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QUATRIÈME SUPPLÉMENT
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DICTIONNAIRE
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TOME TROISIÈME.
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Miài Galha, Otho, VitûUîus, n^ùhenefieiot fuc injuria Cùgniti,
Tagit, ffist. Bb. i. J 1/ . ' ^ • .
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NOUVEAU
DICTIONNAIRE
HISTORIQUE,
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Histoire ABRécéE de tous les Hommes qui se sont
fait un nom par des talens , des vertus , des forfaits ^
des erreurs , etc. , depuis le commencement du monds
jusqu'à nos jours ; dans laquelle on exposet avec
impartialité ce que les Écrivains les plus judicieux ont
pensé sur le caractère , les moeurs et les ouvrages des
Hommes célèbres dans tous les genres ;
Avec d^s TahUs chronologiques , pour réduire en corps (^histoire
la articles répandus dans ce Dictionnaire.
Par L. M. Chaudon et F. A. Delandine.
Supplément à tontes les précédentes Éuitio^S dn Dictionnaire
Historique par une société <3e Gens de Lettres.
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TOME DOUZIÈME.
jt LYON,
C.h« Brutset xtvi et B^tmamb^
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Nouveau
Dictionnaire
Historique.
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qUAtRlÈME SUPPLÉMENT.
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M A A S ^ ( Nicolas > ^ peiiitr^
Holiandois, très«-b6ii coloriste,
àaquit à Dort en i63x , et tnou-*
rot à Amsterdam en ^693» Oh
B de lui 9 plus de ,pdrtrilitf amb
k tableaux de cabinet.
, ♦ liiABLTf , { rabbé ïonnot
<ie ) né à Grenoble , en mari
^709 , et mort le z3 avHl 1785 ,
ï 76 ani, était frère /aine de
l'abbé de CondULac. Il 5t ses pre-
mières études, chez les Jëçuites ,
ji Lydà 9 et fut attaché dans sa
jeunesse au #kffdinal de Tencin ,
$on parent : il if eut d'ordre! dans
iéglUe ç(ue le sous * diaconat
livré tout entier aux lettres , û
M fit jamais un pas vers la for«
tnne ni vers les Honneurs , même
littéraires. Il se dtsoit plus jalon k
<]é niériter féstiniie générale qùa
|e l'obtenir. Il 8*ést contenté
lon^;- temps dé mille écâs de
^ente $ il avoit dé plds ttne pen*
lion Viagère ^ui hit étott échue
dans les parta^çe^ de sa famille-;
nais à la mori dé so^ fi^ère ëînè^
il l'abandonna à ses pàrens. La
^ur le dédommagea de cette pri-
^tioD générèiise , phr unie pen»
sion de 2,800 livres demandée çt
obtenue à son insçit par un de set
amis. 5a santé, devenue mauvaise
dans le» dernières années de sa
vie, exigeoit plus de soins et une
aùgrâentation de dépense. Mai!*}
voyant que ses , économies an-
nuelles , dont il ibrmoit uik fondi
destiné pour un domestiqua at«
tâché à lui depuis léng-temps ,
et pour lequel il avoit déjà placé
iiiille écus ,- ne poii voient pas
suffire à remplir ses vues^ et se
sentant dépérir , il s'ëtoit retraUr
cHé sur la fin de ses jours le ^e—
coufs d'une chaise à porteurs. H
a laissé ,' eh modraht , à ce doV
ihestique , une somme de quatre
mille livres j lé montaitt à peu
près de sa succession. Se» ou—
vragei , qui ont fiait la( fortuné
des libraire» , n'ont , en aucune
manière , contribué à airgmenter
la sienne ; il se contento.it , pour
tootct rétribution , d'un petit nom«
bre d'exemplaires qu'il distribuoit
À ses amis. Le bruit avoit courit
qu on lui proposeroit réducattorl
de l'héritier d'une grande monar**
cbié ; il dit hautement que la
base de ses leçons , s'eroit celle*
ci : Làs Rois iCfnt fuits pouit Ui '
Peuples ; et non les Fetifks pQ^r^
A
1 M A B
les Rois, n aimoit à répéter, cet
adage de Leibnitz : Le temps pré-
sent est gros de Vavenir. Il con^
noissoit si bien l'un ^ qu'il devina-
aouvent Tautre. La liberté des
colonies Angloises", les change—
mens arrivés^ à Genève et en
Hollande , furent prédits par lui ,
tant il connoissoit les ét^ts et les
hommes. Cette expérience mo-
rale et politique lui donnoit quel-
quefois de l'humeur ; ses amis
lui en faisoient des reproches ^ et
Ta^ppeloient quelquefois , PrO"-
phète de malheur, — IL est vrai ,
répondoit-il, que je connais assez
les hommes , pour ne pas espérer
facilement le bien. Il annonça ,
dans l'un de ses derniers ou-
vrages , que le déficit des fmances
en France , amèneroit des im-
pots désastreux ; que pour les
établir , les parlemens deman-
deroient les états généraux ^ et
qu'alors naîtroit une révolution
dans le gouvernement. On sait
combien cette prédiction a été
justifiée. Ses principaux ouvrages
sont : I. Parallèle des "Romains
et des François , 1740 , 1 vol.
in— 12. \h Lêô Droit public de
l'Europe, ^Tjl^^ 3 vol. in— 12,
IlL Observations sur lès Grecs ,-
in- 12. IV» Observations s tir les
Romains , 2 vol. in- 12. Les imes
et les autres sont profondément
pensées 9 bien liées , remplies de
vues fines et de conjectures heu^
reus^. (Fpy.GRACCHUS.) W.Des
Principes des négociations , 1767,
in-i 2. VL Entretiens de Phocion
sur le rapport de la Morale avec
la Politique , itwi 2. La Société
économique de Berne , à qui cet
ouvrage excellent parut le^code
des Etats libres 9 lui adjugea le
prix qu*elle distribue annuelld^
ment. L'auteur y donne avec pré-
cision et même avec agrément ,
«les ildée* salues etiiimineuses de
M A B
là vertu patriotique et des devoirs
qui attachent l'état aux citoyens,
et les citoyens à l'état. Ce livra
rendit l'abbé de Ma^ly sirecom-
mandable , que les Polonols et
les Américains eurent recours à
ses lumières ; et les Hollandois
mêmes reçurent de lui des con-
seils ttop judicieux pour être
écoutés dans des temps de trou-
ble. Les Américains cependant ne
conservèrent pas toujours leurs
sentiniens de déférenc€| pour cet
écrivain philosophe : voici, ce
qu'on lit dans le Mercure de
France de janvier 1785 : « Le
dernier ouvrage de M. l'abbé de
Mahîy f sur les Constitutions des
Etats— Unis de l'Amérique , a ré-
'volté les Américains contre cet
estimable écrivain. Dans plu-
sieurs Etats , on l'a pendu en
effigie , comme ennemi de la U^
birté et de la tolérance , et sou
livre a été traîné dans la boue.
Ce traitemetit qui pourra paroi—
tre plus honteux encore pour
ceux qui l'ont infligé , que pour
celui qui en est l'objet , prouve
du moins que les Américains
n'aiment pas qu'on leur donne
des avis. » VU., Observations sur
l'Histoire de France, 1765 , deux
vol. in- 12. VIII. Observations sur
r Histoire de la Grèce , .1 7.6 6 ,
in- 12. IX. Entretiens sur l'His-^
taire , ijj-t2. On y trouve dei
réflexions judicieuses, des obser-
vations bien faites , une grande
connoissance des historiens an<*
ciens et modernes. Mais il déw
prime peut— être trop ceux-ci ,
et exalte trop les autres. Il pen-
soit que les peuples d'aujourd'hui
pouvoient se gouverner par lei
principes des républiques Grec-*
que et Romaine. Mais étranger
aux Etats libres par sa patrie y
par son état , par son éducation y
il est tombé peuj^âcre dans le^
MAC
défauts oà'tomberoit tin répu-
blicain assez hardi pour dicter
la constitution des royanmes. On
ne doit cependant pas le con-
fondre avec ces déclamateurs
ignorans , qui n'écrivent sur la
liberté qu'avec le transport an
cerveau , et qui prennent pour
de l'éloquence 9 les effervescences
d'une tète exaltée. Le style de
Fabbé de Mahly est clair , cor-
rect , quelquefois élégant , mais
un peu froid. Il fut accusé d'a-
voir adopté le système des phi-
losophes du siècle , et cette opi-
nion s'accrut dans quelques es-
prits, par la censure que fit la
Sorbonne , d'un de ses Livres.
La manière dont il termina sa
vie , en recevant tous les sacre-
mens, et sa haine pour Vol-*
taire , semblent prouver qu'il ne
pensoit pas en tout comme les
sages modernes. L'abbé Brizard
a publié un éloge très— bien écrit
de ce publiciste , qui se lit en
tète d'une collection des œuvres
de celui — ci , faite à Paris en
1754, douze vol. in — 8° ; son
portrait a été gravé en 179a
par Alix,
MACÉDONIA, (Camille)
dame de Sicile , sauva par son
courage la vie à son frère investi
par des assassins. £Ue fondit sur*
eux avec une demi-pique , et les
mit en faite. Elle ne se distingua
pas moins par son esprit ; les
poètes de sa patrie la célébrèrent
dans leurs chants , et ont con-
sacré son souvenir.
MACHiETA, vieille féromo
de Macédoine , demandoit justice
à Philippe père d'Alexandre, Ce
Jïrince sortoit d'un festin splen-
dide , et s'endormit en l'écoutant.
A son réveil 9 il n'en condamna
pas moins Mackœta. Celle-ci ,
#aas s'étonner }luiannonça ^'elle
MAC f
appeloit du jugement. A quidonc^
reprit le monarque, -^'e/i ap^
pelle, dit-elle, de Philippe ivr0
et endormi, à Philippe à jeun eC
éveillé. Le roi ^ loin de s'offensec
de sa hardiesse , s'empressa dei
lui accorder sa demande.
MACHAM, (Robert) xii
sous le règne d'Edouard III roi
d'Angleterre , conçut une vivo
passion pour Anne Dorsel; mais
n'ayant pu Toiitenir de ses parens^
il l'enleva 9 et gagna un vaisseau
qui l'attendoit. L'ancre fut levée
aussitôt , et l'amant ordonna do
faire voile vers les côtes da
France ; une tempête horrible
étant survenue , le vaisseau s#
perdit sur l'immensité de l'Océan.
11 vogua treize jours sans trouver
de rivage ; enfin , le quatorzième
au matin il aborda à une isle dé-
serte, mais agréable , où la beauté
du. ciel , la douceur du climat ^
l'abondance des fruits 9 l'invitè-
rent à fixer son séjour avec sa
compagne. Telle fut l'événement
auquel on dut la découverte de
l'isle de Madère. Qtielques— uns
des compagnons de Macham ,
s'étant embarqués de nouveau 9
échouèrent sur le rivage de Ma-
roc y et furent faits prisonniers.
Ils racontèrent leur aventure à
un Espagnol de Séville nommé
Jean de Morales, Celui-ci , da
retour dans sa patrie , instruit de
la situation de Tisle et des signca
qui dévoient la faire reconnoître^
proposa h quelques-uns de sea
compatriotes de l'aller chercher ^
et la trouva. Macham et son;
épouse n'existoient pli|S 9 et ils
avoient été inhumés dans la giéra^
ifbsse au pied d'un grand arbre.
MACHARTI , (N...) mort
vers 1740, a laissé an théâtre
italien , Arlequin Pbaétorf , •7'*'
préMilté en lyi&k
Ai
/
4 R< A C
: IV. MACHÀtrtt , (N.^ <ie>
Soi nommé contrôleur général
çn 174S 9 et pàrnt vouloir mettre
de l'orlire dan^ les finances. Pour
■jf parvenir , il voulut fairef taxer
|)lus fortement le clergé , et or-
donna qu'il donneroit un état de
tés breils , ftfin qné le rOi pût voir
c^ que ce corps pt>s^édoit , et de
^li'il pouvait fournir au gottvër-
ftemi?nt. Cette entreprise déplae
«h clergé ; qui rèffUéâ ce qn'àn
foi tfemaridoit , et lé ministre fut
ifbVï^é deTabândonnet. Jtf/icAat//^
jiassâ , en f 734, du ministère dès
iîliantJes à céitii dfe lit marine , et
quoiqu'il fut natureftémcn£ fier
et à*ùn dbofâ glacial , iF parut
letôir chàiïgié de càrtfclièré. Il afc-
ctièîiht Ibs ofatittrar efvec bonté ,
ëi rtlontra* du zpïe et dé brthneè
fttés pour* lé téiaBïissement <ïé
iios escadres. Sfesr services rfem—
Jé'chfereht point éâ disgrâce. Il
fut èyllïî ^âr des intrigués dte'
ébuf lef 2 février tj^^ et taOu-
rtit quelque tâmjps après.
* IVrACfflAVEL, ( Nicolas )
lartleux politique , ttaqitît a Flo-
rence en mai 1469 , d'une famille
«ioble et patricienne , hônofé^e
<fes préîiiières dignités de la' fé-'
publique, n se disthiguà de bonne
nexiYè dans la carrière des let-
trés , è£ réussit assez darrs le"
genre comique : ïe pape Léon JL,
protecteur de tous les talens ,
ât représenter stes pièces sur ïê
lîiéâfre de Kom'e. Machiavel étoit
d'un caractère inquiet et r©-'
ihuant : it fut a^ciisé d^avoit etr
âart à là dbnjuration de Sàderini
eôntré les' Mé'dïct's : on le mit à'
iaquestib^n, nvais il n'avoua rien;
l<es éloge» qiVi) prodigaoit à
BrutUiS et à Cafsins ,. le firent
^jjççootter d^ayotr trempé dan$
j-, i^ '^tre conspiration . coi»|ve
^i^dkcu , depu3 pape
MAC
soiis le nom de Clément Vit }
mais comme ces soupçons étoient
ctestitués de preuves ^ on le laissa
tranquille. Il n aimoit pas là piiis^
sance pontificale. Le cardinal dtf
Ilouen ayant dit devant lui , qu6
les Italiens n entendoient rien au
métier de la guerre; les lË'raa^
çoU , lui répondit Machiavel ^
n^enlendoicnL pas davantage aujt
affaires d'état , puisqu Us laissent
tant saccrùîlre la puissance du
pape. La république de Florence f,
instruite de ses connoissanoes ent
histoire et en politique , le choi-.
sit pour son secrétaire et pouif.
son histotiogpaplie. Après s'êtrei
retiré des affaires , il mourut dan»,
une honorable pauvreté. L'opimxz
que les médecins lui avoient près-*
crit ^ mais dont il prit une tropr
forte dose 9 termina ses jours.
Biaet dit 9 qu avant de rendra
l'esprît , il fit part d'une visiont
qu'il avoit eue. H avbit vu d'un
côté mi tas de pauvres gens ^ dé-*
chirés 9 affamés , contrefaits ; et
on lui dit que c'étoient les ha-<'
bitans. du Paradis. Il entrevit , d«
l'aiitre , Platon , Sénèque , Plu^ '
tarque, Taeite, et d'autres écri-»
^aiil^ de ce geiïré ; et on lui dit
<iue d'étoient les damnés; Il ré-
pondit : « Qu'il aimoit mieu*
être en enfer avec ces grands es-
prits j pour traiter al^ec eux d'af-'
fairés d*état , que d'être avec le»
bienhenreux q;u'on lui âVoit fait
Voir. >» Peu de teiijpS après il
rendit rdrae. Mais ce conte est
ttn roman , fait poUf dolitler un^
idée- de la façoiy de p«nser do
Machiavel , ou du moins de c«
^n'oH croyoit être sa façon d«
penser. Il mourut pi^esque à la
veille de la grande révolte dei
Florentins contre Clément VI ^
beureipc de n'avoir pas été témoia
4és maux crueU de sa patrie ^
d«nt il aûroit au une bonne part f
M 4 C
p^mme attaché jiux Médicis, K'H
aroit des partisanes à FJorence ^
il ayoit ejicore plus d*eiineniis ,
parce qu'il ne cachoit paf asse^
\à scipériorUç d9 son esprit , ç^
ne ixiod^roit point la causticitç
de son caractère. Il exerçoit it
censure sur les grandes et les
petite$ choses ; i} ne YO.ulpit rien
devoir à la religion, et la pros*
friyoit même. On a de lui, plu-
Meur< ouvrage? en vers et eji
prose. Cen::^ du premier genre
doivent être regardés, pour I4
plupart , comme des fruits emr
poisonoés d'^ne jennesse peu rég-
ulée. L'auteur ne manque ni cFi-r
jpagination ni de facilité, nid'ar
grément ; rpais jl ne respecte pap
asse? la pudei)r« Les principau;^
|Ont : L X/Anc d'or , à l'imita-
tion de JLiicUi^ et à^ Apulée, IL JBelr
fhé^or , qqe la Fontaine a imité
et surpassé» IlL Quel<jue§ petits
Foëmes , les uns^ ipor^ux , le^
antres histori^i^s. Ses producr
tions en pro§e çont : 1. Deux
Comédies : la première , intitulée
2a Mandra^or^ , est ime de^
meilleures qui aient été faites de
ton teonps/, J, B» Jious^çau , danp
sa jeunes^e , jk trouva si piquante
Quil en fit luic trflductiqn libre |
imprimée à ï^andrej, e^ i/aSj
dans le Sunpl'^mppt de ses CEui-
yres. Ou aoiUe q«e ,Ie tbéàtr^
françois pfit s'âci^pmmoder dé
l'original et ^ I9 copia. Vautre
Comédie de Maçkiauel {CUtia ).,
est imitée dpj^ Casina de PUute^
et est inférieure 4 son modèle,
j^s deuj^ pièces dç 3Xachiuvel
yénssirent , non poijr le plaji qui
est a55ez irrégwlier, mais pow
le style qui est pujret élégant,
et sur-to^it pfKce que., dans un
temps de libertinage ^ la IS^an-'
dra^oKC. , qui e^t wj sujet licen-?
çieux ^ ne pouvoit manquer de
gùire beaucoup. ]}I^chif^,fl y^
SnoU ftn talent de faire de^ pil^cc|
e théâtre , .cçliji de les jouer^
|] rénssjssoit , suivant VarilloA,
à rendre les gestes , la démarchp
et le son de voix de ceux qu'Q
voyoit. II. Des Discours sur Ifi
première Décade de Tite-J^è^
Il jr développe la politique d^
gouvernement populaire , et en
i"^ montrant un zélé partisan d^
ce qu'il appelle la liberté , il dé-f
Ibite des maximes perverses dpnt
un tyran pourroit abuser. Jl met
à contribution , sans beaucoup
d'ordre ni de chpix y l'histoire des
peuples et des républiques anr
ciennes et modernes. A traver*
cettf multitude de faits , se troii?.
vent cjuelques principes applicar
blés aux difFérenspanverneraens^
mais siir->tout à l'administration
républicaine. III. 3.oa Traité ài^
prince , qu'il composa dans s»
vieillesse , ^pur serYÂr ^e sui^
a l'ouvrage précédent. Ctst un
des ouvrages les plus dangereux
^ui se soient répandus dans b
mojide ; c'esç le bréviaire des anj-t
hitieux , des fourbes et deascéiv
l^rqts. Machiavel profçsse Ib
ofime daps ce livre aoominable.,
et y donne des leçons d'assassinat
et d'eropoisonnemcî^t. Ceux qui
excusent Machiiwd , dirent que
c'est à la situnMon pnfticulièrA
ne rUalie telle quelle étoit de
son temps , plus qu'à la tremp.e
de son esprit et de spn caractère
que noiis devoirs }e$ maximes,
exécrables qu'il débite. Quoi qu'H.
en soit 5 César Borgia , bâtard div
pape Alexandre Vj, iponstre qqi
se souilla dç tous I^s crimes pou;*,
«e rendre maître de quelques pe*
tils états , est le prince que Mor*
chiavd préfère à tipus ïes $OHve^
rains de $çm temps, et le mo**
dèle sur lequel il vent qne lei*.
potentats se formejçit. Aifielot dfi^
Ip Hçussa^fe ». traducteur de c^
A. X
s
MAC
ouvrage, a voulu le justifier ptit
d'assez mauvaises raisons : il n a
persuadé personne. « Loin de
nous ^ dit Saurin dans son beau
sermon sur ïaccord de la reli^
giott et de la politique , loin de
ïious les abominables maximes
de ce pernicieux Florentin , qui
a donné aux politiques ces leçons
funestes : qu'un prince qui veut
se maintenir doit apprendre à
ïi*être pas vertueux , quand les
besoins des affaires le deman-
dent; qu'il doit ménager son bien
particulier , et n'être libéral que
du bien public \ qu'il ne doit
tenir sa parole que quand il le
peut sans s'apporter du dom-
mage ; qu'il ne doit pas tant as-
pirer à avoir toutes les vertus
qu'a paroître les posséder ; qu'il
doit paroître clément , fidèlle ,
intègre ^ religieux ^ mais savoir
être l'opposé ; qu'il ne peut ob-
server tout ce qui fait passer
pour bons les autres hommes ,
parce que les besoins de l'état
l'obligent souvent à agir contre
la charité y contre l'humanité ,
contre la religion ; qu'il doit ma-
nier son esprit selon que souf-
flent le? vents de la fortune , sans
s'écarter du bien tant qu'il le
peut ; mais aussi sans se faire un
scrupule de commettre le mal
lorsqu'il le faut , etc. etc. » "Fré-
déric Il roi de Prusse , a donné ^
dans son Anti—Machlavel , in-8%
un antidote contre le poison de
l'auteur Italien. Sa réfutation est
beaucoup mieux faite et mieux
écrite que l'ouvra'ge réfuté ; et
c'est un bonheur pour le genre
humain , dît l'éditeur de cette
"critique , que la vertu ait été
mieux ornée qiie le crime. Voyez
Frédéric il. Le meilleur ou-
yrage de Gaspard Scloppius ,
«st une apologie de MachiaveL
"IY« "V Histoire de Florence , de-
MAC
puis ï»o5, jnsqu'en i494* Xlê^
dition des Juntes , en i 5 3 2 ^
in-40 , à Florence , est fort rare.
Le commencement de cette His-
toire est un tableau très r- bien
peint de l'origine des difiFérentea
souverainetés qui s'étoient éle-
vées autrefois en Italie. L'histo^
rien y traite quelquefois favora-
blement sa patrie , et avec trop
peu de ménagement les étran-
gers, il prodigue les réflexions ;
et ces réflexions, souvent trop*
recherchées , ont plus d'éclat que
de solidité, et tiennent plus du
style d'un déclamateur que dd
ceJui d'un sage politique. Ces dé-
fauts sont un peu couverts prfr
l'exactitude et par les recherches
de l'auteur. V. La Vie de Cas^
trucio Castracani , souverain de,
Lucques , traduite en françois
par M. Dreux du Radier , et im-
primée à Paris , en 1753. Elle est
peu estimée par les politiques-
judicieux, et ne Test i^uèr'e plus
par les gens de goût. L'auteur a
été plus soigneux d'embellir son
sujet que de rechercher la vérité.
VI. Un Traité de V Art Militaire^
dans lequel il a très-mal travesti
Végèce, VU. Un Traité des émi^
grations des peuples Septentrion
naux. Tous ces différens ouvrage»
sont en italien, fls ont été re-
cueillis en deux vol. in-4** , en
i55Ô , sans nom de ville. On ea
a fait dé nouvelles éditions 1
1.** à Amsterdam, en ïyaS ,
4 vol. in- 12 , assez bien exécni-
tée , mais fort incorrecte ; 2.'* à
Londres , 1747 , en 2 vol. in-40 *
et 1772 , trois vol. în-4** ; 3.° a
Paris, 1768 , six vol. in-12. Ils
ont été traduits en françois , avec
assez peu d'élégance , par Tilard ,
calviniste réfugié, 1723 , en six
vol. in- 12. On n'y trouve pas la
version des comédies ni des con-
tes« On en a donné une autre
MAC
ëJitîon> augmentée de fAnd^
Machiavel da roi de Prusse ; à
la Haye, i743« six vol. in- 13.
On a publié à Florence , en 1 ^67 ,
la correspondance de Machiaifel ,
pendan(^ le cours dé ses négocia-
tions. On y voit , dit M. Landl ,
le ministre i&age, adroit ^ habile ;
mais point du tout le politique
scéiérat , tel qu'il paroit dani
q4ielqnes-uns de ses lirres. Ses
•nfans l'airooient cvec la plus
yiv9 tendresse. Jf^arcki , quoique
son ennemi , avoue qu'il étoit
d'un caractère obligeant , et que
tontes les personnes remarqua-
bles de Florence l'estlmoient et
s'assembloient dans les jardins
de Cosmo Ruccelaï , pour jouir
ûez agrémens de sa conversa—
tien ^ âe 9m familiarité at de ses
lumières.
M AC-NEVEN OKESSI , sa-
vant médecin d» Bohdftie 9 est
mort à Prague , en Ï7S7. Ses
qualités mornies lui avoient ac->
qnis ttn grand nombre d'amis ;.
et ses profondes eonnoissances
dans la médecine , une célébrité
qu'il a coaservée toute sa view
MACPHERSON , (Jacq^tes)
"£eossois,y né en 1738 , et mort
•n 17969 a publié une Traduc^^
tioniie Vlllade; une Introduction
h THistoîre de la Grande-Bre-
tagne ; et une Histoire d'Angle-'
terre , deptïis 1660 jusqu'à l'a-
vénement de la maison d'Hanovre
an trône. L'écrit qui lui a fait
le plus de réputation , est sa
Traduction des Poésies d*Ossian ,
011 Ton a reconnu de grandes
bedhtés ^ et qui ont aussi été trn-
duitei en François. Johnson et
pliisicors- autres écrivains , ont
cm ces poésies supposées , et
dvïOssian n'exista jamais ; Mac-^
jfherson en soutint rauthcftticité y
M A G 7
ei eut le docteur BUsir pour dé^
fenseur.
MAGRET, ( Charles^Fran*
çois— Adrien) célèbre graveur^
né à Abbeville en 1760 , mort
an décembre 1783, d'une fièvre
lente occasionnée par la douleur
de la perte de sa femme. Sei
gravu es so^u au grand nombre
et estim«^
MADAN , ( MarHn > minis*
tre Anglois, mort en 1790 , «
publié une Traduction de Juve^
nal, en anglois ; estimée : mais il
est sur— tout connu par son livre
intitulé Théliptora , ou Traiié
de la séduction des femmes. Il 7
soutient Tutilité et la légitimité
de |a polygamie.
MADOX, (Thomas) histON!
riographe royal sous George I »
roi d'Angleterre 9 dédia à ce
prince. son Histoire des Ville*
H Bour£^ de cette i^ ; mais il.
est pnncttMTlemeut connu par une
savante Histoire de VEckùmier »
171 1 , in-folio ^ réimprimée en
1769 , in-4." Ses recherches sut
les antiquités d'Angleterre y sont
en manuscrit dans le Muséum de
Londres , et forment 94 vol. in^^
folio et in-4.*'
MAGATTI, (Pierre-An^
toine ) habile peintre d'histoire ,
naquit à Vacallo dans le bailliage
de Mendriz, en 1687 , et mourr
rut à Varèse en 1768.
IlL MAGDELEINE, diteDU
St - Sacrement , née à Saint-»
Sever , petite ville de Gascogne ,
le 6 avril 1 6 1 7 , fit profession re-
ligieuse à Bordeaux , dans le cou-
vent des Carmélites- qu'elle édifia
par ses austérités et l'exercice de
toutes les vertus. Elle a écrit dèiuc
Opuscules, l'un sur la prières ^
l'autre sur las vertus théologale^
^4
t
M AQ
Ds sont împriinés à la sivte de
sa Vie, parV.Mnrtiaàay. Mag^
deleiae mourut à l'àge de 80 ans.
•IV. MAGDELEINE de
France, reine de Navarre ,
fille de Charles VU et de Mari^
d" Anjou , naquit le i«' décembre
1443. Fiancée à Ladislas roi de
Hongrie , son ipariage ne fut
' point consommé avec ce prince ,
gui mourut subitement empoi-
«gnn^. Elle épous^ ensuite ùas^
inn fie Foix., qui mourut qn 1 470»-
Neuf ans après , èïle devint ré-
gente du liQyaume de Navarre,
et spptint avec vigueur son gou-
yèmement contre les entreprises
dç Ferdinand roi d' ÂragOJi ^ et les
querelles partipuUères de Beau-;
mont et des Gjpammpnt , qui
livoient long - temps désolé le
pays. lYlagdeleine., ^prèj; avoir
ijiit couronner Catherine sa fille ,
reine de Navarre , et lui nyoir
fait épouser Jean d'Alhret , mou-
i;iit en 149e, et fut inhumée
^ns la catliédrale de Pampeinne.
« »
y. IVtAQPELBINE dç
Ç,RA:>r'çE\ fiUe iu roi j*ra«-
çqïs 7, et fç^nrae de Jacques V
roi d*Écoss,è„ çaqult ^ oaint—
Çerinaip-en-L^yç. , le \o août
i52oV Ce prince,' prévenu favo-
rablenient par. les bruits publics
pour Pesprit e^ la beauté de cette
l^'rncesse, résolut d^ la mériter
en secourant François î , dans Ict
temps qu'on appréhendoit que
l'empereur n*envahît la Frovence
tX. le Daiiphiné. Mais, i^^lhe^-
reusement ^ une tempête épqu-.
yaiitab.le dispersa la ûotte Ecos-
saise , suc .laq\ielle il y avoit
16,000 hommes de débarque—
inent. Jacques i;ie laissa pa.s d'a^-
hordar à Dljepjie , et de prendrçt
)a poste paiu: aller demander \
français l*r 53 fille en marij^ge^
iÇe rnox^arqu^e jj;énéçcuj^ ^ «oUicité
M A G
par nij prince aussi gcn^re\i3ç ^b^
lui, ne put lui refuser l'objet d^
sa demnnde> Magdeieine fut ma-
riée à Paris le i*"" janvier 1036^
et mourut de la fiî!?vre en Ecosse ,
dès le 7 iuillet.suivant. t© poëte,
Ronsard s'écrie :
La belle Magdtleine , honnei|r de chasteté.
Une Grâce en beauté , Jonon en m<i}esté,
A peine de itEcosse s^Toit touché le bord «
Quand an lieu d'un royaunte , elle y]
trouva la mort.
Kl larmes du mari , ni beauté ni len*
nesse ,
Ni TOeu ni oraison ne flichit (a rudesse,
Df la Parque qu'on dit la fille 4e la (fuit »
Quç cette belje Reine avant quepoitet
fruit
Vit ipourut en sa âepr
MAGrHEM, nourrice d*^^&4»t.
troisième empereur des Mogols ,
donna h ce prince de bons con-
seils pour régner avec glorce , et
l'affiranckit de la tutelle tyran-
nique pu le Ksetenoît Beyran ,.
son gonvertieinri Elle le fit cou^^
ronner solennellecnent à Dehli .'
et lui méoflges l'estime et la fidé**
lité des grands. Ayram se cetirii
dans le Guzard^ , où l'un d^
ses esclaves Tassassina en-i356.A,
Maghem , honorée par. les' O rien-
taiix , mourut dans un Ige très-»"
avancé.
MAGISTRÏS , ( SimAn 4e \
P-atrice Romain , né ^ Seyra , eç^
1728 , et mort à Rome le S oc-,
tobre i8^a s Àg«^ de 75 an^, so^,
rendit célèbre par la çonnqisr-,
s^ççe pro Fonde des langues sar-
vantes : il parloit l'I^ébreu , lo
grec et le latin ^ avec sentant de
facilité qne^ l'italien. P/f Vf * qu^
rempjoyojt fréquemment à des
rechieTcbes relatives à l'a^ygiûtéi
ecclésiastique ^ récompensa cei
savant qui étpit de la copgréga,— ^
tion de V Oratoire de St, Philippe.
Sjf Iféri^ en le nommant évé^iif
e Cyrène , et secrétaire perpé-
tuel de la congrégation établie
à Rome pour la correctipn des
livres de TÉglise ^'Orient. Il fit
«inriiaer dans cet emploi , la vaste
Rendue de sQn érudition et de sa
critique. Magisirif a sur - tout
bien mérité de la religion par la
belle édition grecque de Daniel ,
d'après la version des optante,
Home, 177% 9 in-folio. On en
çroyoit le texte perdu, mais il
fat retrouvé dans nn manuscrit
de la bibliothèque du prince
Çhigi; on y a joint l'interpréta-
tion grecque dé St. Hippoiyte ,
inart]^^, lu confronti^tion 4e la
version de Théodotion , avec une
partie du livre d*Esther en chai-»
âaîque , et cinq dissertations
apoiogétiqties s)ir cette version
des Septante' Magistris a été
9ncpr« l'éditeur àeê deux our
yragef suivant : I. Aeta Marty-*
tam ad ostià Tiberiaa esf mss^^
Codice Begid bibhthecœ Tauri-*
nensis ; R'omââ ,1795. Il, Sancti
jPyoniHi Alejcundrini Èpiscopî
eognomento Phigni , quœ siiperm
9iint ; Horrose , « 79 6 * en grec et
ktin , îri-rôlio. Cette belfe édi-
tion est précédée de la vie de
St^JDtnis d'Al^andrie , et d'une
savante préfacesur rau^hènticité
àfi Tonvrage. lU. On a encore de
ce savant prélat , GU attidi cinque
Mfartiri nelln corea , coîV ori-^
g 'ne délia Fede in quel Bfgno ;
om. ^8pi, in-8*** Ennemi dé-
claré de l'incrédutité moderne ,
M/T^stris consacra ses veilles à
çonFondre ^impiété et à soutenîf'
conrftgensemerit les intérêts du
Christiî*rtr*me. S^ vie édifiante
prouva , encore mieux que sa-
pluiç^ ^ .qji'ii i&i| prpfpn^érnçnt
pénétré de .rejscelleqca eV4^ ll^
^ité 4^ k ];el^iQi]u
M AH f
MAGNIf:n , ( Fhilippe) b^
bile sculpteur, mort à Paris ei|
décembre 1716 , à 68 ans , orn^
-de ses statues le^ parcs de V(»r<*
sailles et de Marly.
MAGOQ 9 chef des ancien|
Scythet , auquel on attribue ]^
civilisation de plusieurs peuple^.
du Nord ; il introdiiisit parmi
eux la connoissance de plusieurs
arts. Schroderut dans son Le xi'-»
que Scandinave , le fait inven-f
tanr des Bvnei , espèce d'hiéro*
glyphes Qu caractères dont stt
sont servis les peuples Septen-
trionaux , et dont l'usage n prér
cédé en Èprope celui des lettcef
gMcques. Bttdheck fait remonter
hisage des Hunes an y siècle ^
après le déluge* H n en compte
que seize printitives ; et ^ pou^^
démontrer quelles n*ont aucun
rapport avec les lettres connues ,
il a inséré dans son Atlantique ^
un* table comparative de ces ca-r
• inctères ^ avec les lettres gothi«
qnes, hébraïques, phéniciennes ^
^ecques et latines. Voyez Vk-
HBLIUS.
^ MAHMED j ( Agn ) iss^ d«
r^^ie des premières familles 4^
Kborassn en Perse , étoit t^n '
berceau . lorsque Thamas.rKo(dir.
Kan fit égorger , en 1738, son
père et ses frère^. Çc vainqueur
barbare , se oon^ta (ie prendra
contre Mahmjtd , \\n^ pr^G^ntiqn
qui empêcl^a cel\n-ci ^e perpé-
tuer sa race. Il n'en devint pa?
moins, comme l'eunuque Nar^
ses , un homme d^ëtnt et un grand
guerrier. Après la mort de T/w-
ntas , 1^ mère de MakmeJ st
remaria , et eut plusieurs autres
en fans qui furent les plus grands
ennemis de leur frerç. jfcfowr-
touza , l'un d'eux , implora le
■\
t«
M A f
JUnhntedue se rendit pas moins
le maître du Guilan , d» Mazan-*
deran , du Schirraix, et de plu^
sienrs autres provinces. L'amiral
Woïno-lVitsch , ayant établi un
comptoir sur la côte d'Àstéra*
bath , avec le commencement
d'une forteresse, ou il plaça dix-
huit canons , Mahmed vint la
▼oir y feignit d'en admirer la
constniction , et engagea l'amiral
à venir lui rendre visite avec ses
principaux olBciers , dans une
iliaison de plaisance qu'il avoit
dans les montagnes : ils s'y ren>»
dirent le lendemain ; mais ils ne
furent pas plutôt arrivés qu'on
les chargea de fers , en les mena-
çant de leur trancher la tète , si
~ la forteresse n étoit sur-le-champ
démolle. Il fallut obéir : les murs
furent rasés , les canons embar-
qués , et les officiers Russes
chassés de la côte. Ghedahed,
Y un des rivaux de Mahmed avoit
fait sur lui quelques conquêtes*
Mais ce dernier , ayant gagné se$
principaux agens , Ghedahed fut
livré par eux à son ennemi , qui
lui lit trancher la tète , à la lin
de 1786. Rien n'arrêta plus \t^
conquêtes de Mahmed , qui sub-
jugua la Perse entière. Héritier
des desseins de Schah^Nadir, il
vouloit s'emparer d'Astrakan , et
fermer la mer Caspienne aux
Russes^ lorsque la mort vint
mettre fin à tons ses projets.
MAILHOL, (N**) né à
Carcassone , mort vers 1760,
est auteur de quelques pièces de
théâtre. I. Paros , tragédie, re-
présentée en i754< II. Les Fem^
mes, comédie., 1734. III. Ly—
CKrgue ou les Lacédémoniennes ,
comédie en trois actes, et en
vers libres.
M AIU.E , < W** ) Oratorién ,
» né àBrignoles en 1707 ^ mort à
MAI
Marseille en 1762, a donné ert
trois vol. in- 12 , Le Père Ber--
ruyer convaincu d'Ariànisme et
de Péla^ianism^,
* lU. MAILLÉ M BitBZSy
(Armand de) duc de Fronsac et
de Caumont , marquis de Graville
et de Brezé ^ fils du précédent ,
commença à se distinguer en
Flandre en i638. L'année sui-
vante, il commanda les galères
du roi, puis l'armée navale, et
défit la âotte d'Espagne , à 1»
vue de Cadix, le 21' juillet 1640*
Il fiit envoyé ambassadeur en
Portugal en 1641 , et remporta ,
les années suivantes de grands
avantages sur mçr contre les £s—
pagnoU ; mais il échoua devant
Tarragoue. Ses services lui mé-^
ritèrent la charge de surinten-
dant général de lé liavigation et
du commerce. Il fut tué sur mer
d'un coup de canon, le 14 juin
1646 , à 27 ans , taiidis qu'on
faisoit le siège d Orbitello* Il ayoit
plus de . vertu qu pu n'en a ordi-«
nairement à son âge. Ayant fait
gngner , par sa protection , un
procès à une dame de condition,
du Poitou , qui n'avoit pour elle
que son nom , et une fille jeun&
et belle ; Monsieur, lui dit-elle
en lui présentant cette demoi—
fselle , vos services sont au-^dessus
de ce que je.pourrpis fair€ pour
les reconnoUre ; U n'y a que mm
fille qui puisse m'acquilUr au^
près de. vous. Maillé, fut révolté
d'ijn pareil discours » et ayant re-
connu dans la demoiselle autant
de vertu que de beauté , il iui
donna huit mille livres pour pren-
dre l'habit religieux dans un mo-*
nastère. Voyez LFoucAUifT*
II. MAILLEBÔIS , ( N. comte
de) lieutenant général des ar-
mées de France , commanda avee
succès UA corps de troupes , dans
M A I
les gtterres d'Allemagne , et ftit
envoyé en 1784, en Hollande,
pour y soutenir 1^ parti qui s'y
élevoit contre la Prusse. Sorti
de France pendant la révolu-
tion, il mourut à Maestricht^
en 1792.
MÀIMBÇÂI , (N. ) né à Lon«
ares, vint très-jeune en France ^
et s'attacha au spectacle de la
Foire Saint - Germain à Paris y
cil il s'occupa de la composition
de BaUets et de Pantomimes ,
qui eurent du succès. Les plus
remarquables furent, Les Dupes »
la Fête Angloise , V Heureux dé-^
sespoir , à Trompeur trompeur
et demi y le Diable boiteux ,
Chactai à son tour. Dans la Fête
Angtoise , jouée en 1740 , on
▼it une décoration du temple de
l'Hymen qui fut admirée , et
commença à donner l'idée de ce
genre de beauté et de la véri^
table perspective théâtrale.
MAINFRAY , (Pierre de ) né
à Rouen , fit jouer , au côni—
mencement du siècle passé , troi.^
tragédies , Cyrûs , Soliman çt
Hercule. Cette dernièrô n'est
qu'en quatre actes.
* MAIÎj(TENON , (Françoise
4'Aubigné , marquise de ) petite--
fille de Théodore- Agrippa etAu^
higné , naquit le 8 septembre
i635o ^'ns une prison de Niort ,*
où étoient enfermés Constant
d^Aubigné son père 9 et sa mère
Anne de Cardiilac , Bile du gon^
verneur du Château-Trompette
à Bordeaux. Françoise (t-Aubigné
ëtoit destinée à éprouver toutes
les vicissitudes db In fortune»
Menée à l'âge de trois ans en
Amérique, laissée par k négli-«
gence d'un do m e« tique sur le ri-
vage , prête à y être dcvoi ée par
Wk serpent ; ramenée orpheline
MAI
n
à Vâge de douze ml 9 élevé*
avec la plus grande dureté chez
Mad. de Neuillant sa parente ,
elle fut trop heureuse d'épouîer
Scarron qui lo{»eoit auprès dV'Ila ,
dans la rue d'Enfer. Ce poète 9
ayant appris combien M**« étAuf»
higné avoit à souffrir avec sa pa-»
rente , lut proposa de payer sa
dot , si elle vouloit se faire re-
ligieuse; ou de l'épouser, si elle
vouloit se marier. M^^« d'Au-*
higné prit ce 'dernier parti , et
un an après, n'étant âgée qite
de seize ans , elle donna sa
main au burlesque Scarron» Cet
homfne singulier étoit sans bien ,
et perclus de tous ses membres ;
mais sa famille étoit ancienne
dans la robe , et illustrée par de
grandes alliances. Son oncle étoit
évéque de Grenoble , et son père
conseiller au parlement de Paris.
Sa maison étoit le rendez-vous
de ce que la cour et la ville
avoient de plus distingué et de
plus aimable : Vivonne , Gram^
mont , Coligni , Ohnrleval , Pel*
lis son , Hénanle, Marigni , etc.:
tout le monde alloit le voir ,
comme un homme aimable, plein
d'esprit , d'enjouement et din—
firmités. W^ dAubign^ fat plu-
tôt son amie et sa compagne,
que son épouse. Elle se fit nimec
et estimer , par le talent de la
conversation , par son esprit,
par sa modestie et sa vertu. Cette
vertu n'étoit point de l'hypo-
crisie , quoi qu'en aient dit ses
détracteurs. «Je ne suis pas éton-
née , écrivoit Mad. de Maxntenort
en 1709, qu'on soupçonne ma
jeunesse : ceux qui parient ainsi ^
en ont une très- déréglée , cm ne ^
m'ont pas connue. Il est fâcheux
d'avoir à vivre avec d'autres gens
que ceux de son siècle : et voilà
le malheur de vivre trop long-^
temps. » Nous ajouterons que \Sl
f» M A t
célèbre Ni/wn de Lenqhf T^nêiik
toqjours bs téipoign^iges les plus
favorables à ses mœurs. Scarro»
4tant rport le ^7 juin 16Ç0 , S4
yeuve retomba dans la misère.
Un épicurien , nommç le marquis
da C** , lui offrit sa main. Elle
refusa. « Que pensez- vous , écri-
YQit alors Mad. Scarron , de I4
comparaison qu'on a osé me faire
^e cet homme à IVJ. Scarron ?
(Srand Pieu ! quelle difFérence !
Sans fortune ^ sans plaisirs 9 il
9ttiroit chez moi la bonne com-^
pagnie ; çeUii-ci i'aiiroit haïe et
éloignée. M» Scnrroa avoij: cpt
•Djouement que tout le monde
lait y et cette bonté d'esprit que
personhe ne lui a connue. Celui.»
ci na l'esprit brillant ni solide ,
Tpi\ bn^in ; s'il pf^rle , il est ridi-f
pile. Mon mari ayqit le fond eiç-
!;ellent ; je l'avois çprrigé de se$
icençes ; il n'étoit ni fou ni vi»-
çî^ux par )e cœur ; d'une probité
jrecqnnue^ ^^n désintéressement
jans exeipple. C^* n'aime que sef
plaisir9 ^ et tl%9^ estimé que d'une
jeunesse perdre ; livré eux fem-
mes ,. dupe de se3 4IPis ^ haut ,
emporté , avare et pradigne; ai^
{xioins m'a^t-il paru tqut cela, if
Ce refus fut bl^me par qnelque^
pmis de Mad. Sco^k^"- » ïna»«
^inoji Topprouya. C^^^^/^wœ^,
(lit-elle, {>aut poi^^ J^es vn^tt^iUs dé
France. M^d.. Scarron fit splli-i
fiter long -.temps et. vainement
OUprès de JaOïjLis ^IV, une pen-r
sion dont soi) mari avoit JQui
comme malnd^ </f la reine. Oui
présenta des placets* Le cardiiiai
f^azarin en ayant lu un , dçr-
inanda si la snppU^pte se portoit
bien : sur ce qu'on lui dit qu'oui ;
elle est donc ifihç,hUe , répondit-
il , à succéder à la pef^sioa d*UA
homme qui se pç^HQU mal» -Ne
pouvant rpbtenjr , eUe résolut
^ s'expatrw. VJ[W pFWef^e dai
Nî A I
Portugal ^ élevée k Pari» ^ écrivit
à lambassadcur , et le charge^
de lui chercher une damç de con*
dition et de mérite pour élever
$es enfans. On jeta les yeuj( suç
Mad. Scarron. , et elle acceptais
Avant de partir 9 elle se 6t pré?
senter à Mad^ de Montespan ,
en lui disant ^ qu'elle ne vouloir
pas se reprocher d^ avoir quitté la
France sans en avoir vu la mer'^
veille. Mad. de Montespan fut
flattée de ce compliment j^ et la(
dit, c^x il fallait rester en France f
elle lui demanda un placet qu'elle
se chargea de présenter a\i roi.
Lorsqu'elle présenta ce placet t
i^oi / s'écria le roi ^ encore la
veuve Scarron ! N'enteadrai-ja
jamais parler d* autre chose ? — Fm
vérité , Siax , dit Mad. de Mon-?
tespan , il y a long-^temps que
vous ne devriez plus en entendra
par^r. La pension fut aocordée 9
et le voyage de Portugal rompu.
Mad. Scarron alla remercier Ma-
dame ^^ ilf<t7iif^i/7a»| qui fut si
charmée des grace^ de sa con-r;
versa tion qu'elle la présenta au
rpi. On rapporte que le roi lui
dit: Madame, je vous ai faif
attendre long-^temps ; n^ais vmi^
avez tant d'amis que j'ai voulu
avoir sent ce mérite aiiprès da
vous. Sa fortune devint bientâli
meilleure. Mad. de Monteipan y
voulant cacher la naissance de«
çnfftns qu'elle alloit avoir duroi^i
jeta les yeux sur Mad, Scarro a h
çQtmme sur la personne, la plu«
capable de garder le secret ^ et
de les bien élever, Celle-ci e'e»
chargea, et en deyint la gai)^
vernante. £lle mena alars unQ
vie gênante et retirée ^ avec sfi
pensian de deux mi\le livres seu«:?
lement, et le chagrin de ^voiv
qu'elle ne pïnisoit point eu ro,i4
Ce prince avoit un certain élo.i-f
çnenaent pour e^^. J\;te çega^-n
. --- -I
Ma!
éûîî comme une espèce de pfndé
et comme un bel esprit ; et quor-
qvLÏl en eût beaucoup lui-même ^
il ne potivoit souffrir ceux qai vou-
loient le faire brillen Louis XIV
l'estimoit d'ailleurs ; il se souvint
d^elle, lorsqu'il fat question de
chercher une personne de con>
fiance pour iliener aux eaux de
Barége le duc du Maine , né avec
ttn pied difiTorme. Mad. Scarroti
conduisit cet enfiint ; et comme
die écrivait au roi directement y
ses lettres effacèrent peu à peu
les impressions désavantageuses
que ce monarque, avoit prises
sur elle. Le petit duc du Maine
contribua aussi beaucoup k le
fidre revenir de ses préventions*
Le roi jouoit souvent avec lui ^
coûtent de l'air de bofi sens qu'il
ihettoit jusque dans ses jeux , et
iBtisfait de la manière dont il
répondoit à ses question! : Vous
êtes bien raisonnable , lui dit-il
an jour ! — • Il faut bien que je
& sois, répondit l'enfant ; j'ai
une gouvernante qui est la raiwA
Même, — Jllez , refirit le roi ,
allez lui dire que vous lui donnez
cent mille francs pour vos dra-^
gies. Elle proûta de ces bienfaits'
pour acheter , en 1674 , la terr'e
de Maintenon ,• dont ^Ic prit le
ûom. Ce monarque, qui'nepou-
voit pas d'abord s'ac coiilrtmer à
elle , passa de l'aversion à la
«Uinliance , et de la confiance à
Tamour. Mad. de Montespan ,
inégale , bizarre , impérieuse ,
servit beaucoup par son caràc-*
fère à l'élévation de Mad. de
Maintenon , qui , en détachant
fc roi d'une liaison criminelle ,
parvint à occuper dans son cœur
a place qu'y tenoit Mad, de Mon-
iespan, Louis XIV lui donna la
f^lace de dame d'atours de Mad. la
Dauphlne , et peu de temps après
il kl Offîpit ceik de é;»aié d'kon^
M Ai tj
ilëUr. Mad. de Maintenon la tt-^i
fusa , eri faisant sentir an mo-'
narque que cette charge ne fe-i
roit qu'irriter l'envie contre elle.
Quant à l* honneur que cette placé
rheferoit , ne Us ai^^e pas toui
dans l'offre que ine fait votre ma^
j'este. Le roi fit de nouvelles ins-
tances, qui ne purent la déter-
miner à acceptera Puisque voué
ne voulez pas , lui dit-il , jouir
de mes grâces ; il faut du mains ,
Madame , que vous jouissiez de
vos refus ; et après son diné ,
il en instruisit les courtisons.
Louis XIV pensa bientôt à l'é-
lever plus haut. Ce prince étoit
alors dans cet âge oii les hom-^
mes ont besoin d'une femme ^
dans le sein de laquelle ils pais-
sent déposer leurs peines et leuri
plaisirs. Il voiiloit mêleif aux fai-
tigués du gouvernement , les dou-^
ceurs innocentes d'une vie privéew
L'esprit doux et conciliant dtf
Mad. de Maintenon , obligée de
bonne heure par la pauvreté k
Ée plier aux difFérens- caractères ^
lui promettoit une compagne
agréable et une confidente sûre.
Le Père dé la Chaise , son con^
fesséuf , lui proposa de légitimer
sa passion polir elle par les liens
indissolubles d'un mariage secret,
mais revêtu de toutes les forma-**
lités de Féglise. Ln bénédiction
nuptiale fut donnée vers la fin de
r68S , par Hurlai , archevéquft
de Paris , en préseïice du con»^
fesseur et de deux autres témoins.
Louis XlV étoit alors dans scr
48f* année , et la personne qu'il
épousoit, dans sa 5o^ Ce ma-
riage parut toujours probléma-^
tique à la cour , quoiqu'il y oiï
e&t mille indices. Mad. de Main^
tenon entendoit la messe dans
une de ces tribunes qui sem-
bloient n'être que pour la fa-
mille royal ; elle s'habillolt et t4'
»4
MAI
âèsfaabilloit devant le roi , qui
Tappeloit Madame^ tout court.
Dans l'intérieur du palais , il n'é-
toit pas possible de méconnoître
en elle Tépouse d'un roi. Elle ne
se levoit qu'un*' instant quapd
Monseigneur ou Monsieur en—
troient. Le;R princes et les prin»
cesses du sang n'étoient admis
dans son appartement que par
des audiences demandées , ou
lorsqu'elle les envoyoit chercher
pour leur faire quelque sèche
réprimande. Jamais elle n'appela
la duchesse de Bourgogne que
Mignonne ; et celle - ci ne la
nom moi t que ma Tante. On pré-
tend môme que le petit nombre
de domestiques qui étoient du
secret 9 lui rendoient dans le par-
ticulier des honneurs qu'ils ne
loi rrndoient pas en public y et
qu'ils la traitoient de* Majesté :
ce qui paroît très-peu vraisem-
blable. La princesse de Souhlse
lui ayant écrit , et s'étant servie
de la formule avec respect ; Ma-
dame de Maintenon termina sa
réponse par cette phrase : « A
té^rd du respect , qu'il n'en soit
point question entre nous. Vous
n'en pourriez devoir qu'à mon
ftge y et je vous crois trop polie
pour me le rappelé rt » Le bon-
heur de Mad. de Maintenon fut
de peu de durée. C'est ce quelle
dit depuis , elle-même ^ dans un
épanche ment de cœur : Tétois
née ambitieuse , je combattois ce
penchant ; quand des (iesirs que
je n'avais plus furent remplis , je
me crus heureuse ; mais cette
ivresse ne dura que trois semais
nés* Son élévation fut pour elle
«ne espèce de retraite. Hen fer-
mée dans son appartement , elle
^se bornoit à une société de deux
ou trois dames retirées comme
elle ; encore les voy oit-elle rare-
ment. Louis XIV ven.oit tous Içs
. MAI
fours chez elle après son dXné f
avant et après le soupe. Il y tra<«
vailloit avec ses ministres, pen-«
dant que Mad. de Maintenon
s'occupoit n la lecture , ou à
quelque ouvrage de main ^ s'em-*
pressant peu de parler d'afifaires
d'état, paroissant même les igno-
rer, quoiqu'elles ne lui fussent
pas indifférentes , et qu'elle ea
dirigeât quelquefois le hl avec le«
ministres, et s'expliquant uveo
une réserve et un air de désin-
téressement qui écartoit toute
a^pparence de concert entre elle
et eux. C'est ainsi qu'elle inQua
dans le choix de certains minis-
tres (Chamillart) , et de quel-
ques généraux ( Marsin ) , ainsi
que dans la disgrâce de quelques
autres ( Vendôme et Catinat )•
Le public lui reprocha ses fau-
tes , que ses bonnes intentions
ne pouvoient pas toujours faire
exciàser. Asservie aux volontés
de Louis XIV dans tout le
reste ^ ell^ fut en général uni—
cernent occupée du soin de lui
complaire ; et cette servitude
continuelle dans un Âge avancé
la rendit plus malheureuse , que
l'état d'indigence quelle avoit
éprouvé dans sa jeunesse. Je n*y
puis plus tenir , dit^elle im jour
au comte âtAubigné , son frère :
Je voudrois être morte ! — Vous
avec donc parole , répondit d'An-
bigné , d'épouser Dieu le Père l
« Que ne puis-je , dit - elle dans
une de ses lettres , vous dojiner
mon expérience ! Que ne puis-je*
V0U9 faire voir l'ennui qui dévore
les grands , et la peine qu'ils ont
à remplir leurs journées ! No
voyez-vous pas que je meurs de
tristesse , dans une fortune qu'on
auroit eu peine à imaginer ? Tat
été jeune et jolie ; j'ai goûté des
Êlaisirs ; j'ai été aimée par-tout.
|ans un âge plus avancé 9 j'a(
M A I
^pMSsé des années dans le com-
merce de Tesprit : je suis venue
à la faveur , et je vous ptoteste
fue tons les états laissent un
vide affreux. » Si quelque ehoie
pouvort dt'troafiper de lambition,
dit Voltaire , ce seroit assuré-
ment cette lettre. • . . Quel sup-"
pUce , (^||Mt>elle à Mad. de Bo«
lyngbrodF, sa nièce , d'amuser
un homme qui n'est plus amusùble*
— Écrivez - nous des nouvelles,
dit- elle encore dans une lettre ,
car naus mourons d^ennui. Le
roi qui la brusquoit quelquefois
lorsqu'elle vouîoit glisser un mot
sur les affaires de l'état, la dé*
domniaçeoit de ses bouderies pas-
sagères par des marques de res-
pect et des attentions recher-
chées qti'il n'avoit jamais eues
pour ses maîtresses on pour la
reine. Mais ces témoignages ex-
térieurs ne la dédommageoient
p«is des chagrins intérieurs. La
modération qu'elle s'étoit pres-
crite, augmentoit les malheurs
de son éUit. Elle ne profita point
de sa place , pour élever sa fa-
mille autant qu'elle Tauroit pu ,
parce qu'elle redoutoit de trop
• fixer sur elle et sur les siens ^
les regards du public. Elle n'avoit
elle-même que la terre de Main-
tenon , qu elle avoit achetée des
bienfaits du roi , et une pension
de 48000 livres ; aussi disoit-elle :
Ses maîtresses lui coiltoient plus
en un mois que je ne lui coûte en
une année. Elle exigeoit des au-
tres le désintéressemeiat quejlç
avoit pour elle-même; le roi lui
disoit souvent : Mais, Madame,
vous n'avez rien à vous. — ■ SiBS ,
répondoit-elle , il ne vous est pas
permis dâ me rien donner. Elle
ïi'oublia pourtant ni ses amis ni
les pauvres. Le marquis de Dan^
geau, Barillon , l'abbé Testu, Ra^
cine. Despréaux, tardes ,Bussi,
Uonicfu^reiUl , M^* de Souféri «
M A I
M
MÊtd.DeskoHtières, n'eurent qu'à
se féliciter de l'avoir connue.
Mad* de Maintenon ne regardoit
sa fafeur que comme un far-«
deau , que la bienfaisance senl«
pouvoit alléger. Ma place, di-
soit - elle , a bien des côlés fd^
cheux ; mais aussi elle me pro^
cure le plaisir de donner.^ Elle
proposoit à Louis XIV des bon-*
ues «uvres « auxquelles ce prince
ne se prétoit pas toujours : Meê
aumônes , lui disoit-il , ne sont
que de nouvelles charges pour
mts peuples ; plus je donnerai »
plus je prendrai sur eux, Mad. de
Maintenon lui répondoit : Cela
est vrai , mais tant de gens qufi
vos Guerres , vos Bdtitnens et
vos Maîtresses ont réduits à la
mendicité par la nécessité de*
itapdts , il faut bien les soulager
aujourd'hui. Il est bien juste que
ces malheureux vivent par vous ,
puisquils ont été ruinés parvous^
Dès que Mad. de Maintenon vit
luire les premiers rayons de sa
fortune , elle conçut le dessein
de quelque établisseifient en fa-
' veur des filles de cotjdition nées
sans bien. Ce fut à sa prière que
Louis XIV fonda , en 1686,
dans l'abbaye de Saint-Cyr ( viU
lage situé à une lieue de Ver-
sailles ) , une communauté de
trente«-8ix dames religieuses et de
vingt — quatre sœurs converses ^
pour élever et instruire gratte
trois cents jeunes demoiselles,
qui dévoient faire preuve de qua-
tre degrés de noblesse du côté
paternel. Cette maison fut dotée
de 40 , 000 écus de rerite , et
Louis XIV voulut qu'elle ne
reçût d^ bienfaits que des rois et
des reines de France. Les demoi-
selles dévoient être Agées de
sept ans au moins et de douze
ans au plus ; elles n'y pouvoient
demeurer que Jusqu'à l'Âge de
yin^t Rns et trois moiâ^ et ea
/
ii
M A t
for tant on leur reraéttoli mille
écns. Mnd.de Maintenon donna à
cet établissement toute sa forme.
Elle en ftt }es régleraens avec
Godets Desmaréts , évoque de
Ëhartréâ. Il seroit à souhaiter
que ces Constitutions ^^ le chef<^
A'œuvre dii bon sens et de Ia
ipiritualité , fassent publiées, r
elles serviroient à réfoi-mer bien
ëes communautés. La fondatrice
ânt tenir un milieu entre l'dr-
pxeW des chapitres et ks peti-
tesses des coulrens. Elle réunit
une vie très-régulière à une vie
très - commode. L'éducation de
Saint-Cyir dievint, Sous ses yeux^
ttn' modèle pour toutes les édu-
cations ptibliqties. Lès exercices
y étoient distribués avec intelli-
gence , et les deffl^oiseties ins-
truites avec douceur. On lie for-
çoit point leurs talens ; on aidoit
leur natiirei ; on leur iriSpiroit H
vertu; on leur apprenoit l'histoire
Hncienne et moderne , là géogra-
phie , la musique , le dessin ; oh
for m oit leur style par de petites
compositions ; on cultivoit leur
mémoire ; on les corrigeoit des
prononciations de province. Le
goiit de Madame de Maintenon
ponr cet établissement devint
d'autant plus vif j qu'il eut un
«accès inofjléré. A la mort du
roi , arrivée en 1716, elle Sfc
retira tout-à-fait à Saint-Cyr ,-
6n elle donna l'exemple de toutes
les vertus. Tantôt elle instruisoit
les novices ^ tantôt elle pnrtageoif
avec les maîtresses des classes les
Soins pénibles de l'éducation. Sou-
vent elle avoit des demoiselles
dans sa chfamibre , et leur ensei-
gnoit les élémens de la religion ^
à lire , à écrire et travailler , avec
la douceur et là patience qu'on rf
pout" tout ce que l'on^ fait par
goût. La vauve de Louis XlV
«liistoit régulièrerheï)^ crux té~
eréatioiti , étdlt de !ods lè^fèiil \
et en iiiventoit elle-même. Cette
femme illustre îtiourut le 1 5 avril
1719 ^ à 84 ans , plënrée 1
Saint -Cyr , dont elle étoit U
mère , et t^gréttéé deè pauvre!
dont elle étoit la bienfaictricéi .
On lit, au bas du portraii d*unè
femme du siècle paSsdM^es vers î
qiii ne peiivent convenir qu'à
Mad. de Maintenon :
l'citiflMi de Àoa roi m'en ternit la xmt^
flresse y
le riimsi trente ess saas fbiUeise #
Il m'aima trente ans sani réitiord »
Je ne Au reine ai mattresse »
Devine mon nom et mon iiàtu
Quoique Màd. dJe Maintenon eAè
moins d'ambition que tant d'au-i
très faN^orites , sa fortune influa
iwv celle d'6 ses pàrèns; Son frère
te cdmté â^Aub/gné, ne pouvant
être maréchal dé Franéè 9 a causé
dé la médiocrité de ses talens^
jFiit lieuteiiant général, gouver-^
heur dé Berry , et possesseur d^
sommés assez considérables pouf
étaler sottement les airs d'un fa--
vori. Cependant, il se plaignoit
sans cesse. Sa sœur lui donné
plusieurs fois leS conseils les plus
Sages, tt On n'est malheureux que
patr sa faute , lui écrivoit-elle ;
ce sera toujours nion testte et ma
réponse! à vos lameiitations. $on««
gez , mon cher frère , aux v6ya^
ges d'Amérî<|ue, aux malheurir
de notre père , aux malheurs dé
notre énfahcé , à ceux de notra
jeunesse y et vous bénirez la Pro*
vidence , au lieu dé murmurer
contre la fortuné. Il y a di;c ans
que nous étions bien éloignés ^
Tun et l'autre, dit point oii noui
sommes aujourd'hui. Nos espé'^
rànces étoient si peu de chose ^
que nous bornions nos vœux i
3ooo livres dé rente -, nous ei2
avons k présent quatre fois plus^
et
MAI
1^ nos souhaits ne seltoient pas .
erfcbfe remplis !.... Vos inquiet
tades détruiseut votre santé, que
vous devriez conserver y quand
ce lie seroit que parce que je vous
liime. Travaillez sur votre bu-
neuf ; si vous pouvez la rendre
moins bilieuse et moins sombre,
ce sera un grand point de gagné»
Ce n'est point l'ouvrage des ré-
flexions seules ; il y faut de l'exer-
cice , de la dÎBaipation j une vie
unie et réglée. » Le comte d*Au-^
Ugaé profita enfin de cet avis. Sur
la fin de ses jours , il se retira dans
nae communauté , qu'il édifia par
sa conversion. Sa sœur lui fit une
pension de 1 0,000 livres , et se
chargea de la régie de ses biens
et du payement de ses dettes, tl
tttonrut en 1 7o3 ; il n'a voit qu'une^
iiUe, Françoise d'Aubigné , ma**i
liée, en 1698, au duc. depuis
maréchal de Noailles% Le père
de Mad. de Maintenon avoit une
sœnr ( ArUîmse d'Aubigné ) qui
épousa Benjamin de ValoU > mar-
guis de Villette. Mad. de Main*^
tenon maria sa petite-fille , Mar^
the-Margtierite , à Jean^Anne
dé Tublèrê , marquis de Cayhist
elle fut mère de M. le comte de
Caylits , et m G 0 rut en 1 7 2 9 . ( Voy,
Càylus.) On a imprimé ses iSou-
^?ttI«en 1770, in- 80, qui con-
tiennent quelques anecdotes. Elle
y parle des soins que Mad. de
Maintenon se donnoit pour son
éducation. << Il ne se passoit rien
a la cour , dit-elle , sur quoi elle-
îtiême ne me fit faire des ré-
flexions , selon la portée de mon
esprit, m'approuvant quand je
pensoisbien , me redressant quand
je pensois mal. Ma journée étoit
ïempUe par des maîtres , la lec-
ture et des amusemens honnêtes et
réglés. On cultivoit ma mémoire
par des vers qu'on me faisoit ap-
|rendre par cœur, et la nécôs^
M A t
«7
siU de rendre compte de là leci
tare ou d'un sermon 9 me forçoiC
d'y faire attention. Il falloit en*^
core que f écrivisse , tous Jet
jours , une lettre à quelqu'un do
ma famille on tel autre que {#
voulois choisir , et que je rap«#
portasse le soir à Mad.de Main^
tenon , qui Tapprouvoit on la
corrigeoit , selon qu'elle étoif
bien ou mal. £n un mot , elle
oloublioit rien de ce qui pouvoit
former ma raison ou cultiver mon
esprit. » On peut juger, par lea
Lettres de M^f« de Murcai , ( de^
puis Mad. de Caylus ) des progrès
que la tante fit faire à sa jeune
élève. Mad. de Maintenon est
auteur comme Mad. de Sévigné ^
parce qu'on a imprimé %e$ Lettres
après sa mort. Elles ont paru ,
en 1756 , en 9 vol. in-12. Elles
sont écrites avec beaucoup d'es-i
•prit, comme celles de l'illustre
mère de Mad. de Grignan , mais
avec un esprit différent» Le cœur
et l'imagination dictoient celles-*
ci ; elles respirent le sentiment ,
la liberté, la gaieté. Celles do
Mad de Maintenon sont plus
contraintes ou plus réfléchies ; il
semble qu'elle ait toujours prévu
qu'elles seroient un jour publia
ques. Son style sec , précis et
austère, Timage de son caractère ^
est plutôt celui d'un auteur , et
d'un bon auteur , que celui d'une
femme. Ses Lettres sont pourtant
plus précieuses qu'on ne pense ^
elles découvrent ce mélange de re-t
ligion et de galanterie , de dignité
et de foiblesse , qui se trouve si
souvent dans le cœur humain ,* et
qui se rencontroit quelquefois
dans celui de Louis XIV^ Celui
de Mad. de Maintenon paroît à la
fois plein d'une ambition et d'unef
dévotion véritables. Son confes-^
seur , Gobelin, directeur et cour^ ,
Xism 2 approuve égalema^U'um
B
tt
M A ï
«t:railtre , ou du moins ne paroît
pas s'opposer, à ses vues ^ dans
respérance d'en profiter. Voilà
le3 idées que ses Lettres font
iiiiitre. On y pourrait recueillir
aussi quelques peusôes ingénieu-
ses, quelques anecdotes ; mais
les counoissancés qu'on peut y
Î miser , sont trop achetées , pa-r
a quantité de lettres imUiles que
ce- recueil renferme. D'ailleurs ,
la BeaumeUe , en les publiant, y
a fait qxielquefois des change-
mens qui les rendent infidelles.
Il fait dire à Mad. de Maintenoa
des choses qu'elle n'a jamais pen-
sées , et celles qu'elle a pensées ,
»d*piie. manière dont elle ne les a
jaqiais dites. C'est ce qu'on peut
vérifier , en les comparant avoc
les copies authentiques de plu-
sieurs de ces lettres qu'on trouve
dans les Mémoires du maréchal de
Noailles , par M* labbé MiUoU
la Beaumelle donna aussi 6 vol.
de Mémoires pour servir à VHiS"
taire de Madame de Muin tenons
ils sont écrits d'un style énergi-
que, pétillant et singulier , mais
avec peu de circonspection et
d'exactitude.S'il y a plusieurs faits
vrais et intéressans , il y en a
aussi un grand nombre de hasar-
dés et de minutieux. Les Lettres
et les Mémoires ont été réim-
primés en 16 vol. in-12 , 1778.
Ajoutez - y im petit livre assez
«are , intitulé : Entretiens de
Louis XI V et de Madame de
MAjy^TSNON , sur leur mariage ;
Marseille , 1701 , in-ia. Oa a
donné un Maintenoniana , in-8.0
C'est un recueil d'anecdotes ,, de
portraits , de pensées , de bons
' mots tirés des Lettres et des
Mémoires de Mad. de Mainte-^
non. Son portrait par Mignard,
"^me maintenant le Muséum de
Versailles, sous le n® i58. Le
SUirquis de Caraccipli a public sa
Mai
Vifi , 1786. in-12. Voyez \m
parallèle que nous faisons de cette
vertueuse favorite , avec Mad. de
Montespan, à l'art. V. RocHB—
CHOUART.
MAINVILLIERS , (S. S. che-
valier de) aventurier François,
qui parcourut à pied une partie
de l'Europe , fut trouvé mort
daiis son \lt à Stoiremberg , prè»
de Dantzig , le 12 juin 177Ç.
On à de lui : L La Péiréade ou
Pierre le Créditeur , poëme ,1763,
Amsterdam , in— 8.** IL Le Petit-m
Maître Philosophe ; trois brochu-
res in-ri , où l'on trouve , a tra-
vers des choses pitoyables , quel-
ques portraits originaux.III.L' £a-
treviie de huit Philosophes aven-m '
iuriers , comédie de nos jours.
C'est une espèce do satire contre
Voltaire , d' Argent , Mauper-'
tais , Marii'aux , Prévôt , etc.
Cette production est celle d'un
homme ' d'esprit , sans goiit et
sans idée de bienséaiue. Sesvera •
étoient «ncore au-dessous de sa
prose.-
* MA.TOLl , ( Simon ) né à
Ast en Piémont , devint évoque
de Volturara dans le royaume
de Naples , et mourut vers l'an
i5y8 , après s'être démis de son
évèché. C'étoit un grand compi- "
lateur. Il s'est fait connoitre sur-
tout par son ouvrage , intitulé :
Dles caniculares , imprimé plu-
sieurs fois in-40 et in-folio , tra-
duit eu françois par Basset ,
Paris , 1610 et 1643 , in-4.»
C'est un recueil de faits singu-
liers sur les merveilles de l'art et
de la nature. Le bon et le mau-
vais , le vrai et le faux y sont
ramassés sans choix. Mais comme
ce livre renferme des choses cu-
rieuses y il eut une grande vogue.
* IL MAJRE, (Jacques le)
fameux pilote HoÙandois ^ hl9
MAI
l'un tië^oCiant d'Epinont, partit
tî:i Taxel, le 14 juin i6i5 , avec
^deux vaisseaux quil comm«ndoit,
vt découvrit , le 24 janvier 1616,
le détroit qui porte son nom ,
vers ia pointe la plus méridionale
de l'Amérique. SckoiUen fut le
compagnon de son voyage, et oi^
partagea la gîoirc. Mais /^ Maire
tlonna son nom au détroit, com me
thef de l'entreprise. Ce naviga-
teur, ajT-nt purcouru ensuite la
Dîer du Sud et visité la NouvcUr—
Guinée, s'arrêta à Batavia , où
Il fut fait prisonnier, et 011 le
^ul vai.==eau qui lui restoit fut
tonfjsqné , sous prétexta qu'il
avoit empiété sur les droits de la
fompagnie. On lui rendit néan-
moins la liberté , et il s'étoit em-.
barque pour retourner en Eu-
rope/lorsqu'il fut surpris delà
jnaladie , dont il mourut le 22
/envier 1 6 1 7. On a une Relation
de son Voyage dans un Recueil
^e Voyages à V Amérique, Ams-
terdam , 1022, in-folio , en latin.
IV. MATRE , ( N** le ) chi-
mr^ien de Lyon^ membre de la
îOGiété des Sciences de Mont-
pellier, et de celle d'Émulation
de Bourg— en- Bresse , a voit mé-
rité cet honneur par plusieurs
Mémoires relatifs à sa profes-
sion, et sur-tout par un 7*mité
^ur le fluide nerveux.' Gç fluide
invisible, impalpable, existe-t-il
têellement ? et comment les nerfs,
ces agens rapides de la volonté ,
transmettent- ils dans toutes les
parties de l'individu, la sensation
et le mouvement ? Est— ce par
fiutermède d'un esprit subtil et
fiîobile, qui parcourt avec ra-
pidité toutes les routes de l'or-
ganisation , et qu'on a nommé
^liiide nerveux ? Les nerfs' se—
toieat-ils plutôt des cordes élasti*.
^ties 5 à qui le contact de* ohjiets
M A t
»9
tanse âes oscillations qui se pro-
longent jnsqu'au cerveau , qui à
son tour a la faculté de réagir f
C'est cette dernière et ancienne
hypothèse que soutint le Maire i
et sans dissimuler les grandes ob-
jections qu'on peut \i\i faire , dit
moins donne-t^il à son opinion
beaucoup de probabilité ? H a fait
imprimer un Opuscule snt le
Magnétisme, oh il porta Je ju^
gcmeiit de l'hcmme modéré qui,
sans rien adopter au hasard et
sans dépriser les idées nouvelles,
se contente de voir , d'observer
et cHat tendre. Le Maire fit plus
que d'avoir des connoissances; 11
fut bienfaisant , et il eut un boii
cœur. L'amitié dans* lui étolt
douce , franche et durable ; il
étoit ami pour le' bonheur do
i'être. Les défauts de cbux qu'il
chérissoit , se voiloîent à ses
yeux , parce qu'il leur prêtoft
ses propres vertJis. 11 est mort à
Lyon , en août 1787.
II. MAIftET, (N**) graveur
distingue • élève de Le Bas , s'at-
tacha à la manière de BartnlozzL
Avec du goût et de l'intelligence,
il eût pu obtenir de grands suc-
cès , si une mort prématurée n«
Teùt enlevé aux arts au commen-
cement de 1 784. Ses deux estam-^
pes de Voltaire , et de J, J, Roiis-»
seau , aux Champs-Élisées , ont
été tiès-rechei-chées.
M AIROBEÎIT , ( N. Pidansat
de ) né à Chaource en 1727 , se
donna la mort dans le bain , le
29 mars 1779 , parce qu'il se
-trouva impliqué dans l'affaire de
l'interdiction de M. de Brunoy,
On a de lui, à<iS Principes sur la
Marine, ijyb^ i"-4»® Le gqij
Yérnement l'avoit char^"»^
travail surcet objet. . .
MATOTTITTT A Jacques ) né
, Î^^^^^^^T3A,entrtf dam
a Lvon en ^ '
B i
ftO
MAC
Tordre des Carmes^ se distingna
par ses prédications , et fut nom-
mé, ^)ar Grégoire XIII, évêque
de Damas » et suffragant de l'ar-
chevêché de Lyon. H se démit de
cette place, et mourut en i6iS ,
doyen de Féglise d'Aix^ 11 fut ami
de Stf François de Sales qui l'en-
gagea à publier un traité de cri-
tique sacrée , intitulé : DisUnC"
Uones Bihliorum»
» MALABRANCA , (N**)
dont le vrai nom étoit Frangi^
pani, dominicain, docteur de Pa-
ris, neveu du pape Nicolas III,
fut fait cardinal et évêque de
jYelletri en 1178, puis légat de
Bologne. Il fut chargé des affaires
les plus délicates, mit la paix
dans- Florence déchirée par les
Guelfes et les Gibelins , et s'ac-
quit l'estime et l'affection des
jieuples par son intégrité et ses
talens.ll mourut en 1294* On lui
attribue la prose Dies irœ , que
l'Église .chante à la messe des
Morts. Quoique cette prose ne
soit pas d'un iatin élégaot , il y
règne une certaine terreur reli-
gieuse, elle respire l'onction pro-
pre au genre mélancolique. Cet
avantage manque à beaucoup
d'hymnes des nouveaux bréviai-
*res ; quelques biographes veulent
que le Dies irœ ^oit de St, Ber-^
nard ou de Sl Bonaventure ;
mais l'opinion la plus commune
et la plus certaine est pour Ma-
lahranca. Ce cardinal s'appeloit
aussi Orsini , parce que sa mère ,
sœur de Nicolas III , étoit de
cette famille. U contribua beau-
coup à l'élection du pape St, Ce—
lesUn ; et ce choix fit plus dlion-
ueur à sa piété qu'à son discer-
^^nt. '— ' 11 avoit pour parent
religieux 3^^^^^*'^^^^ ' qui de
4e Himiai, ''KÎ'" *^®^^"* ^^^î"®
' '^ ^ natriarche de
MAL
Constantinople vers 1290, ^
dont on a quelques ouvrages de
théologie^
li. MALATESTA , ( Batiste)
fille de Gui , prince d'Urbin , fut
l'une des plus belles et des plus
savantes femmes de son siècle.
On a d'elle, des Lettres élégam-
ment écrites, un Traité sur la
véritable religion , un autre sur
la Fragilité humaine. Elle mourut
au commencement du i5* siècle.
— Il ne faut pas la confondre
avec Batista Mal4TESTA , sa pe-
tite-fille , qui épousa Fréderis
duc d'Urbin , et se distingua par
Ston éloquence. Passant à Rome ,
elle alla saluer le p^pe Pie II , et
improvisa un discours , admiré
de toute la couc pontificale. Elle
mourut en 1470.
MALBOSC , (David ) docteur
, en théologie de l'université de
Toulouse , \et ancien recteur des
hôpitaux de Paris, étoit né à
Quersac dans le Gévaudan, et
mourut à Paris le 28 septembre
1784. On lui doit plusieurs opus-
cules en vers et en prose, insérés
dans les Mercures et les Jour-
naux , et un livre de piété , inti«*
tulé : La Vie du Chrétien,
MALEGUZZI-VALERI ,
(Véronique) néfe le 26 février
x63o , fille d'uh gentilhomme de
Heggio en Lombardie , soutint
deux thèses publiques sur les
arts libéraux. Elle dédia la pre-
mière à Marguerite Farnèse, du-
chesse de Parme ; la seconde |^
à la reine de France. On lui
doit un drame en prose, inti-
tulé, V Innocence reconnue, qui
fut imprimé en 1660, et à la
tête duquel on trouve un pro-
logue en versi Cette savante ter-i
mina ses jours le 26 septembre
.1(^0) dans un couveat de AIqk
MA t:
itoe^ eu eUe «voit pris le ToSt*
Le irolume troisième de la Bi»
bliotheca Modenese de Tirabos'"
ehi , offre une longue notice
•ur elle.
MALESHERBES, Voy. La-
MOIGNON , n.® IV.
MALËSPIN^ ( N** marquise
^e ) vivoit 8ous^ règne de Char^
Us II roi de Naples et comte de
Provence , et devint , par ta
beauté et les grâces de son «sprit ^
l'ornement de sa cour. Aimée
S Albert de Sisteron 9 troubadoiu:
célèbre 9 elle ne fut point insen*-
sible à son hommage; cependant
alarmée de son attachement , elle
lui ordonna de s'éloigner. Albert
lui obéit y mais le chagrin de ra-
voir quittée hâta la £n de ses
jours.
MALINES, (N.) chantre de
la Sainte-Chapelle de Paris, fut
recommandable par sa belle voix ,
qui lit l'honneur des concerts
spirituels. C'étoit une bassé-taille
pleine et sonore. Il est mort en
novembre 1786. Son testament
offre une clause qui annonce sa
gaieté. Sa cave étoit bien fournie.
« Il lègue , dit-il, cette meilleure
partie de sa succession aux chari-
très ses confrères , persuadé
qu elle ne peut tomber en meil-
leures mains.»
MALIPIEHRA, (Olympia)
£l]e d'un noble Yéuitien y se dis-
tingua par son talent pour la
poésie. On trouve plusieurs de
ses pièces dans le recueil des
Jiime di cia%uaata poétesse , pu-*
blié à Naples par le libraire ^u-
Jifon, Ofympie moarut vers L'an
1559.
MALKIN, (Thomas-Guil-
laume , né en Angleterre , fut
VB enfant précoce. A Tage de
MAL
lé
$ix ans et demi , il possédoit s%
langue et l'écrivoit ; il expliqnoit
tous les ouvrages de Cicéron ^
et savoit assez parfaitement \%
géographie pour faire de mé-i*
moire et à la main , des cartel
remarquables par leur netteté et
leur précision. 11 dessinoit ave0
goi\t , et a écrit un petit Roma^
politique, ayant pour objet la desr
cription d'une contrée imagi-*
naire , à laquelle il a donné uik
gouvernement et des lois. Malkin-
est mort dans le cours de Tan 1 1 ^
à Hackney , âgé de sept ans. Sa
tété a été ouverte après sa mort^
et on a trouvé sa cervelle pins
volumineuse que celle des autres
enfans.
M ALKOUN , ( Êlie ) docteur
Arabe, a interfurété savamment
les quatre Êvangélistes. Les Mn^^
sulmans le citent souvent. Il vi*^
. Toit dans le 1 6* siècle.
MAIXET DU Pan , (Jacques)'
né à Genève en 1 760, lit d'ex-«
cellentes études dans sa patrie*
Voltaire qui )e connut de bonne
heure et qui l'estima , le fit pla^.
cer à Cassel en qualité de pro-^
fesseur de belles-lettres. Après
avoir rempli cet emploi avec suc*
ces, il se jeta dans la politique ,
et continua les Annales de ÏÂn'*
guet» Panckoucke le chargea -,'
bientôt après ^ de la partie po-^
Il tique du Mercure de France^
Tant qu'il n'y eut pas d'orages 9
le journaliste plut à tout le mpnde
par ses vues, par ses réflexions
et son impartialité. Mais dès que
la révolution eut éclaté , il parut
être l'organe des royalistes , et les
républicains le persécutèrent. Il
passa quatre ans , dit— il., sans qu'il
fut assuré, en se couchant, s'il
se réveilleroit libre ou vivant !•
lendemain. H essuya, ajoute-t»il,
Ii5 dénonciations, ^roii décret^
ii M À t Û AX
ifle prise c!e corps, deux sceTl(5flf, tide , îi vécut et mourut patnrrè
quatre assauts dans sa. maison 9 et désintéressé. Il lisoit avec re-»
et la confiscation de toutes ses cueilleraent les Sermons de Bo^
propriétés. Ne pouvant vivre en m iV/y, sur l'immortalité de Tame,
sûreté ni en France , ni en Suisse ^ pendant les jours qui précédtTenît
tii h Genève , il passa à Londrel sa Qiort. On a de lui : I. Discours
où il publia le Mercure Britan^ de l'influence de la Philosophie
tit^ttf. Ce journal, dans lequel il sur les Lettres, Cassel, in-8**,
Vouloit tenir la baUmce entre 1772* 11 étoit alq^s le panég\Tiste
tous les partis, déplut aux uns de la nouvelle philosophie , et il
et aux autres, quoique tous s'em- changea de sentiment lorsqu'il
pressassent de le lire. Les jacobins eut vu les abus que cïes forcenés
se fâchèrent de ce qu'il ramenoit en avoient fait. IL Discours sur
sans cesse le tableau de leurs er- VÈloquace et les Systèmes poU^
Teurs et de leurs excès. 11 ne cho- tiques , Londres , 1775 , in-i a.
gua pas moins certains émigjrés III. Considérations sur la nature
par ses fcflex ions sur leurs illu- de La Bévolution Françoise et sur
sions, ^lïr f impossibilité de ra— les causes qui en prolongent ta
mener en France l'ancien régime, durée, Londres, 1798, in-8.»
•«t sur les fausses mesures qu'on L'auteur croit être parfaitement
jBVoit prise» pour produire une impartial dans cet ouvrage; on y
^outre>-révoiution. Ceux qui Uû voit pourtant des traces du ro9-»
«efusoiest Umpartialité , lui ac- .«enti ment qu'oprouvoitsoii cœur;
cordèrent .au moins de grandes 5on style y est toujours le m ônier,
connoissances historiques çt po— fort, énergique, mais surchargé
îitiques, un style ferme et no bJe, ,de métaphores incohérentes. Il
"quelquefois incorrect , d'autres .paroît d'ailleurs se soucier assez
fois lourd, embarrassé et néolo- ,peu du jugement quk>n portera
gique, mais oii l'incorrection étoit 4e.âon écrit. « Quant aux esprits
jemplacée par l'énergie. Les gens laigres ou aigris 5 dit-il, à qui
sans parti virent encore en lui cet ouvrage pourra déplaire, Tau-
l'indépendance du caractère que . teur les mettra à leur aise, en les
doit avoir tout homme qui parle . prévenant qu'ils pourront le ran-
*des affaires publiques; ind''pen- -ger dans telle classe 4'hérétiques
*dance qui ne corrige pas toujours -qu'il leur plaira ; le nommer Âris-
Thumeur que donne le souvenir tocrate ou Démocrate, Monar^
des injustices. Celle de Mallet du chien ou Monarchiste , Bépubli'*
'pan s'étoit aigrie par ses mal- tfam ou LVcAi^m/zii 71/^ ; ces appel-
heurs, et sa santé s'étoit dérangée, "lations ne le blesseront a ucane-
U y avoit quelque temps qu'il ment. » I V. Correspondance
souffroit de la poitrine ; il suc- politique pour servir à l'histoire
comba a ses maux à l'âge de cin- du Républicanisme François ,.
quante ans, le' i5 mai 1800, à " in— 8% auquel on peut appliquer
Aichmond, chez M. Lalli^ToU le jugement porté sur l'ouvrage-
" lendql son ami , laissant une précédent. Lorsqu'on lui enleva
• femme et cinq enfans, pour les- son mobilier et sa bibliothèque ,.
^ quels on ouvrit une souscription il perdit beaucoup de m»inuscrits,
qui fut remplie avec générosité parmi lesquels étoit le Tahleaiè
^ par tous les amis et les «ombreux politique de la France et de VEu^
' partisans du père. Comme Aris-^ rope avant la Bjévolution* V. OUi
MAL
«
Jnidoit encore un Ecrit, ou il
^eint les nalbeiirs de la Suisse
et de Génère sa patrie : tons les
tableaux y sont peints avec, force,
et portent l'émotion dans l'ame
dû lectenr; et le Tombeaii.de
l'Isle JerAinsi , petit morceau
plein de sensibilité , ce- qui n'est
pas le caractère ordinaire et dis-
tinctif des autres ouvrages de l'au-
teur. M. Mallet Butini, écrivain,
connu, a consacré ces quatre vers
' t la mémoire de son purent :
Successeur Ae Taclu , héritier de s*
plome r
Dans TEnrope MalUt a fait tonner
sa voix i'
£t sur la politiqner cn&ata naiiu ▼<>•
lume
Sfnu flirtter lef v»jtx$ , «an» outrages
tes rois.-
I. M ALLE VILLE , ( Antoine-
Claude) né à Parr^, se fit re-
cevoir avocat au . parlement de
cette ville 9 et y publia , en 1 56 1 ,
un ouvrage de droit, sous ce ti>-
tre : In B.egias aquarum et syl—
' 9arum comlUutiones Commenta-^
rius, in— 8.«
MALYES, (deGuode) Voyez
MAMIA, reine des Saraiins,
restée veuve à la fleur de son
âge, prit elîe—nfême le comman-
dement de son armée, et devint
la terreur de rempiiT ïlomain.
Après avoir ravagé la Palestine ,
elle força Temperenï* VcUens k
lui demander la paix^ Elle favo-
risa les Chrétiens par égard pour
un saint herraite nommé Moyse ,
. et fit , du rappel, des évêques Ca-
tholiques exilés par Valens , l'un
des articles du traité de paix.
* L M A^Xmî, ( Paul ) baron
Romain, se fit prêtre après la
mort de sa femme Vittorla Cap-^
M A N
»?
petî. Il a^'oit en deux fils 4e c*
'mariage : le cadet , Françoit'»
Marie Mancini , fut nomÉié
cardinal à la recommandation de
Louis Xiy, le cinq avril r6§Om
UainéMcchel-Laurent M a if ci ni ,
épousa Jéronyme Maxarin , sœur
puînée du cardinal Mazarin, Il
en eut plusieurs enfans , entr au-«
très, Philippe-^ Julien. , ( Voyez
NEVBRS,no 3.) qui joignit à son
HO m celui de Mlazarin , Laurel
Victoire Mancini , mariée ea
r^65i à Louis duc de Vendôme ,
dont elle eut les deux fameux
princes de ce nom ; et quatre
autres filles marges au comte do
Soissons, au connétable Co/ons^,
au duc de BoiUlton et à la Porte
de la MeilUraie. < Voyez Maza**
RiN HoFtense.) Tout le monde
connaît les descendans de Mi^
chel^ Laurent Mancini. ( Voyez
IX. Eugène , Nivers ; XV. Co*-
LONiVE, M ARTiNOZzi; 11. Maxa-
rin.) Paul MA/tci/it cul ti voit U
littérature et aimoit les gens, de
lettres , et c'est un goût qui passa
à sa famille» L'académie des Htf<-
moristes lui doifî son origine»^
MANCESI, Voy.-^zvEKi et
NlVERNOIS.
■
MANDAT ,. <N**) né à Paris ,
çapitaine-aux Gprdes Françoises^
embrassa le parti de la révolu-
tion , et devint commandant d^
Bataillon de la garde nationale.
Il disposa avec intelligence. le*
grenadiers dé la section des Filles-^
Saint-Thomas , le 10 août ijQ^y
à "défendre le château des Tuile-
ries, qui alloit être attaqué par
les Marseillois. Mandat, accusé
d'avoir voulu faire retenir çlux
Tuileries le maire Pétion • en.
chartre privée , fut mande k
l'hôtel de ville sur les cinq lieûres
du matin : si-t^ qu'il y fut ar-
rivé , il y fut orrèlé; et comme
. B4
^4
M AN
4>n le conduisoit à la prison de
l'Abbaye, il fut massacré sur l'es-»
calier àneuf beures le même jour.
On jeta son corps dans la Seine,
malgré les larmes de son G\s qui
le réclamoit pour lui donner la
sépulture. .
MANDELSSOHN, Foy-Mo-
SES Mbndblssobn.
M ANDRILLON , (J.) né à
Bourg-cn-Bresse, embrassa très-
jeune k profession du commerce ,
et/quitta sa patrie pour en suivre
• les opérations. Il voyagea en
Amérique et en Hollande , où il
se fixa. Après s'y être montré con-
traire au parti du Statbouder
et Tun des patriotes les plus zélés ,
il revint en France lors de la ré-
solution. Victime de la tyrannie
de Bobespierre, il périt sur 1*^
chafaud en 1793. On lui doit
quelques écrits, <lont le plus re-
marquable est intitulé : Le Spec-
tateur Améncain^ in— 8.® Ses vues
sur les colonies Angloises et sur
leur commerce , sont judicieuses.
Dans un autre ouvrage, Man^
driUon s'est efforcé de prouver
que la découverte de l'Amérique
«voit été aussi funeste à l'Europe
qu'à elle-même.
II. MANETTI, (Xavier)
professeur de médecine et de bo-
tanique à Florence, mort dans
cette ville en 1785, devint in-
tendant du jardin Impérial des
Plantes, Ce ne fut *pas pour lui
uii vain titre. Il donna , Catalo-^
}gus horti academiœ Florentinœ ,
et le Viridarium Florentinum ,
I1751 , in-8.0 On a encore de lui
diverses Dissertations sur des ob*
Jets de médecine , et Ornitholo-
giœ tomus quintus et ultimus «
1775, in-folio, avec des plan-
ches coloriées*
MANEVILLETTE, (Jeàn-
jBaptiçte-Denis 2 d'Après de) né
M AN
an Havre en 1707 , mort à Lo4
rient où il étoit inspecteur, en.
1780 , avoit servi en qualité de
oapitaine dans les vaisseaux d«
la compagnie des Indes , qui «la
'récompensa en lui confiant la
garde du dépôt des cartes , plagia
et journaux, relatifs à la navi-
gation des Indes orientales . et de
la Chine 9 c*est ce qui nous valut
le Neptune des Indes on Oriental..
L'auteur étoit correspondant da
l'académie des Sciences, et cha«
valier de l'Ordre du roi.
* MANOENOT, (Louis)
chanoine du Temple à Paris sa
patrie, né en 1(94, mort en
1768, à 74 ans, étoit un poêta
de société et un homme aimable^
Il remporta , sans le savoir , le
prix des Jeux-Floraux, son oncle
ayant enyoyé , sans le lui dire , vpe^
Eglogue de lui au concours. Quoi-
que d'une conversation agréable
et enjouée, son caractère n\în
étoit pas moins porté à une rfii-
santbropie un peu cynique. On
peut en jugfer par les vers sùi-
vans, surun petit sallon qu'il atoit
fait construire dans un fardin
dépendant de son bénéfice :
SiBS inquiétude» sans pcine^
Je jouis dam ces lieux du destin le
|ilus beau j
Les Diewc Q*Ofit accordé Tame d«
J}i0ghu f . . ,,
Et mes foibles tateiu m*ont Talu^soa
KOQneau.
On a publié à Amsterdam ^ 'en
1776, ses Poésies, Ce recueil
contient deux Eglogues qui ont
du naturel , de la simplicité' et
des grâces; s des Fables , dont
quelques-unes sont bien faites ;
des Contes , beaucoup trop Ji-*
bres; des Moralités; des ^é^-*
flexions. i des Sentences f ..des
Madrigaux , etc. etc. 11 y a dana
TAiithelogie quelques Chanscma
M AN
*i«1iiL «-^Son iirère Ckrht^hêen
faisoit aussi. On lui doit celle-
ei : Malgré la baèaUle qu'on donne
demain, etc. Elle fut faite dans
le temps des guerres de Flandre ,
•n 1744 9 et on lattribne à Vol^
faire,
MANGEY, (Thomas)/ doc-
teur en théologie , docteur de
Saint— Mildred , ensuite prében-
dier de Dirham , étoit associé
du collège de Saint-Jean à Cam-
Inidge. On a de lui une savante
édition de Philo n , 1742 , % vol.
in-folio.
MANIQUET, (Etienne) né
à Saint -Paul -en -Jarret , près
de Lyon y entrà chez les Mini-*
mes 9 et devint trois fois provin-
cial de son ordre. On a de lui les
Oraisons funèbres de Louis XÎV
et du prl^mier Dauphin. 11 mourut
" en 17x8*
M AN IS , .( Louis ) récollet ,
le rendit recominandable à la fin
. du 17* siècle, par une sorte d'é-
loquence populaire, qui le faisoit
suivre avec enthousiasme dans
. ses prédications. La foule fut
^ quelquefois si grande, qu'on le
força , pour la satisfaire , à prê-
cher plusieurs fois dans les places
publiques. Il mourut à Lyon sa
patrie , en 1622.
MAWLEY , ( îVfad. ) fille d'un
gouvemvur d'une des isles du
Hampshire , avoit un cœur tendre
•t un esprit intrigant, qui lui
procurèrent diverses aventures.
oa famille ayant essuyé des re-
vers, elle fit un faux mariage,
qui ne la tira pas de la misère.
Les secours que lui accorda la
dnehesse de CÎévtland, maîtresse
de Charles II, n'ayant été que
passagers , elle chercha une res-
source dans sa plume. Elle corn—
fW des Tragédies kicQQiiueS|
M A N
»f
et un roman historique et sa^
tiriqne, Allantis, traduit en frali*
çois , Rouen , 1714. 2 volumes
in— 12. Le portrait trop fidelle d«
quelques pnncipaux personnages
d'Angleterre qu'elle avoit peinte ,
d'après les instructions de son
père, attaché pendant quelque
temps à Charles II, lui attirè-
rent des tracasseries et des a^
cusations ^ auxquelles elle eut !•
bonheur d'échapper. Elle vivtJit
avec Jean Barber alderman àé
Londres , lorsqu'elle finît son.
orageuse carrière, le 11 juillet
1724. Son roman ne brille ni phr
le plan ni parle style ; cependaht
les allusions malignes qu'il fout-
nissoit , et certains tableaux
peints avec fidélité , lui donnè-
rent un succès passager. L'niS—
teur annonçoit d'ailleurs qu'elle
feroit connoitre les intrigues po-
litiques et amoureuses de s^n
pays , ainsi que le secret de ses
révolutions: et cela pique tou-
jours la curiosité des conterii—
porains.
IV. MANLIUS , ancien peài-
tre Homain , îmitoit parfaite-
ment la nature. Oh dit que des
araignées furent trompées pfcr
la représentation qu'il fit d'un»
mouche. ^
MANNï, (Joseph) impp-
meur de Florence, est auteiir
d'un catalogue historique des Sé-
nateurs de cette ville. — Son ùh ,
Dominique^Marie , lui succéda
en 1728. Ses connoissanres da^s
la grammaire , les antiquités et
la bibliographie, Tout fait Re-
garder comme l'un des plus sa-
vans typographes de l'Europe-'
• MANSÏON, (Colard) im-
pritneur et écrivain du 1 5* siècle,
étoit, selon l'opinioil la plu$ com-
mime, natif de Bruges ^oii^ fl
%6
M AN
a passé presque toute 5a vie. Qn
a de lui : I. Les Métamorphoses
d'Ovide moràUsées , traduites en
français par Mansion , du latin
de Thomas Waleys , jacobin ,
.et par lui imprimées en 1484.,
in folio. IL 7wz Pénitence d'Adàni,
traduite du latin, manuscrit à ja
bibliothèque du roi de. France y
Ji.o 7864. III. On lui attribue en-
core la 'Traduction de la Conso-^
lation de Boëce , qu'if impriipa
en 1477 ; et du Dialogue des
Créatures , Lyon , 1483. Mansion
fut le premier imprimeur de Bru-
ges; et le premier ouvrage sorti
de ses presses , fut le Jardin de
dévotion que l'on croit imprimé
en 1473. Il publia ensuite, avec
]a date certaine de 1 476 , la Puiine
des nobles , hommes et femmes ,
de Jean Bocace, On croit que
JUansion avoit appris son art en
France, du moins à en juger par
la forme de ses caractères ; il
mourut en 1484. M. VaurPraet ,
conservateur de la bibliothèque
natibnale, a publié des Reeher-^
ches sur la vie , les écrits et les
éditions d» cet imprimeur.
IV. MANUEL, (Louis-
Pierre ) né à Montargis , d'un
simple potier, reçut cependant
une éducation nssez soignée pour
entrer d'abord dans la congréga-
tion des Doctrinaires, et devenir
répétiteur de collège à Paris ,
puis ensuite précepteur du fils
d*un banquier. Après avoir ob-
tenu de ce dernier une pension
viagère, il publia un pamphlet
qui le fit mettre pour trois mpis
à la Bastille, d'oii il ne sortit
qu*avec une haine extrême contre
le gouvernement. La révolution
lui .permit de la témoignera De-
venu membre de la société .4jes
Jacobins , dès le principe de sa
forination ^ û n'^àcguip. cependant
M A N
,de l'influence qu'en tj^z ^ i>ff
on le nomma procureur de la
Commune de Pans. Alors , . il
dpnna un libre champ à ses sen—
timens et à son audace ; on le
vit publier une lettre adressée
à Louis XVI , commençant par
ces mots. Sire , fe naime pas
les Bois ; il proposa de renfermer
la reine an Val-de-Grace pendarit
la guerrre , comme suspecte , et
bientôt après , il contribua à l'in-
surrection du 20 juin. Suspendu
de ses fonctions par* Je départe-
ment, il s'y fit réintégrer par un
décret, et annonça dans un dis-^
cours, que si -le -pouvoir admi-
nistratif et le roi avoient voulu*
paraliser son zèle, il avoit ^té
plus fort queux.' Manuel ne resta
point inactif dans sa vengeance,
Apr^s avoir fait mutiler et abat-
t .tre dans la cour de l'hôtel .de
ville la statue de Louis XJV,^C9
qu'il appel oit la déchéance de-
Louis XIV, il fut le premier ht
proposer de renfermer LoMM A'KJ
au Temple, et il obtint la satis— '
faction de Ty conduire. Bientôt
il se chargea de lui apprendre
l'aboiition de la royauté et l'éta-
blissement de la republique. Dca
ce moment , soit qile le spec-
tacle du malheur ouvrît son cœur
à la pitié , soit que le calme et la
sérénité de Louis , la fermeté de
. son épouse , la douceur de leurs
enfans, eussent fait évrinouir tous^
les germes de son ressentiment ,
Manuel parut touché de leur si--^
tuatioU} et fit des eiTorts pour
. .l'ajloiicir. Nommé député à, la
Convention, il se détacha dit
\ parti de Robespierre , et chercha
. à éloigner le jugemept du monar-
. que, en demandant que le peuple
, François , réuni en assembK^e»
. primaires, fut consulté pour sa-
voir s'il consentoit h l'abolition
définitive de la royauté. Ce ckaiA^
M AN
g^ment cFopinion surprit tmn les
auditeurs. « Les Jacobins , dit un
écrivain, soutinrent qu'il avoit
été gagné par la reine ; d'antres ,
qui se prétendoient instruits ,
.assurèrent que dans le temps oti
l'armée aux ordres du duc de
Brunswick pénétroit sans obs-
tacles en Champagne 9 Manuel^
Pélioa et Kersaint se rendirent
Un matin près de Louis XVI, et
qu'après lui avoir déclaré Tétat
des choses, ils lui annoncèrent
qu'il y avoit à craindre que le
peuple ne le massacrât avec* toute
sa famille, dès que Fermée Alle-
mande approcheroit de la cnpi-
taie ; mais que s'il vou) oit engager
les alliés à retirer leurs troupes,
la Commune signeroit au bas de
sa lettre an roi de Prusse, l'enga-
§enient de mettre ses jours en
rareté, houis XVI consentit à
écrire sous leur dictée , et ils si-
gnèrent tous trois ce qu ilsavoient
promis. Cependant, honteux de
cette démarche dès que le danger
fut passé, ils convinrent de la
tenir secrète , de peur que leurs
ennemis n'en profitassent pour
les perdre. Mais lorsque le procès
du roi fut résolu , Manuel qui
avoit encore par fois des retours,
de conscience , se ressouvint de
ce serment , et vota pour la dé-
tention de ce prince et son ban-
nissement à la paix ; Kersaint
refusa de voter ; et Péllon, sacri-
fiant son serment , prononça la
mort. >» Dans le procès contre
la reine. Manuel, loin de lac—
cnser , loua son courage et plai-
gnit ses malheurs. U sentit qu'il
alloit payer de son sang son refus
à la calomnier ; mais il n'hésita
pas. Ayant en outre plaidé la
cause de quelques' émigrés ^ et
blàmé les tribunes de leurs vo-
ciférations féroces , on assura
tvssitôt en pleifie assemblée qu'il
M A N
»7
étoit devenu fou , et on I abreuva
de tant d'injures qu'il fut forcé
de donner sa dénii.^sion. Manuel
9e retira à MonLir^^is , où on voit-
lut le faire assassiner; mais sa
mort n'ayant pïis suivi ce caii>-
plot, on le fit arrêter, traduire
à la concierpoiie de Paris, iroîi
le tribunal r^voUitiomiaire l'eu-
voya à l'écbafaud , le 14 no7i*ni—
bre 1793 ^ à l'iige de 4c an.:«; il y
monta, dit-on, d»»vor«^ 'Je re-
mords, et l'esprit prcfqn"ent»>re^
ment aliciié. Manuel «ivoit de ^a
facilité à parler, c* u e conci-
sion piquante qui n'c^Ciroit i>oiot
de sécheresse. Sef repartrrs j.-toir'nt
vives et mortbntjs ; on p;*nt en
juger par celle— ci; Le d<^s>nté te
Gendre qui avoit cii bouclier 9
.piqué de ce qurr Ji/fiwvf/ venoîk
de combattre avec succès 1 uîjc
de ses motions,, s^écria : «Kh
bien ! il faudra décréter que i>/if-
nuel a de l'esprit ! » // vaudront
bien mieux décU'Ur , répondit
celui-ci, que je suis une kcte,
parce que le Gendre, rx^rçani la
projcssion , auroit le drc^it de me
tuer. Emporté dans s*îs passions,
haineux, passant subitement d'un
projet barbare à «les voies de
douceur, f< rore par contradic-
tion, quolqu(?roi5 loyal et juste;
se croyant philosophe , parce
qu'il rejetoit tout principe reli-
gieux , il montroit avec complai-
sance un amour propr*» excessif,
et se disoit de bonnt» ibi un grand
écrivain. 8es ouvnin».»s sont loin
de justifier cette pr.ti-ntion. On
lui doit : I. Lettre d'un officier
des Gardes du cor»)», 1786,11) K.^
II. Coup d'œil j/!i.ilosophiqn€ sur
le règne de St, Louis, 1786,
in— 8.° III. JJ année François ft ,
4 vol. in- 12. L'auteur place la
vie d'un François illustre à cho-
que jour de l'année 9 pour réunir
son souvenir à celui du saintquJPA
i8
M AR
honore. C«t ouvrage est écrit tan-
tôt avec une emphase ridicule,
tantôt avec une trivialité dégoû-
tante. IV. La Police de Paris dé»
voilée , 2 vol. in-8.** Manuel pu-
blia cette indécente production
au commencement de la révolu-
tion ; elle blesse autant la pudeur
que le bon goût. V. Lettres sur
)a Révolution 9 recueillies par un
ami de la Constitution, 179^9
in-8.^ YI. Manuel fut réditeur
des Lettres écrites par Mirabeau ,
du Donjon de Vincennes , à 5o-
p&i>4 depuis 1777 jusqu'en 1780.
Il mit en tête de ce recueil une
préface remplie d'idées bizarres ^
de cynisme, et d'extravagances;
on peut la ranger parmi les écrits
qm anroient mérité à leurs au-
teurs une place aux petites mai-
tons.
MARAT, (Jean -Paul) né
en 1744 4 à Beaudry dans le pays
deNeufchâtel en Suisse, de pa—
rens calvinistes, fut entraîné par
une imagination ardente, un ca-
tactère violent, im cœur ami
de la cruauté et des excès, à
quitter sa famille , sa patrie ,
pour devenir , à Paris , l'apôtre
le plus furieux des proscriptions
et des massacres révolutionnaires.
Après avoir étudié quelques prin-
cipes de médecine , il se fit char-
latan, monta sur un tréteau,
et vendit publiquement des her-
"bes au peuple. Bientôt son am-
liition saccrut ; il composa une
eau- qu'il ©retendit souveraine
contre toos les maux , et en
remplit de petites bouteilles qu'il
vendoit deux louis. Ce prix ex-
cessif ne lui en procura pas im
débit considérable. Resté dans la
misère , vil intrigant , il chercha
bassement à flatteries grands pour
en obtenir un regard, et parvint ,
è force de soUiciUtions^ à se faire
M AR
nommer médecin des écnries M
coDjite d'Artois : quelques Ouvra-4
ges écrits avec assez de force, et
où il soutint, en médecine et en
pbys!iqne,"des principes singu-
liers, le firent connoître. 'Il voya*^
gea en Angleterre , et il en revint
au commencement de la révolu-
tion , ponr agiter parmi nous les»
torches des incendiaires et aiguiser
le fer des assassins. Son premier
journal , le Publiciste Parisien, ^
commença à attaquer las hommes
en place , et particulièremeitt
3Vf. Necker, qu'il appeîa Ckeva-^
lier d'industrie, et à qui il prédit
le 'sort de Law, A ce Journal suc-
céda Y Ami du Peuple, oii Taii-
teur, chaque four, prêcha le
meurtre , le pillage et la révolte-^
avec une audace dont on n'avoit
point encore vu d'exemple. Il.prOp*
voqua des rixes entre la gard»
nationale et celle du roi : incita
les armées à égorger leurs géné-
raux, les pauvres à envahir 1a
fortune des riches ; les patriote»
à poignarder leurs ennemis. Le
premier il ouvrit le conseil des
massacres de septembre , en prc>^
posant à Danton de déblayer les
prisons d'une manière prompte $.
et son moyen fut de les faire in-
cendier» Il se rendit ensuite e^
Tavis d'y immoler les prisonniers.
"Vainement l'assemblée voulut-
elle , à diverses reprises , mettre
un terme à sec fureurs, en le
décrétant d'accusation. Marat ^
caché dans la cave du député le
Gendre et dans le souterrain dles
Cordeliers, n'en continua pas
moins à braver ses adversaires,
et à les dévouer à la mort dans
ses feuilles. La municipalité fit .
saisir ses presses ; Marat en • fit
enlever quatre autres dans l'im-o
primerie même de l'assemblée ,
et les jacobins empêchèrent qu'on
osât lui reproeher cet attesktalL
MAR
Honiné député de Paris à la Coii«4
Teution 9 il y parut toujours ar-
mé de pistolets. Toujours récla*«
mant p«nr qu'on fit succéder des
arrestations à des arrestations ,
«t de nouveaux carnages à ceux
qui ne venoient que de finir. Il
dénonça successivement tous les
députés de la Gironde ^ la plupart
des ministres, le plus grand nom-
bre des généraux. Accusé par
"Barharoux d'outre-passer le vœu
même des égorgeuFS,en deman-
dant encore trois cent mille tê-
tes ; loin de . nier ce propos , il
«voua que c'étoit son opinion,
« Oui , s*écria-t-il y le peuple
doit massacrer encore tous les
partisans de l'ancien régime ^ et
jédnir« , par une prompte justice ,
au quart tous les meilibres de la
Convention. » Il termina, en dé-
fiant tous les décrets d'empêcher
un homme comme lui de percer
éins l'avenir , comme le véritable
êmi du peuple et son guide» Lors
du procès de Louis XVI, il s'op-
posa à ce qu'on lui donnât un
conseil , et vota sa mort dans les
vingt — quatre heures. Quelque
temps après 9 il fut conduit à la
tribune , et couronné de lauriers
par une horde d'assassins, qui
le suivirent et franchirent \e%
portes de l'assemblée. H y de-
manda bientôt que la Conven<v
tjon ne mit aucune borne à. la
Lberté des opinions , afin , dit-
il, que je puisse envoyer à ZV-
€hafaud la faction des députés
qui ont osé. me décréter d'accu-»
talion. On ne peut présumer à
quel poin): d'égarement Marat
auroit pu conduire ses nombreux
satellites ) combien il auroit pu
grossir les flots de sang qu'il avoit
déjà fait répandre , si une femme
n'en eût arrêté le cours. Cfc/ir-
lotte Corday l'assassina comme
jl étoit au bain, Iç J14 iuji]
M A R
*f
i%<fi» A sa mort^ on lui décerna
les honneurs les plus insensés.
Dans toutes les places publiques
de Paris , on lui érigea un arc de
triomphe; sur celle du Carrou-
sel , une pyramide présenta, à
l'adoration de ses complices , son
buste, sa baignoire ensanglantée,
son écritoîre et sa lampe. On y
posa une sentinelle qui , au milieu
de l'hiver et d'une nuit sombre,
suivant un historien , y périt de
froid ou d'horreur. L'assemblée
ne craignit pas d'accorder a ses
restes une place au Panthéon ;
mais la France , indignée , ne
tarda pas à briser ses bustes , à
exhumer son corps du lieu ok
la faction l'avoit si honorable-
ment déposé , et à le jeter dans
l'ëgout de Montmartre. On lui
appliqua alors ces deux vers la-
tins , qui méritent d'être connus :
C^rpwe cum fitdo , ipeeits tsifetdior or h,
Fadum pectMS htt^tt , fotdiui lugeHimm,
Marat étoit d'une petite taille
qui n'avoit pas cinq pieds de hau-«
teur. Sa tête étoit monstrueuse-»
ment grosse , son regard farou««
che, sa figure hideuse. Sans but
dans ses crimes, jaloux même des
méchans, il parloit avec véhé-
mence, et toujours avec une
sorte d'énergie. Ses expressions
étoient incorrectes ; mais elles
peignoient bien la noirceur de
ses projets, et dévoient plaire
'à une multitude ivre de nou-^
veaiités et de crimes. Son style
est facile et ne manque pas d e^
légance. Avant les journaux dont
nous avons parlé, Marat avoit
publié les écrits suivans : L D9
Y Homme ou , des Principes . de
V influence de Vajne sur le corps ,
et du corps sur l'ame , 1775, deux
vol. in— 12. Voltaire daigna faire
la critique la plus amère de cet
javrage jt as l'agiour propre s^
30
M A R
trême de son anteirr. H. Décou^
verte snr le feu, rélectricité et
la liiniièi-en ï779 ^ in-8.° Dans
cet écrit , Marat prétend que le
feu n ert point une émanation
dn soieil, ni la chaleur un at-
tribut de la lumière. A Tnide du
microscope solaire , il a fait àe%
rxpériences pour prouver que ]a
matière ignée n'étoit ni la ma-
tière électrique ni celle de In lu-
mière, que les rayons solaires ne
produisent la chaleur qu'en ex-
citant dans le corps le nionve—
ment du fluide igné, que la flam-
me est beaucoup plus ardente que
le brasif r , etd autant plus , qu'elle
acquiert plus de lé^jf-reté ; en
«orte que celle de l'esprit de vin
très — rectifié , qu'on regardoit
jcomme ayant à peine quelque
chaleur, tient, suivant lui, le
premier rang. III. Découverte sur
la lumière, 1780, in— 8.** Il y
attaque le système de Newton ,
que l'académie de Lyon avojt
mis en problème pour le sujet
de l'un de ses prix. IV. Recher^
ches sur rélectricité , 1782,
in-8.** V. Mémoire' sur rélectri-
cité médicale, 1784, in -8.*^
VI. Observations de l'amateur
Avec à Vabbé Sans , 1783 , in-8.®
Vu. Notions élémentaires d*op-
tique, 1783, in-S.*» VIILiNTo/i-
çiUes découvertes sur la lumière,
1788 , in-8.°
MARBŒUF, (Yves-
Alexandre de) né dans le dio-
cèse de Rennes, en 1734 9 d'une
famille distinguée par ses services
militaires , embrassa l'état ecclé-
siastique , devint chanoine et
comte de Lyon , évêque d'Autun
en 1 7 67 , archevêque cle Lyon ;
appelé enfin au conseil et à la
direction de la feuille des béné-
fices en 1788. Il se retira dans
lés pi)js étrangers pendant les
M A R"
orages de la révolution ^ et f-
mourut,, regretté pour son amé*
nité , ses vertus et ses connois-
sances. On lui doit des Ins^
tructions Pastorales , très-bien^
écrites. >
XL MARC , (N**) acteur de
la troupe bouffonne d'Alard, dé-
buta à Paris en 1697. Il est le
premier qui ait joué le person-
nage de Gilles, dont il prit io
surnom.
B/IARCÊ , (Roland) Angevin,
fut lieutenant général du bailliage
de Baugé , et donna ^ en 1601,
une tragédie à^Acham , imprimée
la même année à Paris , chez
Huby»
VL MARCEL, (Etienne)
prévôt des marchands de Paris ,
s'étoit concilié l'amour du peuple
par son oppositio^i à la cour ,
pendant la prison du roi Jean^m
Voyez dans l'article de ce âet^
nier, n.^ xux, la suite de son
histoire.
X. MARCEL, (N.) fameux
maître à danser , étoit plein d'en-
thousiasme pour son art. On con-*
noit son mot devenu célèbre,,
lorsqû'étudiant profondément le«
pas d'une danseuse, il s'écria :
Que de choses dans un menuet i
« A la démarche, à l'habitude du
corps , dit Helvétius, ce danseur
prétendoit connoître le caractère
d'un homme. Un étranger se pré-
sente un jour dans sa salle : D&
quel pays éles-vous ? lui demande
Marcel. Je suis Anglais, — Vous
Anglois ! lui répliqua Marcel :
Vous seriez de cette isle où les
Citoyens ont part à V administra^
tion publique , et sont une por-m
tion de la puissance souveraine !
Non , Monsieur : ce front baissé ,
ce regard timide, cette démarche
incertaine , r«> m^'anrroncent qw0.
M A R
Veseiave litre d*un électeur, » On
doit a Marcel t les airs du Tour
de Carnaval , opéra de d'Al-^
laiiwaU
* I. MARGELLIN , succéda
au pape St, Caïus, en 296, et se
signala par son courage durant
2a persécution , selon les uns ,
et sacrifia aux idoles, selon d'au-
tres. Du moins les Donatistes
Ten ont accasé. Sc, Augustin nie
ce fait , sans apporter aucune
preuve justiBcativc , dans son
livre De iiaico hnptismo , contre
Pétilien. Ler Actes du concile de
Sinnesse , contiennent la même
accusation : mais ce sont des
pièces supposées , qui n'ont été
fabriquées que long- temps après.
Cependant Je martyrologe et le
bréviaire romain rapportent que
MarceLlin se laissa persuader par
J'empereuf païen d offrir de Ten-
cens aux dieux du paganisme ; et
Buronliis , Bellarmiii et d'autres
canonistes Italiens, s'appuient de
l'exemple de MarceUin^ qui ,
malgré sa chute , continua d'être
pape , pour prouver que le chef
de l'église ne peut être soumis à
aucun tribunal de la terre. L'in>
nocence-de Marcellin peut donc
être rangée au rang des pro-
blêmes historiques ; mais son re-
pentir ne peut être douteux. Ce
pontife tint le siège un peu plus
de huit ans , et mourut le 24 oc-
tobre 3o4, également illustre par
sa sainteté et par ses lumières.
Après sa mort , la chaire de
Rome vaqua jusqu'en 3o8.
IV. MARCELLIN, (Pan-
crace.) doyen du collège de Mé-
decine de Lyon , dans le der-
nier siècle , publia des notes sur
Merciirial , et un traité de la
Peste.
M ARCELLINE , ( Ste :)Ç sœur
(|îaée de Sc» Ambroise , et fille
M A R
ÎI
^un préfet des Gaules , suivit
sa mère à Rome après la mort
de son pèpe , et se consacra à
éiever ses frères dans les maximes
pures de la religion chrétienne ,
et l'exercice des vertus. Elle prit
le voile sacré des mains du pape,
en 352 , et mourut quelque temps
après. L'Église célèbre sa fête !•
17 juillet.
lïl. MARCHAND , ( Henri )
religieux du Tiers - Ordre de
Saint- François , sous le nom
de P. Grégoire , né à Lyon en
1674, mort à Marseille en 1760,
construisit les deux fameux globes
de s\x pieds de diam^re , qui
étoient dans le couvent de la
Guillotière , à Lyon.
IV. MARCHAND, (Jean-
Henri ) avocat et censeur royal,
a publié dans les Journaux plu-
sieurs pièces de vers agréables.
On ti'Duve quelques-unes de ses
chansons^ dans le tome deux de
VAntkola^ie Fratii^oise. Sa gaieté
et une plaisanterie assez fme, ont
donné du succès à plusieurs de
ses opuscules en prose. Ceux-ci
sont : I. Requête du curé de Fon*«
tjenai, ij^S. Il» Autre des souS»*
fermiers pour le contrôle des ^
billets de confession. III. Mé^
moire pour M. de Beaumanoir
au su jet du pain bénit ,1756, in-8.®
IV. L* Encyclopédie p^rrufjuière ,
1757, in- 1 2. V. Mon radotage ,
in- 12. VI. Hilaire , critique de
1769, Bélisaire , 1767, in-12.
VII. L* Esprit et la chose , 1768 ,
in-8.'' VIIL Requête des Fiacres ,
les Panaches ou les coiffures à la
mode, l'Egoïxte , Testament po^
litique de Voltaire. On lui doit
deuxécrits plus sérieux, un Éloge
de Stanislas roi de Poloiçne, et
les TJéîassemens champêtres, 1.768,
2 vol. in- 12. L'auteur est mort
vpr» i70Oi
3*
M A R
V. MARCHAND , ( Mad. 1« )
fiUe du poète Duché , eut de l'es-
prit et des grâces. Elle dirigea
souvent son père dans ses écrits,
et e/i a publié un elle-même) sous
le titre de Comte deBoca*
MARCHEBRUSC, (N** Cka.
hôt de) d'une ancienne maison
de Poitou , se rendit célèbre en
Provence, où elle se maria, par
£on esprit et ses poésies ; fixée
à Avignon, elle y établit une
cour damour qu'elle présida , et
où elle prononçoit sur toutes les
contestations amoureuses qui lui
étoient soumises par les dames ,
les seigneurs et les troubadours.
Qette femme aimable composa
nn petit ouvrage en prose, intitulé :
De la Nature de l'Amour, Son fils
fut aussi poète , et publia Las
gaulas d'amor, les Tableaux d'a-
mour. L'un et l'autre vivoient
sous le pontificat de Clément Kl,
^ et en 1846. Nostredame, gothi-
que historien de Provence, crdit
que Pétrarque a voulu attaquer,
dans quelques-uns de ses sonnets ,
hi dame de Marchebrusc ^ qu'il
appelle Mère Bahylonne , Foa-
iaine de douleur et Nid de
trahisons ; mais cette opinion a
paru peu vraisemblable*
MARCHIS, (Alessio) peintre
de Naples , habile paysagiste ,
dont^ on voit des tableaux dans la
Ijalerie de Veymar , mourut en
Italie vers l'an 1740. Il avoit été
«m prison né à Rome pour avoir
parlé avec trop d'indiscrétion ;
mais l'estime qu'on y avoit con-
çue pour ses talens, lui fit bientôt
rendre sa liberté.
MARCI, Voyez Marcy et
Marsy.
I. MARC1A-0tacilia-Se-
VBRA", impératrice Romaine ,
femme de Philippe , pftrojt çvoir
MAR
participé an meurtre de l'empew
reur Gordien assassiné par son
époux , puisqu'elle subit^ans ré-
sistance la pénitence publique
qui lui fut imposée par Bahylas «
évoque d'Antiocbe. Ses médailles
lui donnent un air tout à la Foitf
noble et modeste. Elle vivoit
l'an 244. — On connoit une autre
impératrice Romaine de ce nom ;
c'est Marc I A FurniUa , femme
de l'empereur Titus , et qui fut
répudiée par ce dernier, épris
d'amour pour Bérénice reine de
Judée.
IL M ARCïA-Proba , femme
de Guithelind , souverain des an-*
ciens Bretons , prit le gouver-
nement de ses états après la mort
de son époux , et rendit ses peu'^
Î)les heureux. On recueillit ses
ois , sous le titre de Leges Man-m
cianœ ; que Gildas , surnomni^
le Sage « traduisit en latin ^ et que
le roi Alfred fit aussi traduire en
saxon.
MARCKLANB, (Jérémie)
célèbre critique Anglois , éditeur
de différens auteurs grecs et la— •
tins, naquit en 1693 , et mourut
en 1776. On a de hri, un Com^^
men taire sur le livre de la Sagesse ,
in-8.0
IV. MARE, (L'abbé de la)
mort en 1746, a donné, à TO—
péra, les ballets de Titon, de
Thomas amoureux et de Zaïde »
dont Boyer a fait la musique.
I. Maréchal , ( Antoine >
avocat au -^parlement de Paris j
est auteur de plusieurs pièces re-*
présentées an théâtre François^
mais qui n'y sent pas restées.
Leurs titres sont : L'inconstance
d'Hylas g pastorale en cinq actes ;
la Sœur valeureuse; le Railleur
Fanfaron ; Lisidbr; le Mausolée»
Ce§ çO0xédies sont en cinq actes.
♦.*»» . >».
M âK
Jfaréchal donna anssi deux titH
gédies^ Charles le Hardi, et Pa^
pyrius^ Il termina sa carrière dra-
nxatiqae, en 1645.
III. MARÉCHAL» (Pierre-
Sflvain ) né à Paris en if^Oj
embrassa d'abord la profession
da barreau , qu'il quitta pour
la littérature. Il devint garde
des livres de la bibliothèque du
collège Mazarin ; et dans cette
place 9 il paya son tribut à la
révolution françoide, par quel-
ques brochures exagérées « et par
la pe/nme Abbé , mauvais roman
«nti— religieux. Çawtenr ne roé-
riteroit pas d'Atre connu 9 s'il
n*avoît produit auparavant d'au-
tres ouvrages , qui sont lus avec
plus d'intérêt, et qui ne manquent
ni d'esprit ni de grâces. Les plus
remarquables. sont : L Des Ber-
geries , 1770, in- 1 1. Depu i s Ja
publication de cet écrit, l'ait-
teur seplaiaoit à s'appeler le Bef"
ger Sylvain, IL Le Temple de
l'Hymen , 1771 9 in-i». IIL Bt-
hliothèque . des Amans, 1777 #
în- 1 6. IV. Tombeau- de J. J, Bous-*
seau , 1 779 , in-S.** V. Le Livre
de tous les âges, i779 5in-i2.
VI. L'Age d'or, 1781, in- 12.
.VU. Idvre échappé au déluge ,
1784» in— 12» Ces deux derniers
Opuscules oEfrent des pseaumes
et d'agréables historiettes en ^
prose. VUT. Recueil des Poètes
moralistes Français , 1784, 2 Vol.
in— iS. IX. Costumes civils ac-
tuels de tous les Peuples , 1784 ^
în-4.** X. Tableaux de ta Fable,
1787. XL Paris et la Province,
ou Choix des plus beaux Monu-
mens d'architecture en France ,
1787. Xll. Catéchisme du curé
Meslier, 1789 , in-8.** XIII. D«3-
tionnaire d'amour , 1 7 8 9 9 in"- 1 6.
XrV. Jde Panthéon , ou les Fi-*
gures de la fable , avec leurs his-^
SuppL. Toms Ilh
M A R
JX
tùiret , 1791 , in-.8.<> XV. Jlma*'
nach des honnêtes gens , i793«
XVI. Décades du Cultivateur «
a vol. in-i8. XVO. Voyage de
Pythagore, 1798, S vol. in-8.*
C'est une imitation des Voyages
d^Anacharsis , par Bartftélemy f
mais imitation tcès-foible « et
qui n'approcbc ni de l'érudition
ni de la force de style de ce der-
nier écrit. XVIIL Dictionnaire
des Athées, 1800, in-8<> : ou-*
vrage calomnieux , plein d'impu-
tations fausses , et qui a fait tort
à son auteur. XIX. Celui— ci •
publié les précis historiques qui
accompagnent divers recueils de
gravures, tels que Y Histoire de
la Grèce , l'Histoire de France ,
en figures ; le Muséum de Flo"
rence « etc. Maréchal est mort h
Paris 9 le 28 nivôse an XI ( 1 3 jan-
vier i8o3).
MARÉCHAL, Voyez
BiÈVRE.
MARÉCHAL b'Anvers,
(Le) Voyez Messis,
MARENNES , ( la comtesse
de ) Voyez I. PârtHenaV.
MARES, Voyez Besmak^t^.
MARESCOTI, (Marguerite)
de Sienne , vivoit en i 5 S 8 , et
cultiva avec succès la poési'». Le
recueil , intitulé la Guirlande ,
publié par Angela Beccaria , ren-
ferme quelques pièces de Mares^
coti. —Une Romfiine du morne
nom 9 tante d'un carrlinnl , ro-
ligieusé à Viterbe, oii elle mou-
rut en 1640 s « ^té béatiriée
en 1726, par Benoit XI IL La
Vie de celle-ci a été publiée en
Italie.
MARGRAAF, ( André-Si«;îs-
mond) directeur' de l' académie
de Berlin , naquit dans cette
ville 9 le 9 mars 1709. Il se g#»<*i
%4
MAS
sacra , dès ëa jeunesse 5 à l'étude
de la cbimie 9 et fit de rapides
progrès sous Nèwman , Junker et
ffenckel , qui furent ses maîtres*
X«a cfaimre des métaux lui doit
des découvertes précieuses ; après
avoir beaucoup travaillé sur la
pldtine j il enrichit la minéralogie
par la découverte d'un nouveau
demi-métal , connu sous le nom
de Manganèse. Le premier , il a
donné une analyse complète des
pierres dures, et a contribué
plus que personne 9 par son
exemple , à introduire dans les
opérations chimiques , une mé-
thode simple , ciaire,'débarr»ssée
de tout esprit de «ystème et d'hy-^
pethèse. Il est mort 9 le 7 août
1781. L'histoire de Vacadémfie
des Sciences de Pjaris , dont il
fut membre , renfermé une
longue Notice sur sa Vie et ses
découvertes.
MARIA , (N. Délia) musicien
Italien , vint eA France ^ et y
porta sur la scène italienne une
musique expressive et douce. Il
est mort h la fleur de son âge,
laissant de vifs regrets aux con-
noisseurs, qui avouent fondé le
plus grand espoir sur ses talens.
On lui doit la musique du Pri-^
son nier ou La Ressemblance , opéra
plein d'airs agréables et facile-
ment retenus ; de Y Oncle Valet;
de \ Opéra comique ; de la Fausse
JDuègne , pièce qui n*a été jouée
qu'après sa mort. « Délia Maria,
a dit un écrivain plein de gofût ,
étoit im de ces musiciens, tels
qu il en faut à \% France : Fran^*
çois pofir l'esprit et le gont ,
Italien pour le génie et le sen-
timent de la musique, unissant
« la mélodie ultraihontaîne , la
«onnoissance de notre langue et
dé notre théâtre ; c'est après
^rétry , ie . compositeur qui a
M AU
le nhienx connu la scène\ et qtf
a répandu le plus d'intelUgettea
et de finesse dans ses onvnges^
La musique est une 9 il est vr«y
mais elle a, comme la poésie^
des beautés arbitraires et locales»
L'art d'adapter au goût françoi*
les grandes et véritables beauté*
de la musique 9 suppose un genre
de mérite supérieur aru méca««
nisme de la composition musi^
cale.... Délia Maria p'a pas au«
tant d'esprit que Gréùry, mai«
sa manière est plus moderne ;
il n'est pas si heureux dane !•
motif des airs, mais il a plus
d'éclat 9 de vivacité et de ]égé>m ^
reté dans les morceaux d'enseaiW
ble; il y a plus de natm*el et i
d'invention chez Grétry ; plas
de pureté et de tournure cfaes
Délia Maria ; le premier est plus
riche ; le second plus élégant ;
tous les deux sont pleins d«
graca^ et de délicatesse ; tous leo
deux se distinguent par k sa»*
gesse du style et la vérité à»
l'expression : ils p^rotssent avoir
recherché l'un et l'autre cet atti->
cisme si fameux chez les Grecs ,
c'est-à— dire , une élégante stm-*
plictté t éloignée de tout excès '
et de toute affectation : mais
l'atticisme de DeUa Maria est ^
plus brillant et plus fin ; celui
de Qttétry plus nourri et pht9
vigoureux. »
MARIE - MAGDELEINÈ i
Voyez Macdeleine.
V. MARIE 9 ( Sainte ) nièce
du saint solitaire.^^rafr/im , per-x
dit sa mère dès son enfance , et
fiit recuK^iliie par son oncle, qtii
lui fit bâtir une cellule près d^ ,
la sienne 9 et prit Soin de l'ibs**
truire par une petite fenêtre qui
servoit de commimicationk Par-i
venue à l'âge des passions , Ma*ie
s'ennuya de sa solitude ^ et sitivit
M A H
im amant qui Tentraina ihnâ le
désordre. Abraham resta deux
ans sans savoir ce qu'elle étoit
devenue* Apprenant enfin qn'ella
a*étoit cachée sous un faux nom
dans une. ville voisiné , il alla la
chercher , la fit revenir de ses
erreurs , et la ramena dans sa
cellule où elle fit une austère pé-
nitence jusqu'à la fin de ses joiirs*.
Elle mourut à l'âge de 4 S ans ,
k la fin du 4* siècle. UEglise fait
xa fête le 29 octobre.
VI. MARIE , (Sainte) esclave
et martyre y servoit dans la mai«-
tond'nn officier Romain nommé
Tertulle. Celui-ci , pour l'obliger
k renoncer à la religion Chré-
tienne 9 la fit battre de verges et
emprisonner. Elle trouva moyen
^ s'échapper , et se retira dans
daffreux rochers oh elle mourut
7ers la fin du quatrième siècle
ou au commencement du cin-
quième*
VIL MARIE , (Sainte) sur«
nommée la Consolatrice , parce
que le principal soin de sa vie
fat de consoler les affligés , étoit
de Vérone , et fut souvent re-
cherchée en mariage pour ses
vertus et sa grande beauté ; mais
elle préféra l'état tle vierge , et la
pratique austère de la pénitence.
Elle mourut dans le sixième
siècle.
VIIL MARIE, (Sainte) et
«ainte Garcie , martyres , naqui-
rent à Carlette dans le royaume
de Valence de parens Mahomé-
tans. Leur frère Bernard se fit
Chrétien , s'enfuit de la maison
paternelle., et vint en France
prcndrp l'habit religieux de l'or-
.dre de Clteaux dans le monastère
de Poblèse. Bientôt le zèle de la
religion le fit retourner en Es-
pagna^ oii il convertit et baptisa
M AK
ii
m éetxt sœurs. 11 leur persuadai
de raccompagner en France %
mais le frère tXtié , furieux, da
leur fuite et de ce qu'elles aboient
abandonné le Mahométisme , lea
poursuivit , et les ayant atteintes
près de la ville d'Alcyre , il lea
immola à sa colère y le 22 aoû|[
laSo»
* XII. MARIE DB MÉDieis ^
fille de François II de Médicis ^
grand duc de Toscane , et femmo
de Henri IV roi de France , na-
quit à Florence Tan 15.73. Son
mariage avec Henri IV fut cé-«
lébré en 1 600. Le cardinal Aldro*
handin , neveu de CUfhent VII Ip
qui en avoit fait la première cé>^
rémonie à Florence, lorsque 1«.
duc de Bellegarde remit la pro><
curation pour l'épouser, étala
une grande magnificence. Le du%
de Florence donna des fétea
somptueuses. La représentationi
d'une seule comédie coûta plus
de soixante mille écus. Marie ds^
Médicis fut nommée régente dit
royaume en 1610 , après la mort
de Henri IV. Le due à'Epemon ,
colonel général de l'infanterie p-
força le parlement à lui donner.
la régence : droit qui jusqu'alors
n^avoit appartenu qu'aux états
généraux. Marie de Médicis , k
la fois tutrice et régente , acheta
des créatures , de l'argent qusi
Henri le Grand avoit amassé
pour rendre la nation puissante.
L'état perdit sa considération ati
dehors, et fut déchiré au dedans
par les princes et les grands sèi'^
gneurs. 'Les factions furent apw
paisées par un traité ,^en 1614^
par lequel on accorda aux mé-«
contenu tout ce qu'ils voulurent;
mais elles se réveillèrent bientôt
après. Marie , entièremenlj livréa^
au maréchal d'Ancre et à Gali-^
g»î^ son épouse, les favoris lj||
C A
i^
M A R
plus insolens qui aient approché
du trône , irrita les rebelles par
cette conduite. ( Voyez Ludb. )
La mort de ce maréchal , assas*
«iné par Tordre de LoiUs XIII,
éteignit la guerre civile. Marie
fut reléguée à Blois , d'où elle
«è sauva h. Angonléme. Riche^
lieu , alors évéque de^ Luçon , et
. depuis cardinal , réconcilia la
mère avec le fils en i6iq* Mais
Marie, mécontente de rjnexé-
cution du traité 9 ralluma la
guerre , et fut bientôt obligée
de se soumettre. Après la mort
du connétable de Luynes , son
persécuteur, elle fut à la tète
du conseil ; et , pour mieux af-
fermir son autorité naissante ,
elle y fit entrer Richelieu , soîi
favori et son surintendant. Ce
cardinal 9 élevé au faîte de la
grandeur à la sollicitation de sa
Jbienfaictrice , affecta de ne plus
dépendre d'elle , dès qu'il n'en
eut plus besoin : Marie de Mé--
dicis indignée , fit éclater son
ressentiment après la guerre d'I*-
lalie^ en 1629. Richelieu , en
arrivant à la xour y fut mal reçu
par la princesse , dirigée alors
par le cardinal de BeruUe , qui
ne la disposoit pas favomblement
pour le ministre. Quand il parut ,
Marie de Mé dicis \xù demanda
froidement des nouvelles de sa
santé. Je me perte mieux , ré-
pondit-il en présence de Berulle ,
^ue ceux qui sont ici ne vou-» .
droient. Depuis, la reine n'oublia
rien pour le perdre. Louis XIII
étant tombé dangereusement ma*4
lade à Lyon , ses importunité»
lui arracbèrent la promesse de
renvoyer le cardinal. A peine le
roi fut-il guéri, qu'il tâcha d'é-
luder cette promesse , en tachant
de reconcilier sa mère et son
miïiistre. Richelieu se > mit plu-
"^Mrs fois aux pieds de la reine ^^
M AFf
«ftns pouvoir la fléchir: Je me
donnerai plutôt au diable^ disoit-
elle , que de ne:, pas me venger.
Son inflexibilité déplut an roi,
qui avoit sacrifié le cardinal par
foiblesse , et qui sacrifia sa mère
à son tour par une antre foi-
blesse. Cette rigueur , exercé»
contre une mère par son fils ,
fut amenée par des manœuvre*
de cour, qu'il est bon de 'faire
connoîtfe. On assembla d'abord
un conseil secret , où , comme
on disOit alors , le cardinal d^
Richelieu étoit le mobile de tout.
Il y prononça un discours plus
long , que bien écrit et bien rai-*
sonné ; il proposoit , pour faire
cesset les cabales et les factions
qui agitoieiit la cour , qu*on ap««
paisàt la tempête en le jetant
dans la mer comme un autre
Jonas t c'est-à-dire qu'il quittât
le ministère , ou que la reine
qui fomentoit les divisions , fût
éloignée de. la cour et des peiv
sonnes qui subjngaoient son es-
prit. Pour n'être pas jeté daiw
la mer , il fit ensuite une expo-*
sition si adroite des dangers qu9
oouroit la France , par les en-»-
nemis du dehors et par les intri-
gues du dedans , que Louis XIII
«e seroit cru perdu s'il n'avoit
plus eu l'appui de son premier
ministre. Tous ceux qui opinè-
rent dans le conseil , soit per-
suasion , soit flatterie , soit brair»
te de Richelieu , fortifièrent la
roi dans son opinion ; et il y
persista d'autant plus , que le
cardinal lui avoit insinua qtie sa
mère vouloit mettre Gaston ,'son.
second fils , sur le trône. Il se
décida donc à la faire dt'tenir au
château daCompicgne , le 23 fé-
vrier 1 63i , en lui donnant pouivi
tant le choix de Moulins , de
Nevers , ou du chàieau d'Angers
potsr le lieu de soii exil. Mariti
M A R
lefasa d'être transportée aîDeurs»
Elle craignoit qu'on ne voulut
la renvoyer à Florence sa patrie ,
et elle espéroit peut-être que le
voisinage de Paris lui ménage-
roit des moyens de se procurer
de nouveaux amis , ou de susci-
ter des ennemis au premier mi*
nistre. Cependant toutes les da—
Joes , tous les courtisans qui lui
étoieiit attachés , et niéme son
médecin , furent ou exilés ou
mis à la Bastille. On fit défense
à Anne d'Autriche sa bru , de la
voir. Louis XIII donna une dé-
claration 9 adressée aux parle-
meus et aux gouverneurs des pro-
vinces , pour justifier sa conduite
«t celle de son mihistre. Des
écrivains mercenaires vmrent à
îappui , et augmentèrent ou di-
nùnuèrent les imputations et le»
iflvectives contre la reine-mère ,
«elon qu'ils furent bien ou mal
psyés. Cette princesse ne tarda
pas de se lasser du séjour de
Compicgne, qui étoit pour elle
mie véritable prison. Elle s'évada
«t se retira à Bruxelles en 1 63 u
Depuis ce moment elle ne re\'it
ûi son fils ni Paris , qu'elle avoit
•mbelli de ce palais superbe ap-
^ pelé Luxembourg , des aqueducs
Ignorés jusqu'à elle , et de la pro-
menade publique qui porte en-
€ore le nom de la Reine, Du fond
de sa retraite , elle demanda jus-
tice au parlement de Paris , dont
«Ue avoit tant de fois rejeté les
remontrances. On voit encore
wjourd'iiui sa requête : « Sup-
plie Marie , reine de France et
de Navarre , disant que depuis
1» 23 février auroit été prisqii—
nière au château de Compiegne ,
*ans être ni accusée ni soupçon-
née.,.. » Quelle leçon et quelle
«oiisolation pour les malheureux !
La veuve de Henri le Grand , la
Bièrôd'im roi de France., la b^er
M A R
57
mère de trois souverains , (le roi
d'Espagne , le roi d'Angleterre et
le duc de Savoie ) manque dn
nécessaire et meurt dans l'indi-
gence ! Ce fut à Cologne , le 3
juillet 164&, à 69 ans. L'abbé*
Fario Chigi ( alors internonce ,
depuis pape sous le nom d*^—
lexandre VU), qui l'assistoit à
la jn[>ort , lui demanda si eli«
pardonnoit à ses ennemis 9 et
particulièrement au cardinal do
Jiichelieu, Elle répondit : Oui ,
de tout mon cœur, — Madame «
ajouta l'internonce ^ ne voudriez-*
vous pas , pour marque de ré^
conciliation , lui envoyer ce bra'*
celet que veut avez à votre bras*
La reine , à ces mots , tourna la
tôte, et dit : « Questo ô pur
tropo. >' Càét un peu trop* La
source des malheurs de cett(»
princesse 9 née avec un caractère
jalouX) opiniâtre et ambitieux ^
fut d'avoir reçu un ofiprit trop
au— dessous de son ambition. Elle
n'avoit pas été plus heureuse sous
Henri IV que sous Louis XIII m.
Les ronîtresses de ce prince lui
causoient leâ plus grands cha-i
grins , et elle ne les dissimuloit
pfis. Le Florentin Concini et sa
femme , semoient la défiance dan»
son co^r jaloux. L'aigreur étoit
quelquefois si forte , que Hen-
ri IV ne put s'empêcher de dire »
en parlant des confidens de cette*
princesse : Ces étrangers sont
venus jusqu'à lui persuader de ne
manger de rien de' ce que je lui
envoie. Naturellement violente y
elle excédoit le roi son époux de
ses reproches, et elle poussa
même un jour la vivacité au point
de lever le bras pour le frappée.
Elle ne pouvoit souffrir ni re-.
montrances ni contradictions. Le
dépit la rendoit capable de tout ^
et quand quelque intérêt secrei:
la ttf coit à se contraindre ^ lu
Ci
38
M'A'H
jiature violentée s'expliquoît par
raltération de son visage et de
ïa santé. Ses passions étoient
extrômcs ; l'amitié chez elle étoit
tin dévoiteoient aveugle , et la
liaine une exécration indomp— .
table. Cependant elle étoit dé-
vote Ou afiectpit de Tétre. Elle
«voit fondé, en 1620 9 le ino^
tiastère 'des religieuses du Cal-
vaire. Cette princesse aimoit les
d^ises. £n 1 608 9 elle prit une
Junon appuyée sur un paon y
fivec ces mots : Viro partuqae
^eata. Après la mort du roi son
époux , ce fut un pélican avec
£a charité ( comme disent les
snaitres en Fart des devises ) , et
ces paTroles : J^egit virtute minO"
tes. Elle fit graver aussi Toiseau
du paradis , portant trois de ses
petits sur le dos , et prenant son
essor vers le ciel , avec cette de-
vise : Meos ad sidera toUo, Voyez
6a Vie , publiée à Paris en 1774 ,
9 vol. in-8.«
* XIV. MARIE Leczinska ,
t%\ne de France , fille de «Sta-
jtislas roi de Pologne , duc de
liorraine , et de Catherine fipa*»
tinska , née le a3 juin 1703,
suivit son père et sa mère à Veis-
sembourg en Alsace , f[uand ils
furent obligés de quitter la Po-
logne. Elle y demeuroit depuis six
fins 9 lorsqu'elle fut demandée en
mariage par le roi Louis XV. Ce
fut par une lettre particulière du
dub de Bourbon , que Stanislas ,
•on père 9 apprit ce' bonheur ines-
péré. Il passe à l'instant dans la
chambre où étoit sa femme et sa
fille , et dit , en entrant : Met-^
Wns—nous à genoux « et remer-m
cions Dieu, ^ Ah ! mon père ,
«'écria la fijle, voi^ êtes rappelé
-au trône de Pologne. -»- Non ,
ma fille ^ répond le père , U Ciel
foui est bien flus/avoraÛc ^rous
M A R
êtes reine de France. A peîiié
coftcevoient-elles que ce ne f^t
pas un songe. Stanislas se rendit
à^Strasbourg , ou la demande en
formé fut faite par les ambassa-
deurs > avec plus de dignîté que
dans les masures de Weissera—
bourg. Sa fille, qui raccompa-
gnait , ayant entendu tous les
éloges qu'on donnoit à la figure
et aux grâces du roi 9 s'écria :
Hélas ! vous redoublez mes alar^
mes. Enfin , elle partit pour Fon-
tainebleau , où elle épousa , le »
septembre 1725, IiOaM-XK, dont
elle eut deux princes etbnit prin-
cesses. Instruite par un père sage
et éclairé , elle fut , sur le trône j
le modèle des vertus chrétiennes ;
ne s'occupant qu'à mériteir la ten-«
dresse du roi son époux, à ins-
pirer des senti mens de religion
aux princes et princesses ses en-
fans , et à répandre des bienfaits
sur les églises et dans le sein des
malheureux. La providence lui
fournit une occasion bien propre
à signaler sa magnanimité , lors-
que les intérêts politiques qui
président au mariage des rois ^
firent choisir pour l'épouse du
dauphin , la fille du prince même
qui avoit renversé du trône son
{»ère ; mais la vertu généreuse de
a reine de France , et l'ingénieuse
délicatesse de la )eune danphine ,
triomphèrent des vains murmfures
de la nature , et elle la regarda
toujours comme sa fille chérie.
Le troisième jour après son ma-
riage , Mad. la Dauphine devoit»
suivant Tétiquette , porter , en
bracelet ^ le portrait du roi son
pvfîe. La fille de Stanislas de voit
redouter de voir , dans son pro-
pre palais , le portrait d'vlu—
guste JiZ , qui î'avoit détrôné.
Cependant elle fixa les yeux sur
le bracelet , en disant : Voilà
donc 9 mafiUe , le portrait du roi
N
M A R
Poire père. -^Oui , mamaf^ , ré-
pondit la dauphine , en présen-
tant son bras : i^o;'^^ comme il
est ressemlflant. C'^toit le portrait
de Suuiislas. Fmemie des intri-»
fnes de cou-j 1» reine couloit
des jours tranquilles au milieu
de ses e^^*^^^^^ ^^ piété. Mais ia
mort r^ématurée dn Dauphin son
fil5 père de Louis XVI , suivie
l^vntôt après de celle du roi son
^ère , la pénétra de la plus vive
douleur. Cette princesse , si digne
des regrets de la France , y suc-«
comba ^ le 14 juin 1768 , à l'âge
de 65 ans. Dans les. derniers jours
de sa maladie , les médecins s*em-
pressoient d*y chercher des re^
jnèdes. Rendez-moi , leur dlt^elle^
jnon père et mes enfans , et voui
me guérirez, Elle fut coirstam-
fient la mère des pauvres. Voici ,
entre mille autres , un trait de
bienfaisance , qui a été célébré
par un poète de nos jours.
Vh trésorier disait k notre 0Ugutie
Modérez les trtiuportf dTiui coeur û
généreux ; >
Les trésors de FÉttt tous suiBioieiit
i peine
P9Br ionmlr «ai besoins de tons les
malhcurenz....
•;- Ce discours ne sfsroit » dit Villuitrf
prouesse ,
Interrompre le cous de x^t% so)ns blen-
Calsans.
AUes , confbnnes-Tons an rem de ma .
tendresse :
Tout le bien d*Bne Mère appartient
ans Enfsns.
Cette princesse avoit de l'esprit y
et aiihoit ceux qui en avoient.
Elle jugeoit sainement. Un acteur
ayant joué devant elle le rôle
S Auguste dans Cinna , et ne lui
ayant donné que le ton d'un
bourgeois qui pardonne ,en pro-
tion^autces mots : 9sSx?yôntamSf
M A R
!>
Cinna. •• » La reine dit : Je sa^
vois qu'Auguste étoit clément }
mais je ne savais pas qu'il fiU
bon homme*
XV. MARIE-ANTOI-*
KETTE-JosàPHB^jB^NNt
de I^orraine , archiduchesse d'Au«
triche et reine de France , naquit
à Vienne 9 le 2 novembre rySS ,
de l'empereur François- Etienne ,
et de Marie '-Thérèse reine da
Hongrie et de Bohême. Son édu^
cation fut soignée , et elle en
profita pour acquérir des con—
noissanc^es variées. La nattu'e lui^
accorda la beauté et les grâces da
son sexe. Grande , bien faite ,
avec un teint éclatant ^ un sou-*
rire enrhnnt^ur , elle captivoit
autour d>lle la cour de sa mère 9
lorsqu'elle la quitta pour s'unir
au dauphin de France y depuis
Louis XVL Ce fut le duc dô
Choiseul qui conçut l'idée de
cette alliance , et qui fut chargé
du soin de la négocier ; aussi
Marie ^ Antoinette le défendit-
elle toujours contre ses ennemis,
et chercha-t-elle plusieurs fois ,
mais inutilement , à le faire rap-
peler au ministère. La jeune ar-
chiduchesse arriva à Strasbourg
dans les premiers jours de mai
1770. Des fêtes continuelles l'ac-
compagnèrent depuis les fron-
tières jusqu'à la capitale } par-
tout on lui prodigua les témoi-
gnages de la joie que sa vue ins«-
piroit ; on la complimenta deux
fois en latin 9 et elle répondit
sur — le — champ dans la même
langue. L'accueil quelle reçut de
la cour de Louis XV, né fut pas
moins flatteur pour elle. Le i^
mai 9 elle s*unit au prince mal-
heureux dont elle devoit adoucir
et partager les infortunes. On
observa qu'aussitôt après fa céré-
laoïHe, It tiel le couvrit de uuage»
C4
40
M A Rr
épais ) et qne deux orages mêlés
de tonnerre , empêchèrent le peu-
ple de jouir à Paris et a Ver-
sailles , du spectacle du féu d'ar-
tifice et des illuminations. Les
rues furent désertes ; et ceux qui
aiment à croire aux présages 9
purent en former un bien sinis-
tre , en contemplant la profonde
obscurité de Tatmosphère de la
France. Bientôt , la fête donnée
le 3o du même mois par la ville
de Paris , fut marquée par un
affreux désastre. Un emplace-
ment mal choisi ^ Ou de larges
fossés n avotent point été com-
blés , vit périr plus de douze cents
spectateurs ; plusieurs autres ,
montés sur le parapet du Pont-
royàl pour se dégager de la foule,
tombèrent dans la Seine et y fu-
rent engloutis. La danphine , dé-
sespérée de ce cruel événement ,
imita la sensibilité et la bienfai-
sance de son époux. Elle envoya
au lieutenant de police tout l'ar-
gent qu'elle possédoit. On la vit
ensuite accorder des secours aux
personnes peu opulentes , em—
^. pioyées à son service , et aux pri-
' sonniers détenus pour payement
.de mois de nourrice. Se trouvant
dans la forêt de Fontainebleau,
oii elle avoit suivi le roi à la
chasse , elle entendit une femme
pousser dei cris de désespoir ;
celle-ci lui ayant appris que son
mari venoit d'être dangereuse-
ment blessé par un cerf, Marie-^
Antoinette lui donna aussitôt
tout for qu'elle avoit sur elle y
la força de monter dans sa voi-
tiire avec le jeune enfant qu'elle
concUiisoit , et obtint de Louis
jï^^ sur le lieu même , une pen-
sion.poiir cette famille. Le pein-
tre VagoU a fait de cet acte
p*:jumanité , le sujet de l'un de
ses plus iutéressans tableaux. La
dauphinc, lu^truite qii'un o£|^
M: A R
cier dont le corps avoit été ré^
formé se brouvoit saiss emploi «t
dans Findigehce , commande un
uniforme d'un régiment en ac-
tivité , se le fait apporter , met
dans l'une des pocrtij mi brevet
de capitaine , cent ^ouif dans
l'autre , une boîte d*ot «t une.
montre, d'or dans la vesu g^
ordonne d'en revêtir Tofficiei XJii
grand nombre d'autres actio.,
généreuses marquoient honora**
blement ses jours et la faisoient
aimer , tant qu'elle fut dauphine;
elle obtint bien moins de bonheur
lorsqu'elle fut reine. En montant
sur le trône , on la vit renou-.
velér l'exemple de Louis XI L ^
M. de Pontécoulant , major de&
gardes du corps , lui avoit déplu ;
aussi , dès qu'elle fut reine , il .
domia sa démission. Marie^An-^
toinette l'apprit ; sur-le-champ
elle fit appeler le prince de Beau-m
veau. : « Allez , lui dit-elle , an-*
noncer à M. de PonlécoulaiU ,
que la reine ne venge pas la
dauphine , et qu'elle le prie d'ou-
blier entièrement le passé , en
restant près d'elle à son poste. »
A la mort du monarque , le»
peuples étoi'-nt dans Tasage dé
payer un droit connu sous le
nom de Ceinture de la "Reine ;
elle sollicita l'exemption de cet
impôt , et l'obtint. On lui adressa
alors le quatrain suivant :
Voas renoncez , aimable souveraine »
Au plus beao de vos revenus ;
Mail que TOUS senrvoit la ceinture da
reine l
Vous avez celle de V^nus.
Bientôt après elle eut le plaisir
de recevoir ses frères à Versailles.
L'archiduc Maximilien y parut
en 1775 , sous le nom de comte
de Burgaw ^ et l'empereur Jo'-
sepk en 1781, sous celui de
comte de FakkmiUin^ Dans 1%
M AR
#rael hiver de 1788 , on la vit
montrer une acné aussi compa-
tissante que généreuse. Après
avoir destin^ cinq çentâ louis de
ta cassette ^ à être distribués aux
plus iadi^cns , elle écrivit an
lieutenant de police : Jamais dé*
jfcnse ne^ma été plus agréable»
Les Pariiiens reconnoissaiis , se
plurent alors à élever une py—
ramide de neige près de la rue
Saint-Honoré , et à y tracer ces
vers ;
Rciae dont la bouré surpasse les appas,
7ihi d*ua roi bienfab^t occupe ici ta
pUcc :
Si ce snoauisect frêle est de neige oa
de glace ,
Nos coeurs pour toi ne le soat pas.
Us alloient bientôt changer. A
cette époque , la calomnie eom-*
mençoit à répandre de la défa-
veur sur Mnrie-'Antoiaettâ , en
attaquant ses mœurs et son ca-
ractère. Des libelles obscurs Tac-
^sèrent de faire succéder les
J^Vçnes aux intrigues ; mais
JbistCf^ doit rejeter ces impu-
tations jJq,^^. fmcmie n'a jamais
été prou^ig ^ çt ^Q^jt plusieurs
parurent n* me invraisemblables;
La vérité qu j^g ^^^^ ^^ taire,
•st forcée cei^^dant d'avouer
que la reine eut ^es torts. Une
grande mobilité €,,,5 l'imagina-
tion, la fit paroitrt5o„vent lé-
gère, et quelquefois û^wmulée;
Une inquiétude naturelle, ^ahaine
du repos , la portoient a^ j^;^
placement , aux modes nouve^^^
à la variété des plaisirs. Trop i^
profusion dans sa dépense , luà
firent prodiguer pour des objets
, de luxe, des sommes qui eussent
pu trouver un emploi plus utile.
L'oubli de toute étiquette dans
l'intérieur de sa maison , de tout
^érémojiial dans ses fêtes , tendi-
rent k âiUérer le r«5{|ect du à son
M A R
41
rang; et son ^out à s'environner
de bouffons , a jouer la comé4ie y
a y remplir des rôles subalternes ^
contribuèrent aussi à le dimi*
nuer. Trompée par sa naissance^
voyant sa mère gouverner par
elle-même , elle put difficilement
se persuader qu'en France la
reine n étoit qua l'épouse du roi.
Née dans une contrée où la féo«
dalité règne avec toutes ses pré-
rogatives , la distance du peuple
aux nobles y est immense ; en
France , au contraire , où la
noblesse suivoit souvent les pla<«
ces , où les rangs se touchoient
et cberchoient sans cesse à se
confondre , tout de voit tendre
du moins de la part des souve-*
rains , à conserver des formes
plus respectueuses , plus capa-
bles d'assurer leur tranquillité et
la sûreté d^ leur personne. Les
premiers reproches faits à la
reine, lui donnèrent de l'hu-
meur ; elh» eut la mal-adresse de
la témoigner , et dès — lors dea
méchans s'attachèrent ^à répan<«
dre que , restée dans le cœur
entièrement Autrichienne , ûère
et ennemie naturelle des Fran-
çois , elle ne pourroit jamais
faire leur bonheur. Un événe-
ment fâcheux servit leur haino
en compromettant le nom de
Marie-AntoinetU dans un pro-
cès scandaleux. C'est celui in-
tenté pour le payement d'un
collier de diamans , acheté soa$
le nom de la reine , et dont la
prix énorme fut réclamé par deux
joailliers. Il fut prouvé que celles
ci ne les connoissoit pas , et n'a-
voit jamais donné^l'ordre de cette
*^uisition. Mais une femme ^
sy^t sa taille et son maintien ,
eut k hardiesse de se faire passer
pour c'Je , de donner un rendez-*
vous a m'muit , an milieu du parc
de .Versailles ^^ à mx cardinal , et
j
4»
M AR
eette andace extraordinaire resta
impunie dans le jugement. Cette
affaire répandit un nuage sur la
conduite de la reine ^ et dut em-
poisonner ses jours. Lorsque le
contrôleur général f^alonne eut
annoncé qu'il existoit un vide
eonsidérabie dans les finances de
Tétat ; la malveillance eu accusa
fourdeinent les profusions de la
reine. La dette publique augmen-
tant de jour en jour , et le crédit
xational s*évanouissant entière-
ment , on proposa de convoquer
les Etats généraux, pour éteindre
Tune et faire renaître l'autre.
Marie- Antoinette pressentit les
malheurs qu'ils dévoient répan-
dre sur elle ; aussi s'efforça- t-elle
d'en retarder laconvocation. Cest
à cette époque que ses peines in-
térieures blanchirent entièrement
ses cheveux, quoiqu'elle n*eûtque
trente — quatre ans. Elle se fit
peindre alors ; et donnant ce por-
trait à son amie , Mad. de Lam-
halle ,• eue mit au bas ces mots
de sa main : Ses malheurs Vont
blanchie. Dès la procession pour
l'ouverture des Etats ^ où elle as-
sista 9 ses traits , que le sourire
animoit d'ordinaire, prirent un.
caractère de mélancolie qu'ils ne
quittèrent plus. Elle parut dans
la première séance , debout et
vêtue avec une grande simplicité.
Sans cesse on l'entendit répéter
alors : « que le roi soit tranquille
et respecté ! pour moi, je serai
^ toujours heureuse de son bon-
heur. » Les événemens désas-
treux qui suivirent , développè-
rent dans elle le courage le plus
réfléchi. Le 6 octobre 1789, de/
cannibales furieux faisoient t^^
tentir par — tout la menace d^ |a
mettre en lambeaux et de <^chi-
rer ses entrailles ; sa pai^^l® as-
siduité auprès de ses er'ans nen
fui; point interrompue* An milieu
M A R
de la nuit, an ministre lui adressil
ce billet : « Madame , prenez
promptement vos mesures ; de-
main matin à six heures, vous
serez assassinée. » Son front coii'
serva sa sérénité à cette lecture 9
et elle cacha le billet. Bientôt'
les portes du château brisées ,
les gardes dn corps égorgés ; les
cris des victimes ^ les mugisse-
mens de la multitude , rendi-
rent la fin de cette nuit affreuse.
A l'aube du jour , des assassins
pénétrèrent dans l'appartement
de la reine, et mirent son lit en
lambeaux à coups de sabre. Elle
venoit de le quitter pour se ré-»
fugier chez le roi. Cependant les
meurtres continu oient ; pour les
faire cesser, Louis XVI , et la
reine tenant ses deux enfans par
la main , parurent sur le balcon
du château , et vinrent crier grâce
pour leurs gardes. Cet aspect
étonna les forcenés. Bientôt ce
cri universel et redoutable se fit
entendre : la reine seule et poir*
d'en/ans. Celle - ci jugeant a^*
l'instant de sa mort est a''\^® ^
pousse son fils et sa fij^ "^J^*
l'appartement , les jet^ «'«"f *®*
bras de leur père , ei^^ns laisser
à ceux qui l'entou'**"* le temps
de k réflexion , e'^ ^eparoit seule
sur le balcon, présentant cou-
rageusement >« tête au coup mor^
tel. Sa cop^nance hardie et fiere ,
son m^^s ^^ '* "*®^ arrêtent
l'effet *^®* menaces , et forcent
les Applaudissemens de la mul-»
tifitde furieuse. Marie — Antoi-^
*ette , conduite dans la même
journée à Paris avec son époux , ,
eut à «upporter pendant un trajet
qui dura six heures , le spectacle
le plus effroyable* Devant sa voi-
turç , au bout de deux piques ,
on portoitles têtes de deux garde»
du corps ; autour d'elle , des fu-
ries ivres et dégou^antses de saag
1« AU
Itiisalent wtentir Vair d'impréca-
tions. ^Bientôt le Châtelet , ins-^
•truisant la procédure contre les
meartriers , lui ht demander des
renseignemens sur les attentats
dont elle avoit failli à être vic-
time ; elle répondit aux députés :
Je ne serai jamais la délatrice
d'aucun, des sujets du roi , et sar
les instances d'autres commiss-
ures , elle dit : Messieurs , j'ai
tout vu « tout entendu et tout ou^
^lié. Dans les premiers mois de
«on arrivée , elle employa trois
cent mille livres de ses épargnes
à retirer du Mont-de-Piété les
nrétemens qui y avorent été dé-
posés par des indigens ; mais ses
()ierifaits ne calmèrent point Te f-
lervescence excitée contre elle.
Aassi , lorsque Louis XVI ré-*
-soiut de fuir , elle s'empressa de
le suivre , quoiqu'âle répétât sou-
vent : « Ce voyage ne nous réus-
sira pas ; le roi est trop mal-
heureux. » Marie -^Antoinette 9
arrêtée comme son époux à Va-
rennes , rentra aux Tuileries , où
des commissaires vinrent rece-
voir sa déclaration , qui fut ainsi
conçue : « Le roi désirant partir
avec 'ses enfans , rien dans la
natare n'auroit pu m'empécher
de le suivre. J'ai assez ' prouvé
depuis deux ans que je ne le
quitterai jamais. Ce qui m'y a en-
-core plus déterminée , c'est las-
«nrance positive que j'avois que
le Foi ne vouloit point quitter la
France ; s'il en avoit eu le dé-
sir , tonte ma force eût été em-
ployée pour l'en empêcher, w Un
moment de calme succéda à cet
orage , mais il ne fut pas de lon-
gue durée : les journées du 20
juin et du 10 août 179» arri—
•vèrent. Dans la première , Marie-*
^Antoinette , placée derrière la
tA\e du conseil , au milieu de
HB deux enfans , ne domia pas
M AR
41
la pins légère marque de crainic.
£lle soutint y pendant plus de
quatre heures le spectacle hideujt
d'une populace sans frein, armée
de mille instrumens de mort »
brisant les portes , menaçant tout
ce ^'elle auroit dit respecter. Le
vendredi 10 août , le château fut
cerné par les bataillons arrivés
•de Marseille , et rënnis aux ras-
•semblemens des faubourgs. Ott
avoit d'abord cherché à encou-
rager les soldats de garde à le
défendre ; la reine vouloit y périr^
et fit tous ses efforts pour déci-
der Louis XVI à combattre et
à mourir les armes à la main ;
mais entraînée par la retraite du
monarque au sein de l'assemblée ,
elle y conduisit ses enfans. Le
trajet fut extrêmement périlleux
pour elle. Le peuple animé , Ini
adressoit de toutes parts les in-
vectives les plus atroces et les
menaces les plus effrayantes ; un
instant il parut déterminé à lui
fermer le passage et à la séparer
de son époux ; mais après une
harangue énergique^du procureur
général du département y les rangs
s'ouvrirent devant elle. Renfer-
mée dans la loge des journalistes
de l'assemblée , elle y entendit
prononcer la déchéance du mo-
narque , l'appel de la convention
qui devoit le juger , et en sortit
bientôt pour l'accompagner au
Temple. On ne permit à aucune
de ses femmes de partager sa cap-
tivité ; Mad. de LambaUe qui Je
demandoit 9 fut jetée aussitôt
dans une autre prison. La reine ,
logée dans le second étage de la
tour , avec sa fille et Mad. EU-^
zabeth , occupa la seule chaipbre
qui eut une cheminée» On n'y
voyoit jamais le soleil ; des sou-^
pirauxau lieu de fenêtres, étoient
garnis d'épais barreaux de fer ,
Ctt ne procuf oient qu'une clarté
44
M A R
triste et un fai&x jour. CeÈt là
que Marie- An toinette^développà
un caractère plus grand que dans
aucun autre temps de sa vie.
Toujours calme au milieu des
siens , elle leur inspira la rési-
l^nation , Toubli des outrages ,et
de tous les maux. Lorsque Louis
XVI lui apprit qu'il étoit con-
damné 9 elle le félicita de la fin
d'une existence pénible pour lui
et sur le prix immortel qui de-
voit la couronner. A la mort
de son époux ^ la seule demande
qu'elle présenta à la convention ,
fut de réclamer des vêtemens de
deuil ; elle les porta jusqu'à la
£n de ses jours , qui n'étoit pas
bien éloignée. Le 4 juillet 1793,
on la sépara de son fils ; elle sen-
tit dèsr-lors que cette séparation
«Doit être éternelle 9 et qu'en
écartant d'elle un enfant plein
de grâces , on vouioit lui enlever
t©ut moyen d'exciter quelque pi*-
tié. Elle n'en eut pas moins le
courage, de disposer son fils à ne
plus la voir et à ne point se
chagriner de sa longue absence.
Le 5 août' suivant 9 des hommes
armés vinrent au milieu de la
I nuit enlever Marie-Antoinette ,
et la conduire à la Conciergerie.
La chambre basse ^ appelée SaUe
du Conseil ,. sombre et humide,
y devint son dernier asile. Le
jeudi 3 octobre , la convention
ordonna qu'elle seroit mise en
' jugement ; l'acte d'accusation por-
toit qu'elle avoit dilapidé les fi-
nances de France , épuisé le tré-
sor public 9 en faisant passer des
sommes à l'empereur , entretenu
des correspondances avec les en-
nemis étrangers 9 et favorisé les
troubles de l'intérieur. Malgré le
grand nombre de témoins enten-
dus , on ne put acquérir contre
elle la moindre preuve ; aussi 9
«on défease^r., M. Chum'Cau^Um
M AR
Garde , s'écria-t-il avec raison :
« Je ne" suis dans cette aJSaire,
embarrassé que d'une seide chose 9
ce n'est pas de trouver des ré-
ponses , mais une seule accusa-
tion vraisemblable. » Parmi les
témoins appelés 9 Bailly , mairs
de Paris 9 eut le courage non-
seulement de ne rien reprocher
à l'accusée ni à la mémoire de
Louis -ï^/, mais encore de blâ-
mer le féroce accusateur Fou»^
quier'-TiiwiUe , d'avoir rédigé
son acte d'accusation sur des fait a
notoirement faux et calomnieux.
Manuel lui-même 9 procureur de
la commune , qu'on croyoit al-
téré du sang de Marie-'Antoi-*
nette , lui rendit justice , et plai-
gnit hautement sa destinée. On
la vit répondre à tous les inter-
rogatoires 9 avec autant de pré-
cision que de fermeté. Hébert
lui ayant reproché d'avoir cher-
ché à dépraver les mœurs de son
fîls : Sur un fait aussi odieux ,
répliqua - 1 - elle 9 j'en appelle à
toutes les mères. Son ton noble ,
son indignation majestueuse 9 se
communiquèrent bientôt à tous
les auditeurs. On accusa Ilébert
lui - même 9 d'avoir voulu , par
une infâme inculpation ^ rendr»
l'accusée plus intéressante ; et dès
cet instant il perdit toute sd po-
pularité. En attendant son der-
nier moment 9 Marie-Antoinette
ne laissa paroitre aucun signe
d'émotion. Retirée dans la prison
après une séance de dix — huit
heuros , transie de froid 9 elle
s'enveloppa les pieds d'une cou-
verture, et s'endormit tranquil— ,
lement. Le lendemain 9 à onze
heures du matin 9 elle monta siu:
la charrette qui la conduisit à
l'échafaud. «< Voici 9 Madame 9
lui- dit — on alors , l'instant de
vous armer de courage. » De
courage ! reprit- elle ^ il y a si.
M AR.
*
hfg'temps que j'en fuis appren-^
f^^^9 qu'il nest pas à croire
fwj j'en manque à cette Heure*
On lui avoit ôtc sa robe de deuil ,
pour la revêtir d'un mauvais man-
teau de lit. Malgré tout ce qu'on
jïut faire pour exciter le peuple
a i'injnrier pendant le trajet , il
garda un sombre et profond si-
lence A raidi , le cortège arriva
sur la place de Louis XK Marie
Antoinette jeta un long regard
sur les Toileries % et monta avec
précipitation snrréchafaud. Lors-
ijn'elle y fut parvenue , elle se
mit à genoux , et dit : Seigneur !
éclairez et touchezmes bourreaux;
idieupour toujours , mes enfans ,
}t vais rejoindre votre père, £lle
^a les yeux au ciel et les ferma
•wsitôt à la lumière , le mer-
«K^i i6 octobre 1793, à l'âge
^ 38 ans moins quelques jonr^,
^ corps , déposé au cimetière
^^ Id Magdeleine , fut consumé
'ians la chaux vive. Les chagrins
«Voient alors défiguré sa beauté
«t flétri ses traits ; elle avoit même
presque entièrement perdu un
®fl par rair humide et m al- sain
^ns lequel elle avoit vécu de-
puis si long— temps. Marie- An-^
toinette parloit le François avec
pureté 9 et l'italien comme sa
langue naturelle. Elle savoit le
latin 5 et possédoit parfaitement la
géographie et l'histoire. Elle ju-
geoit avec goût des productions
^ tous les arts , et sur— tout de
telles de la musique. Elle se dî»-i
tin^a par l'afTabilité dans ses
tanières y par la force et la cons^
tance dans les sentimens. Elle
ft* généreuse , et sut donner avec
ces grâces afFectuenses qui dou-
blent le prix du bienfait. Marie-
Antoinette eut quatre enfans de
*on union avec Louis XVI :
i-** Marie - Thérèse - Charlotte ,
^t If 19 d««embrd 177S , qui
M A R
4$
ft éponsé le duc 6*Angouîéme ,
son cousiil ; 2.® Louis , né le 22.
octobre 178^, mort le 4 juin
1789 y dans sa neuvième année ;
3." Charles^Louis , né au mois
de mars 1785 , nommé Duc dû
Normandie , jusqu'après la mort
de son frère aine , où il prit le
titre de Dauphin , mort en 1793 ;
4.0 une fiile morte en bas âge.
Sa mère s'affligeoit saiy modé^
ration de cette perte ; on lui ob*
serva que sa douleur n'avoit pour
objet quun enfant, dont ell«
n'avoit rien pu voir encore qui
put justifier des regrets si vifs.
Ah ! s'écria-t-elle , n'edt^elle pas
été ma plus tendre amie J On a
publié plusieurs Vies de Marie-
Antoinette ; celle par Mad. Gué-
nard , en 3 vol. in-ia , se fait
lire avec intérêt 9 malgré trop
de longueur.
* XVin. MARIE-ADÉ-
LAÏDE DE Savoie , fille aînée
de Victor—Antédée II , naquit à
Turin en i685. Par le traité de
paix conclu dans cette ville eu
1696, elle fut promise au duc
de Bourgogne , depuis dauphin.'
Ce mariage se célébra l'annôe
d'après. La princesse étoit pro-
pre à faire le bonheur de son
époux par son caractère , snn
esprit, ses grâces, et la^ sensi-
bilité de son cœur. Le peuple ,
dans la joie de voir finir la guerre
par cette alliance , l'appela la
Princesse de la paix. En 1702 «
le duc de Bourgogne , nommé
généralissime des armées en Flan>>
dre , ayant d'abord eu quelque
désavantage , la duchesse qui en-
tendit à "Versailles blâmer la con-
duite de son époux , ne put rete-
nir ses larmes , et s'abandonna
à une douleur amère. Mad. de
Maintenon , qui étoit présente ,
recueillit ses précieuses larme»
4<5
M A R
tnr on raban qa elle «nvoya aa
prjnce, et ranima ainsi dans son
cœnr Famonr de la gloire. ,La
victoire de Nimègne en fut Teffet»
La France perdit cette princesse
en 1712 , dans la %G^ année de
son âge 9 tandis qu'elle annonçoit
à la France les plus beaux Jours*
Je sens , disoit — elle quelque
temps avant sa mort, que nunr^
cœur grandit à mesure que IMa
fortune m'éUveJ2enààTit lagnerre-
de la succession , on lui propo--
soit une partie de jeu. Avec qui
poulez^^qus que je foue ? répon-
dit—elle 9 je suie entow^ée de
femmes qui tremblent pour leurs
maris et leurs en/ans , et moi le
tremHe pour l'état. Cependant on
l'accusa d'avoir été la cause d'une
partie de nos malheurs , par Tin-
ci ination qu'elle ayoit conservée
pour son pays. Duclof prétend
qu'elle instruisoit le roi son père
de tons no? projets militaires , et
qii*aprèsf ssl mort , Louis XIV
en ayant eu la preuve par les let-^
très trouvées dans sa cassette,
dit à Mad. de Maintenon : La
petite coquine nous trompoit. Une
fièvre ardente remporta en peu
I de jours. Cette princesse expi-
rante fit appeler ses dames , et
dit à la duchesse de Guise : Adieit
ma belle Ducltesse $ aujourd'hui
JDauphUie , et demain rien ! Sa
conversation étoit vive et ani-
mée y et it lui échappoit des ré*.
flexions dun graiid sens. Elle
disoit un jour a Mad. de Mainte'^
non , en présence àë Louis XIV :
Savez'vous , ma tante , pourquoi
les reines d'Angleterre gouver-^
nent mieux que les rois» C'est que
. les hommes gouvernent ious le
règne des femmes , et les femmes
sous, celui dei hommes. Sa viv»u
cité l'emportoit quelquefois^ trop
loin ; mais elle saisissoit bien les
aaomens* Un jour qn elle remai^
M A R
cpia qa« ZouU X%V éUAt lifM
portnné de la dévotion du due
de Bourgogne son époux. Je de**'
sirerois , dit — elle , de mourit^
avant mon mari et revenir ,e»^
suite , pour le trouver marié a/véé:
une scBur Grise ou une tourière^
de Su-Mane. {Menu deDudos.y
Nous terminerons l'article *dt }m ^
duchesse de Bourgogne par le
portrait qn*en a tracé le doc de
Saint^imùn. «Douce, tiDdide 9
mais adroite; bonne jusqu'à oniin-n
dre de fa(re la moindre peine ik
personne , et toute légère et vive
qu'elle étoit , capable de vues et
de suite. La contrainte jusque»
dans la gène , dont elle sentoit
tout le poids , sembloit ne Ini
rien conter. Quant à la figure ,
elle étoit régulièrement laide. Le»
iooes pendantes , le front avancé ,
le nez qui ne disoit rien, de*
grosses lèvres tombantes ^ de»
cheveqx et des sourcils châtain»
bruns , fort bien plantés , de»
feux les plus pari ans et les pla»
beaux du monde , le plus beat»
teint et la plus belle peau, le
cou long avec un soupçon de
goitre , qui ne lui seyoit point
mal , nn port de tête galant ^
gracieux , majestueux , et le re-
gard de même ; le sourire le phis
expressif ; une taille longue ,
ronde même , aisée , parfaite^
ment coupée ; une marche de
déesse sur les nues : elle plaisoit'
ati dernier point. Les grâces nais*
soient d'elles-mêmes de tous sesr
pas, de toutes ses manières et
de ses discours les plus communs^
Un air simple et naturel , tOH—
jours naïf, mais assaisonné d'es-
prit , charmoit avec cette aisance ^
qui étoit en elle jusqu'à la com«-
rouniquer à tout pe qui l'appr^*
choit. Elle ornoit tous lea spec*
tacics , étoit Tame des fêtes<, de»
plaisirs , des bals » et y ragristoîir
M A R
fiT les grâces , la justesse Qt la
perfection de la ^lanse. Elle ai-
moit le jeu , s'amusoit au petit
isn; car tout Tamasoit. Elle pré-
féroit le gros jeu , y étoit nette y
exacte, la plus belle joueuse du
monde ; et dans Firi^tant faisoit
le jeu de chacun. En public , sé-
rieuse , mesurée ; respectueuse
avec le roi , et en timide bien-
séance avec Mad. de MainUnon,
En particulier , causant , volti—
tl^eant autour d'eux ; tantôt pen-
chée sur le bras d'un fauteuil de
foQ oii de l'autre, tantôt se jouant
fcir leurs genoux , elle leur sau-
toir au cou 9 les embrassoit y les
baisoit, les caressoit, les chif—
fonnoit. Admise à tout , à la ré->
teption des courriers qui appor-
toient les nouvelles les plus in—
t«e$santes , entrant chez le roi
i toute heure, môme pendant le
conseil. Utile et fatale aux mi-
'lisCres mêmes ; mais toujours
portée à obliger , à servir, a ex-
cuser, à bien faire, à moins
qu'elle ne fut violemment pous-
sée contre quelqu'un y comme
«De le fiit contre Pontcharlrain ,
Çiellenommoit quelquefois au
roi, votre vilain Borgne; OU par
quelque cause n$ajeure , comme
elle le fut c«>ntre Chamillart, »
*-Sa soeur , Marib^LovjS£ de
^mie, mâxriée à Philippe V roi
'5'Espagne , se fit aimer de ses
'ojets par \e soin qu'elle prenoit
^ leur plaire , et par une intré-
pidité au — dessus de son sexe.
Philippe ayant pris le parti de
*e rendre en Italie pour se met-
tre à la tête de &ei armées , les
«pagnols demandèrent unani—
Bieaent que leur jeune reine ,
*iaoiqtte n'ayant pas encore qua-
torze ans , fût nommée régente
\ pendant l'absence de son époux*.
y^ vain elle voulut s'y oppojer ;
i^ ^Wt fie r«ndre aux vœux d^
M AR
47
ses peuples. Elle gouverna avac
autant de sagesse que de dezté<«
rite. Au milieu des cruels revert
qui plus d'une fois mirent Phi»m
lippe à la veille d'être forcé de
descendre du trône , Marie-*
Louise alloit elle-même de vill^
en ville animer les cœurs , ex-r
citer le zèle , et recevoir les dont
que lui rapportoient les peuples*
Elle fournit ainsi , à son mari ,
plus de 200,000 écus en troia
semaines. Si elle eut perdu la
couronne d'Espagne, elle étoit dé-
terminée à passer dans les Indes* *
Philippe ne jouit pas long-tempt
de tant de vertus réunies. L'Es-
pagne perdit cette illustre prin-^
cesse , le 14 avril 1 7 i 4 ; elle '^
n'étoit encore âgée que de vingt-
six ans. Mais des écrouelles af«
freuses avoient entièrement dé-*
trait la force de son tempéra-*
ment.
MAHIE-JOSÊPHINE,
épouse de Frédéric Auguste //,
roi de Pologne. Fay^z Frediric
Auguste II.
MARIGNI , Voyez VH. Po«-r
SON.
MARIGNIER, (N.) a tra-*
raillé k plusieurs opéra comi-
ques , avec Pannard et Pontau,
Il a donné ^ seul , ceux de Cf^
dippe et de la Pantoufle, Il est
mort vers 1760»
II. MARIN! , (Jean-Am^
broise ) né à Gênes , fut le pre-
mier Italien qui retraça en prose
dans ses romans les osaffes, les
' mœurs , les dangers et les ex-
ploits de lantique chevalerie.
Avant lui •- le Dante , l'Ariosie
et le Ta^^avoient appelé la poé-i.
sie.pOMT^les peindre. On ignora
quel /imt le sort de Mariai , s'A
jouit des fajreurs de la fortunn
et de la cQHsiddration que sea
4«
M AR
tfllens lai méritoient, Ancim bio-
graphe , même ceux d'Italie ^ n'en
ont fait mention. On présume
qiul est mort a Venise au roi-
lieu du 17* siècle. On Itii doit
1.0 // Caloandre FetleU* Ce ro-
man parut tnntot sons le nom
de Giovan-Mariaindris Bohemo ,
tantôt sons celHi de Dario GrU-
Bimani , qui sont Vun et l'antre
des ana^nrammcs dn véritable nom
de l'auteur. L'ouvrage fut publié
à Venise en 1^41 , in-S.^ Il y
fut réimptimé en i65i, en 1664
^en 4 vol. in -24 9 en 1726 en
a vol, in-8.° Une autre édition
plus soignée parut chez C/tpel-
lato, en 1746. Le Caloandre a
•été traduit en fmnçois en 1668 ,
par le trop fécond Scudéry , et
«n 1760 par le corr.te de Caylus,
M. Vulpius , Allemand , l'a fait
connoitre à sa nation en 1787,
Ce dernier traducteur ne s*est pas
sévèrement astreint à suivre ma-
rinL.ll a changé souvent le^plan
de l'auteur, en conservant les
principalix faits. Ceux-ci ofFrent
«ne imagination riche , une in-
trigue qui se développe avec art ,
et des caractères assez habilement
diversifiés. C'est dans ce roman
que Thomas Corneille a pris le
sujet de sa tragédie de Timo*^
craie : et la Calpren^de , adop>^
tant, l'idée principale , l'étendit
dnns l'histoire d'^/c/im^ar, prince
des Scythes 9 l'épisode le pins at-
tachant de son roman de Cléo^
pâtre. 2.** Le Nuovegare de* dii^
perati. Dix édition^ successives
accueillirent ce nouveau ropan.
Celui-ci est plus court que le
Caloandre , et cependant plus
compliqué. H semble que dans
cet ouvrage , l'auteur ait voulu
sacrifier au goût de son^ siècle ,
et sur- tout k celui de sa nation.
Des hommes habillés en femmes^
des femme» travesties en gommes,
M AR
forment le nœud de rintrigue , rf
rappellent naturellement à Ye^
prit les mascarades et le célèbre
carnaval de la ville où 'Marini
faisoit imprimer ses productions.
Le rédacteur de la Bibliothèque
des romans a donné un long ex-
trait îde celui-ci avec les vrais
noms de chaque personnage , et
la clé de chacune de leurs actions.
Le roman des Désespérés fut tra-
duit en François , et imprimé à
Paris en 1682 , deux vol. in— iz.
Gordon de Percel attribua cette
traduction à un poète peu copnui
nommé la Serre ; maïs il is'èh
trompé. Le traducteur a'ap^eroît
de Séré ; il est auteur d'un poëme
sur la musique et la chasse. cA
traduction ne manque ni de coiv
rection ni d'élégance, quoiqu'ello
soit ancienne ; on y desireroit ,
seulement plus de concision. En
1788 , on a-publié à Lyon chez
X M. Bru^set les Bornons hé-*
roïques de Marini, 4 vol. in-io-
Ce reèueil est précédé d'un dis-
cours sur les Romnns de che-
valerie 9 et d'une notice sur ceux
dont nous venons de parler ,
par l'un des auteurs de ce Dic-
tionnaire.
MARIONI, (Aquilina) née
à Gubbio en Italie , se distingua
par ses poésies , vers l'an 1440.
Bonavenlure Tondi , moine Oli-
vetain, en a fait léJoge.
MARIVAULt, (.Tean de
Fisle de ) d'une famille ancienne
qui subsiste f Voyez L M a—
R 0 L L E s.
♦ MARIVAUX, (Pierr#
Carlet de Chamblain de ) né à
Paris en r668, d'un père qui
avoit été directeur de la mon-^
noie à Riom en Auvergne , étoit
d'une famille ancienne dans !•
parlement de . Normaofdie* La
fînesst
Biihsst de son esprit , sdntentié
|>ar une bduné éducation , lui fit
«n nom dès sa jeunesse; Le tbéà-
fre fut sdn premier goût; mais
voyant que tdus lès sujets des
Comédies de caractère étoient
jÉpuisés , il ke livra à la compo-
f ition des Pièces dtintrigue. Il se
fraya Urie route rïotivelle dans
<ette carrière éi battue , éii aria-«
îysant les replis les plus secfet^
du cœur humain , et en mêlant
la métilpliysique du âentlml&nt à
Tépigramme. Marivaux soutint
seul et long-temps li^ fortune des
Italiens , et il leur donna vingt-
Bne Piéées de Théâtre , dont la
plupart embellissent encore là
écène. Le succès dé ses pièces et
de ses autres ouvrages , lui pro-
cura l'entrée de lacàdémie Fran-
çoise , qui devo'it le rechercher
autant poriir ses tatens que pouf
les qualités de son cœUr. Il étoit
âans lé comitîerce de la vie , ce
^a'il parolssait dans ses écrfts.
Doué d'un caractère tranquille ,
quoique Sensible et foj-t vif , et
trop susceptible, ï[ possédoit
d'ailleurs tout ce qui rend laf so-
ciété sûfe et agréable. A une
probité exacte, à un holile dé-
sintéressement , il réiinîssoit urie
çfandeur aim'rfble ; Urie a me tieri-
feisante , une m'odestîe saris fard
^ saris p'rétentioh , et sur-tout
une attentio^ri scrupuleuse k évi-
ter tout ce qui po'uvoit o^enser
ou déplaire. Il disoit 6\\il àimoit
àx>p son repos, pour troubler en
rien celui des autres. Il disputort
Àrement \ rirais loVsque cela lui
arrivoit , il prenoit de l'irumeur ,
et il la' poussolt quelquefois jus-
^a Fai^reu'r. Ce qui fégrioi^t
principalement dans sa coriver—
fiation 9 dans ses Comédies ed
àKiis ses Romans , étolt uri fonds
oe philosophie qui , caché sbus
ItvcTfle de l'esprit et du senti-
SuFPLv Toriic nié
KÎ A R 4^
ment , avoit presque toujours uù
but utile et moral. « Je voudrais
rendre les hommes plus justes et*
plus humains , disoit-il , je n'ai
que cet objet en vue, » Son indif-
férence, pour les richesses et lei
distinctions, égala son amoux
pour les hommes. Il ne sollicita
jamais les grâces des grands j
, jamais il ne s'imap^ina que sési
talens dussent les lui mériter. II
rie refîita pas pourtant les fa-i^
veurs de la fortuné , lorsqu'elle
les lui fit offrir par l'estime et
ranci itié , du par des protecteur!
( Voyez IIL HelvétiuS ) désin-.
téressés des arts et des lettres.
Il auroit pd se faire iirie situa-
tion aussi aisée que commode,'
s'il eût été moins sensible aux
nîalheurs d'autrui , et moins
I^rompt k les secourir. Cri l'a vir '
plus d'nhe fois afacrifier jusqu'à
^on nécessaire pour reridré la li-
berté et même la vie , à des par-
tièuliers qu'il connoissoit à peine ;
mais qui étdierit. Ou poursuivis
par des créanciers impitoyables,
ou réduits au désespoir p^r l'in-
digence. Il avoit autant d'atten-
tion a recdmrfiander le secret à'
ceux (fu'îl o'bligeoit , qtt*à cacher
a ses intimes amis , ses chagrins
domestiques et ses propres be-
soins. Cette sèhsibiUté pour le^
pauvres et les malheureux,' avoit
ime source bïeri noble : là reli-
gion. Marivaux la connoissoit ,'
l'aimoît et la pfatiquolt ; sur-
tout dans s-es dernières années.
Son respect pour nos mystères
étoït âincèife. lî ne comprenoit
pas coriiment Certains hommes
se montroierit si iricrédules sur
des choses essentielles , et si çré*.
dules^ pour des futilités. Il dit uri
jour à mlldrd Bolyngbrocke , qu»
étoit de ce caractère : Si vous ne
croyez pas , ce n* est pas du moins
fiaUc de foi* Cet aQâdtoi^ic^
fo M A R
ai grtimaUle mcmnit à Paria le
ai ÎHntT 1763, à aoizmte et
^nhae ana. M. Delaplace lui fit
octte épîtaphe qoe nooa avona
un pea corrigée :
Arec tiop d'art copiifR la nacney
Os pe«t , ca fait de |o6c , laitrMiTCr des
. égnx'.
M Us sa ^Bté « ta candcv , ta dioiwic
One écliptd toos tet rhraax.
$ea onvragea aoot : 1. lie* Pièces
de Théâtre , recueillies en 5 voL
is»— 12 , parmi lesquelles on dis-
tingue la Surprise de V Amour ,
les Fausses Confidences , le Dé^
nouemeni imprévu , le Petit MàU-
ire corrigé , la Dispute , le Legs
et le Préjugé vaincu « an théâtre
François ; la Surprise de C Amour,
la Double Inconstance » les Jeux
de V Amour et du hasard , la
Mère confidente , V Heureux Stra-
tagème , la Méprise , la Fausse
êui^anU , la Ifouvelle Colonie et
\ Epreuve ^^ au Théâtre Italien.
U. U Homère travesti , deux vol.
in-ia : ouvrage qui ne fit pas
bo.menr à «on goût. lll. Le
Spectateur Français , deux vol.
in- 12 ,' écrit d'un style maniéré;
nais estimable d'ailleurs par un
grand nombre de pensées fines et
▼raies. IV. Le Philosophe indi^
gent, s vol. in- 12. Il offre de
u gaieté et de la philosophie.
y.. Vie de Marianne , 4 volum.
in— 12 : un des meilleurs romans
que nous ayons dans notre lan-
gue, pour l'intérêt des situations,
la vérité des peintures et la dé-
licatesse des sentimens. Marianne
a bien 4e l'esprit ; mais trop de
bnbil : une imagination vive, mais
q- elquefois peu réglée. Les scènes
at eridrissantes qu'on y trouve
p«»iiV'^iit faire des impressions trop
for es sur de jeunes cœurs. La
Oernlt're partie de ce roman n'est
fu do luuu yi* La Eayw par^
M A R
pemss , 3 vol. hi-f z. S^il y a pittf
'd'esprit et de gaieté dans ce ro-
man que dans celui de Marianne^
il y a auf^si moins de sentiment
et de réA4'xions , et on y trouve
malheareusemeot des peint nrea
dangereuses. VII. Pharsamon 0
en 2 voL.: antre roman fort in-
férieur aux préccdens. Cest le
même qui a reparu sous le titre
de Nouveau Don Quichotu. On
y apperçoit , ainsi que dans lea
autres écrits de Marivastx :
Une mét*fhyiUfa€ oè le jaigoa domfae 9
Soareas imperceptible , à force d'être fine.
Mais cette métaphysique ne doit
pas fermer les yeux sur les pein-
tures du Cfl»ur humain , et sur
la vérité de sentimens qui ca-
pctérisent la plupart de ses ou-
vrages. Ses romans sont , suivant
d'Alemhert , supérieurs à ses co-
médies par l'intérêt, par les si-^
tuations , par leur but moral. Ha
ont sur-tout le mérite de ne pa»
tourner , comme ses pièces de
théâtre , dans le cercle étroit d'un
amour qui se cache : ce qui a
fait dire assez plaisamment , que
si Us comédiens ne jouaient que
ses comédies « ils auraient l'air
de ne point changer de pièceU
Ses bons romans ont plus de
variété. « On y voit les raffine-^
mens de la coquetterie .^ même
dans une arae neuve et honnête y
les replis de l'amour propre }us«>
ques dans le sein de l'humilid-*
tion , la dureté révoltante dea
bienfaicteurs ^ ou leur pitié phia
révoltante encore ; le manège de
l'hypocrisie et sa marche ter*»
tueuse ; l'amour concentré dana
le cœur d'une dévote avec toute
la violence et la fausseté qui es
aontia auite ; ervfin ^ ce que M. d9
Mafivaux a sur- tout tracé d'un»
manière supérieure 9 1» fierté
nohl9«t GoiurasettS» de U v«fta
M À R
d»ns Tinforfone. L'auteut n^a pâi
dédaigné de peindre jusqu'à la
Sottise dtt peuple ; sa curiosité
sans objet, sa charité sans dëli*
cateâse , son inepte et offensante
bonté , sa dureté compatissante.
Il faut pourtant convenir qu'en
Voulant mettre dans ses tableaux
populaires trop de vérité , Il s'est
permis quelques détails ignobles.
tfoïks avouerons en méme^emps
qne les tableaux qu'il fait des
passions , ont en général plus de
délicatesse que d'énergie ^ que le
sentiment y est plutôt peint en
lïiiniature qu'à grands traits ; et
que si M., de Marwaux, comm^ïa
très-bien dit un écrivain «élèbre^
connoissoU tous les sentiers du
cœur , il en iffnoroit les grandes
routes, 1» Une femme d'esprit ^
«ennuyée par la recherche minu*
tieuse de tous ces sentierd 9 disoit
de lui t (yest un homme qui se
fitigue et qui m£ fatigua wioi^
ftiéme , en m^ faisant faire cent
lieues sur une feuille de parquet»
Cependant 1«?8 lignes que Mari-»
paax trace dans ce petit espace,
Quoique très-rapprbchées les unes
des autres , sont très -distinctes
pour qui sait les démêler. Malgré
tes défauts, on est fâché que
Marianne ni le Paysan patvenu
n'aient pas été achevés par leur
auteur. La vivacité de son esprit
S'attachoit promptenient à tout
ce qui se présentoit à lui ; et sa
facilité à écrire lui foumissoit le
moyen de le peindre. Dès qu'il
avoit saisi dans un objet nouveau
le côté piquant , l'objet ancien
l'intéressoit moins et lui étoit sa^
crifié sans regret. Voyei sa Vie ,
à la tète de Y Esprit de Marivause^
1769, I*aris , in-8.* Voy.eiVAÀ
KoLBERO et lC&U(^Ek«
MARKAM , ( Germais ) tot^
littérateur An§laû et brave ça«;
M A ft ) t'
pitaine au service de aea rot
Charles I, est auteur de pièces
dramatique^ et de plusieurs vo^
lûmes sur Y Agriculture, le Ma-*
nége , la Chaste et hi Discipliné
militaite.
MARKLAND^ (Jérémie)!
savant Anglois , né en iS^S^
et mort à Dorking en 1776 , A
publié un Commentaire sur les
E^itres de Cicéron à Brutus , et
un Traité grammatical de Grot"^
corum quitud declinoUoite , t66t ^
in-4."
M A ALO Ë , ( Christophe )
Ïkoëte dramatique Ânglois , sous
e règne d'Edouard VI, fit jouer
plusieurs pièces qui eurent du
succès ; jaloux de son valet , il
voulut l'attaquer avec un poi-*
gnard , mais celui-ci le lui arracha
et le tua.
MARJtONTEt, (Jean^
François ) de l'académie Fran-*
goise , naquit à Bort, petite vilU
du Limousin ^ en 1719', d'un
tailleur, qui chercha à cultiver
les heureuses dispositions qu*il
a voit découvertes dans son fils.
Il lui obtint uite bourse dans un
collège de Toulouse. L'élève brilla
en philosophie par un raisonne-
ment précis et une justesse d'idées
qui le firent distinguer ; mais il
y contracta un ton roide et pé-
dantesque ^ que l'usage du gran(i
monde et son long séjour dana
la capitale ^ ne purent jamais lui
faite entièrement perdre* Prjivé
de ces grâces légères qui font
l'homme aimable en société ^ i\
posséda du moins les talëns qui
intéi^essent l'homme qui pense ^'
et les qualités de l'artie qui mé-«
ritent des amis. Marmontél eUL
eut , et sut faire dés sactificee
pour les conserver. Sa conve^'f
futioa étoit douces iasUoGtûrtt
D a
>•
MÀK
semée d'idées abondantes et d'a-
necdotes. Il possédoit le . talent'
$i nécessaire de ménager l'amour
Jrropre des autres, et quelquefois
même de le cafesger. Après avoir
xem porté quelques prix aux jeux
^floraux de Toulouse, et avoir pris
toourquelque temps l'habit d'abbé,
il vint à Paris en 1745 , et y vécut
dans la médiocrité en partie des
bienfaits de Voltaire, hogé en
commun avec quelques jeunes
littérateurs peu riches , chacun
avoit son jour pour fournir à la
dépense. Des protecteurs firent
obtenir an jeune poëte , une pen-
sion de 1 5oo livres , comme biato^
riographe des bâti mens du roi ,
et pendant deux ans le privilège
du Merture. Ce journal rappor-
toit beaucoup , et ces deux ans
Valurent an rédacteur quarante
mille livres. Une parodie très-
plaisante d'une scène de Cinna ,
dans laquelle un grand seigneur
étoit attaqué , lui fut attribuée ;
et pour l'en punir , on lui ôttf
son privilège , et on le ttiît pour
Quelque temps à la Bastille. Il
Rvoit débuté dans la carrière
Httéraîre par des tragédies^ et des
opéra. Ses Contes moraux , qui
|)arurent bientôt après , fui ac-
quirent la plus grande réputa^
tion ; il Ta soutint par d'autre^
ouvrages. Sa carrière fîit labo-
rieuse et remplie. Doué d'une
constitution robuste et d'une
grande ardeur pont le travail ,
il se; plaça dans le rang de nos^
écrivains modernes les plus dis-
tingués. L'académie Françoise
Taccueillit, et il en étoit secré-*
taire perpétuel en 1789 , lorsque
)a révolution arriva. Pendant ses
premiers orages, il se retira dan^
une maison de campagne, a quel*-
^ues lieues de Paris , oit so'n ame
honnête et douce gémit long—
lemps des maux dont il fut* té^
M AR
tnàin, La fortune qu'il avoit aC*
quise par ses travaux , s'évanouit
par des réinboursemens en assi-**
gnats 'r réduit à la plus extrême
médiocrité , il n'en parut pai
moins modérié , indulgent ; mail
son caractère naturellement asse^
triste , le devint davantage. Uni
à une Lyonnoise aimable et sen-*
sible , nièce de l'abbé Morellet ,
son confrère à l'académie Fraa-
çoise , elle adoucit pour lui tous
les chocs , et lui fit tronver des
douceurs dans sa retraite. Au^
mois de mars 1 797 , il fut nommé
député au Conseil des Anciens
par le département de l'Eure. Il
n'y fit qu'un seul rapport, maii
il y fut remarqué autant par H
précision et la clarté du stylé
^aQ par la justesse des principes.
Il avait été philosophe ; il parut
religieux. On le soupçonnait ami
des innovations ; il 5e plut à en
condamner le plus grand nombre-
Après le moiTvement du dix-huit
fructidor de l'an 5 y son électioiï
firt cassée , et il se retira' à Abbo-*
ville, viHage prè^ de Gaillon ^
dans le département de la Seine'
inférieure. H y mourut d'une
attaque d'apoplexie , à l'âge dé
79 ans , après y avoir vécu dani
ttne espèce de chaumière qu'il
avoit achetée , solitaire, pauvre,
et oublié de sa patrie qii'il avoit
illustrée par ses écrits. Les prin-
cipaux sont : I. Des Tragédies f
îa première, donnée en 1748 ,
est Denys . le Tyran. La jeunesse
de l'anteur fit le succès de la
pièce, oïl l'on trouva quelques
beaux vers ; die n'a pas reparir
au théâtre depuis sa nouveauté.
Aristomène fut jOné en 1750 1 iî
fut aussi applaudi ^ mais sans
survivre de même aux premières
représentations. CUomène parut
en 1 7 5 r ; le« Héractides, la même
anhée; Egyp tus, 911 ijô-Sj P^en<
M AR
teûas t en 1769 : cette dernière
pièce est de Boirou ; Marmontel
s'est contenté de la retoucher
et d'en supprimer quelques lon-
gueurs. Avec ces qprrections, elle
se soutient au théâtre. Hercule
mourant fut représenté en 17 67.
L'auteur, à l'âge de 60 ans, donna
^umitor et Cléopdtre : cette der-
nière tragédie avoit déjà paru en
ijSi. Marmontel, plus de trente
ans après ]a disparition de cette
pièce , la refit sur un plan nou-
veau , niais qui n'eut pas plus de
réussite que le premier ; le sujet
reconnu pour impraticable y lui
offrit cependant quelques détails
heureux dans les trois premiers
actes ; les deux derniers entraî-
nèrent la chute complète de l'ou-
Trage. II. Des Opéra comiques;
la plupart ont obtenu au théâtre
Ifdiieii , de grands succjès. Les in-
trigues sont simples et naturelles,
et le poète y possède à un très-
haut degré la coupe des ariettes
•t le dialogue musical. On voit
encore avec plaisir 4a Bergère
des Alpes , Annette et Lubin , le
Huron , Sylvain , Lucile, Zémire
et Azor , Y Ami de la maison ,
et la Fausse Magie ; cette der-*
nière pièce ofiS'e plus de gaiel4
qiîe les autres, qui à leur tour-
présentent plus de sentiment et
d'intérêt. III. Des Tragédies ly»^
tiques } l'auteiur «ut ram)>itièYi'
d'occuper les trois théâtres de-ià-.'
capitale- Il donna à l'Opéra-,'
Céphale et Procris , en 1775 >
Démopkooti , en 178^. Didon ,
représentée quatre ans aupara-^
yant , se soutient ayec éclat* Les
situations du troisièn)e acte , in-
diquées par Virple , sont de^i- ^
nées avec art et intelKgence ;
les airs y sont bien coupés pour
la musique : celle de Piccini, el
le jeu brillant et passionné de
'l^^fSaitii-IIfiih^rii , assuçèrei^ti.
M A R
«
le succès de cet ouvrage. Cepen-
dant le personnage d'Enée n'y
est pas moins froid que dans le
poète latin , et dans la JDidott
de Métastase que Marmontel a
imitée. L'opéra de Boland , }oué
en 1778 , produisit enti:e ilî/ir-
montel et l'abbé Arnaud la plus
vive guerre. Le premier préfé—
roit la musique de Pipcini » lo
second celle de Gluck ; le pre-
mier , en retranchant plusieurs
scènes du Boland de Quinault ,
l'avoit donné , ainsi refait , à son
musicien favori ^ tandis que Gluck
travailloit sur le Boland , sans
correction. Eh l)ien l dit Arnaud ,
nous aurons un Orlando et un
Orlandino* Ce mot , rapporté à
Marmontel , le mit en colère ; if
lança diverses épigrara mes contre
son adversaire , qui lui répondit
par celle-ci.:
C«naio çoatear d'amour propre gonflé «.
Qaoiq.u*au« Jneas tout Ucteur ait ronflé «
$e croit pétri d'nnç dUine pâte.
C« mostieut'là dont f0Of p«nq\ic l*oa.
tâte f
Oq z bientôt plus que sitiété *
Dont les mardfx dt VAint qous embatc r
Refait Quinault , joint le .mort au vivant i^,.
Le lit par-tout , et puis tout honnemcnt^
Croit qu'il a fait lei opéra qu'il gÀte.
Si Marmontel ria pas eu la dé— '
licatess(* de QiLinaidt , il est du
moins du petit nombre Je ceux
qui ont de plus prè& suivi ses.
traces. IV. Mysis et Délie ^ i743.
V» L' Observxiteu r liitéra ire, 1746 ,.
in- 1.2. YI. La Boucle de cheveux
enlevée , 1746 , in- 8** : çest une-
traduction en vers françois du
poëme de Pope* VU. VEta^^
bassement de V Ecole militaire,
poëme, 1757, îiirS." VIÎL LeiL
Charmes de l'Etude , épît-re ,
1761 , in-8** ; elle remporta l^w
prix de poésie à l'académie Fran,-*
^Qisç« I^es ^ètes les plus cûlèUcâfe-
r4
MÂIt
y sont peints avec grâce et ré^
rite. IX. Discours de réception
à racadémie Françoise , 1763 ^
in-' 4.** X. Adieux d'un Danois
4 un François,^ 1768, in — 8.*>
XL' Contes moraux , 3 volumes
in-129 traduits dans toutes les
langues ; offrant aux poètes des
fujtts de pièces pour tous les
théâtres : pleins de fmesse 9 de
portraits agréables, ils eurent un
grand nombre d'éditions , et des
lecteurs dans toutes les classes.
En ce genre y Marti^ontel a eu
des imitateurs et non des rivaux.
« Cet auteur , a dit un critique^
lin peu sévère , fut un littéra-
teur distingué , mais paradoxal ;
un poëte dramatique froid ; un
écrivain souvent plus déclamateur
q^u'éloquent; un versificateur dur 9
mais quelquefois piquant et ori-
ginal. Une foule d'ouvrages mé-
diocres , dans différens genres ,
prouvent les ressources de son
esprit 5 ce n*est - que dans ses
Contes qu'il a' montré urf vrai
talent, et sa conduite dans les
dernièi^s années de sa vie, lui fît
«ncore plus d'honneur que ses
Contes. ï> XII. BéUzaire » 17 67,
in— 8.0 « Cet ouvrage , dit la
Harpe , est d'un genre élevé : il
est trop long , et a le grand dé-«
faut de commencer par être un
roman , et de finir par être un
sermon' : mais , malgré ses dé-
fauts , c*est là que se trouve ce
que Fauteur , à mon gré , a fait
de plus réellement beau. D y a
de la véritable éloquence, mérite
inhniment rare en tout genre. »
Les principes trop philosophiques
de cet ouvrage le tirent censurer
et condamner par la Sorbonne.
Xin. Pharsale de hucain , tra-
duite en françois , 1766 , 2 vol.
in-8.^ Il en a été fait une seconde
édition en 177a. XIV. Poétique
Jh'aa^oise * 3 vol in-8.** ' Qa y
M A R
trouve une raison perfectionna
par la lecture des bons auteurs^
et l'étude approfondie de la lan^
gue. Ses préceptes y sont judi-
cieux ; en le suivant , on goiite
les charmes de la bonne poésie ^
et on peut acquérir ce tact dé-
licat , ce goût qui sait apprécier
avec justesse ses beautés. XV. Es-^
sai sur les révolutions de la mu-
sique , 1777 ï m— 8.* Les admi-
rateurs passionnés de la musique
àeGluck soutenoient qu'elle étoit
seule convenable à la poésie dra-
matique et à l'opéra ; l'auteur
s'élève contre cette opinion et
prononce qu'on ne peut bannir
de la scène lyrique , les airs des
Piccini , des Sacchini et des ÏVa—
jetta.. Il prouve que la nation
Françoise a toujours passé d'en-
thousiasme en enthousiasme , da
LuLly à Rameau , de Bameau k
,Grétry , de Grétry à Gluck. Sa
conclusion est qu'il faut admettre
sur notre théâtre lyrique, le chant/
italien , le seul qui lui paroisse
véritablement musical ; tandis
que les Italiens , de leur côté ,
devroient quitter leurs plates rap-
sodies , sans intérêts et sans bon
sens dans les paroles, pour adopter
notre système dramatique , plut
raisonné et plus sévère. XVI. Lei^
lacas, ou la Destruction de l'em-»
pUip rftt Pérou , 1777 , a volumes
ifti-^S»** Le fond de ce roman
ou de cette espèce de poème
en prose, est historiqiie ; mais ^
malgré ses ornemens , ses épi-
sodes , il intéresse moins que
l'histoire. On y trouve des mou-
veioens éloquens , un beau ta-
bleau du fanatisme , et un éloge
attachant de Las Casas. On a
observé que le style trop uni-
forme de cet écrit , offroit une
continuité singulière de ver& de
huit syllabes, non rim.és. L'épître
dédicatoire au xoi de Suède ^ a de
u'
M AR
Il noUesse tans affectation « çt
de la force sans en Aura. XVII»I>#
l'Autorité de l'usage de la langue^
1785 , in-4.^ XVm. EUmens de
Littérature t 1787 , 6 Tol. in-ii.
C'est l'un des reetllears ouvrafet
didactiques que nou^ possédions
dans notre langue. Tout homme
de lettres peut le relire plusieurs
fois , et son goût ne pourra qit'y
gagner. Marmontel y a déposé la
fruit des longues méditations de
sa vie sur Fart oratoire , la poésie
et les ouvrages les plus célèbres.
XIX. Les Déjeuners de village «
179 r , in-1%. XX. 11 Erreur d'u\
ion père ,17919 in- 1 2. XXI. "Nou^
veaux Contes moraux , i 7 o 2 ^
2 vol. in- 12. Quoiqu'agréables ,
ils n'eurent pas la réputation des
premiers. XXII. Apologie d€
t Académie Francise , 1792*
XXIli. Divers morceauk de saine
critique , fournis à YEncyclO'»
pédie • dont il revit tons les ar-
ticles de littérature , dans l'édition
de Bouillon ; un grand nombre de
poésies , insérées dans YAlma>^
uach des Muses et les Journaux»
En I 7 S 7 , on a recueilli les
Œuvres de Marmontel » en dix-
sept volumes in-S.® ,
I. MARNÉZIA, (Claude-
Gnspard de ) chanoine et comte
^eLyon , mort vers 1785 , a pu-
blié des "Réflexions sur l'Histoire
de France, 1765, in-12; et unç
Oraison funèbre de Louis XV ^
1774 , in-4.**
IL MARNÉZIA, (N. deLézai )
né à Besançon • et mort à Paris
en l'an 99a l'âge d^ 66 ans,
servit avec Vauvenargues , dont
il fut ami , dans le régiment du
roi 9 et quitta ensuite l'état mi^
litutre pour se livrer entièrement
à la littérature. ^& poésies ont
de la douceur et de l'harmonie ;
•on style en prose 9 est agréable
M AR
M
fi pnr. Nommé dépnU à Tas^
semblée Constituante , il passt
dans la chambre du tiers-état ^
et favorisa les premières iiano^
vatioBS ; mail il s'arrêta bientôt
lorsqu'il s'apperçut que les fac-
tieux vonloient abuser des idées
philosophiques pour bouleverser
l'état et changer la forme du
gouvernement. Il s'opposa à l'ad*
mission des Comédiens aux droits
de citoyens actifs y eif fondant
son opinion sur le sentiment dt
J, J. fiousseau. Après la session
de l'assemblée , prévoyant let .
troubles que les successeurs des
Constituans alloient faire naître ,
il quitta la France pour se réfu-
gier en Amérique, sur les borda
du Scioto. Là , il crut trouver la
paix ; mais l'amour de son pays
l'y ramena en 1793. Arrêté aus^
sitôt , il resta onze mois dan9
les prisons , dénué de tout. Mis
en liberté après la chute de
Robespierre , il périt bientôt ,
victime des maux dont il avoit
acquis le germe dans sa détention.
On doit à Mamézia : L De la
Nature champêtre , poème. Le»
détails heureux qu'il renferme, le
firent lire avec intérêt. IL Essai
sur la minéralogie du bailliage
d*Orgelet en Franche — Comté 9
1 778 5 in- 8.0 III. Le Bonheur dans
les campagnes , in-8.0 IV. P/fl/s
ttéducation pour une jeune Dame j.
in-8.0 V. La famille vertueuse,
roman in-12. VI. Lettres sur le
Sciotô t in— 8.® Elles sont au
nombre de trois. VU. Plusieurs
piècejs de Vers , insérées dans-
XAlmanach des Muses et dans
quelques Journaux» VIII. 11 tra-
vailloit , lorsqu'il mourut ^ à oa
grand ouvrage, dans lequel il von-,
loit prouver qne les principes àm
la véritable philosophie „ étoient
les mêmes que ceux de la reliap
gion» Les mosurs de Marnézis^
ï>4
■^
t«{
M AK
'<|itoient douces « son accneîl obli*
géant , son esprit facile ; il avoit
peu de prétentions , et auroit pu
en avoir beaucoup.
MARHIE^, fN. ab>é de la)
ëtoit de Bretagne ; il ifi^t aqteur
^es opéra de Zàide et de TUon
ft l'Aurore , et mourut à Paris
en 1747.
MARSAN, (Arnaud de)
troubadour ancien ^ nous a laissé
^es Conseils, en vers , a^in Che-
valier , sûr la manière de se bien
conduire dans le monde. {1 mourut
dans le i^^ siècle.
I. M ARSy, (Balthasar) sculp-
teur, de Cambray, mort en 1674,
âgé de 54 ans 5 éioit frère «ie
fpaspard aussi sculpteur , morÇ
en 1679 , ou ,- selon quelques-
lins , en i6$i , fl^é de 56 ans.
Ces deux savans artistes ont tra-
vaillé ensemble au bassin de La-
ione à Versailles , où cette déesse
et ses enfap^s sont représentés en
inarbrè ; et au beau groupe qui
jètoit placé dans une des niches
ie la grotte à* Apollon, ^ Ver-
sailles , d'où il a été transport^
idans les jardinç de ce palais. On
yo it encore pi usienrs autres grands
ouvrages qui font honneur à l'ha-
ilbileté et au goût exquis de ces
^eux frères. tiCs mêmes talons
les unirent étroitement , loin
d'être , cpmrpe c*est l'ordinaire,
^ne occasion de diyision et de
ialoqsie. Ils étaient l'un et l'autre
de l'académief Leurs ouvrages les
plus parfaits , sont ceux qu'il^
<)nt ti a vfiillé ensemble.
* X. MAUTIN, Martens , et
XiÎERTKNS, (Thierri) né à Ascii,
gros village près d'Alost en Flan-
dre , fut un des premiers qui
cultivèrent l'art de rimprimeriè
dans les Pays-Bas , et en parti-
f ttlier k A^QSt et 4 Louraîn. U
M AR
exerça aussi cette profession à i^n«i
vers , et mourut à Alost en 1 534 ^
fivec la réputation d'un savant
et d'un honnête homme. On 9 de
lui , outre les impressions de plu-;
sieurs livres, quelques ouvrages
de sa composition , moins estimés
que ceux qui sont sortis de ses
presses. Prosper Marchand eiv
cite 54, dont le premier est 1q
Speculumconversionùi pecco loris ^
imprimé à Alost en 1473. Mait-^
taire . et Meermann croient que
Martens fut le premier qui op-r
porta l'imprimerie d'Italie dans la
Belgique. Cette opinion a été
combattue savamment dans une
Dissertation de M. Lambin et^ Cet
imprimeur avoit pris pour em-?
blême , une^double ancre , sym-
bole de l'espérance , avec cette
devise gaie : In vino veritas. Sur.
la fin de sa vie , il se retira dans
un monastère de sa patrie , et lui
légua sa bibliothèque et ses autre^
biens. H eut des amis illustres ^
çntr autres , Berland , le célèbre
Érasme , et JMartjn Dprf : ctL
dernier étoit un savant professeur
de Louvain, mort en i535, à la
fleur de son âge, dont on a :
Epiitola de HoUandorum mori-^
bus, in-i^°, Leyde 161 1.
XVI. MAaTIN, <Edme)
imprimeur renommé , apprit soii
art sous Morel, et devint di-
recteur de l'imprimerie royale.
Les principaux ouvrages sortis
de ses presses, sont : Les Œitvres
dé St, Jean Climaque , les An-
nales de Baronius , le^ Annale*
de Spon^e , les Conciles des
Gaules par. Sirmond, l'Histoirei
dé la maison à^ Montmorency ,
l'ouvrage du P. Peiau , De doc-^
trind iémporum , etc^ Il mourut
vers le milieu du 17* siècle. — Son
fils , appelé comme lui Edme^
Martin, suivit sçji traçQI'. çt
M AR
jrnficbit le libraire Cramoisy. yxr
tes éditions. On lui doit les CEu-
yres de la Mothe^U'-Vayer , de
Palladio , l'Histoire de St. Louis
' par Joinville , l Afrique de Mar-
mol, la Géographie de Briet , etc.
Il savoit parfaitement le latin et
le grec , et mourut à lage de
70 ans.
XIX. MARTIN, (Thomas)
antiquaire Anglois, né à Thet-r
fort en 1697, fouinit plusieurs
^ueils k /« Nève § par ses
Monumenta AngUcana , publiés
en 17 15. — T 11 i^e faut pas le con-
fondre avec Benjamùi Martin ,
Ton des plus hobiles mathémati-
ciens d'Angleterre , né en 1704,
et qui 9 dans un accès de déses^
m>ir, avança sa mort, arrivéa
le ) février 178a. Ses nombreuj^
Traités se trouvent dans le Ma-n
gasin Scientifique^
XX. MARTIN, ( Claude) gé-
néral 4eids l'Inde , naquit à Lyon
en 1782 9 d'un tonnelier qui ne
Jflt lui procurer d'autre instruc-
tion que celle qu'on donnoit aux
enfans desspquvres dans les école?
publiques; mais, doué d'un esprit
Xflcile et d'une grande aptitude
pour les Sciences, il appi*it de lui-
niénie les mathématiques, et dut
ensuite sa fortune à ses comiois-
jances en ce genre. Il s'eprôla , à
Tàge de 20 ans ^ aver. un de ses
frères , dans la compagnie des
guides du général Lally , qui se
rendoit dans l'Inde. Sa belle-
mère , instruite de leur prochain
Répart , obtint des recruteute ,
à force de supplications, que les
engagemens seroient rompus, si
tes deux jeunes gens vouloient
le retirer- Le plus jeune y consen-
^t; mais MaHin, inébranlable
^ans sa résolution , déclara qu'il
yonloit aller chercher fortune en
iays étranger : sa belle-mère ,
M A R
t7
irritée , lui donna un souQet , ac«
compagne d'un roifieau de piècec
de 24 sous , et lui dit : Vas , en^f
tété i mais ne reviens janUtis qu'en
carrasse. Le corps, où Claude
Martin ser\'oit, se distingua par
sa brayoure, dans la guerre de
1756; fnais . fatigué des mauvais
traitemens du général, il déserta
en entier chez lès Anglois , pen-
dant le siège de Pondichen'. La
jeune soldat obt^t bientôt du
gouverneur de Madrass le com-
mande ment d'un régiment de
chasseurs formé de prisonniers
François. Envoyé avec ce régi-
ment dans le Bengale, le vais-
seau de transport sur lequel il fut
embarqué , périt à la hauteur de
Gaudawar. Martin parvint à se
sauver dans un canot , et arriva
à Calcutta , où le conseil général
lui accorda , en récompense de
ses dangers, un guidon de cava-
lerie. Chargé ensuite de lever la
carte des états du Nabab d'Onde,
ce dernier conçut, une si haute
idée de ses connoissances, qu'il
sollicita, et obtint de la com-
pagnie Angloise, l'agrément de le
nommer surintendant de son ar-
senal. Ses conseils dirigèrent bien-
tôt tous les changemens qui eu-
rent lieu dans les états dé ce sou-
verain Asiatique, et sur -tout
touteii les négociations qu'il avoit
ouvertes avec le gouvernement
Anglois. Le Nabab aimoit les
arts Européens; Martin encou*
ragea son goCit , et lui fit établir
des relations commerciales au-
près des principaux banquiers de
l'Indostan. La fortune de Martin
devint bientôt considérable, et
il l'accrut encore par sa réputa-
tion de probité. Les plus riches
Indiens vinrent déposer leurs tré-
sors dans sa maison , en payant
pour le dépôt un droit de douze
pour cent y pendant les vingt
in M A R
•nniei de guerre cmle^giii déso-
lèrent l'Inde. Fixé à Lucknow,
Martin y fit construire , sur les
bords de la rivière , .une maison
entièrement bâtie en pierres de
tttill» , et dont la hauteur des
étages est calculée sur l'élévntton
progressive des eaux. Pour échap-
per aux chaleurs accablantes du
climat, il habitoit successivement
l'appartement souterrain au ni—
veau des plus basses eaux, puis
le rez de chaussée, le premier
et le second étages. De celte ma-
nière , il jouissoit , dans toutes
les saisons, d'une température
à peu près égale. Un Muséum
d'Histoire naturelle, un observa-
toire muni d'une belle collec-
tion d'instrumeus astronomiques,
un jardin immense rempli de tous
les arbres, arbrisseaux et pro-
ductions /de la contrée, y rendent
cette habitation unique en ma-
gnificence. Martin y donna au
rfabab le spectacle du premier
ballon élevé dans l'atmosphère
de l'Asie. Outre son palais de
Lucknovr, Martin possédoit en-
core , sur les bords du Gange ,
une maison dont la construction
, lui coûta des sommes immenses.
Son architecture est gothique;
elle est fortifiée à î'européenne ,
et avec tant de régularité qu'on
la regarde comme capable de ré-
sister à une armée innombrable
d'Indiens. Dans l'enceinte de cette
forteresse, Martin fit' élever son
tombeau , pertant cette inscrip-*
tion , faite par lui-même : Ici
repose Claude Martin , né à
Lyon , venu aux Indes simple sol-
dat , et mort Général Major.
C'est en 1799 qu'il a cessé d'exis-
ter. Quoiqu'il possédât imparfai-
tement la langue angloise , il s'en
est servi pour écrire son Testa-^
ment , traduit en françois et
imprimé dans les deux langues,
M A R
par l'ordre du préfet du dépa?-i
tement du Rhône , en Tan XI.
Dans cet écrit , vraiment origi-
nal et curieux , Martin dépose
ses dernières volontés, ses opi-
nions religieuses et ses principe»
de conduite. Le mélange des
mœurs asiatiques et des usages
européens y est digne de remar-
que. Après avoir accordé la li-
berté à tons ses esclaves des deux
sexes et aux eunuques, l'auteur
prend un soin particulier et taiw
chant de deux de, ses femmes y
à qui il lègue la garde et le sois
de son tombeau. Il vent qu'oa
leur porte chaque jour , des cor-i
beilles de fleurs. Il n'oublie ni
ses parens, ni sa patrie, ni le
pays qui lui a procuré sa fertime.
Celle-ci s'est montée à près de
douze millions. Il lègue environ
700,000 livres à la ville de Lyon,
autant à celle de Calcutta , autant
k celle de Lucknow, pour établir
dans chacune d'elles une maison
d'éducation pour un certain nom-
bre d'en fan s des deux sexes , les
mettre en apprentissage en sortant
de l'école , et les marier ensuite*
En outre, il fixe un capital* dont
les revenus doivent être distribués
aux pauvres de Calcutta , de
Chandei nagor et de tucknow, de
quelque religion qu'ils soient,
préfï^rant cependant la Chré-
tienne et l'Hindow. Ces détails
sont tirés du journal asiatique,
intitulé Asiatick annual registers,
du Testament du général, et d'une
not><îe intéressante et bien écrite,
luç dans une séance publique de
l'académie de Lyon , par M. Mar-
tin l'aîné, chirurgien renommé
de cette ville. '
MARTINELU, (N.) pemtris
et architecte , étoit conservateur
de l'académie de Saint-Lnc à
Rome j et processeur de perspec^
M A R
Ure et d'architecture. Cest sur
ses dessins que fut bâti le palais
de Lichten^teitt à Vienne; édifice
justement admiré. L'Allemagne
fut enrichie par lui d'autrespaktis,
où il a réani la solidité antique à
l'élégance moderne. Il mourut
en 17 18.
MARTINES- MONT ANES ,
(Jean) mort à Sévijle, sa. pa-
trie, en 1640, fiit un habile sctilp-
tenr , qui embellit les églises de
cette ville des productions de son
ciseau.
II. MARTINI, (Jean-Bap-
tiste ) entra jeiina dans l'ordre
des frères Mineurs, et s*est dis-
tingué par ses profondes con-
'ooissances dans la musique. U a
pnbiié divers ouvrages sur cet
art II est mort à Bologne en
'784 9 âgé de 78 ans. ,
MA HUES, (Antoine) cha-
noine de l'église Saint-Just de
Lyon , publia , en 1 583, un Mé^
Moire pour faire revivre l'ancienne
splendeur de Lyon*
VI. MARULLE , fille du pou-
Terneur de Co. hino ville de l'isle
de Lesbos, ayant vu son père
ttté daus une attaque faite par
Içs Turcs, au temps de Maho^
net II, descend de la muroille
oii elle combattoit , pénètre jus-
qu'au corps de son père , 1q fait
enlever , repousse les assiégeans ,
et les force à se rembarquer. Le
général Vénitien arrivant au se-
cours de la ville , n'y trouva plus
le peuple occupé qu'à fêter sa
libératrice. Il lui offrit de choisir
pour époux, celui de ses capi-
taines qui lui plairoit le plus,
et de faire approuver cel^ hym«n
par le gouvernemânt. MaruUe,
contente de la gloire qu'elle ve-
noit d'acquérir , ne voulut pas
' accepter cg choix.
MAS
19
» MASQUE DE FEU (Le) :
Cest tous ce nom que l'on dési-«
gne un prisonnier inconnu , en-
voyé dans le plus grand secret
au château de Pignerol , et de \k
transféré aux isles Sainte-Mnr-*
guérite. Cétoit rm homme d'une
taille au-dessus de l'ordinaire ,
et très-bien fait. Sa peau étoit
un peu brune , mais fort douce,
et il avoit autant de soin de la
conserver dans cet état que la
femme la plus coquette. Son plus
grand goût étoit pour le linge
An , pour les dentelles , pour les
colifichets. Il jonoit de la guitare ,
et paroissoit avoir reçu une ex-
cellente éducation. Il intéresse it
par le seul son de sa voix, ne se
plaignant jamais de son état, et
ne laissant point entrevoir ce
qu'il étoit. Dans ie^ maladies où
il avoit besoin du médecin ou du >
chirurgien , et dans les voyages
que ses différentes translations
lui occasionnèrent , il portoit un
masque de velours, dont la men-
tonnière avoit des ressorts d'a-
cier , qui lui laissoient la liberté
de manger et de boire. On avoit
ordre de le tuer, s'il se décou-
vroit ; mais, lorsqu'il étoit seul ,
il pouvait se démasquer : et alors
il s'amnsoit à s*arracher le poil
de la barbe avec des pincettes d'a-
cier. U resta à Pignerol , jusqu'à
ce que Saint-^Mars , oiâcier de
confiance , commandant de ce
château, obtint la lieutenance
de roi oes isles de Lérins. Il' le
mena avec lui dans cette solitude
maritime , et lorsqu'il fut fait
gouverneur de la Bastille, son
captif le suivit , toujours masqué.
Il fut logé dans cette prison aussi
bien qu'on peut l'être. On ne lui
refiisoit rien de ce qu'il deraan-
doit ; on Ini donnoit Iq$ plus ri*;
ches habits, on lui faisoit l<i plus
grande chère , et le gouvernear
Sq
U AS
s'asseyoit rarement devant lui. Le
marquis de Louvois s'étant rendu
à Sainte ~ Marjjiîerite , pour le
voir avant sa translation à Paris,
]ui parla avec une considération
qui tenoit du respocf. Cet illustre
inconnu mourut, le 9 novembre
170.3 , et fut enterré sous le nom
de Marciiialj , le lendemain a
quatre heures après midi, dans
le cimetière de la paroisse de St-
Paiil. Ce qui redouble l'étonne-
ment, c'est (jue quand on l'en-
voya aux isles Saintp-Margueritey
il ne disparut dans FEurope au-*
cun homme considérable. Ce pri-
sonnier l'étoit sans doute 5 car
voici ce qui arriva les premiers
jours qu'il fut dans l'isle. Le gou-
verneur mèttoit lui-même les
plats sur sa table, et ensuite se
retiroit après l'avoir enfermé. Un
jour il écrivit avec un couteau
sur une assiette d'argent, et jeta.
Tassiette par la fenêtre vers un
bateau qui étoit au rivage , pres-
que au pied de la tour. Un pê-
cheur, à qui ce bateau appar—
tenoit , ramassa l'assiette et 1^
rapporta au gouverneur. Celui-
ci étonné demanda au pêcheur :
Avez-ifous lu, ce qui est écrit sur
celle assiette ? Et' quelqu'un l'a—
f^il vue entre vos mai-is, — Je
ne sais pas lire , répondit le pê- '
cheur : fe viens de la trouver ,
personne ne Va vue. Ce paysian
fut retenu jusqu'à ce que le gou-
verneur fut bien informé qu'il n'a-
voit jamais lu, et que l'assiette
n'avoit été vuedepersonne.y4//^2,
lui dit-il, vous êtes bienheureux
(te ne savoir pas lire / . . . La
Gr'ange^Chancel raconte , dans
une Lettre à l'auteur de y Année
JJttéraire, que, lorsque St-Mars
alla prendre le Maxque de Fer
pour le conduire à la Bastille , le
prisonnier dit à sdn conducteur :
Est-ce que U Roi en veut à ma
MAS
vie ?"-^Non , mon Prit^ce ». rér
pondit Saint- Mars, votre vie est
en sûreté; vous n'avez qu'à vont
laisser cond^uire, « J'ai SU , ajk>nte-
t-il , d'un nommé JDuhuissçn ,
caissier du fameux Samuel ^er-^
nord, (qui , après avoir été quel-
ques années à la Bastille, fui;
conduit aux isles Sainte - Mar-^
guérite ) qu'il étoit dans une
cjiambre avec quelques autres^^
prisonniers , précisément au- ,
dessus de celle qui étpit occupée
par cet inconnu : que, par Je
tuyau de la cheminée, ils pou«-,
voient s'entretenir et se 00m— ,
muniquer leurs pensées ; mai»,
que ceux-ci lui ayant demandé
pourquoi il s'obstinoit a leur taire
son nom et ses aventures , il leur
avoit répondu' que cet aveu lui
coûteroit la vie , ainsi qu'à ceux
auxquels il auroit révélé son se-
cret. » Toutes ces anecdotes
prouvent que le Masque 4e fer
étoit un prisonnier de la p{u8-
grande importance. ^VLais qui étoit
ce captif ? Ce n'étoit pas le duc
de Beaufort : npus l'avons prouvé
dans son article. Ce n'étojt pas
le comte de Vermundois , comme'
le prétend l'auteur des Mémoires.
de Perse. Cet écrivain sans aveu
raconte que ce prince, fils légitimé
de Louis XIV et de la duchesse
de la Vallière, fut dérobé à la
connoissance des hommes par
son propre père , pour le punir
d'un soufflet donné à Monsei-
gneur le Dauphin, n Comment
peut- on 5 dit un homme d'esprit,
imprimer une fable aussi gros-
sière ? Ne sait -on pas que le
comte de Vermandois mourut au
camp devant Dixmude en 1683,
et fut enterré solennellement à
Arras ? Le Dauphin avoit alors
22 ans. On ne donne des souf- ,
flets à un Dauphin en aucun kg^Y
et c'est en donner un bieii teç-*.
^U an sens commun «t à la
Vérité , que de rapporter de pa-
reils contes. >» Il n'est pas moins
Hbsarde de vouloir faii'e d'autres
conjectures sur le Masque de fer.
Pour résoudre ce problème his-
torique , il faudroit avoir des
Mémoires des personnes qui ont
en ce secret important; et ces
personnes n'en ayant point laissé ,
il faut savoir se taire. L'auteur
de ce Dictionnaire ^ qui avoit
pris dei6 informations à l'isle
Sainte-^M'arguerite , est le pre—
mier qui ait dit que V Homme au
Masque avoit d'abord été envoyé
à la citadelle de Pignerol. Cette
particularité a été confirmée par
le Journal de du JoncA ^ lieute-»^
nant de roi de la Bastille , quand
le prisomnier y artiva. Ce Jour-
nal, imprimé dans le Traité des
afférentes sortes de preuves qui
établisse nt la vérité de l'Histoire ,
an P. Griffei^, est trés-cufieiix.
Bu Jonca ne dit point que lef
ibasque fût de fer > il dit seule-
ibent que c*étoît un masque de
velours noir ; et nous n'avions
|{as fait entendref autre chose
dans la première édition de ce
Dictionnaire. Mais le riom de
Masqiie defér ayant prévalu pour
désignet ce célèbre infortuné ^
nous Tavons laissé Subsister.....
On lit dans le Journal Encyclo-^
pédique , du lïrois d'août 1770 ,
qu'il y a lieii de croire que c'étoit
tfn secrétaire d'état du duc de
Mantoue , appelé Magni , qui ,
Vendu à l'empereur, avoit par-
couru les cours de difFérens prin-
ces, pour les exciter contre la
France, et que Louvois fit en-
lever par vin^ hommes masqués
dans une pattie »de chasse près
de Turin , et de là transférer à
fignerol. Ce n'est pas la dernière
Conjecture qu'on a formée sur
^tte ?ietin2e d«r la politique. Oi)
Mas
6t
troiive dans les éclaircîssomeni
joints à la Vie de Voltaire, par
M. de Condorcet , une note oU
Von propose quelques nouvelles
idées assez vraisemblables pour
n'éti'e pas oubliées dans cet arti-
cle : « Le Masque de fer, y eit-il
dit , étoit sans doute un frère et un
frère aîné de Lojiis XIV , dont
la mère avoit ce goût pour le
liu^e fin sur lequel M. de Vol-^
taire appuif. Ce fut en lisant les
Mémoires de ce torfips, qui rap-.
portent cette niieçdote au sujet
de la reine, ( Voyez Avne d'Au-
T.11CHB ) que me rappelant c«*
môme goût du Masque de fer ^
je ne doutois phtf qu'il ne fût
son fils : ce dont toutes les au-*
très cii^constaiïceè ra'avôient déjà
persuadé. On sait que Louis XIIÏ
n'Iiabitoit plus depuis long-temps
avec la reine ; que la naissance
de Louis XIV ne fut due qu'à
un heureux hasard habilement
amené : hasard qiti obligea ab-
solument le roi à coucher en
lïiômè lit "^ avec la reine. Voici
donc comme je crois que \tL
chose sera arrivée. La reine aura
pu s'imaginer que c'étoit par sa
faute qu'il ne naissoit point d'hé-
ritier à Louis XIIL La naissance
du masque de fer l'aura détrom-
pée. Le cardinal à qui elle aura
fait confidence du fait, aura su ,
par plus d'itne raison , tirer parti
de ce secret. Il aura imaginé de
tourner cet événement à son
profit et à celui de l'état. Per-
suadé , par cet exemple , que la
reine pouvoit donner des enfans
fltu roi , la partie qui produisit le-
kasard d'un seul lit pour le roi
K et la reine ^ fut arrangée en
conséquence. Mais la reine et le
cardinal également pénétrés de Itf
nécessite de cacher à Louis XIII
l'existence du Masque de- fer ,
l'auroixt fait élever efi secret. Ce*
4t
MAS
•ecret en aura été un poar
Ixfuis XIV jusqa'à la moit da
cardinal MazaHa. Mai$ ce mo~
narque apprenant alors qu'il avoit
tin frère ^ et un frère aine que
sa mère ne pouvoit désavouer ^
Gui peut-être portoit d'ailleurs
ces traits marqués qui annon-
çoient son origine, faisant ré—
Èexion que cet enfant né durant
le mariage, ne pouvoit sans de
grands inconvéniens , et sans un
liorrible scandale , être déclaré
iUégitime après la mort de
Louis XIJI , Louis XIV aura
jugé ne pouvoir user d'un moyen
plus sage et plus juste que celui
qu'il employa pour assurer sa
propre tranquillité et le repos de
l'ctat : moyeA qui dispensoit de
commettre une cruauté que la po-
litique auroit représentée comme
nécessaire à un monarque moins
consciencieux et moins magna-
nime que Louis XIV, Il me
semble que plus en e^t instruit
de l'histoire de ces temps-là y
pins on doit être frappé de la
réunion de toutes les circons-
tances qui prouvent en faveur
de cette supposition.» L'auteur
de la Vie du Duc de Richelieu a
produit • une lettre de Mu« de
Valois , écrite à ce duc , où elle
se vante d'avoir appris du. duc
d'Orléans , son père , à d'étranges
conditions , quel étoit Yhomme
an Masque de fer; et cet homme,
dit-elle, étoit un frère jumeau
de Louis XI V t né quelques
heures après lui. Il est probable^
que si le régent fit cette confi-
dence , il crut en afifuiblir le
danger , en faisant du ,Masque
de fer un eadet, sans droit au .
trône, et non un aîné héritier
présomptif de la couronne. En
i8o3, M. Reth a publié à Turin
un opuscule , intitulé : Véritable
clef de V Histoire de l'hoinmc au
MAS
Masque de fer, dans lequel il pté*
tend que ce perso'nnage singulier
est un CQfflte Mathioly de Bo-«
logne, confident et ministre du
duc de Mantoue , envoyé par ce
dernier à Versailles pour y traiter
secrètement de la vente de Casai
à Louis XIV , et qui , de retour
en Italie , révéla le secret de ce
traité à la cdur de Turin, et à
Melgar gouverneur de Milan
pour les Espagnols. L'ambassa*
deur François k Turin , furieux de
la perfidfe de Mathioly t l'attira
sur le territoire François, le fit
arrêter, le 2 mai 1679, à la vue de
Pignerol , et le conna à la garde
de Saint-^Mars, Celui-ci le con-
duisit au fort d'Exilés d'oii il fut
transféré ensuite aux isles Sainte*
Marguerite , et enfin à la Bas«
tille , oii il mourut plus que sexa^*
génaire , après une détention de
24 'ans et demi. Cette opinion
s'accorde assez avec celle qui
nomme , peut-être impropre*
ment , Magni _, l'agent du duc dd
Mantoue. M. Heth a annoncé la
publication prochaine de preuves
complètes qui dévoilent cette
énigme historique ; mais jusqu'au
moment ou ces preuve; pourront
être appréciées, on demandera
toujours pourquoi tant de pré-
caiitions pour un prisonnier û
peu' dangereux ? Pourquoi ces
respects à son égard, ce masque
de velours qui annonce le plus
grand intérêt à cacher ses traits?
Pourquoi son isolement absolu
dans la prison , et Tattentioa
scrupuleuse de le faire suivre dans
toutes ses translations par la
gouverneur qui ne Tavoit pas
quitté, et avoit le secret de son
histoire ? Un simple ag»nt d'un
duc de Mantoue , sans nom
remarquable , coupable d'una
trahison pen importante , ne pa-
XqIK devojx exciter m i'iuquiétud«
MAS
la j^oiivernement , ni des soins
«oustans pour envelopper sa per-
sonne d*ane obscurité impéiit^
trahie. Quoi qu'il en soit , nous
rapportons fidellement tout ce
que nous avons lu jusqu'à ce jour
sur ce fameux prisonnier mas—
^é j en avouant que jusqu'ici il
n'y a eu encore sur son histoire
que des conjectures. ^
IL MASSAC, (Pierre-Loui-
Raymond de) né dans VAgcniois
le 25 août 1728, mort en 1780^
iiiivit quelque temps la profes-
sion d'avocat , et a laissé qutl-
q«es ouvraj;es d'économie et de
jurisprudence , estimés. Ce sont :
I. Recueil d'instructions et d'à-
mus^meiis littéraires ^ t 7 6 5 9
in-iî. II. Mémoire sur la ma-
nière de gouverner les abeilles,
176^9 in-iz. HT. Autre sur la
çnalité et l'emploi des engrais ,
1767 , in— 1 2. L'auteur publia une
féconde édition de ces deux Mé-
moires 9 sous le titre de Recueil
d'instructions économiques, 1779,
in-8.*» IV. Manuel des rentes,
1777 et 1783, ii*-8.** V. Traité
des immatricules, 17799 in-8.<'
MASSARÎ, (Lucio) célèbre
peintre de Bologne , mort en
i633 « à 64 ans , enrichit de ses
tableaux les églises et les couvens
de sa patrie.
* MASSILLON, (Jean- Bap-
tiste) fils d'un notaire d'Hières
m Provence , naquit en 1 663 ,
•t entra dans la c9ngré(i:ation de
l'Oratoire en 1681. Les ag rémens
de son esprit , l'enjouement de
son caractère, un fonds de po-
litesse fine et affectueuse, lui
gagnèrent tous le» co&urs dans
les villes oii on l'envoya ; mais,
'An plaisant aux gens du monde ,
il déplut à ses confrères. Ses ta-
kù» lui ayiH^a^ lut de» ji^yiui
MAS
«î
et l'air de réserve qii'il prenoit
avec eux , passoit pour fierté*
Ses supérieurs lui ayant soup-
çonné , pendant son cours de
régence, des intrigues avec que!<«
ques femmes, cherchèrent à l'é-
loigner de la congrégation. On
prétend qu'il la quitta en effet
pour aller s'ensevelir dans l'ab-
baye de Sept-Fonts , où il passa
quelques mois. Mais il rentra
bientôt après dans l'Oratoire, il
fit ses premiers essais de l'art
oratoire à Vienne, pendant qu'il
professott la théologie. L'oraisoa
funèbre de H^nri de ViLlars ,
archevêque de cette ville , obtint
tous les suffrages. Ce succès en-
gagea le P. de la Tour, alora ,
général de sa congrégation , k
l'appeler à Paris. Il eut beau r^
pondre que sou talent et son
inclination l'éloignoient de la
chaire, il fallut obéir à son supé-
rieur. Lorsqu'il eut fait quelque
séjour dans la capitale , leF. de la
Tour lui demanda ce qu'il peu-*
soit des prédicateurs qui briiloient
sur ce grand théâtre ? Je Leur^
trouve , répondit>il , bien de Ves^
prit et du talent f mais si je prêche ,
je ne prêcherai pas comme eux»
n leur souhaitoit en effet une
sensibilité plus vive et plus pro^
fonde. U tint parole : il prêcha^
et il s'ouvrit une route nouvelle*
Le P. Bourdaloue fut exbepté da
nombre de ceux qu'il ne se pro-
posoit point d'imiter. S'il n« le
prit pas en tout pour son modèle,
c'est que son génie le portoit à
un autre genre d'éloquence. Il se
fit donc une manière de composer
qu'il ne dut qu'à lui-même, et
qui, aux yeux des hommes sensi-
bles, parut supérieure à caUe de
Bourdaloue, La simplicité tou-«
chante et le naturel de l'Oratorien
sont , ce semble , dit un homme
d'esprit I plus propres 9^ ftiro ca^
^4
MAS
trer dans Ta^e les vérités du
Christianisme, que toute la dia-
lectique du jésuite. La logique
de rËvaugile est dans nos cœurs :
c'est là qu'on doit la chercher.
l^s raisonnemens les plus pres^
sans sur les devdirs indispensable^
d'assister les malbeureul, netou^
cheront guère celui qui a pu voir
souffrir soh semblable Sans en
être ému. Vhe ame insensible est
*' lin clavecin sans touches, dont
on chercherôit en vain à tirer Vies
sons. Si la dialectique est néces-
saire , c'est seulement dans les
matières dé dogme ; mais ces
matières sont ^lus faites pour les
livres que pour la cliaire, qui
doit être le théâtre des grands
mouvemens , et non pas de la
discussion. On sentit bien la vérité
de ces réflexions , lorsqu'il parut
à la cour. Après avoir prêché son
premier Avent à Versailles, il
reçut cet éloge de là bouche
même do Louis XIV: Mon Père,
ijuand fai entendu les autres Pré'
dicateurs , j'ai été très^content
d'eux» Pour vous , toutes les fois
que je uoUs ai entendu , j'ai ^té
1res — mécontent de moi^niénu,
Massillon , prêthant devant le
même monarque, resta un ins-
tant sans se rappeler de la suite
de son discours, à Remettez-
vous , mon Père , lui dit le roi ;
ii est bien juste de nous laisser le
temps de gottter les belles ef
utiles cîîoses que vous notis dîtes.»
