusqu'alors ,  et  mou- 
rut à  la  Haye  le  14  novembre 
1672.  On  a  une  collection  de  sea 
,Œwref,  Amsttrdajn^  Muvir^ 


^- 


StYf 


1^79,  în-40;  et  Venise,  xpÉ^ 
in-folio. 

SYNGE,  (Edouard)  tbéo1(H 
gien  Angloib  ^  né  en  1659  ,  déni 
vint  archevêque  de  Tuam  ea 
17  41.  Il  est  auteur  de  4  vol 
in— 12 ,  qui  renferment  plusieurs 
Ecrits  estimés  sur  la  morale  et 
la  conduite  de  la  vie  civile. 


't^  éb^  Tome  imsi^c  du  ^  SuppUmtnt.