La première fois quil prêcha
son fameult sermon du petit
nombre des £tus , il y eut un
endroit où uYi transport de sai^
^ssement s'empara de toutf l'au-
ditoire. Presque tout le monde
se leva à moitié , par un mouve-
ment involontaire. Le murmure
d'acclamations et de surprise fut
si fort , qu'il troubla l'orateur.
e« trouble ne servit <^u'à au^
.méuter le pathe'tique de ce' r^î^
ceau. Ce qui surprit sur-tout dan#
le Père Massillon , ce furent cei
peuitures du monde , si saillan-
tes ^ si fines, si ressemblantes. Od
lui demanda oii un homme, con-
sacré comme lui à la retraite ^
àvoit pu les prendre ? Dans lé
ùùsur humain ,• répondit— il : pour
peu qu'on le sonde , on y dé-i
Couvrira le germe de toutes lei
pasiions..^ Quand je fais un ser-i
thon , disait— il eiitore ^ j'imagine
qu'on nie consulte Sur Une affairé
ambiguë. Je mets toute mon ap-^
plication à décider et à fixer dans
te bon paf'ti , celui qui a recourt
à moi. Se t'exhorte, je le presse^
et je rie le quitte point quil né
ie soit rendu à mes raisons* Sa
déclamation fie servit p'as peu à
ses succès. Il nous semble le voir
dans nos chaires, disent ceux qui
dnt eu le bonheur de l'entendre,'
avec cet air simple , ce maintien
modeste, ces yeux humblement
baissés, ce geste négligé, ce ton
rfffectueux, cette contenance d'art
homme pénétré , portant dans les'
esprits lés pi us ballantes lumières y
et dans les coeurs les mouvemens
les plus tendres. Le célèbre comé-î
dien Baron , l'ayant rencontré'
dans une niaison ouverte aur
gens de lettres , lui fit ce' compli-'
ment : Continuez, mon Père, à
débiter comme vous faites; vous
avez une manière qui vous est
propre , et laissez aux autres les'
règles: An sortir d'un de se^ ser— '
mons , la vérité arracha à ce'
fameux acteur cet aveu' humiliant'
pour sa profession : Mon ami,'
dit-il à lin de ses camarades qui'
l'avoit accompagné', voilàjinOra'
leur, et nous ne Sommés que des'
Comédiens» En 1704-, 1« Père'
Massillon parut pbltr la seconde*
fois à la cour, et y fut trouvé*
encore plus éloquent que la^
• V
première-
J
MAS
Jfeaiîère. Louis XIV\ apr^s lui
m avoir témoigné son plaisir,
tjoiiTa, da ton le plus gracieux :
Et je vtitx^ motiPère , cous entent
dre tous les deux ans. Des élôgés
4i flatteurs n'altérèrent point sa
modestie. Un de ses confrères le
lîélicitant snr ce ^u'il venoit do
prêcher admirablement , suivant
sa contume : Eh ! laissez , mon
Père , lui répondit-il , le Diable
me l'a déjà dit plus étoquemment
jque vous. Les occnpations du tû\'^
tiistère ne Tempéclièrent pas de
le livrer à la société ; il oublioit
a la campagne qu'il étoit prédi*<»
tateur , sans pourtant blesser la
décence. S'y trouvant chez M. de
Crozat , celui-ci lui dit un jmir :
Mon Père, votre morale m'ef^
paie; mais votr^ façon de vivre
me rassure. Son esprit de philo—
lophie et de conciliation le fit
^iioisir dans \qs querelles de la
l;0Qstitution ^ pour raccommo-*
der le cardinal de Noailles avec
les Jésuites. Il ne réussit qu!à
déplaire aux deux partis ; il vit
qa'il étoit plus facile de con-
vertir des pécheurs que de con-
cilier des théologiens. Le régent^
instralt par lui-même de son
mérite, le nomma, en 1717, à
l'évéché de Olermont. Destiné,
Tannée suivante^ à prêcher devant
Louis XV qui n'avoit que neuf
ans , il composa , en six semai-»
nés , ces discours si connus sons
le nom de Petit-Carême, C'est le
chef-d'œuvre de cet orateur , et
celui de Taft oratoire* Les pré-
dicateurs devroient le lire sans
cesse pour se former le goftt , çt
les princes pour apprendre à être
hommes. Les critiques sévères
trouvèrent dans le PelU^Caréme
im défaut qu'ils reprochent «u.
général ^ tous les discours de
MassiUon : c'est de n'offrir , sou-
vent dans la même page, qu'una
Svpçt. Tome III,
If A S Sf
tètàe idée, variée par toutes )e«
richesses de Texpredsion , mais
qui ne sauvant pas Tunifôrmité
du fond , laissent un peu de len-
teur dans la marche. Un a fait
la nème critique de Sénèque,
et avec plus de justice, parce
qu'il fhtigue d'autant pins son
lecteur, qu'on sent qu'il a ra-
massé avec effort ce qu'il répand
avec abondance. MassUton, aa
contraire , né avec un génie plut
éloquent et plus facile, semble
ne présenter, en plusieurs ma-
nières-, les vérités morales que
par la crainte de ne pas les gra<*
ver assez fortement dans lame
de ses auditeurs. Parmi ces véi-*
rites importantes, on remarque
celle-ci. « Que ce ne sont pas lei
souverains , mais la loi qui doit
régner sur les peuples; qu'ils
n'en sont que les ministres et les
dépositaires ; que les peuples les
ont faits , par l'ordre de Dien ,
tout ce qu'ils sont; et qu'ils ne
doivent être ce qu'ils sont que
pour les peuples ; que les souve«
rains deviennent moins piussani
dès qu'ils veulent l'être plus que
les lois , et que tout ce qui rend
l'autorité odieuse , l'énervç et la
diminue. » L'académie Françoise
reçut MassiUott dans son sein
un an après, en 17 19. L'abbaye
de Savigny ayant vaqué , le car-
dinal du Bois , à qui il avoit
donné, soit par excès de bonté 9
soit par reconnoissance , soit pat
timidité , une attestation pour
être prêtre, la lui fit accorder.
L'Oraison funèbre de la duchesse
d'Orléans , en 1713, fut le der-
nier discourâ qu'il prononça à
Parfis» Depuis il ne sortit plus de
soh diocèse , oii sa douceur , sa
politesse et ses bienfaits lui
avoient gagné tous les cœurs. 11
demandoit souvent à la cour des
secours pour les indigens ) et k
€6
MAS
diminution des impôts qui pe-
soient sur la province d'Auvergne.
Il réduisit à des sommes modi-
ques les droits exorbitans' dn
greffe épiscopal. En deux ans , il
fit porter secrètement ao,ooo liv,
« l'Hôtel-Dieu de Clermont. Ses
vues pacifiques ne se manifestè*-
rent jamais mieux que pendant
son épidcopat. Il se faisoit un
plaisir de rassembler des Orato-
riens et des Jésuites à sa maison
de campagne , et de les faire
jouer ensemble. Le cardinal de
T'ieury , qui craignoit que les
Jansénistes ne pussent se glori^
lier d'un si illustre défenseur , le
ménageoit ; et Massîllon , sans
aimer t>eauconp ce ministre ,
avoit pour lui les mômes ména-
gemens. Il disoit quelquefois en
plaisantant sur cette politique
timide et réciproque : M. le Car-»
dinal et moi nous nous craignons
miUueUentent , et nous sommes
raidis tous deux d'avoir rencontré
Un poltron» Il poussa cette />o/—
ironnerie , dont il convenoit si
naïvement , jusqu'à n oser con-
fier son séminaire aux Orato-
riens , ses anciens confrères ,
Î)aroe que le cardinal demanda
a préférence pour d'autres. On
jpréten^ que MassiUoa crut avoir
à se repentir de cette foiblesse :
J''ai , dit-il 9 ouvert la porte, à
V ignorance pour avoir la paix ;
faurois dû penser que dans les
prêtres Vignorance est bien plus
ù craindre que les lumières. Son
diocèse le perdit en 1742. Il
mourut le 28 septembre, âgé de
79 ans. Son nom est devenu
«elui de Téloquence méme« Per-
sonne n*A plus touehé que lui.
Préférant le sentiment à tout,
il remplit l'ame de cette émotion
Tive et salutaire qui nous fait
aimer la vertu. Quel pathétique I
^uelk connoiswiKe du coiur
MAS
hnmain ! Quel épanchement con^*
tinucl d'une ame pénétrée ! Quel
ton de vérité 9 de philosophie ,
d'humanité ! Quelle imagination,
à la fois vive et sage ! Pensées
justes et délicates; idées brillantes
et magnifiques ; expressions élé-
gantes, choisies, sublimes, har-
monieuses ; images éclatantes et
naturelles ; coloris vrai et frap-
pant ; style clair , net , plein ,
nombreux, également propre à
être entendu par la multitude, et
à satisfaire l'homme d'esprit ,
Tacadémicien et le courtisan : tel
est le caractère de l'éloquence de
Massillon , sur > tout dans son
Petit-Carême. Il sait à la fois
penser, peindre et sentir. On a
dit de lui, et on Ta dit avec raison,
qu'il étoit à Bourdaloue , ce que
Racine étoit à Corneille. Pour
mettre le dernier trait a son éloge,
il est, de tous les orateurs Fran-»
çois , celui dont les étrangers font
le plus de cas , quoiqu'ils lui
reprochent, avec M. Marmontel,
d'avoir manqué quelquefois d'é-
nergie et de profondeur. Le neveu
de cet homme célèbre nous a
donné une bonne édition dej
ŒuFREs de son oncle, à Paris,
en 1745 et 1746 , en 14 volumes
grand in-12, et 12 tonies petit
format. On y trouve : I. Un Avent
€t un Carême complets. C'est sur-
tout dans les sermons de morale,
tels que sont presque tous ceux
de son Avent et de son Carême ,
qu'il faut chercher le véritable
génie de Massillon* Il excelle,
dit M. d'Alembert , dans là partie
de l'orateur , qui seule peut tenir
lieu de toutes les autres, dans
cette éloquence qui Va droit à
Famé , mais qui l'agite sans la
déchirer. Il va chercher au fond
du cjoeur ces replis cachés où les
passions s'enveloppent; et il le»
développe avec une ouQtion si
MAS
èttfèctneuse et si tendre , qu'il
«nbjugue moins qu'il n'entraîne.
Sa diction , toujours facile , élé^
gante et pure, est par-tout de
cette simplicité noble sans la-
faelie il n'y a ni bon goût ni
véritable éloquence : simplicité
^ui, étant rénnie dans Mas^
9illon g h l'harmonie la plus sédiii<*
santé et la plus douce, en em-
prante encore des grâces nou—
Telles. Ce qui met le comble au
tharme que fait éprouver ce style
enchanteur , c'est qu'on sent que
tant de beautés ont coulé de
source , et n'ont rien coûté à
celui qui les a produites. Il lui
échappe roême quelquefois , soit
dand les expressions, soit dans
les tours 9 soit dans la mélodie
<i touchante de son style , des
né§ligences qu'on peut appeler
' heureuses , parce qu'elles achè-
vent de faire disparoître l'em—
jjreinte du travail. C'est par cet
abandon de lui - mérae , que
Massillon se faîsoit autant d'amis
Que d'auditeurs. Il savoit , que
|)lns un orateur paroit occupé
d'enlever l'admiration , moins
ceux qui Fécoutent sont disposés
k la lui accorder. IL Plusieurs
Oraisons funèbres , des Discours ,
■ des Panégyriques , qui n'avoient
jamais vu le jour. III. Dix Dm—
cours connus sous* le yiora de
PeUt^Caréme. IV. Les Çonfé-^
reaces Ecclésiastiques, qu'il fit
dans le Séminaire de Saint-Ma*^
jgloire , en arrivant à Paris; celle*
qu'il a faites à ses curés pendant
le cours de son épiscopat ; et les
Discours qu'il prononçoit à la
Jète des Synodes qu'il assembloit
;tous les ans. Dans la conférence
VAX V usage des revenus ecclésias"
tiques, dlassillon semble prédire
«u clergé ce qui lui est arrivé.
Après s'être élevé contre le fan-
I^^ 4<^ la yai^jtc y du nom et de
MAS
»7Î
la nuisance, contre le faste qut
avilissoit un état saint , il dit qu*>
les mondains se plaignent que leii.
clercs tout seuls vivent dans Yo^
pulence , tandis que tous iei(
autres états souffrent. L'hérésie j^
en usurpant , les siècles passés ^
les biens consacrés à 1 église 4
n'allégua point d'autres prétextes^-
L'usage profane que la plupart
des ministres faisoient des riches^
ses dit sanctuaire , l'autorisa M
Tarracher de l'autel ; et que sais«<
je si le même abus qui lègnci^
parmi nous , n'attirera pa9 mt.
jour à nos successeurs la mêm^
peine. V. Des Paraphrases tou-4
chantes sur plusieurs Pseaumes*
L'illustre auteur de tant de beaun
morceaux , auroit souhaité qu'om
eut introduit en France l'usage
^établi en Angleterre, de lire le4.
Sermons au lieu de les prêcher da^
mémoire : usage commode, mais(
qui fait perdre à l'éloquence^
toute sa chaleur. Il lui étoit arrivé^
aussi bien qu'à deux autres de seft
confrères , de rester court ei»
chaire précisément le mdme Jour*
lis préchoient tous les trois em
différentes heures un Vendr^i-^
Saint, Ds voulurent s'aller enteuin
dre alternativement. La rff^moiro
manqua au premier; la crainta.
saisit les deux autres , et leur fit^
éprouver le même sort. Quand oi\
demandoit à notre illustre ora-»
teur , quel étoit son meilleur,
Sermon ? CeUii que je sais le
mieux, répondpit— il. On attribua
la même réponse au P. Bourda-^
loue. Le célèbre Père de la Bua
pensoit comme MassiUon « qua
la coutume d'apprendre par cœujc
étoit un esclavage, qui enlevoit m
la chaire bien des orateurs, et qui
avoit bien des inconvéniens pour,
ceux qui s'y consacroient. ( Voy.
son article. ) L'abbé de la Porte.
a recueilli , en un voL iAr^^j •
2»
MAS
les idées les ptàs brillantet et let
traits les plus saillans répandus
dans les ouvrages du célèbre
évéque de Clermont. Ce recueil ,
fait avec choix ^ a paru à Paris
en 1748 , in'12 ^ et forme le i5*
volume de Tédition grand in— 12 ,
«t le i3* du petit in— 12; il est
intitulé : Pensées sur différens
sujets de morale et de piété » Z^-
rées , etc. On a publié, en 1792^
in-8<^9 ses Mémoires de la mi~
norité dâ Louis XV , intéressans
par beaucoup de faits particu-
liers , et par des détails sur l'in-
térieur de la cour. Us prouvent
que MassiUon étoit très-instruit
•n matière de gouvernement , et
^uil avoit jeté un coup d*œil
attentif et juste sur les événe-
mens dont il fut témoin , et sur
les acteurs qui occnpoient alors
la grande scène du monde. Le
aty]e en est facile et simple 9
quelquefois même négligé ; mais
la clarté du récit et la netteté des
développemens marquent une
main exercée à écrire.
M ASSINISSA , Voyez Masi-
VÏ.^MASSON, (Antoine)
rraveur ^iié k Thoury près d'Or-
léans, en i636, mort en 1700,
à 64 ans, ne doit pas être con-
fondu avec Benoit Masson, scul-
pteur habile , né à Richelieu , et
mort en 1684, dont les statues
se voient à Versailles. Antoine
excelloit dans les portraits.
VII. M ASSON DE MoRviL-
UEILS , < N. ) poète médiocre ,
mais écrivain correct, a publié
divers ouvrages relatifs à la géo-
graphie, et plusieurs pièces de
Vers dans les recueils qui leur
étoient consacrés. On lui doit :
I. Abrégé de la Géographie de la
^FrigaM ) 1774 j a volumes ia-i2«
MAT
II. Autre sur la Géographie jt
ritalie^ '774 9 in— 12. Wl, Autre
sur la Géographie de l'Espagne
et du Portugal, 1776, in-x2«
IV. Divers articles sur la Géo-
graphie moderne, insérés dana
l'Encyclopédie méthodique. Mas-*
son est mort à Paris dans le moil
de septembre 1789.
MATHO, maître de musiqtia*
de la cour de Louis XIV, £t
plusieurs chansons tendres, in-«
sérées dans le recueil de Bal*
lard, et la musique de l'opéra -
iSArion , par Fuzelier,
t MATHON, DB LA COOR,
(Jacques) né à Lyon le 28 00
tobre 1712, mort dans la mêtna
ville, vers l*an 1770,50 distin-
gua par ses connoissances et sel
ouvrages en mathématiques. Il
fut Tun des membres les pluâ-
laborieux de l'académie de sa
patrie. On lui doit *. I. Mémoire
sur la manière la plus avanta-*
geuse de suppléer à Faction" dtt
vent sur les grands vaisseaux ,
1753. II. Nouveaux Elémens ie
Jjynamiqae et de Mécanique,
Lyon. 1763, 3 volumes in-ia.
III. Essai du calcul des machines
mues par la réaction de l'eau,
dans le Journal de physique.
IL MATHON DE LA Coui,
(Charles- Joseph) fils du précé*
dent, naquit à Lyon en 1738. Dfj
bonnes études développèrent en
lui un esprit naturel et un goût
sûr. Venu jeune à Paris, il y*
fut connu et aimé des hommes
de lettres les plus distingués , et
s*y fit d'abord connoître par les
prix qu'il remporta à racadémis
des Inscriptions , et dans d'autres
Sociétés littéraires. De retour à
Lyon , il fut accueilli par Taca*
demie de cette ville, et y devint
l'hôte Aimable de to«i les savsD*
MAT
fui f passaient , le protecteur dé
quiconque a voit b«5oin de ses
conseils et de ses secours', l'ami
des pauvres , et l'auteur de plu—
iieurs établissemens utiles. Ar-
rêté après le siège de sa patrie ^
en 1753 , il y fut condamné à
mort par le tribunal de sang
çui égorgeoit les citoyens , au
nam ffune loi barbare* Ses ver-*
tus furent douces et paisibles.^
son érudition étendue ; son ami-
tié constante , sa religion sincère,
«a bienfaisance^noble et sans os-
tentation. « On a inhumainement
privé du jour , a dit Tun des au-
teurs de ce Dictionnaire ^ dans
ion Tableau des Prisons de Lyon. ,
celui qiii ne l'employa iamais
qn'à fairo du bien. Bienfaisant
ilailton ! puisse-t-on recueillir
bientôt 5 et lorsque nos fils se-
ront heureux , les généreiix fruits
i& tes veilles et de tes pensées ;
de tes veilles sans cesse Occupées
à secourir finnocence 9 à soute-
nir l'honnête industrie; de tes
pensées , grandes ^ simples et
inres comme ton coeur ?... C'est
a lui qu'on dut les premiers suc-
cès de la société Phtlantropique,
les secours pour les mères nour-
rices 5 un établissement pour ar-
racher les jeunes en fans à l'oisi—
yeté. Pour naturaliser la mou-
ture économique, et rendre le
pain du peupl^ moins cher et
meilleur , il et venir à ses frais
des ouvriers de Taris. 11 chercha
à rendre commune , dans tous
les quartiers, l'eau du Rhône,
vive , légère et salutaire en divers
maux. Il établit pendant quelque
temps un Lycée , propre à faci-
liter aux artistes Texposition de
leurs chefs-d'œuvre, et les moyens
d'être connus. Tout ce qu'il dit,
tout ce qu'il pensa , loot fut
rapporté par lui au bien général,
négligent pour ses propres af-
M A t
^
faites , il ne rêva qu*à bien faire
celles des autres. Ici « il faisoit
imprimer à ses frais un ouvrage
utile, pour en laisser le béné-«
fice à son auteur. Là , il con-**
tractoit une dette pour aa:[tntter
celle du pauvre. Dans u^ siècle
d'égoïsme, il eut jusqu'au cou««
rage de se consacrer à la biei^*»
faisance sans partage, et de con^
sentir plutôt à passer "pour rî«»
dicule ou singulier aux yeux de
la frivolité inhumaine , que de '
manquer une seule oci^asion de
sacrifier son temps, ses peines
ou sa bourse, à la bonne action
qu'on lui indlquoit. Et on a fait
mourir de pareils hommes ! JJor*'
feuU lui-même parut hésiter s'il
pou voit faire tomber une tète si
éclairée, si vertueuse. « Tu étois
noble , lui dit-il , tu n'as pas
quitté Lyon pendant le siége^ :
lis le décret ; tu peux prononcer
toi— même sur ton sort. » Aingi
l'Athénien Lysias s'écrioit au-«
trefois : Ce rCest pas moi , Eras'»
thotène , c'est la loi qui te. lue.
En effet , Mathon hit larticlé
funeste , et répondit : « Il esft
sâr que cette loi m'atteint , je
Saurai mourir. i> Il ne reprochtr
rien à cette loi ©ruelle ; il ne
reprocha rien aux hommes. Seul
avec Dieu , on le vit aller de
Roanne en Bellecour , sans vaine
ostentation , comme sans foi-
blessé ; profondément recueilli ,
le front chauve et élevé , les yeuji
fixés sur la terre, qu'il quittoit
sent Muîrmure , il remplit sa pre-^
mesfe ^ et «ut mourir.» Mathoit
de la Cour éfoit beau-frère du
poëté Lem^èrre, Son épouse,
pleltie d'esprit et '^de-vertus , fit
le bonheur de sa 'Vie , et est
restée inconsolable de la perte de
son épou:t. On doit n cclui-tïi z
L Lettres sur riYiconstance, à îoc-
' casion de k comédie de Ifu^ul^,
E3
^8
MAT
wtDesronais, lySS^in^U'ILLel^
ires sur les Peintures exposées
an salon, en ijGS^ 176S et 176*7,
in~i2 : on y remarque une foule
d'observations fines, et le mo-*
idèle d'une critique judicieuse au-
tant qu'honnête. 111. Traduction
ide l'opéra italien d'Orphée et
H' Eurydice ,1766) in- 1 a. M. Sau"
èrean^ avoit conçu l'heureuse idée
de réuftir , chaque année , les
Heurs qtie la poésie faisoit éclore ,
«t l'avoit exécutée dans la publi-
cation du premier volume de
VAlmanach des Muses; Malhon
de la Cour j lié avec lui par la
jplus étroite amitié 9 l'aida dans
f e choix des trois volumes snivans.
Ce recueil fut le premier de ce
genre , et il est devenu le père
.d'une infinité d'autres qui n'ont pas
i^u autant de succès. IV. Disser-
êatiofi sur les causes qui ont al-
téré les lois de Lycurgue chez les
Xiacédémoniens, jusqu'à ce qu'elles
aient été anéanties , 177 1 9 in-8.<'
£lle fat couronnée à l'académie
des Belles-Lettres de Paris. V. Dis-
cours sur le danger de la lecture
'des livres contre la religion j 1 77 1 5
in-8.0 11 obtint le prix da Tlm-
maculée Conception, à Rouen.
[VI. Lettres sur les Rosières ^ 1 78 1 9
. in-i2. VII. Testament de jfo/—
tuné Bicard, 1785. Ce badinage
ingénieux prouve ce qu'on devoit
>ittendre dans un gouvernement
iSage , de l'économie et de la pré-
^ -voyance. UAngleterre.nous envia
ce dernier écrit , le traduisit, et
l'attribua pendant long-*temps à
J^rancklin, VIIL Discéfurs sur les
sneilleurs moyens de faire naître
et d'encourager (e patriotisme
dans une monarchie, 1788, in 8.^
-11 remporl;,a le prix de l'académie
. de Chàlons-sur-Mar^e, et le
^érita par des vues sages et un
. «tyle élégant. IX, Collection des
fompUs rjsndus ^ concernai^ iç|
MAT
fman<!e5 de France depuis 17$^
jusqu'en 1787, Paris , 1788,
in-8.** V. Des Idylles en prose ,
des Eloges , et une foule d'Ana^
lyses dans le Journal de Lyon,
qu'U établit. Il avoit aussi long-
temps travaillé à celui de Mu^
sitfue , et au Journal des Damet^
après Dorât,
MATHAINI, ( Clair e-Canta-
rini ) née à Lucques , vivoit en
i362 , et se rendit céièbre par
la variété de ses connoissances ,
l'agrément de son style , et la dé-
licatesse de son esprit. On trouve
ses Poésies insérées dans le re-
cueil publié par Giolito à Venise,
en i56'6. On doit encore à cette
savante : I. Des Lettres irtipri-
mées à Lucques , en 1 5 9 5. IL Des
Méditations Chrétiennes , termi-
nées par une Ode à Dieu , qui a de
la foTrçe. III. Une Ki> de la Sainte
Vierge, Tous les poètes du temps
se plurent à lui adresser des vers
et à rendre hommage à ses
talens. •
L MATY , ( Matthieu ) bi-
bliothécaire du Muséum Britan**
nique , étoit né en Hollande.
Destiné d'abord à la théologie ,
e^ ayant essuyé des tracasseries à
cause de son penchant au So^
cinianisme , il prit le bonnet de
docteur en médecine en 1740,
se retira à Londres en 17499 «t
y moArut en 1776. Il est princi-
palement connu par le Journal
Britannique « auquel il fournit
d'excellens extraits. Ce Journal
renferme de très-bons morceaux
de littérature angloise. L'érudi-
tion , les diverses coanoissances^
l'esprit , le goût et la politesse
de Maty , son principal auteur,
iservirent beaucoup à son succès.
Tous les étrangers , curieux de
voir le Muséum, trouvèrent en
lui ces différentes qualitési lA
j
MAT
ft^oîr ne Ta voit point rendit pé-
dant ; il faisoit même des vers
frtnçois , écrits avec agrément
et légèreté. On a encore de lui ,
la Vie de Chesierfield, à la tête
de ses Œuvres , 177» > - vol.
II. MATY 5 (Paul-Henri ) fils
du précédent, né en 1745, «ous-
bibliothécaire du Maséum Bri-
tannique , et secrétaire de la so-
ciété royale de Londres > mort
tn 1787 , à 42 ans , traduisit en
anglois le Voyage d'Allemagne
du baron de Riesbeck , trois vol.
in-8.° Cétoit nn homme ins-
truit 5 ami de la liberté, et sa-
chant faire des .sacrifices plutôt
que d'abandonner ses senti mens.
On a imprimé ses Sermons •
M A U
f^
étendre le pouvoir du monarque ^
et le débarrasser des entraves qu«-
le parlement appoi toit à ses vo-«
lontés. En 177 1 , les oflikes fa-»
rent supprimes , et le chancelier
vint installer les juges du grand
conseil k la place des magistrats
du parlement. Cette exécution
produisit une foule de pamphlet»
contre Meaupeou ; mais celui-ci
n'en resta pas moins inébranla-^
ble dans ses vues. Louis XV! y
cédant au vœn le plus général ^
ayant rappelé les anciens magis-*
trats , exila le chancelier dans sa
terre de Tuy en Normandie ; il y
vécut dans la retraite et la paix y
refusant constamment de remet-
tre son titre de chancelier , à
moins qu'on ne lui fît son pro-^-
ces : il est mort en iy^^^
M AUFER , ( Pierre ) impn- m^UPIN , (N... Aubîgny) fille
meur Franco.*, fut le premier, ^.^ ,^,,étaire du comte tf^^
,ai porta 1 art de 1 >mprin,ene a ^ ^^ ^ ^^^^^ ^^ ^^^^^
Padone, vers laii H74r » de- je Marseille , et devint en«ùte-
meura ensuite a Vérone et c Ve- , ^^ ^^^ premières chanteuses de
l'opéra de Paris. Sa voix étoit un.
de* plus beaux BaS'-dessus qu o%
eut entendu jnsqu'alprs. Elle dé-
MAUGER, (N.) garde di» buta en 1695 , par le rôle do
rps du roi , est aateur de trois^ PaUas , dans l'opéra de Cadmits^
nise où il mourut , à la fin du
i6« siècle. On recherche ses édi-
tions.
€orp
tragédies , Amesùris ^ Coriplark
et Cosroës, Cette dernière fut
représentée en 175a. L'auteur
mourut quelque temps après.
MAUNOIR, (Julien ) tésuite
Breton , a publié quelques écrits
dans rîdiome de son pays , qui
sont devenus très — rares. L'un
deux est le Dictionnaire Tran^»
çois^Brelon armorique , publié
en 1659, cbez Jean Hardouin,
libraire a Qiiimper , in-8.° L'au-
teur est mort vers k fmdu 17*
siècle.
MEAUPEOU, (Nicolas^
René- Charles Augustin de) chan-
celier de France en 1 768 ^ youlut
Elle excelloit sur-tout en repré-
sentant Médée , dans l'opéra de
Médiis par la Grange » qui fut
joué en 1702. Trois ans après ^
cette chanteuse renonça au théâ-«
tre , et mourut à la fin de 1707 ^
âgée de 33 ans. Très-adroite dans
les exercices du corps , elle étoit
sur- tout d'une granïle force dan$-
Vescrime* Un acteur l'ayant in-
sultée , elle Fattendit un soir ,
vêtue en homme , dans la place-
des Victoires , et voulu* lui faire?
mettre ^épée ii la main ; sur son
refns , elle lui donna des coup»:
de canne 9 et lui prit sa tabatière-..
Le, lendemain , l'acteur , dégui-
sant son aventure , racdutoit 9M
^4
îoyer qti'il avoit été attaqua pif
trois voleurs qui , malgré sa ré-
^stance, lui avoient enlevé sa
tabatière. « Tu mens impudem-
ment, lui dit son adversaire , tu
n'as été attaqué que par une seule
personne, et cette personne c'est
fnoi ; en voici la preuve. » Elle
tira en même temps la tabatière
qu'elle lui rendit* Une autre fois,
déguisée en homme dans un bal ,
«lie prit querelle avec trois dan-
«eurs , les fit [descendre sur la
place et les blessa tous les trois.
Cette actrice n*étoit pas grande ,
mais ses traits étoient réguliers et
agréables ; et elle avoit de beaux
cheveux châtains, de grands yeux
bleus , la bouche jolie , la peau
ëclatante. On rapporte qu elle sa-
voit très-peu de musique , mais
qu'elle réparoit ce défaut par une
mémoire prodigieuse qui lui fai—
toit retenir le nombre de toutes
les mesures de silence et de repos
gu'elle devoit observer.
II. MAUR, (D. Charles le)
Brigadier des armées du roi d'£â«
pagne , parvint par son mérite
au grade de directeur général des
Ingénieurs. On lui doit un Traité
de Dynamique très«-répandu en
, Espagne, quoique mamiscrit, et
des Eléments de mathématiques ,
qui ont été imprimés. Il conçut
le projet du canal de Camftos.s
et il obtint la direction de celui
de Murcie. Il a dirigé la roagnir
£que route qui sert de commu->
nication aux deux Andalousies;
et il étoit occupé à niveler un
canal de navigation depuis &ua-
darama jusqu'à TOcéan, lorsque
ila mort termina sa carrière le
%S novembre 1785.
* MAUREPAS, ( Jean-Fré^
deric Phelypeaux , comte de )
petit-iils du comte de Pontchar"
>mn f ministre sous Louis XIV^
M AU
naquît en 1701 , et fut nomift^
secrétaire d'état en 171 5. Il eut
le département de la maison da
roi en 17 18 , et celui de la marine
en 1 7 23. Enfin , il fut nommé mi«
nistre d'état en 1788 , et montra
dans ces différentes places , de
l'activité , de la pénétration ^ de
la finesse. Condoràet peint ainsi
le comte de Maurepas , dans l'É-
loge prononcé le 10 avril 178» 9
àjacadémie à&s Sciences, dont
ce ministre étoit membre hono^
raire. «. Toujours accessible 9
cherchant par la pente naturelle
de son caractère , à plaire à ceux'
qui se présentoient à lui ; sai-
sissant avec une facilité extrême
toutes les affaires qu'on lui pro—
posoit ; les expliquant aux inté-«
resséâ avec une clarté que sou-
vent ils n^auroient pu eux- même»
leur donner ; se \es rappelant:
après un long temps comme s'iT
en eût toujours été occupé ; pa-*
roissaiit "Chercher les moyens de
' les faire réussir ; choisissant ^
lorsqu'il étoit obligé de refuser ,
les raisons qui paroissoient venir
d'une nécessité insurmontable ,
et, s*il étoit possible, celles mémm
qui pouvoient flatter l'amour pra^
pre de ceux dont il étoit obligé
de rejeter les demandes ; évitant
sur-tout de leur laisser entrevoir
les motifs qui pouvoient les bleS'
ser : adoucissant les refus par us
ton dlntérét qu'un mélange de
plaisanterie ne permettoit pas de^
prendre pour de la fausseté }
paroissant regarder l'homme qui
lui parloit, comme un ami qu'il
se plaisoit à diriger , à éclairer
sur SQS vrais intérêts , et cachant
enfin le ministre , pour ne mon««
trer que l'homme aimable et fa-
cile : Tel fut , à l'âge de vingt
ans , M. de Maurepas ; tel noua
l'avons vu depuis à plus de qua**
tre-vingts ans. » Cet éloge ac^
K
M. AU
i^iiiîqtie seroft susceptible de
^elqnes restrictions ; et nous
renverrons le lecteur à ce que
dit M- de la Harpe de ce mi-
nistre octogénaire, dans le Mer-
tare du 23 juin 1792. Exilé à
Bourges, en 1749, par les in-
trigues d'une dame puissante à la
cour y ( Mad. de Fompadour ,
contre laquelle U a^oit fait une
cbanson ) Maurepas ne mit point
de faste dans la manière dont il
supporta cet événement. Lèpre--*
mier four , disoit-il , j'ai étépiqué ;
U second f étais consolé» H plai-
lantoit j en arrivant dans le lien
de son exil , « sur les Èpitres
éédicatoires qu'il alloit perdre ,
€t snr le chagrin des Auteurs qui
aUoient perdre leurs peines , leurs
phrases et leurs espérances, m La
considération publique le suivit
chfis sa retraite. Il y fut consulté
ptt une muFtitude de familles
<iistingiiées , sur lenrs intérêts
les plus cbers. H remplaça ce
qu'il avoit perdu à la cour , en
te livrant à tOus les plaisirs de la
lociété, et en cultivant un grand
nombre d'amis , qui ne l'aban-
^nnèrent point dans sa disgrâce,
"«ppelé au ministère, en 1774,
P*r -Xfuis Xyi , qui lui accorda
toute tel confiance , il ne montra
a ceux wjii l'avoient oublié ou
desservi, n indignation , ni dé-
dain. Son ext^ieur , sa conversa-
tionn'annonçoi^nt qu'un homme
de bonne compagnie , et non un
homme qui voi\loit se prévaloir
de sa place. Sa m'^son fut celle
tftm particulier rich*;^ mais ami
de la simplicité et àt Tordre.
Avec l'air d'effleurer les -nTuiets,
il négligeoit rarement de les,p^
profondir , du moins dans so^
premier ministère. Ce fut lui
^i , dans un Mémoire remis à
Louis XV, en 1749, développa
les moyen^' d'ouvrir 9 par Tinté-
M AU
7Î
rieur du Canada, un coromtrco
avec les Colonies Angloises, dm
leur apprendre a aimer le nom.
François, et à regarder la Franc*
comme une ailiée naturelle , et
l'Angleterre comme uneroarfttr*
dont ils dévoient briser le joug.
Ce qu'il n'avoit fait qu'entrevoir
alors , il eut le plaisir de le voir
exécuté avant que de mourir. On
lui est redevable encore de lé
bonne construction de nos vais-*
^eaux. Lorsqu'il étoit ministre
de la marine , il envoya en An-
gleterre un homme instruit pour
se mettre an fait de cet art , et
en établir à Paris une école pi»*
blique. Il eut presque toujoort
le mérite de préférer hautement
Us sciences aux talens frivoles y
et les arts nécessaires aux art»
agréables , sacrifiant ainsi son
goût particulier à ce que loi
prescrivoit l'utilité publique. Sa
correspondance étoit remarqua^
ble par sa clarté et sa précision;
il disoit beaucoup de choses en
peu de mots : aussi expédioit-il
plusieurs lettres dans un espaea
assez court, il mourut le »i no«
vembre 1781 , à 81 ans. Quoi-*
qu'il eut le titre de chef du con«
se il des finances , il ne put les
rétablir , parce que la gnerre
d'Amérique et les dettes précé«*
dentés ne permettoient guèref
de mettre de l'ordre dans le
trésor royal ; et penl^étre ansd
parce qu'il craignoit que des
réformes trop fortes ne trou-
blassent son ministère. Voilà'
pourquoi il sacrifia, dit- on ^
Turgot à la cabale , qui ne voyoit
dans les chan^^'emens projetés par
le minisfre vertueux , que les ten-
tatives d'un administrateur im-
prudent. Enfm , pour opérer des
*^formes, il fnlloit le courage
*^'He a me forte , et celle da
^» *? Maurepas étoit affoibli)^
74
M A U
par la vieillesse , par Tégoîsme
et, rinsouciancs : suite ordinaire
de l'âge avancé. Sa seule ambi-
tion serobloit se borner à dire
quelque bon mot sur les événe-
znens du jour. Il a laissé des Mé--
moires curieux , mais écrits avec
négligence ; Paris , 1792, 4 vol.
MAUROJENY , hospodar de
Valachie, prit les intérêts de la
Porte contre les Autrichiens , en-
tra dans la Transylvanie , souilla
JEcs succès par le pillage et la
cruauté 9 et fut à son tou^r battu
par le major Orosz , le général
Tetzey , et forcé (Jans son camp
de Kalafat , par le général Clair-^
fait , qui le mit dans une déroute
complète. Le divan se croyant
trahi par Maurojeny , chercha à
le perdre. Au mois d'octob. 1790,
celui-ci se rendit au camp du
grand visir sur l'invitation de ce
dernier; mais à peine y- fut— il
arrivé , qu'on lui trancha la tête
pour l'envoyer à Constantinople.
M AU VI A 9 reine des Sarasins ,
dans le 4^ siècle , désola, à la tôte
d'une armée , l'Arabie et la Pa-
lestine. £lle fit ensuite alliance
'avec l'empereur Valens , et le
•servit dans ses guerres 'contre les
'Goths. Ce dernier lui envoya un
moine d'Egypte appelé MoUe ,
qui lui lit embrasser le Christia-
nisme , aitisi qu'à son peuple.
. III. MAYER , < N. ) célèbre
astronome • de l'ordre des Jésui<«
tes , né à Mederitz en Moravie ,
en 17 19 9 iiit professeur de phi-^
losophie à l'université d'Heidel-
berg. L'électeur Palatin qui l'a-
voit appelé à cette école, lui .fit
Tbâtir un observatoire à Man—
heim. Il découvrit les Satellite?
des Étoiles : vérité. d'abord co*,"*
tredite comme tcnites les vé*^®*
M A Z
ijonvelles , et ensuite reconntte
par l'académie des Sciences. U
mourut en 1783 , d'un polype au
nez ^ après avoir fait un voyage
en Russie , pour y observer le
passage de Vénus. On a de lui;
I. Basis Palatin (U II. I)e tran^
situ Veneris, IIL De novis in.
CœLo sidereo phenomenis j et
d'autres ouvrages pleins d'obser-
Tations exactes , qui peuvent
servir aux amateurs de l'astro-?
nomie et de la géographie.
L MAYERNE, (Louis Tur-i
quet de ) a publié une histoire
d'Espagne en 2 vol. in-folio. Le
premier parut en 1608 , le se-
ccyid en i'636. Elle est prise dan^
Mariana , mais elle est biea
inférieure^ à celle de cet écri-
vain.
MAZANIELLO, Voyez
Amiello.
M AZART> , ( Etienne ) né à
Lyon en 1660 , perfectionna la
chapellerie en France. Ce fut lui
qui y introduisit l'usage du cas-
tor , au lieu de laine. 11 passa
en Angleterre pour y étudier \e$
procédés des ouvriers de cetf<»
contrée , et il en ramena p?"-
sieurs avec lui en France. ^ ®c-«
quit une fortune consi^^^'^^^^ï
qu'il légua à l'hôpital «^ ^^ ^^^^
rite à Lyon , en y ^ndant des
dots pour^ marier de pauvres
filles. Il mourut en 1786.
* L MAZARïî?^ » (Jules) né
à Piscina dap* l'Abruzze, le 14
juillet i6orf 9 d'une famille np:^
ble , ( V<y^^ Martinozzj ) s'a^
tacha^^ cardinal Sachetci., Après
avoi' P"s le bonnet de docteur ,
i\ie suivit en Lombardie 9 et y
étudia les intérêts des princes qui
étoient alors en guerr&pour Cazal
et le Montferrat. Le cardinal An-»
totne Barberifi , neveu du paçe ^
M A Z
■pétant rendu en qualité de légat 9
dans le Milanez et en Piêniont
pour travailler à la paix , Ma-'
zariit l'aida beaucoup à mettre la
dernière main à ce grand ou-
vrage. H fit divers voyages pour
cet objet ; et comme les Espa-
gnols tenoient Cazal assiégé , il
sortit de leurs retrancheuiens ,
et courant à toute brida du côté
des François qui étoient prêts
a forcer les lignes, il leur cria ,
la Paix / la Paix ! Elle fut ac-
ceptée et conclue à Quérasque 9
en i63i. La gloire que lui acquit
cette négociation , lui mérita l'a-
mitié du cardinal de Fiichelieiu
et la protection de Louis XIII,
Ce prince le fit revêtir de la pour-
pre par Urbain VII I; et après la
mort de Richelieu , il le nomma
conseiller d'état eb^Tun de ses
exécuteurs testamentaires. Louis
A7// étant mort l'année d'après ,
1643 9 la reine Anne d'Autriche »
régente ' absolue , le chargea du
gouvernement de l'état. « Le nou-
veau ministre affecta y dans le
commencement de sa grandeur,
4it Voltaire , autant de sim-
plicité que Hichelieu, avoit dé-
ployé de hauteur. Loin de pren-
dre des gardes et de marcher avec
un faste royal 9 il eut d'abord le
train le plus modeste. Il mit de
l'affabilité et même de la mol-
lesse, où son prédécesseur avoit
fait paroître une fierté inflexi-
ble. » Majgré ces ménagemens
ç[ni ne durèrent guères , il se
forma un puissant parti contre
lui. On ne pardonnoit point à un
étranger l'avantage d'être m;îître
^e l'état. On jetoit du ridicule
siir sa personne , sur ses ma-
nières j sur sa mauvaise pronon-
ciation. Un arrêt d'union entre
lé parlement , la chambre des
comptes 9 la cour des aides et le
firand conseil 9 iuspiraut de Xi
M A z
75
quiétiule nu ministre , il mande
les d''putii du parlement pour
leur dire qu3 la reine ne vouloit
point de tels arrêts. Les magis-
trats ayant çépondu qu'il n'y avoit
rien de contraire au service du
roi ; si le roi , rcphqua Ma:£arin ,
ne vouloit pus iju'on portât des
glands à son collet , il nen/au-^
droit point porter. Ce n'est pas
tant la chose défendue que la dé^
Je use qui fait le crime, La com-
paraison fournit matière ù des
vaudevilles , arme ordinaire et
souvent dangereuse en France ^
et l'arrêt d'oignoin, ( car c'est
ainsi qu'il prononçoit union ) fut
célébré de toute part à tes dé-
pens. On ne se borna pas à ri-
diculiser le ministre. Les. peu-
ples , accablés d'impôts , et ex-
cités à la révolte par le duc d«
Beau/ort, par le coadjateur d«
Paris, par le prince de Coati ^
par la duchesse de LongueviUc ,
se soulevèrent. Le parlement
n>ant refusé de vérifier de nou-
veaux édits bursaux , le cardi-
nal fit emprisonner le président
de Blancmesnil et le conseiller
Broussel, Cet acte de violence
fut l'occasion des premiers mou-
vemens de la guerre civile , en
1648. Le peuple cria aux armes,
et bientôt les chaînes furent
tendues dans Paris , comme du
temps de la Ligne. Cette jour-
née , connue dans l'histoire sous
le nom des Barricades , fut la
première étincelle du feu de la
sédition. La reine fut obligée de
s'enfuir de Paris à Saint- Ger-
main, avec le roi et son minis-
tre 5 que le parlement venoit de
proscrire comme perturbateur du
repos public. ( Voyez II. Mari-
GNY. ) L'Ebpagne , sollicitée par
les rebelles, prend part aux trou-
bles , pour les fortifier ; l'archi-
<iuç^ gouverneur des Pays-Bas ^
f4
J
Ukt
Se prépare ^ à la tète de t S^ooo
liommes. La reine , justement
Ékirmée, écoute les propositions
du paiement , las de la guerre
et hors d'étiif de la soutenir. Les
troubles s'appaisent, et les con-
ditions de l'accommodement sont
signées à Huel , le 1 1 mars 1649.
Le parlement conserva la liberté
de s'assembler , qu'on avoit voulu
lui ravir ; et la cour garda son
ministre, dont le peuple et le par-
lement avoient conjuré la perte.
Le prince de Condé fut le prin-
clpal auteur de cette léconcilia-
tion. L'état lui devoit sa gloire ^
et Je cardinal sa sûreté ; mais il
fit trop valoir ses services , et ne
ménagea pas assez ceux à qui il
les avoit rendus» Il fut le premier
a tourner Mazarin en ridicule ^
tprès ravoir servi ; à braver la
reine , qu'il avoit ramenée triom-
phante à Paris ; et' à insulter le
gouvernement , qu il défendoit
et qu'il dédaignoit. On prétend
^ qu'il écrivit au cardinal : AU* il'-
lustrissimo Sigjtor Fachino; et il
lui dit un jour : Adieu , Mars**-
Mazarin , forcé à être ingrat,
engagea la reine à le faire arrê-
ter y avec le prince de Conti son
frère , et le duc de LonguevUle^
On les conduisit d'abord à Vin-
eennes , ensuite à Marcoussi j
puis au Havr&-de— Grâce , sans
que le peuple remuât pour ce
défenseur de la France. Le par-
lement fut moins tranquille; il
donna, en i65i , un arrêt qui
lannissoit Mazarin du royaume ,
et demanda la liberté des princes
avec tant de fermeté , que la
cour fut forcée d'ouvrir leurs
prisons. Ils rentrèrent comme en
triomphera Paris , tandis que le
cardinal 9 leur ennemi , prit la
fuite du côté de Cologne. Ce
ministre gouverna la cour et la
France du fond de son «xil. H
M A Z
laissa calmer Torage , et renM
dans le royaume Tannée d'après,
« moins en ministre qui venoit
reprendre son poste , qu'en sou^»
verain qui se remettoit en pos-
session de ses états. 11 étoit con-
duit par une petite armée à»
sept mille hommes , levée à ses
dépens, c'est— à— dire avec l'ar-
gent du royaume , qu'il s'étoit
approprié. Aux premières nou<«
velles de son retour , ' Gaston
£ Orléans , frère de Louis XIII »
qui avoit demandé l'éloignement
du cardinal , leva, des troupe»
dans Paris , sans trop savoir à
quoi elles seroient employées. La
parlement renouvela ses arrêts $
il proscrivit Mazarin , et mit
sa tête à prix. » ( Sièglb de
Louis XIV , tome L> Le princa
de Condé, figué avec les £spa«
gnols, se mit en campagne contra
le roi ; et Turenne ; ayant quitté
ces mêmes Espagnols, commanda
l'armée royale. U y eut de petite»
batailles données i mais aucuna
ne fut décisive. Le cardinal ae
vit forcé de nouveau à quitter la
cour. Pour surcroît de honte , il
fallut que le roi qui le sacrifioit
à la haine publique , donnât una
déclaration par laquelle il ren-*
voyoit son minitre , en vantant
ses services et en se plaignant de
son exil. Le calme reparut dans
le royaume , et ce calme fut l'ef*
fet du bannissement de Mazarin^
« Cependant , a peine fut-il chassé
par le cri général deS François
et par une déclaration du roi f
que le roi le fit revenir. II fiit
étonné de rentrer dans Paris , le
3 février i653 , tout-puissant et
tranquille. Louis XIV le reçut
comme un père , et le peupla
comme un maître. » Les princes j
les ambassadeurs, le parlement,
le peuple , tout s'empressa à lui
.feire la cour.- On lui fit un festii
M âZ
H*h6tcl-de-viUe , au miliêtt des
Écdauiations des citoyens. Il fut
logé an Louvre. Sou pouvoir fut
dès-lof s sans bornes. Un des plus
impoitans services qu'il rendit
depuis son retour , fut celui de
Ja paix. U alla lui-même la né-
|:6cier en 1659, dans Visle des
Faisans , avec Don Louis de
Haro , ministre du roi d^£s->
pagne. Cette grande affaire y fut
oeoreusement terminée 9 et la
pair fiit suivie du mariage du
roi avec Finfante. Ce traité fit
Waucoup d'honneur à son génie
on à sa politique. Le mariage du
roi avec Tinfante n'étoit pas l'ou-
vrage d'un jour , ni l'idée d'un
premier moment ; mais le fruit
de plusieurs années de ré Vexions.
Cet habile ministre 9 dès l'an
164 s, c'est— à— dire quatorze ans
loparavant , méditoit cette al-
liance, non-seulement pour faire
céder alors au roi ce qu'il obtint
par la paix de Munster f mais
pour lui acquérir des droits bien
plus impoTtans encore , tels que
«eux de la succession à la cou-
ronne d'Espagne. Ces vues sont
ooQsignées dans une de ses lettres
aux ministres du roi , à Munster.
< Voyez Y Abrégé de V Histoire
de France , par le président He^
'nault 4 année^ 1659*) ^ cardinal
Mazarin ramena, en 1660, le
îoi et la nouvelle reine à Paris.
JPlus puissant et plus jaloux de sa
puissance que jamais , il exigea
tt il obtint que le parlement vint
le haranguer en députés. U ne
donna plus la main aux princes
du sang en lieu - tiers , comme
autrefois* U marchoit alors avec
un faste royal, ayant, outre ses
gardes , une compagnie de Mous-
quetaires. On n'eut plus auprès
de lui un accès libre. Si quelqu'un
étoit assez mauvais courtisan pour
i«mauder une grâce au roi même,
MAZ
77
il étoit sftr die ne pas l'obtenir*
« La reine-mère , si long-tempt
protectrice ob«tinéc de Mazarin
contre la France , resta sans cré-*
dit, dès qu'il n'eut pins besoin
d'elle. (Ibid,) » Dans ce calrn«
heureux qui suivit son retour^
il laissa lai^guir la justice , !•
commerce , la marine , les fi<^
nances. Les siennes étoient à Itt
vérité en bon état , mais cellea
de l'état étoient si dérangées
que le surintendant Fouquet avoil
dit souvent à Louis XI f : U n'y
a point d'argent dans les coffres
de votre Majesté « mais le car^^
dinal vous en prêtera. Les re-
venus publics avoient été si mal
administrés pendant une régence
prodigue et tumultueuse , qu'on
fut obligé ensuite d'ériger una
chambre de justice. On voit par
les Mémoires de Gourville , quel
avoit été le brigandage ; Tordra
ne fut mis que par le grand Col-^
hert , et non par Mazarin , qui
ne fut guère occupé que de lui-
même. Huit années de puissancfi
absolue «t tranquille ne furent
marquées par aucun établisse*-
ment glorieux ou utile : car le
collège des Quatre Nations n%
fut que TefFet de son testament-
Il gouvernoit les finances comme
l'intendant d'un seigneur obéré.
Il amassa plus de 200 millions ,
ei par des moyens non — seule-
ment indignes d'un ministre ,
mais d'un honnête homme. Il
partageoit , dit - on , avec les
armateurs , les profits de leurs
courses : il traitoit , en son nom
et à son profit , des munitions
des armées ril imposoit , par des
lettres de cachet , des commet
extraordinaires sur les généra-
lités. ( Voyez Embry. ) Le roi lui
ayant donné les charges de la
maison de la reine , il vendis
jusqu'à ôelles de vendeitsfs d'é-*
\
7«, M A Z
ctielles : ce qiu lui produisit , dit
Mad. de Motteville , plus de six
millions. Comme tous les avares ,
il cïierchoit à excuser son avidité
par des raisons plausibles. Il di-
soit que cétoit le seul défaut
rfarpent qui avoit causé toutes
ses disgrâces. Souverain despo-
tique , sous le nom modeste de
ministre , il ne laissa paroître
Louis XIV, ni comme prinœ , ni
comme guerrier. Il étoit charmé
qu'on lui donnât peu (Je lumiè-
res ^ quoiqu'il fût surintendant
de son éducation. Non- seulement
il l'élcva très-mal, mais il le laissa
sonvgnt manquer du nécessaire.
Ce joug pesoit a Louis XIV , et
il en fut délivré par la mort du
cardinal , arrivée le 9 mars 1 66f ,
à 59 ans. Lorsqu'il fut attaqué
de sa dernière maladie, il prouva
qu'il connoissoit la maxime, qu'^i
la Cour tes ahsens et les mourans
ont toujours torh II fit dire à
plusieurs personnes qu'il s'étoit
ressouvenu d'elles dans son tes-
tament, quoiqu'il n'en fût rien.
11. tâcha de conserver jusqu'à la
Elu , cette figure noble , cet air
ouvert et caressant qui attache
i?s cœurs. Il se mit lui jour , a
ce qu'on prétend , un peu de
rouge , pour faire accroire qu'il
89 portoit mieux , et donna au-
dience atout le monde. Le comte
de Faensaldagne , ambassadeur
d'Espagne y en le voyant , se
tourna vers M. le prince , et lui
^it d'un air grave : Voilà un
portrait qui ressemble assez à
M. le Cardinal, Quoiqu'il ne
passât point pour a^oir la cons-
cience timorée , il eut en mou-
rant des scrupules sur ses ri-
chesses immenses. Un thèatin ,
son confesseur , lui dit nette—
•roent « qu'il seroit damno , s'il
no restituoit le bien qu'il avoit
ijaal acquis. » Hélas ! dit-il , jfi
M A z
n'ai rien que des bienfaits du Sor/
— Mais , reprit le théat jn , il
faut bien, distinguer ce que le Roi
i^ous a donné , d*avec ce que vous
vous êtes attribué. Pour le tirer
d'embarras , Colbert lui conseilla
de faire une donation entière de
ses biens au roi. Il le fit , dans
l'espérance que ce prince les lui
rendroit. Il no se trompa pas,
et Louis XIV lui remit la dona-
tion au bout de trois jours. Le
roi et la cour portèrent le deuil
à sa mort : honneur peu ordi-
naire, et que Henri IV avoit
rendu à la mémoire de Gabrielle
d*Estrées. ( Voyez I. CoLBERT. ).
Les rimailleurs de la cour et de
la ville lui ^rent plusieurs épita-
phes. Nous ne rapporterons que
celle qui fut faite par Blot , bel-»
esprit agréable de «e temps-là i
O vous y qui passez par ce llân «
Daignez jeter , au fiOm de Dieu 9
A Mi[arin de l'eau bénite.
Il en donna tant ï la cour.
Que c'est bien le moins qu*U mërîte»
D*en avoir de vous à son tour.
Outre les biens immenses qu'il
avoit amassés , il posséda en
même temps l*évèché de Metz^
et les abbayes dé Saint-Arnould ,
âe Saint " Clément et âe Saint-
Vincent de la même ville; celle»
de Saint- Denis en France , de
' Cluni^^âe Saint-*Victor de Mar-
seille , de Saint-Médard de Sois-
sons , de Saint" Taurin , d'E—
vreux , etc. Il laissa, pour héri-
tier de son nom et de ses biçns^
le marquis de la Meilleraie, qui
épousa Hortense M'ancini , sa
nièce , et prit le titre de duc de
Mazarin, Il avoit un neveu, qui
fut duc de Nevers, ( Voyez Nk-
VERS ) ; et quatre autres nièces:
l'une , nommée Martinozzi ,
(Voyez ce mot) fiit mariée àvt
prince de Çanti i les autre»^)
M A Z
isommëes ManciiU , le furent au
connéuble Colonne , au duc dç
Mercœur , au duc de Bouillon.
{Voy. XV. Colonne et Mancini.)
Cluirles II lui en demanda une;
le mauvais état èe ses affaires
kii attira un refus. On soupçonna
le cardinal d'avoir voulu marier
•n fils de CromwelL , celle qu'il
refusoit au roi d'Angleterre. Ce
qui est sûr, c'est que lorsqu'il
Yit le chemin du trône moins
fermé à Charles II , il voulut
renouer cette alliance; mais il
fat refusé à son tour. Louis XIV
«voit aimé éperdu ment une de
«es nièces : Mazarin fut tenté
de laisser agir son amour ^ et de
placer son sang sur le trône ;
mais une réponse noble et hardie
S Anne d'Autriche , lui fit perdra
de vue ce dessein ; ( Voyez l'ar-
ticle de cette princesse. ) De tous
les portraits qu'on a faits de Ma-
tarin, aucuns ne nous paroissent
plus finement pensés , que ceux
qtfen ont tracé le président He-
nauU et Thomas. « Ce ministre ,
dit l'historien, étoit aussi doux
que le cardinal de Bichelieti étoit
violent : un de ses plus grands
talens fut de bien connoitre les
hommes. Le caractère de s'a po-«
litique étoit plutôt la finesse et
la patience , que la force. ... Il
pensoit que la force ne doit ja-
mais être employée qu'au défaut
des autres moyens , et son esprit
lui fournisâoit le courage con-
forme aux circonstances. Hardi
à Cazal , tranquille et agissant
dans sa retraite à Cologne , en-
treprenant lorsqu'il fallut arrêter
les princes ; mais insensible aux
plaisanteries de la Fronde , mé-
prisant les bravades du coadju-
teur , et écoutant les murmures
de la populace , comme on écoute
dn rivage le bruit des flots de la
Sier. Il y aYpit dans b cardinal
M A z
7^
de Hichelieu quelque chose d*
plus grand , de plus vaste et da
moins concerté ; et dans le car-«
dînai Mazarin , plus d'adresse ,
plus de mesures et moins d'é^
carts. On haîssoit l'un , et l'on
semoquoit de l'autre; mais tous
deux fureiit les maîtres de l'état. ».
Mazarin , dit Thomas , fut beau-<
coup moins loué que Richelieu ;
il n'a voit ni cet éclat de grandeur
qui éblouit , ni ce caractère altier
qui, respirant la hauteur et la
vengeance , subjugue par la ter-*
renr même. On adore à propor-
tion que l'on craint II y avoit
plus d'offrandes à Rome sur Ica
autels de la Fièvre , que sur ceux
de la Concorde et de la Paix. On
sait qu'en général Mazarin étoit
foible et timide ; il diressoit le3.
ennemis , dont Richelieu eût
abattu les tètes. Avec cette con-
duite , on est moins haï sans,
doute , mais on n'en paroît paa
plus grand. Il est des hommes
qui pardonnent encore plutôt le
mal qu'on fait avec éclat , quo
le bien qu'on fait avec foiblesse.
D'ailleurs , le rôle que ce mi-
nistre joua dans la Fronde , sea
fuites y ses terreurs , sa pros-
cription, source de plaisanteries ;
les bons mots des Marigni et des
Grammontf espèce d'armes qui
soumettent à l'homme d'esprit
l'homme puissant; les vaudevilles
et les chansons qui , chez un
peuple léger , communiquent si
rapidement le ridicule et l'éter-
nisent ; tout cela devoit peu ex-^
citer l'enthousiasme des orateurs.
Ajoutez que les talens de Mà^^^
zarin n'étoient pas assez écla<«
tans pour racheter ses défaut^
Il n'eut , ni dans les factions , la
fierté brillante et l'esprit roma-
nesque et imposant du cardinal
de Retz ; ^i dans les âifaires ,
l'activité et le coup d'œil de Ri'*
8o
M A Z
^heUeu ; ni dans les vues écOtiÔ«
miqaes , les principes de 6tUly ;
ni dans l'administration extérieur
re j les détails de ColherC , ni
dans les desseins publics^. Tan**
dace et je ne sais quelle pro^
fondeur vaste û'Alhéroaû Son
grand mérite fut l'art de négo-
cier ; il y porta toute la finesse
italienne avec la sagacité d'un
homme qui y pour s'élever , a eu
besoih de connoître les hommes
•t a appris à les manier , en lés
faisant servir d'instrument à sa
fortune. C'est ce qui en lit un
philosophe adroit plutôt qu'un
grand ministre. Son ame , accon*-
tumée long temps à la souplesse ,
n'eut pas toujours le caractère
des^randes places. Mais il dirigea
la paix de Munster ; il ût la paix
des Pyrénées ; il donna TAlsace
à la France ; il prévit peut- être
qu'un jour la France pourroit
commander à l'Espagne. » Tho~
mas auroit pu remarquer que Ma-
itarin l'acquit dans te temps que
les François étoient déchaînés
contre lui. M. l'abbé d^Alainval
a publié, en 1745 , en deux vol.
in-i2, les Lettres du Cardinal
Mazarin, où l'on voit le secret
de ^ Négociation de la paix des
Pyrénées , et la Beldtion des
Conférences iju'il a eues pour ce
tujet avec Don Louis de Haro ,
ministre d'Etat. ( VoyezUARO»)
Ce recueil est intéressant. Le
cardinal y développe ce qui s'est
passé dans ces conférences 9 avec
une netteté et une précision qui
mettent en quelque façon le lec>-
teur en tiers avec les deux plé-
nipotentiaires. On a recueilli,
en .plusieurs vol. in-^**, la plu-
part des Pièces curieuses faitçs
contre jftf «zarm, durant les guer-
res de la Fronde. La collection
la plus complète en ce genre,
|»t 9e^ àè la Biblicthè<)iit de
M A Z
Colhert , en 46 vol. in-4® 2 on y
trouve un peu de sel i noyé dans
nn déluge de mauvaises plaisant
teries. On en fit alors de toutes
les espèces ; on &t même frapper
des médailles pour le rendre ri-
dicule. La ville de Paris distribua
des jetons qui • d'un côté , re**
présentoient la hache et les yer"*
ges armoriales du candinal , avec
cette légende autour : QuoDfujT
SONOS , CRlMjyiS EST FINDEX l
Cette ancienne marifue d'honneur
est aujourd'hui un instrument de^
vehgeance. Au revers , on voyoit
un lion avec cet hémistiche : Sont
CERTA HJSCFATd TTRANHISnTelle
est la destinée des tyrans. ilCc-*
zarin avoit une autre devise qu'il
s'étoit faite lui-même ; Hinc ordo
et copia renim. Le cardinal Ma»
zarin avoit cultivé les lettres dans
sa jeunesse ; il se piquoit même
de bel esprit et de philosophie.
On prétend que ce fut lui qui
apporta en France la maximes!
connue des Italiens : In tus ut
lubet , extra ut mx)ris est. Da
moins il la pratiqua quelquefois.
Voyez Bbnserads.
» IL MAZARIN , ( Hortense
Mancini , duchesse de ) fille de
MicheULaurent Mancini ( Voy.
ce mot ) , et nièce du cardinal
Mazarin , joignit aux avantages
de la fortune ceux de la beauté.
Elle épousa , en 1661 , Armand-
Charles de la Porte de la MeilU-'
raie, dont le caractère singulier
et resprit bizarre n'étoient pat
propres à fixer une femme ai-
mable. La duchesse de Mazarin
fit tout ce qu'elle put pour se
faire séparer de lui ; mais n'ayant
pu l'obtenir , elle passa en An-
gleterre l'an 1667. Elle autoriJt
son séjour à Londres , de sa pa-
renté avec la reine. Mais quand
cette princesse fut obligée à&
passer «b France ^^ Tan 1688^ le
duc
M AZ
lac fit solliciter HorUnse de re^
venir; les prières n ayant rien
opéré , il loi intenta un procès ,
qu'elle perdit. {Voyez ërard. )
Elle fîit condamnée à retoumor
Avec son époQx ; mais elle per-<
^ta à rester en Angleterre , oit
elle avoit une petite conr , corn-
pOtsée de ce qu'il y avoit de plus
ingénieux à Liondres. Le vieux
Epicurien Saint -^ Evrenfiont fut
un de ses couf tisans les plus as-
sidus. Elle mourut le 2 juillet
1(98. Les Mémoires de Madame
Mataria , et ceux qu'elle opposa
aux Factums de son mari , se
trouvent datis les Œuvres de
Smi^Evremont. Si l'on s'en rap*
porte au portrait que ce philo-
sophe a fait de cette dame, elle
*Tolt je ne sais quoi de noble et
de grand dans l'air du visage ,
^ans les qualités de l'esprit et
^s celles de l'ame. Elle savoit
tieaucoup , et elle cachoit son
savdr. oa conversation étoit à
la fois solide et gaie. Elle étoit
dévote sans superstition et sans
laélancolie , etc* etc. On sent
que ce portrait est flatté , et
même ridicule. La dévotion ne
ponvoit guère s'allier avec la vie
qu'elle menoit. L'abbé de SairU'-
&afa fait un autre portrait de
la dochesse de Mazarin , non
moins flatté que celui de Saint-^
Evremont : « c'est , dit - il une
^ ces beautés Romaines , qui
ne ressemblent point à des pou-
pées , comme la plus grande
partie de celles de la France. La
couleur de ses yeux n'a point de
iiom y ce n'est ni bleu , ni gris ,
ni tout-à-fait noir ; mais un mé-
lange de tous les trois , qui n'a que
w que chacun a de beau. Il n'y
ta a point de plus doux et de plus
ttijoués porrtr l'ordinaire ; mais il
n'y en a point de si sérieux, de si
te'vères et de si sensés , quand
SuPPL, Tome JIJ^
M A Z
Si
elle est dans quelque application:
d'esprit. Quand elle regarde rixe**
ment, on croit en être éclairé
jusqu'au fond de Tame. Lorsque
Mad. de Sévigné vouloit donnel^
une idée de deux beaux yeux ^
elle disoit : Ce soht les yeux de
Mad, de Mazarin,,,. Son rira
attendriroit les plus durs , et
charmeroit les plus cuisans sou<«
cis. Il lui change presqu'entière-*
ment l'air du visage, qu'elle a
naturellement asse2 froid et fier^
et il y répand une teinture de
douceur. Elle a le son de la voix
si touchant, qu'on ne sauroit
l'entendre parler sans émotion.
Son teint a un éclat si vif, si
naturel et si doux , que personne
ne s'est jamais avisé, en la re-
gardant 5 de trouver à redire
qu'il ne soit pas de la dernière
blancheur. C'est le plus beau tour
de visage f[i\e la peijiture ait
jamais imaginé. A force de se
négliger, sa taille, quoique la
mieux prise et la mieux formée
qu'on puisse voir , n'est plus fine
en comparaison de ce qu'elle a
été ; mais d'antres seroient d^
liées de ce qu'elle est grosse. On
la voit quinze jours de suite coif-
fée d'autant de di^Térentes ma-
nières, sans pouvoir dire laquelle
lui va le mieux ».. Son mari est
assurément le plus malheureux
des hommes , après avoir été le
plus heureux. Il dfsoit à la du«*
chesse d'Aiguillon » que pourvu
qu'il épousât HorUnse , il ne se
soucioit pas de mourir trois jours
après. Le succès a passé ses sou»^
hnits , dit dans la suite Mad. de
Mazarin , il m'a épousée , et n*est
pas mort, dieu merci,n — Le duâ
de Mazarin , époux à'Hortense ,
étoit né en i633, et il mourut
en 1 7 1 3 , à 80 ans , dans ses
terres , ou il s'étoit retiré depuis
plus de ^0 ans. Si ses 8ijagul,ig;ii{
<•
$% M AZ
tés n tvoient perverti le» «gré-
mens de son esprit , personne
ii'auroit été de meillemre com-
pagnie. II succéda an maréchal de
la Meiîlcraie son père , dans Je
gouvernement de firetagne, et
eut de plus plusieurs autres gou«*
Verne mens. Le maréchal s'étoit
opposé tant qu'il avoit pu au désir
que le cardinal Mazarin son ami
intime , avoit de choisir son fils
pour son héritier, en lui donnant
son nom et sa nièce. Il disoit par
iin sentiment «vertueux 9 quêtant
de biens lui faisoient peur, et
'que leur immensité accablerait
Un jour sa famille» A \a mort de la
duchesse de Mazarin , on prouva ,
en pleine grand chambre 9 qu'elle
lui avoit apporté 28 millions.
ZiOuis Xiy, attaché au nom de
Mazarin , le mit de tous ses con-
seils 9 lui donna les entrées des
premiers gentilshotsmes de la
chambre 9 et le distingua dans
toutes les occasions. Nommé lieu-
tenant général dès 1654, et ne
imanquant pas de courage , il eût
pu parvenir au bâton de maré-
chal de France. Une piété mal
entendue rendit inutiles les dons
que lui avoit fait la nature ; per*
suadé que le sort marquoit les
volontés du ciel , il fit des lote-
ries de son domestique , en sorte
que le cuisinier devint son in-
tendant, et le frotteur son se-
crétaire. Le feu prit un jour au
château de Mazarin , il ne voii-
luJt pas qu'on l'éteignît. 11 aimoit
qu*on lui fît des procès, parce
qu'en les perdant, il pouvoit pos-
séder en sûreté de conscience les
mitres biens que la justice lui
laissoit. Enfin , il se retira dans
)Bcs terres, ou il passa une tren-
taine d'années 9 et ne ût plus que
des apparitions très - passagères
à la cour. Le roi l'y reçut fou—
|ours avec amitié ^ quoiqu'il ïsfkK
M A Z
blessé ptu" les visions célestes qu'il
lui avoit communiquées sur !•
sort qui l'àttendoit, s'il conti-
nuoit de vivre avec ses maitresses«
Ce prince le regardoit comme un
homme dont le cerveau n'étci^
pas sain ; et comme le duc avoit
barbouillé tous les chefs— d'œuvra
de peinture , et mutilé les plus
belles statues que lui avoit laissé
son oncle, Louis XIV dit un
jour, en voyant .un marteau;
Voilà un instrument dont le duc
de Mazarin sait faire usage. Il
eut un fils à'Hortense , lequel
n*eut qu'une fille qui fit entrer
la riche succession de sa famille
dans la maison de Duras , d'où
elle a passé par les filles dans la
maison ôiAumon , et ensuite dans
celle des Matignon» ducs àa>
Valentinois.
L MAZÉAS, ( Guillaume ) né
à Vannes, et mort dans cette
▼ille en 1776 , embrassa la pro-
fession ecclésiastique, et a tra-
duit divers ouvrages de Tanglois 9
tejs que celui de W'arburton , sur
les tremblemens de terre et les
éruptions du feu, 17S4, 1 vol.
in- 12; celui de Und, sur les
moyens de conserver la santé des
gens de mer , 1760, in — 8'^ ;
Lettre d'un négociant à un mi-*
lord , sur l'isle de Minorque,
1757, tn-ia. On -doit enrore à
Mazéas , divers Mémoires insé-
rés dans ceux de lacàdëmie âet
Sciences de Paris et de la Société
royale de Londres.
II. MAZÉAS, (Jean-MathB-
rin) né à Landernau , dans k
ci-devant province de Bretagne 1
au mois demarsNi7i39 est mort
à Paris en l'an X , À lage de plus
de 88 ans* On a de lui un oo^
vrage très-connu sur les mathé-
matiques, dont on a fait sept
édjitiQns: la pronùère en ij^^î
M aZ
}i^(iernière en 1788, sous cé tU
tre : ELémens d'Arithmétique ,
d Algèbre et de Géométrie , avec
une introduction ail it sections co«
îu<î«es. Mazéas a encore publié :
hstitutiones Ph ilôt. > o hicœ , 1 7 7 7tj
3vof. in-i2. Cet ouvrage est Je
fronde sits leçons au collège de
Na?8rre, oii il étoit professeur.
En vertu de ses grades dans Ta-
diversité, il avoit été pourvu, en
,1783, d'un canonicat dans l'é-
^ de Notre-Dame de PariSi
Aune simplicité de mœurs et
à' une Candeur q[ui rappeloient
telles des patriarches dont il a
|ïres(ïne atteint l'âge , il joignoit
«plus exacte pratique des de-
vbirs de son état, et une piété
tî généreuse qu'il faisoit aux
t^&nrres les plus abondankes lar-
gesses. Dépouillé par les suites
*k révolution, il vivoit dans
îâ retraite , sans murmurer et
»*ns se plaindre , et en obser*
Tant plus scrupuleusement que
jamais, là frugalité dbnt il ne
•étoit point écarté , et qui a
prolongé ses jours , malgré la
ibiblesse de son tempérament. Il
*ut le bonheur davoir un do—
ïueatique fideile qui Ini étoit très-
attaché, et qui lui en a donné
^w preuves, en le nourrissant de
'on propre bien pendant trois
>ns a Pontoise. Mais ce doitics-^
lique voyant que toutes les res*
«oarces étoient épuisées et que
*out avoit été vendu , se présenta
••^Wun mémoire chez le ministre
^ l'intérieur , François de Neuf--'
bateau. An nom de Màtéas ^
plusieurs commis qui a voient été
^ élèves , se joignirent à la de-
^«ade du domestique*, et le mi-
nistre s'empressa cle venir au se—
cours d'un Savant plus qu'octo-
8*naire, en lui faisant avoir une
Pj'ttion de dix-huit cents francs.
yatre W ouvrages* de Maxéa»
M A 2
Àont nous avons parlé , il a beau^
coup travaillé au Diotionnair^^
des Arts et Métiers»
MAZUYER, (Ciaude^Lottisy
né à Bellèvra , d'abord juge àf
Louhaus pris de Maçon, devint
membre de la Convention , où il
se montra plus modéré que là.
plupart de ses collègues. Attaché
an parti de la Gironde , il vota*
le simple bannissement de Louis
XVI t et publia un ouvrage ten««
daat à prouver que cette peine
étoit la seule qu'on pi\t lui in^
Ûiger. Après avoir dénoncé les
municipaux de Paris, qui , à:
main armée, avoient enlevé p1u#
de quatre mille marcs d'argenterie
dans les maisons foyales ou celleâ'
des émigrés ^ il se permit , quel*'
qjoes jours après, une sortie éner-
gique contre le despotisme des*
membres du Comité de salut pu.«
blic , et proposa aux suppléana
de se réunir a Tours on à Bour-
ges I» si la tyrannie veuoit à anéan-
tir l'assemblée. Il n'en falloit pat
tant pour îe perdre. Mazuyer y
mis hors de la loi le 3t mai, fut^
condamné à mort comme cons-*
pilrateur, et périt sur lecliafand
au mois de février 1794 j «^g(J de
34 ans.
* MA2Z0NI, (Jacq'^cs) né
à Césenne, donna, sur la fin
du 16* siècle, des Ircons d'une
philosophie saine et judicieuse y
et se distingua aussi comme écri-
vain. Le plus estimé de ses ou-
vrages , est son traité t)è iripUcù
Hominum vità»Ses autres ouvra-
ges sont : I. Une Défense di^
Vante ^ eft italien, in- 4% iSSyy
lî. De coniparalione Plalonis et
Aristoteîis , in-fol. i b97. 111. D^
Vitd contempla tivâ, i n- 4 .** -^fltar-*
tineîli de Césenne , qui épousa
la Bile de Mazzoni , a publié l'O^
imWK funèbre de ca dernier £
F »
84
MEC
mort àFerrare en i6o3 » dans sa
5o* année.
MECKELN, (Israël -Van)
connu en France sons le nom
et Israël de Malines , a passé ,
suivant l'opinion de divers sa-
vans , pour l'inventeur de la gra-
vure. Ses premiers essais sont de
Ysn il^So» James Hazard , gen-
tilhomme Anglois , mort à
Bruxelles en 1787 , qui avoit
consacré sa vie à recueillir des
gravures dans toute l'Europe ,
en a connu seize de Meckeln sur
la vie de la Vierge. Il en possé-
doit le Mariage.
MÉDEM , (Conrad de) grand
maître de l'ordre militaire des
chevaliers Porte^gî^ive , s'empara
de la Courlande , qui fut dès-lors
érigée en duché sous la suzerain
neté des rois de Pologne. Médem,
y bâtit la viUe de Mittau qui en
est devenue la capitale , et mou-
rut vers l'an 1190. Ses descendans
•xistent encore.
VI. MÉDTCl^, (Sébastien)
de la famille illustre de ce nom,
fiit fait chevalier de Saint-Étienne
en 1669. On ignore l'époque de
sa mort. Il se distingua par son
savoir et ses ouvrages. On lui
doit : I. Un Trait-é De venatione ,
piscatione et aucupio , Cologne ,
in- 8.** II. De fortuitis casibus ,
kl— 8.^ III. Belationes decretnrun
et cànonum concila Tridenlini
collecta; Florent. 1759. W,Sum-
ma peccatorum capltalium , vol.
în-8.® V. De SepuUuns, Flo-
rent., i58o. VI. Un Traité sous
ce titre : Mors onmia solvit,
Francof., i58o.
MÉGISTO, fut épouse de
Timoléon , citoyen de la ville
d'Élée. AristotLme s'étant em-
paré de cette ville, y exergoit
M E I
une horrible tyrannie ; les habi«A
tans, lassés de ses cruautés , s'en*«
fuirent et s'emparèrent de la
forte place d'Amymone. Le tyran
furieux fit arrêter leurs femmes ,
parmi lesquelles se trouvoit ilf^^
gisto, Ceile-ci, non intimidée ^
reprocha publiquement à l'nsur-*
pateur son oubli de la vertu. Ce
dernier ordonna de lui amener
sur-le-champ le fils de Mégisto
pour le faire égorger sous les yenx
de sa mère. L'enfant jouoit alors
dans la cour du palais avec d'an«
très en fans de son âge; Mégisto
l'appela courageusement elle»*
même , et parvint par sa fermeté
à étonner le tyran, à le faire
rougir de ses excès et à sauver
son fils. Plutarque parle aveo<
éloge de Mégisto.
MEHDI, (Mohammed) his-i
torien Persan , mort au com-
mencement du 18* siècle , a écrit
la vie du conquérant Nadirs
Chân. L' Anglois Jones a tiaduit
cet ouvrage.
L MEIGRET, (Amédée) né
à Lyon , se fit dominicain , et
publia en 1 5 1 4 des Commentaire»
sur Aristoie, Prêchant à Paris 1
il fut accusé de Luthéranisme par
l'un de ses compatriotes nommé
Bardéron ; et le parlement , ju-*
géant sur la doctrine, renvoya
Meigret de l'accusation , et con-
damna son adversaire à 400 livres
de dommages. La Sorbonné garda
le silence sur cet arrêt.
MEÎNHARDT, (Jean-Ni-
colas ) né à Erlang en 1727 ^
mourut en 1767 à Berlin. Il a
traduit en allemand le roman de
Tkéagèneel Charielée ; Elémens
de critique du lord Laines. Il est
aussi auteur d'un Essai sur la
caractère et les ouvrages des
meillears poètes Italiens» .
i
M EU
* • IL MÉLÉAGHE, poëte
Grec, natif de Gadaris, (autr^
ment SéUucie ) en Syrie ^ floris-
soit sous le règne de SéUucus VI,
dernier des rois de Syrie* 11 fut
élevé à Tyr, et finit ses jours
dans Fisle de Cos , anciennement
appelée Mérope. C'est là qu'il fit
le recueil d'Épigrammes grec—
qoes, que nous appelons 1'^»-
tkologie. Il y rassembla ce qu'il
âvoit trouvé de plus fin et de plus
saillant dans les ouvrages de qua»
rante-six poètes , dont il donna
les noms dans une Elégie qui
jert de préface à son recueil , et
^'il a intitulée : Le Chant des
Fleurs, ha. disposition des Épi-
grammes fut souvent changée
dans la suite , et l'on y ût plu-
sieiirs additions. Philippe de
Thessaloniqne , qui vivoit du
temps é' Auguste f ajouta plusieurs
poètes à ceux déjà mis à contri-
bution ; l'historien Agathias ,
contemporain de l'empereur Jus-
tinien , en réunit d'autres. En
1789 , M. Brunch a détaché le
tenl ouvrage de Méléagre du
vaste recueil de Y Anthologie grec-
que 9 et Ta publié avec dçs notes ;
Lipsiœ, in-é.® Le moine Plttnudes
le mit 9 en i38o , dans l'état oii
nous l'avons actuellement , Franc-
fort, 1600, in-folio. 11 y en a
quelques— unes de jolies ; mais la
plupa^l manquent de sel.
MELFORT, (Ix)uis Drum-
nond, comte de ) lieutenant gé-
néral, publia en 1776 un Traité
iur la Cavalerie , avec des plan-
clies, 2 vol. in-folio, très-bien
imprimés. Il mourut en octobre
1788 , à 67 ans.
M£LLI£R , ,( fenillaume )
lieutenant criminel à Lyon , pn-
Uia un Traité sur les maringes
clandestins , faits par les fils de
famille sans le consentement de
M E N
«T'
leurs pères, imprimé en 1558^
in— 8.^ Il laissa en manuscrit
un Traité sur les vêtemens et
omemens des magistrats de la
Gaule.
MELLINI, (Dominique) Fld»
rentin, fut envoyé en 1662 au
concile de Trente comme se^
crétaire de Jean Strozzi , député
du grand duc Cos me premier. Il
devint ensuite gouverneur de
Pierre de Médicis fils de Cosme*
MelUiii est auteur de plusieurs
ouvrages : I. Description de l'en-
trée de Jeanne d^ Autriche à Flo-
rence, i56€. IL Vie de Philippe
Scolari comte de Temeswar, fa-
meux guerrier, mort en 1426.
III. Discours contre in possibilité
du mouvement perpétuel , 1 583.
W, Histoire de la comtesse ikfa-*
tlUléle, in-4«, Florence, 1589.
V. X^/^rf apologétique sur cette
Histoire, 1594. VL Opuscules
philosophiques , parmi lesquels
se trouve une lettre curieuse sur
les prodiges arrivés à la mort da
j£sus, VIL Le plus singulier des
ouvrages de Mellini , est un Re^
cueil de tous les écrits anciens
Î>ubliés contre le Christianisme ^
orsqti'il commença à se répan**
dre. Il est intitulé : Ja veteres
quosdam Scrip tores malei^olos
Christiani nominis ohtrectatores ,
in-folio, Florence, 1677.
MENARS, Voyez VIL Pois-
sox.
- MÈNE , (Pierre -Antoine)
né à Marseille, remplit pendant
quelques années la pince de con-
seiller au parlement d'Aix, et
ensuite relie de maître des re-
quêtes à Paris , oii il monrut en
1784. Doué de beaucoup d'esprit
naturel , il y avoit réuni le mé-
rite de l'érudition. On lui doitc
L Eloge de Pierre Gassendi ^
F 3
^
te
M EN
1 767 , in— 1 2. IL Mémoire sut lei
causes de la diminution de la
pèche sur les cotes de Provence,
1769. .111. Une TradiLcUon de
l^îachiaveL Dans le discours pré^
liminaire 9 Tauteur a justi&é avec
énergie ce grand politique, d'a-
voir été le fauteur du despotisme,
et le conseil des gouvemeiuens
tyrannlques. IV. Plusieurs Pané-
gyriques et Discours latins, 1735
€t 1756.
M E N G , impératrice de la
Chine , épouse de Kin^Esong ,
qui régnoit en 1 1 26 , gouverna
' avec gloire son empire, tandis
que Ies4Tartares qui 9 voient passé
le Fleuve jaune et conquis la
province de Honan, ret^noient
l'empereur prisonnier. Se^ lois
furent recueillies , et sont encore
respectées, pour leur sagesse, par
les Chinois.
MENIN, (N.) conseiller au
parlement de Metz , mort en
11770, étoit Parisien. On a de
lui : I. Anecdotes de Samos et de
%acédémone , 17449 2 volumes
in<i 2. II. Turlubleu , 1745 , in-i2.
III. Cléodamis ^ i74^9 in— 12.
Mais ces ouvrages frivoles doi-
vent céder la place à son Traité
du Sacre des Rois de France ,
1723 , in— 12 , où Ton trouve des
recherches curieuses.
* -MENINSKI, (François de
Megnien ) a publié Thésaurus
linguarum Orientalium , Vienne
en Autriche , 1 680 à 1 687 , 5 voU
in-folio, très— rare. La plupart
des exemplaires de ce savant ou-
vrage, fut consumée par le feu
qu'un boulet de canon , tiré par
•les Turcs lors du siège de Vienne,
mit au maga&in du libraire.
M. Peigiiot dit qu'un exemplaire
fut vendu 500 liv. en 1776. i)/«;-
jiinski a prouvé ^ jusqu'à l'évi*
men
dett^ , que la langue an^oise fi
la plus grande analogie avec ïm*.
cieu persan.
» MENOT, (Michel) cord».
lier , mort en 1 5 1 8 , se fit un
nom célèbre par les pieuses far-
ces qu'il donna- en chaire. On a
publié ses Sermoms , et ils sonfc
recherché» pour le mélange bar**
bare qu'il y a fait du sérieux ett
du coniiqua , du burlesque et du
«acre , des bouffonneries les plus
pintes , et des plus sublimes vé-«
rites de l'Évangile. «Les bûche-
rons , dit— il dans un endroit^
coupent de grosses et de petitet
branches dans les ^forêts , et en
font des fagots : ainsi nos ecclé-
siastiques , avec des dispenses de
Home, entassent gros et petits
bénéûces. Le chapeau de cardinal
est lardé d'évéchés, et les évéchés
lardés d'abbayes et de prieurés ,
et le tout lardé de diables, il &ut
que tous ceé biens de r£çlise pa^
sent les trois cordelières de l'uixfi
Maria : car le Ben^cta tu »
sont grosses abbayes de Bén««
dictins; in muUeribus, c'est MoB^
sieur et Madame; Qtfrucêus ve/i"
tris , ce sont banquets et goinfres
ries. » L'un de ses meilleurs dis-«
cours est son sermon sur le salut*
C'est ainsi que ce sermon cout-'
mence : Honorable, et à mon
sens , dévot auditoire : )|» desi^
deramus omnes salvare animât
nostras , debemus esse imitatore»
Ecclesiœ, qum prolando facit les
obsèques prltnorum parentum nos"
trorum Adœ et Euœ, quifuerunt
privati et hanniti ex Paràdiso ter-
restri,„. En rappeliant la compa-
raison que l'Évangile fait de la
mort avec la nuit , il dit : Cuja
nox est , un chacun se retire en
sa maison. Domine , nonne totd
die ibUis ad faciendum les crespe»
fU mik 4i$^oktiQU3 et merei/stn
M EK
Ua ? Mirum^st que tant plus qut
EccUsia est magis devota et in do^
îore et lucCit , populus est magis
iissolalMs*^, O Domine ! quando
hestia est prise au pied, et 1â
ebandelle est souiflée, qualiter
reverUtur in domum suam? Les
yoyez-voas ? Invehietis in un à
parochid m^eretricem , etc.: Erit
Ui hdc vULd homo vitœ pessimœ ,
renieur de Dieu. De sera, le soir,
ftcit bonam vultam , de mane
inveaitur mortuus : quid dicitis
ée hoc, domini, etc.? Il compare
dans ce même discours l'Église à
une vigne , à cause de l'utilité
ée son fruit : Vinum lœtificat cor
hominis,^ Voyez les Mémoires de
Niceron , tome xxiv ; vous y
trouverez quelques échantillons
des discours de Menot. Ils ont été
imprimés en quatre parties in-8.*
Le plus recherché des curieux,
est le volume intitulé : Sermones
ifuadragesimales , oUm Turonis
ieclamati , iSf^OU 1S2S. Celui
qui contient des Sermons pro<-
noncés à Paris, l'est beaucoup
moins; il parut en i53o, in-S.®
MENOUX, (Joseph de) |é-
saite , né à Besançon , et mort
tn 17669 à 71 ans, obtint la
tonfiance de Stanislas roi de Po-
logne, et devint son prédica-
teur ordinaire, et supérieur du
séminaire de Nanci. C'étoit un
homme d'esprit , intrigant , ser-
viable , ami irtile et ennemi dan-
gereux. Il fit troire , dit Vol^
taire , au pape Benoit XIV , au-
teur de gros traités in— folio sur
la Canonisation des Saints , qu'il
tes tradnisoit en François; il lui
en envoya quelques pa^es, et
■obtint, pour son séminaire, un
bon bénéfice dont il dépouilla des
Bénédictins, et.se moqua ainsi
^ BenoU XIV et de St. Be-
noit, On a d« Jtti àçs .Notianis
MER
8>
philosophiques sur les vérité*
fondamentales de la Jlelîgion ,
1738, iji - 8® ; ^ il eut part
aux ouvrages religieux et mo-«
raux du roi Stanislas. Ce piince
lui accordoit tout ce qu'il de^
mandoit.
MENU DE Chomercbau ^
( Etienne ) d'abord lieutenant
général du bailliage de Ville-*
neuve-sur— Yonne, fut nommé à
l'assemblée Constituante , oti ^
comme doyen dage, il fut ap-*
pelé le premier à la présidence.
Ses opinions furent modérées et
justes comme son caractère, il
s'étoit fait connoître dans la litté-
rature , i.® par des Poésies in*»
sérées Hans les anciens journaux;
a.° par une imitation du Renaud ,
poëme du Tasse , en 2 Vol. in-8.*
Menu de Chomerceau est mort
au mois de septembre 1802 , à
lage de 79 ans.
MENUS , ( Jason ) célèbre
professeur de législation àPavie,
étoitné en 1435. Il a publié plu-
sieurs ouvrages de droit. Louis
XII voulut assister à une de ses
leçons. Menus l'alla prendre à'
son palais, vêtu d'une robe tissue
d'or , pour le conduire aux écoles.
Le roi le fit entrer le premier ,
en lui disant que dans ces lieux
la puissance des professeurs étoit
plus grande que celle des rois.
MER AUX , ( Nicolas- Jean )f
musicien , acquit de la rêputa«5
tion en mettant en musique l'o-*
péra de Samson, par Voltaire^
et celui â* Œdipe et Xocaste , re-«
présenté en 1762. Il est mort
au commencement de 1797,
âgé de 52 ans, et en laissant
trois Opéra non encore joués s
les Thennopiles , Scipion , ou la
Chute de Carihage s et un autre-
dont le sujet est tiré de l'His^
toire de Perse.
F4
.^JS-?-
8$
MER
♦ MERBÉS, (Bon de) doc-
teur en théologie et prêtre de
l'Oratoire, sortit de cette con-
grégation apris y avoir enseigné
les belles - lettres avec succès.
I^onimé en 1669 , par les éche-
vins de Montdidier , principal de
leur collège , il donna sa démis-
sion de cette place pour se con-
sacrer plus entièrement à se$
études; mais les magistrats, en
considération de ses services ,
lui conservèrent pendant sa vie
la jouissance du revenu de la cha-
pelle de Guerbigny. Merhès com-
posa, à la sollicitation de le Tel^
lier archevêque de Rheims , une
Théologie qu'il publia à Paris , en
i683, en 2 vol. in— folio , sous
ce titre : Summa Chris^nna» Ses
principes ne sont pas ceux des
Casuistes relâchés. La latinité en
est pure et élégante ; mais le
style en est trop enflé et sent le
rhéteur. Ce théologien , égale-
ment pieux et savant, mourut
au collège de Beauvais à Paris y
le 2 août 1684 , à 68 ans.
«
IV. MERCIEB. , (Jacques le)
architecte sous Louis XIII et
IjOiUs XIV, eut la direction des
principaux édifices élevés de son
temps, tels que la Sorbonne, le
Palais royal , Saint - Roch , le
.Val-de-Grace, sur les dessins de
3Iansard,
V. MERCIER, (Barthélemi)
connu sous le nom d'abbé de
SaiiiL-Léger , naquit à Lyon le
i*"^ avril 1734, et entra fort
jeune dans la congrégation de
Sainte-Geneviève. Il y fut connu
par l'ancien évêque de Grenoble ,
Cqulet , qui aimoit les livres ,
et qui donna à Mercier les pre-
Tiiières leçons de bibliographie.
Ce dernier devint bibliothécaire
^e Sainte-Geneviève , et succéda
dans cette place du savant Pm-;
MER
gré qui étoit allé observer le
passage de Vénus dans la mer
des Indes. En ijS^^ Louis XV,
étant venu visiter H bibliothè:*
que^ Mercier lui en montra les
raretés , et lui inspira assez d'in-
térêt pour qu'il le nommât à l'ab-
baye de Saint-tLéger de Soissons
qui étoit vacante. Hiercier Voya-
gea en Hollande et dans la Bel-
gique , pour y visiter les biblio-
thèques et les savans, et se lia
intimement avec Meerman , l'un
des plus célèbres érudits en bi-
bliographie. Dépouillé de ses bé-
néfices par la révolution 9 il sup-
porta avec courage l'indigence où
il, tomba. Les malheurs de sa pa-
trie l'affligèrent 5 et Ja rencontre
qu'il fit de son ami, l'abbé Rayer
que l'on conduisoit à l'échafaud»
fut la première cause de son dé-
périssement. Il mourut le i3 mai
'799* Uiic profonde érudition ^
de la clarté dans les recherches,
distinguèrent ses écrits ; un ca- ,
ractère doux et affable , de la
gaieté , poinl de morgue , le fi-^
rent aimer. Les belles bibliothè-
ques de Soubise et la Vallière
lui durent une partie de leurs
richesses. Ses ouvrages sont :
I. Lettre sur la bibliographie de
Dehare, 1763, in-8''' IL Lettre
à M. Capperoniet , sur le roêma
objet. III. Lettre sur le véritable
auteur du Testament politique
' du cardinal de Richelieu. IV.Sup»
plément à l'Histoire de l'Impri-
merie de Frosper Marchand «
1765, in -4.** Y» Lettre sur la
Pucelle d'Orléans, 1775. VL2>**-
sertation sur l'auteur du livre de
YlmUation de X €, VU. Notice
du livre rare , intitulé : Pedis ad^
mirandce, })ar J.d'Artis.YÏU. No»
tice de la Platopodologie d'An^
toine Fiancé, médecin de Besan-
çon. IX. Lettres sur celles attri^
buées au pape Ganganellkyi' ffOi
MER
lice sur les tombeaux des ducs
de Bourgogne. XL Lettres sur
différentes éditions rares dn quin-
zième siècle, lySd^in-BfiXlLOlh'
servations sur Fessai d'un projet
de Catalogne de biMîothèc^ue.
XUL Description d'une Giraffê
Tue à Fano. XIV. Notice raison-
née des ouvrages de Gaspard
Scholt, jésuite, 1785^ in — 8.»
XV. Bibliothèque des Romans,
traduits du grec, 1796, ii vol.
in- 12. XVL II a travaillé au
Journal de Trévoux , h ce! ni des
savans et au Magasin encyclopé-
dique, il a laissé plusieurs Ma-
nascrits et des Notes sur les
poètes latins du moyen âge; les
Œavres de la Monnaye s la Bi—
Idiothèque de la Croix du Maine
et de Duverdier , et l'ouvrage de
Dreux du Radier g sur les Lan-
ternes.
MÈRE, (Ignace le ) né à
Marseille , prêtre de l'Oratoire ,
mùtta cette congrégation, et se
ixAy vers 1722, à Paris où il
"ïonrat,- en 1752 , à 76 ans. On
* **» lui : I. Pensées morales et
C^^^ennes sur la Genèse, 1784,
j ^i' •^-la. II. La Traduction
des Homec^^ je St. Çhrysostâme,
^41,4 vol. u^go^ et du JDûcottrj
sur Ut Providen^ par Théodo^
ret, 1740, in-S.*-
]MERMET,(Clau^.^..l,^,rd
principal du collège Os ggint».
Aambert en Bugey, aur««.
, couler des jours heureux c^^
cette place. Trop instruit pou
ne pas s'appercevoir des connois-»
tances qui lui manquoient , il la
quitta, et se rendit à Lyon pour
travailler à les acquérir. De savans
imprimeurs y résidoient alors y
Mermet se lia avec eux et leur
fut utile. 11 Bt Imprimer dans cette
Ville , en 1 383 , la tragédie de So-
fhonishc reine deNujaiidie} qu'il
MER 89
avoit traduite en vers fnmçols
sur Toriginal italien de Jean^
George Trissino. Après un sé«
jour de quelques années à Lyon»
Mermet revint à Saint-Harobert^
et y reprit sa place de principaL
Ce fut alors qu'il composa , pour
l'utilité de ses élèves , son Traité
de l'Orthographe Françoise, Les
règles qu'il y donne sont en vers
françois , et ont toutes une tour-*
mire épigrammatiquc; il le ter-
mine par ces quatre vers : '
Si qntlfa'un parle par cBYle
Dn petit lirre qne j*ai fait ^
Sans colère , je le snpplie
{>*c« faire na autre plus parfkit. •
L'ouvrage de Mermet a précédé
ceux de tous les grammairiens
François ; c'est le premier sur
notre langue que l'on connoisse.
On a encore de lui une critique
du traité de son compatriote
Claude Guichard, sur la manière
d'ensevelir , en usage cbez les
difFérens peuples. Cette critiqua
est infiniment plus rare que l'écrit
qui l'a fait n&ître. Duverdier-Vau*
privas parle de Mermet dans i£'
Bibliothèque Françoise, et lui
attribue plusieurs épigrammes»
parmi lesquelleis on peut citer
celle-ci :
Un bottslier cooinl de ▼IQa'ge ,
Fut envoyé loii^ ponr chercher
Un prêcheur d*cte penoanage »
Qui tint en carême prêcher.
On en fit de lui approcher
Demi » dousaine en an courent.
Le plus gras Ait prins du bouchée
Cttidant qu'il fat le plus savant.
^- .voit par ces vers y que la règle
qui vifend Vhiatus , n'étoit point
encori^j^feujjyç gjj poésie. Sur la
fin de s^ jours, Mermet àevint
châtelain ^^ duc de Savoie ,
ÇharUs^En^anuel, qui, instruit
dç 6bn mériti, i^i aycit accord*
ço
MER
une pension. Les anciens rectteils
renferment plusieurs de ses poé-
sies qui ont de l'agrément et du
naturel. On a retenu ces vers
de lui : ^
Les aoMS 4e Thevre présente
Ont le naturel dn meloa ,
U ett fant essayer cinquante
Avant d'en rencontrer nn bon.
W-crmet mourut à Saint-Ram-
bert, emportant les regrets des
^ens de bien et l'estime des lit-
térateurs de son temps.
MERMET , Voy. Bollîoud.
MESGRIN , Voyez Sxflîr-
Mbsgrin.
V. MESMES , ( Jean-Antoîne
de) premier président au parle-
ment de Paris , de l'académie
Françoise ^ naquit dans cette ville
I^i 8 novembre 1661, et y mou-
rut le 2 3 du mois d'août 1723.
Pendant les orages delà régence,
il se conduisit avec tant d'adresse
^u*il sut ménager tous les partis ;
mais ^^ liaisons secrètes avec
le duc et la duchesse du Maine ,
faillirent à le brouiller avec le
duc d'Or/f^a/ii. Chargé , dans des
conjonctures délicates , de faire
des remontrances qui déplatsoient
à ce prince, il stit lai rappeler
quelquefois par une plaisanterie
noble et fine , les égards dûs au
parlement. Le régent ayant laissé
échapper contre les magistrats
une expression grenadière ., le
premier président lui répondit :
JMoaseigiieur , faudra^^'-il enre-*
gistrer votre réponse. De Mesmr
avoit montré, la m^e prése**^^
•d'esprit , lorsque le chan^"®^
Voisin harangué par le po*^'^*^'**'
«ur sa nomination , '^sura ce
corps de sa protection Messieurs,
dit le premier présent, en se
tournant vers ses confrères , B£m
MES
mercions M. le Chancelier; M
nous accorde plus que nous ne lui
demandons»
MESN ARD , ( Martin ) ?«-»
risien, contemporain d^£iietinc
Pasquier , et dont celui-ci vanttt
le savoir et l'esprit 9 s'amusoit à
faire des vers latins , dont toua
les mots commençoient par la
même lettre ; Pasquier cite les
deux suivans , faits en i56f 9
lorsque les Calvinistes prirent les
armes :
tUm , ngtm , regimtn « ngiotum 0
relllgiûnem ,
Restauravitnvit , RelUgionicolx»
Ur. MESNIL , ( N. Gandin du >
ancien professeur de rhétorique
en l'université de Paris , a publié^
à rimita^ion . de l'abbé Girard ,
des Synonymes Latins , où l'on
trouve souvent la finesse et la
précision de son modèle. U est
mort à Valogne à 82 ans ^ le i»
floréal an 10.
IV. MESNIL, C Marie-Fran-
çoise du ) célèbre comédi«ii'i«
Françoiso, débuta en 1737 *^**i**
les rôles de reines , et s*-^^ ^^it
un nom par l'énergie ^^ *^ ^o*
blesse de son jeu. F^® *"t ««P^r
rieure dans la r^-*^<^sentation de
Médée,de c/ 'f^''^ ^^ ^*-^^'^«-
/*e. Retirée /?, ^^^'^^r^ «vant la
révolutio»-^ ^"® ^^^^^ ^«ns l'obs-
cttrité "^^ regretter l'éclat , et
supputa long-temps la pauvreté
ggi; se plaindre ; sur la fin de sa
^e 9 elle dut la modeste aisance
dont elle jouit à la bienfaisance
du gouvernement M*** du Mes-m
nil étoit parvenue à l'âge de 9#
ans , lorsqu'elle est morte à Paris
ie ai février i8o3. On lui a at-*
tribué des Mémoires publiés en
1759 9 in- 8"*, en réponse à. ceux
de Mil» Clainn , dont la vie fut
plus brillante . mais plus a^téc ^
M I C
1638 , qui grava les figures
VHelveUa Sancta , de Murer»
lires tie
MET
At qni mourut quelques mois
#vaut elle.
MÉTHIS, roy. Minerve. MEYSONNU» , ( Lazare )
né dans les environs de Lyon>
embrassa la médecine, et gn^na
beaucoup d'argent a publier un
Almanach, sous le titre du Boa
Hermite, Les contes , les pré-
dictions dont il le remplissoit , 1%
firent rechercher. De Protestant,
l'auteur se fit Catholique ; de
médecin , il se fit chanoine. On
lui doit : I. U Histoire du Collège
de Médecine de Lyon , ouvrage
incomplet et sans profondeur.
H, Pharmacopée abrégée, lll. /«-
traduction à la Philosophie.
IV. Traduction de la magie na-*
turelle de Porta, V. Science de
V esprit* Meysonnier mourut eu
1672.
MEYSIEU , ( Jean-Baptiste
Paris de ) ancien intendant de
l'école militaire de Paris , mort
dans cette ville le 6 septembre
17789 a fourni divers articles à
l'Encyclopédie. On lui doit encore
une Lettre sur l'école militaire ,
1755, in-8.0
MEZZABARBE , (François
comte de) célèbre antiquaire Ita-
lieji, mort à Milan en 1697 ^ à
5i ans , rassembla un riche ca-
binet de inédailles , qu'il décrivit
sous ce titre : împrratorum Fio^
manorum numismata à Pompeio
ma^ao ad HeracHum , in- fol. Cet
ouvrage parut en i683, et ob-
tint une seconde édition à Milan
eu 1 730. L'auteur le dédia à rem—
perour Lcopold 7..
MICAL, ( N. abbé) l'un des
plus g;rands mécaniciens de notre
teHij^ ^ forma di^ix têtes d'airain
qui prononçoient distinctement
des phrases entières. Ces têtP'S
étoient colossales • et leur voix
étoit forte et sonore. Ce bel ou^
MEUNIER, né à Paris, fut
secrétaire du duc à'Estrces. II a
■donné quelques pièces de poé-sie ,
.et au théâtre Italien , la comédie
des Lanternes Magiques, Cet au-
teur est mort en 1730.
n. ME Y , ( Octavio ) négo-
ciant de Lyon 9 acquit de grandes
.richesses par l'invention de lus-
trer la soie et les étûjQfes ; ce qui
s'appelle leur donner Veau, Le
hasard, plus que toute combi-
nnison , produisit cette découd-
verte. Mey s'apperçut qu'un brin
de^soie qu'il avoit tenue quelque
temps à la bouche , avoit acquis
pins d éclat ; il appliqua l'eau aux
étoffes , et parvint à les lustrer.
C'est lui qui acquit le célèbre
bouclier de Scipion , trouvé dans
Je Rhône et donné à Louis XIV
par Pilata , héritier d* Octavio
Mey, Ce dernier mourut en 1 690.
"-^L'abbè Mey , célèbre juris-
consulte^ canoniste, mort de-
puis peu y étoit l'un de ses des-
,«endans.
HI. MEY , ( Jean de ) docteur
en médecine, et professeur de
théologie à Middelbourg , né en
Zélande , et mort en 1678, à
6g ans , a donné en flamand plu-
sieurs ouvrages dont on a donné
la collection à Delft en 1704 ,
in-folio , et un en latin ^ sous ce
titre : Phydologia sacra , Mid-
delbourg, 1661 , in-4.** C'est un
commentaire sur lés objets phy-
siques dont il est parlé dans le
Peatateuque.
IH. MEYER; il y a eu du
même nom des peintres et des
graveurs Suisses. Le plus célèbre
dt Rodolphe t mort à Zuricli ea
<
^1
M IC
Vrage^ dit un écrirain, a résolu
tiii grand problème , savoir : si U
paiole pouv<ût^;quitter le siège
vivant que lur assigna la nature ,
pour venir s'attacher à la manière
morte. Il y a aussi loin d\ine roue
et d'un levier à une tète qui
parle , que d'un trait de plume
an plus beau tableau. Vaucanson
Vest arrêté aux animaux, dont
il a rendu les mouvemens et con-
trefait les digestions ; MicaL s'est
élevé jusqu'à l'homme ^ et a
choisi dans lui l'organe le plus
brillant et le plus compliqué. En
suivant la nature, il s'apperçut
que l'organe vocal étoit dans la
glotte un instrument a vent qui
avoit son clavier dans /a bouche ;
qu'en soufflant du dehors en de*
dans , comme dans une flûte , on
n*obtenoit que des sons filés ;
mais que pour articuler des mots,
il falloit souffler du dedans au
dehors. En effet , l'air en sortant
de nos poumons , se change en
son dans y notre gosier , et ce son
est morcelé en syllabes par les
Jèvres et par un muscle très-
mobile qui est la langue , aidée
des dents et du palais. Un son
continu n*exprimeroit qu'une
seule affection de l'ame, et se
rendroit par une seule voyelle ;
mais coupé à différens inter-
valles par la langue et les lèvres ,
il se charge d'une consonne à
chaque coup ; et se modifiant eh
ime infinité d'articulations, il rend
la variété de nos idées. Sur ce
principe, Mical appliqua deux
claviers à ses têtes. L'un en cy-
lindre , par lequel on n*obtenoit
çj[n'un nombre déterminé de-phra-
ses , mais sur lequel les inter-
valles des mots et leur prosodie
étoient marqués correetement.
L'autre clavier contenoit dans
rétendue dW ravalement , toutes
les syllabes de la langue fran-*
MIC
çoise , réduites à un petit nom««
bre par une méthode ingénieuse
et particulière à l'auteur. Avec
un peu d'habitude et d'habileté ,
ou auroit pu parler avec les
doigts comme avec la langue 9 eft
donner au langage des tètes la ra-
pidité, le repos, et toute Tex-*
pression que peut avoir la parole,
lorsqu'elle n'est point animée par
les passions. Les étrangers au—
roient pu prendre la Henriade ou
le Télémaque , et les faire réci-
ter d'un bout à l'autre , en lés
plaçant sur le clavecin vocal
comme on place des partitions
d'opéra sur les clavecins ordinai-
res. La France pouvoit donc s'ho-
norer de l'invention de l'abbé
Midi; on poiivoit dire que si
les Allemands avoient inventé
l'imprimerie des caractères y un
François avbit trouvé celle des
articulations ; et que la pronon-
ciation de la parole , si fugitive
pour l'oreille , étOit à jamais fixée
par les têtes d'airain ; mais le
gouvernement de France de 1782,
ayant refusé d'acheter "ces têtes,
le malheureux artiste accablé de
dettes, brisa son chef-d'œuvre
dans un moment de désespoir. H
mouiut très- pauvre en 1789.
II. MICHAELIS , (Jean-Ben-
jamin ) poëte satirique , né à Zit-
tanen 1747, et mortà Halbers-
tadt en 1772 ; réunissoit le feu
de Juvenal et la sombre âcreté de
Perse. Un de ses amis a donné
en 1 780 une édition complète de
ses Œuvres , à Giessen.
* XV. MICHEIr-CERULAl-
RE , patriarche de Constantino-*
pie, après Alexis en 1043, sa
déclara en io35 contre l'Eglise
Romaine, dans une lettre qu'il
écrivit à Jean évêque de ïrani
dans la Pouille , afin qu'il la com-
muniquât au pape et à toutt
MIC
I^Iised'Occident. « Ontre Taddi-
tton Filioque £iite an Symbole ,
et l'usage du pain sans levain
poar le sacrifice , CeruLaire , dit
UlP. Longueval , faisoit an crime
anz Latins de manger de la chair
le mercredi , des œufs et du fro-
mage le vendredi , et de manger
de la chair d'animaux étouffés ou .
immondes. H trouvoit m Ame mau-
yais qne les moines qui se por->
toient bien , usassent de graisse
de porc pour assaisonner les
nets , et qu'on servît de la chair
de porc à ceux qui étoient ma-
lades ; qne les prêtres se rasassent
la barbe ; que les évéques por-
tassent des anneaux aux doigts ,
comme des époux ; qu k la messe,
tu temps de la communion, le
prêtre manfçeàt seul les azymes ,
et se contentât de saluer les assise
Uns ; enfin , qu'on ne fit qu'une
i&mersion au baptême. » Michel
Cerulaire trouvant dans ses dif-
férens reproches , la plupart.fri-
voles , un prétexte pour consom-
mer le schisme, fit fermer les
églises des Latins à Constant!—
nople, et ne garda' plus de me—
sures. Léon IX commença par
faire une réponse savante et éten-
due à la lettre de Cerulaire- En-
suite il envoya des légats à Cons-
tantinople , qui excommunièrent
Cerulaire* Ce patriarche les ex-
communia à son tour , et depuis
ce temps -là, l'Eglise d'Orient
demeura séparée de l'Eglise Ro-
maine. Ce prélat ambitieux fit
soulever le peuple contre Jlfr—
tSEL VI , ( Voyez son article )
çii ne se prêtoit pas à toutes ses
vues. Il favorisa l'élection à*Isaae
Comnène, que les officiers de l'ar-
mée avoient mis À sa place. C^-
nùire ne cessa de demander au
Bouvel empereur des grâces ;
qaand il les lui refusoit , il osoit
û menacer de lui faire dter la
M I c
9J
couronne qu'il lui avoit mise sur
la tête. 11 eut même la témérité
de prendre la chaussure de pour-
pre qui n'appartenoit qu'au sou-
verain , disant qu'il n'y avoit que
peu ou point de différence entre
1 empire et le sacerdoce. L'empe-
reur Isaac Cotnnène , indigné de
son audace et redoutant s^n am-
bition, le fit déposer en 1059 ,
et l'exila dans l'isle Proconëse ,
ou il mourut de chagrin peu do
temps après. Baronius nous a
conservé trois Lettres de ce -pa-
triarche. Les successeurs de Mi^^
chel Cerulaire conservèrent leur
autorité et leur crédit, tant que
Constantinople fut sous la puis-
sance des empereurs Grecs. Mais
depuis la prise de cette ville par
Mahomet fl en 1433 , la faveur,
le caprice , l'intrigue , et sur-tout
l'argent , créant ou renversant
les patriarches., ainsi que les au-
tres évéques , l'épiscopat fut avili
dans l'Orient. A peine les prélats
avoient-ils pris le gouvernement
de leurs églises , qu'ils étoient
chassés ou exilés, lis revenoient
souvent pour être dépossédés en-
core. Plusieurs étoient déposés et
rétablis jusqu'à cinq ou six foit
de suite ; et après toutes ces al»
tematives , il n'étoit pas rare de
voir terminer leurs jours par la
prison ou le cordeau. Dans cetta
instabilité , la discipline et la
théologie ne pou voient qu'êtpp
néglif^ées. Quelques Canons ^
quelques Homélies des Pères, et
un peu de Controverse contre
l'Eglise Romaine ; voilà à quoi
se bornoit la science des évéques
Grecs. Les Papas (c'est le nom
des prêtres ) furent encore moins
éclairés; pris indistinctement dans
tons les états , ne jouissant d'an^
cune considération , ils se dédom^
mageoient de leur avilissement ^
en faisant payer leurs fonctionf
^4
M t C
le plus chef qu'ils potivolent. Ta
superstition étant la source prin-
cipale cin revenu qtt'ilstiroientdu
peuple 4 lis le lièrent à eux par
des pratiques minutieuses 9 par
des lé «pendes absurdes, par des
vertus miraculeuses attachée» aux
eaux de certaines fontaines , aux
paroles ^e certaines prières, aux
exorcismes , aux bénédictions 9
etc. Les Grecs conquis par les*
Turcs ne tournèrent plus leurs
regards vers l'Occident. Le schis-
me fut éternel , dès qu'ils déses-
pérèrent d'avoir des secours con«-
tre leurs ennemis , dans les ar— "
mes des papes et des princes Oc-
cidentaux. Leur éloio:nement de
toute réunion se fortifia par le
cours des années. Les Mahomé-
tans leuirs oppresseurs , ne leur
sont pas plus odieux que les I^^
tins ; et les missionnaires Cotho-«
liques n'ont jamais eu de plus
l^rands ennemis qu'eux , dans les
contrées de l'Orient oit ils ont
pénétré.
IL iVnCHELÏ , ( Jacques-Bar-
thélemi ) seigneur du Ciest , né
« Genève en 1692, d'une an-
cienne famille originaire de Luc-
ques , et placée à la tôte de cette
république depuis l'année t 36 5,
époque de son établissement ,
commença h servir en France ,
où il devint capitaine en 1718 ,
«u moment de la paix d'ITtrecht ,
et où il continua ses services jus-
qu'en 173s. 1! se retira alors dans
le réfçiment Suisse de Bezenvnld.
Dès sa jeunesse il avoit annoncé
les plus heureuses dispositions
pour l'étude des mathématiques ,
et illes cultiva ensuite avec suc-
cès; k l'âge de 2 S ânsil étoit déjà
savant géographe et bon ingé-
lueur» La collection des places et
des cartes qu'il a levées , tant en
France qu'à Genève , est iinmen«i
M te
Se ; elle est précieuse autant pHi *
l'exactitude du travail que pàif
l'élégance du dessin. Dans sa re-»
traite en Suisse, il s# livra tout*'
entier à l'étude de la^ physique , et
devint l'inventeut d'un Therrtie-
mètre , dans la graduation dirqiiet
il prend pour baSe le terme du
tempéré- qu'il désigne par Zéro ,
et il fait coïncider à son écheflB
celle de tous les Thermomiètres
connus. Il imagina en môme temps
de se servir de son instrument
dans le fond des eaux et des mi**'
nés , en le munissant d'un appa*^
reil particulier. Une partie âe§
Mémoires qu'il a composés pour
établir et justifier sa métfiode, se
trouvent réunis dans les actes im-<
primés de la société Helvétique
de Basle. Micheli publia aussi
se* Rechercfies sur la météoro-
logie et la température du globe.
Ses autres Mémoires traitent da**
la lumière, de la pesanteur des
marées , du cours des astres , de
la comète de 1680 , du déluge
Universel. Il a donné aussi un
Traité de météorologie ; enfin ^
il a fait graver le prospect visuel
des glaciers de la Suisse ^ dont il
déterminales hauteurs géométri-
ques ; et il eut le premier l'idée de
les figurer en relief : travail qui
a été exécuté depuis d'après ses
directions. Son génie saisissoit
avec force les objets , et laissoit
dans toutes ses conceptions la
trace d'idées neuves et profondes*
Sa vie domestique fut agitée paf
l'efiet des troubles politiques qui
se manifestèrent à Genève sa pa-
trie, dès Tannée 1727; et il en'
devint la victime , ayant étélon*»-
temps renfermé dans une cita-
delle par ordre du gouvernement
de Berne. Micheli est mort en
mars 1766 , sans avoir été marié.
—Ses deux neveux ont soutenu
la gloire ie son nom ', l'un commflf "
MI D
militaire , l'antre comine sjmr^ic
de la ville de Genève , et actuelle-
ment président du département
ivL Léinan.
MI CHU, (Benoît) habile
peintre sur verre , florissoit à Pa-
ris vers l'an 1720.
n. MIDDLETON , ( Convers)
théologien Anglois , et profes—
5enr de la chaire de Woodward à
Cambridge , naqnit à Yorck le
17 décembre* i683 , et mourut
le iS juillet 1750, après avoir été
marié deux fois. Sa méiroire étoit
nne espèce de bibliothèque ; il
l'avoit ornée de ce que les auteurs
anciens et modernes offrent de
plus intéressant. Mais en entas-
sant des matériaux pour écrire ,
3 ne sut pas toujours les «rran-
f.T avec assez de méthode. La
Vie de Cicéron , en a vol. in-4%
*»uvent réimprimée in — 4° et
in-8% et traduite par l'abbé Pré^
^t, ( Voyez son article ) n'est
pas exempte de ce reproche. C'est
bailleurs un livre utile et curieux,
propre à faire connoitre la ré-
publique Romaine et les person-«
nages qui y jouoient un rôle du
temps de Cicéron. Middletoii
avoit foit le voyage de IVôme en
1729, et il avoit vu les cérémo-
nies de l'église avec des yeux p re-
tenus ; sa préoccupation lui dicta
•on traité en forme de lettres ,
tetitulé : La ^eli-gion des Ro^
Ptaîns Actuels , dérivant de celle
des Païens leurs ancêtres , dont la
seconde édition parut en « 7 4 1 5
in-S.® On a encore de lui : I. Une
'Réfutation de Tindal II. Des Œu-
vres diverses , 175a , 4 vol. in- 4**,
et 5 vol. in-8,® C'est dans ce re-
cueil qu'on trouve son fameux
discours sur les Miracles qu'il
nie tous, à l'exception de ceux de
J. C. , et dont Voltaire et d'au-*
)res infr^dttlt^Qatfuit mage dans
M I L
95
leurs brochures anti-chrétiennes.
D'autres morceaux de cette col-
lection offrent des recherches
pleines d'érudition , sans aucun
mélange de choses dangereuses :
tels que sa Dissertation sur l'ori-
gine dé l'imprimerie en Angle-
terre 9 et nne Autre sur la vé-
ritable prononciation du latin.
III. Germana qucsdam antiqui^
iatis erudita monumenta , 17^7 9
in-4.0 Middleton a été peint di-
versement par les Catholiques e^
les Protesta n s. Selon les premiers,
e'étoit un pédant atrabilaire , un
savant orgueilleux et mélanco-
lique ; selon les autres ^ il avoit
autant de modération que de sa-^
voir, et quelques paradoxes de
ses écrits sont compensés par la
foule de choses curieuses et vraies
qu'on peut y recueillir. Tout c«
qu'on peut dire, c'est que s'il
étoit doux dans la société , il de-
ren oit quelquefois amer la plume
à la main. — Il y a eu un autre
Middleton , ( Hugues ) qui ,
ayant tenté de faire venir de bonne
eau à Londres , obtint en i63fi
de Charles 1 1 une gratification
annuelle de 5oo livres.
MIERRE , ( Le ) Voyez Lk-
MIBRRE.
MIGNOL, Voyez MoN-
TIGNI.
MILLANGES, (Simon) né
à Limoges dans Je 16* siècle, se
fit impFimenr à Bordeaux vers
l'an 1372, et fut renommé pour
la beauté de ses éditions. .Ses ca-
ractères sont extrêmement fins.
Il employoit du papier très-blanc
et de l'encre très-noire ; sa devise
étoit, par analogie à son nom,
l'image de Dieu environnée d'une
foule d'Anges , avec ces mots du
prophète Daniel ; Millia millmm
ns^nfslrabaa^ ci* -^ Un de se^
I
9«
M IL
petit-fiîs , )\^suite à Bordeaux, a
fait imprimer l'éloge funèbre de
Magdeleine de ChdùUlon,abhesse
de St-Jean deBonnev.il, 1708,
xn-4«
MILLER, (Lady) morte à
Bristol en 1781, également esti-
mqble par sa douceur, sa bonté,
6on esprit et ses lumières, voyagea
en Italie. On publia, en 1776,
3 vol. in-8*>, Londres, ses Lettres
sur le pays qu'elle avoit parcouru
en 1770 et 1771.-11 y a eu du
même riom, Jacques Miller,
poète Anglois, né en 1703 , mort
en 1743. Il a donné diverses
pièces de théâtre, et imité le
Jïlaliomet de Voltaire.
L MILLET, (Claude) bota-
niste du 1 6* siècle , à publié un
commentaire sur Galien.
IL MILLET, (Marie) vill»-
^eoise , née à Becourt en Picardie,
excita par sa beauté les désirs du
capitaine Dupont logé chez son
Î)ère , et qui ramenott en France
es débris de Tarmée qni avoit
voulu faire proclamer le duc
é*Alençon , frère de Henri III ,
souverain des Pays-Bas. Ce chef
ayant abusé de l'hospitalité et fait
violence à la jeune fille , celle— ci
saisit un couteau , l'enfonça dans
le cœur de son ennem i , et Tétendit
mort sur la place. Les soldats Tar-
rêtèrent aussitôt ; et, après l'avoir
attachée à un arbre, ils la firent
périr fi coups d'arquebuse. San
père fugitif rassembla , dans la
nuit, les paysans du voisinage,
au nombre de plus de trois mille*
Ceux-ci tombèrent à l'improviste
sur la petite armée de Dupont,
et tous les soldats sans exception
fiirent massacrés.
. MINDAN A , célèbre naviga-
teur Espagnol , partit du Pérou
€» sS68, et découvrit \tè isles
M I R
de Salamon , ainsi nommées def
richesses qu'elles renfermoient.
Vingt-huit ans après, il repartit
avec Qiiiros , et découvrit les
isles Marquises et de Saint^Ber-*
nard, Fisle Solitaire , et celle de
Sainte-'Croix, Miadana périt en
retournant aux Philippines , vic^
time de son zèle et de son ardent
amour pour la gloire*
MINGARD, (N**) pasteur
de l'église d'Assens en Suisse,
est auteur d'une Histoire uni^
verselle , estimée ; et d'une mul-
titude d'articles insérés dans l'En-
cyclopédie d'Yverdun.Il est mort,
justement regretté de ses com-
patriotes, en 1787.
MINGELOUSAUX, (Simon)
médecin de Bordeaux, a traduit,
en i683, la Grande Chirurgie
de CkauUac avec des remarques
théoriques et pratiques ; deux
vol. in-S.** Son père, chirurgien
renommé , est l'inventeur der
bougies urinaires dont il fit le
premier essai sur le cardinal de
Richelieu , lors de son passage à
Bordeaux en i632.
MINOUFLET, (Charles)
peintre sur verre , acquit de 1*
réputation dans le siècle qui vient
de finir , par divers ouvrage* qo*
offrent de la correction dans !•
dessin , et un superbe colons»
On admire particulièrement, se»
vitraux de la rose de l'abbaye de
Saint-Nicaise , à Rheims.
h MIRABEAU , (Victor Ri-
quety , marquis de ) d'une an*
cienne famille de Provence, ori-
ginaire de Naples, mort en 1790,
a été l'un des principaux chefs
des économistes. Son ouvrage,
intitulé VAmi des Hommes , pu-
blié en 1755 , en 3 vol. in- ta,
commença sa réputation. Le styl*
en ast diffus ^ incorrect, néola-
MIR
^f^a , et qnelquefois coafàs. Mais
au niiiien de ce désordre 9 on voit
briller des idées utiles et lumi-
neuses ; 011 y trouve' de grandes
coanoissances sur réconoraie rn-
rale et politique ^ des vues judi-
cieuses sur les principaux inté-
rêts de la société , et une certaine
Adresse à rapprocher Tétat actuel
de nos mœurs avec ce qu'elles
ont été autrefois et ce qu'elles
devroiént être aujourd'hui. Cet
ouvrage, traduit en italien, a
été imprimé à Venise, en 1784.
Sa Théorie de l* Impôt , in- 12 ,
qu'il mit au jour en i7«*<, offre
plusieurs idées saines sur les fi-
nances , mêlées de quelques pa-
ndoxes ; mais comme ce n'étoit
pas le TDoment de les publier , et
que Fauteur avoit trop peu mé-^
nagé les financiers , il fut en-
fermé à la Bastille. Il avoit dé\t
écrit contre les corvées , et en
faveur des administrations pro-
vinciales ; et malgré le défaut et
firrégularité de la diction et des
idées , il sema dans le public des
germes précieux , doiit quelques-
uns furent étouffés , et dont
d'autres ne tardèrent pas d'éclore.
Presque tous ses écrits ont été
réunis à la suite de VAnti des
Hommes, qui avec ces additions
forment 8 vol. in-12. Il faut en
excepter celui intitulé : Hommes
à célébrer , pour avoir bien mé-
rité de leur ^ècle et de l'huma—
Dite, par leurs écrits .sur l'éco-
aomie politique. Cet ouvraf;e ,
•nvoyé par Tauteur au P. Bos--
cowich son ami , a été publié par
ce dernier en françois à Bassano ,
tn 2 vol. in— 8.** Quant au carac-
tère personnel de Mirabeau •
Voyez Tarlicle suivant.
IJ. MIRABEAU, (Honoré-
(Gabriel Riquety ^ comte de ) dé-
pjuté de Provence aux États gé-
SUPPL. Tome III.
M IR
Ç>
nérfiQXy naquit en 1749* Und
jetuiesse impétueuse 9 des pas**
sions ardentes ^ semèrent le coiii«*
menctment de sa vie d'agitations
et de peines. Après «voir servi
quelques années et fait la giierra
de Corse, sç% omis de plaisir lui
firent naître Tidée d'épouser una
riche héritière de la ville d'Ai^'^
dont le mariage venoit d'être ar*
rOté avec un autre. Mirabeau par^,
vint n le faire rompre et à obte««
nir l'objet de ^s vœux. Cett«
union ne fut ni paisible ni heu^
reuse. Malgré une dot considé-^
rable ^^x? l'époux avoit touchée ,
les dépenses extrêmes auxquelles
il se livra altérèrent sa fortune \
et il s'endetta de trois cent mill«[
livBes. Pour arrêter «es écarts ^
son père le fit interdire par la
Châtelet. Furieux , il quitta la
capitale pour aller s'établir à Man
nosque, d'où une querelle par-
ticulière le fit enlever quelqu»
temps après , et renfermer aa
château d'If en 1774. Transféré
de là à celui de Joux en Franche^»
Comté , il obtint la permission
de se rendre quelquefois à Pon««
tarlier. Là , il connut Sophie le
Monnier , femme d'un président
au parlement de Besançon. Belle^
jeune et .spirituelle , Mirabeam
ne la vit pas sans émotion , sans
ressentir l'amour le plus vif, et
il se sauva en Hollande avdc ellei^
Condamné à avoir la tête tran«^
chée pour ce rapt , il eut proba-
blement fini ses jours loin de sa
patrie , si un suppôt de la poJic»
ne l'eÂt arrêté en 1777, et ra-*
mené en France, Fermé alors aa
château de Vincennes, il y resta,
jusqu'au mois de décembre 1780;
à cette époque, la liberté lui fut
rendue ; et le premier acte qu'il
en fit fut de réclamer devant les.
tribunaux sa femme, qui refu-«
$oit de $9 réunir à lui.. Il plaidd^
^f
MtR
Ini-TTiènie ÈB. cause au parlement
cfAix , en présence de rArchidiic
de Milan ; mais , malgré tonte
son éloquence , il perdit soh pro-
cès ; et sa femme obtint sa sépa-
l*ation. La révolution Françoise
^int oitrir à Mirabeau un aliment
immense a son activitéh Rejeté
au moment des élections par la
noblesse de Provence, i! loua un
magasin 9 et y mit cet écriteau t
Mirabeau marchand de draps ,
«t se fit élire député du tiers-état
-if Aix. La cour de Versailles , qni
commençoit aie redouter, l'appela
^ès-lors Le Comte Plébéien* On
dit même que la connoissance de
•es intrigues en Provence ayant
alarmé le commandant de cette
province > îe gouvernement vou-
lut un moment lé faire arrêter
]»our l'exiler ans Indes; ce qni
eut pu changer la révolution. Dès
son entrée aux États ^ on le vit
Annoncer l'envie d'y jouer un
grand rôle , l'artibition d'y foire
du bruit, et les pins sinistres
projets. Lé jour de l'ouverture ,
en considérant îe monarque cou-
vert des diamans de la couronne^
il dit à ses voisins : Voilà la vie»
iime. Il ne tarda pas à s'emparer
de la tribune, et à y discuter,
comme en se jonant, les ques-
tions les plus importantes de l'or-
ganisation sociale. Il desiroitdans
le principe se faire assez redouter
pour conquérir une place dans le
ministère } mais la cour eut la
mal-adresse de ne point contenter
son ambition. Alors il n'avoit ja-
inçis conçu la possibilité d'établir
Une démocratie dans un état aussi
immense que la France. « Sa pé«*
uétration , dît Mollet du Pan ,
jugea bien vîte cette cohue des
fcommunes , dont rinexpérience ,
la pétulance et la vanité ail oient
briser la monarchie, en croyant
1/1 réparer. L'instinct et les priii«i
M I R
clpeâ ramenoient sans ces;* v^rs
la cour un homme dont les lu-
mières égaloient les vices , et qui
eût fait très-peu de cas des succès
d'un démagogue , s'ils n'eussent
pas dû le conduire aux honneuri
et au profit du gouvernement »
Après la séance dn 23 juin,
M. de Brezé ayant apporté à Tas^
semblée Tordre de se séparer,
Mirabeau lui répondit : « Alle2
dire à votre maître que nous ne
quitterons nos places qne par la
force des baïonnettes. « Et , à
l'instant il fit prononcer l'invio-
labiKté des députés. Bientôt, on
le vit concevoir le projet de la
formation des Gardes nationales,
obtenir le renvoi des troupes qui
s'avançoient vers la capitale, par
une adresse qui est un modèle
^'éloquenee ; rejeter Vidée de la
banqueroute , proposer de na-
tionaliser la dette publique, sou-
tenir le veto suspensif , en finis-
sant son opinion par ces mots
remarquables : Si le roi n*a pas
ce veto , j'aimerois mieux vivre à
Constantin n pie quà Paris, Cet
orateur se fit entendre sur la pro-
priété des biens du clergé , qu'il
considéra comme appartenans k
la nation , suf l'émission des as*
signats , sur le droit de la paix et
de la guerre, qu'il ref^arda comme
inhérent au pouvoir exécutif|
sur la constitution civile dn cler-
gé , qu'il attaqua , en disant i
Je crains bien que cette consti-*
tulion civile n'altère la nôtre, II
parla sur la question de la ré-
gence , sar celle de ja succession
au trône ^ enfin , sur la propriété
des mines. Avec le talent d'é-
blouir la multitude , et sur-tout
de tout brouiller , il sembla sa
plaire à allumer des volcans pour
en arrêter ensuite les irruptions;
aussi , si dès le commencement
de k session y on Facnsa d'avois
MIR
ffh part aux troubles du € otlù^
re , et d'avoir contribué à faire
insnrger la capitale ; sur la fin ,
il s ekva contre les Jacobins , et
Annonça qu'il dévoïleroit les fac*
tienz par- tout où il les verroit
agir. Ce dernier discours parut
être son arrêt de mort. Frappé
d'une maladie subite , et qui ne
fut pas de longue durée , tous
hs partis s'accusèrent mutuel! e-
ment de l'avoir fait empoisonner.
le 2 avril i 79 1 9 à huit heures
du matin , Mirabeau cessa de
vivre; e|; l'ouverture de son corps
ne présenta, suivant le rapport des
médecins , aucun indice de poi-
son. Il étoit alors âgé de 42 ans ,
et avoit conservé jusqu'à l'instant
de sa mort toute sa tète et aa
fermeté: le matin méme^ il avoit
icrit ce billet : Non , il n'est pas
iipcUe de mourir. On lui fit de
pompeuses obsèques ; jamais la
capitale n'avoit vu de cérémonie
SItts lugubre , plus majestueuse»
^Otts les spectacles furent fer-
més; les députés, les ministres,
les membres de toutes les auto-
rités formèrent un cortège qui
tenoit plus d'une lieue , et dont
la marche dura quatre heures»
Son corps transporté au Pan-
théon , et placé à côté de celui de
Descarut , en fut retiré par ordre
de la Convention, en 1792, et
dispersé par le peuple, qui bru-
bit air même instant son buste
^ la place de Grève ; comme ce-
lai d'un ennemi de l^état, qui
avoit eu des intelligencers. avec la
famille royale. Ainsi Mirabeau
vérifia ce qu'il avoit dit lui—
inéme , qu't/ n'y avoit pas loin
àL Capilole à la roche Tar-*
péleane ; et que ce même peuple
qui i'encensoit , auroii eu autant
de plaisir à le vofr pendre* Sa
taille étoit ordinaire , son visage
figuré par les tracas de la petite
MIR
99
tSrole. Sa tête , ombragie d'une
forêt de cheveux , lui donnoit
quelque ressemblance au lion.Sana
un orgueil extrême , qui lui fit
tout braver , ses talens , quoique
grands , auroient eu bien moins
d'éclat. Mais pour bien appré^
cier cet homme célèbre, peint
si diversement par les diftérena
partis , il est intéressant de rap-
porter ce qu'en ont dit la Harpe
et un autre écrivain qui parolt
l'avoir bien connu. « Mirabeau ,
dit le premier , étoit né avec une
ame ardente et forte, un génie
puissant et flexible , une vivacité
d'imagination qui ne nuisoit en
rien à la justesse des idées, un
penchant e£Fréné pour le plaisir ,
joint à la plus grande facilité
pour le travail , et un tempéra-
ment robuste , capable de suSre
en même temps et au travail et
au plaisir , une activité de pen-
sées qui sembloit dévorer tous
les objets , et une promptitude
de mémoire qui les erabrassoit
tous. Né d'un père qui avoit de
Tesprit et des connoiss^mces, son
éducation fut soignée comme
elle pouvoit l'être alors. Mkis les
hommes tels que lui font toujours
la leur ; et son caractère et les
circonstances lui procurèrent
bientôt la plus rude , mais aussi
la. plus instructive de toutes ,
celle du malheur. Son premier
ennemi fut son père. Écrivain
législateur et homme à systèmes^
/ il a\'oit jeté quelques idées utiles
sur l'économie rurale et sur l'im**
pôt dans de gros ouvrages , rem-
plis d'ailleurs du plus ridicule fom
tras. Fier comme gentilhomme ^
et vain comme auteur , il s'enr*
orgueillissoit d'être un des chefi
de la secte économiste, conjoin-
tement avec Quesnai , Turgot j
Dupont, Boubaud, qui avoient
infmiment plus de principes et
G 1
4oo MI p.
de mérite qne lui , et qwi ëcri-
voient beaucoup mieux. Ëntôté
et inconséquent, comme le£ gens
m^iotres, il délérioroit systé-
matiquement ses terres, en se
flattant d'enrichir l'état par sa
théorie , et tyrannisoît sa famille
en prêchant la liberté politique ;
unissant, par un mélange assez
commun, tons les préjugés de
la féodalité qui étoient dans son
cœur , avec tout l'étalage des
maximes philosophiques qui n'é-
toient que sous sa plume. Cet
bomme impérieux et bizarre ap-
perçut bien vite dans la jeunesse
<^ son Hls , et dans le premier
développement de ses facultés,
im esprit 'd'indépendance dont
il fut blessé , et ime supériorité
de talens qui menaçoit sa vanité.
Si c'eût été un citoyen et un
père , il eût pensé comme ces
anciens républicains , dont le
premier vœu étoit d'être surpas->
ses par leurs fils ; mais l'orgueil
dn rang et des opinions n'en avoit
fait qu'un despote. Il fut jaloux,
et le fut à TexCès. Il devint un
vrai tyran , en refusant à son fils
l'iK^inête nécessaire , ea. traitant
avftc une sévérité outrée des ei*>
xeurs de jeunesse, en lui mon-
trant sans cesse la rigueur d'un
h^ge^ l'autorité d'un père et la
sombre défiance d'un ennemi.
Enfin, en lui fermant absolu-
ment son ffme, il révolta celle
d'un jeune l^omme fier et sen-
sible , qui avoit la connoissance
raisonnée de ses droits, et déjà le
premier sentiment de ses forces.
Au lieu de prendre les arrange-
mens convenables, qu'une grande
richesse mettoit à sa disposition ,
pour payer les dettes de son fils ,
il parut désirer en secret d'en-
chaîner le génie de ce jeune
homme par des embarras de
Ibrtuue ; «t sa coAduite dans la
M IR
maîhenrense aventure de Mffd. ùf
MoniUer fait juger que son père
ne vit dans une faute excifôable
par toutes ses circonstances ,
qu'une occasion de le perdre à
jamais , et de fensévelir dans la
nuit des cachots...» C'est dans
les discours qu'il prononça lors
de son élection comme député ,
que fut annoncée la destruction
prochaine de la féodalité. J'ai
été , dit-il dans l'un de ses à\é-^
cours f je suis , je serai jusqua»
tombeau Vhomme de la liberté pu-
blique* Malheur aux ordres prù^
vilégiés» si c'est là plutôt être
l'homme du peuple que celui des
nobles ; car les privilèges fini-^
vont, mais le peuple est éternel,
Son patriotisme ne se soutint pas
long-temps, si l'on en croit l'un
de ses collègues, m Mirabeau ,
dit^il, avoit un grand caractère,
des talens rares , quelquefois su-
blimes ; un choix unique d'ex-
pressions, une connoissance pro-i
fonde de la tactique du cœur hu-<
main ; mais il étoit despote par
essence, et s'il eût gouverné uu
empire, il eût surpassé BicheUeu
en orgueil, et Mazarin en poli-
tique. Naturellement bilieux, ia
moindre résistance l'enflammoit;
et lorsqu'il sembloit le plus irrité,
ses expressions en acquéroient
pi us d'é légan ce et d'en ergie. Grand
comédien , son organe et sou
geste ajoutoicnt un nouvel inté-
rêt à tout ce qu'il disoit
Pourquoi cet homme extraordi-
naire a-t— il changé si fréquem-
menl de liaisons de clubs ? pour-
quoi se montroit-il ouvertement
l'ennemi de la Fayette» lorsqu'il
étoit reconnu pour son agent se-
cret ? ... » Quel étoit donc le pa-
triotisme d'un homme qui a joué
tant de rôles divers à la fois;
qui , sortant de présider les Ja-
cobins y alloit diriger MonlnuH
i
M IR
fin dms son choix ? Miraleaii
fnt toute sa vie le plus immoral
des hommes ; ir.auvais his , exé—
erablemari , brutal amant , maître
impérieux. Son caractère tantôt
lâche y tantôt sévère , n'avoît pas
même de fixité. Son sentiment
prédominant fut l'orgueil , son
tempérament étoit irascible ; et ce
fut souvent à ces deux causes que
Ion dut les lueurs vives de pa-
triotisme qu'il a fait éclater dans
^eiques circonstances épineuses )
et qui lui ont valu tant de célé-
brité. On les doit aussi à son goût
pour Tintrigue , sur-tout à ses
besoins pécuniaires ; de sorte que
ces éclairs brilians de génie y ces
expressions de sentiment , qui
wroient honoré Thomme le plus
lertueux , n et oient pour ce pro-
fond roachiavéliste qu'une mar-
chandise. Mirabeau , dans un an,
a payé des dettes immenses ,
acheté des terres , des meubles ,
une bibliothèque précieuse , celle
de Buffoa , et a tenu un grand
état. Ses plaisir* mômes, quoi-
que peu délicats , étoient fort
chers ; et comme il ne négligeoit
aucun genre d'accaparement, il
distribuoit d'abondantes aumôner
sans être humain ni dévot. . . .
Cet homme vigoureux , mais
corrompu , n'avoit point de se-
cret, car il navoit aucun sys-
tème ; mais il servoit son inté-
rêt et son orgueil aux dépens de
tous les partis. Tantôt plébéien ,
tantôt patricien , tantôt répu-
blicain , tantôt despote , il vou-
loit se placer juste entre tous les
événemens , pour profiter de
ceuxqui prévaudr oient. Cest ainsi
qu'avec une profonde astuce, il
étoit devenu l'homme de tous les
partis; et peut-être que, con-
sidérant la foiblesse du gouver-
nement, il se fiât toit d'être un
jour le protecteur de la Fraiicet a
M I R
ïoil
Le premier ouvrage de Mirabeau
fut un Eloge du grand Condé p.
comparé avec 6cipion l'Africain.
11 le fit et le prononça à l'âge de
1 7 ans , dans la pension militairedo
l'abbé Choûquart, D'antres écrits
plus considérables suivirent bien^
tôt celui-ci. Les principaux sontt
L Histoire de la monarchie Prus-
sienne , sous Frédéric le Grand ,
8 vol. in-4<> ; ouvrage annoncé
avec emphase y et qui n*a pat
soutenu sa première réputation*
Ce n'est , en quelques endroits y
qu'une compilation indigeste ,
qu'il avoit achetée du major Mau^
vion, IL Collection de ses travaux
à l'Assemblée nationale, 17^2,
5 vol. in-8.<> Ce recueil sert a le
faire connoitre comme politique
et comme orateur. On voit qu'il
abondoit en mouvemens véhé-*
mens , en expressions originales ^
et savoit mêler le raisonnement
aux images fortes ; et par une
logique sans sécheresse et cachée'
sous les formes de l'éloquence^
développer ces vérités dont le
cœur du commun d^ hommes
n'a que le germe. Il triomphe
dans tout ce qui pose sur les bases
de la vérité, de la liberté et de
la justice ; mais dans les causes
équivoques, il use des artifice»
de tous les rhéteurs , se jetant
dans les hors-d'œuvre , combat-
tant lels objections foibles , et
écartant les fortes , séduisant le»
simples par des ruses oratoires,
rassurant les timides par le toit*
de l'assurance ; enfin, s'empa-*
rant des esprits forts , tantôt par
des terreurs alarmantes, tantôt
par des illusions flatteuses. 11 avoit
certainement un grand talent; et
ceux qui l'ont entendu n'ont pas-
en tort de l'appeler le Démos^
thènes François , le Jupiter ton-^
nant de l'assemblée. Il gsgneh
moins à la lecture^ et récdyAi&
est au-dessous de Toratenr. Maïs
la vecboslté, l'impropriété des
termes, l'incorrection du style,
nuisent moins à celui— ci , et
ajoutent quelquefois à son ex-
pression. Mirabeau, avolt encore ,
comme orateur, comme impro-
visateur y le précieux avantage de
]a présence d'esprit. Il se poss^
doit lors même qu'on le croyoit en
fureur ; et il donna rarement prise
aur lui à ses ennemis en passant la
mesure tracée par les bienséances.
Animé par des haines person-
nelles, il s'abandonnoit facile-
ment aux mouvemens qu'elles lui
inspiroient , sans cependant se
livrer aux invectives et aux in-
jures. IlL Lettres originales de
Mirabeau , écrites du donjon de
iVincennes, contenant tous les
détails sur sa vie privée , ses
malheurs et ses amours avec
rSophie Ruffry , marquise de
Monnier, 4 vol. in-S**, 1792.
Parmi quelques négligences de
diction et des fautes de goût,
ou voit briller dans ces lettres
des beauté| de toute espèce»
Comme ouvrage de sentiment, ^
cest le seul qui peut être com-«
paré , pour la vraie chaleur et la
sensibilité, aux plus belles lettres
de la Jidie de Rousseau,, IV. His"
toire secrète de la cour de Berlin,
2 vol. in-S% libelle qui fut brûlé
par la main du bourreau. V. Des
Lettres de Cachet, in-S." Il parut
en 1777, après dix-huit mois de
détention de l'auteur au donjon
de Yiiieennes. L'ouvrage est beau-
coup trop diffus ; mais il y prouve
avec énergie que ni la justice , ni
le droit naturel , ni notre droit
public ne permettoient d'attenter
à la liberté individuelle sans un
jugement légal , et que les lettres
de cachet étoient non-seulement
tyranniques, mais impuissantes
.et inutiles dans leurs effets. VL Di-
MIR
verses Inrochures relatives à dct
matières de politique et d'admis
nistration^ telles que le premier
cahier de la Galerie des Etat*
généraux , oh il traça lui-m éme
son portrait sons le nom d'Ira m^a;
Y Essai sur le despotisme, dont
la troisième édition est de 1792;
le Gazetier dévaUsé} le Mémoire
sur les actions de la compagnio
des eaux de Paris , écrit virulent
auquel Beaumarchais répondit;*
la Théorie de la Royauté d'aprèa
la doctrine de Milton i les Mé-*
moires sur l'établissement de la
banque de Saint-Charles, l'Ordre
de Cincianatus , la caisse d'efr»
compte, l'agiotage, etc. Mira^
beau eut un style- plus lourd
dans ce dernier opuscule que
dans les autres. On rit de le
voir attaquer les agioteurs dont
on croyoit qu'il avoit souvent
partagé les bénéfices ; ce qui
lui mérita cette épigramme de
Rivarol :
Poisse ton homélie , h pttaat Mîràbêaa ,
Assommer les fripaat qni gâteat aoe
«flalrts I
ITa TOleor coartrtl doit sa faire bour*
rcau,
Et prêcher sar Péchellt «a pandaac an
confrères.
VIL Erotika Billion , ouvrage
licencieux et rempli d'obscénités,
ou Tauteiir a prétendu prouver
que , malgré la dissolution de nos
mœurs , les anciens , et sur-tont
les^Juifs, étoient beaucoup plus
corrompus que nous. U ne se
répandit que quatorze exem-
plaires de la première édition
do cet écrit , la police ayant fait
saisie les autres. Nous passerons
sons silence quelques autres ou-
vrages indécens et indigne^ d'être
lus , ,le Libertin de qualité , le
Rubicon , et divers Mémoires sa-
tiriques contre son père ^ sa mèr*
et son épouse4
\
M IR
m MIRABEAU , ( Boniface
fiiquety vicomte de) frère du
précédent, colonel du régiment
de Totf raine 9 servit avec distinc*
tion en Américpe , et y acquit
la croix de Saint*Louis et celle
de Cincinnatus. Nommé député
anx États généraux pajr la no-
blesse du Limousin 9 il s'opposa
avec chaleur h la réunion des
ordres ; et lorsque le roi Teut
ordonnée, il brisa son épée en
quittant sa chambre , déclarant
^e dès cet instant la monarchie
«toit détruite. H parla contre
l'abus des pensions , l'envabisse-
ment des biens du clergé , et se
déclara pour la liberté des opi*
nions religieuses , a condition
qu'il n*y auroit qu'un culte pu-
dUc; on le vit défendre ensuite
W parlemens de Metz et de
Rennes , accusés d'incivisme. Au
JDois de juin 1790, son régi*
nent, en garnison à Perpignan,
s'étant mis en insurrection'^ Mi--
raheau se rendit dans cette ville
pour tâcher de le faire rentrer
dans le devoir; mais n'ayant pu en
Tenir à bout, il partit, empor-
\àiit les cravates des drapeaux*
Cet enlèvement causa une ru^
mear excessive ; il fut arrêté en
route, et relâché par ordre de
l'Assemblée. Bientôt après , M/-
rabeau émigra, et leva une légion
loiis ses ordres , qui servit avec
bravoure pendant tonte la guerre,
et accompagna ensuite le prince
de Condé en Pologne. II mourut
à la fm de 179a , à FriCourg en
Brisgaw. La grosseur extraordi-
naire de ce dépnté , et soii pen^
chant à boire , i'avoient fait sur-
nommer Mirabeau—Tonneau, Sa
physionomie étoit belle et pleine
d'expression* Doué de beaucoup
d'esprit nàturçl.» tofites ses saillies
étoient vives 'et piquantes. Son
frère lui reprochaak d'aUéxer
M IR
103
trop sanvent &û raison an buvant
avec excès 4 De quoi vous plaim
gae^^-^vous, lui répondit- il ,. ^49
tous les vices de la famille , voùâ
He m'avez, comme cadet, laissé
que celui'-là. Cette réponse rap**
pelle ce mot du comte : Dan»
une autre famille , disoit-il , mon
frère serait wegardé comme uil
mauvais sujet et un génie; dan»
la nôtre , c'est un sot et un hou»
néte homme. Ce dernier s'étoit
battu et avoit reçu un coup
d'épée ; le comte, qui ne passoit
pas pour brave , vint le voir : Je
vous remercie de votre visite » lui
dit le blessé ; elle est d*autani
plus gratuite , que vous ne me
mettrez jamais dans le cas de
vous en rendre une pareille» L9
vicomte de Mirabeau a écrit ^ aa
commencement de la révolution,
une foule de chansons et de pe«
tites satires contre les cliange-
mens qui s'opérolent; plusieurs
furent insérées dans le journal
qui prit le nom iV Actes des Apà-m
très, La plus saillante , est intw
tulée ; "Lanterne magique,
* MIILVMION , ( Mnrie Bon^
neau , dame de ) née a Paris, le 2-
novembre 1 62^, de Jacques BoW'
neau, seigneur de Rubelle, fut
mariée , en 1645 , à Jean JaC"
ques dé BeauharnoLt , seigneur de
Miramion , qui mourut la même
année. Sa jeunesse, sa fortune
et sa beauté la firent rechercher^
mais inutilement, partout ce qu'il
y avoit de pins distingué et de
plus aimable. Bussi-Bahutin , viO"
ïemment amoureux d'elle , la fit
enlever. La douleur qu'elle en
éprouva, la }.eta dans une ma^
ladJe qui la conduisit presqu'au
tombeau. Dès qu'elle euf recou-
vré sa sonté.y elle l'employa à
yisiter et a soulager les pauvres ©t
les malaues. Les guerres civiles de
G4
104 M I R
Paris au^i^mentèrent le n(niil>re
des misérables de cette grande
Ville. Mad. de Miramion , tou-
thée de leurs malheurs ^ vendit
son collier , estimé vingt- quatre
mille livres , et sa vaisselle d'ar-
gent. Elle fonda ensuite la mai-
son du Refuge pour les femmes
et les filles débauchées qu'on en-
fermeroit malgré elles; et la mai-
ton de Ste-Pélagie , pour celles
qui s'y retireroient de bonne vo-
lonté. £n 1661, elle établit une
Communauté de douze filles, ap-
pelée/a Sainte Famille, pour ins-
truire les jeunes personnes de leur
^exe, et pour assister les malades.
%lle la réunit ensuite à celle de
Sainte—Geneviève , qui avoit le
même objet. Ses bienfaits méri-
tèrent qu'on donnât à (fes filles
\e nom de^Dames Miramionnes,
'Bile fonda, dans sa maison , des
Retraites deux fois l'année pour
les dames , et quatre fois par an
pour les pauvres. Cette commu-
nauté étoit une de celles de Pa-
ris , oii le sexe recevoit la meil^
leure éducation. Le dévouement
liéroïq^ue et la profonde sagesse de
Mad. de Miramion y subsistoicnt
toujours , et de plus ses ver-
tueuses disciples y exerçoient
les devoirs de l'hospitalité. Les
pauvres y étoient saignés , pansés
et médicamentés de leurs' nyiins.
Mad. de Miramion conduisit sa
famille, avec une prudence et
«ne régularité admirables. Elle fit
lin grand nombre d'autres œu-
vres de piété et (îei charité, et
mourut saintement , le 24 mars
2696, à 66 ans. ^< Le roi, dit
le duc de Saint-Simon , eut pour
elle une grande considération,
ainsi que les évêques et les ma-
gistrats ; mais elle ne s'en servoit
qu'avec réserve, et plutôt pour
les autres que pour elle-même. »
—Sa fille ^ mariée au président
M I R
de Nesmond, et dont la maîsoii
étoit contiguë à la sienne , se fit
un titre d'en prendre soin après
sa mort. Devenue veuve , elle se
fit dévote en titre d'office et d'or*
gueil , sans quitter le monde ,
qu'autant qu'il fallut pour vivre
dans la réserve , sans s'ennuyer ;
elle s'étoit ménagée les amis de
sa mère dès son vivant, et les
sut bien cultiver après, sur— tout
Mad. «/f Maifitenon, dont elle se
vanfoit modestement. Ce fut la
première femme de son état , qui
ait fait écrire sur sa porte , Hôtel
de Nssj^oN If, On en rit, on s*en
scandalisa ; mais Técriteau de-
meura, et est devenu l'exemple
et le père de ceux qui de toute
espèce , ont peu à peu . inondé
Paris. C'étoit une créature suffi-
sante , aigre , altière , en un mot
une franche dévote, et dont le
maintien la découv'roit pleine-/*
ment. Dans ce cas-là^ elle étoit
l'opposé de sa mère , qui avoit
autant de douceur que de sens et
de jugement.... L'abbé de Choîsy
a écrit la Vie de Mad. de M/-
nAMiON , Paris, 1706, in-4" î
elle est curieuse et édifiante. Les
remèdes de Mad. de Miramion.
ont été souvent employés «vee
succès.
' IL MIRE, <Noël le) net
Rouen , se distingua dans la gra-
vure parla délicatesse de son
burin et le moelleux de 6es
compositions. Ontre un grand
nombre d'Estampes particulières
qu'on lui doit, fl a orné de ses
productions les belles éditions de
Housseaii , de Voltaire , de Bô-^
cace , de la Fontaine tet â* Ovide.
Ses derniers ouvrages font partie
de la belle collection, intitulée
Galerie de Florence. Le Mi^^
est mort au mois de âoréal de
l'an 3* '
M IR
MIRKHOND, auteur Persan ,
t écrit une Histoire estimée de
ion pays. 11 vivoit dans le 17*
siècle.
MmOWITSCH , ' ( Basile )
descendoit d'un père Russe , qui
«voit suivi le parti du cosaque
Ilazeppa , lorsqu'il prit les armes
pour Charles XH roi de Suède,
contre le czar Pierre L Ses biens
avoient été confisqués, et Basile
les réclama avec chaleur auprès
de l'impératrice Catherine II»
N'ayant pu les obtenir , il cher-
cha à tirer le prince Iwan d& sa
prison , pour le mettre à la tête
d'un parti. Sa tentative ne servit
qu'à faire tuer le prince jjar ses
eardiens , et à le faire arrêter
ïai-raême, 3îirowitsch fut traduit
devant une commission composée
de cinq prélats , de cinq sénateurs
et de plusieurs o^ciers généraux.
U parut devant elle avec tran^,
quillité, dans l'espoir , dit- on ,
d'obtenir sa grâce; mais il fut
condamné à être décapité, et
subit son Jugement, le 26 sep-
tembre 1764.
MITOUARD, <N.) de Taca-
demie de Madrid , démonstrateur
de chimie , et premier apothicaire
de Louis XVI , mourut en 1786.
Il a publié peu d'ouvrages ; mais ,
de concert avec Màc<iuer , il a
fait en chimie plusieurs expé-^
riénces utiles et curieuses ^ dont
ce 'dernier fait mention dans ses
écrits. ""
. MIVION, habile ciseleur et
orfèvre du pays de Liège , mort
dans le 16* siècle , q.fait la belle
statue en argent de St, Joseph ,
çue les connoisseurs admiroient
dans l'église de Saint-Lambert,
4 Liège.
MOHHSYN 5 ( Mobhromed )
ancien écrivain Persafn , est au^
M o I
lOJ
tenr d'un ouvrage sur les douze
principales religions. 11 est inti-^
tulé : Dahislan , ou l'Ecole dce
Mœurs, Il y atteste l'existence dt
plusieurs dynasties de souverains
Persans 9 qui sont inconnus k
notre histoire moderne.
♦ IV. MOINE, ( François le >
peintre, né à Paris en 1688,
prit les premiers principes de son
art sous Galloche , professeur de
l'académie de peinture. De ra-
pides succès justifièrent le mérita
du maître et de l'élève. Les ou-
vrages du Guide , de Carle-Ma^
ratte , et de Pierre de Cortone ,
furent ceux auxquels il s'attacha
d'une manière plus particulière.
Il remporta plusieurs prix à TA-
cadémic , et entra dans ce corps
en 1718. Un amateur qui par-
toit pour l'Italie Temmena avee
lui. Il n'y resta qu'une année ;
mais les études continuelles qu'il
y fit d'après les plus grands mai-*
très, relevèrent au premier rang.
Il revint en France avec une ré-
putation formée. Le Moine avoit
un génie qui le portoit à entre-
prendre les grandes machines, fi
s'étoit déjà distingué , avant son
voyage, par les peintures qu'il
fit au plafond du chœur dans l'é*
glise des Jacobins , au faubourg
Saint-Germain.Onlechoisitpour
peindre à fresque la coupole de la
chapelle de la Vierge, à S^inf-
Sulpice. Il s'acquitta de ce grand
morceau avec une supériorité qui
frappa tons les connoisseurs. On
ne doit pourtant pas dissimuler
que les figures tombent . parce
qu'elles ne sont pas en perspec-
tive. Le Moine appor toit au tra-
vail une activité et une -assiduité
qui altérèrent beaucoup sa santé ;
u peignoit fort avant dans la
nuit , à la lumière d'une lampe.
La gêne d'avoir jm le corps ren*
io6 MOI
Tersé pendant les sept «nnées
Sn'il employa aux plafonds de
aint— Siilpice et de Versailles ;
la perte qu'il fit alors de sa
femme ; quelques jalousies de
ses confrères; beaucoup d'am-*
bit ion ; enfin le chagrin de voir
%u'on ne lui avoit pas accordé y
en lui donnant le titre de pre-
mier peintre de Sa Majesté , avec
une pension de quatre mille livres ,
les avantages dont Charles le Brun
avoit joui jiut refois dans cette
place : toutes ces ciroonstancea
réunies dérangèrent sqn esprit*
Sa folie étoit mélancolique ; il
se faisoit lire l'Histoire Romaine ,
et lorsque quelque Romain s'é-
toit tué par une fausse idée de.
grandeur d'ame, il s'écrioit : ^h !
ia belle mort ! Il étoit dans un
de ses accès de frénésie y lorsque
M. Berge , avec qui il avoit fait
le voyage d'Italie, vint le matin,
suivant leur convention , afin de
l'emmener à la campagne , oit
cet ami avoit des,sein de lui faire
prendre les remèdes nécessaires
pour recouvrer sa santé. Le
Moine, hors de lui-même, en-
tendant frapper, croit que ce
sont des archers qui viennent le
aaisir : aussitôt il s'enferme , et
se perce de neuf coups d'épée«
Dans cet état il eut assez de
force pour se traîner à la porte ^
et l'ouvrit ; inais à l'instant il
tombe, sans vie, pfTrant à son
ami le spectacle le plus affligeant
et le plus terrible. U expira, le
4 juin 1787 , à 49 ans. Le Moine
avoit un amour propre excessif,
Î[ui le rendoit jaloux et satirique.
1 déchiroit sur— tout ses con-
frères : ce qui donna occasion h
Yun d'eux de lui dire : Vous qui
peignez si bien, comment ignore*^
vous que ce sont les ombres qui
font valoir les clairs. Comme il
se plaignoit sans cesse au duc
MOI
4
^Ayen « que son plafond SHerm
cule n avoit pas été assez payés
Voudriez-^ous , lui répondit ce
seigneur, qu'on payât vos ou-*
vrages comme si vous étiez mort T
Le Moine avoit un pinceau doux
et gracieux, nne touche fine. Il
donnoit beaucoup d'agrément et
d'expression à ses tètes, de Is
force et de l'activité à ses teintes.
Son chef-d'œuvre, et peut— être
celui de la peinture, est la corn-*
position du grand salon qui est
a l'entrée des appartemens de
Versailles» Ce monument repré-
sente l'Apothéose d'Hercu/t. C'est
un des plus célèbres morceaux
de peinture qui soient en France*
Tontes^les figures de cette grande
production ont un mouvement,
un caractère et iine variété sur-
prenans. La fraîcheur du coloris,
la savante distribution de la lu-
mière , l'enthousiasme de la com<«
position , s'y font tour-à-tour
admirer. Le cardinal de Fleury ,
frappé de la beauté de ce plafond,
ne put s'empêcher de dire un jour,
en sortant de la Messe avec le roi t
tPai toujours pensé que ce mor^»
ceau gàUroit tout Versailles* •—H
ne faut pas le confondre avec
Jean^Louis le Moihe , célèbre
sculpteur de Paris , mort en 1 7 5 5 ,
{(90 ans; ni avec Jean^Baptlstf
LE Moins , fils de Jean^LotUs*
Ce dernier , mort à Paris , en
1778, est connu par la statue
équestre de Louis XV k Bor**
deaux , et par la pédestre k
Rfaeims. L'autel de Saint-Jean
en Grève , le tombeau de Mi^
gnard , celui du cardinal de Fleury,
sont de beaux roonumens de cet
artiste. L'académie Françoise ,
qui avoit reçu de lui plusieurs
bustes d'académiciens , l'honera
d'une médaille d'or. Ses vertus
égaloient' ses talens. Son pfefe
ayant été riiiné par le systèflifr»
M O I
fi le sontlnt par ses travaux* Il
étoit de l'académie de Peinture.
S a laissé plusieurs en&ns.
MOITHEY, (Maurice- An-
toine) .ingénieur-géographe du
roi, né à Paris en 1732 y mort
en 17.77, est auteur d'un Plan
Ustonque de Paris ; et de Be-^
dierches historiques sur Rheims »
Orléans et Angers , 1 774 , in-4.®
MOITTE, (N.) membre de
racadémie de Peinture de Paris ,
acquit de la réputation par ses
gravures, qui ont de la finesse
et de la grâce , mais peu d'ori-
ginalité. Il est mort au comment
cernent de 1781.
III. MOLE, (René) corné-
âien célèbre du théâtre François ,
approfondit les principes de la
dédamation , et recueillit pen-
dant quarante ans les applaudis-
Mmens que son talent' méritoiL
Dépourvu des grands moyens tra-
giques , mais plein de grâces ,
d'esprit et de finesse, il excella
dans les rôles à'amani et de pe^^
Ht^maUre» L'Institut national le
compta au nombre de ses mem-
bres , et il méritoit cet honneur
par ses observations sur l'art dra-
matique ,, l'agrément de son en-
tretien et la douceur de son ca-
ractère. On lui doit , un Éloge
de Mlle JDangeville , actrice re-
nommée, qu'il fit imprimer en
179 S. Il est mort en l'an X ( 1 80» )•
MOLE , Voyez Molat.
* MOLIÈRE, (Jean-Baptiste
Pocquelin de ) fils et petit-fils de
Valet-de-chambre- 'Tapissier du
roi, naquit en i6ao. Son père
s'appeloit comme lui Jean—Bap^
lute Pocquelin ; et sa mère ,
nommée Bonlet, étoit aussi fille
de tapissier , et les deux familles
demeuroient sous les piliers des
M O t 107
halles. Celle du jeune Pocquelim
le désignant à la charge de son
père , lui donna une éducation
conforme à son état ; mais il prit
du goût pour la comédie en fré-
quentant le théâtre. Il commença
ses études à 14 ans chez les Jé-
suites ; SCS progrès furent ra-
pides. Les belles-lettres ornèrent
son esprit^ et les préceptes du^
philosophe Gassendi » maître do
Chapelle , de Bernier et de Cy-
raao , formèrent sa raison. Son
père étant devenu infirme, il fut
obligé d'exercer son emploi aiw»
près de Louis XIII « qu'il suhrit
dans son voyage deNnrbonneeM
1641. Le théâtre François com-
mençoit à fleurir alors par lea
talens du grand Corneille » qui
l'avoit tiré de l'avilissement et de
la barbarie. Pocquelin * destiné
à être parmi nous le Restaurateur
de la Comédie , quitta la charge
de son père, et s'associa quelque» *
jeunes gens passiohnés comme lui
pour le théâtre. Ce fut alors qu'il
changea de nom , pour prendre
celui de Molière , soit par égard
pour ses-parens, soit pour sni«-
vre Texemple des acteurs de ce
temps-là. Les mêmes sentimena
et les mêmes goûts Tunirent aveo
la Béjart , comédienne de cam-
pagne. Ds formèrent de concert
luie troupe , qui représenta à
Lyon, en i653, la comédie de
\ Etourdi. C'est la première pièce
composée en vers par Molière^
La vérité, de son dialogue, l'a-
dresse inépuisable d'un valet sans
cesse occupé à réparer les sot—
tises de son fnaitre , l'intérêt des
situations que ce contraste pro*
duit , l'ont iait rester au théàtr*
malgré ses nombreux défauts*
Molière , à la fois auteur et ao*
teur , et également applaudi sous
ces deux titres , enleva presque
tous les spectateurs à une autct
fo9
MOL
troupe de comédiens établie dans
cette ville. JJ Etourdi plut beau-
coup, malgré la froideur des per*
sonnages , le peu de liaisons des
scènes et rincorrection du stj^le.
On ne connoissoit guère alors
que des pièces chargées d'intrigues
peu vraisemblables. L'art d'expo*
ser sur le tbéàtre comique des ca-
ractères et des mœnrs^ étoit ré-
servé à Molière, Cet art naissant
dans L'Étourdi i joint à la variété
et à la vivacité de tette pièce ,
tint le spectateur en haleine, et
en couvrit presque tous les dé-
fauts. Cette pièce fut reçue avec
le même applaudissement à Be-
ziers , oii l'auteur se rendit peit
de temps après. Le prince de
Coati qui avoit connu Molière
ou collège, et qui avoit vu un
grand homme dans cet écolier ,
tenoit alors dans cette ville les
£tats de la proviiice du Lan^
guedoc. Il reçut Molière comme
tm ami , et non content de lui
confier la conduite des fêtes qu'il
donnoit , il lui offrit une place
de secrétaire. L*<^rw/opftan e F ran-
cois la refusa , et dit en badinant :
Je suis un. Auteur passable , et je
se rois peut-être un fort mauvais
Secrétaire*,* Le Dépit amoureux
©t les Précieuses ridicules paru-
rent sur lé théâtre de Beziers ,
et y furent'admirés. Les incidens
sont rangés avec plus d'ordre
dans le Dépit arnoureux que dans
VJLtourdi, Oï\ y reconnoît dans
le jeu des personnages un fond
de vrai comique , et dans leurs
reparties des truits également in-
génieux et plaisani ; mais le nœud
en est trop compliqué, et le dé-
nouement manque de vraisem-
blance. Il y a plus de simplicité
dans l'intrigue des Précieuses ri"
dicules. Une critique fine et déli-
cate de la maladie contagieuse du
b^ esprii; , du style enipoulé et
Mot
giiindé des Romans , du pédan-*
tishie des femmes savantes , de
l'affectation répandue dans le lan-,
gage, dans les pensées , dans la
parure , sont l'objet de cette co-
médie. Elle produisit une réforme
générale , lorsqu'on la représenta
à Paris. On rit , on se reconnut ,
on applaudit en se corrigeant.
Ménage qui assistoit à la pre-
mière représentation , dit à Cha-' \
pelain : Nous approuvions , vous \
et moi, toutes les sottises qui
viennent d'être critiquées si fuit'*
ment et' avec tant de bons sens»
Croyez-moi , il nous faudra brâUr
ce que nous avons adoré , et ado-'
rer ce que nous avons brûlé. Cet
aveu n'est autre chose que le sen-
timent réfléchi d*un savant dé-
trompé ; mais le mot du vieillard,
qui du milieu du parterre s'écrit
par instinct : Courage , Molière,
voilà la bonne comédie ! est la
pure expression de la natnre.
Louis XIV fut si satisfait des
spectacles que lui donna la troupe
de Molière , qui avoit quitté la
province pour la capitale, qu'il
en fit ses Comédiens ordinaires ,
et accorda à leur chef une pen-
sion de mille livres. Le Cocu ima-
ginaire , moins fait pour amuser
les gens délicats que pour faire
rire la multitude , parut en 16^0.
On y retrouve Molière en quel-
ques endroits ; mais ce n'est pas
Molière des Précieuses ridicules.
IL y a pourtant un fonds de
plaisanterie gaie qui amuse, et
une sorte d'intérêt né du sujet ,
qui attache. Cette pièce eut beau-
coup de critiques , qui ne fiireAt
pas écoutés du public. Ds se dé-
chaînèrent avec beaucoup phis de
raison contre Don Garcie de
Navarre , pièce- puisée dans le
théiitre Espagnol." L'Ecole des
Maris , comédie imitée des Adel"
pkes de Tércnce , mais imitée d»
MOL
fiçon qu'elle forme une pièce
nouvelle sur l'idée simple de Taii-
cienne , offre un dénouement nar-
torel, des incidens développés
«vec art , et une intrigue claire ,
simple et féconde. Le théâtre re-
tentissoit encore des justes ap-
plaudissemens donnés à cette co-
médie , lorsque les Fâcheux «
pièce conçue, faite ^ apprise et
représentée en quinze jours , fut
jouée en 1661 à Vaux, chez le
célèbre Fouquet surintendant des
finances , en présence du roi et
de la cour. Cette espèce de co-
médie est presque sans nœud ;
les scènes i^'ont point entr'elles
danion nécessaire.^ Mais le point
■principal étoit de soutenir l'at-
tention du spectateur par la va-
xiété des caractères , par la vérité
âw portraits , et par l'élégance
continue du style. On rapporte
qu'en, sortant de la première re-
présentation de cette pièce , le
roi appercevant le comte de SoyC'
court, ennuyeux chasseur , dit à
Molière : voUà un original que
tu n'as pas encore copié. En 24
iienres la scène du Chasseur l«Vf-
€heux fut faite ; et comme Mo-
lière ignoroit les termes de
chasse , il pria Soyecourl lui-
même de les lui indiquer. Dans
f Ecole des Femmes , donnée
l'année d'après , tout paroit récit,
et tout est action. Cette pièce
souleva les censeurs qui relevè-
lent quelques négligences de
-style , sans faire attention à Part
qui y règne, au caractère inimi-
table à* Agnès y au jeu des per—
.tonnages subalternes tous formés
pour elle, au passage prompt et
Tiaturel de surprises en surprises.
MoUèrelerxr répondit en faisant
lui-même une critique ingénieuse
et sa pièce , qui fit disparoître
•toutes les censures impertinentes
^u elle avoit produites. Se« talens
MOL 1091
reçurent vers le m6me temps A%
nouvelles récompenses. Le roi 9
qui le regardoit comme le légis-
lateur des bienséances du monde 9
et le censeur le plus utile de l'af-
fectation des précieuses , du lan-
gage scientifique des femmes érn-
dites et . des ridicules des Fran-
çois , le mit sur l'état des gens à%
lettres qui dévoient avoir part à
ses libéralités. MoUère pénétré
des bontés de ce monarque , crut
devoir déttuire dans \ Im-promptit
de Versailles , les impressions
qu'avoit pu donner le Portrait da
Peintre de Boursault. Cet auteur
avoit malignement supposé une
clef à l'Ecole des Femmes , qui
indiquoit les originaux copiés
d'après nature. Molière le traita
avec le dernier mépris ; mais ctt
mépris ne tombe que sur l'esprit
et sur les talens , et ne tejaillit
2u*indirectcment sur la personne,
•a cour gonta benucoupen 1664
la Princesse d^Elide , comédie-
ballet, composée pour une fôtc
aussi superbe que galante que U
roi donna aux reines. Paris , qui
vit cette pièce séparée des ornc-
mens qui Favoient embellie k
Versailles , en jugea moins favo-
rablement. Le Mariage forcé «
autre comédie-ballet, essuya le
même sort. Une aventure arrivée
au comte de Grammont , lui eu
avoit fourni le sujet. Don Juan ou
le Festin de Pierre , eut peu de
succès , et fit tort à l'auteur par
plusieurs traits impies qu'il sup-
prima à la seconde représenta-
tion. U Amour Médecin' parut
encore un de ces ouvrages préci-
pités qu'on ne doit pas juger à la
rigueur. C'est la première pièce
oii Molière ait attaqué la faculté.
On dit qu'ayant été rançonné sur
un loyer que lui avoit passé un
médecin ignorant et avare , il
s'atU^chi^dc*«r}or6 à jeter 4u ridi^
iio MOL
•
cnle sur cette profession. « TeA
ttn modecin^ disoit-il aa roi ,
fécoiite tous ses conseils , je ne
les suis pas ; aussi je me porte à
merveille. >• L'auteur s*acquit une
gloire éclatante et solide par son
Misanthrope , pièce peu applau-
die d'abord , par F in justice on
par l'ignorance ; mais regardée
) depuis comme l'un dos plus beaux
ouvrages de la comédie ancienne
•t moderne. Cependant il faut
avouer quelle est plus admirée
dans le cabinet , que suivie au.
théâtre. « Si on osoit , dit Ko/-
taire , chercher dans le cœur hu-
main la raison de cette tiédeur du
public aux représentations du
Misanthrope , peut-être les trou-
Teroit-on dans l'intrigue de la
pièce , dont les beautés ingé»
nienses et fines ne sont pas éga-
lement vives et intéressantes ;
dans les conversations mêmes ^
qui sont des morceaux inimita-
bles , mais qui n'étant pas tou-
jours nécessaires à la pièce,' peut-
être refroidissent un peu Fac-
tion pendant qu'elles font admi-
rer l'auteur t enfin dans le dé-
nouement qiii , tout bien amené
et tout sage qn'il est , semble être
attendu du public sans inquié-
tude , et qui venant après une
intrigue peu attachante, ne peut
avoir rien de piquant. En effet ,
le spectateur ne ' souhaite point
que le Misanthrope épouse la co-
quette Célimène , et ne s'inquiète
pas beaucoup s'il se détachera
d'elle. Enfin, on prendroit la li-
berté de dire que le Misanthrope
est une satire plus sage et plus
fine que celle S Horace et de Boi-
leaiL , et pour le moins aussi bien
écrite ; mais qu'il y a des comé-
dies plus intéressantes , et que le
Tartufe , par exemple . réunit les
beautés du style du Misanthrope
«ve€ un intérêt plus marqué.»
M o t;
( Voyez V/ïCHERLET. ) Le^ Ijj4
plaudissemens des gens de goût
ayant consolé Molière des dé-
dains de la multitude pour cette
pièce , il ne se rebuta point. Lo
Médecin malgré lui parut en
1666. C'est une farce très-gaie et
très-bouffonne. L'auteur qui se
dégnisoit en farceur pour plaire à
la multitude , auroit pu retran-
cher les obscénités des scènes de i
la nourrice. Le Sicilien , ou VA^- \
mour-^ Peintre» est une petite ;
pièce qu'on voit avec plaisir ,
parce qu'il y a de la grâce et une
galanterie moins triviale que dans
quelques autres comédies. Mais
l'admiration fîit à son- comhle ,
lorsque le Tartufe parut. En vain
les Orgons , les imbécilles et les
fanx-dévôts se soulevèrent contre
l'auteur , la pièce fut jouée et ad-
mirée. L'hypocrisie y est parfai»
tement dévoilée , les caractère!
en sont aussi variés que vrais, le
dialogue également fin et natnreL
Cette pièce subsistera y tant qu'il
y aura en France du gofit et des
hypocrites. La première pièce
que Piron vit jouer à Paris , fiit
le Tartufe; son admiration alla
jusqu'à l'extase. Après l'avoir en-
tendue, il se retourna vers ses .
voisins , et s'écria : « Ah ! Me^
sieurs , si cet ouvrage n'étoit pas
ftn't 5 il ne se feroit jamais.» Tar- ;
tufe fnt d'abord défendu. Huit
jours après cette défense , on re-«
présenta à la cour une pièce in-
titulée Scaramouche Hermite ,
force très-licencieuse. Le roi en
sortant , dit au grand Condé: Je
voudrois bien savoir pourquoi \es
gens qui se scandalisent si fort de
la Comédie de Molière , ne disent
rien de celle de Scaramouche?
— Les Comédiens Italiens, ré-
pondit le prince, n'ont offemé
que Dieu; m/iis les François oitt
offensé Us dévots. ( K<7/. RIAIM5 '
MOL
lêURG. ) Cependant Mohère
Ûonna en 1668 Amphitryon , co-
nëdie en trois actes , imitée de
Piaule , et supérieure à son mo-
dèle , où le poëte resjiecte moins
les bienséances que dans le Tar"
tufe , et dont le sujet ne pouvoit
père s'accommoder avec les
égards dus aux mœurs. 11 fait rire,
i la vérité ; mais il ne suffit pas
que la comédie soit plaisante pour
être applaudie par les sages ; il
fant que la vertu n'y soit pas
blessée. X'^fartf, autre imitation
de Piaule , est nn peu outré dans
le caractère principal ; mais le .
vnlgaire ne peut être ému que par
des traits marqués fortement. Un •
reproche sur lequel il est plus
difficile de le justifier 9 c'est que
ians cette pièce l'autorité pater-
. ûdle est avilie. « C'est un grand
>ice, dit X J. Kousseau, d'être
irare et de prêter à usure ; mais
lien est-ce pas un plus grand
tncore à un fils de voler son
père, de lui manquer de respect ,
de lui faire niiile insultans re-
proches ; et quand ce père irrité
Itii donne sa malédiction , de ré-
pondre d'un air goguenard , qu'il
n'a que faire de st s dons ? Si la
plaisanterie est excellente . en est-
wle ixioius punissable ? et la pièce
<^ Ton fait aimer le ûls insolent
qui l'a faite, en est -elle moins
^ne école de mauvaises.mœurs ? »
George Dandin ou le Maricon-^
fondu. Monsieur de Pourceau->
fnac , le Bourgeois Gentilhomme,
les Fourberies de Scapin , sont
d'an comique plus propre à di-
vertir qu'à instruire , quoiqu'il y
tit plusieurs ridicules exposés
avec force. JtfoZ^'^rc travailla avec
plus de soin sa comédie des Fem'-
T^s Savantes , satire ingénieuse
dn faux bel-esprit et de l'érudi-
tion pédantesque qui régnoient
^ora à l'hôtel d« BambouiU$t.Lei
MOL
iri
incidens n'en sont pas toujours
bien combinés , ainsi que dans
quelques antres de ses pièces ;
mais son sujet , quoique aride en
lui-même 9 y est présenté sous
une face très-comique. La scène
«itre Trissotin et Vadius , fut
imaginée d'après une dispute éîe-*
vée entre l'abbé Colin et Ménage.
Le Malade imaginaire offre un
comique d'un ordre inférieur à
celui des Femmes Sawantei ; mais
il n'en peint pas moins H charla-i
tanerie et le pédantismc des mé-
decins. ( Voy. Malouim. ) Ce fut
par cette pièce que Molière ter-
mina sa carrière. Il étoit incom-
modé lorsqu'on la représenta. Sa
femme et Baron le pressèrent de
prendre du repos et de ne point
jouer : Eh ! que feront , leur ré-
pondit-il, tant de pauvres OU"
vriers ? , Je me reprocherois d'a-^
voir négligé un seul jour de leur
donner du pain. Les efforts qu'il
fit pour achever son rôle lui cau-
sèrent une convulsion , suivie
d'un vomissement de sang, qui
le suffoqua quelques heures après
le 17 février 1678, à 53 ans. Il
étoit alors désigné pour remplir
la première place vacante à l'arn--
demie Françoise , et il n'auroit
plus joué que dans le haut comi-
que. Cette compagnie lui a rendu
un nouvel hoitimage en 1778)
en plaçant son buste dans la salle
où sont les portraits des acadé-
miciens. Elle a voulu , par cette
espèce d'adoption posthume de
ce grand homme , sd dédomma-
ger du désagrément de ne l'avoir
pas possédé pendant sa vie. Cette
statue qui est un chef-d'œuvre
de M. Houdon « a été donnée à
l'académie par M. d'Alembcrt*
Entre plusieurs inscriptions pro-
posées pour ce buste , on a choisi
ce vers de Sourin : Rien ne man-
que A i/L «LOIRS , IL MANQUOIT
112 MOL
A LA NÔTRE... L'archev^qtiA de
Paris refusant de lui accorder la
sépulture, la veuve de ce grand
homme dit : On refuse un tom^
beau à celui à qui la Grèce aurait
dressé des Autels, Le roi engagea
ce prélat a ne pas couvrir de cet
opprobre la mémoire d*un homme
aussi illustre ; et il fut enterré à
Saint'Josepk , qui dépend de la
paroisse Saint-Eustache. La po-«
pnlace toujours extrême , sat-
tronpa devant sa porte le jour de
ton convoi , et on ne put Té-
carter qu'en jetant de l'argent
par les fenêtres. Tous les rimail-
leurs de Paris s'exercèrent à lui
faire des Epitaphes. Un de ce»
insectes eut la bêtise d'en mon-
trer une de sa façon au grand
Condé , qui lui répondit froide-
ment : Plilt à Dieu que celui que
in déchires , rneût apporté la
tienne ! La seule peut-être de cet
pièces qui mérite une place dans
cette esquisse , est celle dont
l'honora le fangeux Père Bou-
hours , jésuite. Elle a rapport
«ux injustices que Y Aristophane
François essuya pendant sa vie et
à sa mort.
Tn réformas et la Vill» et la Conr ,
Mail quelle en fut la récompense ?
Ces François rougiront un jour
De leur peu de reconnotssanc«.
Il leur fallut un Comédien ,
Qui mit ï les polir sa gloire et son
étude :
Mais y Molière > à ta gloire il ne man-
queroit tien ,
Si 9 parmi les défauts que tu peignis
si bien »
Tu les avois reptb de leur bgratitnde.
Cette ingratitude ne fut pas du-
rable, et Ton reconnut bientôt
tout son mérite après sa mort ,
comme le d^t BgiUau, dajis «a
7* Epître ;
M o t
Ayant qu'on peu de terre obtcna pu
prière ,
Pour jamais sous la tombe eût enfemé
Molière ,
Mille de ces beaux traits f anjourd'Ikai
si vantés ,
Furent des sots espri^ à nos yeni
rebutés.
L'ignorance et l'erreur à ses naissantes
Pièces ,
En habits de Marquis , en robes d9
Comtesses ,
Veootent pour diffamer son cbèf*
d'œurre nouveau *
Et secouoient la tête à l'endroit le
plus beau . • • • • • •
Mab si-tôt que , d'un trait de ses fit*
taies mains ,
La Parque l'eut rayé do nombre dei
humains y
On reconnut le prix de ta Muse
éclipsée.
L'aimable Comédie avec lui terrassée »
£b rain d'un coup al rude espéra re»
▼enir ,
Et sur ses brodequins a« sut plus se
tenir.
Sa veuve , ( qui vécut jusqu'en
1700) se remaria nnVomédien
Guérin , mort en 1728 , à 92 ans...
On peut regarder les ouvrages
de Molière comme l'histoire dei
mœurs , .d^es modes et du goût d^
son siècle, et comme le tableau
le plus fidelle de la vie humaine.
Né avec un esprit de réflexion,
prompt à*remarqner les expres-
sions extérieures des passions et
leurs mouvemens dans les diffé-
rens états ; il saisit les hommes
tels (Qu'ils étoient ^ et exposa en
hat)ile peintre les plus secrets re-
plis de leur cœur, et le ton, le
geste , le langage de leurs senti-
mens divers. « Ses comédies bien
lues, flit M. de la Harpe, pour-
roient suppléer à l'expérience,
non parce qn*il a peint des ridi-
Gu}es qui passent, mais p^rce
qu'a
Mot
|)qu a peint Thomme qui ne
•hange point... Quel chef-d'œu—
Vre que V Avare ! Chaque sc^ne
est une sitaation ; et Von a en-
tendu dire à itn avaré de bonne
foi , qu'il y avoit beaucoup à pro-
fiter dans cet ouvrage, et qu'on
pou voit en tirer d'excellens prin-
cipes d'économie. Molière est de
tous ceux qui ont jamais écrit y
fcelui qui a le mieux observé
rhomme , sans annoncer qu'il
fobservoit; et même, il a plus
lair de le savoir par cœur , que
^t l'avoir étudié. Les Crispins dé
hegnard , les Paysans de X>aii^
9ourt font rire au théâtre. Du-^
Jréni étincelle d'esprit dans sa
bomure originale. ^ Joueur et
^Légataire sont de beaux ou—
^ges. Mais rien de tout cela
ii'eît Molière» Il a un trait de phjr-
^nomie qu'on n'attrape point
^méme qu'oii ne définit guère.
On le retrouve jusques dans ses
Bioindres tarces, qui ont toujours
on fond dé gaieté et de morale.
^ plaît autant à la lecture qu'à
M représentation : te qui n'est
arrivé qu'à lïacine et à lui ; et
ïûôme de toutes les comédies ,
celles de Molière sont à peu près
|es seules qu'on aime à relire.
Pins on cônhôît Molière , plus
^n l'aime ; plus on étudié mo^
^e, pliis on l'admite : après
lavoir blâmé €ur quelques arti-
cles, on finira par être de soii
•vis. Les jeunes gehs pensent
^oituiiunément qu'il chargé trop.
J^^ai entendu blâmer te Pauvre^
'^omnie répété si souvent ; j'ai vu
Jepuis la même scène et plus
'orte encore ; et j'ai compris qu'on
fie pouvoît guères charger ni les
'Vieilles ni les passions* Molière
^st l'auteur des hommes mûrs et
ws vieillards. Leur expérience se
Rencontre avec ses observations j
^tleiir mémoire avec son génic^t
SvppL* Tome {lié
MOL ik|
On se plaint qu'on ne travaillé
plus dans le goût de Molière. Je
Sensé qu'on a bien fait d'en essayei^.
'autres. Le champ ou il a mois-^
sonné, est moins vaste qu'on né
Timagine; et quand il resteroit
quelque coin où il n'auroit pat
porté la main , on craindroit tn«^
Gore de se trouver dans son voi^
si nage. » Boileau regarda tou<^
jours Molière comme un homme
unmue, et il l'avoit surnommé
lé ContemplaUur» Le roi deman-<
dant à Racine quel étoit le pre-«
mier des grands écrivains qui
àvoient paru pendant son règne t
il lui nomma Molière. Je ne le
croyais pas , répondit Louis XIVs
Jnaisf^ôtts vous y cùnnoitsez mleuss
que moi. On rapporte que Mo^
tière lisoit ses Comédies à une
Vieille servante nommée Laforét^
et lorsque les endroits de plai^
santerie ne Tavoient point frap-«
pée , il les borrigeoit. Pour éprou'*
ver son goût , il lui lut Un joui^
quelques scènes d'une Comédie dd
Brécour , eh lel" donnant comme
de lui ; la servante s'apperçut ^
dès le commencement , de )a s;u-i
pet'cherié, et soutint à soii inaitré
Ique ia pièce ne poùvoit être dé
lui. Il exigeait aussi dés comé-^
diehs qu'ils aiHphàsseni leurs en-^
Fans 9 pour tirer des conjectureà
de leurs môuveraenS naturels , à
la lecture qu'il faisbit de ses piè-^
cesi Molière , qiii s'égdybit sfïi:
le théâtre aux dépens des foi—
blesses humaines , né put se ga-4
rantiifrde sa propre foibl^sse. Se-,
duit par linpéncnant viblerit pour
la fille de la comédienne Béjart,.
ii i'épousa , et se troiiva exposé
au ridicule qu'il avoit si souvent
jeté Sur les maris. Pliis heui*euià
dans le commerce de ses amis ^
il fut cliéri de ses confrères et
recherché des gfahds. Le maré-<
^iui 4^ Vifonne , le grand Condé j
H
I I
it| M O t
Louis XTV même , woîeilt atr«c
lui dans cette familiarité qui
•gale le mérite à la nais&ance. Dea
distinctions si flatteuses ne gâ-
tèrent ni son esprit ni son cœur.
Il étoit donXf complaisant 9 gé«-
&ércttx. Commeil revenoitd'Au-
teuil avec le musicien Charpen^
tier^ Un pauvre lui ayant rendu
une pièce d'or, qu'il ÎQl avoit
donnée par mégarde : Où la vertu
^a-l-eUe se nicher , s'écria Mo-
lière ! Tiens , mon ami» en voilà
une autre ^* Baron lui annonça
un l'our un de ses ancibns cama-
rades , que l'extcéme misère em-
Îkèchoit de paroître : Molière vou-
ut le voir , Terobrassa , le con—
cola , et joignit à un présent de
20 pistoles un magnifique habit
de théâtre.... Ce célèbre poète ,
Sur la fin de sa vie y ne vivoit que
de lait; mais il engageoit ordi-
nairement Chapelle à faire lea .
Boîineurs de sa table à Auteuil.
Il n'étoit ni trop gras ni trop
maigre ; il avoit la taille plus
grande que petite , le port noble ,
la jambe belle ; il marchoit gra-
vement j avoit Vair très-sérieux ,
le nez gros 9 la bouche grande ,
les lèvres épaisses^ le teint brun ,
les sourcils noirs et forts , et \Qi
divers mouvemens qu'il leur don-
noit, rendoient sa pb3'sionomie
extrêmement comique. Moins
propre pour les rôles tragiques,
il tâcha en vain de surmonter les
obstacles que Ja nature lui op—
Sosoit. Une voix sourde , des in-
exions dures , une volubfnté de
langue qui précipitoit trop sa dé-
clamation , le forcèrent de se
renfermer dans le comique , ou
jï sut tirer parti de ses défauts
mêmes. Pour varier ses inflexions^
il mit le premier en usage certains
tons inusités, qui le firent d'a-
bord accuser d'un\ peu d'affecta-
tion y ruais auxquels lé public
MOL
t^àecotiCunia bientôt. Non-setf*'
lement il platsoit dan^ les rôles
de MascarUlé , de SganareUe ,
mais il excelloit dans les rôles de
faâut — comique , tels que ceux
dArnolphe , d'Ofgon , d'Harpa^
gon , etc. C'étoit alors, que par
la vécité è^È lentimens , par Fin-
talligetice des expressions et par
toutes les finesses de l'art , il sé-
duisoit les spectateurs au point
qu'ils ne distinguoient plus le
comédien du |)ersonnage repré-
senté. Aussi se cbargeoit-il ton-
jours des rôles les plus difficiles
et les plus longs. Ami de l'avo-
cat Fourcroy qui avoit la voix
Ja plus forte , il eut avec lui une
dispute à table; l'avocat se mit
à crier â son ordinaire ; alors Mo"
Itère s*écria : Hélas ! que peut la
raison qui n a qu'un filet de voix,
contre une gueule comme celle"
là* On rapporte de lui plusieurs
bons mots : tel est entr'autres
celui qui lui échappa , lorsqaele
i)arlement défendit qu*on jouât
e Tartufe, On étoit assemblé
pour la deuxième représentation,
lorsque la défense arriva. Mes-»
sieurs, dit Molière, en s'adres-
sant à l'assemblée, nous comjh»
lions , aufourtTkui , avoir l'hofi'*
neur de vous donner le Tartufe;
mais M. le premier président ni
veut pas qu'on le joue,..* Il disoit
souvent : Le mépris est une pi^
Iule qu'on peut avaler ^ mais non
mâcher san s fairela grimace* Md'
Hère avoit commencé à traduire
Lucrèce dans sa jeunesse , et il
auroit achevé cet ouvrage sans
un malheur qui lui arriva. Vn
de ses domestiques prit un cabier
de cette Traduction pour faire
des papillotes. Molière qui étoit
facile t{ irr'ter , fut si piqué de
ce contre- temps, que dans sa co-
lère il jeta sur-le-champ le reste
au feu. P^ur laettre plus d'agté^
Môii
' ... 1
Béni dans cette traduction, il
Mvoit rendu en prose les raison-
nemens philosophiques ^ et il
àvoit mis en vers toutes les beUes
idescriptioni qui se trouvent da/fs
le poète Latin^.. Les éditions les
plus estimées de ses duvrages
iont i lé Celle d'Aôisterdani ;
^699 ^ cinq vol. ih->i2 ^ avec une
Vie romanesque dé l'auteur , par
GrimaresL 11. Celle de Paris 9 en
173.4 , «rt 6 vol. înr4.® ^" ^^ ^^^'^^
à M. Joly^ qui en a donné une
iiduvelle en i7H^ , en 8 vol* ih-i2é
Cette édition est ornée de Mê^
hoir f s sur la vie et les ouvx'age^
de Molière , et dû catalogue des
b.ritiqué^ faites contre ses Comé-
dies, ni. Celle que M. Bret a
donnée à Paris en 17^2 , en 8
Vol. in-8°, avec des Commen-
taires intéressans , où il a exécuté
Jar Molière ^ ce que Voltaire
Ivoit èxéciité sUi" Corneille, Il
fait sentir les beaiités et les dé-
rauts, et relève les expressions
vicieuses. Les Âiigldis ont traduit
Molière i dans la préface de bette
tradùctidn ^ ils ont comparé ses
Œufret à un gibet. « Là , Oiit-ilé
dit . lé vice et lé ridictile ont été
exécutés 9 et restent exposée
comme sur itri grand chemin ^
pour servir d'exemple aux au-^
leurs.» Voltaire dit {Mélangea
de Liù, chnp. des Académies» )
mie Molière est plein de fauteâ
dé langage. 11 y eh a beàucouj>
j)!ùs danâ séà vefè que dans sk
prose ; mais ces hé^^Iigehces ne
prouvent pas ijue sa poésie , Idri-
qu'ellé est un peti soignée 9 ne soie
préférable à sa prose. M. B^ffara
a publié en 1 777 9 eh 2 vol. in- 1 a 9
i Esprit de Molière , avec un
abrégé de sa Vie et un catalogue
de ses Pièces;
MÔLIN 9 ( N. ) appelé corn-
itunéiDan^t àtt ^loulifi ^ àélèbrs
Moi iit
médecin , Tup des plus gra'hdé
praticiens de Paris 9 mourut doni
cette ville eh 17559 à 89 ans,
sans postérité 9 et riche de seize
cent mille Divres. On prétend qu'il
répondit à quelques jeûnes doo-
teurs qui le pressoienè .d'ihdi.-i
quer avant ^e mourir 9 les mein-«
bres de la Faculté les plUd dignei
de le remplacer : Je laisse aprèi
mot trois grands médecins ; tEaû^
la Diète et l'exercice. Une t>ni-
tique de Sa ans lui avoit pi'ouv^
que le régime vaut mieux que la
médecine; cependant 9 ilenseii-^
toit le besoin dans les nialadiei
graves ; et sa grande expérience ;
jointe à un coup d'oeil excellent ;
le faisdit appeler de préférence
à ses autres confrères. On cite
plusieurs traits de son avarice ;
entr autres , qu'il éteignit sa lam-
pe, un soir qu'Un Harpagon avoit
été lui demander quelques leçons
d'économie. On ajoute qu'il lui
dit : Nous n avons pas besoin. d*y
voir pour parler ; nous in ierons
Moins distraits. Mais , ce qu'otf
fi'aurdit pas du oûiylier ; c'est que
cet homme qui ne craignoit point
de. s'enfumer dans une chambre
éclairée d'une petite lampe ; fit
des actions généreuses. AppeU
chez des gens aisés 9 il n'y reve-^
hoit point si 6n né le payoit k
chaque visité ; mais no'n-seuie—
ment il dbnnoit ses soins aiix pau^
vres 9 il laissait de l'argent pour
<lès bouillonç et }es autres choseif
nécessaires. Un foiir on lé fit de»
mander dans un èbiiVeht pour
une jeune demoiseUe d'une grande
co'nditiph9 mais d'une plus grande
pauvreté. On craignait que, sèloai
sa méthodie , il ne revint point ^
parce qji^on h'avoit pas d'hono-
raire à lai oifrir. Il revint pour— "
tant ^ et il laisaai che2 la malade
un rbuleiau de dix louis 9 afin
9^u*on {ût le payer d'une partie
H %
1i6 MON
àe cet argent , et qu'on ne s'ap-
perçùt point de l'indigence de la
demoiselle. Ce qui augmente le
prix des bienfaits de Molin , c'est
qu'en donnant , il oublioit qu'il
eût donné. Son ton étoit un peu
rude ; mais dans le fond il étoit
bon homme et même compa-
tissant.
•n.MONALDESCHI, (Jean
ôe) favori ou écuyer de la reine
Christine de Suède ^ corrposa se-
crètement un libelle contre cette
princesse , oîi il dcvoiloit ses in-
trigues. Christine charmée d'a-
voir trouvé cette occasion de se
défaire d'un homme qifçlle n'ai-
môit plus, le fit traîner à ses
pieds , l'interrogea , le confondit.
Après les reproches les plus vio-
lons , elle ordonna au capitaine de
tes gardes et à deux nouveaux
favoris ^ d'égorger le coupable.
Elle s'éloigna à vingt pas, pour
mieux jouir de ce spectacle. On
fond sur lui de tous côtés. Le
malheureux MonahUschi , après
une vaine défense , tombe tout
sanglant sous le fer de ses bpur-
rcauV. La reine qui n'entend plus
ses gémissemens, s'approche ) le
contemple et lui insulte. Monal^
deschi, à cette voix, semble s'é^
veiller , se débat , s'agite : il élève
vers Christine une main trem—
Wante pour lui demander graœ.
iQuoil s'écrie-t-etle, tu respires
encore , et je suis reine ! JjCS
assassins écrasent aussitôt la tète
de ce malheureux, et traînent
aux pieds de Christine sa victime
expirante. Non , ajouta-t-elle ,
non , ma fureur n* est point satis-
faite ! Apprends , traître , que
cette main qui versa tant de bien'-
faits sur toi , te frappe le dernier
coup. Cet attentat contre l'buma-
»ité , l'opprobre de la vie de
Christine , fut comoûs à jË'ontai-*
MON
nebleanle lo octobre 1^67. Ce-
pendant quelques jurisconsultes
écrivirent des dissertations pour
le justifier. Ces dissertations ,
triste monument de la flatterie
des gens de lettres envers les rois,
furent la honte de leurs auteurs ,
et ne servirent pas à disculper
Christine i il est fâcheux de trou-
ver le nom d'un Leibnitz parmi
les apologistes d'un ass;issiiiat.
« La postérité , dit d'Alemhert ,
trouvera bien étran^ qu'au cen-
tre de l'Europe, dans un siècle
éclairé , on ait agité sirîr»usement
si une reine qui a quitté le trône,
n'a pas le droit de faire égorger
ses domestiques sans outre jfbrme.
Il auroit fallu demander plutôt si
Christine sur le trône môme de
Suède, auroit eu ce droit bar-
bare : question qui eût été bien-
tôt décidée au tribunal de la loi
naturelle et des nations. L'état
dont la constitution doit être sa-
crée pour les monarques, parce
qu'il subsiste toujours , tandis
que les sujets et les rois dispa-
roissent , a intérêt que tout
homme soit jugé suivant les lois.
C'est l'intérêt des princes mêmes
dont, les lois font la force et la
sûreté. L'humanité leiir permet
quelquefois d'en adoucir la ri-»
gueur en pardonnant , mais ja-
mais de s'en dispenser pour être
cruels. Ce seroit faire injure aux
rois , que d'imaginer que ces prin-
cipes pussent les ' offenser , ou
qu'il fallut même du courage poar
les réclamer nu sein d'une mo-
narchie. Ils sont le cri de la na-
ture. » Il paroît que ce n'étoit
pas l'opinîon de la cruelle et bi-
zarre Christine , du moins si on
en juge par une lettre imprimée
parmi celles qui ontpani sous
son nom. Elle est adressée nu
cardinal Mazarin , qui avoit dé-
saaprouvé le meurtre de JilofiâU
MON
iâscku « Apprenez tout , valets
et maîtres , dit - elle , qu'il m'a
plu d'agir ainsi ; je veux que vous
sachiez que Christine se soucie
peu de votre cour, ancore moins
de vous. Ma volonté est une loi
qu'il faut respecter ; vous tùire ^
est votre devoir : sachez que
Christine est reine pai'^tout oh
elle est. » Si Christine écrivit une
telle Irtlre , dit Tauteur de Y Essai
*ur VHistoire générale ^ c'étoit
ime homicidetombéeen démence.
Si cette lettre est supposée ^ elle
ne peut l'être que par un de ces
esclaves abrutis , qui ont imaginé
qu'une Suédoise, parce qu'elle
avait régné à Stockholm , avolt
le droit de faire assassiner un
Italie^ Fontainebleau. Non-seu-
lement le devoir du cardinal Ma-^
tarin n'étoit pas de se taire ; mais
comme premier ministre , il de*
voit faire sentir l'indignation du
roi à Christine* » JjC Bel , de
Tordre de la Trinité , a donné- la
Eelation de la mort de Monal-^
ieschi. Voyez IL Bel.
MONCE , ( Ferdinand de la )
né à Munich en 1 678 , du pre~
mier architecte de l'électeur de
Bavière , vint à Lyon et y suivit
la profession de son père. L'étude
des grands modèles dltalie l'avoit
formé. Dans son séjour k Home ,
le régent le chargea de faire trans-
porter en France le célèbre ca-
binet de la reine Christine , qu'il
avoit acquis du duc de Bracciano»
De retour à Lyon , il y éleva plu-
sieurs édifices remarquables, et
ou règne un goiit simple <*t noble.
Le portail de l'église Saint-Just ,
l'entrée de l'Hôtel -Dieu et son
vestibule, le quai du Rhône , la
chaire de l'église du Collège «
sont des monumens admirés et
connus. La Monce s'occupoit
aussi de la gravure y et y a ob.*
MON' 117
tnra des succès. Les planches de
la belle édition de VEssni sur
Vhomme de Pope , faite à Lan-«
sanne , celles de \ Histoire des
Belles-Lettres , par Juvenel de
Carlencas , en 4 vol. ip-8% sont
de lui. 11 mourut le 3o septembre
1753 9 à 7 5 ans.
MONDIR , vieillard Arab« ^
se rendit célèbre sous le fk^ne da
calife Aaron Raschid par sa fo^
gesse et sa reconnoissance en-
vers le premier visir Barmecide*
Le calife, jaloux de la granda
réputation de ce dernier, avoit
défendu , sous peine de la vie j
que l'on parlât de lui en sa pré">
sence. I\(algré cette défense ri-
goureuse , Mondir venoit cbaqne
matin devant le palais du minis-
tre disgracié , et s'élevant sur
une terrasse qui lui servoit da
tribune, il entretenoit les pay-
sans des vertus de Barmecide et
des services que l'on devoit à ses
aïeux. Le calife irrité le fit venir
devant lui pour le condamner k
}a. mort. Mondir remercia Aarom
d'avoir pensé à le délivrer de la
vie , puisqu'elle lui étoit devenna
pénible , dès que Barmecide n'é<^
toit plus heureux. Aussitôt il
peignit avec tant de force le»
obifgatiohs qu'il avoit au visir ,
que le sultan ému lui ht non-«
seulement grâce de la vie, mais
il Uii donna upe coupe d'or»
Mondir se profternant à terre ^
s'écria : « O Barmecide ! voilà en-^
core un présent que je te dois, m
MONDORY, ( N**) naquii
à Orléans, et devint le plus céw
l<>bre comédien ^e la troupe da^
Marais. Il y }ouoit les premiers
rôles. L'ardeur qu'il montroit
dans son jeu avança ses jours. Il
fut frappé d'apoplexie , comme il.
jouoit lo rôle d'Hérode dans L^
tit MON
tragédie de Mariamne,par TriS';
(an surnoiDiné YHermite»
MONESTEER, ( Biaise) je-
^nite, professeur de philosophie
jl Clermont ^ naquit dans ce diq-
çèse en 17 17* Ses Principet de
piété, 17669 2 ToL in-i^, et sa
J^raie philosophie , 1774 , in-S%
Ten ferment de bonnes leçons
pour un chrétien et pour un vé—
titable philosophe. Il mourut en
L MONET , (NO néàLyon,
i^venu directeur de TOpéra de
cette Ville , ^it pour devise à
son théâtre et par allusion à son
nom :. Mulcet , Movet, Monet.
On lui doit Y/inthoio^e Fran-^
^ise en quatre vol. in-8** , 1765.
Ce recueu , dont la musique est
cixéçutée ei^ caractères mobiles
de Fournier le jeune , manque de.
foût et renferme des dbscénités.
<e discours sur Torigine de la
Chanson françpise est ce qu'on
peut y lire de mieux. Il iipour au-
teur Meunier de Querlon* Monet
est mo.rt vers 177O.
MONGEZ , ( Je^n- André )
pé à Lyon en 1761 9 s attacha à
la congrégation âeSainte-4Jene'^
pièife. Son zèle pour les progrès
4e l'Histoire naturelle , fefit em-
barquer avec /a Peyrouse, et il
a péri a 1^ fleur de son âge, dans
cette glorieuse et fatale expédi-
tion. On lui doit : I. Là continua-
tion ' du Soumal dé Physique ,
oii il fournit plusieurs articles.
tl. Description de la machine in-^
ientée pour les fractures des jamr
hes , par d* Albert Pieropare de
Vicenze, I782. III, Traduction
de la Sciographie du règne mi-'
itérai Ae J$ergmann, 1787 9 deux
.yQl.in-8.^ ' . /
MONICOULT 9 (NO fut
toiisul ^e France à Dantzick et
MON
à Saint-Pétersbourg. H est moif
vers 1760 9 après avoir donné eu
172^ nu théâtre Italien , le Dé^
dain a/fect^ , comédie en trois
actes.
MQNIÈRE 9 ( Jemi de la )
doyen des médecins du collège de
Lyon, publia en 1626 ^m assez
bon traité sur la Dyssenterie et
un ai^tre sur la Peste,
♦MONIME dbMilet, célè-
bre par sa beauté et par sa clias^
teté, plut tellement à Mithri-^
date , que ce prince employa ^us
les pioyens imaginables pour
^branler sa vertu ; mais toi^s fu-
rent inutiles. La résistance ne fit
que l'animer, et il répousa_pouc
sjtitis.faice son amour. dRntô^
■ vaincu par ImcuIUls , et craignant
que Mônime ne tombât entre les
mains du vainqueur , il lu; or-
donna de movair» Racine a mis
Monime sur la scène. Elle y ex-
cite cet intérêt que font éprou-
ver toutes les productions de cçi
grand poète, Koyez MiTHai-
DATE. ' '" ' '■
IIL MONNIER 9 ( Louis-Gui^
laume ) fils et frère des précé-
dens , devint aussi membre . de.
l'acadénriie des Sciences. Il eni-;
brassa la médeeine , et y eut des
succès. Dans un Mémoire suc
rélectricité de l'air 9 il fut le pre-
mier qui annonça que la matière
de la foudre et celle de' l'électri-
cité dévoient être la même. Le^
articles ^^mAA/ et Aiguille ai^
mantéé , èan$ l'Encyclopédie ^
sont de lui. Il avoit professé pen-
dant trente ans la botanique au
Jardin des plantes. Il est ni6rt en
l'an huit. *
IV.]VIO>'NIER9 (N.le) étoit
de Normandie , et se fit abbé ; H
se distingua jeune par son amour, ;
pour la littérature et la candeur.
MON
jfc son caractère* On lui doit :
1. Un recueil de Fnhies qui ont de
la naïveté et de$ grâces. II. Une
traduction de Térence. C'est la
meilleure que nous ayons 4^ ca
pocte comique. III. Une Lettre
sur rétablissement des prix de
tertus et des Rosières, L abbé le
Monnier fut emprisonné sons le
f&gne de la terreur , où l'on n«
respectoit ni les talens ni les ver-*
tus. Après dix-huit mois de pri-
son, le Q thermidor lui rendjt la
liberté, il est mort à Paris le 4
ami 1797 9 presque subitement,
à l'âge de 76 ans.
MONPER , ( Joseph ) peintre
paysagiste de Técole Flamande ,
dont les tableaux vus de loin font
«n grand effet f naquit à la 6n du
i(^ siècle.
MONSON , ( Guillaume ) ami-
n\ Anglds, qui eut en i63S le
commandement de la Hotte con^
tre les François et les Hollandois ^
et qui, malgré ses services, es-
suya bien des traverses dans sa
patrie. H mourut en 1643, lais-
sant un Traité de Navigation «
1682, in- fol.
MONTAGNAGOUT , (GuiU
laume) troubadour Provençal,
célèbre an tS^ siècle, acquit sa
réputation par des Sitvantes et
des Chansons. Il n'aimoit pas le
faste des gens d'église, h Qu'ils
renoncent au monde , disoit-il ,
et songent uniquemant à leur '
saint; qu'ils dépouillent la va*».
nité et la convoitise ; qu'ils n'u-
surpent pas le bien d'atitrui , et
on les crojra. A les entendre , ils
ne veulent rien ; mais à les voir ,
ils prennent tout » sans égard
pont personne, m
^ MONTAGNE, ou plutôt
Montaigne , ( Michel de ) na^*
MON 119
le Périgord', le 28 février i533 ,
de Pierre Eyquem , seigneur de
Montagne , élu maire de la ville
de Bordeaux. Son enfance an-
nouça les plus heureuses dispo-
sitions , et son père les cultiva
avec beaucoup de som. Dès qu'il
fut en état de parler, il mit au-
près de lui un Allemand , qui na
s'énonçoit qu'en Intin , de façon
que cet enfant entendit parfai-
tement cette langue dès l'âge de
six ans. 'On lui apprit ensuite le
grec par forme de divertisse-
ment, et on cacha toujours les
épiues de l'étude sous les charmes
du plaisir. Son père portoit ses
attentions pour lui jusqu'au scru-
pule ; il ne le faisoit éveiller 1»
matin qu'au son des instrumens ,
dans l'idée que c'étoit gâter le
jugement des enfans , que de les
éveiller en sursaut. Dès l'âge de
treize ans il eut fini son cours
d'études , qu'il aveit commencé
et achevé au collège de Bor-
deaux sous Croachi , Buchanati
et Muret» personnages illustres
par leur goût et par leur éru-
dition. Sqs progrès sous de tels
maîtres ne purent qu'être rapi-
des. Destiné à la robe par son
père, il épousa Françoise de la
Ckassaigne t fille d'un conseiller
au parlement de Bordeaux. Il pos«
séda lin-ffidme [pendant quelqu»
temps une charge semblable, qu'il
quitta ensuite par dégoût pour<
une profession qui n'avoitpour
lui que des ronces. L'étu<^ de
l'homme , voilà quelle étoit la
science qui l'attachoit le plus..
Pour le connoître plus parfaite-
ment , il alla l'observer dans difr-
férentes contrées de l'Europe ;
il {)arcourut la France* l'Aile-*
magne , la- Suisse- , ITtalie , et
toujours en observateur curieux
et en philosophe profond. Soa>
©Irrite regut par-towt des, diW-
lie
MON
Jtmctions. On l'honora à Rflflie,^
4)11 il se trouvolt en i58i, da
titre de Citoyen Romain. Il fut
élu la même année maire de Boi^
tdeaux , après le maréchal deBi^
Ton. , et il eut pour successeur -le
maréchal de Matignon ; mais
Tadministration de ces deux hom-
mes illustres ne fit pas oublier
la sienne. Les Bordelois en furent
si satisfaits , quen i58iiJs l'en-
Toyèrent à la cour pour y né-
gocier leurs affaires. Après deux
ans d'exercice , il fut encore con-
tinué deux autres années. Il parut
avec éclat quelque, temps aprè^
«ux Ëtats de Blois en 1 588. Ce
jfut sans doute pendant quelques-
uns de ses voyage? à la cour ,
que le roi Charles IX le décora
du collier de l'ordre de Saint-
IVIichel , sans quU Veut , dit-il ^
sollicité. Tranquille enfin , après
différente^ courses , dans son châ-
teau de Montaigne , il s'y livr^
tout entier à la philosophie. Il
y essuya cependant quelques ora-
ges passagers, pendant les guerres
civiles qui désolèrent la France
40US Charles IX. Un jour , un
llnconnu ce présenta devant les
fossés de son château, feignant
d'être poursuivi par des religion-
jiaires : introduit par Montaigne ,
Il lui raconta que voyageant avec
plusieurs de ses amis, une troupe
de gens de guerre les avoit atta-«
qués , que leur bagage avoit été
pillé , que ceux qui a voient op-
posé de la résistance avoient été
tués 9 et qu'on avoit dispersé les
autres. Montaigne ne soupçonna
pas un instant la bonne foi de ce
fourbe. C'étoit néanmoins un
chef de parti j qui se servoit de
ce stratagème pour jntroduire sa
troupe dans le château. Un mo-^
ment après on vient avertir Mon-
taigne qu'il paroissoit deux ou
jïoSi auUes çaYdliers.. Celui qiijl
MON
croît été introduit le premkr^
dit qu'il les reconnoissoit pou?
ses camarades. Le philosophe j^
touché de compassion , les ac^
cneiBit avec bonté. Ceux ci furent
9uivis de plusieurs autres : en
sorte que û cour du château fut
bientôt remplie d'hommes et do
chevaux. Montaigne s'apperce-«
Tant trop tard de sa méprise ^
paya de oonne contenance et no
changea rien dans ses manières.
11 s'empressa de procurer à ses
hôtes tout ce qu'ils demandoient y
leur fit distribuer des rafraichis-i
semens , et en agit avec tant de
cordialité et de politesse qao
leur chef n'eut pas le courage de
doni^er le signal dn pillage de la
maison d'un homme, dont les
bons procédés l'avoient subjugué.
La vieillesse de Montaigne fut
affligée par les douleurs de U
pierre et de la coliqhe , et il re-«
fiisa toujours les secours de U
médecine , à laquelle il n'avoit
point de foi. Les Médecins , di-.
soit-il , connoissenjt bien Galien ^
mais nullement le Malade. Per-
suadé que la patience et la n a turc
guérissent plus de maux que les
remèdes , il ne prenoit jamais de
purgatif, méoie en maladie. Je
laisse f, disoit-^ ^ fair^e la nature,
et ye suppose quelle s*est armée
de dents et de griffes pour se dé^
fendre contre les assauts des ma'*
ladies.^. Faites ordonner une mé-^
decine à votre cervelle » disoit-îl
aux malades imaginaires de son
temps , eUe. y sera mieux ^/»-'
ployée q.u*à votre estomac. Sa
haine pour la science des méde-*
cins étoit héréditaire* ^u reste,
il raJsonnoit avec eux volontiers ,
et il leur pardonnoit de vivre de
notre sottise^, attend» quils né-*
^toient pas les seuls. Il mourut
d'une esquinancie , qui le priva
pendaut tïotf jours d^l'usa^®*^
r
MON
h langne , sans lui rien 6ter âe
son esprit. Il suppléa dans cette
extrémité au défaut de la parole
par l'écriture, tentant sa fin ap-
procher, quelques gentilsliom-'
mes de ses voisins vinrent à sa
prière, pour Tencourager dans ses
derniers momens. Dès qu'ils fu-
rent arrivés , il fit dire la messe
dans sa chambre. A lélévation de
i*hostie , il se leva sur son lit pour
Fadorer ; mais une foiblesse l'en-
leva dans ce moment même , le
i5 septembre 1592, à (>o ans.
Montaigne s'est peint dans ses
EssMis / mais il n'avoue que quel-
ques défauts indilFérens , et dont
même se parent certaines per-
sonnes. Il convient par exemple ,
tfétre indolent et paresseux ; d'a-
voir la mémoire fort infidelle;
fttre enriemi de toute contrainte
«t de toute cérémonie ; « A quoi
lerviroit-il de fuir la servitude
des cours y si on l'entraînoit jus^
que dans sa tanière ? » Montai-
gne se flattait de connoître les
hommes à leur silence même ,
et de les découvrir mieux dans
les propos gais d'un festin que
dans la gravité d*un conseil. Pas-
sionné pour des amitiés exquises ,
il étoit peu propre aux amitiés
communes, il lechercboit la fa-
miliarité des hommes instruits ,
dont les entretiens sont , suivant
son expression , teints d'un juge*-
ment milr et const^int , et mêlés
de bonté , de franchise ^ de gaieté
H di amitié. C'étoit aussi un com-
inerce bien agréable pour lui ,
que celui des belles et hon^iêtes
femmes ; mai? .- 'est un commerce
où il faut un peu se tenir sur ses
gardes, et notamment ceux en
qui y disoit — il , le corps peut
beaucoup , comme en moi, La
modération dans les plaisirs per-
mis, lui paroîssoit seule pouvoir
pQa$»(urerU diiré^* Les Frinçts ^
MON tii
dft-îl 9 ne prennent pas plus ie
goût aux plaisirs dans leur sa^
tiétéf que les Enfans^de-ckoeur
à la JIZu«V"** L'imagination étoit
à ses yeux ime source féconde
de maux. « Le laboureur, dit-
il , n'a du mal que quand il l'a :
l'autre a souvent la pierre en
Tame avant qu'il l'ait aux reins.
Vous tourmenter des maux fu-
turs par la prévoyance , c'est
prendre votre robe fourrée dès
la Saint-Jean , parce que vous
en aurez besoin,à Noël. » Il avoit
sur l'éducation des i^lées qu'on
a renouvelées de nos jours , ainsi
qu'un grand nombre d'autres dont
on ne lui a pas fait honneur. Il
vouloit que la liberté des en fan s
s'étendit au moral et au physi-
que. Les langes, les emmaillotte-
TOons , lui paroissoient nuisibles.
Il pensoit même que l'habitude
pourroit nous former à nous pas-
ser de vêtemens, puisque nous
n'en avons pas besoin potir le
visage et pdur les mains. Il ré—
prouvoit ce régime trop exact ,
qui rend le corps incapable de
fatigue et d'excès. Les vues de
ce philosophe sur la législation
et l'administration. de la justice ,.
éclairèrent non -seulement son
siècl» , mais ont été utiles au
nôtre. Les abus dont il se plai-
gnoit subsistent encore , et plu-
sieurs n'ont fait que s'accroître.
Il eût voulu plus de simplicité
dans les lois et dans les formè's.
Il y a pbis de Livres sur les Liè-
vres , dit-il en parlant de la jnris^
prudence , que sur mutres sujets^
Nous ne faisons que nous entre*»
glosser, La science, dit-il ail-
leurs, est un sceptre dans cer^.
tain es mains , et dans d'autres
une marotte* « Si par l'étude notre
ame n'en va pas un meilleur
branle , si nous n'en avons le ju-
gement j^los sain y j'aimerois au-*
ixx MON-
tant que noiis eussions passé U
temps h jouer à la paume : au
inoins le corps en serpit plus
allègre, v 11 trouvoit <}ue les lois
pvoient souvent J'iuconve^nient
d'être inutiles p^r leur sévérité
niêœe. 11 étoit fâche qu'il n*y en
eût point cpntre les oisifs et l'oi-
siveté. Tel pourroU , selon lui 9
n'ojfenser point Us Lois , que la
Philosophie femit très--jusUnient
fouetter. £n déplorant les excès
de la justice cnminelle , il s'écria ;
Combien ai-je vu de condamna^
tions plus crimineuses que le
crime! Sa morale 9 presque tou-
jours indulgente , étoit sévère
sur certains points. Il s'élevoit
fortement contre ceux qui se ma-
rient sans s épouser : Ceux qui se
jnnrient sans efpérçince d'enfans ^
commettant un homicide à la
mode de Platon. Il vouloit qu'on
fut philosophe autrement ^uen
spéculation. Quelque Philosophe
que je sois , je le veux être ail^
leurs, disoit-il) qu'en papier, l\
se proposoit de confprmer^ non
sa vieillesse 9 mais toute sa vie à
ses préceptes ; et il ne prétendoit
point attacher la queue d'un Phi^
losophe à la tête et au corps d'un
homme perdu. Il avoit cependant
la bpnpe foi de dire , eu parlant
de lui-même : « Je suis tantôt
sage , tantôt libertin { tantôt
vrai 9 tantôt menteur ; chaste ,
impudique , puis libéral , pro^
digue et avare ; et tout cela selon
que je me vire^ « Il souffroit sans
peine d'être contredit en cpn ver-
sa tion ; aimqit même à contester
çt à discourir. Un de ses plaisirs
étoit d'étudier l'I^omme dans des
âmes neuves, comme dans celles
(les en fans et des gens de la cam-»
pagne. Il craignoit d'offenser , et
\\ réparoit par l'in^éiHiité de ses
discours et la franchise de &e3
^nanières , ce qu'il aiiroll pu dir»
MON
dfr désagréable., Il se plaisoit qa«l«»
quefois à pro&ter des pensées des
anciens sans les citer. Je veux ,
disoit-il , que m£s critiques dotin
lient une nazarde à Plutarque^ur
mon nez , et qu'ils s'échaudent à>
injurier Sénèque en moi^ S'il soi*
voit dans sa morale et dans sa
conduite la raison humaiiie, il
ne fermoit pas toujours les yeux
à la lumière de la foi , et oa
trouve dans ses Essais des choses
très » favorables à la religion*
Mais , flattant sans ces^d4Qs un
doigte universel , égalemeftt op-
posé à ceux qui disoielit que tout {
est incertain et que tout ne l'est
pas, il est à présumer que sa
croyance fut souvent chancelante.
Cependant il paroît par les cir-»
constances de sa oiort^ que dans
ses derniers momens la religion
prit le dessus et dissipa toutes ses
Incertitudes. On a de lui : L Des
Essaie , que le cardinal du Per»
ron appeloit le Bréviaire des hon^
nétes gens. Cet ouvrage a été
long-temps le seul livre qui atti-
rât Tattention du petit nombre
d'étrangers qui pouvoient savoir
le françois ; et on le lit encore
aujourd'hui avec délices. Le style
p'en est à la vérité ni pur ^ ni
correct , ni précis , ni noble ;
mais il est simple, vif, hardi |
énergique. 11 exprime naïvement
de grandes choses. .Cest cette
naïveté qui plaiu On aime ce ca-
ractère de l'auteur ; on nime à se
trouver dans ce quHl dit de lui-
même « k converser, à changer
de discours et d'opinion avec lni«
Un écrivain ingénieux , en le
comparant à d'autres philoso-
phes , a dit s
Pins ingénu , melnc orgvtlIlMz «
Montaigne sans art » nsa système $
Chercha Dt l'homme dans Thomme m^me»
Le connott er le peint, bien mieux.
^am^is «ttteuir ne s*est mQîM
MON
fteé «n écrivant qu« Montaigne,
B lui venoit quelc^i^es pensées sur
|ttn sujet, et il se mettoit à les
écrire ; mais si ces pensées lui en
funeQQÎent quelqu autre qui eût
yvec elles le plus léger rapport ,
il saivoit cette nouvelle peusée ,
tant qu'elle luf foiirnissoit quelque
chose '^ revenqit ensipte à sa ma-
tière, qu'il qi^ittqit encore, et
quelquefpis pour n'y plus revenir.
Il effleure tons les sujets , hasar-
dant le bon pour le mauvais , et
le mauvais pqur le bon , sans trop
l'attacher ni à l'un ni à l'autre.
Ce sont des digressions ^des écarts
continuels , mais agréables , e.t
que l'air cavalier qu'n prend avec
«on lecteur , rend souvent insen-
àbles. On a dit de lui , que c'étoit
îlioo^nie du monde qui snvoit le
isoias ce qu'il allait dirç, et qui
cependant savQÎt le mieux ce qui!
disoit. Balzac Ta bien ju^ré : Cc$t
faguide , di$-il , qui éga>t , mais
qui nous mènô dans des pays plus
agréables tjuil navoit proniis. Il
^iloit avoir autant d'esprit , de
bon sens , d'imagination , de naï-
veté et de fmesse, pour qu'on lui
passât \\n si grand désordre dans
«a manièie d'écrire. On pourroit
lui appliquer , quoique dans un
loutre sens , ce que Quintilien a
dit de Sénèque, qu'il est plein
^ défauts a;jréables ; Dulcibvs
ABïïNDAT riTiiSo On ne con-r
«eilleroit pas pourtalit aux au-
teurs modernes de laisser courir
leurphime avec autant de liberté
Çue Montaigne , et encore? moins
avec la licence qu'il s'est donnée
^ nommer eii vrai Cynique
tontes les choses par leur nom.
Montaigne éprouva , comme tant
^hommes célèbres, qu'on vaut
çiieux ailleurs que chez soi. Ta-
çhète , dit-il , les Imprimeurs en,
GiUenne, ailleurs ils m'achètent.
^ a dit ^yeq raison que ceux
M Q N ixj
qui décrient le plus ce philoso-*
phe , le louent malgié eux dans
quelques endroits et le pillent
oans d'autres. Si Montaigne à eu
des détracteur* , il a trouvé des
vengeurs dignes de lui. ^ Quelle
injustice criante, dit Voltaire ^
fie dire qu'il n'a fait que com-?
p^enter ^s anciens ! il les cite V
propos , et c'est ce que les com-
ipentdteurs ne font pas ; il pense ,
et ces messieurs ne pensent point;
il appuie ses pensées de celles des
grands hommes de l'antiquité; il
les juge, il les combat; il conr
verse avec eujç, avec son lecr-
teur, avec lui-même; toujours
original dans la manière dont il
présente les objets, toujpurs plein
d'imagination , toujours peintre ;
et ce que j'aime , toujours sachant
douter. Je voudrois bi|^ savoir
d'ailleurs s'il a pris chez les an-
ciens tout ce qu'il dit sur nos
modes , sur nos usages , sur le
nouveau Monda découvert pres-
que de son temps, sur les guerres
civiles dont il étoit le témoin ;
sur le fanatisTne des sectes qui
désoloient la France. » M. de la
Harpe pensoit de même, et en
a fait un portrait encore plusap^*
proFondi. « Montaigne, dit-il,,
avoit beaucoup lu ; mais il fondit
son érudition dans sa philosophie»
Après avoir écouté les anciens et
les modernes , il se demanda ce
qu'il en pensoit. L'entretien fut
assez long. Il abuse quelquefois
de la liberté de converser , et
perd de vue le point de la ques-
tion qu'il aVQÎt établie. Il cite de
mémoire , et fait quelques ap-
plications fausses ou forcées de^
passages qu'il rapporte. Il resserre
un peu trop les bornes de nos
connoissances sur plusieurs ob- ,
jets, qu? depuis, l'expérience et
la raison n'ont pas trouvés inac-
cessibles. Voilà je crois tou« le«
i£4 MON
feproche* qn'on pent loi faire;
nais combien ils sont cotnpensés
par les éloges qnon Ini doit.
Comme écrivain , il a imprimé
a notre languie une énergie qu'elle
n'avoit pas avant lai , et qui n*a
point vieilli, parce 'qu'elle tient
à celle des sentimens et des idées ,
•t qu'elle ne s'éloignp pas. comme
dans Ronsard , du génie de notre
Idiome. Comme philosophe , il a
peint l'homme tel qu'il est. Il loue
sons complaisance et blâme sans
misanthropie. Il a un caractère de
bonne foi , que ne peut avoir
aucun autre livre du monde. En
•ffet y ce n'est pas un livre qu'on
. lit; c'est une conversation qu'on
écoute : il persuade parce qu'il
n'enseigne pas. Il parle souvent
de lui 9 mais de manière à vous
occuper île vous. 11 n'est ni vain ,
ni hypocrite , ni ennuyeux: trois
choses très-difficiles à éviter lors-
que Ton parle de soi. Il n'est ja-
' mais sec ; son cœur on son ca-
ractère est par-tcut, et quelle
foule de pensées sur tous les su-
jets ! quel trésor de bon sens !
que de confidences où son his-
toire est aussi la nôtre l heureux
€[ui trouvera la sienne propre
dans le chapitre de l'amitié , qjii
a immortalisé le nom de l'ami de
Montaigne, » Le.s meilleures édi-
tions de ses Essais , sont celles
de Bruxelles, 1759 , en 3 vol.
in-i2;de Coste , 1726, 3 vol.
1n-4°, avec des notes , la traduc-
tion des passages grecs, latins
et italiens ; diverses lettres de
Montaigne ; la préface de M^'® de
Gourifai f fille d'alliance de ce
philosophe ; et un Supplément ,
1740, :n-4.*^ Cette édition a été
jéimpridiée depuis en 17395 à
Trévoux, sous le titre de Lon-
dres , $ \o\, in- 12. Les Feuillans
N de Bordeaux conservoient cet ou-
(irjege corrigé de la main de Tau-:*
MON
tenr. IL Montaigne donna eif
1 58 1 ime traduction francoise ,
in-8**, delà Théologie naturelle
de Raimond de Sehonde , savant
Espagnol ; et elle avoit été pré-
cédée dix ans auparavant, d'une
édition in — 8° de quelques ou-
vrages d'Etienne de la Boêtie »
conseiller au parlement de Bor-
deaux , son intime ami. Dans les
Préfaces qui précèdent ces oti-
vrages, on reconnoit toujours
Montaigne , c'est-à-dire uir
homme unique pour dire forte-»
ment des choses neuves et origi-
nales, qui restent gravées dans
la mémoire. III. On a encore de
cet auteur des Voyages imprimés
en 177a , par les soins ôeM^de
Querlon , en un vol. in- 4*, et en
3 vok petit in- 12, avec des notes
intéressantes. Le public a paru
en général mécontent de cette
Relation , que l'auteur avoit mise
au rebut comme un journal in-
forme et minutieux , dicté rapi-
dement à un domestique. A peine
y rencontre-t-on quelques phrases
oïl l'on puisse reconnoître ?oit
style , si l'on, en excepte sa rela-
tion de Rome. Ceoendant connut
on y trouve des morceaux pré-
cieux qui tiennent aux mœurs,
aux arts , à la politique , ou qui
font connoître le génie et le ca-
ractère de l'auteur, on a très-
bien fait de l'imprimer. Il y a
plusieurs choses qu'on aime à
voir décrites par un conterapo-
raifi et par un- témoin, et un té-
moin tel que Montaigne. Les pe-
tits détails de la dépense dans ses
voyages, peuvent servir à fair»
connoître la proportion du nu-
méraire actuel avec celui de son
temps.
♦ IL MONT AIGU, (Gilles
Aycelin de ) archevêque de Nar-
bônne et ensuite 4© Rouen , mort
MON
'w i3i8, avoit fondé le collée
de Montaigu à Paris en i3i4.
— Il avoit un frère dont Gilles
Ayoeli/i de Montai ou fui l'iir-
rière petit-'fils. Celai-<i nommé
chancelier de France et proviseur
de Sorbonne , sous le règne du
roi Jean , fut garde des sceaux de
€e prince pendant sa prison en
Anorleterre. Mais ayant refusé
généreusement de sceller les dons
indiscrets quti le monarque faisoit
à des seigneurs Anglois, il fut
■OQgédié. Le roi Jeaa le rappela
tnsuite avec honneur, et le fit
décorer de la pourpre par le pape
Innocent VJ , en i36f.ll rendit
des services importans à la France
par sa prudence et par sa sagesse.
Cet illustre prélat mourut à Avi-
çion en 137.8 y après avoir tra-
vaillé à la réforme de l'université
de Paris*
» MONT -DORÉ , (Pierre)
•n latin Mons^Aurcus , natif de
Paris , et conseiller , ou , selon
d'autres , maître des requêtes , fut
chassé d'Orléans à cause de son
attachement au Calvinisme. Il se
retira à Sancerre , où il mourut
en 1570. On a de lui , un Co/ti-
mentaire sur le dixième livre
SEiLclide. Mont^Doré avoit suc-
cédé à Pierre du Chùtel , dans
la place de Mntlre de la librairie
du, roi. C'ctoit la bibliothèque
royale , déposée alors à Fontai*
nebleau^etqui renfermoit, i."les
livres de Gharles K, au nombre
d'environ 910 vol. ; 2.® la biblio-
thèque de Blois formée par Char'
les VIII et Louis XII , et ou
l'on transporta celle, que Ips Vis--
4oati et les S force , ducs de
Milan , avoient établie à Pavie 9
et celle de Pétrarque ; 3.® la bi-
bliothèque de Louise de Savoie 9
mère de François I ; 4.*' enfin ^
celle d« MargHÇj^Hc de YalQÏ^ ^
MON ix^
sa sosnr. Le célèbre Amyot suc*
céda à Monl-Doré dans la plac«
de bibliothécaire.
MONTENAI, (Georgett»
de ) étoit fille d'honneur Ac Jeanne
d'Albret , reine de Navarre. Sa
beauté et son esprit en firent
l'ornement de la cour. En 1 371 ,
elle fit imprimer l'ejcplication eft
vers de cent emblèmes ou devises
qn elle dédia à la reine.
♦ MONTESQUIEU, (Charles
de Secondât , baron de (^ Brède
et de) d'une famille distinguée
de Guienne , naquit au château
de la Brède , près de Bordeaux ^
le iS janvier 1689. Il fut philo--
sophe au sortir de l'enfance. Dès
l'âge de vingt ans , Montesquieu
p réparoi t les matériaux de l^Es^
prit des Lois « par un extrait rai»
sonné des immenses volumes qui
composent le Corps du Droit
Civil, Un oncle paternel , pré-
sident à mortier au parlement de
Bordeaux , ayant laissé ses biens
et sa charge au jeune philosophe y
il en fut pourvu en 1716. Sa
compagnie le chargea six ans
après, en 1722 , de présenter
des remontrances à l'occasion
d'un nouvel impôt , dont son
éloquence et son zèle obtinrent
la suppression. L'année d'anpa—
ravant il avoit mis au jour ses
Lettres Persanes , commencées
à la campagne , et finies dans
les momens de relâche que lui
laissoient les devoirs de sa chiirge.
Ce livre profond sous un air de
légèreté , annonçoit à la France
et à l'Europe \m écrivain supé-
rieur à ses ouvrages. Le Persan
fait une satire délicate et éner-
gique de nos' vices , de nos tra-
vers , de nos ri(3i^u}es , de nos
préjugés, et de la bizarrerie de
nos goûts. C'est le tableau le plus
«j)i<né ^ l^ plMJ» y^fà. d#« xQfsuri
lié MON
Françdises : soii piucean est léger
et hardi ; il donne à tout ce qu'il
touche un caractère ori<rinah
Toutes les lettres ne sont pa*s
cependant d'une égale force ; il
V en a , dit Voltaire , de très-
jolies , d'autres très — hardies ^
d'autres médidcres, d'autres fri-
voles ; et les détails de ce qui se
passe dans le sérail d*Usbeck à
Ispahan , n'intéressent que foi-
bleitient les lecteurs François;
On peut ehcore reprocher â raii-
teur quelques peradbxes en litté-
rature , en morale et en politi-
que 9 et des satires trop fortes dé
Louis XIV et de son règne. L^
succès des Lettres Persanes Ou-
vrit à Montesquieu les portes dé
i'acadéqnié Françoise , quoique ^
de tous les livres où l'on a plai-
santé sur cette compagnie , il n'jr
en ait ^uère ou elle soit moins
ménagée. Ld mort de Sacy , le
traducteur de Pline, ayant laissé
ime place vaeante , Montesquieu
qui s'étbit défait de sa charge ^ et
qui ne vouloit plus être qu'homme
de lettres ) s'y présenta pour là
remplir. Le cardinal de Fleury ^
instruit par des personnes zélées^
des plaisanteries du f^ersan sur
lies dogmes , la «discipline et les
itninistres de la religion Chré-
tienne , lui refusa son agrément.
Il ne paroitra pa« étrange que ce
fninistre fit quelques difficultés,
si l'on se rappelle la Lettre
(LiV. 75) dans laquelle Usbeck
fait une apologie si éloquente et
si dangereuse du suicide ; une
autre, ( Liv. 27 ) oh il est dit ex-
pressément que les évèqnes n'ont
d'autres fonctions que de dispen^
ser de la loi ; une outre (^<'. 4 )
enfm , où le pape est peint co Aime
un magicien qui fait croire que
trois ne font qu'un , que le pain
qu'on mange nest pas du pain,,.
On peut ajouter que rapparition
uôn
deâ Lettret Persanes est M firê^
mière époque de ce déluge d'é^
crîts qui ont paru depuis contre
le Christianisme et lé gouverne-*
ment' Montesquieu i sentant lé
coup que l'exclusion et les mé-*
tifs de l'exclusion pou^Oient por-*
ter sur sa {Personne et sur sa
famille ^ prit un tdur très-adroit
pour obtenir l'agrément du car-
dinal. On prétend ^ ( c'eât l'au-
teur du Siècle de Louis XIV qui
rapporte cette ànebdoté ; inais
elle paroît faussé et àanâ Vrai-
semblance : ) qu'il fit faire éri peu
de jours une nouvelle édition de
son livre , dans laquelle On re-
trancha ou on adcmcit tout ce
qui pônvoit être condamné pat
iin cardinal et pîàr un miriistrei
Il porta lui— raéme l'oiivrage an
Cardinal de Fleury , qui ne lisoit
guère , et qui en lut une partie.
Cet air de cOnfidncé , soutenir
par quelques personnes de crë-J
dit, et sur-tout par le maréchd
d*EstréeÈ son ami , pour lors àU
recteur de l'académie Françoise^
ramena , dit-on ^ lé cardinal , et
Montesquieu entrii dans cette
Compagnie* Son diséOurs dé ré^
ception , fort court , mais plein
de traits de force et de Infnière,'
fut prononcé ié.24 janvier 1728^
Le dessein que Montesquieu avoit
fondé de joindre leS nations dàni
soTl Esprit déi Lois i l'obligea
de les aller étitdiet che2( elle^;
Après avoir parccNirùl l^Alle-
magne , la rfon^rie . l'Italie , 1*
Suisse eé la Hoifanaé^ il se fijni
Srès de deux ans en Angleterre/
fut recherché par touSlesphi-
losophe.^; de cette islé , et chéri
par leur reine^ qui é^)it encore
plus digne ({ii'rùx de converser
avec l'auteur cfes Lettres P^^
sanes. Des ilifFérenteJ observa-
tions qu'il fit dans seè vcjyages,
il résnltoit ^te VMeiiiëfftéiWi^
î?.
MON
feîte pour f voyager ^ lltalie pont
f séjourner , TAnglfeterre pour y
gïnser , et la France pour y vivre.
e retour dans sa patrie ,^il mit
la dernière main à son onvrap;e :
Sim la cause de la Grandeur et
de la Décadence des Romains,
Des réflexions très -^Bnes et des
peintures très--fortes donnèrent
16 mérite dé la nouveauté a cette
matière , traitée tant de fois et
»ar tant d'écrivains supérieurs.
Tn Romain qui anroit eu Tame
du grand Corneille , jointe à celle
de Tacite , «l'auroit rien fait de
mieux , danrs les temps les plus
(lorissans de la république. Cette
Histoire politique de la naissan e
et de la chute de la nation Ho**
maine , k l'usage des hommes
^état et des philosophes , parut
CD 1 7x34 , in- 1 1. L'illustre écrivain
trouve les causes de la grandeur
des Romains dans l'amour de la
liberté , du travail et de la patrie ;
dans la sévérité de la discipline
militaire ; dans le principe où ils
^furent toujours de ne faire jamais
la paix qu'après des victoires. Il
trouve les causes de leur dé-
cadence dans ragrandiâsement
même de l'état ; dans le droit de
bourgeoisie accordé à tant de
nations; dans la corruption in-
troduite par le luxe de l'Asie ;
dans les proscriptions de Sylla ;
dans l'obligation oh les Romains
furent de changer de maximes
en changeant de gouvernement ;
dans cette suite de monstres qui
régnèrent, presque sans inter-
ruption , depuis Tibère t^isqy'à
Constantin / enfin y dans la trans-
lation et le partage de l'empire.
jLe génie màie et rapide qui brille
dans la Grandeur des Romains ,
te fit encore plu» sentir dans
TEêPRiT DES'iêis p publié en
1748 , en 2 Vq1./i»-4-'' Dans cet
«uvrage, ^^; est plutôt- i'^f/i/i^
MON tij
des Hâtions que Y Esprit des Lots ^
Tauteur distingue trois sortes de
gonvernemens : le Bépublicain ,
le Monarchique et le Despotique*
Le Républicain est celui où le
peuple y en corps ou en partie ,
a la souveraine puissance \ lé
Monarchique , celui où gouverne
tin seul ^ mais selon des lois fixos;
le Despotique , celui où un seul
entraine tout par sa volonté ^
sans autre loi que cette volonto
même. Dans ces divers états , les
lois doivent être relatives à leul*
nature , c'est-à-dire à ce qui les
constitue ; et à leur principe ,
c'est-à-dire à ce qui les soutient
et les fiait agir : distinction imw
portante , la clef d'une infinité
de lois , et dont l'auteur tire bien
des conséquences. Les principale»
lois , relatives à la nature de la
Démocratie , sont : Que le peuple
y soit à certains égards le mo-
narque, à d'autres le sujet ; qu'il
élise et juge ses magistrats , et
que les magistrats en certaine»
occasions décident. La nature de
la Monarchie demande qu'il y ait
entre le monarque et le peuple
beaucoup de pouvoirs et de rang»
intermédiaire ; et un corps dé-«
positaire des lois , médiateur en<«
tre les sujets et le prince. La na-
ture du Despotisme exige que le
Zyran exerce son autorité, ou
par lui seul , oti par un seul qui
le représente. Quant aux prin-
cipes des trois gouvernemens ^
ceifti de la Démocratie est l'a—
nrour de la république , c'est-à-
dire de l'égalité : ce que l'auteur
exprime par le mot vague de
i^ertu* Dans les Monarchies , où
un seul est le dispensateur de»
distinctions et des récompenses ^
et oîi l'on s'accoutume à con-
fondre l'état avec le monarque j
le principe est Yhonneur , c'est-
o-dir^ lAïubitioa et ramour d»
\
liS MON
l'estime. Sous le Despotisme eil'^
En , c'est la crainte. Plus ces
principes sont en vigueur , plus
le gouvernement est stable ; plus
ils s'altèrent et se corrompent ,
plus il incline à sa destruction.
Les lois que les Législateurs flou-
nent , doivent ^tre conformes
aux principes de ces différens gou-
vérnemens. Dans la république ,
entretenir Tégalitê et la frugalité j
dans hi monarchie , soutenir la
noblesse ) sans écraser le peuple :
sous le gouvernement despotique^
tenir également tous les états dans
le silence. Si l'on excepte le Des-
potique , qui n'existe point tel
que l'auteur Va peint ^ ces gou-
vernemens ont cnacun leurs avan-
tages. Le Républicain est plus
propre aux petits états , le Mo-
narchique aux grands. Le flépu-
blicain plus sujet aux excès .. le
Monarchique aux abus. Le Ré-
publicain apporte plus d« ma**
turité dans l'exécution des lois ,
le Monarchique plus de promp-
titude. La différence des principes
des trois p;ouvernemens ^ doit en
produire dans» le nombre et l'ob-
jet des lois. Mais la loi commitne
de tous les gouvernemens mo-
dérés et par conséquent justes 5
est la liberté politique dont cha-
que citoyen doit jouir. Cette li-
berté n'est point la licence ab-
surde de faire tout ce qu'on veut ,
mais le pouvoir de faire tout ce
que les lois permettent- La li-
berté, extrême a ses inconvé-
niens, comme l'extrême servi-
tude ; et en général la nature
humaine s'accommode mieux ^'un
état mitoyen. Après ces ob'ser-i
varions générales sur les difFécens
gouvernemens , l'autepj; examine
es ré.compenses qu'on y propose ^
les p.einès qu'on y décerne , les
vertus qu'on y pratique , ainsi
que les îautc« qu'on 2*cc»'Bi2^<^^»
MON
f édacution qu'on y donne, le \iM
qui y règne , la monnoie qui y a
cours , la religion qu'on y pro->
fesse* « Il compare le commerétf
d'un peuple , avec celui d'un au-i
tre i celui des anciens , avec celui
d'aujourd'hui ; celui d'Europe ^
avec celui des trois autres parties
du monde. Il examine quelles re«»
ligioHS conviennent mieux à cer-»
tains climats , à certains gouver*^
nemens. Le 18® siècle n'a point
produit d'ouvrage ^ oii il y ait
plus d'idées profondes et de peu-*
•z^.ei neuves. La partie la plus in**
téressante , de l'histoire de tous
les temps et de tous les lieux ^
y est répandue adroitement ,jpoi«'
éclaircir les principes , et en être
éclaircie à son tour. Les faits de^
Viennent entre ses mains des prin-
cipes lumineux. Son style ^ sans
être toiijours exact ^ est nerveux*
« Il n'étincelle point , dit un au-*
teur , il échaulfe ; ce sont des
idées qui se pressent ^ non des
phrases qui s'arrachent ; c'est uil
athlète toujours en attitude. »
Images frappantes J saillies d'es*»
prit et de génie ; faits peu connus^
curieux et agréables 2 tout con-
court à charmer le travail d'untf
longue lecture. On peut appelée
cet ouvrage, le Code du DroU
des Nations ; et son auteur , le
Législateur du, genre humain* ÛA
sent qu'il est sorti d'un esprit
libre , et d'un cdeur plein de cette
bienveillance générale qui em-
brasse tous les hommes. C'est eri
faveur de sçs sentimens qu'on i
pardonné à M. de Montesquieu'^
d'avoir ramené tdut à un sys-*
tème , dans Une matière où il W
falloit que raisonne? sans iraa-*
giner; d'avoir donné trop din-
iluence au climat , aux causêl
physiques . pi;éférablement» fl«^
causes motcuîes ( Voyez l'artic]»
BoDiNjr d'av^r fait un t«îirf
irréguJier,
iri^giilier , une chaîne interroià-
^ne , avec les plus belles parties
tt les plus beaux chignons ; d'a-
Voir trop souvent conclu du par-
ticulier au général. On a été fa—
lâié de trouver dans ce chef—
a'œuvre ^ de longues digressions
sur les lois féodales , des exem—
pies tirés des voyageurs les plus
décrédités 5 des paradoxes à la
place des vérités > des plaisante-
ries ou il falloit des réflexions ^
•t ce qui e^t encore plus triste ^
des principes de déisme et d'ir-
réligion. On a été choqué des
titres indéterniincs qu'il donne à
la plupart de ses chapitres : Idée
iénérale , Conséquence > Prô—
^ne , Réflexion , Continuation
hméme sujet , etc. On lui a re-
l^oché des chapitres trop peu
"tt à ceux qui les précèdent ou
^ les suivent , des idées vagues
<t CDD fuses, des tours forcés ^
ta style tendu et quelquefois re-
cherché. Mais s'il ne satisfait pas
tonjonrs les grammairiens , il
donne toujours à penser aux phi-
losophes , soit en les fiaisant en-
trei' dans ses réflexions ^ soit en
leur donnant sujet de les com-
battre. Personne aa plus réfléchi
^ûe lui sur la nature , les prin-
cipes , les mœurs , le. climat ^
léterrdué , la puissance et le ca-
lictère particulier des états ; sur
leurs lois bonnes et mauvaises ;
>nr les effets des châtimens et
Qçs récompenses ; sur U reli—
fioQ , l'éducation 9 le commerce.
L'article à* Alexandre renferme
des observations profondes et
très~bien rapprochées; celui de
C^rlemagiie offre , en » pages ,
pîûs de principes de politique ,
JJïe tous les livres de Baltkasar
Oracian / celui de VEsclai'age des
^èg^es^ des réflexions d'autant
î>lns agréables , qu'elles sont ca-
^es sous une ironie très^plai-
SvppL, T0mc II lé
MON n^
ÈKnte» Son tableau du gouverne-
ment An^lois est de main dé
maître. Cette nation philosophé
et commerçante , lui en témoi-
gna sa reconnoissance en ijS%*
M. Dassier , célèbre par les Mé-*
daiiles qu'il a frappées à l'honneur
de plusieurs hommes illustres ^
vint de Londres à Paris pour
frapper la sienhe.... Si V Esprit
des Lois lui attira des homAiages
de la part des étrangers , il lui
procura des critiques dans son
pays. Un abbé Débonnaire donna
le signal par une mauvaise bro<-«
chure, en style moitié sérieux ^
moitié bouffon. Le gazetier ec-^
clésiastique , qui vit finement
dans \ Esprit des Lois une de 0%%
prottnctions que la BuUe UsiGÉ-^
NITUS a si fort multipliées , lança
deux feuilles contré l'auteur ;
l'une 9 pour prouver qu'il étoit
Athée j ce qu il ne persuada k
personne : l'autre, poinr démon-
trer qu'il étoit Déiste , ce que
ses livres n'uvoient que trop feit
penser* Lilhistre magistrat rendit
son adversaire ridicule et odieux ,
dans sa Défense de VEsprit des
ïéOis. Cette brochure est . comme
Ta dit un auteur ingénieux , de
la raison assaisorinée. C'est ainsi
qi)e Socraïe plaida devant s>^%
juges. Les grâces y sont unies
à la justesse 9 le brillant au do-4
lide , la vivacité du tour à la force
du raisonnements Mais quelqud
esprit et quelque raison qu'il y
ait dans cette défensQ , l'auteur
ne se justifie pas sur tous les re-
proches que lut avoit faits son
adversaire. La Sorbônne , excitée
parles cris du l^ouvelliste^ entre-
prit l'exaitien de ^Esprit des Lois «
et trouva plnsi^rs choses à re-
prendre. Sa censure , si long-*
temps attendue j n a pas vu le
jour , et ne le verra point. La
meilleure de toutes les critiques ,
l
136 MON
si on en jugeoit par Vimpresslon
qu'elle fit sur rautcnr , anroit été
celîe de M. Dupln , fermier gf—
lierai , qui avoit nne bibliothèque
choisie et très-nombreuse ^ dont
il savoit faire usage. Montesquieu
alla s*en plaindre à Mad. la mar?-
qnise de Pompadour , an moment
ou il n'y avoit que cinq on six
exemplaires de distribués a quel-
ques amis. Mad. de Pompadour
ht venir M. Dapin , et lui dit
qu'elle prenoit VEspn't des Lois
sous sa protection, ainsi que «on
auteur, il fallut retirer les exem-
plaires et brûler tonte l'édition.
Les chagrins quentraîncnt les
critiques justes ou injustes , le
genre de vie qu'on forçoit ISÎon^
lesquieu de mener à Paris , alté-
rèrent sa santé naturellement
délicate. Il fut nttaqné au com-
mencement de février 17 55, d'une
fluxion de poitrine. La cour et la
ville en furent touchées. Le roi
lui envoya M. le duc de Niver-*
nor's , pour s'informer de son
état. Le président de Montes-^
quieu parla et agit dans ses der-
niers momens , en homme qui
vouloit paroître à la fois Chré-
tien et philosophe. Tai toujours
respecté la Beligion , dit — il :
( cela étoit vrai h certains égards ;
car , s'il avoit paru favoriser Tin-
Crédulité dans des livres ano-
nymes , il ne s'étoit jamais mon-
tré tel en public.) La morale de
L'Evangile', ajouta -t- il, est le
plus beau présent que Dieu pût
faire aux hommes» Et comme le
Père Routh , jésuite Trlandois ,
qui le confessa , le pressoit de
livrer les corrections qu'il avoit
faites aux Lettres Persanes , il
donna son manuscrit à Mad. la
duchesse d'jiiguillon, en lui di-
sant : Je sacrifierai tout à la
Baison et à la Religion , mais
rien aux Jésuites. Voyez avec
MON
mes amis si ceci doit paroft^âi
Cette illustre amie ne le quitta
qu'au moment oii il perdit toute
connoissance , et sa présence ne
fnt pas inutile au repos du ma-
lade. Car on a appris qu'un jour,
pendant que Mad. la duchesso
éC Aiguillon étoit ail !*e diner , le
Père Roath étant venu , et ayant .
trouvé le malade seul avec son
secrétaire , fit sortir celui-ci de
la chambre et sy enferma sonsf
clef. Mad. éC Aiguillon. , revenue
d'abord après diné , s'approcha
de la porte , et entendit le ma-
lade qui parloit avec émotion.
Elle frappa , et le jésuite ouvrit :
Pourquoi tourmenter cet homme
mourant ? lui dit-elle. Alors la
président de Montesquieu , re-
prenant lui-même la parole, lui
dit : Voilà , Madame , le Père
Houth , qui voudrait m'ohliger de
lui livrer la clef de mon armoire
pour enlever mes papiers. Mad.
d'Aiguillon fit des reproches de
cette violence au confesseur , qai
s'excusa en disant : Madame , il
faut que j'obéisse à mes Supé^
rieurs; et il fut renvoyé sans rien
obtenir. Ce fut ce jésuite qui pu-
blia après la mort de Montes"
qaieu , une Lettre , dans laquelle
il fait dke à cet illustre écrivain;
« que c'étoit le goût du neuf ^
du singulier , le désir de pass(*r
pour un génie supérieur aux pré-
jugés et aux maximes communes;
l'envie déplaire et de mériter lei
appLiudissemens de ces personnes
qui donnent le ton à l'estime pu-
blique , et qui n'accordent jamais
plus sûrement la leur, que quand
on semble les autoriser à seconçf
le joug de toute dépendance et ds
toute contrainte, qui lui avoienf
mis les armes à la main contre
la Religion. » Quoi qu'il en soit
de cet aveu , démenti peut-être
trop iégèrenifnt par les amisdf
i
MON
Ituteur de l'Esprit des Luis ,' le
détail dans lequel nous sommes
entrés est trop curieux , à bien
des égards, pour ne pas porter
avec îiri— même son excose. Le
président rf^ Montesquieu mourut
îe 10 février 1755 , à râ«:e de 6S
ans. I) fnt refrretté autant pour
son «^énie , que pour ses qnaHtis
personnelles. Quoique naturelle-
ment économe , il Sft^it être
généreux (*). Ne se tourmentant
poar personne , et n'a5-nnt pas
pourhn-méme d'ambition ^ sa
donceur, sa gaieté , sa politesse
étoient toujours égales. Sa con-
Tersation , légère , piquante et
instructive , semée de bons mots
A de mots d'un grand sens , et oit
coupée par dés distractions qu'il
l'afFectoit jamais et qui plaisoient
toujours. On connoit la réponse
fa'il fit à quelqu'un qui lui rap-
^ortoit un trait difficile à croire,
Ml que ce grand homme afFectoit
(le regarder comme tel. Le nar-
rateur , à chaque doute de la jjart
<ie son auditeur 9 s'émerveilloit à
protester de sa véracité. Enfin,
pour dernier trait : Je vous donne
Ma têie , dit-il à Montesquieu ,
«t . . . . '■^J'accepte le présent , in-
tefrompit celui-ci , les petits dons
entretiennent l'amitié. Comme il
ne cherchoit pas à briller , et
^*il avoit conservé l'accent pns-
ton , il paroissoit mettre plus
desprit dans ses livi'es que dans
ta conversation , qui étoit ce-
pendant telle que nous l'avons
peinte. Il ne von I oit pas la soi-
pier , et n'y cherchoit que le
plaisir et le délassement. Peu re-
•herché dans sa parure , il ne
MON 13X
conftoissoit pas le faste , et n*en
avoit pas besoin pour s'annoncer.-
Les grands le recherchoient ; mais
leur société n'étoit pas nécessaire
à son bonheur. Il fuyott , dès
qu'il ponvoit , à sa terre. On
voyoit cet homme si grand et si
simple, sous un arbre de la Brède,
conversant dans le patois du pay«
avec fies paysans , assoupissant
leurs querelles et prenant part à
leurs peines. S'il parut quelque^
fois trop jaloux des droits sei-*
gneuriaux ; s'il fut plus attaché
qu'un philosophe n*anroit dû l'è*
tre aux prérogatives de la nais«
sauce , on excasoit en lui ces
foiblesses ^ qui furent celles da
Montaigne et de quelques autres
sages. Montesquieu étoit fort
doux envers ses domestiques. Il
lui arriva cependant un jour dai
les gronder vivement ; viais se
tournant aussitôt eu riant vers
une personne témoin de cettd
scène : Ce sont , lui dit - il , des
horloges qu'il est quelquefois be*»
soin de remonter. On a publié
après sa mort un recueil de ses
Œuvres , en 3 vol. in-4.** Il y a
dans cette collection quelques
petits ouvrages dont nous n'a-
vons pas parlé. Le plus remar-
quable est le Temple de Gnide ^
espèce de poëme en prose ; oit
l'auteur fait une peinture riante,
animée , quelquefois trop volup-
tueuse , trop fine et trop recher-
chée, de la naïveté et de la déli-
catesse de l'amour, tel qti'il est
dans une a me neuve. Cette ba-
gatelle eut le plus grand succès
au moment qu'elle parut ; mais
on s'apperçut bientôt « que 1«
(*) L'acte de bienfaisance qu'il fit à Mtrseille 9 en donnant m bourse à un
)eane batelier , et en consignant secrètement une somme d'argent à un banquier y
IPvr racheter le père de cet inforttmé , pris par un corsaire , et esdâTC en A£riqoe y
i été publié dans les Journaux , et a donné lieu à un dtame intéressant y xepréseatf
«vce succès en 17S4 » sous le titre du Pit^fait anonyme* '
I X
13» MON
fond n*en ëtoit pas assez atta*
chant ; que la fable en étoit pe*
tite.. et noyée dans trop de des-
criptions 9 ^ne les pefsonna^s
B*étoieilt ni assez caractérisés ^
ni assez variés ; qu'enfin il y
a voit de la recherche et de l'af-
fectation dans le style ; beaucoup
plus de iralanter ie et d esprit que
de sentiment et d'imagination ^
et qu'en général l'ouvrage n'é-
toit gucres qu'un lieu commiiD
parsemé de traits heureux. On
se souvint alors que M, rie'Moa-'
tetquUu dans les Lettres Tersa-^
nés , a voit parlé des poètes avec
assez de mépris ; et l'on crut voir
dans le Temple de Gnide la pré^
tention d'être po«te sans écrire
en vers. On savoit que Fauteur
avoit inutilement essayé d'en
faire; et c'est lUie foiblesse dont
plus d^n grand homme a été
tusceptible, de déprécier ce^u'on
ne pent atteindre. » C'est ainsi
que M. de la Harpe pense du
(temple du Gnide , et sa critique
est sévère sans être injuste. On
peut cependant lui demander
grâce pour quelques tableaux 4
tel que celui des Sybarites , et
pour quelques autres d'un coloris
agréable.Denx de nos poètes Fran-
çois ( MM. Colardeaa et Léo-^
nard) ont prêté au Temple de
Gnide > le charme des vers : le
premier l'a ftiis en grands vers
françois ^ le second a vari^ la
mesure à chaque chanLOh trouve
encore à la fin de l'ouvrage de
Montesquieu , un fragment suV
le Goût , ou il y a plusieurs idées
neuves et quelques -« unes obs-
cures. M. de Secondât , digne fils
de ce grand homme , conserve
dans sa bibliothèque six vol.
ln*4^9 manuscrits , soUs le titre
de Matériaux de V Esprit des Lois,
et. des lambeaux de YHistoire de
Théod9r£Cg roi ÔM Ostroj^oths.
MON
Mbu le public ne fouira pas de
ces fragmens ^ non plus que d'un^i
Histoire .de Louis XI , que son
illustre père fêta au feu par mé-*
garde ^ croyant y jeter le brouilloa
que son secrétaire avoit déjà bru-*
lé. M* de Leyte a publié en 17S8 ^
in— I z , le Génie de Montesquieu*,
Cest un extrait , fait avec choix ^
des plus belles pensées répandues
dans les dsffîérens ouvrages de cet
écrivain , qui avoit approuvé lui-»
même l'idée de cet abrégé, é On
n'y trouve, dit l'abr^viateur , qua
des anneaux détachés d'une Ion-*
gne chaîne ; mais ce sont des
anneaux d'or. » On' a donné en
1767 , in - f 2 , les Lettres fa^
miUères de M* Montesquieu, U y
en a quelques-unes qu'on lit
avec plaisir 9 et dans lesquelles
on recènnoit l'auteur des Lettret
Persanes / les antres ne sont qua
de simples billets , qui n'étoient
pas faits pour Timpression. On
a publié aussi son roman d'^lr^
sacà , annoncé d'abord avec em-^
phase et qni n fait pne médiocre
sensation dons le public. Le pr^
sident de Montesquieu laissa un
fils , JeanrBaptiste de Secondât»
conseiller au parlement de Bor<«
deaux ^ de l'académie de cette
ville 9 et de la Société royale de
Londres , mort à Bordeaux , la
17 juin 1796 987^ ans. Quoi-
qu'il eût de l'esprit , des lumières
sur tous les arts, et qu'il eût
cultivé avec quelque succès les
sciences exactes , l'histoire na-«
turelle 9 et sur-tout ce qui con-
cernoit l'agriculture, il n'acquit
point la réputation qu*il auroit
eue ^ s'il avoit possédé l'art de
se faire valoir. 11 avoit, comms
du Marsais , l'air d'un nigaud y
et BQS continuelles distractions
ajoutolent à cet air ; mais cen<
qui pouvolent percer à traveri
oatte éfi^rce peu favorable y ^
i
MON
foi appliipioient point le vers de
Bacine le père que le satirique
Ckevrkr av oit, tourné contre Ha-
fine le fils : et moi fils inconna
d'un si glorieux père. Ils étoient
fur-tout touchés de sa candenr ,
de sa bonté , de sa modestie , de
sa simplicité. Bon mari , père
tendre , ami snr , il se fît aimer
par les vertus privées et estimer
par ses senti mens patriotiques ;
sa philosophie étoit d'autant plus
solide qu'elle étoit fondée sur la
religion. On a de lui : I. Obser^
votions de physique et é^ Histoire
naturelle sur les eaux minérales
des Pyrénées , Paris 9 1 7 5 o, in— 1 2.
n. Considérations sur le cêm^
nerce et la navigation de la
Orande^Bretagne , 1740, in- il.
UL Considérations sur la marine
militaire de France ,1756 ,^in-8.*
fi fit imprimer ce livre à Lon-
ges y oh il étoit alors 9 et on
cet ouvrage fut mal accueilli ,
parce q;u'il donnoit une trop
gnmde idée ée la puissance na-
vale des François ; idée démentie
bientôt par les événemens. Le
président de Montesquieu avoit
aussi une fille mariée è hu de ses
parens, Secondât d'Agen, laquelle
porta en dot à son époux la
terre de Montesquieu, Elle avoit
été élevée au monastère du Pa-
radis , près du port Ste-Marie.
Z^s religieuses lui dictoient les
lettres qu'elle écrivoit à son père.
Montesquieu 8*en apperçut^ et lut
répondit : Ecris toi-même , ma
cferf fille ; j'aime mieux tes pe^
^tes niaiseries que tous les traits
^tsprit que ces Dames peuvent
te fournir. Voyez I. FiTZ-
James.
II. MONTESQUIOU
^Fbzbwsac, (Anne -Pierre)
laeoibre de l'académie Françoise ,
ïiétn 1741 , fut nommé député
MON \%^
aux Etats généraux parla noblesse
de Paris , et quitta bienjôt leS
délibérations de son ordre pour
passer dans la chambre du tiers-
état* Il prononça un grand nonw
bre de rapports sur les finances 9
et sut profiter de Topiniqn pu-
blique qu'il dirigea sur cette par<^
tie ,pour ne pas perdre sa fortune.
Nommé général après la session ,
il prit le commandement de l'ar-
mée du Midi , et dénonça les pré-
paratifs de guerre faits par l'Au-
triche et la Savoie : bientôt il
s'empara de cette dernière pro-
vince. Décrété d'accusation , !•
1 1 novembre 1792 9 par Ta Con-
vention , pour cause de dilapida--
tion ; peur avoir profité des mar-
chés qu'il avoit passés pour le
besoin de ses troupes 9 avoir cher-
ché à favoriser le roi de Sar—
daigne , et avili la dignité na-
tionale dans un traité avec l'état
deGenève, les commissaires char«
gés de l'arrêter dans cette der-
nière ville ) ne l'y trouvèrent plus.
Il s'étoit retiré au fond /de I4
Suisse. En quittant son armée y
il emporta la caisse , en dédom-
magement des biens qu'il laissoit
en France. Après avoir fait sou
compte qu'il adressa à Ta dan—
vention 9 il le termina par cet
mots : Je ne suis point un fri»
pon ; mais fe ne serai pas votre
dupe. Un décret du 3 septembre
1735 9 laissa à Montesquiou U
liberté de revenir dans sa patcie ^
et il f est mort à la fin de 173^..
On Ta accusé d'un peu dé du-
plicité politique. Ses opuscules
en finances sont écrits avec fi-
nesse et beaucoup d'esprit; il le»
débitoit mal 9 ayant un organd
sombre et peu ftatfeur. Le plut
considéral^e est intitulé ; de tAd>'
ministration des financés dans
une république. « On y voit, dit
M. Rœderer , un véritable xèfe
1 1
1^ M. ON
pour Ife gouvernement sous le-r
quel il vivoit ; on y voit aussi un
talent très-propre à le servir. Ja-
mais on ne lui a entendu dire un
mot qui annonçât le moindre re-
fpret de l'existence qu il avoit avant
la révolution; il étoit pourtant
lin dei hommes à qui elle avoit
Tait perdre le plus d honneurs ,
de pouvoir et de richesses. Son
caractère avoit besoin des mœurs
républicaines , mais non de fdste
ni de titres pour se faire distin-
guer dans la société , ni d'être
distingué par la multitude pour
être heureux. Il aimoit les livres;
lisoit les romans nouveaux , et
les trouvoit tous assez bons paFce
qu'il pleuroit a leur lecture , sans
se douter que le secret de son
attendrissement étoit en lui , non
en eux. Il aimoit tendrement sa
femme , ses enfans , ses amis ^ et
en étoit aimé de même. »
MONTEU , (Jérôme de)
Connu par le nom latin de Mon^
iicuA , médecin du dernier siècle ,
A publié en latin un rraité sur
l'art de prolonger la vie et de
conserver la santé , traduit en^
suite en François par VaLcèlas.
II. MONTFAUGON d9
RoGifcES, (N**.) écuyer ordinaire
ùi la petite écurie du roi , a
laissé un iVa^^^ d'équitation y es-
timé et publié en 1779 9 in-4.°
L auteur mourut en 1774.
* I. MOxVTFLÊUIlY , ( Za-
charie Jacob , dit ) d'une iîamille
noble d'Anjou , naquit vers la iin
du 16* siècle , ou au commence-
n»ent du 17.* Après avoir fait
6:^s études et .ses exercices mili-
taires, il fut pag,e chez le duc
de Guise\ Passionné pour la co-
médie , il suivit une troupe de
comédiens qui couroit les pro-
vinces, et prit polir iç déguiser ^
MON
le nom de Montjleury, après avoir
quitté celui de Ja#oî»; qui étoit
son nom de famille. 5on talent
le rendit bientôt célèbre , et li^
procura l'avantage d*ôtre admis
dans la troupe de l'Hôtel de Bour-
gogne. Il joua dans les pi^mières
représentations du Cid, en i637.«
Il est auteur d'une tragédie in-
titulée , la Mort d'Asdrubal ,
faussement attribuée à son hls,
qui n'avoit alors que sept ans.
Montjleury mourut au mois de
décembre 1 6(>7 , pendant le cours
des représentations d' Androma"
que. Les uns attribuent sa mort
aux efforts qu'il fit en jouant le
rôle d'Oreste ; d'autres ajoutent
que son ventre s'ouvrit, malgré
le cercle de fer qu'il étoit obligé
d'avoir pour en soutenir le poids
énorme. M^'e Duplessis , sa pe-
tite-fille , a écrit que ces bruiti
sont faux , et que Montfteury ,
frappé par le discours d'un in-
connu qui lui avoit prédit une
mort prochaine , mourut peu de
jours après avoir joué le rolt
d'OresU, Dans l'ouvrage , inti-
tulé : Le Parnasse réformé , oa
fait parler ainsi ce comédien :
« Qui voudra savoir de quoi je
SUIS mort , qu'il ne demande point
si c'est de la fièvre , de l'hydro-
pisie ou de la goutte , mais qu'il
sache que c'est dL Andromaqae»
Nous sommes bien foux de nous
mettre si avant dans 1^ cœur des
passions qui , 'ont été qu'au bout
de la plume de messieurs les
poëtes ! Il vaudroit mieux bouf-
fonner toujours, et crever, de
rire , en divertissant les bour-
geois ,^que crever d'orgueil et dç
dépit, pour satisfaire les beaux
^esprits. Mais ce qui me fait plus
de peine , c'est qnAndroma^tie
va devenir plus célèbre par la ci^
constance de ma mort ; et qn^
désormaû il n'y ajirA plus (^
MON
2K>ête qni ne veuille avoir Thon-
neur de crever un comédien en
ut vie. » Il étoit si gros , que
Ciranô de Bergerac disoit de lui :
li fait le fier , parce qu*on ne
peut pas îe bdtOAner tout entier
tn un jour, La gloire de Mont-*
pury est d'avoir été le premier
maître de Baron , qui le 8iir<*
pasia.
MONT^pOLFIER, (Jacques-
Etienne ) né à Annonay ^ s'y ren-
dit célèbre par ses manufactures
de papeterie , et a été le premier
tn France qui ait fabriqué le
papier vélin. Ce papier ,. remar-
quable par son poli et sa b]au-
cbeur , ne présente ni vergéuret
ni pontuseanx* Après avoir en«
rlcbi sa patrie par cette nouvelle
branche .d'industrie , il s'est ira-*
iDortalisé en 1 783 • par rinven<*>
tion dè« ballons aérostatiques ^
qui lui mérita l'association à Ta*
cadémie dea Sciences 9 le cordon
de Saint— Micbel ^ et une pension
de denx mille livres. li faisoit
bouillir de l'eau ^ chez lui , dans
nne cafetière i il la couvre d'un
' papier spbériquement ployé : le
papier s'enfle^ s'enlève. Il réitêne
l'expérience; elle produit le même
résultat : il calcule , réfléchit ^ et
conçoit l'aréostat par l'effet d'un
air raréBé , devenu plus léger que
fair atmosphérique ; et l'Europe
étonnée voit les hommes s'em—
parer du domaine des airs et
le dispnter à l'oiseau , qui s'en
croyoit exclusivement possesseur.
Etoit-il donc si dilEcile de voir
• enlever un papier sur une ca-
fetière? Non , sans doute. Pour-
quoi donc tant de gens ont^-ils
observé le même résulttit , et
personne n'a-t-il devancé Mont^
solfier dans sa découverte ? (î'est
^e nulle observation n'esl in-
' Âfi^rente pour l'homme d'eepcit
MON 1)5
Les ftioensions de MM. Charles,
Robert et Blanchard , ont ob^
tenu une juste ad m i rat ion. Des
hommes audacieux franchissant
l'atmosphère dans une frêle ma-
chine 9 s'élevant et s'abaissant k
volonté , dévoient naturellement
l'excitar.; mais. il y a loin dé cei
heureux essais , aux moyens qui
resteront probablement incon^
nus , de naviguer horizontale-»
ment ^ et de diriger les ballons
au gré des voyageurs aériens.
M. Boissy d'Anglai a inséré dans
le Journal de Paris , V Eloge do
l'inventeur , mort en fructidor
de l'an sept ; et il a été pro^
nonce à la même époque , à An-*
nonay , par M. Duret , mé-*
decin.
IL MONTIGNI, (Etienne
Mignol de) né à Pari/ le i5 d&«>
cembre 17149 acheta une chnrga
de trésorier de France , et devint
commissaire des ponts et cliaus-*
sées , çt grand voyer de la géné-r
ralité de Parisl Dès 3on enfance^
il montra le plus grand goût poujç
les mécaniques. A l'âge dé di^c
ans s'étant cassé la jambe ^ o;i ]#
trouva occupé à remonter sa
montre ^ dont il avoit détaché
toutes les pièces. « J'ai voulu voir
soname, dit-il. » Mo nligaC sui-
vit l'abbé de Venlndour , son
ami, à Rome , à Naples, en
Sicile. Par-tout il observa , ei^
homme instruit , les mœurs des
peuples et les productions de leurs
arts. De retour en France , en
1740 5 l'acadcmie à.Q& Sciences le
nomma Tun de ses membres. Ami
de Tnidainc , celui-ci le consul-
toit sur tous fes objets de pros-
périté commerciale ; et nos ma-
nufactures lui doivent l'introduc-
tion de diverses étoffes dont la
fabrication n'étoit connue qu'en
Angleterre. MonUgni, non*sea^
14
i3< MON
lement perfectionna le» teinbareê
en fil et en coton , mais il ré*
taUit les ateliers de Beanvais et
d'^nbusson , et créa dans cette
dernière ville nne £ibriqne de
tapis de pietl, recherches pour
Fagrément du dessin. Il n'a fait
imprimer q^a'an levà Mémoire sur
les Riathématiqnes ; mais le re-
caeil de l'académie des Sciences
renferme un grand nombre de
ses Observations sur l'améliora*
tion de diverses branches d'in—
dnstrte. Ce savant utile est mort
le 6 mai 1782. —'Le lendemain ,
7 mai, Jean-Charles BidatU de
MoNTMGKi mourut aussi à Paris.
Celui-ci a laissé des Poésies mé-
diocres 9 des Parodiés de Siémi-^
Tamis et d'Astarhé, nne comédie
en cinq actes, intitulée X Ecole
des Omciers , et un Eloge funè-
bre de Marie Leczinska , reine
de France»
MONTLUEL , (N. Jussieu-)
conseiller en la cour des Mon-
noies de Lyon , sa patrie , et
membre de l'académie de cette
vjlle, réunit le goût de la litté-
rature et des arts , à la connois-
sance des lois. Magistrat éclairé ,
homme utile , il défendit l'intérêt
de ses concitoyens dans plusieurs
circonstances, et ne négligea ja-
mais l'occasion de faire le bien.
Il est auteur de deux Ouvrages
d'Un style rapide et clair » qui
peuvent servir de guide dans l'é-
tude du droit, et dont le grand
nombre de réimpressions fait
assez l'éloge. L'un est intitulé :
ïnsfrucUon facile*sur les Conven-
tions , iu-12; et l'autre, Bé^
Jlextons sur les principes de la
Justice , aussi in-i ». Ce magis-
trat alla se fixer à Paris , où il
mourut en 1757 , âgé d'environ
70 ans.
MQNTPENSIER, (la dit-
«hessc de ) Fc?/^ L Montpensier,
MON
» MONTROSS , (
Graham , comte et dnc de ) géni
ralissime et vice — roi d'£coj
pour Charles I roi d'Angletem
défendit généreosement ce prni<
contre les reb^es de son royai
me. Il se distingua à la batail
d" Yorck , vainquit plusieors f
Cromwel, et le blessa de sa pi
pre main. La fortune l'ayant al
donné en Angleterre , il passai
Ecosse , employa son V^en et
crédit à lever one armée;
Ferth et Aberden en 1644 9
le comte à' Argile » et se rc
maître d'Èdiffiboorg. Ckeirl€t\
s'étant remis entre les mains
Écosssois, ils firent donner
au comte de Montross de dëi
mer. Ce grand homme
regret y et abandonna l'Êcosj
la fureur des factieux. Inutile^
Angleterre, il se retira en Frai
et de là en Allemagne , eu il
gnala son courage à la tète
12,000 hommes, en qualité
maréchal de l'empire... l«e
Charles II youlant foire
tentative en Ecosse , le rapp<
et l'envoya avec un corps de
à 1 5^000 hommes. Le comte
Montross s'y rendit maître
isles Orcades, et descendit à te
avec 4,000 hommes. Mais ayai
été défait, il fut obligé de
cacher dans des roseaux dégnii
en paysan. La faim le contraignit^
de se découvrir à un Écossotti
nomm« Brimm , qui avoit antre*
fois servi sous lui. Ce malheureux
le vendit au général Lesley, qui
le fit conduire à Edimbourg , ou,
couvert de lauriers et victime
de sa fidélité envers son souve*
rain , il fut pendu et écartelé an
mois de mars i65o« La sentence
de mort portoit que ses membres .
serôient attachés a»ix portes des
quatre principales villes. Ce brava
homme dit à seB pages : Jene suis
que fâché de n avoir pas awtf« ^
MON
' Wtmhres pour être attachés à tou-m
Uè les portes des villes de l'Eu-'
Tv^, comme des monumens de
won dévouement à mon roL II mit
V Blême cette pensée en assez beanx
y-^ers; car on le comptoit parmi
les beaux esprits qui cultivoient
^rs les lettres en Angleterre.
Charles II parvenu à la cou—
lonne ^ rétablit la mémoire de ce
fidelie sujet. Montross étoit un
de c<^ hommes extraordinaires ,
dont les succès et les^ aventures
tiennent plus du roman que de
fhistoire. Son activité, sa valeur ^
a«a zèle pour son roi, le mettent
an premier rang des héros et des
cit<^ens. Son courage tenoit de
cette audace qui déconcerte les
mesures des guerriers métho»
diçies. Cromwell l'éprouva phi«
ters fois ; et si la couronne
lit pu être soutenue sur la tête
éiCkarles premier ^ c'étoit par
Mmurossm
HONTUCLA , ( Joseph de )
9Ê(jk Lyon le 5 septembre 1725,
tt>se9 premières études chez les
^j^ljiaites de cette ville, et an—
iça dès sa jeunesse une véri-
passion pour les matbé-
i^ues. Après avoir fait son
lit à Toulouse , il se rendit à
ris , -ou il se livra entièrement
m goût pour l'étude. Il n'avoit
ire que trente ans lorsqu'il
iblia son Histoire des Mathé^
tiques, lue avec intérêt par
hommes de lettres , avec
tt par des savans. Après
>ir suivi le chevalier Turgot à
mne, Montucla devint pre-^
secrétaire des bâti mens du
, sous M. de Marigny, La
>pre9sion de cette administra*-
lui ôta presque toutes ses
(Sources; mais Bonaparte lui
»rda une pension de 2,400 liv«
it il ne jouit pas long-temps^^
MGR 137*
étant mort à Versailles le iy fri-
maire de l'an huit. On lui doit i
h Histoire des recherchée de la
q u aârature eu. cercle ,1764, in- 12*
IL Histoire des Maihématiques ,
1758 , 2 vol. in-4.® L'auteur ea
préparoit une seconde édition ,
fort augmentée ; les savans es-
pèrent que M. de Lalande , à qui
ses manuscrits ont été remis ^
ne tarderai pas à la publier. iHToJi-
tucla étoit membre de l'acadé-^
mie de Berlin et de l'Institut nar«
tional.
L MOORE , ( Jacques > gen-
tilhomme Anglois, mort en 1 784 ^
porta aussi le nom de Smith,
qui étoit celui de sa femme. Sa
comédie, intitulée ; The Rival
m^des , 1 727 , in-8^, fut bien acr
cueillie.
IL MOORE, (John) litté-
rateur Anglois, a été mis par
ses compatriotes au rang des plna
élégans écrivains modernes. On
lui doit un Voyage en France
et en Italie , écrit avec un style
plein de facilité et de grâces ; et
le Roman de ZeUtco , où Ton
trouve de l'originalité, de la
force et de la vérité dans les
caractères. Moore réunissoit à ses
talens une bonté dciUce et aima-
ble qui faisoit le charme de sa
société. Il est mort dans sa mai-^
son de Richemont près de Lon*^
.(1res, le 28 février 1802.
MORAIS, (Charles de) sieur
de Fortilte , fut attaché à la fau-N
connerie royale , et publia ea
1 683 un Traité SUT ses occupa-*
tions, intitulé: Le Grand Fau-n
connier* Il est écrit avec préci-
sion, nette té et esprit
MORALES , ( Jean ) Voyez.
Machan.
m. MORAND, (Antoine)
-habile mécanicien, fit en ifok
JL.
T)» M O R
Thorloge de l'appartement du roi
à Versailks , sur laquelle deux
eoqs chantoient et battoient des
Jiiles à chaque beiiret
IV. MORAND, architecte de
Lyon , fit construire sur le Rhône
tm Pont en bois , qui pojrte son
nom , et qui est remarquable par
Télégance de sa forme et la pré-
cision de ses parties. Chacune
délies p<?ut se démonter pour
être refâiite , sans nuire a la so-
lidité du reste de l'ouvrage. Cet
architecte s'est distingué encore
par son goût pour les décora-
tions, et par plusieurs édifices
très — élégamment ornés. Ses
mœurs étoient douces , sa probité
intacte. Il est péri à Lyon, aprè6
le siège de cette ville , condamné
à mort par le tribunal de sang
qui y fat établi par la vengeance ,
en 1758.
MORANDE, (N. Thcvenot
de ) fils d'un procureur d'Arnai-
le-Duc en Bourgogne , s'enrôla
très- jeune (Jaus un régiment de
dragons. Son père qui le desti-
îioit à Sa profession . acheta son
congé. Mais son génie inquiet
lui fit bientôt déserter la maison,-
^pour aller se plonger à Paris
dans la dissolution et dans les
intrigues. Des friponneries et des
aventures honteuses , obligèrent
Sa famille de solliciter un ordre
pour le faire enfermer aux Bons—
'£nfans. d'Armeutières.- Sorti de
•cette maison , il pass^ en Angltf<t-
terre»^ où il distilla ses poisons
4lans dilFérens libelles. Celui qui
fit le plus de bruit , fut le Ga*-
zetier Cuirassé , ou Anecdotes
scandalemefdg èa- cour de France i
Londres, 1775, in-8.0 Princes,
niinistres , maîtresses , magisr-
t^its , gens de lettres ", tous les
)]ommes qui ''âVc^ent tin nom
ifàotSy y ^^nt .déchirés avw h
MQR
plus cmel acharnement. H pré-*
paroit contre Mad. du Barry unt
autre satire , sous le titre de Vie
dune Courtisane très^célèbre du
dix-^huitième siècle; mais i^ sup-
prima cet écrit, sons la condi«
tion d'nne rente viagère de 4000
livres , dont la moitié réversible
à Mr femme. Il entreprit ensuite
le Courrier de VEurope , gazette
qu'il rendit satirique pour la
mieux vendre. Enfin , à l'époqu»
de la révolution il vint à Paris
oii il intrigua beaiu^oup, et oî
il fut massacré en septembre
X792. Avant de publier le Gaze^
lier Cuirassé , il avoit fait impri*
mer ie Philosophe Cynique , et
des Mélanges confus sur des ma*
Hères fort claires , l'un et l'autre
à Londres , 177 1 , in-8." Qaani
cet Arétin préparoit quelque li**
belie^ il avoit soin d écrire aux
personnes intéressées ^ de se n<^
cheter de ses sarcasmes par uoft
somme d'argent, que quelques-
uns eurent la bonté de lui en-
voyer. Il s'adressa même n VoU
taire » qui ne le- paya qu'en le
•dénonçant au public
L MOREAU,(Pierre)néà
Paris, mort en 1 648 , inventa et
fondit un caractère d'imprimerie
imitant l'écriture bâtarde , qu'il
employa à imprimer quelque*
ouvrages. Un jugement obtenu
par la compagnie des Libraires ,
lui fit défense d'en imprimer et
Vendre en d'autres caractères.
y h MOREAU, (Jacob Nico-
las) né à Saint-Florentin le ^9
décembre 1717^ fut reçu avocat
et easoitp conseiller, à la ^p*
dts «ides de Provence. 11 q«>^
Réunie les fonctions de la magif*
-trature pour swvre arec plus *
liberté son goût pour les lettr^
Venu à Paras, il a*y fit bientôt
^ojQjDoStre par, ses «crits j *^
r
M OR
Mommé historiographe dcFranct,
er chargé de rassembler près du
contrôJe génér;il les Chartres «les
Jnonumens historiques, les ëdits
et déclarations qui nvoient formé
successivement )a législation fran-
çoise , depuis Charlemagne jus-
qu'à nos jours. C<»tte collection
immense et bien faite ftit confiée
• sa garde , sons le titre de Dépôt
des Chartres et de Législation^
Il est mort ^ non pas décapité
pendant la révolution comme la
annoncé iin biographe, mais na-
turellement à Chambouci près
de Saint - Germain — en — Laye ,
le lo messidor de l'an it. Ses
^its ont été nombreux. Les
plus remarquables sont : I. VOb^
ienateur Holîandois. C'est une
espèce de journal politique contre
TAngleterre , divisé en quarante-
cinq lettres écrites avec sagesse
et beaucoup de connoissances
^ans la politique de l'Europe.
"• Mémoire pour servir à l'his-
toire des Cacouacs, 1767 . in-ii.
pet écrit piquant et rejupU d'une
ironie fine et agréable , attira à
'<ia auteur quelques ennemis
parmi les philosophes anli-reli-
gieux. iïL Mémoires pour servir
*^ l'histoire de notre temps, 1 7 57 ,
2 vol. in— 12. IV. Examen dés
«ffets ^ue doit produire dans le
commerce l'usage et la fubrica—
hon des toiles peintes, 17591^
in-8.<». V. Le Moniteur Fran^
t^''* » 1760,, in— 12. VI. Les
Devoirs d'un Prince réduits à un
*««l principe, 1775 , in-y.'* Cet
ouvrage a été réimprimé en
1^782 , et méritoit de letre. Il fit
honneur à Féloquence éi au cou-
^•ge de l'auljcui:. •« On vit^dit
j»n écrivain, un simple particu*-
«er opposer noblement la liberté
«e ses leçon» anx .flatteries de^
**HrtisBîu , et la sévérité de ses
principes à ce. tonrent de corr
M OR 13-9
.rnptîon qui commençoit dès-loi^i
à déborder de toutes parts , et
devoit bientôt engloutir a la fois
et les flatteurs et les Aattés. )>
VII. Exposé historique des ad^
ministrations provinciales , 178^)
in -8.° VIll. Exposition de Ut
Monarchie Françoise , i 7 8 9 ^
2 vol. in-8.® IX. Principes de
Morale politique et du Uroit pu^
hlic , ou Discours sur l'histoire
de France , 21 vol. in-S.*^ Ils ont
été publiés de 1777 à 1789, <Kt
présentent des tableaux de notre
histoire depuis C louis jusqu'à
Louis IX. « L'auteur , ajoute
l'écrivain déjà cité 9 comparant
les siècles les uns aux autre» ,
démontre par les faits que la
morale doit être la loi fonda-
mentale des états ; qu'avec elle ils
.s'élèvent et prospèrent , comme
•»a»s elle ih périment et s'afFaf**
»ent sans retour : que l'iniquité
est le fléau de celui qui Ta com^
met , ainsi que la ruine de celili
qui la sert : politique sublime qai
garantit tout à la fois et l'autd^
rite de ceux qui gouvernent et
la sûreté de ceux qui sont gotf^
vemés. Moreau ne sépare jaraal»
dan^ cet ouvrage la cause dtfs
peuples de celle des princes. £fi
défendant d'une main le pouvoir
.unique ^ il repoussoit de l'antre
toute idée d'oppression. Son prin-
cipe étoit que tout devoit être
fait pour le peuple , et rien par
le peuple , parce que son premief
besoin est dYtre gouverné 9 el
que le plus heureux emploi qu'Jl
puisse faire de sa force , c'est de
s'en dessaisir. » Malgré cet éloge ,
Moreau fut vivement accusé daiif»
le temps * de n'avoir écrit que
sous l'influence ministérielle ^ et
Fiour favoriser par^ses recher^e»
accroissement du pouvoir arbip-
traire , dQ n'avoir vu comme état
i^cureia pour ies.JFraû^oisqit»
f 40 M O R
celui d*être esclaves , en son—
mettant lenrs propriétés et leurs
'lois a la volonté absolue du chef.
n faut l'avouer ; ce reproche qui
empêcha Tantenr d'être reçu à
racadémie Françoise , iut sans
doute trop sévère , mais il n'est
wis dépourvu de fondement ; et
b lecture de ses Discours , quoi-
^e écrits avec pureté et éié-
- ^ance, fait naître cette opinjion ,
et laisse dans l'ame un sentiihent
de tristesse et de découragement.
Horeau eut des vertus sociales ;
S! aimoit à obliger, et il onblioit
6cilement Tin justice, quand elle
le concernoit seul. Il fut bon
père, bon époux , ami de la paix ,
' de la religion et de son pays.
* m. MOREL , ( Claude ) fds
de Frédéric 9 était bon imprimeur,
et savant dans les langues greo-
qne et latine. Son édition de saint
ùrégoîre de Nysse , 1788 , 3 vol.
Su— folio, est estimée des savans.
On distingnc dans ses édition»,
ÇuiniiUen , St. Ignace, St, De^
nis TAréopagite, dont quelques
exemplaires sont en vélin. On a
observé que lea livre» sortis les
premier» de ses presses, sont
plus beaux que les autres. Morel
prenoit pour devise ce vers pen-
' tamètre : Victurus genium débet
habere liber, *
IV. MOREL, (Charles) im-
primeur ordinaire du roi, suc-
cesseur du précédent , a donné
de» éditions correctes de plusieurs
Pères Grecs. La plus considéra-
ble est celle de» conciles géné-
raux et provinciaux, en grec et
en latin , par BUiiu^ , 10 volume» ,
in— folio.
V. MOREL ^ (GiWe») irtiprii
inenr du roi, habile dans son
art, a donné les Œuvres de
St. Grégoire dû If y%»6 y i638;de
Mût
SL Isidore, ^ArUtote, en '4 vdi
in — fol. On lui doit encore 1^
grande Bibliothèque des Pères,
en 17 vol. in— fol. Sur la fin de
se» jours, Morel se fit recevoir
conseiller au grand conseik
MORELLE, (Julienne) née
à Barcelone , fut un prodige dt
savoir. Elle posséda quatorze
langues, la théologie, la philoso-
phie , la jurisprudence et la moi-
»ique. Dès l'âge de 1 2 ans , elle
soutint publiquement àLyondi-*
verse» thèses qu'elle dédia àitfar-
guerite d'Autriche, reine d'Es-
pagne. Dégoûtée du monde et d£i^
hommages qu'on lui rendoit, elle
embrassa la profession religieuse
dans le monastère de Saiate^
Praxède d'Avignon 9 et y moo*
rut en i6S3.
MORELLI, ( Marie-Magde*
leihe) née à Pistoie , se distingua
dans sa jeunes»e par ses talens
pour la poésie , qui la firent re^
cevoir avec distinction dans l'aq-
demie de» Arcades de Rome , oà
elle prit le nom de Corilla Olym^
pica. Ses succès, ses admirateur»
lui procurèrent l'honneur de re«
cevoir auCapîtc^, le 3i août
' I 7 7 I , , la couronne de grand
poète , que Pétrarque obtint , et
qui alloit ceindre le front dii
Tasse , si la mort ne Teilc frappe
la veille de la cérémonie. Le cé->
lèbre imprimeur Bodoni a r^
cueilli, à Parme , les actes de ce
couronnement solennel , et de»
honneurs rendus à Corilla, Celle-
ci est morte à Florence , lé 8 no*
vembre iSoo. Voy* Pi2Zi.
MORENAS , (François) his-
toriographe d'Avignon , naqwit
dans cet,te ville en 1701, et y
mourut en 17.... Il eut une jeu-
nesse assez orageuse. II fut soï^
dat, cordelier; et ayant obtenft
^ OR
k^pense de ses vœoz , et étant
rentré dans le monde , il entre-
prit en 1733 le Courrier d'Avis
ptoà', qu'il écrivit d'un style foi-
ble et incorrect , mais facile et
Batorel, On lui donna ensuite
[H)ttr collaborateur Tabbé la Baw»
m, pois l'abbé Oulhier; l'un
pDfte en prose ^ l'autre e^— pré-
dicateur. Le ton de la Gazette
Avignonoise changea entièrement
«oas ce dernier rédacteur. 11 broda
les nouvelles en déclamateur ; il
tononça des bagatelles avec em-
phase. Ce style demi-oriental ^
^l auroit dû décrier la feuille ^
lenrità la répandre, parce que
beaucoup de sots aiment les phra-
les , et que d'ailleurs l'auteur
ivoit de l'imagination et quelque*
fois des saillies. JSÎorenas n'a voit
Bi l'un ni l'autre. Cétoit en lit-
térature an écrivain très-mé-«
^re, et dans la société un bon
bmme qui ne montroit gnëret
d'esprit et encore moins d'agré-
nens. Comme les honoraires de
la Gazette ne lui sn£^oient pas,
il composoit des Sermons pour
tous les jeunes aspirans à la chai-
re, etvendoit son. éloquence ce
quelle valoit, c'est-à-dire fort
l)on marché. Il travailloit en
«lème temps à différens ouvrages
polémiques peu importans, et
iu'il est inutile de fîaire con-»
noître*
MI. MORE T, (Antoine de
Bourbon , comte de ) fils natu-
rel de Henri IV et de Jacqueline
i^Beuil comtesse de Moret , et
prince légitimé de France , naquit
•û 1607. Après avoir goûté les
sages leçons de Lingendes ^4l*àt^
puis évoque de Parlât ) son.,pÏ4»-
c^teur, il eut les abbayes de Si-
J^gny , de Saint-Ètienne de Caen , '
ae Saint-Victor de Marseille ; et
*** Uéuéfices ne Tempôchèrent
M O R 14g
(las de porter les armes. Il reçut
une mottsquetade au combat da
Castelnaudari , en i632 , dont il
mourut, à ce qu'assurent les his««
toriens les plus instniits. D'antres
prétendent qu'il se retira en Por-«
tugal en habit d'hermite; quen««
Siiite il revint en' France^ et qu*il
se cacha , sous le nom de Frèrm
Jea^-Baptiste , dans un bernât^
tage en Anjou. Mais enfin qaellé
preuve apportent-ils, qu'un fib
de Henri IV , qu'ils ne font mou««-
rir qu'en 1693, étoit un solitaire
Angevin ? Aucune. Cependant
ils ajoutent que Louis XIV ^
frappé des bruits qui cot^oient
au sujet du comte cfe Moret , fit
demander par l'intendant deToii-
raine à l'hermite qui pas£oitpou^
être ce comte, s'il l'étoit réelle-^
ment ? le solitaire répondit iJenm ^
le nie , ni ne veux l'assurer; iomt
ce que je demande , ce^t quon me
laisse comme je suis. Cette ré-»
ponse et d'autres circonstances
répandent sur ce point d'histoire
une obscurité que les critiques^
n'ont pu encore dissiper entière-
ment. Cependant nous croyons
devoir rapporter les raisons de
ceux qui admettent l'opinion la
plus probable, c'est-à-dire, que
le Frère Jean '•-Baptiste n'étoiC
pas le comte de Moret. Si ce
jeune seigneur se sauva avec une
douzaine de personnes de la pre-
mière qualité, ainsi que l'assu-
rent ceux qui ne veulent pas qn il
ait été tué dans lé combat, com-
ment le bruit de sa mort se ré-
pandit-il si généralement, sans
être réfuté par aucun des témoins
et des compagnons de sa fuite ?
Comment Bassompierre , qui de**
voit être très-instruit , publia-*-
t-il , qu'ayant voulu aller voir
détrousser les ennemis, le comte
fut rapporté mort ? Comment
cette mort fut-elle cen&rméepar
14% M O R
las historiens contemporains ,
Dupleix et le continuateur de
de Serres? Il y a plus; quelques-
uns de ses historiens nomment
\é capitaine Bideran qui lui porta
le coup mortel , et désignent le
monastère de Prouille comme le
lieu oîi le corps du comte fut
porté. Si donc il mourut pendant
ou après le combat, la dispute
est finie, et il est impossible de
le retrouver dans un vieux her*^
mite d'An}ou , à moins , dit ^A^
t^gny, qu'il ne fût ressuscité.
Cesiice qui n'àuroit pas paru im-
possible au bon curé Grandet,
qui a donné l'histoire du comte
de Morei, sous le titre de Vie
• d*un Solitaire inconnu» Dans ce
livre qui tient du roman histori-
que , il s'avisa ^ à la fin du dix-
¥ ifeptième siècle , de donner le dé-
menti à tous les auteurs contem-
porains; et comme on aime les
métamorphoses 4 quelques écri-
yains adoptèrent celle du comte
de Moreti les uns, parce qu'elle
étoit merveilleuse ; les antres ,
parce qu'elle leur fournissoii un
épisode sin^rulierqui faisoit mieux
lire leurs ouvrages.
. MORFONTATNE, (N**) né
dans la Brie, est auteur des Can-
tates que Bousseta mises en miw
sique , et insérées dans ses Re-
cueils, il avoit fait aussi un opérA
de Pyranie et Ti&hé, dont le cé-
lèbre organiste Marchand avoit
commencé la musique lorsqu'il
mourut. Morfontaine est mort
vers l'an 1782-
MORLÎÈRE, (Jacques- Au-
guste de la) ancien mousquel-
taire , né à Grenoble , et mort à
Paris en 1785, étoit un de ces
hommes qui jouent un rôle dans
\cs cafés, hâbleur, nouvelliste^
grand co;:teur, parlant haut et
beaucoup. Sa fortune n'aroit ja«*.
M o R
mais été considérable, et il avoit
dissipé presqu'entièrement le peu
de bien qu'il avoit eu. On a de
lui quelques romans , dont le
plus connu est Angola ^ 174S,
deux vol. in— 12; et le plus mau-
vais , les Lauriers Ecclisiastiquet
avL Campagnes de L'Abbé de T,
Gomm^ ce livre étoit très-cher
et très— défendu , il fut recher-
ché par les libertins de toutes le»
classes ; mais il est heureusement
oublié. Angola est nn peu plus
gazé , et a été lu plus long-temps
Zuoiqu'il ne le méritât guères,
les comédies do chevalier de la
Mor Itère , le Gouverneur , 1*^
Créole , Y Amant déguisé , Meurent
encore moins de lecteurs que ses
Romans. Cependant l'auteur n'en
faisoit pas moins impudemment
la critique de toutes les pièces
nouvelles et de tous les poètes
dramatiques qui valoient mieux
que lui. Nous ne citerons aucune
des brochures éphémères que fon
esprit de censure produisit. On
lira avec plus dé plaisir son Mirzéh
îfadir, 1749 , quatre vol. in-ia,
quoiqu'on ne puisse guères comp-
ter sur sa véracité. C'est la relation !
des dernières expéditions de Tba^ \
maS'KouU'-Kaji,
♦MORNAY, (Philippe de)
seigneur du Plessis— Marly , né •
Buhy ou Bishny dans la haut^-
Normandie, le 5 novembre r 5 49 y
fut élevé à Paris. Il y fit des pro-
grès rapides dans les belles^let-
tres, les langues savantes, et
dans la théologie; ce qui étoit
alors un prodige dans un gentil-
homme. On le destina d'abord à
Féglise : mais sa mère , imbue
dW terreurs de Calvin , les ayant
iTrspîrées à son fils , lui ferma J«
porte des dignités ecclésiasti-
ques, que son crédit, ses taleni
et 5£i nai3i,puce Iwi promettoieaî»
à
M OR
ipràs rii0rrible boacherie de la
. SaûtUBarikélemi , Philippe de
Momay parcoamt l'Italie, l'Al*
lemagne , les P«ys-Bas et l'An-
gleterre , et ses voyages eurent
poiir lai autant d'utilité que d'a-
grément. Le roi de Navarre , si
chéri depuis s«us le nom de
Heari IV, étoit alors chef du
parti Protestant : Momay s'atta»
cha à lui , et le servit de sa plume
et de son épécCe fut lui que ce
monarque envoya k ÊUzahetk
reine d'Angleterre. H n'eut jamais
^antres instructions de son mai*
tre, qu'un blancrsigné. Il réussit
dans presque toutes ses négocia-
tions parce qu'il étoit un vrai po«
litiqnc et non un intrigant. Mor^
B^chérissoit tendrement Hen^
nlV, et lui parloit comme à
Qn ami. Après qu'il eut été blessé
t Aumale^, il lui écrivit ces mots :
Si&E , COUS avez assez fait VAr^
iexandre ; // est temps que vous
faisiez le César. C'est à nous à
viourir pour Votre Majesté, etc.
Vous est gloire à vous , SiRg,
de vivre pour nous , et j'ose vous
dire que ce vous est devoir. Ce û-
dclle sujet n'oublia rien pour apla-
airle chemin cïn trône h ce jSrince*
Mais lorsqu'il changea de religion ,
filai en fit de sanglans reproches ,
«tse retirade la cour. Cependant
Henri IV qui Vaima toujours ,
Ait extrêmement sensible à Tin-
stilte qui lui fut faite en iSjy,
par un ^entilhoiiimme nommé
St^Phal, qui lui donna des coups
de bâton et le laissa pour mort.
Moriuiy demanda justice au rbi ^
Viîltti ht cette réponse : ( monu-
^at aussi précicu:x du courag*
îoe de U bonté de Henri IV.)
* Monsieur du Plessis , fai un ex*«
^me déplaisir de l'outrage que
^tts avez reçu , auquel je parti--
cipc comme roi et comme ^otre
*ul Poiw le premiar, je v^ii».
M O R 14)
en ferai justice, et à moi aussi*
Si je ne portois que le second
titre 9 vous n'en avez nul de qui
l'épée fut plus prête à dégainer^
ni qui y portât sa vie plus gaie**
ment que moi. Tenez cela pour
constant , qu'en effet je vous ren^*
drai office de roi , de maître et
d'ami 9 etc. etc.» La science da
Mornay » sa valeur et sa probité
le rendirent le chef et l'ame du
parti Protestant , et '"3 firent ap-i
peler le Pape des Huguenots. H
défendit les dogmes de sa sectft
de vive voix et par écrit. Un d#
ses livres sur les prétendus abus
de la Messe , ayant soulevé tous
les théologiens Catholiques, il
ne voulut répondre à leurs cen-
sures que dans une conférence
publique. Elle fut indiquée eu
1 6oo à Fontainebleau , oh la cour
devoit être. Le combat fut entre
du Perron évêque d'Evreux et
Mornay. Après bien des coups
reçus et parés, la victoire fut
adjugée à du Perron. U s'étoit
vanté de faire voir clairement
{>rès de cinq cents fautes dans
e livre de son adversaire , et il
tint en partie sa parole. Vérifier
une multitude de passages amas-
sés par des compilateurs , gens
ordinairement peu exacts, comme
l'observe Mézerai , et ne se sou^
ciant pas de fournir de bons ma-*
tériaux pourvu quils en fournis"
sent quantité, étoit une entre-
prise trop hasardeuse pour Mor^m
nay, qui ne s'étoit point donné
la peine d'examiner les originaux.
Les Calvinistes ne laissèrent pas
de s'attribuer la gloire de cette
dispute ^ et se l'attribuent encore
aujourd'hui; mais pour constater
leur défaite , il ne faut que lire
ce qu'en dit le duc de Sully , zélé
Protestant, dans ses Mémoires*
(KoyezL Perron.) Cette con*
féreQÇQ) loin dcto^dre les àxU
144 ^ ^^
férens, ne prodaisit que de n6u^
▼elles querelles parmi les contro-
TersfsteS) et de- mauvaises plai-
santeries parmi les libertins. Un
ministre Huguenot , présent à la
conférence , disoit avec douleur
à un capitaine de son parti :
L'Evéque d'Evreux a déjà em-^
porté plusieurs passages sur Mor-*
nay. — Qu'importe , repartit le
militaire, piyurvu que celui de
Saumur lui démettre ? C'étoit un
passage important sur la rivière
de Loire , dont du Plessis étoit
gouverneur. Ce. fiit là qu'il se re-
tira ^ toujours occupé à défendre
les Huguenots^ et à se rendre re-
doutable auxf Catholiques. Lors-
que Louis X 1 1 1 entreprit la
guerre contre son parti, <^u Ples-
sis lui écrivit pour l'en dissuader.
Apr.ès avoir épuisé les raisons les
plus spécieuses ,11 lui dit : Faire
la guerre à sei sujets, c'est té-^
moigaer de la faiblesse* L'autorité
consiste dans l'obéissance paisible
du peuple: elle s'établit par la
prudence et par la justice de
eelui qui gouverne* La force des
armes ne se doit employer que
€ontre un ennemi étranger, l^efeu
roi aurait bien renvoyé à l'école
des premiers élémens de la Poli"
tique , les nouveaux ministres d'é-
tat, qui , semblables aux Chirur-
giens ignorans , n'auroient point
eu d^ autres remèdes à proposer
que le fer et le feu , et qui seroienl
venus lui conseiller de se cou-
per un bras malade avec celui
qui est en bon état* Ces remon-
trances de Momay ne prodni-*
sirent rien qne la perte de son
gouvernement de Sannmr, que
Louis XIII lui ôta en iGiir 11
mourut deux ans après, k i f no-
vembre 1623 9 ft 74 ans, dans sa
baron nie de la Forêt— sur— Seure
en Poitou, laissant de la mar^^
ijime de Feu(^ièr€s xai fil»^ a(^t
M 0 ft
eft léoS, et trois filles, cloftt 11
dernière épousa le duc de ht
Force, L'erreur n'eHt jamais de
soutieil plus capable de l'accré^
diter que Mornay :
Censenr dei ConnisaHs i unît ï tt
Cour aimé f
Fier «nikenii de Home , et d« RoaS
estimé.
Momay passa pour. le plus ver^t
tueux et le plus habile homme
que le Calvinisme eût produit*
Voltaire en fait ce beau portrait
dans la Henriade :
No& moins prndènt «olî , cpie phiI<K
sophe austère »
dSornay sut l'art discret de reprendre
et de plafre.
Son exemple instrnbott bieii mieux ipê
ses discours ^
Les solides vertus Airent ies ccaif
amours ;
Avide de travaux , inseiuible aux U^
lices ,
Il marchoit d'un pas ferme au bord
des précipices.
Jamais l'air de 11 Cour et son souiBe
infecté "
N'altéra de son coeur Tanstère pureté ,
Belle Aréthuse » ainsi , ton onde £»<•
tunéa ,
Houle au sein furieux d'Amp^itricf
étonnée »
Un cristal, toujours pur et des Boa
toujours clairs »
Que jamais ac corrompt l'amertune
d^i mersir «
On a de Mornay > I. Un Traité
de l'Eucharistie , 1604 , in«*-foI/
II. Un Traité de la vérité de la
Beligi0n Chrétienne , in^S.^ IILUtf
lirre intitulé :; Le Mystère d'iai^
quité, in— 4..0 IVr Un Discours
sur le droit prétendu par ceux de
la tnaisort de Gmse , in - 8.^
V. Des Mémoires instructifs et
cnriei^ , dépuis- 1.572 jusqu'en
***^ y 4 VoL 1^-4** ; estimé**'
VI. Dc^
#
Môtt
tî. fiés Leûm écrites «véc Ibêàù'^
Wup dé force et de sagesse, etc.
Jtc. Dand det Uques a composé
ta ^Âf, in-4«*; elle est intéres^
♦antè, non poulr la forme , mais
Jïdiir le fonds.
MOR VILLE, Trayez ÀmiB*
IlOîïVlLLiS.
MOSER, (N.) puWiciste Al-
fcmand, a fté renomme par deS
«cnts savans et utiles. I! est mort
«Stntgard en 1785 , et sa perte
Jr a excité \ti plus vifs regrèb.
MOTAMED BiLLAtt, IW
nés califes, commenç/i à régnei^
^nSji, et mourut en 90a. Ce
lot sous son califat que naquit
M secte des Karntatès , dont le
wef affectOit une grande sain-i»
wtë, et riienOit une vie fort aus-
ttw. n se lit un puissant parti ,
tomma douze apôtres pour le
touverher, prit le titre de prince,
et imposa à ses disciples un dinar
Jpar tète. Le gouverneur de la
province le fit mettre en prison,
«ouune jeune fille quiétoit au '
service du gouverneur, le fit sau-
ver secrètement. Le bruit de sa
««parition s'étant répandu , les
sectateurs de cet imposteur firent
accroire au peuple , que Dieu l'a-
voit enlevé au cîeL
MOtHADET SiLtAH , c«^
««î, monta sut* le trône en ^oa^
«t niourut en 908. Cô fut un
Pnncfe sévère et juste. Un soldat
•yant volé quelques gfappes dé
f^sins, il punit le soldat et son
^Pitaine. Votilànt emprunter une
«omme d'argent d'un homme fbrt
^^^, Mothadet\m dit; Quelle
«reté deïtiandez^^ous 7 DiBV ^
'•" t'épondit Cet homthe , ^ous
]J^fi^ Ze ^uvérnétnerU de $ét
y^s tt dé ses serviteurs ; tfoui
«* fn êtes montré digHe par f>o-
^'^'admirûstratioti. Pourquoi
Svppt, Tome nu
MOT
Ht
Wàtois^fe besoin de sàreU p^ur
vous confier mon argent ? Ces pa^
rôles attendrirent le calife qvà
répliqua à cet homme généreux s
Je ne toucherai pas une drachme^
de votre argent; mais si dans lé
ittiie vous itièt dans le besoin^
tous Us revenus de tempire sonf,
là votre disposition.
m. MOTTE-LE-VATERV
( Jean-François delà ) maître de»
requêtes , mort en 1764, esjb
Auteur d'un Essai sur la possibilité
d'un Droit unique, 1764 , in«xv
MOTHE-PIQtJET,(t?. la)'
lieutenant général ded arméof
navales , mort k Brest le to fuia
*79'9 *g* de, 71 ans, eh avoit
|>as8é bS dans le service de la ma^
Hne, oit il s'éleva, par son cou^
rage et its talens , aux premier»
f rades. Paribi im grand nom*
re d'actions valeureuses dont 4I
fut auteur , on a sur-tout dis^
tingué celle du Fort -Royal. H
avoit mouillé dans cette rade ^
après un combat qui avoit dé-^
semparé tons ses vaisseaux ; YAn^
nibal , qu'il môtltoit , étoit à
jieine réparé , lorsqu'un convoi
François entrant «bins k radk? ^
fut attaqué par une escadire de
quatorze vaisseauât Anglois. Ctf
bônvoi ^ essentiel ausitccès da
la guerre^ alloit être pris; Xa
Mothe - Piquet , aveic soii Seul
vaisseau , vole aU secours âtk con«
voi 9 combat l'escadre ^ la dis-
perse , et rie rentre au port qu'a-
près que tous les navires Ftan^
çois sont eri sûreté. — On a mis
ait bas de son portrait ces ' Vere
inérités :
Marin ^ dès tt prcâtèré tttfor#y
GnerrUri cher méiac à tes r!Ta«r|'
ta France tkit ce que ni Ttnx^
Et rAngteterré mievk encore.
MOTtÏN, (Pierre) docteul?
dt Sorbonqe, mott à isix'is j^li
V45 MOU
'1773, a laissé un petit écrit qui
ne manque pas d'intérêt , et qui
îest intitulé : Essai sur la néces-
sité du travail, in^i2.
MOUGNE , ( Roberte ) sa-
vante du 17e siècle, siiivoit la
religion Calviniste , et se consola
3\in long veuvage en composant
des ouvrages pieux , parmi les-
quels on distingue celui intitulé :
Cabinet de la veuve chrétienae ,
t:on tenant des prières et des mé"
ûitations sur divers sujtts de l'E-*
^riture*-Sainte , 1 6 1 6.
MOULIER DE Moissi , ( N. )
^ donné en lySo et lySi , quatre
Comédies , le Faux généreux on
le Bienfait anonyme , le Valet
ynaltre , \e Provincial à Paris , et
les Fausses inconstances. Elles
«urent peu de succès. Moulier
est mort peu de temps après la
greprésentation de la dernière.
MOULIN, (Du) médecin,
"^oyez MoLiN.
LMOUSTIER, (N.) éohevin
t)e Marseille , se distingna par son
liumanité et son courage , lors de
•la peste qui' ravagea sa patrie en
<i72o. Depuis le commencement
de la contagion il se mit à la
tête de toutes les expéditions
dcint ses collègues n'osoient pas
se charger. L'un des soins les
plus pressans étoit d'enlever les
cadavres , dans un moment où
il périssoit mille personnes par
jour. Des forçats auxquels on
promit la liberté , consentirent
à sô charger de ce travail , au
moyen de crochets qui leur fu-
rent distribués ; mais il falloit
commander ces forçats ; il £alloit
un hogime qui ne craignît point
de les suivre ,'de les mener dans
des lieux presque impraticables,
■Cet homme fut l'intrépide Mous-
^ier. U oourut se placer au milieu
MOU
d'eux. Tantôt à cheval , tantôt K
pied , l'épée dans une roain et
la bourse dans l'autre , il ne ces-»
soit de récompenser et de punir
que pour mettre la roain à l'ou-
vrage. Un emplâtre fumant d'ua
pus pestilentiel ^ jeté par une fe-
nêtre , vint se coller sur sa joue,
Moustier détacha l'emplâtre et
continua ses travaux. Il mourut
victime de «on dévouement gé-
néreux.
II. MOUSTIER , (Charles-
Albert de) membre de l'Institut,
naquît à Villers— Coterets , le i3
mars 1761, d'un père qui ser- ,
voit dans les Gardes du Corps.
Apres s'être distingué dans ses
études au collège de Lisieiix , il
suivit pendant quelque temps
avec succès la profession d'a-
vocat , qu'il abandonna ensuite
pour se livrer entièrement à la
littérature et à son goat pour
la retraite et la campagne. C'est
là qu'il composa la plupart de
ses ouvrages. Ceux-ci pétillent
d'esprit , mais on y desireroit
quelquefois moins de recherche
et de prétention. On lui doit:
1. Lettres à Emilie , sur la My-
thologie , 1790 9 six vol. in-i8.
Il y a eu plusieurs autres édi-
tions de cet ouvrage, dans le-
quel l'auteur donne aux femmes
des leçons sur la fable. Il est écrit
en prose mêlée de vers. Ceux-
ci forment un recueil de madri-
gaux , le plus considérahie peut-
être que nous possédions. Cei
Lettres ont été élégamment tra-
duites en anglois. II. Le Concis'
Uttteiir , comédie en cinq actes.
Cette pièce a réus&i. La style ea
est aisé , les saillies piquantes.
Le premier acte offre beaucoup
d'art dans l'exposition , et ^*
dernier un dénouement heureui
UL ïiÇl Femmes , çoBiédie cB
\
MOU
cinq actefe. Celte -oi , pleine de
madrigaux , d epigrammes ^ de
bizarreries de sentiment , obtint
un succès qui s'est soutenu. L'au-
teur , dans sa Préface , dit qu'il
aimoit trop les femmes pour les
bien connoitre ; et quelques cri-,
tiques ont été de son avis. Les
agrémens de la diction n'y ra-
chètent peut-être pas assez la
peinture des mœurs un peu lestes
qu'elle présente , et sur- tout la
scène d'un jeuQe homme en robe
de chambre , endormi sur un
sopha, et livré à la contempla-
tion de plusieurs femmes. IV. Les
Trois Fils , comédie en cinq
actes. V. Le Tolérant , autre
.comédie. VL Alceste à la cam^
pagne , comédie. VIL Les autres
pièces de Tanteur sont : Cons-^
Unce ; le Divorce ; la Toilette
de Julie; le Pari; l'Amour filial;
Agnès et Félix, Celles-ci n'ont
pas été aussi applaudies que les
deux premières. VIIL Apelle et
Campaspe , grand opéra qu'on
a vu avec intérêt et qui offre le
tableau le plus agréable. IX. Le
6iége de Cythère , la Liberté du
CloUre , poèmes, 1790^ in-S.**
X. Il a laissé plusieurs ouvrages
manuscrits : la Galerie du i8*
Siècle , en vers ; un Cours de
^Morale , en vers et en prose ;
Lettres à Emilie sur l'Histoire;
des Consolations ; la Première
année du Mariage , en vers et en
prose. De Moustier est mort à
îa fleur de son âge , le n ventôse
an 9 , d'une maladie de poitrine
à laquelle il succomba dans les
bras de sa mère. Il disoit sou-
vent en parlant du bonheur qu'il
éprouvoit à passer ses jours près
d'elle : « Le souvenij: des soins
rendus à ceux qu'on aime , est la
seule consolation qui nous reste
quand nous les avons perdus, t»
^e jour mém^ de sa mort^ i]l.
MOU 14^
écrivit à une femme qui lui étoit
chère : « Je sens que je n'ai plus
la force de vivre ; mais j'ai en-
core celle de vous aimer.» il eut,
des amis de l'enfance qu'il con-
serva jusqu'à la fin de ses jours ,
et il e^ut pour eux non-seule-*
ment les procédés ., mais toutes
les grâces, de la bienveillance.
« Ceux qui ont pu le voir dans
la société , dit un écrivain qui a
consacré une notice à son sou-
venir , savent quel charme il y
apportoit , moins par les agré—
mens de son esprit, que par une
attention constante à faire va-«
loir celui des autres , par cette
politesse du cœur qui ne peut
pas louer dans autrui ce qui est
blâmable , mais qui cherche di^:
moins à l'excuser. »
MOUTON , ( Gabriel ) prêtr».
de Lyon , publia divers traité»
de Mathématiques sur la hauteun
du Pôle de Lyon , sur Yusage du,
Télescope et de la Pendule , sur
la Manière d'observer 'les Dia-^
mètres apparens du Soleil et de la
Lune , sur Vinégalité des Jours.
et la vraie et fausse Equation des
Temps , sur une Méthode de con^
server et transmettre à la pos^
térité toutes sortes de Mesure s^
Il avoit adressé , en 1694 , un
Traité des Logarithmes. , à Taca-»
demie des Sciences , qui en fait
l'éloge dans ses Mémoires , et
il mourut la même année ^ à
76 ans.
MOYLE , (Gauthier) mort en
1721^, étoit né en 1672 dans \x
province de Cornouailles. C'étoit
un politique indépendant^ aussi
peu fevorable à l'autorité dea,
princes qu'à celle de4'église Ro-
maine. On a de lui : Essais sur
le Gouvernement de Rome ; Exa-
men du Miracle de la Légion
fulminar^tc ; Essai sur k Cou*^
Kx
\
148 Mot
VÊnununt BonMû» , comparé. à
céUU dô Lacédémoue ; Xéno-*
phon ) sur les Reyeruu J^ Athènes
comparés à ceux i Angleterre ,
etc. Ces dififérens écriti se trou-
veni dans ses Œuvres , Londres ^
,Z7z( , deux voL in^S."
MOYREAU , (Jean ) gravenr
François, mort en 1762 , à 71
•ns 9 a gravé 87 pièces d'après
^ouvermans»
VIL M O Y S £ , imprinenr
Allemand) renommé dans le i S."
siècle , naqnit à Spire ^ et s'éta^
bUt dans la .petite ville de Son-
cino. On lui doit un grand nom-*
bre d'ouvrages Iiébreux ^ et les
édition! des commentaires de
plusieurs rabbins sur TËcriture*
Moyse eut plusieurs fils qui con-«
tinuèrent à se distinguer comme
lui , daus la même profession»
Ii*nn d'eux établit une imprime-
rie h Constantinople, en i53o ;
un autre se fixa à Salontque.
MULGRAVE, (Richard)
éoriyain Anglois , a publié une
histoire de la dernière rébellion
d'Irlande» Ayant traité dans cet
écrit sans ménagement la con-
duite d'un membre du parlement^
4 fut appelé en duel par celii^
ci, et tué dans le combat , an.
cpDimencement de l'année 1^02.
VIII. MULLER , ( Gerhard^
Frédéric ) conseiller d'état en
Russie , et garde des archives à
Mosco>^ , naquit à Horford en
Westpbalie , en 1705 , et mourut
en 1783. Le Recueil des. maté»
mux amassés dans le cours de
aes voyages pour la géographie
«t rinstoire de Russie, a paru
en allemand ^ en plusieurs peu:'-*
lies « depuis 17^2 jusqu'en 1764.
L'impératrice Catherine acheta la
collection entière 2000 livres ster-
ling , ennoblit son èXs-^ et pen-^
«ionna sa veuve.
* MUNICH, célèbre général
des armées Russes sons. Itimpé-*
ratrice Anne , parvint par des
8ervice$ successifs au grade de
maréchal , et devint le maître ,
dan» l'art de la guerre , de Lowen»
dal qui passa ensuite ,au service -
de France. Munich secourut l'em*
pereur Charles VI, vainquit le»
OttooMins et les Tartares de la
Crimée. Par ses conseils, l'imp6^
ratrice Anne ibrma Le corps de»
cadets de terre , où sept cents
jeunes gens sont élevés dans tou^*
tes les connoissances et les exer^»
cices militaires. Ils occupent le
palais du fameux Menzicoff* Mw
pich devint odieux a l'impéra-
trice EUzabeth, Celle - ci le &t
traduire devant une. cour mili-
taire , oii on l'accusa d'avoir fait
périr trop de soldats en rempor*
tant des victoires. Munich, im-
patienté des questions absurdes
de ses ^iges , leur dit : « Dressez
vous-mêmes mes réponses , et je
les signerai» » On le prit au mot^
il signa , et fut condamné à être
écartelé. L'impératrice commua
sa peine en un exil dans la Sh
bérie , et il fut relégué à Pelim*
U^'.^ gAgna long-temps de quoi
9tbsister, en donnant des kçons
de mathématiques 9 «t en ▼en^*
dant le lait de ^elques vaches
qu'il s'étoit procurées^ Pierre lïï
parvenu au trône , rappela la
maréchal Munich , alors âgé de
&2 ans^ ; et on vit l'un de ses
kh^ et trente -deux petits- fils
ou arrière^petits-fils , aller à se
rencontre hors de la capitale. Ïa
vieillard parut devant l'empereur
au. milieu de sa nombreuse &-
mille, et couvert de la mêoia
peau de mouton qui lui servoit
de vêtement dans les déserts de
la Sibérie. Rien n'avoit ébranlé
sa vigueur ni son courage. Ctf-«
Serine II lui donna le gouver-
nement de resthonie et de la
MUN
lifonie , et il BKmnit à lUga ^
en 1763 , à l'âge de 85 ans , aveo
h réputation de Vvm des plus
grands généraux de son siècle.
On lui doit le canal de Wisch--
ncî , comasencé sous le règne de
Pierre I, par un Cosaque nommé
Zeriakojf^ mais resté imparfait
jusqu'à lui. Ce canal sert k faire
toniinuniqpier la mer Caspienne
k la Baltique ; mais les cataractei
de la Msta qu'on ne peut dé>-
traire, ne rendent pas ce pas**
•âge sans péril.
MUNîER , ( Jean ) historien
Bourguignon , a publié des Re-»
cherches et Mémoires , pour ser-
vir à l'histoire de l'ancienne ville
d'Autun, i6fio , in-^.* Cet ou-
vrage est rare et érudit.
II. MURET , ( N. ) prêtre de
l'oratoire de Cannes en Provence,
est auteur de deux Traités eu—
rieux ; Tua , des Festins des An^
*ifns , 1 682 ) in-i 2 ( l'autre , àe
leurs Cérémonies funèbres , 1 676,
in- II. La date de ses ouvrages
indique le temps oti il vivoit..Il
précna à Paris avec distinction.
MUSGHAVE, (Guillaume)
^tenr en médecine d*Oxford,
et secrétaire de la Société royale
de Londres , naquit en i€57, et
nioarnt en 1721 , à Excester , où
il exerçoit son art. On a de lui 1
!• Les Tr0nsactions philosopha
nues , n." 1 67 à 1 78. IL Gela Bri*
tannicus , 1716 , in-8.0 111. Bet^
fiuni Briiannicum , 1 7 1 9 9 in- 8.^
IV. De aquilis Romanis , ijzS ,
»-8.» V. De Legionibus , etc.
MUSSASA , femme connH*
gense du royaume de Congo en
•Afrique , succéda à son père
^o«gy dans le commandement
d'une tribu guerrière. Après avoir
•dopté le vêtement d'un homme ,
*JJ^ mit à la tête de s^ trou*.
^) et tes conduisit plusieofs
MUS ^4^
!bb à la victoire. fiUe étendit let
limites de ton empire , et mourut
au milieu du 17' siècle, après
«voir fait passer son nom jusqu'e&
Europe.
* n. MUSTAPHA 11 , emp0«
reur des Turcs , fils de Maho^
met IV ^ succéda à Achmet II ,
son oncle , en 1695. Les com.-«
mencemens de son règne furent
heureux. 11 défit les Impériaux
devant Témeswar en 1 696 ; fit là
guerre avec succès contre les Vé-
nitiens , les Polonois , les Mos«
covites : mais dans la suite , ses
armées ayant été battues , il fui;
contraint de faire la paix avec
ces différentes puissances; et so
retira à Andrinople , oii il se
livra à la volupté et aux plaisir^*
Cette conduite excita une des
plus grandes révoltes qui aient
éclaté depuis la fondation de
Tempire Ottoman. Cent cin-«
qnante mille rebelles forcèrent
le sérail , et marchèrent vers
Andrinople pour détrôner Tem-^
pereur. Ce prince leur promit
toutes les satisfactions qu'ils pour<-i
roient exiger ; rien ne put les
adoucir. Le grand visir voulut
leur opposer 20,000 hommes^
mais ceux-ci se joignirent aux
autres. Les rebelles écrivirent à
l'instant à Achmet^ frère de Mus'^
tapha , pour le prier d'accepter
le sceptre. L empe.reur intercepta
la lettre j et , voyant que sà
perte étoit résolue, il fut con<^
traint de céder le trône à son
frère en 1703.
Sot ce trÔM laosltnt , séjour des hoaém.
cid«s«
I«M térOilttckMis furtat tooîevn npldcff*
SovTene il a f ofi , pevr ctiaagtr tant
rérat.
De la voix d*wi peattf», oa éa «il
é^Ml soldat.
Mustapha réduit à une conditiai:(
Tço MUS
privée , mourut de méliincoîîe
six mois après sa déposition. Le
trop grand crédit de la sultane
Validé , et du mufti qui rete-
îioit le sultan hors de sa capitale
pour le mieux gouverner , fut la
cause de cette révolution. Le
mufti et son fils périrent par le
dernier supplice , après avoir
essuyé une cruelle question pour
déclarer ou ' étoieiït leurs tré-
sors.
* m. MUSTAPHA m , ais
■^'Achmet III, né en 1716, par-
vint au trône le 29 novembre
lïySy. Il étoit renfermé depuis la
^déposition de son père en 1730.
Livré à la mollesse et aux plai-
sirs de son sérail , incapable de
ïenir les rênes de son empir»,
îl les confia à des ministres qui
iirent des fautes ou des injus-
tices $ous son nom. Toute son
.occupation se borna à entasser
des piastres , et il en .laissa 60
Inillions dans son trésor. Il mou-
irut en 1774, avant que d'avoir
■;vu la fm de la glierre ' funeste
qui s'éleva sous son règne entre
îa Russie et la Porte , relative-
"ïnent aux troubles de la Pologne.
X'impératrice de Russie , Ca-
iherine 27, en a tracé ce portrait
è Voltaire, « Aucun ministre
•étranger ne voit le sultan que
dans des audiences publiques.
J\ïustapha ne sait que le turc ,
«t il est douteux qu'il sache lire
et écrire. Ce prince est d'un na-
turel farouche et sanguinaire.
On prétend qu'il est né avec de
•i*esprit , cela se peut ; mais je
iiui dispute îa prudence pi ii'en a
point marqué dans cette guerre...
Mustapha avoit une sœur qui
étoit la terreur de tous les bâ-
chas. Elle avoit avant la guerre ,
«u-delà de 60 ans. Elle avoit été
|Bariée quifi^e fois 3 et lorsqu'elle
M u z
Xnanqaoît de mari, le sultan qui
l'aimoit beaucoup , lui donnoit
le choix de tous les bâchas de
sou empire. Or, quand une prin-
cesse de la maison Ottomane
épouse un bâcha , celui - ci est
forcé de renvoyer toutes ses au-
tres femmes. Cette sultane , outre
son âge , étoit méchante ^ ja-
louse, capricieuse et intrigante.
Son crédit .chez son frère" étoit
sans bornes.' >» Abdul - Ahmid »
frère de Mustapha , lui a suc«*
cédé, et a donné la paix à ses
états au commencement de son
règne , le 14 juillet 1774 , à 58
^s ; après être sorti d'une prison
oii il étoit retenu depuis i73o,
et où H a fait renfermer son ne-»
veu , fils de Mustapha- III*
IL MUZIO GALLO , cardi-
nal , éVéque de Viterbe , aprèJ
avoir parcouru une longue car-
rière dans l'exercice des vertus,
est mort d'apoplexie , à l'âge de
84 ans, en 1802. Lorsque le gé-
néral Kellermann assiégeoit "Vi-
terbe ,' le peuple en fureur me-
naça de massacrer trente Fran-
çois qui se trouvoient renfermé!
dans cotte tillev Le cardinal 3ïu^
zio exposa plusieurs fois ses jours
pour sauver les leurs : il leur
donna asile dans son palais ; il
parla au peuple attroupé , et le
dissipa par l'influence due à son
âgé , à sa dignité 9 au long exer-
cice de sa bienfaisance. Après
avoir été le libérateur de ces vic-
times dévouées à la mort , il leur
dit en les quittant : « Souvenez-
vous du vieillard de Viterbe ; il
priera toujours Dieu pour vous, '
mais je vous défends de parler
de ce que j'ai eu le bonheur de
faire pour vous servir. » Ce n'est
en effet qu'après la mort de cet
homme généreux que le^ citoyeii
Mechin, préfet des Landes ^ qui
M Y C
ftoft dn nombre de ceux qui lui
dévoient la vie, a fait connoitre
soa bîenfaicteur dans une ilotice
intéressante, publiée an moia d»
pluTÎôse de Tan lo.
MYGALE , Thèssalienne dont
^arle Plutarque , avoit fait des
progrès dans Tétude de Tastro»-
uomie, et. se plaisoil: à prédire les
éclipses et à faire accroire aux
ignorans qui Tentouroient , que
la lune paroissoit ou disparois—
|oit à son gré.
MYON j (N**-) est auteur de
la musique de l'opéra de Nitélis ,
et du ballet de \ Année calante »
représenté en 1747»
MYRO , savante deBizance"^
dont Athénée fait mention ^ vi-
voit vers Tan a6o avant J*C. Elfe
épousa le célôbre grammairien
Andromachu^. Beik et sj^iritu^lb)
]« r R ly*
elle excella dans la poésie^ et sur*^
tout dans les vers élégiaques.
♦ MYRON , célèbre sculptetlr
>Grec , se plaisoit à représenter
des animaux. On dit qu'a^yaiit
sculpté une vache ^ on ne pou-«
voit la distinguer des vivantes,
et qu'elle trompait jusques aiui
veaux qui s'approchoient de sei
niameîles. Cette vache a été céle-<
brée dans une foule d'épigramme»
grecques. Notre ancien poëte
Ronsard on a traduit une don—
zaiiie dans le premiet livre de se*
poésies. En voici une :
Un taon Tolam fur U fifurje-
De cette T»ebe 9 Ctie isoii«^«
* • 7e n'ai jamais , dti*it » ^iqué
Veche qui^eût ù peau ei^MTe»
La cigale etla sauterelle de Myroit
fiirent célèbres par leur fini et,
leur délicatesse. '
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tys N A BL
NEC
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N.
Nabw
>EFFBin)I , polte Turc
dn 17* siècle , et dont ne fait
Îas mention d'Herhelot dans sa
Hhliothèquc Orientale t^ a*est di^
tingué dans sa nation par l'agré-
ment et la douceur de ses vers.
Il connoissoit la littérature an-
cienne et celle des latins. « La
Ipature , disoit-il , qui ne nous a
donné qu'un organe pour la pa-
role, nous en a donné deux pour
Fouie 1, afin de nous apprendre
qu'il Âut phis écouter que par-^
ier.» C'est unetradvction deoetta
pensée de Catom le Censeur :■
%>t mnmm naturm , iuas foamMtit tt mmru ^
Ve plus audiret at f«M k^Mëruiir kom;
NAN6IS, Vùyt% GonxAims
4e Nangis , n* joç. -«-Il y a une
£unille de ce nom , qui remonte
jusqu'au 1 4* siècle , et dont étoit
Antoine de Brichanteau marquis
de Nangvs, mort en 1 6 1 7, colonel
des gardes sous Henri JIJ , et
4rès-attaché à Henri IV, quil
Siccompagna dan s tous %e% voyages^
depuis 1590 jusqu'en 1592, avec
une compagnie de gendarmes
{qu'il entretenoit à ^es dépens.
I. NANNI, (Jean) peintre
d'Udine, né en 1494 , mort à
Rome eu 1664 , fut disciple de
IRaphaël qui le ht quelquefois tra-
vailler à ieè tableaux. Médiocre
dans le genre de l'histoire, il pei-
^noit beauconp mieux lesfienrs,
les fruits , les animaux.
NARBONNE, (Aymery,
;ricomte de > amiral de France ,
inort en 1882, conduisît Blanche
4e Bourbon à Pierre le Cruel ^
ft fut fait prisonnier à la bataille
^ Poi^rt. Il étpit pair les femmes
de IVmoieiiiie muson desTÎcoaites
de Narbonne qui remonte au z^
siècW , et qiii sabsisle*
NATOIRE , ( Charki > mort
directeur de Facadémie de Pein-«
tnre à Home, oii il mourut en
1775 , étoit né à Nîmes en 1700^
Ses tableaux sont estimés pour
la beauté e( I9 eorroction di|
dessin.
NAVEAU, (Jean-Baptiste)
fermier des devoirs de Bretagne ^
né à Puiseaux en 17 16 , et mort
en 1762, a publié en 1767 ^ ei|
;^ volumes in- 12 , Le Financier
Citoyen : deux mots qn*on n'avoit
guères vn ensemble. Ce livre
renferme <pielques pbservation^i
ntiles.
NAULO, (N»») de Lyon,
fut un arithméticien , que sei
Calculs A rendus faciles pour Us
»^ocM«j, doivent tirer de roH««
bli. Il est mprt an miliea du siècle
passée
NECKER, (Snzanne-N.) £IIa
d'un ministre Protestant , acquit
un grand nombre de connois-*
sauces , et s'attacha d'abord k
l'éducation d'une jeune personne
de (xenève , qu'elle quitta pour
s'unir à M. Necker , qui n'étoit
encore que simple commis d'un
banquier Suisse. Elle suivit la
fortune de son époux dans toutes
ses chances. Lorsque ce dernier
fut jsarvenu à la direction des
finances de France , Mad. Necker',
loin d'en prendre plus d'orgueil «
9e se servit de son pouvoir qne
pour augmenter le bien qu'élis
«a^pla»^ à Aùre. $09 pçcupsn
NEC
!bn favorite fat de çontrlbner à
ramélioration du régime intérieur
des hôpitaux , et de diriger ellç-
jnénie un hospice de charité
on elle établit à ses frai^ près de
Paris. Son caractère obligeant et
«on esprit facile , lui donnèrent
Beaucoup d'amis parmi les gens
de lettres, Thomas et Bi^fon
étoient du nombre. Elle appeloit
Je premier l'Homme de ce siècle ,
tt le second V Homme des siècles.
Après la retraite de M. Necker ,
elle le suivit à Coppet en Suisse ,
•t y est morto eq 1794. Oïl lui '
doit les ouvrages snivans ; I. Des
InhumAtions précipitées, 1790,
ni -8.*» H. Mémoire sur l'éta-
blissement de$ hospices , in-8.*
ffl. Béfiexions sur le divorce ,
^795» in-8.0 L'auteinr , née dans
toe religion qui autorise le di^
Torce , n'en soutient pas moins,
<bos cet écrit , Tindissolubilité
<le l'union conjugale. On y trouve
pins de sentiment que de raison-
Bernent. Le style en est souvent
peu naturel et trop précieux.
I^s comparaisons le surchargent,
et n*ont pas toujours une juste
JPpUcation, Mad. Necker y ou-^
Jfie son sujet pour s'occuper
«elle , de sa famille , de son
*poux. C'est une terrible tenta-
^ que celle de tronver Tocca-
{ion de se louer , et de ne pds
le faire; aussi n'y résiste-t-elle
ï^* Cet écrit , très - censuré ,
Jffire cependant beaucoup d'idées
^wtes et touchantes , et on en
P«^t juger par celles-ci : « Le
mariage réunit nos affections
«psrses ; il met deux âmes en
«<»mmunauté de vie , et la diÉFé-
ïeace des sexes et des fecnltés
•njpéche que ces deiïx nmes ne
*^ientinmais rivales. ^Les hem-
*^8 aiment la gloire ; les femmes
^ montrent le chemin et déci-
WA Hs smccès. Ce sont les bl^Q*^
NEC 155
chêS colombes qui conduisirent
Enée au rameau d'or. -—La so-i
litude est sans doute un des plus
grands malheurs de l'âge avancé.
£tre deux est déjà un moyen de
se rassurer dans les ténèbres qui
environnent le tombeau ; mais
il faut une grande réunion de
bien faits et d'estime , pour que
des vieillards , s'aidant mutuel-
lement à supporter le poids des
années, parviennent à se le ren-
dre agréable. — Il faut que de
longs jours représentent une
longue suite de senti mens déli-
cats et d'actions nobles ; il faut
^e le son d'une voix chérie ,
un reste de feu dans les regards , /
des paroles sensibles et toujours
amies , soient pour les épOux
comme ces airs connus qui rap-^
pellent à une grande distance les
plaisirs de la jeunesse et les dou-
ceurs de la patrie , qui nous y
ramènent et nous y retiennent
pour vivre et mourir dans son
sein. —Deux vies qui ont tou-
jours fait partie l'une de l'autre ,
deviennent encore plus insépa-
rables après une longne et pai-^
slble union. Lorsque tout nous
abandonne , un seul ami , une
seule amie nous restent : noj:re
existence est suspendue au sooffl»
dont ils sont animés. La terr»
dévastée par le temps de tout oe*
quf l'embellissoit autrefois , n'est
peuplée pour nous que par un
seul être qui nous ressemble.
Tous les autres nous sont étran-
gers. — Ah ! qui pourroit suj^-
porter d'être jeté seul dans cette
pli^ inconnue de la vieille^e !
Vos goûts sont changés ; nos
pi^ssioni sont afibiblies \ le té-
moignage et l'affection d'un autre
sont les seules preuves de la con-
tianité de notre existence. Le
sentiment seul nous apprend h
noju recpna^itre { il commanda
154 NEC
au temps d'alléger son empire.
Ainsi, loin de regretter le monde
qui nous fuit , nous le fuyons à
notre tour. Nous échappons à
des intérêts qui ne nous attei-
gnent déjà plus , nos pensées
s'agrandissent comme les om-
bres à l'appioche de la nuitj et
un dernier rayon d'amour ^ qui
n'est plus qu'un rayon divin ^
semble former la nuance des plus
purs sentimens que nous puis-
sions éprouver sur la terre , avec
ceux qui nous pénétreront dans
, le ciel. » IV. Mélanges extraits
des manuscrits de Mad. X^fecker ,
1798, 8 vol. in-8." Us ont été
publiés après la mort de l'auteur.
jEn général , on trouve dans tous
ses ouvrages un grand nombre
de pensées vraies et fines , des
tableaux d'un beau coloris , des
conseils sages et bien exprimés 5
mais oa peut plusieurs fois, luji
appliquer ce que Voliaire a dit de
l'éloge de Colbert par son époux 3
,« qu'il y a autant de many^is^que
de bon , autant de phrases -obs-^
cures que de claires y autant dp
mots impropres que d'expressions
justes , autant d'exagéj-atioiis que
de vérités. » Moins de désir de
jouer lui rôle ^ auroit. peut-être
diminué sa célébrité et augmqiité
son bonheur. Thomas qui lui a
• consacré ^des vers adressés à Su^
zatine , fait ainSi indirectement
l'éloge de Mad. Necker,, dans son
£ssai sur les Femmes : « Celle
qui est véritablement estimable,
est la fem'me qui , prenant dans
..le mpn4e les charmes de la so-
ciété , c'est-à-dire Je goût , ]fi
grâce et l'esprit, sait en même
temjjs .sauver sa raison et son
cœur de cette vanité froide , de
cette fausse sensibilité qui nais-
sent de l'esprit de société ; celle
qui , asservie malgré elle aux
conventions et aux usages ,, ne
NEE
pevâ point de vue la nature , eé:
se retourne encore quelquefois
vers elle pour l'honorer du moins
par ses regrets ; celle qui , par
son état , forcée à la dépense et
au luxe , choisit du moins des
dépenses utiles , et associe l'indi-»
gence industrieuse à sa richesse j
celle qui, en cultivant la philo*
Sophie et les lettres ,, les aime
pour elles-^mémes , non pour une
vaine réputation ; celle enfin qui,
parmi tant de légèreté , a un ca-
ractère , qui dans la foulé a coiv*
serve une ame , qui dans le
monde ose avouer son ami , après I
l'avoir entendu calomnier , qui
ose le défendre quand il doit n'en
rien savoir, qui hors de sa mai-
son et chez elle sait garder son
estime à la vertu , son méprij ;
au v^ce et sa sensibilité à l'a- ;
mitié. »
I. NÉEDHAM, (Marcha^
mont) médecin, né à Burford
en 1620, abandonna pendant
quelque temps l'art de guérit
pour celui de -gouverner. B ne
.fut ni roi ni .ministre ; mais il
j)ublia , sous le protectorat de
Croniwell , un Traité de la Sou»
veraùieté du^ peuple et de VexceU
tence d'un état Ubre , traduit eu
franco is par Mandard , Paris,
.179X, a vol. in.- 8.° Néedham t
en posant le principe de la sou-
veraineté du peuple., flattoit alors
la passion, qui dominoit dans sa
patrie. Son ouvrage est savant.,
méthodiquo et hardi. Il recueille
toutes les preuves que lui fournit
l'histoire, et cherche à répondre
aux objections qu'on tire des
. orages , de \ esprit de faction qui
régnent dans les administrations
populaires , et de Y ingratitude ài
peuple. Charles II, réUbli sur
le tf ône de ses pères , lui accorda
soi pardon « il se consacra alop
NE E
1 Ih midecine , et après de grands
succès dans l'exercice de cet art ,
il amassa une fortune considéra-
bJe, et mourut en 1718.
MI. NÉEDHAM, (Jean
Tnberville) né à Londres le 10
septembre 17 13 , étoit de la bran-
«he puînée de* la fanjîUe dont
milord Kilmotey est le chef. Né
dans la religion Catholique , il
s'établit, en 17^ , dans le sé-
minaire des Anglois à Paris , et
devint correspondant de l'acadé-
roiedes Sciences , et ensuite mem-
bre de la Société royale de Lon-
dres en 1749. Il e5t le premier
«cclêsiastique CatholiquQ^ que
«ette compagnie ait adopté. Le
gouvernement des Pays-Bas l'ap-
pela, en 1769, pour concourir
I l'établissement d'une société
littéraire. Il mourut le 3o décem-
bre 178 1 , à Bruxelles , oii il étoit
rçcteur de l'académie des Sciences
et Belles-Lettres. Il s'est fait un
nom distingué par des connois—
Mnces étendues et variées , sur-
tout dans la physique et l'histoire
flatarelle. Des observations pé-
nibles sur des objets non moins
^accessibles aux yeux qu'à l'in-
telligence de l'homme , l'ont fait
regarder comme un des plus la-
ineux coc^érateurs de M. de
^^ffon, et ont préparé le sys-
tème sur la génération des êtres
vivons , publié par le Pline Fran-
sois. Quoique ses expériences
'ar les animaux microscopiques
Paient pas e^u le^ succès qu'il leur
* supposé y elles ne méritent pas
*Ç mépris que Voltaire leur a pro-
digué. Néedham , malgré l'abus
^Qe des hommes superficiels pour-
voient faire de quelques-unes de
ses hypothèses ,. étoit inébran-
lable dans les bons principes et
dans son attachement au Chris-
.^anisme. U avoit plus de science
N E M içç
qu*il n*avoit de talent do la fairô
paroître. Soit modestie , soit
éloignement naturel du bruit ,
soit diiEculté de s'énoncer dans
une langue étrangère , ou je ne
sais quelle opposition qui se
trouve quelquefois entre la mul-
titude et la précision des idées ;
Testimable académicien parlant
ou écrivant , paroissoit presque
toujours au-dessous de ce qu'il
étoit en effet. On a de lui : I. Di-
verses Obserçations insérées dané
l'Histoire naturelle de M. de
Buffon, II. Nouvelles "Recherches
sur les découvertes microscopiques
et la génération des corps orga^
nisés , traduites en françois par
Lavirotte, Paris , 1750 , in— 8.*
in. Des notes sur les Recherches
microscopiques de Spalanzani ,
à la suite de l'ouvrage de cet au-
teur; Paris, 1769 , 2 vol. in-8.*
IV. Des Recherches sur la nature
et la religion.
* NÉEL , (Louis-tealthazar)
mort à Rouen sa patrie en 1754 ^
est auteur de : I. Voyage de Paris
à Saint^Cloud , par mer et par
terre, 1761 , in-ia : bagatelle
agréable et plaisante qu'on lit
avec plaisir. IL Histoire du m/^
réchal de Saxe , 1762 , trois vol.
in-ia. III. Histoire de Louis duc
d'Orléans , fils du régent , 1763 ^
in-i2. IV. Et de plusieurs Pièces
de vers sur differens sujets. Son
style est quelquefois gêné , et sa
poésie foible ; on y trouve ce-
pendant quelques bons vers.
♦ m. NÊMÉSIEN, (An^
relius — Olympius — Nemesianus )
poëte Latin natif de Carthage ,
vivoit vers l'an 281 j sous l'em-
pire de Numérien , qui voulut
bien entrer en concurrence aveo
lui pour le prix de la poésie. On
ne sait rien de particulier sur sîi
vie 9 sinon c[u il avoit les qualités
1^6 N E M
dn coeur jointes à celles de Fe»-
prit. On croit qu'il périt dans
les proscriptions qui ensanglan-
tèrent le commencement dn rè-
gne de Dioclitien. Il nous reste
de lui des fragmens d'un ppême
intitulé , Cynegetica , sive De
Venatione , adressé à Carin et à
Numérien , après la mort de leur
père Carus» Ce poème dont il ne
reste que le commencement et
environ 33o vers , étoit resté in-
connu pendant douze siècles. San-
Ttasar dans son voyage en France,
le découvrit manuscrit à Tours
et l'emporta en Italie, Il parut
bientôt imprimé à Venise par
JPierre Manuçe , fils du oélèb-r©
^lAlde Manuce, 11 est plus connu
par quatre Eglogues^ qui ne sont
pas sans mérite. Le dessein en
est assez régulier , les idées fines ,
et les vers ne manquent ni de
tour ni d'élégance. Du temps de
Charlemagne , elles étoient au
nombre des ouvrages classiques.
Kous en avons une traduction en
françois par MairauU , dont la
fidélité , l'exactitude , la précision
et l'élégance ont mérité les éloges
des gens de goût. Elle parut en
1744 , in<-i2 5 enrichie de notes
qui offrent de la mythologie , des
traits, d'histoire , une érudition
variée, et beaucoup de critique.
Depuis la traduction de MairauU,
il en a paru une autre à Paris ,
l'an 8 , par M. Latour , traduc-
teur de CLaudien, Celle-ci ne fera
pas oublier la première. Les écrits
de Némésien ont été imprimés
avec ceux de Catpurnius et de
Gratins , dans les Poé'tœ rei Ve^
naticœ , Leyde 9 xyBi 9 deux vol.
în — 4.° Les antres éditions de,
Némésien et de Gratins , sont
d'Augsbourg , 1534., in-S'*; de
iVenise , la même année ; de Lyon
ehez les Gryphe , en 1527 et
,1573 ; de Hanau en iéi3 i de
N E M
Leipzig 9 en f €63 r de Londrct^
en 1 629 , chez Johnson , etc. Ces
dcHX poètes se trouvent encore
dans les collections de Seyera-*
hondius en 1 582 , de Fithou et
1690 9 de VUlius en 1645, de
Maittaire en i7i3 9 et de But»
mann en 1731»
» II. NEMOURS 9 ( Jacqnés
DE Savoie 9 duc de ) fds de Phi^
lippe de Savoie » duc de Nemours,
et de Charlotte d'Orléans Lou"
gueville , né à l'abbaye de Vain
luisant en Champagne l'an i53f 9
signala son courage sous Heu"
ri IL Après avoir servi avec éclat
en Piémont et en Italie , il fbt
fait colonel général de la cava*
lerie. U réduisit le Dauphiné^
défit par deux fois le baron det
Adrets j le ramena dans le parti
du roi 9 contribua à sauver Chat^
Us IX a Meaux oil les rebelle»
étoient près de l'investir , »
trouva a la bataille de Sairit*
Denis 9 s'opposa au duc de Deux»
Ponts en 15699 et mourut h
Annecien i585. Ce prince étoit
aussi recommandable par les qua-
lités du cœur et par sa généro-
sité 9 que par son esprit et son
savoir. Il parloit diverses langue!)
écrivoit dans la sienne avec beau-»
coup de facilité en vers et en
prose , et joignoit à tous ces avan-
tages les agrémens de la figufe.
Il avoit de Françoise de Bohan
de la Garnache , ( Voyez Gar-
Vâchb ) un fils qui fut déclaré
illégitime par arrêt du parlement
en I 5 6 6. Il se maria depuis à
Anne d'Est veuve de François
duc de Guise tué devant OrléanS)
et qui en eut plusieurs en fans.
Cette princesse n'en donna pa*
moins au duc de Nemours , dont
la postérité masculine s'est éteinla
dans Henri duc de Nemours ^
mort en i65;^> La veUve dç Jas^
HEM
fneiJe Nemoun, fi^ra dans U
ligne sons le nom de Duchesse
ie Nemours ; et comme elle étoit
Wssne , sa figare et son entboa-
tiume foarnirent des sujets de
pkùanterie aux Royalistes. Elle
mourut à Paris 'eu 1 6 o 7 ^ à
)i ans.
NEMOUBS , (la duchesse de )
Voyez la fia ^^ K B M o u R S ,
1.ML
M. NEPOS, (CoraeUus)
lûstorien Latin , natif d'Hgstilie
près de Vérone , fiorissoit du
ttmps de l'empereur Augusie» Il
étoit ami de Cicéron et à'Atticus ,
fii chérissoit en lui un esprit
Jélicat et un caractère enjouéf
Be tons les ouvrages dont il
■voit enrichi la littérature , il ne
.Jiotu reste que le premier lirre
à S98 Vies des plus illustres
^Uairus Grecs et Romains , et
^^e chose du second. On les
I long-temps attribués à MnU^
^t Probus , qui les publia y dit-
Su , sous son nom , pour s'in—
Ànaer dans les bonnes grâces de
Tkéodose. Cet ouvrage est écrit
«vecla précision eJfeTéléganee qui
fuient le car^c|:èrp des écri—
Tsins du siècle d'Auguste. L'au-
^î sème de Ûeurs ses récits ,
iB&is sans profusion. Il sait don-*
^r aux plus simples un coloris
^réable. Tout y est rangé dans
Jn ordre clair et net. Les ré-
«sxjons n'y sont pas prodiguées ;
»|si« celles qu'on 'y trouve sont
'ives , brillantes , neuves , et res-
Ç«ent la vertu. Sa Vie d'Aiticus
•st l'une des plus intéressantes ;
^•iî il altère la vérité en faveur
I ^Vanjitié , lorsqu'il avance qu'il
»« mettoit point d'argent à in-
Y^y qu'il n'étoit jamais entré
flans aucune intrigue ; qu'il avoit
^'^Qiours eu pour Cicéron. une
^ ¥m coostaat» et ^4^Up i etfi,
N ER
M7
etc. Nous avons une traductiod
prolixe et froide de ComeliuM
Nepos , par le Pèro^ le Gras do
l'Oratoire , qui Ta enrichie de
notes utiles ; et une autre par
M. l'abbé Paul « publiée en 1781^
in- 12. Les meilleures éditions de
cet historien sont : L Celle ad
us}àm Delphini , à Paris , Léo^
nardt 1674, in-40, donnée par
Courtùt* II. Celle de Cuick , in-
S^*, 1542, à Utrecht. III. Cello
dite yanorum » in— 8<*, Leyde ,
1734. Consteller en a publié une
édition en 1745 , in«t2. Elle e^t
décotée des tètes des capitaines ,
gravées d'après les médailles et
les anciens monnmens. M. Pikt-
Uppe la dirigea.
IL NÉHI, (Pompée) né à
Florence en 1707 ^ d'un père ju-
risconsulte éclairé ^ étudia la phi««
losophie et les lois dans l'univers
site de Pise. Il obtint bientôt uno
chaire de droit public dans cette
imiversité. Lors de l'extinction de
la maison de Médicis , la Tos-
cane ayant passé à François duc
de Lorraine , il fut choisi pour
Un des secrétaires du conseit ^
et il occupa cet emploi jusqu'en
1749 , qu'il fut nommé par l'im^r
pératrice Marie-^Tkérèse , pré-«
sident de la Junte des impôts da
la Lombardie Autrichienne à
Milan. L'impératrice ayant for-
mé avec le roi de Sardaigne , I9
projet d'un règlement sur les
monnoies , Néri fut mis à la tête
de la commission qu'on établit
pour cet objet. Rappelé dans sa
patrie en 1758 ^ par le grand duc
Léopold , il y fonda l'académie
de Botanique , dont il forma le
plan et dicta les statuts. Il est
mort à Florence le 1 4 septembre
1776 ) laissant une bibliothèque
qu'on regardoit comme une des
l^hH Qdbe^ de l'fiurope pour U
158 N E V
partie de la jurisprudence. Se$
otfvrages sont : I. Discours sur
la compilation d'un nouveau code
de lois municipales pour la Tos-
cane. II. Observations sur Vétat
ancien et actuel de la Noblesse
de Toscane. III. Description de
l'état où se trouve- le système uni-
versel d'impositions dans le duché
de Milan, Il opéra dans cette
partie des changemens avanta—
geux , et prévint les désordres
qui accompagnent d'ordinaire les ^
réformes subites. IV. Observa-^
tiens sur le prix légal des Mon-m
noies et l^difficulté de le fixer
et de le soutenir, -—Il y a eu un
savant du nom de NÉni , ( An-^
ioine ) dont nous avons un livre
^curieux imprimé à Florence ,
1 6 1 2 , in — 4° , sous ce titre :
Dell* Arte verrariâ , lib, rit ;
( Voyez KuNCKEL ) et un domi-
nicain nommé Thomas Neri ,
qui consacra sa plume à défendre
le fameux Savonarolej son con*
frère.
* II. NEVERS , ( Lonis de
Gonzague , duc de Ne vers ) fils
de Frédéric II duc de Mantoue ,
naquit en 1 538. Ayant passé de
bonne heurjè en France , il de-
vint duc de Nevers en i565 par
son mariage avec Henriette de
C lèves 5, héritière de ce duché.
U servit avec . distinction sous
Henri II , Charles IX et Henri
III, Il obtint le gouvernement
de Champagne, et fut le premier
chevalier de l'ordre du Saint-
Esprit. ,11 avoit été blessé à la
cuisse en 1667 9 en combattant
contre les Calvinistes. On a pré-
tendu que des propos durs que
Henri IV lui tint dans le con-.
jeil, l'affligèrent tellement que
ses blessures se r'ouvrirent. U
mourut peti de jour$ après , en
4»cl.obrç.x595 y à 9^ ans. $i la
N E U
cause de sa mort est véritable,
on peut dire qu'il raéritoit un
meilleur sort ; car s'il ent des
emplois considérables en France ,
il en fut digne par se^ talens ,
ses vertus et ses services. M. Tiur^
pin a publié son Histoire , Pafis,
1790, in— 12. Nous avions déjà
ses Mémoires publiés par Gom^
herville t i665 , a vol. in-folio.
Ils renferment des choses cu-
rieuses , et s'étendent depuis 1674
jusqu'en 169 5. On y a joint beau-
coup de pièces intéressantes ,
dont quelques-unes vont jus-
ques en 1 6 1 c^ , année de la mort
de Henri IV, Voyez I. GoN-
ZAGUB.
NEVEU, (Guillaume) avocat*
au présidial de Lyon, a été.le-
diteur des Œuvres dé Nicolas
Boyer , président au parlement
de Bourgogne en. 1 55 S.
* III. NEUFVILLE , (Fran-
çois de) fiis du précédent, duc
de Villeroy , pair et maréchal de
France , etc. , commanda en
Lombardie , où il fut fait pri-
sonnier à Crémone, le premier
février 1702. Lorsqu'il fut choisi
pour aller commander en Italie,
toute la cour s'empressa de le
complimenter ; le maréchal de
Duras fut le seul qui lui dit : Je
garde mon compliment pour votre
retour. Les ennemis le rendirent
sans rançon : cç qui nous coûta
plus cher , dit Ducîos , que si on
l'eût payée pour le faire retenir.
Au lieu de se borner au métier
de Courtisan , il alla en Flandre,
et eut encore le malheur de
perdre la bataille de Ramillies,
le 23 mai 1 706. La perce étoit
é^ale de part et d'autre , lorsque
les troupes Françoises se déban-
dèrent pou^ fuir plus vîte.X'en-
nemi , averti de ce désordre ,
i
NEU
itjyards ; nn grand nombre fut
pris , avec l'artillerie , les bagages
et les caissons qui se trouvèrent
abandonnés. Malheureux à la
guerre , il fut plus heureux dans
le cabine^t. 11 devint ministre d'é-
tat, chef dn conseil des finances
•t gonvemeur du roi Louis XV,'
auquel il parla peut-être plus de
sa puissance que de ses devoirs
à l'égard de son peuple. Il mou-
rut à Paris le i8 juillet 1780^
à 87 ans 5 regardé comme un gé-
néral incapable et un seigneur
hautain ; mais comme un honnête
homme, fidelle à l'amitié, géné-
reux et bienfaisant. ( Voy. Mon-
KOYB). Ces ^qualités Tavoient
rendu le favori de Louis XIV.
Dans les orages de la cour , il
parla hautement pour ses amis.
' Lorsque les sceaux furent 6té»
•u chancelier d'Aguesseau , il
«'éleva contre cette injustice , et
il dit à tTArménonville , son suc-
cesseur : Je n,e vous fais point de'
^npliment , persuadé que vous
àes fâché de succéder à un homme
*omme M, d'Aguesseau.
NEUKIRCH , conseiller d'état
du margrave d'Anspach , ^ut ini
poète argréable , quoique dans sa
jeunesse il ait déparé ses poésies
par une foule de comparaisons
«vec les drogues du Levant , que
îes voyages que l'on 'faisoit aux
fades rendoient à la mode dans
son pays. Ayant été nommé gou-
verneur du fils dii margrave , il
crut ne pouvoir mieux s'acquitter
^e l'éducation de son élève , qu'en
traduisant pour lui , le Télé—
^ue en vers. D est mort au
ttiilieu du 18» siècle.
NEUVILLE , (Didier-Pierre
Chicanau de ) né à JS^anci en
1720 , d'une famille noble , fut
successivement garde du roi de
^<^Ogne ^aaislas , «Yoçat ^ iiu-
NIE IÎ9
pectenr de la librairie h Nîmes ,
ecclésiastique , et enfin profes-<'
seur d'histoire au collège Royal
de Toulouse. C'est dans cette
ville qu'il mourut , en octobre
1781, aimé pour ses qualités
spciales , et estimé pour U va-
riété de ses connoissances. On a
de lui , quelques petits ouvrages
en vers et en prose. Mais le seul
qui soit resté , est une compila-
tion très-connue ^ parce qu'elle
est faite avec choix et écHle
avec soin. C'est le Dictionnaire
philosophique , on Introduction
à la GOnaoissance de l'homme y
176a, in— 8.» Vauvenar^ues ,
Duclos , Trublet, d'Alembert sont
les auteurs dans lesquels le ré-
dacteur a principalement puisé.
IL NICIAS d' Athènes, célèbre
peintre, fut le premier qui trouva
l'art des enfoncemens , et de pro-
curer aiftsi k ses figures des re-
flets, des ombres, et ces arron-
dissemens de traits qui en font
le charme : il peignoit supérieu-
rement les femmes. U refusa 6d
talens d'un tableau où il avoir
représenté l'enfer , tel qu'il est
décrit par Homère , préférant
en faire don à sa patrie. On ad-
^liroit encore de lui mie dryade
que Silanus apporta de Grèce h
Home, avec un Bacchus du même
artiste , qui fut placé dans le,
temple de la Discorde* Nicias vi-
voit 33o ans avant J. C. Il avoit
été élève d'Antidotus,
NICON, KoyfzNiKON.
NI£L, (N.) musicien , mort
vers 1760, a fait la musique de
plusieurs grands ballets de rOpéra.
NIEULANT, (GuUlaume)
célèbre paysagiste , né à Anvers
en . 1 584 , nikoi t à Amsterdam en
z635. Ou a gravé d'^|Jiès Uh«
têa N 1 t
NILHTSDALE, (N.) Angloise
célèbre par sa tendresse conja-
gale , sauva la vie à son époux
condan^é à mort en x 7 i S ^
comme ayant secondé le roi Jiic-
{fties dans son entreprise pour
reraonj4r sur le trône* ta veill«
du j(>tir hté pour l'exécution ,
mjklai Nilhisdale entre dans la
tour , un mouchoir sur les yeux
et dans l'attitude d'une femme
désolée. Aussitôt elle change de
vêtement avec son mari qui étoit
de même taille qu'elle, et le fait
évader. Le lendemaiii le ministre
qui vint pour préparer le pri-
sonnier à son dernier moment ,
trouva une femme an lieu d*«m
homme. lia cour consultée sur
cet événement, ordonna de met-
tre en liberté miladi NUhisdale ,
qui alla rejoindre; son mari en
France.
NÏNO DE GuBVAtà, (N.)
peintre célèbre , né à Madrid en
i^St , mort en 1^98, embellit
les églises de Cordoue , de Ma^
laga et de Grenade, de ses ou-^
vrages. 8a touche est i^erme, son
coloris Vrai , et son dessin très-
correct. Formé sûr les peintres
Italiens , Espagnols et François ^
il se fit une manière particulière ^
qui tenoit de toutes les trois.
* n. NIVELLE m la Chaus-
séE, (Pierre-Claude) naquit à ^
Paris en 169a, d'une famille ri-
^e. Il fit stes premières classes
au collège des Jésuites , sa rhé-
torique et sa philosophie au
Pîessîs. Né dans le sein de la
fortune, et neveti d'un fermier
général , il eut le courage d'é-
carter toutes les illusions qui l'e^-
touroieirt , et de se livrer à l'a-
mour de l'étude. 11 répandit son
«me dans des vers, qu'il nemon-
troit qu'à ses intimes amis. H
négligeoit . même depuis l9n^^
Nf V
temps ieâ talens qu'il avdît f éçW
de la nature, lorsque la Motha.
cet esprit si fécond en paradoxes
ingénieux, fit paroître son sys*
tèrae de la poésie en prose. lA
Faye , quoique ami de ce poëti
détracteur de la poétîe , prit lé
parti de Ut Chaussée dans sa qoe^
relie. Ce fut ce cfui donna nais-*
sance à son ÉpUre à Cko : ouvrages
plein d^nne^aine critique, sage^
mais froid; et sans cette énergie
qui caractérise les Epitres âeé
Boileaa , des Boutteau et dei
Voltaire, Animé par le succès dé
oe, petit Poëme, il se livra aii
théà Lre. Les lauriers qtt'il y ctieillit j
lui méritèrent une place à l'aca*
demie Françoise. Il y fut refçu eu
1736. Son discours de remerei«
ment , moitié prose et moitié
vers , fut applaudi. Cet ingénient
académicien mourut, le 14 mari
1754 , âgé de 62 ans , avec li
tranquillité d'un sage. Son sang
froid dans ses derniers momens |
lui permit des plaisanteries jas^
ques sur ^on successeur à Tac»*
demie. Il s'étoit opposé à la ré^
ception de BougainvîUe, qui, am-
bitieux du titre d'académicien^
avoit employé toutes sortes de
moyens pour l'obtenir. La Chaus»
sée réfléchissant qu'après sa mort
ce candidat devolt trouver moins
d'obstacles , dit : Il serait phi*
sant que ma place lui fût donnée*
Elle le fut en effet , et Bougain^
ville loua la Chaussée, comme
s'il avoit eu à s*èn louer. Ce poète
n'oublioit pas aussi facilement les
offenses que son successeur. Ayant
à se plaindre de Piron , auteur
d'une Epigramme contre ses Co-
médies, il traversa son élection
k la place d'académicien. Anssî
les amis de Piton le conïparè-
rent-ils nwla Bancune du romatt
comique de Scarron» La Ckans-»
$4c étoit dai^eurs im homn»
aimable
j
N IV
rfmable et un honnête homme;
Quant à son mérite dramatique <
œt autenr a de Ja raison , de la
noblesse, du sentiment , dn pa-
tactique, et il tourne bien un
2«' jl «est exercé avec succès
D»ni Je comique larmoyant. On
peut mettre a la tête de ses Co-
««dies l'Ecole des Mères , le
premier des Drames romanes-
ques au goût des bons juges. Une
tter« qui voit les sottises de son
Ws,qm les sent, et qni ne peut
seropêcher de les favoriser , forme
«n contraste très-saillant avec la
fermeté du bon Argant, homme
S ' ^^Se et sans ridicule.
manide fut îe triomphe de la
Lkaussée; elle est pleine de sen-
Jjment, de chaleur, et de détails
, bien rendus. Uaction est un peu
lente dans les premiers actes ; mais
«<« marche avec vivacité dans les
J^emiers. Le célèbre Plron , jaloux
* voir Mélanide jouir au môme
*^cès que la Métromanie, pUi,
"nta beaucoup sur les Comédies
«twidrissan^es,^ qu'il comparoit
« ae froids Sermons. Tu vas
w«c entendre prêcher le Père l i
lyj^ssÉB'? dit^ll un jour à
1^*11*'"'"' g^'ii rencontra
W^t fL Mélanide. On lui attribua
tt^e des couplets fort piquans,
J^ntCoi^ est le véritable auteur.
^comique larmoyant y est re-
P^<îseiite comme un genre^fan-
Z-^^^'Cooîme une comédie bâ^
•^ae, flasque avorton de la tra-
«^;e, et qui „*a de cfe dernier
iW-^^® le ton pleureur et
[l^nniu. On y dit des pièces de /a
««««^ô, que les plans semblent
^^^f'Y^'^^Srin, On finit ufit
« couplet : ^
J^v^rend Père ta Ckaussét , "^
Jr^dicatenr du saint Vallon,
Jotte» ta morale glacée
*■ â«« neuf sccuM et i.' Apollon.
SUPPL. Tome III^
N« er»!s p», Cotln dratnatlqvet
A la Mue da ynX comiiitte
Devoir tes passagexs sncaèi:
Noa , la véritaUe TluiVf
S'eadomit è chaque homéUe
Qae ta fi» précheranx Françoï».
«Cependant,dit M.ri^//ifl;,r^^^
1 Andnenne des aiiciens , trans-
portée sur notre th-àtre , étoit
absolument une comédie lar^
njoyante.v^Elle offrojt un fonds
d aventures Romanesques, des ca-
ractères passionnés , et Tintérét
alloit quelquefois jusqu'aux lar-
mes; c'est qu'en effet la comédie
n exclut rien de tout cela. La
pemture de la vie humaine doit
nous présenter des passions
comme elle nous montre des tra^
vers et de« ridicules 9 et tons ces
objets sont également du ressort
de la bonne comédie. Nous nous
sommes, long -temps persuadés
que. la comédie ne devoit que
taire rire, et c'est avec ces pré-
juçésr étroits que l'on circonscrU
retendue des arts et le vol du
gc'nie. Certainement le Mimnm
trope et le Tarîuffe , deux chefs^
d œuvre de l'esprit humain , ne
sont pas touj<^urs plaisans , quoi-
qu ils le soient souvent et beau-
coup. — La Chaussée est venu
ensuite , et trouvant qu'on avoît
saisi les grands caractères et les
grnnds ridicules , il a tâché de
joindre une morale douce et utile
a des situations touchante?. Ce
sont des romans en dialogue,
mais ces romans peignent des
mœurs vraies ; Us intéressent ,
et sont versifiés en général avec >
assez de. pureté et d'élégance.
Voila sans doute assez de mé- '
rite , pour justifier tous les succès
qij'on lui a tant reprochés de son
vivant, et qui ont augmenté après
sa mort. » Maximien , tragédie
bien conduite., a quelques beau-
tés , ainsi que le Préjugé à la
.1»! N I V ,
mode « qiil esfc intérersSant , mal-
gré qiiçlquef scènes froides et
languissantes 9 dans les premiers
actes, quelques caractères ou-
trés et des plaisanteries froides.
Mais le fonds du sujet , le ton
de vertu qui y règne , l'élégance
et la pureté du style , un grand
nombre de ver^ heureux, et la
chaleur qui anime les derniers
actes , la feront toujours lire avec
plaisir. Après ces quatre pièces ,
auxquelles on pourroit joindre
encore la i}ouvernnnte , pièce en
cinq actes, on ne voit plus chez
lui que des otivrages très-médio-
cres , où règne un mauvais goût'
de roman , qui déprime beauvi
coup le talent de la Chaussée,
Rien de vrai , rien de naturel ,
point de ces plans heureux , qui
se développent sans peine , et qui
nous offrent une a tion qui at-
tache sans fatiguer. La Chaussée,
même dans le genre larmoyant,
n'^a pas rempli entièrement sa
carrière. Que l'on compare tout
son Théâtre au seul George Bar-
neveld ou le Marchand de Lon-^
dres , et Ton verra combien le
François en ce genre est infé-
rieur à TAnglois. Son style , dans
ses mauvaises pièces , ^st lâche ,
diffus , traînant et souvent froid.
Malgré ces observations sévères ,
il aura un rang distingué sur le
Parnasse ; il sera regardé comme
un des premiers auteurs dans une
Branche du Théâtre , connue
avant lui, mais qu'il a fait re-
vivre. — Voici , suivant Voltaire ,
k quelle occasion il ressuscita ce
genre. Quelques personnes s*amu-
soient à jouer dans un château
quelques petites comédies , qui
tenoient de ces farces qu'on ap-
pelle Parades, On en lit une en
1782, dont le principal person-
nage étoitîe fils d'un N'égociant
de Bardeaux j très- bon hoiiinje ,
N IV
et marîii fort grossier , lequel
ayant perdu sa femme et son fils,
venoit se remarier à Paris , après
un long voyage dans l'Inde. Sa
femme étoit une impertinente,
qui étoit venue faire la grande
dame dans la capitale, manger
une bonne partie du bien acquis
par son mari, et marier son fils
à une demoiselle de condition;
Le fils , beaucoup pins imperti<<
nent que la mère , se. donnoit
des airs de seigneur; et son plus
grand air étoit de mépriser beau-
coup sa femme , laquelle étoit
un modèle de vertu et de raison.
Cette jeune femme Taccabloit de
bons procédés sans se plaindre,
payoit ses dfettes secrètement
quand il avoit joué et perdu sur
sa parole , et lui faisoit tenir de
petits présens très-galans sou»
des noms supposés. Cette, con-
duite rendoit notre jeune homms
encore plus fat. Le Marin re-
venoît à la un de la pièce, et
mettoit ordre à tout. Une Ac-
trice de Paris , £lle de beaucoup
d'esprit, nommée M"« QainauU,>
ayant vii cette farce , conçiiC
qu'on en pourroit faire une co-
médie très-intéressante, et d'un
genre tout nouveau pour les Fran-
çois , en exposant sur le théâtre
le contraste d'un jeune homnie
qui croiroit en effet que c'est un
ridicule d'aimer sa femme , et
d'une épouse respectable qui for
ceroit enfin son mari à l'aimer',
publiquement. Elle pressa Kof-
taire d'en faire une pièce régu-
lière , noblement écrite ; mais
ayant été refusée , elle demanda
permission de donner ce sujet à
la Chaussée , jeiuie homme qui
faisoit très- bien les vers, et qui ]
avoit de la correction dans le i
style. Ce fut ce qui valut au piH
blic le Préjugé à la mnde.. Cette
pièce quoique ettend; lisante et
i
NÎV
tH éctite , étoit froide anprcs dé
Cf'His de Molière et de Regnard ;
elJe ressembloit , dit un homme
de ^oût, à Un homme un peu
pesant, qui dahse avec plus de
justesse que de grnce. L'anteur
voulut mêler la plaisanterie au
sentiinent : mais 9e$ railleries
Sont presque toujours froides et
Ibrcées. «La comédie larmoyante^
dit Voltaire , n'est au fonds qu'un
hionitre , né de l'impuissance
tfétre OU plaisant ou tragique.
Celui qui n'a pas le don du co-
ibique ^ cherche à y suppléer par
rinférêt ; il ne peut s'élever au .
fcothume ; il rehausse un peu le
brodequin. Il peut arriver , sans
8oiite, des aventurés très-funestes
à de simples citoyens ; rtiais elles
iônt bien • moins attachantes que
telles des souverains , dont le
iort entraîne celui des nations. Un
DOûrçeois peut être assassiné
Wmme Pompée, tnais la mort de
Pompée fera toujours un tout
autre effet que celle d'un bour-
geois.» Leô ŒuvRRS de Théâtre
de ^a chaussée ont été imprimées
à Paris , 1 768 ^ en cinq Jietits voh
in-ti.
Î^ItÉLdî*, (N.i fut le
blus célèbre danseurde son ternps.
U avbit imaginé une danse dé
Suisses , dans laquelle il excelloit:
oar 14 fin de âes jours il devint
tattepreneUr d'un spectacle , oii
fl se ruina , et. qui fut Fertoé
tn \'Ji^i Son fils, héritier dfe
«es talens \ détuta à Patris , èri
^728 ^ {)ar une entrée "de pnysati
en sabots , qui fit courir toute
Il Ville. Ce dernier exécutoit |es
âahses grotesques avec la pliis
frande légèreté, et en coliiposoit
îui-mêtTie les airs. H a légué à sa
£amiUe sdn goût pour la dans* at
iC'tVÈRNOIS, ( Louis -Juleê
Mancini duc de) ministre d'état ,
membre de l'académie Françoise
et de celle des Belles-Lettres ^
naquit à Paris le 16 décembre
1716, et étoit petit-filti dU duc
de Nevers , connu paf son esprit eè
son gotVt pour la poésie. ( Voyez
lIL Ne VERS. ) Après avoir suivi
quelque temps ki catrière thili-^
taire , le jdbne Nivernois fut
nommé ambassadeur à Hbiihe ^
puis à Berlin , oii il fut très-^
accueilli de Frédéric ; enfin à
Londres, où il négocia la paiit
de 17 63. Par- tout il se conduisit
en ministre éclairé « snge et pru-^
dont , tempérant l'austérité de sei
fonctions pair les charmés de ses
discours , et unissant les grâces à
la dignité. De retour à Paris, les
lettres le possédèrent entièrement^
et ses ouvrages lui eussent fait
un nom distingué, s'il ne l'eût été
déjà par sa naissance et ses services
publics ; aussi un poëte modem»
a dit*avec raison : *
Nivtrnois ail Parnasse est tocort due
et pair.
ia facilité de son fesprit se tiiontre
dans la variété de ses productions.
Ses imitations de Virgile , d*Ho'»
i-ftPe , de Tthulle , à*0^fide , d«
VAriosïê et de Milton , sont faites
avec goût , et sont aitssi naturelles
^ue Ce mdrceau imité par lui , dé
la Seizième Ode &Horace :
tlti clai^ ritisSeati , Ai petits bols ^
Une iTraiche et teadre prairie,
Sdé fttnt un trésér que lés rois
Ifc pottrroleot TÔir qii*âvee éhtié;
le préfère rbbscarit^
Qui siitt Ik mëdibcrité^
A réclat qui suit la puissaiicé.
Le riche est ati sein des plaisir*
Moins faénreui par la )o<iissine«
Qac inalhtnBtiix par ses dtsiitfi
L i
"164
N I V
7e n*al point Ms rickes liabtts
Qu'avec orgncU Plutus étale;
m Tins rares 9 ni mets exquis
Kè coarrent nu table frvgale ;
Mais dans ma doace pauvreté 9
De la dure nécessité
J'ignore ^affligeante peine.
7e jonis d*vn destin heureux :
Xt n*ai • je pas toujours Mieint ,
Si je vottlois former des vœux }
Les fables et les ch^sons de Ni-
vernois furent renomrnt5ci par
leur délicatesse. On peut en ju-
ger par celle-ci , intitulée, mes
Souhaits :
I^aimer jamats si je fais la folie 1
Et que je sois le mattre de mon choix ,
Connois , Amour , celle qai sous ses loix
Pourra fixet le destin de ma vie.
'7e la voudroîs moins belle -que gentille »
Trop de fadeur suit de près la beauté ,
Simples attraits piquent la volupté ,
l^tt feu d*amour joli minois pétille.
Je la TOudrois moins coquette que
tendre ,
Sans être Agnès ayant peu de désir ,
Sans le cherciier se livrant au plaisir »
£t Taugmcntànt en voulant se défendre.
7e la voudrois simple dans sa parure »
Sans négliger le soin de ses appas ;
Car un peu d*art qui ne s*âpperçoit pas.
Ajoute encore un prix à la nature.
7e la voudrois n*ayanrpas d'autre envie»
I>'autre bonheur que celui de m'aimer y
Si cet objet, , Amour , peut se trouver,, .
De te servit je ferai la folie. •
lies poésies fugitives de l'auteur
ont de l'à-propos, et luttent sou-
vent d'agrément avec celles de
y^oltaire ; telle est cette réponse
à Mad. de Mire poix qui lui avoit
envoyé de ses cheveux blancs ,
et que sa brièveté nous peripet
de citer encore :
Quoi ! vous pariez de cheveux blancs !
LaissMU , Jaiscons courir le temps ;
N IV
Que TOnf importe son ravage}
Les Amours sont toujours enfans^
Et les Grâces sont de tout âge. ^
Pour moi , Thimirt » je le sens «
Je suis toujours dans mon printempi
Quand je vous offre mon hommage.
' Si je n'avois que dix - huit ans »
7e pourrois aimer plus long>temps 1
Mais non pas aimer davantage.
Nivernais mis en prison , malgré
son grand âge, sous le gouver-
nement de Robespierre , y resta
jusqu'au neuf thermidor; mais il
ne jouit que deux ans de sa li-
berté, étant mort le 7 ventôse
de Tan 6 , (1798) âgé de 82 ans.
Il conserva jusqu'au dernier mo-
ment son goiît pour la poésie;
et dans la matinée même du jour
de sa mort, il écrivit à son mé-
decin ce billet en vers , pour le
dissuader d'en appeler d'autres ei
consultation :
« Te n'en veux point d*antre en ma cvit»
Fai l'amirié , j'ai la nature
Qal font bonne guerre au trépas }
iMais peut-être dame nature
A déjà décidé mon cas ;
Ah ! du moins , sans changer d'allure y
Je veux mourir entre vos bras. »
Les ouvrages de cet auteur sont :
L Lettres sur l'usage de l'esprit,
dans la société , la solitude et les
affaires. IL Dialogues des Morts.
Ils sont au nombre de quatre )
et offrent des rapprochemens heu-
reux et philosophiques. III. Ré*
flexions sur le génie â'Horace,
de Despréaux et de Jean^Bap^
tiue Rousseau, in-ia- »< Malgré
la contagion du mauvais exemple
que commençoien t à donner quel-
ques gens de lettres , dit M. Pfl-
lissot , Nivemois rend à Des*
préaux une justice que Ton affecte
anjourd^hui de lui refuser, lu^ma
dans des poétiques. Il nous sem-
ble a cet égard , d'autant plQf
I
NO A
digne d'éloges , qu'il avoit à com-
battre 11911-seulement les préju-
gés de nos beaux esprits , mais
encore un sentiment d'aversion
pour le genre satirique, qu'il ne
dissimule pas , et qui tenoit sans
doute a rainénité de son carac-
tère.» IV. Traduction de l'essai
sur l'art des jardips modernes ,
par Horace Tf^'alpole , 1784.
V. Notice sur la Vie de l'abbé
Barthélemi , 1795. Ce derniorfut
ïé avec l'auteur de la plus étroite
amitié. VI. Réjlexions sur Alexan^
ire et Charles XII. VU. IVa-
iuction de la vie â'Agricola , par
Tacite. VIII. Autre envers, de
\Essai sur l'Homme de Pope.
IX. Portrait de Frédéric le Grand
roi de Prusse. X. Adonis et Bi-
chardet, poèmes traduits en vers
de l'italien. XI. Recueil de Fu-^
hks. Elles ne furent réunies
ï[u'en 1 7^6. On y trouve beaucoup
d'esprit et de finesse , mais quel-
quefois trop d'afféterie , et cette
recherche de traits saillans qui
exclut la naïveté. Plusieurs sont
aussi ingénieuses que celles de la
Mothe , jet présentent les mômes
défauts. On a publié en l'an 4 ,
(1796) chez Didotle jeune, les
Œuvres de Nivernais , 8 vol. in-8.*
* IV. NOAILLES, ( Adrien-
Maurice , duc de) fils du précé—
j dent, vit le jour en 1678. Né
*«vec des talens pour la guerre,
il servit de bonne heure , et se
trouva à tous îestùéges que le duc
son père fit dans la Catalogne,
en 1693 et 1694. Il se signala
ensuite sous le duc de Vendôme
dans la même province, passa en
Flandre l'an 1696, et continua
dy montrer sa valeur et sa pru-
dence. Ces deux qualités le firent
choisir en 1700, pour accom-
pagner le roi d'Espagne iusqu à
Madrid. Personne ^'ignore les serr
N O A i6î
vices qu'il rendit en Catalogne
pendant la guerre de la succes-
sion d'Espagne. On le distinguoit
dès-lors comme un homme dont
les talens et les qualités étoient
au — dessus du commun. «Une
belle ame , un esprit supérieur ,
une gaieté charmante, beaucoup
d'amabilité et beaucoup de cul-
ture; l'amour du roi et de la pa-
trie , le zèle du bien public , une
ardeur prodigieuse pour le tra-
vail , une émulation vive pour
tout ce qui est digne d'éloges ,
formoient , dit Tabbé Millot ,
le fonds de son caractère. Ses dé-
fauts mémestenoientà de grandes
qualités. Une conception rapide
lui faisoit voir d'un coup d'œil
trop d'objets , pour ne pa^ le
rendre quelquefois indécis ou
trop lent à se décider. La passion
de bien faire , le désir de mériter
les suffrages , lui inspiroient une
sorte d'inquiétude sur les juge«
meçs d'autrui, capable d'altérer
son am^ , quand il se croyoit en
butte à des-injustices. Ardent pour
tous ses devoirs, il étoit sujet a
s'emporter quand on ne remplis-
soit pas les siens ; mais sa colère
étoit celle d'un homme vertueux
qui se calme aisément et qui pa^^
donne sans peine. Uni à Mad. de
Maintenon par son mariage avec
W^^ d'Aubigné , et encore plus
par une estime et une amitié mu-
tuelles , il étoit plus que per-
sonne à portée de tout obtenir^
et il anibitionnoit sur -.tout de
mériter.-^ Il faisoit de la morale
un objet essentiel de ses études ,
à l'âge oîi les passions effacent
souvent l'idée de la vertu. Quel
philosophe désavoueroit ce qu'il
écrivoit, en 1702, à Mad. de
Maintenon ? L*hoinme aime la /t-
herté et n'en peut jamais arracher
de son cœur le ^ désir , quoiqu'il
fasse chaque jour tous ses efforUi
' \
•m N Q A
pour la perdre, La différence qu*il
y a, parmi les hommes, est que
^s uns sont enchaînés avec des.
i^atnes d'or , et les autres avec des
chaînes de fer; et ceux qui sont
dans les plus énUnentes dignités ,
sont obligés derecofiMottre que Si'Us.
ont des biens et des donneurs qui
les flattent et les distinguent du
çomrfiun , ils ont des peines plus
Cuisantes que les aUftres, Une con^m
irainle qui ne les abandonne /a-
vtais , venge assez les autres hom-r.
mes des préférences de la/ortu^_
nèi » En approfondissant la mo-
^^le , il ne nçgligeoit pas la ^itté*
:|'at^re , et en formant des cor-
respondances littéraires avec les
^vans et les beaux esprits de son
siècle y il ciiltivoit en inême temps
la science inilitairç. Général des
«rmées du roi en Houssillon 9 il
y remporta en 1708 et 1705^
{)lusieur^ avantages sur les enne-
inis. A la fin d|e 1710, et dans le
foenr de Thiver, il se rçndit maî-
tre de Gironne , une des plus
iniportantes places de la Catalo-^.
^e. Cette vule, que des événer
jpnens fortuits avoiènt délivrée de^
plusieurs sièges , çroyoit encore
^tre sauvée cette foj^s-ci par le
secours di; ciel. Des pluies ex-
traordinaire inondèrent le camp
des assiégeans ; quarante-sept es-
cadrons et huit bataillons furent
, enfermés par les eaux pendant
quatre fours , sans pain ni four-
rage. Le duc dt, NoaMles Int^a
f ontre les élément et contre les
çni^emis. On le conjura de lever
le siège ; il le continv4.Un boulet
de çanoii l'approcha de fort près ,
^u^ moment qu'il visitoit une bat-
terie dressée cpntre la tour Girç-
neile qui fati^oit la^ Vànchée ; il
dit à JB^o/o V qui commàndoit
f artillerie, et qui étoit sourd :
Entendez - vous cette musique ?
r-rJiç ne prends jamais gatde .
N Q A
répondit Eigolo , à çeu:j^ fit^'
tiennent; je ne fais attention qu'àf
ceux qui vont. Trois jours aprè^
]a cessatiotn des pluies 9 la ville
haute et basse se rendit , et forçi^
le reste de l'Ara gon a se soumettre*
Ce service signifié fiit récompensé
$n Tjii y par Philippe V, du
titre de Grand d'Espagne de la
première classe, Louis XIV , non
^qins sensible^ à son çiérite que
son petit-hls, Tavpit fait briga-
dier en 1702 , maréch^U de camp
en 11704 9 lieuten^int général
en 1706 ; et il avoit été reçu duc
et pair en 1708. Les disputes ai^
sujet de la Bulle Unigenitvs ,
aigrirent Louis XIV contre le
cardinal spn oncle ; mais il raarr:
qua toujours la même amitiié au
neveu. Le roi ne put pourtant
s'empêcher de lui dire : « Que le
nom de NoaiUes excitoit quelque-
fois de fâcheuses idées dans soi\
esprittv» Le duc répondJLt en çour<:
tisan hahile : Sjrjs , je changerai
de nom ^ si Votre Tilajesté me.
l'ordonne. J'ai appris de mes pères
à n'avoir d'autre volonté que celk
de mes maîtres ; et il conserva la
faveur jusqu'à la mort du mch
narque. Le régen^ employa alor$
ses ta]en3. NoaiUes réunissant ei^
lui le double mérite d'homme de
guerre et d'hommç d'état, fut
nommé président du conseil dq
finances en 171 5 9 et conseiller au
conseil de Régence en 1 7 18. L'en-
trée du cardinal du Bois à ce con-
seil 9 en 1 721 après sa nomi-
nation à la pourpre , occasionna
une dispute ; et cette dispute îu\
pour Noailles la cause d'une dis-.
grâce passagère* Le, chancelier,
le maijéch^^ de Villeroy,U duc
de JV(Ofl*//ef V refusoient d'accor-
der la préséance aqx cardinaux.
On écrivit 9 on s'échauffa > et
cette petite querelle se termiû^
par des lettres de cachet. «I4
N O A
joor même qu'elle commença ,
Noàillt's ayant rencontré au
Lonvre le cardinal du Bois ,'\w\
dit (selon Ie£ Mémoires de la Ré-
gence) : Cette iournée sera fameuse
dans L'Histoire, Monsieur ! on
n'oubiiera pas d'y marquer, qiie
votre entrée dans le Conseil en
« fait déserter les Grands du
Royaume^., D'Aguesseau fiit exilé
pour la seconde fois ; et Noailles
le fut ejisuite , malgré Taftection
du prince à son égard , parce que
ses principes ne s'accordoient
point avec ceux du ministère. Du
Bois lui avoit fait sa cour sous
lerègnedeLouwXiF; illuiman-
doit les nouvelles pendant la cam-
pagne de Catalogne de 1711 ; il
lui témoignoit dans ses lettres un
§rand désir de lui plaire et de s*as—
wrer de sa protection. Ce même
l^omme devint l'auteur de sa dis-
grâce. Le fils de l'apothicaire d'un
grand seigneur , né dans une de
«es terres , aussi vicieux que le
«eigneur étoit distingut^ par son
mérite, remporta sur lui ce triom-
phe ! Parmi tant de jeux bizarres
de la fortune , ce n'étoit point le
Bîoins étonnant. Noailles con-
serva pendant son exil un crédit
extraordinaire 5 et l'en^ploya ei^
faveur de la noblesse de sa pro-
vince :. tout ce qu'il demandoit
8u régent , il étoit presque sur
dfe l'obtenir. »Du Bois étant mort
au mois d'août 1723 , le duc d'Or-
léans , qui ne dédaigna point de
prendre après lui la qualité de
premier ministre, rappela d'exil
le duc de Noailles , qu'il avoit
toujours aimé autant qu'il l'esti-
moit. A la première entrevue ,
il l'embrasse tendrement , lui pro-
teste que sa disgrâce n'est venue
que de ce coquin de cardinal du
Hois ( pour me servir de ses pro-
pres termes). Eh bien ! que dirons
Wtus 7 aioutç-twl avec une sprtQ
N o A 167
d'embarras. Noailles répond, en
homme d'esprit : Pax riris,
Bequies defunctis ! {Mémoi^
res du maréchal de Noailles, sous
Tannée 1713. ) » Pendant que
Noailles présida au conseil des
finances , il fit des réformes utiles.
11 étoit tout neuf dans cette ad-
ministration ; mais il étoit appli-
qué, ardent au travail , capable
de s'instruire de tout et de tra-
vailler dans tous les genres. L'état
avoit à payer neuf cents millions
d'arréragé, et les revenus du roi
ne produisoient pas soixante-
neuf millions, à trente francs le
marc. Le duc de Noailles eut re-
cours, en 1716,8 l'établissement
d'une chambre de justice contre
les financiers. Oii rechercha la
fortune de 4,410 personnes; et
le total des taxes ou des restitu-
tions auxquelles on les assujettit,
fut d'environ deux cent dix-neuf
millions quatre cent mille livres;
mais de cette somme immense
il ne rentra que soixante et dix
million^ dans les coffres du roi.
En 1724, il fut nommé chevalier
d*s ordres du roi. Dans la guerre
de 1733 , il servit au siège de Phi-
lipsbourg, pendant lequel il fut
honoré du bâton de maréchal de
France. 11 eut le commandement
des troupes pendant l'hiver de
. 1734 , et obligea les Allemands
d'abandonner Worras dont ils
s'étoient emparés. Nommé, en
1735 , général en chef des trou- ^
pes Françoises en Italie , il alla
cueillir de nouveaux lauriers. Si
la guerre de 174 1 ne prouva pas
son bonheur y eUe montra du
moins ses talens. L'affaire d'Et-
ttngen en Allemagne, dont un
événement malheureux fit man-
quer le succès en 1743, avoit
été préparée par la phi s savante
manoeuvre , et ménagée avec luje
intelligence digne des plus grandi
L4
j6S
N O A
capitaines. Enfin , dans la der'-
nière guerre , son grand âge ne
lui permettant pas d'être à la tête
d'une armée , il entra dans le mi-
nistère , et servit l'état de ses
conseils* Ce citoyen illustre mou-
rut à Paris, le 24 juin 1766^
âgé de près de 88 ans. Il joignoit
à beaucoup de facilité d'esprit,
l'art de développer ses penséesavec
force et avec élégance. Personne
'lia jécrit dés Dépêches mieux
que lui. « Si nous le considérons
comme général . dit Tabbé Millol,
les vrais «onnoisseurs ont tou-
jours admiré son talent pour les
plans de campagne ) mais ils lui
ont reproché d'avoir manqué de
vigueur dans l'exécution. Nul
homme n'est sans défauts. Quel-
quefois indécis, à force de pré-
voyance , quelquefois trop vive-
ment agjté par les contradictions
ou par de justes sujets d'inquié-*
tude , il put, en certaines ton—
)onf?tufes, perdre des momens fa-
vorables, il put aussi paroitie ti-
mide , lorsqu'il n'étoit que pru-
dent. Quoi qu'il en soit, depuis ses
premièies campagnes jusqu'aux
dernières , on vit des traits ^ap-
pans d'activité et de courage , et
des résolutions également promp-
tes et heureuses 5 couronnées par
le succès. » Daclos ne pense pas
aussi favorablement du maréchal
de No ailles , que l'abbé MUlolg
et il nVst point étonnant que deux .
portraits, l'un fait par un histo-
rien non payé , et l'autre par un
peintre gratifié par la famille , ne
se ressemblent pas en tout. Voici.
celui de Duclos : « A l'égard de
J^oailtes , président du conseil
des finances, en le décomposant-
on en auroit fait plusieurs hom-
mes, dont quelques-uns au roient
eu leur prix. 11 a (car il vit en^
core) beaucoup et de toute sorte
d'esprit) wne élo<juençe »atw-i
N o A
relie , Qexible et assortie aux di^
férentes matières; séduisant dans
la conversation , prenant le ton
de tous ceux à qui il parle, et
souvent par-là leur faisant adop*^
ter ses idées, quand ils croient lui
communiquer les leurs. Une ima-
gination féconde et vive , toute-
fois plus fertile en projets qu'en
moyens. Sujet à s'éblouir lui-
même , il conçoit avec feu , com-
mence avec chaleur, et quitte
subitement la route qu'il suivoit,
pour prendre celle qui vient la
traverser : il n'a de suite que pour
son intérêt personnel qu'il n'a ja-
mais perdu de vue. Maître alors
de lui-même, il paroit tranquille
quand il est le plus agité. Sa con-
versation vaut mieux que ses
écrits; car en voulant combiner
ses idées , à force de vouloir ana-
lyser, il fait tout évaporer. Ses
connoissances sont étendues, va-
riées et peu profondes. Il accueille
fort les gens de lettres^--. Dévot
ou libertin , suivant les circons-
tances , il se J&t disgracier en
Espagne^ en proposant une maî-
tresse à Philippe K. Il suivit en-
suite Mad. de Maintenon à l'é-
glise, et entretint ime fille d'o**
Déra , au , commencement de la
régence, pour être au ton ré-
gnant Le désir de plaire à tous
les partis, lui a fait jouer des rôles
embarrassans , souvent ridicules
et quelquefois humilians. Citoyen
zélé quand son intérêt propre Je
lui permit, il s'appliqua à rétablir
les finances , et y seroit peut être
parvenu si le régent l'eût laissé
continuer ses opérations. Quelque
fortune que NoaiUes se fut pro-
curée, ce ne pouvoit être un objet
pour l'état. On auroit du moin*
évité ' la secousse du pernicieux
système de Lfiw, etc. » De soû
mariage, célébré en 1698, avec
Françoise d'Aitbigné, fille uîù«^
.jji
N O E
qne du comte d*Auhigné frère
de Mad. de Maintenon. , il etwt
deux fils y l'un et l'antre maré-
chaux de France ; riiii sous le
nom de Noailles , et l'aiittft sons
ceiiii de Mouchû L'abbé Millot
a pnhlié ses Mémoires en 1777 ,
en 6 vol. în-12. On les a lus avec
eii]pressem«nt , parce qu'ils sont
curieux, instructifs et sagement
écrits. La froideur et runiforniité
de style qu'on a reproche au ré-
dacteur , étoit difficile à éviter
dans un livre qui est une espèce
de journal, et où il faut sans cesse
couper la narration par les ex^
traits des Lellres de Louis XIV ,
de Louis XV , de Philippe V ,
du duc d'Orléans , de Mad. de
Maintenon , de plusieurs géné-
raux et de divers ministres. £n
wpprimant ces lettres et les ré-
pons qu'elles font naître , la
diction auroit été plus intéres-
sante et plus rapide ; mais on au-
roit perdu du côté de l'instruc-
tion ce qu'on auroit gagné du
côté de l'agrément.
n. NOÉ, (Marc- Antoine de)
d'une famille ancienne de Gas-
cogne, naquit dans le diorèse de
la IVochelle , en 1734. D'abord
grand vicaire de l'archevêché de
Rouen , il fut nommé évêque de
Lescar en 1768, et se fit aimer
de ses diocésains par son carac-
tère doux et honnête , par sa
Bienfaisance et sa popularité.
Après le concordat il passa au
«i^ge de Tro^^e , et mourut dans
«ette ville le cinquième jour com-
plémentaire an «dix , vivement
regretté. Ses lumières étoient
aussi étendues que ses vertus. 11
possédoit l'hébreu et le greo^,
et il a laissé des ouvrages esti—
, mes î tels qu'un Discours sur une
bénédiction de drapeaux , une
Uure sur. une épizootie 2 nu
NOE
1^9
«litre Discours sur l'état futur de
l'Eglise, où l'on trouve de l'élo^
quence, des idées fortement con-
çues, et une sorte de prédiction
de tout ce qui devoit arriver au
clergé dix ans après. En prenant
possession de l'évêché de Troye «
M. de Noé publia un discours
plein d'onction et d'un zèle véri-
tablement apostolique. On peut
en juger par ce morceau adressé
nu préfet de l'Aube : « Vous
êtes au dehors ce que Dieu a vou-
lu que nous fussions au dedans ;
vous veillez autour de l'enceinte
sacrée et défendez ses avenues ;
nous, nous sommes les sentinelles
qui veillons dans le Saint des
Saints. Vous écartez le trouble
et le scandale du sanctuaire ;
nous , nous répondons de sa pu*«
reté. Vous réprimez les entre-
prises et les délits que notre cha*«
rite ne doit pas poursuivre; nous,
nous attendons dans le secret de
leurs conscieiices les coupables,
et punissons les crimes que vos
lois ne sauroient atteindre. Fat-i
sons le saint accord qu'un grand
pape proposoit à un grand em-«
perenr. Unissons nos vues et nos
moyens ; croisons nos armes ,'
disoit-il , Jungamus dextras ; et
par la réunion de nos efforts,
vous , par les plus heureux dons
de la nature et l'autorité des lois;
nous, par la prière et l'instruc-
tion , faisons marcher ensemble
deux intérêts qui ne doivent en
former qu'un, le bonheur de la
société civile et religieuse , qui
ne voyage sur la terre que pour
aller chercher son établissement
dans le Ciel, i» Ce morceau semble
une paraphrase élégante de ces
deux vers d*Owen,
Lex tt relaie junxtritnt fçtâtra. : prava*
Ha,f hominum mtntu 49fnprimit f illa •
maaMu
1
lyo N O G
HiÇ Journal officiel a tracé' cette
esquisse du portrait -de M. de
^oé» « Il a voit cette charité douce
qui concilie les partis, et cette
force de tête qui ne se laisse
point conduire par des intrigans
subalternes. .Huit jours après son
installation » i) ne fut plus ques^
tion dans son dibcèse de prêtres
lissermentés ni insermentés. Tous
se réunirent autour de leur res-
pectable prélat y et tou^ le pleu-
rèrent. M
NOGAROLE, (les) daines de
Vérone, d'une famille illustre,
se distinguèrent par leur esprit
dans le i6* siècle ; elles étoient
pu nombre de cinq. Antoinette ,
célèbre par sa beauté et son sa-
voir , époui^a Salwatico BonacoUi
seigneur de Mantoue,'— u^^éfe
Elle de la précédente^ belle et
vertueuse, se livra à Tétude de
l'Écriture-Sainte , dont elle mit
en vers l'explication des mystères
et les prophéties. — Isota savoit
les langues et la philosophie, pro-i-
' nonça diverses harangues au con-
cile de Mantoue , et devant les
papes Nicolas V et 'Pie II. La
bibliothèque de M. de Thou pos-
sédoit un recueil de 566 lettres
en manuscrit de cette savante,
sur divers sujets. ( Voyez son
article. ) — Geneviè\^e et Laure
ses sœurs , suivirent ses traces
dans la littérature et la pratique
des vertus. Elles épousèrent des
sénateurs Vénitiens.
NOIN VILLE, (Jacques-Ber-
nard du Rey de) président ho*
noralre au grand conseil, mort
le lû juillet 17^8 , étoit membre
de l'académie des Inscriptions.
U se rendit recommandable dans
cette compagnie par son carac-
tère , son savoir , et sur-tout
par un prix de 400 livres qu'il
Wda en 1733* On c^ de Ivii :
N O R
L Histoire de V Opéra , 1757,
a vol. in— 8.® U. Dissertation sur
les bibliothèques et les diction-
naires , 1756 , iu— 1 2. II!. — sur .
les Almanach* , 1762, in— 12.
NOOMSZ, (N.) poète Hol-
landois , a traduit avec succèi
un grand nombre de pièces fran-
çoises et angloises , et les a
appropriées au théâtre de sa na-
tion. Il est lui— même auteur de.
quelques-unes qui ne sont dé-
pourvues ni d'intérêt ni de ta-
lent. En faisant \qs plaisirs du
public , Noomsz ne fut point
heureux. Il est mort en Fan 11 ,
à l'hôpital d'Amsterdam , dans la
plus extrême misère.
NORDENFLEICHT , (Che-
devig-Charlotte de) née à Stock-
holm , et connue sous le nom
de la Bergère du Nord , a fait
passer dans la poésie suédoise la
chaleur , l'énergie et les beautés
des poètes anciens. Parmi ses
ouvrages , on distingue deux
poèmes; le premier est intitulé'.Xtf
Passage des Selts. Ce sont deux
petits détroits de la mer Baltique
que Charles Gustave passa sur la
glace avec son armée en 16SS,
pour aller combattre les Danois.
Le second a pour titre : Apologie
des Femmes. L'auteur y combat
particulièrement «T. J. Rousseau
qui , dans sa Lettre sur les spec-
tacles, refuse an beau sexe la
force et les talens nécessaires pour
excelle^ dans les sciences et suf"
tout dsbis l'art du gouvernement.
Mad. de Nordenfleicht est morte
dans sa patrie le 2^ juin i733)à
l'âge de 44 ans.
NÔRDENSCHOLD , Suédois,
gouverneur de Finlande et che-
valier de Tordre de l'Épée, s'est
distingué par ses connoissances
daa$ l'économie politique, et pax
NOU
|diuieur5 Mémoires qu'il a publiés
fxa cette partiç. Il est mort ei|
1764; et son éloge a été pro-
noncé publiqueipent à l'académie
de Stockholm dont il étoit
inembre, par M. Kriger com-
fnissaire aii bn^ean des manu-
factures.
IV. NOUE, (Denis de la)
imprimeur de Paris, renommé
par son savoir, a publié un grand
iiombre de belles éditions , parmi
lesquelles on distingue la Somme
4e St. Thom^LS , et une Concor-.
dance de la Bible , publiée en
i635 , et recherchée pour la net-
^té de rimpression et Teicacti-
tude de la correction, La Noue
mourut en lé'So.
NOURRISSON, (Guillaume)
^é ji Ambeçt ei^ Auvergne , vint
N Z A 171
«a fixer à L3ron où il acquit un»
grande réputation en horlogerie*
Il y répara la célèbre horloge do
Lippius ; et y ajouta plusieurs
pièces de ^on inventiont
NYON, (Jean-Luc) Tatné,
savant libraire de Paris, mort
en 1799 9 s'est distingué dans sa
profession 9 autant par ses cona.
hoissances bibliographiques qua
par sa probité. On lui doit le Ca.-
^Ingue de la bibliothèque d^
Courtanvauxi 1782, in— 8®; ce-»
lui de la bibliothèque de la Val-^
Hère , seconde partie , 1788,
six vol. in<-8° ; celui enfm de la
bibliothèque de Malesherbes ,
1796, in-Ç.o
NZAM Y , célèbre poëte Per^
san 9 se plut à imiter Saadi. H
vivoit à la iiii du seizième sièçl^
^^r
lyi
OC c
O DI
O.
O
'CCO, ( N»*) médecin Alle-
mand , né à Augsbourg , publia
en 1579 ^^ première description
des MédailLes Impériales , dont
la suite s'étend depuis Pompée
jusqu'à HéracUus. Cet ouvrage a
été réimprimé en 1601, et en
lySo par les soins SArgelati ,
q\\\ l'a enrichi de notes et d'ad«
ditions. Occo est mort à la An
du i6*8iècle.
O C H S , ( Jean-Rodolphe )
gravoit les pierres avec une pré-
cision qui les faisoit confondre
avec les antiques. Il étoit né à
Berne en 1675 , et il mourut en
1750, à Londres^ où ses talens
furent employés et bien payés.
OCKLEY, (Simon) profes-
seur d arabe h Cambridge, étoit
néàExcester en 1678. On a de
lui: [ntroductlo ad Liiiguas orieu'
iales , 1 706 , et une Histoire des
Sarasins , traduite en françois ,
1748, a vol. in-ï2. L'entretien
d'une nombreuse famille l'engagea
dans des dettes qui le firent met-
tre quelque temps en prison. Il
fut du grand nombre des savans
dont le mérite est au-dessus de
la fortune.
* ODIN , fut à la fois prêtre ,
eonquérant, monarque, orateur
et poëte. Il parut dans le Nord ,
environ 70 ans avant J. C. Le
théâtre de ses exploits fut prin-
cipalement le Danemarck : il
avolt la réputation de prédire l'a-
venir et de ressusciter les morts.
Quand il eut fini ses expéditions
glorieuses , il retourna en Suôde ,
et se sentant près du tombeau,
il ne voulut pas que la maladie
tranchât le BI de ses jours , après
avoir si souvent bravé la mort
dans lès combats. Il convoqua
tous ses amis, les compagnons^
de ses exploits : il se fit y sous
leurs yeux , ave^ la pointe d'une
lance, neuf blessures en forme
de cercle; et au moment d'ex-
pirer , il déclara qu'il alloit dans
la Scythie prendre placé parmi
les Dieux , promettant d'accueil-
lir un jour avec honneur dans le
Paradifi tous ceux qui s'expose-
roient courageusement dans les
batailles , ou qui mourroient les
armes à la main. Toute la my-
thologie des Islandois a Odin
pour principe , comme le prouve
VEdda, traduit par IVJ, MaUet.'k
la tête de son Histoire de Dane-
marck. Les rois qui aspiroient aa
respect des peuples dans une par-
tie du Nord, se disoient tous
îi\sfà*Odin, C'est h lui qu'on at-
tribue la poésie £rse , les carac-
tères Runiques et la semence de
la haine que les nations Septen-
trionales marquèrent contre les
Romains. On le croit auteur d'un
poëme, intitulé: Hawtnaal, c'est-
à-dire, Dwcour* sublime* Il est
composé d'environ 1 20 strophes.
C'est un recueil de principes mo-
raux, parmi lesquels on peut ci-
ter ceux-ci : « Ne vous fiez ni
k la glace d'un jour, ni à un ser-
pent endormi, ni aux caresses
de celle que vous devez épouser ,
ni à une épée rompue , ni au fils
d'un homme puissant, ni à un
champ nouvellement ensemencé.
— Il n'y a point de maladie plus
cruelle que de n'être pas content
de son sort. —Si vous avez u»
ami 3, visitez-le souvent j lecho^
(S I t
liîn de ramitié se remplit d'her-*»
bes , les arbres le couvrent bien-
tôt si l'on n'y passe sans cesse*
—Soyez circonspect lorsque vous
avez trop bu , lorsque vous êtes
près de la femme d autrui , et
quand vous vous trouverez parmi
oes voleurs. —Ne riez point du
vieillard : il sort souvent des pa-
roles pleines de sens des rides de
la peau. »
GEILLÉTS, (N... des) pre-
mière actrice tragique de son
temps , fut attachée à la troupe
de l'Hôtel de Bourgogne ; et mou-
rut en 1670 à rage de 43 ans.
OGGIATI, (Antoine) savant
bibliothécaire de l'Ambroisicnne
à Milan , y recueillit plus de dix
mille manuscrits , parmi lesquels
Montfaucon dit qu'on en voit un
dtt 6« siècle , en papier d'Egypte ,
qui contient , suivant lui 9 quel-
ques livres des Antiquités Judaï-'
ifues de Josèphe*
* OGILBI, (Jean) en latin
OgiU/iiis, auteur Écossois, né à
Edimbourg ou aux environs en
1600, commença par être maître
de danse ^ mais s étant appliqué au
grec et au latin , et y ayant fait
des progrès rapides, il se consa-
cra a la géographie et à la Jitté-'
rature, tant sacrée que profane.
Ses principaux ouvniges sont :
I. Biblùa Régla AagUca , Cam-
bridge , 1660, grand in-fol. Cette
Wition magnifique est ornée de
très — belles gravures en taille-
douce, et accompagnée du livre
des Prières et des Offices nnglois.
Les curieux la recherchent beau-,
coup pour sa beauté et sa rareté.
II. Une Traduction de Virgile ^,
avec des notes et de belles plan-
thés qui la rendent; chère; Lon-
dses, 1658, in-foL IILUn Atlas ,
qui lui mérita le tit^t 4^ cgs*i
o L A
m
tnographe du roi d'Angleterre.
IV. Plusieurs Vtrtàfnsen angloit
d'Auteurs anciens; entr'autres des
Fables d* Esope, en vers, 1673,
2 vol. in-8.^ Sa maison fut brûlée
dans l'incendie de Londres , en
1666. Il la fit rebâtir et répara
tout par son économique ' indus-
trie. Il mourut en 1676 , avec
le titre d'imprimeur-géographe
du roi.
OGIVE, reine de France, cé-
lèbre par son courage , sa beauté
et son génie, étoit fille d'JE-»
douard 1 , roi d'An^eterre. Elle
épousa Charles le Simple , dont
elle eut , en 920 , ijyuis sur-
nommé d* Outremer, Lorsque son
époux eut été fait prisonnier par
le comte de Vermandois , qui le
retint en captivité pendant sept
ans , Ogive chercha une retraite
à la cour à*Adclstan son frère ,
et y éleva avec sagesse son fils ,
qui revint ensuite en France pour
y remonter sur le trône de ses
aïeux. Le président Hénault a
fait l'Eloge de cette reine.
OLAGARRAY, ( Pierre) mi-
nistre Protestant, a publié : His-
toire de Foix, Béarn et Navarre ,
1609', in-folio. C*est une des
meilleures histoires de province
que nous ayons. Marca la cite
avec éloge.
OL A VIDÉS, (N... comte d')
né dans l'Amérique Espagnole ,
vint perfectionner son éducation
à Madrid, oii ses talens , son
esprit naturel et l'envie d'être
connu , le portèrent bientôt à
d'importantes places. Nommé se-
crétaire du comte â'Arnnda , il
le suivit dans son ambassade en
France. Il y perdit son* maintien
austère au milieu d'une nation
enjouée , et finit par en adopter
plusieurs usages §t aimer son ca-
i*^4 O t A
jractère* De retour en Espagtiè ^
Charles III le créa comte et le
^lomina intendant de Séville. Là ,
Jl conçut plusieurs projets grands
^t utiles, et ôar-»tout celui de
défricher la Sierra Morena ou
JklotUagne Noire. Cette monta-»-
gne, aride dans 'ses èommités,
pleine de marais dans ses Vallons,
impraticable dans tous les temps ,
a a^ lieues d*étendue sur une
largeur qui vàtie de 4 à 5. Pout
tendre à l'agriculture et au corn-*
anerce cette vaste contfée , Ola^
9idès y appeiil des colonies de tou-
tes les nations , et sur— tout beau-
toupd'Allematlds. Une protection
aûrc de la part de l'autorité \ei
eut bientôt attachés au sol et à
leurs travaux. Des hôtelleries
abondamment fournies de tout
ce que les passans peuvent de*^
mander , s* élevèrent dans des
lieux jusqu'alors déserts ; et ce
canton est encore celui de l'Es-^
pagne oîi le voyageur se trouve le
mieux. Des villes s'élevèrent sous
les ordres de l'intendant qui vou-
lut y établir de« manufactures dé
Lyon , et y appela des fabricans
et des dessinateurs de cette ville«
Des imputations graves et peut-*
être exagérées vinrent interrom»*
pre ces succès, et l'homme qui
àvoit contribilé à la gloire et à la
splendeur de son pays par d'heu-
reuses institutions, fut jeté dans
tm cachot et emprisonné pen-
dant trois ans. Cependant les ser«
vices qu'il avoit rendus à l'Es-*
pagne étoient trop éclatons pour
pouvoir les oublier ; ils servirent
dii moins à favoriser éon évasion ,
et il s'échappa de sa prison pour
«e retirer à Venise. Il est mort
depuis qiielques années', à l'âge
d'environ 6 Tans. On lui attribue
un ouvrage espagnol, intitulé ï
JE/ JEvangelio en Iriunfo , Triom-^
fhe^'^ V Evangile, 4 vol. iQ--4.<*
ÔLI
Cet écrit, destiné à côrisâe4*êf
le retour à Dieii d'un homme
livré aux illusions du mdnde et
des sens^ a pour Objet de dé-
fendre les vérités et les bienfaits
de là relio^on contre les sophismes
de l'incrédulité , les sarcasmes de
l'impiété et la séduction des pas-i
sions. Il est pleiri d'onctîon e£
de force « et resfiace de dëu*
années en a vu paroître huit
éditions consécutives , dans uii
pays oii peu de livres nouveaux
prennent cet essor. Les éditeur^
de Ce Dictionnaire viennent d'eit
donner une traduction fraiiçoise j
en quatre volumes in-8*<»
OLÉG , prince Russe ^ tiitenf
du jeune Igor fils de Hourick i
^arda pendant 34 ans la fégencé
des états de son pupille. Il sou*
mit les Drevrliens, et conquit
la ville âfi Smolenskd; Ayant
armé une flotte de deUx mille
bateaux , il alla rançonner COns-»
tantihoplê, sous le règne de Léoft
le philosophe, et y commit toul
les crimes dont la barbarie peiiÉ
se souiller. Cette expédition esÉ
de l'an 904^
* OtlEA 4 ( :feàfi^Jacqiiés i
instituteur, fondateur et prerhief'
supérieur de la, communauté àei
Prêtres et dti Séminaire de Saint-»
SnlpiCe à Paris , étoit second fil J
de Jacques Olier maître des rô-ï
quêtes. Il naquit en t6o8i Aprè«
avoir fait ses études en Sorboniie j
il fit un voydgê à Notre— Daftie dé
Lorette* De retour à Paris , il se
lia très-étoitement avecj^m-
cent de Paule^ instituteur des La-
zaristes. Son union avec ce Saint
lui inspira l'idée de faire des mis^
sions eii Auvefgne, oîi étoit si-«
tuée son abbaye de Pébrac. Sort
àsèle y produisit beaucoup de fruit*
Quelque temps après le cardinal
0 LI
àe Bichelieu lui offrit l'évéché
de Chàlons-~8ur-Marne , qu'il re-
fusa. II projet oit de fonder un
Séminaire, pour disposer aux
fonctions sacerdotales les jeunes
gens qui embrassent l'état ecclé-
liastique , lorsqu'on lui proposa
la cure de 8aint-Sulpice. Après
sètre démis de son abbaye ^ il
accepta cette cure comme un
moyen propre à exécuter sts
desseins, et en prit possession
en 1642. La paroisse de 8aint-
Sulpice servoit alors de retraite
à tous ceux qui vivoient dans le
désordre. De concert avec les
ecclésiastiques qu'il avoit emme-
nés avec lui de Vaugirard , où
ils avoient vécu quelque tempa
en communauté , il travailla à
la réforme des mœurs avec au-
tant de zèle que de succès. Sa
paroisse devint la plus régulière
lie Paris. On sait conibien les
duels étoient alors fréquens: il
vint à bout d'en arrêter la fu-
reur. Il engagen plusieurs sei-
gneurs à faire publiquement dans
son Église, un jour de Pente^
«ôte, une protestation qu'ils si--<
gnërent, de ne donner ni accep-
ter aucun appel , et de ne se servir
jamais de seconds ; ce qu'ils exé-
cutèrent très-rideliement. Cet
exemple fut suivi par plusieurs
antres seigneurs , avant même
que l'autorité du roi eut arrêté
le cours de ce désordre. Au mi*-
lieu de tant de travaux , il n'a-
bandonna pas le projet de fonder
un Séminaire. Comme le nombre
des Prêtres de sa communauté
l'étoit très -^ multiplié , il crut
trouver une occasion favorable,
et commença à les partager. Il
en destina une partie à la direc-
tion du Séminaire , pour la fon-
dation duquel il obtint des let-
tres-patentes en 1645. L'autre
parti» continua ù Vaider dans
O L I i7f
led fonctions du saint itiînistèrè.
Quoique partagés pour deux ob-
jets difFérens , ces ecclésiastiques
n'ont jamais formé qu'un même
corps. «Une obéissance aveugle
à toutes les décisions de Home ,
un grand éloignement du jansc^
nisme , ime entière dépendance
des évèques, les fit, dit St-Simon ^
paroitre très-utiles aux prélats
qui voul oient éloigner les sonp-'
çons de la cour sur la doctrine ,
ou qui craignoient le joug des
Jésuites, lesquels les perdoienC
sans ressource s'ils ne parve^
noient aies dominer.»» En 164&',
Olier fit commencer 1» construc-
tion de l'église de Saint-Sulpice ;
mais le vaisseau de cette église
n'étant pas assez grand pour le
nombre des paroissiens , il fit ^
de concert avec son successeur ^
jeter de nouveaux fondemens 9
en i655, pour l'église que nous
voyons aujourd'hui. Ce pieux fon-
dateur s'étant démis de sa cure
en I 6 5 2 , se retira dans son
Séminaire , et travailla à faire
de semblables établissement dans
quelques diocèses. Il envoya plu-
sieurs de ses ecclésiastiques dans
l'isle de Montréal en Amérique ,
pour travailler à la conversion
des Sauvages. Il mourut sainte-
ment le 2 avril 1667 , à 49 ans.
Olier étoit un homme d'une cha-
rité ardente et d'une piété ten-
dre , et on pourroit le proposer
pour modèle à tous les ecclésias-*
tiques , s'il ne l'avoit pas quel-
quefois déparée par des peti-
tesses, et si son zèle avoit été
tonjours bien réglé. Ses succes-
seurs contribuèrent^beaucoup à la
distribution des bénéfices sous
Fleury et Boyer, L'un d'eux , Cou'
turier ,' homme rusé sous un air
grossier, souple avec les minis-
tres de la feuille , hautain avec les
évèç[ues Qtt les a^pirans aux évâ-
»7«.
OL I
>
ebés , remplit l'Église de France
de sujets zéiéà, mais peu éclairés,
qui perpétuèrent les querelles sur
la Bulle , ot les aigrirent encore
par l'intolérance, les lettres de
cachet et les billets de confession.
Ce Cou tarie r disoit quelquefois
de bons mots qu<^ sa îigure gro-
tesque rendoit encore plus plai-
8an?. Ceet lui qui dit lorsqu'on
lui proposa une maison des ex-
Jésuites : je crains les revenans.
Il avoit une correspondance très-
ctendue ; et il avoit des modèles
de lettres pour le haut , le moins
haut et le bas clergé , que ses
séminaristes copioient aux appro-
ches du jour de Tan , et qu'il ne
faisoit que signer. On a d'Olier
quelques ouvrages de spiritualité,
entr'autres des Lettres publiées
à Paris, in- 12, 1674, remplies
d*onction ; mais dans lesquelles
on desireroit quelquefois une
dévotion moins minutieuse et
plus éclairée. Il y parle de quel-
ques-uns de ses rêves que son
imagination échauffée prenoit
pour des révélations. Le P. Giry
a donné un court Abrégé de sa
Vie en un petit volume in— la,
d'après des Mémoires que lui
avoit communiqués Le^chassier ,
un des successeurs cVÙUer dans
la place de supérieur du Sémi-
naire.
* OLIVET, (Joseph Thouliei;
d*) né à Salins en i68a, fut élevé
par son père , depuis conseiller
nu parlement de Besançon. ïl en-
tra de bonne heure chez les. Jé-
suites ou il avoit un oncle distin-
gué par son savoir. Après y avoir
essayé ses talens eri djvers genres,
conime poëte, comme prédica-
teur, comme humaniste j il quitta
cette Compagnie célèbre à l'âge
de ttènte-trois ans. Quelque temps
avant sa sortie des Jé$uit9S on
' O L I
▼ouliii lui confier l'éducation du
prince des Asturies; il aima mieux
venir à Paris, vivre dans le sein
des lettres. Il se fit en peu d'années
une telle réputation , que lors-
qu'il étoit occupé à rendre les ,
derniers soins à son père mou-
rant, l'académie Françoise le
choisit absent, par la seule con-
sidération de son mérite, en 1 723.
Il n'eut besoin que d'un ami ,
pour répondre à cette compagnie
de son désir. L'étude de la langue
Françoise devint alors son amoar
de préférence, sa pensée habi-
tuelle ; mais il n'oublia pas les
langues anciennes. Il s'attacha
sur-tout à Cicéron , pour lequel
il conçut une admiration qui te-
noit de l'enthousiasme. ( Voyezl,
Crébillon , vers la fin,) La cour
d'Angleterre lui proposa de faire ;
une magnifique édition des Ou-
vrages de cet orateur. Ayant
nontré les lettres qu'on lui écri-«
voit à ce sujet* au cardinal de
FLeury , et oubliant les riches
promesses de l'étranger, il con-
sacra à l'éducation du DauphU
le travail qu'il eût offert au duc
de Cumberléinâ. Cet ouvrage ,
long et pénible , parut en 3 val.
in-4", en 1740^ à Paris , avec
des commentaire'" choisis, pure-
ment écrits et pleins d'érudition.
L'abbé dOllvet avoit eu dès sa
jeunesse les liaisons littéraires les
plus étendues et les plus illus—
très. Il compta au nombre de'
ses amis l'évêque de Sois son s et
toute la maison de Sillety , le
savant Hufit , le Père Hardouin,
le Père de Tournemirie , D«- '
préaux , Rousseau , le présidant ■
Bouhier, etc. New f on et Pop^e
le trait«'"rent à Londres comme
Clément XI l'a voit traité à Rome,
avec une distinction- qui suppo-
soit une haute estime. Il avoit
Taccès le plus familier chez le
O L t
Vflf jinal de Fleury ; Tévéqne de
Mirepoix l'écoutoit avec con-
fiance. Les deux prélats futent
plus d'une fois étonnés d»î son
zèle pour îes' a^^^es , et de son
indifférence pour Ini-mème. Com-
me il se contentoit de peu , il
bissa da grandes épargnes ti sa
mort arrivée le 8 octobre 1768 ,
à 86 ans. « On a en raison de
iBiier, dit le Nécrologedes Hom-
mes célèbres de "Fronce , l'égalité
d'ame qu'il n conservée dans les
deiîx mois de sa maladie , et l'in-
différence avec laquelle il a vu
îa fin approcher. » C'étoit wn
bomme attaché à la religion , et
dont les mœurs étoient sévères
sans rigorisme. Il aimoit la so-
ciété; et quoique son extérieur
fut peu attirant , il savoit s'y
tendre aimable par les saillies
tfnne gaieté franche : d'ailleurs
nn peu entiché de ses opinions^
les défendant avec vivacité et
avec chaleur. Malgré des dehors
qni sembloient repousser , l'abbé"
i'OUvet portoit au fond du cœiir
line ônvie d'obliger sincère et
active. Il plaça un grand nombife
de gens de lettres , qu*il cr'oyoit
propres à i*éducatipn , et qui ne
répondirent partons à son choix.
Qiieîques-un* même fwrent peu
recdnnoissans ; et il se consola
de leur ingratitude par le plaisir
d'avoir fait du bien; Son atta-
chement à sa famille , îe soin
qu'il prit de ses neveux auxquels
11 sacrifia une partie de ses reve-
nus, le justifièrent du reproche
d'avarice et d'insensibilité , quo
des ennemis injustes lui faisoicnt.
Sans afficher la philosophie , il
.avoît la véritable , celle qui est
dans le cœur. Il reganloit la re-
nommée comme" un avantage 16-
ger et périssable dont il faut
savoir jouir quand on le possède ,
^ se passer quand on l'a perdu.
SuppjL. Tome lîL
OLl
lyy
Considéra comme littéi'ateur, on
voit en lui un excellent critique >
un grammairien consommé, uu
traducteur exact. Savant sans pé-
danterie et sans faste ^ il défendit
les beautés nobles et simples dea
anciens contre la dépravation
qu'occasionna dans les lettres U
faux bçl esprit de quelques écri-
vains modernes. Disciple de Boi-
lenit , il adopta sans réserve-touté
ia sévérité de ses jugemens litté-
raires. Pent-êtjte avoit-il comme
son oracle , le gqût plus austère
que fin. Son esprit , dit d^Alem."
btrt que nous suivons en ceci ^
ressembloit à ces palais sains et
vigoureux qui expiriment avec
force et goûtent avec plaisir le
suc, des viandes pleines de subs-
tance y mais qui ne savent ni dis-
tinguer ni apprécier des aliment
Jikis délicats. Ses ouvrages sont ;
I. Entretiens de Cicéron. sur la
HiUiire. des Dieux , traduits ea
françois , 1763 , deux vol. in- 12»
Le président Boukier eut part ii
cette version , dont les notes sont
savantes» II. La Tnaduction de$
Philip pi que s de iJémosthènes et
d<.^s Caiilin aires à^ Cicéron, élé-
gante et fidellè , conjointement
avec le président Ut; «Â/er, 1765 j
in- 1 2. lu. Histoire de l'Académie
Franco ise , pour servir de suite
a celle de Pelisson , in- 12 : ou-
vrage estimable pour les recher-
clies 9 mais dont le style est quel-
quefois languissant. En chercîiant
la simplicité , en voulant éviter
îe style guindé etpréci«?ux , peiit-
^tre toinbe-t-il, àitd'Alembert ^^
dans le stylo bou^'goois et fami—
XicT. L'auteur entre d'ailleurs dans
de petits détails , indignes de Ta
gravité de ThiGtoire; et il n'a pas
le talent qu'ayoit FQntenvUe , de
peindre avec autaiit de finesse
qiie d'énergie le caractère de ses
personnage»» Attijché avec iH-«
M
rtjS O L t
lierstition an goût des ancien! ^
il 8*élevoit par une espèce d'os-
trabisme contre tontes les inno-
vations en littérature 9 et snr^
toat contre la recherche d esprit
et la subtilité des idées. IV. Les
'STusculanes de Cicéron , 2 vol.
In-i 2 , dont trois sont tradnites
par Tabbé iOlwet , et les deux
autres par le président Bouhier,
3ir. Benufrques sur Racine , in- 1 2.
X Voyez l'article de ce grand
poète 9 et celui -de Ttibbé Bes
jPoSTÀinfBS*^ VI. Pensée» de Ci-^
céron pour servir à l'éducation de
fa Jeunesse, în-12. «Je ne sais
j(ëcrivoit^^o/rai>c, lorsque ce petit
^ recueil parut en 1 7 4 4 ,) si ces pen-
sées détachées feront une grande
fortune. Ce sont des choses sa-
jres ; .mais elles sont darenues
ueux communs , et elles n'ont
pas cette précision et ce brillant
qui sont nécessaires pour retenir
les maximes. Cicéron étolt diffus
et il devoit l'être 5 parce qu'il
^arleit à la multitude. On fie peut
pas d'an orateur, avocat à Rome,
lalre un la RochefoucauU, Il faut
dans les pensées détachées plus
iée sel , plus de figures , plus de
laconisme. Il me paroît que Ci^
céron ii'est pas là à sa place. »
filais l'abbé étOlivet auroit pi^
xépondre que tous ces extraits
a'étoient pas puisés dans les ha-
rangues 9 et qu'il avoit pris une
partie des pensées répandues dans
{ss livres {Âilosophiques de l'ora-
teur romain. Quoi qu'il en soit ,
|K>ntes les traductions de l'abbé
d'OUvet sont estimées , quoique
écrites avec une élégance froide 9
'•t que cette chaUur douce et vive
qu'on éprouve en lisant Cicéron ,
ne s*y fasse presque pas sentir;
mais il est fidelle an sens , et son
•tyle est clair et nombreux. Ce
fiit le hasard qui lejit traducteur,
jli 8*^çi$soit de revoir quelque»
versions de Fabbé de Mauermgi
L'hdbile littérateur les refit d'ug,
bout à l'autre , et les doijina" a«
public Sons le nom de Maucroix,
Lorsdiie dans la suite il voulut
revendiquer ^on propre bien , il
eut à combattre et fut obligé da
produire ses titres. Sa traduction
des Entretiens de Cicéron sur la
Nature des Dieux, et l'éditicm
du. fameux Traité dHuet De la
faiblesse de l'Esprit humain , lui
attirèrent quelques démêlés , et
l'engagèrent à brûler une Hw-
toire de V Académie d'Athènes ,
qui auroit figuré avec celle de
l'académie Françoise , et qui au-
roit été plus intéressante. Vfl. U
publia le recueil des poésies lati^
nés de 9e& amis Massieu , Huet,
la Monnaye et Fraguier, et y
joignit une Idylle de sa façon, sur
l'origine des Salines de Franche-*
Comté : c'est une métamorpboss
dans le goût de celle à' Ovide. Oa
Hui attribue aussi la Vie de tabhé
de Choisy»
OLIVEYRA, (François d')
Portugais , quitta la religion Ca-
tholique pour se retirer à Lon-
dres y oh il ppUta quelque^ on-
vrages sur la littérature porttH
gaisé , qui ont servi 9 dit-on , t
perfectionner les études dans n
patrie. Il mourut en 1783, à
83 ans.
• I. OPITIUS, (Martin) poêta
de Breslaw , s'est fait un nom
célèbre par ses Poésies latines,
et encore plus par ses Poésies a!-*
lemandes., Après avoir beaucoup
voyagé 9 ilproBta de ses connois*
«ances pour donner à son pay»
les premières leçons de goût et
de pureté de langage* On a dç
lui 9 des Sylves , des Eplgrant'* ,
mes , un Poème sur le Vésuve ,
les Distiques de Colon , etc. Ses
vers allémfti^ds^ qui l'ont miii
OP P
h tête ^es poètes de s4 nation ^
sont également naturels et bril-
wns. Ils ont été recueillis à Ams-.
terdam en i6q8. Les latins l'a-
Voient été en i63i et 1640,
iii-B.** On l'a compare à Pope ,
parce que ses écrits oflFrent un©
philosophie éclairée. L'nuteur
mourut de Ja peste à Dantzig ,
le i3 août 16^9 , aimé et es-
timé.
^ * OPPIEN , poète Grec , natif
d Anazarbe ville de Cilicie , Ho-
rissoil dM^le deuxième siècle y
8<«is le rl^fe de l'empereur Ca--
racaUa, tCe poète a composé plu-
sieurs ouvrages ou Ion remarque
beaucoup d'érudition embellie par
les charmes et la délicatesse de sa
Versification. Nous avons de lui
*inq livres de la Pèche et quatre
«fe la Chasse* L'empereur Cara^
colla , touché des beautés de sa
poésie , lui fit donner un écu d'or
pour chaque vers du Cynegetlcoa
ou Traité de la Chasse, C*esrdd
ïà que les vers d^Oppien, dit-on ,
furent appelés Vers dorés. Son
portrait du cerf dans ce Poëme ,
•st d'un grand peintre. Ce poète
fut moissonné par la peste dans
•a patrie y an commencement du
troiiième siècle , à l'&ge de 3o ans.
Ses compatriotes firent graver
*Hr son tombeau cette inscrip-
tion : Les Dieux ne se sont hâtés,
de rappeler Oppien à la Jleur de
^^S^ » que parce qu'il avait déjà
Surpassé les mortels. Les meil-
Wres éditions de ses Poèmes
^«primés dès 1478, in-4*', sont
•elles de Paris, chez Vascosan
en 1549 9 remarquables par la
beauté et l'exactitude ; et de
leyde, 1697 , in-8** , en grec et
en latin , avec des notes de Bit-
Icrhuys , pleines d'érudition. Ou
a une Traduction en mauvais
yersffangois, par Florent Chré^m
O R L 17^
ttm , du Potme de la Chasse ^
1S75 , in»4*' ; et en prose, par
6ainu€l Fermât , à Paris , ifijo^
in^ia. Suidas , dans son Dic-
tionnaire grec , à l'article de la vi«
à" Oppien , assure que ce poêfca
avoit composé un Poème en cinq
livres, sur la Chasse aux Oi^
seaux ; cet ouvrage n'est point
parvenu jusques à-nous. Erasme
fVindiag a donné la paraphrase
du sophiste Eutecnius , sur ce
dernier Poème à^Oppien ,, d*«prèa
un manuscrit du Yattean , pu-
blié à Copenhague en 1702, in-8.f
— Voyez ViaoÈcs.
ORBUNA , ( Barbia ) impë*
ratrice Romaine , fut la troisième
femme d* Alexandre Sévère, Seâ
médailles sont recherchées.
ORCIDÈS , c|ipitaine Hébry-
cien, combattit vaillamment con-
tre les Argonautes descendant sur
le rivage de sa patrie, et tua de
sa main Talails,
ORESTILLE, (Livie) d'une
illustre famille Romaine , belle
e£ pleine d'esprit , fut promise au
sénateur Calpurnius Pison. , qui ^
pour rendre la célébration de son
hymen plus solennelle , y invita
l'empereur CaZig*tt/a. Celui-ci,
charmé de la nouvelle épOu5e ,
l'emmena après le festin et l'é-
pousa le jour même. Quelquft
temps après , il la répudia ; et
ayant appris qu'elle avoit reçu
chez elle Calpurnius , il les exila
l'un et l'autre âans des isles se-*
parées et lointaines.
L ORL ANDI , ( Jérôme ) sa-t
vant imprimeur de Palerme , vi-
voit en 1680. On lui doit un
Traité sur l'artillerie.
IL ORLANDÏ , ( Pellegrin-
Antoine ) bibliographe Italien ,
mort en 1780 , a publié : L Uae.
M X
Notice de Torigine et des progrès
de rimprimerie depuis l'an 1457
ju£ qu'en i Soo 9 en italien , Bo-
logne ^ lyaa , in -4.*» II. Une
Histoire des écrivains de Bolo—
giîe, avec le jugement de leurs
ouvrages , 17 1 4 , in-4.** III. Abe-^
cedario piltorico , 1719^ in-4.*
. C'est un abrégé de la vie des an-
ciens peintres , sculpteurs et ar-
chitectes.
* III. ORLÉANS , ( Charles
duc d' ) fils de Louis de France
duo ^'Orléans , et de Vaîentine
de Milan. , porta le titre de Duc
d'Angouléme durant la vie de son
père qui périt victime de la tra—
îjison du duc de Bourgogne.
Charles se trouva à la malheu-
reuse bataille d'Az incourt , en
1415, oii il fut fait prisonnier.
De retour en France, après avoir
été retenu vingt-cinq ans en An-
gleterre, il entreprit la conquête-
du duché de Milan, qui lui ap—
partenoit du chef de sa mère ;
mais il ne put se rendre maître
que du comté d'Ast : ( Voyez IL
Sforce. ) Ce prince aima les let-
tres , et les cultiva avec succès.
On a de lui , un recueil de Poé^
X sies , dont plusieurs ont été in-
sérées dans les Annales Poéti^
ques , où l'on découvre un vrai
talent. L'abbé Sallier de l'acadé-
mie des Inscriptions, a donné
ime très-bonne Notice des ou-
vrages de ce prince; et il dit avec
raison que si le hasard les eût
fait tomber entre les mains de
Despréaux , ce dernier eût re-
gardé Charles dt Orléans , plutôt
que Villon , comme le restaura-
teur du Parnasse François. On
trouve dans cette Notice une
chanson que Charles fit pendant
sa longue captivité en Angleterre,
ïl mourut à Amboîse en 1465 ,
laissant un fils , Charles duc
d'Angouléme, qui épousa Louise
OR L
de Sarcle , mère de Franco^
premier . depuis roi de France ^
( Voyez il. François ) et de Mar^
guérite de Valois , depuis reine
de Navarre. ( Voyez VII. 'Mar-»
OUERITTE et I. Gaillard. ) De
Marie de Clèi^es., Charles d'Or^
léant eut , entr'antres enfitns ,
Louis qui fut le roi Louis xii;
Voyez ce mot , n® xvii ; et iv,
Jeanne de France.
♦ VL ORLÉANS , ( Pierre^
Joseph d') jésuite , néà Bourget
en 1641. Apres avoir professé les
belles-lettres , ii ft]fÉ|ftstiné pa^
ses supérieurs au minisbèrede la
chaire. S'étcnt ensuite consacra
à l'Histoire , il travailla dans ce
genre jusqu'à sa mort arrivée à
Paris le 3 c mars 1698 , dans sa
57* année. Le P. d'Orléans, par-
lant avec feu et avec esprit, et
ayant eu des succès en littéra-
ture, étoit bien accueilli dans le
grand monde. Il voulut un joue
ramener Ninon de Lenclos à une
vie plus réglée et h une foi plus
ferme. Cette fille célèbre lui ayant
dit qu'elle doutoit de bien des
articles de notre religion , on a
prétendu que le jésuite lui àvolt
répondu : Hé bien , Mademoim
selle , en attendant que vous soyez
convaincue , offrez toujours à
Dieu votre incrédulité* Le Père
d'Orléans ne {\t pas sans doute
une réponse si niaise ; il lui dit
vraisemblablement : Priez Dieu
d'éclairer votre incrédulité. Mai»
la réponse ainsi rendue , n'au-*
roit pas fourni au poète Bow-
seau le sujet d'une épigramrae...
Les principaux ouvrages du Père
dOrléeans sont : l* Histoire des
Révolutions d'Angleterre , dont
la meilleure édition est celle de
Paris ,1693, trois vol. in-4*' , et
quatre vol. in-12. Le P. d'Or^
léans avoit une imagination vive>
noble et élevée : eUe pcHTolt daal
O R L
plusieurs morceaux de cet ouvra^
^e : mais sa diction est inégale et
^elquefois incorrecte. D'ailleurs
depuis le règne de Henri VI II,
on sent qu'il est quelquefois plus
déclamateur qu'historien. «< Le
Père d'Orléans , dit le sévère
Mably , a prétendu faire une
Histoire des Hévolutions d'An^
gleterre. Au lieu de ne parler que
des guerres que se faisoient les
princes , il auroit dû faire con»
noître le gouvernement des Bre-
tons , des Anglo - Saxons 9 *des
Danois et des Normands, parce
^ue c'est de ces différentes cons-
titutions que sont sortis, comme
de leur foyer , les intérêts di£Fé-
rens, les querelles , les troubles^
les révolutions qui ont agité l'An*
gleterre, Ob ! le plaisant histo-
rien qui néglige de faire con—
noître la grande charte , et se
contente de l'appeler l'écueil de
l'autorité royale et la source des
mouvemens qui agitèrent depuis
les Anglois ! Il en faut convenir :
le P. d'Orléans ne youloit traiter
que les changemens que la religion
• soufferts depuis Henri VIII*
Mais pourquoi ne donnoit>il pas
à son ouvrage le titre qui lui
convenoit ? Quand il est parvenu
a cette époque, il entend mieux
ce qu'il veut dire ; il marche d'un
pas plus ferme et plus rapide ;
^et on le jugeroit* digne d'écrire
l'histoire , si les préjuigés lui eus-
sent permis de voir et de dire
toujours la vérité. » On lit Sans
les Œuvres complètes de l'abbé
de'Voisenan t (dernière édition)
une singulière anecdote sur l'au-
teur de cet ouvrage» « Le Père
i^ Orléans présenta ces Révolu-^
^ons au régent , qui fvappé de
la conformité du nom , crut que
cela ne venoit pas en droiture* Il
questionna le jésuite , qui écarta
j(es $oup^oD& en as&urant que s%
o R L
181
famille étoit d'une très*- bonne;
noblesse d'Orléans. JVV/i a-l'^elle
pas obligation à quelqu'un de mes
ancêtres , reprit le prince ? -ilf 0/1-
seigneur , lui répliqua modeste-*
meilt le Père,;> sais que mafamilie
existoit long-rtemps avant q/ie de
Roi eût donné l'apanage, au pre—
mier des Ducs d'Orléans, » Cette
anecdote est ou hasardée , ou mal
énoncée , et elle présente nn ana-
chronisme d'autant plus évident^
qu'on sait que Philippe d'Or^
léans né fut nommé à la régence
que 17 ans après la mort de l'au*
teurdes Bévolutions d'Angleterre^
A moins que l'abbé de Voisenon
n'ait voulu parler du père du ré-
gent , ou qu'il n'ait cru dire
que ce lut au prince , depuis ré^
gent, que le jésuite présenta soir
ouvrage. IL Histoire des Révolu-^
tions d'Espagne , Paris, *734y
en trois vol. in-4° , et cinq vol.
in-ii; avec la continiuition par
les Pères y^r^fcttw et Brumoi. Cettor
Histoire est digne de la précé-
dente à certains égards. Le style
est en général élégant » quelques
portraits sont briUans et fidellefr;
les réflexions justes , les faitp-
bien choisis. Peu d'historiens ont
saisi comme ce jésuite , ce q\iA
'y a de plus piquant et de plu?
intéressant dans chaque sujet.
ni. Une Histoire curieuse de deux,
conquérans Tartarcs 9 Cftunchi et
Can. -> hi ,. qui ont subjuirué la
Chine , in - 8.0 IV. La iie dii,
Père Cotton^. jésuite, in- 12. Il
a omis plusieur>s traits , tapporté&
dans la Vie du même jésuite par
le Père JSottj'i^r. V. Les Vies dts
bienheureux Louis de Gônzaguf
et de quelques autres Jésuites,
in-iz. VL I*a Vie de Constance ,
premier ministre du roi de Siam ,
in-t2; elleestacciisée d'inBdéiité »
mais ii a écrit sur les mémoires
que lui fo|irnirent les ambdssa*r
M }
iTSi O RM
aeurs envoyés par LouisJ XIV,
VU. Deux volume« de Serjnons ,
in— 1 2 , qui , quoiqu'ils ne soient
pas du premier mérite ^ offrent
quelques traits éloquens ; mais
ce qu'il 7 a de singulier , c^est
^u*on y trouve moins de chaleur
que dans ses Histoires 9 quoique
le genre de la chaire en com-
portât bien davantage. On re^
marque moins d'invention dans
les pians , moins d'art dans Far-
rangement ; la morale en est pé-
tante , et le style négligé. La
Taison de cette différence est 9
qu'il cultivoit l'histoire par goût
e( la prédication par devoir.
IV. ORMESSON , ( A. L. fo
Tèvre d' ) fils du précédent , rem-
plit avec honneur la place de
président au parlement de Paris»
Ayant eu pendant quelque temps
l'administration de ifi. maison de
daint-Cyr , il avoit été dans le
cas de travailler , pour cet objet 9
directement avec Louis XV!, et
de s'en faire connoitre. Après la
retraite de M. de FUwry , en
11783 , du contrôle général , le
ministre de Ver^ennes proposa^
pour le ten^piàcex leFévre d'Ame-
êourt , Calonne et Foulon, Le roi
nomma d^Ormesson, et dit ans*
iitôt : a Pour le coup, on ne
dira pas que ce soit la cabale qui
ait fait appeler celui -> ci. » Le
nouveau ministre jouissdit alors
de cent mille livres de rente [et
de la oonsidération générale ; sa
mère voulut l'empêcheir d*ae--*
cepter luie place qui 9 dans les
circonstances critiques où l'on se
trouvoit, devenoit un fardeau^
mais il répondit a tout : Le roi
le vêitt. Il eut d'abord Tinteiition
de refuser les émoluraens de la
place, et il né les accepta que
lorsqu'on lui eut fait observer
ga^ |o^ déwtérMflem^at pour«*
O R F ,
f bit paroitre de l'orgneîl ef n\JÏrd
aux intérêts de ses successeurs.
Nommé député par la ville de
Paris aux états généraux de 1789,
il y parut doux, modéré, attaché
à l'ordre , ennemi des nouveautés
dang^euses. Bientôt après y le
tribunal révolutionnaire le ré-^
compensa de son zèle et de ses
services , en le condamnant . à
mort, le i®"^ floréal de l'an 2,
comme conspirateur et ayant pro-
testa contre l'autorité légitime.
UfOrtaesson étOit alors âgé de
42 ans; il avoit la vue basse,
une figure agréable , un jifge-
ment sain , . beaucoup de mé-
moire ; il connoissoit les .lois et
on citoit à propots lés disposi^
tions , à l'appui de ses opinions.
Sa famille prétendoit descendre
de Su François de Faute , fon-
dateur des Mmimes, et d'après
cette origine , elle n'avoit pouç
livrée que des habits bruns.
» ORPHÉE , ( Mythoî.) fib'
ê^ Apollon et de CaUiope , [d'au-»
très disent Hî/Eagre roi de Thra-*
ce 9 et de Pofymnie , } jouoit si
bien de la lyre , que les arbres et
les rochers émus quitt<M«nt leur^
places , les fleuves suspendoient
. leur cours , et les bêtes féroces
s'attroupolent autour de lui pour
l'entendre.
^ylttstres komifus fa§€r InttrfrisfiH
. 4*or^m f *
(adHiis et riçtu fctào àttwrvât Orn.
fbêus f
Pictus <ik hoc Unire t^eM,ra^id9fi»^
Hor. Aru ^ott,
JEuridyee sa femme , étant morte
de la morsure d'un serpent le jour
même de ses noces , en fuyant
les poursuites SArislée i O/^^
descendit aux Enfers pour h re-«
demander ) et tooehft (.elleJA^^t
ORP
^ton , Troserpîne et tontei to
Dirinités infernales par les ac-
cords de sa lyre, ^qu'ils la lui
rendirent , à condition qu'il ne
regarderoit pas derrière lui jus-
qu'à ce qu'il fût sorti des Enfers.
fie pouvant maîtriser son impa-
tience , il se retourna pour voir
ù sa chère Eurydite le suivoit ;
mais elle disparut aussitôt. De^
puis ce malheur il renonça aux
femmes. Son indifférence irrita
li fort les Bacchantes , qu'elles
se liguèrent contre lui , le mi->
fèit en pièces, et jetèrent sa
tête dans l'Hebre. Les Muses re-»
tueillirent ses membres disper—
Jés , et leii^ rendirent les hon-«
nenrs funèbres. Il fut métamor-*
phosé en cygne par son père ,
et son instrument fut placé au
Sombre des constellations. On
représente ordinairement Orphée
une lyre ou un luth à la main.
Kous avons sous son nom des
Hymnes et d'autres Pièces de
Poésie , dont la première édition
«t éé Florence , ' 1 5oo , in-4.**
Les meilleures sont : Celle d*U-
trecht , 1689 9 in-8^ ; Cum notis
Kariorum, Leipzig, 1764 , in-8" :
ft dans les Miscellanea GracO'»
Tum Carmina , de Méittaire ,
Londres, 1^22, in«^4« ; mais il
est constant qu'elles sont suppo-
sées. Son Poëme des Argonautes
est à'Onomacrite', qui vivoit du
temps de Pisistrate* Orphée étoit-
il im personnage imaginaire ?
t'est sur quoi les savans ont dis-
puté. Il n'exista sans doute ja-
mais d^ Orphée tel que les poètes
l'ont imaginé , traînant après lui
les arbres et les rochers , et pé-
nétrant aux enfers à la faveur
de ses chants harmonieux. Mais
les témoignages ^ Homère, ^Hé^
rodote , d'Hésiode, de Pindare ,
^Euripide , S Aristophane , de
f^lfiton^ iSLliCCroÊB i de Fauta>^
OS S
i8|
Ruff , attestent assez qu'il a exista
un personnage très-réel sous \m
nom d Orphée , lequel se dis^
tingua comme poète , miuicieA
et fondateur de s*cte.
IV. OR VILLE , (N. Valois d' J
fils d'i^n trésorier de France , dm
Houen , naquit a Paris et y esfc
mort vers 1766. Il est auteur,
d'une foule de pièces de théâtre^
soit seul , soit en société ave«
Laffichard et Favart. h^ê plni
connues sont : les Souhaits , VE^
cote des Veuves , VEcole de $a-^
Urne , les Talens comiques , Im
Fontaine de Sapience. Ces pièces
n'ont pas été imprimées , et cd
n'est pas une grande perte pooi;
)e public.
* OSSIAN , Barde on Druidf
Êcossois an S* siècle, pritd'a*^
bord le parti des armes. Aprèt
avoir suivi son père Fingal dané
ses expéditions, principalement
en Irlande, il lui succéda dans l#
commandement. Devenu infirmé
et aveugle , il se retira du service^
et pour charmer son ennui, il
chanta les ex[rioits des autre»
guerriers, .et particulièreiùent
ceux de son fils Otçar qui avoii^
été tué en trahison. MaUfiaa «.
veuve de ce fils, restée anprè#
de son beau— père , apprenoit sei
vers par cœur et les transmet*
toit ainsi à d'autres. Ces P^ésiet
et celles des autres Bardes ayan^
été conservées de cette maaière
pendant i ^00 txïs%'M..Macpherm
son les recueillit dans le voyag#
qu'il fit au nord de l'Ecosse elj
dans les isles voisines. Il les fit
imprimer avec la version angloise ^
à Londres, en 1765 , % voK in- fol*
Elles ont été tradtiitea depuis eit
françois par M. le Totwneur ,
X 7 77 , 2 vol. ifi«»9®4 8VCC des notes*. .
On y voit la simplicité des pre-»
aûen tempt avec tout l'eutluM^
U4
îiS4 « O S T
siiisme qii*inspîre la pure nature ;
inaislegoùt, la précision , le choix
des figures s*y font désirer. Le
peintre moderoe Girodei a re-
présenté Ossian devant lequel les
ombires des héros François morts
pour la patrie sont conduites par
la victoire. Ossian se penche
pour embrasser Desaix, et Fingal-
Aend une main à Kléber, Ce su-
perbe tableau a été fait en l'an
jdix pour le gouvernement,
OSTERMANN, né dans la
îVV"estphalie 5 d'un ministre luthé-
lien 9 obtint par son esprit, agréa-
"ble et très-souple la confiance de
^Pierre I empereur de Russie , qui
le fit vice-chancelier. La faveur de,
ilf^»z/A;q^ l'importunant , il s'ef-
ibrça de te faire disgracier, et
après lui avoir conseillé la dé-
marche imprudente de chertherà-
itiire épouser sa fille, par le grand
ànc , iî parvint à le faire exiler en
Sibérie par Catherine J. En r 74 r ,
Fimpératrice^E/iza^^/^ exila Oj-
iermann Fui— même vers les cun-*--
fins de la mer glaciale, et il y
înourut en 1747. Son fils obtint
ensuite la placé de vice-ohaucdiier
«ou s Catherine IL * ^"
> ...
OSWEN, (Jeanr^) lun des
plus anciens imprimeurs Anglois^
porta le prenùer la connoissance-
de l'art typographique à Woc—
cester en i54|^. On lui doit quel-
ques traductions d'oHvrages étran>-
^^TS dans sa langue.
' OTHER,(N.)né en Noc-
"Wége, passa à la cour d* Alfred
le Grand roi d'Angleterre , et
fut envoyé par ce prince faire
le voyage de la Baltique et des.
mers septentrionales. Other écri-
vit ses trois voyages au— delà ôe
la Norwége et jusqu'aux con-
trées les plus froides. Ils doi-
vent avoir eu lieu yers Tan 850 , *
o u B
* .
pendant les temps paîsibîes du te^
gne d'Alfred. L'ouvrage d* Other
a été imprimé en 1678, à Ox-
ford. André Bussœus Danois en
a donné une nouvelle édition en
Ï733, à Copenhague, iîi-4.<>
OUB ACHÈ , kan des Tartare»
Tourgouths , étoit parvenu à un
âge assez avancé dans Texercice
dQs vertus paisibles et hospita-
lières, lorsqu'une insulte grossière
vint troubler sa vie. Il c<^mman-
doit à une horde de 600,000 Tar-
tares , qui occupoient les plaioe*
arrosées par le "Wolga , entre
Actrakan et Casan. Un lieute-
nant Russe , nommé Kischenshol^
vint exiger au nom de la cour
de Russie , le tribut que cea peu-
ples lui donnoieut annuellement;
mais avide et féroce , il s'empara
de plusieurs troupeaux, et les
vendit à son profit. Ouhaçhé &e
plaignit à lui-même de ses exac-
tions, et Kischenskol osa lui don-
ner un soufflet. Le kan ckfiensé
demanda justice à Catherine 11 ;
ses envoyés furent à peine écoutés
par le ministre de rimpératrice*
jLes Tûurgouth s , suivant Castéra^
avoient souilert tranquillement la
rapacité et le brigandage, mai*
ils ne purent endurer ni l'outrage
fait à leur kan, ni l'injustice de
là cour de Russie. Oubaché et les
ajuciens de la horde ayant tenu
conseil, résolurent d'abandonner
le territoire de l'empire Russe ,de
traverser les déserts , et de se re-»
tirer jusques dans la Chine, au
pied des montagnes du Thibet,
dont une tradition leur faisoit
croire qu'ils-étoient originaires.
Les Tourgouths partirent des
bords du Wolga le 1 a décembre
1770 , et arrivèrent sur ceux de
niy le ^ août 1771, après avoir
perdu près de la moitié de leur
peuplade dans les déserts ou eji
Ô V E
tobattaiit d'autres Tartares (fm
voulurent s'opposer à leur pas-
sage. Catherine fit redemander
]es Tourgonths à l'empereur de
la Chine. Ce monarque lui ré-
pondit : « qu'il n'étoit point assez
injuste pour livrer ses propres
snjets à une puissance étrangère ,
ni assez cruel pour chasser des
enfans qui r entroient ,dans le
«ein de leur famille ; qu'il n'avoit
été instruit du projet des Tour-
gonths qu'au moment de leur ar-
rivée 5 et qu'il s'étoit empressa de
leur rendre le pays de leurs an-
cêtres ; que l'impératrice ne pou-
voit se plaindre que de celui, qui
avoit porté la main sur le visage
d'un kan et d'un vieillard aussi
respectable qvCOubacké.T» Ce der-
Tfict mourut quelque temps après
SB courageuse émigration.
OVERBURY, (Thomas)
poète Anglois , né dans le comté
de Warwick , fut mis à la Tour
de Londres pour avoir voulu dé-
tonrnerle comte de Bochesterde
H passion pour la comtesse d'£«-
ffX qui vint à bout de le faire
O ZT
iSç
empoisonner , de concert avec
son amant. Ce fut le 1 5 septem-
bre i6i3, qnOverbury termine
ainsi sa malheureuse et impru-
dente vie. On a de lui deux Poè-
mes que les Anglois louent beau-
coup : La Femme , 1614 , în-4<>;
et le Remède d'Amour , 1 6 2 o ,
in-8.*»
OUYN , (Jacques) né à
Louviers dans le milieu du 16*
siècle, fit jouer en 1597 la tragi-
comédie de Tobie.
OZELL , (Jean) poète dra-
matique Anglois , mort à Londres
en 1743 9 étoit auditeur général
de la cité et jouissoit d'une foraine
considérable* On ade lui un grand
nombre de pièces de théâtre ,.
imitées ou traduites de nos au-
teurs François tragiques et co-
miques.
OZY, (François) né an Mans,
et mort dans sa patrie en iSôj,.
a publié quelques ouvrages de
droit estimés , tels qu'un Âppmral
de jurisprudence ^ et «ne Disxer-m
talion sur les variations de &</<»•.
i96
PAC
P AD
?.
PaCARONI , (N. de) poëte
dramatique, mort en 17479 a
donné au théâtre la tragédie de
Bafazet I , représentée et im«-
primée en 1739.
PACCIAUDI, (Paul-Marie)
théatin, correspondant de l'aca-
démie des Belles-Lettres deParis^
et bibliothécaire de Dom Phi-^
lippe duc de Parme, uaquit à
Turin en 17 10, et mourut d'apo-
plexie en 1785. Ses Monumemta
Peloponesiaca , s vol. in-i(<^| et
divers écrite sur des antiquités
particulières prouvent sa vaste
érudition. On a encore de lui,
M^morie de'gran maestri deW or-
dùie GerosoUmitano , 3 vol. in-4.^
On a imprimé en l'an XI la cor-«^
xespondance de Pacciaudl avec le
comte de Caylus ,in'S.^ £lle offre
peu d'intérêt. C'est une espèce de
catalogue de divers morceaux d'an-
tiquités que ce théatin envoyoit
à son ami. Pacciaudi étoit un
homme laborieux et retiré, qui
vécut en religieux et en savant,
uniquement occupé de ses devoirs
et de ses études.
I. PACIFICUS , archidiacre de
Vérone dans le ë* siècle, a été,
dit>on, l'inventeur des horloges
à roues et à ressorts, divisant le
jour en vingt — quatre parties
égales. Avant lui , on ne con—
Boissoit que les horloges de sable
en d'eau. Sidoine Apollinaire
nous apprend que de son temps
les gens riches tenoient encore
des serviteurs pour les avertir
des heures du bain et du souper ,
d'après l'inspection de ces der-^
Bières e^ècet d!korloge»
PADILLA, (Marie de) de«
moiselle Espagnole , aussi belle
Wi'artificieuse , étoit au service
de la femme ^Alfome^. d'Alhu^
quer^ue , lorsque Pierre le Cruel
roi de Castille en devint omou'
renx. Elle ne le fît pas soupirer
long—temps. Entraînée par son
penchant et conseillée par Jea»
de Hinistrosa son oncle mater-
nel, elle se livra aux désirs ds
roi qui en eut bientôt une £]ie»
Malgré sa passion pour PadUla,.
les intérêts politiques exigeoient ;|
qu'il épousât Blanche de Bour^^ 1
Son.ljts noces rondes furent sui*
vies du plus grand dégoût. Ni 1er
charmes de la jeune reine ni let
remontrances de la reine— mère
ne purent vaincre la froideur de
Pierre, Trois jours après , il alJt
rejoindre sa maîtresse. Le trioo»*
pbe de PadiUa ne fut que passap*
ger. Jeanne de Castro toucha le
cœur du monarque ; et comme
elle résista soit par vertu , soit
par ambition , il lui proposa de
l'épouser. Deux-évêques courti*
sans attestèrent que soii maria^
avec Blanche étoit nul. Jeanne
•de Castro fut proclamée reine de
€astille ; mais .deux jours après
Piid!i/la, reprit son premier em-*
pire. Cette favorite termina sa
carrière peu de temps après. On
ÙX ses funérailles dans tout le
royaume comme pour une reine
légitime ; et Ton éleva sea «ifàns
comme les héritiers présomptifs
de la couronne. Pendant sa £h
veur , sa fcunille àvoit été éleTée
aux premiers grades. Ses frère»
obtinrent les places les plus im«
portantes da ki coiu:9ime«^DivtMi
P A D
kistoriens, entr'autres, Taufenr
lie l'Histoire des Favoriies , la
peignent soifs dès couleurs très-
odieuses. Mariana , écrivain plua
«royable, assure qu'il ne man-
qiioità PadiUa ^ie des mccurs
pures poar mériter le trône.
PADlOLCAUj (Albert) avo-
rtât à Heanes y mort à la lui dn
17' siècle , a publié un ouvrage
historique, intitulé : Antiquités ûc
Jérusalem, i€86, et un Traité
âe jurisprudence de la chambra
^s comptes de Bretagne.
, PAGANXJCCÏ, (Jean) né à
Lyon 9 y embrassa la profession
du commerce et devint juge au
tribunal civil après k révolution.
Modeste , savant et intègre , il
•Ast mort en 17^7* On lui doit
un ouvrage estimable et qui eut
dans le temps un succès mérite ,
intitulé : Aîaniiel historique et
politique des Négôcians ^ ^l^^i
3 vol. in-8.0
PAGEAU, (Oui) pofte
Monceau , publia en 1584 un
vol. de Cantiifties et de Noêls,
iû-is.
PàIKEL, Voyez Patkul.
II.PAJON, (Henri) avocat
Parisien , mort en 1776 9 a donné
quelques Homans au-dessous du
niédiocre, et dès-Observations sur
Ift Donations, lySij in— 12.
^ PALMEE , ( Samupl ) savant
iniprimeuF Anglois , exerçoit son
jrt à Londres en 173© , et a pu—
mié dan* «a langue une Histoire
^ ^'Imprimerie. Il fut le maître
«e FrmchUn,
PALOMIN0, (Antoine)
peintre Espagnol, dont les ou-
^rag«8 ornent la cathédrale de
■Valence, embrassa l'état ecclé-
totique, et mourut «p ijîS, à
PAN
187
7a ans. On a de lui un ouvr^age
sur la peinture et sur les vies des
peintres, en deux vol. in-folio.
U étoit né près de Cordoue.
LPANCKOUCKE, (André-
Joseph ) libraire de Lille^ né en
1700, mourut à Paris en 1753.
SiiS ouvrages les plus connus son t : 1
h Les Ecudds convenables aux
Demoiselles, a vol. in-12 , où
l'on trouve de l'ordre et de la
clarté. IL Abrégé chronologique
de l'Histoire des Comtes de Flan"
dre, 1762, in-8.0 UL VArt de
désopller la rate, 2 vol. in-ia :
recueil de boni mots , qui offre
des choses piquantes , et quel—
?ues-unes trop peu voilées*
V. -Dictionnaire des proverbes
françois , in-8" : moins ample-,
mais plus décent que celui de •
le Roux, V. Manuel Philosophie
que s 1748 , deux volumes' irï-i 2.
VL Elémens de Géographie et
d'Astronomie, 1740, in— 12«
VIL Essais sur les Philosophes ,
in- 12. A la mort de l'auteur , le
curé de sa paroisse ne voulut
pobit l'iAhumer, comme ayant
^igné le Formulaire ; il fallut des
ordres supérieurs pour l'y forcée.
IL PANOKOUCKE, ( Char-
les-Joseph ) iils du précédent ,
naquit à Lille en 1736, et sui-
vit avec éclat la profession de son
père. Son esprit naturel , ses ou-
vrages et ses vastes entreprises
typographiques, l'ont fait cpn-
noître dans toute l'Europe. On
. pçut citer parmi ces dernières les
éditions de Y Encyclopédie , des
Œuvres de Buffon ^ des Mémoires '
de l'académie des Sciences et de
l'académie des Belles-Lettres , du
Vocabulaire François, du Bc^—
pertoire universel de Jurispru^
dence , du Voyageur François âe
l'abbé tie la Porte , du Mercure de
Frait ce j eCc.M» Ses ouvrages par^
^
i88 PAN
ticttlîers sont : L Des Mémoires
mathématiques g adressés à l'aca'-
demie des Sciences. II. Des tra-
ductions (ie Lucrèce , de la Jéni^
MaSem délivrée et du Roland le
fsrieux^ Cette dernière traduction
est en dix vol. in- 12. III. DlS"
cours philosophiques sur le Beau ,
[31775 > in-8.0 IV. Autre sur le
Plaisir et la Douleur , 1 790 9 în—
!•.** V. Le plan de V Encyclopédie
utéthodique , et plusieurs Mé-
moires et Dissertations dans le
iïercùre et les autres Journaux*
Pancloucke est mort à Paris en
PANEL 5 ( Alexandre-Xavier )
fié en Franche > Comté , se fit
îésoite et passa en Espagne , oii
il devînt précepteur des enfans du
Toû II est mort dans cette place
len 1777 , à 82 ans , après avoir
publié un grand nombre d'opus—
«mies sur les antiquités et la nu->
ipisroatique : I. Lettre sur la mé-
daille de le Bret, 1787 , in-4.*^
n. Dissertation sur une médaille
'iS Alexandre , 1739, in-4.*' III. jD^
fCistophoris , 1746 , in- 4.** IV. De
^Coloniœ , Tarraconœ nummo «
|?[748, in-4.°
*PANIGAROLA, (Fraiiçois)
evêque d'Asti en Piémont , né à
Milan en 1 548 9 entra jeune dans
Tordre des Frères Mineurs Ob—
3ervantins, où il se rendit très—
Mvant dans la philosophie et la
jthéologie, et se distingua sur—
jtout par ses talens pour la pré«-
dication. jSon mérite lui valut l'ér
nrêché d'Asti 9 qui lui fut donné
par Sixte V en 1687; et le fit
(choisir avec le jésuite BeUarmin ;
pour accompagner en France le
icardinal Gaétan , envoyé en i S90
par le pape Grégoire XIV, pour
y soutenir le parti de la Ligue
contre if tf/iriTK. Il employa toute
%wx éloquence pour exciter les
P A M
parisiens à n'écouter que lesm»»^
tructions des ,Guise , k ne pa%
reconncHtre leur souverain légi-
time et à souffrir toutes les hor-»
renrs de la famine pendant le*
siège de leur ville. Quand Hearh
IV Teut levé , Panigarola re^
tourna dans son diocèse , où il
montra un zèle ardent contre le»
abus qui s y étoient glissés. On J
prétendu que ceux qui craignoienf
la réformation de ces abusTem-^*
poisonnèrent. Quoi qu'il en soit,:
il mourut à Asti en 1594 , à 49
ans. Ses Sermons furent imprimée
à Rome en i $96 , in-4.<> On a de
lui plusieurs autres ouvrages , L«
plupart de piété et de contro^'
verse , tant en latin qu'en ita
lien. Le plus connu est un Trait
de l'éloquence de la chaire ,
italien , intitulé : Il Predicatore
à Venise, Giunti , 1609, in-4
Landi dit que cette rhétorique es
un savant Commentaire du livri
de JEfémétrifUS de Phafére sur 1'
loquence. Il ajoute que les Ser-
mons de Panigarola &ont ce qne^
l'éloquence sacrée a produit
meilleur parmi les orateurs d'Ita-^l
lie pendant le- 16* siècle. Je ne*'
dirai pas , ajoute-t-il , qu'ils sod
sans défaut , et il renvoie an*!
n." los du douzième livre de son
Histoire de la littérature Ita
lienne. C'est là qu'il rapporte qn
lorsqu'on demandoit à Bemhe,\
pourquoi il n'alloit pas au ser-
mon pendant he Carême , il r
pondoit : Qii irais— je faire à des
discours ou l'on n entend que /tfî,
docteur Subtil guerroyer contre
le docteur vAngélique, jusqu^à cr
^li'Aristote survienne et les mette
d*accord ?
L PANIN , (Nikita-Ivanowitz, '
comte de) naquit le i5 septembre'
1718, d'un lieutenant général de».
armées du czar Pierrt l» origi»^
. A
PAN
ftdre de Lucques en Italie. Paniti
commença par être soldat dans
les gardes à cheval de l'impéra-
trice EUzaheih ; njais l'amitié du
prince Kourakin. le fit nommer
gentilhomme de la chambre. Son
«sprit insinuant et vif ne tarda
pas à être distingué de sa soiive^
raine, qui l'envoya en 1747 à
Copenhague ^ et deux ans après
a Stockholm avec le titre de mi-
nistre plénipotentiaire. A son re*
tonr, il fut choisi pour gouver-
neur du grand duc PaidPetro^
^z, et devint enfin premier mi-
Bistre de Catherine IL Son séjour
«nSttède lui en fit admirer la^gou'
vernement, et il fit vainement
^es efforts pour faire adopter en
^Dssieun sénat et une constitu-
^«n aristocratique. Ce ministre
''foit des vues judicieuses , mais
•n lui a reproché beaucoup d'or-
gueil , de la paresse et de l'inexac-
titude dans les affaires. Extrême-
ïûent désintéressé, ce qu'il rece-
Joit d'un coté , il le donnoit de
fautre. Il étoif gourmand, grand
mangeur et grand dormeur. Ra-
rement il lisoit les dépêches des
«nibassadeurs, et s'occupoit plus
•"arement encore à leur répondre;
^sil fut Je seul ministre de Ca-
^rine qui connût parfaitement
«s affaires , et qui prévoyant tous
l^sévêaemens, donnoit noncha-
lamment les vrais moyens d'arri^
^er à tous les succès. Sa taille
*toit énorme en grosseur. Il mou-
^tàla fin de mars 1788; et à
j? niort , la vente de son mobi-
jer ne suffit pas pour payer ses
^ttes.
n. PANIN , ( N. ) général ,
fl^ere de Nikita , signala son
*^^rage dans la guerre de sept
^i oh les Russes combattirent
'f roi de Prusse. Placé à la tête
armées Moscovites , il battit
PAN
189
les Turcs , prit Bender et établit
l'indépendance de la Crimée. Re-i
tiré dans ses terres , il en sortit
pour s'opposer à la rébellion de
Putg/ilsckt^ff , et il en triompha.
Il mourut quelque temps après ^
regardé comme l'un des plas.]ia««
biles généraux du Nord.
PANNARTZ, (AmauldJ
sortit de l'atelier typographique
de IMaïence avec Ulric^Haa d«
Vienne en Autriche , et Conrad
Sweynkelm , pour porter l'imprii
merie en Italie au commencement
du pontificat de Paul IL Ils s'é-
tablirent d'abord dans la campa-i
gne de Rome au monastère de
Sublac , ou ils donnèrent le Do^
nat sans date , le Lactance de
1 465 , et la Cité de Dieuûe i^Sj»
A cette époque , Pannartz fat
appelé à Rome par François d»
Maximis , riche Romain protec-^
teur des arts , qui plaça son iin-«
primerie dans sa maison. C'est 1«
que Pan /7/zrZ2 publia en 1467 les
Èpttres familières de Cicéron , et
l'année suivante, les Lettres de
St. Jérôme , en 2 vol. in-folio ,•
et la première édition du. Specu'^.
litm vi^œ humanœ»
PANNIER, (Jacques) sieur
d'Orge VILLE, né à Lyon en i$8oV
devint conseiller au parlement do
Metz , ministre du roi ii Co-
logne, enfui intendant désistes
Françoises en Amérique. Ce fiit
lui qui leur procura l'entrée de
leur café en France. Pannier
avoit remporté l'un des premiers
prix de l'académie Françoise. Il
mourut à Saint-Domingue ea
1739.
PANNIUS, Romain, alla s'é-
tablir en Egypte , où il devint
renommé par sa fabrique de pa-
pier ou papyrus , auquel il donna
le noiQ defanniaque. On sait qu«
- 1
I90 PAN
le papyrus étoit «ne espèce de
fonc qui croîssoit sur les bords
^u NîK C'est sur cette matière
qnc sontrtracës les plus anciens
manuscrits. Cnsstus Hemina dit
qii*on trouva dans un tombeau
•nr le Jnniculeles livres de Numa,
écrits sur ce papier. Il y en avoit
de plusieurs sortes , VHiératigue
ou sacré , ainsi nommé parce
qu'on le réservoit pour les livres
qui traitaient du culte : le LUfien,
auquel lÀvie femme à' Auguste ,
aVoit donnë^son nom et qui avoit
douze pouces de largeur ; le Soi-
tique , VAmphitrùf tique , l'^m-
porétique on celui du commerce
erdinaire, qui n'ovoit que six
pouces de largeur, et enfin le
JFannîaque plus solide, plus blanc,
et quiportoit dix pouces.
• PANNON , {Janus Pakno^
niiis ) ou Jean le HongroU , né
1<? 29 août 1484 , évêque de la
trille de Ciftq - Eglises dans la
Basse-Hongrie , mort à la fin de
Î472 , âgé de 38 ans , rultiva les
Ibelles-letcres avec succès en Ita-
lie , et travailla ensuite aies faire
Pûurir en Hongrie. On a de lui
des Poèmes , des 'Elégies et des
JSpigrammeSt Venise, i553, vol.
in-80 , et dans les Dcllcîœ Pi»—
Inrum Hungarorum , vol. in-i6 ,
Francfort , 1619; f>aï'rai les épi-
Çrammts on en trouve quelques-
unes d'heureuses. Ladernière édi-
tion de ses œuvres, faite sur un
manuscrit de la Bibliothèque im-
périale , n paru 'à Utrecht en
1784, 2 voLin-S.** L'abbé Mer^
cier en a donné ime Notice parmi
celles des poètes latins modernes.
PANTHÉE , femme e^Ahra^
date ; Voyez Abradate*
PANTHOT , ( Louis ) naquit
à Lyon d'une famille qui de père
en ïi]a s'étoit distinguée en se con-
PAO
Mcrant à l'art de guérir» Celnl^i
chirurgien célèbre, fut l'un dei
premiers qui accrédita Topérâtion
césarienne. —Son fils Horace ex-
cella dans la litbetomie. — >Son
autre fils Jean^Louis Panthot,
devint doyen du collège de^ mé-
decins de Lyon , et publia ; I. Un
Traité sur la Baguette divina-
toire, II. Un autre sur les Eaux
minérales d^Aix en Savoie, III. Uq
autre sur les çerttis du Mercure*
U est mort très-âgé en 1707.
IILPAOLI, (Paschal) fils du
précédent , doué d une figure im-
posante et d'une, grande énergie
dans le caractère 9 fut envoyç par
son père chez les Corses en 17 $5.
Dès qu'il parut , il fut reconnu
pour* commandiant général ds
toute l'isle 9 quoiqu'il n'eût que
vingt->n«nf ans. Il ne prit pas le
titre de Roi comme Thépiore
de Neuhoff; mais il le fut$.en
effet à plusieurs égards , en s«
mettant à la tête d'un gouverne-
ment démocratique. Il établit nne
admiinstration régulière chez nn
peuple indiscipliné. Il forma des
troupes réglées. Il institua une
université , pour adoucir les
mceurs par la culture des sciences.
Les assassinats étœent conraiis
avec impunité ; il sut y mettre nn
frein. Enfin il se fit aimer^^ en so
faisant ohé\x> Paschal Paolisou'
tint les Corses contre l'argent dei
Génois et les armes des FranooiS'
Quand ces derniers firent la con-
quête de l'isle en 1769 , il passs
à Londres, oii il èxt regardé
comme le législateur et le défen-
seur de sa patrie. Lors de la révo-
lution de France, il songaa à re-
passer en Corse , et y revint en
1790. II y fut yeçu avec trans-
port ; mais il en fut bientôt ex-
pulsé par les Anglois , et rooan»*
quelque^ temps après. Son pflf'*
j
P A P
Ût par Martin DrelUng , a M
frvyé en France par Hennqutu
Paper , ( Roger ) relieur An-
gloû, mort depuis peu ^ exerça
•on art à Londres avec «ne telle*
iiabileté, qu'il en acquit une for-
tune considérable. Lord Spencer
a payé à ce relienr quinze gui-
nées pour la reliure d'un JSi-
Ayie.
n. PAPON, (Jean-Pierre) né
attPu}et près de Nice en lySfi ,
entre jeune dans la congrégation
de rOratoire ^ où il professa d'à-
{K>rd avec distinction , et oh ses
ouvrages lui acquirent de la cé-
lébrité. Exempt d'intrigue et
d'ambition, il ne chercba ni la
fiivenr, ni la fortune. Réfugié
dans le département du Puy-de—
D6me pendant le temps de la ter-
reur, il revint ensuite à Paris
jouir du calme et des douceurs de
l'amitié. Il y mourut subitement
le 25 nivôst de l'an 1 1 ^ à l'âge
de 65 ans. Ses ouvrages sont :
I» Ode suj la mort. Elle est in-
sérée dans le Recueil des Jeux
Floraux de la ville de Toulouse.
II. VArl du Poêle et de l'Ora-^
teur, in- 12. Cet ouvrage, de-
venu classique, a en cinq édi-
tions. La première parut à Lyon
en 1768 ; la dernière à Paris en
l'an 9. L'auteur plaça en tête de
aelle-ci im Essai surTEduca--'
tion* IIL Oraison funèbre de
-Charles Emmanuel III , roi de
^rdaigne, 1778, in-8.» Elle fut
prononcée à Nice et imprimée à
Turin , en françois et en italien.
IV. Voyage de Provence , 1787 ,
^ vol. in«i2. Il est plein de r»-
therches historique», et très-
agréablement écrit. On y suit avec
intérêt le voyageuf dans toutes
■ses stations qu'il embellit par des
souvenirs. V. Histoire de Pro*»
HoM , I y«L ift«-4.^ Pmpoa ajouta
P A P
191
plusieurs documens et titres à
ceux des anciens historiens Pro*-
vençaux. Pour en découvrir de
nouveaux , il fit le . voyage de
Napies, dont les comtesde Pro^
vence avoient occupé le trône
pendant long-temps. « Parmi les
pièces curieuses que Papon y
trouva , on remarque , dit M. Ber»
nardi , dans une notice qu'il a
consacrée à la mémofjre de son
compatripte, In quittance quels
reine JVan/ie donna au pape Clé^
ment VI , du prix de la ville
d'Avignon qu'elle lui avoit ven-
due. «Te ne sais qui avoit imaginé
le premier de dire que le pape s'é-
toit acquitté envers Jeanne, par
ime absolution du meurtre de son
premier mari. Une anecdote pa-
reille étoit précieuse pour cer-
taines gens , aussi la trouve-t-on
répétée en bien des endroits. Kb/-
taire sur*tont ne l'a pas oubliée.
On n'a jamais montré , dit-il ,
la quittance de Jeanne ; mais
l'historien lui a donné le démenti
sur ce point en la produisant, h
Les états de Provence accordè-
rent à Papon , en récompenso
de son zèle et de ses travaux ,
une pension de 8000 livres que
la révolution Fui 6ta ; et quoique
ce fut presque son unique res-
source , cette perte n'altéra point
la tranquillité naturelle de son
ame. YI. Histoire du gouverne"*
ment François, depuis l'assem-i
Wée des Notables du 22 février
1787, jusqu'à la fin de la mém^
année; 1788 , in-8.^ On y joint
ordinairement un Discours da
l'auteur , intitulé : De VOpinioih
sur le Gouvernement. VIL Epo-*^
4fues mémorables de la Peste , et
moyens de se préserver de ca
fléau, en 1800 9 deux vol. in-8.*
VIIL II a laissé en manuscrit la
cômmencemeiit d'âoa Histoire da
]â révolntion*
i9t PAR
PARADEL , ( Eudaldo ) né
en Catalogne., 3o distingua dans
la fonte des. caractères d'impri-
merie an 17* siècle, et produisit
les plus beaux que l'Espagne eût
encore vus. Depuis cette époque
les éditions y furent plus soignées
et mieux imprimées.
n. PAR AWS db Raymondis ,
( Jcan~2>acharie ) né n Bourg le
8 février 1746 ^ y remplit avec
honneur la pince de Heut^nant
général au baillîag;e. La foiblesse
de sa santé le força a s*en dé-
mettre, et à aller chaque année
passer les hivers à Nice. 11 y con-
nut Tfiomas , et s*y lia avec lui
de l'amitié la plus tendre. Après
avoir voyagé en Italie , Paradis
est revenu mourir dans sa patrie
en Î79Î. T^ors du jugement de
Louis XVI , il s*étoit offert à
l'accusé pour son défenseur offi-
cieux. On lui doit des Opuscules
sur divers objets d'agriculture ,
et entr autres sur l'améliorât Ion
^ç& serres ; et un petit Traité
* élémentaire de morale et du bon-
heur, 1784, s vol. in-i2. Il a
été réimprimé en 1795. Ecrit
avec simplicité , les réflexions en
sont justes et douces. Un jour-
i^aliste qui' ne connoissoit pas le
nom de l'auteur , dit en parlant
de cet. ouvrage. « Personne n'a
vanté ce livre ; son mérite a percé
comme l'odeur de la violette s'é-
lève du sein de l'herbe : la re-
nommée atteindra l'auteur dans
«on obscurité volontaire et dans
sa retraite « oîi il mérite de trou-
ver le bonheur dont il a si bien
enseigné la recherche. »
PARIGl , ( Jules ) architecte
Florentin, mort en i5go, bâtit
la maison de plaisance appelée
Poggio impériale , et le palais
Manetti; AlpTionsi son fils mit
fur ses aplombs le socoimI étage
PAR
du palais PLtU qui snrplemboll
dé plus de huit pouces du -coté dd
la place , et éleva divers édifices^
Il mourut en i656, du chagrin
^es traverses que l'envie lui sus^
cita.
V. PARIS , ( Claude ) célébra
opticien, né à Chaillot près da
Paris en 1703, mort dans cette
dernière ville en 1768, tenta d©
faire des télescopes de réflexion j
après avoir vu celui de Skarlett,
en 1733 , et il réussit. Son pre-
mier télescope ne fut que de seize
ponces; mais il les porta ensuite
jusqu'à huit , et il ne cessa da
perfectionner cet instrument. Son
fils a suivi ses traces.
VII. PARIS- DU VERNEl,
( N. ) l'un des quatre frères Paris,
dont le père tenoit une auberge
en Dauphinéau pied des Alpes 9'
rendit des services à l'armée d'I-
talie commandée par le duc de
Vendôme. Ce prince l'employa
en 1710 dans les vivres. Sa for-
tune fut rapide , ainsi que celU
de ses frères. Sous la régence 9
ils influoient déjà assez dans les
finances, pour devenir suspects
au charlatan Law , dont ils n'ap-«
prou voient pas les opérations dé-
sastreuses, nies fit exiler; njail
après la disgrâce de cet homme
dangereux «t singulier , l'usag»
qu'on pouvoit faire de leur acti-
vité et de leur intelligence , les
fit rappeler. Pàris^Duvernei joui
un grand rôle sous le ministère
du duc de Bourbon , par la pro-
tection de la marquise de PriB
maîtresse de ce prince. Ce fut lui
qui conseilla le renvoi indécent
de l'infante d'Espagne , destinée
a Louis XV. « D'abord garçon
cabaretier , puis soldat aux Gar-
des , ensuite plongé dans les opé-
rations financières , dit Voltaire ,
il retint twite ss^ vie un peu.dfi l|i
dureté
J
PAR
Sûreté de ces trois professions »
«tne connoissoit guères les bien-
âéances. » D'autres eonseils non
moins dangereux , des impôts
nouveaux , des taxes odieuses
Soulevèrent la nation contre le
ministère du duc de Bourbon. Il
fut renvoyé, et sa disgrâce en
1725, entraîna celle de Duver^
nei, qui fut enfermé à la Bas-
tille. En lySo il reprit faveur ,
et fut utile au ministre des fin an-
as d'alors. Son frère Pdn's de
Montmartel , devint garde du tré-
sor royal , ensuite banquier de la
ioar , et pn cette qualité influant
sur toutes les finances du ToysLU"
ïïie, Duvernei' jouit d'une grande
fevear, lorsque la marquise de
Vompaiour gouvemsL Louis XV;
et il donna l'idée et le plan de
Nicole Militaire, 11 mourut en
t7<»'.. jouissant d'une grande con-
sidération , parce qa'indépen-
ânmmentde ses vues administra-
tives et de son crédit à la cour ,
il s'étoit signalé par quelques
traits de générosité qui doivent
peu coûter à un homme opulent,
ôiais qu'on remarque davantage 9
à cause de son opulence même.
Voltaire, en parlant des ouvra-
ges de Melon et du Tôt » snr les
monnoies et le commerce , dit
^tte les livres de ces écrivains dé-
voient en produire un autre par
II. Duuernei , lequel vaudroit
fohablement beaucoup mieux
W les deux autres , parce qu'il
teroit fait , ajoute-t-il , par un
^niTOg d^tat. Nous ne savons
pas que cette prpduction ait vu
1* jour.
PARÎSE AU , ( N.) né à Paris ,
^ consacra à Vart dramatique ,
•t donna aux divers théâtres de
la capitale plusieurs petites pièces
îui y eurent du succès. ï. Le Prix-
Académique , comédie en un
SupPL. Tome III.
PAR 195
acte , 1780. IL La Veutfe de Can-*
cale , parodie de la Veuve du Ma-»
labar , i78o. IIL Richard ^ pa-
rodie de Bichard II! , 1781.
IV. La Soirée d*été , opéra co-
mique joué aux^ Italiens en 178a.
V. Les Etrennes et le Bouquet ,
comédie en un acte , dont le
su^t est tiré d'un conte à'Imbert. f
VI. Le Bendez-vous ou les Deux
Rubans , opéra en un acte, 1784.
Une singularité de cette pièce ^ ^
c'est que les airs en furent fait»
avant les paroles ; l'auteur de la
musique l'ayant fait entendre sur
des syllabes sans ordre ni suite ^
Pariseau eut la patience de les
remplir. VIL 'Julien et Colette ,
comédie en un acte , 1 7 8 8w.
VIII. L'auteur fut rédacteur d'un
journal agréable , qui parut ai«,
commencement de fa révolution
sous le titre de la Feuille du jour*
Il est mort victime de la tyrannie
révolutionnaire.
II. PARISOT, ( Gilbert ) chi-
rurgien renommé de Lyon, joi-
gnit à une grande pratique de soa
art le goût de lo littérature. Il
mourut en 172 x.
I I I. PARKER y ( Richard )
chef de l'insurrection qui éclata
en 1797 sur l'escadre de l'amiral
Anglois Bridport , étoit né à Ex-«
cester et avoit fait avec distinc-*
tion la guerre d'Amérique. Em-
barqué à bord du Sandwich , il
acquit la confiance des matelots
par ses propos séditieux, et la.
révolte qu'il avoit suscitée ayant
bientôt éclaté , il fut nommé uâ
instant amiral général de la flotte.
La plupart des insurgés étant
bientôt rentrés dans le devoir ^
Parker se livra lui-même et de-
manda à être jugé. Il répondit
avec noblesse et fermeté devant
le tribunal qui le condamna à
mort. Il reQut son arrêt avec 1^
N
t94 f A^
plus grand respect pour ses juges
et en sollicitant la grâce des au-
tres matelots. Il fut exécuté le 3o
juin 1797^ à bord du Sandwich,
f' irèsdeScheerness, et son corps
lit ensuite exposé sur Tisle de
Cheppi j vis-à-vis la rade du
Nord.
* PARNELL, (Thomas)
poëte Anglois, né à Dublin en
1^79, fut vicaire de l'église de
• cette ville. S'étant rendu à Lon-
dres 9 il prêcha en faveur du parti
de la cour 9 espérant de parvenir
à un bon bénéfice. Mais la mort
de la reine Anne dissipa ses es-
pérances ambitieuses. Il jouit de
l'amitié et de l'estime de Pope ,
de Swift , de Gay , des comtes de
Bofyngbrocke et d' Oxford. Swijù
l'ayant mén4 un jour à l'audience
de ce dernier , au lieu de pré-
senter le poète au ministre , il
Qlla prendre le comte et le mena
chercher Parnell à travers la
foule des courtisans Swift s'ap-
Flaudit d*avoir soutenu ainsi
honneur des talens ^ persuadé ,
disoit-il , que. le génie est supé^
rieur au rang et à la dignité*
Parnell est auteur de quelques
pièces de poésie dont la plus re-
marquable est : Hésiode ou la
I^aissance de la femme; et la
plus connue en France est VHer-^
mite, dont Voltaire a profité dans
son roman de Zadig, On a encore
de lui 9 une Vie de Zoïle et cinq
visions dans le Spectateur ou dans
le Gardien» II n'a dans ses ouvra-
ges en prose que le mérite de
l'imagination. Il composa pour
'Pope la Vie ^Homère , qui se
trouve à la tête de ^a traduction
de Ylliade; maïs le traducteur
^Homère fut obligé d'en retra-
vailler le style; et cette refonte ,
disoit-il y lui fut aussi pénible
|[u« l'oiivragol* avoi\t été à Parnelh
PAS
Tentri et Berquin, ont imité daiM
deux Romances son conte de
VHermite, Cet auteur mourut à
Chester en jnillet 17 1 7 9 à 38 ans.
Cazln a imprimé ses ouvrages
poétiques à Paris , en 2 vol. in- 12.
PARONCI , ( César ) est au-
teur de quelques traductions
d'ouvrages François en italien et
entr'autres du traité de Vénerie
de du Fouilloux, imprimé a Milaa
en I ^ 1 5 9 in-8^ avec ligures.
^* PARSONS9 ( Jacques ) mé-
decin Anglois , né à Barnstaple ,
en mars 170S, mourut en 1770» j
membre de la.Soci'*té royale de \
Londres. On a de lui : Figurœ ■,
qucedam miscellaneœ quœ ad rem
anatonUcain historiamque natU'*
ralem spectant , in-folio.
V. PARTHENAY, ( Jean- !
Baptiste des Boches de ) né à il .
Rochelle 9 et mort au milieu da
siècle qui vient 'de finir, fut nn
écrivain laborieux et exact, à qui
l'on doit : I. Histoire de Dane-
marck, 17339 6 volumes in- ii«
IL Pensées morales par Holverg,
traduites du Danois 9X7 ^4.9 deuJ
vol. in- 12. III. Voyage d'E^ypi^
et de Nubie , traduit de Nnrden,
1755 9 in-folio. IV. Histoire ta-
turelle- du Groenland, traduite
du Danois Egède , 1753 9 in-8. j
V. Histoire de fa Pologne soaf
Auguste II , 1794 9 a vol. in-8.^
Cet auteur laborieux a îwtnt
beaucoup d'articles au Diction-
naire géographique de la Mariir'
nière.
II. PASCAL 9 ( Françoise)]
Lyonnoise , donna au théâtre efl|
i657 une tragédie à'Endymio»t'
et en 1664 9 une comédie en un
acte 9 intitulée : Le Vieillard
amoureux. Cette pièce est en
Y9f S de huk syilsbes ; et le su/^^
i
PAS
ftk Hvé d'une aventure «rtivëd à
tyoû.
PASQU ALINUS , ( Pompée )
chanoine de Sainte-Marie-Ma^
jeare à Home , a publié un Index
Yocum. sur les métamorphoses
^Ovide. Cet écrit a été imprimé
à Rome en 1 6 1 4 9 in-'S.^
* PASSEMANT , ( Claude-
Siméon) né en 1702 à Paris , 4e
parens peu accommodés des biens
àe la fortune , fut d'abord clerc
de procureur , ensuite commis
d'an marchand drapier , enfin
tnarchand mercier ; mais il se re-
posa du ditail de son commerce
sar son épouse. Dès sa jeunesse
il s'étoit beaucoup occupé de phy*
«ique , d'optique et d'astronomie.
Quoique les machines qui regar-
iïient Toptique fussent son prin-
cipal goût et son plus grand ta-
lent, S en exécuta plusieurs au-
tres ; en tr' au très : I* La Pe adule
ostrononUqae .couronnée d'une
fplière mouvante j présentée à
Louis XV, et qu'on voyoit dans
lesapparteiiiens de Versailles. Les
révolutions des planètes sont si
exactes dans ce rare ouvrage ^
qu'elles ne s'écartent pas des ta-
bles astronomiques. Il en fit une
autre pour le grand Seigneur , ou
ïoti observoit le lever et le cou-
cher du soleil et de la lune. il. Un
grand Miroir ardent de glace , de
quarante -cinq pouces de dia-
mètre, d'un grand effet. El. Deux
(^hhes , l'un céleste , l'autre ter-
restre , qui tournent sur eux-
mêmes. Il présenta au roi , en
'765 , un Plan en relief et un
Mémoire contenant des moyens
*fc ia plus grande simplicité pour
faire arriver leS vaisseaux à Patis.
Il y a divers détails relatifs à ce
sajet, dans l'ouvrage de M,. 4^^'
Irlande sur les Canaux de Na-
'f^a.Uou. On eitiole deux (écrits
1^ A S t^f
de ce célèbre artiste , Tun ttt
Intitulé : Construction d'un 7V-«
lescope de réflexion « Paris ^ 1 7 38/
in-4^ , aved figures. Il y en ent
une contrefaction k Avignon ,
qui est devenue aussi rare qik«
le traité original. Cet ouvrage^
apprend la manière de faire lt%
télescopes. L'autre a pour, titre s
î)escription et usage des Téles-m
copes , in- 1 a. Cet écrit n'est qu'un
Catalogue que l'auteur ofifrcâts
aux amateurs qui venoient 'ach«w
ter chez lui les diiFérens objets
qui y sont indiqués. Ce Catalogne
a été réimprimé après la mort
de Passement » avec des augmea»
tations par Nicolet et d'Olivùen ^
qui ont continué son fonds de
commerce. Passemant n'a pas
seulement perfectionné les télés*
copes et les lunettes d'approche ^
comme le prouve l'usage qu'on
en fait sur les v-aisseaux 9 mais
aussi l'horlogerie. Cet habile. ajr->
tiste mourut subitement le 6 no-*
vembre 1769 , à (^7 ans. Ladoii-*
ceur de son caractère et son hon-
nêteté égaloient ses païens et st%
connoissances. M. Sue le jeune ,
son gendre 9 a publié sur la vie
et les écrits de Passemant , une
notice imprimée à Paris en 1778^
in-8.0
* PASSËRAT, (Jean) né
en i534 à Troyes en Champa-*
gne , étudia le droit à Boutgea ,
sous Ciljas. S^s talens lui fi refit
prendre lé chemin de la capitale.
11 enseigna les belles-lettres avec
réputation dans les collèges de
l'université 5 et obtint en i57ài
la charge de professeur royal eiA
éloquence , vacante par la morlt
de Ramus, Ses leçons furent ex<
tréraement fréquentées par cdl
que Paris avoit de plus brillanfi
et de plus délicat. Charles IX et
Hefïri III lui donnèrent des m9t\
%9<$ P KS
ttues d'estime» Les fnreurs de la
Liigae ayant bouleversé la répu«
bliqiie des lettres ainsi que l'état ,
Je savant professeur ^rma son
ëcole , et ne Vouvht que lorsque
là paix eut été rendue à la France,
Hprès l'entrée à'Henri le Grand
dans Paria en 1394. Se trouvant
jà Epernaf lorsque le prince de
Condé vint assiéger cette ville y
les haliitans le députèrent au
f)rince qui menaçoit de les passer
«u fil de l'épée ; et le prince leur
fit grâce en faveur de Passerai*
,Ce poète eut le malheur de per-
dre un œil , d'un coup de balle
on'il reçut dans un jeu de paume.
Cet accident le défigura ; mais
quoiqu'il eût l'air sévère , sombre
«t farouche , il n'y avoit riea de
•1 aimable que son esprit et de
plus gai que sa conversation. Son
«nérite lui acquit l'amitié de
Jîenri de Mesmes » qui lui ac-
corda un appartement dans sa
fenaison. H y demeura trente ans,
pendant lesquels il, ne ces^a de
célébrer son généreux Mécène,
6pin ardeur pour l'étude étoit
iextréme ; il passoit souvent des
journées entières sans prendre
«ucun repas. Cette opiniâtreté
mu travail lui fut funeste ; il fat
attaqué- d'une paralysie dont il
mourut le 14 septembre 1602,
h S8 ans , après avoir souffert les
(douleurs les plus aiguës pendant
cinq années. On connoît l'Epi-
taphe qu^il se fit peu de temps
levant que de mourir.
, JHt àttu in forvâ Jaaus Panertivs
Mme p .
Autàmi Doetor regtus tloquèt»
'^ittipuli memorts , tumulo dot* urtm
magistri ,
Vt varip fiorum mvntrt vtrnet humui ?
I^M <ttlta offieio mta mùlliur ùsm
fuieictat ,
4înt modà tâfmin^iÊt n9n wtrâm
PAS
Pijr/ g Awtt i SIC ros i^Mnutiti
MMiSlTtS OMKSS,
Plus bas on lit cette inscription y
qui n'est pas inférieure à cdlt
qui est ici rapportée :
Qui slm f vîator i quaris i ipse ntstîà :
Qui sis futttrus , tu tamen ptt me stUt»
Sgo tuque fâlvit umbrtt , et umin
SBuutium,
Son tombeau étoit dans l'église
des Jacobins de la rue Saint-JaC'*i
ques . . . Cet écrivain s'est prin-
cipalement distingué par ses Poé»
sies latines et françoises. Parmi
ses vers latins on distingue ses
Epigrammes , ses Epitaphes , et
quelques pièces intitulées Etren^
nés. On voit que l'auteur avoit
acquis , par la lecture assidue dei\
anciens , cette facilité d'expres-
sion -, cette pureté de langage f
fi rares dans les poètes latini
modernes ; mais il n'a point cet
enthousiasme , ce beau feu d'i-
magination, qui caractérisent le
génie. Il étoit plus fait pour
donner de l'agrément à de petits
riens , que pour exprimer les
grands traits de la poésie. H ap-
peloit les ignorans des demi-
hommes y semi^komines. Ses vers
françois,' publiés en 1606, in-8'9
sont divisés en Poèmes , en EU*'
gies , en Sonnets , en Chansons,
en Odes , en Epigrammes* Quoi-
que le langage ait vieilli , on lef
lit encore avec plaisir , pour les
traits ingénieux et les gracet
naïves qu'ils offrent : ces agré^
mens se font sur -tout remar--
quer dans la Métamorphose d'un
homme en oiseau , morceau char*
mant , sur lequel le célèbre la
Fontaine se forma dans le siècls
suivant pour ses Contes. « Pàt"
serat , disent les auteurs des An»*
naîes poétiques, eit un- de no»
pins agréables poètes. On trOuva
dans S9S poésies la pliis fpss.^
j
I
PAS
Iknité ^ de la gaieté , point d6
xeckerche pour l'expression ni
poar la pensée , et toujours le
ton le plus aimable. L'habitude
d enseigner et de régenter , n'im-
prima jamais de morgue à la
l^oésie. Chez lui , l'homme du
monde aimable accompagne tou-
jours le bon poète. Il iv'écrit ja-
mais sans projet ; il a toujovirs
ime idée qui lui fait prendre la
plume. Ce n'est jamais ce docte
enHIage de mots , aussi vides
qu'harmonieux qui y ne parlant
çu'à l'oreille , ne disent jamais
rien à l'esprit ni au coeur. 11 est
pks harmonieux que la plupart
de ses contemporains ; mais son
harmonie n'existe jamais aux dé*
(eus de sa pensée.
fïx son irerê bica o« mal 9 dit tonjoin
quelque chose. »
Passerai composa avec Rapin
les vers de la Satire Ménipée ,
Eatisbone , 170g, 5 voL in-8*,
a la Lamentation près sar le tré— ^
pas de XAne Ligueur , qui est de
Durand de la Bergerie, Ces vers
ue se trouvent point dans le re-
cueil de ses poésies ; mais on y
trouve son Poème intitulé le
Chien, courant , qu'il composa à
h prière de Henri II J, C'est un «
traité en vers de dix syllabes , des
^opriétés, de l'usage, de Tédu- '
Cition et des maladies des chiens
^ chasse. Bapyre^Masson dit
^e ce fut Charles IX qui en-
gagea Passerai à écrire ce poème ;
niais le début même de l'ouvrage
prouve qu*il s'est trompé. LjS
>wci :
Pa« ces focéts ei btvh 11» dom
zéphjre , '
le Teiui des chiens et de la cliasia
écrire
lut teroqjier Din« «t lu ntnt
tout
PAT 197
HjfBphes des boit , Déesses des Aas«
sevrs.
fftitri , grand roi » flcnr des princes dH
monde
A qai Diane à la chuse est seconde 9
I>onne courage et force è ton t«|et ,
Pour bien traiter un si noble sujet*
Le Style est suranné... Antoina
Teissier , Niceron , et sur— tout
Leclerc , dans le tome septième
dé sa Bibliothèque, donnent una
très— grande notice des ouvrages
de Passerai . . . On a encore ,do
lui : L De cognalione Littera^
rum , imprimée à Paris en iSoS^
in— 8® , par les soins de Rouge*m
valet son neveu. L'auteur y pairie
de l'ancienne orthographe des
mots ; il en faisoit tant de cas |
qu'il souhaitoit que ce fût le seul
de ses ouvrages qui passât à lie
postérité. II. Orationes et Prœfom
liones , publiées d'abord en 1 606 ^
et, réimprimée» en xfiSy j in-8.*
Ces Discours écrite avec élé-*
gance , offrent différentes re^
marques de littérature. Quoiqu'il
fasse souvent allusion à Tanti-»
quité et à des passages des an-
ciens y son styk n'est point com^
posé de lambeaux tirés de leurt
ouvrages et mal cousus par un
orateur du collège. III. Des Com^
mentaires sur CaiuUe » TibuUe et
Properce y dont les. sa vans font
cas. IV. Une Traduction de la
Bibliothèque dCApollodore^ i $o5y
in-8°, dont le style est suranné..*»
Voyez Marsile*
PATERIN, (Clattd"e> n* ff
Lyon, se distingua .par ses con^*
noissances en jurisprudence et ser
négociations. Il assista à l'assem-^
blée d'Orléans pour réprimer le»
entreprises du pape «7^^^^ //•
Louis XII le At vke-chanceliêr
du duché d^ Milan ,.et après lu
perte des conqtiétes des François
j|a |taliç^ il devint premier pré^
Ni
tçsr PAt
iident du parlement de Boiir^
gogne. C'est en cette q^ualité qa'il
«sslata au'Iit de justice de 1627 ,
^t y examina la validité du traité
Ide Madrid. Ses bienfaits le firent
surnommer le Père du Peuple:
H motinit le 20 novembre i55t ,
etrle parlement assista en corps *
ji se& obsèques*
PATISSON y (Mamert) im-
primeur Parisien , natif d'Or-
léans , devint imprimeur du roi
«n 1579. Ses ^^^^i^s et son savoir
lui méritèrent cette place. 11 étoit
mort en 1^02. De toutes ses
^«ditions on ne cite que le J)w- ,
cours sur les Médailles de le
Pois, 1679, in-4," Les autres
ont été éclipsées par des livres >
postérieurs ou des éditions sub-
séquentes. Il «ygil; épousé la veuve
de B-ober^-^EUenne* ,
TA'TKAT, (Joseph) n^^à ;
^A'rles, suivit la carrière du théâ-
tre , et y eut Aïoihs dé succès
conime /acteur que comme au— '
teur. Quelqties— unes de ses piè-
ces sont'dialoguées avec facilité
et' offrent " ^eà' situations plai-^
ç^tes. Les jprincipales sont : ;^
luHeureuse Erreur , les DégUi'^
temèns amoureux , le Fou rai-^
sonnable f ie'S^Méprises par res-^
s^blanc'é' > ^ . Complot inutile ,
les DeuxTrères , corpédies. Cette. "
dernière représentée au théâtre":
ï'rançoiSV a'dé1*intérêt : elle est '■
traduite de l'allemand. On doit '
^iu:o3:c^ \ Bqtru^ ^e§ Opéra , te^s
qu^r^J JDefix Morts , Ja. JC^r— \
Tnesse ou la Foire, Allemande ,,
les Aman^s^protées s Adélaïde .et .
^J^lrvalj TplHrne; Cet auteur est
mort à Paris^n i8pi ^ à i!àge ,
.de 69 an^.
< • V «
P AU C'TpN,; (Alexis) ni\
près, de Laôpay dans' le dépàrte-
ïuSnt de ïa JNtdïenne'j do^ parens
PAU
Jjaurres , se rendit jeune a Nantei
pour y étudier les mathématique»
et l'art du pilotage. Venu à Paris,
oif il se fit instituteur , il obtint
enlin après beaucoup de peine et
de longs travaux i^e place dans
le bureau du cadastre. Avec des
mœurs simples , un caractère
obligeant, une probité sévère,
il ne connut pour toute jouis-
sance que l'étude et l'amitié. On
lui doit les ouvrages suivans ;
L Théorie de la Vis d'Archi-*
mède , 1768, in- 12. II. Métro-'
iogte , ou Traité des mesures ,
poids et monnoies des peuples
anciens et modernes. lîl. Théorie
dès lois de la nature , suivie d'une
Uissertalion sur les pyramides
d'Egypte, 1780, in- 8.» On a
dit qu'il avoit laissé en manus^
crit une Traduction des h>;mnes
d'Orphée.
Vin. PAUL r% (Pétrovftz)
naquit le 1" octobre 1754 de
Catherine II Alexiewna et de
Pierre III empereur de Russie.
Elevé par le comte Pa»//ï prin-
cipal ministre* de sa m'ère , il
n'Oublia jamais les soins qu'il en
favoit reçus, et le- soutint tou-
jours contre le crédit de Grégoire ^
OHoff qui ne Taimoit pas. Il
éj^ousa en premières noces Wil-^
heéminê fille du 'landgrave de
Hesse d'Armstadt , qui embrassa
le rit grec et prit le nom de Na^^
talùe. Elle mourut deux ans après
cette union , en 177Ç. Pàul J""
prit pour seconde épouse la prin-
cesse dé Tf^iri^mherg \- nièce du
roi de Prusse ; il se rendit pour
cet l^ymen à Ja cour de Berlin ^
oîi "il*' fit* son entrée le a i Juillet
I776 .avec une ponipe éclatante.
Les magisfrat's le reçurent sou*
un arc de triomphe , otT Jolxante
et* tflx'jeunes fifles^'V^Oës etf
nymphes lui présent^ftit <î^*
*,
PAU
Vin et des fleurs. 11 nVtoit en-
core qne grand duc de Russie,
lorsqu'en 1780 il se mit à par-
courir l'Europe , accompagné de
la grande duchesse. Après avoir
traversé la Pologne , l'Autriche ,
Htalie , il revint à Pétcrsbourg
par la France et la Hollande. Ce
voyage dura quatorze mois ; et
par-tont il parut doux « affable «
modeste , curieux d'observ«r et»
de s'instruire , plus occupé à
repousser les h om marges publics
qu a les obtenir. Lorsque la guerre
se déclara en 1787 entre la Porte
et la Russie , le grand duc sol-
licita vivement la permission d'al-
ler combattre contre les Turcs,
Mais Catherine , craignant peut-
être de sa part quelques desseins
ambitieux , ne put jamais se ré-
soudre à la lui accorder. « L'in-
tention que j'ai d'aller combattre
les Ottoinans , lui écrivit Paul ,
est connue de toute l'Europe ;
que dira-t— elle en voyant que
je ne l'exécute pas ? » L'impé-
ratrice lui répondit : « L'Europe
dira que le grand duc de Russie
€st un fils respectueux. >» A la
mort de celle-ci, arrivée le 17
novembre 179^, Paul J monta
sur le trône, m Rigoureusement
juste , suivant un historien trop
soiwent sévère ^ -il ftit accessible
à la vérité , pour peai qu'elle lui
fût présentée avec courage et
avec adresse. Lorsqu'il l'ignora ,•
ce iut moins sa faute que celle
de ceux qui pouvant la lui faire
parvenir, se turent. » Il s'allia
anx autres puissances pour faire
la guerre à la France^. et envoya
tine armée considérable sous les
ordres du général Souwarow ,1
qui pénétra en Italie. en 1799 et
en fut rcponssée après divers
combats par ^e général Moreaiu
•Paul I , '^1^ un esprit inquieî
•t 50ttv«u^ chagrin ^ se livra dans
PAU
19^
l'intérieur de ses états à une foula
d'innovations dont plusieurs n%
furent point goûtées ; il est mort
subitement en 1 80 1 . On a dit que
la violence avoit terminé set
jours ; mais cet événement étant
encore presque inconnu , nous
laissons au temps le soin de l'é-*
claircir. Ce prince étoit instruit y.
et possédoit diverses connoif—
sauces qu'il devoit en partie à
son précepteur Epinus , savant
aussi distingué par ses vertus que
par ses lumières , et connu par,
une excellente Théorie de Vjii^.
mant. C'est à Paul 1 que la Harpe
adresse les lettres qui forment la
Correspondance littéraire que
ce dernier a publiée en i8oi.
— Alexandre PAULOirjTZ \ qui
a déjà annoncé le plus grand res*-
pcct pour sa mère, une raison
éclairée 9 Tamour du bien et de-
grandes vues , est le successeuï:
de Paul 1 au trône de Russie.
* IX. PAUL DE Samosatb ,•
ainsi appelé, parce qu'il étoit de
la ville de Samosate sur l'Eu-
phrate , fut nommé patriarche-
d'Antiocbe , l'an 260 de Jésus-»
Christ. Zénohie régnoit alors en
Syrie , et sa cour rassembloit tou^
les hommes célèbres par leurs ta«^
lens et par leurs lumières. Elle
y appela Paul de Samosate , ad-*
mira son éloquence , et voulut
s'entretenir avec lui sur les dog- .
mes du christianisme. Cette prin-
cesse préféroit la religion Juive
à toutes les religions , et elle'
ne pouvoit se soumettre à croire
les mystères de la religion Cb»***'
tienne. Pour afibiblir cett#'r&-»
pugnance , Paul tâcha de réflwir*
les mystères à des notions |$ini-
ples et intelligibles. ^1 àiti Zé-*
nobic , que les trois Personne' f^^
la Trinité n'étaient point Irois^
Dieux , mais trois attributs «oa^
N 4
V
'
'109
PAU
PAU
lesquels la Divinité s'étoit ifianU»
festée aux hommes ; que Jésus-
Christ n'étoU point un Dieu ,
mais un komm^ auquel la sagesse
s'étoit communiquée extraordinai'
rement , et qu'elle n'auoit jamais
abandonné»,. Paul de Samosate
ne regarda d'abord ce change-
ment dans la doctrine de TEdise,
qiie comme une condescendance
propre à faire cesser les préjugés
de Zénohie» Mais lorsque les fi-
delles lui reprochèrent cette pré-
varication , il s efForçQ de la jus-»
tifier, en soutenant « qu>/i effet
Jésus^Christ n'étoit pas Di-eu ,
et qu'il n'y avoit en Dieu qu'une
personne. » Les erreurs de Paul
alarmèrent le zèle des évèques ;
ils s'assemblèrent à Anttoche , et
l'adroit sectaire leur protesta qu'il
n'avoit point enseigné les erreurs
qu'où lui imputoit. On le crut ,
et les évèques se retirèrent ; mais
\Faul persévéra dans son erreur ,
et elle se répandit. Les prélats
d'Orient s'étant assemblés de nou-
veau à Antioche en 270 ^ il fut
oonvaincu de nier la divinité de
Jésus-Christ , déposé et excom-
munié. Ses rêveries se dissipèrent
peu à peu. Il ne fut- chef que
d'une secte obscure , dont on ne
voyoit pas les moindres restes ait
milieu du'ô' siècle, et que la
plupart ne connoissoient pas
même de nom ; tandis que l'A-
TÎanisme dont on Ht une affaire
d'état , remplissoit dans le siècle
suivant l'empire de troubles et de
désordtesi Paul refusant de sons^
crire à la décision du concile qui
l'avoit condamné comme héré—
'thî»ï^ et déposé comme chargé
de pSisieurs crimes , demeuroit
toiTJoIrs à Antioche et ne vou-
loit 5as quitter sa. maison qui
«PP%enoit à l'Eglise. Les Chré-
tiens s'en plaignirent à i'erape-
f^ur^réU^u i <jvà ordonna ^ue
9
la maison f&t adjugée à ceux qtft
seroient unis aux évèques de
Rome ; tant il étoit notoire 9
même aux Païens 9 que l'union
à i'Ëglise de Home étoit la mar-
que des vrais Chrétiens. Les dis-
ciples de Paul furent nommés
Paulianistes. Leur maître n avoit
pas suivi la méthode de la plu-
part des hérésiarques , qui ca-
chent sous un air austère le ve-
nin de leur doctrine. C'étoit un
homme voUiptueux. Il avoit chez
lui des femmes jeunes et belles ;
il faisoit bonne chère , et non-
seulement il permettoit que se» \
ecclésiastiques vécussent comme
lui ; mais il tâchoit de les excuser
lorsque leur conduite causoit du
scandale. Son orgueil étoit ex-
trême. Il rie siégeoit que sur une
espèce de trône ; il doniioit des
audiences comme lés magistrats
séculiers. Pour soutenir son faste,
il usa tour-^^tour de la violence
et de l'artifice , et parvint à la '|
fortune par ces différens moyens.
Avide de louanges , il souffroit
qu'on lui en donnât dans la
chaire , et il substitua aux cai>«
tiques sacrés , des hymnes en son
honneur , qu'il faisoit chanter
dans l'église par des femmes Iuh
billées en comédienites.
PAULIAN, (Aimé -Henri)
né à Nîmes en 1721 , entra dans
Tinstitut des Jésuites^ et y pro-
fessa long-temps la physique avec
succès. Après l'extinction de la
société il revint dans sa patrie 9
et y mourut en l'an 10 , à l'âge
dé près de Fo ans. La douceur
de son caractère et le calme de>
son ame prolongèrent ses jours..
On lui doit plusieurs ouvrage»
estimés : I. Dictionnaire de Phy-*
sique , 1785 , 5 vo,* in— 8.** C'est
la neuvième éditiou de cet ou-
vrage qui parut pourf*S£remièr*
/
PAU
fois en i'76i. IL Dictionnaire des
nouvelles découvertes faites en
physique , 1787 , 2 vol. in-8.0
III. Nouvelles conjectures sur les
causes des Phénomènes électri-
ques, 1762^ in-4.0 IV. Traité
de Paix entre Descartes et New-
ton , 176a., 3 vol. in-ï2. V. Sys-
tème général de Philosophie ,
1769 > 4 vol. iii-12. VI. Die—
tionneàre Philosopha - Théolo-
gique, 1774 , in-4.o.VII. Guide
des jeunes Mathématiciens ou
Oommentaire des Leçons de mé-
canique de la Caille , 1772,
in-S.*» VIII. Véritable Système
de la Nature, 1788, in- 8.**
Lanteur avoit aussi publié un
Commentaire sur V Analyse des
infiniment-Petits de VHospitaL
PAULLINI, (Cliristian-
Francois ) médecin d'Eisenach sa
patrie , né en 1(43 » mort en
17x2 9 a donné en latin in— 8<> ,
la description de diflférens ani-
maux , <)n fhien , de VAne , du
Loup , du Lièvre , du Corbeau ,
etc.) et des Observationes me-
dicœ, i€89 ^ in--4.o
PAUIZE , (N... ) né à Mont-
brison où îl remplit long-temps
une place dans la magistrature 9
fat appelé à Paris par son parent,
l'abbé Terray et y devint fermier
général. Ce fut Vun des plus ins-
truits et des plus probes. Il réu—
lùssoit aux connoissances de son
"ftat une grande rectitude de rai-
86n et de jugement. Ami de l'or- .
Are, avec des goûts simples et
des vertus privées, il ne méritoit
pas la proscription qui l'atteignit
Al temps de la terreur et lui fit
perdre la vie sur Téchafaud en
1794. U avoit formé une com-
pagnie de commerce pour la
Guyane , dans l'intention d'amé-
liorer cette immense contrée , et
^ avoit fiiit divers mémaire» sur
P A W 101
cette colonie. Plusieurs hommes
de lettres lui ont attribué la plus
grande partie des détails com-
merciaux et sur — tout ceux qui
ont rapport à nos colonies et
aux possessions des François en-
Asie et en Amérique , dans l'ou-
vrage de l'abbé Baynal,
P A US ON , ancien peintre,
fut le premier qui pour adoucir
les inégalités de ses peintures ^
\ eut l'adresse de les couvrir d'un
verre qui en rendit les traits plus
fuis et plus délicats,
PAW, (N. de) chaçdînc
Allemand , mort le 19 messidor
an 7 , a X&nten près d'Aix-la-
Chapelle , étoit oncle du fameux
AnacJiarsis Clootz, Comme lui il
penchoit vers les opinions sin-
gulières; mais il avoit infiniment
plus de sens et de savoir. U est
très— connu par. .ses Recherches ,
i.o sur les Grecs ; 2.0 sur les
Américains , les Egyptiens et les
Chinois , qui forment sept vol.
in-8**, imprimés à Paris , l'an 3.
Paw affirme beaucoup , prouve
peu. On voit que l'auteur aima
à contredire tous les historiens
et à déprimer les peuples dont il
parle ; mais on ne peut lui pe-
fuser beaucoup d'érudition , do
Fesprit , de la philosophie , des
rapprochemens inattendus : il est
vrai que son érudition est sys—
témati^que, son esprit porté an
paradoxe et sa philosophie trop
hardie. Cependant on le lit avec-
plaisir , parce que son styla ,
quoiqu'un peu rude , est précis ,
éloquent , énergique , et qu'on
trouve chez lui des faits qu'on
chercheroit inutilement ailleurs.
Le roi de Prusse, Frédéric le
Grand , en faisoit beaucoup de
cas , peut - être à cause de ses
principes philosophiques. Ces mé«
mes principes kii ûrent des eo^
101 P E A
nemis dflns le clergé ; mais il lenr
commandoit le respect par ses
vertus. 5ous un extérieur sim-
ple ) il cachoit beaucoup d'es-
prit , qui brilloit chez. lui comme
un ûlon d'or dans une roche in-
forme.
PÉÂN, (N.) Janséniste obs-
cur) mort en ^764 à 80 ans,
est auteur de divers écrits polé-
miques y dont le plus connu est
le Parallèle de la morale des Jé~
suites avec celle des Païens ,
1726, in-8.*
PEARCE, (Zacharie) suc-
cessivement évêque de Bangor ,
de Rochester^ et doyen de West-
minster, naquit à Londres en
1690, et mourut en 1774. On a
* de lui des Sermons , la Défense
des miracles de J. C., 1727; et
un Essai sur l'origine et les pro-
grès des temples, i72€. Ses ou-
vrages prouvent beaucoup d'éru-
dition.
♦PECHMEJA, (Jean de) an-
cien professeur d'éloquence au
collège royal de la Flèche , né à
îVillefr anche de Rouergite en
•1741 , mort à Saint-Germain-en-
Laie en 1785, étoit un littéral
tour distingué et un homme ver-
tueux , simple et modeste. Son
éloge du grand Colberi obtint en
1773 le second accessit au juge-
ment de l'académie Françoise.
Nais il est principalement connu
par un poème en prose en douze
livres, publié -en 178.4, in—S®,
sous le titre de Télèphe , et tra-
duit en anglois. On l'a réimprimé
en 1795, deux volumes in — 18,
avec figures. La pureté et l'élé-
gance du style, des images riantes
et vraies, une peinture de l'ami-
tié telle qu'il la sentait lui-même,
demandent grâce pour beaucoup
d endroits où il n'est que décla-
p E c
initenr. « Quoiqu'on ne puisse
lui refuser de l'esprit et du ta-
lent, dit la Harpe, il est loin du
bon goût et du vrai génie dont
le siècle de Louis XI y nous
a laissé/es modèles. L'auteur man*
que souvent son but , faute de
mesure dans ses idées et son style.
L semble , comme Rousseau , faire
un crime de la propriété , sans
laquelle cependant toute société
ebt impossible; il ne veut pas que
les enians succèdent à la ior<«
tune de leurs pères, comme si
cette succession n'étoit pcis do
droit naturel, et comme si les
pères eux-mêmes ne travailloient
pas pour leurs enfans ! C'est un
vrai dclirc d'imaginer qu'il faille
détruire les lois primitives, parce
qtie l'observation de ces lois en-
traîne quelques abus. U y a quel- *
ques morceaux d'une éloquence i
noble et des moniens > d'intérêt, j
mais en général nul art dans U
disposition et la préparation dei
événemens; point de nceud qui
attache de« faits sans vraisem-
blance; des tableaux gigantes-
ques ,' une natnre fausse » des
principes outrés et une diction
abstraite. » Ce jugement est trop,
sévère sans être dénué de vérité.
On a attribué à Pechmeja plu-
sieurs morceaux philosophiques
et hardis de V Histoire poLuqui
du comn^erce par ïabhéBaynal,
dont il étoit ami. Il fut lié par
la plus vive et la plus constante
tendresse avec un médecin de
sts amis , M. ^u Jireuil son compa-
triote. Ils renouvelèrent dans ce
siècle. d'égoïsme, l'exemple trop
rare d'Oreste et de Pilade» M. d^
Pechmeja étant tombé majade à
Paris en 1776, M.;i/u BreuUvok
à son seconrs"^ et dès-lors tout
fut commun entre ces deux amis,
logement, sociétés, biens, manj(,«
etc.; la mort même ne pat les
J
P E C
iJparer. Le médecin étant mord
le lo avril 1785, d*iine maladie
contagieuse , Thomme de lettres
^i ne le quitta pas dans ses der-
niers momens , mourut vingt
jours après, victime de ramitié.
Il comptoit sur M. du Breuil ,
eomnie sur lui— même. Un jour
qu'on lui demandoit quelle étoit
sa fortune ? J*ai , répondit— il 9
1200 livres de rentes; et comme
on s'ëtonnnoit qu'un si modique
revenu put lui suffire , Oh ! dit-
il, 2^ docteur en a davantage» Il
orna le portrait de son ami de
ces quatre vers :
n otibl» son art pour le er^cr encore ;
Av sort de ses amb son bonhrur fur Wé ,
Et la Grèce Teût prb pour le Dite d'Épi-
daure ,
On pottr celai de YKmXûé.
PÉCHON DE RuBY y gentil-
homme de Bretagne, avoit été
eoleyé dans sa jeunesse par iitoe
bande de Bohéteiens qui ]a con«^
dui$irent perdant lon^-^temps de
vjjlage en village, et dont il a
ensuite décrit, les tours et escro*
queries dans un ouvrag» devenu»
rare, intitulé; la Vie Kônérense
des Mat ois «, G ^eux ,1 Bohémiens
et Cagoux, avec un 3ictionnairâ •
é^ la langue Blesquienne , j 6at; , ■
m-8.® L*auteur est mort au mi^*
lieu du 17" stiècle. ;
II. PECK, (François) né à!
otamford en i 6 .9 s ,, mort eu »
1743, fut littérateur, ftîjtura-,.;
liste et même poëte. On^^a» de lui .
divers ouvrages , <jont qiieiqués- <,
uns ont eu an succès en Anjck-r' ■
tejre. Nous ne citerons .que son»
Histoire naturelle et ]e$,Aniiqu^
lés du conté fie Leice&lcr ,el. de
Kutland, in-4*', 1740 i et .,^s
Mémoires sur la Vie. de Cf,o{^'^
l^i, }i4o.z vol, i^-v! \yy^^'.
P E t
ÎOJ
TîL PELLETIER - Saint-
Fargeau , ( Louis -Michel le )
né à Paris le 2^ mai 1760, d'une
famille distinguée dans la robe ,
devint président à mortier au par-
lement de Paris et ensuite d«é— ^
puté de la noblesse aux États'
généraux de 1789. Possesseur
d'une immense fortune, il cher-
cha a acquérir de la popularité
en se montrant partisan des in-
novations, et il prit pour base'
de sa conduite oe mot qu'il dit un
jour à Tun de ses amis : « Quand
on a six cent mille livres de rente, '
il faut être à Coblentz ou sur la
çrôte de la montagne.» Ce fut'
lui qui proposa le code pénal qui-
fut adopté; mais vainement s'é-
força- t-il d'y faire supprimer la
peine de mort. On le vit ensuite
s'opposer à la conservation des
titres honoriÉques et au droit du.
monarque de déclarer la guerre,
et de faire la paix* Appelé. à la
Convention, il y soutint la li-rt
berté de la presse et vota la
mort de Louti XVI i quoiqu'il,
efît chercîië précédemment à en-
gager plusieurs de ses collègues'
a • ne prononcer que la réclu-
sion. Pelletier se trouvant quatre
jours après chez un restaura-
teur, fut poi|:nardé le 20 jan-'
vier 1793 par le garde du corps*
Paris : il n'eut que le temps de *
dire ces deux mots , fnï froid ', '
et il expira. La Convention fît
inhumer son corps a\i Panthéon"
et adopta sa Aile. Il laissa en nia^'
nuscrit un lopg Discours sur l'é-
ducation . natipiuile , que RoheS'^.
pierre lut à la tribune.
y m. PELLETIER, (Ber-
trjind ) né À Baronne en ijdi ^.
se iit apothicaire^ e;t vint se fjxer >
à Paris, où ses connoissances ^■
chimie et en pharm^icie le firent
ailmotkre à lacadéin'ie des ^cien-
r
104
PRL
ces et ensuite à llnstitut. 11 tra-
vail 1 oit au Journal <C Histoire na^
turelle , et a laissé des Mémoi^
f-âs dans le Recueil des Sociétés
savantes dont il étoit ipembre. Il
est mort à l'âge de 36 ans , en
»797-
PELVERT , (N. rabbé) né
à Rouen, mort les 19 janvier
1781 , se consacra à F étude des
matières théologiques et à la dé-
fense de la religion. On lui doit :
I. Dissertation sur Tapprobetion
nécessaire pour administrer le
sacrement de pénitence , 17&S9
in- 12. II. Lettre d'un théologien
sur la distinction tâe la religion
naturelle et révélée, 1770, in- 12.
PEMBROCK, (Marie Her^
l)ert, épouse du comte de) morte
à' Londres en 16^1 , donna une
traduction des Pseanmes en vers
flnglois. On les trouve dans les
JSugœ antiqvœ âiHarrington ,
■'779 9 3 vol. in— 12. Voyez SiD-*
JKEY (Philippe).
PENDASIUS, (Frédéric) né
à Mantoue, obtint par sa re-
nommée des. lettres de citoyen
de Bologne, et y alla professer
la philosophie. ZabareUa et X^-
têtus furent ses disciples. A s&
njort sa chaire vaqua 27 ans; per«
spune n'ayant osé le remplacer*
On doit à Pendasius deux ou-
vrages. I. De corporuai caies^
tium naturd, Mantone, i555 9
in-S.*» IL Traité de l'ouïe, V^
nife , i6o3, in-S.»^
-^PÉRKFIXE, (Hardouin^e
Beaumônt d'e) d'une ancienne
maison de Poitou , étoit £ls du
maître — d'hôtel du tardinal de
Hickeiieu. Il fiit élevé par ce mi^
lustre , se distingua dans ses étu^
des, fut reçu docteur de la mai-
son et Société de Sorbonne, et
prêcha avec «pplaudisfiementt li
P E R
d^evint ensuite précepteur de liOuiif
XIV, puis évêque de Rhodes j
mais croyant ne pouvoir en cons-
cience remplir en même temp*^
les obligations de la résidence 6t
celles de L'éducation du roi , il
donna volontairement la démis-
sion de cet évêché. Il fut fait,
archevêque de Paris en 1 664. Ler
Jésuites le gouvernèrent , et ce
yfnt par le conseil du P. Annat ^
qu'il publia son Mandement pour
la signature pure et simple du
Formulaire d'Alexandre VU* H
imagina la distinction de la foi
divine et de la foi humaine , qui
déplut aux fanatiques des deux
partis. 11 choqua sur— tput leS.
Jansénistes , en exigeant des re-
ligieuses de Port^Royal la signa-
ture du Formulaire. De là les
peintures peu favorables qu'on a
faites de ce prélat L'abbé Barrai
le traite à!Jtomme de peu de sens,
d'une petitesse d* esprit et d'une
oktlination inifiacihles, IjC carac^
tàr» doux et aimable de Péré-^
pxe^ et ses autres qualités an-
roient du faire fermer lesvyenx
sur ses défauts; mais c'est le
propre du fanatisme qu'on irrite,
de ne voir que le mal et de se
cacher le bien. Ce prélat termina
sa carrière le 3i décembre 1670 9
*daBS ua âge assez avancé. Il avoit
éfcé reçu de l'académie Françoise
< en 1654. On a de lui : I. Un^ex-»
' cellente Histoire du , roi Hen^
r^ I"K, dont la meUleiue édition
est â*Elzevir , i6$i, in*-i2; el
la dernière est de Paris , in-12,
1749* Cette histoire qui n'est
qu'un abrégé fait mieux con-
noître JÎCTir/ JKque celle du père
Daniel. On croit que Mezeraif
eut part , et il s'en vantoit pu-^
bliquement : mais cet historien
ne fournit vraisemblablement qu^.
les matériaux. Il n'avoit point J*
stylô^de Péré^xe^ qui, quoi^ua
J
PE R
Jrè^^n^gîigé et plein d'iacorrec-
tions et de tournures anciennes ,
est touchant et fait aimer le
iirînce dont il écrit la vie. H. Un
iyre intitulé: InstUutio princi-m
pis, 1647, in— î6, qui contient
fin recueil de maximes sur les
devoirs d'un roi enfant. Il ne
donna pas à Louis XIV toutes
hs instructions qu'il auroit voulu
lui donner. Ce prince étoit inap-^
pîiqué, et Péréfixe s*en plaignit
en vain à Mazarin qui se féli-
citoit d'une paresse conservatrice
de son empire. Bon , lui répon—
doit ce ministre 9 il n*en saura
§ue trop ; et quand il vient au
conseil , il me fait cent questions
tar la chose dont il s'agit. Voyez
IV, PEREIRA DE FiGUEi-
iiKDo , ( Antoine ) Portugais ,
d'abord prêtre de l'oratoire , en—
luite premier interprète du mi-
nistère des affaires étrangères et
de celurde la guerre à Lisbonne,
mourut dans cette ville le 1 4 août
1797 9 dans sa yS* année. Né au
-«K)iirg de Macao le 14 février
^725 , il se signala pendant la
longue querelle de la cour de
Portugal avec celle de Rome,
et publia divers ouvrages sur le
pouvoir des rois dans les ma-
tières ecclésiastiques. Ces écrits
estimés par les patriotes Portu-
gais et critiqués sans ménage-
ment par les Ultra montains, ont
été cités avec honneiir par plu-
sieurs canonistes étrangers. Uau-
tenr avoit des connoissances très-
variées. Son air étoit ouvert et
lerein, quoique avec des traits
dossiers; son caractère affable,
ton humeur enjouée, lorsqu'il
ne souffroit pas ; son cœur sen-
sible et compatissant. Les mal-
heureux ne i'abordoient jamais ,
$KM recftToir ou 40€ «Quseils ou
P t R 105
des secours. Parmi ses nombreuic
ouvrages on distingue : I. Sa
Nouvelle méthode de Grammaire
latine, estimée en Portugal et
dont il y a en dix éditions. II. La
Bible traduite en portugais sur
la vulgate, avec des préfaces et
des notes , 23 vol. in-S*" , impri-
mée depuis 1778 jusqu'en 1790,
et réimprimée in-8* et in-4*,
avec le texte latin. III. Tentatiffa
Theologica , en portu|;ais et en-
suite en latin , 1766 et fjS^i
C'est un essai théologique qui a
été traduit en francois, et dans
lequel l'auteur tâche de prouver
que si le recours au saint Siéga
trouvé des obstacles, la faculté
de dispenser est dévolue aux
évêques. IV. Elémens d'Histoire
Ecclésiastique , en forme de dia^
hgues, 1765, deux vol. in-8%
etc. etc. Cet ouvrage n'est paa
fini. L'auteur promettoit deux
autres volumes qu'il n'a poiiifi
donnés et qu'on n'a pas trouvés
dans ses manuscrits.
PEREIRE , ( Jacob - Rodri^'
guez ) né à Cadix en 171 5 , de-
meura long-temps à Bordeaux et
vint fmir ses jours àParis en 1780,
âgé de 65 ans. Il fut appelé dana
cette dernière ville pour y pra-
tiquer l'art de faire parler les
muets. Louis XV lui accorda
en 1760 une place d'interprète
avec une pension de 800 livres ^
en considération, dit le Bref^
de l'art qu'il s'étoit acquis de
pouvoir donner aux sourds et
muets de naissance , une éduCatiom
dont ils avoient été jusqu'alors
privés comm^ ihcapabUs tfen pro-»
fittr, Pereire avoit amené^quel-
ques— uns de ses élèves au point
de comprendre le sens des pa-
roles par le mouvement des lèvres.
Bu/7^/i fait l'éloge de son talent /
dans fion Histoire Naturelle i «t
io6
PER
la Condamine protecteur de Pé-
reire , Vavoit produit à la cour et
présenté à divers princes. L'abbé
de l'J^pée a profiié^ assure— t-on,
d'une partie de sa méthode.
VI. FEREZ , ( Jeanne Coëlo
femme d'Antoine ) Espagnole ,
fut , suivant Amelot de la HouS"
saye , l'un des ornemens de son
sexe et de son siècle par ses grâces
et ^on esprit. Elle avoit épousé
Un ministre de Philippe II roi
d'Espagne 9 qui le disgracia su*-
bitement après lai avoir accordé
la plus grande faveur : sa femme
mourut vers 1620.
* PERGOLÊSE, (Jean-Bap-
tiste , Jié en 1704 à Casoria au
royaume de Naples , fut élevé au
conservatoire de cette dernière
Ville sous Gaëtano Greco , l'un
despluscélèbtesmusicienbdîtalie.
Le prince de SUgliano connois-
«ant les talens du jeune Pergolèse,
le prit sous sa protection , et
depuis 17^0 jusqu'en 1734, il lui
procura le moyen de travailler
pour }e Teatro Nuovo , où ses
Opéra eurent un grand succès.
Après avoir fait un voyage à
Home 9 où son Olympiade ne fut
pas applaudie autant qu'elle le
méritoit, il retourna à Naples,
et il y mourut au commencement
de l'année 1787, à 33 ans. Sa
dernière maladie fut un crache-
ment de sang qui le conduisit à
la phtbisie; et il est très-faux
qu'il ait été empoisonné par ses
rivaux. Les Italiens l'appellent le
Dominiquin de la musique. La
facilité de sa composition , la
science de l'harmonie, la richesse
de la mélodie, lui on\ fait.im
nom célèbre. Sa musique est un
tableau de la nature ; elle parle ^
l'esprit, au cœur, aux passions.
Personne ne Ta surpassé dans le
^eart de l'expression; ni^is oa
P £ A
lui reproche de la sécheresse , uji
style coupé: son chant est quelque-
fois sacrifié à l'effet des accom-
pagnemens , et son genre paroît
en général trop mélancolique : J
défaut qu'il a du peut-être à sa
mauvaise santé et à sa complexion
délicate. Ses principaux ouvrages
sont : L Plusieurs Ariettes. IL I4
Serva Padroaa ; IlL // Maestro
di Musica : intermèdes. IV. Un
Salve Hegina; et le Stabal Mater ,
regardé universellement comme
son chef-d'œuvre. Pergolèsemoii'
rut en finissant le dernier verset
de ce sublime morceau. « 11 n'y a
ni cris, ni déclamation, ni fracas
d'harmonie, dit un écrivain pleia
de goût ; tout est simple et vrai
dans cette production, tout est
fini ; le dernier excès de la dou*
leur, les convulsions mêmes de la
mort y sont exprimés dans ]â ,
langue naturelle de la musique*
Parles seulsaccensdela mélodie,
l'expression est portée à son plui
haut degré de force et d'énergiejf
et c'est toujours du chant. »
II. PERNETY, (Antoine-
Joseph ) né à Roanne eh Fçrez
le i3 février 1716 , se fit béné-
dictin et se livra aux rechercbes
d'érudition auxquelles il joignif
beaucoup d'idées systématiques
et singulières. Elles dominent ,
sur-tout dans ses Fables égyp-
tiennes et grecques dévoilées ^
1786, 2 vol. in -80; dans son
jD/c/i<?«/tair^^mytho-hermétiqiie)
1758 , in-8o; àans son Discours
sur la physionomie, et son ou-
vrage intitulé : La connoissanc$
de ï Homme moral par celle d^
l'Homme physique , 1776 , in-8.
On doit encore à ce savant s
I. Dictionnaire de peinture , sculp^.
ture et gravure, 17^79 in-u»
ïï. Histoire d'un voyage aux islei
Mnlouijies, 1770 jin-S.^UI.I^wji
PER
^Haliofi sur TAniérique et le«
Américains , 1770 9 in-8.* Il y
combat les opinions du chanoine
dePawsnrle même sui^tAV .Exa-
men des recherches philosophi-
ques de Paw sur les Américain? ,
1772, 2 voLin-8.0 V. li a donné
une Traduction de Columelle et
du Cours de Mathématiques de
JVolf; il a travaillé au huitième
vol. àaGalUa ChrisLiana, et donné
beaucoup de Mémoires à l'aca-
démie de Berlin. Apr^s avoir ré-
sidé long-temps dans cette ville ,
Pernety est revenu à Valence
dans le département de la Drôme ,
où il est mort au sein de sa famille
dans' ces dernières années.
PÉRONNE, (Claudine)
Lyonnoise, recommandable par
» beauté , dédia quelques Pièces
de poésie à Henri J/.
PEROUSE, (N. delà) em-
brassa letat ecclésiastique , et fît
des vers non avec talent ^ mais
avec dévotion. On lui doit des
Stances sur les Evangiles 9 des
Cantiques , des Poésies sacrées ,
1770 , in — 8® : il est mort vers
••'775.
PERRACHE, (Michel) né
à Lyon en i 6 8 5 , obtint des
luccès dans la profession de sculp-
teur. Après avoir long-temps ré-
sidé en Italie et en Allemagne ,
il obtint des lettres de bour-
geoisie de la ville de Malines pour
y avoir décoré une église. Fixé
dans sa patrie , il L'embellit d'un
grand nombre d'Ouvrages qui as-
surèrent sa réputation. Il monrut
•n 1750- —Son fils s'est fait con-
lioitre par l'exécution du projet
célèbre qui a réuni à Lyon une
Jsle considérable par le moyen
d'une chaussée qui a fait changer
^ lit au Rhône , et a porté à
H&e Utue de U rille la joupiioi
P £ R Î07
avec la Saône. Perrache fih est
mort en 1779 9 membre de l'aca--
demie de sa patrie.
L PERRAULT, (Guillaume)
né sur les bords du Rhône dans
le bourg de Pierre-Haute , prit
}'habit de $t.-Dom inique et d&*
vint suffragant de Philippe de
Savoie archevêque de Lyon , de^
puis 1245 jusqu'en 1260. Il a pu-
blié une Somme des vices et des
vt*.rtus ; un Commentaire sur la
rè^le de Se. Benoit ; un Traité
sur les dei'oirs des Religieux ; une
Instruction sur le bonheur des
Princes,
PERRAY, (Michel du)
Voyez DuPERRAY.
IlL PERRIER, (Scipion du)
jurisconsulte Provençal , mort en
1667, À 79 ans, est connu dans
le barreau par ses Questions no-m
tables qui sont estimées. II joi-
gnoit à la science propre à son
état 9 tous les sentimens d'un
vrai Chrétien. D consultoit tou*^
jours gratis pour les pauvres.
Les autres consultations , disoit-<
il 9 sont pour mes héritiers ; mais
celles-'Ci sont pour moi-même» ^
PERRIÈRE, (Jacques
Charles François de la) né à
Marancené en Aunis , mort en
1777 , est connu par son Méca-m
nisme de V Electricité , en 1766 ,
2 vol. in- 1 2 , et ^ar sa Physique
nouvelle céleste et terrestre, 176%,.
trois vol. in-i2, où l'on trouve
quelques idées justes et d'autres
chimériques.
UI. PERRÏN , (Denis Marias
de ) chevalier de Saint— Louis ,
mort en 1734 9 à 72 ans , homme
d esprit et de bonne société , fut
l'éditeur des lettres de Sévignéi
fin ^ Vf L isk^ir,
7^
ao8
P E R
(,
PERRONET, (N.) membre
de l'académie des Sciences , s*é-
leva par ses talens et ses succès
à la place de directeur général
des ponts et chaussées de France.
Les ponts de Nenilly , de Mantes
et d'Orléans furent construits
s&ns sa direction , et il en publia
la description , 1783 , 2 vol. in-
folio. On lui doit encore un sa-
vant Mémoire sur les moyens de
construire de grandes arches de .
pierre d'une ouverture considé-
rable, pour franchir de profondes
vallées bordées de rochers escar-
pés, 1793, in— 4.<> On en trouve
plusieurs autres de lui dans le re-
cueil de l'académie des Sciences.
Perronet réunissoit les vertus de
l'honnête homme an génie d'un
grand architette. Il est mort en
1796.
* PERRY , (Jean) ingénieur
Anglois, fut appelé en Russie
Î)ar Pierre I , qu'il seconda dans
'«TTt de construire les vaisseaux
et de creuser des canaux : ce qui
lui donna occasion de composer
une Relation de l'état de cette
rnonarchie. Elle a été traduite en
f rançois sous ce titre : Etat pré"
sent de la Grande-'Russie , in~i 2.
On y trouva des particularités
assez curieuses éur le règne du
czar Pierre, Perry revint en An-
gleterre en 1712 9 s'illustra par
ses travaux dans difFérens ports. ,
entr'autres dans celui de Dublin ,
çt mourut en 1733.
PERSON, (Claude) méde-
cin , né à Cbâlons-sur-Marne ,
exerça avec honneur sa profes-
sion à Paris , où il est mort en
1758 5 après avoir publié des EU-
mens d'anatomie raisonnée , qui
eurent du succès dans le temps. -
PERTUIS DB LA Rivière,
( Pierre de ) né en iD^ormandie ,
PET
suivit long-temps la professîoA
militaire , et finit ses jours à
Port-Royal en 1 668. Savant dan*
les langues anciennes , il a tra*-
duit beaucoup d'ouvrapjes pieur
du latin et de l'espagnol , sur-
tout plusieurs écrits de Sainte
Thérèse.
PESTALOZZI, (Jérôme) né
à Lyon et médecin de l*iiôpital de
cette ville", y acquit de grandes
llimières. Il forma un très-beau
cabinet d'histoire naturelle qu'il
légua à l'académie de sa patrie.
Il publia : ï. Une Dissertation^
sur l'eau de mille-^Jfeurs. IL Une
antre sur Jonas dans le ventre
de la Baleine, III. Avis de pré-'
caution sur la peste. IV. Une
Dissertation sur le même sujet,
qui remporta le prix de l'aca-
démie de Bordeaux en 1722.
V. Opuscules sur la contagion de
Marseille , 2 vol. in- 12. Il mou-
rut en 1762.
I. PETERS, ( Bonaventnre )
né à Anvers en 1614, mort en
i652 , peignit les mannes avec
la plus grande vérité.
PÉTHION DE VïLtfiiVKUVB,
(Jérôme ) né à Chartres oii il
suivit quelque temps la profession
d'avocat , fut député de cette ville
à l'assemblée Constituante et y -
devint l'im des plus «rdens mo-
teurs des changemens politique»
qui 's'y opérèrent. II parla sur
un grand nombre de sujets , et
entr'autres sur les biens du clergé,
la permanence du corps législatif,
l'organisation des jurés. Il pro-
posa de supprimer de la formnlc
des titres du monarque, ces mots:
Par la grâce de Dieu ; il s'oî>-
posa à ce que la justice se rendît
au nom du roi et à ce qn'on
laissât à ce dernier le droit de
déclarer la paix ott la ^"^rre.
Homm
r^
Sbiâmë après la sessioil iftairé
^ Paris 9 il y excita un tel en-
thousiasme que dans certaines
crises il eût été dangereux de
tie pas crier dans les lieax publics
Viye Péthion. hé 20 juin , il ne
resta pas sans activité s et il se
vanta dans une lettre publiée
dans les journaux, qnil a'avoU
paspett contribué à amener le 10
oodt. Ce fut sous son adminis»
iration municipale que le mas*
sacre des prisons fiit organisé. Il
commença le 2 septembre 1792 ,
à deajc heures après midi , et dura
tfois jdurs. Tandis (fue trente
lourreaux ropéroiént en faisant
bonkr ie sailg goutte à goutté
tt en immolant les victimes Tune
kprès l'autre ^ Péthioii qui , d'un
«ni mot aiiroit pu requérir le
^ours de la gardé natiotialé
rur disperser lès assassins , né
prononça pas. Bientôt après , le
loaire sollicita la déchéance dé
louis XVI i et étant parvenu
À la Convention 9 il cOnttibuà à
la faire prononcer et à l'envoyer
lil'échafimd. Les idoles du peuple
tie sont pas long-temps adorées !
féthlon l'éprouva. Sa lutte avdc
Robespierre lui devint fatale. Mis
Iiors de la loi après Je 3i mai
1)93 , il fut obligé de prendre
U fuite , et périt de misère et de
fiim dans liri thampi coiiVert dé
Mé aux environs de St-Êmition
«ans le dépafteriient dts^ la Gi—
ftnde. Sdn corps fut trodvé à
lAoitié dévote paf les oiseau^^ de
proie. Les aniis de Pélhioti l'ont
ï^présenté comme un homme
<ib]igeànt, d'une sévère pfôbité
^ plelii de franchise. Ils ont
loué en lui le courage ddns les
citations 9 la fermeté de ses prin-^
cipes, la pureté de ses mœurs.
D'autres au oontraire l'ont peint
l¥ec plus de Vérité comme ml
imbitieux à conception médio-i
SvPPLi tonii ///«
P^ fe T lô^
ciré 7 toftime un homme adroit à
ménageant tous les partis e»
cherchant à caresser le peuplé
povr renverser toute autorité |
cachant sous un extérieur bien-»
veillant et Une figure agréa bld
ef douce , une ame froide , pusil«^
lanime et dès-lôrs facile à con-4
dnire à lu cruauté. —^Pétkioft
avoit une diction verbeuse et
prolixe , de la facilité dans set
discours ^ mais sans chaleur ni
éloquence» Il prit trop souvent
son insensibilité pour du cou-i*
rage, ek se crut de bonne foi
siipérienr à Aristide dont on lui
donna le surnom. On a publié
ses Œuvres en 1793 , 4 vol. in-8.*
Elles renferment des Opiiscules
politiques écrits avant là révo<d
intion , ses Discours comme dé-*
puté et ses Comptes rendus cùmmé
niairei
VL ?Etlt j (Ànt<*ine) nié^
dëcin, membre de l'académie de«
Sciences, étoit d'Orléans. Peu
d'hommes obtinrent autant que
iiii là confiance publique , et il
là mérita. vSes silccès furent nom-.
breu±. Ennemi des médicamens et
des mélanges pHarmàcéiitiques 4
il s'attaèhoit au seul remède qu'il
croyoit propre à là nraladie j
l'habitude d'obsel-ver rendoit ses
. pronostics sûrs , et il désignoit
souvent la veniie des crises et
\é jour fixe de la cessation du mal.
Après avoir employé l'extrait de
ciguë , si recommandé prir Stork
pbiir la cUre du cancer, il annonça
rinsufEsance de cette plante, "il
crut d'abord que celle qui crois—
soit en France pouvoit être moina
efficace que celle des environs dd
Vienne 5 il en derfianda J'extraifi
à Stork , et il à avoué ensuite
^u'il ne lui avoit pal réussi davah-*
tage. On doit à Petit : h Ana^
tomiê chirurgicale ^ 175^, 2 yçfhi
o
tto PET
in- 12. IL Discours sur Id Chi»
wB^riçie , 1767 9 m-4.** m. Pièces
relatives anx nai«9ances tardives,
1766 , in- 8.0 IV. Rapport en
ilfevour de l'inoculation, (7^69
in- 8.® V. Consaltaliùnt médico^
légales , 1767 , in- 12. VI; Projet
de Réforme sur l'exercice de la
Médecine en France , in— 8.** Ce
célèbre praticien quitta Paris
difcns ses dernier» jours pour venir
mourir à Olivet près d'Orlénns ,
le 21 octobre 1794) « l'âge de
71 ans.
II. PETÏTOT , ( Simon ) né
à Dijon en 1682 , se distinjiua
par SQS connoissnnces dans l'ar-
chitecture hidraulique. 11 éleva
à Lyon l'eau du Rhône par une
machine de son invention , et
fournit par ce moyen de l'eau aux
fontaines qui décoroient Belle-
cour. En 1736 , DangerviUiers
rappela à Paris pour y construire
le puits des Invalides devenu un
objet de curiosité. J)n 1740,
Petitot construisit au Pont-aux-
Choux , un puits inépuisable et
deux machines pour remplir le
. réservoir du grand égout. Le roi
vint visiter ses travaux. Petilot
lit adapter des ressorts aux dili-
gences de Paris à Lyon , et fit
construire à Toulon une machine
propre à amener de l'eau douce
sur le port pour |e service des
vaisseaux. En 1746 9 il proposa
d'élever trois cents pouces d'eau
de la Seine à la place de l'Estra-
pade , pour la distribuer ensuite
dans tousles quartiers. Cethomme
ingénieux mourut à Montpellier
le 6 septembre 1746 , comme il
alloit aux eaux de fialaruc pour
se guérir d'une paralysie.
PETIT Y , ( Jean - Raymond
de ) s'est fait connoître par les
Panégyriques de St* Jean Népo-'
inucùfi^ «t de Stu Adilaïdie i efr
PET
par divers Recueil* qui ne sont
point sans intérêt ni sans utilité.
Les principaux sont : I. Etrennes
FrUirtfoises , ij6S et 1769 , in-4.**
II. Bibliolkèque des Artistes et
des Amateurs, 1766 , trois voU
in-*-4.<» Cet ouvrage a été réim-
primé spus le titré de Manuel des
Artistes , 4 vol. in- 1 2. lll. Ency-
clopédie éfémffitaire ou IntrO"
duction à l'étude des Sciences et
des Arts , 1767 , 3 vol. in-4.*' Ce
compilateur laborieux est mort
depuis quelques années.
LPÉTRONFLLE, (SMnte)
vierge et martyre , a passé , mais
sans fondement , pour la fille de
St, Pierce. Elle est Tobjet du
plus beau tableau quon ait du
Guerchia ,1e plus hardi des colo-
ristes, et Tun des peintres les plus
habiles dans l'art d'ordonner se»
compositions. La Sainte va être
descendue dans Je tombeau. Elle
est revêtue de ses habits de fête
et a la tête couronnée de fleurs.
Deux hommes la descendent dam
la fosse d'où les mains d'un troi-
sième s'avancent pour la recevoir.
Le Muséum de Paris possède ce
tableau. Voyez GcjBKCHm.
IL PÉTROTSÎLLE , infante
d'Aragon , succéda à son père
Ramir II dans le gouvernement
de ce royaume. Courageuse et
amie de la justice , elle rendit
ses sujets heureux. Mariée kBfli-'
mond Bérenger comte de Bar-
celone y . elle ne lui permit de
prendre que le titre de prince
d'Aragon , et continua à gouver-
ner par elle-même* Elle mourut
au mois d'octobre 1137.
» PEYRAT , ( Guillaume du )
d'abord substitut du procnreuc
général , ensuite prêtre et tré-
sorier de la Sa in te- Chape! le de
Vinc«nnes, mourut en 1645. Ofl
j
t>Ê Y
â ie lui : I. U Histoire de îd Chd-^
pelle de nos liois , T64S ^ in- fol.
Elle a été continuée par Louis
d'Apchon, II. Des Essais Poé^
tiques, 1 633, in- 12; beaucoup
moins estimés que l'ouvrage pré-
cédent qui est savant et curieux.
On lui attribue encore un Traité
«nr l'origine des Cardinaux , un
autre sur les Légats à latere ,
tin Discours sur la vie et la mort
û'Henri IV , suivi d'un recueil
de trente-sept oraisons funèbres
de ce monarque. Ce fut l'un
des ancêtres de du, Pcyrat qui
eut la barbarie , pour plaire à
Charles IX y d'apporter à Lyon
l'ordre du massacre ' de la Saint-
Barthélemi»
PEVRAUD de Braussol ^
(N**) maître de géogjraphie à
Paris , prit la fantaisie de devenir
auteur dramatique, et fit impri-
mer une tragédie de Stratonice ,
n'ayant pu la faire jouer, quoique
d'année en année il en changeât
le nom. Il fut plus heureux en
1775; cette pièce appelée alors
les Arsacides , étoit en six actes*
Aucun des spectateurs , après
l'avoir vue , n'en put expliquer
le sujet ni le J)lan. « C'est , dit
hh journaliste, une déraison éter-
nelle ; aussi le parterre n'a ja-
mais tant ri à aucune tragédie;
et cela est vrai de* plus d'une
manière , car il y avoit un^ acte
de plus à huer. » Le mot de
Madame revenoit au moins mille
fois dans l'ouvrage, et chaque fois
qu*on le prononçoit 11 excitoit
Une risée. Peyraud ne se tint
pas pour battu ; il força les comé-
diens à la représenter une seconde
fois : elle fit foule ; et tout Paris
y courut pour rire à son. aise
sans y rien comprendre. L'auteur
enchanté, s'écrioit souvent : Tu
a grand, Corueille i mais je n#
P Ë Y lit
tè àtains pas. Il est mort quelques
années après la représentation dii
SA pièce.
IL PEYRE , ( Marie^Joseph )
né à Paris en 1780, étudia ave^
succès les mathématiques et s«
livra ensuite tout entier à l'ar^
chitecture. Après avoir remporté
à rage de 20 ans le premier prix
de l'académie pour un projet de
construction d'une fontaine pu-r
blique , il partit pour l'Italie où
il forma son goût par l'étude des
beaux monumens quelle ren-
ferme. A sou retour, il fut nomn^é
successivement membre de l'acar-
démie d'architecture, architecte
du roi et inspecteur des bâtimous
de Choisi. Il est mort en 1785,
regretté - pour sa bonté autai^t
que poui* ses talers. Ses Œuvres
ont été réunies en 1765^ in-folio.
Elles offrent divers projets de
construction d'après |'antique ,
et un savant discours sur les dis-
tributions deè anciens comparées
aux nôtres , et sur leur manière
d'employer les colonnes. Son fils
qui suit la même carrière que
son père , a fait réimprimer les
œuvres de celui --ci en 175 S,
grand in «^^ folio.
♦ L PEYSSONNEL , (Charles )
né à Marseille le 17 décembre
1700 , sut allier le commerce
avec l'érudition. En 1785, le mar*
quis de Villeneuve ambassadeur
à Constantinople , le demanda
pour secrétaire d'ambassade , et
il travailla avec lui à arrêter ]o»
articles de la paix de Belgrade.
Il parcourut ensuite toutes les
cotes de l'Asie mineure pour y
recueillir des médailles et recon-
noitre les anciennes positions
géographiques depuis l'embou-
chure du Méandre jusqu'a^i polphe
de Satalie. Nommé quelque temps
après à la place importante é%
o »
lit
P E Y
consul à Smyrne , il I9 remplit
avec beaucoup de dééinté ressè-
ment et à l'avantage des com-i
merçans. Ses connoissances dans
les antiquités kii ouvrirent les
portes de l'académie des Inscrip-
tions. Les Mémoires qu'il pré-
senta à cette savante société ,
et en particulier sa Dissertation
sur les Rois du"" Bosphore , prou-
vent combien il étoit digne d'y
être abrégé. On lui doit encore
un éloge du maréchal de VilLars ,
une dissertation sur le corail , et
quelques autres ouvrages sur le
commerce. Il mourut en- 1767 9
à 69 ans.
n. PEYSSONNEL , (N** ) fils
du précédent, suivit ses traces,
et devint comme lui consul à
Smyrne et associé-correspondaut
de l'académie des Belles-Lettres.
Ses ouvrages sont curieux et pi-
quans par le style; il y unit l'es-
prit à l'érudition. On lui doit :
I. Observations historiques sur les
peuples barbares qui ont habité
les bords du Danube et du Pont-
Euxin, 1760, in-4.** II. Observa-
tions sur les Mémoires du baron
de Tott, 1785 , in-8.0 IIL Les
if amer os , 4 vol. in- 12. Cet ou-
vrage agréable a eu plusieurs
éditions. IV. Traité sur le com-
merce de la mer Noire , 1787 ,
deux voL in-8.0 V. Etcamen des
considérations sur la guerre des
Turcs, par Volney, 1788 , in-8.<»
iVI. Situation politique de la
France, .1789 , deux vol. in-8.**
VIL Discours sur l'alliance de la
France avec les Suisses et les
Grisons, 1790, in^8.** L'a<uteur
mourut à l'âge de 80 ans-' dans
l'année de la publication de ce
dernier ouvrage.
* PEZAY , (N** Masson,
marquis de ) fils d'un premier
^omnàii d«s finaocds^ naquit prèi
p E z
de Blois. Il s'attacha dabord k
la littérature^ et entra ensuite
dans le service. Sa sœur , Mad. de
Casini , qui par sa figure et soa
esprit s'étoit fait des amis puis-
sans , contribua beaucoup à sa
fortune. Il devint capitaine de
dragons , et !1 eut l'avantage de
donner des leçons de tactique à
Louis XVL Nommé inspecteur
général des Gardes-côtes , il se
transporta dans les villes mari-
times, et remplit sa commission
avec plus de soin qu'on n'auroit
dii l'attendre d'un élève des Muses.
Mais comme il étala en même
temps trop de hauteur contre le»
subalternes , et même contre le»
intendans ^ il y eut des plaintes
portées à la cour , et il fut exilé
dans sa terre , où il mourut peu
de temps après le 6 décembre
1777. Il étoit lié avec Dor^t ,
et il en a étudié et saisi la ma-
nière ; mais sa muse inférieure
pour l'abondance et la facilité k
celle de son modèle , a plus d»
finesse et est moins déparée par
le jargon des ruelles. Il a doimé
quelques Poésies agréables dans
le genre erotique ; telles qae
Zélis au hitin , poëme d'abord
en quatre chants, puis en six;
une Lettre d'Ovide à Julie , et
quantité de Pièces fugitives ré-
pandues dans les Almaitaehs des
Muses , dont les agrémens font
pardonner les négligences ; mai»
il en est resté beaucoup d'autrM
dans son porte — feuille. Nou*
avons encore de lui : L Une
Traduction de Catulle, TibulU
et Gallus , deux vol. in- 80 et
in- 12 , peu estimée, et où les
notes sont ridicules. II. Les So^
rées Helvétiennes , Alsaciennes et
Franc-Comtoises , iïï'S^ ^ >77^'
ouvrage agréablement diversifié,
plein de tableaux intéressant ;
m&is écrit av«c trop peu de cor«
k.
PE Z
reetioB» ÏSL Les Soirées PrôPen^
fales , en manuscrit , qui ne sont
pas , dit -on ^ inférieurè's aux
précédentes. IV. La Rosière de
Salency , pastorale en trois actes,
qui n eu du succès au théâtre
des Italiens* V. Adieux à la Pro-
vence. "VI. Essai sur les charmes
de la solitude. VII. Les Campa-
gnes de Maillebois , en 1745 et
1746 , en 3 vol. in-4® , et un
vol. de cartes, publiés en 1775.
Ces cartes peuvent être consul-
tées utilement par les militaires.
Le premier volume contient une
traduction ampoulée de l'histoire
de la guerre d'Italie par Bona-^
nùci écrivain élégant et véridi—
qne , que son traducteur injurie
sans cesse dans des notes inexartcs
tt où il pnroit posséder mal la
langue qu'il traduit. « Pezay ,
dit un critique sévère ^ n'étoit
.pas sans esprit ; il avoit même
de la facilité à se plier à pîu-
iiours objets et de l'activité pour
les suivre ; mais Vamour propre
le plus fou gâta tout en lui. Il
fut un exemple frappant du
danger des prétentions. Il n*étoit
pas gentilkomme , et il se fit
appeler Marquis ; il ne savoit pas
la syntaxe , et il a ^crit des vo-
lâmes ; il ne savoit pas le latin ,
«t il Ta traduit ; il étoit né pour
avoir de l'agrément , et il déplut
dans le monde par un excès d'af-
fectation; il se trouvoit à 82 ans
employé dans l'état major avec le
brevet de colonel , et il se plai-
gnoit sans cesse de ce qu'on ne
faisoit rien pour lui. » On a pu-
blié en 1792 les Œuvres poétiques
et morales de Pezay , deux vol.
iiï-i2. Voyez Maillebois.
*PEZENAS, (Esprit) jésuite,
né le 28 novembre 1691 , mort
i Avignon sa patrie le 4 février
'776 î professa long~t«nps la
P E Z II)
physique etThydrograpliie à Mar-i
seille. Il exerça cet emploi avec
succès jusqu'en 1749 que les ga<^
1ères furent transférées à Toulon*
L'astronomie fut alors son étude
faviorite. Après la dissolution de
sa société , il se retira à Avignon ^
oii son honnêteté et sa douceur
le firent autant aimer que ses
connois^ances variées le faisoient
estimer. Ses nombreux ouvrages
sont : I. Etémens du Pilotage ,
1754, in-8.<» II. Tra-té des
Fluxions , traduit de Maclaurin ,
*749 9 * vol. in— 4." III. Pra-^
tique du Pilotage , 1749 , in-8.»
IV. Théorie et pratique du Jau-»
geage des tonneaux , 1 778 ,in-8.*
V. Etémens d'Algèbre , traduits
de Maclaurin , 1780, in-8.*
VI. Cours de Physique expérûm
mentale , traduit de DésaguHers ;
1751 , 1 vol. in-4.** VlhTraUé
du Microscope ,tr&di\it de Baker,
I754,in-i2. VIII. Dictionnaire
des Arts et des Sciences , traduit
de l'anglois de Dyche , 1766^
2 vol. in-4.^ Ce livre réussit peu,
parce que l'abbé Prévôt public
son Manuel Lexique , où il avoit
profité de ce que l'auteur An-^
glois avoit de meilleur. IX. La
Guide des jeunes Mathématiciens^
traduit de l'anglois de Word ,•
1767, in-8.° X. Cours complet
d*Optique , traduit de l'anglois
de Smith , 1767 j » vol. in-4.^
XI. Mémoires de Mathématiques
et de Physique, rédigés à l'obsern
vatoire de Marseille avec Mes-^
sieurs Blanchard et la Grange j
1755 et années suivantes. XII. Il
fit imprimer à Avignon en 1770, '
les Tables de Gar dîner , et y mit
beaucoup d'exactitude. Les tra-
ductions et les autres ouvragea
du Père Pezenas , décèlent ui»
auteur qui avoit de la netteté
dans les idées et de la clarté dan^
le style. *
o j
M4 P F E
II. PFEFFEL, (Christian-
Frédéric) né a Colmar le 3 oc-
tobre 17-26 , s'attacha à l'étude
de la diplomatie et devint pro-
fesseur de droit public à l'uni-
yersité de Strasbourg ; il est mort
pendant la révolution. Ses écrits
sont nombreux et savans ; il a
approfondi tout ce qu'il a traité.
On lui doit : I. Abrégé chrono-'
logique du droit puiUc d'Aile^
magne. Cet ouvrage a eu plu-
sieurs éditions ; la dernière est
de 1767 , 2 vol. in- 12. II. Mé-^
moires sur le Gouvernement de
la Pologne , 1769, in-douze,
III. Monumenta Boïca , 17689
10 vol. in-4.* C'est le recueil des
Chartres de la Bavière , extraites
dfe tous les monastères de cette
contrée. L'auteur s'est occupé
principalement à en éclaircir
i*histoire par divers mémoires
fur l'origine de ses hefs , ses li-
mites dans les fO^ et 11* siècles ^
et les sceaux des anciens dqçs de
Bavière , etc, ^
III. PHÈDRE, (Thomas)
lancine de Saint-Jean de La—
tran et professeur d'éloquence à
Rome , mort d'une chute vers la
fin du 1 6* siècle. On lui attribue
le fragment des Antiquités Etrus*
^Ues de Prosper , auteur du temps
de Cicéron , prétendu trouvé à
Volterre pt^r In ghiramius ^FranC'
fort , 1687 , in- fol. ^ nom de
* Phèdre lui fut donné parce qu'il
?voit joué avec succès ce rôle dans
XHippolyte de Sénèque,
II. PHELIPE AUX , ( Pierre )
né H Fénières, fut député du dé-
partement de la Sarthe à la Con-
vention nationale , s'y montra un
des plus urdens ennemis de la
monarchie , et j proposa la créa-
tion d'un tribunal révolution-
Mire sans jurés. Envoyé en mis-
•lion Hms >a Vendée ^ il s'adoucit
PHI
tout-à-coup à la vue des cmautét-
dont cette contrée étoit le théà-»
tre. Il dénonça les généraux qui
y commandoient , et même le
comité de salut public. Arrêté
comme conspirateur , défenseur
de Roland et calomniateur de
Marat, il fut condamné à mort
le 5 avril 1793, et la subit avec
courage. On a publié la lettre
qu'il écrivit à sa femme dans set
derniers momens. Lors de son in-t
terrogatoire , l'accusateur public
Fouquier-Tinxfille ayant mêlé à
son ordinaire l'ironie à ses inter^
pellations, « Il vous est permis,
lui dit Phelipeaux , de me faire
périr ^ mais m'outrager !... je vous
le défends. » On a imprimé ses
Mémoires historiques sur la guerre
delà Vendée, 1793, in-8.0
PHIDON fut, suivant PoZ-
lux , Strabon et Sperling , le pre-
mier qui introduisit en Grèce
l'usage de marquer la monnoie«
On a trouvé' quelques pièces an-
ciennes , sur lesquelles on voit
d'un côté un bouclier , et de l'an*
tre la figure d'une petite cruche
et d'une grappe de raisin : l'exer-
gue porte le nom de Phidnn, PIu-k
tarque attribue à Thésée l'inven-
tion de l'empreinte des monnoies
grecques.
PHILlDOa, (N.) fiit l'un des
plus agréables et des phis féconds
musiciens François. Ses Opéra
offrent le point de transition de
l'ancienne musique de Campra
et de Rameau a la musique ita-
lienne qui règne sur notre scène.
Savant compositeur 9 son harmo-
nie est expressive , travaillée :
mais le chant manque souvent
d'intérêt et de mélodie. En gé-f
néral le talent de cet artiste , su-
périeur dans les Opéra bouffons,
n'a pu se soutenir aussi bien dans
le gei^re lyrique et le grand opéra^
P H l
^^i7iWorpassoitpQnr un éniditeH
musique, mais sans esprit; aussi
Laborde son admirateur l'enten-
dant un jour dans un repas dire
beaucoup de trivialités, se tira
de l'embarras ou il le mettoit en
«'écriant : Voyez-VQus cet homme-
là?^ il na pas le sens c^Tinun ;
c'est tout génie. Ce musicien ^
grand calculateur , fut le premier
joueur d'échecs de l'Europe. Il
conserva jusqu'au dernier mo-
ment la justesse de soq jugement ;
quoique aveugle , il fit , un moii
«vant de mourir et à Fàge de 80
ans, deux parties d'échecs à la
fois, contre d'habiles joueurs,
et les gagna. PkLtldor est mort à
Londres le 3o août 17^ S. Son
égalité d'humeur , sa probité ^
son extrême désintéressement
malgré la modicité de sa fortune ,
le firent aimer. Ceux de ses Opéra
qui réussirent le mieux au théâ-
tre Italien, furent le Maréchal
Terrant , Tom - Jones , le B«-
cheron , le Sorcier, Sancho-'
Ponça , les Femmes {Vengées , le
Soldat JMagicien et Biaise le Sa-
vetier. Ses autres productions sur
le même théâtre furent Zéuiire
et Mélide , comédie en deux ac-
tes , paroles dîAnseaume ; le Qui-
prnquo , la IStoiu/elle Eole des
femmes , \ Amitié au village , le
Bon Fils , V Huître et les Plai^
deiirs , ]e Jardinier de Sidon, le
Jardinier supposé, le Jardinier
et son Seigneur. Il a donné au
grand Opéra : I. Bélisaire , en 3
actes , paroles àtBertin, lï. Thé»
^nistoclc , paroK'S de MoreL
^^.Tersée, poëme de QuinauU,
i^éduit en trois actes par Mar-
liiontel. On y applaudit deux
chœurs très-animés et le mor-
ceau de JMéduse ; Jai perdu la
beauté qui tne rendait si value :
c'est un chef-d'ocuvre d harmonie»
Ï4^«i aijirçs airs soAt biea inf<;-
PHI AI)
riturs k te]in-\k»}X.Enielinde»
paroles de Poùisinct. La musique
de cet Opéra commença la répu-
tation de Philidor. £lle est sou*
vent dure et trop bruyante , mai«
un monologue en récitatif obligé ^
le beau chœur Jurons sur ces
glaives sanglans , et l'air Né
dans un camp parmi les armes ,
excitèrent un juste enthousiasma
et su/hroient pour mériter la cé-
lébrité. Le même auteur a mis ea
musique le poëme séculaire d'ifo-
race qui obtint le plus grand
succès à Paris et à Londres , sur-
tout lorsqu'on entendit l'effet de»
strophes ^ Aime sol et Cuique vos
bonus.
* IL PHILIPPE-BENITI ou
Bbnizzi , ( Saint ) cinquième gé-
néral des Sarvitcs, [ ou Serviteurs
de la S te. Vierge ] et non fonda-
teur de ces religieux comme quel-
ques-uns l'ont dit , né à Flo-
rence en 1 282 d'une famille no-
ble, obtint l'approbation de son
ordre dans le concile général de
Lyon en 1274 , et mourut à Todi
le 22 août 1284. Léon X\q béa- •
tifia en 1 5 16, et Clément X le
mit en 1671 dans le catalogue des
Saints. Quelques membres de
l'ordre des Servîtes ne croyant pas
que ce titre répondît asspz à leur
aèle , prirent celui â^' Esclaves de
la Vierge. Ils portoient aux bras
des chaînes ^ au cou des colliers
avec des médailles qui rej^résen-
toient les confrères enchaînés
comme âoi captifs de ilfarif. Mais
TEglise convaincue , dit Baillet ,
sur l'autorité de St. Augustin ,
que leVulte de servitude n'est d&
qu'à Dieu , n'approuva point cet
excès de zèle.... Sa Vie a été
écrite par l'abbé Malaxai.
* XIV. PHILIPPE II , ne à
Valla'lolid le 21 mai 1627, de
Charles^ Qitint et àJsabclU 4|b
o 4
Iii6
P H I
Vortugal, devint roi de Waples
et de Sicile par l'abdication de
«on père en i554 ; et roi d'An-
gleterre le même jour, par son
mariage avec la reine Marie, Il
monta sur le trône d'Espagne )e
17 janvier i556 9 après l'abdi-
cation de Charles - Quint, Ce
Ïjrince «voit fait une trêve avec
es François ; son fils la roippit,
$' étant ligué avec les Anglois , il
vint fondre on Picardie avec une
armée de 40^000 hommes. Les
François furent taillés en pièces
à la bataille de Saint-Quentin ,
le 10 août 1557. Cette ville fut
emportée d'assaut , et le jour
qu'on monta à la brèche, Phi-
Ûppe parut armé de toutes piè-
ces pour encourager les soldats.
C'est la première et la dernière
fois qu'on le vit chargé -de cet
attirail militaire. On dit que pen-
dant la bataille , Philippe enten-
dant le si£9ement des balles , de-
manda à son confesseur ce qu'il
pensoit de cette musique : Je la
trouve très-désagréable , répondit
celui-ci. Et moi aussi , répliqua
le prince ; et mon père était un
homme bien étrange d'y prendre
tant de plaisir. On sait que sa
terreur fut telle pendant le com*
bat , qu'il fit deux vœux ; l'un de
ne plus se trouver désormais à
aucune bataille ; et l'autre de bâ-
tir un magnifique Monastère sous
le nom de Saint-Laurent ^ à qui
il attribuoit le succès de ses ar-
mes : ce qu'il exécuta à l'Escurial
jVillage à sept lieues de Madrid.
'Après la bataille , le Duc de Sa-
voie son général voulut lui baiser
les mains. Philippe l'en empêcha
en disant : C'est à moi 4e baiser
les vôtres , dont une si belle vie-*
toire est l'ouvrage i et il lui fit
F résent des drapeaux pris pendant
action. La prise du Catelet , de
Ham et de Noyon^ forçât le&
PHI
9^\s avantages qu'on tiiMi ^tmé
journée qui auroit pu perdre la
France. Charles ^^ Quint instruit
d'une telle victoire , demanda y
dit-on, à celui quiluien apporta
la nouvelle si son fils était à
Paris ? et sur sa réponse il tourna
le dos sans proférer un seul zm>t«
Le duc de Guise ayant eu le temps
de rassembler une armée 9 répara
la honte de sa patrie par la pris»
de Calais et de Thionville» 'Tan-
di's qu'il rassuroit les François ,
Philippe gagnoit une assez im-
portante bataille contre le maré-
chal de Thermes auprès de Gra-m
vélines , sous le commandement
du comte d'^Egmont à qui il fit
depuis trancher la tête. Le vain-
queur ne profita pas plus de la
victoire de Gravelines que de celJe
de Siint-Quentin ; mais il en re-
tira un assez grand fruit par la
paix glorieuse de Cateau— Cam-
Dresis , le chef-d'œuïre de sa po-
litique. Par ce traité conclu le i3
avril 1559, ^^ g^n"^ 1^^ places
fortes de Thionville , de Ma-
rienbourg , 'de Montmédi , de
Hesdin, et le comté de Charo-
lois en pleme souveraineté. Cette
guerre si terrible et si cruelle finit
encore comme tant d'autres, par
un mariage. Philippe prit pour
troisième femme EUzaheth fille
de Henri II , qui avoit été pro-
mise à Dom Carlos, Après de si
glorieux commencemens , Phi"
Uppe retourna triomphant en Es-
pagne , sans avoir tiré l'épée. Son
premier soin en, arrivant à Val-
ladoUd , fut de demander an grand
Inquisiteur le spectacle d'un AV"
TO-DA-FÉ. On le lui accordi
bientôt; quarante malheureux »
dont quelques-uns étoient prê-
tres ou religieux , furent étran-
glés et brûlés , et l'an d'eux fut
brûlé vif. Dom Carlos de Seza
«ne de ce» infortuxiéea victimes 1
P HI
Iwa s'approcher du roi H lui dit i
Comment , Seigneur , souffrez-^
vous qu'on brûle tant de înalheu^
reux ? Pouvez-vous être témoin
d'une telle barbarie snnt gémir ?
— x^i mon fils , répoTi(îit froide-
inentPbiiippe , éloil suspect d'hé*
résie , je V abandonnerois mo»-
même à la sévériti de VInqiUsi-
tiott. Mon horreur est telle pour
pous et pour vos semblables , que
« J^on nuinquoit de bourreau j'en
servirais moi-même. Ce monar-
que se cfonduisoit suivant l'esprit
qni lui avoit dicté cette réponse.
Dans une vallée de Piémout voi-
sine du Milanez ,* il y avoit quel-
ques Hérétiques : le gouverneur
d^ Milan eut ordre de les faire
périr. tous par le gibet. Dans la
Calabre quelques cantons avoient
«issë pém^trer dans leur sein les
•pjnions nouvelles; il ordonna
^u'on passât les novateurs au fil
^ l'épée y et qu'on en réservât
' soixante , dont trente finirent
; feur malheureuse vie par la corde,
«t trente par les flammes. Cet
•sprit de cruauté et l'abus de son
pouvoir, affbiblirent ce pouvoir
même. Les Flamands ne pouvant
! p|ns porter un joug si dur, se
révoltèrent. La révolution com-
j "^«nça par les belles et grandes
I provinces de Terre-ferme , mais
" ny eut que les j^rovinces mari-
âmes qui obtinrent leurllbcrté.
Elles s'érigèrent en république ,
^«ous le titre de Provinces-Unies
'fjiiSyg. Philippe envoya le duc
^•^Ibe pour les réduire , et la
i •r^iauté de ce général ne fit qu'ai-
Pir l'esprit des rebelles. Jamais
•ïi ne combattit de part et d'au-
^fe, ni avec plus décourage, ni
avec plus de furour. Les Espa-
i l^olsausiégede Htirlem, ayant
l«ïêdans la ville ]a tête d'un offi-
cier Hoilandois tué dans un pefit
Wmbat, ceux-ci leur jetèrent
P H I
217
onse têtes d'Espagnols avec cette
inscription : Dix têtes pour paie-^
ment du dixième denier, et la
onzième pour l'intérêt, Harlem
s*étant rendu à discrétion , les
vainqueurs firent pendre tous les
magistrats , tous les pasteurs et
plus de quinze cents citoyens. Le
duc d'Albe fut enfin rappelé ; ou
envoya à sa place le grand corn*-
mandeur de Requesens , ét'^près
sa mort , Dom Jean d'Autriche ;
mais aucun de ces généraux ne
put remettre le calme dans les
Pays- Bas. A ce fils de Charles-»
Quint succéda un petit-fils non
moins illustre : c'est Alexandre
Farnèse duc de Parme , le plits
grand homme de son temps ; mais
il ne put empêcher ni la fonda-
tion des Prpvinces-Unies , ni le
progrès de cette république , qui
naquit sous ses yeux. Ce fut alors
que Philippe toujours tranquille
en Espagne , au lieu de venir
réduire les rebelles en Flandre ,
proscrivit le prince ^Orange et
mit sa tète à 25,000 écns. Guil^
laume supérieur à Philippe , dé-
daigna d'employer cette espèce
de vengeance 9 et n'attendit sa
sûreté que de son épéë. Cepen-«
dant le roi d'Espagne devenoit
roi de Portugal, état sur lequel
il avoit des droits par Isabelle sa
mère. Le duc d'Albe lui soumit
ce royaume en trois semaines Fan
i58o« Antoine prieur de Crato,
proclamé roi par la populace de
Lisbonne , osa en venir aux
mains ; mais il fut vaincu , pour-
suivi, et obligé de prendre la
fuite. Un lâche assassinat délivra
Philippe de son plus implacable
ennemi : BaUhasard Gérard t«a
en (584 d'un coup de pistolet le
prince à* Orange, ( Voyez Gé-
rard, n.«>IV. ) On chargea PA/-
lippe de ce crime : on croit que
c'est sans raison; mais* il s'écria
2lg
P H f
imprudemment en apprenant,
cette nouvelle : Si le couf} eût été
fait il y a deux ans , la Beligion
Catholique et moi y aurions beau-
coup gagné. Ce meurtre ne put
rendre les sept Provincesr Unies
a F/liUppe. Cette République
déjà puissante sur mer , servit
)'Anj.'leterre contre ce prince.
Philippe nyant résolu de troubler
JEUzabeth , prépnra en i588 une
flotte nommée \ Invincible* Elle
ronsi&toit en i 5o gros vaisseaux ,
sur lesquels on comptoit 2660
])ièces de canon , 8000 niatelots ,
3to,ooo soldats et toute la Heur
de la Noblesse Espagnole. Cette
flotte commandée par le duc cle
]\Iédina — Sidonia , sortit trop
tard de Lisbonne . et une teni>
pête furieuse en dissipa une par-
tie. Douze vaisseaux jetés sur le»
Tiva^ijes d'An?;leterre , tombèrejit
au pouvoir de la flotte Angloise
cjui étoit de 1 ûo vaisseaux ; ^o
périrent sur les côtes de France ,
d'Ecosse , d'Irlande , de Hollande
et de Daneman k : tel fut le suc-
cès de t Invincible. Cette entre-
f>rise coûta à l'Espagne 40 mil-
ions de ducats , 20,000 hom~
mes , cent vaisseaux , et ne pro-
duisit que de la honte. Philippe
supporta ce malheur avec la cons-
tance d'un héros. Un de ses cour»
tisans lui ayant appris cette nou-
velle d'un ton consterné* le mo-
narque lui répondit froide ment )
J'avais envoyé combattis les An-
glais et non pas les vents. Que la
volonté de Dieu soit accomplie.
Le lendemain Philippe ordonna
aux évéqu'es de remercier Dieu
de lui avoir conservé quelques
^lébris de sa flotte , et il écrivit
(Hi papev « Saint Père, tant que
je resterai maître de la source ,
je regarderai comme peu de chose
la perte d'un ruisseau. Je remer-^
cierai l'Arbitre suprêipe 4qs em—
p H 1
pires , qni m'a donni le ponvei?
de réparer aisément un désastre
que mes ennemis ne doivent at-
tribuer qu'aux élémens qui ont
combattu pour eux. » Dans \t
même temps que Philippe atta-
quoit l'Aji-^leterre , il animoit
en France cette Ligue nommé»,
Sainte , qui tendoit à renverser
le troiie et à déchirer l'état. Le»
Ligueurs lui déférèrent la qua-
lité de Protecteur de leiir asso-
ciation. Il l'accepta avidement,
pei'suadé que les soins des^rebeilei
le conduiroient bientôt , lui oa
un de ses enfans sur le trône de
France. 11 se croyoit si sûr de sa
proie , qu'en parlant de nos prin-
cipales villes , il disoit : Ma bonne
ville de Paris, ma bonne ville
d'Orléans , tout comme s'il eiit
parlé de Madrid et de Scviile.
Quel fut le fruit de toutes ces in-
trigues ? Henri IV embrassa la
Religion Catholique , et lui fit
perdre par son abjuration la
France en un quart-d'heure. P&^
^ippç* usé par les débauches de
sa jeunesse et par les travaux du
gouvernement « to^Tchoit à sa
dernière heure. Une fièvre lente ,
la goutte la plus cruelle , et divers
maux compliqués , ne purent
l'arracher aux affaires ni lui ins-
pirer la moindre plainte : Ek
quoi l disoit-il aux médecins qui
n'osoient le faire saigner : Quoil
vous craignez de tirer quelques
gouttes de sang des veints d'un
Roi qui en a fait répandre des ;
fleuves entiers aux Hérétiques}
Enfm consunié par une compli- '
cation de maux qu'il supporta
avec une patience héroïque )« et
dévoré par les poux , il expira le
1 3 Septembre 1 5^8 , dans sa f-'
année , après quarante-trois ans
et huit mois de règne. Pen-snt
les cinquante derniers jours de sa
maladie , il montra de ^anii
k
P H t
Mfltimens de religion , et eut
presque toujours les yeux fixés
yers le cieK ( Voy, IL Mknezès. )
Il n'y a point de prince dont on
ait écrit plus de bien et plus de
mal. Quelques Catholiques le pei-
gnent comme un second Stdn-^
mon , et les Protestans comme
un autre Tibère, On peut trou-
ver un juste milieu entre ces dtux
portraits , tracés par la haine et
la flatterie, Philippe , né avec un
génie vif, élevé, vaste et péné- ^
trant, avec une mémoire prodi-
gieuse , une sagacité rare , pos-
sédoit dans un degré é minent
Fart de gouverner les hommes.
Personne ne sut mieux connoî-
tre et employer les talens et le
ïBérite, U sut faire respecter la
r^ajesté royale, les lois et la re-
ligion. Du fond de son cabinet
il ébranla l'univers , en y répan-
^nt la terreur et la désolation.
u fat pçndant tout son règne
non pas le plus grand homme ,
ïBais le principal personnage de
l'Europe ; et sans ses trésors et
*es travaux , la religion Catho--
Jique eût été détruite , si elle
«voit pu l'être. L'abbé de Con^
<^i//acne pensoit pas aussi favo-
rablement que nous- des talens de
Pkilippe , et il est bon de citer
*c qu'en dit cet historien philo—
lophe, quand ce ne seroit que
pour fermer la bouche aux cen-
*<^«r3 injustes, qui se plaignent
^«e nous avons traité ce prince
*V€c trop de rigueur. «< On a re-
présenté, Philippe comme un
grand politique, qui du fond de
«on cabinet remnoit toute l'Eu-
rope. Je ne conçois pas pour-
quoi on lui fait cet honneur. En
îfetqu'a-t-il remué ? la France ?
JLli
P H I
119
e se remuoit assez toute seule.
^ a fomenté les factions : il a
«ar.tout voulu soutenir la Li-
i nuis sans ai^torité dans la
patti pour lequel il se déclaroit ,
il croyoit le faire mouvoir , et
il n'étoit que l'instrument dont il
se seivoit. il a troublé leMilanez
et le royaume de Naples avec
l'inquisition , qu il ne lui a pas
été possible d'y établir. H a ï^mué
les Pays-Bas si mal- adroit ».»ment
qu'il en a perdu plusieurs pro-
vinces- Il a fait passer quelque»
secours en Irlande , et il a remué
les j ebciles qui se remuoient sans
lui depuis long - temps. 11 n'a pu
causer le moindre soulèvement eu
Anglet<'rre. Enfui souvent hu-
milié par des ennemis qu'il pa-
roissoit devoir écraser , il n'a re-»
mué l'Espagne que pour la riii-^
ner. Elle étoit la première puis-»
sance de l'Europe lorsque Char-
les-Quint la lui céda; il ne lui
laissa plus que l'ambition d(* l'être
encore , et une politique artifi—
cieuse qui troubla ses voisins , et
qui ne la releva pas elle- môme,
Philippe II n'a été qu'une ame
cruelle , un esprit faux et brouil.-
lon. » ( Cours d'Histoire, tome
i3 , pag. 373, ) Philippe , quoi-*
que petit , avoit une figure agréa^
ble. Son maintien étoit grave,
son air tranquille , et l'on n^
pouvoit lire dans sa physionomie
ni la joie des prospérités , ni le
chagrin des revers. Les guerres
contre la Hollande, la France et
l'Angleterre , coûtèrent à Phi-
lippe 564 millions de ducats : l'A-*
mérique lui fournit plus de la
moitié de cette somme. On pré-»
tend que ses revenus 9 après la
jonction du Portugal , montoient
à 25 millions de ducats, dont il
ne dépensoit que cent mille pour
son entretien, Philippe étoit
très -jaloux des respects exté-
rieurs, il vouloit qu'on ne lui
parlât qu'à genoux. Le duc dîAlbe
étant un jour entré dans le ca-
binet de ce prince sans être in«
XIO
P H I
r*
trodiiit, essuya ces terriblei pa-
roles , accompagnées d'un regard
foudroyant : Une hardiesse telle
que la vôtre mériteroit la hacke.
S'il ne songea qu'à se faire re-
douter , il y réussit : peu de prin-
ces ont été aussi craints , aussi
abhorrés 9 et ont fait couler au-
tant de sang. Il eut successive-i
ment ou tout a lu fois , la guerre
à soutenir contre la Turquie , la
France , l'Angleterre , la Hol-
lande , et presque tous les Pro-
testans de l'Empire , sans avoir
famais d'alliés , pas même la
branche de sa maison en Alle-
magne. Malgré tant de millions
employés contre les ennemis de
l'Espagne , Philippe trouva dans
son économie et ses ressources ,
de quoi construire trente cita-
delles , soixante - quatre places
fortifiées , neuf ports de mer ,
vingt-cinq arsenaux, autant de
palais , sans compter l'Escurial.
Ce dernier édifice coûta 60 mil-
lions. On y compte onze mille
fenêtres , huit cents colonnes ,
vingt-deux cours , dix-sept cloî-
tres. La principale façade est de
trois cents pas de large sur soi-
xante d'élévation. L'église bâtie
sur le modèle de Saint-Pierre de
Rome , a trois cents pieds de long
sur deux cent quatre-vingts de
large. Le marbre , les dorures ,
les tableaux des plus excellens
maîtres d'Italie ornent cette basi-
lique. Les ornemens sacerdotaux
«ont couverts de pierreries ; les
vases et chandeliers sont d'or et
d'argent. L'intérieur du taber-
nacle de la principale chapelle
renferme une émeraude de la
grosseur d'un œuf. Sous l'église
est le fameux Panthéon , à Ten-
tour duquel se trouvent des urnes
noires en forme de tombeaux,
où sont renfermés les tristes res-
tf s des rois d'£spagne. Philippe
PHI
fixa son séjour dans ce palais à la
fin de sa carrière , et y mourut
devant le maître autel de l'église
où il s'étoit fait transporter. La
place où il finit ses jours est en-
vironnée d'une balustrade que
personne n'ose approcher. C«
monument de sa magnificence ne
contribua point à arranger ses
finances. Il laissa cent quarants
millions de ducats de dettes^ dont
il payoit sept millions d'intérêt ;
la plus grande partie étoit due
aux Génois. Outre cela, ilavoit
vendu ou aliéné le fonds de cent
millions de ducats en Italie. Ce
prince donna un Décret , par
lequel il fixoit à 14 ans la majorité
des rois d'Espagne. Philippe H
petit de taille , étoit quelquefois
aussi petit au moral qu'au phy-
sique. Il affectoit une dévotion .
minutieuse; il mangeoit souvent
au réfectoire avec des religieux;
il n'entroit jamais dans leurs .
Egides sans baiser toutes les reli-
ques ; il faisoit pétrir son pain
avec l'eau d'une fontaine qu'on
croyoit miraculeuse; il se van-
toit de n'avoir jamais dansé , et
de n'avoir jamais porté des bant-
de-chausses à la ^^recque : grave
dans toutes ses actions, il chassa
de sa présence une femme qui
avoit ri en se mouchant. U*
grand événement de sa vie do-
mestique , est la mort de son fil»
Don Carlos, Personne ne sait
comment mourut ce princ^e. Son
corps qui est dans le tombeau
de l'Escurial , y est séparé de sa
tête ; mais on prétend que cette
tête n'est séparée que parce que la
caisse de plomb qui renferme le
corps est en effet trop petite. On
ne connoît pas plus les détails
de son crime que son genre cfe
* mort. Il n'est ni prouvé ni vrai-
semblable, que Philippe /(|'*'^
fait condamner par linquisitioib
k
j
P H I
Tont ce qu'on sait, c'est qu*en
ii)68 son père ayant , dit- on ,
découvert qn i] avoit des inteili-
pences avec les Hollandois ses
ennemis, vint Varréter lui-raâme
dans sa chambre. Il écrivit en
même temps au pape Pie Kpour
lui rendre compte de l'empri-
sonnement de son fils; et dans
sa lettre à ce pontife, du 20 jan-
vier i5fi8, il dit que dès sa plus
tendre jeunesse , la force dun
naturel vicieux a étouffé dans
Don Carlos toutes les instruc^
tiens paternelles, { Voyez l'art.
Carlos.) — C'est Philippe II qui
lit imprimer à Anvers, 1369 à
1572 , en 8 volumes îji- folio , la
belle Bible Polyglotte qui porte
son nom ; et c'est lui qui soumit
les Isles depuis appelées Philips
fkcs.^» Il épousa successivement,
ifi Marie fûle de Jean III, roi
^e Portugal ; 2.? Marie filb de
Henri rïll, héritière d'Alle-
terre; 3.*» Elisabeth de F-\'ce
fille de Henri II; ( roy.MJl T-
COMMERI , iniHo. y 4.0 Anne m 2
de l'empereur Maximilien *- (.
Don Carlos étoit fils de sa pi 3-
nière épouse ; et Philippe III ,
de la dernière-
» XXII. PHILIPPE DE France
duc d'Orléans , fils de Louis XIII
■et d'Anne d'Autriche , et frère
«nique de Louis XlV, né le 2 r
septembre 1640 , porta le titre
de duc d'Anjou jusqu'en i65i ,
ju'il prit celui de duc à' Orléans.
«on éducation répondit à sa nais-
wnce; mais il n'en profita pas
' autant qu'il auroit pu , s'il avoit
eu moins de goivt pour les plai-
sjfs. 11 épousa Henriette sœur de
Charles ZZ roi d'Angleterre , prin-
cesse accomplie , et en qui les
cbrraes de l'esprit étoient en-
core au-dessus de la beauté. Ce
ttiariago oe fut ea* heureux ;
P H I
ixi
( VoyeàVL' Henriette. ) Lorsqut
cette princesse mourut en 1670 ,
on la crut empoisonnée, et le
public malin fut assccs injuste
pour attribuer cette mort à Phi-^
lippe. Ce prince s'étoit déjà fait
connoître par son courage. Il
•voit suivi le roi à ses conquêtes
de Flandre en 1667; il l'accom-
pagna encore à celle de Hollande
en 1672.' Il emporta Zutphen
cette année, et Bouchainen 1676.
L'année d'après il alla mettre le
siège devant Saint-Omer, pen-
dant que le roi étoit occupé à
celui de Cambrai. Les maréchaux
de Luxembourg et d'Humières
commandoient l'armée sons Mon--
sieur ; le prince à! Orange étoit à
la tète des ennemis : une faute de
ce général et un mouvement ha««
bile de Luxembourg décidèrent du
gain de la bataille , proche la pe-
tite ville de Ca^selqui luidoilfta
son nom. Monsieur chargea avec
une valeur et une présence d'es-.
prit qu'on n'attendoit pas d'im
homme efféminé. Ce prince qui
s'habilloit souvent en femme et
qui en avoit les inclinations, a^it
en capitaine et en soldat. C'est
dans le même endroit que le roi
Philippe de Valois avoit défait
les Flamands en 1828. Les malins
prétendirent que Louis XIV
avoit été jaloux de sa gloire;
mais ces conjectures calomnieu-
ses , prises dan-3 des cœurs bas
et lâches, nç doivent pas être
formées sans de fortes preuves,
sur des âmes aussi grandes qu'étoit
celle de ce monarque. Louis XIV
donna quelquefois des avis à son
frère ; mais il lui marqua tou-
jours beaucoup de bonté. Un
jour Monsieur lui parlant du che-
valier de Lorraine qu'il aimoit
beaucoup et qui avoit été exilé,
parut s'intéresser en sa faveur.
Je veikx ^ lui dit le Epi; quevoiu
/
Xlt
P H I
Vaimifz pour Camour de moi. H
y a deux jours que faijnU /yartir
un courrier pour le rappeler. Je
fais plus : car je le fais Maré^
chai de camp. A l'instant Mort"
sieur se jette aux pieds du Roi , et
lui embrasse les genoux. Louis
A:znuidit: Mon frère, ce n'est
pas ainsi que des frères doivent
s'embrasser ; et après l'avoir re-.
levé, il l'embrassa tendrement...*
La victoire de Cassel fut suivie
d'un autre avantatçe. Monsieur
entra dans les lignes à 6aint—
Orner, et soumit cette place huit
jours «près. De. retour à Paris,
il v<'cut dans la mollesse jusqu'à
sa mort, arrivée à Saint— Clond
en 1701. Il mourut d'apoplexie le
9 juin de cette année, à 61 ans.
Ce prince cultivoit les lettres.
L'abbé le Vayer fils de la Moihe
le Vayer précepteur de ce prince,
fli imprimer en 1670 , in-ia , la
Traduction que Philippe avoit
faite de Florus. Après la mort
d' Henriette li\ avoit épousé Char-
lotte-Eiizaheth de Bavière , dont
il eut le prince qui suit. Cette
princesse fille de l'électeur Pala-
tin , étoit respectable par son
courage et sa fermeté pour la
justice , dit Tabbé de Saint-
Pierre. Hautaine seulement avec
les grands , elle se fit aimer de
tous ceux qui Tapprochoient par
son caractère doux , affable ,
compatissant et libéral. Elle gé-
mit sur les excès de son fils et de
sa petite fille la duchesse de
Berry. A sa mort arrivée le 8 dé-
cembre 1722, le« mécontens, dit
Duclos , lui firent une épitaphe
très— injurieuse au régent et fort
peu contredire alors ; Ci^Ul'oi-^
siveté. On a publié sous son nom
deux volumes de Lettres. Le duc
de Saint - Simon en convenant
de ses excellentes qualités, dit
« qu'tîUç^toit aisée à prévenir et
PHI
« choqner , fort difficOe à rame-
ner , quelquefois brusque et dan*
gereuse à faire dés sorties publi-
ques, fort Allemande dan» toute!
ses mœurs, ignorant toute com-
modit'^ et toute délicatesse pouf
soi et pour les outres, sobre,,
sauvage et ayant ses fantaisies*
"F.We aimoU les chiens , les che-
vaux passiennément, lachasseet
les spectacles. Elle n*étQit guèrel
qu'en grand habit ou en perru-
que d'homme , et en habit de
cheval , et avoit plus de 60 anJ
qu'elle n'avoit pas connu une
robe de chambre. >»
XXÏV. PHILIPPE d'Or-
léans , ( Louis- Joseph ) prince
du sang de France , naqujt à
Saint-Cloud le i3 avril 1747? <fc
Louis- Philippe d* Orléans et (fe
Louise — Henriette de Bourbon^
Cniwti., Nommé duc de Chartrei
ai jpi sa jeunesse , un goiit ex-
t! y .e pour le plaisir l'entraîiifl
d rf (îes excès et le plaça sur*
t iH: au milieu d'hommes per*
ve ^ dont les conseils lui devin-
rent funestes. Ce prince devoir
naturellement succéder à la place
de grand amiral que possédoit
son beau-père. Il voulut faire nne
campagne navale avant de la de-
mander i en conséquence, en 177^1
au combat d'Ouessant, il mont
le Saint— Esprit , vaisseau de 8{j
canons, et commanda l'arrière^î
garde. Par une mairœuvre subitej
cette division se trouvant en facô
de l'ennemi, le comte d'Om^';'
amiral lui donna le signal de tenjf
le vent pour empêcher les AngloiJ
de passer. Ce signal fut mal com-
pris , ou les commandans de «
division pour perdre d'OrviV^ert
feignirent de ne pas l'entemlrei
et l'arrière - garde angloise f«t
sauvée. On se plnt à répandrealors
que le duc Ae ChaHres %éiOil
i itim
P H t
, ÊÊché à fond de cale, ce qui parott
peu probable, puisque ]• vaisseau
où il se trouve it ne fut iamnis en
péril ^ ni à la portée du canon.
Cependant , la cour adopta ce
bruit injurieux , et lorsqu'il y
parut on le couvritd'épiwraiiunes,
et au lien d'obtenir la place de
grand amiral , on lui donna celle
de colonel de« hussards : récom-
pense singulière et -dérisoire pour
«il service de mer. Le coeur de^
Philippe , porté naturellement tt
la vengeance, sy livra tout entier.
Elle fut durable et cruelle. On le
vit chercher aussitôt toutes les
occasions de puroître et de capti-
ver les repards de la multftude ,
monter un ballon , se faire
nommer chef de tontes les loges
iDaçonniques de France, paroitre
àins toutes les séances du par-
lement tenues pour s'opposer aux
édits de la cour, et se faire exiler
à Villers-Coterets. Après la mort
de son père en 1787, Philippe
prit le titre de duc d'Orléans, On
dit qu'alors Tun de ses familiers
lui ayant rapporté que la cour
de Versailles l'avoit surnommé
le Bourbeux Bourbon , il s'ôcria:
«Si je suis dans la bouc, je la
plongerai dans des flots de sang. »
Pour réussir dans ce dessein , il
se fit nommer mvx Etats généraux
de 1789 comme député de la no-
blesse du bailliage de Crépy en
Valois. Dès les premières séan-
tes , il quitta sa chambre pour se
réunir au tiers-état, et parut dès-
lors suivre constamment le pro-
jet qu'on lui avoit suggéré de faire
interdire le roi, de mettre la reine
«n Jugement, et de se faire procla-
nJer lieutenant général du royau-
me. L'assemblée le nomma son
président, mais il refusa de rem-
plir cette place. Bieittôt , accusé
avec î*»s pins grandes probabilités ,
â*avoir^o meute l'inyaéi^n de V^ï*-
PHI 213
$9\]]fi$ le 6 octobre , il fut pour-
suivi par le Chàtclet , mais <ic—
quitté par l'asst-inblée. Korcé par
le monarque de se retirer en An-
gleterre , il y resta huit mois ;
dès «on retonr , ceux qui cher—
choient à agiter le gouvernement,
recommencèrent a se servir de
son nom et de .«a fortune pour
amener la disette des Trains, Ti-
voriser les insurrections , ordon-
ner les massacres et avancer le
plan de la désorganisât' on géné-
rale. Philippe n'ovoit ni l'habi-
leté d*nn chef de parti, ni assez
d'énergie et de t.ilens pour s'éie-
ver par lui— même hu trône ; mais
son arne, escliive des factieux, se
laissoit conduire à res()oir dont
ils l'enivroient ; et bientôt ?.prf^
avoir été leur jouet, il fut leur
victime. Au mois d'aont 1791 ,
Philippe s'opposa a ce que l'on
privât les princes des droits de
citoyen, et do;larn que si cette
proposition étoit adoptée, il étoit
décidé à renoncer aux préroga-
tives de membre de la dynastie
régnante , pour s'en tenir aux
droits de citoyen François. Le t5
septembre 1792 , on le vit se
faire autoriser par la commune
de Paris à changer son nom
d'Orléans en celui à* Egalité. Dans
Je procès de Louis XVI , loin de
s'abstenir du jugement , il osa de
sang froid voter la mort de son
parent ; atrocité qui révolta les
fiicobins eux-mêmes , et qui suf—
firoit seule pour rendue à jamais
son souvenir odieux. Bientôt
après , abandonné par les princi-
paux membres de la Convenfioii
qui, après avoir épuisé ses tré-
sors , jurèrent sa perte , il fut
successivement mis en accusa-
tion, arrêté, transféré dans les
prisons de Marseille , acquitté
par le tribunal criminel de cette
ville f ramené à k'^ii 9i coa-*
»14
P H I
damné à mort par le tribunal té^
volutionnaire. « Si de l'épais
niinge qui couvre les vues de la
Providence, a dit un écrivain , il
semble échapper de temps en
temps quelques éclairs, quelques
lueurs qui les découvrent , on
doit mettre dans ce nombre la
punition de l'un des plus grands
artisans des maux de la France,
par les hommes mêmes qu'il sou-
doya pour les opérer. » Le duc
d'Orléans répondit avec calme à
aes interrogatoires, entendit de
sang froid son arrêt , et subit le
supplice avec plus de fermeté
qu'on ne l'en croyoït capable , le
6 novembre 1793 , à l'âge de 46
ans. Il leva les épaules en enten-
dant, le peuple le huer et le mau--
dire lorsqu'on le conduisit au sup-
plice , et s'écria : Ils m'appLaudL-'
reat. Il étoit d'une taille élevée ;
sa figure avoit été régulière et
agréable jusqu'à ce qu'elle se cou-
vrît de pustules rouges, fruit des
veilles et des plaisirs immodérés,
li devint chauve de bonne heure.
Il étoit adroit à tous les exerci-
ses du corps. L'impartialité doit
avouer qu'il fut affable et bon
pour ses seryitenrs ; on sait même
qu'il se jeta à l'eau pour sauver
l'un d'eux prêt à périr. ïgnoilant
et très-crédule, il rie manquoit
3ii de facilité à s'énoncer, ni d'es-
prit naturel. Des historiens l'ont
voulu considérer comme l'unique
auteur de tous les crimes dç la
révolution • mais ces crimes eurent
difTérens mobiles v et Philippe
mal entouré, aigiTi parla haine
et \q mépris que souvent on lui
témoigna, fut un exemple frap-
pant que les passions font le toaI^
heur des princes, et que la ven-
geance sur-tout qu'ils ont tant de
moyens de satisfaire , entraîne
souvent pour eux des suites plus
âonestes et plus cnwiles <iue poiyî.
p H I
le commun des gommes. Sans la
révolution , le duc d'Orléans
n'eût vraisemblablement été qu'uA
prince foible et licencieux. Elle
en fit le complice de ses excès |
mais n«n un conspirateur éner»
giquç ni un scélérat à grandes
vues. Il avoit épousé la fille dtt
duc de Penihièvre , princesser
pleine de raison et de vertus, dont
il a eu plusieurs enfans*
PHILIPPE DE PRBtOT, Voyi
Pretot.
* IL PHILIPS, (Jean )'poët«
Anglois , né à Bampton dans le
comté d'Oxford en 1 676 , a donné
trois célèbres poëmes : L Pomonâ
oixle Cidre.U^Lsi Bataille d'Hoch-
stet, III. Le Précieux SchelUng,]\i
ont été traduits en françois par
M. l'abbé Yart de l'académie de
Rouen. Les vers de Philips sbnt
travaillés avec soin. On voit qu'il
avoit formé son goût par la lei>
ture des ouvrages de Miltorii de
Chaucer, de Spencer ^ et desaiH
teurt du siècle d'Auguste* Il con-
sulta aussi la nature^ étude nori
moins nécessaire à un poëte qu'à
un peintre. Utpicturapoësiserit^
Philips avoit d'abord enseigné kf
latin et le grec à Winchester}
de là il passa à Londres. 11 mou-
rut à Hereford le iS février
1708, à 32 ans. Càzin a publié
à Paris ses Poésies in- 12. Aussi
bon citoyen, qu'excellent poëte^
il étoit aimé et estimé des grands^
Simon Harcourt lord-chancelier
d'Angleterre , lui a élevé à West-
minster un mausolée auprès de
Chaucer, ——Il ne faut pas le oon-
fondre avec Ambroise Philibs ,
autre poëte Anglois , mort let
18 juin 17495 dont les Poésie»
ont été imprimées à Paris paf
Cazin , in — I s. Ses Pastorales
ne sont pas sans mérite. On »
encore- de lui diverses Pièce»
dramatiques ;
.^:. .
I
ikaYnatiqnes , moins estimêek'ijtie
ses È^ognes. Fope qui ne r«*
Doit pai , ie peint comme un
poète fort fjroîd«
PIA, (PWippe-^Nicolas) né
«Paris le i5 septembre 17^1 )
^ort le II jn9i ^7999 étudia
«yec &uccès la cliiime et remplit
pendant long-temps la place dç
pharmacien ei^ chef de l'iiôpital
ie Strasbourg ; de retour à Paris ,
il fut nommé écheyin en 1770 ?
âès-lors il chercha à signaler son
administration par des établisser
Qiens utiles , et il y réussit. Uun
^eux fut la formation et le dé^
pot des boîtes fun;iigatoire^» pro-
pres k rappeler les noyés à If
vie y lorsquUs 9e sont encore
^'asphixiés par le défaut de res»-
pration. Fia perfectionna les
instru mens destinés à faire parr-
yenir Fair dans les poumons et à
mtvoduire de la f^mée dans lei
intestins* Par ces secours, la pr&-
nûëre année vingt-quatre noyés
retirés de la Seine furent rendus f
l'existence. La révolution détruis
fit en partie rétablissement de
Fia , ruin^ sa fortime ; et c'est
dans Tindlgence que cet ami de^
liommes a tini ses jours. Ses écrit3
f>nt pour titre : I. Descripiion de
la boîte d'entrepôt pqur les se-
cours d^s npyésj 1770, in-8.^
II. Dét^Hs des succès de< Véta«
l^issement que la ville c|e Paris a
.fcit en faveur des personnes
noyées , 177 3 9. plusieurs volumes
H ALES , ( Jean- Jacques ) l'un
ftn pins célèbres jurisconsultes
do "siècle qui vient de finir , na-
quit à Rhodez et est mort à Paris
dans ces dernières années. Livré
exclusivement à l'étude du droit
canonique, il devint l'oracle du
clergé et de tous ceux qui eurent
k décider sur les matières béné-
SUPPL. Tome lîL
Vit t%^
lidalès. Ses nombreux traités t>iit
été recueillis et fbment 2^ voL
in— 1«. Là plupart, d'après ks
cbangemens politiques delà Frai^
^e^ ne peuvent plus être con«*
suites , et l'auteur eut le ç;hagrii&
de survivre à leur usagew
I^IAZZA, <Jér6me-Barthé4i
lemi) Dominicain apostat, né à
Alelandrie de la Paille , le n^ari^
et passa en Angleterre , où il pu*
blia une Histoire de l'Inquisi-
tion , Londres, 1722. U mourut
dans la misère en 17^5 ^ à f^m^
bridge. ^-
IV. PICARD, (Charles-Andcé)
mort au mois de mars 177^, a
publié unre Lettre sur quelques
monnmens antiques , et te Cata*^
iogue raisonna dn oaWiiet ds
BubnuU, ty^Sy in-i2*
PieARDET, (C. K.) né à
Dijon , se ât e^plésiasitique, et
devinU prieur de Neuilly et mem««
bre de f Académie de. sa patrie»
Il réunit Texercice de la bienfai-»
sance k la culture des lettres , et
étaMiit un prix de vertu ponc
une RiOsièfe. On lui doit : L Lea
deux Ahdalùnyme, histoire Phé-
nicienne, 1779 9 in-^8.i) Le sujet
de de roman moral propre à Tins-
truction de la jeunesse , est tiré
de Qfiwte-Curce. f I. Nistoire mé«
téordlogiqite- pour Tannée 1795»
Ki. Il av«it entrepris mn grand
ouvrage ,. intitulé : La grande
Apùlogéiitiue. C'étôit \tt réfuta-
tion de toutes les hérésies n^t
depuis lN>rigine du Christian fsme*
La metivili£ santé de fauteur I9
lerea à abandonner cette entre»*
priiez — *>Son frère, membre aussi
ée l*académie de Dijon , a publié
dès Foésies qui ne sont pas sana
mérite', et un Journal des obser^
vntiqns du baromètre de La^oi'^
tèér. Ce damier écrit «st i^ér^
"UlC
V I c
dans les Mémoires de facadémié
de Dijon pour Tannée 1785» Les
deux frères sont morts dans leur
patrie pendant la révolution*
♦L PICART, (Michel) Hé à
Kureraberg en 1754, devint pro-
fesseur de philosophie et de poésie
à Altorf , où il mourut en i€2o
à 46 ans 9 après avoir été ami
d'Jjaao Casauhon. Il a laissé :
L Des Commentaires sur la Poli-
tique et sur quelques autres ou—
.vrages SAristote, II. Des Dispu"
tes. m. Des Harangues» IV. Des
Esftiis de Critique. V. Une Trmy
diiction latine d'Oppien imprimée
à Paris en 1604. Ce fut 37 ans
après aa mort que Jean Sauhert,
ministre à Nuremberg 9 publia
l'ouvrage de Picari ,- intitulé :
'Liiber singiUaris periculorum cri-
ticorum»
PICCINÏ, (Nicolas) çâèbre
musicien, naquit à Bari , daiû
le royaume de Naples,d'iU2 père^
qui cultifoit la musique et qui
ne youloit pas l'apprendre à, son
(ils. Il le destinoit a Tétat ecclé-
siastique ; mais le gén^e se jonant
des obstacles que lui opposott
l'intérêt, il fallut placer le. jeune
Ticcini au conservatoire de Saint"
Onvphwe. Le fameux Léo , et en-
suite Durante , non moins- oéf-
lèbre , fitrent ses maîtres. Le
dernier le distingua bientôt de
tous ses élèves. Les autres sont
mes écoliers , disoit-il quelque-
fois, mais celui-ci est mon fis»
Après ta ans d'études, Piceii^i
sortit du conservatoire en 1734^,
et l'Italie fut^bientôt remplie de
ses productions et de sa renom-
mée. Les princes se disputoient
le plaisir de le posséder; laprin*-
cesse Btlmonie^PignateUi sur-
tout ne pou voit se passer d'un
liomme si rare. La mort d'un
mari qu elle ad^roit ^ Tavçit
Fie
plongée dans nne douleur qni
tenoit du désespoir. La ronsiqu»
seule de Piccini put l'adoucir.
Un si grand artiste parut devèir
être une conquête précieuse pour
la France. Des connoissenrs l'y
attirèrent par l'esponrdtin établis-
sement avantageux pour lui et si
nombreuse famille. Il arriva à
paris à la fis de novembre, et
il s'accoutuma d'abord difficile^
ment au temps brumeux, froid
et humide de la capitale. Corn*
ment, disoit-il un jour à l'un de,
ses amis , il n'y a donù jamais de
soleil dans ce pays-ci. Les con-«
naisseurs se partagèreùt entra
Gluck et lui ; mais tous convii>-
rent que l'un et l'autre avoient
reculé les bornes de leur art et
augmenté nos plaisirs. Les petites
tracasseries que lui suscitèrent les
enthousiastes de son rival , lai £•?
rent regretter sa patrie; il y re-
tourna dans un moment où tout
ce qui venoit de France étoit re-
gardé comme infecté du levain
révolutionnaire. On le peignit
comme un jacobin au gouver-
nement Napolitain. 11 fallut re^
venir à Paris avec une fortune
délabrée par ses transmigrations
et des maux physiques qïie l'âge
et le chagrin aggravoient. Il y
succomba bientôt, et mourut à
Passy le 7 mai 1800 (17 floréal
an 8) âgé de 7 a ans. La douceur
de son caractère , la simplicité
de ses goûts , ses vertus domesti-
ques , son désintéressement excl*
tèrent les regrets de sa famille
,et de ses amis.. Ses ouvrage»
,portent l'empreinte, de ses qu»t*
lités morales. Les opéra qu'il
a composés en Italie montants
plus de cent. On a joué avec succèl
aux Bouffons Italiens à Paris Le
Finte Gemelle , dont les airs de
chant sont d'une perfection rare,
et à l'opéca la Buona Figliola qtu
PI c
froit ëté depuis long-teiQps pa-^
rodiëe au théâtre Italien, mais
Jamais jouée en entier. Cet ou-
vrage fut entendu de scène en
Scène avec transport, et com-
mença à donner à Piccini une
foale d'admirateurs. Les pièces
dont il a enrichi le répertoire
François , sont : Roland, Atys ,
Jphigénie en Tauride , Adèle
de Ponthieu , Didon , Endy^^
nUofi , Pénélope , Clytemnestre ,
le faux Lord , Lucette , le Men^
ionge officieux , le Dormeur
éveillé , et Phaon. Roland offrit
dp grandes beautés; il fut sur-
passé par Aty$ , riche en mor-
ceaux d'exécution. Les duo à'Atys
et de Sangaride , Tair de Cybèle à
la fin du second acte , le chœur
âes Songes, le quatuor du troi-
fième acte , produisirent la plus
vive sensation. Dans Iphigénie ,
Vicàni ne ocaignit pas de se
mesurer avec Gluck qui tvoit
Bis en musique le même sujet ;
il annonça qu'ayant commencé
«on ouvrage avant que son rival
eût fait le sien , il n*av.oit pas
voulu perdre It fruit de son tra^
vail. L'expression du chant y est
toujours claire et distincte. Trois
roorceaux consécutifs du troi-
àème acte; le roff^i^^ru chanté
par Oresle ; Cruel > et lu dis que
lu m'aimes ; l'air de Pylade com-^
meaçant par ces mots : Ores te ,
^^nom de la patrie i et le Trio
de la fin , ont enlevé tous les suf-
frages. Bidon est regardée comme
le chef-d'œuvre de Piceiai* En
convenant de la beauté ravis-
sante de la musique de JRp—
Und , d'Atys, et d'Iphigénie, ses
•iinemis lui refusaient le talent de
peindre les ^sentimens profonds
^^}^i passions fortes ; mais il les
lendit dans Didon avec toutes
«urs couleurs , sans afFoibiir la
Marche périodique qui Wt le ca-f
P I E «7
raetSre et le charme de la musi^
que. C'est en combattant les ad-«
versaires de son compatriote, quo
l'ambassadeur de Naples se plai->
gnant de ce que le parterre étoit
trop accoutumé au grand bruit,
disoit ; Les oreilles des Italiens
ne sont quun simple cartilages
mais celles des François sont
encore doublées de marroquin,
La beauti; des airs de Piacini a
contribué à les rendre plus scn^
sihles à la modulation et k la dé-
licatesse des sons. M. Ginguené ,
ami de ce musicien célèbre, a
publié hne notice intéressant*
sur sa vie et ses ouvrages ; Paris,
an 9 , chez la veuve Pançjcoucke.
PICHOT, (Pierre) médecin
de Bordeaux an t6« siècle , réunit
une grande pratique à la théorie.
On lui doit : L Traité pour se
garder de la peste , in- 12. IL De
Morbis animi , 1694, in— 8.*
IIL De Rheumatismç , Catharro ,
etc., 1997*^ in-ï2. Ces écrits
ae manquent ni de vues judi-
cieuses , ni de pf ofdiideur.
IV» PICQUET , ( Christophe)
^▼Qcat , mort en 1779, * ^f®*^
duit quelques ouvrages de l'an^
glois, et entr 'autres le roman de
Fielding , iiititailé ; Histoire de
Jonathan Wild' ,t . 1763 , a voL
VI. PIE VI , (JeaniAnge Èrasi
cîU ) né à Césène petite ville de
l'État ecclésiastique, le 27 dé-
cembre 1717 ,.* mérita Ta ffect ion
de BenpUJCIf^ qui le &t tréso-
rier de la chambre apostolique.
Parvenu au cardinalat.AOus Gari^m
gnnelli , il devint bientôt après!
son successeur. Le conclave s'ou-.
vrit le 5 octobre 1774 î la France
favorisoit Télection de Pallavî-^
cini : mais celui-ci ayant an-^
n©ncç qu'il refuseroit le pont^a
iiS
P It
Hcat et ayant désigné k sa place
le cardinal Braschi , tons les suf-
frages se réunirent en faveur de
ce dernier , le 14 février 1775.
Au moment de son élection , il
fondit en larmes et s* écria : O mes
amis t votre conclave est termi-»
tfé , et c'est mon malheur peut'*
être qui commence» Ces mots fu-
rent une prédiction. Son pon-
tificat en effet fut Fun des plus
longs qu'offre Vhistoire de l'É-
glise ) mais fiussi l'un des^ plus
nialheureux. H prit à son avène-
ment le nom da \Pie VI ^ et jus-
tifia 1 adage :
^mp4r sifi têJuU pérdttm R^mM fuî$n
X^ premiers «ctes dv r|iiit0rité
du. nouveau pape furent de dis-
tribuer des aumôaet , de répri-
mander le gouverneur dç Home
ç[i4 a'avoit p^$ arrêté divers dé^
SQndres , de supprimer pour qua-
r.anto miil? écus romain de pen-
a^OQS onéreuses ai^ trésor publio^
dfi faire rendre un compte sé-
vère au p^éfiet de Tannone ^ ac-^
cusé de dilapidation., de co.n—
Jllét^r^ au Vatiomi un Muséum
commencé par son prédécesjjetir j
et consacré à recueillir les rao—
Aumens^ les vases , les statue*
et itiédéiHes que les fouilles dé-^
emtvitoient dans les état€ de TÊ-
glise. On commença en 1783 à
en publier les gravures et 1&
dçscription ; et cet biiVrage con^
tient six vol. in-folio» Braschi ,
jafoux d'étendre les progrès du
cô'mmerqe ^ fit réparer le port
d^Anconè , et construire le beau
qui y raanqiioit. Le dessé-
cbémenf'yes marais Pantins de-
vint sur^itout le tut àes efforts
fle son administration 5 et si ce
dessèchement n!a pas été ter-
miné , le projet n'en fut pas
moins grand et utile. Ces marais
i»ccupent toute la vallée -qui S^é^
PIE
tend des Appennins à fa mer; ils
commencent au port d'Astura^
couvrent la côte de Terracine,
et parviennent jusqu-au royaume
de Napîes. Rendre ce Vaste ter-i
ritoire à l'ogriculture , et le pnrit
ger des vapeurs pestilentielles ^
avoit été l'objet aes travaux da
censeur Appius Claudlus , qui t
avoit fait élever la voie célèbrt
qui porte son nom , de Tempe-i
reur Auguste qui y fit creuset
un lar^c canal ; des papes Boni^
face VIH^ Martin V , Léon X
et Slxte^Quint. Fie VJ marclm
sur leurs traces ; il fit pratiquer
tme route sûr0 y réparei: ranclett
aqueduc de Ter racine, dégager
la voie Appienne dti Hmon sons
lequel elle avoit disparu , creuser
le canal de Sogliano ; il consacra
k cette entreprise tontes ses épar-
gnes. Chaque année , il se plut
a visiter les ouvrages , et à les
ranimer par sa présence. 11 est à
désirer qne îe fruit de-ses pelnesj
de sa dépense et de ses soins ne
soient point perdu pour Ytivnxàt^
et ^ue les mêmes travaux soient
continués par ses Successeurs.
9i Pie Vï , dit John WatkUit^
dans son Dictionnaire universel ^
«ijssitôt après son exaltation cofi*
çût f Idée de dessécher les marsi*
Fontùis qui s'étendent à quarante
milles autour de Velatri , Terra-
dine et Piperno, Il suivit avèo
zèle ce projet auqiiel a voient r©<
nonce des empereurs et plusieurs
de ses prédécesseurs , et il y eip-
ploya les meilleurs ingénieurs de
Rome. » Le zèîe du pontife ne
se borna pas h cette grande en-
treprise ; il fît construire une
église et une l?ibîio^hèqne dans
Kabbaye de Subiaco ; il fonda des
hôpitaux ; il manquoit une s^
cristie à la superbe église de
Saint-Pierre de Rome , Fié Vt
la At élever avec magmificeneci
-J
Pie
B n'en d^fikjra pas moîlis | lotisfi
^'il reçut les divers toaveraint
de l'Europe qui vinrent pendant
•on pbntÛtcat visiter la capitale.
iia monde Chrétien. Jostpk II
empereur d'AUeraagae ^ Paul I
«i^iefenr de Anssie y Gutiave»^
'^Uiolpke rei de Snède ^ les fils
du roi d'Angleterre et son frère
le doc de Gloeesier , furent tou-
chés de son accueil et de se»
vertus. Sa modération se déve-
loppa dans l'afiÎRire de Toscane ^
«w Léopold', dès 1775 , avoit
•ssfijetti tous les biens ecclésiac»
tiques aux méioes impôts que les
autres , et supprimé les hermi-
tages. En 1788 ^ il abolit la non«
eiature dans ses états, et sup'-
prima dans les causes du clergé
tout appel au saint Siège. Fie VI
réclama peur ses ambassadeurs
les mêmes droits qtt'obteneient
ceux des autres souverains ) et
en temporisant il parvint à em**
pécher à cet égard toute inno«-
vatioiK Les mêmes iBétaagemens
n'eurent pas If même succès au-
près de Joseph IL Oëlui-ei ren*-
ve^soit successivement dans ses
états rancienme discipline ecdé*-
aiasti|ue ; il plaçoit les ordres
monastiques sous ^autorité im^
médiate des évèques 9 et les en-
levoit à la juridiction papale ; il
faisoit dresser l'état des devenus
da clergé , et annonçoit le des-
sein formel de suivre ses projeta
avec activité» Dans cette occur-
r^ee, PU Vl, ne se fiant point
àde froides négociations 9 prit le
parti d'aller lui-même à Vienne
eonférer sur ses propres intérêts
avec le chef de l'empire. Après
at oir remis le gouvernement * de
Rome au cardinal • C^lonnt g il
partit de cette ville le 27 février
1782. L'empereur et son frère
(archiduc MaximMien allèrent à
«à rencrontse À qu^qti^s lieues
PIE it^
et Vienne ; ils dcsoèadirant de
voiture dès qu'ils aj^rçurent
Pie VI, et l'embrassèrent. Jo^
»eph ayant pris le pape dans so«
carrosse , ils entrèrent ainsi , lé
A2 mars 1781 , dans la capitale
de l'Autriche. Leurs conférences
furent fréquentes et toujoura
amicale»; et quoiqu'elles n'aient
point été rendues publiques, Jom.
seph parut dans la suite moins
ardent dans rexécution de ses
desseins , et permit même lesr
dispenses dont il avoit supprimé
jusqu'alors les droits ; il disolt
scFuvent i La vue du Pape m*a
faii aimer sa personne 1 e'est le
meilleur des hommes, th retonc
à Eome , d'antres teonbies avec
la cour de Hïaples occupèrent
Pie VI i ils fuient relatifs tantdt
Il la nomination de l'archevêque
de Naples , dana laquelle le m»«
narquenevoideit point admettre
le concours du pape , tantôt à
l'institution de l'évêqiie ^e Po*«
tenza , iivk» Pie Vl n' avoit paa
voulu accorder , tantèt au refus
de la présentation de la haqnenée
et de la redevance annuelle de
quarante mille florins envers le
saint Sîége. Après de longs dé^
mêlés , il fut convenu en 1789 ^
que chaque roi de Naples à son
avénôment ait trône , payeroit
einq cent mille ducats en forme
de pieuse offrande à t$U Pierre ^
que celle de k haquenée seroit
abolie pour jamais , et que le
monarque cesseroit d'être nommé
ifossal du saint Siège, D'autraa
différends s'éteient élevés entre
la- république de Venise , le dua
de Modène et la cour de Rome r
ils alioient entraîner une rupture
éclatante , lorsque la révolutions
Françoise vint subitement ler-
éteindre , en faisant redouter
son influence à toutes les' puis-
sances d'Italie. « Pie VI,ém^
130 PIE
▼oit le cardinal de Bernis » a !•
cmur François. « Cependant ,
■cette affection ne lai fit pas a]>-
, prouver les décrets relatifs à la
oioiivelle constitution du Clergé.
Ces décrets ayant amené en 179*
la déportation d'un grand nom-
bre de prêtres , Pie VI les ac-
cueillit , et les distribua dans les
maisons religieuses . d'Italie , oit
ils trouvèrent un asile et d abon-
dans secours. Les armées Impé^
riales couvroient alors cette con-
trée 9 et la cour de Rome parut
favoriser leurs succès ; bientôt
JBonaparte qui maitrisoit là vic-
toice par son génie , reçut ordre
du directoire d'entrer sur le ter-
ritoire ecclésiastique , et en 1796
il s'empara d'Urbin , de Bologne ,
de Ferrare et d'An cône. Mais ce
guerrier arrêtant le pillage et la
dévastation , respectant le culte
dans lequel il étoit né , écrivit an
gouvernement une lettre noble
«t touchante sur le sort du chef
de l'Eglise , et on a toujours
conservé en Italie le souvenir des
égards qu'il lui montra. Le fruit
de ceUe modération et des voies
de conciliation qu'il ouvrit alors,
fut la paixdeTolentino.Elle coûta
au pontife 3 1 millions, et la livrai-
son de plusieurs chefs d'œuvre de
peinture et de sculpture ^ dont la
France s'enrichit. BasseviUt., en-
voyé extraordinaire de la répu-
blique à Rome en 1793, avoit
été poursuivi par la populace de
cette ville , et en avoit été frappé
d'un coup de rasoir dans le bas-
ventre dont il étoit mort. Cet
attentat étoit resté impuni , et
avoit laissé des germes de res-
«entiment dans le gouvernement
François; il éclata, lorsque Dm—
phoi , Lyonnois , jeune guerrier
plein de courage , se trouvant à
Ilome , voulut dissiper par sa
présence un attroupement , et
V l E
fut 6ié le %8 décambre 1797 }
par les troupes du pape. L'am-
bassadeur de France en danger,
fut forcé de fuir de Rome et de
$e retirer à Florence. Pie VI
étoit loin sans doute de prévoir
de si tristes événemens , et en-
core plus de les approuver ; mais
le meurtre de Vuyhot et l'ou-
trage fait au gouvernement Fran-
çois , méritoient une réparation
onth antique qu'il ne se hâta pas
d'ordonner. Aussitôt , les Fran-
çois qui étoient aux portes de
Home , ^s'emparèrent de cette
ville et de la personne du pape; (
celui - ci , conduit d'abord à
Sienne , pui» dans une Char-
treuse près de Florence , fut en-
fin transféré dans l'intérieur de
la France. Il traversa les Alpes
et le Mont - Genèvre porté par
quatre hommes , sans paroitre
ému des dangers d'une route es-
carpée et où il fut souvent pres-
que suspendu sur les précipices.
Ses cheveux , aussi blancs que
les neiges qui r«nvironnoient ,
étoient agités par un vent pi-
quant et froid. Des hussards Pié-
montois voulurent lui faire ac- \
cepter leurs pelisses ; Pie. VI Jei
remercia avec affection ; mais il
ne voulut jamais consentir à les
en priver. Il n'y avoit que quel-
ques heures qu'il étoit arrivé à
briançon , lorsqu'un peuple ini'
mense rassemblé sons ses fenê-
tres , demanda à le voir ; les
cris qui s'élevoient de la fonle
annonçoient souvent des inten-
tions cruelles ; et les menaces ,
les injures des uns se méioient
aux expressions de respect et d'a-
mour des autres. Dans cette cir-
constance , le pontife hésita quel'
qnes instans à paroitre , puis
prenant son parti et s'avançant
lentement , appuyé surdeaxpr^"
très 9 et te corps chargé de do»".
f
PIE PIE xji'
Ws , il 8e montra à la tDti1ti«* cane et le roi de Sardaigne , où
tnde , en s*écriant : Ecce Homo, il donna et reçut de si grandes
Ces paroles pénétrèrent tons \et leçons des vicissitudes humaines ;
«cenrs d'attendrissement , et ceux enfin son séjour en France, oii
même qui étoient venus pour le prince de l'Église devint un
f outrager , te prosternèrent à pauvre voyageur , mourant en
tes pieds. A Gap, à Grenoble , Apôtre , ces traits offrent des
à Voiron , il reçut les honneurs tableaux graves et tonchans , di-
dàs à son rang et à son âge. Il gnes de 1 histoire. » Il a paru ûes
avoit alors 82 ans , et déplo>'Ott Mémoires historiques et philO'* >
encore un courage supérieur à sophiques sur Pie VI , qui atta—
son infortune et à la &tigue d'un^ quent son pontificat , et l'accu-
si long voyage; mate à paie fut- sent d'avarice , de vanité et de
il arrivé à Valence , où le gou— népotisme. Pour fonder ce der-
vemement avoit fixé son séjour , nier - reproche , l'auteur cite la
qu'il y mourut le 29 août 1798-, swccessionâl Amansiol^pri^t^vày
après ' une maladie de onze jours, après s'être enrichi dans les doua-
Il avoit gouverné l'Eglise près 4e - nés ecclésiastiques , fit donation
vingt-cinq ans. Soii corps transw de ses biens aux deux neveux /
porté à Rome , y «■ Aé re<çu avec de Pie VL Cet acte fut attaqué
pompe le 17 février 1802, par par les héritiers de droit. Après
Pie Vil , assisté de dix-hnit car- divers jugemens de la Rote , Un-f
dinanx. Ses intestins , renfermés' t6t en faveur de la marquise de
dans une urne d'or , sont à Va- Lépri, tantôt en faveur des BraS' ,
knce, oit Bonaparte lui a fait chi , le pape parvint à concilier
faire des obsèques solennelles , et tous les intérêts ^ dans une tran-
ordonné qu'on loi élevât un tom- aaction qui partagea l'héritage
beau. Pie VI avoit une figure entre les parens du donateur et
noble et heureuse , une taille éle- les siens. M. Blanchard curé , a
vie , moins d'esprit que de p6- publié aussi un Précis historique
Aétration. Il étoit accessible et sur la Vie du même pontife ^
laborieux. Ses mœurs furent se- qu'il défend contre tout repro-
vères , à l'abri de tdut reproche; che, et qu'il ffiit aimer. M. Tatibé
£ sortoit rarement , et toujours DeUUe lui a aonsacré ces vers :
accompagné. Ses seuls délasse- pontife réréré , touYertin magnanime ,
mens furent des conversations ^oble et touchant spectacle et du monde
sérieuses et savantes. « Ce pon- «t ^n ^lel ,
tife , dit un écrivain- distingué , ,1 j^^aore à la fois par sa vertu lublîme ' "
pendant sa longue carrière vit se ^^^ «^heurf , U rielUesse , et le trône.
former l'orage auquel il devo^^ • ^j rauteU
te dévouer un jour; ses malheurs TiTT?T>TTkT/-w tt -. ' •' a.' '
UH k c«nx il la Fwnc et de v^^ï^IUNO del Vaoa, pemtr.
l'Europe entière , comme si Toscan, ué en .5oo, inort en
tette 4ée des nation, ne pou- '^47 ' t'^^i»". ''»"*./'» Vatican
Toit chanceler sens ébraider tou- ??•" R'P'^'^.i d»"!' >» P"' ««"
te. les aatrea : .on voyage à tra- ^'*« ¥ "^"'"^j? ' « . «<>•" /f^«
ver. l'Italie, où il montra tout ^<"»^' ^' décorations étwent-
rhiroïsme de la patience et les «on genre principal.
.naies grandeurs de l'hamiliation s , V IL PIERRE ALEXIO-
ptaaavn» KVtclB dçied^ïota '^lH'liV' tatnommUf Gru»d^
Pi
4
i3^ PIB-
teé ^AlexU Mickaël<ywUt cxv
de Moscovie, fut mis sur le tr6ne
après la mort de son frère amë
d^héodore ou Foedor , an préju-
«lice d*Iwan son autre frère dont
la santé étoit aussi foible que Tes-
prit. Les Strélitz , milice à peu
près semblable aux Janissaires
des Turcs, excités par la prin-
cesse Sophie qui espéroit plus
d autorité sens Iwan son frère ,
*e révoltèrent en faveur de ce-
lui-ci ^ et pour éteindre la guerre
civile , il fut réglé que les deux
frères régneroient ensemble. L'in-
clination du czar Pierre pour les
exercices militaires se idéveloppa
de bonne heure. Pour rétablir la
discipline dans les troupes de
Htissie 9 il voulut donner à la
fois la leçon et l'exemple : il se
jnit tambour dans la compagnie
de le Fort Genevois , qui l'aida
beaucoup à policer ses états. Il
battit quelque temps la caisse, et
ne voulut être avancé à des grades
plus hauts qu'après l'avoir mérité.
£h veillant sur le militaire, il ne
négligea pas les finances , et il
pensn en même temps à avoir
«ne place qui servît de rempart
à ses états contre les Turcs. Il
•'empara ihioî ei^ )6^6 et dé-
fendit cette forteresse contre les
insultes des Tartares. Pierre mé-
ditait dès-lors de faire un voyage
dans les différentes parties de
r£urope, pour s'instruire dea
lois , des mœurs et des arts. L^an
1^97 après avoir parcouru l'Alle-
magne , il passa en Hollande et
Se feiidit à Amsterdam , et eh—
stiite k Saardam village à deux
li^iies de là , fahieux par it^
ciiàntîers et par ses magasins.
Le czar déguisé se mit parmi \et
oiivrieri , prenant leurs instruc-
tions , mettant la main à Fcèuvre ,
et ' se faisant t>asder pour un
bOBNue gui f eiiloit appjrtflidte
PIE
çielfve métier» Il ^oit despp^
miers au travail. Il £t lui-mént»
un mât d'avant qiii se déinontoit
en deux pièces t il les plaça sur
une barque qu'il avoit achetée 9
et dont il se servott p^r sUer
à Amsterdam, li eon&trmsit vii$^
un lit de bois et tm bain. €e
prince se fit enrôlef pArcsi léf
Charpentiers de la Compagnie
d^s Indes ^ sous Je nom de Bma»
FeUer, c'est-à-dire Jll0Un0 Pierres
se5 compagnonsl'appeloien t ainsU
Un homme de Saatdam. qui étoiti
en Moscovie » éctlvit a son pèr»
et découvrit par sa lettre le mys^
tère quienvelopptHt le czar.l'oii»
Jes ottvciers instruits ée «on raog^
voulurent changer de ton ; midt
le monarqueletir persuada déco»-
tinuer à l'app^er Màiire Pierres
Le czar , toufoùrs assidu à Kou-»
vrage » devint un des plu9 hahHeà
ouvriers et un des meiUeurs pi«
lotes. Il apprit aussi un péudegéo<
métrie et quelques aiutres partieft
de mathématiquefl. Pierre quitte
la Hollande en iS^9 pour passait
en Angleterre^ On lui «Voit pré-^'
paré un hôtel magniâqiie; maîi
il aima mienx se placer près dti
chantier du roi. Il y vétut x^omolti
k ^rda» ^ s'instVtiisant de totfl
et n'c^ttbliant rien de ce qu'il ap^
preneit..Le.roi d'Angleterre lai
donna le plaisir d'un combat na^
val À la manière Buropéemie;
il n'étoit pas possible de lui priH
curer une fêle, plus agréable. 0»
travailloit àlora en Russie à faire
an canal qui devoit par le oM^yea
dés écluses , foifmer une ooto*
municalion entre le Don et la
Wolgatlia fonction de ces deux
fleuve» dnvrit aux Eusses le diofs»
de trafiquer jsur la mer Noire 9 et
en Perse par la mer Ctspknne,
PiUrre trouva en Angletezie des
ingénieurs propiles à fihirct grand
WTCâ^ fibfin £itiT0 puAil ^
F IB
Zonâves et se rendit à Vienne ^
d oii il se disposoit à passer en
ItaJie ; mais la nouvdle d'une
sédition l'obligea de renoncer à
son voyage. Cétoit encore la
princefse Sophie qui l'avoit ex-*
citée da fond de son cloître. Le*
czar la calma à force de tor-
tures et de supplices. Il coupa
lui-niéme la tête à beaucoap de
criminels. La plupart des Stré—
litz furent décimés ou envoyés en
Sibérie, en sorte. que ces troupes
qui faisoient trembler la Kussie
et le czar lui-«méaie, furent di»«
Bipées et presque entièrement dé-
truites. Le czar institua en 16999
Tordre de Saint - André , pour
répandre l'émulation parmi ses
gentilshommes. Les Russes pen^
laient que Dieu avoU créé le
Monde en septembre» et c'étoit
par ce mois quils commençoient
l'année; mais le czar déclara que
l'on dateroit à lavenir, le com*
xnencement de Tannée ^ du mois
de |anyier. U consacra cette ré-
forme au commencement de ce
/Siècle par un grand Jubilé qu'il
indiqua et qu'il célébra en qua-
lité de chef de la Religion. Une
affaire plus importante 1 occupoit.
Satrainé par \es sollicitations
^Auguste roi ddi Pologne, et par
l'espérance que lui donnoit la
|ennesse de Cliarles XII roi de
Suède ^ il déclara la guerre à ce
dernier monarque en 1700. Les
çommencemens n'en furent pas
iieoreux ; mais ses défaites ne le
découragèrent point. Je sais bien,
disQit-il , que les Suédois nous
iatbren^ long-^temps ; mais eefin
^lU apprendrons à les battre, •
imitons les actions générales avec
iujs , et nous les a/foiblirons par
de petits combats* Ses espérances
ae furent pas trompées. Après de
ç^ands désavantages , il remporta
^ 1709 dev«at Fuitawa^ ime
1> I E
Ȕl
Tictoire complète. Il s'y montra
aussi grand capitaine que bravo
soldat , et il fit sentir à ses ennemis
combien ses troupes s'étoient in^
truites avec eux. Une grande par-
tie de l'armée Suédoise fut pri-
sonnière de guerre , et on vit un
héros tel que le roi de Suèd*
fugitif 3ur les feerfes de Turquie y
et ensuite presque captif à Ben*-
der. Le cEar se crut digne alors
de monter au grade de liente^
nant général. U Ht manger à sa
table Tes généraux Suédois pri^
sonniers ; et un jour qu'il but a
la santé de ses maîtres dans l'art
de la ffuerre , le comte de Rinchild
l'un des plus illustres d'entre ses
prisonniers , lui demanda qui
étolent ceux à qui il donnoit un
si beau titre t Vous , dit-il ,
Messieurs Us généraux» ^i^Votre
Majesté est donc bien ingrate,
répliqua le comte , d^ avoir tant
maltraité ses Maures, Le czar
pour réparer en quelque façon
cette glorieuse ingratitude, àt
rendre aussitôt une cpée à ch»-
cua d'eux. Il les traita toujours
comme auroit fait le roi qu'ils
auroient rendu victorieux. Pierre
profita du malheur et de l'éloi-
gnement du roi de Suède ; il
acheva de conquérir la Livonie
et ringrie, et y joignit la Fin-
lande et une partie de la Pomé^
ranie Suédoise. Il fut plus eti
état ' que jamais de donner ses
soins à la ville de Pétersbourg
dont il venoit de jeter les fonde^
mens» Cependant les Turcs moins
excités par Ckurles XII que par
leur propre intérêt^ rompirent
la trêve qu'ils avoient faite avec
le czari qui eut le malheur de
se laisser enfermer en 171 1 par
leur armép 9 sur les bords de la
rivière de Prutb^ dans un poste
ou il étoit perdu sans ressource.
Ah milieu de la consternation
au
Pie
générale de son armée ^ la cza—
rine Catherine qui avoit voulu le
suivre, osa seule imaginer un ex-
pédient; elle envoya négocier ayec
le grand visir Baltagi Méhémet.
'On lui fit des propositions de
paix avantageuses \ il se laissa
tenter, et la prudence du czar
acheva le reste. £n mémoire de
cet événement , il voulut que
la czarine instituât Tordre de
Ste.-Catherine dont elle seroit
chef, et où il n'entreroit que
des femmes. ^9 succès ayant
produit la tranquillité dans ses
états , il se prépara à recommen-
cer ses voyages. 11 s'arrêta quelque
temps à Copenhague en 1 7 1 5 9 ou
il s'occupa à visiter les collèges,
les académies, les savans, et à exa-
miner les côtes de Danemarck
•t de Suède : il alla de là à Ham-
bourg , à Hanovre , à Wolffem-
buteU toujours observant; puis
en Hollande, où il parut avec
toute sa dignité > et en France
en 1717. Il fut reçu à Paris avec
les mêmes respects qu'ailleurs,
) mais avec une grâce et des préve-
nances qu'il ne pouvoit trouver
que chez les François. S'il ail oit
voir une manufacture et qu'un
ouvrage parût attirer plus ses re-
gards , 00 lui en faisoit présent
le lendemain. 11 alla diner à Petit-
bourg chez le duc à'Antin « et
la première chose qu'il vit fut
8on portrait en grand avec le
même habit qu'il portoit. Quand
il alla voir la Monnoie royale des
médailles, on en frappa devant
liii de toute espèce, et on les lui
présentoit Enfin on en frappa une
qu'on laissa exprès tomber à ses
pieds et qu'on lui laissa ramas-
ser. Il s'y vit gravé d'une manière
parfaite avec ces mots : PIËRHË
LE Grand. Le revers étoit une Re-
nommée , et la légende : Vires
, AcqujAiT EUNDO f allégorie aussi
P I E
juste que flatteuse pour itn prinee
dont le mérite s'aiigmentoit en
eflFet par ses voyages. En voyant
le tombeau du cardinal de Hi-
ckelteu dans l'Église de la Sor*
bonne, et la statue de ce mi-
' nistre , le czar monte sur le tom-
beau, embrasse la statue: Grand
Ministre s dit— il , que ties-ta né,
de mon temps ? Je te donnerais ht
moitié de mon Empire pour m'ap^
prendre à gouverner Vautre. Le
czar ne s'occupa pas uniquement
à Paris à voir les beautés de la
nature et de l'art. 11 proposa au
duc ^Orléans un traité qui auroit
été également utile à \\ France
et à la M oscovie. Son ' dessein
étoit de se réunir à Charles Xll
qui lui cédoit de grandes pro*
vinces , d'été!: aux IDanois l'em-
pire de la mer Baltique , d'af-
foiblir les Anglois par une guerre
civile et d'attirer en Moscovie tout
le commerce du Nord, ce qui en
même temps auroit favorisé celui
de la France. Il ne s'éloignoit
pas même de remettre le roi «Sto-
nislas aux prises avec le roi Au^^
guste , afin que le feu étant al-
lumé de tous côtés , il pût courir
pour l'attiser ou pour l'éteindre,
selon qu'il y trouveroit ses avan-
tages. Dans ces vues , il proposa
au duc à' Orléans la médiation
entre la Suède et la Moscovie,
et de plus une alliance offensive
avec ces couronnes et celle d'Es-
pagne. Ce traité qui mettoit dans
nos mains la balance de TEa-
rope , ne fut pas accepté par le
duc ^'Orléans , ou plutôt par
Tabbé Dubois qui le gonvernoit
Pendant le séjour du czar à Paris
quelques docteurs de Sorbonne
lui proposèrent les moyens de
réunir rjÊglise Russe avec la mète
et le centre de toutes les Églises;
il sembloit d'abord ' entrer dans
des vues propos^ pair U nul
P lE
imonr de la vérité et de l'union.
« De retour diins ses états , dit
M. Lé^etque , il fit du pape lui-
même le priccipal personnage
d'une fête burlesque. Nous avons '
vu que déjà de{}uis un grand nom-*
bre d'années il s'étoit joué sou-
vent dans des parties de. débau-
che 9 du chef si Ion g- temps res-
pecté de l'Église Russe. Pierre
s'avisa en 17 1 8 de transporter sur
la personne du pape, le ridicule
f[n'il avoit Jeté sur le patriarche.
u avoit à sa cour un fou nommé
Zotof, qui avoit été son maître à
écrire. Il le créa prince-pape. Le
pape Zotof intronisé en grande
cérémonie par des bouffons ivres,
quatre bègues le haranguèrent :
il créa des cardinaux , il marcha
en procession à leur tête. Les
Russes virent avec joie le pape
avili dans les jeux dé leur sou-
verain : mais ces jeux indispo-
sèrent les cours Catholiques ^ et
snr-tout celle de Vienne. » (Voy.
au'ffr l'article Boursier.) Le
czar, après avoir parcouru la
France , oii tout dispose les mœurs
à la douceur , reprit sa sévérité
dès qu'il fut en Russie. Le prince
Alexis son fils lui ayant occa-
sionné du mécontentement , il lui
£t faire son procès , et les juges
conchvent à la mort. Le iende-
nainde l'arrêt , il eut , dit» on , une
attaque d'apoplexie qui l'emporta.
On raisonna beaucoup sur cet évé-
nement funeste : ( Voyez Alexis
Pbtrowitz , n.o XL ) Le père
alla voir son fils expirant , et on
dit qu'il versa des larmes; mais,
malgré ces larmes, quelques amis
de ce prince infortuné périrent
parle dernier supplice. En 172 1
il conclut une paix glorieuse
tvec la Suède, par laquelle on
lai céda la Livonie , l'Estonie ,
nsgermanie , la moitié de la Ca-
îwe et de Wibourg. Les États de
p I E 13^
Russie lui déférèrent alorsle nom
de Grand, de Père de la Patrie
et d'Empereur, Le reste de la vi«
du czar ne fut qu'une suite de ,
ses grands desseins. £n 1712, le
czar favorisant tout ce qui étoit
utile, établit un comptoir à Scba-
machie ville de Perse, qu'on croit
avoir été l'ancienne capitale de
Gyruu Les Tartares Lesghis s en
étant emparés , massacrèrent les
Russes et les antres ha bi tan s.
Pour Venger cet outrage, Pierre I
s'embarqua sur la mer Caspienne ^
mit le siège devant la ville de Der-^
bent, s'en empara ainsi que de
trois provinces qui furent ren-
dues ensuite à Thamas KouLi^
Kart, On ne peut que parcourir
les dlfférens établissemens que lui
doit la Moscovie , et seulement
les principaux : L Une Jw/a»—
terie de 100 nfille hommes, aussi
belle et aussi aguerrie qu'il y en
oit en Europe , dont une assez
grande partie des officiers sont
Moscovites. IL Une Marine de 40
vaisseaux de ligne et de 400 ga--
1ères. IIL Des Fortifications, selon
les dernières règles , à toutes les
places qui en méritent. IV. Une
excellente Police dans les grandes
.villes, qui auparavant étoient
aussi dangereuses pendant la nuit
que les bois les plus écartés.
V. Une Académie de Marine et
de Navigation , où toutes les fa-
milles nobles sont obligées d'en-
voyer quelques-uns de leurs en-
fans. Des Collèges à Moscow , à
Pétersbourg et à Kiof , pour les
langues, les belles-lettres et les
mathématiques ; de petite^ Ecoles
dans les villages ou les enfans des
paysans apprennent à lire et à
écrire. Vil. Un Collège de Mé-^
deoine , et ime belle Apothioaù*
rerie publique à Moscow, qui
fournit de remèdes les grande»
villes et In armées. Jusque-là il
L
s)i$ P I E
n'y areit tm ilans feoHt Féoipiré
aucun médecin qoa pour le czar,
et nul apothicaire. VIIL "Det
Lefons . publiques étAnatomie ,
dont le nom n étoit seulement paa
connu ; et ce qn on peut compter
pour une excellente leçon tou-
jours subsistante , le Cabinet du
fameux Ruytck, acheté par le
cter j ou sont rassemblés tant
de dissections si fines, si instruo^
tives et si rares* IX. Un Observa^*
loirê , oh les astronomes ne s oo-
^ cnpent pas seulement à étudier
le ciel 9 mais oh l'on renferme
toutes les curiosités d*bistoire
naturelle. X. Un Jmrdii% des
Plantes. XI. Dos Imprimeries ,
dont il a changé les anciens ca^
ractèfes , trop barbares et presque
indéchiffrables à cause des fré-*-
q;uentes abréviations. XI L Des
înierprètes pour toutes les lan-
gues des Etats de l'Europe^ et
de plus pour la latine , pour
la grecque , pour la turque ^
pour la calmouqn» , pour la
mongule, et pour la chinoise»
XIII. Une Bibliothèque Royalo 5
formée de trois grandes bibito*
thèques qu'il avoit achetées eH
Angleterre ^ en Holstein et en
Allemagne. XIV. Le change-^
ment général comprit aussi la
religion 9 qui à peine méritait
le nom de religion Chrétiennei»
U abolit la dignité de Patriar*
che 9 qnoiqu* assez dépendante do
lui. Maître de son Eglise il fit
divers réglemens ecclésiastiques ^
sages et utiles ^ et 4 ce qui n'ar^
rive pas toujours , il tint la main
k l'exécution. XV. Après avoir
« donné il son ouvrage des fon-
demens solides et nécessaires ^
Pierre y ajouta ce qui n'est que
de parure et d'ornement > il chatv«
gea l'ancienne architecture ^ gros-
sière et difforme au dernier points
OU ptutôt il fit noitro cb^x lui
P lE
rArchiteetura. On vit s'élfever
grand nombre de maisons ré{
lièret et commodes , quelques
lais 9 de» bâtimens publics ^
sur»- tout une Amirauté coi
mode et magnifique. XV L
armées ayant conquis pre$<
toute la côte occidentale de
mer Caspienne en 171a et 17:
il fit lever le plan de cette mi
et grâce à ce philosophe
quérant on an connut enfin
véritable forme 9 fort dtfien
de* celle qu'on lui donnoit coi
munément. Il envoya à Tacadéi
des Sciences de Paris dont il et
membre honoraire^ une Cti
de sa nouvelle mer Caspiean^
Cependant Pierre le Grand sei
toit sa santé s'épuiser ; il était at
taqné depuis long— temps d'ui
rétention d'urine qai lut causi
des douleurs aiguës et qui Tei
porta le 28 janvier 1725, à
ans. On a eru , on. a im[
qu'il avoit nommé son é|
Catherine héritière de Tempir
par son testament ^ mais la vé«^
rite est qu'il n'a voit point itdtéé
testament 9 ou que dv moins it |
n'en a jamais paru : négHgenêt
bien étonnante dana un législs^
tenr. Pierre le Grand étoit dune
taille haute; il avoit l'air noble |.
la physionomie spirituelle ^ le ra»
gard rude » il étoit su^t à des
espèces do convulsions ^ qui aU
téroient quelquefois les traits dt
son visi^ge. Mais lorsqu'il venloit
faire un accueil agréable à qné*
qu'un f sa physionomie devenoit
riante et ne manquoit pas de
grâce 9 quoiqu'il conservât too'
jours un peu de l'air 8«rmat^
Il s'«xprimoit avec iiicilifté et
p tri oit avec feu ; il étoit natu-*
rellement éloquent 9 et baraB<^
gttoit souvent. Ce prince dédii*
gadit et méprisoit le faste, qui
n'eut fait ^'environmèr sa pâ»f
IG$,
VI
em
Iti
PIE
ne : c^ëtoit le . prince Meit^
off%on. favori, qu'il chargeoik
ic" représenter par sa magni—
nçe» Jamais homme ne fut
s vif, plus laborieux , pliM
treprenant , plus infatigableb
habitude du despotisme ftiisoit
e ses volontés , ses désirs , ses
taiaies se succédoient rapide-
nt, e;t ue ponvoieut souffrit
moindre contrariété des temps,
s lieux , ni des circonstances»
avoit établi des hommes
rgés de porter du secours
incendies , que l'on sait être
rt fréquens eu Moscovie. Il
oit pris uae de ees commis^r
ions périlleuses ; on le voyoit
onter le premier avec la hache
haut des maisoiis en fsu, sans
e le danger l'efFrayât. Cet emt
fenr aimoit beaucoup à voya^
• il ail oit sans suite de l'ex-»
émité de FËiirope au cœur de
Afite; il f ranch issoit souvent l'ia-
aile de Pétersbourg à M08-9
'•ew, qui est de aoo lieues eom^
luanes , comme un antre prince
fisse de son palais à une mai-**
son de plaisance^ Pierre U Grand
^toit extrême dans son amitié,
âans sa haine, dans sa vengeaAae,
dans ses plaisirs.' 11> afmolt beeu»
eoitp les femmes et n'étoit pas
fort délicat sur ie choix ; et dans
^effervescence de son tempér»^
Xient , qudqnefois un sexe 8up«
pléoit à raut;re. Il éteit adonné
par un vice de son éducation , au
vin et aux liqueurs fortes. Ce^
excès ruinèrent son tempérament,
H le randirent sfujet à des ae&èt
^ fureur dans ksqueis il ne se
connoissoit plus : i\ étoit alors
«raei. Mais si quelqu'un de sea
fitvoris le rappeloit à }ni-<pméme^
aux sen timens d'h umanité , il s'ap-*
paisoit et rougissoit de ces trans-»
ports d'un emportement involon*«
^ire. Il diaoit flerji , avec une.
PIS »3T
iorte de confiistpn ^ «Ta» réformé
ma Nation , et je n'ai pu me ré^
former moi-même ! Ce fut le Fori^
et sur-tout l'impératrice Cathe^
rine , qui eurent dans cas occa«*
aions le plus d'ascendant sur lui.
Voludre richement récompenié
par la cour de Russie , a trop
dissimulé les cruautés du czar
Fierre , dans l'Histoire de Gom<**^
mande qu'il adonnée de ce prince^
qu'il appelle ailleurs moitié héros ,
moitié tigre. Le parallèle qu'il ea
fait avec Lycurgue et Soloa, deiqp
législateurs vertueux et humains »
parut un peu extraordinaire à
ceux qui se rappeloient ce mo««
Geau de YHiHpirede Charles XII,
page 60 de l'édition de Paris ;
4( Il est affreux qu'il ait manqué
à ce réforaaafeeur des hommes la
Principale verbu , l'humanité. De
i brutalité dan# ses plaisirs ^ de
la férocité d^ns ses mœurs, do
la baribarie dans ses vengeances ,
se oiéloient à tant de vertus. Il po^
liçoit ses peuples , et il étoit san^*
vage. U a, de ses piropces naios ^
été l'exécuteur de ses sentences
sur des criminels; et dans une
débauche de table il a fait voir
9on'odrttSse à couper àes tétesr... a]
« Les roues , dàt^il ailleurs , pag^
4S4 ^ furent couvertes des mem**
bres rompus des amis de son fils.
Il fit couper la tète à son propcq
beau«>frère le comte Jûaptrechin ,
oncle du prince Alexis, Le con*4
fesseuf dû prince eut aussi la této
coupée. Si la Moscovie a été civi»
U$ée. il fiaut a vouer qiie cette poU*
tesse lui a coûté cher... « Pierre J,
dit Làvesque , placé sur le trône
pour faire observer les lois et
pouc punir le crime } mais né dans
un pays qui éveil aâopté^ pour
la punition des ooapables, le
eruelle sévérité des Orientaux ,
confondît plusieurs fois la justice
avec «ne rigueuj^ féroce qui r4^
L
»3«
P I E
Tolte rhumanité. Persuadé que
le crime nedoit pas rester impuni,
il comprit quelquefois tant d ac-
cusés dans sa vengeance ^ qu'il
dut y envelopper des innocens»
Monarqne, il faisoit trembler ses
peuples : homme, il descendoit
jusqu'à la familiarité avec les
derniers de ses sujets. Protecteur
de la religion , il donna des lois
pour obliger les Russes à remplir
les devoirs extérieurs du Chris-
tianisme : ennemi du clergé , il
profana les cérémonies de la
religion pour rendre Les prêtres
ridicules. Sensible à l'amitié ,
constant dans ses goûts, il laissoit
oublier à ses amis qu'il étoit leur
maître : colère « emporté , capri-
cieux , il les terra ssoit , les frap-
poit de la main et de la canne ;
furieux dans l'ivresse , il tira
quelquefois l'épée contre eux. Dur
à lui-même, il ne pouvoit aimer
que ceux qui ne craignoient pas
les fatigues , et qui savoient' mé-
priser la yie dans les hasards de
la guerre, sur la face des mers
irritées , et dans les débauches de
la table. Ennemi de l'indolence ,
zélé jusqu'à l'excès pour les ins-
titutions dont il étoit l'auteur et
qu'il croyoit utiles , il condamna
son propre réformateur; il vou-
loit inspirer à sa nation des mœurs
plus douces et plus décentes :
•ntrainé par son penchant et par
l'exemple des étrangers, il leur
laissoit voir le souverain plongé
dans la débauche , ami des plai-
sirs grossiers, livré à des vices
crapuleux. » ( Histoire de Russie,
Urée des chroniques originales ,
etc. par Lévesque , Paris , 1 78 1 . )
Les sévérités de Pierre J ont paru
nécessaires à quelques auteurs;
Biais il faut sans doute que ces
auteurs fassent bien peu de cas
de la vie des homi^es. On excu-
saroit plus facikmeut l'autorité
p lE
despotique avec laquelle il god'^.
verna ses sujets , s'il ne s'en étoit
servi que pour leur faire du bien :
mais il n'en fit pas toujours ua
aussi bon usage. Quoi qu'il en
soit , rapportons ce qu'un philo-
sophe (Fontenelle) a ditdeplau«
sible sur ce despotisme , dans
l'Eloge qu'il prononça du czar
dans l'académie des Sciences :
«Le czar a voit affaire à un peuple
dur , indocile , devenu paresseux
par le peu de fruit de ses tra-
vaux ; accoutumé à des châtimens
cruels, et souvent injustes; dé-
taché de l'amour de la vie par
une affreuse misère; persuadé
par une longue expérience que
Ton ne pouvoit travailler à son
bonheur, insensible à ce bonheur
inconnu. Les thangemens les plus
indifférons et les plus légers, tels
que celui des anciens habits oa
le retranchement des longues
barbes, trouvoient une opposi-
tion opiniâtre et sursoient pour
eauser des séditions. Aussi, pour
plier la nation à des nouveautés
utiles , fallut-il porter la riguenr
au-delà de celle qui eût su& avec
un peuple plus doux et plus trai«
tabte : et le czar y étoit d'autant
plus obligé , que les Moscovites
ne connoissofent la grandeur et
la supériorité que par le pouvoir
de faire du. mal ; et qu'un maître
indulgent et facile ne leur auroit
pas paru un grand prince, et à
peine un maître. » Ce prince ,
qui fut si passioimé pour la ma-
rine , avoit , dans les premières
années de sa jeunesse, ime. très-
grande frayeur de l'eau;. il par-
vint à se dépouiller de cette
crainte. Pierre étoit l!hbmmel«
plus savant de son empire; il
parioit plusieurs langues ; il éteit
très— habile dans, ]es mathéma-
tiques et dans la géographie ; il
avoit appris jusqu'à la chirur^it
PIE
fn'il exorça en plusieurs
«ions. Il aimoit les projets vastes ;
il les suivoit avec une ardeur
incroyable, avec une constance
à toute épreuve ; son arnbition
étoit, pour ainsi dire, de créer»
( Voyez Gallitzin, n*» I et U. )
L'impératrice Caf^rine // a fait
élever par Etienne Talconnet»
avec des frais immenses , à Pé-<
tersbourg, une statue colossale
à la mémoire àe Pierre le Grande
Cette énorme masse de rocher ,
avec son piédestal qui est le même
morceau, pèse 3 millions et ;&oo
milliers. L'obélisque que Tempe^
reur Constance fit transporter
d'Alexandrie à Rope , et qui est
le pins grand qui soit connu , ne
pèse que le tiers de œ monument.
Un simple forgeron Rasse trouva
le moyen de le transporter des
marais de la Carélie dans la ca-
pitale, en le plaçant sur d'épais
châssis à coulisse , remplis de
boulets de canon , et en le ifaisant
haler sur ces boulets avec des
cabestans. Pierre I est vêtu à la
Romaine et couronné de lauriers.
Le cheval qu'il monte s'élance et
a les deux pieds de devant en
l'air ; avec ceux de derrière il foule
un serpent de brbnze , qui mor»*
dant la queue flottante du cheval ,
eu assure l'équilibre.
* IX. PIERRE m, né en 1728
' iAaae Petrowna , fille aînée de
Pierre le Grand , et de Charles
Frédéric duc de Holstein-Got—
torp, fut déclaré grand duc de
Ilussie le 18 novembre 1 742 ^ par
l'impératrice Èiizabeth sa tante,
après avoir embrassé la religipn
Grecque, l-l se nommoit aupara*
vant Charles-Pierre-^Ulric, Le
lendemain même que Pierre fut
désigné pour succéder à JB/tz/ai*»/^,
trois ambassadeurs Suédois arri-
Vk-ent à Péterftbourg pour Uii vji^
PIE 1)9
honcer que le sénat de Stockholm
l'avott élu roi. Pierre remercia
les envoyés ^ et les pria d'engager
le sénat à choisir à sa place son
oncle Adolphe FrMeric de HoU'»
teins ce qui fut fait. Après la
mort àÉUzabetk , il fut proclamé
empereur de Russie, le 5 janvier
1762^ ou le ^5 décembre 17^1 ,
selon le vieux style. Les corn—
mencemens de son règne furent
doux et heureux. Il se montra
patient et juste ; il sut pardonner
a ceux qui avoient cherché à lui
nuire près de l'impératrice , et
rappela dans leur patrie près d«
17 mille exilés. Il permit à la
noblesse Russe de voyager hors
de l'empire ; ce qu'elle n'a voit
encore jamais obtenu ; et il abolit
la Chancellerie privée » tribunal
cruel et tyrannique qui servoit à
condamner tous ceux qu'on y
tradnisoit comme coupables de
haute trahisonx>u qui déplaisoient
au souverain. Pierre III ne jouit
p(is long— temps du trône. Admi^^
rateur extrême du roi de Prusse ^
il voulut l'imiter dans plusieurs
choses ; mais il le fit avec trop
de précipitation, quoique le prince
qu'il prenoit pour son modèlo
lui eut écrit d'aller bride en maiitm
n avoit de bonnes intentions ;
mais on lui a reproché de man-*
quer de caractère. Parmi les pro--
jets les plus sages , il en adoptoit
souvent d'inutiles , môme de dan-
gereux , et le désir des amélip»
rations lui fit hasarder des ré-«
formes trop prématurées. Son
amour pour les nouveautés fi-
rent murmurer tous les ordres der
l'état ; des murmures on passa
à la révolte. Pierre fut détrôné
le 6 juillet 1762 , et l'impératrice
sa femme fût reconnue souve-v
raine sous le nom de Catherine It*
Ce prince mourut sept jours après.
La cause de sa mort fut , dit^
L.. .. .
»40
P lE
on , 1B1 flnx bémorroMal auquel
il étoit sujet. Quelques historiens
ro:it «Uribnée à la violence. Pins
décidé pQur lu religion Protes^
tante que ponr la Grecqne , il
■voit dessein de ftire fies chan-
Çemens à celle des Russes ; et il
rnvoit declapé à Tarclievéque de
Vovo^orod. Cette imprudence ne
contribua pas peu à aliéner les
«œnrs de la nation. Pierre IH
H éprouvé la vérité de la fameuse
maxime : Vœ vicUs. Certains ga-
aetiers l'ont peint cooinie nn
)>rince crapuleux et imbécille.
Il'anteur des Aiteedoies de Fré-^.
deric lé Grand» plus impartial ,
dit : • Ses prétendus excès^de bois-
son étoicntsi peu véritables, que
le prince usoit d'une grande so-
briété, ne dé)e(inoit pas et ne
qnittoit jamais après dîner la
ébmpagnie des femmes. Il avoit
l'esprit élevé, le coeur juste et
sincère; ennemi de la flatterie
et de l'oppression ; incapable de
soupçon et de cruauté. »'
XXV. PIERRE d'Auvergne ,
fumo(nn)é V Ancien , troubadour
célèbre , adressa diverses chan-
sons aux Dames de son temps,
i) )es (nettoit lui-même en niu-
kiq\\ç (st les çhantoit agréable*
mén%. Né à Clermont en Au-
vergne , il fut le premier qui
lians sa province fit connoitre la
languie çt la poésie provençale*
$es t^lens distingués , la beauté
de sa figure , sa facilité à parler
le firepc appeler le Maître d^
troubadours. Outre ses chan-
;iqns. , o,n lui doit : I. Un Foëme
Jjititulé ^ Contrat du Corps et
4e l'Ame. H le laissa imparfait ;
m^is Richard Arquler (fe Lam-
Dpsc racl^çva dqns la suite avec
ftiiccès. 11. Une Sirvente , c'est-à-
dire une satire contre les Sici^
li^s , auteurs du massacre des
t*rançois peudojit les Vêpres Siûi-<
p lË
tiennes» 111. Un Ehge des pô^tel
de son temps , oii il ne s'ouUie
pas ; en annonçant « qu'O avoit
la voix plus belle que les autres*,
et que , dès qu'il avoit en pris
de 1 amour en Provence 9 ses poé-
sies ayoient été supérieures à
celles de tons les poètes du pays.»
IV. Des Poésiei spirituelles , en-
tr'a ntres ,^ine Canzone ou Hymne.
en honneur de la Vierge , qui 4
servi de modèle à celle que Pé'm
êrarqtie composa ensuite sur le
même sujet. V.Des Kif r* sur dif-s
férens sujets qu'on peut lire danf
le manuscrit 3,104 du Vatican,
Pierre d'Auvergne est nommé
Pierre Roger dans quelques «n^
ciens manuscrits qui disent qu'i(
fut chanoine dans sa jeunesse ,
mais qu'il quitta son bénéfice
pour jouer la comédie et feirç
i'ampur. Il fut ajmé d*Ermé»^
garde comtesse de Foix , pré-
sidente de la cour d'amour de
Gascogne , e( mourut assassiné
vers l'an 1 33o par les parens dç
Haguette de Baux , jeune beauté
qu'il avoit aussi rendu, sensible.
Voyez I. Baux.
PIETAINI , ( Joseph ) habile
peintre d histoire, mort en 17679
étoit né dans le bailliage de LiH
gano.
PIGET , < Simon) libraire ef
imprimeur de Paris , avoit étenda
son commerce dans toute l'Eu-
rope , au milieu du 17* sièclat
Il étoit versé dans la connoissancç
des langues savantes. Ses éditions
sont recherchées. On distingua
parmi cellesc-ci les œuvres â^Am^
phyhque , 1 644 , in — folio , et
un Rituel grec par Gourd, in-r
fol. Ce dernier ouvrage est trèt^
rare*
* PIGNQRIUS , (Laurent)
né à Padoue en 1 57 1 , devint cnr^
de Saint-Laurent de cette' ville,
ptttf
l^is cKanoine de Tréviso , Oti 11
mourut de la peste en t 6 3 i «
à 60 ans. Ce littérateur avoit
dressé une belle bibliothèque et
tin riche cabinet de médailles ^
qui hii servirent dans la com-
position de ses savans ouvrages.
On a de lui : I. Un Traité JDe
Servis et eorum apud Veteres mi'-
nisteriis , in-4.** IL Characteres
^SypUi, in -4", 1669. C'est
l'explication de la célèbre table
biaque. Celle-ci est en bronze ,
et a cinq pieds de long sur trois
de large. Elle fut achetée au sac
de Rome en i5a5 par un ser-
rurier , qui la vendit au cardinal
Bembo, A la mort de ce der-
nier , elle passa dans le cabinet
des duGs de Mantoue tt y resta
jusqu'en 1 63o , année où cette
lille fut prise par les troupes
Impériales. Cette table a été dé-*
posée depuis à Turin . et ensuite
à Paris au Musée des arts, fille
offre une grande quantité de fi^
gures et de divinités Egyptiennes,
«es symboles, des hiéroglyphes»
W'arhurton la croit le plus rao-
derne monument de l'Egypte an-
cienne. JEnée Vico de Parme l'a
pavée dans toute sa grandeur ;
elle l'a été depuis en moindre
vol. pour les Œuvres de Mont-^
faucon , de Jablonski et de Caylus»
Elle a été expliquée par le jé-
suite Kircher ; mais l'opinion de
Pignorius , quoique plus simple ,
a paru la plus vraisemblable*
Ql. Origini di Padoua , 16169
m -40 ; et plusieurs autres ou-
vrages pleins de profondes re-
cherches. Pignorius avoit un
«mour vif et constant pour Té-
tnde. Les hommes les plus savans
de son siècle se hrent honneur
^ètre en relation avec lut
* PILATE , ( Pontius PzLA"
fvs) gouverneur de la Judée y
SuPPL, Tome IIL
P î t Ml
dont la famille et la patrie sont
inconnues 9 mais qu'on croit Ro-
main ou du moins Italien , fut
nommé gouverneur de la Judée
à la p^ace de Gratu^ , l'an 26
ou 27 de Jésuf-Christ. U com-^
manda dans cette province pen-«
dant <iix ans sons Tibère, C«
fut lui à qui les Juifs menèrent
JÉSUS -Christ , pour le prier
d'exécuter le jugement de mort
qu'ils croyoient qu'il méritoit. Pi^
la te le trouvant innocent , le ren-«
Voya à Hàrode roi de Galilée , et
tâcha de profiter de la fête àm
Pâques pour le délivrer. Ensuite
croyant calmer la fureur des
Juifs par quelque satisfaction , il
fit cruellement flageller le Sau-«
veur. Mais la rage de ses ennemis
ne fut pas assouvie. PilaLc vou-«
lut cependant se dispenser de pro«
noncer le dernier jugement con<«
tre lui. Mais lorsqu'il vit que les
Juifs ne se rendoient point et
qu'ils le menaçoient même de U
colère de César » il livra JÉSUS-*
Christ aux bourreaux qui la
crucifièrent : pareil à tant de ma<«
gistrats qui avec de bonnes in-
tentions , mais sans force de
caractère , se prêtent aux inten<n
tions perverses des méchans. U
ajouta la dérision à l'injustice 9-
en faisant mettre sur l'écriteau
de la croix : Jésus de Naza^^
relh , roi des Juifs ; car il ne
reconnoissoit pas le royaume de
Jésus-Christ , mais il vouloit se
moquer du peuple Juif. Pilate
prit Fargent du trésor sacré, pour
f(ùre travailler à un aqueduc. On
se souleva contre lui , et le gou-^
verneur fut obligé d'employer la
force pour appaiser la sédition.
Il exerça des cruautés encore plus
horribles contre les habitans de
Sa marie j qui s'en plaignirent à
Tibère, Ce ptince l'envoya l'aa.
36 de J. Ci en exil près de Vie non
Q
Mï
P I L
en Danptiiné , on il se tna de
désespoir <ktix^ ans après ^ du
tnoins à ce que dit Eusèbe. Philo»
le Juif en parle comm» d'un juge
Ifiiqûe qui vendoit la justice ^ et
Hrroit pour de l'argent le sang
Innocent. Il le peint comme nn
magistrat iB|itste ^ cruel et ré-
3ial 9 qui tourmenta la Judée par
ses Meurtres et par ses rapines,
li'historien Jaèpke ew fait è peu
près le même portrait. Nous avons
sous son nom une Lettre à Ti^
hère y dana laquelle i^ lui rend
compte des miracles et de la ré-
surrection de Jésus^Christ ; mais
OHoiqu elle sôit citée par Ter lui'-
tien dans son Apologie pour les
Chrétiens , on la regarde comme
vne pieuse imposture. On doit
porter le même jugement du
Trésor admirakfe de la Sentence
de Ponce -Pilate contre Jésus-
Christ , trouvée écrite sur par^^
chemin en lettres hébraïques dans
la ville d'Aquila. Cette pièce sup-
posée fut traduite de l'italien en
iranoois , et imprimée à Paris en
I58ï , in-S.*'
* PItATRE DU Rosier,
X François ) né à Meti le 3o mars
175s , iat placé d'abord chez un
apothicaire , quil quitta pour
«lier chercher des lumières dans
la capitale. Il cultiva l'histoire
2iaturelle et la physique. Il avoit^
(établi à Paris un Musée ayant
éeux objets , le premier d'offrir
aux savans des laboratoires pro-
pres à essayer leurs découvertes {
l'autre , d'enseigner aux étudians
en chimie et en pharmacie , lu-
sage des machines et leur appli-
cation. PLiatre avoit acquis déjà
quelque célébrité , lorsque la
découverte de Montgolfier vint
étonner les savans. Le 2 5 du mois
d'octobre 1783, il tenta un pre-
mier Voyage d4»s les aii^ av^e
PI L
M. d^Arlande. Le 21 novembS9
suivant , dans un ballon lancé du
château de la Muette , il traversa
la Seine-, dépassa Paris ^ et s'a-
baissa au-delà du nouveau boa«
levard , vis-k-vis le moulin d»
Croulleharbei Ce fat alors qu'on
fit sur U nom de laéromuite ,
l'une des plus heureuses ana-
grammes de te genre futile, en
trouvant dans les lettres de Pi-
laire du Rosier ces mots : Ta
es p^ roi de l'air. Il ne jouit pfti
Ion n;- temps de ce dangereux em-
pire. Il fit en présence de la Fa-
mille Royale de France , du roi
de Suède et du prince Henri de
Prusse , différentes autres courses
aériennes qui eurent un brillant
succès. Après avoir résolu d'aiier
en Angleterre par la voie des
airs , il se rendit à Boulogne-
sur— mer ^ d'oii il s'éleva à sept
heures du matin , le i & juin
r78S ; mais demi-heure après le
feu prit an ballon , et Pilaire
avec son compagnon Romain »
furent fracassés par la chute de
cette machiné 9 pi<is singulière
peut-être qu'utile. Leur malheur
vint de leur imprudence, ils mon-
te ient un ballon rempli de ^ui
indammàUe. Celui-ci étoit ac-
compagné d'une Montgolfière ou
ballon à réchaud , qui mit le feu
au gaz ; aussitôt la galerie se dé-
tacha et se' précipita sur la terre
avec une rapidité que l'œil eut
peine à suivre; lea lambeaux da
bnllon ne descendirent que len-
tement , et la Montgolfière resta
intacte. Pilatre ne donna aucun
signe de vie après sa chute , Ro^
main ne survécut qne de quel-
qii es minutes. Ils avoient l'un et
l'autre la poitrine fendue en trar-
vers , le coii et la tète enfoncés
dans la poitrine , les jambes et
les cuisses brisées en plusieurs
endroits, lis furent easévelisat
Hlla'ge ae Wi mille. Les Vertus
cociales de Pilaire et son cou-
rage , le firent regretter de ses
amis. Son mérite comme chimiste
et ses tentatives comme aéro—
naate, lui avoietit procuré des
récompenses pécuniaires , des
placés , et l'associât ion à plu*^
sieurs Acadéitiies.
PlNEÎLîiRE , ( N. de la ) éloit
d'Anjou. Il donna en i63S au
théâtre François , une Tragédio
à'Hippofyte^
ih l^INELLI, (Maphée) iiti^
primeur de Venise , mort dans
cette ville le 7 février 1785 , à
^9 ans , étoit riche et éclairé.
Il se forma Une bibliothèque com-
posée de manuscrits curieux et
de livres rares, dont le catalogue
parut après sa mort , en 6 vol.
in- 8.* Des Anglois ayant acheté
ce trésor littéraire , publièrent
un nouveau Catalogue tronqué
et altéré ^ en un seul vol.
IL PINET, (N.) agent de
change à Paris , y empruntoit à
un taux exorbitant , et fut ac-
cusé d'avoir contribué à l'accapa-
rement des grains et à la famine
qui se fit sentir à Paris en 1789.
Pinet fut mandé à Marly où il
eut une conférence avec les mi-
nistres 5 qui lui promirent la place
de garde du trésor royal, s'il four-
uissoit des preuves de conviction
contre les auteurs de la disette.^
Quelques jours après cet entre-
tien , et le 29 juillet 1789 , Pl/iet
fut trouvé assassiné dans un bois
près de Passy. Sa mort entraîna
l'une des plus fortes banqueroutes
qui ait été faite dans la capitale :
elle fut de cinquante - quatre
niillions.
PINGERON, (J. C.) né à
Lyon et mort à Versailles en
i7^^ 9 à rage d« 60 ans ^ fut ao*^
P I N i4f
'tir, laborieux ; il publia quelque»
Opuscules relatifs aux fuiances
et à l'agriculture n et siir— toiit
beaucoup de Traductions d'ou-«
vrages italiens et anglois. Parmi
les premiers ^ on distingue le
Traité des Vertus et des récùtn^
penses par Draga^etti , 2768^
in- Il ; les Conseils d'une Mère
■à son Fils par Mad. Piccolomini-^
Girardi , 1 769 , in- 1 2 ; le Trûité
des violences publiques et partie
cuUères par Murena , X7^9'9
in- 1 2 ; le Pùeme sur les abeilles
ûePiucceUàî, 1770» ia-8°; ÏEs-^
sai ^ur la peinture par jHgarotU ,
in- 12 ; les Vits des Architecte^
anciens et modernes par Milizia,
177 1 , 2 vol. in-12; Lettres do
l'abbé Sestini sur l'Italie , la Si-
cile et la Turquie ^ 1789 9 3 vol.
in- 8.* Les seconds sont : Voyagé
de Marshall Anglois , dans \A
partie septentrionale del'Europe^
1776 , in-8* ; Description de Itt
Jamaïque ,1782, in-i l ; Manisel
des gens de mer , in-8^ ; Des*^
aripiion de la machine électrique
de Calhherson, in- 8.° Pingerùi^
a en outre publié un Journal sut
le commerce ^ les finances et lu»
arts , dans lequel on trouve beau-
coup de choses utiles.
PINGRE , ( Ale«andre-Guf )
bibliothécaire de S te.- Geneviève
à Paris , naquit dans, cette ville
le 14 septembre 17 1 i.Des études
faites avec succès^ l'amour ex-»
tréme du travail , lu facilité de
la conception le distinguèrent
bientôt , et l'anatomiste le Cai
qui le connut , le fit recevoir en
qualité d'astronome à l'académie
de Rouen , qu'il avoit fondée. Le
premiet ouvrage de Pingre itiC
le Calcul de l'éclipsé de lune ar-*
rivée le 28 décembre 1749. Il pu4
blia ensuite un ^/i»û/iflic^'nau-^
tigue pour faciliter aiu navigo^
%44 PIN
teurs Tobservation d»s longitudes.
Ces travaux l'ayant fait cotuioitre
dit gourernement ^ celui-ci l'en-
voya dans la mer de» Indes ob—
eerv.er le passage de Vénus sur
le disque du soleil; puis acconi<*
pagner Courtanvaux en Hollande
pour vérifier les horloges marines
de le Roy; enfin accroître les
progrès de l'astronomie et de la
géographie dans les Voyages de.
l'Isis et de la Flore , noms des
vaisseaux sur lesquels il s'embar-
qua. La Relation <le ses voyage»
« été publiéje en 1773 et en 1778 ,
chacune en 2 vol, ii>-4.® Pin^ré
fut alors nommé a la place d'a^
tronome géographe de la marine 9
devint membre de l'académie des
Sciences , et ensuite de l'Institut.
Il est mort à Paris le iz Ûoréal
d» l'an 4, à l'âge de 84 ans. Ses
ouvrages sont : I. EtaLdu Ciel »
I7H^ 1755^ 1756 et 1757. ILiliié-
moire êuv les découvectes faites
dans la mer du Sud , avant les
derniers voyages des Auglois et
des ^^rançois autour du mojide,
1175^, in-4.® III. Cométogrpphifi
OU- T.r^il^ historique et théorique
de^ iÇemètes f 1784, deux vo).
9n-4.° C'est Touvrage le plus con.-
sidérable dç l'auteur. Il y a cal^
eulé les orbites de toutes les
«omète». doi^t le souvenir s'est
conservé. ÏV. Traduction des As-
tronomiques de M^nilius , 1 7 8 5 ^
iu-8.** Le traducteur y a réuni
les autres poëtes Latins qui ont
écrit sur le cours des astres. '
iV. Histoire de Tastronomie du
dix«-septième siècle 9 1791 ^m"^.^
Pingre avoit publié dès 1756 le
t^rojet de cet ouvrage. YL 11 a
été l'éditeiu: des Mémoires de
l'abbé Arnaud, publiés en 17 56,
en 3 vol. in— 4<> , et de la onzième
i^dition de la Géographie en vers
artificiels de Buffier , qui parut
#|i ^781 , in- 12. VU. On lui
P I P
doit dans la nouvelle édition rf*
lArt de vérifier les dates , le»
Calculs des éclipses qui ont eu
lieu mille ans avant l'ère vulgaire,
et dans les Mémoires de l'jUa-^
demie des Sciences un grand nonw
bre d'Ecrits savans et utiles. Pm-
gré eut un caractère doux et ami
des hommes. Incapable d'aigreur ,
d'envie , de vengeance , il passa
sa vie entière dans la paix , jouis*
sant de l'estime publique et da
bonheur ds n'avoir pas on ea^
nemi.
PIOMBINO, (Anne- Marie
Ardoini , princesse de ) se dis.^
tingua par son esprit et l'agré-
ment de ses poésies , à la fin du
17' siècle. Le recueil de ses pièces
en vers latins , est intkulé : Rosa
Parnassi,
I. PIPER , ( le comte ) con-
seiller d'état de Suède , deyint
en 1698 9 premier ministre de
Cliarles XII » sans en avoir 1»
titre, et le suivit dans ses con<«
quêtes. Il avoit autant de poli«
tique que son maître avoit de
bravoure. Lorsque ce prince ent
convoqué la diète de Pologne ou
il étoit entré en vainqueur , i)
hii conseilla de prendre pour hu«
raéme la couronne Polonoise 9
au lieu de la placer sur une autre
tète. Charles lui répondit ^\\*il
étoit plus fialté de donner que
de gagner des royaumes. Mais
ce n'étoit pas assez de donner ;
il falloit conserver , et c'est ce
que Charles XII ne fit point.
Piper qui étoit avec lui à Pul-
tawa en 1709 , fut fait prison-
nier par les Russes , et transféré
à Pétersbourg. Le czar persuade
que ce ministre avoit attiré sur
la Moscovie les armes de la Suède^
loi rendit sa captivité plus diirew
Charles n'ayant jamais voulu s'a-
ba\^âer à oifiir pour Pifçe uxm)
p IP
ftinçon qu'il craignoit que Pierre
n'acceptât point, le ministre Sué-
dois fut enfermé dans la forte-
resse de Schlusselbourg , où il
mourut en 1716 , à 70 ans. On
rendit son corps au roi de Suède
qui lui fit faire des obsèques ma-
gnifiques ; tristes et vains dédom-
magemens de tant de malheurs
et d'une fin si déplorable.
IL PIPER , (François) pein-
tre AngVpis , mort à Alderman-
bury en 1740 j excella dans la
perspective.
PIRA , (Henri de la) méde-
cin Lyonnois du xvii* siècle,
a fait imprimer en i638, un
crédule traité de Géomancie*
PIRANESI , ( Jean-Baptiste)
peintre , graveur et architecte
célèbre , naquit à Venise en
1721 , et mourut à Rome en
I778. Plein d'enthousiasme pour
les monumens de l'antiquité an
milieu desquels il vécut , il cher-
cha à en offrir l'image aux au--
très paWe secours de la gravure ,
et il inventa dans cet art une
méthode nouvelle. Ses talens en
architecture ne furent pas moins
brillans , et on les reconnoît dans
la construction de l'église du
prieuré de Malte à Rome. Le
recueil des œuvras gravées de
Piranesi forme 1 5 vol. in-folio.
Sa fille Laure Piranesi , morte
en 1785 5 a gravé avec succès
une suite de vues d après la mé-
thode de son père. Ses deux
frères François et* Pierre , ac-
cueillis à Paris en 1800 9 con-
tinuent la collection célèbre de
Jean—Baptiste , portée aujour-
d'hui à vingt- trois volumes. On
y trouve les belles fresques de
Baphaël , un grand nombre de
dessins du Guerchin et des autrui
peintres les plus faoïeuxv .
P IR
%4%
* PIRON, (Alexis) né à
Dijon le ^ juillet 1689 y d'un apo<^
thicaire , y passa plus de trentd
années dans la dissipation d*un
jeune homme qui aimoit lesplai-*
sirs et la liberté. Une Ode trop
connue ayant fait une impression
scandaleuse sur se& concitoyens ^
il quitta sa patrie pour échapper
aux reproches qu'il y essuyoit%
Sa fîi mille ne pouvant Taider que
foiblement , il se soutint à Paris
par le moyen de sa plume , qui
étoit aussi belle et aussi nette qiie
les traits du burin. U se plaça
chez M. de Bellisle en qualité d«
secrétaire , et ensuite chez un
financier , qui ne s'apperçut point
qu'il possédoit un homme de gé«>4
nie. Diverses Pièces oii l'on trouv«
des détails singuliers , originaux ,'
et une invention piquante , qu'il
fournit au spectacle de la foire 9
commencèrent sa réputation ; et
la Méiromanie , la meilleure co-«
médie qui ait paru depuis \0
Joueur de Begnard , y mit I0
dernier sceau. Cette pièce encin^
actes ^ bien conduite 9 semée de
traits neufs , pleine de génie ^
d'esprit et de gaieté , fut jouéâi
avec le plus grand succès ertf
1738 , sur le théâtre I^ançoiav
( Voyez Dbsforges-Màillakd.)
L'auteur jouit dans la capitale de
tous les agrémens que peut se
promettre un homme d'esprit
dont les saillies sont intarissa-«
bles^. Admirable dans la conver-
sation , oii il n'eut point d'égal ^
plein du sel de Rabelais et d»
l'esprit de Swift , toujours neuf 9
toujours original , il n'est point
d'homme qui ait fourni un plus
grand nombre de traits à re-
cueillir. Nous en citerons quel-
«pies — ims qui feront connoître
son tour d'esprit et son carao^-
tère. En Bourgogne on appeDe
le^ babitans de Beaune, les Uma
Qî
M
PIK
4e BemiJie* Piros exerça soii»^
vent sa cansticité à leurs dépens.
Un jour qu'il se promenoit aux
environs de cette ville , il se mit
il abattre tons les chardons qii'il
rencontroit. Un de ses amis lui
en demanda la raison» Il répon-
dit : J'ai à me plaindre des Btau^
nois ; je leur coupe les vivres •*••.
Comme on lui répondit que ces
IVIesfiieurs se venger oient : AUez ,.
dit-il j
^ Allez , ie ne «ralm point Ictt itaipiiltfaat
co»rro«x ,.
Xt 9 quand \9 s«Mis seul , je les bâterols.
tons..
—Étant un jour entré, dans Dne-
maison oii Ton jouoit la comé-
' die, il demanda quelle pièce on
dpvoit donper. « On jouera Les-
JFurenra de Scapin , lui répondit
gravement un jeunes Beaunois.
-— Ah ! Monsieur , répondit Pi—
ron en le remerciant 9 je croyois
que c*étoient les Fourberies <£0^
reste, » Dans le temps de la re-
présentation quelqu'un apostro^
pha l'assemblée d'un Paix là ^
Messieurs t on n'entend pas* — Ce
n'est pas du moins faute d'oreilles^
cria Piron. —Un évèque deman-
doit un jour à Piron^ dans le-
temps des disputes du jansénisme :.
jivâZ'H^ous lu mon Mandement »
monsieur Piron? -^Non , Mon^
seigneur ; et vous ? ^^Piron s'eut»
tretenant avec un grand seigneur^
•t la conversation s-'échaufïadt
beaucoup , celui— ci lui rappela
l'intervalle que la naissance et le
Tang nettoient entr*èux. Mori^
sieur , lui dit PiRON « fai plus
ou'-^ssus de vous dans ce mo^
ment , que vous na^z au-dessus
de moi ; car j'ai raison , et vous
cvez tort, —Un homme de peu
d*esprit disoit beaucoup de mal
d*un ouvrage médiocre. Piron qui
iétoit présent lui répondit ; Prx^.
9 ÎR
ne^y garde Monsieur ; cet ovA
vrage — là devrait vous paroHre
fort ^<fau.. —Excédé du luxe ^ dqi
ton hautain et suffisant du fer-
mier général la Popelinière , it
lui dit en le quittant après une-
disputa? assez vive : Adieu , Mon-
sieur ; alle-z cuver votre or, — ft
disoit 9 en parlant de- Corneille
et de Bacine : « Je V4>ndrois être*
Racine , et avoir été Corneille, »
— Un auteur médiocre lui de-^
manda un sujet d'ouvrage où per«
sonne n'eût travaillé et ne tra-
vaillât jamais. « Vousnavez, dit
Piron , q;i'à faire votre éloge, w-
—La Sêmîramis de Voltaire ne
fut pns fort bien- accueillie à la
première représentation. L'au-
teur trouvant Piron dans les-
foyers, lui demanda ce qu'il pen-
soit de sa pièce ?. Je pense, ré«
pondit celuir-ci) que vous vou-"
dnez bien que je L'eusse faite,.
--^ Piron a voit prédit la chute
d'une pièce à celui qui l'avoit
donnée. Elle na point été sifflée »
lui vint dire ce dernier. — Je le
crois , répondit le critique ; o»
ne peut pas siffler quand on bâille,,
•— Uh autre lui présenta une tra»
gédie sur laquelle il le pria de-
donner son aVis. Chaque acte
étoit terminé par la formule or-
dinaire , Fin du premier acte, J^i^A
du second acte. Piron , pour tout
avis y ne fit qu effacer Yn du mot
Fin^ — Un autre poète tragique
lui lisoit son œuvre où il avoit
inséré beaucoup de vers d'autrui.
Piron ôtoit son bonnet à tout
instant. L'auteur lui demanda la
raison de ce geste perpétuel ?
« Cest , lui répondit Piron ^
que j'ai l'habitude de saluer tous
les gens de mA connoissance, »
"^Fernand'-Cortez f tragédie de
Piron , ayant fait désirer quel-
ques changemens à la première
représentation y le« comédies»
\
empotèrent le Grand à fanteur ,
pour lui demander (quelques cor^
rections. Piroa se gendarma au
mot de corrections. L'acteur in-
sista en citant l'exemple de VoU
taire , qui corrigeoit ses pièces
au gré du public. Cela est diffé-^
renL , répondit Plron i Voltaire
travaille en marqueterie , et je
jette en bronze, Si cette réponse
n'est pas modeste , il fuut con-
venir qu'elle eU énergique. Il se
croyoit , sinon supérieur , di»
moins égal à Voltaire , qui n'a-
¥oit , disoit-«il ^ qu'une réputation
viagère, —Quelqu'un le félici-
tant d'avoir fait la derniùre ciy-
médie de ce siècle ; il répondit
avec pins de franchise que de
axodestie ; uijoutez , et la dera-ière
Tragédie, On connoit le* vers
dans lesquels il dit :
Sn dc«x mot» TôulM-Ypvt «Uttingutr
et cofinottre
Le rîmenr OijonpoU tr Te Parisif n .>-
Le premier ne ûr lien , et ne roalvt
rieii {tre >
X''aittre Tonlut tont ^tte , et ne fbt
presque ii«n«^
On voit ppr cea differens traits,
que Piron avoit «ssez d'amour
|>ropre. Qe qui servoit à le nour«
rir et à lui faire penser (^'il étoit
au-dessus du plus célèore de s«»
contemporains, c'est qive la gaieté
*t»riginale qu'il portoit avec lui ,
fit pendant Iong-terop« préférer
sa société a celle de Voltaire ,
d'aiUewrs trop vif, trop sensible
et trop épineux. Mais ceux qui
ont rapporte les plaisanteries dont
sa conversation étinceloit , au-
roient dû donner des saillies de
table polir ce qu'elles sont, et
rayer pelks qi^i et oient ou in|dé-
centes ou insipides. Telle chose
« fait rire 1*^ Vjerre à la main , qui"
devient m<»^'SMde lorsqju'on la re-
jeté y âux^tout «i en îa répétant
n * ut
•n vent lui donner de rimpot<«
tance. Quoi qu'il en soit , l'ingé-
nuité maligne de Piron fut et^
partie \tk cause qui l'exclut de
l'académie Françoise itTtg nepour»
rois , disoit — il j fyire penser
trente -^ neuf personnes connue
moi , et je pourrais encore moins
penser comme trente-'ncuf* Il ap-
peloit très - injustement cette
Compagnie célèbre les Invalide^
du bel esprit , et cependant il
avoit travaillé pltis d'une foi*
ppur avoir ces invalides. Oix
croit qu'il auroît réuni assez de
suffrages pour les obtenir ^ mai^
l'abbé d'OUvet mit obstacle à s{i
réception , en portant à Boyer
ancien évéque de Mirepoix Iode
licencieuse de Piron, Le poëte se
vengea de l'académicien par cettu
épitaphe maligne :
O gtt le pédant Martin «
Snppôc ds pays Latin ,
"Swi prisevr de diphthatifve »
RigAurenx an dernier point
Snr la rirgule et le point p
La syllabe bfève et longue »
Snr Ifaccem grave et raigp y.
L*U TOyelk et fC eomoline* <
Ce charme qui Pcnflamna
Fut sa passion mignonne r
Son hnile il y consuma.
Du reste , il t^aima- personne ^
Et personne ne Talmâ.
Une elnite qite Piron fit quelque
témp? avant sa mort en précipita^
l'instant. 11 Tootirut le 21 janvier
-^[773 « à i83 ans. 11 s était fait*
Jui — même cette épitaphe^ qitf
tient de i'épigrainme :
Ct CtT Pinotr , QVI Kl FOT Rxtjr^
Pas méms AcADiMreisN.
Il eut pendant plusieurs ûntiétB-
une compagne douce ^t pleixue
d'esprit comme lui , Marie-Thé^
rèse Qiiena%(,^on morte en 175x5-
«i aucua époux ne remplit mien^
Q 4
L..;
^4$
P IR
les devoirs de son état. Le recttefl
de ses ouvrages parut en 17765
en 7 vol. in-8'^ et 9 vol. in— 12.
Les principales pièces sont t
I. L'Ecole des Pères , comédie
jouée en 1728 sous le titre des
fïls ingrats, U. CaUisihènes j tra-
gédie dont le sujet est tiré de
Justin, ill, L'Amant mystérieux ,
comédie. IV. Gustave et J?Vr—
nand -^ Carte z , deux tragédies
dont quelques scènes décèlent un
^énie original , mais dont la ver-
eification flatte peu Toieille et ne
va point au cœur. 31aupenuis
disôit de la première ; Ce n'est
pas la représentation d'un évé-'
nement en vingt'^uatre heures ,
mais âe vingt-quatre événemens
en une heure* Boindin l'appeloit,
^'Histoire des Révolutions de
Suède revue et augmentée, V. La
Métromanie , comédie. ( Voyez
II. Fresne. ) VI. Les Courses
iie Tempe , pastorale ingénteuse
<)îi l'on peint avec agrément les
TDœur$ des villes et celles de
)a campagne. VII. Des Odes,
dont quelques— unes sont belles.
iVII]« J^es Poèmes , des Contes ,
des Epigrammes, Il réussissoit
dans cç dernier genre , et on doit
le placer après Marot et Rous-^
^eau* U étoit forcé dans le tra-
fique et beaucoup moins naturel
que dans le comique ; ses tragé-
dies offrent pourtant des choses
•ibrtes et rendues avec énergie. Les
préfaces dont il a accompagné
■ses différentes pièces se font re-
:niarquer par des choses pensées.,
neuves et, plaisantes , par des eit-
presçioAS heureuses et des tours
ïiaïfs i mais on y desireroit -un
*t}le plus aisé, plus pur, plus
noble, et moins de jargon. Il ne
falloit pas d'ailleurs surcharger
le public de sept volumes ; ii y
en a au moins quatre de trop.
-^A'I'^ception delà Méiromanie^
V I T
de Gustave , des Courses de Tem-i
pé , de quelques Odes , d'und
vingtaine d'Epigrammes , de trois
ou quatre Contes , de quelques
Epitres , tout ie reste est plus
ou moins médiocre. Le ton pé-
nible , la dureté , le mauvais
goût y dominent et en rendent
la lecture peu agréable. On na
point imprimé les nombreuses
petites pièces données par P4rott
au théâtre Italien et à celui "de
l'Opéra Comique. On connoît c^
pendant leurs noms : ce sontPAt-
lomèle y les huit Mariannes , yir-
lequin Deucalion , l'Antre de Tro-
phonius , l'Endriague , l'Ane
d'or j les Caprices , les Chimères ,
le Fâcheux veuvage , Crédit est
mort, V Enrôlement iC Arlequin ,
la Robe de dissention , les Jar^*
dins d'Hymen , etc. Voy. E Pi-
eu R6 vers la fin} et IL Ni-
velle.
PITHON-CURT, ( l'abbé J
mort en 17S0 ^ avoit publié en
1743 l'Histoire de la noblesse .du
•comtat Venaissin y en quatre Vol.
in- 4.0 Plusieurs généalogies pa-
roissent bien dressées et bien ap-
puyées ; d'autres ont souffert àe$
drfficultés : la malignité étant
toujours prête à contredire la
vanité.
PÏTROU, (Robert) inspec-4
teur des ponts et chaussées, né
à Mantes en 1684, mort à Paris
en 1760, construisit le pont de
Rlois en 17165 et imagina les
cintres de bois appelés retroussés^
Le Tiecueit de ses Dessins a été
publié par sa veuve, 1756,
in-folio.
1. PiTT, (Christophe) phëtê
. Anglois , né à Blandfort en 1 699 y
mort le i3 avril 1748, bidonné
des Traductions de Liicain , d*
ÏEnéide el^ de 1» poétiquede K«^
CcziA a donné une édition de
jes Poésies, à Paris, in— 12.
PIZZI^ (labbé Joachim )
naquit à Rome en 17 16 9 et lit
ses premières études au collège
Romain sous les Jésuites. Doué
des plus heureuses dispositions,
ii donna bientôt des preuves de
ses taleus dans quelques essais de
poésie italienne. Associé à l'aca-
démie des Arcades , il s'y dis*
tingna par un grand nombre de
productions agréables en prose
et en vers. Il succéda en 1769
à l'abbé Moréi , dont la mort
laissoit vacante la place de Cus-
tode générai de l'académie , et il
la gouverna avec un zèle éclairé
jusqu'à sa mort arrivée au mois
de septembre 1790 , à l'âge de
74 ans. 80US son administration,
l'académie acquit un nouveau
Instre , et eut la gloire de s'as—
socier plusieurs souverains de
l'Europe. Une époque intéres-
sante de son directorat, fut le
conronitement de Marie-MagHe-
leine Morelli , connue sous le
nom de Coritla Olympica , fait
au Capitole le 3i août 1766. Cet
bommage rendu auxtalehs d'une
femme célèbre, éprouva tant de
contradictions, et Pasquin lit si
souvent entendre à ce sujet sa
mordante voix , que l'abbé Pizzi
dit plus d'une fois en riant, que
le couronnement de Corille étoit
devenu pour lui le couronnement
à'épines. Pie VI eut constam-
ment pour Pizù l'estime dont
ee dernier avoit déjà été honoré
par Benoit XIV, Clément XIII
et Clément XIV, Ses principaux
ouvrages sont : I. Discours sur
la Poésie tragique et comique ,
Rome, 1772. II. Dissertation
sur un Camée antique. III. La
Vision de l'Eden , poëme en
j^uatre chants , Rom e , lyjH.Jjt
P L A
M9
sujet en a été puisé en partie
dans \ Apocalypse, Onle dit plein
d'agrément et d'harmonie. IV. Le
IViomphé de la Poésie. Ce poêm«
a été imprimé à Parme par le
célèbre Bodoni rivi^l de Didot «
avec tout le luxe typographique,
dans la collection qui a pour
titre : Actes du couronnement
solennel de Corilla Olympica»
—Un autre Pizzi , {Jacques-^
André) aussi né à Rome, et
probablement de la même fo^
mille, est auteur d'une BibUo-»
thèque latine des décisions de
la Rote, Rome, 17 19 9 3 vol.
in-fo}io.
III. PLACE, (Pierre-An-
toine de la) né à Calais en 1707,
mort à Paris en 1793, âgé de
plus de 80 ans, fut plusieurs
fois député des états d'Artois.
Cependant il cultiva moins les
sciences relatives à Tadministra*
tion , que les beaux arts. Il se
fit d'abord connoître par la tra-
duction du Théâtre Angloij , en
8 vol. in- 12. Cet ouvrage fait
sur le modèle du Théâtre des
Grecs du P. Brumoi, mais moins
bien écrit, fournit à quelques-
uns de nos poètes dramatiques
des plans, des situations, des
caractères. Le traducteur n'a pas
rendu servilement les originaux ;
il en a corrigé le plus souvent
les irrégularités , et présenté plu-
tôt des esquisses. que des tableaux
mômes. La Place a suivi la même
méthode en traduisant divers ro-
mans Anglois , V Histoire de Tom
Jones ; VOrpheline Angloise ;
Mémoires de Cécile, etc., 1788,
8 vol. in-8.^ Il les a élagués et
en a fait disparoitre les images
ou les expressions basses et ri-
dicules ; mais tout en réformant
les autres, il n'a pas assez veillé
^ur $on propre style , qui est
%$o
P L A
quelc^itefoi» lâche et incorrect*
Un a encore de la Place de»
tragédiens ; Venise sauvée, Jeanne
d'ylngleterre , Jeanne Gray , CmU
liste et Adèle de Ponthieu ,• la pre-
mièie imitée d'O/w/iy, est la seule
ç[iii ait eu quelques succès» Il y a
cie la chaleur tragique dans plu-
sieurs scènes; et quoique la dic-
tion n'en soit pas fort élcgaiite,
elle a le mérite de ne s'éloigner
ni de la vérité ni du naturel ;
et elle n ett pas ridiculement em-
phatique comme, celle de quel-
qiies-uns de nos dramaturges
modernes. Les autres sontfoible»
d'intérêt , de conduite et de style.
La Place devenu vieux ^ se jeta
dans, les compilations. U donna :
I. Un Recueil d'Epitaphes , 1 7 83 ^
3 vol. in- 12 j qui 9 à l'exceptioa
des vers , souvent très-plats , est
entièrement copié dans ee DiC"
Honnaire. II. Huit vol. Wr^tz de
Pièces intéressantes et peu con^
nues , qu'il auroit pu réduire à un
seul, s'il s'étoit borné à Tutiie et
à lagréa^ie. III. Hermippus re-—
divivus , ou le Triomphe du Sage
sur la vieillesse et le tombeau »
traduction de l'Anglois Cohau-m
sen, 1789, 2 vol. in-8.0 IV. Le
Valère^Maxime F ranç oh j pour
servir à l'éducation delà jeunesse,
1 792 , 2 vol. in— 8.0 La Place eut
pendant quelques années la di-"
rection du Mercure de France.
Aimant la table , parlant faci*-
lement et ayant l'esprit de so-
ciété, quoiqu'il fut quelquefois
hargneux , il eut beaucoup d'a-
mis, ou du moins deconnoissan-
ces qui le servirent auprès de
Mad. de Pompadour ; ce fut par
«on crédit qu'il obtint le privilège
de ce Journal.
* PLACENTIUSoM Plaisant,
( Jean-^Léon ) né à Saint— ïrond
petite ville de la principauté fie
F L A
Liège , entra dans ïotùn et
Saint — Dominique, et passa la
plus grande partie de sa vie à
Mtveôtricht où on croit qu'il non-
rut vers l'an 1SS8. Un a de luit
L Catatogus anUstitum Leodien-
sium, Anvers, »S29 , et Ams-
terdam, i633, in— z^. C'est un
Abrogé historique des évèques de
Tongres et de Liège , jusqu'à
Erard de la Marck, L'auteur trop
crédule adopte toutes les fables
qa il a trouvées dans les anciennes
chroniques. IL Son poème teuto-
gramme de 253 vers , intitulé:
Pugna Porcorum, a été imprimé
pour la première fois à Loavain
en 154&, et réimprimé en 1644,
dans le recueil qui a pour titre;
Nugœ vénales g in— li i tous les
mots de ce Poème commencent
par un P. L'auteur s'y cacha sous
le nom de Publias Porcius , et le
style ^st digne des héros qu'il
avoit choisis. Le titre offre ces
deux vers qui peuvent faire juger
de toute la pièce i
FtrUg* poreorum fuUhtntlma prédis p
potw ,
Potando poterit pUâdam praftrre poe^
Les deux Préfaces , Tune e»
prose . l'autre en vers , n'ont que
des mots qui commencent par 1»
même lettre. L'auteur finit soi»
Poënie par ce vers ou il paroît
demander l'aumône au Prince
évèque de Liège.
Ftusa pauperUm « prinnps pr^cUn»
Pttu.
Il n est pas le premier auteur qui
se soit amusé aux fadaises des vers-
lettrisés. Sous Charles le Chauve t
un Ubaldus bénédictin, ht nn
pareil Poème en l'bônaeur des
Chauves , dont tous les œots
coramençoient par un C Us ont
été imprimés ensemble à Loor
vain, en i54&»
. (
P L A
PLAINES-, (FrffnçtM» cTe Ctrkr^
llGKi des ) a donné tu théâtre la
tragédie de Coriottm ^ en 17 aS ;
U est nuH-t à Pari» Tannée sui;-^
vante.
PLANTERRE , (N.) d'abord
tcteiir à Paris , mort dï^ns cette-
ville au commencement de Ttin
huit, dans la misère et laissant
we famille nombreuse, a donni
au théâtre , I. Agnès de ChâtU-^
hfi , opéra ea trois actes. H. Midas
ëu Parnasse» UL Les deux Her-^
mies , opéra en un acte. W» La
Famille indigente, V^ Le Bailli
^^^fé , la- Tentation de St. An-^
toine ^ le* Charlatans», la triple
Vengeance ,. etc..
* L PLATON , Rh à'Ariston.
tt chef de la secte des Académi*-
ciens y naq[ait à Athènes vers
Tan 429 avant J. C. , d'une fa-
mille illustre. On Tappela d'abord
Aristocle , diir nom de son aïeul ;:
mais son maître de palestre l'ap-
pela Platon. , à cause de ses épaiv-
Ics larges et q^uarrées. Dès son,
enfance il se disCiaigua par une
imagination vive et brillante.
Il saisit avec transport et avec
^cilité les principes de lap0E*sie,
de la musique et de la peinture..
l^s charmas de la philosophie
l'arrachèrent à ceux des beaux
Arts. Il avoit faii: plusieurs tragé-
^es; il les jeta au feu;, et dès
Jage de vingt ans, il s'attacha
ttniq^uement à Socrate qui l'ap—
peloit le Cygne de VAcudémiem.
I^e disciple profita si bien des le-
çons de son maître , qu'à vingt-
cinq ans il avoit la réputation
d'un sage consommé. Athènes
gémissoit daps ce temps-là sons
l'oppression des trente tyrans.. Le
premier usage que Platon voulut
faire de sa philosophie 1, fut de
[■^former un gouvernement si
k$iipportable^ mais sqb tenta-
PL A
151
lîves n*ewTent point de succès-
Les tyrans furent chassés à la
vérité ^ sans que le bien public
y gagnât. Le peuple s'empara de^
toute l'autorité. Ainsi ^ l'état fut
sans ordre et sans discipline ; les
lois furent foulées aux pieds. Les
eaipxices d'une multitude igno**
cante et tumultueuse régi oient
et gouvernoient les affaires les.
plus importantes : tant il est vrai
que l'anarchie populaire est cenfr
fois plus à craindre que celle de
tous les tyrans du monde. P/rt-
ton y désolé de voir sa patrie
livrée aux factions , se retira
chez Euclide à Mégnre. Il visitar
ensuite l'Egypte , pour profiter
des lumières des prêtres de ce
pays, et des hommes illustres en
tout genre qu'il prodnisoit alors..
Non content des connoissances
dont il s'ctoit enrichi en Egypte y
il alla dans cette partie de l'Italie
que l'on appeloit la grande Grèce y
pour y entendre les trois plus fa-
meux Pythagoriciens de ce temps-
\q. De là il passa en Sicile pour
voir les merveilles de cette isle y
et sur-tout les embrasemens dii.
Moat-Etna. De retour dans son
pays après ses savantes courses^
il fixa sa demeure dans un quar*
tier du faubourg d'Athènes y ap-
pelé Académie, C'est là qu'il
ouvrit son école, et qu'il for-
ma tant d'élèves à la philosophie*.
( Voyez AxiOTHEB et II.
DiOG£NB. ) La beauté de son
génie , l'étendue de ses connois-
sances , la douceur de son carac-
tère et l'agrément de sa con-
versation, répandirent son nom
dans les pays les plus éloignés»
Denys le jeune, tyran de Sy-
racuse , enAammé du désir de Je
connoître et de l'entretenir , lui
écrivit des lettres également pres-
santes et flatteuses, pour l'en-
gager de se rendre à sa c»ur. Le
i
1
Ï51 P L A
philosophe n'espérant pas beau-
coup de fruit de son voyage au-
près d'un tyran , ne se pressa pas
départir. On lui dépécha courrier
sur courrier, enfin il se mit en
chemin et arriva en Sicile. Il y
filt reçu en grand homme ; le
tyran offrit un sacrifice pour cé-
lébrer le jour de son arrivée.
Platon trouva en lui les plus
heureuses dispositions ; Denys
haït bientôt le nom de tyran ,
et vouhit régner en père : mais
l'adulation s'opposa au progrès
de la philosophie. Platon re-
tourna en Grèce , avec le regret
de n'avoir pas pu faire un homme
d'un souverain, et le plaisir de
ne plus vivre avec de lâches flat-
teurs qui étonfFoient sa bonne
«ememîe. A son retour , il passa
à Olympie pour voir les Jeux.
11 se trouva logé avec des étran-
gers de considération , auxquels
il ne se fit pas connoitre. Il re-
tourna avec eux à Athènes , oîi
il les logea chez lui. Ils n'y furent
pas plutôt, qu'ils le pressèrent
de les mener voir Platon. Le
philosophe leur répondit en sou-
riant : Le roïci. Les étrangers
surpris de n'avoir pas discerné
le mérite de ce grand hommo à
travers les voiles de la modestie
qui le couvroit , l'en admirèrent
djjvantage.... Après l'anéantis-
sement de la tyrannie dans la
Sicile et la mort de Dion qui l'a-
voit renversée, les Siciliens écri-
virent au philosophe Grec pour
lui demander s'ils dévoient réta-
blir la tyrannie ou la domination
du peuple. Platon leur répondit ;
«Un état n'est jamais heureux
ni sous le joug de la tyrannie ,
^ ni dans l'abandon d'une trop
^ande liberté. Le plus sage parti
est d'obéir à des rois , sujets eux-
même aux lois. L'excessive li-
berté et la grande servitude sont
P L A
également dangereuses , et pro^
duisent à peu près les mêmes
effets. » Ce peu de mots fait
assez connoitre que Platon avoit
des idées saines sur l'art de gou-
verner les hommes. On n'en est
pas moins convaincu par la ré-
ponse qu'il fit aux Cyréniens,
auxquels il refusa de donner des
lois. «Vous êtes trop attachés
aux richesses ; et je ne crois pas
qu'un peuple qui les aime puisse
être jamais soumis aux lois. »
On lui attribue quelques boni
mots, ainsi qu'à Socrate. Voyant
les Agrigentins faire d'énormes
dépenses en bàti^ens et en repas,
il dit : Les habitans d'Agrigentc
bâtissent comme s'ils dévoient
toujours vivre , et mangent comme
s'ils mangeaient pour la dernière
fois,,** Platon avoit naturellement
un corps robuste et vigoureux;
mais les voyages'qu'il fit sur mer,
et les fréquens dangers qu'il
courut, altérèrent beaucoup ses
forces. Néanmoins il n'eut pres-
que aucune attaque de maladie
durant tout le cours de sa vie.
Dans le ravage affreux que la
peste fit à Athènes au commen-
cement de la guerre du Pélo-
ponnèse, il échappa à ce fléaa
commun par un régime de vie
sobre et frugal, et par la pri-
vation des plaisirs qui énervent
le corps et l'esprit. Sa tempé-
rance le conduisit à une heu-
reuse vieillesse. 11 mourut le jour
de sa naissance, après une car-
rière de 8i ans, l'an 348 avant
Jésu»- Christ. On mit sur son
tombeau cette inscription , sim-
ple et digne de lui : « CetU terre
couvre le corps de Platon ; U
ciel contient son ame bienkeu'^
reuse. Homme , qui que tu sois ,
si tu es honnête , tu étais révérer
ses vertus. » Il avôit toujours
bravé Ift mort. Les médecins lui
J
P L A
«yant conseillé de quitter promp-
tement l' Académie où Tair étoit
infecté par des maladies conta-
gieuses, s'il vouloit sauver sa vie;
Platon, sans avoir égard à cet
avis , leur assura qu'iZ ne JeroU
pas même un pas pour aller au
Mont—Athos , oà l'on croyait
ifue les hommes vieillis soient plus
tard que par'-tout ailleurs , quand
il serait sûr d'y vivre plus long-^
temps que le reste des mortels,.**
Son ame élevée aux grandes vé-
rités de la nature , méprisoit les
petites tracasseries des hommes.
Jamais il ne vengea ses injures
particulières , mais seulement
celles qu'on, fbisoit à ses amis;
car Famitié étoit pour lui un
besoin, et il chérit sur-tout ses
frères avec tendresse. Il fut aimé
à son tour. La douceur de son
caractère lui ^agnpit les cœurs;
tt si la gravité s'y mêloit , c'é-
toit en doiinant à sa physiono-
mie plus de noblesse et de dignité.
Platon, ce grand maître dan»
l'art de penser , ne le fut pas
moins dans l'art de parler. Quand
il écrit bien, on ne peut rien
imaginer de plus grand , de plus
noble et de plus majestueux que
son style. Il semble parler, dit
Quintilien « moins le langage
des hommes que celui des Dieux.
H puisa dans Homère, comme
dans une source féconde « cette
fleur d'expression qui le fit ap-
peler VHomère des Philosophes.
L'attlcisme qui étoit parmi les
Grecs, en matière de style, ce
qu'il y avojt de plus fin et de
plus délicat, règne dans tout ce
^'il a écrit. Aussi lui donna—
,t-K)n de son temps le surnom
^Apis Attica ( Abeille Athé"
nieane); de même que la posté-
rité lui a déféré celai de DiriN ,
par rapport à la beauté de sa
iliQrale, Cependant «on style ^ à
P L A 15Î
loué par Quintilien , a trouvé
quelques censeurs. Il est très-
souvent enflé , dit Liaguet ,
obscur môme dans lexpression^
Il emploie quelquefois des méta-
phores sans exactitude , des allé^
gories désagréables , des plaisant
teries trop recherchées. Dacier
lui-même a été forcé de convenir
de ces défauts. «Lorsqu'il veut
se surpasser lui-même , et qu'il
affecte d'être grand , il lui arrive
quelquefois tout le contraire. Car
outre que sa diction est moin»
agréable , moins , pure et plu»
embarrassée , elle tombe dan»
des périphrases , qui étant ré-
pandues sans choix et sans me-
sure n'ont ni grâce ni beauté , et
n'étalent qu'une vaine richesse
de langue. Au lieu des mots pro-i
près et de l'usage commun, il
ne cherche que les mots nou-
veaux , étrangers et antiques ;
et au lieu de n'employer que-^'d^»'
figures sages et bien entendues ,
il est excessif dans ses épithètes ,
dur dans ses métaphores, et ou-
tré dans ses allégories.» Quant
au système de philosophie qu'il
se forma , Heraclite fut son
guide pour la physique, Pytha-
gore pour la métaphysique, et
Socrate pour la morale. Il éta-
blit dei>x sortes d'Etres, Dieu
et l'Homme : Tun existant par sa
nature, et l'autre devant son exis-
tence à un Créateur. Le Mond«
étoit créé suivant lui : les prin-
cipaux êtres qui le composent,
se réduisent à deux classes. Le»
Astres sont dans la i^®, et le»
génies bons et mauvais dans la
seconde. L'Etre suprême qui pré-
side à ces êtres intermédiaires y
est incorporel , unique , bon ,
parfait, tout — puissant, juste;
il prépare aux gens de bien de»
récompenses dans une autre vie ,
at aux méchans des peines et des
L__ .
154 P L A
supplices. D)iin tel sj^tème doft
découler nécessairement une mo-
rale pure. Rien ne l'e&t plus en
effet, dit l'nbbé Fleury , que celle
de Platon, quant à ce qui regarde
le désintéressement, le mépris des
richesses , l'amour des hommes
et du bien public ; rien de plus
noble , quant à la fermeté du
courage , au mépris de la vo^
lupté , de la douleur , de l'opi-
ïïîon des hommes , tt à l'amour
du véritable plai^r. Une telle
morale fut sans doute ce qui
enj^ngea les premiers Pères de
l'Église à étudier soigneusement
la philosophie de Platon^ St, Clé"
ment d'Alexandrie dit dans ses
Stromates , que sa philosophie ,
quoique humaine , a voit servi
aux Grecs pour les préparer à
l'Évangile , comme la Loi aux
Hébreux. On le donna pour un
Prophète ; on crut trouver la
Trinité dans ses écrits, parce
qu'il die quelque part , « Que le
Triangle équilatéral est de toutes
les figures celle qui approche le
plus de la Trinité* » Zonare dit
qu'en 796 on ouvrit un sépulcre
fort ancien, dans lequel on trouva
un corps mort s qu'on crut être
celui de Platon* Ce cadavre avoit
une lame d'or à son cou , avec
cette inscription: Le Chris tnattra
d'une Vierge, et je crois en liiL
11 n'en fallut pas davantage pour
Accréditer l'idée que Platon avoit
été un des hérauts du Christia-
nisme. On ne faisoit pas atten-t
tion alors , que les pensées rai-
sonnables qu'on trouve dans la
métaphysique de Platon , sont à
côté de plusieurs idées extravra-
gantes , enveloppées dans un
pompeux galimathias. Que pen-
seroit-on aujourd'hui d'un phi-
losophe qui nous diroît que le
monde est une figure de douze
pMilngones ; . que le Feu qui est
l> L A
tiifiè jjyfantide , est lié à ïa terrt
par des nombres? Platon parloit
si bien, qu'on ne pouvôit pai
croire qu'il pensAt mal. On ou-
blioit en l'entendant, ses contra-
dictions) le peu de suite dé ses
raisonnemerts , ses passages brus-»
qnes d'une matière à une autre,
ses écarts fréquens. Sa politique
vaux mieux que sa métaphysique ;
mais il faut avouer qu'elle offre
aussi plusieurs idées chimériques
et impratiqurtblès. Ses leçons
pottrroient former un prince phi-
losophe; mais elles ne ferorent
jamais un grand roi. Tous les
Ouvrages de cet homme illustre
sont en forme de dialogue, à
l'exception de xii Lettres qui
nous restent de lui. On y trouve
plusieurs principes sur la rhé-
torique ^ qui sont répandus en
partie dans son Pkœdon et dans
son Gorpas. Les sujets de ses
principnax ouvrages sont : De la
vraie et de la fausse piété ; Va-
pologie de Socrate ; de Vimmor-
talité de Vame ; des Etymologies;
de la science ; du sophisme , de
la Politique et de la Royauté;
Dissertation sur les idées et sur
r essence intelligible des choses;
du plaisir ; le Banquet ou il trait»
de l'amour ; du beau ; de la na»
ture de l'Homme ; de la prière ;
de la passion du gain ; de la
philosophie ; de la sagesse ; de
la nature; de la tempérance ;
du courage ou de la force; de
Vamitié ; de la dispute ; de la
vertu; du mensonge ; de lameiU
fleure République ; des Lois, etc.
Platon est porsuadé que l'homme
ne peut être heureux sans aimef
la justice , sans mépriser les ri-
chesses : il pense qu'il ne peut f
avoir de bon gouvernement que
lorsque les sages montent sur le
trône^ ou que les rois devien-
nent philosophes, «Xorsque lo
P L A
lB«gi*fat^ dit-il, est fideîle à îa
loi, l'état prospère*, lorsque la
loi est l'esclave du magistrat^ il
n'y a à espérer que ruine et dé-,
solation. « La plus belle édition
^ ses Œuvres est celle de Ser^
ratitLs on Jean de Serres , en ji;rec
et en latin 9 eu trois volumes
in-folio, 1378, imprimée par
Henri Etienne. Cest un chef—
ti'œuvre de t^'^pograpbie. On es-
time aussi celle de Marsilc Ficin ,
Francfort , iGot. , in-fol., grec et
latin. François Patrice a donné
une comparaison cariense des
opinions de Platon et à^Aristole
àam ses Discussions Péripaté^
ticiennes , et dans son Livre in-
titulé : Aristoteles exoreticus,
O^oy, aussi le Parallèle que nous
feisons de Platon et à'Anis^
fOTE , article de ce dernier. )
hacier a traduit en françois une
partie des Dialogues de Platon ,
et cette version imprimée en
170 ï 9 deux vol. in-ia , et réim-
^iraée en 1771» 3 vol. in-12,
est fort au— dessous de l'original.
M. Tabb^ Grou a traduit la Ré^
puhUqiLe, Paris, 176a, deux vol.
in-ii. On a une version des hois,
Amsterdiim, 1769 deux volumes
iQ~i2; des Dialogues non tra-
duits par Dacier^ ibid, 1770,
i vol. in— 12; de XHyppias on
Traité eu Beau. , mis en fran-
çois par Maucroix ; et du Ban*
quct de Platon , par Jean Racine*
Ces deux dernières versions sont
à h suite de celle des Dialogues
^ArDacier, de l'édition de Paris ^
1771. L'Anglois Clarke en iSoS^
i rapporté de l'isle de Patmos un
beau manuscrit des Œuvres de
Platon , in-folio ^ Vélin. Les
Icolies sont en petites capitales.
Il fut transcrit par Jean le Calli-
^rapiie , pour Arethas doyeri de
Fatras, moyennant treize ëcus
9ysaaUas } «ou» ^ r5gn9 4^
P L A 15Ç
Léon fîls de Basile, l'an 6404
du monde. Ce manu?rrit grec
est le plus ancien que l'on con-
noisse revêtu d'une date précise,
Dar\ille possédoJt un Euclide
plus ancien d'un an; et Monl'^
faucon dans sa Paléographie , dit
avoir vu un autre manuscrit grec
antérieur de six ans; mais ces
deux derniers manuscrits ont
disparu. Voy^ HI. '5ean ( Saint )
l'Ëvangéliste, à la fin.
♦ IIL PLESSÏS-RïCHELÏEU,
(Armand du ) né à Paris le 5 sep-
tembre I 5 8 5 , da précédent ,
reçut de la nature les disposi-
tions les plus heureuses. Son édu-
cation ayant été confiée à des
maîtres Habiles, il parut un grand
homme dès son enfance. Après
avoir fait ses études enSorbonne,
il passa à Rome et y fut sacré
évêque de Luçon en 1 607 , âgé
seulement de 22 ans. On dit qu9
pour avoir ses bulles il trompa
le pape Paul V, et qu'après lui
«voir fait accroire qu'il a voit près
de 24 ans , il lui demanda l'ab-^
solution de ce mensonge. On
ajoute que le pontife dit : C#
jeune évêque a de Vesprit; mais
ce sera un jour un grand fourbe»
Revenu en France, il s'avança à
la cour par son esprit insinuant ,
par ses manières engageantes , et
sur-tont par la' faveur de la mar-
quise de Guercheville , première
dame d'honneur de la reine Ma-
rie de Médicis , alors régente du
royaume. Le Père 4*w4m^ny pré*
tend que ce fut la recommanfla-
tion de Barbin , à qui il promit
sa sœur en mariage , quoique ce
fût un homme tout nouveau ^ et
devenu de procureur de Melua
intendant de la maison de la
reine, qui fit nommer Richelieu
secrétaire d'état. Ce qu'il y a de
iin^ulieri e'ctt ^ue S9n départs^
%^6
P L E
ment ftit celui de la guerre. I!
Texerça malgré les remontrances
^e quelques prélats qui jugeoient
cet emploi peu convenable à
l'état ecclésiastique. Mais tout
convient à l'ambition. Cette prin-
cesse lui donna la charge de
son grand aumônier , et peu de
temps après celle de secrétaire
d'état. Les lettres-patentes de sa
nomination 9 datées du dernier
novembre 1616, portoient qu'il
auroit la préséance sur les autres
ministres; mais il ne jouit pas
long-tems de sa faveur. La mort
du maréchal d* Ancre son proteo-
teur et son ami , lui ayant ooca-
tienne une disgrâce , il se retira
auprès de la reine-mère fe Blois ,
où elle étoic exilée. Cette prin-
cesse étoit brouillée avec son âls :
Hichelieu proHta de cette divi-
sion pour rentrer en grâce. Il
ménagea l'accommodement de la
mère et du fils^ et la nomination
au cardinalat fut la récompense
de ce service. Le duc de Luynes
qui l'avoit d'abord exilé a Avi-
gnon , le lui promit, lui tint pa-
role , et donna son neveu Com^
balet a jnademoisselle de If^igne-^
rod, depuis duchesse d'Aiguillon.
Après la mort de ce favori, la
reine mise à la tête du conseil , y
lit entrer Richelieu:^ Elle comp-
toit gouverner par lui , et ne
cessoit de presser le roi de l'ad-
mettre dans le ministère. Presque
tons les mémoires de ce tem|)s-là
font connoître la répugnance de
ce prince qui traitoit alors de
fourbe celui en qui depuis il mit
toute sa confiance. Vous ne le
eonnoissezpas , disoit le roi à sa
mère , c'est un homme d'une am-^
hition démesurée* Louis XIJI lui
reprocboit jusqu'à- ses mœurs ^. et
ce n'étoit pas sans raison. Les
galanteries du cardinal étoient
j^6]iataii|;es y accompagnées m.^mç
P L E
dfi ridicule. Il s'habilloit en ces
valier , et après avoir écrit sur
la théologie il faisoit l'amour en
plumet. On prétend qu'il porta
l'audace de ses désirs, ou vrai»
ou affectés, jusqu'à la reine ré-
gnante , Anne d'Autriche , et
qu'il en essuya des tailleries qu'il
ne lui pardonna jamais. Par un»
suite de cet esprit de galanterie,
il faisoit soutenir chez sa nièce
des Thèses' d'Amour , dans la
forme des l'hèses de théologie
qu'on soutient sur les bancs de
Sorbonne. Louis XIII , prince
pieux, eut donc quelque peine .
d'admettre Richelieu dans le mi-
nistère ; mais celui-ci vainquit
tous les obstacles. Il affecta d'a-
bord comme Sixte^Qiiint , d'être
incapable de soutenir les; travaux
des premières places. Sa mau-
vaise santé l'éloignoit ^ disoit-il,
de l'examen pénible, des affaires
d'état; mais bientôt il écarta
presque tous les ministres. Le
surintendant la Vieuville qui
lui avoit prêté la main pour
monter à sa place, en fut écrasé
le premier au bout de six mois.
Ce ministre avoit commencé la
négociation d'un mariage entr9
la scBur de Louis XIII et le ^I»
du roi d'Angleterre : le cardinal
finit ce traité malgré les cours
de Rome et de Madrid , au com-
mencement de I 6 a 5. L'année
d'auparavant, il avoit été élevé
aux places de principal ministro
d'état, de chef des conseils; él
deux ans après il fut nommé
surintendant général de la navi-
gation et du commerce. Ce fut
par ses soins que l'on conserva
Tannée suivante l'isle de Ré, et
qu'on commença le siège de la
Rochelle. Cette place, le boui
levart du Calvinisme , étoit pour
ainsi dire un nouvel état dan»
r^tat. Elle ayoit alors pres^w
autant
J
PLE
autant de vaisseaux que le roi mè-
ne. £!U vouloit imiter la Holian-
eJe, et aiiroitpu y parvenir si elle
avoit trouvé parmi les peuples de
sa religion des alliés qui la se-
courussent. Le cardinal de lit-
chelieu résolu d'exterminer en-
tièrement le parti Protestant ,
crut devoir commencer par sa
plus forte place. Après un an du
siège le plus vigouireux , cette
ville rebelle fut obligée de se
rendre à discrétion le 28 octobre
1628. ( yoyezGuiTO^i et Mete-
•zeacj.) Bickeleu avoit tout em-
ployé pour la soumettre : vais-
seaux bâtis à la hâte , digues ,
troupes de renfort , artillerie ,
enfin jusqu'aux secours de l'Es-
pai^ne : iK-ofitant avec célérité de
la haine du duc OUvarès contre
le duc de Bucki»gham, faisant
Valoir la religion , promettant
tout, et obtenant des vaisseaux
(lu roi d'Espagne, alors l'ennemi
naturel de la France , pour Ôter
aux Rochelois Tespérance d'un
nouveau secours d'Angleterre. Il
commanda pendant le siège en
qualité de général ; ce fut son
coup d'essai, et il montra que le
génie peut suppléer à tout. Aussi
exact à mettre la discipline dans
hs troupes, qu'appliqué à Paris à
rétablir l'ordre; lorsque la place
fnt rendue , il dit qu'il V avoit prise
tu dépit de trois Rois ; le rei d'Es-
pagne, qui avoit retiré ses troupes,
le roi d'Angleterre , qui avoit
envoyé àe^s secours aux assiégés ;
€t enfin le roi de France, que les
courtisans dé2;oùtoient de cette
expédition, dans la crainte que
le succès ne rendit le premier
ttiinistre absolu : crainte qui n'é-
toit que trop fondée. La Rochelle
ayant été réduite , il marcha vers
les autres provinces pour enle-
ver aux Réformés xuie p^irtie de
leurs places de sûreté. Après avoir
SupPL, Tome III.
PLE 157
mis la paix dans Fétat, Richrliâu^
songea à porter la guerre dans
les états voisins. Ce qu'on avoit
craint de son élévation étoit ar-*
rivé. Le roi lui avoit donné la pa«
tente de premier ministre , écrite
de sa propre main, et remplie
des éloges les plus flatteurs. iJès»
lors son faste effaça la dignité du
trône : il avoit des gardes* ; tout
Tappareil de la royauté l'accom—
pagnoit, et toute l'autorité ré-
sidoit en lui. La guerre ayant été
déclarée à la maison d'Autriche ,
le cardinal se fit nommer gêné-
ralissjme de l'armée envoyée en
Italie au secours du duc de iV>-
vers , à qui l'empereur refusoit
l'investiture du duché de Man—
toue. Le roi ordonna dans ses
provisions , qiion lui ohéiroi^
comme à sa propre personne,
A cette époque , le cardinal en-
voya visiter le duc d'Epenion.he
page le trouva disant ses prières»
« Dis à ton maître , lui dit le duc ,
que je fais ici son métier , tandis
qu'il fait le mien.» Ce premier-
ministre faisant les fonctions de
connétable, ayant sous lui deux
maréchaux de France , marche
en Savoie. Il passe la Loire la
nuit du 17 nu 18 mars ï63o, et
marche jusqu'à Rivoli par un
temps affreux. Le' nouveau gé-
néral étoit monté sur un superbe
chev)al. Il avoit l'épée au côté,
un plumet sur son chapeau, une
cuirasse verte sur \\n habit cou-
leur de feuilles mortes, brodé d'or.
Il étoit précédé de deux pages ,
dont l'un portoit son casque et
l'autre ses gantelets. Malgré ce
luxe extraordinaire, il n'entend
que des imprécdtions contre lui,
et aussi sensible aux satires qu'aux
éloges, il vent qu'on fasse taire
les soldats. On le détourna de son
dessein; et dès. que l'armée fut
logéft dans le bourg de Rivoli , il
R
L
n;8 P L Ë
entendit ces mêmes soldats qui
Tavoient maudit le combler de
bénédictions. 11 fut enchanté , at-
taqua tout de suite Pignerol , se-
courut Casai , et s'empara de toi\te
la $a\roie. Louis XIII éioit alors
mourant à Lyon, où la reine-*
mère lui demandoit les larmes
aux yeux la disgrâce dti ministre
qui le faisoit vaincre. Cette prin-
cesse ramena son fils à Paris,
après lui avoir fait promettre qifil
ronverroit le cardinal dès que la
guerre de l'Italie seroit terminée*
Riûheliru se croyoit perdu , et
préparoit sa retraite au Havre-
de— Grâce. Le cardinal de l^ Va~
letu lui conseilla de faire une
dernière tentative auprès du roi.
Il va trouver ce monarque à Ver-
Sriilles oïl la reine— mère ne l'avoit
point suivi; il aie bonheur de le
persuader de la nécessité de son
ministère et de l'injustice de ses
ennemis. Louis qui avoit sacrifié
son ministre par foi blesse , dit
Voltaire, se remit par foiblesse
entre ses mains, et lui abandonna
ceux qui avoient conspiré sa perte :
ils furent tous punis de la même
peine qu'ils avoient conseillé de
lui faire souffrir. Ce jour, qui
est encore appelé aujourd'hui la
Journée des dupes , fut celui du
pouvoir absolu du cardinal. Le
garde des sceaux Marillac et le
maréchal son frère , perdirent
tous deux la vie, Tun en prison
et l'autre sur un échafaud. Au
milieu des exécutions de ses ven-
geances , il concluoit , le 23 jan-
vier i63i 9 avec Gus^ave^Adol»
phe, le traité qui devoit ébranler
le trône de Ferdinand II , et il
n'en coiitoit à la France que trois
cent mille livres de ce temps-là y
ime fois payées, et douze cent
mille livres par an pour diviser
l'Allemagne, accabler deux, em-
pereurs y «t donner k la Franc»
I» L £ \
le temps d'établir sa propre g^(iti<<
deur. Richelieu se ligudît en
même temps avec le duc de Ba-
vière, et oonclnoit dans )a même >,
année , 1 63 1 ^ un traité avanta-
geux avec la Savoie. Mais tandis
qu'il acquéroit tant de gloire au
dehors , il avoit à combattre une
fonle d'ennemis au--dedans. Gas^
ton duc d'Orléans , frère du roi,
ne pouvant supporter la domina-
tion tyrannique de Richelieu , se
retire en Lorraine, en protestant
qu'il ne rentrera point dans le
royaume tant que le cardinal,
son persécuteur et celui de sa
mère, y régnera. Richelieu fit dé-
clarer par un Arrêt du conseil
tous ies amis de Gaston crimi-
nels de lèse- majesté, et après
avoir forcé l'héritier présomptif
de la couronne à sortir de la
cour , il ne balança plus à faire
arrêter la reine Marie de Mé-^
dicis , à qui il devoit sa- fortune.
Cette princesse , sacrifiée par
son fils à un ingrat qu'elle avoit
élevé , alla finir tes tristes jours
à Cologne , dans un exil volon-
taire , mais douloureux. Son pe^
sécuteur établit une chambre de
justice oii tous ses partisans et ceax
de Gaston son fils furent condam-
nés. Il y eut une foule^de pour-,
suites : on voyoit chaque jour def.
poteaux chargés de i'elHgie des
hommesoudesfemmesquiavoient'
ou suivi ou conseillé Gaiton et la.]
reine. Les amis , les créatures,
les domestiques , ' le médecin ']
même de cette princei!5e infbr«
tunée, furent conduits à la Bas»^
tille et dans d'autres prisons. On j
rechercha jusqu à des tireurs d'ho*
roscope, qui avoient dit qne.^
Roi n' avoit pas long •'temps à
vivre , et deux furent eziVoyé|
aux galères. La Bastille fut tou-
jours remplie sons ce mintstèn^i
Le maréchal de BassompiiliTf^
PLË
PL fi
%ne 1
^hi] duc. d^
^erneiif du Lu
I^OM i^ôir brave
Cardinal: 11 se
fie parti, et lé
i^ révolté , à la
i^'Orléans qui V
ffiorenci périt :
j^n i63i , victin?
plaisance é.t 4e l|
du cardinal de 1
Vraî qùé ce fut l
Jï;ardma\\és cont , .
, formés k Lyonf?^^
ulement de lie pà»
terêts du cardinal ^
dant le reste de la
Tout le royaume
18 presque per-
eter la voix. Il
rà que le tnarë-*
oreax:i gou-
oc ^ i]iH crut
foirtune dû
d'être chef
tendard de
e de Gasioii
nna;Jlfp«/--
11 échafaud
é ia corn-
it vindicatif
elieu. S'il est
Lii révéla ait
qui s'étoient
e hii^ il dut
- •%
'ab
ie repentir d'jfâ-||É"vice tjui lui
^evénoit ai fal^^^utes les ca*
baies étoient ^"^^ >s sorts le pôi^
^oir de ce rtffl Jp-rdi ; cepen-
dant il ri y ^^!.ii un joUr.sani
ijitriorneà etf. iiictiortà. Lui-i
i»émé y df-; ^ Heu par del
ibiblèsseô s#/^-^à; oui se niélent
coujouf s,scig|^-2_:^ent aux grandes
Affairéd ^
âégiiisefh
<^èlent le
^.eiir,
ae Chev
^t belle
^inai
la pads
jlrer
arawtf
éenc
JCou
,, dialgré tous leà
les cachent, de*
^^^eSseé de lêt gran-^
"-*^^"^d que la duchesse
toujours intrigante
; engageoit le car*
par artiBc0s dan^
elle vduloit lui in S-
nîândeur de Jars et
èrent dans )à cdnfi**
iîie Anne femme des
l'aVoit d'î^iitre cdri-
la perte de sû>n cré*
aider là diich^sse de
a rabaisser par le ridi-
qri elle né pouvo|it pei*-
chessé feigno'it dri goût
ardinal j et formoit des
dans l'attente de sa
le de fréquentes mala-
dies faisoient voit <\ii#i pirbchain»
qu'on le desiroit. Un terme inju-
rieux dont on se servoit tonjouVs
dans cette cabale pour désigner
le cardinal^ fut ce qui l'offensa
davantage. Le garde dejs sceaux
fut mis en prison sans forme dé
procès, parce qu'on ne pouvoit
pas lui en faire. Le coitimandeur
de Jars et d'autres , qu'on accusa
de conserver quelque intelligence
avec lé frère et la mère du roi \
furent bondamués par des cbm*^
hiissaires à perdre lu tête: Lé
commandeur eut sa gtacë surl'é-
chafaud ; mais les autreâ furent
exécutés. On ne pOiirsnitoit pas
seuleiBeht lé* sujets qu'on pou-
voit accùset d'être danà lés ihté*
rets de Gaston i\è duc de Lor-*
ralnfe ^ Charles IV, en fut Ita vic-
time. Oh le dépouilla de tes états ^
parce qu'il avoit consenti au. ma-
riage de ce prihce avec MàrguC'-'
rite de lorraine. Le cardinal vou—
loit faire casser cette union, afiii
que s'il nàissoit un prince de Gas*'
^on et de Marguerite, ce princt
héritier dd royaume fût regardé
comine un bâtfird ihcapable d'hé>^
riter. La cour de Rome et les «ni*
versités étrangles ayant, décidé
que ce itiariage, étoit valide ^ lé
cardinal le fit déclarei; . nul par
i<n arrêt «^rt Parlement Cette çpi-
hiàtreté à poursuivre le frèfe dtt
toi jrtsques dans l'intérieur dé sa
maison , à lui ôtèr sa femttie et à
dépouiller soft beait-frèt^, excita
de nouvelles èdtijutations. Le
èomte de Soissohs et le duc dé
Bouillon Y entrèrent : ils né pou-»-
voient choisir , dé circonstance
pîusi heureuse, t* nbauvaiô snccèi
de la guerre d' Allemagne qu'il
avoii eiitrepriâe, Texposdit au res-
ienUment.dti roi ^i atott donné
h^ Gaitoh la lieutehance générale
de son armée. Son éftnémi décou-
ragé voulut quitter le ministère^
l6o
P LE
et il en anroit fait la folie , dit
Slrt , sans le P. Joseph capucin,
qui le rassura. Ce fiit donc pen-
dant le cours de cette guerre que
le comte de SoUsons trama la
perte de BicheUeu. Il fut résolu
de l'assassiner chez le roi même ;
maif Gaston qui ne faisoit jamais
rien qu'à demi, effrayé de l'atten-
tat, parreli/îion ou par foiblesse,
ne donna point le sis^al dont les
conjurés étoient convenus. Au
milieu des agitations que lui eau-*
soient ses craintes continuelles,
le cardinal érigeoit l'académie
Françoise, et donnoit dcTis son
palais des Pièces de théâtre aux-
quelles il travailloit lui— même.
Il fondoit l'Imprimerie Royale;
il retâtissoit la Sorbonne ; il éle-
voit le Palais-îloyal ; il établis-
8oit le Cardin des Plantes ^ ap-
pelé le Jardifi du Hoi, Enfin ,
ce qui est beaucoup moins loua»
ble, il fomcntoit les premiers
troubles d'Angleterre, et il écrî—
voit ce billet, avant-coureur des
malheurs de Charles I : Le roi
iC Angleterre , avant qu'il soit un
un , i^erra quil ne faut pas me
mépriser. Tandis qu'il excitoit la
haine des Angîois con? re leur roi ,*
il se formoit de nouveaux com»-
plots en France contre lui. Ma-
iîeraoiselle de la Fayette , que le
roi honoroit de sa confiance, fut
■obligée par la jalousie dé Biches-
lieu , de se retirer de la cour. Le
jésuite Caussin ( Voyez son ar-
ticle) confesseur du roi , qui
s'étoit servi d'elle pour faire rap-
peler la reine— mère, fut exilé en
Basse-Bretagne; et le ministre
l'emporta sur la maîtresse et sur
le confesseur. La reine femme du
toi, pour avoir écrit à la duchesse
fie Chvvreuse ennemie du cardinal
•et fugitive, Fut traitée comme
•une sujette criminelle. Ses papiers
furent saisis, et ou lui ht subir
PLË
«n înterroîraloire devant Te chan-s
celier Scguier. IVIadame ^Haute^
fort, aussi attachée à la reine
qu'au roi , et donnant par sa fa-
veur des inquiétudes à l'esprit
jaloux du ministre ;> fut disf;ra-
ciée. Bichelieu, leur substitna le
jeune Cinq-Mars fils du maréchal
d'Effiat, qui ne tarda pas d'exciter
encore sa jalousie. Ce jeune
homme devenu grand écuyer ,
prétendit entrer dans le conseil ;
le cardinal ne vouloit pas le souf-
frir , et Cinq^Mars trama sa
porte. Ce qui l'enhardit le plus
à conspirer., ce fut le roi lui-
même. Ce monarque souvent mé-
content de son ministre , offensé
de son faste, de sa hauteur, de
son mérite même, fiiché d'être
réduit au pouvoir de guérir Us
écroueUes , confioit ses chagrins
à son favori , et parloit de son
ministre avec tant d'aigreur qu'il
l'autorisa en quelque sorte à lui
proposer plusieurs fois de Tassas^
siner. Ce jeime courtisan se lia
avec Gaston- et le duc de Boikil-
Ion, Leur but étoit de perdre 1«
cardinal , et pour réussir pins
facilement , ils faisoient un traité
avec l'Espagne qui devoit en-
voyer des troupes en France. Le
bonheur du cardinal voulut encore
que le complot fût découvert , et
qu'une copie du traité lui tombât
entre les mains. Cinq-Mars et de
Thou son ami , périrent par les
derniers supplices. On plaignit
sur-tout ce dernier , confident
du conspirateur qu'il avoit dé-
sapprouvé. La reine eJle-méme
étoit dans le secret de la cons-
piration : mais n'étant point ac-
cusée, elle échappa aux mortifi-
cations qu'elle auroit essuyées.
Le cardinal déploya dans sa ven-
geance toute sa rigueur hautiine.
On le vil traîner Cinq-Mars à
sa sXïite , de Tarascon à Lyon s*r
P L E
leRhÔDe^dans un bateau attache
au sicii^ tandis qu il étoit frappé
lui-même à mort. De là le car-
dinal se fit porter à Paris fur les
ëjjaules de ses ganUs , placé dans
une chambre ornée oii il pon—
voit tenir deux hommes à côté
de son lit.Se? gardes se relax oient:
on abattoit des pans de murailles
pour le faire entrer plus coinmo-
dcnient dans les villes. C'est ainsi
qu'il arriva à Paris. Il passa les
derniers jours de sa vie dans les
souffrances et les douleurs d'une
maladie aiguë. Lorsqu'on un il vit
son dernier moment arrivé, il
parut attendre la mort avec beau-
coup de fermeté et de courage.
11 pressa ses médecins de lui dire
sincèrement ce qu'ils pensoient
de son état , et combien il avoit
encore à vivre. Toiis lui répon-
dirent; «Qu'une vie fi précieuse
et si nécessaire ru monde inté-
ressoit le ciel , et que Dieu fcroit
un miracle pour le guérir.» Peu
satisfait d'être flatté même au
bord du tombeau , Bichelieu ap-
pelle Chicot médecin du roi , et
le conjure de lui dire eu ami s'il
doit espérer de vivre ou se pré-
parer à la mort ? Dans vingt-
quatre heures , lui répond ce mé-
decin en homme d'usprit , vous
serez mort ou guéri. Le cardinal
parut très- satisfait de celle sin-
cérité. Il remercia Chicot , et lui
dit sans se monlrer ému qu'il
entendoit bien: ce que cela vou-
loit dire. Dès ce moment , Riche^
lieu ne s'occupa plus que de sa
fui prochaine. 11 reçut le viati-
que avec les sentimens de la piété
la plus vive. O mon Juge ! dit
le prélat en regardant le Saint-
Ciboire , condamnez — moi , si
j'ai eu d*autre intention que de
servir le Roi et l'Etat, Lorsqu'il
eut rendu les derniers soupirs ,
•n «'empressa d'aller porter cette
PL E
i6i
nouvelle au roi : Voilà , dit- il
froidement, un grand politique
mort..,. Bichelieu expira le 4 dé-
cembre ib'42, à 58 ans.' La sœur
ûede Thou voulut le voir sur son
lit de parade, et lui adressa ces
mots de l'Ecriture : « Seigneur,
si vous eussiez été ici . mon frère
ne seroit pas mort. » Domine , si
Juiises litc ,J rater mens non fuis-'
scLmortuus.AX parut bientôt aprèç
une mauvaise, mais violente sa-
tire, intitulée : Dialogue du car^
dinul de Richelieu voulant entrer
en Paradis , et sa Descente aux
Enfers, suivis de la Farce diu
cardinal de Richelieu ^aux En^
fers, en un acte tten vers, 1645.
Si la protestation qu'il fit à son
confesseur qui lui demanda s'il
pardonlioit à ses ennemis ?.re «V»
ai jamais eu d\iutres que ceux de
l'Etat ; si cette protestation étoit
sincère comme nous le croyons,
il se faisoit certainement illusion.
Ceux qui ont voulu justifier ses
exécutions sanglantes, n'ont qu'à
considérer les traits que nous
avons rapprochés dans ce tableau
ûdelle de son ministère. On n'y
voit quo des échafaudç dressés et
des têtes coupées». ( Voy.W. Bru-.
LART.) 11 étoit très- soupçonneux,
et avoit quelque raison de l'être.
Desnoyer son valet de chambre,
étoit le seul qui couchât dans son
appartement et qui le veillât.
Un jour qu'il regardoit sous le
lit de ce fidelle domestique, il y
apperçut deux bouteilles de vin.
Il s'imagine u l'instant que ce
peut êtte du poison, et il le
contraint à ]es boire toutes les
deux en sa prépence. ( Voyez
IV. M o RI N. ) Tous ceux qu'il
avoit fait enfermer à la Bastille,
en sortirent après sa mort comme
des victimes déliées, et qu'il ne
falloit plus immoler à sa ven-
geance, il légua ail roi trpis mil^
R 3
%6%
P L E
Jions d^ notre monnaie d^aujoniw>
. ij'bui, à cinquante livres le marc :
^omme qii'il teiioit toujours eu
préserve. La dépense de sa maison
fiepuis qu'il étoit premier mi-
nistre , montoit à mille écus par
Jour. Tout chez lui étoit splen-
> deur et faste, tandis que chez
Je roi tout étoit simplicité et né^
gligence. Ses gardes, entroient
jusqu'à la porte de la chambre
quand il alloit chez son maître.
Il précédoit par^tout les princes
du sang : il ne lui manquoit quâ
|a CQuro;ine ; et même lorsqu'il
étoit mourant et qu'il se flattoit
encore de survivre au roi, il pre-
lioit des mesures pour être ré-
gent du royaume. Il donna lui-
Jnême uu jour une idée assez juste
^e son caractère en payant aii
marquis de la Kieuv^Ule. Je nose
rien entreprendre, lui dit— il, sans,
y avoir bien, pensé; mais quand
'une fois l'ai pris ma résolution, je
vais à mon but , Je renverse tout,
je fauche tout, et ensuite je cou-
vre tout de ma soutane rouge. Ce-*
pendant il falloit surmonter bien
4es obstacles , et le roi qu'il sem-
bloit mener à son gré , lui résis-
f oit assez souvent. Aussi Richer'
lieu disoit-il que le cabinet de
ce Prince et son petit coucher
hii causoient plus d* embarras que
V Europe entière. Sortant du con-
seil oii le monarque ayoit été
.forcé de sacrifier son avis au sien ^
.11 se rangeoit pour le laisser pas-
ser. « N'êtes— vous pas le maître
ici, lui dit le roi, passez donc
le premier. « Je ne le puis , ré-
pondit l'adroit ministre en pre-
nant ii^n flambeau des mains d'un
page, qu'en remplissant auprès
de Voire Majesté V office de son
serviteur. Quoiqu'il fût haut et
impérieux, il avoit l'air doux,
et il accueilloit tout le monde
|LY€C une eiLtrême ppUtesse* U tea-^
PLË
doit une main affectueuse K Gaui|
qui venoient lui parler , pi lors-*
qu'il avoit dessein de les gagner ,
il les combioit de louanges et de
caresses. On pouvait compter sur
sa parole , au lieu que Mazarin
se jouoit de la sienne ; et quand
il avoit promis i^ne grâce', on
étoit sûr de l'obtenir. Il étoit arr
dent à rendre service à ses amis,
et à tous ceux qui lui étoient
attachés. St& domestiques le ro-
gardoieut commente meilleur des
maîtres-, et il les récompensoit
avec cette libéralité qui forma
souvent so.n caractère. Il voulut
que sa sépulture même sç resrr
sentit de la grandeur aveo laquelle
il avait vécu. Il choisit pour le
lieu de son tombeau F^glise de
f âorbonne , qu'il avoit rebâtie avec
une magnificence vraiment royale.
On lui éleva depuis un mauso—
lée, chef— d'oeuvre du célèbre
dirardon. Ce qu on a dit à l'oc-
casion de ce monument , m^agnuru
disputandi argum^entum. , est , se-
lon Voltaire, le vrai caractère
de son génie et de ses actions.
Il est très— difficile de connoitre
un homme dont ses flatteurs ont
dit tant de bien , et ses ennemis
tant de mal. Il eut à combattre
la maison d'Autriche , les Calvi-
nistes , les grands du royaume 9
la reine -mère ^a bienfaiotrice}
le frère du roi , la reine régnante,
à laquelle il osa tenter de plaire )
enfin le roi lui-même , auquel
il fut toujours nécessaire et son-
vent odieux. Malgré tant d'enne-
mis réunis , il fut tout en même
temps , au dedans et au dehors
du royaume. Mobile invisible de
toutes les cours , il en régloit la
politique sur les vrais intérêts de
• la France. Par ce principe il re-
tenoit ou relâchoit les rênes qu'il
manioit en maître. 11 savoît ainsi
faire de to.iis les ministrçs étran^
* ^
à
P LE
fers SOI propres ministres ^ et ses
volontés sexécàtoient dans les
Armées' de Portugal , de Suède ,
de Danemarck et de Hongrie ,
comme s'il eut été en droit d'y
donner des ordres absolus. £n un
mot, le cardinal de Richelieu étoit
lame de l'Europe , e^ fut à quel^
qnes égards , digne d'annoncer
Louis XIV au monde. Ce fut
lui sur-tout qui prépara l'auto-^
rite absolue de ce monarque ; et
ce n est pas peut-être un beau
sujet d'éloge» « Sans ce ministre
altier , dit labbé MiUot , la cou-
.ronne se dégradoit. £n terrassant
le ^énie républicain du Calvi«^
iiisnie par la prise de la Rochelle ,
en abattant avec la hache du
bourreau les têtes illustres de plu-
sieurs chefs de parti , il remet
le roi en possession de tonte l'au-
torité , ou plutôt il l'attache toute
entière à son propre ministère.
Faut-il quç le pouvoir monar-
chique , si cher aux François , si
nécessaire à leur bonheur , puisse
contracter les vices de la tyran*-
nie ? Hichelieu a maihenreuse*-
ment l'ame d'un despote ; et les
circonstances le poussent à des
excès oii il n'est que trop porté
de lui-même. 11 écrase d'impôts
la nation , et insulte ei^ quelque
sorte, à la misère publique par
le faste de sa cour. Il veut que
le parlement obéisse les yeux fer-
més , sans examen des édits , sans
délibération libre ; il traite la ma-
gistrature en esclave plutôt qu'en
dépositaire des lois. Il donne aux
grands dont il a juré la perte j des
)uges qu'il regarde comme les
instrumens serviles de ses ven-
geances • et il dirige leurs arrêts
sans daigner s^couvrir d'im voile
d'impartialité. En un mot , le
pouvoir arbitraire se déploie si
violemment entre ses mains, que
P L E
263
beau , malgré les services réels
qu'il a rendus k la monarchie.
C'en étoit un bien essentiel d'af-
fermir l'autorité de la couronne,
(le plief les grands à la dépen-
dance , et de faire mouvoir par
la diLCction d'un seul chef, tous
les membres du corps politique.
Mais la sagesse de Henri IV, sa
justice , sa bonté et ses bienfaits y
avec la vigueur de son ame ,
étoient ( on ne peut trop le ré-
péter ) plus propres encore a ci-
menter ce grand ouvrage , que
les foudres de liiclielieu, » Les
appréciateurs sévères de ses ta-
lens conviennent que dans l'art
de négocier il montra du génie et
une grande supériorité de vues.
.Mais dans ce genre même , ils
lui reprochent une faute très-
importante : c'est le traité de
1 635 , portant partage des Pays-
Bas- Espagnols entre la France
et la Hollande. Ce traité fut
l'époque qui apprit aux Hoilan-
dois qu'ils avoient besoin do
barrières contre la France ; eb
Richelieu qui vouloit les unir à
lui contre l'Espagne , en mon—,
trant son ambition 9 glaça leur
zèle. C'est donc à lui qii'ik at-
tribuent la première origine de
cette défiance qui éclata toujours
depuis entre la cour de Versailles
et celle de U Haye. Quelques-,
uns vont jusqu'à lui faire un re-
proche de cette politique si vaste ,.
tant admirée par d'autres. Ils re-
marquent qu'au dehors comme
au dedans son ministère fut towb
à la fois écFàtant et terrible ;
qu'il détruisit bien plus qu'il n'é-
leva } que tandis qu'il combattc^it
des rebelles eu France , il soûl*-,
floit la révolte en AUemagne ,
en Angleterre et en Espagne j
qu'il créa le premier ou déve-
loppa dans toute sa force , K-
$y&tèaie de politique qui ve:^t i::.-
^ 4
\
264
P L E
moler tous les états à nn seul ;
qu'enBn il épouvanta r£urope
comme ses ennemis, ils avouent
que i'abbajdsement des grands
étolt nécessaire : mais ceux qui
ont réfléchi sur l'éconouiie poli-
tique des états , demandent si ap-
peler tous les grands propriétaires
à la cour , ce n etoit pas en se
rendant très-utile pour le mo-
meih. , nuire par la suite à la
nation et aux vrais intércts du
prince : si ce n étoit pas préparer
île loin le relâchement des mœurs,
les bt'soins du luxe , la détério-
ration des terres , la diminution
des richesses du sol , le mépris
des provinces , l'accroissement
des capitales ; si ce n'éloit pas
/ forcer la noblesse à dépendre de
. la faveur , au lieu de dépendre
du devoir ; s'il n'y auroit pas eu
plus de grandeur comme de vraie
politique, à laisser les nobles dans
leurs terres et à les CGn^çnir, à
déployer sur eux une autorité
qui les accoutumât à être si Jets ,
ians les forcer à être courtisans.
C'est à ceux qui ont ét^udié l'his-
toire et la politique , de juger
Hic'ielieu , d'après les différentes
observations que nous venons de
ra^icmbler sur cet homme célè-
bre. Tlwmas en a laissé un por-
trait peu datte , mais trop véri-
table. Ce portrait est peu connu ,
ayant été retranché par le oen^
«eur de son iLssai sur les jEloges;
€t nous le rapporterons encore :
« Examinons , dit-il , les moyens
dont liichelieu se servit , et de
quelle manière il déploya l'au-
torité royale qu'il usurpoit. 11 y
avoit deux reines ; il les persé-
cuta tùutes deux . et les outragea
tour-a~tour ensemble ; il traita
l'une plus d'une fois comme cri-
minelle ; il força l'autre d'être
jusqu'à sa mort errante et fugi-
tive hors du pays pii elle 'avoit
p L E
régné , privée de ses biens ^ man-
quant du nécessaire « et réduite k
implorer par d'inutiles requêtes,
la vengeance du parlement con^
tre son ennemi , qu'elle avoit fait
cardinal et ministre. Le roi avoit
tia frère ; le cardinal tonte sa
vie en fut l'oppresseur et le . ty-
ran. Il emprisonna ou fit périr
sur lechafaud plusieurs des amis
de ce prince , le maltraita lui-
même, l'obligea plus d'une fois
à force de persécutions , de fuir
de la cour et de sortir de France,
déclara tous ses partisans cou-
pables de lèse-majesté , et ht* éri-
ger une chambre pour les' pros-
crire. Par-tout , on ne voyoit que
des instrumens honteux de sup-
plice , et des effigies de ceux qui
avoient échappé à la mort par
f'exil. Il y avoit des princes du
sang; le cardinal les traite à peu
près comme le frère du roi ; il
les emprisonne ou les fait fuir,
les avilit ou les écrase. Il y avoit
des ministres , des généraux, des
amiraux, des maréchaux de Fran-
ce ; il suit avec eux le môme plan.
Le ministre la yieuvilie le fait
entrer au conseU ; le cardinal lui
jute sur l'hostie une amitié éter-
nelle ; le cardinal , six ro.ois après
le fait arrêter. Le duc de Mont'"
morcnci avoit la place d'amiral ;
le cardinal l'eu dépouille , et la
prend pour lui sous un antre '
nom. Ce même duc en i63o ,
gagne une bataille en Italie, et
en i63i perd la tête sur un écha-
faud pour s'être ligué avec le frère
du roi contre le ministre : il est
vrai qu'il avoit été pris les armes
à la main. Les deux princes de
Vendôme fils de He.%ri IV, sont
emprisonnés à Vincennes ; le
comte de Soissons fuit en Italie»
le duc de BouilUyn sauve sa tôte
par l'échange de Sedan. Parmi les
maréchaux de^FralKç ^ le maré-s
P L E
«hal Omano arrêté en 16869
meurt à Viiicennes ; le maréchal
de MariUac , après quarante ans
de service , est décapité y sous
prétexte de concussion , c'est-à-
dire, comme il le disoit lui-même ,
pour un peu de paille et de foin ;
le maréchal de Bassompierre , un
des meilleurs citoyens ^ est mis
à la Bastille et y reste onze ans ,
c'est-à-dire jusqu'après la mort
du cardinal. En 1626 , le comté
de TaLieyrand - Chalais ennemi
da cardinal ',. est ju^é à mort et
exécute à Nantes. Kn i63i yMa-
rillac le garde des sceaux , frère
du maréchal , est aussi arrêté et
meurt prisonnier à Château-Dan.
En i6.ii, CluHeaU'Nduf autre
gai de des sceaux, est mis en pri-
son sans forme de procès. La
même année, le commandeur de
Jars et d'autres , sont cpndamnés
à perdre la tète : un seul a sa grâce
sur l'échafaud ; tous les autres
sont exécutés. £n i638 , le duc
de la Valette fugitif, est con-
damné à mort par des commis-
saires , exécuté en eÛigic et dé-
claré innocent après la mort du
cardmal. En 1642 , Cinq-Mars
ffivori du roi , est exécuté pour
avoir conspiré contre le cardinal :
de Tliou , qui avoit su la cons-
piration et qui s'y étoit opposé
de toutes ses forces par ses con-
seils , est aussi arrêté , jugé à
mort et exécuté. C'est ainsi que
le cardinal traita tous les grand3
€t les hommes en place qui
étoient ou qu'il regardoit comme
ses ennemis. Le roi avoit des fa-
voris , des confesseurs et des maî-
tresses ; le cardinal les fit exiler
et arrêter , on les obligea de
prendre la fuite dès qu'ils eu-
rent le courage de lui déplaire.
Les particuliers mêmes turent,
exposés à sa vengeance. Urbain
Grandier est condamné comme
P L E
\6^
magicien et brûlé vif en 1684 »
son premier crime étoit d'avoir
disputé dans les écoles de théo-
logie le rang à l'abbé Duplessis^^
hichelieu. Tous ceux qui étoient
amis de ses ennemis, tous ceur
qui approchèrent à quelque titre
et de quelque manière que ce
fût , de la mère ou du frère du
roi , créatures , confidens , do-
mestiques , médecins mêmes fu<«
rent 'arrêtés , dispersés , con-
damnés , et perdirent ou la li-
berté ou la vie. Il y avoit des lois ;
il n'en respecta aucune dès qu'il
s'agissoit des intérêts de sa haine:
il persécuta ceux quijes récla—
moient ; il opprima les corps
établis pour en être les déposi-
taires et les vengeurs. Jamais il
n'y eut en France autant de com-
missions. On sait que hicheliew
se servit toujours de cette voie
pour assassiner juridiquement ses
eimeniis. Laubttdermuut conseil-
ler d'état , et l'un de ces hommes
lâches et cruels faits pour servir
d'inetrument au plus barbare des-
potisme , pour égorger l'inno-
cence aux pieds de la fortune y
pour calculer toutes les infamies
par l'intérêt , et avilir le crime
même aux yeux de celui qui le
commande et qui le paye ; Lau^
badermont enivré de sang et af-
famé d'or y présidoit à la plupart
de ces tribunaux, alloit prendre
d'avance les ordres de la haine ,
les recevoit avec le respect de la
bassesse , Se pressoit d'obéir pour
ne pas faire attendre la vengean-
ce , et après avoir immolé sa
victime , venoit pour lo salaire
d'un meurtre recevoir le sourire
d'un ministre. C'est ainsi qu' C//'-
baiii Grandier fut traîné dans les
flammes , Marillac , Cinq- Mars
et de Thon sur les échafuuds.
Celui qui se jouoit ainsi des lois y
ne Revoit point avoir plus dt
%6é
P LE
respect pour leurs minitires. H
destitua arbitrairement des ma-
gistrats ; il écrasa les parlemens ;
il interdit des cours souveraines.
£n i63f 9 il envoie au parlement
un ar^ét'du conseil ani déclare
tous les «mis du frère du roi
coupables de lèse-majesté. Les
voix s'y partagent ; le parlement
est mandé ; on déchire les pro-
cédures 9 et trois des pFÎncipauK
membres sont exilés. £n 1 636 ,
il crée pour avoir de l'argent ,
vingt -quntre charges nouvelles.
Le parlement se plaint ; le car-
dinal fait emprisonner cinq ma-
gistrats. Ainsi , par-tout il dé-
pJoyoit avec une inflexible hau-
teur les armes du despotisme ;
c'est ainsi qu'il vint à bout de
tout abaisser. Pour voir main-
tenant s'il travailla pour l'état
ou pour lui-môme , il suffit de
remarquer qu'il étoit roi sous
le nom de ministre ; que secré-
taire d'état en 1624 , et chef de
tous les conseils en 1 63^ 9 il se
fit donner pour le siège de la
Rochelle , les patentes de géné^
rai ; qne dans la guerre d'Italie il
étoit généralissime et faisoit mar-
cher deu3i niarêchaux de France
sous ses ordres ; qu'il étoit amiral
sous le titre de surintendant gé-
néral do la navigation et du
commerce ; qu'il avoit pris pour
lui le gouvernement de Bretagne
et tous les plus riches, bénéfices
du royaume ; que tandis qu'il
faisoit abattre dans les provinces
toutes les petites forteresses des
seigneurs y et qu'il ôtoit aux Cal-
vinistes leurs places de siir<?té ,il
s'assuroit pour lui de ces mômes
places; qu'il possédoit Saumur,
Angers , Ronfleur , le Havre ,
déron et l'isle de Ré , usur-
pant pour lui t6ut ce qu'il ôtoit
aux autres ; qu'il disposoit en
maître de toutes les finances de
p L E
Vétat ; qu'il avoit toujours en
réserve ches lui trois millions
de notre roonnoie actuelle ; qu'il
avoit des gardes comme son mair
tre 9 et que son faste efifaçoit
celui du trône : ainsi sa gran-
deur éclipsoit tout. S'il humilia
les grands , ce ne fut point pour
l'intérêt des peuples ; jamais ce
sentiment n'entra dans son ame.
il étoit ambitieux , et il vouloit
se venger : il s'éleva sur des rui-^
nés. Si pour achever de le con-
noître , 01 demande maintenant
ce qu'il fit pour les finances,
pour l'agriculture , pour le com-'
merce pendant près de vingt ans
qu'il régna , la réponse sert
courte : Rien. Ces grandes vues
d'un ministre , qui s'occupe de
projets d'humanité et du bon-
heur des nations , et qui vent
tirer le plus grand parti possible
et de la terre et des hommes,
lui étoient entièrement incon*-
nues ; il ne paroit pas même qu'il
en eut )e talent. Les finances
sous son règne furent très-mal
administrées. Après la prise de
Corbie eu i636, on avoit à peine
de quoi payer les troupes : il fut
réduit à la misérable ressource
. de créer des charges de con-
«eillers au parlement. Sous lui ,
les provinces furent toujours
très-foulées : d'une main il abat-
toit les têtes des grands , et de
rentre il écrasoit les peuples.
Presque toutes ses opérations de
finance se réduisirent à des em-
prunts et à une multitude pro-
digieuse de créations d'offices ,
espèce d'opération détestable qui
attaque les mœurs , Tagricui-
ture , l'industrie d'une nation ,
et qui d'une richesse d'un nior"
ment , fait sortir une éternelle
•pauvretl. L'état , sous JUche"
lieu , paya communément q»a-
tre-viu^ts millions à Yingt-scjit
r
F L 1^
fivres le marc , c est-^à-T-dive pFès
de cent soixante millions d'aii-r
ioard'hui. Le clergé qui sous
jHenri IV donnoit avec peine
treize cent mille livres % sous les
dix dernières années du cnrdinal
paya , année commune , quatre
millions. £ufin , ce ministre en<r
detta le roi de quarante millions
de rente ; et à sa mort il y avoit
trois années consommées d'a-r
vance. On peut donc lui repro^-
çher d'avoir prodigieusement aug-
menté cette nlaladie épidémique
des empmnks 9 qui devenoit de
jour en jour plus funeste ; d'a-
voir donné l'exemple de la mnlr
tiplication énorme des impâts ;
d'avoir aggravé • tour— à-rtour, et
la misère par le despotisme , et
le despotisiT\e parla misère; dp
n'avoir jamais voulu que cette
grandeur imaginaire de l'état ^
qui n'est que pour le ministre et
dont le peuple ne jouit point , et
d'avoir sacrifié à ce fantôme les
biens , les trésors , le sang 9 la
paix et la Kberté des citoyen^.
Voilà pourtant l'homme à qui
la poésie et l'éloquence ont pro-
digué le^ panégyriques pendant
près d'un siècle. Les lois qu'il a
violées , les corps de l'état qu'il a
opprimés , les paflemens qu'il. a
avilis , la famille <-oyale qu'il a
persécutée , les peuples qu'il i|
écra4b , le sang innocent qu'il
a versé , la nation entière qu'il
a livrée toute enchaînée au pou-
voir arbitraire , auroient dii s'é^
lever contre ce coupable abus
des éloges , et venger la vérité
outragée par le mensonge. Ce
n'est pas qn'on prétende atta-
quer ici les qualités que put avoîr
ce ministre ; on convient qu'il eut
du courage , un grand caractère ,
cette fermeté d'à me qui en impose
aux foibles, et des vues politiques
lur les intérêts de l'iËurope : mais
P L E %6f
il «emble qu'il eut bien plus d«
caractère que de génie : il lui
manqua sur-tout celui qui est
Utile aux peuples, et qui dans un
ministre e<t le premier s'il n'est
le seul. D'ailleurs , ii faut citer le
Cardinal de liichelieu au tribunal
de la justice et de l'humanité;
pn les a trop oubliées quand il a
fallu juger des hommes en place.
)1 semble qu'il y ait pour eux une
autre morale que pour le reste
des tiommes ; on cherche tou-
jours s'ils ont été grands , et ja-
mais s'ils ont été justes ; celui
Tnême qui voit la vérité , craint
de la dire. L'esprit de servitude
et d'oppression semble errer en-
core autour de la tombe des rois
et des ministres. Qu'on les adore
de leur Vivant , cela est juste ;
c'est le contrat étemel du foible
avec le puissant : mais la pos-
térité sans intérêt doit être sans
espérance comme -sans crainte.
L'homme esclave pour lo pré-
sent y est du moins libre pour
le passé ; il peut aimer ou haïr,
approuver ou flétrir d'après les
lois et son cœur. Malheur sans
doute au pays oii après plus de
cent ans il faudroit avoir encore
des égards pour un tombeau et
pour des cendres. » La terre de
Hichelieu fut érigée en sa faveur
en duché^pairie au mois d'août
i63i. Il fut aussi duc de Fron-
sac , gouverneur de Bretagne «
amiral de France , abbé général
de Cluni, de Citeaux, de Pré-
montré , etc. On a de lui : !• Son
Testament Politique , qui se
trouvoit en manuscrit dans la
Bibliothèque de Sorbonne , et
qui futlpguéà cette bibliothèqiie
par l'abbé des Roches , secrétaire
du cardinal. On en trouvoit un
antre exemplaire dans la Biblio-
thèque du roi , avec une Bêla-
tioti iucdncte apostiliée. On n'a
/
1
i6S
P L E
déconvert ce dernier exempla^e
que depuis quelques années , et
il n'a fu terminer la dispute que
le célèbre Voltaire fit naître sur
le véritable auteur de ce Testa-
ment. Les meilleures éditions de
cet ouvrage sont celle de 1737,
par l'abbé de Saint-Pierre , en
deux vol. in- 12 ; et de 1764, à
Paris , en deux vol. in— 8.® M. de
Foncemtjgne qui a dirigé cette
nouvelle édition , tâche de prou-
ver l'authenticité de ce Testa—
. ment , dans une Préface écrite
avec beaucoup de précision et
de netteté. On peut voir ce que
le poëte déjà cité lui a répondu
dans ses Nouveaux Doutes sur
ce livre. Le résumé de cette ré-
ponse est que le Testament est
plein d'anachronismes , d'erreurs
sur les pays voisins , de fausses
évaluations ^ etc ; que dans un
livre sur la manière de gouver-
ner 9 il n'est pas dit un mot sur
phisteurs points importansde l'ad-
ministration , ni sur la manière
de se conduire dans la guerre
qu'on âvoit à soutenir ; qu'on
pousse l'ignorance jusqu'à dire
que la France avoit plus de ports
sur la Méditerranée que la mo-
narchie Espagnole ; que divers
littérateurs convaincus des mé-
prises dont cet ouvrage fourmille,'
n'ont pu l'attribuer à un grand
politique ; que l'opinion de l'au-
teur des Nouveaux Doutes , loin
d'être un paradoxe, est celle d' Au-
heri historiographe du cardinal
de Richelieu , et pensionnaire de
la duchesse d'Aiguillon sa nièce ;
de Gui Patin, del'abbe Richard,
de le Vassor, d'Ancillon , de Vi-
gaeul Marvdle ou de l'auteur qui
s'est caché sous ce nom ; de le
'Clerc, de la Monnoie ; quelle
autorité plus forte que celle d'Au-
hcri qui écrivoit sous les yeux
de la nièce du cardin'al , de sa
nièce chérie, dépositaire de tons
ses senti mens et de tous ses pa-
piers ? Cette nièce ne lui eiiroit-
elle pas fait voir ce fameux Tes-
tament ? ne lui auroit - elle pas
dit : Comment oubliez — v^us nit
ouvrage si intéressant , si publia
et qu'on croit si glorieux pour
mon oncle? Non-seulement ^j<-
beri ne parle point de ce Tes-
tament dans Y H 's Loire de Jî/—
chelicu ; mais il en révoque en
doute l'authenticité dans celle de
Ma znrin.i j^aoi qu'il en sToit, ceux
qui l'ont cru du cardinal de Jît-
chelieu , l'ont trouvé également
profond et savant. Le brillant
écrivain qui l'a enlevé à ce mi-
nii^tre, en pense d'une manière
moins favorable. Il dit v que la
patience du lecteur peut à peine
achever de le lire , et qu'il seroit
ignoré , s'il avoit paru sous un
nom moins illustre. » ( Voyez
BouRZÉis). Un grand roi , sur-
pris de son acharnement contre
cette production , lui envoya de
jolis vers, qui auroieut dii mo-
dérer sa vivacité. Ils ne seront
pas déplacés ici , puisqu'ils ser-
viront à faire connoître le juge-
ment qu'on doit porter de l'ou-
vrage du Ximenès de la France.
Quelques vertus , plus de foibicsses»
Des grandeuK et des petitesses y
Sont le bizarre composé ^
Du Héros le plus avisé.
I! jette des trairs de lanière ;
Mais cet astre dans sa carrière
Ne brille pas d'un feu constant.
L*esprit le plus profond s^éclipse ;
Richelieu fie son Testament y '
Et Newton son Apocalypse.
IL Méthode des Controverses sur
tous les points de la Foi, in-4*'*
Cet ouvrage solide , un des meil-
leurs en ce genre , avant que
Bossuet , Nicole et Arnaud eus-
sent écrit contfç les CalvinisteSj
P LE
fut le fruit de sa retraite a Avi-
gnon. Tll. Les Principaux points
lie la Foi Catholique défendus, etc,
Và^id Blondel a répondu à cet
ouvrage. « Le cardinal de Bicke^
lieu , après avoir soumis les Cal-
vinistes parles armes, dit Tabbé
de Choisi, avoit formé le des-
sein de les gagner par la dou-
ceur. Il songeoit pour cela à
donner aux principaux ministres
des pensions , qui leur ôtassent
•la peur de mourir de faim , et
à tenir ensuite des conférences
publiques , où l'on ne se servi—
roit pour preuves que des auto-
rités de rÉcriture-Sainte , sans
y admettre la tradition. Il étoit
assez bon théologien ; mais il
avoit le talent suprême de se
faire aider , et n'épargnoit rien
pour avoir des extraits iîdelles
des bonsauteurs Hébreux , Grecs
et Latins sur toutes les matières
qu'il vouloit traiter. Il ne conBa
son dessein qu'à un Père de l'Ora-
toire nommé du Laurent , qui
avoit "été ministre dans sa jeu-
nesse. Je ne veux me servir , lui
disoit-il , ni de Docteurs de Sor^
bonnet qui avec leur scolastique ,
ne sont bons que contre les an-^
ciens Hérétiques ; ni des Pères
de l'Oratoire , abymés dans les
Mystères ; ni des Jésuites , c/i—
nemis trop déclarés contre les
Calvinistes, Il ne faut leur parler
d'abord que de la pure parole de
Dieu : ili nous écouteront , ep
pourvu quils nou^ écoutent , ils
sont à nous. Le cardinal ne put
travailler a .ce beau dessein que
les deux dernières années de sa
vie , qui furent traversées de tant
d'affaires et de maladies qu'il fut
obligé d'en demeurer an simple
désir. » IV. Instruction du Chré"
iien, in- 8^ et in- 12. V. Per^
fection du Chrétien , in - 4® et
in-8.« îVI. Un. Journal très-cii-
PLE
1^9
riêux ^ în - S» et en deux vol-
in— fi. VII. Ses Lettres , dont la
plus ample édition est de 1696 9
en deux vol. in— 12. Elles sont -
intéressantes ; mais ce recueil nô
les renferme pas toutes : on en
trouve d'antres dans le Recueil
des diverses pi>ces pwir servir
à l'Histoire , etc. in-folio , de
.Paul Hay ^ sieur du ChâtelcU
VIII. Des Relations , des D/5-
cours i des Mémoires , des H/z-
Tangues , etc. LX. On lui attribue
Y Histoire de la Mère et du Fils ,
qui a paru en 1781 , en deux vol.
in-ia , sous le ndro de Mézerai*
X. On sait qui) a travaillé à plu-
sieurs pièces dramatiques. Il a
fait en partie , la tragi-comédie
de Mirame ,' qui est sous le nom
de Saint^Sorlin ; et il a fourni
le plan et le sujet de trois autres
comédies : les Tuileries , repré-
sentée en i653 ; Y Aveugle de
Smyrne ; et la comédie héroï-
que , intitulée Europe , com-
posée pendant sa dernière ma-
ladie. Le cardinal de Richelieu.
peut être regardé comme le père
de la tragédie et de la comédie
Françoise , par la passion qu'il
a témoignée pour ce genre de
poésie ,, et par les faveurs dont
il combloit les poètes qui s'y dis-<
tinguoient. On rapporte qu'il
faisoit composer quelquefois lea
Pièces de théâtre par cinq au»««
teurs, distribuant a chacun un
acte , et achevant par ce moyen ^
une pièce en moins d'un mois*
Ces cinq personnes étoient Bois-*
robcrtf Pierre Corneille , Col^
letet , de l* Étoile et Rotroiu La
réunion de cinq auteurs si iné-
gaux en mérite , prouve que Ri^m
chelieu étoit un amateur sans
goût , et qui payoit aussi bien le
bon que le mauvais. Il prenoit
l'enflure pour le sublime , et lei
idées gigantesques 9 les sentlmens
l;
If cJ P L Ë
Outrés , pour Tcxprcssioti de la
belle nature. ( Voyez I. Col—
tKrET, MaYNARD , MÉZERAU )
Ses livres et ses vers , si J'oii ex-
cepte sa Méthode des Contro-^
i^fses , et son Testament , qui
est d'ailleurs assez mal écrit , et
Miiquel d'autres écrivains ont sans
doiile mis la main , sont aujour-i
d'Jiui le rebut des bibliothèques.
A quelque teinture de th îolojiië
scoiiistique près, il ne savoitpas
grande hose , quoiqu'il se piquât
de tout savoir et d'exceller en
tout , môme à monter à cheval*
Voyez sa Vie par Jean le Clerc ^
qui , avec le Journal de ce car-*
dinal et diverses autres Pièces ^
ib^me cinq vol.* in — la 4 ijb'^;
\ Histoire de Louis XIII par le
Vassar ; et le Tableau de Ta i/ie et
du gouvernement des Cardinaux
Richelieu et Mazarin , représenté
en diverses Satires et Poésies i
Cologne, 1694 , in-i».
V. PLEvSSIS duc DE RicitE-
LïEU , ( Louis-François Armand
idu ) maréchal de Franco, def l'a-
cadémie Françoise et de celle dei
Sciences, naquit (ï Paris le t3
toars 1696. Sa mère le mit au
monde après sept mois de gros-'
sesse. Il lutta quelque temps con*
tre la mort , et fut conservé dans
tine boîte de coton. Présenté à la'
cour en «716, H y fit la plus
grande sensation par les grâces
de son âge et de sa figure, paf
la,vivacité de son esprit , et paii*
quelques saillies heureuses. Les
malins parlèrent bientôt des pré-
férences marquées que lui don-»
noit la duchesse de Bourgogna
Ses Enfantillages , comme ort
les appeloit à la coirr , furent
mal interprétés? etV aimable pou-^
pée , ( c'est ainsi que les courti-*
sans nommoient le duc ) fut mise
à la Bastille. Il ne sortit de cette
prisori que pour se rendre auprès
P tÊ
cfrr ibtfrécTuil de Villars dôtïl S
devint aide de camp. Le jenn^
duc ayant beancdup de coftfor-^
mité avec son général , nfe put
que lui être agréable } Villari
retrouvoit çi\ lui ses manières
libres et hardies, sa vivacité briP
lante et Une certaine audace
fanfaronne. Après Id mort de
Louis XIV , liichelieu fut admis
à la . cour du régent et partagea
ses plaisirs. Une tracasseriç dé
société l'ayant forcé de se battre
en dqel avec le comte de Gacé ^
il fu( blessé et conduit de nou-^
veau à la Bastille ^ d'oit il nef
sortit que pour y refitrer encore
lorsque la oonspi ration dé Celia-^
Tftare eut éclaté.- Richelieit étoit
accusé d'être entré darts les pra^
jets de cet ambassadeur £spa-^
gnol , peu fflvorablés au régenti
Deax princesses rivales , M"* rfff
Gharolois , et M"* de Valois i
fille du duc d'Orléans ) Se réu-*'
nirent pour obtenir sa libertés
Cette troisième déteritiolrt de B/a
ckelieu laissa dans son âmé uii
souvenir profond ; smis aban-^
donner les plaisirs et les petites
intrigues , il chercha à se rendre
utile dans les grandes; D navoit
que vingt-quatre ans lorsque l'a-»
cadémie Françoise Fappela dans
son sein ; cependant il n'avoît en^^
oore écrit que des billets donx^
et ne savoit pas parfbitemené
l'orthographe ; rnais FonteneUej
Campistron et Destouches lui fij
rent chacun nft dtscdurs de ré^
ceptioh dont il chdisit les prin-
cipaux traits ^Vil débita. On diC
que le soir même trois belles lé
récompensèrent de l'éloquence dé
ces trois an fours Richelieu -^rnt
au siège de Philipsbmfrg et y
montra beaucotip de' valeur. Dans
la bataille d'Ettingerf il eut vlé
eheval tué sous lui ; toftit le ré^
giment ^'il oomsMndflit pérf^
PLE
dflilsla retraite; lui seul f^rniA
rsrrière-çarde , passd le Mein le
dernier de tous ^ et se trouva
assez heureux pour ne pas rece-
voir la moindre blessure. On lui
dut le succès de la bataille de
Fontenoy ^ par le conseil qii'il
donna de faire attaquer la co*
lonne Angloise par la maison du
roi; et lui-même se mettant à sa
tête rompit le bataillon ennemi*
A Raiicoux et à Lawfelt il cueillit
de noureanx lauriers. Lorsque le
mariage du dauphin avec la prin-
cesse de Saxe eut été résolu en
1746, il htt nommé ambassadeur
à Dresde , et y étala beaucoup de
magnificence. L'année d'après ,
lyant été envoyé à G^nes comme
géYiéral et plénipotentiaire , il
contribua an salut de cette ré^
publique qui lui décerna une
statue placée dans le sénat. £n->
Yoyé à Vienne 9 rien ne fut si
ma^ifique que son entrée dans
cette capitale de l'Autriche ; il fit
ferrer d'argent tous les chevaux
de sa suite , mais de manière
qu'ils pussent perdre leurs fers
dans le trajet et que le peuple
en profitât. Ce luxe désordonné ,
toujours payé par la nation qu'on
est chargé de représenter , étoit
le véritable emblème du désordre
^li commençoit à régner alors
dans les finances de France. A son
retour , il porta le même faste à
Bordeaux dont il fut nommé gou-
verneur ^ et clans sa maison de
Genevilliers embellie par 6>r—
vand<^i , et devenue le rendez-
vous, de tons les plaisirs. On ad-
niroit snr-tout dans les jardins
une glacière surmontée d'un tem-
ple élégant ^ oii, au milieu des
chaleurs de Tété, on jôuissoit (le
la plus agréable fraîcheur. Ht—
ckeliew eut le malheur de tuer un
bomme à ia chasse ; aussitôt il
in nontrft U plus vif rtgra^,
P L £ %yî
combla de biens la famille âé
celui-ci 9 abandonna pour tou-*'
jours In chasse qu'il aimoit ^ et
vendit Genevilliers qui avoit été
le théfTtre de cet accident. La
guerre s'étant allumée en ryâg
entre les François et les Anglois ,
RicheUeu élevé au grade de ma-«
réchal <le France , se rendit de-*
vant l'isle ne Minorque et mit le
siège devant Ma bon. Les soldats
Fran.çois peu accoutumés à Tex-»
cellence du vin , s'enivroient tous
les jours et nianquoiont à la dis-*
cipline ; le maréchal par un mot
sut les rendre sobres. Il fit mettre
l'ormée sous le armes , et pas-«
sant dans tous les rangs ^ il dit»
« Soldats n je vous déclare quer
ceux qui s'enivreront désormais
n'auront pas l'honneur de monter
k l'assaut. » Lui— même dans les
jours d'action donnoit l'exemple
de la plus grande intrépidité , y
rélinissoit après le combat la po-*
htesse pour les généraux enne^
mis, et les, soins de l'humanité
dûs aux vaincus. Après la priser
de Mahon ^ Richelieu dirigea la
guerre de Hanovre , et triompha
malgré les obstacles élevés contrs
lui par Mad. de Pompadoun II
avoit encouru sa haine pour avoir
refusé d'unir son fils à la fille do
la favoritew Lorsque celle-ci lui
proposa cette alliance , Richelieu,
lui répondit « qu'elle lui faisoit
beaucoup d'honneur , mais que
son fîJs ayant celui d'être allié à
l'empereur , il oroyoit devoir la
prévenir de cette alliance.» L'âr-*
mée combinée , commandée par
le duc de Cumherland fut forcée
de capituler à Closter — Seven
près de l'Elbe ^ mais celui-ci fiC
une grande faute en changeanC
cette capitulation qui devoit être*
purement militaire^ eitunecon-*
vention politique dont l'exécu-
tion dépendrait df la ratiûcatien
»7»
P L E
des parties intéressées. 11 en fit
de plu» grandes encore en favo-
risant ](i maraude et en donnant
au soldat l'exemple de l'avidité
et des extorsion?. On connoît
son Paviilon de Jlanoure ^ bâti
du fruit des contributions levées
dans .ce pays. Le mnréchal de
Rickflit'ii étoit gouverneur et
commandant en Guienne depuis
175s , et il devint doyen des ma-
réchaux de France en 178 r. Au
poCit le plus effréné des plaisirs ,
il y réunit cet orgueil dan<^ereux
qui cherche à multiplier les sé-
ductions. « La vanité, a-t — il
écrit , entre pour beaucoitp dans
la jouissance : on vante sa con-
quête; elle satisfait l'amour pro-
pre , et cette prétendue gloire
semble ajouter au plaisir. » Avec
les mœurs les plus dissolues , un
«jinfément perfide dans l'esprit ,
l'habitude de jeter un ridicule
amer sur les vertus privées , il
contribua à corrompre les mœurs
de la capitale , et devint le chef
de ces Agréables , « qui, comme
le dit la Harpe , se croient une
grande supériorité d'esprit pour
4ivoir érigé le libertinage en prin-
cipe et fait xino science de la dé-
pravation. Ils ne se doutent pas
que cette prétendue science, en
mettant même toute morale à
part , est le comble de la sottise
«t de la duperie. Car qu'y a-t-il
de plus sot que de se faire un
travail sérieux et une étude pé-
nible de ce qui pour les autres est
un plaisir ou du moins un amu-
sement ? La belle découverte que
de se défendre d'aimer aucune
femme , et de se faire une loi de
•tes tromper toutes ! Le p1u9- ha-
bile intrigant dans ce genre peut-
fl se flatter d'avoir autant de plai-
sir qu'un homme franchement
amoureux? Quel estceluidu fat?
U vanité ; mais comparée aux
p L E
antres , cette jouissance rfest—
elle pas un plaisir de dupe. #
Rickelieit , à part ses mœurs cor-
rompues , étoit plein d'activité ,
d'aïubition et de qualités bril-
lantes. Par lui , l'histoire pourra
juger ses contemporains, la cour
où il vécut et son siècle. Sur la
fin du règne de Lauis XV ^ il de-
vint le flatteur assidu de «Mad.
Duhary , et n'en do!ina pas moins
souvent au monarque d'utiles
conseils. On peut en citer cet
exemple : Le ministre Stùnt-Flo-'
rentin vouloit proscrire de nou-
veau les Protestans dans le Lan-
guedoc; le favori éclaira le mo-
narque , et empêcha les excès .de
l'intolérance. Sous Louis XVI ,
dont les mœurs étoicnt plus aus-
tères, 'Richelieu eut peu de cré-
dit ; mais son grand âge , rà re-
nommée et des reparties toujours
heureuses , l'empêchèrent d'étra
dédaigné. Lié intimement avec
Voltaire , il prit uhe partie de
l'esprit léger et mordant de ce
dernier , et finit 892 ans son
active carrière, le 8 août , 1788.
Marié trois fois et sous trois rè-
gnes différens , il épousa en 17 13 ,
sous Louis XIV, Mlle ^e NoaiU
les; en 1784 , sous Louis XV,
' la princesse de Guise-Lorraine ;
et en .1780 , sous Louis XVI ,
Mad. de Roth, On a publié sa VU
privée, 1791 5 trois vol. in-8* ,
et ses Mémoires, 1790, 9 vol.
in-S.** La singularité de son ca-
ractère et de sa destinée , ses
succès en différens genres , son
courage , l'éclat de ses galante-
ries , ses ambassades ot seS ser-
vices militaires , rendent très-
intéressante la .longue vie d'un
homme qui sut plaire à la cour
de Louis XIV , jouir de 1# fa-
veur de Louis XV , et vit le
Dauphin , fils de Louis XV L fl
ne devoit pas aimer les prisons
royales ,
PL O ^
Nfaks , où il s'étoit fait enfetw
JDer trois fois ; cependant lors-<
j^u'il fiit commandant du Langue^
4oc et gouverneur de Guienne ,
il abusa de ces mêmes lettres de
racket qu il avoit maudites , et
ic permit plusieurs actes d'au-*
torité arbitraire. On peut lui re*
prêcher encore d'avoir trop pro-
tégé dans ses gouvememens les
folies licencieuses des héroïnes
de théâtre, et les folies ruineu-
ses du jeu et du luxe. L'ambi-
tion ne lui ût jamais négliger les
plaisirs ; il s'y livra jusqu'à la
débauche , méprisant les conve-
iisaces 9 et abusant de son pou-»
yqir pour favoriser ses vices. Le
don de séduire le suivit jusqu'à
son dernier âge ; et ce qu'il y a
de singulier , cest que la plupart
des femmes qu'il avoit trompées
ou quittées ^ continuèrent de
l'aimer ou du moins de le trouver
aimable. Tel est le résultat de sa
longue carrière , donné par son
historien. « Avec la bravouce ,
les talens et le Bonheur qui font
un grand général ; avec l'esprit ,
l'adresse et la connoissance des
hommes qui peuvent faire un
grand homme d'état ; avec tout
ce qu'on peut posséder de grâ-
ces et d*amabilité, le maréchal
it hichciieik ne voulut être et
&e fut qn'un courtisan. »
I. PLOT, (Sigismond)porU
l'art de Timprimerie à Sienne
dans le xv^ siècle , et pnblia le
2^or«5 sans date , et les FspUret
de Cicéron qui portent celle de
1489.
PLUQUET , ( François-An^
dré ) né à Baîeuz le 14 juillet
17169 embrassa l'état ecclésias-
tique , et quitta un canonicat
dans la cathédrale pour venir pro-
fesser l'histoire à l'université de
l^aris. Ses leçons furent suivies^
SuPPL. Tome ///. .
P O C %7i
et Flu^iiet justifia sâ rëputatioa'
par de bons écrite. Homme ver«
tueux, ami sûr , ennemi de Uk
flatterie et de la dissimulation ^
on lui reprocha quelquefois on
r>u de brusquerie et- de dureté*
est mort d'apoplexie le 18 sep-*
tembre 1790. Ses ouvrages sont a
L Examen du Fatalisme , 1757 y
trois vol, in- 12. L'auteur combat
avec force cette erreur ancienne
qui fait encore l'un des princi-»
Faux dogmes des religions dm
Orient. II. Dictionnaire des Hé'm
résies , 1761 , 2 volumes in-8.® fl
offre une logique saine , un )ug»«
ment impartial, un savoir pro«i
fond. Nous en avons cité pin-»
sieurs fragmens dans ce Piction-*
naire. III. De la Sociabilité *
1767 , 2 vol. iti-i2. Pluquet corn»
bat dans cet ouvrage le système d«
Hobbes , et prouve que Thomm»
nait bienfaisant et religieux*
ly» Livres classiques de l'empire
de la Chine, 1784 , 7 vol.in-i2*
C'est une traductibn du recueil
du P. Noël , précédé d'un discoura
bien écrit sur la morale des ChU
nois. y. Traité philosophique et
politique sur le luxe, 17^^» *
vol. in- 12.
IL POCOCKE , ( Richard )
docteur en théologie , né à Sou»
thampton en 1704, posséda di«
vers bénéfices , et finit par êtr^
successivement évêque d'Ossory
et de Meath. En 1787 il entre**
prit le voyage du Levant , après
avoir recueilli dans son cabinet
tontes les connoissances qui poi|«*
voient le lui rendre plus utile et
plus agréable. De retour dans tm
patrie en 1742, il en publia la
relation en 3 vol. 1743— 174$^
On avoit commencé d'en pitbliet
une traduction en françois, ea
7 vol. in- 12 , qui n'a pas été con<^
tisuée* Le ton de Poçççke^
»74 P O E
Beaucoup plus sec que èpîtij'Jè
iTournefort; et il n'a pa» Tart
tomme celui-ci de choisir Tes dé-
tails intéressa ns. Ce sont (les des-
èription.s du local exactes , mais
Sècoes. Il n*out)Iie pas cependant
àe faire cbnnoitre les tnôe'urs ,
C[uoiqu'll n^ait'pas le talent de les
peindre ^ avec agrément et avec
énergie. Il mourut d'âpopickie en
septembre X7V5.
ÏOERSON , ( Charles) pein-
dre 9 iiit>rt à Paris en 1 660 ; et son
"fils Charles '^François mort en
1725 ^ à 73 ans 9 ont laissé quel-
tpies bdkis Tableaux. Le père et oit
^eliOtrâine,
,. L PÔIfUER , (Claude ) ha-
bile, sculpteur Parisien, mort à
^^fsy diocèse d'Àuxerre en 17^9 ^
078 ans. , qrna ^ de ses ouvrages
Jes jardins de Marly et de Ver<-*
•aiHés.
II.POI'RÏER, (Oerm'aînjné
\ Parisien yfff^A > ^^t profession
cfans 1^ congrégation des béné-
dictins de Saint- IVÏaur en i7'4b,
et la quitta en 1769. W fut Tun
des coopérateurs de \'An de véri^
Jlçr lefi dat^s , et donna en 1767»
avec D. Précieux le onzième vo-
lume de la nouvelle collection dés
historiens dés Gaules et de la
ïrançe, commencée par D. J3oiA-
queL Ce volume est précédé d'une
[savante préface de 243 pages ,
*bù les éditeurs ont recueilli tous
*'les traits curieux et intéressans ,
répandus dans ce tome et dans le
précédent. [Poirier étoit de l'Ins-
'titut'natioual, tl est mort au com-
inencemeht d^ ï,8o3, âgé d'en—
^VîVon So ans. Cétoit un isavant
jcbihm.uh'catîf, et tpès<- "instruit
*He tout ce qxxï règardbit le'itooyeii
3ge» « C>st sur-tbût , a dit
•"M/rôèbe :Sicàrd,'Yaifiês\hîpieét
hoRn% de Poirier , ce oaractàre
p o I
tôtijouts ^gal et fait pour les dcM^
tés vertus, cette frâncbise in-«
géhne 9 cette droiture , cet amont
pour la vérité , cette timidité rfa-
furelfe qui càcfaoit tant de con-<
liol^sances, et qui ne lui permet-
toit pas de se replier sur lui-mênie
. ^our y jeter un regard de com-
plaisance...« Voilà sur-tôut ce qui
le rendbit recommandable , et ce
qui est bien plus rare que le sa-*
Voir, Ayssi personne h'éfcoit inoihs
content de llii-mémç , et pins
content des autres. Nul h'étbit
pins ami de Ta sagesse , et plus
rndulgent envers ceux qui avoient
le malheur de n'en ^as connoi-
tre le charittè et ,toùte la pois-;
lance, i^
Vn.T'C^ISSpfï ♦ ( W. ) mar^
(|uis de Mehars et de Itîar^ni^
frère âe la célèbre marquise de
Po'mpadour , avoît acquis dès sa
jeunesse des connoissances assé2
approfondies en géométrie et ei|
àrcliiteqtnre^ Désigné pour rem-
placer M. de l^ournehem , 6rdoii«
liatetir général des bâtîmens dit
roi, il voyagea en Italie, et s'y
fit accompagner par Tarcbitecti
"^oufflot , ïe célèbre graveur Co-
chln et l'abbé le Blanc, De retouf
de ce voyage, il obtint la sur-
in tendance des bâti mens. Alors ,
Âl augmenta les prix des tableanx
4'h^âtQire à l'académie de Cein-
ture, fixa une somme annuelle
pour faire sculpter les statues des
grands . bonjmes François , régé-
néfa l'arotiitecture publique, et
fît venir Soufiût de Lyon pour lui
confier la construction deSaintç-
'Geneviève. En t755, Marigni
reçut ïe cordon bîéu et fut nom-
mé secrétaire de cet ordre. D
vouldt achever le Louvre; maii
les dépenses nécessaires pour la
«guerre ne le lui permirent pfl*
LaseUle çonstf action qu il y P^l
901
faîffe 5 c'est ïe guicîi^t qiiî pbflé
'son nom. Dégoûté des tracasse^
ties que lui suscita l'abbé Terray,
11 se retira en 1773 dans Tune de
«es terres , sans désir de revoir la
fcotir , au milien de rafnitié et des
artistes dont il fut Tami plus en-
core que le protecteur. U mourut
«n 17I8Î.
POISSONNIER , < Kerre-
'Isaac ) né à Dijon le 5 juillet
1710, étudia la TOédecîne , et fut
sommé £n 1746 professeur de%
iàculté de Piaris. Ce fut l'un des
^premiers qui ouvrit un cours de
thimie dans la capitale. En 1753
ÏÏ fut envoyé par le gouverne-
ment à l'impératrice de Russie
EUzaheth , qtii f avoit demandé à
iji cour de France 9 pour veiller
inr sa santé. Pendant son séjour
i Pétersbourg , il s'occupa beau-
tonp de l'expérience sur là con-
gélation du mercure ; et à son
retour en France , il fut couvert
^e titres honorables et de ré-
"«onrpenses. Associé libre de l'a-
ifeadémie àts Scîences, premier
Médecin des armées, inspecteur
içénéral de la médecine dans les
Colonies , il obtint outre le trai-
tement de cas diverses places ,
lime pension de 1 2,000 liv. Pdw—
tortniér pendant la révolution ,
%t enfermé dans la prison de
'Saint-Lazare avec toute sa fa-
"inille. Rendu à la liberté abrès la
tbute de Robespierre , il suc—
"cortiba à de douloureuses infir-
inités le a5 fructidor an 7 ( 1797 ),
à l'âge de 79' ans. Ses ouvrages
«ont : 1. Les tomes 5 et 6 du
Cours de chirurgie , dicté par Col
'de Vîllars. Ils renferment un bon
tfaitédes fractures et luxations,
1743, in-6.« II. Essai sur le
■feoyen de dessaler Tehu dé la met,
V763. Ce moyen réussit d'après
tJ^'^ipth^WéS^rftffi^ faites.
8t. Traité des fièvres de Saint»^
Domingue, 1763 5 in-S.^ IV. Au^
tre sut les maladies et la nourri-
ture des gens de mer , 17809
a vol. in-8.« N . Ahréeé ^ Anato-
mie , 1783, deux vol. in- 12. fi
' ^st desfiné aux ëières en cbirnrgto
pour la inarine.
* POIVRE, <N. ) andeh în^
tendant des isles de Friahce et de
Bourbon , naquit 11 Lyon en
17 15. Il entra d^abofd dans la
congrégation des Missionnaii%i
étrangers. On Tenvoya à la Chine,
qu'il parcourut en grande partie
avec les yeux d*un philosophe»
Avant d'arriver à Canton , il re*
eut une lettre en chinois qu'oti
lui dit être de recommandation»
Elle étoit au tontraire d'un Chi«
nois offensé par un Européen ,
et qui croyant ce dernier pèrteftr
de la lettre, le dénonçoit à ^
nation comme un coupable doAt
il avoit à se plaindre et qui mré-
ritoit la mort. Fchre nempli de
confiance présenta la Vettre <hi
prerhier Uiendarin , et fftt mis ^
prison. Là , il apprit assez de la
langue chinoise pour se défendre*
Le vice- roi touché de son ingé-
nuité et convaincu de son inno-
cence , devint son ami et son
protecteur. En revenant en Eu-
rope , le vaisseau qii'il montoit
fut attaqué par un bâtiment An-
glois de l'escadre de l'amiral Baf'-*
net , et dans îe coVnbat il eftt un
■ bras emporté par un boulet de
canon. En se voyant un bras de
moins ,'4e {Premier mot qu'il pr6-
nonça fut : Je ne pourrai plus
peitidre. Cet accident malheitreilkz
îôbligea de renoncer à l'état e6*«
• cléiiastique. La compagnie -dea
Indes a laquelle il s*étoit fait coh-
noitre Comme un homme actif
et intelligent, le choisît en 17^9
s »
17^ P O I
•he ée eommerce à la Cochîn*-
•hine. Il montra dans cette en-
treprise des taleàs supérieurs et
la probité la plus délicate. De re-
tour à i'isle de France , iJ déposa
dans les maf^sins de la compa-
gnie jusqu'aux présens particu-
liers qa*û avoit reçus , et il écri-
vit aux directeurs : « Je vous ai
remplacé tel objet de mon ar-
gent 9 parce qu'on me l'a volé par
ma f^ute , et qu'il n'est pas juste
^e vous en supportiez la perte. »
Ayant réussi dans cette entre—
Î}rise, il fut envoyé en 1766 par
e duc de Choiseul aux isles de
France et de Bourbon pour faire
£eurir ces deux colonies. I«e nou-
vel intendant remplit parfaite-
nent les vues du mini&tère. 11 fit
naitre dans ces isles l'amour de
ragriculture et des arts. Pour les
approvisionner, plus prompte-
an ent 9 il tira de Madagascar une*
quantité immense de troupeaux.
|1 forma une pépinière de tous
les arbres uCUes ; il naturalisa
larbre à pain , et après beaucoup
. de peines et de dangers , la cul-
ture du giroflier et du muscadier.
De retour en France , il alla
' mourir à Lyon sa patrie le 6 jan-
vier 17869 d'une hydropisie de
poitrine y dans sa 67* année,
tlo m me d'état et homme de bien ,
il unit les qualités de Tame et les
dons de l'esprit. Observateur ju-
dicieux et écrivain philosophe ,
il a laissé quelques ouvrages
courts , mais pleins et bien écrit^ ;
. tels sont : I. Voyage d'an Phila^
tophe , in-ii y qui ren|^rme des
observations sur les mœurs, les
ar^ et l'agriculture, dçs peuples
de l'Asie et de l'Afrique. IL Un
' W émoire sur la préparation et la
teinture des soies. III. Des Rt^
marques sur l'histoire et les moeurs
dvi la Chine. IV. Des Discours
..prononcés tuj( H^jjip^ da< isles
F O t
deFrance et de Bourbon. T. Qnel^
ques autres ouvrages manuscrits
dans le porte-feuille de l'acadé*
mie de Lyon , dont il étoit mem-
bie. Poivre avoit obtenu du gou-
vernement une pension de 1 2,000
livres et le cordon de St-^MicheL
♦POLTGNAC, (Melchiordc)
vit le jour au Puy-en-Velay le
1 1 octobre 1661 , d'une des plus
illustres maisons de Languedoc
Six mois après qu'il fut venu an
monde , il fut exposé à un grand
malheur. 11 étoit nourri à la cam-
pagne. Sa nourrice qui étoit ûlle ,
et qu'une première fnute n 'avoit
pas reirdue plus sage , en fit une
seconde. Dans cet état qu'elle ne
put long- temps cacher , frappée
de tout ce qu'elle avoit à crain-
dre, elle s'enfuit vers la fin da
jour ) et disparut après avoir por-
té l'enfant sur un fumier où il
passa tonte la nuit. Heureu^^e-
ment c'étoit dans la belle saisou ;
on le trouva le lendemain sans
qu'il lui fût arrivé aucun acci-
dent. Le jeune Polignac fut ame-
né de bonne heure à Paris par
son père , qui le destinoit k lëtat
ecclésiastique. U fit ses humanitéi
an collège de Louis-lc-Grand,
et êa philosophie à celui dHar-
court Aristote régnojit toujours
dans les écoles. Polignac l'étudia
par déférence pour ses roaitrei;
mais il se livra en même tempi
à la lecture de Descartes^ Instruit
de ces deux philosophies si àiSé*
rentes, il soutint l'une et l'autre
dans deux Thèses publiques et en
deux jours consécutifs , et réunit
les suffrages des partisans àài rê-
veries anciennes et de ceux des
chimères modernes. Les ïhèsei
qu'il soutint en Sorbonne yen
i683, ne lui firent pas moins
d'honneur. Répandu dès-lors dans
les maillMures sociétés da F<ri<i
POL
Il f plot infiniment. « CTest un '
des hommes du monde , écrivoit
Mad. de Sépigné , dont Tesprit
Bie paroît le plus agréable. Il sait
tout , û parle de tout ; il a toute
]a (lanceur ^ la vivacité ^ la com-
plaisance qu'on peut souhaiter
dans le commerce. » Le cardinal
de Bouillon encha té des agré--
mens de son esprit et de son ca-
ractère , 1« prit avec lui lorsqu'il
se rendit à Rome après la mort
é'Innoceni XL II l'employa non-'
seulement à l'élection du nou—
reau pape Alexandre VIII , mais
encore dans l'accommodement
f u'on traitoit entre la France et
la cour de Home. L'abbé de Po^
hgnac eut occasion de parler plu-
sieurs fois au pontife, qui lui dit
dans une des dernières conféren-
ces : Vous paraissez toujours être
àe mon avis , et à la /a c*est le
vôtre qui l'emporte» Les querelles
entre la tiare et la cour de France
étant heureusement terminées,
le jeune négociateur vint en ren-
dre compte à Louis XIV, C'est à
eette occasion que ce monarque
dit de lui : Je viens dentretenir^
va homme et un jeune homme ,
^ui m'a toujours contredit et qui
m'a toujours plu. Ses talens pa«
rurent décidés pour les négocia-
tions. Le roi l'envoya ambassa-
deur en Pologne l'an 1693. Il s'a-
gissoit d'empécber qu'à la mort
de Jean Sokieski près de des-
cendre au tombeau, un prince
dévoué aux ennemis de la France
n'obtint la couronne de Pologne ,
et il falloit la faire donner à un
de la maison de France. Le prince
de Conti fut élu par ses soins :
Amis diverses circonstances ayant
retardé son arrivée en Pologne ,
il trouva tout changé lorsqu'il
parut, et fut obligé de se rem-
barquer. L'abbé de PoUgnac cow-
Craint de se retirer ^ fut exilé
P O t 177
dtfns- son abbaye de Bon-Port 9
oii il s'occupa utti«|uement des
belles- lettres , des sciences et d^
l'histoire. 11 y étoit encore lors»
que le duc d'^/f/ou fut appelé an .
trône d'Espagne. Il écrivit alors
à l/juis XIV : Sjns g si lesprosm
pérîtes de Votre Majesté ne metm
lent point fin à mes malheurs ,
du moins me les font^eltes oum
blier. L'ûbbé de Polignac fut rapi-
pelé peu de temps après , et ra^
parut à la cour avec plus d'édat
que jamais. Il fut envoyé à Romt
en qualité d'auditeur de Rote ^
et il n'y plut pas moins à Clé"^
ment XI qu'il a voit plu à Alêxuru»
dre VI IL De retour en Franco
en 1709 , il fut nommé plénipo-
tentiaire avec le maréchal fUxeU
les, pour les conférences de It
paix , ouvertes à Gertruidenberg»
Ces deux négociateurs en- au-«^
roient fait une avantageuse , si
elle avoit été possible. La fran-«
chise du maréchal étoit tempéréo
par la douceur et la dextérité d»
l'abbé , le première homme de soa
siècle dans l'art de iiégocier et à%'
bien dirç. Tout Taré des 'négocia-^
teurs fut inutile. Dans une des
conférences, Buys chef de la dé-
putât ion Hollandoise , interrom-
pit la lecture des articles prélimi-*-.
liairesen disant: Non- dImitte-
TUR PECCATUM, NfSl RBSTITU^--
TUR ABLATUM. Uêhhéde Polignae^
indigné, ne put s'empêcher de
dire : Messieurs , vous parlez-
bien comme des gens qui ne sont
pas accoutumés à vaincre. Il fut
plus heureux au congrès d'Utrecht
en 1712 ; mais les plénipoten-4
tiaires de Hollande s'appercevant
qu'on leur Cachoit quelques-unes
des conditions du traité de paix ,.
déclarèrent aux ministres du roi.
qu'ils peuvoient se préparer à^
sortir de leur pays. L'abbé de PO"
lignai qui n'avoit p^s oublié le^
s î
^8 ^ P O f
.iton altter avec lequel ils loi avof Mil
parlé aux conférences de Ger—
tfliidenberg , leur dit : Non «
HÊestieurs , nous ne sortirons pas
d^ci ; nous traiterons chez vous ,
nous traiterons de vous » et nous
iraUerons sans vous* Ayant ob^
tenu peu de temps avant la nomi-
nation, du roi Jacques au cardi-
sudat , il ^toit dès-lors cardinal
in petto. Mais quoique * tout le
monde sut en Hollande qui il
étoik, il ne portoit ni titre , ni
liabits ecclésiastiquos ; il étoit
vêtu en séculier , et on Tappe—
loit le comte de PoUgnac» Ce fut
âans cet état et sous cet incognito
qu% suivit toutes les négocia-
tions d'Utrecht, jusqu'au mo—
ment de la signature du traité.
Mais alors il déclara qu'il ne lui
ëfeolt pas possible de signer l'ex-
clusion du trône d'un monarque
à qui il devoit le chapeau : il se
retira et vint jouir à la cour de
SVance des honneurs de la pour-
pre romaine : honneurs qui fu-
rent accompagnés Tannée d'après
de la charge de maître de la cha-
pelle du roi. Après la mort de
Louis XIV, il se lia avec les en-
^ liemis du duc ^Orléans, et ces
liaisons lui valurent une disgrâce
éclatante. Il fut exilé en 171 8
dans son abbaye d'Anchin, d'où
il ne fut rappelé qu'en 1721. Les
moines de son abbaye furent un
peu intimidés en le voyant arri-
ver dans leur monastè^re ; mais ils
pleurèrent quand il les quitta. La
plupart étoient peu capables de
juger de son mérite en qualité de
bel esprit et de savant ; mais ils
Tavoient trouvé doux , indulgent,
aimable ; et loin de les piller
comme tant d'autres abbés com-
mendataires , il avoit embelli leur
église et réparé leur maison, /n^
nocent XI II étant mort en 1724,
}• cardinal de FoUgnac «o rendit
POL
S Rome pour l'élection de JKm
noU XIII, et y den^eura huit
ans chargé des a£faires de France.
Nommé à l'archevêché d'Auch en
17269 etàune place de comman-*
deur de l'ordre du Saint-Esprit
en 1732 9 11 reparut cette' année
en France 9 et y fut reçu comme
un' grand homme. 11 mourut à
Paris le 10 novembre 174 1 9 dana
sa 81* année, avec une grande
réputation. Le cardinal de Po-
lignac étoit un de ees esprits fa-*
ciles 9 qui embrassent tout et qui
saisissent tout. Les sciences et les
arts , les savans et les artistes 9 lu»
étoient chers. Sa conversation
étoit douce 9 amusante et infini-
ment instriictive, comme on peut
le juger par tout ce qu'il avoit vu
dans le monde et dans les difi&-
rentes cours de l'Europe. Le son ,
de sa voix 9 la grâce avec laquelle
il parloit et prononçoit , ache<*
voient de mettre dans son entre-
tien une espèce de charme qui
alloit pres^pie jusqu'à la séduction.
L'universalité (ie ses connoissan-*
ces s'y montroit 9 nak sans des*
sein ni de briller, ni de &ire
sentir sa supériorité. Il étoit plein
d'égards et de politesse pour ceux
qui l'écoutoient 9 et s'il armoit à
se fiaire écouter 9 on se plaisoit
encore plus à l'entendre. Sa mé-»
moire ne le laissa jamais hésiter
sur un mot 9 sur un nom propre
ou sur une date 9 sur im passage
d'auteur ou sur un fait ; quelque
éloigné ou détourné qu il pût
être 9 elle le servoit constamment
et avec tout l'ordre que la médita*
tion peut mettre dans le discours*
Quoique le cardinal de PoUgnac
aimât les bons mots et qu'il en
dit souvent , il ne pouvoit souffrir
la médisance. Un seigneur étraïi-
ger attaché an service d'Angle-
terre 9 et qui vivoit à Rome sons
la protectioo de la France | eut
pot
Bilonr l'imprudence de tenir ï
m table des propos peuinçswrt*
snria religion et sur In personne
du roi Jacques. Le cardiiial lui
&i sVec liii sérieuz mè\i de dou-
«tir : J'ai hràre, I^Ôasièur.'dâ
froléger 'votre personne , mail
ion pet vos discours-^ Son goût
^oar lès beaux arts liii fit former
sons le pontifical de Benoit XIII,
lin projet fcien digne d'iin homme
amei pass'onn^queluipour t'aii-
Çqùifé. Il n'ignoroit point ijna
pendant le» gnerrei civiles qu[
Woublérent les plus beauï jouri
^e U république Romaine , lé
gïrti qui prévaloit ne manqiioit
Minaisdejeterdsnslef ibrelontfs
lesstatuei et les trophées élevés îf
llOniitur du parti opposé. Quei-
^lefois Qnlel b"^it ou un les
I ttmtiloit auparavant ; mais pour
lordinaire on Ui y )çtoit dan»
leur entjerî II^ f ton( donc eit~
^r« , disoit-il) car asturément
oa ne les a pqiat retirés , et (é
ffwe ne les a poiiit enfpqrléi, H
«voit imaginé de détourner pen-
^nt quelques jours le cours du
libre, et de faire fouiller l'es~
p^aœ de trois quarts de liene. I|
■iiroit fallu creuse^ un peu avant',
Esrce que les bronze) et les mar-
res ont dû s'enfoncer. Si'^o/i-
enac avoît' été' asse^' riche pour
lenCreprendre a ses &ais , la pape
ç[ui l'aimoît lw~ auroii accord^
toutes les pe r missions néce'ssa ires.
Mais ses rêvepus ^tpient absorbés,
I Bjr SCS dépenses; dn'euf (ornais
d'ordre dans ^és aïfeires çerson-
ùclles; eji'i sa'mort il laissa beau-
wnp de' dei.Us- Nous arons do
ffi célébré cardinal 'un Poème
KnDe Deoet f/aturd, litrivc ,
publié en 1747 ,' in-'8' et in-ii ,
ï"r labbé *Jé Boihelia ', çt tra-
duit en italien par le P. Bicd
woédictui , çt ^^gfmment'éi
POL t^
fnnçoitpit Boàgaintilte , iTvol,
^e réfuter Lucrice i el ije deter-J
miner confire ce préccpreiir du
crime et ce des|ructenr de'là In-
finité, en quoi «insiste le soù.^
verain bieit , qnelli fesl la halur*
de l'ame ; ce que l'on 4oit peniec
des atcuoei, du mouvement, da
vide. L'auteur en conçut la plan
en Hollande , oii il s'éloit ejcr^té
il son rç'tour de Cologne. Le fa»
meux Bnyle j étoit alors; Vabbé
4i F.olignae le Vit, et en admi-
rant son esprit il téatriut de réju»
1er ses erouri. U cpwnença ^ j
travailler- dorant Vu p^imief
exil, et il ne cessa dçpui» d'j
ajouter de nouveaux ornemens.
On ne uiur»(t trop 4tre étoani
qu'au milieu de> dissipation* (JN
monde et des épinei des afEaires ,
il ai t'i^u mettre la'dérniËre miin
i ttn si long ouvraee en vera'j
éartt dam une langnb étrangSraj
IWi qui aurott k peine fait quatre
66n vertt dans U propre latiguei
On Wî a reprdChé, à la véritiSi
«fétr? lin ^n trcip diffu» et tro^
peu varié! ' — -■ -' "—'■ -■—-"■
quf dans ;
réiuiitla fo[. . . _ - ,--
gancB dé ffirgiU. On doit Tatf-
mirer siir-iout
reij», èe tes e
lâbondançe di
dans la facîlït
Mprima tonj6
di/iSriles. À T^j
ié' cç ï'of me ,
«qmbnitre les
^èur'meltrè&;
fait de s'en te
çile de se déti
tre'enfY'ceî é
ii J^oti^aac a;
S4
»8a P O t
îystèmes du Cartésianinne; Voy. *
•a Vie t Paris, «777 » » volunie»
iiiriz , par le ÎP. Faucher Corck-
lier. Laplace a fait ees quatre
.Vere pour son portrait : ^
Aaz tal«ns dtfPjrré* , k ceux de rHéHeeSy
PoligntU'iolpant la sagesse ,
En Grèce avroh M PUton ,
A Rome eOt elTecé LatrU**
POLLUCHE , ( Daniel ) de là
Société littéraire d'Orléans sa
Jiatrie , / naquit en 1 689 , et 7
Jtoourut en 1768. On trouve de
lui des Dissertations sur la Pu*-
c^(2^ if Orléans , dans Y Histoire
de cette héroïne par l'abbé Le»—
I. PO LUS, célèbre acteur
d* Athènes , étoit contemporain
de Fériclès. L'affluence des spec-»
tateurs firt si grande lorsqu'il
)ouoit , qu'il gagnoit un talent
par jour ; nviis il Ht le plus gé-*
néreux usage de sa fortune en.
la distribuant en bienCaits.
* POMBAL, ( Sébastien-Jo-
iepb Carvalho comte d'Oeyras ,
marquis de) hé en 1699 d'J^m—
manuel de Carsfalho , gentil—
Itorome de Soure, bourg de Portu-
gal dans le territoire de Coimbre.
|1 fut envoyé dans TuniTersicé de
cette ville pour y faire son cours
de droit ^ mais il se dégoûta bien-
jtàt de Tétude , et prit le parti
des armes* Une talHe avanta—
geuse et presque gigantesque ,*
une figure distinguée et une force
extraordinaire le rendoient pro-
pre à ce nouvel état; mais dé-
goûté encore de cette profes-
sion , il se retira à Soure. II avoit
au captiver le éœur d'une jeune
dame de la première noblesse du
royaume , nommée Dona Teresà
ife Noronha Almada, et il vint
p o M
I botit de Tépauser malgré TopÔ
position des parens de cette dame*
II Ja perdit le 7 janvier 1739. En-»
voyé en 1745a Vienne pour une
commission secrète , il sut plaire
à la jeune comtesse de Dnun »
parente du célèbre maréchal de
ce nom , qu'il épousa. Il retourna
peu de temps après à Lisbonne.
La reine Marie^Anne dt Autriche
qui ayoit pris en affectfion l'é-
pouse de Can^alhd , s'intéressa
vivement en faveur de l'époux
auprès du roi , sans qu elle pût
obtenir le moindre emploi. Mais
cette princesse réussit mieux au-*
près de son fils après la mort de
Jean V, arrivée le 3o juillet 1750.
Le nouveau roi Joseph II, nom-
ma d'abord Carvaîho secrétaire
des a/Taires étrangères^ et lui
donna bientôt la plus grande part
a l'administration. Les Portugais y'
avec de beaux ports de mer , n'a-*
voient ni vaisseaux ni matelots;*
en peu de temps ils eurent, grifeet
au nouveau ministre, vingt fré-
gates et dix vaisseaux de guerre.
Les manufactures furent encou-
ragées , et des étrangers appeléi
en Portugal pour y perfectionner
\tB arts. Les Anglois s'étoient em-
parés de tout le commerce ; ils
continuèrent d'être bien reçus ,
mais ils ne purent plus vendre
exclusivement ni \e% vins du pays
ni les autres productions. L'agri-
culture avoit été négligée ; Pom^
bal la ranima par ses propres
écrits et par ceux des nations
étrangères qu'il faisoit traduira.
L'avidité du ministre corrompît
bfentôt ces bienfaits. Pomr se
procurer de l'or et des avantages
personnels , 11 prodigua les pri-
vilèges exclusifs et les vendit cIl^-
rement. Cétoît une Comp'»p:nie
qui faisoit le commerce du Bré-»
sil , et une autre celui des Indes f
c'étoit une Cojopagnie qui met-
P 0 M
bit le prix aux denrées ^ et qui
ifs achetoit ensuite pour les re*
tendre^ Pomhal avoit des vignes ,
des manufactures à lui ; il fit ar-
racher les vigiles des particulière
pour faire valoir les siennes : il
tracassa les autres manufactures
pour assurer le débit de celles
quiluiapparteaoient; Les Portu-
gais ^ appauvris par ces manoeu-
vres 9 le furent encore plus par
des impôts excessifs sur Timpor-
lation et r>3xportation. Pombal
étouffa en partie les murmures
par les soins qu'il ae donnoit dans
1^8 grandes parties de l'adminis-
tration. Lors du tremblement de
terre qui bouleversa Lisbonne en
17 SS 9 il rassura les citoyens , se-
courut les blesse^ s , pourvut aux
suWstances , fit tirer du milieu
des décombres les effets précieux ,
tt fit sortir cette ville immense
de ses ruines par- la réparation
des édifices écroulés ou ébranlés ,
et par la construction d un grand
nombre d'autres, il s*empara in-
sensiblement de toute la confiance
du roi , et crut son crédit assez
bien établi pour oser s'opposer
au mariage de la princesse hé-
ritière présomptive de la con-
sonne , avec Dom Pèdre frère du
soi , quoique Jean V eût de-
niandé les dispenjtes nécessaires
A Rome. Cette opposition lui fit
des ennemis pnissans \ son des-
potisme et sa haut'jur ne lui en
firent pas moins. Quelques gran-is
conspirèrent contre» lui et contre
1« roi. ( f^.iytfs A/BiRo.) Tous
ceux qui furent soiipç«3n nés d'être
entrés dans ee complot , furent
punis avec une rigueur qui te-
nolt de la cruauté. Le portngal
fut en proie à la délation ; les
prisons furent remplies de tous
ceux qui étoient suspects ; qu.?l-
^nes-uns furent envoyés en Asie
^t en Afrique. La noblesse qui
PGM
x%
laipiroit sur-tout des méfiances
au ministre , ne put péttvanir atUI
emplois militaires. Pombal se
voyant généralement détesté , ne '
sortit plus qu'entouré de qna-^ .
rante gardes , Tépée nue et tou-^
jours prêts à le défendre contre '
les attentats '^e la haine. Enfin
Josfph II étant mort en 1777 ,
le Portugal respira « et Pombal
fut disgracié. Les prisons furent ,
ouvertes 9 et un grand nombre da
victimes du caractère soupçon-
neux du -ministre 9 en sortirent..
Presque tous les prisonniers fu-
rent justifiés par un décret so-
lennel du 7 avril 1781. On nom-
ma en même temps une com-
mission extraordinaire pour lui
faire son procès ; mais le juge-
ment n'eut pas d'exécution. Pom»
bal exilé et oublié dans une de'
ses terres^ y mourut le d mai 1781
dans sa 85* année. Les Jésuites
renvoyés de Portugal par ce mi-
nistre , l'ont peint comme ua
monstre, comme un homme in-
capable , qui obéra l'état , qui
laissa tout dépérir, et qui ne paya
ni les troupes , ni ne sut en tirer '
parti. Les ennemis de la société <
l'ont représ<?nté sous un jour bien
différent; c'étoit , si on les en*
croit , malgré iB% défauts et ses
fautes , un ministre plein de gé-
nie, actif, vigilant, le restau-«
rateur de la discipline militaire ,
du commerce et de la marine ,
entièrement négligés avant lui.
Entre deux portraits si différens
comment se décider ? ^ C'est au
lecteur sage à le faire lui-même,
en attendant que l'éloignèmenb
des temps calme les esprits , et
que les faits rassemblés par la:
vérité , nous fournissent le moyen
de porter un jugement juste et au«
qu:îl la postérité équitable mette
son sceau. Ceux que nous svona
consignés dans cet artiele ^ nous
i8i
P O M
ont paru généralement avonés.
Sa 1783 le comte d'Oeytas fil»'
d^ Carvalho , se retira en An-
l^eterre avec une pension. On
a publié en 1783 9 en quatre
▼oL in - 1 2 , les Mémoires du.
Marquis de Pox^Ats et et
recueil n*a pas itfi rédigé par
l'impartialité.
POMFRET, (J^an) pQçte
Anglois, fils d'un curé dans le
comté de Bedford , né en 1667,
et mort à Londres de la petite
vérole , à trente-six ans , donnoit
d'heureuses espérances. ïl aVoit
déjà publié diverses petites pièces
morales ou galantes , imprimées
à' Londres en 1740, in — 1 2.
Quelques— unes ont été traduites
eh françois : telle que le Choix
de la Vie, dont la traduction
tst de Trochereau. Pomfrjst
aVoit obtenu un bénéfice opn-
aldérable ; mais l'évéque de ton-
dres 9 prévenu contre le' poète
•t la poésie , lui suscita bien des
thiverses.
» ÇOMPADOUR, (Jeanne-
[Antoinette Poissott- , marquise
âfi) succéda , auprès 6e Louis XF^,
k la faveur de Mad. d^ Château-"
r0ux. Elle étoit fiUe d'une femme
entretenue et d'un paysan (ou
plutôt d'un fermier ) de la Ferté
aous Jouare , qui avoit çmassé
^elque chose à vendre du bled
a^x entrepreneurs des vivres.
Cet homme étoit alors en fuite ,
ayant été condamné pour quelque
malversation. On avoit marié
aa fille au sous* fermier U l^or^
V^and 9 seigneur d'Etiolé , neveu
du fermier général le Normand
iSTournehçm « qui entretenoit la
mère. La fille étoit bien élevée ^
sage , aimable , remplie de grâces
et de teAei^s , née avec du bon
êens et un bou cceur. « Je la
jK>iinoi» assez y dit KvUaiiçe dans
p o M
Mf Mémoires qui nous foiimiss><
si^nt ces. détails, je fus. même I9
confident de son amour. EHe m'a*
voqoit qu'elle ayoit toujours ea
un secret prei^sentiment qu'elle
seroit aimée du roi , et qu'elle^
s'étoit sentie une violente incU^
nation pour lui « sans la trQp^
démêler. Cette idéç qui auroit pu
paroitr^e chimérique dans sa Â-*
tnation, étoit fon4^e sur ce qu'on
l'avoit souvent m'ex^e aux çhpsses
que faisoit Iç roi dai^s 1^ forêt de^
3enar« Tournek^m- » l'ainaat de s»
mère , avoit une m4isoi» de çam-^
p9gne dans le voi^i^age. Qi> pro-
menoij; Mad* d^M>ti!6le dans uue-
jolie calèche ; le rpi II reiQsr-*
quoit et lui enYoyoiJ; souvent det
chevrenils. La mère ne cesspit 4^
lui dire qu'elle étot^ phis jolie-
que IVIad. de Chdteauroux , ç^ le
]$Qn homme To^Kt!l'ehen^ s'écrioib
souvent : U./aui; qn^uer que Ick
fille de Mad, Po^on est^ un mor-^
cfiau de roi. » Leur ambition ^ot
bientôt sati3faijte ; Louis XV eji
devint aipoureiix; etelle fut créé^
marquise dteFompadour ^n tf^h^.
Qt jouit aussitôt d'i^i» grand crédit;-
Elle en usa pour |ayoriser les
beaux arts qu'eUe avoit culUvé»
dès son enliRDce. Flusieurs gensr
de lettres et dWeKS artistes lu»
durent des pensions, ou des pl^ces^
Elle s'étoit formé un des ht^\^
cabinets de Paris ^. en livres^^^ai
peintures ^ en curii>sit;é& : emploi»
utile d^ Tasgeni 9 si le sie;^ ç'a-
voit pas été pris en partie sur
le peuple. EUe mourut à Paris en
1764 9 à 44. ans , avec plus de'
résignation qu'on ne devoit eik
attendre d'une femme qui avoit
joui en apparence de tant d»
bonheur. Le jour même cm elle
attendoit sa dernière heure , la*
curé de la Magdekine dont elle
étoit paroissienne ^ vint l'expor-
ter à mourir « Cosuna il pre&oif
iongé^elle: Un moment^ Mpn'».
$ièur le curé, lui dit la marquise 9
nous nous en irons ensemble. On
a publié après sa mort : I. Ses
Mémoires, a vol. in -8®, 1765.
Dans ce livre 9 on la fait l'arbitre
de la guerre et de là paix , et
le seul mobile de la disgrâce ou
de la faveur de^ ministres et des
g^néranx. Lçs gçns instruits sa-
uvent que son pouvoir ne fut pas
d*abord si absolu qu'elle !>*éproa-
vât des contradictions de la part
de la famille royale et même de
certains ministres. Il est vrai
qu'elle tâcha ensuite de ne mettre
en place que ceux dont elle étoit
fiftre et départer tons ceux qui
lai déplaisoient. Au déèlin de sa
beauté , ellç se rendit plus im-
portante que jamais. Flattée d'un
billet qiije lui' avoît écrit l'impé-
ratrice Mdrie-Thérèse , elle dé-
cida la malhenreust guerre de
J756 5 s'opposa tant qn'eUé put
*îa paix, ^t exiler le cardinal
^ B,ernis qui youloit cejttp paix
•i nécessaire , le remplaça par.
lé duc de Çhoiseul \ et' eut part
a tontes les fautes àe nos armées ,
an ravorisant des' généraux in-*
capables. Ne pôuyaut plus être
înaitresse du roi , elle voulut
jouer le rôle de premier minis-
tre 9 et la France ne $*en trouva
pas i^ieux. I^. Des Lettres , trois
brochures in-S**; beaucoup mieux
' écrites que s^s Mémpires , mais
Çai be sont pas plus (felle que
^ dernier ouyrace. L*<juteur des
^.Itres 1*11 peint empressée pour
^^ amis, généreuse ei^vers les
sens de le|tçes, et ennuyée ou
ïûalhenreuse an sein de la gran-
Jeiir. jjdais'irdissiqfiule ses dé-
buts çt se^ fautes. Au reste ,
«lW« Poi^sson n'avoit riçn de com-
mun fivçc l'ancienpe famille de
^omp^our dont elle prit le nom
IfiM fure QUjblie.r le sien et celui
E O. M- 2^1
de SOI) mari. La maison de Poni'*
padour en Limousin , éteinte Wk '
1722 , remontoit au douzièm*'
siècle.
POMPÉlO LÉONI , sculp-
tapi^ Italie^ , appelé en Espagne
par Philippe II , orna le maître
autel àçi l'Êscurial de auinze sta-
tues et d'un crucifix oune exé-
catiop parfaite.
IL POMFICNAN , (Jean-
George LE Franc de) prélat
connu par ses mœurs irrépro-
chables , son zèle et sçs lumières ^
frère du précédent , naquit à
Mbntauban le 22 février 1715,
eè devînt à ving&-neuf ans évè-
que dn Puy. Louis XV qui l'a-
voit nommé son premier bu ma-
nier , Ini demanda la première
fois qu'U prit possession de sa
I>lace , s'il sauroit bien dire le
Benedicite , l'évéque lui répondit *
Iron , Sire , je ne sais que rendre
grâces. Appelé à l'archevêché dé
Vienne , li se phit à 00m battre
constî^minént par ses écrits , les
incrédules et les ennemis de la
foi. En 1783 la province deDatt-
phiné le députa à rassemblé©
Constituante , et le 20 Juin il f
conduisit la majorité du clergé
dans la chambre du tiers -état.
Bientôt après , il entra au con-
seil et devint ministre de la feuille
des bénéfices. C'est alors qu'il re-
çut du pape une lettre qui l'en—
gageoit à s'opposer de toutes ses
ibrces à toute innovation relative-
au clergé. « Vous êtes plus pro-
pre qu^ancun autre , lui dit-il ,
a rendre le grand service que ]ê 1
Vous, demande. Vous avez déjà
donné tant de preuves de votre
2èle à défendre la sainte doctrine.
Mais le temps presse ; il n'y a
pas un moment à perdre pour
sauver la Religion , le Roi et votre
Patrie. Vous pourrez certaine-*
a»4 POU
ment eQgager m majesU à ne,.
pas doaner cette fauîe sanctioa. ^
La résistance fût-elle pleine, de
danger , il nett jamais permis
dé paroUre un instant abandon"
ner la foi caLholique , même aveô
le dessein de revenir sur sei pas ,
^uavd les circonstances auront
changé, » Pofnpignan ne put ac-
céder à la demande de Pie' VI;
étant mort à Paris le .29 .décçin-
bre 1790, dans ta soixante et
quinzième année, affoibUpar ses
travaux et par l'inquiétude que
lui causoit la marche des évé*-*
nemens. Ses principaux écrits
sont : I. Essai critique sur l'état
présent de la république de^ let-
tres , I743. IL Instruction paS"
lorale de Vévéque du Puy, aux
nouveaux convertis de son dio-t
cèse, lySi» m. Le Véritabùs^,
usage de l'autorité séciflière danj»
les m^atières qui concernent }|i
religion , 17S3. IV; Questions di-
verses sur l'incrédulité, 1753,
C'est une seconde édition*. Le
style en est foible et sans in té*
rét. V. La Dévotion réconciliée
avec l'esprit, 1753. VL Contro^
verse pacifique sur l'autorité de,
l'église , 1 7 5«. \l\,\J Incrédulité
convaincue par les prophéties ,
1769 , in -4.*^ Il y a aussi une
édition de cet ouvrage en 3 vol.
in— la. Vin. Instruction pasfo—,
T£^le sur la prétendue philosophie
des incrédules modernes , i763.>
IX. Autre sur l'hérésie, 1766 ,
in-4.° X. Lr. Religion vengée de
l'incrédulité par l'incrédulité elle-
même , 1772. XI. Défense des
actes du clergé de France concer-n
rant la religion, in-4.0 XII. Jlfâ/2«
dément contre l'édition des CËn-«
vres de Voltaire, 178 1 , in-8.*
XIII. Autre portant défense de
lire les Œuvres de J* J, Rousseau
et de Raynal , 1781, in-8.** On
«ait combien ces deux écrits lui
P OM
attirèrent d'injures de la part ^ei*
amis des écrivains attaques. Pent«
être auroit-il dii distinguer ce qui
étoit repréheneible et anti-reli-*
gieux dans quelques-uns de leurs
ouvrages, et ne pas les confon-
dre tous dans sa proscription*
XiV. Orasi njunèhe de JMarle
Leçzinska reine Je tVance. Elle
fut prononcée à Saint-Df nis , et
l'auteur, se pjut à y comparer la
religion de lu princesse avec Tes-
prit d'incrédulité de son siècle.
XV. Lettres à un évéqiie sur di-
vers points de morale et de dis-
cipline , an 10, deux vol. in-8.*
Elles sont au nombre de huit, et
adi essées à i'ëvêquê de Nantes.
XVI. Il a laissé eii manuscrit un
Traité dogmatique et moral de
la fin de l'homme et de la résur-
rection générale. Ces difTérens
ouvrage^ ont été trop vantés par
Içs amis î{e l'évèque du Puy , et
trop. déprimé^ par ses ennemis.
Ce pj-élat q'étoit pomt sans doute
le,rival àfi'Qossiieti'W navoit ni,
e^ chaire^ ni dans le cabinet ^
Téloquence entraîi>ante de l'évé-
^no de Meaux ; mais il écrivoiC
d ailleurs avec purVté , et sou-
v<;nt avec élégance. U unissoit à
un crsprit éclairé une ame com-
patissante \ et quoiqu'il eut beau-
coup de zèle pour La religion , il
ne fut point aussi intolérant que
certains écrivains' ont cherché à
le peindre. Mallet du Pan qui le
blâme sur sa présidence de l'as-
semblée, lui a rendu cependant
justice sur ses qualités . person-^
nelles, et en a tracé ce portraiC:
«( En d^'sapprouvant la foiblesse
qu'eut l'archevêque de Vienne de
fl.^chir devant des circonstances
qu'il jugea impérieuses , on doit
jomdre l'ologe des vertus évan-
géîiqnes dont ce prélat fut le
modèle pendant quarante an?. U
est juste de rappeler qu'aucél
J
PO M
phiistrfe de Téglise ne montra
des mœurs plus austères , plus
il'éloignement pour toutes es-
pèces de mondanités , plus de
dévouement à ses devoirs , plus
de science, plus de simplicité ^
pins de titres à la vénération
dont il étoit l'objet dans le clergé
catholique. Il avoit passé sa vie
à combattre la nouvelle philo-
sophie ; et les injures de Voltaire
contre lui sont , je pense , un
correctif assez frappant de celle
que lui valut sa conduite à l'as-
semblée Nationale.il ne fut pns
assez en garde contre les illu-
sions dont on l'avoit bercé en
DaufÀiné , et contre l'ascendant
qu'on a vois pris sur lui. £hi par
les états de sa province dans une
assemblée commune des trois or-
dres , il reçut le mandat impé-
ratif de persévérer dans cette
forme de délibération , et la dé*
patation entière du Dauphiné lui
donna l'exemple de respecter cet
engagement jusqu'à ce qu'une loi
en déliât. »
POMPONIA - GR^CINA ,
dame Romaine , Fut un modèle
d'amitié. Julie nièce de l'empO"
reur CLiude , ayant été mise à
mort parce qtie ses vertus fai**
soient ombrage à Mescaline , son
amie Pomponia passa quarante
ans k la pleurer., à en porter le
deuil, à nourrir sa douleur dans
la solitude et l'éloigneinent de
tous les plaisirs. La mort seule
vint mettre un terme à son cha-
grin et à ses regrets.
' PONOmS, (N. Montagne,
marquis de) né en Forez, s'est
fait connoître par dés écrits et
des travaux qui, produits par le
désir d'être utile , n'en furent
pas moins bizarres ; ils annon-
cèrent en lui le cœur d'un bon
•itoyen uni à une imagination
P O N 28j
pea réglée. Il a publié un ou-
vrage ^ intitulé : Le grand Œuvr0^
de l'Agriculture f 1779 ? in— 12.
Poncinf , réfugié dans une mai**
son de campagne près de Lyon
pendant le siéf^e de cette viHa^
y fut tué en 1793.
PONÏATOWSKI, roy. Sta^
NISLAS-AUOUSTB.
L PONS, (Jacques) de Lyon,
médecin ordinaire du roi^vivoit
en ( 596 , et publia un Traité sur
les dangers et les abus de la sai'*
gnée. — Son neveu Clunde PoNS^
aussi médecin, établit dans un
écrit imprimé en 1600, que la
thériaque de Home et de Venist
étoit préférable à celle faite à
Lyon.
PONTEAU , (N. Boissard de)
devint entrepreneur de l'opéra
comique à Paris , et y donna
plusieurs pièces , VHeuwe du Ber-*
ger , Arleqhin Atys , V Ecole de
Mars , VArt et la Nature , le
Compliment, le Hasard, l'Œil
du Maître, Il travailla aussi de
concert avec Pannart , Favart et
Fagan à diverses autres.
P0NTBJ[11A1SD, (Réné«
François de Breuil de ) cha-*
,noine de Rennes , moi t dans
cette ville en 1767 , étoit un
esprit subtil et quelquefois trop
.métaphysique. Son Incrédule déf
l/^ompé , 1762, in-8®, et seê
Nouvelles vues sur le système de
VVnivers eurent quelques succès
dans le temps.
' * L PONTCHARTRAIN ,
(Paul Phelypeaux, seigneur de)
quatrième fils de Louis Phely-^
peaux seigneur de la y.rilUère^
naquit à Blois en -i 669. La fa-»
mille de Phelypeaux que cer-
tains généalogistes font remon-»
ter juigtt'^H xui* siècle ) n'étoit
L
1
iSS P O N
^ères connue avant lui. Paul
Fhelypeaux joignant k la fa-
cilité d*im heureux génie toutes
les lumières d'une excellente édu-
cation ^ entra dans les affaires
dè^ i588. Il se perfectionna sous
Villcroy , et fut pourvu par
Jffenri TV de la charge de secré-
taire des commandemens de Mis—
rie de Medicis. Cette princesse,
fatis Faite de son zèle , lui pro-
cura celle de secrétaire d'ét&t
"teji 1610, peu de temps avant là
tnort déplorable de Henri Ff^»
JDans les temps orageux de la
régence, il aida la reine à main-
tenir le pouvoir du trône et la
tranquillité des peuples. Les mon-
•Veraens des Huguenots furent
réprimés par ses soins. Enfin le
roi ayant été obligé d'armer
contr*eux, il le suivit en Guienne
en 162 1. Il tomba malade au
'si^ge de^ Montauban , et alla
mourir à Castel-Sarrazin , le 21
octo|)re de la même année, âgé
de 52 ans. Ses travaux avoient
'épuisé ses forces ejt hâté sa mort.
*Son fils aîné, qui étoit conseiller
au parlement , gendre du fameux
avocat igénéral Talon , ne lui
«uccéda pas. La place de Paul
'Phelypeaux passaà son frère cadet
JRaimond Phelypêaux d^Herbùut,
qui avoit été d'abord greffier du
^conseil privé , ensuite trésorier
■de l'épargne. Il monrut en 1629.
On iT de Paul Phelypêaux des
^Mémoires intéressans , la Haye ^
''1720 , deux vol. in-8.»
PONTOPPIDAK, (Êftc)
.ïvêque de Bergen en Norvège ,
réunit aux vertus de son état le
savoir et l'amour des lettres. On
lui doit : Une Histoire de la ré-
forme en Danemarck ^ et une
autre de la Norwége, qui est ins-
tructive et curieuse. Cet auteur
fit moi^t au miliçu d\fL 18^ siècle.
-^ Oh né doit pa$ fe cohfondA
^yec son grand oncle, nommé
aussi Eric Pontofpidàn. Celui-
ci , évéque de Dk-bntbeim , est
huteur d'une Orarrùhâire Danoise
très-estimée.
PORCAHUGUES , Voyei
AZALAfS.
PORQUET, (Pierre-Charles-
François) né à Vire en Nor-
roandie le ii janvier 1728, de*
vint aumènier de Stanishu rot
de Pologne , et plut à la conr de
Luneville par son esprit agréa-
ble. Il cultivoit la poésie , et ea
fit naître Je go&t à M. de Bouf-^
flers dont il avoit été précepteur*
Les Almanachs des Muses reo-ii
%rment plusieurs pièces de l'abbé
Porquet , et Ton distingue parmi
elles une Ode sur le bonhenr,
et des Stantfes Sur l'espéranee^
Nous nous permettrons d'en citer
deux antres très- courtes , parce
qu'elles jpetiveîit faire juger do
talent et du genre d'esprit de
l'auteur. La première est sur l'a-*
'mour propre :
De son dptit , dit*<m , V^koutme peoM
trop bien :
Ccst le coitamofi avis : pour mol » fè
B*eA crois rlén.
Votre esprit -a sa conscieiice t
De sa ibibletse on ne fait point VM^tnf
Mais on Ik sbnt',On est ftiste en silcacc
Snr ce point délicat , bien ^*on en souf&rf
^ pcta ;
les pins 'sévères yens sont peut-être lâ
nôtre».
Ob ne se srdmpe point ; on Vent wH^
les antres ;
Surprendre tenr eetiaae eac vu larcb
permis ,
£t nos dupes tonjoilfisoiiflBOSfliei&M*
amis. f
ta seconde est une réponse à ^V
personne qui demanaoit ce q[Hf
POR
(iStoit que des longueurs dans nn
Ouvrage :
Est trop conrt qo! me platt » wt trop
\otk% qui m'eanuie;
Sur riiratila senl le bon goût se récrie i
Et le sentiment in4m£ a sa précision.
^ richesse de Fart nak de réconomie»
Daas na tableav bien ùit tom est ex*
pression.
Cette science est pev comnvne |
Cest le secret des bons antents.
^Wrage le pins conrt pent aroir des
longnenis ;
Le pins long n'en avoir ancnne*
t'abbé Porquet étoit d*une très-
petite stature et d'une très-petite
santé ; aussi dtsoit — il de lui—
Blême : Je 'ne suis qu empaillé dans
jra peau ; et Mad. de Bouffiert
wi ifaisoit dire dans un couplet :
Rélâs t <^el est mon sort !
X'ean me fait mat , le tin m^eaiTrc »
Et le café fiort
Bke inet à la mort.
\ Cet abbé se prôtoit avec grâce
; a toutes les plaisanteries , à tous
' les jeux de la société , et réu-
nissoit le bel esnrit au bon esprit«
b est mort à l'âge de 78 ans | le
20 novembre 1796*
tORtlAL , ( Claude ) médecin
3» Lyon , anobli par la reine
, "Cathenne de Médicis à laquelle
fl donna des soins lorsqu'elle passa
a Lyon, publia en 1 53^ un Corn—
hentaire d'Aranius , sur le Traité
^Hippocrate , relatif aux blessu-
res de la tôte. Il a été réimprimé
en 1579.
PORRUS , ( Pierre-Paul ) im-
primeur Milanois , vint prendre
*on domicile à Turin dans le
*6« siècle, et y publia un ^rand
îiombre d'éditions recherchées,
^n distingue le Pséautier Penta^
%htic de Justiniani, Sa devisa
1> O R 187
î^toit un porreau placé entre deux
P , par allusion aux trois de son
nom. Foyez Justiniani.
* ra. PORTE , < l'Abbé Joseph
de la) né à Béfort en 1718^
jDort à Paris en décemlire 17799
à 61 ans, dans des sentimenv
très-chrétiens, fut pendant quel«-
que temps )ë suite. Ayant quitté
cette société , il vint à Paris et il
y publia V Antiquaire , comédit
en vers et en trois actes , qui n*a
Jamais franchi l'enceinte des col-
ége^ oii elle a été fouée. La poésie
nétoit point son talent ; il je
tourna du côté de la prose. H
commença en 1749, des Feuillet
périodiques , intitulées : Observa^
Uons sur la Littérature moderne ,
dans lesquelles il louoit tout co
que Fréron critiqnoit. et il déchût
Toit impitoya|>lement tout ce qud
celui-ci exaltoit ; ce Journal finit
au neuvième volume. Il offrit
alors sa plume à Fréron, et eut
part aux quarante premiers vo-
lumes de L'Année littéraire. Il fit
plus de la moitié de l'ouvrage ^
et ne reçut cependant, suivant
le traité fait avec le journaliste
^n chef , que le quart, parce que
Fréron j meilleur écrivain que
lui, polissoit son style. Les deuk
juges du Parnasse s'étant brouillés^
l'abbé de la Parie publia son
Observateur littéraire. Ces nou-
velles Feuilles périodiques , quoi-
que faites avec assez de soin,
écrites d'un style net et asseis
agréable , eurent peu de succès 9
malgré les éloges des philosophes
que la Porte louoi( , parce que
son antagoniste les déprimoit....
L'article de ce critique qui fit le
plus de bruit , ce fut une revue
des Feuilles de Fréron , dans
laquelle se trouvoit d'un côté la
liste de tous ceux que ce dernier
avoit loués ^ et de l'autre , celle
«-
^
xii P O R P O R
és ceux f[a*il avoit censurés avec aetoelleiDent en 28 vol. L'abbé
amertume. 11 se trouva que les de la Paru mourut avec 10,000
premiors étoient les écrivains les livres de rente , qn il ne devoit
plus obKors, et les auteurs dé- qu'à sa manu facture. «L'abbé <ie la
Bigrés les chefs de notre Uttéra*- Porte est mort , dit la Harpe
tore. Les Journaux s'étant mul- dans sa Correspondance , sans
tipliés k rinfini , la PorU fut qu'on ait fait beaucoup plus
obligé d'abandonner le sien , d'attention à sa mort qu'à sa vie»
tandis que celui de Fréroa 8ul>- C'est pourtant un homme qui a
sistoit avec éclat. C'est alors fait imprimer quantité de kvres,
qnil forma un atelier littéraire, non qu'il fut auteur de beaucoup
dans lequel il fit fabriquer par ses d'ouvrages; mais il est un des
QO^\sXe% son Ecole de LiUirature^ premiers qui aient imaginé ces
deux vol ii^i2 , oii il n'y a guère compilatioiis de toute espèce qui
de lui que le titre et la préface; ont mis presque toute notre li-
V Histoire littéraire des Femmes brairie en Esprits et en Extraits,
Françaises, 5 vol. in- 80, qu'on L'abbé de la Porte étoit en ce
ponrroitréduireenuntol.in-ia, genre le fripier le plus actif ; il
si l'on se bomoit à ce qu'il y «voit coutume de dire que, pont
A d'intéressant ; les jinecdotes s'enrichir il ne falloit pas faira
Dramatiques, trois vol. in-8*, des livres, mais en imprimer; il
le Dictionnaire Dramatique ,troiB * gagné eneffat beaucoup d'argent
vol. in-8*; un grand nombre * r'habiller ainsi les ouvrages
4'Almanachs , en particulier celui d'autrui. >. Ce raaltôtier littéraire
des Spectacles^ etc. etc. Mais, étoit si avide d'argent, que,
de toutes ses compilations , la dès qu'il paroissoit un ouvrage
plusconnueestle Foy^earFra». passable en province , il se l'ap-
^ois , en 24 vol. in-i». Ce livre proprioit quoique l'auteur fût vi-
a les agrémens d'une histoire et ▼ant et le publioit à Paris. C'est
d'un roman; on reproche même ce qu'il fit pour la Bibliothèque
k l'auteur d'avoir prodigué les f "« homme de goût , imprimée
•mbellissemens romanesques , les « AVignon en deux vol. in- 1 a.
contes indécens , les détails peu D «>« empara , et en fit une com-
favorables aux moeurs et à la re- pUation indigeste en quatre vol.
Jigion. En général, il est écrit iQ-'»- Su collection n'ayant pas
avec plus de soin que les autres réussi , il ne manqua pas de lat-
•uvrages de l'abbé de la PorU tribuer à l'auteur de ce Bi9^
<Iui,suivantuncritiqne,étoittou- lion/taire, qui n'a jamais eu It
loun pressé de mal/aire. On yt}it moindre part à cette second*
bien que l'auteur n'a voyagé que édition , et qui a fourni senle-
la plume à la raain., qu'il con- ment des morceaux à la pre-
noit souvent très-peu les pays mière , tels que le chapitre de«
dont a parle, qu'il les fait con- Moralistes, etc. etc. Cette dou-
xioître quelquefois d'après d'an- ble manœuvre de voler un ou-
ciens voyageurs , et par consé- vrage , 4e le vendre tout déft-
quent très-4nal. MaU les gens guré à un libraire , et d'imputer
du monde et les femmes n'ont ses sottises à un autre, fait con-
pas examiné si sévèrement un noître mieux que tout cequ^a
hvte qui les amusoit. M. l'abbé pourroit dire , le caraatère (»
de Fontenai le «ontinua? U c>t l'abbé d^la PorU. Cetagioieiu
spirituel
À
^liritiiel mît encore k Fatamoîi
beaucoup d'aùtetirs estimés ou
ftimeux , pour en extraire la subs-
tance. On liil dbik leS Pensées de
^assïUoh; l'Esprit de i,J. Rous-
seau , YEsprU du P. Casteli \' Es-
prit d&s Monarques Philosophes i
XEsprit de Maritaux ; VÈsprit
de Fan tèn elle ; YJSsprit ie deè
Fontaines qui lui produisit (][uatré
itio'r'mes vdliimès ^ tandis que lé
J»enseur et substantiel Rousseau
fte lui Fournit qiie deux bro-*
ihares. t*lus attaché à Tor qu'a
la gloire , il étoit peu sensible à
la critique , et dans la société il
bntendoit plaisanterie,
, * IV. PORTE, (Pierre de la)
int d'abord porte-manteau de la
ir^ine Anne d'Autriche ^ ptiis mai*
ire d^hôtel et preinier. yalet de
khambre de Louis XlV* Il mou-*
bt à Paris le 1 3 Septembre 1 680 ^
t 77 ans. Sincèrement attaché à
la maîtresse ^ là Porte fut le
ieul ministre des correspondanceà
Qu'elle entrétenoit Secrètement
■vec les rois d'Espagne fet d'An-
fleterre , alors ennemis de la
France. Le cardinal de Bichelieii
«yant soupçonné les services qu'il
rendoit à la reine, le fit mettre
A la Bastille , 011 il le menaça
*n vain de la niort pour le forcer
à trahir les secrets de cette prin j
tesse; La Porte souffrit beaucoup
<bns sa prison et n'en sortit
(lue lorsque Louis XIIÏ se fut
réconcilié avec son épouse; De
la Bastille il fut envoyé en exil
J Saiimur • oh il demeura jusqu'à
la mort au roi. Alors la reine
tégente )e rappela à là cour , lui
nt d'abord du bien ; mais ayant
découvert à la reine une chose
tttr laquelle il devoit se taire ^
il ftit disgracié par elle; On a
publié ses Mémoires , Genève $
1755 1 in-iî. Le style en est là-
[ ^é 5 et se ressent des premiers
SupPL» Tomi Jllé
^à^ iH
temps oh fauteur a vécu ; mais on
y rencontre quelques anecdotes',
qu'oh ne trouveroit point ail-*
leurs. Il paroit cependant hon-
nête homme, attaché à la vertu ^
et ennemi de l'intrigue et de hgi
flatterie. Ayant remarqué à Ruel
que Louis XIV epcbre enfant^
affectoit de faire le jsersonnagé
de valet, il se mit dans son fau-^
^ »
teuil le chapeau sur la téte^ et
joua le rôle de Roi. La reiiié-^
mère instruite par son fils dé ce
manque d'égards , le valet i)é
chambre dit devant lui : Puisque
ie Roi a choisi mon métier, n'esta
U pûs^ raisonnable que je fasse iè
tien ? Et en vérité je ne perds pe^s
au change. Le jeune prince attroii
voulu qu'on eut continué de lui
faire des çônteiS de peau d'an»
pour l'endormir ^ It^ Porte y
substitua l'histoire de France par
Mezerai» Le cardinal Mazarin
qui voulôit prolonger l'ignorance
de sOn pupille, dit à cette occa-«
sion , que le domestique, s'avisoil
de faire lé gouverneur. La Porté-
toujours zélé, toujours sincère 9
faisoit même à la reine de petiteé
remontrances au sujet de ce car—
ainai , qui çontriouèreint sané
()oute à accélérer sa disgrâce. .
S'étaiit montré hk la cour plut
fidellè serviteur qite bon cdurti-^
san , et croyant aller à la fortune
par ce chemin , on lui a appliqué
ce qu'on a dit du sort des cher-^
clieurs de pierre philosophale :
tnitiuih décipi, médium lahorûre ^
finis mendicarfi Sa famille Xi9
mendia pas pourtant. Son filf
ùahriel de Ut Porte mourut
doyen du pâriement de Paris f
le 1 1 fevrier 1730 , à . 82 ans ,
n'ayant eu qu'une' ûlle môrté
avant liii;
V. PORTE 4 (Jacques dfeîa)
Architecte de Milan, voûta là
€Ottpel« d« Saint '^PUrrê k9M$
T
\
<> O T
290
Sixte y , et de près le projet de
B/licheU-Ange* Le Belvédère de
Freecati est encore nn de ses
•urrages.
T»OTEMKm, (Grégoire-
Alexandre ) né en 1 786 à âmo*
lensko, d'une famille d*ongine
Polonoise , éfioit enseigne de la
garde à cheval , lorsque Cathe^
rine IT pour se faire reconnoitre
impératrice, parcouroit les rangs
dus gardes dont elle vouloit se
faire un appui. Elle étoit elle-
même à cheval et en uniforme.
Fotemkin voyant qu'elle n'avoit
point de dragonne à son épée ,
détacha la sienne et s'avança pour
la lai oflfrir. Cette attention le
fit distinguer. Sa grâce , son
agilité fixèrent bientôt en sa fa->
▼eur le cour de sa souveraine.
6a fierté lui attira bientôt la
baine des Orloff , et dans une
querelle qu'il eut aVec Alexis
i>rloff^ iJ reçut un coup à l'œil
qui le lui fit perdre. L'impéra-
trice Lb consola de cet accident
«n le nommant ministre de la
irnerre. Ce fut lui qui donna
Pidée k sa souveraine de s'em pa-
rer de la Crimée et de jeter les
ibndemens de la ville de Cher-
ton. Elle fut fondée en 1778
sur les bords du Niéper, à dix
Urues d'Oèzackow ; bientôt v*\près
•lie contenoit plus de quarante
mille habitons et un superbe chan-
tier pour la marine. Polemkin
introduisit dans la Crimée plu-
sieurs arbres frliitiers , et près
de Soudak la distillation de l'eau
dé vie. On lui dut la grande ma-
nufacture de verrerie et de glaces
établie à Pétersbourg , et qui est
devenue supérieure pour la gran-
deur et la beauté des ouvragds
à celles de Venise et de Paris.
Poiemkin » amateur des arts , pas-
•{•nné.pouj: la musique y se faif«
POT
Soit snirre par-tout par ^«ttrf^
riiigts musiciens. Possesseur d'iqi*
menses terres , de plusieurs cas-
settes remplies de pierres pré*
cienses , et des billets de banqat
de toutes les nations commer-
çantes de l'Europe 9 il y réunit
les riches dépouilles des prineei
Lubomietski et Sapieha en Po«
dolie et en Lithuanie , le gOH«
vernement de la Tauridc et le
grade de grand amiral de la mer
Noire. Il manquoit à son orgued
le cordon de l'ordre de Saint-
George» Pour l'obtenir ^ il fal-«
loit avoir commandé une armée
en chef et avoir remporté ud4
victoire ; Potemkin fit renouveler
la guerre contré la Turquie eu
1787. Placé alors à la tête d'une
armée de 1 5 0,000 hommes, ayant
sous ses ordres plusieurs autres
corps d'armée commandés par des
généraux de marque , revêtu d'un
pouvoir sans bornes , régissant
despotiqueraent le département
de la guerre , tout fit craindre
un instant qu'il n'allât conqiiérif
des états pour s'en déclarer liii-
môme le souverain. Bientôt , de
nombreux combats inondèrent de
sang les plaines. d'Otzackow • da
Kuban et de la petite Tartarie.
La famine et la peste se réuni-
rent au carnage pour les déva*«
ter , et il fallut apporter des con-
trées lointaines tout ce qui étoit
nécessaire à l'approvisionheroent
d'une foule d'hommes. Potemkin
assiégea Oczackow au milieu dei
frimats les plus rigoureux j !<?*
habitans pour diminuer l'atteinte
du froid avoient été forcés de se
creuser des huttes souterraines;
le général Russe fit donner i'a^
saut , livra la ville pendant trois
joprs au pillage , et en fit passer
là garnison et les habitans au £1
de l'épée. Cette terrible exécu-
tion csruta la vie à vingt -ciu^
À
POT
ih8îejnrc3; mais elle procura
à Pozemkin un présent de cent
mille roubles , le titre d'Hotman
bu chef des Cosiiques y et un
bâton de commandement garni
dô diamans et entouré d'une bran-
che de laurier. Les faveurs de
l'impératrice ne se bornèrent pas
là ; au mois de mars 1791 , Po-
Umkin revint à Pétersbourg jouir
de sa gloire. Sa souveraine lui
prodigua les fêtes , lui fit don
du palais deTauride et d'un habit
brodé en diaman« , «stimé dçux
cent mille roubles. Ce fivori étala
alors le luxe le plus extrême. Cha-
cun de ses repas coùtoit 800 rou-
bles ; on y tronvoit les mets le$
plus rares et des cerises au cœur
de l'hiver , qu'on avoit payées un
rouble la pièce. Potemkin se ren-
dit bientôt au congrès d'Yassi,
^Jii devoit assurer la paix entre
\^ Russie et la Turquie ; mais il
ne put s'occuper long-temps des
négociations , ayant été attaqué
de la maladie qui y rén;noit. Il
avoit auprès de lui Tlnmann et
Menât , les deux plus célèbres
niédecins de Pétersbourg , mais
il dédaigna leurs conseils et. ne
voulut point borner son intem-
pérance excessive. On dit qu'il
Biangeoit à son déjeûner une oie
entière ou un jambon ^ buvoit
une quantité énorme de vin et
de liqueur de Dantzig 9 et dinoit
tnsuite avec la même voracité.
Huit jours avant sa mort , le
grand visir lui envoya un homme
de confianee pour !• prier de se
Telâcher sur quelqiies articles de
•et propositions de paix , parce
^e s'il étoit dans la nécessité
d'y souscrire , il craighoit de si-
per en même temps son arrêt
de mort. Malgré cette prière,
Potemkin ne le refusa pas moins.
L'air d'Yassi lui paroissant in—
ulttbre ^ il voulut 19 rendre à
P O T 191
Nlfolaeff, mais à peins eut -il
fait trois lieues qu'il se trouva
plus mal. Il descendit de voiture
sur le grand chemin , et mourut
«ous un arbre le 1 5 octobre 1791,
à l'âge de 55 ans. Il fut aussitôt
transporté à Ckerson , où l'im-^
pératrice destina loo^ooo roubles
pour lui ériger un mausolée. Des-
pote violent , impérieux ^ il eut
du courage et de l'audace, ft Son
ambition , dit Castera , fut in-«
constante et capricieuse. Il vou^
lut quelque temps être duc d«
Courlande et roi de Pologne*
Bientôt après ^ il trouva ces sou-
verainetés trop su})ordonnées ^ £t
il leur préféra fespoir de chasser
les Ottomans de l'Europe , pour
fonder un nouvel empire sur kg
débris du leur. Dès les premierii
instans de sa faveur , il s'accou-^
tuma à traiter despotiquemenC
tout ce qui Tentouroif. Vêtu
d'une simple robe de chambre,^
les jambes nues et étendu sur ua
canapé , il recevoit les courtisant
et les ministres étrangers sans
daigner leur offrir de s'asseoir ;
et plus d'une fois il se permit dd
porter une main insolente sur
les grands qui ne voul oient pas
ramper devant lui. » M. de Stigur
ambassadeur de France à Péters-
bourg , qui a décrit avec autant
d'énergie que de profondeur la
politique des diverses cours du
Nord dans ces derniers temps ^
trace ce portrait de Potemkiit
qui mérite d'être rapporté : « Cet
nomme ^ dit-il , fut l'un des plu*
extraordinaires de son siècle. Un
hasard singulier le créa pour Fé-
poque qui lui convenoit : il ras-
semblorit dans sa personne les
défauts et les avantages les p]u»
opposés. Avare et magnifique j
despote et populaire , dur et bien-
faisant , orgueilleux et caressant^
politique et confiant , libertia et
T %
19» POT
snpentitteux , audacieux et ti-
mide , ambitieux et indiscret ,
prodigue avec ses parens , ses
maîtresses et se)( favoris, il ne
payoit souvent ni sa maison ni
«es créanciers. Rien n'égaloit l'ac-
tivité de son imagination ^ ni la
paresse de son corps. Aucun dan-
ger n'effrayoit son conrage ; au-
cune difHciilté ne le faisoit re-
nonceV à ses projets, mais le suc-
cès le dégoiUoit de ce qu'il avoit
entrepris. H fatiguoit Tempire
par le nombre de ses emplois et
par l'étendue de sa puissance , et
il étoit lui-même fatigué du poids
de son existence , envieux de
tout ce qu'il ne faisoit pas et en-
nuyé de ce qu'il faisoit. Il ne sa—
woit ni goûter le repos , ni jouir
de ses occupations. Tout en lui
étoit décousu , travail , plaisir ,
caractère , maintien ; il avoit l'air
embarrassé dans toutes les so-
ciétés, et sa présence génoit tout
le monde. Il traitoit avec humeur
ceux qui le craignbient , et ca-
ressoit ceux qui l'abordoient fa-
milièrement. Il promettoit tou-
jours , tenoit peu et n'oublioit
jamais rien. Personne n*avoit
moins lu que lui , et peu de gens
étoient plus instruits. Il avoit
•ausé a^ec des hommes habiles
dans toutes les professions , dans
toutes les sciences , dans tous les
arts. Oa ne sut jamais mieux
pomper et s'approprier le savoir
des autres. U anroit étonné dans
«ne conversation un littérateur ,
un artiste , un artisan et un théo-
logien. Son instruction n'étoit
pas profonde , mais elle étoit
fort étendue. Il n'approfondissoit
rien , mais il parloit bien de tout.
L'inégalité de son humeur ré-
pindoit une bizarrerie inconce-
table dans ses désirs ^ dans sa
conduite , dans sa manière de
l^vrik T9nt9t U formott k projet
POT
de devenir souverain ; tantM jf
montroit le désir de se faifl évè—
que ou même simple moine. U
bàtissoit un palais superbe , et
vouloit le vendre avant qu'il fut
achevé. Un jour il ne revoit qu a
la guerre et n'étoit entouré que
d'officiers , de Tartares et de Co-
saques. Le lendemain , il ne son-
geoit qu'à la politique ; il vouloit
partager l'empire Ottoman , et
mettre en mouvement tous les ca-
binets de l'Europe. Dans d'au-
tres temps , ne s'occtipant que
de la cour, paré d'habits magni-
fiques , couvert de cordons de
toutes les puissances , étalant des
diamans d'une grosseur et d'une
blancheur infinies , il doitnoit
sans sujet de superbes fêtes.
Comme on voit passer rapide-
ment ces météores brillans, dont
l'éclat étonne, mais n'a rien de
solide, Pof^mAri/icommença tout,
n'acheva rien , dérangea les fi-
nances , désorganisa l'armée , dé*-
peupla son pays et l'enrichit de
nouveaux déserts. La célébrité
de l'impératrice s'est accrue par
ses conquêtes. L'admiration fut
pour elle ; la haine pour son mi-
nistre. La postérité partagera
peut-être entr'eux la gloire des
succès et la sévérité des repro-
ches. Elle ne donnera point à Pé»"
temkia le titre de grand homnie,
mais elle le citera comme an
homme extraordinaire ; et si l'on
veut le peindre avec vérité , oa
pourra le représenter comme le
véritable emblème, comme una
image vivante de l'empire de
Russie^ Il étoit en effet colossal
comme lui , rassemblant dans soa
esprit de la culture et dts dé-
serts. On y voyoit de FAsiatiquc,
de l'Européen , du Tartare et du
Cosaque; la grossièreté du n*
siècle et 1^ corruption du iS'^
U superiicie de« arti et i'igne-i
À
POT
nnçt des cloîtres , l'extérieur c|e
la civilisation et beaucoup de tra-
ces de barbarie. Ce portrait peut
paroître gigantesque ; mais ceux
qui ont connu Potemkin , en at-
testeront la vérité. Cet homme
atoit de grands défauts : mais
sans eux , peut-ôtre il n'eût do-
miné ni sa souveraine ni son
pays. Le hasard le fit précisé-
ment tel qu'il devoit être , ponr
conserver si long—temps son pou- '
voir sur une femme aussi extra-
ordinaire. »
POTKEN, (Jean) imprimeur
Allemand , s'établit à liomc en
iSiS, puis à Cologne en i5i8.
Pour se perfectionner dans la
connoissance des langues orien—
taies, il avoit voyagé dans les
Indes , en Egypte et en Ethiopie.
L'ouvrage le plus remarquable
sorti de ses presses est un Pseau-^
lier in-4" , 1 5 1 8 , en hébreu , en
grec , en latin et en éthiopien.
Potken , outre sa profession d'im-
primeur , étoit encore prêtre et
grammairien.
II. POTT , ( Percival ) célèbre
chirurgien Anglois , naquit à
Londres en 171 3 et y mourut en
1788. Houé d'un géjiie inventif,
il perfectionna divers iustrumens
utiles dans les opérations, et a
publié un savant Traité sur Içs
hernies, un Autre sur les bles-
sures et les contusions de la tête ,
et des Observations «ur la ûstuld
li'icryinale.
POUÎÏIER, (Hector-Ber-
nard ) doyen dm, parlement de
^ijon , mort dans cette ville en
17Z1 , deViht l'un des bienfaio-
teiirs des lettres en fondant par
Ses dernières dispositions l'aca-
démie de Dijon , et en lui léguant
les foiids nécessaires pour ses
^;lx et ^€4 ea^ei:cijK«fs, Soa t^t«ir
POU 195
ment a été imprimé «n 1736 ,
POULLAÎN DU Parc , (N.)
avocat à Rennes , se distingua
dans cette ville par son savoir
at son intégrité. On lui doit :
L Journal des audiences du par-
lement de Bretagne , trois vol.
in — 4**, dont le premier parut
en 1737-, et le troisième en 1763.
IL Coutumes du pays et duché
de Bretagne, 1748 ^ 3 vol. in-4.^
lU. Observations sur les ouvrages
de la Bigotière du ParckambauU ,
.1766, in— 12. IV. Principes du
Droit François , suivant les maxi-
mes de Bretagne ^ 1767 , s vol.
in- 1 2. Il est mort avant la ré-
volution.
POULLET, (Pierrard) a
donné en 1598 , la tragédie de
Cloriade , imprimée la môme
année.
PÔtJLLETIER DE LA Salle ,
(François— Paul) né à Lyon le
3a septembre 1713 9 de l'inten-
dant de la généralité de cette
ville , fut envoyé par ce dernier
à Paris pour suivre le cours de
droit ; mais le Jeune PoulUtier
les négligea pour s'attacher avec
ardeur à ceux de médecine. En
vain voukit-^tr-on le nommer à
d'importantes ])laces dans l'ad-
ministration publique, il les re-
fusa pour suivre son goût. Bien-
tôt il exerça gratuitement la mé-
decine, et seulement en faveur
des pauvres. U établit dans les
faubourgs de Paris trois hospices ,
où Q^s derniers furent r-ecns et
traités à ses dépens. Intime ami
de Macquer , il l'aida dans ses
expériences^ chimiques , et con-
tribua beaucoup à son Diction."
naire , sans que sa modestie per-
mit qu'on le nom/i<àt.* Uniqu»^-
m2x*t occupé à faire le bicii) ia.
1
&94 ^ OV
sie contiut d'autres délassemens
que la «musique i et il composa
le chant de plusieurs morceaux
«les opéra de Métastasa, Cet hom-
me simple , doux et bienfaisant
termina son utile carrière au mois
de mars 1788.
POUPELWIÈRE , t^lexan-
«Ire- Jean- Joseph le Riche de' la)
mort à Paris sa patrie , en 1762 ,
070 ans , étoit fils d'un receveur
général des finances. Nommé fer-
mier général en 1718 , il invita
chez lui la bonne compagnie. Il
«voit une table bien servie , oii
il rassembloit les beaux esprits
et les gens à talens , auxquels il
faisoit du bien par vanité. Comme
il aimoit beaucoup l'encens , il ne
vivoit guère qu'avec des gens qui
lui en donnoient pour son ar-
gent et pour ses diners. Ses pa-
rasites Tappeloîent PolUon, II y
' avoit pourtant quelques gens de
lettres qui ne se prostenioient
pas devant le Veau d*or ; Piron
choqué un jour des airs d'im-
portance qu'il se donnoit ^ lui
dit : Allez cuver votre or. Il ai-
moit beaucoup les femmes 9 la
musique et tous les plaisirs ; et
sa bonne mine , son esprit et le
ton du monde lui procurèrent
quelques aventures singulières ,
qui ajoutèrent à sa réputation
d'homme à bonnes fortunes. H
étoit poli et aimable , quand il
»'<^toit pas dans ses jours d'hu-
meur. On a de lui , un Roman
médiocre, intitulé t Daïra, his-
toire orientale, 1761 > in-8" et
in- II.
POWEJL , ( David ) antiquaire
!Anglois , naquit en i552, ei^
xn6urut en 1 S^o. Il a publié une
histoire du pays de Galles , 1 584,
•-^Un a teur de ce nom , nommé
George , mort en 1 7 1 4 , se dis-
tingun sur le tLéàtrc» An^lois ^
P Çl E
et a fait quatre TTragédies , parmi
lesquelles on a distingué cell»
à* Alphonse roi dp Naples. —Le
coureur Anglois, Poster Fowel
alloit plus vite qu'un cheval au
Çrand galop , et à fait plusieurs
fois la course de Londres à Yorck
sans s'arrêter.
POWNAL, (Jean) célèbre
antiquaire Anglois , se distingua
d'abo^rd par ses connoissances
politiques , et fut nommé gou-
verneur de l'une des colonies
Angloises dans l'Améiiqne. De
retour dans sa patrie , il renonça
à toute ambition pour se donner
à la culture des lettres , et fut
reçu d» la société des Antiquaires.
Un ouvrage très-érudit sur les
antiquités Angloises lui ouvrit
l'entrée j^e cette Compagnie sa-
vante. L*ai:chéologie Britannique^
renferme un grand nombre de
Dissertations curieuses de cet
écrivain laborieux. 11 vint en
France en 1787, et séjourna
quelque temps à Lyon , où il
publia une Dissertation sur l'are
de triomphe d'Orange. Bon , gé-
néreux , modeste , riche sans os-
tentation , ami des arts , il a laissé
de lui un souvenir flatteur par-
tout oit il a passé. Pownal est
mort en 1 79 5 ^ à l'âge de soixante
et dix ans.
PRADE , (Jean le Roger)
né en 1624 , est auteur de trois
Tragédies médiocres, Arsace ,
Annihal et Sihanus, I^a pre-
mière seule fut représentée ea
I 6 6 6 , par là troufie de Jf a-
Hère*
PRÉCIEUX , ( Jacmies ) sa-
vant bénédictin , né à Richelieu
en 1722 , mort depuis peu, «
travaillé à l'Histoire du Berry,
et a donne en 1767 avec son
confrère Do^i Foi: ier , la où'*
PRE
ffème volititie du Recueil d«s bis**
toriens des Gaules.
ni. PREVOT, (Jean) né à
Dorât dans la Basse — Marche ,
exerça la profession d'avocat , et
donna au théâtre plusieurs tra-
gédies oubliées : Hercule , Tur-
nus , Œdipe , CLotilde. Ces pièces
ont été recueillies à Poitiers en'
Un vol. in~i2 \ 1614.
VIL PRÊVOT-dExmes,
(îï. le) né en Normandie le 25
septembre 1729, entra dans les
gardes du corps du roi de Po-
logne Stanislas , et s'en fit re-
marquer par une ode qui obtint
une mention honorable dans im
concours dé l'académie de Nanci.
Bientôt il fit jouer sur le théâtre
de Luneville les Trois "Rivaux
opéra comique , et la Nouvelle
^Réconciliation , comédie en un
«fete ^ qui eurent du succès. Ayant
quitté le service , lé Prévost
d'Exmes se fixa à Paris , où il
donna aux Italiens en 1762 les
Thessaliennes , comédie en trois
•ttes, qui obtint phisieurs re-
présentations. La perte de sa for-
tune dans des fiaiilites , celle
d'une place qu'il avoit obtenue
avant la révolution , remplirent
«on cœur de tristesse sans en
exclure la bonté. Timide , ne
ciTnfiant sa détresse à personne y
il fjît réduit en 1798 à se retirer
à l'hospice de la Charité de Paris
•'^ il expira septuagénaire et
presqxie dé misère. On lui doit
divers écrits et des recueils qui
«»t de l'intérêt : I. . Rosel ou
l'Homme heureux. L'auteur ne
8è peignit pas dans son héros.
Cet ouvrage offre des conseils
*''^ges que donne un père à son ,
iils. Le style en est noble , et il
ciit plusieurs éditions consécu-
tives. IL Dans le Nécrologe des
^iomes dç. lettres ^ oh a inséré
îes Vies de Lully et de Julien.
le ItoipeiT le Prévôts III. Étrennes
dû Parnasse. Xi les rédigea pen-
dant plusieurs années. IV. Trésor
de Littérature étrangère. L'auteur
plongé dans le chagrin , suspen-
dit ce recueil dont on desiroit la
continuation. V. Il a travaillé a«f
Journal des Spectacles , fait let
paroles de plusieurs" Ora/orio exé*
cutés au Concert spif ituel ^ dfc
laissé manuscrite une Histoire dià"
la dernière guerre de l'empereur,
contre les Turcs. Ce çlernier écrit
s'est perdu après Ja moirt de»,
l'auteur.
VrtL PïtÉVO'r-CABANIsV
(Jean-François) conseiller, d'état
à Genève , soutint avec beauconp^
d'énergie le ^arti des citoyen»
contre l'influence de la cour de
France , qui voulut changer la
constitution de cette république
en y envoyant M. de Verg^nnes^.
Dans les troubles de 1794 , Pré^
Pôt chercha à s'opposer à la li— ^
cence qui suivit la prise d'armer^
du ig juillet. Arrêté et traduit
successivement par le peuple de-^
vaut. plusieurs tribunaux, il fut
toujoi^rs acquitté; mais ses enne-
mis furieux le fusillèrent le ^^[
juillet au soir. Un moment avant
de périr , il écrivit une lettre a
son âls , où il l'invitoit avec no-
blesse à servir toujours 'sa patrie ^
quoique ingrate.
li.' PRlCïi, (Richard!) An^
glois , né dans le pays de Galle»^
vers 1728 , mort en 1791 , se ht
conneître'par ^es écrits politi-^
ques , profonds ^t moraux. Ils
SQUt intiti^lés : Lfiisserta lions sur
la Providence. II. Ret^ue de* prin-
cip^ales questions en morale.
m. Observations sur la nature '
du gouvernement civil ) ^"^2% %
T 4
I9i P R !
* IL PRIDEAUX , ( Hiira-
phr^y ) naaait à Padstow , dans le.
Comté de Cornouailles en 16485
CÎ'ime bonne famille. 11 fit se$
études à Westminster, ensuite
èî Oxford , et le signala dans ces
^eux endroits par Tétendiie da
ia mémoire. La mort d'Edouard
focnck ayant fait vaqneçla chairç
d*4iêbreu : onVoffrit à Prideaux ,
qui la refusa. Outre qu'il étoit'
^)oux de son temps , il ijissé—
4oit plusieurs bénéfices. i\ fut
pourvu du doyenné de Norwick
en 1704. et mourut dans cette
ville en 1724, à '76 ans. Sê«
mœurs étoient celles d'un savant
toiijoucs, enfermé dans so.n ça-
l^inet. Il n avoit pas les dehors^
jinposans de cette politesse lé-
gère de nos litt-rateurs, François;
ihais il se distinguoit par^n grand
fonds de, franchisé et dé vertu.
]Sous avorfs (de lui plusieurs ou-
vrages pleins de recherches et d'é-
ruil,ition. Le« plus connus sont :
i. Marmora Oxoniensia , éxArun-
àelidnis , Seldtniariis « aUisquê
çonflata , cum Grœcorum vér^,
iione iaànd , et lacunis suppU^
Iw , qà. figuris (sneis ; ex recen»
sione et cuni Comme ntariis ifu/n-
phredy Prideaux , nircnon Jpari^
pis SeUleni , et Thomœ Lydiati
iinnoiationibus : accessit Sertorii
Ursati (i^ notis Bomanorum Corn*
mentàrlits , in-fâlio, à Oxford^,
j6j$/ Sélden avoit ehtrepris œi
ouvrage , et en avait fait im-
primer une partie eq 1627 ; mais
i} h^avoit expliqué que vingt-
neuf Inscriptions! grecques et dix
Itit'mes i'Pridèaux a expliqué les
a6o autres. II. La Vie de Afa-
h^tmet en anglois. Elle a été tra-
4uit.e en franc 019 par Lar roque
fils , et imprimée à Amsterdam
en i69S,m-8.° ïlU Ujincien
et le Nouveau Testament , ac^^
çQrdés avec V Histoire des Ji^lfs .
P R I
Londres ) 17:^0. IV. Hittoke^
Juifs et des Peuples voisins , dcr.
puis la décadence des Royaurnei
d Israël et de Judas ^ jusqu'-à la
nort de Jàsus-^CHRJST» Ce sa-
Tant ouvrage écrit en anglpis ^
a eu un succès extraordinaire. On
en fit efï Angleterre huit éditiont
on quatre ans 9 soit in-folio , soit
in- 8.? La première parut en 1 7 1 6,
et la dernière en 1720. Il a étî
traduit en françois y et on en a
aussi différentes éditions en cette^
langue. Les plus estiii^ées sont
celles d'Amsterdam. « 17^9 9 sîjç
vol. in-i2 çt deux vol in-4.<» Il
ne faut chercher ni dans V^^'M^^*
nal ni dans la version , les agré-.
mens çt l^'élé^ahce du style* Doni
Calme t n a point adppté la des«
cription du temple de Jérusalem ,
que cet Aniglois a faite en partie
G après les écrits des rabbins. « Je
ne prétends pas, dit-il, clçcrier.
le tiravfltil de PHdeaux ; mais je,
soutiens que la plupart des choses^
marquées dans le pian du temple
c^u'il a donné , sont peu cer-
taines. Les auteurs Juifs qu'il a
suivis sont des guides peu sùrs^
dans cette matière i^ nous ajou-
terons que pour connpitre l'an-
cien teiÂple de Salomon i) faut
e*an tenir au texte des livres des
'Rois et ^Êzéchiel | et à Tégard
dé celui à'Hérqde détruit par les
Romains , on doit s'en rappor-
ter uniquement H Josèpke.'M.dSs)
dès qu'il est question d'un édifice
ancien , chacun veut le t>Àtir à
sa manière , sai>s penser que les
Vitruve e^ les autres grands ar-
chitectes sont très — rares y et
qu un savant qui ne sait pas ménit
arranger sa. maisonnette , a man-
vaise grâce de vouloir édifier def
te!mples superbes. >n Voy^ L Vil-
I.ALPANDE.
PRIE, ( N. de Rertelot ^
i^ar^uise de }. é£f it fiU^ 4e Bcrx
9 R (
fth$4^ Pléae^f, ancien oonomis
^i| ministre de la guerre y q}x\
^'étoit enrichi dan^ les entrer-
prises des' vivfcs. Il tenait une
Raison opuletite , dont se^ femme
iaisoit les hor^neurs. LeqV fille
avoit plus que de la beauté y
toute sa persqnne étoit sôdui-
sante. Avec autant de grâce daua
i esprit qqe (iaqs la figure, elle
çachpit , dit Duc\os , sa as \\n voile
de naïveté 9 1{| fausseté la plus
dangereuse. Sans la moindre idée
de la yertu , qui étoit pour elle
^n mot vide de sens , elle élQît
limple dans le vice et violente
çoMs u^i air de douceur. Liber-
tine par tempérament , elle eut
àe borme heure des açnans dis-
tingués. Sn mère qui lui ^voit
4onné rédi\catio.n la plus soignée,
devint Jalouse c^elle dès quelle
commença à fixer les regards des
ado.rateurs qMi fprmoient sa pe-
tite cour. Plénçuf paur avoir la
paix chez lui , la maria en 1 7 1 3 ,
au marquis de Prie , nommé à
l'ambassade de Turin , oii il ame-
i^a topi épouse. He^venue à Pc ris,
elle dédaigna la société do sa mèro
quelle traitoit comme une petite
bourgeoise , et se fit aimer du
^uc de Bourbon ( Koyez ce mot ,
û.® V.) premier minisire. Elle
trompa impunément ce nouvel
amant , et n'en fut pas moins le
fanal de toutes les grâces et Tins-
trument de toutes les vengeances.
C'est elle en partie qui perdit le
ilanc ministre de la guerre. Le
cardinal de Fieu/y étant parvenu
au ministère , la punit de ses ga-
Itmteriea , He ses rapines et de
tes excès , en l'exilant dans sa
terre de Courbe-Epine en Nor-
fi;)andie. Elle r«*ga.rda d'abord sa
disgrâce comme u<i nuage pas-
sager ; mais ayant appris que .«jfa
place de dame du palais de U
r<^ine avoit été donnée ^ une au-.
)f^y çUe fut saisie par m dé»e%«
P R O >97
pair ipii la conduisit an tombeaat
Les médecins crprent d'abord que
les maladies , suite de son cha-«
grin , n'étaient que des vapeurs :
mot commode dont quelquefois
se couvre leur ignorance. Le jour
même qu'ils Pavoient encore trai«
tée de malade imaginaire , elle
mourut en 1727,8 29 ans, après
avoir séché quinze mois dans son
exil. La religion, la feule véri-e
table consolation des malheu-^.
reux . n'en fut pas une pour
elle. Dans le temps de son élé-«
vation elle avoit affirhé son mév
pris pour les choses les plus res-#
pectées. Lorsqu'en 1726, année
où les pluies détruisirent la ré-
colte , on porta en procession
la chasse de S te Geneviève , elle
osa dire : Le fueuple est fou s ne
sait-il pas que c'est moi senle qui
fais la pluie et le beau temps \
Le marquis de P^i^ d'une fa-?
mille du Berry , qui remontoit
au 14^ siècle, a été le dernier
de sa maison.
PRINGIS, (Mad. de) a pu^.
blié quelques romans , entr'nu—
très Junte ou les Sealimens des
"Romains , bt les Caractères des
Femmes. Elle est morte au cpm-
moncement du siècle dernier.
PniSCA, r^y^VALBRiA.
PROGEN , ( Jean-Fronçots )
né à Toulouse en 1717 9 mort
vers 1780 , entra dans le servide
comme mousquetaire, et se re-
tira ensuite dans sa patrie oh
il publia les ouvrages suivans :
I. Eloge, de Clémence Isanre ^
in-8.0 II. L'Epreuve, conte mo-
ral. IIL Essai de critique et
contes moraux, 1764 , in -12.
L'auteur étoit de IVadémie des
Jeux floraux.
* PR03T DE Rqyer , ( Autoine-
Fçiinçois) avocat, né à Lyon le
2^ septembre 17:^)^9 devint heu-n
198 P R O
iciiant général de police de Lyon ,
remplit cette pliicc pendant huit
ans avec beaucoup de zèle et
d'intelligence , et lut le défen—
^ur éclairé et courageux des
droits de la ville. Il ne remplit
pas avec moins d'honneur les
places d'administrateur des hôpi-
taux, déchevin , de président
du tribunal de commerce , de
lieutenant provincial des mon—
noies. Tous les étrangers illus-
tres qui passèrent par Lyon ,
ae firent im plaisir de le voir ,
tel» que l'eiffpereur , le grand
duc de Russie , larcbiduc , le
roi de 5ucde , le prince Henri
^ Prusse , etc. Difi'érentes aca-
démies étrangères et nationales
mirent son nom sur leur liste.
Comme auteur , il se fit d'abord
«onnoitre par une Lettre in^S**
à M. l' Archevêque de Lyon sur
le Prêt à intérêt , que Voltaire
adopta dans le recueil de ses œu-
vres ; par un Mémoire moins
connu , mais aussi estimable sur
les Hoffitaux ; par un autre sur
la conservation des enfans trou-
vés ; par des Lettres sur l'admi-
nistration de la municipalité de
Lyon. Les vues en sont grandes
et utiles. Il est fâcheux que bor-
nées à Tintérét local , elles aient
été peu répandues ; par un Mé^
moire très-bien écrit sur l'allai-
tement des enfans, et Tétablisso»-
ment des bureaux de nourrices.
n «voit entrepris ensuite une
nouvelle édition entièrement re-
fondue 9 du Dictionnaire des
Arrêts de Britton. Il avoit déjà'
donné quatre vol. în-4® de cet
©uvrage im portant , lorsqu'il mou-
rut à Lyon le 21 septembre 1784.
6on recueil n'est pas une simple
tompilation ; il y a de la pro«»
fondeur dans les idées et de
l'énergie dans le style. On peut
lui reprocher cependant d« S'être
p R o
trop abandonné d la mairis êè
semer des vues systématiques,
et des réflexions déclamatoires
dans une matière où il auroit
fallu se borner aux notions pré«
cises et nécessaires. A àes talens
et des co!inoissances étendues ^
fauteur joignoit une ame géné-
reuse 9 im cœur sensible et nn
caractère honnête. On trou voit
dans lui une bonhommie et une
simplicité de mœurs qui étonnoit
et plaisoit d'autant plus quelle
contrastoit entièrement avec son
maintien '9 sa manière d'être dan»
la société , et l'égoïsme de se»
expressions , le seul qu'on eût II
lui reprocher , mais celui qne
l'amour propre des autres par-
donne le moins. Le prince S^enri
de Prusse l'honora de son amitié.
L'éloge de Prost de Hoyer par
Barou du Soleil a été imprimé y
et son portrait a été gravé par
Boyli artiste Lyonnois.
PROU, (Jacques) sculptew
mort en 1706, à 5i ans. Oh a
de lui une Venais qui se voitdaAS
les jardins de Versailles.
PROVENCHÈRE, (Sîméon)
médecin François , né à Lnngre»
vers iSSi , exerça sa profession
à Sens , fut nommé par cette
ville aux états généraux de 16 14 9
et mourut en 1617. Il a publié;
I. J-Jistoire d'un prodigieux En^
fant pétrifié , i 5 8 2 , in - 8.*
II. Discours sur un Enfant qui
n'a hu ni mangé depuis trois
ans, i6i4,in-8.o III. Il avoit rois-
en vers latins les Quatrains de
Pihraç et les Aphorismes dHip"
pocrate,
PROVENZALE, (Marcel)
peintre Italien , né on 1575,
a peint l'histoire et le portrait ,
et s'est rendu sur -tout célèbre*
par des ouvrage* en mosaîqu»
f> R Y
•Tfècttth avtc autant d'éclat qun
de goût.
, * PRYNNE , ( Guillaume) jw-
. risconsulte Anglois , né à Swains-
I vich près de Bath en i 6 o o ,
f i*é!eva avec violence contre les
1 épiscopaux. II3 feignirent de mé-
priser ses iptoctives. Mais Prynne
syant publié en i633 son tlis^
trio-'Mastix ou le Fouet des
■Histrions , livre où il ne mena-»
I geoit ni les comédiens , ni ceux
j qui jonoient la comédie ; les épis-
[Copaux se servirent du crédit de
la reine qui uimoit ces amuse—
mens , pour le faire enfermer à
la tour de Londres. La Chambre
^toilée lui fit son procès ; le livre
fat condamné à être brûlé par
main du bourreau , et l'autetir
avoir les oreilles coupées. Un
atre libelle qu'il publia en 1687
contre Varchévéque Laud\ lui
ittira une pareille sentence , et
on lui coupa ce qui lui restoit
tforeilles. Ce traitement le fit
ftgardev par les presbytériens
cotnme uh martyr dç la b.onne
wuse ; ils obtinrent son élargis^
lemeat en 1640 9 et. Newpoct.
le nomma député de la Chambre
des communes dans le parlement,
««semblé contre le roi. Après
•voir, pendant quelque temps,
^it paroitre beaucoup d'animo-
*t^ contre ce prince , il rgugit
^ sa frénésie et de celle des
Anglois. Il s'en expliqua, ouver-
fenient, ttCromwel le fit mettre.
f^ prison. H y composa un petit
fliivre pour àét;çurner le . parle-
Neat.de faire, le procès au roi.
Après la mort du protecteur ^
Charles II .ÙQX\t. Prynne avoit,
l^vorisé le rappel , lui donna la
Igarde des a^c^iives de la tour de
ï'Ondres avec cinq cents . livres
sterling dç pqasipn, 11. mourut à ,
l'intoias^-inn^ le 24 oqtobrt
P s T 199
I $69 , ftgé de 69 ans. Outrtr Von-
vrage dont nous avons parlé et
qui se trouve dans le Sylloge
variorum Tractatuum , imprimé
en 1649 4 ®" * ^^ Prynne : I. La
Vie des Hois Jean II , Henri III
et Edouard I, in-folio, en an-,
gîois. 11 y défend le pouvoir su-»
prénie des rois 9 après l'avoir
attaqué long- temps. IL VHis^
toire de Guillaume Laud arche-^
véque de Cantorbery , in-folio 9
en anglois. III. Antiques Gonsli"
tuliones Regni Anglici sub Joan-
ne 11 9 Henrico III et £duardo I,
circa Jurisdictionem EcclesiaS'*
ticam , Londres, 1672, 2 vol.
in-folio. Ce recueil tiré des ar-
chives de la tour de Londres ,
est d'autant plus estimé qu'il
n'est pas commun. IV. Plusieurs
ouvrages de Théologie et de Can-
travers f^ , où il y a, beaucoup
d'érudition et- peu de jugement.
Voltaire peiftt l'auteur « comme,
un homme scrupuleux à ou-
trance , qui se seroit cru damné
s il a voit porté un maiitaau court
au lieu d'une soutane 9^ et qui au*«
roit voulu que la. moitié des
hommes eût massacré l'autre pour
la gloire de Dieu et de la pro^
pagandd Jide» » Il y a du vrai
dans ce portrait 9 quoique lea
traits en soient exagérés.
PSCHERNING , poète Alle-
mand dont les odes sont estimées
dans sa patrie 9 vivoit k la fm
du i7« siècle.
* PSYCHÉ 9 (Mythol.) est uix
mot grec qui signifie Ame* Les
Païens en avoient fait ujie, Divi-
nité 9 dont on a raconté bien det
fables. Cupidon .l'almA 9 et la fit
transporter par Zéphire dans un
lieu de délices 9 où elle demeura
long-temps avec lui sans le con-
noître. Vénus jalouse de ce qu'elle
avoit s^d^it son. fils ^ U pçrié»?
300 P U C
ciitfl tant qu'elle la fit mourir.
Jupiter lui rendit la vie , %t lui
donna l'iininortaiité en faveur
de Cupidon, On la représente
avec des ailes de papiUan aux
épaules, pour exprimer en quel-
que sorte la légèreté de l'^me ,
car le papillon en étoit le sym-
bole, et lorsqu'on peignoit un
Iiomme mort , on représentolt
\\\\ papillon qui paroissoit être
toxii de sa bouche , et s'envoloit
en l'air. Un excellent tableau de
Gérard exposé à Paris dans l'un
des derniers salions, représente
Psyché et X Amour, « Les deux
ligures , a-t-on dit , sont posées
dans le goût antique , et si bien
qu'on les croiroit imitées d'une
médaille. L'expression ne laisse
rien à désirer : ce n'est dans la
figure de Psyché , ni la stupidité
d'mie ame qui ne sentira jamais ,
ni la légèreté sémillante dé celle
que le sentiment agite à son insçu
•t à laquelle il ne manque que
de connoître la cause de son
^émotion pour n'être plus l'inno-
cence... 11 y a dans l'embrasse-
ment de l'Amour je ne sais quoi
de léger et de mystérieux qui
donne l'idée du souffle créateur.
Cet Amour, à physionomie noble
et grave , est tel que l'exigeoit
le sujet, et qu'on le trouve dans
les poètes et dans les philosophes
dç l'antiquité lorsqu'ils repré—
sejitent ce dieu comme le prin-
cipe de l'ordre et l'ame de l'uni-
vers. » Ce beau tableau a été
fr^vé. Nous avons une tragédie-
ballet de Psyché , par J^ioUère
aidé par Pierre Corneilles
PUCKERÏDGE , Irlnndois ,
ayant, observé' en 1760 le son
produit par le frottement cki bord
d'un v^erre à boire avec un doigt
mouillé, essa}a le premier de
former un instrument harmo^
PUF
nieux en plaçant sur une table
un certain nombre de verres de
diverses grandeurs et à moitié
remplis d'eau. Puckerids^ , mort
jeune , n'eut pas lé temps de
perfectionne*" son invention , mais
elle fut saisie par le docteur
Franckhn , auquel on est rede-
vable de l'instrument connu soos
le nom d'Harmonica»
PUFENDORFF, (Isaac) ré-
sident dans plusieurs cours , né
en 1628 et mort en 1689 à Ra-
tisbone, passe pour l'auteur de
l'ouvrage satirique j intitulé :
AnecHûLès de Suède ou Histoire
secrète de Charles XI , 1716 >
in-S." On a encore de lui, Opus^-
ciUa juvenilia, 1699 , in— 8.** Ce
sont de petites dissertations sur
les Druides , les Lois saUques ,
la Théologie de Platon. U c^oit
frère de Samuel Pu/endorff»
PUG ATSCHEFF, ( Yemefta)
cosaque , l'un des imposteurs qui
se donnèrent pour Pierre 111
empereur de Russie , étoit né à.
Simoreisk sur le Don. Après avoir
servi dans les troupes Russes con-
tre le roi de Prusse et les Turcs,
il déserta et se réfugia en Po-
logne chez des her mites du rit
Grec , et gagna ensuite la petite
Russie. Là, il fit révolter quelques
cosaques , prit des forteresses
dans le gouvernement d'Orem-
bourg et se fit reconnoître pour
Pierre 11 U Après divers succès
il eût pu s'emparer de Moscow ;
mais il négligea de s'y rendre et
ne put réparer cette faute. 'Cent
mille serfs l'y attendoient pour
prendre les armes. La cour de
Russie mit sa tète à prix , et pro-
mit cent mille roubles à qui le
liVreroit. Enfin le comte de PafM
aj'^ant été envoyé contrelui , les
coïtipagnons de son imposture
miinquant de nourriture et ia*
P U J
Signés de s« cruautés, le livré*
rentau commandant de la forte-
resse dîi JnîcHc. Il fut conduit à
Moscovr dans une cage de fer ,
et eut la tète tranchée le 2 1 jan-
vier 1775. Autant il a voit montré
d'audace à la tête des révoltés,
autant il fit paroitre de pusilln-
nimitc à l'approche du supplice.
« Après Tamerlan ^ â\t l'impéra-
trice de Russie dans une lettre à
Voltaire, aucun scélérat n'a plus
fait de mal à l'espèce humaine. »
il faisoit pendre sans rémission
tous les nobles , hommes , fem-
mes, enfans, tous les ofâciers,
tous les soldats. Il livroit tout au
pillage , même les maisons de
ceux qui l'avoient bien accueilli.
Il ne savoit ni lire , ni écrire.
C'étoit une bête féroce portée
I .d'elle-même à la violence et au
; meurtre. Son procès n'offrit pas
la moindre présomption qu'il eût
^té l'instrument de quelque puis-
sance, ni qu'il eut suivi l'inspira-
tion de qui que ce soit. Il avoit
fait frapper des roubles avec son
•ffigie et cette inscription :
Rtdivifus te uttcr.
PUJOS , ( André ) peintre en
portrait , né à Toulouse en 1 780 ,
morf à Paris en 1788, réunit
dans son cabinet les portraits des
gens de lettres et des autres per-
sonnes célèbres de son temps.
PUIS, Voyez BvTVis,
^ * PUISIEUX , ( Philippe-Flo-
'«nt de ) né k Meaux en 1 7 1 3 ,
Sîort à Paris en octobre 177a ,
« 63 ans, étoit avocat au parle-
îfient de Paris. Il cultiva moins la
grisprudence que la littérature.
Nous avons de loi un gjrand nom-
bre de Traductions de Livres an-*.
Slois, dont quelques-unes /sont
Mtiles. Telles sont celles de la
^r^mmairt Géographique^ Gar*
P U I
30t
don , ln-80 ; de l'Histoire navale
d'Angleterre , en 3 vol. in- 4**;
de la Grammaire des Sciences
f^hilosophitfues^e Martin, in- 8°;
des Klémens des Sciences et Arts ,
3 vol. in-ia; àe% Consultations
de Médf.cine ^Hoffman , 8 vol»
in-i 2; des Observations du méme^
2 vol. in-ra; de la Géographie
de f^arertius , 4 vol. in- 12; du
Voyage en France , en Italie , eB
aux iskfs de l'Archipel, 4 vol*
iiï'- 1 2 ; des Voyageurs modernes «
4 vol. in- 1 2 ; des Avis de Méde^*
cine , de Méad, in-12; des Ejc-
périences Physiques de Lewis ,
3 vol. iu-r2; des Observations
sur le Jardinage , 3 vol. in-12 ,
etc. Il a aussi traduit quelques
Romans et quelques autres bro-»
chures an^loises , dont la plupart
ne méritoietit pas de passer la
mer.
PUISMIROL DE St. Martin ,
Jeune Lan<;uedocienne , se dis-
tingua à la fin du 17* siècle par
son goCit pour la poésie. On a re-*
cueilli ses vers à Toulouse ^ en
ttn vol. in- 12.
PUISSELEUR, (Françoisde)
évêque d'Amiens en 1 546, s'y ren-»
dit recommandable par sa bien^
faisance , ses vertus et ses ordon-*
nances synodales ; leur recueil
sert à faire connoitre les moeurs
du temps , et sur-tout celles du
clergé. Elles enjoignent aux prê-
tres du diocèse de porter une sou-
tane qui descende jusqu'aux ta-
lons , de ne point porter des sou-
liers à jour , découpés et garnis
de petits miroirs. Elles «léfendent
à tous l'exercice des professions
de notaire et de procureur, de
ne baptiser l'enfant d.ins le v«ntre
de sa m^re s'il n'en paroît rien
au dehors, et d'avoir des his-
trions f^t fîcs danses au repas d'un*
L
jôi P U L
PULAWSKI, ^néffilderar-
mée des confédérés en Pologne ^
ent la {principale part aux trou-
bles qui agitèrent ce royaume en
4771. Les dissidens avoient ob—
tena des privilèges ; Pulawski
l'imaginant qu'ils les dévoient an
roi Stanislas- Auguste , résolut dé
l'enlever pour qu'on procédât à
l'élection d'un nouveau monar-
que. Environ quarante factieux
entrèrent dans ce complot, qu'ils
exécutèrent après s'être liés par
«n serment devant une image de
U Vierge. Voyez Stanislas. Lé
roi ayant dû la vie aux remords
de l'un des conjurés^ Pulawski
alla servir en Amérique pour les
Ëtats-Unis , et il commandoit
une légion an siège de Savannah ^
oh il fut tué par un boiffet etf
<77x9 9 à côté du général Frali-
* PtnCHERIE , ( Sainte )
'JElla Pulcheria, impératrice ^
lille dé l'empereur Arcadius , et
soeur de Théodose le Jeune , fut
créée Auguste en 414^ et parta-
gea avec son frère la puissance
impériale. Après la mort de ThéO'
dose , arrivée en ^50, Ste Put-*
chérie fit élire Marcien et l'é-
pousa, phitôtrpour avoir un sou-
tien qui l'aidât à porter le poids
de la couronne , que pour avoir
un époux. £lle lui fit promettre
qu'il garderoit la continence avec
elle. Cest par ses soins que fut
assemblé en 451 , le concile gé-
néral de Chalcédoine. Cette au-
Euste asseinblée la combla d'é-
loges. £)lles les méritoit par sa
piété et par son zèle. Cette prin-
cesse aimoit les lettres et les cul-
tivoit. Elle mourut en 454 , à'
£6 ans. Voltaire maltraite cette
princesse dans la préface de son
Commentaire sur la Pulchérie de
C^rneHU* U dit qu'en épousant
p u o
Marcien , elle fut aussi fidelle 1
son vœu d'ambition et d'avarice^
qu'à celui de chasteté. Elle avoit ,
ajoute>t>il , 5o ans , et Marcieti
70 ; elle l'é^ousoit donc raoini ^
pour avoir un mari qu'un premier
domestique. Mais il est faux qui ^
Marcien eût cet âge. II étoit nj
en 391 9 et n'avoit par consé-
quent que neuf ans' de plus que
Pulchérie. Quant aux censurei
que Voltaire fait du gouvem»»
ment de Pulchérie et de Marcien ,
nous les avons peints l'un et Tau-
tre d'après l^s historiens anciens
et modernes 9 qui ne partagent
point la façon de voir du censeur.
( Voy. Maucien. ) Voltaire pour
le dégrader, dit qu'il fut long-
temps prisonnier de Genseric , et
qu'il n'avoit su se Conduire ni
dans la guerre ni dans la paix. Ls
vérité est que Genseric fe retint
très-peu de temps , et que son
administration sous Pulchérie et
apcètf sa mort , fut celle d^an
père; toujours occupé, pendant
son règne , â protéger ses sujets
et à Us soulager, comme ledit,
Guillaume Beauyaisdans son His-
toire abrégée des Empereurs Bo-»
tiairts et Grecs,
PUL'TENEY, (Guillaume)
né en 1682, et mort en 1764 1
comte de Bath, entra dans le
conseil privé du roi d'Angleterrt
eh 174 1 9 et se rendit moins cé-
lèbre pai* ses grands principes ^
que par son opposition contH
nuelle avec ceux du ministre
fValpole , à qui il fit ôter le mi-
nistère.
PUONÇU , ( Mythol. ) noni.
du premier homme, suivant la
tradition chinoise. Les lettres di-
sentt[u'il naquit comme lechsn-
pignon , sans le secours d'aucune
semence. D'autres le font éclore
d*un oeuf y dont la coqiie t'éièra
FUR
t«clel, le blanc te dispersa dans
iei airs y et le jaune resta sur la
terre.
PURCEL, (Henri) musicien
Ânglois, né en i658 et mort en
1^95, mit en musique Topera
à' Arthur de Dryden, Il fut orgrf-
niste de Westminster dès l'àge de
18 ans.
PURVER , ( Antoine ) Qua-
ker Anglois^ né en 1702 ^ raort
tn 177.5 9 exerça d'abord le mé*
tier de cordonnier , mais ayant
appris ensuite l'hébreu ^ le grec
fl k latia , U traduisit U &bie
P Y N 30t
en angloîs et devint tin prédica-
teur renommé dans sa secte.
FYLE, (Thomas) ministre
Anglois, mort dans le 18* siî»
cle , a publié beaucoup d'ouvrages
pieux 9 et sur -tout des Para^
phrases sur les actes des Apôtrea
et l'Apocalypse.
PYNAKER , ( Adam ) paysa-
giste célèbre , né en i6zi prèa
de Delft, mort en 1675 , exael-
loit dans le coloris et l'art det
reflets. Stê tableaux se vendent
très- cher.
504 0 tJ A
Qtât
m
^Êm
Q-
QuANWON, (iVTytbôl. ) Dicii
Saponoîs 9 fils à'Amida , préside
liux eaux et aux poissons. On le
représente avec quatre bras , et 16
bas du corps avalé par un mons-
tre : sa tête est couronnée de
fleurs. -^ Dans un temple du
Japon y Quanwon appelé ausli
Canon , paroit avec sept tétés su^
la poitrine, 4vec trente maint
tenant chacune une flèche : il est
assis sur la fleur nommée Ta-
rât^.
Qtî ARLES , ( François ) po^te
Anglois, mort en 1644, a publié
beaucoup de Poésies , et sur-
tout des Emblémes^ mpénieut.
Son attachement à la cause de
Charles premier, exposa ses jours
jet ruina sa fortune : ce qu'il re-^
^etta je plus , fut la perte de ses
livres et de ses manuscrits qui
furent pillés.
, QUENTEL, (Pierre) impri-
meur de Cologne ) s*est rendu
-recommandable par les éditions
nombreuses et recherchées qu'il
a publiées , et parmi lesquelles on
distingue les CEuvres de Denis le
Chartranx , en 2t vOl. in^Mid^
^entel est mort à la fin du 16*
siècle.
QUILLAHÔ, ( Pierre -Aii*
tdine ) peintre dé Paris , mort à
Lisbonne en i733. à k fleur d6
son âge , travailla dans le gcrûtde
lF"atif^u Son maître.
QUIKTILIA DB LÀ MiRANDBi
( Lucrèce ) Italienne , fut renom-
mée par ses talens et son esprit
ail 16* siècle^ Elle a li^issé des ta^
bleaux estimés 9 et des écrits his^
toriques siir la vie des plus célè-
bres peintres^
îi, QUIRÔ^, (fremandde)
navigateur qui , chargé par Phi*
lippe III de faire des déco;uvertes
dahs la mer Pacifique, partit dé
Lima en décembre i6o5 , s'aVatiçM
à vingt degrés de latitude et 240
de longitude , et découvrit la
Terre Australe du Saint-Esprit
et les isles de la Société. Les Mé«
moires qu'il écrivit sur ses décou-
vertes sont dans le recueil dei
petits voyoges de Théodore dé
Bry» Le célèbre Cook « rendit
hommage à QiUroié
MWMI
IMHM
ÈAÉkiJJi'
■'< .>.
m
j
w
RA
It A B )0^
lÊm
«HM
^*mm
R.
KaBAUD- Saint -«-ÉTiENNS ,
t Jean-Paul ) avocat , ministre
Protestant , hé à Nîmes , et dé-
toaté de cette ville a l'assemblée
Constituante , s'étoit déj^ fait
connoitre par quelques écrits
«vant de paroitre à la tribune. Ses
discours préparés avec soin , l'ha-
bitude de parler en public , l'a-
. doption des nouveaux change-
mens lui donnant de la hardiesse ^
il obtint des applaudissemens ;
mais lorsque Mirabeau et quel-
Ç[nes autres orateurs plus distin-
gués se' furent fait entendre , il
prit le parti du silence. Nommé
membre de la Convention , son
^triotisme y fut plus modéré
^'à l'assemblée Constituante. Il
[ l'éleva evec énergie ct)ntre le
parti sanguinaire qui opprlmoit
la Convention, et oéa soutenir
^'elle netoit pas en droit de
JQÇer Louis XV h « Je suis las ,
I «'&ria--t-il , de nja portion de
^annie , et je soupire après
l'instant où un tribunal national
nous fera perdre les Formes et la
Contenance des tyrans. » Ces
taots , et plus encore ses relations
•vec les Girondins, le firent dé-^
, fréter d'accusation le 3t mai.
habaué, pour éviter la mort , se
uiiva à Bordeaux; itiais il y fut
I i^econnu , arrêté , ramené à Paris
; *t exécuté le lendemain môme de
; jontetour, le 28 juillet 1793, à
' *âge de 5t) ans. Il réunissoit des
connoissances à des talens ora-
toires. Facile et confiant, il se
laissoit entraîner par ceux qui
' j'entouroient et qui flattoient des
Ineurs d'ambition dont il ne fut
tw toujours exempt. Ses princi-
^avix écrits sont ; I. Lettre sur la
SUPPL. Tomt IIU
vie ^t les écrits de Covutt de Gâm
heUn, 1774, in-8.« IL Letiret
sur l'Histoire primitive de la
Grèce, 1787, in-8.** Elles sont
adressées à Éailly , et offrent des
conjectures heureuses et du sa<^
voir. III. Considérations sur les
intérêts du tiers-état , 1783. Cette
brochure fut distinguée dans l'im^
mensité de celles que le comment
cernent de la révolution vit naître»
IV. Précis de THistoire de la Ré-
volution Françoise , 175 1. Cette
notice rapide et bien faite àe%
événemens les plus remarquables
delà première Assemblée, à été
imprimée avec luxe et ornée de
gravures. Elle attache par sa pré-
cision et sa clarté ; mais elle n'est
pas toujours parfaitement impar-
tiale. V. Rabaud a travaillé à la
Feuille villageoise et an Monitew^
jusqu'à la an de 179 x.
RABÛEL , ( Claude ) jésuite^
lié à Pônt-de-Vesle le 24 avril
1669 4 et mort à Lyon en 1^28 ^
a publié : I. Un Commentaire sut
la Géométrie de Descartes, Lyon^
1730, in-4.^ IL Un TraUé d'al-
gèbre et du calcul différentiel et
intégral^ in-4.0
» IL RABUTIN , ( hoger
fcomte DE Bussi ) hé à Èpiry en
NiverrtOisle 3o avril 1618 , petit-
fib du précédent, servit dès l'âge
de douze ans dans le régiment de
•îôn père. Sa Valeur parut avec
éclat dans plusieurs sièges et ba-
tailles* Elle lui mérita les places
de m£Stre de camp de la cava-
lerie légère , de lieutenant géné-^
rai des armées du roi, et de lieu-«
tenant général du Nivernois. Le
comte de Sussi méloit les latw
V
;
R AB
riers d*ApoUon à cenx de Mars»
Reçu à l'académie Françoise en
i6€5 , il y prononça une haran-
gue pleine d'esprit et de fanfa-
ronnades. 11 couroit alors sous
son nom une Histoire manus-
crite des Amours de deux dames
puissantes à la cour {d'Olonne
et de ChéUllon. ) !l l'avoit con-
fiée à Mad. la marquise de Beaiane
qui après une liaison très-intime ^
croyant avoir à se plaindre de lui ,
trahit son secret. Ce manuscrit
intitulé : Histoire amoureuse des
/Gaules , faisoit beaucoup de bruit.
'A la légèreté du style , à la viva-
cité des saillies , l'auteur avoit su
{oindre des portraits peints avec
autant d'art que de vérité de plu-
. sieurs personnes de la cour , et
un ton de dépravation qui n'étoit
pas €6 qui plaisolt le moins. Ce *
qu'il, y a de singulier , c'est qu'une
des aventures qui frappent le plus
dans son roman , étoit une pure
traduction d'un endroit de Pé~
trône , jusqu'à la lettre qu'il at-
tribue à une des dames satirisées.
n anroit dû sans doute avouer
ce plagiat pour sa justification ;
mais la vanité îemportoit chez
4ui âur tout autre sentiment. Quoi
qu'il en soit , les personnes inté-
ressées portèrent leur plainte au
roi , qui déjà mécontent de Bussi ,
luiisit avidement l'occasion de le
punir. Il hit mis à la Bastille^ Les
Amours des Gaules furent le pré-
texte de sa détention ; mais la
.véritable cause étoit cette Chan^
son où le roi éteit trop compro-
mis , et dont on renouvela alors
le souvenir , pour perdre Bussi
à qui on l'imputoit : ^
Que Veo-datus est heureitt ! e».
1J Histoire amoureuse des Gaules
ii'étoït pas le seul ouvrage de
JBussi. Il avoit encore fait un pe—
/Ut Livre 9 reUé proprement en
R A B
forme d'Heures ; an lieu des imth'
ges qu'on met dans les livres de
piété 9 il avoit mis dans le sien
les portraits en miniature de quel-
ques hommes de la cour , dont
les femmes étoient soupçonnées
de galanterie. Au bas de chaqut
portrait y il ûvoit accommodé au
sujet im petit discours en forme
de prière. Cest à cet ouvrage
que BoUeau fait allusion dans c«
vers :
Me mettre su rang des Sûnti qa^a
célébrés Bussi,
Une maladie occasionnée par sa
prison, lui procura sa liberté^
mais avant que de l'obtenir , il
fallut qu'il donnât la démission
de sa charge, et qu'il écrivit une
lettre de satisfaction aux victimes
de sa méchanceté. Il débita méroe
à cette occasion de belles maxi-
mes. sur les écrits satiriques,
inutiles s'ils sont secrets , dangC"
r eux s'ils sont publics. Le comte
de Bussi ne sortit de la Bastille
que pour aller en exil dans une
de ses terres. Il fatigua pendant
tout ce temps-là Louis XIV par
une foule de Lettres , qui décè-
lent,, si ce n'est ime ame fausse,
une ame au moins petite et foi-
ble. Il protestoit au roi une ten-
dresse qu'il ii'avoit pas , et se
donnoit des éloges qu'on croyoit
beaucoup plus sincères que \t%
protestations d'attachement dont
il excédoit le monarque. Ses ?é«
ritables sentimens éclatèrent eo
1674. Despréaux fit sa belle épi»
tre sur le passage du Rhin, qui
immortalisa le poète et lehéroSi
Bussi , l'imprudent Bussi , crai^
gnant d'être oublié , fit des re-
marques sanglantes sur cet on-*
vrage. Il relevoit sur-tout cet en-
droit , où le panégyriste du prince
lui disoit que s'il continuoit à
prendre tant de villes , il n'y an*
R A B
roit plus moyen de le snivr» 9 et
qnil faudroit aller l'att-endre aux
bords de l'Hellespont. Il plaisanta
sur ce dernier mot 9 et mit au
bout; Tarare pon pon. Le ridi-
cule qu'il vouloit jeter sur la belle
èfîitrt de Despréaiix , parvint au
^oête , qui se prépara à la ven-
geance. Le eomte Le sut, et &t
promptement négocier la paix.
Despréaux et lui s'écrivirent des
lettres pleines de l;émoignages
d'esthne et d*amitié. Le comte de
Bussi, après 17 ans de sollicita-
tions, obtint enfin la permission
de retourner à ]a cour ; mais
commeT le roi évita de le regar-
der 9 il se retira dans ses terres ,
partageant son temps entre les
plaisirs de la campagne et ceux
de la littérature. 11 mourut à
Autnn le 9 avril 1693, à 7S ans.
( Voyez les articles IIL Rivière
tt MiRÀMiûN. ) Il faut avouer
çu il avoit de l'esprit , mais plus
d'amour propre encore ; et il ne
«e servit guère de son esprit que
pour se faire des ennemis. Caus-
tique, hautain dans la société ,
il ne fut guère plus aimé en pro-
vince qu'à la cour. Comme cour-
tisan 9 comme guerrier , comme
écrivain, comme homme h bonnes
fortunes , il croyoit n'avoir point
d'égal. Il se Aattoit même de l'em-
porter en courage sur le maré-
chal de Turenne , et en génie
sur Pascal. On prétend que lors-
i qu'il étoit à la Bastille, le Père
Nouet jésuite, son confesseur,
l'engagea à répondre «ux Provin-
tiales , et qu*il ne craignit pas de
se charger de ce travail ; mais il
fut bientôt obligé de l'abandon-
ner. On ne réfute les bonnes
plaisanteries qu'en en faisant de
meilleures. On a de lui : ï. Dw-
cours à ses enfans , sur le bon
usage des adversités , et sur les
Avers événemens de sa vU , in-y j
R A B 307
à. Paris, i^^J^* On y trouve des
réilexions utÛes sur la juste va-
leur des biens et des maux de la
vie. Mais il étoit plus facile de
faire des réflexions sur l'utilité
des disgrâces , que de les suppor-^
ter avec noblesse, IL Ses Mémoi^
res , en deux vol. in-4° , à Paris ,
1698, réimprimés à Amsterdam
en trois vol. in-4% avec plusieurs
pièces curieuses. Pour quelques
faits vrais et intéressans , on y
trouve ceut particularités dont
on ne se soucie pas ; le style en
fait le principal mérite ; il est
léger, pur et élégant. III. Des
Lettres, en 7 vol. in— 12, plu-
sieurs fois réimprimées. Elles ont
eu dîfnsjeur temps beaucoup de
réputation ; mais on y sent trop
qu'elles ont été faites pour être
publiques ; et quoique écrites en
général avec noblesse et avec cor-»
rection , elles ne plaisent guère
aux personnes d'un goût vérita-
blement délicat , qui préfèrent le
naturel à toutes ces grâces con-
traintes. IV. Histoire abrégée de
Louis le Grand , in- li, à Paris,
1699. Ce n'est presque qu'un pa-
né]»yrique , et il révolte d'autant
plus, que l'auteur écrîvoit cer-
tainement contre sa pensée. V. Des
Poésies , répandues dans ses Let*»
très et dans différens recueils ;
ses vers lâches 9 foibles, sansco*
loris , sont plutôt d'un bel esprit
qiie d'un poète. On n'estime guère
que ses Maximes d'amour , et
ses Epigrammes imitées de Mar^
tial,... Les Amours des Gaules ont
été imprimées en Hollande avec
d'autres Historiettes du temps ,
en deux vol. in-12 : et à Paris
sous le titre de Hollande , en cinq
petits volumes in-i 2. — Bussi^
Rabutifi avoit une fille religieuse
de la Visitation à Paris , ( Diane"
Charlotte, ) qui 9 ^seloa l'abbé
Lengl^t, écrivoit aussi bien que
V X •
)o8 R A C
son pèrci C'est d'elle que Ml^« de
Scudéri disoit en écrivant, à ce
dernier : « Votre fille , que je vois
•ouvent, a autant d'esprit que si
^lle vous voyoit tous tes jours ; et
elle est aussi sage que si elle ne
vous avoit jamais vu« » Nous
jivons de M"« de Bussi un Abrégé
de la Vie de Mad. de Chantai ,
1697, in-iî ; de St* François de
Sales « Î700 ^ in*- 1 2. — L'abbé de
Bussi son Frère , nommé évêque
de Luçcn en 17*3 , de l'académie
Françoise « étoit un prélat ingé-
nieux 9 savant et possédant l'nrt
de plafre. II mourut en ij3S ,
après avoir presque entièrement
renoncé aux sociétés dont il avoit
fait les délices. Je fie ^auroié , di-
foit>il 9 me résoudre à n'être plus
aimable. Je sens que je ne puis
plus Véire qu'avec effort m. ^l il
vaut mieux renoncer de bonne
gr<àée à ce qu'on ne peut faire
sans fatigue. Son 2;èle pour la
Bulle Unigenitus lui attira les
injures des Jansénistes qui lui re-
prochèrent trop souvent sa vie
mondaine, et se turent sur ses
bonnes qualitést
RACCHETTI , ( Bernard )
peintre Italien , né en 1689 ,
mort en 1702 , représentoit à
merveille rarchitectnre , et se dis*
tingua dans la perspective.
* I. RACINE , ( Jean ) né à ïa
Ferté-Milon le 21 décembre
1689 j d'une famille noble, fut
élevé à Port-Roj'ûl-des-Cbamps,
et il en fut l'élève le plus illustre,
Marie des Moulins sa grand-
mère 9 s'étoit retirée dans cette
solitude si célèbre et si persé-
cutée. Son goût dominant étoit
Î>our les Poètes tragiques. Il al-
oit souvent se perdre dans les
bois de l'abbaye , un Euripide à
la main : il cherchoit dès-lors à
Timiter* U «ncl^oit des livres y
R A c
pmir les dévorer à des heures \xH
dues. Le sacristain Claude Lan-*
celot , son maître dans l'étude dt
la langue grecque , lui brûla con-
sécutivement trois exemplaires
des Amours de Théagène et de
Chariclée , roman grec ^ qu'il
apprit par cœur à la 3* lectare»
Après avoir fait ses humanités ë
Port -Boy al , et sa philo'sophis
au collège d*Harcoutt , il débuta
dans le monde par une Ode sur
le mariage du roi. Cette pièce ,
intitulée la Nymphe de la Seine ^
lai valut une gratification de cent
louis et une pension de 600 liv*
Le ministre CoLbert obtint pouf
lui lune et l'autre de ces grâces*
Ce succès le détermina à la poé-
sie. En vain un de ses oncles ^
chanoine régulier et vicaire gé-
néral dUsès , l'appela dans cetts
ville pour lui résigner un riche
bénéfice , la voix du talent l'ap-»
peloit à Paris. Il s'y retira vers
1664 ) époque de sa première
pièce de théâtre. La Thébaïde
ou les Frères ennemis , c'est le
titre de cette tragédie , ne parut
à la vérité qu un coup d'essai aul
bons )uges ; mais ce coup d'essai
annonçoit un maître. Le mono-
logue de Jocaste dans le troi«
sième acte , l'entrevue des deux
frères dans le quatrième , et le
jrécit des combats dahs le der-
nier , furent un augure heureux
de son génie. Il traita cette pièce
dans le goût dé Corneille s mais,
né pour servir lui-même de mo- *
dèle , il quitta bientôt cette ma-
nière qui n'étoit pas la sienne.
La lecture des Romans avoit *
tourné les esprits du côté de Is
tendresse , et ce fut de ce côté-
là aussi qu'il tourna son génie—
Il donna son Alexandre en iM»
Cette tragédie improuvée paf
Corneille , qui dit à l'auteur qu'îi
Qvoit dié talent pour la^QéiU^
J
R AC
tudt non pas pour ïe Théâtre il
charma tout Paris. Les connois-
leurs la jugèrent plus sévèrement.
L'amour qui domine dans cette
pièce, na rien de tragique. Ale^
xandre y est presque éclipsé par
Parus ; et la versincation quoi-
que supérieure à celle de la TW— ■
haide, offre bien de la négligence,
Bacine portoit alors l'habit ec-
clésiastique , et ce fut à peu près
vers ce temps-là qu'il obtint le
prieuré d'Épinay ; mais il n'en
jouit pas long— temps. Ce béné-
fice lui fut disputé ; il n*en retira
pour tout fruit qu'un procès , que
ni lui ni ses juges n* entendirent
jamais : aussi abandonna-t-il et
le bénéfice et le procès. Il eut
bientôt un autre procès qui fit
plus de bruit. Le visionnaire Z>«-
maréts de Saint-Sorlin , poète ,
prophète, et fou sons ce double
titre , se signala par des rêveries
réfutées par Nicole, Ce célèbre
écrivain , dans la première de ses
Lettres contre cet insensé , traita
les poètes dramatiques é*empoi^
sonneurs , non des 'corps , mais
des âmes. Racine prit ce trait
pour lui ; il lança d'abord une
lettre contre ses anciens maîtres.
Elle étoit pleine d'esprit et de
grâces. Les Jésuites la mettoient
a côté des Lettres Provinciales g
et ce n étoit pas peu la louer.
Nicole négligea de répondre.;
nais Barbier éCAucour et Dubois
le firent pour lui. Racine leur ré-
pliqua par une Letti^e non moins
ingénieuse et aussi pleine de sel
que la première. Boileau , a qui
il la montra avant que de la ren«
dre pnbliqiie , lui dit en ami
sage : Cette Lettre fera honneur
à votre esprit , mais n en fera pas
à votre cœur. Vous attaquez des
Hommes d'un très-grand mérite ,
à qui vous devez une partie de ce
^ùc vous êtes,, Cette réponse fit
K À C )0>
impreision sur iZacm^^ qui sup^
prima sa seconde Lettre , et re-
tira tous Jes exemplaires delà
première.... Alexandre fut suivi
fX Andromaque , jouée en 1668;
cette pièce coûta la vie au célèbre
Montfieuri qui y représentoit le
rôle d'Oreste, A peine Racine
avoit-il 3oans; mais son ouvrage
annonçoit un homme consommé
dans l'art du théâtre. La terreur
et la pitié sont Tame de cette tra-
gédie. Aucun personnage épisow
dique ; l'intérêt principal n'est
presque jamais partagé , et le
lecteur n'y est pas refroidi. On yt
admira sur -tout le style noble
sans enflure, simple sans bas-«
sesse. Elle essuya cependant qneU'
ques critiques. On se plaignit
que Pyrrhus étoit trop emporté ^
trop farouche ; que la situation
violente à'Hermione faisoit trop
long -temps oublier Andromn-m
que , la héroîne«de la pièce , etc.
etc. ; et ces censures dictées eit
partie par l'envie et par l'igno-
rance , furent accueillies pen-
dant quelque temps. Le maréchal
de Créqui ct le comte d*Olonne .
disoient hautement qu'il n'y avoit
que du romanesque dans YAh'*
dromaque de Racine. Le maré-
chal passoit pour ne point aimer
les femmes, et le comte n'avoit
pas lieu de se louer de la ten— ,
dresse de la sienne. Le poète
oHensé fit là-dessus l'épigramme
suivante , qu'il s'adressoit à lui-
même:
Im vrsbatnblable tst cho^ 4iM ts
- ]>Cèc« f
SlToa «n croit et i'Olonnt tt Créfut»
Criqui tMt qM ffnku» aka» tiop ••
Mabrettei
B^Unnt y ^pfAndrtnaqt» tlflia trof
loa Mari.
Subtignf publia contre Andro^
naque, une. espèce de parodie ^
V3
y
/
310 R A C
intitulée : la "Folle querelle ^ co-
médie en prose 9 Paris , 1668 ,
in- 12. Mais cette sotte critique
d'un sot auteur , ne lit qu encou-
rager le grand homme si injuste-
ment censuré. C'est à quoi Boi-*
leau £t allusion dans la belle épi—
tre qu'il adressa à Racine :
Toi donc ^i t^élertoc sur U scène tra-
gique ,
Sais les pas de SophocU , et seul de tant
d'esprits »
De Carntille rieilU sais COnsoler Paris ,
Cesses de t'ëtonner si l*eiivie «minée >
Attachnnt à ton nom sa rouille envenimée f
Xa calomnie en main , quelquefois ft
' poursuit.
En cela comme en totit le Ciel qui nous
conduit ,
Jijeine , fait briller sa profbnde sagesse.
Le mérite en repos 8*cndort dans la
mollesse. >
Mais par les envieux un génie excité*
An comble de son art est quelquefois
monté.
Plus on veut TafibibUr , plus il cjott et
s*élanc/.
Au Cid persécuté , Cinna doit sa nais-
^ . sance $
Et peut-être ta plume aux censeurs de
Pytrhus ,
. Doit les plus nobles traits dont tu peignis
Burrhus,
Saint-Evremont , courtisan épi-
curien , qui s*étoit déclaré l'ar-
bitre du goût , fut encore un de
ceux qui critiquèrent Andromâ-^
t]ue, tragédie qui 9 après nii siècle
et demi de succès^^ fonit encore de
toute l'estime quelle mérite. An-
dromaque avoit annoncé à la
J^'iance un grande homniie ; la co-
médie des Plai4^furs \ 'jouée la
même année 9 annonça un très-
bel esprit. On vit dans cette pièce
des traits véritablement comi-
ques, du riditultr fîn\^'et saillant',
dés p]aisantenés''pleîfe'esdesel et
R A c
de goût. Malgré cela , les acteurs
furent presque siffles aux deux
premières représentations , et
n'osèrent hasarder la troisième.
Molière, quoique brouillé avec
Racine, n'adopta pas le jugement
des faux connoisseurs 9 et dit ea
sortant de la comédie : Que ceux \
qui se moqiioient des Plaideurs, i
méritoient quon se moquât d'eus.
La pièce jouée à la cour y fîit
très-applaudie, et Louis XIV y
rit beaucoup. Bientôt la ville
jugea commela cour. Ce qui flatta
sur-tout le parterre de Paris , ce
furent les allusions. On reconnut
dans le Juge qui veut toujours
juger, un président si passionné
pour sa profession , qu'il l'exer-
çoit dans son domestique. La dis^
pute entre la Comtesse et Chica^
neau , s'étoit réellement passée
entre la comtesse de Crissé Qixjiii
fameux plaideur, chez Boileau
le greffier. Le discours de ri«-
timé , qui dans la cause du cba<«
pon commence par un exorde
d'une Oraison de Cicéron , fut
pris sur le discours d'un avocat,
qui s'étoit servi du même exorde
dans la querelle d'un pâtissier
contre un boulanger.... Les P/at-
deurs étoient une imitation des
Guêpes ^'Aristophane. Mais JRa-
vine ne dut qu'à lui-même son
Britannicus , qui parut en 1670.
Il se surpassa dans cette pièce.
Nourri de la lecture de Tacite ,
il sut communiquer la foï'ce de
cet historien à sa versification et
à ses caractères. Ils sont tous
égaîemerit bien développés , éga-
.lement bien peints. Néron est un
monstre naissant , qui passe par
une gradation insensible de la
vertu au crime, et du crime aux
forfaits. Agrïppine n\ère de Né^
ron , est digne de son fils. Bar-
rhui est Un sage au milieu d'une
cour corjwmpue. Junte iutéressc j
»■
R AC
mais l'auteur lai fiait trop d'hon*^
neiir , en la peignant -comme u^ne
fille vertueuse.... Bérénice , jouée
Tannée d'après , soutint la gloire
du poète aux yeux du public, et
l'alFoiblit aux yeux des gens de
goût. Ce n*est <ju*une Pastorale
héroïque ; elle manque de ce su-
blime et de ce terrible , les deux
grands ressorts de la tragédie.
Elle est conduite avec art et avec
une certaine vivacité ; les senti-
niens en sont délicats , la versi-
fication élégante , noble, har-
monieuse : mais encore une fois ,
ce n'est point une Tragédie , en
prenant ce mot dans la rigueur
da terme. Titus n'est point un
béros Romain ; c'est un courti-
san de Versailles, Tout roule sur
ces trois mots de Suétone : In^
VITVS INriTAM DIMJSIT. Ce fut
Henriette d'Angleterre qui enga-
gea Racine et Corneille a tra-
vailler sur ce sujet. Elle vouloit
jouir non-seulement du plaisir de
voir lutter deux rivaux illustres ;
mais elle avoit encore en vue le
frein qu'elle-même avoit mis à
son propre penchant pour Louis
XIV, On prétend qu'un seigneur
ayant demandé au grand Condé
son sentiment sur cette tragédie ,
il ré{)ondit par ces deux vers pris
de la pièce môme :
Depais deux ans emien , chaque fom j«
la vois 9
Et croîs toujours la voir poar la pramièrc
fois.
Racine prit un essor plus élevé
en 1672, dans Bajazet» Le sujet
est la conspiration, du visir qui
^treprit de mettre sur le trône
Baiazét k la place d*Amurat son
frère. I*e caractère de ce visir
«H, suivant les connoisseurs , le
dernier efifort de l'esprit humain ,
et la beauté de la diction le relève
^cdre^pad unseulvers oadur^
R A C iit
Ofl foîble; pas un mot qui no
soit le mot propre ; jamais de su-*
blime hors d'oeuvre qui cesse
d'être sublime ; jamais de disser-«
tations étrangères au sujet ; tou«4
tes les convenances parfaitement
observées : enfm ce rôle est d'au-
tant plus admirable , qu'il se
trouve dans la seule tragédie oii
l'on pouvoit l'introduire , et qu'il
auroit été déplacé par>tout ail-
leurs. Le caractère d'Atalide ne
mérite pas moins d'éloges : la dé-«
licatesse de ses sentimens , les
combats de son cœur ^ ses crain-
tes , ses douleurs développent
mieux les replis de ]^ime que tous
nos romans, et 1 amour y est
peint avec plus d'énergie. Dans
le rôle de Roxane , la Rerté et
l'ambition viennent combattre
l'amour. Racine fut embarrassé
du choix d'une actrice pour ce
rôle. Il l'ôta et le donna succes-
sivement à la Champmélé et k
M}^^ d'Ennebaut ; ce qui le Ht
comparer à Pyrrhus , flottant
entre Andromaque et HernUone ^
et lui ht appliquer ces vers ;
La quitter, la reprendre , et retourner
encor
De la fiUe âfHéUne è la Tenve A^Htetor*
L'intérêt de Bajazet croit d'acte
en acte; tous sont pleins et liés.
Plusieurs morceaux respirent la
vigueur tragique. La première
scène est un modèle d'exposition,
et celles qui la suivent sont de9
modèles de style. Cette tragédie
obtint un très-grand succès. Mad.
de Sévigné écrivoit en sortant de-
la représentation : « Racine a
fait une pièce qui lève la paille^
M. de Tallard dit qu'elle est au-
tant au-dessus des pièces de Cor-^
neille , que celles de ce dernier
' sont au-dessus de celles de Boyer,^.
Mithridate , joué en 1673, est
plus dans le goût du grand Cor^
\ 4
^11 R A C
neille , quoique Tamour soît en^
core le principal ressort de cette
tragédie , et que cet amour y fasse
iaire des choses assez petites.
Jdithridate s'y sert d'un artifice
de comédie , pour surpretidre une
Jeune personne et lui faire dire
son secret. Voltaire a très-bien
remarqué que l'intrigue de cette
pièce est aussi propre à la co«
inédie qu'à la tragédie. Otez les
grands noms de Monarque, de
Guerrier et de Conquérant, Mi"
.ihridate n'est qu'un vieillard
amoureux d'une jeune fille: ses
deux iils en sont amoureux aussi ,
et il se sert d'une ruse assez basse
pour découvrir celui des deux qui
est aimé. C'est précisément l'in-
trigue deV Avare, Harpagon et le
Jioi de Pont sont deux vieillards
nmoureux ; l'un et l'autre ont
leur fils pour rival ; l'un et l'autre
se servent du même artifice pour
découvrir l'intelligence qui est
entre leur fils et Ipur maîtresse ;
et les deux pièces finissent par le
mariage du jeune homme. Mais
ce que cette tragédie a de défec-.
tueux est racheté par de grandes
beautés. Le rôle de Mithridaie est
en général beau et théâtral. Son
amour même est en quelque sorte
ennobli par les reproches qu'il
Se fait de sa foiblesse. Occupé de
sa haine pour Rome , grand dans
l'adversité, son caractère est très-
propre au théâtre ; car s'il n'avoit
paru qu amoureux, cette pièce
malgré l'élégance du style , n'au*«
roit été qu'un épithalame magni-
fique. Ce qu'on a dit des petits
ressorts employés dans la tragédie
de Mithridate , on peut le dire
encore de Britannicus , qui avoit
^té joué en 1669. Néron dans
cette pièce est un jeune homme
impétueux , /qui devient amou-
reux tout d'un coup \ qui dans le
moment v^ut se séparer d'avec sa
R AC
feflRBe , et se cache derrière vxfê
tapisserie pour écouter les di&-»
cours de sa maîtresse. Cette foi-
blesse de mettre de l'amour par-
tout , a dégradé presque tous les
héros de Racine. Titus , dans sa
Bérénice a un caractère mou et
efféminé. Alexandre le Grand ,
dans la pièce qui porte son nom ,
n'est occupé que de l'amour d'un»
petite Cléophile , dont le specta--
teur ne fait pas beaucoup de cas.
Voyez Campistron.... Iphigénie
ne parut que deux ans après Mi^
tkridate , en 1675; elle fit verser
des larmes plus qu'aucune pièce
de Hacine, ( Voyez Champmele. )
Les événemens y sont préparés
avec art , et enchaînés avec
adresse. Elle laisse dans le cœur
cette tristesse majestueuse , l'ame
de la tragédie. L'amour â* Achille
est moins une foiblesse qu'un de-
voir , parce qu'il a tous les carac'
tères de la tendresse conjugale.
« Javone , dit Voltaire , que je
regarde Iphigénie comme le chef- .
d'oeuvre de la scène. Veut-on de
la grandeur ? on la trouve dans
Achille , mais telle qu'il la faut
au théâtre , nécessaire , passion-
née, sans enflure, sans déclama-
tion. Veut- on de la vraie politi-
que? tout le r6\e d'Ulysse en est
plein ; et c'est une politique par-
faite , uniquement fondée sur
l'amour du bien public ; elle est
adroite , elle est noble , elle ne
disserte point , elle augmente la
terreur. Çlytemnestre est le mo-
dèle du grand pathétique ; IphU
génie celui de la simplicité noble
et intéressante ; Agàmemnon es^
tel qu'il doit être. Et quel style \
c'est là le vrai sublime. » Le Clerc
indigne rival d'un grand homme,
psa donner une Iphigénie dans te
même temps que celle de Racine:
mais la sienne mourut en nais-
sant; et celle du Sophocle "Prui*
À
r^
R Acr
rs vivra autant que le théâtre....
y avoit une faction violente
contre Bacine , et ce poète la
redoutoit. Il fit long-temps mys-
tère de sa Phèdre, Dès <jue la
cabaie acharnée contre lui leut
pénétré, elle invita Pradon, le
rimailleur Pradon , à traiter le
même sujet. Ce versificateur goàta
cette idée et lexécuta i en moins
de trois mois sa pièce fut ache-
vée. On joua celle de Racine le
i*"" janvier 1677, et deux jours
après celle de Pradon , qui ,
grâce à ses protecteurs et à leurs
indignes manœuvres , fut jugée
la meilleure. Les chefs de cette
cabale s'assembloient k l'hôtel de
Bouillon. Mad. des HouUères ,
le duc de Nevers , et d'autres
personnes de mérite, ne crai-.
gnirent pas d'y entrer. Les con--
noisseurs se taisoient et admi—
soient. Le grand jêrnauld, aussi
bon juge en littérature qu'en
théologie , ne trouva à repren-
dre que l'amour d^Hippolyte ,
at l'auteur lui répondit : Qu'aux-
Toient pensé les petits Mattres ,
s'il avoit été ennemi de toutes les
femmes ? Les deux Phèdres , de
Racine et de Pradon , sont d'a-
près celle d* Euripide. Vimitàtion
est à peu .près semblables : même
contexture, mêmes personnages ,
mêmes situations , marnes fonds
d'intérêt , de sentimens et de
pensées. Chez Pradon comme
chez Racine , Phèdre est amou-
reuse d'Hippotyte. Thésée est ab-
sent dans les premiers actes : on
la croit retenu aux Enfers avec
Pirithoùs. Hippoly te Aime Arcie,
*t veut la suivre ; il fait l'aveu
à» sa passion à son amante ^ et
*^çoit avec horreur la déclara-
tion' de Phèdre ; il meurt du
aème çenre de mort, et son
gouverneur fait un récit. Mais
*est lorsque ces deux auteurs se
R A C jif
rencontrent le plus pour le fond
des choses , qu'on remarque mieux
combien ils diffèrent pour la ma-
nière de les rendre. L'un est le
Rubens de la poésie , et l'antre
n'est qu'un plat barbouilleur*
Lorsque Phèdre , ce triomphe
de la versification francoise après
Athalie , fut imprimée , ses en-
nemis firent de nouveaux efforts.
Ds se hâtèrent de donner ime
édition fautive ; on gâta des
scènes entières ; on eut la noir-^
ceur de substituer aux vers les
plus heureux, des vers plats et
ridicules. Racine dégoûté par ces
indignités de la carrière du théâ^
tre, semée de tant d'épines,
résolut de se faire chartreux.
Son directeur en apprenant le
dessein qu'il avoit pris de renon-
cer au monde et à la comédie,
lui conseilla de s'arracher à ces
deux objets si séduisans , plutôt
p^r un mariage chrétien, que
par une entière retraite. Il épousa ,
quelques années après , la fille
d'un trésorier de France d'A*»
miens. Son épouse également
belle et vertueuse, fixa son cœur,
et lui fit goûter les délices d»
l'hymen ; délices pures, sans re-
pentir et sans remords. Ce fut
alors qu'il se réconcilia avec lea
Solitaires de Port-Hoyal , qui
n'avoient pas voulu le voir de-
puis qu'il s'étoit consacré au
théâtre. La môme année de son
mariage , en 1677, Racine
fut chargé d'écrire l'Histoire de
Louis XI y, conjointement avec
Boiteau, Au retour de la der-
nière campagne de cette année ,
le roi dit à ses deux historiens :
Je suis fâché que vous ne soyez
pas venus avec moi ; vous auriez
vu la guerre , et votre voyage
n'eût pas été long, "—Racine lui
répondit : Votre Majesté ne nous
a pas donné le temps ^e nousfgire
31^ R A C
roi le Voyant tin jour à la pi^
Bienade avec f/Lde Cavoye : VoUâ,
dtt^ii , deux hommes ifue je vois
souvent ensemble / j'en devine la
raison : Cavoye avec Racine se
croit bel esprit ; Racine avec Ca*
▼oye se croit courtisan. Les d^
Iknts de ce poëte furent efiFacés
en partie par de grandes qualités.
La religion réprima tous ses pen-
chant La raison , disoit Boileau
à ce sujet , conduit ordinairement
les autres à la foi ; mais c'est la
foi qui a conduit Racine à la rai^
son. Il eut sur la un de ses jours
une piété tendre, une probité
austère. 11 étoit bon père , bon
époux 9 bon parent, bon ami»..
< Voyez MoNVOYE. ) lyiais consi-
dérons-le à présent par les en-
droits qui l'i mm or tali son t.Voyona
dans cet écrivain rival des tragi««
ques Grecs pour l'intelligence des
passions , une élégance toujours
soutenue , une correction admi-
rable , la vérité la pins frap-
pante ; point , ou presque point
de déclamation : par- tout le lan-
fage du cœur et du sentiment ;
art de la versification , l'har-
monie et le» grâces de la poésie
portés au plus haut degré. C'est
le poëte après Virgile , qui a le
mieux entendu cette partie des
Ters ; et en cela, mais peut-être
en cela seul , il est supérieur à
Corneille. On ne trouve pas chez
lui comme dans un père de notre
théâtre, ces antithèses aflFectées,
ces négligences basses , ces li—
cences continuelles , cette obs-
curité , cette emphase , et enEn
ces phrases synonymes , oii la
mente pensée est p!us remaniée
que la division d'un sermon,
rfous remarquons ces défauts de
Corneille, pour servir de correctif
au parallèle que FonteneUe fait
de ce poète avec "Racine : paral-
lèle ingénieux ^anais quelquefois
R AC
trop fcvoiable à l'antenrife CûittiK
La Mothe a rendu plus de jnstice
à l'un et à l'autre dans les veri
snivans :
L*im pl«s par, Taticre plos sublime »
Tons deux partigent notre cttiiae «
Far «n mérite différent ;
Tov-à-tour ils now font cateadte
Ce que le coeor a* de plu^ tendce ,
Ce qM l'esprit a de plus grud«
Ce qui rendit Bacine supérieur a
Corneille dans les sujets qu'ils
traitèrent l'un et l'autre, c'est que
Bacine joignoit à un travail assidu
une grande connoissance des tra-
giques Grecs , et une étude con-
tinuelle de leurs beautés ^ de leur
langue et de la nôtre, n consuU
toit les juges les plus sévères ^ les
plus éclairés. H les écoutoit avec
docilité. Enfin il se faisoit gloire ,
ainsi que Boileau » d'être revêtu
des dépouilles des anciens. D avoit
formé son style sur le leur» « On
peut, dit "^...du Mo lard, réussir
peut-être mieux que lui dans les
catastrophes; on peut produire
plus de terreur, approfondir da-
vantage le sentiment , mettre de
plus grands mouvemens dans les
intrigues ; mais quiconque ne se
formera pas comme lui sur les
anciens , quiconque sur~tout n i-
mitera pas la pureté de leur style
^ et du sien , n'aura jamais de ré-
putation dans la postérité.» Noas
finirons ces remarques par le ju*
genient plein de délicatesse et de
vérité, qu'a por^âpur Bacine
le Franc de Pompi§^nan , dans
une lettre an digne fils de ce grand
homme. « Si le génie , dit-il , con-<
siste à pénétrer profondément les
objets et à les concevoir dans
toute leur étendue sans s'arrêter
à la surface,, à saisir vivement,
à rapprocher d'un coup d'oeil
leurs difierens rapports > à les
R A C
yosflëder de manière qii*ils pa-*
roissent pour ainsi dire créé»
dans 1 ame de celui qui se les ap-*
proprie , je reconnois le senti-
ment à ce caractère distinctif : il
« les mêmes propriétés : il pro-
duit les mêmes effets, quoique
sa sphère soit plus resserrée. On
pourroit donc conclure que B/7—
cine ayant eu le plus grand fonds
de sentiment , il est le plus grand
génie à cet égard. Horace , la
Fontaine , i^uinauU nétoient pas
d'aussi grands génies quJFfo-
mère, Virgile et Corneille; mais
c'étoient néanmoins des hommes
de génie, parce qu'ils avoient du
sentiment à un haut degré. Ra^
cine en avoit la plénitude : sa
prose et ses vers sont comme pé-
tris de cette faculté souple et dé-
licate , qui s'attache sous sa main
^ttx différentes matières qu'il
traite, qui les anime , les vivifie,
leur communique ce charme se-
cret qui intéresse , et cette cha<-
leur doute et continue dont il
ne faut pas chercher la source
dans des mou ve mens passagers
de tendresse ; mais dans le trésor
inépuisable d'un cœur naturelle-
ment sensible et fécond.... L'a-
monr n'inspire point le senti-
ment , mais le sentiment donne
du génie à l'amour... » Outre les
tragédies de Racine , nous avons
de lui : I. Des Cantiques qu'il fit
à Fusage de Saint-Cyr. lis sont
pleins d'onction et de douceur.
On en exécuta un devant le Roi ^
^ui à ces vers :
^ Mon Dittt , quelle guerre crnelic !
7c troare deux homjnes en mol i
4L*im veut que , plein d'amour pour toi 9
Je te soit sans cesse fidelle ;
I.*antre , à tes volontés rebelle 9
Me soulève contre tt loi*
dit à Mad. de Maintenon : « Ah t
Madame» voilà denx hommes qu»
R A c H7
|e connois bien.» 'Il* U Histoire
de Port-Royal^ 17671 » parties
in>i2 : le style de cet ouvrage est
coulant et historique , mais quel-
quefois négligéAlIL Une IdylU
sur la Paix» pleine de grandes
images et de peintures riantes.
IV. Quelques Epigratnmes di^e%
de Marot* « Je ne connois , écri-
voit Rrossetle à Rousseau , qua
trois personnes en France qui
ont réussi après Marot , dans le
genre épigrammatique» Ces trois
personnes sont Despréaux ^ ii^-
cine et vous. » Mais il faut avouer
qu'en lisant les épigrammes à%
Èoileau, on trouve qu'il en a
trop fait ; et en < lisant celles de
Racine, qu'il n'en a pas fait assez.
V. Des Lettres et quelques opus^
cules , publiées par son fils dan»
ses Mémoires de la Vie de Jeaik
Racine, '747 9 * volum. in-ia*
{Voyez I. Platon à la fin.) On
trouve les différens ouvrages de
Racine dans l'édition de ses Œu-*
vres, publiée en 1768 , en 7 vol.
in- 8°, par Luneau de Roisjer^
main , qui l'a enrichie de remar-*
ques. Les éditions de Londres ^
1723 , 2 vol. in-40 , et de Paris ,
1765,3 vol. in-40, ainsi que celle
de Didot l'aîné , 1783 , 3 volum.
in-4° ou in-8® , et 5 vol. in- 16 ,
sont très -belles , mais moins
complètes. Roileau orna le por-
trait de son illustre ami de ces
quatre vers :
Du Théâtre François l'honneur et le
merveille »
U sut ressusciter Sophocle eti ses écrits y
Et dans l'art d'enchanter les coKurs et les
fsprics 1'
Surpasser Muripid», tt balancer ComeilU0
L'Abbé d^Olivet donna des B<f-
marques de Grammaire sur Râ^
cine 9 avec une Lettre critique sur
la rime adressée à M. le président
Bûuhicr, in«x2 ^ à Paris » 17 99.
3iS R A C
L*année 5ui\[ante l'abbë des Fo7t**
iaines opposa à cet écrit : Racine
vengé, ou Examen des Remarques
grammaticales d$ M. l'abbé é£0~
livet sur les Œt^yres de Racine ,
à Avignon, (Paris) in- 12. Ces
deux écrits naéritent d'être lus.
Celui de l'abbé d'OUvec a été
réimprimé en 1766. Mad. de Ro^
maneù, veuve de Racine, dont il
avoit eu deux (ils et trois filles ,
mourut à Baris au mois de no-
vembre 17 Sa.
^ II. RACINE, (Louis) fils du
précédent , naquit à Paris en
1692. Ayant per4u son père de
bonne heure , il demanda des
avis à Roileau qui lui conseilla
de ne pas s'appliquer à la poésie,
mais son penchant pour les Mu-
ses Tentraîna. H donna en 1720
le poëme de la Grâce, écrit avec
açsez de pureté , et dans lequel
on trouve plusieurs vers heureux.
U le composa chez les Pères de
l'Oratoire de Notre-Dame-des-
iVertns, oii il s'étoit retiré après
avoir embrassé l'état ecclésiasti-
que. Les chagrins que son père
avoit essuyés à la cour , lui fai-
soient redouter ce séjour; mais
le chancelier d'Aguesseau réussit
pendant son exil à Fresnes , à le
réconcilier avec le monde qu'il
avoit quitté. Il se fit des protec-*
teurs qui contribuèrent à sa for*-
tune. Le cardinal de Fleury qui
avoit con/in son père , lui pro-
cura un emploi dans les finances ;
et il coula dès-lors des jours tran-
j|[uilles et fortunés , avec une
épouse qui faisoit son bonheur.
Un fils unique , fruit de leur
union , jeune homme qui donnoit
Se grandes espérances , périt mal-
lieureusement dans l'inondation
de Cadix im 1755. Son père vive-
ment affligé de cette perte j ne
traîna plus qu'une vie triste y et
R A c
mourut dans de grands sentimens
de religion le 29 janvier 1763 ,
k ji ans. L'académie des Inscrip-» ^
tions le comptoit parmi ses mem-
bres. Ce poëte faisoit honneur à
l'humanité : bon citoyen , boa
époux , père tendre , fidelle à
l'amitié , reconnoissant envers
ses bienfaic teurs. La candeur ré-
gnoit dans son caractère et la po-
litesse dans ses manières, malgré
les distractions auxquelles il étoit
sujet. U étoit sur-tout fort mo-
deste. H se fit peihdre les Œuvres \
de son père à la main , et le regard |
fixé sur ce vers de Phèdre : j
Et moi , fils incoimn â*tui ti gioricvx
porc ...
Pénétré de la vérité du Christia-
nisme , il en remplissoit les de-
voirs avec exactitude. Son air
étoit froid et sa physionomie n'é-
toit pas revenante. Aussi "M.» Robe
disoit-il : « C'est un saint qui -
a la figure d'un réprouvé.» On a
de lui des Œuvres diverses , en€
vol. in-i 2. On trouve dans ce re-
cueil : I. Son Poème sur la Reli-
gion , imprimé séparément in-8*
et in-12; cet ouvrage offre les
grâces de la vérité et de la poésie.
U n'y a point de chant qui ne
renferme des traits excellens et
un grand nombre de beaux vers.
La justesse du dessin , l'heureuse
disposition des parties, la no-
blesse des images , la vérité des
couleurs , le rendent aussi te-
commandâble que le mérite de Is
difficulté vaincue, et le choix in-
téressant des plus belles pensées
de Pascal et de Bossuet, L'auteur
les a mises en vers, en hoinmt
qui connoissoit parfaitement«ce
qu'exige l'exactitude théolo^n'que
et le génie de la versification. Mais
il ne se soutient pas , et il règne
dans son poème une monotonie
qui le rend quelquefois languis-j
R A C
imt On a cependant trop d^
primé cet ouvrage dans ces der--
nierj tenips. « Pour lui rendre
justice , dît on critique y cb n'est
pas assez d'être liomme d'esprit ,
il faut être un peu théo](%ien. Il
faut connoitre sa religion , et
s'est ce que certains beaux esprits
ignorent. Ce n'est pas que je croie
que Racine ait fait un ouvrage
paffait. Son début est triste et
prosaïque ; certains détails do-
manderoient plus de chaleur et
d'élévation. Chaque chant auroit
pn offrir un épisode sublime ou
touchant à la manière des Géor^
giques , ou sur le modèle de Lu-
crèccT» Mais son poème tel qu'il
est, paroît cependant le meilleur
de tons ceux qui ont été faits sur
le même sujet. Il n'a pas été e^
face par celui de la Religioa ven,"
gée du cardinal de Bernis , pu-
blié à Parme après sa mort* Deux
élégantes traductions en vers ita-
liens ont naturalisé le poème de
Racine en Italie ; et elles ont été
suivies d'une autre en vers latins
par l'abbé Jacques Marzettu
Celle ci a été publiée à Rome chez
PouZ Zunchi en 1797. On voit
en lisant Racine le fils , qu'il et oit
plein des auteurs anciens , sacrés
et profanes. On lui a reproché
ilavoir appliqué à J. C. des vers
que Tibulle adressoit à sa maî-
tresse. 11 est vrai qu'il avoit fait
graver au bas de son crucifix ces
vers du poète Latin :
T* sfeeiem % suprtma ntihichm ycntrit hora.
Te ttntam moriens , déficiente manu,
« Que ta Croik danv mes mains soit è ma
dernière heure »
Et que les yenx sur toi , je t*embrasse
et je meure. >•
Mais il croyoit pouvoir sanctifier
des vers profanes , en les adap-
tant à des sentimens sacrés dont
8on cœur ^toit pénétré. II* Son
R A c
319
Poëme sur la Grâce qu'on trouve
à la suite du précédent , lui est
inférieur pour la justesse du plan
et les charmes de l'expression*
« En traitant le sujet de la Grâce y
il a ) dit-on , trop souvent man-«
que de grâces. » Ce sujet étant
très— sérieux et ayant besoin d'i—
m^es pour délasser le lecteur^
le poète auroit pu y faire entrer
quelques histotres frappantes , ti-
rées de la Bible où des Pères de
l'église. Un poème didactique sur
une matière abstraite , ne peut
se faire pardohner son aridité
qu'à la faveur de quelques écarts
et des épisodes. III. Des Odes^
recommandables par la richesse
des rimes ^ la noblesse des peu-*
sées et la justesse des expressions»
Quoiqu'elles soient sur le vrai ton
de ce genre , on souhaiteroil d'y
rencontrer plus souvent le feu de
Rousseau, IV. Des Epîtres , qui
renferment quelques réflexions
judicieuses. Sa poésie est élé-
gante ; mais il n'y a aucun trait
bien frappant, et elle manqua
en général de chaleur et de colo-«
ris. V. Des Réflexions sur la
Poésie, qu'on a lues avec plai-
sir 5 quoiqu'il n'y ait rien d'abso-
lument neuf et de bien profond.
VI,. Les Mémoires sur la Vie de
Jean Racine, imprimés séparé-
ment en 2 vol. in-i 2. Ils sont cu-
rieux et intéressans pour ceux
qui aiment l'histoire .littéraire.
S'il y a quelques minuties , on
doit les pardonner à 4in fils qui
parle de son père , et d'un père
si illustre. C'est donc à tort que
Piron disoit qu'*/ avoit imité
Cham , qui révéla les turpitudes
de son père. Rien de ce qu'il dit
de lui ne peut, en donner une
mauvaise idée. Nous avons en-
core de cet auteur deux ouvrages
médiocres : I. Remarques sur les
Tragédies de Jean Racine , en
310 R A C
3 vol. in- 12. Cest une eritiqne
IFoluminense ; on a reproché à
l'anteur de man^ier d'élévation ,
«l'asage du théâtre et de connois-»
sance da coeur humain. Il y a
pourtant quelques réflexions ju-
dicieuses, il. Une TraducHon du
Paradis perduâe Milton , en trois
vol. in- 8*^, chargée de notes. Elle
est en quelques endroits plus
fidelle que celle de M. Dupré de
SairU^Maur ; mais on n*y sent
point comme dans celle-ci l'en-
thousiasme de Y Homère Anglois.
Le traducteur écrit trop languis—
samment, pour ne pas a£foiblir
les traits sublimes de ce chantre
de nos premiers Pères. On peut
▼oir dans les Journaux le parai—
^ lèle de ces deux versions ; il n'est
point à l'avantage de Racine»
RACLE , ( Léonard) archi-
tecte, né à Dijon et mort à Pont-
de- Vaux en 1792, parvint à force
de travail et d'études à surmonter
la détresse dans laquelle il se
trouva dans sa jeunesse , et à tirer
son nom de l'obscurité. On lui
doit le port de Versoix et le ca-
nal de navigation qui joint la ri-
vière de la Heyssouze à la Saône.
En 1 786 , Racle obtint le prix de
l'académie de Toulouse 9 par un
savant Mémoire sur la construc-
tion d'un pont de fer d'une seule
arche dé 400 pieds d'ouverture.
Il en a écrit d'autres sur les pro-
priétés de la cycloïde, sur les
moyens de régulariser le cours du
Rhône et de la rivière d'Ain. Il
avoit trouvé le secret d'une terre
cuite , propre à revêtir les mu-
railles et les parquets, et que
Voltaire avoit appelée Argile-^
marbre , parce qu'elle avoit l'é-
clat et la solidité de ce dernier.
Ami intime de ce poète philo-
sophe qui lui fit bâtir Ferney ,
Ha<?fe reçut^de l'impératrice de
R AD
Russie Cathetîne 11, la propd^
sition d'un sort brillant dan^soil
ertpire ; mais il préféra jouit
dans sa patrie de l'estime publi^uo
et de la médiocrité.
I. RADCLIFFE , ( Alexandre J
poëte Anglois , abaudonna lei
profession des armes pour cuU
tiver les Muses. Il est mort à la
fin du 17* siècle, après. awit
publié un poëme intitulé , Nou^
celles de L* Enfer , et avoir mii
en vers burlesques les Ëpitrel
^Ovide.
II. RADCLIFFE, (Anne)
Angloise , d'est rendue célèbre
par ses romans et son imagina-
tion sombre et tragique. Us ont
presque tous été traduits en
françois ^ et ont pour titre : Lts
Mystères d'Udolphe ; ^ Italien
ou le Con/essional des^PénitenS
noirs; Julia ou les Souterrains
du château de Mazùni / la Forêt
ou r Abbaye de Saint-Clair , etc*
M. l'abbé Morellet est le tra-
ducteur de quelques-uns. En gé-
néral, la terreur y est bien son-
tenue et le merveilleux assei
adroitement amené ; mais les
descriptions y sont trop prodi-
guées et s y répètent ; leur lec-
ture peut effrayer l'esprit , rare-
ment émouvoir le cœur. Lenf
auteur est mort en 1800.
* RADEMAKER» (Abraham)
peintre Hollandois, né à Ams-
terdam, excella dans les paysages*
Ses dessins sont d'un effet très-
piquant , riares et des plus pré-
cieux. Il mourut à Harlem en
173», âgé de 60 ans. -^ Gérard
RADRMAKi^R SOU ancétre , né en
1 663 , fiit hin des meilleurs pein-
tres de récale Flamande pour
l'architecture et la perspective.
RAI>ONVILLIERS, (Claude-
François -Lidarde) membre d*
l'acadéinie
R A G
tfcàâémic Françoise , naqnit à
Paris le 20 avril 1709 ^ embrassa
l'état ecclésiastique et devint sous-
précepteur des en fans de France.
Plus distingué par ses bonnes
actions que par ses écrits , il
donnoit presque tout son revenu
aux pauy^es.' Ennemi des prin-
cipes de Voltaire , et se trouvant
directeur de lacadémie au mo-
ment où ce dernier y fut rem-
placé par M. Duels , il se plut à
blâmer le premier d'avoir cherché
par la licence de quelques-uns de
ses ouvrages , une triste célébrité
(^ue Racine et Despréaux avaient
dédaignée. On doit à l'abbé de
Kadonvilliers . un Essai sur la
manière d'apprendre les langues,
1768^ in— ï2 , et une comédie
intitulée Les Talens inutiles, qui
I fat )ouée au collège de Louis le
; Grand. Il est mort à Paris le 20
avril 1789.
RAGGl, (Antoine) sculpteur
habile, mort en 1 68 S, é toit né
4ans le bailliage de Lugano.
IL RAINALDl, (Jérôme)
Architecte habile , né en 1 570 ,
mort à Rome en i655, acheva
lé Capitole , et construisit divers
beaux édifices à Rome, à Milan ^
• Parme, etc. —Son fils Charles,
iié en ï6ix et mort en 1641 ^
iïiarcha sur ses traces.
•RAINAUD, (N.) prédicat
uwr célèbre, naquit sous le beau
.fiel d'Hières en Provence et mou-
rut à Paris en 1790, à Fâge de
^5 ans. Entré dans la congréga-»
tion de lX)ratoire , il s'y distin-
|tta bientôt par ses vertus , sa
«iodestie et sur^tout son talent
pour la chaire. Une éloquence
douce et persuasive , iin organe
flatteur, une physionomie pleine
^8 candeur et d'expression atti»
lèrent à ses discours une foiUd
$UPPL. Tome III.
RAM }it
éVudlteurs et las suffrages dei
hommes de goût. Celui sur le»
spectacles passoit pour son chef-i
d'oeuvre. Il en avoit retouché dix-
neuf autres dans lee derniers
jours de sa vie ; mais il ne voui
lut jamais permettre qu'on les
publiât. On ne sait qui les pos-
sède , et ils feront peut-être uU;
jour la célébrité de celui qui ea
profitera. Louis XK" nomma Rai-m
naud à deux évôchés qu'il re*»
fusa ; ce qui fit dire au mo-
narque qu'il n'avoit jamais trouvd
dans le clergé un homme qui eût
refusé deux fois d'être riche 1 1.
indépendant.
RAISIN, ( Jean^Baptiste )=
célèbre acteur François, né k
Troyes en i 6 5 6 , d'un orga-
niste, mort en 1693, à 40 ans^
réussissoit dans la société par son
esprit, et sur le théâtre par son
jeu vrai et natitrel. —Son frèr*
Jacques RjitsiN, acteur tragique
et comique, mort en 1694, fit
jouer trois comédies qui n'ont
point été imprimées, et qui onte-
pour titre : Merlin Gascon , le-
Faux Gascon, et U Niais de^
Sologne.
RALPHË , (Jacques) poët»
Anglois , mort en 1762, a pu-
blié une Histoire d'Angleterre ^
un Poëme de la nuit, et plusieurs
autres poésies. Pope qui ne l'ai-r
moit pas , l'a placé dans ^
Dunciade.
R AMBEAtJD de Vachibres ^
célèbre troubadour Profençal ,
né dans la principauté d'Orange ,
se Et chérir par ses taJens d«.
Guillaume de Baux prince d'O-
range , et du marquis de Mont^
ferrât qui le fit chevalier. Eper-
du ment épris de BéAtrix sœur
du marquis-, il la chanta dans
«^ jSir9€nt$s ^ et lui cpnsacira \u|
X
)li K AU
petit pbême plein de naïveté et
de ^aces 9 intitulé : Xm Caros»
M suivit en 1 104 sen protecteur
dnns son expédition de la Terr^
âflinte ; et celui-ci lui dohna le
gouvernement de Salonique qu il
veiioct de prendre sur les Turcs.
Isa pièce du poète sur cette croi-
snde respire l'ardeur guerrière et
Tenthôusiasme du temps.
RÀMPALE, (N.) a donné
an théâtre en i63o, Bélinde ,
tragi-comédie; et Dorothée.
Elles ne s'élùvent pas même à la
médiocrité.
IIL RAMSAY, C Alain) né
i^ 169^8 Peèbles. en £cosse ,
mort en 17^3, commença sa
carrière par être garçon barbier.
Xa vivacité dé ses saillies lui ftt
conseiller de s'attacher à l'art
dramatique , et il y réussit. Sa
meilleure pièce est la Pastorale
du Gentil Berger. On lui doit
encore un recueil de Poésies fu-
gitii^es agréables et spirituelles.
-^-11 y a en du même nom un
peintre de portraits , mort à
JDouvres en 1734» à 71 ans,
qui joignoit au mérite Je la pein-,
ture celui de raisonner et d'écrire
nir la politique.
* RANGÉ, (Dom Àrniand-
7ean le Bouthillier de) né à Paris
le 9 janvier i6a6 , étoit neveu de
Claude le Bouthillier de Cha^^
vigni secrétaire d'état et surin-
tendant des finances. Il fit pa-
roître dès s6n enfance de si
betiretfses dispositions pour leS'
belles-lettres , que dès l'âge de
douze à treize Bn6, à Taide de
«on précepteur , il publia une
nouvelle édition des Poésies d'yi-
nacréon , en grec ; avec des notes,
i 63q , ih-^8.** Il devint chanoine
de Nôtre— Dame de Paris , et
^int plusienr» abba);es. 2}e«
R AN
belles-lettres il passa à la théo*
logie , et prit ses degrés en Sor-
bonne avec -la plus grande dis-
tinction. Il fut reçu docteur en
1654. Le cours de ses études fini,'
il entra dans le monde, et s'y
livra à toutes ses passions , et
sur— tout à celle de Tan^itr. Oh
veut même qu'elle ait occasionné
sa conversion. On dit que l'abbé
de Rancé, au retour d'un voyage^
allant voir sa maîtresse dont il
ignoroit la mort, monta par nn
escalier dérobé , et qu'étant entré
dans l'appartement , il trouva sa
tête dans un plat : ou l'a voit se-
parée ' du corps , parce que le
cercueil de plomb qu'on avoit
fait faire ^ étoit trop petit. Voyez
les VitritdhLes. motifs de la con»
version dé l'abbé de Rahcé, par
Daniel de la Roque , Cologne,
168 5, in-ia. D'autres préten-
dent , que son aversion pour -le
monde fut causée par ia mort on
par les disgrâces de quelques-nns
de ses amis , ou par le bonheur
d'être sorti sans aucun mal de
plusieurs grands périls: les balles
d'im fusil qui dévoient naturelle-
ment le percer, ayant donné dans
le fer de sa gibecière : il y a ap-
parence que tous ces motifs réu-
nis, contribuèrent à son change-
ment de vie. Du moment qu'il le
pYojetà, il ne parut pliis à la cour.
Retiré dans sa terre de Veret au-
près de Tours , il consulta le«
évêqUes d'Aleth, de Pamiers e";
de Cominges. Leurs avis lurent
difFérens ; celui du dernier fut
d'embrasser l'état monastique. Le
cloître ne luLplaisoit point alors:
mais, après de mûres réflexions,
il se détermina à y entrer. Il vendit
sa terre de Veret 3oo mille livres ,
pour les donner à l'Hôtel-Dlea
de Paris; et ne conserva de ton«
.«es bénéfices que le prieuré àe
Boulogne de l'ordre d« Graai«
RA N
{66nt ; et son abbeye de là iffflpi^d
tfé l'ordre de Citeauk. Les rell-
jf;ieuî de ce monastère V vivoient
dans le dérèglement. L'abbé àe
Rancé, tônt rempli de ses pro**
jets de retraite, detaïinde au roi
et obtient im brevet pour pou-
voir y établir la téforme. Il prend
ensuite Fhabit régtdier dans )'ab>«
baye de Perseiglie^ est admis au
iioviciât eh i663 , et fait pro^
feS3ion l'année d'après'^ âgé de
i% ans. La conr de Rome lui
ayant accordé des expéditions
]pour rétablir Taustérité dans son
abbaye , il exborta si vivement/seà
fHigieux , que la plupart embras*
lèrent la nouvelle règle. L'abbé
de Rancé eût voulu faire danS
tons }es monastères de Tordre de
Citeailix ce (ju'il avoit fait dan^
le sien ( mais ses soins furent
inutiles^ K*ayant pu étendre la
informe ) il s'appliqua à lui fairer
j^ter de profondes racines à la
Trappe. Ce monastère reprit en
etet Une nouvelle vie. Conti*
tinellôment consa<brés au travail
des màinà , ' à ' là prièïte et aux
austérités les plus effrayantes,
les religieux y retracèrent l'image
des anciens solitaires de la Thé*
baîde. Ce monastère fit sentir
fton-S'seubîment aux coeurs let
plus tièdes , {usqu^à quel point
tne foi vive et ardente peut noui
rendre chères les privations les
Jïlns rigoureuses ; « mais il offrit
^n simple philosophe , dit é*A^
îenthert, une matière intéressante
de . réflexions prfofortdes sar le
, toéant de raittbitidnetdé la gloire^
les consolations de la retraite,
*t le bonheur de l'obscUrité. >»
Le réformateur des religieux de
h» Trappe, voulant les (^étachef
entièrement déé choses terres-t
très, les prrva des amusemens
î^s plus permis. L'étude leur fut
Interdite ; ki leeturc de l'Écris
R A K |i}
i
tbre^ainte et de quelques ïraV*
tés de morale , voilà toute It
science qu'il dlsoit leur convenir*
Pour appuyer son idée , il publia
son Tmité de U trUnieié et det
devoirs ^e l'étal Monastùjuê .•
ouvrage qui causa une disputa
entre l'austère réformateur , et
le doux et savant MABiLLOW^
Cette guerre ayant été calmée^
il fallnt qu'il en soutint une autra
avec les partisans d'Amauld» U
écrivit sur la mort de cet homma
illustre, une I«ettre à l'abbé Ni^
Cuise , dans laquelle il se per«
itaettoit des réflexions qui dé<4
plui^ent. Enfin; disoit-^il, voiià
M. Artiateld mort; après avoir
potaéé Bà àarrière aiasi lom ^u*U
a ptL^ il a fallu qu^elie st soiï
terminée^ Quoi qu'on dise , ^9Uà
bien des questions finies, La U<4
berté qu'il se d^nna de reoevoit
des religieux des autrer otdret
{presque toofours malgré lewi
supérieurs ) lui fit tin grand ti6mi
bre d'ennemis, d'autant plus qu'il
avoit peint avec des traits fort
vifs la corruption des ilatres clol^
très et la perfection du sicm
L'abbé de la 'Trappe, accablé
d'infirmités, crut devoir se dé^
Mettre de s/on abbaye^ Le roi lui
laissa le choix du sufet, et il
y^omma Dom Zosime , qui mo^m
TUt peu de temps après. Dont
Oervaùte qui lui succéda , mit
le trouble dans la maison de la
frappe. Il inspirôit^ux religieux
iin nouvel esprit , t>pp09é h celui
de l'ancien a1>bé , qui ayant trouvé
ie moyen d'obtenir sa démisaion^
4e fit remettre entre les muina
tltt roi. Le houvel abbé , surptia
etirfité , courut à la Cour, noir**
cit l'abbé de Bancé ; mats malgré
ses manoeuvres , Dom Jutiques de
la Cour obtint sa place* La paix
ayant été re'ndue à la Trappe, le
- pieux réformateur mourut ^rjuiq
Al %
514 R A N
fttille, le 26 octobre {700 9 à
74 ans. Il expira couché sur la
cendre et dur la paille ^ en pré^
•ence de l'évêque de Séès et an
toute sa communauté. Lorsqu'il
fut près de rendre le^ derniers
soupirs, on lui présenta un cru<:
cifîx, qu'il embrassa avec tous
' les senti mens de la piété la plus
tendre. 11 baisa l'image du Christ
«t la tète de mort placée au pied
de la croix. En remettant ce
$i^ne respectable entre les mains
d'un religieux 9 il remarqua qu'il
t^aisoit l'image du crucifix sans
baiser la tête de mort ; il lui. dit
avec vivacité » Pourquoi ne bai*»
9e%-'Vous pas cette tête 2 Baise z^
inof^ Père ., baisez sans peine
Timage de la mort , dont vous.
ue. devez pa$ craindre la réalilé*
Ce religieux^ regarda cet ordrQ
comme- un avertissement de sa
tnort prochaine. En e£Fet , ^1
mourut peu de temps apr^s.
Jb-abbé- de Bancé pq^sédolt de
grandes qualités , un zèle at;r*
dent^ une piété éclairée 9 uns
SacilitfiL extrême à s'énoncer et à
iècrire. Son «tyle est noble y pur ^
élégant ; mais il n'est pas assez
précis. Il né prend qiie.la £eur
ides sujets ^ et il est beaaçpup
taoins profond que. Nito^ et
-JSourdaloue. L'ambition avoit été
sa grande passion avant son chapr
4^ement de vie ; il tourna ce feu
«[ui le dévoroit , du côté (Je Dieu ;'
mais il ne put pas se. détacher
entièrement de ses anciens .amis.
11 dirigeoit un grand nombirç de
^jersonnes de qualité 4 et les let-
tres qu'il écrivoit continuelle-^
ment en réponse aux lefirs , oc-
cupèrent une partie de sa vie.
On a dit « qu'il s'étoit dispensé,
comme législateur, de la loi
.qui force ceux qui vivent dans
le tombeau de la Trappe , d'i-
'^norer ce qui se pAs&e sur k
R A N
terre ; v mais on peut dire p(Wf
l'excuser , que sa place lobli-
geoit à ces relations , et qu'il
s en servit souvent pour ramener
les personnes du monde dans la
voie du salut. On ne. peut cepen*»
dant s'empêcher de reconnoîtra
dans ses démarches les plus loua*
blés un air d'ostentation que la
piété modeste évite ordinaire-
ment avec soin. Ses amis et lui
Toulant trop occuper le public
de la Trappe , firent graver tout
ce qui concernoit les bâtimens,
les travaux , les exercices de ce
monastère. On peignit, on grava
l'abbé f et l'on frappa des mé-
dailles en son honneur. On a de
lui : L Une Traduction françoist
des Œuvres, de St, Dorothée ,
1686 , in-8.? H. Explication sur
la Règle de Si-^Benott , in-12.
III. Abrégé des obligation^ des
' Chrétiens^ IV. Réfiexions morales
sur les quatre Evangiles^ 4 vol.
in— 1 2 ; et ù:^. Conférences sur le
même sujet., aussi en quatre vol.
V. Instructions et Maximes ,
in— 12. VI.. Conduite Chrétienne ,
composée pour Mad. de Guise ,
in-i 2. VII. Un jgrand nombre de
Lettres Spirituelles , en 2 vol.
in-i2. Elles ne renferment pas,
a beaucoup près, toutes celles
qu'il a écrites. Il étoit en rela-
tion avec un grand nombre d'é-
crivains, « et il ne manquoit pas,
dit d'AvrigJÙ , de les payer d'un
compliment fort gracieux, lors-
qu'ils lui envoyoient leui-s ou-
vrages. » y m. Plusieurs EcrlU
au sujet des études^' monastiques.
IX.Râl^t^ons de la vie et de la
mort de quelques Religieux de Ut
Trappe a en 4 vol. in- 12, aux-
quels on ent a ensuite ajouté
deux. X. Les Constitutions et Ut
Réglemens de, l'Abbaye de la
Trappe , 1701,2 vol. in- 1 %»
XL, Èe la. S4Ùal€,té 4es devoirs ^
R A N
fétat Monastique , i683 ,• i vol.
in-40 ; avec des Eclairais s emens
sur ce livre, i655 , 111—4.°....
Voyez les Vies de l'abbé de
Jiancé, composées par Maupeou,
par MarsoUier , et par Dom le
iVaw. Consultez aussi V Apologie
de Bancé par Dom Gervaise ,
«outre ce qu'en dit Dom Vincent
Tkuillier ^ dans son Histoire de
la contestation excitée au sujet
-des études monastiques, au tom«
premier des Œuvres posthumes
de Thierri Ruinart et Jean Ma-^
hillon. Il y a Quelques bonnes
réflexions dans cette Apologie,
mais trop de hauteur et de viva-
cité. Voyez III. Nbvbrs.
* RANDOLPH , ( Thomas )
'r poète Angîois , natif de la pro-
I vince de Northampton , mort en
1634, c^^ auteur de diverses
jPoé^ies qui ne lui ont mérité
qne la seconde ou la troisième
place sur le Parnasse Britan-
nique. Il faisoit des vers à dix ans ;
Ben' Johnson surpris de ses talens
précoces , l'avoit adopté. — L'un
. de ses ancêtres , nommé aussi
Tkomar» fut employé par la
reine Elizabeth dans diverses am-
bassades 9 et mourut en 1 690 »
à l'âge de soixante ans , après
avoir publié une Relation de la
Russie.
RAON, (Jean) sculpteur Pa-
risien, mort en 1707, à 77 ans,
orna de ses statues les jardins de
iVersailles.
RAOULT , ( Guillaume ) né
• Rouen, quitta sa patrie pour
•lier en Russie , où il devint pro»*
fesseur de belles-lettres Fran—
çoises à Moscovr. Il est mort de-
puis quelques années. On a de
lui : I. La Traduetion d'une Dis-
tertation d'JEpinus sur la distri-
jbutlto de la chaleur sur le ^kib»
RAT 3tf
de la terre , 17^2 , in- 4." II. Di-
vers Discours latins et des Vert
françois sur le retour de la paix,
la mort du duc â'OrUans et lei
événemens du temps.
RASTALL, (Jean) savant
imprimeur Anglois, étoit beau-*
frère de Tfiomas Morus, Versé
dans la connoissance des matJié*
matiques , de la jurisprudence et
de l'histoire, il a fait plusieurs
ouvrages et en a imprimé un plut
grand nombre. Il est auteur d'une
sorte de drame extraordinaire^
oh les interlocuteurs font la des-
cription de l'Eur'ope , de l'Asie et
de l'Afrique. Il est mort en 1 536 ^
en laissant un fils, Gu^illaume^
Rastall m qui a marché sur se»
traces , est devenu l'un des juget
du banc du roi, et a publié un
Abrégé des lois d'Angleterre.
RATDOLT, (Erard) célèbre
imprimeur Allemand, né à Augs-
bourg dans le quinzième siècle ,*
alla s'établir à Venise. L'art typo-
graphique lui dut plusieurs inno-
vations utiles, i.o Le premier , il
plaça un frontispice ou titre k
la tête des volumes , et y mît I9
nom d^ l'imprimeur etdu libraire,
ainsi que la date de Tiropression.
2.0 Le premier, il inséra dans
le corps de l'ouvrage des figures'
de mathématiques gravées en bois.
3.*^ Le premier , il disposa par
la gravure* les lettres initiales ,
les fleurons et les vigrfettes , danaf
l'intérieur de la planche, tandis
qu'avant lui elles ne se faisoient
qu'à la main et au pinceau. Ces
changemens se trouvent dans uu
Calendrier imprimé par lui on
1476, petit in-foHo, et dans.
les EUmens à*Euclide avec les"
commentaires de Campanu^, Sirr
la fin de ses jours , Raidolt re^
vint dans sa patrie , oir il mourctti
vers Tin i5o6.
^%6 RAT
RATER, (Antoine)
%ecte Lyonnois , né le »6 avril
1172^ , s'étoit déjà «vantageuse-i
ment fait connoitre par ses ta-
lens pour la construction , lors-
que Sovfflot passant à Lyon y
OTessa le plan d'ouvrir un nou*
Teau quai et deux riles periillèles
iepttis la place des Terreaux fus-*
qu'au bastion Saint^Clair^ Raier
l'exécuta. Après avoir acquis di^»
Ters emplacemens considéraMet
dans ce local , il y fit bâtir plu-
4^ears maisons remarquables par
Vélégance de leur distribution. Ce
Suartier , le pins beau de Lyon ,
aroit été désertet sans débouché,
m on n'y avoit établi une grande
voûte de comàinnication avec la
Bresse ; Rater l'ouvrit , nivela
le terrain en coupant des mon-^
IMgnes , et procura à sa patrie une
avenue superbe , utile et très-
£:équentée. Il acheta Thonneur
de servir ses compatriotes en sur-
montant les obstacles que lui op«
posèrent souvent l'intérêt per-
aonnel et la malveillance. Bon,
il^ulgent, plein de probité, le
plus doux plaisir de sa vie fut
eelul d'obliger. Elle se termina
le 4 août 1794, à Miribel près
de Lyon, oh il s'étoit réfugié
et ou il éprouva les angoisses du
chagrin, de la proscription et
du malheur, en voyant sa pa-
trie en cendres, sa famille dis-
persée , et tous ses amis fugitif»
iQU immc^és par le terrorisme*
RAV ASINI , poète Latin , né
i Parnie , chanta les plaisirs de'
la campagne. Ses poésies pleines
de fraîcheur furent publiées en
19706 et en 171 1. Les Mémoires
de Trévoux, janvier 1707 etoc-^
tobre 1 7 1 1 , en ont rendu un
compte avantageux. Bavasinlétoit
l'ami du Père Vanière^JÛ soi voit
)â mtaie cATàère^
HA V
BAVESTEYN , (Jean) ^hn
tre Holiandois , se distingua par
Ténergie de son pinceau vers
l'an I S8o. — Un autre peintre de
son nom, Hubert, né à Por-
drecht en 1647, a peint ayee
succès le paysage , les foires et
les rassemble mens de peuplt»
— JSficolas RArssTEXif , né i .
Bommel en 1661, excella dans ^
le genre de Tiiistoire et du por^
trait*
RAUST, (François- Louis J
peintre, étoit bourgeois de Lu-
éerne. Il mourut à la Haye vers
1730, à 68 ans.
RAWLINS, < Thomas )
graveur Anglpis, a produit les
coins des monnoiessous les règnes
de Charles / et de Charles JL
Dans ses momens de loisir, il a
fait des Comédies.
RA WLINSON , { Richard )
antiquaire Anglois , mort en
1755 , fonda une chaire d'Anglo«
Saxon dans l'université d'Oxford ,
et légua à cette dernière ses livres,
ses médailles, et beaucoup de
manuscrits. Il a contribué à la pa-
blication d'ungrand nombre d'ou-
vrages sur l'histoire et les anti-
quités, et a traduit en anglois
celui de Lenglet du Fresnoy sur
la Métîiode d'étudier l'Histoire.
le coeur de Rawlinson renfermé
danç une urne de marbi»: , est
placé dans la chapelle du collège
de Saint-^Jean. — Un autre An-
glois , nommé Thomas Rait^
^iKSOUf , mort en 1715 , eut la
manie de rassembler , à grands
frais, une immense quantité de
livres qui encombroient telle-
ment son appartement qu'il ne
pouvoit plus s'y tourner. C'est
lui q\kAddis$on a peint dans le
TaiUr ((MU le «on de Tom
RAT
Il RAY DE Saint -6iiviis,
(Jacques -Marie) chevalier d^
Saint-Louis , né à Saint^-Geniès
«liocèse de Viviers en 171*5 ^*'
intenr de divers ouvrages sur l'art
militaire. I. VArt de la guerre'-
pratique , 1754, deux vol. in- 1 1.
u. L'Histoire militaire de Louis
XI II et de Louis XIV; la pre-
mière en trpis vol., 1755, et la
âecondeen trois, 1766. IILL'Of-
êcier Partisan, 1763 , deuX voL
in-i2. Il mourut en 1777.
RAYMONp , Voy^z Rai-
RAYNAL , (Guillaume-Fran-
çois ) historien renommé , roem-
Sre des Académies de Londres et
de Berlin , naquit à Saint>Gentès
dans le Houergueen 1713* li en-
tra de bonne heure chez les Jé-
suites. Beaucoup de vivacité et
d'imagination annonçoient à ces
Pères un de ces favoris de 'la
nature que leur société s'em-
pressôit d'adopter. Le jeune Ray-^
foâ/' professa avec distinction , et
ayant été ordonné prêtre , Il
prêcha, et s'il ne convertit per-
sonne, il eut de nombreux au-
diteurs, du moins en province.
Son amour pour la liberté et l'in-
dépendance s'accofnmodant peu
du séjour du cloître et des col-
lèges, il quitta les Jésuites vers
1748 , et se fixa dans la capitale»
Des compilations, telles que les
Anecdotes littéraires, trois vol.
in-12; les Mémoires de Ninon.
de L'Enclos , ih-*-i2 , et la ré-
daction du Mercure de France^
furent ses ressources à Paris. Les
spéculations du commerce lui
paroissant devoir être plus fa-
vorables à sa fortune que les oc-
cupations littéraires , il s'y livra
en 1768, et conçut ensuite l'i-
dée d'é».rire \ Histoire philoso^
ffhûjue Cl poUtiquif des Etablie^
RAT
iemenf et du Commerce des Eu*»
ropéens dans les deux Indes, Oa
m eu raison de dire qu'il auroîj^
aussi bien fait de l'intituler z
Voyage et Histoire de V Avarice»
Cet ouvrage publié en 1 770 , reçut
d'abord un accueil assez équivo-
que; mais on en a fait ensuit^
en Europe plus de cinquante
Contrefaçons. «Cet écrit, dit ta
Harpe, avoit de ^uoi plaire à
beaucoup de lecteurs : il offre
flux politiques des vues et dlw
spéculations sur tons les goa«
vernemens du monde ; aux cem->
merçans, des calculs et des faits:
aux philosophes, des prij^cipes
de tolérancQ et la haine la plus
décidée contre la tyrannie et 1%
superstition; aux femmes, des
morceaux agréables et dans le
goût romanesque, sur-tout l'ado ^^
ration la plus passionnée et l'en-
thousiasme de leurs attraits.» Ce*
pendant, malgré cet éloge, uns
critique sage y trouve quelques
confusions , des disparates , des
déclamations outrées contre les
prêtres , les gouvernemens , les
lois et les usages ; des récits scan^
daleux , peu de principes suivis ,
d'oxcellens mémoires à la vérité
sur le commerce de quelques
nations , mais beaucoup d'erreurs
et d'inexactitudes. Son style est
clair;, élevé, noble; mais il prend
^trop souvent le ton d'un charlataci
monté bur des tréteaux et débi^
tant à la multitude effarée des
lieux communs contre le despo--
tisme et la superstition. L'auteur
connoissant les défaiits de son
ouvrage , se mit à voyager poiur
le perfectionner. 11 parcourut les
différentes places de commerce de
la France ; il promena sa curid^
site en Hollande et en Angles
terre ; il obtint à Londres une
distinction très-flatteuse. L'ora—
{t|ir de la chambre de$ Q|(P^
X 4
( Â
^i8 R A T
tnunes apprenant qu'il se tr0n«
Voit dans la galerie , fit sus-
pendre ia discussion jusqu'à Çft
qu'on lui eût accordé une place
marquée. Quelque temps après ,
l'Angleterre déclara la guerre à
la France, et le neveu de Raynal
pris sur un vaisseau françois fut
conduit à Londres. Si-tôt que le
ministre sut quel étoit l'oncle
^n prisonnier, il lui rendit la
liberté en écrivant à Raynal:
;« C'est le moins que nous puis—
.^ions faire pour le neveu d'un
bomme dont les écrits sont utiles
à tontes ies nations commerçan-
tes. » Il ajouta que son souverain
avoir fort approuvé sa conduite
à son égard. Par— tout dans ses
Toyages Baynal interrogea 9 et
même jusqu'à Timportunité , les
Voyageurs les plus instruits et le«^
-ftégocians les plus accrédités. Au
retour de ses savantes courses, il
publia à Genève en 1781, une
nouvelle édition de son histoire 9
dix volumes in-8.** Celle-ci offre
quelques articles mieux digérés ,
des notices plus instructives sur
la Chine, sur les États-Unis ,
sur différentes branches de com-
mercr. Mais l'auteur y montre
Je même acharnement , et en-
core plus d'animosité contre les
chefs des nations et touô les
objets du respect des peuples. Le
J)arlem«nt de Paris proscrivit ce
ivre le z5 mai 1^781 , et ordonna
-qu'il fîit .brûlé sur les concluaions
jde l'avocat général Seguier i .il
décréta même l'auteur de prise
fie corps; mdis on lui laissa tout
Je temps de se retirer de Courbe-
,voie où il se trouvoit pour se ren-
dre aux ea\vx de Spa. Il parcourut
ensuite l'Allemagne. Après avoir
visité différentes cours , Raynal
revint en France et vécut quelque
temps dans les pays méridionaux.
«U..y accorda aux académies ù»
RAY
Marseille tt de Lyon les fohdïdei
plusieurs prix dont il proposn
les sujets. Le plus .remarquable
fut de déterminer si la décou-
verte de l'Amérique avoit été
utile ou nuisible à l'Europe? il
en donna un autre aux pasteurs
de Lausanne pour être distribué
à trois vieillards que leur vie
laborieuse et leur bonne con-
duite n'anroient pas mis à l'abd
.de l'indigence. Rayaal vint à Pa^
ris en 1788 ; il s'y trouvoit lors-
que l'assemblée Constituante ren-
dit des décrets dont les uns lui
parurent attenter à la propriété ^
les autres favoriser l'effervescence
du peuple. Il eut le courage de
lui adresser, le 3i mai 179 1 ,mie
longue lettre où il marquoit la
route que cette assemblée auroit
^û tenir et ies écueils qutelle de-
voit éviter. Cet écrit fit peu d'inif
pression , et tout le . fruit qu'il
en recueillit fut d'être insulté par
les gazetiers.iiAyn^z/ devint à leurs
yenxune homme affoibli par l'âge;
ils auroient pu dire mûri. On peut
en juger par cette citation :
« J'osai , dit— il , parler long-
tenips aux rois de leurs devoirs;
souffrez qu'aujourd'hui je parle
au peuple de ses erreurs. Seroit-*
il donc vrai qu'il fallût me rap-
peler avec effroi que je suis us
de ceux qui , en éprouvant une
indignation généreuse contre !•
pouvoir arbitraire, ont peut-être
donné des armes à la lipence.
Prêt^ descendre dans le tombeau^
prêt i quitter cette nation Fran-
çoise dont jedesirois.ardemnient
Je bonheur, que vpis-je autour
de moi? des j:ro«bles. religieux»
des dissentions civU<es , la conS"
.ternation des uns , l'audace des
autres ; un gouvernement esclave
de la tyrannie populaire ; le san(>
tuaire des lois environné d'hom-»
mes efifréué$ qui veulent alterna
RAY
Hvement on les dicter on les
braver; des soldats sans disci-
pline, des chefs sans autorité ,
des ministres sans moyens , la-
puissance pnbliqne n'existant plus
que dans les clubs.». La Fryce
entière présente deux tribut très-
prononcées , celle des gens de
lien, des esprits modérés, classe
d hommes muets et consternés;
tandis que des hommes violens
s'électrisent , se serrent et for-
ment un volcan redoutable qui
yomit des torrens de lave , ca-
pables de tout engloutir. Vous
vous applaudissez de toucher au
terme de votre carrière , et vous
n'êtes entourés que de ruines^
et ces ruines sont^ souillées de
sang et baignées de larmes ; des
bruits sourds et vagues , une
terre qui fume et qui tremble
de toutes parts annoncent encore
des explosions nouvelles!... Quand
la réflexion approchera de plu-
sieurs de ces productions im-
maturées , elles s'évanouiront
comme les vapeurs d'un songe
au réveil du matin ^ ou elles fe-
ront naître des inconvéniens plus
grands que les abus qu'elles pré*-
tendent détruire. Qui osa jamais
rêver poiir un grand peuple une
constitution fondée sur un nivel-
lement abstrait et chimérique?...
Dans ces temps de délire et de
faction , il n'y a plus que la sa-
gesse qui soit dangereuse.... Ma
pensée va jusqu'à désirer que le
tombeau se referme prompte-
ment sur moi ; mais vous re-
cevrez d'un vieillard qui s'éteint
la vérité qu'il vous doit. » Les
prophéties de Raynal, écoutées
alors avec murmure , se sont vé-
rifiées. Cet écrivain , las des
agitations de la capitale et ef-*
frayé des troubles qui accompa-
fnoient la marche rapide de la
j^vpiution 9 alla fixer jk^ demeure
RAY
n'y
à Passi. C'est dans cette retraite
qu'il mourut d'un catarre dans sa
84* année. Le jour de sa mort il
s'étoit habillé lui-même; à six
heures du soir il se mit au lit ,
entendit la lecture d'un journal
sur lequel il lit des observation»
critiques ; à dix he;ures il cessa
d'exister, le 6 mars 1796. Cet
homme qui avoit répandu det
bienfaits sur la littérature, qui
chercha à payer de sa fortune
des écrits utiles , étoit alors ré-
duit à la détresse ; et on ne lui
trouva , dit-on , pour t;wit ar^
gent qu'un assignat de 5o livres ^
valant alors cinq sous en numé-
raire. Ses amis ont loué sa fran-
chise, sa bonté, sa sensibilité;
ces qualités étoient accompa-
gnées de quelques défauts, l'in-
quiétude , le désir excessif de Jft
réputation, le penchant à désap-
prouver ce qui n'étoit pas de lui
ou qui ne venoit pas de lui*
Raynal ayant eu occasion do
voir Lavater en Suisse, voulut
absolument que ce grand phy-
sionomiste lui dit ce que les traits
de son visage faisoient penser
de son esprit et de son carac-
tère. Le docteur Helvétien, après
s'en être long-temps défendu, lui
dit : « Cette grosse tête est celle
d'un penseur; ces cheveux blancs
et clair-semés prouvent que vous
n'avez pas toujours été tempé-
rant avec le beau sexe ; ce front
saillant et large désigne la har-
diesse et même l'elFronterie ; ces
sourcils arqués et bien fournis
donnent de l'expression à votre
physionomie; ces yeux creux et
vifs sont d'un homme spirituel
et malin ; les nez retroussés tels
que le vôtre , appartiennent or-
dinairement aux impudens ; cette
large bouche marque que vous n'a-
vez pas été indifférent sur les plai-
sirs de la table. £t mes dents ^
\
350 RAY
lt|t dit Baynal « ne 9e sont'-elles
l^s bien conservées ? Oui, mai»
li eUes mordent si bien à pré-
sent, elles ont dû encore mieux
mordre jadis. Quant au menton
recourbé, ah ! c'est celui d'un
0atyre ; et les joues creuses et H-
Tides , celles de l'envie. » Baynal ,
au Ueu de se fâcher , ne fit que
rire du portrait ; il entendoit
plaisanterie : s'il avoit- donné
dans les écarts d'une imagina-
tion trop ardente, Tàge et la
réflexion l'avoient ramené à la
raison et lui avoient f«iit renoncer
à la folie des systèmes ; il applau-
dissoit dans ses derniers jours
à tous les gouvernemens rai-
sonnables , et ne demandoit aux
puissans^ que d'être conséquens
aux principes des lois qu'ils fai-
soient exécuter. Il est probable
^que s'il avoit vécu plus long-
temps, il auroit retouché s«n
fïistoire philosophique^ et au-
roit en cela servi sa réputation*
Son style , dégagé du ton de dé-
clamation qui y règne, auroit tou-
jours paru ce qu'il est souvent,
plein de rapidité , de force et d'a-
bondance. U a laissé, dit-on; une
Histoire de la révocation de l'édit
de Nantes qui formeroit quatre
voL On prétend que sous la ty-
rannie de Robespierre , il avoit
brûlé une partie de ses manus-
crits. Ses autres ouvrages impri-
més sont: I. Histoire du Stathoum
déràty publiée en 1748 , in~ii ,
et réimprimée en deux vol. en
1760. 11. Histoire du parlement
d'Angleterre , lySo , deux vol.
in— 12. Ces deux ouvrages ont
plutôt l'air d'une harangue am-
poulée que d'une histoire. On
reprocha dans le temps à l'au-
.teur un air enflé, un ton épi-
que , une affectation continuelle
d'antithèses , d'énuméraflons de
fiqi^sées brillantes ^ ^^ phrases
H E A
symétrique»; mais oit eonvmf
qne ces deux galeries de tableaux
et de portraits dont • quelque»*
uns étoient ressemblans, amiH
soient beaucoup lorsqu'ils ne fa-
tigilpient point. Pour s'affranehir
de la cupidité des libraires. Tau*
tenrosa faire imprimer )t premier
à ses frais ; il le vendit lui-même
et en débita Sooo exemplaires.
in. Anecdotes historiques depuis
Charles*'Quint , 1 7&3 , trois vol.
in-ti , écrites avee plus de natu-
rel et de vérité que YHistoire da
parlement d* Angleterre^ IV. His-
toire du divorce de Henri VHI,
1763, in-12, tirée en partie
de l'ouvrage précédent. V. Ecole
Militaire, 1762, trois volumes
in*i2; compilation mal digérée
et où l'aitteur a raseemblé les
exemple^ de lâcheté comme ceax
de courage; VI. ^ Mémoires his-'
torique» derEurope, 1772 , tfoi^
▼ol. in-8.» VII. Tableau et ré-
volutions àe% colonies Angloise»
dans l'Amérique septen-trionale,
1781 , dei» vol. in>i2. VIH. Di-
verses brochures sur la traite des
nègres, l'administration de Saint-
Domingue , etc. , imprimées à
part ou insérées dans le Conser-
vateur , le Mercure et autres jour-
naux.
RAYSSIGUIBR , ( N** ) t
donné au théâtre François plu-
sieurs pièces : VAminte , Ut
Tuileries , Polynice, CéU4ée,
la Bourgeoise , Astrée et CéU"
don. Elles furent représentées
de 1730 a 1735; mais leur ex-
trême médiocrité n'en a fait sur-
nager aucune sur le théâtre.
RE AD, (Alexandre) l'un dM
plus grands anatomistes d'An-
gleterre, mérita l'eltime de ses
compatriotes autant par ses ver-
tus que par ses lumiéros; L'iini-
yçrsité û'Oiiwd It reçut médecin
RE A
401 tCo2, a\rec une g7ând« to^
Jenni,té et en vertu d'un mandat
dn roi. Il mourut quelque tenipi
•près cet honneur*
♦RÉAUMUR, (René -An-
toine Ferchault, sieur ^e) né à
k Rochelle en 1683» d'une fa-
mille de robe , quitta l'étude du
droit pour s'appliquer aux ma-
th<^inatiqne8 » a la physique et à
Tbistoire naturelle. Paris est le
•entre des talens et des connois-
sauces; le jeune naturaliste ê*y
rendit en ijo3y et dès 1708 il
fut jugé digne d'être membre de
i'académie des Sciences. Depuis ee
moment, il se livra tout entier
à l'étude de l'histoire naturelle et
il en embrassa tous les genres.
«Ses mémoires , ses observations ,
I ses recherches et ses découver-
tes sur la formation des coquilles ,
4ar les araignées 9 sur les filières,
les moules , les puces marines ,
etc., lui Ârent de bonne heure
un nolh célèbre. Ce fut lui qui
découvrit en Languedoc des mi-
ses de Turquoise. 11 découvrit
aussi la matière dont on se sert
. pour donner la couleur aux pier-
res fausses. Ces découvertes , de
pure curiosité physique , furent
suivies de plusieurs autres, plus
utiles au bien général de la société.
Jieaumur recherchoit les moyens
de donner an fer ce qui lui man-*
quoit pour être acier : secret ab-
solument ignoré en France. Après
un nombre infini de tentatives,
il parvint au but qu'il s'étoit pro-
posé : à convertir le fer forgé en
acier, de VeWe qualité qu'il le
vouloir, et même à adoucir lo fer
fendu, n donna le détail de ses
procédés dans un ouvrage inti-
tulé : UArt de convertir le Fer
forgé en Acier, et Y Art d'adou-^
*ir le Fer fondu , et défaire dei
tmrages 4c F^r fondu aussi Jim
RE A
351
^ne dé Fer forgé , un vol. in-4%
1722. Le duc d'Orléans régent ,
crut devoir récompenser ces ser-
vices rendus à l'état,* par une pen-
sion de 12000 livres ; mais Béau^
mur aussi bon citoyen qu'habile
naturaliste , ne l'accepta qu'en,
demandant qu'elle fût mise soua
le nom de F Académie qui en joui-
roit après sa mort. Ce fut à ses
soins qu'on dut les manufacturas
de fer blanc établies en France ;
oa ne le tiroit autrefois que dm
l'étranger. La patrie lui fut en-
core redevable de l'art de faire
de la porcelaine. St^ première
essais en ce genre réussirent par*
faitement. Il contrefit même \fL
porcelaine de Saxe , et transports
par ce moyen dans le royaume
un art utile et une nouvelle bran-
che de commerce. Un autre tra-
vail intéressant pour la physi-
que , est la construction d'un
nouveau Thermomètre, au moyen
duquel on peut conserver toujours
et dans toutes les expériences,
un degré égal de chaleur ou de
froid. Ce Thermomètre porte son
nom , et forme à sa gloire le mo-
nimient le plus durable. L'illus-
tra observateur composa ensuite
VHistuire des Rivières aurifèrée
de France , et donna le détail de
pet art si simple qu'on emploie
à retirer les paillettes d'or que
les eaux roulent dans leur sable.
Une tentative qu'on croyoit d'a-
bord beaucoup plus importante ,
fut de nous donner l'art de faire
éclore et d'élever les poulets et
les oiseaux ^ comme on le prati-
que en Egypte , sans faire couver
des œufs ; mais cette tentative
fut infructueuse , et dans la pra-
tique il n'a jamais été dédom-
magé de ses peines et de ses dé-
penses. Une collection d'oiseaux
desséchés qu'il a voit trouvé, le
secret d#^ $• proocirer et. 4e côn-
ir»
R E A
•erver ^ lui donna li^n de faire
des expériences singulières sut
la manière dont les oiseaux font
la digestion de .leur noarritnre.
Dans lé cours de ses obsenra-
tions, il fit des remarques sur
Tart avec i^^el Jes difie rentes
espèces d'oiseaux sarent cons»
truire leurs nids. 11 en fit part à
l'académie en 1736 ^ et c'a été le
dernier ouvrage qu'il lui a com*
muniqué. 11 mourut en sa teTre de
la Bermondière dans le Maine ,
où il étoit allé passer les va-
cances , le 17 octobre 1737 ,
âgé d environ 75 ans, des suites
d'une chute. Réaumur étoit un
physicien plus pratique encore
que spéculatif ; observateur infa-
tigable donl tout arrétoit l'atten-
tion^ tout excitoit 1 activité , tout
.«ppliquoit l'intelligence. Voué
par goût au^bien public et à l'é-
tude de la nature 5 il a passé sa
vie à la contempler , à l'inter-
roger, à la suivre dans ses moin-
dres opérations. Ses ouvrages
font assez connoître l'étendue de
«on ^esprit. Il est peut-être trop
diffus ; mais ce défaut est une
nécessité dans les ouvrages d'ob-
servation 9 et il a traité sa ma-
tière avec autant de soin que de
clarté et d'agrément. Spoliant
zani célèbre professeur de Pavie,
estimoit particulièrement Réau-
mur et ses ouvrages* Dans une
dissertation inaugurable de ses
cours ^ il établit un parallèle
entre ce physicien et Bufjon ,
dont M. AUbert éloquent pané-
gyriste de ce savant Italien . a
donné l'extrait suivant : « Ces
deux écrivains , disoit - il , ont
été comblés par la nature des
plus beaux dons de l'esprit etdii
génie. Si l'on admire en eux la
fertilité , la hauteur ^ la sublimité
des conceptions , on juge qu'ils
ont à peine dps rivaux ^ et que
R E A
personne du moins ne les iiTtfc
pasfe. '1 OU5 denx ont dépassé
l'attente' publique dans la car-
rière qu ils ont parcourue ; ili
semblent s'être partagés l'im-*
mense domaine de la nature: Fun
a immortalisé les grands êtres
vivans 9 l'autre les petits. Tous
deux, comme envoyés des cieux,
ont débrouillé , expliqué , coor-
donné tout ce qui paroissoit obs-
cur , confus et impénétrable.
Réaumur pins instruit dans l'art
d'observer , étudie les phénomè-
nes en particulier , les médite
avec lenteur et les rapproche avec
prudence ; il féconde en quel-
que sorte les faits les un^ par les
autres : et c'est ainsi qu'il déroule
henreussment toutes les canses
mystérieuses. Buffon doué d'un
esprit plus impétueux et plni
hardi , livré à l'ardeur dévorante
de son génie , impatient de dé-
couvrir , ne poursuit que les ob-'
jets qui s'offrent soudainement
à ses regards ; il ne parle des
choses cachées que par une sorte
d'inspiration et comme si ud
oracle divin les lui a voit révélées.
Réaumur note et retrace scrupu-
leusement les phénomènes tell
que la nature les lui présente.
Buffon , au contraire , les voit
souvent avec les couleurs de sa
riche et féconde imagination. Le
style de l'un est simple et cor-
rect ; mais l'élégance y est son-
vent sacrifiée à la plus sévère
exactitude. Le style de l'autre
frappe par la beauté des ima-
ges , la sublimité des sentiraéns,
la magnificence de rexpression.
Buffon enfin , né avec tous les
moyens de persuader et de plaire )
prodiguant les trésors de sa lan-
gue , et faisant tout revivre par
une création nouvelle , règne à
la tête des plus brillans prosa-
teurs du siècle. » Les qualités di
R E B
•ttur de Réaiimur le rendoient
oncore plus estimable que ses ta-
lens. La douceur de son carac-
tère, sa bonté , sa bienfaisance,
la pureté de ses mœurs et son
exactitude à remplir les devoirs
^e la religion , en faisoient un
citoyen aussi respectable qu'ai-
mable. Il a laissé à l'académie des
Sciences ses manuscrits et son
cabinet d'histoire naturelle. Ses
«uvrages sont : I. Un très-grand
nombre de Mémoires et d'O^—
t/ùrvatioas sur difFérens points
;â'histoire natiirelle. Ils sont im-
primés dans la Collection de la-*
cadémie. II. UHistoire naturelle
des Inse^ctes \ en six vol. in— 4.**
On y trouve l'histoire des Che"
tulles , des Mouches à deux ailes
et des Cousins; des Teignes , des
Galle-^Insectes , des Mouches à
«quatre ailes , et sur - tout des
Abeilles , des autres Mouches
qui font du miel ; des Grépes §
da Formica^leo , des Demoiselles;
€t de ces Mouches éphémères qui ,
après avoir été poissons pendant
trois ans , ne vivent que peu
cThenres sous la forme de mou-
ches : enfin de ces insectes sin-
guliers et merveilleux que nous
appelons Polypes,
HEBEL, ( Jean-Féri ) pre-
mier violon du roi , batteur de
mesure à l'Opéra, né à Parrs en
1669 , mt)rt en 1747 , est auteur
de la musique de l'opéra d'C/—
fy«(?.— ^8on fils ( François) long-
temps directeuij de l'Opéra, mort
en octobre 1775 ,'à 75 ans, a
fait avec Francoeur la musique
^e Pyrame et Thisbê , de Scan-
àerberg , de Zelindor, de Tarsis
it ZéUe , etc.
REBOURS, (N.le) contrô-
leur général des postes , dirigea
long-temps la Gazette du Com^
Berqe, 1} ««t mort à Paris en
R E G 3n
1776 , après avoir publié des
Observations sur les manuscrits
de Dumarsais , 17^0 . in— 12 ,
et un Mémoire sur les moyens
économiques d'éclairer Paris.
RECORDS, (Robert) méde^
cin Anglois , né à Cambridge en
1545 , réunit aux connoissances
de sa profession celle des lan-
gues anciennes , et sur-tout de
VAnglo- Saxon, Il fut le premier
Anglois qui écrivit sur l'algèbre,
et mourut en prison où il avoit
été mis pour dettes en i558.
RÈDE , ( Guillaume > évéqu*
de Chichester en 1869 , fut le
meilleur géomètre de son siède.
Il fit construire la bibliothèque
du collège de Merton.
II. REDI , (Thomas) peintre
Florentin , né en 166b et mort
en 1728, a orné les églises et
les édifices de la Toscane , d'un
grand nombre de ses tableaux
qui y sont estimés.
REGANHAC , (Géraud Valet
de) né à Cahors en 1719 , eut
une imagination vive et heureus.©
qui le ht distinguer comme poëte.
Sa Traduction des Odos d'iff)-
race , 1781 , deux vol. in-f2 ,
a de la verve et de l'élégance ;
elle est précédée d'Observations
cri^tiques sur la Poésie lyr^ue.
On lui doit encore : I. ^tudcê
lyriques ^'après Horace, 1776,
in-8.0 On les lit avec intérêt, et
l'auteur y fait preuve de goût.
II. Lettre sur cette question :
\JEsprit philosophique est^Uplus
nuisible qu utile aux belles-lettres ?
1755 , in^8.® Reganhac est nijort
en 1784.
IV. RÉGIS- REY, (Jean)
chirurgien de Montpellier , se
distingua dans sa profession , et
semble avoir deviné avant Pascal
la pesanteur de ïài: dans sos
3)4 R K G
JEsiois stir la rtcherchit de k gaum
^i augmente le poids dm plomb
ec de l'étain quand on les calcine.
Cet ouvrage publié pendant la
vie de l'auteur en 1670 , a été
réimprimé à Paris en 1777, avec
des Notes pai* Gobel*
l. RKGN AULT , ( N. ) auteur
dramatique 4, mort vers le mUieu
du 17* siècle, a donné deux
tragédies « Marie Stuart jouée
en v639 9 et Blanche de Bouchon
en 1641. L'une et l'autre furent
imprimées à Paris chez Quinet,
Leur médiocrité devoit les en
dispenser*
* n. RÉGNIEtl, (François^
Siraphin ) Dbsm arais ou plutôt
DBSXARftTS, ( car il avouoit lui*
même avoir toujours mal écrit
son nom ) 9 naquit à Paris en
i632 9 dune famille noble , ori-
ginaire de Saintonge. 11 fit sa
philosophie dans le collège de
Montaigu ; et pour se disti;aire
de l'ennui des subtilités scolas-
tiques , il traduisit en vers bur-
lesques la Batrachomyomackie
d'Homère , ouvrage qui parut
un prodige dans un jeune homme
de quinze ans. Le duc de Créqui
charmé de son esprit 9 le mena
avec lui à Home en 1661. Le
séjour de l'Italie lui fut utile ; il
apprît la langue italienne , dans
laquelle il fit des vers dignes deP^-
trarque. L'académie de la Crusca
<fe Florence prit une de ses odes
pour une produption de l'amant
^e la belle Laure ; et lorsque
cette Société fût désabusée ^ elle
ne se vengea de sou erreur qu'en
accordant une place à celui qui
l'avoit causée. Ce fut en 1667
qu'on lui Ifit cet honneur -, et
trois ans après l'académie Fran^
çoise se l'associa. Mezerai secré-
taire de cette compagnie s étant
mort tn 1684^ sa place fut don-
R £G
nv'e k Tabbé Begnier. D se signahr
dans les démêlés de l'acadéraia
contre Furetière , et composa
tons les Mémoires qui ont paru
au nom de ce corps. L'abbé
Begnier eut plusieurs bénéfices ^
entr'autres l'abbaye de Saint-»
Laon de Thouars. On préteni
qn'il aurait été évêque , sans s4
traduction d'une scène volup-*
tueuse du Pastor fido. Cet écri-*
vain mourut à Paris le 6 sep-*
teiiibre 1713^ à 81 ans. Il dot
en partie sa longue vie à l'at-
tention de ne pas tourmenter
la nature par des remèdes qui
\ accablent , dit-il ^ au lieu delà
soulager, Ses talens étoient re-*
levés par une probité y une droî-*
ture 9 et nn amonir du vrai , gé-*
néralement reconnus. Cette der-
nière qualité est voisine d'un dé*
faut dont l'abbé Begnier ne sô
préserva pas toujours. H soute^
noit ses opinions avec force , et
même avec une opiniâtreté qm»
selon Furetière , lui fit donneï
le nom de l'abbé PertinàXé Cette
roideur de caractère Tempéchoit
de prodiguer son Suffrage ; et
dans une occasion où on le pfes*
foit de mentir pour un homin^
puissant 9 sous pei,ne d'ènconrif
sa disgrâce 9 il répondit : Taim*
mieux me brouiller avec lui qua^
vcc moi, Son amitié constante et
solide faisoit honneur à ceux qu'il
appeloit ses vrais amis , parce
qu'il ne la leur donnoit que quand
il reconnoissoiteneuxles qualités
quiformoient son caractère.Nou«
avons de lui : I. Une Grammaire
Françoise, imprimée en 16769
en deux Vol. in- 12. La meilleure
édition est celle de 1710, in-4''
On trouve dans cet ouvrage, un
peu diffus 9 le fonds de ce qu'on
a dit de mieux sur la langue. S'il
n'est pas aussi profond sur la
métaphysique des langues qu^^
' R E G
Çâimmalre raisonnée de Port''
Royal, il contient an moins re-
lativement k^la langue Françoise ^
des discassions importantes et uti-
les, que cette grîimmaire n'offre
pas, 11. Une Traduction en vers
italiens des Odes éiAnacréon, ,
in- S'*, quil Uédia en 1692 à
lacadémie de la Crusca, La sim-
plicité et le naturel y sont joints
à IVlëgance et à la noblesse.
m. Des Poésies Françoises , la-
tines, italiennes et espagnoles ,
réunies en. 1768 , en deux vol.
in- 12. Ses vers François offrent
de la variété 9 de la {gaieté ^ des
moralités heureusament expri*
mées ; mais son style est plus
noble que vif , et plus pur que
brillant. Cet envoi dune violette
est aussi agréable que spirituel;
Medett^ ta mt conleori aodettt en
non séiodr »
f raache d'aokbltloa , ]e tnt ciche wn
rherbe :
BlaU li s«r votre froat j* puis me ▼•It
vti lonr «
La pin» hoinbU des flears sera la plui
luperbe.
Les vers italiens et espagnols ont
plus de coloris et plus de grâce.
Les Poésies françoises (*) ont
été augmentées dans les éditions
de 1716 et 17S0, 2 vol. in^i2.
IV. Une Traduction de la Per-
fection Ckrétlennelde Bodriguès j
entreprise à la prière des Jésui-
tes , et plusieurs fois réimprimée
an trois vol. in-4^ et en qua];re
vol. in-8.<* Cette version ^ écrite
avec moins de nerf que celle de
Port-Royal , est d'un style plus
pur et plue coulant. V. Une Tra-
duction des deux livres de la Di-
vinaticm de Cicéron , 1 7 1 o , in- 1 2.
R E G
5M
VI. Une autre Version des livres
de cet auteur De finibus bonorum,
et malorum , avec de bonnes re-«
marques , in- 12. VIL L'Histoire
des démêlés de la France avec la
Cour de Rome , au sujet de Vaf-m
faire des Corses , '707* in-4**;
ouvrage assez intéressant pour
les pièces justificatives qu'il ren-
ferme ; mais qui prouve que l'au-
teur n'avoit que des talens mé-
diocres pour l'histoire. Son style
quoique pur et correct, n'a ni
le mouvement ni le sel dont le
sujet paroissoit susceptible. Dans
ses autres ouvrages , il écrit avec
cette simplicité élégante , égale-
ment éloignée de la maigreur et
de l'enflure , de la négligence et
du fard. On y souhaiterait seu-*
lèment plus de force et de pré»-
cision. Ménage qui soumettoit
ses écrits et sur- tout ses vers
italiens à sa critique , se plai-*
gaoit que l'abbé Regnierles éner-
voit par trop de sévérité. Tout
s'en va , disoit-il , en limure,
RÉGULUS , ( Saint ) Grec ^
natif d'Âchaîe , fut averti dans
une vision d'abandonner sa pa-«
trie pour se rendre en Albion,
isle située vers les extrémités du
monde , et d'emporter avec lui
. l'os du bras , trois doigts et trois
orteils de St. André* Il obéit ,
s'embarqua avec plusieurs de ses
compagnons , et après avoir es-
suyé une tempête affreuse , il fut
jeté l'an 870 sur les côtes de
XOtholinia , dansles états d'Her-.
guste roi des Pietés. Ce prince
neut pas plutôt appris l'arrivée
des Saints étrangers avec leurs
reliques , qu'il donna des ordres
pour leur réception. 11 leur offrit
*■■ ■ ■ .11 ... I ■
( * ) Il vùfitàt GOttpeT les ¥êrs dt dix $yÛ«ie$ en deux parts égales j mais cette
tentative ^/B'itoit pas nonvelle | as HwAx paît ( ^o/e^ PiaiBRi , à U fia do
33«
R E I
son propre palais^^ et fit bâtir
auprès nne église qui porte en-
core aujourd'hui le nom de Saint"
Bégulut, Cette fondation est Fo-
ri^ne de la fille de Saint^Àndré
en Ecosse.
IlETD, (Thomas) professeur
de philosophie dans l'université
de Glasgow en Ecosse , né en
T709 , a dii sa réputation en
Angleterre à un célèbre ouvrage
de métaphysique , sur les fa-
cultés mtelUctueîUi et mondes
de l'ame ; et k de profondes
Jiecherches sur la nature de l'es-
prit humain. U est mort au
mois d'octobre 1 7 9 6 > âgé de
87 ans«
REINHOLD, (Érasme)
né en iSt i , à Salfeldt dans la
hante-6axe , s'appliqua à l'étude
des mathématiques et de l'astro-
nomie ; il a publié plusieurs ou-
vrages sur Tune et l'autre de ces
jciences*
REINOLDS , ( Jean ) doyen
de l'église de Lincoln en Angle-
terre , mort en 1 607 , est auteur
de la version de la Bible, dont
le clergé Anglican se sert main-
tenant.
* VI. RÉMI , ( Joseph-Ho-
noré ) prêtre du diocèse de Tonl
et avocat au parlement de Paris ,
mort dans cette dernière ville le
12 Juillet 1782 , étoit né à Re^
miremont en 1738. Privé de la
vue par les suites de la petite
vérole depuis l'âge de huit ans
jusqu'à quatorze , il employa ce
temps à cultiver la musique , et
sans autre maître que lui-même
il devina ^ pour ainsi dire ^ la
théorie de ce bel art, et apprit
8 toucher fort bien du clavecin,
l,e rétablissement de ses yeux
lui permit de s'appliquer à d'au-
tres étude* et û s'en ot cupa avet
E M
•rdenr. H débuta en 1770 datii
la littérature , par nne brochure
intitulée : Le Cosmopolisme ,
in'12. Il publia la même Année
les Jours , pour servir de cot'*
rectifaux Nuits dfYoung » in- 1 2 :
plaisanterie iiiite pour tourner en
ridicule TAnglonMinie. U donna
ensuite le Code des François,
1771 , » vol. in— 12 , et la tra-
duction du grec de l'hiéroglyphe
à*Hyérapole , 1779 ^ >n-i2. Mais
ce qui lui acquit le plus de cé-
lébrité ^ fut son Eloge du chan"
celier de V Hôpital: Discours em-
phatique , éloge exagéré , mail
souvent éloquent , couronné par
l'académie Françoise en 1777 ^
et censuré par la Sorbonne. L'au«
tenr répondit à cette censure en
annonçant qu'il avoit emprunté
les articles condamnés de. l'abbé
Fleury et du jurisconsulte ds
Laurière. RÉMI concourut en-
core pour le prix de l'académie
Françoise par des éloges de Mo-^ ^
lière , de Colhert et de Fénélon,
Le dernier obtint Yaccessii» Il
étoit occupé y lorsqu'il mourut,
de la rédaction de la partie de
la jurisprudence pour la nouvelle
Encycùtpédie , et il fournissoit
beaucoup d'extraits au Mercure.
Considéré bomme journaliste, il
avoit l'esprit d'analyse , la science,
la sagacité ; et il s'éloignoit ra-
rement dams ses critiques de la
modération convenable ^ quoi-
que certains écrivains trouvassent
qu'il employoit contre leurs pro-
ductions une ironie trop amère^
et un style dur , sec et quelqne-
fois boursouflé. L'homme en Ini
valoit encore mieux que l'auteur;
il étoit 9 dit — on , doux , gsi y
simple ^ bon , complaisant , et
d'une humeur toujours égaler
Souvent il consacroit gratuite-
ment ses veilles à la défense
des opprimés. La belle mo/moie „
R E N
di^ifc-il ^ que le gra nd^merci d*a n
mallieureux ! Il n'étoit cepen-
dant pas riche ; mais il avoit la
fortune du sage , la modération
dans les désirs. Au-dessus de ce
qu'il appeloit les bêtises de la va^
niléi il n'ai&cha iameis les moin-
dres prétentions ; il possédoit le
talent rare de se mettre à la "por-
tée de tout le monde et de parler
à chacun sa langue. Il a laissé
plusieurs manuscrits : un X>tc—
tionnaire de phj^sique et de chi-
mie avec l'application des prin-
cipes et des découvertes de ces
deux sciences à l'économie àni-
, inale : un Traité des Communes ,
une Vie de Charlemagne et une
continuation des synonymes de
l'abbé Girard, On ignore ce que
ces ouvrages sont devenus.
I. RENAUD, (Nicolas) l'un
des premiers chansonniers Fran-
çois , fleurit sous le règne de
Henri IL II étoit Provençal,
^s vers ne respirent que l'a-
mour.
IL RENAUD , (Louis) re-
ligieux dominicain , né à Lyon ,
et mort le 20 juin 1771.9 à l'âge
(le 80 ans 9 fut renommé par ses
talens pour la chaire , et devint
prédicateur ordinaire du roi. Ses
Sermons n'ont jamais été pu-
bliés ; mais ©n a de lui les Orai-
sons funèbres du duc d'Orléans
et du maréchal de Villeroy , ainsi
qu'un Discours latin prononcé à
Beauvais , sur Texaltation de
Benoît XIII à la papauté.
RENFORÇAT , troubadour
de B'orcalquier , fleurit dans le
douzième siècle. Nostredame et
Crescimbeni font mention de ses
poésies.
. RENOUT, ( Jean-Juîien-
Constantin ) né à Honfleur en
^725, mort vers 1780 9 a donné
SvPPL, Tome III,
pltisieurs pièces à difFérens théâ-
tres , dont quelques-unes obtin-»
rent un succès éphémère. Leurs
titres sont : Les Couronnes on
les Bergers timides , pastorale ^
Zélide , comédie en un acte ; la
Mort d'Hercule ,. tragédie ; la
Cacophonie , le Devin par htL'->f
tard , la Soubrette rusée , le Ca-^
priée , le Petif^ Poucet, la firebis
entre deux Loups , le Fleuve Sca^
mandre,
RENUSSON , (Philippe) né
au Mans , Vint exercer avec dis-«
tinction la profeesion d'avocat au
parlement de Paris ^ et mourut
dans cette ville vers 17.20, On lui
doit deux Traités d^ droit , esti-
més ; le premier , sur la snbroga--
tion, 1702 9 in-4® ; le second ,
sur les biens appelés propres j
1711 , in-4.«>
REQUIER, ( Jean-Baptiste )^
traducteur et écrivain laborieux,
mort en l'an vil, ( 1793 ) ^ ^^^^
passer dans notre langue un grand
nombre d'écrits italiens , tels ^ue
le Recueil historique de ce qui a
été publié sur la ville d'Hercula—
nu m : Idée de la poésie grecque
et latine ,' traduite de Gravina ^
1755 , a vol. in- 12 ; "Esprit deâ
lois Romaines , traduit du même,
1766 9 3 vol. in-12 ; Mercure dé
Vittorio Siri , 3 Vol. in— 4® 9 où.
18 vol. in-12; Vie de Gianotti
Manetri sénateur de Florence ,
1762, in-12; Autre de Philippe
Strozzi , premier commerçant
d'Italie , in-12 ;. Mémoires se-
crets tirés des archives des sou-
verains de l'Europe , traduits d«
Siri , 1765 9 vingt — quatre vol*
in-12 ; îîistoire des révolutions
de Florence . sous les Médicis ^
traduit de Varchi , 1765 ,. trois
vol. iiî-i2. On doit encore à B.e't
quier les hiéroglyphes à^Hora^m'
poUon t traduits du grec ^ 1777 }
J58 R E S
in-12; et une VU de Teiresc ^
impriinëe en 1770, in— il. Utr-
f i/iVr réuuissoit à un grand amour
du travail le désintéressement et
les vertus sociales.
IL RESTOUT, (Jean-Ber-
nard) fils du* précédent, suivit
son père dans la peinture. Après
avoir étudié à Rome les grands
modèles, il fut reçu à son retour
à Paris membre de l'Académie en
1796. Il est mort çn 1797. Ses
plus beaux tableaux sont : l.Ann-'
créon la coupe à la main. Ce fut
$on morceau de réception à l'A-
cadémie. II. Jupiter et Mercure
à la tahle de Phitémonr et de
Saucis, m. La Présentation . au
Temple, Ce tableau a été fait
pour Téglise de l'abbaye de
Chailiot.
REULÎN , ( Dominique ) mé-
decin de Bordeaux , acquit de la
célébrité dans sa patrie et a pu-
■ blié divers écrits estimés. I. Une
Grammaire grecque , 1 558 , in-4.**
IT. Un Traité latin sur l'usage des
flliraens, t56o,in-8.» III. Une
]\Iéthode de Chirurgie, i58o ,
în-8.® IV. Contredits aux er-
reurs populaires de L. Joubert ,
1 580 , in-8.** L'auteur est mort
quelques années après ce dernier
ouvrage.
1. REVEL , ( Charles ) juris-
consulte de Bresse , naquit à
Bourg , et mourut dans sa patrie
au milieu du 17* siècle. On lui
<îoît.: Les Usages et Coutumes
du pays de Bresse , Valromey et
Gex ,. 1729 , in— 4."
IL REVEL, (Jean) né à
Paris en 1684, vint à Lyon et
y fut surnommé le Raphaël du
dessin. II. poVta par son art les
fabriques de cette ville au plus .
lî.iut degré de splendeur. 11 est
l'inventeur des pointô rentrés qui
R E V
mélangeant les couleurs dairef
avec les obscures , les rendent
plus douces ; et il fit de ses étofiès
de véritables tableaux. Revel est
mort à Lyon en 1751.
REVELY , ( Willey) archi-
t'^te Anglois , mort en 17991
devint élève de Chambers , et At
ensuite avec Stuart le yoyage de
Grèce , oii il dessina un grand
'nombre de monumens antiques
dont la vue perfectionna son
goût et compléta ses connois-
sances. De retour dans sa patrie ,
il y donna le plan d'un magni-
fique chantier pour la construc-
tion des vaisseaux, qui devoit être
établi à Londres dans i'isle des
Chiens. Le plus bel édifice élevé
sons les ordres de Bevely , est
l'c^glise de Soutfaampton. Il a pu-
blié i| troisième volume des An^
liquifés é* Athènes par Stuart.
RÉ VÉRONY , ( Jacques ) né
à Lyon le 12 février 16999 d'ui^
père qui fut le premier qui y
parvint à Téchevinage comme
fabricant , se lit ecclésiastique et
publia : I. Un Traité sur le dif-
férend élevé entre St, Cyprit%
et le pape Etienne , touchant le
baptême conféré par des héré-i
tiques. IL Une Paraphrase fran-|
çoise sur la prière du roi Ma'
nasses captif à Babylone. Bévé"
rony mourut à Châlons- sur-Saône
en 1725 , tué par un fusil ^
partit entre ses liiains.
REVET, ( Edouard ) aatenr
dramatique Anglois , fit jouer
quelques comédies qui eurent
du succès sous le règne de Qhfsr^
Us IL
REVILLON, (Claude) mé-
decin , né à Màcon , exerça «vec
talent sa profession dans les b6-
.pitaux militaires , et monrnt l
Thionvilîe en 1793. OnJnidoU
R E Y
«h Ifès-bon Traité îur les aSee«
lions hypocondriaques ou va-*
penrs. il parut en 1779 , et a été
Téimprimé en rySS, in-8 ." L'au-
teur attribue Thypocondrificisme
i la suppression de la transpi-
ration insensible.
HEU VEN 5 ( Pierre ) peintre
HoUandois , né en i55o et mort
on 1618 , devint disciple de Jor-»
éàëns qa'il ^gala. Le palais de
Loo en Hollande renferme ses
plus beaux tableaux.
RËY, (Guillaume) né à la
GiiiUotière près de Lyon en 1 687 ,
devint un médecin renommé dans
. Cette ville. On lui doit : L Une
Jjissertation latine sur le Délire »
1714 9 et quelques autres écrits
de physique et de médecine , sur
la peste de Provence et sur un
tiègre^blanc. Pour expliquer la
difiference des blancs et des nè-
gres , il' supposa la possibiIite.de
^ deux Adàms i et cette opinion lui
attira des ennemis. Il mourut le
10 février 17 36.
REYN> (Jean de) né à
' Dnnkerque en 16 10 9 devint dis-
ciple de Vandick et le suivit 'en
Angleterre. La beauté de ses ta<«
bleanx les a souvent fait attri-
buer à son maître. II est mort
en i65o.
•nHAMBAUD dOrange,
troubadour célèbre dans le iâ«
siècle 9 composa un poërae in-
titulé : La Maîtrise d* Amour,
Malgré les peintures licencieuses
yi'il y inséra , il osa le dédier"
a Marguerite de Provence fille
aînée du comte Bérenger, Ho^
"Bùei premier ministre du comte
se plaignit de Cette hardiesse ,
et fit exilei* le poète aux isles
tfHyères , d'où il Fut ensuite rap-l
>eLé à k prière à^ Marguerite^
R I B 3)9
RHÊE, Fo/fz Cybàle.
. RHÉGINUS , ( Guillaume )
ou Rbgnod 9 savant médecin de
Lyon 9 a donné une traduction
françoise de X Instruction d'Hié'^
raclés contre les athées , «t un
Traité d'expériences de méde-«
cine, publié à Lyon en 1664.
RHODOMAN, (Laurent)
recteur de l'université de Wit-*
temberg, mort dans cette ville
en 1 60S 9 étoit né à Sassowerf
en Saxe. On a de lui un ouvrage
peu commun , intitulé : His^
toriœ sacrœ , libri IX, Francfort
1585 , in-4.® Cétoit un bon lit-
térateur , qui traduisit en latin
Quintus 'Calaber et Diodore de
Sicile.
RIB ALLIER, (Ambroise)
docteur et syndic de Sorbonne ,
naquit a Paris en 17 12, et est
mort dans ces derniers temps.'
Son zèle pour la défense de la
religion égaloit ses lumières. On
lui doit une Lettre surTouvrage
de Bélisaire ^ 1758^ in— 12; un
Estai historique et critique sur
lés privilèges des réguliers, 1769 ,
in- 12»
RIBIER9 (Guillaume) fut
président du bailliage de Blois et
conseiller d'état, dont on a des
Lettres et Mémoires sous Fran-»
çois I, Henri II et François II ^
1666 , deux vol. in-folio. Il mou-
rut en 166*3. — Son friite Jacquet
RisiER, conseiller an parlement
de Paris, donna des Mémoires des
chanceliers et gardes des sceaux ,
Paris , 1629 , in-8.** Les recueili
de ces deux frères studieux sont
utiles pour notr^ histoire.
RIBOUTET, (Chai;leâ^
Henri) contrôleur des rentes à
Paris , fut auteur de plu sieur f
iolied chansons et eati*autre| dg
Y X
140 R I C
celie*ci : Que ne suis-je ta fou^
gère, etc. qui eut la plus grande
Vogue. Ses parodies amusèrent.
11 étoit de Commerci en Lor-
rayie, et mourut en 1740*
II. RICARD , ( Dominique )
lié à Toulouse le a 5 mars 174 » 9
entra dans la congrégation de la
Doctrine chrétienne , et y pro-
fessa avec distinction. Son cœur
jensiWe et bon, son caractère
doux et officieux lui firent plu-
:ïieur8 amis parmi ses confirères.
;$a littérature étoit étendue ; mais
îl s'attacha sur-tout à la con-
noissance de la langue grecque.
Il avoit déjà commencé à tra-
duire PltUarque, lorsqu'il quitta
ca congrégation. S'étant fixé à
Paris 5 il donna successivement
la traduction des Œuvres Mo-
rales de Plutarque en 17 vol.
ïh-ia., depuis 1783 jusqu'en
lï 7 9 5 î et celle des Vies des
'hommes illustres du même au-
teur dont il n'a pu mettre au
jour que 4 vol. in- 12. Cette der-
nière version est inoitis pesante
^ue celle de Dacier , et pour le
moins aussi fidelle. Quant à la
4:raduction des Œuvres Morales ,
c'est un vrai service rendu à la
littérature. Quelques critiques au-
roient désiré plus de chaleur et
d'aménité dans son style ; mais
il étoit peut-être difficile de don-
3^er en François des grâces et de
l'éloquence fî beaucoup de lieux
communs de morale, qui tirent
leur principal, agrément de la
belle langue grecque. Nous avon^
encore de Ricard , la Sphère ,
poëme en huit chants qui con-
tient les élémens de la sphère
céleste et terrestre, 1796» in-8.
L'auteur Ta orné de notes et.d'une
-iiotice de poëmes grecs, latins
\et françois qui traitent de quel-
ques parties de l'astronomie. Il
'#attt chercher ^doBi cet x^uvragç
R I C
plutôt l'instruction que les char-i
mes de la grande poésie à la-
quelle d'ailleurs le su}et ne se
prêtoit pas toujours. Ricard plein
de vertus , de modestie , em-
ployant tout son temps à ins-
truire la jeunesse , à ' remplir les
devoirs de la religion , à consoler
le malheur , fuyant l'éclat et les
honneurs littéraires , est mort à
Paris le 8 pluviôse an 11 (jan-
vier i8o3 ).
RICARDOS-CARILLO,
( Antonio comte de ) général Es-
pagnol , se distingua dans la guerre
contre l'Angleterre ;. et lorsqu'elle
se déclara en • 1 7 9 3 , contre' la
France , la cour de Madrid lui
donna le commandement de l'ar-
mée de Catalogne. Après avoir
pris la ville de Ceret , Ip fort des
Bains au bout de 43 jours de
blocus, et celui de Bellegarde
à la suite d'un bombardement de
33 jours, il s'empara successive-
ment de Villefranche et de Mont-
Louis. Les proclamations qu'il
publia alors se firent remarquer
par un ton de modération et de
sagesse qui lui procurèrent beau-
coup de partisans. Il échoua dans
son attaque du camp de Salces ,
et fut contraint à la retraite;
mais quelques jours après il re-
prit ses avantages à Trouillas,
où il battit les François et dé-
cida lui-même la victoire en ddar-
^eant à la tête de ses carabiniers.
Le roi d'Espagne envoya alors à
Ricdrdos .YoTàt& de Charles III
eu récompense de ses exploits;
maïs ce général n'eii jouit *pas
long- temps , étant mort peu de
temps après en 1794* Depnis
cette perte , les armées Espa-
' gnôles n'éprouvèrent plus que
des défaites contre les François.
IL RICCOBONl , i Antoine-
François) fils du précédent, 1*1
R I C
. quit à M'antoue en 1707» Etant
' venu en France avec ses parens ,
UJQua depuis 1726 jusqu'en 1730
sur le théâtre Italien avec plus
d'esprit et d'intelligence que de
iiacilité d'organe. Il fournit à ce
théâtre , de condert avec Roma^
gncii et Dominique , diverses
pièces 9 la plupart non impri-
niées. Son Art du Théâtre, 1730,
in-80, est un ouvrage bien pensé ,
nettement écrit , plein d'obser-
vations fines 5 de réflexions in-
génieuses 5 et renferme dans un
petit espace plus de bonnes règles
qu'on n'en trouve dans des livres
plus volumineux. Cet acteur esti-
mable mourut le i5 mai 1771.
III. RICCOBONI, (Marié
Laboras de Mézières ) née à Paris
en I 7 I 4 , épousa le comédien
Louis Riccoboni , n.° I ^ et se
fit actrice au théâtre Italien ,
qu'elle quitta en vy 6 i., Après
atoifv contribué par ses conseils
et la pureté de son goût aux
succès des comédies de son mari ^
elle publia elle-même plusieurs
romans où l'intérêt des sujets se
réunit aux grâces de la dictiçn
pour en faire la lecture favorite
des femmes sensibles et de ceux
qui aiment.ce genre de production.
Les principaux sont : I. Lettres
de Fanny Ruttler, 1757 , in- 12.
ÏI. Lettres de MUadi Catesby ,
pleines d'esprit et d'une douce
philosbphiç. III. Histoire du mar'-
^uis de Çressy j, 1756, in- 12.
ÏV. Amélie, roman traduit de
JFielding, 1762, â vol. in- 12,
V. Miss Jenny , 1764 , 4 vol.
ia-i a. VI. Lettres de la Comtesse
de Sancerre , x 7 6 7 , deux • vol.
în-12: elles ont fourni le sujet
de la comédie de V Amant bourru,
VU. Lettres de Sophie de Va--
Hère , 177*5 deux vol. in- 1 2.
iVIIl, EmaUM ; produtition
R I c
Ui
pleine de sensibilité et que le leo4
teur trouve trop courte. IX. Let't
très de Milot-d Ris,* ers , 1777,
2 vol. in- 1 2. X. Recueil de pièces
et d'histoire, 17S3, 2 vol, in-i2l
Les Œuvres de Mad. Riccoboni
ont été recueillies à Neuchâtel en
10 vol. in-i2, et à Paris en 3. En
général , le style de l'auteur est
quelquefois trop chargé d'excla^-»
mation et d'épithètes ; mais ce ré-"
ger défaut est bien racheté par Iff
décence des tableaux , leur viva-
cité et la délicatesse des senti-
mens. Mad. Riccoboni est morte
danâ un état voisin de la dé*^
tresse , le 6 décembre 1752 j à
l'âge de 68 ans.
♦IL RICHARD II, roi d'An*
gleterre, fils ^Edouard prince
de Galles, succéda à son aïeul
Edouard 11 I , le 23 juin 1377. I^
étoit encore extrêmement jeune ,
et sa minorité éprouva divers
troubles occasionnés d'abord par
des impôts excessifs. Le peuple
fut sur- tout révolté d'une forte
capitation à laquelle . on soumit
le pauvre comme le riche, et
d'un arrêt du parlement qui an-
nu lloit l'achat que plusieurs serfs
avoient foit de la liberté. Un pré-*
tre nommé Bail, pensant qu'au-*
cun homme n'a voit droit de dire à
un autre ^faomme son semblable i
Je serai tout , et tu ne seras rien ;_
tu travailleras et je jouirai , cou- -
rut les campagnes pour exhortes
les serfs à recouvrer par la force
les droits naturels qu'on vouloit
leur ravir. Les paysans du comté
d'Essex furent les premiers à s'ar-
mer ;. leur exemple fut bientôt
suivi par ceux de Sussex et d'Her-
ford. Ces agriculteurs prirent de
concert la route de Londres y
massacrant sur leur chemin tous
les nobles, et vinrent enfin ait
nombre de cent mille ^omme^
34* R I C
plus que prier le roi de comnmer
leur servitude en une taille j
payable annuellement à leurs
maîtres. H^a/^Tyler )eur chef y
porta la parole ; mais comme en
parlant , il brandissoit sa lance ^
Watworlh maire de Londres ,
indigné de ce geste menaçant 9
le renversa d'un coup d'épée , et
le chevalier PhUpol l'acheva à
terre. Ses compagnons furieux
flloient venger sa mort, lorsque
lUchard s'avançant seul , leur
dit^: Voudriez^vous , mes amis ,
tuer votre roi ? Si vous avez perdu
votre chef, je veux Vétre à l'avenir.
Suivez— moi seulement et tous vos
vœux seront remplis. Ce discours
paternel fut accompagné du par-
don général du passé et de l'abo-
lition de la servitude. Ces gens
agrestes regagnèrent alors leurs
cabanes ^ satisfaits du monarque
et d'eux— mêmes. Mais pendant
qu'ils se félicitwent d'être, rède-.
Tenus hommes, les nobles ac-
couroient de toutes parts auprès
du monarque, et lui iFormoiént
une armée de quarante mille
gommes. Richatd traversa à leur
tête les provinces agitées par le
désir de la liberté, cassa toutes
les Chartres qu'il avoit accordées y
et fit condamner au deriiier sup-
plice les chefs du parti populaire.
Après avoir calmé cet orage, en
i38i , il fit la guerre aux Fran-
çois et aux £cossois, et la ht avec
9ssez de bonheur ; mais cette
prospérité ne se soutint pas. Jean
duc de Lancastre, .E^cf^ar^ duc
d'Yorck , et Thomas duc de Glo-
cester, tous trois frères de son
père , étoieiit très— mécontens de
l'administration de leur neveu.
Le dernier conspira contre lui
fn 1397, et périt à Calais, où
il fut étranglé dans sa prison. Le
comte d*Arundel eut la tête tran-
sitée , et le comte de If^arwick^
R I G
fut condamné à un exil perpétiteli i
Quelque temps après , Henri , ^
comte de Derby, fils du duc de /
Lancastre , voulant défendre la
mémoire de son oncle , se \it
banni du royaume, où il fut rap-
pelé par quelques séditieux. Le
comte de NorthumberUnd qui
étoit dans ses intérêts, arrêta, en
1899 , le roi à Flint dan54a prin-
cipauté de Galles, et Je remit
entre les mains de Henri depuis
peu d\ic de Lancastre , qui l'en-
ferma dans une prison. La nation
se déclara pour lui. Richard H de-
manda seulement qu^on lui laissât
la vie . et une pensio^i pour sub-
sister. Un parlement assemblé le
déposa juridiquement. Richard,
enfermé dans la Tour , remit au
iluc de Lancastre les marques de
la royauté, avec un écrit sigiié
de sa main,. par lequel il se re-
counoissoit indigne de régner. Il
l'étoit en'eifat, puisqu'il s'abais-
soit à le dire. Le parlement d'An-
gleterre ordonna en même temps
que si quelqu'un entreprenoit de
le délivrer, dès-lors Richard II
seroit digne de mort. Au premier
mouvement qui se fit en sa fa-
veur, huit scélérats l'allèrent as-
sassiner dans sa prison, à Pont-
Fract, où il avoit été transféré
de la Tour de Londres. Il dé-
fendit sa vie mieux qu'il n'avoi^ '
défendu son trône; il arracha la
hache d'armes à un des meur-
triers * et il en tua quatre avant
que de succomber. Enfin il expira
sous les coups à 33 aris. ( Voyes^
IVLkGDALEN.) Ainsi périt en 1400
ce malheureux prince , quiu eutni
les vertus d'^in Chrétien , ni les
qualités d'un honnête honam^f
rii les talens d'un grand roL II
manqua également d'esprit, dç
cœur et de mœurs. Son règne ftt
celui des femmes, des favoris et
des mioistrea^ Les plus éttàug^
f
R I C
IHéiordres affligèrent l'Angleterre*
On ne voyoft par— tout que bri-
eandages, et les seigneurs étoicnt
les premiers brigands. Calverley
ttKnolLes , deux généraux illus-
tres, avoient été capitaines de ces
bandits dont ia France éprouva
long— temps la fureur. Les foibies
ayant besoin de protection contre
tant de petits corps armés pour
s'entre — détruire , s'unisspient
sons les ordres des puissans, et
devenoient lés instrumens de leurs
«rimes. Au milieu de ces« divi-
sions iïxieàtmei y Jean Wiclef ,
enthousiaste austère , répandit
une doctrine, dont le germe fu-
neste pro<^aisit toutes les héré-
sies et une partie des guerres
du i6* siècle.
♦ X. RICHARD, (René) fils
d'un notaire de Saumur, naquit
en 1654. 11 entra de bonne heure
dans ia congrégation de l'Ora-
toire , d'oii il sortit ensuite ,
après avoir été employé dans les
missions faites par ordre du roi
dans les diocèses de Lucon et
de la Rochelle. Il obtint iin ca«
nonicat de Sainter-Opportune à
Paris , où il mourut doyen de ce
chapitre le 21 août 1727, à 78 ans.
II a voit eu le titre d'historiogra-^
phe de France. L'abbé Richard
étoit un homme singulier , et la
singularité de son caractère a
passé dans ses écrits. Les princi-
paux sçnt : L Parallèle du car^
dinal de Richelieu et du cardinal
Mflzarin , Paris , 1704, in— 12;
r^^imprimé en 1716. Cet ouvrage
pêche en bien â^s endroits con-
tre la vérité de l'histoire. L'au-
teur n'a voit ni l'esprit assez pro-
fond 9 ni le jugement assez so-
lide , ni itne assers grande con-
noissance des affaires , pour faire
des parallèles justes. Il avoit pro-
mis cependant de comparer les
denx derniers confesseurs d«
Louis XIV, la Chaise et le Teû
lier ; les deux archevêques de
Paris, Harlai et Noailles , et
quelques-uns des ministres de
Louis Xiy, Il est heureux pour
lai que ces ouvrages n'aient pas
vu le jour. IL Maximes Chré-m
tiennes, et le Choix d'un bon
Directeur ; ouvrages composés
pour les Demoiselles de Saint-*
Cyr. m. Vie de Jean - Antoine
le Vacher prêtre , instituteur des
Sa'irs de l'Union Chrétienne 9
in— 12. IV. Histoire de la Vie du-
P. Joseph du Trâiublay capuoin,
employé par Louis XJIIâens les
affaires d'état, in- 12. L'abbé Bi<m
chard peint dans cet ouvrage le
P. Joseph comme un saint , tel
qu'il aaroit dû être; mais peu de
temps après il en donna un autre
portrait, dans le livre intitulé :
Le véritable Père Joseph, ca^*
;iu cm, contenant l'Histoire anec^
dote du cardinal de Richelieu,
à Saint-Jean de Maurienne y
(Rouen) 1704, in- 12 ; réira-
ê rimé en 1760 , deux vol. in- 12*
\t pour se mieux déguiser , il fit
une critique de cette Histoire,
sous le titre : Réponse au livre
intitulé ; Le véritable Père Joseph ,
in-i2 ^ avec le précédent. Le Père
dAvrigny n'a pas adopté en en-
tier le jugement de l'abbé Bichard
sur le P. Joseph. « Pour en faire,
dit- il, un fort mauvais religieux,
il s'efforce de le représenter comme
un grand politique. Il ne donne
pas un coup de pinceau au ca-
pucin , qu'il ne défigure le por-
trait du cardinal. Il semble que
ce premier ministre n'ait pas
formé un projet , concerté une
alliance , conclit une ligue , sans
l'instigation du P. Joseph. C'est
ce Père qui le conduit dans ses
entreprises , qui le soutient dans
$es succès ^ qui l'affermit dans li^
y*
1
344
RIC
mauvaise fortune, qui répare ses
disgrâces. Cest à ses vues qu'on
doit i'aliiance avec les Protestans
d'Allemagne, et la ru. ne des Cal-
vinistes en France. C^st à sa per-
sua.^'ion qu'on entreprend le siège
de la Rochelle , et psr ses soins
^qu'on en vient à bout. Sans lui
Corbie seroit encore entre les
mains des Espagnols , et le car-
dinal, long-temps avant sa mort,
auroit quitté le gouvernail pçiur
céder à l'orage dont il ne pgu-
voit soutenir la violence. A ce
compte , Fauteur ne devoit pas
se contenter Rappeler le P. Jo-
sei/jh , le bras droit du ministre /
il en étoit la tête et le cœur ; il
ëtoit le ministre tout entier ;
l'autre n'en avoit que le masque.
Mais il s'en faut bien que tous
les historiens tiennent le même
langage. Je ne dirai pas avec Lar-
rey que ce religieux no fut qu'un
vit instrument du cardinal, it lui
Tendoit des services considéra-
bles ; il écoutoit les ambassadeurs;
il' déch'ifïroit les lettres; il dres-
soit les instructions ; il veillort
^sur les raécontens; en un mot^ il
ébauchoit les affaires, comme le
dit Gratins dans une lettre à
Oxensliern ; mais le cardin*al de
"Richelieu mettoit la dernière main
. à tout. >» V. Dissertation sur l'In-
duit , in-8.** VI. Traité des Pen^
sions 'Royales , in~i2.
XU. RICHARD, (Charles-
Xouis ) religieux bénédictin , né
à Blainville en Lorraine au mois
d'avril 1 7 n , fut un écrivain labo-
rieux , mais peu élégant. Le but
de tous ses écrits est de défendre
la religion ; mais sa plume est
souvent languissante et sans in-
térêt. On lui doit: l.Des Sermons,
4 vol. in- 12. n. Dictionnaire des
Sciences ecclésiastiques, 1765,
6 vol. in-fol. Cette énorme com-^
RIC
pllation offre un assez grand
nombre de bons articles. III. Dis-
scrtation sur les V^œux , lyyij
in- 12. W .Analyse des Conciles
généraux et particuliers, 1772J
5 vol. in-4.® V. La Nature en
contraste avec la Relira , 1773,
in-8.° VI. Annales de la charité
ou de la bienfaisance chrétienne,
1785,2 vol. in— 12. VII. Un graud
nombre d'Opuscules pour la dé-
fense du clergé et des religieux.
Richard est mort dans ces der-
nières années.
RICHE , ( Claude- Antoine- 1
Gaspard) médecin, né en 1762,!
étudia avec succès l'histoire na-rj
turelle, et aida Vicq^Dazir danf '
ses travaux. Embarqué. avec £»-
trecasteaux pour aller à la re-
cherche de la Peyrouse , il faillit
dans la nouvelle Hollande à être
victime de son zèle pour les dé-
couvertes. Voulant reconnoitre
la cause de plusieurs tourbillons
de fumée qu'il appercevoit , il
s'égara et ne reparut qu'au bout
de trois jours, exténué de faim,-
de fatigues , et prêt à être aban-
donné par ses camarades, qui
avoient perdu l'espérance de le
revoir. De retour en France,
Riche y est mort le 16 août i797j'|
regretté des sa vans et d'un grand]
nombre d'amis,
RICHEBOURG, (Mad.la
Grange de ) donna au théâtre en
1782 deux comédies , intitulées
le Caprice de l'Amour et la Du/»«
de soi'-méme. Elle a traduit en-
core de l'espagnol plusieurs ro*
mans qui ont obtenu peu de snc- J
ces : ce sont Pcrsile et Sigis-'
monde, les Aventures de Flore
et Rlanchefleur , celles de Dom
Ramire de Roxas , etc.
RICHEMONT-BLANCHE-
R£AU , mort au milieu dudixn 1
-— ^
*!JU 'Jt^
R I C
wptième siècle , a donné au théâ-^
tre les Fassions égarées et YEspé^
rance glorieuse , tragi-comédies ,
imprimées à Paris chez Collet,
en i632.
V.mCHER, (N.) mort en
1696, fut membre de l'académie
1 des Sciences , dans la classe de
mathématiques. 11 fut envoyé par
I cette compagnie à Caïenne , oii
\ il arriva en 1672 , et y fit des ob-
) sertrations exactes sur la parallaxe
' du soleil , de la lune et des autres
planètes 9 et sur l'obliquité de
i Técliptique. Ce savant astronome
I fiitlé premier qui observa le rac-<
courcissement du pendule. Ce
\ phénomène vériiîé , fournit à
Newton et à Huyghens la preuve
. la plus convaincante de lapla-
tissement de la terr'e , et a servi
à en déterminer positivement la
forme.
RICHIÊR DE Belleval,
(Pierre) né en 1 558 à Chàlons
en Champagne , se livra de bonne
heure à l'exercice de la médecine.
.Voyageant dans le midi de la
France , et arrivé à Pézenas au
moment d'une contagion, il rend-
ait de si grands services aux ha-
bitans de cette ville , que le con-
nétable de Montmorency le prit
en amitié , et le fit nommer par
Henri IV , professeur de bota-
nique et d'anatomie dans l'uni-
versité de Montpellier. Ce goût
impérieux pour une science qui
caractérise l'homme supérieur et
destiné à en étendre les «limites,
lui fit cultiver, avec passion la
botanique; et c'est a lui qu'on
doit la fondation du jardin des
plantes de Montpellier , antérieur
à celui de Paris, et le premier
qu'on ait vu en France. Belle-'
val ne cessa de l'enrichir , et de
s'occuper de tout ce qui pouvoit
le rendre ou plus curieux ou plu$
R I G
34Î
utile. B fit plusieurs voyages dans
les Cévennes, à TËspérou, sur
les bords de la mer ; il envoya des
élèves dans toutes les parties du
Languedoc , de la Provence et ()a
Dauphiné ; en même temps des
graveurs entretenus à ses frais,
travailloient sous ses yeux à con-
server le fruit de ses travaux et
de ses courses. Son zèle et ses
découvertes l'ont fait regarder
comme le restaurateur de la bo-
tanique en France. L'examen de
la corolle et du fruit dans les
plantes dont Bel levai s'est |? eau-
coup occupé, sembleroit prou-
ver que le célèbre Tournefort lui-
doit sa méthode ; mais d'un antre
côté , le soin que Belleval appor-
toit à observer les racines , sou
attention scrupuleuse à ne rien
omettre sur cet organe essentiel
des végétaux , portent à croire
qu*il avoit lui autre plan que le
premier. Lo'esel, célèbre bota-
niste qui fit pour la Prusse ce que
Belleval ayoit fait pour le Lan-
guedoc , fût l'élève de ce dernier.
Dans les troubles qui suivirent
la mort de Henri IV, une ré-
bellion survenue à Montpellier ,
en détruisit les faubourgs et le
jardin de botanique. Malgré sou
grand âge et sans se laisser abattre
par les événemens , Belleval sol-
licita des secours pour renouveler
son établissement , avec la même
«rdeur qu'il avoit mise à le for-
mer. La lenteur qu'on mettoit à
les lui fournir ne pouvant se con-
cilier avec son activité , Belleval
n'écouta que son désintéresse-*
ment, n'hésita pas à faire une
avance de cent mille livres ,
somme considérable pour le
tem^s. Il termina sa carrière en
1682 , âgé d'environ 74 ans. Il
avoit légué à son neveu le soin
de publier ses manuscrits ; mais
celui-ci n'a pas rempli ses inten-
Î4^ R I C
lions. M. jimoreux a été plus
iu«te, cyi rappelant la mémoire
de ce botaniste célèbre , dans ses
Recherches sur la vie et les écrits
de Richier , 1786, in- S»; et
M. Broustonet a fourni ]es fonds
d'un prix qu'a décerné l'académie
de Montpellier à l'éloge de ce
dernier. Les témoignages d'es-
time que lui ont donné Tourne^
Jort', Boerhaave , Haller -et
Linné , assurent sa gloire. Le seul
ouvrage qu'il ait publié a pour ti-
tre: Onomatologia , 1598. C'est
tin simple catalogue alphabétique
des plantes indigènes ou exoti^
ques que l'auteur avoit placées
dans le jardin de Montpellier*
Il est précédé d'une dédicace à
Henri IV, contenant le détail des
travaux de l'auteur , et dans la-
quelle il annonce que dès qu'il
aura fini ses herborisations des
Pyrénées, il publiera les descrip-
tions et les usages des plantes
dont il ne publie encore que le
catalogue. Pour donner en même
temps une idée de sa méthode , il
joint à son écrit la description de
cinq plantes , très-propre à don-
ner l'opinion la plus avantageuse
du reste de son travail , qui' ren-
fermoit cinq cents plantes. Un
heureux hasard a fait tomber
entre les mains du docteur Gili-^
hert de Lyon , les cuivres des des-
sins qu avoit fait graver Beileval ,
et il en a publié la collection en
a vol. in- 4^ ^ qui font suite aux
Démonstrations élémentaires de
Botanique, Lyon 9 1796 , in- 8^,
4 vol. Bruyset qui en est l'éditeur
a fait précéder cet important ou-
vrage , d'une notice historique
trèi— bien écrite, sur l'auteur qu'il
fait conuoitre. Une discussion
critique.acconipagne la figure de
chaque plante. Le dessin en est
exact , mais un peu dur et roide.
Beileval a été le premier bota-^
R I E
l)isf<* fpA ait fait graver sur eni4
vre ; et ses figures ont conservé
le style de celles que les autrei
auteurs avant lui avoient fait gra-
ver, en bois. Scopoli a consacré
uii genre à la mémoire de Belles
val, sous le nom de BellevalUaf
et Bnignière lui en a dédié ua
autre découvert à Machigascar ,
sous le nom de Richieria.
RICHMANN, professeur de
physique en Russie, donna un
nouveau degré d'évidence aux
expériences de l'électricité fçitef
en Amérique par Franklin, en
Frauce par Bu/fon et d'AUhârd ,
à TurÎA par le P. Beccaria ; il
avoit fait dresser une barre de
fer très-élevée qui s'électrisadans
un moment d'orage. Richmai»
voulut soutirer le fluide , et périt
en 1753 pai* la commotion delà
fondre , victime de son expé-
rience. H devoit être et d fiit re-
gretté de tous lés ami s des sciences.
RIEDESEL, (le baron de)
Prussien , mort ambassadeur i
Vienne en 1786) à 45 ans, a
publié en allemand un Voyagt
de la grande Grèce , estimé dei
savans. .
RIEGELS, gouverneur deij
pages de la cour de Copenhagqe]
a publié la meilleure Histoire ie\
DanemMrck qui soit connue. flJ
est mort en i^pz, dans sa 74*'
année.
IV.RIEUX, (Renée de) de
la même famille que les préc^
dens , devint à 1 4 ans RUe d faon*
neur de la reine Calheriae h
Médicis. Les charmes de sa figaW
et la douceur de son entretien f
la firent surnommer la htU$,\
Chdteauneùf, Le duc d'AnfOU,
depuis Henri III , éperdiunent
amoureux d'elle ^ employa soa-
vent la muse du poète Besporltt
R I O
^iir Ini exprimer sa passion ^
et il lui adressa entr'autres ces
' vers :
Cheveux crespés et blonds , wmcht-
lamment épars..
Dent le Tainquenr des Dieox ifem-
prisoone et se lie »
Front de marbre yiTant , table cUii«
et poHe ,
0& les petits Amoun Tout aiguiser
leurs dards ;
Épais monceau de . neige tTeuglant Us
regards ,
Peur qui et tout objet non coeur st
désallie ;
f Teix pleurant a la fois tant d*aise et
de martyre ;
^ Souris par qui l'Amour entretient son
empire »
Voix , dont. le son demeure au caur
si longuement ,
Esprit , par qui le fer de notre âge se
dore f
I Beauté», grâces, discours, qui m'allcz
transformant ,
l<as! connoissez - vous point combien
je TOUS adore ?
Après avoir épousé un Florentin
nommé AntinoUi , M^^^ de Rieiix
le tua de sa main , l'ayant surpris
pa adultère ; son second mari
\ÂUoviti baron de CasteLLane ,■ li-
seur furieux, périt en. iS86 ,
*oas les coups de Henri d'An-
jpttléoie , gouverneur de Pro—
fence/
RIOS y ( Françoise de Los )
Espagnole, n a voit <jne douze ans
lorsqu'elle traduisit du latin dans
M langue divers ouvrages de
Jiété , et entr'autres la Vie d'An-^
gèle de Fourni, i§t8 , in- 12.
T-CharlotU'Marie de Los Bios,
yussi originaire d'Espagne , née
i Anvers en 1728, se fit insti-
tntricedans sa patrie, et mérita
1 estime et la Confiance des parens
par ses vertus et ses ouvrages.
RIS 347
Cenx— cî sont tous relatifs à l'é-
ducation. On distmgue parmi
eux ; I. Magasin des petits En^
fans, 1774, in-8.0 11 a été tra-*
duit en allemand. II. Abrège de
toutes les Sciences , m- 1 a. III. En*
cyclopédie enfantine , 1780 , in-*
8**; elle a été traduite enangloi$
l'année suivante. M^^« Los Jiios
est morte dans sa patrie au mois'
de juillet 1802.
RISBËCK , ( Gaspard ) hé en
1750 dans une petite ville près
de Maïence , étoit Hls d'un riche
négociant. 11 étudia d'abord en
droit , quoiqu'une imagination
ardente , un caractère impétueux
le rendissent peu propre à l'étude
aride, mais nécessaire des lois.
Occupé de littérature et de phi-
losophie plus que de jurispru>«
dence, il s'enrôla dans la Secte
de.i Génies par exccUcnce. C'étoit
ainsi que s'appeloit une société 9
dont le principe fondamental étoit
le mépris souverain, des conve-
nances sociales. Ces nouveaux
Viogène n'aimant que la liberté
et l'indépendance , regardoient
tous les emplois politiques , toutes
les fonctions civiles , comme au-
dessous d'eux, iiisheck s'étant
rangé sous la bannière de ces dan-
gereux sectaires, dissipa le bien
que son père lui avoit laissé , et
se vit bientôt réduit poui* subsis-
ter , à se mettre aux gages d'uu
libraire. Il s'établit à 8aitzbourg;
ensuite il se mit à voyager , et
se fixa pendant quelque temps a
Zurich en Suisse, d'où il se re-
tira dans le village d'Arau. Une
noire mélancolie l'avoit jeté dan^*
une espèce de misanthropie qui
féloigria dé toutes les sociétés , il
ne connut plus que celle des ca-
barets. 11 mourut à Arau le 3 fé-
vrier 1786. Nous avons de lui un
Voyage d* Allemagne qui a été
348 R I T
traduit en françois , et une JKf-
toire d' Allemagne dont M. Dou-
ray de Long rais prépare la tra-
duction. II y a dans ces deux ou^
Vrages de la hardiesse dans les
vues et du nerf dans le style :
mais l'observateur ne se méfie pas
toujours de son «caractère chagrin *
et caustique.
RITTEN-HOUSE, (David)
'Anglo*- Américain , étoit horlo-
ger et fermier dans sa patrie lors-
que l'indépendance des Etats-
Unis fut proclamée. Ses lumières
et sa probité le firent alors appe-
ler à la place de trésorier du
gouvernement. Lorsque la société
Américaine des Sciences eut été
formée , elle le chargea d'obser-
ver le passage de Vénus ; ce qu'il
■exécuta avec clarté et précision.
•II succéda à Franklin dans la pré-
sidence de cette compagnie sa-
vante, et est mort en 1796 j à
l'âge de 64 ans.
RÎVAL , ( Aymar du ) con-
seiller au parlement de Grenoble
an 16^, siècle,' a publié des re--
cherches sur le droit civil et ca—
nonique , et un commentaire sur
la Joi des douze Tables, sous^es
titres' : Historia juris civilLs et
pontificii , Valence , 1 5 1 5 , in-40;
Civilis historiœ juris libri quin-
çKr, sive in xii Tabidarum leges
commentaria j 'M.alénce ^ i53o,
ji>-8.'' Il y a de l'érudition , mais
peu de méthode dans ces ou—
vr^ïges. Le derjiier sur-tout con-
tient des choses curieuses , quoi-
qu'il ne soit qu'une sorte d'essai
sur l'histoire de la jurisprudence
ancienne des Romains.
RIVAROL , (Antoine de)
poëte et littérateur , naquit à Ba-
gnols en Languedoc, le 17 avril
1767^11 vint se fixer à Paris, oîi
la beauté de sa figure j, son esprit
R I V
mordant et satirique lui acquU
rent bientôt quelques amis et un
plus grand nombre d'ennemis.
Parmi les premiers, il compta
Voltaire .,'d'Alembert , et sur-
tout .Buffon. U se maria jeune
avec là fille- d'un Anglois établi à
Paris ; mais il ne fiit point heq-
reux dans son union. « Un jour,
dit— il , je m'avisai de médire de
TAmour ; le lendemain il m'en»
voj'a THymen pour se venger. De-
puis je n'ai vécu que de regrets.»
Lchrsque la révolution amena svr
la France les orages les plussan-
glans , Rivarol quitta sa patrie
et se retira en Allemagne : il ré-
sida long-temps à Hambourg efc
ensuite à Berlin, où il futac-
cueilli du ' monarque et du prince
Henri. Il n'en regrettoit pas môini
sa patrie. « La vraie terre pro*
mise,, écrivoit-il à l'un de set
amis en France , est encore 1«
terre où vous êtes. Je la vois d
loin , je désire y revenir ; et je
ny rentrerai peut-être jamais.»
En eflet, il mourut à Berlin le
1 1 avril 1801. Rivarol eiitun dé*
but assez brillant dans la carrière
littéraire par son Discours sur l'a-*
niuersalité de la Langue françoist
couronné en 1784 parl'acadë
de Berlin. Àvjec des vues fiBe*
quelquefois l'auteur n'a pas a
considéré que la maturité du Iw-j
gage tient à la perfection m
de la société. 11 s'est contenté
le dévelopf>einent de son sujet
ce que l'histoire et la littéra
de chaque peuple lui ont b:
de preuves superficielles ; 3 Ibî
suJÊ de faire voir que la '
allemande par la multitudede
dialectes , l'italienne par sa
lésse , l'espagnole par son «»-•
fiure , et l'angloise par sa cnltjW
trop tardive , n ont pu acqttcr*f
aucune supériorité, etqu'àfépo*
que où elles ont eu le plus d'éclit
•r
.'.jAsl
R I V
elles n'ont pas été secondées par
les circonstances politiques. Les
autres ouvrages de Riwarol sont ;
L L'Enfer , traduction àwDaïUe ,
où l'auteur Italien est plutôt im ité
que rendu ; aussi Bu/fon lui dit
obligeamment après l'avoir Uie ,
« cet ouvrage n'est point une
traduction , c'est une suite de
flréations. » II. Lettres sur la Be-
Ughn et la Morale , 1 7.8 7 . L'au -
teur publia ces lettres à l'occasion
de l'ouvrage de M. Necker sur
Viraportance des Opinions reU~-
gieuses, ÏIÏ. Petit Almanach des
grands hommes , satire pii^uante ,
j qiii souleva contre l'auteur une
î foule d'écrivains ordinairement
jugés par lui avec amertume. L'é-
crit a pour épigraphe ce passage
du Dante : Quelle est cette foule
d'esprits que la gloire distingue
^des aiitres en fans des hommes. On
[attribua à Champcenets plusieurs
j' traits malins de cette, brochure ;
\ mais Bivarol les réclama et mit
; de l'importance îiVavoir faite en"
entier. Ce trait ne prouve pas la
;. bonté de son caractère. V^.Let-*
! I>'«à la noblesse Françoise, 1792,
.in-8.0 V. De la Vie politique de
f la Fayette , 1791» VL Prospectus
d'un nouveau Dictionnaire de la
•langue Françoise , suivi d'un i>»j-
'&nLrs sur les facultés intellec-
tuelles et morales de l'homme,
Hambourg , 1797 9 in-4.<*Le style
, toujours figuré et métaphorique
fatigue le lecteur ; mais il en est
dédommagé par des images plus
}-46uventbrillantes que judicieuses,
f L'introduction de cet ouvrage le
i fit prohiber en France. On dit
l'mi'ayant promis celui-ci à son
; libr^re dans un temps déterminé ,
; -et ayant passé le terme oii il dé-
! Voit être achevé sans avôit coitî-
\ ttiencé un seul article \ le libraire
• trouva le moyen de lui f^ire rem^-
çlk sa promesse ^l'attirant Clieî
R I V
349
luî , en l'y enfermant sur-le-
champ ot mettant des sentinelles
à sa porte pour l'empêcher do
sortir et le forcer au travail.
VII. Quelques Poésies qui ont du
piquant et, de la grâce. Rù/arol
avec beaucoup d'amour propre
étoit peu aim.mt , et ne se soucia
pas d'être aimé. En 1802 'ou a
publié sa Vie, 2 vol. in- 12.
RIV AROLLES , ( JosephPM-
lippe de Saint-Martin-d'Aglié )
maréchal de camp^ grand'croix
de l'ordre de Saint- Louis, et
grand prieur de celui de Saint—
Lazarp en Languedoc , mort en
1704 , se distingua par une va-
leur si vive et si franche qu'on
l'appela/^ Débauché de bravoure,
li servit dans toutes les guerres
de Louis XIV, depuis 166 5 jas-«
qu'à la fin du siècle. Un coup de
canon lui avoit emporté une
jambe ; un autre coup de canon
porta sur cette partie à la défense
du pont de Kell en 1^77, et luî
cassa sa jambe de bois, v^^ / cette
fois-^i, dit— il d'un grand sai^g.
froid 9 l'ennemi a été pris pour
dupe , j'en ai une autne dans ma
valise,
RIV AZ , ( Pierre-Joseph de )
né à Saint-Gingoulph dans le Bas*-
Valais en 171 1 , mort en 1772 ,
est auteur de plusieurs inventions
utiles pour perfectionner Thor-i
logerie, les pompes, et faciliter
les desséchemens des marais. On
a encore de lui le Martyre de la
légion Thébairpe^ '779 9 in-12,
et V Antiquité de la muison de
Savoie.
RIVES , '( Jean-Joseph ) né
le 19 mai 1730, à Apt en Pro-
vence d'un orfèvre , embrassa de
bonne heure l'état ecclésiastique-
11 fut d'abord professeur de phi-
losophie «tt séminitiré de Saint-
1
5(0 R I V
Charles à Avignon : place à la-
quelle il n'étoit guère propre. Il
devint ensuite cwré de MoUéges
dans le diorèse d'Arles , et il ne
fut pas plus satisfait de cette
nouvelle fonction que de la pré-
cédente. Son goût étoitplus tour-
né vers les recherches d'érudition
ut de bibliographie que vers les
occupations pastorales. Il quitta
en 1767 la province pour se ren-
dre à Fatis. La réputation de son
savoir l'y avoit devancé , et il ob*
tint la place de bibliothécaire du
duc de la ValUère, Il revint en
Provence en 1787 , et lorsque la
révolution eut agité les esprits,
il se lit l'apôtre de l'anarchie. Na*
turellement altier et indépendant,
il donnoit aux idées d'égalité une
étendue illimitée, et il les ins-
pira à ceux qu'il auroit dCt comme
prêtre et comme citoyen , rame-
ner à la paix et à la sagesse. -Son
caractère sombre et caustique
s'exhaloit contre le clergé, con-
tre ceux qu'on appel oit grandis ,
et sur-tout contre les gens de
lettres qui avoient cukivi le
jDéme genre de littérature que
lui. Il en vouloit principalement
à Guillaume Dehure et à l'abbé
Mercier, qM n'appeloit jamais
que le moine Mercier, Lorsqu'il
eut adopté les idées nouvelles ,
il ne voulut plus qu'on lui donnât
tè titre de bibliothécaire de M. de
ha ValUère, et il raisonnoit là-
dessus comme le Bourgeois gen-»
iilhdmme quand il tâche de pron-
Ter que son père n'a pas été mar-
chand dé drap. A l'exception de
son Eclaircissement sur IHnuen^
iion des Carlos , 1780, in-*4'*,
tous ses autres ouvrages sont
écrits sans précision, sans cor-
rection et sans élégance. C'étoit
le style de sa conversation ; 'mais
comme sa mémoire étoit prodi-
gieuse , ses souvenirs la ren-
R o B
1
doiént instructive et quelquefois
intéressante. On a de lui outre
l'ouvrage précédent : ï. Lettre k
M. de la Borde sur la formule
iV'»j Dei gralià , 17995 in-^.*
IL Prospectus d'un ouvrage ayant
pour titre : Essai sur l'art de vé-
rifier rage des miniatures peintes
dans des manuscrits , 1782 ,
in- II. C'est le simple Prospectus
d'un in-folio renfermant vingt-
six planches. Il devoit n'en être '
tirés que quatre-vingts exem-
plaires à 600 livres chacun. Les
cuivres ensuite dévoient être do-
rés et déposés dans le cabinet de
Versailles. III. Histoire critique
de là Pyramide de Caïus j^stius,
1790, in-fol. IV. Notices caUi^
graphiques et typographiques ,
1795, in-8.° V. Des Odes sur
l'abolition de l'esclavajje , etc.
sans feu ni force , et ou l'on s'ap-
perçoit que l'érudition de l'autenr
a glacé son imagination. VI. Ia
Chasse aux Bibliographes , 1788 ,
2 vol. in-8.0 Rives est mort à
Marseille en 1792.
RIVE Y , ( Pierre de la ) natif
de Champagne , donna au théâ-
tre plusieurs pièces : le Laquais ,
la yem^e , les Esprits , le Mot"^
fondu , le Jaloux , les Ecoliers ,
la Fidelle , la Constante , les
2>oin/>mw. Ces foibles prodoo-
tions n'en ont pas moins été r^
ciieillies à Paris en 1697, et à
Rouen chez PetU^Val en i6df.
Les trois dernières pièces ont été
réimprimées à Troyes chez Chô*
çillot en iGri. L'auteur moonit
Vers cette époque.
XIX. ROBERT DE VàO-
GONDT , ( N. ) géographe onfi-
naire du roi , né à Paris en
1688, mort dans cette viHe en
1766 , est très -connu par «»
Atlas, portatif , in - 4<>, et paf
son ^xmd -Aillas en 108 carte^
R O B
ff7S3. H éclalroit ses connois-
sances géographiques par celles
de l'histoire , et on a de lui di-
Ters ouvrages qui attestent son
savoir. I. Abrégé des différens ,
ty sternes du mmtde , 174S , in- 1 G.
IL Introduction à la géographie
fuSanson, 1 743 , in*8.o III. Géo-
graphie sacrée , 17469 deux vol.
iii^i. IV. Usagé des gloires ,
17 52) ia— 12. Robert son fils a
soutenu dignement son nom.
XX. ROBERT,. (Marie-
Anne Roumier , épouse de ) née
à Paris en T705 , et morte en
1771 , aima dès son enfance les
romans ; et après en avoir beau-
conp lus , elle se mit à en com-
poser. Nous en avons d'elle plu-
sieurs qui n'eurent qu'un succès
i éphémère, parce que le style ,
. le principal mérite de ce genre
frivole après Tintérôt de l'intri-
gue) ne les a pas soutenus. I. La
Paysanne philosophe , 1762,4
parties in - 1 2* II. La V'oix de
. ht nature , 5 parties. III. Voyages
de Mylord Ceton dans les sept
planètes , 1765, 7 parties. IV. Ni-
cole de Beauvais , 1767, deux
vol. in- 12. V. Les Ondins, 1768,
deux vol. in- 12.
IL ROBERTSON , ( Guil-
laume ) célèbre historien , naquit
en Ecosse en 1721 , et s'adonna
d'abord à la théologie. Devenu
recteur d'une église anglicane, il
le consacra à la prédication , et
ïes sermons ont été publiés. Mais
c'est sur* tout dans l'histoire que
se développèrent ses grands ta-
lens. La clarté , l'impartialité ,
d^s. vues profondes distinguent
Ses histoires d'Ecosse , d'Améri-
que et de CharUs^Quint, Cette
dernière est sur-tout remarqua-
ble par l'intérêt qui y règne et une
excellente introduction. Ces di—
ferses productions méritèreat à
R o B
37»
leur auteur le titre et les hono-
raires d'historiographe du roi
d'Angleterre. On lui doit encore
dos recherches historiques sur
VInde, On y trouve le rapport des
connoissances que les anciens
avoient recueillies suft^tte vaste
contrée, et des notices sur. les
progrès de son commerce avant
et après le passage du cap de
Bonne-Espérance, sur l'état ci-
vil , les lois , les arts , les scien-
ces , les n^peurs et les institutions
religieuses d'un peuple antique
qui a enrichi les autres des dé-
bris de ses connoissances , et qui
a encore tant de liaisons avec
PEurope par la fertilité et les
richesses de son territoire. Bo—
hertson est mort principal de l'u-
niversité d'Edimbourg , au mois
de juin 1793.
ROBESPIERRE, ( Maximi-
lien-Isidore ) né à Arras d*une
famille pauvre , fut élevé aux dé-
pens de Tévêque de cette ville.
Après avoir fini ses études à Paris
-au collège de Louis-le-Grand , il
suivit quelque temps le barreau de
sa patrie et y plaida la cause du
paratonnerre de Saint-Omer. Les
échevins de cette villeavoient prc^
crit cette découverte comme dan-*
gereuse , et fait défense de l'em-
ployer ; Robespierre obtint du
tribunal d'Àrras'plus éclairé, la
liberté pour sa partie de rétablir
le paratonnerre qui avoit été
abattu sur sa maison. L'académie *
de Metz ayant proposé pour sujet
de son prix en 1784, de déter-
miner l'origine de l'opinion qui
étendoit sur tous les individus
d'une même famille , une partie
de la honte attachée aux peines,
infamantes subies par un coupa-
ble , le discours de Robespierre
fut couronné et publié Tannée sui-
vante» Il se montra de bonne heure
3Ç1 R O B
sombre ^ méchant quoique ti-
mide, j/ïloux des talens , de- la ri-
chesse et de la grandeur. 8*61311 1
donné l'air d'un philosophe et
d'un désapprobateur , affichant
une morale austère et le patrio-
tisme le plus ardent, il fut nommé
député . à l'assemblée Consti—
triante , ou il se fit remarquer
plutôt par son originalité que par
son éloquence. Il commença sa
carrière politique le 27 juillet
1789 par le discours suivant , sur
le secret des lettres. * La pre-
mière de toutes les lois est le salut
du peuple. Obligé par le plus im-
périeux de tous les devoirs , de
venger l'attentat projeté contre
les représenta ns de la nation , on
doit se servir de tous les moyens
possibles. Le secret des lettres est
inviolable ; mais il est des cir-
constances oii on doit le violer.
Qu'on ne cite pas l'exemple de
pompée qui brûla les lettres
adressées à Sertorius ; Pompée
étoit un tyran , un oppresseur
de la liberté publique , et nous ,
nous en sommes les restaura-
teurs. >» Courtisan de Mirabeau,
qui le méprisoit , il s'en éloigna
à mesure que ce dernier perdit sa
grande popularité. II divagua
dans de nombreux discours sur la
liberté delà presse , sur les cons-
pirations prétendues du'gouver-
iement, sur le droit qu'il' voulut
qu'on accordât à tout homme
sans propriété d'entrer dans les
emplois publics. Il s'opposa à ce
qu'on donnât' au monarque le
droit de la paix et de la guerre, et
à ce qu'on le déclarât inviolable ;
il n'en soutenoit pas moins en-
core à la fin de la. session , que
le régime monarchique étoit le
seul qui convint à un empiré aussi
grand que la France. En parlant
des prêtres et des émigrés , ce
fut toujours avec une modération
R O B
1
. qu'on ne lui soupçonnoit pas. H
combattit Barnave dans son opi-
nion sur les colonies ; et lors de
la discussion sur le code criminel,
on le vit représenter la peine de
mort comme injuste , contraires
la nature ^ et en demander l'abo-
lition. Deux ans après , celui
qui avoit défendu la vie même des
parricides, faisoit égorger C|pt
mille innocens par les tribunaux
républicains. Après la session ,
Robespierre ne parut point dans
les mouvomens du 20 juin et du
10 août , ni dans lés nàassacresde
septembre ; mais il chercha bien-
tôt à en recueillir le fruit. ËIu
membre de la Convention , il ne
tarda pas à la dominer. En vain
Louvct , le ministre Roland, et
plusieurs autres l'accusèrent -ils
de vouloir s*élever à la dictature;
il triompha de leurs efforts et les '
conduisit successivement à l'écha-
faiid. Après avoir voté la mort de
Louis XVI , il poursuivit toute
sa iîamille et unit à cette pros-
cription celle des Girondins, des
partisans de Danton^ , à* Hébert et
de tous ceux qui osèrent aspirer
à partager sa puissance. Aussi le
premier dit avec raison : « Tout
ira bien encore tant qu*on dira
' Robespierre et Danton, ; ■ mais
malheur à moi si l'on dit jamais
Danton et Robespierre, » A peiu»
ce dernier eut-il pris la direction
du comité de salut . public , qu'il
couvrit la France de dénoncia-
tions , de tribijnaux avides de
meurtres, et d'une terreur si gé-
nérale et si profonde que tout
François craignij: - de se confier à
son parent , à son voisin , à ion
ami , et ne vit .autour de lui que
des échafauds. Des proconsul*
nbn moins féroces allèrent par
ses ordres inonder de sang toutes
les provinces. Lyon , Toulon ,
Arras 3 Orange., Bordeaux et h
ftôô
Ven^ie devinrent les principaax
théâtres de leurs excès ; et c'est
mors que leur chef s'écria dans
rassemblée « que la république
sétoit glissée en France au milieu
des cadavres et à l'insçii de tous
lès partis. » La Convention en-
tière subjuguée pair Rohespierre -,
lie fut plus coin me il lappeloit
liii-mémë 9 que sa rÀaèhine à dé-^
&ets. Dès-lôrs oii l'erttendit dire
sans cessé , Soit dans l'assemblée,
ioit aùît jacôbias , ]e veux, Soii
ton étoit quelquefois celui d'un
illuminé. Ori a prétendu qu'il
«royoit léà prêtres utiles à ses
' jirojets ; cependant ils Furent
proscrits èoU's sa ty tari nie. Mais
il voulôit dév,feiiir lui-même lé
chef d'utle teVigiori , et il com-
j mença son sacerdoce en faisant
[établir une fôtfe len Thôilneur dé
fÈtre Suprême , auquel il daigna
iJonner ùfi hrevH d'existence , en
la recôhndissaht par tih décret;
« Ce qui eât dignfe dé remarqué ,
9it un historien , c'est que 1&
frahce gémissant Sous les lutteâ
des différend pattià , applaudit uîi
instant aii colip qlie leur porta
Éoéespéerrè , espérant être niôinÂ
Inalhéni'ense sbus un seul tyran...*
Si, contenè d'avoif abattu les
J)reriiières têtes dé la Convention,
il eût ^paifgné 8&S autteS colléguei
J)armi' lesquels il ne se trduvoit
j)lus jiersônVi^^qUi osât prétendre
au premier rang , sa puissance
■ ïât probablement été de plus de
9tirée ; ib ais lâche , timide et dé-
fiant , sentant sa fbiblesse et
érdyànt la mast^uei* à forcé de bar-
barie , il voulut coritiniiét à pros-L
•rire , et força ainsi à la irésis-
tance des ^eiis qui n*éusséht peut-
4tre paâ itiieux deniaiidé que de
servir et de coilimander âoUs lui :
la viie dii danger tanima leur cour
tage ; et cértaiiis de leur perte ,
Xt Youliiréiit teiiter au moins d«
SvPPLi Tenu IIL
R O B
5Ç|
^e sauver par un coup d'andace. »>' .
Ce coup fut porté le q tliérmidoir
de Tan deux. Une coalition for-«
niée en secret et réunie dàtis liné
discussion inattendue , ôta à Ro-*
he^pierre et à seâdeUX àdhérens^
Couihon et Satnt - Jiist , tout
ihoyen de défehse. Leurs vdix fu-*
rent étouffées ; eb le premier s'é-
tant élaïicé à là tribUne fui: forcé
d'en descendré , sous lés cris ré-
pétés de toutes partâ : à bas I4
i^yran. Ce fut âlorS à qui lui
portei^it les dériiiérs coups. Bo«^
hespierre dénoncé passa Subite^
ment de la contenance duti sou-
verain à celle d'un suppliant; &
peine le décret d'accilsatiôn fut-*
il rendu contre lui , qu'il de$-^
éendit de la tribune à la batre oiï
on fit bientôt passer à seà côtéé
Saint- Jus t ; Couthoii ; RçbeS'*
pierre, lé jeune et le Écù. Aussi-
tôt qùé lés membres dé là Cbm-
ibune de Paris appriréht que leur
protecteur éboit àcéusé, ils or<4
doniiètetit dé âônnér le tocsin ^
et couvrirent la place dé Grève
d'hommes arméâ. Henriot com-^
iharidant de la gàfdë nationale ,
marcha à leur tête contire là Con-
vention; mai« celui — ci vaincti
pat les àectioiis réûnieé , laissa à
la justice la liberîté de piihit. ïh-^
hespierre fut conduit d'abord à la
inaison d'arrêt cf u Ltixembouirg s
la terreur que sOii nom seul àvoit
inspirée étôit encore si grande y
?' né le côiiclergé dé la prison re-
II sa de l'y recevoir i il fut âlori
amené à l'hôtel-de-villé. tk , lin
détacHeméiit dés troupes de U
Convention ayant pénétré, uii
gendarme courageux .notnm4
Charles Médd , assailli découpé
par les satellites de là mùnicipà-^
lité , décduvrit Robespierre dani
Uii coin obscur , et lui' tira ùà
coup de pistolet qiii'liii fracassé
Ift raàckoir* ipiiférieure «t U c^nj^
I
5Ç4 ft O Ô
vrit de sang. Etendu sur une ta-*
ble , il souffrit sans se plaindre ,
sans proférer un seul mot les in^
terrogatoires de se£ collègues ,
les injures de ceux qui l'entou—
toient , les douleurs de ses ble**
sures et la fièvre qui le dévôroit.
Le lendemain lo thermidor (28
fiiillet 1794)^04 heures du soir ^
on le conduisit à l'échafaud avec
vingt-deux de ses complices. On
remarqua qu'il avoit alors le
inême habit qu'il portoit le jour
de la fête qu'il avoit fait célébrer
en rhonneur de l'Être Suprême.
$ès traits étoient horribiement-
défigurés et ses yeux totalement
fermés. Le peuple fit arrêter la
charrette vis-à-vis la maison
ùu'il occupoit , et une femme
dansant devant la voiture, s'é-^
cria : Td mort rrtenU^re de joie t
descends aux enfers avec les ma^
lédictlons de toutes lés épouses et
de toutes les mères. Il périt k
Fâge de 35 ans , et on lui ht cette
épitaphe i
!^assant , ne ptétires j^oint son sort $
<^ax s^il VIvoit , m serois mort.
On a dit dé lui qu'ayant calculé
les diverses marche« de la tyran-
nie , il avoit préféré la férocité
froide de iSy/Za aux empoî^temens
âe Catilinà, "toute sa politique y
Suivant un écrivain judicieux',
fut d'avoir su apprécier de bonne
heiire la puissance de la multi^
. tudé , à une époque oit la société
Sembloit ramenée à son origine
par Tanéanlissement des autorités
régulières, eft la disparition de
toutes les supériorités de. con-
vention. 11 avoit aussi remarqué
des premiers, ^ue pour rester
en crédit auprès des dernières
dasses du peuple , il falloit dans
toute espèce de système aller toù-
foui'splus loin que les autres: on
&• peuit entrâiner que par des ex<«
ces les hommes dénués d'édaca^i
tion; et comme leur esprit est
incapable de saisir aucune nuan-
ce, la modération , la retenue na
leur paroissent qu'une trahison
on qu'un repentir. Un autre ca-
ractère de sa politique, et qui
contribua beaucoup à sonagran--
dissement , fut la promptitude
avec laquelle il abandonna ses
amis ^uand leiir sacrifice devint
iitile à son ambition. Il s'étoit
allié au parti qui dans J*asseniblëe
Légtslfftive avoit provoqué le
fournée du to août ; mais si-tôt
que ce parti voulut jouir da
triomphe , tlohespîerre devint
son plus cruel ennemi , et cette
haine produisit le 3i' mai. H s'é-
toit fait le patron de la muni-
cipalité de Paris , et avec son
secours il avoit exterminé les
chefs du parti doiat ndus venons
de parler ; mais lorsque cette nia>«
nicipalité voulut se fier à ses pro-
pres forces , lorsque ses officiert
briguèrent uneponnlarité qui lenr
fut personnelle , Jlohespierre oih
blia leurs services et les imrriola<
Ainsi, il découragea l'a m bitiopds
tous les scéléfats , les contraignit
à se tenir au second rang, et à
li'être que des valets assassins et
incendiaires. On ne saur^qn^ffl'*
parfaitement tous les mysiféresde
son ambition ; il h'^droit aucun
confident à çonncntrè ses arrière-*
pensées* Son ame yivojt solidaire.
On n'a jamais pul>lié sa corres-
pondance intimé ,. ni ses papiers ;
peut-être aurdient-'ils e;çpliqu«
pourquoi deux mois avant sa ca-
tastrophe Robespierre s*é toit. éloi-
gné des séances dU comité as
Salut public ? Voiiloit- il rejeter
sur ses membres l'exéorationgé-
"néralë , les faire regarder comin*
les uniques auteurs de tous les
meurtres, et les livrer à Jawn-»
geance d'un peuple qui com-
men^oit à murmurer de voir coih
F
m htrit de sang ? Exciter à )à
barbarie pour en profiter ^ la
faire cesser pour arriver à Tins-
lant même au souverain pouvoir :
istoit une spéculation atroce et
"digne de loi. Les feuilles publia
iqueaèn ont tracé ce portrait quî
ini ressemble. « Sa tailla étoit
de cinq pieds dertx pouceB , son '
corps jeté d'aplomb , sa démar-
che vive e*^ brusque. Il crispoit
lôuvent ses mains par «ne es-
))èce de contraction de nerfs qui
ïe faisoit sentir dans ses épaules
et dans soncôu. Ses habits étoient
cl' une propreté élégante , sa che—
Velijre toujours soldée. Sa pby*
lionomie paroissoit Vin peu ren-
frognée, son teint livide et bi-
lieux 9 ses yeux môriles et éteints»
il portoit presque toujours des
ronsertes. 11 sut adoucir avec art
sa voix naturellement aigre et
cWarde , «t donner de la gt-ace à
son accent Artésien. 11 avoit cals-
culé le prestige de la déclama-
tion, et jusqu'à Un certain point
il en possédoit le talent. L'anti-
thèse domlnoi't dans ses discours
t)h il emproyôit souvéht rirt)nie ;
Ion style h'étoit point soutehu ; sa
diction inégale , âpre , souvent
triviale , étoit hMi jours cousue de
lieux communs eléé divagations
lur la %^ertu , le crime , les cons-
pirations. Orateur médiocre, lors*
qu il avoit préparé son discours ;
Vil s'agissoit d'impression, il étoit
nu-dessous de la médiocrité. Sir
logique fut souvent adroite dans
ses sophismes : il réfutoit avet
habileté ; mais en général sa tête
étoit stérile et la sphère de ses '
idées étroite , comme il arrivé
presque toujours à ceux qui s'oc-
(cnpent trop d'eux - inémes. ÎjA
gloire littéraire fut un de ses
vœujc ; mais il ambitionnoit en-
core plus la gloire politique. Il
])arloit ïïfùc mépris dâ Pitt g et
110 8 )$t
♦ • *
'èèpehclant il ne voyoit rîen àiï-<
dessus de ce dernier que lui-
même. Les in j lires des journaux
Anglois cbatouiïloieht délicieu-i
sèment son cœur ; quand il les
dén'bnçoit , son accent , son ex-
pression caractérisoient la jouis-
sance de son amour propre : li
lavo^roit comme des madrigaux
les sarcasmes du duc d'Yorcké
€e fut un délice pOur hii d'en-
tendre nommer un jour les ar-*
»ées Frah^oises , les troupes dé
Robespierre. A la fois audacieux
et lâche, il couVroit ses manœu-
vres d'un voilé épais , et souvent
il désignoit ses victimes avec har«
diesse. Un représentant faisoit-il
iine proposition qui lui déplai-^
soit , il se retournoit brusque-^
ment et Tenvis^ageoit d'nh air
menaçant pendant quelques mi«'
nutcs. Foibie et vindicatif , som*^
bre et sensuel , chaste par tem-»
pérament et libertin par imagi-»
nation , il mélôit de la Coquet-
terie dans son ambition. Il faisoit
ertipripsnmer jdes femmes pour
avoir le plaisir de leur rendre là
liberté , et faisoit couler leurs
pleurs pour les essuyer.» L'âstucè
étoit après l'ôrguéil le trait le
pliiis marqué de soti caractère. Il
îi'étoit environné que de gens
qui avoient de graves reproches
à se faire : d'un mot il pouvoit
les placer sous le glaive. Il pro-
tégea et fit t'reitibler une partig
de la CÎonveption ; il transforma
les erreurs en crimes , les critnes
en erreurs. Toutes les fois qu'il
fiit attaqué ^ c'étoit la liberté
qu'on attaquoit. Il ne sut poiilt
créer les circonstances .; aussi les
Circonstances le perdireiit et lé
précipitèrent daiis la classQ abhor^
rée de ceux qui ont opprimé leur»
semblables et ont voulu parvenir
sur des monceaux da victimas à
la tyciianie.
t. %■
i^ié ROB
ROBILLAUD, (N...) \mme
savant dont les lainières farent
précoces , étoit fils (fan profes*
tear à l'école d'artillerie de Metz.
h Yh^e de seize ans il adressa à
l'académiedes Sciences an Traité
sur l'application de la géométrie
ordinaire et des calculs différen-
tiel et intégral à la résolution de
plusieurs problèmes ^ et cette
compagnie savante en fit l'éloge
dans ses Mémoires de l'an née
1740. Cet ouvrage a été publié
depuis à Paris en 1763, iu-4®,
avec trente planches ; l'auteur
n'existoit plus alors et avoit été
enlevé aux sciences à iage de
vingt ans»
ROBIN 9 (Jean) a publié une
Descf'iption du jardin des Tui-
leries , 160S ^ in-folio 9 qui est
recherchée principalement pour
les planches dessinées par Pierre
Vallet,
ROBINS, (Benjamin) célèbre
«mathématicien Anglois 9 né à
Bath en 1707 9 fat chargé d'aller
faire des observations dans les
Indes. Il y arriva en 17S0 et y
mourut le 19 juillet de l'année
suivante d'une maladie de lan-
gueur causée par la chaleur du
climat. Il expira 9 suivant JaC'-
que Wilson éditeur de &^$ Œu^
vres , la plume à la main ^ au
fort de Saint-David. "Rolfins etoit
membre de la Société royale de
liOndres et ingénieur général de
la compagnie des Indes Orien-
tales. On lui doit d'excellens
principes d'artillerie qui parurent
à Londres en 174a. L'auteur y
offre le résultat de ses expérien-
ces sur la force de la poudre à
oanûn et sur la résistance de l'air
aux mouvemens des corps qui le
traversent. L'importance de se^
recherches a fait traduire l'ou-
vrage daos toutes lec langues ; at
RO G
Jouter lai - même s'est mis sK
nombre des traducteurs , en en-
richissant la théorie de l'auteur
Anglnis d*nn Commentaire très-
étendo. Il y en a trois Traduc-
tions françoises : la première de
le Roi ; là seconde de Du'puy
professeur à Grenoble, publiés
en 1 77 1 ; la troisième de Lombard
professeur d'artillerie à Auxonne,
imprimée en 1783, in-8.0 Celle-
ci offre de plus que les autres les
Commentaires êîEider, On a at-
tribué à Bokins les Voyages
iCAnson , publiés sous le nom
de JValter,
L ROCHE , ( Etienne de la )
publia en i538 un 2V/M'^rf d'a-
rithmétique et de géométrie, aa-
qtiel le libraire Hvguetan ajouta
des Tables pour en faciliter
l'usage.
V. ROCHE , ( Jean-Baptiste
de la ) docteur de Sorbonne et
prédicateur du roi , mort depuis
quelques années , a publié le Po-
négyrique de Ste Genetrièue , des
Retharques sur les Pensées de h
Rockefoucault , et sur les Qua-
trains de Pibrac et de Matthieu}
une édition des Pseatimes ds
David , distribués pour tous les
jours du mois-, de l'Office da
St, Cdme et de St. JDamien g et
du Bréviaire de Citeaux. On doit
encore à ce laborieux écrivain :
I. Œuvres mêlées, 1733 , in-u.
«Elles renferment un Discours su;
le b«t qu'a eu Virgile en com-
posant ses Bucoliques , et une
Traduction en vers françois des
Églogues de ce poëte. II. Oraison
funèbre dit dite d'Orléans , lyâJ,
in-4.*' III. Règles de la vie chré^
tienne, 17^3 , trois ^ vol. in- ii.
IV. Année dominicale , huit Tol.
in- 12. V. Lettres littéraires sur
divers sujets , deux vol. in-is*
YI. Cosmographie pratiqué « ift'*
V ^
ROC
12. TIL Mémoires nU'oriques et
curieux , 2 vol. in- 12. VIlï. Les
Œuvres de la chair et les Fruits
de l'esprit, in- 12. IX. Mélan^
f« de maximes Chrétiennes sur
la religion , la morale et la na-
ture, 1769 , in- 12. X. Entre-
tiens sur 1 orthographe Françoise ,
1778, in-8.»
ROCHEBRUNE ; poëte
agréable et auteur de plusieurs
Chansons , étoit ami de la Mo^-
ihe , et fut compris dans les cou-
plets adressés à X B, Rousseau,
Rochebrune est mort vers 1732.
C'est lui qui fit les paroles He la
cantate dOrphée , qui devint le
tj'iomphe dit musicieu Cléram-^
hauU"
IIJ. ROCHEFORT., ( César
de) avocat, né à Lyon , publia
dans cette ville un Dictionnaire
général et curieux , 1684 , in- fol.
IV. ROCHEFORT , ( Guil-
laume de ) de l'académie des Ins-
criptions et Belles-Lettres , na-
quit à Lyon en 1731. 11 eut d'a-
bord un petit emploi dans les fi-
aauces. Mais né pour la belle
littérature plutôt que pour les
calculs , il quitta la province et
se fixa à Paris. 11 aimoit le grec
et les vers : il entreprit une tra-
duction complète à* Homère , dont
les discours préliminaires sont
écrits avec une clarté élégante,
et dont les notés sont instruc-
tives sans pédantisme. Quant à la
version elle-même, on trouve de
la grâce , de la facilité , de la sen-
sibilité dans divers morceaux ;
mais le plus grand nombre man-
que d'iiarroonie , de 'précision ,
d'énergie ; et les grandes images
^Homère y sont trop souvent
pendues par des images com-
munes. Cependant comme les
#cu:t& dj^ l'au^^vy: étçi^nl Iqh^
ROC 357
bUs et quelquefois heureux , !•
roi lui permit de donner à l'Im*
primerie royale une fort belle
édition de sa traduction d& l'i—
Uade et de Y Odyssée, en 1781,
in-4.0 Plein des anciens , jRo—
chef or t composa trois tragédies y
Ulysse , Antigone et Electre ,
ou il imita trop la simplicité det
Tragiques Grecs. 5a comédie de*
deux Frères donnée au théâtre
François , n'y réussit point ,
parce qu'elle est foible d'intrigue
et de caractères. Ses ouvrages en
prose eurent un meilleur succès.
Nous avons de 'lui : I. Une Ré-
futation du trop fameux Système
de la Nature t in- 12. \i* Histoire
critique des opinions des Anciens
sur le Bonheur ^ '778 , in — ^»
m. La Traduction complète du
Théâtre de Sophocle , qu'il a
rendu avec fidélité , avec élé-
gance , et orné de notes qui res*
pirent le goût et la saine criti»
que. IV* Divers Mémoires dans
ceux de l'Académie des Belles-*»
Lettres , où l'on trouve le littérai»
teur instruit et l'écrivain exQ^cé.
Cette compagnie le perdit eni 7 88*.
Une ame franche, loyale , gé-
néreuse , inaccessible à l'envie ,
jointe à une politesse prévenante y
pleine d'attentions et d'égards au
désir de plaire et d'obliger, ren-
dent son souvenir précieux à ses.
confrères et à ses amis. Il avoit ,
pour réussir dans la société ce-
qui manque à la plupart des sa-
vons , lare d'oublier ses Livres-
et de s'occuper des autres , sans,
exiger qu'ils s'occupassent de Ini..
Il avoit épousé en i 7 7 6 , une-
femme aimable dont il eut ^eux
en fan s , qu'il perdit pre&quo av^
berceau.
♦ IIL ROCHEFOUCAULD»,
( François VI duc de la ) prince-
de Mnrsillac , &ls de Françoii^
premier « duc de la Bocke^ouc;^
1 1
j5» ROC
€auldt naquit en 1 6o3. Sa vftîeor
et son esprit le mirent aa pre--
nier rang des seigneurs de la
GO»r , qui méloieat les lauriers
de Mars à ceux à*ApMU)n. U fut
lié avec la fameuse duchesse de
t^ngueviUe ; et ce fat en partie
par l'instigation de cette prin*
ces^e ^*ir entra dans, les que-«
relies de la Fronde» Il se signala
dans cette guerre et sur- tout au
combat de- Saint- Antoine , oii il
reçut un coup de mousquet qui
hù fit perdre quelque temps la
▼ue. C'est alors qu'il dit ces vers
si connus , tirés de la tragédie
é*Alcyonée :
Pour tkintmt won ccsnt » pjour plaira
à ses btaiu^ 3rettx >
Tfti fkit la guerre aux Rois, pt Pauraif '
faite aux Dieox*
On sait qu'apcès sa rupture avec
Mad. de LongttevilU, il parodia,
ainsi ces vers r
Four ce cœur )neofi$ta&t ». cm*enfin \fi
connols mieux»
*7ai feit la guerre aux Rois ; jVa ai
perdu les yeux.
'Après que ces querelles- furent
assoupies ^ le duc é&la ^ochefou^
cauld ne songea plus qu'à jouif
des daiix plaisirs de l'amitié et de
la littérature. Sa maison étoit le^
rendez-vous de taut ce que Paris
et Versailles avoieut d'ingénieux*
Les Racine , les BoUeau » les
SéWgné „ les la Fayette , trou-*
Toient dans sa conversation des
agrémens qu'ils cherchoiwit vai-
nement ailleurs. La goutte }e
tourmenta sur la fin de se% jours,
n supporta les douleurs de ce^te
maladie cruelle avec la constance
d'un philosophe^ Son courage ne
l'abandonnoit que dans la perte
des personnes qui lui étoient
chères* Un de ses fils fut tué an
f «ssage du Rhin ') et routre y &t
ROC
blessé, « Jai * vu , dît MaA ê»
Sévigné , son cœur à découvert
dani cette cruelle aventure. Il est
au premier rang de ce que je c<nw
nois décourage, de mérite, de
tendresse et de raison. Je compta
pour rien son esprit et ses agré*
mens. » Il mourut à Paris le 17-
mars 1680,. à 68 ax^s. Mad. d»
Sévigné dit en parlant de ses
derniers momens : « Il est fort
bien disposé' pour la conscience ^
mais du reste c'est la maladie et
la mort de son voisin dont il est
question ; il n'est pas effleurée
Ce n'est pas in uti tentent qu'il a
fait des réflexions toute sa vies
il s'est approché de telle sorte
aux derniers moment , qu'ils
n'ont rien de nouveau ni d'é-*
trange pour lui. » On trofive à
la fm des Lettres de Mad. d^
Maintenon j un portrait bien
peint du duc de la Rochefou^
cauld, « Il avoit une physionomie
heureuse , l'air grand , beaucoup
d'esprit , et peu de savoir. Il étoit
intrigant , souple , prévoyant ; j»
n ai pas connu d'ami plus soJide^
plus ouvert , ni de meilleur con-v
seil. Il aimoit à régner. La bra-»
voure personnelle lui paroissoilt
une folie , et à peine s'en ca<^
choit-il i il étoit pourtant fort
brave. Il conserva jusqu'à la mort
la vivacité de soii esprit qui étoit
toujours fort agréable , quoiqut
naturellement sérieux. ». Huei
nous apprend dans ses Mémoires,
que le dilc de la Rocke/oucauU
refusa toujours de preixdre place
à l'académie Françoise , parca
qu'il étoit timide et qu'il crai-«
gnoit de parler en public* On a
de lui : L De$ Mémoires de U
régence d'Anne d'Autriche , à
Amsterdam t (Trévoux) ijiS,
.2 vol. ih-ta; écrits avec l'énergie
de Tac/ie. C'est un tableau £tdellt
de eu temps orageux ^ |i|emt{M(
ROC
ta peintre ^ avoit été luî-m^ni»
acteur. IL Des RéfiexioHs et c}eft
'Maximes , réimprimées plusieurs
fois en im petit vol. in- 12. Quoi-
qu'il n'y ait presque qu*ime idée
dans ce fivre , vraie à certains
égards et fausse à d'autres , qui
est que l'Amour propre est le
mobile de tout , cependant cette
pensée se présente sotistaat d'as*
pects variés qu'elle est presque
toujours piquante. « Ce p^it re*
^aeil, dàJt.VaUaire , écrit avec
eatte finesse et cette délicatesse
5pii donnent tan^ de prix an style 9
Bccoutirnia à penser ^ et à reis^
fermer ses pensées dons. Un tour
vif e*» précis.. Cétoit im mérita
que personne n'avoit eu avant
lui en Europe depuis la renais-
sance des lettres.» Lcspxrétendus
gens de g^^ôut recensèrent dfe don-
ner dans l'afFectation et dans une
subtilité vicieuse; mais ces gens
de goitt avoient bien peu d'esprih
Le t-eproc^ie que lui a faicFabbë^
Trublet , de fatigner par le tbati-
genrent des matières , par le peu
d'ordre- qui règne dans ses ré-
flexions et; par ruiiiforraité du.
style y paroît mieux- fondé. Mais
•n a remédié en partie a ces in-
tonvénieos^ du^ moins à celui dii
défaut de méthode , en rangeant
sous certains titres p dans les"
dernières éditions, les pensées
de 1 auteur qui ont rapport kiin
même objet. « Le duc de la Ho-
ehefoiïcaiilt , dit M. P'afis sot ùan^
ses MéHioires littéraires , ne re--
eonnoissant d'autre molxlle démos
actions quelamour propre y spm
lîwe^ e^t. moins l'histoire que la
satire- âi\ genre humain» Mais
cette satire plaît parce quêUe
flatte la: maûgnité , et parce
qu'^e dispense de Kadmisation^
pour la vertu , en hii. doonant
avec le vice un principe commua
fipi 2ft dépoitiUe de rhéroiistt»
ROC
3^^
qti*on lai suppose. ï^le pkit paf
le Jtour vif et précis que Fauteur
à su donner à ses pensées , et
parce qu'en effet on ne peut 8«
dissimuler querkomuie^ observé
dàBiS les grandes villes , ne soit
un être infioimeiii dépravé. Maiii
est-ce un effet de sa coiistitutibit
originelle et primitive, ou. plutôt
celle des conventions socialeë f
rhomme est -il né foéchant f
nous osons croire q|ue non. L'ob<«
serva tenir a ixès*biea caractérisé
l'espèce qtii l^ntouroit ; mais,;
placé dans une condition plu*
commune'^ pins simple , plus
rapprocher de la nature, il eût
vu les homnaes d'un- «eil plus in^
dulgenty organisés, non commo
reniant robuste imaginé par Hob*
hes , mais'^aii contraire nés ti<»
mides et désenaés-, plus ibibleo
c^ue méchâns , plus dignes ento
de compassion qoe de haine, m
iPour connoitre comBien: vdlolt
le dnc de la B&ciiefimùauldi,, il
«y a qu'à consulter les Lettres
de Madt de Sémgné, Il eut plitw
sieurs- eafans de son mariage eveo
Andrée- de Vivonner, dame de les
Chdttign^raie » morte en t&fù»^
«*- Le plus connu est l'aîné- ^
François dto de là' Ro€nxrot7^
€AU£D , vit* dû nom- , prince do
Marsillac, grand veneur de Fran**-
ce ^ grand maStee de la garde-»
robe dtt' roi •, ehevaliep de se»
ordres, né en 16^ et iirort ea-
17 1 4» LotftV XIV aimoit Son es»
prît et estimoit sa probiltér Apte»
la disgrâce do Lauzun , ce prinoof
iuioi&itlegoiiirernement de Berri
dot|t ee favori avoirëté dépo^ttié».
MarsUlae k refksa d'abord , tn
lui disant. : Je n)ifûù point ami
de M* de Laueunr> fue Vativ
Majesté mi la bonté de iuger si
fe dois accepter ta grâce ^jt'ete-
mefaii^ Le ro» intistq et le forçft
d'accepter 9 en li» conservant mur
Z4
jfe ROC
pension de 12,000 livre» qu4l
yoiiloit remettre entre les m^ins
de ce monarque. Loms XIV., tou-
ché de son désintéressement , dç
•a générosité , se tourna vers ses
ministres , et leur dit : J'admire
fa différence i jamais Lauznn
p'açoit; daigné me remercier du
gouvernement de BçrH ; et voilà.
un homme pénétré de reconHoisi-
tance. Un jour que MarsiUac
paroi^soJt inqtrietou sujet de ses
luettes , ce prince lui dit : Que
nen\ pftrtez*^ vifus' à vos amts /
Mot qui fut accompagné d'im
4on de So^ooécus. il iui écrivit
,içe billet j en lui annonçant; nhe
grâce importante v Je me réjouis ^
^omme voire ami , de. Ui charge
4^ grand maUre de Ia GarJe-^ote
^ueje vous ai^donnéAcomme votre
Jioi. Quelques auteut-s cmt pré^
jtendu qud. Louis, -X IV ayapt
nontré ce biliet attduc de Mon-
^Êfousier., ce ^igneurle lui fît
supprimer , comme, trop spiri-^
tuel ; mais d'autres écrivains ont
loute^u quM avoit été^ réellement
-envoj^é. Ce pdace.',éçigèa en du-
ché. Tau 1^79 , en Éaveuc dq fils
^é du'duc de./rt Rochefoucauld,
I« terre de l^.Rocke.-Guyon dans
le Vexin , qui k'avoit déjà été eu
fi663 en faveur de. Roger 4u PLes^
^is , seigneur de Liançourt et prc:^
ttiergentilkomme de lo -chambre^
^ont François VI^ «yoit épousé
la £11« unique. Elle, s'appeloit
Jeanne CharJoUede PLessis Lian-
^ourl, et mourut en 1674, C'est
à elle que. finit J'ançienne famille
,^e Plessis lÀancourt ,. dont là
lucçesfion pas^t dans la maison
^e la Rqçhe/ouçauldf,
V L aOCHEFOUCAI^LÛ ,
'( N. la ) prélat né en 17 14 , de-
yint archevêque d' AJbi en 1747 ,
4^ Rpuen en 1759 , cardinal en
^778 , député aux Etatsgénéraux
# y 89. Il çassédoiit i'abfeajre dt
R OC
Cl uni 5 et unissait la bonté Ai
cœur à une charité active «t
à tontes les vertus épiscopale».
Obligé de s'exiler en 1792,1!
est mort à Munster le 25 sep-
tembre 1800. Calme au milieu
digs disputés ecclésiastiques , dé-
sintéressé , généreux dans irn
•iècfe d'é^ojsme , il rétablit l'asile
du laboureur, dota des hôpitaux,
visita les prisons , et donna niême
tJes consolations aux malheureux
qui attendoiérit dans lès fers h
pîunitionde leurs crimes. Son nom
fat en bénédiction dans son dia-
cèse çt en vénération chez l'é-
tranger , témoin de son cou-
rage , de sa résignation et de sh
yerttisi
YIL ROCHEFOUCAUtD ,
(t'rançois- Joseph de la) évêque
de Beanvais et pair de France^
. dj^vintdéputédu.bailUagedeÇlec-
mont. eu Bpauvoisis aux États
|;énérâux ^ et y défendit les prir
viiégesydu clergé. Enfermé aux
Cajrmes en 1792 , il y fut masr
sacré ]ç 2 du mois de. septembre dp
;lamêi^e année. --Son parent,
Pitrrerrhouls de la Rochefout
ÇAULB, évéque de Saintes et aussi
député à l'assemblée de 178g ,se
yendit yoJontaîcenient . priscoif
Dier a.n^ Carmes , sans qu'il J
«ût ordre de l'arrêter^, daps l'in-
ten^tion de. partager Ifi. inqiiiér
jtudes de.'ion parefttet/de Icis
lidoucir- Il péri(t^yec iui le mém^
jour. - .; . '. ; :
VIII. rtOGHEFOUCAULD ,
( Louise Alexandre d\|c de la)
•pafr (fe Çràâce, élevé art milièâ
«es beaux esprits dé: la" CHpitale,
s'étoit. montré philosophe Sfvrfnt
la révolution; son carae^tère haï
main et- sa douceuc Y avaient
rendu cher à ses vassauxv Mefti-
bre de l'asuerobléo des NotaWei;
en. 1787 y il embrassa hleiità^
ROC
fprès la plupart des idc^es poli-
tiqnes que iaseemblée Consti-
tuante où il fut appelé vint dér*
Telopper ; il y parut à la tribune
pour réclamer la liberté de la
presse, le Veto suspensif, l'abo-
lition des moines. Ses discours
étoient froids , et un organe peu
Hatteurne contribuoit pas à les
«limer. Passionné par système
pour le gouvernement Anglois
^ail avoit étudié avec soin , il
desiroit l'établir en France a^ô
qnelques modifications. La Ro-^
chefoucauld devint après la ses-
'sion, président du département
de Paris; il montra dans cette ad-»
niaistration de la niodérati'on e^
nne grande probité.' S'étant pro-
noncé contre les ëvénomens du
10 juin, il perdit sa popularité,
et chercha a se soustroire à la
haine de ses ennemis en allant
prendre les eaux de Forges ( mais
des assassins partis de Paris pout>
l'immoler , l'atteignirent a Gisors
et le masisacr^anent le 1 4 septem-
bre 1791, entre les bras dç sa
femme et de sa mère âgée de
93 ans. Son ancêtre , l'auteur
des Maximes, s'étoit engagé dans
fine guerre civile contre son sou-
verain ; mais ce souverain oublia
tout, et la Rochefoucauld vécut
tranquille et honoré. Sqn des-
cendant, après avoir pris part
aussi à la guerre intentée à l'au-
torité monarchique , périt au
contraire de la manière la plus
cruelle sous les coups d'émis-
Miçe» furieux^ et, comme dit
M.- Suard , « victime de cette
révolution qui a immolé ses
prin^;ipaux chefs , parce qu'ils
2i'eurent ni assez d'habileté pour
en diriger ie-coiirs, ni assez 4®
lumièrei pour en prévoir les
effets, w La Rochefoucauld , tiiti-
mement lié ^vec Condùrcet, et
fD^eo^bra de l'aetUéfflie des-âciui^
ROC
î««
ees , présida cette compagnie ea
1784.
ROCHE-GUILHEM , (M"*
de la ) morte au commencement
du 18* siècle , a publié divcrt
romans dont plusieurs ont da
l'intérêt, Ce sont les Aventures
grenadines ; Arioviste , roman
ht^roïque ; Histoire des Favorites ,
çù l'on regrette que des fictions
soient niélées à des fai^s vrtiisf
Dernières Œuvres de Ml'« de ta
Jioche^Guiîhem , contenant plu-^
^enrs histoires galantes.
ROCHE-JACQUELIN»
(N** la) surnommé par son
parti le Héros de la Vendée ^
n'avoit que 21 ans lorsqu'il se
mit à la tête des légions insur-?
gées , après avoir été arrach^
par Stojflet des prisons de îîres-s
suire oii il étoit depuis long-
temps détenu. Au mois d'avril
1793, il remporta im avantage
à Martigné sur^ les troupos de i»
république . et assura ensuite la
gain de la bataille de Saumur qui
dqra trente-six heures, et où if
blessa d'un coup de pistolet le
général en chef Mennu, Quelque
temps après , il s'empara du poste
important de BrisSiic , de la ville
de Laval , et après la déroute de
Chollot , il coplribua à sauver
les débris de la grande armée
Vendéenne. La Bochc-Jacquelin ,
flein de feu et de courage , idolà-
ré par ses soldats qui le sui-
voient aveuglément, livra sa der-
nière bataille à Geste. Le com-
bat fut opiniâtre et aanj<2;lnnt j
ses troupes étoient inférieures
en nombre; il fut battu, pour-
■suivi, et. tué trois jours aprèf
dans une escarmouche.
- ROCHEMORE,(Jean-Bap-
tiste-Louis-Tiïpoléon, marquit
de ) devkit poëtei pour plaire k
^6% ROC
M*J* Joumet^ célèbre actrice de
rOpëra , qui aimoit les vers. Ses
regrets sur la mort d'une per—
aonne qu'il chérissoit, inspirent
une douce mélancolie et rëmo-
tion de la tendresse. 11 iïiourut
1743.
ROCHES, (des) ro/.V.PA».
TBENAT.
BOCHETAILLÉE, (Jeande)
né près de Lyon, se fit cordo-
lier, et obtint de la rëputation^ par
ses prédications en 1373. II atta-
qua principalement les moeurs du
clergé, et comparoit l'Eglise à un
oiseau qui , après avoir été em-
belli des plumes des autres, se
fiavanoit , les méprisoit et cher-
boit à les dépouiller encore. L'au-
teur fut poursuivi par la haine
et devint malheureux. On ignore
le temps de sa mort.
ROC H OIS, (Matbilde)
, célèbre actrice de l'Opéra , née
à Caen et morte en 1728 , aroit
en gottt , et elle donna des con-^
seils utiles à LuUi, dont ses ta-
lens pour la déclamation firent
mUoir les ouvrages.
ROCHON DB Chabannes ,
(Marc-*An toi ne-Jacques ) mort
à Paris le »S floréal an 8 (i8oq)
a Tage de 70 ans , consacra ses
talens au théâtre et y ré assit. Il
débtita à la comédie Italienne par
le Deuil Anglais , et à 1* Opéra
' comique par une pièce intitulée
les Filles, A cette époque Saint^
foix venoit de faire représenter
les Hommes aux François, et
avoit été applaudi; aussitôt pa—
ruinent les Femmes aux Italiens et
les FïUes à l'Opéra comique, deux
Ï' >ièces sans intérêt et sans cou—
eur ; mais comme on l'a remar-
qué, tout succès dans la capi-
tale entraîne toujours à sa suite
4e« imitateurs et des sottim. B»«
ROC
chon fut plus heureux à la CCK
médie Françoise. Il y donna s
L Heureusement , petite pièce
jouée en 1762. Le dialogue en
est agréable et l'une des situiN
tions piquante : ce sujet est tiré
des Contes Moraux ie M^rmon-^
tel. n. La, Manie des Arts ,.1763.
II L Les Valets maîtres» 1763.
Ces deux comédies en «n acte
sont foibles d'intrigves. IV.Hybt
et Sylvie, pastorale. V.2>r^/nABf
gtfttéreuxp en cinq actes et ea
prose , 1774. Cette pièce s'est
soutenue au théâtre. \L Le Ja-
loux » comédie en cinq actes et
en vers libres, 1784. Celîe-ct-
tombée à la première représen-
tation, fut reprise ensuite averl
plus d^applaudissemens. Tout le
nœud est formé par une feromr
travestie en homme ; l'action ofire |
du vide , mais des détails qui phi-* ^
sent. Rochon a donné quatre prcH |
d notions an théâtre L^iqne
I. Le Seigneur bienfaisant » 1 780 .
opéra en trois actes. Des vei
danges an premier, un inceiidia|
an second , nn bal au troisièi
le firent réi\ssin et la beauté desl
décorations et des tableaux le soih
tinrent, malgré la foiblesse da
cadre et un slyle trop négligé i\
la musique est de Flaque t. IL
cindor /opéra en trois actes , joo^l
en 1787, et dont Dezède a £u(|
les airs. III. Le Portrait, ly^t*
IV. Enfin les Prétendus , opér»|
en un acte, représenté en 1739,.
et que l'excellente musique de^|
Moine faittoujoncseïitendre^^cc
plaisir. Le Théâtre de Bochoit
forme 2 vol. in— 8^, publiés e»;
1 786 ; il n est pas camplet. Ondoit
an même auteur quelques, écrits
en prose et des opuscules en ver^
Les premiers sont intitulés : £a
Noblesse oisive , 1706 , in-8®, et
Observations sur^la nécessité é'na
sacAnd théâtra £ran<^s, x^So»
ROC
uv-ii.Les seconds sont une 5a-
lï'resur les hommes, un Discours
ph'losophique incité de Juvenal^
et diverses Pièces fugitives qui
ont paru dans VAlmanack de$
Muses et autres Journaux. En
{ënéral ce poète a plus d'esprit
que d'imagination, et plus de Ik-
cilité que de ^oût.
ROCOLET, (Pierrt) impri-
meur du roi , se distingua autant
par son zèle pour le monarque
dans les troubles de lo Fronde oîi
il faillit plusieurs fois à périr ^
^e par ses éditions. On lui doit
celles des Œuvres de Bacon, et
\ Instruction, pour monter à ehe-
ral par Phivùiel avec de superbes
fi|gures, iSxj* Louis XllIàonaA
ï Rocolet, le 5 octobre 1(41»
Une médaille et une chaîne d^or.
'^ Voyez Pluvinbl.
RODE, (Bernard) président
de l'académie des Arts à Berlin ,
iBort le 24 juin 1797 , peignoit
avec succès l'histoire, et décora
fénéreusement divers temples sans
aucune rétribution* On lui doit
^n grand nombre de gravures k
ïeau forte.
RODNEY , ( George-Bridge )
célèbre amiral Anglais, naquit
•n 1718, et est mort en i79'2»
Il se distingua principalement dans
^ guerre d'Amérique, vainquit
deux fois les £spagn<Js , et rem-
porta sur la flotte Françoise com-
mandée par M. de Grasse une vio-t
toire signalée en 1781. Ce $ucoès
lu fit obtenir une pairie en An-
gleterre,
ROË , (Thomas) ambassa*
Jèur d'Angleterre auprès du grand
Mogol en 16 14 et à Constan-
^nople en 1620, étoit né à
«>wleyton en Essex vers i5So ,
•t mourut en 1644. U futtrès-
l^e taux négocions de son pays |
RŒN 3«î
par le crédit dont 11 jouit dana
le Levant. Ses Négociations à la
Porte ^ 1740, in-folio, sont
Utiles à ceux qui veulent con^
noitre la puissance Ottomane.
nOÉLAS, (Paul de Ins)
peintre Espagnol , élève du T{-
tien, mourut à Séville sa patrie,
en i520, à 60 ans. Son dessin
est correct , son coloris vrai ;
et Ton estime son intelligence
dans la composition , la perspec-^
tive et l'anatomie.
RŒNTGEN , (N.) célèbre
artiste Allemand , né à Neuvied',
de la secte des Moraves , a porté
Tébénisterie au plus haut point
de perfection. Il fut appelé en Rus«
sie , ou le palais impérial et ceux
de plusieurs grands sont ornés de
différens chefs-d'œuvre sortis da
ses mains. On voit sur«-tout à
l'Hermitage beaucoup de meublct
et même des pendules de son in-
vention. Ces ouvrages sont faits
de divers bois que Rotntgent, par
une préparation particulière a
extrêmement durcis et rendu
Êropres à durer long-temps. R
)s a en même temps polis avec
une telle exactitude, qu'on n'a
pas besoin de les frotter pour
les conserver. La manière dont
ces ouvrages sont exécutés , sui-*
vant M. Castera , est non moins
admirable que leur inventif!. On
n'y distingue pas le moindre as-
sèttjblage, et on croiroit qu'ils
ont été fondus d'un seul jet.
Quriques-uns sbnt garnis ei^
bronze travaillé élégamment ,
et supérieurement dorés; d'au<^
très ont des bas-reliefs et sont
ornés de pierres précieuses on
antiques. Le plus parfait peut-*
être de ces chefs-d'œuvre , est un
pupitre dont Catherine II a fait
présent au itfi^^uiis de raçftdémi«
des Sciencas de Pétersbourg* JLi^
/
5^4
R O E
génie de l'artiste a déployé dans
cet ouvrage toute sa fécondité.
En l'ouvrant, on voit sur. le de-
Tant un groupe en bronze, qui,
dès qu'on pressa? légèrement un
ressort, disparoit r-t est rem-
placé par une superbe écritoire»
dans laquelle son^ incrustées des
pierres précieuse?. L'espace qui
«e trouve au dessus de l'écritoire ,
est destiné à renfermer des pa^
piers de cop séquence ou de l'ar-
gent. La main téméraire qui vou-
droit se porter en cet endroit se
trahiroit bientôt elle- même : car
il suffit d'y toucher pour faire
entendre la musique douce et
plaintive d'une or;:;ue cachée au^
dessous du pupitre. Si l'on vent
changer la tabie à écrire eu
pupitre pour lire , il y a en haut
une planche qui sort , et à l'ins-
tant ce pupitre s'arrauge de la
manière la plus commode. L'ar-
tiste ne demandoit de ce buteau
que 20,000 roubles; mais Cathe^
rine II crut que ce prix suffisoit
à peine pour en payer le* travail ,
et elle y ajouta généreusement
lin présent de 5^000 roubles,
jRœntgen est mort dans ces der-
nières années.
ROEÏTIERS, (N**) graveur
du roi, membre de l'acadômie
4e Sculpture, est mort à Paris
en 1784. Il se rendit célèbre par
la pureté de son trait dans la
gravnre des ipédailieç et des je-«
tons.
•
IL HOGëH ou Rogtbr,
( Pierre) troufeadour, chanoine
d'Arles et de Nîmes , quitta ses
bénéfices pour aller de cour en
cour jouer les comédies qu'il fai-
soit lui — même. Arrivé chez la
comtesse de Foix qu'il célébra
Sous le nom de Tornaves, il y
devint amoureux de Haguette de
Baujç qui ae fut point cruelle.
R o G
Les parens de cette dame le hrent
assassiner vers i33o.
m. ROGER ^ (Ch<)rlds) im-
primeur de Paris dans le 16* siè^
cle, fut à la tête d'une nom-'
breuse société de libraires qui
prit le nom de compagnie da
grand Navire , parce qu'ils avoient
pour devise 'un navire en tête
des ouvrages qu'ils publièrent,
On doit particulièrement à Bo-
ger l'édition de la Défense det
Religieux par ÏMsignan , et dei
Œuvres de Fhilon b Juif, i588,
in-8.«
IV. ROGER , ( Joseph-
Louis) médecin, né à Stras-
bourg et mort en 1761 , a publié'
des Dissertations . latines sur ki
continuelle palpitation des fibres]
muFculaires , et sur les effets dtt*
apn et de la musique sur le cotçs
humaint
ROGERS, (Christophe) del
la Société royale de Londres , et»!
de celle des Antiquaires, est mort,J
dans cette ville en 1784. On a
de lui une collection de cent
douze planches imitant le des-
sin, avec la Fïe des Peintres,
1778, 2 vol. in~fol. Ces estam-^j
pes sont d'après les tableaux du
cabinet du roi d'Angleterre»
ROGGERS , < Wood).|
voyageur Anglois, partit de Bris-
tol en 1708, pour aller faire dei
prises dans la mer du Sud sur
lés Espagnols , et revint aai
duii^s d'Angleterre et» octobre
1711. On a traduit son voyag».
ei) frangois, Amsterdam, 1715,
3 vol. in-12; il passe pour vê«
ridique.
ROGGBWIN , amiral Rol-
land ois , n fait des découverte»
dans la roer du Sud. Parti da.
Tci^el avec trois viaisseaux, ^
R O H
troova Visie de Pâques , les isles
Pernicieuses, les isles Aurore,
le Labyriiitlie formé de six isles ,
st celle de la R.îcréation ou il
relâcha. Il revint au Texel le
II juillet 1723, deux ans ap''ès
son départ , et ne survécut que
peu d'années à ses voyages.
VII. nOHAN-GUÉMENÉ ,
( Louis- René -> Edouard ) car-
dinal, né le 23 septembre 1734,
Fat d'abord connu sous le nom de
prince L >uis , et devint succ(»s—
sivement évoque de Canople ,
évoque de Strasbourg , grand
aumônier de France, et l'un des
membres de l'académie Fran-
(Oise* Son goût pour les plaisirs
ne lui lit négliger ni l'étude ni
tambition. Nommé ambassadeur
à Vienne , il s'y distingua par ses
manières aimables et sa magni-
ficence. Avec une belle figure ,
un esprit facile , il fut moins
eélèbre par ses talens que par
la malheureuse affaire du collier.
Le i5 août 1785 9 jour de la fête
de la reine , cette princesse vit
irriver près d'elle deux joailliers
qui lui demandèrent seize cent
mille livres pour le prix d'un col-
lier de diaraans. Elle annonça
aussitôt quelle navoit. point vu
ce collier ni songé à son acqui-
lition. Jjes joailliers déclarèrent
fu'ils l'avoiejit rerais au cardinal
•hargé de traiter par elle. La
reine indignée de l'abus de sou
nom 9 fit ses plaintes au roi et
demanda justice contre ce der-
nier. Le monarque consulta le
garde de? sceaux et M. de Bre-*
^uU qui furent d'avis qu on ar-
rêtât sur-le-champ le cardinal;
mais la reine obtint qu'il fut au-
paravant interrogé. Celui-ci étant
arrivé; «avouez, lui dit la reine ,
•i ce n'ert pas la première fois
^vûs qaatr* ans quv je vous
R o H
3^Ç
porIe« » Le cardinal en convint
et annonça qu'il venoit d'être
trompé par une intrigante ap-
pelée la Mothe. En sortant du
c.ibinet du roi ^ il fut arrêté et
conduit à la Bastille. Au pre-
mier bruit de cette détention ,
le .public ' se persuad'i que le
cardinal de Rohan avoit adressé
à l'empereur les moyens de fairtî
une invasion subite en Lorraine ;
mais il fut bientôt détrompé. Le
roi fit dire au prisonnier de pro-
noncer lui-môme sur son sort.
Celui-ci demanda à être jugé pr»r
le parlement. La femme la J\ïo^
the qui prenoit le surnom de Va^
lois et prétendoit descendre d'un
fils naturel dé Henri II ^ avoua
dans ses interrogatoires n'avoir
jamais été présentée à la reine.
Il fiit prouvé que depuis la re*-
mise du collier entre se&mains,
elle étoit passée subitement de
l'indigence à un luxe extrême,
que son mari avoit vendu à
Londres des diamans pour des
sommes considérables , enfm qu'à
son instigation , une femme nom-
mée d'Oliva avoit joué le per-
sonnage de la reine en parois-
sant à minuit dans le parc de
Versailles , ou elle avoit fait ap-
peler le cardinal. Le parlement
déchargea celui-ci de toute ac-
cusation, mit hors de cour la
d'Oltva I condamna la femme la
Mothe à la marque et à ime
détention perpétuelle à la 8al-
pôtrière; et son mari aux' ga-
lères. Malgré ce jugement , Louis ^
Xf^I et son épouse ne purent
voir de bon.«il auprès d'eux ce-
lui qui avoit compromis lenri-
noms dans une affaire si dé-
sagréable. Le cardinal fut privé
de la dignité de grand aumônier^
exilé dans l'abbaye de la Chaises-
Dieu en Auvergne, et ensuite
dam son év<kh^ dft Strasb •«(;£;.
^€6 R O t
£n 1789, il.fiit nommé dëpnti
da clergé dn bailliage de Ha«
guenau aux États généraux, ou
il prit séance au mois de sep*
tembre. Les chefs du parti po-
pulaire espéroient que par esprit
de vengeance contre la cour, il
£ivoriseroit les Innovations con-
tre le clergé ; mais le cardinal
s'éloigna d'eux , et. qnitta l'as-
semblée 011 il s'étoit distingué
par sa sagesse et sa retenue. Peu
de temps apfês, décrété d'accu-
sation comme auteur de trou-
bles survenus dans le département
dn Rhin, Bohan se retira dans
la partie de sa souveraineté si-
tuée en Allemagne. Il s'y montra
exempt de fiel, ami des pauvres ,
et s'y entoura d'infortunés qu'il
soulagea. Il est mort à £tten-
heim dans la nuit du 17 février
180 2. Protecteur éclairé des gens
de lettres, il nvoit attaché à sa
personne l'abbé te Batteux» Sa
conversation étoit vive et en-
jouée; il parloit de tout avec
grâce ; et si sa jeunesse fut mar-
quée par quelques écarts , l'âge
et le malheur m&rirent son ame
et la rendirent douce , bienfai-
sante et généreuse.
AOIGNY^ (Jean de) gendre
du célèbre imprimeur Badius As^
censianut « lui succéda dans son
imprimerie, et l'égala dans la
beauté et la correction de w*
éditions, au 16* siècle.
ROILLET , ( Gabriel ) ree-
tenr de l'université de Paris en
i563, est auteur de plusieurs
poésies latines et françoises, et
d'une mauvaise tragédie de Phi-
lanire qui n'en a pas« moins été
imprimée.
IL ROLAND delaPlatière,
( J. M. ) né à Villefranche près
da Lyon, d'une famiUa distia-
RÔC
j^ée dans la robe par son ttttl>^
grité, fut le dernier de cinq frèrei
restés orphelins et sans fortune.
Pour ne point prendre l'état eo
clésiastiqne comme ses aines, il
abandonna la maison paternelle
à l'âge de 19 ans. Seul , sans ar-*
gent, sans ptotection, il tra-^
Versa à pied une grande partie de
la France, et arriva à Nantes
dans l'intention de s'embarquef
pour les Indes. Un armateur ({ni
s'intéressoit à sa santé etquifi-
voit vu cracher le sang, le dé«
tourna de ce voyage. Roland vint
à Rouen, entra dans l'adminis*
tration des manufactures , s)
distingua par son amour ponrl'^
tude, son goût pour les objeb
économiques et commercianx ^
et obtint en récompense de sel
travaux la place d'inspecteur gé«
nëral à Amiens , et ensuite à
Lyon. Après avoir voyagé en Ita-»
lie , en Suisse et en diverses aa-*
très contrées , il en rapport!
d'immenses recherches sur lei
arts, et en' profita dans les on-
vrages qu'il publia et qui le firent
admettre dans un grand nombre
de sociétés savantes. Ses ouvrages
sont : I. Mémoire sur l'éducatioii
des troupeaux et la culture del
laines , 1779 et 1783, in-<'*
II. VArt de rimprimeur d'étofti
eh laine , du fabricant dn vetenn
de coton, du tonrbier, etCt
1780 et 1783. Ce gfand inm
fait partie dn recueil des Arts
mécaniques publié par l'acadé-
mie des Sciences. IIL Lettres
écrites de Suisse, d'Italie ^ de
Sicile et de Malte, 1782, ^
vol. in- 12 , réimprimées en TaA
neuf. Ces lettres sont adressées
à celle qu'il épousa bientôt aprèsj
et sont remplies de vues utiles et
de nottces intéressantes sur Ici
manufactures de divers pays»
quoique trop nittévf de cM^
R OL
iè portes Italiens qui attiédilsent
h style loin de l'animer et de l'em-
bellir. IV. Dictionnaire des Ma-"
nufactures et des Arts qui en dé-
pendent , trois vol. in-4.'^ Il fait
partie de l'Encyclopédie mélho^
dique, et offre un flrand nombre
de détails approfoirais et de pro-*
cédés nouveaux dont le com-
merce peut profiter. V. Il a publié
en outre lUie foule de lettres 9
d'opuscules, de rapports 'et de
temples rendus , lorsqu'il par*
vint à l'administration publique.
Ce fut en 1789 qu'il fut porté
à la municipalité de Lyon. Dé-
puté par cette ville pour sollici-
ter auprès de l'assemblée Consti-
tuante un secours de 40 millions
qu'elle devoit, il 6t connoissance
a Paris avec Brissot dont il sui-
vit bientôt les projets et les idées.
Nommé ministre de l'intérieur
au moi^ de mars 1792, Roland
tfFraya la cour de Louis XV î
Jmr ses maximes républicaines
tten y paroissantle premier avec
des cheveux sans poudre , des
souliers sans boucles et un cha^-
pean rond. Forcé par le monar*^
que dont il excita l'aversion à
quitter le ministère , il y fut
rappelé par l'assemblée Législa-
tive. En accélérant les change-
mens dans le gouvernement par
•on influence, il n'en resta pas
moins sévère dans ses mœurs et
plein de probité. Il fut porté par
«on caractère. singulier et qui ne
fléchissoit jamais, à des innova-
tions dont il ne sentit pas d'a-
bord tout le danger. Si-tôt qu'il
**en apperçut, il s'indigna avec
franchise des massacres et des
crimes commis autour de lui. Il
chercha à arrêter le sang- qui
couloit au 2 septembre et ré-
clama avec énergie la destitution
âe la Commune de Paris qui fai-
^oit immoler tant de victimas ;
R OL
î<5r
Ihais il eut beau parler avec sa4
gesse dans ses lettres au dépar-
tement, il vit combien il étoit
difficile de contenir le peuple lif-
vré aux agitations politiques. Il
reprit un peu de popularité ea
annonçant la découverte d'une
armoire de fer dans an mur da
château des Tuileries, et d'un*
foule de lettres et de pièces dont
on ne put rien extraire contre W
monarque. On lui en fit alors ua
crime, comme ayant soustrait
celles qui pouvoient compromets
tre ce dernier. Cédant aux orages 9
aux pamphlets , aux dénoncia-
tions, Roland donna sa démis-i
sion et fut bientôt enveloppé dans
la proscription des députés de la
Gironde. Des émissaires étant
venus pour l'arrêter le soir da
3i mai, il trouva le moyen d«
s'enfuir et d'aller se cacher k
Konen. Là , il apprit que sa
femme venoit de périr sur fécha^
faud. Dans son désespoir extrême
il assembla ses amis et les obli>«
gea de délibérer avec lui sur la
genre de mort qu'il devoit choi-
sir. « Deux projets furent dis-
cutés^ dit un écrivain; suivant
le premier , Roland devoit sa
rendre incognito k Paris, se |e«
ter au milieu de la Convention 9
lui faire entendre des vérités utK
les , et lui demander ensuite de
le faire mourir sur la place où l'on
venoit d'assassiner son épouse-
L'autre projet étoit de se retirer
à quelques lieues de Rouen et da
se donner lui-niéme la mort. Ro"
laad considérant que son supplice
entraineroit la confiscation de set
biens et réduiroit ainsi sa fille à
la misère , préféra s'arracher la
vie de ses propres mains. Il de**
manda une plume^, et écrivit un
demi — quart d'heure, prit une
canne a épée et donna les deri-«
Biars embrassamans à %%% amis»
%èî ti o t.
Il étoit six heures dn soîr au
iS novembre 1793, quand Bo-
land sortit de son asile; il siûvit
la route de Paris, et lorsqu'il fut
au botir^ de Baudoin à quatre
Îieu/'S ei.viron de Rouen , il en-
tra dans une avenue qui conduit
k la maison de M. le Normand ,
s'assit contre un arbre et se perça
le cœur. Sa mort fut prompte
sans doute; il la teçut si paisi-
blement qu'd ne chan^'^a pas d'at-
titude, et que le lendemain les
passans crurent qu'il ctoit endor-
Ini. On trouva sur lui le billet qu'il
avoit écrit quelques instnns aupa-
ravant et qui éloit ainsi conçu :
« Qui que tu sois , qui ftie trou-
ves gissant, respectes jnes restes;
ce sont ceux d'un homme qui
consacra toute sa vie à être utile,
et qui est mort comme il a vécu ,
Vertueux et honnête. Puis enfc
mes concitoyens prendre des sen-
timens plus doux et plus hu-
mains ! Le sang qui coule par
torrens dans ma patrie me dicte
Cet avis. Non la crainte, mais
l'iiitli^nafion m'a fait quitter ma
retraite î au mome'nt où j'ai appris
qu'on nvoit ép^orgé ma femme,
je n'ai pas voulu rester plus long-
temps sur une terre souillée de
crimes. « Tel est le portrait que
cell3— ci en a tra'^é d.uis Sf^s Mé-
moires. «Lorsque M. Roland se
présenta à moi, dit- elle, c'étoit
tm homme de quarante et quel-
ques années , haut de stature ,
tiégligé dans soii attitude , avec
Cett^ espèce de roideur qive donne
Thahitude du cabinet; mais ses
manières étoient simples et fa-
ciles; et sans avoir le fl'^nri du
monde ^ elles allioi'^nt la poli-
tesse ileThomme bi^n né à la gra-
vité du philosophe, tïo la mai-
^eur, le teint accidentellement
jaun^ . le front déjà peu garni
4ic clroveax et tràs - découvert 9
R o L
n'aïtéroienl point des traits régii-i
licrs, mais les rendoient plus res-
pectables que séduisàns; sa voix
étoit mâle , son parler bref,
comme celui d'un homme qui
H'auroit pas la respiration très-
longue ; soa discours plein de
(îhoses, parcfe que sa tête étoit
remplie d'id '«es , occnpoit l'es-
prit plus qu'il ne flattoit rorelDe;
sa diction étoit quelquefois pi-
quante, riiais revécbe et sans
harmonie. » Roland aimoit à
obliger ses amis sans le leiir
dire : mais l'irascibilité de son
caractère et son opiniâtreté dans
la discussion lui firent un plus
grand nombre d'ennemis qu'il
n'en méritât. Avec une profonde
érudition ^ la connoissance dei
langues savarites et de la plu-
part des iuodernes, il puisoit tou-
jours da::s l'histoire ancienne se»
citations et ses exemples ; et
mourut lui-même comme pln-
sieui's de ces tlomains qu'il citoit
Sans cezsci
ÎIL liOLAKD , (MarJe-
Jeanne Phlipon ) , femme du pré-
cédent, naquit à Paris en 1764
d'un graveur distingué dans sa
{îrofessîon , mais dont la dissi-
pation di'truisitla fortune. Elevât
au sein des beaux arts, entourée
de livres, de tableaux, de mu*
Sique, elle devint savante, ma*
sicienne , et se connoissoit enpein^
ture. Dès Tàge de neuf ans elll
voulut analyser Plutar{lue» En
1780 , Rolaiid inspecteur dci
m an 11 far titres, enchanté de son
espî'it, lui adressa ses Lettres sur
t'Itulie et lui offrit de s'attachec
à son soft ; en effet elle réponse
et le snivit à Amiens où ehst
livra à l'étude de la botani^s»
et y acquit de» conneissancef
assez étendues. Un voyage qu'elle
.fît en Anjîiterre et en Suisse htt
dcnna
R O L
ddnna le goût de la politique,
elle analysa l'esprit de ces deiijc
gouvernemens , et se passionna
poar les principes de liberté qui
eh faisoient la base. Au moment de
la révolution Françoise , elle crut
pouvoir en faire Tapplication au
nôtre, et ût partager ses opi-
nions à son époux. Celui-ci avoit
été nommé inspecteur des ma-
nufactures à Lyon , et député
près de l'assemblée Constituante
pour en obtenir un secours né-
cessaire au payement des detteâ
de cette grande ville. Mad. J3o-
land se plut à recevoir chez elle
hs chefs du parti populaire et les
députés les plus marquans de la
Gironde. Brissot , Barbaroux ,
Louve t , Clavier e , Vergniaux ,
y furent admis. Elle devint lame
de leurs délibérations et la puis^
sance secrète qui dirigea la France»
Lorsque Roland parvint au mi-
nistère, on lui attribua la plus
grande partie de ses travaux ; et
brsqiîe^elui-ci fut prié par la
Convention de ne point ahandon-
Jier ses fonctions, Danton s'é-
cria : Si l'on fait une invitation
à Monsieur" , il en faut aussi faire
itne à Madame, Je connois tou-
tes les vertus du ministre^ mais
nous a\fons besoin d'hommes qui
voient autrement que par leurs
femmes, "Le y décembre; 179a, elle
parut à la bnrre de la Convention
pour repousser une • dénoncia-
tion , et y parla avec autant de
noblesse que de facilité et de
Çraces. Quand son mari eut en-
couru la proscription , Mad. flo-
l^nd espéra rester à Paris sans
danger; mais bientôt arrêtée et
"lise à Sainte -Pélagie, elle y
p3ssa cinq mois à consoler ses
compngnons d'infortune et à leur
niontrer par son exemple avec
^«el Courage on devbit suppor-
.t«tle choc des révolutions. Ac«*
SWl. Tçmc III.
R O L 3«^
cusée d'avoir partagé les senti-^
mens des Girondins, elle se vit
sans effroi condamnée à partage]!
leur sort. Lorsqu'on la conduisit
au supplice, elle conserva assez de
gaieté pour faire sourire une au-«
tre victime assise à ses côtés. Ar-*
rivée sur la place de la Révolu-^
tion, elle à'inclina devant la sta-
tue de la liberté , en s écriant ;;
O ttberté , que de crimes om
commet en ton nom / Décapitée
le 8 novembre 1793 , à l'âge de
41 ans , elle avoit annoncé en
mourant que son mari ne lui sur-<
vivroit pas et qu'il termineroit
son existence en apprenant sa
mort : elle ne se trompa pas,
, Douée d'une imagination vive^
d'un cœur sensible, sa conver-
sation et ses écrits prirent un ca-
ractère de philosophie sentimen-
tale qui en fit le charme : « Cette
philosophie , dit un écrjivain ,
étoit devenue un dédommage^
nient des plaisirs et des jouis-
sances que sa naissance obscure
et sa fortune lui avoient refusés.
Il est probable qxie placée dang
un rang plus élevé , < dans une
carrière plus brillante , elle se fïit
contentée d'être une femme ai-,
mable ; mais mécontente de la
sphère étroite que le sort lui
avoit assignée, elle se fit écri*-
vain et philosophe.» Ses Opus-m
cules traitent de la mélancolie, de
l'ame , de la morale, de la vieil-
lesse, de l'amitié, de l'amcur,
de la retraite , de Socrale, lis
sont réunis, ainsi que son Voyage
en Angleterre et en Suisse , aux
Mémoires qu'elle a écrits en pri-*
son sur sa vie privée, son arres-
tation et le ministère de son mari.
Ces Mémoires publiés par M. ^tf
Ckampagneux en 1800, forment
3 vol. in-S.^'Lpstyledellid. Ho-«
land est souvent éi.e^que et
fort, quelquefois incorrect , tou^
Aa
370 K 6 L
jours agréable. Il acquiert de la
chaleur lorsqu'elle peint les pas-
dons ou les événemens dont elle
fut témoin et qui* l'entrainèrent
à sa perte. Les portraits qu'elle
traoe des personnages sont ra-
pides, d'un coloris vif; souvent
elle peint d un trait. Mad. Bo-
land , sans être belle y avoit une
figure douce et naïve ; de grands
y^ux noirs plenis d'expression et
d'esprit animoient une physiono-^
mie peu régulière; sa voix étoit
sonore et flexible ; son entretien
Q^tachant , semé d'anecdotes et
de réflexions neuves et flatteuses
qui séduisoiout. l'auditeur ; le
meilleur choix de termes en fai<-
soit le charme. Aussi un homme
de lettres distingué , qui avoit
voyagé avec elle sans laconnoitre,
disoit à son sujet : On n'a jamais
entendu une femme parler aussi
hien , ni même un homme. Avec la
finesse propre à son sexe et une
grande perspicacité ^ elle étoit at-
tentive à ne point fatiguer l'or-
gueil de son époux et à lui cacher
souvent une partie de son esprit
pour ne point lui paroître trop
supérieure. Son amour prononcé
pour la république et trop de
penchant à la satire lui attirèrent
de nombreux ennemis. L'agré-
ment de son esprit quoique pré-
dominant et la variété de ses con-
naissances, lui procurèrent des
admirateurs. La pureté de ses
mœurs , ses vertus domestiques ,
dévoient la rendre heureuse; mais
elle sacrifia son bonheur pour
accroître sa célébrité. ,
. IV. ROLAND d'Ercevîlle ,
(B. G.) président au parlement
de Paris , réunit à l'étude du droit
celle de l'histoire et des belles—
lettres. On lui doit plusieurs ou-
"vrages dont le mérite et l'intérêt
ne le sauvèrent pas de la pros—
Rôt
cription de 179*4. II périt sur fé-
chafaud révolutionnaire le zo avril
de cette année, à l'âge de 64 anst
Ses écrits sont : I. Lettre à Tabbé
Velly sur lautorité des états en
France, 1766, in— 12. II. Dis-
cours sur les Jésuites vivans dans
le monde en habit séculier*
«
III. Compte rendu des interroga-
toires subis par -devant Areensott
au commencement du i8*siècle,
par divers prisonniers détenus à
la Bastille ou à Vincennes, 1766,
in— 4.** 'IV. Dissertations sur la
question si les- inscriptions doi-
vent être rédigées en François oa
en latin , 1782 , . in - 8.» Elle a
été. réimprimée deuj^ ans après.
V. Plan d'éducation , 1784,
in-8.0 VI. Recherches sur les
prérogatives des femmes chez lej
Gaulois, les cours d'amour, etc.,
1 787 , in— 1 2. VIL Discours pro-
noncé à l'académie d'Orléans,
1788, in-l^° Roland fut chargé
par le parlement en 1 762 de l'exé-»
cution des arrêts ordonnant l'ex-
pulsion des Jésuites , et d'ins-
taller l'université dans le collège
de Louis-le-Grand ; ce qui lui
procura quelques ennemis.
•ROLDAN , ( Louise ) fille
d'un sculpteur de Séville, mortt
à Madrid à 5o ans en 1704 ,
cultiva avec succès l'art de son
père.
I L ROLLE , ( Jean - Henri)
musicien Allemand^ a publié des
compositions pleines de fen et
qui mériteroient d'être plus cod-
nuos. On distingue sur-tout son
Oratorio sur la Mort d'Abelt et
celui S Abraham sur la montage»
11 est mort en 1787 à Magde-
bourg.
ROMANZOFF , ( N. mt^
chai de ) célèbre général an ser-
vice de Catherine II impciatrice
ROM
âd Russie , fut le soutien de sa
puissance et le vainqueur des
Ottomans. Il quitta en 1770 le
commandement des armées de
l'Ukraine pour marcher con—
tr'eux , et il assura le triomphe
des Moscovites par deux batailles
décisives. La première se donna
sur les rives du Pruth ; les Turcs
commandés paip le kan de Cri-
mée , au nombre de quatre - vingt
mille hommes, furent forcés dans
Jenrs retranchemens et se retirè-
rent vers le Danube ; la victoire
de Kagoul acheva leur défaite.
Le combat se livra au mois de
juillet. Cent cinquante mille en-
nemis avoient enveloppé Roman^
zoff qui navoit à leur opposer
que dix-huit mille Russes. Ceux-
<:i attaqués de tontes parts péris-
soient sous le canon et la mous-
queterie , lorsque leur général
ordonna de fondre sur les Mu-
sulmans la baïonnette au bout
du fusil. Le nombre céda alors
k l'intelligence et à la discipline.
JLes bataillons carrés des Russes
firent un carnage affreux ; les
Turcs laissèrent 1009000 hommes
sur le champ de bataille , et le
reste entraîna le grand visir dans
sa fuite. L'impératrice fit élever
un obélisque en marbre à Tzars—
ko-Zelo 9 pour consacrer le sou-
• venir de cette grande victoire 9
qui amenala reddition de Bender
et d'un grand nombre d'autres
places importantes. Romanzoff
▼oulut assurer par les négocia-
tions le fruit de ses victoires ;
des conférences pour la paix s'ou-
vrirent entre lui et le grand visir
Mussum-Oglou. Ces deux guer-
riers qui avoient appris à estimer
mutuellement leur courage , se
donnèrent des marques respec-
tives d'estime et de bienveillance ;
mais les prétentions de la cour
^ ilus$iç étant Ci^lrûmcç j c«s
ROM Î7X
-'^
confirences furent infructueuses»
Jiomanzoff passa de nouveau le
Danube , repoussa sans cesse le»
Turès et s'avança ver» vSchumla
où le grand visir s'étoit campé
et ou il le trouva très-écafté des
autres corps d'armée. Le maré-
chal remarquant le désavantage
de cette position , l'environna si
bien qu'il l'empêcha de communi-
quer même avec ses magasins. Le
visir lifemanda la paix. Les prélimi-
naires en furent signés sur wjx,
tambour par Roman zoff y au mois
de juillet 1774. Ce traité accordîi
à la Russie la libre navigation
sur là mer Noire et le passage
par le canal des Dardanelles ; eli'o
garda Azoph et quelques autres
places , et l'indépendance de ïa
Crimée fut reconnue. Romanzoff
releva par sa modestie l'éclat de
ses victoires. 11 ne voulut point
partager avec l'impératrice les
honneurs d'une entrée triom-
phante qu'on avoit préparée pour
elle à Moscow en 1775 , et il
ne parut devant Catherine qu'en,
simple soldat , venant rendre
compte de ses actions. Il reçut ,
d'elle une terre avec cinq mille
paysans , une épaulette en dia-«
nians 9 l'ordre de Saint - George
et un chapeau auquel étoit atta-
chée une branche de laurier en
pierres précieuses estimées trente
mille roubles. Il partit bientôt
pour son gouvernement d'U-
kraine ; mais Catherine l'en fit
revenir pour accompagner à Ber-*
lin le grand duc Paul Petrowitt
qui y alloit épouser la princesse
de Wirtemberg. « Ce n'est , lui
dit— elle , qu'au zèle du phis il-
lustre appui de mon trône que
je puis me résoudre à confier mou
fils. » Lorsque le roi de Prusse
apperçut le maréchal , il s'avança
vers lui en lui adressant ces mots :
5îY«iUi(XUCur des Ottomans , soj'eai
Aa X
^
57Ï ROM
le bienvenu ; je suis charmé de
voir celui dont le nom doit passer
à la poâ^rité la plus reculée. »
Dans les fêtes données au grand
. duc , celle qui dut Aatter le plus
^omanxoff , fut la manœuvre de
la garnison de Potsdam , rangée
en bataillons carrés , à l'imita-
tion des Russes à la sanglante
bataille de Kagoul. Lorsque la
.guerre se réveilla en 17 8^ entre
la Rqssie et la Porte Ottomane 9
"Romanzoff à qui Ton offrit le
commandement de l'armée de
moitié avec le prince Potemkin ,
voyant qu'il deviendroit le .*;ibor-
donné de ce favori 9 s'excusa 5ur
son grand âge , demanda sa re-
traite et l'obtint. Il mourut quel-
que temps après , respecté des
B.iis«es et des puissances étran-
gères , et laissant après lui la ré-
putation de l'un des plus grands
.généraux du siècle.
ROMAS, (N. de) de l'aca-
démie des Sciences de Bordeaux
et correspondant de ceile de Pa-
ris 9 lieutf?nant assesseur du pré-
' . sidial de Nérac sa patrie , mourut
dans cette ville en 1776, âgé
d'environ soixante et dix ans. Il
passe pour l'inventeur du cerf-
volant électrique. Romas en fit
l'essai à Nérac, en mai 1753 ; et
cet essai réussit. Franklin l'avoit
tenté à Philadelphie, l'année pré-
cédente , avec moins de succès
et d'appareil ; et c'est ce que jRo-
mas ignoroit. Ainsi on peut le
' regarder , du moins en France ,
comme auteur de cette décou-
verte. Nous avons de lui : I. Di-
verses Dissertations sur l'électri-
cité , dans les tomes 2 et 4 des
Mémoires présentés par les étran-
gers à l'académie des Sciences de
Paris. II. Mémoire sur le^ moyens
de, se garantir de la foudre dans
fei maisons , suivi d'uiiq LcUre
ROM
sur les cerf-volans électriques >'
Bordeaux 9 i77Ç,in-i2. Cette
brochure renferme quelques ob-
servationscurieuses.Êileestécritft
comme tous les ouvrages de Bo-
mas , avec clarté ; mais avec pro-*
lixité et sans correction. Cétoit
un homme presque nul en lit-
térature. II étoit né avec des dis-
positions plus heureuses pour les
sciences exactes et pour la mé-
canique. On lui reprochoit la
haute opinion qu'il avoit de ses
connoissances, d autant plus qu'il
ne la cachoit pas. II soufiroit dif-
ficilement la contradiction ,fliême
dans les choses qu*il n avoit pai
approfondies , et se prévenoit ai-
sément ; d'ailleurs bon époux,
excellent citoyen 9 magistrat éclai-
ré et équitable 9 et homme offi-
cieux.
ROME DE lIsle, (Jean-
Baptiste— Louis) né à Gray en
Franche-Comté 9 au mois d'août
1736 9 s'appliqua dès sa ieuness*
aux observations sur l'Histoire
naturelle et la Minéralogie. Il ac-
quit bientôt dans cette dernière
science une célébrité que ses dé-
couvertes et ses écrits lui roéri-
tèrent. Ceux-ci sont : I. Lettre à
M. Bertrand sur les polypes d'eau
douce, 1766 , in- 12. II. Des Ctf-
talogues raisonnes de plusieurs
riches collections de minéraux,
de' cristallisations et de madré-
pores. On distingue sur — tout
celui du cabinet deDavila , 1767,
3 vol. in-8.0 III. V Action dujeu,
central banni de la surface du.
^lohe , et le Soleil rétabli dans
ses droits , 1779 et 1781 9 in-8.*
IV. Chris tallographie , 1788,
4 vol. in-8." L'auteur y donne
la description des formes propres
à tous les corps du règne mi-
norai 9 dans l'étîtt «le combinaison
sûliiie , piejrreuse et métalh^uci
ROM
livee des figures et des tableaux
ée tons les cristaux connus et
classés d après le nombre et la
disposition de leurs angles. Il pré-
tend que choque espèce du rb^ne
minéral prend toujours une forme
polyèdre , régulière , constante ,
et qui lui est particulière. Ce
système a été attaqué par plu-
sieurs naturalistes; Ton vrage n'en
offre pas moins les recherches les
pins laborieuses j et l'exemple
d'une sagacité peu commune.
Y. Des Caractères extéritnirs des
Minéraux ,1784, in-8." VI. Mé^
Irologie ou Tablas pour servir à
rintelligence des poids et des me-
sures des anciens , d'après leur
rapport avec les poids et les me-
sures de la France, 1789, in-S."
Borné , modeste 9 ennemi de l'in**
trigue et de toute faction ^ pa-
tient et plein de vertus douces 9
«t mort à Paris le 10 mars
«790.
ROMIEU, (Marie de) née
dnns le Vivarais , acquit quelque
réputation dans le 1 6« siècle par
son amour pour les lettres et les
ouvrages qu'elle publia. Les plus
remarquables sont des Instruc-^
lions pour les jeunes Dames ; et
un Discours o\x l'auteur prétend
prouver Texcellence de son sexe
fiur celui de l'homme.
I. ROMILLY, (Jean) Ge-
nevois, né le 29 juin 1714 , se
rendit célèbre dans l'horlogerie et
par ses inventions en mécanique.
Il a fait le premier une montre
battant les secondes mortes ; il
«n fit une autre qui alloit une
année entière sans être remon-
tée, et qu'il présenta k Louis XV.
Homilly ne fut malade que le Jour
de sa mort arrivée à Paris le
16 février 1796. On lui doit :
L Tous les articles sur l'horlo-
gerie insérés dans l'Encyclopédie,
R O N
37Î
n. Une Lettre publiée en ,177^?
contre la possibilité du mouve—
m'^nt, perpétuel. III. Il établit le
Journal de Paris , commencé la
i*' janvier 1777 , et y inséra
long- temps les observations mé-
téorologiques qui se voy oient en
tète de cette feuille ; ce qui fit
dire qu'il y faistnt la pluie at le
beau temps,
JI. ROMILLY, (Jean-
Edme ) fils du précédent , fut
successivement ministre Calvi-
niste à Genève et à Londres. Se»
connoissances , son aménité le
rendirent cher à d*Alemhert , à
«/". J. Rousseau et à Voltairem
II mourut en 177$* On lui doit :
I. Discours religieux , trois vol.
in-8.® II. Les articles T'olérance
et Vertu dans la première £«-•'
cyclopédie.
RONSIN, (Charles-Philippe)*
né à Soissons , annonça dès sa
jeunesse dep passions turbulentes-
et un goût extrême pour le plaisir.
Avec peu de fortune il chercha
à y suppléer par l'intrigue. La
révolution lui ouvrit une carrière
d'espérances , et il la suivit. Ad-
mis au club des Jacobins , il ne
tarda pas à se lier avec Danton.
et Marat , et à devenir leur apo-
logiste. Leur protection le fit
nommer successivement commis-*
saire ordonnateur de l'armée de»
Pays»- Bas , adjoint au ministère
de la guerre , et enfin général
de l'armée révolutionnaire. Ce»
fut. en cette dernière qualité qu'il
présida aux massacres et aux bar-
baries exercées à Meaux et dans-
la Vendée. Cromwel étoit de-
venu son idole , et il en lisoit
sans cesse la vie. Rappelé au sein
de la commune de Paris , il cher-
cha à élever le pouvoir de celle-»-
ci au-dessus de celui de la Con-
vention \ mais le comité de Saluj^
Aa a
374 R O O
pnbîic le fit arrêter et tradnine
devant le tribunal révolution—
Ttaire qui ie condamna à mort
le 24 ours 1794 , u l'âge de 42
en s , jomme ayant voulu pro^
ckmer un tyran sur les ruines
du gouvernement républicain. U
xnarcha vers l'échafaud avec fer-
meté, et vit le coup mortel s'a-
vancer sans palir. Qui pourroit
penser que le farouche Honsia
se plut à cultiver la poésie, et
fut auteur de plusieurs tragédies
déjà inconnues et cependant re-
présentées en 1791 et 1792* Elles
sont intitulées Louis XII » la
Ligue des fanatiques et des ty-
rans ; AréanphiLe ou la Hévolu-
iion de Cyrène : celle-ci est en
cinq actes et en vers.
1. ROOKE, (George) amiral
'Anglois, mort en 1700 , s'éleva
par son courage de la classe obs-
cure aux premiers grades de la
marine, et les mérita successi-
vement en brûlant la flotte Fran-
çoise dans la bataille de la Hogue
et en se distinguant dans ceUe
de Malaga , et à la prise de Vigo
et de Gibraltar.
. U. ROOKE , ( Laurent ) as-
ti'onome Anglois, né en 1623 à
Depfort , mort en 1662, fut
l'un des fondateurs de la Société
royale de Londres , et professa
r^stronomie avec éclat au col-
lège de Gresham.
ROOKE, (Jacques) peintre
cfAnvers , mort en 1747, d 61
a^ns , a laissé divers tableaux es-
timés par la fidélité et la correc-
tion qui les distinguent.
ROOS, (Jean-Henri) peintre
et graveur , né à Otterberg dans
le Bas-Palatinat en i63i , mort
à Francfort en i685 , excelloit
dans le portroU ^ etpeignoit aussi
RO Q
arec ▼érité les paysages et le«
animaux*
ROPERT, (Marie) An-
gloise , petite-fille de Thomas
Morus , se distingua dans le 1 6*
siècle par son savoir dans les
langues et les agrémens de son
esprit. Elle a traduit du grec en
anglois l'Histoire ecclésiastique
àrEusèbe , et du latin quelques
opuscules de son aïeul.
III. ROQUE - MONTROUSSE ,
(N. Mad. de ) vivoit au milieu
du 17* siècle. Elle possédoit les
mathématiques et les langues sa-
vantes. £He a traduit phisieucs
odes à* Horace en vers françois.
ROQtJETAlLLADE , (Jean
de la) alchimiste de Bordeaux,
vivoit an milieu du x^* sièele,
et a publié des écrits rares et
recherchés par les adeptes ; ils
sont intitulés : Liber Lucis , 167^,
in- 12 ; Cœlum PhUosophorum ,
1 543 , in - S'' ; Opus de quintà
essentid omnium rerum , iS^S ,
in-8.0
ROQUETTE, (FAbbé de)
mort évéque d'Antun , qu'on dit
avoir été nn dévot politique ,
d'après lequel on prétend que
Molière p^gnit son Tartuffe*
Nous ignorons si cette anecdote
est véritable et s'il donna occa-
sion au poëte comique de le met-
tre sur le théâtre ; mais noas
savons qu'il prêcha avec quelque
succès. — L'abbé de RoquETT£,
(Henri Emmanuel ) son neveu,
mort en 1725 , étoit de l'acadé-
mie Françoise. Voyez Nicole,
n.° U. et Harlay , n.*» IV.
ROSANT , ( André de) né à
la Gnillotière foubourg de Lyon,
. vivoit en 1394. Il publia des
Vers , des Discours en prose ,
wxe Renu^iUrance aux Flamands]
^0$
JEloge du duc de Joyeuse , celui
ée Henri ly. Tous ces écrits
sont au-dessous du médiocre, tl
.composa un traité, intitulé TO-
"^ nomastrophie ou \Art de faire
4^s Anagrammes, Avec cet art,
^on n'obtient ni profit ni gloire*;
aussi de ïiosant mourut-il pau-
;vre et oublié.
V. ROSE 9 (Guiliaiime) écri-
•▼ain Anglois , À qui l'on (ïoit sur-
tout une 1;rès-bonne Tcaductiop
de Salluste, est m^orten 17 S/8.
ROSE -CROIX, (le fonda-
teur des Frères de la ) : nous igno-
rons le nom de cet instituteur
4*une confrérie de charlatans éta*
•
blie en Allemagne vers l'an 1604.
Jean Brigen son historien , le
fait naÂtre en i 3 7 8 et le fait
mourir en 1484. DcsTàge de cinq
^ans, il fut enfermé dans un mo-
nastère , où il apprit le grec et
le latin. A seize ans, il se joi-
gnit à des magiciens pour péné-
trer le secret de leur art. D passa
ensuite en Turquie et en Arabie,
•d'où il se rçndit à Damcar. Cetfe
. .Tille n'a jamais existé ; mais nous
suivons les Ijiistoriens <^u patriar-
che de la Bpse — Croix qui n,'a
peut — être pas plus existé que
I)amcar. Quoi. qu'il en soit, la
^chimérique Damcar n'ét9it ha-
bitée que par des philosophes :
. chose tout aussi extraordinaire.
.Ces sages le saluèrent par son
nom , et lui découvrirent tous
les secrets de la na.ture. Ils lui
apprirent qu'il étoit attendu. de-
puis long-temps, et qu'il seroit
l'auteur d'une réforme générale
dans l'univers. Après trois aps
de séjour à Damcar , le père des
Bose^Croix partit pour Fez , ou
il conféra. avec les partisans de
la cabale ; de |à il passa en H^
pagne. qiii ne yonlut point de c%
\RP5 375
régénérateur universel. Chassé de
cette contrée ténébreuse , il se
retira en Allemagne et y vécqt
dans une grotte jusqu'à l'âge de
cent six ans. Cette grotte étoit
éclairée d'un soleil qui étoit aa
fond de l'antre , et qui recevoir
dicectement .sa lumière du soleil
qui éclaire le monde. Au milieu
s'élevoit un autel rond, recou-"
vert d'une platine de cuivre , oit
on lisoit ces caractères A. C.R. Ç»
Vivojnt je me suis réservé un^
abrégé de lumière pour sépulcre.
Quatre figures régnoient à len-»
, tour y portant chacune son in^
cription. La première renfermoit
ces mots : Jamais vide ; une au-
tre : Le joug de la Loi ; une troi-
sième : La liberté de VEvangile /
enfin ]a quatrième : La gloire
, toute entière de Dieu* On y trou<^
_voit aussi des la^ipes ardentes j
des spnnettes, des miroirs et quel^
ques livres de "chimie et d'alchî-
.niie. Une des premières règles
de cette confrérie d'illuminés ,
.étoit de tenir au moins cent an»
leur société secrète. Elle l'a si
bien été qu'on n'en parle plu»
du tout. Mais le nom de Trières
de la IiQse''Croi'x a resté aqx
partisans de Paracelse , aux al-
chim istes,aux insensés quicroient
/deviner les mystères de la nature
par une lumière intérieure , et
aux fripons qui se vantent d'avoir
^ cette, lumière. Comme ces déi^x
- classes d! hommes n'ont été rares
dans aucun temps , lesi^r^r^i ^e
la Hose-^Croit eurent des parti-
sans dans le siècle dernier. Mi-m
' çhel Maïer composa un livre de
leurs constitutions ; et Bobert
Tliid prit leur défense contre le
P. Mersenne et contre Gassendi.
Voyez Maïer et Flud. ConsuW
te? aws9\\ Encyclopédie aux mots
&o&g-CROix et Theosophib.
.Aa 4
1
ij6 R O S
EOSELINI , architecte et in^
génienr de Florence , dont le
pape Nicolas V employa les ta-
lens pour la construction de di«-
▼erses églises et pour des travaux
publics.
ROSELIJ : c'est le nom d'un
ayenturier qui a écrit son his-
toire ou son roman , sons le nom
de \ Infortuné Napolitain , quatre
vol. in-8*^, 1722. L'auteur étoit
mort trois ans auparavant à la
Haye , oii il s'étoit retiré , après
avoir parcouru une partie de
l'Europe. Lorsqu'il se rendit en
Hollande, il demanda aiix ma-
gistrats une chaire des langues
orientales et occidentales vivantes
€t mortes , et même de mathé-^
maUques , de philosophie , de
théologie et d'histoire , ou bien
la permission Couvrir une houti-^
^ ^ue à vendre du café. Son roman
offre quelque chose de vrai ^ mais
beaucoup de faussetés et de traits
satiriques. Le café qu'il tenoit à
la Haye, étoit très — fréquenté.
Voyez ROSSELLI «/ Vbneroni.
ROSËBES , (Isabelle de) Es-
pagnole , se mit à faire des Sen^
mons , et ayant obtenu la per-
mission de les prêcher dans la
cathédrale de Barcelone., elle y
attira un très — grand concours
d'auditeurs. Venue à Home sous
le pontiBcat de Paul III, elle, y
convertit plusieurs Juifi et mou-
rut vers 1540.
1
ROSOI, (Barnabe Firmin du)
né à Paris en 1745, et non
k Montmartre , comme le dit
M. Palissot sans doute par plai-
santerie , débuta dans la carrière
littéraire en 1767 9 par un recueil
de vers intitulé : Mes dix-neuf
ans ; et par deux poèmes , l'un
fur les Sens , l'autre sur le Génie ,
le Goût et l'Esprit. H ny maa-
R O S
qnoit qne les dons chantés par
l'auteur. Du Bosoi fut mis k la «
Bastille en 1770 y pour deux ou-
vrages, dont la publication fat
arrêtée ; il y resta ttois mois ,
et dut son élargissement aux sol-
licitations du duc de Choiseul et
de la duchesse de Grammont. Ces
deux ouvrages étoient intitulés :
Les jours , et le Nouvel ami des
Hommes, Attaqué par M^ Palis-
sot dans sa Dunciade , il le pour-
suivit judiciairement ; ce qui fit
naître divers écrits de la part des
deux auteurs. Du Rosoi se con-
sacra ensuite à la carrière dra-
matique , et n'y obtint pas de-
clatans succès. Ses pièces sont :
Richard III , tragédie que le
zèle des actrices pour l'auteur ne
put faire applau4ir ; V Inconnue
persécutée , opéra traduit de l'i-
talien , dont Anfossi a fait la
musique ; la Bataille d'Ivri , opé-
ra en trois actes qui dut son suc-
cès éphémère à la charmante rout
sique de Grétry et au nom de
Henri IV; le Décius François on
le Siège de Calais , tragédie ; le$
Mariages Samnites , les Deux
Amis 9 ' le Siège de ^ézières ,
les Trois Roses , Bayard , Pyg"
malion , antres opéra qui ne réus-
sirent pas malgré les airs agréa-
bles de Grétry , de Froment et
de Bonesi. Les autres ouvrages
de du Rosoi sont : L Lettres de
Cécile à Julie , roman en deux
vol. in- 12. II. Dissertation sur
le Drame lyrique, 1776, in-8.*
III. Annales de la ville de Tou^
louse , 1771, quatre vol. in-4.*
Cette histoire est inexacte pour
les faits , boursouflée pour le
Style. IV. Philosophie sociale ou
Essai sur les devoirs de V Homme
et du Citoyen 9 1782, in— iz.
Malgré ces nombreux ouvrages ,
du Rosoi n'étoit point parvenu
à sortir de l'obscurité ni de la
R O s '
ftiîsère 9 lorsqu'au commence^
ment de la révolution sa iortuue
s'améliora et son nom acquit
quelque célébrité , par une ga-
zette intitulée , Wimi du Loi.
Elle fut lue avec avidité , quoi-
que le style en soit ordinairement
incorrect et emphatique ; mais
quelques morceaux bien écrits,
fournis^ dit-on, par des députés
âe l'assemblée Constituante , en
assurèrent le débit. L'auteur s*é*
toit retiré à la campagne à l'é-
poque du 10 août , il en fut bien-
tôt arraché pour être traduit de-
vant le tribunal extraordinaire ,
établi par l'assemblée Législative
pour juger les ennemis du nou->
veau régime. Du Rosol y com-
parut avec courage , et montra
le plus grand calme dans tout le
cours de son interrogatoire et
• après avoir entendu son arrêt :
t'étoit le 26 août 1792. Sortant
du tribunal , après ime séance
de quarante— huit heures , il re-
mit au président une lettre dans
laquelle on remarqua ces mots :
« Un ami du roi comme moi ,
était digne de mourir hier le jour
de St. Louis, » Etant descendu
dans la prison 9 il écrivit?' une se-
conde lettre pour demander que
son trépas fût utile au genre hu-
main , en faisant sur lui l'expé-
rience de la transfusion du sang ,
et en cherchant à faire pnsser le
iien dans les veines d'un vieillard.
I^a pétition de du Rosoi ne fut
point écoutée ; et il fut exécuté
à neuf heures du soir aux flam-
beaux.
IL ROSSET , (Pierre Ful-
CTan de) conseiller à la cour des
tides de Montpellier sa patrie ,
est auteur d'un Poe me sur l'Agri-
culture, en deux parties in -4.®
Son but a été de mettre en vers
•toutes les opérations champêtres.
R O S 377
Ce travail diiHcile fournissant peu
a la poésie , il n'est pas éton-
nant qu'en lisant un si long ou-*
vrage, le l*»cteur éprouve un peu
d'ennui. En général la diction
de lîosiet est correcte ; mais elle
manque trop souvent d'élégance ,
de rime , d*harmonie. Tout est
précepte ou description , et sou-
vent en prose rimée , en prose
sèche ou dure. Divers morceaux
mieux écrits et plusieurs vers
bien tournés prouvent cependant
que l'auteur ne manquait pas de
talent ; et il a surmonté quel-
quefois les difficultés avec suc-
cès. On a retenu ces deux beaux
vers relatifs à l'application de
l'astronomie aux travaux des
champs :
Le ci«l dcTltit nn Hyre où la terre 4toan4«
Lut ea lettres de feu rhUtoire de Tannée*
Ce versificateur étoit un homme
estimable , bon magistrat et bon
citoyen. Il mourut à Paris en
1788- La première paître de son
Poème a été réimprimée in— 8®;
mais on n'a pas réimprimé dans
le même format la seconde , parce
qu'elle offre en général plus de
foiblesse que la première. L'ima-
gination du poète y paroit pres-
que éteinte. On n'y voit aucune
description brillante. L'auteur se
borne à des ncflkienclatures ari-
des , ou à des imitations du Père
Vanière,
IV. ROSSl , Voyez Saiviati
(François de) ^^Propbrtia. — H
y a eu encore de ce nom Jean,"
Antoine Rossi , habile graveur
en pierres fines , originaire de
Milan : un autre Jean- Antoine ,
mort à Home sa patrie en 1695^
à 79 ans , architecte célèbre ; un
architecte non moins habile ,
( Matthias ) né à Rome en 1 637 ,
more en 169S) fut honoré des
37* R O S
fécorn penses d'Innocent XIÎ et
de Louis XIV i enfin Angela
fiossj , sculpteur Génois , mort
en 17 15, à 4s ans, à Rome qu'il
orna de i^s ouvrages.
* II. ROSSIGNOL , fameux
maître écrivain de Paris , élève
lie Sauvage , mort d'un excès de
travail dans un â^e peu avancé
en iy36 9 fut eropioyô du temps
^ la Régence , à écrire les Bil^
lets de Banque* On a gravé d a«
}>rè« ce maître , le premier de
'£urope dans son art. il a été
à\\ moins le pUis grand peintre en
écriture qu'il y ait eu en France.
Maître de ses inoindres mouve-
jnens. , sa marche étoit toujours
réglée ; ses exemples étaient d'une
aagesse , d'une simplicité, dune
^rnce qn*il est plus aisé de sentir
■que de décrire. Les Anglois ont
.enlevé une grande partie (le& piè^
.ces de Bossignol , pour lesquelles
les François trop indi£férens pour
}a belle écriture ne marquoient
pas assez d'empressement. Il ,a
formé un grand nombre de gra-
.veurs en lettres et de maîtres
écrivains renommés , parmi les-
quels on a distingué Galitmand ,
tférard , Roland , et Paillasson
auteur de l'article Ecriture dans
V Encyclopédie, — On a cité
oomme im cb^— d'œuvre mo-
derne de calligraphie , égalant
les plus belles pièces de Bossi^
gnol , la copie du dernier traité
de paix 9 envoyé par Ja France
Au . gouvernement Anglois.
» ROTHELIN, (Charles
d'Orléans de ) né à Paris en 1 6 9 1 ,
♦ de Henri d*Orléans marquis de
•Rothelin , accompagna le car-
dinal de Polignac à Rome , et
visita les principales villes dltalie^
6011 goût pour les antiquités et
" pour la littérature , lui fit ras-
sembler tm riche c&binet de mé^
ROT
dailleâ antiques et foriQer xn^
nombreuse bibliothèque. Il se
faisoit un plaisir d'encourager et
de favoriser les hommes de let-
tres , et il leur faisoit part de'
tes livres et de ses lumières. j(l
sacrifia tout, même la crosse,
au plaisir <fe cultiver les lettre»
en paix. Les langues vivantes et
les langues mortes lui étoient fa«
milières. Cet habile littérateur
mourut d'ime maladie de poitrine
le 17 juillet 1744 , dans sa 53*
année. 11 cachoit sous un air riant
les doulours qu'il éprouvoit pour
ne point effrayer ses amis, mais
il dit en secret à l'un d'eux : «Ne
désabusons personne ; je mets de
la gaieté sur mon front lorsqw
•mon cœur qui vous aime vi
cesser de battre. » Il étoit de
l'académie Françoise , et hono-
raire de relie des Inscriptioii;.
'Le cardinal de PoUgnac Ini.ayaut
laissé en mourait son Anti-^Lur-
crèce encore imparfait , l'abhé
d€ Boihelin le mit dans L'état 011
nous le voyons.. Le marquis d'4i- '
^enson^it que l'abbé de Baiheli/t
élève du cardinal , iivoit coflune
lui beaucoup d'esprit , de mér
moire, mais des sconnoissojicas
moins étendues. .Son éloquence
n'étoit ni si noble ni. sl i^aturelk
-que celle de son maître. Il avait
•plus de vivacité dans la conver»r
tion , et la sienne pétiUoit de
•plus de traits. Il ttroit peut-étie
davantage de son pnopre fpndi;
m'âis il ne savoit {las si bien en^
ployer ce qui . vient . des outres.
La figure, du cardinal et celle de
l'abbé de Bothelin , étoient en-
core plus différentes que la tour-
ynure de leur esprit. , Celle cjn
premier étoit belle et noble , et
annonçoit tout ce qu'il étoitytoit
ce qu'il avoit été. Si l!on avait
voulu peindre d'idée un grand
prélat 9 Hix aavft&t çaidinol y JB
ROT
nge et digne négociateur , un
&meiix orateur Romain , on eut
saisi les traits du cardinal de
FoUgaac, Au contraire , l'abbé
^eBothelin avoit la physionomie
line, spirituelle ; l'air d'un homme
dont la poitrine étoit attaquée.
Sa Bgure étoit agréable , mais
tout-à— fait moderne. Celle du
cardinal dans sa vieillesse étoit
une belle et précieuse antique.
Le catalogue de la riche biblio-
thèque de Tabbé de Rothelin ,
dressé par Gabriel Martin , est
un des plus recherchés par lés
bibliographes... Voyez Longue^
TILLE , à la fin de Varticle.
* ROTROU, (Jean de) na-
^it à Dreux eiv 1609. Il acheta
la charge de'lientenant particulier
et d'assessenr criminel au bail-
liage de cette ville , et se dis-
tingua de la foule des rimailleurs
fle son temps par son génie vé-
ritablement tï'agique , par l'élé-
vation de ses senti mens 9 par
Theureux contraste des carac-
tères , par la force du style. Il ne
lai manquoit que la correction
du langage et la régularité des
plans. Ce poëte travailloit avec
yme facilité extrême ; il composa
trente-sept Pièces de Théâtre,
tant tragédies que comédies. Le
cardinal de Richelieu qui Ini fai-
soit une pension de 600 livres ,
ne put jamais le porter à se join-
dre à la foule d'insectes qu'il
avoit ligués contre le Cui, Cor~
neLUe fut toujours à ses yeux un
grand homme et il rechercha vi-
vement son amitié. Ce refus ne
lui enleva pas l'estime du cardi-
nal qui l'employa à la composi-
tion de la Pièce appelée des Cinq
Auteurs, Ce qui vaut beaucoup
mieux que d'être bon poète 9 J9o-
trou fut honnête homme et bon
citoyen, ^a mort est plus belle
ROT 379
et plus noble que celle de la plu-^
part des héros de ses tragédies v
la ville de Dreux étoit ravagée
par une épidémie qui ressembloife
a la peste : ce fléau rappeloit au.
poète - magistrat la situation do
Thèbes sous le règne ^ Œdipe m
Jjt frère de Rotrfiu , alors à Pa«^
ris , lui écrivit en style poétique ^
comme plus propre à le persua— •
der ? « Fuis 9 malheureux^ fui#
ces lieux empestés f fuis ce séjour
aflfreux plein du courroux cé-
leste , cette ville habitée par ht
mort dévorante. » Rotrou ré-
pondit à ce phébus , non pas en
poète , mais en magistrat ; « Le
salut des citoyens m'est con&é^
j'en réponds à la patrie; je ne
trahirai point l'honneur et ma
conscience ; je périrai à mon
poste : au moment oii je voua
écrits , les cloches sonnent pour
la vingt-deuxième personne qui
est morte aujourd'hui ; ce sera
pour moi quand il plaira à Dieu, w
Peu de jours après , il fut at-
teint de la maladie et mourut à
41 ans dans toute la force de
r.ige, le 28 juin 16&0. CoUetet
lui fit cette épitaphe :
Passant 9 vois dani <Roirou l'impuis*
■ tance dn sorti
*
Il est mort 1 et pourtant son nom sa
renouvelle ;
' Car , si de «es beaux vers la grâce
est immonelle»
N*a-t>il pas d^ quoi vivre en dépit do
la mort?
On a de Rotrou : t. Chosroès ,
tragédie , l'une de ses meilleures
pièces, retouchée par eCUssé ,
et remise ainsi au théâtre en*
1704; elle fut imprimée avec
l'ancien texte à côté , la même
année , en un vol. in- 1 2. II. CV-
limèae , pastorale jouée en f633.
III. Florimonde ; c'est sa dernière
pièce ^ui fut repi^ésentée en 1 6 54.
3So ROT
IV. Antigone est une de «es
meilleures tragédies ; elle n'est
, pourtant pas dans les règles du
théàtqe : il fait mourir les deux
frères ^Antigone , ( Ethéocle et
Polynice enfans de Jocaste) dès
le commencement du troisième
acte. V. TVenceslas , tragédie ,
remise au théàtft par Marmonlel
qui l'a retouchée , se joue son-
vent avec succès. L'auteur ayant
besoin d'argent , la venait aux
comédiens pour vingt pistoles.
Un roi accablé d'années au mi-
lieu de deux fils , dont l'un vio-
lent et fougueux tue l'autre mo-
deste et sensible , abdiquant la
cpuronne et la remettant au pre-^
niier plutôt que de le condamner ,
forme le sujet de cette pièce ,
pleine d'énergie et de chaleur.
On en a retenu une foule de
beaux vers , et sur-tout celui-ci
adressé par le père à son fils :
Soyez roi , Ladislas , et moi , je serai
|>ère.
Cependant on reproche avec rai-
son, à cette pièce de couronner
le crime, au heu de le conduire
à Téchafaud :
IIU ntctm sceUris ftetium tulît , hîe
diadema.
Jlotrou imita dans cette tragédie
» celle de l'Espagnol François de
Hoxas , intitulée : On ne peut être
père et roi. On trouve quel-
ques-unes des pièces de Rotrou
'dans le Théâtre François , "Paris y
1787 9 a vol. in— 12.
ROTTENHAMER , ( Jean )
peintre , né à Munich en 1664 ,
imita la manière du Tintoret*
Ses petits tableaux sur cuivre
et ses tableaux d'histoire sont es-
timés.
ROUB AUD , ( N. ) embrassa,
l'état ecclésiastique ^ appliqua son
R ou
esprit judicieux à la rechërcht
de toutes les finesses de notre
langue et à en comparer entre
elles les diverses expressions. Se«
Nouveauic Synonymes François
qui parurent en 1785., 4 vol.
in-8<>, lui donnèrent une répu-
tation méritée, et le placèrent à
côté de l'abbé Girard, On lut
reproche cependant quelquefoii
de l'obscurité et des rappro-
clîemens pénibles. Ce gram-
mairien est mort depuis quelque
temps. '
ROUBO , ( André - Jacques )
menuisier de Paris , mort dans
cette ville en janvier 1791 ? «
52 ans , se distingua de bonne
heure parmi les artistes qui con-
noissoient le n^ieux les secrets
de la construction et de la mé-
caniquf. Malgré sa jeunesse ,
l'académie des Sciences le char-
gea du traité sur la Menuiserie,
l'un des meilleurs de la collec-
tion des arts et métiers. La cou-
pole de la Halle aux blés qu'il
exécuta avec autant de préci-
sion que de délicatesse , le ber-
ceau qui sert de couverture à la
Halle aux draps, et le grand
escalier de l'hôtel de Mad. de
Marbeuf, prouvèrent que Rouho
excelloit dans la pratique autant
que dans la théorie de son art
Cet artiste citoyen se complai-
soit dans sa médiocre fortune,
et n'employa jamais pour en sor-
tir les moyens trop communs de
la bassesse et de Tintrigue. Lors
de la formation de la garde na-
tionale , ayant été nommé lieu-
tenant , il perdit sa santé au
champ de la Fédération la nuit
du 14 juillet ^ 790 , et depuis ce
moment il ne lit que languir.
ROUCHER , ( J. A. ) naquit
à Montpellier le 22. février 1745.
Une am^ ardente , une imasi-
.- ^ .
R O U
nation vive le firent poète : se$
vertus privées le rendirent bon
ép|^ et bon père. Il se montra
d'Arord partisan d'une révolu-
tion qui sembloit amenée par la
))hilosophie ; mais indigné des
atrocités qui l'accompagnèrent ,
il eut le courage de les blâmer
et de mériter la haine de ceux
qui en étoient les auteurs. Après
avoir souvent échappé aux coups
de divers assassins apostés pour
lui ôter la vie , il fut arrêté et
traduit devant le tribunal révo-
lutionnaire qui le condamna à
mort. La veille de son juge-
ment , il fit faire son portrait
et écrivit au bas les vers sui-
vans , adressés à sa femme y a
9es amis et à ses enfans :
Ne TOUS étonnez pas , objets sacrés
et doux ,
Si quelque air de tristesse obscurcU
mon visage }
Quand un sarmnt crayon dessinoit cette
image »
Fatteadois l*échafaud , et je pensois
à YOttS.
Rouchér périt avec courage à la
fm de juillet 1794 9 après avoir
vn immoler trente-sept victimes
qui partagèrent au même instant
son funeste sort. Ses principaux
écrits sont : I. Les Mois , poëme
en douze chants , 17S0 , deux
vol. in— 40 et quatre vol, in-ia.
Peu d'écrits de ce genre ont eu
plus de succès et d? défaveur.
Prôné avec enthousiasme lors-
qu'il n'étoit encore connu que
par de* lectures particulières , il
fut vivement censuré lorsqu'il a
été imprimé. Il en résulte qu'il
oEFre comme la plupart des poë-
nies aussi considérables , de grands
défauts et quelques beautés. Les
défauts ont été indiqués par la
Harpe, « Le plus capital d« tous ,
^-'^•ii dit, c'est qu'il n'« ni sujet ^
R o u
381
ni marche , ni intérêt. Ce vice
mortel est celui qui se fait sentir
d'abord à tous les lecteurs , parce
qu'il n'y en a pas un qui ne veuille
être attaché , occupé ou inté-
ressé , il n'importe comment ;
^ et que personne ne résiste à l'en-
nui. Or , quoi de plus, ennuyeux
• que douze chants isolés , ne te-
nant en rien l'un à l'autre , ne
menant à rien et n'offrant sou-
vent que des lieux communs. Cet
inconvénient seroit peut — être
insurmontable , même en suppo-
sant le talent d'écrire dans le
plus haut degré ; mais que sera»^
ce si l'auteur dénué d'idées et
de goût , né sait ni choisir ni
classer les objets , ni fmir les dé-
tails ? Que sera-ce , si sous pré-
texte de varier l'harmonie de nos
vers , il la détruit à tout mo-
ment en les réduisant aux formes
de la prose , * en leur ôtant le
rhythme qui leur est essentiel ?
Que sera— ce si violant toutes les
lois du langage , ainsi que celles
de l'harmonie poétique , il prend
des solécismes pour d'heureuses
hardiesses , et une enflure, mo-
notone pour de la force et de
la verve ? » Les beautés de ce
poëme sont des descriptions très-
bien faites , des images douces
soit dans la peinture des jouis-
sances champêtres, soit dans celle
des phénomènes de la nature. On
doit distinguer les morceaux sur
le chant du rossignol , le voyage
de la peste , les amours du che-
^ val , l'éloge des fables de l'an-
cienne mythologie , la veillée de
village , le dégel. II. Traditctinn,
des Recherches sur la nature et
les causes de la richesse des Nm—
tions par l'Anglois Smith. La
quatrième édition de cet exceU
lent traité d'Economie politique
a paru en 1795, 4 vol. in-8<»,
4ont uu de notes par Condor cet^
jSi R O U
Le itjf le âm tradoctenr est clair ^
exact , biea auorti à rori^al.
Dl. Poésies fugitives et Lettres
depuis la mort de l'anteur, deux
vol. in-8.® Boucher a laissé ma-
nuscrits , plusieurs chants d'un
poème dont le sujet est Gustave^
Wasa arrachant la Suède à Thor*
tible tyrannie de Christiem.
ROUE, (Claude de la) né à
Lyon, se fit religieux domini=^
cain et devint savant dans les
langues anciennes. 11 fit imprimer
en 1 6i3 un ouvrage mystique et
curieux 9 intitulé : La Tourterelle
gémissante sur Jérusalem,
IIL ROVÊRR, (Joseph-
Stanislas de ) fils d'un aubergiste
très— riche de Bonnieuz dans le
comtat Venaissin , reçut une édu-
cation honnête, et y joignit de
l'esprit naturel et beaucoup d'a-
dresse. Après avoir enté sa fa-
mille sur celle de Rovère de St.-
Marc éteinte depuis long-temps,
il prit le titre de marquis de
Tonnelle et devint ensuite offi-
cier dans les gardes du pape ,
puis député à la Convention na-
tionale. Ses principes y favorisè-
rent l'anarchie et la dévastation
des dëpartemens. D'après son
rapport , le général Montesquiou
fut décrété d'accusation. Ennemi
du parti de la Gironde, il con-
tribua à sa proscriptioti ; mais
craignant bientôt de devenir la
victime de Robespierre , il se
déclara contre ce dernier dès que
ce dictateur fut attaqué , et se
prononça avec force contre les
partisans de !a terreur dont il avoit
jusques-là suivi la bannière. Les
Japobins n'eurent point alors
d'adversaire pins animé à leur
. destruction. Accusé par ses enne-
mis de s'être vendu aux puissances
étrangères, et d'avoir cherché à
Itts servir on embrassant successi-
R o u
▼ement tons les partis , H fnf
décrété d'arrestation et ensuite
déporté à Caienne dans la révo-
lution du i8 fructidor, n m4K^
dans son exil le 1 1 septembre
1798. Souple, adroit, insinuant,
il ne lui manqua pour jouer l'en
des premiers rôles dans la révo-
. lutiOB, que moins d^indédsioo
et plus de courage.
ROUET » ( Louise de la Be-
raudière de llsle , demoiselle da)
maîtresse et Antoine roi de Na-
varre. Voyez la fin de l'article de
ce prince.
ROVILLE, (Gnillanme)
célèbre imprimeur, né dans la
Touraine , s'établit à Lyon où il
parvint à toutes les places honor
râbles et publiques. Il publia pbi"
sieurs belles éditions , parmi Ie»«
quelles le Promptuaire des m^-
dailles, publié en i553 et qui est
encore recherché. Rot^iUe né-
pafgna rien pour orner les écrits
sortis de ses presses d'estampes et
de portraits ; mais ces derniers
sont ordinairement peu ressem-
blans. Il mourut en 1 589.
ROUILLET, (Qaude) naquit
à Beaune en Bourgogne, et pubRa
dans le milieu du 1 6* siècle pliH
sieurs pièces de poésie latine et
une tragédie françoise 9 Philanire,
représentée et imprimée en 1 563.
Elle est écrite en vers libres et
avec des chœurs.
BOUILLIE DU COUDRIT,
(N**) conseiller d'état, avoit une
bibliothèque mre dont il léguai
celle du Roi un manuscrit pré-
cieux , intitulé : Registre de Phi"
lippe - Auguste. U est mort M
milieu du siècle passé.
ROULLARD, (Antoine) de
Lyon , pubh'a en 1 584 les Fad^
tieux devis de loS Nouvelles.
R O U
AÔiÛQUÈT, (N*»*) peintre
en émail , né à Genève, mort
en 1758, est connu par Y Etat
des Arts en Angleterre, '7^^»
ià-i2.
ROURIK, pirate de la mer
Baltique , aborda avec ses coin«
pagnons chez les Russes , et leur
apporta la paix et la se^itude.
Il bâtit la ville de Ladoga qu'il
quitta ensuite pour se fixer à
Novogorod , qu'il fortifia d'un
rempart de terre et dé bois4
Mourik dompta plusieurs fois ses
sujets rebelles , et tua de sa propre
main Vadim leur chef. Non
content d'avoir vu tomber sous
ses coupis un grand nombre* de
Russes , il livra à l'échafaud tous
ceux dont il craignit encore les
iBouvemens. Il mourut en 879 ,
après un règne de 1 7 ans , ne
laissant qu'un fils en bas âge
nommé Igor.
* III. ROUvSSEAU , ( Jean-
Jacques) naquit à Genève le 28
juin 1712 d'un horloger. Il en
coûta la vie à sa mère, et sa nais^
iance , dit-il ^ fut le premier de
tes malheurs. Il fut long-temps
loible et languissant ; mais son
corps se fortifiant peu k peu , son
esprit ne tarda pas donner les
plus heureuses espérances. Son
père , citoyen de Genève , étoit
«n artiste instruit, qui à côté des
instrumens de son art , avoit un
Plutarque et un Tacite. Ces livres
turent de bonne heure familiers
•u jeune Rousseau, et il montra
^ès son enfance un esprit penseur
*t un caracLôre bouillant. Une
^tourderie de jeune homme lui fit
abandonner la maison paternelle.
Se trouvant fugitif en pays ét^an^
S^r , sans ressource , il changea ,
dit-il , de religion pour avoir du
pain, X,' évùqne d Anneci ^{Bernex)
»U(][uel il avoit demandé un asile ,
R o u 38}
cTîargea de son éducation un©
dame ingénit^use et aimable ,
( Mad. de Warens ) qui avoit
abandonné en 1726, une partie
d'e ses biens et la religion Protes-
tante pour rentrer danslesem de
l'Eglise. Cette dame généreuse
servit de mère, d^a mie et d'aman te-
au nouveau prosélyte , qui na-
cessa de se regarder comme son
fils et comme an fils chéri. lia
nécessité de se procurer un état
et peut-être l'inconstance , obli-ir
gèrent Housseau de quitter sou«4
vent cette tendre mère. Il avoit
des talens supérieurs pouf la mu-i
sique ; l'abbé Blanchard lui fui'-'
soit espérer une pince à la cha-«
pelle du roi; ce projet manqua,
et il fut obligé d'enseigner la mu-
sique à Cbambéri. Ayant enHn
quitté cette ville en 1741 , il vint
h Paris, et y fut long- temps dans
une situation gênée. « Tout est
cher ici, écrivoit-il , en i753^
et sur— tout le Pain. » Quel mot f
et à quoi le génie peut-il être
réduit ! Il commença cependant,
en 1743 , de sortir de l'obscurité
oh il avoit été enseveli jusqu'a-
lors. Ses amis le placèrent auprès
de M. de Montaigu ambassadeur
de France à Venise. Son carac- ,
tère avoit toujours été , comme
il l'avoue lui-même , une orgueil"
leuse misanthropie , et une cer-^
taine aigreur contre les Riches et
les Heureux de ce monde. La
mésintelliîïence se mit bientôt
entre l'ambassadeur et son secré-
taire. De retour à Paris , la pi are
de commis qu'il obtint chez uu
fermier général, homme d'es-
prit, {M.Dupin) lui donna quel-
que aisance, et il s'en servit pour
aider Mad. de Wnrens sa bien-»
faictrice. Enfin , Tannée 1730 fut
l'époque de sa première appari-
tion sur la scèno littéraire. L'a-
cidéjtU'î dj Dijon avoit proposé
384 R O U
cette question : Si le âÉtàBLIS'»
SEMEUT DES SciEUCES ET DES
Arts a coi^teibué a épurer les
JMiEURS ? Rousseau voulut d'à»
boiti soutenir TaiËrmative. C'est
le Pont^aux-dnes , lui dit Diderot
alors son ami; prenez la néga^-
tive, et je vous promets le plus
grand succès» En effet, son Dis-
cours contre les sciences parut
le mieux écrit , le plus profon-
dément pimsé; et l'académie le
couronna. On n'a jamais souteiiu
un paradoxe avec plus d'élo-
quence : ce paradoxe n'ctoit pas
nouveau, ( Koy^» VII. Agrippa)
mais l'auteur lui donna les grâces
de la nouveauté , en employant
toutes les ressources du savoir et
du génie. Plusieurs adversaires se
présentèrent pour attaquer son
opinion ; Voyisz Bordes. Rous-^
seau se défendit , et de dispute
en dispute il se trouva engagé
dans la redoutable carrière des
lettres , presque . sans y avoir
pensé. Il perdit dès-lors en bon<"
heur , ce qu'il avoit gagné en
célébrité. Son Discours sur les
causes de l'inégaUté parmi les
gommes et sur Vorigine des So^
ciétés , plein de maximes hardies
et d'idées bizarres, fut fait pour
prouver que les hommes sont
égaux ; qu'ils étoient nés pour
vivre isolés , et quils ont per-
verti l'ordre de la nature en se
rassemblant. L'auteur panégy-
riste éternel de Thomme sau-
vage , déprime trop l'homme so-
cial. Mais si son système est faux,
les couleurs dont il l'embellit sont
bien brillantes. Ce Discours . et
sur-tout la Dédicace de ce Dis-
cours à la république de Genève,
sont des chefs-d'œuvre d'une élo-
quence dont les anciens seuls
nous avoient'donaé l'idée. Il s'é—
toit rendu dans sa patrie où il
offrit ce discours aux magistrats)
Il o u
et fAx il ftit réintégré dantscS
droits de citoyen ., après avoir ab-
juré la religion Catholique. Mais
à peine avoit — il rentfncé aux
dogmes de l'Eglise Romaine,
qu'il alla vivre dans un pays oii
on les professoit* Il se relira en
France ^ vécut quelque temps à
Paris ; enfin il alla s*ensévelir
dans la solitude , pour échapper
à la critique et pour se ^vrer au
régime qu'exigeoit unestrangurie
dont il étoit tourmenté. C'est
une époque importante dansThis-*
toire de sa vie , parce qu'on lui
doit pout-ctre les ouvrages les
plus éloquens qu'il ait composé&i
Sa Lettre à M» d'Alembert sur Je
projet d'établir un Théâtre à
Genève, écrite dans cette soli-
tude eÇ publiée en 17S8 , ren-
ferme , a c ôté de quelques para-
doxes, les vérités Jes plus im-«
portantes et les mieux dév&«
loppées. Cette Lettre si intéres-
sante pour les mœurs en général
et pour la république de Genève
en particulier , fut la première
source de la haine que Voltaire
lui voua et des injures dont il
ne cessa de l'accabler. Rousseau
tâchoit de paroître peu sensible
à ces outrages; mais dans le fonds
du cœur il auroit désiré de n'être
point brouillé avec un homme qui
diftribuoit les réputations. «Si
M. de Voltaire , écrivoit-ii à un
de ses amis, revient sincèrement,
j'ai déjà les bras ouverts : car de
toutes les vertus chrétiennes l'oii-
bli des injures est celle qui me
coûte le moins. Point ff avances,
ce seroit une lâcheté; mais comp-
tez que je serai toujours prêt à
répondre aux siennes d'une ma-
nière dont il sera content. » Ce
qu'on trou voit de singulier dans
sa lettre à d'Alemht'rt , c'est que
cet emiemi des spectacles asoït
fait imprimer une Comédie , et
qii'if
R O U
^u'il avoit donné en t|52 ati
théâtre une Pastorale dojit il fit
la poésie et la musique , Tune et
faotre remplies de senti ment et de
grâces. ( V'oyèz III. Gauthîrr. )
Le Devin du Village , c'est le
titre de cette Pastorale , respire
Ja naïveté et la simplicité clmm-
pétres. Ce qui rend* cet oirvraj^e
Vraiment cher aux gens de goût,
é'est le parfait accord des paroles
et de là musique ; c'est l'étroite
liaison des parties qui le compo-
sent ; c'est l'ensemble exact du
tout. Le musicien a parlé, pensé,
lenti comme le poète. Tout y est
agréable , intéressant , et fort
supérieur aux. lieux communs,
doucereux et insipides de nos
petits drames à la mode. Son Dic^
tionnaire de Musique offre plu-
sieurs articles excellens , et quel-
ques-uns remplis d'inexactitudes.
» Cet ouvrage , dit la Borde dans
>on Essai sur la Musique ^ anroit
besoin d'être refondu , pour
épargner bien des peines à ceux
qui voudront* l'étudier , et les
empêcher d'adopter des erreurs ,
d'autant plus difficiles à éviter que
le style séduisant de Rousseau a
Vart d'entraîner ses lecteurs. » On
doit distinguer dans ce livre les
articles qui ont rapport à la litté-
rature; ils sont traités avec Tagré-
nient d'un très-bel esprit et la
jnstesse d'un homme de goût.
' iVo^ez BÀossARD et Rameau à
\ ^ fin.) Housseau avoit donné ,
peu de t<*mps après le brillant
Succès du Devin du Fi'tage , une
Lettre sur la Musique Françoise ^
OH plutôt contre la musique
Françoise, écrite avec autant de
liberté que de feu. Les partisitns
outrés de notre Ooéta le traitti-
re^t avec autant de fureur que
• » avoit conspiré confre l'Etat,
^ne foule d'enthousiastes irr^bc-
•*Hes s'épuisa en clameurs. Il fut
SuppL, Tom^ m.
V
R o u 385
insulté, menacé, chansonné. Lé
fanatisme harmonique alla jus-
qu'à le pendre en effigie.... Le toA
intéressant et tendre qui règnç
dons le Devin du Village , anim^,
plusieurs Lettres de la Nouvelle
Héloïse , 1 7 6 1 , six parties in- 1 2»
Ce roman cpisiolaire, dont l'in-
trigue est mal conduite et l'or-
donnance mauvaise, est, cornm^
presque toutes les production* du
génie , plein de beautés et de dé-
fauts. On desireroit plus de vé-
rité dans les caractères, et pluâ
de précision dans les détails. Le?
personnages se ressemblent pres-^
que tous, ainsi que leur style;
et leur ton est guindé et exagéré.
Quelques — unes de ces Lettre^
sont admirables , par la force j
par la chaleur de l'expression ^
par celte effervescence de senti-
mens , par ce désordre d'idées
qui caractérisent une passion
portée h son comble. ( Voyez L
PyOMAUON, et PÉTRARQUE, à
la fin.) Mais pourquoi une Lettre
touchante est -elle si souvent
suivie d'une digression froide ou
d'une Critique fnsipid*e , ou d'un
paradoxe révoltant ? Pourquoi s«|
sent -on glacer tout- à-coUp, aprèi
avoir étô p'^n^^tré de tous les feu3^
du sentiment? C'çst qu'aucun des^^
personnages n'est véritablemenÇ
intéressant. Celui de Saint-Preux
est foible , souvent forci , et
quelquefois moins orcupé de ses
amours que de la manie de mo-
raliser ses lecteurs. Julie est un
assemblage de tendresse et de
piétp , de grandeur d'à me et d©
coquetterie ^ de naturel >*t de pé—
d.^ntismp. Tf'olmar est un homme
violent et presque hors de la
nature. Enhn l'auteur a beau'
vouloir varier son ton et prendre
celui de ses personnages, on sent
que c'est \\\\ effort qu'il ne sou-i
trciit pas lor.g-temps j 'dt i9\\%
Bb
i96 R O U
effort gén^ l'auteur et refroidit
le lecteur. C'est dans VHéloïse
•ur-tout que paroît le malheu-
reux talent de Rousseau de rendre
tout problématique. De là ces
taisonnemens en faveur et contre
le duel, l'apologie du snicitle et
la condamnation de cette fré^
xiésie : la facilité à pallier le crime
de l'adultère , el les raisons les
F lus fortes pour en faire sentir
horreur. De là tant de déclama^
tions contre l'homitie social , et
tant de transports pour l'huma-
nité : ces sorties violeiites contre
leç philosophes, et cette manie a
favoriser leurs sentimens. De là
des sophisraes spécieux contre
l'existence de Dieu et des argu-
mens invincibles contre les alhces»
De là des objections futiles contre
la religion Chrétienne et àes'
éloges sublimes de cette même
religion. Lorsque la Nouvelle
Héloïse parut, les sentiftïens fu-
rent partagés chez les gens de
Içttres , qui en admirant divera
morceaS^ de passion et de philo-
sophie répanaus dans ce roman ,
2ie virent dans le total du livre
qu'un ouvra <?re indigeste. Mais les
gens du monde et les femmes sur-
tout le dévorèrent avec avidité et
s'engouèrent du livre et de l'au-
teur. Ce qui lui rendit les femmes
si favoraoles , fut la persuasion
qu'il avoit écrit sa propre his-
toire , et qu'il ^étoit lui-même le
Béros de son roman. Rousseau
favorisa cette idée, et cette petite
ruse jointe à quelques autres, né
sert point à le disculper du char-
latanisme dont ses ennemis et
niême quelquefois ses amis l'ont
accusé. Emile fit encore plus de
bruit que Ja NpuvelUHéloïse.On
sait que ce roman moral , piiblié
en 1762, en 4 vol. in— 12 , roule
principalement sur l'éducation.
Mçitsfiim YSjit qu'on suive en taut
R O U
la nature , et si son système È*é^
loigne en quelques endroits des
idées reçues,!] mé rite à pki sieurs
égards d'être mis en pratique , et
il l'a été avec quelques modifici^-
tions nécessaires. Lespréceptesde
l'auteur sont exprimés avec cette
force et cette noblesse d'un cœur
rempli des grandes vérités de la
morale. S'il n'a pas toujours été
vertueux , personne au moins n'a
mieux senti et n'a mieux fait
sentir le prix de la vertur Tout
ce qu'il dit contre le luxe , contre
les spectacles, contre le« vices ek
les préjugés de son siècle, est
digne tout à la fois de Platon et
de Tacite. Son style est à lui. A
paroit pourtant quelquefois, par
une sprte de rudesse et d'àpreté
affectées , chercher à se rappro-»
cher de celui de Montaigne dont
il est grand adtnirateur , et dont
il a rajeuni plusieurs sentimens
et plusieurs expressions. Ce qu'il
y « de déplorable ^ c'est qu'en
voulant élever un jeune homme
Chrétien , il a rempli son troi-
sième volume d'objections contré
le Christianisme. Il fait , à la vé-
rité, un éloge sublime de l'E-
vangile et un portrait touchant
de son divin Auteur. ( Voyez
^article de JÉsus-Chrtst dans ce
Dictionnaire.) Mais les miracles^
les prophéties qui établissent la
mission , sont attaqués sans mé*
nagement L'auteur n'admettant
que la religion naturelle , pèse
tout à la balance de la raison , efc
cette raison trompeuse, le jette
dans des écarts qui furent funestes
à son repos. Il habitoit , depuis
1756, près de Montmorenci , et
y vivoit en solitaire studieux. La
source de son amour po.ur la
retraite, fut, selon lui-même,
«Cet indomptable es^rM^Uberté,
que rien^ n'a pu vaincre , et de-
vant lequel les honnemrs ^ la ÎQt^
liqe ût la réputation ne me sont
nen. H esï certain que cet esprit
de Uberlé me vient moins d'orgueil
4ue de paresse ; mais cette pa-*
resse est incroyable. Tout l'efTa-
rouche ; les moindres devoirs de
la vie civile lui sont insupporta-
bles. "Un mot à dire , une lettre à
écrire , une visite à faire , dès
qu'il le faujt, sont pour moi des
supplices. Voilà pourquoi, quoi-
que le <iommercô ordinaire des
hommesnie soit odieux, l'intime
amitié m est si chère , parce qu'il
fiy a plus de devoir pour elle ;
t)ii suit son cœur , et tout est fait.
Voilà encore pourquoi fai tou-
jours tant redoiité les bienfaits :
lÈar tout bienfait exige recon—
Jioissançe , et je me sens le cœur
Ihgrat , par cela seul que la re-
connoissance est un devoir. Enfin
l'espèce de bonheur qu'il mè
lant , n est pas tant de faire ce
que je veux , que de ne pas faire
ce que je ne veux pas. » Il eut ce
bonheur dans sa solitude. Sans
adopter en tout la façon de vivre
trop dure des ariciens Cyniques ,
il s'étoit retranché tout ce que
peut fournir ce luxe recherché
qui est la suite des richesses , et
qui en pervertit Vusàge. Il auroit
ité heureux dans cette retraite ,
à'il avoit pu oublier ce public qu'il
àffectoit de dédaigner ; mais le
oesir d'une grande réputation aî-
gnillonnoit son amour pi'opfe, et
cest ce désir qui lui fit glisser
uans soii Emile tant de choses
dangereuses. Lé parlertieht de
Paris condanlna ce livre en 1 762 ,
^t poursuivit criminell&mentrau-
Jèur qui fut obligé de prendre
la fuite à la hâte. Il dirigea ses
pas vers sa patrie qui lui ferma
Ses portes. Proscrit dans là ville
qui lui avoit donné le jour , il
J^^rcha un asile en Suisse, et le
^QUYA dans la principauté àé
Keiiçhâte]. Son premier soin fufc
de défendre son Emile contre lé
Mandement de l'archevêque -dé
Paris qui avoit atiàthémàtisé ce
livre. Il publia en i ^ 6 3 une
Lettre, où toutes ses erreurs sont
reproduites avec la pahiredel'é-
loquehce la plus vive et l'art Id
plus insidieux. Dans cette Lettre j
il se peint comme plus ardent
qu'éclairé dans ses recherches ,
Tàais sincère en tout, même contre
lui; simple et hon , inais sensible
et faible : faisant souvent le ma! ,
et toujours aimant le bien; lié
par L^av/i^tlé et jamaii par let
choses , ^et tenant plus à Ses sen-^
timens quà ses intérêts ; n^exi"
géant rien des hommes et neA
voulant point dépendre ; ne ce"
dont pas plus à leurs préjugés
qu*à leur volonté, et gardant la
sienne aussi libre que sa raison :
rnisofinaiit suf^ la Religion , sani
libertinage : n'aimant ni l'impiété
ni le fanatlsnie ; mais haïssant
les intoUrans eàcore plus j^ue les
esprits forts , etc. etc. 0<i :^errfl
par la suite de cet article , qucllel
restrîfctiohs il faut mettre à ce
portrait... Les Lettres die là
Montagne virent lé jour bientôt
aiarès; liiais ce livi*e bien moinf
éloquent,' ei surchargé de dis-
cussions ennuyeuses sur les ma-«
gistrats et les pastelirs de Genève,
irrita les rtiinistreâ Protestant
saîis le récohcilier avec les minis-^
très de l'Eglise Romaine. Hous^
seau àvoit abandonné solennelle-
ment cette dernière religion en
1^53 , et ce qu'il y a d'étrange ^
c'est qu'il étoit résolu alors de
venir vivre en France dans un
pays Catholique. Les pasteur^
Protestans ne lui surent aucun
gré de ce changement ; et la pro**
tectidn du roi de Prusse à qui
appartient la principauté delNeu**
■ôkktal ,' I2Ê put lë souslxaire atùK
-^ I
388 R O U
tracasseries que le pastenr de
Moutiers-Travers village où il
s'étoit retiré , lui suscita. Il prê-
cha cQjitre Rousseau, et ses Ser-
mons produisirent une fermen-
tation dans la populace. La nuit
du 6 au 7 septembre 1763 , quel-
ques fanatiques échauffés par le,
vin et les clameurs des ministres,
lancèrent des cailloux contre les
fenêtres du philosojihe Genevois,
qui craignant de nouvelles insul-
tes, chercha en vain un asile dans
le cantoù de Berne, Ce canton
allié de la république de Genève,
ne voulut point souffrir dans son
territoire un homme que cette ré-
publique a voit proscrit. Sa sauté
délabrée et rapprochedc Ihiver,
ne purent fléchir ces austères
Spartiates. En vain, pour les ras-
«urer contre la contagion de ses
çystèqies , il les supplia de le
4en fermer dans une prison , pour
qu'il put attendre le printemps ;
cette grâce lui fut refusée. Con-
traint de se mettre en route au
commencement d'une saison très-
rigoureuse , il arriva dans un état
misérable à Strasbourg. Le ma-
réchal de Contades qui y corn—
mandoit , lui procura tous les
«oulagemens qu'il pouvoit es-
pérer d'un seigneur généreux et
d'un homme compatissant. Il at-
tendit tranquillement le beau
temps pour passer à Paris où
étoit alors le célèbre Hume qui
devoit l'emmener avec lui en An-
gleterre. Après avoir fait quelque
séjour dans la capitale , Rousseau
Sàrtit effectivement pour Lon—
res en 1766. Hume touché de
sa situation et de ses malheurs ,
lui procura un établissement très-
egréable à la campagne. Mais le
philosophe de Genève ne se plut
pas loiig-temps dans sa nouvelle
retraite. 11 n'avoit pas fait sur les
Ângloii la même sensation qu^^
R o o
«iir les Parisiens. Son hnmear
libre , roiJe et mélancolique ,
n'étoit pas une singularité ea
Angleterre. Il ne parut bientôt
qu'un homme orrUnaire. Qn rem-
plit les feuilles périodiques dont
Londres est inondé , de satires
contre lui. On fit imprimer sur-
tout une Lettre prétendue du roi
de Prusse à Rousseau , dans la-
quelle les principes et la conduite
ae ce nouveau Diogène étoient
tournés en ridicule. Rousseau
crut que c'étoit une conspiration
de Hume et de quelques philc^-
sophcs de Paris , contre sa gloirt
et son repos. Il lui écrivit une
lettre de reproche , remplie d'ex-
pressions outrageantes. Il le re-
garda dès-lors comme un homme
méchant et perfide, qui l'avoit
attiré dans son pays pour l'im-
moler à la risée publique. Cette
tdée n*étoit vraisemblablement
qu'une chimère nourrie par l'a-
niour propre et l'inquiétu^Je <ïes-
prit. Il se peut que le philosophe
Anglois eut dans ses politesseï
im ton un peu rebutant; mais
il y a apparence que tons sei
torts se bornèrent là. /La santé
délicate de Rousseau qui lui don-
noit souvent de Thumeur , une
imagination forte et sombre ,
une sensibilité trop exigeante ,
un caractère ombragetix jeint à
la vanité philosophique , et en-
tretenu par les faux rapports d»
sa gouvernante qui avoit pris sur
lui un empire singuljer ; tont
cela put lui donner le éhange sur
quelques procédés innocens d«
son bienFaicteur, et le rendre in-
grat sans qu'il soupçonnât l'être.
Cependant des conjectures sou-
vent fausses , des vraisemblnncei
quelquefois trompeuses n autoii*
sent jamais \\ïï& a me honnête a
se détacher d'un ami^t d'un bien-
ffticteur ; il li4 fkiit des preuves ,
^
RO U
9t celles de Rousseau !i*étok?ixt
^ certainement pas des démonstra-
tions. Quoi qu'il en soit , le-
philosophe de Genève revint en
France. £n passant à Amiens il
vit Gresset , qui le sonda sur ses
malheurs et sur ses disputes ; il 3e
contenta de lui répondre : Vous
avez eu l'art ée faire parler un
Perroquet ; mais vous ne san-~
riez faire parler un Ours, Cepen*-
dant les magistrats de cette ville
voulurent lui envoyer le vi»
d'honneur ; il le refusa. Son ima-
gination blessée s'obstinoit à ne
voir dans ces attentions llatteuses
que dei respects dérisoires, tels
que ceux qu'oii prodiguoit à
Sancho dans l'isle de Baralaria,
D cro5'oit qu'une partie du public
le regnrdoit comme LazarilU de
Tornies qui , attachée dans le
fond d'une cuve 9 la tête seule
kors de l'eau , ctoit promené de
viMe en ville comme un monstre
marin fait pour divertir la mii^l-
titude. Ces idées fausses et bi»-
zarres ne l'empêchèrent pas t^e
soupirer^jirès le séjour de Pari^,
.ou certftineTqent il étoit plus en
spectacle que par -tout ailleurs.
Le premier juillet 1770 , PiqilS"
seau parut pouf la première fois
au café de la Régence en habit
prdinoire ; car il* ^^étoit habillé
pendtint quoique temps en Ar-
ménien. La foule qui Tenviron-
noit lui prodigua ses applaudis—
temen^. « Il tst singulier , dit
M, SenneUer ^ de voir un hoinn\e
Bussi fier que lui , revenir dans
.le lieu mêmf^ d'où il s' étoit élancé
vers tant de lieux différens. Est-
ce encore un»» de* inconséquerices
de cet homme extraordinaire,,
, d'avoir préféré pour spi^.s^joi^r
la ville du monde dont il avo^t
dit le plus ôe mal ? » 11 est i^ufsl
singulier qu'un homme décrété
.*^RkU€ ^e corps , y^vl^t vivi;e
HOU 589
d'une manière aussi publique dans
le lieu de son décret. Ses pro-*
lecteurs obtinrent qu'il y demeu-
reroit , à condition qu'il n*ccri-
roit ni sur les matières de la re-
ligion, ni sur celles du gouver-
nement : il tint parole , car il
n'écrivit pas du tout. Il se con-
tenta de vivre en philosophe pai*-
sible , borné à ](t socicté de quel-
ques amis sûrs , fuyant celle des
grands, paroissant détrompé de
toutes les illusions , et n'afiichan4:
dans les derniers temps de sa vie
ni la philosophie ni le bel esprit.
Rousseau mourut d'apoplexie 9.
Krmcnonville , possession de
M. de Girardin , à dix lieues de
iParis , le 2 juillet 1778 , à G^
ans. Cet homme généreux lui a
élevé un monument fort simple
dans l'isle des Peupliers qui fn^t
partie de ses beaux jardins. Oji
lit sur son to^nbeau qes épita-*
phes :
« Ici reposk
l'Homme de la Naturb
et de la yé/wté !
Cétoit la devise di^ pliiiosopliv
Les curieux qui vont voir ce mo-
nument 9 y considv'rent. aussi {a
cabane du citoyen de Genève, On
y lit an-dessus de la porte c^s
mots qui fourniroient matière à
un livre : Celui-là est véritable-'
I
ment libre , qui n'a pas besoin
de mettre les bras d'un auti;e au
. bout des siens pour faire sa vo^
lonté, . . . • Rousseau avoit épousé
en 1769 pendant son séjour à
Bourgoin en Daup.hiné , IVl^® le
Vasseur sa gouveri^ante , femme
^ans grâces et sans talens y qui
avoit pris sur lui le plus gran(l
empire. Elle lui rendit des ser-
vices en santé et eu maladie ^
et le suivit dans fies dilï'érentes
.^i^igrations à Montmorenci ^ a
Bb 3
N
t.*
390 R O U
Genève , à Berne , à Montiers , à
rïeuchàtel ^ à Londres , à Brien-
ne , à Bourgotn , à Paris et à Er-
menonville. Mais comme si elle
eût été jalouse de le posséder
feule , elle repoussa de son cœur
par d&s insinuations malignes 9
tous ceux qui parvenoient a lui
plaire ; et lorsque Rousseau ne
les écartoit pas , elle les empê-^
choit de revenir par des refus
constans et invincibles. Elle par^
▼int d'autant plus facilement à
jeter son époux dans des incon-
séquences de conduite , que son
_caractèr©'étoit certainement ori-
l^inal ainsi que ses opinions. La
nature ne lui avoit peut -être
donné que le germe de ce ca-
ractère , et Tart avoit vraisem-
blablement contribué à le lui ren-
, dre encore plus singulier. Il n*ai-
m oit à ressembler à personne ; et
comme cette façon de penser et
de vivre extraordinaire lui avoit
fait un nom , il manifesta beau-
eoi^ trop une sorte de bizarrerie
soit dans' sa conduite , soit dans
ses écrits* Semblable à lançien
Diogèiie, ilalUoit la simplicité
d«s mœurs avec tout l'orgueil du
j^énie ; et un grand fonds d'in-
dolence joint à une extrême sen-
'sibilité , rendoit son caractère
encore plus singulier'. « Une aroe
paresseuse qui s'effraie de tout
soin , un tempérament ardent ,
bilieux , facile à s'affecter , et
sensible à Pexcès à tout ce qui
Taffecto ^ semblent ne pouvoir
s'allier dans le même caractère ;
et ces deux contraires composent
pourtant le fonds du mien. La
vie active n'a rien qui me tente :
te consentirois cent fois plutôt
a ne jamais rien faire , qu'à faire
quelque chose malgré mois et
j'ai cent fois pensé , que je n'au-
rois pas mal vécu à la Bastille,
n'y étâut tenu à rien da tout
R o u
qu'à rester là. J'ai cependant faîf
dans ma jeunesse quelques efforts
pour parvenir; mais ces efforts
n'avoient jamais d'autre but qu*
la retraite et le repos de ma vieil-
lesse 9 et comme ils n'ont été qne
par secousses , comme ceux d'un
paresseux , ils n'ont jamais eu le
moindre succès. Quand les maux
sont venus , ils m'ont servi d'im
beau prétexte pour me livrer à
ma passion dominante. » U exa-
géra souvent ses maux dans son
esprit et dans l'esprit des antres.
Il tâchoit sur— tout de se rendra
intéressant yar la peinture de ^n
malheurs et de sa pauvreté , quoi'
que ses infortunes fussent moins
grandes qu'il ne le pensoit , et
quoiqu'il eût des ressources as-
surées contre l'indigence. Il étôît
d'ailleurs charitable 9 bienfaisant,
sobre , juste , se contentant àû
pur nécessaire , et refusant les
moyens qui lui auroient procftré
ou des richesses ou des places.
On ne peut l'accuser , comme
tant d'autres sophistes , d'avoir
souvent répété avec une emphase
étudiée le mot de Vertu , sans
en inspirer le sentiment. Quand
il parle des devoirs de l'homme,
des principes essentiels à notre
bonheur , du respect que nous
nous devons à nous-mêmes, et
de ce que nous devons à nos
semblables; c'est avec Une abon-
dance j un charme , une force
• qui ne sauraient venir que da
cœur. On disoit un jour à M. ^
Buffon : Vous aviez dit et proui^
at^nt J. J. Rousseau que les Mè*
res doivent nourrir leurs enfans,
— Oui , répondit cet illustre na-
turaliste , nous ravions tous dUs
mais Rousseau seul le commaïub
et se fait obéir. Un autre acadé-
mièién disoit que les vertus i6
Voltaire étaient dans sa téte,^
celtes 4e jreaÀ-Jac<{ue« dêi^tJo^
r
( '
R ou
I 0Kur,..p, Rousseau s'éfoit nourri*
: fie bonne heure de lu lecture des
anciens auteurs Grecs et Ho—
, nains; et les vertus répnblica^-
lies qui y s<Mit peintes , le stoï-
cisme mâle des Catons et des
Brutus le transportoient ai>-delà
des bornes de la simple estime.
Dominé par son imagination , il
admirait tout dans les anciens ,
tt ne voyoit dans ses'contempo*»
raius que des esprits afFoiblis et
das coq>3^ dégénérés. Ses idées
sur la politique étoient quelque-
fois aussi extraordinaires que ses
paradoxes sur la religion* Son
Contrat soùial que Voltaire ap-
peloit le Contrat insocial ,. a été
legardé cependant par quelques
penseurs comme plein d'idées lu-
mineuses sur les différens gou-
Ternemens , et le pins grand e^
£ort de son génies D'autres le
trouvent rempli de contradic-
tions , d'erreurs et de traits di—
gnes d'un pinceau cynique , obs^
car , mai digéré , et peu. digne
de sa plume brillante. Ce dernier
Sagement est beaucoup trop* se**
vère ', et sans adopter toutes les
idées du* Contrat social dont quel-
ques-unes sont dangereuse») nous
pouvons assurer que tous les au-
teurs politiques qui ont écrit de-
puis ÂousseawYQïït méàïté^ con-
sulté , commenté , et quelquefois
dénaturé. On a encore de luLquel-
ques autres petits ouvrages qu'on
troirve* dans le recueil de. ses
ŒuFBjES » dont on » donné une
nouvelle édition en trente^trois
vol% in-8<> et in-i.} , en y compre-
nant un. supplément assez ini»^
tile 9 en six volumes. On a re-
cueilli les vérités les plus utiles
et les plus importantes de cette
collection dans ses Pensées , vc^.
in-i2 9 où l'on a fait disparoître
le sophiste hardi et l'auteur im-*
pie ) pour n'of&ir que récriyaia
R O U 59^
«éloquent et le moraliste penseur.
Ce n'est qu'après la mort da
Rousseau qu'on- a publié ses Coa-
fessions en douze livres. Dans
Tavant-propos de ces Mémoires
pleins de portraits bien* frappés
et écrits avec chaleur , avec éner^'
Çie et quelquefois avec grâce ^
« il s'annonce , dit M. Palissot i
comme un misanthrope amer, qu£
se présente audacieusement stuc;
les ruines du monde pour dé-4
claror au genre humain qu'il sup-
pose assemblé sur ces ruines ^
que dans cette foule imiombra^
bie aucun d'eux n'oseroit dire i
%fe fus meilleur que cet homme'4
là. Cette affectation de se voir,
seul dan« l'univers et de rapportes*
continuellement tout à soi , pour-»'
roit' paroître à quelques esprits
difficiles , un fanatisme d'orgueil
dont on*n'avoit point vud'exem-^
pie , du moins depuis* Cardan, »\
Mais ce n'est pas le senl reproche'
qu'on puisse faire à l'auteur des
Confessions^ On voit avec peine
qne sous prétexte d'être sincère y
â déshonore la mémoire de Ma-^
dame de Warens sa bienfaictrice*
D y a- des personnalités non moin»
odieuses contre des hommes obs-
otirs ou célèbres, qu'il auroit
fallu supprimer en tout ou en
partie. Aussi une femme d'esprit*
disoit-ello que Rousseaw auroit
eu une plus grande réputation
de vertu , s'U étoit mort sans con^
fession. Quels motifs purent por-
ter Rouueau iw dévoiler ainsi sar
propre honte et celle des autres l
Marmontel l'explique très-bien :
«* L'un des plus misérables tra-^
vers , dit-il , et des plus indignèa^
manèges de' l'amour propre c'est
d'affecter , en parlant de soi , une
sincérité cynique i soit pour faire
dire qu'on a osé ce que nul autre
n,'avoit osé encore ; soit pour ac--
cr éditer par quelques aveux. hu<«
Bb4
J9» R O U
niiliaos , les éloges, qu'on se ré^,
«erve et par lesquels on se dé-
dommage ; soit pour s'autoriser
h dire impudemnieut d'autrui en->
^re plusdemal que de soi-même,
observez attentivement celui qui
emploie cet artifice : vous yerrez
que dans ses principes . il attache
peu d'importance à ces fautesdont
ij s'accuse. Il les attribue à des
qualités dont il s applaudit. £n
}^s avouant, il les environne de
circonstances qui les colorent. Il
les rejette sur un âge ou sur quel-
que situation qui sollicite l in-
dulgence. Il se garde bien de con-
fesser de niéaie des torts plus
{f^raves ou ôes vices plus odieiuf-
4)u feignant de s'arrac lier ie voile ,
il ne fait que le soulever adroi-
tement et par un coin ; et après
i|voir exercé sur lui-même une
sévérité hypocrite , il en' prend
droit de ne rien ménager , de
xévéler*» de publier les confiden-
ces le* plus intimes ; de trahir
les- secrets les pJus inviolables de
l'amour et de l'amitié ; de percer
xnênie ses bienfaicteurs des traits
de la sat re et de k calomnie. Le
résultat de ses aveux sera qu'il est
encore ce qu'il y a de meilleur
au mo de. Il n'y a pioint de succès
plus assurés que celui d'un pareil
ouvrage ; mais il ue. laissera pas
d'étrQ une tache ineâ^çable pour
son auteur* » M. Sennebier , au-
teur de V Histoire Littéraire de
Genève , pense à peu près comme
H^armontsL « Ses Confessions ,
-dit^il , me paroissent un livre,
très — dangereux , et peign-nt
^Rousseau avec des couleurs qu'on
n'auroit jamais osé lui appliquer.
I^es analyses fines qu'on y trouve
de quelques sentimens ,. Tanato-
laie délicate qu'il y fait^de quel-
ques actions^ ne saur oient voJer
les faits horribles qu'on y ap-
prend, et leS/ médhancçs ètet'*
R o ir
ilelles qa elles renferment, » B
est certain que si Rousseau 9,
peint fidellement plusieurs de ses
personnages , il en a vu d'autres
à travers les nuages que for-<
rooient dans son esprit ses éter-*
nels soupçons. Il croyoit penser
juste et dire vrai ; mais la chose
la plus simple, dit Servant , dis-
tillée par cette tête ardente et
ombrageuse, pouvoit devenir du
poison. Dans ce que Rousseiiu-àÀt
de lui-même , il fait des aveur
qui prouvent certainement qu'il
y a e»i des hommes meilleurs que
lui. l}m\s ce qu'il dit i\es antres-,
il nuit aux mœurs publiques, et
par les turpitudes qu'il révèle,
et par la manière dont il les allia
quelquefois avec des vertus ; car
llousseau ne peint pas toujoiiri
en laid les auteurs qu'il produit
avec hii sur. la scène. Quelques-
uns n'y paroissent qu'en beau,
tels que le prince «ie Conli ,
le maré(h-a! de f^uxembaurg , àe
MaLeskerbe^. , milord Maréchal,
de Saint^Lambert ; mais en gé-
n'^raJ la prévention , la itiéfiance
ont noirci les couleurs de ses au^*
très portraits, sur-tout dans les
six derniers livres. C'est sur-tout
conàre les gens de lettrbs qu'il
exhale ses plaintes les plus fré-
quentes et les plus amères , quoi-
que parmi eux quelques uns l'eus-
sent aimé, et d'autres Feussent
servi. Les antres écrits qa'oiî
trouve ' dans la nouvelle éditio»
de ses Œuvres , sont. : L Le»
hêveries du Promeneur SoUlàirtt
journal de ses pensées pendattC
ses promenades vers la fin de sa
vie. 'Il y avoue qu'il a mieux aim4
envoyer ses eftfans ( il en avoit
eu cinq dé sa gouvernante) dan»
les asiles destinés aux orphelins^
que de se charger de leur noar-
riture et jie leur éducation ; et
ii^ tâche de paUiec cette &ate^M.
R ou
lien ne sanroit excuser. II. Cd/i«
tidérations sur le Goavernemeni
de Pologne , qui renferment des
conseils utiles pour ]e ^ouver^
Bernent de ce royaume et même
4e que}q:ies autres étftts. ilf. Les
Atfentures de milord Edouard >
roman qui est une espèce de suite
de la Nouvelle Hélotse* IV. Divers
Mémoires et Pièces fugitives ,
«vec un grand nombre de LeUre^
âont quelques - unes sont très-
longues et écrites, avec trop d'ap-
prêt , mais qui o^ent des mor-
ceaux éloquens et profondément
pensés. V. Emile et Sophie ou
les Solitaires. VLLe Lévite d'E^
phraïta, po«?ïne en prose en qua-
tre chanta , d'un coloris frais et
charmant , et d'une simplicité
vraiment antique. VIT. Lettres à
Sara. VIII. Un Opéra et une
Comédie. IX. Des Traductions
du premier livre de l'Histoire de
Tacite ', de l'épisode d'Olinde
et Sophronie r tirée du Tasse.
X. Rousseau juge de Jean-^ac-
ques. Si quelque chose , suivant
' io écrivain , peut faire' sentir
eombieu cet horome a été njal-
heureux par l'imagination et le
Caractère , c'est assurément cette
production ^ la plus étrange peut-
être qui existe , et la plus hon-
teuse pour l'esprit humain : c'est
l'ouvrage d'un délire complet. Il
est bien extraordinaire , il f^ut
l'avouer, devoir im homme toi
q}XQRou.sieju ,. se persuader pen-
dant quinze anf , comme on le
Voit par ce dialogue , que la
France, V Europe^ la Terre e/t^
tière sont liguées contre sa per-
sonne ; c^vCiiy a une conspira^
tion universelle tramée par toute
i^ne génération , un complot, un
tny stère <yu* tieAt du prodige ,
^«c tout est 'confitré contre lui ,
depuis le gouvernement jusqu'à la
^aaille* L'au&e^r écrit eériettist^
R O U 39y
mut que tout le monde t ordre
de ne pas lui répondre s'il fiait
une question; ^ue s'il veut troii-^
ver dans Paris un livre ou utt
aimanacb, le livre et l'almanaclk.
disparoissent ; que s'il veut tra-«
Verser la Seine . les bateliers ont
ordre de ne point le passer , etc%
etc. A travers cette démence, oà
Voit la dmible prétention , dont
m^ne seuïble incompatible nveô
l'autre , de fuir les hommes et
d'en être recherché. Ou voit une
tête malade qui se ren^plit de
fantômes pour les combattre : et
cette maladie est un amour pro-
pre excessif et si déplorable ^ qu&
jamais peut-être il ny eut un
exemple pareil. On trouve dnnâ
CM différens écrits posthumes ,
comme dans tous ceux de Bons-
seau , des choses admirables et
quelques-unes d'utiles ; mais oit
y trouve aussi des contradictions^
des paradoxes et des id<»es pen
fevorables à la religion. Dans ses
lettres sur - tout on voit uA
komme aigri par ses nialheurl
qu'il ii'attribuoit jamais à lui-*
même , soupçonnant tous tcvit
qui l'eaviron noient , se disant ^
se croyant un agneau parmi de^
loups ; en un mot aussi sem-*
biable à Pascal par la vigueur dé
don génie , que par la manie dé
voir sons cesse- un précipiœ à
«es côtés. C'est là réflexion de
Senfemtqm TavOit connu , servi ^
caressé dans le séjour qu'il fit k
Grenoble en 1768. Ce magistrat
éyant été très à portée d'obi:erver
son caractère, ik)it d'a,utnnt plus
^ en être cru • qu'il ne fit cet exa-»
mon ni par haine , ni par envie ^
ni par ressentiment ; mais par
l'intérêt que lui inspiroitun phi-
losophe qu'il aimoit et qu'il ad-
ttïiroit. Les Œuvres de Èousseait^
«ont* devenues dans ces dernier^
temps y l'é^^angile ée la révolv-r,
594 R O U
tlon Françoise. On a souvent mé-
connu ses principes ; plus souvent
encore on les a outrés. Fabre
^EglanUne lai a consacré cette
inscription': « ^ Jean^Jacques
Mousseau , né citoyen de Genève
en j 7 12 ; et depuis par une noble
abdication de ce titre , devenu
cosmopolite ; le plus éloquent ^
le plus parfait écrivain du monde
connu , ancien et moderne ; phi-
losophe persécuté par les soi-di-
sant tels ; ami de ia vérité y apô-
tre de la vertu 9 restaurateur des
droits et des plaisirs de Tenfance ;
religieux dans la simplicité de l'É-
vangile et de son c<£ur , cynique
envers les vices, envers la fausseté
du siècle ; patient dans l'adversité;
admirable dans la pauvreté ; boa
homme devant les grands ; d'un
lesprit pacifique , d'une a me sen.
tible et ardente ; politique lumi-
neux et profond ; implacable en-
nemi de l'oppression et de la ty-
rannie ; républicain comme Car*
ton , citoyen comme Aristide;
amant de la Nature , ingénieux
dans la culture des sciences , sur-
tout dans (selle de la musique ,
doux dans la société privée ; enfin
pur d'ame , d'esprit et de cœur ,
et digne d'une meilleure race
d'hommes. » Les Œuvrer de Rous- ^
seau forment dix-sept vol. ln->4.<'
L'une des plus agréables éditions
de cet écrivain est celle faite à
Paris par Poinçot « mais elle
n'est pas achevée.
IVs ROUSSEAU , ( Uabbé )
d'abord capucin , étudia la méde-
cine et la chimie , espérant que
ces deux sciences lui seroient
utiles dans les missions du Levant
auxquelles il se destinoit. Colbext
le logea au Louvre ^ pour qu'il
eût plus de facilité à préparer
(es remèdes. Tout Paris le con-
sulta, et il fut connu lon£;-teiBp«
R o u
MUS le nom de Capucin du LemX
vre* Dès qu'il eut fait une petit»
fortune , il passa dans l'ordre da
Cluni , et execç&la ipédecinc sous
le nom d'abbé Rousseau, On ~pré>«
tend qu'il fut le martyr de sa
charlataneriè y et qu'il aima mieux
mourir que de se laisser saigner.
Son frère publia après sa mort
ses Remèdes et SecreU éprouvés ,
Paris y 1 697 9 in -1 2. Parmi beau'^
coup de choses dusses et dange-
reuses y on trouve dans ce livre
un petit nombre de bannes re-
eettieç , dont quelques-unes ont
été reprpduites depuis peu comme
des découvertes.
y. ROUSSEAU, (Pierre)
né à '>Toulouse , mort au mois
de novembre lySS , suivit (fa-
bord la carrière dramatique, et
donna à divers théâtres le Ber^
ceau, îe Faux Pas , la CoqneUe
sans le savoir^ Yt Rivale suivante ^
VAnnée merveilleuse , là Ruse
inutile , VEtourdi corrigé , l'Es*
prit du Jour i les Méprises , co-«
médies qui n'eurent q^u un succèi
éphémère ; et ia Mort de Ba-
céphale , tragédie burlesque qui
réussit. Une entreprise plus lu-*
crative pour Rousseau fut le Jour-
nal Encyclopédicjue qu'il, établit
en 1766 > et qui lui procura una
fortune considérable.
in. ROUSSEL, (Pierre) né
à Ax dans l'ancien diocèse de
Pamiers , mojt » Châteandun , à
l'âge de 60 ans , en vendémiaire
an XI , prit le bonnet de docteur
en médecine à Montpellier , et
vint de bonne heure produire ses
talens dans la capitale. U se livra
plus à l'étude de la science qo'à
ia pratique de son art. U fut l'é-
lève du célèbre Borti^, et comina
lui il s'attacha plus que ne le font
les praticiens ordinaires au moral
de ia médecine qui a tant d'in^
R O U
luente sur le physiques tes ob-
servations que renferme son 5y5-
tème physique eL moral de la
Femme, 1777') in- la, «ont
d'un philosophé , et le style d'un
écrivain sage et d'un homme sen-
sible. L'auteur tâche de prouver
que les femmes ont dans le tem-
pérament beaucoup de rapports
avec les enfans , et par consé-
quent la même vivacité et^ la
même inconstance dans les gonts,
la même mobilité d'humeur, la
même promptitude à désirer et à
se dégoûter , à s'affliger et à se
consoler , etc. etc. « L'auteur,
dit la Harpe dans sa correspon-
dance littéraire , écrit avec élé*
gance et intérêt , sans déclama-
tion et sans fausse chaleur, S^s
observations sont d'un vrai phi-
losophe , et son style est a la
fois d'un écrivain sage et d'un
homme sensible. Quoique le fond
de son ouvrage soit nécessaire-^
pient un peu scientifique, il se
fait lire par-tout avec agrément. »
U a laissé , dit-on , un Système
physiaue et moral de l'Homme^,
ou du moins des matériaux pour
cet ouvrage ; car une disposition
mélancolique et trop d'indiffé-
renée pour la gloire littéraire le
retardoient dans tous ses travaux.
Ses talens et ses lumières rece-
voient un nouveau prix de la
bonté de son cœur et de l'aima-
ble simplicité de son caractère.
On a encore de lui YEhge de
Bordeu qui parut en 177» , et
qui a été réimprimé à la tête de
l'ouvrage de ce médecin célèbre
Sur les maladies chroniques : dans
cet écrit l'élève se montre digne
.de son maître. On lui doit en-
core différens Mémoires rèpan»-
dus dans les Journaux Uttéraiy
res , et dont le recueil formeroit
fine collection agréable et utile.
Id. SUa de Sainm^re a conlacri
R O U 395
tineépUre très-agréable à l'élogt
de Boussel , qui avoit; arrachd
son épouse aux dangers d'une
maladie grave. -
IV. ROUSSEL , ( Joseph ) né
à Bagnol , suivit U profession du
barreau avec succès , et a publié
les ouvrages suivans : 1. Instruc-'
tion pour les seigneurs et leurs
gens d'afFaires, 1770, in- ii.
IL VA&enda ou Manuel des
gens d^ajfaires , i 7 7 a , in - 1 2.
11 est mort dans le Languedoc
en 1778.
V. ROUSSEL , ( H. F. A. )
médecin , né dans les environs de
Domfront en Normandie , mort
depuis quelque» années , a publié
un Traité latin sur les diverse»
espèces de dartres , leurs causes
et leur curation , 1763 , in-S»;
des recherches sur la petite vé-
role , 1781 , in-8" , et plusieurs
autres écrits sur la médecine.
^Son compatriote Roussel de
Berardière avocat , remporta le
prix de l'académie de Mantoue
en 1773 , et a publié en outre
plusieurs dissertations dont l'une
a pour ob}et la réforme du code
criminel. Il est mort pendant 1a
révolution.
ROUSSEL AT , ( Gilles ) gra-
veur Parisien , né en 1 6 1 4 , mort
en 1 6 86 , t gravé d'après Ba-
phaël, U Titien, leDonuniqum,
le Guide.
ROUSSELOT , ( N** ) chi-
rurgien, est auteur de nouvelle!
Observations sur le traitement
des cors, 1762? \u-\i' On lui
doit encore Toilette des pieds ,
avec une Dissertation sur le trai-
tement des cancers, 1769 , in- 12.
Il est mort le 6 mai 1772.
ROUTH , (Betnard) jésuite,
né en Irlande le 11 février 1695,
vint en France , travailla lougr
196 R O U
temps anx Mémoires de Trévoux,
«t se retira après la destruction
de sa Société à Mons ou il mou-
rut le 18 janvier 1768. On lui
doit des Lettres sur les Voyages
de Cyrus , le Paradis Perdu , le
ronian de Séthos ; des Recher^
. ches sur la manière d'inhumer
chez les anciens , et le dernier
Volume de ï Histoire Romaine de
Cat/ou et Bouille.
I. ROU VIÈRE , ( Armand de)
ovocat au parlement d'Aix , mort
au milieu du 17^ siècle , est au«-
teur d'un Traité sur les dots et
testamens mutuels , l6^j , dei|)c
vol. in-ii, et d'im autre sur la
. JUvocation des Donations, \kZ^
IL ROUy 1ÈRE d'Eysattirr ,
( Charles- Vincent Auguste de la)
aie à Aix le 20 janvier 1712,
mort depuis quelques années ,
fut nn agriculteur instruit et un
homme bienfaisant et. vertueux,
n a publié un Mémoire sur une
espèce de chenilles qui produi-
sent de la soie, 176a, in- 8.®
nOWLEY , ( Thomas ) An-
glois et moine du 1 5® siècle , s'ë^
leva au-dessus des connoissances
•de son temps , et charma les loi-
sirs de sa solitude par des vers
«gréables et pleins d'une douce
mélancolie. Sa Ballade du Pèlerin
a été traduite dans le Journal eur
cyclopédique de novembre 1784.
ROUX, (Le) Voyez Le-
roux.
Vlïl. ROY, (Henri-Marie le)
curé de St-rHerbland de Rouen,
inournten cette ville en juin 1773.
11 avoit prêché devant le roi avec
succès , et a mérité par ses vertus
l'éloge qu'a fait de lui M. Hamel ,
•dans un recueil de l'acadérate ^
la Conception, On a de lui : L L^s
ROT
Oraisons funèbres de Jacques H
et de Marie Lecsinzka, 11. Un
Eloge abrégé de Louis XV ^
X774,<* in- 12. IIL Le Paradis
perdu de Milton , traduit ea
vers frauçois , 1776, deux voL
L'auteur étoit muilieur orateur
que poète.
IX. ROY, (Charles le) mé-
decin, né à Paris le 12 février
1726 , mort le 12 décembre
'779 1 3 publié des Mélanges de
Physique et de Médecine , 1 771 >
deux vol. in- 8.0
X. ROY , (l'abbé Chrétien le)
né h Sedan , mort au collège dA
cardinal le Moine a Paris oii il
jétoit professeur d'éloquence , lé
1 1 mai 17^0 , a pnblié : L Leitrt
sur l'Education du collège de
Sorrèze. IL Lettre en faveur du
'tftême Collège, III. Lettre en fa^
peur du Commerce. IV. Discours
latin sur ce sujet , Quantum Ut"
te ris deùeat virtus , 1731 , in-^*"
Il y' combat les assertions de J./.
Rousseau,
XL ROY, (Pitrre le) hor-
loger célèbre , mort le 2 S août
1785 , étoit fils de Julien, e^
perfectionna comme ce dernier
l'horlogerie. Ses montres marines
remarquables par leur siinplicil^
•ptleurprécision , lui obilinrenlV;
prix de Tacadéraie dw âcieïice^.
OO: lui doit les ouvrage^ siÙvîhiî:
h Mémoires pour les Horl^S^^^^
*Paris , 1,750 ,in-4.^ ILB^f»*^
Chrx^n o^iétriqnrs , 1 7 5 8. IR* ^f
pQséàes travaux de MM* i^
ri f son ti le Roy , dani is rdkf^
ahê'déiji laxgitudesteu.mâr, »7^
in->4',?-IV. Précis des rechefcl^
-pomf la' détermination. dt*s l^^
Ittdé par la mesure i atiifeietU
dip temps, 1773, in-'4.*V»i^
tre à M. de Marivetz , i/^^^
•in**8i?.
t:
s.
ROY
'in. ROY DE MoNTFLABERf ,
(Pierre-Nicolas le ) hé à Coii-
lotnmiers, devint l'un des jurés
les pitis sanguinaires du tribunal
réw>hitionnaire de Paris sous Ro-
bespierre, Il vota Constamment la
mort de tous les accusés , quoi-
qu'il fût sourd et qu'il lui fut
impossible d'entendre leurs dé—
ienses et les dépositions. Il avoit
pris le surnom ds Dix ^ Août
comme un témoignage de son
amour pour la république. Ce
scélérat fut condamné à mort
comme complice de Fouquier-^
Tinvilîe , le 7 mai 1795 j à l'âge
4e 5 2 ans.
Xffl. ROY , ( Julien-David le)
fils du célèbre horloger du n.ême
nom , devint membre de l'Ins-
titut national et de celui de Bo-
logne y 8*attacha à l'architecture
et en professa les principes avec
distinction. Il avoit voyagé avec
ftiiit , et il publia ses. recher—
«bes dans divers ouvrages d'éru-
dition , estimés. Les principaux
sont : ï. Ruines des plus beaux
Monumens de la Grèce , 1758 ,
îh-folio. On en a donné une se-
conde édition en 176g. Cet ou-
vrage fit recevoir son auteur à l'a-
cadémie des Inscriptions. IhHis^
toire de la disposition etdes for^
mes différentes des Temples des
Chrétiens, 1764, iu-S." III. Ob-
servations sur les Edifices des
anciens peuples , 1767 , in-8.<»
IV. De la Marine des anciens
peuples , 1777 , in - 8.° Le Roy
ht considéra sous tous les rap-
ports , et chercha à perfection-
ner la marine mod<'rne en lui
comparant celles des Grecs et des
Romains. V.Xr^^ Navires des An--
Ciens , considérés par rapport à
leurs voiles et à L'usage qu'on en
pourroit faire , 1783, in - 8.**
yi. Recherches sur le Vaissisau,
ROY
397
long des Anciens , sur les voilct
Latines et sur les moyens de di—
minuer les dangers que courent
les navigateurs , 1785, in — 8.'*'
VU. Mémoire sur les travaux qui
ont rapport à V exploitation de la
mâture dans les Pyrénées, 1796 ^
in-4.<» Le Roy tenta long-temps
de construire sur la Seine des
bateaux immcrsibles ; ses essais
restèrent infructueux. Sa modes-
tie , son zèle pour le progrès des
arts , sa bienfaisance toujours
active 9 laissentj^e lui un sou-
venir honoré. Il est mort à Paris ^
à la fin de janvier i8o3.> âgé de
75 ans, et frappé d'apoplexie.
Les architectes ses confrères en
accompagnant son convoi , vou-
lurent eux - mêmes creuser la
tombe de l'homme savant et ver-«
tucux qu'elle renferme.
ROY , ( Le ) Voyez Goriber-.
VILLE et LOBINEAU.
IL ROYER DE LA Tourne^
RIS , ( Etienne ) avocat de Nor-«
mandic, né le 3o janvier 1730 et
mort depuis la révolution , a pu-
blié en 1760 un nouveau Com-^
mentaire de la coutume de Nor-
mandie , deux vol. in- 12 ; et un
Traité des Fiefs , 1763 9 in- 12.
ROYOU V ( N. abbé ) chape-
lain de l'ordre de Saint-Lazare , .
né avec de l'éloquence , mais avett
un caractère bouillant et amer ,
s'attacha à la critique qui con-
venoit à son goût ; et se fit jour-*
nali^te. Il travailla d'abord à VAn»^
née Littéraire , et ensuite au
Journal de Monsieur , qui ren-
ferme plusieurs extraits remar<ii
quables par la finesse des obser-*
vations. Ce Journal commencée»
1778 finit en 1783. Celui intitulé
VArni du Roi , qui parut dès l'o-«
rigine de la révolution, lui attir%
I^çmvcoup d'ennemid par les sar«4
39$ R O Z
cas mes qu il y lança contre les
chefs du parti populaire et le
courage qit'il montra à combattre
les innovations. Bientôt il fut dé-
noncé comme rebelle. Le peuple
s*attroupa devant sa maison et
mennça de l'immoler. Roy ou
obligé de se cacber^ne sortit plus
de l'asile secret qu'il s'étoit choisi ,
et y mourut le 8 juillet 1792.
Outre leS journaux dont il fut le
principal rédacteur, on lui doit :
I. Le Monde de if erre réduit en
poudre, 1780, in-12. C'est une
critique ingénieiise de l'hypothèse
de Buffon Sur les époques de la
nature. II. Mémoire pour Mad,
deValory , 1783. Celle-ci plai-
doit contre l'avocat Courtin , et
ii*avoit trouvé dans le barreau
aucun défenseur qui eût voulu se
charger de sa cause contre un
orateur renommé ; Boyou l'em-
brassa , et attaqua avec véhémence
dans cet écrit l'ordre des avocats.
m. Elrennes aux beaux Esprits ,
1785, in-i a. Le style de cet écri-
vain est élégant , pressé et cor-
rect. Si son humeur étoit caus-
tique et mordante 9 il n'en offrit
pas moins souvent des preuves
de la bonté et de la sensibilité de
spn cœur.
ROZÊE , (N. ) née à Leyde en
xGSa 9 excella dans le paysage et
le portrait. La première , elle em'>
ploya au lieu de couleurs de pe-
tits flocons de soie , qu'elle a mé^
langés avec un art admirable. Ses
tableaux sont d'un coloris écla-
tant et très— recherchés. Elle est
morte en 1682.
ROZIER , ( François ) célèbre
agronome , naquît à Lyon le 24
janvier 1784. Son père négociant
mourut sans fortune , et son fils
embrassa l'état ecclésiastique
comme une ressource. A peine
eut-il fini ses études, que son
ROZ
go&t le porta à observer avec \xi^
térét les travaux des champs. La
nature est si féconde et si helld
dans ceux du Lyonnois , qu'elU
appela toutes les méditations da
jeunù Rozier,Cotunielle, J^arron^
Olivier de Serres devinrent ses
auteurs favoris ^ et pouY* appro-<
fondir la botanique , il prit pour
guide la Tourrette son compas
triote et son ami. Bourgélat créa»
teur des Écoles vétérinaires y
ayant été appelé pour établir
celle d'Alfort , fit nommer Bo-^
zier directeur de l'École de Lyon.
Celui-ci se livra dès-^lors avec
ardeur à l'étude de l'hippiatri^
que, de l'anatomie comparée et
de la pathologie ; mais il negards
pas long-temps sa place : il s'étoit
brouillé avec Bourgelat , et ce
dernier la lui fit ôter au moment
où il s'en mon troit leplusdigne,
en publiant , de concert aVec la
Tourrette , les Démonstrations
élémentaires de Botanique , hYu'*
sage des Ecoles vétérinaires. Elles
ont eu un grand nombre d'édi-
tions. Dans le dénuement oùBo-
zler se trouva , il se rendit à
Paris, s'inquiétant peu de l'a-
venir et décidé à braver les con-
trariétés d© la fortune pour l'as-
servir. Arrivé dans la capitale 9
il fit l'acquisition du Journal dd
Physique et d'Histoire naturelle y
qui n'avoit entre les mains de
son premier auteur dautkier
d'Agoly , qu'un succès médiocre,
et il sut lui donner im grand
degré d'intérêt. Sans être très-
savant dans la partie à laquelle il
se vouoit, il a voit classé avec
> ordre dans sa tête la notice dei
nouvelles découvertes en physi-
que , en chimie , en histoire na-
turelle , eh agriculture , et il joi»-
gnit à cette comioissance untacC
exquis pour discerner dans le»,
mémoires qu'on lui adcessoit le»
J
R02
Wèi neuves et les faits non coni*
ims. Cette habileté accrédita
l\)uvrage et l'auteur. Celui-ci vit
alors sa fortune se rétablir , les
kommes paissans le protéger ; et
k la recommandation du roi de
Pologne 9 il obtint un prieuré
dnn revenu considérable. Ce fut
alors que songeant k sa gloire , il
se mit en devoir d'exécuter son
projet favori , de donner un corps
complet de doctrin>>^urale , en
pabliaht son Cours d^ Agriculture.
Mais pour remplir ce but , sen-
tant que le tumulte, de la capitale
ftojt un obstacle au recueille—'
ment dont il avoit besoin , il eut
le courage d'y briser totes ses ha-
bitudes pour se transporter à Be-
2iers où il acheta un domaine.
Là, livré à la vie active que de-
mandent les travaux de la cam-
pagne , sous un climnt doux et
l'influence du pins beau ciel de la
France , il s'occupa de la rédac-
tion des grands traités qui for-
ment son important ouvrage, en
dix vol. in-4® , dont le dernier
n'a paru qu'après la mort de l'au-
teur. BosrVr y a joint à une théo-
rie très-éclair ée, une expérience
étendue de la pratique de l'éco-
nomie rurale. Instruit de tous les
procédés , les i^ant presque tous
comparés , il les a analysés ou
perfectionnés d*après ses propres
«ssais. Ce Cours estimé , quoi-
que trop chargé de détails étran-
gers à "son principal objet , mé-
rite qu'un agriculteur habile le
réduise un jour à moins d'éten-
due , pour le rendre plus à portée
de la plupart des cultivateurs. Sur
la fin de sa vie , Rozier jugea que
*a patrie pourrait lui offrir un
•sile aqssi agréable que Beziers ,
€t il ne se trompa pus. Il vint à
Lyon en 178S. L'académie de
«ette ville s'empressa de l'adr-
»ettr« danji son sein > ^t 1# g^v^
R Ô Z 399
yemement de le charger <^e la di-
rection de la pépinière de la gé-
néralité. A l'époque de la révolu-
tion , Rozier devint l'un de ses
partisans sans en partager les -
excès. Pendant le siège de Lyon ,
une bombe tombant sur son lit
lorsqu'il dormoit , enfouit lés
lambeaux de son corps dans les
débris de l'appartement qu'il o»*
cnpoit, le 29 septembre 1793.
Rozier avoit alors 69 ans. Outre
les écrits dont nous avons parlé ,
il a laissé : I. Mémoire sur la ma-
nière la plus avantageuse de brd-»
1er et de distiller les vins , relatif*
ventent à la quantité , à la qu^^
lité de l'eau de vie et à Vépargne
des frais , 1770 , in-8.<> Cet écrit
remporta le prix de la société
d'Agriculture de Limoges. H. Mé"
moire sur la meilleure manière de
faire les vins en Provence , soit
pour Vusage , soit pour leur faire
passer les mers , 1772, in-8." Il
est plein d'observations de pra-i
tique , et écrit avec autant de pré-
cision que de facilité. III. Traité
sur la meilleure manière de cut-^
tiver la Navette et le Colsat ,.
1774 , in-8.^ IV. Mémoire sut la
manière de se procurer les diffè-^
rentes espèces et animaux , et de
les envoyer des pays que parcou-^
rent les voyageurs , 1774 , in-4.*
V. Nouvelles Tables des articles
contenus dans . les Mémoires d«
l'académie des Sciences de Paris,
depuis 166 6- 1770, 4 vol. in-40;
1775- 1776» Elle est exacte et
utile. VI. Vues économiques sur
les Moulins et Pressoirs d'huile
d'olive connus en France ou en
Italie, 1776, in-4.0 VIL De la
fermentation des Vins , et de la.
meilleure manière de faire de
VEau de ft>, Paris , 1777 , in 8-*
VIIL Mànuiel du Jardinier , mis
en pratique pour chaque mois de
l'année > ' 79 ^ ^ <3*vix vol. in- 1 8.
'
4ÛO R U A
Bozier vivant na sein des campa-
gnes 9 interrogt-aiit sans cesse les
cultivateurs ., s'en étoit approprié
les vertus; il en a gardé toute sjx
\ie la probité , la bonhomie ,
l'heureuse simplicité , et cette
franchise errtière qui ne s'arrête
que lorsqu'elle n'espère plus
c être utile. M. Bruyset libraire à
Lyon et membre de l'académie de
cette ville, a placé en tête de la
dernière édition des Démonslrç"
fions élrmentiLiii's de Botanûfue ,
une notice très- intéressante sur
Rozier , et nous en avons extrait
cet article.
nUAULT, ( Jean ) écrivain
du i7« siècle, a été l'historien
du prétendu royaume d'Yvetot,
dans un volume in-4", publié
en i63i 5 sous ce titre: Preuves
de V Histoire du royaume d^Y-'
petoL
nUBIS , ( Claude de ) né à
Lyon en i533, y devint procu-
reur général de la ville , se jeta
dans le parti de la Ligue , et fit
soulever sa patrie contre l'auto-
rité royale. Henri IV l'ayant ra-
menée à son obéissance , Biihis
se retira à Avignon , où il resta
9ix ans. Le chancelier de Belliè{/re
son compatriote obtint sa grâce
et son raj)pel ^ et il mourut dans
son pa)s au mois de septembre
x6i3. Il a laissé quelques écrits :
L Discours oratoire prononcé à
Z,yon le jour de St, Tliomas*
II. Privilèges , franckiaes et im-^
munîtes accordés par Lfs rois aux
consuls , échevins et habitans de
Jjyou , 1674. lîL Résurrection de
hi Ste Messe, 1666. IV. Vii-
cours sur la peste de Lyon èa.
lôjj et 1*80. V * Sommaire des,
coutumes du duché de Bourgogne.
VL liépoose. à l'anti-EspagnoL
Cost un libelle contre Henri IV,
qui ny est jaQiais appelé c^ue let
R u D
Béamois, VII. Conférences tlêf
prérogatives et ancifnaetéde no—
blesse de la mxmarchie et maison,
royale de France, 161 4.VIII. His-
toire des princes des deux maisons
royales de Vendôme et d'Albret ,
I (> 1 4. IX. Histoire des Dauphins
de ViennoiSnTi, Histoire de Lyon,
C*e9t son meilleur ouvrage: mal-*
gré son style gothique on la lit
encore avec plaisir à cause des
traits malins qui y sont parsemés.
II l'avoit composée pendant soa
exil à Avignon.
RUCHAT, (Abraham) pro-;
fesseur de théologie à Lausanne ,
où il finit ses jours en 1730, étoit
né dans le .canton de Berne. Il
est principalement connu par son
Histoire de la réjorination de la
Suisse, Genève, 172.7 et 1728,
six vol. in— 8®, écrite d'u» style
lourd et incorrect, mais estimée
pour les recherches. On sent qu'il
lî'aimoit point les Catholiques ,
et il n'oublie rien pour les rendre
odieux. On a encore de lui : Les
délices de la Suisse , sous le nom
de Kipseler , Leyde ,1714,2 vol.
in-8." Il a fait d'autres compila-,
tions sous le nom de Délices , sur'
là grctiide Bretagne , l'Espagne
et le Portugal , où l'on ne trouve
que des faits connus et aucune
observation recherchée et neuve.
RUDEL , ( GeofFrôi ) célèbre
troubadour du 1 2^ siècle , devint
sur le récit de deux pèlerins,
amoureux d'une comtesse de Tri-
poli qu'il chanta dans ses vers. En
allant ia voir , dit Pétrarque » il
trouva la mort sur la côte d*A-
firique«
• •
RUDIUS , ( Eustache ) célè-
bre professeur en médecine , s'é-
tablit à Pftdoue. Son pronostio
sur les maladies étoit tcujonrs cer-
tain» ce qui établit ou Italie 1»
proverbe
{«overbé: Ùfeu te gardé dU p^
uostic de Rudiur. Ce médecin est
taort en 1612; Van-^er^ldnden
Adonné le catalogue des ouvragée
de ce savant. Le premier de tons
ht un traité de Virtùtibus et vi^
tus cordis^ im|)rimé à Venise
en 1587.
ILRUELtÈ, {Joséph-âénéJ
né à Lyon , y devint un tr ès-
^làbile teneur de livres , et forma
tijns son art ^ un grand nombre
tfélèvàs. L'académie^de sa patrie ^
rétablie en l'an tiéuf sous le nom
i Athénée , admit Ridelle au dom-^
bre de ses membres* Il est mort
i^ax ans après. On lui doit :
I. Traité des Arbitrages de Fran^
te, 1769, in-8.» On en a f^t
uhe nouvelle édition éh 1792.
II. Nouvelle Méthode potlr opé-
rer les changes dé France aved
Uuteé ks placés dé sa cdrrespon-
dance, 1777, in-8.* IIL VAri
dt tenir les Wrès en paHits dou^
^les, ahHuiè, iil-4;" BmcWi; réu-»
tiissôit la douceui* , la riibdëstié
•t la bieii faisande aiix cdnnoi^
tances désbnétati
RUHNKÉl!i^(Ôavid) né à
D?olp dans la Poméranie Prus-
sienne, le 2 janvier 17.23 , iriort
w t4 mai tf^S, professa avec
Célébrité la littérature et l'his-
toire dans rùnivérsité de Lfeydé
Jprès Oudendorp, et fnt nomnié
mblidthécàire dé bette ville en
l77f après Orohovius. Ruhniceji
nt dans sa feiînes^ le voyirfge de
Paria et s> lia d'une étrdite amitié
•Vec Cap^/oeroniVr et plusieurs au-
tres sàvahs de cette capitale. De
Jstonr eh Hollande, il ptibîia
«vers oiivrages^ dâria( lesquels la
«ï'fitique là plu!( judicieuse s'unit
^ mérite de réniditidri; Ils ont
pour titres : h Epiitolte Criticà
'* Homeri et Hesiodi hymnos ,
4^43 > ih-8> XL Be viU eticnp^
SvppL, Tome ilU
H 0 L 48t1
lis Zohgini, in-8.<» m. TSMià
Sophistœ Lesricon , 1754, in-8.^
ÎV. Historia critiàa On^toruêà
Gracorum , 2 vbl. in-8.t» V. On
lui doit encore des éditions dé
VelleïUS'-Pàteradus et de JBui^^
lius^Lupus, et quelques antrei
écrits de iJhiloIogie. Ruknkem
laissa en nàourant une nièce et une
fille àveiigdes et indigentes ; mais
k république Bàtave a acheté uk
bibliothèque Sous une pension
viagère en fiivèur de celles-ci. Il
avoit recueilli à grands fraii ujié
collection complète des auteura
classiques et des antiquaires, avec
iin grand rioittbire de manuscrits
précieux , parmi leSqUels 6n es-4
père retrouver dés copies de plu.i
sieurs onvrages consumés dans
le dernier inceridie de labbàyedë
Saint-'Germatru^S'-Prés. Le pro-
fesseur Pryttenbath a piiblié ïà
Vie de Ruhnke/n
RULHIÉRES, (N.de)che^
Valier de St-Lduis , de l'acrfdémië
Française , se trouva en Ruwié
en qualité de éécrétaîre d'àmbâs-*
sadè du itiarquii^ de l'Hôpital
lors dé \a révolutidrt qui arracha
le sceptre à Pierre III. Il écrivit
en peu dé plages l'histoire de cette
fameuse catastrophe ; ifeais ces
pages sont dignes de SaUustei
Poui* donner un pendant à cet
énergiqiie tablééti ^ il fit celui dé
la révdlittioh de Pologne et des
causes du dériiertbrement de cettà
république; Instruit pér des cor-i
réspcfndans sûrs , et ajrant ras-
semblé d'éxcelleris rtiatériaux, il
peignit cet événement de àes vé-i
ritables couleurs. Il.s'dccupoit âj
ramasser de^ documéns Sur l'his^^
t»ire de lu révolution de France ^
lorsque la mort l'enleva le 3(5
janvier 1791; Sans approuver lei
excès de l'ancien régime , il n'«4
doptoit point toutes les ffisi^rsé
*A
40» H U O
du noavomi. Aimant la liberté »
mais sachant en connoître les
limites et en craindre les abos ,
il n'ëtoit pas de ces esprits foi—
(i.bjes qu'on entraîne avec des dé-
clamations ; .mais comme il s'étoit
nyajicé par les grands , il regret—
tjçit peut-être trop le temps ou
l^s grâces et l2^ considération s'ob<
tçuqient par eux. Ses EclairciS"
semens historiques sur l'état d^s
' Pfotestaas en France , sont une
Î>reuve de la saine critique de
'fiuteur , et ont de plus le mérite
de la so1i4it;éi des recherches et de
l'intérêt des faits. A ses connois-*
sances Jhistqrîques et politiques ,
llulf^ières )oignoit le talent des
vers. Spn petit pqême des Dls^
putes que BoiLeau n'auroit pas
désavoué ^ prouve on l|ii une. ral«
son plus étendue que celle de ce
c^lèlure 52itirjqne. Onconno^fen^
core de lui un joU poème sur les.
Jeux de mains , de petits contes
et des épigraiimes que son c^
xaçt^^rçcaaliu lui dicta trop soiv«
vei\j^, « ]^o» plaisant dans ses
vèrs^ il nétoit points dit la
. Harpe t gai dans la société. Il y
^(oit même lourd et important. Il
auroit voulu être dans le monde
m peu plus qu*nn homme de
lettres. I^ s'écoutoit beaucoup
plus qu'il n écotitoit les antres 9
et savqit peu dialoguer* » Il tra-
râilloit di^BciJement , et cette
leiiteur Ae son esprit se faisoit
quelquefois sentir dans sa con-
^ètâavipn. On a publié ses (]Su-
vres posthumes, in-iï^ "79^5
n^ais il. n'y a peut-être de lui dans
«e recueil que des anecdotes sur
le maréchal de BicheUeu; dans
les autres morceaux on n'ap—
perçoit point la tournure de son
^ esprit.
. RUOLZ , ( Charles - Joseph
•k) né à Lyon en 1708 , fut un
Magistrat «ckiré dans la séiié-^
RUS
c]iaiUjsëe de sa paUle tt mnabt$
de soQ académie. H a publié un« .
Dissertation intéressante sur 1a
vie et les écrits de Louise Labhi,
dans laquelle il s'eflEqrce de la dis«
culper des reproches f:ait& à ses
niceurS p^r quelques fiistoriens. .
Ruolz ayant fait naufrage dsnl
1^ riyière d'Ain près de Lyon,
avec sa femme, ayoît gagné la,
rive ; maïs il se jeta de nouveau à
l'eau pour sauver sor^ épouse, et
il périt victime de sa tendresse et
de son courage en 1756.
• RUSCOVI , ( Camille > habile
sculpteur M-il a n'ois, mort en 1728
à Rome, embellit cette ville 4f
.ses ouvrages.
RUSPOJH, (François-Marie)
Stihce 4e Cerveteri et poëte Ita-?
en , rassembla Içs membres dt
l'académie dos. Arcades en 17079
e^ fit construire pour leurs as-
semblées générales sur le Mont-
Aventin , un très-bel édi&ce en
forme d'apiphithéâtre. Us avoient
toujours été errans depuis leur
fondation en 1 690 , tantôt sur
le Mont— Janicule , tantôt dans
le'paTais de la reine Christine,
tantôt dans les jardins Farnèse et
du prince Justiniani» Leur doit-
veau fondateur RitspoU mourut
quelff ue temps après la construo*
tion de son palais.
IL russe;., ( Guaiaomc)
duc de Bedfort, né en 1604, sa
montra un ardent ennemi de Jtf<''
ques II , qui le mit en jugement
et le fit décapiter le 3i jniHe'
i683. Six ans après , la cbajnbre
des pairs réhabilita sa mémoire
La Correspondance de Bassd
avec son épouse et; ses amis pen-*
dant sa détention , a ét^ publiée,
et intéresse le lecteur.
m. RUSSEL, ( Alexandre)
médecin Ecojiois , mort en 177*1
#Alep, et publi« en ijSb YHis^
ioire de cette ville ^«qni a été tra-
duite en dilFérentes langues^
RUSSINGER, (Sixte) né à
Strasbourg , entra dans Tbrdrv
ecclésiastique , et fut le premier
qui porta a Naples Tart de Tim-
primerie. Il y fut considéré du
clergé^ de la noblesse ettlu roi
Ferdinand, Les imprimeurs Ja—
9obi et Locati fies contempo-
rains , étoient aussi prêtres , et en
prendient le titre dans leurs édi^
tipns.
RUSTAING OB^SiUNTJoARY^
(Louis ) chevalier de Saint-La-
zare^ mort vers 1740 ^ est auteur,
de trois pièces de. théâtre ; Le
2hiloiophe trompé par ta I^a^
ture; Arlequin camarade du Dia^
hle ; Arlequin âm deuil de lui*
même»
R Z A 4^1
Bo&c£.
RYCK AERT , ( David ) direc-
teur de l'académie de Peintura
d* Anvers , où il étoii né en 1^ S c 9'
a peint des sujets rians , et de^
diabkries , telles que la Tentation
de St. Antoine,
R Y F E R ^ ( Isorîns ) )Mn .
des plus anciehs impriineurs daÇ
"Wurtzbemrg en Allemagrie , ptr->
blin en 1481 un Missel ftr— foKo-^-
orné d»-ru^riqti«s»On a voit long-
temps citj^ ce missel comme ma-»
nuscrit^ quoiqu'il se trouve dan*
Ta bibliothèqiif d'Oxford , de rim-î
pression de Byfer»
RZACIWSlCt, noble Polonois,'
rdortné une Histoire naturelle de^
hi -Pologne; estimée. H est motl^
•u milieu du siècle passé;
Ce i
k
i|04 s A 6
SA B
"' V
s-
SaBACUS, gééfal Ethio-
pien, s'empara de rEjrypte, y
régna , et fut père de Tharaca.
L'auteur de VHistùire des temps
fahuteux, prétend que Sahacui
est le même que Saiomon , dont
rbistoire a été déagorée par
Hérodote^
SABBATHIER 4 (B. Pierre),
bénédictin de Saint-Maur, né à
Poitiers en i68a , mort à.Rheniâ.
le 24 mars 174» • remplit toute
l'idée qu'on doit avoir d'un parfait
religieux et d'un yrai^ rayant. On
fl de lui; BibUorum ^acrontm lu'-»
iiaa versioaes aati^ua $ Rlieims 9
1748 , 3 vol. in-fol. Cette Bible,
qui occupa D. Sabhathier pen--
dant 20 ans, comprend toutes les
Versions latines des livres sacrés,
assemblées et réunies sous un
seul point de vue. Il ne publia
que le premier volume ; Dom
CharUs de la But fut l'éditeur
des deux autres. ^
SABLE, (Girillauraedu) dont
on itfnore le pays et la naissance ,
^ publié un poème, intitulé : La
J)iîuse Chasseresse , imprimé à
Paris en 161 1 , in-i».
L SABLIER, (N.) a donné
au théâtre Italien, en 1729 , itf
Jalousie sans amour , les Effets
du jeu et de l'amour. Celle-ci fut
mieux accueillie que la première.
-tablier est mort vers 1760.
II. SABLIER, (N.) littérateur
estimable, mort à Pans le 1 o mars
1785^ à 93 ans. On a de lui :
I. Variétés sérieuses et amusantes,
1769, quatre vol. in-i» : recueil
fisses agréable* II* ^ssai sur Us
langues , 1777 , în-8.* On désire
depuis loi>g— temps une bistoire
critique de la langue françoise, et
on trouveira de bons maté riaui(
dans l'ouvrage de Sablier. Lf'au«
teu F s*est préservé de la prétention
si vaine et si générale , d'offrir «n.
système sur la formation des lan«
gués et sur l'idiome primitif. Oa
risquera toujours de se perdre
dans les chimères, quand oq
voudra découvrir dans quel lan«
gage les premiers bommes s»
sont communiqué fenrs idéei.
Sablier se contente d'observer
les rapports évidens entre p)a<«
sienn idiomes de nations éloi'*
gnées, et de chercher les raisons
les plurvraisemblables de ccb rap*
ports. Sa marche est toujours me-
surée, et n'en est que plus sûre.
Son livre d'ailleurs, qui stippose
beaucoup d'émdition ^ n'en a pas
Tinutile étalage ; ce sont des ré«
sultats clairs et précis. Il jette us
aoup d'oeil rapide sur les écrivaist
qui ont fixé la langue cirez les
nations policées ; et en général
ses }ngemens sont sages^ Una
singularité de lonvrage^ c'est
que l'antenr le publia à 82 ans.
III. Œuvres de M... contenant
des traductions de Goidoni 1 7^7,
in * 12. La prose de ce recaeil
vaut mieux que les vers.
SABLON, (Vincent) ri-
mattleur de Chartres , donna f
en 1 67 1 , en a vol. in- 1 è , une
plate traduction , en vers , de It
Jérusalem délivrée que les cu-
rieux recherchent à catrse des
Egures; car on avoit dès— lort
le secret, perfectionné de nos
^ours I de £vre puaer de mauvais
s àB
ter«9 k U faveur 6m iptlfâm
jolies estampes»
SABOÙaEUX DE L4 BoHMB^
tirib/C Char leS'ITr^^içois ) avo-<
cat, mort à Paria en 1781 ^ pré<«
li^ra la culture des lettrés à l'étude
de la jurisprudence et ai» travail
du barreau : on lut doit les trois
eiivrages suivant : !• ConsUtutioi^
des Jésuites, avec les déclarations,
1761 9 3 vol. in— 12* C'est une
traduction de VInîUuUnm Socif'^
taUs Jesu , imprimé à Prague en
1757. II. Manuel de» Inquisi-
leurs, 1761, in-i&. C'est l'abrégé
de l'écrit d'Ém^ric , auquel le tra-
ducteur a joint des notes. III. U
s'est rendu recommandable par
Une TraducUon des anciens ou-
vrages latins, relatifs k l'agri-
culture et à {a médecine vétéri-
naire , avec des notes ,, ^774 $
C vol. in-8.® Saboureux a voit au-
paravant publié à part l'Ëcono-
nie rurale de Columelle.
SABUCO , (Oli va de Nauiés de)
savante Espagnole , née dans la
ville d'Alcala., vivort sous le
lèghe de Philippe IL Renommée
pour ses connoissances en histoire
hatnrelleetenanatomie, elle o£frit
de démontrer publiquement que
k phjTsique et ki médecine que
Jton enseignoit alors dans les
écoles , étoient pleines d'erreurs.
Avant Descaft&t , elle plaça dans
l'étendue du cerveau le siège de
l'âme , sans la renfermer exclu-
sivement dans la glande pinéale.
Suivant elle, ce n'est point le
«sng qui nourrit les corps , en-
tretient leur souplesse et leur
conservation ; c'est le Auide qui
pBsse du cerveau dans toutes 1^9
parties nerveuses. Ce système fut
embrassé avec enthousiasme par
les médecins Anglois.
* IL SACCHINI, (Antoine-
mrie-GaqMurd^run des plus cé>q
SAC 40$
Ubrss musiciens de ce siècle ^ nd
à Naples le 1 1 mai 1735 ^ mort à
Paris le 7 octobre 1786, fut des<«
tiné de bonne heure a la musique*
Ses parens, honnêtes, mais peu
riches , le placèrent dans le < on«
servatoire de Sainte- Marie de Lo*
rette , ensuite à Naples , oii il
étudia sons le fameux Durante»
tl fit des progrès rapides et s'at«
tacha principalement au violon 9
sur lequel il devint très- fort. Il
passa ensuite à Home, ou il eut
de grands succès, et à Venise^
oii il fut à la tête d'un conser-*
vatoire. C'est dans cette ville qu'il
développa ses talens pour la mui«
sique d'église ; et sans confondra
ce style avec celui du théâtre.
Sans .s'écarter de la sévérité qu'il
exige , il sut y adapter un cbnnt
aimable et facile. 6a renommée
croissant chaque jour , il visita
quelques cours d'Allemagne, entre
antres celles de Brunswick et Wit^
femberg ,>ù il succéda au célèbre
Jomelli, Il parcourut ensuite la
Hollande , et se rendit éntin aux
vœux de l'Angleterre. Pendant les
onze années qiVil passa danâ cetto
isie, il en travailla six pour le
théâtre de Londres , et y fut
constamment applaïuli. C'est dans
ces diverses contrées qu'il corn-*
posa les opéra de Sémiramis «
A' Artaxerce , du Cid, d*Andr0m^
mufiue , . de Crésus , ^Armide ^
^Adrien, de Tamerlan, d'Antl^
gone, de Penée, de Montézumé
et â*Eriphile. Le climat n'étant
pas favorable à sa santé', et ses
^ attaques de goutte devenent plus
fréquentes sous un ciel nébuleux
et humide 1, il se détermina 4
passer en France. Il fut accueilli
à Paris avec transport , et il ne;
fut pas moins bien reçu à Ver-*'
sailles. L'empereur qui s*y troii»*
voit alors , lui donna des marqués*:
{»articuiières de son estime et ^
4ô6 SAC
son admiration. La coiir partit
désirer que ce célèbre composi-
teur fît quelques ouvrages pouf
la France , et il y produisit suc-
icessivement six opéra. L'Olym^
Siads fut représentée au théâtre
talien, sur le refus de TOpéra
àe s'en charger. Lorsque cette
pièce, commençant par un chœur
superbe, eut excité une ivresse
générale, TOpéra obtint un ordre
Qui défendoit aux Italiens de la
jouer , par respect pour son pri-
vilège exclusif, accordant à lui
^ëul la représentation des pièces
à grands chœurs, Renaud qui
« ^arut ensuite , n eut qu im succès
médiocre , et qui ne répondit
(oint à la grande réputation du
compositeur. A l'exception de
deux du trois morceaux où Ton
retrouve le caractère d'un grand
maître , la musique en est foible :
il est vrai que le poëme^ dénué
âe tout intérêt , ny prêtoit pas,
ï}ardanus , opéra de la BruèrCg
^t dont Rameau avoit fait les
0irs, fut ensuite remis en mu^
iique par Sacchini, Elle fut ap^
plaudie , mais les accompagne-»
îpehs en parurent négligés, Lea
opéra qui. obtinrent un succès
eénéral , furent Chimène , Œdipe
a Colorie , et Evelina , qui! n'eut
^as'la consolation devoir exécu-
fêr. Il mourut même avant d'avoir
ifcbftvé ce dernier ouvra'ge. Un
de ses admirateurs a fait placer
{.on buste à Kome dans l'égiise de
l^otce^Dame de la Rotonde. Sou
^tyle se distingue- sur— tout par la
grâce, la douceur, l'élégance sou-
ténue de sa mélodie. Son harmonie
^St pure, correcte et d'une clarté,
^ernarquable ; son orchestre est
^ujours 'brillant , toujours in-
|[énieux« Quoiqu'il ait une ma-
nière à lui , on voit que Hasse
t^. Galuppè furent ses modèles.
SAC
mnnes , "mais il craignoit eneortf
plus ce qui avoifc l'air de la re-»
eherche. Ses modi^lations les pliM
Hiattendfies n'étonnent jamais
l'oreiile ; elles coulent naturel le«
ment de sa plume. Ayec im chant
si facile et nne grande sensibi-
lité , il éi:oit impossible qu'il n'eût
pas beaucoup d'expression ; mais
comme il avoit en même temps
un goût sîîr, jamais son exprès-
«on n'est exagérée. Un de ses
mérites particuliers étoit dé saisir
le goàt des nations différentes :
la musique qu'il fit en Italie na
ressembloit point à celle qu'il
donna en France. Il faut con-
venir cependant que son génie
ae se plioit pas aux diffSérens
genres , comme aux difiérent
goûte des peuples.^ et que , quoi-«
qu'il ait fiait divers opéra— bouf-
fon%^ il y en a peu de bons. Son
ame disposée naturellement à la
tendresse et à la mélancolie,
perdoit son originalité dans les
scènes comiques. Aussi l'opéra da
la Colonie oiFre-t^il des airs
plus remplis d'expression et de
mélodie que.de gaieté. Le pathé-
tique s'y trouve réuni à tout ce
que l'art a de plus brillant II y
a sur— tout l'aie d'une amanta
abandonnée , oui , fe pars au dé»
f espoir, où tous les accens , tous
les cris de la douleur et de l'amour
se succèdent avec une rapidité do
mouvement qui imite ceux de 1|
passion et de la isature. Cet opéra
fut donnéaux Italiens, dansl'étii
de 1775. M'^* Colombe, jusqu'a-
lors actrice froide , animée par
la musique de Sacchini, chanta
le rôle ^e Beliade avec autant
d'ame que de noblesse , et acquil
dès~lors un aora parmi les ao*
tri ces distinguées. Cet habilo
compositeur portoit dans la sch
ciété la sensibilité qni régnoil
daui ses ouvrages* Céûéreuxi
SAC
ïffenfaisdnt k l'excèè , il li'ftoit
^ touché que du pljBisir de donnef ;
et il se seroit procuré ce plaisir
plus souvent ^ s'il avoit moins
négligé ses affaires. Il étoit bon
parent ^ bon ami , bon maître ;
peu de temps avant que de rendre
son dernier soupir, il disoit d'une
vojx mourante à un fidelie do^
mestique : Pauvre Laurent , que
deviendras''tu ? h soutenoit par
4es bienfaits une de tes sœurs,
•t étoit empressé à obliger ses
amis. Naturellement sensible à
l'éloge et à la critique, il savoit
cependant se mettre au-dessUs
^es chagrins que donne un amour
propre trop ^ceptible , et quoi-*
qu'il connut et sentît son ta-
lent , il étoit docile aux avis
du goût et de l'amitié. H n'avoit
pas 'été marié : sa sœur fut son
héritière.
SACGONAY, (Gabriel de)
chanoine de l'église de Lyon , fut
aimé de Henri II, et passa sa vie
à écrire contre les Calvinistes. Ses
ouvrages sont : L Vraie idolâtrie
dii temps présent. ÎI. Discours sur
les premiers troubles arrivés à
Lyon. IIL Histoire des Albigeois.
IV. Bu seul différent de la Reli-
gion chrétienne avec la Religion
des protestans. V. 'Réfutation de
Calvin. VL Du vrai Corps de J, Ç,
Lyon , Roville , 1567. La famille
de 5flcci7ntf y avoit fourni 18 cha-
noines à l'église de Lyon. Cel«i-èi
tst mort en décembre i58o. .
SACHEVEÏVËLL , (Henri)
Anglois, docteur en théologie, du
parti épiscopal, prêcha le 23 jan-
vier 1 7 1 o , à St-Paul de Londres ,
lobéissancè absolue aux Rois ,
parce que le Clergé en espé-
roit plus d'obéissance pour lui-
• même , «t désigna d^ine manière
odieuseJ'administration de Merle-
horough et le parti qtii âyoitdeno^
S A H 40f
n cafnronne au roi Guîîtaiime, U
fut interdit pendant trois ânâ, et
ses deux derniers sermons furent
brùR. Cette sentence fit la for-»
tune du prédicateur. La reine
Anne , qui fai'orisoit , dit-oh ,
secrètement sn hardiesse , {%
nomma , un mois après , recteitr
de. Saint- André. Il mourut em.
1724 , traité Ci incendiaire itnpU'»
dent par les partisans de Marie-*
borough , et regardé par le parti
opposé comme un grand brateun
SjEMUND-Sigpussow, l'un
des anciens écrivains Islandoi&y
est regardé comme "l'auteur de
YEdda , livre qui contient lés
dogmes et Lt mythologie des Scan-
dinars et autres peuples du nord»
il fut écrit en islandoia , peu de
temps après l'abolition du pagsr-
nisme,vers l'an 10S7. Réséninf
en a donné une édition , à laquelle
un prêtre Islandois , nomnié
Etienne Osaï , a ajouté une ver-**
sion latine. Voyez RésBMUS.
S AGINAHOR,.( Joseph t
rèbbin Juif , mort dans le xvi*"
siècle i. a publié uneinterprétatio»
chaldaïque , ou J'kargoun , sur lé
livre de Job.
SAHIM-Gherài, Kan ëé
Crimée , succéda à Dewlet —
Gherai , dans le gouvernement
de sa p^Ctrie. Il avoit été ambas->
sadeur de te dernier à la cour de
Russie. Celle-ci , prdfitant de»
troubles de la Crimée , fit élire
Sahim dont elle connoissoit le ra— >
ractère facile, à la place de Dei/^flet
qui avoit qiiitté son pays et s'étolt:
attaché au parti des Turcs. Cer
dernier ayant pris la fuite dans
une action , les Turcs» indigné*
firent nommer à sa p4aee Sélini-^
Gherai , qu'ils abandonnèrent
encore par le traité signé à Con^
éantiflople) le ai mars X773t>
Ce 4
408 S A H
ppur reconnoifre Sakùm^ Cft
prince foible et doux airooit les
frts de IKurope. La Russie pro-
fita de 90U1 goût ponr liii faire
connaître 4es }ouissances du luxe
et Tasserrir. Bientôt il dédaigna
les mcsurs de son pays; au lieu de
9e montrer sans cesse achevai, on
lai donna une magniBque berline.
On lui fit abandonner son an-
cienne minièie de manger , pour
Ï rendre un cuisioier russe et de
( yaisselle j^bte. Les Tar tares
commencèrent à murmurer con-
tre ce changement dans les usages
de leur nation , et%;Qntre ratta-
chement de (eur Kan à la Russie.
Deuxtk $e$ frères, dont l'un étoit
gouverneur du Knban , se révol-
tèrent et faillirent à le faire pri-
fonnier dans la ville de Kafiâ oii
il résidoit. Le prince Potemkia ,
à la tète d'une armée russe , vok
à son secours , le rétablit , et
livra à la mort treize des princi-
paux rebelles. Quelc^ue temps
^près, sous le même prétexte de
défendre Sahim contre rîn,vasion
des Turcx , le général Balmaire
furprit KafTa , et força Iç Kan et
les principaux Myrzas du pays à
prêter serment à Timpératricf.
On promit à Sakim une pension
smnueDe de 800 raille roubles: ce
traitement; assura son avilissement
et le joug de sa patrie. On refusa
bientôt de payer ça pension :
7elégq,é à Kalo.uga 9 dans le plus
extrême dénuement , il f u^ forcé
de quitter le pays où il a voit
donné des lois ^ pour se réfugier
auprès de ses propres ennemi& 9
dans la Moldavie. Lri Turcs ne
furent paa asse^ généreux poi\r
^l^especteif $on maihear ; ils se
aaisirent de sa personne et le
transportèrent dans Vicie de Rho-
des , où malgré les prières et les
démarches du Consul de France,
l'infortuné S/ofJfik fyk 4tr«n|;lë
S A I
SAILLANT, (N. du) psfA
tObomme du Gëvandan , fat d*»-»
bord page dn roi , et servit ensuit»
pendant long- temps. An comn
mencement de la i^vc^tion , il
s'entoura an chatean de Jalès,
près de Mende 9 de quelques ad-
versaires du nouveau régiihe; et
sous le prétexte d'une féciéFation,
il parvint à rassembler près ds
vingt mille hommes de gardes
nationaux , et conçut i'eapoir de
les faire marcher contre Paris.
Cet espoir hit bientôt déçu : les
fédérés, après avoir renouvelé
k serment de fidélité à la nation,
à la loi et au roi, se retirèrent.
Du SailUnt, réuni k un petit
aomlure de gens , ne s'empara pas
moins de Banne ; mais son ra^
semblement manquant d'armes,
de discipline, d'argent^ conduit
par un chef fougueux , sans pru-
dence , plus téméraire que cour^
rageux, fut dispersé par le régi-
inent de HainauLt; et du SaUlanit
fait prisonnier , fut CQpduit an^
Vans, et massacré sur la place
Sublique avec aua^e personnel
e sa suite,
SAINCTYON , (N, de> étoit
de Paris, et y mourut en 1723.
On lui doit une comédie en cinq
actes , intitulée les Fajçons dit
temps, 'D^SQciété avec Dancoart-y
il a fai^ le; Chevalier à la vwàfi
et les Bourgeoises à la mode^
congédies qui ont eu quelqnis
succès.' '
SAINT- ANMIÉ , (MW) s
publié dans le xvii* siècle pl«^
sieurs poésies , p^rmi lesqaelles
on a distingué l'Hiver de Ver^
sailles et la DescripUon, di^la cha-
pelle de Sceaux^
I. SAÏNT-AULAIRB, (Fran-
çois ) sieur de la Renaudie ca
Périgord , a publié un onvrag»
$ur la Fauconnerie, Paris^ifii^i
s AI
l SAUÏT-GERMAIN, (N.)
(ionna en 1741 et 1744 deux tra-
|édies, Timotéoii et Su Cathe^
TMf. £lle3 sont restées aussi in-
connues que leur auteur y mort
?ers 17$Q.
H. SAINT-GEEMAIN,
(Robert, comte de) ni à Lons-«
)e-Saupier en Franche-comté,
tn 1708, d'une famille noble et
ancienne , entra d'abord chez les
Jésuites , qu'il miitta pour pren-
dre les armea. Û servit avec di»«
tinction en l^ongrie , dans la
guerre de 1787 contre les Turcs.
Il passa ensuite successivement
au service de l'empereur Char^m
Us y II, et revint en France,
où il se distingua dans les guerres
de 1741 et de 17 57. Ayant eu des
mécontentemens dans sa patrie ,
n alla servir en Danemarck. Il fut
mis par la cour de Copenhague
à la tète des affaires militaires,
jrevôtu de la dignité de feJd-ma-
réchal , et nommé chevalier de
l'Ordre de l'Ëléphant. il jouit de
la considération et du repos jus-
qu'en 1772 , époque de la scène
tragique qui finit par la mort des
comtes Struensée et Bran de. Le
comte de Saint-Germain , natu-
rellement droit et franc , n'ayant
pu ramener les choses au dénoue-
ment qui lui paroissoit le plus
conforme- à la justice, se retira
svec les cent mille écVis stipulés
dans le Traité qu'il avoit fait avec
h roi de Danemarck. Retiré à
Hambourg, il confia son argent
à un banquier qui fit banqueroute.
JLa perte d'une partie de sa fortu-
ne l'obligea de repasser en France.
Après avoir séjourné quelque
temps à Bordeaux;, il alla se Ûxer
^ns une petite terre près de
Itauterbach en^ Alsace , ou , comme
ViocléUen , il cultivoit son jar-
P^ pQU 4e tçmps après Vavén^
S A I 409
iB'«nt éB Louis XVI à la cou-*
ronne , le maréchal dis Muy ,
ministre de la guerre , étant mort,
le comte de Saint-Gtrmain fut '
tiré de sa retraite pour être mis k
la tête de ce département. D fit
plusieurs réformes, les ^nes très-*
applaudies , les autres très^orifi-
quées et avec raison; mais on n^
peut que le louer d'avoir aboli U
peine de mort contre l^s déser-
teurs, augmenté la paye du soldat,
et corrigé divers abus introduits
par le luxe et Vîndiseipline. U reçut
un placet d'un officier qui ln4
exposoit ses serviceset ses besoins.
Monsieur, lui dit le ministre ^
je m'occuperai de uos demandes ,
mais ¥0us sentez q uej'ai un grand
nombre d'affaires très^pressées.
"^M* le comte, répondit l'offi-
cier, il n'y en a point de ping
pressée tfue la mienne ; jemeurg
de faim , et hier je n'ai pouftyitaé*
— Oh ! vous avez raison , dit *
alors le ministre ; vous dînerez
aujourd'hui ai^c moi , et demaii%
je forai en sorte que vous ayea
de quoi dîner. Comptez sur la
providence ; j*en suis ^n grand
exemple. Il y a de la noblesse à
relever ainsi l'aveu humiliant de
cet officier , pour le rapprocher
de lui. La mauvaise santé du
comte de Saint-'Germain , et lea
contradictions que quelques— un»
de ses projets essuyèrent, l'obli-
gèrent de quitter le ministère. Il
mourut peu de temps aprèe , le
i5 janvier 1778, à 70 ans. Cétoit
un homme d'une valeur éprouvée,
d'un désintéressement rare,d'uno
fermeté peu commune : il avoit
de grandes vues pour l'adminis-
tratioiMinais son esprit étoit un
peu syflema tique , et son carac-
tère ardent, inquiet et jaloux;
et il souffroit difficilement d'étro
contrarié dans ses idées. On i|
de lai de$ Mémoires , 177$ t
4^6 !S A I
I vol. !n-8®, dont le fo'itls ésl <îè
^kii 9 mais qui ont été altérés par
une main étrangère.
lïT. SAINT-GERMAIN,
(N. comte de) adepte, obtint
quelque célébrité par son char-
latanisme et ses secrets. Il préten-»
doit avoir vécu deux mille ans.
Une érudition immense et une
mémoire prodigieuse lui aidèrent
à tromper le vulgaire. Il n'a
avoué à personne son origine, le
lien de sa naissance et son âge. Il
disqit souvent, avec simplicité,
qu'il a voit beaucoup connu Jésus-
Christ, et qu'il s'étolt trouvé à
côté de lui aux noces de Cana ,
lorsqu'il changea l'eau en vin. Cet
imposteur , après avoir resté
quelque temps à Hambourg, a
passé les dernières années de sa
vie auprès du prince de He;sse—
Cassel j et est mort à Sleswig an
commencement de 1784.
SAINT-GLAS, (I^ierre de)
prieur de Saint-Ussans , s'est feit
connoître par une comédie des
houts-rimés , représentée en 1 682.
SAINT- JEAN, (N.) employé
âans les fermes , se retira à Per-
pignan et y mourut. C'est de lui
que Regnard a dit :
Il n^est point de cerr«au qui ii*ait
quelque trtfrers :
Salut'Jesn ae sait pas lire 9 «t veat
faire des vers.
iSaint^yean est auteur de l'opéra
d'Ariane , dont Marais fit la
musique , et qui fiit représentée
«n 1696. L'auteur prit son sujet
dans la tragédie de Corneille , et
dans le mariage à'Arian^^Bac^
chus g comédie de Visé»w
SAINT-JUST, (Louis-Léon
de) né à Blerancourt près de
" Koyon, en 1768, montra tant
d'enthousiasme pour les nouveau-
5ÂÎ
tes politiques, qu'il fut tiotnltié,
quoique très-jeune, membre dé
la Convention nationale. U se lié
dès-lors étroitement avec Hobes^
pierre , poursuivit tous ceux qui
lui déplaiâoient , et les dénongi
pour les envoyer ^ à l'échafaud.
On a dit qu'il avoit été le Séide
de ce Mahomet, C'étoit certaine-
ment faire beaucoup d'honneur à
des conspirateurs subalternes y
que de les comparer au fonda teié
d'un grand empire et d'une nou-
velle religion. Quoi'qu'il en soit.
Saint-^ust se signala si fort aprèi
le fameux 3 1 mai , contre tous lei
ennemis de "Robespierre , qu'il
parvint au triumvirat, et par-
tagea avec lui la surveillance iîè
la police générale. Saijit-Just
. avoit du sens froid , de la faciliti
à s'énoncer * une hardiesse tou-
jours soutenue , une férocité qui
ne se démentit jamais. Oh le vit
proposer la vente des biens dei
émigrés , la proscription des dé-
putés de la Gironde , le séquestre
des possessions des étrangers dont
la patrie se trouvoit en guerre
avec nous , oser faire le pa^
rallèle de l'état de la France soui
Louis XVI et sous le comité de
Salut public, et avancer que sôuà
les lois du premier , les écbà-
fauds immoloiont la moitié pinl
d'hommes que sous celles dit
comité. Bientôt après , sur. son
rapport , Danton , Camille Des-
moulUxs s Phelipeaux , allèrent a
'la> mort. On a cité, comme nà
des traits qui ont peint le mieux
son caractère destructeur, un dé
ses arrêtés , par lequel , étant éà
mission , il ordonna de raser sur-
le-champ la niaison de quiconque
Seroit convaincu de trafiquer su^
l'argent et d'agioter sur les mar-
chandises. Il travestit la pitié d
crime , et fit regarder comme ni*
attentat contre la république,
$ A C
les Iftrrtes qu'on ▼ersoit sur la
mort de ses parens, de ses amis.
|i étoit temps que tant d'excès
eussent un terme. Le 9 thermidor
an 2 , il voulut s'opposer en vain
^ la chute de la tyrannie ; il fut
décapité le lendemain , et reçut
la mort avec courage. Saint- Jus t ,
égaré par une imagination tur-
bulente et par des hommes arti-
ficieux , se croyoit un grand
écrivain ; niais dans les dilFérens
rapports faits à la Convention ,
on ne voit qu'un pot-pourri des
phrases de Thomas , de D/rf«-
rot , de Jean-- Jacques Rousseau ,
et des principes exagérés d'une
égalité universelle et d'un entier
nivellement , qui.produiroient la
ruine de toute société. On a en-
core die lui , Esprit de la RévO"
lution et de In Constitution . de
"France ,1791, in-8.0
SAINT-LAMBERT, (Char-
les-François de ) membre de
l'acfldémie Françoise , et ensuite
de l'Institut national , naquit à
Nancy en 1717 , et acquit de
bonne heure la réputation d*un
poëte distingué et d'un littérateur
aimable. Lié avec Voltaire , il le
flatta , et en obtint à son tour des
éloges. La révolution Françoise
respecta ses jours , et ils n'ont fini
que le 2 i nivôse an xi , à l'âge
de 85 ans. Les ouvrages de Saint"
Lambert sont ;. I. Les Fêtes de
l'Amour, comédie-ballet IL J&^^
iài sur le Luxe, 1764 > in-S.*
ÏIL Les quatre parties du JoW,
poëme ,' 1769 , iii-8.0. Il offre
autant de fraîcheur que de grâces.
iV. Les Saisons , poëme. I! parut
«a 1769 , et a obtenu uh grand
tiombre d'éditions. C'est l'ouvrage
le plus remarquable de Tauteur.
Les vers en sont quelquefois
iroids , mais toujours écrits avec
correction ^ï éh^gTinue. Oa y
s A I
4'»
trouve un peu de monotonie dans
.les épisodes, et un défaut d'en-
semble; mais les tableaux en sont
bien coloriés , et plusieurs détail!
intéressent le lecteur et le ren-
dent heureux par le spectacle du
bonheur que l'opulence peut trou-
ver en fécondant les champs et
en répandant l'aisance au milieu
des cultivateurs. Ko Zi/z/rt» a com-
paré ce poëme à celui de Thomp-
son , et accordé la préférence au
premier. U-est souvent suivi de
plusieurs Contes en prose , inti-
tulés : Ziméo , ÏAbénahi , Sara,
Ceux-ci respirent une sensibilité
douce et très- attachante. Didot
a publié une édition superbe du
poëme des Saisons, V. Fable t
Orientales, 177a ^ in— 12. C'est
un extrait concis et bien fait de
ce q'ui se trouve de plus agréable
dans la Bibliothèque de d'Her-^
helot, VI. Discours de réception
à l'académie . Françoise , in- 4."
Vil. ^principes des Mœurs chez
tontes les nations, ou Catéchisme
Universel , in-i 2. VIIL Un grand
nombre de pièces fugitives , ré-»
pandues dans VAlmanach des
Muses et les Journaux. L'une des
dernières ayant pour titre: Les
Consolations de la vieillesse , est
encore pleine d'images gracieu-
ses, et fait oublier le grand âg»
de son auteur.
IV. SAINT-MARTIN,
(Mni« de) a publié la iîc?m^ d0
Lusitanie, roman assez insipide ,
mais qui offre une allégorie de
plusieurs éyénemens du siècle de
Louis XIV. On ignoçe l'année de
la moft de l'auteur.
V. SAINT-MARTIN, (N**)
naquit à Amboise d'une famille
distinguée par ses services mili-
taires. Son père profita du voisi-
nage de M. de Choiseul à Chan-
tcloup, et de l'amitié qne celui-ci
4»»
S A I
lui tétnoignoit , ponr lui recoin-*
mander son fiU ; et le leune Saint"
ifîartin , sar la présentation de
l'ex'-Aministre , obtint une lieute-
Qance dans le régiment de Foix.
Son caractère tranquille, son''
amour pour la retraite , son re-
cueillement presque continuel t\%
poQVOient s'accorder avec l'acti-.
vite des camps et le tumulte des
armes ; aussi , après cinq ou six
ans de service , il demanda et^
obtint sa retraite. Dès-lors , livré
tout entier aux idées métaphysi-
ques , il se mit à voyager et resta
trois ans à Lyon , oii il vécut
solitaire, presque inconnu , gar-.
dant le silence et ne le rompant
qu'avec un très -petit nombre
d'amis. Après 'avoir parcouru
cQautres contrées^ il se retira à
X^aris, où sa vie paisible et obs-
cure le mit à l'abri des fureurs de
la révolution. Celle-ci le trouva
impassible; sans crainte, comme
sans enthousiasme , n'approu-
vant ni ne blâmant rie.j avec
excès , son ame repliée sur elle—
-même, ne parut jamais oublier
un moment les idées pbilosophi-
qnes qui lui étoient chères. Une
grande douceur , l'exercice de la
bienfaisance, une simplicité de
mœiurs extraordinaire , des cou—
noissances variées , le goût de la
musique et des autres arts, le don
d'intéresser sans paroitre y pté—
tendre 9 lui acauirent des amis et
même des aamirateurs. Il est
mort à Aunai , dans la maison du
sénateur te JSoir—let^Roche , au
commencement de l'an i a , à l'âge
de près de 60 ans. Sainl^Mortîti
doit sa réputation au livre inti-
tulé : Des erreurs et de la vérité ,
-ou les hommes rappelés au priri"
cipe universel de la iaVwct? .Quelle
^st cette science ? Elle est in-
connue, incompréhensible pour
k plupart de^ kctenr». de ïows
SA I
^age. Celuî-ci parut en vfi^i
in-80 , et a en un grand nombre
d'éditions. « C'est pour avoir oa-
blié,.dit l'auteur, les principes
dont je traite , que toutes les
erreurs dévorent la terre, et qço
les hommes ont embrassé un«'
variété universelle de dogmes et
de systèmes.... Cependant , quoi-
que là lumière soit faite pour
tous les yeux , il est encore plus
certain que tous les yeux ne sont^
pas faits pour la voir dans son
éclat ; et le petit nombre de cenx
qui sont dépositaires des vérités
que j'annonce , est voué à la
prudence et à la discrétion par
les engagemens les pi m s formels»
Au^si ^ me suis-je permis d'user
de beaucoup de réserve dans cet
écrit , et de m*y envelopper sou-
vent d'un voile que les yeux les
moins ordinaires ne pourront pas
toujours percer, d'autant que j'y
paf4e quelquefois de toute autre
chose que de ce doilt je parois
traiter. » Avec une pareille expli-
ration , on peut être obscur et
inintelligible tout à son aise, et
l'auteur à cet égard tient parole
sur ce qu'il promet. Ses raison-
nt-meus , pour des lecteurs vul-
gaires ^ paroissent ceux d'un fon^
mais Ses disciples ^ appelés Jl/ar-
, tlnisies du nom de leur maître,
les révèrent comme ceux d'un
.sage. Tout au moins , Tanteur
pourra passer pour ItLycophron
de la métaphysique. Les profanes
ont cherché a donner diverses
eQj|)liiations du livre, et il en est
même qui ont prétendu qu'il trai-
toit de la constitution et de l'ex-
tinction des Jésuites , et que par
le mot cause universelle , il faiioit
entendre leur Père général. On
a imprimé à Londres, en angloiSt
un ouvrage en 2 vol. comme ans
suite de celui de Saint-Martin}
IDAis ç» djirm^r n'y a eu aucup^
( \
s A I
^rt; et cette prétendue siiiie »
dtt~on^ n'a aucun rapport avec
U base chi système et les opinions
ée 1 auteur. Saint^Martia a eil^
core publié un volume in-8° ,
lous le titre t Tableau de Vordre
naturel. Comme il étoit un peu
moins obscur que le précédent ^
fl a obtenu moins de succès ; caf
les énigmes sOnt toujours recher-
chées par unjgrand nombre de
lecteurs.
S A I
4t)
SAINT-
a traduit
l'ouvrage j
de Naplt
MOLLE, (Mm«de)
iKalien en François ,
ititnié : la BépubUijue
Elle est morte au mi-*
lieu durcie passé.
S.\INT - MESGRIN , (Paul
Sbert de ) Tun des mignons in-
•olens de Henri TIL S'étaiit vanté
d'être dans les bonnes grâces de
la duche&oo de Guise, le duc son
éppnx le fit assassiner à coups de
C' toi et , comme il sortoit du
uvre, le 21 juillet iSyS.
SAINT-NON, (Jean-Claude-
Richard de) conseiller-clerc au
parlement 'de Paris, mort en
cettç ville le 25 novembre 179 1 ,
* Vâge de 64 ans, a donné au
théâtre Julie ou le bon Père,
•otnédie en trois actes et en
prose , et a publié un Voyage
pittoresque de Naplesetde Sicile,
tn s volumes in-folio , oui ren-
ferment 417 planches. Cet ou-
vrage fit recevoir Tautenr k l'aca-
démie de peinture et de sculpture*
SAÎNT-PHALIEK , (Fran-
foise-Thérèse Aumèle de) épouse
^Alibard , donna au théâtre Ita-
lien la Rivale confidente , comédie
•n trois actes, jouée en 1752.
On lui doit encore un recueil de
poésies, In-f 2 , et deux romans
intitulés : le Porte-feuille rendu,
«^^ GtipjrigeM dit ^m^Jii^
toîre d'Emilie. Elle est morte à
Paris en 1757.
SAINT -QUENTIN, (M"«
de) née à Faris au milieu du
i7« siècle, reçut une éducation
soignée de son'p6rë qui cxerçoit
avec distinction la profession d'a-
vocat au parlement. Elle, a pu-
blié un ouvrage curieux et assez
rare , intitulé t Traité sur la
possibilité de l'immortalité cbr« ,
porelie.
SAINT - SIMON , ( Louis de
Rouvroi , duc de ) né à Paris le
fS juin 167S , essaya d*abord de
l'art militaire , et fit ses premières
armes en 1 692. Ses talens étoient
plus décidés pour la diplomatie ,
et il se tourna de ce côté. 11 fut
nommé, en 172 1 , ambassadeur
en Espagne , pour faire la de-
mande de l'Infante ^ future épouse
de Louis XV, Le Régent qui l'ai-
raoit et Testimoit , le consulta sur
les affaires les plus épineuses , et
il s'en trouva bien , du moins
lorsqu'il eut assez de force dans
le caractère pour stiivrc ses con-
seils. Saint-Simon , naturellement
porté à trouver les hommes mé-
chans , crpyant peu à la probité ,
et sur>tont à la probité des cours,
ne se guérit pas de sa méfiance
par le spectacle des bassesse»,
des trahisons , des jalousies dont
la cour du duc d'OrUar^s le ren-
dit témoin. Sans avoir le génie
de Tacite , il lui ressembloit par
le caractère ; il en possédoit sur-
tout les vertus. Retiré dans se»
terres , ph il mourut dans un
&ge avancé , il y fit beaiTcoup de
bien. C'est dans sa solitude qu'il
composa ses Mémoires sur le rè-
gne de L^uis XîV et sur la ré-
gnée. Le caractère de l'auteur
s^y montre À chaque page ; \k
peint presqiie toujours en noir,
9^ â «ppiû^ ^^ MTtrasU^ie
414 S A I
i^its et d'anecdotes : il nj a pciSi
jusqu'à Fénélon qu'il n'accuse
d'artifice. Son penchant pour le
jansénisme , et l'austérité de ses
mœurs et de sa morale , égarent
quelquefois son pinceau. Mais ,
en général , il paroit aimpr la
vérité , et il la dit ?ans crainte*
Son style est fort et énergique ,
quoique souvent incorrect, obs'
eur., entortillé. Il y a pourtant
beaucoup à apprendre de lui ,
lorsqu'on veut connoitre les hora-
9>ea et les cours. Il n'étoit pas
<;xempt hii-mên^ de certains dé*
Cants .qu'il reproche à quelques
i}ns de ses personnages. Il se
montre jalon ^ des privilèges da
la pairie et de la noblesse de sa
pace , jusqu'à la petitesse. Cette
jalousie l'accompagna même dans
la retr|iite y oii il vécut d'ailleurs
en homme religieux et bienfai-*
fant. Ses Mémoires existèrenj^
long-temps en manuscrit. On en
publia d'abord un abrégi tron«*
que et mutilé par les cen$eu/5 ^
ftn 1788, en 3 vol. in^S», a\v^
quel on ajouta , Tannée d'après*^
un Supplément un peu plus li-^
bre, en 4 vol. Enfin , en 1791 9
ils parurent à Strasbourg avec
toute l'originalité et le piquant
de l'auteur, en i3 vol. in-<r8.<l
Le titre est : (Kitvres oçmpflàUst
de Louis de Saint-^Simqn ,, vêtues
9t pair de France , chevaUcp des
ordres du roi^ Ce recueil inté-^
ressant renferme : I. tfis Mè^
nioires d'étal et militaires d^t ré-*
gne die Louis Xlf^* IL Les Mé^
moires secrets de la* régence da
PhiUpped'OrléansdlLV Histoire
des Hommes illustrer des règnes
de LauU Xiy et de Louis XV,,
Jusqu'à la mort de l'auteur. IV. Des
Mémoires relatif s au droit publie
4f la France. Cette éditian- es^
ornée de diflférentes piècets ori-*
gii^alH) ^^ a^rvenk à «xgjLiijiUiSii
s A I
des choses confuses^ à étellctrc
des faits trop concis , à modi&et
des récits exagérés , à confirmer
' des anecdotes douteuses • ou à
en rectifier d'autres mal présen-
tées. Les Mémoires de Saint-*
Simon a voient besoin de ce» cor-
rectifs. Son esprit ombrageux lui
a fait voir trop souvent-des era-^
polsonnemens dans des mortf*
très « naturelles , et des motifs
d'ambition ou de Cupidité danji
des choses honriMes. Mais ces
soupçons étoienlvi^tl— être ex- '
cusables dans un hoffime qui avoit
vécu 4 comme nous T^ons dit,
dans la cour corrompue^et licei>«-
cieuse du Régent. L'ai|teur dtf
Supplément de 17 89 , l'âvoit ac-
compagné de diflFérentes notes
explicatives, dont plusieurs sont
tirées de ce Dictionnaire histo-
rique , qu'il a l'honnêteté de ci-
ter : exemple peu iniité depuis
par divers compilateurs , qui , «n
le déponiltant , ont donné lenrï
larcins comibe leur propre oa*
vrage.
SAjUirURBAIN , ( F^erdi-
Qand \l) nommé aussi simple*
'' ment Urhano , se di^in^a par
son goût et sa oorrecticnt dans
l.e dessin* .C'4st le gravewr ino-«
derne le plnsccélèbçe pour !«•
coins de médailles. Pitusierirs pn^
pes em^o^ent ses talens. Il
mowrut à. Kome^ ricdxe et ho*
noré , en . 171*0 ^ «près avoir re-
cueilli une suiie nombreuse d'e»«
tvnpes el^dé dessins estimés.
SAINT-.VAST, (Olivier de)
jurisconsulte , né à Alençon 1«
3o décembre 1724 ^ et mort de-
puis peu , à 8a ans « a publié ua
Commentaire sur les co«):ivnet.
du Maine et d'Anjou , 4 yoL
in— 12.
SAINT- YINCENT ,( Jesfi-i
/.
$ AI
l|2:*4cV4nt parlement de Provence^
né h Aix en 1 7 1 8 ^ mort dans
U même ville le n octobre 1798 ,
en philosophe chrétien, étoit un
magistrat g^rave , sérieux , uni-
quement occupe de ses devoirs.
£e peuple respecta sa vertu ,
même dans les troubles de la ré-
rôlutton. Associé de l'acudëmie
des Inscriptions en 17B5 , il mé-
rita cet honneur par deux savans
Mémoires sur les monnoiçs de
la Provence et les antiques mo«
numens des MarseiUois. On a de
lui , en manuscrit , d'autres Mé-
moires sur l'état du commerce,
<fcs sciences et des arts en Pro-
Xençe, pendant les i3«, 14* et
1 5* siècles. Il a laissé un fils ,
héritier de son savoir et de ses
Vertus. Le père étoit^anii de Kaw-
venargues , de Mazaugiies , de
tous les littérateurs Provençaux .
et le protecteur éclairé de quel-
ques-uns.
SAINT-YON, (N**) juris-
consulte de Paris ,, a publié en
1^10 , le Hecueil des édits et
qrdonpances sur les eaux et fo-<
* SAINTE-PALAYE, ( Jean-
Baptiste de la Curne de ) de l'aca-
^mie Françoise et de celle des
ïtiscriptions , naquit à Auxerre
Ml 1697. II. se dévoua de bonne
heure^ à des recherches savantes
sîir notre langue et sur nos an-
tiquités. Il fut secondé ^ dans ce
îiénible travail , par M; de la
Curne son frère. Ils étoient nés
jumeaux. Leur tendresse corn—
ttiença dès Tenfance, et ne finit
^'à la mort, Une même de—
iQeure , un môme appartement ,
les marnes sociétés les réunirent
constamment. M» de la Curne ^
^PMrMt le premier , et M* de
^nte^Palaye ne cessa de pleurer
^ fr^re ^ui vtilloil; ttndreiQ^nt
s A i
41*
Hnt «a personne , sur s<»s besoins ^
sur sa santé 9 qui le débarrassoit
de tous les soins domestiques ^
et qui étoit le dépositaire de tousi,
ses sentimens , de toutes ses pen-
sées , de tofis ^Q^ plaisirs , d«
toutes ses peines. Celles-ci fu-»
rent toujours en petit nombre.
Çn voyant Sainte - Palnye , on
appçrcevoit dans ses traits et dans,
1^ sérénité de son visage , un
calme intérieur, une tranquiîld
égalité d'ame qui intéressoit tous
les coeurs. Ce vertueux et savant
académicien mourut le i" mai
1781. , à 84 ans. A quatre-vingt? ,
il fit de très— jolis vers adressés^
à Mad. de Gléon qui» lui avolt
brodé une veste. La Harpe Jc&
rapporte dans le tome i*"^ de «a
Correspondance. On a de lui ?
^ Mémoires fur V ancienne Che-^
Valérie , 1781 , 3 vol. in- 12. Les. '
mœurs et les usages des anden^
chevaliers sont peints , dartî cet
livre 9 avec autant de vérité que
d'intérêt. L'institution politiques
çt militaire d^ la chevalerie fut
formée dans des siècles de bri-
gandage , de confusion et d'anq^r-
chief « C'est dans ces temps ora-
geux que des nobles oisifs et
guerriers y dit Thomas , s'asso-
cièrent pgur réprimer les bri-
gands 9 et pour faire ce que la
forcç publique ne faisoit pas ou •
faisoit mal. » Leur objet fut de
combattre les Maures en Espa-
gne 9 les Sfirrasins^ en Orient ,
les tyrans de» donjons et des'
châteaux en Allemagne ; d'assii-
rer la vie et les propriétés- de»
voyageurs en France , et sur-
tout de défendre l'honneur et les
droits du sexe le plus foible , con-
tre le sexe impérieux qui souvent,
l'outrage et l'opprime. Bientôt
l'esprit d'une galanterie noble se
niêia à cette institution héroïque,
ChaquQ chevalier, en se dévouant
it6
È A t
aux périls , se soumit atiX foi^
dune souveraine de son cœur.
Cétoit pour elle qu'il attaquoit,
qu'il défendoit , qu'il forçoit des
châteaux et des villes ; c'étoit
pour l'honoref qu'il versôit son
Sang. L*£urope entière devint
Que lice immense , où des guer-
riers armés des rubatis et des
chiffres de leurs maîtresses , cdm-
battoient en champ clos, pou^
mériter de plaire à la beauté.
Alors la fidélité se ipêloit aa
courage; l'amçur étoit insépa-
rable de l'honneur ; les femmes ^
Itères de leur empire, et le tenant
des maiijis àè la vertii 9 s'hono-*
roient des |;randes actions de lenrj
amans , et partageolent les pas*'
Sions nobles quelles inspiroienti
II. C'est sur les Mémoires de
M. de SainU-Fûlaye t que Millot
A rédigé Y Histoire des Trouba'*
dours , en 3 vol. in- 1 1. Itl. Il aVoit
fait le projet d'un Glossaire Ff*an-
çois Universel , bien plus étendu
que celui de Ducange , en qua-
rante voJ. in- folio ; et il a laissé
en manuscrit deux ouvrages in-»
téressans : l'un, eàt une Histoire
des sfariations successives de notre
tangue; l'autre, uti Diàiionnairé
de nos Antiquités françaises. Un
iTel esprit a dit , que « c'est un
travail aussi ingrat qufe bizarre ,
de rechercher des cailloux dans'
de vieilles mastires , quand on A
à^QS palais modernes : » on pontr-
roit lui répondre , qu'il est agréa-
ble pour un phildsophe devoir
comment nous sommes parvenus
à changer ces vieilles masûrtes en
|talais.
SAÏSSET , (Befriard) premier
^vêqne de Pamiers , fut envoyé
par Bonifacê VÎII auprès de
JPhiUppe-Je^Bel , qui ^ ayant en
à se plaindre de sa hauteur et
de seB intrigues ^ le fit eropri<«i
Sâl
sohher en î3oo. Cette cdtrëdJ»
tion le reildit plus sngé. Il ré^
tourna dans son diK^cèse, et moti**
rdt en t3t4«
SALA;tAllÔ , (l'erdinând)
jésuite Espagnol , est connu eà
France par un 'traité, de la. fré^
quente Communion ^ qiii a été
traduit par un dominicain.
SALCÊDE . ( Nicolas ) flcciîs^
d'avoir viixAii assassiner lé doc
d'Alertçon , à l'instigation do duc
de Parme , fut écartdé k Firris
le 26 octobfe 1682. S6n père
avoit été massacré à là Saint-«
Barthélenti , quoique boii ôatfaCM
lique ; mais il étoit e&nemi dév
claré des Guitef4
SALLE ^ (Jacques Antoine)
avocat au parlement de Paris sk
patji;ie, né le 4 juin i/iS' 9 mort
d'hydropisie \e 14 octobre 1778^
a publié : î. JJ Esprit des Ordon-^
nànces de Louis XV, in-4'*, i 7 Sj*
II. 1/ Esprit des ^doTMaitcés dé
Louis XIK 1758^ 2 toi. iii-4*
La clarté , la Inmiète et te savoià^
régnent dans ces deitx exéeltens
commentaires de nos lois. Le pre'
rôier n'a pour objet que celiet
qui Ont été rédigées par le cbon-^^
cclier d' AguesseansB IIL TraiU
des fonctions des commissaires
duChâtelet, 17 Go, 2 vol. in-4.*
Salle étoit associé de l'académier
de Berlin ^ titre qu'il dut à des
observations critiques sur le Cois
Frédéric» Une timidité modeste y
la franchise ^ l'enjouement y
étoient ses qualités principales?
et il eut fe don de se faire aimer.
SALLÈBRAI, (N.y a doiSn^
mi théâtre quatfe mauvaises pié^-
ces : le Jugement de Paris , i ^$9 ;
la Tr'odde 4 x S ^01 la Selle
Egyptienne , 1641 ; et tJbiuuiU
ennemie. On ignore sa patrie et
le tesips de sa mort. .
m. SAUUSTE,
.^
Ht. $àLLUST£ , gnimmâU
t'en Latin , Bt passer dans sa
langue le K^ qu'il prit dans la
langue grecque ; mais la première
Eonvoit bien s'en passer comme
I notre , oii il n'est presque d'au-
tim asagé. Aussi d'Ahlôacoart ,
dans son Dialogue des Lettres^
2ait~ii dire au K qu'on a souvent
délibéré de le chasser de la langue
Françoise y et de le reléguer dans
les pays du nord , ou il n'est pres-
i^iie employé que dans les noms
propret»
IL SALMON, (Nathanaël)
knédecin Anglois , très-versé dans
lés antiquités , mourut vers tj^Sk
On A de lui : L Les Stations des
Uomains en Angleterre ^ I73t ,
t vol. in->8.^ IL V Histoire du
Cf^BUe.d^Hertford, 17x8, in-fok
IQ. Les AtiiquUés de Surrey »
ïj^S , in-8.0 -^Thomas Salmon
son frère ^ mort à Londres en
fcvril 1743, est auteur d'un Abrégé
chronologique de V Histoire d*An»
%leterr€ , traduit en François , Pâ-
tis, i7St , in-8**, ouvrage fort
Sec. Il a eu la principale part à
la grande Histoire universelle >
traduite en François, en plusieurs
Volumes in'4^9 et une centaine
de volumes in-8*^ Compilation
trop souvent indigeste , mais
qui oflTre des recherches eu**
^easesi
SALVI , (Micolas) né à Home
tu 1699 9 mort en 1751 9 fut
grand nAathématicien et habile,
trchitecte. Home offre plusieurs
édifices élevés sur fies dessins. Le
plus remarquable , le plus digne
d'admiration , est la Fontaine de
Tr^{// ^^onstruite pdr ordre du
papte Clément XIL
S AMON , marchand F'rançois,
étant allé négocier fers l'an S3o
càez les Esclavons , les trouTA
/ SUPPL. Tom 111%
% k N
4tf
langages dans une guetrt oOntré
les Abares. 11 combattit avec eux ^
rallia leur armée , fut victorieux
et parvint à la couronne. Il épousi^
douze femmes de la nation, et
il en eut vingt-deux fils et quinza
filles. Son règne fut glorieux et
dura trente -cinq ans. Des mar4r
cbands François ayant été in-^
suites par des Esclavons , Dago^
bert envoya des ambassadeur^
demander justice. Ceux-ci s'étan0
permis d'appeler les EsèiaVortfl^
chiens et païens , Santon \eVLt
ff^pondit : «t Si nous sommes dei
chiens , nous nous efforcerons dé
vous mordre. » Trois armées en<<
▼oyées contre lui , durent vaiii<4
eues , et leur défaite assura Kl'
gloire»
SAND^ÙS, (Maximiiien) ni
à Amsterdam en 1678, se fit
{ësuite à Home en 1 S97 , ensei-
gna la philosophie et la théologie
dans plusieurs universités d'Alle-i
hiagiie, passa les dernières année»
de sa vie à Cologne » et y mou-t
fut le 2t juin 1 656. Il a donné
au public une grande cinantité
d'ouvrages ascétiques et polémi^^
ques y tôhs écrits en latin , avec
oi'dre 9 aisance et netteté , maii
en trop grand nombre pour étti^
toujours^ exacts et solides. Oii
estime ce qu'il a écrit contre \é%
Calvinistes. On a publié le cata*^
logue de ses ouvrages ) Cologne^
t653, in-4.0
L SANDË , (Préderic) 64)^-^
bfe jurisconsulte 1, né à Arnheimi^
Vers r*n » 5^ y » bonrguemestre cPtf
cette ville , conseiller au coriseif
de Gueldre , avocat fiscal , cura-*
teur de l'académie de Hardcirwick^
ambassadeur de la république d#
âoUande en plusieurs cours , 6t
enfin député à l'assemblée de*
Etats-généraux à la Haye , lors^
(|Hil iROnri^ en 1617. Oaa df
4i8 S A N*
Itri : I. Commcntaritis ia GelricA
Ci Zutphaniœ consuetudines fea^
dates , i637 , in-4.*» Il- Comment
tatlo in. consnetudifiem Gelria de
^ffestucatione , Arnheira, i638.
Ses ouvrages ont été imprimés
«vec ceux de son frère.
* II. SANDE, (Jean à) frère
du précédent , né en i S79 , pro-
fesseur des Pandccte» à Frnne-
ker , conseiller à Leuwarde ,
, mourut en i638. Ses ouvrages
sur la jurisprudence a qiù.avoient
d'abord paru séparément , ont
été réunis et Imprimés avec ceux
de son frère, Anvers, 1674»
in-fol. Les journalistes de Leip-
aig parlent de Jean à Sande en
ces termes : Inter célèbres Frisiœ
jurisconsultos , si non prlmum ,
parem certè primo loco meruisse
Joannem à Sande ; scripta ejus
non 'Belgio tanlàm sed et apud
ftosjure qiiodam suo magni sent-'
per œstimata démon str an t , etc.
(ActaLips. 1684, pag. 271.)
SANDEUS, (Felinus) juris--
consulte Italien , né et mort à
Ferrare en 1 5o3 , a publié un
Traité sur le droit de patronage ,
et une Vie ^AlpJwnse roi d'A-
ragon.
SANDVIG , ( Christian Bertet
ée ) auteur Danois , a fait im-
primer quelques ouvrages histo—
liqucs , et devint secrétaire de
la Société généalogique et héral-
dique , et membre de celle -établie
Jour les progrès de la langue et
e rhistoire de Danemarck. Il a
terminé sa carrière en 1787.
I. SANLECQUE ^ ( Jacqhes
dé) imprimeur et célèbre fon-
deur de caractères d'imprimerie ,
«^illustra par la gravure des ca-
Mctères de la Polyglotte de le
Jay , et excella sur— tout dans
In ^ridques | le^ MnuaritAiii9 1 Ie&
S A R
Hrménïens, les chaldéens et ïe#
arabes. H inventa aussi trois ca-
ractères propres à riniprimeri«
de la musique , qu'il distingua
par petite , moyenne et grosse
mr.sique. Ces trois caractères sont
\m chef-d'œuvre de précision dan?
les filets , et de ^rrrce dans les
traits obliques qui lient les notes.
Il étoit né à Chahleu dans le
Bbnlonnois , et il ro.crarut à Paris
en 1648, à" 90 ans. — Som fils ,
nommé aussi Jacques , se dis-
tingua de même dans la {gravure
des caractères d'imprimerie ^ et
mourut en [6S9 , à 46 aii.d.
S AN ^ MICHELI , (îVlichel)
architecte de Vérone , _né en
1484, mort en 1559, fortifia
beaueoup de places dans le gouC
pratiqué depuis sous Louis JCIV,
. SANTRITTER , ( Jcan-Lu^
cîle) savant Vénitien, prit le noni
û'Hlppodamas , et leva Tune de$
premières iraprimerie* dans sa
patrie. Les éditions qu'il publia ,
remontent à 480. Santricter fut
tout à la fois mathématicien y
a'ètronome et. poète. lia publié
divers opuscules.
SARASA,^ Antoine Alphonse
de ) jésuite, né à Nieuport en
1618, de "parens Espagnols, et
mort à Anvers en 1667 ^ est au-
teur d'un ouvrage traduit en f ran».
çois sous ce titre : l'Art de se
tranquilliser dans tons les éi^éne-*
mens de la vie^ Sttasbourg , 1 762,
in-8«> ; l'original , à Cologne , en
1676, in-4**, sons le titre ^ Ars"
semper gaudendi. On prétend que
Leibnitz y puisa Vidée de son
meilleur Monde*
SARA VIA, (Adrien) né à
Hesdin en Artois vers l'an i 53o ,
niinistre Protestant et professeur
à Leyde^ entra dans la conspi— '
rtition qnidevoit livrer cette viHe'
s A R
k B^hert de Leicestre. H se âauva
en Angleterre , oii il Fut nommé à
un canon icat (le Cantorbéri. II y
mourut en 1612. Ses ouvrages
réunis en un vol. in- fol. imprimé
tu i6i î , ont pour titre : IJiversi
Tractatus 2'heologici. Pierre
Burman représente Saravla com-
me un homme inconstant , avare
«t ambitieux.
SARGET , ( Pierre ) religieux
Augustin , né à Lyon , publia an
commen|^ment du 16^ siècle
quelques écrits : I. V Abrégé des
temps , traduction du Fasciculus
Umporum* II. Le Miroir de la
vie humaine » traduction de l'eu*
vrage espagnol de Rodéric , évo-
que de Zamora. III. Les Fleurs
des temps passés. IV. Bélial. C'est
un procès curieux entre Dieu et
le Diable , pour savoir à qui ap-
partiendra la souveraineté du
monde. On y trouve des témoins,
des arbitres, et toutes les formes
judiciaires du temps. L'auteur d^
poëme de la Christiade paroît
avoir employé plusieurs idées de
ce singulier ouvrage.
SARNELLI, ( Pompée) né à
Polignano dans le royaume de
Naples en 1649 5 niort en 1720,
devint évêque de Bisegîia , et a
publié quelques ouvrages estimés
sur les antiquités ecclésiastiques.
Les principaux ont pour titre :
I. De la vie commune des Clercs ,
1688. II. Lettres Ecclésiastiques ,
3 vol. in-4.0
SAIIRABAT , (Nicolas ) jé-
suite', né à Lyon le 9 février
1^98 , acquit de la réputation
.comme physicien et mathémati-
cien. Il découvrit le premier à
Nîmes la comète de 1^709 , et il
«n instruisit l'académie des Scien-
ces. Nommé professeur de ma-
thématiques à l'école do Mar-
s A R 419
seille 9 il publia deux Mémoires
qui furent couronnés par l'aca-^
demie de Bordeaux. Le premier
offre une nouvelle hypothèse sur
V aiguille aimantée; le second a
pour objet la salure de la m^fm
Sarrçhat est mort h Paris en lySy,» •
— Son père, Daniel Satrabat,
né à Paris , mourut à Lyon ea
1747 , âgé de près de 80 ans. Ce
fut un peintre qui acquit de la
réputation , travailla avec facilité^
et embellit de ses ouvrages un
grand nombre d'édifices de Lyon.
Il se servoit , pour la partie des
omëmens, d'un peintre nommé
Pillement , qui avoit de l'agré-
ment dans ses cbmpositions.
L SARRASIN , ( Antoine ef
Philibert) furent deux médëcint
de Lyon qui publièrent dans le
dernier siècle , le premier , uA
Traité sur la peste , qui est re-*-
cherché , et un Commentaire sur
Dioscorlde ; le second , des Fpti'
très médicinales. Celui-ci eut un<
fille nommée Louise , qui au rap-
port de Colomiez , savoit parfai-
tement à l'Age de 8 ans , l'hébreu
et le latin que kii avoit appris soft
père. Elle épousa Offredi, eélè^
bre médecin de Crémone.
II. SARRASIN , ( François )
natif de Caen , d'abord huguenot,^
puis catholique, mais toujours
ennemi de la présence réelle, at-
taqua le 3 août 1670 , l'hostie ,
l'épée à la main , au^moment ou
le prêtre l'élevoit dans l'église dé
Notre-Dame de Paris. En vou-
lant percer l'hostie immédiater- ^
ment après la consécration , il
blessa de deux coups le prêtre ,
qui prit la fuite ; mais ses bles-
sures ne furent pas dangereuses.
Le 5 août Sarrasin fut condamn»
à faire amende honorable, ayant
un écriteau devant et derrière,
portant ces mots y Saçru,ègs^
Ddi
4t« S A R
f if PI S: on }ni coupa le poing, et
SI fut brftié viF. Il ne donna aucun
iigne de repentir ni de regret de
mourir. U n'avoit qne 22 ans.
C'étoit nn fenne insensé qne des
fngf^s moins stères auroient en-
voyé aux petites maisons. Voyez
la Gazette de France , 1 67 o 9 pag.
771 à 796.
* m. SAHH ASÏN , ( Pierre )
naquit à Dijon d'une très- hon-
nête famille. Son goât pour le
théâtre rengagea de bonne heure
dans phisieurs sociétés qui en fai-
•oient leur amusement. C'est de
ces sociétés que Sarrasin passa an
thé.Uredeta comédie Françoise,
Mns avoir joué ni dans les pro-
T;nces ni sur aucun théâtre pu*
blic II y débuta en 1729 par le
rôle à' Œdipe, dans la tragédie de
-Ce nom , de Pierre Corneille, Le
tuccès de ce début lui mérita les
r61es de Rois après la mort du
célèbre Baron» Il fut gratifié de la
•pension de 1000 livres en 175^.
Affligé l'année suivante d'une e^-^
tinetion de voix , il se retira du
théâtre en 1769, avec une pen-
alon de i»oo livres. Il mourut en
1763. On se ressouvient encore
des larmes qu'il a fait verser dans'
beaucoup de rôles tragiques , et
'de l'attendrissement qu'il faisoit
éprouver dans les pièces du haut
comique : il y jouoit les rôles des
JPères. Voltaire le mettoit cepen-
dant fort au-dessous de Baron ,
et avec raison. Ce poète l'avolt
chargé du rôle de Brutia dans la
tragédie de ce nom* On répétoit
la pièce au théâtre. La mollesse '
de Sarrasin dans une invocation
au dieu Mars , le peu de chaleur
et de grandeur qu'il mKtoit dans
son rôle, impatienta Voltaire,
qui lui dit : Songez doncqueçous
êtes Brutus , le plus ferme de tous
Us consuls de JBotne / êi ne parlez
SA V
«
pâi ëu dieu Mars, ctfmmê nvtmé
disiez : Ah ! mon Patrdn, faites^
moi gagnera la loterie wn lot éê
cent francs.
SAHROCHIA , (Marguerite )
savante Napolitaine ^ morte à la
fin an 17* siècle, employa sa for*
tune à recevoir avec distîrictioa
chez elle , les gens de lettres de sa
patrie. Elle avoit des connois-
sances en théologie , en philoso-
phie et en littérature ; mais trop
d'amour-proprelui flttk^ des en-
vieux et des ennemis. Un lui doit
plusieurs épigrammes en vers la*
tins, et nn poème en italien,
ayant ponr titre ; Seanderherg ,
roi d Albanie.
SAVAGE, (Richard) filsna*
tnrel du comte de Rivers , et de
la comtesse de Macelesfield , na-
quit en C698. Comme Ja plupart
des (ils de l'amour , il eut de l'es-
prit et une assez mauvaise con«
dnite. U fut abandonné de ses pa-
rens et ne snt pas se conserver
des amis. Il finit sa triste destinée
en prison, le premier août 1743,
à 46 ans. Ses pièces de théâtre
l'avoient empêché pendant quel-
que temps de mourir de faim. Ok
les a réunies avec ses autres poé-
sies, à Londres, enavol. in>8*;
et à Paris, Cazin, 2 vol. in- 12.
— Il ne faut pas le confondre avec
Jean Savage curé de Bygrave ,
prédicateur passable et assez bon
plaisant, que ses amis appelèrent
VAnstippe Anglois. On a de lui
des Sermons, H mourut le 24 mars
Ï747-
L SAVARY DE BRÈVES ,
( François) ambassadeur de Cous*
tantinople , revint de cette vilfi»
en i^ii , avec beaucoup de ma-
nuscrits orientanx y et un grand
nombre de poinçons arabes, (fit
servirent pour la composition «t
pour l'impression des livr&s qU4
$ A V
Vitré pu1>1ia en cette langue » en-
tr'autres pour son Pseautier sy-
riaque et latin. Savary mourut en
1627 , regretté des amateurs des
lettres.
V. S4VARY, (Jacques ) mé-
decin de la marine à Brest, mort
en 1768 , a traduit le Traité de
XHydropisle de Monro , 1760,
iji~i2; et celui du Scorbut de
Lind , a vol. in- 12, 1776.
SAVïLLE, (George) marquis
d'Halifax, fut l'un des favoris de
Charles II roi d'Angleterre , et
iun des hommes les plus ai niables
de sa cour. Né avec de grands ta-
lens , il les rendit souvent nuisi-
bles. A la force d'esprit d'un phi-
losophe ^ il réunit l'adulation d'un
courtisan. Il connut la vertu et ne
la suivit pas ; il méprisa le monde
et ne songea qu'à lui plaire. Lct
titres et les honneurs étoient sui-
vant lui des hochets d'en fans , et
il les accumula tous sur sa per-
sonne. Il changea sans cesse d'o-
pinion et de parti , et se repentit
sans cesse dis son inconstance. On
lui doit quelques ouvrages 9 entre
antres un Portrait de Charles II,
très-bien écriti Nul ne fut plus
propre à peindre ce prince foible
et arai des plaisirs , parce que nul
fte lui ressembla davantage.
SAULIËR , ( Gui ) médecin
de Lyon , qui vivoit en 1 638 ,
écrivit un Traité latin sur la Slé^
'ilité des femmes , et le Guid(m
des Barbiers , que Jean Ca/iaples
médecin^ son compatriote^ a
traduit en françois.
SAULX d'Espannay , ( Jean
le) a donné en 16*00 latragé-
die ^Adiamantine , ou le Dé-^
tespoir.
SAVORGNANO, ( Marins)
comte de Belgcado dans^ l'étal; ùo
S A U 4^1
Yenise, remplit divers emploi$
importans dans sa patrie ) et mou-
rut vers Tan iSio. Il a traduit
Polybe en italien , et publié dana
la même langue , Y Art militaire
terrestre et maritime, divisé ai|
quatre parties.
I. SAUSSURE , ( Nicolas de )
né à Genève en 1709, y devint
membre di^ conseil des Deux-*
cents 9 et se fit connoître par ses
écrits sur l'agriculture. Il est mort
vers 1790. On lui doit : I, Ma-m
nière de provigner la vigne sans
engrais, 1773, in-8.° II. E^sai
sur la cause de la disette du blé
en Europe , et spr les moyens da
la prévenir, 1 776, in- 11. 111.^4 w-
tre sur la taille de la vigne et sur
la rosée, 1780 , in-8.» IV. Le
Feu , principe de la fécondité des
plantes et de la fertilité des ter*-i
res , 1783 , in-8.° V. 11 remporta
un prix à la société économique
d'Auch , par un Mémoire sur la
manière de cultiver les terres ; et
on en prouve d'autres de lui dan$-
le recueil de la société de Berne.
II. SAUSSURE, (Horace^
Benedict de ) hls du précédent y'
né à Genève le 17 février 1740 »
se lia dès sa jeunesse avec les sa-i*
vans qui illustroient sa patrie 9
tels que Pictet , Jalabert , Bonnet
et Hailer, Il prit avec eux le goût
du travail , et un amour extrême
pour l'étiule de la nature. La
chaire de professeur en philoso-»
phie étant venue à vaquer à Ge-
nève, 6'rtttMur^ l'obtint , quoiqu'il
n'eut que 21 ans, et ia remplit
avec célébrité pendant 25* U n'a-
bandonna ses leçons que pouç
voyager. Il vint à Paris en 1768,
et revint deux autres fois en
France, d'abord pour y considé-
rer les volcans éteints du Viva-
raifi , du Forez et de l'Auvergne ;
ensuite pour voir à Lyon la. mai^
42»
s A U
chine aérostatique de Monlgol"
fier , et sHÎvre tous les détails de
cette célèbre expérience. Saus^
sure visitd la Belgique, la Hol~
lande et l'Angleterre , où il eut le
bonheur de trouver Franklin. En
1771 il partit pour l'Itulie, et y
observa avec l'œil du gpnie les
productions de la nature. 11 ^*âr-
rêta en particulier dans l'isle
d'Elbe , célèbre par ses mines de
fer ; à Nfiples , où Hamilton
monta avec lui sur le Vésuve 5 à
Catane , où la vue majestueuse de
VEtiia lui inspira le désir d'at-
teindre sa plus haute cime. Celle-
ci fut mesurée par de Saussure le
ô juin 1773 9 et fixée par lui , au
'moyen du baromètre , à 1713
toises. Des neiges éternelles qui
bravent les feux du climat et ceux
du volcan , commencent à i5oo
d'élévation ; les pétrifications des
productions de la mer s'y décou-
vrent actuellement à 3oo toises
au-dessus de son niveau. Dans ses
savantes courses , Saussure prit
tantôt la minéralogie pour l'objet
de ses recherches , tantôt ce fut
la botanique qui Hxa son atten-
tion, il découvrit plusieurs genres
de lichens inconnus, et près des
eaux thermales d'Âix, deux es-
pèces de trémelles qui n'a voient
point encore été décrites , et qui
dans leurs mouvemens d'oscilla-
tion parcourent , comme l'aiguille
d'une montre , un dixième de
ligne par minute. Le génie in-
ventif de Saussure ne se borna
pas à ces découvertes. On lui doit
une foule d'instrumens utiles aux
sciences et aux arts. On peut citer,
1 .® le cyanomètre et le diapkano^
mètre , qui ont pour objet de gra-
duer la transparence do l'atmos-
phère passant du bleuie plus clair
au bleu le plus noir, et de fixer
ainsi l'influence des matières ter-
restres qui troublent cette trans*
SA u
pflfetïce. 2.» Un instrument pro-i
pre à mesurer la force de l'action
du venti 3.** Un autre pour déter-
miner l'iiiflnence delà force ma-
gnétique dans différens lieux et à
différentes températures. 4-® Un
nouveau plan de moulin , à l'abri
des variations subites des vents.
5.<* TJélecLro mètre , instrument
exact Lt ingénieux , propre à dé-
terminer la nature et la force du
fluide électrique , même dans un
temps serein. Au moyen de cet
instrument , Saussure parvint à
démontrer que les mouvemens
violens de l'homme augmentent
en lui la présence de ce fluide.
6." Un instrument qui fait dëcou*
vrir la présence du fer dans les
minéraux , et offre aux minéralo-
gistes un moyen qui a tous les
avantages d'une boussole porta-
tive , sar.s en avoir les inconvé-
niens. 7.° h'héUotliermomèlre, in-
venté en 1767, et dont Suf/oti
publia ensuite la description. 11
sert pour ainsi dire à emmaga-
siner la chaleur. On sait qu on a
plus chaud dans une chambre et
une voiture , où le soleil pénètre
au travers des carreaux de glaces ,
que lorsque ses rayons y entrent
directement. Saussure ût cons-
truire cinq caisses carrées de verre
plat , s'emboitant les unes dans
les autres , et il parvint dans la
dernière à élever le thermomètre
au 88^ degré. 11 pensa ensuite à
adapter cette découverte aux
usages économiques , et à rem-
placer ainsi le feu de nos foyers
par la chaleur du soleil. 8."^ L'Ay-
gromètre à cheveu y propre à
comparer les divers degrés de rho-
niidité de l'air , mérita sur-toutà
Saussure les applaudisseinensdes
physiciens , et ouvrit h son autear
une nouvelle carrière dans les
sciences. Par le moyen de cet iu*-
triunent) il mesura la ^tumtiti
s A U
i£Miu,que l'air peut contenir dana
diverses circonstances, et déter-
mina les afiinités des vapeitfs avec
les corps qui peuvent s'en char-
ger. ^^SpaLlanzaai faisoit à Paris
les expériences les plus curieuses
sur les animalcules infusoires ;
Saussure qui correspondoit sans.
cesse avec lui, ciierclia à l'aider
dans ce travail ^ et prouva que la
plupart de ces êtres impercepti-
bles se reproduisent à la manière
des polypes , par des divisions
transversales ; que le milieu de
leur corps offre uo étranglement
qui finit par se rompre et pro-
duire deux animaux semblables
au lieu d'un ; qu'ils jouissent ,
comme les grandes espèces , de
tous les attributs de lexistence,
éprouvent des plaisirs , sont su-
jets à des maux , et peuvent être
foudroyés par l'étincelle électri-
que. Mais c^st principalement
dans la géologie et la connoissanco
des montagnes , que Saussure se
montra véritablement législateur.
£n 1760 des Anglois.avoient fait
un voyage aux glaciers de Cha-
XDouni , que l'on avoit toujours
regardés comme inaccessibles , et
qu'on nopimoit Montagnes maur^
dues, Saussure entreprit de les
visiter : rien n'ébranla son cou-
rage , ni ne troubla ses tranquilles
observations. Depuis cette épo-
que , il prit la résolution de faire
chaque année un voyage dans les
Alpes , et il l'exécuta autant que
sa santé le lui permit. En elFet,
il poursuivit leur chaîne jusqu'aux
bords de la mer et dans toute
leur direction. En 1 779 il les avoit
traversées quatorze fois par huit
endroits différens, et visité les
lîîêmes points d'observations dans
toutes les saisons. Il s'éleva le
premier sur le mont Cramont en
^774 9 et s'essaya ainsi à gravir
bientôt sur le mont Blanc . vef s
s A U 4»J
lequel Saussure observa que tous
les sommets pyramidaux des
monts voisins penchent et s'in-»
çlinent , u comme pour rendre
hommage , dit M. Senebler , à c» ^
dominateur de toutes les mon**
tagues de l'Europe. » Saussure
fixa la hauteur du Cramant k i So
toises. Il parvint quelque temps
après sur la cime la plus élevée
du mont JRose , qui n'est infé-«
rieurc que de 20 toises à celle du
mont Blanc. Enfm ce dernier ,
que Saussure avoit toute sa vie.
dc'siré escalader ,, vit sa crête
foulée sous ses pas au commencet
ment d'août 1787. L'année a upa<«
ravant ^ le docteur Paccurd et
Jacques Balmat , animés par de^
Saussure , V étoient parvenus
après avoir oravé mille dangers.
Ce dernier loin d'en être effrayé ,
resta trois heures et demie sur le
plus haut sommet, et y trouva le
baromètre à seize pouces et une
ligne ; ce qui donne au mont
Blanc ï45o toises d'élévation : le
thermomètre étoit à deux degrés
au-dessous de zéro. Saussure y^
respira à peine : l'action seule de
boucler son soulier fut pour lut
un travail presqu'au-dessus de ses
forces. Au mois de juillet 178^,
Saussure parvint, avec son fds
aîné, sur le col du Géant, élevé
de 1763 toises au-dessus du ni-*
veau dé \â mer 5 et y campa dix-*
sept jours pour y faire des obser-^
vations^En interrogeant les flancs
arides des rochers primitifs , les
inasses étincelantes de glaces , les
couches successives de neiges , il
a déterminé leur âge , leur ac-
croissement chronologique. U
conquit ainsi les monts célèbfes
qu'il parcourut, et pénétra avec
autant d'intelligence que de cou-^
rage dans ces grands ateliers de I4
nature ^ ou au milieu des neiges ^
des torrens , des brouillards « et
Bd4
4M S A tr
'ée rimage effrayante de TantïqfBUf
ehaos^ se forment les principes
de la fécondation et l'origine des
fleuves et dei mers. Dans ses sa-*
▼entes excursions , Saussure en-
richit la lithologie de plusieurs
pierres nouvelles , parmi les—
celles nous ne citerons que la
^yssolite qu'il trouva en 1777 , et
qui est couverte de poils d'une
extrême finesse. Tant de travaux
snéritoient la gloire , et Saussure
Vobtint. Associé de l'académie des
Sciences de Paris et de plusieurs
•utres , sa maison reçut tous le^
étrangers illustres qui venoient à
Genève pour le voir ; et en 1778
Fempereur Joseph 11 lui îit Tac-
eueil le plus flatteur. Saussure ,
ftmdateur de la soc^té des Arts
dans sa patrie . contribua ainsi à
y porter à un très-haut point de
prospérité l'industrie loiale.M em-
bre du conseil des Deux- cents ,
il fut appelé ensuite à l'assemblée
nationale de France, lorsque Ge-
nève fut réunie à la république.
La révolution lui ôta la plus
grande partie de sa fortune, et
fes secousses politiques navrèrent
son cœur. (Mui qui avoit résisté
h tant de fatigues , fut terrassé
par le chagrin ; il mourut de pa-
ralysie le 3 pluviôse de Tan y ^ k
Tàge de 59 ans. Ses ouvrages
Sont : 1. Eloge de Bonnet , in- 8.°
li*auteur le publia , lorsqye Ge-
nève affligée de la perte de cet
homme célèbre , dont il étoit
neveu par alliance , lui érigea un
nionument public. Il, Dissertatio'
vhysica de igné , 1759. Cette
Dissertation , f'un des premiers
ouvrages de l'auteur, établit par
des expériences que les corps s'é-
chauffent d'autant plus par l'ac—
flou du soleil , qu'ils sont plus
noirs ; aussi le vrai moyen pour
)es cultivateurs des Alpes de hâter
h loQte. des neiges ^ e$t dâ rd^
t k\3
psndre sur elles de la terre rsx^eèi
III. Bêcher che s sur Técorce àei
feuilles et des pétales , 1762 %
in-ia. Ce petit livre ^ dédié h
Haller, offre autant de patience
et d'exactitude que de Rnessc
dans les observations. FV. Hisser*
talio physica de eleclridtate «
1766, in- 8.* L'auteur y juge en-
tre Franklin et Nolleù, et décide
en faveur de la théorie du pre-
mier. V* Exposition abrégée de
l'utilité des conducteurs électri-
ques , 17715 in-4.0 L'auteur fat
le premier qui fit élever un pa-
ratonnerre à Genève, et cet écrit
ftit destiné à rassurer le peuple
que cette innovation avoit effrayé.
VI. Projet de réforme pour !e
eoUége de Genève , 1774 ^ in-î.*
L'auteur veut qu'on conduise par-
ticulièrement par les sens , les
enfiEins à l'instruction; qu'on lenr
apprenne l'histoire naturelle par
la vue des échantillons; l'his-»
toire , par la peinture des événe-
mens et celle des positions géo»
graphiques ; les arts enfin , par la
présentation des machines et àe^
eSeti qu'ils ont créés. VIL Des-
cription des effets électriques du
tonnerre, observés à Naples dans
ht maison de milord Tilney ^
in-4.® VIIL- Essais sur l'hygro-
métrie, 1783, in- 4.0 Cet ou-
vrage est un modèle de précision*
n créa la science dont il traite ,
et qui fait l'une des principales
branches de Itt météorologie»
L'auteur y décompose Feau et les
vapeurs jusque dans leurs élé~
meus primitifs ; il y décrit tous
les phénomènes de l'évaporatioA «
et présente les sources des ro-
sées , des brouillards , des neiges,
et des horribles tempêtes qui bou-
leversenjS l'atmosphère. IX. Di-*
fehse de l'hygromètre à chevea «
1788, in-8.^ X. Voyages dans
les Alpes I 4 ?ot iû-4*, wec A*
s AU
kores : le premier pamt en 1 779 ;;
M second en 17869 et les deux
derniers en 1796. C'est le pin»
grand et le plus important on-
▼rage de Faatenr. Il offre l'his-
toire nouvelle de contrées incon-
nues, mais dont la connoissance
peut faire deviner un jour la vé-
ritable théorie de la terre. Des»
tartes sur les Alpes, médita de
grandes pensées ; Saussure y pour-
suivit la nature et sut la peindre.
Il assure que les Alpes et les
plaine^ qui les avoisinent, ont
été respectées par les volcans,
toit parte qu'elles ne renferment
point dans leur sein l'aliment qui
en nourrit les feux , soit parce
que le temps de leur <<éveloppe-
. ment n'est pas encore arrivé.
XI. Saussure publia, dans les
fonrnaux et les mémoires des so-
•iétés savantes , une foule d'écrits
. dont plusieurs sont des traités
complets. On peut distinguer
ceux sur la constitution physique
de ritalie ; la géographie physi-
que de cette contrée ; les Lagoni
éi monte Cerholi; l'histoire phy-
sique du ballon lancé à Lyon le
19 janvier 1784» les tourmalines
du Saint-Gothard ; les moyens de
se garantir des mauvais eftets du
charbon embrasé dans les lieux
fermés ; la mine de fer de Saint-
George de Maurienne ; les deux
dents d'éléphant trouvées près de
Genève ; les colline volcaniques
du Brisgaw ; les variations de
bauteur et de température des
eaux de TArve ; le moyen de sou-
der à de petits tubes de verre les
fragmens de minéraux qu'on veut
^ire foudre au feu iliicliahimeau,
H l'usage enfin de cet instrument
dans la minéralogie. Ce dernier
mémoire sur-tout , inséré dans le
Journal physique de l'an 3, offre
des résultats aussi neufs que
teoa Qbaervés* Satàssun, suivimt
S A X 4if
M. SeneUer , qui a consacré à la
mémoire de son compatriote ufi
écrit éloquent et oii tous les ou-
vrages de celui-ci sont justement
appréciés , avoit une taille haute
et bien proportionnée , les yeux
vifs , la physionomie agréable •
un air d'abandon qui gagnoit m
confiance. Il s'éxprim oit avec cha-
leur et clarté , et savoit animer
•a conversation par la vérité et
l'abondance de ses idées. La'so>«
eîété des arts de Genève a voulu
que son portrait , peint par Sain»
tours , fût placé dans la salle dû
ses séances*
m. SAUVAGE , ( N. ) célèbre
maître écrivain, dut son talent
an célèbre calligraphe Alait , et
devint lui-même le maître de
Rossignol, Les pièces de Sauvage
se vendent à très- ha ut prix.
SAXON , surnommé le Grant'^
mairien , né dans Tisle de Seeland
en Danemarck , vint à Paris en
1 1 77 , pour y chercher des reli^
gîeux de Sainte-Geneviève 9 et
les emmener dans sa patrie. Il
mourut en 1204 9 après avoir
écrit une Histoire-- des anciens
peuples du Nord , qui s'étend
jusqu'à l'an 1 186. Cet ouvrage ^
publié à Sora par Stephaninc »
en 1644, in-fol., avec dies notes,
offre des traits fabuleux , des faits
intéressans, un style élégant et
pnr ; ce qui est surprenant dans
un auteur de ce siècle.
se ACCI A , < Sigismond ) juris-
consulte Romain , a publié en l'an-
née 17 i7,un vol. in-foh, intitulé,
de Cambiis et Gommercio. C'est
«n recueil très^-é tendu des déci-
sions judiciaires sur le commerce,
les lettres de change, leur accep-
tation , les sociétés mercantilles y
I99 faillites , etc«
4i6 S C A
IV. SCALIGEK Di Liri,
^ Paul ) comte des Huns, marquis
de Vérone , croate de nation ,
4}escendoit , si on l'en croit , de$
princes de VËseale. Élevé à la di-
gnité du sacerdoce, il fut pen-
dalit quelque temps aumônier de
'l'empereur Ferdinand ; il alla en*»
suite faire proftssion du calvi-
nisme en Prusse, obtint par des
.;voix iniques un.canonicat dans
i'é^Iise de Munster , s'y montra
catholique, et réfuta lui-même
ce qu'il avoit écrit contre le pape,
^'étant insinué dans les bonnes
grâces à' Albert duc de Prusse ,
et emparé de toute sa confiance ,
il l'engagea à casser son conseil
pour en former un nouveau ; mais
Albert duc de Mecklembourg ,
beau-frère du pi^ince de Prusse ,
•£t bientôt changer la face des af-
faires. Quatre des nouveaux con*-
«eillers furent mis à mort le vingt-
huit octobre 1 566 , et Scaliger ne
trouva son salut que dans la fuite.
Il vécut depuis dans l'obscurité ,
de manière qu'on ne sait rien de
plus de sa vie. On a de lui : I. Plu-
sieurs Opuscules contre la reli-
gion Aomaine , pleins de fiel ,
£àle , 1 569 , in-4.^ II. Judicium
de prœôipuis se dis nostrœ JEta^
lis .^Cologne. IIL MiscellaneO"
rum tomiduo , sive CathoUci Epis^
temonis , contra depravatam En»
cyclopediam 9 Cologne, iSyi ,
in- 4.** C'est la réfutation d'un
ouvrage qu'il avoit fait étant pro-
testant, intitulé : Encyclopedia
seu orbis disciplinarum tam sa-"
crarum quàni profanarum , Epism»
temon. IV. Satyrœ philosopha et
Genealogiœ prœcipuorum regum
et principum Europœ , Konigs*-
berg , i563, in-8.0 Voyez le
Tkeatrum vitœ humanœ de Bois-*
lard.
SCARELLA vlJean-JBaptiste)
tliéatin ^ né à Bmcia ^ mojrt en
se H
février 1 779 , âgé d'environ 7oant|
fut en Italie lun des propaga-
teurs des principes de 2>;cAf . de
Newton et de Wolff* Il les a con-
signés dans sa Physica generalis ,
Brescia, 1764 à 1767, 3 voL
in-4*^; et dans ses Commentairei
de Rébus ad Scientiam naturalem
pertinentibus , 1766 , z vol. in-4.*
On a encore de lui : I. Un Traité
de Magnete ,1769, in-4.° IL ffy-
drodynamica , 1769, in - 4.*
IIL Des Elémens de Logique ^
d'Ontologie et de Théologie na"
turelle, 4 voU in*4." Sa modéra-
tion et sa modestie donnoient
du prix à ses lumières ; et il n«
répondit qu'avec honnêteté à des
adversaires aussi impolis que Si-
natiques.
SCARSELLI , ( N** ) poêle
Italien , né dans Fétat de l'Eglise
au 18' siècle, a mis en vers le
Télémaque de Fénélon» Il n'a ni
l'imagination , ni les grâces , ni
l'onction de l'archevêque de Cam-
brai , mais il en a l'harmonie et
la facilité.
SCEAVER , ( Béda ) né en
Autriche , devint prévôt de l'é-
glise de St-Pierre de Saltzbonrg)
et se dévoua par état à l'histoire
ecclésiastique. Les écrits les pins
importans qu'il ait publiés , sont
des Questions critiques et morales
sur l'Histoire des quatre Èvangé-
listes par Krœlle , et la Chroai^
que du monastère de Saltzbourg)
imprimée en 1772, en un volume
in- fol. Sceaver est mort dans cettt
ville en 1787.
SCHALL DE BEL , (Jean-
Adam ) né à Cologne en 1691 9
se fit jésuite à Home, en 161 1)
s'appliqua avec succès aux mathé-
matiques, et s'embarqua pour les
missions de la Chine en 16x0.
Appelé à la cour de Pékin pour
Ùflfvailler « corriger \% cal«ndri«
s C H
tbinois , il mérita les bonaes
grâces de l'empereur , et fut fait
chef des mathématiciens et man-
darins , emploi qu'il exerça pen-
dant 23 ans. L^empereur Xurn^
Chi le décora du titre de Maître
des secrets du Ciel, et Thonora
d'une telle confiance que , contre
les premières règles dé l'étiquette
chinoise , il lui laissa un libre
liccès auprès de sa personne , et
lui rendit chaque année quatre
visites. Le P. SchalL profita du
crédit qu'il avoit auprès de ce
prince pour le bien de la religion
catholique. Il en obtint un édit ,
par lequel il étoit permis aux mis-
fionnaires de bâtir des églises, et
de prêcher TÉvangile dans ce
vaste empire ; et dans l'espace de
14 ans, les missionnaires firent
plus de cent mille prosélytes: mais
après la mort de ce prince , il fut
persécuté et condamné à une
dure prison , où il mourut le
i5 août iâ66, après avoir exercé
.pendant 44 ans les pénibles fonc-
tions de missionnaire. On a de lui
»n très-grand nombre d'ouvrages
«n langue chinoise , sur l'astro-
nomie , la géométrie et les ma-
thématiques , faits en société avec
le P. Jacques Rho. Le P. Prosper
. Intorcetla en apporta 14 volumes
-in-4®,'quil présenta, en 1671 ,
au pape Clément AC > et qui fu-i
rent placés à la bibliothèque du
Vatican. Outre ces ouvrages , le
P. Sckall a publié en langue chi-
. noise les traités de Lessius , de
Providentid Dei ^eide Octo Bea-
titudlnibus. C'est principalement
sur ses lettres qu'on a rédigé \ His-
toire de la Mission de la Chine ,
publiée en latin , à Vienne , 1 665 ,
in-8.**
SCH ALOM , (Abraham) savant
rabbin Espagnol , mort en 1 5^3 ,
a publié en hébreu un Traité in^
. litulé \ S^ipur de la JPm^^ .
S C H
4^7
SCHATEN, (Nicolasf iésuit*
Allemand, écrivit sur l'histoire
de son pays , et mourut à la fm
du 1 7* siècle. On lui doit : L HtJ-
toria Wesiphaliœ , 1690, in- fol.
Il, Annales Paderbornenses , 1693,
in-folio. Ces ouvrages offrent de
l'exactitude et dfe grandes recher-
ches. Dans une Dissertation sur
Charlemagne , il réfuta Nifanius ,
qui a prétendu que cet empereur
avoit établi dans l'église des usages
que Luther n'y a fait que renou-
veler.
SCHAWENBURG, (Adol-
phe y comte de ) coadjuteur , et
ensuite archevêque de Cologne,
assista avec distinction au concile
de Trente ; et après avoir répanda
des bienfaits dans son diocèse et
a£fermi la foi catholique , il mou>-
rut le 20 septembre i556. On a
imprimé deux ans auparavant les
Actes de huit synodes qu'il pré-
sida , et oii furent combattues
les nouvelles opinions des Lu^
thériens.
* SCHEFFMACHER , (Jean-
Jacques) jésuite, né en 1 668 dans
la haute Alsace, montra du zèle
et des talens en remplissant la
chaire de controverse établie paf
Louis XIV àdLTis la cathédrale de
Strasbourg. «U mourut le 1 8 août
1733, recteur de l'université de
cette ville. On lui doit douze sa-
vantes Lettres contre Ifts Luthé-
riens , 1 vol. in— 4.® Elles eurent
quatre éditions , dont la dernière
fut faite à Rouen. en 1769 , 3 vol.
in- 12.
L SCHENCK , ( Martin ) gé-
néral sous Philippe II roi d'Es-
pagne, com • jttit les Hollandois ,
et vendit souvent sa bravoure à
qui voulut la bien payer. Repoussé
devant Nimègue dont il avoit vai-
nement tenté de se rendre maître ^
jl périt .doA9 le Blua en 1683.'
4^8 S C H
Sirnda dans son Histoîte de la
guerre contre les Belges, dit que
6ckenck ne se battoit jameis avec
plus de prudence , et ne gardoit
mieux son secret que lorsqu'il
itoit ivre.
n. SCHENCK , de Graffew-
BBRG , (Jean) médecin Suisse,
naquit à Fribourg en i53i , et
mourut dans cette ville le 1 2 no-
vembre 1698. Chorus Sport a fait
Imprimer à Lyon un ouvrage de
ce médecin, intitulé: ObservaHo-^
num mtdicarum , rararum , ad^
' mirahUium et monstrosarum vo^
lumen, 1644, in-folio. Il a été
réimprimé en 1665 à Francfort,
avec des additions par Laurent
Strauss,
m. SCHENCK, (Jean-
George) fils du précétJent, fut un
habile médecin comme son père,
et exerça sa profession à Hague-
nau , ou il mourut vers l'an 1620.
On lui doit : L De formandis
Medicinœ studiis , 1607, in- 12.
1 1. Hortus Patavinus , i 6 o 8.
m. Monstrorum Historia , 1 609 ,
i^-4.«
U. SCHENCKIUS, (Frédéric)
baron de Taubtenburch', né en
i5o3 , se fit avocat, devint con-
seiller intime de Charles-^Qulnt ,
président de la chambre impé—
périale de Spire, embrassa l'état
ecclésiastique, et fut nommé à
Tarchevêché d'Utrecht. Son zèle
et ses lumières firent accepter
dans son diocèse le concile de
Trente, Il mourut après avoir pu-
blié: I. Les Actes des deux sy-
nodes qu'il tint à Utrecht. II. En^
chiridion, çeri prœsulis , in-S."
IIL De vetustissimo sacrarum
imaginumusu, 1667, in- 12. Cet
ouvrage est savant, et le meil-
leur de l'auteur.
SCHERZ, (Je«n-G^orçe)
. pr«fe$seiir d« funi^ertit^ d« Stras-
SCH
hotrrf , y est mort en 17 54, krtg#
de 76 ans, après en avoir passé
cinquante à déchiffrer les anciens
diplômés, et à former un Glossair»
allemand du moyen âge. Cet écrit
offre de grandes recherches, dt
la saga c té , et la signification
d'une foule de termes qu*^on na
trouveroit point expliqués dans
)es ouvrages savans de SchA^
ter, de Wachter, à'Halla&s^
û*lhrs, sur le même sujet. M. O^f/v
Un , savant professeur de Stras*
hourg, a voulu, en 1780 , deve-
nir Téditeur de ce Glossaire. 0»
ignore s'il l'a publié.
SCHETZEL, heriDÎte renom*
mé pour l'austérité de sa vie,
dans le 1 2* siècle, passa $e& jour»
dans une grotte de la forêt de
Grundwali, près de Luxembourg.
Cette grotte et une fontaine voi-
sine ont conservé le nom du
solitaire.
* L SCHEUCHZER, (Jean-
Jacques ) docteur en médecine^
et professeur de mathématiques
et de ph) sique à Zurich , naqiïit
dans cette ville en KJ72, et f
mourut en 1733. Le czar Pierre 1
lavoit voulu attirer en Russie;
mais le conseil de Zurich qai
sentoit le prix de ce savant,
rattacha à ^sl patrie par sa gé-
nérosité. Scheuchzer laissa à It
famille une bibliothèque bien
choisie, un beau médaillier et
un riche cabinet d'histoire naf *-
relie* C etoit un homme modeste,
paisible et droit\ ami àe$ Catho-
liques, qui s'exprimoit franclie-
ment sur plusieurs préjugés de sa
secte , quoiqu'il n'ouvrit jamais
entièrement les yeux à la vérité.
On a de lui un très-grand non-
bre d'ouvrages. Le principal est
sa Physique sacrée , ou Histoire
naturelle de la Bible , en quatre
gros vol. in- fol. , qu'on relie son-
yeni ea $. JL'éëitimfc ojrigiBak U
se H
ff livre e$t de 1795 , en allemand.
Li traduction en Utin parut à
Àngsbourff^ i73a-i735^ en 4 ou
S vol. in-*xol. ; elle e£t de l'auteur
néme. Sa latiuité est élégante ,
énergii^ue , abondante , quoi-
qu'elle ne aoit pas toujours cor-*
recte. On en publia une version
françoise à Amsterdam, 1734 9
8 vol. in— fol. L'édition allemande
est préférée à toutes les autres ,
fi cause de la beauté des épreu-
ves des 7S0 planches dont elle est
ornée ( Voy. Pfefpbl ) ; et l'édi-
tion latine est préférée à la fran-
çoise. Cet ouvrage savant ^ cu-
rieux, et d'une lecture atta-*
chante, est trop dififus et con«
tient des choses qu'on e&t pu
retrancher sans conséquence. Ses
iescripUons , dit l'abbé Soulavie^
¥érUables copies de la nature , du-^
reroiU autant' que la nature même»
On A encore de lui : I. Itinera
Alpiaa, Leyde, I7a3, 4 tomes
en deux vol. in-4**, avec figurea.
C'est une description de tout ce
que les Alpes offrent de curieux
■ax yeux d'un habile observa tetir
de la natnre. II. Piscium Querelœ,
1708 , in-4.** fig. m. Herbarium
hUuy/ianum , Zurich, 1709, in-
folio; Leyde*, 1723, in- fol. On
■ ajouté à cette édition un cata-
logue des plantes dont les em-
preintes se trouvent sur diffé-
rentes pierres. Cet ouvrage est
disposé selon la méthode de Tour-
^eforL IV. Musœum Dilimanum ,
2«urich , 1716, in-S.® V. Homo
diluvU testis, 1726, in-4.® On
trouve dans ces deux ouvrages des
njonumens incontestables du dé-
roge. VI. Historiés HeWeticœ na-
turalis Prolegomena , 1700.
Vil. Sciagraphia TMhologica , seu
itipidun figura torum nomenclator ,
ï^ftntzig 9 1740 , in-»4o, avec fiy.
Vin. IToya LUteraria Helvetica»
£'«4 MB iwf99i 4« 1a UtUratur»
S C H 419
Suisse, depuis l'an 1701 jusqu'à
l'an 1714. IX. Un ouvrage sur les
eaux minérales de la Suisse , en
allemand, Zurich, i73z, in-4.^
SCHEW, savant Danois ^ mort
dans le milieu du siècle passé, étu*
dia avec succès les langues orien*
taies , et particulièrement ]'an««
cieb égyptien ou langue copbtique*
C'est à lui que l'on doit la con-
servation d'nn monument cu^
rieux, la table sur le Papyrus
d'Egypte , écrite en lettres grec-
ques par un prêtre d'Isis; mo-
nument qui fait en Italie l'orne^
ment du célèbre musée fior^ia*
SCHEWEIGHAEUSEÎi
( Jean ) né à Strasbourg en 1 73o ,
professeur de mathématiques , et
nommé ensuite secrétaire-inter-*
prête du département du Bas^
Rhin, a publié en langue alle-
mande une Grammaire fran««
çoise, un Cours de géographie
iiistorique , et un aut^e de roa*^
thématiques. Laborieux, honnête
et désintéressé , il est mort dans
$a patrie en l'an 9. —Ses parens^ .
du même nom , suivent avec dis-
tinction à Strasbourg, la car«*
rière d^s sciences et des lettres*
SCHIELEN , ( Jean-George )
bibliothécaire de la ville d'Ulra ;
étoit très-versé dans les antiqui-^
tés , et s'est fait un nom par*
sa Bibliotheca enucleata , 1679 ,
dans laquelle il a rangé par ordre
alphabétique ce qui concerne les
arts et les sciences. On y voit en
qnel état étoient chez les anciens
la jurisprudence, la philosophie,
la médecine , la politique et les
mathématiques.
SCHILDEH, (Lonis de) né
À Bruges en 160$ 9 se (tt Résulte '
et professa la théologie et k
philosophie. Il mourut en 1667 ,
«près wàk puUii iiu iA-fol^. sw
4îO
S C H
les Sacremens y et un petit ou-
vrage mieux rédigé , ayant pour
titre : De principiis formandœ
Qonscientiœ»
SCHILL, (Jean-Adam)
connu par son Nomenclator Plii-'
lologicus , Eysenach , i 6 8 s i
in— S** 9 où il donne la significa-
tion des termes les plus obscurs ,
et une explication des usages des
anciens.
n. SCHILL^G, (Guillaume-
Gode f roi ) médecin d'Utrecht j
a publié divers écrits sur l'his-
toire naturelle, qui ne sont pas
exempts d'erreurs. Spalanzani
a réfuté, par un grand nombre
d'expériences, celle qui attribuoit
à l'aimant la propriété d'attirer
les torpilles et de les fixer avec
autant de force que leTer. Schil^
ling est mort au milieu du siècle
qui vient <3e finir.
SCHMITH , ( Nicolas ) né à
Oedenbourg en Hongrie , se fit
jésuite, enseigna les belles-lettres
et la théologie avec distinction ,
dans son ordre , et mourut rec-^
teur du collège de Tirnau, en
J767, aimé et estimé par ||^gaiité
€t la douceur de son caractère.
On a de lui : I. Séries Archiepisc*
Strigoniensium , Tirnau , 1 7 5 1 ,
a vol. in- 8.0 IL Episcopi Agrien-
ses , fide diplomaticd concinnati ,
Tirnau, 1768 , in-8.** III. //n-
peratores OUomannici à captd
Constantinopoli , cum epUome
principum Turcarum ad annum
1718, Turnau, 1760, deux vol.
3n-folio. Ces ouvrages , pleins
d'érudition, sont écrits d'un st}le
pur , aisé et souvent élégant. On
estime sur-tout son Histoire des
'Empereurs Ottomans , qui est
peu,t-ètre la meilleure que nous
4»yonç. C'est une suite de celle
du Vhx^ KcrU Nous n^a^os pas
s € H
encore une Histoire Turque com^
plète. CeUe de Cantimir passe
pour être assez exacte , mais elle
est trop peu étendue , pour l'es-
pace de temps qu'elle embrasse.
Celle de Tabbé Mignot ne peut
être considérée que comme un
abrégé, hicaut en a donné une
Histoire, en anglois, mais elle
ne comprend que le xvii* siècle.
L'histoire des "Turcs ne peut être
connue que par celle de leurs
ennemis. Ces relations peuvent
être suspectes , mais elles n'ont
pas un caractère de fa!isseté
comme les annales turques. Les
Turcs , si on veut les en croire,
ont été des conqnérans invinci-
bles. La Porte , dans ses Acte? ,
représente les princes ChrétienJ
implorant à genoux la clémence
du vainqueur. On retrouve dans
l'histoire , comme dans les di^
plomes des Turcs , le faste orien'
ta) qui n'est qu'un étalage ri-
dicule.
SCHNITZTEIN, savant Aile-
mand, mort à Anspach en 17879
fut président du consistoire de
cette ville. 11 a publié , de 1769
à 1774, un ouvrage très-éradit,
ayant pour titre , Selecta Noriai'
bergensia, 5 vol. in-r^..*
SCHOEFFER, (Jean-Chré-
tien ) savant naturaliste Alle-
mand , mort dans le cours du
siècle qui vient de finir , a public
plusieurs ouvrages sur Thistoire
naturelle, et entr'autres ime D€S'
cription des champignons , pu-
bliée à Ratisbonne en 1764)
in-4.0 La partie typographique
est magnifiquement exécatée, et
les figures sont enluminées.
SCHOEN , ( Martin ) e^ ^
plus ancien des graveurs con-
nus , et le premier qui ait' ^^
des épreuves de ses ouvra^ Oà
s C H
1« connoit aussi sous le nom
de Beau^Martin de Colmar. Il
grava depuis Tan 1 460 , jusqu'à
sa mort en 1486^
SCHOEPFUN , ( Jean - Da-
niel ) professeur d'histoire dans
l'université Luthérienne de Stras-
bourg , né à Sultzbourg dans le
Brisgaw en 1694, mourut en
1771 : c'étoit un érudit profond
et im écrivain lourd. On a de
lui : I. Historia Zaringo - iîa-
densis Carlsruhe , sept vol. in-4.°
II. AUatia diplomatica , xtji ^
deux vol. in - folio. III. Alsalia
HUutrata , i-jSi et 1762, deux
Vol. in-folio. IV. Alsaticarum re^
rum scrip tores , in- fol. V. Vin—
dîciœ typogrnphicœ , 1760, in-4^,
figures : ouvrage rempli de re-
cherches curieuses On y trouve
les pièces d'un procès entre Gut-
Umberg et ses associés. L'auteur
prétend prouver par elles que
Giutemberg fit à Strasbourg les
premiers' essais de son art . que
^choeffer perfectionna ensuite à
Maïence. Foumier le.jeune a pn-
hlié, en 1760, des observations
Jurcet ouvrage de Schoepflin, Ce
dernier a légué son cabinet à la
Ville de Strasbourg , et M. Oberlin
en a donné la description sons
le titre de Mnsœum Schoepfii*-^
SCHOONHOVIUS, (Florent)
poète Hollandois , né en 1694 ,
Ittort Qu milieu du siècle suivant ,
(e ht catholique ^ et publia de^
Poèmes latins , recueillis à Leyde
en 1 6 1 3f et des Emhlètnes., 1618,
in-4.0
SCÏÎOT ANUS , ( Christian )
njinistre^ Protestant, né à Scheng,
Village de Frise , en i6o3, fut
professeur de la langue grecque et
âe Thistoire ecclésiastique , et pré-
^icant à Fi^aneker. Il y mourut
s c H 431
ren i ^^t 9 après avoir donné s
I. Description de la Frise , avec
figures, i656 , in-4.0 II. JFJt>-
toire de la Frise jusqu'en i558,
in-folia. Ces deux ouvrages sont
en flamand. Il y parle des catho-
liques avec la partialité si ordi-*
naire aux Protestans. lïl. Conti-*
nuatio historiœ sacrœ Siilpitii
Severi , Franeker , i658 ,, in- 12.
IV. Bibliotheca historiœ sacras
Veteris Testamenti , sive Fxer-^
citationes sacrœ in historiam sa»*
cram Sulpitii SevÈri et Josephi,
• 1664, deux vol. in-FoIio, A voir*
le titre, on croit que c'est un com*
, mentaife pour éclaircir le texte
de ces historiens suivant les règles
de la critique , et dans la réalité
ce n*est que le résultat informe
des leçons de l'auteur. — Scko»m
tanus a eu un fils nommé Jean ,
qui a été professeur de philosophie
à Franeker, mort l'an 1699. ^ ^
fait des' Paraphrases en vers sur
les Méditations de Descartes , oh
il entre en lice- avec le savant
Huet , et attaque, mais bien foi-
blement , l'ouvrage de ce prélat
sur la philosophie cartésienne.
IL SCHOTT, (Jean) impri-
meur de Strasbourg au commen-
cement du ï6' siècle, est auteur
d'un Enchiridion Poëllcum, Ses
éditions sont recherchées. Celle
des Dialogues des Dieux par £u-
cien , a la première page en let-
tres rouges,
' ♦IV. SCHOTT, (Gaspard)
fésmte , né dans le diocèse de
Wurtzbourg en Franconie , en
1608, et mort dans cette ville
en 1666, cultiva la philosophie
et les mathématiques qu'il pro-i
fessa jusqu'à sa mort. Il passa
plusieurs années à Palerme en
Sicile , ensuite à R^^e oii il so
lia d'une amitié étroite avec le
célèbr« Père Kirclur çi\i lui 6*
4)1 S C H
part de be«ocoap d'obsenritioni
sur les sciences et les arts. On a
de lui divers ouvrages , qui prou-
vent beaucoup déradition. Lei
plus connus sont : I. Sa Physica
curiosa , tive MirabiUa naturœ ei
artis. Cet ouvrage , réellement
curieux , est en deux vol. in-4.<>
L'auteur y a compilé beaucoup
de singularités sur les honimes ,
9ur les animaux ^ sur les mé-
téores. On y voit encore des re-
cherches sur le pouvoir du dia-^
ble , sur les m(9nstres, etc. L'au-
teur montre autant de crédulité
que de savoir; et au milieu de
beaucoup d'observations curieu«*
ses , d'expériences dignes d'at-*
tention « on trouve une foule de
faits hasardés , inutiles ^ ridicti*-
les , et puiâés dans des historiens
décriés. Il dit tout bonnement ^
quç les animaux qui ont peuplé
l'Amérique y y ont été vraisem-
blablement transportés par ^et
anges. IL Magia naturalis et ar^
UficLalis , K 677 , 4 vol. in-4** )
plein de recherches et de con— .
soissances physiques et statiques.
III. Tcchnica curiosa , à Nurem-
herg^ 1664 , in-/^.^ IV. Machina
hydrolico " pneumcUlca , 1657 ,
in-4.* V. Pantometrum Kirche-
rianum, sive instrementum geo^
metricum' novum , i€6o. VI. //*—
nerarium staticum Kircherianum,
i6€o.Vîl. Encyclopedia , iSSi,
C'est up cours de mathématiques.
Yîll, Matkesis Cœsarea , 166a,
deux vol. in -4.0 IX. Anatomia
pkysicO'-hydrostaUca fantium et
JiunUaum , tSS^, in-8.<> X. Arith-
metica practica generalis et spe^
culatwa , 1 663 , in^-S.^ XI. Schola
stegano-graphica , 1664, in-4.*
X I L Organum mathenuuieun ,
j66S, in— 4.^ On trouve dans ce*
«uvrages un^ multitude d'expé-*
riences propres à inspirer de 1«
modestie à ctiiz d% aos €0Btem^
se M
«
poratns qui veulent passetpèttf
des génies créateurs dans la phy-
sique expérimentale. On &it pett
d'expériences fifàintenantdontQi
ne trouve la marche , le fésoltat
et l'explication dans ce dernier
ouvrage; cependant on ne le voit
presque cité nulle part : on en
sent facilement le motif. Le c4*
lèbre Boyle avoue que ce physi-
cien lui a donné les première!
idées de sa machine pneumatique*
VoyeiB la Notice raisonnée des
ouvrages du Savant jésuite , qol
l'abbé Mercier a publiée i Paris,
1785. Cette analyse donne uni
idée avantageuse du jésuite Al-
lemand et du savant François qui
l'a tiré de la poussière.
SCHOUTEN , ( GuilIauBie )
navigateur Holiandois, décoavrit
avec Jacques le Maire i (Fisyrt
ce mot ) le détroit qui pûtte k
nom de ce dernier. Son Voyage^
qui forme deux voL , se trouve
à la suite de ceux de la Cooimm
gnie des Indes orientales*
SCH WARTZ , ( Ignace ) né
en Ôouabe en 1690 ^ et mort à
Augsboorg en 1768 , professa
l'histoire dans Taniversité dln-
golstadt , et a publié trois savani
ouvrages : L Institution^s htstO'»
ricœ , 1729, 2 vol. în-8." H. CoU
legia historica't 1787 , neuf vol
in-8.^ III. Institutiones juris Uâi*
versalis, 1743, in-g.**
SCHUPPEN, (Pierre Van)
gl-aveur d'Anvers , retiré à Paris y
où il mourut en 1707, à 74 ans f
f^it le rival à'EdeUnùk, parla
fini et la correction de son buriiu
U excella dans le portrait
SCHWENCKFELT , ( Ga».
pard) médecin de Greifienbei^
en Siléste ^ eiEerça sa profession
à Gorlitz en 1609» On a de lui.^
L Thésaiu%i pharmaceuticut t
Franctfoft,
s C M
ftfA'nckfort , t68o > in-8.' II. ft«r-
)»(j»ra et fossilium Silesiœ cain-^
iogua , Leipzig , 1 6où , in — 4»^
III. Theriotropheium SiUsia »
Lignitz , t6o39 ^1^-4*" C'est line
descri^ion des quadtupèdes ^ oi-
seaux , reptiles , insectes ^ etc*
de la Siiésie^ IV. Descriptif) et
usus Thermarum HirshergeHsiufA^
Goi(litz y 1607 ^ ia-8.^
* SGHWERIÎÎ, ( Christophe i
Êômtè de) gOuvernehr de Neiss
et dô Brieg, général- Éeld-marè-*
fchâl au seirvicé du roi de tmssê ^
né le &6 octobre 1684^ s'éleva
par son méil'itô ^ et gagna la
bataillé dé Molwitz, le 10 avril
1741, dans le temps que les
trrtssieois la cifôyoiënt perdue. Il
èe signala dans tous les combats
qiii se donnèrent depuis contre
les Autrichiens ^ et fut tué à la
bataille dé Pragrté éil 1767 , à
Ji ànSk Lé toi de Prusse lui fit
dresseir eh 1769 ùhé statue de
marbré sut la place Guillaume à
Berlin , ièt l'ertipereùr Joseph ll^
tkh thonuiheht eh i ^^^ 3 9 dans
l^endroit où il moitriU. Il étoit
né à Anclam éti Pomérahié , en
tS85 9 du grand maître de cuisine
héréditaire de ce duché. Envoya
^n 1712 par lé dtic de Mechlen-^
hourg ^ «uprès' de Charles Xll
4 Bender > il profita pendant un
an des entretiens de ce monarque
guerrier pour perfectionner ses
talens lïiillitaires. Lé roi de Prusse
le regretta comme urt général
intrépidé , éclairé , éhdùrci à là
fatigue , sobrè. ^ ami de la disci-
pline et père deâ soldats. Il avoit
été marié deu>c fois ; il eut de s'a
première épousé des enfahs qui
lui ont Survécu , et il n'en eut
point de la seconde.
SGICH<^ALI , Kan de iDerbeut
#U Perse ^ régna avec glbire dans
le Scbirvani II combattit souvent
SwPt, Tome III,
S C R 4ti
les Russes avec succès ; mais sti^
la fin de sa vie , le comté Zubow
s'empara de sa capitale après uil
siège de 5o jours. Scich^AU étoït
alors âgé de 1 20 ans. Il s'avança
lui- même au - devant du vain-^
queur , avec tous les officiers dd
«a cour , et obtint grâce pouc
tous les Persans, le 19 mai 179^*
i^rès ée cent ans auparavant, il
avoit reçu a Derbent Pierre-le-
Grand ^ Souverain de Kussiék
Scich '^ Ali est mort quelque
temps après l'envahisseikient àt
fies étatSk
* S C DP A S, architecte et
sculpteur dé l'isle de Paros , vi^
Aroit vers l'an 480 avant J. Cv
Il travailla au fameux mausolée
xmArtertiise fit ériger à sohjnari
dans la ville d'Haiicarnasse , et
qui étoit réputé pour l'une des
§ept merveilles du monde. Il fit
aussi a Ëphèse une colonne y
célèbre par les beautés dont cd
savant artiste l'avoit enrichie»
Mais parmi »eS 'ouvrages , on fal$
isur-tôùt U^èntiou dune t^éruià
qui fut transportée à ftome, et
que Fiine ( Hist. Nah , liV; 36 9
chap. 4 ) jugeoit être supérieure
à celle de Praxitèle , quoiqu'elle
fut moins admiiréé à Rome que
l'autre à Gnide, à raison dé ^
multitude de chefs-tHS'œuvre qu9
renfermoit la capitale du monde i
car c'est là bien certainement le
sens du passage dé P2t/i^ « auquel
M. Falconet et M. de LaLande
bnt trop légèrement reproché
une contradictibm
se RODER, <tïu.) savant
Allemand , a publié à Ams«
terdam,'én 171 1, une Qram»
maire' Arménienne , intitulée \
Thésaurus îinguét AtftvenicùB Un«
tiiiuœ et hodiernœ. La Idiigue
asoténiénhe s'écrit de gauche à
droite; elle a 38 lettrtS) et i#
£«
4U S C Y
révise en (|uatre sortes d'ëcrittire ?'
la première est appelée erghata'-»
chir, écriture de fer ; la seconde
poloffercIUr , écriture ronde ; la
troisième nodcrchir, écriture des
notaires ; et la quatrième est
•omposée des majusculea.
SCYLLIS et Dip^ncs,
icnlpteurs Cretois^ vivoient soua
Tempiredes rois Mèdes, et avant
que Cyrus eût détruit leur do*
mination. Ils furent les premiers,
suivant PUne , qui se distin-
guèrent dans l'art de tailler le
marbre. Us firent pour les habi*
tans de Sycione , les statues
S Apollon , de Diane ^ de Minerve
tt d!Hercule,
V. SÉBASTIEN de Saint-
Paul , né (L Ënguien en 1 63o ,
oarme de Tancienne observance,
luôrt à Bruxelles le a août 1706,
est connu par quelques ouvrages
oii il attaquo les Bollandistes qui
avoient rejeté quelques opinions
touchant l'ordre des Carmes , qui
pe paroissoient pas trop d'accord
avec la saine critique.
SÉBASTIEN, (la marquise
43e Saint-) seconde épouse de
^yietor-'Amédée II, premier roi
die Sardaigne* Voye^t rarticle de
•• prince.
SEBIZItTS, (Melchior) né
•n 1 5 78 , fut tout à la fois
chanoine de Strasbourg et pro-
fesseur de médecine dans cette
▼ille. L'empereur Ferdinand II,
touché de son mérite, Téîeva à
)a dignité de comte Palatin.
^Sehizius mourut en 1^74 , à
J'âgede 95 ans. On lui doit un
Commentaire sur les Œutfres de
Galien ; et en outre : ï. Exerci*'
tationes medicœ» IL Miscellanett
^uesli'ones medicœ. IIL Speeulo,m
hedicinœ pradieum , 1 66 1 , d^ux
S E c:
♦SEBQNDE, (Bafmon^fcf
philosophe Espagnol du 1 3* à^
de , s'est fait connoitre par ud
Traité latin, intitulé : Théologie
naturàlis , sive Liber Creatura-*
rum, en 33o chapitres , îtras*
bourg, 1496 , in-folio , en lettret
gothiques. Il offre des singularités
hardies, qui plurent dans le temps
aux philosophe» de ce siècle, et
qui ne déplairoient pas à ceux
du nôtre. Montaigne le trouva ,
en beaucoup d'endroits , con-
forme à ses idées , et en fit unt
Traduction , imprimée par Vas'*
cosan , Paris , 1 58 1 , in— 8.** Cette
version est asstez libre. Montaigne
dit qu'il a donné au philosophe
Espagnol « un accoutrement à U
françoise, et qu'il l'a dévêtu de
son port farouche et maintien
barbaresque, de manière qu il t
raes-hui assez de façon pour se
présenter en toute bonne cora-
pagtiie. » Cependant , malgré soi
nouvel habit , le livre de Sebondê
n'est guère recherché.
II. SECKENDORF,
(N. comte de > général de Vcm-
pereur Charles VI , fut vain-
queur des François à Clausen,
en 1735 5 et fit ensuite la guerre
aux Turcs. Il est mort vers 1740.
Son caractère brusque et colère
lui fit des ennemis.
* SECOND, (j€an)^jr-
CUNDVS , célèbre poète latin , né
à la Haye en Hollande , Fan 1 3 n,
d'une famille qui portoit le uonfi
â*Everard , reçut le bonnet dt
docteur en droit. à Bourges, en
i532, sous le célèbre Alciat}
mais la jurisprudence eut moins
de charmes pour lui que la litté«<
rature. Il passa en Italie , ensnîte
en Espagne , ôh il fut secrétaire
de Tarchevéque dé Tolède. C'est
par le conseil de ce prélat qn»
#HvIt Chiùrles^^Quint^ dfius «o«
s 5:0
de son tempérament l'obligea de
Quitter rjEspagtoe, et de retournet
û^ns les Pays-Cas. 11. mourut
fune fièvre -roaligne « U^recht,
9n i63^ 9 à 2S ans. Ses ouvrages
font remarqvxftbiea ' par une fa«-
filité et «ne- f^écpndkté rares ,
}ointe6 à beaucoup de délicatesse
«t d'agrément. Npus avons de
lui trois livrer à' Elégies , uil
^'Epigramm^s « deux d'EpUres i
un d'Odes , un de Syl^es, un de
pièces funèbres i outre de» Po^
lies galantes qui font bjonneur à
ion goût et à son esprit^ mais
beaucoup moins à ses moeurs 9
^ qui occasiouni-r^nt ces vers :
' iSon hnè Johannem Vgqutri$ » Useivi
Steunde !
tu VitierU eultot , VlrsinU UWfuit,
t Les JT/âT Baistrs^erMfeanSecond
})euYentétre regardés comme des
éians rapides B'mi génie tcmdre ,
JTohiptueUxet «passionnéi IMcts de
plus varié 9 db plus naturel , de
plus, délicat^ de plus^iânimé que
«es tableaux. On «n a point à lui
leprodter le qrnisme âeQ^tulle,
^aia peab-^re*ily^condairoit. Ses
■peintures^ quoique- p^us chçstes
J|ue celles xiu chantre de Vérone,
f>aroissent d'uutaiit' plus sédin-^
feantes ^.qu elles. sont lexpression
la plus vive d*une amè qbi:ne res-*
|Kijre que Tamotin » < BibliO''
^naquis d'an homme de gottL )
^Ses SuveniUa ' ont éi}é' recueillis
4ons'lJa collection dû Barbon , et
âmprimés dans le' volume inti*-
ftilét Tbeodori Bezs&, VeteUi,
l3Boifmata; Marci^Antonii Mu*<
Ifeti Jia^itUia ; JoamUsrS^uifDt
•M^gierUis JavfniUà ; '^oannis
JBonefonil , Ar^mi , Paticharh ^
0t^ FvnHgUiu m Verser Is , 1767^
jt- voli Le recueil. dtesiPotisies de
ifeàn. Second partit à ii^de fii
SEC ^$f
Iraiiuîtès en françois y r 7 7 r ^
in-^8*\ avec )ô latm à côté. Sem
çond cultivoit aussi la peintufA
et la gravure; mais ses ouvrage*
fin- ce genre sont peu conniu.
Il éloit frère de Nicolas Gjîctw
JDIVS et d André Marids , dis**
iingués l'un et l'autre par leui^
p^oesies* ( Voyez leurs art. ) Leiir
père ^ jyîGolas Everard , prési^^
dent du conseil souverain dé
Hollande et Zélande ^ mort eti
-i&di, À *fiû ans, est auteur <te
deux ouvrages in-foU.àititituMs^
Tun , Topica Juris , l'autre '^
Consilia*
' SECONDAT DE UÔ^Tkdf
QUIETJ , ( Jean- Baptiste ) . ^g
du. célèbre auteur de \ Esprit (IçÇ^
Lois , conseiller au parlement de
^orjeaux, est mort dans' îcettç
ville le 17 juin 179G, à Vhgfi,
dey^ ans. oil ne partagea po^
ia gloire de son père , ,il e^t
comme lui des vertus. Modeste^
"bienfiûsaiit et ami des le^cs ,•
il s'occupa beaucoup d*hï$tpiCfli
naturelle et d'agriculture. On lûî
doit : I. Mémoire sur VEleçtri,-^
cité , 1746, in-8.* L'auteur s'ér»
lève contre la théorie 3e J!^ô2/<:i»
II. Observations sur les e^ux rni-«
nérales.dçs Pyrénées^, 17.50'^
in—ia. lit. Considérations sur.
Ja constitution de la m,atîine'de
France, 1736, in-S.*' S^çondifC
fit imprimer cet duvrage aj|{*oii»-
dres , où il se trouvoii : ÇTX l^
reproche d'y avoir exagéré*)» iQjQp
navale 2e la France. .iV.^/^içfe
nai
L
avale de la iî rance. .1 y . JiLstoir^
aUtrelle du chêne , 1 7 S'y , in-fpl-
_j' ouvrage de du Chqut , sïir^.fe ,
.même suj,et,. a servi (je' U^i^c -^
celui-cj. Lantertr y a^ io^nt. Ifl
dénornination des divqrsé^ ©s- -
p^ces de jaisins ^«^W^c^t've^
djm^ le 3or«^'*'^''^* .' , . •
• Si&OUÎîPWUS,,.(ii^w»s>
«élèfepe^ wat^^''* * éto^.d«.lj«B^
Ee %
•43 « StD
«t se distingua dans le bârréau
•de Home. QuinUUen en fait l'é-
loge. Neveu de Julius Florut ,
«ntre orateur renommé , ce der^
.nier lui demanda un jour ce qui
«anse it son air triste. Secundinus
lui avoua qu'il cherchoit depuis
«trois jours à corriger l'ezorde
d'un diéoours. « Ne chercbez ja-«
-#ais9 répondit Florus, à fair#
tei«nx qi^e vous ne pouvez, n
éuintUieii a fiût de ce mot I'uk
dt ces pvéoeptes. Secundinus vé^
mt et nourut dans Je second
<mcle«'.
&1DAINE, (Michel-Jean)
'membre, de l'académie Françoise
>t secrétaire de celle d'architec-
ture , naquit à Paris le 1 4 juin
^171 a,' d'un père architecte qui
avoir eonsoàimé toute sa fortune.
Torcé piir l'indigence à se faire
tailleur de pierres , pour nourrir
sa mère fi deujt frères plus jeunes
^eliii', il par\'int par son appli<^
catidÀ au travail , à devenir maître
maçon. Son goût pour le théâtre
lui donna Tidée de faire des pièces;
et ]a facilité de son esprit , la con-
'noissance de la scène , la féconr
"dite de son imagination ^ lui firent
1^ent6t obtenir des succès en ce
*^nre , et abandonner sa profes-
sion. En 17549 Monei directeur
de l'Opéra comique , l'engagea à
lui consacrer ses'talens; it s'en
:^W9/k Ifien. Son théâtre étoit
-^éét^rif Sedaine y Et affluer les
'^apéfetateuri* Ce dernier , doux ,
^modeste , obligeant , heureux dans
aa famille , estimé des gens de
lettres ^ et laissant beaucoup
d^omis 9 est mort le aS floréal de
Tin S (1737)9 à 79 ans. Son
ttfêlr^ k son habit fut la pre-
mière qui lui acquit de la répu-
tation. On lui doit plusieurs au-
tres poésies fugitives , parmi les*
|»olme en 4 chants , sur le VtàiM
deville* Le théâtre ûq Sedaine eit
très— nombreux. U a donné c
l'Opéra Aline , reine de Gol-*
conde 9 en trois actes 9 dont
Monsigni a fait' la musique : le
sujet en est tiré d'un joli conte
de M. de Boufiers / Amphytrion ^
en trois actes , musique de Grétry$
et Protogène » dont il abandonna
le bénéfice à FhiUdor , qui en a
fiiit les airs. Lé théâtre François
itii doit : L Le Philosophe sans
le savoir, comédie en 5 actes ^
mi*]] anroit du plutôt intituler U
•Duel» liCs situations en sont d'une
iprande vérité , le but en est mo^
rat 9 et tend fortement à détruire
la barbarie du préjugé si mal a
propos nommé le Point d*hoa^
neur. Elle fut jouée en 1763.
II. La Gageure imprévue , petits
pièce en tai acte 9 représentée
pour la première fois en 17S89
et dont l'intérêt du dialogue a
assuré le succès jusqu'à ce jour.
Scarron en a fourni l'idée.
III. MaiUard ou Paris sauvé,
tragédie en prose 9 dont l'auteur
ne put obtenir la représentation
IV^Raywiond on le .Troubadour^
comédie qui de même na pas
encore été jouée; C'est sur-tout
Je théâtre Italien;q«o Sedaine a
enrichi, il avoit 37 ans lorsqu'd
donna : I. Le Diable à quatre,
imité d'une pièce angloise 9 etqai
est son premier ouvrage dramati'»
que. If. Biaise le Savetier j musÔF'
qutdePhUidor^ijb^. llLL'Hui*
4re et les Plaideurs ,1759. IV. Us
Troqueurs dupés , musique de
Sodi, 1760. \. Le Jardinier et
son Seigneur , musique de Pkili*
'dor, 1761. VL On ne s'aivise /«•
mais de tout , musique de Mon^
Mbgni, Vil. Le Boi et U Fermer,
en trois actes, musique du mène,
1762. Cette pièce, tombée à la
|)rgmière xj^réscQtaUon) enalh
■À
SED
luit ensuite pins de cent eoni^
ciUivet. \}lh Base et Cotas,-
9764. IX. V Anneau perdu e$
retrouvé » en 2 actes. Cet opéra ^
joaé d'abord en 1764 y avec la
musique de /a Borde , a. été re«
pris en 178S avec celle de Char^
dini, X. Les Sal*oti , musique
de Dunig 1768. XL Le Désert
leur , en 3 actes 9 musique de
Monsigni, 1769. On observoit à
Sedaine que cet opéra avoit peu
f éussi dès son début , et qu'il
p^roissoit nécesssire d'y faire des
çHangemens *. a Je les ferai, dit-il ,
après la centième représenta-
tion. M £n efTe t , elle eut lieu sans
que l'auteur y fit des corrections.
XII. T/i<^in:>(?, pastorale , musique
ûe JDunt, ijyo.Xlih Le Faucon t
1772. XIV. Le Magaifi(jue , en 3
actes, musique de Grètry , 1773.
XV. Les Femmes vengées , mu-
sique de PhUidar, lyyh. XVI. Le
Mort marié, en 2 actes, 1777.
XVII. Félix ou V Enfant trouvé,
en 3 actes, musique de Monsi^
gnit 1777- XVIII. Aucassitp et
Nicoïette : la magie du spectacle
s'jr unit à l'intérôt des situations j
le déuouemcht en est heureux ,
et relevé par un air d'ensemble
qui produit le plus grand effet.
XIX. Richard Cçsur de lion , en
3 actes^, musique de Grétry ,
X784.*I1 eut i3o représentations
de suite. XX. Le Comte ^Albert
et sa suite , en 3 actes , musique
du même, 1787. XXI. Baoul
Barbe^bleue, en 3 actes, musique
du même, 1789. En général,
Sedaine connotssoit parfaitement
toutreifet de l'illusion théâtrale»
et en a profité : son dialogue est
facile et naturel , mais extrême-*
ment incorrect et plein de foutes
4e langage ; aussi toutes ie» pièces
sont-elles bonnes à voir j^ouer^
m^is non à^ lire.
SEB*
417
n.m)ULnJS,(Henri)savaiilt^
Récollet, né à Clèves vers 1S479
fut élevé aux premiers emploie
de sa province, et mourut à An»
vers en i^ii , après avoir publié : ;
Ir Historia Sancti Francises iilusm^
triumque virorum et faminarum ,
etc. Aavers, i6i3, in— fol. avee-
fignres. Ce sont les actes origi#»*
naux des vies des Saints et de
plusieurs martyrs de son ordre,
accompagnés de Commentaires.
II. Vie de Su François d'Assise ».
par St» Bonaventure , avec des>
Commentaires., Anvers, K597,
in*8.* m. Apologeticus advtrsùrsi
Alcoranum Fraaciscanorum , pro^'
libro Conformitatum « Anvers ^
I Ç o 7 , in •* 4 »<^ Sedulius anroit*
mieux fait de ne point entreprenais
dre cette apologie. ( Voy. Aiaitu y*
IV. Prcsscriptiones adversùs fc^a--
reses , Anvers , iSoS , in-*4.*A
V. Martyria FF. Miaorum, AÎc-m.
mariensium, Gorcomiensium , ete...
Anvers, 16 13, in-4% avec fig.*
C'est Thistoire des Religieux de*
son ordre , mis à mort par. les»
hérétiques des derniers siècles en^
Hollande. VI. Im^agines religiO"».
ioruin ord* Sti Francisci,ia ets
incises t cum elogUs , 1602..
Vn« CQmmentarius in vitarn^
SU iMdoviei episcopi Toîûsani,
SÉE-M A--KOAy a , Chinoi*
célèbre par ses connoissanceset
ses vertus, vivoit dans le onzième*
siècle, et y obtint une réputationi
brillante qui a pénétré jusqu-enk
Europe. A Tâge de quatre>ans , i]/
s'amusoit à voir nager des poii-4
sons dorés au tout d'un.krge 3Mse>
de terre cuite rempli d'eau. X'um
de ses camarades, voulant pren«-H
dre un poisson et se penrhan^
t^p sur le bord, tomba dsns )e«
vase la tète la premièjre; Il,«UûJ;t)
Eej
mi'
SEE
piirir.;.:]es autres en&ns avdiétit
pris la fiiite • Séè-Ma^Koimg j
ïtsté seul , imagina de prendra Kin
CAiilba digu hX de {rapper le tâse
*^8qii'à«ee qu'il fat rompa : l'eau
8*«oou}a, et! l'enfant fnt sauvé.
ï«es poètes et les peintres Clii-*
liois ont souvent câébré ce trait
€]ans leurs ouvrages. Sée^Ma^
îKoamg » nommé très— jeune ,'
^Mandarin d'ufie grande province,
et ensuite Gouverneur de r£m-
perenr, ne profita de sa place
;que pour ^ire la vérité à son
*aonverain ^ éloigner de lui les
'ikttenrs et faire le bien des peu-^
ykss\, Pans sa vieillesse, il se retira
<lan8 une solitude , d*oii il ne sor-
itoit que pour mettreja paix dans*
les familles. C'est dan» cette re-
traite, et dans l'espace de <|uinze-
Uns y qu'il écrivit ime Histoire -de
ttt. Chine, qui cotBWeiice à la
'4o3i! année avant l'ère Chrétienne;
ttrenferine quatorze siècles. Les
Chinois en- font grand cas : c'est-
le meilleur de leurs ouvrage^ en'
'«genre. On attribue encore à
rSée^Ma^^Koang des Traités de
«norale dont un auteur moderne
préteiid avoir eitrail les na^aximes
suivatites : Le sage tie se presse
point de< parler 9 ifiaiW d'agir*
•^Conseilles et fie commandes
pas : persuades et ne décides point;
—Qu'est-ce que la grandeur su-
prême ? la faculté âé faire le
tien. -^—Sois juste avant que
d'être libéral; mais sois humain
avant qup d'être juste. -^Un mot
peut tout perdre ; u» homme
peut toiTt sauver. ««^ L'orgueil
peut quelquefois • patoître mo-
deste, jamais la vdnité. — L'aii-
màin? est la dette de l'homme
f eilsiUé.'-^ïlespe'^tes la confiante;
iSetités point sur rolseaU qui esè
h terre — Voulez-vous êtrt juste ?
4^ommencez par vous oul>1iér, et
2f uaplissez^vQus des intérêts d'au*^
$<1È G
frà!. 'i— Le prfiivrè est rhoimnii
réduit h sa Valeur , dépouSlè dir'
tout ce qui le déguise. -^La bien-'
faisbnce manque presque ton-
jours d'adressé , et la: reconnois.»
sance de" sincérité. — Imaginer
un bonheur pur, c'est vouloir
un ciel sans nuages. — -L'ivresse
ne produit pas les défauts , elle
les décèle ; la fortithe ne change
point les mœurs , elle lesdécou vre.
-^La religion est le premier frein
dé l'homme ; la sagesse n'est que
le second. —Les larmes de l'in-
nocence opprimée sont les va-
peurs qui forment la foudre. — Il
n'y a point d'étincelles à négli-»
ger. — ^Défends-toi de goûter des
pkistrs qui coûtent des larmes à
ton frère. — Honores" ton pèrâ
dans un vieillard, et dans un
enfant aimes ton fils. —Ne de-'
mandes qu'une fois pour toi, mais
rie rougis pas de demander avec
importunité pour les autres.
SÉE-MA-TSIEN , Chinois,
rassembla y vers l'an 176 avant
J. C, les mémoires relatifs à
l'histoire de la Chine : ces mé-
moires étoient en petit nombre
tjepuis que l'Empereur Chi-Oang"
Ti avoit ordoimé de détruire tous
les m on u mens historiques. L'ou-
vrage du savant Chinois se nomme
Seki,
SEGOING, (Charles) avocat
de Paris , fit imprimer dans cette
■ tille, en i^^ ^4e {Trésor héral--
dique ^ ou Mèraire armoriai,
Boileau ne l'a pas oublié dans sa
sutire sur.la. noblesse*
Quand l'orgueil , d*âB fevz titre 1^'
payant ta (blble<s« ,
' Mattrisa Ut hUmaint tent «le tom ds
nùBUiii 9
Ott fit paraître en fi»èle fet Mârqmi
tt 'BÊifÙHi*
Chacun pour s ts Venu- fi^c^ffint pni
^e des ftomst
SEC
4lluf{t&e naiat «iprit fécoad en fi-
vertes I
Inrcnta le blasoa arec les aroioiries f
De st$ termes obscurs fit «n langage
à psrt I
Composa tous cet mou de eimitr et
&*écart 0
De ftU, de eoHtrt'pjtl, de Umbtlet
de feue 9
Xt :9ct c« fue SegQhg dans son Afcr-
r«r« entasse.
« Le blason , dit Voltaire , étoit
à la vérité une science fort pro-
fonde ; mais elle n*est . plus à la
mode depuis qu'on a perdu Tha-
bitude dé faire peindre ses ar-»
ttioiries aux portières de son
carrosse. C'étoit la chose la plus
inutile dans un Etat bien policé.
D'ailleurs, cette étude seroît une
étude immense, parce qu'il ny
• point aujourd'hui de barbier
^ui n'ait ses armoiries. »
* SEGRAIS, (Jean Regnnnlt
de) né à Caen l'an 1614, d'une
ikmille noble, fut d'abord destiné
à l'état ecclésiastique. Il n'avoit
que 20 ans , lorsque le comte ée
Fiesqae , éloigné de la cmir, se
retira dans cette ville. Ce courti-
•an , charmé de son esprit , l'em-
mena à Paris, et le plaça chez
IPl* de Montpensier , qui lui
donna le titre de son aumônier
Ordinaire, avec la chantrerie de la
collégiale de IMortain , et depuis ,
)a qualité de son gentilhomme
ordinaire. Serrais n'ayant pas ap-
prouvé son mariage avec Lauzun ,
fnt obligé de quitter cette prin-
cesse. Il se retira alors chez
ÎWad. de la Fayette, qui liii donna
tm appartement. Cette nouvelle
retraite lui fit prentîre quelque
J^art h la composition de Zaïde ,
itn des romans les plus ingénieux
que nons ayons. Enfin, lassé du
l^fatnù monde, il se retira dans sa
patrie I où il épousa eni^yS une
SE G 439
riche héritière , Cl. Acher dtk
MesnilvLtté sa cousine. On lui
proposa en vain l'éducation dti
duc du Maine } il la refusa sous
prétexte qu'il étoit sourd. L'expê^
rience , ajouta>t— il , m'a appris
qu'il faut à La cour de bons yeua
et de bonnes oreilles. L'académie
de Caen étant dispersée par la
mort de Matignon son proteo-*
teur , Segrais en recueillit le»
membres , et leur donna un ap**
partemont. Sa conversation avoit
mille agréniens, et la vivacité
de sou esprit lui fournissoit ton-
jours quelque chose de nouveau*
Son long séjour a la cour avoit
enrichi sa mémoire de plusieurs
anecdotes intéressantes. Sa sur-
dité n'empêcha pas qu'il ne fuf
recherché; et l'on se faisoit un
plaisir singulier -l'écouter celui
qui ne pouvoit pas entendre les
antres. Il mourut le 25 mars 1701^
9ljS ans, après avoir fait son tes-
taiçent, où sont empreints 1er
senti mens de religion dont il étoit
pénétré. Quelque temps avant sa
mort, il avoit mis an bas àvi
cadran solaire de sa maison d«
campagne, unv^s italien, imité
du Taue^ dont le sens étoit r
Tout le temps quo» nempioie
pas à aimer Dieu ^ est perdu»
Quoiqu'il fût de l'académie Fran-
çoise, et qu'il jeût passé une partie
de sa vie à la cour , il ne put jamai»
perdre l'accent normand* Cei«
donna lieu à M^^" de Montpensier
de dire à an gentilhomme qui alloiC
faire avec lui le voyage de Nor-<
mandie : Vous avez là un fort
bon guide, il sait parfaitement
la langue du pays,,., Segrais est
principalement connu comme
poète François. Il s'est rendu
célèbre par ses Eglogues ,. Ams-
terdam, lyîS j in— 12, dans les-
quelles il a tâché de conserver
la naïveté propre à ce genfft àm
Ee 4
^o s È G
poésie 9 sans avoir rien de U
bassesse oii sont tombés quel-
ques-uns de nos poètes. H a pris
Us anciens pour modèle ; il a
même évité quelques-uns de leurs
défauts. Cependant , aujourd'hui,
îl n'a point ou presque point de
lecteurs. Quelle est Ja raison de
cette indifférence ? c'est , dit
M. de la Dixmerie , qu'il lui
manque l'art d'intéresser « c'est
que le genre pastoral a perdu
pour nous une partie de son
intérêt. On peut ajouter qu'il
parle trop daniour dans se*
Eglogues \ et qu'il n*en a pas
assez varié le ton et les imageç.
La réputation de sa TraducUon
des G^argiques et . de celle ' da
y Enéide de Virgile « en vers
françoiS) l'une et l'autre in-8^>
s'est encore moins soutenue que
celle de ses Eglogues, Celle--ci
parut en i68i* H y a quelques
morceaux bien rendus ; mais les
nutenrs du Morérï ont tort de
dire qu'elle est telle que VirgiU
nous Tauroit donnée Ini-même
a*il étoit né Françoisii I^e tra-
ducteur est fort loin de son ori-
ginal. Sa versification est inégale ,
lâche 9 traînante. On lui a re-
proché d'ailleurs beaucoup de
çontrersens ; mais le plus fâcheux
de tous^ dit à*Alembert^ c'est
qu'il est par-to^t fort au-dessous
de son modèle. La Traduction
des Géorgiques , qui parut en
X 7 1 2 9 in-8^ 9 ne vai\t pas ipieux.
Elle a été éclipsée par celle de
M. l'abbé Demie, de l'académie
IFrançoise. On a encore de Se^
^ais éea Poésies diverses ^^ o,ù
il y a du naturel , mais peu de
grâces et peu de correction ; ^t
aon Poème pastoral à'Atis , en
cinq chants , dans lequel il a
atteint quelquefois la simplicité
noble des Pastorales des anciens,
ge^ ouvrages eu prose sont : I. Les.
SE G
NouwOes/ranfoises, ¥wrhy ijvi^
in- 12 , en 2 vol. C'est nn recueil
de quelques historiettes racontées
à la cour de MU* de Montpensier,
Elles ont quelque intérêt, noa
Far elles— mêmes, mais parce qne
auteur y peint sona des noms
supposés quelques femmes de son
temps. On a recueilli une partie
de ces portrait^, la plupart trop
flattés , dans la Bibliothèque des
iloj^nf , septembre 177 S. II. Se-*
graisiana, OU Mélanges d^His-^
toire et de ItHtérature , in-S°j
1722 , à Paris 9 sous le titre de la
Haye*» et à Amsterdanx, 1723,
in-i2 : cette dernière édition est
beaucoup plus belle. Parmi qnel^
ques faits singuliers et curieni,
on en trouve un grand nombre
de minutieux et quelques-uns de
hasardés. III. Il a eu part à la
Princesse de Clèves et à ^ Prior'
ççsse de Monlpensier.
* IV. SEGUIER, (Jeaa^
François) né à Nîmes en 170S9
d'une bonne famille, s'appliqua
d'abord à la jurisprudence. Mais
en admirant le jardin des plantes
rares de son compatriote Pierre
i^aux A il prit goiit pour la bots-*
nique , et réussit dans cette
science. L'abbé Bignon, biblio*
thécaire du roi de France, le
chargea de m^tre en ordre les
précieuses collections de bota^-
^ique de cette magnifique bi-^
blipthèque. C'est en exécutant
cette commission, qu'il travaills
à l'ouvrage qui a pour titre :
Bibliptheca botanica, la Haye,
1740, in-40 ; Leyde ,1760, in-4",
par les soins de Lavrent^Théo^
.4ore Gronovius qui y a ajouté
un Supplément. Cet ouvrage con-
tient nn cataloguée des auteurs et
des ouvrages qui traitent de la h(h
tanique. fes voyages qu'il fit avea
le marquis Sci^ion ifjçfffei»^ ^
SEC
France y en Angleterre , en Ho1-«
lande , en Allemagne , et snr-tont
en Italie, le firent connoitre avan-
tageusement des gensde lettres , et
augmentèrent ses connoissances
dans la botanique. Le chanap fer-
tile du Véronèse fixa long-temp»
ses recherches , et lui fit publier :
Plantœ Veronenses , deux vol. ^
iVérone, 1747, in-8.° Il donna
un 3* volume ibidem, en 1754 ,
in— 8.0 Seguier étoit aussi bon
antiquaire que grand botaniste;
son goût pour les médailles naj
quit dès Tâge de dix ans ^ ou il
en gagna une au jeu à l'on de
ses camarades. Quelque temps
après , ayant appris que des ou-
vriers en avoient retiré d'un puits
qu'ils creusoient, il y descendit,
et s'efForça en vain de remonter.
Il y resta un jour et une nuit 9 et
y auroit péri d'inanition si le ha*-
sard neût conduit quelqu'un à
son secours. N'ayant pu dans sa
jeunesse acquérir un cabinet de
médailles , dont la valeur surpas-
soit ce qu'on lui donnoit pour ses
plaisirs, il en tomba dangereu-
sement malade. On sait que c'est
à lui que l'on doit l'explication de
l'inscription de la maison carrée
de Nîme^ , qu'il devina par le
moyen des trous formés par les
crampons qui tenoient les lettres.
Associé de l'académie des Inscrip-
tions , celle de Nîmes le nommA
son protecteur , et il lui légua ses
livres , ses objets d'antiquités et
ses manuscrits. Il mourut dans
cette ville le i" septembre 1684.
Outre les ouvrages que nous avons
cités , on lui doit encore la tra-
duction des Mémoires de Ma/fei,
d vol. in-i9.
V. SEGUIER, (Antoine-
Xouis) de l'académie Françoise,
et avocat général au parlement
4f Pari$9 descendant du chan-*
Sel 44i£^
télièr de son nom , eut de l'élo^
qnence et en fit preuve dans di-
vers réquisitoires imprimés. Celui
da 18 août 1770 est remar-
quable en ce qu'il annonça ^
près de vingt ans auparavant,
le^ causes et les désastres d'une
prochaine révolution. Sa con-
versation ne répondoit pas à la
réputation qu'il s' étoit acquise
au barreaut Après avoir quitté la
France, au moment des orages
révolutionnaires , il est mort
subitement à Tournai , le 2$
janvier 1792.
SEGUINEAU, (N*) né à
Paris , y est mort en 1722 , âgé
de 45 ans. U est auteur de la tra-
gédie d'Egisthe , représentée en
1722 , et de l'opéra de Pirithoûs
dont Mouret fit la musique; cet
opéra fut joué en 1723 , et repris
en 1734.
II. SELEUCUS II , surnommé
CalUaique , monta sur le trône
de Syrie après la mort à^Aalio-
chus IL Ce prince fit une guerre
malheureuse au roi d'Egypte ; sa
flotte fit naufrage et ses armées
furent battues. Lui-même fut fait
prisonnier par Arsacc , et mou-
rut quelque temps après d'jine
chute de cheval , 226 ans avant
Jésus— Christ : il en avoit régné
vingt— deux. Son fils Seleucus III
Jui succéda* Celui-ci fut sur-
nommé Cataunus , à cause de sa
timidité. U ne régna que trois ans,
et fut tué par ses soldats.
IV. SELEUCUS VI, fils
d*Antiochus Gryphus , fut chassé
du trône et se réfugia en Cili-
cie , ou le peuple le brûla dans
le palais qu'il avoit choisi pout
asile.
SE LIN COUR, (Jacques
Epée de) publia en 1783 , chez
i7^ Guiaet k Paris 9 u& traité de
44» S E t:
^ «basse , intitulé : le Parfait Cka»*
seur , avec la manière de rendre
les pigeonniers , les gtwennes , les
basses -» cours et les étamgs pro^
^tables, in- II.
SELIS, (Nicolas -Joseph)
1)rofesseQr de belles — lettres k
'école centrale dit Panthéon et
membre de Tlnstitnt national ,
naquit à Paris le 27 avril 1737.
La ville d'Amiens fut le premier
théâtre oii ses talens se déreloj^
i>èrent ; il y publia une épître sur
es PédoMs de société , pleine de
détails agréables^ et qui le tira
dès-lors de la classe des poètes
vulgaires. Appelé à Paris par Fa-
nitié de M. Fabbé DeUUe , il y
fut fixé par une place utile , par
Taccueil des littérateurs dis tin-
Ces , et le succès de ses ouvrages.
s principaux sont : I. Traduc^
lion des Satires de Perse , 1776 ,
in-g** ; c>st la meilleure que nous
lïyons de ce poète. M. de la Harpe
lui a donné de justes éloges. ^ Ce
n'est pas , dit-il « que le traduc--
teur soit parvenu à faire des sa-
tires de cet obscur et pénible
écrivain , un livre amusant ou
attachant ; on ne peut venir à
bout que de faire entendre à pen
près ce qu'il a voulu dire. Les
rîotes et la Préface de M. Selis
èont pleines de raison et d'ins-
truction. » II. Relation de la ma-
ladie, de la confession et de la
mort de 3î. de Voltaire , petite
brochure pleine de sel et de fi-
nesse 9 qui eut trois éditions dans
)a même année. III. Epitres en
vers, sur divers sujets , 1776 .:
elles on^de la Facilité y et offrent
«ne douce philosophie. IV. I>w-
serttLtion scir Perse , 1778. V. Pe-
i/'te Guerre entre le Monnier et
SeUx , 1778 : c'est un modèle
d'honnêteté en fait de critique ,
^ des égards que se doivent inn^
SEC
tneTîeraent ^ dans leurs comkls/
les gens de lettres.^Vl. Lettre i
"NL, de la Harpe sur le colléga
de France ,1779. ^^^* LettriSwn
père de famille sur les petits spec-
tacles , 1789. VIII. Autre d'ira
grand Vicaire à un Evêque, sur
les Curés de campagne , 1790.
IX. Lettres éorites de la "Trappe :
on y trouve un style pur et d»
l'intérêt dans la narration. X.D^<
cours sur les écoles centrales,
1797. XI. Diverses Dissertations
littéraires et grammaticales , io^
sérées dans les Mémoires de l'Ins-
titut. Ces divers écrits en gêné-»
rai , jouissent d'une réputation
méritée ; < mais ce qui valoit
mieux encore , a dit M. GaU
confrère de Selis , c'étoit Varna
droite , bienfaisante et pure ds
cet écrivain : aussi a-t-il em-
porté les regrets d'une compagna
aimable et vertueuse , A^% pan-^
vrès dont il soulageoit la misère ,
de SQS nombreux auditeurs qui
trouvoient en lui un guide éclairé
et sûr , des gens de lettres qni
rendirent justice à son talent , à
son goût exquis, à sa franchise
et à sa bonté. » SeUs est mort
le 19 février 1802 « après six moii
de mélancolie : il avolt épousé
la nièce de Gresset,
SELKÏRK, (Alexandre) né
à Largo en Ecosse , vers Tsa
1680 9 se fit matelot , et parvîtit
par ses connoissances mathém^
tiques , au grade de maître de
navire. Il en remptissoit l'emploi
en 1705 ) sur le vaisseau com-
mandé par le capitaine Pradling »
qui , ayant pris querelle avec Ini,
le fit déposer dans Fisle déserta
de Juan-Femandez , en lui lais-
sant ses hardes , son fusU , de )9
jjoudre et quelques ustensiles d»
ménage. L'isle étoit fertile , peu-
plée de chdvres ; les bords de&
...J
SEL
IftT y étoient poiSonnenx. Sél^
kirk s'y forma itne habitation ou
il fte fut point trop raalheui eux.
En 1709, le capitaine Vood^
Bogers ayant abordé dans l'isle ,
]e ramena en Angleterre. C'est
d'après cet (événement de la vie
de Selkirk qu'on a fait le roman
de Rohinson-^Crusoé,
SELLE, (Ch... Théop.) mé-
decin renommé ^ directeur du
collège de Berlin ^ naquit en
1748 à Stettin en Poméranie, et
est mort à Berlin le 9 novembte
iSoo. Nommé médecin de Frtî-
ieric roi de Prusse , il a publié
tes détails dé la rlërnicre maladie
de ce monarque. Profond phy-
siologiste , savant praticien , on
lui doit plusieurs écrits estimés ,
et sur— tout des Eiémens de Py-^
fétologie , ou de la connoissance
d«s fièvres. Ils ont été traduits
deux fois dans notre langue ; la
première fois par M. Montblanc ,
ta seconde par M. Clanet.
IL SEN AULT , ( Louis ) cal-
ligraphe renommé pour la beauté
de sa plume, et dont toutes les
pièces «ont recherchées , dédia à
Colhert des Modèles d'écriture
supérieurement exécutés au bu-
îin et à la plume. U est mort à
la lin du 17» siècle*
; SÉNEBIER , ( Pierre ) né à
Arles en 171 5 , s'appliqua à l'a-
rithmétique et aux calculs rela-
tifs au commerce. Il a publié :
I. Traité des changes et arbi-
trages , 1755 , in-.4.^ IL Traité
d'Arithmétique , 1771 , in — 4.*^
III. Art de tenir les livres en par-
ties doubles , irx-4.'' Sénebier est
niort en 1778.
SENKENBERG, (Henri-
Chrétien , baron» de) naquit à
«Vanékfort^sur-le-M'ein le 19 oc-
tobre 17043 professa lOng-tem^-
SEN
44r
le droit dans l'université de Got-
tingue , et fut chargé par l'em-
pereur "François /<"" de plusieurs
missions honorables. Il fut dé-
puté par lui en 1764 , à Franck-
fort « pour assister au couron<«»
nement de Joseph II. U a pu-
blié plusieurs écrits , parmi les-
quels on distingue : I. Voyage
en Alsace , in— 8.** IL Une Dm—
sertation latine sur l'établisse-»
ment des Monts-de-piété. III. Une
Méthode de jurisprudence. IV .Un
Traité des droits féodaux en Al-
lemagne. V. Une Introduction à
l'étude du droit. VL Un TrnUé
sur les restitution en entier. Tous
ces ouvrages sont en latin. Sen-^
kenberg est mort le 3i mai 1768.
SENXrUS, (Caïus) parvint
BU consulat sous le règne ù'Au-'
guste , l'an de Roine 755. Il est
connu par la loi jElia Sentia »
qu'il fit adopter. Cette loi inter-
disoit le comrïïerce , le mariage'
et le droit de tester aux affran-
chis qui , pendant leur esclavage
avoient été marqués au front pour
avoir fui , ou mis aux fers pour
quelque délit. D'après l'une d#.
ses dispositions , un esclave ne
pouvoit être mis en liberté avant
l'âge de trente ans ^ et un maître
ne pouvoit la Fut donner , avant
qu'il eh eût lui-même vingt , à
moins qu'il n'y eut une 1*815011
valable et prouvée devant le*
magistrats. Elle vouloit qu'un pa-
tron qui négligeoit de nourrir son
affranchi tombé dans l'indigence ^
ffit déchu des droits qu'il s'étoit
réservais sur sa personne ou son
héritage. « En frappant les maî-
tres barbares , elle punissoit aussi
les affranchis ingrats , et les con-
damnoit aux carrières. 'Cette loi ,
très — respectée pendant long—
temp's , fut abrogée par JusU^
pUn, )>
444 SEP
SEPHER, (Plsrr«-Jacqnet(
docteur de Sorbonne , né à Pa-
ris , et mort dans cette yilla 1«
tx octobre 1781 , fi traduit du
latin et de l'allemand plusieurs
ouvrages , tels que la VU de Si*
Charles Borromée par Godeau ,
1747^ 2 vol. in— 12; Histoire
des anciennes révolutions du
l^lobe terrestre par SeUias, 1751 ,
in- 12 ; Histoire du prince d'O-
range par Amelol de la Houssaie,
1754 , 2 vol. in- 12 ; Histoires
édifiâmes par Duché , • x 7 S ( )
in - 1 2 ; et les Mémoires sur la
vie de Fibrac , avec ses Lettres
et ses Quatrains, par Lépine de
CrainvUle , 1758, in-i2. Ces
diverses traductions sont accom-
pagnées ()e notes et de remarques
du traducteur. Il a publié lui-
même le Joli Becueil , deux vol.
in- 1 2 ; les trois Imposteurs ou
les fausses Conspirations , in- 11 ;
et il a travaillé à l'Europe Ecclé^
sias tique,
SEPTCHÊNES, (le Clerc de)
auteur d'un Essai curieux sur lu
Beligion des anciens Grecs , Ge-
nève 9 1787 , in- 8* , ne survé-
cut pas beaucoup à son ouvrage.
Il mourut le 21 mai 1780. On
a encore de lui la traduction des
trois premiers volumes de THw-
ioire de la décadence de l* Empire
Bomain par Gibbon ', ,in — 8.*
1776.
SERAUCOURT , ( Claude )
Lyonnois 9 acquit de la répn—
'tation par ses gravures. Il est
mort au comitiencement du siècle
passé.
SEHEY , (N** de ) est auteur
cVun Poëme sur la Musique et la
Chasse , dont la seconde partie
est une version libre des Cervinœ
venationis leges, de Sas^ary^ L'ou-
yragd ect rempli de figuras «t«<le
s E R
gravortt des tant et fanfareipro^
prêt aux chasseurs. Il est inti-
tulé : Les Dons de Latone , Paria,
FrauU, 1734, in-8.*
5ERINI, ( Nicolas , coffltt
de ) d'une famille hongroise, fé-
conde en guerriers , s'est rendu
célèbre par la belle défense d«
Sigeth assiégée par l'armée de
Soliman II, Après une longue
résistance , se voyant dépourw
de munitions de bouche , il Ht
une sortie avec sa garnison y qui
ne consistoit plus qu'en deox
cent dix-sept hommes , et coin<«
battit courageusement jusqu'à ci
qu'il restât sur la place avec lei
siens , le 7 septembre i ^66 , trois
jmirs avant la mort de Soliman ,
qui mourut dans son camp uns
avoir la satisfaction de voir u
conquête. — Pierre Sjsaiifi, nn
de ses descendons , entra dans
une conspiration contre l'empe-
reur Léopold , et fut décapité
dans la ville de^eustadt en Aiir
triche , le 3o avril 1671. Voyci
N AD ASTI (François).
* SERMENT , ( Louise-Anai-
tasie ) de Grenoble en Dauphiné)
de l'académie des Ricovrati de
Padoue , surnommée la Philo'
sophe , mourut à Paris vers l'an
1692, âg^e de 5o ans. Elle s'é-
toit rendue célèbre par son sa-
voir et par son goût pour les
belles-lettres. Plusieurs beaux es-
prits 9 Pavillon , ComeilU , et
sur-tout QtiinauU qui lai aroit
inspiré un attachement fort ten-
dre , la consnltoient sur leurs cm-
yrages. Elle a fait aussi qoelqiies
Poésies françoises et latines , cpi
ont été insérées , pour la plupart,
dans le Becueil de pièces aca-
démiques , publié par Guy9f»^
de Veriron , sous le titre de la
Noui^elle Pandore, Paris, 16.9^^»
a vol. in- 12. Elles mançoent di
J
SER
«jlulenr et de force ; mais il y A
da sentiment et de la philoso-*
phie. On peut en jujrer par ces
vers faits dam set derniers mo—
mens ^ et pendant qu'elle suppor-
toit avec patience les douleurs
affreuses d'un cancer.
Btentdc Im lumière des cUnx
Ke parottrt ploi I mM ytttx |
Bieatôt , quitte «avtrs U nature
J'irai « dans une ouït obscure ,
Me livrer pour jamais aux douceurs du
sonu^eil.
le ae me verrai plut » par eu triste
lireil.
Exposé il sentir les rournetii de la vit.
Mortels ^ut comracacea ici bas votre
cours ,
Je «0 vous portf polet d'tnvic ;
Votre sort ne vaut pas le dernier de
mes jours*
Vieas y fiivoraUe oort , viens briser des
liens
Qui malgré leoî n'aciaebeat à U vie.
Frappes » secoodes moa envie :
Ke point sou£rir est le plus f rand des
biens.
Dans ce lon^ avenir fentre l'esprit
tranquille :
9eurf[ttoi ce dernier pas est-U tant re«
douté ?
pu M^re des humains Féternelle borné t
Des malheureux mortels est le plus lûr
,asU«.
SERODINI, (Jeaii) babila
peintre, sculpteur et architecte,
mort k Home- vers t633 , étoit
tké k Ascorna dans la bailliage
de Lueamo.
SEaPILÏUS, (George)
Hongrois , hé en i66*8, devint
•armtenaant de l'église proies-^
tante de Hatisbone , et mourut
•ans cette ville vers 17 to. On
lui doit : I. Les Fi^s de Moyse,
Samuel , É'sdi'ai ; 'l^éhémit , Es-r
Aer , Job , etc. lï. Le Catalogué
da la Bibliothèq;ue de Aatisbone ,
S £ R 44f
tftpbia theohgorum Suevorum ,
1707 , in-8.*> IV. Beaucoup de
Pièces en vers latins et aile-»
ftiands. L'auteur ne manque point
de goût et encore moins de sa<»
voir.
SEBiRANO, (Joseph- Franco)
Juif, professeur d'hél)reu dans
la synagogue d'Amsterdam , a
publié en espagnol une traduc-*
tion des Livres de Moyse , avec
des notes , 1695 , in-4.'' L'auteur
a souvent altéré le texte et les
citations des écrivains dont il
fiùt mention.
SERRAO, (FrançoU) pre-
mier médecin du roi de Naples,né
dans un village de la Campanie
eh 1702 , mort à 81 ans, publia
un petit Traité italien sur le pré-^
tendu, danger de la morsure de
là Tarentule. Il le réduit à dei
crampes légères , et à quelques
taches érysipélateuses.
IL SERRE, (Louis de) mé^
decin du 17* siècle , a traduit la
Pharmacopée de Renou , a fait
des Notes sur Avéga, et a pubiii
un 'Traité sur la Stérilité des
Femmes*
. * IV. SERRE, (Jean-* An-
toine la ) chanoine de Nuits ^
ci-devant prêtre de l'Oratoire , de
plusieurs académies de province ,
né à Paris en 1731 ^ mort à Ljon
le 2 mars 1781 , entra jeune dans
la congrégation de l'Oratoire , et
y professa la rhétorique avee
éclat. Après avoir remporté dea
prix de poésie par ses Odes sur
les portes lyriques, la prise de
Mahon, les grands hommes de
Dijon ; des prix d'éloquence , par
ses Eloges de Gassendi et de
Corneîtie , par ses Discours sur '
lés exercices et les jeux publicl
chez les difFérens peuples , ^
'l'oai^ttpft 4*oarraf ef |^ai étè^Viim
44^
S £ R
Ce sont : 1. Une Poétique éîê^
menlaire , in— 12, utile aux jeunes
^ens , auxquels l'auteur l'a des-
tinée , et qui a été long-temps
classique dans plusieurs collèges.
IT. 1j* Eloquence , poème , in-8® :
c'est son meilleur ouvrage. Des
tirades bien versifiées 9 des pré>-
eeptes rendus d'une manière
agréable , quelques portraits d'o«
jrateurs peints avec vérité , et des
notes utiles , l'ont fait lire avec
plaisir , malgré quelques mor-
ceaux foibles et négligés. La Serre
^litta rOratoire«n 1770 , pour
travailler avec plus de continuité
à l'édition de \ Encyclopédie de
Oenève , in — 4.0 II se fit aimer
dans la société par jon esprit et
la franchise de son caractère. Il
j défendoit ses amis avec feu , ^t
personne n'y encouragea avec
plus de bonté les jeunes talens.
Ses mxieurs furent douces et à
)'abrL de tout reproche. Ennem^
de toute critique , inôapiable d*en-i
vie ) il ne vécut que pour les
lettres , la bienfaisance et l'u-i
nitié.
VL SERRE, (Michel) pein-
tre , mort en 1735 , à 75 ans y
à Marseille où il avoit fixé sa^
demeure, étoit né en Catalogne.
Il se distingua par T invention et
le coloris.
IL SERRES, ( Oîiviaf de.)
célèbre agronome , naquît . en
.1 539 , à VilIeneuve-^dç-Bej^ y
près de Viviers , et fut élevé au
sein des discordes civiles , pen-=
fiant lesquelles on pilla ses pro-
priétés et on rasa sa maison ,
qu'il fit rebâtir , et qu'un incen-
die détruisit de nouveau. Il se
consola par l'étude , la philoso-
phie et les travaux champêtre^.
jTenrl IV, qui nvoit conçu, iin#
grande estime pour l'auteur et ses
s E R
lui , et le fit venir à Farîi , dl
il le chargea de diverses amélio«*
rations dans ses domaines, et
entr'autres dune plantation dt
mûriers blancs dans le jardin de*
Tuileries. C'est le premier qui ait
introduit en France la cultnred^
cet arbre utile ^ et annoncé qn'on
pouvoit faire de belles étoffei
avec l'écorce des branches qu'on
en retranche à la taille. Olivief
de Serres devint l'oracle des cnl-
tivateurs , qui le surnommèrent
le Père de l'agriculture ; mail
ceux qui l'ont copié , qui , dam
ces derniers temps mêmes , ont
puisé dans ses écrits leurs idée?
les pins justes, n'ont pas daigné
faire mention de lui. 11 mourut en
16 19 ^ à l'âge de 80 ans . aprèl
avoir été témoin ées changeraens
heureux qu'il produisit dans li
culture, ^es ouvrages , malgrii
leur style suranné , se lisent avec
intérêt , parce que aucun n'est
privé de simplicité , et de vnei
neuveâ^tprontables. On lui doit:
I. Traité de la cueillette de la
Soie , t'&gg. H. Seconde richesst
du Mûrier blanc , i6o3 , réim-
primé en 1785. IIÎ. Théâtre â'A-^
griculture ^l Ménage des Chantpi,
in~4'' : c'est dans cet écrit prin-
cipalement que" l^utenr consizni
le fruit de ses longues et paisi-
bles observations y faites dan? s.t
terre da Prndef-en Vivnrais. Ilj
traite des XeviiQ$ , des laboti».»
des engrais 9 jdçs; récolta, dcf
grains, des vignes Qt deç via^ï
des animaux d<]^e«tiqu«8 , ^
abeilles , des yers-^-sôie, ^
jardins ^ des prés, des «nax.de^
arbres et bois ,, et de tous le>
objets importt^ns dç réconomif
Vu^-îile. « Ce grand çt bon oa^
vrage , dit Hfiller ^ est celui (Ton
Jiomme expert" qui préfère arep
rpi^on ^ des ' moyens simples à
•î?i»^ f*»?'Sf^® 4ép€nA?.r.?
J
jllt dhisé en huit livres qiii of-
ïretit cent dix sous -divisions :
iiuprimé pour la première ibis
en 1 600 , il a obtenu depuis qua-^
torze éditions , dont l'une des
meilleures a été publiée par
M. Gisors , en deux vol. in-S.**
Celui-ci . a eu la sagesse de ne
point toucher au pian de l auteur,
et de se contenter de remplacer
les expressions vieillies par d'au-
tres plus modernes et mieux en-
tendues. Olivier de Serres , sui-
vant ce dernier ^ ne s écarte ja-
mais de son sujet ; il ne dit que
Ce qu il doit dire *, chaque objet
. çst à s:) place : son érudition
n'est point fatigante : il cite tou-
jours à propos et avec discerne-
xnetlt. Son admiration pour l'an-
tiquité ne l'avengie point ; par-
tont où il découvre une «rreur
qui pourroit nuire à la prospé-
rité de Tagriculture , il l'iridique
à.»&es lecteurs et les invite a s'en
( défendre^ Il convertit souvent ses
précepte^' en maximes versifiées.
En voici quelques-unes :
ai pi te couches tard , tard tn te lèveras ,
Tard te mettras en œiiTr« » ««ssi tué
dtnerw.
»
■Qui le temps par trop attendra »
▲ la fin le temps loi faudili.
•
Tu payer» p^omptement le salaire
Qu'auras -promis au panrre mereenairé.
Le mattre » dès son réreil t
An ménage est un soleil.
Xia Société d'agncnltute de Paris
t proposé , en J'an 10 , une nou-
Telle édition de l'ou^rrage d'OZi-
Pier de Serres , au^^entée de
notes et d'observations par plu-
sieurs de ses membres qui se çont
distribués cbaqiie chapitre de
l'ouvrage. 11 doit être orné du
|iortrcit de Vatiteur , donné 'par
Charles CaffarelU , préfet dd
Calvados. lÀger, dans sa Maison
S E R
44i
4<n8 presque tous ses principe^
et dans leur .application. On «
proposé , dans ces dernières an-
nées , d'élever dans le départe-»
"Inent de l'Ardèche , un monu-
ment à la mémoire de cet écri-*
vain utile, et trop long-temp^
oublié.
IV. SERRES , ( Clande ) ha-
bile jurisconsulte du 18® siècle,
professa long-temps et avec suc-
cès, le Droit françois dans l'uni-
versité de Montpellier. Il eçt
connu par un bon Traité detf
Saisies réelles , in— la , et sur-
tout par ses Institutions du Dr bit
franc as , suivant l'ordre de celle$
de Justin ien , qu'il publia en
1753, in-4'», et qui ont été sou^
vent réimprimées. L'auteur f
montre avec précision et avec
justesse , la liaison ou les diffé-
rences de l'ancienne jurispru-
dence avec la nouvelle. II con-
firme ses décisions par un grand
nombre d'arrêts rendus au par**
le ment de Toulouse. Son ouvrage,
composé dans le goût de celui
de Boutaric , est beaucoup plut
utile , parce qu'il marque lef
changemens que les nouvelles oc«»
donnances sur les donations ^
les testa mens, etc. , ont pu ap-
porter dans le Droit françois.
SERTÏO , ( Sébastien ) archi-
tecte de Bologne dans le seizième
Siècle , vint en France 5 et y fut
accueilli par François 1 , qui le ,
chargea de faire exécuter sur ses
dessins, tons les orneraens du
palais de Fontainebleau. Cet ar-
chitecte a publié \\n Traité d'ar-
chitecture qui prouve du goût «t
du savoir.
SERV AGI , fondateur de Vem-:
pire des Marattes, dans la près-
qnlislede l'Indostan, s'éleva par
4on cour6|;« au r«n$ de cheMun«
44t S £ ff
horde belliquettee d*Indi^ft^ èlf
repoussa souvent avec avantage
le farouche Aureng -* Zeb , qui
8'efforçoit de détruire les an^
ciennes souverainetés de l'Asie*
« Mes armées , disoit celui-ci ^
ont été employées contre Ser-^
vagi pendant dix-neuf ans , et
cependant ses états ont toujours
augmenté. >» Setva^i prit le titre
de roi en 16^4 , et son discours
d'inauguration fut ainsi Conçu :
'i« Je suis Roi par. la vertu de ce
cirtieteri'e qvC Aureng-^Zeb n'a pa
briser : Voilà mon premier titre i
j'y joins le consentement de ces
braves qui ont jusqu'à présent
partagé mon sort. » Servagi ^
pour s'attirer le respect des peit-»
|)les , consacra so couronne-
ment par diverses cérémonier re-
ligieuses, n passa un mois eii
purification aVec les Brdmes ; on
le pesa publiquement contre de
l'or ; et les âei2e mille pagodes
qu'il se trouva peser , furent dis-
tribuées aux Brames qiii avoient
purifié son ame«
• SERVIEZ , ( JAcqueâ Roer-
|pas 9 seigneur dé ) chevalier de
§t-Lazare 9 naquit à St-Gervais ^
dans le diocèse de Castres ^ en
1679 9 et mourut à Paris en i^^*f•
Il s'étoit décidé à habiter la capU
tale 9 après avoir parcouru l'Italie
en homme instruit 9 et cultivé
son esprit par de bonnes études*
Il est principalement . connu par
ses Impératrices Romaines » ou
Jlistoire de la vie et des intrigues
secrètes des fejnmes des la Cé-
sars , dont la dernière édition est
<leParis, 17449 3 vol. in-ia.
L'abbé Lenglet a placé ce livre
dans sa Bibliothèque des Romans g
apparemment parce que Fauteur
emploie quelquefois le ton roma-
nesque 9 quoique les faits soient ti<r
ri% 4s^ Auteurs Qrtsn^ »t Romains.
SE V
Cefïéttéaxit le style est en gÂf Jl^£(t
noble et élégant, quoiqu'il n^
toit pus toujours correct. Paulmf
lui attribue V Histoire secrète des
femmes galantes de V antiquité^
6 Vol. in-ia; mais sa famille n
nié qu'il fût l'auteUr de ce livre
obscène et peu pfopr'e à eugmen*
ter sa réputation. On doiC encore
à Serviez : I« Les Hommes iUus-^
très du Languedoc 9 ouvrage im-i
parfait 9 et dont il n'a publié que
le premier volume en 17244 IL Le
Caprice , ou Les effets de ht ^or-^
tuiie ; roiftan médiocre* HI. H â
laissé en mahdscrit l'Histoire du
brave CriUont
SERVÔNËT 9 ( Jf ustîiiien ) tÀ
à Lyon , rassembla dans un Re-*
cueilles décrets de l'Eglise con-*
cernant les Clercs 9 sous le titre t
de VUd et Hoaestale Clerieorum*
U parut en x644<
SËSTO 9 ( Césdr ) peintre MiJ
lanois 9 devint le ^meilleur élève
du célèbi'e Léonard âè Vinci* Ses
tableaux sont justement recbér-i'
chés pour le goût et la grâce qm
les distingtienh Sesto mourut aK
commencement du 1 6* siècle.
^TTLÈ, ( Èlkanah ) poète
Anglois, né en. 1648 9 .vint a
Londres^ «ou la Cité lui fit une
{lension et le nOmma son poète.
1 est niori eh 1^14 9 après ^voit
donné au théâtre 17 pièces : Cam*
hysè t tt Triomphe des Dames #
etc« ^
t SÈVE 9 < ÔilbeYt de ) pein-
tre 9 né à Moulins 9 mort eli i (^S^
} ni ans 9 Orna de ses tableauit
Versailles y et quelques églises di
Parii.
II« SÈVE 9 ( B^ntiGé de ) tlé à
Lyon 9 ami du poète Marot, se
distingua • dans- le- 1€* siècle pat
•es(damièitai. Dùverdier dit qu'A
s E V
)it de petite taille et de- grand
savoir. lié Prompbiaire des Mé^ ,
dailles le place dans le rang des
plus illastres protecteurs des let-
tres. Sève dirigea les fêtes données
à Henri II , lors de son passage
à Lyon. La relation en a été ini;*
primée en. 1548, On a encore de.
lui diverses pièces de poésie ;
L Arioh , églogue sur le trépa^^
dn Dauphin. II. Une autre , sur
la vie solitaire. ÎIÏ. Le Microcos^
me, oa le petit Mon4e..lV» Le
Blason dii front et du scurcil.
y* Délie ; ol);jet de la plus haute'
vertu.
m. SEVERIN, (Saint) né à
Bordeaux 5 devint évéque de Co-
k»gDe f et montra le plus grande-
sèle pdar extirper l'Arianisme
de son dio<$èse. Il mourut au
eommencement du 5^ siècle, et
PEglise célèbre sa fête le 28 oc--*
tobre.
* '^ I. SÈYIGNÈ , ( Marie de
Aabùtin ^; dame de Chantai et
ipar^ise Ae ) iUle de Celse^Èé-
nigne de RabuUn , bacon de Chan-
tai, Bourbilly « etc. y chef de la
branche âinée de. RaJbuUn , et de
Marie de Coulanges , naquit le 5
février i6a6. Elle perdit son père
Tannée suivante^ à la descente
des Anglois dans l'isle de Ré, où,
ii coinmandoit l'escadre des gen-
tils-hoina?es volontaires, Les^gra-^
ces de son esprit et de sa figufre,
la; firent rechercher par ce qu'il y
avoil alors de plus aimable et de,
plus illustre.. Elle épousa en 1&44.'
Heriri marquis de Sévigné »| qui
^ittué en duel Tan ifiSi , parJe
àevalieir d'Albret , et elle en eut
un fil3 et une fille. La tendresse
qu'elle porta à ses deqx . enfans ,
uii f»t srtcriiîer à leur intérêt hi
partis^ Uè plus 'avantageux, JSa
lille ayant. Qj;<^,;nariée, en ^6^69 au
SuppL. Tome JJ[.
S E V 449
en Provence , qui emmena son
épouse avec lui , elle se consola
de aon absence par de fréquente»
Lettres. On n'a jamais aimé un#.
fille autant que IVfad. de Sévlgnà.,
aimpit la sienne» Toutes itB pen«^;.
sées tie rouloient que sur les
n^oyens de la revoir, tantôt à'
Paris oùMad, de Grignan venoit.
la trouver , et tantôt en Provence
oii elle ail oit chercher sa fille<i
Cette mère si sensible fut la vic-
time de sa tendresse. Dans spn^.
dernier voyage à Grignan , elle se
donna tant de soins pendant une
longue maladie de sa fille , qu elle
en contracta une fièvre continue
qui l'emporta le 14 janvier i69iS^
fTous avons deux portraits de
Mad. de Sévigné , l'un par lé'
comte de Bussi qui la peint èiji,
laid, et l'autre par iMad. de la
Fayette,, qui ne s'attache qu'aux.'
qualités et glisse sur les dë£|iitSf
Burssi dit qu'elle étoit coquette^
vive , gaie ; qu'un sot éveille
Vemj^ortoit^ toujours en çstim.e
auprès d'elle , sur un honnête
homme sérieux ; qu'elle., ai moi t
l'encçns ; que voulant avoir lin.^
grande réputation âe régularité',^
elle àllioit ou tâchoit,, ^'allier lè
plaisir avec le monde , la sagessç^
avec. la vertu j que quoique femme
de qualité , elle se laissoit éblouîç|
par les grandeurs de la cour , etc.
etc. Mad. de la fayette la repré-
sente pleine d'esprit , et d'un es-i
prit qui paroit sa figure , et qui
faisoit disparoitre l'irrégularité de
^es traits; elle lui donne une
ame grai^de , noble , propre '&
dispenser des trésprs, et inca<^
pable de. s'abaisser au soin d*én
^mosseip ; im cceuR. généreu;i("^
obligeant , bie.n faUrf ^^ fidelle. Lé
fond de ces deux tableaux peîtè
être vrai ; uiaisi^u voudroil ciî
vain se. di^friw^r . çu il yja'di
' fonuemeut d^s,j|,^ fçp^'pçlie qiij[
Ff
40 s E V
fait Bussi à ISihà. fie Sèi?lsné ^
d'Atre trop toiichôe de f^clat de
ÏÀ- grandeur. Elle nç TAfanquefa-*
rfais de faire p|rt à Mad. /te,
C^ignan de toiisîes 'regards qu'on
a^Jetés sitr elle à lâ'ipour , et^s
J)1iîs petites politesses qu'elle rf •
rbçues du roi, dé h reine 'et d^J
la maîtresse favoHte. Kous ne ci-
terons" qu'un morceau du compté^
qu'elle rend h $a fille , des petites
faveurs' qit eile eut à' Saint-Cyr*
tf là représentation â^'Erther, « Le
roi vint vêts noV places , et après
aVoîr toiiTttjé, il Vadjressa à moi.
e^ me dit : Madcrfue , je 'suU nt-'
^xi-é qne yntii avez été contente*
îttoï , sans m]^onnçt , je répondis;
SlRjs , je suis chàrrfiée! ce que fè
sens est nu-^deisus des paroles* "Le^
î^i me dit j fiacine a bien de /V^-J
^U, — SiBH, il en a beaucoup / '
trials en v^t^itf^ces jeùhes per-^'
i'ùnri$s en ont heauooap aussi;
éilès entrent 'dans le' imjet comme
iï'^èÏÏei à^iR^&têht faïkaisfàit au^'
ère chose, 11 Aïe dît; M^ f pour'
cpla il est ut.'aù Et pfuft sa majesté:
s*en atla ètme Idife^a l'bbjet de
f envie» Comme H rvy avoit quasi
^^e moi dfe nouvelle venne, il
eut quelque plaisir '^e^oir mes
il ncères admirations sans' t:>ruît*
et san3 éçkt". M. lé'ïî'rînçe et ma-
dame la Prîn^sse nievtnrent dire
^n rafot :. madame été ^aintet^on/
comme un ' ëclûif , ' ^èn aila aveb'
Te roi i je r^^ondîs a tout ; cédr
f ptois en fbVCunè. i» 'Dans quellef
extase "Mad. de Séi^ig^né n'est-ellè'
ùô'nt' a la ' viip dfl eoVcIon bleu
qne le comte d^ pfigfian venôit
û'Obtenir ! Avec queiïlè complai*^'
iance ne ï>arV^t~'dîe' point au
tQmte de Biiifi^^àlhutin de la'
^^riéàlogie qitif Vent)it de faire
de leur màîsoft 1" Louis J^îl^
yenoît de f^ân^ét kf^ë elle ; flattées
^e dette piéiénspéhVé^e se toûmi
^Vêîifilnttin ponirMi dire : ïifaui
S€ V
contenir que nous avons un granâ
roi, -i— Je le crois bien , ma cou-*
sine , lui répondit le comte , aprh
ce qu'il vient de faire, B faudroit
rapporter trop de traits, différeni
poifr faire connoître plus en dé-
tajl Mad. d€ Sévigné/ qal du
moins montroit avec naïveté et
aVec grâce ses défauts. Elle eut
sHh$ doute beaucoup dè'pctitesseï
de son sexé; trop aattentidn aux
minuties de femmes ; trop d'en-
vie* de se montrer et de plairej
peut-être trop de coquetterie j
Sans pourtant penser qu'elle nui-
sît à sa vertu. Il ne faut donc adop-
ter «ervilement ni l^s rensncot
(û^ comte de Busâi m Itê. lonaaW
g^» de M^dt de J^ IF^^tU » mm
lir« ses Lattres y et y étudier soi»
^eaprit et son cœur. JLe oacactècc
original q^ii j règne 09t 4) ner<«
q"ô.» qu'aucun recueil 4pisUf^
làire ne peut lui être comptée»
Cç sont, des traits ftnjs et JéU-»
daïs "formés par une inia^ixu-v
tlon Viye, <^i peint tbtrt, yd
anime tout. Effe y met Umt d»
<ré beau naturel »qui ne se tronre
qti'avecle vrai , qo'on se sent af-
ftct.é des mêmes seî^timèriç qu'elle«
On partage sa joie et Sa tristesse,
cwi «inscrit à »s louants et à set
cçitttitç^ On. nV jamais raconté
â^ rièn'^ avec tant de çrace. Tout
^'^l'étîts sont des tafileànx de
r^AUfané; enfin Itfad. âé Sé^igné
est danV son genre ^ ce que. ta
forttaine e^ dans le sien , 1»
modelé et le désespoir de ceux
mri' suivent k même" carrière.
Bttssi-B.ahutin a trôs-^len carac—
téfiàé le style de sa consme, dant
une de ses lettre*. « Votre ma-
nière d'écrrre Kbre et aisée me
plaît bien^ davantage que la ré*
rqlarité'de la plupart de MM.de
rÀcadémie; Cest le style d'aoe
fê^me de qualité qut a bien de
ffcsprit 9 qui soutient 1^ Mractènr
SEV
'4a qiatiètes enjouées, et 4ttl
égaie celui do» sérieuses « Oa a
remarqué que ({nanti Med» de ^é^
vigne dictoit ses lettres , «on style ,
ei vif et si serré « devenoit lâche ;
et Corbinelli lai disait qu elle per-^
doit alors une {iûf tiède «on esprit»
Elle aimoit beaucoup le& per8on-«
nés enjoijées et qui l'étoient gans
entrain te , et elle ne craignoit
Tien tant que ces gens affectés qui
ont dé Vesptit tout le jour. Les
bons mots n*étoient pas perdu;
avec elle , et elfe en disoit ;iOu-
Tent» Il faut ^ disoit-elle, pardon,'^
lier aux amoureux , ainsi qu'aux
gens des fetites Maisons* Dans
la dispute élevée sur les Anciens
€t les Modernes ^ elle décida
ainsi : Les Anciens sont beaux ,
ffiais nous sommes plus jolis* Les
ïneilîeures éditions de ses Lettres ^
eont celles de 1775, en 8 voL
in-Y2 y et de l'^n 10 9 en dix vol.
in— 19, avec vn Discours prélir-
ïijinaire , par Tabbé de Vaucelles,
On a aussi donné séparément ,
en 1777 9 in— I a 9 un Supplément |
'dont la moitié est composée des
Jjettre$ de la marquise de Simiane^
petite- fille de IVfad, dà Sévigné*
il auroit été peut-être à souhaiter
que Ton fît un choix dans ces
«lifFérens morceaux. Il est difficile
de soutt^-ir la lecture de dix voU
de Lettrés qui » quoique écrites
d'une manière inimitable , offrent
Beaucoup de répétitions et ne
renferment très-souvent que de
§etits faits. Il est bien vr«i qu'une
es principales caisses de l'inté-
rôt qu'on éprouve en les lisant |
c*est quelles sont en partie liis-
toriqiies. On peut les regarder
Q(»miue des Mémoires propres à
f%ire connoitre les n^oeurs , le ton^
Ve^prit , les usages , l'étiquette
^ui régnoient à la cour da Louis
^IV, On y trouve des anecdote^
^n ou «her«lief oit vaiaequiefit aiU
)dats;'mais ces (particularités %^m
roient bien plus piquantes, sÀella^
étoient quelquefois débarrassé^
de cette fouie de petits détailâ
domestiques et de minuties qui
dévoient mourir entre ia mère
et la fille. Au reste , je ne sais oii
CaraccioU a pris que ces deu](
dames, qui souoiroient sanp ceèi^
pour leur réunion, étoient quel-
quefois insupportables Tune à l'an-
tre , lorsqu'elles étoientNréunie*-:
Us coeurs s'accordoieni , dit>«U^
et non les humeurs,C*est une anec*'
dote que (e n'ai lue que d^us lel
Lettres réctéatwes et morales , ^
^u'il seroit intéressant de vértOer,
quand ce ne seroit que pour fair#
connokre le cceur humain. L'aca^
demie de Marseille a proposé Té^
loge de Mad» de Sévigné, pouf
sujet de Tun de ses priiç. Oji
donna en 17 56, sous le titrç df
SefighiaNa , un Recueil des
pensées ingénieuses » des anec-»
doù$s littéraires , historiques et
^morale f qui se trouvent répan^
dues dans ces Lettres. Ce Eecueil
fait saxi^ choix et sans ordre , ef(
parsemé de nqtes , dont quel-i.
ques^unes sont fort satiriques»
» SEVÏN , (François ) né dans
le diocèse de Sens , parvint par
son mérite aux places de membrf
de l'acadéitiie des Belïes*»Lettres i
et de garde des manuscrits de la
bibliothèque du roi. Son esprit ,^
son érudition et son zèle pour lé
progrès des sci^ces, lui Firent
des an}is illustres. Il entreprit y
avec Tabbé Fourmont, en 1718,
par ordre de Louis XV » uà
Voyage à Constantinople , pour
y rechercher des nianuscrits ; aidé
des ^(i\i\% du ajarquis de Villes
newe ambassadeur, il en rap-
porta environ 600» mais il na
pHt recouvrer aucun des ou-a
V rages des anciens Greai* Qv^ ft
Ff 1
4^1 S E ^
£nblié en fan lo, à Paris, lei
«ttres de Sevin snr ce voyage ,
un vol. in— 8.^ £llet sont agréa-
bles , quoiqii'écrites avec un peu
trop de prétention an bel esprit.
On y trouve, outre des détails
intéressans snr Constnntinople ,
sur l'Egypte , la mer Rouge , le
JNil, Visthme de Suez, un Mé-
moire de Caylus sur l'architec-
ture des Turcs, d*autres de Peys-^
êonnel sur diverses antiquités ,
une Dissertation sur le calendrier
de l'intérieur de llnde par le mis-
sionnaire Beichi , et enfin une
Helàtion attachante du consulat
de M. Anquetil à Surate. On a
encore de l'abbé Sevîn^ une JDû-
tertation curieuse sur Menés ou
Mercure premier roi d'Egypte ,
In— 12 ; et plusieurs écrits dans
les Mémoires de l'académie des Ins-
•riptioUà , qui le perdit en 1741»
SEUR, Voyez SUEUR-
I.SEWARD, (Thomas) An-
glais , ministre d'Evam , a donné
une édition des Œuvres drama-
tiques de Fletcher , et a publié
quelques écrits contre la cour,
de Rome. Il est mort en i7$o.
. II.SEWARD,(William).An-
glois, né à Londres en 17471
d'un brasseur de bière, devint
l'un des plus célèbres biographes.
Il étoit membre de la société
Royale et de' celle des Antiquai-
res. On lui doit des Mémoires sur
les personnages fameux, cinq vol.
in-8<>; et un Supplément à cet
ouvrage , intitulé Biographiana ,
deux vol. in-8.^ Seward est mort
dans ces dernières années.
L SEWEL, (William) chi-
rurgien'Hollandois,morten 1720,
-a publié un Dictionnaire anglois
«t hollandois, et tine Histoire
de l'origine et des progrès des
Quakers.
SET
n. SEWEL, (George) peM
Anglois , né à Windsor , mort en
1716, a donné quelques piècea
de théâtre, enti'autres la tragédie
de JValur Raleigh. On lui doit
encore, i .^ La Défense du théatrt
anglois; a.o une Vie de Jean-m
PiuUppe,
IL SEXTUS , né à Chéroné»
en Béotie, étoit neveu de Pîu^
torque A\ embrassa la philosophie
Stoïcienne , et devint précepteur
des empereurs Lucius'^ Venu et
Marc^Aurèle, ^t^ écrits se sont
perdus. — Un autre Sextus , phi«*
losophe de l'école de Pyrrhon,
yivoit sous le règne d'Antonin^
et on a conservé quelques-uns
de ses opuscules.
SEYDA , régente du royaume
de Perse après la mort de son
époux Magdeddulat , et mère de
Rostan, gouverna ses états ave#
gloire , et les remit à son fils qui
la dépouilla aussitôt de toute an«
torité. Indignée de son ingratitude
et des insultes du visir Avicenne,
Seyda se réfugia dans le château
de Tabarek , dans le royaume de
Lar , leva une armée , se mit à la
tête, combattit son fils , le fit
prisonnier et remonta sur le tr6ne.
Dès-lors la Perse fut paisible au
dedans et respectée au dehors.
Elle donnoit audience à ses mi-
nistres , 'cachée derrière un ri«*
deau ; mais elle paroîssoit à vi««
sage découvert devant les am-
bassadeurs des grands princei^
Elle mourut vers l'an 420 de 11ié«
gire.
SEYDLITZ, (Frédéric-Guil-
laume, baron de) né dans le pays
de Clèves en 1 7»a , entra au ser-
vice du roi de Prusse , et deviat
l'un de ses généraux les plus cé*^
lèbres. Après s'être distingué dans
k guerre de Silésie ^ fi eut ds
SH A
l^iDans snccès dans celle de sept
«ns. Lors de la défaite des Prus-
siens àKolin, le i8 juin 1767 , il
touvrit habilement leur retraite,
•t commanda ensuite la cavalerie
à la bataille de Rosbach 9 où les
François furent ^inciis. Il re—
]M)ussa courageusement les Russes
À celle de Zorndorf, le i5 août,
et mourut , comblé de gloire et
Jhonneur, en 1773. Frédéric hn '
a fait ériger une statue sur la
]jlace GuiUaume à Berlin.
• ♦SHAKESPEAR^qui se pro-
nonce Chakspir^ (Guillaume)
célèbre poète Anglois, naquit à
Stratford dans le comté de War—
"^ick, en avril i564,d'utt père
qui quoique gentilhomme , étoit
iQarchand de laine. Après avoir
reçu une éducation assez com-,
ni une dans sa patrie, son père
lé retira des écoles publiques pour
rappliquer à son négoce. On pré-
tend que notre poète s'associa
dans sa ' jeunesse avec • d'autres
jeunes gens, pour dérober les
tiêtes" ' fautes d'un seigneur de
Stratford. Cest la tradition' de
cette aventure vraie ou fausse,
qni à fait imaginer la ridicule
f«bb que Shahesfrear avoit em-
brassé le métier de voleur. Il se
maria à 1 âge de i6 ans, avec. la
fille d'un riche paysan. Après avoir
dissipé son bien et celui de sa
femme , il ne trouva d'autre res-
source que celle de se faire co-
médien ; mais se sentant un génie
^rt au — dessus de son état , il
composa des Tragédies , dont le
brillant succès fit sa fortune et
celle de ses camarades. Le trait
Qiii fait le pfns d'honneur à la
mémoire de Shakespear , est la
manière dont commençasôii ami-
tié pour Benjohnson , poëte tra-
gique. Celui — ci étoit jeune et
iSaorç. 11 avoit présenté une pièoç
S H A 45$
*
aux comédiens , auxquels il fai- .
soit respectueusement sa cour
pour les engager à la jouer. La
troupe orgueilleuse excédée de
sa présence , alloit ïe renvoyer ; \
Shakespear demanda à voir la
pièce. Il en fut si content , et la
vanta à tant de personnes , que
non-seulement elle fut repré-
sentée, mais applaudie. Cest ainsi*
que Molière encoui'agea l'illustre
Racine, lorsqu'il donna au public,
ses Frères ennemis. A l'égard des
talens du comédien , ils n'étoient
pas à beaucoup près aussi grands
dans Shakespear que ceux du
poète. Le rôle où il brilloit le
plus étoit celui de Spectre. Dans
l Aristophane François, comme
dans le Sophocle Angtois, Tauteur
affectoit l'acteur : Molière ne
réussissoit que dans certains per-
sonnages , tels que ceux de Mas-m
earille , de Sganarelle , etc. Sha^
ktspear qiiitta le théâtre vers
l'année 16 10. Il se retira à Strat-
ford , ôii il vécut encore quelque
temps , estimé des grands , et
jouissant d'une fortune considé-«
rable pour un poëte. Il la devoit
à ses ouvrages et aux libéralités '
de la reine EUzabeth , du roi
Jacques I et de plusieurs sei-
gneurs Anglois. Un mitord^ lui.
envoya un jour mille livres ster-
ling ( envirôh mille louis ). Ce *
trait de générosité passeroit pour
une fable dans-'toiit autre pays
qu'en Anfrleterre,oiiron récom-
pense solidement le mérite , que
chez d'autres nations on ne fait
qu'estimer. Shakespear dans sa
retraite , soccupa à faire du bien.
On cite de lui un trait qui carac-*
térise son désintéressement et la
sensibilité de son. cœur. Etant
allé voir, après une très-longue
absence , line dame qu'il connois-
soit , il la trouva en deuil de son
msiXi-x ruinée par la perte d'un
j^4 s H A
grand procès , sans appaî^ latll
ressource , et chargée de Tentre*
Sien de trois filles.^ Ému de ce
spectacle , il embrasse la mère
et les filles, et sort suis rien dire.
Il reparoît bientôt , et les force
d'accepter une somme considé-
rable , qu'il venoit d'emprunter
d'un ami. Mais trouvant ce se-
cours trop léger pour tant de
besoins , u s'amige , et s'écrie en
.versant des larmes : C'est à pré"
sent, pour' la première fois , que
je voudrais être riche ! 11 mourut
en 16169 dans la 52* année de
«On âge. La nature avoit rassem—
blé dans la tête de ce poète ce
qu'on peut ima^er de plus
gtand , avec ce c|ue la grossièreté
sans esprit peut avoir de plus bas*
Il avoft un génie plein de force et
de fécondité, de naturel et de
«nlblime, dit Voltaire, sans la
moindre étincelle de bon gout,^
«t sans, aucune connoissance des .
xègîes : aussi , le même écrivain
r^ppeile-t-il le St. Christophe
dès Trafiques, Ses pièces s<Jnt des
monstruosités admirables , ou
parmi des irrégularités grossières
•t des absurdités barbares, on
tfouve des scènes supérieurement
Tendues , des morceaux pleins
d'âme et de vie , de.s peiisées gran-
des, des senti mens nobles et des
«i^uations touchantes.
Cet AngloiSf tias conaottre Tait
des grMës atttesn .àm U Orèct «t éê
RdflMy
A cvpQinUttit M pda&rv IMmmdim.
Celles de ses Pièces qu'on estime
le plus , sont : Othello ; les Fewk"
mes de îf'lndsors Hamlet; Mac--
heth ; Juleê^César ; Henr^ IV;
et la mort de Bichard lîL JÙucis
a transporté avec succès sur la
scène frangoise plQsieurs de ses
piicet, La Place en a tràdultâfli
son Théâtre Anglais , qu il corn»
mefiça de publier en 174S. J>
Tourneur en a donné une antre
Traduction complète , 1 7 S i ,
li vol. in-40. et ao vol. in-8»;
l'une des meilleures éditions àt%
(ïluvres du Sophocle Anglois, est
celle que Lôu^l Théohald adonnée
en 1740, qui a été réimprimée cû
1752, S vol. in-8.® L'édition de
Glasgow, 1766, 8 vol. in-ii,
est une des pluS belles , et Sun
tout celle de Johnson de i77(«
réimprimée en 1 798 , 1 o volumes
iil-S.^'On estime aussi îes CorreC'
lions et les ïfotes critiques faites
siif ce poète pat le savant Guil*
laume W'arburton.On trouve dans
les derliières éditions de Shakes-*
pèàr , outre ses Tragédies, dei
Comédies et des Poésies mêlées.
Les unes et les autres offrent des
traits de génie , mais sans bien*
séance et sans régularité.
N'importe , Il règse , et ton pc«plt
Tadore i
JLpr^ AÎIlt ans tt doit i|gMf tnaDWI
Tant le soblifliie a 4a écoiii Mr aos
c«aai«!
On a éri^ en 174», dans l'ab»<
baye de Westminster^ un avptfbe
monument à la mémoire de et
créotmr du théâtre Anglois.
1 SHARP , (M.' Mad. ) Êcos-
sois , ont été des centenaires re-
marquables. Tous deux ètoienk
nés le I ^* avril 1 6 63 ; ils furent ms-
riés le i*^ avril 16$ 3 ; trois enfians
qui naquirent de leur union, vi-*
rent le jour le i** avril. Ces deux
époux moururent le même joar à
Dublin en 1784, âgés de 1 1 1 ans.
C'est de leur fille aînée , mariée
le i" avril, que naquit, le pre-
mier avril de l'année suivante, le
général Montgoméry, qui s'est dis-
tingué dans la guer re des Etats-Unis
d'Amérique coQtro rAngleteriti
SH A
SHAMIOCK, (Robert) Ab^
flois, mort en 1684 , devint ar-
chidiacre de Winchester) et fut
tout à la fois savant jurisconsulte |
bon théologien et naturaliste re«
nommé. On distingue parmi ses
ouvrages un Traité sur la pro*
pagation des plantes.
III. SHAW, (Cuthbert) poète
Aiiglois, étoit iils d*un simple
cordoiinler, et méritoit par le
génie de ses productions de sortir
de la misère oii il vécut. Il est
mort en 1771» —Un théologien
du même nom, mort en 16969
a publié un Traité de morale et
de controverse , somi le titre
à'EmmanueL
- fflEIKBBEAR, (Jean) méde-
cin Anglois , né à Bîdefort en
1709, mort en Ï788, s'attacha
à la maison de Stuart , et vint à
Péris , oii lacactémie des Sciences
le reçut au nombre de ses mem-
bres* Le meilleur de ses ouvrages
B pour titre , Lettre sur la nation
Anglaise,
SHENSTONE, (Guillaume)
poète Anglois , né en novembre
17 14, mort le it février 1763,
)>a8sa tme vie douce au n^lHeu des
plftisits" tranquilles de la campa-
gne, et- les a célébrés dans ses
chants. Il a laissé divers ouvra-
ges en vers at en prose , recueil-
lis en trois vol. in-8.* h^s Elégies
et les Ballades qui forment le pre-
mier volume ont de la gracé et
àe l'intérêt ; n^s on estime sur-
tout son petit poëme de la ilfai»
tresse d'Ecole,
SHEPCÈVE, (Jean) poète
'Aiiglois , mbrt en 1 542 , se fit un
«om nott-senlement par se$ Poé^
9ies , mais encore par ses ouvra-
ges d'érudition, il fut professeur
4e grec et d'hébreu daas rimiver-
écté d'Oxford.
S H E 45J
SHBRARD , antiquaire An^
glois j voyagea dans la Grèce et
dans l'Asie mineure. Il trouva
dans la Troade , au lien oii étoit
située l'ancienne ville de Sigée ^
V inscription Sigéenne qui est çé**
lèbre parmi les chrot^ologistes^
Elle appartenoit à une statqtt
d*Hermès sans tète* Sturard est
mort à la Rn du 17* siècle.
SHERBURN, (Êdonard)!
commissaire général de Vartille-^
rie Angloise , naquit à Londres e\L
1616^ et resta fidelle à Charles /•
On lui doit un 'Recueil de poésies;^
et la traduction en anglois des
tragédies de Sénèque et du poi^m«
de ManiliUf sur l'astronomie.
SHEnBTJRNE, (mylordj
après avoir voyagé long - temps
dans toutes les cours de l'Europe ^
se retira dans ses terres en Ir-
lande, oii il s'appliqua à décrire
en plus de 3oo cartes manuscri'^
tes , jusqu'aux héritages un peir
remarquables de celte contrée.
Ce Recueil intéressant formé trois
vol. in~fol. Son fils passant de
Dublin a Londres sur le vaisseaa
V Unité f fut pris par des arma-*
tenrs François; et sa Topogra*-*
phie d'Irlande» envoyée à Paris ^
est en ce moment Tune des ri»
chesses de la bibliothèque na-*
tionale.
SHÉRIDAN, (Thomas) fil*
d'un ministre Irlandois, intime
ami de Swijt, se ht acteur e»
1743 , et )OMa avec succès sur le»
théâtres de Dublin et de Londres ,
sur-tout le râle deCaton dans la
tragédie de ee nom. Après avoir
représenté les pièces des autres y
A en fit lui-^méme, et sa comédie
de ta Découvet^te , jouée en 1763^9
eut beancottp de succès. On lui
doit encore une Vie de Swift- et
un Dietiomnairç auglois» U e|^
Ff4
y
3J56
S HÈ
mort en 1788. *— Son épouse ,
Françoise SBÉniDAN , morte à
Blois en 1767, coran^e elle ve-
♦iioit rétablir sa «anté en France,
« écrit des Romans xjtri ont de
l'esprit et de l'intérêt. Us sont
dntulés : Nourjahah et Sidney
^ 'Siditlpke.'^Son fils ne ^e distin-
gue pas moins par ses Pièces dra*
toatix{ties que par ses Discours au
parlement d'Angleterre,
' SHERWIN , ( Jenn-Keyse )
célèbre graveur An jjl ois, mort en
'(1790^ étoit un simple bûcheron.
'£tant entré par hasard dans une
salle où la famille de M. MLlford
tiessinoit, on lui mit tm porte-
crayon à la main , et on s'amusa
à le prier de copier un dessin
dif&cile. Le bûcheron l'exécuta
iivec une telle précision , que la
Camille étonnée crut devoir en-
courager son talent et l'envoyer
à Londres , ou il devint le plus
célèbre élève de Bartolozzi. Ses
dessins sont très— recherchés.
SHORE , ( Jeanne ) Angloise
célèbre par sa beauté , éponsa
luî orfèvre , et devint maîtresse
'dEdouard IV, Après la mort de
•ce monarque , elle fut poursuivie
comme sorci>re^ et condamnée
à une pénitence publiqîje et à la
"perte de tous ses- biens. Elle mou-
rut dans la détresse , au milieu
du i6® siècle.
SHOVEL, ( Cloudesljr ) ami-
ral Anglois', commença sa car-
rière par être simple mousse , et
'servil, en 16^4, sous Narbo-^
Tough, chargé de brûler les vais-
seaux de Tripoli. Shoptl montra
-tant d'intrépidité, dans 'cette ex-
pédition , qu'il fut fait capitaine
' de vaisseau. Il se distingua de nou-
veau à la Baie de Bantry , à la
•ImtaUle navale ^eMa Hogue et
à* la prise d« M'alaga, en 1704.
Kommé chevalier et aminl, â
commanda la flotte qui prit Bar-
telonej mais en revenant vain-
queur , il fut assailli d'une tem-
pête furieuse dans la Méditer-
ranée, et son vaisseau fut fracassé
contre les rochers de la Sicile,
dans la nuit du 21 octobre i7oS>
Son corps retrouvé le lendemain
sur le rivage, fut transporté en
Angleterrfr,et inhumé avec pompe
dans l'abbaye de Westminster.
SIAGRIUS, (Afranius)néà
Lyon, dans le 4* siècle, fut grand
magistrat ^^on politique , et poète
méèiocre. Il étoit préfet du pr^
toire en 3St , comme le prouve
le code ThéodosUn , qui lai est
.adressé , et il devint dans la suite
consul. Le poëte Ausone l'avoit
choisi pour sou patron. Siagrius
mourut à Lyon, et fiit enterré
dans l'ancienne église des Maccba-
.bées , où l]on vit long— temps soa
• tombeau. Son neveu Siagrius
adoucit les mœurs de Ooadt^
baud , roi des Bourguignons , et
par ses conseil^ chercha à policer
%es peuples. ,
SIBBALD, (Robert)historieii
Ecossois, né en 1643, voyagea
en Italie et en France, et s'occupt
beaucoup à soÀ retour, de faire
établir un collège de médecine et
un jardin de botanique dans sa
patrie. On lui doit une Histoire
naturelle de l'Ecosse , et une
autre du comté de Fife dans la
même contrée.
SIBRECHTS, (Jean) peintn
célèbre, né à Anvers en i6î5,
fut un habile paysagiste et excella
à représenter les troupeaux.
SIBTHORPE , ( Jean ) célèbre
botaniste Anglois, mort en i/jC»
fut membre de la société Royale,
et fit deux fois le voyage du
Levant , poiir y recueillir M
s IB
lofantes curieuses , qu'il a lésées '
a l'université dOxford. On lai
doit la Tiorç de cette contrée.
L SIBYLLE , femme de Bo-»*
"heriy dite de' Normandie, donna
«ne preuva rare d'amour con^
Jugal. Ce dernier ayant été blessé
par une Ûèchc empoisonnée , les
médecins annoncèrent que sa
mort ëtoit certaine « si quelqu'un
ne suçoit prompte ment 1a bles-
sure et ne s'exposoit à périr pour
\\x\, SihyUe profita du sommeil
de son époux pour sucer la
plaie, et mourut victime de son
dévouenient.
. I L SIBYH.E , marquise de
Montferrat et reine de Jérusalem,
«n 1 186 , sœur de Baudoin IF/
épousa Gui de Lusignan. Les en*
nemis de ce dernier lui demandé-
fentde rompre son hymen. «S/^y//«
feignit d'y consentir et renvoya
OuL Quelque temps après, elle
fit jurer aux chevaliers du Temple
qu'ils se souraettroient à. celui
qu'elle prendroit pour époux. I1&
en prêtèrent le serment; alora
Sibylle déclara que Gui avoit
toute sa tendresse, qu'eile.le re-
connoissoit pour son mari| et allé
le fît couronner roi.
SIDDONS, célèbre actrice
Ang^loise , excella daixs le tra-
gique. Elle a fait aussi divers mor->
ceoux de sculpture justement es^
timés , et entr'antres un buiste
ai Adam, dont la figure pleine de
grandeur et de majesté , a été
admirée dans l'exposition faite à
Londres en 1082.
*ILSlDNEY,(Argernon)
cousin - germain du précédent,
étoit fils cadet de Bohert, comte
de Leicester , et avoit été colonel
dans l'armée du parlement opposé
à Charles /, roi d'Angleterre,
^ome n'eut peut<r être jamais de
5 I I> 4Vr
républicain plus ardent , plus Aer.
C'étoit nn second Brutus. 11 fit la.
guerre à Charles. l\ se ligua, sana
être d'aucune secte , ni même
d'aucune religion , avec les eu«
thousiastes qui se saisirent da
glaive de la justice pour égorger
ce prince infortuné. Mais lorsque
Çromwel se fut emparé du gou—
vernement , Sidney se retira , et
ne voulut point autoriser par sa
présence la tyrannie de cet usur-
j^ateur. Après la mort du protec-o;
teur , il eut l'imprudence de re-*
tourner en Angleterre, à la solli-
citation de ses amis. 11 avoit ob-
tenu un pardon particulier ; mais
la haine ardente et inflexible qu'il
avoit vouée à la monarchie , le
]:endit suspect à Charles IL On
voulut le perdre, et on l'accusa
d'avoir trempé dans une conspi—
ration contre la personne du rqi.
Et comme on manquoit de preu-*
vcs contre lui, on saisit ses écrits^
entr'autres des Discours qui
navoient jamais, été publiés, et
on les dénonça comme séditieux.
Des juges corrompus le déclare^
reut coupable de haute trahison^
Les conséquences qu'ils avoient
tirées de ses écrits pour le perdre^
n'étoient point des conséquences
qui résultassent des faits, puisque
ces écrits n'avoient point été
publiés , ni même communiqués
à personne. D'ailleurs comme ils
étoient composés depuis plusieurs
années , ils ne pouvoient servir à
prouver une conspiration pré-'
sente. On avança cependant que
Sidney étoit non-seulement cou-»
pable des crimes dont on le char«
geoit, mais qu'il devoit néces-
sairement Tétre, parce que st%
principes l'y conduisoient. Il fut
condamné à être pendu et écar-
telé- Jeffreys son juge et son
ennemi personnel, enluiannon*^
Sant cette seDte^ce d'un, ton de
4Ç« « I D
néprii , Tèxhortoit k subir «m
tort avec résignation. 5û{ii^, en
avançant la main , Ini dit : Tdtet
mon pouls , et poii si mon sang
est agUé, Le sapplice fîit cepen**
dant adônci^ et Ton se contenta
de liai trancher la tète en i683. Il
ëtoit âgé d*environ €S ans. La
sentence prononcée contre lui,
fut aboli» la première année da
règne de Guillaume, On a de
Sidnty un Traité du Gouverne*'
ment^qxxi a été traduit en François
par Samson , et publié à la tfâye
en 1701, en 4 vol. in-ti. L'au-
teur veut qu'on soumette ranto-
rite des monarques k celle. des
lois , et que les peuples ne dépén-»
dent que de celles-ci. Il y a dans-
son Ouvrage des réflexions har**
dies , quelques paradoxe! , et des
idées qui ne sont pas assez déve^
loppées. Ses principales maximes
sont cel!e-^i : « Le gouvernement
, n'est pns établi pour l'utilité de
l'administrcint, mais de Fadmi-'
Jlistré ; et la puissance n est pat
un avantage, mais une charg*;
— La liberté est la mère de«
vertus, et l'esclavage des vices.-
— Ce qui n'est pas juste ne peut
•voir force de loi , et ce qui n'est
. pas loi n'oblige à aucune obéis-*«
sanc -*- Un pouvoir aui-dessua
àés lois ne' peut subsister aveo
le bien du peuple , et celui qui
ne reçoit pas son autorité de la
f loi , ne peut être légitime sou-
verain. — Toutes les nations
libres ont droit de s'assembler
quand et oit elies^ veulent, à moins
. qu'elles n'aient renoncé volontai-
rement à Ce droit. -—Le soulève-*
' ment général d'une nation, ne
mérite point le nom de révolta
C'est le peuple pour qui et pat
qui le souverain est établi, qui
peut seul juger s'il remplit bieit
sas devoirs , ou s'il ne les remplit
pas»» La.Kéfoltttion Françoise n
S I G
nia cil prâtiqtte les opimoni Ib
Sidney.
StÈVnnSSj (Antoine de) ni
en 1 53^ à Ouimaraeiis en Porta-
gai , entra dans l'ordre des Domt^
nicains , enseigna la philosophie
à Lisbonne , fut créé docteur s
Louvain en 1&71 <, fut banni dei
états du roi d'£apagne, pour
s'être déclaré en faveur de dos
Antoine de Beja, qui se donnoit
pour roi de Portugal , mena en-*
suite une vie errante , et mojatut
à Nantes en 1 48S. On a de ki i
L Uno Chronique de son Ordre )
en latin, Paris, iS^â^ in«S<*
II, Bibliothèque des Ecrivains de
son Ordre. Ces ouvrages sont
pleins de fautes et écrits sans
goût. On a encore de lui des
Notes sur les ouvrages de saint
Thomai , etc. Voyex le P. Quétif,
strr les Ecrivains Dominicains.
SIFFRIDUS deMisnie, prdti^
du i4* siècle, a donné des^nM-*
les depuis la création du moad»
jusqu'à son temps. Pistorius en a
publié une partie en i583^ elles
s'étendent depuis l'an 4 56 }aaq«%
Uan i3o7.
I. $I6Cfi£RT , roi dés tut*
Angles ou de TAngletcrre orien-
tale , appelé par >e vénérable
Bède , Roi très-éelairé et tris*
ehrétien , travailla à faire fleurir
la foi dans ses états, fonda dei
églises , des monastères et det
écoles , descendit ensuite ds
trône pour se faire moine à Cno*
bersburgh, aujourd'hui Bntfh«
Castle , dans le oomté de Snfiblltfi
Il fut assassiné en 64% i vee
Egrich son cousin , qu'il avoit
mis sur le trône en sa place. Ott
en fait la fête dans plusîenn
églises d'Angleterre et de France
SIGLERUS, (Michel) syndil
drHcrinaiistadt en Ttansjlvaiue)
j
s IL'
tets tSSo, est auteur dHme ll?f-J
toire de Hongrie en latin , insérée
dans Ia collection^ historique y
imprirtîé & Presboarg , ï^35,
in*-folîo.
I. SILV A. Il y a eu de ce nom
(François ) peintre et statuait»^
mort eu 1641 j un autre, sculp—
teur ( jiugttsUn)^ et son petit-ûls;
(JVa/x^OLj) dit Je Jeune ^ mort
à fionii dans Télectorat de Co«t
logne en < 787 ; enfin, un sculp-i^
teur^et architecte ( Charles Fran^
ipis) , mort k Milan en 172(1 à
65 ans*
II. 3ILVA, (Gabriel de) mé-
decin du XV4^ siècle, a publié ua
Traité latin sur la Diète*
SILYANI, (Gérard) architecte
•t sculpteur Florentin , n^ en
1579 , mort en 1675, et sott
petit— fils ( Pierre**François > h«h-
bile aroJiiteote', ont eu de la répu-^
tiitfon dans l«ur patrie. - *
SILVECANE , (Constant de)
feé à Lyon 9 y devint prévôt deî
marchands' en 1 6S9 , et publia en
1690, une Traduction de fuvC'*
Tuil avec des Notes.
VÏÏL SIMÉOW, (Antoine)
reli^ieuJE' dofuinieain , a traduit de
l'espagnol les Sehnons de Pierre
ée Valdérâha , et de rittflîen
ceux de Marcel Ferdinand de
Bahy, abbé d*01iv«t^ 16 10. Ce
traducteur mouriit à Angoulème
* STMIANE, (Charfes-Jean-
Baptiste de) d'une famille de Pro-
vence qui remonte au x* siècle ,
flevint marqn^ de Pianèze, mi-
iiistre du duc de Savoie , et colo—
hel général de son infanterie. Il
servit ce prince avec zèle dans son
conseil et dans ses armées. Sur là
fin de ses jours, il quitta la cour,
^ se retira à Turin chez les Pré*
trfts de la Mission , oii il ne s*oo-i
cupa que de son salut. Sa solitude
n'étoit troublée qufe par les con-*
seils qu'on lui demandoit comme
à l'oracle de >a Savoie. U finit
saintement Seè jmifS. en 1677.
On a de lui : I. Un Traité de là,
vér*ité de la Religtofi Chrétienne ,
en italien , dont le P. Bùuhôun
A donné une Traduction fran-*
$ûi9e ) in~i 2. II. PiissinU in DeuiA
A/fécttis , ex Augïistini Confei^
eitfnihus delectl , in- 1 ifc , etc. — XL
y s eu de la même famille Èer-i
trand Baimhaud de Simiant »
marquis de Gordes , lieutenant^*
géhëral du Dauphiné , mort éil
th'jfi , qui livra un combat à
Mànthrun et le fit prisonnier, et
^li se signala contre les religion-
ndires ; et Pauline Adhemar de
Grigàttn, épouse du marquis de
Simiane , mott en i7tS, donf
elle n'eut qite des filles, Vqyét
Grigmaïy.
• Xtll SIMON, (Claude^
François) imprimeur de Paris ^
mort dans cette ville en 1767 ^
à 55 ans , joignoit aux connois-*
sances typographiques, celles delà
littérature. On a de lui : L Con^
àoistance de la Mythologie g
Paris, 1753, in-ii, 4" et la
meilleure édition. Les journalistes
de Trévoux , dans le second vo**
]ata6 d*avril 1746, soutiennent'
que cette production est l'ouvrage
du P. Rigord jésuite , mort en
f 73^ , et que Simon, n'y a fait qtié
, quelques additions , parmi les—
- quelles il y en a de peu modestet
et dangereuses pour des enfaiis.
Ces anecdotes scandaleuses ont
été retranchées dans l'édition que
nous indiquons. II. Deux Co-
médies ; Minos ou V Empiré Sou^
terrain, les Confidences récipro-*
ques , non représentées. IIL Mé-m
fnoires de la Comtesse d'HoriU'^
46o SIM
Pt/Ztf , a Tol. in-i2 : roman foi^
blement et négligemment écrit , et
dénué d'imagination. IV. Méaioi-
rjRs de Du Guay-Trouin , in-^*» :
il reçut en 1740, une médaille
d'or de la part du roi pour la
rédaction de ces Mémoires. V. Il
6*occupoit , lorsqu'il mourut ,
d'un ouvrage considérable sur la
Science pratique de l'Imprimerie f
inais cet écrit que l'on regrette
na pas vu le jour. Les principales
éditions sorties de ses presses^
«ont: Virgile, Térence , Salluste ,
Cornélius - Nepos ; un Lucrèce,
italien; la Bible d'Houbigant^
1753 , 4 vol. in-folio ; un choix
de Poésiçs , 3 vol. in-4*' , dont il
ne tira jfue 75 exemplaires. On
ignore si c'est à lui ou à un autre
Simon qu'on doit un Traité sur
le Moyen (le co/i$erver le Gibier
par la destruction des Oiseaux de,
rapine , avec un Essai sur la
Fipée , Paris , 1738 , in-12.
XI Y. SIMON, (Jean-François)
Airurgien , mort en 1770, doat
on a nn Abrégé des Maladies des
Os , et un Abrégé de Pathologie
tt de Thérapeutique,
SIMONEAU , (Henri) maire
d'Etampés, fiit massacré le 3
joars r792,-pac la populace qui
voulut le forcer a diminuer le
prix du pain. « Ma vie est à vous,
décria Simoneau, vous pouvez
me tuer , mais non me faire man-
quer à mou devoir. » L'assemblée
Législative lui fit élever un mo*
nuraent sur la place publique
d'£tampes.
SIMONI, (Simon, ou Simo)
iTiédecin de Lucques dans le xvi*
siècle , passa de l'ÊgJise Romaine
dans le parti des Calvinistes , et
enfin da»s celui des.Sociniens. Il
se retira en Pologne, pour être
plus en liberté , et s'y fit de$
S { M
ennemis , qui profitèrent de ses
variations en matière de religion
pour ie décrier. Le plus acharné
de tous fut un certain Marcel
Squarcia— Lupi , socinien comm«
lui , qui le peint comme ui
homme constahiment athée. La
satire où ce sectfkire est si mal-
traité, parut à Cracovie en i588,
in-40, sous ce titre : Simonis
Simonii st^mma Religio , suppri-
mée avec tant d'exactitude qu'elle
est d'une rareté extrême. On a
de Simoni plusieurs ouvrages sur
kl médecine , et d'autres qui n«
méritent pas de trouver place id.
SîMONIS, (Pierre J né à Tid
dans la Gueldre Hollandoise, li-
cencié en Théologie , fut succes-
sivement curé à Courtrai , ch*-
noine et premier arcbiprêtre de
Gand ^ second évêque d'Yprei
ea 1S85, et mourut en i6o5,
à 66 KXïs* Il ne dut son élévation
qu'a ses vertus et à sa science. On
a de lui plusieurs ouvjrages, la
plupart contre les Calvinistes,
recueillis et publiés à Anvers,
1609Î, in-folio, par Jean Davià
son successeur dans la cure, dé js.
Courtxiai, et ensuite jésuite. Oi
distingue entre les écrits de ce
prélat : L De veritate. U. Apo^
logiapro çeritate catkolicd.UhDe
Hoireseos kareticorumque tuh
tard, IV. Des Harangues et des
Sermons bien écrits y en latin.
SIMPLICIEK,(lepère)
Voyez FouRNY.
IL SIMPSON , ( Jean ) Êcoi-
sois, né à Glasgow en i^i^,
inort à Edimbourg en 1744»
devint professeur de théologie,
et s'attira des ennemis par la
nouveauté de ses opinions. Ceux-
ci le firent déposer et excom-
munier. Les Écrite de ce Théolo-
^iea sont peu connus en Franceir
SIM
DL SIMSON, (Robert ) pro-^
ftsseur de mathématiques dans
laniversité de Glasgow , mort
en 1789 9 à 81 ans y laissa des
Œuvres posthumes , Glasgow ,
1776 , in- 40 , dans lesquelles il
idaircit ce que les anciens nous
ont transmis sur les sciences
•lactes.
SINCLAIR,' (Olivier) d'une
fllastre famille d'Ecosse, devint
le &vori le plus intime de /ac-
Î\ues V i mais il a été moins cél-
èbre par sa faveur que par ses
disgrâces. Après avoir joui avec
&ste de tous les biens et de tous
les honneurs que procure- Ta—
initié d*un monarque , il passa la
fin de zes jours dans la plus ex-
trême pauvreté. Couvert des lam-
beaux de Tindigence , il* se pré-
lenta un jour devant Arran , fa-
vori de Jacques VI, et se con-
tenta de lui dire : Je suis Olii^ier
Sinclair, Ce peu de mots et sa
vue dévoient être pour Arran un
grand exemple de linstabilité des
thoses humaines.
SIRANI , (Jean-André) pein-
tre Bolonnois 9 né en iGro , mort
en 1670, devint l'un des meil-
leurs disciples du Guide , et suivit
d« près ce grand maître. Son ta-
bleau de la Cène, qui se voit à
Rome, assura sa réputation.— Sa
fille EUzabeth a fait aussi , dans
le genre de l'Histoire , plusieurs
tableaux estimés.
. SIRET , (Pierre-Louis) né à
Evreux le 3o juillet 1 74 S , fit son
tours de droit à l'université de
Caen , quitta cette ville pour voya-
S^r en Angleterre et en kalie ,
où le goût des arts ^ et sur-tout
Celui de la musique 9 le fixa long-
temps. Siret, de retour en Francp ,
trairailla au Journal Anglois, et
y Courait divers articles bipgra-r
SR. I
4««
phiqnes; mais ceux de ses écrits
qui ont eu le plus de succès ,
sont ses Grammaires Angloise et
Italienne. Les principes en sont
clairs , précis et judicieux. L'au-
teur s'occupoit d'une Grammairo
Portugaise , lorsqu'il mourut an
commencement de 1797*
SIRIES, (Violente-Béatrix )
née à Florence en 1710 , devint
élève du célèbre peintre Jean
Fratellini, et l'égala danslepor«4
trait. Elle a peint ceux du grand
duc de Florence et de toute la
famille impériale.
«
* L SIRLET, (Guillaume) d*
Sqùilacci dans la Calabre , mort
en iS85 9^71 ans ^ posséda l'es-*
time des papes Marcel //et
P4e IV , dont le dernier le fit
cardinal et bibliothécaire du Ya-*
tican 9 à la sollicitation de saint
Charles Borromée. Ce cardinal
possédoit bien les langues sa-
vantes. Il étoit archevêque do
Sarragosse , et avoit recueilli un»
bibliothèque très-précieuse , réu*
nie après sa mort à celle de l'Es-
curial , où le tonnerre la con-
suma en grande partie , dans
l'année 1S70.
SKELTON» ( Jean ) poète
Anglois 9 mort en 1529', a laissé
des Poèmes et des Satires mi vers
latins, n obtint en 14894 lacou-«
ronne de laurier que l'université
d'Oxford décemoit alors au meih
leur poète.
-SKINNER, (Etienne) né en
i€l2 , est le Ménage des Anglois.
Il a publié Êtymologicon lingues
Anglicanœ, 1671 , in-folio.
SKITTE , ( Vendela) baronne .
Suédoise 9 morte en 1 629 , à l'âge
de 29 ans, possédoit le ^ec, le.
Içtin, l'allemand et le françois,.
outre sa langue naturelle. £I|e a
4$* 5 t£
pablié dits Lettr£4 9t des ViHOUirê
«Q Utin. Se« d«iix sc^ur^, Heldin^
c( ^niK «SArt^i^ , se distinguèrent
«iis«i par ]«ur snvoir.
• SLEIPAN , (Jean ) né dans
le vinage de SIeide , près dp
Cologne , en 1 5o6 , de parens
obscurs , passa en France Tan
|5ij. $es talenA le lièrent avec
Us trpis illustres frères de la
ipaison du i^c/^ay. Après avoir
été quelque temps à leur service ^
4 se retira h Strasbourg » où soa
avii Sli^raius lui procura un éta-"
blissement avautageu;^ SUida»
fut député en 1545 par les Pro-
tesl:ana Ters le roi d*Anglet6rre ,
Mis envoyé aaconeilede Trente.
Il fat une des colonnes de son
parti, fl avoit embrassé la secte
4e Zuimgle eh arrivant à Stras»
bourg; mais il la quitta dans
l» snite ^ et mournt Luthérien en
1 SS6. La mort de sa femme , ar-
rivée Tannée d'auparavant , le
pionget dans nii si grand chagrin
qjatd perdit presque entièrement
la mémoire, il- ne se rappela pas
même iti noms de ses trois filles ^
les seula enfans qu*il eût eus do
cette épouse qbérie. On a de lui :
îé Une Histoire en ^6 livres, sous
ce titre : De statu Beii^ipnis et
Wieipuhttck^ Oertnanorum suh Ca^
tolo ^.'La meilleure édition de
cet oi^rage est celle de x555.
Sttiàan écriv6i^ avec clarté et
même Quelquefois avec élégance ;
niais on sent qu'il n'aimoit pas
les Catholiques. 11 est pourtant « •
t(a général , asie^ iippartial. On
volt combien il i^voit en horreur
Çharle^-^Quint p dont ild^naturt
toutes 1«S actions; mais à travers
tes calomnies 9 \i\ vérité réclaipe
de temps en temps ses droits ,
et l'on s'apperçoit Jque l'esprit
de secte ne l'a pas entièrement
étouffée. Il y a des passages fa—
;r9niblet ans Cttholiqu^s : cela n
beaucoup déplii ami Protestans t
et ces témoignages, d'aatantplui
précieux qu'ils sortoient d'une
plume hérétique , ont dispam
dans les éditions données après
la mort de Tauteur. Pour s'en
convaincre il n'y a qu'à comparer
Véditioii de r556 avee eelle de
I 6 53. Le Père le Coumyer a
traduit cet ouvrage ^i) françois,
Leyde, 1767, trois vol. in-4..«
H. De quatuor summis Imperiis ,
ijti, in- 8.** C'e$t un asse^ mé-
diocre abrégé de l'Histoire Uni-
verselle. Gilles Strtfchùts , et Co»-
rard Samuel Schurtsflgich pro^
fesseur de 'Wittemberg , font
continué jusqu'en 1678 ♦et
Christian Junker Ta poussé jus-»
qu'à la fin du 17* siècle. 11 a été
tradtiit en François , in-S» , 1757,
à Paris. Voltaire , dans certains
chapitres de son Histoire Uni-^
ver selle, a beaucoup profité de
celle de Sleidan, L'ordre des faits
est semblable dans tout ce qui
copcerne ^histoire de Tenipire
d'Occident , et l'expression fran-.
çoise par oit souvent calquée sur
la latine. C'est ce que dit le tra-
ducteur de SleUatt' TH. Une Tra*
.duction âes, -l^émoires de Phim
lippe dû Commines , qui n'est pas
toujours Edelle. Charles - qJmI
appelait Paul Jove et Sleidan ,
s£s MsifTEifus , parce que le
premier avoit dit trop de bien 4i
loi ^ et le second trop do mal.
* SLOANEvCle Chevalier
Hans ) naquit à iCillileah , dana
le. comté de Down en Irlande,
le 1 6 avril 1 660 , de parens Bcos-
sois. Dès l'flge de 16 ans , il avoit
fait des progrès considérables
dans l'histoire naturelle et dans
la physique. Il se perfectionna
par le commerce de IRay et de
Boyle , et par im voyage en
France , eu Tournt^ori , dif
SLO
Vemey et I^emery lui ouvrîtehl
U riche trésor de leurs recher—
«liej. De retour en Angleterre y
le funieux Sydenkam se fit gloire
de Tavancer éAn$ la médecine.
tiB société Royale de Londres Va-
l^régea k son corps en i685 ^ et
deux ans après , il fut éln mem-
bre du collège royal des méde—
eins âer Londres. Le duc ^AL^
èermale ayant été nommé , en
1667 , vice- roi de la Jamaïque ,
Hnns Sloane l'y suivit en qualité
ée son médeci/i. Ce savant natu—
saliste revint à Londres en 1688 ,
rapportant avec lui environ 800
Plantes curieuses. Peu de .temps
après , on kii donna l'importante
plaee de riiédecin de l'Hôpital de
Christ , qu'il remplit avec un
dësin té ressèment snns exemple.
U recevoit ses appointemens , en
donncMt quittance , et les ren-
<bît iur->le -«champ pour être em-
Èiyés aux besoins des pauvres.
vhron ntt att après , il flitélu
•ecrétafi»©»' de r-acadêmfe royale.
Cette séQîëté ne lloccupa pas en-
tièrement ! Sloane , ami de l'hu^
ftanité , établit le Dispeasatoire
4è Londres, oU les pauvres, en
•chetant toutes sortes de remè-
des y ne payent que la valeur in-
triti^qae des drogues' qui y en-
trentk Le roi George premier le
»omma , en 1716, èhevalier—
baronet et médecin de ses ar-
mées. La même année, il itit créé
président, du collège des raéde-
«ns, auquel Jl fit des présens
considérables. La compagnie det
•potlitcaireis dut aussi, à sa gé-
nérosité le terrain du beau |lEirdin
de Cbélsea, dont il facilita réta-
blissement par ses dons. Le roi
. George lï le choisit en 1717
pour son premier médecin , et la
société royale pour son président
A la place de Newton, C'étoit
Hin|)lacer un grand bommo par
nn antre gtand homme. L'aca-
démie des Sciences de Paris s«
l'éteit associé en 1708. Ce digne
citoyen , âgé de 80 ans , se re-
tira en 1740, dans sa terre djt
Chelsea , oii il s'occupoit à ré-«
pondre à ceux qui veh oient 1#
consulter, et à publier. des re-«
mèdes utiles. C'est à lui qu'où
doit la poudre contre la t^ige^
connue sous le nom de Piflçis
AjiH-^ Lyssiis* Il mourut dans
cette terre le 11 janvier 1753,
à 93 ans. Il étoit grand et bien
fait. Ses manières étoient aisôet
et libres ; sa conversation gaie ,
familière et obligeante. Rien n'é-
galoit son afFàbilité envers [es
étrangers \ on le trouvoit tou-
jours prêt à faire voir son ca-r
binet , pourvu qu'on l'eût averti
à temps. Il tenoit , un jour \%
semaine, table ouverte pour les
personnes de distinction , et sur-
tout pour ceux de ie$ confrères d#
la société royale qui vouioient j
venir. Quand il se trouvoit quel-
que livre double dans sa biblio-.
tnèque , il Tenvoyoit soigneuse-
ment au collège des médecins ^
si c'étoit un livre de médecine ;
ou à la bibliothèque du chevalier
Bodley , k Oxford , s'il trait oit
d'autres matières. Il vouloit par
ee moyen les consacrer à l'utilité
publique. Lorsqu'il étoit appelé
auprès des malades , rien n étoit
égal à l'attention avec laquelle
il observoit jusqu'aux moindres
symptômes de la maladie. C'étoit
par ce moyen* qu'il se mettoit en
état d'en porter un pronostic sî
si^r , que ses décisions étoient
des espèces d'oracles. A Touver-
ture des cadavres (Je ceux qui
mouroient , on trouvoit presque
toujours la cause de mort qu'il
avoit indiquée. On lui doit d'a-
voir étendu l'usage du QiUnquina,r
nen •- seulamtnt aux fiivr^s té^
SLO
glées , mais à un grand nombre
de maladies , sur-toi\t aux dou-
leurs dans les nerfs , aux gan—
grènes- qui proviennent de causes
internes , et aux hémorragies. H
8*en étoit souvent sprvi lui-même
dans les attaques de crachement
de sang auxquelles il étoit sujet.
On a de lui : I. Un Catalogue latin
des Plantes de la Jamaïque »
în-8** , i(^6. IL Une Histoire de
la Jamaïque , in-folio 9 a vol.,
en nnglois , dont le premier tome
parut en 1707 ^ et le second en
1725. Cet ouvrage 9 aussi exact
que curieux et intéressant % est
orné de 2 7 4 figures. III. Piu-
sieurs Pièces dans les Transac-^
lions Philosophiques , et dans
les Mémoires de T académie des
Sciences de Paris. Sa bibliothè—
2ue étoit d'environ 5o,ooo vol.
le Catalogue de son cabinet de
curiosités , qui est en 38 voL
in- folio 9 et huit in-^* , contient
^9,352 articles 9 avec une courte
description de chaque pièce. Ce
cabinet étoit la plus riche col-
lection qu'aucun particulier ait
peut-être jamais eue. Comme il
souhaitoitqne ce trésor {destiné,
selon ses propres termes , à pro^
curer la gloire de Dieu et le bien
des hommes ) ne fût pas dissipé
après la mort , et que cependant
il ne vouloit pas priver ses en-
fans d'une partie si considérable
de sn succession 9 il )e laissa par
son testament au public ^ ,en exi-
geant qu'on donn'eroit 20 mille
livres sterling; à ^a- famille. Le
parlement d'Angleterre accepta
ce legs, eÇ pojv'a cette somme ^
bien peu coiisidécable pour une
collection de cette importance.
Elle forme la plus grande et la
plus riche partie du Musée bri-
tannique. Ce Musée est divisé
en trois départemens. Le premier
e^i^tient \çf manuscrits ^ le3 mé^
s L u
daSJes et les m onnoies antiques^
les médailles modernes., depuis'
Guillaume Ru/us , insqn'à nos
jours. Celles recueillies de Thé-"
ritage de Sloane offrent une suite
de plus de vingt mille. Le second
renferme les antiquités et rhis—
toire naturelle : on y trouve les
urnes , les vases , les amulettes ^
les Idoles , les patères , le»
lampes, les coupes y les statues;
les bustes , les instrumens de
musique , et ceux propres aux
sacrifices, les lacrymatoires, les
talismans et cachets , les armes,
l'épée du premier comte de Ches-*
ter, La section de l'histoire natu^
relie offre une tabatière faite avec,
la lave du Vésuve , un éventail
d'une seule feuille de talipot ,
une collection de fossiles et de
minéraux , une autre d'agathes ,
de cornalines , de jaspes , d*o«
phites', d'héliotropes, de mar-
bres y une antre d'ambres , de bito-
mes y d'asphaltes , de perles dont
une est violette , et une autre
a la forme d'un raisin ; «ne c61-*
lection de coquilles , fossiles , et
d'autres objets péûifiés , tels
<;pi'un crâne humain et une épée
trouvée dans le Tibre ; nue autre
de bois divers , de fruits et de
plantes ; une antre d'insectes;
une autre de reptiles , d'aiDphi—
bies , de poissons secs , oii Fos
voit le squelette d'une baleine.
Le troisième département ren-
ferme les livres imprimés. Ceux
de Sloane sont au nombre de Soi
mille environ. Voye^ Pëtiver.
. il. SLUSE, ( Jeau Gualtier)
baron de ) frère du précédent,
né à Visé l'an 162^^ fut appelé
à Rome par Jeaa Gualtier son
oncle , .-secrétaire des brefs, dé-
ment IX le reçut au nombre de
ses prélats domestiques ; il suc*
céda ensuite à l'emploi de soi
fiDcl^ Innocent XI l'éleva sa
cardinalat
s M A
tài^dinalat l'an 1686. Sa trop
grande application ait dev,oir de
sa charge et à l'étude, jointe k
ta complexion foible y avança la
lin de ses jours. Il mourut le 7
Juillet 1687. Détaché des riches-
les , il se contenta de son patri-
lùoine et des revenus de sa char-
ge, et refusa constamment tout
bénéfice. Les brefs qu'il a dressés
«ont d'un style vif , et montrent,
combien il étoit versé dans la
discipline de l'Église , l'Écriture-
Bainte et les Saints Pères. Il avoit
amassé une bibliothèque im-
mense , dont on , a imprimé le
catalogue en cinq vol. in-4.'*
SMALCIUS, ( Valentin) fa-
meux Socinien , né en Thuringe ,
mort à Cracovie le 14 décembre
#622 , est auteur d'un 'j'-aité
contre la Divinité de .T. C. , inti-
tulé : de Diuinitate J". C. , 1 6p8 ^
in-40 , traduit en polonois , en
allemand et en flamand , et plu-
sieurs fois réfuté, particulière-
itient par Jean Cloppenburch dans
«on ouvrage intitulé Anti-SmaU
*ius, Franeker , i65a, irt-4.0
SMALRIDGE, (George)
ecclésiastique Anglois , connu
principalement par ses Sermons,
Aont les premiers parurent en
Ï717, in-8°, etles derniers en
I726 , in-folio, étoit né à Licht-
field en 1666, et mourut en
'7'9 1 à Oxford, estimé pour
«es mœurs et son savoir.
SMART , ( Christophe ) poète
Anglois , né en 172a, et mort
^ans ces dernières années, ex-
cella dans la poésie latine , qui
«ui mérita plusieurs couronnes
académiques. En 1791 , on a re-
cueilli ses Poèmes et autres ou-
vrages , deux vol. in-folio.
. SMEATHMAN, (Henri)
.écrivain Anglois , remplit long-i
SuppL. Tome JII.
S M I 46i
temps l'importante place de sew.
crétaire du collège de commerce
de Londres. Il s'est fait con-^
noitre par plusieurs Mémoires
d'histoire naturelle et de politi-*»
que insérés dans les Transactions,
philosophiques^ Il est mort ea
1787.
SMEATON , ( Jean ) ingé-.
nicur Anglois , naquit dans 1*
comté d'Yorck en 1724 , et;
itiounit en 1702, après avoixf
été membre de la société Royale^
On lui doit le beau fanal d'Eddy-.
Stone qu'il acheva en 1759. Parmî
ses écrits , oh distingue la Notice
sur ce fanal , et un Mémoire sut-
la force naturelle du vent et de
l'eau , sur les moulins et autre» .
machines dont le jeu dépend d'un
mouvement circulaire. Ce Mé-«
moire obtint la médaille d'or da
la société Royale»
L SMELLIE , ( Guinaiirae )
chirurgien célèbre, mort en 17^2,'
a décrit avec exactitude la struc-
ture du bassin dans les fem-»
mes , et a publié en Angleterre ^
1. Système complet d'accouché^
mens. II. Tables anatomiques ^
avec des explications. — Un autre.
Guillaume Smbllis , imprimeui*
Ecossois , et secrétaire de la so-w
ciété des Antiquaires d'Edim-*
bourg , a publié en anglois la
Traduction de l'Histoire natu-
relle de Buffon, On lui doit un
ouvrage sous ce titre : Philoso-^
phie de L'Histoire naturelle. Il est
mort en 1795.
IV. SMITH, ( Adam ) docteur
en droit , professeur de moralo
dans l'université d'Edimbourg ,
et commissaire des douanes d'É*^
cosse , naquit en 1723, et. mou-*
rut le 18 juillet 1790. Ayant
quitté sa chaire pour se charges
d© l'éducation d'un seigueuï Àx}^
Gg
giois , il voyagea deux ans aveô
son élève ^ et recueillit des obser-
vations importantes sur le c6in^
snerce et les finances. Il profita
de ses remarques pour composer
tes Becherches sur la naturjs t^t
les causes de la richesse des na~
iions , 1776 9 deux vol. in-40 ,
réimprimées depuis quatre fois ,
et traduites sur la 4^ édition ,
par Roucher, Paris , 1790, cinq
vol. in-8.° Les matières traitées
dans cet excellent livre , inté-
ressent tous les peuples , et sont
approfondies avec une sagacité
peu commune. On y développe
les ressources des é(ats ; mais
peut - être l'auteur confond - il
quelquefois la richesse des na-
tions avec leur prospérité. Smith
s*étoit nourri de la lecture des
encyclopédistes , et de Hume
dont il étoit grand admirateur ,
et dont il publia la vie. 11 adopta
quelques-unes de leurs idées sys-
tématiques , auxquelles le temps
n'a pas encore rais son sceau, il
f étoit d'abord fait connoitre par
sa Théorie des sentimens mo^
Taux ^ 17^9 ^ in- 8." Smith était
un génie méditatif , et l'on s'en
eppercevoit assez dans la société.
6'étant consacré de bonne heure
à l'étude et à la retraite , il n'a—
voit point poli ses manières. Ses
distractions très-fréquentes le fai-
soient prendre, par ceux qui ne
lié connoissoient pas, tantôt pour
lin insensé , tantôt pour un idiot.
Mais ses amis estîmoient en lui
ses profondes connoissances , sa
Ïirobité et son caractère officieux.
1 fut long - temps pauvre , et il
Supporta l'indigence avec cou-
rage. Ses amis auroient voulu le
faire entrer dans l'état ecclésias-
tique ; mais il craignit d'être re-
poussé par le clergé Anglican ,
parce qu'il s'étoit déclaré haute-
laent le partisan des opinigns
•ntî-reîigieuses de Voltaire.lStnï
sa yieàe David Hume, il soutient
un paradoxe contraire à toutes
les religions et funeste à la so-
ciété; c'est que le bonheur, la
paix de l'a me et la vertu ne
sont pas incompatibles avec IV
théisme.
V. SMITH, (Edmond) né en
1668, mort en lyro, à Garthara.
Parmi %Qi Œuvres poétiques , pu-
bliées en 1719, on distingue sa
tragédie le Phèd e et Hippoiyte , '
jouée avec succès en 707. Il avoit ^
commencé une traduction de »
Lofigin , qu'il n'a pas achevée.
VI. SMITH , (Guillaume)
doyen de Chester, né en 1711,
mort en 1787 , a publié dei
Discours sur les Béatitudes, et
des Traductions de Longititiàt
Thucydide.
■ VIÏ. SMITH , ( George ) pein-
tre Anglois , né à Chichester,
mort en 1776 , s'est distingué,
ainsi que ses frères Guillaume et
Jean , dans le paysage. On re^
cherche ses ouvrages en Angle-
terre.
Vm. SMITH, (Thomî\f)ni
à Londres' en i638 , devint clia-
pelain de l'ambassade de Constan*
tinople. De retour dans sa patrie,
il a publié plusieurs Écrits sut
rhisto.îre des Turcs ; il est mort
en 17 lo.
IX. SMITH , (Charlotte) awn'
tageusement connue en Angle-
terre par une foule de Poésiei
agréables, est morte en 1787.
SMITS , ( Louis ) peintre '
HoUandois , né h Dordrecht m
i635, mort en 1675, repnf-
sentoit les fruits avec une vériW
étonnante. Il vendoitsestableani
à haut prix ; cependant le co-
loria sy dégrade et devient Jann»»
.,J
SMOLETT , ( Thomas ) mé-
i^ecin Anglois , né à Cnmeron en
JËcofiSe, 61117209 mort en Italie
^n 177^9 s'étoit trouvé au siège
de Carthagène , et avoit parcouru
ia France et quelques contrées
knëridionales de l'Europe. 11 s'oc--
tapa plus de l'art d'écrire que
de celui «le guérir. Peut -être
feût-il été un excellent médecin,
inais il a été un médiocre auteun
La poésie , l'histoire , le genrô
Romanesque 9 la littérature Toc-*
cupèrent tour-h-tour. Nou* avons
de lui : I. V Histoire d'Angle-^
terre , quatre vol. in-4* , traduite
«n François en 19 vol. in-12 , par
M. Fêitge > qui y à ajouté une
kùite jusqu'en 1763, en 5 voK
in- 12. Smolett n'a aucune des
qualités des bons historiens; il
test partial et passionné ^ et il ne
tacheté pas ce défaut par l'élé-
Igance du style. Exposant sèche—
înejit lesr faits , détaillant les cir-
tonstances avec url ton mono—
, tone^ donnant très-peu à penser^
he remuant ni l'imagination ni le
' 4àœur ^ il fatigue le lecteur en
voulant Tinstruirék Son style est
-tans force et sans coloris. II. Uh
Voyage en France , 1766. Asth-
matique et vaporeux , Smolett
étoit venu, en 1763, ohetcheï
en France la santé et la bonne
humeur : il ne l'y trouva proba-
blement pas ; car , dans sa rela-
tion , il paroît mécontent de toiis
-nos usages ^ et plein de mépris
jpour les hommes et les choses
qu'il venoit de voir. III. Un
•Abrégé de l'histoire des Voyages^
■|)ar ordre chronologique , sept
•Vol. in-.ii. Le style en est foible
»et lourd , et les détails ne sont
guère piquans. IV. Plusieurs Ro-*
tnans : U^ilUam Pickle ^ quatre
Vol, in- 12 ; Ferdinand comte Fa^^
ihom ; Lancelot Greaues ; Ro-»
'deriçtk Uandom- $ traduit «n f{an«^
fbls, èïi itrois vol. in-ià. V. De*
Satires : les Représailles , coméi*
die : le Régicide ( de Charles I )>^
tragédie : productions qui ne
valent pas mieux que ses romans
presque tous dénués d'intérêt et
de style. VI. Les Recherches cri-»
tiques , ouvrage périodique , pu*
blié depuis 1755 jusqu'en ijS3y
et oii l'on cherche vainement la
gaieté d'imagination, la finesse
des vues, la justesse dans les ju-«
gemens et la politesse dans lA
manière de les exprimer , qui
caractérisent les critiques célè«
bres. Smolett étoit mariée
SNOHROj {Stnrîèsùniusi
illustre Islandois d'une ancienne
famille., fut ministre d'état du roî
de Suède ^ et des trois rois dé
Norvège-. Une sédition l'obligea
de se retirer en Islande , dont il
fat gouverneur; mais eil 1241^
Gys5 tiras son ennemi , le for^a
dans son château et le fit mourin
On a de lui : I. ChroniCon Regunk.
iforwtgorum^ qui est utile poui?
cette partie de l'Histoire dtt
Monde. ïL Histoire de la Philo-
sophie des Islandois , qu'il à tnti-^
tuiée i Edda Islandica» M. Mallet
l'a traduite en françois à là tête
de son Histoire dé Danemarck%
1766 , trois vol. in - 4° ^ ou six
voli in-i24 Nous en avons une
édition par Resènius , à Hanau^
\ 1[665, in-4.0
* SNOY, (Reniei- ) né à
Ter-Gou-v en Hollande, vera
l'an 1477 , alla étudier en mé-
decine à Bologne , oii il prit le
bonnet de docteur. De tetour
dans sa patrie , il exerça la mé<i^
decine. Charles-Quint le chargea
de quelques commissions auprèi
de Christiern II roi de Dane—
marck , retiré en Zélande , et à'
la cour de Jacques IV roi d'IÉ^
iîo^Je. U mourut à Tex-GouYt j
/»
46S
S O A
le premier août i537. ^n ■ ^®
lui : Une Histoire de Hollande
en XIII livres , en latin, Rotter-
dam , 1620, in-folio. «S w^rz/uf
Ta insérée dans ses Annales r^—
, rum Belgicarum, C'est une chro-
nique qui né renferme guère que
des relations de séditions , de
batailles et de sièges. Elle fmit à
Tan iSig. "Renier Snoya encore
fait quelques ouvrages sur la mo-
rale et la médecine. — 11 ne faut
pas le confondre avec Lambert
Snoy , né à Malines en 1074,
mort vers Tan i638 , qui a beau-
coup travaillé à l'Histoire généa-
logique des Pays-Bas.
SOARDI , (Victor-Amédée)
lié . d'une famille noble dans le
Piémont , eut pour parrain Vie-"
tor^jimédée roi de Sardaigne.
.Livré à tous les plaisirs de la
Jeunesse , il réfléchit sur leur fri-
' volité 9 et se déterminant à partir
tout-à— coup pour Paris, il entra
dans la congrégation de Saint-
Lazare. 11 est mort à Avignon
en 1752 ) après avoir publié un
ouvrage , intitulé : De supremd
Homani Pontificis auctoritate et
JScclesiœ^ GalUranœ doctrind ^
(Ï747 , in - 4.0 On en a donné
iine nouvelle édition à Heidel—
be^g , en 1793.
* I. SOCRATE, fils d'un
"îBculpteur nommé Sophromsque,
•t d'une sage — femme appelée
Phenarèle , naquit à Athènes l'an
469 avant J. C. 11 s'appliqua d'a-
bord à la profession de son père ,
' et l'histoire fait mention de trois
^ ses Statues représentant les
Grâces , qui étoient très-belles.
Il paroît par les comparaisons
que Socrate employa depuis dans
ses discours , qu'il ne rougissoit
point de la profession de son
père ni de celle de sa mère. Il
yl'ftonuoit ^}x an Scu-lpteur appîi^
soc
quât tout son esprit à faire qi/uné
pierre brute deidnt semblable â
un homme , et qu'un homme se
mit si peu en peine de n'être
pas semblable à une pierre brute»
Il s SL^^Q\o\tX Accoucheur des Es'm
prits , parce qu'il exerçoit à l'é-
gard des esprits , auxquels il
faisoit produire des pensées , lej
mêmes fonctions que sa mère
exerçoit à l'égard des corps. Crir^
ton ravi de la beauté de son es-
prit , Tarracha de son atelier pour
le consacrer à la philosophie. Il
jeut pour maître le célèbre Ar-^
chélaûs qui conçut pour lui tonte
1 amitié qu'il méritoit. Il conv-
mença par l'étude de la physi-
que y selon l'usage des écoles de
ce temps-là., qui ne connois—
soient que cette partie de la phi-
losophie alors très-obscure. Ayant
remarqué combien cette science
vague et incertaine étoit peu utile
nu commun des hommes , il fit
descendre , dit Cicéron , la phi-
losophie du Ciel pour la placer
dans les villes et la mettre plus â
la portée des hommes , en rap-
pliquant seulement à ce qtii pou-
voit les rendre justes , raisonna-
bles et vertueux. Le jtîune phi-
losophe porta les armes comme
tous les Athéniens , et se trouvi
à plusieurs actions , dans les-
quelles il se distingua par son
courage. Endurci depuis long-
temps contre les saisons , on Ift
vit , au siège de Potidée , mar-
cher pieds nus sur jk glace. Ayant
trouvé Alcibiade couvert de bles-
sures , il l'arracha des mains de
rennemi , et quelque temps aprè»
lui fit décerner le prix de la bra-
voure qu'il avoit mérité lui-même»
A la bataille de Dél.ium , il se
retirades derniers à côté du gé-
néral. Y ayant apperçu le jeune
Xénophon renversé de cheval , H
le prit sur ses épaules et k mi^
J
soc
%ax lien de sûreté. Ce couragft no
Tfibandonnoit pas dans des occa-
jions peut-être plus périUeuses.
Le sort l'avoit élevé au rang de
sénateur , et il présidoit en cette
qualité avec ses autres confrères à
l'assemblée du peuple. On accusa
un général d'armée , et Kon pro-
posa une forme de jugement in-
juste et irrégulière. La multitude
acharnée approuvoit cette forme
et menaçoit d'exterminer ceux
qui la rejetoient. Les sénateurs
épouvantés se soumirent. So-
crate seul , au milieu des cl a-*
meurs et des menaces , refusa de
juger. Comme il s'étoit accou-
tumé de bonne heure à une vie
«obre , dure, laborieuse , il dé-
daigna l'amour des richesses , et
se consacra sans elForts à celui
de la pauvreté. Vo3'ant la pompe
et l'appareil que le luxe étaloit
dans certaines cérémonies , et la
quantité d'or et d'argent qu'on
yportoit : Que de choses , disoit-
il en se félicitant lui-même sur
son état , que de choses dont je
ri ai pas besoin /... Moins on a
de besoins , ajoutoit-il, plus on
approche de la Divinité, Socrate
n'étoit pas seulement pauvre ;
mais , ce qui est admirable , il
aimoit à l'être ; il ne rougissoit
PAS de faire connoître ses be-
soins. Si i'açois eu de V argent ^
dit- il un jour dans une assemblée
de ses amis , f aurais acheté un
manteau. Chacun de ses disciples
voulut lui faire ce petit présent....
Quoique très-pauvre , il se pi—
quoit d'être propre sur lui et
dans sa maison. U dit un jour à
Antisthène , qui afFectoit de se
distinguer par des habits sales et
déchirés, qu'A travers les trous
de son manteau et de ses vieux
haillons, on entrevoyoit beaucoup
de vanité. Le faste de la sagesse
lui paroissoit une ostentation
soc
4^
plus ridicnle que le faste de Yo-^
pulence. 11 rejrta généreusement
les offres et les présens à'Arché'^
Iqiis roi de Macédoine , qui vou-^
loit l'appeler à sa cour. Sa raison
étoit , qu'il ne voulait pas aller
trouver un homme qui pouvait
lui donner plus quil n étoit ert
état de lui rendre. Eût— ce done
été rendre à ce prince un petit
service , dit Sénèque , que de I9
détromper de ses fausses idées
de grandeur , de lui montrer 1»
véritable usage du pouvoir et des
richesb'es , de lui apprendre I9
grand art de régner, et l'art peut-»
être plus difficile , de bien vivre
et de bien mourir ? Une des
qualités les plus marquées dans
Socrate, étoit une tranquillité
d'à me 1, que nul accident ne pou-»
voit altérer. U ne se laissoit ja-*
mais emporter par la colère. Uii
esclave ayant excité en lui quel-
que émotion : Je te frapperais ,
lui dit-il , si je nétois pas en.
colère. Un brutal lui ayant donné
un soufflet , il se contenta de
dire en riant : // est fâcheux de
ne pas savoir quand il faut s'ar^
mer d'un casque. Une autre fois y
ses amis étant étonnés de ce qu'il
avoit souffert , sans rien dire ,
un coup de pied d'un insolent ;
Quoi donc ! leur dit-il, si un.
âne m*en donnait autant , le fem
rois- je citer en Justice? Enfin ^
comme on lui rapportoit qu'un
certain homme l'accabloit d'in-<
vectives , il ne fit que cette ré-
ponse : C'est qu'apparemment it
ri a pas appris à bien parler. , . ,
« Que celui d'entre vous ( disoit-
il à ses disciples ) , qui , en con-
sultant le miroir, s'y trouvera
beau , prenne garde dje corroni'*
pre les traits de sa beauté par
la difformité de ses mœurs ; mais
que celui qui s'y trouvera laid,
sjapplique à effacer la laiddui^
Gg 3
r
t^^o SOC
«le son visa^ par Tëclaf ée sa
verfti.., » Comme le peuple sor—
toit un jour du théâtre , Sacrale
forçoit le passtige pour y entrer.
Quelqu'un lui demandant la rai-
son de cette conduite ; Cett ,
répondit-il , ce que j'ai soin de
faire dans toutes mes démar-^
ches s je résiste à la foule.,.. On
Jui demanda pourquoi il se fati-
guoit à travailler avec tant d'ar-
deur jusqu'au soir ? 11 répondit :
I« Qu'il gagnoit de l*appétit pour
mieux souper; que, selon lui,
le meilleur assaisonnement des
viandes étoit la faim , et que
celui de la boisson étoit la soif... »
On dit que , pour endurcir son
corps contre les accidens de la
vie , il avoit coutume de se tenir
débout un jour eiitier dans l'at-
titude d'nn homme rêveur, im-
mobile, sans fermer les panpiè-
res et sans détourner les yeux du
même endroit. Après avoir gagné
de la soif par les fatigues et les
mouvemens qu'il se donnoit, il
ne buvoit point qu'il n'eût versé
dans le puits la première cruchée
d'eau quM en tiroit... Sacrale
«voit invité à ' souper quelques
personnes riches , et sa femme
Xantippe rougissoit de les rece-
voir si simplement. « Ne vous^n-
qiiiétez point , lui répondit 5o—
Crate i si ce sont des gens de bien
«t sobres , ils seront contens ; mais
a'ils sont déréglés et méchans,
peu importe qu'ils le soient. »
Il trouva , sans sortir de sa pro-
pre maison , de quoi exercer sa
patience : Xmtippe sa femme le
xhitaux plus rude» épreuves , par
son humeur bizarre , violente et
emportée. Un jour , après avoir
vomi contre lui toutes les injures
dont son dépit étoit capable, elle
finit par lui jeter un pot d'eau
>ale sur la tête. Il ne fit qu'en
vx^ 3 et il ajouta : Il failoit hiefè^
Soc
^tt plat après un si grand tm*^
nerre. Il étoit accoutumé aia
criaj lier Les perpétuelles de cette
femme , comme on l'est au cri des
Oies. ( C'étoit son expression. )
•^' 3fais les Oies nous font des
petits , lui disoit - on un jont%
— Et ma femnie me donne des
enfans , répondit Sacrale. On a
cru que le caractère de cette m^
gère étoit de son choix , et qu'il
l'avoit épousée à dessein d'être
exercé ; mais cette conjecture sup-
pose une bizarrerie qui n'étoit
point dans Tesprit de Socrate,
déclaré par l'oracle , le plus Sacs
ùB TOUS LES Grecs.., Parmi le
. grand nombre de sentences et de
bons mots qu'on hii a attribués,
nous avons choisi les principaux*
Pa riant d'un prince qirifl voit beau-
coup dépensé à faire un superbe
palais, et n'avoit rien employé
pour former ses mœurs, il faisoit"
remarquer quon couroit de tous
côtés pour voir sa maison , nais
que personne ne s'empressoitpour
en çùir le maître... Dans le temps
du massacre que faisoient les
trente Tyrans qni gonvernoient
la ville d'Athènes , il dit à un
philosophe : Consolons^nous de
nétre pas , comme les grands ,
le sujet des tragédies. Il disoit
que les richesses et 4es grandeurs ,
bien loin d'être des biens , étùient
des sources de toutes sortes de
maux.... Il recommandoit troil
choses à ses disciples, la sagesse t
ia pudeur et le silence ; et il di-
soit-qu'iZ ny avoit point de iruil"
leur héritage qu*un bon ami..* Un
physionomiste ayant dit de lai
qu'il étoit brutal, impudique et
ivrfgne, ses disciples vouloient
maltraiter ce satirique impudent;
mais Socrate les en empêcba,
en avouant « qu'il avoit ea dtt
penchant pour ces vices, ma'*
quii l'en étoit corrigé pw ^
>v
soc
niion. » Sa physionomie ^ la seule
fîhose difforme qu'il eut en lui ,
«voit dans ses traits une ressem-
bhince frappante avec les images'
du dieu Silène. Il plaisantoit le
premier de sa laideur ; et il di-
soit que son père en le sculp-
tant avoit oublié de donner le
dernier coup de ciseau. 11 disoit
ordinairement qu'o/i a\^oit grand
soin de faire un. portrait qui
ressrembldt , et qu'on nea av<dt
'point de ressembler à la Diwi-
itité dont on est l'image; qu'on
se par oit au miroir ^ et qu'on ne
se parait point de la vertu, H
ajoutoit C[}\U en est d'une mau-
vaise Femme comme d'un Cheval
vicieux , auquel lorsqu'on est ac^
coutume t tous les autres semblent '
-bons^,.. C'est principalement à ce
grand philosophe que la Grèce
fut redevable de sa gloire et de
sa splendeur. 11 eut pour disciples
et forma les hommes les plus
célèbres en tous genres , tels
•qiiAlcihiade , Xénopfron , P/a-
ton , efc. n n'avoit point une
école ouverte comme les autres
philosophes, ni d'heure marquée""
pour ses leçons. C'étoit un ^^ge
de tous -les temps et de toutes
les heures , et il Saisissoit toutes
les occasions pour donner des
préceptes de morale. La sionne
n'étoif ni sombre, ni sauVage;
il étoit toujours fort gai , et il
aimoit la douce joie d'un repas
frugal , assaisonné par Tesprît
et par Tamitié. Ce ne seroit pas
bien connoitre ».V(Jcrûr^ que d*ou-
hlier son D(5mon , ou ce Génie
qu'il prétendoit lui servir de
guide. Il en parloit souvent, et
fort volontiers à ses disciples.
" Qu'étoit-ce que ce Démon fa-
milier , cette voix divine , cet
espfit qui lui obéissoit constam-
ment quand il le consultoit ? Ce
Ti'étoit autre chose ^ suvTant des
soc 47t
philosophes judicieux 9 que la
justesse et la foi ce de soft- juge^* .
ment ', qui par les règles de la
prudence , et par le secours d'une
longue expérience soutenue de
sérieuses réflexions , lui faisoît
■prévoir quel devoit être le succès
des affaires et des entreprises sur
lesquelles on lui demandoit son
avis. ( Voy,yii\, Marc-Aurkle.)
Quant aux principes de sa phi-
losophie , il ne se piqua pas ^
couime nous Tavons déjà dit,
d'approfondir les mystères im-
pénétrables de la nature. Il crut
que le Sage devoit la laisser dan»
les ténèbres oii elle s'étoit enséve-»
lie; il tourna toutes les vues de son
esprit vers la morale , et la Secte
Ionienne Tient plus de physicien.
Socrate chercha dans le cœur
même de l'homme , le principe
qui conduisoit au bonheur : il y
trouva que l'homtne ne pou voit
être heureux que par la justice,
par la bienfaisance , par une vie
pure. Il traitoit les raôtières avec
tant de netteté , de naturel et de
simplicité , qu'il faisoit entendre
à ses disciples tout ce qu'il voui-i
"loît, et qu'il leur faisoit trouver
dans leur propre fonds, la ré-
ponse h toutes les questions quil
leur proposoit. Il forma une école
de morale , bien supérieure a
toutes les écoles de physique ;-
mais , dans le temps quMI instrui-^
soit les autres , il ne veilloit pas^
assez sur lui-même. H s'expli-*
quoit très-librement sur la^reli-
gion et sur le gouvernement de
son pays. Sa passioii dominante
étoit de régner sur les esprits , et
d'aller à la gloire en affectant la
modestie. Cette conduite lui EU,
beaucoup d'ennemis : ils engagé^
rent Aristophane à le jouer sitr
le théâtre. Le poëte lui prêta sa.
plume , et sa Pièce , pleine de^
plaisanteries fines et saillantca^
, PS-4
^ji SOC
kccoutuma insensiblement le peu-
pie à le mépriser. ( Voy, Aris-
TOPiiANE. ) Il se présenta un
infâme délatenr , nommé Meli^
€us , qui l'accusa , i." d'être le
détracteur des anciennes Divini-
tés de la Grèce , dont il blàmoit
les passions ridicules, et de se
Tan ter d'avoir un Génie qui l'ins^
piroit ; 2.0 d!être le corrupteur
de la jeunesse, 3.® l'ennemi du
gouvernement populaire , parce
qu'il vouloit rejeter la voie di\
«ort dont on se servoit pour élire
)es magistrats. Lysias qui passoit
pour le plu^ habile orateur de
«"on temps , lui apporta un Dis-
cours travaillé, pathétique, tou-
chant , €t conforme à sa malheu-
reuse situation , pour l'apprendre
par cœur, s'il le jugeoit à propos,
et s en servir auprès de ses juges.
Socrate le lut avec plaisir , et
le trouva fort bien fait. Mais de
même , lui dit-il , que si vous
tiieiissiez apporté des souliers çi
la Sicyonienne ( c'étoient alors
les plus à la mode ) je ne m'en
^eryirois point, parce qu'ils ne
conviendroient point à Un Philo-'
sophes ainsi votre Plaidoyer me
parott éloquent et conforme aux
règles de la rhétorique , m^is peu
convenable à la grandeur d'ame
tt à la fermeté digne d'un Sage»
Son apologie fut un discours
$imple, mais noble, où l'on voyoit
"briller le caractère et le langage
de l'innocence. « Je comparois ,
dit-il à ses juges , devant ce tri-
bunal pour la première fois de
ma vie , quoiqu'âg^ de plus de 70
uns. Ici, le style., les formes ,
tout est nouveau pour moi. Je
yais parler une langue étrangère ;
et Tunique grâce que je vous de-
mande , c'est d'être plutôt atten-
tifs à mes raisons qu'à mes paro—
les. Votre devoir est de discerner
* f» jusUcç f Iq mien est de voits
SOC
dire la vérité. On m'accuse de v0
pas admettre les Divinités d'A-
thènes , et de croire à un Gém«
particulier ; ma réponse est facile.
J'ai offert souvent aux Dieux dn
pays , des sacrifices devant ma
maison ; j'en ai souvent offert
sur les autels publics ; j'en ai
offert devant tous mes disciples,
et Athènes en a été témoin. J'ai
blâmé les passions honteuses et
les haines barbares que l'on attri-
buoit aux Dieux. J'ose vous la
demander : qui de vous , ô ma-
gistrats ! les pardonneroit aux
hommes ? Quant au Génie parti-*
culier dont j'écoute l'inspiration
secrète , ce n'est pas une Divinité
nouvelle j c'est l'éternel instinct,
c'est le génie éternel de la mo-
rale. Pour se conduire, les uni
consultent des Sybilles , d'autres
le vol des oiseaux , d*autres Le
cœur des victimes. Moi , je con-
sulte mon propre cœur ; j'in-
J;erroge ma conscience; je con-
verse en secret avec l'esprit qui
m'anime. On prétend , en second
, lieu, que je corromps la jeunessa
d'Athènes : qu'on cite donc un
de mes disciplea que j'aie entraîné
dans le vice. J'en vois plusieurs
dans cette assemblée ; qu'ils se
lèvent , qu'ils déposent contra
.leur corrupteur. S'ils sont retenus
par un reste de considération,
d'où vient que leurs pères, leurs
frères , leurs parens, n'invoquent
pas dans ce moment la sévérité
des lois ? d'oii vient que Melitus
a négligé leur témoignage? C'est
que, loin de me poursuivre, ils
sont eux— mêmes accourus à ma
défense. , On m'accuse enfin de
m'être déclaré contre la loi éta»
blie parmi nous , de' choisir au
sort des magistratures important
tes : mais en cela je ne me suis
pas montré mauvais citoyen ; car
il e$t évident que c'est con^ec
soc
àvi hasard la fortune des parti-
culiers et la destinée de l'état.
O Athéniens ! oseriez— vous tirer
«u sort les précepteurs dt- vos en-
f*fns, les généraux de vos armées ?
Ce ne sont donc pas les accusa-
tions de Melitus et âi'Anytiis qui
me coûteront la v«e ; c'est plutôt
la haine de ces hommes vains ou
injustes dont j'ai démasqué l'ij^no-
raneeou les vices : haine qui a
déjà fait pérh: tant de gens de
bien , qui en fera périr tant d'au-
tres ; car je ne dois pas me flatter
quelle s'épuise par mon supplice.
Au reste , mes ennemis sont plus
à plaindre que moi , puisqu'ils
«ont injustes. Pour échapper à
leiirè coups , je n'ai point , à
l'exemple des autres accusés , em-
ployé les menées clandestines ,
les sollicitations ouvertes. Je vous
ai' trop respectés pour chercher
à vous attendrir par mes larmes,
ou par celles de mes enfans et de
mes amis , assemblés autour de
moi. C'est au théâtre qu'il faut
exciter la pitié par des images
touchantes; ici la vérité seule doit
•e. faire entendre. Vous avez fait
im serment solennel de juger
suivant lesioîs; si je vous arra-
chois lin parjure , je serois vé-
ritablement coupable d'impiété.
Mais plus persuadé que mes ad-
versaires de l'existence de la Di-
vinité , je me livre sans crainte à
sa justice , ainsi' qu'à la vôtre. >»
|Ce plaidoyer sembloit avoir fléchi
"^me partie de ses juges. D'abord
il eut la pluralité des voix pour
lui, et Melitus son accusateur
alloit être condamné, selon l'u—
*3ge , à une amende de mille
drachmes. Mais Anytus et Licon
•étant joints h lui , leur crédit
entraîna im grand nombre de
«wffrages, et il y en eut 281
contre Socrate , et par consé-
quent z%o pour lui ; car le* juges ,
soc
47 1
snns compter le président •étoient
au nombre de cinq cents. ( Voyez
l'article Peredette.) Par une
première sentence, les juges dé— ,
claroient simplement que le phi- '
losophe étoit coupable , sans
statuer sur la peine qu'il devoit
souffrir. On lui en laissa le choix.
Il répondit , que puisqu'on le
laissoit le maître de son châti-
ment , il se condamnoit ^ pour
avoir toujours instruit les Athé-
niens , à être nourri le reste de
ses jours dans le Prytanée , aux
frais de la République ; honneur
qui , chez les Grecs , passoit pour
le plus distingué. Cette réponse
révolta tellement tout 'l'Aréo-
page, que l'on résolut sa perte,'
tout innocent qu'il étoit. Quel-
qu'un étant venu lui annoncer
qu'il avoit été condamné à mort
par ses juges : Et eux , répliqua-
t-il, l'ont été par la Nature.* On
ordonna qu'il boiroit du jus de
ciguë. Dès que la sentence fut
prononcée, il dit à ses juges :
Je vais être livré à la mort par
votre ordre ; la nature iriy avoit
condamné dès le premier moment
de ma naissance. Mais mes accu-*
sateurs vont être livrés à l'infamie
et à Vinjustice par l'ordre de la
vérité. Il marcha avec ime fer-
meté admirable vers la prison.
Apollodore , un de ses disciples ,
s'étant avancé pour lui témoigner
sa douleur de ce qu'il mouroit
innocent : Voudriez - vous , lui
dit-il , que je mourusse coupable ?
Ses amis voulurent lui faciliter
son évasion : ils corrompirent le
geôlier à force d'argent; mais
Socrate ne voulut point profiter
de leurs bons offices. Il but la
coupe de ciguë avec la même
indifférence dont il avoit envisagé
les différens événemens de sa vie ;
ensuite il se promena tranquille-
ment dans sa chambre ^ et Ior$<^
474 SOC
que ses jambes commencèrent k
loiblir 9 il se coucha sur son lit
f t expira , vers le mois de juin
de l'«n ^99 avant J. C, âgé de
70 ans. Sa femme et ses amis re-
cueillirent ses dernières paroles.
Elles furent toutes d'un sage :
elles roulèrent sur l'immortalité
dç l'ame, et prouvèrent la gran-
deur de la sienne. « Une chose ,
mes amis 9 (leur dit- il en finis-
sant ) qu'il est très- juste de pen-
ser , c'est que si lame est immor-
telle 9 elle a besoin qu on la
cultive y non-seulement pour ce
temps passager que nous appe-
lons le temps de la vie , mais en*-
çore pour cehii qui la suit , c'est-
à-dire pour lelernité. La moindre
négligence sur ce point , peut
avoir des suites infinies. Si la
mort étoit la ruine et la dissolu-
tion de tout, ce seroit lui grand
l^ain pour les méchans , après le
trépas , d'être délivrés en même
temps de leur corps , de leur
ame et de leurs vices. Mais puis-
que Tame est immortelle > elle n'a
d'autre moyen te se fléliyrer de
ses maux , et il n'y a de salut
pour elle 1, que de devenir trèê-*
bonne et très- sngc. . . . Au sortir
de cette vie . .s'ouvrent deux rou-
tes , a/outa^Uii ; l'une mène à
un lieu de supplices éternels les
âmes qui se spnt seuil lées ici-
bas par des plaisirs honteux et
des actions criminelles ; l'autre
conduit à l'heureux séjour des
Dieux , celles qui se sont con-
servées pures'sur la terre , et qui
ijans des corps humains ont mené
|ine vie divme. » Quelqu'iin de-
mandant à AriKtippe comment
Sacrale étpit mort ? Comme je
voiidrois , répondit- il I, mourir
moi-mêmr. Quelques Pères de
l'Eglise décoreiit ce Sage du titre
de Martyr de Dieu, Erasme
dit 9 c^u autant de fois qu'il lisoit
soc
la belle mort de SocraU , il ctoft
tenté de s'écrier : O saint So-*
CRATE , priez pour nous ! On 5
taché vainement de noircir s^
réputation , en l'accusant d'un
amour criminel pour Alcihiadei
l'abbé Fraguier l'a pleinement
Justifié. Des auteurs postérieur*
à SocrnU de plusieurs siècles ^
assurent qu'immédiatement après
sa mort , les Athéniens deman-
dèrent compte aux accusateurs ,
du sang innocent qu'ils avoient
fait répandre ; que jyjeliLus fut
condamné à mort ^ et que lef
autres furent bannis ; que non
coiitens d'avoir ainsi puni les ca-
lomniateurs de Socrate , ils lui
firent élever une statue de bronza
de la main du célèbre Lysippe ,
et lui dédièrent une chapelle
comme à un demi-Dieu. Ces
traditions , dit M. l'abbé Barthé^
lem'i , ne peuvent se concilier
avec le silence de Xénophon et
de Flatorr , qui ne parlent nuUv
part 9 ni du repentir des Athé-
niens y ni du supplice des accu—
Siiteurs de Socrate..,, On a de^
mandé ce que c'étoit que cette
ironie , que Jes ancien» ont tant
vantée dans Socrate. Le mêrap
abbé Fraguier , qui a fait uriç
Dissertation curieusesur ce sujet,
remonte jusqu'à la cause qui
obligea Socrate de se servir sou-
vent de cette figure. Ce philo-
sophe ayant résolu de donner
une base certaine à la morale,
commença par corn battre certainf
charlatans de philosophe , con-
jius sous le nom de Sophistes*
Ces hommes hardis , présomp-
tueux , ayolept par un brillant
étalage de phrases, et par une
fausse éloquence , séduit toute
la Grèce. Comme ils étoient très-
puissahs à Athènes , Socrate étoil
forcé de. les ménager en appa-
rence I et' d'alTecter une soc^
soc
iffgnorance pour mieux décrëdU
ter une morale et une éloquence
éblouissantes, mais qui dans le
fond n'avoient rien que de frivole.
Voici à peu-près quel étoit son
procédé. 11 sa voit dans quel lieu
public^ ou dans quelle maison
particulière un on plusieurs des
plus fameux Sophistes débitoient
leur fausse doctrine. 11 y arrivoit
comme par hasard , et quelque-
fois il a voit a^sez de peine à en-
trer. II trouvoit le docteur gonflé
de cet orgueil que donne aux
personnes vaines l'admiration des
«ots; et s'approchant de lui mo-
destement ; « Je m'estimerois bien
heureux , lui disoit-il , si mes fa-
cultés répondoient au besoin et à
Tenvie que j'aurois d'avoir pour
mes maîtres , des hommes tels
que vous. Mais^ pauvre comme
Je suis , que me reste- 1- il pour
ni'instruire, que de vous exposer
taon ignorance et mes doutes ,
lorsque mon bonheur m'offre
l'occasion de vous consulter ?»
Le Sophiste l'écoutoit avec une
attention dédaigneuse, et lui per-
Oïettoit de parler. Sacrale lui fai-
•oit des questions toutes simples j
il lui demandoit , par exemple :
Qu''est^ce que votre projession ?
Qu'appelez - vous Èliétorique ?
yu-eH-ce que Le Beau ? En quoi
consiste la Vertu ? Ce docteur
ne pouvoit reculer, san? risquer
*^ revenu et sa réputation. Il
répondoit ; mais , au lieu de don-
ner une réponse précise, il 86
jetoit dans les lieux communs ,
ft prenant l'espèce pour le genre ^
" parloit beauconp sans rien dire
qui fut à propos. Socrate applau-»
dissoit à ce verbiage , pour n©
pas effaroucher d'abord son doc-
teur : et affectant de ne pouvoir
le suivre dans ses longs discours,
il le réduisoit à répondre oui et
^'»« Alors , par la ju^te^ie de «a
SOI
47T
dialectique, il le conduisoit do
l'un à l'autre , jusqu'aux consé-*
quences les plus absurdes, et lo
forçoit à se contredire lui-même,
ou à se taire. ( Koy. I. Prodi-»
eus. ) On a- de Socrate quelques
Lettres , recueillies par AlUuius
avec celles des autres philosophas
de sa secte , Paris , 1 637 , ^"" 4**
Socrate avoit mis en vers, dans
sa prison , les Fables d' Esope ;
mais cette traduction n'est, pa^
parvenue jusqu'à nous. Voyez
Theramene, Bobrhaavs^
et IL Boulanger à la fin*
I. SODI , ( Pierre ") maître de
ballets, né à Home , vint en France
en 1744, et y excella dans la com-
position des pzrntomimes. Le«
plus remarquables furent : la
Cornemuse , les Jûrdliiieri , les
Faux , les Mandolines , le Bou^
quet , le Dormeur , les Caractères
de la Danse , la Noce, les Amu-*
temens champêtres , la Chasse «
etc. etc. Sodi est mort en 1760*
n. SODI, (Charles) frère
aîné du précédent , naquit (|
Rome , et se fit connoître par son
talent pour la mandoline. Il vint
à Paris en 1749 , et on lui doit
la musique de la plupart des pan^
tomimes dont son frère dessinoift
les pas. On a encore de lui les
airs, d'un grand nombre d'ariette»
italiennes et françoises, dont Id *
chant est gai et voluptueux.
I. 80ISS0NS , ( ^hierri de )
accompagna St* Louis dans son
expédition à la Terre- sainte , et
fut fait prisonnier comme son roi
à la bataille de la Massoure. Il
chanta sa captivité , et partagen
avec son contemporain Thibaut,
comte de Champagne , l'honneur
d'être un de nos premiers poëtes»
Dans un manuscrit de la biblio-
thèque natioualci de l'au i3âQ> '
47«
SOL
» on trouve plusieurs chansons de
lui.
SOLANO , (N.) médecin Es-
pagnol , né à Mpntilla , et nuort
a Antequerra en i ySS, fit des ré-
cherches eu rieuses sur le poulji, et
sur les crises qu'on pou voit an-
noncer en l'observant. U les con-
signa dans son Apollinis lapis
Ijydius , in- fol., où l'on trouve
des observations importantes.
I. SOLE, (Joseph del) habile
peintre d'histoire et de portrait,
né en 1654, et mort à Boulogne,
sa patrie, en 17 19.
I I. S O L E , ( Antoine-Mario
del) peintre Bolonois, né en 1697,
mort en 1677, excella dans le
paysage. On admire le bon choix
de ses situations, et la beauté de
son coloris. — Son fils Joseph ,
né en 1654, mort en 1719,
<mita son père dans son talent
pour le paysage , et y réunit le
genre de l'histoire. Son Tableau
de la Mort de Priant , passe pour
son chef-d'œuvre.
SOLEVANDER, (Reinerus)
médecin , a publié en latin des
Conseils Médecinavx , qui furent
estimés dans le 16* siècle, temps
©il il vivoit.
' SOLEYMAN, né à Alep , âgé •
de 24 ans , irrité des conquêtes
des François en Egypte , animé
par les exhortations des prêtres
Turcs, résolut d'assassiner le gé-
néral en chef Kleber , qui venoit
de triompher des guerriers de sa
nation à Héliopolis , et de répri-
mer une violente insurrection au
Caire. Il se rendit à Jérusalem
chez Ahmed Aga, dont il im-
plora la protection pour sous-
traire son père , marchand à
Alep , aux concussions qu'on lui
ieàioîA. éprouver* Dans cette çoii;
s o M
férence , Ahmed s'appercevanf
que toute l'ambition de Soleyman,
se bornoit à devenir lecteur de
Talcoran dans une mosquée, qu'il
avoit déjà fait deux pèlerinages
« Médine et à la Mecque , et
que sa tête entroit dans le délire
le plus fanatique, lorsqu'il lui
parloit de venger son culte ou—
tragé par des étrangers , fortifia
ses dispositions. Soleyman arriva
au Caire, et se logea dans la
grande mosquée. 11 attendit pen-
dant 3i jours l'instant favorable
pour frapper sa victime , et il 1&
trouva le 25 prairial de l'an viii.
S'étant caché dans le jardin du
général , il le vit passer , et
î'aborda pour lui baiser la main.
Son air de misère intéressa
Kleber. A peine celui-ci s'étoit-il
arrêté pour écouter les plaintes
de Soleyman^ que ce dernier lui
porta quatre coups de poignard.
En vain l'architecte Protain. , quL
se trouvoit près de lui , voulut
arrêter le bras du meurtrier, il
en reçut lui-même six blessures,
et fut renversé. Soleyman , arrêté
à l'instant même, ne tarda pas à
recevoir sa punition. Elle fut
terrible. Empalé et exposé aux
oiseaux de proie , il éprouva les
douleurs les plus vives jusqu'à
ce que la mort vînt lentement le»
terminer.
SOMBREUIL,estlenom
d'une famille victime des fureurs
de la révolution françoise, et dont
la perte a été déplorée par tou»
les partisi — François - Charles
Virot de SombreuU , maréchal de
camp et gouverneur des invalides,
montra beaucoup de fermeté dans
l'exercice de sa place , et fut en-
fermé à TAbboye , après le 10
août 1792. Il alloit être immolé
dans les massacres de septembre,
sans le dévouement courageux d%
s O M
^ fille, jeune, intéressAnte tt
belle. Celle-ci se précipita au mi-
lieu des assassins, les cheveux
ëpars , prit son père dans ses bras ,
Je couvrit de son corps, demanda
ia grâce au peuple et l'obtint.
SombreuU , échappé à ce danger ,
n'en fut pas moins traduit quel*-
ques jours après devant le tri-
bunal révolutionnaire, et con-
damné à mort avec son fils aîné ,
le 29 prairial an -2. — Charles de
SombreuU , son fils cadet, né
avec une ame ardente, s'échappa
de la capitale, et se jeta, en 1792,
dans l'armée prussienne. Il s'y
signala par tant de preuves de
valeur , qu'il obtint du roi de
Prusse Tordre du mérite militaire.
Il servit ensuite contre Custines ,
et passa en Hollande , où il dé-
ploya autant de bravoure que
d'activité pendant la campagne
de 1794. L'année suivante, choisi
par le gouvernement anglois pour
conduire un renfort aux troupes
débarquées à Quiberon , il s*ac-
f[intta de cette commission. Lors-
que Hoche y attaqua le fort
JPenthièvre, le jeune SombreuU
y protégea , avec une grande
intelligence le rembarquement
des troupes angloises. Celles-ci
payèrent ce service par la plus
noire perfidie. SombreuU ne
trouva point de bâtiment pour
«embarquer lui-même, ainsi que
les émigrés qu'il comniandoit.
Placé entre le feu ennemi et ce-
lui des chaloupes angloises , qui
tiroient indistinctement sur les
françois des deux partis, il fut
forcé de se rendre. Il demanda
la vie pour ceux qui l'accompa—
gnoient : «Pour moi, dit-il au
générai vainqueur , j6 m'aban-
donne à mon sort. » Conduit
successivement à l'Orient et à
"Vannes ^ il apprit qu'il alloit être
fusillée Oa dit jua , g}^ u pacolft
S O M 477
d'honneur de se représenter dan«
trois jours , on lui permit , avant
la prononciation de son juge-*
ment , de s'embarquer sur un
esquif pour jrejoindre l'escadre
angloise , oîi il avoit des intérêt!
à régler. Là , oii chercha vaine-
ment à le retenir , en lui déclaraufc
le sort qui Tattendoit SombreuU
vint dégager sa parole , et périr.
Lors de sa condamnation , on ne
put trouver d'oificier franc ois
pour composer le conseil d*
guerre , et on fut contraint d'y
appeler des Belges ; on eut beau-
coup de peine à déterminer \gs
soldats à tirer sur lui. Sombreuil
refusa de se laisser bander les
yeux , donna lui-même le signal
de sa mort, et fut pleuré de tous
les républicains qui l'entour oient.
SOMERVILLE, (Guillaume)
poète Anglois , né dans le comté
de Warvick en 1692, et mort
en 1743, a fait sur la Chasse \\n
poème très-estimé.
SOMMALIUS, (Henri) pieux
et savant jésuite , né à Dînant
dans la principauté de Liège vers
l'an 1534, mourut à Valenciennes
le 3o mars 16 19, après avoir tra-^
vaille avec beaucoup de zèle au
salut des âmes , en Allemagne et
dans les Pays-Bas. Il s'appliqua k
rechercher des ouvf âges de piété
pour en donner de bonnes édi-
tions , tels que ceux de imitatione
Chris ti , SoUloquia SU AuguS'*
Uni , lÂbri Confessionum du même
Saint, etc.
SOMMERY , ( N. Fontetto
de ) demoiselle de Paris, dont
l'origine est ignorée , ne savoit
elle-même à qui elle devoit la
naissance. Jetée dans im couvent
dès son jeune âge , une petite
pension que les religieuses rece-
YQipnt pQVu; elle , fin^^ bientôt
478 S O M
tans qu'on sût pourquoi elle avoit
cessé. Heureusement pour la
Jeune pensionnaire , elle étoit
douée d'un esprit préni?ituré. Dès
FA je de 1 1 ans , elle devint le bel
•sprit du couvent. La maréchal»
de Brissac avec qui elle avoit été
élevée , la prit avec elle lors de
ton mariage, et lui assura une
pension de 4000 liv. par son tes-
tament. Alors M"« de Somntery
eut une maison , • où elle vécut
43ans rindépendance et dans le
commerce des philosophes et des
cens d'esprit. Quoiqu'elle n'eût ni
beauté , ni aucun des agrémens
de son sexe , elle attira chez elle
la meilleure compagnie des ^afens
du monde , qu'elle recevoit avec
im ton noble , et à qui elle plai-
loit encore par ses bizarreries ,
fon extrême franchise et son es-
prit mordant et caustique. Elle
Bavoit braver les ridicules et en
donner aux autres d^une manière
piquante ; mais sa méchanceté
étoit toute en paroles et jamais
en tracasseries. Son caractère sin-
gulier lui fit des amis distin^és ^
d'autant plus qu'elle se faisoit par-
do!mer ses bizarreries par d'ex-
cellentes qualités ; la prudence ^
la discrétion , la fidélité en ami-
tié, et le désir de servir les hon-
nêtes gens et dç secourir les mal-
heureux. Elle mourut en 1790,
dans un âge assez avancé. On a
.^elle un ouvrage de morale,
dont la troisième édition parut
-en 1784, en a vol. in-ra, sous
le titre de Doutes sur. les opinions
reçues dans la société. Les gens
de lettres qui composoient sa pe-
tite cour, le Comparèrent dans
le temps aux Caractères de la
Bruyère ; mais le public n'adopta
pas ce parallèle. Cet ouvrage est
certainement la production d'une
femme de beaucoup d'esprit ^ qui
\;«onnoît le monde, qui sait jn^ex
^es clioseâ et des personnel; Xûàià
des paradoxes, des opinions ha--
sà^rdées, et un style quelquefois
recherché, déparent un peu le
mérite de ce livre. L'auteur y
soutient le ton tranchant qu'elle
avoit dans la société. Dès sa jeu-»
nesse, elle portoit des jugement
un peu extraordinaires de quel-
ques-uns de nos meilleurs écri-
vains , quoiqu'elle en appréciât
d'autres avec justesse et justice»
Elle appeloit Lafontaine un niais,
Fénélon tin bavard , et Mad. dé
Sévlgné une caillette, etc. etc*
On a encore de Mii« de Sommeryt
Lettres de Mad. la comtesse de
L*** au comté de B*^*, 1785 ,
jn-i2 ; et \ Oreille y conte asia-«
tique, 1789, 3 vol. in-ia. Elle
se mêloit aussi de faire des vers ^
mais la poésie n'étoit pas son
plus grand talent.
* SOPHOCLE, célèbfe pdêt<-
Grec, surnommé Y Abeille et la
Syrène Attique, naquit à Colore,
bourgade de l'AttiqUe, l'an 494
ou q5 avant J. C. Son père étoit
maître d'une for^é dans le voisn»
nage d'Athènes. On dit que lors-
qu'il étoit au berceau nn avoit vu
des abeilles ai'rêtées sur ses lè-
vres : ce qui , Joint à la douceur
de ses vers , le fit surnommer'
Vahe'tle de VAttlque. Son coup
d'essai d^ns le genre dramatique j
fut un coup de maître. Les os (fe
Thésée ayant été Rapportés à
Athènes , on célébra cette soient»
nité par des jeux d'esprit. Sopko^
de entra en lice avec le vieux Es*
chyle et l'emporta sur lui. C'est
ce qui a fait dire k Boileau :
Sophocle enfla donn^Oit l'essor à ttâ
génfe ,
Accrut encor la poiûpe » aii{iMtil
rhanrionie ;
* Int^csM te dittup datts toate l'acaM
$0 P
Dm Tcn trop raboteux polit fex*
pression ,
Lui ionoa chez le» Grecs cette hau-
teur divine
0& jamais n*atteigidt la foiblesse latine.
Il ne se distingua pas moins par
ses talens pour le gonvernement.
Elevé à la dignité d'Archonte , il
commanda en cette qualité Var-
toée de la répiibligne avec Pé^
riclès , et signala son conrage en
diverses occasions. Il angmentoit
«n même temps la gloire du théâ-
tre Grec, et partageoit avec JBm-
Hpide les suffrages des Athéniens.
Ces deux poètes etoient contem-
porains et rivaux. Après avoir
traité difFérens sujets, ils choisi-
rent les mêmes et combattirent
comme en champ-clos. Tels nous
avons vu CréhUlon et Voltaire,
hîLtant l'un contre l'autre dans
Oresie , dans Sémiramis et dans
CaUlina, Paris a été partagé
comme Athènes. La jalousie de
ces deux célèbres Tragiques de-
vint une noble émulation. Ils se
ïéconcilièrent , et ils étoient bien
dignes d'être amis l'un de l'autre.
Leurs tragédies étoient également
ftdmlrées, quoique d'un goût bien
différent. SophocU étoit grand ^
élevé ; Euripide au contraire y
étoit tendre et touchant. Le pre-
mier étonnoit l'esprit , et le se-
cond gagnoit les cœurs. L'ingra-
titude des enfans de Sophocle est
fameuse. Ennuyés de le voir vivre,
^t impatiens d'hériter de lui , ils
l'accusent d'être tombé en enfan-
ce : ils le défèrent aux magistrats ,
comme incapable de régir ses
Uiens. Quelle défense oppose- t-il
*» ses enfans dénaturés ? Une
«enle. Il montre aux juges son
Œdipe , tragédie qu'il venoit d'a-
chever : il fut absous à l'instant.
Les historiens ne sont point d'ac-
^"d sur la cause de k mort de
S O P 479
Sophocle* Les uns disent qu'en
récitant son Antigone , il rendit
l'a me , ne pouvant pas reprendra
haleine. D'autres, tels que Va^
lère-Maxime , disent qu'il mou-
rut de joie d'avoir remporté le
prix aux jeux Olympiques. Enfin,
Lucien assure qu'en mangeant un
raisin , il fut étranglé par un
pépin. Quoi qu'il en soit, il mou-
rut presque nonagénaire l'an 40S
ou 404 avant J. G. Il avoit été
couronné vingt fois et avoit com<-
posé cent vingt-sept tragédies.
Il ne nous en reste que sept, qui
sont des chefs-d'œuvre : Ajax ,
Electre , Œdipe , Ant'gone ,
Œdif->e à Colonne , les Tachi^
niennes et Philoctète, Une dei
meilleures éditions des tragédie!
de Sophocle , est celle que Paul
Etienne publia à Basle, i558 ,
in-8®, avec les Scholies greo-»
ques , les notes de Henri Etienne
son père , et de Joachim Came-»
rarius. Plusieurs estiment aussi
celle qui parut à Cambridge en
1 673 , in-8® , avec la version la-
tine , et toutes les scholies grec-
ques à la fin ; et celle d'Oxford ,
i-oâ et 1708, a vol. in-8^; et
de Glasgow, 1746, 2 vol. in-S.**
Dacier a donné en françois T^-.
lectre et V Œdipe , avec des re-
marques, in- 12, 1692. On a
aussi V Œdipe de la traduction
françoise de Boivin le cadet , à
Paris, 1729, in- 12. Les criti-
ques sont partagés sur le mérite
de cette pièce. Les partisans de
l'antiquité y admirent tout. KoUm
taire y trouve des contradictions , "
des absurdités dans le plan , et
de la déclamation dans le style 5
mais il loue l'harmonie des vers
de Sophocle et le pathétique de
cortaines scènes , et il avoue que
sans le poëte Grec , il ne seroit
pas peut-être venu a bout de son
Œdipc.*^ Voyez le Thé4tre des
/.. »
4td S O R
Grecs du p. Bntmoi , qui a tra-i
duit ou analysé les pièces de 5o—
phode : et les Tragédies de So"
phocle , traduites en françois ,
en un vol. in-40, et deux volum.
in- 1 2 , par M. Dupuy , de Taca-
démie des Belles- Lettres : cette
version est estiraue des connois-
seu rs. M. de Rockefort de cette
dernière société , et M. de la
Harpe de racadémie Françoise,
ont traduit en vers françois , le
Î)remier, VElectre de Sophocle ;
e second , son Philoctète s et
3^1. d'Arnaud , le cinquième acte
des 'Jtrachlniennes,
* SORBONNE, (Robert de)
naquit en 1201 à Sorbon, petit
village du Rhételois dans le dio-
cèse de Rhcims, d'une famille
obscure. Après avoir été reçu
docteur à Paris , il se consacra à
]a prédication et aux conférences
de piété. Il s'y acquit en peu de
temps une si grande réputation ,
que le roi St, Louis voulut l'en-
tendre. Ce prince charmé de son
mérite^ l'honora du titre de son
chapelain , et le choisit pour son
confesseur. Il jouissoit d'une
grande considération à la cour de
ce monarque , avec lequel il vi-
voit familièrement , ainsi qu'avec
les principaux seigneurs. Un jour
ayant badiné Joinvillc sur la ma-
gnificence de ses habits, tandis
que ceux du roi étoient fort sim-
ples y ce gentilhomme lui répon-
dit : « Maître Bobert , ne me
blâmez pas tant. L'habit que je
porte m'a été laissé par mes père
et mère ; mais vous qui êtes fils
de Vilain et de Vilaine ( c'est
ainsi qu'on appeloit les personnes
d'une naissance obscure), vous
avez laissé l'habit de vos parens
pour prendre des étoffes plus
fines que celles du roi. » Cette
Réponse déconcerta Soborl^ Alors
son
St. JLouis qui l'aimoit , le tiré
d'embarras en disant , « qu'il coù-«
venoit de s'habiller honnêtement
et de telle manière que les sage»
ne puissent dire : Vous en f ai Ut
trop~; ni les jeunes gens : Vous
en faites trop peu^, » Robert de
Sorbonne , devenu chanoine de
Cambrai vers 1261, réfléchit sur
les peines qu'il avoit eues pour
parvenir à être docteur, et ré-
solut de faciliter aux pauvres éco-
liers le moyen d'acquérir les lau-
riers doctoraux. Il s'appliqua donc
à former une société d'ecclésias-
tiques séculiers, qui vivant t\\
commun et ayant les choses né-
cessaires à la vie , enseignassent
gratuitement. Tous ses amis ap-*
prouvèrent son dessein, et offri-
rent de l'aider de leurs biens et
de leurs conseils. Robert de Sor^
bonne appuyé de leurs secours ^
fonda en i253 le Collège qui
porte son nom. Il rassembla d'ha-
biles professeurs , et choisit entra
les écoliers , ceux qui lui paru-
rent avoir plus de piété et de dis->
positions. Cet établissenaent étoit
nécessaire. La plupart des évé-
ques , depuis le 1 2® siècle , s'ap-
pliquoicnt peu à 1'in£truction de
leur clerp:c. Ils se laissoicnt acca-
bler d'affaires temporelles. Le*
princes , livrés la plupart à Pigno-
rance , prenoient parmi les abbéi
et les évêques, leurs chanceliers
et leurs ministres. Les prélats
d'ailleurs étant seigneurs tempo*
rels, avoient des procès à dé-
fendre , des guerres à soutenir ,
des places à fortifier , des troupes
à rassembler. Il leur falloit de
grands équipages , de grosses fa-
milles et toutes sortes d'officiers.
Au milieu de ce faste et des suites
qu'il entraînoit, l'instruction pu-
blique étoit souvent négligée. Les
études des églises cathédrales et
de$ inouast^res s étant ralenties à
:ineî>ure .
i
s O R
Biesttre qne le zèle des ëvéqnes
s'afFoiblissoit , il s'éleva des doc-
teurs instrnits qui se chargèrent
d'instruire les autres. Leurs écoles
placées dans les grandf's villes ,
parurent être d'une utilité plus
générale que les écoles diocé—
Mines. Un seul docteur ponvoit
former un plus ^rand nombre de
disciples et les mieux instruire.
Un prêtre uniquement appliqué
à l'étude de la théologie , inté*^
ressé à avoir beaucoup d'écoliers ,
devoit devenir plus savant qu'un
ëvèque , distrait par plusieurs'
autres fonctions. Les seul» in—
convéniens étoient que ces nou-
veaux instituteurs n*a voient pas
la même autorité qu'un évoque
sur son clergé; qu'ils abusoi.nit
souvent de leur loisir , pour trai-»
ter des questions plus subtiles
^le nécessaires ; et que leurs dis-
ciples , loin des yeux de leurs
parens et de Itur évèque , se li~
vroient à la corruption des gran-
des villes, et ne se formoient
point aux fonctions, ecclésiasti-
<^es. Pour remédier à ces abus ,
on fonda des collèges , d'abord
pour les réguliers , ensuite pour
î^s séculiers ; « et il faut avouer ,
dit Fleury , que ces collèges fu-
rent comme les monastères , des
^iles pour la piété et les bonnes
mœurs, aussi bien que pour la
doctrine. « Le collège de Sor-
bonne en parti ulier servit de mo-
dèle à tous les autres ; car avant
ce temps^là, il n'y avoit en Eu-,
rope aucune communauté où les
£op]ésiastiques .séculiers vécus-
sent en commun et enseignassent
(gratuitement. "Robert de Sor^
honne après avoir solidement éta-
hii sa sociéjté pour la théolop^e,
X: ajouta un autre collège pour les*
humanités et la philosophie.- Ce -
•ollége connu sous le nom de-
GoU^edçCalyietdepeUieSQr'^:
^ SyppL, Tome II I^
S OR 481
honne, devint très -célèbre par
les grands hommes qui y furent
formés. Lo célèbre fondateur de-«
Tenu chanoine de Paris dès l'aa
i:}58, s'acquit une si grapde ré-
putation , que les princes mémeS'
le prirent po*ir arbitre en quel-
ques occasions importantes. Il
•termina saintement sa carrière
en 1274, âgé de 73 ans^ aprèâ
avoir légué sçs biens qui étoient
très-considérables, à la société
de Sorbonne. On a de lui plu-
sieurs ouvrages en latin. Les prin-
cipaux sont : I. Un Traité de. la
Conscience ; un autre delnCon-*
fesiion ; et un livre intitulé : Le
Chemin du Paradis. Ces trois
morceaux sont imprimés dans la,
BiMiothèque des Pères, II. De
petites Notes sur toute l'Ecri-
ture-sainte , imprimées dans l'é—
dit ion de Menochius par le Père
de Toiirnemine. III. Les Statuts
de la maison et société de Sor-
bomie , en 38 articles. IV. Un
livre du Mariage, V. Un autre
des trois moyens d'aller en Pa*-
radis. VI. Un grand nombre de
Sermons , etc. Ils «e trouvent en
manuscrit dans la bibliothèque
de Sorbonne ; et l'on remarque
dans tous assez d'onction , maU
gré la barbarie du style. La mai-
son et société de Sorbonne est
une des quatre parties de la Fa-
culté de Théologie de Paris: elle
9 été une source féconde en h^
biles théologiens.
SORCIERS , Voyez la fin de
l'article de Gassendi.
SORCH, (Hendrick ) pein-.
tra, né à Rotterdam en i6»i ^
mort en 1682 , devint le pltis cé-^
lèbre élève de Teniers ^ et excella •
comme son maître, dans lare-
présentation des foires et des
Hh
I
-4f * S O R
SORM, (Pierte) peintre fta-
làti») né à SteiHier eh rS^S , mort
«n 16239* cbvjnt disciple^e «^a^
]i»ii^tVi»« «t eénhit )«. tofent dv
^•hidre le p0j9a^ à eol«i du por-
Mit et de iliistoirew
ÏV. SOTO y ( Antonio Père»,
de ) célèbre iinprûneur Espagnol^
«'établit à Paris au nii)réii' du 18*
«iècle, et y publia de& éi)ition»
seoherchées.
ÎN.) avûcôt à Toulouse, memb-
re de racadémie de cette ville ,
Aort en 1751 9 a publié'plnsieurs
ouvrages de mck'âle et de litté-
rature : I. Béftexiôtis sitr le bon
goût, le bon ton etlii conversa-
tîotl, 1746, ift- li. IT; Catac-^
gin de \h Vérirabfe gtandeuf ,
:l746, în-ia. ffif. Coàsidérations
Éhr le génie et \éè tntturs de ce
Jiècle, 1749, in— 12.
II. SOVBISE9 ( Charlsfrde
Itoban 9 pvince de ) xiocmit en
'i7r5^ de ki« branche denoben—
Bffohtbflson. Devenu lieutenant'
général en ififi , «près avoir
Servi dans les caAipagne$de Flan*-
dre^ il voulut devenir maréchal
de France dansla guerre de 1757/
La laveur de Méd. ée Pompa^
àour , à laquelle M faiaoit xm»-
oour assidue , ki4 obtint ]ecDm)i*
Brandement d'une division dans
l'ankiée du maréoliBl d^Esttéest
S'étant avancé à k tète des Fran»
cois 9 le prince de Souhise perdit,
» 5 novembre 17679 la Ixitaille
de Rosbach* «véc des eircons- ^
tances qu*on trouve dans tous les
livres. Nous en avon» pa#]é<)ans
rattide du roi de PHiese ( Fféit-^
tic II ). On ne rougir point h la
CDur de calomnier leé troupes
pour disexiper It général. Son in-
<npactté qjOÉi étoift «iicalo à- sa hf^
Tonroy W Tempêcha pa#-d#tro
SOU
ttralrécbal de France l'année dtâwl
vante y éli de continuer de cm^
rinmder. Beux succès 9 dénC U^
dernier fut principalement du sd*
brave Cheçert , lui valurônf 1» bi-
ton. Il- battit un corps de troupe»
commandé par le prince êhm*
bourgs le 23 joillet 17589^ et enf
tm autre' avantage près deLaa^
terbourgle ro octobre suivant, t
quitta to commanderifient Farairée
o après, et ftit depuis miuistre
d'état. Si ses ami» nsètHeski rt^
fnsoient les talens fflilltaire», «é$
enntfmra convenoient <(uecan)me
citoyen et courtisa» 9 il avoit dbs
qualités estimables ': boimétl^
boniTfte 9 affable 9 obligeant , ititfe*-
cessible à la cupidité , et sachant
aj^/^ et parler pour ses amis. B-
moumt le 4 juillet 179^.
» SODFFLOT 9 ( Jacque»-
Oermoiti) tfrchit<ecte9 naquit en
171 3' à Iranci près d* Aïixérre , da
lieutenant général do cette pe-.
t}te ville. Son gont pour les asts
et suNtout pour FarchitectHre %,
se manifesta de bonne heure. D&f
sa plus- tendre ietin«3se , il se»
vedt avec plaisir les difierens ou»
vriersr de bâtimens , regarde»*
avec attention travailler les ms**
çons et les charpeiitiers 9 s'entra*
tewMt souvent avec kes areftiteo*
tas atles'appareii]euf8 9' lesqae»*
tionnoit, et leur empmntoif dé»
dessins (pi'il A>pioit. Bientèt sofi
goût pour cet art devint une pas*
sion si forte 9 que contrarié ptf
son père qui eût mieux aimé M
voir preniire le parti dit cohh
merce9 il ^ décida à cpiittser Ut
maison paternelle d'oif il emporte
un sac de tooo livresw 1^ «érigea
dè»-lors ses pas vers lltaliei âoK
tant bien que sa modique sonnMt
no auAroit pas pour ùàtt et
voyage 9 il s'arrêta à Lyon. Sov
iiiMiitloii était d^y pasaar qaÉlfaa^
j
sôt;
bftl||S , et dy travailler ftVCe W
«rchitectes de cette vilie, pour
flfUgni^nter à ]a iois ses connois^
•anceft et ses fonds. Après avoir
Bjouté attt unes et ailx autres ^ il
partit pour Rottie, et y fréquenta
tous les grands artistes^ eeux
Sur-tout que le rOi de France y
Ittivôyoif annuetlement dhiis Vetta-
demie qu'il y tfVT>it établis. D pai^**^
îcournt ensuite fonte Vltalie ^ S'arv
téta dans tons les endroits ok se
trouvent des monumens intéres*
sens 9 qui! leva et dessina scri»-
puleusement. Muni de ces mo-
dèles , il repassa en France et s'â-
tablit à Lyon , oii il s'étôit fait
aimer pendant son premier se-*
jour. A peine y fut-il arrivé , qu'il
fut successivement chargé par las
magistrats de cette ville , de la
•instruction de la Bourse et de
l'Hôpital : ce fut ce dernier bÂ*i>
timent qui commença la grande
réputation dont il a joui depuis;»
Son nom étort parvenu à la mar-
quise de Pompadour, Quand cette
dame eut obtenu du roi , poui" le
marquis de MarigAjr son fVèra ,
l'adjonction à la place de drrec-*>
teur et ordonnateur général des
bâtiinens 9 jardins , arts et manu-
factures royales , elle engagea'
Soufiôt et Cochl/t à le suivre en
Italie. Au retour de ce voyage y
le célèbre architecte quitta Lyon
tBt s'établît à Patis , Où il devint
Successivement contrôleur des bâ-
txmens de Marly , des Tuileries ,
membre des académies d'Archi*-
tectiire et de Peinture 9 chevalier
de l'Ordre de Sà;nt-Midiei ^ enfin
intendant dés bâttinreiw du roi.
£n k^57 Louis X^ le.didisit
ttouT Yt plan et t'exécuèion do
l'église de Sainte^Geneviève da.
l^aris , dont il n'a pu perfection-
ner que le portail , ainsi que la
Uef ^ le bas-côtés et les tours. Lé
iMU ii'a été élafé mus aa e«n^
^ o tr 4» j
<^ité 4tte)ttftp»'att nivâat^ de là
naissance des voûte» , et de l'or-*^
dre qui doit porter le dôme. Û
éprouva , «e)ttiv«ment à cerdôme-^
des ooniradictiOBS et des criti^
qnesamèré», dictées par Tenvia»
Quoll|ue la possibilité de son exé*^
cution fKk prouvée et démontrée
par les calculs les plus scrupa*-
leux , il fut sensible à rezcès ans
déclamations de its ennemis , d«
nombre desquels il s'en trouvoil
un- qui lui devoit de la reconnoiS'«
sance. C'est à ces espèces de coxv«
iradictions et de tracasseries^
qu'on dcMt attribuer le dépétrisse-»
Bient de sa santé. Soufflât mourut
après deux ani de knipueur ,, le
à9 aoik i^8t>, à 67 ans. Il em^
porta les regrets de ses parens ej»
de ses amis , qui lui pardOnnoient
Un caractère viJF et brusque y exlk
faveur de son excellent coeur , ei
qui l'àppeloient le Bourrin bien^
ptUani, Outre la Bourse de Lyon ^
l'Hôpital, de la même ville ^ et lar
superbe édifice dé Saittte-Geae-
Vlève , il a élevé d'autres monu*'
mens publics , entre autres là
belle Salle des spectacles de Lyon*
Il a été enterré dans le chcsur du
l^église de Sainte-Geneviève» Où
lui a consacré c^s vers :
^<mr mat tria dafis sôtt tkt U a^«ill qte la
naturt ^
n tima ^*a^x ttlM» oa )oagtdt.Ià
droiture :
PTts d*isa rival jaloiut » 9II Ait a»a
ennemi y ^
Vu eût conaa sob cùtur $ eût été f04
aniS.
SOUl-GlN-CHI , sduveraiii
4e là Chine avant Fo-hl t inventu
les cordelettes » dont les nœud4
différons et à int^gales distances <^
Servoieht à conserver le souvenif
des événeniens. Aux çordelettél
succédèrent les kôna , ptemiesê
caractères chinois ^ dont l'^nf en**
tidA aat ^attribuée à J«*^^«K
Hh »
484 sou
^ml employa dans la composa
tion de VY-^king.
SOUMILLE, (N....) pré-
bende du chapitre Je Villeneuve-
)e5* Avignon, étoit correspondant
des académies des Sciences de
Paris , de Toulouse et de Mont-
' pellier , et associé des sociétés
d'Agricukiire de Limoges et de
Tours. Il n^éritoit de Tètre ; c'é~
toit un excellent calculateur. Il
rendit des services , non— seules
ment à la province de Langue-
doc , mais à Avignon qui le
Tegardoit comme un de ses ci-
toyens. 11 s' étoit établi dans cette
▼ille, deux loteries à dés, dans
Tune desquelles les lots consis-
toient en livres, et dans Tautre
en pièces de merceries , estimées
au gré de celui quidonnoit à
Jouer. Cétoit un jeu ruineux qui
«ttiroit beaucoup dé dupes au-
tour des tréteaux de la friponnerie.
Les magistrats d'Avignon char-
gèrent l'abbé Soumille d'en mon-
tre^ le danger. C'est à cette oc-
casion qu'il publia une brochure
intéressante, sous ce titre : La,
ZiOterie insidieuse , on Tahleau
général de tous les points , tant
à perte qu'à profit , qu'on peut
faire avec sept dés , Avignon ,
>773, in-i2. Ce livre renferme
des tables aussi justes que com-
modes pour ceux qui sotit livrés
à la folie des jeux de hasard. Mais
l'ouvrage de l'abbé Soumille qui
â été le plus lu et le plus con-
sulté, est le Grand Tric^trac ,
Ou Méthode facile pour appren-^
dre , sans maître , la marche ,
les termes et une grande partie
des finesses de ce jeu , Avignon ,
1756, in-ia, avec 287 figures.
C'est le meilleur traité qu'on ait
% ftur ce jeu agréable. On a encore
de lui. Description du Semoir
à bras de Languedoc ^ i7$3>
sou
V
în— ï6. L'auteiir mourut enxitJ
Il avoit dans les manières la sim-
plicité et la bonhommieqaiétoiënt
dans son caractère. Ami de la
rétraite et de l'étude, il parta-
'gea ëon temps entre ses devoirs
et les sciences exactes.
SOUTHERN, (Thamar)j
Irlandois, né en 1669, morteni
1746, fit ses études à Dublin,]
ensuite à Oxford , et donna aaj
théâtre Anglois plusieurs pièces,
qui eurent du succès. Les plos^
remarquables sont : Le fatal Ma^
riage , le Prince de Perse , OrO"
noko. CettG dernière tragédie r
pour sujet un fait véritable , ra-*
conté dans une des Nouvelles de
Mad* Behn.
SOyVAROW, (Alexandre)
feld— maréchal Russe , naquit en.
1730, d'une famille ancienne;
son père, avoit été général et
étoit devenu sénateur. Il destina
son fils à la magistrature ; mais
celui-ci ne respirant que pour las
armes , entra au service en 17429
comme simple soldat^ et s'éleii
de grade en grade jusqu'à celui
de colonel qu'il obtint en 1763»
après s'être distingué dans la
gnerre de sept ans contre les
Prussiens. II ne combattit pas
avec moins de courage les con-
fédérés de Pologne et le rebelle
Pugatschew. Le général Roman-
«oj^attiroit alors lés regards (le
l'Europe par ses victoires et ses
talens militaires ; Souvarow vou-
lut apprendre Tart de la guerre
de ce maître habile; il se rendit
à l'armée que ce dernier com-
mandoit contre les Turcs ; et dans
une action il s'élança dans \ti
rangs ennemis ^ immola plusieurs
janissaires, remplit un sac de
leurs tètes, ^t vint le vider aux
pieda de. son général. Biest^
\
sou
il passe le Danube à la tête
d'un corps d'armée , malgré les
efforts des Ottomans,:. et yîent
camper sous les mur^ de Silistrie.
Quelques jours après , réuni à
Kainedskol t ils battirent ensem-
ble le ' "Reis^Effendi qui com-
mandoît 40 mille hommes, et lui
enlevèrent toute son artillerie.
£n 17839 Souvarow soumit les
Taftares da Kuban et du Bud-
2iack, >t leur fit prêter serment
de fidélité à Tlmpératrice. Celle-
•i lui envoya alors son portrait,
la croix de Volodimer , et le
nomma général en chôf.£n 1787,
il défendit avec succès Kinburn
contre la flotte Ottomane. Le
pacha d'Oczakoff avoit débarqué
Six raille hommes pour surr-
prendre cette place : Souvarow
les laissa descendre sur le rivage ,
et n'envoya contre eux que quel-
ques tirailleurs , qui feignirent
d'être épouvantés et de se retirer
en désordre. Les Turcs s'avan-
cèrent ; et tandis que leurç cha-
loupes alloient chercher de nou-
veaux renforts, tous ceux qui
restèrent sur la plage périrent
. sons les coups des , bataillons
nombreux qui les enveloppèrent
aussitôt. Sovvarow , blessé aii cou
dans cette action , en fut dédom-
magé par un superbe panache de
diamans, qui lui fut donné par
Catherine, Le 21' juillet 178^9
après avoir défaitlennemi àFock-
san , il apprit que le prince
de Saxe^Cohourg , général de
Tarmée Autrichienne , étoit en-
touré par celle du Grand-Visir;
Souffarow .se mettant aussitôt à
•la tété* de dix mille Russes, tombe
à Timproviste sur celle-'-ci , forte
de cent mille hommes, et reste
maître du champ de bataille.
« Amis, crioit-il aux soldats, ne
regardez pas les yeux de l'ennemi ;
fixez ^H^ poitrine, cest là qu'il
SOU 481
fttwt frapper. » Cette victoire «
remportée près de la rivière d«
Rimnisk , valut à Souvarow le
surnom de Bimtftski et le titra
de comte de l'Empire Romain*
La ville d'Ismaïlo\7 résistoit depuis
7 mois , et avoit obligé le général
Sudowitsch de se retirer; Po—
Umkin , général en chef, adressa
aussitôt Tordre à Souvarow da
la prendre en troiè jours. Celui-ci
marche avec la plus grande cé-
lérité, malgré la rigueur de la
saison. Le troisième jour , il
assemble ses soldats , et leur dit c
« Soldats , point de quartier, les
provisions sont chères. ^ L'assaut
se' donne, les Russes sont re-
pousses deux fois ; ils escaladent
enfin les remparts , pénètrent
dans la ville, dans les maisons ^
dans les mosquées, et passent
tout au fil de l'épée. Quarante
mille Turcs périrent en ce ]oup
funeste, qui fit donner au géw
néral Russe le nom de Muley-»
IsmcLël, l'homme le plus sangui-
naire qui ait donné des lois à
Maroc. En 1792 , ne pouvant
plus combattre dans les champs
Ottomans ou le traité d'Yassy,
avoit porté la paix, Souvarow
se rendit en Pologne pour y
arrêter les progrès de Kotciusko ^
dont les efforts tendoient à l'af-
franchi ssement de cette contrée,
et à la faire sortir de la dépen^^
dance où la Russie la retenoit
depuis long- temps. Le 4 octobre,
il mit le siège devant Prague,
faubourg considérable et fortifié
de Varsovie ; et après un as3aut
furieux , il s'en rendit maître et
fit égorger tout ce qui s'y trouva?,
vingt mille Polônois succombê-f
rent dans cette action , sous les
coups des Russes >, dont le gé-«
néral reçut en- récompense 1©
titre de feld-maréchal. « Vou^
savez, lui écrivit riippératrice,
Hh j
%ffialt t»n tear. Jt.suis incapable
4^ faire tort à un plus ancienj
«i.ais c*it$t TOUS qui venez de tous
îme fek^maréchal 9 par la con-*
fuôte de la Pologne. » En etSet ,
#ette victoire décida du sort de
ce joyanme , qui fut aussitôt par-
tagé entre la Russie, rAutriche
#t la Prusse. £n 1799 , ^'^'^^ ^^
4onna % Souvarow le comman-
ée^mejat des troupes qu'il fit mar-i
«fcer en Italie contre les Fran^*
^is; mais c*est la que sa gloire
pliit devant le génie de Moreau,
Calui-ci, avec des forces infé«
yieures » l'arrêta daais sa course ,
le battit au passage de l'Adda ,
«t le chassa successivement d'A<«
l^xandrie et de Turin. Sa retraite
prauva cepeûdant les plus granda
ta]ens.Jl se porta sur la Suisse
Italienne, vainquit les obstacles
que lui opposoient les François ,
tt pénétra , à travers les neiges
•t les glaoïrs , en Allemagne. Les
troupes Russes ayant été rappe»^
lées par leur Souverain , Souvarow
•rriva à Pétersbourg , et y mourut
•n iSoo. Ce général , né avec
Ibeaucoup d'esprit et une grande
originalité dans les idées ,» étoit
aussi bi^arrevqu'iatrépide* U pen**
aoit que le devoir, d'nn général
^toit d'étxe toujours en avant de
^on armée , et disoit : « li faut
^W6 la tête nattende jamais ia
queue. » Pour se faire aimer de
fes soldats, il afibctoit autant
4e simplicité que de rudesse dans
«es mœurs. On le voyoit souvent
changer de chemise nu milieu du
oamp , et ne se couvrir pour tout
Tètement que d'une: simple peau
dé mouton. Catheriae JI, dans
con SFoyage en iCrimée , se plut 4
Siccorder toutea les grâces que
ses généraux lui demandèrent.
XUe e'âdressa à Som^jarow , pour
^voir ce qu'elle pouoroit fair#
SOU
{HWr toi. Cekà*ci lai répefiffî I
Payer mon logement. Le prix de
ce logement n'étoit que de troil
roubles. Il se piquoit de laconisme»
Dans Jes premiè^res guerres, après
avoir pris la ville de Toutoukai
en Bulgarie, il écrivit a st
Souveraine : « Gloire à Dieil !
louanges à Catherine ! la vilU
est prise , et j'y suis. » U Itû
rendit compite de même de It
prise d'Ismaîlov , par ces seulf
mots : « Madame , l'orgueilleust
Isv&aii est à vos pieds. » H s»
piaisoit à mettre ses ordres ea
vers , et d'écrire souvent aioii
9ts rapports à l'Impératrice. Sa
manjlre de vivre, extrêmement
frugale , ne le^ distinguoit pas An
simple soldat, et il soutint comoie
lui toutes lesv fatigues de la guerre*
Petit , maigre, courbé , ayant doi
yeux pleins de feu , sachant io
russe, Fallemànd, le françoiS)
le turc et le tartare , il parloit pei
et presque toittours en apopb-
thego^es. Lea omciers ^périeaci
devinrent ses ennemis secrets f
parce qu'il proscrivoit le luxe i$
Ses camps, et qu'il étoit poiftr
tilleux dftns le servicje ; mais les
soldats l'adoroient. Ce guerrier
afiectoit une grande dévotion » iè
dbjigeoit tous les oâlciers ds
réciter^ le soir après la retraite^
une pctère devant le soldat : i
ne donna Jamais Tordre de cooif
battre , sans faire le signe de il
Gisoix ^ et baiser une petite imagf
àe Sti, Nicolas , qu'il porteit ton*
jours anr lui. Jl ae refusa 1 t^l
)es travaux diplomaitiques et pcn*
litiques , en disant : Une plfi^
sitd mal dans la main d'un sûM,
Fougueux dans son génie covsa*
dana ^n «i^ourage , on ne Jai re*
fusa ni l'audace d'«n conqnéranti
ni la rapidité de ses entreprises,
iii r«rt d'attacher les soldats à si
destinée î ^ais o^ lu a i^rinàe
s o z
^efr-coBibinaisons p«n profoncle^j
j^es ixianoeuvres plus rapides que
^a^es, et d'avoir usé de la victoire
Avec trop peu d'àumanité.
SQ2&ZI 9 ( Lonis-Fjrançôis de)
2>é k ï^aris le 4 octobre 1706»
4'une famille noble et origiaaire
4e Pistoie en Italie ', suivit dès
l'âge de neuf ans y son père eo
tlspagne. A son retour il dévint
l'éièye et bientôt l'ami du célèbre
avocat le Normant, appelé juste^
ment V Aigle du Barreau^l^ornsné
Jbailli^ général du Temple, il pit«-
tUa pludienirs Mémoires précieujp
par Ic5 recherches qu'ils renfer-;-
^ nient. Celui sur les testameuf^
olographes fit une telle sensation ^
qu'on fut obligé de le réimprimer
trois ans après le jugement pour
.lequel il àvoit été foit, afin de
fatisfaire l'empressement des ju-^
Tisconsiiltes qui en demandoient
4es copies. Cdlui sur la mouvai/ce
âes pairies de France , fut de
^ême recueiUi avec avidité. $oi^
vint ^'établir à Lyon eh ijhB y
et y fut membre de racadéatie
4e cette viUe ; celle» de Berlin et
4e Nanci l'adoptèrent pour asso^
* fdé. U est mort le i» mars 1784..
&s ouvrages littéraires sont ;
1*, Lettre suc l'Urne enlique à»
plomb, tmivée à Lyon^ TLAver'^ ,
tissen^ent sur rHiène qui a pani
dans le Tyonnois en 170^7 , i»-f a^
m» JJiscours de réception à l'aea-f
démif de Nanci, 17^2^ in-^fz^
JV. Oljunpiques de Pindare ^
traduites du grec en franfoiSy
1754, in^iz. Cette traduction dir
poète l^rec le plus di^ile à en^
tendire ^ est accompagnée de re«
Siarques bistorù^aes , et 4' un di^r^
çouEs sur Pindare et l'héstoix»
4e^ jeux Olympjqttes.
^AGNOtETTO , ( Je^a^
^ Blutera) Fpy.EsFAouojjçi^
$PA 4V7
5PALLAK2ANI , (Lazare)
né en 1723 à Scandiano eïi Ita*
lie , près de Keggio , étudia ^
Bologne sous le célèbre Laur^
Bassi, se retira ensuite daeslft
solitude pour rendre ses connoia*-
sances plus profondes ^ et sut
pendant quelque temps se priver
4e la gloire pour mieux la méritejf«.
Il débuta dans le monde littéraire-
par un opuscule cii il a pour
but de rectifier les erreurs échap»
pées à SaWini , dans sa traductioa
àes Œuvres ^Homère , poète
qu'il avoit étudié dans sa langue
naturelle , avec autant de dkcer^
nemest que àp goût. Il adressa set
observations au comte AlgarotU^
XwBsà de VoUaire , do)i| le savoir
étoit aussi étendu que la renom*
Aée^ ]^t ommé professeur à Pavie ^
Spalianzani abandonna la Iitté«i
jatupe pour l'étude de la pliy««
sique ; et c'est là , qu'armé du
ûambeau de l'expérience, il dé-«
,eottVritdes propriétés nouvelles^
et divers phénomènes qui atti«»
xèrent à s^s leçons un nombre
considérable de disciples et d'adr
mirafeeuis. La physique animale
obtint sur-tout sa prédilection y
et ses observations y furent ausis^
neuves qu'intéressantes. Ses t^r-
vaux microscopiques , ceux sur
Xa circtrlation du sang, la cKge^
Uon, la génération 9 k respi«»
ration , lui (Mat acquis des droite
ÔXDfBortels à la reconnoissaneedee
pliysiologiste^ et de tous bs st«
vans. £n 1779 9 Spalianzani se
i»it à voyager 9 et parcourut lee
cantons de la Suisse. En 1785 ^
it partit po^r Constantinople ,
ok il aecompagna le chevalier Je
^uliMi son ami, et visita lea
isle$ fie Corfou et de Cythère ; ii
en ééçKVflt la gé^ogie , les yoU
icans éteints 9 les coquillages, et
inie mentagne immense presqne
enti^eine^Q^ formée d'os^emeoe
Hh4
'4^8
SP A
Romains pétrifiés. Après avoir
■parcouru les ruines àr Troye, et
phisitfurs contrées d'Ailemagite ,
il se rendit à Vienne où il fut ac-
cueilli parTeropereur Jb5^p4 Ils
il revint à Pavie « et y entra au
t>ruit cWs a. cl^mations d'une foule
d'élèves qui étoient allés h sa
rencontre 9 et qui le conduisirent
en trioi^phe dans 'sa demeure.
ILe Muséum de Pavie étoit dé-t
•pourvu d'objets relatifs k la mi-
néralogie des volcans. Pour lui
en procurer , Spallanzani fit en
1788 un vo)'age à Naples, dans
les deux Siciles , et dans plusieurs
"parties des Apennins. Il rédigea
les observations recueillies dans
ce voyage , et en fit l'un de iQ%
principaux titres à la gloire.
•îTouraîenté depuis long— temps
d'une, ischurie vésicale ^ il fut
frappé de diverses attaques d'a-
poplexie, et succomba à la der-
nière , survenue lé li février
«1799. Après avoir rempli tous
ses devoirs de religion, il s'en-
dormit dans son sein, plein de
confiance- dans les espérances
qu'elle donne. Les écrits de
'Spallanzani sont : I. Lettres sur
l'origine des Fontaines. Elles sont
au nombre de dt*ux, et adressées
au fils du savant ValUsnieri,
-DesCiit'tes avoit pi étendu que les
«aux de la mer , filtrant par^ d'in-
nombrables canaux dnns le flanc
des montagnes , y subissoient une
sorte de distillation par faction
d'un feu souterrai ' , se purgeoient
de leur amertume, et formoient
ensuite les sources d'eau douce.
Spallanzdni démontra que celles-
ci devoientleurorigirneauxpluies,
aux rosées , aux brouillards qui
tombent sur les monts, s'insinuent
dans leur intérieur , et suivent
la direction de leurs excavations
particulières. Ih Dissertation dé-
diée à XMun Bassi , sur les
s P A
Ricochets. Le professeur de P««
vie cherche à y expliquer la
cause de ces bonds suc essifs qoe
subit une pierre lorsqu'on la lancs
obliquement sur la surface de
l'eau. L ne les attribue ni à la
réaction , ni à l'électricité dq
fluide frappé, mais au change-i
ment de direction du mobile; et
à cet égard , il n'a pas convaincu
les physiciens. lïl^ Expériences
sur les reproductions animales,
1782. C'est un spectacle bien
extraordinaire que celui d'im
membre coupé à un animal à
sang froid ^ et qui en fait un antre
animal absolument conforme à
celui qui a éprouvé, la scission.
Béaumur avoit prouvé la repro-
duction des jambes dans les écre-
visses ; 2'remhley , que les par-
ties séparées du polype , deve-
noient autant de polypes; Bonnet,
que les vers terrestres et aquati-
qnes se reproduisoient dans leurs
sections : Spallanzani confirma
leurs essais ^ et démontra que
plus l'existence de ces êtres fra-
giles est environnée de dangers,
plus la nature s'est montrée juste
a leur égard , en leur donnant
le moyen de réparer les pertes
qu'ils peuvent subir; aussi, les
animaux doués de cette préro-
gative , ne reproduisent-ils exao«
tement que* les parties qu'on
accident peut leur enlever. Sa
expériences prouvèrent que ceux
dont la contexture est plus inolJe,
se reproduisent en un temps
moins long; que par cette raison,
il ne faut que peu d'heures pool
opérer la régénération des po-
lypes divisés, et quelques jours
pour celle des vers , tandis qu'il
faut des mois aux limaçons 1 et
.des années aux salamandres aqua-
tiques et aiix écrevisses pour se
reproduire ; que le printemps est
la «aisoa la j^us faTorable p^ac
Sï> A
èette réorganisation animale , et
^ue pour l'obtenir, il faut au
moins une température de treize
degrés au thermomètre de Réau^
mur ; enfin , que les limaçons ,
les lombrics et les têtards pou-
voient représenter plusieurs fois
les mêmes organes. IV. Essai sur
les Animalcules in/usoires, Cett^
mnltitude d'êtres répandue dans
les liquides , est un monde mys-
térieux où Spallanzani aborda ,
et q\i*il décrivit avec plus de soin
que tout autre. Après avoir éta-*
bli contre Buffon et Needham,
qiie leurs habitans sont des ani-
maux complets et non de simples
molécuies organiques , privées de
vie , quoique douées de mouve-
ment et propres à constituer âe$
corps, il prouve, à Taide d'ex-
celiens microscopes, que les ani-
malcules infu'soires ont tous les
rapports des autres êtres Vivai^s
et connus ; que si on ne dé-
couvre en eux ni l'organe du
cœur, ni les vaisseaux rouges,
une multitude de vésicules rondes
leur en tient lieu ; qu'on apper-
çoit l'organe de leur respiration ;
que leurs mouvemens sont régu-
liers et ont des motifs, qu'ils les
changent à leur gré , qu'ils sa-
vent se détourner des obstacles
qui les arrêtent , s'atteindre et
souvent se combattre; que cer-
taines races sont ovipares , d'au-
tres vivipares ; qu'on les surprend
dans leur ponte et leur accou-
chement; que plusieurs savent se
reproduire à la manière des po*«
lypes , par des divisions transver-
sales ; que les uns cèdent, tandis
que d'autres résistent à l'action
de l'eau bouillante; queleurs œufs
peuvent supporter une chaleur
beaucoup plus vive , ou un froid
plus rigoureux qu'eux-mômes ,
ainsi que les graines des plantes
•ont plus inattaquables que k
SP A
489
plante même , par une prévoyance
de la nature, plus attentive à la
conservation des espèces qu'à cella
des individus ', que les éman)itions
sulfureuses les font périr, ainsi
que leur immersion dans des
liqueurs huileuses , salées on
acides. V. Expériences microsco-^ .
piques. Elles ont pour objet l'his-
toire du Roti/ère , animalciilo
concentré dans le sable qui s'y
dessèche , auquel un peu d'hu-
midité rend la vie , et qui a le
privilège de ressusciter plusieurs
fois ; celle de V Anguille du blé ,
rachitique; du Tardigrade , autrs
animalcule observé pour la pre-
mière fois par Spallanzani, « Je
suis en peine , lui éçrivoit Vol-
taire , de toute ame et de la
mienne ; mais il y a long-temps
que je suis persuadé de la puis-
sance immense et inconnue de
l'Auteur de la nature. J'ai tou-
jours cru qu'il pouvoit donner
la faculté d'avoir du sentiment,
des idées, de la mémoire, à tel
être qu'il daignera choisir , qu H
peut ôter ces facultés et les faire
renaître , et que nous avons pris
souvent pour une substance , ce
qui est un effet , une faculté de
cette substance. L'attraction , la
gravitation , est une qualité y une
faculté. Il y a dans le genre ani^
mal et dans le végétal , mille
ressorts pareils dont l'énergie est
sensible , et dont la cause sera
ignorée à jamais» Si les Rotifères
et les Tardigrades morts et
pourris , reviennent en vie « re-
prennent leur mouvement, leurs
sensations, engendrent, mangent
et digèrent , on ne saura pas plua
comment la nature leur a rendxi
tout cela , qu'on ne saura com-
ment la nature le leur avoit
donné 5 et l'un n'est pas plus
incompréhensible que l'autre. J'a-
voue que je serois furieux à|
•^
490 s f A 5 PA
Mvoir pourquoi le graii^ £tre^ tè$ fedMrciiftS de Malpighi d
)* Auteur du tout, qui nous fût de Halier, et raAembla un gi«n4
Tivre et mourir , n'accorde la jfa^ ncHulire de faits sur le moiiv&»
/culte de ressusciter qu'aux Bâti-* ment du sang dans ses rapports
fèrei et aux Tardigrades ; \es avec la calibre , les angles et \»
paleines doivent être bien jalouse;^ sinuosités à^s Yaisseaux ; sur le^
ide ces petits poissons d'eau douce- fonctions du cœur » qu'il prouva
Si quelqu'un a droit , Monsieur, se raccourcir dans la systole et
4'expliquer ce mystère , c'est ^"alonger dans la diastole; sur
TOUS. 11 est bon aussi de savoir )es organes vasculaires , l'aboa^i
ji ces petits animaux 9 qui ressusr chement des artères avec Im
citeiit plusieurs fois 9 ne meu^ .veines 9 la gravité du fluide sani*
jrent pas enfin tout de bon , ^et guin , la 6gure et la couleur de
sur combien de résurrections ils ses globules, l^iir élasticité; sur
'peu vent compiler. C'est apparem^ le gaz renfermé dans les veio^
jment d'eux que les Grecs ftppri*- et ks artères, dont Mich£l B9!s$
jent autrefois 1a résurrection d'yio- rÇt le célèbre MoscaU ont der«*
ihalide ^àe PélopSfà'HippaiyU , jûèremeiit déterminé les pro**
^*McesU ^ de PirUhous } c'est |>riété8; sur les vicissitudes eola
dommage que le secret on soit de la circulation , suivant que ^
perdu, » VI. Dféinoire sur les vitalité des organes diminue ^
MoisUsuras. JLes moisissures ^ tend k s'anéantir. Haller regari>
symptômes ordinaires de la «or- doit ce travail compte teliemeiit
jruptioii de nos fruits ou de Ig utile aux progrès de la physi<H
.décomposition de diverse^s subs»- logie , qu'il voua à son iiuteur k»
tances mouillées , APt été ft^ Jdus grande estime | et lui dédi^
connues pour des plantes. Mh- Te quatrième volume de son m^
àkeii avoit regardé commd féi* «lortel ouvrage si» le inèinr
pondante la petite poussière Q4Hre jobjet. VHI. £ii digestion et 1#
qu'elles fournissent à leur som»- manière dont elle s'opère, der*
ipité lotTsqu'eUes sont mures ; jrint l'objet de plusieurs Écrili»^
^pallan^zatii a confirmé ce sen- 4e SpailanzanL Jusqu'à 191 ell^
liment par plusieurs expérieiiees. AV()i% été diversement expliquée;
pans 1 une d'elles , il prit deux )es uns rattribjooient à la put93&-
morceaux de pain mouillés,. d|i faction; d'autres, avec pWsd^
jnême poids, de la même épais* fondement, à la {»re^ioB sapr
j^ur ; l'un fut constaromest ^spé lessive et éner^<£ae des muscla
.fivec de la poussière des moisis^ de Testomac ^ui trituroieut ki^
sures ; l'autre ne fut point semé* aUmeus. Le professeur ôeVf^
La poussière fit constamment finit k leur action celle da sf$
liaître non-seulement avec plus gastrique répandu dansceviscè»!
(de célérité les moisissures « mais qui dissout les corps les dIus coin-
Jes rendit plus toufiTues. La force pacts et les plus durs. ^ sxp^
^erminatrice de ces petites se«^ jriences sfir les oies, les pouler
ipences résiste à l'action d? l'ea^ d'Indu, les corneilles, les k^xonSt
lM>uillante, a celle même du feu. les grenouilles, les serpei^, Ic^
yiL Mémoire sut \a cirçalaUo» .poissons, les cbo^nettes, les cbieo^
du sang. Ce travail important ^ e^ les cbats , confiro^eut son of^
iJtccupa plusieurs années de la niou* Après avoir extrait da suf
vie de l'ai^teur. Il y perfectionna §astri<g[uç ^ leur e^g/nafiÇfiifff*
SF A
tiot k^optrer des digMtionê trû^
ficielles ea s'atdant de la chaleur
solaire* .« Jusqu'alors, a^tp-on dit 9
il n'a voit été que le con&dti^t d%
]a nature , il en devint le rival. *•
Il tourmenta lui— même S9$ pro*-
près .ocganes, et se dévoua qou-
rageuseoient à une multitude
d'essais qui anroient pu porter
âe3 atteintes irrémédiables à sa
•anté. Il osa introduire dans so&
t^tonxac divers alimens enve-*-
}oppé8 dans des sacs de toile ; il
avala de petits tubes de bois rem-
plis de substances qui furent an»
tièrement digérées sans le secoure
d aucune trituration. » IX* Le#
travaux de SpaUanzant sur la
génération ne furent pas moins
étonnans. Il surprit le phénomène
le plus mystérieux de la nature.
Après avoir présenté l'histoire de
la propagation des crapauds et
des salamandres , de leurs amours
.et des époques de leur union » il
osa entreprendre de. féconder des
animaux par le moyen de l'ait «
et il y réussit. Il toucha avec la
liqueur exprimée des vésicules
séminales du mâle , les deux cor-^
dons aortis du corps de la gre«!-
Bouille , et qui étoient couverts
d'œufs ou foetus de têtards nou
développés , ^t il leur commu-^
niqua la vie. Il injecta dans Tap-*
. pareil génital d'une chienne , 1^
sennence du mâle , et il la 6t con^
eevoir et produire. Cette expé*
rience pourvoit p^uroître une iUu*
sioQ du savoir , si elle n avoit été
répétée avec succès par d'autres
physiciens^ tels qne^ssi de Pise,
mt Bufaiiani de Césène. X* ■Z^'i'*-
seriaUon sur l'influence d^ l'air
clos et non renouvelé, sur I9
vie des animaux, et des végé-
taux, sur le développ^ntnt de
leurs flpufs et de leurs graines.
XI- Voyages dans les deux Siciles
et dans ^usieurs parties de TA*
SP A 49a
fgsnxùn 9 Pavie ^ 179a , 6 vol. Ce
savant ouvrage a été traduit pat
AIM. Séaebier de Genève 9 e^
ToscAfé naturaliste de Paris. On
y trouve d'importantes observ^*-
tions sur le Vésuve et l'Etna , U
jgrotte du Chien , le lac d'Âgnano,
1#S grenouilles de Monte-Nuovo
qui forment une espèce particu**
Uère I la situation et la structure
des isles Eoliennes 9 dont celle
d'Alieuda n'avoit pas encore été
décrite. On y trouve encore un^
histoire complète des mœurs , de
la vie et de l'instinct des hiroiv«
délies 9 des martinets, des petits
ducs ou hiboux , des chevêches,
des anguilles de la côte de Qo*-
machio9 des méduses, des chiens
, de mer et des espadons. XII. Exa^
I men^ chimique des expériences dfs
GoeUliftg , sur la lumière du
phosphore de Kunkel , Modène ,
ji79€. GoèUUng , savant profes-
seur d'iène , avoit établi tine
nouvelle doctrine sur cette par<-
tie i elle fut renversée par las
expériences faites en France par
MM. Fourcroy et Vauquelin 0
et en Italie par Spallanzani,
XUh Observations sur la trans^
pication des plantes. Il y con«»
iirma les expériences de SéneUer
et é*Jngeahousz , et en accrut le
'nombre. XIV. La Correipon^
douce de SpallanzarU • avec les
hommes les plus célèbres, tels
que Saussure, Sénebier, Bonnet,
Giobert, PrUll^Lucchesini, olFre
u^ Ipule de recherches intéres^
jantes sur la physiologie et Thisi*
toire naturelle. Elles ont pour
objet l'examen des ailes membra-
neuses des chauve-souris, aux-«
quelles il attribue le sens du tQu«-
db^r le plus exquis ; la phospho*
xespence des plumes marines ; dea
détails curieux sur les alcyons,
les millepores et madrépores,
les gorgones , les éponges de mçr ,
\
4^1 s P K S P I
leM)nr8iTis , les orties ^ les crabes 9 soitvent entre les objets et celai
et âur-f ont sur celui appelé Ber- qui les contemple 5 aussi corn-*
aa;*!^ /Vif rm//^ , parce qu'il adopte mit-il quelques erreurs : mais,
fuccessivement les coquilles qu'il ainsi que le dit FoatenelU , il nesl
trouve vides , pour y vivre en pas étonnant que Von fasse quel*
solitnre. Ses observations sur les ^ques faux pas dans des routes
torpilles, les mitileslithopheges, inconnues et que Von se trace
lee animalcules des eaux salées, soi-même, La conversation de
l'aiguillon de la raie dont les pi- 5^/z^^a/7za/ii n'étoit pas seulement
qîires passoient à tort pour ve- instructive, elle étoit agréable et
nimeuscs , une fontaine d'eau brillante* Sa vie étoit sobre et
douce jaillissant au-dessus de l'eau frugale; il se plaisoit dans la
de la ttitt près de Spezzia , la* solitude y parée que c'est là seu-
composition et les mélanges des lement qu'on est en société avec
marbres de Carrare, la formation soi - même. Il eut une probité
des orales et des brouillards dans rare '; il prit l'intérêt le pins *
lesApenninSj sont pleines de vues tendre aux infortune^ d'antrui,
neuves et de sagacité. XV. Le et prodigua les bienfaits sans se
dernier ouvrage auquel Spallan-^ plaindre de l'ingratitude. » Cet
zani travailloit lorsque la mort Eloge de SpaUanzani se trouve
Je vint ravir aux sciences, avoit en tête du troisième volume des
pour objet la respiration compa- Mémoires de la Société médicale
rée dans les diverses classes d'ani*- de Paris,
maux ; il est encore resté manus-
crit. En général, le style de ce SPENCE, ( Joseph ) maître-
physicien célèbre est pur et élevé ; ès>arts du collège neuf d'Oxford,
il sait embellir les sujets sérieux se noya dans le canal d'un jardin,
et rendre attacbans des détails ou il se baignoit , le s6 août
arides. Il professoit avec ëlo- 1768. On a de lui : J. Essai sur
quence, et se livroit quelquefois l'Odyssée d'Homère de Pope,
à un abandon aimable, qui dé- deux parties in-12 , qui lui mé-
Toiloit toutes les richesses de son ritèrent la place de professeur
imagination et de son génie. «Sa de poésie , en 1728, dans le
stature, dit M. Alihert ^ auteur collège où il étoit m'aître-ès-
d'un savant et éloquent Eloge de arts. II. PolymeUs , ou Bêcher^
ce physicien , étoit haute , noble ches sur les beautés des Poètes
et fière, sa tète volumineuse, sa Latins, troisième édition, 1774 >
physionomie pensive; ses sour- in> folio. III. Criton , ou J5w-
cils étoient noirs et épais, ses' logue sur la beauté , i75î,in-8.*
épaules élevées ; son corps avoit IV * Remarques sur Virgile, 1767)
de l'embonpoint ; ses muscles inr4.o Tous ces ouvrages respi-
ëtoient forts et prononcés; son rent le goût; mais il y a quel-
tempérament fut mélancolique, quefois trop de subtilité , et trop
I! ne mettoit entre ses occupa- d'envie de trouver admirable ce
tîons aucun intervalle de repos.... qui n'est que beau.
Il étoit ardent à poursuivre la
Vérité , patient à l'attendre. II ne S P lE L M A N N » C JacquM
sut pas toujours se garantir des Reinbold ) né à Strasbonrg es
<rfangers de la prévention , qui y 17^2» exerça avec honneur , dans
comme un nuage épais, se place cette ville , les fonctions dem^
s PI
t
ijicîh et de proFesseuc de chimie
dans runiversité. Né avec l'esprit
observateur et le goiit des voya-
ges ^ il parcourut plusieurs con*-^
trées de l'Europe, et résida long-
temps à Berlin. A son retour dans
sa patrie , an grand nombre d e-
lèves s'empressèrent à l'entendre
et recueillirent de ses leçons une
foule de connoissances. Spielmann
4écFivit taus les végétaux maU
faisans de l'Alsace ^ il analysa
toutes les diverses sortes de lait ,
et prouva que celui de femme
est le seul qui convienne véri-
tableme.it à l'homme. Strasbourg
lui doit l'établissement du jacdin
botanique, qui fait en ce moment
Tnn de ses principaux ornemens.
Heureux par les jouissances dn
cpeur, conablé d'honneurs par ses
compatriotes, célèbre parmi les
étrangers , Spielmann mourut en
septembre 1782. Une singularité
de la vie de ce chimiste , est qu'il
?jéunissoit à l'étude de la science sé-
rieuse qu'il.professoit , le goût de
la poésie et l'art de faire parfaite-
nient sentir les beautés des poètes
a;iciens. Aussi, en 17 56 j l'univer-
sité de Strasbourg ne craignit pas
de le nommer à la place vacante de
professeur de poésie , et il rem-
plit pendant trois ans cette chaire
avec le plus grand concours d'au-
diteurs. Ses principaux ouvrages
sont: h EUmentii Çhim^œ, 1766.,
in-8.® Ils ont été traduits en Fran-
çois en X7S3, par M. Cadet de
Vaux , et ensuite par d'autres
sa vans , en allemand et en italien.
I)* Prodromus Flora Argentin
nensis , ij66y in<-$.° III. lusti'*
tmiones materia medicœ , 1774 , .
in-8«® Cet.. ouvrage concis, de-
venu classsique^ a été réimprimé
•A 1783. ÏV. Syllabus Medica^
mentor um ,1777, in-8.« V. Phar-
n^acopœa gencralls , 1788, in-4.^
V^^t^ur 4|9.i.t in9nbx« de la pl^^^ ,
S P I
49Î
part des académies del'Eui^ope,
et correspondant de celle de»
Sciences de Paris. Son fils marcho
sur ses traces dans la carrière
de la médecine qu'il suit à,Stra»«
bourg.
SPIERINGS, (Henri) pein-
tre Flamand, né à Anvers en
1^33, fut renommé pour la
paysage. On estime sur— tout le
feuille et la. délicatesse de i^9
arbres.
SPIERS, (Albert) peintre
Hollandois, né à Amsterdam en
1666, mort en 1718, étudia en
Italie, et revint jouir, au sein
de sa patrie, .de la considération
et de la fortune que lui procu-
rèrent ses tableaux d'histoire et
ses qualités personnelles.
• I.SPILBEHG, (George)
amiral Hollandois , partit ,de Zé-^
lande en 1614, avec six navires
de la compagnie des ïpdes Orien-
tales , pour aller combattre les
Espagnols dans la mer du Sud.
Après avoir remporté sur eux
divers avantages et parcouru les
mers à travers bien des périls y
i{ rentra en Hollande le i**" juillet
I 6 I 7. On trouve son Voyage
dans ceux de la compagnie des
Ii^és Hollandoises. Il est curieux
et^ intéressant pour les navi-
gateurs.
IL SPILBERG, (Jean) pein-
tre, né à DusselHorf en 16 19,
mort en 1 69 1 , devint premier
peintre du comte Palatin. On voit
plusieurs de ses Tableaux dans
sa patrie. — Sa Bile Adrienne
Spilbbro, née à Amsterdam en
1646, excella à peindre au simple
crayon.
SPILEMBERGUE, arène de)
née à Venise , hit contemporaine
4|^ Hiticïig et e;cçAllfi .conun» lui
1
494 S <3 U
dans la peinture. Set TabteâaX
tont très— recherchés , et souvent
confondus âwccettx (te ce peijutr»
«iéUbre.
ï. SQUIRE ^ (Samuel) éyèqpe
de Saint— David , né en 17 14 , et
mort en 1 766 , devint on pro-
fond helléniste , et a publié un«
Défense de l'ancienne chron^lof^te'
rrecque , des Bechérch^B sur
F<origine de la langue |;recque,
et des Observations sur la natVfV
de la Constitution Anglaise*
IL SQUIR]Ë, (Gaillavme)
nécanicien Ang)ois^ mort à Len^
dres le 3b décembre ly^&n à
l'Âge de ^4 ans, trempoit l'acier
avec supériorité ^ et ^en servoit
pCnr fabriquer des instrumefis de
chirurgie, qui sont rechefehéS'
pour leur Bni et leur légèreté.
Squire faisoit sur- tout les ban-
dages avec beaucoup d'art ; il les
vendoit chèrement aux riches
pour les donner gratuitement aux
pauvres*
* STAAL , ( M ad. de ) connue
d'abord sous le nom de M^a de
LauntU , étoit née à Paris d'un
peintre. Son pèce ayant été obHgé
de sortir da royaume, la toissa-
dans la misère, encore enfant.
Le hasard la fit élever avec d^
tinction au primiré da St-Louis ,
de Rouen ; mais k supérieure da
«e mohastèse, à laquelle elle de»
voit son éducation , étant morte ^
T!li\^ de Xauna^retomba dans soa
premier état. L'indigence Tobligea
dentrer en qualité de femme de
chambre , chez Mad. la duchesse
du Maine* La foiblessft de sa vue ,
sa mal -adresse et sa £açon de
penser la rendoient incapable de
remplir les devoirs qu'exige ce
serviGe* £lle pensfoit k sortir de
son esclavïige^ lorsqu'une aven-
t9S/ê ainiulièn kl oonnoitra à lii
«TA
^neàesse div Maine tout ce ^
valoit sa femme de chambre. Une
jeune.demoiselie de Paris ^ Smt
grande beauté, nontméé Têtard,
contrefit la possédée par le eotï«
seil de sa mère. Tottt l^aris , Is
CDut même-, aecoutAf! pour voif
cetteprétendmi iTrerveîlle'.Coiânie
le philosophe Fontsenelle y atoit
été comme lei autï-e*. M*» de
Laùnai lui écrivitune lettrepleifll
de sel , sur le tétfioignage tf^^an**
tagenx qu'il a volt rendu à» ft
prétendue possession. CefCis in)ré*
nieuse bagatelle la tira dé Tôbs^
ciurité. Dès-lors la dttchesseFtfrii-
ploya dans toutes les f^tes qtd se
donnoient à Seaux. £Ué faisott
des vers pour quelques-unes ées
pièces que Ton y jOuoit , dte^oft
les plans de quelques autres. Elir
s-'acatiit bientôt TeStiine et II
confiance de la princesse. 1er
fontenetle, les TourreU, les ri-
Uncmtrt , les Ckaulteu , les Ma'*
Ijgziêu, et les autres personnes de
mérite qui omoient cette cour,
recherchèrent avec empressement
cette fyie iiigénieuse. Elle lut en-
veloppée , sous la régence , dans
la disgrâce de Mad. la dacfaesse
du Maine, et renfermée pendant
pi^ès de deux ans à la Bastille; La
liberté lui ayant été rendue, elle
fut fort utile -à ï* princesse qui >
par reconnoissanoe , là maria ateé
M; de Staal , lieutenant itût
Gardés^uisses , et depuh capi-
taine et maréchal de camp. t«
savant Daàier Favoit voulu épou-
ser auparavant ; mais elle n'àvoît
Q^crn devmr donner sa main k
un vieillard et à* un érudifc Ma-*
Aime de Stûal motttroif beaocoop
moins d'esprit et' de^ gaieté daifts
s» conversation que cfcns ses on-
vrages. Céftott une sufte de sati-'
mîdité et de sa- mauvaise santift
Son caractère étoit mêlé de boo^
net et de mmstrmsertpa^iff^
—i-.i
5T A
\e» boifnes l'eroportorant. KtTe
t&ournt l'dn lySo. On a imprimé
dbpuis sa mort les Mémoires de
«$ vie, en 3 vol. in-ia, corn—
poséa par eUe-même. On y a
«jouté depuis un 4* volume qui
contient deiiji }ohes CoMédUt »
dont Tune «st intitulée , ÏEn-'
geuemeni, et r«ii4re , la Mod9.i
Elles ont été jouées à Seaux. €o»
Pièces ont trop de charge; et
^uant à ce qui s'appelle action
«t unité d*acCion , ititrigUe bien
liée et bien suivie, dépendance
nécessaire des évéuémerts entré
jeux , tout cela leur manque. Leur
«eiil mérite est dans le dialogue y
qui est comrnunément v!f et spi-
rituel. Les Mémoires de Mad. de
Staal n'oflfrent pas des aventures
ïbrt importantes ; mais elles sont
*ssez sinnjulières. Son caractère
personnel ne l'est pas moins» C'est
«ïi caractère méfé et composé de
qualités assei opposées ; il en est
pins pittoresque. De cette double
sln{!;ularîté , celle du caractère et
celle des cîTconstances dans les-
quelles Mad.^^ Staal se- trouva ,
il dut résulter une vie peu or-
dinaire., et qui dès-lors méritoit
d'être écrite. Ses amours eurent
tftîe grande part aux chagrins de
sa Vie. Tantôt elle aima sans être
tiniée; tantôt elle fut aimée sans
aSitîer. Enfin , on voit 'par ces
Mémoires, comme par beaucoup
d'autres du môme genre , com-
bien il y a de maiheureux parmi
les prétendus heureux du monde.
D'ailleurs, cet ouvrage plein de
traits ingénieux , se fait lire avec
délices par l'union si rare de Télé-^
gance et de la sinjplicité, de l'es-
prit et du goût, de l'exactitude
grammaticde et du naturel. Ses
récits ont de l'agrément; mais
«lie cherche quelquefois , selon
^armontel , à lès rendre plus
agréables encore. «î On toit, dSt-
S T A 49f
it, qu'elle avoit vécu dans un«
cour Qii sans cesse et à tout*
force il falloit avoir de l'esprit. ».
Cependant cet esprit nous parolC
couler de source dans Mad. de
5/aflt/. Quant à ses portraits, st
Ton excepte ceux de quelq.uesn
uns de ses amans qu'elle a peinta^
trop en beau , ils sont asse* res-^
sçmblans. On n'avoitpas imprimd-
celui de la duchesse du Ètaint^
que La Harpe a insère dans lia
tome 4* de sa Correspondance. Vt
peint bien l'esprit naturel et piw
qnant de sou auteur. Quelques
critiques prétendent q^e madama
de Staal n'a pas dit tout ce qui
la regardoit dans bqs Mémoires*
Une dame de ses amies lui ayant
(ïemandé comment elle parleroit
de ses intrigues galantes ? Je ma
peindrai' en buste , .lui répondit
Mad. de Staal, Mais cette ré.-^
ponse pouvoit n*être qu'une plai-*-
sauterie qu'on a mal interprété*.
On trouve dans ses Mémoirett
son portrait fait par elle— même ;,
et comme il peut servir à \tL
faire connoître, nous en trans-»
qrirons ici la plus grande partie*
«c Launay. est de moyenne taille ,,
maigre , sèche et désagréable*
Son caractère et son esprit sont;
comme sa figure; il n'y a rien de-
travers, mais aucun agrément.^
Sa mauvaise fortune a beaucoup
contribué à la fairç valoir. Lia
prévention ou l'on est que les genA
dépourvus de naissance et de bien,
ont manqué d'éducation y fait
qu'on leur sait gré du peu qu'ils
valent. Elle en a pourtant eu una
excellente , et c'est d'où elle a tiré
tout ce qu'elle peut avoir dé
bon , comme les principes d»
vertu, les sentimens nobles et
les règles de coij.duitej que l'ha-*
bitude à les suivre lui «nt rendues
comme naturelles. Sa folie a tou-^
jours été de vouloir être raison-^
49« S T A
nable : et comme les femmes jui
se sentent serréesdansleurscor)!7f,
s*iman:inent être de belle taille ^ '
•a raison Tayaut incommodée ,
elle a cru en avoir beaucoup. Ce-
pendant elle n'a jamais pu sur-
monter la vivacité de son hu-
meur , ni l'assiijettir du moins à
qnelaue apparence d'égalité ; ce
qui souvent l'a rendue désagréa-
ble à ses maîtres, à charge dans
]a société , et tout-h-fait insup-
portable aux gens qui ont dé-
pendu délie. Heureusement la
fortn^ie ne l'a pas mise en état d'( n
envelopper , plusieurs dans cette
disgrâce. Elle a rempli sa vie doc-
ciipations sérieuses ^ plutôt pour
fortifier sa raison que pour or-
ner son esprit dont elle fait pc u
de cas. Aucune opinion ne se
présente à elle avec assez de clarté
pour qu*elle s'y affectionne et ne
joit aussi prête à la rejeter qu'à
la recevoir; ce qui fait qu'elle ne
dispute guère , si ce, n'est jiar
liumeur. Elle a beaucoup lu , et
ne sait pourtant que ce qu'il faut
pour entendre ce qu'on d-t sur
Quelque matière qitc ce soit, et
ne rien dire de mal à propos. Elle
a recherché avec soin la connois-
"«ance de ses devoirs, et les a, res-
pectés aux dépens de ses goûts.
Elle s'est autorisée du peu de
complaisance qu'elle a pourelle-r
même, à n'en avoir pour per-
' sonne; en quoi elle snitson na-
turel inflexible , que sa sitiwtion
a plié sans lui faire perdre son
ressort. L*amour de la liberté est
sa passion dominàiHe ; passion
très-malheureuse en elle qui a
passé la plus grande partie de sa.
▼le dans la servitude : aussi son
étetluia-t-il toujours été insuppor-
table 9 malgré les agrémens ines-
pérés qu'elle a pu y trouver. Elle
a toujours été fort sensible à
l'amitié; cependant plus tou-.
ST A
ch^e da mérite et de la vertn de
ses amis que de leur sentiment
pour elle , indulgente quand ils
ne font que lui manquer , pourvu
qu'ils ne se manquent pas a eux-
mêmes* »
STABEN, (Henri) peinOre
Flamand , né en i bjS , mort en
i658 , fut élève du Tiatoret , et
suivit de près ce grand maîti^
dans' ses compositions.
*SrAHL, (George-Ernest)
naqu ta Anspach en 1660. Lors-
que l'université de Hall fut fon-
dée en 1694, la chaire de mé-
decine lui fut conférée. Il remplit
dignement l'attente qu'on avoit
conçue de lui. Sa manière d en-
seigner, la solidité de ses ouvra-
ges , les heureux succès de sa
pratique concoururent à lui faire
une réputation des plus brillantes.
La cour de Prusse voulut s'atta-
cher un homme si habile. StafU
fut appelé a Berlin en 17 16, et
il y eut les titres de conseiller de
la cour et de médecin du roi. 11
acheva glorieusement sa carrière
en 1734, dans la 75* année de
son âge. StafU est un des plus
grands hommes que la médecine
ait possédés. U faut cependant
convenir quil a soutenu des opi-
nions singulières , et qui , peut-être
vraies au 'moins à un certain
point , ne laissent pas d'avoir un
air paradoxal. Tel est son système
de l'Autocratie de l'ame sur le
corps en santé et en maladie ;
système qui lui suscita beaucoup
d'adversaires , et en même tf^mps
des admirateurs. ( Voyez Sao-
VAGES François de BoissUn )
Selon son opinion , un médecin
ne doit opérer qu'en suivant at-
tentivement les effets de l'ame snr
le corps* C'est par son intelligence
en chimie que Stahl s'est sur-
tout rendu recommandable. II en
puisa
s T A
'pAiR Te fond dans des dnVràj^
qui avant lui étoient presque igno-
rés , et dont il répandit la con-
noissance aussi bien que l'itsage :
^étoient ceux du fameux Bec-^
•her qu'il commenta , rectifia et
étendit. Il profita aussi beaucoup
des livres de Kunkel» et fit un
grand nombre de découvertes
utiles. Cette étude le condui<(it à
la composition de plusieurs re-
aèdes qui ont eu et ont encore
une grande vogue t telles sont
les Pilules Balsamiques , la Pou-*
dre AntispasmodiquB , son £^—
Hnce Alexiphamuuiue , etc* La
métallurgie lui a les plus grandes
obligations ; 9on petit Traité la-^
tin sur cette matière ^ 1^979 ^st
excellent. Ses principaux ouvra*
^es sont t I. Expérimenta et Ob-^
servationes chimicœ et pkysica g
Berlin, 1731 , in-B.» IL Dm-
sertationes medicas , Hall , 2 vol.
ia-^.î» C'est un recueil de thèses
sur la médecine. Ili. Theorin me**
dica verat 17^7 , in-4.^ IV. OpuS'^ '
€ulum chimicO'physicp'medicam,
*74o., ln-4.° V. Traité sur le
Soufre , tant inflammable que
fixe , en allemand , traduit en
frahçoifpar le baron de Holbach ,
Paris, 1766, in- 12. VI. Nego^
lium €ti&Jum,H.n\{^ 1720, in- 4.0
C'est principalement dans cet ou*
vrage qu'il établit son système de
l'-action de lame sur le corps.
VlL.Fundam^ttta Chimiœ dog^
maticat et experimentalis , Nu-
remberg, 17479 3 vol. in— 4^;
traduit en* françois par M. de
Mach^ \ Paris, 1757 ^ 6 volumes
ia-iz. VIIL Traité sur les Sels,
en allemand ; et en françois , par
le baron de Holbach « t^aris ,
1771. IX. Commentarium in Me-*-
tallurgiam Beccheri ,.17*3- Tous
ces ouvrages utiles pour le fond
des choses , sont écrits d'un style
4ur , serré , embarrassa • 9011
SUPPL. Tqïïk III.
latin elt à demi-barbare, du moini
dans ses traités chimiques. L'obs-»'
eu rite que ce style répand sut?
des matières <^'ail leurs abstraites ,
a été reprochée à Stahl par divéra .
auteurs , et regardée comme très-*
avantageuse à l'art par quelque»
autres; comme si les secrets de»
scîencesdevoient êtred^s mystères
inacaessibles aux profanes. L'or-*'
dre ^ la clarté , la liaison des idée» '
sont aux yeux des philosophe*s ,'
hécessaires en chimie comme
dans tous les autres arts; et ce»*
qualités ne distinguent paç tou-»-
jours les productions de StahU
«Celui ci, dit le médecmBoiissel,
dans son ouvrage du Système Phy* *
sique de la Femme , est de tous
les médecins modernes celui qui
a le plus insisté sur le moral,
lorsqu'il a développé les cause» '
de nos affections corporelles. En^
faisant de Tame le principe de
tous nos monvemens vitaux, il
a renversé la barrière qui séparoit ,
la médecine et la pbilosophi?..
D'aptèi se& dogmes , il n'est plus
permis d'être médecin , sans cou- .
noître le jeu des passions, Vin-*'
fluencedes habitudes, et la difFd-^'
rençe qu'il y a entre une machina
active et dont les mouvemen»r
sont sponfaviés, et une machina.,
mue par un enchaînement de
ressorts, inanimés. Son système
doit à jamais laver les médecins.
des imputations de matérialisme ,•
dont l'ignorance maligne de leurs
ennemis les a quelquefois char—'
gés , efc a^ixquelles la légèreté
imprudente de quelques-uns tl'en**.
tr'eux peut avoir donné lieu. Si
son système est le plus orthodoxe ,
il est aussi le plus vrai , le^ plus
simple et le plus conforme aux
faits. On a dit qu'il semble n'être .
qu une extension des principe». „
d'Hippocrate. Stahl auroit sans.
contredit subjugué toute la xn^^
li
<9«
ST A
Qeoine ^ $i pins complaisnnt ponr
ses lecteurs on pins zéié pour
sa réputati'pn ^ il eût pris le soin
de polir ses onvrages, et d'y ré-
pamlre ces agrémens dont la
vérité même a si souvent be-
soin. »
I. ST AHREMBEUG , ( Con-
rad-Balthazar , comte de ) gou-
verneur de Vienne, défendit cette
ville avec la plus grande intrépi-
dité lorsqu'elle fut assiégée par
las Turcs en i683. Il mourut à.
Ilome Quatre ans après.
II. «ÎTAHREMBERG , ( Gui-
do -Balde, comte de ). géuéral^
Antrichien , né en 1657 , et ihort
à Vienne en 1737, s'éleva par
son courage aux premiers gr ides
ipilitaires , remporta plusieurs
.victoires, et sur-to^it celle de.
«Saragosse en 1713*
STALBEMPT, (Adrien)
peintre Flamand , né à Anvers
en i58o, mort en 1660, excella
dans le paysage. Sa touche est
raoellense , son coloris frais , ses
p'^oses naturelles.
STAMPAUT, (François),
peintre Flamand , né en 167$,
à Anvers, mort en tySà , alla
s'établir à Vienne, oh là beauté
de ses portraits les firent recher-
cher. L'-empereur le nomma pein-
tre de son cabinet , et lui accorda
plusieurs distinctions.
I. STANHOPÈ , 4 George )
théologien Anglois , né en 1660 ,
mort en 1728 , acquit de la
réputation par ses taiens pour
la chaire , et devint doyen d©
Cantorbéry. On lui doit, outre
Fes Sermons , une traduction de
VJmUalion de J, C» et une Pa-
raphrase SUT ies ÊpitMS et £viin«
fiif»s« '
S T A
m. ST ANISL AS AUGUSTE^
( Poniatowski) étoit fils d'uo sim-«.
pl^ gentilhomme de Lithonnie ^
qui, après avoir passé au ser«
vice de Charles XII roi de
Suède, et ensuite à celai à*Att^
giéste roi de Pologne , parvint à
épOHser la princesse Czartorinska ,
descendante des Ja^^ellons» Le
jenne Polonois , doué de la plus
belle figure et de grâces natu-
relles , voyagea en Allemagne , et
vint en France, oii Taniitié de
l'ambassadeur de Suède lui pro-
cura* des r^lotidtis agréables. Les
dettes qu'il contracta à Paris le
firent mettre en prison ; mais il
en fut délivré par la générosité-
de Mad. Geoffrin, fenune d'un
riohe entrepreneur de la manu-
facture des glaces. Poniatowski
sprtit de France' ponr aller en
Angleterre ; il s'y lia avec le che-
valier Hiinbury , qui nommé par
la cour dé Londres à Tambassade
de Pétersbourg, l'emmena avee
lai en Russie. Leste , brillant ,
audaeùeux, il ne tarda pas à plaire
à la grande duchesse qui fut Ca^
therine IJ. Celle-<:i parvenue à
l'empire, employa son inSuence
pour foire monter son protégé
sur le tr^ne de Pologre, après
la mort ^Auguste JIL Cette in-
Aueace étoit d'autant pins puis-
sante , que cette souveraine avoit
fait passer le meréchal de Ro-»
manzoff 8ar.le% bords de la. Vi»-
tule avec 50 mille homm^ ré«
partis dans la Courlande , VEs^^
thonie et la, Livonie , et que son
ambassadeur Knyterling domi-
noit «1 Varsovie. E'éiection de
Poaiatowithi fut faite dans la
diète ae Wola le 7 septembre
1764 , et il prit iVnom de Stanis'*
las-'Auguste. Le nouveau roi se
conduisit aussitôt avec beaucoup
de naodération et de pruden e.*
Il ik^cueillit ceux qui loi avoieot
s T A
JHé'ôppoi^, et ne leur 6td pùîtlt
les emplois dont ils îouissoient.
J^es troitbies religieux ne tarv>
.^dèrent pas à à* élever : les Protes-
.tans , connus sous le nom dé Dis^
mldei^ , exclus des diètes et du
;droit àe suffrage par les Catbo-
Ji^u^ç^ réckiitoèrent l'exiécution
.titt trait<5d' pli va, conclu eu 16609
Jjar , lequel plusieurs^ puissance
e<ir a voient assuré leurs privi-
lèges,.et il? iniplprèrcHt le, ser
.CQiiirs dis |la Russie. La drëlé de
^76$ $*as$^i^.bla ; alors les min is-
4r«a. Hui»«vrfAo%lois etJ^rjussien
4i»i' 'préseatj^rent , en fayauf des
.Pr&fceKaii9.«»»,46S ipéatoÀres q^i
.«xeitèreDbt <Jfe -violens «niymures.
3Uî riit |wu:iit j^a fatorisier r^ussi^
•tôt- l^s- éîvéques c^holi(|UPS lui
.r^i3[D|çhèrf*ït,de soutenijcjles ene-
■Jifeteis- -de l.'état'i mais ,le^ armées
.ru4$j^f .<|i|i s'avancèceui .ju^qu^s
MM|^. portes, de Varsovie/^ firje^^t
.ôiivriif' tes feux à la diète wr. je
.dan^r imminent de voir.^f t^^r
.)a..Eo4^l>e par les pnlç^anççs
<prQt)90triees^ Les Catholi({iies «e
itéttjiirent en corps d'armée §qt^s
\e^ï\i!^n\é& Gonfédéres , aya»t pour
étendard ;}a :Vierge et l'Enfaot
Jàiu9* Os pfipent ^ eomme les an-
.ciejis Croisé/î, des çroix brodées
sur leurs halrits. Lun d'entr'eux
-^nçiïtimé.PHla^ski , résolut d'en-
lever'^e roi: ,. est confia son- projet
à. trois autres chefs qui lui» pro-
mirent avec serment de lui livrer
Staniàla», ou de le tuer Vils i^e
pouvoient Tamener vivant. .Çe$
trois chefs, à la tète de quarante
dragons déguisés en paysans ^ en-
trèrent dans Varsovie le 3 tto—
'vembre 1771 ^ ]iar diverses por-
tes 4 se rénnirent dans la rue des
' CnpiKyJHS ,attaqnêrent,à dix heur
rerdu «ïirJa voiture du roi». Toute
sa suite disparut-, lui-même étoit
* df*gcçnda dans le dessein de s'é-
jil^apper à la faveur de la nuitj|
$ T A 49^
)i)rscpte les assassins le saisirex^t
parles cheveux 9 en lui disant,:
ton heure est venue. L'un d'eux
tira contre lui son pistolet si près,
* que Stanislas sentit la chaleur de
la flamme , tandis, qu'un autre lui
()onna sur- la tète un coup de
,sabrequi péhétra jusqu'au trâne*
ï>es conjurés lé prirent alors aia
collet, et étant montés à cheval ,
ils' le conduisirent entre Içurt
chevaux, au grand galop, dan»
}e$.ruesdelâ capitale. Hors de«
portes, ils le mirent sur un che-
val et l'entraînèrent dans leur
.fuite. La nuit étoit extrêmement
spmbre ; les cpjijurés perdirent le
chemin; et comme les chevaux
.ne pouvoient plus se .soutenir de
, lassitude y ils obli^«rent le.ma-
.narqueà descendre, et^ à les çuivfe
à pied , avec iin seul soulier ^ Tap-
tre s'étant perdu djins le tra|^
Ils coutmuèrent alori leur route
.,è travers d<îs terres impraticable^,
-s^ns chemin tracé, sans savoir
. oi> ils étoienfr. Pendant la rçutè ,
.plusieurs demandèrent .souvent à
jL«ur chef Kosinshk , s'il n'etoit
pas temps de mettre le^ roi à mortt
Au point du jour les dssassips
«apperçevant qu'ils n'étoient pas
fort éloignés d^ Varsovie, s'en-
fuirent 9 et Stanislas resta seul
avec Konnski , qui étoit à pied
.comme lui. Cependant ce dernier
commença à .laisser entrevoir
quelque inquiétude. Quel mo-
ment! lorsque ce 'malheureux ()it
à son prince tout sanglant: Vous
étê% pourtant j^on roi! — « Oui 9
répondit Stanislas , et votre bon
roi , qui ne vous ai jamais fait
.de mal. » Qe dernier profita aus-
sitôt de cet instant pour r^pré-*
. senter à ^05//if Ai* l'atrocité dé son
action , et rinvalidité ^u serment
qu'il avoit prêté. Kosinski resta
attentif à ce discours, et dit au
monarque ; « Si , conseAt^ni ^
^
* Jk
500 S T À
VOUS sauver la rie , je vous con-
duis à Vafsovie , ijifôlle en sera la
suite? Je ^erai arrêté et mis à
mort. » Le roi lui donna sa pa-
role qu'il ne Itti sèi'oit fait aucun
înal. Alors Kosinski ne résistapt
plus^ tofnba aiix pieds de sôh
souverain , eii l'assurant qu'il "ée
Coit entièrement à sa généro-
•ité. Le roi pacvejiu au petit mou-
*lîn de Marierhont , écrivit au gou-
' vemeur de la capitale^ et ses gar-
^fles accoprîirent aussitôt pour le
" chercher et le recondi^ire à soii
palais. Deux chefs des conjnr^s
"furent arrêtés et condamnés i
'mort ; Kosinsfci obtint sa grâce ,
^'fit se retira en Italie oii il jouit
^pendant sa yie d'une pension an*-
"liuelle qtie lui fit le' roi.'— En
'1787, Stanislas se rendit à Ka»
"*tjîeff, h la rencontre de Cathe^
'hrine II qui aTloîf' visiter les
* Vastes contrées de là Tatiride et
" du Caucase. Depuis '23 Ans ils rie
" l'étoient vus : leur entrevne fut
• affectueuse. L'imperatirîce décora
' son ancien faVori de l'ordre de
* St-Aridré , et lui fit espérer jb'lii-i
• sieurs avantages pour le négoce
^ des Polônois ; de son côté , Sta-^
ncVfoi célébra par* de brillantes
jfétès sur les bords du Niéper ,
;*îa présence delà flotte Russe. Ces
' preuves dé défètenèfe n arf'êtèrent
cependant pasl* envahissement de
* 9t% états 9 qui s'exécuta quelque
" temps après par la Russie , lès
cours de Vienne et de Berlin* En
' 179a 9 les armées de Prusse et de
Catherine éntrèrAi't en Polo»^ne ^
repoussèrent les ' tentatives de
Kotcùisko- pour la défendre 9 em-
portèrent d'aissant Wilna 9 s'em-
Î)arèrent de Varsovie , portèrent
e ravage dans toutes les contrées
• f[a'elles traversèrent, et finirent
' par les partager. Au mois de no-
f «mbre 1796 , le prince de liep'*
's TA
nin g(?iîéràl Russe, r&mit k StttA
nislas une lettre de Catherine''^
portant 9 <c que l'eflfet des arrati-
^ l^emens'pris par elle, devenoit
la cessation de Fautorité royale
en Poldgîie ; qu'ainsi , on lui
dônnoit a juger s'4 n*étoit pa*
'convenabfe qtril abdiquât formel--
îement. » Eh effet , Stanislas cé^
dant dX\ vœu de Catherine , qttf
devéhoit un ordre pour lui 9 si-
gna l'acte' 'd'abandon àiiintrôiw
qu'il lui 'dèvoitj et qu'il' ne pitt
ni défefiYlfe m conSè^ef. Relé-
gué à'ferodnd 9 il chercha à y oi»-
•Wief ^ft graiideur dfepame 9 dknt
la tranquillité d'niîe vie c*i^oré,
*Pauî T succédant a s« mère à
i'empirè dé Rùèsié 9 appel» près
de \\x\" Stanislas ;• le logea àans
ié'pà'lafe îfnpériftï ,• èrchèPtfha à
le dédommager de ^on dépomlle^
'ment pair tons les ëgat^s dus au
ttttflfteif r. Ce demter * moi^arqne
' tolonois eist mort à'Pétêrsboarg*,
'le T t • aVtit 1 7 9 4 . Il eo t de« qua-^
'lîtgé-^fjîilS! propres à le feitêr aimer
dans» une société privée 9 <|tifàl«i
'dënner le droit dé' commander
aux ÎS'emmes et de les défendre;
-Instruit et spirituel ,' il parloit et
éérivoitles #ept pf iftci|iales lan-
gues de l'Europe. ttStanisias, dit
nn écrivain moderne 9 enflammé
un moment par «eux des Pola-
' noi^qUi s'indignotent de voir leur
patrie' Ubtis im ^tfwg étrangep 9
mais ^ftrayé'bietttôt -pa* fa Rm»
tfiei' ne fit- que bâter la chute de
i'Bàn ^£fy«^9 en tentant" quelques-
• nris àeces efforts inutiles qui sont
toujours pernicienx , lorsqu'on
n'a pas le courage dé -les soi»-
tenir. Enfin 9 dominé 9 repoussé
par torts les partis étra^i-ger»- et
Folonois 9' il succotnba aaus. e2t-
' citer d'intérêt, mèmed« pitié,
et devint une nom'elle preuve dé
eetté vérité trop souvent prou-j^
ST A
.^ie^^it»6QF le trône, là foibleM» '
ei l'indécision furent toujours lea
pires de tous Jes vices. »
m. STANLEY , ( N. ) An-
glois , membre distingué du par-
lement, devint ministre pléni^
potentlaire en Fran.ce. Ses cbn-
noissance^ littéraires et politiques
lui acquirent une juste réputation.
On lui doit une très-bonne tra-
duction de Pindanf. Il est mort à
lipndres en février 1780.
IV. STANLEY, (Jean) mu-
sicien An^ois, né en 17 13, et
mort en 1786, excella sur Tor^
gue^ et a publié plusieurs Œu-^
vres de clavecin. Quoique aveugle
depuis son enfance , il avoit par-
faitement compris la théorie mu-
sicale , et étoit devenu maître de
musique de la chapelle du roi.
STANNIN A, (Gérard) pein-
tre Florentin, né en i354, fut
disciple à\x^Venulamo , et quitta
l'Italie pour se rendre en Espa-
gne, oii it& tableaux sont recher-
chés, et oii il fut employé à or~
ner les maisons royales. Il est
mort' en 140 5. .
STAPYLTON, (Robert)
poëte dramatique Anglois , fut
élevé par les Bénédictins de
Douay , et s'attacha au parti de
Charles I qu'il suivit dans sa fuite
dfe Londres. Les pièces qu'il a
données au thtjâtre ne sont pas
sans mérite. Il est mort en iS^^^
STATOa, (Pierre) né à
Tliionville , embrassa le Calvi-
nisme , puis le Socinianisme à
Genève d'où il se retira en Po-
logne , de peur d'essilyer le même
sort que Michel $eiveki il écrivit
ensuite contre la divinité du
Si-Esprit j puis redevint calvi-
niste parce que ses intérêts le
fiçmandoient 9 et mourut vers
S te;? 50^
t{9S#Il rmi beaucoup de part S*
la Bible Polonoise, 1 56.3 , in-fol. ,.
à l usage fits Unitaires de Po- :
logne.
STAVELEY, (Thomas) An^ .
glois , s'attacha à la politique , et
mourut en 1 683, après avoir pu-«
blié l'Histoire des Eglises Ait-^ '
glicanes , et un Discours sur les '
exactions de la cour d» Rome.
STAUNTON, (George-^
Léonard) Irlandois, né à Gai-
loway , mort à Londres le 1 8 jan*
vier i8oi , vint en France pour
y étudier la médecine à l'Univer-
sité de Montpellier. De retour à
Londres ^ il s'y lia d'amitié ave»
lord Macartney , et lorsque ce-
lui-ci fut nommé ambassadeur {
la Chine en ijGi ^ Staunton Vf ,
suivit en qualité de secrétaire de
légation , et ensuite à Madrass y ■
dont Macartney devint gouver-
neur. On doit à Stauriton la
Relation de l'ambassade de son
ami : elle offre beaucoup d'inté- •
rét , et a été traduite en françoiii
STEDMAN, (Jean-Gabriel)
né en Ecosse en 1748 , mort
A Tivertpn en 1797 , servit dans
la compagnie des^des angloises,
et a publié une Relation inté— ,
ressante de l'expédition contre
les Nègres révoltés de Surinam ^
2'vol. in— 4." On y trouve 80 des-
sins gravés par l'auteur , qui étoit
lui-même dé l'expédition.
S T É E N, (Jean ) peintr© >
Hollandois, né en i636, mort ,
en 1689 , étudia les principes
de son art sous Brower et Van-
gyen. Il s'est attaché à repré- .
senter des scènes burlesques et
plaisantes.
STEFANESCHI, ( Jean-Bflp- ]
tiste) peintre Flpreutin , né en
|58Z} «attacha au grand du€ dc^
li 3
Toscane Ferdinand II, et fut
•ffiployé par lui à représenter en
miniature plusieurs sujets pieux»
STEIGUER , (N. de) avoyer
de là république ée Berne, se
montra un des adversaires les plus^
prononcés des principes de la ré»
Volntion fîrançoise. 11 lutta long-
temps cq;itre ses compatriotes
qui ks partAgeoient , et ne pou-
vant plus résister à l'influence de
la' France , qui venoit d attaquer
la Ligue Helvétique , il se rendit
k râgé de 70 ans , à l'armée com-
mnntiée par le général t^Erlach,
Combattit vaillamment à Fran-
bi^unncn , et se retira ensuite en
Allemagne ^ oii il est , m^rt
en 1799.
II. STELLA, (François) né
à MaUnes en i532, alla puiser
à Rome \e$ principes d<; la pein-
ture, et revint à Lyon où il
multiplia ses ouvrages. 11 se
pQÎgnott souvent dans les person-
nages de ses tableaux. On estime
sqr-tout celui des Sept^acremensm
Il mourut à 42 ans, le 26 octo-
bre 1 605 , et fut enterré dans im
tombeau dont les Cordeliers de
Lyon lui a voient fait donation ,
en récompeusa^de Tua de se»
tableaux.
STENWICH, (Henri) peintre
Atiglois , surnomma L Ancien «
naquit en i55o , et mourut en
1604. Il fut élève de Jean de
Tf^ries , et excellft à peindre l'ar-
chitecture , l'intérieur des églises
et des monastères gothiques ^
ainsi que des scènes ncKturnes ,
éclaiiées par des flambeaux. — Son
fils, nouirhé aussi Henri , mort
à Londres en 1640, peignoit
le portrait , et fut aimé de
Charles. I; qui* le combla, de
bienfaits.
L STÉPHE»rS,(R^bert^
AngloiS| né à S^tin^tou dans
STE
le eomté de Glocester, motït^
1732 , a été l'éditeur d'un recueil
de Lettres dn -chancelier Bacon »
auxquelles il a réuni des notes
savantes.
IL STÉPHENS, (Jean) en*
pitaine Anglois, mort eu 1726*»
combattit avec coturage pour hé
parti de Jacques II, et suivit
ce monarqu/' en Irlande. On lui
doit un Diciiomnaire Espagnol »
et la continuation du Monaslicon
de iJugdale*
STEPNEY, (George) poëteF
Angloi», né en i663n fnt chargé
de diverses ambassades , et a
publié des ouvrages de politique
et des poésies.
♦ STERNE, (Laurent) né à
Clomwell dans l'Irlande méridio-
nale, d'un of&cier, fut destiné
à l'état ecclésiastique ; et aprè»
avoir fait ses études avec succès
à Cambridge , il d( vint vicaire à
Sut ton , oii il fut ior>g- temps
ignoré. Un pamphlet contre un
sintoniaque ^ décida ce bénéficier
q<ui craignoit de nouveaux traits
de satire , à résigner à un ami
de K>temt , le bénéfice qu'il avoit
voulu vendre. Le nouveau pour va
Frocura par reconnoissance , à
écrivain satirique, une prébende
à Yorck. Ce lut alors qu'il dé-*
ploya l'esprit comique et gai de
tiabelais ^ et cette originalité de
caractère ? qui l'ont fait connoitre
à Londres et à Paris. Ou sait
qu'ayant pris le nom d*Yorik ,
boiiÛbn du roi de Danemarck 9
introduit par 6hakespear dans sa
tragédie à'Hantht, il fit impii-
mer ses Sermons sous ce sobri-
quet. Au milieu d'une foule de
digressions déplacées et de ré-
flexions exprimées en ternies trop
familiers , on y trouve une mo-
rale solide, des ar^umens près—
sans 2 des traits de g^énie , et une
s T E
l^ând^ connoîssance du cbtvf bu-
maiu. c( Sterne , dit un écrivain ^
fut un auteur vif et spirituel ,
qui n'a point encore eu son égal
chez aucun peuple, et probable-
ment il sera long^^tenips , dans
feon genre, un modèle lijniitable.
Ce n'est ni Lucien , ni Montai-^
Çne , ni Babeiais , et pourtant
il a quelque chose de ces trois
écrivains originaux. 11 a leur fî-
Tiesse, un» paitie de leurs idées,
leur gaieté et leur agréeble aban-
don; mais il est plus libre^ plus
fissuré j plus indépendant qu'eux
dans sa marche. Tantôt il danse
sur la pointe d'une aiguille , tantôt
il revient aux matières les plus
televées. A propos d*nne épingle,
11 va parler de la misère de l'es-
pèce humaine , et devient le pré-
cepteur des nations. Seul écrivain
qui sache à la fois faire couler
tine larme et naître le sourire, fl
est le Démocrite des siècles nio—
<3efnes , comme Young en eSt
devenu Y Heraclite, y» Sa mauvaise
.santé , son inconstance , son es-
prit d'observation, entraînèrent
Sterne dans des voyages perpé-
tuels. Il vint en France en 1761.
Plusieurs gens de lettres le virent
avec. plaisir, quoiqu'il s'exprimât
^uelqutfois avec ime liberté que
ton manteau ecclésiastique ren*-
•doit encore plus indécente. v>es
amis de Londres lui demandèrent
À son retour , s'il n'avoit pas
trouvé à Paris quelque caractère
original qu'il piit peindre ? ujfon,
•répondit-il, les hommes y sont
comme les pièces de monnaie -
dont l* empreinte est effacée par
le Jrotterhent, Cet homme singu-
'lièr excitoit le rire non- seulement
'par ses ptaisanterif s , mais par
une figure singulière , et une
■façon de s'habiller plus singulière
encore que sa figin^e? Malgré le
T^yenu de ses bénéfices et le prd-
S t E ço|
ikdi de ses ouvra/c^s , dont Ift
seconde édition lui valut 24000
livres , il mourut très-pauvre , en
mars 1768. Son goût pour la
dépense étoit extrême, et sa suc-
cession ne produisit à sa femme
et à sa fille , que des dettes ; ma^'s
les amis de Sterne leur fiif'entdes
présens qui les mirent dans im
état aisé. Sterne est connu pat
deux Ouvrages traduits en fran-
çois par Pierre Fresnais , et eïl
l'an onze, avec plus c^e^ succès,
par Paulin Crassous, Le premier .
est intitulé: Voyage sentimental ,
în-ia ; et le second , la Vie et lei
Opinions de Tristram Shandy ,
4 vol. in-i 2. Le premier livre ne
paroît ^ à beaucoup de gens, qud
l'ouvrage d'un fou. Cependant U
est di&cile d*en commencer la
lecture sans l'achever , parce
qu'en plusieurs endroits on y
trouve une peinture fidelle de
l'homme. On voit que l'auteur ne
se gênoit point pour écrire. Je
sais ce que je faïs , disoit-il , lors^
que j'écris la première phrase 1
mais je m'abandonne à là .pro->
vydence pour toutes les autres. Le
même ton règne dans le siecoiiti
.ouvrage de Sterne , qui est tout
en préliminaires et en digressions.
C'est un© bouffonnerie çonti-'
nuelie, qui n'exclut pas des ré-
flexions très - sérieuses sur les
singularités des hommes célèbres ,
sur les erreurs et les foiblesses de
Thiimanité. li y ridiculise les uni-
versités, les érudits, les docteurs ,
le clergé , les médecins , 1«*
orateurs du parlement , eijfia
presque tous les états. 11 a poussé
la- plaisanterie jusqu'à faire iin-*
primer dans son ouvrage un da
't(^s Sermons sur la conscience.
Cette bizarrerie , loin de nuire
au burlesque écrivain , lui valut:
des protecteurs. Un grand sei-
gneur lui donna un bénéfice trèiw
li ^
!fo^
s T E
jeon5idéra!>Ie , pour lui témoigner
fextime quil lutportoit, et le peu
de cas qu'il faisait de ses censeurs.
Sterne , quoique protégé par
'quelques seigneurs , vécut iudé-
«pendant. C'est le premier des
titres en Angleterre. Il se glori-
fi oit, comme Pope, d'être sans
places , sans pension , liéritier ni
esclave de personne. Il dédia le
'!«' volume de Tris tram Shandy
à Ml lord Chatham/» non pour
qu'il prit le livre sous sa protec-
tion , car il doit se protéger lui-
même , mais pour qu'il servît de
distraction à ses travaux pendant
son séjour à la campagne.
STERNHOLD, (Thomas)
foëte Anglois, devint valet de
chambre de Henri VIII, et
à* Edouard VL 11 traduisit en
vers anglois, 5ï Pseaumes de
David. Hopkins a continué c*fette
version et traduit les autres.
STESICLÉE , Athénienne ,
téunissoit lesprit à la beauté , et
fut éperdument aimée de Thé-
mistocle et A' Aristide, Leur riva-
lité* désunit ces deux capitaines
célèbres.
5TEVENS, (George-Ale-
xandre) acteur Anglois dans le
dernier siècle, est auteur de quel-
ques pièces de théàtro , et d'un
roman intrtulé Tom Fou» — Un
Architecte, de son nom, mort
en 1726 , a construit, en Angle-
terre , un grand nombre de ponts
remarquables par leur solidité et
leur élégance.
' STEVEH.S, (Palamède)
.peintre Anglois, né à Londres
, en 1 607 , mort en 1 638 , voj'agea
en Flandre et en Italie , pour y
. puiser la connoissance des gran-
des beautés en peinture. Ses ta-
bleaux de batailles et de campe*
piens sont très-recherchés, —Son
S T O
frère 'Antoine, mort en i^a^
fut renommé pour le portrait.
; STEWART, (Matthieu) né
à Hothsay en Ecosse , vers Tan
1717, et mort en 1786, alla étu-
dier les mathématiques à Edim-
bourg sous le célèbre Maclaurin ,
auquel il succéda dans sa chair»
de professeur à Tuniversité. En
1761 , il publia divers Traités
de physique et de mathématiques
sur là théorie de la lufte , la dis-
tance du soleil à la terre , etc.
On lui doit encore un Ouvrage
intitulé : Propositiones more fe—
tenim demonstratœ.
STICOTI , ( Antonio ) fils de
Fabio Sticoti , très-bon acteur de
la Comédie italienne , mérita les
suffrages du public dans la mémo
profession. On lui doit des Para-,
dies , et les Comédies suivantes ;
les Fêtes sincères, ï Impromptu-
des Actât^s , et les Ennuis de
Thalie. 11 est mort au milieu da
siècle qui vient de finir. '
IL STILLINGFLEET, (Ben-
jamin ) poète et naturaliste An-
glois , mort en 1 77 1 , à l'âge de
69 ans, vo3'agea long>temps dans
diverses contrées de l'Europe ^ et
à son retour il publia : I. Des
Poésies d|ins la collection de
Dodsley. IL Des Voyages et Mé-*
langes , 1759, in- 8.0 II I. Le
Calendrier ^Q Flore , i76i,in-8.«
IV. Principes et puissance de
l'harmonie, 1771 , in— 4.0
♦ L STOCK, (Simon) général
de l'Ordre des Carmes , çtoit
Anglois. Il se retira dès Tâge de
douze ans dans une solitude, et
habita dans le creux du pied d'un
gros arbre qui étant nommé
Stock en anglois , donna le nom
à ce célèbre pénitent. C'étoit à-
peu-près vers le temps ou les
Carmes passèrent de la Palestine
ST O
^n Europe. I) prit leur habit 9
devint leur général , et mourut
a Bordeaux en 1265, après
avoir coroposé quelques ouvrages
.^e piété , très-métîiocres. Ses con-
frères ont prétendu que duns une
tision la sainte Vierge lui dotina
le Scapulaire , comme une mar-
que de sa protection spéciale
«nvers tons ceux qui le porte-
roient. L'Office et\la Fête du
Scapulaire ont été approuvés de-
puis ce temps-là ^ par le Saint-
Siège. Launoy a fait un volume ,
pour montrer aue la vision de
Simon Stock eS une 'Fable, et
^ue la Bulle appelée Sahhatine ,
^'li approuve le Scapulaire est
supposée ; mais cette dévotion
»*en a pas été moins répandue.
Il n'est pas aisé de savoir , dit
le P. Heliot , le temps auquel
la confrérie du Scapulaire a ét4
établie. Lezane dit que les papes
Etienne K, Adrien II, 6>r-
gius III, Jean X , Jean XI tt
Sergius IV , ont remis la troi-
sième partie de leurs péchés à
ceux qui entroient dans cette
association pieuse. Or Simon
Stock n'étant mort qu'en ia65,
et Etienne V ayant été élu pape
«n S 1 6 , et ayant accordé , selon
les Carmes, des indulgences aux
confrères du Scapulaire, il s'en—
suit que cette confrérie étoit
établie plus de 460 ans avant
qu'on eût songé seulement au
Scapulaire parmi les Carmes. Ce
qu'on peut conclure enrore , c'est
que si les historiens du Scapu-
laire sont des hommes fort pieux,
ils ne sont pas des critiques fort
habiles. Quoi qu'il en soit 9 l'of-
fice et la fête du Scapulaire ont
été approuvés depuis ce temps-là ,
par le St-Siège , comme n'ayant
rien d'opposé à la foi des Chré-
tiens, et pouvant au contraire
pontribuer à la piété et à 1a dé->
S T O
?oî
votion envers la sainte Vierge :
car c'est là tout ce que signifient
ces sortes d'approbations ; l',Eglise
n'ayant jamais prétendu attester
la certitude d'aucune révélation
ou vision particulière , même
dans les Saints canonisés, comme
l'observent Nott Alexandre, Mu-m
ratori , Benoit XIV,
STOCKADE, (Nicolas de
Heit ) peintre Hollandois , né à
Nimègue en 1 6 1 4 , fut disciple da
Ryccaert , et voyagea en Italie
pour se perfectionner dans l'exer-
cice de son art. Il peignit avee
goût rhistoire et le portrait , et
ses tableaux sont reèherchés.
STOFFLET, (Nicolas) né k
Luneville , servit long-temps en
qualité de simple soldat , et de-
vint ensuite garde-chasse du conit^
de Mau lévrier. Se trouvant , en
1793, dans le Bas-Anjou, en-
touré d'ennemis de la révolutioa
de France^ il les assembla , \evtx
l'étendard de la révolte et s'em-
para de Bressuire. Il céda bientôt
le commandement de sa petite
armée à d'Elbée qu'il cbérissoit ,
et ne le reprit qu'à la mort de
ce dernier. Après diverses alter-
natives d'avantages , de pertes ,
il conclut, en 1796 , un armistice
avec le général Hoche s mais
bientôt après , ayant voulu renou-
veler la guerre, il fut livré par les
habitans de Saugrenière qu'il étoit
venu sollicite^ à reprendre lea
armes , à un détachement fran—
çois qui le conduisit à Angers ,
où il fut fusillé le 28 février 1796.
Stofflet mourut avec sang-froid ,
à l'âge de 44 9ns. En deux ans ^
il avoit livré i5o conibats oii il
avoit été le plus souvent vaiu-«
queur.
I. STONE, (Jean) peintre
Anglois , mort à Londrc* en
joS
S T O
II. STONE, (Edmond) raa-
thëmatici-ii Ecotiois , étoit fiU
d'un gnrçon jardinier du due
é'Argyle. Un valet lui apprit i
liip, et il n'avuit que i8 ans,
giiR , ïana le secourt d'aucun
maître , il invoit le latin , le
franco» , l'arithmétique et la géo-
métrie. Le due A'.irgylt l'ayant
(ronvé étuttiant un ouvrage de
liewion , 1 interroga , fut surpris
de son e»prtt et de ses tonnoia—
le* perfpctionner. On doit à
' Stonf, lin Dicliunnaiie de Ma-
thématiques , et un TraUé des
Fluxions -. il est mort à la fin du
m. STÔNE-HOUSE,
< Jacques) médetiiL et théologien
Anglois, mort en T73S, à l'âge
de Ho ans , a publié un livre qui
a eu beaucoup de coiifs en An-
gleterre , et qui est intitulé ; AvU
amical à un malade.
in. STORCK, (Abraham)
peintre Hollandols , mort en
1 70S , excelloïC dans la représen-
tation dea ports et des vues de
mer. 11 ornoïC ses tableaux d'une
foule de petites figures dessinées
avec art, et qui piési-nCent autant
de variété que tl'agréuient. — Ce
peintre avoit un frère bon paj-
lagiste , duDt on a des Vues du
hhin.
STOREH, (Mœris) poëte
Anglois, mort de la consomp-
tion 611X759, ' piililié des Poé-
aies latines, éléganiment écrites*
Très- lié atec lord North , il en
jiBrtageB les opinions politiques.
s T II
bien choisie, oii Ton remHtqooIÉ
ta beauté des reliitres ; et qui
renfermoit ce qu'il y avoit do
plus curiemt en ce genre : il Va
léguée ati collège d'Eton.
III. STHADA , (Jean) peintrtt
né à' Bruges en i58o, mort à
Florence en iëo^. Le séjour qus
ce peintre Ht en Italie , et se»
études d'après Raphaél , Michel-
Ange , et les statues antiques ,
perfectionnèrent ses taleiis. Il
■voit une veine abondante , et
beaucoup de facilité dans l'exé-
cution ; il donnoit des expressiuiu
fortes à ses tdtes. On lui it^
proche des draperies sèchea , et
un goût de dessin lourd et ma-
niéré, Il a fait beancoup d'ou-
vrages à fresqub et à l'huile ,
à Florence, à Horna, à Heggioi
à Naples ; il a composé aussi
plusieuré cartons pour des tapis.-
séries. Ses tableaux d'histoire font
fort estimés ; mais ton inclina-
tion le portoit à peindre des
Animaax et à représenter de>
Chasses : ce qu'il a Fait en ce
geuie , est parfait. Ses dessina
sont d'un précieux infini.
STHAFTEN , (N.Vander)
peintre Hollandoia, né en iGGo,
voyagea beaucoup et devint l'nn
des plus célèbres paysagistes de
son siècle, ^s mœurs furent dé~
réglées , et il mourut jeune, vic-
time de ses plaisirs immodérés.
STRAIGHT, (Jean) littém-
teur Anglois, mort à la En du
1 S* siècle, a publié des Diicoun
choisis , en 1 vol. , et des J'oéiiit
agréables , insérées daiis le re-
cueil de DodsUy.
STRAKOE, (Robert )gra-
s TR
Fari% ^ ah il apprit de Ze Jffas
Tusage de la. pointe s^be. Cet
artiste renom me a i)e.iucoup greivé
d'après les tdbleaux des grands
mâttres, et est mr r en ty^i» 11
«voit été nommé [ afesaearài'a*"
c^émie de Parmi
STREATER,( oberl ) pein-
tre An ^4oia, né en 16^4^ mort
de la pierre en 1680, peignit éga-
lement bien l'Histoire et le Por-
trait. Ses coniioissanees furent
Tariées et ses mœnrs douces.
STREECK , ( Jttr4am Van )
paintre Flamand, né en 1652^
dont les tableaux sont estimés ^
qiioi^u'ilA, soient presque tous
marqués des . emblèmes de la<
mort , q,u'il peignoit avec beau-
coup de sudcès.
STROMER , ( K. ) Snëdois ,
^t professeur* d'astronomie h
Upaal , et a publié dans cette ville
tme savante Théorie de la décli**
maison de l'aiguille aimantée. 11
ékt mort en 1770, et son éloge
m été publié par Ferner son corn-
jtotriote.
STRONG , ( Joseph ) musi-
eien Anglois, mort à Garlisle en
1798 , étoit aveugle depuis son*
enfance. H n'en fut pafs moins
Bon mécanicien. Il s'étoit ftiit
TOrgue sur lequel on alloit l'en-
tendre , et il s'amusoàt à faire
tous ses vétemeûs.
11. STRUCK , { Sarouel ) iitm
primeur Allemand , rei omtné
pour l'ejîactitude de ses éditions j"
imprimoit à Liibeck en 1720.
On lui doit, en alKmajid , un
Traité sur la pratique de llnipri-
itierie.
Sl^RUDEL , ( Pierre ) peintre
Allemand, nrquitdans le Tirol,
et alla s'établir à Vienne; il 7
enia \t% églises et plusieurs édi-i
fkes de ses tableaux qui y soxit
estimés. 11 mourut en 1617*
STRUENZÉE , d'abord sim-i
pîe médecin, puis devenu prin-
cipal minidfre Danois , mor.tra'
de i'ii.telligeiice dans les négor-iiw
trons et de I babilet'^ f-n politique.
Il s'efforça d'afiTraiichir le Dane-^
marck de lespèce de tutelle oii la
cour de Russie le retenoit. Trop
d'orgueil^ des imprudences , un»
passion funeste pour la jeune
i^rne Caroline- Maïkilde , le f en^
dirent conspirateur, et le con-
duisirent al échafaud le 26 juillet
1772. CaroUnf elle- même futem«
prisonnée , exclue du trône et
exilée à Zeil , oii elle mourut de»
chagrin au commencement de
177^.
6TRUTT , ( Joseph ) mort en
1787 , a publié un 'Tableau det
mœurs et usages des anciens ha'»
bilans de L'Angleterre , dont
M. Boulard prépare une traduc-
tion en françois. On a encore de
lui , les Antiquités royales et ec-
cl ésias tiques de l'Angleterre i et
un Dictionnaire des Graveurs^
Tous ces ouvrages sont pleins dé
recherches curieuses. '
iTRYPE, (Jean) ecclésias-
tique Anglois, né à Londres, d^
parens Allemands , mort en 1 787,
est connu par ses Annales de la,
Bé/ormation , 4 vol. in- 8®, et par
d'autres ouvrages* Voy. Stqw*
m. STU ART , ( Gilbert )'né
à Edimbourg en 1744, mort à
Musselburg village près de cette
ville, en 1786, d'unehydropisiè
causée par des ej(cès de bière ^
publia divers ouvrages , parmi
lesquels on distingue : I. i^a JJis'^
se nation sur la Constitution Ati^
^loise» II. Son Histoire de Marie
s>tuarL» qu'il, tâche de jnstiHer*
\
A
'ïo8 S T U
m. I^ TabUaa dei progril de^
laSiKiéti en Europe , traduiten
françois fu BoulardAy. iSHis--
toire de la lU/ornu. V. UHit-
taire d'Ecoiie depuii l'élabU'tsc-
tûciU de ta Heligioa SiJornUe ,
jusiju'à Marie Stuart , 1781.
IV. STUAHT, (Jacquei) ce-,
labre antiquaire et architecte An-
lloU,në à Londiea en 1713,
mort en 17S8, soutint » famille
dénuée de fortune, par tes ta-
lent: et après la moittleia mère,
il consucra une partie de ce qu'il
, «voit acquis à ïoyager en Italie.
Là, lié étroitement arec l'acchi-
tncle Revelt , ils conçurent le
projet daller visiter Athènes ,
pour en deuiner et en mesurer
exécuté , Stuart publia le fruit de
M3 recherches , en 3 vol. in-fol.
dont, le premier parut en 176'!,
Mus le titre S Antiquités d A Aè*
nei. Ce savant ouvrage fit nom^
iaeTiOTit'aXeviCAihénita. A son
retour en Angleterre , il fut
fiDmmé intendant de l'hôpital de
Greenwich.
" STUBBS, { George ) poète
Anglois , devint muiistre de k
paroisse de Gtinville , dans le
comté deDoisBt; il est m oit dan*
le sitcle qni vient de Soir. 11 a
publié , en snglois , Nounellet
^venlarei de TéUma^ue , et dei
Poésies «stimëec.
STUBËA, né àPhiladelphiei
d'une famille Allemande qui s'y
' étoit établie , se livra à l'étude de
la médecine , et ensuite de la ju-
xisp'rudence ; il y acquit des suc-
cès, et mourut jeune dant CM
derniers temps. Ona delui la Coa-
tinaalion àe^ la Vii de Franklin ,
. écrite par iui-m£me. Slalier fut
l'ami de ce physicien célèbre, et
il lie liti a survécu que peu de
.tenrps.
SV&
«TUDLY, (Jean)pdltBA»i
gloli, lervit avec distinction sou*
le ré^e à'EUzabelh . et fnC tué
WIIS87,
doit une
dieade.5
STUB
■ntiquaii
loDg-ten
bint
;pai
lui : I. <
folio, n.
io-4.» 111
IIL f
Christop
ques et d
«703- 0
phiiosop
de mathi
STUl
et les hi
SUAI
graveur
le le- si.
munéme
graver d
Saavius
pes.^eni
et St. X
à la por
s U B
4^tin beaH uni y mfliê' un pé«
» I
SUBTERMANS , .( .Jaste }
peiutre Fkoiand ,« né à Anvers.^
Aiorten i^Si i» à l'âge .de 8q ansi^
9pqult delà célébrité ^tarses pQtk
traits ^t ses tabUai;tx^'histoir^
Son chef-d'œuvre se voit dans -le
?alais. dp Florence, et.repré^e^C^
homanage des Florentins à F^r-ir
tUaand II, , . w .
^StrCCA, (TVr/irie-dOfilled'iin
célèbre iurîiconsulte de Liège ^
naquît, oa'ns'cette ville en î6qo,
!fet s'y distfti^iia par son érnd'ition
et ces 'profondes cqnnoissa;ice^
en nnatHématiqnes et en mnsfque.
'EXXe a publié quelques ouvrages ^
e.t est morte vers le milieu du 17?
Siècle, r :
.r SUCKLIN64 ( Jean > pbëte
iAnglotâ:v'D«qiS)»c à • Withàift "éi\
«6r3 , et 'mourût en 164 r^ On
dit'qu'ii iflitl^it' latin ' »èâ i^è-àâi
citii{^ ans; Dans sa jeunesse «il sejN^
Vie en Dailemarck sonsr Gusai^e-*'
biidolpAè ,'i et se retira nenffiié»
dans stP'^nitrie, oh Ll'))liblla'(itH.
poésies , de» Letires , des- 0^ffitf&
dUs ; un/ IJ^ours sur i'4>cOAsiofl3
^ un ÉScâttie/i de la reOgion j^*^
èt'flrais^n; ., -'• -. Il .:}ii*
. ,1, SUÉ ,. ( Jean ) ^bi^iir^en \
Ah la Çotte-Saini-]È><i);^jyjk,^
Paris 4ans,,5a jeunesse j^.,ej:^j[^
pc^ueilU pf r Devaujc ^ çKiriy^giei
jenommé, qjuilui àpprîjtioAart
Jt^élève égala bientôt )fl maitç^y
^aà^pra tique fut heureuse y^SPj^sa^
Voix étftndW H apprît; le l^tV ^
.1 âge d,é 45 ans ^ poiir interroge^'
ejl ' cette langue les étudias e^çi
-inédecine. ^11 a publié quelqi^es
JflérnoireS'^ dont le plus remar-
quable a pour objet la. correction
flu, ip^rceps alors en, ^sage.!*B,ien-f
'Mft«? et aiBi de^ £?» wiâ ^J^S
s u E 509
ci pleurèrent sa mort arrivée à
Paris le 3o novembre 1782.
II. SUE , ( Jean- Joseph ) frère
du précédent, né en 1710, vint
a Paris à 19 ans , devint l'élève de
Vérâier , célèbre anatomiste , et
lui succéda dans la chaire de pro-
fesseur d'nnatofnie. Il approfon-
dît cette science dans* tons ses
détails , et en propagea la coiv-i
ndisâance parmi im grand nom—
t)re d*élèX'es: H est mort à Paris le
io décembre 1792 9 à plus de 82
ans. On Un doitî I. Plusieurs )lf^-
laoïres intéressans , insérés ilans
le p.ecueil des Smtanj étrangers ,
publié par l'académie çlesScienres»
fw'un* 'ffeux TÎecrit^ <Jans deux in-i
divîdus, une tiransposition géné^
raie, des viscères , en sorte qtié
Ceux' du côté 'di-ort se t'ro-uvoienfc
à^^auctieî un autfe'^ pour objet
i'examerl 'dé la sfrfâure et deà
Vaisseaux dç la nlati'fcë'; un antre
h calcufé les'pr'pportiôiis du sque-
lette de^rhôimne',(îepnte i'en-i
fencé'Ju^qli'hh vieillesse. îivrrit-
tê dés bandais et appareils j
1746, ih-ri.'m éh a'Faittine 2«
éftrifioii en tj^i.'ïiVJlirégé d'à-.
fiatbninie v* 1748 , ' '2 Vol. îri-i à ;
réirtif)rimés^ èti Vjfi.iyJ Elé-^
mens' fie- €^txtrgle /'î755,'in-8.^
^'. HntBtûpotoniîë 6'tt Traité sur
Tàrt d'irtject(^r,'de' disséquer et
. â-*embauh)er, 1759'^ tn-S.® lia
été irtignienté et 'pàblié déf nou-
^itfàii efi l'JB^Jmr^O'stmogie ,
i7Bti , a--v67.'iiPfel:aV^c*3'i plan-
<îhëâ'"Cer 6itWl*-'est une tra-
<i\tction de cdui£ "Monrb", pro-t
fés'seiir^aîâilatéfftie à Edimboul-g;
-Cest • un th'éf-d'dbuvTe^ ' de typ o-:.
Ç'rà]^hie et d'exactitude dans le
dessin. — Les néVéïi^ de Sue snl-ï.
vent avec distinction la même
•carrière. ' »
\ r'.^JLTEI^-TI ," empereur ' Q\\^
^,9.^' X ré^noi^ da^j % i^^. siècle «
ïio SIT^E SUE
«t le rendit recammantlaUe pn tffnit aucune ainbiti«ti , éi
la sapww de lei loU. Il prit poiir moini ("il en eût ité ciipaMe , rtta
Jeiir hue )« reipect filial. Une de «nroit eu pour but l'élëvation d«
ses iléclarationB or<lonne n tona if}n»m\.Lrc/irHinalatesl un beau
le* ^niifemeiirs de l'empire, de priMème , disbit ce <!ernte!wlaiii
lui faire coniioitre ccuk qui ont tint awemblée noTnbrenMt ; Ii
témoigné une soumission parti- Saair ajouta ; Jtvoudrait hieit It
culi^ceà leurs parrn), pourijii'il tiioudre pourfius. Apiès te ré-
putée le» r'^e'rnp^n se r. Un autre tour d'an vojaf^ que le Pèr«
de »e) *dili diipenae des corvëei Jaeqaier-^t en France , les deux
ordinaires , lei enfana qni ont amis donnèrent sur te Calcul ia-*
perJu lent pËra ou leur mère, Ugrai, i'onrrage le plnscomplM
fendant tout le temps destiné ji gu'pn f flt inçora publié , et qui
'ur rendre lef hpnneuri funÊ— renrcrmeitontes les méthodes jut'
kret> qu'alors connues. Ce Traite po-
Ut "en '1748 , inT»", et a éti
• IT. STJEUR ou SEyR , réimprime en 17SS. parlèssoinj
( Thomas la ) .né À-Aethel e« du duc de Parmp. On avertit I»
Champagne le i octobre (708 , deux ^vans, qu'on venoic de m
entra dansl'ordredra Minimes eu iervir de lenr travail .s^n^.Jes dr-
1711 j il enseip»» avec distiac^ Wr ; 'C'eiiuaf priuï-c qu'on fa
■ tion la philpupbie etlathéalo~> trouui utile, r^ pondirent- ils : et
f[ie, et nit appelée Rqnie, oiiJj il; ne firentaii-uvtâ^tMtaiBatJt».
rnt une chaire de ipnthéjnatiqnfj OnALtrnbVCtMrNititlii^ireineDt ak
à. la Sapience et une de tbéo)ogt« $veit^Aai Priai ipes de Pkilator
ji la Propagande. U |ilU eniait» 4 phUi»tmitl« /en 4. yAl.ln-.ii)
Firme concourir .k .l'intixuf tion at lattituliein phlHitnpkic»/
de l'infant Pncfetretonrna d^ JiCat-S' ™'- în-i*. te Pé*el«
bi il Homie , où iiF.'rruui.ri^ l» if '^(Mr'>neiriiMitrant< mildrairai
' septembre 1770. Il, i^pit eoo*T *(lpafWi*rni, caché ,■ <)t,?n mettra
1/mment df J'es^nie, dea p^pat iAHr-^)suS> de lea-donfrèreï, dot
son* leMpteli i( ^fécivl ;. p^vilt EHo}tK-*t»nconp «imé .,«[ il k
.^JKI'bonqra plusieqr^Ei>isjla|« fiil|*»e&t auUnt qu'il le méri*
yjsite. ll,e»»H R«iiK.as«Wé .^l^qe toit. Il succomba à de-ttaosiut
tousseaécriFSi to.n.4«tiniableaBh inlïrmités en •it70. £t.f"X j^m'i
le P. /ne^iî'-, L'arailiijteqdi^,^ oVant d(*'jr^nfir , ■ il in'roisSpil
inBltérabl((><)fi .ca» deuir-taianf;, ,..feiiiiib'p»Mù"toiite do'irfoliisanei!.
lait homtmr.apit.JnUreiV.t'Allt ^h»-c9iftioiftes~i''ni^l'-\i\\m\
fut commis aglr«««.,Jjein6*n ^.'iWi^fe'' 'peu 'rt'iiiSftnS ' ncwit
plaisirs, ûftvau)i,^4^loire m.îm^ SB mbrt¥l9li», ripondir1e''rHtin«
laluj de.,twf U»,,bieni ^ont on .TKnt'; poîit élr^Jè^Iai' àir^lfiHÎe
■ «it Iq .plus jaioox., Chacun d«f "'v&fi ftnil^if'-'''- Sin; (^nntVoh ft-Âi-
dc'«ï amis,fii MW^jer Jç.tjçm* ' ï.jWffl-. ArîlS'.'Mi Mll&ii àe"l>
laentairetar NewionAli^a çatih' IfwWlÉfiçii^'de sé9'"oi-J;aTn'* . M
jjaroient ciiW'^s'''""?^^''' P*'^* ft'oi'BKrf'rii TobKt de ses étuc!*s',
reaux .1 et jiuifeoiep't a laqu,elJf Tâ'Tafiil i^V« «iM 'fD«i'^■|n^ fii
des deux manières on devoitdçBy 'éi>ii\màn."-^'SiB^' ir/Mfîffiial t^
rer la préférence j.jnais jamais iz-rf^^ '^Snr Une LMfr^'ndrcfffe
SU'F
J'acJidémîe des Sciences , meui
simple correspondant de cette so-
ciété ; et que M. de Fouchi ne lui
a pas rendu le tribut d'éloge dû
aux asseoies. '
^*t.
*SOFFREN, (Jean) jésuite,
li 5 à Salon en Provence en 1 57 1 ^
se consacra à U direction et à la
chaire. Sa piété et sa droiture le
firent choisir pour confesseur de
3larie de Médicis , qui engagea
Louis XIII à lui donner la même
place auprès de lui. Dans les dis-
putes qui is'élovèrent entre ce
prince et sa mère y Suffren voulut
être conciliateur. Mais il déplut
à Richelieu, , et n'ayant que da
Ja franchise dans une cour irvtri-
giinte , ^l fut bientôt renvoyé. Il
lut cependant tpujours attaché à
ïa reine , et mourut h Flessingue
en 1641, en passant avçc elle
de Londres à Cologne, ou elle
aTloit chercher un asile. Son An^
née phré tienne , 4 vol. in-4*' ,'
composée à la prière de St, Fran-
çois de Sales , et abrégée par le
Père Frizon , en 2 vol. in- 1 2 .
r<ancy<, ly.aS , «st .écrite avec
onction ; et quoique le style de
r^abréviateur soit plus correct ,
plusieurs personnes pieuses pvé-^
f ' rent la ^simplicité de l'originaL
( Foy.roj:t..deX^OST:RADAMUS son
compatriote, j! 7;^, Nqus jgnproqs
si le bailli de^Suffren , chevaliei;
dq Malthe. et chef d'escadre ^
mort en i78q, étoit de la même
famille j mais il étoit né en Pro*
vence comme le Jésuite. Ce cé-j.
lèbre marin, si .redouté des A^t\
giois ^ se signala sur la, merde,
rïnde ^ oii il fut le vengevir ^e/i
Vri?pçois et,.Ie conservateur des
p.ossess.i ons. UoHandpises, , Son ac-
tivité, s^n courage,. son zèle ,
5QS talens et ses y^irtus étoien.t,
respectés des-^t^angers comme de
|dj çonçitoy^na^ Le prince Iiidiei|.^
su L
p»
.AJder jiUkan lui dit •. Jusqu'à
présent je rrCétois cru un grand
homme; mais depuis que tu as
paru sur cette côte , tu m*as
éclipsé. Le bailli de Suffren pa—
roissant.à Versailles , y reçut le»
plus grands honneurs, Le roi l'en-?
tretint plusieurs fois en partieu-^
lier. A un dîner /chéz les minis-^
très , oîi se trouvoit M. <i*J?j-
taing , on qppeloit ce dernier Gé"
néral ; dEstaing désignant alors
S.uffrcn» répondit : « Voici le
seul qu'il y ait ici. »
SUÏCER , ( Jean Gaspard ) né
h Zurich en 1620 , y fut profes-i
«eur public en hébreu et en grec ^
et y mourut en 1 G9%. On a de lui
un Lexicon ou Trésor ecdésias^
tique des Itères Orec^; dont la
meilleure édition est celle d'Ams-
terdam^ ï?*^ 9 ^ï^ * vol. in-fol;
Cet ouvrage est utile et prouve
beaucoup de savoir, ainsi que
son' Lexicon Grœco -^ Latin um ,
Zurich, i683, în-4®... — Jean-^ "
Henri Suicbr son fils , professeur
à Zurich 9 puis à Heidelbèrg ,
mort en cette dernière ville ea >
1705, se fit corinoître aussi par
qilelques productions , parmi les-
quelles on cite sa Chronologie
Helvétique , en latin.
* n. SULLY , ( IVIaximilién de
Bé^hune, baron de Rosiiî, duc^
de ) maréchal de Franc^ et T>rinL-*
cipal ministre so.us Henri IV»,
naqitit à Rosnl en 1559^, d'une
fa mille illustre et coim^a dès le
iQ*" siècle. Il n'avoit queVi,j^ ans,,
lorsqu'au çommenceraentde 1 371
il f^t présenté par s6ti pèVe à U
rçiiie de^Kavarre et à Henri,
Florent Clirétie/t préçept'^iTr de
ceprincp, donna aussi des leçons,
à Sully , qui Suivit Hçfiria iParis.
Xi s'y trouva lorsque l'affireux
massacre de la Sain t-Bartliéle rai
iuQuda de sang la. capitale. Le
ji» sut
principal du collège de Bour-
gogne le tint cachi pendant trois
)oars 9 et l'arrachd ainsi aux as-
sassins. Rosni attaché au service
du jeune roi de Navarre , se'
Signala dans plusieurs petits dé—
tachemens. Ce prince ayant appris
<ju il se coroportoit avec plus de
témérité que de prudence , lui
dit ifiosni , ce n'est pas là où je
veux que vous hasardiez ifotre
vie. Je loue votre courage ; mais
fe désire Vous le faire employer
dans de meilleures occasions.
Cette occasion se présenta bien-
tôt au siège de Marmande , oii
il comnKindoit un corps d'arqué»*
busiers* Il y montra la plus grande
bravoure. Sur le point d etrç- açf^
cablé par un nombre trois fois
supérietH' , le roi de Navarre cou-
yert d'une simple cdirasst,, vola
à son secours ) et lui donna le
temps de s'emparer du po^te qu'il
attaquoit. Eause, Mirande, C^a-
iors fiirenj: ensuite les théàtr<es"
desa valeur. £n i5S6 , Rosni ^at,
employé avec honneur à différens-
siéges; et Tannée d'après^ «veo
six chevaux seulement, il déBt
et emmena prisonniers 40 hom-
mes. A la jb.ataille de Coutras , il
contribua à liji victoire , en faisant
servir à propos l'artillerie, ^u
bonibsit de Fpsseuse , journée
très-m'ènrtrière ," jl martha cinq^
fois a Kl charge 5 but son chpval
fcn versé sous lui , et deux épéès
casséçs entrd ses mains. A la \m-^:
taille d*Ar^ues en 1589 , Sull^ k
la tête' çfe 200 chevaux, en at-,
taqua 5O0 deé ennemis et les fit
reculer. Il partagea h la ïmtaille'
^Vty donnée Tannée d'après i' les
fatigues et la gloire de son maître.
Ce bon prince ayant appris qu'il
avoit;eîi de\i^ chevaux tués sous
^ui et'rej.ii deux blessures, so
jeta à son tou et le sef ra teiidre-
«iCnS . on lui disaiit îcî choies kl'
sut
plus tolichântes et les plus flaM
teuses. « Brave soldat et vaillant
chevalier , j'avois eu toujours
bonne opinion de vôtre courage
et conçu de bonnes espérances de
vos vertus ; mais vos actions si-
gnalées et votre modestie ont
Surpassé mon attente. En consé-
quence, je veux vous embrasser
des deux bras , en présence de
des princes , capitaines et grands
chevalins qui sont ici pros de
moi.» En 1391 Bosni prit Gi—
Sors par le moyen d'une intel-
ligence ; il passoit dés-lors pour
un des hommes les plus habiles de
son temps dans Tattaque et dans
la défense des places. La prise de
Dreux en 1693, celle de Laon
eh 1594, de la Fère en i5^6 ,
d'Amiens en 1597 , de Montmé-
lian en 1 600 , donnèrent un nou«
venu lustre à sa réputation. Aussi
habile négociateur qu'excellent
gu,errler ^ il aVoit été envoyé dès
r583 à la cour de France., pour
'eç suivre tous lés raouvëmens-
On l'employa dans phisiçurs au-
tres occasions, et il montra dans
chacune'' la profondeur du poli-
tique , Téloquence de l'homme
d'état , Je sang-froid de la bra-
vbiire , et l'activité de l'homme de
génie. En ï5&6 il traita avec les
Suisses, et en obtint nfte pro-
messe db 2o,oo"c) hontmeiî. En
1699 '^ négocia lï? mariage du roj
ayec Marie de Méàici's, En 1600
il conclut un traité avec le car-
dinal Aldohranditi , médiateur
pour le duc de Savoie. En 1 604 il
termina en faveur du roi une
contestation avec le p^Fpc , sur h
propriété du Pmit d*Av!gnoTi.
Mais c'est sur-touf dans son am-
bassade en Angleterre , qu'il dé-
ploya toiite la -^éiiéttatife de son
esprit et toute" Tâdresse de sa po-
litique. La reine Elî'zabeih étant
mort&' en 1 6o3 , Sulfy revêta i&
svt
\a qualité d^ambassadenf exi^aof ^
dinaire ^ fixa dans le parti a»
Henri IV le successeur de cette
illustra princesse. De si grands
services ne demeurèrent pas sans
récompense ; il fut nommé secré-
taire d'état en 1594 , membre du
•onseil des finances en 1 596 9 snr«
intendant des finances et grand-
voyer de France en. 1 597 et 1 598 ,
grand maître de l'artillerie en
A 601 9 gouverneur delà Bastille
et surintendant des fort-iFicafiens
en t6o2. Béthune , de guerrier
devenu ministre des finances, re-
média aux brigandages des parti-
sans. £n 1696 on levoit i5o mil-
lions sur les peuples 9 pour en
faire entrer environ trente dans
les coffres du roi. Le nouveau sur-
intendant mit un si bel ordre
dans les affaires de son maître ^
qu'avec 35 miUlons de revenu , il
«cquitta 200 millions de dettes
sn dix ans ^ et mit en réserve 3o
millions d'argent comptant dans
la Bastille. Son ardeur pour le
travail étoit infatigable. Tous les
jours il se levoit à quatre heures
du matin. Les deux premières
iieures étoient employées à lire et
à expédier les Mémoires qui
étoient toujours mis sur 8on«bu*
reau ; c'est ce qu'il appeloit net-^
■loyer le tapis* A sept heures il se
rendoit au conseil , et passoit le
reste de la matinée chez le roi qui
lui donnoit ses ordres sur les
différentes charges dont il étoit
-fevêtu. A midi il dînoit. Après
dîner il donnoit une audience ré-
glée. Tout le monde y étoit admis.
Les ecclésiastiques de Tune et de
l'autre Religion étoient d'abord
écoutés. Les gens de village et
-autres personnes simples qui^ap-
préhendoient de l'approcher ,
avoient leur tour immédiatement
après. Les qualités étoient un
titre pour être expédié des der«s
SUPPL, Tomt III.
Sût ^ff
^lefs. Il travâilloit ensuite ordi»
nairement jusquà l'heure du sou-
per. Dès qu'elle étoit venue, il
faisoit fermer les portes. Il ou«
blioit alors toutes les a/faires , et
se livroit aux doux plaisirs de la
société avec un petit nombre d'a-«
mis. n se couchoit tous les jours
à dix heures ; mais lorsqu'un évé-«
nement imprévu a voit dérangé
le cours ordinaire de ses occupa-»
tions, alors il reprenoit sur la
nuit le temps qui lui avoit mwx^
que dans la journée. Telle fut la
vie qu'il mena pendant tout la
temps de son ministère. Henri
dans plusieurs occasions , loua
cette grande application au tra^i
vail. Un jour qu'il alla à l'arsenal
oiidemeuroit Sully , il demanda
en entrant oii étoit ce ministre?
On lui répondit qu'il étoit à
écrire dans son cabinet. Il se
tourna vers deux de ses courti«
sans , et leur dit en niant : Ne
pensiez-^ous pas qu'on aUoU me
dire qu'il est à la chasse ou avec
des Dames ? Et une autre fois il
dit k Roquelaure : Four combien
çoudriezH^ous mener cette vie^là ?
La table de ce sage ministre n'é-«
toit ordinairement que de dijE
couverts : on n'y servoit que les
mets les plus simples et les
moins recherchés. On lui en fit
souvent des reproches ; il répon<«
dit toujours par ces paroles d'un
ancien : Si les conviés sont sages ,
il y en aura suffisamment pour
eux ; s'ils ne le sont pas , je ma
passe sans peine de leur com^
pagnèe. L'avidité des courtisans
fut mal satisfaite auprès de ca
ministre : ils l'appeloient le Né^»^
gatif, et ils disoient que le mot
oui n'étoit jamais dans sa bouche*
Son maître , aussi bon économe
que lui, Ven aimoit davantage.*
Avant le ministère de SuUy , plu*
tie^rj f onverseurs et quelqu«|
/
- — t — ^*
^!4 sut
grands seignetirt levoieht ie% itti«
p6u à leur profit. Quelquefois ib
le faisoient de knr propre auto-
rité ; d'autres fois , en vertu des
édits qu'ils «voient surpris par
intrigue. Le comte de Soissons
tenta'd'obtenirdâ roi, sous Tad-
isinistration de ^osni , nn impôt
de i5 sous sur chaque ballot de
toile qui entroit dans le royaume
ou qui en sortoit. Suivant lui , cet
impôt ne devoit se monter qu'à
iO)Ooo écus, quoique Suivant le
calcul de Satty, il dût en pro-
duire près de 3oo^ooo. Dans le
même temps , des courtisans avi^
des tourmentoient Henri pour
obtenir pins de vingt autres édits ,
tous à la charge du peuple. Rosni
alloit sortir pour faire des re-«
tnontrances sur des vexations si
odieuses, lorsqu'il vit arriver cheft
lui M^« d'Entragues , alors mar-
quise de Verneuil , l'une des mat-
tresses de Henri ÎV, laquellte
étoit intéressée à la réussite des
nouveaux projets. Sully ne lut
cacha point combien ces tenta-
tives continuelles que ceux qui
«ntouroient le roi faisoient pour
dépouiller le peuple, le révot-^
toient. En vérité , lui dit-elle ,
ie Roi seroit bien bon , s'il mé^
contentoit tant de gens de quù^
Iké» uniqueinent pour se prêtét
d vos idées. Et à qui, ajouta-
ft-clle ^ voudriet-^ous que le Roi
fU du bien, si ce n*est à ses
parens , à ses courtisans et à ses
vuiUresses ? — Madame , vous
attiriez raison , répondit Rbsni ,
»ile Roi prenoit cet argent dans
ta bourse ; mais j a-A^il appa^
-rençe qu'il veuille le prendre
idans celle des Marchands-, des
Artisans , des Laboureurs et des
JPastéurs ? Ces gens^ià qui 'te
font vi¥rt, et nous tous , avons
ussez d'un seul Maître , et n'a^
^^s ^f iÊsoiàde tant dç i}nr%
lisons , de Princes et de MaU
tresses,,. Si Ton veut connoitré
les vues de Sully pour le bon-»
heur des états et de la France
en particulier , qu'on jette les
yeux sur le détail des causes dttla
ruine on de l'affoiMissement des
monarchies. (Mémoires, 1. lo.)
« Ces causes , dit-il à Henri ÎV,
sont les subsides outrés , les
monopoles principalement snr le
blé ; le négligemcnt <iu com-«
merce, du trafic^ du labourage ^
des arts et métiers ; le grand nom^
bre de charges , les frais de ces
offices , lautorité excessive de
ceux qui les exercent ;. les fVais^
tes longueurs et l'iniquité de la
fuslice ; Toisiveté , le luxe et tout
ee qui y a rapport; la débauche
et la corruption des mœurs ; lA
confàsion des conditions ; la va-
riation dans la nohnoie ; le»
guerres injustes etimprndentes;
le despotisme des souverains ; leur
attachement aVeugle à certaines
personnes \ leur prévention es
faveur de certaines conditions ,
ou de certaines professions; kl
cupidité des ministres et des gens
en faveur; l'avilissement des gens
de qualité; le mépris et Fonblî
des |ens de lettres ; la tolérance
des méchantes coutumes , et
l'in fraction des bonnes lois; Tat^
tachement opiniâtre à des usagée
indifférons ou abusif»; lamulti««
plicité des édits embarrassans et
^% réglemens inutiles. » II ajoutât
« Si f avols un principe à éta^
blrr, ce seroit celui-ci : Que leM
bonnes w^aturs et les bonnes loit
se forment réciproquement. Mal*'
heureusement peur noua cet en**
(^atnemënt précieux des unes eC
des autres nenoits devient sensi^
ble ,^oe lorsque nou» avons porté
au plus haut point la corroptioB
et les abus; en sorte ^le parmi
i^» li^aiLSiei 1^ d*0it t»«}ow ii.
s 0 t
?' ins grand mal qui devient U
^incipe du bien. » L'agriculture
ic[ail protégea avec zèle ^ luipâ^
iK>lssoit bien pins digne d'être
encouragée que leï arts de Wxt.
Ces arts ne devoieht occuper ,
selon lui , que la partie la moins
nombreuse du peuple. Ce ministre
ipraignoit que Tappat du gaii^ , at«
^ché à ces sortes d'ouvrages, ne
peuplât trop les villes aux dé-
^ns des campagnes , et n'énervât
insensiblement la nation. Cetiè
vie sédentaire t disoit-i\ en par-
lant dès manufactures d'étoffes ^
ne peutjaire de bons soldats ; là
France n'est pas propre à telles
hahloles^ C'est pourquoi il vouloit
jque les impôts portassent pres^
que tout entiers Sur le lujce. Henri
iobjectoit que ce genre de taxe
mécontenteroit les grands sei—
gneurs. Ce sont , répondit Sully ,
ies gens de Justice > Police , JFÏ-^
,nances ^ Écriture et Bourgeoisie «
jgiU ont introduit le luxe ; U n'y
^ qu'eux qui crieront-» S'iU le
font il faudra les remettre à la
vie de leurs ancêtres , qui même
Chanceliers -, premiers Présidens^
Secrétaires d'affaires et plus re—
Aevés Financiers » n'àvoient que
de fort médiocres logis , des m£u^
hles très^modestes , des kabiLU'»
guéris fort siaiples ^ et he traU^
Soient leurs parê/is et amis que
vhacun n^apportdt sa pièce sur sa
iahle. -^ J'aiitierois mieux ^ ter
pliqoa vivement Hbn&i, com^
battre le roi d'Espagne dans trois
hatàillet rangées , que tous cei
Oens de Juttice , de J^inances et
ide ViUes , et sur -"^ tout leurs
fenitnes et Filles , que vous me
fêteriez sur tes bras. Cependant
le roi j étk contredisant son mi-^
Hi^tre y eh connbissoit tout lé
«Mérite. Au rçt0ùr dé. $on aihbas.^
.^de 4'<4ngleterre 9 HenrilKlb
4^ «9iiff jai»w4gi;«|i(«i^i f 9|fjh
sut 5k|
I
maftre des Ports et. Havres dé
France y et érigea la terre dm
SuIly-sur-Loire ^n duché pairiA
l'an i6o6. Sa faVeur ne fùtpoii^ft
àcbetéç par des flatteries. Hei^^
ri jy ayant eu la foiblesse dé
faire une promesse de Jtiariagé
à la marquise de VemeuU, Sully ^
à qui ce prince la montra , eu(
le courage de la déchirer devai^
iùi. Comment morbleu « dit le roi
en colère , vous êtes donc fou ^
• — Oui, 5iflj?> répondit Bêthunb^
fe suis foui rnais je youdrois l'étr^
si fort que je le fusse tout seuÈ
en France. Parmi leis maux quià
causa à ce royaume la mort d^
fienri IV p un des pln$ grancja
îùt la disgrâce dé ce hdelle mi<.^
histre. il fut obligé dé se retirer
de la coitr avec un doh de cent
iniile écuSi . Louis XÏII l'y fit
tevéi)ir quelques années après ^
pour lui demander des conseils.
Les petits-maîtres qiii gduverr*
noient le roi , voulurent donueç
des ridicules à ce grand homme ^
qui parut avec des habits et ded
hianières qui n'étoient plus dé
mode. SuUy s'en appefcevaut ,
dit au i'oi : Sire , quaàd votre
Père me faisolt honneur de m^
consulter , nous ne parlions d'af-^
f dires , qu'après avoir fait passe^
dans l'antichambre les Baladin^
et les Bouffons de la Cour, %x^
1634 ^^ ^^^ donna la bâton d^
maréchal de France , en échangiez
de la charge dé grand maître ^ê
^'artillerie 9 dont il se démit en
même temps. Il mourut sept ians
après , dah^son châteaii de Viil^
bon , au Pays— Chartraia , le %t
décembre 1641 9 à quatre^vingt
deux ans ; On lui a fait çet^
épitaphe :
Sonrerainf , aioreî ta cendré
De l*lioimme en te* Uettii ea^bnat (^
Le premier » U sot ton» i|iprett4fi|(
^i6 sut
'Sully 8*ëtoit occupé dans la rt^
traite à composer ses Mémoires ,
qu'il intitula : (Economies Roya^
ùs , Amsterdam 9 2 voL in-folio ^
liuxquels on joint les tomes 3 et
^4 , raris , 1662. Ces Mémoires «
réimprimés à Trévoux 9 en douze
,vol. in- 12 9 sont écrits d'une ma-
nière très-négligée , sans ordre ,
lans liaisons dans les récits ; mais
"on y voit régner un air de probité
et une naïveté de style qui ne
déplaît point à ceux qui peuvent
lire d'autres ouvrages francois que
ceux an siècle de Louis XI V,
li'abbé de l'Ecluse , qui en a
'donné une bonne édition , 1743 ,
3 vol. in-4% et 8 vol. in-12 , les
Il mis dans un meilleur ordre ,
et a fait parler à Béthune un
langage plus pur. C'est im tableau
des règnes de Charles IX, de
Henri III et de Henri IV, tracé
Far un homme d'esprit pour
instruction àes politiques et des
guerriers. Béthune y paroit tou-
joursii côté de Henri, lje% amours
de ce prince, la jalousie de sa
femme , ses embarras domesti-
ques, les affaires publiques, tout
y est peint d'une manière inté-^
cessante. Sully rend compte lut-
même de la manière dont Hen'-^
riiyie peignoit à ses courtisans.
f« Quelques— uns , disoit un jour
ce grand roi , si bon juge dés
hommes, se plaignent de Rosni,
(et quelquefois moi-même ) qu'il
est d'une humeur rude , impa-
tiente et contredisante. On l'ac*-
cuse d'avoir l'esprit entreprenant ,
de présumer tout de ses opinions
et de ses actions , et de rabaisser
celles d'autrui. Quoique je lui
-^onnoisse une partie de ces dé-
fauts; quoique je sois contraiiitt
quelquefois de lui tenir la main
%aute, quand je suis de mau-
vaise humeur , qu'il se iache ou
80 laiâi^ einporter à ses id4e« ,
SUL
je ne laisse pas pour cela de M^
mer, de lui eîi passer beaucoup,
de l'estimer et de m'en bien et
très-utilement servir ; parce que
véritablement il aime ma per-<
sonne , qu'il a intérêt à ce qa6
je vive , et qu'il désire avec pas-
sion rhonneur et la grandeur de
moi et de mon royaume. Je sais
aussi qu'ail n'a tien de malin dans
le cœur ; qu'il a l'eâprit fort in«*
dustrieux et fort fertile en expé*
diens; qu'il est grand ménager
de mon bien , homme fort ]abo->
rieux et diligent; qu'il essaie de
ne rîen ignorer et de se rendre
capable de toutes sortes d'affaires
de paix et de guerre ; qu'il écrit
et parle assez bien , d'un stylé
qui me pkit , parce qu'il sent son
soldat et son homme d'état. En-
lin , il faut que je vous avoue
que , malgré ses bizarreries et ses
promptitudes , je ne trouve per-
sonne qui me console si puis^
sa m ment que lui dans tous mes
difFérens chagrins. » Mémoires
de Sully i livre xxvi. Aussi et
prince lui écrlvoitun jour : «Mon
ami , j'achèterois votre présence
de beaucoup, car vous êtes le
seul à qui j'ouvre mon cœor....
Il n'y a ni d'amour ni de jalousie,
c'est affaire d'état.... Hàtez-vous!
venez , venez , venez ! .... Ma
femme, mes en fans, tout le mé-
nage se porte bien ; ils vous ai-
meront autant que moi, ou je les
déshériterai. » Sully ëtoit protes-
tant , et voulut toujours l'être,
quoiquHl eût conseillé h Henri
2 J^ de se faire Catholique. // est
nécessaire , lui dit— il ^ que 90us
soyez Papiste , et que je demeure
Réformé. Le pape lui ayant écrit
une lettre qui comtnençoit par
des éloges sur son miniptère , et
finissoit par le prier d'entrer dans
la bonne voie , le duc lui répoo*
dit) ilvCUneoessaUdesêm^i
SUL
tU prier Dieu pour la conferflon
4e Sa Sainteté, Nous finirons est
article par un parallèle de Sully
et de Colhert , que nous sommes
éloignés d'adopter en tout, parce
que le mérite du dernier minis^
tre y «st injustement rabaissé \
niais celui de Rosni y paroit dans
le plus beau jour. « Siilly , dont
oh ne parle plus y étoit bien
plus grand homme que ce Coll-
ier t dont on parle tant. Sully
gom'ernoit Henri IV; Colhert
gouvernoit Louis XIV: mais avec
^tte difFérence , que Henri IV
examinoit les décisions de Sully ,
et que Louis XJV croyoit en
celles de Colbert ; et cette diflfé-
rence est cause que le hom de
Colhert a fait fortune.... Sully
mit un ordre admirable dans les
finances , dans un temps ou il
pouvoit impunément en augmen-
ter le désordre ; pourvut à tous
les besoins ; amassa 40 millions
d'argent comptant. ColJ>ert eut
le bonheur de succéder à un
homme' peut-être innocent 9 qu'il
£t condamner comme coupable :
5Ï ne pouvoit mal faire ; le pro-
cès de Fouquet étoit un engage^
ment trop fort. . . . Colhert enri-
chit le royaume ; Sully fit plijs ,
il le "racheta.... Colhert avoit Jes
meilleures intentions du monde ;
mais peu d'étendue de génie , peu
de connoissances , peu de goût :
ses premiers pas fdrént (^ faux
pas ; ses premiers choir furent
ridicules ; ses premières entre—
prises furent des fautes 9 et ses
dernières des vexations* SuUy
avoit des intentions aussi pures ,
«n esprit capable de tout em-*
l)rasser , de tout entreprendre y
de tout finir ; trne droiture sé-
vère , clairvoyante ; beaucoup de^
netteté dans les idées , et malgré
la feu de son aizie^ beaucoup de
s U M 517
flegme dans ses démarches : Il
faisoit tout par lui-même, et
pour ne pas se tromper dans le
choix de ses confidens , n'en avoit
point. On doit tenir compte à
Sully de tout le mal qu'il ne fit
pas , tant la maltôte italienne ,
introduite par Catherine de Mé-^
dicis , avoit jeté de trouble et de
confusion dans cette partie de
l'administration. On peut repro-
cher à Colhert tout le bien qu'H
ne fit pas , tant il avoit de mo-
tifs , de lumières , de moyens
pour en faira Colbert n'excelioit
que dans les finances. Sully étoit
un homme de guerre , un homme
de lettres ; Sully étoit un Ro—
main..... SuUy est le plus homme
de bien qui se soit mêlé des fi-
nances. Colhert est le premier
homme d'un esprit médiocre qui
ait réussi dans "une science qui
demande de grandes vues , et qui
conduit à d'infiniment petits dé-
tails.... Sully est un modèle : sa
gloire lui appartient 9 et n'appar-
tient qu'à lui. La gloire de Cot».
bert appartient eh partie à SuUy,T»\
Louis XVI a fait faire sa statue
en 1777 Voyez I. Cottow.
Comme les Mémoires de Sully ^
donnés par l'abbé de l'Ecluse ,
en gagnant du côté du style , ont
perdtt du côté de la fidélité y
M. l'abbé Bandeau avoit annonce
en 1777 9 ^"^ nouvelle édition
du Texte original en 12 voL
in— 8** , avec d'abondantes notes ;
mais cette édition n'a pas été-
achevée. L'académie Françoise a
fait de Féloge de Sully , le sujet
de l'un de ses prix , qui fut renw
porté par Thomas*
SUMOROKOF, ( Alexandre^
né à Moscow en 1727 , mort enr
1777 , est regardé comme le Cor-^
neélie dn théâtre Russe. D'heui^
Kk 3
^i« s V R
Tenses dispositions^ nn esprft na-
turel et facile, des inanièresagréa'
W«s le firent aimer du comte im/i-
Shouvalof , qui le présenta à
l'impératrice Elizabeth, L'auteur
fêté à la cour , y donna , à Tàge
^e 29 ans , sa tragédie de Koref,
qui fut la première pièce drama-
tique écrite en langue russe. Su^
mon) ko/ Ht jouer ensuite d'autres
tragédies et des comédies. ELiza"
helh lui accorda une pension , et
le nomma directeur du théâtre
de Pétersbourg, Catherine II lui
4onna l'ordre de Sie^Anne et le
rang de conseillée d'état. Peu de
poètes furent plus lionorés et
jouirent d'un sort aussi lieureux^
. SURE.^ (Pier^ de) fils d'un
notaire de Lyon , se 6t religieux
célestin ^ et écrivit la vie de saint
Pierre de Luxembourg , imprimée
k Avignon. II est mort à la lin du
i6* siècle, et fut contemporaiii
d'un autre çélestin , aussi ms d'un
notaire de Lyon, nommé Fran^
fois de Larhent , qui travailla avec
îes docteurs de Lpuvain, à la
traduction de I9 Yulgate , en
ii55o.
*SURIAN, (Jean -Baptiste)
jabord prêtre de l'Oratoire , en-
suite évoque dé Vence , naquit à
St— Chamas en Provence, le dix
septembre 1670. Il prêcha à la
cour deux Avents et deux Ca--
Témes; et ses Sermons lui valurent
]a mitre en 1728. Retiré dans son
petit diocèse , il n*en sortit que
pour se rendre aux assemblées
du clergé. Le 'soin de son troupeau
fut sa seule occupation. Lorsque
quelque paroisse ae plaignoît de
$on curé , l'indulgent prélat ré—
poiidoit aux paysans: SâUvenez"
if DUS y mes enfans , que les prêtres
%ç^t 4fis hommes ; votre curé $e
5 u
Corrigera , il me ï^a promis. ïte^
tournez dans t^otre paroisse ^ e$
vivez en paix- On lui offrit d'au-*
très sièges ^ue le sien : Je ne quit-m
terai points répondit — il , un»
femme pauvre pour u,ie Jfemme^
riche ^ Il mena une vie très— fru-
gale , et quoiqu'il possédât ua
des évôchés les plus modiques de
France , il laissa aux pauvres des.
épargnes considérables, à sa mort
arrivée le 3 août en 1754. C'étoit-
un homme doux et tranquille ^
mais timide. Malgré cetbe timi-
dité il montra du courage et du
pati iotisme, lors de l'invasion des
Autrichiens en Provence. Un of-
ficier ennemi lui ayunt demand»
combien il faudroit de temps ^
l'armée pour se rendre à Lyon 5
Je sais , répondit il, le temps dont
faurois besoin pour faire ce voyam
ge » mais fignore celui quil fau^
droit à une armée qui aurait deS:
François à combattre. Le travail
d'apprendre par cœur lui coûtoit
infiniment, et cela seul lui aurofl^
fait renoncer à la prédication ^
si l'espérance de. parvenir par ce
moyen ne Tavoit soutenu. Nous,
possédons quelques-uns de ses
Discours ( entr autres celui da
Petit nombre des Elus , qui» est
son chef-d'œuvre) dans le Re-%
cueil des Sermons choisis pour let.
jours de Carême, Liège, 1738^
a vol, in-i2; et on a imprimé eu
1778, in— 1 1 , son Petit Carêm£ ^
prêché, en 1719- Son éloquence,
dit M,d'Alembert (qui lui succéda
à l'académie ) fut touchante et
sans art 9 comme la religion et
là vérités II fut comparé à Mas^
sillon son coniTrère; mais son style
est moins pénétrant et nioins pa.^
thé tique»
SURUGtJE , (Louis) paveur
Parisien, né ett. 1686,^ et 9101^
Sur
«
%n f 761 ; et Pierre-Ttouis son fils^
Hé en 1717 , et mort en 1772 ^
erit été deux artistes habiles qui
ont gravé d'après les meilleari
Édaîtres.
StJRViLLE , (Marguerite-
]È!éonore - Clotilde - de - Vallon-*
Chalys de) née à Vallon , cbàteaq
du Bas- Vivarais ^ sur la rive
gauche de FArdèche , en i^oâ j
•ut pour mère Pulchérie -^ dc-^
Way-CoUan , connue par son es<*
prit à la cour de Gaslon-Phébiu ,
comte de Foix et de Bearn ^ et
qui inspira à sa fille le goût de
la poésie et des occupations lit-
téraires. Celle-ci, dès lage de
t>nzé ans 9 traduisit en vers une
Ode de Pétrarque , avec tant de
grâces 9 qiie Christine de Pisan
s'écria y après l'avoir lue : Il me
jfitut céder à cet Enfant tous mes
4foits au Sceptre du Parnasse^
Clotilde aima Berenger de Sur^
viUe i beau , bien fait , aimable ,
et Vépoti sa en 1421. Ce dernier,
Ibrcé d'aller rejoindre Charles
y II au Pi^*-en— Vélay , ne se
sépara point sans douleur de Té-
pouse à laquelle ii venoit des unir;
et Clotilde célébra la sienne dans
une héroSde datée de 1 422 . et ^ui
est uu modèle de sensibilité , de
grâces ^ et d'une élégance de style
bien extraordinaire pour leteipps.
Le poète Alain Charlier n'en cri-
tiqua pas moins cette pièce , et
|)ublia son jugement dans un re-
cueil intitulé : Fleurs de belle
Hhétorique, IMad. *de Surville y
répondit par des Rondeaux ma-
lins, qui mirent les rieurs de son
§arti. Elle entreprit al ors un grand
'ôërne sous le titre de Lygdamir,
et un Roman héroïque et pas-
toral , appelé le Châtel d'Amour.
L'un et l'autfe n'ont point été
f ïlbJléj^ , %X se sont perdus ao^
Is u R f 19
Milieu ides ravagea des guerres
civiles. Lèa Poésies légères 4m
Clo^lde avoient été admirées pat
Charles duc d'Orléans ^ que l'abbé
Sallier a présenté comme l'uit
des meilleurs poètes du siècle où
il vécut. Le duo les fit eonaoîtra
à la reine Marguerite dllcosse ^
et celle-ci , voyant que dàtildê
ne vouloit point céder à set ins^
tances , en quittant sa retraita»
dans le Vivarais peur la oour 9
lui envoya une couronne de lau««
rier artificielle 9 surmontée de
dou2e marguerites à boutons d'or
et à feuilles d-argent 9 aveo cett»
devise faisant allusion au nom dd
Mad. de Surville : « Marguerite
d'Ecosse à Marguerite d'Héli-^
oon. » Celle— ci mourutlii plu»
de quatre-vingt-dix ans, pius^
qu'elle chanta en 1453 la victoire
reipjsortée à Fornoue par Char^
lesf^IIL La date de sa mort est
incertaine j on sait seulement
qu'elle fàf^nhumée à Vessaux ^
àans la même tombe qui renfer-^
moit déjà lés cehdres dé son fila
et de sa belle-fille , qu'elle a cé-«
lébré« dans ses vers. Let poéiiea
de Clotilde offirent l'entrelace*-
ftient des rimes mascuiilies et fé«
Uiinines , règle À laquelle Miarût^
qui vécut cent ans nprés elle»
ne se conforma jéitMis ^ mais qui
paroit cependant avoir été suivie
par éei poètes plus anciens , telt
que Henri de Cf^ie «et Jean- Mo^
linet. La naïveté , h vérité idea
senti mens , la propriété des ex«-
pressions , la liaison toujours na^
tureile des idées, beViUefOup d'a^
' dresse dans ^s tr«RSitio)%« ; voilà
ce qui frappe le plus dans c«i»
poésiies ; et l'on nêaerà pas fàchè
de trouver ici lés Louanges ^iff
Jeanne de Vallon j descendante
de doiilde , et qui vivoit dan i^ Je
17* fièéh , leur a dohttées : « S'il
. a. . ^fc.
ti6 SUR
•st vrai , dit* elle , que le gôftt
•ODsiste principalement à ne point
^ faire entrc^choqpier le style et le
* injet , les conlears et les genres ;
h marier avec art , mais sans que
fart y paroisse , des fleurs de tous
les pays et de toutet les saisons;
m savoir quand il faut prendre
Tol , ralentir , tournoyer 9 s'arrè-
feer enfin ou s'étendre y et sans
pour ce épuiser la mine , extraire
de l'or on des diamans d'un ter-«
rain dédaigné du vulgaire ; en un
Biot y mfec la simple émaillnre des
champs , simuler quelquefois Fé»
dat et la fraîcheur des roses de
Fantiquité ; certes , ou )e me
trompe fort , ou ce goût , tant
de fois outragé , fut le partage
de ma ClotiUe* Elle n'a point de
ces éclairs qui d'abord éblouis—
, aent d'une lueur blafarde , et na
4bnt que replonger plus triste^
ment dans une obscurité pro-
fonde ; c'est un jour pur et doux ,
a propos éclatant , %)ais d'un
éclat ami de la vue , et qui sait
récréer les yeux sans les fati-
guer. » Les poésies de CLotilde
n'ont été publiées qu en l'an 11,
par M. Wanderhourg , en un vol.
in - S** 9 précédé d'un Discours
très-bien écrit sur la vie et les
ouvrages de Clotilde» On doit le
Recueil de ceux — ci à Joseph^
Etienne de SurviUe , descendant
de ClotUde , qui fit avec distinc»*
lion la guerre de Corse et d'A»-
nériqne , émigra sous le règne
de la terreur , rentra en France ,
y fut reconnu et fusillé au Puy-
cn-Vélay le 27 vendémiaire de
l'an 7. Ce dernier 9 fouillant dans
ses archives en 1782 , aidé d'un
feudiste, trouva par hasard le
manuscrit de son aïeule. U l'em-
porta en Suisse y et s'occupa de.
sa publication 9 qui n'a pu avoir,
lieu que quelques années après
la mort
SUT
8UTE1ÏSTE, (Matfliîettî
Anglois y doyen d'Excester , a pa^
blié plusieurs Ecrits de théologie,-
parmi lesquels ses compatriotes
distinguèrent un Traité sur la
discipline ecclésiastique ^ l«on-
dres y 1 5 9 1 , in** 4.® L'auteur
mourut quelque temps après la
publication de cet ouvrage.
L SUTTON , (Thomas) cé^
lèbre philantrope Anglois , na»
quit en 153% , dans le comté de
Lincoln, et mourut à Hackney
en 161 1. Il se destina d'abord
aux fonctions du barreau \ il
voyagea ensuite dans diverses
contrées de l'Europe 9 et y a^H
prit le françois y le holléndois et
l'espagnol. De retour dans sa pa-
trie , il acheta de l'évéque , dé
Duxham des terres considérables
ôii il découvrit des mines de char«
bon de terre, qu'il fit exploiter ^
et qui lui rehdifent un profit
immense. StUton contracta en
outre un riche mariage, et réus-
sit dans toutes ses opérations
commerciales. A la mort de son
épouse, se trouvant sans enfant,
il se retira dans une solitude pro-
fonde , et employa sa. fortune,
en 1 6 1 1 , à fonder en faveur des
iniflgens et des enfans délaissés ,
le superbe hôpital de Charter^
Hoitsse.
II. SUTTON, (Samuel)' né
à Alfreton, mort à Londres en
17 Si, Servit, dans sa jeunesse^
sous le duc de Marlehorough ,
et établit ensuite un café à Lon-
dres. Eu 1740 , il inventa une
méthode simple de désinfecter lefr
vaisseaux et de les purger de tout
mauvais air , par des tuyaux de-
communication avec le feu de»
cuisines. Le médecin Méad fa-
vorisa cette invention , dont l'u-
tilité fut surpassée par celle dea
ventilateurs de Haies.
s W A
SUWAROW , Voyez So u-
VAROW.
SWANEFELD, (Hermàn)
peintre Flamand, né en 1620 ,
mort en 1680, fut disciple.de
Gérard^Dow et de Claude Lor~
rain. Il exceîloit à peindre les
fuines et les lieux déserts. On le
vit long-temps ne parconrir dans
le voisinage de Home , que les
«ndroits escarpé^et solitaires , ce
-qui le fit surnommer le Peintre^
Hermite.Ses Tableaux sont très-
recherchés.
SWEYNHEIM, (Conrad)
Voyez 1?A^ Vf ART z.
IL SWIFT, (Dean) au-
teur Anglois, mort en 1783 à
Worcester , a publié un Essai
sur la vie et les écrits de Jona<^
ihan Swift,
SWiNTON ; ( Jean ) né en
'1 703 , mort en 1 777 , fut d'abord
chapelain de la Factoterie An-
gloise à Xivourne , et ensuite
archiviste de l'université d'Ox-
ford. C'est l'un des auteurs de
VHistoire universelle , publiée en
Angleterre. Il a publié , en ou-
tre , i«n grand nombre de DiS"
serlaUons sur l'histoire et le* an-
tiquités de sa patrie.
SYAGRIA , dame Lyonnoise,
fille d'un personnage consulaire ,
s'illustra dans sa patrie , au cin-
quième siècle , par ses lumières
et Sa piété. Les poëtes et les his-
toriens de son temps en ont fait
l'éloge.
IL SYDENHAM , ( Floyer )
ïîé en 1710, étudia à Oxford et
s'y rendit célèbre dahs la con—
noissance de la langue grecque.
H a traduit les Œuvres de Platon,
Son- savoir ne le tira pas de l'in-^
s Y L çxi
dîgence : arrêté pour dettes con-^
.tractées chez un traiteur qiii !•
nourrissoit , il mourut en prison
en 1788. Le triste sort de Syde*^
nham a donné lieu , en Angleterre,
à une fondation en faveur deii
gens de lettres réduits à manquer
d'alimens.
» SYDER, (Daniel) peintre,
né à Vienne en Autriche en 1 647 ^
mort a Rome oii il avoit fixé son
séjour, vers 1699 , excella dans
son art. Le duc de Savoie l'ano-
blit, le décora de son ordre et
le retint long-temps à sa cour.
IV, SYLVIUS , îLambert)
^u Vandbn Bosch , ou du Bois ,
écrivain Hollandois , né vers l'an
1 6 10 à Dordrecht , mort vers l'an
1688 , a donné un grand nombre
d'ouvrages , plutôt dictés par la
fkim que par le désir d'être utile =
ils sont tous en langue fiamande.
Les principaux sont : I. Théâtre
des Hommes illustres « etc. Ams-
terdam, 1660, deux. vol. in*-4.*
1 1. Histoire de notre Temps ,
depuis 1667 jusqu'en 1687 , Ams-
terdam. C'est une continuation
de l'Histoire de Léon^van-Ait-^
zema , mais fhférieure à celle-ci.
Bernard Coflerus , protestant , a
relevé bien des fautes de Sylvius »
qui décèlent l'homme crédule ,
plein de passion et même de ma*
lignite. III. La Vie des Héros
qui se sont distingués sur la Mer,
in-4^ avec figures. Il a encore
publié quantité de Tragédies «
Pièces de vers , etc.
V. SYLVIUS , (François de
LE BoE ) né à Hanau dans la^
Vétéravie , en 1 6 1 4 , pratiqua
la médecine avec succès en Hol-
lande, et enseigna cette science
à Leyde. La circulation du sang ^
publiée pax GuiUaum& Harvée ,
51» irx '^
iusott alort beaucoup â« bnut t
Sylvius la démontrU le premier
dans oette VAiversité , par dea
preuves incontestables. Il mit en
téputation par W6% leçons et ses
expériences , la chimie , qui avoit
été Di^ligée jusqu'alors , et mou-
rut à la Haye le 14 novembre
1672. On a une collection de sea
,Œwref, Amsttrdajn^ Muvir^
^-
StYf
1^79, în-40; et Venise, xpÉ^
in-folio.
SYNGE, (Edouard) tbéo1(H
gien Angloib ^ né en 1659 , déni
vint archevêque de Tuam ea
17 41. Il est auteur de 4 vol
in— 12 , qui renferment plusieurs
Ecrits estimés sur la morale et
la conduite de la vie civile.
't^ éb^ Tome imsi^c du ^ SuppUmtnt.